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Etude du projet de loi no 70
Loi constituant la Société
nationale de l'amiante
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
La commission des richesses naturelles est réunie pour continuer
l'étude, article par article, du projet de loi no 70 intitulé Loi
constituant la Société nationale de l'amiante. Les membres de la
commission sont M. Bérubé (Matane), M. Paquette (Rosemont) en
remplacement de M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu (Richmond), M. Forget
(Saint-Laurent), M. Grégoire (Frontenac), M. Laplante (Bourassa), M.
Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt (Saint-François), M. Raynauld
(Outremont).
Les intervenants sont M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Godin (Mercier),
M. Gameau (Jean-Talon), remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys),
M. Landry (Fabre), M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M.
Léger (Lafontaine), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Constitution de la société Site du
siège-social (suite)
Au moment où cette commission a ajourné ses travaux hier,
selon les informations que m'a laissées le député de
Jonquière concernant l'état de vos travaux, vous en étiez
à l'étude de l'article 2. Une motion d'amendement à
l'article 2 avait été présentée par le
député de Saint-Laurent. Quant à savoir qui avait la
parole, je n'ai pas ce détail.
M. Forget: Ce n'est pas moi.
M. Godin: C'est moi qui parlais, mais j'avais terminé.
Le Président (M. Clair): Je n'ai pas d'autres intervenants
en lice. M. le député de Saint-François.
M. Rancourt: Quoique nous puissions en penser ce matin de la
motion faite hier par l'Opposition libérale concernant le siège
social de la Société nationale de l'amiante qui, dans une
espèce de grand jeu qui tient lieu d'exercice d'une démocratie en
marche... J'en suis de cette démocratie. Je veux la vivre, mais depuis
un mois maintenant je fulmine intérieurement et je retiens une
indignation devant cette mascarade qui se présente sous des
déguisements de toutes sortes, pour le bien, soi-disant, de la nation
québécoise. On s'oppose au projet de loi et maintenant, à
l'article 2, qui dit que le siège...
Une Voix: Le lieutenant-gouverneur.
M. Bérubé: II vient sanctionner la loi. Une
Voix: Nous sommes d'accord.
M. Grégoire: Je dois souligner, M. le Président,
que le chef du Parti libéral vient peut-être parce que j'ai
adhéré à l'Opposition libérale depuis hier sur ce
projet de loi.
M. Brochu: Oui, il y a de l'opposition cir-constantielle.
M. Grégoire: Oui, sur l'amendement
présenté.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Laplante: ... l'inviter à venir s'asseoir avec nous
autres, par exemple.
M. Lévesque (Bonaventure): Merci.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Rancourt: M. le Président, est-ce que je peux
continuer?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-François, vous avez la parole.
M. Rancourt: On s'oppose à ce que le lieu du siège
social ne soit pas inclus dans le projet de loi. Maintenant, devant cette
opposition circonstan-tielle, j'inviterais le ministre à penser que pour
le grand bien de la nouvelle Société nationale de l'amiante, elle
devrait s'installer dans le meilleur milieu que les circonstances le
permettent. Ce qui importe pour moi, c'est que notre Société
nationale de l'amiante atteigne ses objectifs qui, en plus de viser au
contrôle d'une société multinationale seront, dans les
meilleurs délais, par des ententes sur la transformation, de s'implanter
dans la commercialisation des produits utilisateurs de notre fibre, et, de
là, augmenter le potentiel humain qui, en conjonction avec nos
ressources naturelles disponibles... N'oublions pas que, dans le monde de
l'amiante, c'est, presque en totalité, nous, dans le monde
occidental.
Puisque je suis sur la motion de l'Opposition demandant d'indiquer le
nom d'une ville où installer ce siège social, je suis d'accord,
au départ pour que la région amiantifère en soit le site.
Et pourquoi pas? quoique, en juxtaposition avec un volet que l'on semble
oublier jusqu'à présent, depuis le début de l'étude
de ce projet de loi, le volet qui en est l'avenir et sûrement le besoin
le plus urgent, la recherche qui, j'en suis sûr, avec l'appui de tous,
s'installerait à Sherbrooke c'est le temps de le dire
sûrement près de l'Université de Sherbrooke, dans le
comté de Saint-François. Et puis, dans le comté de
Saint-François, il y a aussi l'Université Bishop. Trouvez-en un
milieu où, dans un comté, il y a deux universités, deux
CEGEP!
Donc, c'est tout à fait le milieu propice à des
chercheurs, à leurs familles et aussi aux membres de la direction de la
nouvelle Société de I amiante. Puis, il y a une chose, c'est que
le CRDCE, dans son rapport, a déterminé que, chez nous, dans la
région, il y a 1,5 milliard de tonnes de réserve d'amiante. Je
crois que c'est une raison de plus, et, là-dessus, j'appuie le choix du
site dans cette région. Je devrais dire maintenant à M. le
ministre, si vous me le permettez, M. le Président, que ce siège
social devrait être dans la région, et je laisse cette
décision au ministre. Donc, je voterai contre la motion telle que
présentée à l'heure actuelle. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, I'amendement proposé
par le député de Saint-Laurent a donné lieu depuis hier
à une triste comédie que les pauvres acteurs du gouvernement nous
ont fait voir, une des plus tristes que nous ayons vue depuis longtemps.
Après la pirouette abstentionniste du député de Richmond
qui, comme son chef et son parti, croit que, devant un dilemme, le courage
commande la fuite, quand le double jeu n'est pas possible, les
députés ministériels nous ont donné le spectacle
dont ils sont capables quand ils sont laissés à eux-mêmes,
c'est-à-dire l'opportunisme dégradant et
l'à-plat-ventrisme partisan.
M. le Président, le siège social d'une entreprise quelle
qu'elle soit revêt une double importance. En plus de la contribution
considérable qui constitue pour le milieu dans lequel il s'installe tant
au point de vue économique qu'au point de vue social, le siège
social est le lieu où les décisions importantes et la direction
constante se situent. C'est pourquoi le lieu de l'établissement d'un
siège social est une décision importante qui doit être
prise en fonction des critères les plus rigoureux d'efficacité.
C'est donc dans cette perspective que l'amendement a été
proposé par le député de Saint-Laurent. Nous croyons que
la proximité des activités minières et de la main-d'oeuvre
est un facteur déterminant dans le choix du lieu du siège social
de la Société nationale de l'amiante. Voilà pourquoi nous
avons suggéré Thetford Mines au lieu d'Asbestos ou d'autres
villes de la région.
Mais, pour les péquistes, cette question est perçue d'une
tout autre façon. Tout d'abord, le député de Frontenac a
commencé le bal en nous donnant le spectacle d'un opportunisme politique
maladif et essoufflé qui faisait pitié à voir.
S'ac-crochant à l'Opposition officielle pour tenter de donner un
semblant d'authenticité à ses brailla-ges, le valeureux
député de l'amiante a cru trouver un voile opaque à ses
pitoyables manoeuvres partisanes, mais il n'a trompé personne. D'abord,
il n'a pas trompé les députés de l'Opposition officielle
qui voyaient leur amendement littéralement happé par le
gargantuesque appétit politique et partisan du député de
Frontenac.
L'Opposition officielle n'a pas besoin de la minable alliance d un
député dont les virages de capot ont anéanti à
jamais toute crédibilité et cela depuis longtemps. A
côté là, de la pleurnicharde et rampante alliance offerte
par le député de Frontenac...
M. Grégoire: Je me range de son côté puis
regardez comment il me traite. Moi je le traite de collègue depuis
hier...
M. Lalonde: ... la pirouette à reculons du
député de Richmond prend l'allure d'un courageux bond en
avant.
M. le Président, ensuite on a vu le député
d'Abitibi-Est qui ne peut accepter d éliminer à tout jamais
je regrette qu'il ne soit pas ici ce matin sa région comme
le siège éventuel d'un centre de décision en
matière de l'amiante. Je crois que son témoignage est valable.
Les interventions du député de Saint-Laurent, au moment des
propos du député d'Abitibi-Est, sont de nature à rassurer
le député d'Abitibi-Est. Quant à moi, je crois que le
Nord-Ouest devrait loger le siège social de toute entreprise
gouvernementale d'amiante qui aurait des activités dans cette
région.
Ensuite est venue l'intervention banale du député de
Mercier qui, pourtant, n'avait pas jusque-là brillé par
là-propos et la tenue de ses discours hier.
M. Godin: ... un concours de beauté ce matin?
M. Lalonde: Tout comme le député de Rosemont,
depuis quelques semaines...
M. Grégoire: C'est bien la première fois que je
vois le député de Marguerite-Bourgeoys lire un discours.
M. Lalonde: ... et je salue le député de
Rosemont ici le député de Mercier se dinstingue maintenant
par le caractère orthodoxe de ces diktats. On dirait que depuis qu'ils
ont franchi, ces derniers temps, le seuil de l'antichambre du cénacle
ministériel, ces deux députés ont perdu cette
étincelle d'originalité et d'honnêteté
intellectuelle qu'on leur avait connue I'an dernier.
M. Godin: Quelle antichambre. Puis-je poser une question au
député?
M. Lalonde: Ils sont maintenant les champions de la ligne du
parti, ce qui est, il faut en convenir, la voie la plus sûre vers le
sommet du pouvoir.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je m'excuse de vous interrompre, le député
de Mercier vous demande, par mon entremise, si vous acceptez qu'il vous adresse
une question?
M. Grégoire: Comment se fait-il que vous lisiez un
discours ce matin?
M. Godin: Est-ce que vous m'autorisez à poser une
question?
M. Lalonde: Après, s'il vous plaît. M. Godin:
D'accord.
M. Grégoire: Comment se fait-il que vous lisiez votre
discours, ce matin?
M. Godin: C'est une question banale.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Lalonde: Les mathématiques et la poésie ont ceci
de commun que ni les unes ni l'autre ne résistent à
l'intérêt.
Avec un ministre désintéressé aux travaux de la
commission et son adjoint qui est sujet aux vertiges, on l'a vu hier, on
comprend que les hautes autorités du parti aient
délégué un envoyé spécial de la trempe de
ces deux députés, de Rosemont et de Mercier, pour protéger
l'orthodoxie de la pensée péquiste.
Le député de Frontenac s'est mis à plat ventre
devant ses intérêts électoraux, pendant que ses
collègues, sauf le député d'Abitibi-Est, se sont mis
à plat ventre devant la ligne de parti. Il ne reste qu'à
espérer qu'ils se relèveront assez tôt pour voter sur la
motion.
Pendant ce temps, le ministre, lui, plane au-dessus de la
mêlée, apparemment inconscient de la fête foraine qui se
passe à ses côtés et dont il est le premier responsable par
l'improvisation et le manque de préparation de son projet de loi. Au
moins, des députés comme celui de Frontenac on a vu hier
la façon dont il l'a fait se sont exprimés. Le
député d'Abitibi-Est l'a fait avec responsabilité et le
député de Saint-François, ce matin, semble préparer
un appui à une proposition qui pourrait venir plus tard, si l'amendement
du député de Saint-Laurent est battu, de situer le siège
social dans Saint-François. On verra, à ce moment-là,
quelle sera sa verve. Je ne veux pas lire entre les lignes de ses propos, mais
je m'attends à un appui que j'espère beaucoup plus digne,
toutefois, que celui du député de Frontenac, qui est d'ailleurs
resté de l'autre côté de la table. De toute
évidence, c'est là qu'il doit demeurer.
C'est très malheureux qu'une motion aussi sérieuse que
celle du député de Saint-Laurent ait donné lieu à
un si pauvre spectacle. Le député de Saint-Laurent a
proposé de situer le siège social à un endroit
précis, et ce n'est pas par hasard, ce n'est pas le fruit de
l'improvisation, au contraire. Si nous proposons de situer le siège
social d'une façon précise, c'est dans la ligne d'une tradition
qui a prévalu jusqu'à maintenant et dont les gouvernements
précédents n'ont eu qu'à se féliciter.
Si on prend, par exemple, la loi qu'on appelait à ce
moment-là la loi 22, la loi de SOQUIA, sanctionnée le 27 juin
1975, on voit qu'à l'article 2 le siège social de la
société est dans le territoire de la Communauté urbaine de
Québec. Il en est de même pour REXFOR, créée par le
projet de loi no 5, sanctionnée le 15 juin 1973. Il en est de même
pour la Société québécoise d'exploration
minière où, à l'article 2, on dit: La
société a son siège social à Québec ou dans
le voisinage immédiat.
Si c'est le problème de l'amendement, à savoir qu'on est
trop précis en disant qu'on veut que le siège social soit
situé dans la ville c'est ce qu'on dit, je crois de
Thetford Mines, nous sommes prêts à accueillir un sous-amendement
afin que le siège social puisse être aussi établi dans le
voisinage immédiat de la ville de Thetford Mines. Ainsi, SOQUIP,
créée par une loi sanctionnée le 28 novembre 1969...
C'était le parti de l'Union Nationale qui était au pouvoir et
à ce moment-là on avait dit: La société a son
siège social dans la ville du Québec ou dans le voisinage
immédiat. Espérons que le rappel de ces décisions, surtout
de cette loi de la Société québécoise d'initiatives
pétrolières adoptée par le gouvernement de l'Union
Nationale pourra inspirer au député de Richmond de changer
sa'décision de ne pas se décider.
Le siège social de la Société nationale de
l'amiante peut avoir plus ou moins d'importance en fonction du rôle que
le gouvernement fera jouer à cette société, à
savoir...
M. Godin: La Palice est passé par là, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Godin: 2 sur 10.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole.
M. Lalonde: ... dans quelle mesure et quel rôle on fera
jouer à cette société. Est-ce qu'elle demeurera une
société de portefeuille seulement, qu'on appelle "holding ", ou
une société qui aura des activités elle-même, des
activités minières, des activités d'exploitation,
d'exploration et de transformation? Je dis ceci pour répondre aux
objections ou aux questions qui ont été posées par le
député de Frontenac qui a été surpris quand le
député de Saint-Laurent a parlé du siège social de
la Société de l'amiante et du siège social de l'Asbestos
Corporation, tout en demeurant dans l'interrogation, étant donné
que le ministre venait à peine de nous dire qu'il est possible ce
n'est pas exactement ce qu'il nous a dit, mais c'est ce que ces propos
laissaient transparaître qu'il n'y ait pas d'acquisition de
l'Asbestos Corporation. Il n'y a aucun doute que si l'Asbestos Corporation est
acquise par la Société nationale de l'amiante, la question du
siège social de cette filiale sera aussi à déterminer.
J'espère que l'on ramènera, dans la mesure du possible, le plus
grand nombre de services possible de ce siège social à Thetford
Mines. Je pense qu'il y a plusieurs excellentes raisons et ce n'est pas
seulement une question de clocher, comme disait le député de
Mercier pour lesquelles un siège social doit se rapprocher du
lieu des activités, doit se rapprocher de l'ensemble de la
main-d'oeuvre.
On sait que des grandes métropoles comme Montréal
rassemblent un grand nombre de sièges sociaux dont les activités
sont dispersées dans le monde. A ce moment, on ne peut pas avoir le
siège social tout près des activités principales de la
société. Mais, lorsqu'il s'agit d'une société comme
l'Asbestos Corporation, je ne veux pas mettre en doute le bien-fondé des
motifs qui ont présidé au transport de ce siège social
à Montréal. Je ne connais pas les raisons, il y en a
peut-être d'autres. Mais je pense qu'il est désirable, lorsqu'une
société a l'ensemble de ses activités à un endroit,
que son siège social et la majorité des services de son
siège social soient situés le plus près possible des
travailleurs, le plus près possible de ses activités.
Dans cette mesure, je pense qu'au cas où l'Asbestos Corporation
serait acquise par le gouvernement il y aurait lieu aussi de se poser la
question. Une des raisons pour lesquelles le député de
Saint-Laurent n'a pas pu se prononcer là-dessus et moi non plus, c'est
que le ministre a laissé paraître qu'il est possible qu'il n'y ait
pas d'acquisition d'Asbestos Corporation. Donc, on ne peut parler actuellement
d'ailleurs, le règlement nous empêcherait de le faire
que du siège social de la Société nationale de l'amiante.
(10 h 30)
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je pense que les
députés devraient appuyer cette motion. C'est seulement
exceptionnellement qu'un gouvernement laisse en suspens la décision
concernant le siège social de ses sociétés. Je n'en
connais pas d'autre exemple que celui du projet de loi no 70. Les seuls
précédents qu'on peut invoquer touchent des organismes de l'Etat,
par exemple l'Office de la langue française et l'ancienne Régie
de la langue française. On laissait au gouvernement le soin de
déterminer si ce serait à Montréal ou à
Québec. On donnait au moins deux endroits, un choix. Il en est de
même pour certains autres organismes, mais là il s'agit
réellement d'organismes du gouvernement. Pour la Société
nationale de l'amiante, puisque c'est le choix du gouvernement d'en faire une
société de la couronne, une société de l'Etat,
c'est-à-dire un organisme non pas gouvernemental, mais une
société à caractère séparé, une
personnalité juridique autonome, il serait désirable et tout
à fait indiqué, premièrement, qu'on détermine dans
la loi où le siège social se situera et, deuxièmement,
qu'on le situe au coeur même de la région de l'Amiante, à
Thetford Mines.
Le Président (M. Clair): M. le député d
Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que cet amendement
qui est proposé s'inscrit dans une volonté de
décentralisation qui est partagé par tout le monde. Cet
amendement n'est pas farfelu du tout. Dans cette perspective de
décentralisation, je crois que, déterminer le siège social
de la Société nationale de l'amiante soit à Thetford, cela
permettrait de préciser tôt où la société va
situer ses principales activités. Cela permettrait d'éviter des
conflits qui sont, évidemment, toujours à craindre dans ce genre
de décision. C'est souvent les décisions les moins importantes
qui donnent lieu à des conflits les plus sérieux. Ce qui peut ne
pas être d'une grande importance pour I ensemble du Québec peut
être très important pour une région particulière
comme Thetford.
Dans cette volonté de décentralisation, il
m'apparaîtrait utile d'envisager c'est peut-être
envisagé déjà qu'un centre de recherche sur
l'amiante, par exemple, puisse être situé à Sherbrooke. Il
sera évidemment possible d'envisager que, si on crée une
société de transformation, cette société puisse
avoir son siège social ailleurs et peut-être qu'au total il y en
aurait un peu pour tout le monde dans cette répartition de sièges
sociaux...
M. Godin: ... Outremont...
M. Raynauld: Outremont? Je n'ose même pas placer de
très fortes probabilités sur la possibilité que le
gouvernement soit aussi aimable à mon endroit.
M. Bérubé: On vous réservera un siège
au conseil d'administration, M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Oui, après. Surtout lorsque je ne serai plus
ici. Il y a quand même une certaine cohérence, une certaine
logique à cet amendement. Etant donné que la
société nationale de l'amiante va avoir surtout à
s'occuper d'Asbestos Corporation cette dernière a
déjà eu son siège social à Thetford que la
société nationale ait son siège social à Thetford
Mines n'est sûrement pas une chose idiote, au contraire.
Je pense qu'il y aurait intérêt, dans ce projet de loi,
qu'on élimine justement les possibilités de conflits, les
ambiguïtés qui peuvent donner lieu à toutes sortes de
pressions de la part des députés et même aussi de la part
d'autres groupes d'intérêts qui sont impliqués dans ce
genre de décision. Je voudrais appuyer cet amendement, encore une fois,
pour marquer d'abord cette volonté de décentralisation et,
ensuite, pour éviter que des conflits se multiplient pendant tout le
temps où le gouvernement pourra examiner la question et se laisser
pousser d'un côté ou de l'autre par tous les groupes
d'intérêts impliqués dans ce genre de décision.
J'appuie donc cet amendement du député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, vous demandez la parole?.
M. Forget: Oui, M. le Président. J'aimerais parler sur la
motion d'amendement cette fois-ci.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, je vous indique immédiatement, étant donné
que vous dites cette fois-ci, que, malheureusement ou heureusement, ce n'est
pas
moi qui présidais la commission auparavant, mais, d'après
les notes que m'a laissées le député de Jonquière,
vous auriez déjà parlé durant dix minutes sur la
motion.
M. Laplante: Est-ce que je pourrais corriger, M. le
Président? Au moment où le député de Saint-Laurent
a présenté son amendement, c'est moi qui présidais la
commission et M. le député de Saint-Laurent n'a aucune minute
d'entamée sur sa...
M. Forget: ... sa motion d'amendement. M. Laplante: ... sa
motion d'amendement.
M. Lalonde: ... sur sa motion d'amendement. Il avait parlé
sur la motion principale.
M. Laplante: II a parlé dix minutes, par exemple, sur la
motion principale.
M. Forget: Ma compréhension aussi.
Le Président (M. Clair): Cela va. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: De toute façon, M. le Président, je vais
sûrement me maintenir à l'intérieur même de la plus
basse limite. J'aimerais reprendre les arguments qui ont été
offerts par deux députés, et en particulier celui d'Abitibi-Est,
hier soir, lorsqu'il a émis des doutes sur l'opportunité d'une
implantation dans la région de l'amiante étant donné les
perspectives de développement de mines d'amiante dans d'autres
régions du Québec.
Il est évident que l'amendement qu'on a proposé
soulève, du côté ministériel, des agitations et des
doutes parce que plusieurs députés pourraient se trouver dans la
situation où des ressources amiantifères se trouvent soit
à l'état de développement ou à l'état
d'exploration dans leur comté respectif et qu'ils pourraient envisager
une implantation de la Société de l'amiante chez eux. Cependant,
je les inviterais à réfléchir peut-être un peu plus
longuement sur les véritables possibilités qui peuvent exister,
par exemple, pour la région de l'Abitibi, pour la ville d'Amos en
particulier, de recevoir le siège social de la Société de
l'amiante.
Etant donné le rôle historique de la région de
l'amiante, de la région de Thetford Mines et des environs, l'importance
des réserves qui s'y trouvent, et l'importance de la masse des
travailleurs qui se consacrent à l'exploitation de ce minerai depuis
au-delà de 100 ans, est-il vraiment réaliste d'envisager que des
régions nouvelles où se situeraient au plus une ou deux
exploitations minières pourraient être vraiment des concurrentes
sérieuses à l'implantation du siège social d'une
entreprise de l'amiante? Il ne semble pas. Le danger que cette augmentation
fait courir, c'est que, comme souvent il arrive au Québec, si on se
rangeait à cet avis, si on écoutait les propos tant du
député d'Abitibi-Est que ceux du député de
Saint-François, on conclurait, comme d'habitude, que, dans le fond, sur
le plan des communications, sur le plan économique, le centre de
gravité du Québec se trouve à Montréal et on
trouverait, dans toutes ces argumentations, une raison de plus pour laisser le
siège social à Montréal.
Il est à peu près assuré que le gouvernement ne
choisira pas de mettre le siège social de la Société de
l'amiante à Amos, à Chibougamau ou dans des régions comme
celles-là. Je crois que le député d'Abitibi-Est, entre
autres, devrait concentrer ses énergies et son pouvoir de persuasion
auprès du ministre pour obtenir un engagement du gouvernement à
une prise de participation à la mine qui pourrait s'établir dans
cette région, et ne pas viser plus haut que cela. Je pense que ce serait
déjà, pour lui, comme député de la région,
une réalisation très solide à son crédit, s'il
réussissait à convaincre le gouvernement d'intervenir dans ce
secteur.
Pour ce qui est du député de Saint-François, je
suis sensible aussi à toutes les pressions auxquelles il peut être
l'objet parce qu'on en a vu les signes, les manifestations dans les journaux
locaux, dans laTribune en particulier. Il est clair que c'est la ville la plus
importante, pas vraiment dans la région de l'amiante, mais qui est
peut-être la plus rapprochée et qui est reliée
historiquement le plus étroitement à la région de
l'amiante et qu'elle ambitionne, à cause de son université,
d'avoir un certain nombre de retombées. On a parlé du centre de
recherche, en particulier. Il me semble que, du côté du
député de Saint-François, c'est là un objectif
réaliste, et, s'il se limitait à cela, il aurait peut-être
des chances de marquer des points. Mais s'il veut tout avoir, dans un certain
sens, il risque d'échopper... d'achopper, je m'excuse, c'est un
lapsus.
Donc, il me semble que du côté ministériel, si on me
permet de concilier les points de vue divergents de la majorité sur cet
aspect, le meilleur intérêt de ceux qui sont intervenus pour
offrir des points de vue particuliers, tant au nom de la région du
Nord-Ouest qu'au nom de la ville de Sherbrooke et de ses environs, est qu'ils
feraient aussi bien d'accorder leur appui au député de Frontenac
et à l'Opposition officielle dans cette démarche et d'obtenir du
ministre qu'il se prononce rapidement sur cette implantation à Thetford
Mines.
Un autre aspect qui a été évoqué j'ai
tenté de le faire dans une question, mais en me rendant compte moi aussi
que c'était finalement plus un commentaire qu'une question est
que la question de la structure corporative de l'intervention gouvernementale
dans le domaine de l'amiante est encore extrêmement floue. S'agira-t-il
d'une société de l'amiante qui serait un holding financier
seulement, qui détiendrait des actions dans son portefeuille de la
Société Asbestos, de la Société Abitibi Asbestos,
une participation dans des sociétés à établir
veillant à la transformation et ne modifiant en rien en quelque sorte la
vocation actuelle de la Société Asbestos qui demeurerait une
société minière sans aucune autre préoccupation? Ou
s'agirait-il, au contraire, d'une société complètement
intégrée qui serait à la fois active dans le
domaine minier, dans le domaine de la transformation, dans le domaine de
l'exploration?
Ce sont évidemment des précisions que le gouvernement n'a
pas fournies à l'heure actuelle. On ne peut faire que des conjectures.
Mais, de toute manière, est-ce que cette distinction est importante pour
déterminer le siège social de la Société nationale
de l'amiante? Il me semble que non, parce que dans l'hypothèse où
la Société nationale de l'amiante serait une
société intégrée, il demeure que pendant longtemps
c'est à Thetford Mines que se trouverait la plus grande partie de ses
activités, de ses travailleurs, de ses opérations. Ce n'est
qu'après un assez grand nombre d années, dans le fond, que le
poids relatif des autres activités pourrait se déplacer à
l'extérieur de Thetford Mines. Et encore, même cela n est pas
certain.
Il y a donc d'excellentes raisons pour que, s'il s'agit d'une
société intégrée, son siège social,
dès le départ, se retrouve à Thetford Mines. Si, d'un
autre côté, il s'agit d'un holding, mon Dieu, la question du
siège social prend peut-être moins d'importance dans la mesure
où un holding n a pas vraiment besoin d'un personnel important. Il
s'agit d'être détenteur de portefeuille et de surveiller de
façon générale les activités des filiales, de
coordonner leur action. Il s'agit d'un personnel extrêmement restreint.
Encore une fois, comme il s'agit de coordonner les filiales et que la plupart
des filiales, la plus importante, du moins, serait encore une fois la
Société Asbestos, il y aurait d'immenses avantages à ce
que à la fois la Société Asbestos et la
Société nationale de l'amiante se retrouvent dans la même
ville puisqu'elles auront des relations très étroites.
Que l'on choisisse une solution ou l'autre, il reste que la conclusion
à laquelle on en vient, qui prend forme par cet amendement qui vise
à faire de la ville de Thetford Mines le siège social, semble
appropriée. Il ne semble pas y avoir d'objection, quelles que soient les
distinctions qu on puisse faire, ou quelles que soient les possibilités
de structurer les différentes corporations qui seraient les filiales de
la Société nationale de l'amiante. Dans le fond, je ne vois
vraiment pas quel pourrait être le raisonnement que pourrait tenir le
ministre à partir de cela. Il a dit: On ne peut pas présumer
qu'on va acheter la Société Asbestos. C'est peut-être une
révélation intéressante, mais je ne peux pas vraiment
croire, étant donné ce qu'il a dit, ce que des porte-parole du
gouvernement récemment ont dit quant à leur désir
même d'exproprier si les négociations de gré à
gré ne débouchent pas rapidement, je ne peux pas croire, dis-je,
qu'on doive prendre comme hypothèse de travail que la
Société Asbestos ne sera pas achetée.
Si on écarte donc cette possibilité que la
société Asbestos ne soit pas achetée, si on tient compte
de l'affirmation du ministre à l'effet qu'il faudra désormais
implanter en dehors de Québec et de Montréal les sièges
sociaux des sociétés d'Etat ou des entreprises gouvernementales
nouvelles et peut-être même déplacer vers des endroits, des
centres régionaux et des pôles d'attrac- tion régionaux
certains sièges sociaux qui, actuellement, sont situés à
Québec ou à Montréal, dans cet esprit, il me semble que ce
serait une occasion intéressante et tout à fait appropriée
pour le gouvernement de dire: Etant donné les positions que nous avons
prises, étant donné nos politiques, étant donné
l'éventualité plus que probable et même la certitude ou
notre volonté arrêtée de façon définitive de
se porter acquéreur de la société Asbestos, voilà
une occasion que nous saisissons de démontrer que cette volonté
de déconcentration des entreprises gouvernementales est plus que des
paroles en l'air, mais peut se traduire effectivement dès aujourd'hui
par un texte de loi.
D'ailleurs, comme mon collègue de Marguerite-Bourgeoys le
signalait, à ma connaissance, le siège social de toutes les
sociétés d Etat est déterminé par la loi, avec une
porte de sortie, une échappatoire stipulant que la société
peut, avec I autorisation du gouvernement, déplacer son siège.
Mais, plus qu'une nuance, il est très différent de trouver une
affirmation dans une loi disant que le siège social est à un
endroit X, mais que, dans des circonstances qu'il faudra, à ce moment,
justifier, qu'il faudra expliquer, le fardeau de la preuve en quelque sorte
appartiendra au gouvernement qui devra dire: Voici, les raisons qui font qu'il
fallait absolument le déplacer et, d'autre part, une affirmation selon
laquelle, dans le fond, sans avoir la nécessité de
démontrer quoi que ce soit, le gouvernement a la plus large
discrétion quant à l'implantation du siège social. Et
cela, on ne le retrouve pas dans d'autres projets de loi, à ma
connaissance. Sauf erreur, dans tous ceux que j'ai vus du moins, dans tous ceux
qui ont été adoptés au cours des dernières
années, et cela devait être encore plus vrai dans le passé,
je pense qu il n'y avait même pas l'échappatoire de pouvoir le
déplacer. Je crois que dans les anciennes lois c était même
la ville de Québec, ce n'était même pas la région de
Québec, sans possibilité de changement. Depuis quelques
années, on disait la région de Québec, mais on peut le
déplacer si on a des raisons de le faire. Alors, il faudra le justifier,
il faudra le publier dans la Gazette officielle.
Là, on franchirait une étape nouvelle où la loi est
complètement silencieuse sur I'implantation du siège social. Il
ne me semble pas que ce soit un progrès, encore une fois, parce que,
dans la mesure où il y a une intention de décentraliser, on peut
le faire dès le départ, on sait de quoi on parle. De toute
façon, ce n'est pas comme si on parlait d'une société dont
les activités seraient réparties à peu près
également à travers tout le territoire. Là, il y aurait
beaucoup plus de possibilités de choix. Je crois qu'il n'y en a vraiment
pas dans ce cas-ci. Cela se limite à un très petit nombre de
villes. Essentiellement, cela se limite à la région, à la
très petite région de Thetford Mines et Black Lake puisque, dans
le cas de l'autre ville, l'autre centre important qui est Asbestos, la ville
d'Asbestos, on est malgré tout en présence d'une seule mine,
d'une seule entreprise, alors que dans l'autre cas, on en a sept et puis on est
aussi au coeur géographique de région. Donc, il y a vraiment
quelque chose qui...
M. Grégoire: II y a 2000 mineurs à Asbestos, 4000
à Thetford. (10 h 45)
M. Forget: C'est cela. Alors, les nombres sont beaucoup plus
importants, le nombre d'entreprises est plus important, le nombre de
travailleurs est plus important et il y a une certaine répartition
géographique à l'est et à l'ouest de cette ville, ce qui
n'est pas le cas pour Asbestos qui est à une des
extrémités de la région.
M. Grégoire: A l'ouest, et East Broughton à
l'est.
M. Forget: Alors, il me semble que cela devrait être
peut-être la motion par excellence où on va avoir l'appui de tout
le monde. Il ne me semble pas avoir laissé de côté aucun
argument. Il me semble que cela permettrait même dans un vote absolument
libre au député d Abitibi-Est et au député de
Saint-François de donner leur appui.
Encore une fois, ils peuvent le faire sûrement privément
dans des entretiens avec le ministre. Ils pourraient certainement l'assurer de
leur appui si le ministre décidait d'appuyer cette motion d'amendement
en obtenant de lui privément, sans aucun doute ce sont des choses
qui se font des assurances morales au moins que le centre de recherche
et que la mine d'Abitibi Asbestos vont recevoir l'attention prioritaire du
ministre pour une implantation dans leur région.
Devant une telle démonstration de bonne volonté, je suis
sûr qu'ils accorderaient leur appui à cet amendement qu'on a eu
l'honneur de présenter sur l'invitation d'ailleurs on s'en
souviendra, je l'ai cité au début du maire de Thetford
Mines qui disait: "Si c'est tout ce qu'il faut, le demander au gouvernement, on
va le demander immédiatement." Le maire et son groupe nous ont dit cela
il y a deux semaines, avant les vacances pascales; ils ont dit cela ici
même, tous les membres de la commission en ont été
témoins. Cela permettrait de donner une réponse, la
première, mais une réponse sans aucun doute très
significative, et qui serait très bien accueillie par les citoyens de la
ville de Thetford Mines, une indication précise ou au moins un avantage,
le premier, peut-être le seul, mais au moins le premier et quelque chose
de concret devant découler de la politique de l'amiante du gouvernement
actuel.
Ils nous ont dit qu'ils n'avaient aucune assurance qu'ils auraient
d'autres retombées positives, mais celle-là, au moins, on peut la
leur assurer, alors, pourquoi ne pas le faire?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Oui, M. le Président. Nous sommes en
présence d'une motion qui ne ralliera jamais tous les gens intervenant
à cette commission. On a vu, par exemple, nos collègues de
l'Opposition officielle proposer que le siège social de cette compagnie
s'établisse à Thetford Mines. Je pense, honnêtement, qu'un
certain nombre d'ar- guments militent en faveur de leur motion. Par exemple, on
sait que Thetford Mines est reconnue mondialement comme étant la
capitale de l'amiante. Sur ce point, je leur donne absolument raison. Il y a
une autre raison qu'ils n'ont pas tellement détaillée, mais qu'on
retrouve quand même dans leur motion en ces mots: "Elle peut toutefois le
transporter dans un autre endroit."
On sait qu'à Thetford Mines, notre ancien collègue, le
transfuge député de Frontenac, a travaillé fort pour
réhabiliter et remettre en marche une entreprise importante.
M. Lalonde: II est très sévère, il est aussi
sévère que moi.
M. Grégoire: Oui, oui.
M. Ouellette: Ce n'est pas de la sévérité,
je me rends tout simplement compte de certains faits que j'ai vécus
hier.
M. Grégoire: M. le Président, je demanderais au
député de Beauce-Sud, qui est mon voisin comme
député, de ménager ses paroles à mon
égard.
M. Ouellette: Oui, nous sommes voisins de comté, mais nous
ne sommes plus collègues depuis hier. C'est la politique, ça!
On a vu qu'à Thetford Mines, il y a une firme qui se
spécialise justement dans la fabrication de maisons mobiles et qui
serait en mesure de fournir les locaux à être transportés
éventuellement dans un autre site. Je pense que c'est le meilleur
argument, après celui de la capitale de l'amiante, qui milite en faveur
de votre amendement, messieurs de l'Opposition officielle. Comme chacun,
étant élu dans une circonscription électorale, a tendance,
tout naturellement, à défendre les intérêts de ses
électeurs, on a également vu le député de
Saint-François favoriser l'implantation de ce siège social
à Sherbrooke. L'argument no 1 qu'il pouvait mettre de l'avant
était évidemment l'activité importante de
l'université de Sherbrooke dans le secteur de l'amiante au niveau de la
recherche; on ne peut certainement pas en vouloir au député de
Saint-François de soutenir cette thèse.
On a également vu le député d'Abitibi-Est, qui
prévoit un développement assez spectaculaire dans sa
région dans les années qui viennent, souhaiter que le
siège social s'établisse à Matagami. Etant
député de Beauce-Nord, comté dans lequel on retrouve
d'ailleurs une mine d'amiante, Carey Canadian Mines, je m'en voudrais de ne pas
souhaiter que le siège social s'en vienne chez moi. J'ai
également un certain nombre de raisons tout à fait
défendables qui justifient ma prise de position. Par exemple, la mine de
Carey Canadian Mines ne se trouve pas dans Beauce-Nord, elle se trouve à
East Broughton.
M. Grégoire: Si vous permettez, j'ai une question de
règlement.
M. Lalonde: Ecoutez ce qu'il veut dire, écoutez-le.
M. Grégoire: Oui, mais c'est une erreur qu il commet.
M. Ouellette: Je précise mon point de vue, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: C'est une erreur monumentale.
M. Lalonde: Ecoutez-le, il dit de bonnes
vérités.
M. Grégoire: La mine n'est pas dans la Beauce.
M. Ouellette: J'allais le dire.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s il vous
plaît!
M. Grégoire: La mine est dans le comté de
Frontenac.
M. Lalonde: C'est ce qu'il était en train de dire.
M. Ouellette: J'allais dire que la mine se trouve sur le
territoire d'East Broughton, qui est dans le comté de Frontenac, mais le
moulin est dans Beauce-Nord.
M. Grégoire: C'est un vieux moulin! Un vieux moulin plein
de poussière! C'est pour cela qu'ils y sont en grève, parce que
c'est un moulin empous-siéré!
M. Ouellette: Je remercie le député de Frontenac
qui me met les arguments dans la bouche. J'allais justement dire que le moulin
se trouve dans notre comté, les travailleurs sont du comté de
Frontenac et les retombées positives sont donc dans Frontenac alors que
les retombées négatives sont dans Beauce-Nord. La
poussière, elle est chez nous! Les tas d'ordures sont dans Frontenac,
mais le vent venant généralement de l'ouest, on avale la
poussière. Le député de Frontenac est tout à fait
d'accord, n'est-ce pas? Même s'il a changé de côté,
je vois qu'on se rejoint de temps en temps. C'est donc là, je pense, un
argument tout à fait favorable à l'implantation du siège
social dans Beauce-Nord, et je ferais preuve de condescendance jusqu'à
offrir au député de Frontenac qu'on installe, sur la
frontière des deux comtés, ce siège social, mais que la
porte d'entrée soit dans Beauce-Nord.
Il y a un seul intervenant qui m'a surpris, c'est le
député de Richmond. Il faut lui rendre cet hommage ce matin, il a
été fidèle à lui-même. Etant donné
qu'il s'oppose à la création de la Société
nationale de l'amiante, même s'il tient beaucoup au mot "nationale", il a
préféré s'abstenir plutôt que d'oser réclamer
que ce siège social s'installe dans Richmond. Quand on ne veut pas d'une
chose, je ne vois pas pourquoi on voudrait que le siège social de cette
chose serait chez nous. Alors, il a été tout à fait
fidèle à lui-même. Mais je pense que, si j'étais
Salomon, je suggérerais une chose un peu bizarre, mais de toute
façon, même si cela paraîtra tout à fait farfelu,
cela n aura rien de plus farfelu que les douze, treize ou quatorze motions
présentées par l'Opposition jusqu'à présent. Il
faudrait peut-être, pour satisfaire tout le monde, qu'on place la
réception à Matagami, puisqu'un jour il y aura là un
développement de l'amiante. On pourrait peut-être installer les
téléphonistes à Montréal. Les lignes
téléphoniques sont plus nombreuses, plus accessibles.
M. Paquette: Dans l'édifice de la Sun Life.
M. Ouellette: Mon voisin suggère l'édifice de la
Sun Life. Non, ce n'est pas assez mobile. Le secrétariat pourrait
très bien aller à Asbestos, la recherche à Sherbrooke
elle y est déjà les fichiers à Thetford et
le président pourrait siéger à Tring Jonction. Je pense
que là on réussirait à rallier toutes les opinions.
M. Lalonde: Vous n'avez rien pour Marguerite-Bourgeoys?
M. Ouellette: Maintenant, comme c'est fort farfelu, je ne me
ferai pas le défenseur de cela! Je ne sais pas... On parle de
Montréal en général, cela peut toujours vous toucher.
M. Lalonde: Vous enverrez les profits chez nous.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ouellette: Evidemment, je ne ferai pas une motion ou un
sous-amendement à la motion pour suggérer que le siège
social s'en vienne dans Beauce-Nord.
M. Lalonde: C'est un manque de courage!
M. Ouellette: Ce n'est pas un manque de courage, c'est
plutôt une preuve de réalisme de ma part. Je crois que nous
aurions tort de lier les deux mains d'une compagnie à fonder, ou d'un
siège social à créer, en lui imposant un site
précis. D'ailleurs, la motion présentée par l'Opposition
officielle manque de précision. Vous auriez pu déterminer la rue
à Thetford. A ce moment-là, on aurait peut-être pu
suggérer qu'il s'agisse du boulevard René-Lévesque, de
l'avenue de l'Indépendance ou je ne sais trop, peut-être la rue
Yves-Bérubé par exemple. Vous auriez été un peu mal
pris. (11 heures)
M. Forget: II y a justement un terrain à Thetford Mines
où il y a une affiche où on dit: Site du futur siège de
l'amiante.
M. Ouellette: Et comment s'appellera la rue? M.
Grégoire: Place de l'Amiante.
M. Forget: La place de l'Amiante. C'est déjà
identifié.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ouellette: Alors, en terminant parce qu'il est
important qu'il y ait une fin à ces choses-là je vous dis
tout de suite que je vais voter contre la motion, préférant
laisser à l'éventuel bureau de direction le soin d'établir
le site lui-même. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le ministre des Richesses
naturelles.
