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Etude du projet de loi no 70
Loi constituant la Société
nationale de l'amiante
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Bérubé (Matane), M. Godin (Mercier), M. Brochu (Richmond), M.
Forget (Saint-Laurent), M. Grégoire (Frontenac), M. Laplante (Bourassa),
M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt (Saint-François) et M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Raynauld (Outremont). Les intervenants sont:
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Paquette (Rosemont), M. Raynauld (Outremont)
remplace M. Garneau (Jean-Talon), M. Landry (Fabre), M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue), M. Léger (Lafontaine), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Roy (Beauce-Sud) et M.
Samson (Rouyn-Noranda).
La parole était au député de
Marguerite-Bourgeoys.
Constitution de la société Motion de
sous-amendement (suite)
M. Lalonde: M. le Président, nous étions en train
de discuter, à l'ajournement, hier soir, la motion de sous-amendement du
député de Richmond, afin d'ajouter au nom proposé par le
député de Saint-Laurent, le mot "nationale", pour qu'on puisse
appeler cette société d'amiante: Société nationale
pour la transformation et la commercialisation des produits de l'amiante.
Au fond, on discute de l'opportunité d'utiliser le mot "nationale
" dans le nom. Cela peut paraître un débat plutôt mince. Il
reste qu'il a son utilité, puisqu'on peut quand même avoir
l'occasion, comme députés, de faire notre devoir de
législateurs. C'est aussi dans ces détails apparents que l'on
retrouve certaines vérités importantes et que l'on doit, comme
législateurs, faire preuve de toutes les qualités qui sont
attendues de nous, y compris la précision.
On a employé le mot "nationale" dans plusieurs noms de
sociétés dans tout le pays. On peut invoquer, je pense, un
précédent d'un côté comme de l'autre. Qu'on pense au
Canadien national, par exemple, on pourra dire: Voilà un
précédent qui permet au gouvernement d'employer le mot
"nationale" dans le nom de la société de l'amiante. On doit donc
laisser les précédents un peu de côté, parce que je
pense que, des erreurs passées, on ne peut pas quand même tirer la
sagesse présente par la simple imitation. Je pense toutefois quand
même qu'on doive conserver un qualificatif aussi précieux que
"national" pour des occasions, pour des institutions ou pour des souvenirs
précieux et qui sont chers à notre coeur. Au niveau des
institutions, se trouve l'Assemblée nationale. Au niveau des souvenirs,
ou des antiquités, on peut parler de l'Union Nationale. Conservons ces
qualificatifs importants, qui décrivent réellement une possession
de la nation pour des choses importantes et non pas simplement pour une
entreprise qui va faire l'extraction et peut-être la transformation de
l'amiante.
Je comprends que les symboles ont tous les droits, en politique. C'est
un symbole, l'amiante, dans l'esprit de ce parti. C'est strictement un acte de
spoliation que le gouvernement fait, actuellement, en proposant la
société nationale. Le Parti québécois s'empare de
l'idée "amiante" pour en faire un drapeau politique.
Je pense qu'un bon gouvernement doit s'imposer une rigueur beaucoup plus
exigeante au niveau de la législation. Dans l'hypothèse où
l'intention du gouvernement serait de prendre en charge toute l'industrie, tout
le secteur de l'amiante, à ce moment, peut-être que la
société nationale serait plus pertinente. Mais on se souviendra
que, par l'application de la politique annoncée du gouvernement qui est
actuellement l'acquisition de la société Asbestos, cette
société du gouvernement ne deviendra, en fait,
propriétaire que de moins de la moitié; on dit près du
tiers en importance du secteur actuel de l'amiante. De sorte que l'appeler
"nationale" serait trompeur; cela serait trompeur et il me semble que le
gouvernement devrait s'abstenir de faire de tels gestes. Autrement, on pourra
avoir des doutes quant à sa sincérité, quant à
l'authenticité de son geste.
Il faudrait que les Québécois soient convaincus que cette
société nationale soit réellement une
société nationale. Autrement, ce geste aurait pour effet, comme
plusieurs gestes du gouvernement jusqu'à maintenant, de l'isoler de plus
en plus dans un coin où il se regarde le nombril en disant: Ce qu'on est
gentil, ce qu'on est beau, un peu. On peut même faire des poèmes
à ce sujet. Mais les Québécois, eux, pensent à
autre chose. Ils pensent à autre chose; ils ont d'autres
préoccupations beaucoup plus importantes.
C'est pourquoi, M. le Président, je pense que l'inclusion du mot
"nationale", tout en étant fort, c'est-à-dire tout en se
rapportant à des valeurs qui sont extrêmement importantes pour
nous, serait trop prétentieux. En fait, ce serait une prétention,
ce serait une superbe, ce serait un panache que le gouvernement mettrait dans
le nom d'une société qui aurait moins de la moitié de
l'importance des activités de l'amiante, qui serait limitée
à des activités strictement reliées à l'amiante. Si
c'étaient des activités pour tout le secteur minier, par exemple:
on a SOQUEM. Si on l'avait nommée société nationale,
qu'est-ce que cela aurait donné de plus à SOQUEM?
M. Bérubé: C'est une société
québécoise.
M. Lalonde: Une société québécoise,
cela donne le lieu, cela situe la société. Oui, cela n'est pas
société ontarienne.
Une Voix: Ce qui contrôle.
M. Lalonde: Mais société nationale, on peut avoir
une société nationale pour n'importe quel territoire. Cela fait
appel non pas à un lieu; cela fait référence à une
valeur nationale. Peut-être que le Parti québécois, qui n'a
pas pu s'appeler l'Union Nationale ou le Parti national parce que l'Union
Nationale existait, a une certaine nostalgie et à chaque occasion, il va
aller piger le mot "nationale" et l'accoler à toutes ces
créations. C'est peut-être pour cela.
M. Ouellette: Me permettriez-vous une question très
sérieuse?
M. Lalonde: Oui, oui.
M. Ouellette: Vous connaissez la différence entre la
définition du mot "nationale " en français et "national" en
anglais? Pouvez-vous nous donner la différence, dans votre esprit, entre
le sens de ces deux mots?
M. Lalonde: M. le Président, la question n'est pas de
savoir ce que le mot "nationale" veut dire en anglais. Est-ce que le
député veut légiférer en anglais?
M. Ouellette: Ce n'est pas cela. Mais on voudrait savoir si vous
légiférez...
M. Lalonde: Cela me surprend, mais il me semble que le ministre
au développement culturel devrait être ici pour rappeler le
député à l'ordre.
M. Ouellette: ... en français sur des critères
anglais.
M. Laionde: II s'agit simplement de savoir comment cela va
s'appeler en français "société nationale ". Je ne veux pas
faire de sémantique ici. Pour les gens, "société
nationale" est une société nationale qui va avoir...
M. Ouellette: Vous parlez en français, mais vous pensez en
anglais.
M. Lalonde: ... non seulement dans sa possession, mais aussi dans
l'ampleur, dans son action, une importance telle que c'est nécessaire de
dire que c'est "nationale".
M. Ouellette: Vous ne reconnaissez pas l'existence d'un peuple
québécois, alors?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Mais c'est cela l'Assemblée nationale.
M. Ouellette: C'est quoi?
M. Lalonde: C'est l'Union Nationale qui l'a nommée, mais
là, au moins, c'est limité à une institution tout à
fait importante. Conservons cela pour des choses extrêmement
importantes.
M. Grégoire: L'amiante, il n'y a rien de plus important
que cela.
M. Lalonde: Le député de Frontenac qui vient... Le
chat sort du sac, M. le Président.
M. Grégoire: II n'y a rien de plus important que cela.
M. Lalonde: II n'y a rien de plus important que l'amiante pour le
député de Frontenac. Réellement, le député
de Frontenac ne pense qu'à l'amiante. Je vous avoue que...
M. Grégoire: Vous savez pourquoi?
M. Lalonde: ... je ne peux pas le blâmer, mais...
M. Bérubé: Y a-t-il une seule substance pour
laquelle nous contrôlions 65% du commerce mondial?
M. Lalonde: II faut dire que les électeurs du comté
de Marguerite-Bourgeoys ne partagent pas les préoccupations du
député de Frontenac. Je dois dire cela au départ.
M. Grégoire: Ni le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Nous croyons que l'amiante c'est important, comme
toutes les richesses, comme toutes les valeurs qui nous appartiennent, mais de
là à perdre la tête complètement et à en
faire un symbole et un drapeau, il y a une limite. C'est là que vous
avez commencé à faire des erreurs. Vous avez tenté d'aller
chercher cette question, ce problème et d'en faire de la politique. Vous
en avez fait de la politique depuis le début du Parti
québécois. Vous en avez fait de la politique lorsque vous avez
annoncé votre décision. Vous avez fait de la politique même
en prenant votre décision, parce que cela a été une
décision politique.
Pas besoin de l'expliquer, pas besoin de la justifier, c'est une
décision politique. Donc, c'est sacré, les dieux ont
parlé. C'est probablement par l'effet d'une prescience quelconque, M. le
Président, que les dieux ont parlé. Ils ont dit que
c'était bon, qu'il fallait faire cela. Il ne faut pas se poser de
questions.
M. Godin: A chacun son projet du siècle, M. le
Président.
M. Lalonde: Voilà, encore un autre chat qui sort du sac.
On veut faire le projet... On est jaloux du projet du siècle.
M. Grégoire: ... le député de Richmond, en
parlant des chats.
M. Lalonde: On est jaloux de la baie James. C'est vrai qu'il a
fallu la réhabiliter. Cela a dû être un peu douleureux de
réhabiliter la baie James. M. le Président, j'ai
été interrompu...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord, mais ne cédez point à la provocation.
M. Lalonde: C'est cela le projet du siècle, M. le
Président. Le projet du siècle du Parti québécois,
c'est l'amiante. J'aurais aimé que le Parti québécois, le
gouvernement se prépare davantage, ait appuyé son projet du
siècle sur des documents beaucoup plus solides. Le député
de Mercier n'était pas ici hier, mais on a vu que cela faisait
pitié, les documents qu'on nous a présentés.
J'espère qu'il va lire le document du groupe de travail. Est-ce que
c'est fait? Je l'invite à le lire. S'il y trouve des choses nouvelles,
M. le Président, j'espère qu'il va nous les décrire et
nous en faire part ici, à la commission parlementaire, parce que
j'aurais aimé que ce projet du siècle du Parti
québécois soit mieux étayé.
Il reste, M. le Président, que, quant à l'appellation
nationale, c'est l'aboutissement de tout ce processus politique du Parti
québécois. On a pris l'amiante, on l'a mis dans le programme du
Parti québécois. Ce n'était pas suffisant un organisme de
mise en marché. Voyons donc! Il n'y a personne qui va accrocher avec
cela. On ne peut pas faire élire beaucoup de monde là-dessus.
Alors, on va faire une société nationale pour la décision
politique. Alors, M. le Président, dans ces circonstances, il n'y a plus
grand-chose à dire, il n'y a qu'à les regarder aller et souhaiter
qu'ils se réveillent avant de s'isoler complètement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Mercier, sur la motion de sous-amendement.
M. Godin: II n'est pas étonnant, M. le Président,
de voir nos amis d'en face mettre en doute le fait que ce que le gouvernement
du Québec fait, quand ce n'est pas le leur, n'est pas national et n'a
pas de portée nationale. Il n'est pas étonnant non plus de voir
que l'Opposition officielle s'oppose à la présence du mot
national dans le titre de cette entreprise qui est, on l'a dit, on le
répète, un rapatriement des richesses naturelles du Québec
entre les mains de la nation québécoise.
La quantité, M. le Président, ne fait rien à
l'affaire, c'est l'intention qui compte et la SOQUEM, qui a été
ainsi baptisée par nos amis d'en face à l'époque où
ils étaient au pouvoir, s'appelle la Société
québécoise minière. Pour reprendre l'analogie de mon
savant ami, le député de Marguerite-Bourgeoys, est-ce que le fait
que cette société ne contrôle pas toutes les mines du
Québec a empêché ce gouvernement de l'appeler la
Société québécoise? Pas du tout! Ils se sont dit:
Peut-être qu'on met un pied dans la porte et ce pied-là portera le
nom du gouvernement ou de la nation qui prend cette décision, cela
s'appelle Société québécoise d'exploration
minière.
Qu'ils s'opposent aujourd'hui à cela, cela prouve tout simplement
leur mauvaise foi, ça prouve tout simplement qu'ils veulent, pour des
raisons obscures et bizarres, retarder l'adoption de cette loi. Je pense que
l'Opposition a le droit et même le devoir de s'opposer à ce que le
gouver- nement fait à l'occasion, mais nous sommes en face d'une
opposition systématique, d'une opposition qui, à mon avis, a le
défaut d'être antihistorique, a le défaut de se situer en
dehors de ce que c'est fort, hein?...
M. Lalonde: Si vous faites votre historique, il faudrait
s'aplatir.
M. Godin: ... en dehors de ce que le peuple du Québec veut
faire depuis un méchant bout de temps, un sacré bout de temps. Ce
n'est pas nous qui avons inventé cela, qu'il fallait exercer un
contrôle sur les richesses naturelles du Québec, ce n'est pas nous
qui avons inventé ça, on n'existait pas comme parti il y a dix
ans. C'est une motion qui est récurrente dans la pensée de tout
gouvernement du Québec depuis qu'il y a un gouvernement à
Québec, depuis 1791.
Quand nous réalisons enfin ce que les deux partis d'en face ont
mis dans leurs déclarations, dans leurs discours depuis un
demi-siècle et même plus, quand nous le faisons enfin, on tente
d'amener le gouvernement dans le marais des pertes de temps, du "filibuster"
déguisé, appelons ça comme on veut, sauf que je me demande
qui ils représentent ici, ces deux partis d'en face, qui font perdre le
temps de la commission parlementaire. Qui représentent-ils ici? Ils
représentent effectivement 60% de l'électorat. Or, on sait que
cet élec-torat, d'après les renseignements déposés
ici même par certains maires, membres d'un des deux partis, est venu nous
le dire, on le sait, parce qu'il nous l'a dit, affirmant que, dans la
région en question, les gens étaient plutôt d'accord avec
ça.
Les sondages préparés par l'Association des mines
d'amiante ont été démentis par les dépositions
faites ici même à la commission par des représentants
élus de ces populations...
M. Grégoire: Et même des libéraux.
M. Godin: ... et même des libéraux. Ces sondages
sont faits par les sociétés minières de l'amiante, il
n'est pas étonnant qu'ils arrivent aux résultats qui nous ont
été dévoilés ici, et dans les journaux plus
précisément.
Ce qui me frappe de la part de ce gouvernement, dans le temps où
il était gouvernement, c'est l'importance qu'il attache aux sondages.
Comme si un gouvernement devait gouverner par sondages, comme si un
gouvernement... M. le député d'en face, en faire, c'est une
chose, mais gouverner par sondages, c'est autre chose.
M. Lalonde: Vous en faites paraître tous les mois.
M. Godin: En faire, c'est une chose, mais baser ses
décisions sur des sondages, c'est autre chose.
M. Lalonde: Bien, voyons donc!
M. Forget: Nous n'en avons jamais fait sur les mots.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: Jamais.
M. Lalonde: Non, mais depuis que vous l'avez emporté, vous
vous êtes mis à plat ventre, par exemple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Paquette: Jamais de la vie...
M. Lalonde: Vous vous êtes dégonflés depuis
deux mois, à cause des sondages.
M. Paquette: Attendez à la fin de l'année, vous
allez voir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Grégoire: On voit que l'opinion publique est devenue
bonne sur l'assurance automobile.
Une Voix: De mieux en mieux.
M. Grégoire: De mieux en mieux, oui.
M. Godin: M. le Président, malgré, encore une fois,
l'opposition systématique de nos amis d'en face à l'assurance
automobile et à la Société nationale de l'amiante,
malgré cela, nous allons le faire quand même. Même si les
sondages, temporairement, étaient unanimement contre la
Société nationale de l'amiante, on le ferait quand même,
parce qu'on est convaincu que c'est une bonne décision, M. le
Président. C'est une bonne décision, simplement parce qu'on ne
peut plus laisser les multinationales...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion, M. le député de Mercier.
M. Godin: Non, mais j'y reviens.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Revenez.
M. Godin: On a le choix entre les sociétés
multinationales de l'amiante ou la Société nationale de
l'amiante. Est-ce qu'on revient là-dessus? Est-ce que je reviens sur le
sujet? A choisir entre les sociétés multinationales de l'amiante
et la Société nationale de l'amiante, notre choix est clair,
c'est la Société nationale de l'amiante. On n'a pas honte du mot
"national" on n'a pas honte de ce mot. C'est un mot qui a un sens pour nous, le
mot "national". Le mot "national" a un sens pour nous, parce que la nation
québécoise a un sens pour nous, M. le Président. (10 h
30)
La nation québécoise a un sens pour nous. On peut se poser
la question: Est-ce qu'elle a un sens pour nos amis d'en face, la nation
québécoise?
Est-ce qu'elle a un sens? Si elle avait eu un sens à
l'époque où ils étaient au pouvoir, ils auraient
adopté de telles législations. Tout ce qu'ils ont fait, ce sont
des études, des travaux; d'ailleurs, ils appelaient cela la
nationalisation de l'amiante, comme par hasard.
Mais pour des raisons secrètes, bizarres, curieuses, on ne saura
jamais pourquoi précisément, à moins qu'un jour ou
l'autre, ces deux messieurs d'en face écrivent leurs mémoires,
puisque c'est le mode des politiciens à la veille de leur retraite,
peut-être qu'à ce moment-là, nous saurons la raison pour
laquelle ils n'ont pas mis la machine en marche, la raison pour laquelle ils
ont fait faire des études et qu'ils n'ont pas franchi le pas vers la
nationalisation d'une partie des richesses naturelles du Québec.
Je suis sûr que ce serait extrêmement intéressant de
savoir cela. Peut-être qu'il y aura une série de sept
émissions sur Lalonde-Forget, comme il y en a eu sur Duplessis, et
peut-être qu'on verra les raisons pour lesquelles ils n'ont pas
osé faire le pas...
M. Forget: Le poète politicien.
M. Godin: ... qui consiste à nationaliser une partie des
ressources naturelles du Québec, en vue de rapatrier au Québec
les emplois qui vont avec la transformation et la commercialisation de nos
richesses naturelles.
Pour ces raisons, je dis que l'Opposition fait un "filibuster"
antihistorique et je pèse mes mots et antinational
et je pèse mes mots elle fait, au fond, un "filibuster"
multinational. C'est la direction qu'elle a prise. On l'a vu dans le cas de
ITT, on l'a vu dans d'autres cas dans le passé. C'est la direction
qu'elle a prise.
M. Lalonde: General Motors.
M. Godin: Laissons-la aller dans cette direction.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Godin: Est-ce que je peux rappeler au député de
Marguerite-Bourgeoys que le principal développement de General Motors au
Québec a été fait sous M. Lesage, un des plus grands
premiers ministres du Québec, un membre de votre parti...
M. Lalonde: On n'a pas honte, mais on ne parle pas d'un coin de
la bouche contre les multinationales pour ensuite se faire élire avec
elles.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: C'est de l'hypocrisie pure et simple.
M. Godin: Par conséquent, la raison pour laquelle on le
fait, c'est que cela crée de l'emploi, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. La seule raison, c'est que cela crée de
l'emploi.
M. Lalonde: Vous allez en créer en achetant cela.
M. Godin: Ce qui nous importe, avec le projet de nationalisation,
c'est la création d'emplois.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Si cela continue, je vais faire un sondage sur la
nécessité de la présidence.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
M. Godin: M. le Président, si les multinationales...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys sur une question de
règlement.
M. Lalonde: Je pense que le règlement me permet de poser
une question au député de Mercier. Est-ce que le
député de Mercier me permet une question?
M. Godin: Posez-la et je verrai.
M. Lalonde: Le député de Mercier parle d'emplois
qui seraient créés par la nationalisation. Combien d'emplois vont
être créés par...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
refuse votre question et je refuse la réponse également. C'est en
dehors du sous-amendement.
M. Lalonde: Mais c'est lui qui était rendu
là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II
était justement en dehors du sous-amendement lui aussi.
M. Lalonde: J'avais donc une bonne question de règlement
à soulever.
M. Godin: M. le Président, la raison pour laquelle on
nationalise une partie de cette richesse naturelle, c'est uniquement parce que
les multinationales n'ont pas fait ce que la nationale va faire, créer
de l'emploi dans le secondaire, ici.
Si cela avait été fait depuis cinquante ans, sous les
pressions successives de Taschereau, Duplessis et autres, si cela avait
été fait, la création d'emplois par les multinationales,
le gouvernement du Québec, aujourd'hui, ne serait pas obligé d'en
arriver à une société nationale.
C'est la raison pour laquelle, dans le domaine des autobus, puisque cela
crée des emplois, on n'y touche pas. Dans le domaine des bagnoles, cela
crée de l'emploi, sous M. Lesage, on n'y touche pas. On n'a pas
créé de société nationale de l'auto puisqu'il y
avait de l'emploi en partie dans ce secteur. On crée du national parce
que les multinationales ne donnent pas au Québec leurs jus- tes
retombées d'emplois dans le secondaire. C'est la raison pour laquelle on
fait cela. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion de sous-amendement sera adoptée? M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je peux céder la parole au ministre. A tout
seigneur tout honneur, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
avais reconnu en premier, je vous cède donc la parole.
M. Lalonde: Tirez les premiers, MM. les Anglais.
M. Forget: Sur le sous-amendement, je ne fais pas de
procès, bien sûr, à notre collègue de Richmond de
vouloir retrouver un peu partout le mot que l'on retrouve dans le nom de son
parti. C'est une ambition normale et fort légitime. Donc, je peux
comprendre ce qui le motive et je veux l'assurer que, si nous nous opposons
à son amendement, ce n'est certainement pas par mauvais esprit ou par
mauvaise humeur à l'endroit de la formation politique qu'il
représente. On s'étonne cependant davantage mais
l'étonnement ne dure pas longtemps de voir le gouvernement
emprunter les mêmes artifices de langage pour se fabriquer une image que
l'Union Nationale a utilisés à une autre époque. C'est un
nouveau style probablement du gouvernement qui le dispense de faire les choses
qu'il veut faire en donnant le change quant à la rhétorique, aux
mots, au vocabulaire.
Si on essaie de se poser la question, à la suite...
M. Godin: Ce sont eux qui font de la rhétorique en
changeant les pinottes sur les mots. On parle de $250 millions, ce n'est pas de
la rhétorique, ce sont des piastres qu'on veut débloquer. Ils ne
veulent pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Lalonde: On va parler de vos $250 millions tout à
l'heure.
M. Godin: Parlons-en donc tout de suite. C'est cela qui est
important. Vous dites vous-même que ce ne sont pas les mots qui sont
importants.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Godin: Ce sont eux qui nous font perdre notre temps avec les
mots.
M. Lalonde: Que fait-il ici, lui?
Une Voix: Ils vous "achale", n'est-ce pas?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Godin: II n'aime pas la poésie.
M. Lalonde: Oui, je vais vous en lire, si vous voulez.
Une Voix: Déposez donc...
M. Lalonde: Je vais vous en lire de la poésie, si vous
voulez.
M. Godin: J'exige le dépôt ici même de ce
texte publié sans copyright par le Parti libéral pendant une
campagne électorale, à 36 000 exemplaires, de porte en porte dans
un comté anciennement détenu par le premier ministre
Bourassa.
Une Voix: C'est pour cela que vous avez été
élu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Nous ne sommes pas à la commission des
affaires culturelles, nous sommes aux richesses naturelles.
M. Godin: Sans copyright, 36 000 exemplaires. Je suis devenu le
poète le plus lu au Québec.
M. Lalonde: Ce qui est étonnant, c'est qu'il a
été lu quand même!
M. Godin: Justement, vous aviez mal compris ce qui se passait
dans Mercier.
M. Lalonde: II fallait être bien mauvais.
M. Laplante: Imaginez-vous si c'était tombé dans
Marguerite-Bourgeoys.
M. Godin: Je suis devenu un best-seller grâce à eux,
M. le Président.
M. Forget: Je crois qu'il s'en réjouit depuis ce temps, M.
le Président. On est bien content d'avoir contribué à sa
fortune, au moins, littéraire.
M. le Président, pour faire suite...
Des Voix: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: ... aux propos du député de Mercier,
où il invoque des raisons, peut-être les seules qui ont
été invoquées de l'autre côté pour justifier
cette appellation de "nationale", on doit se poser la question: Qu'est-ce
exactement qui sera national et qui ne l'est pas actuellement dans
l'exploitation de cette société? Evidemment, le plus grand projet
de la société de l'amiante sera d'acheter une mine existante;
c'est certainement dans cette direction que le plus clair de ses ressources va
passer.
Si on regarde la société Asbestos, à l'heure
actuelle, de par les témoignages qui nous ont été faits en
commission parlementaire, on se rend compte d'une chose, c'est que les
travailleurs de cette société, y compris les cadres et
l'expertise, si on se fie au jugement qui a été porté par
les porte-parole du CRDE, lorsqu'ils sont venus ici, ils ont affirmé,
sans ambiguïté, que c'était dans une immense majorité
des cadres et une expertise québécoise. Ce sont d'ailleurs ces
cadres et cette expertise que le gouvernement prétend vouloir
acquérir justement pour s'en servir de façon plus large. Donc, le
gouvernement lui-même admet que, au niveau des travailleurs, il s'agit
déjà d'une société québécoise. Au
niveau de son incorporation et de son siège social, c'est
également le cas. Au niveau de son implantation, c'est assez
évident qu'il s'agit d'une société
québécoise puisque le minerai se trouve ici. Le seul aspect sur
lequel on pourrait discuter, c'est de savoir s'il s'agit, dans son capital,
d'une société québécoise. Il est évident que
l'actionnaire majoritaire étant à l'étranger, que sa
capitalisation est en partie étrangère. Est-ce que le projet
gouvernemental va changer quoi que ce soit là-dessus? Absolument pas,
puisque le gouvernement, pour financer l'acquisition de cette
société, va emprunter l'argent et tout probablement, comme il le
fait de façon assez courante pour tous les appels de capitaux
importants, il va aller trouver ce capital à l'étranger; donc
ça continuera à être du capital étranger qui
financera cette société. Bien sûr, ce sera du capital
obligataire, ce seront des obligations plutôt que du capital action, mais
pratiquement...
