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Étude du projet de loi no 70
Loi constituant la Société nationale de
l'amiante
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Bérubé (Matane), M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu
(Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Grégoire (Frontenac), M.
Laplante (Bourassa), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt
(Saint-François) et M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys).
Les intervenants sont: M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Godin
(Mercier), M. Garneau (Jean-Talon), M. Landry (Fabre), M. Ciaccia (Mont-Royal)
remplace M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M. Léger
(Lafontaine), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Paquette
(Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Décision du président
On m'a remis hier soir ou ce matin une motion qui avait
été présentée, je présume, par le
député d'Outremont, et qui se lit ainsi: "Que cette commission
suspende l'étude du paragraphe b) du premier alinéa de l'article
4 jusqu'à ce que le ministre des Richesses naturelles ait fait
connaître en détail aux membres et intervenants de cette
commission le programme d'investissement concernant la phase deux de la
politique de l'amiante, soit la phase relative à la transformation au
Québec de la fibre d'amiante en produit fini".
Je dois vous dire qu'à la lecture de cette motion, elle
m'apparaît irrecevable, parce que conditionnelle. Je réfère
tout simplement les membres de la commission parlementaire à une
décision qui avait été rendue le 6 avril 1978, à la
suite d'une motion semblable présentée par le
député de Marguerite-Bourgeoys, M. Lalonde, et qui se lisait
ainsi: "Que la commission des richesses naturelles suspende l'étude de
l'article 2 du projet de loi no 70 jusqu'à ce que le gouvernement ait
fait connaître officiellement l'endroit déterminé pour
l'établissement du siège social de la Société
nationale de l'amiante".
Le député de Marguerite-Bourgeoys ajoutait: "M. le
Président, il est possible que cet élément soit de trop,
mais..." Pour cette unique raison, je déclare irrecevable la motion
présentée par le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Par le député d'Outremont.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Excusez-moi, par le député d'Outremont.
M. Ciaccia: Je voulais argumenter sur cette motion, je pensais
qu'elle était recevable, mais...
M. Grégoire: M. le Président, quels sont les
membres permanents? Hier, M. Raynauld était à la commission... Il
vous remplaçait, je crois?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
membres d'aujourd'hui parce que ceux d'hier nous intéressent peu
sont M. Lalonde et M. Forget. M. Ciaccia est un intervenant.
M. Grégoire: Mais M. Raynauld remplaçait M. Lalonde
hier.
M. Lalonde: Je ne le sais pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui. M.
Lalonde remplace M. Raynauld aujourd'hui.
M. Grégoire: D'accord.
M. Bérubé: Est-ce que le temps pris par M. Raynauld
est automatiquement effacé? Est-ce que celui qui le remplace se retrouve
devant une ardoise totalement vierge?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
suis pas au courant si M. Raynauld a pris du temps ou non. Je n'étais
pas ici hier.
M. Lalonde: La motion est irrecevable.
M. Forget: De toute façon, cela ne s'applique pas, parce
que la motion est irrecevable, donc on recommence.
M. Grégoire: Mais il a pris son temps de parole sur le
paragraphe b).
M. Lalonde: Cela vous inquiète tant. Comment se fait-il
que cela vous inquiète comme cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre!
M. Bérubé: Sur le paragraphe b) de la motion...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
problème ne se pose pas, la motion est déclarée
irrecevable.
M. Grégoire: Oui, mais il a parlé vingt minutes
avant de présenter son amendement.
M. Bérubé: II a présenté son
amendement à la fin.
M. Lalonde: On peut juger qu'il a parlé vingt minutes sur
ce paragraphe b).
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De toute
façon, je verrai. Je ne sais pas encore si le député de
Marguerite-Bourgeoys a l'intention de parler sur le paragraphe b)...
M. Lalonde: Peut-être.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... lui
qui remplace M. Raynauld.
M. Bérubé: C'est que nous essayons de limiter au
minimum.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que la question pourra se poser c'est une très bonne question,
d'ailleursau moment où M. le député de
Marguerite-Bourgeoys prendra la parole.
M. Lalonde: S'il y avait des questions de privilège, j'en
ferais une. Quelle est cette crainte que je prenne la parole? Le ministre
a-t-il peur de ce que je vais dire? Il vient de nous transporter dans le salon
rouge pour l'exécution de la commission, parce qu'ici, c'est la chambre
à exécution, apparemment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix: C'est pour cela que c'est rouge, le sang ne
paraît pas!
M. Grégoire: Quelle exécution?
M. Lalonde: L'exécution de la commission.
M. Grégoire: Est-il question de cela?
Objets de la société
Activité reliée à la
transformation de la fibre d'amiante
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Le paragraphe b) de l'article 4 est-il adopté?
M. Grégoire: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président. Comme vous venez de rendre une
décision relativement à la recevabilité de la motion
à cause de son caractère, en quelque sorte, conditionnel, il
serait probablement possible de proposer à cette commission une motion
qui élimine toute espèce de condition ou de menace...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
avez bien compris, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: ... implicite à l'endroit du ministre. On
pourrait faire la motion suivante: Que cette commission suspende tout
simplement l'étude de l'article 4 et procède immédiatement
à l'étude de l'article 5. Je vais parler sur cette motion, si
elle est recevable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Elle est
recevable, puisque le seul et unique motif pour lequel je l'avais
déclarée irrecevable, c'était le fait qu'elle était
conditionnelle. Ce que vous faites est en plein ce qui avait été
fait le 6 avril 1978 par le député de Marguerite-Bourgeoys, qui
avait corrigé cette motion...
M. Lalonde: C'était bien fait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... pour
la présenter telle que vous la formulez actuellement. Telle que vous
venez de la formuler, elle est raisonnable.
M. Grégoire: Dans les directives, je crois qu'il y a un
article du règlement qui dit qu'on peut proposer une motion de
suspension une fois par jour.
M. Lalonde: Une motion d'ajournement. On ne l'a pas faite encore
aujourd'hui, celle-là.
M. Grégoire: Maintenant, une motion de suspension d'un
article comme celle-là peut être faite n'importe quand.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II y a
des motions d'ajournement des travaux et des motions de suspension d'un
article.
M. Grégoire: Oui, mais ce que nous avons...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Or, nous
sommes en face de la motion de suspension d'un article qui peut être
présentée à n'importe lequel des articles du projet de
loi.
M. Grégoire: Je demande une directive. À l'heure
actuelle, on demande la suspension de l'article 4 pour aller à l'article
5. Si c'est battu, est-ce que le même député peut revenir
avec une autre motion demandant la suspension de l'article 4 pour aller
à l'article 6, la motion n'étant plus la même?
M. Lalonde: Vous êtes diabolique. Jamais on n'aurait
pensé à cela.
Une voix: C'est une bonne idée...
machiavélique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
question est absolument hypothétique, on verra. Je peux vous dire, M. le
député de Frontenac...
M. Lalonde: Vous nous prêtez de mauvaises intentions, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce genre
de motion est accepté de façon régulière par les
présidents de commissions parlementaires, puisqu'elle est conforme
à notre règlement.
M. Forget: M. le Président...
M. Lalonde: Excusez-moi, si M. le député de
Saint-Laurent me le permet, avant qu'il ne commence à plaider sur
sa motion, j'aurais une question à poser au ministre, avec votre
permission, M. le Président. On a déjà suspendu l'article
3 avec le consentement de tous les membres. Cela fait déjà
quelques semaines et je vous avoue que, de retour à la commission
après deux semaines j'étais à l'étude des
crédits des Consommateurs et de la Justice je suis très
déçu de voir qu'on en est encore à l'article 4, et je vois
qu'on n'a pas encore disposé de l'article 3.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire les conclusions des
études qui ont été faites relativement à l'article
3 ou préfère-t-il qu'on passe...?
M. Bérubé: II n'y a pas eu de conclusion ou
d'étude. Présentement, nous avons des conseillers juridiques qui
sont en attente et dès que nous pourrons aborder l'article 3...
Puisqu'il s'agissait, en fait, d'une discussion un peu juridique sur les droits
et privilèges d'un mandataire du gouvernement, par conséquent,
j'ai tenu à ce que les juristes du gouvernement, qui sont responsables
de l'évolution de la pensée concernant ce caractère des
sociétés d'État, puissent être ici de manière
à pouvoir nous conseiller, et même, éventuellement,
expliquer, si la commission le juge bon, l'idée qu'ils avaient en
introduisant cet article, puisqu'il s'agit d'un article à
caractère essentiellement juridique, que je serais mal placé de
commenter autrement que d'une façon générale.
M. Lalonde: Alors, si je comprends bien, le ministre serait
prêt à aborder l'article 3 éventuellement.
M. Bérubé: Sans aucun problème.
M. Ciaccia: Ce n'est pas un reproche que vous faites à vos
collègues parce que nous ne sommes pas assez avancés dans nos
travaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous
avons une motion devant nous. Ce n'est pas une période interrogatoire;
elle a été déclarée re-cevable.
M. Lalonde: J'exprimerai mes...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion du député de Saint-Laurent sera adoptée?
M. Grégoire: Qu'est-ce que vous...
M. Lalonde: Ils ne sont même pas là, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion du député de Saint-Laurent sera adoptée?
M. Grégoire: Je ne vois pas pourquoi, M. le
Président. On va finir l'article 4.
M. Forget: On va vous expliquer cela.
M. Grégoire: Faites l'appel des noms.
M. Forget: Auparavant, j'aimerais, à titre de brève
parenthèse, indiquer au ministre que les membres de ce
côté-ci de la table sont disponibles à tout moment pour
reprendre l'étude de l'article 3. On a fait cette motion de suspension,
parce qu'il nous apparaissait qu'il y avait des difficultés d'ordre
juridique, mais on n'a aucun désir de bloquer l'étude de cet
article. Si le ministre veut, dès cet après-midi, aborder
l'étude de cette question, nous sommes prêts à interrompre
n'importe quel débat sur l'article 4, 5 ou autre pour revenir à
l'article 3. Il pourrait y avoir des difficultés de rédaction et
il me semble qu'on pourrait en disposer assez rapidement.
M. Bérubé: De l'article 3. M. Forget: De
l'article 3.
M. Bérubé: Malheureusement, M. Rioux n'est pas ici
présentement.
M. Forget: Amenez-le quand vous voulez et on fera passer
un...
M. Lalonde: Sentez-vous tout à fait libre de suspendre
à votre demande les travaux.
M. Bérubé: On pourra prendre les moyens pour le
faire venir. La prochaine séance devrait avoir lieu cet après
midi après la période des questions?
M. Grégoire: Est-ce que la chambre va siéger cet
après midi? Cela pourrait être ce soir ou demain matin?
M. Forget: Le ministre de concert avec le leader parlementaire
pourra s'entendre là-dessus, mais on veut indiquer qu'on est disponible
quant à nous. Alors, M. le Président, la décision que vous
avez rendue sur la recevabilité tantôt ne nous surprenait pas et
je dois vous avouer, très candidement, que la raison pour laquelle nous
avons formulé cette première motion avec les exposés de
motifs, c'était pour ne laisser aucun doute sur ce qui nous poussait
à présenter une motion de suspension. Ce n'est pas en soi que le
paragraphe b) nous soit désagréable, ne nous soit pas acceptable.
Au contraire, le paragraphe b), c'est le seul paragraphe de cet article auquel
nous souscririons à cent pour cent.
Si, toutefois et c'est cela, le but de la motion de
suspension nous étions bien sûrs qu'il y avait
derrière cet énoncé de principe du paragraphe b), des
choses concrètes dans l'esprit du gouvernement. Sans en faire une motion
formelle qui est irrecevable, nous voulions bien souligner le fait que, si nous
acceptons la notion de la création d'une société
d'État pour stimuler, développer la transformation des produits
d'amiante au Québec, on voudrait souscrire, non pas à un voeu
pieux, mais on voudrait souscrire à quelque chose qui est tangible, qui
est concret et qui ne se réalisera
pas aux calendes grecques, mais dans un avenir prévisible.
De ce côté, je pense, que ce n'est pas trop demander,
après presque deux mois et demi cela fait certainement deux mois,
tout le mois de mars et tout le mois d'avril de débats à
différentes tables de la procédure parlementaire ce n'est
pas trop demander de dire au gouvernement... Enfin, maintenant qu'on est rendu
à ce paragraphe-clef, qui est la raison d'être même de la
création de la société de l'amiante on comprend que
vous n'avez pas voulu nous dire quoi que ce soit sur le prix que vous avez
payé pour la société minière et vous n'avez pas
voulu faire aucune concession quant à la question d'investir des sommes
importantes dans l'acquisition de mines, existantes ou nouvelles, alors,
oublions tous ces argumentsil reste que votre objectif, comme le
nôtre, est de stimuler la transformation au Québec des fibres
d'amiante, mais peut-être qu'au moins sur ce sujet-là autour
duquel nous nous entendons quant aux objectifs, au moins là-dessus, il
n'est pas question de négociation, il n'est pas question de faire monter
les prix ou de faire descendre les prix de quoi que ce soit, au moins
là-dessus, pourrait-on savoir concrètement, qu'est-ce qu'on va
faire de plus.
On sait bien que le ministre va nous renvoyer dans sa réponse au
rapport SORES en disant: vous voyez il y a quelque chose, c'est public, tout le
monde l'a lu. Mais oui, nous aussi on l'a lu, le rapport SORES. Il reste que le
rapport SORES lui-même, quand on le lit attentivement, soulève
autant de questions qu'il n'en résout, en ce sens que les auteurs du
rapport disent très bien, écoutez cela est une exploration et,
même si elle est fort détaillée et fouillée, ne
permet pas à un investisseur de mettre sur la table $50 millions ou $60
millions en disant, voici, j'ai un projet complètement
développé qui peut être mis en route le mois prochain.
Il y a des négociations qui devraient avoir lieu. Le ministre a
ouvert la porte à toutes sortes d'hypothèses de ce
côté. On aimerait bien voir s'il y a autre chose que des
hypothèses. Il a dit que des discussions étaient en cours et
qu'on chercherait, par des ententes, des "joint ventures", ou des ententes avec
des sociétés multinationales qui sont présentes sur les
marchés étrangers et qu'on veut investir, qu'on veut
pénétrer; des ententes pour justement favoriser
l'écoulement à l'étranger de produits finis d'amiante
fabriqués au Québec.
Cela serait très intéressant de savoir si, effectivement,
des hypothèses concrètes sont à l'étude avec
quelles sociétés, si des missions sont à l'étranger
ou seront, sous peu, dépêchées à l'étranger
pour amorcer ces discussions, soit avec la société Eternit, soit
avec Pont-à-Mousson, soit avec Turner et Newall, soit avec une
société italienne ou autre qui pourrait nous faire
déboucher sur des projets concrets d'implantation au Québec
d'usines de transformation.
Si on avait des indications comme celles-là, nous aurions une
base pour dire que nous n'avons à adopter une espèce de coquille
vide, une espèce de chèque en blanc, comme le collègue de
Richmond le dit depuis le départ. Est-ce que c'est tout simplement un
chèque en blanc ou est-ce qu'il y a quelque chose de plus précis?
(10 h 30)
Même si, théoriquement, le Parlement pourrait fonctionner
presque à vide et adopter la loi créant une société
de l'amiante qui ne représenterait qu'une structure sur papier, avec la
perspective d'attendre deux, trois, quatre ou cinq ans avant qu'il n'y ait
quelque chose de concret, tout le monde serait bien rassuré d'entendre
le ministre dire: Voici la stratégie que nous avons adoptée,
voici le genre de projet que nous considérons, voici la priorité
que nous donnons à tel ou tel projet par rapport à tel autre,
voici les conditions dans lesquelles nous pensons qu'il est nécessaire
de réaliser ces projets, les conditions sur le plan de l'accès au
marché. Quels sont les marchés qui ont été choisis
pour un effort prioritaire? Tout cela demande d'être expliqué.
Encore une fois, ni dans le débat en deuxième lecture, ni
dans l'étude en commission parlementaire, malgré tout le temps
qu'on y a accordé, n'a-t-on eu la moindre indication de quelque chose de
concret. Les seules choses concrètes et cela est toujours assez
étonnant quand on dit que c'est fait par un ministre sont des
discussions sur les recommandations du rapport SORES. Je comprends que c'est un
document que tout le monde a entre les mains, donc, c'est une espèce de
terre commune qui peut être parcourue par tous sans difficulté,
mais est-ce que l'usage par le ministre, du rapport SORES comme seule
illustration de ses projets, est-ce que cela indique qu'il n'y en a
effectivement pas d'autre? Est-ce que cela indique que les services
gouvernementaux, le bureau de l'amiante, les quelques fonctionnaires qui
accompagnent le ministre à cette commission parlementaire et d'autres,
j'imagine, qui s'occupent du dossier sans être présents en
commission parlementaire, est-ce que cela veut dire que tous ces gens-là
n'ont rien fait de leur côté, pour élaborer des
hypothèses, des budgets pro forma, pour des entreprises, certaines
hypothèses de projets concrets avec des coûts soigneusement
évalués, certaines conclusions préliminaires quant
à la rentabilité?
On sait qu'on va devoir financer ces projets à
perpétuité, à même le produit d'un impôt qu'on
va sacrifier, un impôt dont le rendement actuel est de l'ordre de $20
millions par année. On va le sacrifier à perpétuité
par le subterfuge d'une intégration verticale et d'une vente à
rabais de la fibre sur le marché domestique.
Si le contribuable du Québec, les travailleurs du Québec,
qui paient des impôts, sont appelés à financer c'est
cela qui va arriver, on va diminuer le rendement fiscal, on va diminuer le
rendement de l'impôt, en sacrifiant ces $20 millions qui sont
puisés actuellement dans les profits de la société
Asbestos et pour compenser cette perte...
M. Bérubé: Question de privilège, M. le
Président. Il y a déformation des propos de mon inter-
vention d'hier, parce que j'ai fait la démonstration qu'il n'y
aurait pas diminution de revenus fiscaux, au contraire, il y aurait
augmentation de revenus fiscaux pour le gouvernement.
M. Forget: La démonstration n'était pas une
démonstration. C'était un effort forcené pour essayer de
produire un équilibre entre des chiffres qui ne s'équilibrent pas
du tout. Comptabiliser les profits possibles d'une société de
transformation et l'impôt sur les revenus des travailleurs engagés
dans une société de transformation, comme une compensation pour
l'impôt sur le revenu qu'on sacrifie sur les activités
minières, c'est un tour de passe-passe inexcusable, M. le ministre.
Bien sûr, è ce titre-là, il n'y a rien qui ne se
justifierait pas. Il n'y a aucune subvention, si grosse soit-elle, qui ne
pourrait se justifier. S'il s'agissait, pour justifier l'implantation d'une
entreprise, de dire: On abandonne tous les impôts là-dessus, on va
peut-être pouvoir, en vendant le produit à un prix
dérisoire, favoriser un plus grand nombre d'emplois et cela va compenser
pour la perte. On ne s'enrichit pas en prenant des billes dans un sac et en les
mettant dans le sac voisin. Ce n'est pas une source d'enrichissement.
M. Bérubé: À nouveau, c'est erroné,
puisque souvent, les réductions d'impôt sont
génératrices d'activités économiques qui,
largement, compensent pour les réductions d'impôt. C'est
d'ailleurs la stratégie, l'approche de M. Chrétien.
M. Forget: Dans ce cas-ci, ils ne compenseront pas, puisque le
ministre a omis de calculer le remboursement du capital et
l'intérêt sur les emprunts qui seront nécessaires pour
l'achat de la mine.
M. Bérubé: Absolument pas, M. le Président,
c'est inclus dans les profits de la société.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: C'est inclus dans les profits, justement. Ils n'y sont
pas inclus dans le moment. Donc, les revenus actuels sont gonflés d'une
somme qui disparaîtra lorsqu'il faudra payer ces sommes, payer ces
intérêts et ne seront pas disponibles pour subventionner le prix
de l'amiante. Donc, c'est le contribuable, c'est le travailleur du
Québec dont les impôts seront haussés de façon
correspondante pour compenser ce manque à gagner de...
M. Grégoire: Est-ce qu'on est réellement, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! S'il vous plaît...
Une voix: On n'est pas sur la pertinence du débat.
M. Forget: Oui, on est sur la pertinence du débat
puisqu'on parle de projets de transformation qui sont essentiellement
financés par un sacrifice fiscal de la part de l'État. Un
sacrifice fiscal qui devrait être compensé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Tout
d'abord, j'aimerais dire à ceux qui voudraient se servir de l'article
96, comme on l'a dit hier, que cela prend la permission de celui qui parle,
parce que normalement, c'est à la fin de l'intervention.
Deuxièmement, soulever des questions de règlement, s'il y en a
qui pensent que l'orateur ou celui qui fait une intervention est en dehors de
la pertinence du débat, soulevez une question de règlement et
j'en jugerai. En ce qui me concerne, je n'ai pas l'intention de le faire
d'office, à moins que ce ne soit tellement évident.
M. Grégoire: M. le Président, c'est justement ce
que je voulais soulever. Est-ce que la motion qu'on a présentement
devant nous, demandant la suspension de l'article 4, peut permettre de
retourner, de discuter sur...
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Grégoire: ... n'importe quoi et est-ce que
c'était réellement dans la pertinence du débat?
M. Lalonde: ... je pense qu'il est évident et cela me
surprend que le député de Frontenac, avec sa grande
expérience parlementaire, ne s'en soit pas aperçu. Lorsqu'on
demande la suspension d'un article, de l'étude d'un article, on peut
donner n'importe quelle raison qui nous semble pertinente. Que ce soit la
température je caricature actuellementou que ce soient les
questions fondamentales du débat comme le député de
Saint-Laurent le dit actuellementqui n'ont pas satisfait l'Opposition,
n'ont pas satisfait le député de Saint-Laurent en particulier,
c'est tout à fait pertinent, lorsqu'on demande la suspension d'un
article. J'ai d'autres raisons que je vais apporter, qui ne sont pas celles,
probablement du député de Saint-Laurent et peut-être que le
député de Frontenac aurait aussi des raisons de suspendre
l'étude de l'article 4.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour
répondre à la question de règlement du
député de Frontenac, c'est bien clair que lorsqu'une motion a
pour effet de suspendre l'étude d'un article, celui qui parle, peu
importe qui il est, doit se borner à donner les raisons pour lesquelles
il favorise la suspension de l'article. Les raisons peuvent être
multiples selon les députés et à partir du moment
où le député énonce ses raisons, à ce
moment-là, c'est dans la pertinence du débat puisque la motion de
suspension est une motion qui amène inévitablement le
député à donner les raisons pour lesquelles il veut la
suspension de l'article. M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, M. le Président.
Précisément, il me semble que la raison essentielle, c'est
que l'intérêt du contribuable est vitalement
impliqué dans cette question de transformation puisqu'on va l'amener
à compenser les pertes qui sont nécessaires, les pertes de
revenus fiscaux qui sont nécessaires pour le financement à
perpétuité de cette activité de transformation. C'est lui
qui devra compenser par des impôts qui seront plus élevés,
c'est le travailleur du Québec dont le revenu réel après
impôt sera diminué parce qu'il va devoir payer plus d'impôt
à cause des $20 millions que la Société Asbestos,
désormais propriété du gouvernement, ne paiera plus. Parce
que c'est justement des dépenses qui sont essentiellement des
dépenses publiques, c'est un sacrifice fiscal, c'est l'équivalent
de dépenses publiques, ce sont des précisions qui doivent
être fournies avant qu'on puisse accepter.
Parce que, quand on accepte le paragraphe b), essentiellement,
étant donné le mécanisme de financement qu'a
expliqué le ministre dans ses interventions d'hier, c'est
l'équivalent d'approuver des dépenses publiques futures pour un
avenir indéterminé. On autorise le gouvernement à financer
par des impôts une industrie de transformation de l'amiante au
Québec. Il me semble que l'essentiel, le minimum, c'est de donner au
contribuable des détails sur ce qu'on va l'amener à financer par
ses impôts. Il va avoir un revenu réel plus bas.
Il y a une certaine ironie, M. le Président, lorsque le ministre
dit: Bien sûr, la transformation de l'amiante au Québec pourrait
être concurrentielle avec n'importe quel autre pays si les travailleurs
du Québec acceptaient une rémunération réelle
inférieure, de manière que les coûts de main-d'oeuvre
compensent en étant plus bas, compensent les autres désavantages
sur le plan des transports, des coûts de transports, sur le plan des
douanes qu'ils doivent payer avant de pénétrer les marchés
étrangers. Le gouvernement se défend de vouloir diminuer le
revenu réel des travailleurs du Québec en disant: Non, jamais. On
va maintenir leur revenu réel et on va prendre d'autres moyens pour
donner un avantage concurrentiel à l'industrie de transformation de
l'amiante. Or, lorsqu'on utilise des impôts pour donner à une
industrie un avantage concurrentiel, ces impôts viennent de quelque part.
Ils viennent de la poche des contribuables qui sont, dans 99% des cas, des
travailleurs salariés au Québec qui devront payer plus cher,
puisque je pense bien que le gouvernement n'a pas l'intention de diminuer ses
dépenses sociales, n'a pas l'intention de diminuer les autres
dépenses publiques parce qu'il fait des investissements dans l'amiante
dont il devra y avoir plus d'impôts à payer par les travailleurs
au Québec pour compenser la perte d'impôts qui ne seront plus
payés par la Société Asbestos.
Ce sont les travailleurs du Québec qui auront un revenu
réel, après impôts, plus bas parce qu'on veut donner un
avantage concurrentiel à une de nos industries, l'industrie de
transformation de l'amiante. C'est sûr que ça fait l'affaire des
travailleurs dans l'amiante de se voir subventionnés par l'ensemble des
travailleurs du Québec, de manière à leur permettre de
fabriquer au Québec des produits à base d'amiante.
Mais il demeure qu'il est faux pour le gouvernement de prétendre
que l'on peut, magiquement, empêcher que ce soit l'ensemble des
travailleurs du Québec qui solde la note de cet avantage concurrentiel
qu'on veut artificiellement créer pour palier, comme le ministre l'a
dit, les barrières artificielles qui seront opposées à la
pénétration de leur marché par certains pays
étrangers, entre autres par les États-Unis.
À une barrière artificielle qui donne à ces pays un
surcroît d'argnt, puisque les douanes contribuent à leurs recettes
fiscales, on va opposer un avantage concurrentiel également artificiel
mais qui va nous coûter de l'argent, va impliquer encore une fois des
impôts plus élevés pour l'avenir pendant un temps
indéfini pour les travailleurs du Québec.
C'est pour cette raison, M. le Président, qu'il me semble
absolument important que le gouvernement précise ce pour quoi il veut
que l'on concentre ce sacrifice collectif. C'est peut-être un sacrifice
qui en vaut la peine, s'il a des effets d'entraînement, si un jour on
pouvait avoir une lueur d'espoir que cela deviendra viable, ce que le ministre
a plus ou moins écarté, même radicalement
écarté en disant que jamais le Québec ne serait dans une
position concurrentielle avantageuse en vertu de sa situation
géographique, de son éloignement des marchés, des
politiques commerciales des pays étrangers, mais si au moins il y avait
un espoir dans l'avenir, il serait permis de juger que c'est là un
investissement qui en vaut la peine.
Ce serait une des raisons qui nous permettrait d'en juger. Mais pour
porter des jugements comme ceux-là, pour souscrire en connaissance de
cause au paragraphe b), il nous faut décidément avoir des
indications beaucoup plus précises de la part du gouvernement qui n'a
rien dit à ce moment-ci de ses intentions.
Est-ce qu'il a l'intention, effectivement, de promouvoir la fabrication
des panneaux d'amiante-ciment qui sont très populaires dans la
construction en Europe en particulier, et qui sont virtuellement inconnus en
Amérique du Nord. Si le gouvernement a l'intention de se lancer dans
cette voie, il lui sera nécessaire de s'associer avec les entreprises
qui détiennent les brevets de fabrication et les secrets de fabrication
de ces panneaux d'amiante-ciment, à moins de vouloir bien sûr
consentir des dépenses de recherche et de développement
considérables, mais on n'en voit même pas le signe avant-coureur
de cette intention, M. le Président. Le ministre nous dit que pour ce
qui est de la recherche, tout se ferait, tout se dirait à l'automne et
dans un autre contexte que celui dont on s'occupe dans le moment.
C'est bien dommage, il me semble que la recherche est une
priorité dans cette industrie, ne serait-ce que pour consolider les
marchés actuels de l'amiante. On n'accusera pas l'Opposition de faire
une propagande malicieuse sur les questions de l'amiante. Tous les jours, les
journaux relatent une déclaration, soit d'une agence américaine
ou d'une agence européenne ou d'un syndicat européen ou
américain à l'effet que l'amiante représente un danger
pour les travailleurs qui y travail-
lent, non seulement dans son extraction, mais à plus forte raison
dans sa fabrication, et même dans son utilisation dans les produits
d'isolation, par exemple.
Ce qui est frappant, c'est qu'à moins que des recherches
intensives ne soient amorcées au Québec pour découvrir et
faire la démonstration qu'il existe des procédés
d'utilisation et de fabrication de l'amiante qui sont sans danger pour la
santé des travailleurs et des utilisateurs, on risque de voir une
érosion des marchés actuels pour l'amiante. (10 h 45)
II y a donc une grande nécessité de recherche
déjà sans ce secteur; il y a aussi une grande
nécessité de recherche de procédés nouveaux de
fabrication et de produits nouveaux, mais là encore, on nous remet cela
à plus tard puisque la recherche qui s'est faite était une
recherche très appliquée dans le domaine de certains produits
d'usage courant; la question des cendriers n'est pas en soi une
démonstration percutante; également dans le domaine de
l'utilisation des résidus. Mais la recherche qui serait susceptible
d'éliminer les doutes sur la salubrité du produit et des
procédés de fabrication, on n'en entend pas parler. À plus
forte raison, faudrait-il faire des recherches pour doubler ce qui est
déjà en possession de sociétés commerciales, si le
ministre ne réussit pas à conclure des ententes, par exemple,
avec la Société Eternit qui dispose de brevets de fabrication
pour les panneaux amiante-ciment Glazal. Est-ce qu'il y a des discussions de ce
côté? Est-ce qu'on a des projets précis? Est-ce qu'on a une
mission?
Il y a une rumeur selon laquelle le ministre aurait envoyé des
gens en Europe, il aurait recruté des gens spécialement pour les
envoyer dans des missions en Europe sur ces sujets. S'agit-il simplement de
voyages de formation, de tourisme aux frais de l'État ou s'agit-il de
projets précis dont le but est d'amorcer des négociations, des
ententes commerciales avec un certain nombre de ces sociétés, au
moins de préparer le terrain? On aimerait bien le savoir parce que,
là aussi, il y a des fonds publics qui sont engagés, M. le
Président. Quels sont les mandats qui sont donnés à ces
fonctionnaires qui se déplacent un peu partout en Europe, soi-disant,
pour étudier la question de l'amiante? Ont-ils des objectifs
précis à l'esprit? C'est ce que nous voudrions savoir et c'est la
raison pour laquelle nous disons: Suspendons cet article, que le ministre fasse
un exposé complet et, après, il nous fera plaisir d'adopter le
paragraphe b) de l'article 4. Parce que nous souscrivons à l'objectif,
mais est-ce que c'est un voeu, un pur geste symbolique ou y a-t-il quelque
chose de réel du côté gouvernemental là-dedans?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci.