M. Bérubé: M. le Président, je dois un peu,
dans la ligne de toutes ces interventions, m'inscrire en faux contre une
manoeuvre comme on en a vu plusieurs depuis que nous sommes à cette
commission, une manoeuvre que je dirais déloyale. Déloyale de la
part de l'Opposition, qui cherche à saper le moral du parti au pouvoir
en offrant ici un siège social...
M. Lalonde: Une petite pichenette et, déjà, vous
êtes divisés.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Bérubé: ... au député de
Frontenac, là sans doute quelque autre avantage et on parle même
d'un poste de lieutenant-gouverneur. Enfin! On voit un peu la tactique du Parti
libéral. C'est que, face à un gouvernement solide, ils n'ont
d'autres solutions que de tenter d'y faire quelques fissures. Et c'est avec
regret que j'ai vu mon collègue se joindre au Parti libéral, je
dirais même avec terreur, car...
M. Lalonde: Ne pleurez pas, il va revenir vite.
M. Brochu: II est comme un bolo! C'est le même principe
qu'un bolo.
M. Bérubé: Je dis bien avec terreur, parce que j'ai
eu souvent l'occasion d'apprécier la fougue, la verve qui a le don de
mettre en rage les députés de l'Opposition. Je dois dire qu'il
sait, avec beaucoup d'humour, avec beaucoup de finesse, aller chercher toutes
les petites défaillances des partis d'Opposition. Et je craindrais
d'avoir le député de Frontenac face à moi, qui pourrait
sans doute manifester le même enthousiasme, la même habileté
à démolir les thèses du gouvernement comme il le fait pour
les thèses de l'Opposition. Je pense que c'est un gain très net
pour le Parti libéral.
M. Forget: ... trop de compliments...
M. Lalonde: II est en train de se faire noyer comme un
poisson.
M. Bérubé: En fait, j'ai cru discerner d'ailleurs
dans l'attitude du parti de l'Opposition officielle une certaine crainte face
à la venue du député de Frontenac. En effet, en temps
normal le député de Marguerite-Bourgeoys y va d'interventions "ad
lib" à cette commission qui sont parfois intéressantes,
généralement assez longues, vingt minutes, et parfois manquant
d'idées. Elles sont même parfois ennuyeuses. Or, aujourd'hui,
craignant sans doute l'éclat de son nouveau confrère, il a cru
bon cette fois-ci de faire préparer son texte par ses services de
recherche.
M. Lalonde: Oui, c'est en plein ça...
M. Bérubé: Et, effectivement, je pense que c'est
peut-être une saine crainte de la part du Parti libéral face
à l'arrivée dans ses rangs du député de
Frontenac.
M. Grégoire: Pas tant que cela...
M. Bérubé: Soyons néanmoins plus
sérieux et examinons la proposition qui nous est faite ici par
l'Opposition libérale. D'une part, l'Opposition libérale a
très bien souligné que la société a son
siège social dans la ville de Thetford Mines. Elle peut toutefois le
transporter dans un autre endroit avec l'approbation du gouvernement. Donc,
l'Opposition libérale a très bien perçu une tendance qui a
cours présentement au gouvernement, depuis déjà un certain
nombre d'années, qui consiste à laisser une plus grande autonomie
aux sociétés d'Etat, à permettre aux
sociétés d'Etat d'évaluer un certain nombre de
décisions importantes à prendre. Or, je pense que la localisation
d'un siège social est de toute évidence une décision
importante qu'une société, qu'un conseil d'administration peut
avoir à prendre.
D'ailleurs, pour parler de ces déménagements de
sièges sociaux, on pourrait sans doute très bientôt
annoncer un nouveau déménagement de siège social de la Sun
Life puisque, en effet, la société Asbestos Corporation
étant située dans l'édifice de la Sun Life, je doute
qu'elle veuille, pendant encore de nombreuses années, encourager une
entreprise qui a montré déjà par ses attitudes absolument
politiques, et je dirais même un peu démagogiques, que très
souvent des arguments politiques prenaient le pas sur de véritables
arguments économiques lorsqu'on prend une décision comme celle de
déménager un siège social.
Nous l'avons vu dans le cas de la Sun Life. Je pense que pour la
même raison il faut éviter ici de n'introduire que des arguments
politiques dans le choix d'un siège social. En effet, le gouvernement a
adopté une politique de décentralisation. C'est donc dire que
dans tous les cas une étude doit être faite de tout nouvel
organisme gouvernemental en mettant l'accent cette fois-ci sur les arguments
favorables à la décentralisation, et que toute décision de
ne pas décentraliser en dehors des grands centres doit être
justifiée par une analyse excessivement serrée. On l'a vu
d'ailleurs dans le cas de la Régie de l'assurance-maladie où la
décision gouvernementale a été, temporairement, pour
l'implantation du régime, étant donné
la rapidité de l'assurance automobile, je m'excuse
que nous devions manifester dans I'implantation du système, à ce
moment difficile peut-être, d'immédiatement démarrer la
régie à partir d'une ville de province, par exemple, avec des
problèmes, possiblement, de recrutement. Il est donc apparu qu'on
pouvait pendant une période temporaire d'un ou deux ans établir,
constituer la Régie de l'assurance automobile à
l'intérieur de la ville de Québec pour après la
déménager dans un centre plus propice, un centre qui nous
permettrait de pratiquer cette tendance à la
décentralisation.
L'intention du gouvernement est très ferme. Elle s'est
manifestée dans ce mémoire au Conseil des ministres, qui a
été approuvé par lui et qui va donc inciter tout nouvel
organisme gouvernemental à sortir des grands centres traditionnels.
Cependant, je pense qu'il faut, d'une part, manifester une intention
très nette de décentraliser, mais, en même temps, respecter
l'autonomie de la société. En effet, à ce conseil
d'administration il va de soi qu'il n'y aura pas que des représentants,
par exemple, de la société Asbestos Corporation, mais qu'il y
aura également des représentants d'autres sociétés
qui se seront jointes à la Société nationale de l'amiante
dans des "joint ventures", dans des associations pour développer soit le
gisement d'Abitibi Amiante, si celui-ci devait s'avérer
économiquement intéressant, soit d'autres entreprises de
transformation dont nous sommes à discuter des projets extrêmement
précis.
Par conséquent, il faut s'attendre à voir apparaître
au Québec, aussi bien dans le comté de Richmond que dans le
comté de Frontenac et, j'espère, dans le comté de Drummond
et dans tous les comtés environnants de la région des Cantons de
l'Est, des entreprises très souvent avec leur propre conseil
d'administration. Le siège social des papiers Cascades est situé
à Kingsey Falls. On pourrait très bien imaginer une expansion de
cette entreprise qui amènerait une plus solide implantation de son
siège social dans le comté de Richmond.
Par conséquent, il faut s'attendre que ces diverses filiales de
la Société nationale de l'amiante implantent leur siège
social là où elles ont leurs activités principales. Comme
le député de Saint-Laurent l'a souligné, on peut et on
doit s'attendre que la Société nationale de l'amiante voie ses
fil ia-les ou les sociétés avec lesquelles elle sera
associée implanter des sièges sociaux un peu partout. Donc, on
peut très bien imaginer cette implantation aussi bien dans la
région de Sherbrooke que dans la région de Thetford et à
Black Lake.
Le seul problème et l'objection que j'aurais, c'est de prendre
une décision qui n'est pas fondée sur un examen objectif de
différents sites pour conclure à l'endroit idéal pour une
telle implantation. Il va de soi que cette loi constituant la
Société nationale de l'amiante, vise à permettre
l'engagement d'administrateurs de cette future société
puisque c'est l'objectif de la loi qui, eux, pourront se doter des
services nécessaires à une telle analyse. Il va de soi que le
ministère des Ri- chesses naturelles, qui est un ministère
voué au développement minier, n'a pas les services pour
étudier l'implantation optimale d'un siège social. De la
même façon, je ne crois pas qu'il y ait, à
l'intérieur du gouvernement, un organisme qui soit
spécialisé dans l'étude et la recherche de la localisation
des sièges sociaux.
D'ailleurs, nous avons, au moment du dossier de la Régie de
l'assurance automobile, dû constater qu'il nous était impossible,
en fait, d'obtenir véritablement une étude objective nous
permettant de situer ce siège social. C'est le mandat que la
Régie d'assurance automobile se voit confier de le définir
à l'intention du gouvernement. Cela ne veut pas dire qu'il n'existera
pas de pressions politiques. Les députés de Richmond, de
Frontenac, de Saint-François pourront, certes, introduire le facteur
politique, puisque c'est certainement un facteur important. On l'a vu dans le
cas de la Sun Life où la décision n'a nullement été
économique. Elle a été purement politique dans un but de
déstabiliser l'économie du Québec. On voit bien ce qu'il
arrive lorsqu une décision comme celle-là est une décision
purement politique.
Il m apparaîtrait donc mauvais de décider de la
localisation d'un siège social autour d'une table sans aucune
étude préliminaire, sans aucune évaluation
véritablement objective. Il faut donc laisser au conseil
d'administration de la future Société nationale de l'amiante le
soin de faire ce travail. Cela ne veut pas dire que le gouvernement n'aura pas
"d'input" à cette décision, puisque, de toute façon, le
gouvernement devra approuver la localisation du siège social. De la
même façon, la société Asbestos, qui a toujours eu
son siège social dans la région de Thetford et qui ne l'a
déménagé que très récemment, pourrait
certainement avoir à réenvisager la relocalisation de son
siège social. Il pourrait évidemment exister encore un certain
nombre de bureaux commerciaux, par exemple, dans la région de
Montréal, puisque, peut-être pour des raisons de mise en
marché, la région de Montréal pourrait s'avérer
plus intéressante. Je ne me porte absolument pas garant de la
décision, puisque je pense qu'une telle décision doit faire
l'objet d'une analyse sérieuse avant d'être prise.
Par conséquent, je pense que ce qui apparaît important ici,
c'est tout simplement de confier au gouvernement le soin de prendre des
décisions administratives. La localisation d'un siège social, c
est une décision administrative. Il faudra donner à nos conseils
d'administration une certaine autonomie.
Egalement, dans la localisation d'un siège social, si on tient
compte de l'opinion du conseil d'administration de cette société,
il faut tenir compte du fait aussi qu'au conseil d'administration de la
société siégeront des représentants des populations
locales. C'est notre intention. Par conséquent, ces représentants
auront certainement un mot à dire à nouveau. Puisque le
député reconnaît dans son amendement qu'elle peut toutefois
le transporter dans un autre endroit avec I'approbation du gouvernement, c est
qu'il reconnaît que la décision prise par cette commission
pourrait, en fait, être néfaste pour cette
société et que, par conséquent, le gouvernement pourrait
être amené à la renverser. Puisqu'on admet implicitement
que cette commission n'a tout simplement pas les compétences, n'a tout
simplement par les études puisque le député de
Saint-Laurent serait bien en peine de déposer ici une étude
montrant qu'après une analyse sérieuse de toutes les
localisations possibles, il en est arrivé à la conclusion que
Thetford était le site idéal ...
M. Forget: C'est notre travail.
M. Raynauld: C'est à nous de le faire, de fournir le
travail au gouvernement.
M. Bérubé: ... cette étude n'existant pas,
je pense qu'il nous apparaît logique, à ce moment-là, de
laisser à l'organisme qui sera mandaté par le gouvernement pour
réglementer les opérations de cette future Société
nationale de l'amiante, de laisser à ces organismes le soin de faire des
recommandations au gouvernement. Par conséquent, il m'apparaît, en
fait, que cette proposition du député de Saint-Laurent est assez
mai venue. D'ailleurs, les interventions que nous avons pu observer autour de
cette table ont rapidement montré que la proposition du
député de Saint-Laurent ne pouvait obtenir l'assentiment de
personne autour de cette table.
En effet, je suis convaincu que le député de Richmond
s'est tout de suite interrogé sur la solidité des arguments
qu'invoquait le député de Saint-Laurent. Il a donc
écouté soigneusement et c'est difficile parce qu'il est
assez soporifique, ce député de Saint-Laurent mais il a
quand même fait un effort. Je remarquais qu'il avait les yeux ouverts et
il faisait vraiment un effort constant pour suivre le discours du
député de Saint-Laurent. J'ai dû constater son profond
désarroi...
M. Forget: C'est mieux que celui du ministre. M. Lalonde:
C'est mieux que le ministre.
M. Bérubé: ... puisqu'à la fin du discours,
évidemment, il recherchait encore un motif valable,
présenté dans l'argumentation du député de
Saint-Laurent, pour justifier l'emplacement à Thetford. Le
député de Frontenac a certainement invoqué des arguments
beaucoup plus solides, beaucoup plus étayés. Le
député de Frontenac, je pense, en cette matière, a
représenté un atout très appréciable pour
l'amendement de l'Opposition libérale sans quoi, effectivement, je pense
qu'il serait tombé dans le ridicule.
Oui, j'ai un remarquable adjoint parlementaire.
M. Forget: Faites-vous payer par des mots.
M. Lalonde: Pour combien de temps? On verra après le
vote.
M. Bérubé: Oui, en fait.
M. Lalonde: On verra s'il a le courage de ses opinions.
Une Voix: II y aura au moins du ballottage. M. Lalonde:
Vous allez le regretter.
M. Bérubé: Je tire donc la conclusion, après
avoir observé attentivement le député de Richmond, que
l'argumentation du député de Saint-Laurent était
remarquablement faible, extrêmement ténue, je dirais même
extrêmement fallacieuse les trois quarts du temps.
Egalement, dans la présentation du député
d'Abitibi, j'ai trouvé plusieurs arguments valables, effectivement, dans
la mesure où, peut-être, le gisement d'Abitibi Amiante pourrait
représenter des investissements de $300 millions, donc supérieurs
même aux investissements que l'on pourrait consentir dans la
région de Thetford. Evidemment, il pourrait certainement être
justifié de souligner que, effectivement, le Nord-Ouest a peu
participé au développement minier, lui aussi, et qu'il pourrait
être valable d'y avoir là certains sièges sociaux.
Je pense également, comme le député de
Saint-Laurent a dû le reconnaître, que le député de
Saint-François a des arguments valables concernant la ville de
Sherbrooke qui est quand même un centre universitaire, un centre
universel remarquablement dynamique et une des universités les plus
dynamiques au Québec, en dépit de sa taille, et qui est
d'ailleurs largement impliquée dans la recherche sur l'amiante. C'est
donc un secteur qui mériterait certainement attention, il ne fait aucun
doute, et il est situé également dans la région que je
pourrais appeler de l'amiante, au sens large. Le député de
Frontenac me dirait évidemment que c'est un peu tiré par les
cheveux, mais je comprends.
M. Grégoire: En banlieue.
M. Bérubé: Oui, en banlieue. Quant à la
localisation à Tring-Jonction, j'ai remarqué que même le
député de Marguerite-Bourgeoys a dû, en y
réfléchissant, finalement admettre que c'était
peut-être une bonne localisation et il a proposé une porte avant,
du côté du comté de Beauce-Nord, et une porte
arrière, du côté de Frontenac, pour tenter un
compromis.
M. Lalonde: Ce n'est pas moi qui ai fait cela, ce n'est pas moi
qui ai dit cela.
M. Bérubé: En d'autres termes, le débat
politique que nous avons eu autour de cette table a montré, hors de tout
doute, que cette motion, comme toutes les autres que nous avons reçues
de l'Opposition libérale jusqu'à maintenant, avait
été très mal préparée et, en fait, je pense
que nous devrons voter contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenac. (11 h 15)
M. Grégoire: M. le Président, malgré toutes
les fleurs et tous les compliments, j'en remercie le ministre mais je dois lui
dire quand même qu'il ne m'a pas convaincu. Non, le ministre ne m'a pas
convaincu réellement. C'est drôle, j'ai l'impression qu'il a pris
à peu près les mêmes arguments que l'Opposition prend
ordinairement. C'est vrai, j'ai remarqué que le ministre a pris à
peu près le même style d'argumentation que l'Opposition prend
ordinairement. Ordinairement, l'Opposition nous dit: II faut étudier, il
faut des études; il n'y a pas eu assez d'études, on n'a pas
complété nos études. Et l'argument de fond du ministre
pour garder l'article tel qu'il est, c'est: II faut faire une étude
objective de l'endroit.
M. Lalonde: Est-ce que vous I'amenez avec vous de notre
côté?
M. Grégoire: Je ne sais pas, mais... M. Lalonde: On
n'en veut pas.
M. Grégoire: II me semble que le temps des études
est terminé dans la politique de l'amiante. Quand il a été
question d'annoncer la politique de l'amiante, il n'y a pas eu
d'hésitation. Il n'y a pas eu d'hésitation, les études
étaient faites. Le premier ministre et le ministre sont venus où
pour annoncer la politique de l'amiante? A l'endroit naturel où cela
devait se faire, à Thetford Mines, annoncer la politique de
l'amiante.
M. Lalonde: Je pensais que c'était l'Assemblée
nationale l'endroit naturel.
M. Grégoire: C est pourquoi je me demande pourquoi cela
prend encore des études pour délimiter l'endroit du siège
social. En fait, la décision à prendre, M. le Président,
c'est bien simple, le député de Marguerite-Bourgeoys a
apporté des arguments solides tantôt quand il a sorti les
précédents. Pour SOQUIP, le siège social était
mentionné dans la loi. Pour quelle autre... Pour quantité de
sociétés qui ont été formées, le
siège social était mentionné, oui. Cela a
été mentionné. En fait, la décision à
prendre est la suivante, et d autant plus que le ministre, parfois, nous a
donné de l'argumentation, à nous de l'Opposition, sur cet
amendement quand il a parlé de la volonté de
décentralisation du gouvernement actuel.
Alors, la première décision à prendre, à mon
avis, c'est: Est-ce que le siège social sera situé dans la
région de l'amiante, oui ou non? Que ce soit le député de
Richmond qui plaide, que ce soit le député de Beauce-Nord, que ce
soit le député de Frontenac, que ce soit le député
de Saint-François, est-ce que le siège social de la
Société nationale de l'amiante sera situé dans la
région de l'amiante, oui ou non? Si on se sert de l'argument de la
volonté de décentralisation, si on se sert de l'argument
invoqué à juste titre par le député de
Saint-Laurent que le siège social soit situé le plus possible
vers les lieux des opérations, à ce moment, on doit en conclure,
inévitablement, que le siège social de la Société
nationale de l'amiante doit se trouver dans la région de l'amiante.
Une fois cette décision prise, la région de l'amiante, son
centre, à tous points de vue, se trouve à Thetford Mines, comme
le député de Saint-Laurent l'invoquait à juste titre. Je
crois que cela a été son meilleur discours, ce matin, M. le
Président. Je dois dire au député de Saint-Laurent que
cela a été son meilleur ce matin. Cela a été celui
qui l'a emporté avec les arguments les plus justes. Quand il a dit, par
exemple...
M. Paquette: C'est rare, mais... M. Grégoire:
Pardon?
M. Paquette: C est rare.
M. Grégoire: Non, mais je ne voudrais pas mettre d
épines à travers les fleurs et je dois dire que cela a
été son meilleur ce matin parce que là il y avait des
arguments qui portaient. Au point de vue géographique, le centre
géographique de la région de lamiante, c'est Thetford Mines avec,
à l'est, East Broughton et un peu Tring Jonction; à l'ouest,
Asbestos; le centre géographique est là. Le nombre de mines,
également, vaut pour quelque chose. Sur neuf mines, il y en a sept
à Thetford Mines. Cela vaut quelque chose. Une fois la décision
prise d installer le siège social dans la région de l'amiante,
Thetford Mines, c'est le centre, géographiquement, au point de vue des
mines, au point de vue des travailleurs. Sur 6800 mineurs, il y en a 4000
à Thetford Mines, à peu près 500, 600 à East
Broughton, à l'est, et 2100, 2200 à Asbestos à
l'ouest.
C'est bien évident, c'est bien normal. Je pense bien que c est
quasiment vouloir enfoncer une porte ouverte que de répéter les
arguments justifiés du député de Saint-Laurent pour amener
le siège social de la Société nationale de I'amiante
à Thetford Mines. Donc, en définitive, il s agit de
décider. Est-ce que c est dans la région de I'amiante ou non? Si
c'est dans la région de l'amiante, c'est à Thetford Mines, il n'y
a aucune hésitation.
M. Laplante: Amenez cela à Montréal nord.
M. Ouellette: Est-ce qu'il reste de la place pour construire?
M. Grégoire: Oui, il y a de la place. Si on en vient donc
à se dire, cela doit être dans la région de l'amiante ou
non, je crois que ce doit être dans la région de l'amiante.
Ecoutez, il ne faut pas oublier, le ministre l'a déjà
souligné, que la région de l'amiante fournit quand même $30
millions de droits miniers au Québec. Est-ce qu'on est là
simplement pour rapporter au Québec? Cela inclut Asbestos.
M. Brochu: Ne l'oubliez pas.
M. Grégoire: N'oubliez pas que le député d
Outremont est un économiste tout comme le ministre. Il va comprendre
un...
M. Lalonde: C'est un ingénieur. M. Grégoire:
Economiste également. M. Raynauld: C'est un ingénieur.
M. Grégoire: Economiste également.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Grégoire: Le député d'Outremont... M.
Bérubé: Pas vraiment économiste.
M. Raynauld: Je ne m'en suis jamais rendu compte. J'espère
que cela va paraître un jour.
M. Grégoire: Le député d'Outremont va
certainement m'apppuyer quand je vais invoquer l'argument que l'amiante
étant un produit d'exportation...
M. Bérubé: C'est un économiste à ras
le sol, tous les autres sont dans les nuages.
M. Grégoire: ... c'est de l'argent qu'on fait
pénétrer au Québec. Le développement du secteur de
l'amiante, étant donné que c'est un produit d'exportation, c'est
de l'argent qu'on fait entrer au Québec. Il n'y a aucun produit
d'exportation qui est aussi fort que l'amiante, c'est peut-être la plus
grosse richesse d'exportation du Québec. Qu'on pense aux avantages
innombrables que la région de l'amiante apporte au Québec. C'est
la plus grosse richesse minière au Québec, qui a
dépassé tous les autres secteurs miniers, et de beaucoup,
à l'heure actuelle. Si la région de l'amiante fournit tant
d'avantages au Québec, au point de vue de l'argent qui
pénètre au Québec venant de l'extérieur, au point
de vue des droits miniers qui s'en vont dans les coffres du gouvernement du
Québec, à ce moment, est-ce qu'il ne serait pas normal que la
région de l'amiante ait des retombées de tout cela? Comme je dis
tout le temps, nous autres on a les trous de mine, on a les tas de
résidus, on a les mineurs dans le fond de la mine, et cela depuis 100
ans, parce que évidemment, vous allez admettre avec moi aussi que cela
existe depuis 100 ans, qu'on s'est consolé de cela et qu'on s'est
contenté de cela.
M. Raynauld: 1877, dix ans après la
Confédération.
M. Grégoire: J'ai dit 100 ans, parce que cela fait un
chiffre rond. 100 ans et quelques mois. Cela fait 100 ans qu'on s'est
contenté de cela et personne n'a jamais réagi pour nous donner
plus que cela. Vous allez l'admettre aussi, c'est de l'histoire, quoi! On s est
contenté de cela. Est-ce que ce ne serait pas un juste retour des choses
qu'en 1878, et je fais un appel à mes collègues...
M. Raynauld: 1978.
M. Grégoire: ... qu'en 1978, je fais un appel à mes
collègues, après tout ce temps où la région a
été abandonnée par nos gouvernements
précédents, où la région a été
obligée de se contenter des trous, des tas de poussière, des
mineurs dans le fond de la mine et d'envoyer son argent au gouvernement du
Québec, d'enrichir le Québec à même notre
région, ne trouvez-vous pas que par un juste retour des choses
aujourd'hui, après 100 ans, il serait normal que la région de
l'amiante bénéficie enfin...
M. Lalonde: Vous êtes en train d'en convertir un,
là.
M. Grégoire: Je pense que je vais en avoir un,
là.
M. Forget: Ils ont peut-être du coeur. Une Voix: Ils
ont peut-être du coeur.
M. Grégoire: J'ose espérer que la ligne de parti va
tomber pour qu'ils comprennent que réellement la région de
l'amiante a droit à un juste retour des choses et qu'on profite de
cela.
J'admets que le ministre ne dit pas non. Il dit que cela va rester la
décision du gouvernement plus tard. J'admets que le ministre ne dit pas
non.
M. Forget: C'est la compagnie.
M. Lalonde: C'est la compagnie, même pas le gouvernement.
Ce n'est même pas le gouvernement, c'est la compagnie qui va
décider.
M. Grégoire: Oui, avec son approbation, parce que le
projet de loi dit nettement "le gouvernement". Cela va tout de même
être une décision qui sera prise en définitive au Conseil
des ministres puisqu'il est dit "à l'endroit déterminé par
le gouvernement ". On sait, dans ce temps, que la compagnie va faire une
suggestion, mais c'est le gouvernement...
J'admets que le ministre ne dit pas que ce ne sera pas à
Thetford. Je sais que le ministre, même s'il veut garder cela, en
définitive, trouvera au moins que les arguments invoqués... Je
suis content que l'Opposition m'ait donné l'occasion de faire ce
débat-là. Au moins, les arguments que nous aurons invoqués
à trois, mes nouveaux collègues de Saint-Laurent, de
Marguerite-Bourgeoys et moi, ainsi que mon nouveau collègue d'Outremont,
à nous quatre, je suis sûr que les arguments que nous aurons
invoqués à nous quatre, ce matin et hier, vont encourager le
ministre, lorsque viendra le temps de prendre la décision
d'établir le siège social à Thetford. Cela aura son bon
côté.
M. Laplante: Je n'en peux plus.
M. Grégoire: Si le moindre effort supplémentaire
peut vous amener...
M. Laplante: ... la semaine sainte.
NI. Grégoire: Sur ce point, M. le Président, au
moins nous aurons fait valoir nos arguments pour que, lorsque la
décision se prendra, le siège social de la Société
nationale de l'amiante soit à Thet-ford.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: M. le Président, je reprends la parole
quelques secondes pour faire remarquer une chose importante à mon ancien
collègue de Frontenac. C'est que dans la motion qu'il défend
actuellement, même si elle vient de l'Opposition, il est dit: "Elle peut
toutefois le transporter en un autre endroit. '
Avez-vous réfléchi à ce qui pourrait se produire
dans une éventuelle campagne électorale où, par exemple,
des candidats du Parti libéral iraient à East Broughton et
promettraient le déplacement de ce siège social pour obtenir des
voix? Cela aurait pour effet de vous nuire considérablement. Ils
pourraient faire la même chose à Black Lake, à Asbestos,
à Sherbrooke et peut-être même dans mon comté. A ce
moment-là, vous seriez tout à fait perdants de vouloir lier les
deux mains de l'éventuel bureau de direction. Vous devriez
réfléchir à cela avant de défendre avec autant
d'ardeur une motion aussi ambiguë.
Le Président (M. Dussault): Comme il n'y a plus d
intervenants, j'en conclus que vous êtes prêts à voter.
M. Brochu: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: ... j'ai écouté avec
énormément d'attention tous ceux qui m'ont
précédé. Je n'ai pas l'intention de parler longuement sur
cette question, mais je me dois quand même d'intervenir. Je dois d'abord
dire que la motion qui a été présentée par le
député de Saint-Laurent est une motion fort habile. Je lui
reconnais cette habileté. Elle a cette qualité, recherchée
dans son contenu, de vouloir embarquer, en quelque sorte, les
députés autour de cette question de la localisation du
siège social. D'ailleurs, M. le Président, vous pouvez
transmettre mes félicitations à l'honorable député
de Saint-Laurent, puisqu'il a très bien réussi jusqu'à
présent en ce qui concerne les députés du
gouvernement.
En ce qui me concerne, ma position a été claire
là-dessus. Hier, je vous l'ai exprimée en termes nets, clairs et
précis. Ce matin, je me rends compte que le député de
Saint-Laurent, aidé par le député de Marguerite-Bourgeoys
dont la soirée de repos d'hier lui a permis de revenir avec de nouvelles
forces, de plus grandes forces, même avec un texte, en est arrivé
à susciter des réactions du côté gouvernemental. La
motion a donc atteint son but, c'est-à-dire diviser le gouvernement sur
cette question, mettre en opposition certains dé- putés, tout en
étirant quelque peu aussi nos travaux parlementaires. Le
député de Frontenac est donc devenu un ardent défenseur de
cette motion pour les motifs qu'on connaît, c'est sa place, sa ville.
M. Godin: C'est bassement égoïste.
M. Grégoire: C'est légitime. Je m'en prends
à mon ancien collègue de Mercier qui me prête des
intentions que je n'avais pas.
M. Brochu: M. le Président, je m excuse de relancer le
débat entre nos collègues du gouvernement, mais le
député a le droit d'avoir ses motifs. Cependant, tout en se
faisant un ardent défenseur de la région de l'Amiante, je
constate que, pour lui, cette région de l'amiante se limite, à
toutes fins pratiques, à la ville de Thetford Mines. En abordant un
projet de loi comme celui qui est devant nous actuellement, dans les
étapes que nous poursuivons, il nous faut avoir, au point de
départ, une plus grande largeur de vue à ce sujet. C est pour
cela que j'ai prisé les propos du ministre dans ce sens lorsqu'il disait
qu'il n'avait pas on peut être d'accord ou non; on peut reprocher
ou non au gouvernement de ne pas avoir les données toutes les
données suffisantes pour pouvoir prendre cette décision.
J'espère que le député de Frontenac prendra la peine
d'écouter son collègue, tout près de lui, afin de voir
dans quelle optique on doit aborder l'étude d'un projet de loi, aborder
une question aussi importante que celle-là qui a des incidences non
seulement localement, mais régionalement aussi.
On a également constaté les altercations qui ont eu lieu,
à la suite de la motion habile du député de Saint-Laurent,
entre le député de Frontenac et son voisin de comté, le
député de Beauce-Nord. Je ne reviendrai pas sur les propos du
député de Beauce-Nord; je pense qu'ils parlent par
eux-mêmes.
Dans cette question, comme dans toute la question du projet de loi no
70, ce qui est important, à ce stade-ci, tant pour le
député de Beauce-Nord, pour le député de
Sherbrooke, pour le député de Frontenac que pour moi-même,
en tant que député de Richmond, ou pour le député
de Saint-François, c'est penser région. Lorsque j'ai
établi clairement mes positions hier, sur la localisation de ce centre,
j'avais cette préoccupation de vouloir penser région, de vouloir
penser région de I Amiante. A l'intérieur de cela,
évidemment, il y aura des décisions à prendre en ce qui
concerne finalement la localisation précise du siège social et on
devra, à ce moment-là, s'appuyer sur des données
sérieuses et non pas sur les intérêts de I un ou de
l'autre. (11 h 30)
Lorsqu il s agira d'établir le centre de recherche, à ses
différents paliers, puisqu'on sait que le centre de recherche comportera
différents paliers, il faudra, là aussi encore, s'appuyer sur la
réalité, sur des données sérieuses et non pas sur
les intérêts locaux. Il est normal de vouloir défendre,
au
point de départ, nos intérêts, mais il faut d'abord
penser en sens de région. Je rappelle ici au ministre le fait qu'il
serait souhaitable, étant donné que, malheureusement, le choix
n'a pas été fait avant le dépôt du projet de loi,
qu'il y ait une consultation sérieuse, et que les députés
de la région aussi puissent être impliqués, à ce
niveau de la décision qui devra être prise de la situation du
siège social. Le ministre me fait un signe d'acquiescement et je pense
que ce serait une saine approche de cette décision que de
procéder de cette façon. C'est donc dans cette optique d'une
préoccupation régionale, pour s'assurer qu'il y ait des
retombées réelles, sur la plus grande échelle possible,
dans la région de l'amiante, que j'ai pris la position que je vous ai
annoncée hier. Je demande également à mes collègues
de continuer les discussions. Peut-être en changeant l'atmosphère
qu'on a eue ce matin, qui ne mène nulle part puisqu'on n'a pas
avancé d'un pouce. On a simplement assisté à des
échanges humoristiques fort intéressants, par contre lorsqu'on se
situe au niveau de la pratique et de la logique, on n'a pas avancé
énormément.
Je profite également de l'occasion pour vous indiquer que, dans
cette préoccupation de voir ré-gionalement, en termes de
retombées du projet de loi 70 si retombées il y a
je reviendrai tout à l'heure, à la suite du député
de Saint-Laurent, avec une autre motion justement, étant donné
que cela fait le consensus autour de la table, d'après tous les propos
que j'ai entendus, de tous les députés, pour que, justement, on
précise dans le projet de loi que le siège social de la
société soit dans la région de l'amiante. Je voudrais
avoir cette précision dans la loi. Je pense que, à ce moment-ci,
cela rejoint tout ce qui a été mentionné
précédemment par nos collègues, même si, à ce
stade-ci, on ne s'entend pas sur un site précis pour le siège
social.
C'était donc les quelques remarques que je voulais faire. Je
voudrais aussi simplement rappeler au député de Frontenac, qui a
glissé sur une pente dangereuse, sur la pelure de banane, en quelque
sorte, qui lui a été présentée par l'Opposition
libérale, je voudrais lui rappeler, dis-je, qu'il a mentionné son
intérêt pour l'amiante, je l'ai fait également; il
représente une région de l'amiante, j'en représente une
également; et je pense qu'au niveau de la transformation, on doit
établir clairement, comme paramètre, que nous voulons davantage
d'emplois dans nos régions, nous voulons une plus grande transformation.
Là où nous ne sommes pas d'accord, c'est sur les moyens. C'est
une autre question. Cependant le député de Frontenac a
mentionné hier que, à cause de l'attitude du député
de Richmond, il avait l'intention de laisser tomber un peu la ville d'Asbestos
et cette région-là en ce qui concerne les retombées.
Simplement pour rafraîchir la mémoire, je vous rappellerai, et je
rappellerai par votre intermédiaire au député de Frontenac
que, lorsqu'il a eu l'amabilité de venir dans la région
d'Asbestos, flanqué du ministre des Richesses naturelles et de quelques
autres personnages aussi importants, le député de Frontenac a
bien pris le soin, à ce moment-là, de prendre un engagement
public et je le montre à la commission puisqu'il est en gros
titre; "Grégoire s'engage à défendre les
intérêts d'Asbestos".
M. Grégoire: Et je le maintiens.
M. Brochu: Vous voyez ici, je pense que vous pouvez vous
référer aux propos.
M. Grégoire: II y a d'autres retombées pour
Asbestos.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, s il vous plaît, votre temps de parole est maintenant
écoulé et si vous n'avez pas conclu, je vous invite à le
faire très brièvement.
M. Brochu: J'avais presque terminé, M. le
Président, je vous remercie de cela. Je voulais ajouter cette
précision pour rafraîchir la mémoire du
député de Frontenac...
M. Grégoire: Je le maintiens d ailleurs.
M. Brochu: ... et lui rappeler que nous devons penser
région.
Le Président (M. Dussault): II n'y a plus d intervenant,
alors j'appelle cet amendement aux voix. Si l'amendement était
adopté, il se lirait comme suit: "La société a son
siège social dans la ville de Thetford Mines. Elle peut toutefois le
transporter dans un autre endroit, avec l'approbation du gouvernement. Un tel
changement entre en vigueur sur publication d'un avis à cet effet dans
la Gazette officielle du Québec. "
M. Laionde: M. le Président, je demande un appel
nominal.
M. Grégoire: Oui, moi aussi je le demande.
M. Lalonde: Le député de Frontenac se joint
à moi.
Le Président (M. Dussault): Nous agirons donc par appel
nominal. M. le député de Matane.
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Abstention.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Bien tiraillé! Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Dussault): Nous avons donc trois votes
pour, quatre contre et une abstention.
M. Godin: Excusez-moi, mais le député de Rosemont
remplace M. Bordeleau.
M. Laplante: C'est au journal des Débats de ce matin.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, vous avez
parfaitement raison. J'ai sauté pardessus le nom du
député, qui était rayé. Je pense pouvoir prendre le
vote de M. le député de Rosemont.
M. Godin: Je voudrais souligner, M. le Président, qu'il y
a des pressions indues qui s'exercent sur un...
Le Président (M. Dussault): Ceci ne concerne pas le
président de la commission. M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Dussault): Ce qui fait un
cinquième vote contre. J'en conclus donc que l'amendement est
rejeté. Nous revenons donc à l'article 2, tel que stipulé
dans le projet de loi.
M. Brochu: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, selon le président qui me précédait, il restait
je ne sais pas si je dois tirer cette conclusion à M. le
député de Saint-Laurent dix minutes. Je ne sais pas si cela veut
dire que les autres avaient épuisé leur temps de parole.
M. Laplante: ... à l'exception du député de
Saint-Laurent.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Merci. M. le Président, tel que je l'avais
annoncé tantôt j'ai l'intention de proposer immédiatement,
à l'article 2, une motion d amendement qui fait suite à plusieurs
déclarations qui ont été rendues publiques du premier
ministre, même du député de Frontenac, et même du
ministre, d'ailleurs, qui ont resouligné tout à l'heure
aussi...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, je m excuse, avant de faire des commentaires sur votre amendement, je
voudrais d'abord que vous définissiez cet amendement, s il vous
plaît.
M. Brochu: Oui, cela peut être fait ainsi. Par contre,
depuis le début des travaux de cette commission parlementaire, il a
été accepté qu on puisse faire un bref préambule
pour présenter la motion tel que cela a été le cas pour
les motions précédentes. C'est dans cet esprit...
Le Président (M. Dussault): D'accord, je soustrairai ce
temps sur votre temps de parole sur l'article 2.
M. Brochu: M. le Président, je continue pour vous dire
simplement que la motion que j'ai l'intention de présenter rejoint les
préoccupations de tous les membres de cette commission parlementaire.
Elle ne devrait pas appeler un long débat non plus puisque, d'un
côté, en voulant que le siège social soit à Thetford
et dans la région de I amiante, le député de Saint-Laurent
et I'Opposition libérale indiquaient leur intention de voir des
retombées au niveau de la localisation du siège social dans la
région de l'amiante. D autre part, compte tenu de toutes les
déclarations du premier ministre, du ministre des Richesses naturelles
ainsi que de ses collègues, je pense qu'il est de
notoriété que c'est l'intention du gouvernement d avoir des
retombées, s'il y en a, dans la région de l'amiante. Donc, fort
de ces arguments, et aussi fort du fait qu'il est essentiel à mon sens
que les premiers à bénéficier de l'apport financier d'un
siège social soient ceux de la région de l'amiante, je fais
motion, M. le Président, pour que l'article 2 soit modifié en
ajoutant après le mot "social", à la première ligne, les
mots suivants: "dans la région des Cantons de l'Est".
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, est-ce que vous pourriez me faire parvenir le texte écrit de
cette motion?
M. Brochu: Oui, on est en train de vous le faire parvenir, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Je juge immédiatement
cette motion recevable.
M. Grégoire: Les Cantons de I'Est vont jusqu à
l'autre bout, alors...
M. Bérubé: ... est-ce qu'on vote pour?
Le Président (M. Dussault): A Tordre, s'il vous
plaît! M. le député de Richmond.
M. Brochu: M. le Président, je...
M. Grégoire: C'est dans la région 03.
M. Brochu: Non, vous parlez en termes de division administrative
du gouvernement. Ce qu'on entend par Cantons de l'Est...
M. Grégoire: La Beauce n'est pas dans les Cantons de
l'Est.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, question de règlement.
M. Lalonde: Actuellement, les interventions se font de fort bonne
part. Etant donné que vous avez déjà reçu la
motion, j'aimerais que l'on en débatte le bien-fondé suivant les
règlements, chacun à son tour.
Le Président (M. Dussault): Vous avez raison, M. le
député. J'avais donné la parole à M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Très
brièvement, pour ces mêmes motifs qui poussent le gouvernement
à vouloir favoriser cette région où se trouvent toutes les
mines d'amiante du Québec, pour les mêmes motifs que là
où les travailleurs ont à souffrir, à certains
égards, de la retombée négative de ces industries, qu'en
même temps on puisse, de façon générale, statuer que
les retombées économiques positives, s'il y en a, doivent avoir
lieu dans la région en question. C'est pourquoi j'ai proposé
cette motion, pour que là où se trouvent les mines d'amiante dans
les Cantons de l'Est, l'on puisse s'assurer que dans le texte de loi on mette
une forme de garantie du gouvernement.
M. Godin: II ne connaît pas le Québec.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenac.
M. Godin: Est-ce que c'est télévisé cela, M.
le Président? Le débat ne sera pas télévisé?
J'aurais aimé que le citoyen voie cela.
Le Président (M. Dussault): II semble que non, M. le
député de Mercier. M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je vais m'oppo-ser
à cette motion. Il faudrait savoir ce que sont les Cantons de l'Est,
d'après la définition du député, parce que Thetford
se trouve dans la région économique 03, la région de
Québec.
M. Brochu: Ce ne sont pas les Cantons de l'Est, 03.
M. Grégoire: Thetford se trouve dans 03.
M. Brochu: Thetford est dans les Cantons de l'Est.
M. Grégoire: A quel point de vue doit-on le prendre?
M. Brochu: Ce n'est pas dans la Gaspésie ni dans le
Bas-du-Fleuve.
M. Grégoire: Au point de vue de la division territoriale
en régions économiques telles que décrites par le
gouvernement du Québec? Est-ce qu'on se trouve à prendre les
régions territoriales?
M. Brochu: Dans l'Estrie, là où sont situés
les mines d'amiante actuellement, ce qui comprend votre région, la
mienne, East-Broughton.
M. Grégoire: Thetford est dans la région
économique... Est-ce que c'est la division selon la voirie, le
gouvernement, la tradition ou selon quoi?