M. Paquette: Des mots qui se ressemblent, ça n'a pas de
maudit bon sens!
M. Forget: Oui, il y a une nuance, mais la nuance... Non, pas du
tout parce que derrière les mots il y a cette réalité que,
de toute manière, le capital, vous allez le trouver à
l'étranger...
Des Voix: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: M. le Président, est-ce qu'ils pourraient
retenir leurs ailes? Ça les fatigue énormément de voir
que, derrière 'le mot national, ils vont tout simplement changer le
capital par actions en capital obligataire, de provenance
étrangère dans les deux cas. La conséquence pratique de
cela c'est que, sur le capital obligataire, vous devez faire des paiements
d'intérêt, que vous soyez en position financière de le
faire ou pas. Par exemple, durant les dix dernières années, il
s'est trouvé à peu près la moitié des années
pendant lesquelles, à cause des investissements importants qui
étaient requis au Québec dans la région traditionnelle de
l'amiante, soit Asbestos Hill qui fait, aux dernières nouvelles, encore
partie du territoire du Québec, il a fallu cesser le paiement de tout
dividende. Dans la future Société nationale de l'amiante,
l'avantage concret qu'on retirera de cette appellation nouvelle et du fait
qu'on n'aura plus un capital-actions, mais un capital obligataire détenu
par les étrangers, c'est qu'en tout état de cause et quels que
soient nos besoins locaux de financement, il
faudra trouver l'argent pour payer les intérêts sur
l'emprunt. Il faudra aussi assumer les risques de changes étrangers, ce
qui n'est pas le cas lorsque vous avez du capital-actions par rapport à
du capital obligataire. Donc, pour changer des mots, pour appeler "nationale",
on ne changera pas, effectivement... Ce n'est pas en changeant des mots qu'on
peut changer la réalité que le capital va continuer de venir de
l'étranger...
M. Laplante: Avec la piastre à Trudeau.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: Justement, s'il y a une diminution de valeur, en ayant
du capital obligatoire, vous accroissez vos dettes, alors que si vous avez du
capital-actions, vous ne les accroissez pas. Tout ceci pour démontrer
qu'en voulant changer des mots, on ne change pas les réalités de
fonds et on ne les change pas non plus sur le plan des marchés. Les
marchés, on va continuer, et cela, tout le monde l'admet, à
devoir les trouver à l'étranger. Alors, ni sur le plan du
personnel, ni sur le plan de l'incorporation, ni sur le plan de son
implantation, ni sur le plan des sources de financement, ni sur le plan des
marchés, la nationalisation ne va changer quoi que ce soit. Dans la
mesure où elle change quelque chose...
M. Godin: La transformation.
M. Forget: C'est une autre entreprise, la transformation, parce
que j'imagine qu'on va créer plusieurs filiales: une pour l'exploitation
des mines, qui va continuer d'être une société
minière...
M. Godin: Cela fait partie du projet, M. l'économiste.
M. Forget: ... et une autre... Pourquoi ne fait-on pas seulement
cela? On ne nous l'a jamais expliqué. Toujours est-il que sur tous les
plans, on va se retrouver devant exactement la même situation, mais
l'essentiel de l'opération et c'est cette supercherie que
l'amendement que nous avons présenté veut dénoncer
ce n'est pas de changer la réalité, c'est de changer les mots
qu'on met sur les choses. C'est d'appeler "nationale " une entreprise qui
existe déjà ici, qui a déjà du personnel, y compris
le personnel de cadre, y compris l'expertise qui est québécoise,
qui a son siège social sur place, qui rayonne à partir du
Québec et qui continuera de trouver à l'étranger les
marchés dont elle a besoin pour fonctionner à son niveau actuel,
et à plus forte raison, pour fonctionner à un niveau encore plus
considérable. Donc, c'est un changement dans les mots. C'est cette
espèce de désir, à défaut de changer les
réalités, d'essayer désespérément de donner
le change sur le plan des mots, de l'image, que nous voulons dénoncer
par cet amendement.
D'ailleurs, le gouvernement en faisait lui-même l'aveu lorsqu'il y
a quelques mois, il a créé la Régie de l'Assurance
automobile. Qu'on nous explique donc pourquoi il n'a pas appelé cela la
Régie nationale de l'assurance automobile? C'est parce que cette fois,
il savait qu'il y avait quelque chose de nouveau, qu'il y avait quelque chose
de substantiel dans ce projet de loi, avec lequel on peut être d'accord
ou ne pas être d'accord, mais il y avait quelque chose là-dedans.
Il y avait un organisme nouveau qui faisait les choses de façon
très différente du passé.
Dans ce cas-ci, tout ce qu'on a, c'est un nom à suggérer.
Alors, il faut bien mettre le mot "nationale", autrement, les gens ne se
rendraient pas compte que cela a changé. On met "nationale", et avec
cela, on va placarder. On a créé une Société
nationale...
M. Godin: ... pavoiser...
M. Forget: ... qui n'est qu'un organisme de papier.
M. Godin: On va pavoiser.
M. Forget: Les gens qui sont les cadres et les employés de
la Société nationale de l'amiante se retrouvent
déjà au ministère des Richesses naturelles. On va leur
mettre un titre de papier. Ils vont peut-être occuper les mêmes
bureaux. Finalement...
M. Godin: Raison d'économie.
M. Forget: ... on va aussi avoir un certain nombre de morceaux de
papier qui représentent le capital-actions de cette
société qu'on va acheter. On va déposer cela dans une
banque. En échange de cela, on va donner à d'autres des
obligations du Québec, sur lesquelles on va devoir payer des taux
d'intérêt à 10% par année. Seulement le changement
de papier, le changement des titres, on va faire imprimer de la papeterie avec
ce titre et rien d'autre ne va avoir changé, seulement les mots; les
morceaux de papier ne seront plus dans les mêmes banques. C'est tout ce
qui va se passer, parce que tout ce qu'il y a de substantiel là-dedans
suppose des investissements nouveaux dans des industries de transformation.
Pour cela, on est vraiment très loin. On n'est même pas à
pied d'oeuvre. On n'est même pas à une étape
d'avant-réalisation. On est à l'étape de la
spéculation. Il s'agit de voir les documents qui nous ont
été distribués le 23 mars pour se rendre compte de cela.
On est à l'étape de la spéculation la plus libre, la plus
imagée...
M. Godin: ... vous autres, les libéraux, c'est nouveau,
vous êtes contre cela. (10 h 45)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre.
M. Forget: La spéculation, la spéculation. On est
toujours très très soupçonneux.
M. Godin: Les libéraux contre la spéculation, M. le
Président, c'est nouveau.
M. Lalonde: Cela n'est pas conforme à votre image.
M. Forget: On est toujours très soupçonneux face
à la spéculation, M. le Président.
M. Godin: C'est nouveau.
Une Voix: ... conforme à la réalité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre.
M. Lalonde: Vous manipulez trop les images.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys et M. le député de
Mercier, respectez le droit de parole du député de
Saint-Laurent.
M. Forget: A plus forte raison, sommes-nous opposés
à la notion de "nationale" puisque le gouvernement, non seulement ne
change-t-il rien à la réalité, sauf les mots, sauf les
titres, sauf les papiers, mais n'a même pas le courage d'aller jusqu'au
bout de cette tentative de nationalisation de la société de
l'amiante? Le fameux rapport du CRDE que le ministre-substitut ou l'adjoint
parlementaire du ministre a si abondamment cité il ne l'a pas
cité, il a cité seulement la liste des auteurs...
M. Bérubé: ... d'être ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre.
M. Forget: ... a évoqué auprès du
gouvernement l'argument suivant: si le gouvernement voulait faire quelque chose
du côté des mines, il devait non pas en nationaliser une, mais en
nationaliser un nombre beaucoup plus grand, de façon à avoir une
majorité, un contrôle majoritaire, non pas sur les actions d'une
compagnie, mais sur la production de la fibre au total.
M. Godin: Pour ce qui est de nous autres, c'est le bout.
M. Forget: C'est un nationalisme, M. le Président,
à 32% que le Parti québécois nous offre.
M. Godin: On ne va pas assez loin?
M. Forget: C'est un nationalisme à rabais, dans la mesure
où il fait quelque chose.
M. Godin: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question au député?
M. Forget: Non, vous ne pouvez pas poser de questions.
M. Godin: Quel malheur!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre.
M. Grégoire: ... L'Opposition ne permet jamais les
questions.
M. Forget: Dans la mesure où il fait quelque chose...
M. Lalonde: C'est nous qui menons. M. Grégoire:
...
M. Forget: ... il fait quelque chose pour à peine le tiers
de l'activité.
M. Godin: C'est la seule place d'où vous venez.
M. Grégoire: Vous ne mènerez pas ici; ce n'est pas
vrai. Il n'y a personne qui va mener.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre.
M. Forget: Alors, M. le Président, même en adoptant
le point de vue qui est de donner un titre nouveau, de donner des mots
nouveaux, des joujoux nouveaux à la fraction de la clientèle
péquiste que les slogans nationalistes font vibrer au-dessus de toute
autre chose, même en adoptant cette façon de voir, il reste que le
gouvernement a été très timide dans son action, qu'il a
été...
M. Godin: Vous trouvez qu'on ne va pas assez loin; dites-le donc,
si vous trouvez cela.
M. Forget: Non, je trouve que vous allez dans la mauvaise
direction.
M. Godin: Dites-le donc. Voulez-vous qu'on nationalise tout?
Dites-le publiquement.
M. Forget: Vous allez dans la mauvaise direction.
M. Lalonde: Comme d'habitude.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre.
M. Forget: Mais quant à y aller, vous auriez pu y aller
jusqu'au bout.
Une Voix: Oui, comme l'assurance automobile.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre.
M. Forget: Mais vous n'êtes pas capable.
M. Godin: Mais vous avez été là pendant six
ans.
M. Forget: Non, on ne serait pas allé dans cette
direction...
M. Godin: Vous avez été là pendant six
ans.
M. Forget: ... pour les raisons qu'on a exposées
abondamment. Mais puisque le gouvernement a fait son lit, s'est dirigé
de ce côté, s'est dirigé du côté du symbolisme
nationaliste, pourquoi ne pas avoir acheté un plein symbole, un symbole
à 100% plutôt qu'un symbole à 32%? Parce que c'est cela
qu'il achète essentiellement et quant à vouloir seulement changer
les papiers de place comme il se destine à le faire, modifier le
capital-actions américain par du capital obligataire, américain
lui aussi, modifier l'obligation de payer des dividendes quand on a l'argent
pour les payer par une obligation constante de toujours payer des
intérêts et d'assumer le taux de change dans les
circonstances actuelles, on sait que cela peut coûter... C'est tout ce
qu'on a à offrir à la population: des symboles et des changements
de papier. On pourrait au moins donner à la population des symboles
à 100% et non pas des symboles à 32%.
C'est la raison pour laquelle nous avons présenté cet
amendement et pour laquelle nous ne pouvons pas souscrire à la motion de
sous-amendement de l'Union Nationale dont on comprend, par ailleurs, les motifs
qui sont fort normaux dans les circonstances.
M. Godin: M. le Président, j'aimerais souligner le plaisir
que j'ai à voir des "assis " nous reprocher de ne pas courir assez fort.
Cela fait 50 ans qu'ils sont assis...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: ... et ils nous reprochent de ne pas courir assez fort.
C'est fort.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier, il vous reste quatre minutes pour intervenir
plus tard.
M. Forget: ... par le gouvernement précédent, vous
n'auriez rien à dire aujourd'hui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
M. le...
M. Godin: ... là-dessus.
M. Forget: ... à moitié préparé,
à moitié préparé.
M. Grégoire: Vous admettrez que...
M. Godin: Qu'avez-vous poursuivi... le chat sort du sac.
M. Grégoire: Le chat sort du sac.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre.
M. Lalonde: Vous avez quand même pris la même
décision.
M. Grégoire: Le chat sort du sac.
M. Lalonde: Ce n'est pas important, les dossiers, pour vous
autres.
M. Forget: Ils étaient seulement à moitié
préparés. Vous êtes limités à cette
moitié, d'ailleurs.
M. Grégoire: Vous aviez déjà commencé
à le préparer?
M. Lalonde: Oui, certain.
M. Forget: On n'a jamais nié cela.
M. Grégoire: On va vous donner le crédit sur
cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, hier, le
député de Marguerite-Bourgeoys nous a dit qu'il se sentait un peu
mal à l'aise parce qu'il se sentait en pleine hérésie
péquiste. On a plutôt l'impression que l'Opposition officielle est
un peu exorcisée, qu'elle se débat un peu comme un diable dans
l'eau bénite. Chaque fois qu'on emploie le mot "nationale", ces gens
deviennent mal. On a vu le député de Saint-Laurent hésiter
même à dire le mot "nationale ".
M. Forget: J'attendais la fin des interruptions. C'est autre
chose.
M. Paquette: C'est un mot qu'on craint beaucoup, d'employer.
Une Voix: Cela ne passe pas.
M. Paquette: Je trouve cela étonnant parce que...
M. Lalonde: ... cela vous appartient.
NI. Paquette: ... il y a eu. Non, justement cela ne nous appartient
aucunement.
M. Lalonde: Excusez, on n'en parlera plus, si vous voulez.
M. Paquette: Aucunement, aucunement; cela ne nous appartient
pas.
M. Lalonde: Excusez-nous, excusez-nous.
M. Paquette: La meilleure preuve, M. le Président...
M. Lalonde: On n'en parlera plus. Voyons, écoutez! Toutes
nos excuses.
M. Paquette: La meilleure preuve, M. le Président, c'est
que le mot "national"... C'est pour cette raison que le député de
Marguerite-Bourgeoys n'est pas dans une hérésie péquiste,
le mot "national" est beaucoup plus large que le Parti québécois.
Il y a eu énormément de partis dans le
passé qui l'ont utilisé. Il y en a un à cette
table, il y en a un autre qui pourrait être là, le Parti national
populaire et il y a même eu, à un moment donné, l'Action
libérale nationale, ce qui prouve que libéral et national n'ont
pas toujours été incompatibles.
M. Lalonde: ...
M. Forget: II était très clairvoyant.
M. Paquette: Ils étaient un peu avant leur temps. Quant
à vous, vous êtes un peu en arrière, vous êtes un peu
en retard. Cela n'a pas toujours été incompatibles. Il est
surprenant de voir deux députés de l'Opposition qui appuient un
candidat à la chefferie qui dit: On est une nation, il faudrait que
cette nation ait un statut d'égalité au Canada, de les voir se
débattre ainsi, comme des diables dans l'eau bénite, dès
qu'on mentionne le mot "national". C'est vrai qu'ils ont deux...
M. Godin: ils ont deux... Il y en a un qui dit le contraire. Il y
a deux "goalers" dans les buts.
M. Paquette: C'est cela.
M. Forget: Vous connaissez cela.
M. Paquette: Par contre, M. le Président, c'est
drôle comme ces gens-là sont prêts à faire le tour de
tous les rallyes nationaux, à participer aux mouvements pour
l'unité nationale. Là, il faut se demander à quelle nation
ils appartiennent et ce qu'on entend par nation exactement.
M. Lalonde: C'est la ligne nationale.
M. Paquette: Je vais leur lire la définition du petit
Larousse au mot "national". Il y a une double définition et c'est
pourquoi nos amis libéraux sont peut-être dans
l'ambiguïté. Ils sont mêlés; ils vont d'une
définition à l'autre et ils ne savent pas trop. Ils disent: Votre
mot "national" n'est pas seulement à vous, c'est à nous aussi.
Par contre, on est pour l'unité nationale. Je ne voudrais pas attaquer
le député de Richmond, mais c'est quasiment comme son chef qui
dit qu'il est nationaliste québécois canadien.
M. Lalonde: ...
Une Voix: Montréalais.
M. Godin: Vous pouvez parler, vous autres en face avec vos deux
candidats. Contradiction mur à mur. L'un est pour le bill 63, l'autre
pour le bill 101. Vous avez choisi le bilI 101.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Paquette: II y a une double définition que donne le
petit Larousse au mot "nation ". La première acceptation du mot:
"Communauté humaine...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ouellette: Cela exclut les libéraux. M. Paquette:
Non, cela les inclut. M. Lalonde: C'est cela, on est des...
M. Forget: On est au courant de votre philosophie.
M. Lalonde: On est déjà des vendus, des
bâtards. On est tout cela.
M. Paquette: On dit simplement que vous êtes
mêlés.
M. Lalonde: Sans pays.
M. Paquette: Alors, le premier sens du terme... C'est
peut-être celui-là qui vous fatigue. Cela vous énerve. "Une
communauté humaine, le plus souvent installée sur un même
territoire, et qui du fait d'une certaine unité historique,
linguistique, religieuse ou même économique, est animée
d'un vouloir-vivre commun".
Alors, vous allez reconnaître, avec M. Ryan j'espère
que vous n'êtes pas en désaccord avec votre candidat à la
"chefferie" que les Québécois forment une nation dans ce
sens-là, au sens...
M. Lalonde: C'est pourquoi on veut que vous respectiez cette
nation pour ne pas la mettre sous n'importe quelle société qui va
faire simplement extraire de l'amiante.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Arrêtez de rire de la nation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Je serais porté à vous dire, ce matin, de... Je remarque
le député de Richmond qui depuis 40 minutes est calme, n'a pas
encore interrompu un collègue. C'est peut-être parce qu'on parle
du mot national, je ne sais pas, mais... Non, la présidence est neutre
De toute façon, je remarque qu'il est très calme, très
patient, qu'il attend son tour. J'aimerais que certains
députés...
Une Voix: C'est un nouveau style.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, c'est en pensant à ce
premier sens du mot "nation " que donne le petit Larousse qu'il y a eu,
à un moment donné, un parti qui s'appelait l'Action
libérale nationale et que maintenant le candidat à la "chefferie
" qu'appuient nos deux collègues de l'Opposition, parle de la nation
québécoise. Nous sommes une nation et c'est évident. Il
n'y a personne qui va contester
cela. Il y a un autre sens que donne le petit Larousse. A d'autres
moments, quand ils prennent un autre chapeau... Oui, c'est encore dans le
premier sens du terme.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Bérubé: Je m'étonne que... provincial de
l'amiante.
M. Paquette: Lorsque nos amis d'en face prennent leur autre
chapeau et qu'ils se mettent à se promener pour parler de l'unité
nationale, from coast to coast, ils pensent au deuxième sens. Alors, ils
jouent sur les deux sens du mot, puis ils sont surpris qu'on les accuse
d'être ambigus et de ne pas savoir de quoi ils parlent.
Le deuxième sens du mot est: "Personne juridique formée
par l'ensemble des individus régis par une même Constitution,
distincte de ceux-ci et titulaire de la souveraineté".
Alors, ce n'est manifestement pas dans ce sens-là. Là, je
vous comprendrais de dire qu'on veut faire l'indépendance avant la
lettre, parce que c'est dans ce deuxième sens qu'on peut parler
d'unité nationale au sens "canadien" du terme, celle qui vous tient le
plus à coeur, messieurs.
Or, devant ces deux sens, les politicologues ont regardé et se
sont entendus sur l'un des deux sens. Je vous donne une citation de ce bouquin:
"L'accession à la souveraineté et le cas du Québec". On y
dit ceci: "Bien qu'on soit aujourd'hui d'accord en doctrine pour employer
exclusivement le terme nation dans son sens originaire, c'est-à-dire le
premier sens, le sens sociologique du terme et dans ce sens vous allez
admettre avec M. Ryan qu'on est une nation "on relève encore
quelques applications insolites...
M. Godin: M. le député, est-ce que, quand M. Ryan a
dit cela, c'était ou non final et irrévocable?
M. Paquette: II y a peut-être cela aussi. C'est
peut-être une explication. Je me demandais depuis tantôt comment il
se faisait que nous étions les seuls à avoir l'acceptation du mot
nation, que c'était une hérésie péquiste que
d'attaquer le sens national et qu'en même temps on appuie un candidat qui
se déclare pour la nation. Peut-être que l'explication est
là, M. le Président.
Une Voix: II ne peut pas parler ex cathedra, à ce moment
là.
M. Godin: II va y avoir de la chicane là, ça va
être effrayant.
M. Grégoire: Ils vont se battre.
M. Lalonde: M. le Président, voulez-vous demander aux
députés ministériels de ne pas interrompre le
député de Rosemont, s'il vous plaît? Pour une fois que
quelqu'un dit quelque chose qui a du bon sens de ce côté.
M. Paquette: Alors, l'auteur parle de quelques applications
insolites. "Donc, il faut comprendre que l'utilisation d'unité
nationale: "Canada from coast to coast", est une application insolite du sens
dérivé dans le droit positif, vraisemblablement sous l'influence
de la pensée anglo-saxonne."
Je pense que nos amis d'en face sont trop influencés par la
pensée anglo-saxonne, c'est cela qui les fait contester le sens du mot
national. Or, M. le Président, je pense que, s'il y a quatre ou cinq
partis qui, jusqu'à maintenant, ont utilisé le mot national dans
leur appellation, si l'un des candidats à la chefferie du Parti
libéral parle de la nation québécoise, on va s'entendre
pour dire que, contrairement au député de Saint-Laurent, ce n'est
peut-être pas le moment de rebaptiser l'Assemblée nationale, qui
est l'Assemblée de la nation québécoise, pour l'appeler
l'Assemblée législative comme dans toutes les autres provinces.
Ce serait dire, contrairement à M. Ryan, que le Québec est une
province comme les autres, qu'elle n'est pas le siège d'une nation et
que cet Etat québécois n'est pas l'Etat qui gère le
territoire national, qui est le territoire de l'Etat du Québec. Sur ce
territoire national, M. le Président, et là j'arrive
à l'essentiel pour dire pourquoi je suis en faveur du sous-amendement du
député de Richmond ce territoire national contient une
richesse nationale qui est l'amiante. M. le Président, 81% de la
production canadienne d'amiante se fait au Québec. S'il y a une richesse
naturelle qu'on peut qualifier de nationale parce qu'elle est sur le territoire
national, qui peut contribuer au développement de la nation, c'est bien
l'amiante. En ce sens, je trouve tout à fait normal qu'on introduise le
terme national dans le sens communément admis et non pas dans son
application insolite que l'Opposition voudrait nous attribuer parce qu'elle
l'utilise elle-même de préférence. On a tout à fait
raison d'introduire le terme national pour désigner cette
société qui gère l'une des principales richesses
nationales des Québécois.
Quand j'entends le député de Saint-Laurent nous dire:
Ecoutez, cette société va emprunter, sous forme d'obligations, et
il y a une partie de ses capitaux qui va être étrangère. M.
le Président, ce serait la même chose que de dire que
l'Hydro-Québec, par exemple, n'est pas une société
nationale, au sens véritable du mot, tout simplement parce que,
lorsqu'on a fait la nationalisation de l'électricité, on a
dû, temporairement, emprunter des fonds à l'extérieur du
Québec.
Le député de Saint-Laurent a l'air de dire que la
majorité des capitaux viennent de l'étranger. Je lui rappellerai
que le Québec est un exportateur net d'épargnes et qu'on produit
essentiellement tous les capitaux nécessaires à notre
développement ici. D'ailleurs, il y a quelques années ce
n'est pas un phénomène seulement québécois, c'est
un phénomène pancanadien il y a eu le rapport Gray, qui a
démontré que certaines années, cela oscillait entre 95% et
105%, c'est-à-dire que les capitaux utilisés pour
développer les industries canadiennes provenaient du Canada à
95%, et même certaines années à 105% parce qu'il y avait
une exportation de capital. (11 heures)
Le Québec est encore plus fortement exportateur d'épargne
et cela veut dire qu'il y a des capitaux Québécois; c'est cela M.
le Président. Si on contrôlait nos compagnies d'assurances, nos
institutions financières, si on pouvait orienter nos épargnes en
majeure partie au Québec, on n'aurait pas besoin d'aller emprunter
à l'étranger. Mais l'important n'est pas là, qu'on fasse
des emprunts à l'extérieur, peu importe d'où viennent les
capitaux, l'important c'est qui les contrôle. On le sait très bien
nous qui ne contrôlons aucune ou presque aucune... qui laissons 50% de
nos institutions financières sous contrôle étranger. Nous
savons tout ce que cela nous coûte. Pourtant, c'est notre argent qui est
dans ces banques, ces compagnies d'assurances, dans ces mutuelles, dans ces
sociétés de fiducie; c'est notre argent qui est là et qui
s'en va développer l'extérieur et temporairement, avant que nous
arrivions à contrôler tous les leviers essentiels de notre
économie, c'est vrai, nous sommes condamnés parfois et même
souvent à emprunter sur les marchés étrangers alors que
nous avons toutes les ressources financières ici pour nous
développer.
Encore une fois, ce n'est pas cela qui empêche une
société d'être nationale. Elle est nationale parce qu'elle
va être sous contrôle Québécois, peu importe
d'où viennent les fonds; elle va être orientée par un
gouvernement qui défend les intérêts des
Québécois et qui est en fonction des intérêts des
Québécois. Je pense que dans ce sens, le sous-amendement du
député de Richmond est absolument dans l'ordre et nous allons
l'appuyer sans réserve.
M. Forget: M. le député de Rosemont me permet-il de
lui poser une question? Pourquoi pas à ce moment, une régie
nationale de l'assurance automobile? Pourquoi pas une Société
nationale de l'électricité? Est-ce qu'il a l'intention de
recommander les changements de noms pour ses abonnés?
M. Paquette: Ce n'est peut-être pas une mauvaise
idée. Quand même, il y a une différence, c'est que, comme
je le disais tantôt, l'amiante est une richesse nationale des
Québécois.
M. Forget:... n'en est pas une...
M. Paquette: Pas à ce point-là. On produit 81% de
la production canadienne, 50% de celle du monde libre.
M. Forget: Ah bon! Il faut exporter pour que ce soit
national.
M. Paquette: Je pense que c'est bon de mettre en évidence
que l'amiante est vraiment une richesse nationale, c'est-à-dire qui est
contrôlée essentiellement par le Québec, en tout cas, dans
le monde libre. Au sein de la Confédération canadienne
actuellement, 81% de la production canadienne est québécoise. Ce
n'est pas le cas de l'électricité.
