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Étude du projet de loi no 70
Loi constituant la Société
nationale de l'amiante
(Dix heures 15 minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
MM. Bérubé (Matane), Bordeleau (Abitibi-Est), Brochu (Richmond),
Forget (Saint-Laurent), Grégoire (Frontenac), Laplante (Bourassa),
Ouellette (Beauce-Nord), Rancourt (Saint-François) et Raynauld
(Outremont). Les intervenants sont: MM. Fontaine (Nicolet-Yamaska), Godin
(Mercier), Lalonde (Marguerite-Bourgeoys) en remplacement de M. Garneau
(Jean-Talon), Landry (Fabre), Ciaccia (Mont-Royal) en remplacement de M.
Larivière (Pontiac-Témiscamingue), Léger (Lafontaine),
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Paquette (Rosemont), Roy
(Beauce-Sud) et Samson (Rouyn-Noranda).
Nous en étions à étudier une motion qui avait
été présentée je ne sais trop par qui, mais tous
les députés de l'Opposition officielle avaient
épuisé leur temps. Il restait six minutes au député
de Richmond.
M. Forget: M. le Président, avant d'aborder cela, question
de règlement. On sait que, dans le passé, on a exprimé la
même objection à siéger en l'absence du ministre. Le
député de Frontenac nous a expliqué les circonstances qui
font que le ministre est absent ce matin. Cependant, il l'attend d'une minute
à l'autre. Je ne veux absolument pas blâmer le ministre d'un
retard qui est hors de sa volonté, mais il demeure qu'il n'est pas avec
nous, et, pour cette raison, quant à nous, nous souhaiterions ne pas
siéger avant son arrivée.
M. Grégoire: M. le Président, c'est un fait que le
ministre est en retard. C'est dû à un vol d'avion; normalement,
l'avion arrive à temps pour la commission, le mardi, mais celui de la
Société Québecair a été retardé
à cause de circonstances incontrôlables, et le ministre sera ici
à 11 heures. Tout à l'heure, j'ai fait la proposition suivante
aux députés de l'Opposition, à savoir que s'ils veulent
siéger quand même, on peut siéger jusqu'à 11 heures,
et, s'ils l'acceptent, le moindrement qu'il pourrait se produire quelque chose,
on n'aurait qu'à demander l'ajournement et nous l'accorderions en
attendant le ministre.
M. Forget: Dans l'immédiat, la parole est au
député de Richmond. S'il veut présenter des arguments au
ministre, que ce dernier n'est pas en mesure d'entendre, de façon
à obtenir une réplique, dans une situation un peu paradoxale,
comme c'est son droit de parole, on n'a pas d'objection à
l'écouter s'il veut parler en l'absence du ministre. Cependant, il
faudra bien arrêter à ce moment-là, parce que, de toute
manière, le ministre devrait intervenir après le
député de Richmond, ou peut-être des députés
ministériels, et dès qu'on passera à l'étape
subséquente, on sera forcé d'arrêter. Donc, c'est une
question de quelques minutes, de toute manière.
M. Brochu: M. le Président, je comprends que c'est
peut-être regrettable que le ministre n'ait pas pu venir; je peux
comprendre certaines raisons. Cependant, on avait insisté pour que le
ministre soit présent au cours des délibérations. Comme on
est, quand même, rendu à l'article le plus important du projet de
loi, pour ma part, je souhaiterais que le ministre soit présent pour
continuer les interventions que nous avons à faire à ce
sujet.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous êtes prêts à suspendre jusqu'à 11 heures? Un
ajournement et une suspension, messieurs, c'est différent. Avec un
ajournement, on va recommencer lorsqu'on va avoir un ordre de la Chambre. Une
suspension...
M. Brochu: J'aurais une question. J'ai entendu, à un
moment donné, 11 h 30 et, maintenant, j'entends 11 heures. Est-ce que
vous avez une précision à nous apporter? Si c'est pour être
11 h 30 ou midi, à ce moment, on va rester ici une heure à
attendre le ministre à ne rien faire. Il serait peut-être
préférable qu'on nous indique plus précisément
à quelle heure on attend le ministre.
M. Grégoire: On me dit 11 heures. Cela peut aller à
11 h 15.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 11 h 15.
(Suspension à 10 h 20)
(Reprise à 11 h 17)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Richmond, désirez-vous employer les
six minutes qu'il vous reste?
Objets de la société
Motion invitant le ministre à distribuer
une
évaluation du coût des
réclamations des
travailleurs (suite)
M. Brochu: Peut-être pas pour le moment, M. le
Président. Le ministre aurait peut-être certains commentaires
à émettre d'abord à la suite de différentes
remarques que l'Opposition lui a transmises en ce qui concerne ce dossier de
l'évaluation des coûts des maladies industrielles en rapport,
évidemment, avec l'acquisition éventuelle de l'Asbestos
Corporation. Je sais qu'un certain nombre de questions ont pu être
posées et qu'un certain nombre de remarques ont été
faites. Le
ministre a sûrement pris note de ces différentes
interventions. Alors, je veux lui laisser le soin de faire le point ou de
répondre à ce sujet, si c'est son intention, pour le moment.
Peut-être y a-t-il d'autres intervenants du côté du
gouvernement?
M. Bérubé: Je préciserais uniquement
certains chiffres, M. le Président, pour être certain que j'ai
été clairement compris. Malheureusement, les transports
aériens étant ce qu'ils sont, nous avons été
retardés à Mont-Joli.
M. Forget: Peut-être que vous allez les nationaliser un de
ces jours?
M. Bérubé: Non, ce n'est pas vraiment
nationalisé, M. le Président, mais, puisque M. le
député de Saint-Laurent souligne la question...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
hors d'ordre, de toute façon.
Une voix: C'est hors d'ordre?
M. Bérubé: Je regrette, M. le Président.
Effectivement, j'aurais sans doute, comme l'ancienne administration, dû
voyager avec les vols gouvernementaux; cela coûte beaucoup plus cher.
M. Forget: Est-ce une affirmation spécifique que le
ministre fait, M. le Président?
M. Bérubé: Non, je soulignais seulement qu'on
volait par les vols commerciaux. M. le Président, je voudrais simplement
rappeler, pour que ce soit très clair, l'argumentation que j'ai faite
à la proposition de déposer de la documentation concernant les
problèmes d'amiantose. Effectivement, j'ai eu quelques confirmations que
normalement j'aurais dû pouvoir présenter dans
l'après-midi, mais, la commission n'ayant pas siégé, cela
ne m'a pas été possible.
Je rappelle donc que, d'après la Commission des accidents du
travail, il y aurait exactement 419 cas d'amiantose présentement
compensés par la Commission des accidents du travail. Ceci peut
représenter, au dire de la Commission des accidents du travail,
essentiellement un montant capitalisé de $41,9 millions, puisqu'elle
estime, en gros le coût capitalisé de la rente, à $100 000
par personne victime de cette maladie. Donc, nous nous retrouvons
théoriquement avec $41,9 millions. Nous verrons exactement quelle est la
signification de ce montant.
Également, pour répondre à la question un peu
hypothétique du député de Saint-Laurent concernant
l'avenir, je me suis contenté de le référer à cet
article du bulletin de l'Association des mines d'amiante qui parle de 6% des
mineurs qui pourraient être atteints d'amiantose,
légèrement de façon intermédiaire ou gravement; dix
cas, je pense, citait-il, étant gravement atteints, le reste des cas
étant essentiellement mineurs ou intermédiaires. Notez bien que
je n'ai pas voulu du tout commenter ces chiffres; je les ai pris tels quels, ce
qui donne 461 cas. Je me suis donc permis de supposer que ce sont des cas
graves qui devront tous être retirés du marché du travail,
ce qui nous donne essentiellement 880 mineurs à $100 000 chacun, donc
$88 millions. Par conséquent, dans l'état actuel des
connaissances disponibles aussi bien à l'Opposition qu'au gouvernement,
on peut évaluer à un maximum de $88 millions la valeur
capitalisée des rentes. Cependant, M. le Président, si votre
attention se porte sur le sujet, je devrai souligner que ce montant
apparaît certainement surestimé. En effet, après
renseignement auprès de la Commission des accidents du travail, j'ai
demandé quelle était la valeur des pensions capitalisées
à la date la plus récente pour laquelle ils avaient ce chiffre.