M. le député de Richmond.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Au point de
départ, au premier abord de cette motion présentée par le
député de Saint-Laurent, on pourrait dire: Procédons
immédiatement à l'étude de l'arti- cle 4b, puisqu'il
s'agit là, en fait, d'une des parties essentielles du projet de loi, du
deuxième principe que nous avons à discuter, soit celui de la
transformation des produits d'amiante en sol québécois. À
ce sujet la position de l'Union Nationale, comme la position des autres
participants à cette commission parlementaire, a été
claire et nette. On dit oui à l'objectif, on dit oui à cette
transformation de nos produits d'amiante en sol québécois, avec
évidemment les réserves que nous avons faites dans le
passé et avec les réserves que nous avons faites au paragraphe 4a
du présent projet de loi.
Cependant, lorsqu'on analyse davantage l'ensemble de nos discussions en
cette commission parlementairemême si la commission parlementaire a
siégé pendant de nombreuses heureslorsqu'on regarde ce qui
s'est discuté, lorsqu'on regarde les motifs qui ont été
apportés...
M. Burns: 23 séances.
M. Brochu: Le leader parlementaire du gouvernement me dit: 23
séances, alors c'est déjà...
M. Burns: C'est ce matin la 23ième. M. Brochu: ...
très bien.
M. Ciaccia: Vous ne trouvez pas que le sujet est assez important
pour avoir 23 séances.
M. Burns: Oui.
M. Ciaccia: Pour $200 millions, cela fait environ $10 millions
par séance.
M. Burns: Oui, mais je trouve aussi assez important que cela
débloque un peu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Brochu: Par contre, ce qui ressort, même après 23
séances, comme l'a dit le leader du gouvernement, c'est qu'il nous
apparaît actuellement que nous n'avons pas assez de garanties en ce qui
concerne la rentabilité de ce projet du gouvernement.
Rentabilité, non pas d'un projet ayant des assises solides dans la
réalité, mais qui nous apparaît davantage comme une
hypothèse de travail qui n'est pas suffisamment fondée sur des
données réelles pour nous permettre d'aller plus avant et plus
à fond dans l'étude immédiate de l'article 4b. Tout en
admettant que cet article fait le consensus général, il nous
apparaît cependant que, à cause du mode d'approche que le
gouvernement a choisi, du peu de données qui nous sont disponibles
actuellement et des garanties que le gouvernement ne nous donne pas, il
m'apparaît, à ce stade-ci, que la motion présentée
par le député de Saint-Laurent est tout à fait acceptable,
puisque même si le paragraphe en soi, l'article 4b, peut être
acceptable comme tel, avec peut-être certaines nuances, il ne repose en
fait que sur très peu de choses dans l'ensemble du projet de loi.
Quelle garantie, en effet, nous a-t-on réellement donnée
en ce qui concerne la rentabilité de l'entreprise? Quelle garantie nous
a-t-on donnée réellement jusqu'à maintenant, de
façon tangible, concernant les marchés réels que pourra
atteindre cette entreprise gouvernementale?
Quelle garantie aussi pourra-t-on nous donner ou pourrait-on nous donner
et qu'on ne nous a pas encore donnée en ce qui concerne et cela,
j'y suis revenu à différentes occasionsles coûts
réels de cette entreprise pour le gouvernement?
On sait que là-dedans, il reste une marge de manoeuvre quand
même assez large puisque le gouvernement a choisi de procéder,
pour la transformation des produits de l'amiante, par le biais de l'acquisition
d'une des entreprises existant au Québec, ayant choisi, après un
bref "window shopping" auprès des entreprises, la plus vieille
entreprise en existence où on devra, dès l'acquisition,
reconstruire pour commencer les installations de l'entreprise. On est
actuellement en négociation avec Asbestos Corporation, mais on peut
aller également, éventuellement, du côté de
l'expropriation de l'entreprise comme telle et le mode de financement ne nous
est pas connu actuellement, ni les taux que nous aurons à payer pour ce
financement comme tel, pour l'acquisition de cette entreprise. Ce qui nous fait
dire que l'ensemble du projet de loi, même si cette partie du projet de
loi qui est l'article 4b est acceptable en soi parce qu'à ce moment, on
reconnaît le besoin de transformation davantage de fibre d'amiante au
Québec, même si on reconnaît le bien-fondé de cet
article, tout le reste n'est pas suffisamment clair et suffisamment
précis pour nous permettre de donner une adhésion
immédiate et un chèque en blanc, comme je l'ai mentionné
à différentes occasions, au gouvernement en ce qui concerne son
entreprise.
Par ailleurs, ni le ministre, ni les intervenants du côté
gouvernemental, n'ont établi assez clairement ce que je pourrais appeler
la marge de manoeuvre que le gouvernement du Québec aura face aux autres
entreprises exploitant dans le domaine de l'extraction des gisements d'amiante
au Québec, comme dans le domaine de la transformation des produits
d'amiante également.
On ne nous a pas clairement établi ce corridor de manoeuvre dans
lequel le gouvernement du Québec devra fonctionner au lendemain de
l'acquisition d'Asbestos Corporation puisqu'il se retrouvera alors en pleine
concurrence avec des titans qui possèdent déjà des
marchés, qui possèdent déjà le "know how",
l'expertise nécessaire, qui ont leur bureau de vente, etc. On ne nous a
pas clairement défini et indiqué l'importance de la marge de
manoeuvre à l'intérieur de laquelle le gouvernement devra
fonctionner s'il veut rendre son entreprise rentable et s'il veut au moins y
obtenir un certain succès.
L'argumentation que le ministre a faite hier à ce sujet, au
niveau même de l'article 4a, demeure quand même et m'apparaît
encore aujourd'hui, comme étant simplement une hypothèse. On peut
fonctionner avec une hypothèse. On peut développer une
hypothèse de travail. Cependant, lors- que cette même
hypothèse de travail veut se transformer, par une volonté
politique, en projet de loi qui engagera le gouvernement et la population du
Québec pour les années à venir, dans un domaine aussi
important, à ce moment, il convient et je pense qu'il est de
première importance que ce projet ne soit plus seulement une
hypothèse, ce qu'il demeure dans mon esprit essentiellement
jusqu'à maintenant.
Le projet de loi no 70 n'est pas un projet de loi. C'est une
hypothèse de travail qui ne trouve pas, dans la réalité,
suffisamment de données sur lesquelles s'appuyer de sorte que cela
demeure strictement une aventure dans laquelle on implique des sommes d'argent
dont on ne connaît même pas le montant actuellement, des
marchés qu'on ne peut garantir et des marges de manoeuvre tout à
fait inconnues.
Le ministre nous a donc présenté une hypothèse de
travail, mais on s'est bien gardé tout au long de cette commission,
comme dans nos dernières discussions, de nous indiquer quelle garantie
on a, par exemple, que les marchés et que la demande demeureront les
mêmes en ce qui concerne les produits d'amiante.
Je rappelle aussi la dernière allocution du président de
l'Association des mines d'amiante du Québec, M. Messel, qui indiquait,
par exemple, que simplement pour l'année 1978, il y a certaines
difficultés majeures à prévoir dans le domaine de
l'amiante, comme je l'ai indiqué récemment, et que ces situations
appelleront des correctifs. Mais on ne nous a pas indiqué que le
gouvernement avec son projet de loi, tel que présenté
actuellement, aura à faire face aux mêmes difficultés de
marché, aux mêmes problèmes que les entreprises exploitant
actuellement.
Celles-ci sont en place. Elles ont des moyens que le gouvernement,
à mon sens, n'a pas pour réagir face à de telles
situations et elles-mêmes disent que pour l'année 1978, dans le
domaine de l'amiante, elles prévoient certaines difficultés. On
pense, en particulier, au marché européen et aux remous qui
persistent dans ce domaine en ce qui concerne l'utilisation des produits de
l'amiante. C'est non seulement au niveau d'une volonté politique qui
semble qu'on veuille se soustraire à l'utilisation des produits de
l'amiante, mais le problème se situe d'abord et avant tout au niveau de
la perception qu'ont les consommateurs européens des produits à
base de fibre d'amiante. Ce problème, tout en n'étant pas le seul
et unique problème majeur en ce qui concerne les problèmes de
l'année 1978 dans le domaine de l'amiante, est quand même de toute
première importance et le gouvernement du Québec devra lui faire
face aussi au même titre que les autres entreprises. À ce
moment-là, il devra en supporter les conséquences.
Le ministre, comme les autres personnes qui ont pris part à ce
débat du côté ministériel, a parlé en
principe des facilités de pénétration des marchés.
Cependant, on ne nous a pas donné suffisamment de garanties à ce
niveau. On a parlé, par exemple, afin de pénétrer les
marchés étrangers, d'association possible avec différentes
entreprises
oeuvrant dans le domaine et qui pourraient être
intéressées à une aventure ou à un "joint venture"
ou à une coopération avec le gouvernement du Québec.
Cependant, là encore, on demeure en zone grise puisqu'on ne nous a
donné, non plus, aucune indication d'approche qui aurait
été faite auprès d'entreprises quelconques et on n'a
aucune garantie que ces entreprises seraient intéressées.
De toute façon, M. le Président, je vous rappelle que
l'entreprise privée veut travailler pour obtenir des profits, ce qui est
normal et ce qui est habituel. Elle ne reste pas en affaires s'il n'y a pas de
profits. D'ailleurs, le projet de loi 70 du gouvernement n'a aucune garantie de
nous apporter ces profits. Le ministre lui-même a dit que cela prendrait
un certain nombre d'années avant que cette entreprise acquière
une stature profitable et qu'il faudrait à ce moment-là se serrer
la ceinture pour être capable de financer le projet, de le maintenir et
de le garder en marche. Ceci veut donc dire, M. le Président, qu'il
faudrait à ce moment-là avertir les entreprises en question que
si elles acceptent, ce qui n'est pas sûr, parce qu'on n'a aucune
indication dans ce sens-là, si elles acceptent de participer à
des programmes conjoints ou à des associations avec le gouvernement du
Québec, elles devraient accepter de fonctionner à perte
peut-être. Je pense que ce n'est pas l'objectif d'aucune entreprise
privée dans le domaine. C'est un secteur où il m'apparaît
que l'approche du gouvernement est passablement douteuse et ne repose pas sur
des données assez précises pour nous permettre d'aborder
sérieusement l'étude de l'article 4b et d'y aller à fond,
comme si on tenait pour acquis... Et c'est cela qui me fait appuyer la motion
du député de Saint-Laurent.
Si on étudiait immédiatement l'article 4b tel que
présenté maintenant, c'est un peu comme si on disait en
même temps au gouvernement: Oui, ce que vous nous avez fourni
jusqu'à maintenant comme indication nous permet d'accepter votre
volonté de transformation des produits de l'amiante en sol
québécois, comme si tout le reste devait s'effacer et qu'on
puisse donner ce chèque en blanc, sans autre considération
préalable.
C'est un peu la même chose j'y reviens lorsqu'on
parle de la question de la pénétration des marchés. On a
été très peu loquace, par exemple, sur la question des
réactions possibles à cette nouvelle pénétration
des marchés...
M. Bérubé: ... à la commission, on a
été très loquace.
M. Brochu: ... parce qu'on sait... La commission a
peut-être été loquace mais du côté
gouvernemental, on a été très peu loquace sur les faits et
les données précises en ce qui concerne ces choses. C'est
là, je pense, que se situe la majeure partie du problème. C'est
là que le bât blesse, en ce qui concerne le projet de loi 70 pour
le gouvernement.
Lorsqu'on parle de pénétration de marché, j'ai
clairement indiqué qu'il y avait deux niveaux en ce qui concerne le
projet de loi 70: D'abord, le niveau des produits déjà existants,
là où les entreprises ont déjà une mainmise assez
forte et où le gouvernement devra faire une lutte gigantesque s'il veut
être capable de s'implanter, et deuxièmement en ce qui concerne
les produits nouveaux, évidemment, il s'agit de tout l'aspect de mise en
marché, de points de vente. À ce moment, cela implique tout un
autre processus auquel le gouvernement devra faire face. Mais le principe est
le suivant, c'est que lorsqu'on parle de pénétration de
marché, sans aucun doute, on doit, de façon nécessaire,
considérer les réactions à cette pénétration
de marché également. Encore là, de ce côté,
on n'a pas mesuré l'impact de l'intervention du gouvernement, ni
d'association possible avec d'autres entreprises pour faire entrer d'autres
marchés. Ce qui me fait dire qu'encore là, on travaille à
l'intérieur d'une zone grise, comme cela l'est également pour la
question des coûts.
M. le Président, pour conclure, j'aimerais simplement souligner
que je vais appuyer cette motion du député de Saint-Laurent,
même si je suis entièrement d'accord avec l'article 4b du projet
de loi, comme nous l'avons déjà indiqué. Je persiste
à croire que le projet de loi no 70 n'est autre chose, en
réalité, qu'une hypothèse de travail qui n'est pas
suffisamment fondée, mais qui est davantage la recherche d'un symbole
politique, celui de la possession d'une des mines d'amiante du Québec.
(11 heures)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: J'aimerais dire quelques mots
là-dessus. Je suis tout à fait estomaqué de voir
l'attitude de l'Opposition ce matin. L'Opposition nous répète
depuis des mois qu'elle est en faveur de la transformation de l'amiante et de
la construction d'usines de transformation au Québec pour donner de
l'emploi à nos ouvriers.
Qu'est-ce qui se produit lorsqu'on arrive justement sur le point qui va
permettre la transformation de l'amiante au Québec, qui va favoriser la
construction d'usines de transformation? Lorsqu'on arrive sur le point
principal où on dit que la société nationale aura pour
objet toute activité de nature industrielle, manufacturière ou
commerciale reliée directement ou indirectement à la
transformation de la fibre d'amiante, quand on arrive là-dessus,
malgré tous vos beaux discours, vous êtes là, on ne marche
plus, on n'étudie pas cela, on suspend. C'est épouvantable de
voir cela. Je ne comprends rien à votre attitude.
M. Forget: On veut en savoir plus.
M. Grégoire: Depuis des mois, vous nous dites: "On est
pour la transformation de l'amiante", mais quand on arrive pour parler de
créer des industries de transformation...
M. Forget: Parlez-en.
M. Grégoire: Vous présentez une motion, suspendons
l'étude de l'article.
M. Forget: Parlez-en.
M. Grégoire: Non, vous demandez de suspendre
l'étude de l'article.
M. Forget: Allez-vous vous permettre de nous en dire plus?
M. Grégoire: Si vous voulez savoir des choses, discutons
sur l'article. Vous êtes contradictoires, vous dites que vous voudriez
savoir, mais en même temps, vous demandez de suspendre l'étude de
l'article. Si on suspend l'étude de l'article, on ne pourra pas en
parler et le ministre ne pourra pas vous donner de renseignements.
M. Forget: Qu'il s'engage à nous donner des détails
et on ne suspendra pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre.
M. Grégoire: Votre position est complètement
ridicule. Où voulez-vous qu'on parle de transformation? À
l'article 26?
M. Forget: En avez-vous des détails à donner?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre.
M. Grégoire: Vous les poserez vos questions.
M. Forget: Vous engagez-vous à en donner des
détails?
M. Grégoire: Mais, à l'article 4, paragraphe b),
pas en suspendant l'étude du paragraphe. J'ai rarement vu...
M. Forget: On va retirer notre motion si le ministre s'engage
à nous donner des détails.
M. Grégoire: Je vois que vous êtes pris dans votre
propre piège et vous réalisez le ridicule de la situation dans
laquelle vous vous êtes mis.
Quand je vois mon bon ami, le député de Richmond, qui dit:
"Moi aussi j'approuve cela, suspendons l'étude de l'article b)", et il
va dire qu'il veut des usines de transformation. C'est le paragraphe b) de
l'article 4 qui va en donner des usines de transformation et vous voulez qu'on
passe par-dessus.
M. Forget: Non, ce n'est pas le paragraphe b), ce sont les
projets du gouvernement...
M. Grégoire: C'est grave.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Grégoire: C'est drôle, je vous ai laissé
parler et tout d'un coup, vous parlez en même temps que moi. M. le
Président, est-ce que cela est normal, le geste de l'Opposition, ils
sont trois, non pas un mais trois qui m'interrompent en même temps, ils
s'interrompent entre eux.
M. Ciaccia: On a appris cela de vous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Aucune
interruption n'est normale, M. le député.
M. Ciaccia: II y a même certaines interventions qui ne sont
pas normales.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre.
M. Grégoire: Mais pourquoi ne voulez-vous pas l'adopter?
C'est parce que vous ne voulez pas d'usine de transformation en plus de cela?
Vous avez une position que je ne puis comprendre. C'est épouvantable de
voir votre rôle.
Premièrement, vous voulez avoir des renseignements sur l'article
4b, mais vous ne voulez pas qu'on l'étudie. Deuxièmement, vous
nous dites: "On veut des industries de transformation de l'amiante"; c'est le
paragraphe b) qui peut le permettre et vous dites de sauter par-dessus cela.
Alors, que voulez-vous? Vous êtes en contradiction avec vous-mêmes.
Votre attitude est absolument illogique et ridicule, je n'y comprends rien.
J'avais, tout à l'heure, un groupe de citoyens de Thetford, de
Black Lake, de Coleraine, ils ont dit: "On s'en va, ils sont niaiseux."
M. Lalonde: Remarquez qu'ils sont partis avant que vous ne
parliez, ils n'ont pas pris de chance.
M. Grégoire: Je les laisse faire.
M. Ciaccia: On l'a assez entendu le 16 novembre.
M. Grégoire: On en a assez entendu, on s'en va.
M. Forget: Ils vous connaissent. M. Brochu: ...
M. Grégoire: Ils n'ont plus de doute sur votre cas, vous
êtes bien classés, bien catégorisés. Ils sont
partis, d'ailleurs, en plein milieu de l'exposé du député
de Richmond.
M. Bérubé: Ils ont dit: "On n'est pas venus ici
pour s'endormir."
M. Grégoire: La population...
M. Brochu: Ils étaient venus ici pour connaître leur
député.
M. Grégoire: Dites-vous bien une chose...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre.
M. Grégoire: La population du Québec qui regarde un
peu ce qui se produitil y en a qui viennent voir cela surtout ceux
de la région de l'amiante, il en vient également
d'Asbestos...
M. Brochu: Est-ce que vous me permettez une question?
M. Grégoire: Oui.
M. Brochu: Comment se fait-il que vous ayez attendu qu'ils soient
partis pour parler?
M. Grégoire: C'est parce que vous parliez. Je ne vous ai
pas interrompu. J'aurais aimé pouvoir le dire devant eux, mais vous
parliez et ils sont partis avant de s'endormir.
M. Brochu: On vous aurait accordé le droit de parole avec
plaisir.
M. Grégoire: Comme ils n'étaient pas venus à
Québec pour s'endormir, ils sont partis.
M. Brochu: Avant que vous ne commenciez à parler.
M. Grégoire: On est justement sur le point qui permettrait
les usines de transformation, et je le répète, et vous ne voulez
plus qu'on l'étudie. Non seulement vous ne voulez pas voter contre, mais
vous ne voulez pas qu'on en parle, vous ne voulez même pas qu'on
l'étudie, vous ne voulez même pas qu'on en discute de ce
paragraphe b) qui permettrait les usines de transformation. Je vous trouve
illogiques. M. le Président, c'est tellement illogique que je ne trouve
pas les mots.
M. Lalonde: Bravo!
M. Grégoire: Je termine ici pour le moment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Bérubé: Là, cela va être fort.
M. Ciaccia: Cela va être aussi fort qu'hier matin quand
vous n'aviez pas de réponse aux questions qu'on vous a posées.
Les propos du député de Frontenac, c'est du pur sophisme.
M. Grégoire: Sophisme.
M. Ciaccia: Exactement.
M. Grégoire: Savez-vous ce que cela veut dire?
M. Ciaccia: C'est justement parce qu'on a besoin de ces
informations que l'on demande la suspension de l'article. Le ministre pourrait
nous donner les informations dont nous avons besoin avant d'étudier
l'article 4b. Avec les expériences qu'on a eues à ce jour chaque
fois que l'on demande des informations, il faut faire des motions pour obtenir
les données sur le programme d'investissements, sur la méthode
d'achat d'Asbestos Corporation. On ne nous en fournit pas du tout. Alors, c'est
inutile de nous dire ou de nous faire croire que si on discutait de l'article
4b, on obtiendrait les informations. Je pense que le fardeau de la preuve vous
appartient maintenant, de montrer un peu de bonne foi, de nous donner des
informations avant qu'on ne s'engage dans la discussion d'un article comme
4b.
Dans l'article 4b, le projet de loi dit que la société a
pour objets: Toute activité de nature industrielle,
manufacturière ou commerciale reliée directement ou indirectement
à la transformation de la fibre d'amiante. C'est assez large, on n'est
pas contre cela mais on est contre la façon que vous percevez votre
rôle et la façon dont vous voyez l'administration des fonds
publics et la façon par laquelle vous voulez vous donner carte blanche
dans vos projets de loi.
Quels contrôles aurons-nous sur ces objets tellement larges qu'il
n'y aura pas moyen de savoir ce que vous allez faire? Quelles sont vos
intentions?
Quels contrôles aurons-nous sur ces objets tellement larges qu'il
n'y aura pas moyen de savoir ce que vous allez faire? Quelles sont vos
intentions?
Hier, le ministre nous a un peu lancé à la figure le fait
que vous ayez de l'expérience dans le domaine des affaires. Vous
sembliez prendre cela à la légère. Je veux vous dire que
dans le domaine des affairesnous sommes ici comme un bureau de direction
d'une société.
M. Grégoire: On ne sera jamais au même bureau de
direction.
M. Ciaccia: Nous administrons les deniers publics, les fonds
publics. Avant de prendre des décisions. La manière normale de
fonctionner de toute société, bureau d'administration, groupe de
gens qui administrent les fonds des autres, avant d'autoriser une certaine
aventure, c'est d'avoir toutes les informations. Vous ne pourriez jamais, si
vous aviez eu un peu d'expérience dans le domaine des affaires, vous
autoriser et dire: Nous allons commencer la transformation, nous allons entrer
dans tel ou tel domaine, sans fournir des données précises.
Si on était un bureau d'administrateurs, de quoi aurions-nous
besoin? De quelle information aurions-nous besoin avant de prendre une
décision? On ne prendrait pas une décision en disant: Allons-y,
commençons la transformation, autorisons-nous de faire le
nécessaire, sans savoir dans quoi on s'embarquait. On aurait besoin d'un
bilan, on aurait besoin de voirle fait que nous nous embarquons dans
cette entreprisequels en seront les profits, quels en seront les actifs
et les passifs. Nous avons besoin de connaître, par exemple, le programme
d'investissements.
C'est bien beau de nous autoriser, de la manière la plus large,
à entrer dans cette entreprise
mais quelles sont les sommes dont nous aurions besoin? Est-ce que ce
sont $50 millions, $100 millions, $150 millions, $200 millions? M. le
Président, $250 millions, c'est censé inclure tout le paquet:
l'achat d'Asbestos Corporation plus la transformation.
Vous n'avez pas voulu nous donner les données sur l'achat parce
que vous dites que cela va préjuger votre négociation. On n'est
pas d'accord mais sur la question du programme d'investissements, cela n'a rien
à voir avec vos négociations. On a le droit de le savoir, avant
d'autoriser le gouvernement à adopter ce projet de loi et de s'embarquer
dans cela, on a le droit d'obtenir cette information. Quel est le programme
d'investissements? Sur combien d'années cela va-t-il
s'échelonner? Si vous avez besoin de $60 millions dans une année,
c'est une chose, si vous avez besoin d'échelonner cela sur cinq ou six
ans, c'est une autre chose. Le public a le droit de savoir cela. Nous avons le
droit de savoir cela. Pourquoi ne voulez-vous pas nous donner cette
information? Peut-être ne l'avez-vous pas? Quand on regarde votre budget,
vous n'avez aucune somme prévue pour cela. Est-ce que c'est vraiment
parce que vous ne savez pas où vous vous en allez? Vous ne savez pas ce
que vous allez faire? Vous n'avez pas les informations? Si vous ne les avez
pas, c'est peut-être prématuré, de vous embarquer et
d'autoriser ce projet de loi, seulement pour rencontrer quelques promesses,
quelques engagements que vous avez pris envers certains électeurs? On a
plus de responsabilité que cela. Vous parlez de la transformation,
très bien. Nous sommes d'accord, avec cela, mais quelle méthode
allez-vous utiliser? Quelles sont les autres options? Quelle étude du
marché avez-vous faite? Nous avons besoin de savoir cela. Est-ce que
cela va être rentable? Quels produits allez-vous transformer? Dans quel
domaine allez-vous vous lancer? Allez-vous faire de la concurrence avec des
produits actuels? Vous dites, non.
Des affirmations comme celles-là, il y en a beaucoup de
ministres, comme vous, et avant vous, qui ont fait des affirmations en
commission parlementaire, mais cela ne se traduit pas par des projets de loi,
cela ne se traduit pas par des actions concrètes du gouvernement
après. Alors, nous voulons avoir ces garanties. Nous avons besoin de ces
informations. Quel moyen allez-vous prendre pour sauvegarder la santé
des travailleurs? Je remarquais ce matin qu'un avertissement a
été donné par le gouvernement des États-Unis, un
avertissement qui dit à des millions d'Américains qu'être
exposé à l'amiante, même aussi longtemps qu'il y a 35 ans,
augmente le risque du cancer des poumons et autres maladies fatales. C'est un
avertissement que M. Joseph Califano, le secrétaire de Santé,
d'Éducation et de Bien-être américain, vient de donner
à toute la population américaine et il continue, dans son
exposé, de dire que l'amiante, c'est une fibre qui est assez dangereuse,
non seulement pour ceux qui travaillent dans ce domaine, mais pour ceux qui y
sont exposés. Alors, on a le droit de savoir, si vous allez transformer
ce produit, quelles mesures de sécu- rité, quelle sauvegarde vous
allez prendre pour éviter d'exposer les travailleurs aux dangers qu'on
connaît aujourd'hui que peut-être il y a vingt ans, vingt-cinq ans
on ne connaissait pas. C'est bien beau de parler, de vouloir protéger
les travailleurs; les compagnies ont pris avantage de la situation, elles n'ont
rien fait elles se sont occupées des profits plutôt que de la
santé des travailleurs. Mais, vous, en vous embarquant dans ce domaine
de transformation, qu'allez-vous faire? Je ne pense pas que c'est trop demander
que vous inviter à nous exposer votre programme, les mesures de
sauvegarde que vous allez prendre, et les mesures que vous allez prendre pour
vous assurer que dans la transformation de ce produit, vous n'exposerez pas les
travailleurs à des risques indus, aux mêmes risques qui existent
aujourd'hui et dont on accuse les sociétés existantes. Je crois
que c'est quelque chose auquel nous avons droit, non seulement, le droit, mais
que vous avez la responsabilité de nous fournir.
Ces produits, comment allez-vous les vendre? Allez-vous instituer un
bureau de mise en marché? Vous en avez parlé dans votre
programme, aujourd'hui on n'en voit pas, on n'a aucune information. Je crois
que ces produits ne se vendront pas tout seuls. En plus d'avoir la bonne
intention de transformer et d'avoir une industrie de transformation au
Québec, il faut vendre les produits. Comment allez-vous procéder?
Qu'allez-vous faire? Quelles garanties aurez-vous que les produits seront
rentables et que vous allez pouvoir les mettre en marché? Est-ce que
vous préconisez un bureau de mise en marché, oui ou non? Quelles
mesures allez-vous prendre? Je pense que ce sont des données que vous
pourriez nous fournir. (11 h 15)
Hier on a eu des discussions sur la méthode de financement, on
parlait d'impôts, on parlait de subventions à
perpétuité. On vous a donné des alternatives et je crois
que... Oui, on vous a donné l'alternative. Si vous voulez subventionner
le produit, la fibre, la vendre "at cost", ce n'est pas nécessaire de
dépenser $150 millions pour acheter une compagnie et en plus avoir le
capital à débourser et les intérêts à payer
pour vendre le produit "at cost". Vous pourriez constituer une
société d'État pour acheter des fibres et les vendre au
prix que cette société jugerait bon. Si vous remarquez, dans le
bilan d'Asbestos Corporation, il y a un inventaire considérable.
M. Bérubé: Je pourrais vous poser toutes les
questions nécessaires.
M. Ciaccia: Non, juste un instant; après mon intervention,
M. le ministre, vous pourrez me poser ces questions.
M. Bérubé: II me fera plaisir de vous poser des
questions, car j'aimerais que vous détailliez cette intéressante
idée parce que j'aimerais qu'elle soit couchée dans le journal
des Débats, soigneusement.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre!
M. Ciaccia: Ce que j'ai à exposer, si cela prend le temps,
je ne veux pas que cela soit déduit de mon temps; après cela vous
pourrez me poser les questions que vous voudrez.
M. Bérubé: Vous avez raison, parce que votre
exposé nous est tellement précieux pour la compréhension
future.
M. Ciaccia: Très bien, exactement. Cela semble être
la marque de commerce de votre gouvernement. Quand vous n'avez pas de
réponse sur la substance, vous tournez cela au ridicule. On va continuer
nos questions quand même. Nous ne nous laisserons pas intimider et nous
ne changerons pas d'idée.
Si le but d'acquérir la Société Asbestos
Corporation est de vendre les fibres "at cost" et de subventionner l'industrie
de transformation, il y a d'autres moyens de le faire sans dépenser $100
millions. On vous l'a clairement démontré hier, on a parlé
de la question constitutionnelle. Mais écoutez, c'est une fumisterie
aussi parce que lorsque l'on veut trouver des solutions, je vous assure que ce
n'est pas le "BNA Act" qui va nous en empêcher. Je pourrais vous donner
des exemples dans tous les domaines. Par exemple, dans l'entente de la baie
James, il y avait des problèmes constitutionnels. On a voulu
résoudre un problème et les deux niveaux de gouvernement se sont
entendus, ils ont trouvé la solution. Je crois que la même chose
pourrait se faire ici, sans qu'on s'embarque dans l'acquisition d'une compagnie
dont on ne sait pas l'avenir; on ne sait pas ce qui va se passer, même
devant les conditions qu'on vient de souligner, aux États-Unis, les
mêmes conditions qu'on a soulignées dans le marché
européen. Alors, on vous a donné des alternatives, vous ne nous
avez pas répondu sur ces alternatives. C'est une autre raison pour
suspendre l'étude de cet article 4b, afin d'avoir d'autres moyens; si
c'est seulement une question de subvention, une question de vente de fibre, il
y a d'autres moyens de le faire. Par exemple, comme je le disais tantôt:
Dans le bilan d'Asbestos Corporation, on voit que l'inventaire des fibres a
augmenté.