M. Forget: Quand on consomme nous-mêmes, c'est moins
national.
M. Paquette: L'assurance automobile, on n'est pas sur le plan des
richesses naturelles, il y en a partout des régies d'assurance
automobile.
M. Forget: C'est limpide, quand on consomme nous-mêmes, ce
n'est plus national. Quand c'est la nation qui consomme, ce n'est plus
national.
M. Paquette: Je pense que j'ai été suffisamment
clair. M. le député de Saint-Laurent ne me comprend pas, je n'y
peux rien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, j'appuierai
l'amendement du député de Richmond, auquel je souscris pour
plusieurs raisons. D'une part, l'Opposition libérale a tenté un
peu de dégrader, de rabaisser les motifs qui nous ont amenés
à créer cette Société nationale de l'amiante. Je
soutiendrai qu'il est vrai qu'en choisissant le terme national dans le titre,
nous y avons voulu l'affirmation d'une volonté collective. Donc, il
existe effectivement dans le titre Société nationale de l'amiante
une affirmation de la collectivité québécoise, une
affirmation de la nation québécoise, une affirmation du peuple
Québécois. Une affirmation d'un peuple qui s'est vu privé
de ses outils de développement économique dès finalement
la conquête anglaise, qui s'est vu privé d'un certain nombre de
ses grandes sociétés la Hudson Bay Company avait
remplacé la compagnie des Cent Associés et c'est un peuple
qui, avec les années, a péniblement, d'une part, après
s'être accroché à son clocher, s'est également
accroché à son gouvernement, s'est redonné des outils de
développement, des outils politiques. Il s'est également
donné, je pense, une culture. Nous avons parmi nous un poète et
je pense que la culture québécoise d'aujourd'hui n'est plus
à défendre.
M. Forget: Plus qu'un d'ailleurs.
M. Bérubé: La personnalité
québécoise s'est affirmée dans le domaine des arts, dans
le domaine intellectuel, dans le domaine scientifique. Il reste que dans le
secteur économique, comme d'ailleurs beaucoup de provinces, d'autres
provinces canadiennes, nous sommes presque entièrement un peuple, un
pays de succursales. C'est un peuple privé d'outils de
développement de compagnies. Je pense que l'amiante présente
à cet égard un exemple assez intéressant. Lorsqu'on
examine l'importance de cette industrie, on constate que le Québec
contrôle 65% de la production du monde libre dans le secteur de
l'amiante. Néanmoins, lorsqu'on examine qui contrôle cette
production, on constate que c'est ASARCO, c'est-à-dire les Etats-Unis,
on constate que c'est la Canadian Johns-Manville mais la" Canadian
Johns-Manville est contrôlée à 100% par la
US Johns-Manville, c'est la Jim Walter Corporation, à nouveau,
très grosse société de matériaux de construction
américaine et c'est également la Turner and Newall qui est une
société britannique, et faut-il parler de la General
Dynamics.
Par conséquent, à nouveau, nous avons devant nous un
exemple frappant de cette main-mise par l'étranger des outils de
développement collectif, de développement économique. Par
conséquent, si le mot national est inclus dans le titre, c'est qu'il y a
affirmation d'une volonté des Québécois de
compléter leur maturation politique et de prendre en main les leviers de
développement économique. La présentation de l'Opposition
libérale est intéressante parce que, à nouveau, elle
cherche à rabaisser le plus possible cette aspiration
québécoise, comme si le Québec ne pouvait contrôler
ses outils de développement, comme si le Québec ne pouvait
être un pays normal, un pays susceptible, lui aussi, d'avoir en main les
principaux outils pour se développer en tant que nation, en tant que
peuple, comme si l'épargne québécoise était
insuffisante.
Là, je n'irai pas beaucoup plus loin que le député
de Rosemont, puisque ceci est un fait, nous sommes un net exportateur
d'épargne. L'épargne collective québécoise
dépasse les $50 milliards. Le Québec est capable de
générer les fonds pour posséder son industrie au
Québec. Cela ne veut pas dire qu'il ne peut pas y exister d'entreprises
étrangères mais il apparaît anormal que le contrôle
majoritaire de l'économie québécoise soit entre les mains
d'étrangers. Seule l'Opposition libérale trouve cette situation
normale. Tout effort pour redonner...
M. Forget: Est-ce qu'on me permet une question?
M. Bérubé: Non, je regrette, vous aurez toute
l'occasion. Je sais que dans votre "filibuster" vous aurez encore pour trois
mois à adresser la parole, ce qui fait que...
M. Lalonde: C'est vous qui faites le "filibuster", vous avez
parlé plus longtemps que nous autres.
M. Forget: ... que vous preniez un engagement.
M. Bérubé: Par conséquent...
M. Grégoire: Vous n'en permettez pas de questions, on va
prendre la même attitude.
M. Forget: Est-ce que vous prenez un engagement que le capital ne
sera pas emprunté à l'étranger pour l'achat de la
Société Asbestos?
M. Bérubé: Par conséquent, il existe au
Québec une capitalisation suffisante, il existe une épargne
suffisante. Cette épargne pourrait prendre en main...
M. Forget: Vous n'êtes pas capable de répondre.
M. Lalonde: On a vu que vous n'êtes pas capable de
répondre.
M. Bérubé: M. le Président, ai-je la parole?
M. Grégoire: M. le Président...
M. Lalonde: M. le Président, le député de
Rosemont continue d'interrompre le ministre. Je suis très
intéressé à entendre...
M. Grégoire: M. le Président, je crois que le
ministre est en train de donner la plus belle leçon que l'Opposition
n'ait jamais eue.
M. Forget: Non, il ne donne pas de leçon parce que...
M. Lalonde: Bien non!
M. Forget: ... il s'arrange pour être très vague
dans ses engagements.
M. Grégoire: II faut que vous soyez enveloppé dans
du roc pour ne pas comprendre.
M. Forget: II dit que l'épargne au Québec est
suffisante pour financer la Société Asbestos. C'est faux, il va
aller emprunter à l'étranger pour cela et il ne peut pas
s'engager à ne pas le faire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, il vous reste encore des minutes à votre temps; si vous
voulez les employer, vous les emploierez tout à l'heure. M. le
ministre.
M. Bérubé: Donc, M. le Président,
l'épargne québécoise est importante. Que l'insuffisance
d'outils entre les mains de l'Etat conduise à une situation de pays
sous-développé qui puisse nous amener même à aller
chercher à l'extérieur du Québec...
Des Voix: Ah! Ah!
M. Bérubé: ... des fonds supplémentaires
pendant que nos Québécois exportent l'épargne
québécoise, ce qui amène finalement à un
équilibre puisque dans la mesure où nous sommes un net
exportateur, si nous voulons rétablir l'équilibre, il faut donc
compenser par une importation de capital de manière à en venir
à une certaine neutralité.
M. Lalonde: II n'y a rien de neuf. M. Forget: Non, mon
cher. Non, mon cher. M. Lalonde: Ce n'est pas comme cela. M.
Bérubé: Par conséquent...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, à l'ordre!
S'il vous plaît!
M. Bérubé: ... il existe, au Québec, une
épargne qui nous permettrait de prendre en main tous les leviers de
notre développement économique. Cela ne veut pas dire, M. le
Président, que nous devons racheter toutes les entreprises au
Québec; cela ne veut pas dire non plus que nous devons refuser tout
investissement étranger au Québec. Non, au contraire. Dans
beaucoup de cas, les investissements étrangers nous permettent d'avoir
accès à des marchés, nous permettent d'intégrer
notre économie à l'économie nord-américaine,
à l'économie mondiale et, de ce fait, nous ne pouvons ignorer
l'existence des grandes sociétés multinationales qui structurent
l'économie mondiale aujourd'hui.
Cependant, si nous devons reconnaître un certain nombre de forces,
cela ne veut pas dire que nous devons nous laisser écraser par ces
forces. La reconquête de notre économie, c'est un objectif que
tout véritable gouvernement du Québec devrait avoir. C'est un
objectif qui est sain, c'est un objectif normal. Cette reconquête de
notre économie doit bâtir sur l'existant. Elle ne doit pas
chercher à inventer des choses complètement nouvelles. Le risque
serait beaucoup trop grand. Elle doit donc commencer par s'accrocher à
des entreprises existantes au Québec, de la même façon que
la technique la plus fréquente pour une multinationale de s'implanter
dans un nouveau pays, dans un nouveau marché consiste
généralement à acheter une entreprise dans ce pays de
manière à se servir de cette entreprise comme pivot de
développement économique.
S'il en va ainsi pour ces grandes sociétés internationales
qui ont une grande expérience de l'économie, pourquoi en
serait-il autrement du Québec qui doit s'occuper de développement
économique?
Dois-je signaler, M. le Président, que l'Opposition
libérale lit, ce qu'elle me reproche régulièrement?
Je continue, M. le Président. En fait, nous sommes en face d'un
peuple qui s'éveille, un peuple qui s'assume, un peuple qui se
définit par un vouloir-vivre collectif. Le député de
Saint-Laurent a eu un mot malheureux hier, je pense qu'il lui a
échappé, mais il traduit peut-être une
arrière-pensée, un subsconcient. Il a parlé de la nation
et il l'a qualifiée d'oripeaux. Qualifier la nation d'oripeaux, que l'on
manipule à la face des gens, c'est donner...
M. Forget: Le ministre est malhonnête dans ses
remarques.
M. Bérubé: ... une très, très bonne
idée de ce qu'il pense de la nation.
M. Forget: Le ministre fait des remarques malhonnêtes dans
le moment, il le sait très bien.
M. Bérubé: J'aimerais simplement citer...
M. Lalonde: Mentez, mentez, il en restera toujours quelque
chose.
M. Bérubé: ... le passage d'un homme qui a
marqué l'histoire du Québec, le chanoine Lionel Groulx, qui parle
de cette démarche d'un peuple vers un certain réveil collectif.
Que dit le chanoine Groulx? Je pense que je terminerai par la citation du
chanoine Groulx...
M. Forget: C'est un mauvais réveil.
M. Bérubé: ... parce que, je pense, il est
difficile de dépasser sa pensée. "Le réveil d'un peuple
est une longue et immense entreprise. Depuis qu'il faut compter avec la
souveraineté de l'opinion, c'est constamment une gigantesque bataille
entre les forces du bien et du mal. Il nous faut appeler un chat un chat", M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, "comme on nous l'avait dit.
Entre les puissances de la vérité et de l'erreur", M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, "ceux qui se rendent
maîtres des esprits, ce sont les groupes les plus forts, parce que les
mieux organisés, ceux qui jettent dans la circulation les mots d'ordre
les plus entraînants et les plus persévérants. Il ne peut
suffire de tuer l'apathie et le sommeil. Pour odieux et extraordinaire que cela
doive paraître, il faut savoir entendre qu'au milieu de nous vivent et
s'agitent des hommes qui redoutent, à l'égal d'une
calamité, la reviviscence du sentiment national. "Oui, messieurs, il y a
des gens qui redoutent comme une calamité cette résurrection du
Québec. Le patriotisme crée un ordre et nous subordonnant
à quelque chose de plus grand que nous-mêmes. Il atteint toutes
les anarchies, toutes les formes de l'égoïsme ", M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je vous avais bien dit qu'il y avait plus qu'un
poètn parmi nous.
M. Bérubé: "Aux yeux des déracinés et
des apathiques, les patriotes feront toujours figure de sonneurs de trompette
et de Catons grincheux. Notre devoir est d'accepter...
M. Forget: ... qui citent leur propres écrits; d'autres,
les écrits des autres. Ne les utilisez pa. pour des fins
partisanes.
M. Bérubé: ... cette longue bataille "
respectez au moins le chanoine Groulx, si vous ne savez pas respecter autre
chose "et de vouloir que l'esprit de nation finisse par l'emporter sur
l'esprit de parti. La cause du patriotisme et du réveil national devra
disposer d'assez de constance et d'assez de force pour écraser toutes
les résistances de l'apathie et de l'intérêt ".
Merci, M. le Président.
M. Grégoire: C'est très bon, ça.
M. Lalonde: C'est le genre de discours que vous aimez.
Le Président (M. Laplante): Vote sur la motion
d'amendement, le sous-amendement.
M. Lalonde: C'est le genre de discours que vous aimez.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Grégoire: Ils ont des oreilles et ils n'entendent pas,
ils ont des yeux et ils ne voient pas.
M. Lalonde: Des violons.
M. Paquette: Ils ont une grande bouche et ils parlent trop.
M. Lalonde: Le vocabulaire, le vocabulaire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Comme je n'ai pas
utilisé mon droit de parole hier, sur la motion de sous-amendement que
j'ai présentée, j'aimerais revenir ce matin pour émettre
certains commentaires à la suite des propos qui ont été
tenus. Pour bien situer mon intervention, M. le Président, j'aimerais,
avec votre permission, relire la motion telle que sous-amendée.
L'article sous-amendé se lirait donc comme suit: "Une compagnie à
fonds social, ci-après appelée la Société, est
constituée sous le nom de Société nationale pour la
transformation et la commercialisation des produits de l'amiante'.
M. le Président, je tiens à revenir sur cette question.
Cela n'était pas mon intention au départ. (11 h 15)
Cependant je pense qu'elle s'inscrit dans un débat de fond qui
est le nôtre, dès maintenant, et qui le sera pour un certain temps
puisqu'il touche à des sujets qui affectent tout le monde, qui ont trait
à toute la collectivité à laquelle nous faisons
partie.
Pour bien situer les raisons fondamentales qui m'ont incité
à vouloir que le mot "nationale" demeure, soit inscrit dans
l'appellation de cette société de transformation et de
commercialisation que le gouvernement du Québec est en train de mettre
sur pied, M. le Président, vous me permettrez d'établir une
certaine analogie entre ce qui m'apparaît être des
éléments importants de notre société.
D'abord, sur le plan individuel, il est clair que, pour chaque individu,
il est important et primordial, logique et nécessaire d'ailleurs,
même la société tente de plus en plus à fournir aux
individus les outils pour y arriver il est donc important et souhaitable
que chacun des individus puisse s'épanouir et mettre à profit les
talents, les qualités qui sont siennes, puisse se développer
normalement et s'affirmer en tant qu'individu. C'est un constat de base et tout
le monde reconnaîtra cette réalité.
La société moderne veut donc que l'individu s'affirme en
tant qu'entité personnelle, à travers les 4 milliards
d'êtres humains qu'il y a sur la planète. C'est le lot de chacun,
la volonté de chacun que de vouloir arriver à cette forme
d'affirmation qui est un individualisme sain, pour autant qu'il ne verse pas
dans ce qu'on peut appeler l'égoïsme ou l'égocentrisme. On
peut donc bien situer l'individu à ce niveau-là.
Cet individu fait partie d'une famille, sa famille humaine propre, ses
frères et de ses soeurs. Cet individu, au sein de sa famille,
s'identifie comme une entité particulière qui a ses talents, ses
qualités propres, qui n'est semblable à aucun des autres membres
de la famille, mais qui est lui-même. Cela n'empêche pas les autres
membres de la famille, frères et soeurs ou parents, de vivre heureux,
épanouis avec lui, même s'il est différent. Je pense qu'on
peut le prendre comme constat.
La famille devient donc une entité en soi avec les
qualités, la nature de chacune de ses composantes, entité propre,
particulière, qui ne nie pas les autres entités familiales qui
existent autour d'elle. Au contraire. Par contre, elle recherche et
c'est normal à s'affirmer en tant que famille, parents et enfants
ensemble.
Je souligne ce fait parce qu'il est important, il est même
possible qu'à ce noyau familial vienne se greffer, à l'occasion,
selon les circonstances, d'autres membres qui ne sont pas issus de la famille,
mais qui deviennent partie intégrante de cette famille qui recherche
maintenant son entité en soi, son entité personnelle, son
entité propre. On reconnaît à la famille un esprit ou un
dynamisme qui lui est particulier, qu'on peut appeler, d'une certaine
façon, l'esprit de famille.
Si on se reporte à un tableau un peu plus large, vous conviendrez
avec moi que l'ensemble de ces cellules familiales, sur un territoire
donné, constitue une collectivité qui, elle, devient, par
définition, une grande famille.
Dans le cas qui est le nôtre, nous sommes, avec toutes nos
composantes, la grande famille canadienne-française, la grande famille
québécoise avec un esprit propre, un esprit de famille
particulier. Nous ne sommes ni comme les Belges ni comme les Français
pas tout à fait ni comme les Américains, ni comme
les Canadiens anglais de l'Ouest non plus. Je pense que c'est reconnaître
simplement la réalité.
Cette grande collectivité, cette agglomération de toutes
les familles, en territoire québécois, forme donc cette grande
famille canadienne-française québécoise qui a son
nationalisme propre, qui est l'expression de sa propre entité, ce qui
est tout à fait normal. Ce serait tout à fait illogique de
vouloir nier le droit de cité à un nationalisme sain, non pas
à un nationalisme à outrance, que ce soit d'un côté
ou de l'autre, mais de la même façon que l'individu est fier
d'être lui-même, que la famille est fière d'être un
noyau familial et de s'affirmer avec ce qu'elle est, de la même
façon la famille collective canadienne-française
québécoise est fière d'être ce qu'elle est. Ce
serait vouloir nier la réalité que de vouloir effacer, dans les
textes de loi ou ailleurs, toute trace de cette identification
de cette grande famille collective que nous formons en territoire
québécois. D'ailleurs, cela a toujours été
fondamentalement le noeud et la pierre d'achoppement de tous les
problèmes qu'on a connus depuis longtemps, justement de ne pas vouloir
reconnaître cette réalité au point de départ.
Je pense qu'il est important d'établir ce parallèle pour
indiquer qu'il existe donc un nationalisme sain qui a non seulement droit de
cité, mais qui doit s'affirmer si l'on veut que, comme individuellement
on souhaite que l'individu se développe normalement, atteigne sa
maturité en respectant les autres, une nation, une grande famille le
fasse aussi, on doit lui reconnaître non seulement son droit au
nationalisme sain, juste et normal, mais également le devoir pour elle
d'affirmer cet esprit de famille qu'est le nationalisme.
Les participants au débat, du côté libéral,
m'ont prêté certains épithètes, lorsque j'ai
présenté cette motion voulant conserver le mot "nationale" dans
la Société nationale de commercialisation et de transformation
des produits d'amiante; ils ont le droit de prendre les positions qu'ils
veulent, je ne leur nie pas ce droit. Cependant, il faut bien se rappeler une
chose, c'est que le Parti libéral n'a quand même jamais eu cet
esprit de famille qui doit caractériser la nation
canadienne-française du Québec. Or, ce n'est donc pas
étonnant qu'ils soient surpris par une volonté de vouloir
identifier, à la nation canadienne française du Québec, ce
projet de loi qui est un projet de loi à portée collective. Donc,
ce n'est pas surprenant du tout parce que, en réalité, le Parti
libéral même si on remonte loin dans l'histoire n'a
jamais mis l'accent sur le nationalisme, même pas sur le nationalisme que
j'ai appelé, tout à l'heure, sain, un nationalisme juste qui se
veut l'expression réelle d'une communauté, comme sur le plan
individuel d'ailleurs. C'est pourquoi, même, ils n'étaient pas
d'accord avec l'appellation, qui a été donnée par l'Union
Nationale, d'Assemblée nationale, à notre Assemblée ici.
Alors, pourquoi ne l'ont-ils pas changée entre les années 1970 et
1976, puisqu'ils pouvaient corriger à loisir ce qui leur apparaissait
être une erreur.
Pour le Parti libéral, il m'apparaît que le besoin de nier
le nationalisme est lié à sa volonté ou à son
pouvoir de défendre le fédéralisme, comme si, pour
défendre le fédéralisme, les libéraux doivent
absolument nier toute forme de nationalisme existante, comme si cela ne pouvait
pas aller de pair, absolument pas. A ce moment, ça devient ce que je
pourrais appeler du Trudeau pur, ce qui n'est peut-être pas nuancé
non plus, comme position, à certains égards.
La position de l'Union Nationale, là-dessus, est claire; nous
sommes nationalistes, mais nous ne sommes pas séparatistes, c'est
là la différence. Je pense que c'est là que le Parti
libéral n'a jamais donné suite à la réalité
québécoise, dans le fond, et ne peut pas s'approcher de la
réalité non plus, d'abord préoccupé par le fait de
vouloir nier ce nationalisme pour brandir le seul étendard
fédéraliste, comme si on devait absolument passer par cette
négation pour défendre un fédéralisme quelconque,
alors que c'est bien le contraire; de la même façon que dans une
société, un individu peut s'affirmer sans pour autant nier son
voisin ou vouloir s'en séparer, de la même façon qu'une
famille, dans une collectivité, soi au niveau d'une ville ou d'une
province, peut s'affirmer en tant que famille sans, nécessairement,
s'isoler des autres. Le même phénomène s'applique dans ce
que nous connaissons au niveau de la fédération. On veut un
fédéralisme renouvelé; par contre, nous sommes des
nationalistes. C'est clair, net et précis. Comme un individu, à
bon droit, peut être fier d'être lui-même, une entité
propre, et de s'exprimer comme il est. Comme une famille peut être
fière, et à bon droit, d'être elle-même, ce qu'elle
est, une entité propre, et de s'affirmer comme telle. Comme une nation
et comme une collectivité également peut et doit être
fière, à bon droit, d'être ce qu'elle est, sans pour autant
nier l'existence des autres, mais, au contraire, dans le respect de l'existence
des autres. Parce que, justement, à mon sens, le vrai nationalisme
implique le respect des autres.
C'est vrai que, comme individus, de l'un à l'autre, il y a
d'énormes différences; c'est vrai que, comme d'une famille
à l'autre, il y a d'énormes différences. Mais ce qui est
important au point de départ dans notre attitude, c'est de voir les
différences comme étant normales, de la même façon
qu'à l'intérieur d'une famille, entre les individus, de la
même façon qu'entre les familles, sur le plan d'une nation. Ce
serait un danger et il faudra appuyer là-dessus dans les
discussions que nous aurons que de percevoir les différences qui
existent entre les nations comme étant des choses anormales. A ce
moment-là, c'est le premier pas pour une non-acceptation, non seulement
de la différence, mais de cette nation également.
Je pense que notre réflexion doit porter dans ce sens. On doit
partir avec une intention de respect mutuel tout en voulant une affirmation de
soi dans un sain nationalisme, ce que j'appelle aussi un sain individualisme,
si vous voulez, ou un sain esprit de famille, en ayant le respect des autres
qui nous entourent. Comme il y a plusieurs formes de fédéralisme,
on en parle, il y a peut-être également différents niveaux
de nationalisme. Cependant, j'ai tenu à bien préciser notre
position ici, à indiquer que la position de l'Union Nationale
là-dessus est claire, que nous sommes c'est vrai
fédéralistes, mais que nous sommes nationalistes.
Là-dessus, je pense que c'est important qu'on établisse
clairement la nuance. C'est pourquoi j'ai proposé cette motion de
sous-amendement.
En terminant, M. le Président, j'aimerais souligner qu'on aura
à revenir à différents débats où on touchera
des questions aussi importantes que celles-là, avant même
d'atteindre le référendum, si vous voulez, où l'ensemble
de la population aura à se prononcer sur le statut du Québec,
mais je pense qu'on n'arrivera pas à des bons résultats, on
n'arrivera pas à un débat normal et sain si on discute d'une
manière émotive, de part et d'autre, des situations. On
n'arrivera pas non plus à une
solution équitable, juste et réaliste, tenant compte des
volontés réelles populaires, si on devient radical de part et
d'autre. On n'arrivera pas non plus à quelque chose de valable si on
affiche une intolérance envers ceux qui ne pensent pas comme nous,
c'est-à-dire qui sont différents de nous. Il faut se dire que
ceux qui ne pensent pas comme nous, qu'on soit d'un côté ou de
l'autre pour les fédéralistes, ceux qui sont
séparatistes et, pour les séparatistes, ceux qui sont
fédéralistes sont donc des gens différents. A ce
moment-là, le même constat et le même principe que j'ai
établis tout à l'heure s'appliquent. On doit, au point de
départ, respecter ces différences et ne pas embarquer sur le
terrain glissant de l'intolérance qui risquerait tout simplement de
faire dévier toutes les questions et d'aboutir à un tout autre
résultat.
Nous devons aborder ce débat avec le moins
d'émotivité possible, le plus d'objectivité possible, en
tenant compte des réalités. Parmi ces réalités, il
existe la nation canadienne-québécoise, il existe le nationalisme
normal, naturel, que nous devons reconnaître et que je demande au
législateur de reconnaître dans les textes de loi comme celui que
nous avons. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Motion de sous-amendement du
député de Richmond. Vous êtes prêts à
voter?
M. Grégoire: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Simplement une directive à vous demander. Cela
aurait peut-être dû être fait au moment de la
présentation du sous-amendement qui m'apparaît un peu
irrégulier dans la mesure suivante; c'est que le sous-amendement vise
à remettre...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous pourriez
attendre? On va changer de président. Vu qu'il a rendu les deux autres
décisions, j'aimerais que ce soit fait par le même
président. (11 h 30)
M. Lalonde: Voici, il s'agit de la motion de sous-amendement qui
vise à remettre le mot "nationale" dans l'amendement du
député de Saint-Laurent, de sorte que la motion de
sous-amendement est la négation de l'amendement parce que l'amendement,
c'était de remplacer le mot "nationale" par les mots "pour la
transformation et la commercialisation des produits". Donc, si on vote cette
motion maintenant les députés ministériels ont
indiqué qu'ils voteraient en faveur ils vont donc ajouter le mot
"nationale" à notre amendement et s'ils votent Contre, après
l'amendement, ils vont se trouver à voter contre ce en faveur de quoi
ils viennent de voter. Alors, on est dans un imbroglio un peu
procédurier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Quoique
le dernier point que vous soulevez, c'est uniquement une question de
procédure, mais je dois vous dire que ce matin, alors que j'étais
complètement seul en me faisant la barbe à l'appartement, j'ai
pensé à la décision que j'avais prise de déclarer
recevable le sous-amendement du député de Richmond. C'est pour
cela que je trouve très pertinent le fait que vous souleviez cela ce
matin puisque je me suis posé la question vers 8 heures moins le quart
ce matin. J'ai essayé de vérifier si la décision que
j'avais prise de le déclarer recevable, ce sous-amendement, était
bonne et je me suis convaincu que oui...
