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Etude du projet de loi no 70
Loi constituant la Société
nationale de l'amiante
Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Bérubé (Matane), M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu
(Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Grégoire (Frontenac), M.
Gendron (Abitibi-Ouest), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt
(Saint-François), M. Raynauld (Outremont).
M. Lalonde: M. le Président, voulez-vous remplacer M.
Raynauld (Outremont) par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Grégoire: As-tu nommé M. Paquette?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... pour
les membres. J'ai mis M. Lalonde en remplacement de M. Garneau.
M. Lalonde: M. Garneau est membre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
comme intervenant.
M. Lalonde: Non, je veux dire comme membre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, s'il vous plaît!
M. Raynauld (Outremont) remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys). Les intervenants sont: M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), M. Godin (Mercier), M. Garneau (Jean-Talon), M. Landry
(Fabre), M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue) remplacé par
M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Léger (Lafontaine), M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud) et M.
Samson (Rouyn-Noranda).
M. Grégoire: Voulez-vous mettre M. Paquette comme membre
permanent, pour aujourd'hui?
M. Paquette: Vous me mettrez à la place de M. Laplante qui
n'y est pas ce matin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Gendron est à la place de M. Laplante.
M. Paquette: Ah bon!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Rancourt (Saint-François) remplacé par M. Paquette.
M. Paquette: M. Rancourt n'y est pas? M. Grégoire:
II n'y est pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Paquette (Rosemont) en remplacement de M. Gendron (Abitibi-Ouest) qui
remplaçait M. Laplante (Bourassa).
M. Bérubé: C'est parce qu'il y a beaucoup trop de
gens intéressés par le dossier et comme on a malheureusement
voté contre le projet de loi permettant à tout le monde de
prendre la parole, évidemment, on a des problèmes.
M. Brochu: Déjà, vous commencez à le mettre
en application de façon exagérée. Vous réduisez vos
membres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Lors de la dernière séance de la commission,
j'étais absent, ayant dû me faire remplacer pour cause de maladie.
J'aimerais savoir où nous sommes rendus. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui
pourrait m'informer?
M. Lalonde: D'abord, comment ça va? Est-ce que ça
va mieux? La santé est bonne? Oui?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
congé de Pâques a été salutaire. Est-ce qu'il y
avait une motion en discussion?
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bérubé: M. le Président, on devait
certainement tuer le temps sur quelque chose. Je me fie à l'Opposition
pour nous indiquer sur quoi on tuait le temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
été informé par le personnel de la commission
parlementaire que cela s'était terminé sur une motion demandant
des avis ou des études juridiques, qui avait été
déclarée irrecevable parce que prématurée. Les
travaux avaient été ajournés à six heures.
M. Grégoire: On était rendu à l'article
1.
M. Lalonde: M. le Président, je suggérerais que
vous consultiez la transcription, parce que cela fait déjà quand
même presque deux semaines.
M. Grégoire: II n'y avait rien devant la commission, quand
on a ajourné.
Distribution de documents
M. Bérubé: Quant à moi, M. le
Président, j'aimerais peut-être déposer certains documents,
à la suite de demandes qui m'avaient été adressées.
Je ne sais pas quel serait le moment choisi pour faire un tel
dépôt.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas un dépôt, c'est une distribution...
M. Bérubé: C'est une distribution gracieuse et
volontaire, sans frais.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... de
documents. Vous pouvez les distribuer immédiatement.
M. Bérubé: C'est pour faire suite aux demandes que
l'on m'avait adressées, lors de la dernière séance de
cette commission. Je voudrais remettre ici aux membres de la commission quatre
autres documents. En fait, ce sont des documents qui ont trait à la
Communauté économique européenne, à la
transformation de l'amiante dans le cas de la Communauté
économique européenne.
Je remettrai également aux membres de la commission un rapport de
novembre 1977 sur les risques sanitaires de l'amiante, un projet de
réglementation donnant suite à ce rapport et l'intention des pays
membres de la CEE, réglementation dont les media ont fait largement
état et avec laquelle le gouvernement du Québec est en entier
accord.
Pour ce qui a trait à la transformation de l'amiante, les membres
de cette commission recevront un rapport en deux tranches exécuté
par la firme SORES sur les possibilités de production au Québec
de papiers et de textiles d'amiante. Je crois que c'est le député
de Richmond qui en avait fait la demande. Ce rapport avait été
commandé par le ministère de l'Industrie et du Commerce. Il fut
remis en août 1976. Un résumé accompagne chaque tranche du
rapport. J'attire en particulier l'attention des membres de cette commission
sur la recommandation no 2 de SORES qui est la norme pour les papiers et pour
les textiles d'amiante, à savoir que "La stratégie de
développement de cette industrie au gouvernement du Québec
devrait orienter ses arguments de promotion sur la garantie d'approvisionnement
en matière première, non seulement en quantité, mais aussi
en qualité". Je pense que c'est une question qui avait été
soulevée auprès des membres de SORES, lors du mémoire. En
fait, les membres de cet organisme, dans ces deux mémoires, avaient
recommandé une stratégie basée sur une garantie
d'approvisionnement pour attirer l'industrie ici au Québec.
Cette recommandation m'apparaît, en effet, remarquablement
significative et dans la suite logique de leur présentation. Bien
qu'elle soit assez vague pour donner prise à différentes
interprétations, je pense qu'elle s'intègre néanmoins
à la politique de l'amiante, telle que nous l'avons
énoncée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'invite
le personnel de la commission à distribuer ces documents aux membres de
la commission.
Effectivement, la commission a ajourné ses travaux, le 23 mars
1978, sur une décision du président qui était alors
le député de Drummond qui avait déclaré
irrecevable une motion qui avait été présentée par
le député de Marguerite-Bourgeoys, concernant des études
ou des avis juridiques. Je pense même que le député de
Marguerite-Bourgeoys avait demandé au président à quel
moment cette motion pourrait être présentée. C'est
là-dessus que les travaux de la commission avaient été
ajournés.
M. Paquette: Alors, nous n'avons aucune motion devant nous?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non.
Nous n'avons aucune motion devant nous. J'appelle donc l'article 1...
M. Forget: On va en présenter une.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, étant donné que,
dans les dernières minutes, dans la dernière heure qui a
précédé la fin de nos travaux le 23 mars dernier, le
ministre a pris sur lui de donner droit finalement aux demandes que nous lui
avions formulées et qu'il avait d'ailleurs entérinées par
une promesse formelle de sa part de distribuer des documents, nous avons pris
connaissance de ces documents. Il est évident qu'il y a un certain
nombre de questions ou d'interrogations que ces documents soulèvent.
J'aimerais avoir l'occasion de soulever ces questions pour la bonne
intelligence de nos travaux. Entre parenthèses, la question avait
été soulevée par mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys, relativement aux études juridiques, permettant de
déterminer le pouvoir du gouvernement d'exproprier la
société Asbestos, même si, à ce moment, le ministre
n'a pas cru bon de communiquer des études à ce sujet.
On peut présumer, par les déclarations qu'il a faites
durant la période des vacances, qu'il avait des études ou qu'il
les a rapidement complétées, à la suggestion de
l'Opposition, puisqu'il a annoncé, dans une allocution qu'il a
présentée quelque part c'est du moins le rapport qu'en ont
fait les journaux; peut-être faudra-t-il corriger ou confirmer cette
affirmation qu'effectivement, le gouvernement du Québec n'a pas,
dans le moment, le pouvoir ni ne se le verrait conférer par la loi 70
d'exproprier la société Asbestos. Encore une fois, je reproduis
les propos que j'ai vus dans le journal. Le ministre a déclaré
son intention de faire adopter une deuxième loi l'automne prochain, dans
l'éventualité où la négociation et l'achat de
gré à gré ne pourraient se compléter.
C'était le but que nos questions et notre motion poursuivaient.
C'était d'obtenir du ministre une déclaration claire et explicite
quant à l'absence ou à l'inexistence d'un pouvoir formel et quant
à l'intention gouvernementale d'aller au-delà d'un simple voeu ou
de l'expression d'un voeu dans cette question. Le ministre a jugé bon
d'utiliser une plate-forme plus électoralement rentable, j'imagine, que
la commission parlementaire pour exposer son point de vue. Il aurait
très bien pu le faire en commission parlementaire, mais l'essentiel
c'est qu'il l'ait fait. Maintenant, comme tout ceci a été
reproduit
par des média d'information, peut-être sous une forme
inexacte, je tiens pour acquis que c'est exact, à moins que le ministre
nous indique le contraire.
Ceci n'était qu'une parenthèse que je referme
immédiatement, M. le Président. Il y a un certain nombre de
questions qui se posent à la lecture des textes qui nous ont
été distribués. Evidemment, je ne soulève pas de
problème quant aux textes qui sont attribuables à des auteurs
étrangers, que ce soit un tribunal américain, des études
américaines ou étrangères ou encore des documents du
ministère fédéral de l'Energie, des Mines et des
Ressources. Mais il reste qu'il y a deux documents qui semblent être au
coeur des études et du dossier du ministre relativement à
l'amiante et qui sont dus, eux, à des auteurs québécois,
non seulement à des auteurs québécois, mais à des
auteurs qui sont membres de la fonction publique. Je cite en particulier le
document intitulé: "La transformation de l'amiante", fait par un groupe
de travail sur l'amiante. Je cite également le document sur la
salubrité.
Ce qui peut frapper l'observateur à la lecture de ces documents,
c'est leur caractère anonyme. Ce sont des documents qui ne sont
certainement pas écrits par le Saint-Esprit, M. le Président,
parce que le Saint-Esprit...
M. Grégoire: Est-ce qu'on est sur un point
spécifique, sur une motion ou sur l'article 1?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que le député de Saint-Laurent s'en vient avec une motion.
M. Paquette: C'est un préambule, menant à une
motion...
M. Forget: On ne peut rien vous cacher, M. le
Président.
M. Bérubé: C'est une déclaration
liminaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que le député a le droit d'utiliser ses 20 minutes avant de
présenter sa motion. C'est le règlement. J'aurai à juger
si cette motion est rece-vable ou non tout à l'heure.
Motion demandant que le ministre
dévoile
les noms et qualifications des membres
du groupe de travail sur l'amiante
M. Forget: Alors, ces deux documents contiennent un certain
nombre d'affirmations; certaines sont totalement gratuites. On affirme
carrément des choses très importantes, qui sont probablement les
fondements sur lesquels le gouvernement a établi sa politique et sans
aucune espèce d'apparence même de justification.
Deuxièmement, il y a entre les deux documents des contradictions
flagrantes qui ne sont pas expliquées, qui ne sont pas discutées
et pour lesquelles le lecteur doit, en quelque sorte, faire son choix, à
savoir s'il croit plus crédible, plus digne de confiance tel document,
celui sur la salubrité ou celui du groupe de travail sur l'amiante.
D'ailleurs, il est remarquable que le ministre se targue d'avoir
énoncé une politique de l'amiante et que le chapitre sur la
solubrité émane, présumément, d'auteurs qui ne sont
pas intégrés au groupe de travail sur l'amiante. C'est une
politique qui est conçue par morceaux détachés et
contradictoires, d'ailleurs.
Il y a, encore une fois, des affirmations totalement gratuites qui ne
sont pas justifiées, ni expliquées.
Il y a aussi des affirmations dont le sens est imprécis. Par
exemple, les affirmations relatives au nombre d'emplois créés.
Les gens de SORES ont attiré notre attention sur le fait qu'on peut
parler des emplois directs, des emplois indirects. On ne semble pas y faire la
distinction et on impute une signification ambiguë aux chiffres
utilisés.
Il y a plus que cela. On ne connaît pas, non plus, le degré
de crédibilité qu'il faut attacher aux études, parce que
les auteurs demeurent inconnus. Encore une fois, ce sont des documents
anonymes. Leur origine précise et leurs auteurs précis ne sont
pas indiqués. La qualification de ces personnes demeure un
mystère. Leur compétence dans le domaine, leur état de
service, leur qualifications professionnelles ou autres sont inconnus de tous,
sauf, j'espère, du ministre. Encore qu'on ne peut jurer de rien!
Il m'apparaît donc absolument nécessaire, puisque le
ministre on peut l'imaginer et ses collègues du
côté de la majorité ministérielle vont constamment
se référer à ces documents, ils nous en liront
peut-être des extraits pour appuyer telle ou telle décision, il
est donc important, dis-je, de savoir, par la bouche de qui ces affirmations
ont été faites, avec quelle compétence, avec quelle
étude et surtout, de pouvoir, éventuellement, à l'aide de
cette information, vérifier si oui ou non, il s'agit de personnes qui
sont dans une situation de conflit d'intérêts.
Il me semble assez évident qu'on a là un certain nombre de
fonctionnaires qui ont travaillé à ce dossier, qui flattent le
gouvernement dans ses préjugés, fort habilement. On peut du moins
soupçonner qu'ils le font, puisqu'un certain nombre de ces travaux qui
ne portent pas de date ont probablement été rédigés
ou leur rédaction a été retouchée ou
parachevée après les décisions politiques annoncées
par le gouvernement. Donc, on a un certain nombre de personnes qui peuvent
être soupçonnées, sans faire de mélodrame, mais
vraisemblablement, de vouloir flatter leur patron dans la perspective d'un
emploi intéressant dans le cadre d'une société nationale
de l'amiante avec des salaires et des comptes de dépenses...
M. Paquette: ... les services de santé, est-ce que vos
fonctionnaires voulaient vous flatter?
M. Forget:... dans un milieu quasi industriel... M.
Bérubé: On nous prête des intentions...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: M. le Président, est-ce qu'on va tolérer
ce genre de remarques? Il demeure que la question se pose...
M. Grégoire:... tolérez-nous. (10 h 30)
M. Forget: ... et je pense qu'il serait intéressant de
voir si ces individus, effectivement, qui ont rédigé ce rapport,
s'attendent à des emplois, ont des promesses ou des perspectives
d'emploi dans un cadre tout à fait nouveau.
Le ministre trouve cela très drôle. Il reste que c'est
essentiellement une situation de conflit d'intérêts classique. Je
trouve assez curieux son attitude débonnaire, légère,
insouciante devant une situation où il reçoit des conseils de
gens qui sont dans une position, peut-être dans la meilleure position
pour bénéficier personnellement de ces conseils, dans leur
avancement, dans leur carrière. Il le sait très bien d'ailleurs,
ce n'est un secret pour personne. Dès qu'il nous donnera les noms de ces
individus, on pourra prédire qui se retrouvera au conseil
d'administration élu, selon la joyeuse expression du projet de loi, par
les actionnaires. Etant donné qu'il s'agit d'un actionnaire unique, le
ministre des Finances, cela va être une élection admirable
à laquelle on va assister, M. le Président, une élection
démocratique formidable de ces gens qui sont de parfaits inconnus, qui
seront sur un pied d'égalité, j'en suis sûr, avec M.
Tartampion, de n'importe où, puisqu'ils auront été dans
les conciliabules gouvernementaux pendant la dernière année. Ils
auront conseillé et flatté le gouvernement dans ses orientations.
On s'amuse parfois à trouver des conflits d'intérêts dans
bien des endroits, mais je ferai remarquer très sérieusement aux
membres de la commission que ce problème se pose également
à l'intérieur de la fonction publique. Dans une période
où la fonction publique regroupe 60 000 ou 65 000 salariés de
toutes catégories, des exemples de conflits d'intérêts
impliquant des salariés de la fonction publique sont nombreux. Nous
avons ici un cas particulier où on peut très bien être en
face de quelques individus qui veulent se lancer en affaires.
Vous savez, c'est une chose assez connue de se lancer en affaires. Tout
le monde aime ça avoir pignon sur rue, avoir sa boîte à
lui, être un patron, enfin. Quoi de plus facile que de le faire en
persuadant un ministre, particulièrement naïf, qu'il sera
peut-être possible, pour la plus grande gloire du Québec et la
plus grande gloire du ministre, sans aucun doute, de partir en affaires aux
frais du contribuable? Cela coûte seulement $250 millions, M. le
ministre, c'est une aubaine, c'est vraiment une aubaine.
Cela donne un très beau salaire. On sait, seulement
d'après le style des rapports annuels qui sont publiés, en
couleur, avec les photos, s'il vous plaît, des cadres, en particulier de
SOQUEM, c'est le même ministère, c'est le même ministre qui
est responsable... On a eu droit à des photos dans un album en couleur
de tous les cadres de SOQUEM, probablement parce que ce sont des gens qui sont
intéressés à mettre ça dans leur curriculum vitae,
à avoir un dossier, un petit résumé. Ils pourraient
peut-être aller travailler pour un concurrent un jour; c'est
impressionnant, dans son dossier personnel, un genre de dossier comme
ça.
Mais, très sérieusement, M. le Président, on est en
face d'une opération sur laquelle on peut s'interroger, non seulement
sur l'identité des personnes en cause, mais sur leur compétence.
Qui sont-ils, ces gens-là, pour décider que le contribuable du
Québec doive assumer une charge de $250 millions pour des
bénéfices qu'ils croient déceler dans une opération
comme celle-là, dont ils affirment l'existence, sans bien souvent
prendre la peine de la démontrer, non seulement par leur
compétence, mais également par leur motivation?
A moins que le ministre nous dise de qui il s'agit, à mon avis,
il y a un doute qui va demeurer, qui va planer, non seulement sur les documents
qu'il a distribués l'autre jour, les deux documents en question, mais
sur l'ensemble de la conception de la politique de l'amiante, une conception
apparue comme un cheveu sur la soupe, en dépit des affirmations
contraires qu'on retrouve dans le programme de 1974 ou 1975 du Parti
québécois, en dépit des affirmations d'au moins deux
ministres du gouvernement actuel. Le ministre des Richesses naturelles il y a
un an, affirmait que la nationalisation d'une entreprise ne réglerait
rien. Il y a un ministre qui a déclaré dans une étude que
tout le monde connaît, le ministre de l'Industrie et du Commerce, une
étude préliminaire, selon son expression, de l'industrie de
l'amiante, qu'une telle stratégie n'était pas susceptible non
plus d'apporter des solutions.
Deux ministres se déclarent, dans le passé, contre une
politique, la politique qui est actuellement suivie. Le programme du parti
contenait d'autres éléments. Mais ne voit-on pas que,
soudainement, en octobre dernier, le gouvernement annonce une politique qui,
par miracle, revient sur un élément qui avait été
proposé dans le fameux rapport Alexandre de 1975. Comme par hasard,
c'est la solution des fonctionnaires qui a fait surface dans la politique du
gouvernement. Comme par hasard, les déclarations du ministre ont
été mises gentiment de côté. Comme par hasard, c'est
ce que les fonctionnaires du ministère des Richesses naturelles avaient
vu comme étant la solution que l'on voit surgir à nouveau. Et,
comme par hasard, ce seront les mêmes fonctionnaires qu'on va retrouver
PDG de cette entreprise, qu'on va retrouver au conseil d'administration, qu'on
va retrouver parmi les cadres de l'entreprise.
Tout le monde sait bien que, dans la fonction publique, si on pouvait se
décrocher une gentille petite société d'Etat, ce serait
tellement plus commode. Finies les tracasseries du Conseil du trésor,
finies les tracasseries de la Commission de la fonction publique pour telle ou
telle niaiserie. On va enfin avoir son affaire, son entreprise.
Comme c'est curieux que cela se passe de cette façon.
Il me semble, M. le Président, que le ministre se doit à
lui-même, en premier lieu, et doit également au public de faire la
lumière sur les tenants et aboutissants pour employer une
expression qui leur est chère de ces études. De qui
viennent-elles? Qui les a conçues? Qui les a rédigées?
Quelle compétence ces gens-là ont-ils? Quels intérêt
ont-ils dans la poursuite du projet? Et jusqu'à quel point
pourraient-ils répondre, si l'occasion leur en était
donnée, aux objections et aux contradictions que l'on retrouve dans ces
textes? Sans beaucoup d'efforts, on retrouve des contradictions. Je reviendrai
là-dessus.
C'est la raison pour laquelle, pour connaître ces gens-là,
pour faire la lumière sur une situation qui m'apparaît donner plus
que les apparences d'une irrégularité, mais être
véritablement irrégulière parce qu'on a des gens
qui sont juge et partie dans tout cela je fais motion que "cette
commission invite le ministre des Richesses naturelles à donner
immédiatement aux membres et intervenants de cette commission les noms
et qualifications des membres du groupe de travail sur l'amiante".
Décision du président
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A ce
stade-ci, j'ai l'intention de déclarer et non seulement j'ai
l'intention, mais je vais déclarer irrecevable cette motion, pour le
motif principal suivant: II y a une décision qui a été
rendue le 18 juillet 1974 et que nous retrouvons à la page B-5482-3 du
journal des Débats. Je pense que c'est la décision qui fait
actuellement jurisprudence sur les motions préliminaires qui peuvent
être présentées lors de l'étude article par article
d'un projet de loi. Cette décision a été rendue à
l'occasion de l'étude en commission parlementaire, article par article,
du projet de loi 22.
Selon l'économie de notre règlement et la tradition
parlementaire, il est très clair que le seul mandat d'une commission
élue, après la deuxième lecture, c'est l'étude du
projet de loi, article par article. Une fois qu'on a disposé des motions
préliminaires, dont j'ai déjà donné des exemples au
cours des premières journées de la commission, très peu
nombreuses, le président doit appeler l'article 1.
Or, il semble manifeste, dans mon esprit en tout cas, que cette motion
n'a pas pour but ou ne vise pas à l'organisation matérielle et
générale de nos travaux. Cette motion n'entre aucunement dans le
cadre des exemples des motions préliminaires que j'ai citées, il
y a environ une dizaine de jours, tout en donnant des exemples.
Je répète ici les genres de motions préliminaires
qui peuvent être acceptées avant l'étude de l'article 1. Je
disais, par exemple, accorder à une personne qui n'est pas membre d'une
commission la permission de se faire entendre cette motion a
été présentée; une motion décidant de
siéger à huis clos ou demandant de siéger à huis
clos; une motion demandant de différer l'étude d'un article d'un
projet de loi pour entreprendre l'étude d'autres articles; une motion
visant à tenir des auditions publiques, genre de motion qui a d'ailleurs
été présentée; une motion préliminaire
visant à requérir une personne de se présenter devant
elle, genre de motion qui a également été
présentée.
Toutes ces motions ont un point commun: elles ont trait à
l'organisation générale, matérielle et fonctionnelle de
nos travaux. Je pense que la motion présentée actuellement par le
député de Saint-Laurent je n'oserais pas dire
prématurée n'entre pas je ne dis même pas
qu'elle est prématurée dans le cadre de ces motions
préliminaires, dans la philosophie des motions préliminaires qui
doivent guider la présidence des commissions parlementaires.
C'est pour cette raison, voulant me conformer à cette ligne de
conduite qui a été tracée par d'autres je me
rappelle que d'autres présidents ont eu à rendre des
décisions semblables; ils se sont toujours référés
à cette décision du 18 juillet 1974 sur les motions
préliminaires c'est pour cette raison que je déclare
irrecevable cette motion parce qu'elle n'entre justement pas dans le cadre des
motions préliminaires qui sont présentables en vertu de notre
règlement et de notre jurisprudence.
Je ne voudrais pas dire, comme je l'ai déjà dit, que cette
motion pourrait être présentée ailleurs. J'en ai
déjà déclaré une du député de
Marguerite-Bourgeoys irrecevable, parce que prématurée. J'avais
déclaré, à ce moment-là, qu'elle serait
déclarée recevable si elle était présentée,
je pense, dans ce cas-là, à l'article 3, si je me rappelle de
cette motion bien précise.
Je sais que le député de Drummond, lors de la
dernière séance de la commission, a déclaré non
recevable, parce que prématurée et n'entrant pas dans le cadre
des motions préliminaires, une motion du député de
Marguerite-Bourgeoys. Par contre, il indiquait, suite à une demande de
directive du député de Marguerite-Bourgeoys qui voulait savoir
à quel article cette motion pourrait être présentée,
après avoir lu le journal des Débats, que cette motion pourrait
être éventuellement présentée au début de
l'article 4 ou, en tout cas, à l'article 4.
Je pense que même la décision du député de
Drummond jeudi dernier, en mon absence, refusait la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys, parce qu'elle n'entrait justement
pas dans le cadre de l'organisation générale et matérielle
de nos travaux. C'est le même genre de motion que j'ai actuellement
devant moi. Je dois la déclarer irrecevable, comme je m'engage d'avance
à déclarer irrecevable, en toute logique, toute motion de
même nature.
Par contre, il y a peut-être lieu de présenter d'autres
genres de motions préliminaires, j'en ai donné des exemples, qui
pourraient faciliter l'organisation générale de nos travaux.
Donc, la motion est déclarée irrecevable pour cette raison. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une directive
à vous demander. Tenant compte de la liste
des motions que vous venez de nous donner, j'ai pris note des motions
qu'on peut présenter avant le début de l'étude, article
par article. Par exemple, le droit de parole, le huis clos, demande de
différer l'étude d'un article, demande d'auditions publiques,
demande d'inviter une personne à se présenter devant la
commission. Est-ce que c'est une liste exhaustive?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce sont
des exemples de ce genre de motions. Je pense qu'on peut voir, dans tous les
exemples que j'ai donnés en arrivant, que ce n'est pas limitatif.
Remarquez bien la liste, les motions ont un point commun, elles visent à
organiser, en somme, nos travaux.
Motion pour convoquer le groupe de travail sur
l'amiante
M. Lalonde: Je voulais simplement établir cela, parce
qu'il y a eu d'autres motions préliminaires...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, ce
n'est pas limitatif.
M. Lalonde: ... comme, par exemple, de communiquer des documents,
qui ont déjà été déclarés recevables,
ailleurs, et même à cette commission, je ne m'en souviens pas.
Maintenant, je voudrais simplement, de façon à me conformer
à votre décision, et en indiquant bien clairement que la motion
du député de Saint-Laurent ne visait qu'à nous rendre
à cette étape que j'aborde maintenant, changer la motion
simplement pour qu'elle devienne la suivante: "Que cette commission invite le
groupe de travail sur l'amiante du ministère des Richesses naturelles
à se faire entendre le 4 avril 1978, à 16 heures, afin de
renseigner les membres et intervenants de cette commission. " (10 h 45)
Elle est écrite et nous en avons des copies. Déjà,
on s'améliore. Je veux bien indiquer que la raison pour laquelle le
député de Saint-Laurent a commencé par demander au
ministre de nous indiquer le nom des membres de ce groupe, c'était pour
arriver, à un moment donné, à savoir qui on peut inviter.
Il y a aussi d'autres questions qu'on pourrait poser au ministre. J'aimerais
qu'il y réponde même avant d'aborder l'examen de cette motion. Des
questions très précises ont été posées par
le député de Saint-Laurent, à savoir qui sont ces membres.
Il me semble que ce n'est pas un mystère. J'aurais cru que si le
ministre avait l'esprit de collaboration qu'on a vu chez le
député de Frontenac, lors d'une autre motion, il se serait
élancé, il aurait interrompu le député de
Saint-Laurent et lui aurait dit: Comment se fait-il que les noms n'apparaissent
pas au document? C'est un oubli. On aurait été inondé
d'excuses, normalement, et on nous aurait donné la liste des membres du
groupe de travail. Si le ministre pouvait accorder une oreille semi-attentive
à nos propos pendant son caucus, je lui demanderai, par votre entremise,
M. le Président, directement, de nous communiquer le nom de ces
personnes, le nom des membres de ce groupe de travail. Est-ce que le ministre
peut me répondre maintenant?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que je tiens pour acquis que cette motion est actuellement
présentée?
M. Lalonde: Je l'annonce.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
l'annoncez.
M. Lalonde: Mais je la précède par des questions au
ministre. Je vais répéter la question parce qu'il nous a
simplement assurés d'une moitié d'attention...
M. Bérubé: Une demi-oreille.
M. Lalonde: ... la dernière fois. Est-ce que le ministre
peut répondre à cette question simple: Qui sont les membres de ce
groupe de travail sur l'amiante? Les noms nous suffiront pour l'instant. La
question suivante est celle-ci: Quels sont les états de service, quelles
sont les qualifications? J'attends la réponse du ministre.
M. Bérubé: II n'y a pas de motion? M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y a
pas de motion.
M. Lalonde: M. le Président, une directive. Est-il
conforme au règlement qu'un membre de cette commission puisse s'adresser
à sa grandeur le ministre des Richesses naturelles pour avoir une
réponse?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député...
M. Lalonde: Par votre entremise.
M. Grégoire: Si c'est en règle, si c'est fait selon
le règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Est-ce que c'est conforme au règlement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Je pense...
M. Lalonde: II y a une limite à rire du monde.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que le député de Marguerite-Bourgeoys peut poser des questions et
que le ministre peut y répondre ou ne pas y répondre; c'est
laissé à sa discrétion.
M. Lalonde: Alors, M. le Président...
M. Forget: II ne connaît pas la liste. Il ne connaît
pas les noms, le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je pense...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
règlement, c'est cela.
M. Lalonde: Oui, c'est cela.
M. Bérubé: ... que, de toute évidence, cette
question est inutile puisque j'ai déjà indiqué, au
départ, que je déposerais les documents. Mais, au moment
où je l'ai annoncé, j'ai dit que nous éliminerions de ces
documents toute référence à des noms de hauts
fonctionnaires ou de fonctionnaires de quelque rang que ce soit ayant
contribué à ce dossier et c'est une décision que
j'ai...
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bérubé: Si l'Opposition veut argumenter sur la
réponse que j'ai donnée...
M. Lalonde: Pas argumenter, une autre question; une autre
question. Qu'est-ce qui milite en faveur de l'escamotage des noms des
fonctionnaires? Y en a-t-il qui ne sont pas montrables? C'est ma question au
ministre. Pour quelle raison cache-t-on les noms des fonctionnaires qui ont
travaillé à ce document que l'on dépose comme étant
source d'autorité en la matière et sur lequel s'appuient le
ministre et le gouvernement pour prendre les décisions et établir
la politique de l'amiante?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, est-ce que vous avez une motion
à présenter?
M. Lalonde: Alors, je n'ai pas de réponse, M. le
Président. Je vais donc faire la motion que je vous ai donnée
tantôt et je pense qu'elle est tout à fait conforme au
règlement et tout à fait acceptable. Je ne fais qu'inviter des
personnes dont l'identité devra naturellement être établie
par le ministre qui devra pour cette raison mettre fin au grand mystère
devant lequel la commission se trouve.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
je déclare cette motion recevable, telle que rédigée. Tout
d'abord, je pense qu'elle entre dans le cadre des motions préliminaires
possibles. J'aimerais également faire ici une distinction que j'ai faite
souvent entre une invitation à quelqu'un de se présenter et une
réquisition, en vertu de l'article 153, de se présenter.
L'article 153 impose une obligation et le membre qui fait défaut
d'obéir à cette réquisition peut se voir appliquer les
sanctions prévues par le règlement alors que la motion telle que
présentée je sais que le député de
Marguerite-Bourgeoys est au courant est une invitation, et je
déclare donc cette motion recevable, débattable et reçue,
telle que présentée.
M. Lalonde: M. le Président, je ne veux pas
répéter les propos du député de Saint-Laurent qui
me semblaient quand même assez évidents.
Je voudrais simplement mentionner que démonstration a
été faite jusqu'à maintenant par l'Opposition officielle
dans sa quête parce qu'on est réellement à ce niveau
devant ce gouvernement de renseignements, que les seuls documents sur
lesquels le gouvernement a pu s'appuyer pour déterminer sa politique de
l'amiante y compris et plus particulièrement, j'insiste sur cette
décision portent sur la décision d'acquérir la
société Asbestos.
Ces seuls documents sont... Il y en a plusieurs qui datent, qui sont
directement et très directement reliés à l'amiante; mais
quant à une politique, à une intervention du gouvernement, on a
le rapport Alexandre, on a le rapport SORES, le dernier qui reprend une bonne
partie des éléments de celui du mois d'août 1976 et ce
jugement ou cette appréciation de l'OPDQ que le député de
Saint-Laurent a révélé à cette commission au
début de ses travaux et voilà que...
M. Bérubé: Consigné...
M. Lalonde: ...le ministre remettait aux membres de cette
commission, aux intervenants, il y a une dizaine de jours, un document
intitulé: La transformation de l'amiante, groupe de travail sur
l'amiante.
A la première page, au paragraphe 3.1 les deux premières
lignes sont les suivantes: "Les perspectives de croissance et de l'utilisation
de la fibre d'amiante apparaissent excellentes pour la prochaine
décennie et même pour la suivante." C'est peut-être
très optimiste.
M. Bérubé: C'est un travail à long
terme.
M. Lalonde: II semble que ce document qu'on nous remet est la
suite, de toute évidence, de deux premiers chapitres. Le ministre nous a
déjà indiqué qu'il fallait tenir secrets certains
documents qui ont trait à l'évaluation d'Asbestos Corporation
pour ne pas nuire aux négociations en cours. Mais le lecteur de ce
document n'est-il pas justifié de se poser des questions sur l'objet des
deux premiers chapitres? N'est-il pas justifié de consulter les deux
premiers chapitres pour savoir si la conclusion des auteurs, en abordant le
troisième chapitre, voulant que les perspectives de croissance de
l'utilisation de la fibre d'amiante apparaissent excellentes pour les 20
prochaines années, est valable, est fondée?
Ensuite, tout au long de ce document, on fait état d'affirmations
dont la démonstration n'est pas faite. Il m'apparaît important que
nous ayons, nous membres et intervenants à la commission parlementaire,
des précisions sur le travail de ce groupe de fonctionnaires.
Quelle est la compétence de ses membres? Quels sont leurs
états de service en matière d'amiante, en matière de mise
en marché, en matière d'étude de mise en marché, en
matière de gestion d'entreprise, puisqu'on suggère d'en
acheter une, en matière de transformation, d'extraction de
l'amiante et aussi d'approvisionnement d'amiante? Il y a dans ce document, M.
le Président, des affirmations relativement à l'approvisionnement
qui font sourire.
J'aimerais aussi poser des questions. Quelles sont les recherches qui
ont été effectuées par le groupe de travail? Quel est le
mandat qui leur a été confié? Quand? Quel budget leur
a-t-on alloué? Quel est le délai qu'on leur a accordé?
Pourquoi ce rapport, parce qu'il n'est pas daté, a-t-il
été remis, semble-t-il, en 1977, à la fin de 1977? Le
ministre pourrait peut-être répondre à cette petite
question tout à fait simple et inoffensive. Quelle est la date à
laquelle ce rapport lui est parvenu? Je n'ai pas de réponse, M. le
Président.
Alors, comment se fait-il que dans le tableau 3.1.13 sur la production,
les importations et la consommation apparente d'amiante, on n'ait pas les
chiffres de 1976? On souligne que les chiffres de 1976 ne sont pas inclus. On a
les chiffres de 1973, 1974 et 1975, mais pour 1975, M. le Président, on
nous a dit, à la page... Il n'y a pas de page, M. le
Président.
On nous dit, au paragraphe 3.1.11, que pour 1975 il ne faut pas teni r
compte de ces chiffres-là à cause d'une longue grève de
sept mois, de l'incendie à la King Beaver, d'un éboulis à
la mine Jeffrey, de sorte qu'on doit se rabattre sur les chiffres de 1974 quant
à la production, aux importations, à la consommation apparente.
Nous sommes en 1978. Déjà, on est obligé de se fier, nous,
les membres de la commission, à des chiffres de 1974.Cela fait
déjà quatre ans. Alors, pourquoi ne pas faire ia
démonstration d'après les chiffres de 1976? Naturellement, si on
ne tient compte que des données de 1975, on voit qu'il y a une
diminution à travers plusieurs pays, de production, d'importation et de
consommation apparente.
Alors, on nous dit: II ne faut pas se fier à 1975. On ne nous
donne pas1976. Alors, il faut se rabattre sur 1974. Cela fait
déjà quatre ans et je pense, M. le Président, que nous
sommes autorisés, à cette commission parlementaire, à
avoir accès à des renseignements beaucoup plus immédiats,
beaucoup plus concrets, beaucoup plus récents.
M. le Président, par exemple, je vais vous référer
au paragraphe 3.1.13 de ce document, où on dit: "Eu égard
à la consommation de 1964 à 1970, le monde enregistrait un taux
de croissance de 8.3 pendant que le monde libre ne satisfaisait avec un taux de
3.5"... On doit vouloir dire: Se satisfaisait d'un taux. Enfin, je dois lire ce
qu'on me donne, étant donné que je n'ai pas accès aux
auteurs. M. Forget: C'est écrit vite.
M. Lalonde: Donc, "pendant que le monde libre ne satisfaisait
avec un taux de 3.5%". La source est: Vers une politique
québécoise de l'amiante. Une des seules sources à laquelle
on réfère, c'est le rapport Alexandre. Je poursuis la lecture.
"La percée russe sur les marchés d'exploration explique
l'écart entre le taux d'accroissement de la production et de la demande
dans le monde libre". Le paragraphe suivant dit ceci: "Vers 1970, celle-ci ne
pouvant plus accroître ses exportations, les producteurs du monde libre,
on l'a vu, ont aligné leur production sur ce taux de croissance de la
demande à long terme". (11 heures)
Si je me réfère au document, je dois voir que c'est la
demande. Non, ce n'est pas la demande, c'est peut-être la percée
russe. La percée russe, à mon sens, ne peut pas accroître
ses exportations, donc ça doit être un pays. On doit vouloir dire
la Russie. Je dois me poser ces questions. La Russie ne pouvant plus
accroître ses exportations, je lis ça, je vais consulter le
tableau, à la page 11, 3.1.11 et je constate que la Russie a
augmenté ses exportations, de 1973 à 1975, de 448 900 tonnes
métriques à 613 300 tonnes métriques. Donc, ça ne
peut pas être la Russie.
Si ce n'est pas la Russie, qui est-ce, celle-ci? M. le Président,
ce document est rempli d'erreurs et de faiblesses, comme celles que je viens de
vous mentionner et il y en a d'autres. Comment pouvons-nous si c'est un
document important pour déterminer la décision du gouvernement,
nous, les membres de cette commission, le lire sans poser des questions aux
auteurs? J'aimerais poser des questions au ministre, mais il ne répond
pas. On l'a vu.
Je voudrais attirer votre attention, M. le Président, au
paragraphe 3.1.24, la production par caté-rogie. On a, pour les
catégories 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8, les chiffres de 1974, 1975 et, oh!
surprise! 1976. Donc, ils sont disponibles, on ne les a pas pour le tableau
3.1.11, on les a pour le tableau 3.1.24. Qu'est-ce qu'on voit? Naturellement,
pour 1975, il faut l'oublier, parce que, à propos de 1974, 1 536 000,
est-ce qu'on doit parler encore de tonnes métriques? On passe à
884 000 en 1975. Admettons que c'est à cause des catastrophes qui sont
arrivées au Québec. En 1976, on remonte à 1 373 000. On
est passé, en 1974, de 1 536 000 à une baisse de 1 373 000 en
1976.
M. Grégoire: Oui, mais il y a eu une grève de six
mois et il y a l'usine de la King Beaver, qui a passé au feu.
M. Lalonde: Qu'on le dise.
M. Grégoire: Vous n'êtes pas au courant des
événements.
M. Lalonde: Qu'on le dise, qu'on le dise, qu'on ne le cache
pas.
M. Grégoire: Vous êtes ignorant des
événements.
M. Lalonde: Qu'on ne le cache pas, qu'on le dise.
M. Grégoire: La grève a duré sept mois, tout
le monde le sait.
M. Lalonde: Oui, mais c'est en 1975.
M. Grégoire: Et l'incendie de l'usine de la King
Beaver.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Ecoutez, est-ce que vous voulez invoquer la
grève?
M. Grégoire: Si vous ne savez pas ça...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Est-ce que vous voulez invoquer la grève de
1975?
M. Grégoire: Et le feu de la King Beaver? M. Lalonde:
C'est la grève ou le feu? M. Grégoire: Les deux.
M. Lalonde: Bon, alors, la grève, c'est en 1975.
M. Grégoire: Et le feu?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît! Le dialogue est terminé.
Voulez-vous continuer...
M. Grégoire: II faut tout de même être au
courant de ce qui se passe.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, s'il vous plaît! Allez-y.
M. Lalonde: M. le Président, il y a donc un tas de
questions à se poser et pourquoi cache-t-on des chiffres de 1976?
M. Bérubé: M. le Président, le temps de
parole du député de l'Opposition est épuisé si je
ne me trompe.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, il
reste une couple de minutes.
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
M. Lalonde: Vous en avez enlevé naturellement
l'interruption du député de Frontenac?
M. Grégoire: II faut vous renseigner sur ce que vous
ignorez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: M. le Président, les chiffres de 1976 sont
extrêmement importants.
M. Bérubé: M. le député de Frontenac,
l'Op- position ignore beaucoup trop de choses pour qu'on doive l'interrompre
chaque fois.
M. Grégoire: Oui, c'est vrai. Je m'excuse, M. le
Président, je ne l'interromprai plus...
M. Lalonde: On arrive ici, M. le Président, on discute des
substituts. A la page 4 d'un sous-document, on appelle ça la page 4,
mais c'est le paragraphe 3.2.1, on parle des lois adoptées dans divers
territoires pour protéger la santé des travailleurs. Je vais vous
citer seulement une phrase: "Plusieurs de ces substituts envahissent cependant
les marchés traditionnellement réservés aux produits
d'amiante à la faveur de législations émotives
parrainées par des organismes et des individus qui incriminent
l'amiante, bien souvent au-delà de toute preuve réelle et
scientifique, laissant la voie libre à certains substituts dont la
découverte plus récente et l'utilisation plus restreinte leur
permettent d'afficher un dossier plutôt vierge quant à leurs
effets nocifs sur la santé".
M. le Président, j'aimerais demander aux membres de ce groupe
quelles sont ces législations émotives. Est-ce qu'on
réfère au rapport Beaudry, par exemple, comme étant de
nature émotive? Est-ce que le projet de règlement qui a
été annoncé je ne sais pas s'il a été
distribué par le ministre, aujourd'hui, fait aussi partie de ces
législations émotives? J'aimerais connaître ces
réponses.
Il y a une dernière question que j'aimerais poser avant de
terminer. Quelle est la connaissance des membres de ce groupe sur les usages
dans l'industrie, relativement à l'approvisionnement?
Je vais vous lire le sous-paragraphe e), à la page 6 du
même chapitre, où on dit ceci: "Dans une situation où la
demande excède l'offre, la présence de la fibre au Québec
est définitivement un avantage plus ou moins marqué selon
l'étude de produits. Il semble je le souligne par contre,
que la plupart des transformateurs qui pourraient s'implanter au Québec
ne croient pas que le seul fait de leur présence en terre
québécoise soit une garantie suffisante d'approvisionnement en
fibre et qu'ils exigeraient une participation minoritaire d'une compagnie
minière, ou, à tout le moins, un engagement formel
écrit."
M. le Président, cette déclaration est le fondement de ce
document, relativement à l'approvisionnement. Il semble... on n'est pas
tout à fait sûr, tout d'abord. On est étonné qu'on
doive avoir recours à un engagement formel écrit pour s'assurer
l'approvisionnement en matières premières.
M. le Président, j'ai simplement donné le genre de
questions que nous aimerions poser au groupe. J'aimerais avoir l'occasion d'en
donner d'autres, j'en ai plusieurs. Je pense que cette motion doit être
adoptée. Si le gouvernement, et le ministre en particulier, la refuse,
il voudra simplement, sans lui prêter de motif indigne, cacher les
auteurs de ce document à la commission parlementaire. La commission
parlementaire sera encore dans l'obscurité la plus totale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Le ministre, le 23 mars
dernier, a déposé ce fameux document auquel fait
référence la motion présentée par mon
collègue qui vient de prendre la parole, sur la transformation de
l'amiante. Nous avons pu prendre connaissance du document en question qui, je
le rappelle le ministre l'avait indiqué également
n'était pas signé par ses auteurs, tel que le ministre l'avait
indiqué dans ses propos.
La lecture du document en question révèle, quant à
nous cependant, différentes contradictions qui méritent
d'être soulignées et sur lesquelles on peut se poser un certain
nombre de questions. Il y a un certain nombre d'hypothèses
également qui sont présentées à l'intérieur
du document.
Si je ne m'abuse, le document en question a été
préparé par les fonctionnaires, à la demande du ministre
pour lui fournir les données pertinentes sur la question. Le ministre
pourra me corriger si ce n'est pas là le contexte dans lequel le
document a été produit. Le ministre me fait signe que oui; cela
veut donc dire que le document a été présenté
à la demande du ministre, pour fournir un certain nombre de
données, d'hypothèses de travail, sur lesquelles le gouvernement
avait l'intention de s'appuyer pour élaborer son action politique au
niveau du dossier de l'amiante, dans un premier temps.
Nous avons entendu, l'autre jour, différents groupes qui se sont
présentés devant nous et je pense que ces comparutions ont
été intéressantes à différents points de
vue. Nous avons pu faire la lumière sur certains arguments qui peuvent
être valables, du côté du gouvernement, comme sur certains
autres arguments valables également du côté de
l'Opposition. Quant au but de cette commission, qui est de faire la
lumière sur toute cette question, de prendre des décisions
éclairées, en fin de course, je pense que les mémoires qui
nous ont été présentés nous ont aidés d'une
certaine façon.