Il me semble que les données du marché faciliteraient
l'institution d'une société d'État qui s'occuperait
seulement de cet aspect, si... Je donne cette alternative pas comme la
solution, mais comme une des alternatives à la solution que vous avez
proposée hier. Peut-être qu'il y en aura beaucoup d'autres et
c'est cela que nous voulons étudier. Quels sont tous les moyens que vous
avez préconisés pour commencer cette industrie de transformation?
Quels sont les programmes, quels sont tous les plans que vous avez, que vous
voulez établir?
M. le Président, je crois que le ministre, si vraiment il est
sérieux en mettant l'article 4b en application, je pense qu'il devrait
dévoiler et nous faire part de ces programmes. Le député
de Frontenac a dit: Seulement avec l'article 4b, cela va créer
l'industrie de transformation. Je crois bien que ses paroles ont
dépassé sa pensée parce que cela va prendre beaucoup plus
que l'adoption de l'article 4b pour commencer cette industrie au Québec;
cela va prendre premièrement une planification, cela va prendre des
investissements, cela va prendre du "know-how". La seule chose que nous vous
demandons, c'est que vous nous fassiez part de ces programmes, que vous nous
fassiez part de cette planification, si elle existe, que vous nous fassiez part
des montants d'argent que vous entendez dépenser dans cette industrie,
dans ce domaine de transformation.
Je ne pense pas qu'on puisse discuter, autoriser l'article 4b et dire
qu'on a confiance au gouvernement, qu'il va faire le nécessaire. Je
pense que la population nous en voudrait, parce que quand vous aurez tout
dépensé et que ce ne sera pas rentable, la population dira:
pourquoi n'avez-vous pas demandé ces informations avant d'adopter le
projet de loi?
M. le Président, je vous assure que ce sont des renseignements
que nous avons besoin de savoir, ce sont des questions précises que nous
demandons. Si le gouvernement est sérieux de procéder à
l'achat de cette industrie, que ce n'est pas seulement un symbole et si on veut
adopter ce projet de loi, je pense qu'il doit nous faire part de ces
programmes, de ces informations, afin que nous puissions vraiment
étudier l'article 4b et donner des commentaires en toute connaissance de
cause, dans le but de faciliter l'installation de l'industrie de transformation
au Québec.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: M. le Président, en écoutant le
député de Mont-Royal, je me suis demandé si vraiment on ne
dissociait pas le rôle des parlementaires et le rôle du conseil
d'administration. Vous nous avez parlé, pour la plupart du temps, de
l'article 5, qu'est-ce qu'était un conseil d'administration à
l'intérieur de l'administration, qui verrait où est placé
l'argent, quelle entente il pourrait faire, vers quelle transformation on
pourrait aller. C'est vraiment le rôle d'un conseil d'administration
d'une société.
Mais ici, comme parlementaires, nous avons, vous comme moi, un projet de
loi à étudier, l'article 4, paragraphe b) et, justement
là, la politique est que nous voulons former une société
nationale de l'amiante qui aurait une activité manufacturière et
commerciale reliée directement ou indirectement à la
transformation. C'est notre rôle ici et actuellement, en demandant de
suspendre l'étude de cet article, je ne crois pas que nous jouions
réellement notre rôle, parce qu'il faut bien les dissocier.
Tout le temps que vous avez parlé, à ma connaissance, vous
avez parlé du rôle d'un conseil d'administration. Vous nous avez
dit que nous étions un conseil d'administration. Je n'en suis pas
sûr. Nous n'avons pas nécessairement l'expérience d'un
conseil d'administration. Nous pouvons percevoir vers quoi nous pouvons aller
avec les études qui ont été déposées, que ce
soit SORES, que ce soit dans le domaine public ou au-
tre. Nous avons des indications à savoir vers quoi un conseil
d'administration pourrait aller. Mais réellement, ici, nous
étudions l'article 4, qui est le but de la société
nationale de l'amiante. C'est tout ce que j'avais à dire sur ce
sujet.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Je trouve que l'intervention du
député de Saint-François est éminemment
justifiée. Elle est justifiée d'une part, mais en même
temps, elle est un constat d'échec du rôle que devrait jouer
l'Assemblée nationale, du rôle que devrait jouer l'Opposition en
particulier.
En effet, nous sommes ici pour nous prononcer sur un projet de loi,
lequel projet de loi est un cadre administratif, qui va créer un cadre
administratif, qui va donc permettre à l'état de poursuivre
certains objectifs. Il s'agit donc de décider si, comme gouvernement,
l'état du Québec se doit de mettre sur pied une
société nationale de l'amiante pour promouvoir la
transformation.
Les députés de l'Opposition ont tous été
unanimes à reconnaître qu'il n'y a pas eu de transformation au
Québec, que nous exploitons une richesse naturelle au Québec qui
nous passe sous le nez et qui contribue à développer
l'économie des pays étrangers. Tous les députés de
l'Opposition l'ont reconnu. Tous les députés de l'Opposition ont
dit qu'il faut transformer au Québec. Nous sommes tout à fait
favorables à ce que le gouvernement encourage, par le biais de la
Société nationale de l'amiante, la transformation au
Québec. Mais là, on vient nous dire qu'il faudrait suspendre le
débat. Cela fait combien de fois que l'on parle de suspendre le
débat, et, chaque fois, on le suspend puisqu'il faut en discuter pendant
une heure et demie à savoir si on devrait, oui ou non, suspendre. Donc,
nous devons discuter à nouveau de la suspension des débats.
Pourquoi devons-nous suspendre les débats? Parce que là,
on voudrait évidemment un certain nombre de projets précis. Le
député de Saint-François, qui a peut-être plus de
connaissance en affaires finalement que le député de Mont-Royal,
lui a fait la distinction entre le rôle de l'Assemblée nationale,
le rôle d'un gouvernement, du Conseil exécutif, le rôle du
conseil d'administration de la société, le rôle du bureau
de direction de la société. En d'autres termes, il existe des
niveaux de décisions qui sont différents.
Quel est le rôle de cette Assemblée nationale? Il est de
donner, aux Québécois, les outils nécessaires à
leur développement. Il est de fournir aux Québécois le
cadre législatif qui leur permettra d'évoluer comme nation. Le
rôle de notre Assemblée nationale c'est de donner les grandes
directions de notre société. Messieurs de l'Opposition, vous
êtes l'exemple complet de l'échec de ce rôle parce que vous
devriez décider s'il faut que nous ayons une société
nationale de l'amiante qui va s'occuper de promouvoir la transformation au
Québec. Évidemment, il doit exister, à ce sujet, une
présomption que la transformation est possible au Québec.
Cette présomption, M. le Président, les dépu-
tés ont pris une bonne partie de leurs exposés, depuis trois
mois, pour citer, à plusieurs reprises, les études soit
gouvernementales, soit l'étude de SORES, qui soulignent un certain
nombre de projets qui pourraient démarrer très rapidement. J'ai,
à cette commission même, présenté un produit fort
intéressant que, grâce aux subventions gouvernementales, l'on a pu
développer dans le domaine de l'amiante.
M. Forget: ... Johns-Manville annonce, actuellement, dans les
magazines.
M. Bérubé: Vous pourriez peut-être me montrer
l'annonce de Johns-Manville, je pourrai commenter s'il s'agit de la
même.
M. Brochu: Les produits d'isolation, la plaque est semblable
à celle que vous nous avez montrée la semaine
dernière.
M. Bérubé: Ressemble...
M. Brochu: Je voudrais, en même temps, demander au ministre
s'il a vérifié la question des brevets là-dedans? Cela
appartient à Johns-Manville?
M. Bérubé: Je vous dirai cela après.
Voulez-vous que je vous transmettre la copie immédiatement?
M. Brochu: Certainement. Je ne peux pas vous demander de
déposer la copie puisque c'est interdit mais je vous demanderais, au
moins, de la faire circuler.
M. Bérubé: Je vais la faire circuler
moi-même, jusqu'ici.
Une voix: On pourrait peut-être la déposer.
M. Bérubé: Elle n'a certainement pas la même
allure, la même forme. Je vous ferai remarquer que, dans ce cas-ci,
à l'oeil en tous les cas, la fibre ne m'apparaît pas
incorporée de la même façon que dans l'autre produit. Je
pourrais également aller plus loin...
M. Forget: Expertise instantanée.
M. Lalonde: Par voie photographique.
M. Bérubé: Exactement.
On n'a pas suffisamment d'indications présentement pour
souligner... Cela me semble un feutre d'amiante, à l'oeil en tout cas;
ce que je vous ai présenté ici n'avait rien à voir avec un
feutre d'amiante.
M. Brochu: C'est un produit d'isolation. C'est un des nombreux
produits d'isolation produits par Johns-Manville.
M. Bérubé: Dès qu'on met le mot isolation,
on voit immédiatement le député de Richmond faire montre
de ses talents.
M. Brochu: II n'y a pas de réponse. M. Ciaccia:
Non, non, il va rire de toi.
Une voix: II se sent isolé dans l'Union Nationale.
M. Ciaccia: Prenez-vous des leçons du Dr Laurin, vous
autres? ... ensemble, il donne un cours spécial: Comment insulter
l'Opposition.
M. Brochu: Le ministre n'a toujours pas répondu.
M. Bérubé: M. le Président...
M. Ciaccia: Là, il insulte Johns-Manville.
M. Bérubé: II va de soi que c'est extrêmement
difficile à l'oeil, ceci ressemble à un feutre d'amiante alors
que ce que je vous ai présenté n'avait rien à voir avec un
feutre d'amiante. Cela ressemble davantage à un produit que l'on
connaît sous le nom de Litoflex dans le commerce, qui est une
incorporation de fibres dans du latex, qui lui donne une consistance un peu
caoutchoutée. Cela semble un peu différent; enfin, je ne peux pas
vous assurer.
M. Brochu: Par contre, en lisant les paragraphes en dessous de
l'annonce, vous allez voir qu'il y a différents produits aussi qui
s'approchent...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé: M. le député de Richmond,
je pense que je n'ai pas autorisé le député de Richmond
à m'interrompre aussi fréquemment. (11 h 30)
Donc, nous avons un mandat ici à l'Assemblée nationale,
c'est celui de décider si le gouvernement du Québec doit, oui ou
non, favoriser la transformation de l'amiante au Québec et,
évidemment, nous devons nous prononcer à savoir quels sont les
outils. Le gouvernement a proposé la création d'une
société nationale de l'amiante pour que cette
société puisse, par le biais de son bureau de direction et ses
cadres et ses employés, travailler à la réalisation d'un
certain nombre de projets. Il va de soi, que cette société devra
faire des études de mise en marché, elle devra contacter des
partenaires éventuels, elle devra s'assurer un réseau de
distribution de ses produits, elle devra, donc, dans chacun des produits en
question, nécessairement, effectuer toutes les études
nécessaires avant de s'engager dans un investissement.
Par conséquent, ce n'est pas à l'Assemblée
nationale et non plus au Conseil exécutif, de décider quel doit
être le projet dans lequel doit s'engager la société
nationale de l'amiante. Notre société nationale de l'amiante doit
d'abord effectuer ces études, présenter un dossier bien
étayé qui nous permet éventuellement, comme gouvernement,
de décider si...
M. Ciaccia: C'est le contraire que vous venez de dire. Vous
êtes en train de vous mêler.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Bérubé: Non, dans les investissements primaires.
Donc, la société nationale de l'amiante a un rôle. À
titre d'exemple, le gouvernement ne peut pas présentement se
compromettre quant au développement du gisement d'Abitibi-Amiante, parce
que nous n'avons pas, comme gouvernement, l'expertise nécessaire pour
prendre une décision. Cependant, nous pourrions choisir de doter
l'État du Québec d'un groupe d'experts qui eux pourraient faire
une telle évaluation.
Or, présentement, ce que cette commission, ce que l'Opposition
prétend, c'est que, nous ne pouvons pas décider si nous aurons ce
groupe d'experts, parce que nous ne savons pas si le projet est rentable.
Alors, là, on se demande si c'est l'oeuf qui précède la
poule, ou si c'est la poule qui précède l'oeuf. Et, c'est
exactement la situation dans laquelle l'Opposition nous place
présentement, parce qu'elle ne peut pas constituer une
société nationale de l'amiante qui va s'attaquer au
problème de la transformation au Québec, si elle n'a pas sous les
yeux les études de faisabilité et évidemment, à
cela nous répondons: On pourra avoir des études de
faisabilité le jour où nous aurons une société
nationale de l'amiante dont ce sera le mandat de faire de telles études.
Il faut donc décider d'abord s'il est intéressant pour
l'État du Québec de faire des études de
faisabilité. Nous sommes donc è une étape
préliminaire de décision et c'est une décision que nous
devons prendre sur la structure même qui devra faire de telles
études.
Or, qu'est-ce que nous avons déposé devant cette
commission. Nous avons déposé devant cette commission des
documents qui démontrent que, dans un certain nombre de produits, il
existe des potentiels intéressants. Nous n'avons certainement pas dit
qu'une étude de faisabilité existait pour démontrer que
l'on pourrait investir dans du panneau d'amiante ciment.
SORES dit qu'il existe un marché de 700 millions de pieds
carrés et suggère qu'une industrie fabriquant 15 millions de
pieds carrés15 millions ou 30 millions de pieds
carrésserait rentable, mais néanmoins ils n'ont pas fait
d'étude de faisabilité. En effet, pour prendre une telle
décision, il faudrait, d'abord, que l'entreprise s'assure du
marché, s'assure des brevets de fabrication, des techniques de
fabrication, qu'elle s'assure, non seulement, qu'il existe un marché,
mais qu'elle aura des gens capables de vendre à ceux susceptibles
d'utiliser le produit. Donc, il faudra, certainement, que la
société nationale d'amiante, si on devait suivre la
recommandation du groupe SORES, il faudrait certainement que la
société nationale d'amiante entreprenne une étude
systématique des marchés, des contacts avec des industriels, de
manière à pouvoir, éventuellement, prendre une
décision positive ou négative.
Ce n'est qu'à la suite, donc, d'un tel inventaire
que la société nationale de l'amiante prendra une
décision concrète. Or, ce que demande le député de
Richmond, ce que demande le député de Saint-Laurent ou le
député de Ville Mont-Royal, c'est, finalement, qu'on fournisse
à cette commission de telles études avant que la commission se
prononce.
Mais comme la commission ne veut pas que la Société
nationale de l'amiante soit mise sur pied pour effectuer de telles
études, de telles analyses, et prendre de telles décisions,
évidemment, ce n'est certainement pas la peine.
Je pense que notre rôle, notre mission, au niveau de
l'Assemblée nationale, c'est d'établir un cadre juridique;
comment devrait fonctionner une telle société? Comment devrait-on
élire les administrateurs? Quel sera le cadre de fonctionnement, les
objets de cette société. Une fois que nous nous serons mis
d'accord sur le cadre juridique de cette Société nationale de
l'amiante, évidemment, il faudra à ce moment, créer la
Société nationale de l'amiante. Il faudra que le gouvernement, et
c'est le mandat du gouvernement, il faudra que le gouvernement choisisse des
administrateurs pour cette société et qu'il exerce un certain
contrôle par le biais de directives par le biais de plans de
développements à être soumis par cette
société, il faudrait donc que le gouvernement surveille
l'évolution de cette société de manière que
celle-ci ne s'engage finalement, que dans des projets où il existe une
rentabilité, où il existe des avantages.
Par conséquent, malheureusement il faut reconnaître que
l'Opposition confond le rôle de cette Assemblée nationale et le
rôle du Conseil exécutif et le rôle du conseil
d'administration et même le rôle du bureau de direction de la
société. Et cela devient dangereux lorsqu'on se met à
confondre les rôles, parce qu'on finit par ne plus effectuer le travail
pour lequel on a été élu par la population. La population
nous demande, non pas d'analyser ici les études de faisabilité ou
de rentabilité, ce n'est pas là notre rôle. La
Société nous demande de discuter d'un cadre juridique à
savoir: Est-ce que le gouvernement peut, par le biais d'une
société nationale de l'amiante, s'engager dans la transformation
de l'amiante? Si l'Opposition prétend que oui, l'État du
Québec devrait créer une Société nationale de
l'amiante pour examiner les possibilités de transformation, le
débat serait vite clos.
Si, au contraire, l'Opposition, comme c'est son droit le plus strict,
prétend que l'État ne devrait pas se mêler de la
transformation de l'amiante, qu'on ne devrait pas créer de
Société nationale de l'amiante pour faire de la transformation,
c'est également son droit le plus strict. Cependant, doit-on souligner
que, en deuxième lecture, il y a eu un vote. L'Assemblée
nationale s'est prononcée sur le principe de la création d'une
Société nationale de l'amiante sur lequel nous ne pouvons pas
revenir. Alors, il faudra donc confier un mandat à cette
Société nationale de l'amiante; nous sommes ici pour discuter du
mandat. Présentement, ayant accepté le paragraphe a) de l'ar-
ticle 4, nous reconnaissons que la Société nationale de l'amiante
devra se préoccuper du développement de nouveaux gisements, comme
des gisements existant au Québec. Elle pourra donc faire l'acquisition
de tels gisements. Cette commission s'est prononcée et elle ne peut plus
revenir en arrière.
La deuxième partie de l'article 4 porte sur un mandat portant,
lui, sur la transformation au Québec. Il s'agit donc de savoir si la
Société nationale de l'amiante doit effectuer des efforts pour
transformer au Québec. Je pense, M. le Président, que nous avons
en main avec les études du gouvernement, avec les études de
SORES, nous avons en main suffisamment d'éléments pour nous dire
qu'il existe un potentiel de transformation au Québec. J'ai même,
hier, expliqué à l'Opposition comment la possession d'une
industrie primaire dans l'amiante serait de nature à favoriser le
développement d'une industrie de transformation.
J'ai signalé à l'Opposition deux éléments
importants qui étaient une garantie d'approvisionnement, une
sécurité d'approvisionnement d'une part, et d'autre part la
possibilité de pratiquer les prix de transfert à
l'intérieur de la Société qui permettent à cette
Société de concurrencer sur les marchés mondiaux et par
conséquent pouvant effectivement soumettre des prix à tout le
moins concurrentiels. On peut donc supposer que la Société
nationale de l'amiante pourra, sur l'ensemble des marchés que j'ai
décritsj'ai décrit certainement les marchés
ontariens, j'ai décrit certainement les marchés de l'Est des
États-Uniset j'ai même signalé que sur tous les
marchés d'exportation, nous aurions un avantage comparatif.
J'ai souligné que, si grâce à cet avantage
comparatif, la Société nationale de l'amiante devait être
capable de générer des industries, mais il faut bien retenir
qu'il ne suffit pas d'être capable de produire à plus bas prix, il
faut encore être capable de vendre. Il faut donc développer un
réseau de mise en marché. Ce sera certainement le rôle de
la Société nationale de l'amiante d'établir ces liens avec
différents utilisateurs, de façon à pouvoir écouler
la production québécoise. Ce n'est pas parce que vous pouvez
produire à plus bas-coût que nécessairement, vous
êtes capable de pénétrer un marché. Mais vous avez
tout de même éliminé un problème potentiel qui
aurait fait que la Société nationale de l'amiante n'aurait pas pu
développer la transformation. Il ne fait aucun doute que si la
Société nationale de l'amiante ne pouvait pas produire à
un coût au moins aussi bas que ses compétiteurs, il ne fait aucun
doute qu'elle n'aurait pas pu pénétrer les marchés. Elle
aurait été à la merci de la moindre guerre des prix et
nous aurions eu une industrie continuellement obligée de recevoir, non
plus simplement une réduction de taxe ou d'impôt, mais de recevoir
des subventions supplémentaires pour arriver à
résister.
Ce qui m'amène, et c'est intéressant, ce qui
m'amène à expliciter un peu sur la suggestion du
député de Mont-Royal selon laquelle nous devrions créer
une Société nationale de l'amiante qui n'aurait comme mandat que
l'achat, aux prix, évi-
demment, internationaux, l'achat de la fibre, et la revente à des
prix concurrentiels, des prix suffisamment bas pour permettre à une
industrie autochtone de se développer, c'est la proposition...
M. Ciaccia: La seule proposition, c'est l'alternative d'acheter
l'amiante pour vendre...
M. Bérubé: C'est une proposition que défend
le député de Mont-Royal. Je pense que le député de
Richmond l'a écouté avec un petit sourire narquois, parce que le
député de Richmond a tout de suite reconnu qu'une
société qui recevrait annuellement des fonds de l'État sur
chaque tonne de fibre vendue, cette société serait
immédiatement accusée, en vertu, cette fois-ci très
clairement, en vertu des lois, en vertu de la constitution canadienne. En
effet, le gouvernement ne peut pas modifier le commercele gouvernement,
je ne parle pas d'une société d'Étatl'État du
Québec ne peut pas modifier les règles du commerce
international.
Nous ne pouvons, ni par la voie de taxation, ni par quelque autre voie
détournée, directement comme gouvernement, modifier les
règles du commerce extérieur qui, en vertu de 91, relèvent
du gouvernement fédéral. Cependant, il ne fait aucun doute que
par le biais d'une société, d'une entreprise, il est toujours
possible de pratiquer des prix internes, des prix de transfert qui
rétablissent une certaine concurrence. L'Opposition dira: "Vous avez
fait, par une voie détournée, ce que vous ne pouviez faire
directement".
Je dis personnellement que je trouve malhonnête, en tout cas, que
l'on propose de faire directement ce que la constitution ne permet pas de faire
et de ne pas, en même temps, dire à la population du Québec
que pour faire ce que le député de Mont-Royal a proposé,
il faudrait être indépendant. C'est là la
malhonnêteté intellectuelle parce qu'on peut effectivement
proposer des choses à la condition qu'on ne cherche pas à leurrer
l'opinion publique. C'est ce que le député de Mont-Royal a
tenté de faire lorsqu'il nous a présenté une
contre-proposition qui, étant inconstitutionnelle, et ne le disant pas
à la population, permet ou laisse croire à la population qu'il
est possible, à l'intérieur des lois actuelles, de la
constitution actuelle, de réaliser tous les objectifs économiques
qu'un gouvernement normal peut espérer réaliser.
Or, je pense que le véritable scandale, c'est finalement que le
gouvernement du Québec soit obligé de faire indirectement ce que
la constitution ne lui permet pas de faire directement. Je suis en entier
accord avec la suggestion du chef de l'Union Nationale, indiquant que comme
gouvernement, nous aurions certainement pu envisager l'imposition d'une taxe
à l'exportation de la fibre brute, de manière à
rétablir un avantage concurrentiel pour la transformation au
Québec et d'amener les industries, de leur plein gré, à
s'établir au Québec. (11 h 45)
C'est ce que font, évidemment, tous les pays du monde lorsqu'ils
imposent des tarifs, des quo- tas d'importation. Ils instaurent des mesures
gouvernementales qui sont susceptibles de modifier les règles du jeu, de
manière à développer leur propre économie.
Or, le scandale, M. le Président, c'est que nous sommes là
comme représentants des Québécois. Nous sommes là
pour nous préoccuper de l'utilisation que nous, les
Québécois, ferons de nos richesses naturelles. Nous avons, et le
député de Richmond est certainement en mesure de le confirmer,
dans notre sous-sol une richesse importante, une richesse dont ses concitoyens
bénéficient. Et nous, comme Québécois, nous avons
un mandat, nous avons un devoir et si on grattait soigneusement dans le
programme de l'Union Nationale, on verrait, sans doute, un article dans lequel
le député s'engage à chercher par tous les moyens à
augmenter les bénéfices que devraient retirer les
Québécois de l'exploitation de leurs richesses naturelles, parce
que ce sont des ressources épuisables, des ressources qui, lorsqu'elles
seront taries, ne nous auront rien rapporté d'autre que des emplois
durant leur exploitation. Il faut donc en profiter au maximum. Il est donc
normal qu'un pays, propriétaire d'une ressource, cherche à
utiliser cette ressource au plus grand bien de ses concitoyens. Il est normal
qu'un gouvernement puisse choisir de modifier les règles du jeu, si cela
est nécessaire de modifier les règles du jeu, pour que ses
concitoyens profitent de leurs richesses.
C'est un privilège de votre Assemblée nationale et je
trouve dommage que les députés de l'Opposition n'assument pas
leur rôle, le rôle qui les obligerait à donner justement au
gouvernement du Québec le pouvoir de modifier les règles du jeu,
de manière à pouvoir bénéficier davantage de notre
richesse naturelle.
Or, ce que nous faisons ici, c'est que nous créons une
Société nationale de l'amiante, nous reconnaissons que cette
Société nationale de l'amiante est enfin mandataire de
l'État, aura des avantages indus par rapport à ses concurrents
qui, eux, pourraient être amenés à payer des impôts.
Nous sommes absolument d'accord avec cela, mais si c'est là le seul
moyen pour le faire, et bien, qu'on le prenne, parce que dans un article du
programme du Parti libéral, on y lit que le Parti libéral
s'engage à prendre les moyens nécessaires pour qu'on profite au
maximum de nos richesses naturelles. C'est ce que nous faisons ici, nous
prenons les moyens nécessaires, mais les moyens légaux. Nous ne
prenons que les moyens que nous permet la constitution. Certes, dans un
Québec indépendant, souverain, cette Assemblée nationale
pourrait proposer, comme l'a fait le député de Mont-Royal, comme
l'a fait le député de Lotbinière, pourrait proposer
d'autres moyens différents de ceux qui sont proposés ici. Et
très possiblement le ministre des Richesses naturelles, tout
péquiste qu'il soit, aurait accepté d'envisager ces propositions.
Mais, malheureusement, dans le système confédéral que nous
connaissons, dans ce carcan qui nous lie les mains, nous devons nous rabattre
sur un certain nombre d'autres moyens, des moyens légaux, mais des
moyens qui arrivent aux
mêmes fins. C'est cela l'objectif et je ne l'ai pas
caché.
Donc, d'une part, il ne faut pas confondre le rôle de
l'Assemblée nationale qui est de donner aux Québécois des
moyens nécessaires et, d'autre part, à savoir quel va être
l'investissement précis dans tel et tel secteur? Nous avons à
nous prononcer ici, à savoir: l'État doit-il avoir les moyens? Si
le député de Richmond pense que l'État ne devrait pas
avoir les moyens, il est libre, il irait à l'encontre, sans doute de son
programme politique, mais il est libre de renier ses origines. Il est libre de
renier son penchant nationaliste. Il est libre de renier son attachement au
Québec, mais M. le Président, je pense, que ce que nous discutons
ici, c'est justement de moyens dont pourrait bénéficier
l'État du Québec pour faire de la transformation au
Québec, et si nous sommes d'accord sur les moyens, et bien, votons le
paragraphe b de l'article 4. Maintenant...
M. Grégoire: Très bon projet de loi.
M. Bérubé: Quant à devoir les entendre,
c'est aussi bien de parler.
M. Lalonde: Je pense qu'il y en a un qui vous écoute:
vous-même.
M. Grégoire: Non, moi aussi je l'écoute
attentivement et si vous l'aviez écouté...
M. Lalonde: C'est évident que vous l'écoutez, vous
répétez tout le temps ce qu'il dit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Grégoire: ... je vous dis que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Vous êtes son perroquet.
M. Bérubé: Donc, M. le Président, notre
Société nationale de l'amiante aura à effectuer des
études de faisabilité. Le gouvernement a un rôle aussi.
À titre d'exemple, nous avons financé, cette année, un
certain nombre de programmes de recherche, visant au développement de
nouveaux produits parce que c'est le rôle de l'État d'encourager
le développement et la recherche, de manière à favoriser
l'implantation d'une industrie au Québec. Nous avons donc joué
notre rôle. L'Assemblée nationale a à se prononcer sur les
budgets du ministère et a à analyser, par le biais de sa
commission des engagements financiers, chacun des investissements de
l'État. Vous pouvez donc critiquer ces programmes d'aide à la
recherche.
Nous avons également un Bureau de l'amiante qui regroupe une
demi-douzaine de personnes. Ce n'est pas un bureau qui se spécialise
dans l'évaluation de projets précis. Le Bureau de l'amiante a un
certain nombre d'objectifs très clairs. Il doit, d'une part, par le
biais d'ententes de développement, élaborer avec les industries
au Québec un cadre de développement de notre industrie de
l'amiante qui amène plus de transformation au Québec. C'est donc
le cadre contractuel entre les sociétés minières du
Québec et l'État qui va conduire à des projets.
Mais nous ne demanderons pas au Bureau de l'amiante de négocier
des projets. Ce n'est pas son rôle. Des projets précis
d'investissement... Le Bureau de l'amiante peut avoirparce que, dans un
cas précis, le Conseil des ministres a confié un mandat de
recherche d'une solution concrète. Le Bureau de l'amiante a donc
effectué son travail et, très bientôt, nous pourrons
annoncer un résultat concret de son effort, où, là, il
s'est attaqué à un projet précis. Mais d'une façon
générale le Bureau de l'amiante va donc négocier avec les
compagnies existantes au Québec des ententes de développement qui
serviront de cadre à l'implantation d'une industrie de transformation au
Québec.
De la même façon, le Bureau de l'amiante va se
préoccuper de la conclusion d'ententes internationales avec, à
titre d'exemple, les pays arabes, pour examiner la possibilité de
construire des immeubles, des édifices, dans ces pays, à base
d'amiante-ciment, à la condition qu'un certain pourcentage de la
fabrication soit réalisé au Québec. Le Bureau de l'amiante
peut, évidemment, déjà parler d'une certaine
sécurité d'approvisionnement en fibre puisque, ayant
déjà accepté, à notre commission, le principe que
nous pourrions nous engager dans l'industrie primaire de l'amiante, nous
pouvons déjà, dorénavant, supposer que nous aurons une
fibre à échanger. Donc, le Bureau de l'amiante,
déjà, prépare des esquisses d'ententes internationales
dans ce secteur, pour permettre d'ouvrir de nouveaux marchés.
De la même façon, avec les pays européens, nous
pouvons élaborer des ententes de développement, de manière
à couvrir, par une entente parapluie, les efforts de certaines
sociétés européennes qui pourraient vouloir venir
s'implanter au Québec et transformer de l'amiante au Québec.
Donc, des échanges de technologie.
C'est le rôle du gouvernement de signer de tels accords cadres. Ce
n'est pas au Bureau de l'amiante à élaborer des projets
spécifiques d'investissement. Seulement, ce groupe de travail sur
l'amiante, constitué pendant tout près d'un an et demi, a
réfléchi au potentiel qu'offrait l'industrie de l'amiante, aux
ouvertures de marchés. On a réfléchi au problème
que représentait la salubrité. On a réfléchi
à l'ensemble des problèmes, de manière,
éventuellement, à conclure qu'une politique apparaissait
réaliste; c'était celle d'un encouragement à un certain
nombre d'industries, d'usines de transformation, dans des secteurs qui ont
été définis.