M. Brochu: Pour répondre au député de
Frontenac, disons que c'est une question en vue d'établir un principe
général. A ce stade-ci, il ne s'agit pas de rebâtir une
carte géographique pour délimiter exactement ce qu'il en est. Il
s'agit d'établir le principe que les retombées auront lieu dans
la région des Cantons de l'Est, laquelle est directement
concernée, là où sont situées les mines
d'amiante.
Le Président (M. Dussault): Je considère les
réponses données aux questions du député de
Frontenac comme étant du temps pris sur son temps. Est-ce que M. le
député de Frontenac a terminé?
M. Grégoire: Oui.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: M. le Président, personnellement, je
m'opposerai à cette motion parce que les mots "dans la région des
Cantons de l'Est " sont beaucoup trop restrictifs et ont pour effet direct
d'exclure la région de la Beauce. Etant donné que cette
dernière n'est pas dans les Cantons de l'Est et que, pourtant, dans le
comté de Beauce-Nord, on retrouve des mines d'amiante, si le
député avait plutôt proposé le terme "région
de l'amiante", qui est un terme beaucoup plus générique, j'aurais
possiblement pu considérer sa motion. Dans le cas présent, je m'y
opposerai parce qu'elle a pour effet d'exclure ma région, qui est
pourtant une partie de la région de l'amiante, mais qui ne se trouve pas
pour autant dans les Cantons de l'Est.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je me demande sur quel
critère le député de Richmond se fonde
pour proposer la région des Cantons de l'Est. Il y a plusieurs
ambiguïtés qui peuvent s'installer dans le processus de
détermination de la région elle-même. Je vais en mentionner
quelques-unes. Si on s'en rapporte aux régions administratives, la
région des Cantons de l'Est est la région 05. Vous auriez la
situation absolument abracadabrante et même aberrante que le comté
de Beauce-Nord, qui est dans la région 03, se trouverait exclu de la
région où le siège social de la Société
nationale de I'amiante devrait être installé.
Je comprends que le comté de Richmond est en plein centre.
Là, le député est fort confortable. On pourrait
probablement installer aussi le siège social dans le comté
d'Orford si c'est cela...
M. Godin: M. le Président, question...
Le Président (M. Dussault): Question de
règlement?
M. Godin: Oui, question de règlement. Je vois que le
député de Marguerite-Bourgeoys consulte un document qu'on n'a
pas. Est-ce qu'on peut demander le dépôt de ce document? Il se
réfère à des choses dont on n'a aucune connaissance. C'est
peut-être confidentiel. On ne le sait pas. Est-ce qu'on pourrait avoir
accès à ce document? (11 h 45)
Le Président (M. Dussault): Je vous arrête
immédiatement, M. le député de Mercier. Il n'est pas
prévu dans les règlements que l'on puisse faire des
dépôts de documents dans les commissions parlementaires.
M. Godin: Ah bon!
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, si vous voulez quand
même que je satisfasse la curiosité du député de
Mercier, cette carte géographique représente le beau pays du
Québec.
M. Godin: C'est de quelle année?
M. Lalonde: Ah! C'est assez récent, M. le
Président, que je vois encore le comté de Lotbinière.
M. Godin: C'est un lapsus?
M. Bérubé: On peut l'accepter, d'ailleurs, en
parlant du pays du Québec.
M. Lalonde: C'est un beau pays, comme on parle du royaume du
Saguenay.
M. Godin: On vient de gagner un allié important.
Une Voix: Les écailles lui tombent des yeux, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce l'intention du
député de Richmond de rendre possible l'installation du
siège social dans le comté d'Orford ou dans le comté de
Johnson, peut-être?
M. Grégoire: Missisquoi.
M. Lalonde: Celapeut même aller jusque dans le comté
de Brome-Missisquoi.
M. Godin: Stanstead peut-être!
M. Lalonde: Stanstead, oui.
M. Godin: M. Vaillancourt serait content.
M. Lalonde: Mégantic-Compton. A moins qu'avec son
collègue de Mégantic-Compton il n ait peut-être un
arrangement, une autre alliance; une mésalliance plutôt, à
ce moment-là.
M. Grégoire: Mais pas Frontenac!
M. Lalonde: Frontenac! Le coeur de l'amiante n'est pas
là.
M. Grégoire: II y a une seule ville de l'amiante dans les
Cantons de l'Est...
M. Lalonde: C'est une insulte à l'intelligence, M. le
Président, d'avoir même suggéré cela.
M. Grégoire: ... c'est Asbestos.
M. Ouellette: Et le député a perdu la carte.
M. Lalonde: M. le Président, le député de
Beauce-Nord, et à bon droit parce que lui aussi a le droit de se sentir
injurié par cette motion, prétend que le député de
Richmond a perdu la carte. Alors, je la lui donne.
M. Godin: Je la prends avec plaisir.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez terminé votre intervention?
M. Lalonde: Pour l'instant.
Le Président (M. Dussault): Pour linstant.
M. Godin: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question à notre géographe d'en face?
Le Président (M. Dussault): Cela serait votre
intervention, M. le député de Mercier.
M. Godin: Ce sera le début de mon intervention, je peux
toujours revenir.
Le Président (M. Dussault): Vous avez raison.
M. Godin: Est-ce que le comté du député de
Richmond est bien dans la région qu il favorise, au moins?
M. Lalonde: II est au centre de la région qu'il
favorise.
M. Godin: Ah!
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, juste un mot pour vous dire
que la préoccupation de cette motion quand même n'était pas
restrictive. C'était simplement pour établir un principe d'ordre
général pour qu'à l'opposition, par exemple, de la
région de Montréal ou de la région de Québec, on
identifie un secteur, là où se trouve l'amiante, de façon
générale, en principe pour que les retombées aient lieu
là. Alors, c'est simplement dans ce sens; ce n'était pas
limitatif, pas du tout. Depuis le début qu'on parle de East Broughton,
qu'on parle du député de Frontenac et qu'on parle de Thetford
Mines, évidemment, ce serait complètement illogique de
présenter une motion restreignant cela strictement au comté de
Richmond. Ce serait, d'ailleurs, contraire aux propos que j'ai tenus
peut-être tout à l'heure lorsqu'on disait qu'on devait penser
région.
Je voulais simplement clarifier ceci. C'est une déclaration de
principe que j'aimerais voir dans la loi pour s'assurer que ce ne soit pas dans
des régions comme Montréal, Québec ou ailleurs, mais que
ce soit dans la région qui est touchée par l'amiante, dans les
Cantons de l'Est.
Le Président (M. Dussault): Avez-vous terminé, M.
le député de Richmond?
M. Brochu: J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Vouliez-vous la parole, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Non, pas maintenant, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Non, je passe, je me ravise.
Le Président (M. Dussault): II n'y a plus d'intervenants.
Alors, nous allons mettre aux voix la motion du député de
Richmond. Rejeté? La motion est rejetée...
M. Brochu: Sur division.
Le Président (M. Dussault): ... sur division et nous
revenons à l'article 2. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, le spectacle auquel on a
assisté depuis hier relativement à l'étude de l'article 2
m'impose de faire une suggestion à cette commission par voie de motion,
et je vous expliquerai pourquoi je fais cette motion. Je vais commencer par la
lire. Il est possible que vous trouviez un élément qui n'est pas
acceptable dans cette motion; à ce moment-là, je vous demande
d'avance de l'enlever.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie d'avance de
m'avertir.
M. Lalonde: "Que la commission des richesses naturelles suspende
l'étude de l'article 2 du projet de loi no 70 et je continue
jusqu'à ce que le gouvernement ait fait connaître
officiellement l'endroit déterminé pour l'établissement du
siège social de la Société nationale de l'amiante. " II
est possible que cet élément soit de trop parce qu'il n'est pas
nécessaire. On peut simplement dire qu'on suspende l'étude de
l'article 2, sans dire jusqu'à quelle échéance? Je vous
suggère cette motion, et si vous la déclarez recevable, à
ce moment...
M. Laplante: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Nos règlements
permettent que le président de la commission consulte les membres de la
commission. Pendant cinq minutes tout au plus, je vais recevoir vos avis sur la
recevabilité de cette motion.
M. Laplante: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: La motion de l'Opposition dit: "Que la commission
des richesses naturelles suspende l'article 2 du projet de loi 70,
jusqu'à ce que le gouvernement ait fait connaître officiellement
l'endroit déterminé pour l'établissement du siège
social de la Société nationale de l'amiante. " Elle n'est pas
recevable parce que la société elle-même n'est pas
créée encore parce que la loi n'est pas adoptée en
troisième lecture. D'autant plus que son conseil d'administration doit
faire rapport, d'après la loi, au gouvernement, pour accepter le
siège social de l'endroit. C'est une proposition qui fait, en somme,
qu'après la deuxième lecture, on vient en commission
parlementaire pour étudier article par article. Il y a un article aussi
dans le règlement qui dit qu'on ne peut pas, en commission
parlementaire, changer un article qui va à l'encontre de la loi telle
qu'acceptée en deuxième lecture.
J'aimerais avoir le numéro de l'article, mais je n'ai pas mon
livre. Vous pourriez retrouver là-dedans le pourquoi exact. C'est
très clair dans le règlement qui dit que cet amendement ne
pourrait être accepté.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député,
vous faites allusion à l'article 154 de nos règlements.
M. Laplante: Je le crois.
Le Président (M. Dussault): Qui prévoit qu'une
motion ne peut pas défaire le principe déjà adopté
par l'Assemblée nationale.
M. Laplante: Exactement.
Le Président (M. Dussault): J'écoute maintenant M.
le député de Marguerite-Bourgeoys sur la recevabilité.
M. Lalonde: Au cas où la limpidité de
l'intervention du député de Bourassa ne vous aurait pas
convaincu, M. le Président, je voudrais simplement vous dire que la
motion n'a pas pour but même en présumant que vous
retranchiez l'élément qui est inutile d'aller à
l'encontre du principe lui-même, de la façon dont l'article est
décrit, à savoir, est-ce que c'est le conseil d'administration
qui doit, au départ, conseiller le gouvernement, etc.? C'est un
processus que le ministre a décrit, mais qui n'est même pas
contenu à l'article lui-même.
Ce que je propose, c'est une motion tout à fait classique qui a
souvent été proposée dans des commissions parlementaires
où on étudie article par article un projet de loi, à
savoir, que l'on suspende l'étude de tel article pour aller à un
autre. Je me souviens, peut-être que vous étiez là, M. le
Président, de la loi 101. Je ne sais pas si c'était l'Union
Nationale ou le parti ministériel qui avait proposé la suspension
de plusieurs chapitres de la loi pour qu'on retombe immédiatement au
chapitre qui concernait la langue de l'enseignement. Il y avait eu un
débat, si je me souviens bien, là-dessus. L'Opposition officielle
s'était opposée, mais la motion avait été
parfaitement reçue, rece-vable et reçue.
La motion que je fais est de même nature: de suspendre
l'étude d'un article. C'est parfaitement recevable. Cela ne va pas
à rencontre du principe. Ce n'est pas une motion qui dit que la
société n'aura pas de siège social, que le siège
social ne sera à aucun endroit. A ce moment, ce serait aller à
rencontre de l'article lui-même du principe accepté en
deuxième lecture. Mais on dit simplement: Que l'on suspende. Je dirai
pourquoi, je pense que c'est assez évident après ce qu'on a vu
depuis trois heures de débats.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mercier, brièvement.
M. Godin: Je pense que l'amendement n'est pas recevable, M. le
Président, parce que l'article 2, tout ce qu'il dit, c'est que c'est le
gouvernement qui va déterminer où le siège social sera
situé. L'article 2 a pour effet de préciser qui va annoncer cela.
Est-ce que ce seront les employés? Est-ce que ce sera la CSN? Est-ce que
ce sera la FTQ qui vont avoir des employés là-dedans? Est-ce que
ce sera n'importe qui? Non, l'article 2 dit qui va déterminer cela.
C'est le gouvernement. L'article 2 dit encore que quand ce sera
décidé, ce sera an- noncé dans la Gazette officielle. C
est ce que l'article 2 dit. Ce n est pas autre chose que cela. L'article 2, en
fait, n'aborde même pas de façon directe, la question de
l'implantation. L'article 2 aborde qui va devoir décider cela, qui va
déterminer cela et, dans cette perspective, la motion est absolument
irrecevable, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, j'ai
écouté vos propos sur la recevabilité de cette motion. Je
vais suspendre les travaux de cette commission pour quelques minutes, et je
vais prendre cette question en délibéré.
(Suspension à 11 h 56)
Reprise de la séance à 12 h 1
Le Président (M. Dussault): Messieurs, à l'ordre,
s'il vous plaît!
Nous revenons à nos travaux, nous en étions à une
motion du député de Marguerite-Bourgeoys sur la
recevabilité de laquelle je devais statuer. Je tiens à faire
remarquer que, dès le départ, avant même la formulation de
sa motion, M. le député de Marguerite-Bourgeoys nous avait fait
part d'un petit doute qu'il avait quant à la recevabilité de
cette motion. Son intuition ne le trompait pas, d'ailleurs. Si nous adoptions
cette motion telle que formulée, nous ferions en sorte que le
gouvernement et l'Assemblée nationale tournent en rond, l'un attendant
la décision de l'autre, ce qui fait qu'à toutes fins pratiques je
ne peux pas recevoir la motion telle que formulée par le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je la juge donc irrecevable.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Laplante: II n'avait pas compris tout à l'heure.
M. Lalonde: ... je ne discute pas votre décision, mais je
vous avais suggéré que le règlement vous permettait de
modifier une motion. Vous ne l'avez pas fait et je vais le faire. Je vais
reprendre la motion et la présenter comme suit: "Que la commission des
richesses naturelles suspende l'étude de l'article 2 du projet de loi no
70 et procède immédiatement à l'étude de l'article
3 ".
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, j'attends le texte écrit. Le voici.
M. Lalonde: Je m'excuse de l'aspect physique du texte, car il a
fallu le corriger sur place.
Le Président (M. Dussault): Je vous comprends très
bien, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Je déclare
immédiatement
que la motion de M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
telle que formulée, est recevable.
M. Laplante: Ordinairement, dans une commission parlementaire, un
député de l'Opposition ou un député
ministériel demande de suspendre temporairement un article sans en faire
une motion. Je pense que cela a toujours été la pratique
jusqu'à présent. La commission parlementaire a ce pouvoir de
report d'un article.
Le Président (M. Dussault): Effectivement, M. le
député de Bourassa. J'allais demander s'il était dans
l'intention de M. le député de Marguerite-Bourgeoys de faire
fonctionner la commission, avec tout ce que cela comporte, sur cette motion ou
s'il n'y a pas lieu d'en venir à une entente rapide de la part des
membres de la commission sur cette question, comme cela se fait très
souvent en commission.
NI. Lalonde: Chaque fois qu'une motion est faite, il est loisible
au gouvernement d'exprimer immédiatement son accord. Avant même de
commencer mon intervention pour tenter de le convaincre, si le gouvernement me
dit qu'il est d'accord, à ce moment-là, je ne ferai pas perdre le
temps de la commission pour rien.
Le Président (M. Dussault): Si je ne reçois pas
d'avis du parti ministériel sur la motion, je vais en conclure que nous
devrons la débattre tel qu'on doit le faire habituellement sur une
motion.
M. Lalonde: M. le Président, il ne semble pas y avoir un
accord. Est-ce que nous allons suspendre? Je devrai donc tenter de les
convaincre.
Tout d'abord, pour quelle raison suspendre l'étude de l'article 2
du projet de loi no 70? Toute personne qui aurait été
témoin du débat des deux motions d'amendement, celle du
député de Saint-Laurent et celle, si on peut la nommer ainsi, du
député de Richmond, n'aurait pas besoin d'être sujet
à un effort de persuasion terrible pour se laisser convaincre du
bien-fondé de la motion. Je ne vous prendrai pas à témoin,
de votre siège de président vous n'avez pas d'opinion à
donner là-dessus, mais je suis surpris que le gouvernement m'oblige
à lui faire la description de ce qui s'est passé pour tenter de
le convaincre d'appuyer ma motion.
La motion du député de Saint-Laurent qui a
été défaite par le gouvernement, par la majorité
des députés ministériels, je dois dire, a donné
lieu à un débat où on a vu, par exemple, le
député d'Abitibi-Est souhaiter que des activités de
siège social, des activités de direction relativement à
des entreprises amiantifères soient installées dans la
région du Nord-Ouest. Il l'a fait d'une façon tout à fait
responsable et j'ai dit un peu plus tôt, ce matin, jusqu'à quel
point je trouvais convenable son attitude. Mais il n'a pas pu aller plus loin.
Le député de Saint-François, ce matin, a vanté les
mérites de sa région, à bon droit. Il est sûrement
valable de penser qu'un siège social, avec tout ce que cela comporte de
centres de décision soit installé près d'institutions
aussi valables que l'Université de Sherbrooke, dans sa région.
Mais il n'est pas allé plus loin, lui non plus. Il a même
voté contre la motion du député de Saint-Laurent. Quant au
député d'Abitibi-Est, il n'était pas ici ce matin pour
voter.
Le député de Beauce-Nord, lui, est un homme pratique. Il a
fait preuve de beaucoup de réalisme et, pour régler le
problème, il a fait des suggestions tout à fait concrètes
et précises, soit d'installer le siège social de la
Société de l'amiante sur la frontière séparant le
comté de Beauce-Nord et le comté de Frontenac. Mais, il n'a pas
fait de motion d'amendement. Il n'a pas osé aller plus loin, lui non
plus.
Quant au député de Richmond, il a cru devoir s'abstenir:
C'est son droit de décider de s'abstenir. Il l'a fait, mais son
abstention indique quand même jusqu'à quel point, il n'est pas
convaincu ni du bien-fondé de la motion du député de
Saint-Laurent, ni du bien-fondé de l'article 2 tel qu'il est inscrit. Au
contraire, il a même fait une tentative, avortée, mais quand
même une tentative pour déterminer une région
précise, dans son esprit, pour établir le siège social de
la Société de l'amiante. Mais voilà, encore un des
députés ici, qui n'est pas décidé. Quant au
député de Frontenac, M. le Président, je ne l'ai pas vu
remettre sa démission de son poste d'adjoint parlementaire au ministre.
Il a sûrement besoin de temps pour réfléchir à la
rebuffade publique et honteuse qui lui a été faite par ses
collègues, et en particulier, par son ministre.
Le ministre, lui, dit qu'il ne peut pas prendre de décision
maintenant quant à la localisation du siège social, autre
indication très précise à l'effet que ce gouvernement a
besoin de temps pour réfléchir, à tel point que le
député de Frontenac s'est dit surpris que le ministre
suggère d'autres études là-dessus. C'est à se
demander si le député de Frontenac, adjoint parlementaire du
ministre des Richesses naturelles, est au courant de ce qui se passe dans ce
ministère. Est-ce que le député de Frontenac n'a pas
besoin de temps pour aller vérifier au ministère, si on lui ouvre
les portes maintenant, à savoir s'il y a eu des études de faites,
et à quel stade ces études sont rendues, et revienne informer la
commission parlementaire, le cas échéant, sur le processus
décisionnel et où en est rendu le cheminement de la pensée
du ministère en ce qui concerne l'instauration du siège social de
la société de l'amiante.
M. le Président, nos deux surveillants de discipline, le
député de Rosemont et le député de Mercier, eux,
ont regardé cela d'un oeil sévère, et, j'en suis
sûr, d'un oeil aussi découragé. C'était le spectacle
d'un parti divisé sur une question qui peut paraître, pour
certains, secondaire, mais qui ne l'est pas. Je suis sûr qu'il ne l'est
pas dans l'esprit du député de Frontenac, à savoir
où sera installé le siège social de la
Société nationale de l'amiante. C'est une question beaucoup plus
importante que cela peut paraître à l'esprit de quelqu'un qui
n'est pas au courant, premièrement, de l'importance d'un siège
social, et deuxième-
ment, de I'importance du siège social de la Société
de l'amiante pour la région de l'amiante.
C'est pourquoi les surveillants de discipline étaient si
découragés ce matin au point qu'ils ont quitté je
ne sais pas si c'est une coïncidence, mais ils sont tous deux partis. Ils
ne sont plus là pour surveiller...
M. Grégoire: Ils sont partis avec le député
de Saint-Laurent et le député d'Outremont, avec deux autres
députés libéraux qui sont partis.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre!
M. Lalonde: Ils sont probablement partis faire un caucus avec les
hautes autorités du parti pour savoir comment rapiécer ce parti
qui a été complètement déchiré ce matin et
qui tente de remettre les pièces ensemble. C'est dans ce but, M. le
Président, que je présente ma motion. Je pense que le
gouvernement mérite qu'on lui donne du temps pour prendre une
décision en toute connaissance de cause. Le ministre a dit: on ne peut
pas prendre la décision maintenant. Il a dit "verbatim" dans sa
dernière intervention: on pourra le vérifier dans les
galées. Il a avoué ne pas être prêt. Il a
avoué le caractère d'improvisation et de manque de
préparation sinon de toute la loi, du moins de l'article 2. Après
cela, M. le Président, on va allègrement accuser l'Opposition
officielle de retarder l'implantation de la politique de l'amiante au
Québec en faisant une opposition vigoureuse à ce projet de loi.
M. le Président, le gouvernement est si peu avancé que même
s'il avait ce projet de loi adopté aujourd'hui, il ne saurait pas quoi
faire. Il ne sait même pas où installer le siège social de
cette Société nationale de l'amiante. On savait que le
gouvernement était à l'état le plus préliminaire de
ces études en ce qui concerne les produits à choisir, la mise en
marché, la commercialisation. On le savait. L'étude du groupe de
travail fantôme qu'on nous a remise en tomes en est la preuve la plus
flagrante. Ce qu'on ne savait pas, c est jusqu'à quel point ce
gouvernement était dans limprovisa-tion la plus complète en ce
qui concerne même l'instrument qu'il a choisi pour implanter sa
politique. Il ne sait même pas où le siège social de la
Société nationale de l'amiante va être installé.
Vous allez me rappeler à l'ordre, M. le Président, si je
tente de refaire un plaidoyer en faveur de Thetford Mines. Je sais que ce n'est
pas le député de Frontenac qui va vous demander de me rappeler
à l'ordre. Je suis fort tenté de... et c'est dans l'ordre que je
dise que l'état d'improvisation et de manque de préparation du
gouvernement en ce qui concerne le siège social est
incompréhensible. C'est tellement évident que cela va dans le
coeur de la région de l'amiante que je me demande jusqu'à quel
point on peut ne pas être préparé. C'est
épouvantable de refuser d'avance, au départ, que ce soit en plein
coeur de la région de l'amiante.
M. Bérubé: Ce n'est pas refusé.
M. Lalonde: C'est refusé. Vous avez voté
contre!
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je constate que vous avez succombé à la
tentation au sujet de laquelle vous nous aviez prévenu qu'il y avait un
danger. Je vous demanderais, s'il vous plaît, de revenir à la
pertinence, a savoir aux raisons pour lesquelles vous avez demandé la
suspension de l'article 2. (12 h 15)
M. Lalonde: M. le Président, c est pour permettre à
ce gouvernement de préparer ses dossiers.
M. Grégoire: C est pour perdre du temps en fait.
M. Laplante: Vous n'êtes pas plus clair que moi dans vos
énoncés.
Le Président (M. Dussault): A Tordre, messieurs!
M. Lalonde: M. le Président, c'est la pire insulte que
j'aie reçue depuis longtemps.
M. Grégoire: II faudrait avertir tout le monde que...
M. Laplante: C'est drôle, je fus le premier à gagner
mon point. Il a été compris par le président, mais vous,
il n'y a encore personne qui vous a compris.
M. Grégoire: ... tout le monde sait...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa, n impliquez pas le président, s il vous plaît!
M. Grégoire: Tout le monde sait que si c est vide, c'est
parce que c'est rien que pour prendre du...
M. Lalonde: Le député de Bourassa soulève un
point intéressant, M. le Président. J ai parlé des
députés d Abitibi-Est, de Beauce-Nord, de Saint-François,
Frontenac, Rosemont, Mercier, Richmond...
M. Grégoire: De Saint-Laurent.
M. Lalonde: ... Matane, et j'ai oublié le
député de Bourassa, M. le Président.
M. Grégoire: C'est un nom que vous connaissez bien. Vous
I'aviez oublié, hein?
M. Lalonde: Vous savez pourquoi je l'ai oublié? C est que
je ne savais pas qu'il était là, malgré ses brillantes
interventions, M. le Président: je I'ai oublié.
M. Grégoire: Bourassa?
M. Lalonde: Le député du comté de
Bourassa.
M. Laplante: Si cela peut finir par changer pour Henri Bourassa,
on va peut-être être mieux compris après cela.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s il vous
plaît, messieurs les députés! M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, je suis content quand
même d'être interrompu parce que cela me permet de chercher ce que
je pourrais bien dire sur le député de Bourassa. Je ne trouve
absolument rien.
M. Laplante: Vous essayez de retrouver vos gens enfin! C'est un
pur.
M. Lalonde: Je cherche dans mes souvenirs ces brillantes
interventions sur l'amendement du député de Saint-Laurent et je
ne trouve rien.
M. Laplante: Vous n'êtes pas souvent en Chambre.
M. Lalonde: C'est une absence métaphysique, M. le
Président, que le député de Bourassa a offerte à
cette commission depuis le début, mais il me fait plaisir quand
même de vous annoncer la présence du député de
Bourassa ici, à notre commission. Ceci dit, le député de
Bourassa pourra se joindre au député d'Abitibi-Est dans ses
réflexions, il pourra consulter le député de
Saint-François, son voisin de siège, il pourra même poser
des questions au député de Beauce-Nord à savoir où
est la frontière entre le comté de Frontenac et le comté
de Beauce-Nord, où le député de Beauce-Nord veut installer
le siège social. Il pourra même être témoin des
conversations qui vont être très orageuses entre le ministre et
son adjoint parlementaire. Cela n'est pas fini.
M. Grégoire: Cela, c'est étirer le temps, ne pas
savoir choisir.
M. Lalonde: Quand le député de Frontenac va-t-il
remettre sa démission? De quelle façon? Va-t-il la remettre
à l'Assemblée nationale ou va-t-il la remettre à
Thetford-Mines?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît, je vous demande de revenir
à la pertinence.
M. Lalonde: Oui, mais c'est pour cela qu'il faut suspendre
l'étude de l'article 2. Il faut laisser le temps au député
de Frontenac de réfléchir sur la façon dont il va
démissionner, parce que personne ne peut s'imaginer qu'il va demeurer
à son poste, député peut-être, mais de quel parti?
On verra. Mais adjoint parlementaire du ministre des Richesses naturelles qui
vient de le bafouer publiquement...
M. Grégoire: Ah! tu n'as pas faitcela!
M. Lalonde: Serait-il assez inconscient pour ne pas s'en
être rendu compte? Je n'ose pas l'imaginer, M. le Président, c est
pour cela que je veux lui laisser le temps de réfléchir. Il va
relire les galées et il va s'apercevoir, à ce moment-là,
de l'énormité de la situation dans laquelle son ministre l'a mis.
Il faut suspendre l'étude de l'article pour laisser le temps, à
ce parti, de se remettre ensemble, sans cela, il va manquer de leadership
complètement dans cette commission parlementaire si, à tous les
articles, on est là avec la division. Si, par exemple, le
député de Richmond, ayant vu la lumière, ayant
été persuadé que les Cantons de l'Est sont une
région un peu difficile, fait une motion pour installer le siège
social dans le comté de Saint-François, quel dilemme! Avec le bel
exemple qu'on a eu tantôt du député de Frontenac.
M. Ouellette: ...
M. Lalonde: Est-ce que le député de
Saint-François va avoir le courage, à ce moment, de ses
opinions?
M. Rancourt: Moi je ne suis pas l'adjoint parlementaire, je suis
adjoint parlementaire à l'Agriculture.
M. Lalonde: Oui, mais peut-être qu après la
démission du député de Frontenac, le poste sera libre.
Là, cela va nous prendre justement un député de la
région de l'amiante, comme adjoint parlementaire.
M. Grégoire: On prépare le territoire.
M. Brochu: Cela ne sera pas la première fois qu'il aura
changé d'idée, de toute façon.
M. Lalonde: II y a seulement les fous qui ne change pas
d'idée.
De toute façon, M. le Président... Question de
règlement, M. le Président, quand j'ai parlé des fous, je
n'ai pas voulu dire le député de Bourassa. Si c'est cela qu'il a
compris, M. le Président, je le retire.
M. Bérubé: M. le Président...
M. Grégoire: II faut avoir des idées pour
changer.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, messieurs. Un
instant, s'il vous plaît. D'abord, je voudrais demander à M. le
député de Marguerite-Bourgeoys de bien aider le président
à rester sérieux. Il est difficile de garder tout son
sérieux dans des circonstances comme celles que l'on connaît
présentement. Je vous demanderais, s'il vous plaît, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, de conclure votre intervention.
Est-ce que c'était une question de règlement, M. le ministre?
M. Bérubé: Je voulais souligner son manque de
sérieux, mais sa très grande constance, cependant.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, de l'autre côté
de la table, on se réjouit, on prend cela à la blague, mais c'est
assez difficile de s'imaginer jusque quel point ce parti a été
tiraillé. On pensait que c'était seulement le chef qui
était tiraillé, M. le Président, mais ce sont tous les
membres de cette commission, les membres ministériels de cette
commission qui sont tiraillés depuis à peu près 24 heures
qu'on discute sur le siège social. Qu'ils aillent donc en caucus en
discuter tranquillement. Ici, ils font perdre le temps de la commission. Si on
avait accepté...
M. Grégoire: Qui fait perdre le temps de la commission?
C'est la meilleure!
M. Lalonde: ... hier l'amendement du député de
Saint-Laurent rapidement, on serait peut-être rendu à l'article 3
ou 4. Il y a des articles importants qui s'en viennent: l'article 3 qu'il va
falloir sûrement enlever, et l'article 4 qui est un article de substance.
M. le Président, j'ai hâte d'arriver à ces articles. Le
gouvernement fait état...
M. Bérubé: Etalons sur des articles peu
importants.
M. Lalonde: ... de sa division et impose à la commission
parlementaire un rythme de travail qui est absolument insupportable, M. le
Président. C'est pourquoi je demande que... Je pense que les
députés qui se posaient des questions, comme le
député de Saint-François et le député de
Beauce-Nord, pourraient très facilement... D'ailleurs, j'ai vu le petit
caucus tantôt quand j'ai fait ma motion, à savoir, s'il l'avait
acceptée ou non. Il y avait un certain doute. Il pourrait facilement
supporter, appuyer ma motion de suspendre sans encourir les foudres des
surveillants de discipline qui vont revenir tantôt. On y reviendra
tantôt à l'article 2, un peu plus tard, lorsque l'unité du
parti sera faite, lorsque l'adjoint parlementaire aura été
remplacé par quelqu'un de plus docile. A ce moment, on pourra facilement
passer à l'article 2 et l'étudier en toute
sérénité, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Très brièvement, M. le Président,
pour vous dire simplement que pour les raisons que j'ai mentionnées tout
à l'heure, aussi parce que j'aurais souhaité que la ville soit
identifiée et que les préparatifs aient été
davantage faits au niveau du projet de loi avant de nous le présenter,
j'appuierai la motion.
Le Président (M. Dussault): Alors il n'y a plus
d'intervenant, je mets aux voix la motion de M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Laplante: Est-ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys peut voter sur sa motion?
M. Lalonde: Si j'avais le droit de vote, M. le Président,
je voterais pour.
M. Bérubé: Vous voulez dire qu'il n'y a aucun
membre du Parti libéral qui va voter sur une motion du Parti
libéral?
M. Grégoire: Prenez le vote et on va le voir. M.
Bérubé: Ce n est pas vrai!
M. Laplante: Un vote enregistré, M. le
Président.
M. Grégoire: Vote enregistré.
Le Président (M. Dussault): On me demande le vote
enregistré, alors je vais faire...
M. Laplante: C'est le sérieux de leurs motions.
Le Président (M. Dussault): Je vais faire l'appel nominal.
M. le député de Matane.
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rosemont. M. le député de Richmond.
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Grégoire: Absent.
M. Bérubé: Absent.
M. Lalonde: II voterait contre.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse, mais je dois
nommer les membres de la commission. M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Contre. M. Lalonde: Pour. M.
Grégoire: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Dussault): M. le député
d'Outremont.
M. Grégoire: Absent.
M. Bérubé: Absent.
M. Lalonde: Ce n'est pas vrai, M. le Président.
M. Bérubé: M. le Président, quand il ne lit
pas son journal, il est absent.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Je fais le décompte, cinq contre et un pour. La motion est donc
rejetée.
M. Grégoire: Est-ce que je dois comprendre qu'il n'y a pas
un libéral, sur la commission, à l'heure actuelle qui a le droit
de vote? Ils ne prennent pas cela au sérieux.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenac, le président n'a pas à faire d'interprétation
sur les présences et les absences des membres à cette
commission...
M. Grégoire: Vous pouvez constater.
Le Président (M. Dussault): Est-ce une question de
règlement, M. le député?
M. Lalonde: Oui, évidemment, M. le Président, parce
que les remarques du député de Frontenac rejoignent une
observation que j'avais faite au début des travaux de cette commission,
à savoir que la composition des commissions parlementaires en vertu du
règlement sessionnel actuel, présente souvent au niveau du vote
des situations aberrantes, à savoir qu'il y a des membres d'un parti qui
sont présents, qui délibèrent, qui font des motions et
quand on arrive au vote, il arrive qu'il n'y a pas de vote enregistré au
nom de ce parti. Je pense que les remarques du député de
Frontenac sont complètement hors d'ordre et qu'elles ne doivent pas
être reçues, M. le Président.
M. Grégoire: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: C'est vrai que mes remarques étaient
hors d'ordre, mais elles étaient justes. Il n'y avait pas un
libéral.
M. Lalonde: Oui, je suis là.
M. Grégoire: II faut que ce soit inscrit dans le livre des
minutes, qu'il n'y avait pas un seul libéral, lors du vote. C'est la
deuxième fois que cela se produit.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Frontenac! Nous revenons donc...
M. Grégoire: Par chance et je félicite le
député de Richmond d'être présent.
Le Président (M. Dussault): Nous revenons donc à
l'article 2 du projet de loi. L'article 2 est-il adopté?
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: L'article 2 apporte du nouveau dans la
législation des sociétés d'Etat. J'ai donné des
exemples un peu plus tôt ce matin d'autres sociétés d'Etat
incorporées en vertu de lois, naturellement, soit sous un gouvernement
unioniste, soit sous un gouvernement libéral, et j'ai fait état
de la continuité de la tradition qui veut que la région où
le siège social sera situé soit déterminée dans la
loi. Le débat sur les motions d'amendement a donné lieu à
un certain nombre de précisions; c'est-à-dire qu'on a
précisé les imprécisions de la politique du gouvernement.
Il reste que c'est tout à fait inusité qu'une
société soit incorporée par le gouvernement. Je pense
qu'on doit dénoncer actuellement, au moment de la motion principale de
cet article, le caractère d'improvisation, le manque de
préparation, l'amateurisme du gouvernement dans la loi qu'il nous
propose. Quand on arrivera à l'article 3 j'ai hâte
d'arriver à l'article 3 parce qu'il y a là quelque chose d'encore
pire on verra jusqu'à quel point ce projet de loi a
été garroché comme si ce qu'il contenait n'était
pas important, mais que ce qui comptait, c'était le contenant.
M. le Président, je constate qu'il est 12 h 30.
Le Président (M. Dussault): A ma connaissance, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, nos travaux se terminent à
13 heures. Ce n'est que le mercredi que nos travaux se terminent à 12 h
30.
M. Lalonde: Je regrette, M. le Président, mais depuis
qu'on siège à 14 heures, à l'Assemblée
nationale...
Le Président (M. Dussault): A moins que vous me
fassiez...
M. Laplante: Depuis que l'Assemblée nationale siège
à 14 heures, on termine ici à 12 h 30.
M. Lalonde: ... le mardi et le jeudi, on termine à 12 h
30.
Le Président (M. Dussault): II n'est jamais trop tard
pour...
M. Lalonde: Pour apprendre.
Le Président (M. Dussault): ... apprendre certaines
choses, vous avez raison. Etant donné que l'Assemblée nationale
siège cet après-midi à 14 heures, les travaux seront
ajournés sine die.
M. Lalonde: C'est cela.
Le Président (M. Dussault): Les travaux de la commission
parlementaire sont ajournés sine die. Merci!
(Suspension de la séance à 12 h 30)
Reprise de la séance à 15 h 45
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Bérubé (Matane), M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu
(Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Grégoire (Frontenac), M.
Laplante (Bourassa), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt
(Saint-François) et M. Raynauld (Outremont). A l'ordre, s'il vous
plaît!
Les intervenants sont: M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Garneau
(Jean-Talon) est remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys).
M. Lalonde: Remplacez-le par M. Raynauld et je vais remplacer M.
Raynauld comme membre.
Une Voix: Vous voulez voter cet après-midi.
M. Bérubé: J'espère que le journal des
Débats aura enregistré que le député de
Marguerite-Bourgeoys a souligné les départs fréquents et
répétés du député d'Outremont.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Raynauld (Outremont) comme
membre et M. Raynauld (Outremont) remplace M. Garneau (Jean-Talon) comme
intervenant; M. Landry (Fabre), M. Gratton (Gatineau) remplace M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue); M. Léger (Lafontaine),
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Paquette (Rosemont), M.
Roy (Beauce-Sud) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Je pense que ce matin vous étiez revenus à la motion
principale.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement. Il s'est produit ce matin quelque chose qu'on ne voit pas
souvent, soit l'absence totale des membres permanents représentant le
Parti libéral à la commission, de sorte que, lorsqu'il y a eu un
vote à prendre sur une motion même d'un membre intervenant, il n'y
a même pas eu un député libéral ici pour voter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Est-ce une directive ou une question de règlement?
M. Grégoire: Oui, je demande une directive, M. le
Président. Ne pourriez-vous pas demander a nos collègues d'en
face d être au moins presents à la période des votes pour
qu on puisse savoir quelle est leur opinion, surtout quand c est une motion.
C'est la deuxième fois que cela se produit depuis le début de la
commission.
M. Lalonde: Vous l'avez laissé parler, nous allons en
parler, c'est sûr.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n est
pas une question de règlement.
M. Lalonde: Vous l'avez laissé parler, nous allons
répondre.
M. Laplante: On en fait une question de directive.
M. Grégoire: C'est une question de directive. M.
Lalonde: Quelle est la directive?
M. Grégoire: De vous prévenir que vous devriez
être ici au moins lorsque viennent les votes sur vos propres motions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: Ce n'est pas cela des directives. Si on veut
être absent, on sera absent.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question des
directives...
M. Grégoire: Surtout, M. le Président, que ce sont
eux qui, l'autre jour, blâmaient le ministre d'être absent, alors
qu'ils sont tous absents. C'est épouvantable!
M. Lalonde: M. le Président, quand même, la
vérité a ses droits. Les bouffonneries du député
de...
Une Voix: C est la seule réponse.
M. Lalonde: ... Frontenac c'est vrai ont des
limites. Il est exact qu'avec le nouveau règlement sessionnel, il arrive
que des intervenants étant presents à la commission parlementaire
et des membres devant s'absenter au moment du vote, c est comme si tout un
parti était absent de la commission parlementaire. A cet égard,
j'ai d'ailleurs parlé avec le leader de l'Opposition officielle à
midi, et nous aurons sûrement des suggestions à faire pour amender
ce règlement, éventuellement, pour que cette apparence qui est,
de fait, une aberration...
M. Bérubé: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y a
pas de question de règlement ni de la part du député de
Frontenac, ni de la part du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Qu'un amendement soit fait pour empêcher cette
espèce de situation un peu irrégulière, je l'avoue, mais
que le règlement nous impose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 2, sera-t-il adopté?
Une Voix: Oui.
Une Voix: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, il y a effectivement eu un
certain nombre de votes pris de façon précipitée dans le
grand espoir qu'avait le député de Frontenac qu'on puisse
finalement sortir de ce sujet fort embarrassant pour lui, et d'autant plus
embarrassant que ses efforts désespérés pour convaincre
son ministre et ses collègues se sont soldés par un échec
assez misérable.
M. Grégoire: Vous ne m'avez pas aidé assez
fort.
M. Forget: C est un échec qui l'embarrasse, parce que,
étant député de la région de Thetford Mines, le
député de Frontenac devra rentrer bredouille chez lui avec une
loi qui risque d'être adoptée dans un contexte complètement
inusité. Ce sera la première loi que l'Assemblée nationale
aura adopté une loi créant une société d'Etat,
où le siège social n'est pas fixé par la loi. C'est un
précédent qu'on crée en l'honneur du député
de Frontenac, parce que le gouvernement veut bien se donner des airs
d'écouter ceux qui plaident en faveur de la ville de Thetford Mines,
mais prend bien soin de ne pas s'engager dans ce sens-là, de quelque
façon que ce soit, et laisse toutes les portes ouvertes, créant
en cela une nouvelle tradition, qui n a jamais existé dans le
passé, de ne pas mentionner le lieu du siège social.
M. Bérubé: C est une ouverture d'esprit.
M. Forget: C'est une ouverture d esprit qui frôle la
dérobade et le manque de courage de la part du ministre. On a eu le
spectacle assez révélateur des ambitions de chacun des ministres
de la majorité ministérielle pour avoir dans son comté le
siège social de la Société de l'amiante.