M. Lalonde: Unanimement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... En
me donnant les raisons suivantes. C'est que l'amendement du
député de Saint-Laurent a pour effet non seulement d'enlever le
mot "nationale", mais de le remplacer par les mots "la transformation et la
commercialisation des produits", donc on ne peut pas dire que son amendement a
uniquement pour but d'enlever le mot "nationale"; il aurait pu proposer, par
exemple, dans son amendement, "La Société de l'amiante". Il
aurait manifestement démontré que son intention était
uniquement de le remplacer par "québécoise", alors qu'il a
ajouté les termes "pour la transformation et la commercialisation des
produits"... Donc, j'ai vu dans son amendement non seulement le désir
d'enlever le mot "nationale ", mais de voir également apparaître
d'autres termes comme "transformation" et "commercialisation". De sorte que
lorsque le député de Richmond présente un sous-amendement
en ramenant le mot "nationale", je pense qu'il n'écarte pas totalement
l'amendement du député de Saint-Laurent qui prévoyait,
dans son amendement, aussi les termes "transformation et commercialisation des
produits".
Or, c'est peut-être compliqué tout cela mais cela veut dire
en gros que si le député de Saint-Laurent avait
présenté une motion pour que l'amendement se lise
"Société de l'amiante" ou "Société
québécoise de l'amiante" et que le député de
Richmond était arrivé avec un sous-amendement ramenant le mot
"nationale", je l'aurais déclaré irrecevable. Ce sont les motifs
que je me suis donnés ce matin en révisant intérieurement
cette décision, mais votre question, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, était pertinente puisque d'autres ont dû se
la poser également.
M. Lalonde: Je ne veux pas faire une question de
procédure, je veux tout simplement soulever peut-être la
contradiction apparente de certains votes qui pourraient être pris.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais en
ce qui concerne votre deuxième point, j'admets que c'est cela qui peut
arriver, mais je pense que c'est uniquement une question de procédure
que nous avons pu vérifier d'ailleurs, vous le savez, à
l'occasion de d'autres commissions parlementaires. Or, est-ce que le sous-
amendement du député de Richmond sera adopté?
Vote sur la motion de sous-amendement
M. Grégoire: Oui, M. le Président. M. Lalonde:
Sur division.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Or, le
sous-amendement du député de Richmond est...
M. Laplante: Vote enregistré.
Une Voix: On demanderait un vote enregistré.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le vote
sur la motion de sous-amendement du député de Richmond. M.
Bérubé, Matane.
M. Bérubé: Certainement favorable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Godin, Mercier.
M. Godin: Favorable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brochu, Richmond.
M. Brochu: Favorable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Forget, Saint-Laurent.
M. Forget: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire, Frontenac.
M. Grégoire: Favorable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. Laplante, Bourassa.
M. Laplante: Favorable.
Une Voix: II est contre lui-même.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Je pense que les votes en commission parlementaire devraient
au moins avoir le même décorum qu'à l'Assemblée
nationale. A l'ordre, s'il vous plaît! M. Ouellette, Beauce-Nord.
M. Ouellette: Très favorable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Rancourt, Saint-François.
M. Rancourt: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lalonde, Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Donc, le
sous-amendement du député de Richmond est adopté de telle
sorte que j'appelle maintenant le vote sur l'amendement du député
de...
M. Lalonde: II n'y a pas eu de délibération sur
l'amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
mais si quelqu'un manifeste l'intention d'en parler il pourra en parler. Je me
dois, à ce stade-ci, de demander si l'amendement du député
de Saint-Laurent, tel qu'amendé lui-même par le
député de Richmond, sera adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, le sous-amendement du
député de Richmond a distrait un peu la commission parlementaire
du but et des objectifs contenus dans la proposition du député de
Saint-Laurent à savoir d'ajouter les mots "pour la transformation et la
commercialisation des produits" au nom de la société qui est
créée par l'article 1. M. le Président, je me demande
pourquoi on serait contre un tel amendement... Est-ce que cela va?
M. Grégoire: Attention à ce que vous allez
dire.
M. Godin: Excusez-nous de vous interrompre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre, s'il vous plaît! Parfois je me demande si cela
n'irait pas mieux s'il n'y avait pas de président. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Non, s'il vous plaît, restez M. le
Président. Vous êtes notre protecteur, le protecteur du
règlement.
M. Godin: ...
M. Lalonde: M. le Président, la politique de ce
gouvernement en matière d'amiante trouve son premier jalon dans ce
projet de loi. De toute évidence, c'est avoué, c'est
annoncé, il n'y a aucun débat là-dessus. La politique de
ce gouvernement repose toutefois sur des objectifs très clairs,
très évidents à savoir de créer des emplois au
Québec dans le secteur de la transformation, c'est-à-dire,
d'augmenter le niveau de transformation qui est très bas, actuellement,
compte tenu de la production et de l'extraction, ce que, je pense, tous les
Québécois partagent comme objectif. Le fait qu'on procède,
quoique ce n'est pas inclus dans ce projet de loi, mais c'est présent
dans tout le débat... Vous avez sûrement été
témoin, M. le Président, de certains discours en deuxième
lecture et on a sinon toléré, du moins accepté, de part et
d'autre,
que le débat porte sur le projet d'acquisition d'une mine
d'amiante par le gouvernement et je crois que ce projet, qui est
omniprésent, n'est pas convenu dans ce projet de loi. Il reste que
et j'entendais tantôt l'intervention du député de
Mercier qui, à plusieurs reprises, a parlé de création
d'emplois dans le secteur de la transformation il s'est limité
justement à cet objectif, qui est partagé par tous les
Québécois, d'augmenter le secteur secondaire dans toutes les
activités idéalement, mais surtout...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, s'il vous plaît!
M. Godin: Je suis d'accord avec cela.
M. Lalonde: La foule est en délire, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, s'il vous plaît.
M. Lalonde: J'accepte les applaudissements, M. le
Président, je ne ferai pas d'objection.
M. Grégoire: C'est parce que vous avez parlé
d'emplois qu'on a applaudi.
M. Lalonde: Donc, de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Même si c'est contre le règlement... vous qui êtes
respectueux du règlement!
M. Godin: ... M. le Président, quand ils sont d'accord
avec nous ou qu'on a des objectifs communs, moi, je me sens libéral
quand ils parlent comme cela.
M. Lalonde: Donc, M. le Président...
M. Godin: C'est très temporaire, M. le
Président.
M. Lalonde: Je fais justement du recrutement. Alors, c'est
l'objectif le plus partagé. Je pense qu'au-delà de toutes les
lignes de parti, il faut faire en sorte que le secteur de transformation de
l'amiante en particulier de l'amiante, parce que l'on parle aussi des
autres activités industrielles soit augmenté au
Québec. On sait que c'est dans le secteur de la transformation que sont
les emplois les plus rémunérateurs, les plus stables aussi, et
qu'une économie, je pense que tout le monde est d'accord
là-dessus, fondée surtout sur le secteur primaire et tertiaire
naturellement, au niveau des services, il en faut une
économie fondée surtout sur ces deux secteurs est une
économie beaucoup plus vulnérable. On le voit et c'est le cas
dans trop de catégories d'activités au Québec.
Donc, sur cet objectif de transformation de l'amiante, commercialisation
nécessairement, puisque, lorsqu'on parle d'un secteur secondaire, il
faut éventuellement vendre ses produits. Tout le monde est d'accord.
J'ai été intéressé d'entendre le
député de Mercier insister là-dessus tantôt, mais
peut-être un peu rapidement sauter par-dessus le problème,
c'est-à-dire la véritable question: Pourquoi acheter à
coup de centaines de millions une société d'extraction, une
société de production de la fibre, alors que le but est
d'augmenter les emplois dans le secteur secondaire, c'est-à-dire dans la
transformation.
C'est la véritable raison de l'opposition du Parti
libéral, de l'Opposition officielle, à ce projet actuellement.
Nous avons tenté, par tous les moyens, d'obtenir, de la part de ce
gouvernement, une justification de sa décision. Nous avons failli
jusqu'à maintenant, parce que les documents qu'on nous a donnés
ne sont pas pertinents, ne répondent pas aux véritables questions
que nous avons posées. ' On ne doit pas se surprendre: Notre opposition
sera aussi vigoureuse, aussi longtemps qu'on n'aura pas expliqué aux
Québécois pourquoi, mais véritablement pourquoi, on doit
prendre quelques centaines de millions de leurs poches pour acheter une mine,
alors que ce qu'on veut faire, c'est créer des emplois dans le secteur
secondaire.
On a fait des schèmes un peu intellectuels là-dessus. On a
vu, dans le document du groupe de travail, qu'il y avait quatre lignes
là-dessus, davantage inspirées, il me semble, par le symbole de
la volonté politique que cela constitue que d'acheter une
société avec un sol et un sous-sol.
Il reste que le but premier des Québécois,
représenté par ce gouvernement et aussi par les autres partis,
c'est de créer un secteur secondaire, un secteur de transformation de
l'amiante au Québec. C'est la raison pour laquelle, je pense, on doit
insister sur le nom, parce que c'est la raison sociale qui va se retrouver
partout et qui doit quand même exprimer la volonté de tous les
Québécois. C'est pourquoi, je pense, ce nom doit contenir le but
de sa propre création, c'est-à-dire la transformation et la
commercialisation des produits. Je me demande pourquoi on serait contre.
M. Forget: Le ministre a dit qu'il ne s'occuperait pas de
recherche.
M. Lalonde: On me pose la question, M. le Président,
à savoir ce qu'il arrive de la recherche. Le ministre nous a dit
qu'éventuellement, peut-être plus tard, à quelque part, on
s'en occuperait. Il ne semble pas que ce soit là le but premier de la
politique du gouvernement, le but premier étant je le
répète partagé par tous les
Québécois, à savoir d'augmenter le secteur de la
transformation de l'amiante au Québec.
Pourquoi, à ce moment-là, ne pas le mettre dans le nom de
la société? Est-ce que c'est une société pour
acheter une mine? Non, M. le Président. C'est une société
pour faire la transformation. Alors, pourquoi ne pas le dire? Etant
donné que je ne peux pas prévoir d'autres objections, aucune
objection, je ne peux aller plus loin, M. le Président. Je vais attendre
les discours favorables, sûrement, que les députés
ministériels vont faire à l'endroit de la proposition
d'amendement du député de Saint-Laurent.
M. Godin: Cela vient de tomber...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier.
M. Godin: C'est à moi à parler?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
aviez demandé la parole au début de l'intervention du
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Godin: D'accord. Je suis content de l'avoir parce que dans la
perspective, M. le Président, de l'amendement proposé par notre
honorable ami de Saint-Laurent, je pense...
M. Forget: C'est bien cela, c'est bien cela.
M. Godin: ... je me demande pourquoi il ne donnerait pas, comme
nom officiel à cette société et en restant dans l'optique
libérale, la Société multinationale...
M. Lalonde: C'est fini cela, c'est marqué "nationale".
M. Godin: Non, non mais je vous donne le titre qu'on pourrait
mettre.
M. Lalonde: M. le Président, la pertinence.
M. Godin: La Société multinationale de recherche,
de développement et d'exploitation des gisements d'amiante, y compris la
mise en marché de la production, de même que toute activité
industrielle manufacturière ou commerciale reliée à la
transformation de la fibre d'amiante. Cela devrait être le titre dans la
perspective de nos amis d'en face, puisqu'ils veulent qu'on mette dans le
nom... (11 h 45)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'espère que vous n'en faites pas un sous-amendement.
M. Godin:... pas du tout. Je commente la perspective dans
laquelle cette modification, ce jeu sur les mots se situe. Dans un discours,
dans ses remarques, l'Opposition dit qu'elle veut que le nom reflète
exactement l'activité de la Société nationale de
l'amiante. Si telle est l'intention de l'Opposition, elle devrait aller plus
loin et mettre au complet le paragraphe qui décrit dans sa
totalité les projets actuels, présents et futurs de cette
Société nationale de l'amiante. Je pense que, faute de les mettre
au complet, à mon avis, elle manque son objectif, si tel est le cas. Au
fond, je me demande si cet amendement proposé par l'Opposition
officielle, je ne me le demande pas, je suis convaincu que cette motion
d'amendement ne vise qu'à retarder l'objectif que le gouvernement s'est
donné.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys disait tout à
l'heure qu'il était temps que l'on crée des emplois dans le
secteur secondaire. Tout le monde s'entend là-dessus. Il y a des emplois
non seulement dans la transformation et la commercialisation, mais il y a
également des emplois dans d'autres secteurs. Il y a la recherche qui
s'en vient éventuellement, il y a l'acquisition d'une expertise globale
dans ce secteur et qui va toucher beaucoup d'autres sujets que ceux-là.
L'objectif du projet de loi, c'est précisément que des
Québécois, enfin, acquièrent de l'expertise dans toutes
les activités reliées...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion. J'aimerais...
M. Godin: D'accord, M. le Président, mais si on veut
mentionner toutes les facettes...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
j'aimerais quand même avertir le député de Mercier et tous
les députés qui vont prendre la parole sur l'article premier, peu
importe que ce soit sur un amendement, sur un sous-amendement, sur la motion
principale que l'article premier a pour but de désigner le nom d'une
société et j'entends être assez sévère
là-dessus.
M. Godin: Ce que je lis dans les lignes et entre les lignes de la
motion d'amendement, c'est qu'on veut que le nom de l'entreprise étale,
si vous voulez, les objectifs du gouvernement dans leur ensemble. Je trouve que
ces gens ne vont pas assez loin non plus. Je trouve que, dans cette
perspective-là, ils devraient reproduire intégralement, ou
à peu près, le deuxième paragraphe des notes explicatives
de la loi. Car là, vous avez le portrait complet du projet du
gouvernement et on confinerait alors à l'absurde, parce qu'à ce
moment, il faudrait que le nom de chaque régie, ou société
d'Etat au Québec... Cela veut dire que la Société des
alcools devrait s'appeler Société pour l'achat, dans les pays
producteurs de vins et autres boissons, de produits qui sont destinés
à être mis en marché au Québec et avec une part de
profits qui constitue des revenus pour l'Etat.
M. Lalonde: C'est ridicule.
M. Godin: Enfin, si l'intention de l'Opposition est de mettre
dans le nom de toute entreprise d'Etat au Québec l'ensemble des
objectifs poursuivis, à ce moment-là, revisons tous les titres,
tous les noms des sociétés, même celles
créées par nos amis, même celles
créées...
M. Lalonde: C'est de la poésie...
M. Bérubé: Le Parti libéral, il faudrait le
changer de nom...
M. Godin: II faudrait l'appeler le parti multinational...
M. Bérubé: ... le parti pour l'extinction des
droits des Québécois, quelque chose comme cela.
M. Godin: C'est pour cela, M. le Président, que c'est de
la foutaise, ces amendements-là; ils veulent nous faire perdre notre
temps. Ils sont, en d'autres termes, ce qui apparaît...
M. Lalonde: ... Vous nous aidez.
M. Godin: ... et j'espère que le député de
Marguerite-Bourgeoys va me laisser parler comme je l'ai laissé parler
moi-même dans 90% de son temps c'est l'Assurancetourix, le barde,
l'assu-rancetourix, la poésie a battu l'économie dans Mercier, et
les libéraux ne s'en sont pas encore remis. Chaque fois que je parle
ici, ils évoquent cette époque peu glorieuse de leur parti,
où le parti a été décapité et ils sont
rendus avec deux têtes qui se contredisent, temporairement; heureusement,
cela achève. En tout cas, si on tient pour acquis...
M. Lalonde: Les Québécois commencent à s'en
ressentir dans leur économie. On ne parlera pas d'être patient, on
va parler, d'âge canonique.
M. Godin: ... la perspective dans laquelle ils se situent, il
faudrait en mettre beaucoup plus; je trouve qu'ils ne vont pas loin moi non
plus. Mais, en fait, je termine là-dessus, pour passer la parole
à d'autres de mes collègues, de quelque côté qu'ils
se trouvent dans cette chambre. Ils veulent ralentir, ils veulent mettre le
"brake", comme on dit dans mon comté, M. le Président, la reprise
en main par les Québécois de leurs ressources naturelles. C'est
ce qu'ils font et ils ne se rendent pas compte que le peuple ne leur pardonnera
pas de faire cela. Ils ne se rendent pas compte que les "filibusters" qu'ils
nous font successivement de commission parlementaire en commission
parlementaire, dans certains cas visent à améliorer les projets
de loi et d'ailleurs les amendements le prouvent dans de nombreux cas
mais dans plusieurs cas ne visent qu'à ralentir la reprise en main des
Québécois d'une partie de leur économie ou de leur
avenir.
J'espère qu'après s'être fait remettre sur le nez
par leurs propres partisans, dans la région de l'amiante, à quel
point leur "filibuster" était antihistorique, allait contre les
intérêts des Québécois, ils vont nous arriver avec
des amendements qui ont plus de consistance et de fond que ces
amendements-là. Quand j'étais journaliste, j'avais fait une
entrevue avec mon honorable collègue, le député de
Saint-Laurent, qui passait, à ce moment-là, pour un
économiste sérieux et compétent. Le magazine MacLean
m'avait demandé de l'interroger et j'avais été
frappé par son esprit brillant et les propos qu'il avait tenus dans
cette entrevue. Je découvre aujourd'hui...
M. Lalonde: II est plus partisan depuis ce temps-là.
M. Godin: ... qu'il y a une espèce de ramollissement du
cerveau, des deux côtés, dans les deux cas. Je ne le reconnais
plus. Le député de
Marguerite-Bourgeoys les deux côtés du micro, je
veux dire je ne reconnais plus...
M. Laionde: Je vous ai déjà vu plus brillant que
cela, je l'avoue. Je vous ai vu avant et vous étiez plus brillant que
cela.
M. Godin: M. le Président...
M. Lalonde: Depuis que vous êtes devenu partisan...
M. Godin: ... je ne reconnais plus les brillantes idées de
mon collègue de Saint-Laurent qui, à l'époque,
était un des forts que nous, de la jeune génération,
avions au Québec. On avait confiance en ces gens-là. On pensait
qu'on pouvait leur confier une partie de l'avenir du Québec. On pensait
qu'ils feraient un bon job au lieu de quoi ils n'ont fait que des études
dans ce secteur en particulier. Aujourd'hui, ils arrivent avec des amendements
qui retardent, des amendements qui veulent que le gouvernement soit en panne
dans un projet très important, qui est à terme: ils le
savent et ils l'ont dit la création d'emplois. A chaque fois
qu'ils en ont l'occasion, ils nous posent des questions en Chambre et
c'est leur droit le plus strict: Que faites-vous pour créer des
emplois? Voici une loi dont l'objectif ultime est celui-là et qu'est-ce
qu'ils font? Ils tirent sur les guides pour que le cheval cesse d'avancer, M.
le Président. C'est cela que la population comprend tandis qu'eux, sur
la foi d'un sondage fait par des multinationales dans la région, pensent
qu'en freinant, ils ont l'appui populaire.
M. Grégoire: On va aller les...
M. Godin: L'avenir dira... d'ailleurs, de toute façon, mon
collègue a raison, nous faisons le tour...
M. Lalonde: Ne faites pas cela, s'il vous plaît, j'ai peur.
J'ai peur.
M. Godin: ... et nous allons expliquer aux citoyens, de la bouche
du cheval, from the horse's mouth, M. le Président, ce qui se passe ici
au Parlement et le rôle que l'Opposition joue dans ce Parlement, à
l'égard de cette loi. L'Opposition joue un rôle de frein, elle
bloque la marche du Québec vers la reconquête de ses richesses
naturelles.
M. Grégoire: Ce n'est pas un frein en amiante. M.
Godin: Ce n'est pas un frein en carbone? M. Grégoire:
Même pas.
M. Godin: M. le Président, je vais leur donner un conseil
amical à mes amis de l'Opposition. Vous allez vous faire haïr par
la population parce qu'elle va voir clair dans votre jeu qui consiste à
empêcher le gouvernement de créer des emplois. C'est ce qui
apparaît aux yeux de tous. Je vous
donne un conseil amical parce que cela fait longtemps que l'on se
connaît, surtout M. le député de Saint-Laurent et moi, je
vous le dis en toute amitié, M. le député de
Saint-Laurent: Vous vous nuisez, cela ne me fait rien mais vous vous nuisez.
L'avenir le dira. Est-ce qu'il y a un Québécois, en 1978, qui va
accepter que le gouvernement n'intervienne pas dans le secteur des ressources
naturelles pour assurer la transformation d'une richesse en produits
secondaires? Il n'y en a pas un seul Québécois, sauf
peut-être...
M. Forget: Je peux vous en nommer deux ou trois.
M. Godin: ... les gens des multinationales, sûrement, vos
grands amis.
M. Lalonde: On n'est pas actionnaires des multinationales, nous
autres.
M. Godin: Mes actions ont été vendues, M. le
député.
M. Forget: Avec profits d'ailleurs.
M. Lalonde: Avec grands profits, j'espère.
M. Godin: Mes cinq actions ont été vendues. Non,
les profits ont été versés au Devoir.
M. Lalonde: Au Devoir?
M. Godin: Au Devoir, dans une campagne de financement.
M. Forget: C'est bien.
M. Godin: Mais surtout dans un fonds spécial pour
améliorer l'objectivité de certains journalistes de ce journal,
qui gagneraient peut-être à relire le code d'éthique des
journalistes. En tout cas, je reviens au sujet, M. le Président, si vous
me le permettez et avant que vous m'incitiez à le faire, je reviens au
sujet et je dis que... Avez-vous une question à me poser?
M. Bérubé: J'aimerais tout simplement savoir,
relativement à ce financement, à ce fonds spécial...
Devoir qu'il me surprend un peu...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Question
irrecevable, sur la motion s'il vous plaît!
M. Godin: Je l'ai créé moi-même. Cela
s'appelle la Société nationale d'aide au Devoir... M. le
Président, je termine et je dis que ces gens-là, pour des raisons
inconnues... Est-ce qu'ils sont payés par la Société
multinationale pour faire cela ici? Est-ce qu'ils couchent encore avec eux?
Oui, mais qu'est-ce qu'ils font? Je me pose la question. Qu'est-ce qu'ils font
ici? Pourquoi nous mettent-ils les bâtons dans les roues?
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Pré-
sident, on entend le député de Mercier badiner depuis tout
à l'heure. On peut l'endurer, on peut même rire de certains
écarts de conduite, mais je ne peux pas laisser passer l'accusation, la
question qu'il vient de poser. Le règlement, je pense, à
l'article 99, paragraphe, sous-paragraphe quelconque, interdit à un
député de prêter des motifs indignes et je suis convaincu
que vous serez d'accord avec moi que si un député était
payé par des multinationales pour faire quelque action que ce soit au
Parlement, ce serait indigne. Je pense que le député de Mercier
s'abaisse à un niveau que je ne l'ai pas vu souvent rejoindre en
recourant à de tels procédés. Je le fais de façon
très calme; ce n'est pas de cette façon-là, je pense, que
le député va obtenir de l'Opposition une certaine collaboration
et surtout qu'il va justifier à la population le bien-fondé de sa
politique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier.
M. Godin: Je suis d'accord pour retirer le mot payé
actuellement, mais j'aimerais savoir la contribution de ces multinationales au
parti libéral des dix dernières années, s'il y a moyen.
S'il peut nous déposer cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
êtes complètement hors d'ordre.
M. Godin: D'accord, ok, je retire cela aussi. Mais il reste que
je me pose des questions, M. le Président; je ne vois pas la raison pour
laquelle ils nous font perdre notre temps ici; je ne vois pas la raison pour
laquelle ils n'en viennent pas à l'essentiel de cette loi et qu'ils nous
font perdre notre temps sur des détails.
M. Forget: Justement, si vous étiez ici pour autre chose
que pour faire votre spectacle, vous connaîtriez la réponse
à votre question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Godin: Ils nous font perdre notre temps sur des détails
alors que l'essentiel n'est pas là, ils le savent et ils l'ont dit
eux-mêmes. Ils en sont là à jouer sur les mots, à
faire des mots croisés avec une chose qui est urgente et importante.
Alors, j'ai terminé M. le Président, mais je me pose des
questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: II fait bien de se poser des questions, M. le
Président; cela va peut-être lui faire acquérir la sagesse
avec les années. Mais il demeure que les insinuations
grossièrement malveillantes du député de Mercier ne
changent en rien la situation dans laquelle le gouvernement encore une fois ne
s'apprête pas du tout. Il serait d'ailleurs fort embêté
qu'on ait adopté une telle loi dès
le mois de décembre dernier, parce qu'il ne semble pas du tout en
mesure de donner suite, de quelque façon que ce soit, aux projets qui
ont été annoncés au mois d'octobre. Il y a dans les
délais actuels, et l'acceptation, au fond, fort placide de la part du
gouvernement de ces délais, une indéniable impression de
soulagement. Tant qu'on est arrêté dans les travaux à
l'Assemblée nationale par un débat qui est long, sans aucun
doute, on a une excellente excuse pour ne rien faire.
On a, par exemple, et le ministre ne s'est pas privé pour
l'utiliser, une excellente excuse pour ne rien faire dans la région du
Nord-Ouest québécois, où il n'est absolument pas
nécessaire de créer une structure de papier qu'on appelle la
Société de l'amiante, la Société nationale de
l'amiante, ou quel que soit son nom, pour prendre un intérêt actif
au développement d'une nouvelle mine et créer 650 emplois. Cela
pourrait se faire par une décision gouvernementale et par une
attribution de crédit. (12 heures)
II y a sûrement parmi les futurs hauts fonctionnaires de la
Société nationale de l'amiante qui sont déjà
à l'emploi du gouvernement, des gens qui sont capables d'évaluer
ce dossier et prendre des décisions requises, sans délai, qui
n'ont pas besoin du tout d'une créature de papier telle que la
Société nationale de l'amiante pour prendre une décision
comme celle-là. Ils n'ont pas non plus besoin d'une
Société nationale de l'amiante si la compétence du
ministère des Richesses naturelles vaut pour quoi que ce soit. Ils n'ont
absolument pas besoin d'une nouvel le création, d'une nouvelle structure
pour entreprendre la mise en place de certains investissements dont la
rentabilité probable a été démontrée dans
une certaine mesure par l'étude SORES. Bien sûr que cela ne
constitue pas là un "blue print", un plan qui peut être
immédiatement transformé en réalisation concrète,
mais il y a au moins une amorce très sérieuse de ce
côté qui permettrait, pour trois ou quatre produits, dès le
mois de janvier, dès le mois de février de cette année,
dès le mois de mars cette année, sans attendre des structures
nouvelles, de faire démarrer des projets, de compléter les
études, de faire amorcer des installations, d'amorcer des discussions
avec des distributeurs de produits de construction dans les marchés que
l'on veut atteindre etc..