Le groupe de travail SORES, par exemple, s'est présenté
devant nous avec des données techniques, des données
précises, puisqu'il est formé d'experts, de spécialistes
en la matière. Ces fonctionnaires, qui ont préparé pour le
ministre le document que nous avons devant nous et auquel réfère
la motion du député, sont également, j'imagine, ou du
moins je l'espère, à quelques égards, spécialistes
de la question ou, tout au moins, des gens qui se sont penchés
suffisamment sur tout ce problème pour être en mesure de faire des
recommandations qui aient une certaine valeur.
A ce titre, il m'apparaît évident qu'il serait utile pour
la commission de pouvoir entendre ces mêmes personnes puisqu'elles ont
sûrement amassé un certain nombre de données sur lesquelles
appuyer ces recommandations qu'elles font à un ministre pour que ces
recommandations deviennent loi; d'autre part, elles auraient peut-être
des informations supplémentaires à nous fournir qui seraient de
nature à faire avancer les travaux de cette commission parlementaire et
à apporter justement toutes les données dont nous avons besoin en
cette matière.
N'oublions pas une chose: Même si c'est un groupe de travail qui a
été demandé par une, ou trois personnes dans le dossier de
l'amiante, il reste que ces données qui ont été fournies
sont quand même le point de départ, comme l'a indiqué tout
à l'heure le ministre, de sa politique sur l'amiante.
Si la politique de l'amiante du gouvernement est aussi claire et aussi
précise que le ministre et ses collègues le laissent entendre, si
ses objectifs sont aussi précis que les moyens de les atteindre sont
clairs, je pense qu'ils n'auront aucune réticence et aucune objection
majeure à ce que ces gens, qui ont préparé ces
informations sur lesquelles ils se sont appuyés pour prendre les
décisions, puissent comparaître devant nous, répondre
à nos questions et étayer davantage dans ce sens la position du
gouvernement.
D'ailleurs, à ce sujet, je ferais une petite réflexion sur
toute la question du fonctionnarisme au niveau de la préparation des
projets de loi et des demandes de recommandations qui sont faites par les
ministres en poste à certains groupes de travail afin de prendre
certaines décisions.
Il ne faut pas oublier une chose le Parti québécois
va en vivre l'expérience comme les autres également. C'est la vie
politique, la vie parlementaire qui est comme cela : Les partis
politiques passent, mais les fonctionnaires demeurent. Vous allez l'apprendre.
C'est un fait acquis. Ce n'est pas un reproche à l'endroit des
fonctionnaires ou sur la question du fonctionnarisme comme tel. Je m'applique
à décrire une situation de fait.
Le ministre peut recevoir ou subir davantage les pressions et la
volonté de groupes de fonctionnaires qui sont permanents dans le
domaine. On a d'ailleurs déjà vu l'expérience de
très près, simplement avec le dossier de l'assurance automobile.
On sait qu'à différentes reprises, les fonctionnaires qui sont
demeurés en place sous différentes administrations
gouvernementales ont essayé, avec les administrations qui ont
précédé le gouvernement du Parti québécois,
de faire adopter cette loi dans ses grandes lignes, mais ils n'ont
réussi que cette fois-ci parce que le ministre a bien voulu prêter
une oreille attentive, non pas une demi-oreille, mais toute une oreille cette
fois-là, aux fonctionnaires qui étaient en place sous
différentes administrations pour adopter cette magnifique loi qu'est
l'assurance automobile.
Je pense que le ministre a intérêt à repenser son
mode d'approche dans ce sens. Il ne doit pas avoir intérêt non
plus à cacher ses sources d'information, puisque ce sont, j'imagine,
comme je l'ai indiqué tout à l'heure, des gens bien
préparés, des gens bien documentés qui lui ont
sûrement fourni les recommandations en question. Ce serait tout à
l'honneur du ministre et de sa politique de l'amiante de nous présenter
ces personnes et de recevoir à la table de cette commission
parlementaire leur appui et leurs données pertinentes inhérentes
au document.
J'ai feuilleté le document. J'ai regardé ce que les
fonctionnaires avaient préparé pour le ministre à ce
sujet. Il y a différentes questions qui me sont venues à
l'esprit, pour lesquelles on pourrait demander des éclaircissements
à ces gens qui ont présidé à la naissance du
document de travail en question. Simplement pour vous donner un exemple sur la
question des substituts, je prends le document en question à la page 5
où l'on parle, au détail c), de la transformation par rapport aux
législations québécoises.
On dit ici: "Les possibilités de transformation prévues
dans ce rapport assument que les normes sur la santé et l'environnement
sont sensiblement celles recommandées par le rapport Beaudry. Toute
autre norme plus sévère détruit une hypothèse
importante de ce travail et annule, parle fait même, la
probabilité de ces prévisions. Si le Québec devait suivre
le comportement de OSHA des Etats-Unis, les probabilités de
transformation additionnelle de la fibre au Québec s'estomperaient
rapidement. Après avoir présenté une norme de deux fibres
par centimètre cube, OSHA pousse actuellement une législation
pour 0.5 fibre par centimètre cube, norme qui, techniquement, semblerait
souvent difficile et même impossible à respecter, ce qui fait
déclarer à plusieurs manufacturiers qu'ils abandonnent l'amiante.
Comme réponse, OSHA a commandé des études pour supporter
éventuellement une loi pour une norme de 0,1 fibre par centimètre
cube. Devant cette attitude de OSHA, les manufacturiers américains se
tournent vers l'extérieur ou vers les substituts. Je pense que,
simplement à cet article... On sait qu'on a discuté assez
largement de toute la question des substituts possibles à l'amiante pour
différentes raisons. Je pense simplement à cet article. Les gens
qui ont préparé ce document à l'intention du ministre
auraient sûrement des données plus précises à nous
fournir pour nous indiquer sur quoi ils se sont appuyés pour arriver aux
conclusions qu'ils nous présentent maintenant, et de quelle façon
avec l'évolution de la situation, maintenant, ils aborderaient cette
même question de l'amiante quant aux substituts possibles qui se
dessinent à l'horizon. (11 h 15)
II y a également toute la question des fonds publics disponibles.
Je vous réfère simplement à la page 9 du document en
question. On parle de la stratégie du gouvernement et, pour bien vous
situer, je vous donne un bout du paragraphe précédent: 'Toute
stratégie réaliste pour accroître la transformation de
l'amiante au Québec devrait être d'abord l'énoncé
d'une attitude positive, suivi d'une action qui confirme, hors de tout doute,
la volonté du Québec dans ce domaine. Une telle stratégie
devrait exploiter au maximum l'ouverture d'esprit des compagnies et les inciter
fermement à des initiatives réciproques". On continue, en disant:
"La disponibilité de fonds publics importants pour investir seul ou
conjointement avec les entreprises, de même que l'achat d'une compagnie
minière assurant l'approvisionnement en fibres affirmeraient
indéniablement la volonté du Québec".
J'aimerais que ces hauts fonctionnaires j'imagine qui ont
préparé les études en question nous donnent plus de
renseignements sur ce qu'ils appellent la disponibilité des fonds
publics importants, parce que, si je comprends bien la loi, cette
disponibilité, c'est nous qui allons la fournir et tous les
Québécois. J'aimerais qu'on nous donne plus de renseignements sur
cette grande disponibilité qui existe, au cas où, si jamais le
ministre des Finances avait besoin de certains fonds disponibles importants
pour d'autres projets, il puisse s'approvisionner à la même source
que celle que ces personnes indiquent ici comme étant importante.
C'est un autre genre de question qu'on pourrait poser également.
En continuant de feuilleter simplement, de façon diagonale, tout
à fait rapide, le document on pourra y aller en profondeur un peu
plus tard simplement en jetant un coup d'oeil rapide sur le document, on
arrive à la création du nombre d'emplois avec le projet de
l'amiante cela vaut la peine, je vous donne un peu le texte et je
reviendrai là-dessus on indique qu'il y aurait une
possibilité de dix à quinze usines supplémentaires avec
1500 emplois au minimum, peut-être 2000. Je pense que cela a
été souligné dans la région d'Asbestos lorsque les
députés sont venus, la semaine dernière, en compagnie du
ministre; il y avait 1500 emplois qui flottaient dans l'air au niveau de
l'amiante. Je cite donc...
M. Forget: II y en a qui flottent. M. Brochu: Cela ne
risque pas... M. Grégoire: ... flotter la fibre.
M. Brochu: La différence, c'est que cela ne risque pas
d'attaquer les chômeurs, parce que ces emplois... On attend qu'ils
redescendent. C'est cela qu'il va être intéressant de voir tout
à l'heure. Je pense qu'ils vont rester en suspension longtemps, mais ce
serait souhaitable qu'il y en ait, remarquez bien. Il faut quand même
être réaliste. C'est le point auquel je veux en venir.
M. Grégoire: ... ils vont rester en suspension.
M. Brochu: Je reviens au document, à la page 10, pour
noter ceci: "Compte tenu de l'analyse faite ci-après, à chaque
gamme de produits, et des projets possibles de transformation au Québec
que l'on peut percevoir, il serait réaliste de viser"
écoutez bien cela, cela a été bien souligné, et on
va y revenir "l'implantation de dix à quinze usines nouvelles".
C'est intéressant. Ce sont les hauts fonctionnaires qui ont
préparé cela. J'aimerais bien savoir parce que c'est
important que nos chômeurs soient informés là-dessus
les possibilités futures, dans un avenir rapproché,
j'espère, d'autant de transformations possibles et d'autant d'emplois.
Je reviens au texte: "II serait réaliste de viser l'implantation de dix
à quinze usines nouvelles". Je veux bien le croire, je prends leur
parole, mais j'aimerais qu'ils comparaissent
devant nous ici et viennent nous dire où ils vont prendre leurs
dix à quinze usines de transformation, de quelle façon on va le
faire. C'est important. M y a peut-être une mine d'or qui dort ici et on
ne le sait pas. Le ministre n'a pas semblé emprunter cette voie,
à la suite du dépôt de ce document, puisqu'il n'en a pas
fait état, sauf le nombre d'emplois, parce que, publiquement, cela fait
bien de dire qu'il y aura de 1500 à 2000 emplois.
Je reviens au texte: "II serait réaliste de viser l'implantation
de dix à quinze usines nouvelles, en plus de l'expansion de certaines
usines actuelles" c'est en plus du restant qu'on peut agrandir
"pour la création, sur une période de dix ans, de 1500 à
2000 emplois". Ecoutez bien j'espère que la demi-oreille du
ministre est toute là de 1500 à 2000 emplois; je crois que
oui, parce qu'il sourit. Je continue. Les investissements totaux requis
seraient de l'ordre de $70 millions à $100 millions. Le tonnage
additionnel de fibre transformée au Québec pourrait
s'accroître de 100 000 à 300 000 tonnes de fibre courte par
année, selon le succès obtenu pour l'implantation des usines de
papier-amiante; ce qui porterait le pourcentage total de la fibre
transformée, en fonction du niveau de production actuelle, de 2,5%
présentement écoutez bien à 9%; et à
un maximum de 20%. Ce qui avait été déclaré
d'ailleurs, il y a quelques mois, par le ministre des Finances, M. Pari-zeau,
comme objectif intéressant à atteindre.
Donc, on nous dit dans cette étude, préparée
à la demande même du ministre, qu'il y a de 1500 à 2000
emplois dans les prochaines années qui sont là disponibles, qu'il
y a une possibilité de construire de 10 à 15 usines en plus des
agrandissements de celles qu'on a déjà. Il semble y avoir un
potentiel fortement intéressant. Je me dis: Ne laissons pas passer la
chance; faisons venir ces gens et qu'ils nous disent où se trouve la
possibilité des 10 ou 15 usines; où se trouve exactement la
possibilité des 1000, 1500 ou 2000 emplois que nos gars attendent dans
la région des Cantons de l'Est comme ailleurs dans la province de
Québec.
Je pense que ce n'est pas seulement l'Opposition qui aurait
intérêt à voir ces données, à voir ces gens
devant nous, mais également le gouvernement. Il a peut-être
oublié cette possibilité des 10ou 15 usines, au maximum. Je me
demande où il a pris ces chiffres. J'aimerais qu'il nous donne des
réponses, parce que la politique du gouvernement engage toute la
population. On dit que cette politique est basée là-dessus. Je
veux savoir sur quoi on s'appuie, non seulement nous, mais les citoyens du
Québec qui vont payer la facture. Il s'agit d'eux ceux dont j'ai
parlé tout à l'heure, les fonds publics disponibles
à qui on fait référence, les citoyens du Québec
d'abord. Ces gens sont en droit de demander jusqu'où cela va aller, de
quel ordre de grandeur sont les possibilités, ce qui se passe, de quoi
il en retourne exactement.
N'oubliez pas une chose, lorsque SORES est venue ce sont quand
même là des gens qui connaissent le milieu on a
donné des informations techniques de base intéressantes. On peut
en discuter; on peut aller en chercher d'autres ail- leurs, si vous voulez. Ces
gens sont venus les donner devant nous. On nous a dit que le maximum
transformable au Québec, à partir du 2,5% qu'on a actuellement,
c'est 7%. Alors, c'est loin de l'hypothèse qui a été
présentée au ministre par les fonctionnaires...
M. Paquette: C'est mieux que le rapport précédent;
ils se sont améliorés.
M. Brochu: ... de 9% à 20% de transformation; c'est bien
différent. J'aimerais qu'on soit capable de discuter ces chiffres pour
savoir exactement le fond de l'histoire. C'est une chose importante.
SORES nous a dit également je reviens sur ce sujet parce
que je sais que les gens du Parti québécois, c'est leur droit,
font grand état du nombre d'emplois qui vont retomber dans nos
régions concernant ce projet de transformation de 1500 à
2000 emplois, parce qu'aux Etats-Unis, il y a 90 000 jobs ou 100 000 jobs qui
dépendent directement de l'amiante. Quand SORES est venue, elle nous a
dit que ce n'est pas 100 000 jobs, c'est 10 000 emplois directement
reliés à la transformation immédiate, la première
transformation de l'amiante. Donc, c'est une donnée.
Deuxièmement, on nous a dit...
M. Bérubé: C'est inexact.
M. Brochu: M. le ministre, vous pourrez corriger, justement
lorsque vos gars viendront ici, quand ils seront à la barre; on pourra
en discuter en famille, tous ensemble. Vous pourrez leur dire: Les gars, vos
affaires ne sont pas correctes.
M. Bérubé: Et vos enfants?
M. Brochu: Je peux bien les amener; il n'y a pas de
problème. D'ailleurs, vous avez l'esprit de famille; vous avez dit que
vous retourniez chez vous dans Saint-Laurent bientôt, je pense; vous avez
mentionné cela tout à l'heure. Votre famille est dans ce
comté.
M. Bérubé: Je ne le considérais pas membre
de ma famille, cependant.
M. Brochu: M. le Président, je reviens à ma
question pour vous dire simplement ceci. On nous a démontré avec
beaucoup d'éloquence et de précision que ce qui était
faisable dans les prochaines années, dans les produits qui sont
transformables il ne faut pas rêver en couleur; on ne peut pas
faire des choses impossibles c'est 400 emplois qu'on peut créer;
c'est ce qu'on nous a dit, ici, à cette même table. Des gens qui
ont fait les analyses de marché, ce qui se fait comme transformation, ce
qui est faisable. On a posé également les questions aux
entreprises qui sont venues j'en ai posé moi-même
afin de savoir pourquoi elles auraient abandonné certaines mines
où elles faisaient la transformation de produits au Québec; on
nous a dit que cela n'était pas ren-
table. Il faudrait voir si c'est réel, dans un premier temps, et
si cela n'est pas rentable, il ne faut pas rêver en couleur, il ne faut
pas courir après des chimères. Il ne faut pas jouer au Don
Quichotte, parce qu'on dit que l'amiante, il y en a beaucoup dans lesous-sol
québécois; il faut faire ce qui est faisable avec ce qu'on a. Au
maximum, je suis entièrement d'accord, il n'y a pas de problème,
aller chercher ce qu'on a à aller chercher comme emplois, comme
retombées économiques, à différents niveaux, mais
il ne faut pas rêver en couleur; il faut y aller de façon
pratique, logique et raisonnable.
Dans ce sens-là, on aurait intérêt, je pense,
à entendre ces gens. Parce que, n'oubliez pas que ce sont ces gens qui
sont les souffleurs; ce sont ces derniers qui soufflent dans la demi-oreille du
ministre; qui soufflent toutes les données pour que sa politique prenne
forme sur l'amiante. Alors, si les souffleurs du ministre nous donnent de tels
chiffres, qui peuvent être intéressants, mais qui apparaissent
discutables, je pense qu'on aurait intérêt à entendre ces
gens, pour voir vraiment sur quoi ils se sont appuyés pour arriver
à de telles données. En même temps, cela nous permettrait
de voir aussi de quelle façon le ministre a tiré profit du
document qui lui a été présenté pour accoucher de
son projet de loi 70, pour prendre les moyens d'action qu'il a choisis pour
intervenir au niveau du dossier de l'amiante.
Je pense que, dans ce sens, la commission aurait tout
intérêt et le ministre lui-même à aller
chercher les données comme telles pour qu'on en discute, avant de
commencer l'étude du projet de loi, article par article, avec ceux qui
lui ont préparé ce document.
Il y a un autre point, par exemple, sur lequel on peut se poser des
questions, lorsqu'on regarde le document ici, et je vous réfère
à la page 14. C'est la question de l'emplacement. On dit ici: "Dans une
usine neuve, les coûts de production au Québec ne devraient pas
être plus élevés qu'aux Etats-Unis. Une usine au
Québec aurait avantage à être située sur les bords
du Saint-Laurent pour pouvoir expédier vers les Grands Lacs, par la voie
maritime, vers la côte Atlantique et les pays en voie de
développement, par le Saint-Laurent. Une telle usine pourrait remplacer
en partie une ou plusieurs des usines de Johns-Manville situées aux
Etats-Unis."
On voit un peu dans quelle optique cela se situe, mais je pense que
l'affirmation que les gens font ici dans la demi-oreille du ministre est
importante et j'aimerais savoir... Il doit y avoir une question de
rentabilité là-dedans pour que ces gens disent au ministre: Vos
usines devraient être situées le long du Saint-Laurent. J'aimerais
savoir cela, parce que je sais que le député de Frontenac est
très intéressé au dossier. Il est intéressé
à avoir beaucoup de retombées dans la région de Thet-ford,
même dans la région d'Asbestos et je sais qu'il se fait...
M. Grégoire: Je vais m'occuper de ton comté! M.
Brochu: ... un ardent défenseur de cela.
Peut-être que le député de Frontenac pourrait
s'élever contre ces gens qui ont soufflé dans la demi-oreille du
ministre de telles données et qui ont peut-être invité le
ministre à mettre ses usines de transformation ses dix ou quinze
usines le long du Saint-Laurent, peut-être par souci de
rentabilité cette fois pour expédier vers l'Europe ou vers les
Grands-Lacs le précieux minerai.
C'étaient quelques observations que j'avais à faire
à ce sujet pour dire au ministre qu'on devrait, à ce stade-ci,
recevoir ces gens, et le ministre aurait intérêt à faire
montre d'une attitude ouverte par rapport à cela pour que les gens du
Québec voient que la politique de l'amiante du gouvernement en est une
où le gouvernement n'a rien à cacher, que les fonctionnaires qui
ont préparé sa politique sont des gens "parlables", qui peuvent
venir devant la commission parlementaire pour expliquer ce sur quoi ils se sont
appuyés pour fournir au ministre les informations qui ont donné
lieu au projet de loi qui est devant nous actuellement.
C'est pourquoi je vais appuyer la motion présentée par mon
collègue et je fais aussi appel à mes collègues
ministériels pour appuyer cette motion. Je pense qu'ils ont tout
à gagner. Ils n'ont pas à perdre à recevoir les gens de
leur entourage, qu'ils connaissent d'ailleurs très bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense qu'après
deux semaines de travaux de la commission parlementaire, on en est toujours aux
motions pour l'organisation des travaux. Cela fait deux semaines qu'on
reçoit des motions dilatoires, certaines irrecevables, d'autres
recevables. On en a une qui est recevable devant nous.
Par contre, j'aimerais souligner une certaine mauvaise foi de
l'Opposition dans cette question parce qu'à un certain moment, on avait
reçu toute une série de propositions pour inviter des groupes et
on s'était entendu sur une liste de groupes à inviter. Là,
l'Opposition se réveille et dit: On voudrait voir les fonctionnaires qui
ont travaillé avec le ministre pour élaborer la politique de
l'amiante, alors qu'on s'était entendu pour fixer une liste et je dirais
même que c'est l'intérêt de l'Opposition de peut-être
commencer le dialogue tout de suite avec le ministre, sans inviter les
fonctionnaires qui ont travaillé... Je pense qu'on va être assez
nombreux ici pour répondre à ses questions sur le rapport, sur
les études, sur le projet de loi. Pour cela, il faut commencer
l'étude de l'article 1, messieurs.
Ce n'est peut-être pas l'intérêt de l'Opposition de
les entendre quand on regarde ce qui est arrivé avec les audiences
publiques de la semaine dernière.
M. Lalonde: ... 36.
M. Paquette: Vous avez cet article de la Patrie attendez
du 8 avril 1978 où on dit: "A Québec, l'Opposition se fait
amiantoser." Bien sûr, parce qu'elle a invité un certain nombre de
grou-
pes et encore une fois, on s'était entendu sur une liste fixe et
on pensait en avoir terminé elle fut d'ailleurs
suggérée par l'Opposition on avait accepté tous les
noms...
M. Grégoire: ... des libéraux.
M. Paquette: ... et surtout des libéraux, et surtout le
maire de Black Lake, qui est venu dire: Comment cela se fait-il que vous
changez d'attitude, parce que cette politique, il nous semblait que le
gouvernement libéral était prêt à l'adopter avant
les élections; on arrive après les élections, ce n'est
plus bon et on a besoin d'une politique de l'amiante dans nos régions
pour les revitaliser sur le plan économique.
Alors, si l'Opposition s'est fait amiantoser par ses propres partisans,
à plus forte raison, quand les fonctionnaires qui ont travaillé
avec le ministre viendraient devant nous, je pense... (11 h 30)
Une Voix: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Paquette:... je pense que ce n'est pas dans
l'intérêt de l'Opposition, mais, évidemment, notre
rôle n'est pas de protéger l'Opposition. Je pense qu'il y a
d'autres raisons pour passer immédiatement à l'article 1 du
projet de loi. On a eu de telles motions dilatoires pour inviter des groupes,
pour inviter des fonctionnaires qui avaient travaillé à des
projets de loi sur à peu près chacun des projets de loi
importants que le gouvernement a présentés. Sur la loi 101, on
voulait rencontrer le groupe d'hommes d'affaires qui étaient
allés faire l'étude des sièges sociaux en Europe, on
voulait rencontrer les cinq ou six comités qui avaient travaillé
avec le ministre...
M. Lalonde: C'est une excellente chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Paquette: Pas d'après la population, si vous êtes
au courant de la façon que la loi 101 a été
reçue.
M. Lalonde: De ceux qui s'en vont, oui.
M. Paquette: On ne s'embarquera pas là-dessus.
M. Lalonde: C'est vous qui vous êtes embarqué
là-dessus.
M. Paquette: Mais je pense que, dans l'étude de la loi
101, on avait entendu suffisamment de groupes, tout le monde avait eu
l'occasion de venir faire entendre ses positions et on a répondu
à l'Opposition à ce moment-là, et c'est peut-être ce
qui la fatiguait, que c'est un projet qui était dans
l'intérêt de la majorité de la population, de la ma-
jorité francophone. Cela a été la même chose pour la
Loi de l'assurance automobile, un projet de loi qui sert l'intérêt
de la majorité des consommateurs. On a exactement la même chose au
moment où le gouvernement, après 40 ans d'études, veut
enfin élaborer une politique conforme aux intérêts des gens
du milieu. Ceux-ci sont venus nous le dire, et ils en ont eu amplement
l'occasion en commission parlementaire, à la demande de l'Opposition,
que l'Opposition était dans les patates et qu'on avait besoin de cette
politique le plus rapidement possible. Alors, ces groupes de fonctionnaires qui
travaillent avec un ministre, M. le Président, sont là pour
conseiller le ministre. C'est au ministre à prendre ses
responsabilités et à montrer sa connaissance des dossiers. Si le
ministre n'est pas capable de répondre et si les députés
ministériels ne sont pas capables de défendre le document qui est
là, à l'Opposition de le démontrer. On va étudier
le projet de loi article par article, et je comprends que c'est une motion qui
permet, avant qu'on aborde l'article 1, de faire traîner les travaux, de
commencer à discuter les documents sur lesquels se fonde la politique
ministérielle. Je pense que c'est le but principal. Il va y en avoir
d'autres après. On va encore traîner une semaine ou deux. Cela
donne l'occasion à l'Opposition de discuter du document. Je pense qu'il
est temps, M. le Président, qu'on commence à le faire sur les
articles du projet de loi. Si le ministre n'est pas capable, sans ses
fonctionnaires, de répondre aux questions de l'Opposition, de
répliquer aux arguments, de comparer cette étude avec celle de
SORES sur laquelle l'Opposition s'appuie bien facilement, M. le
Président, c'est la responsabilité du gouvernement, c'est la
responsabilité d'un ministre de montrer sa compétence, sa
compréhension des dossiers. Je comprends qu'il y a des fonctionnaires
qui ont travaillé pour lui et qui lui ont donné des instruments,
mais c'est à lui de montrer s'il est capable de justifier les
énoncés qui sont faits dans ce document. Quand on compare ce
document au rapport SORES, cela me fait un peu sourire. En 1976, la même
firme, pour l'ancien gouvernement, pour le gouvernement du Québec,
disait, parce qu'elle savait à quel point ce gouvernement pouvait
être sensible aux pressions des compagnies, comment il hésitait
devant ses responsabilités, devant une intervention trop poussée
dans le domaine de l'amiante: Les perspectives sont à peu près
zéro dans la transformation au Québec, c'est à peu
près impossible. Je ne sais pas si c'est pour cela que le gouvernement a
reculé. Il avait peut-être d'autres raisons. Peut-être qu'il
n'a pas eu le temps, parce qu'il semble que cela prend du temps, cela prend des
études, cela prend beaucoup de temps avant de pouvoir agir. Cela prenait
beaucoup de temps, avec ce gouvernement-là. En 1977, la même
firme, pour le compte de l'Association des mines d'amiante, nous arrive avec
des conclusions radicalement différentes, parce quelle sait que le
gouvernement est décidé a agir. Elle dit: Bien sûr, prendre
le contrôle d'une compagnie, ce serait un atout, mais, par contre, on a
évalué trois secteurs seulement trois, M. le
Président où il y a peut-être des
possibilités, mais on ne pourra jamais monter à 20%, on est
limité à 7%. Bien sûr, si ces experts avaient
étudié d'autres secteurs comme le fait ce document, au lieu de
trois secteurs seulement, on arriverait peut-être à des
conclusions différentes.
Tout cela, et c'est cela qui est l'essentiel, M. le Président, on
va avoir l'occasion d'en discuter. Vous allez vous baser sur le rapport SORES,
vous aimez cela vous baser sur une firme privée qui change d'idée
comme elle change de chemise. C'est votre droit et le ministre est amplement
capable, sans que ses fonctionnaires viennent ici, sans retarder inutilement
les travaux, M. le Président, c'est cela qui est important, au moment de
l'étude article par article, de défendre le dossier qu'il nous a
présenté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Sur la motion, du député de
Marguerite-Bourgeoys, M. le Président, je ne peux commencer sans relever
les propos erronés et fallacieux du député de Rosemont qui
s'est permis de parler de bonne foi ou de mauvaise foi chez les autres en
faisant un extraordinaire étalage de mauvaise foi quant à ce
qu'il a dit lui-même. Il nous affirme, alors qu'on a entendu le
contraire, que les gens de la région de l'amiante ont
éprouvé pour le projet gouvernemental une approbation
générale. Rien n'est plus faux...
M. Paquette: Ils trouvent que cela ne va pas assez loin.
M. Forget: Rien n'est plus faux.
M. Lalonde: On ne vous a pas interrompu.
M. Forget: Rien n'est plus faux que cette affirmation. On sait
très bien que les maires des deux localités impliquées ont
avoué aux membres de la commission qu'ils n'avaient aucune assurance que
les projets actuels du gouvernement bénéficieraient à leur
région de quelque façon que ce soit et cela, ils l'ont dit. Le
syndicat...
M. Grégoire: Question de règlement.
M. Forget: Vous voyez, M. le Président, comme cela les
fatigue de l'autre côté.
M. Grégoire: Question de règlement, c'est mal
interprété. Question de règlement.
M. Forget: Cela les fatigue. Quand ils font des affirmations
fausses, ils ne veulent pas entendre les dénégations qu'on leur
sert.
M. Grégoire: Ils n'ont jamais dit ça, ils ont dit
qu'on ne leur avait pas donné d'assurance.
M. Forget: Ils ont dit ça. Vous regarderez la
transcription; on va vous le citer, s'il le faut.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Frontenac, à l'ordre! A
l'ordre!
M. Forget: Le vice-président du syndicat est venu...
M. Grégoire: Citez-le, citez-le. Ils n'ont pas dit
ça.
M. Forget: ... ici pour nous dire que, de toute façon, il
ne voyait pas d'avantages, il ne pouvait pas nous nommer un seul avantage qui
découlerait pour les travailleurs de la région de l'amiante du
projet gouvernemental. Quand on a insisté, il a fini par avouer que,
peut-être parce que le gouvernement serait propriétaire, ils
auraient de meilleures conditions de travail. On reviendra à cette
question, parce que le document qui nous a été remis par le
ministre contient des références assez amusantes
là-dessus.
Il reste que des affirmations comme en a faites le député
de Rosemont, avec ses airs de "sanctimonieux", sont des affirmations faites de
mauvaise foi, induisant la commission en erreur. Nous n'avons eu aucune
indication d'un appui, sauf un voeu pieux, évidemment, des gens
impliqués dans la région de l'amiante par des projets
gouvernementaux éventuels à ce qu'il y en ait et à ce
qu'ils en bénéficient. Mais ce n'est pas un appui, c'est un voeu
et c'est bien différent. Ils vont continuer à exprimer des voeux
pendant encore bien longtemps, même si le gouvernement réalise
tous ses projets actuels, parce que ça ne résoudra aucun des
problèmes de la région de l'amiante, c'est très
évident. On aura l'occasion d'en parler, au moment de l'étude,
article par article. Mais qu'on ne fasse pas un fétiche de
l'étude, article par article, du projet de loi. Ce n'est pas là
qu'est le problème. Le problème n'est pas de savoir si à
l'article 17, on va approuver, oui ou non, que les dividendes soient
payés par la société, soient fixés par le
gouvernement et non pas par les administrateurs. Est-ce que c'est de cela qu'on
veut parler? Est-ce que c'est à ça que la population
s'intéresse? Pas du tout. Ce n'est pas la question de l'étude,
article par article, c'est une question de savoir si les projets
gouvernementaux et, en particulier, le projet de l'acquisition de la
société Asbestos ont du sens, si la population va en retirer un
bénéfice quelconque. Le gouvernement est incapable d'en faire la
démonstration et les gens d'en face le savent très bien.
D'ailleurs, on a devant nous une étude et cette étude,
à moins de pouvoir contre-interroger ses auteurs, ne nous apporte aucun
élément d'éclaircissement. On a des silences
éloquents sur des problèmes significatifs. On a, d'autre part,
des affirmations sans fondement et je vais le démontrer par des
exemples. Du côté des silences, M. le Président, on a
plusieurs silences qui sont fort embarrassants. On fait allusion à
l'impact sur les PME. On y consacre le grand total d'un paragraphe, paragraphe
qui fait six lignes et demie. On dit: Evidemment, si on fait trop de choses
dans l'amiante,
on va peut-être déstabiliser certaines PME, certaines
entreprises au Québec qui sont déjà établies ici et
qui fournissent des emplois.
Je cite le paragraphe en question: "La transformation additionnelle de
la fibre au Québec devra être étudiée attentivement
de manière à minimiser l'impact sur les PME
québécoises déjà établies. Nous pourrions,
par exemple, créer quatre usines de tuyaux de ciment amiante qui
emploieraient de 600 à 800 personnes. Mais nous fermerions, du
même coup, des dizaines de PME qui fabriquent des tuyaux de béton
et emploient plus de 1200 personnes." On dit bien qu'on devra étudier
ça, on ne dit pas, plus tard dans l'étude, qu'on a tenu compte de
chacune des recommandations: On devra étudier ça un jour. Il y a
des retombées négatives, il faudra un jour les examiner. On ne
les a pas examinées.
D'ailleurs, j'en donnerai des exemples tantôt. Dans un certain
nombre de recommandations, cette préoccupation est absente à
100%. Silence également sur la collaboration avec l'industrie. On fait
allusion à un changement qui a été démontré
par l'Association des mines d'amiante lorsqu'elle est venue ici. Elle a
avoué avoir changé d'avis au cours des années, suite, bien
sûr, aux soucis de la population, aux soucis des media, aux expressions
d'intérêts de la part des gouvernements successifs; il y a eu une
modification d'attitude.
Le document en question ne fait absolument pas état des
démarches qui auraient pu être entreprises, des stratégies
qui auraient pu être inventées pour tirer parti de cette
volonté nouvelle, sans aucun doute, mais de cette volonté,
malgré tout, d'une plus grande collaboration de la part de
l'industrie.
On dit: "Depuis plusieurs années, les compagnies
perçoivent leur rôle différemment et elles sont de plus en
plus conscientes du rôle social inhérent à leurs
activités économiques. Pour cette raison, les compagnies pourront
faire preuve d'une ouverture beaucoup plus grande vis-à-vis des
intérêts de la nation."
On dit que cela existe et on termine là-dessus. Il n'y a vraiment
rien d'autre. Il y a un autre paragraphe, de cinq lignes et quart
celui-là, sur un problème malgré tout majeur. Comment
faire fructifier, pour le Québec, une ressource comme celle-là,
à moins d'avoir la collaboration et je parle des ressources
humaines de ceux dont l'expérience, la vie professionnelle s'est
déroulée dans ce secteur? Comment le faire en les laissant de
côté?
Dans une allocution qu'il prononçait au début de mars, le
président de l'Association des mines d'amiante du Québec, lors de
la vingt-neuvième assemblée annuelle, disait la même chose:
volonté de coopérer. De même, nous avons toujours dit
clairement que la collaboration des producteurs miniers d'amiante était
acquise au gouvernement, dans la poursuite d'objectifs réalistes et
financièrement viables visant à favoriser le développement
socio-économique du Québec. Toutefois, pour être
constructive, une telle collaboration doit être rigoureusement
fondée sur l'égalité des partenaires, la confiance et le
respect mutuel.
Cette confiance et ce respect mutuel, M. le Président, comment
pouvent-ils se développer alors qu'on a un silence absolu du
gouvernement, une incapacité du gouvernement à s'asseoir à
la même table, avec l'industrie, et à discuter avec I'industrie,
comme un bloc, des possibilités et des stratégies de
développement?
On sait très bien que, dans le domaine de la transformation, le
gouvernement ne peut pas demander à l'Association des mines d'amiante de
prendre l'initiative de telles discussions. Pourquoi? Pour une raison
très simple. Si les entreprises se liaient entre elles, par leur
association, pour entreprendre des projets conjoints dans le domaine industriel
ou commercial, elles deviendraient immédiatement passibles de sanctions
pénales. C'est contraire à la loi, pour les compagnies, de
prendre une telle initiative. Elles peuvent cependant répondre à
une initiative gouvernementale, pourvu qu'il en existe une. Or, il n'en
n'existe pas. En aucun moment le gouvernement n'a pris l'initiative de parler
à l'ensemble des entreprises. On veut leur parler isolément.
Mais, si on leur parle isolément, on n'aura que des projets qui seront
parcellaires, qui seront dispersés et on n'aura pas un engagement de
l'ensemble des industries à faire une percée sur le marché
nord-américain et, dans certains cas, le marché mondial, de
façon concertée. Ceci pourrait se faire sous un parapluie
légal fourni par le gouvernement.
Il y a des alternatives, M. le Président, à la
stratégie actuelle du gouvernement. Il y a des alternatives qui
permettraient justement, en fournissant une ombrelle, un parapluie juridique
aux entreprises actuellement existantes et qui fonctionnent au Québec,
de fonctionner conjointement sur le plan de la transformation. C'est une
alternative parmi d'autres que le gouvernement aurait pu choisir d'adopter.
Encore aurait-il fallu qu'il engage des pourparlers à cet effet. Encore
aurait-il fallu qu'il développe une stratégie sur le plan de
l'organisation commerciale et industrielle, dans le domaine de l'amiante.
Les seules études dont on nous parle, les seules études
dont on fait état sont des bilans physiques de l'utilisation et de la
provenance des fibres d'amiante. Mais ce n'est pas suffisant. Il faut
également songer à l'organisation industrielle et commerciale.
Ces préoccupations sont absentes des études qu'on nous
présente. Ce sont des bilans physiques, des bilans quantitatifs de
fibres. Ce ne sont pas des analyses commerciales, des analyses
économiques, des possibilités d'établissement et les
modalités les plus appropriées de l'établissement.
Donc, silence là-dessus également. Silence aussi sur les
investissements nécessaires pour la mise en marché. Nous y
reviendrons tout à l'heure, au cours de l'analyse, par un exemple
concret. Mais c'est un silence qui est très impressionnant puisque, dans
un grand nombre de cas, comme il s'agit de produits finis, les problèmes
de mise en marché sont immensément plus complexes. On peut vendre
de la fibre, on peut vendre du charbon ou du minerai de fer en envoyant sur
place des vendeurs qui n'ont qu'à parler aux utilisateurs qui
sont les utilisateurs industriels, mais, lorsqu'il s'agit de s'adresser aux
millions d'utilisateurs terminaux d'un produit fini, il faut avoir un
réseau de distribution, il faut avoir des dépôts, il faut
avoir des stocks accumulés sur le territoire où on fait un effort
de vente. (11 h 45)
II faut donc faire des investissements, non seulement pour
l'implantation industrielle, mais il faut faire des investissements, dont
l'étude ne semble pas parler, pour l'implantation d'une infrastructure
de distribution et de commercialisation. Tout ceci nécessite
évidemment des prises de contact avec certaines sociétés
distributrices, parce que lorsqu'on veut distribuer un produit fini, par
exemple, dans le domaine des matériaux de construction, il est
très coûteux de le faire lorsqu'on a ce seul produit à
mettre en marché. On peut le faire beaucoup plus avantageusement par des
agences, en passant par l'agence de producteurs, qui ont tout un
éventail, tout un ensemble de produits analogues qu'elles peuvent
distribuer dans les mêmes conditions, aux mêmes acheteurs
terminaux.
Toutes ces préoccupations qui supposent des investissements
massifs, qui supposent une stratégie industrielle, une stratégie
commerciale, tout cela est absent. Il y a donc silence sur l'impact, sur nos
entreprises québécoises, silence sur les possibilités et
les stratégies de collaboration avec les entreprises actuellement
implantées au Québec, silence sur les investissements de mise en
marché sur le marché canadien et sur les marchés
internationaux et, tout cela, dans le cadre d'études qu'on
prétend être complètes et suffisantes pour justifier ce que
l'on veut faire.
Par contre, on a des affirmations très courtes, sans
détail, sans justification, sans raisonnement, sans données pour
les appuyer, des affirmations très ambiguës parfois; par exemple,
l'affirmation sur les salaires. Celle-là, je la trouve remarquable, une
affirmation à la page 7 où on parle de la transformation et de la
régionalisation. On dit: "La majeure partie de la transformation
à venir pourra prendre place à l'extérieur de la
région métropolitaine de Montréal". On dit: A
Montréal, pas question, cela va aller ailleurs. "Il serait naturel
cependant qu'elle se situe dans le grand triangle
Québec-Estrie-Montréal". Evidemment, si on exclut
Montréal, à part cela, l'industrie se trouve à peu
près là. "Les villes de Thetford-les-Mines et d'Asbestos
pourraient être désavantagées c'est ici que cela
devient remarquable vu les salaires très élevés
payés par les sociétés minières et l'impact de
celles-ci sur l'emploi local".
C'est le jugement que portent les fonctionnaires sur le niveau de
rémunération dans la région de l'amiante qui est
payé aux mineurs. Tout cela en même temps que les ministres et les
députés de la majorité laissent entendre que ces
méchantes multinationales ont, pendant des années,
exploité notre population locale, lui ont fait extraire les fibres de
notre sous-sol pour l'exportation; un jugement autrement dit extrêmement
noir, un ta- bleau que l'on brosse à plaisir extrêmement noir,
pour, tout à coup, retrouver au hasard d'une constation, d'ailleurs pas
justifiée du tout cela aussi, c'est affirmé comme si
c'était nécessairement vrai, on ne trouve nulle part les
données comparatives qui permettraient de l'expliquer
malgré tout, que les gens sont tellement bien payés dans la
région de l'amiante qu'il est exclu d'y voir la transformation en
produits finis s'implanter au même endroit. La concurrence serait trop
vive. Les mineurs sont tellement bien payés qu'ils créent un
standard auquel une entreprise de transformation ne pourra pas
correspondre.
Je pense bien que le vice-président du Syndicat des mineurs de
l'amiante qui était ici il y a deux semaines aurait été
intéressé à prendre connaissance de cette étude.
C'est peut-être pour cette raison d'ailleurs que le ministre a
retardé le plus possible le moment du dépôt, puisqu'il
s'attendait, le pauvre, que l'intervention de l'Etat, l'Etat Providence dans ce
secteur, lui permettrait d'avoir le meilleur de tous les employeurs.
Les fonctionnaires qui d'ailleurs sont les inspirateurs du ministre dans
tout cela ont déjà déclaré que la grève qui
vient de se terminer, hier soir, était dans le fond un peu futile, que
ces gens sont déjà tellement bien payés qu'ils n'ont
vraiment rien à demander de plus. Qu'ils ferment donc leur gueule, en
termes polis. Ils sont déjà gras durs. C'est un peu cela qu'on
leur dit. Mais, on ne le justifie pas, de toute façon. C'est un exemple.
Je m'y attarde, parce que c'est un exemple qui touche un aspect sensible pour
les gens de la région, mais un aspect sur lequel les membres de la
majorité se donnent de grands airs, parfois. S'ils prennent au
sérieux tout ce qu'il y a dans le rapport de la même façon
qu'ils prennent au sérieux certaines des autres affirmations sur
lesquelles je vais m'attarder maintenant, on pourra s'amuser à l'avenir
dans les grèves de l'amiante, parce qu'il faut savoir de quel bois les
fonctionnaires du ministère des Richesses naturelles se chauffent quand
il s'agit de payer les mineurs.
M. Lalonde: Excusez-moi, M. le Président, est-ce que le
député de Saint-Laurent me permettrait une question?
Le Président (M. Bordeleau): C'est à lui de
répondre.
M. Forget: Sûrement.
M. Lalonde: Est-ce que le député de Saint-Laurent
veut dire que cette affirmation suppose que les salaires payés dans le
domaine secondaire, dont la transformation, sont moins élevés que
dans le secteur primaire?
M. Forget: II semble que c'est au moins l'hypothèse que
font les auteurs du rapport. Je ne voudrais pas personnellement me prononcer
là-dessus, mais il semble que, pour les fonctionnaires du
ministère des Richesses naturelles, les en-
treprises de fabrication ne pourront pas concurrencer les mines sur le
plan de la rémunération. Cela semble un fait acquis pour les
fonctionnaires du ministère des Richesses naturelles. J'aurais bien
aimé, personnellement, poser des questions moi aussi aux fonctionnaires
qui sont les auteurs de cette trouvaille, pour savoir où ils ont
été pêcher cela. Si c'est vrai, il faut tenirpour acquis
que ce sera la politique gouvernementale là-dessus.
Une autre affirmation non justifiée, c'est celle qu'on retrouve
un peu plus loin au sujet des approvisionnements. C'est une vrai beauté
dans le document que le ministre nous a remis, pour expliquer et
présumément justifier sa décision d'acheter Asbestos
Corporation, qui fait qu'on trouve exactement quatre lignes qui s'y rapportent.
Je vais en faire la lecture. D'ailleurs, ce sont les même quatre lignes
que le député de Richmond a citées tout à l'heure.
Elles sont à encadrer, parce que c'est cela la justification de l'achat
d'Asbestos Corporation. Il n'y a rien d'autre dans le rapport qui en parle.
C'est seulement cela, quatre lignes. Je les cite: "La disponibilité de
fonds publics importants pour investir seul ou conjointement avec les
entreprises, de même que l'achat d'une compagnie minière assurant
l'approvisionnement en fibres, affirmerait indéniablement la
volonté du Québec". Point final, à la ligne, on passe
à autre chose. C'est gros comme lien de causalité. Une
décision de $100 millions ou $150 millions est basée dans
l'étude des fonctionnaires du ministère sur exactement quatre
lignes. Après cela, on n'en parle plus. On parle des possibilités
de transformation, qui ne sont pas du tout reliées à cela, parce
qu'on n'a pas expliqué le lien avec la possession d'une mine.