Il s'agit là d une tentative ouverte de faire jouer le bon
patronage péquiste, j'imagine, mais c est assez désolant de voir,
sur un aspect malgré tout secondaire, sur le plan de la politique
gouvernementale, un gouvernement incapable d'imposer une orientation commune
à ses députés, incapable de leur faire abandonner l'esprit
de clocher, incapable de dire le choix du siège social, le lieu
d'implantation du siège social: Ce sera à Thetford Mines, mais
devant reculer devant une échéance, sous prétexte qu'on
n'a pas assez longuement étudié le sujet, ce qui est une excuse
qui, d'ailleurs, convient fort bien au sujet et au ministre on se
doutait un peu que toutes ces études n étaient pas
complétées mais, sur ce point, il n'y a vraiment pas de
raison de différer la décision, parce que les études pour
l'implantation du siège social, ne sont pas longues à mener,
elles sont évidentes, leurs conclusions sont évidentes, et on ne
peut certainement pas expliquer par l'absence d'études, une
décision, ou une absence de décision qui découle
normalement des conditions concrètes dans lesquelles l'industrie de
l'amiante se trouve. Elle se trouve concentrée géographi-quement
dans une région, il ne s'agit pas d'étudier
longtemps la géographie économique du Québec pour
se rendre compte de cette vérité élémentaire.
Cependant, encore une fois, devant les pressions multiples auxquelles les
députés, privément, je n'en doute pas, et même
publiquement, ce matin, hier soir, se sont livrés vis-à-vis du
ministre, vis-à-vis le "lobbying" intense auquel les hauts
fonctionnaires du ministre, hauts fonctionnaires qu il écoute...
M. Bérubé: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, sur une question de règlement.
M. Bérubé: M. le Président, j en ferais
peut-être une question de directive. Est-ce qu'il est possible pour un
député de revenir sur une question qui a fait l'objet d'un vote
et qui a permis, finalement, de prendre une décision?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que le député de Saint-Laurent, actuellement, est dans la
pertinence du débat, puisque l'article 2 parle du siège social,
à l'endroit déterminé par le gouvernement; les motions ont
été défaites, mais, à ce que je constate, le
député de Saint-Laurent parle de la localisation du siège
social. Je pense qu'il est dans son droit actuellement.
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
M. Forget: Le supplice du ministre et le supplice du
député de Frontenac vont persister encore pendant quelques
minutes.
M. Bérubé: Encore quatre minutes qu'on vient de me
dire, ce qui fait que cela me soulage et ça va me permettre de vous
entendre.
M. Forget: Je vois que vous comptez les minutes avec impatience,
ce qui démontre que les arguments qu'on avance sont effectivement des
arguments pour lesquels vous n'avez pas de réponse. Vous avez
avancé, je devrais dire, M. le Président, le ministre a
avancé une justification qui est le clou ou la cerise sur le "sundae" de
son argumentation là-dessus. Il a dit: II faudra que les membres du
conseil d'administration nous donnent des avis là-dessus. Or, on sait
comment sont désignés les membres du conseil d'administration.
Pour rappeler cette magnifique procédure de la loi, M. le
Président, ils sont élus, les membres du conseil
d'administration.
M. Bérubé: On parle d'un article que nous aurons
à discuter dans quelques jours.
M. Forget: Ils sont élus par les actionnaires, les
actionnaires se résumant à un individu qui est le ministre des
Finances. C est donc le ministre des Finances qui va choisir les membres du
conseil d'administration et ce sont les membres du conseil d administration qui
vont donner un avis au ministre des Richesses naturelles.
Et c'est sur cet avis indépendant et autonome du conseil
d'administration de la Société de l'amiante que le ministre va se
reposer pour prétendre, à l'Assemblée nationale, dans
quelques mois, qu ayant reçu cet avis autonome et indépendant qui
démontrait au-delà de tout doute, dans une étude non
publiée, que le siège social de la société devrait
se trouver à Québec ou à Montréal, étant
donné qu ils ont des projets dans la région du Nord-Ouest du
Québec, que, tout en tenant dûment compte des
représentations de toutes les régions impliquées, de la
région de I'amiante en particulier, il doit à regret se ranger de
I avis de ses experts et de ce conseil d'administration.
C est probablement le scénario qu'il nous prépare,
puisqu'il n'y a pas de doute que les experts du ministre, ses fonctionnaires,
sont moins sensibles que le député de Frontenac aux
préoccupations de la population locale de Thetford Mines et qu ils
préfèrent très certainement les aménités
sociales qui accompagnent la résidence dans la ville de Québec ou
la ville de Montréal aux déplacements que leur imposerait I
établissement du siège social dans la ville de Thetford Mines.
Comme dans le passé on a vu souvent le gouvernement changer d'avis sous
I impulsion de ses fonctionnaires, particulièrement dans ce dossier. On
nous prépare donc ce genre de réponse. On se
prépare...
M. Bérubé: Sous votre régime.
M. Forget: Sous le vôtre, M. le ministre. Vous avez
changé d'opinion deux fois en un an au sujet de I'amiante pour tomber
pile sur l'opinion conforme à celle exprimée par les
fonctionnaires avant même que vous ne soyez nommé ministre. C est
une curieuse coïncidence qui va se répéter et ce que je peux
vous affirmer, c est que vos fonctionnaires vont préférer vivre
à Québec que d'aller s expatrier à Thetford Mines.
C est la conclusion sur laquelle vous allez déboucher parce que
vous n avez pas voulu prendre vos responsabilités dans cette affaire,
vous n avez pas voulu indiquer une orientation claire qui aurait
été suivie par votre caucus. On a eu le spectacle de la
désunion et de I esprit de clocher. Ce n est pas en vous cachant
derrière les fonctionnaires, derrière un conseil d administration
que vous allez nommer et non pas un conseil d'administration élu,
contrairement à ce que prétend la loi de façon
fallacieuse... ce sont vos propres créatures qui vont vous donner ce
conseil, conseil que vous allez écouter, comme vous avez
écouté les autres.
C est donc avec beaucoup de regret quon doit fermer ce chapitre, en
quelque sorte, de la loi, cet article 2, refermer le couvercle sur le cercueil
des espoirs du député de Frontenac. Il va devoir emporter chez
lui ses espoirs, et essayer de convaincre ses commettants que les efforts qu il
a déployés, malgré son titre d adjoint parlementaire au
ministre des Richesses naturelles, tout cela ne lui a servi à rien, ses
paroles n'ont servi à rien.
Je suppose qu'il était sincère, M. le Président, je
suppose et j'espère pour lui qu'il n'a pas simplement voulu donner le
change à la population de Thetford Mines en prenant la parole et en
essayant, par beaucoup de mots qui se voulaient des mots d'esprit, de faire
croire à une association avec l'amendement présenté par le
Parti libéral. J'espère qu'il était sincère. Mais,
à tout événement, sincère ou pas, cela n'a aucune
espèce d'importance, le ministre n'a pas été
impressionné et ses collègues ministériels non plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Richmond. M. le député de
Mercier.
M. Godin: M. le Président, le député de
Saint-Laurent, il y a deux jours, a invoqué les mêmes arguments de
méfiance à l'égard de la fonction publique. Ce sont des
arguments qui m étonnent beaucoup dans la bouche d'une personne qui a
été ministre et qui, sûrement, ne peuvent que
témoigner de la confiance que lui ont manifestée ses
fonctionnaires à l'époque où il était
là.
M. Bérubé: Ses ex-fonctionnaires.
M. Godin: Et lui-même l'a été. Mais cela fait
deux fois qu'il revient à ces arguments, M. le Président, et je
trouve cela...
M. Forget: Je sais ce dont je parle, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre! (76 heures)
M. Godin: ... je trouve cela... Si vous avez des cas, M. le
député, faites-les-nous connaître publiquement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Forget: La nature humaine ne se dément pas.
M. Lalonde: Un seul.
M. Godin: Cessez de laisser planer un doute sur...
M. Forget: Ce n'est pas un doute, c'est une affirmation.
M. Godin: Cessez de faire des affirmations gratuites, alors. Ou
donnez des cas et des noms précis de manipulation de ministres par les
fonctionnaires.
M. Forget: Nous n'avons pas les noms. On vous les a
demandés, on ne les a pas encore.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: Donnez des cas précis de manipulation.
Personnellement, M. le Président, je m'inscris en faux contre ce genre
de remarques. Si on a des cas précis à donner de manipulation des
ministres par les fonctionnaires, qu'on les donne, sinon qu'on ne laisse pas
planer le discrédit sur l'ensemble de la fonction publique.
M. Forget: Qu'on nous laisse entendre ces fonctionnaires et on
saura quel est leur avis.
M. Godin: Laissez-moi parler. M. le Président, est-ce que
c'est moi qui ai la parole?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
vous, M. le député de Mercier.
M. Godin: Merci, M. le Président. Ces procès
d'intention sont, pour reprendre les mots de mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys ce matin, dégradants. C'est de la mesquinerie et,
si le député de Saint-Laurent a des suggestions précises
à faire pour arriver au résultat visé, qu'il les fasse
ici, M. le Président, mais qu'il cesse de faire planer un doute sur
l'ensemble de la fonction publique dont, comme gouvernement nouvellement
élu, nous sommes satisfaits jusqu'à maintenant et...
M. Forget: Ce n'est pas sur la fonction publique que les doutes
planent, c'est sur le ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Laplante: ... les fonctionnaires.
M. Forget: II a une attitude servile vis-à-vis de ses
conseillers. Il est tout à fait légitime pour ses conseillers de
préférer vivre à Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, s'il vous plaît.
M. Laplante: Vous avez bien dit les fonctionnaires.
M. Godin: S'il a des cas, qu'il les donne; sinon, qu'il se taise,
M. le Président. Je n'accepterai pas qu'on attaque ici impunément
la réputation, le sérieux des gens qui conseillent le
gouvernement.
M. Lalonde: C est touchant. Vous m'avez fait pleurer.
M. Raynauld: M. le Président...
M. Bérubé: M. le député d Outremont
est parmi nous.
M. Raynauld: ... comme je ne parle pas souvent, je demanderais
peut-être au ministre de cesser de faire...
M. Bérubé: C'est juste, il ne parle pas
souvent.
M. Raynauld: ... des attaques continuelles. La décision de
placer un siège social devrait, je pense, être annoncée au
moment même où on annonce le projet de loi, parce que, lorsqu une
décision comme celle-là n est pas prise au moment où elle
devrait être prise, cela crée des conflits inutiles. Lorsque le
ministre nous dit qu on ne peut quand même pas décider d'une
question comme celle-là sans avoir fait des études, comme il l'a
fait ce matin, j aurais espéré, franchement, que les
études aient été faites. Je pense qu il n y a pas de
caractéristique plus claire que, là encore, on a improvisé
des choses puisque, même sur une question aussi simple au fond, que la
décision de placer un siège social à un endroit
plutôt qu à un autre, la décision n est pas prise.
Si le ministre avoue aujourd hui qu il faut faire des études pour
prendre une décision comme celle-là, je me demande dans quel
état seront les études pour justifier l'ensemble du projet de
loi. Il est évident également, mon collègue de
Saint-Laurent l'a souligné tout à l'heure, qu'une décision
comme celle-là entraîne des conséquences pour les
fonctionnaires, entraîne des conséquences pour l'ensemble de la
politique que le gouvernement veut poursuivre en matière de
décentralisation ou de centralisation des services.
Il me semble que c était quand même, dans cette perspective
de décentralisation, une occasion, une bonne occasion d'indiquer
dès maintenant quelle était la volonté du gouvernement en
cette matière. Qu'on n aille pas invoquer le fait, comme le ministre l'a
fait ce matin, qu il y a un conseil d administration qui va décider de
ça, puisque non seulement est-ce inexact sur le plan de I
économie de la loi, puisque I'article 2 dit qu'il y a un endroit
déterminé par le gouvernement... Il n'a jamais été
dit que cet endroit serait déterminé par le conseil
d'administration, il est déterminé par le gouvernement.
S il avait été convenu que ce serait le conseil d
administration qui déciderait de cela, on I'aurait marqué dans la
loi, à I'article 2. Ce n'est pas ça qu'on a fait. On dit que c
est déterminé par le gouvernement. Alors, nous demandons que le
gouvernement le décide. Encore une fois, je pense que c'est une position
tout à fait acceptable que de demander que, dans des lois de ce genre,
on indique dès maintenant où se trouve la direction des
sociétés que Ion crée.
On a fait état de nombreux précédents à cet
égard. Dans presque toutes les lois établissant des
sociétés de ce genre, on indique où se trouve, au moins
dans les grandes lignes, le siège de la société. Dans ce
cas-ci, il est évident qu'on n'a pas voulu prendre la décision.
Ce n'est pas parce qu'on manquait d études, ce n est pas parce qu'on
attendait le conseil d administration, c'est parce qu on a trouvé
opportun de ne pas prendre la décision. J'aurais aimé entendre
les raisons pour lesquelles le gouvernement décide de reporter à
plus tard, de ne pas suivre les précédents créés
lorsquon a créé des sociétés semblables, pour
justifier de ne pas prendre la décision de le faire.
Sur le fond, je crois qu'il y a quand même là des
considérations qui ont une très grande importance. Je pense que
ce n est pas du tout indifférent que de penser que le siège
social d une société puisse être à Thetford Mines,
à Sherbrooke, à Québec ou à Montréal.
Je pense que des décisions comme celles-là doivent
être des solutions cohérentes avec I'ensemble des politiques du
gouvernement. Je ne pense pas que cela doive être une décision ad
hoc, une décision qui soit prise, soit en fonction des
intérêts des députés des régions
concernées, soit en fonction des intérêts des
fonctionnaires, soit en fonction de toute autre considération.
Il me semble que de déterminer où se trouvent les
sièges sociaux, c est aussi important que de déterminer ou
pourraient être les services gouvernementaux, si on décide et
qu'on pense que c'est très important, dans une politique de
décentralisation, de placer des services de planification, de la
justice, ou que sais-je encore, en Gaspésie, au Saguenay-Lac-Saint-Jean
ou dans le Nord-Ouest québécois, parce que I'on veut stimuler ces
régions.
Je pense que la décision de placer un siège social comme
celui-ci, qui aura une très grande importance, a un endroit ou à
un autre, n est pas du tout une décision marginale et secondaire. Au
contraire, c est une décision, a mon sens, d une très grande
importance. Il me semble que cela aurait dû faire partie des politiques d
ensemble du ministère, relativement a I amiante.
C est une décision qui affecte certainement des régions
bien identifiées, mais en plus, elle pourrait donner une stimulation a
certaines de ces régions, sous des formes fort intéressantes
parce qu'elles vont représenter une diversification très grande
de cette activité. Les activités d un siège social ne sont
pas les mêmes que les activités minières, ne sont pas les
mêmes que les activités de transformation. Ce n est pas le
même genre de personnel, ce n est pas non plus le même genre de
ressources humaines, de ressources de spécialisation, par exemple,
ressources techniques, que dans le cas d autres activités. il me semble
que la décision de placer le siège social de la
Société de I'amiante à Thetford, à Quebec, à
Montréal ou à Sherbrooke, est une décision d'une
très grande importance, qui aurait du être prise, encore une fois,
certainement après des études, mais dans un cadre
général, dans un cadre d'une politique gouvernementale et
visiblement, cette politique n'a pas été
déterminée, n'a pas été définie.
Visiblement, on n a pas examine cette question a temps pour qu'on puisse,
à I'occasion du depot du projet de loi et a I'occasion de cette
décision de créer la société, au même moment,
simultanément, placer a I'article 2. I'endroit ou se trouverait le
siège de cette société.
Il me semble qu'on a là un exemple, je dirais, d une
improvisation, si on entend le mot au sens littéral du terme, c
est-à-dire qu'on a précipité une décision sans en
connaître et sans en tirer toutes les conséquences. La
décision concernant la localisation du siège social de la
société est une décision importante qui aurait dû
faire partie de cette
réflexion antérieure au dépôt du projet de
loi et faire partie encore une fois des éléments centraux de la
politique de I amiante du gouvernement du Québec.
C'est pour cette raison que je regrette, pour ma part, qu'on ait
rejeté la suggestion faite ce matin, parce qu'il me semble qu'au moins,
à première vue, de placer le siège social de la
Société nationale de l'amiante à Thetford Mines
était, il me semble en tout cas, une décision qui aurait
été, au moins à première vue, cohérente avec
une politique de décentralisation que prétend défendre le
gouvernement du Québec en tout état de cause. Faute de mieux;
faute de cette réflexion qui aurait dû avoir lieu et qui n'a pas
été faite, je pense que le ministre devrait cesser d'accuser
I'Opposition, puisque ce n est pas à nous de préparer ces
études, ce n'est pas à nous de faire la réflexion non
plus; il appartenait au gouvernement de réfléchira ces questions,
de faire les études dont il pensait avoir besoin et d'en arriver
à fixer, dans le projet, la localisation du siège de la
société.
Je regrette que cette proposition, cette motion n ait pas
été acceptée. Je regrette également que le
gouvernement ne soit pas revenu avec d'autres propositions, s'il croyait que
celles qui étaient suggérées par l'Opposition n
étaient pas acceptables. Pour cette raison, je voterai certainement
contre l'adoption de l'article 2 sous sa forme actuelle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je voudrais
uniquement ajouter quelques mots à la présentation du
député d'Outremont, d'une part, parce que j'ai I'impression qu il
ne comprend pas vraiment le sens du travail parlementaire auquel nous sommes
appelés à contribuer.
En effet, lorsque nous discutons d'une loi, d'un cadre de
fonctionnement, nous ne prétendons pas, comme parlementaires, nous
substituer à lexécutif. Il faut bien comprendre le système
britannique qui fait une distribution très nette entre I exécutif
et le parlementaire.
Au niveau du parlementaire; nous définissons des cadres
généraux. Nous évitons de nous mêler des
décisions quotidiennes d'administration, lesquelles décisions
quotidiennes d'administration sont normalement prises par
l'exécutif.
Une décision du type de celle qui est la localisation d'un
siège social, évidemment, c'est une décision
administrative. La plus belle preuve c'est que, même dans I'amendement
proposé par le Parti libéral, on y constate qu'on ajoute à
cet amendement la possibilité quon puisse modifier le siège
social à la lumière des recommandations éventuelles du
conseil d administration, le tout étant soumis au gouvernement et non
à I Assemblée nationale.
En d autres termes l'Opposition reconnaît que la décision
finale, quant à la localisation d'un siège social, relève
de l'exécutif, et non du législatif. C'est donc à
I'exécutif de prendre ses déci- sions quotidiennes,
concrètes, concernant la gestion quotidienne de l'Etat, alors qu'il
appartient au législatif, ce que le député d'Outremont ne
comprend pas... Je pense que lorsqu'il s'est lancé en politique, il
espérait, évidemment, aller au pouvoir et être ministre. Il
n'a pas encore compris qu'étant député, il doit accepter
le processus législatif traditionnel.
Il doit donc s'efforcer de définir les cadres
généraux des décisions gouvernementales, et non de prendre
les décisions à la place du gouvernement.
On a pu constater autour de cette table que le député de
Richmond trouvait que local iser le siège social à Thetford
présentait des inconvénients, compte tenu qu'il avait des raisons
à invoquer en faveur de la localisation à Asbestos. On a vu le
député de Saint-François souligner la possibilité
d'implanter le siège social à Sherbrooke. On a vu
également d autres députés intervenir, notamment le
député d'Abitibi, concernant la possibilité d'implanter le
siège social dans sa région.
On a donc constaté qu'il n'appartient pas au législatif de
prendre des décisions administratives, mais il appartient certainement
aux députés de faire valoir les arguments politiques favorables
à I'implantation d'un siège social dans leur territoire. Il faut
donc se retourner vers l'exécutif. Or, qu'est-ce que l'exécutif
de cette Assemblée nationale a comme politique?
La première politique a été soulignée par le
passage d'un arrêté en conseil ou d'un décret
gouvernemental. Il est connu de tous, il est public, à savoir que tous
les nouveaux organismes gouvernementaux, désormais, devront s'implanter
en dehors des grands centres traditionnels que sont Montréal et
Québec, à moins que l'on puisse démontrer hors de tout
doute qu'ils subiraient un préjudice appréciable du fait qu'ils
soient localisés ailleurs que dans ces deux centres. Par
conséquent, la politique de l'exécutif a été
présentée. Elle peut être critiquée par
l'Opposition, mais elle ne fait aucun doute quant à l'intention du
gouvernement de décentraliser.
Cependant, je dois souligner ma présentation de ce matin, les
décisions qui doivent affecter la localisation d'un siège social
doivent être basées essentiellement sur une analyse
sérieuse. Elle doivent être basées également sur une
analyse faite par les gens qui seront impliqués dans cette
société, puisqu il s agit là vraiment d'une
société qui a tout de même, comme conseil d'administration
le pouvoir de réfléchir quant à son siège social,
quant à la localisation de son siège social. (16 h 15)
Je trouve également un peu bizarre que le député
d'Outremont, que nous n'avons vu que très rarement à cette
commission, veuille intervenir sur cette question alors qu'il n est à
peu près jamais présent. Je dois dire que le député
de Richmond participe à nos débats, le député de
Richmond a une position beaucoup plus objective sur cette question. Même
le député de Marguerite-Bourgeoys, qui participe il faut
l'en féliciter très régulièrement à
nos travaux, a eu une
position que j'estime passablement objective. Quant au
député de Saint-Laurent, à nouveau il est absent.
Par conséquent, ce qui me frappe, c'est que les quelques rares
députés qui s'opposent à la position gouvernementale sont
des députés qui, finalement, ne participent pas à nos
travaux; ils sont absolument incapables d'apprécier les arguments que
nous avons invoqués parce qu'ils n'étaient pas présents
lorsque nous les avons invoqués. Dans ces conditions, M. le
Président, je pense que nous devrions appeler l'article 2 et le voter le
plus rapidement possible.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'aimerais poser deux questions avant de dire
quelques mots sur la motion principale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
M. Lalonde: Oui. Je voudrais savoir si le député de
Frontenac a démissionné comme adjoint parlementaire: il n'est pas
à son siège actuellement... Le voilà. On peut lui poser la
question.
M. Bérubé: II a certainement
démissionné du Parti libéral.
M. Lalonde: Est-ce qu il a démissionné comme
adjoint parlementaire du ministre des Richesses naturelles?
M. Grégoire: Pas encore, non. M. Lalonde: Pas
encore.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: Est-ce que le député voudrait
que...
M. Lalonde: Voilà, M. le Président, on sera encore
dans le mystère et l'attente.
M. Grégoire: Est-ce que le député voudrait
que je le fasse?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Je voudrais simplement que le député
ait le courage de ses opinions. Je lui laisse la façon d'appliquer ce
courage à ses actes.
M. Grégoire: Oui.
M. Lalonde: Voici ma deuxième question. Je me demande si
on discute vraiment d'un problème réel. Je lis dans le Devoir de
ce matin le titre suivant: Le siège social de la Société
de l'amiante sera à Thetford.
M. Grégoire: Bonne nouvelle.
M. Lalonde: C est sous la signature... Peut-être pas le
titre, mais I'article est de M. André Bellemare de la Presse canadienne
qui a suivi avec beaucoup d'assiduité, malgré le vide...
M. Laplante: Ce n est pas lui qui a écrit le titre.
M. Lalonde: C est cela que je dis. Il a signé I article et
non pas le titre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: Est-ce que vous voudriez le faire
comparaître à la barre des témoins?
M. Lalonde: Je voudrais savoir si le gouvernement a
décidé, malgré son opposition à notre amendement, d
installer le siège social à Thetford? Est-ce que le ministre peut
répondre à ma question? Y a-t-il eu une décision de prise
selon laquelle le siège social de la société de l'amiante
sera a Thetford? Parce que c'est le titre d'un journal très
crédible.
M. Laplante: Mais il faudrait... Une Voix: II faudrait le
souligner.
M. Laplante: II faudrait qu'on lise le haut aussi, par exemple.
Elle a deux volets, la manchette.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Alors, il n'y a pas eu de décision à ce
sujet?
M. Bérubé: M. le Président, ce qu on me
soulignait ce matin, c est que, malheureusement, je ne dis pas le journaliste,
mais bien le titreur du journal qui travaillait à cet article, a fait
une erreur puisqu'il a supposé que, parce que l'Opposition
libérale présentait un amendement quant à la localisation
du siège social à Thetford, le gouvernement était à
ce point soumis à l'Opposition libérale qu automatiquement il
accepterait. Malheureusement, il n était pas au courant que cette motion
du Parti libéral avait été défaite. Il faudrait
mettre le titreur au courant.
M. Lalonde: Alors, M. le Président, je compte bien que le
titreur...
M. Godin: C'est peut-être l'influence de l'an-cien
directeur du Devoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: ... du Devoir, demain, pourra
écrire: Le siège social de la Société de I
amiante ne sera pas à Thetford...
M. Bérubé: Ah, je regrette infiniment... M. le
Président...
M. Lalonde: Alors, là, les gens de Thetford seront
très heureux et pourront féliciter leur député, le
député de Frontenac, de l'influence qu'il a à I
intérieur de son caucus.
M. Bérubé: Suite à la question que le
député de Marguerite-Bourgeoys m'a posée, je dois dire que
cette commission, à ma connaissance, n'a pas décidé que le
conseil d'administration ou que le siège social de cette
société ne serait pas à Thetford. Au contraire, je ne
serais pas du tout surpris de voir le siège social de la future
Société nationale de I'amiante établi dans la
région de I'amiante et, très possiblement, dans la région
de Thetford. Néanmoins, je prétends laisser à
I'exécutif...
M. Grégoire: Là, c'est une bonne nouvelle!
M. Bérubé: Néanmoins...
M. Grégoire: II y a eu deux événements
marquants aujourd hui.
M. Lalonde: Alors, on pourra avoir le même titre demain,
à ce moment, on arrêtera et on passera a autre chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Bérubé: Mais passez donc a autre chose, mon cher
collègue.
M. Grégoire: II vient de dire que le siege social serait
possiblement a Thetford. Bonne nouvelle! M. le Président, je crois qu'il
faut s arrêter sur cette bonne nouvelle. Je suis heureux de ce que le
ministre vient de dire. C'est la deuxième bonne nouvelle de la
journée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, vous n'avez pas le droit de parole. S'il
vous plaît! Après, si vous le demandez.
M. Gratton: Faites attention, la Régie de I'assurance
automobile devait aller a Hull et on ne I'a pas vu installée la
encore.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre vient de nous
faire une leçon de législation. C'était réellement
touchant de l'entendre faire la leçon aux petits députés
ministériels, nouveaux en la matière, et nous dire que la loi
doit établir les cadres de fonctionnement de la société,
que l'exécutif a le devoir de voir aux choses sérieuses, mais que
les membres du pouvoir législatif n'ont qu'à désigner les
grandes orientations, les cadres généraux. Les décisions
quotidiennes d'administration, a-t-il dit, doivent être laissées
à l'exécutif.
Il semble que, dans I'esprit du ministre, l'établissement d un
siège social, c'est une décision quotidienne d'administration. Je
pense qu'on devrait rappeler au ministre que l'établissement des
sièges sociaux des grandes entreprises comme, j'espère, le
deviendra la Société nationale de l'amiante, si on lui confie
toutes les activités qu'on veut bien nous laisser entendre actuellement,
l'établissement et les déplacements de sièges sociaux de
grandes entreprises, avec les retombées économiques et sociales
qu'ils entraînent, ne sont pas des décisions administratives
quotidiennes. On l'a vu dans le déplacement du siège social d'une
grande entreprise d'assurances, qui a soulevé un tollé dans toute
la population. Si c'est ce genre de décisions administratives peu
importantes, secondaires, que le ministre veut laisser à
l'exécutif, M. le Président, je pense que les législateurs
n'ont absolument rien à faire ici. Qu'on ne nous demande pas d'examiner
un projet de loi article par article à ce moment-là. Le ministre
devrait savoir que la législation déléguée a
atteint, dans le Québec moderne et, en fait, dans tous les
régimes démocratiques modernes, une importance qui
inquiète beaucoup de personnes responsables. Il y a une réaction
à l'ampleur énorme qui a été donnée ces
dernières années à la législation
déléguée. Des organismes ont réagi. Je me souviens
que le Barreau, par exemple, a présenté un mémoire qui a
d'ailleurs été entendu par l'ancien gouvernement et aussi repris
par le nouveau gouvernement, dans le discours inaugural. Je crois que c'est
dans le discours inaugural que l'on retrouve une proposition que le
gouvernement veut mettre sur pied, à savoir que la législation
déléguée serait désormais soumise, en quelque
sorte, à une commission parlementaire spéciale. Ceci
démontre jusqu'à quel point on doit revenir en arrière et
être de plus en plus sévère, de plus en plus rigoureux
quant au fait de confier à la législation
déléguée des secteurs entiers de la législation,
tel qu'on le fait et qu on le fait de plus en plus.
M. le Président, le ministre a invoqué
l'intérêt des députés. Il a mentionné
certains députés de cette commission pour conclure au besoin de
laisser la décision au ministre. Je ne l'ai pas suivi. Je regrette. Si,
réellement, les députés ont démontré un
intérêt aussi évident à la question de savoir
où le siège social de la Société nationale de
l'amiante serait situé, c'est bien justement la preuve que ce doit
être laissé aux députés de décider où
ce sera situé et non pas dire: Voici, les députés sont
intéressés, ce sont donc les ministres qui vont décider.
Je pense, M. le Président, que c est un argument autodestructeur qui ne
supporte pas du tout la conclusion que le ministre a bien voulu lui donner.
M. Bérubé: II s'autodétruit.
M. Lalonde: La participation des députés à
cette commission parlementaire a été le dernier argument du
ministre. Je ne sais pas ce que cela venait y faire. Je sais qu étant
donné qu il s'est fait rappeler à I ordre par l'Opposition
officielle à
cause de ses nombreuses absences, le ministre est devenu chatouilleux
quant aux présences des députés, mais je dois dire que,
depuis quelques jours, il est là, nous le surveillons et nous allons
voir, selon sa conduite, si nous pouvons lui décerner
éventuellement un certificat. C est quand même un bon
départ et je l'encourage à continuer. M. le Président, le
siège social de la société d'Etat a toujours
été désigné dans la loi quant au lieu où il
doit être situé.
M. Godin: Mais non! M. le Président, le propre office de
la langue française, une de ses plus belles réalisations...
M. Laplante: C est de la démagogie, ce n est que cela
qu'ils font.
M. Godin: ... M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
il y avait deux sites indiqués avec un choix. Il ne faudrait quand
même pas se laisser emplir par l'Opposition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Vous n'avez pas le droit de parole, M. le député de
Mercier.
M. Godin: Je le sais, mais je ne peux pas endurer ça.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Question de règlement. D abord, comme vous
l'avez vous-même constaté, le députe de Mercier n'avait pas
le droit de parole, donc n'aurait pas dû intervenir...
M. Godin: Etes-vous président ici? Il me l'a
déjà dit.
M. Gratton: Deuxièmement, il a erré en disant que
c'est le député de Marguerite-Bourgeoys qui avait
présidé à l'adoption du projet de loi no 22. On sait que
le député de Marguerite-Bourgeoys a fait un excellent travail
comme responsable de l'application de la loi 22. Mais le parrain du projet de
loi était le député de...
Une Voix: François 1er.
M. Gratton: ... L Acadie, je pense, François 1er, M.
Cloutier...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Gatineau.
M. Gratton: ... et que le député de
Marguerite-Bourgeoys...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau, il ne s'agit pas d'une question de
règlement...
M. Lalonde: M. le Président, même si...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... et
vous, ancien et brillant président, vous le saviez sans doute. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Gratton: Merci, M. le ministre.
M. Lalonde: M. le Président, même si...
M. Gratton: Vous voyez que je ne dors pas au-jourd'hui.
M. Lalonde: ... le député de Mercier allait
à lencontre du règlement, M. le Président, j'ai quand
même accueilli sa question. J avais bien dit et je répète
que la loi confie à la société d Etat, c est-à-dire
désigne, dans la constitution de la société d'Etat, le
lieu de son siège social. J ai bien dit société d'Etat,
à distinguer des organismes du gouvernement.
Dans les organismes du gouvernement, il arrive qu'on laisse ça,
complètement au bon désir du gouvernement. Ainsi, dans SOQUIJ, la
Société québécoise d information juridique, qui s
appelle une société, mais qui, au fond, aurait pu être une
direction générale du ministère de la Justice, mais il
fallait y inclure toute la contribution des diverses universités, y
compris l'Université de Montréal, sur le travail
déjà commencé. C est une espèce d excroissance du
ministère de la Justice, c est une société qui est un
organisme du gouvernement comme l'Office de la langue française et
l'an-cienne régie de la langue française.
A ce moment, généralement, on laisse au gouvernement le
soin de désigner où ses propres services vont être
situés. Quoique même dans certains services, dans certains
organismes du gouvernement, on laisse un choix. On l'avait fait pour la loi 22
et on l'a retrouvé dans la loi 101. On a dit: c'est soit
Montréal, région métropolitaine, soit Québec,
région métropolitaine. Mais dans les sociétés
d'Etat je peux faire erreur, je n'ai pas fait une étude
exhaustive les seules dont je me souvienne au moins dans la
période récente depuis 1969, j'en ai donné la liste ce
matin; par exemple, pour la Société québécoise
d'initiative agro-alimentaire dont la loi a été
sanctionnée le 27 juin 1975, on dit: "la société a son
siège social dans le territoire de la Communauté urbaine de
Québec . La Société de récupération et d
exploitation des développements forestiers du Québec, appellee
communément Rexfor, a son siège social dans le territoire de la
Communauté urbaine de Québec.
Il en est ainsi de la Société québécoise
d'exploration minière dont la loi a été sanctionnée
le 15 juillet 1965. Cela date quand même d'il y a plusieurs
années. La tradition a été aussi établie et suivie
par SOQUIP, dont la loi a été adoptée le 28 novembre 1969.
Pourquoi? Parce que nous croyons qu'il appartient au législateur qui
crée la société de dire où sa tête et son
coeur seront situés.
Le conseil d administration administrera, on sait comment il sera
désigné, on l'autorise dans la
loi, mais il prendra des décisions d'administration. Quant
à savoir d'où l'action va provenir, où les
décisions vont être prises, nous croyons qu'il est important,
à cause des retombées, surtout quand on parle d'une
société aussi importante qu'elle l'est dans l'esprit du
gouvernement, comme la Société nationale de l'amiante, de par son
nom, de par la mission qu'on semble vouloir lui confier... Il me semble que
c'est au législateur je fais appel aux députés qui
sont ici à la table, qui sont des législateurs pour qu'ils
disent: C'est à nous de le désigner, surtout...
S'il s'agissait d'un secteur d'activités dispersées dans
la province, absolument...
M. Godin: S'il y a des mines découvertes ailleurs plus
tard. Est-ce qu'on peut prévoir ça?
(16 h 30)
M. Lalonde: Hypothétiquement oui. C est possible qu'on en
trouve dans le beau comté de Marguerite-Bourgeoys. J'espère qu'on
en trouvera un jour. Mais on légifère actuellement, en 1978.
M. Godin: II y en a en Abitibi, M. le député.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
siège social.
M. Lalonde: Est-ce que le député de Mercier va
quand même contester que le coeur de l'amiante, que le coeur de la
région de l'amiante est à Thetford Mines, que le coeur de
l'amiante est dans la région de l'amiante et que le coeur de la
région est à Thetford Mines? On ne peut pas contester cela.
M. Godin: On n'est pas contre Thetford Mines, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. On n'a jamais dit qu'on
était contre Thetford Mines.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
donnez une réponse.
M. Godin: Mais il me pose une question, M. le Président,
il faut que je lui réponde.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Votre
remarque est très subtile, M. le député de Mercier.
M. Godin: Qu'il cesse de m'interroger et je ne répondrai
plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que vous vous êtes senti questionné. Mais en ce qui me concerne,
je n'ai pas perçu de question.
M. Lalonde: Je demandais si le député de Mercier
conteste le...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
M. le député de Mercier, allez-y.
M. Lalonde: ... fait que la majorité des activités
d'amiante se trouve dans...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Votre
but n'était pas de poser une question, mais la phrase était sous
la forme interrogative.
M. Lalonde: M. le Président, allez-vous me dire que le
député de Mercier conteste cela?
M. Grégoire: II ne le sait pas, lui.
M. Lalonde: C est au président que je dois m'adresser. Je
n'ai pas le droit de parler au député de Mercier.
C'est évident que ce n'est pas pour rien, ni par hasard, que nous
insistons sur le droit du législateur de désigner l'endroit du
siège social. Nous invoquons, à ce moment-là, une
tradition bien établie qui l'a été par les anciens
gouvernements de l'Union Nationale, qui a été suivie par les
anciens gouvernements libéraux et qui, aussi, est conforme à une
réforme législative, à un courant qu'on essaie de refaire
à rebours, c'est-à-dire de réduire le plus possible la
législation déléguée, ou ce que l'on confie
à la législation déléguée. Le gouvernement
en a trop. Il est rendu qu'il est appelé à
légiférer littéralement quotidiennement, alors qu on se
plaint que le rôle du député, actuellement, est
réduit à presque rien, surtout pour les députés
d'arrière-ban.
M. Godin: Vous en savez quelque chose.
M. Lalonde: On est ici, autour de la table; c'est le temps, pour
les législateurs, de se lever et de dire: Non, c'est à nous de
décider cela. La tradition, vous I avez derrière vous. J'invoque
la tendance actuelle qui est même acceptée par le gouvernement, de
réduire le morceau qu'on laisse à la législation
déléguée. J'invoque, dans ce cas-ci également, un
argument encore plus actuel. Dans ce cas-ci, c'est évident qu'on ne peut
pas mettre le siège social de la Société nationale de
l'amiante à Mont-Laurier, par exemple.
M. Godin: On n'a jamais dit cela, M. le Président.
M. Lalonde: On ne laisse pas le gouvernement errer dans ce sens.
Que les législateurs disent au gouvernement où on veut qu'il
soit. C est pour cette raison que je suis contre cet article 2, qui,
d'ailleurs, est une indication...
M. Godin: Est-ce que je peux poser une question au
député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: La première qu'on a eue. dans ce projet de
loi, c est le drapeau, avec le nom de la société. Après
cela, on s aperçoit que c est de l'improvisation. Le reste, au fond,
ça ne compte pas. Le drapeau est fait et on attend tout simplement que
cela finisse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, j'avais cru, a
un moment donné, que cette demi-oreille attentive que je prête
à ces débats s était sentie légèrement
aiguillonnée, car j'ai cru entendre parler le député de
Marguerite-Bourgeoys sur un ton qui m'a impressionné, des
problèmes de la législation déléguée.
En effet, le gouvernement actuel s'inquiète de voir à quel
point on puisse confier au gouvernement beaucoup trop de décisions a
caractère souvent législatif, par le biais de lois-cadres qui
sont extrêmement vagues et qui confient au gouvernement le soin de faire
des règlements. A ce moment-là, I'essentiel de la loi
étant entre les mains du gouvernement qui prépare les
règlements et qui finalement, donne tout son sens a la loi.
Effectivement, la préoccupation du député de
Marguerite-Bourgeoys est fondée. C est une préoccupation qui
I'honore. J avais cru, a I entendre aborder ce sujet, que nous aurions eu droit
a une réflexion interressante sur le sujet. Malheureusement, il oublie
que la sélection comme telle d une ville pour un siège social, c
est véritablement une décision qui doit reposer, comme il I
admettra avec moi et je pense que le député d Outremont,
économiste de grand renom, le reconnaîtra aussi sur un
certain nombre de critères qui sont des critères
économiques, des critères politiques. Si la décision
était purement politique, il va de soi monsieur et j'ai de mes
électeurs de Matane dans cette salle que le siege social de cette
société serait a Samte-Anne-des-Monts.
Il va de soi qu une telle décision est une décision grave,
il faut évaluer l'ensemble des critères, critère
économique, critère d'aménagement du territoire, avant de
prendre une telle décision. Pour cette raison, la sélection du
siège social n est pas une décision législative comme
telle, mais bien une décision administrative. Une autre raison qui me
fait croire qu une telle décision ne doit pas reposer sur le
législatif, c'est que, depuis deux mois vous avez entendu le
député de Marguerite-Bourgeoys pendant vingt minutes, puisqu'il
avait droit à vingt minutes de paroles vous avez entendu le
député de Marguerite-Bourgeoys, parler, je devrais dire ergoter
sur un thème sans absolument rien dire.
Après un mois de travail, nous sommes rendus à l'article
2. Vous voyez à quel point le législatif, dans le système
actuel, est incapable de prendre des décisions, parce que si le
député de Marguerite-Bourgeoys voulait véritablement jouer
son rôle de député, il devrait se dépêcher
d'aller aux articles importants que sont l'article 4 qui donne le mandat de la
société, l'article 6 qui va traiter du conseil d'administration,
de la structure du conseil d'administration et il réfléchirait au
contenu de la loi. Voilà le rôle de la députation.
Voilà ce que le député de Marguerite-Bourgeoys devrait se
dépêcher d'aborder, plutôt que de perdre son temps et de
faire perdre le temps de cette commission à ergoter sur des sujets qui
n'ont absolument rien à voir avec le législatif, mais qui ont
tout à voir avec l'administratif. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier.
M. Godin: M. le Président, premièrement, je tiens a
rappeler, comme je l'ai fait ce matin, que tout ce que dit larticle 2, c est
que c est le gouvernement qui va déterminer ou sera implanté son
siège social.
Ce qui est certain, avec la création de cette
Société nationale de lamiante, dont le principe a
été rejeté par nos amis d en face suite à un vote
en deuxième lecture c'est important de le rappeler ici ce
qui est important, c'est qu'il y aura un siege social établi quelque
part au Quebec, a proximité des marches.
Ce qui est le plus important encore, c est qu il ne
déménagera pas, lui! C est peut-être important de vous le
dire. C'est une des raisons pour lesquelles on s occupe de cette affaire. On en
a assez de voir des gens déménager avec des primes d assurance
des Québécois et d'autres bien semblables. Un des seuls moyens qu
on a vu, dans ce secteur, d arriver à cet objectif, c est de
créer cette société. Vous avez voté contre le
principe de ladite société en Chambre. C est important de le
rappeler ici.
Si le député d'arrière-ban du deuxième rang
a quelque chose à dire, qu'il vienne à cette table, qu il s y
inscrive officiellement. Il pourra parler, M. le Président. Pour
I'instant, comme il a quitté sa place, qu il ait
lélémentaire courtoisie de se taire.