On m'a dit qu'au 31 octobre 1977, le montant actualisé pour les pensions
à payer aux victimes de l'amiantose sont de $9,287 000 par opposition
aux $41,9 millions dont j'allais parler pour les 419 cas dont on a parlé
précédemment, pour les cinq compagnies.
Il est très important de savoir qu'il s'agit d'une analyse
globale pour les cinq compagnies. Donc, on se rend compte que le chiffre de $88
millions, si on le compare avec les cas connus présentement à la
Commission des accidents du travail, apparaît sérieusement
exagéré. Il est difficile de dire si c'est par un facteur deux,
un facteur quatre ou un facteur trois. Je pense que ceci peut apparaître
assez difficile, pour l'instant, à déterminer étant
donné qu'on ne connaît pas encore quel va être le
règlement final suite à l'application de la loi 52 et les
difficultés qu'on a rencontrées, ce qui rend difficile,
présentement, l'évaluation de ce montant.
Cependant, et c'est là l'argumentation que, personnellement,
j'estime capitale pour les travaux de cette commission, il s'agit de chercher
à savoir quelle incidence ce montant et prenons le montant
hypothétique maximum de $88 millions peut-il avoir sur la
profitabilité des entreprises? D'une part, je pense qu'il est important
de dire que ce n'est pas une société qui supporte cela, mais bien
que toutes les sociétés supportent cela au prorata de la masse
salariale de ces sociétés, donc essentiellement, en gros, au
prorata de leur volume de ventes. Ceci est intéressant. Si l'industrie,
dans son ensemble, fait porter aux clients, par le biais d'une augmentation des
prix, ce coût social, ce coût d'exploitation on pourrait le
qualifier de coût d'exploitation, même si cela m'appa-raît
assez odieux de le qualifier de cette façon si on faisait porter
aux clients le coût en question, cela représenterait une somme de
$88 millions d'augmentation des prix pendant une année sur un volume de
ventes de $400 millions.
Donc, il faudrait que l'industrie augmente pendant une année ses
prix de 22%. C'est dans l'hypothèse forte où l'industrie cherche
en un an à récupérer la rente. Évidemment, il va de
soi que c'est absolument illogique. On pourrait, au contraire, proposer une
alternative beaucoup plus logique qui consisterait peut-être à
faire porter sur dix ans, avec un placement à 10%
d'intérêts, l'augmentation des prix. Ceci, faisant porter ces $88
millions sur dix ans, compte tenu du volume de ventes, réduirait
l'augmentation des prix à 3,5%
par année, non pas une nouvelle augmentation de 3,5% chaque
année, mais une augmentation de 3,5% que l'on maintiendrait constante
pendant dix ans. Dans ces conditions, l'industrie récupérerait
entièrement le coût que lui impose cette charge sociale
importante.
Or, je dois souligner qu'en 1976 et 1977, l'industrie a augmenté,
à deux reprises, de 35% le prix de la fibre brute vendue. En d'autres
termes, par un facteur de 20 fois supérieur au pourcentage que nous
venons d'évaluer. Il apparaît donc qu'il est possible à
l'industrie québécoise, et c'est ce qu'elle semble avoir fait, de
transférer aux clients l'essentiel ou la très grande partie des
coûts sociaux qu'elle encourt suite à sa mauvaise planification et
sa mauvaise gestion de la santé des travailleurs. Par conséquent,
il semble bien que le problème spécifique qui a été
soulevé par l'Opposition n'est pas un problème de nature à
affecter la rentabilité de l'industrie de l'amiante. Surtout
c'est le deuxième argument qu'il est important de se remémorer
la charge sociale étant distribuée sur l'ensemble des
sociétés, ce n'est donc pas la société Asbestos qui
se voit responsable des conditions particulièrement mauvaises dans son
industrie, mais bien l'ensemble de l'industrie qui se voit imposer le fardeau
résultant de la mauvaise gestion dans le domaine de la santé par
la société Asbestos ou d'autres sociétés dans le
passé. C'est donc l'ensemble de l'industrie qui porte le fardeau et non
pas une société en particulier. Par conséquent, il devient
extrêmement difficile de vouloir l'imposer à une
société en particulier.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Richmond, avec cinq minutes.
M. Brochu: J'aurais peut-être, non pas une intervention,
mais une question à poser au ministre. En se portant acquéreur de
la compagnie Asbestos Corporation, le gouvernement du Québec va devenir
un employeur au même titre que les autres dans le domaine de l'amiante.
J'imagine que son objectif est de devenir un employeur modèle. Il a
à vivre également avec l'application de ses propres lois;
j'imagine aussi que le gouvernement va chercher comme objectif ultime à
devenir également un gouvernement modèle, lorsqu'il s'agit de
l'application de ses propres lois. Je reviens sur la question de la loi 52.
Comme le ministre l'a expliqué tout à l'heure, il y a une
incidence selon la formule qui sera adoptée par le gouvernement,
à savoir si d'un côté le gouvernement a l'intention
d'appliquer telle qu'elle existe la loi 52 plutôt que la laisser en plan
comme elle l'est actuellement ou s'il a l'intention de modifier cette loi 52 et
de prendre un autre chemin pour régler le problème.
Voici ce que j'ai envie de demander au ministre, à ce stade-ci.
Je n'ai pas l'intention de revenir sur tous les détails, mais j'ai
indiqué au ministre, la semaine dernière, assez clairement que la
loi 52, telle qu'elle est appliquée ou telle qu'elle n'est pas
appliquée actuellement, occasionne une foule de problèmes. Si le
gouvernement veut devenir un gouvernement modèle et un employeur
modèle, il va falloir qu'il prenne une position définitive avant
longtemps là-dessus, après 15 ou 16 mois de pouvoir. Vu qu'il n'a
pas changé cette technique, est-ce que je peux demander au ministre
quelle est l'intention du gouvernement à ce stade-ci par rapport
à la loi 52? Est-ce que le gouvernement a l'intention ou d'appliquer la
loi 52 telle qu'elle est actuellement pour mettre fin à l'incertitude
avec laquelle les travailleurs ont à vivre actuellement dans le domaine
de l'amiante ou bien si le gouvernement a l'intention de la modifier? M. le
Président, je comprends que le député a l'intention de
soulever une question de règlement, mais c'est directement relié
à cela. Je vous rappellerai que, la semaine dernière, on l'a
discutée cette question. Je pense que le ministre n'aura pas d'objection
à répondre, il a déjà donné certaines
informations de principe et d'ordre général à ce sujet. Je
pense que c'est tout à fait pertinent lorsqu'on parle des coûts
d'acquisition dus aux relations industrielles.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De toute
façon, puisque...
M. Brochu: L'intention du gouvernement en ce sens entre dans le
cadre du débat.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
c'est la dernière intervention, je la permets, même si c'est dans
un sens très large.
M. Grégoire: Est-ce que cela ne créera pas un
précédent en...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas un précédent, c'est une question très
générale.
M. Bérubé: M. le Président...
M. Grégoire: ... impliquant la loi 52 dans le reste du
débat?
M. Brochu: Cela fait partie du débat. Les gens ne seraient
pas contents...
M. Bérubé: M. le Président, je pense qu'il
ne siérait pas que le ministre des Richesses naturelles parle au nom du
ministre d'État au développement social, ni du ministre du
Travail, ni du ministre des Affaires sociales. Par conséquent, je pense
qu'il serait peut-être plus logique de bien vouloir poser cette question
au ministre concerné lors de la période des questions en Chambre.
Je vous avouerai en toute franchise que vu le nombre de dossiers et les
très longues heures que je consacre à cette commission
parlementaire, comme vous le savez, mon cher collègue,
député de Richmond, il me paraît difficile de suivre
également les travaux de ces commissions qui travaillent à la
préparation de la loi. Il ne fait aucun doute que, dans la mesure
où on pourrait accélérer les travaux de cette commission,
je me ferais un plaisir de me renseigner sur ce qui s'y passe et pouvoir vous
renseigner à l'Assemblée nationale.
M. Brochu: J'aurais aimé avoir une réponse plus
explicite, je comprends que le programme du ministre est peut-être
chargé.