Nous avons également évalué l'impact des
problèmes de salubrité et nous avons conclu qu'en dépit du
fait que les problèmes de santé sont des problèmes
réels, nous avons pu conclure, à la lumière, en
particulier, des recommandations du juge Beaudry, qu'il existait un potentiel
intéres-
sant pour le développement de l'industrie de l'amiante et que,
d'une façon générale, nous étions mieux de
travailler avec un produit dont on connaît les propriétés
toxiques et que l'on manipule depuis cent ans que de travailler avec des
produits sur lesquels on n'a finalement, que très peu de connaissances,
puisque le secrétaire américain à la santé n'a pas
parlé des problèmes de santé que causera sans doute la
laine minérale dans vingt ans. C'est là le drame de tous ces
produits substituts, c'est qu'on ne connaît véritablement leur
danger que quelques années plus tard.
Donc, nous avons à nous prononcer ici sur un objet de la
Société nationale de l'amiante qui est la transformation de
l'amiante. Nous avons un certain nombre de dossiers, de documents, qui montrent
qu'il existe un potentiel de transformation de l'amiante. Nous constatons qu'il
existe certains écarts. SORES est plus conservateur; le rapport du
gouvernement est un peu plus optimiste. Néanmoins, il faut
reconnaître que le rapport du gouvernement portait sur une échelle
de dix ans, alors que le rapport de SORES portait sur les trois ou quatre
prochaines années.
Par conséquent, il est un peu normal qu'on ait
espéré, au niveau du gouvernement du Québec, 3% de plus de
transformation au Québec pour les sept années
supplémentaires que couvrait notre étude. En effet, si le rapport
SORES prévoit transformer 3,4% dans les trois prochaines années,
nous avons supposé que, dans les sept années suivantes, nous
pourrions sans doute en transformer une autre tranche de 3 à 5%
supplémentaire, ce qui apparaît tout de même assez
réaliste, il faut le reconnaître. Ceci à partir d'un examen
des champs, des possibilités, et ce qui est intéressant, c'est de
constater que les produits identifiés par l'étude gouvernementale
sont sensiblement les mêmes que ceux identifiés par l'étude
SORES. Donc, on retrouve une certaine unanimité.
Nous avons donc, sur la table, la reconnaissance d'un fait: II existe un
potentiel. La question qui se pose à nous, c'est: Doit-on chercher
à exploiter ce potentiel oui ou non? En décidant de ne pas
étudier le paragraphe b) de l'article 4, l'Opposition nous dit: Non,
nous ne devons pas étudier ce potentiel, nous ne devons pas créer
la Société nationale de l'amiante qui aura comme mandat la
transformation de l'amiante et qui, par conséquent, devra chercher
à exploiter le potentiel. C'est ce que nous disons, en pratique. Disant
cela, nous renions le mandat pour lequel nous avons été
élus et, dans les trois quarts du temps, nous renions également
le programme politique parce qu'à peu près tous les partis
politiques au Québec ont tous été unanimes pour dire que
l'État du Québec devait prendre les moyens pour profiter au
maximum de ses richesses naturelles.
Si le moyen idéal demeure la souveraineté politique du
Québec qui lui permette un choix de mesures gouvernementales beaucoup
plus étendu, beaucoup plus à la mesure des aspirations des
Québécois, cela m'apparaît évident, et il
m'apparaît aussi évident que cela doit faire l'objet d'une vaste
sensibilisation des Québécois à ce
phénomène, parce que l'intervention des députés de
l'Opposition a fait ressortir la très grande ignorance des
Québécois sur les limitations que leur imposait la constitution,
le carcan à l'intérieur duquel ils vivaient.
Le député de Mont-Royal, par exemple, avec une certaine
naïveté, une certaine candeur, nous propose quelque chose qui est
anticonstitutionnel. Le député de Lotbinière peut
s'excuser parce qu'il a une moins longue expérience de la politique; il
n'a pas été sous-ministre des Affaires indiennes à Ottawa
pendant un bon nombre d'années; donc, il n'a sans doute pas la
connaissance du système confédéral actuel et il peut nous
proposer une réduction des impôts, des taxes, de manière
à favoriser la transformation de l'amiante au Québec, sans savoir
qu'elle est anticonstitutionnelle.
Je pense que les travaux de cette commission, les travaux de
l'Assemblée nationale sur notre loi 70 ont permis de faire ressortir
l'ignorance des élus du peuple qui nous font face des limitations de la
constitution et c'est sans doute la seule et unique raison, leur ignorance,
pour laquelle ils ne sont pas aujourd'hui de notre côté. Merci, M.
le Président. (12 heures)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Grégoire: On vous souhaite la bienvenue de nouveau
à notre commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys parle sur la motion.
M. Bérubé: Ah! Je ne sais pas si le
député d'Outremont...
M. Lalonde: M. le Président, j'ai exprimé la
déception qui m'a envahi ce matin...
M. Grégoire: Vous étiez absent depuis longtemps.
Cela nous fait plaisir de vous revoir.
M. Lalonde: ... lorsque, revenant à la commission des
Richesses naturelles, après avoir été
éloigné des travaux de cette commission depuis deux semaines pour
d'autres engagements relativement aux crédits des consommateurs et aux
crédits du ministère de la Justice, je vois que cette commission
est embourbée encore dans ses travaux qui se butent à
l'inefficacité gouvernementale en matière de politique
d'amiante.
M. Grégoire: C'est vous qui êtes
embourbés.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai toutefois pu profiter du
recul qui est souvent salutaire dans ce genre de débat et j'ai pu me
rendre compte jusqu'à quel point les députés
ministériels que j'ai entendus ce matin sont rendus à ce point le
nez collé à la forêt qu'ils ne voient plus que les arbres.
C'est encore les mêmes rengaines, les mêmes affirmations, les
mêmes ronflements qu'on entend
du côté ministériel relativement au projet de loi,
à l'article 4.
Ayant été éloigné des travaux de la
commission, j'ai quand même pris connaissance des propos qui ont
été tenus par le ministre en particulier et par les autres
membres de cette commission. Je voudrais rappeler aux députés
ministériels, par exemple, ce que le ministre disait le 11 avril
à 21 heures; c'est la page R/530-B/RN, page 1, et le ministre nous
disait: "Lorsque nous arriverons à l'article 4 et que nous discuterons
spécifiquement d'un tel amendement que l'Opposition voudra bien
déposeron avait une invitation à ce moment j'aurai
certainement le plaisir à ce moment de tenter d'expliciter la
pensée gouvernementale et je suis convaincu que les
députés de notre gouvernement feront de même." un peu plus
loin: "J'ai l'intention d'y répondre lorsque nous discuterons de
l'article 4 et que nous aurons un amendement en bonne et due forme portant sur
le fond de la loi."
Alors, c'étaient les promesses qu'on nous faisait pour nous
inviter, à ce moment...
M. Grégoire: Et cela a été fait à
l'article 4 a qui a été adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que j'ai un droit de
parole? Pouvez-vous inviter le député de Frontenac à me
laisser terminer? J'ai lu paisiblement, dans la sérénité
de mon bureau, la transcription des débats depuis ce temps-là et
j'ai été à même de constater, hors du brouhaha de
temps en temps, que votre compétente direction, M. le Président,
ne réussit pas à éliminer toujours, j'ai lu les propos du
ministre et j'ai été à même de me rendre compte que
malheureusement, on n'a pas eu les réponses qu'on nous avait promises
dans le but de nous inviter, avec une certaine malhonnêteté, il
faut le dire, à ne pas présenter de motion avant l'article 4 et
avant l'article 1; de nous amener, de nous inviter à aborder l'article
4, pour obtenir les réponses qu'apparemment on nous réservait
pour enfin enlever tout le caractère obscur de la politique
gouvernementale.
Ce matin, j'ai entendu le député de Saint-François
qui a confessé son inexpérience et a dit: Laissons donc cela au
conseil d'administration; c'est au conseil d'administration de s'occuper de
transformations, de s'occuper de projets. Mais alors, pourquoi nous a-t-on
invités à en parler ici à la commission parlementaire en
proposant un projet de loi? Je demande au député de
Saint-François, si ce n'est tellement pas de nos affaires, pourquoi
n'a-t-on pas confié cela, par exemple, à la SGF, à
d'autres régies gouvernementales qui ont parfaitement la
compétence de discuter de projets. On dit: C'est l'amiante. Comme si,
parce que c'est de l'amiante, tout à coup cela devient miraculeux ou
bien cela devient un mystère. Si ce sont des projets de transformation,
c'est bien simple le député de Mont-Royal le disait et
j'espère que vous écouterez les propos de quelques-uns des
députés qui ont un peu d'expérience dans ce genre
d'entreprisece que cela prend pour mettre sur pied une entreprise: du
capital humain et du capital financier, et aussi, toute la structure.
La matière première, il y en a. Je pense bien que le
député de Frontenac ne niera pas qu'il y a de la fibre au
Québec, bon. Là-dessus, on s'entend?
M. Grégoire: II y en a.
M. Lalonde: Bon, il y en a beaucoup.
M. Grégoire: Pas beaucoup, mais il y en a.
M. Lalonde: On n'a même pas réussi à
démontrer qu'on devait acheter une société du secteur
primaire pour nous garantir l'approvisionnement. Cela n'a jamais
été démontré. Cela a été
affirmé, mais cela n'a jamais été
démontré.
M. Grégoire: ...
M. Lalonde: Non, M. le Président, j'ai lu toutes les
transcriptions et, à moins que le député de Frontenac
veuille suggérer que les transcriptions ne sont pas fidèles aux
propos qu'il a tenus...
M. Grégoire: Vous avez...
M. Lalonde: J'avoue que, parfois, c'est corrigé, un petit
peu, pour donner à la forme du discours du député de
Frontenac un caractère un peu plus acceptable.
M. Grégoire: C'est parce que vous avez mal lu.
M. Lalonde: Mais, je pense qu'en ce qui concerne le fond, nos
fonctionnaires, à la transcription des débats, sont très
fidèles. Toutes les interventions du député de Frontenac
sont reproduites. J'ai lu cela et il n'y a rien de nouveau. On n'a pas du tout
démontré la nécessité d'acheter Asbestos
Corporation. On n'a pas, non plus, démontré la
nécessité de créer la Société nationale de
l'amiante. On ne l'a pas démontré.
Revenons à la SGF et, pourquoi pas, à SIDBEC qui a quand
même une mission bien particulière et bien limitée dans
l'acier, alors que la SGF est une Société générale
de financement dont les filiales s'étendent d'activité en
activité, autant dans la transformation, dans certains cas, que dans...
On pense à la Donohue, par exemple, dans le secteur des pâtes et
papiers. Tout est possible par l'entremise de la SGF. Le "know how" est
là, à savoir comment mettre sur pied les entreprises de
transformation. Pas besoin de faire un drapeau.
Alors, pourquoi venir nous demander, à nous
députés, d'en discuter si on ne veut pas... On nous dit, ensuite:
C'est au conseil d'administration, ne vous occupez pas de cela, les
députés. C'est une insulte à la fonction de
député, M. le député de
Saint-François, et je ne l'accepte pas. Je ne l'accepte pas.
M. Rancourt: Je ne l'accepte pas non plus.
M. Lalonde: C'est un blanc-seing qu'on veut, un chèque en
blanc? Qu'on nous le dise, nous allons dire non. Mais, tout à coup, le
ministre vient nous dire qu'il a acceptéd'ailleurs, le
président aussi, non seulement ici mais à l'Assemblée
nationale que le débat soit élargi depuis le début,
élargi dans tous les secteurs du projet du gouvernement, y compris
l'acquisition d'Asbestos Corporation, même si ce n'est pas en toutes
lettres dans le projet de loi, cela fait partie intégrante du projet qui
a été étudié et débattu ici.
Tout à coup, on dit: La transformation, ne vous en occupez pas.
Pourtant, c'est la seule chose qui nous intéresse. Je permettrai au
député de Saint-François de poser une question à la
fin. C'est la seule chose qui nous intéresse, la transformation. Le
ministre a raison de dire que tous les députés de l'Opposition,
enfin toute la population représentée par les
députés ici est d'accord pour qu'il y ait des démarches
entreprises pour encourager la transformation de nos richesses naturelles. Mais
une fois qu'on a dit cela, on n'est pas allé beaucoup plus loin.
M. Bérubé: C'est ce qu'on trouve ici.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Lalonde: Là, le ministre...
M. Grégoire: Vous n'êtes allés nulle
part.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! À l'ordre!
M. Lalonde: ... conclut tout de suite à la
nécessité des moyens qu'il nous propose et c'est là, je
trouve, qu'il écourte un peu son raisonnement, son verbe a un peu de
panache, naturellement, d'ailleurs, un panache qui se permet de recourir
à la démagogie, ce que j'ai trouvé dégueulasse
tantôt, lorsqu'il a prêté des intentions indignes au
député de Richmond et c'est absolument inacceptable. Je le
répète, c'est dégueulasse, surtout de la part d'un
ministre, de prêter des intentions indignes au député de
Richmond qu'il a quasiment accusé de trahison à son peuple. C'est
tout simplement parce qu'il n'est pas d'accord. C'est cela qui est dangereux
dans l'esprit péquiste qui se manifeste chez le ministre quand il tient
ces propos. Il s'est même permis de nous faire une petite leçon
d'indépendance en rappelant à l'ordre le député de
Mont-Royal sur la question constitutionnelle; il a dit: "Mais on voit bien que
c'est l'indépendance qu'il nous faut", sans savoir...
M. Grégoire: Je suis content de savoir que vous l'avez
compris.
M. Lalonde: Sans le savoir, M. le Président, il vient de
confesser ce que pourtant les grands ténors du Parti
québécois tentent de cacher avec tellement d'efforts, c'est qu'il
ne veut que le séparatisme.
M. Grégoire: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Lalonde: On a tenté de masquer le séparatisme
par la souveraineté-association, mais il sait très bienle
ministre a parlé de l'indépendance et vous l'avez laissé
faire, vous allez me laisser fairequand il dit que l'indépendance
va régler nos problèmes, il oublie l'association et un
Québec indépendant et associé au Canada aurait des limites
quant aux dispositions qu'il pourrait prendre sur la mise en marché.
M. Bérubé: II aurait le contrôle de ses
richesses naturelles.
M. Lalonde: Et sur les barrières tarifaires qu'il voudrait
créer par ses interventions à l'égard de ses
associés.
M. Bérubé: II pourrait taxer ses richesses
naturelles comme il l'entend.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Lalonde: ... de dire que l'indépendance c'est le
paradis, M. le Président, à moins qu'on n'en veuille plus de
l'association, mais qu'on le dise.
M. Grégoire: Le député de
Marguerite-Bourgeoys est un bon comédien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Lalonde: Cela fait mal, n'est-ce pas?
M. Bérubé: Non pas du tout; il se spécialise
quand même dans la pitrerie.
M. Lalonde: Cela fait mal, n'est-ce pas? M.
Bérubé: Non, vous voyez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! On peut parler de constitution, bien sûr, mais en autant que ce
soit un rapport avec l'amiante et...
M. Lalonde: C'est dans l'amiante, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord, je pense que le ministre a parlé de constitution,
d'indépendance par rapport à l'amiante et...
M. Lalonde: Je vous dis, M. le Président, que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
permets la même chose, mais sur l'amiante.
M. Lalonde: Sur l'amiante, en ce qui concerne...
M. Bérubé: ... la constitution à
l'amiante.
M. Grégoire: La constitution est amiantosée. C'est
ainsi que cela est rattaché.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Est-ce que j'ai le droit de parole, M. le
Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
l'avez toujours eu, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Alors, je vous invite à le faire respecter
en...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Parfois,
le silence est d'or, plus important que la parole, et je l'ai dit souvent
depuis un mois et demi.
M. Lalonde: Vous m'invitez à ne pas parler, en me disant
que le silence est d'or?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, je
dis que parfois, pour la présidence, il vaut mieux se taire que de
parler.
M. Lalonde: Lorsque le ministre a tenu ces propos relativement
à l'indépendance qui serait la solution en matière
d'amiante, je lui dis, M. le Président, qu'il renie à ce
moment-là ce qui apparaît de plus en plus dans la bouche du
premier ministre, dans la bouche du ministre des affaires
intergouvernementales, l'élément miraculeux de l'option
constitutionnelle, c'est-à-dire l'association; parce qu'un Québec
associé au Canada serait limité dans les dispositions qu'il
pourrait prendre et qui constitueraient des barrières tarifaires d'un
état associé à l'autre, à moins que l'association
ne veuille rien dire, à moins que ce soit tout simplement un paravent
pour faire tenter d'avaler la pilule du séparatisme à des gens
qu'on aurait réussi à tromper comme on les a trompés le 15
novembre 1976.
M. le Président, on ne s'entend pas sur les moyens, c'est
évident. Le député de Frontenac a démontré
son ignorance et l'infantilisme de son attitude à l'égard de
l'amiante en disant: adoptez l'article 4b et on aura notre transformation.
C'est épouvantable d'être aussi naïf.
M. Grégoire: Je n'ai jamais dit cela.
M. Lalonde: C'est à peu près ce qu'il a dit: qu'on
est contre la transformation parce qu'on ne veut pas adopter tout de suite
l'article 4b. C'est épouvantable comme on peut être court.
M. Grégoire: Cela, je l'ai dit et je le
répète.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Lalonde: J'espère que le député de
Frontenac, de temps en temps, en dehors de cette commission lit un peu, essaie
de meubler sa pensée en matière d'amiante et non pas seulement
des grandes phrases comme on a entendu ici: la région de l'amiante, le
coeur de l'amiante et tout cela, il y a autre chose.
Pour expliquer cela au député de Frontenac, lorsqu'on aura
dit oui en Chambre, à la troisième lecture, pour voter pour ou
contre, ou enfin quand la loi sera adoptée, les usines ne sortiront pas
de terre. Est-ce que le député de Frontenac comprend cela?
M. Grégoire: Ah! oui.
M. Lalonde: Alors, il y a déjà quelque chose. Mais
le député de Frontenac sait-il aussi qu'on pourrait même
et je pourrais lui demander la question est-ce possible qu'il y
ait des usines de transformation qui sortent de terre sans que la loi se fasse?
Par hypothèse. C'est également possible.
M. Grégoire: Mais, ce n'est pas fait. (12 h 15)
M. Lalonde: II y en a un petit peu, puisqu'il y en a 3% et il y
en a une autre apparemment qui va s'installer sur la rive-sud, avec l'aide du
fédéral, mais cela c'est du mauvais argent. Cela vient du
fédéral, alors cela doit sûrement être du mauvais
amiante aussi. C'est effrayant. C'est un crime de lèse-péquistes
que le fédéral s'occupe de l'amiante; c'est
épouvantable!
Une voix: Ce n'est pas à l'épreuve du feu cet
amiante.
M. Lalonde: C'est épouvantable. Enfin, enfin.
M. Bérubé: On n'a pas d'objection. C'est notre
argent.
M. Lalonde: Cela démystifie un petit peu le drapeau
d'amiante dont le Parti québécois essaie de s'entourer pour
montrer qu'il est le sauveur du peuple, mais quand même, c'est faux, M.
le Président, que l'article 4b est nécessaire pour qu'il y ait de
la transformation. On ne peut pas être contre un voeu naturellement, mais
cela reste un voeu. On aurait souhaitéet c'est pour cela qu'on
demande de suspendre l'étude de l'articleque le ministre ne nous
traite pas simplement de façon aveugle, comme le député de
Saint-François l'accepte. Lui, il a des raisons de l'accepter
peut-être, parce qu'il fait confiance au gouvernement, c'est son erreur.
Nous autres on n'a aucune raison de faire confiance à ce gouvernement,
pas du tout, pas avec l'ignorance dont il a fait preuve dans ce dossier, avec
le genre de documents qu'il nous a distribués provenant de
comités fantômes, pas du
tout, non, M. le Président, je ne fais confiance à ce
gouvernement. Moi, je ne me servirai pas de blanc-seing, pas du tout.
J'aurais aimé aussi, puisque la transformation apparemment va
être encouragée grandement par les trucs fiscaux du ministre, que
le député de Saint-Laurent fasse non seulement une motion pour
suspendre l'étude de l'article 4 et passer à l'article 5, mais
demande la suspension de l'étude du projet de loi pour entendre le
ministre des Finances qui vient de dire, il y a quelques jours, que les
sociétés d'État seraient assujetties à
l'impôt; cela va en contradiction flagrante avec les tours de passe-passe
fiscaux du ministre des Richesses naturelles. Si cela est faux cette magie, si
cela n'est pas vrai, si ce n'est pas comme cela que cela va se passer, on
devrait le savoir, avant d'aborder la question, peut-être qu'il y aura
d'autres dispositions à apporter au projet de loi.
Alors, M. le Président, je ne vois pas comment le ministre peut
et les députés ministériels peuvent se scandaliser de ce
qu'on suspende l'étude d'un article, alors qu'eux-mêmes ont
convenu de suspendre l'étude de l'article 3, parce qu'il y avait un
problème. Il y en a un problème ici et on n'a pas à
répondre. Concernant l'article 3, naturellement, ce sont des experts
juridiques qui devront nous renseigner là-dessus. À l'article 4,
le ministre dit d'ailleurs c'est assez drôle de lire cela, je n'ai
pas la transcription ici comment il compte sur sa propre
compétence en matière d'ingénierie pour nous faire la
leçon. Alors, à l'article 4 on n'a pas besoin de comprendre nous
autres. Lui, il connaît cela et nous dit que c'est bon, donc votons pour,
mais c'est court un peu. Est-ce qu'on est l'Assemblée nationale ici, oui
ou non? On n'est pas dans les officines du Parti québécois
où on a simplement à brandir un drapeau pour que tout le monde se
mette à genoux. Ici on est élu par la population et au cas
où le député de Frontenac ne le saurait pas, il n'y a pas
de l'amiante partout au Québec.
Dans LaSalle et Marguerite-Bourgeoys, il n'y en a pas d'amiante et les
gens vont y contribuer quand même eux-autres. J'ai hâte...
M. Grégoire: Comme on a payé pour l'Expo et pour
les Jeux olympiques.
M. Lalonde: ... que vous veniez dans Marguerite-Bourgeoys parce
qu'il y a du monde qui vous y attend. On m'appelle et on m'écrit: Quand
vient-il le ministre?
M. Grégoire: C'est l'Abitibi prochainement.
M. Lalonde: J'ai des questions à poser au ministre,
combien cela va coûter, est-ce que cela va être la région de
l'amiante où si, à LaSalle, on va payer cela aussi? Ce sont des
questions qu'on nous pose. J'ai hâte que vous veniez, mais dites-nous
d'avance où vous allez être? Il ne faudrait pas vous cacher avec
quelques péquistes qui vont tout simplement essayer de se taper dans le
dos sur l'amiante. Au cas ou le député de Frontenac ne le saurait
pas, le député de Richmond et les députés de
l'Opposition représentent à peu prèssi on s'en tient
aux sondages et aux résultats des dernières
élections la majorité de la population du Québec;
c'est important cela aussi, qu'on nous écoute quand on parle, qu'on ne
nous traite pas comme le ministre l'a fait tantôt, vis-à-vis le
député de Richmond ce que j'ai trouvé absolument
inacceptable. Il s'est permis de moins en moins ces écarts depuis le
début de la commission, il a dû recevoir des avertissements
sévères, mais là on dirait qu'il n'est pas capable de
résister à la tentation et de recourir à la
démagogie et à des insultes. Ce n'est pas cela qui va faire
avancer le dossier, M. le Président.
Alors, pour toutes ces raisons, je pense que les députés
devraient, surtout les députés ministériels qui sont
prêts à se laisser bander les yeux et mettre une plume dans la
main et "signe-là", comme le député de
Saint-François, reconsidérer leur rôle de
députés. Lorsqu'on nous soumet un projet de loi dont on n'avait
pas besoin pour faire la transformation de toute façon, mais puisqu'on
nous le soumet, il devrait y avoir une raison de soumettre cela aux
députés!
Si on le soumet aux députés de l'Assemblée
nationale, à ce moment, qu'on leur donne des réponses
sérieuses et qu'on cesse ces affirmations tout simplement de politiques
complotées dans les officines du Parti québécois. Qu'on
nous donne des raisons d'affaires, des réponses; à ce moment, on
abordera l'étude de l'article 4b en connaissance de cause. Si cette
motion est battue, naturellement, on va pouvoir voter pour un voeu pieux. On
votera pour un voeu pieux, mais tout le monde le saura.
M. Grégoire: J'ai encore quinze minutes?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
avez encore quinze minutes mais j'en ai reconnu d'autres avant vous.
M. Grégoire: Ah bon!
M. Rancourt: M. le Président, j'ai une question à
poser au député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui. Son
temps est écoulé, mais très brièvement.
M. Rancourt: Premièrement, je voudrais vous faire savoir
que moi aussi, depuis environ deux semaines, je n'étais pas
présent. J'ai été déçu de voir qu'on
n'était pas rendu plus loin.
M. Lalonde: Bravo! Il est d'accord avec moi.
M. Rancourt: Justement, le fait que l'Opposition,
évidemment...
M. Lalonde: Dites-le à votre ministre, et qu'il nous donne
les réponses et on va pouvoir...
M. Rancourt: D'accord. Une autre chose, j'aimerais qu'il
s'aperçoive aussi que dans mes questions de tantôt, il a
perçu que je conteste la motion de suspension du paragraphe b) de
l'article 4.
M. Lalonde: Est-ce qu'il n'y a pas une question?
M. Rancourt: Non, c'est cela, est-ce que vous avez perçu
que je conteste...
M. Lalonde: II y a une question, M. le Président, puis-je
répondre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Brièvement.
M. Lalonde: Brièvement, avec le consentement, par exemple,
parce que cela n'est plus dans mon temps. Le consentement est unanime? Bon. M.
le Président, naturellement, j'ai perçu que vous avez
perçu que vous contestiez. Vous voulez passer tout de suite à
l'article 4 avec les yeux bandés et donner un chèque en blanc au
gouvernement. C'est ce que j'ai perçu et c'est cela que je conteste
parce que je pense que le député de Saint-François doit
à ses électeurs de faire un travail sérieux et rigoureux,
ici, à cette assemblée, et non pas simplement donner un
congé au gouvernement; ce n'est pas le but, mais laissez-moi terminer ma
réponse.
M. Rancourt: C'est ce que nous voulons faire, étudier
l'article 4, paragraphe b).
M. Lalonde: Le ministre, le gouvernement et la présidence,
après avoir ouvert le débat sur tous les aspects du projet, nous
demandent actuellement, en ne donnant pas les réponses à nos
questions et en exigeant qu'on vote sur l'article 4, paragraphe b), de cesser
de tenir compte de tous les aspects, de nous réduire à un
rôle simplement de cadre juridique parce que c'est cela que le
ministre a tenté de démontrer tantôtet de laisser
tout cela au conseil d'administration.
Au fond, on veut réduire le débat, et cela
m'apparaît... Je termine là-dessus, M. le Président,
brièvement. Le député de Saint-François, je pense
qu'il va percevoir comme moi, dans cette nouvelle stratégie, une
stratégie d'étouffement des travaux de la commission.
Lui-même sera étouffé avec la commission, lui-même
sera guillotiné avec la commission et je pense qu'il devrait se rebiffer
tout de suite, et dire: On va passer aux articles 5, 6, 7, et 8; cela va aller
plus vite et, à ce moment, l'Assemblée nationale ne trouvera pas
qu'on ne fait pas notre job et alors on pourra avancer. Il s'est rendu compte
lui aussi, après deux semaines d'absence, comme moi, que c'est
absolument inacceptable que le gouvernement, ne nous donnant pas les outils
nécessaires pour délibérer, on soit encore rendu à
l'article 4.
M. Rancourt: D'accord, je me soumets, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
avez encore du temps; de toute façon vous pourrez intervenir à
l'occasion. M. le député de Mont-Royal, vous avez quatre
minutes.
M. Ciaccia: J'aurais pu utiliser l'article 96, mais je pense que
je n'utiliserai pas le règlement, je vais prendre le temps qu'il me
reste pour répondre à certains propos que le ministre a tenus
concernant la position constitutionnelle et l'ignorance de ce
côté-ci de la table des problèmes constitutionnels. La
seule chose que nous avons suggérée au ministrele ministre
a référé à ma position au gouvernement
fédéral avant que je vienne en politique provincialela
seule chose qu'on a dite au ministre, c'est qu'il n'a pas exploré les
alternatives. On n'a pas nié que dans certains contextes la constitution
d'une société d'État pour acheter seulement des fibres,
cela serait contre la constitution; tout le monde le sait.
Mais quand le ministre... un instant... Cela peut être... un
instant M. le ministre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé: Là, il vient de le dire!
M. Ciaccia: Cela se peut, selon la manière dont c'est
fait. C'est là que vous manquez de flexibilité et vous manquez
d'innovation. Vous avez référé à ma position et
à l'entente de la baie James, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Écoutez, si vous examinez l'entente de la baie
James, vous allez voir la façon dont certains problèmes
constitutionnels beaucoup plus complexes que ceux que vous venez de soulever,
quant à l'article 91, ont été résolus, quand les
partis ont reconnu qu'il y avait un certain problème et qu'ils l'ont
exploré. Je vous demande: Est-ce que, au moins, vous avez exploré
cela avant de décider de dépenser $150 millions?
La seule raison pour laquelle j'ai fait cette suggestion, c'est à
cause de votre affirmation selon laquelle il faut subventionner ad vitam
aeternam l'industrie de transformation au Québec. La façon dont
vous allez le faire, c'est d'acheter Asbestos Corporation, vendre la fibre au
prix coûtant et enlever les profits de l'amiante.
M. Bérubé: Pas nécessairement au prix
coûtant.
M. Ciaccia: Ce n'était qu'une alternative et il
n'était pas nécessaire de votre part de faire la
référence que vous avez faite. Je pense qu'avant de vous lancer
dans ce genre d'accusation, vous devriez explorer les possibilités,
explorer même avec le fédéral les possibilités,
parce que si c'est vraiment cela que vous voulez atteindre, il va y avoir des
moyens d'y arriver sans dépenser les $150 mil-
lions. Mais si vous faites cela, vous allez vous rendre compte qu'il y a
d'autres problèmes à la question de subventions.
Quant à la question du député de
Saint-François, je sais la différence entre un conseil
d'administration et une commission parlementaire. Mais la seule affirmation que
je voulais faire, c'est qu'au moins, nous devons prendre les mêmes
sauvegardes et avoir les mêmes informations et être aussi prudents
qu'un conseil d'administration. Je faisais le parallèle, nous avons
presque les mêmes responsabilités vis-à-vis du public,
c'est-à-dire examiner le genre de projet qu'on nous propose et ne pas
donner une carte à l'un et dire: très bien, on va commencer. On
n'achète pas avant pour faire des études après, c'est
comme cela qu'on va en faillite. On regarde les études avant et si ce
sont des choses qui peuvent se réaliser d'une façon convenable,
on peut voter en faveur, ou l'inverse, on votera contre. C'est pour cela qu'on
examine article par article, autrement, ce serait inutile de venir en
commission parlementaire seulement pour donner un "rubber stamp", le oui sur
les articles, parce qu'on est en faveur du principe. En faveur du principe, on
en a parlé à l'Assemblée nationale. On n'a pas besoin de
dire ici qu'on est en faveur du principe. Ici, on doit examiner les
détails des articles et c'est pour cela qu'on a besoin des informations
que nous demandons.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Étant donné qu'il est 12 h 28, j'ajourne les travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 28)
Reprise de la séance à 16 h 2
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
membres de la commission pour la présente séance sont: M.