Ce que je veux dire, en terminant là-dessus, c est que c'est une
décision qui sera prise en tenant compte de tous les facteurs. Il n'est
nullement exclu...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre!
M. Godin: ... que ce soit à Thetford Mines. Le ministre
l'a dit tout à I'heure. La décision sera prise en tenant compte
de tous les facteurs. Ce n est pas une décision qui sera prise par le
député de Frontenac, je regrette de le lui dire, parce qu
à ce moment-là, il le ferait chez lui, ni par le ministre, parce
qu il le ferait dans Matane. Ce sera pris en fonction de critères
objectifs. C est la seule manière de bien administrer. Je suis convaincu
qua I'époque où I'Opposition était au pouvoir, elle
procédait à peu près de la même manière. Elle
tenait compte des avis des experts. Elle tenait compte des études qui se
faisaient. Elle tenait compte de tous les facteurs sociaux, de chômage,
de sous-développement régional, de proximité des
marchés, de proximité des routes et des moyens de communications,
etc. On tiendra compte de cela dans notre décision qui sera prise en
temps et lieu.
Ce qui m étonne, c'est qu'elle veut nous dire où implanter
le siège social, mais elle est contre le fait qu'on le fasse. Elle est
contre le fait qu'on ait une Société nationale de l'amiante, mais
elle veut nous dire où la mettre, par exemple. Je trouve cela un peu
bizarre comme comportement.
Si elle est contre, qu'elle ne s'occupe pas du choix de l'endroit
où on va la mettre, où on l'implante. Qu'elle soit logique. Si
elle est contre le fait qu'on la crée, quelle soit contre le fait qu'on
l'implante où que ce soit. Là, elle serait logique. Non, elle ne
veut pas qu'on la fasse, mais elle dit: Ne la faites pas, mais faites-la
là. Je ne la comprend pas. Je ne l'ai jamais comprise, sauf en 1960.
Depuis ce temps, je ne l'ai pas comprise. Cela ne change pas. Au contraire,
cela empire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je vais essayer de faire
comprendre au député de Mercier comment on peut dire qu'on est
contre la création d'une Société nationale de I'amiante,
mais pourquoi...
M. Godin: Vous allez avoir un gros boulot à faire.
M. Lalonde: Cela va être dur de leur faire comprendre
quelque chose.
M. Gratton: ... on insiste également...
M. Lalonde: ...
M. Grégoire: ... ce n'est pas de I'amiante.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s il vous plaît!
M. Gratton: ... pourquoi, tout en étant contre la
création de la Société nationale de l'amiante, nous
voulons absolument que l'article 2 soit amendé pour qu'on désigne
immédiatement Thet-ford Mines comme étant l'endroit du
siège social de la société. C'est bien simple. C'est qu'on
a une certaine expérience du gouvernement d'en face. On a eu des
occasions où on a été contre des projets de loi
présentés par le gouvernement en deuxième lecture. On a
même eu des expériences où on nous avait dit: On va faire
les modifications qui s'imposent en commission parlementaire. On va essayer de
donner satisfaction à l'Opposition sur les détails du projet de
loi. Je prends, par exemple, le projet de loi no 101, on pourrait prendre le
projet de loi no 2 sur le financement des partis politiques, le projet de loi
no 67 sur l'assurance automobile. On était contre à la
deuxième lecture. On est venu à la commission parlementaire avec
la ferme intention de bonifier autant que possible les détails du projet
de loi, puisque c'est tout ce qu'on peut faire en commission parlementaire.
Chaque fois, on s est fait refuser. On a fini avec des projets de loi...
M. Godin: II y a eu 80 amendements à la loi 101.
M. Lalonde: Les vôtres.
M. Gratton: Oui, les vôtres, pas les nôtres. Ils
étaient reliés à un seul principe, finalement.
M. Godin: Pas uniquement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Dans la loi 67, il y avait à peu près
150 amendements
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I ordre! Sur la loi 70, s'il vous plaît!
M. Gratton: De toute façon, je n'ai pas interrompu le
député de Mercier. Je n ai pas été à la
commission très souvent, mais il semble être l'espèce de
conscience du gouvernement et de la commission. Il a rabroué le
député de Bourassa au mois de mars. Il vient d'indiquer au
député de Frontenac que ce n'est pas lui qui va décider de
la localisation du siège social...
M. Godin: II est du Parti québécois, lui?
M. Gratton: ... et il a même dit au ministre que ce ne
serait pas à Sainte-Anne-des-Monts non plus que cela va aller.
M. Bérubé: Cela vous étonne?
M. Laplante: C'est la liberté qu'on a dans notre
parti.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: On n'est pas des moutons ici, M. le
député...
M. Gratton: M. le Président, c'est vrai qu'on est contre
la création de la Société nationale...
M. Bérubé: Vous êtes contre tout.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Gratton: ... de l'amiante. Vont-ils me laisser parler?
M. Laplante: Tu aurais été mieux de rester en
haut!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Ma liberté de parole, mes droits fondamentaux
à titre de citoyen du Québec et de député à
l'Assemblée nationale, qu'est-ce que vous en faites?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Sur le sujet, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Voulez-vous lui demander quelle est sa langue
maternelle?
M. Gratton: J'ai deux langues maternelles, même trois.
M. Laplante: Je pourrais lui demander... M. Godin: M. le
député...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Mercier et tous
les députés...
M. Godin: Non, mais il y a exagération... C'est un peu
"cheap", excusez-moi...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! A l'ordre!
M. Grégoire: C est mesquin!
M. Godin: Occupez-vous donc de votre comté! Vous
n'êtes jamais là!
M. Grégoire: On va y arriver...
M. Lalonde: Qu est-ce que vous en savez?
M. Godin: Les rumeurs! J'ai des amis chez nous qui le
savent...
M. Laplante: ... M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, on vous a presque sorti du...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Qui vous
a donné le droit de parole, M. le député de Bourassa?
M. Gratton: Vous allez vous faire "sacrer dehors, si vous
continuez. Est-ce clair?
M. Laplante: C est vous qui le dites.
M. Gratton: Le président est en train de se
fâcher.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que vous pouvez y aller.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Je disais donc que
nous, de l'Opposition officielle, tout en nous opposant de toutes nos
énergies, de toutes nos forces, à la création de la
Société nationale de I'amiante, exigeons quand même ou
reconnaissons que cela ne change absolument rien, que le gouvernement avec son
bulldozzer, avec son rouleau-compresseur, va faire adopter sa loi. Donc,
sachant d avance que le gouvernement fera adopter cette loi, on se dit: Aussi
bien la bonifier autant que possible. Je m'adresse, en particulier, au
député de Frontenac. Il se réjouissait tantôt du
lapsus je ne sais pas si c'était un lapsus que le ministre
a fait, à savoir que ce serait probablement à Thetford Mines qu
on localiserait le siège social de la société. Je lui
rappellerai simplement que, dans l'Outaouais, on a eu des engagements de ce
genre, des engagements qui n'en sont pas finalement. Durant toute la campagne
électorale, on nous a dit: Quand on aura fait la réforme de I
assurance automobile, on va s'assurer que... Juste- ment, on va faire
l'indépendance également très brièvement
après l'élection; on s'attendait que le référendum
soit tenu beaucoup plus rapidement qu'il ne semble I être... On disait:
II y a des édifices fédéraux dans la région de
I'Outaouais; ils vont être vides; le gouvernement fédéral
ne peut pas mettre des roulettes dessus et les traverser à Ottawa; donc,
il va les laisser là. On pourra installer la Régie de l'assurance
automobile à Hull avec toutes les conséquences économiques
que cela comporte. Mais vous avez vu où le siège social de la
Régie de I'assurance automobile est installé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
sujet.
M. Gratton: II n'est pas à Hull; il n est pas à
Hull.
M. Lalonde: II n'est pas à Thetford Mines non plus.
M. Gratton: Je suis en train d'indiquer au député
de Frontenac qu il se leurre...
M. Grégoire: Etes-vous un gars de Hull?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Gratton: Non, je suis un gars de Gatineau. M.
Grégoire: Ah! bon.
M. Gratton: ... lorsqu il prend les paroles du ministre comme
étant une garantie que le siège social de la
société va finalement se retrouver à Thetford Mines. Dans
le cas de la régie de l'assurance automobile, le siège social est
bel et bien installé à Montréal. Une fois qu'il est
installé, on sait tous qu'il ne déménagera pas, comme
disait le député de Mercier. Il ne déménagera pas
à l'extérieur et il ne déménagera pas à Hull
non plus.
Ce n est pas seulement durant la campagne électorale qu on a fait
cet engagement. Le député de Hull, après son accession au
cabinet, a même continué de dire à la population: Je ferai
toutes les représentations voulues pour faire en sorte que le
siège social de la Régie de l'assurance automobile soit
installé à Hull, en tout cas dans I Outaouais. Cela ne s'est pas
fait, M. le député de Frontenac. Donc, je dis...
M. Godin: Les représentations ont été
faites, M. le Président. Elle a essayé de l'avoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Gratton: Les représentations ont été
faites, mais le résultat net, c'est quoi?
M. Godin: C'est cela qu'elle avait promis: qu elle ferait des
représentations.
M. Gratton: Oui, c'est ce que je veux faire, M. le
Président; c'est de prévenir le député de Frontenac
de ne pas s enflammer, de ne pas aller dire à ses électeurs:
C'est fait, le ministre a dit qu'on l'installerait à Thetford Mines. Il
n'y a aucune garantie à ce sujet. On lui a offert, avec la motion du
député de Saint-Laurent, de lui fournir cette garantie.
M. Grégoire: J'ai voté pour.
M. Gratton: Oui, vous avez voté pour. Vous avez vu ce que
votre ministre vous a fait, par exemple.
M. Grégoire: J'étais contre lui aussi.
J'étais contre lui. Il n'en est pas question.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Godin: Le droit a la dissidence existe.
M. Grégoire: Oui, cela existe chez nous.
M. Lalonde: Le droit a la démission aussi.
M. Godin: Dans I'amiante, on peut s'enflammer sans risque.
M. Grégoire: Ce n'est pas un troupeau de moutons.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Le droit a la démission, qu'est-ce que vous en
faites?
M. Grégoire: C'est mon droit a moi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: C'est mon droit et mon privilege.
M. Gratton: M. le Président, j espère que toutes
ces interruptions ne sont pas enlevées de mon temps parce que j'ai
tellement de choses à dire. Je vais avoir besoin de mes 20 minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
très difficile a calculer. A Tordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Je disais donc, M. le Président, que le
député de Frontenac devrait se préoccuper de cette
situation et je pense que la seule façon maintenant pour lui d'obtenir
satisfaction et une garantie formelle que ce ne serait pas strictement des
paroles en I'air, ce serait peut-être de proposer lui-même
I'ajournement des travaux de la commission tantôt, lorsqu'il prendra la
parole.
M. Grégoire: Je n'ai pas l'intention de parler.
M. Gratton: Et de prendre la soirée pour tâcher de
convaincre le ministre de revenir avec une motion d'amendement pour qu'on
inscrive, à l'article 2, la localisation a Thetford Mines du
siège social de la société.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a souligné
tantôt que toutes les lois adoptées toutes, sans exception,
je n'en connais pas une ou on parle de créer, ou Ton crée
des sociétés d'Etat, que ce soit la SOQUIA, la SOQUIP le
prochain, je vais avoir de la difficulté la SOQUIJ...
M. Grégoire: C'est pas une société.
M. Lalonde: C' est une...
M. Grégoire: La SOQUEM.
M. Gratton: La Société
québécoise...
M. Lalonde: ... d'information juridique.
M. Gratton: ... la Société québécoise
d'information juridique, c'est la SOQUIJ, la SOQUEM, la REXFOR, la Commission
des biens culturels et combien d autres, M. le Président, toutes les
lois constituantes indiquaient, en blanc sur noir, ou serait localisé le
siège social.
Une Voix: En blanc sur noir.
M. Gratton: Pourquoi? En noir sur blanc. C'est parce que je n'ai
pas pris connaissance des textes originaux, ce sont des photocopies que j'ai
vues et, pour moi, c était en blanc sur noir.
M. Bérubé: vous avez I esprit plutôt
négatif.
M. Gratton: M. le Président, pourquoi faire exception dans
le cas du projet de loi no 70, dans le cas de la Société
nationale de l'amiante? Est-ce qu'on a l'intention de faire un concours? On
sait que le gouvernement, à l'heure actuelle, est fort sur les concours.
Apparemment on donne les contrats aux ingénieurs par concours...
M. Godin: C'est mieux que Taillibert.
M. Gratton: On tire d'un chapeau le nom des heureux architectes
qui reçoivent des contrats. Je ne suis pas supposé le dire, M. le
Président, mais il n'y a pas beaucoup de contrats qui se donnent, donc
les tirages sont plutôt rares; mais le fait demeure que tout se fait au
hasard, dans ce gouvernement, incluant la législation...
M. Godin: Fini le patronage.
M. Gratton: Oui, le placement étudiant...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: Aimez-vous mieux le patronage comme avant?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
siège social!
M. Gratton: On parle de patronage? Est-ce que je dois
répondre au député de Mercier?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, la
question était irrecevable et la réponse est irrecevable
également.
M. Gratton: C'est malheureux parce quon pourrait...
M. Bérubé: On remplace I'arbitraire par
I'aléatoire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: M. le Président, je disais donc que dans
toutes les lois qui ont constitué des sociétés d'Etat, on
a pris la peine de spécifier très exactement où se
trouverait le siège social des dites sociétés.
C'est à se demander pourquoi, ici, surtout qu'on a eu des
demandes très explicites, très formelles de la part du maire de
Thetford Mines qui est venu témoigner devant la commission, du maire de
Black Lake également...
M. Godin: Evidemment.
M. Gratton: Evidemment! C'est sûr.
M. Godin: Tous les maires du Québec le veulent, c'est bien
certain.
M. Gratton: Je pense bien que le maire de Hull n'a pas fait de
demande pour que le siège social de la société de
I'amiante soit installé là.
M. Godin: Demandez-lui pour voir s il va dire oui, il va dire
oui.
M. Gratton: Lui. il comptait beaucoup sur le siège social
de la Régie de I'assurance; il s est fait jouer un tour, je pense bien
qu il ne se laissera plus prendre.
M. le Président, je me pose donc la question:
j'espère que le ministre y répondra tantôtEst-ce que
le cabinet des ministres n'a pas autre chose à faire que de
décider, par arrêté en conseil de la localisation des
sièges sociaux des sociétés qu'il crée
lui-même?
M. Bérubé: Cela ne nous prendra pas un mois.
M. Gratton: C'est encore drôle, avec la vitesse à
laquelle le premier ministre a effectué son dernier remaniement
ministériel; cela lui a pris 18 mois pour accoucher de la nomination du
député de Trois-Rivières, je ne suis pas sûr que
ça ne prendra pas aussi longtemps pour décider de la localisation
du siège social de la société.
M. le Président, justement c est ce gouvernement qui passe des
heures et des fins de semaine complètes en réunion du cabinet
à chercher des poux ici et là. Combien de temps ça peut
leur prendre pour en arriver à régler cette dissension profonde
qu'il y aura entre le député de Frontenac et le ministre, si
chacun veut avoir le siège social dans son comté? C'est le
ministre lui-même qui l'a dit tantôt, le ministre a voulu faire
croire au député de Frontenac qu'il lui accordait d avance que le
siège social soit localisé à Thetford Mines, mais j'ai
prévenu le député de Frontenac, adjoint parlementaire.
D'abord, dans un prochain remaniement, dans 18 mois, sera-t-il encore I'adjoint
parlementaire des Richesses naturelles? Aurons-nous adopté le projet de
loi no 70? C est ça la question.
M. le Président, combien de temps me reste-t-il?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
avez jusqu'à 18 h 1.
M. Bérubé: Hélas, il vous en reste!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pardon,
17 h 1.
M. Grégoire: C est I expert et il ne sait
déjà plus quoi dire.
M. Gratton: Non, au contraire, M. le Président, j'ai
énormément de choses à dire et j entends les dire au
moment où cela me plaira. Que je sache, il n'y a pas encore de directive
de la part de quiconque qui puisse me forcer à dire ce que je ne veux
pas dire, au moment ou je ne veux pas le dire.
M. le Président, je me réserve les quelques minutes qu il
me reste pour donner la réplique au député de Frontenac,
en temps et lieu.
M. Grégoire: Je n ai pas I'intention de parler.
M. Gratton: Et moi non plus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci!
M. le député d Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, j'avais employé
très peu de temps tout à I heure, je peux donc ajouter quelques
remarques supplémentaires. Le ministre a jugé bon, tout a
I'heure, de distribuer des leçons aux députés et il a
essayé de nous démontrer qu'on ne comprend rien au processus
parlementaire ou législatif.
Alors sans revenir sur les exemples qui ont été
donnés tout à I'heure, je voudrais simplement poser une question
à savoir si la décision de localiser les sociétés
qu'on a mentionnées tout à I heure, SOQUIA, REXFOR, SOQUEM et
SOQUIP était une décision administrative, vous devriez donc
admettre que ce sont des erreurs qui ont été commises à ce
moment-là, parce que dans ces lois-là, comme par hasard, c'est le
législatif qui a décidé la locali-
sation des sièges. Alors, je pense qu'à ce
moment-là...
M. Bérubé: M. le Président...
M. Raynauld: ... votre leçon était mal
placée...
M. Bérubé: ... le député d'Outremont
m'a posé une question. Est-ce que je dois...
M. Lalonde: Non, c'est une affirmation.
M. Raynauld: ... était mal placée. J'ai dit que je
posais une question, mais en réalité c'est une affirmation...
M. Bérubé: Parfait, continuez.
M. Raynauld: ... que je fais. Vous avez erré dans votre
leçon sur la distinction entre les décisions administratives et
les décisions législatives. Nous n'avons pas ergoté, comme
vous l'avez dit tout à l'heure, lorsque nous avons prétendu et
que nous prétendons encore que cette décision est tout à
fait légitime pour nous, les parlementaires.
En second lieu, je voudrais également relever ce qui a
été dit tout à l'heure par le député de
Mercier. Je me pose la question pour savoir quelle sorte de notion il a du
parlementarisme. Parce que la logique qu'il a essayé d'exposer
était un sophisme. Parce que dans le régime parlementaire, on
peut être contre le principe d'une loi et aussi se prononcer pour ou
contre chacun des articles qui sont proposés. C est pourquoi il y a une
troisième lecture, puis une commission parlementaire. Votre logique,
à vous, de nous laisser apparaître comme des gens stupides, tombe
complètement à côté du sujet.
M. Godin: Vous n'avez pas besoin de moi pour faire cela.
M. Raynauld: On n'a pas besoin de vous non plus pour nous dire
des choses qui sont absolument fausses, absolument erronées. Il est
parfaitement logique, dans notre système, d'être contre un projet
de loi dans son principe et d'être pour et contre. Il n'y a personne qui
va nous enlever le droit de discuter des articles, même si au nom de
votre logique simpliste, cela ne semble pas aller. Je pense que cela valait la
peine d être relevé. Enfin, je dirai que la véritable
décision que nous demandons dans ce débat, c est que le
gouvernement prenne sa décision et qu'il l'indique dans le projet de
loi. On ne demande pas que ce soit nécessairement fait de façon
précipitée, on ne demande pas non plus que ce soit fait
nécessairement à un endroit plutôt qu'à un autre,
à Iheure actuelle. On aurait voulu que le gouvernement ait pris sa
décision et qu'il l'ait marquée dans le projet de loi, comme cela
a été fait pour toutes les sociétés que nous
connaissons. Cela a été fait dans toutes les
sociétés antérieurement et on aurait voulu qu'il le fasse;
on aurait aimé que la décision ait été prise
maintenant plutôt que plus tard. On ne nie pas que la décision
devra être prise à un moment ou à un autre. On ne nie pas
non plus que le gouvernement devra la prendre, c'est bien évident, mais
on aurait aimé qu'elle soit prise au moment où on discute du
projet de loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
Est-ce que l'article 2 sera adopté?
M. Bérubé: Adopté.
M. Lalonde: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
2, adopté sur division.
M. Bérubé: Deuxième article, un mois.
Mandataire du gouvernement
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'appelle l'article 3. Est-ce que l'article 3 sera adopté?
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bérubé: Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... l'article 3 présente un problème
tout à fait particulier. Je fais appel aux membres de cette commission,
et en particulier au gouvernement, pour tendre une oreille, non pas à
demi attentive, mais sérieuse. Voici pourquoi. On dit à l'article
3: "La société jouit des droits et privilèges d'un
mandataire du gouvernement." On poursuit: "Les biens de la
société font partie du domaine public mais I'exécution de
ses obligations peut être poursuivie sur ses biens. " Enfin: "La
société n'engage qu'elle-même lorsqu'elle agit en son
propre nom." Voilà les trois alinéas de l'article 3, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Est-ce que quelqu
un pourrait présenter une motion pour corriger, à la
deuxième ligne, du deuxième paragraphe "l'exécution des
ses obligations" par "de"? M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
vous en faites motion?
M. Lalonde: S il faut corriger le gouvernement, ce sera la seule
motion qui va être acceptée, M. le Président.
M. Grégoire: Proposé, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion du député de Marguerite-Bourgeoys est-elle
adoptée?
M. Lalonde: Adopté. M. Grégoire:
Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Cela va être un peu inutile, M. le
Président... (17 heures)
M. Laplante: II y a une de vos motions qui a été
adoptée.
M. Lalonde: Etant donné I'ouverture d esprit du
gouvernement, M. le Président, étant donné que je vais
désirer qu'on fasse le retrait total de I'article, à ce
moment-là, la correction va devenir un peu académique. Enfin! Ce
sera un article bien écrit qu'on pourra effacer.
Voici le problème, M. le Président. On fait de la
société un mandataire du gouvernement, on dit que ses biens sont
fondus avec ceux du gouvernement. Pourtant, on a pris soin de créer une
personnalité juridique séparée en constituant une
société d Etat. Nous avons consulte les precedents
là-dessus, et c est la première fois, je crois, qu une
société d'Etat se fait ainsi traiter, de par la loi constituante.
Je ne vois pas comment on peut ainsi à la fois créer une
personnalité juridique séparée et, dans le même
souffle, dire que ses biens seront confondus avec ceux du gouvernement,
c'est-à-dire qu ils font partie du domaine public, et,
deuxièmement, que la société est un mandataire du
gouvernement.
On retrouve des articles semblables dans les lois constitutives d
organismes. Je pense, par exemple à SOQUIJ, la Loi constituant la
Société québécoise d'information juridique,
sanctionnée le 19 décembre 1975. A larticle 11, on retrouve
justement des dispositions analogues. Je le lis, on me dit que c'est textuel:
"La société jouit des droits et privilèges de mandataire
du gouvernement; les biens de la société font partie du domaine
public, mais l'exécution des obligations de la société
peut être poursuivie sur ces biens. La société n engage
qu'elle-même lorsqu elle agit en son propre nom". Il me semble que c est
presque la même chose. Je n ai pas vérifié personnellement,
mais on me dit que c'est textuellement la même chose.
Mais voilà, SOQUIJ, j'ai eu I'occasion de le dire, est un
organisme du gouvernement, comme la Commission des valeurs mobilières,
presque comme les ministères, peut-être moins indirectement, mais
ses biens font naturellement partie du domaine public. Ses budgets sont
assujettis à toutes les dispositions des lois applicables, y compris
surtout la Loi de l'administration financière. C'est la même chose
que le gouvernement. Mais voilà que le gouvernement nous propose de
constituer une société nationale, une société
d'Etat, donc une personnalité juridique séparée, avec
capital-actions, administration séparée, et on tond ses biens
avec ceux du domaine public.
On dit qu'elle sera un mandataire du gouvernement, donc, elle va pouvoir
engager le gouvernement. Comment cette société pourra-t-elle, par
exemple, emprunter sur ses biens si elle n'a pas de distinction entre ses biens
et les biens du gou- vernement? Comment la société pourra-t-elle
poursuivre ses activités séparément, comme il semble que
ce soit I intention du gouvernement qu'elle le fasse, cest-à-dire comme
une société d Etat, comme la SGF le fait, comme la Commission
hydroélectrique, I'Hydro-Québec aussi, qui est une
personnalité juridique séparée, comme SIDBEC. par
exemple.
Je soumets ces quelques propos à I'attention du ministre. Je
pense que c est une objection de fond que nous avons à ce que cet
article demeure. Cela n'a rien à voir avec l'opposition que nous menons
contre le projet, cela sadresse strictement à la cohérence du
projet de loi et j'aurais une motion, à moins que le ministre ne
réagisse maintenant ou dise: On va y penser. Je sais que ce n est pas
lui qui a écrit le projet de loi, ce sont les conseillers juridiques,
sûrement, qui I'ont conseillé. A ce moment-là, on pourrait
suspendre.
Je pense que c'est un problème fondamental qui devrait être
réglé par le retrait, ni plus ni moins, de I'article 3.
M. Bérubé: M. le Président, concernant cet
article, précisément, je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys a parfaitement raison. Il s agit évidemment d'un
article, comme il le reconnaît d'ailleurs, qui existe dans des lois qui
datent de 1975, même d'avant. Il s'agit là d une approche
juridique qui est en vigueur au niveau de la législation
déléguée du gouvernement du Québec, sur laquelle,
malheureusement, ma formation d ingénieur ne me permet pas de commenter
comme telle, si ce n est de comprendre le sens général de
I'article, mais non d entrer dans un débat absolument technique. Donc,
je n'aurais absolument aucune objection à ce que nous retardions, nous
passions à I'article suivant, et qu on puisse convoquer peut-être
Me Rioux, de la législation, ou un autre légiste du gouvernement,
puisque ce n est même pas au niveau du ministère que cette loi a
été préparée, du moins dans sa forme finale, et
nous pourrions avoir un avis purement technique et juridique sur la
composition, sur I'organisation de cet article et voir dans quelle mesure il
répond peut-être aux objections de I'Opposition, ou qu il
répond même aux objectifs du gouvernement.
Je pense que sur cette question, personnellement, je serais
sûrement très mal venu de vouloir le commenter. M. le
Président.
M. Brochu: Je proposerais. M. le Président...
M. Lalonde: Avant que le ministre n aille plus loin...
M. Brochu: ... de I article...
M. Bérubé: C est ce que j allais faire.
M. Lalonde: Avant que le ministre n aille plus loin. Je ne
suggère pas que Me Rioux comparaisse devant la commission, mais je
suggère que le ministre consulte les conseillers juridiques. S'il croit
qu il serait plus à I'aise de se faire accompagner
par un conseiller juridique lorsqu'on abordera cet article, c est libre
a lui.
M. Bérubé: Je proposerais une motion à I
effet qu'on suspende I examen de I'article 3 qui semble faire l'objet de
discussions, et que I on passe a I'article suivant.
M. Lalonde: Adopté, M. le Président. Objets de
la société
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'appelle I article 4. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on aborde l'article qui a
été mentionné à plusieurs reprises comme
étant une étape particulière dans I examen de ce projet de
loi. Si I on se souvient, quelques motions préliminaires n avaient pas
été reçues, en particulier à cause de leur
caractère prématuré et on avait indiqué, en
particulier, quant à certaines de ces motions, que ce serait à
l'article 4 qu elles devraient être présentées.
Je n'ai pas en mémoire la liste de toutes ces motions. Je sais,
entre autres, que celle concernant les études juridiques en est une et
qu'un président qui siégeait là à ce moment, je ne
sais pas si c était le député de Jonquière...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C
était le député de Drummond.
M. Lalonde: Le député de Drummond avait
indiqué que si elle était présentée à
larticle 4, elle serait parfaitement recevable. Il y a aussi la motion qui
invitait le ministre des Richesses naturelles à distribuer aux membres
et intervenants de cette commission, l'évaluation du coût et le
plan de financement de l'achat de la Société Asbestos
Limitée, tel que decide par le gouvernement.
Je fais une parenthèse ici, M. le Président. Je ne sais
pas si celle-ci a déjà été présentée,
il faudrait que je vérifie. Peut-être qu on pourrait
vérifier dans les galées ou suspendre une minute ou deux pour me
laisser...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En ce
qui concerne la dernière, je pense que je I avais déclarée
irrecevable parce que prématurée. C était relativement aux
documents d achat pour...
M. Lalonde: Oui. Je la présente à nouveau, M. le
Président; je le fais sans préambule: Que cette commission invite
le ministre des Richesses naturelles à distribuer, avant le début
de l'étude de I article 4 du projet de loi no 70, aux membres et
intervenants de cette commission, revaluation du coût et le plan de
financement de I achat de la Société Asbestos Limitée, tel
que décidé par le gouvernement.
Une Voix: On va le faire distribuer.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai une note que j avais
prise ici à propos de cette motion qui vient d'être
présentée. J'ai inscrit ici: Renvoyer à l'article 4. Je
suis à peu près convaincu que c'est celle dont on parlait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
cela. A ce moment-là, elle demandait un dépôt. J avais
suggéré également qu'on le distribue à l'article
4.
M. Raynauld: C'est que ce n'était pas vous qui
étiez président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour
celle-là, oui. Je me le rappelle.
M. Lalonde: Pour les études juridiques.
M. Raynauld: Ici, j'avais inscrit en dessous: Renvoyer à
I'article 4.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, je
la déclare recevable.
M. Raynauld: Cela va.
M. Grégoire: M. le Président, on n'a pas de copie
et vous la déclarez recevable. On n'a pas discuté sur la
recevabilité.
M. Lalonde: M. le Président, je m'excuse, mon
assistant...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
permets pas de discussion sur la recevabilité, je la déclare
recevable.
M. Grégoire: On n'a même pas de copie pour en
juger.
M. Lalonde: M. le Président, quant aux copies...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cette
motion, pour le bénéfice des membres de la commission, a
été présentée au tout début de la commission
parlementaire, je me rappelle. Je me rappelle même de ma décision
à ce moment-là, puisqu'elle n avait aucunement rapport à
l'organisation matérielle de nos travaux, mais qu'au contraire, elle
était reliée intimement à l'article 4. Je l'avais
déclarée irrecevable parce que prématurée.
D'autre part, j'avais invité I'Opposition officielle à
enlever le mot "déposer " pour qu'on parle de distribution. Je pense
qu'il n'est pas question de discuter sur la recevabilité lorsque j'ai
déjà manifesté, au préalable, l'intention de la
déclarer recevable.
M. Forget: Je vois qu on est à faire la distribution.
J'aimerias...
M. Grégoire: On a la copie. Seulement une seconde. Je veux
bien croire qu'à première vue, elle peut vous sembler recevable.
Je voudrais...
M. Forget: Mais la décision est rendue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non
seulement elle peut me sembler, mais elle me semble et elle est recevable.
M. Grégoire: Je voudrais soulever une question de
règlement.
M. Forget: Est-ce pour contester la décision du
président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Saint-Laurent! Du moment que
vous n en ferez pas un appel de la décision du président.
M. Grégoire: Non, je ne veux pas en appeler de votre
décision, mais je cherche seulement une seconde le
numéro de l'article. C est le 176.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si vous
me redonniez mon règlement, je pourrais vérifier.
M. Grégoire: C est I article 176 où il est dit: "Le
gouvernement n est pas obligé de produire des documents s'il le juge
contraire à l'intérêt public..."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, je vous arrête immédiatement.
La motion est une invitation a distribuer... Je suis au courant de cet article.
Le gouvernement pourra adopter ou défaire la motion; s il adopte la
motion, il pourra même ne pas donner suite à cette motion et ne
pas distribuer. C est un voeu, une demande qui n a aucune force de coercition.
C'est une incitation, une demande, une invitation.
M. Forget: Une prière.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
prière. Le gouvernement demeure toujours libre de dire qu'en raison de
l'intérêt public, il déclare qu il n'a pas à
distribuer ce document, etc.
M. Grégoire: Je me soumets à votre décision.
Ce que je demanderais, par exemple... Normalement, les présidents,
souvent ou par tradition, comme celui qui vous a précédé
ce matin, invitent les députés à parler sur la
recevabilité. Je crois que cela a toujours été de bonne
grâce de la part d'un président de commission de le faire.
M. Forget: S'il a besoin d être éclairé.
M. Grégoire: Je vous demanderais s il y a une directive
à ce sujet.
M. Raynauld: La décision est rendue.
M. Grégoire: Est-ce encore dans votre intention d'accepter
les arguments que peuvent soulever des députés sur la
recevabilité?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Lorsque
j'aurai des doutes, oui; mais, lorsque je n ai aucun doute, non.
M. Grégoire: Si un député a des doutes, s il
voulait vous les soumettre, ça ne compte pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député peut avoir des doutes, mais c'est la présidence qui
a le pouvoir décisionnel.
M. Grégoire: Je ne veux pas enlever à la
présidence le pouvoir décisionnel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si la
présidence n'a pas de doute... Ecoutez un peu, M. le
député de Frontenac...
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que le
député a encore le droit de dire son opinion sur la
recevabilité?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député en a encore le droit, mais le président est
là pour prendre des décisions.
M. Grégoire: Je ne nie pas cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
déjà, à loccasion, demandé des avis qui ont
d'ailleurs été très pertinents à maintes occasions,
mais, lorsqu il est évident à la présidence que la motion
est recevable, je ne vois pas pour quelle raison je demanderais à tous
les partis politiques d apporter des arguments pendant dix minutes, alors que
ma décision est déjà prise. Il faut au moins que j'aie la
franchise de vous dire que ma décision est prise dans certains cas.
C'est d ailleurs la politique que j'ai suivie depuis un an et trois
mois.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de directive,
je ne voudrais pas que les propos du député de Frontenac semblent
suggérer que vous n avez pas consulté les députés,
lorsque cette motion a été présentée la
première fois. Je pense que la consultation a été
faite.
M. Grégoire: C'est la consultation qui a été
faite qui...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous me
demandiez si j'avais l'intention, chaque fois, de... Je n'ai pas I'intention,
nécessairement chaque fois, de demander d avis, sauf lorsque j'ai
manifestement des doutes.
D'ailleurs, ce ne sont pas tous les présidents qui, à
chaque motion, permettent à tous les partis... A I occasion, les
présidents le font. A d'autres occasions, ils ne le font pas. Cela
dépend du genre de motion.
M. Forget: On peut y aller?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
(17 h 10)
M. Forget: Le but de la motion présentée est fort
simple. C'est d'avoir des éclaircissements sur le coût de l'achat
de la société Asbestos, tel que décidé par le
gouvernement. Evidemment, une fois le coût d'achat décidé,
il y a un plan de financement, un programme de financement qui doit être
également mis sur pied. Cette demande, nous l'avons formulée lors
de la deuxième lecture. Nous l'avons formulée également,
de façon préliminaire et partielle, lors des remarques
préliminaires formulées en commission parlementaire. Dans les
deux cas, elle s'est heurtée à une fin de non-recevoir de la part
du ministre.
Il est malgré tout normal et absolument coutumier qu'un
gouvernement, qui fait l'acquisition d'une société commerciale,
industrielle ou minière privée, procède pour ses propres
fins à une évaluation du coût. Il serait tout aussi normal
et tout aussi habituel de rendre publique cette évaluation au moment
où la décision prise par le gouvernement est annoncée.
Idéalement, il ne devrait pas y avoir lieu de formuler cette demande que
nous formulons dans cette motion, dans ce projet de motion, puisque, de son
propre mouvement, le ministre ou le premier ministre aurait dû, lors de
sa conférence de presse à Thetford Mines, le 21 octobre dernier,
mettre cartes sur table au moment de cette annonce.
On sait très bien qu'il y a eu un précédent pour un
achat de sociétés privées par le gouvernement du
Québec. Il y a eu, et je pense qu'on s'en souvient tous, pas pour y
avoir participé mais pour en avoir été les
témoins intéressés à l'époque... Il s agit
de l'acquisition des sociétés privées productrices d
électricité en 1962 et 1963. A ce moment, contrairement à
aujourd'hui, le gouvernement avait annoncé ses couleurs. Il avait, lors
de sa conférence de presse, annoncé le prix auquel il se
porterait acquéreur des actions de la Shawinigan Power, de la Quebec
Power, de la Gatineau Power. Il l'avait fait avec la ferme intention de ne pas
dépasser les montants indiqués, de ne pas les dépasser
substantiellement, du moins. Effectivement, quelques mois plus tard, l'achat se
réalisait à ces conditions.
Nous avons eu accès, bien sûr, aux études
préliminaires qui ont amené le premier ministre de
l'époque à prendre cette voie, à emprunter cette voie pour
procéder à l'acquisition des sociétés productrices
d'électricité. Assez curieusement, ces études
préliminaires, du moins certaines d'entre elles, avaient pour auteur
l'actuel ministre des Finances, M. Jacques Parizeau, lequel s'était
livré, sur la base des rapports financiers de ces sociétés
qui étaient publics, à une analyse de la valeur aux livres des
sociétés en question. Il avait déterminé un montant
qui, effectivement, s'était avéré réaliste pour le
prix d'achat de ces actions.
Il n'y a rien dans la situation actuelle du gouvernement face à
la société Asbestos qui soit ma- tériellement
différent de la situation à laquelle était
confrontée le gouvernement en 1962 face aux sociétés
productrices d'électricité. En effet, nous disposons, aussi dans
ce cas, de rapports financiers qui nous permettent d'évaluer la valeur
dépréciée des actifs, la rentabilité des
opérations sur un ensemble d'années, d'établir à
partir de ces chiffres des projections. Nous connaissons aussi, ou nous pouvons
connaître, du moins lorsque le gouvernement fait de telles études,
tous les autres renseignements pertinents à l'établissement d'une
valeur réaliste. Il y a, par exemple, la valeur des réclamations
des travailleurs souffrant d'amiantose qui est en voie d'être
liquidée, avec la participation, d'ailleurs, du gouvernement. Donc, il
s'agit de chiffres que le gouvernement connaît ou peut connaître
sans difficulté. Nous pouvons connaître également,
puisqu'il y a eu des constructions récentes et que de toute
manière une expertise par une maison d'ingénierie
spécialisée dans l'équipement minier pourrait facilement
le révéler, quel est le coût probable estimatif des
installations nouvelles qui pourraient être requises dans un avenir
prévisible. Nous connaissons le chiffre des réserves
prouvées, des réserves probables, de même que les
réserves possibles, puisque ces renseignements sont fournis au
ministère des Richesses naturelles par toutes les compagnies
minières. Donc, nous pouvons placer un prix également sur la
valeur de ces réserves; un prix qui reflète la contribution au
revenu futur que la société et le gouvernement peuvent escompter
de l'exploitation de ces réserves.
Il n'y a pas d élément inconnu. Il y a également la
connaissance des territoires qui sont la propriété de la
Société Asbestos, territoires qui sont fort étendus dans
la région de Thetford Mines et qui ont, en plus de leur valeur
intrinsèque si l'on peut dire quant à la teneur en
amiante du sous-sol qu'ils peuvent couvrir, une valeur additionnelle.
C'est-à-dire que leur position stratégique sur le territoire
alentour des autres mines, des mines autres que celles de la
Société Asbestos, détermine une situation, un avantage,
une certaine supériorité de la Société Asbestos
quant à la possibilité de jouer un rôle plus ou moins
déterminant, mais un rôle, de toute façon, quelconque dans
l'évolution des exploitations minières de ces autres
sociétés. Une valeur peut être placée sur ces fonds
immobiliers et la valeur serait les avantages additionnels pour la
Société Asbestos et pour le gouvernement qui découleraient
de ces arrangements ou de cette planification concertée de toutes les
mines de la région.
Il est également possible d'évaluer D'ailleurs les
municipalités l'ont fait le coût des transformations, des
transplantations de quartiers et de la contribution que les compagnies seraient
appelées à y faire à ce titre. Donc, il n'y a pas de
mystère dans tout cela; il y a des éléments connus ou
facilement connaissables et on peut se demander pourquoi on procède
aussi secrètement qu'on a choisi de le faire, contrairement aux
précédents créés lors de la nationalisation des
compagnies productrices d'électricité.
Dans I'un et I'autre cas, nous avons des situations semblables, mais des
attitudes gouvernementales très différentes. Une attitude
gouvernementale qui, dans le cas de la nationalisation de I
électricité, n a pas provoqué pour les détenteurs
des actions de ces sociétés un profit de capital important. Le
prix de ces actions a varié de quelques cents entre le moment de
I'annonce par le gouvernement à l'automne, je crois, 1962 et le rachat
éventuel au printemps 1963; il a varié de quelques cents sur les
marchés boursiers. Il en a résulté des profits ou des
pertes insignifiants pour les détenteurs de l'époque.
La façon utilisée par le gouvernement pour faire son
annonce a, dans le cas de la Société Asbestos, au contraire
conduit à une plus-value très substantielle des actions de la
Société Asbestos. Donc, un gain en capital considérable
non seulement pour I'actionnaire majoritaire, à supposer que la valeur
actuelle de ces actions sur les marchés boursiers corresponde à
la valeur pour laquelle, éventuellement, elles seront vendues au
gouvernement. Ces plus-values ont également résulté en un
profit de capital pour tous les autres détenteurs minoritaires, les
quelque 45% d'autres actions détenues par un grand nombre de groupes, d
individus, d'institutions financières. Pour ces individus, ces
espèces de spectateurs innocents et impuissants, elles ont
résulté en des possibilités de pertes si jamais la valeur
d'achat de ces actions par le gouvernement était inférieure au
prix actuel des cours, au niveau actuel des cours sur les marchés
boursiers. Ce qui veut dire que I'opération engagée par le
gouvernement aurait pu résulter, pour certaines personnes en des pertes
financières; elle pourrait éventuellement se solder par des
pertes financières pour des gens qui ne sont pas des actionnaires
majoritaires, qui ne sont donc pas dans la position de pouvoir d aucune
façon négocier le prix auquel ils vendront les actions, mais
qu'ils devront nécessairement accepter, et cela est en vertu des lois de
prise en charge de sociétés, le prix qui sera accepté
lui-même par la General Dynamics, l'actionnaire majoritaire.