M. Bérubé: Je ne peux pas être plus
clair.
M. Brochu: Cependant, je tiens à souligner en terminant,
M. le Président, que cette question est reliée directement
à tout le module de travail dans lequel le gouvernement s'insère
actuellement en se portant acquéreur d'une entreprise. Lorsqu'il va
avoir à travailler au niveau de toute la question des maladies
industrielles, il aura à faire face à sa propre loi ou à
la non-application de sa propre loi. C'est dans ce sens que je posais la
question. Sûrement le Conseil des ministres, du moins je l'espère,
après 15 ou 16 mois, s'est penché sur cette question.
M. Bérubé: II me paraît même sain en un
sens que le ministre responsable de la politique de l'amiante ne soit pas non
plus impliqué dans la préparation d'une loi portant sur la
protection du travailleur dans l'industrie de l'amiante, puisqu'il pourrait y
avoir risque de conflit d'intérêt. Dans ces conditions, je trouve
beaucoup plus valable que cette loi soit préparée de façon
totalement indépendante de notre ministère, quitte à ce
que nous fournissions l'information technique que les fonctionnaires
responsables de la préparation de ces lois peuvent être en droit
de nous demander. Il me paraît personnellement fondamental de prendre une
certaine distance et je vous avouerai que la distance est très grande.
(11 h 30)
M. Brochu: Une dernière question. Étant
donné la relation directe qui existe quand même entre les deux,
est-ce que le ministre serait prêt à prendre l'engagement de
demander à ses collègues, qui sont responsables de ce dossier de
fournir au public et à cette commission, ou au ministre, dans les plus
brefs délais, les indications de la décision qu'ils entendent
prendre, à savoir s'ils vont appliquer ou non la loi 52, s'ils vont
l'appliquer ou s'ils vont arriver avec une autre approche? Est-ce que le
ministre est prêt à prendre l'engagement de faire pression
auprès de ses collègues pour obtenir cette réponse dans
les plus brefs délais?
M. Bérubé: Je peux certainement prendre
l'engagement de demander à mes collègues quand ils seront
prêts à déposer leur projet de loi.
M. Brochu: Le ministre pourra-t-il, à ce moment-là,
en informer la commission parlementaire?
M. Bérubé: De la date? M. Brochu: Oui.
M. Bérubé: Je demanderai à mes
collègues de répondre officiellement quand ils le jugeront bon.
D'ailleurs, vous poserez la question.
M. Brochu: Ce n'est pas très précis. Disons que j'y
reviendrai.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion du député de Saint-Laurent sera adoptée?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion du député de Saint-Laurent sera adoptée?
M. Bérubé: Absolument pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Dites-le.
M. Grégoire: Appel des noms. Vote sur la motion
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bérubé (Matane).
M. Bérubé: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bordeleau (Abitibi-Est). M. Brochu (Richmond).
M. Brochu: En faveur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Forget (Saint-Laurent).
M. Forget: En faveur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire (Frontenac).
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Laplante (Bourassa).
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M
Ouellette (Beauce-Nord).
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Rancourt (Saint-François).
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Raynauld (Outremont). Je présume que vous êtes pour.
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion est rejetée, cinq voix contre trois. Est-ce que l'article 4 sera
adopté?
M. Bérubé: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: Je n'ai pas eu l'occasion de parler sur le fond de
l'article 4; peut-être qu'on me permettra de le faire. Cet article met
évidemment en cause l'essentiel du problème que nous avons
à discuter, soit celui de l'opportunité d'acheter une entreprise
comme l'Asbestos Corporation, mais aussi le problème plus
général qui est sûrement aussi important que le premier et
qui est celui de définir une politique de l'amiante. Jusqu'à
maintenant, nous n'avons pas eu, au cours de ces travaux, des indications
utiles sur la nature de cette politique de l'amiante. Même en supposant
que le gouvernement achète l'Asbestos Corporation, il faut se poser la
question, à savoir: Qu'est-ce que le gouvernement a l'intention d'en
faire et quels sont les programmes qui y seront associés? L'achat de
l'Asbestos Corporation, ce n'est pas une politique, c'est une décision.
Ce n'est pas une politique de l'amiante. Le gouvernement a exprimé son
intention d'avoir une politique de l'amiante. Évidemment, l'article 4
qui est ici ouvre toutes les options, permet à peu près n'importe
quelle activité.
Quand je lis, par exemple, que la société a pour objet
toute activité de nature industrielle, manufacturière ou
commerciale reliée directement ou indirectement à la
transformation de la fibre d'amiante, il est évident que l'article 4
autorisera le gouvernement à s'engager dans des activités qui
sont des plus diverses, mais là encore, cela ne peut pas être une
politique, ce n'est pas une définition d'une politique de l'amiante. Je
pense qu'il serait opportun, sinon nécessaire, qu'à ce stade-ci
de nos travaux, nous commencions à discuter vraiment du fond afin de
voir quelle est cette politique.
M. Grégoire: D'accord.
M. Raynauld: Comment le gouvernement entend-il tenir compte des
intérêts en cause? Comment entend-il utiliser les fonds publics
à des investissements? De quelle nature ces investissements
seraient-ils? Dans quel type de transformation des produits de l'amiante
entend-il nous diriger tous? Quelles seront les chances de succès de
cette politique? Jusqu'à maintenant, nous devrons être inquiets
parce que, d'une part, on ne sait pas ce que le gouvernement entend faire;
d'autre part, ce que nous avons reçu jusqu'à présent comme
information et comme documents est tout à fait insatisfaisant. Le
ministre a fait distribuer aux membres de cette commission un document qui
devrait être au moins une ébauche de cette politique
gouvernementale relative à la transformation de l'amiante. Je fais ici
allusion au rapport du groupe de travail sur l'amiante. Malheureuxement, parce
que les gens ont été pressés de le préparer, qu'ils
ont agi avec une très grande hâte, une très grande
préci- pitation, sans vouloir mettre en cause les personnes, les
fonctionnaires qui l'ont préparé, il faut admettre que ce
document est mal préparé, est incomplet et ne peut, en aucune
façon, servir de base au gouvernement pour orienter ses décisions
à venir.
En effet, je pense que nous avons eu l'avantage de prendre connaissance
d'un autre document qui, sur le plan de la technique, était de beaucoup
supérieur. C'est l'étude de SORES où nous avons des
estimations concrètes, bien établies, je pense, des
possibilités de production d'un certain nombre de produits de l'amiante.
Il faut bien constater, si nous comparons les deux documents, qu'il serait
difficile pour le gouvernement de s'en remettre au rapport du groupe de
travail, puisque ce rapport ne comporte, par exemple, aucune indication sur les
coûts de production des produits éventuels dont on entreprendrait
la transformation.
Il suffit, encore une fois, de comparer ce document avec, par exemple,
un tableau de l'étude de SORES, il y en a plusieurs, mais j'en
prends un comme exemple où on donne les coûts, les frais et
les revenus d'un certain investissement dans une usine de matériaux de
friction. On y donne une estimation des coûts d'investissement, mais
aussi, ce qui est essentiel, des frais d'exploitation et des revenus. C'est
très détaillé; on a les dépenses annuelles, les
frais fixes, les frais d'administration, les frais de vente, les frais
variables touchant les matières premières, la main-d'oeuvre, les
frais généraux, les fournitures, l'énergie, l'entreposage
et le transport. On peut également examiner les revenus qui sont
anticipés en relation avec un investissement dans la transformation de
ce produit particulier. On a exactement aussi, avec force détails, les
coûts d'investissement et on peut déduire d'un tel tableau le
rendement d'un investissement qui serait fait dans la production de ce produit
particulier.
On donne aussi, suivant les règles habituelles de l'art dans ce
domaine, des tests de sensibilité pour voir, si on changeait les
hypothèses retenues, dans quelle mesure ce changement
d'hypothèses affecterait les taux de rentabilité interne. On voit
d'ailleurs, dans le tableau sur ce produit particulier, jusqu'à quel
point les résultats peuvent être sensibles au changement des
hypothèses.