Encore une fois, on le redit pour la centième fois, ce n'est pas
une question de socialisme, ce n'est pas une question d'intervention de l'Etat,
c'est une question d'absence de lien de causalité entre une
conséquence qu'on veut, qui est la création d'emplois de
transformation, et un soi-disant levier qu'on veut acquérir par l'achat
de la société Asbestos. Le lien de causalité ne pourrait
reposer que sur la démonstration qu'il y a des problèmes
d'approvisionnement tellement sérieux au Québec qu'on ne peut pas
en résoudre autrement que par l'acquisition d'une mine. C'est une
fumisterie, cette affirmation. Rien, dans cette étude, parce qu'il y a
quand même un semblant de décence chez ceux qui ont fait ces
études, ne permet d'appuyer les dires du gouvernement là-dessus.
Il n'y a rien qui permette de dire que le gouvernement est justifié de
prétendre que le problème d'approvisionnement d'une
éventuelle compagnie de transformation, une société d'Etat
de transformation des produits d'amiante, dépend de la possession d'une
mine, absolument rien.
Maintenant, il y a bien une autre petite phrase au paragraphe
subséquent, qui nous laisse entrevoir des difficultés, mais dans
un autre domaine. On nous dit: "Comme le rôle social de l'entreprise
semble contradictoire, à court terme, avec les objectifs
économiques, il est à prévoir que les initiatives des
compagnies minières seront plutôt ca- ractérisées
par leur lenteur, etc." Donc, on veut inciter par là, et c'est ce qu'on
fait d'ailleurs, le gouvernement à faire des investissements dans le
secteur de la transformation.
Je n'ai pas d'objection à ce que le gouvernement fasse des
investissements dans le secteur de la transformation. N'est-il pas remarquable,
cependant, que, par ces deux petites lignes à la page 9 de cette section
du rapport, on nous annonce déjà les déficits futurs de la
Société nationale de l'amiante? On nous dit: Ecoutez, les
objectifs que l'on se donne, c'est contradictoire avec les objectifs sociaux de
développement économique, etc. C'est contradictoire avec les
impératifs économiques des entreprises. Ce qui veut dire, en
termes clairs, traduits en français de tous les jours, que ces
entreprises, pendant plusieurs années, vont faire des pertes, parce que
ce n'est pas rentable. D'ailleurs, le ministre l'a affirmé à
plusieurs reprises. Sachons d'ores et déjà qu'en plus du prix
d'acquisition de la société Asbestos, en plus des investissements
nouveaux qui seront nécessaires, en plus des transformations
nécessaires pour les fins de salubrité, en plus des fonds
nécessaires pour compenser les mineurs atteints d'amiantose, il faudra,
en plus de cela, absorber pendant une période indéfinie
qu'on se garde bien de préciser les déficits de
fonctionnement.
M. le Président, il y a dans tout cela énormément
de superficiel, de sommaire. Il y a des silences, comme je l'ai indiqué,
qui sont impressionnants parce qu'ils portent sur des éléments
clefs d'une stratégie de l'amiante, d'une politique de l'amiante. Il y a
également des affirmations, comme on l'a vu, sur les effets sur d'autres
entreprises déjà existantes, sur les niveaux de salaires, sur les
déficits futurs, sur les questions d'approvisionnement, des affirmations
qui sont données tout crûment, sans justification, sans
explication, et sans qu'on en tire les conséquences appropriées.
Ce n'est certainement pas avec un document comme celui-là qu'on pourra
nous démontrer que le gouvernement est justifié de s'en aller
dans la direction dans laquelle il s'en va.
Maintenant, je voudrais être un peu plus concret, pour que,
malgré tout, on ne nous accuse pas de dire des choses qui ne sont pas
basées sur une étude détaillée de ce document.
J'aimerais m'attarder très brièvement à la partie qui est
relative...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement, parce qu'il vous reste une minute.
M. Forget: II me reste une minute. Je pense que je n'ai pas le
temps à ce moment de faire cette démonstration, mais j'y
reviendrai.
Une Voix: A la prochaine motion.
M. Forget: C'est cela. A la prochaine motion, j'y reviendrai,
parce que je pense qu'on peut voir, M. le Président, dans ce rapport et
dans le rapport SORES, entre les deux, des contradictions sur des
points très spécifiques. C'est une contradiction qui
mérite d'être expliquée, parce qu'il y a plus
d'explications dans le rapport SORES; on a plus de possibilités de
comprendre les chiffres auxquels le rapport SORES arrive, qu'on a de
possibilités de comprendre les chiffres auxquels le rapport
gouvernemental arrive. Alors, on aimerait bien savoir s'il y a des explications
aux chiffres gouvernementaux ou si c'est seulement des affirmations, parce que,
devant l'apparition d'une contradiction, il est nécessaire pour
n'importe qui est à moitié intéressé aux
problèmes et à moitié intelligent dans la lecture de ces
textes de savoir pourquoi il y a des différences et d'avoir du
gouvernement et si possible, de ses experts une
démonstration claire de la supériorité de leur calcul.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je comprends
très bien l'Opposition libérale de se poser des questions, mais,
du député de Richmond, je le comprends moins bien. Que le
député de Saint-Laurent et le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Brochu: Vous ne m'avez jamais compris.
M. Grégoire: ... ne soient pas tellement impliqués
dans le dossier, parce qu'étant loin de la région de l'amiante,
étant loin de la population de l'amiante, étant loin des
personnes qui sont motivées, soit, ils en ressentent moins le besoin.
Mais que le député de Richmond se pose des questions, cela me
surprend plus, parce que j'ai ici et cela mérite d'être
répété un document publié en février
1977, il y a un an, qui répond à toutes les questions que vient
de se poser le député de Richmond ou qu'il voudrait poser
à des fonctionnaires. Ce document a été publié
à Asbestos, dans le comté de Richmond. C'est une étude qui
a été faite depuis 1972 jusqu'à 1977: cinq ans. On a
nommé 47 groupes différents avec des comités et des
sous-comités qui ont étudié chacune des questions que se
pose encore le député de Richmond. Il y a eu la ville d'Asbestos,
le conseil municipal d'Asbestos, dans le comté de Richmond, qui a
participé au comité des mines; la ville de Danville, qui est dans
le comté de Richmond; les municipalités de Kingsey Falls,
où il y a une petite industrie de transformation de l'amiante;
Saint-Georges-de-Windsor, Shipton, Wottonville, Trois Lacs, Wotton,
Saint-Camille. Il y a eu en plus...
M. Brochu: L'Union Nationale.
M. Grégoire: ... l'Association de l'Union Nationale du
comté de Richmond.
M. Brochu: Voyez-vous, je les sais par coeur; dans l'ordre,
à part cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: L'Association du Parti libéral du
comté de Richmond, que mes bons amis d'en face devraient consulter;
allez donc consulter votre Association libérale du comté de
Richmond.
M. Paquette: C'est qu'ils ont abandonné ce
comté.
M. Grégoire: Ils ont étudié pendant cinq
ans... M. Paquette: ... depuis longtemps.
M. Grégoire: ... ce que vous n'avez jamais voulu faire;
vous n'avez jamais étudié cela. Eux ont étudié
pendant cinq ans.
M. Forget: Ce que vous ne voulez pas faire non plus. L'office de
mise en marché, vous ne voulez pas le faire.
M. Grégoire: Ecoutez, on va venir à cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Bérubé: On ne vous a pas interrompus; on a
été patients avec vous.
M. Forget: Vous l'avez promis, vous l'avez promis; vous ne voulez
pas le faire.
M. Grégoire: Cela les choque, M. le Président, et
je le comprends. Quand cela choque le député de
Marguerite-Bourgeoys, il sort son journal ou les résumés du
journal...
M. Lalonde: ... je ne lis pas le journal.
M. Grégoire: Lui qui, l'autre jour, reprochait au ministre
de lire le journal...
M. Lalonde: Je ne lis pas le journal.
M. Grégoire: ... il est en train de lire des extraits du
journal.
M. Lalonde: Question de privilège.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y a
pas de question de privilège.
M. Grégoire: Je le comprends et je le conçois, il
n'y a pas de question de privilège.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, sur une question de
règlement.
M. Lalonde: M. le Président, je sais très bien
qu'il n'y a pas de question de privilège et je sais très bien que
le règlement ne me permet pas de contredire...
M. Bérubé: M. le Président, puisque le
député de l'Opposition admet qu'il n'a...
M. Lalonde: ... les propos du député de Frontenac
parce que, si vous me voyez bien...
M. Bérubé: ... aucune raison de parler, je pense
qu'il ne vaut pas la peine de...
M. Lalonde: ... je n'ai pas de journal à la main.
M. Grégoire: C'est l'Argus, qui répète les
écrits des journaux reproduits et "miméographiés". Le
député de Marguerite-Bourgeoys sait fort bien qu'il était
en train de lire le journal.
M. Lalonde: C'est ma motion. (12 heures)
M. Grégoire: Pour le député de Richmond,
c'est doublement plus grave parce qu'il y a également l'Association du
Parti créditiste du Canada du comté de Richmond dont il faisait
partie. Il a d'ailleurs été député de ce parti.
M. Brochu: M. le Président, ce sont tous mes amis.
M. Grégoire: Donc, deux associations politiques dont il a
été...
M. Lalonde: Le député de Frontenac connaît
bien cela.
M. Forget: Vous êtes en pays de connaissance.
M. Lalonde: II connaît cela, les vire-capots!
M. Grégoire: Oui, je connais cela et je le vois. Il y a
également l'Association du Parti québécois du comté
de Richmond.
M. Paquette: II connaît tout le monde.
M. Forget: Encore un peu et vous serez membre de tous les
groupes.
M. Grégoire: Après cela, il y a des groupes
"communistes" comme la Chambre de commerce d'Asbestos, le Commissariat
industriel d'Asbestos. Il y a des groupes "socialistes et communistes ' aussi
comme la Pastorale d'Asbestos...
M. Bérubé: Les Filles d'Isabelle.
M. Grégoire: ... les Femmes chrétiennes d'Asbestos.
Là, on est rendu dans... La Commission scolaire régionale de
l'Estrie, le comité des parents de l'Asbestrie. Il y a le Cercle
culturel féminin d'Asbestos. Il y a les Chevaliers là, on
est rendu dans les "communistes " à fond de train!! de Colomb
d'Asbestos, les Chevaliers de Colomb de Danville, les Filles d'Isabelle
d'Asbestos. Après cela, on va arriver au comité et là, on
va répondre aux questions que le député de Richmond...
Mais il est bon de savoir ce que c'est.
Il y a le Cercle des affaires d'Asbestos. Il y a les Artisans
d'Asbestos, les magasins Cooprix d'Asbestos, la Caisse d'entraide
économique de Richmond-Johnson, la Caisse d'économie des
employés de la Canadian Johns-Manville, les Caisses populaires
d'Asbestos et de Danville, les AFEAS de Saint-Aimé, Saint-lsaac-Jogues,
Notre-Dame-de-Toute-Joie; les sociétés Saint-Jean-Baptiste
d'Asbestos, de Danville; la Commission scolaire d'Asbestrie il y en a
là le Syndicat national de l'amiante, cela c'est capitaliste!
Il y en a de tous les genres. Le député...
M. Forget: ... lire le bottin téléphonique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: Non, mais ceux qui, pendant cinq ans... une
liste assez longue qui comprend toute une population de toute une région
qui, et c'est inscrit dès la première page, de 1972...
M. Brochu: Dans quelle aréna tiennent-ils leur
assemblée?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: Ne riez pas d'eux, M. le député
de Richmond.
M. Brochu: Je ne ris pas d'eux. M. Grégoire: Ce
sont vos électeurs.
M. Brochu: Au contraire. C'est parce que je ne veux pas que vous
les charriiez.
M. Grégoire: J'ai bien pris soin de dire qu'ils se sont
réunis en comité, en sous-comité. Ne riez pas d'eux, s'ils
ont voulu, toute la population ensemble, étudier le problème de
l'amiante. Ce sont vos électeurs. Ce sont vos citoyens et au lieu de les
ridiculiser et de les dénigrer, vous devriez collaborer avec eux. Ce
n'est pas surprenant que l'autre jour à Asbestos, il y en ait un qui se
soit levé et qui ait dit: Notre député, on comprend qu'il
ne s'occupe pas de l'amiante, il ne s'occupe même pas du comté.
Cela a été dit publiquement à l'assemblée qu'on a
tenue dans votre comté.
M. Brochu: C'est votre chauffeur?
M. Grégoire: Cela a été un membre de la
Chambre de commerce d'Asbestos...
M. Brochu: ... aux autres.
M. Grégoire: II y a eu un membre du conseil municipal
d'Asbestos qui a dit la même chose.
M. Brochu: II n'y a pas de gens de même chez nous.
M. Grégoire: ... et les membres du comité
rappellent qu'ils suivent le dossier de l'amiante depuis 1972 et ils ont
publié cela en 1977.
Si vous lisiez au moins ce que tous vos électeurs... tous ces
groupes se réunissent pour étudier, vous ne vous poseriez plus de
questions: Combien d'emplois cela procure-t-il aux Etats-Unis? Ils l'ont dit.
SORES a dit quelque chose peut-être mais c'était commandité
par l'Association des mines d'amiante qui était leur patron.
Une Voix: Conflit d'intérêts.
M. Grégoire: Vous, vous prenez d'autres chiffres, mais eux
ont analysé le nombre d'industries de la Johns-Manville aux Etats-Unis:
40 dans l'est américain. A quelle conclusion en sont-ils arrivés?
A la page 27 du rapport: "Aux Etats-Unis, plus de 80 000 personnes travaillent
à la transformation de l'amiante." Si vos électeurs ont menti, M.
le député de Richmond, dites-le. C'est publié par vos
électeurs. S'ils ont menti, dites-le. Vos électeurs sont-ils tous
des menteurs?
M. Brochu: Un peu de respect pour mes gens. On sait que vous
aimez les visiter...
M. Grégoire: C'est vous qui les traitez de menteurs.
M. Brochu: Un instant! C'est vous qui parlez.
M. Grégoire: Est-ce que l'Association de l'Union Nationale
du comté de Richmond, c'est une bande de menteurs?
M. Brochu: Comment cela se fait-il que vous n'ayez pas
accepté leur recommandation, soit de créer une usine en prenant
les cinq mines?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: Est-ce que les Chambres de commerce
d'Asbestos, c'est une bande de menteurs?
M. Brochu: S'ils sont si bons que cela, pourquoi n'avez-vous pas
accepté leur recommandation? Bien non...
M. Grégoire: Quand je vous mets les faits sur le nez, cela
vous choque. Est-ce que la Chambre de commerce d'Asbestos, c'est une bande de
menteurs quand elle dit que 80 000 personnes travaillent à la
transformation de l'amiante? Vous venez de dire tout à l'heure: Ceux qui
prétendent qu'il y en a 80 000, 90 000,100 000... On a toujours dit 80
000. Vous disiez tantôt vous relirez vos ga- lées
vous disiez: Ceux qui disent qu'il y en a 80 000 ou 90 000 rêvent en
couleur. Ils parlent de toutes sortes de choses qu'ils ne connaissent pas.
Comment? Tout ce monde ne connaît rien? L'Association de l'Union
Nationale du comté de Richmond ne connaît rien et dit 80 000,
comme cela, en l'air? La ville d'Asbestos et le conseil municipal ne
connaissent rien? Ce sont des menteurs? La Chambre de commerce, le Syndicat des
cadres, les cadres de la Canadian Johns-Manville doivent tout de même se
renseigner sur les usines de transformation qu'il y a aux Etats-Unis pour la
Canadian Johns-Manville. Il n'y en a pas qu'aux Etats-Unis, il y en a dans 60
pays du monde. Ils le disent. Ce sont tous des menteurs, tous des gars qui
parlent de ce qu'ils ne connaissent pas. Vous vous posez des questions, alors
que vos électeurs y ont répondu avant vous. C'est pour cette
raison qu'ils étaient heureux l'autre jour d'entendre le
député de Frontenac dire: Puisque votre député ne
s'occupe pas de vous, je vais le faire, afin que vous ayez des usines de
transformation dans le comté de Richmond. Je n'ai jamais entendu un
tonnerre d'applaudissements comme cette fois-là.
M. Brochu: La salle était assez petite, c'est pour cette
raison.
M. Grégoire: Ils disent maintenant... La salle
était assez petite, c'est pour cette raison. Quand vous demandez...
M. Brochu: Vous auriez dû nous dire que c'était
à huis clos, on vous aurait envoyé du monde.
M. Grégoire: La vérité choque, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: Voulez-vous que je vous dise ce que j'ai
pensé du député de Richmond, c'est exactement ce que je
leur ai dit. Ordinairement, quand il y a une motion présentée, on
voit le député de Marguerite-Bourgeoys parler, puis le
député de Saint-Laurent, et après, le député
de Richmond parle. Je me suis fait la remarque suivante tantôt: Tout le
temps que M. Lalonde et M. Forget parlent, M. Brochu écrit, après
quoi il répète.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Voudriez-vous, s'il vous plaît, nommer les députés par leur
comté?
M. Lalonde: Au moins, il suit de bons maîtres.
M. Grégoire: Malheureusement, le député de
Saint-Laurent et le député de Marguerite-Bourgeoys me font penser
au Boléro de Ravel. Vous savez ce qu'est le Boléro de Ravel?
Est-ce que vous connaissez cela? C'est une gageure qu'un grand musicien, Ravel,
a prise un jour en disant: Je suis capable d'écrire une pièce
musicale
de 30 minutes en répétant toujours le même refrain
composé de quatre notes. Malheureusement, vous n'avez droit qu'à
20 minutes. Vous ne pouvez pas atteindre tout à fait le Boléro de
Ravel. Lui, il a réussi, toujours répéter le même
refrain. C'est à cela que vous me faites penser. L'autre arrive plus
tard et répète encore ce que vous avez dit. C'est l'Opposition,
et c'est depuis le 16 mars que vous faites cela. Vous posez des questions et je
vous dis où sont les réponses, les réponses que cela peut
entraîner comme valeur économique. Ce sont encore tous vos groupes
qui le disent: La transformation rapporte aux Etats-Unis $1 milliard par
année et l'industrie américaine de l'amiante est alimentée
à plus de 85% en amiante québécois.
Vous venez me dire: Vous avez l'air pessimistes devant la transformation
de l'amiante. Où allons-nous avoir les industries, comment allons-nous
en trouver, comment allons-nous les établir? Nommez-nous donc dix
à quinze industries? Je vais vous en nommer seulement une. Vous avez des
freins sur vos automobiles, sans cela vous vous ramasseriez dans les
fossés. Savez-vous que Canadian Tire, au Québec seulement, vend
125 000 freins par mois à $20 le frein, pendant douze mois, cela fait
une industrie de $30 millions par année. Combien d'emplois?
L'Asbestos, qu'on a mentionnée, fabrique à peine pour $6
millions par année et à peu près pour quatre millions de
freins. Elle fournit 400 emplois. Quand vous arrivez avec $30 millions, c'est
sept fois et demie. C'est seulement Canadian Tire dans la vente des freins au
Québec.
On prend notre amiante, on l'envoie aux Etats-Unis et il nous revient
sous forme de freins et ce sont les Américains qui ont les jobs. Le
député de Richmond, le député de Saint-Laurent et
le député de Marguerite-Bourgeoys semblent être contents.
Où allez-vous prendre les industries? Question "niaiseuse" dans les
circonstances. Jamais je ne croirai, si on applique cela à nos freins
d'automobile vendus par Canadian Tire ici au Québec... Quand le
député de Saint-Laurent, tantôt, dans un grand élan,
disait: Oui, mais ils sont tous venus dire ici qu'il n'y avait pas de garantie
d'avoir un tel avantage. Non, c'est vrai. On ne leur a fait aucune promesse
qu'il y aura le siège social à une telle place, aucune promesse
qu'il y aurait le centre de recherche et de développement ailleurs,
aucune promesse qu'il y aurait une industrie ici ou une industrie là. Le
maire de Thetford, le maire de Black Lake, les syndicats, le CRD sont venus
dire: Non, ils ne nous ont pas fait de promesse, même pour
l'établissement du siège social. Les promesses, on vous laisse
cela. Vous faites les promesses et vous ne faites rien. Pour une fois qu'ils
voient un gouvernement qui agit, qui réagit, qui se démène
et qui veut voter quelque chose, qui est prêt à agir, là la
région est enthousiasmée, elle dit: Enfin, cela va bouger, ils
savent au moins que cela va marcher. Ils savent qu'il y a moyen de faire
quelque chose.
M. Lalonde: Une question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: En invitant le député de Frontenac
à la pertinence de la motion, est-ce qu'il pourrait nous dire s'il est
en faveur d'entendre les fonctionnaires et s'il connaît le nom des
fonctionnaires du groupe de travail? Est-ce qu'il les connaît? Est-ce
qu'il connaît le nom des fonctionnaires?
M. Grégoire: Non, mais je n'ai pas besoin de leur poser
les questions, je sais...
M. Lalonde: Vous ne connaissez pas le nom des fonctionnaires.
Est-ce qu'il les connaît ou s'il ne les connaît pas? Il ne veut pas
répondre.
M. Grégoire: Je n'ai pas à répondre à
cette question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Marguerite-Bourgeoys!
M. Lalonde: II nous cache quelque chose, comme le ministre.
M. Grégoire: Non. Je ne vous cache pas... Les chiffres que
je vous donne ne cachent rien.
Une Voix: C'est l'adjoint du ministre, mettez-le...
M. Grégoire: 80 000 emplois aux Etats-Unis, c'est la
question que vous voulez leur poser. Les gars du comté de Richmond et
l'Association libérale du comté de Richmond le disent: 80 000
emplois aux Etats-Unis. Vous voulez savoir quelle sorte d'industrie? Vous allez
tout trouver là-dedans. Lisez-le. Les libéraux sont
là-dedans.
M. Lalonde: On n'a pas mis cela en doute. On veut entendre les
membres du groupe de travail.
M. Grégoire: Vous nous demandez quelle sorte d'industrie,
c'est ce que vous demandiez tantôt; quels sont les membres. Regardez donc
les résultats qu'on peut amener avec tout ça, regardez donc.
M. Forget: Ils sont en conflit d'intérêts. M.
Lalonde: Qui sont-ils? NI. Grégoire: Moi, ce qui
m'intéresse... M. Lalonde: C'est le prochain
président.
M. Grégoire: ... ce qui m'intéresse, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: C'est le prochain président de la
société nationale.
M. Grégoire: M. le député de Marguerite-
Bourgeoys, je vais vous dire quelque chose en pleine face. Ce qui
m'intéresse, ce qui intéresse le monde de la région de
l'amiante, de Thetford, de Black Lake, de Richmond, peut-être pas des
gens de Marguerite-Bourgeoys, mais de ce coin-là...
M. Lalonde: Je représente les gens de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Grégoire: ... ce qui nous intéresse, ce n'est
pas de savoir qui a écrit telle affaire sur l'amiantose, ce n'est pas de
faire venir le juge Beaudry, c'est: Allez-vous marcher pour l'amiante? Cela
fait assez longtemps qu'on est dans le fond de la mine, allez-vous amener des
industries, allez-vous faire quelque chose? Ces gens savent que leurs freins
sont en amiante, ils savent que Canadian Tire vend au Québec 125 000
freins par mois, ils savent que ça ferait une industrie de $30 millions
par année. Ils savent ça et ils se disent: Quand est-ce qu'un
maudit gouvernement va bouger? Là, il y en a un qui veut bouger; ils
sont contents et ils cessent de faire toutes les chinoiseries que vous
faites.
M. Lalonde: Ce n'est pas vrai, c'est faux. M. Forget:
Fumisterie. Un écran de fumée.
M. Grégoire: Vous êtes en train de faire des
chinoiseries et de marcher, non pas en connaissance de cause, mais sans aucune
clarté.
M. Lalonde: C'est de la démagogie que vous faites. Vous
faites de la démagogie actuellement.
M. Grégoire: Je vous dis que c'est ce qui les
intéresse.
M. Lalonde: C'est malheureux, c'est malheureux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: C'est à nos dépens que vous faites
ça.
M. Grégoire: C'est ce que vous faites depuis le
début.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: On est en train de vous mettre les faits sur
le nez...
M. Lalonde: Aux dépens des intérêts des
Québécois.
M. Grégoire: Vous voulez des réponses
apportées par votre CRD? Lisez donc ce que vos électeurs ont
écrit.
M. Brochu: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Grégoire: Oui, n'importe quelle.
M. Brochu: Vous disiez que le document du CRD est très
clair; ces gens ont énormément de données, c'est vrai; ils
ont étudié pendant très longtemps, c'est vrai. Comment se
fait-il que le ministre lui-même a demandé une étude
à des hauts fonctionnaires, après tout ça, alors que c'est
si bon et si clair, je l'admets? Pourquoi le ministre, par la suite, a-t-il
demandé une étude à des hauts fonctionnaires sur le dos de
ces gars-là, alors que, pendant cinq ans, les gens de chez nous ont
travaillé pour faire des propositions au ministre? Pourquoi a-t-il
demandé qu'une étude soit faite...
M. Bérubé: M. le Président, le
mémoire a été déposé à notre groupe
de travail. Je dois souligner qu'il a été déposé
alors que nos études étaient en cours; par conséquent, les
études ont été faites parallèlement.
M. Grégoire: II y a eu en même temps SORES...
M. Brochu: Pourquoi n'aviez-vous pas confiance aux gars du
CRD?
M. Grégoire: SORES étudiait pendant ce
temps-là. Quand vous nous reprochez de ne pas avoir assez
d'études, vous arrivez et vous dites: Pourquoi le ministre a-t-il fait
une étude alors qu'il y en avait déjà une? On a fait
beaucoup d'études. SORES faisait une étude, les fonctionnaires du
ministère faisaient une étude, le rapport Alexandre est
là, le comité des mines...
M. Brochu: C'est vous qui vous inquiétez. M.
Grégoire: ... est ici, le CER-SEQ... M. Brochu: Nous, on est
prêt à prendre... M. Forget: ... député de
Frontenac.
M. Grégoire: Ecoutez, est-ce que je vais pouvoir parler?
Posez des questions, si vous voulez, envoyez fort.
M. Forget: Vous avez dit que vous preniez n'importe quelle
question.
M. Grégoire: Vous refusez qu'il y ait autant
d'études que ça? Vous n'êtes pas content que le ministre
ait voulu se renseigner?
M. Brochu: Dans le mémoire que vous avez vu du CRD
d'Asbestos, les noms sont marqués.
M. Grégoire: Vous n'êtes pas content que le ministre
ait étudié le problème?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: Et vous venez nous reprocher de ne pas avoir
fait assez d'études? Voyons donc!
M. Brochu: Les gars chez nous ne sont pas gênés de
signer leur document.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Brochu: Pourquoi les fonctionnaires du ministre sont-ils
gênés...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! M. le député de Frontenac, allez-y.
M. Grégoire: Vous nous reprochez de ne pas avoir assez
étudié, vous dites qu'on devrait étudier encore plus et
vous commencez à nous reprocher de ne pas avoir fait assez
d'études; il y a de la contradiction là-dedans.
M. Brochu: Le nom des gars qui ont préparé votre
document.
M. Grégoire: Vous avez celui-ci.
M. Brochu: Les gars du CRD, chez nous, n'ont pas
été gênés de signer le document. Les gars de chez
nous ne sont pas gênés.
M. Grégoire: Quels que soient ceux qui ont signé,
je trouve que ce mémoire est plein de bon sens. Qu'on arrive et qu'on me
dise: les citoyens du comté de Richmond ont signé ça.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre, à l'ordre! M. le député de Richmond,
s'il vous plaît.
M. Brochu: Ils n'ont pas eu peur de signer. Ils ne se sont pas
cachés derrière les rideaux ni derrière le ministre.
M. Grégoire: Ce qui les intéresse... Je n'ai pas de
signature là-dessus.
M. Brochu: II a lu toute la litanie tout à l'heure.
M. Grégoire: C'est la liste des membres, des personnes qui
ont étudié.
M. Lalonde: On sait qui ils sont. M. Grégoire: Oui,
qui?
M. Paquette: Les autres aussi, ce sont des fonctionnaires.
M. Grégoire: On dit: le Commissariat industriel
d'Asbestos, la Chambre de commerce d'As-bestos.
M. Lalonde: On sait qui c'est.
M. Grégoire: Le canton de Saint-Camille, la corporation
municipale de... Nous autres, on dit que c'est le ministère des
Richesses naturelles, est-ce que ce n'est pas aussi valable que la ville
d'Asbestos. On dit: Association de l'Union Natio- nale du comté de
Richmond, qu'est-ce? Est-ce qu'il y en a encore? Il n'y en aura plus la
prochaine fois, en sachant comment le député du comté de
Richmond...
M. Brochu: Est-ce que vous vous représentez dans le
même comté?
M. Grégoire: Cela me tenterait quasiment. Et ne me
défie pas trop parce que tu vas voir que les défis, je les
relève assez vite. L'autre jour, quand tu as voulu me défier par
l'intermédiaire d'un autre, d'aller dans le comté de Richmond, je
suis allé. Et le député de Richmond n'est même pas
venu.
M. Brochu: ... Et tu ne m'as même pas invité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Est-ce qu'il va se présenter
crédi-tiste cette fois-là?
M. Grégoire: Vous viendrez dans le comté de
Richmond, on pourra faire une lutte à trois, vous allez voir qui va
passer.
M. Brochu: Je pensais que c'était à huis clos, il y
avait cent personnes. Vous ne m'avez même pas invité à part
cela.
M. Grégoire: Ne vous inquiétez pas. On dit, dans
l'autre document...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: Est-ce que je peux poser une question au
député de Frontenac?
M. Grégoire: Envoyez fort, je suis aussi bien de laisser
passer celle-là, je...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement, parce qu'il reste deux minutes au
député de Frontenac.
M. Forget: II a tellement de verve, M. le Président, qu'il
a dit qu'il prendrait n'importe quelle question.
M. Grégoire: Je suis optimiste. Vous avez le dossier de
l'amiante. Je ne suis pas pessimiste quant à nos capacités et
quant à la possibilité des Québécois...
M. Forget: Vous ne savez pas pourquoi vous êtes
optimiste.
M. Grégoire: Oui, je sais pourquoi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
question.
M. Forget: Le député de Frontenac serait-il
toujours d'accord avec la déclaration qu'il a faite au sujet de
l'achat de la société Asbestos. C'était cité dans
l'Actualité de mars 1978 où on disait: "Le Québec
achète une "minoune". François Samson, le secrétaire de
comté de Gilles Grégoire, député péquiste de
Frontenac, parle des installations de l'Asbestos Corporation à Thetford
Mines."
Est-ce que vous êtes d'accord avec votre secrétaire de
comté que c'est une "minoune" que le Québec va acheter?
M. Grégoire: M. le Président, le
député de Saint-Laurent était en Chambre lorsque j'ai bien
précisé que François Samson n'a jamais été
et n'est pas mon secrétaire de comté, que c'est un
étudiant, détenant un emploi d'été,
suggéré par le ministère du Travail et choisi par
ordinateur, comme cela s'est fait pour les emplois d'été l'an
dernier.
Quand il dit que l'Asbestos Corporation...
M. Brochu: C'est le ministre de la Voirie. (12 h 15)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: Quand il dit que l'Asbestos Corporation est
une "minoune" pour ses installations, je pense que la ville de Black Lake et la
ville de Thetford sont venues dire que c'étaient les installations les
plus désuètes.
Mais ce qu'il ne faut pas oublier d'ajouter, c'est que l'Asbestos
Corporation a, à l'heure actuelle, et a surtout dévoilé,
depuis l'annonce de la politique de l'amiante du Québec,
d'énormes réserves en fibres d'amiante, qu'elle a probablement la
meilleure qualité de fibres de toute la région de l'amiante et de
toute la province de Québec et que l'Asbestos a une valeur assez forte
par ses réserves, par ses possibilités.
M. Lalonde: Arrêtez, ils vont demander $500 millions.
M. Grégoire: Cela ne fait rien, les actions baissent et
remontent.
M. Lalonde: Je ne vous enverrai pas négocier.
M. Grégoire: C'est le genre de questions qu'on nous pose
pour justement avoir des réponses comme cela.
M. le Président, je termine en rappelant ce qu'ont dit ici le
mémoire du CRD, la ville d'Asbes-tos, la Chambre de commerce,
l'Association de l'Union Nationale du comté de Richmond, l'Association
du Parti libéral du comté de Richmond, sans citer de noms. Mais
je regarde le document, je l'analyse en soi et je vois comment c'était
fait, comment c'est étoffé, comment c'est assis sur des
statistiques, sur des raisonnements, comment je trouve que les électeurs
du comté de Richmond ont préparé un très bon
document de travail. Je suis satisfait de la manière dont c'est
présenté et je suis satisfait également de la
manière dont l'au- tre est présenté. Je me demande
pourquoi l'Union Nationale...
M. Forget: Donnez suite à la recommandation.
M. Grégoire: Je me demande pourquoi le Parti
libéral...
M. Forget: Vous ne donnez pas suite à leur
recommandation.
M. Grégoire: ... veulent absolument retarder une loi au
sujet de laquelle tous les groupes de la région de l'amiante sont venus
dire: Cessez donc la politicaillerie, cessez donc de retarder inutilement,
cessez toutes ces mesures dilatoires. Ils vous ont dit: Nous autres, de la
région de l'amiante, on veut que cela marche. Essayez donc de voir
à ce que cela marche enfin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion du député de Saint-Laurent sera adoptée?
M. Bérubé: II reste quelques minutes, M. le
Président, si vous me permettez de répondre à certaines
questions qui ont été posées.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Bérubé: D'une part, ce qui est demandé
ici, c'est le témoignage de fonctionnaires travaillant pour le compte du
gouvernement à l'élaboration d'une politique. Une telle demande
m'apparaît un peu inhabituelle dans la mesure où les
fonctionnaires sont essentiellement à l'emploi du gouvernement, ils sont
représentés à cette commission par le ministre, qui parle
au nom du gouvernement. Si, par exemple, dans des commissions parlementaires
sur le budget, des fonctionnaires sont appelés à s'exprimer, vous
noterez d'ailleurs que la coutume veut qu'ils parlent toujours au nom du
ministre, et, à nouveau, c'est bien le ministre qui parle. Par
conséquent, la tradition veut que la fonction publique soit au service
du gouvernement et il m'apparaîtrait un peu anormal de mettre à la
barre des témoins, des gens qui seraient à la fois coincés
dans un véritable conflit d'intérêts dans la mesure
où, devant parler au nom du gouvernement, devant exprimer l'opinion du
ministre, en même temps ils seraient évidemment soumis à la
question des députés du gouvernement, comme des
députés de l'Opposition. C'est donc une anomalie qui n'est pas
acceptable.
Deuxièmement, je pense que nos fonctionnaires doivent être
libres de leurs opinions. Nos fonctionnaires, lorsque nous leur demandons une
évaluation d'une situation, lorsque nous les choisissons pour leur
compétence, pour l'excellence de leurs connaissances, doivent pouvoir
signaler au ministre les choses qu'ils croient, les choses qu'ils ont pu
apprendre au cours de leur carrière professionnelle. Par
conséquent, il m'apparaît extrêmement important, d'une part,
de laisser ces fonc-
tionnaires libres de s'exprimer, de pouvoir même porter des
jugements de valeur, quand il est nécessaire de porter des jugements de
valeur, de manière que le député, le ministre responsable
puisse former sa propre opinion.
C'est donc sur une base strictement confidentielle que ces
fonctionnaires adressent leurs réflexions au ministre. Je pense qu'il
serait malsain de soumettre des fonctionnaires qui pourraient avoir à
travailler sous une autre administration, de voir des fonctionnaires
impliqués dans un conflit purement politique. D'ailleurs, c'est assez
évident. On l'a vu à la tentative du député de
Saint-Laurent de porter atteinte à la réputation de nos
fonctionnaires en insinuant des conflits d'intérêts potentiels.
C'est d'ailleurs une récidive, puisque j'avais entendu en Chambre deux
remarques assez semblables vis-à-vis du député de Fabre
qui sont là peut-être plus acceptables, parce qu'il s'adresse
à un de ses pairs qui est en mesure de répondre. On se souvient
de ces insinuations absolument malveillantes du député de
Saint-Laurent. C'est que le député de Saint-Laurent a l'habitude
des insinuations mesquines qui n'ont rien à voir au débat. Ce
qu'il voudrait, c'est faire porter le débat cette fois-ci sur la
compétence des fonctionnaires, sur l'honnêteté des
fonctionnaires, sur l'intégrité des fonctionnaires. Au
début, il a demandé des renseignements, on lui a fourni des
documents. Nous n'étions pas obligés de fournir ces documents
à l'Opposition. Nous avons fourni des documents personnels, qui nous
auraient servi à nous faire une opinion. Nous les avons. Nous avons cru
bon, après avoir expurgé certains aspects qu'il nous apparaissait
effectivement dangereux de soumettre à l'opinion publique, de les
fournir à l'Opposition de manière que celle-ci puisse voir le
type d'information qui était à ma disposition, puisse le comparer
avec l'information disponible, dans le rapport SORES et dans un certain nombre
d'autres dossiers que nous avons mis à la disposition de l'Opposition,
de manière que celle-ci puisse également se faire une idée
et puisse discuter, je pense, en bonne connaissance de cause du projet de loi
qui nous est présenté ici.
Par conséquent, on devrait discuter de faits. Qu'est-ce que l'on
veut discuter ici? C'est la compétence des fonctionnaires.
Effectivement, j'ai hésité. Devrait-on effectivement leur
permettre de se présenter? Ce sont ces réflexions qui m'ont
amené à dire non. Je pense que le ministre est là pour
parler au nom de ses fonctionnaires. Les fonctionnaires ont travaillé
pour le ministre. Par conséquent, ce sera au ministre à
défendre ce que ses fonctionnaires auront préparé à
son intention. C'est ce que je ferai ici. D'ailleurs, le député
de Rosemont l'a très clairement indiqué.
Par conséquent, cela va éviter à l'Opposition de
pouvoir se complaire dans ses petites attaques ad hominem qui, je pense, sont
très aimées du député de Saint-Laurent en
particulier et cela va obliger l'Opposition à s'attaquer au contenu.
Evidemment, je sens que c'est difficile pour l'Opposition de s'attaquer au
contenu.
M. Lalonde: II n'y a pas de contenu là-dedans.
M. Bérubé: II n'y a pas de contenu dans
l'Opposition, vous avez parfaitement raison.
M. Lalonde: II n'y a pas de contenu dans le rapport.
M. Bérubé: Vous avez raison de le souligner
à cette assemblée.
M. Grégoire: Comment voulez-vous vous exprimer à ce
sujet? Il y a deux motions.
M. Lalonde: II n'y a pas de contenu dans le rapport, ce sont des
affirmations gratuites.
M. Bérubé: Ce qui ressort du débat que nous
avons présentement, je pense simplement qu'il n'est pas fondé,
qu'il n'est pas valable de déposer ici le nom des fonctionnaires qui ont
participé au groupe de travail. Certains pourraient être en
conflit d'intérêts, certains pourraient être aujourd'hui
dans des positions extrêmement importantes au sein du gouvernement. Nous
n'avons aucune justification pour soumettre à l'Opposition une
possibilité de tenter de salir la carrière de ces
fonctionnaires.
Donc, je tiens immédiatement à souligner ma réponse
de ce côté. Ne pouvant connaître le nom de ces
fonctionnaires, il me semble qu'il est difficile de les convoquer. Cela
règle le problème de la motion que nous avons à
débattre ici.
Evidemment, je me suis interrogé, à savoir si on devrait
donner certains renseignements sur nos fonctionnaires, quelles étaient
leurs formations, quels étaient leurs noms, leurs
antécédents, qui ils ont épousé, etc., leur
salaire, enfin il y en a une quantité... Il y a une chose sur laquelle
je veux absolument rassurer l'Opposition: De tous ces fonctionnaires qui ont
travaillé pour nous, il n'y en avait aucun qui était aussi jeune
et aussi joli que les représentants de SORES. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion du député de Saint-Laurent sera adoptée?
M. Forget: J'aurais une question à poser au ministre, s'il
le permet. J'essaie de comprendre le sens précis de ses remarques.
J'aimerais qu'il m'éclaire sur le sens à leur donner. Il a dit,
dans un premier temps, dans son intervention, que les documents qui
étaient présentés, évidemment, avaient
été fabriqués par des fonctionnaires, mais que le
gouvernement, en les publiant, les prenait à son compte. Faut-il donc
conclure que le ministre nous autorise maintenant à considérer
comme si elles émanaient de lui toutes les propositions contenues dans
ce document intitulé "La transformation de l'amiante"? Est-ce qu'on
peut, en citant ce document, avec toutes les apparences et toute l'autorisation
possible, de la bouche même du ministre, citer, effectivement, le
ministre lui-même?
M. Bérubé: Non, M. le Président...
M. Forget: Ah! Je ne comprends pas.
M. Bérubé: ... le ministre est libre... M.
Lalonde: Je ne comprends plus.
M. Bérubé: ... tout membre d'un gouvernement est
libre d'aller chercher l'information là où il le juge bon. Si
j'ai demandé à des fonctionnaires de me préparer des
dossiers dans lesquels il y a évidemment un élément
d'opinion personnelle de leur part, cela ne veut nullement dire que j'accepte
et que je prends à mon compte toutes les affirmations. Cela veut dire
que j'ai utilisé ces renseignements pour guider ma propre opinion.
M. Forget: Ce qui veut donc dire que cela demeure des opinions
d'individus qui nous demeurent inconnus. Ce n'est pas la politique
gouvernementale. Ce n'est pas une expression officielle de la position
gouvernementale. C'est l'opinion de certains individus qui demeurent
inconnus.
M. Bérubé: La politique gouvernementale a
été annoncée. Elle se compose de quatre points, comme vous
le savez. D'une part, la création de la Société nationale
de l'amiante dont nous devons débattre ici le projet de loi, article par
article, au cas où l'Opposition aurait fini par l'oublier, ce qui semble
absolument le cas présentement. Donc, d'une part, la création de
la Société nationale de l'amiante; d'autre part, la signature
d'ententes de développement. C'est pour cette raison que, dans le
mémoire, au chapitre 3 des dossiers qui ont été
préparés à mon intention, il n'est nullement fait mention
des ententes de développement avec l'industrie, donc d'une sorte de
concertation avec l'industrie. Ce n'était pas le mandat qui avait
été confié à ces fonctionnaires, c'est le mandat
qui est confié au Bureau de l'amiante qui a été
créé. Nous avons également un volet au niveau de la
transformation.
Par conséquent, la politique de l'amiante est une politique
à plusieurs volets. Ce que nous avons à discuter ici, c'est un
volet, soit la création de la Société nationale de
l'amiante pour l'investissement direct par l'Etat dans des entreprises de
transformation. L'association qui pourrait être faite avec d'autres
entreprises dans ce secteur fera l'objet d'une négociation entre le
gouvernement, par le biais de son Bureau de l'amiante, et ces entreprises.
Vote sur la motion
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion du député de Saint-Laurent sera adoptée?
M. Grégoire: Non.
M. Lalonde: Appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bérubé (Matane).
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bordeleau (Abitibi-Est).
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brochu (Richmond).
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Forget (Saint-Laurent).
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire (Frontenac).
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ouelette (Beauce-Nord). M. Rancourt (Saint-François).
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion est rejetée 5 contre 3. A ce stade-ci j'aimerais, à la
suite de cette motion et des discussions que j'ai entendues comme
président sur cette motion, faire la mise au point suivante:
On peut présenter des motions dites préliminaires en vue
de mieux remplir le mandat reçu qui est d'étudier, article par
article, le projet de loi no 70. Ainsi, on peut, comme je l'ai dit, inviter des
gens à comparaître, mais uniquement pour éclairer la
commission sur tel et tel article du projet de loi. Or, d'après toutes
les discussions que je viens d'entendre, il semble qu'on invite des
témoins pour discuter du fond du projet de loi, pour discuter de son
principe, pour voir s'il y a lieu ou non d'acheter une compagnie, pour voir si
c'est rentable ou non.
A l'avenir, il faudra, je crois, rejeter toute motion du genre si on ne
démontre pas à la présidence qu'elle a pour fin
d'éclairer la commission sur les détails du projet de loi, pour
autant que le ou les principes n'aient plus à être remis en
question et ce, non seulement par les invités, mais par les membres de
la commission parlementaire eux-mêmes. Autrement, on fausse le mandat de
la commission parlementaire.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Vous venez de dire que toute motion vous me
corrigerez si je fais erreur qui mettrait en doute l'opportunité
d'acheter une compagnie d'amiante, une société d'amiante,
s'attaquerait au principe adopté dans le projet de loi 70.
Vous-ai je bien compris?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Dans les
motions préliminaires.
M. Lalonde: Dans les motions préliminaires, oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
simplement dit que je rejetterais toute motion préliminaire qui aurait
pour but d'inviter des gens à venir discuter des principes du projet de
loi.
M. Lalonde: Oui, mais, parmi ces principes, incluez-vous l'achat
d'une société par la Société nationale de
l'amiante, par exemple?
M. Bérubé: Cela s'est fait en particulier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
jugerai à ce moment. J'ai peut-être donné cela comme
exemple, mais les discussions que nous avons entendues sur la motion telle que
présentée, qui était recevable et qui a d'ailleurs
été déclarée reçue, m'ont
démontré que si la motion avait été
adoptée...