On se demande un peu pourquoi on a procédé de cette
façon, pourquoi on a procédé en particulier de
façon à faire subir un bond important à la valeur de ces
actions. Le trésor public ne peut certainement pas s'en trouver
avantagé, à moins que le gouvernement ne soit persuadé, de
par des études qu'il n'a pas publiées, mais qu il pourrait fort
bien avoir faites, que le prix du marché, tel qu'il s'établissait
l'été dernier, était de loin inférieur à ce
qu'il serait décent de payer et qu'avant même d'entreprendre les
négociations, et pour éviter I'odieux que la négociation
se fasse à un prix qui soit trop loin de la valeur du marché en
l'été 1977, qu'il fallait de toute manière, provoquer plus
ou moins artificiellement une hausse des cours boursiers de manière que
le gouvernement ne subisse pas l'odieux de cette plus-value, mais quon
I'attribue, au contraire, à des mouvements spéculatifs
généraux attribuables à une variété de
causes qui sont d'autant plus difficiles à retracer que la
période qui s'écoulera entre I'annonce et le moment de la
transaction finale sera longue, sera plus étendue.
En tout état de cause, il s'agit là d une opération
inquiétante parce que, si elle est amorcée de cette façon,
on ne sait pas encore trop bien comment elle va se terminer. En effet, il ne
faut pas être devin pour comprendre que, lorsqu'à la fin de mai ou
au début de juin, selon les informations données hier à I
Assemblée nationale par le ministre des Finances la négociation
s'ouvrira, il risque fort d'y avoir des fuites. Il y a toujours des fuites, il
y a toujours des informations qui sont parfois voulues qui
filtrent dans la presse, et on risque de voir une nouvelle flambée de
spéculation à I'occasion de ces fuites.
En effet, I'une des informations qui va peut-être filtrer
et là-dessus, dans le fond, on ne pourrait même pas blâmer
les principaux intéressés c'est celle que les
évaluations auxquelles la société General Dynamics a
procédé démontrent que la valeur nette de ces actions doit
se situer à un niveau encore supérieur au cours actuel des
actions de la société Asbestos. Dans la région de
l'amiante, où je me suis rendu il y a un certain temps, on a cité
des chiffres assez inquiétants, inquiétants pour le trésor
public. Si jamais la société General Dynamics réussissait
à étayer suffisamment son dossier, on a parlé d une
demande initiale de la société General Dynamics qui pourrait
dépasser $100 l'action.
Je ne veux certainement pas prendre à mon compte un chiffre comme
celui-là, mais, de toute façon cest un secret de polichinelle,
puisque les gens le mentionnent, c'est un chiffre qui est chuchoté, ce
peut être une position de pure négociation de la part de la
société General Dynamics et ne correspondre à rien de
sérieux. Il reste que si des bruits comme ceux-là se
répandent; certaines personnes qui sont actives sur le marché
financier voudront peut-être prendre le risque d un coup de bourse
important parce que, dans le fond, regardons un peu la situation qui sera celle
des spéculateurs au moment où les négociations
sentre-prendront, il sera probablement assez facile aussi de découvrir
le prix plancher. Ce prix plancher correspondra à l'évaluation
gouvernementale. Un spéculateur sera donc en face d une situation
où il sera assuré de voir le prix de I'action ne pas
fléchir en deçà de loffre initiale du gouvernement, il y
aura un minimum qui sera acquis, puisqu'il y a une volonté ferme
d'acheter, au moins à ce prix. Il y aura une possibilité que, au
hasard de la négociation, le prix puisse grimper pour rejoindre presque
ou même totalement le prix demandé par la General Dynamics. (17 h
30)
II est impossible de savoir, à ce moment-ci, I'écart qui
peut exister entre loffre minimale du gouvernement et la demande minimale de
General Dynamics, mais l'écart, comme je l'ai dit tout à I heure,
pourrait être important. Il est clair que la Société
General Dynamics, contrairement au gouvernement, ne sera peut-être pas
disposée à déduire de la valeur nette de la
société, toutes les réclamations et tous les
investissements futurs qui
ont été mentionnés par le ministre comme devant
être déduits de la valeur de ses actions. Ce qui veut dire qu'il y
a une probabilité assez forte que l'écart sera important. Devant
un tel écart, il y a des possibilités de gains substantiels si le
plancher devait se situer aux alentours de $40, ce qui correspond à la
valeur actuelle des marchés. N'importe qui peut acheter sans risque de
perdre puisqu'il pourra un jour revendre au gouvernement à un prix
analogue au prix auquel il achète et il prend le risque de faire un gain
important si jamais la Société General Dynamics est suffisamment
persuasive ou si le gouvernement hésite à passer aux actes
relativement à l'expropriation, avec toutes les conséquences que
cela implique sur les marchés internationaux pour les emprunts de
l'Hydro-Québec, etc.
Donc, il y a là une situation extrêmement propice à
la spéculation et le ministre des Finances, dans la réponse qu'il
a donnée hier à ma question, n'a même pas voulu
préciser sa stratégie. Je lui offrais quand même
l'opportunité extraordinaire de nous dire: Ecoutez, l'offre que l'on va
faire, ce n'est pas une offre pour fins de négociations, c'est une offre
sérieuse et finale. Tout ce que nous voudrons faire par les
négociations, c'est peut-être corriger des erreurs de calcul, mais
essentiellement venir à bout de la résistance de General Dynamics
et les persuader qu'elle est aussi bien de nous vendre de gré à
gré, mais à ce prix-là plutôt que de se voir
expropriée.
L'alternative, comme je le suggérais au ministre des Finances
c'est de dire essentiellement: Le prix sera négociable et, à ce
moment-là, toutes les possibilités sont ouvertes. Il n'a pas fait
d'option. Il ne nous a pas indiqué son intention d'adhérer
à un prix tel qu'établi par le gouvernement. Il a donc, par cette
réponse évasive, ouvert la porte à la spéculation
et la spéculation, comme je l'ai dit, dans des circonstances
extrêmement propices pour le spéculateur mais extrêmement
préjudiciables, du moins en puissance, pour le trésor public.
Je ne comprends pas la réticence du gouvernement à ne pas
nous donner ses chiffres, à ne pas publier ses évaluations. Je ne
vois pas en quoi sa position de négociation peut être affaiblie
par une telle publicité qu'il donnerait à sa propre
évaluation. Je ne comprends pas, en deuxième lieu, la
réticence du ministre des Finances, qui est le principal
intéressé dans cette négociation, à laisser ouverte
la possibilité que le prix demeure une quantité essentiellement
négociable plutôt que d'indiquer l'intention ferme du gouvernement
de s'en tenir à un chiffre fixe.
D'autant plus que le ministre des Finances, ayant été le
conseiller financier de gouvernements antérieurs, en particulier lors de
la nationalisation de l'Hydro-Québec, doit se souvenir, comme nous nous
souvenons nous-mêmes, que c est cette stratégie très rigide
qu'avait adoptée le gouvernement Lesage de l'époque en disant:
Voici notre prix. Voici le prix auquel nous achetons. Advienne que pourra. On
prend une attitude, à l'heure actuelle, qui diverge de cela et il n'y a
pas de raison d'intérêt public qui, quant à moi, me vient
à l'esprit pour expliquer une telle stratégie, une telle attitude
de la part du gouvernement.
Je pense que I'on prend des risques énormes parce qu'encore une
fois, M. le Président, le prix véritable, le prix juste pour un
bien, quel qu'il soit, c'est une expression empruntée de la
théorie de l'évaluation foncière, c'est le prix pour un
bien qui est vendu par quelqu'un qui n'est pas obligé de vendre et que
paie quelqu'un qui n'est pas obligé d'acheter. A ce moment-là, si
l'on veut, c'est une fiction. On essaie de se situer dans la position de deux
personnes qui transigent entre elles librement, sans contraintes. Or, ce n'est
pas la situation dans laquelle le gouvernement se retrouve. Il se retrouve, par
ses orientations politiques, par ses déclarations, ses
conférences de presse, devant l'obligation d'acheter ou, à
défaut d'acheter, de perdre la face. Donc, il est obligé
d'acheter. La Société General Dynamics n'est pas obligée
de vendre à moins d être face à une loi d expropriation, ce
qui n'est pas le cas dans le moment. On a donc les conditions les moins bonnes
pour trouver le juste prix. On le fait avec une stratégie qui a des
trous importants, qui laisse des portes ouvertes importantes à la
spéculation.
Pour ces raisons, M. le Président, je pense qu'il serait urgent
que le ministre prenne occasion de cet amendement et saisisse l'occasion, la
perche qu'on lui tend pour éviter au trésor public de courir les
aventures qu'il se destine à lui faire courir.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. J'aimerais
évoquer certains arguments qui me font militer en faveur de l'adoption
de cette motion que je trouve tout à fait justifiée, qui
s'inscrit exactement dans le cadre des discussions préalables que nous
avons eues avant d'aborder l'article 1 du projet de loi. Je vous rappellerai,
M. le Président, qu'à ce moment-là nous avions voulu
demander au ministre toutes les informations pertinentes que nous jugions
nécessaires pour aborder l'étude du projet de loi. Evidemment,
pour des raisons techniques, M. le Président, la motion qui avait
été présentée dans les mêmes termes
qu'aujourd'hui avait été reportée, selon votre
décision, puisqu'elle se rapportait davantage à l'article 4, du
présent projet de loi.
Il n'en demeure pas moins, M. le Président, que,
fondamentalement, les mêmes raisons qui militaient en faveur de
l'obtention de toutes les données pertinentes possibles demeurent
aujourd hui. Nous pouvons nous appuyer encore sur ces mêmes motifs pour
demander au ministre, au gouvernement, de bien vouloir, maintenant, nous faire
connaître exactement les bases sur lesquelles il s'est appuyé pour
faire le choix politique du moyen qu'il a choisi pour atteindre les objectifs
qu'il s'est fixés.
Un projet comme celui de la loi 70 pour la création d'une
Société nationale de l'amiante implique des
déboursés énormes. On voit, dans un premier temps,
l'engloutissement d'une somme de
$250 millions. Comme j'ai eu I occasion de le mentionner à
différentes reprises, il est à prévoir,
immédiatement, que les sommes à investir dans le projet et dans
les autres projets qui viendront par la suite seront beaucoup plus
élevées que ce qui est même prévisible
actuellement.
C est une autre raison qui milite en faveur du dépôt, par
le ministre, de son évaluation des coûts du projet que
l'Assemblée nationale lui vote... C est non seulement un souhait de voir
le ministre faire circuler un document dans ce sens, je pense que cela va de
soi. A mon sens, sa première responsabilité est de faire
connaître aux membres de cette commission parlementaire, et aux citoyens
du Québec par la même occasion, ce sur quoi il s'est appuyé
et ce qu'il va exiger comme coûts aux citoyens du Québec pour son
projet.
Il y a des choses que Ion peut prévoir actuellement, choses en
quelque sorte statiques, concernant les coûts. Par contre, il y a de
nombreux secteurs qui demeurent dans ce que j'ai appelé les zones
grises, qui demeurent dans des zones de fluctuation énorme, sur
lesquelles on peut se poser de nombreuses questions. Qu'il suffise de souligner
laugmentation subite des réserves qu'on a pu constater dans les mines de
l'Asbestos Corporation depuis l'annonce, par le gouvernement, de sa
volonté d'acquérir, de gré à gré,
I'entreprise ou encore de la nationaliser, si le premier pas ne pouvait
être réalisé.
Donc, on a déjà là un élément sur
lequel on peut s appuyer pour dire que le projet du gouvernement, à
plusieurs égards, nous place devant une situation très floue. On
ne peut vraiment pas prédire les coûts réels de toute
I'opération. Cela devient d autant plus important que le ministre nous
dise sur quelle évaluation il s est appuyé pour dire que le moyen
qu on choisit est le meilleur et le plus rentable.
Je pense qu'on est en droit de I'exiger. D'ailleurs, c est tout à
fait compréhensible si I'entreprise Asbestos Corporation voit maintenant
ie jour où elle pourra vendre ses actifs, ses entreprises ici, de
gré à gré ou encore être nationalisée.
Evidemment, pour elle, il est avantageux de faire valoir ses points de vue. Il
est avantageux de dire comme les réserves qui lui restent sont grandes.
D ailleurs, elle a déjà manifesté I ampleur de ses
réserves. Elles sont beaucoup plus grandes maintenant quavant I'annonce,
par le gouvernement, de son intention d acheter cette corporation.
Cependant, par la même occasion, l'entreprise Asbestos Corporation
n'a pas cru bon de souligner au ministre l'état des usines qu elle
conserve encore, pour lesquelles on devra engloutir des sommes énormes,
mais dont on peut prévoir à peine un ordre de grandeur
général, mais où on n'a pas de précisions vraiment
valables sur lesquelles s'appuyer pour dire aux Québécois:
L'achat par le gouvernement, ou l'acquisition de gré à
gré, ou la nationalisation d'Asbestos Corporation va vous coûter
tant. Et la transformation de I'usine, pour la rendre salubre, va vous
coûter tant.
On peut prévoir certains ordres de grandeur; mais encore
là, on sait que lorsque le gouverne- ment s engage dans des projets
comme ceux-là, au bout de la ligne, cela coûte toujours un peu, et
même souventefois pas mal plus cher que prévu au début.
Je pense que si le ministre, le gouvernement était sérieux
dans la présentation du projet de loi, il a sûrement en main un
plan assez étoffé qui peut lui fournir des données assez
précises, sur lesquelles il s'est sûrement appuyé pour nous
présenter le projet de loi que nous avons devant nous. Sinon, je devrais
conclure que ce n est pas sérieux et qu on nous demande à ce
chapitre du coût que cela va coûter au Québécois, de
voter au gouvernement un chèque en blanc. Là, on peut avoir d
énormes réticences. C'est notre devoir d allumer le signal
d'alarme et dire au gouvernement: Vous n'avez pas le droit d'impliquer les
citoyens du Québec dans une aventure aussi nébuleuse, où
on n a pas suffisamment de données précises.
En outre, M. le Président, je vous ai déjà fait
part ici qu'à cause du choix du moyen du gouvernement, soit celui
d'acheter une des entreprises, on sait qu'au lendemain de l'application de
cette loi si jamais le gouvernement l'applique, si vraiment c est sa
volonté de l'appliquerou de lacquisition de l'Asbestos
Corporation, le gouvernement du Québec va se retrouver, étant
seulement un des producteurs d amiante, dans une situation de forte concurrence
avec les autres entreprises déjà existantes.
J'avais prévenu le gouvernement. On pourra voir alors se
dérouler le scénario suivant. A mesure que les mois et les
années vont passer, le gouvernement va peut-être devoir, pour
survivre avec son entreprise, augmenter son appétit et reluquer,
commencer à regarder du coin de I'oeil les autres entreprises, et
vouloir se porter acquéreur des autres producteurs d'amiante au
Québec en disant: On a fait un premier pas, on a acquis Asbestos
Corporation, mais ce n est pas rentable. On s'aperçoit, après
nous être lancés dans cette entreprise, que ce n est pas rentable,
parce que nous ne sommes qu'un des producteurs. Nous sommes assis à la
table des producteurs, selon le voeu du premier ministre, dans ce club
sélect des producteurs d'amiante, mais il nous faudrait vraiment aller
un peu plus loin. Là, on n'a pas tous les pouvoirs qu'il nous faut pour
arriver à rendre rentable cet emblème de la possession d'une mine
d amiante au Québec.
Le gouvernement du Québec peut se retourner vers les autres
entreprises, revenir devant l'Assemblée nationale et nous dire: Ecoutez,
ça va être bon. On vous le garantit. Le premier coup, on a
essayé, on pensait qu'on était correct. On s est rendu compte que
l'Opposition avait raison, à ce moment-là, et que ce n
était pas tout à fait rentable. Mais cela va l'être, on
vous le garantit maintenant, parce qu'on va avoir le monopole, on va acheter
tous les autres. Ce ne sera pas un problème.
A ce moment-là encore, on se lance dans une autre aventure, dont
l'ordre de grandeur est inconnu jusqu à maintenant, mais qui pourrait se
chiffrer, on le voit facilement, par des sommes as-
tronomiques qui seront toujours puisées, en tout ou en partie,
dans les goussets de nos concitoyens québécois. Tout au moins
devront-ils faire les frais de cette dette à long terme. Donc, ce serait
le temps que le ministre dépose son plan et nous dise jusqu'où
ils veut aller réellement, qu'il nous donne maintenant des garanties,
à savoir sur quoi il s'est basé pour dire que son entreprise de
vouloir acheter une des mines va lui garantir une rentabilité. Et pour
cela, lorsqu'on parle de rentabilité, évidemment, il faut
évaluer nos coûts, combien cela nous coûte pour acheter
l'entreprise. Ce sera à peu près combien? Evidemment, je sais
qu'il y a des négociations en cours. Cela peut fluctuer et je pense que
cela va fluctuer encore.
Par contre, le ministre peut-il nous fournir des évaluations sur
l'achat d'équipement qui existe à Asbestos Corporation? Le
ministre peut-il nous donner des indications, par exemple, sur l'âge de
l'équipement qui existe dans les usines d'Asbestos Corporation?
Là aussi, il y a toute une question de l'évaluation des
coûts sur laquelle on aimerait avoir plus de précisions, parce que
j'imagine que le ministre est un homme d'affaires averti. Lorsqu'il s'approche
d'une entreprise comme cela pour l'acheter...
M. Lalonde: ...
M. Brochu: ... il a sûrement fait le tour, pas encore le
tour du propriétaire.
M. Godin: II rêve à une Opposition qui
fonctionne.
M. Lalonde: C est évident que vous rêvez, en couleur
à part cela, en trois dimensions.
M. Godin: On rêve à une Opposition qui fonctionne,
mais qui ne met pas le frein.
M. Brochu: Je reviendrai justement à la question des
freins tantôt. J'avais un élément à vous souligner
là-dessus.
Une Voix: On va renvoyer faire un voyage à... (17 h
45)
M. Brochu: J'étais à dire que le ministre n'a
peut-être pas encore fait ce qu'on appelle le tour du propriétaire
pour ce qui concerne Asbestos Corporation. Il n'a peut-être pas
visité toutes les usines, les installations, etc. Je comprends qu'il
rêve peut-être d'y aller un jour, qu'il se voit déjà
entrer à Asbestos Corporation avec toute une armée de
fonctionnaires devant lui, avec des balais spéciaux, à cause de
la poussière qu'il y a là. On dit que c'est la mine la plus
empoussiérée qu'il n'y a pas. Il va falloir, à ce
moment-là, mettre en place tout un mécanisme spécial pour
permettre l'entrée du ministre dans ces catacombes que constituent les
mines de I'Asbestos Corporation...
M. Bérubé: A ciel ouvert.
M. Brochu: Même si le ministre n'a pas fait le tour du
propriétaire, peut-être aurait-il dû faire le tour au moins
de la mine qu'il veut acquérir. J'aurais même souhaité,
lorsque le ministre est venu à Asbestos avec son collègue de
Frontenac, j'aurais peut-être aimé que le ministre jette un coup
d'oeil du côté de la mine. Il a frôlé le trou.
M. Godin: C'est la "minote ".
M. Brochu: II est resté le long de la clôture. Il ne
s'est pas rendu à la mine. J'aurais aimé que le ministre aille
voir l'installation qui existe à Asbestos, chez la Canadian
Johns-Manville. Il aurait pu faire des comparaisons entre les installations de
la mine Johns-Manville et celles qui existent à Asbestos Corporation. Je
pense que la comparaison est assez nette et que le ministre aurait eu grand
intérêt à voir ce qui se fait dans notre région de
ce côté.
Une Voix: ... peut-être acheter les deux.
M. Brochu: Oui, justement, M. le Président, je suis
content que les députés soulèvent ce point, la
volonté d'acheter les deux.
M. Grégoire: Arrêtez si vous n'avez plus rien
à dire.
M. Brochu: Ce que je disais tantôt, c'est qu'à un
moment donné... L'appétit vient en mangeant. On commence
déjà à en parler. J'ai à peine parlé que le
gouvernement allait vouloir acheter toutes les autres mines,
déjà, il y a deux députés qui sont plus friands de
cela, et je pense qu'ils vont commencer à souffler dans l'oreille du
ministre pour lui inculquer cette idée de se porter acquéreur de
l'ensemble des mines d'amiante au Québec. Même, M. le
Président remarquez bien que je ne veux pas vous surprendre trop,
mais je me dois de vous le dire quand même c'est qu'il y a
déjà eu c'est indiqué ici dans un article qui a
paru dans le Montréal Matin, le 22 février 1977
M. Godin: Montréal Matin?
M. Brochu: ... c'est inscrit qu'il y a déjà eu des
négociations.
M. Godin: Ce n'est pas jeune, c'est passablement vieux cela.
M. Brochu: "Des négociations ont déjà
été entreprises entre le gouvernement et le premier producteur
québécois d'amiante, la Canadian Johns-Manville". C'est donc dire
qu'à ce moment, dans l'optique de ce que vous dites l'article est
ici dans l'optique de ce que les députés viennent de
soulever, le gouvernement a jeté un petit coup d'oeil, à un
moment donné, à Asbestos, pour voir ce qui se faisait. Il a
rencontré les gens de l'entreprise. Par après, il est allé
voir ailleurs. Il a fait un peu de "window shopping ". Après tout, quand
on s'achète une mine d'amiante, il faut aller voir un peu.
M. Lalonde: D'autant plus que cela coûte quelques dizaines
de millions.
M. Brochu: Oui, c'est justement, mais c est I'argent des
Québécois. C'est pour vous dire qu'il est allé voir, mais
bien délicatement. Après avoir fait un petit tour d'horizon comme
cela, j'imagine qu'il a certainement des données à nous fournir
pour nous dire: Ecoutez, la décision qu'on a prise, c'est quelque chose
de vraiment rationnel. C est quelque chose qui s'appuie sur des données
quantifiables, qui s appuie sur des choses logiques. Je pense que si
j'étais le gouvernement, à ce moment, je serais fier de pouvoir
déposer ces choses, pour dire: Maintenant, l'Opposition, vous n avez
plus raison de critiquer ou d apporter des critiques négatives en ce qui
concerne soit la rentabilité ou l'évaluation. La voici,
l'évaluation des coûts! Voici à peu près ce que cela
va nous coûter, et on a comparé, puisqu'on a fait du "window
shopping". Comme cela, on doit être en mesure de nous donner certains
barèmes de comparaison qui peuvent nous indiquer certaines choses.
M. le Président, sur cette question de I'appétit
éventuel du gouvernement, parce qu'il va devoir, à ce moment,
aller plus loin, s'il veut que son entreprise soit rentable, j'aimerais vous
rappeler ici un article qui a paru dans le Devoir du 9 mars 1978. Il donne
d'autres possibilités et il laisse des portes ouvertes au gouvernement
en cette matière et qui peuvent indiquer là où ses
intérêts et ses appétits peuvent également se
porter. Pour le grand intérêt du député de Frontenac
et pour celui du ministre, j'aimerais lire le bout suivant, pour achever
l'oeuvre si bien commencée, et je cite: "De plus, la
Société de développement de la baie James il est
bon de le rappeler a toujours le projet d'activer I'exploitation de
gisements d'Abitibi Asbestos entre Amos et Joutel. La SDBJ a déjà
effectué des forages pour améliorer le niveau de réserves
d Abitibi et ainsi augmenter les perspectives de rentabilité. Abitibi
appartient à 60% à Brinco, qui a tenté l'an dernier
d'intéresser à ASARCO, via sa filiale québécoise,
Lake Asbestos, au développement du projet. "Depuis, le tout a
été mis en veilleuse, mais il est intéressant de noter que
Brinco a conservé la gérance du projet Abitibi jusqu'en 1978. Il
ne manque à Brinco ceci est important qu'un partenaire et
des fonds. La mise en valeur du gisement d'Abitibi exigeait en 1977 des fonds
de l'ordre de $300 millions pour une capacité de production annuelle de
220 000 tonnes. L'exploitation créerait un millier d emplois directs
cela devient intéressant, un millier d'emplois directs
c'est-à-dire deux fois et demie le nombre d emplois envisageables dans
le secteur de la transformation d'ici cinq ans."
La SDBJ, au cours d'une entrevue avec le Devoir en février 1977,
planifiait la mise en service du gisement d Amos vers 1983 ou 1984.
Il deviendrait donc évident à ce moment que dans l'optique
dans laquelle le gouvernement s'embarque actuellement avec son projet de loi,
du jour au lendemain, le ministre pourrait revenir et nous demander, a ce
moment, des fonds supplémentaires, des fonds additionnels pour la
création d'emplois, puisqu'il semblerait exister là-bas des
possibilités. J'aimerais avoir des précisions lorsque le ministre
pourra nous répondre à ce sujet. Ceci pour vous dire que j
aimerais beaucoup et je I'espère que le ministre
dépose ces fameuses évaluations de coût réel de
première main, disons l'évaluation du coût réel du
projet lui-même. Ce que je viens de vous dire, c'est ce que je crois
qu'il va se passer dans l'avenir, que le gouvernement ne limitera pas à
cette première étape son intervention dans le domaine de
l'amiante, parce que, de la façon qu'il s'y engage, il ne pourra pas le
faire, il ne pourra pas s'y limiter. Je vous dis, M. le Président, que
cela va nous coûter beaucoup plus cher, énormément plus
cher que prévu.
Mais dans ce qui est prévisible, dans ce qu'on a ici, dans ce que
le projet de loi mentionne comme premier pas de la part du gouvernement dans le
domaine de I'amiante, j'aimerais que le ministre nous dise exactement ce qui en
est.
J'aimerais aussi que, dans ce plan d'évaluation puisque
cela fait partie de la réalité, on doit se préoccuper de
la question de la sécurité des travailleurs et de la santé
des travailleurs le gouvernement je pense qu'on doit être
en mesure de le faire lorsqu'on achète une mine, lorsqu'on se lance dans
une entreprise comme celle-là, avec tout ce que cela comporte de
conséquences et d'obligationsnous précise à quel
coût il va devoir supporter désormais, si tel est le cas, toute la
question du paiement des amiantosés.
Il y a toute cette question qui est également comprise dans ce
dossier. On sait que les mines d'amiante, malheureusement, ont
entraîné plusieurs problèmes du côté de la
santé. On sait que plusieurs de nos travailleurs dans la région
de Black Lake, Thetford Mines et Asbestos sont aux prises avec
différents problèmes de santé sérieux. On sait que
bon nombre d'entre eux doivent trouver leur gagne-pain dans des formes de
pensions accordées par la Commission des accidents du travail, par le
biais des entreprises, pour défrayer leur subsistance à la suite
des maladies contractées dans le milieu industriel.
Donc, le gouvernement aura la responsabilité de ces personnes
amiantosées, qui travaillent actuellement dans les mines et qui devront
laisser leur travail éventuellement, et de ceux qui sont
déjà sans emploi. J'aimerais que le ministre dépose les
documents, s'il y en a et j'espère qu'il y en a, sur les coûts
réels que vont poser pour le gouvernement tous ces amiantosés qui
sont là et qui, en réalité, font partie du coût
social de l'ac-quisition de I'entreprise.
M. le Président, c'étaient les quelques remarques que je
voulais faire en vous rappelant toujours que, par le passé, on a
vécu certaines expériences où le gouvernement a voulu s
impliquer directement au niveau de l'entreprise. Cela a été le
cas concernant la question de I Hydro-Québec. On a vu de quelle
façon cela a fonctionné. On a éga-
lement vu les coûts au bout du compte. Maintenant, que le
gouvernement actuel veut se lancer dans I'opération amiante, dans le
dossier de I amiante, avec le moyen qu'il a choisi, au lieu d aller directement
à la transformation des produits, ce qui nous semble une solution
immédiate plus logique... Mais comme il a choisi d'acquérir une
mine, je pense qu il devrait maintenant être en mesure de déposer,
de nous faire connaître les motifs réels et l'évaluation
des coûts, ainsi que le plan de financement de toute cette entreprise.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous avez fini juste au bon
moment.
M. Brochu: Time .
Le Président (M. Laplante): Au retour, la parole sera au
député d'Outremont. Les travaux sont suspendus jusqu a vingt
heures.
(Suspension de la séance a 17 h 56;
Reprise de la séance à 20 h 5
Le President (M. Vaillancourt, Jonquière): A l'ordre,
messieurs!
La parole est au député d Outremont.
M. Raynauld: Je vais passer mon droit de parole à mon
collègue, étant donné qu'on a des problèmes avec
l'Assemblée nationale ce soir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
avez des problèmes avec l'Assemblée nationale? Du moment que ce
n'est pas I'Assemblée nationale qui a des problèmes avec vous, M.
le député d'Outremont.
M. Lalonde: Pas seulement avec l'Assemblée nationale,
c'est avec le gouvernement qu'on a des problèmes.
M. Laplante: Je ne suis pas sûr que ce soit avec le
gouvernement.
M. Grégoire: Dites-nous cela, on va essayer de le
régler.
M. Lalonde: M. le Président, devant cette motion pour
inviter le ministre à nous remettre des renseignements qui apparaissent
à beaucoup de monde extrêmement importants... en fait, il nous
apparaît essentiel que le gouvernement nous remette ces renseignements,
non seulement pour procéder à l'étude on en a
besoin du projet de loi, mais aussi pour que le gouvernement
s'affranchisse du doute qui pèse actuellement dans lesprit des gens sur
la façon dont le gouvernement s est acquitté, jusqu'à
maintenant, de sa tâche dans le cas de I'achat de la compagnie
Asbestos.
Le gouvernement a annoncé, à un moment donné, qu'il
achetait la compagnie, qu'il avait décidé de l'acheter. Il n'a
pas dit le montant d'argent, il n'a pas donné d'indications
sérieuses quant au montant qu'il est prêt à payer. On a vu
immédiatement la spéculation boursière qui a
profité à on ne sait qui, de sorte que les citoyens
québécois sont en droit de se demander pourquoi le gouvernement a
agi de cette façon-là. Je suis sûr que le
député de Mercier se pose aussi des questions là-dessus.
Le défaut, par le gouvernement...
M. Grégoire: Oui, mais cela vous a été
expliqué plusieurs fois.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Une Voix: Est-ce qu'il se pose des questions, lui?
M. Lalonde: Je ne sais pas s'il se pose des questions en tant
qu'actionnaire, mais c'est ce qu'il vient de me dire.
M. Grégoire: Cela vous a été expliqué
plusieurs fois.
M. Lalonde: Le député de Saint-Laurent a
décrit, je pense avec beaucoup d'à propos, la façon
exemplaire avec laquelle le gouvernement aurait dû procéder
à l'annonce de l'achat. D'abord, l'évaluation est faite
confidentiellement, la décision est prise, elle est annoncée et,
elle est ensuite sans appel. Cela évite toute spéculation et tout
coup de bourse comme on en a vu dans les actions. Les actions sont
passées, je pense, autour de $20...
M. Grégoire: $22.75.
M. Lalonde: ...à près de $40.
M. Grégoire: Elles ont baissé de nouveau.
M. Lalonde: Ce sont des gens qui ont spéculé.
M. Grégoire: C'est normal. Celui qui joue à la
bourse, c'est pour spéculer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, le député de
Frontenac ne semble pas comprendre quelque chose.
M. Grégoire: C'est toujours comme cela.
M. Lalonde: Lorsqu'on permet à un marché, en
matière de valeurs mobilières, en ignorance de cause, en
ignorance de circonstances importantes, à ce moment-là, on permet
la spéculation.
M. Grégoire: Ce n'est pas le gouvernement qui a fait la
spéculation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Lalonde: Le gouvernement, en disant... M. Grégoire:
II ne connaît pas le dossier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
reconnaîtrai si vous voulez parler tout à l'heure.
M. Lalonde: ...qu'il avait décidé d'acheter, sans
indiquer le prix qu'il est prêt à payer, non seulement se barre
les pieds complètement, mais est pieds et mains liés devant la
compagnie qui peut maintenant exiger à peu près n'importe quoi;
je parle en ce qui concerne un contrat de gré à gré, parce
que le gouvernement a un engagement politique, maintenant, c'est important. Ce
n'est pas une transaction privée. Le gouvernement en a fait, avec tous
les drapeaux et la parade qu'on a vus, un engagement dont il ne peut pas
s'affranchir tout simplement en disant: J'ai changé d'idée.
Alors, étant pris pour acheter, sans avoir déterminé le
prix, sans avoir fait son évaluation, nous sommes devant une situation
où les gens ont spéculé.
M. Grégoire: II n'y en a pas eu. Cela ne s est pas
acheté, cela ne s est pas vendu.
M. Lalonde: Le défaut par le gouvernement de rendre
publiques les études à ce stade-ci... On aurait
préféré qu'il l'ait fait au moment de l'annonce de la
décision, en octobre de I'an dernier.
Est-ce que le député de Frontenac pourrait me permettre de
parler, M. le Président? Il ne fait que murmurer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
l'espère avec vous.
M. Ouellette: II réfléchit.
M. Grégoire: Parlez. Je le sais d'avance, vous avez dit
vingt fois tout cela. Je vous l'ai dit: le Boléro de Ravel.
M. Lalonde: On aurait de beaucoup préféré
que le gouvernement, pour lui, tout d'abord, parce qu'il serait à ce
moment-là en toute transparence, en toute limpidité, comme le
gouvernement Le-sage avait fait lors de la nationalisation de
l'électricité, et aussi pour nos sous, on serait beaucoup plus
confortable s'il avait fait son évaluation avant et ensuite avait
décidé d'acheter, et l'avait fait publiquement. De sorte que le
défaut par le gouvernement de rendre publiques maintenant les
études sur l'évaluation du coût de la Société
Asbestos Ltée justifiera tous les soupçons quant à la
préparation du dossier du gouvernement. Ces soupçons sont
malheureusement étayés de plus en plus lorsque l'on sait, depuis
octobre dernier jusqu'à maintenant, quels documents le gouvernement a
utilisés pour appuyer sa décision. On connaissait le rapport
Alexandre, on connaissait le jugement de I' OPDQ sur ce rapport, du moins on en
a eu état il y a quelques jours, quelques semaines, on a vu un document
d'un groupe de travail fantôme qui semble être très
important dans la décision du gouvernement. Cela ne nous rassure pas, M.
le Président, quant à la préparation du gouvernement, s'il
arrivait avec une étude dont il pourrait déterminer le fait
qu'elle a été faite au moment ou avant la décision
d'octobre dernier.
A ce moment-là, on pourrait dire: Le gouvernement était
quand même mieux préparé qu'on pensait. On pourrait
rassurer beaucoup de monde. La population dirait: Le gouvernement administre
bien nos fonds publics. Le défaut, par le gouvernement, de rendre
publiques les études, justifie aussi les soupçons quant à
la spéculation qui a été faite à la Bourse. M. le
Président, il n'y a aucun doute que les députés, y compris
le député de Mercier, ne veulent pas que toutes sortes de gens
aient profité de cette situation un peu mi-chair, mi-poisson. Ils ne
veulent sûrement pas qu'il y ait eu des passeux de sapins. Il
connaît ce langage, des passeux de sapins, des tireux de ficelles, des
zi-gonneux de fonds publics, M. le Président.
J'emploie, ici, le vocabulaire que le député de Mercier
connaît bien.
M. Godin: Tout à fait, il l'applique.
M. Lalonde: Si, tout à coup, dans ce coup de Bourse, il y
avait eu toute sorte de monde qu'on a déjà vu décrire dans
un poème célèbre du député de Mercier...
M. Godin: Non moins célèbre que
Québec-Presse...
M. Lalonde: ... à ce moment-là, je suis sûr
que le député de Mercier serait le premier à
s'opposer.
M. Godin: Certainement.
M. Lalonde: Je suis sûr qu'il aurait mal à son parti
à ce moment-là, M. le Président, s'il savait que par les
passeux de sapins et les tireux de ficelles, les zigonneux de fonds
publics...
M. Godin: Fonds publics, oui. Continuez, lisez-le au complet.
M. Lalonde: ... des coûts. M. le Président, je
pourrais le lire au complet, mais je pense qu'il y aurait certains termes
antiparlementaires.
M. Grégoire: Non, déposez-le. M. Godin:
Déposez-le.
M. Lalonde: Certainement, il y a les pas-clair-de-noeuds.
M. Godin: Les pas-clair-de-noeuds, oui. M. Lalonde: On
peut en trouver.
M. Godin: S'il y a un seul pas-clair-de-noeuds ici, on va le
dénoncer.
NI. Lalonde: On peut en trouver dans le coup de Bourse de
l'amiante, des pas-clair-de-noeuds!
M. Godin: Des taches de graisse sur la conscience, les taches de
graisse sur la conscience.
M. Lalonde: On peut en trouver aussi, M. le Président.
M. Godin: Certainement. M. Grégoire:
Nommez-les.
M. Lalonde: Nautrellement, je ne parle pas des va-la-gueule de
l'égalité ou de l'indépendance, parce que, à ce
moment-là, cela pourrait être pris comme une insulte à
l'Union Nationale.
M. Godin: Non, cela visait peut-être...
M. Lalonde: Je n'en parle pas. Je ne parle pas non plus de tous
les... Vous allez m arrêter. Je ne parle pas de la "puanterie" des
antichambres de ministres.
M. Godin: Oui, oui.
M. Lalonde: Le ministre vient d'arriver, je ne peux pas en
parler.
M. Grégoire: Cela a l'air d'un beau poème. M.
Godin: Cela a été écrit en 1972.
M. Lalonde: Plus ça va dans ce coup de bourse, M. le
Président, plus le député de Mercier va avoir mal à
son parti.
M. Grégoire: C'est un poème de jeunesse, dites-le
donc. (20 h 15)
M. Lalonde: Si le ministre ne clarifie pas la situation le plus
tôt possible, c'est à son parti que le député de
Mercier va avoir mal, s'il ne s'ouvre pas les yeux, de la façon que le
gouvernement s'est conduit dans cette spéculation quasiment volontaire
du gouvernement, alors que les actions sont passées de $20 à $40.
On retrouve des échos d'un poème célèbre qu'on a lu
dans notre jeunesse.
M. Godin: Et c'est reproduit, M. le Président, sans
copyright, à 36 000 exemplaires, par le parti de lOpposition, dans une
campagne électorale, sans copyright.
M. Grégoire: Nous aurions pu vous poursuivre...
M. Godin: C était illégal. Le coup de bourse, il
est là.
M. Lalonde: Au cas où le député exprimerait
des doutes quant à l'origine de la copie que j'ai, c'est dans le Journal
de Québec que je l'avais eue. Je ne sais pas si le Journal de
Québec a payé ses droits d'auteur, mais je n'ai pas
profité du coup de poésie.
M. Grégoire: Lisez-le.
M. Lalonde: M. le Président, la façon dont le
gouvernement a procédé ouvre la porte à tous les abus,
à toutes les passes, à tous les tirages de ficelle, à tous
les zigonnages de fonds publics...
M. Godin: Cela pèse sur la conscience.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: J'invite le ministre à distribuer aux membres
et intervenants de cette commission l'évaluation du coût et le
plan de financement, pour éviter qu'on continue. Cela fait six mois
qu'on est dans cette situation-là, une situation trouble, où il y
a eu des dizaines de personnes et où des millions de dollars ont
changé de mains, dans l'obscurité la plus totale. Si le
gouvernement avait dit: Voici notre évaluation. Je ne reprends pas
l'argumentation du député de Saint-Laurent, il l'a faite en
comparaison aussi avec un exemple
qui était la, tout près, chez nous. Ce n'est pas tellement
ancien. Le député de Mercier, qui est jeune, était de ce
monde lorsque, en 1962, le gouvernement Lesage s était conduit de la
façon la plus exemplaire dans une situation ou des tireux" de ficelle et
tout ce beau monde peuvent faire des profits a même les fonds publics.
Pourquoi le gouvernement... C'est impensable qu un gouvernement qui se dit
honnête qui, je crois, a des intentions honnêtes...
Une Voix: La plupart du temps.
M. Lalonde: Individuellement, je suis sûr que chacun des
députés veut donner au Québec un gouvernement
honnête, j'en suis convaincu. Mais, quelle inconscience que de laisser le
gouvernement agir de cette façon! Vous allez traîner, dans votre
sillage, le sillage de votre ignorance. Les dommages, je pense qu'ils vont vous
coller quelque part longtemps, M. le Président, non pas à vous,
mais au gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
lespère.
M. Lalonde: Comment pouvons-nous être sûrs que des
pressions indues, qu'un "lobbying" occulte n'auront pas été faits
pour faire modifier le prix du gouvernement entre le mois d octobre 1977 et le
moment où le gouvernement va rendre son prix public? Qui va nous en
assurer? A moins d'avoir une évaluation datée du mois d octobre
1977 qui dit que le gouvernement pense que cela vaut tant et qu'il est
prêt à payer ce montant... Etant donné qu'on ne le sait
pas, on peut supposer toutes sortes... Je pense que le gouvernement est
irresponsable de laisser se perpétuer une situation comme
celle-là où toutes sortes de choses... On peut supposer. Il ne
s'agit pas de les présumer, mais il me semble que, pour éviter
justement ces suppositions, ces doutes, ces soupçons, le gouvernement a
un devoir d'être totalement transparent et totalement limpide.
La seule façon aurait été de rendre public son prix
au moment de I'annonce au mois d octobre. Il est trop tard pour revenir en
arrière, mais, au moins, qu'on le fasse maintenant, qu on donne les
évaluations, les bases solides, les fondements sérieux de sa
décision. Ce n'est quand même pas, M. le Président,
demander un miracle. Cela n'est pas demander l'impossible. Cela doit exister.
Cela n affecte pas du tout le député de Saint-Laurent l'a
bien démontré les négociations actuellement.