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion.
M. Forget: M. le Président, avec la même
générosité avec laquelle vous avez permis au
député de Mercier de déborder sur à peu près
tous les sujets, y compris le financement des partis politiques, je pense qu'il
ne peut être difficilement...
M. Godin: II y a peut-être un lien, M. le
Président.
M. Forget: II n'y en a pas de lien, M. le Président, il
n'y en a absolument pas et je défie le député de
Mercier...
M. Godin: Dans le passé... Bien non, à cause de la
loi 2.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Forget: ... Et je défie le député de
Mercier, comme on s'amuse souvent, de l'autre côté, lorsqu'on a la
moindre critique à dire... Et j'invite les auteurs des critiques
à mettre leur siège en jeu. Je l'invite à le faire lui
aussi, s'il croit avoir la moindre indication sérieuse. Justement, il
fait des insinuations gratuites, sans aucune base, sans aucune
justification.
M. Godin: Avant la loi 2.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: Avant ou après la loi 2, vous ne pourrez jamais
établir une pareille affirmation, puisqu'elle est fausse; c'est
complètement imaginé.
M. Grégoire: Votre caisse a toujours été
cachée. Vous n'avez jamais divulgué votre caisse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!
M. Godin: Etiez-vous dans les secrets de Paul Desrochers,
vous?
M. Grégoire: Vous ne l'avez jamais divulguée?
M. Forget: Si elle est si bien cachée, M. le
Président, elle ne peut certainement pas agir au niveau de la motivation
de mon collègue et de moi-même.
M. Grégoire: II y en a qui sont dans le secret des
dieux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! à l'ordre et changez de sujet s'il vous plaît!
M. Godin: II y a une porte ouverte, il y a une porte
ouverte...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Godin: Votre cas personnel n'est pas en doute, M. le
député.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier...
M. Godin: II faut faire des nuances, vous n'êtes pas
concerné par cela.
M. Lalonde: Ecoutez, M. le Président, c'est une question
de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! C'est un sujet qui ne concerne absolument pas cette commission
parlementaire.
M. Godin: Je parle du passé.
M. Lalonde: Oui, mais écoutez, M. le Président,
c'est une question de règlement. J'invoque encore l'article que j'ai
invoqué tantôt, l'article 99. Là, le député
de Mercier vient de dire que les deux députés de l'Opposition
officielle ne sont pas mis en cause. Leur cas n'est pas en doute. Pourtant il
l'a fait par ses interruptions depuis tantôt.
M. Godin: J'ai retiré mes paroles.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît! J'invite...
M. Godin: M. le Président, une question de
règlement, est-ce que j'ai retiré mes paroles, oui ou non
là-dessus?
M. Lalonde: ... ou bien on est en cause ou on ne l'est pas. Si on
ne l'est pas, le parti ne l'est pas non plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Godin: Quel parti, c'est secret?
M. Grégoire: II a posé la question sur le
parti.
M. Lalonde: Non, mais à ce moment-là vous insinuez
que l'on serait...
M. Grégoire: On a posé la question sur le
parti.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président.
A ce moment-là, les insinuations qui nous prêtent des motifs
indignes... Et ce serait indigne pour nous comme membres de ce parlement, de
cette commission parlementaire d'être payés par qui que ce soit
pour agir ici. Cela a été retiré.
M. Godin: N'en parlons plus.
M. Lalonde: II refait ses accusations en disant, c'est le
parti.
M. Grégoire: C'est la question, c'est le parti.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Laplante: La question est de savoir combien le parti a
reçu d'argent pour sa caisse électorale.
M. Forget: Ce sont des accusations sous une forme interrogative.
Cela n'en change pas la nature. C'est un procédé
malhonnête.
M. Grégoire: Mais vous le faites souvent. Vous l'avez fait
combien de fois à l'Assemblée, M. le député de
Saint-Laurent?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!
M. Forget: C'est un procédé malhonnête. On
s'en reparlera, M. le député de Mercier.
M. Bérubé: Ravi de savoir cela.
M. Grégoire: L'affaire de Bernard Landry.
M. Godin: L'affaire de l'épouse de M. Bernard Landry.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Godin: On n'a pas de leçons à recevoir d'eux
là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Je ne sais pas si les propos qui sont tenus sont indignes, je n'ai pas
à porter de jugement là-dessus, actuellement, mais votre conduite
est certainement à tous, ou du moins pour la plupart, indigne. Cela est
une chose qui est sûre et d'autre part, je vous inviterais à
revenir au sujet qui nous occupe, c'est-à-dire l'article 1 qui parle
d'un nom à donner à une société. La loi
numéro 2 a été adoptée. C est moi qui
présidais cette commission parlementaire. Elle a été
adoptée en commission parlementaire et à l'Assemblée
nationale et je ne pense pas qu'elle soit remise en question ici.
M. Forget: M. le Président, relativement à cette
question d'un titre plus précis, je ne souscris certainement pas
à la longue énumération descriptive qui se retrouve dans
les notes accompagnant le projet de loi comme étant un substitut valable
pour le titre de cette société. Il reste que, même le
député de Mercier dans ses pires moments ne pourra pas nier que
l'objectif essentiel de l'opération c'est d'encourager la transformation
de produits d'amiante au Québec et pour que cela ait un sens, il faut
bien commercialiser ces produits.
C'est essentiellement cela. Ce sont ces deux mots de transformation et
de commercialisation qui résument les objectifs de la
Société de l'amiante. C'est afin de fixer les esprits et
particulièrement l'esprit du ministre sur cet objectif de transformation
que nous souhaiterions voir apparaître ces mots dans le titre même
de la société, de manière, justement, qu'on ne se disperse
pas à droite et à gauche dans des initiatives qui ne sont pas
reliées aux objectifs principaux.
Par les documents qui nous ont été distribués, on
se rend compte combien, justement, cet objectif risque de n'être pas
poursuivi avec beaucoup
de vigueur ou beaucoup d'assurance. On va se fixer un objectif qui est
présenté comme un moyen d'action: l'acquisition d'une
société minière. Mais la seule justification de
l'acquisition d'une société minière existante, c'est de
faciliter et de rendre possible ce qui ne serait pas possible autrement, et
qui, essentiellement, réside dans le domaine de la transformation et de
la commercialisation. Si je comprends l'intention du gouvernement, ce n'est pas
d'acheter une mine pour acheter une mine, c'est d'acheter une mine à
cause du moyen que cela constituera pour faire autre chose. J'ai compris
l'argumentation du ministre.
M. Bérubé: Cela a été long. Mes
félicitations, M. le député de Saint-Laurent!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Forget: Ne nous félicitez pas trop vite. M. Godin:
Cela confirme...
M. Forget: Oui, justement, cela le confirmerait si on tenait pour
acquis une telle explication, parce que ce lien entre un moyen prétendu
et le but qu'on veut poursuivre n'a pas été
démontré. Il n'a été qu'affirmé.
M. Bérubé: Même SORES l'affirme.
M. Forget: Non, elle ne l'affirme pas. Citez-nous une
référence précise.
Une Voix: ... on va vous la citer.
M. Grégoire: Ils l'ont dit ici: Ce sera un atout.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: Pendant qu'il la trouve, M. le Président, je
vais poursuivre mon exposé. Il reste que, dans cette démarche, on
a un moyen qui dépasse de loin, en termes de coûts et en termes
d'importance et de préoccupations, pour le gouvernement, l'objectif
qu'on veut poursuivre. Ce que je veux dire par cela c'est tout simplement qu'on
va consacrer le plus clair des ressources financières, le plus clair du
temps et des énergies du ministre et du gouvernement à
acquérir la mine, c'est-à-dire acquérir le moyen, et on
n'aura presque plus d'argent, ni d'énergie, ni de temps, ni de
crédits politiques pour réaliser l'objectif qu'on prétend
vouloir poursuivre. C'est pourquoi il me semble qu'il serait opportun de
souligner, par tous les moyens possibles sans aucun doute le nom de la
société est un moyen, en soi, secondaire, mais c'est un moyen
qui, puisqu'on est à cet article 1, doit être pris c'est un
moyen pour concentrer l'esprit du ministre et du gouvernement sur son objectif
plutôt que sur les moyens prétendus qu'il entend choisir pour y
arriver: l'acquisition d'une mine.
Quand on arrive à la description des objectifs et à la
mise en place de projets précis, on se rend compte jusqu'à quel
point les idées gouvernementales là-dessus sont floues. Je vous
avais dit que je vous citerais justement cette incohérence ou cette
absence d'explication relativement à une application précise
à un produit de transformation précis, il s'agit des panneaux
d'amiante-ciment. Il s'agit là d'un projet de transformation et ce
projet de transformation est décrit dans deux documents qui nous sont
accessibles. D'une part, le document de SORES et, d'autre part, il y a dans le
document du groupe de travail sur l'amiante un paragraphe ou une partie de
chapitre qui est consacrée à cette utilisation de l'amiante. Or,
on trouve, entre les deux rapports, des divergences qui sont frappantes, M. le
Président. On retrouve, en particulier, à l'annexe 2-1 de la
phase 2 du rapport SORES, une évaluation du nombre d'emplois et de
l'investissement initial qui sont impliqués par un projet de fabrication
de plaques finies d'amiante-ciment. Pour ce qui est du nombre d'emplois, on
trouve 100 emplois et un investissement initial de $5 millions à $10
millions...
M. Laplante: Est-ce qu'il y aurait possibilité de revenir
à la pertinence de l'article?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que votre remarque est pertinente, à un point tel que j'avais même
l'intention de refuser au ministre le droit de répondre au cas
demandé par le député de Saint-Laurent puisqu'il est
complètement en dehors de l'article 1 qui doit inviter les
députés à dire pourquoi ils préfèrent telle
appellation de la société plutôt que telle autre
appellation. C'est l'objet de nos discussions ce matin.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: La proposition d'amendement du député
de Saint-Laurent, c'est d'inclure, d'injecter dans la raison sociale les mots:
"pour la transformation et la commercialisation des produits de l'amiante". Je
pense que le député de Saint-Laurent est tout à fait
justifié de donner des exemples particuliers dans le sens de son
amendement, de sa proposition, à savoir que cette société
sera appelée à faire de la transformation. S'il passait ses vingt
minutes à donner des exemples, on pourrait dire que ce n'est
peut-être pas tout à fait pertinent, mais je pense qu'il a
l'intention d'en donner un exemple, celui de la transformation et des
problèmes que les documents contradictoires constituent pour nous
autres, de l'Opposition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends ce que vous voulez dire, mais il faudrait que l'exemple donné
soit pour démontrer la nécessité d'appeler la
société Société pour la commercialisation et la
transformation et non pas
pour entrer dans le fonds du débat et la transformation de cet
article donné.
M. Lalonde: Oui.
M. Forget: Elle le démontre, je pense M. le
Président, sur ce point du règlement, dans la mesure où
justement, l'état de non-préparation du gouvernement, des
dossiers du gouvernement relativement à la question de transformation,
est un signe il faut bien se fier aux signes qu'on a que la
question de transformation, même si, au niveau des grands principes et
des grandes déclarations officielles, cela a l'air d'être
l'objectif du gouvernement dans le fond, ce dossier, cette partie du dossier
gouvernemental, la partie qu'on connaît au moins du dossier
gouvernemental, relativement à la transformation, est dans un
état de sous-développement tel que l'on risque très bien
de voir une société de l'amiante qui va voir ses activités
se résumer à l'achat de mines, ou à la prise de
participation des mines éventuelles, telles que celles de l'Abitibi. Sur
le plan de la transformation, le dossier dont on dispose est dans un
état de sous-développement qui est une indication que l'on est
probablement très loin d'initiatives concrètes dans le domaine.
Le député de Mercier disait que, si on pouvait adopter cette loi,
on pourrait finalement créer des emplois très rapidement, mais
c'est aussi notre préoccupation de créer des emplois dans le
domaine de la transformation. Mon propos, c'est de démontrer d'une part
ce que j'ai fait tout à l'heure qu'il n'est absolument pas
nécessaire de créer la Société de l'amiante, pour
s'impliquer, pour que le gouvernement s'implique dans le domaine de la
transformation, il peut le faire d'une infinité d'autres façons,
et que, même s'il veut le faire vis-à-vis de ou via la
Société de l'amiante, il n'a pas actuellement de dossiers, ce
n'est pas l'étude prolongée du projet de loi qui le retarde,
c'est l'état d'insuffisance et de non-préparation de ces dossiers
relativement à cela.
J'allais citer un exemple qui est justement ce paragraphe du rapport du
groupe de travail où contrairement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
une très large interprétation du mot "transformation ".
M. Forget: Pourtant, la fabrication de panneaux est une des trois
productions qui ont été soulignées par SORES comme
étant le domaine, et il n'y a pas de produits, il n'y a pas de projet
qui soient impliqués.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui je
comprends, mais ce que je voulais dire en fait, attendez un peu, M. le
député de Frontenac, j'aurai la même attitude envers tous
les membres et je pense quand même avoir raison c'est que
l'essence même de l'article 1 est de donner un nom à une
société, puisque tout l'amendement et toute discussion devraient
porter sur les raisons qui militent en faveur d'une autre appellation. Le
député de Saint-Laurent veut donner des exemples, je le lui
permets, mais je donnerai la même permission aux autres.
M. Lalonde: Est-ce que je pourrais tout simplement vous poser une
question, M. le Président? Je voudrais quand même que vous soyez
fort conscient que l'article 1, ce n'est pas seulement pour désigner la
société, mais pour la constituer. Donc, toute question pertinente
comme si on doit constituer une société et quel nom on doit lui
donner est pertinente.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si vous
me posez la deuxième question, d'accord: Est-ce que l'on doit constituer
une société? Là, je le dis, je ne vous suis plus, je ne
suis plus d'accord avec vous, parce que cette création a
été adoptée en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale. Toute argumentation ayant pour objet de dire
qu'il ne faudrait pas constituer une société de l'amiante, est
hors sujet et hors d'ordre, puisqu'on irait contre un des principes
adoptés par l'Assemblée nationale. Je suis sûr que vous
êtes conscient.
M. Lalonde: Oui, sûrement, M. le Président, ce n'est
pas cela que je voulais dire; ce que ie voulais dire, c'est que l'on ne peut
pas maintenant se poser la question si on doit la constituer, mais si cette
société ne doit être orientée vers telle ou telle
chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Grégoire: Vous pouvez poser ces questions à
l'article 4.
M. Lalonde: Bien oui, mais, dans la mesure où je veux dire
que, dans la raison sociale, c'est pertinent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
très difficile de soupeser tout cela.
(12 h 15)
M. Forget: Je crois bien que, si vous me permettez de continuer,
je vais terminer sur cet unique exemple. Contrairement à ce qu'on trouve
dans le rapport SORES pour le même produit, qui est le panneau fini
d'amiante-ciment, on retrouve un mince paragraphe à la page 16 du
rapport où il n'est plus question, contrairement au rapport SORES, de
100 emplois, mais de 200 à 250 emplois, et où il n'est plus
question d'un investissement de $5 millions à $10 millions mais d'un
investissement de $10 millions à $15 millions. Et ceci, on en dispose,
encore une fois, je n'ai pas pu retrouver de choses plus spécifiques
relativement aux panneaux d'amiante-ciment... On parle en général
de l'industrie d'amiante-ciment et des produits d'amiante-ciment mais on
s'attarde beaucoup aux statistiques sur les tuyaux, ce qui n'a rien à
voir là-dedans. C'est à peu près tout ce qu'on retrouve
dans ce rapport, un paragraphe ou
deux qui traitent de la question des panneaux d'amiante-ciment et
là, on gonfle dans un facteur de 2 à 2,5 les estimations qu'on
retrouve dans le rapport SORES. Evidemment, le chiffre d'investissement est
également plus élevé dans un facteur de 2.
Le ministre pourra dire qu'il s'agit là d'une perspective
à plus long terme, encore qu'il n'y a pas de budget pro forma
d'investissement et de fonctionnement qui nous permettrait de l'évaluer.
C'est un chiffre en l'air comme cela, on dit: Si cela dure plus longtemps, cela
coûtera présentement plus cher. Mais cela démontre assez
clairement, M. le Président, que jusqu'à maintenant l'attention
du gouvernement, les documents qui sont en sa possession ne lui permettent pas
de considérer, de façon prioritaire et urgente,
l'établissement de l'industrie de transformation. Il a là un
dossier, si c'est tout ce dont il dispose il ne nous a pas
annoncé qu'il disposait de quoi que ce soit d'autre dans ce domaine...
C'est un des produits les plus prometteurs; le rapport SORES contient à
peu près cinq ou six pages de description d'un projet possible avec ses
ramifications sur le plan de la commercialisation; l'analyse gouvernementale se
limite à un paragraphe. Si c'est tout ce qu'il a là, on pourrait
bien en parler pendant un an du projet de loi no 70 et je n'ai pas l'impression
qu'on retarderait quoi que ce soit de concret. Tout cela est à
l'état d'ébauche très, très, très
préliminaire et, d'ailleurs, je mets au défi le ministre,
même si on adoptait sa loi d'ici la fin du mois, de voir quoi que ce soit
de concret se faire dans le domaine des panneaux d'amiante-ciment avant trois
ans. Ce sera, pour la prochaine élection, une promesse fort
intéressante pour le Parti québécois à faire dans
la région. D'ailleurs, je pense que, là-dessus, il a d'habiles
politiciens qui savent très bien qu'ils ont plus à gagner de
promettre quelque chose dans le domaine de la transformation que de le
réaliser. Parce que quand ce sera réalisé, ce n'est pas
100 emplois additionnels avec les quelques milliers de chômeurs, les 23%
de chômeurs de la région de l'amiante, qui vont occasionner
vraiment des ovations populaires auxquelles le ministre s'attend lors de ses
visites éventuelles.
M. Bérubé: C'est mieux que de ne rien faire.
M. Forget: C'est mieux que de ne rien faire mais c'est mieux de
le promettre politiquement dans les tournées électorales du
ministre et de ne pas le réaliser parce que la réalisation risque
d'être décevante, d'autant plus que si c'est 100 emplois...
M. Bérubé: On ne promet rien. On ne promet pas 100
000 emplois, nous.
M. Forget: ... plutôt que 250 emplois. Non, vous seriez
bien malvenus de les promettre, d'ailleurs, parce que c'est plutôt 100
000 emplois de moins que vous avez.
M. Lalonde: C'est 100 000 chômeurs de plus qu'on a depuis
un an, 100 000 chômeurs de plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: C'est pour cela que vous empêchez la
loi d'être adoptée.
M. Forget: M. le Président, pour me résumer
là-dessus, et c'était le but de cet exemple... C'est un exemple
que tous peuvent consulter, il y a la page 82 du rapport SORES, l'annexe 2-1,
la page 16 du document sur le groupe de travail. On verra là à la
fois des contradictions et une analyse tellement sous-développée,
une esquisse tellement préliminaire que cela convainc le lecteur,
à première vue, qu'il n'y a rien là, comme on dit. Il n'y
a rien là dans les cahiers gouvernementaux, il n'y a rien là au
point de vue des plans et si on veut que cela se réalise un jour, je
pense qu'un des efforts qu'on peut faire au moins dans le titre, c'est
d'attirer l'attention du gouvernement sur des objectifs qu'il s'est
donnés à lui-même dans ce domaine, pas d'acquérir
des choses qui existent déjà, qui ont été
créées par d'autres mais d'en créer lui-même dans le
domaine de la transformation et de la commercialisation. C'est un défi
exaltant à relever, c'est un véritable défi à
relever. Cela n'a pas été créé par le gouvernement,
je pense, non.
M. Godin: Les mines n'ont pas été
créées par le gouvernement.
M. Forget: Bien non.
M. Godin: C'est créé par le bon Dieu, cela.
M. Forget: Les mines ont été créées
par le bon Dieu! Les gisements sont créés par le bon Dieu mais
les mines, ordinairement, c'est fait par les hommes.
M. Godin: Une mine, ce serait un gisement.
M. Lalonde: Bien oui, mais la mine est une entreprise.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: C'est le trou, la mine.
M. Lalonde: C'est une entreprise, la mine.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: Alors, le trou a été creusé par
des hommes, au cas où notre barde national serait mélangé
dans son vocabulaire. Les mines ont été créées par
des hommes, avec des pics, des pelles et des pelles mécaniques
éventuellement.
M. Godin: Est-ce que le minerai était dans le trou?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
complètement hors sujet.
M. Forget: Ce n'est pas le gouvernement qui a créé
cela, M. le Président.
M. Godin: Mais est-ce que le minerai était là ou
s'il n'était pas là?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Forget: M. le Président, je pense que ce sont des
enfantillages, on sait très bien que le défi que le
ministre...
M. Godin: La conclusion...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier, vous pourrez discuter la conclusion. Il vous
reste huit minutes.
M. Forget: ... a à relever, ce n'est pas d'acheter les
mines existantes, c'est de créer la transformation et de commercialiser
les produits qui vont en sortir. C'est un défi qu'il serait capable de
relever sans créer la société de l'amiante, il n'a pas
besoin de faire cela pour y arriver. La raison pour laquelle il ne l'a pas fait
jusqu'à maintenant, ce n'est pas ce débat qui s'éternise,
c'est qu'il n'est pas prêt à le faire, il ne sait pas comment s'y
prendre encore et il va encore, pendant un an, un an et demi ou deux ans,
patauger dans des études préliminaires; on le verra, on aura ce
débat aux crédits des Richesses naturelles dans un an et vous
verrez dans quel état d'improvisation le ministre devait se trouver au
printemps 1978; parce que, au printemps 1979, il va encore parler
d'études préliminaires, d'esquisses et de plans en
préparation. On a déjà vu...
M. Godin: De votre bord, oui!
M. Forget: ... de la part du gouvernement actuel, des promesses
qui devaient se réaliser en un mois et, un an plus tard, ne
s'étaient pas encore accomplies.
M. Lalonde: Le centre des congrès à Montréal
devait être commencé en septembre 1977.
M. Forget: C'est cela, le centre des congrès va être
réalisé probablement plus rapidement que les projets de
transformation. C'est la raison pour laquelle on voudrait...
M. Godin: M. le Président, question de privilège;
je n'accepterai pas...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Question
de privilège à...
M. Godin: ... oui certainement, on parle du centre des
congrès, le stade Taillibert a été fait sans concours;
ça a été plus vite, mais il a coûté plus
cher.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier, il n'y a pas de question de
privilège.
M. Godin: Non, mais ils ne nous lanceront pas la boue ainsi sans
qu'on réagisse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
mais vous avez encore huit minutes...
M. Lalonde: Oh, lancer la boue, vous êtes bon
là-dedans, vous!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, il vous reste une minute pour
conclure.
M. Forget: II me reste une minute, alors je conclus, M. le
Président, en disant que si on ne veut pas que le gouvernement prenne
une voie d'évitement, la voie de la facilité, une modeste
contribution de l'article 1 serait de l'inviter, chaque fois qu'il utilisera la
papeterie de la Société nationale de l'amiante, à se
rappeler que c'est là pour la transformation et la commercialisation des
produits, pas pour l'acquisition des mines.
Vote sur la motion d'amendement
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'amendement du député de Saint-Laurent, tel que
modifié par l'amendement du député de Richmond, sera
adopté?
M. Grégoire: L'appel des votes!
M. Godin: Est-ce que je peux dire la raison pour laquelle je vais
voter contre, M. le Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II vous
reste huit minutes pour le dire.
M. Godin: C'est que, au point de vue du sigle, le nôtre se
lit SNAQ, le leur se lirait SPLTELCDPEDA, il n'y a pas moyen de le mettre nulle
part, c'est la raison pour laquelle je serai contre, M. le
Président.
M. Lalonde: C'est mieux que le "PQuiou."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bérubé, Matane.
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Godin, Mercier.
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brochu, Richmond.
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Forget, Saint-Laurent.
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire, Frontenac.
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Laplante, Bourassa.
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ouellette, Beauce-Nord.
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Rancourt, Saint-François.
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lalonde, Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: En faveur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'amendement du député de Saint-Laurent, tel qu'amendé
par la motion du député de Richmond, est rejeté six voix
contre trois.
Nous revenons maintenant à la motion principale.
Est-ce que cette motion sera adoptée?
M. Forget: M. le Président, on a un autre amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent il vous reste...
M. Grégoire: Voyons donc!
M. Godin: S'agit-il d'affaires définitives ou
bâclées comme les autres?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé: M. le Président, est-ce que nous
pourrions demander... Je sais que le règlement ne nous le permet pas,
mais est-ce que le député de Saint-Laurent voudrait,
peut-être, distribuer la collection d'amendements, de manière que
nous puissions évaluer ces amendements, pouvoir juger...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Saint-Laurent.
M. Grégoire: M. le Président, ce serait
peut-être bon pour ne pas être pris au dépourvu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si M. le
député de Saint-Laurent veut le faire, c'est bien son droit, mais
il n'y a aucun article du règlement qui peut forcer...
M. Bérubé: Non, mais on pourrait tout simplement
l'inviter...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, là-dessus, puisque la
question est posée, je pense qu'elle mérite qu'on s'y attarde. On
a pensé les distribuer, mais certains amendements seraient
désuets au cas ou d'autres auraient été acceptés.
Alors je pense que les députés et le ministre en particulier qui
semble commencer à porter un peu d'intérêt aux travaux
je l'en félicite serait tout mêlé
là-dedans. Alors, M. le Président...
M. Grégoire: ...
M. Godin: Ils viennent de faire une bonne évaluation de
leur travail...
M. Lalonde: M. le Président, il ne comprendrait rien, son
niveau de compréhension ne dépassant pas le genre de travail
comme...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Là c'est vrai qu'on est en dehors de l'article 1.
M. Lalonde: ... le rapport du groupe de travail; il serait
inutile d'essayer.