En ce qui concerne le rapport du groupe de travail, nous n'avons
absolument rien de tel. Nous avons des affirmations absolument gratuites. Il
faudrait presque lire le document au complet pour montrer jusqu'à quel
point il est incomplet, insatisfaisant et insuffisant lorsqu'il s'agit de
définir une politique de l'amiante. On n'a pas, non plus, les bases de
calcul; elles ne sont pas fournies. Par exemple, à la page 10, on a un
objectif il y a même des fautes de frappe aussi; on parle d'un
objectif "réalisme" de transformation; c'est sûrement un objectif
"réaliste" qui devrait être écrit où on
estime qu'il faudrait entre $70 millions et $100 millions d'investissement pour
faire passer le niveau de transformation de 2,5%, qu'il est
présentement, à 9% minimum et à 20% maximum. Il faut
se rendre compte qu'une affirmation comme celle-là vient en
contradiction très nette avec ce que nous savons du rapport de
SORES.
Dans le rapport SORES, on mentionne trois projets; $61 millions pour les
trois projets, et ceci n'amène absolument pas le degré de
transformation des produits d'amiante à 20%. On en est bien loin. Par
conséquent, je pense qu'on ne peut pas se fier à ce document du
groupe de travail pour essayer de trouver, à défaut de
déclarations plus précises de la part du ministre, quelle est et
quelle va être la politique de l'amiante que le gouvernement entend nous
proposer avec l'adoption de ce projet de loi.
Une politique implique aussi et on en parle souvent dans des
termes très généraux une certaine cohérence.
Une certaine cohérence des politiques est très importante. Il
s'agirait de savoir non seulement si les investissements peuvent être
rentables pris un à un, mais la cohérence exigerait qu'on examine
l'impact d'investissements dans la transformation de certains produits sur les
autres industries du Québec. Si on était pour perdre autant
d'emplois dans la transformation et dans la production de produits de
béton qu'on en gagne dans l'amiante-ciment, parce que le produit serait
le substitut de l'autre, la province dans son ensemble n'est pas plus
avancée. On aura créé des emplois à un endroit et
on en aura perdu ailleurs.
La cohérence exigerait qu'on examine quel serait l'impact des
investissements que nous ferons à cet endroit sur les autres secteurs de
l'économie québécoise, et là, toute cette question
n'a même pas été envisagée nulle part. Dans le
groupe de travail de SORES évidemment, on n'a pas demandé
cela à SORES il y a simplement des possibilités
d'investissements, et on mesure les taux de rendement interne sur des
investissements à être entrepris là. Mais on n'a pas
l'impact sur le reste de l'économie. Il se peut que, même avec un
taux de rendement relativement élevé sur un projet particulier,
cela puisse se traduire par des pertes ailleurs et, par conséquent, le
taux de rendement social, le taux de rendement pour l'ensemble de
l'économie du Québec pourrait être fortement
inférieur à celui-là.
Ce que nous trouvons dans le groupe de l'amiante, ce sont des remarques,
au passage, qui sont présentées probablement pour montrer que les
auteurs étaient conscients qu'il pouvait y avoir des problèmes.
Mais il n'y a pas de conclusions de tirées. Il n'y en a jamais,
d'ailleurs. De sorte que nous ne sommes pas plus avancés si on essaie
d'examiner la validité des conclusions qui sont présentées
ici.
Mais on mentionne, par exemple à la page 5 de ce
rapport-là, qu'il pourrait y avoir un impact, cela s'appelle un impact
sur les PME. On dit: "Nous pourrions, par exemple, créer quatre usines
de tuyaux en ciment-amiante qui emploieraient de 600 à 800 personnes,
mais nous fermerions du même coup des dizaines de PME qui fabriquent des
tuyaux de béton et emploient plus de 1200 personnes." C'est grave, des
affirmations comme celle-là. On dit: Qu'est-ce que le gouvernement a
fait avec cela? Où fait-il ses pondérations et ses arbitrages
entre les différents secteurs de l'économie? Parce que c'est cela
une politique de l'amiante. Et on n'en voit pas, de politique de l'amiante,
à l'heure actuelle.
Une autre référence. Là encore, sans trop d'appui
et sans trop d'analyse, on affirme que les normes de salubrité sont
déterminantes pour la rentabilité des investissements. Et je lis
ici: "... que toute autre norme plus sévère que celle
recommandée par la commission Beaudry détruit une
hypothèse importante de ce travail et annule, par le fait même, la
probabilité de ces prévisions. " On change les normes de
salubrité et tout ce qui est écrit ici, où on dit qu'il
serait avantageux de fabriquer ceci et d'acheter Asbestos Corporation, cela
détruit la probabilité de ces prévisions. Qu'est-ce qu'on
va faire sur les normes? On va plus loin que cela. L'auteur dit: "Si le
Québec devait suivre le comportement du gouvernement américain
à cet égard-là, les probabilités de transformation
additionnelle de la fibre au Québec s'estomperaient rapidement." Quelle
est la politique du gouvernement à cet égard-là de
façon à intégrer, si je puis dire, toutes les
différentes considérations, les différentes approches que
l'on peut adopter pour transformer l'amiante? (11 h 45)
Encore une fois, je voudrais qu'il soit bien clair nous l'avons
dit depuis le début que nous préférerions, quant
à nous, voir le gouvernement du Québec engager les ressources
limitées qu'il a à sa disposition pour transformer l'amiante et
créer directement des emplois à la condition, évidemment,
qu'on ne choisisse pas des produits et des industries qui viendraient
directement en concurrence avec d'autres au Québec. On
préférerait que le gouvernement utilise les maigres ressources
qu'il a à sa disposition pour créer directement des emplois
plutôt que d'acheter Asbestos Corporation, ce qui est un transfert de
propriété sans addition ni d'emplois, ni d'investissements et ni
de transformation des produits de l'amiante au Québec.
Je voudrais donc, pour terminer cette présentation,
réaffirmer que nous voudrions avoir, de la part du gouvernement et le
plus tôt possible, des indications beaucoup plus claires quant aux
politiques que le gouvernement entend appliquer et pour lesquelles il nous
demande d'approuver et de voter ce projet de loi qui nous est
présenté. Nous sommes, à l'heure actuelle, dans un domaine
d'intérêt fondamental pour le Québec. Nous voudrions voir
un peu plus clair dans les orientations que le gouvernement entend donner,
indépendamment de l'achat d'Asbestos Corporation. Malheureusement, nous
n'avons aucune indication valable que nous pourrions discuter raisonnablement
à partir de documents qui seraient un peu techniquement valables. Il
serait important, à l'heure actuelle, d'amener le gouvernement à
nous dire aujourd'hui, autant que possible, quelles seraient les grandes
composantes de cette politique de l'amiante.
Motion demandant que le ministre distribue le
programme d'investissement
de la phase II de la politique de l'amiante
Pour inciter le gouvernement à le faire, je voudrais proposer la
motion suivante: "Que cette commission invite le ministre des Richesses
naturelles à distribuer, avant le début de l'étude de
l'article 4 du projet de loi no 70, aux membres et intervenants de cette
commission, le programme d'investissement concernant la phase II de la
politique de l'amiante, soit la phase relative à la transformation au
Québec de la fibre d'amiante en produits finis".
Décision du président
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont, à ce stade-ci, comme je l'avais
d'ailleurs déjà dit au député de Saint-Laurent, je
vais déclarer votre motion irrecevable et ce, avant même de
l'avoir lue de façon intégrale. Le mandat premier de notre
commission parlementaire est d'étudier, article par article, le projet
de loi no 70 et, en vertu de l'article 68 et suivants, à part certains
amendements comme l'ajournement des travaux et des motions
préliminaires, les motions présentées doivent être
des motions d'amendement ou de sous-amendement.