Bérubé (Matane), M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu
(Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Grégoire (Frontenac), M. Godin
(Mercier) en remplacement de M. Laplante (Bourassa); M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Rancourt (Saint-François) et M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
Les intervenants sont M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Laplante
(Bourassa), M. Garneau (Jean-Talon), M. Landry (Fabre), M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. Léger (Lafontaine), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud) et
M. Samson (Rouyn-Noranda).
Ce matin, le député de Mont-Royal...
M. Forget: M. Garneau est remplacé par M. Raynauld.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Raynauld remplace M. Garneau (Jean-Talon).
Ce matin, nous avions ajourné nos travaux au moment où
nous discutions de la motion de suspension de l'étude de l'article 4. Le
député de Mont-Royal avait épuisé son droit de
parole. J'avais reconnu le député de Frontenac. Non?
Y a-t-il d'autres interventions sur la motion du député de
Saint-Laurent?
M. Brochu: Cela ne sera pas long. Cela s'en vient.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II vous
reste huit minutes, M. le député de Richmond, sur la motion.
M. Brochu: M. le Président...
M. Bérubé: C'est la partie la plus
intéressante.
M. Brochu: J'ai l'impression que ce n'est pas ce qui
empêche le ministre de dormir, de toute façon. Il peut quand
même avoir le sommeil très profond avec ou sans discours.
Je voudrais quand même relever certains...
M. Ciaccia: II a les oreilles fermées.
M. Brochu: Ah oui, il a les oreilles fermées, mais il a
une demi-oreille attentive. C'est cette demi-oreille qu'il faut viser
d'ailleurs.
C'est pour cette raison qu'il faut travailler avec autant d'insistance
et autant de persistance du côté de l'Opposition pour justement
passer par le corridor très étroit de cette demi-oreille du
ministre.
M. Bérubé: Le député de Richmond
avait un silence éloquent, mais depuis qu'il a commencé à
parler, c'est moins intéressant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! À l'ordre!
M. Brochu: M. le Président, est-ce que vous pourriez
rappeler le ministre au sommeil? Ce n'est pas à l'ordre, mais au
sommeil. Il peut continuer de sommeiller pour qu'on puisse faire notre travail
en commission parlementaire.
M. le Président, j'aimerais relever certains propos qui ont
été tenus ce matin, à la suite de la présentation
de cette motion, soit par le député de Frontenac ou par tout
autre intervenant. En fait, ce qui est un peu anormal et qui nous place dans
une drôle de position, ce qui est un peu dangereux dans cet article
à deux principes qu'est l'article 4 actuellement, c'est que le
gouvernement associe deux choses. Il associe la question de la transformation
et en même temps celle de l'achat d'un gisement. Dans différents
propos qui ont été tenus ce matin, on nous tenait rigueur,
justement, d'avoir rejeté le premier principe et de souscrire au
deuxième principe, mais en demandant des explications. Le ministre a
même laissé entendre qu'étant donné que la
commission s'était prononcée en faveur de l'article 4a du
présent projet de loi, c'est-à-dire que le gouvernement pouvait
aller du côté de l'extraction, il ne comprenait pas très
bien comment il se fait que l'Opposition, maintenant, demande de suspendre
l'article 4b puisqu'il s'agit de procéder à la phase de la
transformation.
Je rappellerai simplement au ministre que, dans nos interventions, nous
maintenons la même logique depuis le début et j'espère ne
pas avoir à revenir constamment là-dessus. Nous avons dit oui
à la transformation, sûrement, mais non au moyen, et un non
catégorique, que le gouvernement prend actuellement. Le gouvernement
voudrait, parce qu'on dit oui à la transformation, qu'en même
temps, dans un même souffle, nous disions oui au moyen qu'il prend, soit
celui d'acquérir une des entreprises, alors que ce sont deux choses
passablement différentes.
Au cours des discussions que nous avons eues autour de cette table, nous
avons pu faire certaines propositions sur d'autres modes d'approche qu'il
aurait été possible de prendre par le gouvernement du
Québec pour atteindre cet objectif de transformation. Même,
à différentes occasions, j'ai eu la possibilité de dire au
ministre qu'il suffirait de procéder directement à la
transformation de produits de l'amiante en sol Québécois
plutôt que de passer par ce grand détour qu'est l'aventure du
projet de loi 70 et l'acquisition d'une mine d'amiante pour essayer d'atteindre
l'objectif de création d'emploi et de transformation de l'amiante en sol
québécois.
Le ministre a indiqué que la société je
rapporte ses parolesnous demande de discuter maintenant d'un cadre
juridique. Je rappellerai au ministre ce que la société, d'abord,
attend, c'est de pouvoir profiter davantage de ses richesses naturelles. Je
pense que c'est le premier constat qu'on doit faire. La société
en général veut profiter de ses richesses naturelles, comme elle
y a d'ailleurs droit.
La société vise également cet objectif d'une plus
grande transformation de l'amiante sur son territoire. Elle vise aussi
l'objectif d'une plus grande création d'emplois dans ce qui est
logiquement réalisable, actuellement, au niveau du dossier de
l'amiante.
Sur ce grand objectif, je pense que le consensus est facile à
établir, mais, lorsque du même souffle, le ministre ou les autres
opposants du côté gouvernemental veulent nous laisser croire
qu'à cause de cet accord sur ce principe d'une transformation plus
grande ou d'une création d'emplois dans ce domaine, la
société nous demande d'opérer ou de choisir le moyen que
le gouvernement a choisi politiquement, soit celui d'acquérir une
entreprise, on doit s'inscrire en faux, puisque c'est une autre partie du
raisonnement qui ne va pas du tout avec la première.
C'est sur ce terrain que certains de nos collègues ont
tenté de nous amener depuis le matin, en laissant croire que si nous
acceptons le principe de la transformation de l'amiante au Québec, nous
devons également accepter du même coup le moyen que le
gouvernement choisit pour atteindre ces fins.
Le gouvernement a le droit de choisir les moyens qu'il veut. Il a le
droit d'aller se sacrer à l'eau s'il le veut, c'est son droit le plus
sacré. Cependant, on doit avoir la possibilité et le droit de se
dissocier et de le souligner.
D'ailleurs, le ministre a fait état des propositions qui avaient
été faites par le chef de l'Union Nationale, le
député de Lotbinière, en indiquant qu'il y avait
peut-être d'autres modes d'approche, comme celui d'une taxation
supérieure des produits non finis qui sortent du territoire
québécois. Le ministre a apporté certains arguments qui
militent en faveur de ses positions. Cependant, le ministre n'a pas fait
état des nouvelles négociations qui pourraient s'établir
avec le gouvernement fédéral à ce sujet pour amener
certaines ouvertures et procéder à cette possibilité de
taxation des produits non finis sortis du Québec.
Dans le cadre d'un renouvellement de la constitution canadienne, il nous
apparaît possible d'obtenir des pouvoirs plus grands pour arriver aux
mêmes fins que celles que nous voulons atteindre actuellement, sans pour
cela passer par ce chemin, cette bifurcation qu'est le projet de loi 70,
lorsqu'il veut acquérir une entreprise pour faire la transformation de
l'amiante au Québec.
M. le Président, je pense qu'on doit établir clairement
nos positions à cette commission parlementaire. Il faut souligner qu'au
stade où on en est maintenant, on peut se poser plusieurs questions.
D'un côté, le gouvernement semble de plus en plus
empressé de passer ce projet de loi et de se donner le cadre juridique,
comme je l'ai déjà indiqué, peut-être pour
répondre davantage à son programme politique ou à certains
éléments de son groupement politique qui veulent avoir ce cadre
juridique, mais peut-être, par la suite, qu'en réalisant, comme
nous le faisons maintenant, l'envergure de cette aventure ou la nature de cette
aventure, qui demeure simplement une hypothèse non fondée, ne
fera tout simplement que laisser traîner son projet de loi, que le
laisser pourrir sur
les tablettes durant X années, et ne rien faire au stade
suivant.
Le député de Frontenac avait indiqué ce matin que,
parce que nous appuyons cette motion de suspendre l'étude de l'article
4b, nous ne voulions pas parler du fond de la question. Au contraire, si on
accepte de procéder immédiatement à la discussion de
l'article 4b, on sait très bien qu'on va être limités
à 20 minutes chacun et qu'on n'aura pas plus d'explications qu'on en a
eu dans le passé, ni plus de garanties, tant du côté de la
mise en marché, tant du côté du mode de financement, tant
du côté des coûts réels, qu'on en a eu depuis le
début.
On pose des questions depuis le début et on n'a pas eu de
réponses précises de ce côté-là. Le
gouvernement se retranche et c'est son droit derrière son
choix politique, du moyen qu'il veut prendre pour atteindre ses fins. À
ce stade-là, on peut s'inscrire en faux et on peut demander et je
pense que c'est non seulement notre droit, mais notre devoir de le
fairede suspendre cet article, pour que le ministre nous fournisse les
données que nous pouvons juger pertinent d'obtenir avant de nous
prononcer définitivement sur cette question.
Lorsque le député de Frontenac nous dit qu'on ne veut pas
en parler, je me demande qui ne veut pas en parler, vu que nous avons
maintenant la menace de la guillotine sur la tête en ce qui a trait
à cette commission parlementaire, comme l'a fait valoir le leader du
gouvernement en Chambre avant-hier. On peut se demander qui veut vraiment
mettre fin à la commission parlementaire.
C'étaient les remarques que je voulais faire, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Mercier.
M. Godin: M. le Président, ce que je trouve absolument
bizarre et illogique dans les propos du député de Richmond, c'est
qu'il dit que son parti est favorable au principe de la création de
cette société et, en reportant l'étude de l'article 4b
sous prétexte qu'il ne serait peut-être pas d'accord avec la
façon dont on procéderait, il se trouve, en fait, à nier
tout simplement le principe même, parce que, si on lit bien l'article 4b,
il dit: La société a pour objet toute activité de nature
industrielle, manufacturière ou commerciale reliée directement ou
indirectement à la transformation de la fibre d'amiante.
Si on est pour le principe que cette société existe, on ne
peut pas être contre le fait que cette société soit
active.
Or, les propos que vient de tenir le député de Richmond
indiquent qu'il n'est pas satisfait du libellé, semble-t-il, ou de
l'intention qui apparaît à l'article 4b. Je me demande exactement
quel est l'objectif qui est poursuivi, sinon je le regrette encore une
fois de faire perdre le temps à cette commission qui a
déjà été saisie d'une trentaine de motions de
toutes sortes, dont cinq ou six seulement étaient de nature à
éclairer le débat. (16 h 15)
Toutes les autres étaient destinées à faire tomber
la commission en panne, à mettre la commission sur des blocs, comme on
dit dans le monde de l'automobile, et à l'empêcher de progresser.
Dans cette perspective, je me demande quel est le lien qui relie cette motion
avec la déclaration qui vient d'être faite qu'il y ait un accord
sur le principe.
Par ailleurs, je retrouve quand même une certaine affinité
entre les déclarations du député de Richmond et un
document qu'on a tous reçu dernièrement de l'Association des
mines d'amiante qui, elle aussi, se pose quasiment en toutes lettres les
mêmes questions que se posent les deux partis de l'Opposition.
On peut se demander je vous pose la question si cela ne
vise pas tout simplement à empêcher que cette
société voie le jour, si cela ne vise pas tout simplement
à faire le jeu, autrement dit, directement ou indirectement,
consciemment ou inconsciemment, de l'Association des mines d'amiante qui,
précisément, dans un document qu'elle a distribué à
tous les députés de cette Chambre, se pose elle aussi des
questions sur la pertinence, sur la rentabilité, sur le
bien-fondé, sur tout aspect imaginable alors qu'au fond, ce qu'elle
vise, c'est tout simplement d'empêcher le gouvernement du Québec
et, par conséquent, le peuple du Québec, de mettre le pied dans
le secteur.
J'aurais aimé que le député de Richmond nous
explique s'il poursuit un autre objectif que celui-là; car, de toute
évidence, il ne peut s'agir que d'une alliance tactique peut-être
avec l'Association des mines d'amiante; je ne vois pas d'autres raisons, M. le
Président, pour expliquer l'attitude du député de
Richmond. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: J'aurais une question à
l'intention du député de Richmond, qui a pris huit minutes
supplémentaires pour exposer qu'il s'opposait essentiellement, non pas
à la transformation, mais surtout au fait que le gouvernement veuille
acquérir une société minière pour servir d'aide,
d'appui, de moyen supplémentaire pour favoriser cette transformation. Je
ramènerai le député de Richmond à ce rapport SORES
qu'il nous a cité tant et tant et que j'aime bien citer, puisque ce
rapport semble être la bible de l'Opposition. En général,
l'Opposition a tendance à ne pas le remettre en question. D'ailleurs, je
soulignerai, et j'avais beaucoup apprécié les remarques du
député d'Outremont, car il avait regardé ce rapport, il
avait regardé la présentation et il était
impressionné par la présentation. Je me souviens, comme
ingénieur-conseil, en effet, je savais que ce qui était important
dans un rapport technique, c'était la bonne présentation.
Très fréquemment, les gens non initiés se laissent
influencer par la très belle présentation et moins par le
contenu. Finalement, j'ai dû constater que le député
d'Outremont avait été très impressionné par la
beauté de la présentation et n'avait pas été du
tout critique vis-à-vis d'un cer-
tain nombre de chiffres qui, dans ce rapport, sont pour le moins
discutables.
Je me suis d'ailleurs amuséamusé est bien le
motà relever un certain nombre de caractéristiques de ce
rapport. En particulier, j'avais souligné, et là, je
ramènerais le député de Richmond, si son attention veut
bien revenir aux travaux de cette commission, attention dont il ne se
départit jamais, mais là, temporairement, pour une fraction de
seconde...
M. Godin: ... du comté de... M. Bérubé:
Ah pardon!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II
n'interrompt personne!
M. Ciaccia: II écoute avec ses oreilles, pas avez ses
yeux.
M. Forget: II essaie de saisir la substantique moelle des propos
du ministre. Il n'est impressionné ni par le contenu ni par le
contenant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé: Alors, continuez de sommeiller, parce
que, quand vous dormez, vos interventions sont beaucoup plus lumineuses. En
fait, je demanderais au député de Richmond, s'il voulait se
référer au rapport SORES, qu'il doit sans doute traîner,
phase 1, au sujet des plaques d'amiante. On compare le coût du transport
de la fibre de Montréal à Toronto, qui est de $19 la tonne
courte, contre le coût de transport du produit fini, qui est de $26 la
tonne courte, ce qui donnait, évidemment, un désavantage en
partant, uniquement pour le transport, de $7 la tonne courte. Il y a donc un
désavantage de $7 à produire un panneau d'amiante-ciment au
Québec, plutôt que de le produire à Toronto.
Je voudrais demander au député de Richmond, puisqu'il est
favorable à la transformation, qu'il m'explique quel moyen pourrait
prendre le gouvernement pour faire en sorte que l'industriel, qui viendrait
s'établir au Québec plutôt qu'à Toronto pour faire
la transformation, ne subisse pas un préjudice de $7 la tonne, chaque
fois qu'il produit une tonne d'amiante poli. En d'autres termes, comment le
gouvernement peut-il rétablir la situation? Je sais que le
député de Mont-Royal s'est lancé dans une théorie
absolument intéressante: un genre de société de mise en
marché qui achèterait au prix du marché pour vendre
à prix réduit. Évidemment, il n'a pas insisté sur
le fait que, pour chaque tonne vendue, il faudrait nécessairement
trouver de l'argent quelque part. Or, la société d'État
n'aurait...
M. Ciaccia: Les impôts que vous étiez pour
sauver...
M. Bérubé: M. le Président!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Ciaccia: Oui, mais ne détournez pas mes propos.
M. Bérubé: Le député de Mont-Royal se
plaint continuellement qu'il est interrompu. Je reconnais qu'il faut
éviter d'interrompre un député qui a la parole, mais je me
demande pourquoi, lui, continue tout le temps d'interrompre.
M. Ciaccia: Continuez votre "filibuster"!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Bérubé: Le député de Mont-Royal en
a donc tiré une hypothèse. Il a dit: Créons une
société de mise en marché qui achèterait à
$500 la tonne pour la revendre à $300 je fabrique des chiffres
fictifs...
M. Ciaccia: Vous fabriquez beaucoup de choses.
M. Bérubé: ... ce qui veut dire que pour chaque
tonne vendue la compagnie perdrait $200. Alors...
M. Ciaccia: La seule chose que vous ne fabriquez pas, c'est la
transformation.
M. Bérubé: ... voici donc une société
d'État que nous venons de constituer, qui va perdre, chaque fois qu'elle
va vendre une tonne de produit, $200. Évidemment, j'imagine que chaque
fin d'année elle devra se retourner vers le gouvernement en disant: J'ai
eu des pertes cette année...
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le Président.
Peut-être le député de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Question
de règlement sur quel règlement?
M. Ciaccia: Sur 96.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): 96,
c'est à la fin de l'intervention du ministre, à moins d'avoir son
consentement.
M. Lalonde: II n'a pas encore fini?
M. Bérubé: II n'y a pas de consentement.
M. Ciaccia: Alors, quand il aura fini, M. le Président, si
vous le permettez, l'article 96.
M. Bérubé: M. le Président, pourrait-on
suggérer à l'ensemble des membres de l'Opposition libérale
de faire comme le député de Saint-Laurent et de dormir?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: M. le Président, je ne dors pas. Le ministre
prend avantage...
M. Bérubé: II dort les yeux ouverts!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Forget: M. le Président, il n'y a pas de question de
privilège. Ce sont des propos qui sont...
M. Lalonde: Oui, 99...
M. Forget: Effectivement, on pourrait invoquer 99.
M. Ciaccia: Les paragraphes 8 et 9.
M. Lalonde: C'est l'infantilisme chronique du ministre. Ce n'est
pas la première fois qu'on en a un exemple.
M. Forget: J'écoute l'oreille rivée aux propos du
ministre depuis un bon nombre de minutes. Ce n'est évidemment pas
l'envie de dormir qui fait défaut, dans les circonstances, je l'avoue.
Mais je n'y ai pas cédé.
Une voix: L'article 99...
M. Bérubé: J'ai tenu des propos séditieux en
vertu de l'article 99.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! S'il vous plaît, à l'ordre! Sur la motion.
M. Bérubé: Donc, le député de
Mont-Royal nous a proposé la création d'une société
d'État, notre Société nationale de l'amiante sans doute,
qui aurait comme mission de perdre $200 la tonne de fibre qu'elle vendrait.
C'est là un objectif intéressant.
M. Grégoire: C'est un homme d'affaires.
M. Bérubé: Oui, c'est un excellent homme
d'affaires. Il nous a souligné à plusieurs reprises, d'ailleurs,
ses talents d'homme d'affaires qui étaient passablement
supérieurs aux nôtres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Ouellette: C'est un homme de fer, mais pas d'amiante.
Une voix: ... votre suggestion.
M. Bérubé: Donc, le député de
Mont-Royal y est allé de sa petite théorie fort
intéressante...
M. Ciaccia: Ils veulent économiser $100 000 000 en
faisant cela.
M. Bérubé: ... qui suppose qu'à la fin de
cha- que année, le gouvernement demande à cette
Société nationale de l'amiante combien elle a vendu de tonnes et
combien elle a perdu de dollars par tonne et qu'il fournisse à cette
société le montant compensatoire. Ce qui, dès le
lendemain, entraînerait une poursuite en cour, en vertu de l'article 92
de la constitution, qui ferait la preuve très rapidement que cette
subvention est une intervention gouvernementale directe visant à faire
entrave au commerce extérieur. Par conséquent, nous cesserions
assez rapidement ce jeu.
Donc, l'argument, la proposition du député de Mont-Royal
s'est effondrée très rapidement comme un fétu de paille.
Ce n'était pas certainement pas un fétu d'amiante parce qu'il est
brûlé très vite.
Mais le député de Richmond est beaucoup plus prudent. Il
ne fait pas de proposition. Il dit: Je suis favorable à la
transformation de l'amiante. Le député de Saint-Hyacinthe
l'écoute, évidemment, avec beaucoup d'admiration. Il a dit: Voici
un député de notre formation qui affirme avec conviction qu'il
est favorable à la transformation de l'amiante. J'ai remarqué
l'admiration dans son regard qui était, pour le moins,
étonnante.
M. Cordeau: ... le "vélodrame". M.Bérubé: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Hyacinthe, ce soir vous serez...
M. Bérubé: ... là où c'est un peu
moins intéressant, et je suis convaincu que mes collègues de la
députation ministérielle seront d'accord avec moi, c'est que le
député de Richmond n'y est pas allé de sa théorie
concernant la façon pour le gouvernement de corriger ce petit
déséquilibre de $7 la tonne qui fait la différence entre
le prix de fabrication au Québec et le prix de fabrication en Ontario.
À moins que le député de Richmond nous propose de
l'implanter à Richmond même et de proposer aux travailleurs de
Richmond des salaires légèrement inférieurs à ceux
de Toronto, de manière à pouvoir permettre à son
entreprise de prospérer. Voilà une excellente suggestion. Sans
doute que le député de Richmond pourrait aller l'expliquer
à ses électeurs, lors de la prochaine campagne électorale,
il va sans dire. Mais en attendant, étant donné qu'il n'a pas
particulièrement poussé cette suggestion je comprends
d'ailleurs assez bien pourquoi il n'insiste pas j'aimerais beaucoup que
le député de Richmond m'explique comment il va corriger ce
désavantage comparatif, puisque c'est à la base de son
argumentation. Il est favorable à la transformation. Il est prêt
à prendre tous les moyens nécessaires puisqu'il en coûte $7
plus cher pour transformer au Québec, j'aimerais donc que le
député de Richmond me dise comment il va compenser ces $7.
M. Brochu: Tout de suite?
M. Bérubé: Oui.
M. Brochu: Je pensais que vous continuiez.
M. Grégoire: II peut attendre à trois heures.
M. Bérubé: II peut prendre tout le temps qu'il
voudra, de toute façon, comme il le disait tantôt, la guillotine
s'en vient.
Une voix: Voyez-vous...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Brochu: On a un aveu même de la part du ministre.
M. Lalonde: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Brochu: C'est une menace devant nous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
question de règlement.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, je veux vous demander
une directive.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
directive?
M. Lalonde: Concernant le déroulement de nos travaux, je
pense que le ministre vient de nous faire une déclaration
ministérielle...
M. Bérubé: ... M. le député de
Richmond.
M. Lalonde: ... à l'effet que nos travaux seraient
terminés bientôt. Est-ce qu'il pourrait nous donner un
aperçu plus précis de ce déroulement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Grégoire: Est-ce que je peux parler là-dessus,
M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît. Une directive, tout d'abord, ce n'est pas demandé
à un ministre, ce n'est pas demandé à un
député, c'est demandé à la présidence. Je
constate que cette demande est adressée au ministre, donc je la refuse.
En ce qui concerne la présidence, elle n'est au courant de rien.
M. Lalonde: Cela je le savais.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
pour cela que vous avez adressé votre demande au ministre. D'ailleurs,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, je reconnais votre
subtilité habituelle, mais quand même...
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, il
n'est pas question de parler ici d'un sujet qui ne nous intéresse
guère.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, il
n'est pas question de parler ici d'un sujet qui ne nous intéresse
guère.
M. Grégoire: II ne peut pas être question de
guillotine non plus, parce qu'il faudrait qu'il y ait des plaintes...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît.
M. Lalonde: ... beaucoup. On a une guillotine,
peut-être...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour le
moment, ce n'est pas l'objet de nos travaux.
M. Grégoire: II faudrait qu'il y ait des têtes
à couper, M. le Président.
M. Lalonde: Ce n'est pas intéressant cela?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Cordeau: On peut toujours demander quelle journée elle
va tomber.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre. M. le député de Saint-Hyacinthe, soyez patient et,
à moins que le député de Richmond consente à
être remplacé immédiatement et cela prendrait le
consentement unanime des députés, vous devrez attendre à
20 heures ce soir pour avoir le droit de parole.
M. Bérubé: Alors, le député de
Richmond...
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre a terminé sur l'article
96?
M. Bérubé: Merci, M. le député...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre!
M. Grégoire: On va l'amiantoser, celui-là.
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre a terminé?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
constate que le ministre a posé une question à un
député. Le député n'est pas obligé de
répondre. Un député à qui il ne reste plus de temps
pour parler...
M. Bérubé: Parfait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Donc,
cela prend évidemment le consentement des membres de la commission pour
permettre au député de Richmond de répondre à cette
question du ministre, s'il le veut. D'autre part...
M. Lalonde: Ce n'est pas contre-ordre public, non?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): D'autre
part, j'avais reconnu le député de Mont-Royal. Si le ministre a
fini son intervention sur l'article 96, non pas afin d'expliquer la
rhétorique, mais afin de rectifier les faits... (16 h 30)
M. Ciaccia: Oui, de rectifier, M. le Président. Le
ministre a le don de ridiculiser, il n'a pas le don de répondre.
Rectifier... ce n'est pas une proposition que j'ai faite. C'est une
réponse que j'ai donnée à une des propositions que vous
avez faites. La proposition que vous avez faite, c'était d'acheter la
compagnie d'amiante et de subventionner en vendant la fibre au prix
coûtant. Alors je vous ai dit, plutôt que de ne pas recevoir les
impôts de $20 millions, plutôt que de ne pas avoir d'argent pour
payer les actions, il serait beaucoup plus facile de créer une
société d'État avec les $20 millions d'impôt,
d'acheter les fibres et de cette façon, vous évitez la
nécessité de dépenser $100 millions. Alors, c'est une
contre-proposition, M. le Président.
Aussi sur la question constitutionnelle, je vous ai dit que certainement
il y avait des problèmes constitutionnels, mais que si vous essayiez
d'être un peu plus innovateur et d'examiner à fond la question,
vous pourriez résoudre cette question parce que des problèmes
constitutionnels d'ordre beaucoup plus important ont été
résolus. Alors, je voulais rectifier, M. le Président...
M. Bérubé: La taxe de vente, par exemple.
M. Ciaccia: ... les propos du ministre. C'est une
contre-proposition, certainement ridicule, mais moins ridicule que la
proposition initiale du ministre qui nous obligerait à dépenser
$150 millions à $200 millions, et ne pas avoir l'argent pour le
payer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur
l'article 96, il ne faudrait pas se méprendre. C'est un article qui sert
à rectifier des faits et non pas à répéter ce qu'on
a déjà dit. J'en viens maintenant à la question qui a
été posée par le ministre au député de
Richmond. Très brièvement!
M. Brochu: Je présume qu'il a le consentement, M. le
Président?
M. Bérubé: Puis-je invoquer l'article 96 avant ou
après?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous voulez rectifier des faits?
M. Bérubé: Oui, le député de
Mont-Royal a affirmé quelque chose concernant une déclaration
antérieure qui n'est pas exacte.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Déclaration antérieure de vous ou de lui?
M. Bérubé: De moi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Bérubé: Le député de Mont-Royal a
prétendu que, dans mon exposé d'hier, j'avais proposé que
la compagnie Asbestos, une fois propriété du gouvernement,
sacrifie à la fois ses impôts et ses profits pour réduire
le prix de vente de sa fibre. Or, je n'ai jamais dit ça; je pense que
tous les membres de cette commission en ont été témoins.
J'ai simplement dit que, du fait qu'elle ne paie pas d'impôt, la
société Asbestos peut utiliser cette marge de manoeuvre
supplémentaire pour la transformer, non pas en augmentation des profits,
mais tout simplement en réduction de prix appropriée.
M. Ciaccia: Vous avez dit "vendre à prix
coûtant".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, il n'y a pas de débat en vertu de l'article 96. Est-ce
qu'il y a consentement unanime pour que le député de Richmond
réponde à la question?
Des voix: Oui.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, à une condition:
qu'il ait tout le temps de répondre, qu'il prenne tout le temps
nécessaire.
M. Brochu: Le ministre m'a indiqué que je pouvais prendre
tout le temps...
M. Grégoire: On est parti.
M. Bérubé: Allez-y, M. le député de
Richmond.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement. Ce consentement ne s'applique qu'au
député de Richmond.
M. Brochu: Merci. Je vais me conformer, comme d'habitude,
à votre directive, M. le Président, je vais être
très bref.
M. Lalonde: Ce n'est pas une bonne promesse.
M. Bérubé: Je suggérerais de conclure votre
conclusion.
M. Brochu: D'accord, je vais commencer par la conclusion, ce sera
beaucoup plus rapide. M. le Président, le ministre lance des chiffres
sur la possibilité d'un prix qui rende concurrentielle sa matière
première de $7 la tonne.
M. Bérubé: Page A-4 du rapport SORES, sur la
différence des coûts.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Brochu: Cependant, l'étude SORES n'a pas
été faite en fonction de ce que vous avez rencontré comme
obligation à partir de la création de la Société
nationale de l'amiante et de l'acquisition des gisements de l'Asbestos
Corporation, coût d'opération dont vous allez devoir tenir compte.
En fait, vous basez toute votre approche sur des hypothèses. C'est ce
pour quoi d'ailleurs la motion du député de Saint-Laurent avait
tellement d'importance à ce moment-ci. On apprécierait beaucoup
avoir des précisions. Dans le domaine de la transformation, on a dit oui
à ce qui était faisable. Par contre, pas à n'importe quel
prix, et pas de n'importe quelle façon, pour que ce ne soit pas
strictement une aventure et l'achat d'un emblème, mais que ce soit
basé sur des réalités économiques.
C'est dans ce sens qu'on a demandé beaucoup plus de
précisions. Quand le ministre me pose cette question, pour y
répondre il faut tenir compte de l'ensemble de la démarche que le
gouvernement a faite, avec tout ce que cela implique de capitaux. On ne
connaît même pas l'ampleur de l'acquisition de l'entreprise.
Je fais le résumé. On a dit qu'on devrait reconstruire
l'usine au complet, le lendemain de son acquisition. Cela aussi fait partie de
la réalité qui doit figurer dans les coûts de production,
même si vous parlez d'exportation. SORES, dans ses évaluations,
n'en a pas tenu compte. C'est la réalité.
Deuxièmement, vous avez parlé d'établir tout un
système de mise en marché.
M. Bérubé: Puis-je poser une question au
député de Richmond?
M. Lalonde: Laissez-le terminer. M. Brochu: J'aimerais
terminer... M. Bérubé: C'est pour vous aider à
répondre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas le consentement du député de Richmond.
M. Brochu: J'aimerais continuer ma pensée.
M. Bérubé: J'aurais voulu préciser ma
question pour être certain...