D'ailleurs, même les membres de la commission ont parlé
pendant une heure de l'opportunité ou non d'acheter, par exemple, une
compagnie d'amiante, et je pense que là n'est pas le but de la
commission parlementaire qui est actuellement ici. Le but est d'étudier,
article par article, le projet de loi.
Il y a beaucoup de motions qui pourront être
présentées à l'occasion de l'étude de chacun des
articles du projet de loi, mais, actuellement, je dis que, même si
inviter des gens est acceptable comme motion préliminaire, c'est
acceptable pour autant que cela a pour but d'éclairer et de permettre
l'organisation matérielle de nos travaux. Mais si on veut profiter de
l'invitation que l'on fait à des gens pour remettre en question...
D'ailleurs, la directive n'est pas nouvelle. Lorsque nous avons
invité les représentants de la région de l'amiante
à venir nous rencontrer, avant même qu'ils ne commencent à
parler, et sur ce, je pense, tous les députés étaient
d'accord, nous avions dit, d'un commun accord, à nos invités que
je ne leur accordais pas plus de droits qu'aux membres de la commission,
c'est-à-dire de ne pas remettre en cause le ou les principes du projet
de loi.
Je pense que la directive n'est pas nouvelle dans ce sens.
M. Lalonde: Elle ne va pas au-delà de cela?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non.
Elle ne va pas au-delà de cela.
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 12 h 30)
Reprise de la séance à 15 h 48
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Bérubé (Matane), M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu
(Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Grégoire (Frontenac), M.
Paquette (Rosemont) remplace M. Laplante (Bourassa), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Rancourt (Saint-François) et M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Raynauld (Outremont). Les intervenants sont
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Godin (Mercier), M. Gratton (Gatineau)
remplace M. Garneau (Jean-Talon), M. Landry (Fabre), M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue), M. Léger (Lafontaine), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Paquette (Rosemont), M. Roy
(Beauce-Sud) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
J'appelle l'article 1.
M. Paquette: C'est encore l'article 1, M. le
Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Grégoire: Une autre motion dilatoire.
M. Brochu: Pour votre information, M. le député de
Frontenac, toutes les motions qui sont présentées sont dilatoires
par définition. Vous avez donné certaines directives, ce matin,
en ce qui concerne la présentation des motions, à ce stade, avant
de passer à l'étude article par article du projet de loi no 70;
vous avez fixé clairement, selon vos propos mêmes, ce que vous
appelez le corridor de nos travaux parlementaires, en mentionnant que,
dès maintenant, il nous est loisible de présenter des motions,
pour autant qu'elles s'inscrivent à l'intérieur de l'organisation
de nos travaux, avant même d'aborder l'étude article par article
du projet de loi.
J'aurais une petite motion à faire valoir ici, à
présenter à cette commission, pour que nous puissions justement,
lorsque nous aurons entrepris l'étude du projet de loi et que nous
serons rendus à la section III concernant le financement, avoir à
ce moment plus d'éclaircissements. C'est d'ailleurs le sens des propos
généraux que nous avons tenus depuis le début de cette
commission parlementaire, comme également à l'Assemblée
nationale, d'obtenir des données beaucoup plus précises que
celles que le gouvernement nous propose actuellement.
Ce matin, on nous a clairement démontré, par exemple,
qu'on ne voulait absolument pas dévoiler même les noms de ceux qui
avaient préparé le document sur lequel le gouvernement s'est
appuyé pour présenter son projet de loi no 70. Le ministre a
refusé, à ce moment, non seulement de donner les noms, mais il a
également refusé que ces personnes viennent ici à la
commission parlementaire pour répondre à nos questions, alors
que, dans le document de travail même préparé par le groupe
de travail, il y avait d'un côté certaines contradictions, de
l'autre côté des hypothèses qui méritaient
d'être explorées plus à fond et au sujet desquelles on
aurait eu énormément de questions à poser. C'est donc dans
cette optique logique, si vous voulez, objective, que nous voulons obtenir le
plus de renseignements possible pour passer ensuite à l'étude
article par article du projet de loi.
Puisque nous allons aborder éventuellement l'étude article
par article en question, il nous faut prévoir dès maintenant
pouvoir avoir quand même en cours de route les ressources que nous
pouvons juger nécessaire d'obtenir à ce moment. C'est pourquoi il
m'apparaît pour ma part que la venue du ministre des Finances à
cette commission parlementaire dans le cadre de nos travaux, surtout en ce qui
concerne la section III du projet de loi, revêtirait un caractère
tout à fait particulier, non seulement par son intérêt,
mais également parce que c'est le ministre des Finances qui aura quand
même à manipuler tous ces fonds publics qui vont être
engloutis dans ce projet de loi 70 et dans les autres étapes qui vont
suivre. Je pense que c'est lui, à ce moment, qui serait donc à la
barre, pour ainsi dire, du coût social qu'on est en train de placer sur
les épaules des Québécois, pour le choix politique ou
l'aventure de l'Asbestos Corporation que le gouvernement a choisie, du fait que
c'est lui qui gouverne actuellement.
Le ministre des Finances aura donc à répondre de ce
coût social et il est prévisible également que, comme les
sociétés soeurs qui existent actuellement, le ministre aura
à revenir souventefois devant la Chambre pour demander des
crédits supplémentaires. On peut déjà voir quelque
peu le scénario dans ses grandes lignes, parce que cela ne sera pas
suffisant, parce qu'en cours de route. Il y aura eu des oublis, parce que
l'entreprise, n'étant pas rentable pour l'année en question, le
sera certainement, comme Sidbec le dit chaque année, l'année
suivante.
Le ministre des Finances aura donc à revenir
régulièrement demander d'autres crédits pour financer son
projet dans cette manipulation des fonds des Québécois. Je pense
qu'à ce moment il deviendrait important que, lorsque nous discuterons de
cette section, le ministre des Finances puisse se retrouver avec nous à
cette table de la commission parlementaire, puisse avoir la possibilité
de s'exprimer directement et faire le point sur cette question, faire le point
également sur l'évolution aussi de cette question parce que,
rappelons-nous, j'ai d'ailleurs différentes coupures à ce sujet,
le ministre des Finances lui-même a été un peu
séduit dans les débuts par ce projet emblématique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, je pense qu'il est de mon devoir à ce
stade-ci, puisque j'ai entendu quelques-uns de vos propos, de vous demander si
votre motion a trait à la section III. Même si vous avez droit
à vingt minutes, à titre de gardien de la procédure...
M. Brochu: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
puisque c'est une requête qui aurait pour but de faire témoigner
le ministre des Finances, je la déclarerais actuellement i rrecevable
parce que prématurée. Je comprends que vous avez le droit
d'utiliser vos 20 minutes. Je sais que vous voulez en venir à une
motion. J'ai cru me rendre compte, à la lecture de la motion ou à
entendre vos propos, que votre but serait de faire témoigner le ministre
des Finances sur la section III, qui prévoit un capital-actions de $250
millions. Si tel est le cas, je vous dis immédiatement que votre
requête est prématurée, mais qu'elle serait certainement
étudiée à sa juste valeur à la section III.
M. Brochu: M. le Président, je pense que je n'ai pas
indiqué clairement non plus à quel moment j'ai l'intention de
présenter la motion pour demander, si c'est le cas, la présence
du ministre des Finances. Disons que j'en étais au préambule,
pour indiquer le sens dans lequel s'inscrit la motion en question, comme cela a
été le cas ce matin, pour le député de
Saint-Laurent, je pense, qui, avant de présenter sa motion, a
indiqué...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
mais si la présidence semble se rendre compte, à entendre vos
propos ce qui n'était pas le cas du député de
Saint-Laurent ce matin, je l'ai entendu et je pense que je pouvais
déduire de ses propos qu'il voulait que cette motion soit
déclarée recevable ou du moins qu'elle était recevable
que vous m'avez introduit immédiatement à la section III,
par votre préambule, je ne peux pas m'empêcher d'oublier que vous
n'avez pas lu la section III.
M. Brochu: Loin de moi l'idée de vous en empêcher,
M. le Président, parce que j'aurais pu mentionner également
l'article 1 comme tel du projet de loi, qui parle justement de ce que je suis
en train de mentionner, que le fonds social va être englouti par le
gouvernement dans le projet en question. A ce moment-là, vous auriez pu
faire la même remarque peut-être en ce qui concerne l'article 1,
mais mes propos ne portaient pas directement là-dessus. Je vous
concède cependant que vous pouvez quand même faire cette
hypothèse je pense que c'est votre rôle de le faire
en ce qui concerne l'orientation et la présentation des motions
actuellement. Mais je vous rappelle seulement que l'indication que je donnais
de la section III aurait pu également s'appliquer à l'article 1
de la loi en ce qui concerne la venue éventuelle du ministre...
Alors, M. le Président, j'étais donc à dire que le
ministre des Finances, dans le processus qui s'est déroulé ou
dans toutes les discussions qui se sont déroulées autour du
projet de loi numéro 70, je pense, lui même, a pu évoluer
beaucoup dans sa conception, puisque vous vous rappellerez qu'au tout
début de cette histoire de l'amiante, le ministre des Finances avait
lui-même indiqué dans son discours, ici à
l'Assemblée nationale, comme sur différentes autres tribunes
également, que l'objectif du gouvernement et les possibilités
s'orientaient dans la possibilité de transformer en sol
québécois 20% de la matière fibreuse en ce qui concerne
l'amiante et créer ainsi un grand nombre d'emplois je vous fais
grâce des chiffres dont je vous ai fait état ce matin .Je
pense que maintenant le ministre est en mesure de nous donner des chiffres,
sinon plus exacts, du moins différents de ceux qu'il nous a
présentés avant le dépôt du projet de loi 70 comme
tel. Or, je pense que dans ce sens, étant donné, comme je vous
disais tantôt, qu'il est le gardien des fonds à être
investis là-dedans, son approche, sa conception du projet de loi, les
différentes lumières qui ont pu être apportées suite
à cette commission, à la session de l'Assemblée nationale
et aux différents pourparlers qu'il y a pu y avoir à ce moment,
je pense que le ministre des Finances aurait grand intérêt
à rendre publique maintenant l'étape de sa réflexion en ce
qui concerne le mode d'approche choisi par le gouvernement comme tel, d'une
part, et en ce qui concerne de façon générale la loi et
certains articles de la loi, et M. le Président, de façon plus
particulière, de répondre à nos questions et de
répondre même à certaines questions que d'autres
collègues se posent, même du côté du
gouvernement.
Alors, cette tribune lui permettra, d'une part, de clarifier sa position
et elle nous permettra à nous d'obtenir des éclaircissements qui
nous apparaissent importants. Eclaircissements apportés par celui qui va
devoir gérer, en quelque sorte, ces fonds, et qui va
éventuellement avoir à revenir, comme je l'ai mentionné
devant l'Assemblée nationale, pour des fonds supplémentaires afin
de parachever le projet lui-même sinon dans un premier temps du moins
dans un deuxième temps ou dans un troisième temps, pour
satisfaire l'appétit certainement croissant du gouvernement dans cette
matière, s'il veut être viable, c'est-à-dire atteindre
à ce moment le monopole de l'amiante.
M. Paquette: Est-ce que vous avez déclaré cette
motion recevable, parce que le député est en train de parler sur
le fond?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion n'a pas encore, officiellement, été
présentée.
Une Voix: II n'a pas vu encore la motion. M. Paquette: Vous
êtes à votre préambule.
M. Grégoire: Non, il faut être patient parce que le
député de Richmond va prendre 20 minutes pour demander que le
ministre des Finances vienne comparaître. C'est bien cela?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, s'il vous plaît!
M. Brochu: M. le Président, je pense que j'avais la
parole.
M. Grégoire: C'est cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, j'ai reconnu à tous les
députés le droit de faire tout cela. C'est reconnu depuis
longtemps, le droit, avant de présenter officiellement la motion, de
faire un discours ayant rapport avec sa motion.
M. Paquette: Un bref préambule. C'est cela. M. Brochu: On
s'entend là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un bref
préambule qui est limité à 20 minutes en vertu de
l'article 160.
M. Brochu: Si cela peut vous faire plaisir, appelons cela une
conclusion.
M. Bordeleau: On peut appeler cela une conclusion.
M. Brochu: Permettez-moi de conclure, tout au moins, en
présentant la motion pour vous permettre de prendre une position
éclairée là-dessus, messieurs. Alors, M. le
Président, je reviens donc aux quelques détails que
j'étais en train d'expliquer, n'en déplaise à mon
collègue de Frontenac qui a grand intérêt à suivre
vos propos et à s'instruire sur cette question, étant
nouvellement arrivé dans la section de l'amiante et dans la
région de l'amiante également.
Alors, M. le Président, je vous dis tout simplement que tout le
débat a quand même pris une portée beaucoup plus grande
depuis le début. Parce qu'au début, on ne savait pas que la
reconstruction du moulin allait coûter $100 millions additionnels. On ne
savait pas, au début, que pour transformer quelques produits de plus,
deux ou trois produits, il s'agirait d'engloutir $60 autres millions. Alors, ce
sont des données sur lesquelles le ministre des Finances pourrait se
prononcer. Il pourrait nous indiquer à quel endroit sont ces fonds
acessibles dans une proportion assez intéressante comme l'indiquait ce
matin le rapport du groupe de travail qui a été commandé
par le ministre des Richesses naturelles lui-même mais il n'a pas voulu
révéler le nom des auteurs. On nous disait à ce moment
qu'il y avait des fonds disponibles et qu'il n'y avait pas de problème.
Or, le ministre des Finances pourrait nous indiquer, sans nous nommer de noms
de fonctionnaires, toujours en gardant le secret absolu sous l'identité
de ceux qui ont préparé le mémoire, nous dire où
sont, justement, ces fonds disponibles facilement accessibles tels que l'on
nous les décrivait ce matin. Or, c'est là une autre donnée
de la question sur laquelle il serait intéressant d'avoir de
l'information.
M. le Président, pour ne pas allonger les débats je
dis cela avec humour, mais soyez certains... (16 heures)
M. Grégoire: On va demander que le ministre des Finances
vienne comparaître.
M. Brochu: ... que les motions qui ont été
pré- sentées, en ce qui nous concerne, n'ont pas pour but
d'étirer indûment l'étude du projet de loi. On veut avoir
des explications, on veut avoir des données précises avant que
vous n'y embarquiez la population du Québec.
Vous avez le droit, politiquement, de faire un choix, ce que vous avez
fait. Il y a un objectif sur lequel on s'entend: transformer davantage
l'amiante. Vous avez choisi d'acheter une mine, c'est votre idée; nous,
nous.avons la responsabilité, en tant que membres du Parlement, de poser
des questions et d'avoir les éclaircissements qu'on veut avoir,
immédiatement ou en cours de route, en ce qui concerne ce projet de loi.
Demain matin, nous aurons des comptes à rendre aux gens de chez nous, et
même aux gens de la région de l'amiante qui sont
intéressés, comme on le disait, à avoir davantage de
transformation, mais qui ne sont pas nécessairement prêts à
faire fouiller dans leurs poches pour acheter l'une des mines qui existent et
retrouver le gouvernement du Québec l'un des concurrents, demain matin,
au Québec, en ce qui concerne la production de l'amiante.
C'est là notre rôle. On le prend au sérieux et on le
fait aussi dans le respect de la juridiction ou, si vous le voulez, dans le
respect du pouvoir qu'on reconnaît au gouvernement de faire des choix. Je
pense que le gouvernement doit également nous reconnaître et nous
laisser la responsabilité de poser des questions et d'exiger des choses
au nom de notre population, avant que vous passiez à l'adoption de ce
projet de loi, qui se fait à même ses fonds et qui l'engage pour
les années à venir.
C'est dans ce sens et je tenais à le souligner. Ce n'est pas la
question d'allonger indûment les travaux, chacun a son mode d'approche en
ce qui concerne ces choses. La commission parlementaire étant un outil
démocratique, chacun peut, à l'intérieur des
règlements, tels qu'ils sont organisés actuellement, faire valoir
les points de vue qui sont les siens et ceux qui peuvent être ceux de ses
concitoyens.
Motion réclamant la présence
du ministre des Finances lors de l'étude de la
section III
M. le Président, devant ces faits, je ferais la motion suivante:
à ce stade-ci de nos travaux, avant que nous n'entreprenions
l'étude, article par article, de ce projet de loi 70: Que le ministre
des Finances soit présent lorsque les membres de cette commission seront
appelés à étudier la section III du projet de loi 70
intitulée: Financement, comprenant les articles 11 à 15
inclusivement; qu'il puisse s'y faire entendre sans devoir obtenir la
permission et ce, pour toutes les séances que tiendra ladite commission
relativement à l'étude de ces articles.
M. le Président, je vous fais tenir copie de cette motion.
Des Voix: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Une Voix: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, un
par parti, mais très brièvement puisque cela me semble assez
clair.
M. Forget: Je crois lire, avec votre permission, dans votre
pensée suffisamment au moins pour pouvoir dire que
même si dans le corps même de la motion on a une
référence à la section III et que, pour cette raison, la
présidence pourrait être tentée de déclarer la
motion non re-cevable, étant comme prématurée, il y a
quand même une chose qui doit être dite à ce moment-ci: Dans
l'esprit des remarques que vous avez faites relativement à la
recevabilité des motions à caractère préliminaire,
visant à l'organisation des travaux, la motion du député
de Richmond se rattache précisément à une question
d'organisation des travaux. Ce n'est pas une motion qui porte sur le fond de la
section III, ce n'est pas une motion qui dit: La section III de la loi est
erronée; elle devrait faire l'objet de compléments d'additions ou
de soustractions, mais, en fonction d'une organisation logique des travaux de
la commission, lorsque nous en viendrons là, nous aimerions faire cette
discussion sur le fond en compagnie du ministre des Finances qui pourra
être plus habilité à parler au nom du gouvernement,
là-dessus, que le ministre des Richesses naturelles, puisque c'est de
connaissance publique que c'est le ministre des Finances qui est responsable de
la négociation, de l'acquisition, etc.
C'est donc une espèce de préavis qui est donné au
ministre des Finances, du voeu de la commission, pour l'entendre sur ce sujet.
Cela ne préjuge en rien du fond, cela ne porte pas du tout sur le fond,
c'est typiquement une motion d'organisation des travaux. Quand on parle
d'organisation des travaux, on ne veut pas nécessairement dire
l'organisation des travaux d'aujourd'hui, on veut parler,
présumément, de l'organisation des travaux jusqu'à la fin
des séances de la commission. Si bien que, lorsque, par analogie, on
entend des mémoires ou des groupes qui viennent se présenter ici,
il y a ordinairement une entente entre les formations politiques pour que ceux
qui vont apparaître disposent d'une heure: 20 minutes pour exposer leur
mémoire et 20 minutes pour répondre aux questions du gouvernement
et des deux formations de l'Opposition.
Ce genre de motion parce que cela pourrait être fait par
motion, cette répartition du temps, si ce n'était pas fait de
consentement est tout à fait recevable et appropriée comme
motion de type préliminaire, même si elle s'appliquait pour des
audiences publiques qui seraient tenues à la fin de l'étude,
article par article, par hypothèse, pour étudier la
réglementation. On pourrait, aujourd'hui, décider qu'une fois
qu'on aura fini l'étude article par article, d'un commun accord, on va
s'entendre sur un ordre pour étudier la réglementation. Je ne
sais pas même s'il y a des pouvoirs réglementaires dans ce projet
de loi no 70, je cite cela simplement comme exemple.
Les motions préliminaires, à mon avis, peu- vent porter
sur toute l'organisation des travaux de la commission, durant toute sa
durée, donc peuvent porter indirectement sur des débats qui
auront lieu relativement au dernier article, si l'on veut, à l'article
qui dit que la loi entre en vigueur le jour de sa sanction. On pourrait
prévoir d'avance qu'on va débattre cela et dire: On va donner un
préavis de sanction, on va donner un préavis de mise en vigueur
et on va avoir un débat là-dessus à la fin. On pourrait
prévoir toutes sortes de choses au départ pour des
événements qui vont se situer par la suite et il me semble que
cela n'affecte pas la règle générale que vous avez
annoncée sur la recevabilité, du fait qu'il ne faut pas faire de
motion prématurée.
Ce n'est pas une motion sur le fond, c'est une motion sur l'organisation
des travaux et, à ce compte-là, elle me semble parfaitement
recevable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, M. le député de...
M. Brochu:....
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
non, je suis prêt à rendre ma décision.
M. Brochu: J'aimerais ajouter seulement un petit
élément, si vous permettez, sur la question de la
recevabilité. Comme vous l'avez indiqué vous-même,
sagement, tout à l'heure, vous permettriez pour chaque parti un bref
commentaire.
Alors, M. le Président, simplement pour vous dire ceci. Supposons
que vous nous dites qu'on doive attendre à la section III pour demander
ou pour faire cette motion de demander au ministre des Finances d'être
présent lors de nos discussions et que, lors de cette même
journée, le ministre des Finances ne soit pas disponible parce que non
prévenu, devrions-nous ajourner les travaux de notre commission à
ce moment-là et retarder l'étude article par article du projet de
loi, parce que le ministre des Finances ne serait tout simplement pas
disponible?
Lorsqu'on parle d'organisation de nos travaux, je pense qu'il faut la
voir dans le sens que le député de Saint-Laurent vient de le
mentionner, dans l'ensemble jusqu'à la fin du travail de cette
commission parlementaire. Je pense qu'il ne faudrait pas placer le ministre des
Finances dans une mauvaise situation ni même suspendre le travail. C'est
une politesse élémentaire que de prévenir le ministre de
sa possibilité de comparaître à cette commission
parlementaire.
Alors, au nom de la simple logique, M. le Président, lorsque vous
nous parlez d'organisation des travaux de la commission, je pense qu'il faut
prévoir dès maintenant si la commission se prononcera en faveur
de cette motion, que le ministre des Finances puisse s'organiser pour
être présent, tel que le veut la motion, lorsque nous arriverons
à la section III du projet de loi.
Décision du président
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'allais dire, avant que vous preniez la parole, que
les remarques du député de Saint-Laurent étaient
très subtiles et que ce dernier aurait certes fait un très bon
procureur. Je peux vous adresser la même qualité. Il n'en demeure
pas moins que cette motion me semble prématurée. Par le seul fait
de la présenter, le ministre des Finances sera certainement mis au
courant en lisant le journal des Débats. Du moins, on peut le
présumer. Je pense, strictement, que cette motion est
prématurée, mais j'estime que ce genre de motion pourrait
être présentée lorsque nous arriverons à la section
III.
D'autre part, il ne faut pas oublier qu'une telle invitation n'est qu'un
voeu pieux et que le ministre pourrait toujours la refuser, motion
adoptée ou non. Le ministre pourrait toujours refuser cette invitation
qui demeure, en fin de compte, la même invitation qu'on peut faire
à un organisme de venir à la commission parlementaire.
En ce qui concerne la deuxième partie parce que je pense
qu'il y a deux parties dans votre motion vous dites: Qu'il puisse s'y
faire entendre sans devoir obtenir la permission. J'estime, bien
respectueusement, que si le ministre décide de venir à la
commission, il aura, comme tous les autres, à demander le consentement
unanime des membres de la commission parlementaire à cette occasion,
consentement qui lui sera accordé ou refusé selon la
volonté exprimée par les membres de la commission. Je pense qu'il
appartient au ministre des Finances lui-même de demander que les membres
de la commission lui accordent ce droit de parole lorsqu'il décidera de
venir, s'il y a lieu, et s'il décide de venir à la commission
parlementaire.
Alors, j'estime, malgré vos remarques qui, en fin de oompte,
étaient quand même logiques, que cette motion est
prématurée. D'ailleurs, j'ai déjà rendu des
décisions semblables ainsi que d'autres présidents. Par contre,
je vous dis également que des motions semblables ont déjà
été adoptées et acceptées lorsque la
présence du ministre était demandée dans le cadre de
l'étude d'un article bien précis. Je comprends votre intention
qui est de prévoir que le ministre puisse disposer de son temps, de son
emploi du temps, pour être présent à la commission
parlementaire et j'ai vu d'autres commissions parlementaires où on a
présenté des motions semblables, même par des
députés présents ici, et toutes ces motions ont toujours
été présentées à la section ou au chapitre
ou à l'article où nous avions besoin du ministre en question.
Cette motion était toujours déclarée recevable lorsque la
présidence se rendait compte que la présence du ministre,
effectivement, était pertinente au débat, était
nécessaire au débat. Je pense que les décisions
là-dessus sont nombreuses. Alors, j'estime que votre motion serait et
sera déclarée recevable à partir du moment où la
présidence sentira que cette présence du ministre ou d'un autre
ministre est demandée par les membres de la commission.
Je pense que les motions préliminaires sont ce qu'elles sont et,
dans un sens très large, vous pouvez la qualifier de motion visant
à organiser nos travaux de façon matérielle, mais j'estime
que c'est dans un sens très large. En ce qui me concerne, je ne la
considère pas comme une motion préliminaire acceptable à
ce stade-ci et donc, je la déclare irrecevable.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent. Je me dois ici d'appeler l'article
premier et je cède la parole au député de Saint-Laurent
puisque je pense qu'avant que l'article premier soit adopté, il a des
choses à dire.
M. Forget: C'est cela. Ce matin, nous avons pu explorer les
problèmes de la qualité et de la compétence avec
lesquelles les documents qui ont été déposés le 23
mars ont été fabriqués. Nous nous sommes
arrêtés plus particulièrement aux documents sur la
transformation de l'amiante dont l'auteur est un groupe anonyme, qui s'appelle
groupe de travail sur l'amiante. Je ne veux pas revenir sur cette
discussion-là, mais il y a un autre aspect dans les documents qui nous
ont été distribués le 23 mars que j'ai souligné
seulement en passant ce matin, en indiquant que nous avions l'intention d'y
revenir. C'est la contradiction ou du moins l'incompatibilité
très apparente qui existe entre certaines considérations qui se
retrouvent dans ce document du groupe de travail sur l'amiante, d'une part, et,
d'autre part, des considérations qui se retrouvent dans le document
intitulé "Salubrité", qui n'est attribué à qui que
ce soit, même pas au groupe. Je présume que ce n'est pas du groupe
de travail sur l'amiante puisqu'il aurait été inclus dans l'autre
document. C'est donc par un autre groupe, dont le rattachement
ministériel n'est même pas indiqué. Il contient une analyse
des principales recommandations et constatations du rapport Beaudry sur le
problème de la santé en amiante.
Donc, c'est toute cette question de la problématique, si l'on
veut, de la salubrité et de la santé industrielle dans le secteur
de l'industrie de l'amiante qui est en question; il s'agit du contexte
général dans lequel les initiatives gouvernementales sont prises.
Il est bien sûr que, par la loi 70, le gouvernement démontre son
intention de créer une société de l'amiante pour exploiter
des mines et implanter des entreprises de transformation de l'amiante. Sans
contester d'aucune manière le principe de ce projet de loi, il est
important de savoir dans quel contexte de maintien de normes de santé et
de salubrité ceci pourrait être fait. Est-ce qu'il y a
compatibilité entre le projet gouvernemental tel qu'il est conçu
actuellement, tel qu'on le voit reflété dans le document du
groupe de travail sur l'amiante, d'une part, compatibilité entre cela
et, d'autre part, les constatations et recommandations du juge Beaudry dans le
comité qu'il a présidé et qui sont résumées
dans cet autre document que nous a distribué le ministre? (16 h 15)
Malheureusement, M. le Président, à première vue et
à moins d'explications additionnelles, il
semble y avoir de sérieuses incompatibilités entre les
deux. Je citerai, aux pages 4, 5 et 7, des allusions qui sont faites aux
problèmes de salubrité de l'industrie de l'amiante, dans le
document qui émane du groupe de travail du ministère des
Richesses naturelles; des allusions qui sont presque dérogatoires
vis-à-vis des préoccupations touchant la salubrité. Mon
collègue de Marguerite-Bourgeoys les mentionnait d'ailleurs ce matin. On
dit: "A la faveur de législations émotives, parrainées par
des organismes et des individus qui incriminent l'amiante bien souvent
au-delà de toutes les preuves réelles et scientifiques, etc..
Laissant la voie libre à certains susbstituts dont la découverte
plus récente... ". Donc, on porte un jugement, on dit qu'il s'agit
là... Toutes les législations sur la salubrité et la
santé des travailleurs de l'amiante sont contenues dans des
législations émotives. C'est un jugement assez
sévère; on cite, parmi ces pays qui se sont rendus coupables
d'émotivité législative si l'on peut dire la
Suède, qui a banni complètement l'amiante, la Hollande,
l'Angleterre, la France et les Etats-Unis qui ont des législations en
restreignant les utilisations. On dit qu'il faudra faire une campagne
importante pour rectifier les choses et montrer aux gens que ces craintes sont
sans fondement.
On dit à la page suivante; "Si le Québec devait suivre le
comportement du "Occupational Safety and Health Administration", des
Etats-Unis, les probabilités de transformation additionnelle de la
fibre, au Québec, s'estomperaient rapidement ". C'est écrit en
toutes lettres dans ce rapport du ministère des Richesses naturelles et
on dit en quoi les normes américaines sont plus sévères
que les normes québécoises. On rappelle d'ailleurs
précédemment cette citation: "Toute autre norme plus
sévère que celles suggérées par la commission
Beaudry détruit une hypothèse importante de ce travail ce
rapport de ce groupe de travail sur l'amiante et annule, par le fait
même, la probabilité de ses prévisions". Un peu plus loin
on revient encore une fois sur la référence à des
législations émotives; à la page 7, à la fin,
lorsqu'on parle de recherche et développement: "De plus, la mauvaise
réputation qui entache l'amiante de même que les
législations émotives ont enrayé plusieurs programmes de
recherche et développement dans le secteur des applications de
l'amiante. Certaines compagnies transformatrices cherchent de plus en plus
à diversifier leurs investissements et certaines recherches entreprises
sur des applications de l'amiante auraient, paraît-il, été
abandonnées à cause de cette mauvaise image de l'amiante ". On
blâme ces rumeurs, cette émotivité et on donne très
clairement l'impression, dans cette étude du ministère des
Richesses naturelles, que tout ce projet d'intervention, toute cette politique
gouvernementale repose sur des hypothèses quant aux risques
soi-disant beaucoup moins grands qu'on l'a prétendu pour la
santé des travailleurs affectés par l'industrie d'extraction ou
de transformation de l'amiante. On base tout cela sur les hypothèses
selon lesquelles il s'agit là de bruits émotifs
exagérés. C'est le jugement que porte le ministère des
Richesses naturelles.
Dans cet autre document, qui provient de Dieu sait où, mais qui a
aussi été déposé par le ministre, on trouve un
écho tout à fait différent. A la page 2 on trouve la
phrase suivante: "Les recherches effectuées jusqu'à maintenant
tendent à démontrer que l'inhalation de ces particules d'amiante
par des personnes qui sont en contact, pour des périodes
prolongées, serait responsable de plusieurs maladies". Un peu plus loin,
je cite, au passage, une phrase qui illustre assez bien le caractère un
peu précipité de ce travail qui est évidemment un dossier
de circonstance, dossier fait pour l'occasion, parce qu'il y a des merveilles,
il y a des trouvailles assez savoureuses; elles pourraient être dans le
dictionnaire des citations du parfait parlementaire! On dit, entre autres:
"L'amiantose fibrose pulmonaire; ça a l'air très savant,
on se dit: Cela doit être rédigé par un spécialiste
médical; mais on se détrompe bientôt en continuant... "est
causée par la présence de fibrel-les d'amiante dans les
expectorations". Cela est magnifique, je vous invite à soumettre cela
à des médecins, ils vont s'esclaffer, la maladie est
désormais causée par le symptôme. C'est une
causalité assez extraordinaire qu'on vient de découvrir pour
l'amiantose. Quand vous avez des morceaux d'amiante dans vos crachats, c'est
cela qui cause l'amiantose. J'aurais cru que c'était plutôt
l'inverse. De toute façon, cela a probablement passé
inaperçu pour les gens du ministère qui ont lu ce
résumé, ce petit vade mecum sur le rapport Beau-dry. Quoi qu'il
en soit, on poursuit en disant que c'est un problème sérieux. Par
exemple, on dit à la page 6 et c'est très important
qu'il est actuellement impossible de quantifier la relation dose-réponse
de façon telle qu'il soit possible de prédire avec une bonne
probabilité les risques d'amiantose pour les travailleurs exposés
à une dose donnée. Cela veut dire, en langage plus ordinaire,
que, même en pouvant préciser les normes actuelles et,
évidemment, les normes actuelles sont plus sévères que ce
qui existait dans le passé on ne peut pas, à partir du
respect absolu de ces normes nouvelles et plus sévères,
prédire de façon raisonnablement certaine à quel risque
d'amiantose sont soumis les travailleurs.
Il reste donc un risque, une incertitude considérable quant aux
effets possibles sur la santé des travailleurs actuels et futurs
mêmes résultant du respect absolu des normes actuellement en
vigueur. Ce qui veut dire qu'on a encore beaucoup de choses à apprendre
sur l'amiantose. Il est possible que les normes soient révisées,
c'est une probabilité à laquelle il faut faire face. Un peu plus
loin d'ailleurs, on fait une énumération des points importants
non encore résolus dans l'état actuel des connaissances, et c'est
une liste fort impressionnante.
On dit: "II existe encore de nombreux points importants à
définir concernant l'incidence de l'amiante sur les maladies
professionnelles, dont plusieurs font l'objet de recherches scientifiques
très poussées. Citons, à titre d'exemple ce n'est
donc même pas une liste exhaustive premièrement,
l'importance des caractéristiques physiques, longueur, diamètre,
forme, etc., des pous-
sières d'amiante reliées au pouvoir pathogène de
ces poussières; deuxièmement, le rôle possible dans la
pathogénèse, c'est-à-dire la production d'une maladie,
d'une pathologie, le rôle possible, dis-je, des autres substances
contenues dans les poussières respirées, substances
minérales, fibre de verre, laine minérale, plastiques, etc.;
troisièmement, l'influence du profil d'exposition des individus aux
poussières d'amiante; quatrièmement, les effets sur la
santé d'une exposition prolongée à de faibles
concentrations de poussières d'amiante; cinquièmement,
l'évolution de la maladie après le retrait de l'exposition;
sixièmement, la physiopathologie des maladies; septièmement,
l'évolution naturelles des maladies à savoir à quel moment
débute la maladie, où se situe le début de la maladie par
rapport au début de l'exposition à l'amiante;
huitièmement, la susceptibilité individuelle.
On a donc un tas de choses que l'on ne connaît pas dans un domaine
auquel on s'intéresse depuis relativement peu de temps, et l'on sait
cependant que ("Occupational Safety and Health Administration" des Etats-Unis
promulguait récemment des normes beaucoup plus sévères que
celles qui sont en vigueur au Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, pourriez-vous, s'il vous plaît,
m'expliquer me faire le lien en quoi l'intervention que vous
faites actuellement est liée à une motion que vous allez
présenter et qui a un rapport avec l'organisation matérielle de
nos travaux? Je conçois qu'un député puisse s'exprimer
durant 20 minutes sur un sujet quelconque, mais j'aimerais au moins, même
si vous n'êtes pas obligé de présenter votre motion
immédiatement, avoir une sorte d'indication au préalable, parce
que je ne voudrais pas quand même qu'on profite du fait qu'il n'y a rien
en discussion, il n'y a pas d'article 1, il n'y a pas de motion.
M. Forget: Je suis tout à fait d'accord, M. le
Président.
Vous avez bien raison. J'ai cru l'indiquer suffisamment, mais je n'ai
pas d'objection à y revenir. J'ai indiqué tout à l'heure
que le projet de loi comporte un principe, qui est celui de la création
d'une société d'amiante. Cette société a des
pouvoirs qui sont principalement de faire l'exploitation de mines et,
deuxièmement, de procéder à la mise sur pied d'industries
de transformation. Ce sont-là des éléments qui ont
été approuvés en deuxième lecture et sur lesquels
je n'ai pas l'intention de revenir.
Mais dans quel contexte de maintien de normes de salubrité
élevée de telles décisions et une telle politique
vont-elles s'articuler? Le document gouvernemental du groupe de travail sur
l'amiante nous dit: II y a derrière cette politique, quant à ses
modalités d'application, toute une série d'hypothèses sur
le maintien de normes de santé et de sécurité pour les
travailleurs.
Donc, on ne peut pas vraiment comprendre la portée des principes
qui ont été approuvés en deuxième lecture; on ne
peut pas vraiment saisir selon quelles modalités ils vont s'appliquer,
à moins de faire des hypothèses sur les normes de santé et
de salubrité dans les milieux où la politique gouvernementale va
s'appliquer. C'est donc pour éclaircir, élucider ces implications
que je soulève ces difficultés du côté des documents
qui nous ont été soumis sur ce point de la santé et de la
sécurité. J'essaie de comprendre dans quel contexte le maintien
d'un autre objectif gouvernemental déclaré de protection de la
santé et de la sécurité du travail, cette politique
gouvernementale vient s'appliquer. Quelle garantie, quelle sauvegarde,
peut-être sauvegarde et garantie qui devraient être
mentionnées à certians articles du projet. Je sais que le projet
de loi, quant à lui-même, est silencieux actuellement sur le
maintien de normes de la santé et de la sécurité, mais
peut-être devrait-il y avoir justement des assurances de ce
côté, parce qu'autrement, on approuve...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais,
s'il vous plaît, monsieur...
M. Paquette: ...
M. Forget: ... une politique et c'est le groupe de travail
qui le dit qui est basée explicitement sur l'hypothèse
selon laquelle les normes du rapport Beaudry sont les normes applicables
à jamais.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais,
M. le député de Saint...
M. Forget: Et c'est là-dessus que c'est basé. Si ce
n'est pas vrai, et bien évidemment on est en face d'un tout autre
problème.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends le sens de votre intervention mais la question que je me permets de
poser, c'est en quoi tout cela a un rapport quelconque avec l'organisation
physique et matérielle de nos travaux...
M. Forget: Alors, j'ai une motion, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
Puisqu'en supposant qu'il n'y ait pas d'article qui parle de
salubrité, vous pourriez facilement à l'intérieur du
projet de loi, à un article donné, amender ou même ajouter
un paragraphe à un article pour justement qu'il en soit question. Alors,
je voulais savoir en quoi cela avait un rapport avec l'organisation de nos
travaux.
Motion pour entendre le ministre
délégué à l'environnement
M. Forget: Oui, j'ai une motion qui nous permettrait d'entendre
d'ailleurs un des membres de cette commission qui a brillé par son
absence jusqu'à maintenant, le ministre de l'environnement ou des
personnes qu'il voudrait déléguer, s'il préfère que
ce soit des spécialistes qui viennent éclairer la commission
à sa place. Il serait difficile pour
l'Opposition de suggérer l'inclusion, dans un projet de loi
créant une société de l'amiante, de normes relatives
à la santé et à la sécurité des travailleurs
de cette société, en particulier. Donc, la voie d'un amendement
à un article subséquent est assez difficile à imaginer. Ce
que l'on voudrait savoir, c'est dans quel contexte s'inscrit l'initiative
gouvernementale de créer une société de l'amiante pour
accroître le degré de transformation et probablement aussi
accroître l'exploitation du minerai lui-même? Les documents du
gouvernement nous disent que c'est relié à des hypothèses
sur la santé et la sécurité. J'aimerais que le ministre de
l'environnement, un des membres d'ailleurs de cette commission, et ou ses
fonctionnaires, puissent éclairer la commission, puissent se faire
entendre dès aujourd'hui, si possible il n'y a pas de
délai, on ne cherche pas de délai là-dedans ce soir
à huit heures, s'il est disponible, s'il est consentant devant la
commission afin de renseigner les membres et les intervenants de cette
commission sur les problèmes d'environnement qui ont été
mentionnés par plusieurs groupes, qui ne sont pas des groupes
spécialisés dans ces questions, problèmes qui s'ont
apparus devant la commission parlementaire et qui vont éclairer le reste
de nos travaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
M. le député de Saint-Laurent, étant fidèle
à la décision que j'ai déjà rendue...
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que vous permettez une
intervention sur la recevabilité, s'il vous plaît? Je sais qu'il y
a deux points que je voudrais soulever avec votre permission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Allez-y
brièvement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. (16 h
30)
M. Lalonde: Cette motion a pour effet d'inviter quelqu'un
à se faire entendre devant la commission. Vous avez mentionné, ce
matin, une liste que vous avez, je pense, qualifiée de non exhaustive,
de motions préliminaires. Du genre de motions préliminaires
admissibles et parmi celles que vous avez mentionnées, il y avait celle
de requérir une personne à se présenter devant la
commission. On sait qu'un article en particulier permet à une commission
de requérir une personne à se faire entendre et vous savez aussi,
M. le Président, que traditionnellement, on peut aussi, à une
commission parlementaire faire un voeu, ce n'est qu'un voeu mais on a le droit
de le faire. Faire un voeu demandant que quelqu'un soit entendu, donc,
l'inviter. Je voudrais aussi mentionner le caractère
préliminaire, insister sur le caractère préliminaire de
cette motion. Cette motion suit immédiatement et directement un document
qui a été remis à cette commission, pas
déposé, remis aux membres de cette commission lors de la
réunion de cette commission, la dernière réunion avant le
congé pascal, et document qui avait fait suite à des motions
préliminaires. Nous sommes encore à ce stade des motions
préliminaires. Comme motions préliminaires, nous avions
demandé certains renseignements et nous avons reçu ce document;
immédiatement, à la suite de ce document, dans le même
caractère préliminaire, nous disons: "Nous devons attendre
quelqu'un d'autre pour nous éclairer davantage." C'est donc avant
d'aborder l'étude article par article; cela concerne toute l'allure de
nos travaux.
Pour résumer, il y a deux points. C'est encore à la suite
des travaux préliminaires que nous faisons cette motion,
premièrement, et deuxièmement, c'est tout à fait dans le
cadre des motions préliminaires, dans le sens que celle-ci ne fait que
requérir une personne ou inviter une personne à se
présenter devant la commission, motion que vous avez incluse dans vos
exemples de ce matin. Vous souvenez-vous aussi comme exemple, en
terminant, M. le Président lors de l'examen du projet de loi,
soit no 1 ou 101 il faudrait que je consulte la transcription pour vous
donner la référence exacte la commission avait ainsi
invité le ministre de l'Education et, si ma mémoire est bonne, il
était venu à cette commission, il s'était
présenté. Je ne pourrais pas vous dire, toutefois, au point de
vue procédure, si la motion avait été...
M. Paquette: II s'est présenté en tant que
membre.
M. Lalonde: II s'était présenté en tant que
membre, comme on invite le député de Lafontaine, le ministre
d'Etat à l'environnement à le faire. Alors il y a un
précédent, je pense, qui est tout à fait pertinent, dont
vous devrez tenir compte, M. le Président, pour déterminer la
recevabilité de cette motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: Sur la recevabilité, M. le Président.
Concernant les deux points mentionnés par le député de
Marguerite-Bourgeoys au sujet de la présence du ministre de l'Education
lors de la commission parlementaire de la loi 101, je tiens à lui
rappeler et on pourra consulter les transcriptions du Journal des
Débats à ce sujet que le ministre de l'Education ne
s'était pas présenté à la commission suite à
l'adoption d'une motion de la commission parlementaire, mais de son propre
gré, étant mis au courant que la commission parlementaire
désirait le rencontrer, et aussi devant le fait que le projet de loi,
sous certains aspects, était relié à ses
responsabilités ministérielles, ce qui n'est pas le cas ici.
Concernant le projet 101, le ministre de l'Education, conscient que certains
articles concernaient ses responsabilités ministérielles, avait
accepté d'assister en tant que membre à cette commission
parlementaire. Le cas de la motion que nous avons devant nous est tout à
fait différent et on sent que motion après motion, tous les
ministres du cabinet vont y passer l'un après l'autre. On a
commencé par le ministre des Finances, on est rendu au ministre de
l'environ-
nement et bientôt cela va être le ministre des Loisirs. Au
cas où des activités de loisirs seraient prévues pour les
travailleurs, ce qui aurait une incidence sur les coûts et
éventuellement sur la rentabilité de l'entreprise. Non, je vais
être plus précis. On a une motion qui est censé être
une contribution à l'organisation de nos travaux. Alors, il faut
définir qu'est-ce que c'est que nos travaux. Nos travaux concernent
l'étude article par article du projet de loi 70, qui crée une
société nationale de l'amiante. Or le député de
Saint-Laurent, dans la présentation de sa motion tout à l'heure
reconnaît qu'aucun amendement concernant la salubrité dans les
mines d'amiante, ne pourrait être présenté par
l'Opposition, qu'il n'y a aucun endroit dans le projet de loi où on
pourrait faire un amendement concernant la salubrité. C'est
vous-même qui avez dit tout à l'heure qu'aucun amendement
concernant la salubrité ne pouvait être fait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... M.
le député de Rosemont.
M. Paquette: C'est donc qu'une convocation du ministre de
l'environnement n'est pas reliée à nos travaux parce que le
ministre de l'environnement ne peut apporter un éclairage à nos
travaux concernant l'étude article par article du projet de loi. Tel que
le reconnaît le député de Saint-Laurent, cette motion, si
elle était déclarée rece-vable par la présidence,
M. le Président, nous autoriserait à convoquer à peu
près n'importe qui, aussi bien le ministre des loisirs, des sports, ou
toute personne, que leur présence soit reliée ou non aux travaux.