Compte tenu de l'importance de l'article 4 dans ce projet de loi, j'ai
fait, à cette commission parlementaire, ce que je n'ai jamais fait
à d'autres commissions parlementaires, c'est-à-dire recevoir,
après l'appel de l'article 4, mais avant l'étude des articles 4a,
4b ou 4c, un certain nombre de motions qui avaient trait, de façon
générale, aux objets qui sont discutés et dont on fait
mention à l'article 4. Je ne voudrais pas que ce que j'ai fait au cours
de cette commission parlementaire à l'article 4 soit
interprété comme un précédent. Même si cela
en est un, je pense que ce n'est pas un précédent à suivre
puisque c'est la première fois. J'ai eu l'occasion de présider de
grosses commissions parlementaires en passant par la loi 101 et la loi no 2 et,
à ces commissions parlementaires, j'ai toujours déclaré
irrecevables ces motions qui n'avaient pas pour but d'amender ou de
sous-amender un article de loi. J'en ai déclaré peut-être
cinq, six, sept ou huit recevables au début de l'article 4 et je sais
fort bien qu'en agissant de la sorte j'ai fait preuve d'une grande souplesse,
mais par contre je désobéissais aux règles normalement
suivies par les présidents de commissions parlementaires alors que
l'étude article par article est commencée.
Me servant d'un pouvoir que je pense avoir d'office, je déclare
donc maintenant irrecevable toute motion à part une motion
d'ajournement des travaux, qui, bien sûr, peut toujours être
présentée, une motion pour faire rapport à
l'Assemblée nationale n'ayant pas pour but d'amender ou de
sous-amender, d'ajouter ou de retrancher des mots aux articles de loi que nous
devons étudier à cette commission parlementaire. C'est ma
décision là-dessus.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, oui.
M. Forget: M. le Président, puis-je vous demander de nous
indiquer, à titre de directive ou d'explication, la décision que
vous avez rendue? Sur quel article de notre règlement faut-il comprendre
que votre décision se base? Je vais me limiter à cette
première question.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Même si ce n'est pas l'habitude, en fait, de recommander aux
députés de ne pas poser des questions au président
à la suite d'une décision, je peux vous expliquer cette
décision pour les raisons suivantes. Premièrement, il est
coutume, il est de tradition qu'en commission parlementaire, après la
deuxième lecture, nous soyons là pas pour parler du principe du
projet de loi, mais pour modifier la loi, c'est-à-dire retrancher ou
ajouter des mots à des articles, à des paragraphes ou à
des alinéas de la loi, ce que nous n'avons pas fait depuis le
début, même s'il y a eu des motions d'amendement dans ce sens aux
articles 1 et 2, d'une part.
D'autre part, je me fie également sur cette coutume qui existe
certainement depuis plusieurs années mais qui, au moins, existe depuis
17 mois en ce qui me concerne; c'est que j'ai toujours déclaré
à part les motions préliminaires présentables avant
l'article 1 irrecevables des motions de cette nature que j'ai
déclarées recevables à l'article 4 parce que, justement,
je pense que nous nous trouvons à trahir essentiellement le mandat que
nous avons eu de l'Assemblée nationale, qui était de regarder un
après l'autre les 25 articles du projet de loi, d'essayer de les
améliorer, d'enlever ou d'ajouter des choses en présentant des
motions qui ont pour but d'ajouter ou de retrancher des mots, mais toujours en
prenant garde que ces motions retranchant ou ajoutant des mots ne viennent
jamais contre le principe du projet de loi.
Je vois un petit peu dans quel pétrin je me suis embarqué
en déclarant recevables des motions invitant le ministre à
distribuer... Je sais fort bien que tous les membres de cette commission
parlementaire pourraient, avant l'étude de chaque article, inviter le
ministre à distribuer un document quelconque, à répondre
à une question quelconque, et je pense que ce n'est pas là le but
premier et essentiel de la commission parlementaire. Remarquez que c'est
peut-être moi le plus grand fautif. J'ai fait preuve, comme je vous l'ai
dit, d'une très grande souplesse, d'une très grande ouverture
d'esprit, mais je pense que si je continuais à agir de la sorte ce
serait peut-être donner une indication aux autres présidents de
commission parlementaire que ces motions préliminaires que j'ai
déclarées recevables le sont effectivement en vertu de notre
règlement et en vertu de notre tradition, alors que, dans mon esprit,
elles ne le sont tout simplement pas. Je pense qu'il est de bon aloi, dans une
commission parlementaire de ce
genre, de faire preuve de ce genre de souplesse, d'accepter à
l'occasion des choses qui sont peut-être défendues par la coutume.
Je pense que je peux d'office dire: Maintenant, c'est terminé. Si vous
remarquez, à l'article 1, il n'y a pas eu de motion semblable, à
l'article 2 non plus; aux articles 1 et 2, c'étaient les motions
d'amendement et de sous-amendement puisque ces articles n'étaient pas
d'une importance aussi capitale que l'article 4 qui parle évidemment des
objectifs de la société.
C'est pour cela qu'à l'article 4, j'ai fait preuve d'une plus
grande ouverture. Il se retrouvera peut-être un autre article, sans
vouloir m'impliquer davantage, que je pourrai juger personnellement très
important dans le cadre de ce projet de loi, plus important, aussi important
que l'article 4, et, à ce moment-là, je pourrai, si je le juge
à propos, faire preuve également de cette ouverture. Je pense que
là, j'ai un petit peu trahi et je n'accuse personne ici, c'est
moi-même en déclarant recevables ces motions, le mandat de
notre commission parce que je pense qu'on est porté, depuis quelques
jours au moins, à l'oublier. Ces motions présentées par
les députés de l'Opposition peuvent être à un
oertain égard considérées comme des motions
préalables à l'étude de l'article 4; on pourrait les
multiplier à l'infini, et je ne pense pas que ce soit là le but
que nous poursuivons.
Pour répondre directement à la question du
député de Saint-Laurent, je pense qu'il n'y a essentiellement
aucun article de la loi ou des règlements qui est en cause sauf, par
exemple, que le député de Saint-Laurent, avec son
expérience qui est certes beaucoup plus grande que la mienne,
certainement en quantité et probablement également en
qualité, doit savoir, lui qui a parrainé des projets de loi, que
lorsqu'il venait ici, à cette table, c'était pour étudier
article par article, un projet de loi.
Je pense que c'est mon devoir, à ce stade-ci, bien objectivement
comme j'essaie de le faire toujours, de dire non seulement à
l'Opposition, même si c'est elle qui habituellement présente les
motions, mais à tous les membres de la commission parlementaire:
Maintenant, c'est assez parce que je pense qu'on trahit notre mandat.
M. Forget: M. le Président, je voudrais soulever une
question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Forget: Je n'ai, évidemment, pas l'intention de
remettre en cause votre décision. Il reste qu'il y a des implications
pour l'avenir sur lesquelles j'aimerais peut-être avoir une directive de
votre part ou, du moins, étant donné que nous sommes
enregistrés au journal des Débats, que notre position soit rendue
publique de façon très claire. D'ailleurs, je dois le faire
à ce moment-ci puisqu'on n'a pu plaider sur la recevabilité
étant donné que vous avez tranché sans même
solliciter d'opinion sur la recevabilité. Pour ce qui est des membres de
l'Opposition officielle, il reste que là il y a une question
fondamentale de privilège parlementaire ou de notre droit de parole.
Rien dans la Loi de l'Assemblée nationale, dans ses règlements et
dans ses traditions ne permet de limiter le droit de parole des membres d'une
commission qui est convoquée essentiellement pour faire l'étude
du projet de loi, M. le Président, et pas nécessairement a priori
pour en faire la critique ou le modifier.
Les amendements n'arrivent qu'à titre de conséquence d'une
étude. D'ailleurs, on ne parle pas d'amendements, article par article au
projet de loi, mais bien de l'étude d'un projet de loi article par
article. Donc, les motions qui ont été faites jusqu'à
maintenant bien sûr, il y en avait quelques-unes qui
étaient irrecevables, soit parce qu'elles étaient contraires au
principe ou qu'elles étaient prématurées, etc. de
façon générale, ont eu pour but de faciliter
l'étude, par opposition à des motions, qu'on pourrait facilement
imaginer, qui auraient pour effet de favoriser les amendements. Je pense que
l'étude doit précéder l'amendement en bonne logique. Comme
partie essentielle de l'étude se trouvent un certain nombre de
données, de faits, d'intentions gouvernementales qui sont
nécessaires pour qu'on puisse étudier un projet de loi et pour
qu'on puisse le comprendre.