M. Brochu: Lorsque vous parlez de mise en marché, vous
devriez avoir vos propres points de vente et vos propres réseaux de
distribution. Cela implique une toute autre approche, cela implique des
déboursés supplémentaires. Il y a également des
implications financières là-dedans. Vous n'avez pas, de l'autre
côté de la clôture, à ce moment-ci, des garanties de
marché sur lesquelles on peut s'appuyer. Je comprends que la
société est en développement et tout cela, mais cela me
fait dire que, lorsqu'on parle d'un chiffre comme celui que le ministre nous
propose, $7 de différence, c'est loin d'être certain, parce que
c'est une somme de $7 calculée de façon bien relative.
Lorsqu'on évalue une différence possible à la tonne
dans le matériel, on ne l'évalue pas dans l'optique de la
création de la Société nationale de l'amiante, ni dans
l'acquisition de nouveaux marchés, ni dans la pénétration
de marchés déjà existants. Si on parle seulement de
pénétration de marchés déjà existants,
à aucun moment vous nous avez parlé des réactions
possibles de ce côté-là. Vous tenez facilement pour acquis,
au point de départ, que vous allez être capable, sans que personne
ne réagisse, de diminuer le prix de $7 la tonne et de faire concurrence,
sans qu'il n'y ait de réaction. N'oubliez pas que vous entrez sur le
marché international.
M. Lalonde: II y a des représailles possibles.
M. Brochu: II y a des représailles possibles. Ce sont des
échanges entre pays. Là où le bât blesse, où
il y a une grande difficulté pour le gouvernement actuellement, c'est
qu'on joue strictement au niveau d'hypothèses. On ne peut pas s'appuyer
là-dessus pour vous dire: D'accord, allez-y, il n'y a pas de
problème. On dit oui aux transformations, mais il faut regarder
sérieusement, faire une analyse critique basée sur des
données précises et des faits réels. C'est strictement
là que se situe notre analyse et notre approche de cette question. C'est
dans ce sens-là que je réponds au ministre. Au contraire,
j'accepte que le ministre me pose une question, mais je trouve cela curieux
qu'il nous pose une question, parce que nous autres, cela fait un bout de temps
qu'on en pose et on n'a pas de réponses précises. Ce serait
plutôt dans l'autre sens. Le ministre aurait même pu faire une
motion, à ce moment-là, pour demander à l'Opposition de
lui fournir des données sur lesquelles appuyer son projet de loi. Je
pense qu'on aurait souscrit à cette motion volontiers.
M. Bérubé: Elle aurait été
déclarée irrecevable.
M. Brochu: Sauf qu'à ce moment-là, dans la position
où nous sommes actuellement, c'est le ministre qui a la
responsabilité de mener à bien son projet de loi et de mener
à terme cette intervention politique du gouvernement dans le domaine de
l'amiante. C'est à lui, je pense, à fournir ces données et
à nous apporter un peu de matière sur laquelle on puisse se
pencher. C'est dans ce sens-là que je veux répondre à
votre question.
M. Bérubé: Je continuerai mon intervention. J'en
conclus donc, M. le Président, que le député de Richmond,
effectivement, ne sait pas, puisqu'il reconnaît, avec humilrté...
Je dois reconnaître quand même qu'il ne prétend pas avoir
des connaissances, contrairement au député de Mont-Royal qui
s'est vanté d'être très fort en affaires...
M. Ciaccia: Cela vous achale, n'est-ce pas? Vous voyez toutes les
failles de votre projet de loi.
M. Lalonde: Oui, cela leur fait mal.
M. Ciaccia: Cela fait mal.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Mais au paradis, on n'a pas besoin de cela. On n'a
qu'à être péquiste et on est correct.
M. Bérubé: Mais le député de Richmond
ne craint pas le fait de reconnaître qu'il n'a peut-être pas toutes
les informations à sa disposition présentement et qu'il n'ose pas
se compromettre quant à une proposition. Et d'ailleurs, fort de
l'expérience du député de Mont-Royal, qui a vu sa
dernière proposition s'effondrer lamentablement à la
première contre-attaque, évidemment, il prend garde de s'avancer
trop.
Mais je continuerai parce que le député de Richmond, en
fait, ne voulant pas admettre qu'il ne pouvait pas parler pendant au moins cinq
minutes sur la question, a voulu parler autour de la question que je lui avais
posée. Il a parlé d'Asbes-tos Corporation, il a parlé d'un
paquet de facteurs.
Or, ce n'est pas de cela que je voulais parler. J'ai mis
complètement de côté l'achat d'Asbestos. J'ai même
supposé que nous avions refusé l'alinéa a) de l'article 4,
que nous ne pouvions plus acheter Asbestos Corporation, que nous ne pouvions
plus faire de développement minier, mais, néanmoins, forts de
l'appui tangible de toute cette Opposition, nous allions, à
l'intérieur de la Société nationale de l'amiante, chercher
à faire de la transformation, seuls ou avec d'autres.
Je vous mets dans une situation hypothétique je sais que le
député de Richmond n'aime pas trop tabler sur des
hypothèses du problème que représente la
construction à Montréal, ou à Richmond, dans son
comté, évidemment, pour ne pas dire à Asbestos, mais je
devrais plutôt parler de Montréal, puisque, effectivement, SORES
part de Montréal comme point de lancement...
M. Forget: À Saint-Laurent, il y a de beaux
édifices.
M. Ciaccia: L'édifice de la Sun Life va être
vide.
M. Bérubé: Oui, c'est une ville très
dynamique et très intéressante. D'ailleurs, j'ai
déjà eu l'occasion de rencontrer quelques centaines de personnes
de son comté, avec lesquelles nous avons discuté du
problème de l'amiante; nous avons eu des questions intéressantes,
je dois le dire, des questions beaucoup plus intéressantes que celles
soulevées par leur député, ce qui nous a fait dire qu'ils
s'étaient trompés lors de l'élection. Ils ont tous reconnu
qu'effectivement, c'était une erreur qu'ils n'avaient pas l'intention de
répéter.
M. Forget: Mais ils l'ont répétée pourant,
deux fois.
M. Bérubé: Néanmoins, partons de cette base
de Montréal et revenons avec le coût de transport de la fibre qui
est de $19 la tonne courte, alors que le coût de transport des produits,
toujours à la tonne d'amiante, est de $26 la tonne courte. Il en
coûte donc $7 de plus.
Nous avons cette société, cette entreprise privée,
étatique ou autre qui décide de s'implanter à
Montréal pour approvisionner le marché de Toronto en plaques
d'amiante poli qui sait, dès l'abord, qu'il lui en coûtera $7 de
plus pour s'être implantée à Montréal plutôt
qu'à Toronto.
Là, le député de Richmond qui a un sens de la chose
de l'État, de la res publica, veut une politique gouvernementale qui
incite cette entreprise à s'établir à Montréal
plutôt qu'à Toronto, parce qu'il se dit, tout de même: C'est
une richesse, la richesse de mes concitoyens, de la région de l'amiante,
de ce beau et magnifique comté de Richmond et je voudrais donc que les
citoyens québécois profitent de cette richesse naturelle qui est
la leur, je veux donc amener cette entreprise à s'implanter à
Montréal.
J'aimerais que le député de Richmond m'explique comment il
va faire en sorte que cette compagnie corrige ce désavantage de $7 la
tonne qui l'afflige. Il a évidemment patiné autour et il n'a pas
répondu à ce point-là. Comment le gouvernement va-t-il
favoriser cette entreprise privée, qui n'a pas de gisement, qui n'a
rien, qui achète la fibre sur le marché québécois,
au prix québécois, c'est-à-dire le prix international,
pour qu'elle s'implante à Montréal?
M. Brochu: M. le Président, cette nouvelle question
appelle donc une nouvelle réponse.
M. Ciaccia: Consentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Consentement?
M. Ciaccia: Consentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Consentement au député de Richmond seulement.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sans
qu'on dialogue.
M. Brochu: II est sûr, M. le Président, au point de
départ que le gouvernement du Québec pourrait consentir certaines
mesures fiscales pour favoriser l'établissement de ces entreprises et
ouvrir la porte de ce côté-là. Il y a des
possibilités, ce sont des moyens...
M. Bérubé: De quelle nature, par exemple?
M. Brochu: ... mais, le point essentiel, c'est que dans l'optique
où vous présentez votre projet de loi, vous tenez pour acquis, au
point de départ, que vous allez soustraire $20 millions d'impôt
que l'entreprise n'aura pas à payer en achetant Asbestos Corporation.
Vous basez votre calcul dès
l'abord, là-dessus, sur ce gain que l'entreprise va faire
à ne plus devoir payer...
M. Bérubé: C'est la marge de manoeuvre que la
société récupère.
M. Brochu: Oui, cela vous donne une marge de manoeuvre beaucoup
plus grande, au point de départ. Par contre, il y a l'autre
côté de la question, parce que vous avez un investissement de $250
millions et, éventuellement davantage pour lequel vous aurez des
obligations à assumer. Mettez cela à 10% et vous aurez
déjà $25 millions, par année, à payer.
Vous parliez en termes d'avantages comparatifs. L'avantage comparatif
que vous dites avoir de ce côté, vous le perdez automatiquement de
l'autre côté. C'est mathématique, c'est la stricte
réalité. Je vais même aller plus loin. Je vais retourner ma
question au ministre, parce que je sais qu'il y a de nombreux produits de
l'amiante qui ont déjà été finis au Québec,
qu'on a discontinués, en particulier, à Asbestos. Cela aussi,
c'est une partie importante de la question. Comment se fait-il qu'une
entreprise qui est déjà existante, par exemple, qui est
déjà sur le marché, qui possède les installations,
qui possède le "know-how", qui possède les marchés ne
pourrait pas entrer, comme on dit communément, dans le corps de ses
concurrents dès maintenant et arriver à des chiffres aussi
avantageux que ceux auxquels vous dites être capables d'arriver,
même après avoir acquis une entreprise au coût de $250
millions avec tout le projet et peut-être davantage? C'est aussi une
question qu'on peut se poser. Je pense que c'est la question fondamentale.
Vous dites qu'elle sera plus rentable après avoir investi tous
ces montants et je ne vois vraiment pas comment.
M. Bérubé: J'aime beaucoup la question du
député, parce que cela va peut-être me permettre de
répéter, puisque bis repetita placent et qu'à la longue,
il va peut-être voir la lumière. Je le ramène à A-6
cette fois-ci.
M. Brochu: Vous avez besoin d'avoir davantage de watts.
M. Ciaccia: Pouvez-vous nous traduire bis repetita...
M. Brochu: J'espère que cela ne va pas à l'encontre
de la loi 101, toujours.
M. Lalonde: ... bis repetita placent. M. Ciaccia: Pour moi
il s'est trompé.
M. Bérubé: Dans le cas de la ville de New York,
à titre d'exemple...
Une voix: Est-ce du grec?
M. Ciaccia: Est-ce une langue autre que le français?
M. Bérubé: Ce n'est pas de l'italien.
M. Lalonde: Est-ce que c'est une langue autre que le
français?
M. Bérubé: Autre que la langue officielle. (16 h
45)
M. Bérubé: M. le Président, puisqu'on doit
toujours s'adresser au président, je vous saurais gré de vouloir
noter certains chiffres et de les soumettre à l'attention du
député de Richmond.
M. Brochu: Je les ai.
M. Bérubé: Vous les avez? Est-ce que cela vous
ennuierait de les lire, une fois dans votre vie?
M. Brochu: Non, pas du tout. Je vais vous ramener à
d'autres réalités à cet égard.
M. Bérubé: Je vais donc expliciter ma
pensée.
M. Brochu: Je vais vous dire que le maximum d'emplois que vous
pouvez créer, c'est 400. Cela va vous coûter $300 millions ou $400
millions pour y arriver. Je veux vous le dire aussi, $1 million par emploi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ainsi,
M. le Président...
M. Brochu: On peut y aller dans ce sens aussi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! Je constate qu'il y a un dialogue, mais j'aimerais fort bien que ce
dialogue s'apparente aux raisons pour lesquelles l'étude de l'article
devrait être suspendue.
M. Ciaccia: Comment? Ils n'ont pas encore suspendu cet
article?
M. Lalonde: Qu'est-ce que vous attendez? Cela fait deux ans de
cela...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! Je constate qu'on est sur le fond. On a une motion bien précise
devant nous. On s'en éloigne étrangement.
M. Bérubé: C'est pour illustrer les raisons pour
lesquelles, en fait, il n'y a pas de justification. J'essaie tant bien que mal
d'amener le député de Richmond à se compromettre
vis-à-vis de certaines solutions, ce qui me permettrait de lui faire
voir que sa solution est sans doute tout à fait inapplicable. Il s'est
interrogé tantôt à savoir pourquoi une
société comme Johns-Manville, transformant des produits au
Québec, a pu, à un moment donné, décider de
déménager sa transformation aux États-Unis. C'est
très simple. Je prends, par exemple, les produits tissés
d'amiante. Il en coûtait, aux dires de SORES, $12 de plus à la
société Johns-Manville pour fabriquer des tissés d'amiante
à Montréal plutôt qu'à New York, non pas parce que
la main-d'oeuvre est plus chère,
mais parce que le coût de transport est plus élevé.
Dans le cas des tissés d'amiante, il n'existait pas de tarif
d'importation, et par conséquent, étant exempté, le
désavantage n'était que de $12 la tonne. Chaque fois que la
société Johns-Manville choisit de fabriquer ce tissé
d'amiante à Asbestos, au lieu de le produire à New York, elle
perd $12 la tonne.
M. Brochu: Quant à vous, vous ne perdrez pas si vous
faites le même tissé.
M. Ciaccia: Cela va coûter moins cher si on le
transforme...
M. Brochu: Si vous le faites ici, vous ne les perdrez pas, ces
$12...
M. Bérubé: Non.
M. Brochu: ... avec le même monde, avec la même
entreprise, avec les mêmes marchés, vous ne les perdrez pas.
M. Bérubé: Absolument.
M. Brochu: Je ne sais pas comment vous calculez votre
affaire.
M. Bérubé: Je continue. Donc, $12 de
désavantage. Maintenant, je reviens, je vais sortir mes papiers, cela
devrait être quelque part; voilà.
Pour la société qui est en concurrence avec d'autres, elle
n'a aucun avantage à payer $12 de plus pour fabriquer un tissé
d'amiante, alors que, par exemple, ASARCO achetant sa fibre de Lake Asbestos,
elle, pourrait s'amuser à faire des tissés d'amiante à New
York et concurrencer Johns-Manville. Donc, si Johns-Manville veut continuer
à concurrencer ses adversaires dans ce domaine de l'amiante, elle doit
donc nécessairement aller se situer à l'endroit le plus
favorable.
Or, que se passe-t-il pour autant que le gouvernement... parce que
là, nous parlons d'une politique. Je pense que c'est un peu le drame du
député d'Outremont. J'espère que ce disciple d'Adam Smith
n'a pas fait école à l'intérieur de l'Union Nationale,
parce que le problème du député d'Outremont, c'est qu'il
ne comprend pas ce qu'est une politique gouvernementale. Il comprend les
notions de libre échange. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion, à un
moment donné, de suivre une très intéressante
émission de télévision, durant laquelle il était
interviewé, justement sur ces questions de tarif, de politique
gouvernementale, d'intervention gouvernementale. Il était
interviewé à côté de l'économiste Pierre
Harvey. Il était assez intéressant de constater que les deux sont
arrivés exactement à la même conclusion. Le
député d'Outremont a dit: Le gouvernement fédéral
devrait se mêler de ses affaires et ne jamais intervenir en
économique. M. Harvey concluait, au contraire, que chaque fois que le
gouvernement fédéral intervenait dans l'économie, avec de
grandes politiques, c'est le Québec qui payait pour. Finalement, on
s'aperçoit que c'est un peu la même conclusion. Ils se
retrouvaient. Le député d'Outremont, lui, étant un
partisan du libre échange, ne veut pas voir l'intervention
gouvernementale. Ici, nous discutons justement d'une intervention
gouvernementale. Nous discutons d'une politique de l'amiante. Si nous discutons
d'une politique de l'amiante, nous allons sortir des simples règles de
l'entreprise privée face à une situation de concurrence.
Je vais développer légèrement. Je pars de
l'hypothèse suivante: Présentement, à la suite de la
discussion que nous venons d'avoir, nous reconnaissons tous qu'il n'y a pas
d'avantage économique particulier, sauf présentement avec la
valeur du dollar canadien, à faire de la transformation de l'amiante au
Québec. Compte tenu des coûts de transport que je viens
d'illustrer à l'aide de quelques exemples tirés de SORES
certains de ces chiffres sont valables, nous le reconnaissons, d'autres sont
plus discutables, mais, néanmoins, on peut reconnaître que dans
l'ensemble il y a une bonne analyse nous avons pris les enveloppes de
tuyau, de fil ou de tissu et nous avons constaté que, pour tous ces
produits, le coût du transport, auquel il faut ajouter les droits de
douane, implique un coût de transformation au Québec plus
élevé qu'à Toronto, New York, Paris, Tokyo ou Le Caire. Je
pars de là. Si nous sommes d'accord, c'est le point de départ de
notre argumentation.
Maintenant, nous nous interrogeons. Un gouvernement a deux solutions: la
première est de laisser faire, soit la position du Parti libéral,
alors que nous avons pris l'attitude, nous, du laisser faire, et nous les
écoutons!... Il y a donc cette première position qui est de
laisser faire; la deuxième position pour le gouvernement est
d'intervenir pour faire en sorte que les Québécois profitent de
leurs richesses. Il doit donc, cette fois-ci, modifier les règles du jeu
et avoir une politique qui ne soit pas une politique du libre échange,
de libéralisme économique absolu. Il doit avoir une politique qui
amène la transformation.
Ce que j'ai suggéré, c'est ceci: Notre
Société nationale de l'amiante, n'ayant pas d'impôt
à payer, se retrouve avec une marge de profit de beaucoup
supérieure. En effet, le rapport de la société Asbestos,
pour 1976, nous montre que ses profits ont été d'environ $40
millions. Elle a payé une vingtaine de millions en impôt et elle a
fait des profits de $20 millions après impôt. Ces profits de $20
millions après impôt, évidemment, servent à payer
les actionnaires, c'est-à-dire serviraient à payer le
gouvernement pour son investissement, lequel gouvernement à ce moment
rembourserait l'emprunt qu'il aurait pu faire pour l'achat de la
société. Donc, les profits de la compagnie restent et servent
à payer l'achat de la compagnie, ce qui est tout à fait
normal.
La deuxième partie, ce sont les impôts de cette
société, qu'elle ne paie plus et qui peuvent évidemment
représenter une augmentation de profit pour l'entreprise qui,
désormais, aurait fait $40 millions de profit au lieu de $20 millions.
Elle aurait pu prendre les $40 millions et faire un peu n'importe quoi.
Ce que nous disons à cette société avec ses $40
millions, c'est: Vous avez une directive concernant l'obligation que vous avez
à rechercher la transformation au Québec. En d'autres termes,
l'État dit: Sacrifions les $20 millions d'impôt et
réduisons les prix. Je me suis amusé avec vous à calculer
de combien les prix seraient réduits. J'ai d'ailleurs fait une
erreur...
M. Lalonde: Ce n'est pas la première.
M. Bérubé: J'ai dit que les prix seraient
réduits de 47%, alors qu'en fait, ce n'est pas exact, les prix auraient
été réduits de 53%. Le prix de vente de la fibre aurait
donc été encore plus bas que ce que j'avais prévu. Je
pense que l'exemple est vraiment probant, puisque j'ai réussi à
démontrer que c'est à peu près tous les
marchés...
M. Lalonde: Ce n'est pas votre pire erreur!
M. Bérubé: Non, ce n'est pas ma pire erreur; par
conséquent je la laisserai passer. Je la souligne simplement à
l'intention du journal des Débats.
Or, lorsque j'ai de l'amiante vendu à plus bas prix et que mes
produits d'amiante... et j'ai pris la peine de souligner un certain nombre de
produits. Par exemple, le coût de fabrication de l'amiante-ciment serait
de 18% inférieur au coût moyen américain calculé par
SORES. Par conséquent, nous pourrions vendre à peu près
partout aux États-Unis des plaques d'amiante poli sans aucun
problème. J'ai même souligné que dans le cas vous
vous en rappellerez sans doute de Toronto où,
présentement, nous ne pouvons pas vendre d'amiante-ciment,
désormais, nous aurions un avantage de $16.50 la tonne à vendre
de l'amiante-ciment. Cela veut donc dire que tout compétiteur qui
voudrait nous faire une guerre des prix le regretterait vivement. Il se
rendrait très vite compte que nous avons une marge de
sécurité beaucoup plus grande que la sienne. Et que par
conséquent, nous pouvons l'attendre.
Donc, partant de cela, on se rend compte que, et pour l'amiante ciment,
et pour l'endos à linoléum et pour le textile, nous avons
maintenant un avantage comparatif très net au niveau des coûts de
fabrication. Mais là, j'ai vu tout de suite le député de
Saint-Laurent rugir parce qu'il se dit: oui, mais vous avez subventionné
cette entreprise par une baisse d'impôt. Ce qui est parfaitement exact,
c'est l'équivalent d'une subvention. Mais est-ce tellement une
subvention parce que maintenant, j'ai quand même... puisque... si j'ai
dû accepter de sacrifier mes impôts, c'est que je vends cette fibre
à des entreprises québécoises. Donc, les entreprises
québécoises existent là où elles n'existaient pas
précédemment, et si je prends ces entreprises... J'ai
supposé que l'on transformerait 54 000 tonnes courtes d'amiante en
plaques poli, 40 000 tonnes courtes en endos à linoléum et 6000
tonnes courtes en textile.
Donc, j'ai supposé une répartition entre trois types
d'industrie qui sont les trois types d'industries de SORES. Je n'ai pas
parlé de nouveaux produits, puisque je reste toujours à
l'intérieur du contexte que l'Opposition aime bien, c'est-à-dire
celui du rapport SORES. Qu'est-ce que je constate?
Je constate que pour les plaques polies, l'impôt
récupéré pour cette nouvelle activité
économique uniquement est de $13 900 000; pour l'endos à
linoléum, $2 millions; pour le textile: $1 700 000.
En d'autres termes, parce que le gouvernement a sacrifié ses $20
millions de profits d'impôt et qu'il a baissé les prix et que,
grâce à cela, il a permis l'implantation d'usines qui, autrement,
ne se seraient pas implantées au Québec, je constate que ces
industries qui existent maintenant au Québec rapportent à la
collectivité québécoise, en impôt direct je
n'ai pas parlé des effets induits parce qu'on sait que pour chaque
emploi industriel, il y en a deux autres qui sont crées par
l'économie, évidemment, avec des retours à l'État
aussi$17 600 000. En d'autres termes, j'arrive à la conclusion que
ce que j'ai sacrifié d'impôt sur les profits d'Asbestos
Corporation, je l'ai récupéré en impôt sur
l'industrie de transformation. En même temps, j'ai éliminé
mon chômage, en partie. Donc, je n'ai plus de prestations
d'assurance-chômage ou de bénéfices de l'aide sociale
à verser. J'ai les impôts que je perçois sur les effets
indirects de ma politique et on se rend compte que les revenus à
l'État sont probablement trois fois ou quatre fois supérieurs
à ce que je viens d'indiquer.
Donc, par suite de l'intervention du gouvernement qui vient de sacrifier
ses $20 millions d'impôt, j'ai réussi à
générer peut-être pour le gouvernement des revenus
additionnels de $50 millions. C'est cela l'effet d'une politique. J'ai
modifié les règles du jeu et en modifiant les règles du
jeu, j'ai permis un développement économique qui n'était
pas possible.
Or, une telle pratique est courante. Elle est courante parce que tous
les gouvernements procèdent à des stratégies de ce type.
Le gouvernement américain, par exemple, dans l'industrie du papier,
n'impose à ces sociétés qu'un tarif d'environ 32% alors
que nos sociétés paient entre 42% et 48%. C'est un choix que la
société québécoise a fait, d'imposer davantage ces
compagnies qui exploitent ses forêts. Cela a comme inconvénient
inévitable que notre industrie des pâtes et papiers est
certainement moins profitable que l'industrie concurrente américaine. Et
il y a un choix politique à établir entre augmenter les
impôts et, évidemment, diminuer la compétitivité de
notre industrie, ou réduire les impôts et accélérer
le développement industriel, le développement
économique.
Donc, il y a toujours ce jeu. Tout gouvernement est libre de choisir de
sacrifier des impôts s'il veut promouvoir certains objectifs sociaux. Par
exemple, nous avons des allocations de recherche. Le gouvernement canadien,
tout récemment, dans son budget, vient d'introduire une mesure qui
augmente substantiellement les allocations de recherche que les compagnies
peuvent déduire de leur revenu.
II est à noter qu'étant donné que 80% et un peu
plus de la recherche se fait en Ontario, c'est la province d'Ontario qui
bénéficiera de cet avantage, ce qui a d'ailleurs permis au
journaliste du Devoir, M. Nadeau, de souligner que le budget de M.
Chrétien était un budget qui favorisait la centralisation des
pouvoirs économiques aux mains de l'Ontario, mais c'est une
décision politique. Le gouvernement fédéral peut sacrifier
de ses impôts pour accélérer le développement
économique et technologique de l'Ontario. Il lui est tout à fait
loisible de faire cela. C'est une politique fiscale normale. (17 heures)
Ce que nous disons c'est que si nous avons une politique de l'amiante,
nous pourrions adopter le même type de stratégie comme nous avons
fait dans la loi 48 lorsque nous avons permis ceci a fait plaisir au
député de Lotbinière qui a toujours l'impression que la
petite et moyenne entreprise est le coeur, est vraiment la base du
développement économique du Québec, et je pense que cela
peut se justifier, et qui a appuyé cette propositionlorsque nous
avons permis à la petite et moyenne entreprise de payer la moitié
moins d'impôt au gouvernement du Québec que la grande entreprise
qui ne bénéficie pas des avantages de la loi 48.
À nouveau, c'est une décision politique, oette fois-ci non
seulement du gouvernement, puisque l'Union Nationale a voté en faveur de
cette loi. On a donc décidé de réduire les impôts
dans un secteur particulier, parce qu'on veut provoquer un développement
de la petite et moyenne entreprise. De la même façon, le
gouvernement du Québec choisit de se priver de certaines sources
d'impôt pour favoriser le développement d'une industrie. Mais ce
qui est important de souligner, c'est que nous sommes amenés à le
faire à l'intérieur d'une entreprise en pratiquant des prix de
transferts et non par le biais de mesures fiscales ou de mesures
législatives qui elles, seraient automatiquement taxées
d'anticonstitutionnalité en vertu de l'article 92. C'est là le
point fondamental de cette politique qui a dû s'insérer à
l'intérieur d'un contexte constitutionnel.
Mais l'objectif est, et je le reconnais, certainement de favoriser, par
une intervention gouvernementale, la transformation de l'amiante au
Québec. Si nous voulons, par exemple, profiter de l'expertise d'une
entreprise comme Eter-nitpuisque l'Opposition a cité un certain
nombre de fois Eternit, et cela m'est arrivé aussi puisqu'il s'agit d'un
géant, on aurait pu citer Jim Walter ou combien d'autres, ils sont quand
même peu nombreux on aurait donc pu, si on voulait amener ces
entreprises au Québec, leur proposer des approvisionnements à
coûts moindres.
Là, nous avons un instrument qui, à côté de
celui de la garantie d'approvisionnement en fibre, nous permet de convaincre
ces entreprises de venir s'établir au Québec parce qu'elles vont
y voir un avantage économique alors que, justement le
député de Richmond, qui n'a pas voulu répondre à la
question que je lui posais, parce qu'il se sent en terrain glissantet je
suis absolument d'accord avec lui là-dessus, il est en terrain
éminemment glissantn'a pas voulu répondre à la
question précise que je lui ai posée, c'est-à-dire que
s'il en coûte $7, $8, $10 ou $15 plus cher, par suite de tarifs ou de
coûts de transport, à une entreprise pour fabriquer des produits
au Québec, qu'est-ce qui va motiver cette entreprise à venir
s'établir au Québec? C'est la question fondamentale.
Le député de Richmond ne répond pas. Il est en
faveur de la transformation de l'amiante au Québec, mais il est
opposé à ce que l'État prenne les moyens pour que cela se
produise et de plus, nous savons que depuis 100 ans l'industrie ne l'a pas
fait. Par conséquent, je dois conclure que le député de
Richmond est opposé à la transformation de l'amiante au
Québec.
M. Brochu: M. le Président, en vertu de l'article 96, vous
me permettrez simplement de rectifier les faits dans la conclusion que le
ministre vient de donner. J'ai clairement indiqué, je pense, à
plusieurs reprises, que nous étions pour la transformation, mais non pas
pour le moyen. Ce n'est pas le seul...
M. Bérubé: Qui veut la fin, veut les moyens.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Brochu: ... Qui veut la fin de la transformation de l'amiante
au Québec, ne veut pas nécessairement le moyen que choisit le
Parti québécois pour y arriver. C'est complètement
différent.
M. Bérubé: Mais proposez-en.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! Il n'y a pas de débat. Est-ce que la motion du
député de Saint-Laurent sera adoptée?
M. Grégoire: Non. Appel des noms.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bérubé (Matane).
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bordeleau (Abitibi-Est)?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire (Frontenac)?
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. Godin
(Mercier)? M. Ouellette (Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Rancourt (Saint-François)? M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: En faveur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion est rejetée: quatre voix contre trois. Est-ce que le paragraphe
b) de l'article 4 sera adopté?
M. Grégoire: Adopté.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Sur le fond du paragraphe b), je crois que le
débat auquel on vient d'assister est une très bonne
démonstration de ce pour quoi, tout en étant favorable à
un principe, on puisse émettre les plus graves objections relativement
à la possibilité de voir quoi que ce soit de concret
déboucher d'une telle initiative.
On remarquera, dans les propos du ministre, un genre de raisonnement
hypothétique, très théorique, très abstrait,
où on raisonne en termes d'une espèce de modèle
idéal, d'une entreprise non déterminée. D'ailleurs, le
ministre prend toujours soin de dire que ce sont des exemples, ce sont des
hypothèses, ce sont des suppositions.
Nous n'avons effectivement entendu le ministre nous donner aucun
détail concret, aucun projet concret. C'est la raison pour laquelle nous
avions présenté cette motion; c'était pour donner une
chance au ministre de nous fournir des indications concrètes sur les
intentions gouvernementales. Ce à quoi on a eu droit, c'est un mauvais
cours de la part du ministre qui s'est improvisé professeur de je ne
sais pas quoi, de théorie, de placeten utilisant même des
expressions latines sur l'implantation des entreprises. Ce n'est pas
très convaincant. Parce qu'évidemment, comme dit l'expression
anglaise, "The proof of the pudding is in the eating". Comme on a cité
le latin, je vais utiliser, moi aussi, une langue autre que le
français.
Tout ça, c'est très joli, cette rationalisation, ces
raisonnements qui...
M. Lalonde: Tout le monde comprend au moins.
M. Ciaccia: Le député de l'Union Nationale est
parti, tout le monde comprend, au moins.