Je soutiens que la présence ici du ministre délégué
à l'environnement n'est pas reliée à ce projet de loi.
D'autres projets de loi nous arriveront, dans la prochaine session, concernant
la santé et la sécurité des travailleurs, et le ministre
délégué à l'environnement pourra y être
concerné. Mais, dans le projet de loi 70, M. le Président, de
l'aveu même du député de Saint-Laurent, ce n'est absolument
pas relié à nos travaux et cela ne concerne donc pas
l'organisation de nos travaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Non...
M. Gratton: M. le Président, est-ce que je pourrais vous
demander une directive? Est-ce qu'on vient de débattre la
recevabilité de la motion?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Gratton: J'avais l'impression que c'était une question
de fond que soulevait le député de Rosemont.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comme je
l'ai dit ce matin, je pense qu'il y a une décision qui fait
jurisprudence dans le domaine des motions préliminaires et je suis
sûr que le député de Gatineau la connaît fort bien,
parce que je pense que c'est lui qui l'a rendue, en date du 18 juillet 1974,
relativement à la loi 22...
M. Gratton: J'ai fait beaucoup d'erreurs, vous savez!
M. Grégoire: ...
Décision du président
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Frontenac! Elle indique que le
mandat d'une commission élue, après la deuxième lecture,
c'est l'étude du projet de loi article par article; une fois qu'on a
disposé des motions préliminaires très peu nombreuses, le
président doit appeler l'article 1. M y a d'autres décisions qui
nous disent que les motions préliminaires doivent viser à
l'organisation matérielle de nos travaux.
J'ai déjà dit le député de
Marguerite-Bourgeoys a raison et je l'ai même
répété à plusieurs reprises, qu'on pouvait
considérer l'invitation faite à une personne de venir
témoigner comme étant un genre de motion préliminaire que
peut accepter la présidence. D'autre part, la décision du 18
juillet 1974 me semble très claire: c'est que le président peut,
à un moment donné, déclarer que ces motions
préliminaires peu nombreuses sont terminées et que le
président peut décider d'appeler l'article 1. Or, dans le cas
présent, même si j'ai déjà déclaré
recevable une motion semblable invitant un groupe de travail à venir
témoigner, il est manifeste qu'aucun article du projet de loi ne parle
actuellement de salubrité, de telle sorte qu'aucun amendement ne
pourrait être apporté pour amender le projet de loi sur cette
question. Je pense que c'est la meilleure preuve que cette motion du
député de Saint-Laurent rejoint un principe du projet de loi et
non pas les modalités d'un projet de loi, puisqu'on admet
généralement qu'aucun amendement ne pourrait être
présenté à ce sujet.
En conséquence, je déclare cette motion du
député de Saint-Laurent irrecevable, pour les raisons que je
viens d'évoquer, et j'appelle l'article 1 du projet de loi.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, au début de nos
travaux, à plusieurs reprises, le ministre des Richesses naturelles a
décidé de quitter nos délibérations, de s'absenter,
et voilà qu'aujourd'hui, juste au moment où on aborde
l'étude de l'article 1 du projet de loi, le même ministre brille
par son absence. Nous n'avons pas le gouvernement avec nous. Nous aimons avoir
le gouvernement devant nous, nous, de l'Opposition officielle. J'avais dit,
à ce moment, que, compte tenu du déroulement de nos travaux, je
proposerais la suspension de nos travaux aussi longtemps que le ministre ne
daignerait pas condescendre à participer avec nous aux
délibérations de la commission.
Je propose donc que la commission suspende ses travaux jusqu'à ce
que le ministre des Richesses naturelles se présente à la
commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'avais
déjà prévu ce genre de motion, est-ce que je pourrais
suggérer au député de Marguerite-Bourgeoys,
conformément à l'article 157, qu'il propose que la commission
ajourne ses travaux, sans condition? Dans un préambule, il peut
expliquer les raisons de sa motion, mais en vertu de l'article 157, en
commission élue un député peut proposer que la commission
ajourne ses travaux.
Motion sur l'ajournement des travaux
M. Lalonde: Alors, M. le Président, je propose que la
commission ajourne ses travaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
je déclare la motion recevable et reçue et elle est
débattable. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Alors, M. le Président, voilà que nous
abordons l'examen de l'article 1 du projet de loi, après avoir
disposé de plusieurs motions préliminaires, et nous n'avons pas
de représentants du gouvernement pour nous donner les renseignements,
répondre à nos demandes, donner les réponses
nécessaires, donner les indications indispensables à la bonne
marche des travaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît, pour le
bénéfice de tous les membres, j'aimerais dire qu'en vertu de
l'article 157, deuxièmement, ces motions sont mises aux voix sans
amendement et elles ne peuvent être faites qu'une seule fois au cours
d'une même séance. Sauf par un ministre, elles ne peuvent
être débattues, sauf qu'un représentant de chaque parti
reconnu peut prononcer un discours de dix minutes chacun, à cet
effet.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie quand
même de l'avoir mentionné, je connaissais l'existence de cet
article qui, je l'espère, pourra quand même trouver son
application dans le sens suivant. J'espère que le ministre ne
s'absentera pas plus d'une fois au cours d'une même séance, parce
que l'Opposition ne pourra invoquer cet article qu'une fois.
Alors, nous allons, à ce moment-là, devoir simplement
écouter des députés ministériels, l'adjoint
parlementaire qui pourra peut-être donner son opinion personnelle sur
certaines questions. J'ai demandé au ministre, il y a quelques jours,
si, lors de son absence, il autorisait son adjoint parlementaire à
parler en son nom. Le ministre fort sagement a refusé. C'est la seule
chose sage que je l'aie vu faire depuis que nous avons commencé depuis
le début des travaux.
Si le ministre a fait preuve de sagesse, M. le Président, cela ne
règle quand même pas notre problème. Nous sommes ici entre
députés et nous n'avons pas de gouvernement, à la
commission parlementaire. Nous avons un projet de loi qui engage le
gouvernement, qui est présenté par le gouvernement, et le
gouvernement n'est pas là. Je regrette de faire cette motion. C'est la
première fois que je fais une telle motion et j'ai participé
comme vous le savez à peu près à toutes les commissions
parlementaires un peu longues depuis le commencement de ce Parlement.
N'eût été l'attitude arrogante et puérile du
ministre qui, depuis le début de nos travaux, refuse de répondre
à nos questions, qui lit son journal ou s'occupe de ses dossiers pendant
que nous délibérons, je ne l'aurais pas fait mais le ministre
devra, comme ce gouvernement, se rendre compte que l'Opposition est un
élément essentiel au processus parlementaire et que l'on doit
traiter l'Opposition de la même façon que l'on doit traiter la
population. Nous représentons ici une certaine partie de la population.
La majorité, je crois, si l'on se rapporte au vote du 15 novembre et
d'autant plus si on se rapporte aux sondages plus récents.
Je pense que cette motion devrait être approuvée. Je pense
que les députés ministériels d'ailleurs se sentiraient
beaucoup plus en sécurité avec le ministre qui peut leur dire de
quelle façon voter, de quelle façon réagir aux propos de
l'Opposition, à ses suggestions. Nous allons avoir des amendements
à suggérer aux divers articles et les députés
ministériels sont un peu démunis. Ils ne savent même pas le
nom... A moins que le député de Frontenac nous ait
préparé une petite surprise, les députés
ministériels ne connaissent même pas le nom des membres du groupe
de travail. Enfin, il s'est refusé à dire s'il le savait. Le
député de Frontenac a refusé de répondre ce
matin.
Alors, ne connaissant même pas le nom de ceux qui ont conçu
la politique que l'on nous propose actuellement, comment voulez-vous que, nous,
de l'Opposition officielle, ayons des réponses à nos questions et
puissions délibérer, dans une certaine mesure
d'efficacité, des amendements que nous allons proposer? J'espère,
si la motion n'est pas adoptée, au moins qu'elle sera
considérée par le gouvernement, par le ministre en particulier,
comme une indication très sérieuse de l'attitude que l'Opposition
entend avoir à cette commission, à savoir de ne pas se laisser
charrier, de ne pas se laisser "bulldozer" par le gouvernement. (16 h 45)
Notre attitude nous amène, nous apporte naturellement des
quolibets et même des injures de la part des députés
ministériels comme le député de Rosemont, qui nous a
taxés de mauvaise foi, ce matin. Je ne pense pas que ce qualificatif
puisse entrer dans le cadre du règlement qui défend à un
député de prêter des motifs indignes à un
collègue. Il reste, toutefois, que nous croyons que le gouvernement
s'avance dans cette politique sans préparation, qu'il n'a pas les
réponses, il ne nous a pas donné les réponses que nous
avons demandées et que la population est en droit d'avoir sur le
bien-fondé de ses décisions. Nous ne faisons que notre devoir,
comme Opposition, nous avons l'intention de le faire le plus vigoureusement
possible à l'intérieur du règlement, pour amener le
gouvernement à changer d'idée, à modifier sa position
pour au moins donner des réponses à nos
interrogations.
La motion qui permettrait à notre commission d'ajourner ses
travaux permettrait, en même temps, par voie de conséquence, au
ministre d'être avec nous, à la prochaine occasion. Je pense que
les députés ministériels devraient se rendre compte que
sans l'ouverture d'esprit, sans la collaboration minimale, et il y a une
collaboration minimale indispensable à notre processus
législatif, sans cette collaboration, nos travaux vont se trouver
constamment bousculés, constamment hypothéqués et le
produit fini de notre commission, c'est-à-dire le projet de loi, s'en
trouvera lui-même hypothéqué, s'en trouvera
marqué.
C'est donc, en conclusion, un avertissement très sérieux,
très modéré, mais très sérieux que nous, de
l'Opposition officielle, voulons faire au gouvernement et en particulier au
ministre, de changer son attitude puérile, d'aborder l'étude de
ce projet de loi, qui est son projet de loi, avec un esprit positif, un esprit
ouvert. Autrement, nous allons rendre un mauvais service à la
population, nous allons lui donner un projet de loi qui ne reflétera pas
réellement l'intention de la majorité de la population.
Alors, j'invite donc tous les membres de cette commission à
réfléchir à cette question de l'importance pour le
gouvernement de collaborer avec nous, de participer aux travaux de cette
commission avec un esprit ouvert, avec un esprit de collaboration et de
répondre à nos questions non pas comme si elles étaient
des questions pièges.
Nous avons posé des questions tout à fait pertinentes,
mais on dirait que le ministre, en particulier, s'imagine que, parce qu'une
question vient d'un député de l'Opposition, elle doit
déjà être considérée comme non avenue, comme
étant piégée. C'est la population qui se pose des
questions, nous ne sommes que les porte-parole bien modestes de la population
et dans cette optique, je pense que le gouvernement et le ministre devraient se
faire un devoir de changer d'attitude actuellement.
A compter de l'article 1, nous n'avons procédé qu'à
des motions préliminaires dont, vous le savez, la recevabilité
est toujours une question difficile. Vous l'avez fait, je pense vous avez agi
avec beaucoup de compétence jusqu'à maintenant dans ces
situations difficiles, mais nous allons aborder des questions beaucoup plus
faciles, des questions d'amendement à des articles et aussi le
règlement qu'il faut toujours respecter. Mais si le ministre ne change
pas d'attitude, j'espère qu'il m'écoute actuellement, nous ne
pourrons pas avoir un projet de loi valable lorsque nous allons terminer nos
délibérations.
M. Paquette: M. le Président, l'article 96, très
brièvement; je voudrais rectifier les propos que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que c'est à la suite d'un discours que vous avez prononcé?
D'accord.
M. Paquette: Oui, le député de Marguerite-
Bourgeoys a tiré de son contexte une déclaration que j'ai
faite ce matin, en taxant les députés de l'Opposition officielle
d'être de mauvaise foi. Je tiens à dire, M. le Président,
que c'est très facile de tirer une citation de son contexte. Je faisais
référence à l'entente qui est survenue il y a deux
semaines, lorsque nous avons décidé d'inviter un certain nombre
d'organismes. Il était entendu entre tous les partis que cette liste
allait être limitative et qu'on s'entendait pour accepter tous les
groupes proposés par l'Opposition. C'était uniquement sur cette
base-là que j'ai affirmé ce matin, et je le maintiens, que
l'Opposition était de mauvaise foi, puisque, depuis ce temps-là,
on a motion sur motion pour inviter de nouveaux organismes, alors que tous les
partis s'étaient entendus pour limiter la liste d'organismes aux
personnes et aux groupes qu'on a entendus il y a une semaine.
M. Lalonde: L'article 96, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
savez qu'il n'y a pas de débat. Très brièvement, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Non, quand même, je remercie M. le
député de Rosemont; je me demandais à quel
événement en particulier il faisait référence. Je
dois quand même rectifier parce que, naturellement, il se
réfère à des propos que nous avons tenus à ce
moment là, il y a à peu près deux ou trois semaines.
Lorsque nous nous sommes entendus pour limiter la liste des personnes que nous
devions entendre, lors de cette série de séances d'auditions
publiques, nous nous étions, de bonne foi limités à ces
organismes sur lesquels nous nous sommes entendus. Mais ce n'était pas
là une façon de renoncer d'avance à entendre d'autres
personnes dont le témoignage devient nécessaire au fur et
à mesure que nos travaux se déroulent, M. le Président. Je
pense que c'est important parce que ce n'était pas du tout dans le
contexte de l'entente. Lorsque le ministre nous dépose d'autres
documents... Le député de Rosemont, quand même,
reconnaîtra que les motions que nous avons faites aujourd'hui pour
entendre le ministre de l'environnement et aussi le groupe de travail, c'est
directement relié à des documents qui nous ont été
déposés après les auditions publiques et je pense que,
là-dessus, c'est important que la bonne foi des députés
soit rétablie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, sur la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Je comprends, à
un certain moment, que le ministre puisse être indisposé par la
lourdeur des mécanismes parlementaires. Cela peut s'expliquer. Je
comprends aussi que le ministre puisse avoir énormément de
travail à faire. On en a nous aussi, on a des comtés à
représenter et on a le directeur qui vient chez nous. Cela aussi se
comprend. Cependant, je pense que le ministre a quand même
une responsabilité, celle de voir à l'adoption de son
projet de loi. C'est ce qu'il s'est fixé lui-même comme objectif.
En acceptant la responsabilité de ministre des Richesses naturelles, je
pense qu'était contenu implicitement aussi dans l'acceptation d'une
telle responsabilité le fait de devoir prendre des moyens pour mener
à bonne fin, justement, l'ensemble de son domaine de juridiction.
Maintenant, le gouvernement, en particulier le ministre des Richesses
naturelles, a choisi la voie de la loi 70 pour atteindre ses objectifs dans le
dossier de l'amiante. C'est pour cela que je trouve extrêmement
pénible, disons-le, de constater que le ministre s'absente de la
commission parlementaire pendant que nos discussions ont cours, parce que sa
première responsabilité, celle qu'il s'est lui-même
fixée en acceptant son poste, c'est de l'assumer jusqu'au bout et
à l'intérieur des règles démocratiques qui
régissent cette assemblée, comme également la commission
parlementaire.
C'est pour cela, je pense, que le ministre va devoir
réévaluer un peu, M. le Président, et je souligne cela
bien honnêtement, toute son approche de la commission parlementaire et
également du parlementarisme. Je ne dis pas que c'est cela, je ne
souhaite même pas que ce soit cela. J'espère que ce n'est pas de
l'intolérance à l'endroit d'opinions diverses ou d'opinions
opposées à celles que lui-même a émises ou que ses
collègues ont émises parce qu'à ce moment-là, c'est
une brèche dans la conception même de la démocratie. J'ai
vécu d'autres années dans ce parlement-ci, d'autres choses aussi;
je l'ai mentionné l'autre jour et j'y reviens parce que c'est
important.
J'ai vécu les moments où le Parti québécois
était le parti de l'Opposition. Je le rappelle. Et le Parti
québécois a joué son rôle à ce moment quel
que soit le contenu des opinions qu'il a exprimées. Il y a
différents débats qui ont eu lieu à cette table même
de commission parlementaire où j'étais présent. Je me
rappelle, entre autres, du projet de loi 27 qui avait été un
projet de loi longuement discuté aussi avec le ministre Saint-Pierre
à l'époque. Il y a eu des amendements, des discussions, des
retours, tout ce que vous voudrez.
Par contre, les discussions ont eu lieu à la table. Au bout de la
ligne, la loi a été adoptée comme d'autres
également dans le même cas. Mais, quand même, selon nos
règles démocratiques, celles qui régissent une
assemblée délibérante comme la nôtre. Au bout de la
ligne, le gouvernement, avec sa majorité, si vous voulez, dans certains
cas, à épuisement des discussions, a adopté sa loi et en a
assumé l'entière responsabilité. Mais jusqu'à ce
que cet objectif soit atteint, c'est là que je dis qu'on ne doit pas
faire montre d'intolérance, au contraire. Même si ces lourdeurs
sont présentes dans nos délibérations, même si
parfois des opinions émises par d'autres membres de la commission ne
rejoignent pas du tout les nôtres, sont diamétralement
opposées aux nôtres, à ce moment, on doit avoir la
responsabilité de les écouter, de les entendre et ensuite de
décider, tout simplement.
Au bout de la ligne, on ne vous reprochera pas d'avoir pris une
décision. On pourra vous en reprocher le contenu, si vous voulez, selon
la décision que vous prendrez en ce qui concerne le projet de loi no 70.
Vous avez, en tant que gouvernement, le plein pouvoir de le faire. Mais encore
faut-il que vous soyez là. Je pense que cet élément est
important. Même si, dans l'esprit de certains, des discussions qui ont
lieu ici peuvent apparaître futiles au point de départ, elles font
partie de notre appareil démocratique et on est en droit, en ce qui nous
concerne, de poser les questions qu'on a posées. Même si on n'a
pas eu de réponse.
Prenons simplement l'exemple de ce matin lorsqu'on a demandé que
soient révélés les noms de ceux qui ont fait
l'étude sur laquelle le ministre s'est appuyé pour faire ce
projet de loi 70. Le ministre a refusé de donner les noms. C'est son
droit. On a demandé, en un autre temps, que ces gens comparaissent,
qu'on puisse leur poser des questions. On nous a refusé cela. C'est
votre droit. On en a discuté. Vous étiez au moins ici. Mais
là, qu'est-ce qu'on a en avant de nous autres? On n'a pas de ministre,
et c'est pourtant lui le premier responsable de la loi. Dans ce sens, je
demande sincèrement au ministre, en tant que parlementaire, de
réviser sa position en espérant que ce ne soit pas une forme
d'intolérance que de vouloir accepter plus longtemps les discussions qui
ont cours autour du projet de loi 70. Que ce soit avant d'aborder l'article 1
ou au cours des articles. Je sais, c'est prévisible, et tout le monde le
sait, que l'étude du projet de loi va être laborieuse.
Le travail pour l'étude du projet de loi va être laborieux
jusqu'au bout. Au bout, vous aurez votre projet de loi tel qu'il sera à
ce moment et vous en aurez la responsabilité parce que vous êtes
le gouvernement. Par contre, nous pouvons avoir des opinions différentes
sur le contenu à tel ou tel article, et c'est notre devoir et notre
responsabilité de le faire savoir, d'un côté. D'un autre
côté, de demander, comme je l'ai indiqué, des
précisions sur ce que j'ai appelé cette aventure de l'amiante, la
différence entre la rentabilité d'une entreprise et l'image qu'on
peut se faire de ces choses. C'est dans ce sens, M. le Président... Bon,
c'est bien cela. Je vois entrer le ministre, c'est bien cela.
M. Bérubé: On est ravi de me revoir.
M. Brochu: Oui, je suis ravi de vous voir parce que, justement,
c'est votre responsabilité, M. le ministre, d'être ici. Je suis
content que vous soyez revenu. J'espère que cette motion n'aura à
être présentée qu'une seule fois. Comme je vous le disais
tantôt, c'est une question d'opinion. Mais il ne faut pas, parce qu'on
est d'un côté de la table, s'imaginer que toute la
vérité s'y trouve en même temps. Je pense que c'est
là qu'on peut aborder nos travaux dans une autre optique, arriver
à des conclusions beaucoup plus intéressantes et faire en sorte
que nos débats soient beaucoup plus sereins.
C'est pour cela que je suis content de voir revenir le ministre.
J'espère que c'est un signe qu'il a changé sa perception de la
commission parle-
mentaire, peut-être un peu de la démocratie aussi, et que
c'est un signe de son intention d'être présent au cours de nos
délibérations jusqu'au bout, jusqu'à l'adoption, si c'est
sa volonté, du projet de loi no 70.
M. le Président, je vous remercie de m'avoir permis ces quelques
remarques. J'attendrai avec impatience la réponse du ministre à
ce sujet puisque cela revêt peut-être plus que toute autre chose
dans le présent débat une importance capitale parce que c'est
l'attitude d'un ministre qui a la responsabilité d'un ministère
et de l'adoption d'un projet de loi qui est en cause. (17 heures)
II ne faudrait pas que cela devienne un exemple négatif pour
l'ensemble non plus et que ce soit interprété comme un geste
déplorable.
M. le ministre, je pense que là-dessus vous avez la parole. C'est
à vous d'établir les coordonnées telles qu'elles sont.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je pense qu'il
faudrait un peu rétablir la situation en commençant d'abord par
dire que c'est bien beau des fois de voir une paille quand il y a une poutre
dans notre oeil. Je me rappelle que le député de Saint-Laurent,
l'autre jour, a présenté une motion ici. Cela s'est
débattu pendant une heure et demie, une heure et quarante minutes et,
lorsqu'est venu le temps de voter sur la motion du député de
Saint-Laurent, il n'y avait pas un seul libéral ici à la table
des délibérations, pas un seul pour voter.
M. Lalonde: Ce n'était pas pour voter.
M. Grégoire: Cela commence à les choquer.
M. Gratton: Une question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît. M. le député de Gatineau, s'il
vous plaît.
M. Gratton: Ce sont tous des mensonges.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît.
M. Paquette: Non, mais c'est sur le droit de parole du
député de Gatineau.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Gatineau est membre de la commission.
M. Paquette: C'est parce qu'on n'a pas la même liste.
M. Grégoire: Quand a-t-il été nommé
membre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, s'il vous plaît. M. le
député de Gatineau sur une question de règlement.
M. Grégoire: Quand a-t-il été choisi
membre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'a
pas été choisi membre; il a été
désigné membre par la présidence au début de la
commission parlementaire.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Vous n'avez pas d'objection que je pose une question
de règlement.
M. Paquette: On se posait la question tout simplement; on ne veut
pas que tout le monde parle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il appartient à la présidence de poser ce genre de
question.
M. Grégoire: Sans se choquer, vous le dites et on est
d'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que, quand le président accorde le droit de parole à un
député, c'est parce qu'il sait qu'il est membre et qu'il a le
droit de parole. M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, on a réellement
l'impression qu'ils font de l'obstruction systématique de ce
côté. Je voudrais vous demander simplement, en vertu de quelle
disposition du règlement le député de Frontenac est en
train de parler. Est-ce qu'il parle sur la motion d'ajournement du
député de Marguerite-Bourgeoys? Malheureusement, je pense qu'en
vertu de l'article 157 il n'en a pas le droit, puisque le député
de Rosemont a déjà parlé sur la motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non.
M. Gratton: Non, je m'en excuse.
M. Paquette: C'est en vertu de l'article 96.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Retournons au député de Frontenac.
M. Gratton: Je suis tout oreilles.
M. Grégoire: J'espère, M. le Président, que
l'Opposition ne commencera pas à nous mettre le bâillon et
à vouloir nous empêcher de parler. On les laisse parler, on les
écoute même s'ils n'ont rien à dire. J'espère que le
député de Gatineau n'est pas envoyé ici pour essayer de
nous imposer le bâillon et essayer de nous empêcher de parler.
M. Lalonde: C'est toujours agréable quand le
député de Frontenac parle, parce que c'est souvent
drôle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: Cela me fait plaisir. Cela fait
déjà trois semaines qu'on est en face l'un de l'autre, le
député de Marguerite-Bourgeoys et moi. Il m'a dit l'autre jour
qu'on continuerait jusqu'à Noël. Je pense bien qu'après dix
mois...
M. Lalonde: Je n'ai pas dit quelle année, par exemple.
M. Grégoire: Non, vous n'avez pas dit quelle année,
peut-être 1979, 1980.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion, s'il vous plaît.
M. Grégoire: Justement sur la motion, je suis heureux de
l'avoir en face; je pense qu'après dix mois je vais commencer à
le connaître très bien.
Je reviens donc au fait que l'autre jour il y a eu un vote sur une
motion présentée par le député de Saint-Laurent.
Alors qu'il y a deux membres votants du Parti libéral sur cette
commission, il n'y en avait aucun de présent pour voter sur leur propre
motion. C'est rare que le proposeur de la motion ne soit pas là pour
voter pour sa motion...
M. Forget: On a fait cela pour vous avantager.
M. Grégoire: ... et que son collègue qui a droit de
vote ne soit pas là.
M. Forget: Les intervenants, c'est pour réduire le quorum
nécessaire par la majorité. On a fait cela pour vous aider.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Saint-Laurent.
M. Grégoire: M. le Président, je dis que c'est
rare. Je pense que cela doit être un précédent dans
l'histoire parlementaire québécoise, canadienne et britannique de
voir un proposeur de motion n'être même pas là pour voter
pour sa motion.
M. Forget: On est le seul Parlement qui donne autant de
liberté à la majorité pour s'absenter du Parlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Grégoire: J'ai trouvé cela bon. Aujourd'hui, on
reproche au ministre d'être absent, alors que nous ne sommes même
pas à étudier la loi. On n'étudie même pas la loi
encore. Comme vous l'avez dit, M. le Président, on étudie les
préparatifs matériels en vue d'étudier la loi, article par
article, selon l'ordre qui nous a été donné.
M. Gratton: Le président s'apprête à appeler
l'article 1. Aussitôt que vous allez finir, il va appeler l'article
1.
M. Grégoire: Depuis trois semaines qu'il l'appelle
l'article 1 et on n'est jamais dessus l'article 1, parce qu'il y a toujours un
député de l'Opposition qui arrive avec une motion
irrecevable.
M. Lalonde: On va y arriver un jour. On veut qu'il soit
là.
M. Grégoire: Mais on n'est pas pressé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Grégoire: Je comprends très bien le ministre,
lorsque nous sommes sur les préparatifs matériels de
l'étude de la loi. On n'est pas sur l'étude de la loi.
M. Forget: Ce n'est pas important de se préparer.
M. Grégoire: II s'est préparé, il est
prêt et beaucoup mieux que l'Opposition; il a les réponses. Je
vous ferai remarquer, M. le Président, que, quand l'Opposition parle, je
ne l'interromps pas, je la laisse aller.
M. Lalonde: Vous êtes tellement agréable.
M. Grégoire: Dès que je prends la parole,
voilà qu'ils sont tous les trois ou tous les quatre, ils font venir des
renforts pour essayer d'interrompre. Ce n'est pas conforme au règlement.
Vous parlez du règlement, commencez par l'observer.
En fait, vous manquez d'expérience dans l'Opposition, laissez-moi
vous dire cela! Vous manquez d'expérience! Cela ferait du bien que vous
alliez prendre de l'expérience. Moi, j'ai déjà
été dans l'Opposition. On a déjà eu des projets de
loi à étudier article par article et si j'avais eu à faire
de l'opposition à votre place sur la loi de l'amiante...
M. Lalonde: Cela ne vous a pas amélioré.
M. Grégoire: ... je ne ferais pas comme vous faites
présentement. Il me semble que si vous vouliez vous montrer
sérieux tout en faisant opposition au projet de loi, vous le feriez sur
la loi elle-même. N'arrivez pas avec toutes sortes de mesures dilatoires.
J'en voyais sortir tout à l'heure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion, s'il vous plaît.
M. Grégoire: Depuis tantôt qu'on est en dehors du
sujet, M. le Président, je pense que vous le savez. Le
député de Saint-Laurent a parlé longtemps tantôt sur
l'amiantose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
non, il n'a pas parlé sur cette motion.
M. Grégoire: Faites-la au moins sur la loi
elle-même. Là, vous n'êtes pas sur la loi elle-même.
Vous savez que le président refuse une motion concernant le ministre des
Finances et vous
arrivez avec une motion concernant le ministre
délégué à l'environnement. Après, vous allez
arriver avec le ministre du Travail, avec le ministre des Affaires
sociales...
M. Paquette: Des Affaires culturelles.
M. Grégoire: ... des Affaires culturelles, bien oui, la
culture des champignons dans le fond d'une mine d'amiante, écoutez!
L'agriculture!
M. Lalonde: M. le Président, c'est de la
comédie!
M. Grégoire: Oui, parce que c'est ce que vous faites
depuis le début.
M. Lalonde: C'est de la bouffonnerie! Vous faites de la
bouffonnerie!
M. Grégoire: C'est ce que vous faites, de la bouffonnerie,
depuis le début. C'est pour cela qu'on essaie de vous le mettre sur le
nez. Là, quand cela vous tombe sur le nez parce que qui crache en
l'air, cela lui retombe sur le nez vous protestez. Je comprends
très bien le ministre lorsqu'il s'agit des préparatifs
matériels. Avant longtemps, vous allez nous arriver, comme les
Vietnamiens ou les Coréens, et discuter si la table doit être
carrée ou ronde! Vous vous rappelez le débat qui a duré
combien de temps, à Paris, avant les négociations?
M. Paquette: Ne leur donne pas d'idées!
M. Grégoire: Je m'excuse si je leur ai donné des
idées, ils n'ont peut-être pas pensé à
celle-là. Vous n'y aviez pas pensé, je le gagerais. Mon
stratège...
M. Paquette: C'est un chaînon manquant. M.
Grégoire: Le chaînon manquant.
M. Lalonde: Vous venez de nous donner une autre année.
M. Grégoire: Là, je viens de vous donner une autre
année, n'est-ce pas? Vous ne voudriez tout de même pas que le
ministre soit présent lorsque vous allez apporter vos amendements sur la
forme de la table et pour savoir où sera située l'Union Nationale
par rapport au parti au pouvoir et aux partis de l'Opposition officielle!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce
serait irrecevable.
M. Grégoire: Oui, mais ils ont tout de même le droit
de faire un discours de vingt minutes avant de présenter une motion
irrecevable sur la dimension de la table et le nombre de fauteuils autour de la
table, etc. Et vous blâmeriez le ministre de s'absenter pendant que vous
allez discuter de la forme de la table pour aller régler des
problèmes beau- coup plus importants? Voyons, messieurs! Quand vous
parlerez de la loi elle-même, quand vous présenterez des critiques
sur la loi elle-même, article par article, ce sera réellement
quelque chose de bon. Là, je suis d'accord avec vous, mais pas tant que
vous serez sur des points comme: Qui doit venir parler? Qui a le droit de
parler?
Vous savez bien que si le ministre des Finances veut venir parler ici,
il va le faire quand il va le vouloir. Il y aura toujours un des membres du
gouvernement qui sera prêt à lui céder sa place, comme l'a
fait le député de Gatineau. Il a pris la place de qui? Il a pris
la place de quelqu'un.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac...
M. Grégoire: Je pense qu'il a pris la place du
député de Jean-Talon qui est en train de faire sa campagne
à la chefferie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
j'aimerais...
M. Gratton: Une chose sûre, je n'ai pas pris la place de M.
Ryan!
M. Bérubé: II a pris la place d'un vide absolu et
on ne s'est pas rendu compte de cela.
M. Grégoire: C'est vrai, je pense que le siège
était vide depuis le début.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
Une Voix: II est encore vide, d'ailleurs.
M. Grégoire: C'est un mathématicien. M. le
Président, pour toutes ces raisons, devant la futilité d'une
telle motion, demander l'ajournement parce qu'on discute des préparatifs
matériels... Matériels et non pas de la loi! Le président
a bien dit qu'à l'heure actuelle était hors d'ordre doute
discussion sur le principe ou sur la loi elle-même ou sur les articles
tant qu'on ne sera pas tombé sur ces articles; sont dans l'ordre les
simples discussions sur les préparatifs matériels, la simple
matière de préparation et d'organisation. Pendant ce
temps-là, que le ministre aille régler des problèmes
importants à l'échelle de la province, je trouve cela
parfaitement normal et je l'encourage à le faire tant que l'Opposition
sera sur des sujets comme ceux-là.
Pour cette raison, M. le Président, je ne fais qu'appuyer...
M. Lalonde: Question de règlement. Je présume que
le député... Excusez, j'allais dire le ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II
était sur ses dernières secondes.
M. Lalonde: II était à la dernière
extrémité.
M. Grégoire: Aux dernières secondes de mon
intervention, probablement, oui. Est-ce que je peux terminer?
M. Lalonde: Oui.
M. Grégoire: Alors, je voterai contre la motion
d'ajournement.
M. Lalonde: Question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pense que le règlement, sujet à
certaines conditions, me permet de retirer une motion avec le consentement de
la commission. Naturellement, étant donné le retour du ministre
de ses pérégrinations...
M. Paquette: M. le Président, je refuse mon consentement.
On peut procéder au vote immédiatement.
Une Voix: Au cas où il y en aurait un autre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Alors...
M. Lalonde: Je l'ai offert, M. le Président, je l'ai
offert.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la...
M. Grégoire: On est prêt à endosser
l'attitude du ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
motion du député de Marguerite-Bourgeoys sera adoptée?
M. Grégoire: Non, M. le Président, un vote à
l'appel des noms.
M. Paquette: Adopté sur division, M. le
Président.
Une Voix: Rejeté.
Vote sur la motion
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): L'appel
nominal a été demandé et je me dois de faire un appel
nominal. M. Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bordeleau (Abitibi-Est)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire (Frontenac)?
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ouellette (Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Rancourt (Saint-François)? M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
la motion est rejetée, cinq voix contre trois. J'appelle maintenant
l'article 1.
M. Forget: M. le Président, en vertu du paragraphe 2 de
l'article 161 ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
Motion pour que la commission fasse rapport à
l'Assemblée nationale
qu'elle ne peut terminer l'étude du projet de
loi
M. Forget: ... je voudrais faire motion pour que cette commission
fasse rapport à l'Assemblée nationale, conformément
à cette disposition du règlement. Il y a des remarques qui sont
probablement de bonne guerre dans tout débat parlementaire mais il
demeure qu'il devient manifeste, au moins de ce côté-ci de la
table, que nos débats ne sont pas engagés de manière
à les rendre complètement fructueux. Bien sûr, nous n'avons
pas abordé encore l'article 1 du projet de loi mais, comme je l'ai
indiqué ce matin, sur les 25 articles du projet de loi, il y en a
probablement 20 qui vont de soi, qui sont des dispositions très
secondaires, mécaniques, sans aucun intérêt; cela pourrait
tout aussi bien être adopté par arrêté en conseil
pour ce qui est de l'autorité du Parlement, cela ne changerait rien.
Ce n'est donc pas là-dessus que le débat porte, et c'est
faire semblant de vouloir parler des choses importantes pour les membres de la
majorité gouvernementale que de nous inviter constamment à parler
du fond du projet de loi et de l'étude, article par article. Ce qu'ils
veulent, ce
n'est pas parler du problème, c'est au contraire se
débarrasser le plus rapidement possible d'une formalité
gênante qui les embarrasse beaucoup, c'est-à-dire d'avoir à
répondre publiquement, démocratiquement, des décisions
qu'ils ont annoncées de façon électorale dans la
région de Thet-ford Mines en octobre dernier. Le véritable
débat ne peut pas se situer sur tel ou tel article, donnant les pouvoirs
du directeur général de la société de l'amiante ou
les pouvoirs du lieutenant-gouverneur d'autoriser, par arrêté en
conseil, telle ou telle décision. Il porte essentiellement sur la
politique de l'amiante du gouvernement et cela n'est pas contenu dans aucun
article particulier du projet de loi. C'est le contexte général
du projet de loi et on ne peut pas en débattre sur tel ou tel article,
il faut en débattre avant d'étudier l'article 1.
A cet égard, M. le Président, je crois qu'un rapport est
nécessaire à l'Assemblée nationale, de manière que
nous recevions des instructions qui nous permettent d'aborder l'étude du
fond du sujet et de ne pas nous heurter constamment à des
considérations qui sont purement de procédure. Je ne vous
blâme pas de rendre les décisions que vous avez rendues, vous
êtes lié par des précédents. Il reste que, dans le
contexte, ce n'est pas approprié d'aborder l'étude de la
politique de l'amiante via un projet de loi qui n'en parle pas, dans le
fond.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, avec votre permission. D'abord, je
prends acte du fait que vous savez que le président est lié non
seulement par des précédents mais par les règlements. Je
voudrais, avant que vous écriviez votre motion, vous dire
qu'effectivement on peut présenter une motion en vertu de l'article 161,
deuxième paragraphe, pour faire des rapports spéciaux ou
intérimaires à l'Assemblée. Mais je pense que la motion
doit quand même prévoir, du moins dans son essence, le contenu du
rapport.
Si on veut avoir des instructions de l'Assemblée nationale, il
faut prévoir dans la motion, je pense c'est la première
fois que cela m'est présenté je présume qu'on peut
faire un rapport mais parler un peu également du contenu de la
motion.
M. Forget: Ah! bon.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Bien,
je présume parce que c'est la première fois, je vous le dis bien
franchement, que j'ai une motion semblable. Je pense que si on a à faire
rapport intérimaire ou spécial à l'Assemblée, ou
demander un nouveau mandat à l'Assemblée, à ce
moment-là il faut probablement faire marquer quelque chose dans le
rapport qui va guider l'Assemblée nationale.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député de Gatineau, peut-être que vous pouvez venir
à notre aide. (17 h 15)
M. Gratton: ... c'est tout simplement pour dire qu'en temps
normal la commission peut décider de faire rapport à
l'Assemblée nationale qu'elle n'est pas en mesure de compléter
l'étude du projet de loi, sans être obligée de donner de
raisons détaillées parce qu'il s'agit d'une motion de forme, il
ne s'agit pas d'une motion de fond. Effectivement, le simple fait de souhaiter
que la commission fasse rapport ou d'ordonner à la commission de faire
rapport en se déclarant incapable de faire l'étude ou le
débat sur la politique de l'amiante du gouvernement, cela
m'apparaîtrait suffisant comme...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
devient déjà un contenu ce que vous dites là. Se disant
incapable d'étudier, cela devient déjà une sorte de
contenu de rapport. D'accord.
M. Gratton: Oui. Mais je veux dire que ce n'est pas
nécessaire d'en faire une énumération exhaustive.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
parole est au député de Saint-Laurent. Continuez, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je suivrai bien sûr vos
directives là-dessus puisqu'il s'agit d'une question que je n'ai pas eu
l'occasion d'explorer jusqu'à maintenant. Il me semblerait cependant un
peu difficile d'inclure le rapport lui-même dans ma motion. Par ailleurs,
reprenant un peu ce que vient de dire le député de Gatineau, il
me semble que les membres de cette commission qui ont participé au
débat pourraient, lors de la réception du rapport, la prise en
considération de ce rapport spécial à l'Assemblée
nationale, faire état de leurs motifs pour avoir adopté une telle
motion. Cependant, si c'était nécessaire, on pourrait sans aucun
doute faire une énumération des causes pour lesquelles un rapport
spécial apparaît approprié.
Je vais me livrer à cette énumération-là.
J'ai sept éléments dans cette énumération et chacun
d'entre eux me semble à lui seul suffisant pour demander des indications
plus précises. En premier lieu, nous avons eu un refus opposé par
le ministre de nous révéler le nom et la compétence des
membres du groupe de travail sur l'amiante. Malgré tout, le ministre
nous a dit qu'il s'agissait non pas d'un document officiel dans le sens qu'il
ne s'agissait pas d'un document qui énonçait la politique ou la
position du gouvernement, mais qu'il s'agissait d'une opinion personnelle dont
le gouvernement s'était inspiré en partie dans
l'élaboration de sa politique de l'amiante. Alors, on a
été témoin ici en commission parlementaire du
dépôt d'un document qui, selon les termes mêmes du ministre,
est une opinion personnelle d'auteurs inconnus. Mais ceci est revêtu
malgré tout d'un certain caractère officiel puisqu'il s'agit de
documents distribués par le ministre à une commission
parlementaire. Il me semble que nous sommes là devant un fait assez
curieux de droit parlementaire où un ministre dépose un document
public, refuse de le prendre à son compte et refuse pour autant
de déclarer, de divulguer le nom des auteurs de cette opinion. Il
refuse entre autres de nous permettre de juger pour nous-mêmes de la
valeur, de la crédibilité qu'il faut attacher à ce rapport
puisque nous ignorons ses auteurs, nous ignorons leur compétence. C'est
un premier point. Il me semble qu'il y a là, quant à la nature
des preuves ou des témoignages qui peuvent être entendus par la
commission parlementaire sur ce sujet, des éclaircissements additionnels
qui doivent être obtenus de l'Assemblée nationale. Cela pourrait
prendre la forme d'une invitation formelle à divulguer le nom de ces
auteurs ou de considérations quelconques qui nous permettraient de
préciser finalement de quoi il s'agit.
Deuxièmement, nous nous sommes vus tout récemment devant
l'impossibilité de tirer au clair les contradictions très
visibles qui existent entre, d'une part, les hypothèses de base qui sont
contenues dans le document du groupe de travail sur l'amiante relativement
à la transformation des produits de l'amiante, et les constatations qui
ont été faites par le comité Beaudry sur la
salubrité dans l'industrie de l'amiante. On ne peut pas concilier
facilement l'incertitude qui entoure le problème de la salubrité
dans le domaine de l'amiante et les intentions gouvernementales qui paraissent
dépendre de façon critique de certaines hypothèses clefs
quant aux normes qui prévaudront dans cette industrie. On pourrait
d'ailleurs développer tout cela de manière que...
M. Grégoire: J'aurais une question de règlement en
vertu de l'article 99-1. Evidemment, le député de Saint-Laurent
revient à l'heure actuelle sur des sujets qui ont tous fait l'objet d'un
vote depuis le début de la commission. Par exemple, lorsqu'il dit qu'il
faut faire rapport sur le sujet du groupe de travail dont le ministre n'a pas
voulu nous donner les noms, cela a fait l'objet d'un vote et la commission en a
décidé. Le ministre est revenu sur ce sujet. Le deuxième
point qu'il prenait en faisant le rapport entre !e document sur la
salubrité et le document du groupe de travail a également fait
l'objet d'un vote. Ce sont les points que le député de
Saint-Laurent veut ramener devant l'Assemblée nationale et sur lesquels
il veut qu'on fasse rapport. Or, l'article 99, premièrement, dit: "II
est interdit à un député qui a la parole de revenir sur
une question qui a été décidée pendant la session
en cours", disons, mutatis mutandis, pendant la commission
plénière. Ces points-là ont tous été
décidés déjà par des votes dûment
enregistrés, après des motions dûment
présentées, dûment prises en délibéré
et dûment discutées. La commission s'est prononcée
déjà. Voilà que c'est justement sur ces sujets sur
lesquels la commission s'est déjà prononcée que le
député de Saint-Laurent veut revenir pour les inclure dans un
rapport et l'envoyer à l'Assemblée nationale. Cela va nettement,
à mon avis, à l'encontre de l'article 99-1 de notre
règlement qui s'applique également, mutatis mutandis, aux
commissions plénières.
Le Président (M. Marcoux): Auparavant, M. le
député de Gatineau et, après, le député de
Richmond. Est-ce sur la question de règlement?
M. Gratton: Oui, c'est sur la question de règlement.
Le Président (M. Marcoux): D'accord.
M. Gratton: Le député de Frontenac a mal compris le
sens de la motion du député de Saint-Laurent de faire rapport. Il
est bien entendu que toutes ces motions il a même mentionné
qu'il y aura sept points qu'il soulèvera la commission en a
disposé en disant non sept fois. Non, non, non et toujours non ou pas
recevable. On accepte, M. le Président, que les décisions que
vous avez rendues ont été prises en conformité avec le
règlement. Le fait demeure que la raison principale pour laquelle le
député de Saint-Laurent a fait sa motion vous demandant de faire
rapport, c'est justement parce que des motions recevables ont été
refusées par la commission. Cela nous a empêchés, nous en
tant que députés de l'Opposition, d'obtenir les informations qui
nous apparaissent essentielles pour pouvoir adopter ce projet de loi article
par article. On dit devant ces refus répétés et continus
du gouvernement qu'on ne peut pas faire une étude sérieuse et
valable du projet de loi article par article. Donc, on propose que la
commission fasse rapport à l'Assemblée nationale qu'elle est dans
l'impossibilité de continuer ou de remplir le mandat que
l'Assemblée nationale a confié à la commission,
c'est-à-dire d'adopter le projet de loi no 70, article par article. Que
je sache, il n'est pas question dans la motion du député de
Saint-Laurent d'inclure toutes les raisons pour lesquelles il fait sa motion et
veut que nous fassions rapport à l'Assemblée. Il est en train,
dans son argumentation, de nous dire pourquoi il juge que nous ne pouvons pas
nous acquitter du mandat que l'Assemblée nationale a confié
à la commission et pourquoi, donc, nous préférons que la
commission fasse rapport immédiatement de ce fait. A ce moment, le
député de Saint-Laurent dispose de 20 minutes pour faire
état des raisons qui motivent sa motion, sans, pour cela, devoir inclure
la transcription du journal des Débats dans le rapport.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, seriez-vous offusqué si je rendais ma
décision immédiatement?