J'imagine là, je vous demande une directive, M. le
Président qu'il ne découle pas nécessairement de la
décision que vous venez de rendre que des demandes d'information sont
hors d'ordre en commission parlementaire. Il est essentiel à
l'étude en commission parlementaire d'ailleurs, c'est la raison
pour laquelle nous insistons sur la présence du ministre parce qu'il est
le seul qui peut parler au nom du gouvernement et, donc, fournir des
éléments d'information que des informations soient
données et donc, qu'elles soient demandées. C'est le but des
motions, On le fait, à ce moment, de façon formelle.
Pourquoi le fait-on de façon formelle? Pour deux raisons bien
simples: d'une part, les règlements des commissions parlementaires
prévoient que c'est seulement à la suite d'une motion formelle
qu'on a le droit de parole. Donc, il faut le faire formellement plutôt
que le faire informellement. Mais on pourrait tout aussi bien, si le
règlement était différent, formuler des questions au
ministre et on arriverait au même résultat. Deuxièmement,
on veut aussi je pense que c'est le rôle d'une Opposition au
Parlement que, par la présentation d'une motion qui est battue
par le gouvernement, le ministre et la majorité ministérielle
assument la responsabilité politique de refuser l'information. Je pense
que le rôle classique d'un Parlement, c'est également de situer la
responsabilité. Si nous ne demandions pas l'information formellement, on
pourrait nous faire le reproche après de ne pas l'avoir demandée
en disant: Vous êtes responsables de votre propre ignorance. Si vous
l'aviez seulement demandée, on vous l'aurait donnée. Il est donc
politiquement très important je pense que parfois ceux qui
observent nos procédures de l'extérieur perdent de vue cette
considération que nous assumions la responsabilité de
demander l'information et que le gouver-
nement soit forcé par nos règlements parlementaires de
nous la refuser. Comme cela, les jeux sont faits.
Il me semble que cela aide au processus parlementaire. Cela n'aide pas
à l'adoption rapide du projet de loi, M. le Président, j'en suis
parfaitement conscient.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas mon but d'ailleurs. (12 heures)
M. Forget: Je sais que vous êtes neutre dans cette
question. Mais je pense que ce qui est important vis-à-vis d'un projet
de loi majeur, malgré tout je pense que dans l'année 1978
il n'y en aura pas des dizaines comme celui-là; ordinairement, il y en a
deux ou trois, quatre dans les grosses années, d'une envergure comme
cela il est très important que la procédure parlementaire
puisse être utilisée pour faire ressortir les
responsabilités politiques de part et d'autre. Le gouvernement voudrait
nous blâmer, c'est son droit, de retarder le projet de loi. Nous, nous
voudrons le blâmer de ne pas fournir les renseignements
nécessaires à la bonne intelligence de ses projets. Je pense que
c'est important qu'on puisse, à la lecture du journal des Débats,
établir de façon certaine ces responsabilités.
Évidemment, qu'on retarde les débats, le ministre pourra
sûrement alléguer facilement des preuves de cela. On voudrait se
situer sur un pied d'égalité relativement à l'autre volet
de cette question de responsabilité politique en pouvant citer la page,
le paragraphe où le ministre refuse son acceptation à une demande
d'information. Je pense que c'est l'essence même du procédé
et on aimerait je suis sûr qu'en faisant cette demande vous
l'accueillez d'une façon sympathique, d'ailleurs, ce n'est certainement
pas une critique, vous avez présidé avec beaucoup
d'impartialité ces travaux je voulais le dire parce que je pense
que c'est essentiel à ce moment-ci, après quelques semaines de
débat, qu'on précise bien la signification politique de
l'opération qui est en cours dans le moment. On n'est pas des
rédacteurs de lois dans le sens des conseillers juridiques, cette
tâche est faite par d'autres. Notre rôle, c'est de
départager les responsabilités.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, j'ai très bien compris le sens de
votre propos et je suis même d'accord sur le sens de votre propos, mais
je pense que, où nous sommes en désaccord, c'est sur les moyens
utilisés. Je comprends d'ailleurs fort bien les raisons politiques, les
demandes d'information de l'Opposition, les refus, ou les réponses qui
peuvent être, à l'occasion, non satisfaisantes, mais je pense que
ce que j'ai dit doit se rapporter exclusivement aux moyens. Il est bien
évident que, dans mon esprit, une commission parlementaire doit
permettre aux députés de tous les partis politiques de pouvoir
avoir les informations, de poser des questions, d'obtenir des réponses
et non pas essentiellement d'amener des motions d'amende- ment. Mais je pense
que le moyen que vous utilisez, c'est-à-dire des motions
préalables à l'article 4, n'est pas le moyen prévu par
notre règlement pour atteindre ce même but avec lequel je suis
parfaitement d'accord. Sans cela, aussi bien dire qu'il n'y a plus de
commission parlementaire. C'est le droit de l'Opposition de poser des questions
au gouvernement, d'obtenir des réponses, de noter les refus de
réponses, s'il y en a. Je pense que là-dessus, on ne peut pas
être en désaccord, au contraire, je suis en accord. Mais je pense
que notre règlement, par l'article 160 et autres, permet à
l'Opposition, autrement que par des motions préalables, d'obtenir ces
mêmes buts.
Par exemple, tout député de cette commission parlementaire
a le droit de parler vingt minutes sur chaque motion, chaque paragraphe, chaque
article, et chaque motion d'amendement et chaque motion de sous-amendement. On
peut prendre comme exemple un article en général où il y
aurait cinq amendements et cinq sous-amendements, ce qui veut dire qu'un
député pourrait théoriquement avoir jusqu'à onze
fois vingt minutes par article pour s'exprimer et cela pour chaque
député de la commission parlementaire.
À l'occasion de ces propos qui durent habituellement vingt
minutes, le député peut demander des informations au ministre,
peut noter les informations qu'il demande au ministre, peut poser des questions
au ministre. Le ministre, lui, qui, en vertu de l'article 162, a un droit de
parole illimité, peut répondre ou ne pas répondre à
ces questions. Je pense qu'il est possible aux députés de cette
commission parlementaire, de l'Opposition et du parti ministériel, de
noter la réponse insatisfaisante du ministre sans se servir des motions
qui sont des motions préalables.
Autrement dit, en résumé, je suis d'accord sur l'essence
de vos propos, sur le but d'une commission parlementaire, mais je pense qu'il y
a moyen de s'entendre, avec la souplesse dont fait preuve l'article 160 sur les
droits de parole. Je veux dire par là que la décision que j'ai
rendue n'a absolument aucun rapport avec la limitation quelconque d'un droit de
parole. L'article 160, j'ai l'intention de le respecter intégralement:
"Lorsqu'une commission étudie un projet de loi ou des crédits, un
député peut prendre la parole sur le même point aussi
souvent qu'il lui plaît, à condition de ne parler plus de vingt
minutes en tout sur un même article, un même paragraphe, une
même motion ou une même question d'ordre ou de règlement."
Il peut même parler vingt minutes sur une question de règlement,
en plus des amendements, des sous-amendements, motions principales.
À la rigueur, la commission peut même décider que
chaque paragraphe d'un article devient une motion principale; donc, le droit de
parole de vingt minutes ne s'applique pas à l'article 4, mais
exclusivement au paragraphe a) de l'article 4. L'article 160, je pense, est
souple et permet de respecter intégralement l'essence de la commission
parlementaire qui est non seulement d'ajouter ou de retrancher des mots, mais
aussi de poser des
questions, d'obtenir des informations, mais par d'autres moyens que les
motions qui me sont présentées depuis quelques jours.
Je vous dis, en terminant, que j'ai l'intention de respecter l'essence
de vos propos, mais autrement que par des motions de cette nature.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... puis-je vous demander quelques informations?
À la suite de votre décision, comment interprétez-vous
alors les articles sur les motions en général, soit les articles
57 et suivants? Ce sont des motions qui s'appliquent à
l'Assemblée nationale, mais par le règlement, elles s'appliquent
aussi aux commissions parlementaires. Je ne veux pas contredire votre
décision, mais il ne semble pas y avoir de limites comme vous l'avez
souligné dans ces articles.
M. Laplante: Question de règlement. Pour la
présidence, à laquelle on doit...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, je
n'interprète pas les questions de l'Opposition comme étant un
appel.
M. Laplante: Mais c'en est un, actuellement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
non, je ne le pense pas.