M. Bérubé: La langue du maître!
M. Forget: Tout le monde comptend ça, je pense bien, oui.
C'est très joli, tout ce genre de raisonnement, mais il reste qu'on
verra bien si ça va marcher. Même si le ministre a pris
l'équivalent de quatre heures de séance de nos travaux en
commission parlementaire pour nous répéter sa théorie sur
la rentabilisation magique d'une entreprise non rentable par la voie d'une
intégration verticale de sociétés d'État, c'est une
jolie expression très longue, incompréhensible d'ailleurs pour
tous ceux qui n'ont pas assisté à nos travaux.
De toute façon, on pourra toujours dire: Qu'est-ce que ça
donne, en pratique, et on verra bien. On est un peu dans la situation des
passagers d'un avion dans un brouillard épais. Normalement, on vole aux
instruments, dans ces cas-là, quand on sait d'autant plus que le pilote
lui-même ne voit rien.
M. Bérubé: Surtout quand on a le cerveau fumeux,
comme c'est le cas de l'Opposition.
M. Forget: On a l'impression qu'effectivement, le pilote, qui est
le ministre dans ce cas-ci, ne voit pas plus que nous dehors. Il a beau
s'écarquiller les yeux à travers le hublot, il n'y a que de la
brume. Mais il a une théorie à lui il n'a pas
d'instruments de vol mais il a une théorie à lui selon
laquelle l'aéroport doit se trouver dans telle direction. Il nous dirige
là, M. le Président. Il nous dirige là, advienne que
pourra; on serre nos ceintures, on attend et on peut dire: S'il réussit
à se poser sur la piste, tant mieux, on va l'applaudir.
Mais les indications sont, et les probabilités mêmes, de ce
genre de vol à l'aveuglette...
M. Bérubé: On s'attache.
M. Forget: ... sont qu'on va s'écraser à peu
près n'importe où, sauf sur l'aéroport, sauf sur la piste;
on va se poser à peu près n'importe où. Je n'ai aucun
sentiment de sécurité d'entendre ce genre de raisonnement,
très théorique; au neuvième ciel, on dit: Voyez comment on
va rendre notre fille muette, selon l'expression de Molière;
voilà pourquoi votre fille est muette, c'est parce qu'elle n'a pas la
vertu auditive ou quelque chose du genre. Cela n'a aucune espèce
d'importance.
Est-ce que, en fait, on a des projets, du travail sur la planche qui va
faire déboucher ça avant 1990? On n'est pas très exigeant.
Mais ça semble tellement hypothétique, tellement remis à
plus tard que, même si on va finalement adopter cet article b)... Parce
que, nous aussi, on aime les voeux pieux; qu'est-ce que vous voulez, on peut
difficilement être contre la vertu. Mais on se trouverait bien coupable
de dire: Oui on est pour la vertu, avec le ministre, avec les membres de la
majorité ministérielle; on trouve ça très beau, la
transformation de l'amiante, cependant, on ne sent pas la moindre idée
sur terre de ce que ça va donner dans un avenir prévisible.
Personne ne s'est donné la peine de faire ce travail, on en est
encore à la rationalisation, au verbalisme, à des théories
et on espère que l'aéroport se trouve quelque part en dessous et
qu'on va bientôt toucher la piste.
M. Bérubé: Une piste en amiante-asphalte.
M. Forget: Je suis sûr que la piste va être
asphaltée, oui. Pourvu qu'on la trouve, encore une fois.
M. le Président, ce qui me frappe dans tout ce raisonnement sur
les projets, c'est une espèce de manie qui semble orienter, dans le
fond, l'ensemble du raisonnement gouvernemental je ne sais pas si on peut
appeler ça de l'"indépendantite " c'est une manie
d'essayer de faire un modèle de développement de l'industrie de
transformation de l'amiante sans tenir compte des possibilités de
coopération avec les ressources et les entreprises existantes, soit au
Québec, soit à l'étranger, ou d'autres instances capables
de nous aider.
Je peux donner quelques exemples de ce que j'ai à l'esprit. Par
exemple, lorsque l'on pense aux producteurs d'amiante existant
déjà au Québecon a déjà eu l'occasion
d'en parleril est clair qu'il y a cinq ou six ans, ils étaient
absolument fermés à toute possibilité de collaboration.
Mais je suis persuadé, ils nous l'ont dit. On peut douter de leur
parole, évidemmentle ministre, dans cette espèce de
paranoïa, voit toutes sortes de complots dirigés contre
l'intérêt des Québécois, peut douter de cette
possibilitémais je suis persuadé que, s'il y avait une
initiative gouvernementale positive, face non pas à des producteurs
indépendants, à des producteurs isolés d'amiante, mais
face à l'industrie québécoise qui extrait la fibre
d'amiante, qu'il y aurait des possibilités de constituer un consortium
de transformation et d'exportation de produits finis à base d'amiante au
Québec.
L'approche choisie par le gouvernement, les ententes de
développement, en isolant les producteurs les uns des autres,
introduisent un élément de très grande incertitude de la
part de chacun d'entre eux qui se demande ce que son voisin est en train de
concocter avec le gouvernement et donc retient son initiative et sa
participation parce qu'il n'y a pas de place sur les marchés
internationaux, étant donné le faible accroissement,
malgré tout, de l'ordre de 3% ou 4%. Il n'y a pas de place sur les
marchés internationaux pour les entreprises de transformation qui
épuiseraient les économies d'échelles, qui permettraient
justement de surmonter certains des handicaps qui ont été
soulignés par le rapport SORES.
Mais si on produisait à une échelle suffisante des
produits qui s'adresseraient à un marché international, à
l'aide d'un consortium d'entreprise où il y aurait une participation
importante des producteurs de fibre au Québec, il y aurait là une
voie qui n'a pas été explorée. Elle ne l'a pas
été, encore une fois, parce qu'on regarde l'image d'une industrie
extractive qui, il est vrai jusqu'à un certain temps, n'était pas
ouverte à cette possibilité. Il faut se souvenir que
l'initiative, dans cette direction, ne peut pas venir de l'industrie. Ils sont
légalement empêchés de prendre une initiative de ce
genre-là. C'est, même pour des individus à
l'intérieur de l'entrepise, un risque très grand d'amendes
considérables, s'ils sont pris en flagrant délit à prendre
l'initiative d'une telle proposition.
Cependant, privément, on peut se rendre compte qu'ils ne seraient
pas fermés à une telle initiative gouvernementale. C'est un des
volets d'une approche coopérative avec les ressources existantes qui
m'apparaîtrait être beaucoup plus fructueuse qu'une approche
isolée, et la tentative de tout faire soi-même, à partir de
zéro, d'acquérir tout l'ensemble des ressources, à partir
de zéro, pour réussir à faire quelque chose. À
partir d'une espèce de philosophie de tabula rasa, on ne fait rien, on
part de zéro; c'est comme s'il n'y avait pas d'industrie d'amiante,
c'est comme s'il n'y avait pas d'expertise dans le domaine, c'est comme s'il
n'y avait aucune possibilité de collaboration.
Un autre domaine où il y a des nécessités de
collaboration, c'est la mise en marché et la pénétration
des marchés étrangers. C'est surtout là-dessus que je me
serais attendu à des précisions de la part du ministre, non pas
à des théories sur le troisième degré de
complication de l'utilisation des fonds dans une société
d'État, avec toutes sortes d'incertitudes, à savoir si ce sera
possible ou pas, mais des indications que des démarches ont
été entreprises avec des gens qui sont sur le marché
européen, sur le marché sud-américain, sur le
marché japonais, de manière à pénétrer ces
marchés.
On parle des panneaux d'amiante-ciment. Dans l'étude
SORÉS, dans ce chapitre, on dit: C'est très joli de mettre en
marché les panneaux d'amiante-ciment. Mais cela ne se fait pas tout
seul. Il faut de la moulure pour la fixation, il faut des vis de fixation, il
faut un tas de choses, il faut des dépliants, il faut des instructions
aux installateurs, etc. Peut-être même faut-il vendre l'outillage
spécialisé pour adapter aux matériaux. Cela se trouve dans
bien des cas de matériaux de construction.
Ce sont les constatations que font les gens qui se sont penchés
sur le problème de mise en marché. Il ne serait pas
approprié et il ne serait pas réaliste d'entreprendre, à
partir du Québec, une mise en marché de tous ces produits pour le
Japon ou pour le Texas. Il va falloir s'entendre avec les gens qui sont sur ces
marchés. On n'a entendu, de la part du ministre, aucun exposé
concret de démarche, de négociation, qui pourrait s'imaginer,
pour aborder le problème selon l'angle des marchés plutôt
que selon l'angle physique de la matière première.
Ce serait beaucoup plus rassurant de l'entendre discourir sur cet aspect
aussi longtemps qu'il l'a fait sur la prétendue insuffisance de la fibre
d'amiante et les garanties d'approvisionnement. C'est un autre domaine
où des collaborations seront nécessaires. On ne peut pas le
manger, notre amiante. On en produit à peu près 25 fois trop pour
les besoins qu'on en a nous-mêmes. Tout le monde sait très bien
que, si on doit avoir des produits finis d'amiante, il faudra, comme on fait
pour la fibre, largement les exporter. (17 h 15)
Autrement, on n'a même pas d'industrie viable à envisager
pour le Québec. Il faut donc pénétrer les marchés
internationaux. Il y a des collaborations à mettre en place. On n'a rien
entendu là-
dessus. On dit: Plus tard; plus tard, on y viendra, un jour; en 1985 ou
1990, etc.; si, d'ici là, les autres exigences et le financement des
améliorations des mines nous laissent l'énergie et l'argent
nécessaires pour faire ces autres investissements.
Il y a donc là toutes sortes de possibilités qui ne sont
pas explorées.
Dans le dernier domaine, les questions constitutionnelles, chaque fois
que le ministre a tombé sur la moitié d'une excuse pour invoquer
la constitution pour ne rien faire ou faire les choses d'une certaine
façon plutôt que d'une autre, il l'a fait, comme si la
constitution représentait une espèce de muraille de Chine, une
espèce d'obstacle absolu. Mais, c'est bien sûr, dans l'esprit dans
lequel il se place de tout faire comme si on était seul au monde, comme
si les choses qu'on ne fait pas seul, il vaut mieux ne pas les faire du tout,
comme si toute collaboration était absolument exclue au départ,
par exemple avec le gouvernement fédéral qui prévoit une
chose aussi simple que des taxes à l'exportation. C'est sûr que le
Québec ne peut pas le faire seul, imposer seul des taxes à
l'exportation, mais ce qu'il est intéressant de constater, c'est que les
lois fédérales qui prévoient des taxes à
l'exportation prévoient des ententes
fédérales-provinciales pour imposer des taxes à
l'exportation dans certains cas où c'est utile et nécessaire pour
le développement d'une économie régionale. Dans le cas de
l'amiante, c'est un cas excellent.
Est-ce qu'on s'apprêterait à dépenser $150
millions...
M. Godin: On a été un peu échaudé
récemment là-dessus.
M. Forget: S'il vous plaît!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! À l'ordre!
M. Forget: Est-ce qu'on s'apprêterait à
dépenser $150 millions pour faire l'économie d'une entente
fédérale-provinciale sur des taxes à l'exportation sur la
partie de fibre qui serait exportée avant d'être
transformée au Québec?
M. Godin: Chat échaudé craint l'eau froide.
M. Forget: Je pense qu'il y a eu, du côté du
gouvernement fédéral...
M. Godin: L'entente Chrétien-Parizeau, vous n'avez pas vu
cela dernièrement, le succès phénoménal de cette
entente?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Lalonde: On a le droit d'être défaitiste.
M. Forget: On a le droit d'être défaitiste, on a le
droit d'abandonner.
Une voix: Un droit que vous exercez souvent.
M. Forget: De toute façon, si le ministre des Finances
était si défaitiste, il n'aurait pas mis dans le budget
l'hypothèse de base que la question va se régler au cours de
l'année financière. Il doit donc y avoir, du côté du
ministre des Finances, un degré d'optimisme supérieur,
relativement à la possibilité de régler ces
problèmes, à celui qu'on trouve chez le ministre des Richesses
naturelles qui suppose que tout est impossible. C'est curieux, du
côté du ministre des Finances, il a comptabilisé comme des
recettes les $225 millions dans son budget.
M. Ouellette: Est-ce que vous allez appuyer notre ministre des
Finances?
M. Forget: C'est une autre question.
M. Ouellette: Cela se passe de l'autre côté.
M. Forget: II y a un autre débat là-dessus, comme
vous le savez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En face,
au salon bleu.
M. Forget: M. le Président, il reste qu'il y a des
possibilités d'ententes fédérales-provinciales. Est-ce
qu'on est en train de dépenser $150 millions pour faire
l'économie d'une négociation d'une telle entente avec Ottawa qui
pourrait très bien donner des garanties d'approvisionnement aux
"fabricateurs", aux transformateurs de la fibre d'amiante au Québec?
C'est une question qui est certainement aussi valable que la
prétendue question que le ministre a posée au
député de Richmond, à savoir: Comment feriez-vous pour
surmonter une différence de coût de $7 entre Toronto et
Montréal? Le problème est: Est-ce que le ministre ferait quelque
chose pour éviter de dépenser peut-être inutilement $100
millions alors qu'il n'a qu'à conclure un contrat avec le gouvernement
fédéral qui a démontré dans le passé,
peut-être à mauvais escient, étant donné les projets
sur lesquels certains, du côté provincial, voulaient l'engager,
qu'il était prêt à collaborer avec le Québec au
développement de l'industrie de l'amiante? Il y a déjà une
volonté de ce côté-là.
M. Godin: M. le député, puis-je vous poser une
question?
M. Forget: Non, vous ne pouvez pas. M. Godin: Voyons
donc!
M. Forget: J'aimerais que le député essaie de
tempérer ses interruptions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! À l'ordre! À l'ordre!
M. Godin: II y a deux exemples récents d'échecs de
M. Lougheed là-dessus.
M. Forget: II pourra parler, s'il veut, pendant vingt minutes,
sur la motion principale.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement.
Depuis que le député de Mercier est arrivé, on ne peut
plus parler ici tranquillement. Au moins, le ministre ferme les yeux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Lalonde: Je ne dis pas qu'il dort, mais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
n'avez pas de droit de parole; tout à l'heure, s'il vous plaît, je
vous reconnaîtrai.
M. Godin: C'est fait pour échanger ici. On ne peut
même pas échanger.
M. Forget: M. le Président, il y a dans toute cette
attitude, encore une fois, une volonté de "do it alone", c'est de faire
cela tout seul comme si on était seul au monde, ignorer l'industrie de
l'amiante existante; c'est dire: On ne collabore pas avec ces gens; on se
méfie de leurs intentions; on se méfie de leur
velléité prétendue de collaborer à la mise sur pied
d'une industrie de l'amiante. On va y aller morceau par morceau. On va essayer
de les isoler, parce que si on les rencontre ensemble, vraiment ils vont nous
écraser. Ils vont essayer de nous rouler, mais peut-être
qu'isolément, on va pouvoir diviser pour régner. En divisant, on
ne régnera pas du tout, parce que, finalement, la division de ces
projets en parcelles isolées rend impossible leur réalisation
séparée. Si on veut vraiment agir de façon dynamique, il
faut viser à la création de consortiums de production et
d'exportation. C'est le seul moyen. Le Japon a procédé, de cette
façon au début de sa révolution industrielle
d'après-guerre, pour envahir les marchés étrangers.
Quant à l'action de ces grandes entreprises, il les a
regroupées pour fin d'exportation. Pourquoi le gouvernement du
Québec n'essaie-t-il pas d'agir en ce sens, plutôt que de se
croire tout seul au monde? Pourquoi n'essaie-t-il pas de conclure des ententes
et de nous en parler, si jamais... Tant est qu'il envoie des fonctionnaires en
Europe. Est-ce que c'est pour cela qu'il les envoie? Est-ce qu'il a des
hypothèses précises à l'esprit ou est-ce que ce sont des
voyages de touristes? Si le ministre dépense des fond publics pour payer
des voyages à l'étranger à un certain nombre de
fonctionnaires, peut-être devrait-il, au nom de la transparence, ne
serait-ce que pour cela, nous dire à quoi vont servir ces
dépenses. Quand il invoque des arguments constitutionnels, est-ce qu'il
n'aurait pas la franchise d'aller jusqu'au bout, de dire que ce n'est pas
tellement la constitution qui l'empêche, c'est son absence de
volonté d'en venir à des ententes avec un autre niveau de
gouvernement, pour pouvoir se draper par la suite dans le grand manteau de
l'autonomie violée ou frustrée en disant: On n'a pas pu faire
cela à cause de la constitution, alors que la constitution n'interdit
rien. Elle oblige tout simplement, dans certains cas, à une forme de
col- laboration intergouvernementale. Ce n'est pas du viol et ce n'est pas la
fin du monde de le faire. Cela s'est fait dans d'autres secteurs.
Si on cessait ce genre de raisonnement, cette "indépendantite"
déplacée et prématurée, je pense qu'on pourrait
voir des solutions concrètes à l'amiante beaucoup plus
intelligentes que celles qu'on nous propose.
Enfin, un dernier point suscite mon étonnement. On a un
raisonnement, de la part du ministre, très théorique sur la
façon d'attirer des entreprises. Je ne comprends plus rien. Est-ce une
initiative gouvernementale ou non? Le ministre nous parle comme s'il s'agissait
d'inciter l'implantation d'investisseurs privés, qui n'ont aucune
espèce d'obligation de venir s'établir au Québec
plutôt qu'en Ontario.
On parle d'une société d'État, on parle
d'initiatives gouvernementales. Est-ce qu'il faut parler d'incitations dans le
même sens et avec le même effet que lorsqu'on parle d'une
société privée? Je ne reconnais plus la distinction entre
une société d'État et une société
privée. Il n'est pas nécessaire d'inciter la
société de l'amiante à s'implanter au Québec. Il me
semble que si on dispose de $250 millions, il n'est plus question d'incitation,
il est question de savoir si les marges bénéficiaires que
permettent certains produits, comme les plaques d'amiante-ciment, comme les
garnitures de freins moulés, si ces marges bénéficiaires
ne sont pas suffisamment élevées, de toute manière,
étant donné le type de production et la structure des
marchés pour ces produits, pour permettre d'absorber les
différentiels de coûts sans subvention.
Il me semble que c'est tout à fait évident. Lorsqu'on lit
le rapport SORES, on nous dit justement qu'un certain nombre de produits
les plaques finies d'amiante-ciment en sont un sont des produits
où il n'y a pas beaucoup de concurrence, particulièrement sur le
marché nord-américain, et où les marges
bénéficiaires seraient largement suffisantes pour absorber les
coûts de la mise en marché et les coûts de transport sur le
continent nord-américain. On n'a pas besoin de produire un faux calcul
de rentabilité et de "compétitivité" absolue. Les marges
bénéficiaires sont suffisantes pour absorber cela. Il n'est pas
nécessaire de faire le sacrifice de $20 millions d'impôt.
D'ailleurs, le raisonnement est faussé au départ lorsque
le ministre dit que c'est compensé par l'impôt sur le revenu des
sociétés et des particuliers, qui vont être
créées en vertu de cette initiative. Quand il dit cela, il
suppose que le seul moyen de créer ces entreprises, c'est le moyen qu'il
recommande. C'est une pétition de principe. Il faudrait d'abord qu'il
prouve que c'est le seul moyen. Si c'est le seul moyen, il aura au moins un
début de justification de nous apporter cet argument. Si on peut
imaginer, ne serait-ce qu'un seul autre moyen pour créer des entreprises
de transformation... De toute manière, ces entreprises de transformation
vont faire des profits, vont donner des salaires sur lesquels des impôts
vont être payés. Donc, il ne faut pas compter cela comme un
bénéfice qui compense la perte des $20 mil-
lions de taxes ou d'impôts sur les profits de la
société Asbestos. C'est compter deux fois la même
chose.
Il ne s'agit pas, je pense bien, de démontrer quoi que ce soit
pour essayer de convaincre le ministre. Le ministre se ferme
littéralement à toute espèce d'argument rationnel.
Cependant, on est enregistré pour le journal des Débats.
Il va y avoir un "day of reckoning", un moment où des gens vont devoir
rendre des comptes, au moins devant l'histoire, parce que c'est seulement
devant l'histoire qu'on va rendre des comptes dans cette affaire-là; on
va tous être morts quand ces projets seront réalisés, de la
façon dont le gouvernement s'y prend. (17 h 30)
M. Godin: M. le Président, "A Gun Fight at O.K. Coral."
John Wayne est prêt à tirer!
M. Forget: C'est seulement aux yeux de l'histoire qu'on va
être jugés. C'est la grande histoire, ce n'est même pas la
petite histoire, c'est la grande histoire qui s'étend sur des
siècles, mais il reste que, M. le Présidentplaisanterie
mise à part on va être jugés sur les
résultats et on verra, dans quelques années, qui aura fait les
meilleures prédictions. J'ai bien hâte de voir ce jour...
M. Godin: Prophète de malheur!
M. Forget: Prophète de malheur pour des plans mal
conçus, conçus pour des raisons politiques et conçus sous
des augures strictement nationalistes sans aucune espèce de sens du
concret, du réel, par un ministre qui, dans le fond, pense avoir compris
tous les...
M. Godin: Comme la Baie James, annoncée au congrès
libéral.
M. Forget: ... problèmes, pense être l'expert
instantané sur tous les produits, que ce soit l'amiante ou autre. C'est
une attitude qui ne peut pas mener à des résultats concrets et on
le verra bien.
M. Godin: Etiez-vous au congrès libéral quand la
baie James a été lancée?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! M. le député de Mercier, est-ce que vous voulez
intervenir? Je pense que oui!
M. Godin: Ah, oui, j'adorerais cela!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
accorde le droit de parole, le député de Richmond ne voulant pas
intervenir pour le moment.
M. le député de Mercier.
M. Godin: On vient d'entendre, M. le Président, un cours
sur deux sujets. D'abord, la transparence. Il me semble important de citer ici
non que je l'endosse totalement le nouveau chef du Parti
libéral qui, le dimanche suivant sa victoire, a défini la
transparence. Je ne sais pas si ses nouveaux collègues l'ont entendu. La
transparence, disait-il, ne consiste pas à tout dire, mais consiste,
quand on ne dit pas quelque chose, à dire les raisons pour lesquelles on
ne le dit pas. C'est la définition de votre nouveau chef; je ne sais pas
si vous l'endossez. Elle m'apparaît, quant à moi, fort
entortillée et laissant la porte ouverte à toutes sortes d'abus,
mais enfin...
M. Lalonde: Est-ce que vous nous posez une question ou est-ce un
commentaire?
M. Forget: Ce n'est ni l'un ni l'autre, ce n'est ni une question
ni un commentaire.
M. Godin: Si vous avez des commentaires à faire sur ce
commentaire, allez-y, je suis pour les échanges.
M. Lalonde: Je ne compte sûrement pas et surtout pas sur le
député de Mercier pour interpréter les paroles de M.
Ryan.
M. Godin: Mon cher collègue, je le cite au texte.
M. Lalonde: J'aimerais vérifier le texte... M. Godin:
Vous avez des doutes n'est-ce pas? M. Lalonde: Oui, je ne peux
m'empêcher... M. Godin: C'est très
révélateur!
M. Lalonde: ... ayant lu quelques fois les productions du
député de Mercier, je me fie au texte seulement.
M. Godin: M. le Président, je déposerai le texte de
cette définition de la transparence par le nouveau chef du Parti
libéral. C'est une définition de la transparence qui nous laisse
extrêmement pantois, de ce côté-ci de la Chambre.
M. Forget: Vous préférez ne rien expliquer quand
vous ne dites pas quelque chose. C'est là votre définition!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Godin: Nous on vous explique; on a déposé des
documents; le ministre a parlé là-dessus ainsi que nous
sur...
M. Forget: Oui, des théories, il n'a rien donné de
concret.
M. Godin: ... la majeure partie des sujets que vous soulevez.
Vous avez été abondamment couverts de renseignements et
malheureusement vous n'en tenez aucun compte, vous continuez à agir et
à tenir des propos qui laissent croire...
M. Forget: Qu'on n'est pas persuadés.
M. Godin: ... qu'il faudrait, dès maintenant, M. le
Président, alors que la société n'est pas
créée, alors que nous sommes encore à discuter de la loi
la créant, article par article, nos amis d'en face aimeraient que
déjà nous puissions avoir réponse à toutes les
questions. Or, il y a un mot qui revient souvent dans nos interventions, c'est
le mot expertise. L'une des raisons pour laquelle on veut mettre le pied dans
la porte pour entrer dans le club de l'amiante, club privé
jusqu'à maintenant, c'est précisément pour acquérir
une expertise et j'imagine que, tout au long de cette démarche, qui
consistera, dans la plus grande...
M. Forget: ... millions d'expertise.
M. Godin: ... transparence, qui consistera à confier
à un groupe de Québécois, nos amis d'en face seront les
premiers à nous interroger, à nous poser des questions comme ils
le font sur l'Hydro-Québec, comme ils le font sur SIDBEC, comme ils le
font sur toutes les institutions d'État et à suivre de
très près, j'en suis sûr, au jour le jour presque, ce qui
se passe dans cette entreprise. Au fur et à mesure que nous prendrons
des décisions, que nous prendrons quand les problèmes se
présenteront, le député de... Est-ce Saint-Laurent?
M. Forget: Je ne sais pas de qui vous voulez parler.
M. Godin: Je parle de vous. M. Forget: Oui.
M. Godin: Le député de Saint-Laurent, avec une
naïveté vraiment d'enfant nouveau-né...
M. Forget: Candide.
M. Godin: ... nous dit: On devrait...
M. Forget: Candide. (17 h 30)
M. Godin: ... nous dit: On devrait... Candide, oui de Voltaire...
Le député Candide nous suggère de nous entendre avec le
fédéral, mais vous n'avez pas lu dernièrement ce qui s'est
passé dans les provinces des Prairies quant au pétrole. M.
Lougheed a tenté d'imposer une taxe sur le pétrole et vous avez
bien vu la réaction du fédéral.
M. Forget: C'est cela. Je n'ai pas suggéré que le
Québec impose une taxe à l'exportation.
M. Godin: Non, mais vous avez bien vu quels étaient les
résultats d'une tentative d'entente entre le fédéral et
les provinces. Vous avez vu ce que cela a donné. Vous avez vu que le
fédéral, non seulement met un frein...
M. Forget: Vous pouvez toujours réécrire
l'histoire.
M. Godin: ... à toute tentative des provinces dans ce
secteur, d'une part, mais d'autre part, quand une province comme l'Alberta,
d'ailleurs qui l'a fait dans le domaine du transport aérien, en achetant
une compagnie d'aviation ou même deux...
M. Forget: Vous aimeriez bien faire cela.
M. Godin: Quand une province fait cela et surprend ainsi le
fédéral les culottes baissées comme on ditdans Assurancetourix, le bar de national qu'est-ce que le
fédéral fait? Immédiatement, pour empêcher que toute
province suive ce précédent, il adopte une loi interdisant que
cela se fasse par d'autres provinces dans l'avenir.
Donc, par conséquent, notre expérience et
l'expérience des autres provinces, que nous observons, que nous suivons
de très près dans ces secteurs, montrent que l'entente est
extrêmement difficile à atteindre dans ces domaines, avec le
fédéral qui, loin d'être dans la tradition même de
ses années de fondation et ainsi que l'incarnent les jugements du
Conseil privé qui faisaient du fédéral une création
des provinces, ce qu'on voit depuis quelques années, c'est le contraire.
On a l'impression que ce sont les provinces qui sont des créations du
fédéral.
M. Forget: Vous venez de conclure une entente de $75 millions
pour le loisir. Il devrait être possible de faire aussi bien pour
l'amiante.
M. Godin: Mon cher monsieur le député de
Saint-Laurent, il est tout à fait normal que ce gouvernement central
retourne au Québec ses impôts, d'une part.
M. Forget: C'est cela. Continuez. Travaillez un peu.
M. Godin: D'une part, c'est absolument normal et le moment
venu...
M. Forget: On ne vous le reproche pas. Soyez imaginatif.
M. Godin: ... monsieur le député de Saint-Laurent,
le peuple du Québec aura le loisir de dire oui ou non à ce
rapatriement des $12 milliards. Il aura le loisir. Vous allez travailler
contre. Votre chef le dit.
M. Forget: II a déjà le loisir. Il vote aux
élections fédérales.
M. Godin: Vous allez travailler contre et nous estimons que ces
taxes doivent être dépensées d'abord et avant tout par
nous, et que nous n'avons pas à frapper à la porte du
fédéral pour demander la permission de dépenser notre
argent comme eux l'entendent et c'est ce qui est en cause.
M. Lalonde: C'est très simpliste comme description d'un
régime fédéral.
M. Godin: Le député a-t-il une question ou fait-il
des commentaires hors de propos?
M. Forget: On essaie de corriger le...
M. Godin: Si c'est une question, je suis prêt à
l'écouter. Je suis pour les échanges.
M. Lalonde: Je parle simplement d'humilité...
M. Forget: On met le pilote automatique parce que le
député s'en va en dehors de la course normale pour
s'écraser en dehors de l'aéroport.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix: La pertinence...
M. Bérubé: En parlant d'écrasement, quand je
pense...
Une voix: ... je voyais tantôt que l'instrument...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Godin: II suffit de penser au 15 novembre 1976 et
l'écrasement ne fût pas tellement de ce côté-ci de la
Chambre. L'avion était en flammes et les passagers ont sauté en
parachute avant qu'il ne s'écrase au sol. Et c'est peut-être ce
qui va se passer à Ottawa aussi.
M. Forget: Dans le comté de Mercier.
M. Godin: De toute façon, pour revenir au fond de ma
question qui était l'entente éventuelle avec le
fédéral, il n'est pas exclu que cela soit étudié en
temps et lieu mais on a l'impression que l'Opposition voudraitet c'est ce
qui se dégage de la majeure partie de leurs interminables
interventions...
M. Forget: ... moins longtemps que vous aujourd'hui, encore une
fois.
M. Godin: Est-ce une question, M. le député de
Saint-Laurent?
M. Forget: Non. C'est un commentaire en passant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Godin: J'autorise les questions, mais il me semble que le
président n'autorise pas les commentaires.
M. Forget: C'est la monnaie de votre pièce.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! À l'ordre!
M. Godin: Fausse monnaie, comme d'habi- tude. De la monnaie de
pape. Vous connaissez cela? De la monnaie de pape, sinon de singe.