M. Brochu: J'ai juste une remarque à faire. Je serai
très bref, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
il ne sert à rien d'argumenter lorsque la chose me semble très
claire.
M. Brochu: Je n'en suis pas là-dessus. C'est juste sur la
question de règlement qui avait été soulevée par le
député de Frontenac. Je veux attirer votre attention sur le fait
suivant, M. le Président, que l'Assemblée nationale ignore
complète-
ment ce qui se passe en commission parlementaire tant et aussi longtemps
que cette même commission n'a pas fait un rapport quelconque. Donc, vous
ne devez pas tenir compte de l'argumentation du député de
Frontenac pour rendre votre décision.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que tous les arguments ont été invoqués. Manifestement, il
s'agit d'une motion distincte. La commission ne s'est jamais prononcée
sur une motion en vertu de l'article 161, paragraphe 2, motion, d'ailleurs, qui
n'a pas encore été officiellement présentée, mais
qui le sera bientôt probablement. Or, je redonne la parole au
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je vous remercie, M. le Président. Encore une
fois, je mentionne tous ces éléments pour me conformer à
un voeu du président d'expliquer pourquoi et sur quoi un rapport
spécial devrait porter. J'en étais au troisième point.
Nous avons également essuyé un refus, en commission
parlementaire, de la part du gouvernement, d'indiquer sur quoi le gouvernement
se base quant aux coûts probables de ses projets. Il y a, bien sûr,
des sommes qui sont mentionnées dans le projet de loi, mais nous avons
été impuissants à découvrir comment se ventilera
cette somme, à quoi ce $250 millions pourra servir. Nous avons eu un
refus généralisé, non pas seulement sur l'acquisition de
la Société Asbestos, mais également sur les autres
éléments importants qui sont constitués par les
réclamations des travailleurs amiantosés, sur les travaux
à faire, etc. Donc, il y a là, aussi, une impossibilité de
juger du projet de loi puisque nous n'avons pas et nous n'avons pas non plus,
dans les documents distribués par le ministre, d'indications à
cet effet.
Quatrièmement, nous avons un refus du ministre de documenter
adéquatement les projections optimistes qu'il a
présentées, quant à la création d'emplois. C'est un
sujet sur lequel je pourrais m'étendre longuement, M. le
Président, et d'ailleurs, je le ferai, comme je l'ai indiqué ce
matin, au sujet de l'un des produits envisagés. Il y a là des
affirmations absolument inexplicables qui sont en contradiction flagrante avec
ce que l'on trouve, de façon beaucoup plus élaborée, dans
le rapport SORES; et les quelques paragraphes, je dirais même les
quelques lignes que le rapport du groupe de travail sur l'amiante, du
ministère des Richesses naturelles, y consacre sont tout à fait
insuffisants pour constituer même le nom d'étude. Une
étude, c'est un grand mot à donner à un document qui est
une espèce de collage de toutes sortes d'emprunts faits à droite
et à gauche, y compris à l'étude SORES elle-même et,
là aussi, il y a une fin de non-recevoir.
Cinquièmement, il y a eu un refus d'expliquer la
nécessité de l'achat de la Société Asbestos, une
mine existante, pour développer la transformation. Il y a tout ce
raisonnement qui est fait sur les difficultés d'approvisionnement.
Là-dessus, aussi, nous n'avons eu que des affirmations gratuites de la
part du ministre ou de ses collègues. Nous n'avons aucune
démonstration et les documents qui nous ont été soumis ne
renferment rien qui nous permette de porter un jugement fondé sur une
telle stratégie, en autant que l'on puisse, là aussi, donner un
nom aussi exalté à une idée préconçue et non
justifiée, non articulée par le ministère ou par le
gouvernement lui-même.
Il y a, sixièmement, les refus répétés,
opposés par le ministre, à répondre aux questions les plus
simples des membres de la commission. A l'exclusion de ces questions que j'ai
déjà mentionnées, il y a eu des questions tout à
fait normales, tout à fait simples qui lui ont été
adressées et auxquelles le ministre oppose une fin de non-recevoir et un
silence absolu.
Ce point concerne toute l'attitude d'un membre du gouvernement en
commission parlementaire. Je crois que l'attitude du ministre des Richesses
naturelles est assez particulière, est assez sans
précédent, dans nos annales parlementaires, pour mériter
de faire l'objet d'un rapport spécial à l'Assemblée
nationale. C'est un précédent que l'on n'a pas retrouvé
lorsque des projets de loi considérables, d'envergure
considérable, fort controversés ont été
étudiés à l'Assemblée nationale. Le ministre
responsable du développement culturel, lors de l'étude de la loi
101, ne s'est pas absenté des travaux de la commission, y a
prêté une oreille attentive durant toute leur durée. C'est
au moins un hommage qu'on peut lui rendre d'avoir été respectueux
de ses collègues parlementaires et d'avoir pris tout le soin voulu pour
jouer convenablement son rôle.
Le ministre du Travail, lors de l'étude du projet de loi 45, a
également consacré sans interruption son temps et son attention
à chacune des propositions émanant de l'Opposition et a pris soin
de réfuter les arguments qui lui apparaissaient devoir être
réfutés. Mais nous avons, de la part du ministre des Richesses
naturelles, une attitude sans précédent qui menace gravement,
à mon avis, non seulement l'étude ordonnée et
raisonnablement intelligente de ce projet de loi mais qui menace
également l'institution que constitue la commission parlementaire
puisque, sans une collaboration empressée de la part du ministre, les
travaux parlementaires peuvent dégénérer en une
véritable parodie, une véritable farce. C'est malheureusement ce
qui est en train d'arriver de cette commission parlementaire par la faute du
ministre qui a prétendu traiter de haut les débats de cette
commission. Force nous est de conclure qu'il n'a pas de réponses aux
questions qui lui sont posées. C'est la seule hypothèse
charitable que l'on puisse faire, puisque les autres procéderaient d'une
arrogance absolument inacceptable et que, quant à moi, je refuse de lui
attribuer au moins comme première explication. Il y a enfin les refus
multiples des membres de la commission de collaborer de façon plus
positive; les pitreries de l'adjoint parlementaire du ministre ne sont pas de
nature à aider nos travaux. (17 h 30)
M. Grégoire: Ce sont peut-être des pitreries pour
celui qui ne sait pas de quoi il parle et le dé-
puté de Saint-Laurent ne veut tellement pas parler de la loi de
l'amiante, qu'il voudrait renvoyer cela à l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Forget: Le député de Frontenac se sent
visé. Cela le touche certainement. Mais par son comportement, à
titre d'adjoint parlementaire dont l'importance est d'autant plus grande
puisque souvent le ministre est absent, il nous a mis dans une situation
extrêmement difficile pour procéder à l'étude
ordonnée de ce projet de loi. Alors, M. le Président...
M. Grégoire: Vous ne voulez pas procéder à
l'étude parce que vous ne savez pas de quoi vous parlez quand vous
parlez de la politique de l'amiante.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, s'il vous plaît!
M. Grégoire: On a vu tantôt celui qui
interrompait.
M. Forget: On a une illustration graphique, pour ainsi dire... Il
y a un climat particulièrement désagréable qui doit
être souligné à l'attention de l'Assemblée
nationale. Je ne suis pas sûr que l'Assemblée nationale puisse
améliorer le climat, dans la mesure où cela dépend du
tempérament un peu trop orageux de certains membres de la
majorité ministérielle; mais très certainement
l'Assemblée nationale pourrait aller au-delà de la lettre de
notre règlement règlement que vous devez faire respecter
et nous donner des instructions plus précises de manière
que nous ne soyons pas confinés à l'excès à
l'intérieur de règles parlementaires, qui, en
général sont extrêmement bien ajustées pour
procéder à l'étude d'un projet de loi, lorsque la
substance du projet de loi se retrouve dans au moins un de ses articles. Mais
ce n'est pas le cas aujourd'hui, nous avons une coquille vide. La
Société nationale de l'Amiante, c'est une coquille vide. La
substance de l'oeuf est dans un autre pot à côté et c'est
sur cette substance même que le débat doit porter; c'est la
politique de l'amiante, c'est la décision d'acheter la
société Asbestos plutôt que de procéder par une
autre stratégie qu'il faut débattre autrement; le parlement est
utilisé pour des fins purement mécaniques et l'essentiel se passe
ailleurs. Je crois que l'Assemblée nationale devrait être sensible
au fait que le gouvernement pourrait, s'il le voulait, sans même adopter
le projet de loi 70, prendre des initiatives dans le domaine de la
transformation des produits d'amiante.
C'est un faux-semblant que de prétendre qu'il nous est
nécessaire de créer encore une autre structure gouvernementale
pour prendre des initiatives dans le domaine de l'amiante. Il existe un
ministère des Richesses naturelles, qui a été
structuré il y a une quinzaine d'années par l'actuel chef du
gouvernement. Il devrait être suffisant pour s'attaquer dès
maintenant à la tâche, sans légiférer. C'est donc
très secondaire, cette législation qui est incorporée dans
le projet de loi 70. Ce qui est l'essentiel, encore une fois, des
préoccupations des Québécois, ce sont les projets du
gouvernement et nos règles parlementaires, à moins de recevoir un
avis spécifique, un ordre spécifique de l'Assemblée
nationale, ne nous permettent malheureusement pas de toucher à la
substance et nous confinent à des considérations secondaires.
Cela fera, encore une fois, l'affaire de certains membres du côté
gouvernemental qu'on dispose de tout cela dans trois ou quatre jours. Ils
pourront après, vaquer à leurs occupations électorales ou
à leurs activités de comté. Ils aiment beaucoup faire de
l'électoralisme en toute saison. Mais il reste que les
intérêts de la plupart des Québécois, qui ne
bénéficieront pas, contrairement peut-être à ce que
disent certains auteurs des rapports qui nous ont été remis, de
postes grassement payés comme hauts fonctionnaires et cadres de la
Société nationale de l'amiante, l'intérêt de la
majorité des Québécois est de ne pas se voir, comme
contribuables, attribuer la note d'un autre éléphant blanc, d'un
autre organisme au sujet duquel on nous annonce déjà des
déficits de fonctionnement, après nous avoir fait envisager un
coût vraiment déraisonnable de capitalisation pour acquérir
une industrie qui existe déjà, que nous pouvons
déjà taxer, dont nous pouvons déjà tirer un grand
nombre d'avantages et qui paie déjà d'excellents salaires aux
travailleurs de l'amiante, au dire même des fonctionnaires du
ministère des Richesses naturelles.
Alors, c'est dans ce contexte d'un mandat plus large, mieux
précisé, qui nous éviterait un certain nombre de
débats de procédure, que je propose que nous fassions un rapport
spécial à l'Assemblée nationale. Lors de la prise en
considération de ce rapport, nous pourrons présenter un projet de
mandat plus circonscrit, plus spécifique et nous rapprochant davantage
de notre objectif qui doit être, pour toutes les formations politiques
représentées autour de cette table, un débat qui permette
aux contribuables du Québec, à tous nos concitoyens de savoir
pourquoi le gouvernement, parmi toutes les alternatives qui lui étaient
ouvertes, s'est dirigé dans cette aventure, cette création de
structure, cette dépense inconsidérée de fonds publics
pour des résultats dont il ne peut étayer le
bien-fondé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
déclare la motion recevable et reçue. M. le député
de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... qui
se lit ainsi: "Que cette commission fasse un rapport spécial à
l'Assemblée nationale en vertu du paragraphe 2 de l'article 161 de notre
règlement".
M. le député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. J'aimerais d'abord
établir clairement certains faits à la suite de certains propos
tenus de l'autre côté de la table. Il ne faudrait pas qu'on ait
l'impression que le genre de travail qui a été fait à la
commission parlementaire, depuis le début, n'avait pas droit de
cité, était quelque chose d'exceptionnel, d'extraordinaire, parce
que je pense que, si cela n'avait pas été prévu par les
règles du jeu, cela aurait été fermé dès le
début. On aurait procédé immédiatement à
l'étude de l'article 1.
Si c'est prévu dans le règlement qu'on peut
procéder à certaines motions et à la demande de certaines
auditions, comme cela a été le cas, je pense qu'il est en
même temps prévu que l'Opposition puisse le demander et le faire.
Il ne faudrait pas être surpris de ce fait et il faudrait le tenir pour
acquis, comme faisant partie, jusqu'à un certain point, des
règles du jeu.
Lorsque je regarde la motion qui vient d'être
présentée, je me rappelle en même temps nos discussions
depuis quelque temps avant d'arriver à l'article 1 et je dois vous dire
que je constate qu'il y a encore énormément de choses qui
demeurent contradictoires dans tout ce qui est sorti, dans tout ce qui s'est
dit devant cette commission parlementaire, tant ici que du côté
des témoins entendus qui nous ont apporté différents
points de vue.
Je n'ai pas l'intention de reprendre en détail tous les sujets
où on retrouve de telles contradictions, mais je rappellerai simplement
la question de la transformation, par exemple, la possibilité de
transformation. On a entendu, dapuis le début, le chiffre 20% de
possibilité de transformation, j'en ai fait état ce matin, et,
lorsque d'autres groupes sont venus devant la commission, comme SORES, on nous
a dit que le maximum de faisabilité en ce qui concerne la transformation
des produits de l'amiante en sol québécois, c'est 7%.
Où est la vérité là-dedans? C'est quoi au
juste? Dans quoi s'embarque-t-on lorsqu'on nous demande d'étudier un
projet de loi comme le projet de loi 70, article par article, alors qu'on a,
dans les données mêmes du problème, des contradictions
aussi flagrantes? Je serais curieux de demander à ceux qui ont fait des
déclarations sur les 20% de faisabilité il y a quelques mois,
dans le gouvernement, soit le ministre Parizeau ou d'autres, sur quoi ils se
sont appuyés pour sortir ces chiffres et sur quoi, maintenant, ils
peuvent s'appuyer pour dire où ils en sont rendus dans leur pourcentage
de produits transformables au Québec.
Seulement là, cela nous donne un exemple de la situation devant
laquelle se trouve la commission parlementaire à ce stade de nos
travaux.
Il y a, par exemple lorsqu'on reste toujours dans la question des
produits transformables sept ou huit produits qui sont transformables au
Québec. D'autres ont dit: Cinq produits sont transformables au
Québec. SORES nous a dit: Bien, il y a peut-être trois produits
qui sont transformables au Québec. C'est quoi au juste? Je sais bien que
personnellement, si je pars une affaire, si j'achète une "entreprise ou
si je me lance dans une affaire quelconque, avant d'investir des capitaux, je
vais évaluer la rentabilité, ce qui est faisable
réellement dans l'entreprise avant d'investir. Cela devrait être,
à ce moment-là, la même approche que le gouvernement
devrait prendre, à mon avis. C'est loin d'être clair, parce qu'il
y a une importante différence s'il y a un, deux ou trois produits
faisables par rapport à cinq ou six, lorsqu'on parle de
rentabilité. Ce sont des questions pratico-pratiques qu'on doit se poser
avant de se lancer en affaires.
A cette même commission parlementaire, on a eu des chiffres aussi
contradictoires que ceux-là. Je veux bien croire que l'idéal,
comme je l'ai déjà mentionné, c'est de finir le plus de
produits possible. C'est vrai, c'est l'objectif qu'on peut poursuivre. Mais
à côté de l'objectif qu'on se donne, il faut regarder la
réalité, parce que c'est sur cette réalité qu'on
doit s'appuyer pour prendre des décisions telles que celles que vous
nous demandez de prendre en ce qui concerne le projet de loi 62.
Je pense que c'est une question importante. Seulement cet
élément-là, M. le Président, nous donne à
penser que vu l'étape où en sont rendus nos travaux devant toutes
ces contradictions, on est dans une situation passablement boiteuse pour
entreprendre l'étude du projet de loi article par article. De quoi
est-ce qu'on va parler à ce moment-là? Dans le projet de loi, il
est question de transformation. Mais si on a des données, au point de
départ, aussi contradictoires que celles-là, une
différence de 7% à 20% et qu'il y a peut-être trois
produits au lieu de huit qui sont faisables, ça fait toute une
différence au bout de la ligne. Quand on va arriver pour discuter
article par article de ces problèmes, on va avoir en main les
mêmes contradictions qu'on a là, devant nous.
Un autre exemple, M. le Président: Lorsqu'on parle des produits
possibles de substitution, quelles données précises a-t-on
actuellement pour dire qu'on a certaines garanties de marché en ce qui
concerne les produits faits au Québec actuellement ou qui peuvent
être faits au Québec si le gouvernement se lance dans son
entreprise?
Le député de Frontenac a mentionné ce matin le
nombre de freins d'automobiles qui se vendent au Québec, il existe des
données officielles là-dessus, c'est un fait. Par contre, encore
là, il nous a dit qu'il y avait un marché potentiel formidable.
Lorsqu'on regarde les chiffres de façon générale comme
ça, on dit: Oui, il semble y avoir un potentiel vraiment énorme
de ce côté à exploiter davantage. Par contre, lorsqu'on se
retourne et qu'on regarde les gens qui sont venus en commission parlementaire,
les questions que j'ai posées moi-même au groupe SORES qui est
venu, on dit: Ecoutez, attention, parce que du côté des freins, il
y a de la substitution qui s'en vient, qui est déjà
commencée, au carbone dans certains cas et peut-être dans autre
chose aussi.
On nous dit qu'immédiatement ça ne nous affecte pas.
D'accord, parce que la durée de vie des automobiles, en moyenne, peut
être calculée sur à peu près huit ans, lorsqu'on
prend le contexte nord-américain, donc avec le renouvellement. Le
renouvellement doit se faire avec des freins à même base,
à base d'amiante avant de produire de nouveaux modèles.
Encore là, on a une contradiction flagrante, on a des
spécialistes à SORES qui viennent nous dire: Attention, il y a un
substitut qui est en voie de développement, qui est déjà,
dans une certaine mesure, utilisé et qui pourrait prendre une plus
grande part du marché dans ce domaine.
On se retourne de bord et on entend, du côté du
gouvernement: Allons-y, parce que dans le secteur des freins, il y a
énormément de possibilités. Bon. Où est la
vérité, à ce moment-là, M. le Président?
Lorsqu'on arrive pour étudier le projet de loi article par article, au
niveau de la transformation, il me semble qu'on devrait être en mesure,
à ce moment-ci, d'avoir des réponses plus précises ou tout
au moins, moins contradictoires que celles qu'on a devant nous
actuellement.
C'est exactement la même chose, je parle des contradictions qui
sont devant nous en commission parlementaire, lorsqu'on parle des emplois. Je
reviens encore là-dessus, le document de travail préparé
pour le ministre par le groupe de travail mentionne 1500 à 2000 emplois
possibles dans le domaine de l'amiante. Lorsque le député de
Frontenac est venu à Asbestos, comme le ministre des Richesses
naturelles, il a lancé ce chiffre chez nous pour dire aux gens qu'il y
avait beaucoup d'emplois dans ce domaine.
Par contre, quand le groupe SORES est venu, j'ai aussi posé la
question et on nous a répondu: Avec la faisabilité qu'il y a dans
les produits transformables au Québec actuellement, le maximum d'emplois
qu'on peut aller chercher d'ici les prochaines années, c'est 400.
Ecoutez, moi je ne demande pas mieux que de comprendre, sauf que je me trouve
devant une drôle de contradiction alors que des spécialistes dans
le domaine me disent qu'il y a 400 emplois à aller chercher dans le
domaine de l'amiante et que du côté du gouvernement, on nous
garroche un peu partout sur les tribunes qu'il y a 1500 à 2000 emplois
qui dorment là.
Je veux bien comprendre et je veux bien qu'il y ait des emplois, mais je
ne veux pas qu'on nous amène aux vues. C'est une légère
différence, parce que les gens veulent des emplois, mais ils ne veulent
pas des emplois fictifs dans les livres, ni dans les chiffres. Ils veulent des
jobs. Cela veut dire un job à telle place, à telle adresse. Je
veux savoir ce qui en est exactement. C'est pour cela que je me dis que,
maintenant, devant la commission parlementaire, avec le chemin qu'on a de fait,
avant de procéder à l'étude article par article du projet
de loi no 70, ce qu'on a actuellement sur la table, en fait, c'est un tas de
contradictions. (17 h 45)
Ce que je souhaite le plus, c'est qu'on ait peut-être des
données plus précises là-dessus. Je suis surpris moi aussi
du silence régulier du ministre et de l'absence de réponses qu'on
peut constater de ce côté. Si le ministre a des réponses,
il devrait nous les donner; s'il n'en a pas, il devrait peut-être
réviser sa position en ce qui concerne le projet de loi parce que
j'imagine que les questions que nous nous posons, il doit aussi se les poser,
car c'est quand même un homme pratique, il doit voir la
réalité, les chiffres sont là. Entre 2000 emplois et 400,
il y a une petite différence; entre 20% et 7% de produits faisables, il
y a une autre petite différence.
M. le Président, c'est pour cela que je dis qu'on est rendu,
avant même d'aborder le projet de loi no 70, article par article, devant
un tas d'incohérences, devant un tas de contradictions. Cela nous place
dans un drôle de contexte pour aborder de façon normale
l'étude de ce projet de loi. Remarquez bien que ce n'est pas un
reproche, c'est une constatation que je fais, dans le meilleur
intérêt de la loi qu'on est a étudier actuellement, parce
que c'est le dire et l'opinion des citoyens du Québec et surtout des
citoyens de chez nous qui sont directement concernés par l'amiante. Les
gens disent oui à la transformation de l'amiante, tout le monde est
d'accord là-dessus dans la région d'Asbestos, celle de Thetford,
comme ailleurs, sauf que les gars disent peut-être non aux moyens du
gouvernement ou bien attention aux moyens du gouvernement. Encore là, je
sais que les ténors qui se promènent dans la province
actuellement, pour aller vendre leur idée, disent que les maires sont
pour cela, parce que le maire de Thetford et le maire de Black Lake sont venus
ici l'autre jour. Il faut bien prendre les choses dans leur contexte. Le maire
de Thetford et le maire de Black Lake sont aux prises avec des problèmes
sérieux de chômage. Les travailleurs de la compagnie Asbestos
Corporation sont aussi aux prises cela vous a été dit
avec une entreprise qui est plus ou moins désirable à
cause de son comportement avec ses employés, etc. Ces gens cherchent
à se sortir d'une situation mauvaise. Ils l'espèrent, c'est un
souhait, un voeu qu'ils veulent voir se réaliser dans le projet de loi
70. Mais quand ils vont voir ce que c'est en réalité, ils vont
voir que c'est de la boucane, qu'il ne pleuvra pas tant de jobs que cela et
qu'il y a des garanties... On le leur a fait dire à ce moment-là,
mais le gouvernement ne leur en a pas donné du tout, c'est une autre
paire de manches, c'est ce qu'il faut distinguer et c'est ce qui me fait dire
qu'on est placé actuellement devant un tas de contradictions, d'un
côté, et un gros tas d'incohérences de l'autre
côté également. Il y a des zones de grande noirceur
là-dedans parce que, sur la seule question des coûts réels
que le projet de loi 70 va impliquer, on n'a aucune garantie. C'est $250
millions en partant, mais le ministre a parlé au début des trois
ou quatre autres volets qui vont faire suite à ce projet de loi. Combien
ces volets vont-ils nous coûter? Est-ce que ce sera $250 millions par
volet? Il y a tout cela. C'est la réponse que les gens dans le champ
sont en droit d'attendre et nous également. Actuellement, avant
même d'aborder l'étude article par article du projet de loi 70, on
se retrouve devant ces incohérences. On se retrouve également
et je trouve cela malheureux aussi devant le refus du
gouvernement de nous dire clairement sur quelles sources il s'est appuyé
pour
établir, après 15 mois de pouvoir, une politique qu'il dit
complète, définitive, la politique parfaite ou presque, en
matière d'amiante au Québec. D'un côté, on ne nous
donne même pas les noms de ceux qui ont produit le document sur lequel le
gouvernement s'est appuyé pour établir son projet de loi 70, et
on voudrait maintenant que la commission passe è l'étude article
par article de ce projet de loi, qu'on dise oui au gouvernement, qu'il a bien
fait, que cela va bien, même si on n'est pas sûr des chiffres. Cela
peut être $200 millions, $400 millions, $500 millions. On fait cela
approximativement...
Une Voix: Au pifomètre.
M. Brochu: Au pifomètre, oui.
C'est un peu cela qu'on nous demande actuellement et c'est pour cela
qu'on dit: Un instant! On n'est pas ici pour jouer le jeu jusqu'à ce
point-là, on veut avoir certaines garanties; on veut au moins avoir des
données claires et précises avant de partir. Là, on n'a
plus de garanties. En réalité, on n'a plus de précisions
devant un projet de loi d'une telle envergure, qui va impliquer non seulement
le Parti québécois et non seulement le gouvernement du Parti
québécois avec sa durée X mais qui va
impliquer les deniers personnels des Québécois et qui va
impliquer aussi la confrontation d'une entreprise gouvernementale, dans le
domaine de l'amiante, et d'autres entreprises qui existent dans le domaine
privé. Qu'est-ce que cela va donner comme résultat au bout de la
ligne? Cela a aussi une certaine incidence aussi dans une foule d'autres
domaines.
C'est dans ce climat, M. le Président, qu'on nous demande de
passer à l'étude article par article du projet de loi no 70. Je
vous dis que j'ai énormément de réticence. C'est pourquoi
je vais appuyer la motion qui a été présentée par
le député voulant qu'on fasse rapport à la Chambre de
l'état du dossier de la loi 70. L'atmosphère dans laquelle on se
trouve, le manque de données et les données qu'on a sont aussi
contradictoires que celles que j'ai mentionnées tout à l'heure.
Il y en a d'autres que je pourrais expliquer. On est devant un amoncellement
d'incohérences et on veut avoir davantage d'explications avant d'aborder
la loi comme telle. N'oublions pas une chose. Quand on va être
entré dans le processus de l'étude article par article, on va
dire: Ecoutez, là on ne peut pas discuter de cela à cet
article-ci parce que c'est limitatif. Vous devez parler seulement de cette
chose-là et ensuite on passe au suivant. Mais tout le pied de l'iceberg,
si vous voulez, tout le fondement sur lequel le gouvernement établit sa
politique, c'est peu clair actuellement. C'est pour cela, je pense, qu'on
devrait adopter cette motion. On devrait reporter devant la Chambre ce qui
s'est passé jusqu'à maintenant au cours de nos travaux
parlementaires et la Chambre, devant cela, nous donnerait un nouveau mandat et
ferait le point sur la situation. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac. M. le ministre.
M. Grégoire: Ce sont seulement quelques statistiques, M.
le Président. Il reste huit ou neuf minutes. On dit que le gouvernement
n'a pas fourni la matière voulue et nécessaire pour
étudier ce projet de loi. Prenons des chiffres. Les partis de
l'Opposition avaient demandé de faire comparaître six groupes. Le
parti au pouvoir en a accepté un septième. Sur un total de sept,
le parti au pouvoir, sans même débattre, trouvant cela tout
à fait normal, a accepté la comparution de six groupes sur sept.
C'est une bonne moyenne six sur sept. C'est plus qu'une bonne moyenne. Le seul
qui n'a pas été accepté c'est General Dynamics et les
raisons pour lesquelles nous n'avons pas accepté... Le ministre a
donné les explications très clairement, très simplement,
et je crois que tous ont compris, même ceux de l'Opposition, qu'il
n'était pas normal de faire venir le groupe de General Dynamics au
moment où les négociations se poursuivaient pour l'achat
d'Asbestos Corporation. Les autres personnes à qui on a demandé
de comparaître... Il y a eu deux motions pour faire comparaître
deux ministres, le ministre des Finances et le ministre d'Etat à
l'environnement. Ces motions n'ont pas été refusées, on
n'a même pas eu à en discuter, elles ont été
déclarées irrecevables parce que prématurées. Comme
il vous a été dit, suivez les règlements et quand ce sera
le temps, les deux ministres, de l'environnement et des Finances... Quand ce
sera le temps, quand on sera rendu à la troisième partie...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une a
été déclarée irrecevable parce que
prématurée. L'autre a été déclarée
irrecevable pour une autre raison.
M. Paquette: Parce qu'elle n'était pas reliée au
projet de loi.
M. Grégoire: Parce que non reliée au projet de loi.
Le parti au pouvoir n'a rien refusé dans cela. Donc, sur neuf personnes
qu'on a demandées, six ont été acceptées, une a
été refusée; deux motions ont été
déclarées irrecevables et on a dit: Représentez vos
motions plus tard. C'est rendu une bonne moyenne huit sur neuf et vous dites
que vous n'avez pas tout ce qu'il vous faut. Pour les groupes et les personnes
qui ont été demandés, huit sur neuf qui ne vous ont pas
été refusés, c'est une bonne moyenne.
Pour les documents, à l'heure actuelle, il y en a eu dix de
déposés sur treize, trois ont été refusés.
Pour les trois, cela se comprenait très bien également et le
ministre l'a très bien expliqué; il y a eu premièrement le
document demandant d'exposer à l'avance je pense bien que ceux
qui ont déjà été ministres doivent rire dans leur
barbe lorsqu'ils se rappellent qu'ils ont demandé la production de ce
document c'était de déposer le document qui a
été préparé par des hauts fonctionnaires du
ministère des Finances pour l'évaluation d'Asbestos Corporation.
Un deuxième concernant la fiscalité des compagnies. Quand on sait
que le ministère du Revenu ne veut pas déclarer les impôts
du député de Saint-Laurent ou du
député de Marguerite-Bourgeoys, ce ne serait pas
déclaré publiquement, ils vont jeter les hauts cris: Le
ministère du Revenu ne nous donne pas les déclarations des
impôts des compagnies. Voyons! Le troisième, cela a
été le plan de travail. Mais il y en a eu dix de
déposés, dix sur treize. Tantôt c'était huit sur
neuf. C'est déjà rendu à...
Il y a eu une motion pour interroger des fonctionnaires, ce qui a
été refusé. Cela se comprenait très bien. Donc, sur
un total de 23 choses demandées, quatre seulement ont été
refusées. Il y en a une dernière, il y a eu la motion pour
ajourner. Je veux bien croire que l'Opposition ne veut pas travailler sur le
projet de loi de l'amiante, mais le parti au pouvoir est prêt à y
travailler. Même si vous ne voulez pas travailler, on est prêt
à rester et à discuter, le matin, l'après-midi et le soir.
On va vous donner l'occasion... Le ministre est prêt à être
ici... Mais sur les détails matériels de la discussion, vous
savez, c'est moins important... Quand on arrivera à la viande qu'il y a
dans le projet de loi, à la transformation, à l'exploitation des
mines d'amiante, à la création d'un centre de recherche où
il y a de la viande, où il y a du jus, où on peut parler
réellement de l'avenir du Québec, du projet économique, ce
sera intéressant de discuter de tous ces détails
matériels.
Sur 23, il y en a eu quatre de refusés et dix-neuf
d'acceptés. Vous dites que vous n'avez pas en main tout ce qu'il faut.
Les quatre qui ont été refusés, cela a été
bien expliqué. En fait, c'est cela le problème. Vous voudriez
faire rapport à la Chambre pour vous donner le temps d'étudier ce
qu'est l'amiante. Je me rappelle le député de Saint-Laurent ou le
député de Marguerite-Bourgeoys quand il a déclaré
en Chambre, en deuxième lecture, on peut le relever... Le
député de Richmond supposait des chiffres, il disait: Oui, mais
qu'est-ce que cela va coûter, les subventions aux amiantosés de la
région, quand on sait qu'on va être obligé de leur payer
90% de leur salaire toute leur vie?
C'est absolument faux. Vous étiez là quand la loi 52 a
été votée. Ce n'est pas toute leur vie, c'est
jusqu'à l'âge de 65 ans seulement. Après cela, ils tombent
sur le plan de pension de la compagnie, ils ne reçoivent plus
d'allocations comme amiantosés.
Le député de Saint-Laurent ne savait pas cela. Je pense
bien qu'il ne le savait pas, il n'a jamais étudié le
problème de l'amiante. C'est pour cela qu'il prend des mesures
dilatoires. Il est sous l'impression que toutes ces mesures, à la
journée, faisons un rapport de tous les documents qu'on a pour cela...
Je pense bien! Quatre motions de refusées sur vingt-trois, dix-neuf
d'acceptées. C'est peut-être un record en commission. Je serais
bien curieux d'avoir les chiffres de toutes les commissions qui existaient dans
le temps où ce gouvernement était au pouvoir. Refuser seulement
quatre demandes sur vingt-trois! La vingt-quatrième, on n'en parle pas;
la motion d'ajournement, je l'attribue à la fatigue de
l'Opposition...
M. Lalonde: C'était pour permettre au ministre d'aller se
reposer.
M. Grégoire: Vous discutiez sur quoi à ce
moment-là? On discutait de je ne sais trop quelle affaire
d'intérêt absolument secondaire, qui n'avait aucune relation
directe avec la loi: c'était sur les préparatifs
matériels.
M. Bérubé: Pour accélérer...
M. Grégoire: Les préparatifs matériels pour
accélérer les travaux de la Chambre.
M. Paquette: Cela fait un mois qu'on accélère.
M. Grégoire: C'est comme si on discutait de la forme de la
table, comme je le disais tout à l'heure. C'est du matériel, si
l'on peut dire. Mais sur 23, 19 acceptées et vous trouvez, vous avez le
culot de venir nous dire que le gouvernement ne vous fournit pas tout ce qu'il
vous faut? Mais vous en avez des piles, vous n'avez même pas tout lu.
Regardez, j'en ai des documents. J'ai tout lu, monsieur, et j'ai des papiers
pour chaque sujet. Vous allez voir, j'ai des notes, des traits de plume
là où c'est important. Je peux vous citer tous ces chiffres par
coeur. Il y en a des chiffres. Je peux vous les citer. Je les connais.
M. Forget: ... même chose.
M. Grégoire: Mais, moi, j'ai pris le temps de les
étudier.
M. Gratton: On veut des chiffres, on veut des
réponses.
M. Grégoire: Ils sont publics, ces chiffres. Lisez le
rapport SORES, il est public. Que le député de Richmond lise donc
le rapport qu'on a mentionné ce matin, celui du CRD des Cantons de
l'Est.
M. Brochu: Voulez-vous me dire par qui cela a été
fait?
M. Grégoire: C'est public.
M. Brochu: Voulez-vous me rappeler par qui cela a
été fait?
M. Grégoire: Entre autres, il y avait l'Association de
l'Union Nationale du comté de Richmond. Il y avait l'Association du
Parti libéral du comté de Richmond.
M. Brochu: C'est d'ailleurs ce qui donne de la
crédibilité.
M. Grégoire: II y avait les Chevaliers de Colomb, les
Chambres de commerce. Si vous ne vous en rappelez pas, eux vont s'en
rappeler.
Je m'en rappelle, je les ai lus. Mais vous les avez là les
documents, vous les avez là les renseignements. On vous a fourni,
jusqu'à maintenant, dix des treize dossiers que vous demandiez. C'est
évident qu'on ne pourra pas vous fournir les rapports d'impôt sur
le revenu des compagnies.
M. Forget: Non?
M. Grégoire: Non, ou bien vous êtes naïfs plus
que je ne le pensais. Vous êtes naïfs à un point que...
Non, elle n'est pas faite encore. J'imagine qu'elle va venir. C'est pour
cela que faire rapport à la Chambre pour dire: Ecoutez, MM. les
députés, voici une commission où le parti au pouvoir et le
ministre ont fourni aux membres de la commission plus de documents que cela ne
s'est jamais produit dans aucune commission auparavant. On a fait
comparaître...
Une Voix: Depuis la Confédération.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: On a fait comparaître tous les groupes
qui nous ont été demandés par l'Opposition sauf un. On a
dit: Les autres, vous ferez vos motions en temps voulu. Le règlement,
vous devez le connaître; quand cela sera le temps, vous les ferez.
Vous voudriez qu'on aille dire en Chambre qu'on ne vous a rien fourni
quand on vous a tout fourni? Voyons donc! C'est simplement parce que vous ne
voulez pas discuter du projet de loi. Vous savez que c'est une bonne loi, vous
savez que la population est pour, on l'a constaté dans le comté
de Richmond. La semaine prochaine, on va dans le comté de Saint-Laurent.
Si le député de Saint-Laurent veut venir avec nous, on a pris une
grande salle... On va y être nous autres, je vais vous dire l'endroit.
C'est à la salle de l'église Notre-Dame-des-Anges, 5621 boulevard
Gouin, comté de Saint-Laurent, le mercredi 12 avril à vingt
heures. J'invite officiellement le député de Saint-Laurent
à venir rencontrer ses électeurs avec nous. Nous allons parler de
l'amiante.
M. Paquette: II peut amener M. Ryan.
M. Grégoire: II peut amener M. Ryan et M. Garneau, les
deux. Et là, nous allons voir. C'est une invitation publique qui lui est
faite.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Frontenac, vous poursuivrez à 20
heures. Les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Il vous restait douze minutes.
M. Grégoire: M. le Président, je pense bien que,
pour le moment, je ne prendrai qu'une minute pour terminer...
M. Bérubé: Non, au contraire, c'était
très bon, prenez neuf minutes, cher collègue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: J'ai encore douze minutes, je vais en prendre
une pour terminer, en répétant tout simplement qu'ayant
déposé dix dossiers sur treize qui avaient été
demandés, ayant satisfait à six sur sept des demandes de
comparution de groupe, deux ayant été déclarées
prématurées ou irrecevables pour le moment, pour un total de 19
acceptations de la part du ministre, sur 23 demandes, je crois que l'Opposition
n'a aucune raison de se plaindre de ce qui lui a été fourni, au
contraire.
Je me demande si plutôt, comme je le demandais cet
après-midi, l'Opposition ne se sentirait pas tellement mal à
l'aise du rôle qu'elle est en train de jouer dans l'étude de cette
loi no 70, Loi constituant la Société nationale de l'amiante,
qu'elle ne veut pas discuter de la loi elle-même, mais qu'elle voudrait
se débarrasser du mauvais pas dans lequel elle s'est enlisée
depuis déjà plusieurs semaines dans cette discussion sur la loi
no 70.
Je termine en disant qu'il est bien évident que moi,
personnellement, du moins, je ne peux pas voter pour cette motion, d'autant
plus que jamais l'Opposition n'a été si bien traitée que
depuis qu'elle siège avec nous, à cette commission parlementaire
étudiant la loi no 70 sur la Société nationale de
l'amiante.
Je suis fier de la manière que nous traitons nos partis de
l'Opposition aujourd'hui. Je suis fier de la manière que nous avons
agréé toutes leurs demandes et de tout le matériel que
nous leur avons fourni. Je suis fier de voir que nous leur avons permis de
poser des questions aux autorités régionales de la région
de l'amiante. Je suis fier de voir qu'ils ont eu tout le loisir d'interroger
les autorités municipales, d'interroger les syndicats, d'interroger le
comité des mines d'Asbestos, le comité des mines de Thetford. Je
suis fier que nous ayons pu leur procurer cette occasion et leur fournir tous
les documents que nous leur avons fournis. Je crois qu'avec cela, maintenant,
il leur reste à étudier le dossier qu'ils ont en main pour
être en mesure de discuter de la loi no 70, Loi constituant la
Société nationale de l'amiante.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion du député de Saint-Laurent sera-t-elle adoptée?
M. Grégoire: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, sur la motion
présentée par le député de Saint-Laurent demandant
à la commission de faire rapport à l'Assemblée nationale
immédiatement, il me semble que le gouvernement manque une excellente
occasion de faire en sorte que non seulement les députés de
l'Opposition, ou l'ensemble des députés de l'Assemblée
nationale, mais surtout la population du Québec soient informés
réellement et véritablement des implications de ce projet de
loi.
On a beau dire, du côté du député de
Frontenac, simili parrain du projet de loi, puisque le ministre refuse
d'intervenir, qu'on a une bonne moyenne lorsqu'on a fait comparaître six
des sept personnes qui avaient été invitées, ou des sept
organismes qu'on avait invités, qu'on a fourni dix sur treize des
documents demandés, même si on avait fourni treize sur treize des
documents demandés, si les renseignements contenus dans ces documents ne
nous éclairent pas plus, si, par exemple, on refuse même de nous
dire qui sont les auteurs de l'étude à partir de laquelle le
gouvernement a fait sa politique sur l'amiante, qu'est-ce que cela vaut? Cela
vaut le papier sur lequel c'est écrit, tout simplement.
Le député de Saint-Laurent le disait à l'appui de
sa motion cet après-midi. Il a relevé sept éléments
qui lui font croire d'ailleurs, je partage sa conviction que la
commission n'est pas habilitée à remplir le mandat que lui a
confié l'Assemblée nationale, c'est-à-dire
d'étudier le projet de loi no 70 article par article, parce que,
justement, comme le député de Saint-Laurent l'a souligné,
il n'y a aucun endroit dans le projet de loi no 70 où on peut
débattre la politique de l'amiante du gouvernement. Il n'y a aucun
article du projet de loi, sauf peut-être l'article 4, et encore,
où on peut réellement interroger le gouvernement et obtenir des
renseignements susceptibles d'éclairer la population. (20 h 15)
En tant que membres de l'Opposition, on n'est pas ici pour faire des
farces et s'amuser. On a beau croire, du côté du gouvernement, que
ce sont des mesures strictement dilatoires que de présenter des motions
pour faire comparaître des témoins, pour faire déposer des
études, des copies d'études ou même pour demander au
ministre des Finances ou au ministre délégué à
l'Environnement de venir fournir des explications sur les documents
déjà déposés...
Si le ministre des Finances avait au moins donné certaines
informations à l'Assemblée nationale, en deuxième lecture,
je pense bien que l'Opposition n'aurait pas senti le besoin de l'inviter
à venir donner des explications en commission. D'ailleurs, c'est
à se demander pourquoi le ministre des Finances est absent depuis le
début des travaux qui entourent l'adoption de ce projet de loi no 70. On
sait que c'est le ministre des Finances lui-même, qui était alors
conseiller économique du gouvernement, qui avait fait un excellent
travail je le dis en toute ouverture d'esprit à
prévoir et à estimer les coûts de la nationalisation des
compagnies d'électricité, en 1962, ou 1963, ou 1964.
Effectivement, il avait dit d'avance: Cela va coûter environ X millions
de dollars. Au bout de la ligne, à la fin de l'opération, on a
constaté que les prévisions qu'il avait faites, les estimations
qu'il avait faites étaient réalistes. On en est venu à la
conclusion que "that was a job well done".
Ce même ministre des Finances, ce même Jacques Parizeau,
alors conseiller économique du gouvernement, maintenant ministre des
Finances, sûrement celui qui a la responsabilité de veiller
à ce que l'administration des fonds publics soit faite de la
façon la plus ouverte, la plus complète et la plus judicieuse
possible, n'a pas dit un maudit mot encore sur ce projet de loi no 70, ni en
deuxième lecture. Et même, du côté
ministériel, on a refusé de le laisser comparaître ici pour
répondre aux questions non seulement des députés de
l'Opposition, mais de l'ensemble des députés membres de la
commission.
C'est à se demander si le ministre des Finances a
réellement confiance, si le ministre des Finances est, bien entendu,
solidaire. On sait qu'il doit être solidaire. S'il était contre,
éventuellement, on finirait par lui faire dire. On n'a même pas
l'occasion de lui faire dire s'il est pour ou contre parce qu'il se cache.
Il me semble que ce seul facteur devrait être suffisant pour que
la commission accepte la motion du député. C'est d'ailleurs la
dernière, M. le Président. On en convient tous, je suis bien
ouvert Jà-dessus, c'est la dernière qu'on fera avant de passer
à l'article 1, parce que, finalement, on se rend compte que, du
côté du gouvernement on veut se borner strictement à
accuser l'Opposition de faire de l'obstruction systématique. Cela peut
peut-être donner cette impression et, même si c'était vrai,
même si c'était de l'obstruction systématique, nous aurions
encore raison de faire la démarche que nous faisons là, parce que
nous voulons justement éviter non seulement au gouvernement de faire un
faux pas je serais quasiment tenté de le laisser faire, parce
qu'il récolterait le fruit du geste qu'il pose avec le projet de loi no
70... Ce que je trouve plus aberrant, c'est que c'est la population finalement
qui en paiera le coût.
On sait que le ministre-parrain de ce projet de loi est lui-même
un ingénieur professionnel, me dit-on...
M. Bérubé: Non, M. le Président, je ne suis
pas ingénieur professionnel, c'est une faute de français.
M. Lalonde: Vous êtes une faute, on le sait, mais, de
français, je n'en suis pas sûr.
M. Gratton: Ingénieur minier, je crois?
M. Bérubé: Non, ingénieur professionnel,
cela n'existe pas, c'est ingénieur tout court.
M. Lalonde: Ingénieur de profession.
M. Gratton: Le ministre me sert une leçon de
sémantique dont je pourrais facilement me passer. Je
préférerais de loin qu'il me donne des explications sur son
projet de loi.