M. Laplante: On vous demande une interprétation des
articles 57 et suivants en fonction de votre décision, M. le
Président. Il faut respecter la présidence un peu plus que cela,
écoutez un peu!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
suis pas susceptible à ce point-là.
M. Laplante: C'est aller au bout, ça!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
n'interprète pas du tout les questions du député de
Mont-Royal comme étant un appel, mais tout simplement comme une demande
d'information.
M. Ciaccia: Absolument.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je suis
libre de répondre ou non. Tout ce que je peux répéter,
c'est que même si mon expérience parlementaire date de seulement
17 mois, j'ai quand même la certitude, pour avoir lu les décisions
d'autres présidents, que la coutume dans notre règlement,
lorsqu'il est silencieux, devient une règle de droit. La coutume est
extrêmement importante, la tradition est extrêmement importante.
Personne ne pourra nier ici que le but essentiel pour lequel- nous sommes
réunis, c'est d'étudier je n'ai pas ici le mandat de
l'Assemblée nationale article par article ce projet de loi.
Le leader du gouvernement, peu importe qui il est, peu importe le
Parlement, l'Assemblée nationale ou la Législature, fait toujours
motion au président pour que telle commission parlementaire
étudie je souligne le mot avec toutes les balises qu'a mises le
député de Saint-Laurent, avec toutes les implications
qu'étudier comporte article par article tel projet de loi et,
dans ce cas-ci, le projet de loi no 70. C'est cela qui doit me guider.
M. Ciaccia: Est-ce que cela voudrait dire sans faire une
motion, puisque vous dites qu'une motion de ce genre n'est pas acceptable
d'après les traditions et les coutumes de notre règlement
puisque vous avez cité l'article 160, que si on discute de l'article 4
et qu'on veuille obtenir certaines informations du ministre, si nous nous
référons à cet article 160 sur le programme
d'investissement, en discutant de l'article 4, que chacun de nous parce
que nous avons des interventions à faire au sujet des investissements,
et il y a des informations que le député d'Outremont a
demandées pourrait intervenir sur cet article, sur la discussion
de l'article 4?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
veux pas m'engager, on verra à ce moment-là.
M. Ciaccia: Autrement, notre droit de parole va être
limité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Si je
juge que les propos que vous tenez sont conformes à l'objet de l'article
4a ou 4b, je vais vous laisser aller vingt minutes là-dessus, mais non
pas pour présenter une motion de cette nature, par exemple.
Actuellement, cette motion est présentée avant l'article 4a. Si
on se rappelle bien, j'ai appelé l'article 4 il y a plusieurs semaines,
mais il n'a jamais été adopté et on ne s'est jamais rendu
à l'article 4a non plus.
Actuellement on est entre l'article 4 et "La société a
pour objet"; il y a des députés qui m ont demandé
où on en était, on est rendu entre les mots: "article 4" et "La
société a pour objet"..., parce qu'il y a eu une foule de motions
avant d'entreprendre l'étude de l'article 4, donc l'article 4 a
été appelé, mais on n'a jamais commencé à
étudier les paragraphes de l'article 4. C'est une réalité
que, je pense, personne ne pourra contester.
Or, si, à l'article 4, M. le député de Mont-Royal,
vous commencez à parler des investissements de la phase 2 et si je juge
que c'est pertinent au débat, je vais vous laisser aller 20 minutes
làdessus. Si je juge que ce n'est pas pertinent, je vais vous dire: Je
pense que vous êtes en dehors de la recherche, vous êtes en dehors
du développement mais je juge que c'est dans l'exploitation, je vais
vous laisser aller, mais c'est sur le moyen que j'en ai.
M. Laplante: D'ailleurs, M. le Président, lorsque le
député d'Outremont a commencé son intervention, il a bien
spécifié et j'aimerais en avoir la transcription
qu'il commençait l'étude de l'article 4. Voilà qu'une
proposition arrive et il revire sa proposition avant le début de
l'étude, mais il a
bien spécifié, lorsqu'il a pris la parole, qu'il
commençait l'étude de l'article 4, après l'avoir
appelé.
M. Forget: En lisant la motion, d'ailleurs, il l'a
corrigée verbalement.
M. Raynauld: Oui, je trouvais que ce n'était pas avant le
début de l'article 4, je reconnaissais...
M. Laplante: Encore plus, votre motion n'apporte aucun
amendement. Écoutez...
M. Bérubé: C'était le prélude au
commencement du début de l'étude!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: M. le Président, je pense qu'effectivement le
débat sur le fond de l'article 4 est commencé depuis plusieurs
jours, on n'est pas avant l'article, on est à l'article 4. Si je
comprends bien j'ai moi-même participé au débat sur le fond
de l'article 4, en date du 6 avril dernier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
d'ailleurs j'ignore combien il vous reste de minutes, s'il vous en reste.
M. Forget: J'ai utilisé dix minutes sur...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci de
m'en informer, M. le député de Saint-Laurent, mais ce que
j'allais vous dire de plus c'est que, en supposant qu'on ait commencé
l'étude de l'article 4, cela devient un genre de motion également
irrecevable parce qu'elle n'a pas pour but vous pouvez parler 20 minutes
là-dessus, d'ailleurs je vous ai laissé faire, vous avez
certainement parlé 15 minutes d'amender, de retrancher ou
d'ajouter des mots. Pour parler 20 minutes sur le sujet dont vous avez
parlé, je ne vous ai pas interrompu, j'ai bien compris que vous enleviez
les mots: "avant le début de l'étude de l'article 4" et j'ai
compris que vous étiez dans le sens général de l'article
4. Ce n'est pas sur les propos du député d'Outremont que j'en ai,
c'est sur la motion qui n'est pas conforme à l'article 70 de notre
règlement, qui n'ajoute pas des mots, qui ne retranche pas des mots, qui
ne vient pas amender l'article 4, mais concernant les propos qu'il a tenus, ils
étaient très conformes.
M. Forget: Sur ce point de règlement, encore une fois, M.
le Président, l'article 70, si je comprends, définit ce qu'est
une motion d'amendement. Je pense qu'on est bien d'accord avec la
définition d'une motion d'amendement, mais il ne faudrait pas prendre la
définition de la motion d'amendement comme une interdiction qui n'est
là ni implicitement ni explicitement, que des détails; l'article
154 dit très bien: En commission plénière ou élue,
après la deuxième lecture, on ne peut discuter que des
détails d'un projet de loi. Il disait: II ne peut pas y avoir d'audition
publique, à moins qu'il y ait consentement unanime. Donc, on peut
discuter des détails, on ne dit nulle part et là-dessus
vous avez donné une indication qui était claire tout à
l'heure il n'y a absolument aucun article du règlement qui dit
qu'on ne peut parler que sur des motions d'amendement ou de sous-amendement, en
commission parlementaire. À l'article 154 on dit: On peut discuter des
détails; on ne dit pas: On doit présenter des motions
d'amendement et de sous-amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
vous pouvez parler 20 minutes sur la motion de fond, sans présenter...
Le député d'Outremont aurait fort bien pu parler 20
minutes...
M. Forget: C'est cela. On peut présenter toute
espèce de motion parce qu'il n'y a rien dans notre règlement qui
nous dit que des motions, de façon générale, à
moins qu'elles soient non rece-vables pour des motifs qui sont particuliers
à telle ou telle motion c'est tout à fait valable
mais que, de façon générale, tel ou tel genre de motion ne
peut pas être présenté en commission parlementaire.
D'ailleurs il y a eu des débats épiques là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il faut faire la distinction entre le discours fait par un
député et la motion qui s'ensuit. Le discours du
député d'Outremont je l'ai dit était
conforme à l'esprit et à la lettre de nos règlements. Mais
la motion qui s'ensuivit n'est pas conforme à notre règlement
dans le sens que ce n'est pas une motion d'amendement, ce n'est pas une motion
de sous-amendement, mais pour discuter, pour demander des informations, il n'y
a pas de problèmes. Il peut le faire et il l'a fait d'ailleurs.
M. Forget: M. le Président, encore une fois, votre
décision...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
devient réellement une discussion sur ma décision.