On ne demande pas au gouvernement de nous révéler ici le
prix maximal qu'il est prêt à payer. Naturellement, il y a des
négociations à venir. Qu'il nous donne au moins une
évaluation, qu'il nous donne un prix-plancher. A ce moment-là,
personne ne peut en profiter. Cela peut protéger ceux comme...
M. Bérubé: Zéro.
M. Lalonde: Des citoyens du Québec, entre autres, peuvent
acheter des actions mutuellement, ne sachant pas quel prix le gouvernement veut
payer éventuellement. Il y a toutes sortes de spéculations qui se
font sur le dos des citoyens.
M. le Président, le défaut, par le gouvernement, de rendre
publiques les études sur l'évaluation du coût de la
société Asbestos Ltée justifie même jusqu'à
sa véritable volonté d acquérir la compagnie, la
société Asbestos. Plusieurs citoyens à qui j'en parlais et
qui ont une certaine connaissance de la façon de faire ou de ne pas
taire les choses en matière commerciale et industrielle sont convaincus
que le gouvernement ne veut pas acheter la compagnie, parce qu'il a
procédé exactement comme s il ne voulait pas acheter la
compagnie. Le gouvernement s'est peinturé dans un coin, il s est
lié les deux mains et il ne peut littéralement pas acheter la
compagnie, faire un contrat de gré à gré qui soit juste
pour les Québécois, pour ceux qui vont payer la note. Ce n est
pas le Parti québécois qui va payer cela, c est tout le
monde.
Vous êtes dans la situation où vous pouvez
déterminer d avance une échéance, une stratégie. Il
faut le faire avant, pas après. Après, il sera trop tard.
Naturellement, si l'évaluation du coût et le plan de financement
de l'achat de la société Asbestos n existent pas, à ce
moment, je comprends qu'on parle dans le désert.
Le ministre détient un poste qui ne lui appartient pas, les
Québécois lui ont délégué des
responsabilités. Il a aussi celle de dire la vérité ici,
à cette commission, comme celle de dire la vérité en
Chambre. A mon sens, cette responsabilité est grave maintenant, à
savoir est-ce qu'une telle étude de l'évaluation du coût et
du plan de financement existe. Je pense que le ministre ne peut se
libérer de sa responsabilité. Il ne peut assumer sa
responsabilité de ministre devant ce dossier sans révéler
ici si cette évaluation existe, quand elle a été faite, la
remettre aux membres de cette commission et, par le fait même, à
toute la population du Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. M. le député
d Outremont, et par la suite M. le député de Mercier.
M. Raynauld: Merci, M. le Président. Je voudrais pour
défendre...
M. Lalonde: ... un poème.
M. Raynauld: Non, je ne lis pas cette littérature bien
souvent.
M. Lalonde: Les notes personnelles...
M. Raynauld: Pas tous les jours. Je voudrais défendre
cette motion en prenant peut-être la situation d'un peu plus haut, d'un
peu plus large que cela n'a été le cas jusqu à
maintenant.
M. Godin: ... pour votre collègue.
M. Raynauld: Non, pas du tout. Je voudrais... M. Godin:
Vous avez dit plus haut que lui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Raynauld: Je voudrais surtout essayer de ne pas simplement
répéter ce qui...
M. Godin: Ils vont continuer à pelleter des nuages.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à I ordre!
M. Raynauld: ... a déjà été dit. Je
voudrais ajouter des éléments additionnels qui pourraient
peut-être éclairer un peu le débat. Je ne pense pas que mon
propos va convaincre nos amis d'en face, mais je pense que je serais...
Une Voix: Ce n'est pas sûr; essayez-vous, essayez-vous.
M. Grégoire: Si vous êtes lumineux, on ne sait
jamais.
M. Raynauld: Je serais très surpris que cela puisse en
aucune façon faire changer d idée les gens qui, de toute
façon, ont pris leur décision sans aucune base de quelque nature
qu'elle soit pouvant justifier la décision qui a été
prise. La preuve en est simplement que le gouvernement n est même pas
capable de répondre de façon positive à une motion comme
celle-ci où tout ce qu'on demande dans le fond, ce sont des assurances
que le gouvernement a pris sa décision en toute connaissance de cause.
Pour qu'un gouvernement prenne une décision en toute connaissance de
cause, je pense qui) aurait fallu qu'il existe peut-être en
existe-t-il? je serais heureux de le savoir des études de
rentabilité. Lorsqu'on décide de faire un investissement dans
quelque chose, d habitude on essaie de voir si cet investissement que l'on va
faire va être un investissement rentable, qui va produire des recettes,
qui va tenir compte des coûts de production, qui va ensuite nous amener
à évaluer si cet investissement était
préférable à celui qu'on aurait pu faire dans un autre
endroit, quelles que soient les sources de fonds et les possibilités de
financement qu'on peut avoir.
M. Grégoire: C est bien évident.
M. Raynauld: C est bien évident, mais si c'est si
évident que cela, à ce moment-là, il devrait exister des
études...
M. Grégoire: ... de rentabilité...
M. Raynauld: ... qui auraient montré que dans le cas de
l'achat de la société Asbestos, il y avait, attachées
à cette opération et à cette transaction, des comparaisons
de rendement des investissements à entreprendre...
M. Grégoire: Le député me permettrait-il une
question?
M. Raynauld: ... entre, par exemple, les différentes mines
qui existent au Québec... Non, je ne permets pas de question, je
voudrais continuer...
M. Grégoire: Les bilans sont des études de
rentabilité.
M. Raynauld: ... pour vous expliquer un peu le problème.
Non, un bilan n'est pas une étude de rentabilité, je
m'excuse.
M. Grégoire: Mais voyons donc! M. Raynauld:
Absolument pas.
M. Grégoire: C'est une constatation de
rentabilité.
M. Raynauld: Je voudrais simplement... M. Grégoire:
C'est mieux qu'une étude.
M. Raynauld: ... montrer qu'on ne prend jamais de décision
économique dans l'absolu. On prend des décisions
économiques...
M. Godin: C'est le cours magistral qui commence.
M. Raynauld: ... en comparant les usages auxquels...
M. Grégoire: Le professeur qui cause. Cela fait longtemps
que je n ai pas pris de cours.
M. Godin: Est-ce qu'on peut prendre des notes, M. le
professeur?
M. Raynauld: ... on aurait pu placer les fonds...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): MM. les
députés de Frontenac et Mercier, s'il vous plaît!
M. Godin: Est-ce qu'il y a un copyright pour ces cours?
M. Raynauld:... que nous avons à notre disposition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Godin: Est-ce qu'il y a un copyright pour ces cours?
M. Raynauld: Non, je n'ai pas de copyright, je ne me plains pas
quand des gens reproduisent
mes idées quelque part, je ne suis pas comme le
député de Mercier, je m en contrefous.
Je pense donc qu une des premières opérations aurait
dû consister à comparer ce qu'aurait représenté pour
le gouvernement la rentabilité relative d'un investissement dans une
mine plutôt que dans une autre. Donc, il ne suffit pas d'étudier
la rentabilité absolue d'une activité comme l'As-bestos
Corporation. Pour être capable de porter un jugement
éclairé sur la question, il aurait fallu avoir cinq ou six choix
pour la même somme d'argent qu on avait investie. C'est peut-être
difficile à comprendre, mais c'est élémentaire. Il aurait
fallu avoir des études de rentabilité qui auraient comparé
le rendement qu'on aurait obtenu si on avait placé cet argent dans
l'achat de la société Asbestos avec un investissement
équivalent, par exemple, dans une mine en Abitibi, puisqu on sait qu'il
existe des dépôts d amiante en Abitibi. Il aurait fallu...
M. Bérubé: Ce n'est pas compliqué.
M. Raynauld: Ce n'est pas compliqué, mais donnez-les donc
si vous les avez.
M. Bérubé: Non, vous ne les aurez pas.
M. Raynauld: Alors, à ce moment-là, c'est de
I'entêtement; ce ne sont même pas des réponses
intelligentes.
Il aurait fallu avoir une étude qui aurait montré si le
rendement aurait été supérieur si on avait fait un
investissement dans l'exploitation d'une nouvelle mine en Abitibi ou, par
comparaison, un achat d Asbestos Corporation.
Ce n'est pas tout, je pense qu il aurait fallu puisqu'on nous dit
qu'il y a sept mines à Thetford Mines ou à Asbestos, mais il y a
plusieurs mines d'amiante pour être éclairés sur le
sujet, comparer également ce qu'auraient rapporté des
investissements équivalents dans chacune des mines qu on avait
là. Là, on aurait pu comparer ce qui était le plus
profitable pour le Québec, compte tenu...
M. Grégoire: De quelles mines?
M. Raynauld: De toutes les mines, I'une après l'autre;
c'est ce qu'il aurait fallu faire et ensuite obtenir de cela des estimations du
taux de rendement de l'investissement que l'on fait.
M. Godin: II ne connaît pas le dossier.
M. Grégoire: Non, il ne connaît pas le dossier, c
est évident.
M. Raynauld: Une fois qu'on a fait cela entre des mines...
M. Grégoire: Etes-vous déjà allé
à Thetford?
M. Raynauld: Oui, plusieurs fois, M. Grégoire, cher
ami.
M. Grégoire: Avez-vous vu comment c était
placé?
M. Raynauld: S il vous plaît, M. le Président,
est-ce que je pourrais continuer?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Raynauld: Une fois qu'on a fait cette opération
élémentaire de comparer ce qui est disponible, je pense que
n'importe quelle étude de rentabilité aurait exigé que
l'on ajoute ensuite les dépenses en capital qu'il va falloir
entreprendre dans l'achat ou à la suite de l'achat de la
société Asbestos pour respecter les règles de
I'environnement, puisqu'on nous dit qu'il faudrait peut-être
rebâtir à peu près complètement ce qui existe
déjà. Il aurait fallu, autrement dit, tenir compte des
changements que le gouvernement entend apporter, ne serait-ce que pour
rentabiliser I'investissement initial. Il aurait fallu avoir des estimations
des coûts que ces opérations représentent et ensuite
calculer les recettes attendues sur un certain nombre d années, compte
tenu des circonstances de marché, et en arriver encore une fois à
un taux de rendement. (20 h 30,
Non seulement cette comparaison entre les mines était
nécessaire, mais à mon avis, étant donné qu'un des
choix fondamentaux que nous avons c'est de placer de l'argent dans l'achat d
une mine en comparaison à un investissement dans la transformation des
produits de l'amiante, je pense qu'il aurait fallu également envisager
d'autres options que cet achat sous la forme d'usines de transformation des
produits de I'amiante. A cet égard, on avait, je pense, un bon
départ avec I'étude de SORES, qui est ici, qui donne justement
des exemples d'études qu'on pourrait appeler de "rentabilité " ou
de "feasibility " à partir de certains produits particuliers. On a des
tableaux où on a... J'en ai ici devant les yeux, où on dit quelle
est l'estimation des coûts d'investissement, des frais d'exploitation et
des revenus pour une nouvelle usine d'endos et de papier-joint. On a là
la liste d'un certain nombre de facteurs dont il faut tenir compte avant d'en
arriver à un jugement sur la question de savoir s'il est utile,
profitable et rentable de faire l'investissement considéré.
On n'a rien de cette nature qui nous est venu du gouvernement du
Québec jusqu'à maintenant en relation avec l'achat d'Asbestos
Corporation. Je pense, par conséquent, que de deux choses l'une: ou des
études de ce genre existent et ont été faites par le
gouvernement avant que la décision ait été prise et,
à ce moment-là, nous demandons respectueusement, puisqu'on ne
peut pas l'imposer, qu'elles soient déposées, qu'elles soient
distribuées aux membres pour que nous puissions en prendre connaissance,
ou bien ces études n'existent pas et la décision a
été prise sur une base purement politique. Je pense que lorsqu'il
s'agit d'un investissement de l'importance de celui qui
est envisagé à I'heure actuelle, prendre une
décision exclusivement politique et dogmatique sur un sujet comme
celui-là, c'est une décision inacceptable. Cela c'est pour les
études de rentabilité.
Je pense que parallèlement à des études de
rentabilité de la nature que j'ai essayé d'exposer, il faudrait
également c est ce à quoi la motion se
réfère lorsque la motion parle de plans de financement il
aurait fallu, dis-je, avoir également un plan de financement de cette
opération. Qu'est-ce qu on entend par un plan de financement? C'est
d'abord la nature, l'identification des sources de financement. D'où
vient l'argent dont le gouvernement aura besoin pour l'achat de la
société Asbestos? Est-ce que cet argent va provenir
d'impôts additionnels? Est-ce qu'il va provenir d'emprunts faits sur le
marché du Québec? Est-ce qu'il va pro-venir d'emprunts faits sur
les marchés étrangers? Est-ce qu'il va venir d'emprunts qui vont
venir des sociétés publiques qui existent déjà
comme la Société de dépôt?
M. Godin: La caisse de dépôt.
M. Raynauld: La caisse de dépôt. Est-ce qu'on aura,
parallèlement, une fois ces sources d investissement identifiées,
des fonds d amortissement qui seront placés, qui seront
créés d'une année à I'autre? Est-ce que ce serait
exagéré de penser qu'on pourrait savoir quel est le taux que nous
allons payer pour cet emprunt ou pour ces emprunts, et si ces taux sont des
taux qui vont se traduire en tant de millions par année d'impôts
supplémentaires.
Enfin, quand on parle d un plan de financement, d'habitude, on se pose
aussi la question à savoir si ce financement particulier n'aura pas un
impact sur d'autres transactions que le gouvernement du Québec doit
faire de façon régulière. Quel serait l'impact d'un
emprunt ou d'un plan de financement du genre de celui dont nous avons besoin
sur, par exemple, les possibilités d'emprunt pour les fins
générales d'opération du gouvernement du Québec?
Quel va être l'impact d'un emprunt comme celui-là si cet emprunt,
par exemple, provient de l'étranger? Quel va être l'impact de cet
emprunt sur les autres emprunts à l'étranger que le gouvernement
envisage de faire ou a besoin de faire de façon régulière?
S'il ne s'agit pas d'un emprunt à l'étranger, quel est l'impact
sur les autres opérations générales du gouvernement? A ce
moment-là, avec ce genre d'information où on a, d'un
côté, les rendements attendus de l'investissement, où on a
de l'autre les sources de financement nécessaires pour faire cet
investissement, je pense qu'on est capable de porter un jugement sur la
validité ou non de la décision qui peut être prise.
Je pense que c est la méthodologie à suivre lorsqu'il
s'agit de prendre une décision de l'importance de celle qui est
envisagée ici. Ce que cette motion demande, c'est, au fond, de
déposer des études si elles existent qui pourraient
au moins se rapprocher de cet objectif, d'essayer de prendre des
décisions en toute connaissance de cause et non pas de façon
aveugle, de façon dogmatique, comme il semble bien que cela ait
été le cas en ce qui concerne l'achat de la société
Asbestos.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Mercier.
M. Godin: M. le Président, je vous remercie de me donner
la parole. Je regrette qu'un des deux jumeaux du capitaine Ryan soit parti.
J'aurais aimé lui parler de son coup de bourse. Il est abondamment fait
mention d'un coup de bourse dans cette affaire, mais les coups de bourse
tout journaliste qui a fait, ne serait-ce que six mois de journalisme le sait
peuvent se vérifier facilement, M. le Président. Dans le
cas de la Corporation du gaz naturel, par exemple, il y a un journaliste qui
est encore chroniqueur parlementaire, M. Guy Lamarche, qui avait prouvé,
avec l'aide de son collègue Pierre Laporte, dans le temps, qu'il y avait
eu un coup de bourse, parce qu'il avait étudié le transfert des
actions de détenteurs à d'autres détenteurs.
Cela se vérifie. Affirmer qu'il y en a eu un sans avoir fait ce
travail, à mon avis, c'est passer du coup de bourse à ce que
j'appelais le coup de "bouse ". On veut salir le gouvernement, on veut salir ce
projet. Je recommanderais à mon collègue de Saint-Laurent, si
jamais il revoit son collègue de Marguerite-Bourgeoys, de lui conseiller
de faire faire la recherche par son recherchiste. Cela se vérifie
facilement s'il y a eu un coup de bourse ou non. Si, effectivement, il y en a
eu un, je serais le premier à le dénoncer, et je serais le
premier à trouver que le gouvernement a eu un comportement
répréhensible. Mais, jusqu'à preuve du contraire, il n'y a
pas eu de coup de bourse. Il n'y a personne qui a, jusqu'à preuve du
contraire, échangé des masses d'actions d'une direction à
une autre. Par conséquent, il n'y en a pas eu. Combien d'actions ont
changé de mains depuis que c'est annoncé? Dites-nous le, si vous
le savez. Si vous ne le dites pas, ne dites rien.
M. Grégoire: ... à peu près?
M. Godin: D autre part, j'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt le cours magistral de notre John Kenneth Galbraith
local, le député d'Outremont, et je suis impressionné par
la théorie...
M. Bérubé: ... C est plutôt... Kaine M.
Godin: Kaine?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: La théorie de notre John Kenneth Galbraith local
m impressionne; mais je regarde son passé, je regarde d où il
vient, Conseil économique du Canada, je regarde la performance de
I'économie canadienne dont il a été le conseiller depuis
quelques années et cela ne m'impressionne pas beaucoup, M. le
Président, la méthodologie. Je reste un peu sur mon
appétit, la piastre
canadienne est au plus bas, léconomie du Canada est de plus en
plus dépendante des marchés extérieurs, cela s est tait
sous ses conseils, ça, sous son parapluie théorique et
méthodologique, M. le Président, cette économie. Ce
défaut de Iéconomie canadienne n'a pas été
corrigé par ses conseils.
Une Voix: Trouvez autre chose.
M. Godin: Ce que nous voulons faire, nous... Cela lui fait mal,
il est gêné, M. Galbraith junior est blessé de ces
remarques, il est gêné. Je regarde les résultats de ses
travaux à Ottawa, ce n est pas riche, M. le Président.
M. Raynauld: Des beaux poèmes!
M. Godin: Lisez-les, ils sont publiés.
M. Raynauld: Parlez-nous de vos poèmes!
M. Godin: Moi, je n'en ai pas honte, M. le député d
Outremont.
M. Raynauld: Non, les "crisse de tabarnak" de poèmes, je
vais les lire.
M. Godin: Moi, je n'ai pas honte de mes crisse de tabarnak', ils
sont imprimés et diffusés par votre parti dans le comté de
Bourassa, feu M. Bourassa, qui va peut-être rebondir avec les jumeaux du
capitaine Ryan bientôt, dans un congrès politique. Si vous le
voyez, vous le saluerez de ma part d ailleurs.
Je dirai que la performance passée de notre méthodologue
ou théoricien en économie ne m impressionne guère. La
raison pour laquelle le gouvernement décide d'acheter Asbestos
Corporation, c'est tout simplement la confiance qu'il a dans le marché
de l'amiante, qui est prouvé par la performance d'entreprises depuis
quelques années. Et le Galbraith d'Outremont...
M. Raynauld: Vous avez une confiance aveugle.
M. Godin: Le Galbraith d Outremont peut bien tenter de
m'interrompre et tenter de dire qu il aurait fallu suivre un cheminement
écrit dans les livres, comme il a fait au Conseil économique du
Canada depuis quelques années, avec le résultat qu'on sait.
Mais la vérité, c est qu il lui suffirait de prendre cinq
actions d Asbestos Corporation, d'en recevoir gratuitement les états
financiers pour constater qu effectivement il y a un marché pour cela,
qu'effectivement c est rentable, qu effectivement il y a une piastre à
faire là, qu effectivement on n'achète pas une "minoune". On
achète quelque chose qui fonctionne et qui rapporte.
Donc, ses inquiétudes auraient été grandement
diminuées s'il avait fait ce qu'on appelle en journalisme son "legwork"
c'est-à-dire sortir de ses livres de cours magistraux, sortir de son
Gal- braith, sortir de ses conseils qui ont eu le résultat qu on a vu
à Ottawa, regarder la valeur de I'amiante dans le monde actuel, et
surtout prendre conscience du fait qu'enfin ce qu'on fait au Québec, c
est ce que le Canada n'a jamais osé faire, ou pu faire, ou tenté
de faire sur une échelle suffisamment importante, soit de rapatrier ici
le contrôle des richesses naturelles, de rapatrier ici I'industrie
secondaire, au lieu de rester une économie de succursales
américaines, de "branch plants qui se sont développées
sous le parapluie de la pensée économique canadienne.
On nous dira, M. le Président, que le développement
économique, c est I'affaire d Ottawa. Je regrette, mais les plus beaux
coups ont été faits par les provinces, pas par le grand ensemble
canadien. La résistance aux multinationales est venue des provinces,
dans la majorité des cas. au Canada. Il le sait, notre Galbraith
local.
Je ne comprends pas qu'il ne place pas ce qui se passe ici dans le cas
de I'amiante dans cette perspective, perspective que dans certains de ses
rapports lui-même recommandait, mais qu'il semble avoir oubliée
pour des raisons bassement partisanes. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion présentée par le députe de Saint-Laurent
sera adoptée?
Une Voix: Non.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que mon voisin m
avait dit qu il voulait parler sur le sujet.
M. Grégoire: II en a parlé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II en a
parlé? A Tordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé: II a parlé. Pas de
problème. Son silence est éloquent.
M. Grégoire: Un vote...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Voici.
M. le député d Outremont. Je comprends la demande qui a pu
être faite par le député de Richmond, mais, étant
donné son absence, je pense qu'il n'y a pas lieu de suspendre les
travaux. A moins qu un autre député ne demande la parole, je
demanderai le vote sur la motion.
Est-ce que la motion du depute de Saint-Laurent?
M. Grégoire: Appel des noms.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Je voterai contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. Godin
(Mercier)?
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brochu (Richmond)? M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire (Frontenac)?
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
M. Forget: II est revenu au bercail.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ouellette (Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Rancourt (Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Grégoire: Absent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Frontenac! La motion du
député de Marguerite-Bourgeoys, et non de Saint-Laurent, est
rejetée six voix contre une. Est-ce que l'article 4 sera
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, le ministre n'a pas vraiment
daigné expliquer la position de son gouvernement dans cette affaire.
D'ailleurs, je pense bien qu'il en serait incapable parce que c'est une
position fondamentalement malsaine et inexplicable. (20 h 45)
Cependant, dans la mesure où il a tenté, à d'autres
occasions, d'expliquer, d'excuser son silence, il a invoqué
l'intérêt des négociations et l'intérêt qu'il
trouve à ne rien dire qui puisse être interprété
comme un jugement favorable sur la valeur des actifs de la
société Asbestos, de manière à éviter tout
ce qui pourrait faire augmenter son prix. Je veux donc lui donner l'occasion de
nous donner des explications sur des éléments qui pourraient, au
contraire, faire diminuer son prix. C'est là une invitation à
laquelle il ne saurait, j'imagine, résister, puisque chaque mot qu'il
dira, chaque parole qu'il prononcera fera baisser d'au- tant de quelques
dollars le prix de chaque action dont il doit acheter les $2,6 millions qui
existent. Ce sont donc des paroles en or qui vont tomber bientôt de la
bouche du ministre pour nous renseigner, en même temps que pour profiter
directement au trésor public du Québec. Chaque respiration vaut
littéralement des centaines de milliers de dollars. Il est rare que le
ministre pourra dire des choses d'autant de valeur. Je pense d'ailleurs qu'il
n'en a jamais dit qui aient une valeur comparable à celles qu'il
pourrait dire maintenant.
S'il condescendait à expliquer un certain nombre de choses qui,
encore une fois, sont toutes ou des passifs ou des passifs contingents de cette
société.
La première préoccupation, comme il se doit, devrait
porter sur des questions de salubrité pour les travailleurs. Il y a
toutes sortes de spéculations qui ont cours relativement à
l'importance des travaux qui seront nécessaires pour corriger une
situation qui, dans cette entreprise en particulier, est jugée par tous
les observateurs comme méritant une attention toute
particulière.
On se souviendra que lorsque le vice-président du Syndicat des
travailleurs de l'amiante, CSN, a fait une intervention devant cette
commission, il a insisté pour souligner les difficultés qui
existaient encore dans ce domaine, telles que démontrées par les
rapports des services de protection de l'environnement et du ministère
des Richesses naturelles. Il ne fait donc aucun doute que des travaux sont
nécessaires.
D'ailleurs, dans le bulletin que, j'imagine, tous les
députés de cette Assemblée nationale ont reçu cette
semaine, en provenance de l'Association des mines d'amiante du Québec,
volume II, no 2 de février 1978, il y a une brève note à
la dernière page qui paraît sous le titre suivant: "$80 millions
pour la salubrité. Les producteurs d'amiante du Québec ont
investi, de 1975 à la fin de 1977, un total de $26 134 970 dans les
travaux directement reliés à l'assainissement de l'air dans les
mines et moulins des compagnies minières, à Thetford Mines et
à Asbestos. Ces sommes ne représentent pourtant qu'une partie des
programmes d'investissement dans lesquels les compagnies productrices d'amiante
sont engagées depuis les années soixante et,
particulièrement, le début de 1970 et qui visent à
rencontrer la norme gouvernementale de dépoussiérage de 0.20
milligrammes par mètre cube d'amiante dans la poussière totale
respirable qui entrera en vigueur en 1981. A cette date, les compagnies
minières d'amiante auront consacré quelque $81 millions pour
l'exécution des travaux destinés à l'élimination
optimale des poussières et à l'amélioration des conditions
de salubrité dans les usines de traitement et autres installations.
Essentiellement, ces travaux consistent en l'installation de nouveaux
équipements de ventilation et de systèmes de
dépoussiérage et en la modernisation de certains
équipements en usine et en laboratoire". En particulier, on
précise que la société Asbestos, parmi les autres
sociétés dont on décrit les travaux de modernisation...
"La société Asbestos engagée dans un programme
d'assainissement
de $30 millions a mis sur place, depuis le début de 1976, de
nouveaux équipements qui contrôlent la poussière à
ses installations de Thetford, Black Lake et Coleraine. Les autres projets
réalisés comprennent la construction d un
vestiaire-séchoir à la King Beaver no 3 et I installation d'un
nouveau système d'aspiration mécanique aux usines Normandie et
British Canadian no. 1. Un système semblable est en voie d'installation
à la King Beaver. Au cours de 1977 également, les séchoirs
de la British Canadian no 2 ont été munis d'un système de
dépoussiérage à filtres. En outre, on poursuit le
recouvrement des convoyeurs et tamis dans les différentes
installations".
Il s'agit donc de travaux considérables, mais il est très
apparent, à la lecture de cette note, et d'ailleurs à la lecture
des rapports annuels de ces sociétés, que ces travaux ne se
termineront pas cette année, qu'il y en a encore pour plusieurs
années. Ceci suppose que les évaluations, a priori, faites par
les ingénieurs des capacités de dépoussiérage des
installations actuellement en cours d'installation s'avéreront
satisfaisantes. Bien sûr, impossible de l'affirmer avant d'en avoir fait
l'essai, d'autant plus que dans le moulin, en particulier le moulin de la
société Asbestos, plusieurs personnes expriment des avis
divergents à ce sujet. Certains, et bien sûr les cadres de la
société Asbestos, se disent confiants que ces installations
seront suffisantes et qu'en particulier, le moulin de Normandie qui sert
actuellement, comme on le sait, à toutes les mines de la
société à Thetford Mines, sera suffisamment
rénové et suffisamment dépoussiéré pour
qu'il ne soit pas nécessaire de reconstruire à neuf un moulin
entièrement nouveau.
Ces affirmations sont cependant contredites par d'autres personnes, en
particulier, je cite cet article d'Actualité du mois de mars 1978
où, faisant allusion à cette question, on dit, à la page
27: "Si vraiment, comme le promet René Lévesque, Asbestos doit
devenir un employeur modèle, la liste des sommes à y injecter
s'allonge. D'abord et avant tout, il va falloir jeter par terre l'usine de
dé-fibrage de la Normandie et en construire une nouvelle. Selon
Johns-Manville, la compagnie qui a le plus investi depuis dix ans, il est
presque impossible de rendre salubres des installations vieillottes. Les
nouvelles normes de salubrité, deux fibres par centimètre cube
d'air, en vigueur depuis le 1er janvier 1978, exigent des méthodes de
défibrage modernes. Johns-Manville et Bell Asbestos se sont donc
dotées de moulins neufs." Quand nous avons abordé la question
avec M. Bernard Landry, ministre d'Etat au développement
économique, il a répondu: Indiscutablement, nous devons
construire une usine neuve. Le coût: Pas moins de $75 millions. Cette
affirmation, qui semble corroborée par un collègue du ministre
des Richesses naturelles, laisse donc planer un doute sur l'envergure des
responsabilités financières de l'Etat, lorsqu'il sera
propriétaire de cette société. "Il est, en effet,
évident qu'une acquisition qui prendrait effet le 1er janvier 1979
trouverait la société Asbestos en quelque sorte en plein milieu
de son programme de dépoussiérage avec encore une somme
substantielle à dépenser, probablement de l'ordre de $15 millions
à $20 millions, pour compléter son programme d'investissement.
Ces $15 à $20 millions correspondent, encore une fois, à
l'évaluation optimiste que les ingénieurs de la
société Asbestos ont faite des possibilités de
dépoussiérage et des possibilités de satisfaire aux normes
gouvernementales, non seulement les normes qui sont en vigueur depuis le 1er
janvier 1978, mais celles qui viendront en vigueur ulté-rieusement,
puisqu'il y a une progression qui est graduellement envisagée dans le
caractère de rigueur, dans la rigueur de ces normes. Si, cependant,
cette opinion optimiste n'était pas fondée, s il se
révélait, au contraire, que l'opinion relativement moins
optimiste de certains observateurs de lextérieur, tels que ceux
cités dans cet article d'Actualité, et les opinions qui sont
couramment entendues par quiconque se déplace à Thetford Mines et
parle aux gens impliqués à divers titres dans l'industrie de
l'amiante, si ces autres hypothèses moins optimistes devaient se
révéler véritables, on pourrait se retrouver en face de la
nécessité de reconstruire en entier le moulin de la
société Asbestos. Le chiffre de $75 millions est,
évidemment, le chiffre d'aujourd'hui; rien ne permet de croire que
l'inflation des coûts de construction va s arrêter subitement,
d'autant plus que I'équipement qui entre dans un moulin est, dans une
certaine proportion, de l'équipement de provenance
étrangère, et que la dévaluation du dollar, entre autres,
est susceptible de faire progresser, de façon encore plus sensible, les
coûts d investissement dans un nouveau moulin, puisque I'inflation
s'ajoute la dévaluation; ce qui peut avoir un effet très sensible
sur l'évaluation des coûts de remplacement de l'usine.
Donc, il y a là un factuer qui a un impact direct sur les
négociations puisque le ministre a dit, à plusieurs reprises,
à la suite des questions qui lui étaient posées, entre
autres à l'Assemblée nationale à ce sujet, qu il
s'attendait que le prix qu il aura à payer, que le gouvernement aura
à payer pour la Société Asbestos tiendra compte,
c'est-à-dire sera réduit dans une proportion équivalant
exactement aux coûts additionnels rendus nécessaires pour
satisfaire aux normes de salubrité.
Pour cette raison, M. le Président, j aimerais présenter
une motion, de manière que nous obtenions un certain nombre
d'éclaircissements sur cette question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent, je serai forcé de suspendre la séance pendant
quelques minutes parce que je préférerais que ce soit le
président régulier qui puisse prendre avis de votre motion afin
de juger de sa recevabilité.
M. Forget: Ah! bon.
Le Président (M. Laplante): Etant donné que je fais
partie de cette commission, je ne voudrais pas être juge et partie en
même temps concernant les motions.
M. Forget: D accord.
Le Président (M. Laplante): La commission est suspendue
jusqu'au retour du président. Il est sorti à cause d'une urgence
et il m'a dit qu'il serait ici dans quelques minutes.
(Suspension à 20 h 57)
(Reprise à 21 heures)
M. Forget: Je vais vous donner lecture de la motion: "Que cette
commission invite le ministre des Richesses naturelles à distribuer,
avant le début de l'article 4 du projet de loi 70, aux membres et
intervenants de cette commission les études qui ont été
préparées concernant les investissements supplémentaires
au coût d'achat que le gouvernement devra faire pour améliorer les
installations périmées de l'usine de la société
Asbestos Ltée afin de respecter les normes de salubrité dans
l'industrie de l'amiante".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On m
avait, avec gentillesse d'ailleurs, remis cette motion avant qu'elle soit
présentée. Je dois vous dire qu'elle me cause des soucis, qu'elle
me donne des soupçons. Là-dessus, j'aimerais entendre parler
quelque peu de la recevabilité.
Le député de Frontenac doit être content que je
demande l'opinion des membres pour m'éclairer sur ce sujet. Au nom de
l'Opposition... En fait, la question que je me pose, c'est: Est-ce que cette
motion est recevable dans le cadre de l'article 4 du projet de loi? C'est la
seule question que je me pose et j'aimerais qu'on m'éclaire.
M. Godin: Question de directive. Est-ce qu'on ne pourrait pas
également en contester la recevabilité ou...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
c'est cela.
M. Godin: Non, dans une autre perspective; c'est en fait une
version légèrement modifiée de la
précédente. Il y a deux raisons, à mon avis, de
s'interroger sur la recevabilité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
argumenterez tout à l'heure, chaque parti politique aura droit...
M. Godin: Non, mais j'interviens maintenant parce que vous voulez
réduire le débat à la recevabilité dans le cadre de
l'article 4.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
vous pouvez donner tous les arguments que vous voulez.
M. Godin: D'accord, parfait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: S'il y a des objections à la
recevabilité, j'aimerais les entendre parce que je n'en vois pas, a
priori. J'aimerais répondre à ces objections, si on veut bien les
exprimer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Au nom
du parti ministériel, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, de prime abord, il
semble que cette deuxième motion soit une subdivision de la
première motion qui avait été présentée et
qui a été défaite.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De
quelle motion parlez-vous?
M. Grégoire: De celle qui a été
présentée et sur laquelle on a voté au début de
cette séance.
M. Godin: Qui a été rejetée.
M. Grégoire: La motion qui a été
rejetée se lisait comme suit: "Que cette commission invite le ministre
des Richesses naturelles à distribuer, avant le début de
l'étude de l'article 4 du projet de loi no 70, aux membres et
intervenants de cette commission, l'évaluation du coût et le plan
de financement de l'achat de la société Asbestos Ltée, tel
que décidé par le gouvernement."
Cela veut dire l'évaluation du coût et le plan de
financement de l'achat, et le coût comprend tous les coûts. On nous
arrive avec la deuxième et on nous dit:... "et les études qui ont
été préparées concernant les investissements
supplémentaires au coût d'achat que le gouvernement devra faire
pour améliorer les installations périmées de l'usine de la
société Asbestos Ltée afin de respecter les normes de
salubrité dans l'industrie de l'amiante. '
Je crois que c'est un peu inclus dans l'autre.
M. Raynauld: Juste un peu.
M. Grégoire: Oui. Si on avait mentionné d'autres
points que les investissements supplémentaires au coût d'achat...
cela rentre donc dans le coût d'achat, indirectement si l'on veut. Les
renseignements demandés aujourd'hui appartiennent à la compagnie
Asbestos et si l'Opposition veut les avoir, elle n'a qu'à les demander
à la compagnie Asbestos Corporation, puisque c'est elle qui fait ces
investissements. Le député de Saint-Laurent nous a justement
cité les dépenses qui étaient en cours et celles qui
devaient être faites par l'Asbes-tos, qui sont évaluées et
qui existent. C'est demander, par une motion, au ministre de déposer les
études faites par une compagnie à son intention. Je crois que ce
n'est pas réglementaire que de demander un tel document.
M. Forget: M. le Président, cette argumentation est cousue
de fil blanc puisqu'il est clair que, dans la première motion, qui
effectivement a été défaite, nous demandions une
évaluation du coût d'acquisition des actifs actuels. Nous ne
deman-
dions pas le coût d'acquisition de tout actif hypothétique
pouvant un jour exister et être la propriété de la
même compagnie.
Comment, de quelle façon, par quel procédé
comptable le gouvernement en arriverait-il à déterminer le
coût d acquisition de la société, c'est une chose que l'on
ne saura jamais, M. le Président, et sur laquelle la commission ne peut
pas présumer s'être prononcée parce que justement le
ministre ne nous a pas donné les renseignements voulus pour qu'on puisse
dire: Dans les renseignements sur l'évaluation de la compagnie, le
gouvernement a tenu compte des nouveaux investissements. Comme c'est le silence
total, on ne peut pas présumer que dans le coût d'acquisition de
la société, on tient compte d'investissements futurs,
hypothétiques, qui peuvent consister dans ceux que je mentionne dans
cette nouvelle motion ou qui pourraient consister dans l'acquisition de
filiales d'une autre mine, de propriétés foncières
additionnelles, etc. On peut faire toutes sortes de suppositions quant au
futur, quant à l'avenir de cette société, une fois qu'elle
sera propriété du gouvernement, mais il serait assez fantaisiste
de supposer que, dans l'évaluation du coût d'acquisition d'une
société aujourd'hui, à ce moment-ci, on va prendre en
considération toute cette série d'hypothèses. Si, encore
une fois, le ministre avait déposé des études, on pourrait
soit confirmer, soit infirmer ce que j'avance, mais, comme il a refusé
de les déposer, la supposition, l'hypothèse la plus normale, la
présomption la plus normale, c'est que ces études portant sur les
actifs actuels et que, s'il y a d autres informations qui doivent s'y ajouter,
elles doivent faire l'objet de demandes supplémentaires.
D'ailleurs, le libellé même de la motion, M. le
Président, indique très bien qu'il s'agit d'investissements
supplémentaires et hypothétiques dans le fond, puisqu'il pourrait
se trouver que, par suite de toute une série de circonstances, ces
investissements ne soient pas nécessaires. On pourrait également
demander quelle est l'évaluation que le gouvernement fait des
déficits futurs de cette société puisque le ministre a
parfois exprimé l'avis que la fabrication au Québec
n'était pas rentable, etc., donc il faudrait des mises de fonds. Mais on
ne peut pas présumer qu'on va déduire cela du coût d
acquisition de la société Asbestos, à moins que le
ministre ne dépose l'étude où il démontre qu'il en
a tenu compte. Mais, à défaut, de cela, on doit présumer
qu'il va se fier aux actifs actuels et non pas à des actifs
hypothétiques et que la valeur dont il n'a pas voulu nous parler, de
toute façon, mais la valeur d'acquisition n en tient pas compte, ce qui
justifie, je pense, I'admissibilité de cette motion qui traite d'un
sujet qui n'a pas été l'objet d'une discussion
préalablement. D'ailleurs, au niveau même de la justification,
pour ne pas produire les données, c'est une justification d'un ordre
tout différent, alors qu'au niveau de l'évaluation, le ministre
pouvait, à la limite, dire qu il ne voulait donner aucune information
qui permette de donner une valeur élevée aux actifs. Dans le cas
d'un investissement à venir, qui diminue, dans le fond, l'utilisé
ou l'intérêt des actifs qui feront
I objet de l'acquisition, I'argumentation est complètement
à l'inverse, ce qui montre bien le caractère distinct des
préoccupations et le caractère distinct des données
demandées. Pour ces raisons, M. le Président, je pense humblement
qu il s agit d un sujet nouveau, qui se rattache, bien sûr, à
I'objet visé par l'article 4, qui est l'acquisition et I exploitation de
sociétés minières, ce qui est donc pertinent à
l'article 4, mais qui n'a pas déjà été
tranché par notre débat sur la motion
précédente.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais seulement
ajouter quelques points pour renforcer la même argumentation. En ce qui
me concerne, je ne vois pas du tout comment cette motion peut être
assimilée à la précédente. Si, dans un premier
temps, je demande combien coûte cette table-ci et si, dans un
deuxième temps, je demande quelles pourraient être les
utilisations qu'on pourrait faire de la salle et que je demande quel est le
coût de cela, c est bien évident que ce n'est pas la même
chose. C'est complètement différent. C est tellement
différent et je pense qu'on n'a pas compris quelle était
la nature de la motion qu il n est pas pensable non plus qu on puisse
dire que ce que nous demandons, ce sont des informations qui appartiennent ou
qui sont de la société Asbestos Corporation. Il s'agit des
investissements que le gouvernement devra faire, pas des investissements
d'Asbestos Corporation, s'il achète Asbestos Corporation. Quels seraient
les investissements supplémentaires que le gouvernement devrait faire
pour améliorer les installations périmées. Donc, cela n'a
rien à voir avec Asbestos Corporation, à ce moment-là, ce
sont des estimations que le gouvernement devrait avoir, dont il devrait
disposer à présent pour savoir si l'investissement qu'il fait
dans la société Asbestos est un investissement rentable ou non.
Donc, il me paraît très clair qu'il s'agit de deux motions
complètement différentes et qui se rapportent également
bien à l'article 4.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond. M. le député de Bourassa.
M. Laplante: M. le Président, contrairement au
député d'Outremont, je crois que ces deux propositions sont
presque identiques. Je vais vous lire l'article 63 du règlement, je
pense que c'est assez clair. "1. Une motion ne doit pas soulever une question
identique au fond à une question dont l'Assemblée a
décidé pendant la session en cours à moins qu'elle
n'indique des faits nouveaux. 2. Une motion ne doit pas soulever non plus une
question identique au fond à une question qui est alors inscrite ou
annoncée au feuilleton". Mais la première partie de l'article 63
couvre exactement les deux motions qu'on a devant nous, celle qui a
été battue tout à l'heure, celle qui est
présentée sous une autre forme, mais qui demande encore des
évaluations.
Pour moi, elle ne peut être recevable, en vertu de l'article 63.
Ce sont deux évaluations différentes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je crois
qu'effectivement, votre position est assez délicate puisqu'on pourrait
vous amener dans ce cas-ci à vouloir trancher, non pas simplement un
aspect de procédure, mais une question de fond à savoir si
l'amélioration des installations est un coût qui doit servir
à l'évaluation du coût de la société
Asbestos. En d'autres termes, s'agit-il d'un coût intrinsèque
à l'évaluation de l'achat?