Je ne sais pas où le ministre a fait son cours, chose certaine,
c'est que son éducation reste encore à faire au niveau de la
courtoisie et de la politesse. Le fait demeure que, moi-même, lorsque
j'ai suivi mon cours d'ingénieur, on m'a appris une chose; analyser les
problèmes. Et la seule façon d'analyser un problème et
d'en arriver à trouver une solution à ce problème, ce
n'est pas de cacher les informations, ce n'est pas de se refuser à
donner les informations à ceux qui peuvent être en
désaccord avec la solution qu'on propose, mais c'est bien de donner
toutes les informations pertinentes, surtout lorsqu'il s'agit de
l'administration des deniers publics, M. le Président.
Le député de Saint-Laurent, cet après-midi, faisait
allusion aux refus répétés du ministre de répondre
aux questions les plus simples, les plus normales des membres de la commission
depuis le début de cette commission. Je n'étais pas M. le
Président, à la commission avant aujourd'hui, mais j'ai quand
même pris la peine de relire le journal des Débats. En tout cas,
j'étais présent, cet après-midi, au moment où le
ministre avait choisi de ne pas être en commission.
M. le Président, est-ce qu'on devra faire une motion en vertu de
l'article 153 tantôt pour requérir que le ministre soit
présent à la commission qui étudie article par article, ie
projet de loi, dont il est le parrain? Est-ce cela qu'on veut faire? Qu'on
prenne l'article 153 et qu'on dise au président de l'Assemblée
nationale: On voudrait avoir des renseignements, le ministre parrain du projet
de loi est là de temps en temps et, quand il est là, il nous
répond par des sottises. Il ne nous répond pas en tout cas, en
nous donnant des renseignements. Voulez-vous donc vous prévaloir des
dispositions de l'article 153 pour lui demander de nous donner les
renseignements? Je vous pose la question, M. le Président. On ne
pourrait pas le faire. Vous le savez. La seule façon d'atteindre
l'objectif visé, c'est par la motion du député de
Saint-Laurent, une motion demandant à la commission de faire rapport
à l'Assemblée nationale pour qu'on essaie, à
l'Assemblée nationale, d'obtenir les renseignements qui, jusqu'à
maintenant, nous ont été refusés de façon
systématique à sept ou huit reprises, nonobstant le fait qu'on
ait fourni dix sur treize des documents demandés et que le
député de Frontenac trouve que c'est une bonne moyenne. Avoir une
bonne moyenne au bâton mais perdre la partie et finir en dernière
place, cela ne donne absolument rien à l'équipe.
Quant à la population du Québec, ce qui lui importe, ce
n'est pas la moyenne du nombre de documents fournis ou la moyenne des personnes
invitées que le gouvernement a accepté de faire entendre à
la commission, mais c'est que les renseignements soient complets.
Je dis donc, M. le Président, que c'est la der- nière
chance, à toutes fins utiles, que le gouvernement a de se conduire en
bon et vrai gouvernement, en gouvernement transparent. Je viens d'entendre le
ministre dire qu'il a une idée, j'espère qu'il va nous la
communiquer; cela serait la première qu'on lui connaîtrait.
M. Lalonde: Elle doit s'ennuyer, toute seule.
M. Gratton: Elle doit se sentir isolée, M. le
Président.
M. Grégoire: Parmi vous autres, oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Gratton: Je dis donc que c'est effectivement la
dernière chance, la dernière perche que l'Opposition tend au
gouvernement pour tâcher de faire qu'on ne soit pas placé dans
deux ou trois ans, dans la situation où la population reprochera au
gouvernement d'avoir embarqué, d'avoir engagé des fonds publics
dans une galère sans même en avoir informé
l'Assemblée nationale et surtout la population.
On nous demande de voter un projet de loi. Le seul chiffre qu'on a
entendu à date, ce sont les $250 millions dont il est question dans le
projet de loi pour la Société nationale de l'amiante. On ne sait
pas ce que cela va coûter pour acquérir la compagnie. On ne sait
absolument pas de quelle façon le gouvernement va se décharger de
ses responsabilités envers les amiantosés, pour la relocalisation
des secteurs vétustes des territoires d'Asbestos Corporation, pour la
modernisation des équipements de l'usine Normandin, qui devra
probablement être reconstruite.
Enfin, on ne nous donne absolument aucune information valable à
partir de laquelle l'Opposition pourrait dire: On vote contre parce que cela
coûte trop cher; on vote contre cela en connaissance de cause, et
à partir de laquelle, surtout, les députés
ministériels pourraient, eux, appuyer le projet de loi en connaissance
de cause également.
Lorsque le gouvernement admet que toute sa politique est basée
sur des rapports de fonctionnaires du ministère des Richesses
naturelles, dont on refuse de dévoiler les noms, comment ne pas
s'attendre que l'Opposition s'insurge contre ce genre de législation
improvisée et ne fasse pas tout ce qui est humainement possible, en
vertu du règlement qui régit les travaux de l'Assemblée
nationale pour obtenir les informations auxquelles, non seulement l'Opposition
a droit, mais ce qui est encore plus important, des informations auxquelles la
population a le droit le plus strict.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, il est malheureux qu'au tout
début des travaux de cette commission, l'Opposition officielle en soit
réduite à proposer une motion de rapport à
l'Assemblée nationale.
Vous savez, M. le Président vos fonctions vous ont
sûrement instruit à cet égard que c'est une motion
exceptionnelle. Je ne pense pas que dans les anales parlementaires, on ait vu
souvent une telle motion faite à cette étape de nos travaux. Nous
avons vu dans des "filibusters", à caractériser, par exemple,
lors de la loi 22 il y a quatre ans, peut-être une motion semblable, mais
qui était carrément et de toute évidence partie d'une
stratégie voulant simplement empêcher le gouvernement de
légiférer. Jamais, dans la courte expérience, quand
même de quatre ans, que j'ai eue à l'Assemblée nationale,
je n'ai vu une motion aussi justifiée. Nous avons devant nous, comme
Opposition officielle, deux éléments qui m'apparaissent
importants au début de nos travaux. Ce sont les silences et les
bouderies du ministre qui refuse carrément de répondre à
des questions simples, des questions...
M. Bérubé: Simplistes.
M. Lalonde: ... naturelles, des questions évidentes de
tous les députés...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
M. Bérubé: Cela ne vaut pas la peine d'y
répondre.
M. Lalonde: ... et à côté de lui, nous
avons... M. Gratton: Continuez donc de lire.
M. Lalonde: ... la bonhomie, pour ne pas dire la bouffonnerie de
temps à autre du député de Frontenac. Alors, c'est
là, M. le Président, le scénario dans lequel l'Opposition
officielle doit entrer de plein pied en abordant l'étude de ce projet de
loi. On sait que le député de Frontenac est séparatiste;
naturellement, faisant partie du Parti québécois, il doit
l'être, mais son attitude témoigne d'un régionalisme
étriqué, à courte vue. Il semble que le problème,
pour lui, le problème de l'amiante, se limite à la région
del'amiante. Il oublie que la facture sera acquittée par tous les
Québécois, y compris les électeurs de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Bérubé: Qui vont venir de la région de
l'amiante...
M. Grégoire: Tout comme on paie pour les Olympiques de
Montréal. Il m'a interrompu tout l'après-midi.
M. Lalonde: Et j'espère que le ministre accompagné
de son bras gauche, non c'est son bras droit, je pense, pour ne pas dire son
bras extrême droite...
M. Grégoire: Gauchiste.
M. Lalonde: ... viendront dans le comté de
Marguerite-Bourgeoys expliquer à mes électeurs pourquoi ils vont
payer une bonne partie de la fac- ture des $250 millions que le projet de loi
prévoit pour la fameuse politique de l'amiante, M. le
Président...
M. Grégoire: Puis-je poser une question?
M. Lalonde: J'ai parlé, j'ai consulté mes
électeurs depuis l'annonce, la parade du ministre, il y a quelques
jours, selon laquelle il viendrait dans mon comté. Je les ai
consultés, M. le Président, et on l'attend de plein pied. On
l'attend avec beaucoup de plaisir.
M. Grégoire: Me permettez-vous une question?
M. Lalonde: Nous avons hâte de le voir dans le comté
de Marguerite-Bourgeoys. Mes électeurs ont des questions à poser.
Et j'espère que le ministre à ce moment-là, va faire autre
chose que lire son journal.
M. Grégoire: Me permettez-vous une question?
M. Lalonde: ... Va faire autre chose que s'absenter de
l'Assemblée...
M. Grégoire: Vous permettez? (20 h 30)
M. Lalonde: ... parce que mes électeurs ont des questions
sérieuses à poser au ministre, les questions que nous nous posons
ici et qui n'ont pas de réponse actuellement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: ... à savoir pourquoi acheter à un
coût que l'on ne connaît pas actuellement une compagnie
d'extraction d'amiante, alors que toute la politique devrait normalement
s'orienter vers la transformation de l'amiante? Ce sont des questions qui sont
posées par mes électeurs.
M. Grégoire: Est-ce que je peux poser une question?
M. Lalonde: Non, vous ne pouvez pas poser de questions.
M. Grégoire: Je voudrais simplement savoir si vous serez
présent.
M. Lalonde: Non, vous ne pouvez pas poser de questions, je vous
l'ai dit.
M. Grégoire: Vous ne serez pas présent.
M. Lalonde: II y a une chose que le député de
Frontenac ne sait pas, c'est que c'est l'Opposition qui mène ici.
M. Grégoire: Non, cela, on ne le sait pas; quand vous
parlez, oui, mais pas quand je parle.
M. Lalonde: Si on en juge depuis quelques semaines, je pense que
le député de Frontenac a des petites leçons à
prendre.
M. Grégoire: Des deux côtés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!
M. Lalonde: M. le Président, je fais appel à votre
autorité pour rétablir l'ordre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que ce n'est pas l'Opposition qui mène ni le gouvernement, c'est le
règlement. Allez, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. A
l'ordre!
Une Voix: Grosse injure faite au président.
M. Grégoire: On proteste en votre nom, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, j'invite donc avec beaucoup
de plaisir le ministre et tout son entourage, tous les anonymes surtout, ceux
que l'on ne connaît pas, ceux qui n'ont pas de nom, les fantômes du
groupe de travail. On a hâte de les voir dans le comté de
Marguerite-Bourgeoys. Mes électeurs vont poser des questions au
ministre: Qui sont ces fantômes, quels sont leurs noms? Le ministre peut,
ici, se retrancher dans un silence ministériel, mais, dans mon
comté, les électeurs n'accepteront pas cela. J'ai hâte de
voir le ministre, je l'attends et je vais être là, si je peux
être là le jour qu'il va venir, mais je pense que le ministre
choisit des mercredis de ce temps-là, des mercredis, quand il sait que
les députés sont à Québec. Preuve de courage! Le
ministre est courageux. Il sait que les députés sont à
Québec; lui, avec ses chauffeurs et toute la parade, il va s'en aller
dans mon comté.
M. Grégoire: On vous fera monter.
M. Lalonde: Quand même on verra s'il ne peut pas être
là.
M. Gratton: II reste en contract avec son...
M. Lalonde: La contamination, j'ai peur de cela. Oui, c'est vrai,
on a interrogé des invités et le député de
Frontenac a fait preuve, à ce moment, d'une certaine ouverture qui, je
l'espérais, serait partagée par le ministre, mais le ministre est
hermétique. M. le député de Frontenac a fait preuve d'une
certaine ouverture, on a eu des invités...
M. Grégoire: Cela a fait du bien, cependant.
M. Lalonde: ... cela n'a pas été tellement
concluant. Naturellement, on a la propagande politique du parti
québécois. La propagande politique du parti
québécois s'est empressée de dire que toute la
région de l'amiante était en faveur. Il y a deux maires
qui...
M. Grégoire: Les libéraux, des libéraux!
M. Lalonde: ... étant donné les problèmes de
chômage, étant donné le cahot économique qui a
été installé par ce gouvernement dans la province, sont
prêts à s'accrocher à n'importe quelle chimère qui
va être proposée par ce gouvernement d'apprentis sorciers.
Naturellement, on ne peut pas les blâmer de venir ici et de dire
n'importe quoi, s'il vous plaît! Quand on leur a demandé, par
exemple, quel était l'avantage, quels étaient les avantages, on
n'a pas eu de réponse. Un avantage peut-être, pas de
réponse. Aucune réponse, aucun avantage, mais quelque chose, si
quelque chose peut arriver, on en est rendu avec ce gouvernement, la population
en est rendue à espérer n'importe quoi. C'est tout ce qu'on a eu
des invités que nous avons entendus...
M. Grégoire: Rien, rien.
M. Lalonde: ... à part d'autres leçons de SORES,
par exemple, leçons qui devraient peut-être être entendues
par le ministre dont l'oreille est à demi-fermée, mais, quand
même, on va les répéter. On a produit des documents, mais
les seuls qui émanent du gouvernement ont été
démolis systématiquement et de façon très efficace
par l'Opposition ce matin. On a vu entre le document du groupe de travail
appelez cela un document, c'est quand même faire un compliment
à ce document, à ce morceau de papier on a vu entre ce
document et celui concernant la salubrité des contradictions flagrantes.
On a tenté de régler ce problème en invitant les membres
de ce groupe de travail, en invitant le ministre de l'environnement à
cette commission parlementaire, sans succès. Naturellement, M. le
Président, vous avez, je pense, à bon droit, appliqué le
règlement, et je ne mets pas du tout en doute le bien-fondé de
vos décisions, mais c'est sûrement un argument en faveur de la
motion du député de Saint-Laurent. Si le règlement ne
permet même pas qu'on puisse entendre le ministre de l'environnement et
les fantômes du groupe de travail, raison de plus de nous en remettre
à l'Assemblée nationale. Il faut retourner à
l'Assemblée nationale pour recevoir un autre mandat. C'est le...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II faut
dire que la motion sur le groupe de travail a été
déclarée recevable, mais elle n'a pas été
adoptée.
M. Lalonde: Oui M. le Président, vous avez raison. Alors,
si on ajoute votre décision, votre sage décision, sûrement,
concernant le ministre de l'environnement, à la mauvaise décision
du gouvernement, du parti ministériel, concernant le groupe de travail,
on arrive au même résultat: il faut retourner à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, j'ai quand même un doute que je dois
exprimer ici, parce que la franchise a toujours été une
règle dans le parti dont je fais partie, c'est que j'ai quand même
un doute relativement
au bien-fondé de la motion du député de
Saint-Laurent. Le député de Saint-Laurent suggère qu'on
fasse rapport à l'Assemblée nationale. Je pense que l'on devrait
plutôt faire rapport au premier ministre, parce que c'est le premier
ministre qui nomme les ministres, ce n'est pas l'Assemblée nationale. Au
fond, notre problème, c'est notre ministre. C'est lui. Il lit son
journal, il n'est pas là, il rit du monde, il fait de
l'intolérance et de l'arrogance, et l'Assemblée nationale ne peut
rien régler de cela, mais je constate que le règlement ne nous
permet pas de faire rapport au premier ministre. On devrait faire une motion
pour changer de ministre. M. le Président, vous allez me dire que ce
n'est pas prévu par le règlement. Malheureusement!
Malheureusement, nous sommes condamnés...
M. Grégoire: D'ailleurs, on voterait contre. On voterait
contre la motion.
M. Lalonde: ... nous sommes condamnés... M.
Grégoire: Contre la motion, ah! oui...
M. Lalonde: Ah! le député de Frontenac voterait
contre, parce que son job serait probablement en danger.
M. Grégoire: Un gros job! M. Lalonde:
Sûrement!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: C'est peut-être parce que vous avez
perdu la vôtre comme ministre que vous n'êtes pas content.
M. Lalonde: Ce qui caractérise cette commission, c'est le
vide du dossier du gouvernement. On a fait état, depuis que ce dossier a
été rendu public en octobre dernier, du rapport Alexandre. On a
vu la rectification de l'OPDQ, qui a été quand même rendue
publique par le député de Saint-Laurent. On a le rapport SORES,
qui n'est pas du tout d'accord avec les prévisions optimistes et non
justifiées du groupe de travail. On a, en plus du vide du dossier du
gouvernement, l'hostilité du ministre à l'égard de toute
demande qui émane de qui que ce soit et n'est pas d'accord avec le
gouvernement, et qui reçoit dès lors du ministre une fin de
non-recevoir. Il ne répond même pas, M. le Président. Je
pense que le ministre croit qu'il est là pour tout le temps, tout
d'abord, qu'il est là comme ministre, et, deuxièmement, qu'il est
élu pour tout le temps. C'est un mal qui affecte aussi plusieurs de ses
collègues d'ailleurs, mais c'est un mal dont on guérit.
Une Voix: ... après la défaite.
M. Lalonde: Oui, c'est un mal dont on guérit après
la défaite, dit un député ministériel très
sage, défaite qui, naturellement, viendra bientôt, mais, M. le
Président, nous, on n'a pas le temps d'attendre la défaite. Cela
va venir...
M. Grégoire: Vous venez de l'avoir.
M. Lalonde: Si on pouvait attendre la défaite dans
quelques années, j'espère, ou dans quelques mois, on pourrait
dire, M. le Président, qu'on va commencer...
M. Ouellette (Beauce-Nord): ... des difficultés avec
l'amiante? Voyons donc.
M. Lalonde: J'allais dire, M. le Président, qu'on va
commencer à aborder l'article 1, pour ensuite se rendre à
l'article 5, ensuite la défaite va arriver. On n'a pas le temps, il faut
tout de suite faire appel aux règlements parce que d'ici à la
défaite, il est possible qu'on ait la guillotine. On a
déjà eu la guillotine, on sait que ce gouvernement a la main
légère sur la guillotine. Deux guillotines, l'an dernier, en
quatre mois et je vois dans les yeux du ministre une tentation. Jamais deux
sans trois.
M. Bérubé: La politique qui commence.
M. Lalonde: Le ministre a-t-il des commentaires à
faire?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Est-ce qu'il veut nous annoncer quelque chose?
M. Bérubé: Vous devinez des étincelles dans
mon regard, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le ministre justement vient nous annoncer une
guillotine. Jamais deux sans trois!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: Ce n'est pas possible de vous guillotiner, il
faut avoir une tête.
M. Lalonde: Non seulement on a les travaux de cette Chambre qui
nous bousculent dans l'étude de ce projet de loi, non seulement on a la
tentation avouée du ministre de recommander au leader parlementaire du
gouvernement d'imposer la guillotine, mais le règlement ne
prévoit pas qu'on puisse faire rapport au premier ministre pour changer
de ministre. Alors, il ne nous reste que la motion du député de
Saint-Laurent de faire un rapport très sombre, d'ailleurs, un rapport
auquel je n'aimerais pas être partie, si j'avais le choix. C'est un des
livres noirs que le gouvernement prépare de ce temps-là, il est
habitué le gouvernement de faire des dossiers noirs. Il y a des livres
blancs, des livres verts, c'est un gouvernement co-
loré, on le sait, il y a des dossiers noirs. Celui-là va
faire partie des dossiers noirs, parce que rarement a-t-on vu, dans nos annales
parlementaires, une commission parlementaire aborder l'étude d'un projet
de loi qui va coûter des centaines de millions aux
Québécois avec autant de légèreté, avec si
peu de sérieux. Le député de Frontenac semble
sincère, ce n'est pas le but de mon propos de mettre en doute sa
sincérité, mais j'ai tenté, dans toutes ses interventions,
de trouver un contenu. J'ai simplement réussi à déceler
des phrases, des déclarations, j'ai un contenant très large, mais
dont justement l'ampleur ne fait que souligner le vide de son contenu.
Et comme le député de Frontenac est ici plus souvent que
le ministre...
M. Gratton: Cela n'aide pas le gouvernement.
M. Lalonde: ... il faut naturellement lui accorder une certaine
importance j'espère que cela va quand même chatouiller
l'ego du député de Frontenac qui est mon vis-à-vis,
d'ailleurs, depuis le début de cette commission.
M. Grégoire: Vous allez le connaître longtemps.
M. Lalonde: C'est l'absence du ministre, même quand il est
ici physiquement, qui peut-être donne une certaine importance au
député de Frontenac. Cela n'est pas inutile naturellement, M. le
Président, de donner une certaine importance au député de
Frontenac. Cela ne lui nuit pas non plus parce qu'il faut dire que le
député de Frontenac, si on en juge seulement par ses
déclarations, on ne peut pas réellement conclure que sa
connaissance du dossier soit tellement déterminante. Il fait état
de documents énormes qu'il a apparemment lus, mais tout ce qu'on entend,
ce sont des phrases creuses, ce sont de grandes déclarations souvent
démagogiques, malheureusement. (20 h 45)
Vous me faites signe, il me reste deux minutes, il me reste juste assez
de temps pour déplorer que cette commission soit en quelque sorte
hypothéquée d'avance par l'arrogance du ministre et sa
décision, au départ, de ne pas collaborer aux travaux de cette
commission. Il se croit probablement à une réunion de son
cabinet, à une réunion de ses fonctionnaires, qui sont dans son
cabinet surtout pour flatter ses propres désirs, à savoir que
l'on doit faire quelque chose, n'importe quoi, à n'importe quel prix,
pour l'amiante. C'est devenu un symbole avec ce parti. On a maintenant
décidé d'acheter une société, qui est, au fond,
absente de ce projet de loi, mais qui est omniprésente dans la politique
qui a été annoncée dans la fameuse parade d'octobre 1977,
à Thetford Mines. Le ministre a décidé que la commission
parlementaire n'était qu'une formalité, une formalité un
peu désagréable, parce qu'on se fait dire certaines
vérités qu'on n'aime pas trop et qu'on fait semblant de ne pas
écouter, en faisant semblant de lire les journaux.
D'ici la fin de nos travaux, fin qui se situera quelque part dans les
mois qui suivront, j'espère que le ministre apprendra, lorsque
l'Assemblée nationale nous aura donné un nouveau mandat plus
précis, lorsque l'Assemblée nationale aura dit au ministre
d'être poli, d'être ouvert, de collaborer avec les
députés de cette commission parlementaire, à ce moment,
j'espère que la commission parlementaire pourra aborder l'étude
article par article de ce projet de loi, avec une pleine connaissance du
dossier. Il nous manque l'essentiel. On a entendu des gens, on a vu certains
dossiers, certains documents, il nous manque l'essentiel. Il nous manque ceci:
Pourquoi acheter? Pourquoi décider de dépenser des dizaines et
des centaines de millions de dollars du public, des citoyens
québécois, pour acheter une compagnie qui fait l'extraction de
l'amiante, alors que la politique du gouvernement doit être
orientée vers la transformation de l'amiante? C'est essentiellement
cela. Nous n'avons pas eu les réponses, donc, nous devons faire rapport
à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: Je vous remercie, M. le
Président.
Nous devons donc débattre une motion portant sur une nouvelle
demande de mandat à notre Assemblée nationale. En effet, cette
Assemblée nationale devait mandater cette commission pour discuter
article par article ce projet de loi, et voilà trois semaines que nous
avons motion après motion, après motion, après motion, ce
qui nous permet d'ailleurs d'entendre des répétitions
systématiques, ce qui a permis au député de Frontenac de
faire la comparaison entre le Boléro de Ravel et le boléro
libéral, comment répéter la même chose pendant vingt
minutes; évidemment, chaque auteur, comme un nouvel instrument de
musique, plutôt dans le style tambour, en général, y allant
de son cru.
Effectivement, après trois semaines de motions, parce que le
député de Saint-Laurent en a une pile de cette épaisseur,
que devons-nous constater?
Nous devons constater que l'Opposition manque de motions. Sans doute le
parti au pouvoir a peut-être concédé trop de leurs motions,
comme le disait tantôt le député de Gatineau, et, par
conséquent, nous avons épuisé leur stock trop rapidement.
Et voilà que ces gens ont besoin de retourner devant leur caucus en
disant: Auriez-vous une ou deux idées supplémentaires ? Une
serait suffisante, parce qu'avec la moitié du quart d'une idée,
nous avons duré trois semaines; par conséquent, nous pourrions,
avec une autre suggestion, durer peut-être encore trois semaines, cinq
semaines, et pourquoi pas six mois?
Par conséquent, il faut retourner à l'Assemblée
nationale demander un autre mandat. Evidemment, nous espérons,
entre-temps, que l'Opposition aura réussi à doubler
l'épaisseur de son dossier portant sur les motions à
présenter au cours de cette commission parlementaire.
II va de soi, d'ailleurs, que ces motions sont d'un intérêt
absolument révélateur. Nous avons pu voir l'air
complètement ahuri du député de Gatineau qui, comme il le
soulignait, n'avait pas participé aux débats de cette commission,
mais qui y est allé d'un discours de son cru, parce que son parti avait
décidé qu'il devait remplacer M. Ray-nauld qui, de toute
façon, ne parle jamais. Par conséquent, vous auriez pu aussi vous
abstenir de parler.
Le député de Gatineau y est allé, évidemment
d'un discours dans lequel on a pu retrouver, essentiellement, tous les
clichés auxquels nous avaient habitués le député de
Marguerite-Bourgeoys et le député de Saint-Laurent. Au même
moment où le député de Marguerite-Bourgeoys y allait de
son discours absolument poignant qui nous a emportés sur les ailes du
rêve et de l'imagination, le député de Saint-Laurent
était plongé dans la lecture d'une excellente revue d'ailleurs,
Québec-Demain. Il était en train de faire son éducation,
alors que, effectivement, pendant ce temps, le ministre des Richesses
naturelles, lui, consultait les dossiers sur l'amiante pour compléter
son éducation plutôt que de perdre son temps. C'est assez
passionnant; je me demande s'il vaut la peine de répondre à tous
les arguments qui ont été invoqués.
Or, d'une part, les rapports que nous avons soumis ne sont pas
concluants, messieurs, il ne fait aucun doute! Le député de
Richmond nous a dit: Ah! ces problèmes de salubrité, ces
problèmes de substitution! Nous lui avons remis un rapport, un rapport
préliminaire, qui est, je pense, une excellente analyse montrant les
problèmes de la substitution, les cas où il existe des produits
substituts, les cas où les produits substituts n'existent pas, les
problèmes d'économique relativement à ces substituts.
En effet, lorsqu'un journaliste un peu hâtivement y va de ses
commentaires quant au remplacement des freins d'amiante par les freins de
carbone et qu'on lit dans ce rapport que le député de Richmond
aurait pu lire mais, évidemment, il n'a pas tellement le temps,
c'est un homme très occupé, donc, s'il avait pris le temps de
lire ce rapport il aurait constaté que la fibre de carbone se
vend quelque $22 000 la tonne, contre $500 pour l'amiante et que, par
conséquent, la substitution pour demain est peu probable. Mais,
néanmoins, il n'a pas lu le rapport.
Il a besoin de plus de rapports, de plus d'études. En fait le
député de Vanier s'était amusé en Chambre à
déposer sur son bureau, avec l'aide du député de
Frontenac, l'ensemble du rapport je ne devrais pas dire l'ensemble des
rapports, puisque c'était une mince fraction mais à la fin
de la présentation du député de Vanier, nous avions de la
difficulté à voir les cheveux du député de Vanier
dépasser de cette tonne de rapports.
M. Lalonde: Elle a déjà été dite,
celle-là.
M. Bérubé: C'est qu'effectivement, les rapports
abondent. Les rapports sont nombreux, ils sont complets et le problème,
évidemment, est qu'ils ne sont pas concluants, lorsque l'on ne veut pas
conclure. En effet, problème de transformation: le groupe SORES nous dit
dans son étude que d'ici 1982, donc, au cours des quatre prochaines
années, on voit comme possibilité de transformation environ 7%;
c'est d'ailleurs le député de Richmond qui le confirme. On
identifie également un certain nombre de produits. Ce n'est pas la peine
de les répéter. Parlons un peu des plaques d'amiante poli ou des
matériaux de friction. Or, ô surprise! une étude absolument
parallèle, et qui même, je dois dire, était prête
bien avant le rapport SORES, nous indique essentiellement les mêmes
produits, nous indique, dans un horizon de dix ans, cette fois, 11% de
transformation. Par conséquent, compte tenu de l'échéance
envisagée, on se rend compte que 7%, en quatre ans, et 11% en dix ans,
pourraient s'avérer assez probable, assez compatible.
On prétend, néanmoins, que ces rapports sont
incohérents, qu'ils ne sont pas concluants, alors qu'on a devant les
yeux des exemples immédiats d'investissements. On nous a parlé de
la substitution. J'en ai glissé un mot tout à l'heure. C'est
impossible pour moi de vous convaincre plus avant que ce que peuvent vous dire
les rapports que vous avez entre les mains.
Qu'est-ce que je lis dans ce rapport que je vous ai remis? Ce rapport du
United States Department of the Interior, septembre 1977; il y est
écrit: "The US probable demand for asbestos in 2000 is expected to be
about one point three times that of the 28 trend point for 1975. The rest of
world demand should show a greater growth, since the developing countries have
a much greater new construction potential. Demand is likely to be limited by
capacity to produce."
Messieurs, ils n'ont certainement pas lu cette partie du rapport qui
leur dit que le marché de l'amiante est en pleine expansion, puisqu'on
nous parle d'un marché fini, d'un marché dans lequel nous n'avons
aucune possibilité de trouver des possibilités de
transformation.
A nouveau, de toute évidence, l'Opposition n'a pas lu ce rapport.
Quand on parle de l'importance du marché québécois, de la
production québécoise, on souligne et je dis bien
on souligne l'importance du marché canadien, on rappelle que, concernant
l'amiante de l'Union soviétique: "Most of which is used domestically in
the other COMECON countries. " En d'autres termes, la production
soviétique est consommée à l'intérieur même
du pays, et pourtant l'Opposition nous a parlé de la menace que fait
planer l'Union soviétique sur nos marchés de l'amiante.
Par conséquent, on se rend compte d'une chose: plus on
dépose de documents, moins l'Opposition semble renseignée et je
comprends pourquoi elle a besoin d'un nouveau mandat. Ses membres ont
épuisé leurs idées, messieurs, ils sont
complètement vides. Tantôt, effectivement, on parlait d'une
idée seule. Je cherche encore une idée qu'on aurait pu nous
proposer.
Concernant la salubrité, il ne fait aucun doute que le
mémoire que nous avons proposé est un mémoire très
nuancé qui souligne les problèmes
que pose la salubrité qui est basée sur l'analyse du
rapport Beaudry et, effectivement, il faut faire attention avec les
problèmes de l'amiante. Nous avons certainement observé les
problèmes de l'incidence de l'amiante sur certains cancers des poumons,
la mésothéliome.
Nous avons souligné les problèmes de la relation
dose-réponse avec le problème particulier de
l'impossibilité, étant donné l'absence d'études, de
définir s'il existe présentement un niveau inférieur de
teneur en amiante dans l'atmosphère qui soit absolument sans danger.
Néanmoins, puisqu'on nous a souligné à cette commission
qu'il n'était pas la peine de déposer le rapport Beaudry, que les
partis d'Opposition avaient eu l'occasion de lire ce rapport en détails,
eh bien!; s'ils l'avaient lu en détails, ils auraient constaté
qu'effectivement, avec des normes aussi sévères que celles
proposées par le rapport Beaudry, on estime que les problèmes de
l'incidence de l'amiante sur la santé devraient être
essentiellement résolus.
Par conséquent, on voit, de toute évidence, que
l'Opposition à nouveau n'a pas lu le rapport Beaudry, n'a pas lu les
rapports que nous avons déposés; on se demande d'ailleurs
pourquoi nous avons eu l'amabilité de les lire, de les déposer.
Ce qui a été intéressant, finalement, dans ces
réflexions que nous avons pu entendre, ce sont les réflexions du
député de Richmond, qui sont absolument passionnantes. En fait,
le député de Richmond "se ratrappe les bretelles" et dit: Nous
sommes en affaires messieurs, et il nous faut savoir les possibilités
d'investissement. Le député de Richmond se présente comme
un membre du conseil d'administration de la future Société
nationale de l'amiante. Je n'en voudrais pas pour administrer un kiosque de
limonade. Si, effectivement, il fallait une certitude absolue pour se lancer en
affaires, je doute fort qu'il y ait le moindre homme d'affaires au
Québec.
En effet, si Ford avait fait une étude de marché lors du
développement de l'automobile, il aurait constaté qu'il n'y avait
aucune place pour l'automobile en Amérique du Nord. En effet, au moment
où il a inventé l'automobile, en fait, l'ensemble de
l'Amérique circulait à cheval et, par conséquent, toute
étude de marché aurait permis de conclure qu'il n'y avait aucune
place pour l'automobile, le cheval remplissant tous les besoins de transport
connus à l'époque et voilà exactement le type de
problématique où nous amène le député de
Richmond. C'est que dans la mesure où nous ne pouvons pas définir
en détails tous les potentiels d'investissement, nous ne faisons pas une
étude de rentabilité détaillée et finalement il n'y
a aucune raison d'investir.
Or, il n'en va pas là d'une politique de l'amiante. D'une part ce
à quoi il faut réfléchir, lorsque nous cherchons à
élaborer une politique de l'amiante, c'est d'évaluer s'il existe
des avantages comparatifs à exploiter un gisement au Québec. Si
je prends la Société SORES, celle-ci nous dit, dans son
étude du mois d'août 1976, que j'ai pu déposer, dans sa
deuxième recommandation concernant les papiers d'amiante que la
stratégie du développement de cette industrie au gouvernement du
Québec, devrait baser ses arguments de promotion sur la garantie
d'approvisionnement en matière première non seulement en
quantité, mais aussi en qualité.
En d'autres termes, la Société SORES estime qu'un des bons
arguments c'est d'ailleurs la deuxième recommandation de trois
recommandations pour le gouvernement du Québec, quand il s'agit
d'inviter une industrie à venir s'établir au Québec, c'est
de lui donner une garantie d'approvisionnement qu'elle pourrait offrir
évidemment à une condition: qu'elle détienne une certaine
quantité de fibre qu'elle puisse offrir en garantie et cela suppose
donc, à tout le moins, le contrôle d'un certain volume de fibre,
donc le contrôle au moins d'une société dans la mesure
où le contrôle législatif ou fiscal des
sociétés minières ne nous est pas permis en vertu de la
constitution.
Par conséquent, déjà la Société SORES
souligne que la possession d'une fibre est un avantage comparatif
extrêmement important dans la recherche d'une industrie de
transformation. Evidemment, là encore l'Opposition n'a pas cru bon de
lire les recommandations de ce rapport SORES. C'est dommage, c'est pour cela
que j'ai pris plaisir à le relire. (21 heures)
Egalement, il nous faut des produits aux propriétés
intéressantes. Je pense que, là-dessus, il fait relativement peu
de doute que l'amiante offre des propriétés éminemment
intéressantes, par exemple au point de vue de ses
propriétés de ca-lorifugeage. En effet, nous entrons dans une
pénurie énergétique qui va amener la plupart des pays du
monde à chercher à améliorer les isolations. Par
conséquent, l'amiante, un excellent produit isolant, devrait être
en mesure de nous donner certains avantages importants. Non seulement cela,
mais l'amiante donne aussi aux matériaux, que ce soient les plastiques,
que ce soient les ciments, des propriétés de résistance
extrêmement intéressantes, qui permettent d'en réduire le
poids. Par conséquent, c'est un matériau en grande demande et
dont les marchés sont en continuelle expansion.
On y voit là un marché intéressant. L'amiante
permet donc de développer des produits intéressants.
Troisièmement, les marchés en expansion. Les rapports que
j'ai déposés sont unanimes à parler de marchés en
expansion, que ce soit le rapport SORES, que ce soit le rapport du MEER, que ce
soit le rapport du département de l'Intérieur des Etats-Unis.
Y a-t-il des possibilités d'investissement? A nouveau, le rapport
SORES nous dit qu'il voit immédiatement des possibilités
d'investissement, très rapidement, à la condition,
évidemment qu'on puisse ménager des avantages comparatifs. Or, on
nous souligne qu'un avantage comparatif important demeure la garantie
d'approvisionnement. Il existe donc des possibilités d'investissement,
possibilités tellement réelles que, lors d'un séjour
dans le comté du député de Richmond, j'avais
l'occasion d'indiquer à la population de son comté qu'en fait, en
1975, la société Johns-Manville était venue très
près d'implanter deux usines de transformation de l'amiante dans ledit
comté, à Richmond et à Asbestos.
Cependant, des querelles intestines entre certains cadres de la
société et certains cadres américains et me dit-on, des
difficultés avec le ministère de l'Expansion économique
régionale ont possiblement amené cette société
à décider de ne pas faire les investissements dans son
comté.
Cependant, si le député de Richmond s'était
renseigné en lisant soigneusement l'étude du MEER que j'ai
également déposée à l'Assemblée nationale,
il aurait constaté que cette même étude du gouvernement
fédéral donc une étude tout à fait
sérieuse, une étude tout à fait valable, une étude
indiscutable, celle-ci, puisqu'elle est faite par des fonctionnaires du
gouvernement d'Ottawa lui aurait permis de voir que, dans la même
période, 21 usines auraient quitté les Etats-Unis pour
s'établir au Mexique. Donc, dans la même période, on avait
des possibilités intéressantes de développement à
l'extérieur des Etats-Unis, possibilités dont n'a pas
profité le Québec évidemment, dont n'a pas profité
le comté du député de Richmond et dont le
député de Richmond n'entend pas profiter au nom de ses
électeurs dans la mesure où il fait tout son possible pour faire
obstruction au projet de loi qui nous est présenté ici.
En effet, c'est un marché qui n'a pas d'expansion, cet amiante.
Cependant, j'ai déjà eu l'occasion de souligner que si on prend
uniquement les papiers d'amiante, uniquement pour 1973/74, on a observé
une augmentation de près de 40 000 tonnes de transformation
supplémentaire en papiers d'amiante qui aurait représenté
une multiplication par deux de la transformation de l'amiante au Québec.
Il va de soi, évidemment, que même si SORES conclut que la
transformation de l'amiante en papiers au Québec est éminemment
rentable, le Québec possède des avantages comparatifs
réels; en dépit de cette analyse du groupe SORES, on doit
constater que cette transformation ne s'est pas faite au Québec, en
dépit de cet avantage précieux, mais elle s'est faite,
effectivement, aux Etats-Unis, ce qui a permis aux Américains de
transformer 3% de plus de l'amiante du comté de Richmond, amiante dont
le député ne veut pas et dont il voudrait se
débarrasser.
On voit là un député qui s'occupe
véritablement de son comté et je pense que le
député de Frontenac a raison de prendre soin de défendre
les intérêts des électeurs du comté de Richmond!
J'aimerais maintenant répondre à une question du
député de Marguerite-Bourgeoys. Il s'est dit: Qui paiera pour ces
industries? Il dit: C'est l'ensemble du Québec qui paiera pour quelques
citoyens des Cantons de l'Est qui eux, profiteront de cette politique du
gouvernement.
Malheureusement, je suis en désaccord total avec le
député de Marguerite-Bourgeoys. En effet, vous savez, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys M. le Président,
puisque je ne peux m'adresser au député de Marguerite-Bourgeoys
j'aimerais que vous lui fassiez une confidence, et la confidence que
j'aimerais que vous lui fassiez est la suivante: Le député de
Marguerite-Bourgeoys ne réalise pas que le taux de chômage dans
les Cantons de l'Est est éminemment plus élevé que dans la
région de Montréal.
Le député de Frontenac pourrait sans doute me le
confirmer: le taux de chômage est actuellement de...
M. Grégoire: 23%.
M. Bérubé: ... 23%. Je pense que le
député de Marguerite-Bourgeoys n'est pas au courant du taux de
chômage élevé dans le comté de Frontenac et qui est
sans doute le même dans le comté de Richmond, puisque ce sont deux
comtés sérieusement affectés par les problèmes de
chômage.
Mais je suis également convaincu que le député de
Marguerite-Bourgeoys ne sait pas que le Québec perçoit
présentement des compagnies d'amiante établies dans ces deux
régions tout près de $30 millions en rentes minières.
En d'autres termes, nous percevons, présentement, de ces
compagnies d'amiante $30 millions que nous versons à d'autres
régions du Québec. Par conséquent, il suffirait de cinq
ans à peine, cinq ans de rentes minières payées par les
travailleurs de la région de l'amiante qui sont obligés de vivre
au milieu des tas de poussière, avec les inconvénients,
l'amiantose, les maladies industrielles qu'on a connues; avec les conditions de
développement urbain qu'ils ont connues, avec les quartiers qui sont
continuellement mis en danger par l'expansion des mines... Donc, ces
travailleurs de l'amiante, ces municipalités de l'amiante ont
contribué, annuellement, pour $30 millions de rentes minières, de
droits miniers qui sont des taxes supplémentaires que ne paie pas
l'entreprise industrielle traditionnelle au Québec et cela, pour
l'ensemble des citoyens du Québec.
Ne serait-il pas juste et ne pourriez-vous pas souligner ceci, s'il vous
plaît, M. le Président, au député de
Marguerite-Bourgeoys qui, à nouveau, a décidé de
s'instruire parce qu'enfin il lit les rapports que nous lui avons remis, enfin
le député de Marguerite-Bourgeoys va s'instruire, ne
pourriez-vous pas signaler au député de Marguerite-Bourgeoys que
ce sont les travailleurs de l'amiante, avec leur industrie, qui vont payer
cette politique de l'amiante?
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que vous savez que les manifestations sont interdites en commission
parlementaire.
M. Lalonde: ... pas tellement enthousiaste. C'est pour cela que
je n'ai pas... C'était pas tellement enthousiaste. Cela avait l'air
commandé.
M. Grégoire: M. le Président, l'enthousiasme...
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: ... j'aimerais commenter.
M. Lalonde: Le député de Rosemont veut-il
intervenir?
M. Paquette: ... applaudit quand vous intervenez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est le
député de Gatineau qui avait demandé la parole.
M. Lalonde: Le député de Rosemont a demandé
la parole?
M. Paquette: Vous êtes jaloux! Vous êtes jaloux! Ce
n'est pas beau!
M. Gratton: Le ministre...
M. Lalonde: Le député de Terrebonne veut-il
intervenir? Pourrait-il s'approcher à la table, s'il vous plaît,
et demander le droit de parole?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît!
M. Fallu: Je ne vous adresse pas la parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Lalonde: Mais vous avez parlé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous savez fort bien...
M. Lalonde: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Des Voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Le député de Terrebonne a
commencé à intervenir et il est assis dans l'assistance. S'il
veut intervenir, qu'il demande la parole et on verra.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
pense, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, que le
député de Terrebonne est au courant de la façon de
procéder s'il veut parler. Je recède la parole au
député de Gatineau.
M. Lalonde: Alors, qu'il s'assoie!
M. Gratton: Le ministre se pose souvent la question: Les
députés de l'Opposition ont-ils lu tout ceci? Les
députés de l'Opposition ont-ils lu tout cela? J'aimerais lui
dire, par votre entremise, M. le Président, qu'il y a certaines lectures
que j'ai faites. J'ai lu, par exemple, le programme du Parti
québécois...
Des Voix: Ha!
M. Gratton: ... au chapitre IX, les mines... Programme du Parti
québécois, édition 1975. Si vous voulez, on va le relire
ensemble. Au chapitre des mines, à l'article 5, on peut lire ce qui
suit: "Créer un office de mise en marché pour le minerai
d'amiante, lequel sera l'agent exclusif pour l'achat et la vente du minerai sur
les marchés locaux et internationaux, et conférer à cet
office les pouvoirs nécessaires pour favoriser la transformation au
Québec de la matière première."
Il n'est pas question là d'acheter les compagnies d'amiante, de
les acquérir de gré à gré ou de les nationaliser.
On nous dira: On a fait des changements au programme de 1978 depuis qu'on est
au pouvoir. Voyons ce qu'on dit dans l'édition 1978 du programme
officiel du Parti québécois. Cette fois, cela se retrouve au
chapitre X, les mines, article 5, et je cite: "Créer pour le minerai
d'amiante un office de mise en marché qui aura le monopole de l'achat,
de la vente du minerai sur les marchés locaux et internationaux et
conférer à cet office les pouvoirs qui lui permettront de
promouvoir la transformation au Québec de la matière
première."
M. Bérubé: Après l'indépendance.
M. Gratton: II n'est pas question de créer une
Société nationale de l'amiante pour acquérir des
compagnies d'amiante.
M. Lalonde: Opportunisme politique. M. Bérubé:
Après l'indépendance.
M. Gratton: Je vous dirais même, M. le Président,
que, si le projet de loi no 70 traitait de ce qui est contenu au programme, aux
deux éditions de 1975 et de 1976 du Parti québécois, on
serait porté et on voterait à l'appui du projet de loi, M. le
Président.
Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Et quand on se demande, du
côté du ministre, si on sait lire, du côté de
l'Opposition, M. le Président, je lis les journaux. Rappelons, M. le
Président, que le ministre des Richesses naturelles...
M. Bérubé: Le Soleil.
M. Gratton: ... qui s'égosille dans toute sa splendeur,
s'est fait élire à partir du programme du Parti
québécois, celui de 1975, pas à partir de la politique de
l'amiante qui est entérinée dans le projet no 70, à partir
de la création d'un office de mise en marché.
Je dirais donc que je lis les journaux. J'ai vu
qu'avant que le gouvernement fasse son lit avec la politique de
l'amiante, c'est ce même ministre...