M. Forget: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas un appel, mais c'est pour le moins une discussion.
M. Forget: Votre décision est valable, nous l'acceptons,
mais nous la traitons comme un cas d'espèce en ce sens que telle motion
n'est pas re-cevable et on la retire. Il n'y a aucune bataille
là-dessus. Mais on ne doit pas comprendre à moins que le
règlement soit amendé qu'en général telle ou
telle exclusion générale s'applique à des motions. (12 h
15)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Disons
que je retire dans ce que j'ai dit: On verra à la pièce. Disons
que cette motion est déclarée irrecevable et que je jugerai
chaque motion qui me sera présentée.
M. Raynauld: Je voudrais maintenant demander une directive suite
à ce débat. L'intention de cette motion et je pense qu'on
a pu le voir par les propos que j'ai tenus était de demander au
gouvernement s'il pourrait nous expliquer davantage l'essentiel de l'article 4.
C'était pour faciliter le débat que c'était
présenté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont, vous revenez à ce que j'ai dit tout
à l'heure.
M. Raynauld: Je demande si c'est possible...
M. Bérubé: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, s'il vous plaît. Encore là à force de discuter
d'une décision... Je pense que j'ai bien dit que nous étions
d'accord sur l'essence, sur le but d'une commission parlementaire, mais que
vous pouviez, sans présenter ce morceau de papier avec une motion, dans
votre intervention de vingt minutes, vous l'avez demandé cela. Le
ministre l'a noté. Il va répondre ou il ne répondra pas.
S'il répond, il va répondre à votre satisfaction ou non.
Vous avez encore le droit de parole. Vous allez reprendre la parole et vous
pourrez, pour les raisons politiques énoncées par le
député de Saint-Laurent, noter l'absence de réponse, ou la
réponse insatisfaisante ou satisfaisante du ministre, mais ce n'est pas
nécessaire de présenter cela pour demander l'information. Vous
avez posé la question, vous demandez les mêmes informations, sauf
que ce n'est pas sur une motion formelle. On est sur une question de formalisme
en fait et non pas sur le fond. C'est une question de formalisme, ce n'est pas
une question de fond.
M. Forget: D'accord, M. le Président, mais là on
est sur un terrain glissant. J'aimerais que vous vous absteniez...
M. Bérubé: D'accord, M. le Président, mais
là on est sur un terrain glissant. J'aimerais que vous vous
absteniez...
M. Bérubé: Question de règlement.
M. Forget: Sur une question de règlement, M. le
Président, je fais appel à vous pour que vous vous absteniez de
plaider ou d'utiliser des arguments d'opportunité dans le jugement que
vous portez sur des motions en disant que vous n'avez pas besoin de
présenter telle ou telle motion. Dans le fond et humblement
soumis cela regarde ceux qui présentent la motion. Qu'ils en
aient besoin ou pas, s'ils ont le droit de la présenter, il leur
appartiendra de juger s'ils en ont besoin ou pas. Le problème qui se
pose à nous c'est de bien comprendre le sens de votre décision.
Je l'ai compris tout à l'heure dans le sens que c'était un cas
d'espèce, qu'il n'y a rien dans notre règlement qui nous
interdise de présenter quelque motion que ce soit et vous êtes
toujours libre, M. le Prési- dent, le plus souvent possible,
j'espère, après avoir entendu nos arguments sur la
recevabilité, de les rejeter comme irrecevables.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, je voudrais... Oui, d'accord, je
comprends ce que vous voulez dire, évidemment que le devoir du
président est de déclarer recevables après M. le
ministre ou non recevables les motions, mais vous avez toujours le droit
de présenter les motions que vous voulez. Et c'est à moi de juger
ensuite. Si j'ai voulu, tout à l'heure, en sourdine, vous donner cette
indication, ce n'était pas dans le but que vous ne la présentiez
pas, mais tout simplement pour vous donner une idée à l'avance
pour ne pas que vous soyez surpris de la décision que j'allais rendre.
Je l'ai fait par simple délicatesse et non pas dans le but de vous
inciter à ne pas la présenter. Ce n'était pas mon
intention du tout. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je voulais
simplement souligner que depuis une demi-heure nous remettions en cause votre
décision. Ce qui est contraire à l'article 43.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, ce n'est pas à vous de décider si on remet en cause ma
décision.
M. Grégoire: Non, mais il a le droit de le dire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Même si la discussion a duré une demi-heure...
M. Grégoire: II a le droit de le dire, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II a le
droit de le dire, mais j'ai le droit de ne pas être d'accord sur ce qu'il
dit. C'est à moi de juger. C'est moi qui ai rendu la décision. Si
on a passé 20 minutes là-dessus, c'est quand même bon
puisque nous avons eu une discussion importante qui va justement aider l'allure
de nos travaux.
M. Bérubé: Cela va accélérer les
travaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je n'ai
pas dit "accélérer" mais "qui va aider". Ce n'est pas le devoir
de la présidence d'accélérer ou de ralentir les
travaux.
M. Raynauld: ... questions qu'on a posées. M.
Bérubé: ... on pourrait répondre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Donc la
motion est déclarée irrecevable. Le député
d'Outremont a parlé un certain nombre de minutes sur l'article 4.
Maintenant, qui veut intervenir sur l'article 4? M. le député de
Richmond?
M. Brochu: Non, pas pour le moment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: Adopté, M. le Président.
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: II y a des paragraphes distincts. Nous aurions une
motion à faire. J'interprète votre question comme étant
une invitation à m'exprimer sur l'article 4 en général.
Nous avons des motions d'amendements à présenter aux
différents paragraphes, pas, je pense, à l'alinéa qui
n'est pas numéroté et qui sert d'introduction à
l'article.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Brochu: En ce qui me concerne ce sont un peu les mêmes
motifs. Vous m'aviez indiqué, l'autre jour, que le temps de parole
était déduit chaque fois qu'on prenait la parole. À ce
moment, on va revenir au niveau des motions d'amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
cela. Oui, puisque, à force de présenter des motions, le temps
sur les motions de fond...
J'appelle l'article 4, paragraphe a). M. le député de
Saint-Laurent.
Motion pour retrancher les mots "la recherche"
M. Forget: M. le Président, nous avons une motion
d'amendement que je lis immédiatement: Que le paragraphe a) de l'article
4 soit modifié, en retranchant, dans la première ligne, les mots
"la recherche ". Le paragraphe amendé se lirait comme suit: a) Le
développement et l'exploitation de gisements d'amiante, y compris la
mise en marché de la production.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Recevable.
M. Forget: C'est sans surprise, M. le Président, que
j'entends votre jugement sur la recevabilité. Je pense qu'on ne pouvait
pas être plus...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Conforme.
M. Forget: ... circonspect, quant aux objets possibles d'une
motion en commission parlementaire. Le but de ce premier paragraphe est de
définir très généralement l'ensemble des
activités relativement à l'extraction de la fibre d'amiante du
sous-sol. Je pense que par inadvertance et c'est vraiment le but de cet
amendement le législateur a voulu couvrir toutes les
activités reliées à l'extraction de la fibre, à la
fois la recherche, la prospection de gisements d'amiante, le
développement, c'est-à-dire les dépenses initiales qui
précèdent l'exploitation et qui sont destinées à la
rendre possible, le forage de puits, les installations, la construction de
routes d'accès, la construction de moulins, etc., qui doivent,
évidemment, se faire avant l'exploitation proprement dite, et
l'exploitation elle-même, c'est-à-dire le fait d'extraire le
minerai, de l'amener à la surface, de lui faire subir un premier
traitement, un premier raffinage selon le cas. Dans le cas de l'amiante, de le
débarrasser des déchets de roche qui ne contiennent aucune fibre
pour alléger son poids.
Cette définition extrêmement large pose un premier
problème qui est le problème, dans le fond, d'établir une
ligne de démarcation entre deux sociétés d'État qui
auraient un mandat, en vertu de leur loi constitutive, pour des
activités identiques. En effet, on sait que, depuis une dizaine
d'années, existe la Société québécoise
d'exploration minière qui a, parmi ses pouvoirs, celui de faire de
l'exploration minière par toute méthode.
Donc, de façon générale, SOQUEM a, pour l'ensemble
du territoire du Québec, le mandat de faire de la recherche de
gisements.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, je m'excuse, vous reprendrez la parole
cet après-midi. Les travaux de la commission sont ajournés sine
die.
(Ajournement de la séance à 12 h 23)