Il me paraît qu'il nous faut cependant reconnaître
qu'effectivement, il s'agit bien là d'une seule et même chose. En
effet, je prendrai une certaine analogie. Si vous devez choisir d'acheter une
voiture, que cette voiture a été accidentée, il ne fait
aucun doute qu'il existe une énorme différence entre le prix
d'une voiture accidentée et exactement la même voiture avant
l'accident. Par conséquent, vous serez nécessairement
obligé, au moment où vous évaluez le prix d'achat de la
voiture, de bien indiquer l'étendue des dommages qu'a subis cette
voiture, par conséquent, d'en tenir compte dans le coût d'achat.
Il s'agit donc d'une seule et même chose.
M. Forget: On ne tient pas compte du coût d'achat de votre
prochaine voiture.
M. Bérubé: Présentement, M. le
Président, s'il n'existait pas au Québec de normes qui sont en
vigueur, comme le député de Saint-Laurent l'a souligné,
depuis janvier 1978, s'il n'existait pas de nouvelles normes qui rendent
nécessairement les transformations à ces usines obligatoires, je
pense que l'Opposition serait justifiée de parler d'un coût
supplémentaire que l'Etat pourrait vouloir ou ne pas vouloir encourir
lors de l'achat.
Cependant, comme la société devra se conformer à la
réglementation, elle doit donc encourir ses frais et nous devons en
tenir compte lors de l'achat de l'entreprise. Il m'apparaît
qu'effectivement, on ne peut pas dissocier les coûts requis par la
modernisation de cette société du coût d'achat de
l'entreprise.
M. Godin: M. le Président, je voudrais faire une
intervention, est-ce que j'ai le droit de parole?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'avais
l'intention d'en donner un à chaque parti, mais j'en ai accordé
deux à l'Opposition officielle.
M. Godin: Cela sera très court. Je trouve que la motion
est irrecevable un peu pour les raisons mentionnées par le
député de Saint-Laurent, parce que premièrement, elle est
très hypothétique. Nulle part devant nous et vous, comme
président, n'avons-nous la preuve que les installations en question sont
périmées. On a lu ça dans les journaux...
M. Raynauld: M. le ministre vient juste de dire le contraire.
M. Godin: ... le ministre a dit le contraire, mais il n'y a aucun
document déposé ici, M. le député d'Outremont, vous
le savez très bien.
M. Raynauld: ... des documents non officiels.
M. Godin: C'est une hypothèse.
M. Forget: C'est légitime comme question.
M. Godin: Deuxièmement, M. le Président, est-ce que
j'ai toujours la parole?
M. Ouellette: II a parlé d'une auto qui avait mauvaise
mine, ce n'est pas la même chose. (21 h 15)
M. Godin: On parle du respect des normes de salubrité dans
l'usine.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'allais
vous dire de ne pas être surpris quand vous êtes interrompu, parce
que...
M. Godin: Non, parce que cela m'arrive à moi aussi, de
temps en temps. D'accord. On parle des normes de salubrité, mais ces
normes peuvent changer. Ce sont de pures hypothèses.
Deuxièmement, je pense que, techniquement, la principale faiblesse de la
motion, c'est qu'on parle de l'usine de la société Asbestos
Ltée.
Or, cette société Asbestos Ltée a deux usines.
L'une qui est très moderne, qui est à Asbestos Hill, l'autre qui
est peut-être effectivement un peu vieillie...
Une Voix: Trois.
M. Godin: Trois autres, une qui est peut-être effectivement
moins neuve qu'à Thetford et nulle part, M. le Président, dans la
motion, ne précise-t-on de quoi il s'agit. Je peux vous dire que l'usine
d'Asbestos Hill ne fera l'objet d'aucune modernisation, parce qu'elle est
très moderne. Par conséquent, sur une technicité, je
trouve qu'elle est vague, d'une part, parce qu'elle ne précise pas de
quoi il s'agit exactement. On parle de l'usine dans son sens large, alors qu'il
y en a quatre.
Enfin, comme le disait lui-même le député de
Saint-Laurent, c'est extrêmement hypothétique. Comme nous n'avons
rien devant nous qui nous permet de croire qu'il y a des installations
périmées je ne dis pas qu'il n'y en a pas ailleurs
je dis que, devant nous, il n'y a rien qui nous permet de croire que les
installations sont périmées et que ladite usine ne respecte pas
les normes. La motion est irrecevable, à mon humble avis. Merci, M. le
Président.
M. Brochu: M. le Président, simplement pour
enchaîner avec les propos de mon collègue de Mercier, qui fait
référence à l'obligation que nous devions avoir devant
nous des faits clairs et précis en ce qui concerne l'état des
usines en question, que le gouvernement se propose d'acquérir, je vous
rappellerai simplement à vous et au député
de Mercier que, devant cette commission, lorsque nous avons reçu
les personnes impliquées, le Syndicat national de l'amiante, de
même que les personnes qui sont venues à la demande même du
député de Frontenac, soit M. Tanguay et son groupe, le maire de
Thetford également, lorsqu'on leur a posé des questions nettes et
précises sur l'état des installations d'Asbestos Corporation, les
réponses ont également été précises et
nettes, indiquant que ces installations sont vétustes et contraires
à la salubrité, dans toutes les usines.
M. Godin: II y a une technicité qui rend la motion
irrecevable.
M. Forget: Voulez-vous faire un sous-amendement?
M. Brochu: Merci, M. le Président. Je tenais à
faire cette précision qu'au niveau des faits, ils sont clairement
établis, non seulement au niveau de la presse, mais également au
niveau de cette commission parlementaire.
M. Ouellette: Ce sont des ouï-dire.
M. Raynauld: L'argent est dans la caisse?
M. Grégoire: Le moulin a brûlé et l'assurance
a payé. Il y a $21 millions dans le coffre-fort.
M. Raynauld: Je le sais, mais cela ne vous appartient pas.
M. Grégoire: Cela appartient à l'Asbestos
Corporation.
M. Raynauld: Vous allez les payer. C'est bête de dire une
affaire comme cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Raynauld: Vous allez les payer, les $21 millions..
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Les travaux de la commission sont suspendus
pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 17)
Reprise de la séance à 21 h 22
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, messieurs!
Je pense que la présente motion qui vient d'être
présentée, dans le cadre de l'article 4, doit être
étudiée en fonction de la première motion qui a
été présentée au préalable et
également en fonction de notre règlement.
Tout d'abord, quant à certains arguments qui ont
été employés, je dois vous dire que le
député de Mercier nous a déclaré qu'il n'y avait
pas preuve devant cette commission que les installations étaient
périmées. Voilà un terme un peu excessif; mais, le moins
que l'on puisse dire, c'est que la présidence a pu se rendre compte,
elle qui a siégé depuis le début et qui a entendu
certaines personnes qui sont venues témoigner, que si les installations
n'étaient pas périmées, du moins, les conditions de
travail des travailleurs de la société en question, au point de
vue de la salubrité, étaient telles qu'elles demandaient
considération de la part d'un futur acquéreur.
Je ne peux pas tenir pour acquis ici que preuve n'a pas
été faite que les installations étaient
périmées. Je dois prendre les témoignages qui ont
été rendus devant moi et je pense qu'il y aurait lieu, pour
n'importe quel acquéreur, d'envisager possiblement une intervention dans
ce domaine.
La deuxième question que je me pose et que je dois me poser:
Est-ce que. face à ce qui a été dit, parce qu'on a
soulevé I'"hypothétique de cette motion, cette motion est
"hypothétique"? Dans un sens, c'est bien sûr qu'elle l'est, parce
que le futur acquéreur est toujours libre ou non de faire des
investissements supplémentaires à une installation.
D'autre part, la présidence ne peut oublier que les
témoignages qui ont été rendus démontrent que, dans
les circonstances je ne veux pas porter de jugement sur le fond
qui ont été décrites, normalement, un acquéreur
avisé aurait certaines améliorations à faire au niveau de
la salubrité.
Raisonnant en bon père de famille, je me dis qu'il y aurait une
possibilité ou, du moins, une probabilité même
peut-être d'intervention, si minime soit-elle. C'est hypothétique,
mais c'est également dans le domaine des choses probantes.
L'argument le plus sérieux me vient du ministre et du
député de Frontenac qui me disent que la deuxième motion,
c'est la première motion sous une forme déguisée. J'ajoute
l'argument du député de Bourassa qui me parle de l'article 63,
paragraphe 1.
Effectivement, il est vrai que, normalement, en affaires, lorsqu'un
individu veut se porter acquéreur d'une propriété, il doit
considérer, dans le coût d'achat, les investissements qu'il aura
à faire. Normalement, comme cela se passe assez souvent, ces
investissements sont déduits du coût d achat, de telle sorte que
si on revenait à cette façon, on en viendrait
nécessairement à dire que la deuxième motion est incluse
dans la première motion qui a été défaite, puisque
l'acquéreur normal se conduit de cette façon lorsqu'il
achète une propriété ou une installation quelconque.
Cependant...
M. Godin: C'est quasiment du Ryan, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
nonobstant tout ce qui a été dit au préalable...
Une Voix: II l'a dit en riant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... la
présidence ne peut présumer de la façon que le futur
acquéreur négociera l'achat de la société en
question. Compte tenu d'une longue tradition dans le droit parlementaire qui
veut qu'en cas d'indécision, qu'en cas de doute, on doive donner la
chance au coureur, et comme la présidence a joué longtemps dans
un sport qui s'appelle le base-ball, qu'il a arbitré dans ce sport et
qu'il y a une règle en matière de base-bail qui dit que, lorsque
l'arbitre du premier but est indécis, à savoir s'il doit
déclarer l'homme retiré ou sauf, il doit le déclarer sauf,
donc donner le bénéfice du doute au coureur...
M. Grégoire: II ne court pas fort!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
toute comparaison étant boiteuse, mais l'analogie étant quand
même faite, je déclare, pour tous ces motifs, la motion recevable
et débattable.
M. Forget: Merci, M. le Président.
M. Bérubé: M. le Président, pourrais-je
avoir une directive?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Bérubé: Dans la ligne du jugement que vous venez
de rendre je ne peux pas le remettre en cause, connaissant le
règlement vous semble-t-il que, si une autre motion devait
être déposée, demandant par exemple l'évaluation de
la valeur de la machinerie dans tel endroit de l'usine, cette motion serait
à nouveau recevable, utilisant la même argumentation que vous avez
invoquée, c'est-à-dire que vous ne pouvez pas présumer de
la méthode que le gouvernement pourrait utiliser dans
l'évaluation de l'entreprise, et que, par conséquent, il serait
possible à l'Opposition de demander que l'on dépèce
l'usine pièce par pièce et qu'on présente des motions
individuelles qu'il faudrait toutes débattre les unes après les
autres?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
pense pas que ce soit l'esprit de la décision, mais je voudrais vous
rappeler poliment une directive que nous avons eue, à savoir de ne
jamais, au préalable, annoncer les décisions que nous rendrions
sur des motions hypothétiques qui ne sont pas encore
présentées.
M. Forget: On peut rassurer le ministre, M. le Président;
on n'a pas l'intention de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'espère que l'Opposition n'irait pas me mettre dans l'embarras à
ce point.
M. Forget: On n'a pas l'intention de soulever des
problèmes de ce genre pour la présidence.
M. Bérubé: Merci, M. le député de
Saint-Laurent, vous me rassurez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'ailleurs, une chose que je voulais dire. Une des questions que je me posais
au début, et je ne l'ai pas mentionné tout à l'heure,
c'est qu'à partir du moment où l'article 4 prévoit, non
seulement la recherche, le développement, mais l'exploitation de
gisements d'amiante, et comme l'exploitant d'une mine d'amiante a
nécessairement à respecter des normes de salubrité, la
salubrité devient, pour toute motion visant à parler de
salubrité, presque indirectement acceptable, puisque l'exploitation
d'une mine d'amiante amène des questions de salubrité. Je ne le
dis pas nécessairement dans le cadre d'une motion d'amendement qui
aurait pour but d'ajouter des articles ou de retrancher des articles, pour le
bénéfice de l'Opposition, mais dans le cadre d'une motion
générale, pour discuter de l'article 4; c'est pertinent à
l'article 4 à cause du mot "exploitation ".
M. Grégoire: M. le Président, le
député de Saint-Laurent, tout à l'heure, m'a
demandé si on finissait de siéger à 21 h 30 ce soir. Je
voudrais lui faire une proposition. Comme il a le droit de parler 20 minutes,
le député d'Outremont 20 minutes, le député de
Richmond 20 minutes, cela fait une heure. On pourrait ajourner les travaux tout
de suite et se retrouver mardi; au lieu de 10 heures, ce serait à 10 h
30. A ce moment, il y aurait une heure d'écoulée. On
présumera que vous avez parlé tous les trois 20 minutes, et on
votera immédiatement. Je dois vous dire que nous autres, on sait
exactement d'avance ce que vous allez dire tous les trois. Est-ce qu'on peut
vous proposer cette suggestion?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: On va vous laisser une heure et on reviendra
à 10 h 30, au lieu de 10 heures, ce qui veut dire...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: ... une demi-heure aujourd'hui et une
demi-heure mardi et, à 10 h 30, on votera comme si vous aviez tous
parlé. Cela peut se faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
cela peut se faire, mais...
M. Grégoire: Vous déposerez vos discours par
écrit au journal des Débats.
Une Voix: II n'y a pas de dépôt.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député d'Outremont. (21 h
30)
M. Raynauld: M. le Président, je pense que le
député de Frontenac ne prend pas les choses bien au
sérieux pour proposer des choses comme celle-là.
M. Grégoire: Au contraire.
M. Raynauld: Je pense que, plutôt que de s'attacher
simplement à des vétilles relatives aux motions qu'on peut
présenter, il devrait essayer de comprendre ce que nous cherchons
à faire, ce que nous cherchons à avoir. Nous cherchons à
obtenir des informations qui sont indispensables, lorsqu on prend une
décision de l'importance de celle que le gouvernement entend prendre.
Nous voudrions avoir un peu de clarté.
Cette motion, comme la précédente, a le même
objectif, même si elle porte sur deux choses entièrement
différentes, qui est celui de forcer le gouvernement, si c'est possible,
à fournir des informations qui nous permettent de porter un jugement
éclairé. Cel n'est pas difficile à comprendre. Cela ne met
pas en cause les problèmes que le gouvernement peut avoir en vue de sa
négociation avec Asbestos Corporation.
Ce que cela met en cause, c'est l'information des parlementaires qui ont
à prendre une décision. Comment voulez-vous qu'on puisse
approuver une opération, lorsque nous ne savons pas du tout ce que sont
les sommes impliquées? Comment voulez-vous qu'on prenne une
décision et que, vous, vous preniez une décision
éclairée lorsque vous ne savez pas du tout quels peuvent
être les engagements de la province de Québec face à un
projet dont on peut bien désirer, en général, le voir se
réaliser, mais qui dépend, évidemment, des sommes d'argent
qu'on devra y consacrer, par opposition aux autres projets qu'on devra laisser
de côté en cours de route?
On n'a pas des ressources illimitées. C est bien joli de dire: On
va racheter le Québec. Moi aussi, en principe, je suis d'accord avec
cela, mais par la suite on dit: Une fois qu'on aura accepté cela comme
vue générale et comme principe, il va quand même falloir
que quelqu un paie; il va falloir que les contribuables paient. Or, nous sommes
déjà dans la province du Canada la plus taxée. On est
déjà...
M. Godin: Attendez le 18 avril.
M. Raynauld: ... dans une province qui a de la difficulté
à être compétitive sur les marchés
extérieurs, parce que, justement, on a des coûts de production
souvent plus élevés qu'ailleurs. On nous propose un projet qui,
dans I immédiat, tout au moins, et pour de nombreuses années, ne
crée pas un seul emploi, mais fait un transfert de
propriété pur et simple. On voudrait savoir, à l'aide de
cette motion, quels vont être ses engagements. Il faut se rappeler,
même si aujourd'hui on peut être d'accord, qu'en 1968 ou 1969,
lorsque le gouvernement a décidé d'acheter la DOSCO pour la
transformer en SIDBEC, il a payé $60 millions. Il faut se rappeler
qu'aujourd'hui on est rendu à environ $750 millions. Est-ce que les gens
auraient accepté, s'ils avaient su qu'il ne s'agissait pas d'un
investissement de $60 millions, mais de $750 millions, réparti sur dix
ans? Est-ce qu'ils auraient accepté? On n'en sait rien. Je doute qu on
aurait accepté. C'est cela être honnête envers une
population.
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
M. Raynauld: C'est dire à la population ce à quoi
on s'engage.
M. Bérubé: Si le député d'Outremont
me le permet?
M. Raynauld: Si c'est une question.
M. Bérubé: Oui, c'est une question, elle n est pas
malicieuse, c'est que vous dites que les parlementaires de l'époque
n'auraient sans doute pas accepté, à l'époque, mais il
faut quand même retenir que les parlementaires ont voté dans le
mandat de SIDBEC la construction du complexe sidérurgique
intégré. Or, à partir du moment où on acceptait le
principe d'un complexe sidérurgique intégré, il ne fait
aucun doute qu'un complexe de cette nature ne peut certainement pas
coûter moins de $1 milliard en argent 1978. Par conséquent, je
suppose que les parlementaires devaient le savoir.
M. Raynauld: Vous, M. le ministre, peut-être savez-vous
comment I'amiante va coûter, dites-nous le donc, si vous le savez.
M. Bérubé: $250 millions.
M. Raynauld: Ah oui! Est-ce que vous allez mettre votre
siège en jeu, si cela dépasse $250 millions?
M. Bérubé: $250 millions d investissement, c est ce
que la loi propose.
M. Raynauld: Oui, c'est final?
M. Bérubé: L'Assemblée nationale
décidera.
M. Grégoire: S'il y avait à construire d autres
usines de transformation, s il y avait une demande pour dix usines de
transformation, cela donnerait de l'emploi.
M. Raynauld: Nous voulons nous attacher, dans cette motion, nous
attacher à essayer d'obtenir du ministre les plans qui conduiraient
à des investissements supplémentaires à l'achat de la
société Asbestos Corporation. On n'est pas
intéressé ici à découvrir, par des voies
détournées, ce que coûte Asbestos Corporation, nous voulons
savoir quels vont être les investissements nécessaires pour que
cette usine ou ces usines soient rentables, pour que l'investissement que le
gouvernement du Québec fait dans ce projet soit également
rentable.
Ce qui me renverse, c'est que je ne comprends pas que le gouvernement
n'ait pas une idée de ces sommes à engager et qu'il ne veuille
pas nous éclairer sur ce sujet. Je ne comprends
pas non plus comment il se fait que ces députés qui sont
de I'autre côté et qui sont, je pense, d'habitude, assez
honnêtes pour reconnaître qu'ils ont peut-être
également besoin d'information avant...
M. Godin: Merci pour: d'habitude!
M. Raynauld: ... de prendre des décisions, ne puissent pas
même s'entendre sur des choses aussi élémentaires. Que le
ministre nous dise qu'il n'y a pas d'étude, qu'il nous dise qu'il n'a
pas l'information et on saura à quoi s'en tenir. Mais ce n'est pas
là la position du ministre; la position du ministre est: On vote contre
les motions. On dit: Ce sont simplement des mesures dilatoires pour retarder
l'adoption du projet de loi. Ce n'est pas cela, ce ne sont pas des mesures
dilatoires pour retarder l'adoption du projet de loi, même si cela a pour
effet de le retarder, ce n'est pas pour cela. On voudrait que vous nous
croyiez, on voudrait avoir des informations élémentaires. Quand
on est en commission parlementaire sur les crédits, la pratique a voulu
que le gouvernement soit tenu de dire aux parlementaires quel est
l'élément 1 du programme 1; il est tenu de nous dire combien il
paie pour les traitements, combien il va dépenser en capital; il est
tenu de faire cela. Comment se fait-il qu'on ait un projet considérable,
qui peut aller jusqu'à $250 millions, et qu'on ne soit même pas
capable d'avoir une ligne d'information qui nous indiquerait ce à quoi
ces sommes d'argent vont être consacrées, quels sont vraiment les
engagements que nous prenons pour l'avenir. Est-ce excessif de demander
à un gouvernement? Qu'il dise à l'Assemblée nationale et
à la population ce à quoi nous nous engageons? On va nous dire:
Est-ce que cela pourrait être des investissements hypothétiques?
Ils sont peut-être hypothétiques à ce stade-ci, quoi qu'on
sache, d'après toutes les informations que nous avons, que des
investissements sont requis, ne serait-ce qu'à des fins de
salubrité. Est-ce qu'on va entreprendre des investissements
supplémentaires? Là encore, sans que jamais l'Assemblée
nationale soit saisie de ces projets...
Lorsque SIDBEC, aujourd'hui, veut faire un investissement, comme SIDBEC
en a fait un pour Fire Lake... On a eu une commission parlementaire qui a
examiné cette demande. Je ne sais pas combien de temps cela a
duré. Cela a dû durer quelques semaines pendant lesquelles SIDBEC
a dû justifier une demande d'investissement. Il y a eu des rapports qui
ont été faits. Cela a fait partie de plusieurs phases de
développement, avec des plans de développement. Oui, M. le
ministre, pour votre information, il y avait des plans de développement
de 1974. Oui, il y a eu des plans de développement qui ont
été soumis à l'Assemblée nationale. Il y a eu une
longue commission parlementaire qui a discuté de ces choses-là
probablement pendant des semaines, même si je n'y étais pas. On a
étudié probablement chacun de ces éléments. Il y en
avait peut-être 50 pour étudier l'opportunité de faire un
investissement comme celui-là. Une décision a été
prise après coup.
Qu'est-ce qu'on nous présente aujourd'hui? On nous
présente une demande en blanc. On dit: $250 millions et laissez-nous
cela, nous savons ce que nous pouvons faire. D'un côté, on va
acheter Asbestos Corporation. Là, la position du gouvernement est
simple. On dit: On achète au prix le plus bas possible. On achète
Asbestos Corporation, point final.
On arrive à une autre étape. Il ne s'agit plus simplement
d'acheter une société, il s'agit d'envisager des investissements
supplémentaires. Pour quelle raison ces investissements
supplémentaires ne seraient-ils pas soumis aux mêmes critiques,
aux mêmes examens que n'importe quels autres qui sont toujours soumis
à des examens par l'Assemblée nationale de façon
régulière, systématique, ce qui remonte à plusieurs
années?
On demande qu'avant de s'engager à donner des pouvoirs à
une société, en vertu de l'article 4, on nous informe sur la
nature des investissements que le gouvernement peut envisager de faire. Quels
sont les besoins qui existent? Qu'est-ce que sera, là encore, même
si cela déplaît au député de Mercier, le taux de
rendement de ces investissements qui seront entrepris? C'est
élémentaire pour qui veut prendre une décision un peu
éclairée.
J'aimerais qu'à l'occasion de cette motion, le ministre nous
réponde ou réponde à ces attentes que nous avons
d'éclaircissement sur des activités vraiment importantes que
cette société devrait entreprendre. C'est pour cela que nous
voulons demander au gouvernement qu'il dépose ou qu'il distribue les
études qui peuvent exister.
Je pense bien que la vérité du silence du gouvernement sur
cette motion comme sur la motion précédente et je pense
que c'est cela qu'il faut souligner c'est qu'il n'y a pas d'étude
du tout. C'est pour cette raison que le gouvernement ne peut pas
répondre, ne peut pas accepter des motions comme celle-ci. Je suis
absolument convaincu, quant à moi, que si le gouvernement avait des
études, il les aurait déposées. Parce que toutes celles
qu'il nous a déposées, même certaines qui étaient
des torchons, ont été déposées à la
commission parlementaire.
Là, il n'y a pas d'étude, c'est pourquoi on ne soumet
rien, et c'est pourquoi le gouvernement prend une attitude absolument hautaine
sur ces sujets plutôt que de reconnaître qu'effectivement, il n'y a
pas eu d'étude faite. On ne sait absolument pas où on s'en va et
on présente un projet de loi parapluie, une espèce de loi qui
donne tous les pouvoirs possibles et imaginables. On y arrivera, je suppose,
dans une session ultérieure, où on verra que l'article 4 permet
à cette Société nationale de l'amiante d'entreprendre
à peu près n'importe quoi, pourvu qu'il y ait une fibre
d'amiante, même sur un train. Cela permet de faire n'importe quoi. La
vérité est simplement ça.
On se donne une loi tellement générale qu'elle
prévoit toutes les possibilités, toutes les
éventualités, les études ne sont pas faites, on ne sait
pas où on s'en va. On dit à la population du Québec: II
nous faut $250 millions d'autorisation, nous allons adopter ça à
l'Assemblée nationale et, ensuite, nous déciderons. Nous
déciderons et ce sera à ce
moment-là, ce que le ministre a appelé cet
après-midi, une décision administrative.
Une décision administrative, c'est facile ça. On n'a
qu'à déclarer que c'est de nature administrative et le
gouvernement a toutes les autorisations possibles et imaginables, il n'a plus
besoin de l'Assemblée nationale. Ce n'est pas la notion que j'ai d'un
certain respect des institutions parlementaires que nous avons. Je pense
qu'ici, on ne pourra jamais le souligner assez. Si le gouvernement
répond de la même façon à cette motion qu'à
la motion précédente, je pense que ce sera notre devoir, à
nous et aux media d'information, de dire à la population
qu'effectivement, il n'y a pas d'étude, il n'y a pas eu de
réflexion qui a précédé l'adoption de ce projet de
loi. Le gouvernement en prendra la responsabilité et en tirera les
conséquences.
Le Président (M. Ouellette): M. le député de
Mercier.
(21 h 45)
M. Godin: M. le Président, sur l'intervention
précédente, il est sûr que toute entreprise achetée
par qui que ce soit, que ce soit un gouvernement, un citoyen ou un groupe de
citoyens, implique que si besoin en est, il y aura des réparations
faites. Le député d'Outremont laisse entendre que nous qualifions
ces motions de mesures dilatoires. En ce qui me concerne, non. Je pense que les
motions précédentes sur l'article 1 et sur l'article 2
étaient effectivement dilatoires et portaient sur des détails
fort peu impotants quant au fond de ce projet de loi.
Mais les deux motions que nous avons sous les yeux sont des motions qui
sont, à mon avis, beaucoup plus sérieuses et qui touchent le fond
de la question en ce qui concerne ce projet. Donc, je fais une distinction,
quant à moi, entre les deux dernières motions
présentées et les précédentes.
Je pense, par ailleurs, que ce n'est pas le lieu, au moment où on
étudie un projet de loi, où se poser des questions sur ce que
coûterait la peinture qu'on mettrait sur la voiture qu on a l'intention
d'acheter. Il n'y a pas lieu de se poser ces questions ici. Tôt ou tard,
vous aurez tout le loisir d'avoir sous les yeux ces documents dont vous parlez.
L'équivalent des documents que vous avez eus sous les yeux dans le cas
de SIDBEC, vous les aurez sous les yeux quand viendra le temps d'affecter les
crédits à tel ou tel point de cette usine de la
Société nationale de l'amiante au Québec.
Vous savez fort bien, connaissant la vie parlementaire comme vous
l'invoquez, que c'est comme cela que cela va se passer et que, tôt ou
tard, vous serez saisis de ces faits, de ces données, et que vous aurez
le loisir d'interroger, si besoin en est, et vous aurez les réponses aux
questions que vous poserez à ce moment-là.
Mais ce que nous faisons ici, c'est étudier le bien-fondé
ou non de la création d'une telle société. Vous disiez
tout à l'heure et je suis d accord avec cela de racheter le
Québec. C'est ce que nous tentons de faire. Nous demandons un mandat.
Nous ne savons pas le prix que nous al- lons payer pour Asbestos. Nous
demandons un montant d'argent qui inclut le montant requis pour acheter
Asbestos.
Au fond, vous prenez des moyens détournés pour savoir une
chose que ni Asbestos ne sait actuellement, ni le gouvernement, puisque deux
sociétés mandatées par les deux, vendeur et acheteur, font
actuellement cette évaluation. Elles la font et, cela fera partie de
l'entente qui interviendra entre les deux parties, M. le député
d'Outremont, M. le Président. C'est dans ce sens.
Malgré que cette motion ait été admise je
n'a pas de commentaire à faire sur la décision revenons au
fond, ce n'est ni le lieu ni l'heure, à mon avis, M. le
Président, de répondre à ces questions, puisque cela fait
partie de l'étude qui est actuellement en cours par Kidder and
Pea-body.
Ce que nous voulons savoir de l'Opposition, c'est si elle est d'accord
pour affecter un budget à ce projet. Au fur et à mesure que les
choses évolueront, elle sera saisie des raisons pour lesquelles le
gouvernement procède de telle ou telle manière et affecte telle
partie du montant global à l'achat de la compagnie Asbestos Corporation
et de ses usines au Québec.
Si on le savait, on n'aurait pas confié le mandat à Kidder
and Peabody d'évaluer les actifs et de négocier, puisqu'on le
saurait. Mais on ne peut pas confier un tel mandat sans avoir cet instrument
qui va nous permettre de réaliser ce projet, avec lequel l'Opposition,
prise individuellement, est d accord, mais, dans son ensemble, est contre, pour
des raisons que je ne comprends pas jusqu'à ce jour. Merci beaucoup.
M. Raynauld: J'aurais une question, M. le Président.
M. Godin: Si je peux y répondre, j'y répondrai.
M. Raynauld: Est-ce que vous savez que, lorsque le gouvernement a
acheté la Shawinigan Water and Power, il n'y a pas eu de projet de loi
comme cela avant. Il y a eu des études; on a eu ces études, il a
annoncé l'achat et ensuite, il est allé l'acheter. Lorsqu'il a
présenté un projet de loi, c'était en payant, pour
acheter.
En tout cas, je voulais vous poser une question. Est-ce que vous
êtes au courant de cela lorsque vous dites que c'est essentiel d'avoir un
parapluie comme celui-là pour pouvoir acheter Asbestos Corporation?
M. Godin: Je ne dis pas que c'est essentiel, je dis que c'est le
chemin que le gouvernement a pris.
M. Raynauld: C'est ce que vous avez dit.
M. Godin: Non, j'ai dit que le gouvernement a pris ce
chemin-là.
M. Brochu: M. le Président... Le Président (M.
Ouellette): Oui.
M. Brochu: Pour enchaîner avec les propos du
député de Mercier, il faut quand même considérer que
toute cette question de salubrité, lorsquon l'envisage sous l'aspect des
coûts qu'elle va impliquer, reste un des facteurs mouvants et un des
facteurs incertains, je dis bien un des facteurs, parce qu'il y a
également d'autres facteurs dont l'ordre de grandeur, en termes de
coût réel, est loin d'être connu actuellement. La question
de la salubrité, en particulier, on sait comme cette question est
délicate, importante et nécessaire à régler. On
sait que, de toute façon, cela va coûter de gros sous, mais ce
qu'on ne sait pas jusqu'ici, c'est combien. On est en droit de s'interroger sur
l'ordre de grandeur, justement. C'est une autre zone qui reste floue dans
l'approche que le gouvernement choisit avec son projet de loi no 70.
Le problème de la salubrité, qu'on le veuille ou non,
c'est un problème réel. D'ailleurs, d'autres opinants avant nous
en ont largement parlé, en ont largement fait état à
l'Assemblée nationale et à différentes commissions.
M. Godin: On l'admet.
M. Brochu: Je pense que c'est de notoriété publique
et tout le monde le reconnaît. Il y a donc un besoin réel de
corriger ces situations, non seulement un besoin réel, mais
également une obligation réelle, parce que le lendemain du jour
où le gouvernement se sera porté acquéreur d'Asbestos
Corporation, il va devenir, pour ainsi dire...
M. Godin: Un modèle.
M. Brochu: ... sa propre victime, jusqu'à un certain
point. Il va devoir, à ce moment-là, ayant en main les plus
vieilles installations du Québec, ayant cet apanage d'avoir les plus
vieilles installations du Québec, se conformer à ses propres
normes pour donner vraiment l'exemple aux autres.
M. Godin: Cela coûte moins cher, M. le
député.
M. Brochu: Le gouvernement du Québec va donc devoir
engloutir les sommes nécessaires, s'il veut tenir son engagement
vis-à-vis des travailleurs, d'en arriver à des installations
salubres, puisqu'il sera maintenant l'employeur; d'autre part, s'il veut
également être le modèle d'un gouvernement employeur
mettant en application à un niveau exact le nombre de fibres
exigées par centimètre cube d'air, cela implique des normes de
transformation au niveau des installations existantes.
On ne sait pas encore... Du moins, selon ce que j'ai constaté
tout à l'heure, lorsqu'on a présenté la première
motion pour avoir l'évaluation réelle des coûts d'achat de
la société... On sait qu'il y a très peu de choses ou il
ne semble pas y en avoir, puisqu'on ne dépose ni plan de financement, ni
plan d'évaluation réelle... Je ne pense pas non plus qu'on soit
en mesure de déposer une es- timation concernant les coûts
réels que va causer éventuellement le fait de se mettre au
diapason des lois actuelles du Québec dans la question de la
salubrité.
On sait pertinemment...
M. Godin: Excusez-moi, M. le député, on veut vous
refiler un article de Maclean.
M. Brochu: On sait pertinemment...
M. Godin: ... que c'est devenu la bible de l'Opposition. C'est
flatteur pour mon ancien métier. Il reste que...
Le Président (M. Ouellette): M. le député de
Mercier, à l'ordre!
M. Brochu: Je pense que je n'ai interrompu en aucun moment le
député de Mercier.
M. Godin: Ce n'est pas une raison.
M. Brochu: Je l'ai écouté... Cela pourrait en
être une, si vous respectiez les règles du jeu.
M. Godin: II n'y a pas de précédent là,
voyons donc!
M. Brochu: M. le Président, je me permets de
continuer.
Le Président (M. Ouellette): Vous avez la parole.
M. Brochu: Je vous ferai remarquer que j'essaierai même
à l'avenir de ne pas l'interrompre dans ses prochains propos comme je
l'ai fait dans le passé.
M. le Président, je vous rappellerai donc que, lorsque les
témoins sont venus à la commission parlementaire, à notre
demande, et certains groupes sont venus également à la demande du
gouvernement lui-même, on nous a clairement indiqué l'état
dans lequel se trouve une grande partie des installations d'Asbestos
Corporation, et cela, de façon claire, nette et précise, que ce
soit, comme je l'ai mentionné, le curé Tanguay, que ce soit le
maire de Thetford, que ce soit le Syndicat de l'amiante, on nous a même
décrit avec force détails, dans le dernier cas, l'état
général des lieux et ce qu'il a comme atmosphère directe
de travail. On nous a parlé des "drifts", c'est le jargon du
métier. On nous a décrit ce qui se passe réellement dans
ces mines. C'est de nature à nous faire réfléchir. Je me
référerai, pour vous indiquer une espèce d'ordre de
grandeur dans cette question de salubrité, aux propos que j'ai tenus en
deuxième lecture à l'Assemblée nationale, lorsque j'avais
prévenu le gouvernement, du côté de la salubrité, en
disant: Vous allez devoir engloutir des sommes considérables seulement
à ce chapitre. A ce moment, je me rappelle, le député de
Frontenac, fidèle à sa tradition, était sur les
premières banquettes à côté du ministre des
Richesses natu-
relies, ou devrais-je dire, que le ministre des Richesses naturelles
était flanqué, comme toujours, du député de
Frontenac. Quoi qu'il en soit, il était là. Lorsque j'ai
lancé cet argument, en disant: Vous ne savez pas du tout quelles sommes
astronomiques vous allez devoir investir, parce qu'un des moulins est
complètement inadéquat, et vous allez même devoir le
reconstruire à des coûts énormes, j'ai lancé un
chiffre de $75 millions, à ce moment, le député de
Frontenac m'a répondu, et c'est au journal des Débats: Ce n'est
pas $75 millions, c'est $100 millions que cela va coûter pour
reconstruire...
M. Grégoire: J'ai dit $80 millions.
M. Brochu: Mettons qu'on s entend pour $85 millions.
M. Grégoire: Non, le chiffre exact, $87 millions.
M. Brochu: En tout cas, on pourra vérifier au journal des
Débats. Mettons $80 millions.
M. Godin: On ne l'a pas caché. M. Brochu: Si
j'extrapole...
M. Grégoire: Je suis prêt à spécifier
ce que je veux dire, par exemple.
M. Brochu: ... en me basant sur les données
réelles, ce qui me laisse entrevoir $120 millions.
M. Grégoire: Non, je voudrais spécifier...
Le Président (M. Ouellette): A Tordre, s il vous
plaît!
M. Grégoire: Quant à me donner un chiffre, je
voudrais bien vous dire pourquoi je prends...
M. Brochu: Non, je vous ai dit ce que vous m'aviez
répondu, parce que je vous avais indiqué, à ce moment, ce
qui a été fait jusqu'à maintenant, dans le domaine de
l'industrie de I'amiante, parce qu'il y a des industries qui ont quand
même voulu se mettre au diapason des normes qui ont été
établies, entre autres Canadian Johns-Manville, à Asbestos, qui
ont investi des montants considérables pour se mettre au diapason, en
termes de centimètres, en termes de normes, et ces choses. Elles ont
donc l'expérience pratique de ce domaine. Dans les déclarations
faites par rapport aux usines existantes a Asbestos Corporation, elles ont dit:
On ne peut pas rafistoler en quelque sorte. Au niveau de la salubrité,
il va falloir reconstruire cette usine. C'est à ce sujet que j'amenais
à l'Assemblée nationale le fait que le gouvernement, se
retrouvant propriétaire d Asbestos Corporation, devrait non seulement
repeinturer si je prends les propos du député de Mercier
mais jeter I'usine à terre et rebâtir, en somme,
recommencer à zéro.
Déjà on peut prévoir un ordre de grandeur
d'investissement énorme, qu'il soit de $70 millions, $80 millions ou
$100 millions.
On nous demande maintenant de voter un projet de loi qui au chapitre de
la salubrité, va nous amener, au lendemain de l'acquisition d'une
entreprise à engloutir I'argent des Québécois d une
façon qui doit nous mettre un peu la puce à l'oreille et nous
faire réfléchir sérieusement sur cette question. Ce que le
gouvernement nous demande, finalement, c'est un chèque en blanc, si je
comprends bien.
C est pour cela que je vous dis que cela me surprendrait parce
que, en aucun moment au cours des débats, cela a été servi
clairement que le gouvernement ait des données précises. S
il n'y en a pas sur l'évaluation approximative de la mine, d'une part,
est-ce qu'il peut y en avoir davantage sur la question de la salubrité?
N oublions pas une chose: le gouvernement n'a quand même pas ce
qu'on appelle le "know-how "dans ce domaine. Ce n'est pas parce que du
jour au lendemain le gouvernement va se retrouver propriétaire d'une
mine qu'il va avoir automatiquement les spécialistes et la connaissance
nécessaires pour passer à l'action...
M. Raynauld: II va être dans le club.
M. Brochu: D accord, il va être dans le club, mais cela ne
veut pas dire qu'il va savoir jouer. C'est la différence.
M. Raynauld: II va tout savoir.
M. Brochu: Je peux entrer dans le Club des Canadiens demain
matin.
M. Godin: Ce sont eux autres qui vont y aller.
M. Brochu: Mais je ne saurai pas nécessairement jouer
comme les joueurs de la ligue nationale. C est discutable et cela peut
être nuancé; c est évident. Pour vous dire que le lendemain
matin de l'acquisition de cette entreprise, vous allez vous retrouver avec un
problème sérieux; celui de la salubrité. Vous ne savez pas
du tout actuellement de quel ordre de grandeur vous devez parler. C'est
sérieux.
Ecoutez! Il vous a fallu un an avant de mettre en application en termes
de loi simplement les données du rapport Beaudry à certains
égards. D'un autre côté, quand on parle de la santé
des travailleurs on en parle depuis déjà quinze mois
vous n'avez même pas encore corrigé la loi des
amiantosés, qui est une technique législative au point de
départ, une volonté politique qui était également
exprimée.
Comment voulez-vous, quand vous parlez d'acheter une mine, entrer dans
ce fameux club sélect alors que vous ne savez même pas le
coût de I'entreprise? Comment voulez-vous qu'on vous dise: Oui,
messieurs, on va vous donner un chèque en blanc, alors que vous allez
devoir recons-
truire complètement l'usine et que déjà on
entrevoit un ordre de grandeur qui peut dépasser les $100 millions?
C'est sérieux.
Je pense que le gouvernement du Québec ne doit quand même
pas se présenter dans cette affaire comme un Pee-Wee. J'ai hâte de
voir vraiment sur quoi vous vous appuyez. Là-dessus vous devez
être en mesure parce que c'est vous qui avez fixé les normes de
salubrité et qui allez devoir les appliquer. Vous avez sûrement
des choses précises à nous dire là-dessus et
j'espère que le ministre, sincèrement, va nous fournir les
données. Je ne demande pas les derniers chiffres, par contre des
données précises sur lesquelles nous appuyer et un ordre de
grandeur assez juste, du moins en ce qui concerne cela. Parce que, en ce qui
concerne Asbestos, je vous fais grâce de tous les articles qui ont
été écrits là-dessus, vous avez pu les lire comme
moi. La presse a été fort active sur l'état des
installations là-bas, c'est de notoriété publique; je
pense que vous n'avez pas le choix, le lendemain matin, vous tombez d'accord,
un des membres du blub, mais vous tombez avec le gou-ret le plus si vous
me passez l'expression "magané ", et vous n'avez pas encore
créé d'emploi; alors vous allez devoir jouer au médecin
avant de commencer à penser à créer de l'emploi. Vous nous
avez demandé...
Le Président (M. Ouellette): M. le député de
Richmond, il est 22 heures et les travaux de la commission sont ajournés
à mardi 10 heures.
(Fin de la séance à 22 heures)