M. Grégoire: Démêlez-vous d'abord.
M. Godin: Ils énoncent leur propre confusion, c'est
extraordinaire!
M. Forget: M. le Président, il y a déjà un
certain nombre de précédents qui ont déjà
été créés dans la désignation des
sociétés d'Etat qui sont actives dans plusieurs domaines. Parmi
les plus récentes, la Société québécoise
d'initiatives agroalimentaires, la Société
québécoise d'exploration minière, la Société
québécoise d'initiatives pétrolières, etc..
Une Voix: Vous avez lu le bottin du gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! A l'ordre!
M. Forget: Ce sont des exemples que je rappelle, je n'ai pas
besoin du bottin pour les citer, je les connais bien et tout le monde connait
bien, je pense, ces entreprises pour la contribution qu'elles font ou qu'elles
feront un jour à l'économie du Québec. Il me semble qu'en
s'inspirant de ces précédents et pour éviter la confusion
dans l'esprit de ceux avec lesquels cette société va transiger,
particulièrement à l'extérieur du pays, il serait
approprié d'avoir le même genre de désignation. C'est une
proposition que nous aimerions faire, parce qu'il nous semble que c'est plus
normal d'avoir une désignation standard pour les sociétés
d'Etat, plutôt que de faire varier cette désignation selon le
contexte politique ou électoral du moment.
II y a donc d'excellentes raisons, il me semble, pour adopter une chose
comme celle-là. A la limite, c'est presque une proposition qui aurait
dû émaner du gouvernement et qu'on pourra nous reprocher d'avoir
faite à cause de l'épithète que l'on veut utiliser dans le
titre de cette société. On pourra y voir une intention de flatter
le parti au pouvoir, mais loin de nous cette intention. Encore une fois, c'est
tout simplement pour procéder relativement à cette question sur
l'amiante, à cette initiative gouvernementale dans le domaine de
l'amiante, de la même façon que les gouvernements
précédents ont procédé lorsqu'il s'est agi
d'intervenir dans certains secteurs de l'économie.
Cette désignation n'a jamais causé de controverse,
à ma connaissance, et il y a pour cela de bonnes raisons, puisqu'il
s'agit d'une désignation tout à fait descriptive.
Essentiellement, il s'agirait de désigner la société de
l'amiante comme étant la société québécoise
de l'amiante. J'imagine que le parti québécois, qui se flatte
d'une telle désignation, ne serait pas, c'est très
prétentieux dans le cas d'un parti politique...
M. Grégoire: C'est un beau nom.
M. Forget: Oui, c'est sûrement un beau nom, il n'y a pas
d'erreur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: C'est très impérialiste.
M. Grégoire: C'est moi qui l'avais proposé.
M. Bérubé: C'est une idée originale du
député de Frontenac.
M. Grégoire: J'avais été le parrain du nom.
M. Forget: C'est très impérialiste.
M. Godin: Cela répond davantage à la
réalité que le Parti libéral, en tout cas.
M. Forget: C'est très impérialiste comme
désignation évidemment puisqu'on se prétend à ce
moment les seuls à mériter l'épithète avec beaucoup
de...
M. Godin: ... Des libéralistes.
M. Forget: C'est un très beau nom aussi.
M. Godin: L'êtes-vous toujours?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Godin: La liberté d'un libéral...
M. Forget: La liberté est une valeur universelle.
M. Godin: Prouvez-le. Montrez-vous-en dignes!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: Est-ce que le député de
Saint-Laurent pourrait nous dire la liste de tous les noms qu'il a l'intention
de proposer à l'article 1, peut-être que dans le lot on en
trouvera un qui conviendra à ce moment... vous m'avez permis une
question.
M. Forget: Peut-être en trouverez-vous un... On vous les
donne par ordre de préférence.
M. Grégoire: Donnez-les nous quand même par ordre de
préférence, avec différentes motions, peut-être
qu'à ce moment, on pourra en trouver un qui ferait l'affaire de tous, et
on collaborera, le député de Marguerite-Bourgeoys sait qu'on peut
collaborer.
M. Lalonde: M. le député ne s'est pas rendu compte
que c'est l'Opposition qui mène. Il va falloir qu'il s'en rende compte
tranquillement; cela entre.
M. Grégoire: On veut bien, sur certains points. Mais, on
ne vous laissera pas mener. C'est le règlement qui mène. Le
règlement vous permet de proposer 200 noms.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Le règlement ne mène pas maintenant.
M. Grégoire: C'est de plus en plus prévisible. Si
le député veut nous faire la liste, on pourrait peut-être
choisir. On vous offre notre collaboration afin peut-être de choisir un
de vos noms...
M. Bérubé: La collaboration du gouvernement.
M. Grégoire: ... s'il est meilleur.
M. Forget: Vous voterez pour nos motions, on les présente
par ordre de préférence et si vous adoptez celle-là on va
s'interrompre immédiatement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: II y en a peut-être des meilleurs dans
votre liste.
M. Lalonde: Nous pensons que c'est le deuxième
meilleur.
M. Grégoire: Oui mais on peut tout de même
s'entendre, à un moment donné.
M. Bérubé: Je vois le député de
Richmond qui est également dubitatif.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Laisseriez-vous présenter la motion au député de
Saint-Laurent, s'il le veut, avant 12 h 30, s'il ne le veut pas...
M. Bérubé: Cela n'est pas vraiment la peine.
M. Forget: Je dispose de quelques minutes encore.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquire): On pourrait la
déclarer recevable immédiatement, je l'ai vue.
Motion pour remplacer le mot "nationale" par le mot
"québécoise"
M. Forget: Vous l'avez vue, M. le Président. Alors,
écoutez, il s'agit de la motion suivante dont je vais faire la lecture
effectivement: Que l'article 1 soit modifié en remplaçant, dans
la deuxième ligne, le mot "nationale" par le mot
"québécoise" et en ajoutant l'alinéa suivant: La
société peut également être désignée
sous le nom de SOQUAM.
L'article amendé se lirait comme suit: Une compagnie à
fonds social, ci-après appelée la société, est
constituée sous le nom de Société il y a une faute
de frappe-là québécoise de l'amiante...
M. Godin: L'amiante, c'est quoi?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Godin: II y a une improvisation, M. le Pré- sident, on
parle de l'"amiante, il n'y a pas d'amiante au Québec.
M. Grégoire: Je me demandais...
M. Godin: On est riche en richesses naturelles mais on n'a pas
d"'amiante".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Bérubé: II y a peut-être une faute de
frappe.
M. Godin: ... qui ont préparé ces amendements, M.
le Président, et c'est totalement inacceptable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: II faut...
M. Grégoire: L'Opposition est minable, M. le
Président, mais ce n'est pas de l''amiante". C'est minable, je
l'admets.
M. Godin: M. le député, est-ce que...
M. Lalonde: M. le Président, je suggère...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 16 h 40
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Bérubé (Matane), M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu
(Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Grégoire (Frontenac), M.
Laplante (Bourassa), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt
(Saint-François), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys).
Les intervenants sont: M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Godin
(Mercier), M. Gratton (Gatineau), M. Landry (Fabre), M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue), M. Léger (Lafontaine), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Paquette (Rosemont), M. Roy
(Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Forget: Je ferai lecture d'une motion pour rafraîchir la
mémoire des membres de la commission deux minutes quant au contenu de
cette motion. Il s'agissait de voir un article amendé qui se lirait
comme suit: Une compagnie à fonds social, ci-après appelée
"la société", constituée sous le nom de
Société québécoise de l'amiante. La
société peut également être désignée
sous le nom de SOQUAM.
Je ne reprendrai pas les propos que j'ai tenus avant la fin de nos
travaux de ce matin. Il s'agit de suivre le patron déjà largement
représenté dans les sociétés d'Etat au
Québec et d'adopter, pour cette société de l'amiante, la
même désignation, désignation d'un même genre que
celle qui existe pour d'autres sociétés actives dans le monde
économique.
C'est un qualificatif qui permet d'identifier clairement l'entreprise au
Québec, sans ambiguïté, sans que des acheteurs
étrangers ou des entreprises avec qui la société
contracterait à l'étranger ne se méprennent sur le sens de
ce mot, de l'appartenance ou du rattachement de cette société,
puisque toute confusion avec une société nationale des
pétroles ou autre entreprise de caractère fédéral
serait ainsi éliminée.
Il serait possible de la distinguer très clairement. Le but d'un
nom, c'est de permettre une désignation qui ne donne pas ouverture
à la confusion.
Voilà, M. le Président, c'est une proposition que nous
faisons. J'espère que le gouvernement pourra y réagir de
façon constructive, pour une fois. Je n'ai pas d'autres remarques
à ajouter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Richmond.
M. Brochu: M. le Président, simplement quelques mots sur
cette nouvelle motion qui nous est présentée maintenant par le
député de Saint-Laurent pour que, selon le texte qu'il nous a
présenté, la Société nationale de l'amiante soit
désormais désignée comme étant la
Société québécoise de l'amiante.
En ce qui me concerne, pour les raisons que j'ai évoquées
ce matin à l'appui de ma motion de sous-amendement, soit d'inclure et de
conserver dans l'appellation de cette société de l'amiante le mot
"nationale", je vous dirai que je ne pourrai souscrire à cette motion du
député de Saint-Laurent.
J'ai été quand même un peu surpris qu'on revienne
avec cette motion, avec le mot "québécoise " au lieu du mot
"nationale", puisqu'il m'ap-paraît que la nuance entre les deux n'est pas
tellement grande sur le plan pratique, sauf, peut-être et cela
devient plus important sur l'aspect nationaliste qui s'en dégage.
Encore là, on retourne à la même argumentation que ce
matin. En ce qui concerne l'Union Nationale, nous ne craignons pas du tout cet
aspect de nationalisme qui doit se dégager de la province de
Québec, nationalisme sain, normal, logique, respectueux des autres, mais
en même temps voulant s'affirmer.
Dans ce sens-là, je ne peux donc souscrire à cette motion
puisque, dans la logique de ce que j'ai présenté ce matin et pour
les mêmes arguments, je tiens à ce que soit inclus dans
l'appellation de cette société de l'amiante
l'élément nationaliste, l'élément de
Société nationale de l'amiante.
M. le Président, je limiterai mes commentaires pour le moment
puisque je ne pourrai pas poursuivre, pour les mêmes raisons que je n'ai
pas l'intention de reprendre, puisque je pense que j'ai fait un tour d'horizon
plus large, suffisant, ce matin.
A ce moment-ci, je vous dirai simplement que je n'appuierai pas... Je
voterai contre cette motion d'amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le ministre.
M. Bérubé: Je n'ai rien à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
n'avez rien à dire. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, seulement quelques mots. On a
passablement indiqué la raison pour laquelle l'Opposition officielle
désire conserver le caractère exclusif, l'aspect plus
précieux de l'emploi du mot "nationale" à des institutions plus
importantes, surtout que cette société va simplement être
une société commerciale, industrielle, ayant des activités
minoritaires dans le secteur de l'amiante. Mais il y a aussi l'aspect
ambiguïté qui est un aspect pratique.
Le député de Richmond vient de dire que la nuance entre
"nationale" et "québécoise" n'est pas grande. Au contraire, en
pratique, cela fait la différence suivante: C'est que les gens avec qui
cette société va faire affaire vont pouvoir l'identifier plus
facilement. La Société nationale de l'amiante, cela peut
être aussi bien une société nationale
fédérale. Cela peut être une société
nationale française. Cela peut être une société
nationale de partout, tandis que si l'on dit: Société
québécoise de l'amiante, il n'y a pas d'ambiguïté
possible, il n'y a pas de doute, c'est la société du
Québec. Je pense que c'est le principal avantage de l'amendement qui est
proposé par le député de Saint-Laurent.
J'aimerais profiter de cette occasion je pense que je ne vais pas
à rencontre du règlement pour relever une accusation du
député de Mercier, faite ce matin à l'endroit de
l'Opposition officielle à l'égard des motions d'amendement de
l'Opposition officielle. Le député de Mercier a accusé
l'Opposition officielle de vouloir retarder l'implantation de la politique de
l'amiante au Québec par les discussions que l'Opposition entend faire
ici, à la commission parlementaire, sur le projet de loi no 70. Je pense
que ces accusations sont complètement non fondées, manquent
complètement de fondement.
La politique de l'amiante du gouvernement, à très court
terme, c'est l'acquisition d'une société d'extraction. A moyen
terme, semble-t-il, ce sera l'implantation d'entreprises de transformation tout
en, espérons-le, n'oubliant pas l'aspect salubrité pour non
seulement l'entreprise que le gouvernement ou les entreprises que le
gouvernement veut implanter, mais aussi pour tout le secteur de l'extraction et
de la transformation de l'amiante qui n'appartiendrait pas au gouvernement.
Tout cela peut se faire à l'extérieur de la Société
nationale de l'amiante.
On a assisté, il y a une dizaine d'années, à la
nationalisation de l'électricité qu'un gouvernement
libéral a faite dans un secteur tout à fait névralgique,
tout à fait stratégique au niveau de l'énergie qui
appartenait à différentes personnes et qui a été
considérée comme devant être un bien public. Cela a
été fait, sans même qu'une société soit
créée. Il y avait déjà des sociétés
qui pouvaient la prendre. Cela a été fait de cette façon.
De la même façon, l'implantation, par exemple, c'est absolument
urgent. Si le gouvernement était prêt, ce qu'il n'est pas,
à procéder à l'implantation d'entreprises de
transformation actuellement, à ce moment-là... Le
député de Frontenac me demande s'il peut quitter.
M. Grégoire: ...
M. Lalonde: II a ma permission, M. le Président.
M. Grégoire: D'accord, merci. J'ai un appel
téléphonique à faire.
Une Voix: Le temps d'un appel téléphonique.
M. Lalonde: On peut peut-être prendre le vote en
attendant.
M. Grégoire: Vous m'avertirez.
M. Lalonde: Le gouvernement n'est pas prêt pour une
implantation. Il peut le faire, d'ailleurs, sans cette Société
nationale de l'amiante. Cette société nationale de l'amiante
n'est qu'un instrument. Il y en a beaucoup d'autres. Rien n'empê- che,
par exemple, la Société générale de financement
d'investir dans le secteur de l'amiante, de même que d'autres
sociétés qui appartiennent à l'Etat actuellement. Rien
n'empêche SOQUEM, compte tenu des détails de ces pouvoirs
je ne veux pas donner une opinion juridique, à savoir si elle a le
pouvoir de le faire ou non... Je suis parfaitement d'avis que la SGF, par
exemple, pourrait fort bien, simplement par une décision, suivant une
directive, une politique générale du gouvernement, s'impliquer
dans des entreprises de transformation de l'amiante. On n'a pas besoin de la
Société nationale de l'amiante. De la même façon,
une société d'Etat existante pourrait fort bien servir
d'instrument d'acquisition de la société Asbestos.
On n'a pas besoin de la Société nationale de l'amiante, ce
qui nous remplit d'aise, nous de l'Opposition, parce que nous sommes convaincus
que l'avenir immédiat de la politique de l'amiante du gouvernement ne
dépend pas de l'adoption de la loi no 70, ne dépend pas de la
constitution immédiate de la société, de sorte que nous
avons amplement le temps de regarder sur toutes les coutures le projet de loi
qui nous est soumis. Nous avons la conviction que nous ne retardons pas d'une
seule seconde l'implantation de la politique de l'amiante du gouvernement, ce
qui démontre, toutefois, que les accusations du député de
Mercier n'ont absolument aucun fondement et sont reçues comme telles par
l'Opposition. Nous n'avons pas l'intention de changer, de modifier en aucune
façon notre attitude.
Au départ, nous avons dit en deuxième lecture: Nous sommes
complètement défavorables à l'acquisition, à la
politique de l'amiante du gouvernement qui veut procéder à
l'acquisition, au coût de dizaines de millions et peut-être de
centaines de millions, d'une société d'extraction, d'une
société qui ne fait pas la transformation de l'amiante pour
arriver, éventuellement, à implanter des entreprises de
transformation.
Nous n'avons pas eu la démonstration par le gouvernement qu'il
fallait procéder de cette façon. Je pense que c'est notre
responsabilité vis-à-vis de la population que d'exiger de ce
gouvernement qu'il en fasse la démonstration. Nous avons demandé
des documents, nous en avons eu quelques-uns. Nous avons
décortiqué celui qui émanait du gouvernement, du
ministère, d'un groupe de travail qu'on n'a pas voulu identifier, un
groupe de fantômes. Là-dessus, il y a quatre lignes, sans aucune
démonstration. Il y a une affirmation, à savoir qu'il faut
acheter une compagnie de l'amiante pour faire de la transformation.
M. le Président, c'est notre responsabilité comme
Opposition d'exiger que ce gouvernement fasse la démonstration du
bien-fondé de sa politique, surtout de l'acquisition d'Asbestos
Corporation. C'est un des moyens qui est donné à l'Opposition.
Nous allons prendre tous les moyens nécessaires, conformément aux
règlements, pour amener le gouvernement à se plier à ces
exigences qui sont tout à fait justifiables. Nous allons parler le
même langage tout au long de ce débat. Les accusations du
député de Mercier sont sans fondement et ne nous concernent
pas.
Toutefois, et je vais terminer là-dessus, concernant les
accusations du député de Mercier, il a cru devoir recourir
à l'injure à l'égard de l'Opposition pour étayer
son argumentation. Nous avons eu quelques échanges. Il a dû
retirer ses paroles. Je ne reviendrai pas sur le contenu. Je voudrais
simplement dire que, lorsqu'on en est rendu à devoir recourir à
l'injure vis-à-vis de l'Opposition, c'est une indication, à mon
sens, que le gouvernement ne se sent pas très à l'aise dans sa
politique.
Il a eu aussi un autre argument, l'argument ad hominem. Les gens de ma
génération ont été assujettis dans leur jeunesse
à un système d'argumentation. On leur a enseigné deux
sortes d'arguments: l'argument d'autorité Mgr Lartigue l'a dit,
donc cela doit être vrai et l'argument ad hominem. Je ne parlerai
pas ici, ce serait probablement antiparlementaire, des arguments que le
député de Mercier a employés à l'endroit du
député de Saint-Laurent relativement au ramollissement de son
cerveau ou des farces de cette nature. Je pensais que le député
de Mercier était un peu plus jeune. Je m'excuse de devoir dire ces
propos en son absence, mais il fait quelques incursions ici, et ensuite il
s'enfuit. Mais, que voulez-vous, je ne suis pas pour attendre qu'il revienne.
Alors, c'est le genre d'argument que... J'aurais cru que la participation d'un
poète à la chose gouvernementale, à la "res publica"
aurait donné une dimension nouvelle, une dimension pleine d'espoir
à nos débats, mais je m'aperçois qu'au contraire il a
contribué, par ses interventions, à réduire le
débat à un simple échange de rue.
Alors, M. le Président, c'est un avertissement qu'on doit faire
au député de Mercier. Nous n'allons pas nous laisser
entraîner dans ce genre d'échanges.
Pour revenir au remplacement du mot "nationale" par le mot
"québécoise", c'est une attitude réaliste qu'on doit avoir
là-dessus. On ne doit pas faire de la petite politique, de la
politicaillerie, de la partisanerie là-dessus. Il s'agit simplement
d'être pratique. La Société québécoise de
l'amiante va faire autant de belles choses pour les travailleurs que la
Société nationale de l'amiante, sauf que, pour la
Société québécoise de l'amiante, les gens vont
savoir de quoi il s'agit. Il s'agira du Québec. Une
société nationale de l'amiante, il y en a peut-être une en
France. Je l'ignore. Il peut y en avoir une demain matin en France. Il peut y
en avoir une dans d'autres provinces, avec un nom français, dans
certaines provinces. Alors, pourquoi s'assujettir à la confusion et
à l'ambiguïté? Ce serait si simple de dire la
Société québécoise de l'amiante. C'est une des
raisons pour lesquelles les dernières sociétés d'Etat ont
été ainsi nommées. Dieu sait si les anciens gouvernements
libéraux ont présidé à la constitution de certaines
sociétés d'Etat. On sait de quoi on parle. Nous identifions
généralement nos sociétés par le qualificatif de
québécois ou québécoise ou du Québec. C'est
simplement une attitude pratique, une attitude réaliste, qui ne fait pas
appel à toutes sortes de chimères politiques, de partisanerie.
C'est pourquoi nous invitons le gouvernement à revenir sur terre,
à cesser de pelleter des nuages sur le dos des Québécois.
En appuyant notre motion d'amendement, M. le Président, je pense que le
gouvernement démontrerait qu'il a une attitude, qu'il a
décidé, à compter d'aujourd'hui, après un mois
d'arrogance, de s'asseoir et de discuter réellement et avec
réalisme de ce projet de loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais dire deux
mots en deux minutes, parce que le député de Marguerite-Bourgeoys
a déclaré que l'Opposition était nettement contre la
politique québécoise de l'amiante. Je suis heureux qu'il l'ait
dit cet après-midi, M. le Président, et je vais vous dire
pourquoi. Il y a ici aujourd'hui un mineur de l'amiante qui est maintenant
à sa retraite et qui a travaillé pendant des années et des
dizaines d'années dans les mines d'amiante. Il sait ce que c'est. Il
n'est pas complètement atteint par l'amiantose. Il en a un peu, pas pour
nuire encore à sa santé, mais il en a un peu après toutes
ces années passées dans les mines. Je suis content qu'il ait
entendu le Parti libéral déclarer qu'il était contre la
politique québécoise de l'amiante. Cette population attend depuis
si longtemps...
M. Lalonde: J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. Grégoire: Cela fait mal!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, puis-je vous dire que vous êtes
complètement hors du sujet?
M. Lalonde: M. le Président, le règlement, je
pense, me donne le droit de demander la parole pour rectifier les propos du
député à l'endroit de mes dernières paroles, je
pense.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Voilà ce qui arrive lorsque les députés ne se conforment
pas à l'objet de la discussion. Le député de
Marguerite-Bourgeoys j'ai été souple est sorti
quelque peu de la motion, le député de Frontenac enchaîne
en sortant également de la motion, ce qui amène l'article 96.
Vous voyez les résultats.
M. Grégoire: Alors, je conclus en disant, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Concluez... Vous ne pouvez pas conclure, parce que vous n'êtes pas dans
le sujet, M. le député de Frontenac.
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que vous avez passé... Très brièvement, parce que...
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président, est-ce que l'article 96 m'oblige d'attendre la fin des propos
du député?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La fin
des propos du député sera possible pour autant qu'il revienne au
sujet de la motion, mais s'il doit parler sur le même sujet, il n'y aura
pas de continuation de l'intervention. D'autre part, habituellement, lorsque
l'intervention est illégale, je pense que la réplique l'est
également.
M. Lalonde: M. le Président, si vous lui avez permis de
dire des choses illégales, vous allez quand même me permettre
légalement de les...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
mais je vous avais permis également à vous aussi de sortir du
sujet.
M. Lalonde: Comme au député de Mercier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comme au
député de Mercier, oui. C'est comme cela, quand on fait preuve de
trop de souplesse. Ce n'est pas seulement vous, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, ce sont tous les députés ici
présents que je vise. M. le député de Frontenac, vous avez
le droit de parler 20 minutes sur la motion en discussion et uniquement sur la
motion. Je vous accorderai le droit, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, en vertu de l'article 96, de rectifier brièvement,
puisqu'il n'y a pas de débat là-dessus. (17 heures)
M. Grégoire: M. le Président, je vais seulement
terminer en disant que nous allons voter contre cet amendement, parce que nous
sommes fiers du titre, la Société nationale de l'amiante. Cette
société permettra l'application de la politique de l'amiante du
gouvernement québécois qui sera favorable aux travailleurs de
l'amiante et à la région de l'amiante. C'est tout ce que j'ai
à dire. Si le parti de l'Opposition n'est pas en faveur nous le
sommes.
M. Lalonde: M. le Président, je viens d'être
témoin jusqu'à maintenant, nous sommes habitués aux
blagues du député de Frontenac de la plus sale
démagogie que j'aie entendue depuis longtemps en présence d'un
travailleur frappé par l'amiantose...
M. Grégoire: Je n'ai pas dit frappé, je l'ai bien
dit.
M. Lalonde: ... mais quand même, c'est un travailleur de
l'amiante et qui est ici présent, devant lequel le député
de Frontenac vient de déformer complètement mes paroles. J'ai dit
que j'étais contre la politique adoptée par le gouver- nement
pour l'implantation d'entreprises de transformation au Québec. La sale
démagogie...
M. Grégoire: C'est ça que j'ai bien compris.
M. Lalonde: ... du député de Frontenac a
été faite...
M. Laplante: C'est ce que j'ai dit.
M. Lalonde: ... lorsqu'il a sorti de mes propos simplement une
intention de me désintéresser complètement de l'aspect de
salubrité et de la santé des travailleurs. Maintenant, si c'est
la façon dont le député de Frontenac veut encore continuer
de conduire nos débats, je l'avertis lui aussi que je ne le laisserai
pas faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Il n'y a pas de débat là-dessus. C'est
très clair...
M. Grégoire: C'est très clair.
Vote sur la motion
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! C'est tellement clair qu'à l'avenir, pour ne pas que
ces choses se reproduisent, je vais être encore plus strict sur l'objet
de vos propos, messieurs. Est-ce que l'amendement du député de
Saint-Laurent sera adopté?
M. Grégoire: L'appel des noms, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Je dois bien être contre, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
M. Bordeleau (Abitibi-Est)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brochu (Richmond)? M. Brochu, excusez-moi, je n'ai pas entendu.
M. Brochu: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire (Frontenac)?
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
M. Ouellette (Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Rancourt (Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion est rejetée à 7 voix contre 2.
S'il vous plaît! Nous revenons à la motion principale.
L'article 1 est-il adopté?
M. Bérubé: ... appeler.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, il vous reste cinq minutes sur la motion
principale.
M. Forget: M. le Président, dans un motif de compromis,
pour démontrer que nous ne sommes pas doctrinaires...
Une Voix: ... démontrer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Voulez-vous faire ça tout seul? Essayez de le
faire sans l'Opposition, vous verrez!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: Pour démontrer précisément le
caractère non doctrinaire de notre position, contrairement à
celle du gouvernement, nous suggérions, pour fins de meilleure
identification de l'entreprise en question, que nous retenions, comme il le
faut bien, puisque les autres motions précédentes ont
été défaites, grâce à la force du nombre, que
l'appellation "nationale" demeure, mais qu'elle soit complétée
par une référence à l'implantation de cette entreprise qui
pourrait être une entreprise belge, française ou autre. Il s'agit
de la société nationale de l'amiante qui n'est pas située
n'importe où.