M. Lalonde: Ce n'est pas son lit, c'est son cercueil.
M. Gratton: ... qui déclarait aux journaux que lui, il ne
croyait pas à la nationalisation de l'amiante. Pourtant, c'est ce
même ministre qui, aujourd'hui, parraine un projet de loi qui nous
amène sans aucun doute à une pleine nationalisation.
M. Lalonde: C'est pour cela qu'il est de mauvaise humeur.
M. Bérubé: Je suis fort de bonne humeur, je dois
dire.
M. Gratton: J'aimerais que le ministre... D'ailleurs, on se
demande ce qui l'amène à être aussi de bonne humeur et
à être souvent au-dessus du niveau du plancher des vaches à
l'occasion.
M. Bérubé: Au-dessus du niveau du Parti
libéral.
M. Gratton: Dites-nous donc, M. le ministre, si vous le voulez
bien, ce qu'on doit croire: le programme du Parti québécois de
1975, qui ressemble à la version de 1978, votre déclaration
d'avant le dépôt du projet de loi suivant laquelle vous vous
opposez et que ce n'est pas la solution de nationaliser l'amiante, ou les
principes qui sont inclus dans le projet de loi no 70, que vous nous demandez
d'adopter les yeux fermés aujourd'hui?
M. Lalonde: il ne sait pas quoi croire.
M. Gratton: Expliquez-nous cela, M. le ministre, et
peut-être que nous, les obtus de l'Opposition, on finira pas
comprendre.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Gatineau, est-ce que vous acceptez
la question du député de Rosemont?
M. Gratton: Avec plaisir.
M. Paquette: J'aimerais demander au député de
Gatineau s'il pense que, dans le cadre fédéral actuel, on peut
créer un office de mise en marché des produits de l'amiante, tel
que stipulé au programme du Parti québécois?
M. Gratton: Ce n'est pas à moi de régler vos
problèmes constitutionnels.
M. Bérubé: S'il faut le référendum,
on va le faire.
M. Gratton: Tenez votre référendum au plus sacrant
et on va vous donner une réponse.
M. Paquette: Vous voudriez qu'on attende après le
référendum pour agir dans l'amiante.
M. Gratton: Mais, en attendant, ce n'est pas nécessaire de
tout chambarder.
M. Paquette: On le fera en temps et lieu.
M. Gratton: Vous êtes dans les nuages.
Le Président (M. Boucher): A l'ordre! M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Voulez-vous qu'on parle du référendum?
Voulez-vous qu'on parle du résultat probable du
référendum? De la souveraineté-association? On peut en
parler. D'ailleurs, on va en parler demain, à l'Assemblée
nationale, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau, vous avez la parole.
M. Gratton: M. le Président, je n'en demande pas plus. Je
demande à ce ministre rempli de lui-même qu'il nous dise quand il
disait le fond de sa pensée.
M. Lalonde: C'est un ministre pirouette.
M. Gratton: Au moment où il s'est fait élire
à partir du programme du Parti québécois qui nous parle de
la création d'un office de mise en marché? Au moment où il
se disait tout à fait réfrac-taire à l'idée de la
nationalisation de l'industrie de l'amiante? Ou au moment où, en
commission parlementaire, aujourd'hui, il nous propose d'adopter le projet de
loi no 70 et de créer la Société nationale de l'amiante
qui, éventuellement, à mon avis, finira par devoir nationaliser
au moins l'Asbestos Corporation? Qu'il nous clarifie cela, M. le
Président, et peut-être qu'on pourra comprendre un peu mieux la
logique du ministre.
D'ailleurs, on me signale, M. le Président, que c'est en
régime fédéral qu'on a déjà
créé un office de mise en marché des produits agricoles.
J'imagine qu'avec un peu d'imagination, surtout avec une imagination aussi
fertile que celle du ministre des Richesses naturelles, qui peut faire
volte-face d'un mois à l'autre, M. le Président, sur des
questions aussi fondamentales que celles-là, il devrait être
possible de trouver une solution et de respecter l'engagement qu'on a pris dans
le programme du Parti québécois, qu'on a renouvelé dans
l'édition de 1978 du Parti québécois. En 1978, ce
n'était plus une question d'un parti dans l'Opposition qui pouvait
promettre n'importe quoi et qui pouvait dire n'importe quoi. C'est après
la prise du pouvoir qu'on répète, à quelques mots
près, exactement les mêmes données que celles de
l'édition de 1975 du programme. (21 h 15)
Que le ministre nous explique ses volte-face, qu'il nous dise quelles
informations additionnelles il a pu obtenir en cours de route pour virer
son
capot de bord de cette façon. Peut-être bien que nous, les
obtus de l'Opposition, nous comprendrons assez pour peut-être laisser
tomber cette motion du député de Saint-Laurent de faire
rapport.
En attendant, vous conviendrez que les informations fournies
jusqu'à maintenant à cette commission, les contradictions
flagrantes des positions du ministre au cours d'à peine quatorze mois ne
sont pas de nature à rassurer l'Opposition, et encore moins la
population elle-même sur le sérieux des études sur
lesquelles ce projet de loi est basé.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Gatineau.
M. le député de Richmond, il vous reste huit minutes.
M. Brochu: Merci, M. le Président.
M. Gratton: Le ministre va-t-il répondre? Va-t-il nous
expliquer ces revirements.
M. Grégoire: II n'y a pas de question là. Une Voix:
II fait sa lecture.
M. Bérubé: J'ai épuisé mon droit de
parole, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau, le ministre a épuisé son droit de parole.
M. Gratton: Rappelez donc au ministre, M. le Président,
qu'en vertu de notre règlement il peut parler plus de vingt minutes.
Vous n'avez pas épuisé votre droit de parole. Vous pouvez parler
toute la nuit, si vous voulez. Si vous disiez quelque chose de sérieux,
on serait prêt à vous écouter toute la nuit à part
cela, mais jusqu'à maintenant...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau...
M. Bérubé: J'ai l'impression que cela doit
être sérieux, puisque vous me demandez de reprendre la parole.
M. Gratton: ... !e clown adjoint n'a rien donné au point
de vue information.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau, j'ai donné la parole au député de Richmond.
M. Gratton: J'ai posé une question au ministre.
Refuse-t-il de répondre?
M. Grégoire: Ce n'est pas une question bien claire.
M. Gratton: Je demande au ministre lequel avait raison?
M. Grégoire: M. le Président, il me reste encore
des minutes sur mon droit de parole.
M. Gratton: Voulez-vous me répondre, M. le ministre?
M. Grégoire: Si le député de Richmond me
permet, c'est bien simple de répondre.
M. Gratton: Non, je n'ai pas posé la question à
l'adjoint clown, je l'ai posée au ministre.
M. Grégoire: Je n'ai pas épuisé mon droit de
parole.
M. Gratton: Je pose une question très claire au
ministre.
M. Grégoire: S'il l'a épuisé...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, voulez-vous
répondre à la question ou désirez-vous...
M. Bérubé: M. le Président, puisque le
député veut poser une question, il me fait plaisir de lui
répondre. Tout d'abord, le problème particulier de la
régie de mise en marché. En effet, dans mon discours de
réplique en deuxième lecture, je me suis permis un exposé
constitutionnel reprenant essentiellement nombre de décisions juridiques
portant sur l'interprétation de 91-2 de la constitution et de 109 qui
démontrent, hors de tout doute, que toute mesure d'un gouvernement
provincial qui vise non pas tant à augmenter les revenus d'une province
qu'à contrôler les échanges commerciaux de cette province
avec des Etats étrangers, que ce soit d'autres provinces ou d'autres
pays, sont anticonstitutionnelles. Seul le gouvernement fédéral
pourrait, s'il l'avait voulu, imposer des quotas, des taxes à
l'exportation de manière à forcer la transformation au
Québec. Vous, vassaux, valets du Parti libéral national canadien,
vous savez très bien que vous auriez pu effectuer, surtout lorsque vous
étiez au pouvoir, toutes les démarches nécessaires
auprès de votre grand-papa Trudeau de manière que celui-ci daigne
condescendre et imposer les restrictions aux commerces extérieurs vous
permettant de transformer davantage d'amiante au Québec.
On se doute que vous avez sans doute effectué des
démarches, mais que celles-ci se sont heurtées à une fin
de non-recevoir et que, par conséquent, vous avez dû vous rabattre
sur l'absence de politiques ou sur l'absence d'idées.
Dans le cas plus précis de la régie de mise en
marché, effectivement, une régie de mise en marché n'est
pas constitutionnelle, ne peut pas, dans le cadre constitutionnel actuel,
être implantée par une province. D'ailleurs plusieurs tentatives
dans le domaine des richesses naturelles ont déjà avorté
dans des décisions juridiques très connues. J'en ai cité
plusieurs: Texada Mines versus Colombie-Britannique. Enfin, il y en a
plusieurs.
L'article comme tel du programme du Parti québécois
étant inapplicable, on peut procéder à une politique
partielle, applicable dans le cadre constitutionnel actuel.
M. Lalonde: Cela ne vaut rien. Peut-on le déchirer?
M. Bérubé: Dois-je souligner que l'Opposition s'est
attaquée, à plusieurs reprises, à l'ancien gouvernement en
disant: Contentez-vous d'administrer la province de Québec sans supposer
que nous sommes indépendants. Donnez l'exemple d'un bon gouvernement.
Administrez dans le cadre de la constitution actuelle. C'est
présentement ce que le gouvernement fait. Il administre dans le cadre
constitutionnel actuel.
M. Lalonde: ... Faillite pour cela.
M. Bérubé: ... avec les pouvoirs qui lui sont
donnés.
Premièrement, concernant la régie de mise en
marché, si cette approche pouvait s'avérer possible dans le cadre
d'un Québec indépendant, je pense qu'elle serait certainement
à évaluer dans deux ans et demi, lorsque le Québec sera
indépendant, suite au référendum.
Concernant maintenant la nationalisation, je me dois de souligner que je
n'ai jamais dit que, comme tel, l'achat d'une société
n'était pas une solution acceptable. J'ai dit que d'un point de vue
pragmatique, la nationalisation de l'industrie de l'amiante n'était pas,
à mon point de vue, la meilleure solution. Je ne dis pas que ce n'est
pas une bonne solution, mais à mon point de vue, j'ai dit que ce
n'était pas la meilleure solution. Il y a une énorme
différence entre la nationalisation de toute l'industrie de l'amiante et
l'achat d'une société. Là, c'est toute la
différence au monde que le député de Gatineau, je pense,
est incapable de comprendre, mais néanmoins, qui est substantielle. Par
conséquent, constatant que j'ai beau répéter et
répéter les réponses à ces questions, le
député de Gatineau, en dépit de cela, n'arrive pas
à comprendre. Comme il semble à la fois aveugle et sourd, je
perds tout espoir de ne jamais lui faire comprendre la politique de
l'amiante.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président, très rapidement,
j'aimerais revenir sur les propos qui ont été tenus par le
député de Frontenac en ce qui concerne les nombreux documents qui
ont été déposés devant la commission parlementaire.
Le député de Frontenac a indiqué que huit des neuf groupes
demandés, d'une part, ont été entendus, ce qui est exact,
et deuxièmement, que dix des treize documents demandés ont
été déposés, ce qui est également exact.
Comme nous avons pu également mettre la main sur une foule d'autres
documents, sur une foule d'autres études qui ont eu lieu par les
années passées, ce qui est également exact.
Cependant, le député de Frontenac faisait
référence, à ce moment, au contenant et non pas au
contenu. Ce que j'ai voulu dire tantôt, au cours de mon intervention, est
ceci. Quant à l'ensemble des données que nous avons pu recueillir
à partir de ces documents, et de la part des gens qui sont venus ici
devant la commission parlementaire, il y avait une foule de contradictions
évidentes sur la table de cette commission parlementaire; ce qui est
fort différent. Je veux dire ici que ce n'est pas le nombre de documents
déposés ou le nombre des personnes comparaissant devant une
commission parlementaire qui fait qu'un projet de loi est valable ou non, ou
qu'il doit être un élément sur lequel on doit se baser pour
accepter ou non un projet de loi; sans cela, vous n'auriez, messieurs, à
l'avenir, lors de prochaines discussions en commission parlementaire,
qu'à nous apporter des papiers d'un pied ou deux d'épaisseur et
nous dire: Voici, messieurs, tout est là. On est prêt à
agir. C'est différent. Je tenais à revenir là-dessus parce
que c'est très important.
Le ministre a indiqué qu'une étude parallèle
à celle de SORES, dont le travail avait été fait avant
celui de SORES, montre que les possibilités de transformation sur une
période de dix ans, au Québec, sont de 11%. Comment se fait-il
alors que l'an dernier, dans le discours du budget, le ministre des Finances
ait fait état de 20% de produits transformables en sol
québécois? Donc, cette étude, d'après mes calculs,
à ce moment, était disponible. Qui dit vrai? On pourrait faire le
jeu dès maintenant. Qui dit vrai et à quel moment? Puisque d'un
côté, on a cette étude que le ministre nous a remise, qui
dit qu'il y a une possibilité de 11% de transformation des produits de
l'amiante au Québec, et de l'autre côté, on a la firme
SORES qui vient nous dire ici qu'il y a une possibilité maximale de 7%
de fibre transformable au Québec en produits finis.
M. Bérubé: A quelle période?
M. Brochu: Le ministre des Finances nous dit 20%.
M. Bérubé: A quelle période?
M. Brochu: C'est de tout cela qu'on veut discuter, M. le
ministre.
M. Bérubé: C'est déposé. C'est
inscrit dans les rapports.
M. Brochu: Qu'on fasse le point là-dessus. Sur quoi le
ministre des Finances s'est-il basé pour dire qu'il y a 20%?
M. Bérubé: Sur un objectif général
visé par le gouvernement.
M. Brochu: II a besoin d'être général votre
objectif, parce qu'entre 20% et 7% et 11%, il y a toute une différence.
C'est là-dessus que je vous dis que c'est sur le contenu.
De plus, je reviens là-dessus, le ministre a indiqué, en
ce qui concerne la menace de fibre russe sur les éventuels
marchés, que la fibre russe n'est pas inquiétante, contrairement
à ce que le député de Richmond a dit, parce qu'elle est
d'abord et avant tout pour le marché intérieur russe. Le ministre
nous accusait, à ce moment, de ne pas lire. J'aimerais peut-être
lui suggérer certaines lectures aussi, parce que l'allocution qui a
été prononcée par M. Messel, le président de
l'Association des mines d'amiante du Québec, à sa 29e
assemblée il n'y a pas longtemps, l'article du journal est
daté du 1er avril. On m'indique même le chiffre
d'augmentation d'exportation de la fibre russe.
Je reviens à l'article du journal La Tribune du 1er avril
où M. Messel dit ceci, lorsqu'il parle des perspectives de 1978 dans le
monde de l'amiante où il y a actuellement certaines perturbations; en
plus des problèmes de substitution qu'il voit à l'horizon, des
difficultés de commercialisation, il dit: Ensuite, le taux de croissance
économique prévisible n'est pas de nature à
rétablir la stabilité de commerce mondial, ni à susciter
une reprise marquée de la construction dans les pays
industrialisés. Enfin, l'augmentation de la production soviétique
de fibre est susceptible d'influencer négativement la demande de fibre
québécoise. Qu'est-ce que c'est si cela n'est pas une influence
directe? Il y a même certaines données qui sont sorties à
ce sujet.
Lorsque le ministre nous accuse d'un ton que j'aime mieux
qualifier d'humoriste parce que si ses propos étaient sérieux,
ils ne seraient pas à son avantage; j'espère que c'était
surtout pour badiner de ne pas lire, j'aimerais qu'il regarde comme il
faut les données sur lesquelles il se base pour nous présenter le
projet de loi 70 en ce qui concerne simplement ce secteur.
Plus loin le ministre nous dit: Les gars ne lisent pas; le
député de Richmond ne lit pas; les autres ne lisent pas. On a
déposé le rapport Beau-dry; on a fait tous ces efforts pour la
salubrité et la santé des travailleurs.
M. le Président, le Devoir du mercredi, 6 avril 1977, titrait
"Yves Bérubé..." je pense que c'est la même
personne, la photo est là " ... d'un simple point de vue
pragmatique, la nationalisation n'est pas une solution." Il a le droit de
changer d'idée; c'est son affaire. Mais ce n'est pas à ce
sujet...
M. Lalonde: Oui, mais il change souvent.
M. Brochu: La question ne concerne pas ce sujet. Je reviens ici
pour dire...
M. Lalonde: II faut frapper un bon jour.
M. Brochu: Vient en troisième lieu l'importante question
de la salubrité des mines d'amiante et de la protection de la
santé des travailleurs. A cet égard, le ministre souligne,
après bien d'autres, que les compagnies ont montré très
peu de savoir-vivre et qu'elles devront accepter de se ré- former
radicalement. M. Bérubé précise ici qu'un projet de loi,
largement inspiré des principes et des recommandations du rapport
Beaudry qu'eux-mêmes ont déposé, est en voie de
préparation et qu'il sera bientôt déposé à
l'Assemblée nationale.
Je vous fais remarquer, M. le Président, que c'est le Devoir du
mercredi, 6 avril 1977. On nous accuse de ne pas lire; pourtant on est
grandement au courant de ce qui se passe, de ce que le ministre dit de ses
propres rapports. Depuis ce temps-là, on n'a pas vu l'ombre de ce projet
de loi pour corriger la situation des travailleurs atteints d'amiantose.
M. Bérubé: Le député de Richmond me
permet-il une question?
M. Brochu: Non, non, je continue mon affaire.
M. Bérubé: Cela vous permettrait de comprendre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Brochu: Non, non, je comprends assez; j'ai eu assez d'appels
téléphoniques en fin de semaine de gens qui sont actuellement sur
le marché du travail...
M. Bérubé: II ne veut pas s'instruire; il ne veut
pas s'instruire.
M. Brochu:... sans leur permis de travail et qui sont
amiantosés à 20%, 22%, 25%.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
M. Brochu: Non, non, sur la motion, M. le Président. Pour
montrer au ministre qu'il n'est pas tout seul à avoir lu; il n'est pas
tout seul à avoir lu, ce bon ministre, ce brave ministre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Plusieurs députés sont très loin de la motion depuis une
heure; tout le monde, tout le monde...
M. Brochu:... d'ailleurs, il continue à pratiquer son
rythme de lecture.
M. le Président, le rapport Beaudry a été
déposé. Le gouvernement est au pouvoir depuis quinze mois. Il
était clair dans le programme qu'il pouvait corriger la situation de ces
personnes qui sont encore au travail sans leur permis de travail; il pouvait
corriger rapidement la situation par une simple technique législative.
Cela n'a même pas encore été fait. Encore là, qui
dit vrai? Et quand?
C'est dans tout ce contexte qu'on est aux prises avec le genre de
discussion qu'on a actuellement. Essentiellement, ce qu'on a dit, c'est qu'on
est devant après avoir lu toutes ces choses, après avoir
entendu toutes les personnes qui sont venues devant nous une situation
incohérente et un tas de contradictions qui nous font dire: Un
instant, donnez-nous des choses plus précises que
celles-là; dites-nous sur quoi vous vous appuyez pour dire que c'est
tellement fantastique que de vous acheter une mine. Vous pouvez bien vous en
acheter une mine; c'est votre affaire. Par contre, de là à faire
payer tous les citoyens du Québec, c'est une autre chose. C'est pour
cela que je vous disais que les gens de la région des Cantons de l'Est
chez nous comme chez vous d'ailleurs, M. le député de
Frontenac veulent la transformation; c'est clair qu'ils la veulent; On
veut avoir des emplois; c'est normal et c'est certain. Par contre, dites-leur
donc qu'ils vont avoir à payer $250 millions et peut-être
davantage sans que cela ne crée un seul emploi. Allez leur dire pour le
"fun". Dites-leur la vraie chose, par exemple. Mentionnez-leur donc qu'il reste
des zones grises et même des zones noires dans votre affaire. Entre 7%,
9% et 11% de finition de produits, il y a de grandes marches; c'est un long
escalier. C'est leur portefeuille qui va parler en cours de route. C'est tout
cela. C'est pour cela que vous avez beau parader et venir faire des petites
veillées dans nos comtés; c'est une bien bonne affaire. Chaque
fois que vous venez, cela nous aide. Continuez.
M. Grégoire: ... l'autre jour...
M. Brochu: D'ailleurs chez nous, je suis bien content: il y a 100
personnes qui se sont déplacées pour aller vous voir. J'ai cela
ici. Dans la ville même de l'amiante, la capitale mondiale de l'amiante,
il y a 100 personnes qui se sont déplacées pour aller voir un
ministre et trois députés.
M. Grégoire: ...
M. Brochu: 100 personnes. Ils ont probablement compté les
chauffeurs et les journalistes.
M. Grégoire: La capitale de l'amiante.
M. Brochu: Cela a été intéressant, remarquez
bien.
M. Lalonde: Pas fort, hein! C'est pas fort, hein!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: II y avait tout de même le Conseil
municipal, la Chambre de commerce...
M. Brochu: C'est pour vous dire, M. le Président...
Une Voix: Mme Payette était là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Brochu: Pour vous dire, M. le Président, que ce qu'on a
besoin d'avoir, ce sont des don- nées précises. Ne nous demandez
pas de vous encenser et de dire O.K. à un projet quand nous,
logiquement, on s'aperçoit qu'il y a des trous dedans. Donnez-nous des
choses logiques, des choses sur lesquelles on peut appuyer un jugement de
valeur et là, on vous répondra favorablement. Mais non si vous
nous arrivez avec de telles choses.
Merci, M. le Président. (21 h 30)
Vote sur la motion
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion du député de Saint-Laurent serait-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Lalonde: Oui. Adopté, M. le Président.
Des Voix: Appel des votes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bérubé (Matane).
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bordeleau (Abitibi-Est).
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brochu (Richmond).
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Forget (Saint-Laurent).
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire (Frontenac).
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ouellette (Beauce-Nord).
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Rancourt (Saint-François).
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion est rejetée 6 voix contre 3.
J'appelle maintenant l'article 1 du projet de loi. Cet article est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Constitution de la société Article
premier
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre un instant, s'il vous plaît avez-vous un
exposé à faire sur l'article 1 conformément à la
tradition?
M. Bérubé: Depuis le temps que nous attendons
l'article 1, on a fini par oublier sur quoi portait l'article 1.
Une Voix: Avez-vous changé d'idée sur l'article
1?
M. Gratton: Etes-vous pour ou contre l'article 1, M. le
ministre?
M. Bérubé: Je pense, M. le Président...
M. Gratton: Aujourd'hui?
M. Bérubé: ... qu'à l'exception du "Sa
Majesté", avec lequel je ne suis pas en entier accord, je pense que
concernant l'article premier...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 1. Le préambule vient à la fin.
M. Bérubé: Concernant l'article premier, je pense
que je n'aurai pas d'objection de quelque nature que ce soit et pas de
présentation particulière. En effet, il s'agit tout simplement de
définir la raison sociale de cette société qui s'appellera
la Société nationale de l'amiante.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: On aborde, avec un soupir de soulagement presque
visible de l'autre côté de la table, l'étude, article par
article, proprement dite. On verra bien si les promesses que nous avaient
faites le ministre et son adjoint parlementaire, à l'effet qu'à
partir de ce moment-ci on obtiendrait toutes sortes de précisions et de
discussions intéressantes et approfondies sur le fond de la question,
vont se réaliser...
Ma prédiction est que le mutisme et le dogmatisme dont on a
été les témoins depuis le début de la part des
ministériels vont se perpétuer exactement de la même
façon que dans le passé et on se rendra compte que
l'étude, article par article, donne encore moins de prise à une
discussion éclairée de l'ensemble de la politique de l'amiante
que nos débats préliminaires n'ont pu le faire.
Mes remarques sur l'article premier de ce projet de loi visent à
faire ressortir que l'intention du gouvernement et la raison fondamentale de
son choix d'une option parmi les différentes possibilités qui
s'offraient à lui sont motivées essentiellement par des
considérations de nationalisme. C'est afin de s'enrober du manteau
nationaliste que le gouvernement, non seulement a pris cette option
définie dans le projet de loi, mais a aussi donné un titre
très particulier à cette société d'Etat.
En effet, pourquoi Société nationale de l'amiante? A-t-on
une société nationale de l'électricité? A-t-on une
société nationale d'initiative pétrolière? A-t-on
une société nationale d'exploration minière?
Tout à coup, il semble indispensable pour le gouvernement de
s'enrober dans ce manteau nationaliste et c'est probablement au nom du
nationalisme, dont on veut se faire les champions de l'autre côté,
que l'on a pris cette filière particulière.
En effet, en plus de oui, on y reviendra tout à l'heure
justement à ces désignations cette question de nom...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Oui, mais c'est un club ferme du Parti
québécois.
Une Voix: Vous permettez qu'on ait au moins...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît et écoutons le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: En plus de ces questions de nom, de désignation
qui, en soi, ne tirent pas tellement à conséquence, il y a toute
une démarche que vient de décrire d'ailleurs presque par
coïncidence le ministre, lorsqu'il nous a expliqué ses raisons ou
les raisons qu'il veut bien invoquer pour avoir exclu l'autre choix que
constituait la création d'un office de mise en marché parce que
non seulement cet office de mise en marché se retrouvait-il dans le
programme de son parti; il s'y retrouve encore, assez curieusement, dans le
programme de 1978. C'est un peu comme si le Parti québécois, du
côté des militants, du moins, n'avait pas pris connaissance de la
conférence de presse du premier ministre du 21 octobre.
Quoi qu'il en soit, du côté du parti, ces recommandations
qui se retrouvaient également dans le rapport dont le
député de Frontenac a fait si grand état aujourd'hui, qui
émanait du Conseil régional de développement de l'Estrie.
C'était leur solution privilégiée. C'était donc une
solution qui, aux yeux de certains, apparaissait comme celle qui devait
être préférée.
Or, quels sont les raisons que le ministre a invoquées tout
à l'heure dans sa réplique de deuxième lecture pour
l'écarter? Il a invoqué essentiellement un argument à
caractère constitutionnel. C'est un argument, dans le fond, qui,
superficiellement, est exact dans la mesure où seul, iso-
lément, le Québec n'est probablement pas en mesure de
mettre sur pied un mécanisme de réglementation du marché
pour la fibre d'amiante puisqu'il interviendrait ainsi indirectement dans le
commerce international.
Cependant, le ministre ne s'est pas fait faute, au cours du débat
en deuxième lecture, et certains de ses collègues ont
renchéri là-dessus, de nous parler de la collaboration dont le
ministère de l'Expansion économique régionale avait fait
état dans certains documents préparés, soit sous l'ancien
gouvernement, soit dans les premiers mois du gouvernement actuel.
Il est donc un fait qu'il est possible de constater, pour qui veut le
faire, puisque les documents mêmes ont été publiés
à ce sujet. Si le gouvernement du Québec avait choisi la voie de
la création d'un office de mise en marché, il pouvait compter, a
priori, sur la collaboration du gouvernement fédéral. Bien
sûr, avant d'en arriver à de telles conclusions, des études
étaient requises pour connaître les possibilités de
transformation. L'argument du ministre selon lequel le gouvernement
antérieur aurait donc pu prendre une telle décision est inexact
puisque les dates auxquelles les rapports en question sur les
possibilités de transformation ont été terminés
sont respectivement juillet 1976 pour celui qui a été
distribué ce matin relativement aux produits textiles d'amiante; juillet
1977 pour les études du groupe de travail sur l'amiante, et même
janvier 1978 dans le cas de l'étude SORES.
Ce n'est donc que tout récemment que l'on a pu circonscrire un
tout petit peu plus précisément les possibilités de
transformation, les possibilités techniques et commerciales de
transformation. Il y a donc tous les éléments, en ce début
d'année 1978, réunis pour permettre à un gouvernement
provincial, un bon gouvernement provincial, comme s'est plu à le
rappeler le ministre, pour entreprendre une démarche, pour rechercher la
collaboration, une articulation précise de cette collaboration possible
avec le gouvernement fédéral et mettre sur pied un office de mise
en marché des produits de l'amiante.
Ces démarches, cependant, seraient venues en contradiction avec
les postures constitutionnelles, les postures nationalistes du gouvernement
actuel. C'est essentiellement pour ne pas poser des gestes de collaboration,
pour ne pas recevoir, par le succès prévisible d'une telle
démarche auprès d'Ottawa, un démenti à sa
thèse indépendantiste et souverainiste que le gouvernement
préfère, au contraire, imposer à l'ensemble des
contribuables un fardeau évitable, complètement superflu de
quelque $250 millions pour prendre le contrôle d'une de ces entreprises.
Ce faisant, M. le Président, il acquiert un contrôle beaucoup
moins complet sur l'ensemble de l'industrie, il va sans dire, puisqu'il en
contrôlera que le tiers ou un peu moins.
C'est donc une mesure imparfaite, c'est un mauvais substitut à
l'alternative qu'il rejette, superficiellement encore une fois, pour des
détails techniques juridiques qui sont valables, mais dans le contexte
étroit, défini au préalable par le gou- vernement, qui
consiste à rendre impossible toute collaboration, toute demande de
collaboration auprès du gouvernement fédéral.
Si jamais de telles démarches étaient fructueuses, quel
argument de poids le gouvernement n'aurait-il pas à rencontre de sa
thèse constitutionnelle? Il fournirait lui-même, en quelque sorte,
des armes à l'adversaire à la veille du référendum
en faisant la démonstration qu'il est possible de s'entendre avec les
ogres fédéraux et qu'il est possible de développer, avec
la collaboration de tous les gouvernements et de tous les impôts que
paient les Québécois à tous leurs niveaux de gouvernement,
et de mettre sur pied une politique de l'amiante qui n'impliquerait pas des
déboursés aussi catastrophiques que ceux dans lesquels on veut
nous engager de l'autre côté. C'est donc à la fois dans la
façon de définir les options, de choisir l'une des options la
plus coûteuse et la moins efficace et dans le choix même du nom
qu'on veut donner à la société qu'éclate non pas
l'objectif de transformation maximale de l'amiante au Québec, mais
l'objectif de nationalisme à tout prix.
L'amour des symboles et des drapeaux que l'on retrouve de l'autre
côté et qui s'exerce aux dépens du meilleur
intérêt des Québécois, du meilleur
intérêt qui ne peut pas passer par des mesures coûteuses
dont on nous annonce presque à l'avance l'efficacité très
partielle, le soin qu'on met à dissimuler les chiffres, le soin qu'on
met à prendre des précautions sur les délais
extrêmement longs dans lesquels se réaliseront les
prévisions de création d'emplois nous montrent bien que le
gouvernement lui-même n'a pas confiance dans la solution qu'il a retenue
pour des raisons purement politiques, pour des raisons de politique
nationaliste et non pas pour des raisons de politique économique dans le
contexte d'un développement optimal de l'industrie de l'amiante.
Motion d'amendement
Pour ces raisons, M. le Président, et afin de souligner que cet
artifice, ce désir déplacé et trop coûteux du
gouvernement de se réclamer d'objectifs nationalistes dans toutes les
occasions, même celles qui sont les moins appropriées, dans le but
de souligner cette volonté du gouvernement de tout subordonner à
son objectif constitutionnel, son objectif de référendum, je
présente cette motion d'amendement à l'article premier qui se lit
comme suit: "Que l'article premier soit modifié en remplaçant,
dans la deuxième ligne, le mot "national " par les mots "pour la
transformation et la commercialisation des produits".
L'article amendé se lirait donc comme suit: "Une compagnie
à fonds spécial, ci-après appelée la
Société, est constituée sous le nom de
Société pour la transformation et la commercialisation des
produits de l'amiante". Ce titre...
M. Bérubé: ...
M. Forget: Je n'ai pas, contrairement au ministre, le
désir de faire des sigles qui sonnent musicalement à son
oreille.
M. Lalonde: De toute façon, votre sigle est SNAC.
M. Forget: Cette préoccupation du ministre est, j'imagine,
plus superficielle qu'il ne sied au sujet qui est devant nous, mais le but de
cette désignation serait de faire ressortir le plus clairement possible
l'objectif même que le ministre a dit vouloir poursuivre qui est la
transformation et la commercialisation dans le monde entier des produits de
l'amiante et d'enlever ce prétexte, ce drapeau, ces oripeaux de
nationalisme dont il veut se parer.
M. Bérubé: Parler d'oripeaux quand on parle de la
nation. Cela montre à quel point vous avez une haute estime de
votre...
M. Forget: Quand on parle du mot qu'on veut utiliser pour des
fins politiques et partisanes.
M. Bérubé: C'est un scandale, c'est un
scandale.
M. Forget: Oui, c'est effectivement un scandale.
M. Lalonde: Vous êtes un accident de la nation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, si je comprends bien votre motion, elle
a simplement pour but de remplacer le mot "national" par d'autres termes, mais,
dans l'esprit de votre amendement, on ne fait que traduire les buts mêmes
de cette société qui ne sont pas changés, en fin de
compte. C'est le terme...
M. Forget: A moins que le ministre nous dise que le but de la
société n'est pas la transformation et la commercialisation des
produits de l'amiante, ce qui me surprendrait fort puisque c'est comme
ça qu'il l'a défendu; il me semble que ça ne change rien
aux objectifs du projet de loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
je déclare la motion recevable.
M. Forget: M. le Président, je n'ai pas à expliquer
davantage un titre qui se veut descriptif plutôt qu'un titre qui, tel
qu'il est suggéré dans le projet de loi, se veut, non pas
descriptif, mais évoca-teur de toutes sortes de sentiments dont on veut
faire payer le prix à la population du Québec.
Je pense que si la politique de l'amiante du gouvernement a des
mérites, si elle est défendable, elle pourrait se
défendre, elle peut effectivement être défendue et
acceptée par la population, sans avoir à la parer de titres
où on veut faire sentir des connotations qui n'ont rien à voir
avec le développement de l'industrie de l'amiante et de la région
de l'amiante. C'est une façon de procéder qui n'a jamais
été suivie dans la désignation de nos
sociétés d'Etat et qui est moins appropriée pour celle-ci
que pour toutes les autres, parce que, étant donné sa vocation
qui consiste pour une part à fonctionner sur le plan des échanges
internationaux, à transiger sur le marché international, une
telle désignation porterait nécessairement à
confusion.
Comme le ministre a cru bon de nous rappeler que jusqu'à
l'indépendance, puisqu'il s'agit bien de cela, il s'agit de fonctionner
dans le cadre actuel, il est clair que pour les acheteurs étrangers, de
transiger avec la Société nationale de l'amiante au nom de l'Etat
ou du gouvernement du Québec, alors qu'il ne s'agit pas encore d'un Etat
national dans le sens plein du mot, serait sans aucun doute une fausse
représentation.
M. Bérubé: ... à l'Assemblée
nationale.
M. Forget: Je n'ai pas à défendre ce titre. Je
laisserai ce soin au député de Richmond, puisque ce titre a
été inspiré à une autre époque par un
désir, un désir remarquable. Mais cette analogie que trace le
député de Matane et ministre des Richesses naturelles est
intéressante. C'est une analogie qui est pleine d'enseignement.
A une certaine époque, au Québec, un certain gouvernement
a cru bon de donner le change à la population en donnant à des
choses, toutes sortes de choses, l'Assemblée législative de
l'époque, la bibliothèque, anciennement la bibliothèque
Saint-Sulpice de Montréal, etc., des épithètes nouvelles.
On a cru créer la réalité en changeant les mots. C'est un
peu ce que le gouvernement actuel essaie de faire, de donner le change, de
créer l'illusion d'une réalité inexistante en utilisant
des mots, en utilisant la magie du langage, M. le Président.
Mais la magie du langage est insuffisante pour nous, du moins, et il me
semble que le gouvernement devrait s'interdire d'employer ce genre de
désignation tant qu'il n'a pas réalisé ses objectifs dans
ce domaine. C'est une esppèce de fraude le mot est
peut-être un peu fort c'est une espèce d'abus des mots que
de le faire dans le contexte actuel. Le ministre a dit: L'option que nous
prenons, elle est définie essentiellement par notre statut
constitutionnel actuel.
Or, ce statut ne permet pas, de façon légitime, d'employer
le terme national dans le sens où il est utilisé dans le titre de
ce projet de loi et dans le titre de la société que l'on veut
créer.
C'est pourquoi le ministre ferait bien de reconsidérer cette
désignation qui m'apparaît prématurée pour le
moins.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, sur l'amendement.
M. Brochu: Oui, sur l'amendement qui a été
présenté par le député de Saint-Laurent. Puisque la
motion d'amendement présentée par le député de
Saint-Laurent contribue à identifier plus clairement les objectifs de la
loi que poursuit le ministre en faisant en sorte que le nom contienne un peu le
mandat qui est confié à cette société, je suis
d'accord pour appuyer cette motion comme telle.
De plus, cela rejoint certaines préoccupations dont j'aurai
l'occasion de vous faire part lorsque nous arriverons à l'article 4 du
projet de loi, où on se retrouve un peu avec la même discussion. A
ce moment-là, on aura l'occasion, en ce qui nous concerne, de faire
valoir certains autres points.
Cependant, je ne vous cacherai pas qu'en ce qui me concerne, dans la
motion du député de Saint-Laurent, j'aimerais inclure le mot
"nationale". Cela ne me fait pas peur. Je n'ai pas peur du tout de ce
côté-là. A ce moment-là, l'article tel
qu'amendé pourrait se lire simplement comme suit: Une compagnie à
fonds social, ci-après appelée "la société" est
constituée sous le nom de Société nationale pour la
transformation et la commercialisation des produits de l'amiante. Je pense que
cela ne va pas du tout contre aucune espèce de forme de
réalité qui existe. C'est conforme à ce qui est... Cela ne
renie pas non plus le passé du parti dont je fais partie, l'Union
Nationale, qui est d'ailleurs nationale elle-même. A ce moment-là,
on avait même changé, il y a quelques années, comme vous
l'avez dit tout à l'heure aussi, le nom de l'Assemblée
législative, pour l'Assemblée de la nation, l'Assemblée
nationale.
Cela ne va donc pas du tout à l'encontre de cette façon de
voir. Je veux souligner que je vais appuyer la motion du député
de Saint-Laurent, comme il l'a présentée, sauf que je
souhaiterais que l'appellation "nationale" soit maintenue.
Une Voix: Est-ce un amendement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends que vous n'en faites pas un sous-amendement. Vous seriez d'accord
avec un autre genre de désignation, mais vous n'en faites pas
l'amendement, n'est-ce pas?
M. Brochu: Je ne sais pas si le député de
Saint-Laurent voudra inclure dans sa motion le mot "nationale". Non?
M. Forget: Non.
M. Brochu: Même pas?
M. Bérubé: Non, cela fait longtemps qu'ils ont
perdu...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
Motion de sous-amendement
M. Brochu: A ce moment-là, j'ai simplement à faire
une motion d'amendement...
M. Lalonde: Un "filibuster "?
M. Brochu: ... dans le sens qu'on ajoute à la proposition
de motion du député de Saint-Laurent le mot "nationale",
après le mot "société". Cela me paraîtrait
acceptable, pour les motifs que je vous ai donnés tout à
l'heure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Même si je la connais par coeur, donnez-la quand même par
écrit pour fins de comptabilisation par le personnel des commissions
parlementaires.
M. Brochu: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
déclare le sous-amendement recevable. Cela commence bien pour l'article
premier.
M. Lalonde: Vous faites un "filibuster".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Voulez-vous parler sur le sous-amendement, M. le député, parce
que vous avez parlé sur l'amendement?
M. Brochu: Oui, mais très brièvement, simplement
pour vous dire que je pense qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui auraient
objection à ce que l'appellation contienne le mot "nationale ". C'est un
symbole qui est même reconnu. L'Assemblée nationale est là
comme telle. Je ne pense pas que personne soit empêché d'entrer au
parlement pour cela.
M. Forget: L'Union Nationale est-elle en désaccord avec
vous?
M. Brochu: Pas du tout, on ne reniera pas nos traditions et nos
origines. Simplement dans ce sens, je pense que la motion du
député de Saint-Laurent serait acceptable en y incluant le mot
"nationale ".
Je vous remets, selon votre demande, M. le Président, la motion
telle qu'amendée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, sur le sous-amendement.
M. Grégoire: Je serais d'accord pour ajouter le mot
"nationale ".
M. Bérubé: Cela nous apparaît fondamental
à nous aussi.
M. Forget: C'est ce que je pensais, que cela vous
apparaîtrait... C'est le but même de l'opération.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Lalonde: Sur le sous-amendement, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'ai la conviction, le sentiment le plus profond
d'être actuellement en pleine commission de crimes de
lèse-péquiste, en m'inscrivant en faux contre le sous-amendement
du député de Richmond.
M. Paquette: Le chef du Parti national populaire n'est pas ici
malheureusement!
M. Grégoire: Un crime de lèse de l'Union
Nationale.
M. Lalonde: Non, c'est un crime de lèse-péquiste,
parce que je pense que c'est à ce moment-là que l'Union Nationale
rejoint le Parti québécois. Naturellement, je ne veux pas faire
injure à mon collègue qui s'est conduit jusqu'à
maintenant, dans ce débat, comme un véritable
député de l'Opposition. Il a rejeté le nouveau style. Il
va s'apercevoir sûrement que c'est rentable d'agir ainsi. Je comprends
toutefois ses préoccupations. Il sait que cette société
nationale détiendra, si le projet du gouvernement se réalise
éventuellement, un tiers de la production, n'est-ce pas?
M. Brochu: Environ.
M. Lalonde: Environ un tiers de la production d'extraction. C'est
peut-être un désir de l'Union Nationale de voir
éventuellement un tiers de la population l'appuyer. C'est
peut-être ainsi une analogie que, par comparaison ou extrapolation, le
député de Richmond veut faire. Je ne vois pas d'autre
façon, de réhabilitation pour tous les gestes un peu vides que
l'Union Nationale a faits dans le passé en mettant des mots sur des
réalités, espérant qu'en ce faisant, elle changerait la
réalité.
C'est justement le but de la motion du député de
Saint-Laurent de purger cette démarche du gouvernement de toute
tentative de caractère artificiel. Ce que le gouvernement veut faire,
c'est justement une société pour la transformation et la
commercialisation des produits de l'amiante. On est devant un dilemme du
côté du gouvernement. On a, d'un côté, le programme
du Parti québécois qui parle d'un organisme de mise en
marché. On vient de nous dire que c'est dans la perspective d'une
indépendance fort illusoire. D'un autre côté, on nous dit:
II faut quand même légiférer dans le contexte actuel. Comme
c'est le cas pour ce parti depuis le 15 novembre 1976, heure noire dans
l'histoire du Québec, on est en pleine contradiction. On tente de poser
des gestes qui, d'après les aspirations du Parti
québécois, seraient conformes aux intérêts des
Québécois d'un côté, et de l'autre, on joue
justement dans l'hypothèse que le Québec est
séparé. On fait de la séparation de l'amiante
actuellement. On a fait de la séparation linguistique. On fait de la
séparation agricole. On fait de la séparation quotidiennement
dans ce gouvernement. Là, on essaie de légiférer sur les
deux côtés de la clôture. D'un côté, on fait un
projet de loi qui, d'après l'aveu même du ministre, ne serait pas
nécessaire dans le cas où on serait séparé, mais on
donne à cet organisme un nom qui serait peut-être acceptable, au
cas où on serait séparé.
On est dans la contradiction, dans le dilemme. C'est ce qui a
causé la chute de popularité de ce parti depuis quelques mois.
C'est une chute libre. C'est à peu près la seule chose libre
qu'on a dans ce parti, de toute façon.
La motion du député de Saint-Laurent, que le
sous-amendement du député de Richmond veut amender, a le
défaut de s'accrocher à la réalité, a le
défaut, d'après ces apprentis sorciers de l'autre
côté de la table, d'être réaliste, a le défaut
d'appeler "chat" un chat. C'est cela, c'est le problème.
M. Grégoire: C'est pour cela qu'il est indépendant
lui aussi!
M. Lalonde: M. le Président, il n'y avait aucune intention
de ridiculiser l'Union Nationale. Quand je le ferai, je le ferai en termes
clairs. Puisqu'il faut parler d'autres animaux, cette motion a le défaut
d'appeler "chameau" un chameau.
M. Grégoire: C'est correct, cela.
M. Lalonde: Là, les péquistes comprennent. Eux, qui
sont dans le désert politique actuel, savent ce qu'est un chameau. C'est
cela qui est le problème des péquistes. C'est comment fait-on
pour légiférer dans la réalité quotidienne. Surtout
quand on connaît le goût des "patentes" et de la parade de ce
gouvernement, c'est difficile de dire: On fait simplement une
société. Pourquoi faire une société dans ce
gouvernement? Il faut faire une société nationale, même si
tout ce qu'on fait, c'est acheter une mine. Cela ne fait rien, ce sera une mine
nationale. Est-ce que ce sera une belle mine un peu! Elle sera nationale. La
mine voisine ne sera pas nationale, pas du tout, elle ne sera pas
québécoise.
M. Grégoire: II y a déjà une mine
nationale.
M. Lalonde: L'autre mine ne sera pas du tout
québécoise!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Elle est minable, cette tentative du gouvernement,
c'est minable, parce que cela s'adresse à deux tentatives, à deux
objectifs différents d'ailleurs, et contradictoires.
M. le Président, je vous fais remarquer que l'horloge s'approche
de 22 heures, et que vous devrez, dans quelques secondes, ajourner nos travaux
à demain, 10 heures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 1)