M. le Président, encore une fois, pour éviter la confusion
dans l'esprit des groupes commerciaux et industriels avec lesquels cette
société fera affaire, présumément, si un jour elle
fait affaire avec qui que ce soit, ce qui est peut-être beaucoup
présumer, mais en supposant qu'on dépassera le niveau des voeux
pieux, des plans, des études, des documents semi-publics et
semi-personnels de fonctionnaires ou de ministres, parce que tout ça,
c'est complètement mélangé dans les documents qui nous ont
été remis, on peut envisager qu'un jour, peut-être sous un
autre gouvernement que le gouvernement actuel, on cessera de s'amuser avec le
symbolisme verbal et on passera à des réalisations
concrètes. Ce qui, encore une fois, pourrait être fait, sans
créer cette coquille vide de sens et vide de contenu, du moins dans
l'état actuel du dossier qu'est la Société nationale de
l'amiante, tel que le conçoit le gouvernement.
Il n'en a pas besoin, de cette société, M. le
Président. Il insiste malgré tout pour créer des
structures. Au moins, faudrait-il que ces structures soient identifiées,
de manière que leur appartenance soit reconnaissable, de même que
les objectifs. C'était le but des amendements
précédents.
Malgré tout, encore une fois, ils vont tenir pour acquis qu'on
aura une société nationale de l'amiante, mais on pourrait
peut-être ajouter "du Québec", de manière à ne pas
entretenir de confusion et à bien mettre le nom du Québec aussi.
La société nationale de l'amiante, non seulement cela pourrait
exister ailleurs comme société d'importation et de
transformation; il n'y a rien qui empêcherait que cela existe. Cela
pourrait exister comme société fédérale aussi,
parce qu'on sait que, n'en déplaise au Parti québécois, le
gouvernement fédéral persiste à utiliser cette
épithète, sans aucun doute à mauvais escient. Mais comme
on ne peut pas passer de loi pour en interdire l'usage, il faut bien se rendre
compte qu'il y a un certain nombre de sociétés
fédérales qui pourraient avoir exactement la même
désignation.
Je suis sûr que le ministre ne voudra pas se voir enlever le
crédit, et son gouvernement encore moins, s'il y a du crédit qui
doit s'attacher à la création d'une telle structure
gouvernementale et qu'il accepterait d'ajouter le nom du Québec à
la société.
Il me semble aussi que du point de vue de, l'Union Nationale dont le
porte-parole a exprimé son désir de voir le mot "nationale", se
retrouver le plus souvent possible dans les titres de toutes sortes de choses,
cela permettrait de concilier cette préoccupation avec une
désignation correcte de l'organisme en question.
Motion pour ajouter les mots "du Québec" au nom
de la société
Au fond, c'est une porte ouverte à la collaboration des
oppositions et aussi à la collaboration du gouvernement, M. le
Président. Je vais donc faire la lecture de ce projet d'amendement qui
se lit comme suit: Que l'article premier soit modifié, en ajoutant, dans
la deuxième ligne, après le mot "amiante", les mots "du
Québec".
L'article amendé se lirait comme suit: Une compagnie à
fonds social, ci-après appelée "la société" est
constituée sous le nom de Société nationale de l'amiante
du Québec.
C'est simple, cela répond à toutes les
préoccupations exprimées à cette table et cela nous
permettrait d'avoir au moins une motion qui touche au projet de loi, qui
pourrait faire, il me semble, sans grande difficulté, l'objet d'un
consensus. Je le dis très sérieusement, je ne vois pas en quoi on
pourrait différer d'opinion là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
déclare la motion recevable. M. le député de Richmond.
M. Brochu: En ce qui me concerne, M. le Président, pour
les préoccupations que j'ai mentionnées au début,
j'étais content de voir dans la présentation de la loi qu'il y
avait les termes "société nationale de l'amiante", pour les
motifs que j'ai indiqués tout à l'heure également. Je peux
aussi être d'accord qu'en ce qui concerne le contenu comme tel du projet
de loi, il y a beaucoup de zones grises encore, il y a beaucoup de choses qui
ne sont pas claires.
Par contre, on est à discuter, à ce moment-ci, de la
structure que le gouvernement a l'intention de créer pour mettre de
l'avant son moyen d'atteindre l'objectif d'une plus grande transformation en
sol québécois.
Je pense que ce que le député de Saint-Laurent
présente actuellement, en ajoutant le mot "Québec", à
toutes fins pratiques, ne change pas grand-chose; cela identifie davantage.
Cela s'inscrit simplement dans la ligne de préoccupation du
début, comme lorsqu'il voulait indiquer que cela touchait la
commercialisation et la transformation. Il est également évident
que pour les motifs que j'ai donnés ce matin, lorsqu'on parle d'une
nation, on parle évidemment de la nation québécoise, dans
le contexte de ce qu'on discute actuellement. On constitue une grande famille,
l'entité québécoise actuelle, avec ses diversités,
avec ses lignes de force, avec ses qualités, avec la nature qu'on lui
connaît, avec le dynamisme qu'on lui connaît.
Pour ces raisons, je n'ai pas d'objection à ajouter le mot
"Québec", quoique je ne le voie pas, au point de départ, comme
absolument nécessaire. Je ne vois pas non plus de contradiction
essentielle qui me fasse rejeter l'amendement comme tel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour le
gouvernement... Vous n'avez rien à dire?
M. Lalonde: Je voudrais savoir si le gouvernement est prêt
à l'appuyer. S'il est prêt à l'appuyer, cela sauverait un
peu de temps.
Quitte à décevoir le parti ministériel, je n'ai
rien à ajouter à ce que nous avons indiqué, aux raisons
qui nous amènent à proposer cet amendement, que ce soit la
Société québécoise de l'amiante ou la
Société nationale, puisque c'est la décision de la
commission parlementaire du Québec, ce sont les mêmes
préoccupations qui inspirent cet amendement. Je ne vois pas pourquoi le
gouvernement voterait contre cet amendement. Voter contre cet amendement, je
pense, serait l'indication la plus claire d'une fermeture d'esprit la plus
totale, d'un hermétisme, comme on a vu dans d'autres commissions
parlementaires depuis le début des activités de ce gouvernement.
Je pense que ce serait une indication que le gouvernement croit avoir la
vérité la plus absolue, la science infuse, et qu'il n'est pas
prêt du tout à accepter des suggestions constructives de la part
de l'Opposition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Y a-t-il
d'autres intervenants?
M. Laplante: M. Forget.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion du député de Saint-Laurent sera-t-elle adoptée?
M. Grégoire: L'appel des membres, M. le
Président.
Vote sur la motion
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bordeleau (Abitibi-Est)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire (Frontenac)?
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ouellette (Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Rancourt (Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion est rejetée, 6 voix contre 3.
Une Voix: Comment l'appelez-vous?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Nous revenons à la motion
principale.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Nous restons donc avec la Société
nationale de l'amiante. L'article 1 se lit comme suit: "Une compagnie à
fonds social, ci-après appelée "la Société", est
constituée sous le nom de "Société nationale de l'amiante
"." C'est donc...
Une Voix: Le drapeau est hissé.
M. Lalonde: ... la constitution de cette société
que l'article premier fait.
Lors de la discussion sur certaines propositions d'amendement, on a eu
l'occasion d'indiquer pourquoi nous étions défavorables à
la constitution, c'est-à-dire à certains aspects importants de la
politique de l'amiante du gouvernement actuel. La constitution de la compagnie,
de la société, s'inscrit justement dans cette parade que, je
pense, le gouvernement fait, à tort, avec une question aussi importante
que l'avenir de l'amiante comme activité économique, la solution
des problèmes non seulement économiques, mais aussi les
problèmes humains, qui est commandée et qui est la
responsabilité du gouvernement.
Le gouvernement, pour implanter une politique de l'amiante, que ce soit
au niveau de la salubrité, que ce soit au niveau de la transformation de
la matière première au Québec, ce à quoi nous
sommes complètement favorables, n'a pas besoin du tout de la
constitution d'une telle société. Au contraire, les instruments
qui existent actuellement sont nombreux, multiples, comportent tous les
pouvoirs et les moyens qui sont nécessaires; ils peuvent fort bien
servir au gouvernement pour implanter sa politique, politique qu'il ne nous a
pas encore expliquée, qu'il n'a pas encore expliquée à la
population et que, malheureusement, nous sommes en train d'implanter à
la pièce par ce premier article du projet de loi no 70. (17 h 15)
Je pense qu'à cet article on doit dénoncer le gouvernement
pour le peu de sérieux qu'il apporte à la définition de sa
politique, et ce, aux dépens des Québécois, à deux
titres: tout d'abord, dans le coût que cette politique va entraîner
pour tous les Québécois et dans ses chances de succès. On
sait qu'une politique qui est bousculée, improvisée, de la
façon que le gouvernement l'a faite depuis un an, surtout depuis le mois
d'octobre l'an dernier, a moins de chance de succès. On ne peut pas
escamoter des démarches absolument essentielles dans le
développement d'une décision, dans le développement d'une
implantation qui est aussi complexe que celle de la création au
Québec de tout un secteur de transformation de l'amiante.
Je pense que c'est à ce stade, au moment où on aborde
l'étude de l'article 1 du projet de loi créant la
Société nationale de l'amiante, que nous devons dénoncer
le gouvernement et tenter, encore une fois, de l'amener à
définir, de façon concrète, de façon
articulée, sa politique en disant à tous les
Québécois, non pas en leur contant des histoires, non pas en leur
chantant des chansons, mais en disant à tous les Québécois
comment on va y arriver et pourquoi on doit procéder de la façon
proposée pour arriver aux résultats que l'on recherche.
Les résultats que l'on recherche sont extrêmement clairs.
Ils sont partagés par la très grande majorité des
Québécois, à savoir que le gouvernement doit, d'une
façon ou d'une autre nous ne sommes pas d'accord sur la
façon dont il le fait voir à l'implantation le plus
possible d'un secteur de transformation au Québec pour créer des
emplois plus rémunérateurs et plus stables, et Dieu sait si notre
économie a besoin de ce genre d'emplois.
M. le Président, vu l'attitude de ce gouvernement, nous ne
pourrons pas l'appuyer dans la loi qu'il propose, y compris l'article 1 du
projet de loi 70.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond. M. le ministre?
M. Bérubé: Je suis incapable de comprendre ce
qui...
Le Président (M. Laplante): Article 1, adopté?
M. Grégoire: Adopté. M. Lalonde: Sur division.
Le Président (M. Laplante): Sur division. Article 1,
adopté sur division. Article 2? M. le ministre.
Site du siège social
M. Bérubé: M. le Président, cet article 2
spécifie simplement que le gouvernement déterminera
éventuellement le site du siège social de cette entreprise. Je
pense qu'il est important de souligner la politique qui a été
adoptée par le Conseil des ministres, à savoir que tout nouvel
organisme gouvernemental devra, sauf sur dérogation spéciale,
normalement être situé en dehors des grands centres que sont
Montréal et Québec, de manière à faciliter une
certaine décentralisation administrative au Québec.
Par conséquent, cette Société nationale de
l'amiante ne pourra échapper à cette règle et, de ce fait,
son siège social pourrait se voir situé ailleurs que dans les
deux centres en question. Néanmoins, il apparaît que la
localisation exacte du centre peut faire l'objet de discussions et d'une
évaluation, compte tenu des membres du conseil d'administration
éventuel et des emplacements où seront situées certaines
industries.
On ne peut pas, dans cet article 2, supposer que la
société Asbestos Corporation sera achetée par la
Société nationale de l'amiante. Par consé-
quent, il n'y a pas d'endroit précis de mentionné pour les
principales activités de cette entreprise. Il semble, néanmoins,
que l'ensemble, la majeure partie des activités de cette industrie
devrait se voir située, localisée dans les régions de
l'amiante. On peut très bien imaginer que le siège social de
l'entreprise sera situé dans la région de l'amiante.
Néanmoins, le gouvernement n'a pas fait son nid quant à la
localisation et je pense que les administrateurs de la future entreprise auront
certainement à examiner différents sites possibles, compte tenu
de l'intention arrêtée du gouvernement de favoriser la
décentralisation. Par conséquent, cet article permet une certaine
latitude aux futurs administrateurs de la société.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, on a, n'est-ce pas, ici une
merveilleuse démonstration du sérieux et de la profondeur du
débat de fond qui devait se dérouler sur les articles du projet
de loi, puisque, à l'article 1, on a décoré,
affublé la société d'un nom largement symbolique. A
l'article 2, on donne au gouvernement carte blanche pour décider ce
qu'il voudra bien décider au moment de l'implantation d'un siège
social.
C'est très rassurant pour ce qui est des débats de fond
que nous promet ce projet de loi. On va dépenser un quart de milliard,
soi-disant pour relever l'économie des Cantons de l'Est et, en
particulier, de la région de l'amiante. Quand vient le temps de poser un
geste qui aurait une signification réelle pour les gens de la
région de Thetford Mines, les gens de la région de l'amiante, on
s'abstient, on ne veut pas faire de présomption, on ne veut pas
décider à la place des fonctionnaires; on veut leur donner toute
la possibilité de faire ces tractations en fonction, peut-être,
d'assurances électorales. On pourra, à ce moment-là,
émettre un arrêté en conseil pour déterminer
l'emplacement du siège social à un moment choisi avec soin,
stratégiquement déterminé pour aider peut-être les
fortunes du député de Frontenac, mais aussi de quelque autre
député qui en aurait plus besoin. Le gouvernement aura l'embarras
du choix, dans un moment aussi sérieux pour lui, d'utiliser cette
promesse ou justement, de ne pas l'exercer, ce choix, avant la prochaine
échéance électorale et de faire les promesses à
deux ou trois comtés à la fois.
Mais il me semblerait plus normal, si on veut poser un geste
précis, qu'on aille un peu plus loin que cela.
Je vais vous faire la lecture, M. le Président, d'un
échange qui a eu lieu ici en commission parlementaire, il y a eu quinze
jours hier soir, où on posait au maire de Thetford Mines, M.
Côté, la question suivante, à savoir si, selon lui, la
question du siège social devrait être réglée dans la
loi. Vous me permettrez de citer la transcription; c'est à la page R/99,
à huit heures trente-cinq minutes, le 21 mars.
La question que je lui pose est la suivante: "M. le maire, vous avez
fait mention, dans votre mémoire, de l'éventualité que le
siège social de la compagnie Asbestos soit situé dans votre
ville. Avez-vous, à cet égard, des indications qui vous
permettraient d'être rassuré quant à cette
éventualité ou est-ce justement cela, une
éventualité, une probabilité dont vous n'êtes pas
certain? Si votre réponse à cette deuxième partie de la
question est affirmative, à savoir que c'est une probabilité
seulement, si vous n'avez pas d'engagement, ne serait-il pas prudent que la loi
créant la société de l'amiante fasse une obligation du
maintien du siège social à Thetford Mines".
M. Côté, maire de la ville: "Le siège social de la
compagnie Asbestos Corporation était complètement à
Thetford il y a quelques années. Tous les bureaux de l'Asbestos
Corporation, y compris le bureau des ventes, étaient à Thetford.
Ce n'est que depuis quelques années que c'est rendu à
Montréal. Je dois vous dire que nous espérons fortement, si le
gouvernement se portait acquéreur de la compagnie, retrouver à
Thetford les structures de l'Asbestos Corporation que nous avions chez nous
auparavant. Pour nous, c'est une industrie très importante. Cela
représente pratiquement au-delà de 100 employés et des
salaires assez élevés. C'est déjà une très
bonne industrie pour nous et je pense qu'il serait tout à fait logique
que cela revienne à Thetford".
La deuxième question que je pose au maire est la suivante: "Ce
serait peut-être important et logique, mais, encore une fois, est-ce que
vous avez des engagements de la part du gouvernement de ce
côté-là ou vous considérez-vous suffisamment
rassurés pour ne pas insister pour voir apparaître cette
prescription dans la loi".
Réponse de M. Côté: " Je crois que ce sont des
formalités tout à fait normales c'est un mot que vous
connaissez bien de l'autre côté nous avons fait des
pressions auprès de la compagnie actuelle, je vous dis qu'il y a
certaines choses qui sont déjà revenues à Thetford depuis
un an ou deux; une grande partie du personnel est déjà revenue,
certaines choses sont déjà revenues et il nous est permis
d'espérer peut-être pas avec la compagnie que si
cela devenait la propriété du gouvernement, on pourrait retrouver
à Thetford l'administration de l'Asbestos Corporation". "M. Forget: Je
comprends qu'il est permis d'espérer, mais là vous avez une
convocation. Vous êtes devant le ministre, vous êtes en commission
parlementaire. N'êtes-vous pas tenté d'aller un peu plus loin et
de demander au ministre de s'engager un peu plus vis-à-vis de votre
ville relativement à cette question.
M. Côté: "S'il n'y a que cela, on va lui faire la
demande immédiatement."
Alors, M. le Président, le ministre a reçu la demande de
M. Côté, le maire de Thetford Mines. Il a pris des
précautions oratoires tout à l'heure pour nous dire qu'il ne
savait pas, qu'il ne pouvait pas présumer que le gouvernement
deviendrait propriétaire de la Société Asbestos. C'est une
perle, M. le Président. C'est la première admission que le
ministre a faite qu'il se pouvait que cet achat ne se fasse pas. Jusqu'à
maintenant, il a dit: De deux choses l'une: ou on va l'acquérir de
gré à
gré ou on l'expropriera. Maintenant, il arrive devant le projet
de loi et il dit: Je ne sais pas. Peut-être qu'on l'aura, peut-être
qu'on ne l'aura pas et si on ne l'a pas, on ne peut pas mettre dans la loi que
le siège social va être à Thetford Mines. Belle affaire! Il
me semble que ce n'est pas tout à fait cohérent. Ou il y a une
intention gouvernementale, une volonté politique, selon l'expression
consacrée dans le vocabulaire péquiste, de l'acheter d'une
façon ou d'une autre cette fameuse Société Asbestos, ou la
volonté n'est pas là. Si la volonté n'est pas là,
je comprends qu'on prenne toutes sortes de précautions pour ne pas
s'enfermer dans un dilemme.
Si vous avez la volonté de l'acheter d'une façon ou d'une
autre, vous pouvez très bien inscrire, à l'article 2, une
affirmation solennelle à l'effet que le siège social de la
Société Asbestos va se trouver à Thetford Mines. Cela
ferait plaisir aux gens de Thetford Mines. Ils seraient rassurés qu'il y
a peut-être quelque chose qu'ils vont retirer de toute cette affaire. Le
ministre citait tout à l'heure la présence d'un travailleur de
l'amiante, mais il aurait dû être là, ce même
travailleur de l'amiante, lorsque le vice-président du syndicat est venu
faire la confession qu'il ne savait pas, dans le fond, ce qu'il en retirerait,
ce que ses membres retireraient de cette initiative gouvernementale. La seule
chose qu'il a pu mentionner après un bon 90 secondes de silence
embarrassant, c'est que le gouvernement serait probablement un meilleur
employeur. Mais le pauvre vice-président du syndicat ne savait pas,
à cette époque-là, que les fonctionnaires avaient
déjà réglé son cas. Les fonctionnaires, à la
page 7 du mémoire de leur groupe de travail, ont déjà dit
que les mineurs de la région de Thetford Mines avaient des salaires
tellement élevés qu'on ne pouvait pas songer à implanter
une usine de transformation dans la même ville à cause de ces
salaires élevés de la mine car cela créerait une
concurrence déraisonnable et impliquerait que le produit de
transformation serait non concurrentiel. C'est à la page 7.
Alors, s'ils avaient su qu'ils n'allaient pas avoir les usines de
transformation, si le ministre avait été assez franc à ce
moment-là pour leur dire: Ne pensez pas à cela, dans nos
études on a déjà des conclusions qui nous
démontrent qu'il ne faut pas les installer à Thetford Mines... Au
moins donnez-leur le siège social. Ayez au moins cette décence.
Vous faites toute une campagne politique sur le dos de la région de
Thetford Mines et en particulier de la ville de Thetford Mines. Vous allez
dire: Au moins on va vous garantir le siège social. Si vous ne voulez
pas y mettre le siège social de la Société Asbestos, au
moins mettez-y le siège social de la société d'amiante.
Vous avez des choix, mettez en un au moins à cet endroit. N'allez pas
nous dire: On verra, peut-être qu'on va avoir la Société
Asbestos, peut-être qu'on ne l'aura pas, mais de toute façon pour
les gens de Thetford Mines, on peut leur dire une chose, peut-être bien
qu'ils vont avoir un siège social, mais peut-être bien qu'ils n'en
auront pas. Ça a bien l'air qu'ils n'en auront pas, parce que si le
ministre avait l'oc- casion de le dire, il n'y en a pas de meilleure
qu'aujourd'hui, il n'y en a pas de meilleure qu'au moment où on arrive
à l'article 2 où on dit: Le bon gouvernement dans sa sagesse, en
fonction des échéances électorales et autres, en fonction
des préférences quant au milieu de vie dans lequel ses hauts
fonctionnaires qui vont devenir les directeurs et les cadres de cette
société vont vouloir vivre... Peut-être qu'ils n'aiment
pas, de leur fenêtre, regarder les montagnes de débris.
M. Godin: Des crassiers qu'on appelle cela.
M. Forget: Les crassiers. Merci. Je remercie notre barde national
de nous suggérer, de nous souffler des mots.
M. Grégoire: Des tas de résidus.
M. Forget: Alors, si les cadres et les fonctionnaires ne veulent
pas regarder les crassiers, peut-être qu'ils vont préparer un
arrêté en conseil et persuader le ministre que
décidément on pourrait mettre cela, je ne sais pas, à
Sainte-Marie de Beauce ou un peu au sud, au nord, à l'est ou à
l'ouest, mais assez loin des crassiers pour que le plus qu'on puisse voir c'est
un profilé à l'horizon pour dire aux visiteurs quand ils
viennent: Vous voyez les mines. Quand on invitera les visiteurs français
ou européens, parce qu'on aime beaucoup recevoir des échanges de
la France, particulièrement dans le moment, on dira, des fenêtres
panoramiques du bureau du directeur général: Les crassiers, vous
les voyez se profiler à l'horizon. C'est cela notre industrie de
l'amiante. Elle est assez loin, bien sûr, parce que c'est mauvais pour la
santé et on ne voulait pas se mettre juste à côté.
Mais pourquoi ne pas y aller franchement et dire carrément: On va mettre
cela dans la loi que la Société nationale de l'amiante va avoir
son siège social à Thetford Mines. (17 h 30)
M. Grégoire: D'accord.
M. Forget: Je vois avec plaisir, pour la première fois, un
accord, une sympathie naturelle, se dégager entre le
député de Frontenac et l'Opposition.
M. Grégoire: Je peux même dire au
député de Saint-Laurent que s'il présente cet amendement,
comme il a l'intention de le faire, je vais m'asseoir de ce
côté-là aussi longtemps que durera l'amendement.
M. Lalonde: Le député peut rester de ce
côté-là et voter en faveur.
M. Grégoire: Les deux, s'ils le veulent, tant que durera
l'amendement.
M. Forget: J'ai une motion et avec une telle invitation, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous la
présentez tout de suite.
M. Forget: Je vais la présenter tout de suite. Je ne peux
plus résister a la tentation de voir le député de
Frontenac se joindre à nous pour un moment seulement, bien sûr,
pour un seul instant; malgré tout, ce sera une occasion à ne pas
manquer.
La motion d'amendement à l'article 2 se lit donc comme suit: Que
l'article 2 soit modifié en remplaçant dans les première
et deuxième lignes, les mots "à l'endroit déterminé
par le", par les mots "dans la ville de Thetford Mines. Elle peut toutefois le
transporter dans un autre endroit avec l'approbation du", en remplaçant
dans la deuxième ligne, les mots "un avis de la situation ou de", par
les mots "un tel" et en remplaçant, dans les deuxième et
troisième lignes, les mots "du siège social est publié ",
par les mots "entre en vigueur sur publication d'un avis à cet
effet".
L'article amendé se lirait comme suit: "La société
a son siège social dans la ville de Thetford Mines. Elle peut toutefois
le transporter dans un autre endroit avec l'approbation du gouvernement. Un tel
changement entre en vigueur sur publication d'un avis à cet effet dans
la Gazette officielle du Québec".
Le Président (M. Laplante): Si le député de
Saint-Laurent n'a pas d'objection, je vais redonner la place au
président qui a toujours pris les décisions jusqu'à
maintenant.
M. Forget: En remerciant le président de sa collaboration
temporaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
déclare recevable la motion d'amendement.
M. Lalonde: ... sur la recevabilité, je vous aurais
demandé de parler.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Saint-Laurent.
Je pense qu'il faut accorder la parole au... Est-ce que vous avez fini
de parler sur l'amendement?
M. Forget: Pour l'instant, oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président.
M. Lalonde: II se déclare en conflit
d'intérêts.
M. Brochu: J'avoue que l'astuce est très bien.
M. le Président, la motion présentée actuellement
par le député de Saint-Laurent va sûrement le rendre plus
amical à l'endroit du maire de Black Lake. Je pense que les anciennes
amitiés pourraient même se renouer lorsqu'il nous présente
une motion comme il le fait en incitant le gouvernement à statuer
immédiatement sur l'emplacement éventuel du siège social
de l'entreprise, puisque le maire de Black Lake nous avait indiqué son
ancienne admiration et ses anciennes allégeances politiques, je pense
qu'il se réjouira...
M. Forget: ... à Black Lake, pas à Thetford
Mines.
M. Brochu: C'est tout près. Les retombées
économiques sont dans la même région. Le maire de Black
Lake se réjouira sûrement de voir cette proposition de la part du
député de Saint-Laurent.
Blague à part, M. le Président, je dois convenir, dans un
premier temps, qu'en ce qui concerne la ville de Thetford, d'ailleurs, nous
avons accueilli à cette commission parlementaire les
représentants de la municipalité qui sont venus nous exposer leur
point de vue sur la politique de l'amiante, d'un côté et de
l'autre côté, nous avons pu leur poser des questions sur la
situation économique qui prévaut dans cette région, et les
réponses que nous avons obtenues à ce moment-là ont
été très claires.
La région de Thetford, actuellement, souffre d'un pourcentage
très élevé de chômage. Compte tenu du fait que
l'établissement d'autres industries secondaires est, en apparence, dans
les périodes que nous traversons actuellement, fort peu
prévisible, cela rend donc la situation, je le conçois et je le
constate, encore plus difficile de ce côté.
Il semble qu'il y ait peu de possibilités de raviver cette
région à court terme. C'est donc tout à fait
compréhensible que les édiles municipaux recherchent tout ce qui
peut c'est leur devoir, leur responsabilité aider leur
municipalité et leur région à se développer
économiquement et à se renforcer, par le fait même, sur le
plan économique, et sur le plan social, il va sans dire.
Donc, on doit considérer ce point de vue, ce qui est tout
à fait normal. Ces gens défendent leur région, à ce
moment, et c'est leur devoir et leur responsabilité de le faire. Par
contre, lorsque je me place d'un autre point de vue et que je regarde
l'ensemble de la région des Cantons de l'Est, je vois que d'autres
régions sont aussi affectées. Et si je parle pour mon clocher
parce que je suis député de Richmond, que je suis natif de
la ville d'Asbestos et que j'y demeure toujours Asbestos est
impliquée directement dans le dossier de l'amiante. Si je regarde un
point très subjectif, la municipalité chez nous, je dois vous
dire ceci: La ville d'Asbestos est également aux prises avec certains
problèmes, parce qu'elle ne compte, et cela depuis en fait le tout
début de son histoire, qu'une seule industrie majeure, soit celle de
l'amiante. Il y a eu des tentatives modestes d'implanter d'autres industries
à côté, mais, pour diverses raisons, ces industries n'ont
pas pu persister longtemps. Donc, on se retrouve avec une situation où
il y a une seule source majeure de revenu pour les citoyens, ce qui apporte,
dans certains cas, certains problèmes, et qui limite, entre autres, pour
le moment, en ce qui concerne tout le secteur de notre jeunesse, la
disponibilité d'emploi. Donc, on doit, malheureusement, dans la
région d'Asbestos, assister à une saignée de nos
concitoyens en bas âge, de 20 ans à 30 ans, qui doivent aller vers
l'ex-
térieur pour trouver des emplois et pour gagner leur vie. C'est
la réalité avec laquelle...
M. Lalonde: Pour la saignée des concitoyens, vous n'avez
pas invité la Croix-Rouge?
M. Brochu: Non, je ne veux pas me mêler du congrès
libéral du tout. Ce n'est pas mon intention.
Il existe donc un problème réel de ce côté,
dans cette région. Lorsque je regarde autour encore, que je vais dans la
ville même de Richmond, par exemple, je me rends compte que le
problème se pose encore avec beaucoup plus d'acuité, beaucoup
plus de force et que ces conséquences sont beaucoup plus graves, parce
que le taux de chômage augmente continuellement, parce que ce sont des
petites usines, majoritairement des usines de fabrication de chaussures, et on
sait avec quels problèmes elles sont aux prises actuellement.
L'été dernier encore, une usine au complet a fermé, la
Duchesse, qui était en affaires depuis nombre d'années.
Les autres usines qui continuent leur exploitation le font avec un
niveau assez limité de production. Lundi dernier encore, je recevais
à mon bureau les gens qui sont maintenant impliqués dans des
mises à pied à une usine qui allait bien, La-salle Plastique,
à Richmond, où on a encore 60 mises à pied qui ont eu lieu
la semaine dernière, parce que ces gens sont reliés avec les
usines Bombardier de Valcourt, et aussi parce qu'à ce moment les
demandes sont moins nombreuses. On sait que les usines Bombardier de Valcourt
ne fonctionnent pas à la capacité qu'on pourrait espérer
qu'elles fonctionnent, pour différentes raisons.
Quoi qu'il en soit, dans la région de Richmond, il y a ce
problème énorme de chômage qui s'accentue actuellement et
qu'on doit constater et déplorer. Je vous décris la situation
pour vous dire que, pour ces régions, on pourrait fortement souhaiter la
venue d'un siège social sur le territoire de Richmond, ou d'Asbestos, ou
de la municipalité de Valcourt, qui a été fortement
affectée par la décision du gouvernement de donner le contrat de
fabrication d'autobus à General Motors plutôt qu'à
Bombardier.
M. Godin: American Motors.
M. Brochu: Tous ces arguments militent en faveur du fait que nous
pourrions dès maintenant dire: Le siège social de cette
entreprise devrait être à Asbestos ou à Richmond ou
à Valcourt. Je pense que ces arguments pourraient avoir du poids et
mériteraient d'être retenus, parce que la situation de
chômage qui prévaut dans les Cantons de l'Est est
réelle.
Si le député de Drummond était ici, il pourrait
dire la même chose, parce que chez lui, c'est le textile. A ce moment, il
connaît les mêmes problèmes que chez nous.
Donc, au point de départ, je pourrais immédiatement, en ce
qui me concerne, amener une proposition d'amendement pour suggérer la
ville d'Asbestos. Je pourrais amener une motion pour dire: Le siège
social de l'entreprise doit être à Asbestos; mais reprenons au
tout début. J'aurais aimé, dans un premier temps, que le
gouvernement soit plus explicite en ce qui concerne la localisation. On aurait
pu souhaiter, au point de départ, que le gouvernement ait des choses
plus précises à nous annoncer de ce côté, de sorte
qu'on puisse prendre des décisions avec davantage de renseignements.
Cela n'a pas été le cas, puisque maintenant il nous
présente un article 2 où l'allocation du siège social, de
façon générale, sera indiquée tout simplement par
un avis dans la Gazette officielle.
Alors, là-dessus, on peut reprocher au gouvernement, d'une
certaine façon, de ne pas nous avoir donné plus de
précision, de ne pas avoir préparé davantage son projet de
loi pour en arriver à des amorces de décisions beaucoup plus
avancées que celles qu'on a actuellement.
C'est un peu le même reproche qu'on a pu faire à d'autres
égards, lorsqu'on disait qu'il restait encore beaucoup trop de zones
grises qui nous apparaissent, du moins, dans le dossier de l'amiante
pour se lancer immédiatement avec un projet de loi, comme le
gouvernement l'a fait. De la même façon, je disais qu'il y avait
beaucoup de contradictions: le ministre un tel nous dit qu'il y a 20% de
transformation possible de produits au Québec; un autre nous dit 11%;
SORES nous dit 7%. Là aussi, ce sont encore des choses imprécises
et un peu incohérentes.
Un peu de la même façon, on peut reprocher au gouvernement
de ne pas avoir rendu son projet de loi plus cohérent et plus
définitif, appelons-le comme cela, en le présentant. C'est donc
presque un pré-projet de loi que le gouvernement nous présente
actuellement. C'est pourquoi on se retrouve face à des situations comme
celle qu'on connaît actuellement.
Ceci pour vous dire, M. le Président, que, dans la position que
j'occupe, par souci d'une certaine cohérence et d'une certaine
honnêteté, je m'abstiendrai tout simplement de voter sur la motion
qui vient d'être présentée, pour les motifs que j'ai
indiqués. Je pourrais tout aussi bien après arriver avec une
motion pour défendre la ville d'Asbestos, ce qui est tout à fait
normal.
Etant donné que le gouvernement n'a pas pris soin de
digérer davantage son projet de loi et de préciser toutes ces
choses, je souhaite que, lorsque viendra le temps de situer le siège
social de l'entreprise, il y aura un mécanisme de consultation auquel
nous pourrons être partie pour faire valoir, compte tenu de tout ce que
nous aurons appris dans le restant de la loi et de tout ce que nous savons de
nos régions, pour faire valoir les différents points de vue et en
arriver honnêtement à choisir le meilleur emplacement possible
dans l'intérêt des citoyens des Cantons de l'Est.
C'est la position que j'ai l'intention de défendre par souci
d'honnêteté. Si j'agissais subjectivement, je m'opposerais
sincèrement à la motion qui est présentée
actuellement. A ce moment-là, je
présenterais une autre motion: après 10 ans, il faut que
ce soit la ville d'Asbestos ou telle et telle ville. Alors, dans ce sens, M. le
Président, je m'abstiendrai donc, mais je demande au ministre
d'établir un mécanisme auquel on pourrait avoir partie, si c'est
son intention de continuer avec son projet de loi, pour décider avec le
plus de logique possible de l'emplacement éventuel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Richmond. M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je dois dire à
mes deux collègues d'en face de l'Opposition libérale que, sur
cet amendement, je suis de tout coeur avec eux. Je vais l'appuyer, et je suis
prêt, avec eux, à faire une argumentation, une forte discussion,
une forte présentation d'arguments pour convaincre mes collègues
que le siège social de la Société nationale de l'amiante
doit être situé à Thetford.
D'abord, je dois dire au député de Richmond que cela ne
peut pas être Asbestos, le siège social de la
Société nationale de l'amiante. Je pense que mes nouveaux
collègues de l'Opposition...
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'il faut
réellement payer ce prix?
M. Grégoire: ... avec qui je me retrouve dans l'Opposition
pour cet amendement, admettront avec lui que cela ne peut pas être
Asbestos, parce que, depuis à peu près le début de mars
que nous sommes sur l'étude de cette loi, le député de
Richmond nous dit qu'il n'a pas confiance dans l'avenir de l'amiante, dans le
développement de la transformation de l'amiante...
Une Voix: II est contre, mais...
M. Grégoire: ... dans la commercialisation de
l'amiante.
C'est l'argument prouvant que cela ne peut pas aller dans la ville du
député qui n'a pas confiance dans l'avenir de l'amiante, ce qu'il
nous répète. En fait, mes nouveaux collègues le savent
très bien et vont m'appuyer comme je les appuie sur cet amendement. (17
h 45)
Cela ne peut pas aller dans la ville de Richmond, c'est à
éliminer. Je dois dire que l'amendement est bon. Le ministre nous a dit,
et je le prends au mot, il nous a dit que la région de l'amiante fournit
$30 millions en droits miniers à la province. C'est une richesse qu'on
retire de cette région. Cela ne vient pas du comté de Matane,
cela ne vient pas du comté de Saint-Laurent ni du comté de
Marguerite-Bourgeoys, cela vient de la région de l'amiante dont je suis
le député.
Alors, si la région de l'amiante fournit cette richesse au
gouvernement, il est bien normal que les retombées en reviennent au
centre de la région de l'amiante, à Thetford Mines. Je
commencerai par expliquer pourquoi cela doit revenir à la ré-
gion de l'amiante. Si c'est dans la région de l'amiante qu'on est
affecté par l'empoussiérage, par la pollution de l'air, par la
pollution de l'eau, par les tas de résidus ou les crassiers, comme les
appelle notre poète de Mercier, ainsi que les trous creusés et
qui sont laissés là béants, il est bien évident
également qu'on doit en avoir les avantages, c'est-à-dire le
siège social. Il ne faut pas oublier que Thetford est au centre et je
félicite mes nouveaux collègues d'avoir compris que Thetford est
au centre de la région de l'amiante...
M. Forget: On connaît bien le dossier, comme vous
voyez.
M. Grégoire: On va y revenir! Mais, sur ce point, je dois
féliciter mon nouveau collègue. Thetford est au centre de la
région de l'amiante; à l'ouest, il y a une mine à
Asbestos, une seule; à l'est, à East Broughton, à 15
milles de Thetford, qui est dans le comté de Frontenac également,
il y a une mine; au centre, à Thetford, il y a sept mines: la Normandie,
la Lake, la British Canadian no1, la British Canadian no 2, la King Beaver, la
Bell Asbestos, la National Mine et une qui est fermée depuis deux ans,
mais qu'il y a toujours moyen de rouvrir, la Flintkote. Alors, c'est là
le centre de la région de l'amiante. Dans ce cas, je suis
complètement d'accord et je félicite mes nouveaux
collègues d'avoir compris.
Pendant que je suis d'accord avec eux et que je suis avec eux, je
formule le souhait qu'ils commencent au moins à étudier tous les
angles de cette loi parce que, autant je peux dire au ministre que, sur ce
point comme je l'ai dit depuis trois semaines ou un mois à mes
deux nouveaux collègues ils ne connaissaient pas le projet de
loi, qu'ils ne l'avaient pas étudié, qu'ils ne connaissaient pas
les implications et ceci, ce n'est pas parce qu'on est devenu
collègues, c'est simplement comme préparatif autant j'ai
pu vous dire dans le passé et c'était vrai, vous le
remarquerez que vous ne connaissiez pas le dossier... Non, mais je
voudrais, M. le Président, étant donné que nous
commençons une lutte ensemble, je voudrais tout de suite les mettre sur
la bonne voie parce que le député de Saint-Laurent a mal
commencé ce débat que nous entreprenons ensemble quand il a
parlé, par exemple... Il a complètement mêlé le
siège social de l'Asbestos Corporation avec le siège social de la
Société nationale de l'amiante. Quand il nous lisait le texte,
tantôt ce n'est pas un reproche, mais je voudrais le remettre sur
la bonne voie il a mêlé le siège social d'Asbestos
Corporation et le siège social de la Société nationale de
l'amiante. Ce sont deux choses distinctes parce que la Société
nationale de l'amiante pourrait être un holding qui est
propriétaire d'Asbestos Corporation qui, elle, continuerait à
avoir son siège social. Qu'il soit redéménagé
à Thetford, où il avait toujours été dans le
passé, je suis d'accord, le ministre est d'accord; il me l'a dit
à plusieurs reprises et je crois qu'il est prêt à confirmer
qu'on transportera le siège social. Il faut quand même mettre le
ministre au pied du mur parfois.
M. Bérubé: Je ne réponds pas aux questions
de l'Opposition!
M. Grégoire: Vous ne répondez pas aux questions de
l'Opposition!
NI. Ouellette: Ce serait peut-être un moyen de
développer la maison mobile.
M. Grégoire: On reprend. Je pense bien que le siège
social d'Asbestos Corporation ne présente pas de problème, mais
je voudrais dire au député de Saint-Laurent, tout de suite,
pendant que nous sommes ensemble dans l'Opposition, qu'il ne mêle pas les
deux. Ce sont deux choses nettement distinctes. Pour le siège social
d'Asbestos Corporation, il n'y a pas de problème, mais pour le
siège social de la Société nationale de l'amiante, c'est
une autre paire de manches.
En fait, il faudrait au moins comprendre ce point du dossier pour
être ensemble, comme il faut. Il ne faudrait pas non plus partir avec des
arguments. Je ne pense pas que ce soient les bons arguments que nous ayons,
ensemble, au départ, quand vous commencez à dire: On
établira cela juste à la veille d'une élection, parce que
cela pourrait devenir une aventure électorale, et présumer des
choses comme cela. Nous ne partirons pas avec des arguments comme cela, ce
n'est pas solide. Enlignons-nous.
M. Lalonde: Excusez-nous.
M. Grégoire: On réfléchit. On tient un
caucus. On va se trouver des meilleurs arguments que cela, entre nous
trois.
M. Lalonde: M. le Président, pouvons-nous suspendre les
travaux pour un caucus?
M. Grégoire: Réellement, il faudrait
peut-être faire un caucus et s'enligner sur des bons arguments, parce que
la chose était mal partie, et je vais essayer de la remettre sur la
bonne voie. Non, ce n'est pas une aventure électorale. Ce n'est pas
parce que c'est peut-être à la veille d'une élection, c'est
trop présumer. Non, là-dessus, au moins sur cet amendement,
prenons les bons arguments. Sur les autres, je vous laisse seuls, c'est votre
affaire. Non, ce n'est pas par aventure électorale qu'il faut demander
le siège social à Thetford, c'est parce que, réellement,
c'est sa place. C'est parce que, réellement, c'est l'endroit, au centre
de la région de l'amiante, où cela doit être
situé.
On mentionnait tout à l'heure le chômage. C'est vrai qu'il
y a beaucoup de chômage. Il y en avait plus avant que le nouveau
député de Frontenac soit là, avant le 15 novembre 1976. Il
y avait 29% de chômeurs et c'est baissé à 22%, ce dont je
suis fier. Ce que je dis là, ce n'est pas pour rompre nos nouveaux liens
d'amitié, mais je dois dire que si le chômage... c'est simplement
pour répondre au député de Richmond et non pas à
mes nouveaux collègues.
Non, je ne veux pas rompre nos nouveaux liens d'amitié, mais je
dois vous dire que si le chômage a baissé de 29% à 22% dans
le comté de Frontenac, c'est parce que le nouveau député
du comté de Frontenac et le gouvernement actuel ont réussi
à rouvrir une industrie que l'ancien gouvernement avait réussi
à fermer, qui compte maintenant 400 employés, qui est bien connue
par les citoyens de la région, parce qu'ils ont tous du monde qu'ils
connaissent qui travaille là. C'est ce qui a réussi à
diminuer le chômage de 29% à 22%, c'est-à-dire que le
nouveau gouvernement a réussi à rouvrir une industrie que
l'ancien gouvernement de peine et de misère, avait réussi
à fermer, mais ceci sans...
M. Lalonde: M. le Président, une directive s'il vous
plaît! Est-il exact que l'on ne peut pas retirer la motion sans son
consentement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
prend le consentement, effectivement.
M. Grégoire: Ceci dit, je suis d'accord avec mes nouveaux
collègues pour seconder la motion. Je demanderais au ministre, et je
fais un appel tout spécial à mes collègues du Parti
québécois... Je sais qu'il y en a un de l'Abitibi, c'est une
région marginale comme celle des Cantons de l'Est. Il y a mon voisin de
la Beauce, qui sait dans quel problème nous sommes, nous les...
Je lui demande son consentement et il me le refuse trop vite J e
demanderais à mon collègue de Sherbrooke, qui n'est pas loin non
plus. Je demande à mon collègue du comté de Mercier,
poète, à qui on pourrait demander un poème sur l'amiante,
ce qui serait... Je demande à mon collègue de
Montréal-Nord. Je demande même à mon ministre de faire
réellement un effort. Je leur demande à tous de nous appuyer, mes
nouveaux collègues et moi, pour voter oui à cet amendement. Je
les appuie et je vais faire toute la lutte qu'il faut, mais faisons-là
comme il faut. On va peut-être gagner si l'on fait cela, pas de la
façon que vous aviez commencé à le faire, non, non, mais
avec les nouvelles méthodes qu'ensemble on va utiliser pour discuter.
J'approuve l'amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Sur la motion que
nous avons à débattre, qui est devant nous malheureusement, je ne
pourrai pas être d'accord avec mon collègue, mon ancien
collègue...
M. Grégoire: Ancien collègue.
M. Bordeleau: ... mon nouvel adversaire de Thetford. La
région de l'Abitibi, comme il l'a mentionné, n'est
peut-être pas pour le moment une région de l'amiante, mais c'est
sûrement la région de l'avenir de l'amiante. D'ailleurs,
là-dessus, le député de Saint-Laurent semble
connaître passablement le dossier des gisements qui existent en
Abitibi, même s'il ne s'en est préoccupé que tout
dernièrement. On sait, par exemple, au niveau du gisement d'Amiante
Abitibi, découvert en 1969, que, de 1970 à 1976, il ne s'est pas
fait grand-chose. Il n'a pas été démontré un grand
intérêt de la part du gouvernement de ce temps-là.
M. Forget: II y a eu de l'exploration.
M. Bordeleau: Oui, mais faite par l'entreprise privée,
quand même.
M. Forget: II a fallu trouver le gisement avant de
l'exploiter.
M. Bordeleau: M semble qu'aujourd'hui on devrait investir,
toujours selon le député de Saint-Laurent. Alors, si l'on
décidait d'investir dans un des deux gisements connus du Nord-Ouest
québécois ou de l'Abitibi, qui sont effectivement ceux d'Amiante
Abitibi et du projet Me Adam dans le coin de Chibougamau... Il y a
également d'autres gisements de moins grande importante qui sont
actuellement découverts. Pour ceux que cela peut intéresser au
niveau des deux grands gisements, quand on parle de réserve de 110
millions de tonnes, par exemple, dans le cas d'Abitibi Asbestos, ce sont quand
même des gisements importants et dans le cas de Me Adam, on parle de 90
millions de tonnes. Alors...
M. Grégoire: II y a un milliard de tonnes à
Thetford.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, s'il vous plaît, respecter le droit de
parole des députés ministériels.
Une Voix: De vos anciens collègues.
M. Bordeleau: Je ne veux pas minimiser les réserves de la
région de l'amiante non plus.
M. Brochu: Le député fait des réserves en
commission.
M. Bordeleau: Oui, mais si on parle de nouveaux investissements,
dans le cas d'Amiante Abitibi, on parle d'investissements d'au-delà de
$300 millions. Alors, si je me base sur les chiffres, dans notre projet de loi
70, on parle de $250 millions au maximum. Prenons le cas suivant: Si la
société décidait d'investir un certain montant,
jusqu'à un maximum de $300 millions, disons, je pense qu'à ce
moment-là je serais justifié comme député de la
région de l'Abitibi-Témiscamingue de demander que le siège
social vienne dans cette région, qui deviendrait une région
où les investissements seraient les plus forts de la
société. Alors, je pense bien que le siège social pourrait
très bien être à Matagami, dans le comté
d'Abitibi-Est.
M. Lalonde: Un sous-amendement...
M. Bordeleau: Non, tout simplement pour mentionner à la
commission que je pourrais être d'accord avec la motion qui demande que
le siège social soit situé à Thetford Mines.
M. Forget: Est-ce que vous me permettez une interruption
très brève?
M. Bordeleau: Oui.
M. Forget: Je suis d'accord avec vous que s'il y avait un
développement auquel le gouvernement participait dans l'Abitibi, il y
aurait des raisons pour qu'il y ait une implantation ou même un
siège social. Mais peut-être que l'attitude la plus pertinente est
de se poser la question afin de savoir de la part du ministre, si jamais il
envisageait des entreprises multiples pour la Société nationale
de l'amiante, si ces entreprises ne seraient pas incorporées chacune
séparément. Par exemple, dans le contexte actuel, la
société Brinco offre une participation à Abitibi Asbestos,
une participation sur la base de 50% je pense, ou quelque chose approchant
cela, ce qui supposerait que Abitibi Asbestos a un siège social
présumément dans le Nord-Ouest du Québec, ce qui
n'empêche pas que la capitale de l'amiante ou l'implantation de la
Société nationale de l'amiante, qui est le "holding", pourrait
très bien se trouver à Thetford Mines, de la même
façon, pour répondre à la question du député
de Frontenac, que la société Asbestos pourrait avoir son
siège social à Thetford Mines aussi, en même temps que la
Société nationale de l'amiante.
Mais ce sont des clarifications qu'il serait fort intéressant de
connaître de la part du ministre. Parce que, qu'est-ce qu'on approuve
dans le moment, est-ce que c'est la création d'une société
qui va directement fonctionner...
M. Godin: Ce n'est pas tout cela, une autre intervention.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, je pense...
M. Forget: Non, c'est une précision qui pourrait
peut-être permettre au député d'Abitibi d'appuyer son
collègue ou son ex-collègue, le député de
Frontenac, si on avait une précision du ministre; mais je pense qu'on
voit très bien le sens de ma remarque, qui est de demander au ministre
si c'est une société "holding" que l'on crée ou une
société qui va "opérer" directement tout ce qu'elle veut
"opérer" dans la transformation et l'exploitation.
M. Bordeleau: De toute façon, pour le moment, on discutait
sur l'article 2, alors que l'Opposition présente une motion pour situer
le siège social. Or, à partir des éléments que je
viens de démontrer, c'est normal que le gouvernement se réserve
le privilège d'installer le siège social selon les
investissements qui se feront exactement à partir de la
Société nationale de l'amiante. Le gouvernement est tout à
fait logique en ne donnant pas d'endroit précis, pour le moment, mais en
at-
tendant de voir où se feront les investissements par la
Société nationale de l'amiante.
Alors M. le Président, simplement pour vous dire que je voterai
contre la motion pour fixer le siège social à Thetford Mines en
particulier.
M. Godin: D'abord, je veux m'inscrire en faux contre l'union
sacrée, semble-t-il, ou l'alliance tactique qui semble se manifester de
la part du député de Frontenac, avec nos amis d'en face. Entre
parenthèses, comme ils m'ont donné un surnom M. le
Président, "Assurancetourix", qui vient des bandes dessinées, je
me permettrais de leur rappeler qu'ils me font penser à Toto et Titi,
les jumeaux du capitaine Ryan. Depuis deux ou trois jours, je les observe; or,
on pourrait leur donner un surnom du même genre.
M. Grégoire: Je demanderais au député de
Mercier de bien vouloir sortir un amendement. Il faut avoir du respect pour mes
nouveaux collègues.
M. Godin: Je redeviens sérieux. Ce que je veux dire, c'est
que l'implantation de tout siège social ou de toute entreprise
reliée à l'amiante doit tenir compte non pas de facteurs de
clochers. J'ai l'impression de me retrouver ici au conseil de ville de
Trois-Rivières, où j'ai travaillé il y a quelques
années, où chaque quartier voulait avoir l'aréna.
Cela me semble de la petite politique. On a dépassé ce
stade-là. Il y a des facteurs économiques qui vont entrer en
ligne de compte; on tiendra compte effectivement des facteurs sociaux. Le
chômage, dans une région, est un facteur très important;
mais, je pense que le but de l'article 2, tel que rédigé dans la
loi c'est dans le projet de loi est de laisser le gouvernement
prendre une décision basée sur des faits, basée sur des
données objectives, comme la proximité des voies d'accès
au marché, etc. Je pense que tant que les études ne seront pas
complétées sur ces questions, il est prématuré...
Je suis absolument convaincu que le député de Saint-Laurent,
sérieux comme je le connais, sera d'accord avec moi que la
décision devra se prendre sur des données précises, en
tenant compte de tous les facteurs, et non pas sur des questions purement
politiques, soit qu'il faut plaire à tel groupe d'électeurs ou
non, et ce serait retourner au temps de Séraphin Poudrier, que de baser
cela sur des facteurs purement de ce type.
C'est la raison pour laquelle je voterai contre l'amendement. Je
récuse l'alliance sacrée de mon collègue de Frontenac,
avec...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés à demain matin, 10
heures.
(Fin de la séance à 18 h 1)