M. Forget: Pas beaucoup.
M. Godin: Ce qui se dégage de la majeure partie des
interventions que j'ai écoutées ici, de bouche à oreille,
ou que j'ai lues dans le calme de ma tour d'ivoire du troisième
étage, c'est que l'Opposition voudrait, semble-t-il, qu'avant même
que la société ne soit créée, que nous ayons
réponse à toutes les éventualités qui pourraient se
produire. Elle tient pour acquis que nous voulons, systématiquement, que
cette société soit déficitaire, que cette
société ne fasse que des erreurs, que cette société
aille à l'encontre de la loi naturelle qui est de survivre, de se
développer, de prendre de l'expansion, de faire des expériences,
de prendre de l'expérience. Elle voudrait qu'avant même que tout
ceci ne se passe, alors que l'enfant est encore dans ses langes, M. le
Président, que nous puissions dire ce qu'il sera quand il sera majeur
à 21 ans et que nous puissions prévoir, à chaque
étape, de sa vie future. Je pense que si on exigeait cela de chaque
enfant qui vient au monde, les deux députés d'en face,
eux-mêmes n'auraient pas eu droit à la vie, parce que si on avait
su ce qu'ils sont devenus, sûrement qu'on aurait pris tous les moyens
pour empêcher que cela se produise. Mais non, la vie leur a fait
confiance et pourquoi pas, au fond. C'est un peu la position qui est la
nôtre. Il y a le mot expertise qui revient dans nos conversations et,
pour moi, c'est très clair.
S il avait fallu répondre à toutes les questions
éventuelles qui pouvaient se poser à l'Hydro-Québec au
moment où la nationalisation a été faite, comme par
exemple: Que feriez-vous si le prix du pétrole triplait ou
décuplait en 20 ans. On ne le savait pas à cette
époque-là, M. le Président. Que feriez-vous si jamais il y
avait un marché, un débouché pour l'énergie
électrique du Québec vers New-York, est-ce que vous construiriez
une ligne à haute tension transportant l'énergie? On aurait dit
à l'époque, ceux-là même qui étaient au
pouvoir: Mais on ne sait pas. Si jamais cela se produit, on verra. Si on a des
surplus, on les vendra, on les exportera. Quel prix allez-vous les vendre? On
ne le sait pas. On le verra plus tard, M. le Président, quand on aura
toutes les données en main. Ce qu'on a vu c'est que
l'Hydro-Québec est le plus beau fleuron de la couronne de cet ancien
gouvernement qui fit la Révolution tranquille, dans ses meilleures
heures le gouvernement libéral, à l'époque où ce
gouvernement-là avait une vision, M. le Président. Nous avons
constaté que l'Hydro-Québec a pu s'adapter aux nouvelles
circonstances au fur et à mesure qu'elles se présentaient. Je ne
vois pas...
Est-ce que c'est une question, M. le député de
Saint-Laurent? Oui si c'est encore un grain de sel...
M. Forget: Nous avons encore une vision, vous, vous avez des
visions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Forget: C'est une affirmation.
M. Lalonde: C'est une affirmation.
M. Forget: Ce sont des visions que vous avez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre.
M. Forget: Nous, nous avons une vision, c'est bien
différent.
M. Godin: Le député grain de sel. Ils me font
penser à Grumeau et Grenaille dans la fameuse émission pour les
enfants.
M. Lalonde: Est-ce que vous me permettez une question?
M. Godin: Certainement.
M. Lalonde: Pour faire fonctionner votre imagination dans la
même veine, pouvez-vous venir vous asseoir ici quelques minutes et
regarder le ministre et le député de Frontenac assis un à
côté de l'autre. Je suis sûr que ce serait un objet de votre
imagination...
M. Godin: Si vous avez des remarques à faire sur mes
collègues...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Godin: Ce n'est pas une question, M. le Président,
c'est une tentative déguisée de me faire perdre pied.
Malheureusement, cela ne réussira pas, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys? Non, c'est Grumeau.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Godin: Ce qu'on tente de faire, M. le Président, c'est
demander au ministre et à cette commission de tout, mais absolument tout
prévoir, dans les détails, de ce qui va advenir de cette
entreprise. C'est impossible, personne ne peut le dire. Qui aurait pu
prévoir, par exemple, qu'une entreprise comme le Devoir perdrait son
directeur et qu'il deviendrait chef de ce parti? Impossible. La même
chose peut s'appliquer dans un certain nombre...
M. Bérubé: Surtout qu'il avait pris une
décision...
M. Godin: Ferme et irrévocable, c'est vrai.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Godin: Courte... C'était plus court le non que le
oui.
M. Lalonde: Cela vous fatigue.
M. Godin: On a hâte qu'il soit ici. On a hâte de le
voir.
M. Ouellette: On dit cela en riant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre.
M. Godin: On a surtout hâte d'apprécier son humour.
Mais nous espérons que de façon ferme et irrévocable il va
venir et qu'à l'égard de ses projets sur l'avenir du
Québec, il sera également ferme et irrévocable et qu'il ne
changera pas d'idées tôt ou tard. Ce qui est le lot de tous ceux
qui sont contre le référendum et qui demandent au peuple du
Québec un chèque en blanc.
Pour revenir à l'essentiel, M. le Président, ce que ces
messieurs veulent que nous fassions, c'est, ils l'ont dit, que nous tentions de
nous entendre avec le fédéral comme si, depuis dix ans, il avait
été possible de s'entendre avec ce gouvernement
fédéral pour le Québec, et ils ont des collègues,
entre autres...
M. Forget: ... des ententes à l'Assemblée
nationale.
M. Godin: ... l'ex-ministre Claude Castonguay, qui a presque
claqué les portes à plusieurs reprises à son gouvernement
pour protester d'ailleurs contre certains comportements internes et surtout
contre le comportement du fédéral à l'égard de la
récupération au Québec du bien-être social. Vous
savez ce que je veux dire. Dans le domaine de la police...
M. Forget: II a fini par conclure une entente.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Godin: ... votre ex-collègue, futur "péenpiste",
et maintenant libéral, Jérôme Choquette, un autre ferme et
irrévocable, a lui aussi essuyé des refus, refus sur refus
à Ottawa. Par conséquent, on a l'impression que ce parti, le PLQ,
est plutôt le parti SM pour sadomasochiste. C'est un parti qui aime
recevoir des coups de pied au derrière, M. le Président, et qui
prend plaisir à se faire refuser ce qu'il demande, qui prend plaisir
à continuer de dire: On va renouveler le fédéralisme, sans
mandat; on ne demandera pas au peuple du Québec de nous dire: Oui,
renouvelez-le; on va dire: Non, dites non, on va le renouveler, M. le
Président. Il continue à nous dire: Tentons donc de nous entendre
avec le fédéral, tendons donc d'aller chercher du
fédéral des accords tarifaires, des accords de taxation qui vont
nous permettre de contrôler un peu mieux cette ressource naturelle.
Nous sommes d'accord pour que le gouvernement du Québec, disent
ces gens, nationalise ou achète une partie de l'amiante, nous sommes
d'accord sur le principe, ce qui est un signe de réalisme. Mais
là où ils me semblent tomber dans le sadomasochisme, c'est quand
ils disent de ten-
ter de s'entendre avec le fédéral. Comme si chacun d'entre
eux, tous anciens ministres, ne s'était pas cogné le nez, tour
à tour, sur les portes du fédéral; comme si chacun d'entre
eux, dans le secret de son coeur, j'en suis sûr, n'est pas revenu de ces
conférences fédérales-provinciales la rage au coeur,
humilié et déçu...
M. Forget: II fait de la projection, le député de
Mercier. Vous projetez la rage au coeur que vous avez.
M. Godin: Non, je ne suis jamais allé dans une telle
conférence fédérale-provinciale, monsieur, contrairement
à vous et contrairement à votre collègue de
Marguerite-Bourgeoys. Malgré ces refus successifs, malgré les
échecs subis, ils continuent à croire que c'est possible de
s'entendre, alors que tout ce qui est possible, M. le Président, c'est
d'avoir le bon bout du bâton, que le référendum va nous
donner et là, de pouvoir forcer, juridiquement...
M. Forget: 3% de la population de l'Amérique du Nord, vous
allez être les plus forts.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Godin: ... le rapatriement de la base fiscale, M. le
Président.
M. Forget: C'est aussi fort que le pape contre Staline.
M. Godin: D'ailleurs, je lisais, l'autre jour une
déclaration du nouveau chef du Parti libéral qui disait...
M. Forget: Quand vous allez lever vos armées,
l'Amérique va trembler.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: Est-ce que c'est une question, M. le
député?
M. Forget: Quand vous allez lever vos armées,
l'Amérique du Nord va trembler.
M. Godin: Est-ce que c'est une question, M. le
député de Saint-Laurent?
M. Forget: Non, c'est une affirmation, je vois tout de suite le
député de Mercier comme général en chef.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, M. le député de Saint-Laurent, s'il vous
plaît!
M. Forget: Général en chef des hussards.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Godin: Je suis un pacifique, votre gouvernement m'a foutu en
prison, je suis resté pacifique.
M. Forget: Les hussards de Matapédia. M. Lalonde:
Les zouaves péquistes.
M. Godin: Votre gouvernement m'a foutu en prison et je suis
resté pacifique.
M. Forget: C'est ça.
M. Godin: Votre gouvernement a couché avec celui de
Trudeau, m'a foutu en prison pendant une semaine, je suis resté
pacifique, très pacifique.
M. Forget: Oui, mais là, vous allez vouloir prendre les
moyens appropriés à la force...
M. Godin: J'aime le genre humain, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, à l'ordre, M. le député de
Saint-Laurent!
M. Forget: ... que vous voulez acquérir.
M. Godin: Je voyais l'autre jour, M. le Président, leur
chef tenir des propos qui indiquent... Là, sûrement que le
député de Marguerite-Bourgeoys va dire que je cite mal une fois
de plus son chef bien-aimé, mais il disait: Qu'il y ait des
difficultés avec le fédéral, mais c'est normal, mais
ça fait 111 ans qu'il y a des difficultés avec le
fédéral, M. le Président. Nous, notre position sur ces
chicanes de ménage... Est-ce qu'il y a une question, M. le
député, sur ces grenailles?
M. Forget: Cela existe dans les meilleures familles. Il ne faut
pas être célibataire pour savoir ça.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
À l'ordre!
M. Forget: Dans les meilleures familles, il y a des discordes,
mais il ne faut pas être célibataire pour savoir ça.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: II y en a également avec nos blondes, M. le
Président. Par conséquent, par la bande...
M. Lalonde: Ce n'est pas vérifié.
M. Forget: Je vois, par la bande. Mais vous voyez, c'est tout
à fait normal.
M. Lalonde: Cela prouve que l'association n'est pas meilleure que
le mariage.
M. Godin: ... justement, quand ces conflits
mènent à l'impuissance ou, comme les médecins
disent, à l'impotence.
M. Forget: Cela ne m est jamais arrivé, ces
problèmes.
M. Godin: ... à limpotence c'est le cas du Québec
dans ce système confédéral, mon cher député
de...
M. Forget: De Saint-Laurent.
M. Godin: ... de Saint-Laurent, le député
grenailles de Saint-Laurent.
Une voix: Grenailles, grenailles.
M. Forget: Une chance qu'il y a un souffleur.
M. Godin: ... grenailles et grumeaux.
M. Ouellette: II y a des souffre-douleur de l'autre
côté, par exemple.
M. Godin: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est que
leur chef...
M. Lalonde: Dites-nous donc ce que vous voulez dire, cela fait un
quart d'heure qu'on attend. Je cherche quelque chose et je n'ai rien
trouvé encore.
M. Godin: La recherche qui est le dernier somnifère
inventé par le fédéral pour endormir les
Québécois, la pilule Ryan, le somnifère des
Québécois, le dernier somnifère des
Québécois, le dernier soporifique patenté
préparé dans les laboratoires du Vatican il y a
déjà plusieurs années, le soporifique qui va endormir le
peuple québécois, M. le Président, disait, l'autre jour:
Qu'il y ait des conflits, c'est normal.
Il ne sait paset j'en prends à témoin M. Pouliot
que lorsque cela ne fonctionne plus, il existe une telle chose que le
divorce. Est-ce que mon temps est épuisé?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II vous
reste une minute.
M. Ouellette: Est-ce que M. Ryan serait un remède?
M. Godin: M. Ryan, c'est le valium des fédéralistes
au Québec. Ils veulent endormir le peuple québécois, M. le
Président. Ils vont dire au peuple québécois: Ne nous
donnez pas de mandat, on va aller réformer la constitution. (17 h
45)
Nous, on dit au peuple du Québec: Donnez-nous un mandat et on va
aller la réformer, M. le Président. Et quand elle sera
réformée, quand nos $12 milliards seront ici, nous n'aurons pas
à aller excusez l'expression téter nos taxes au
fédéral; on les aura dans nos mains et nous ferons
nous-mêmes, nos politiques, conformément à la planification
économique et au produit économi- que du gouvernement du
Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauce-Nord.
M. Ouellette: J'aimerais revenir 30 secondes sur la
contre-proposition du député de Saint-Laurent, à
l'hypothèse que le ministre a d'abord mise sur la table et ensuite
explicitée avec beaucoup de brio, mais que l'Opposition ne semble pas
avoir comprise.
Dans sa contre-proposition, le député de Saint-Laurent
suggère aux Québécois, une fois de plus, de s'adresser au
gouvernement fédéral, en espérant obtenir, de ces gens, de
la collaboration. Je n'ai pas l'expérience parlementaire, je ne suis pas
historien non plus, mais je pense qu'à travers mes lectures et
après avoir écouté les bulletins de nouvelles depuis une
vingtaine d'années, j'ai rarement vu des cas où de telles
ententes ont été réalisées entre le
fédéral et le Québec, dans le sens de donner des avantages
réels aux Québécois.
Mon voisin en a donné un certain nombre tout à l'heure;
ils étaient négatifs, évidemment. Mais prenons un exemple
tout récent...
M. Godin: II n'y en a pas d'autres.
M. Ouellette: Je sais qu'il n'y en a pas d'autres, je comprends
bien. Prenez l'exemple de Mirabel. Cela remonte au gouvernement de l'Union
Nationale, où il était question d'installer un aéroport
international quelque part entre Drummondville et Montréal, ce qui
l'aurait situé à peu près au coeur du Québec, ou
encore entre Montréal et Toronto, ce qui risquait de donner des
retombées positives à l'Ontario. Évidemment, le
gouvernement fédéral a tranché et c'est justement
l'Ontario qui trouvera possiblement des retombées si jamais cet
aéroport risque d'en avoir des retombées positives, pour
quelqu'un.
On parlait de M. Lougheed qui a essayé de s'entendre avec le
gouvernement fédéral, puisqu'il avait entre les mains un pouvoir
de négociation très important, celui du pétrole. Mais
encore une fois, c'est une province qui s'est fait égorgée par le
fédéral. Dieu soit loué, ce n'était pas des
Québécois dans ce cas-là, mais cela prouve quand
même que le fédéralisme canadien peut être bon s'il
sert l'Ontario ou encore au moins la très grande majorité
anglophone du Canada.
Sous le gouvernement libéral précédent, on a vu un
monsieur qui a essayé de négocier les $200 millions que nous
coûte le travail de la Sûreté du Québec, parce que le
fédéral ne vient pas le faire, ce travail, alors qu'il le fait
dans au moins huit autres provinces canadiennes, à ma connaissance.
Est-ce que vous avez réussi, messieurs, à appuyer votre
collègue de l'époque, et à obtenir un minimum de
retombées positives de ce $200 millions? Non.
M. Forget: C'était normal, les ententes n'étaient
pas expirées.
M. Ouellette: Mais Québec va peut-être expirer avant
les ententes à ce rythme-là, par exemple.
M. Forget: C'est votre problème désormais. C'est le
problème d'un bon gouvernement désormais.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ouellette: C'est une question? M. Lalonde: Non, c'est une
réponse.
M. Forget: C'est une réponse, vous avez posé une
question.
M. Ouellette: C'est parce que j'ai pris le tic du
député de Mercier.
M. Forget: Vous avez posé des questions, il faut bien
répondre.
M. Ouellette: La réponse est non, de toute façon;
il n'y a jamais eu d'entente et le gouvernement actuel ne veut rien savoir.
M. Forget: Ce n'est pas non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ouellette: Le gouvernement fédéral, bien
sûr.
M. Godin: C'est un autre problème. On a la solution...
M. Ouellette: Ce n'est pas le chèque en blanc de M.
Ryan.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! Respectez le droit de parole.
M. Forget: ...
M. Ouellette: Pensons aux tentatives de l'ancien gouvernement de
prendre entente avec le fédéral pour rapatrier tout le pouvoir en
matière de communications. M. Bourassa parlait même à
l'époque de souverainetéquel mauvais mot dans sa bouche,
mais en tout cas! culturelle. On a vu la tour de Pise pencher encore
à gauche, comme l'avait déploré le premier ministre
Duplessis il y a peut-être 25 ou 30 ans. L'histoire se
répète. Cela tourne toujours du côté
fédéral, parce que c'est lui qui a l'argent, c'est lui qui a les
pouvoirs. En fait c'est toujours le fédéral et le Québec
paie toujours la facture.
M. Lévesque, tout récemment, suite aux problèmes
qu'a censé avoir soulevé la loi 101, proposait à Saint.
Andrews un traité de réciprocité je ne sais pas si
le mot traité est convenable dans ce cas-làune tentative
d'entente avec le reste du Canada faisant en sorte qu'on s'engageait à
res- pecter, au Québec, la minorité anglaise de la même
façon que les autres provinces canadiennes s'engageaient
elles-mêmes à respecter nos minorités francophones.
Résultat: Non, toujours non.
Une voix: Deux poids, deux mesures.
M. Forget: Ce n'est pas le fédéralisme, c'est une
attitude d'un pays indépendant.
M. Ouellette: On est quand même maître, chez nous,
dans nos domaines de juridiction.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
Une voix: Cela va bien aller dans notre Proche-Orient.
M. Ouellette: L'exemple le plus récent qu'on a connu,
celui de la taxe de vente.
M. Lalonde: Cela va bien aller dans l'association, parfait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! À l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: On va être isolé.
M. Lalonde: On s'isole au Québec.
M. Godin: Où était louverture?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! M. le député de Mercier, s'il vous plaît!
M. Godin: Où était l'ouverture et la
générosité? Où était la
générosité de l'ouverture? Elle était chez
nous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Respectez le droit de parole du député de Beauce-Nord.
M. Ouellette: Je vais me plaindre au président, mes
collègues me nuisent.
M. Forget: On fera comme les Anglais d'Angleterre quand il y a de
la brume sur la...
Une voix: La Tamise.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, s'il vous plaît!
M. Forget: ... La Manche. C'est le continent qui est
isolé.
M. Ouellette: C'est un raisonnement très anglais, oui.
Prenez l'exemple plus récent, celui qu'on est en train de
débattre d'ailleurs, actuellement, au salon bleu, celui de la taxe de
vente où le fédéral se mettant le nez dans nos
juridictions provinciales à travers une formule plus ou moins
perfide à l'endroit des Québécois, fait en sorte
que le Québec est obligé de bâtir sa propre
stratégie en pensant à lui. Résultat: Ottawa dit non. On
vient de perdre encore $226 millions. C'est normal, Ottawa...
M. Godin: C'est normal. M. Ryan a dit que c'est normal.
M. Ouellette: ... a les pouvoirs et le Québec paie la
facture.
M. Forget: Vous ne l'avez pas perdu, vous l'avez
comptabilisé comme une recette dans votre budget.
M. Ouellette: J'ai même entendu un éminent
ministre...
M. Forget: Quelle confiance!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Forget: Quelle assurance!
M. Ouellette: ... fédéral qui porte mon nom dire
que les Québécois étaient de mauvais citoyens puisqu'ils
ne pensaient pas à la majorité anglophone. Quelle affirmation,
mon Dieu! C'est un Québécois qui est élu par des
Québécois pour défendre l'intérêt des
Québécois à Ottawa qui nous traite, en somme, de mauvais
citoyens parce qu'on ose, un bon matin, essayer de penser à nous avant
de penser à l'Ontario. Alors, où est-ce qu'on s'en va dans un
régime comme celui-là? Personnellement, je trouve, M. le
Président, que la contre-proposition du député de
Saint-Laurent est tout à fait inadmissible puisqu'elle s'inscrit dans
les pages les plus noires de notre histoire canadienne fort triste qui remonte
à peine à 11 ans. Mais, quand je l'écoute faire de telles
propositions, je me demande pourquoi il ne regrette pas que Montcalm ait
négocié la défaite au lieu de livrer la bataille sur les
Plaines d'Abraham. Peut-être aurions-nous eu moins de morts, mais de
toute façon le résultat étant celui qu'il anticipait, lui
qui a l'habitude, de toute façon, d'être très pessimiste
quant à l'avenir du Québec, je pense qu'il se serait
considéré très heureux de voir qu'on s'est incliné,
non pas sous l'effet des armes...
M. Forget: II faut attendre, on va gagner à la prochaine
élection.
M. Ouellette: ... mais sous l'effet d'une signature
britannique.
M. Lalonde: Ils vont nous faire mourir, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond.
M. Brochu: M. le Président, très brièvement,
je ne sais pas si je dois vous le demander sous forme de directive ou faire
appel au règlement, je sais que vous avez un mandat bien
spécifique et bien clair, celui d'être le gardien des
règles du jeu à cette commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
difficile.
M. Brochu: Je sais que c'est difficile, M. le Président;
je profite de l'occasion pour vous féliciter de la façon avec
laquelle vous vous acquittez de cette lourde responsabilité, qui
n'est...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
monsieur.
M. Brochu: Est-ce que je pourrais vous demander d'élargir
votre mandat et d'intervenir personnellement auprès de votre
collègue de droite pour le réveiller? J'aurais une question
à lui poser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que... S'il vous plaît!
M. Godin: Je puis témoigner, en tant que son plus proche
voisin, qu'il ne dort pas puisqu'il bouge: "eppur, si muove", comme disait
Galilée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je puis
témoigner que ni le député de Saint-Laurent ni le ministre
n'ont dormi cet après-midi, même si, à l'occasion, ils ont
eu les yeux fermés.
M. Lalonde: Et les autres? Pourquoi l'appliquez-vous seulement
à ces deux-là? Question de privilège, M. le
Président.
M. Ouellette: Les autres n'ont pu dormir, puisque le
député de Saint-Laurent n'a que très peu parlé.
M. Brochu: Cela illustre une fois de plus, M. le
Président, la difficulté de votre rôle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
sommeil des autres députés n'a jamais été mis en
doute. On n'en a jamais parlé, alors qu'on a parlé de ces
deux-là. Je pense qu'étant les piliers de leur équipe
respective, ils réfléchissaient plutôt.
M. Godin: Pilier, pilier sans "s".
M. Brochu: Merci, M. le Président. Dans le paragraphe b),
on dit qu'il s'agira de toute activité de nature industrielle,
manufacturière ou commerciale reliée directement ou indirectement
à la transformation de la fibre d'amiante. L'article tel que
présenté dit "indirectement". J'aimerais que le ministre nous
donne certaines précisions sur cette dimension qu'il veut inclure au
paragraphe b), lorsqu'il parle des domaines reliés indirectement
à la transformation de l'amiante.
M. Bérubé: Évidemment, on cherche à
garder une loi comme celle-ci, la plus générale possible. Il
faudrait donc que je cherche immédiatement un
exemple d'activité qui soit indirectement reliée à
la transformation. C'est pour cela que je préférerais avoir le
texte exact.
Quand on dit "reliée", c'est donc toute activité de nature
industrielle, manufacturière ou commerciale reliée directement ou
indirectement à la transformation de la fibre d'amiante. Normalement,
une activité de nature industrielle, manufacturière ou
commerciale inclurait la fabrication de produits et la mise en marché de
ces produits. Il existe d'autres activités, par exemple, la recherche et
le développement. Si cette société devait s'engager dans
de la recherche portant sur l'amiante, pourvu que ce soit relié
directement ou indirectement à la transformation et qu'il y ait un lien
cela pourrait s'avérer intéressant. Par exemple, dans la
fabrication de freins ou dans la fabrication de revêtement
caoutchouté amiantifère, on pourrait faire une recherche sur les
latex, en relation avec la fabrication de ces enduits. On me signale aussi, par
exemple, les matériaux de construction dans lesquels l'amiante pourrait
entrer et on pourrait très bien imaginer que la Société
nationale de l'amiante soit amenée, à titre d'exemple, à
avoir une fonderie fabriquant le support métallique sur lequel on vient
insérer un revêtement d'amiante pour un patin de frein. Donc, dans
une industrie de transformation de l'amiante, on manipule non seulement
l'amiante, mais on manipule généralement d'autres
matériaux. Je vous donnais l'exemple du tapis caoutchouté
amiantifère; le linoléum qui inclut à titre
d'exemple une feuille de feutre d'amiante; on pourrait donc, dans cette
industrie, avoir une section de l'usine ou une filiale de la compagnie qui
fabriquerait des produits plastiques à incorporer à l'amiante
pour la fabrication du linoléum.
Je vous ai présenté, récemment, un moulage en
amiante-plastique dans lequel dans le cas que nous avions sous les
yeuxil y avait 25% d'amiante et 75% de plastique. Alors, on peut
très bien imaginer que, si cette industrie se développait, au
départ, elle achèterait sans doute son plastique d'une industrie
fabriquant du plastique. Mais si cette industrie devait croître en
importance, elle pourrait, éventuellement, vouloir faire elle-même
ses mélanges de plastique et elle pourrait, à ce moment, avoir
une petite entreprise spécialisée dans le plastique. C'est donc
une activité qui est reliée indirectement à la
transformation de l'amiante et on retrouve ce type d'activité dans
l'industrie de la construction. Si on devait fabriquer des maisons à
base d'amiante-ciment, la construction même de la maison pourrait
être une activité qui fait appel à l'amiante, mais
indirectement, puisqu'on pourrait prétendre que la fabrication de
panneaux modulaires de construction, pour la fabrication de maisons ou de
structures portantes, ne serait pas incluse dans le mandat de la
société, puisque n'ayant à s'occuper que de la
transformation de l'amiante, elle ne devrait pas avoir à s'occuper de la
fabrication de panneaux. C'est donc pour garder son mandat le plus
général possible, dans la mesure où cela se rattache
à l'amiante, parce que cette société a besoin de fabriquer
des plastiques ou de manipuler d'autres produits que l'amiante comme tel, qu'on
lui permettra de pratiquer d'autres activités qui seraient
nécessaires à son activité principale; son activité
principale étant la transformation de l'amiante, on a voulu garder le
mot "indirectement".
M. Brochu: Si je comprends bien le processus que vous
décrivez, c'est d'abord au niveau de la recherche, évidemment,
que vous tenez à avoir...
M. Bérubé: ... recherche, par exemple, parce que
c'est lié indirectement à la transformation de l'amiante...
M. Brochu: ... et éventuellement, l'acquisition d'autres
entreprises ou la création d'autres entreprises connexes, si vous
arriviez à de la transformation sur une plus haute échelle
possible après l'expérience faite de certains produits.
M. Bérubé: Oui, par exemple, si l'entreprise devait
se spécialiser ou devait se lancer dans des fibro-plastiques, cette
entreprise pourrait certainement choisir de s'adjoindre une
société fabriquant des plastiques et vendant des plastiques, dont
une ligne pourrait constituer des fibro-plastiques. Donc, lorsqu'on dit
indirectement, c'est que l'essentiel de l'activité de la
société, c'est la transformation de l'amiante, mais comme il est
extrêmement difficile, a priori, de préciser exactement les
activités qu'elle aura à remplir, évidemment, on
préfère garder le mot indirectement.
M. Brochu: Cela ne peut pas ouvrir la porte, à un certain
moment, au fait que la Société nationale de l'amiante pourrait
vouloir opérer une usine de je ne sais quel produit où il
entrerait .5 de 1% d'amiante, par exemple. Cela n'ouvre-t-il pas la porte au
gouvernement pour se lancer dans différentes entreprises, sous
prétexte qu'il y aurait un très faible pourcentage d'amiante dans
le produit qu'il veut mettre en marché ou qu'il veut...
M. Bérubé: Oui. On me cite le cas, par exemple, un
cas particulier sur lequel nous nous penchons présentement, le cas des
additifs pour pneus qui ne contiennent que quelques pourcentages de fibre
d'amiante, mais qui néanmoins présentent des
caractéristiques technologiques éminemment
intéressantes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Y
aurait-il consentement unanime pour que le député de
Saint-Hyacinthe, M. Cordeau, à la séance de ce soir, qui sera en
fait la même séance que celle de cet après-midi, remplace
le député de Richmond, M. Brochu?
M. Forget: Consentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Consentement. Alors...
M. Brochu: Est-ce que je peux avoir le même consentement
pour demain avant-midi?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Demain,
c'est une nouvelle séance. Vous n'aurez qu'à faire la
demande...
M. Brochu: ... en arrivant au début de la
séance.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
cela.
M. Brochu: ... parce que je dois, malheureusement,
m'absenter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais ce
soir, c'est la même séance. Donc, les travaux de la commission
sont suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 7
Le Président (M. Clair): À l'ordre, mesdames et
messieurs. La commission permanente des richesses naturelles est réunie
pour continuer l'étude article par article du projet de loi no 70.
M. Bérubé: Le mot "permanente", M. le
Président, est tout à fait approprié compte tenu de la
longueur de nos travaux.
Le Président (M. Clair): Messieurs, au moment où
vous avez suspendu vos travaux à 18 heures, c'est le
député de Jonquière qui présidait cette commission.
Je ne suis pas informé qui avait le droit de parole au moment de la
suspension des travaux.
M. Ciaccia: On va le tirer au sort. M. Bérubé:
On voit clair au centre.
M. Forget: J'avais, M. le Président, utilisé mon
droit de parole sur le paragraphe b). Je pense que j'étais le seul
à l'avoir fait.
Le Président (M. Clair): Le paragraphe b) de l'article 4
est-il adopté?
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
M.Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Juste avant...
M. Bérubé: M. le Président, une question de
règlement. J'aimerais savoir si le député de
Marguerite-Bourgeoys parle présentement sur le thème
général concernant les droits...
M. Ciaccia: Quel numéro du règlement?
M. Bérubé: ... je pourrais vous le dire. Non, ce
n'est pas une directive. C'est dans le règlement, c'est la durée
de parole de chaque député qui est de 20 minutes. Le
député d'Outremont a parlé hier sur le paragraphe b) de ce
projet et il a utilisé ses 20 minutes. Il a terminé par une
motion, motion qui a été rejetée. J'aimerais savoir si son
temps de parole doit être calculé avec le temps de parole du
député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Clair): Je vais commencer par demander
l'information au député de Marguerite-Bourgeoys, lui-même,
si le député d'Outremont l'a informé qu'il avait
complètement exercé son droit de parole et cela n'indique
absolument pas le sens de ma décision, mais étant donné
que c'est le député de Jonquière qui présidait,
j'aimerais que vous me le disiez, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je n'ai aucun renseignement à ce
sujet. Le député d'Outremont ne m'a pas informé de
quoi que ce soit. Je pense que vous tenez...
M. Bérubé: II ne vous a pas informé, mais il
nous a chloroformé.
M. Lalonde: Est-ce que je peux terminer. Le comique qui est
à votre droite pourrait-il être un peu sérieux?
M. Ciaccia: C'est impossible, il n'en est pas capable.
M. Godin: ... à personne. Vous n'avez pas de leçon
à donner.
M. Lalonde: M. le Président, pour répondre à
votre question, non le député d'Outremont ne m'a pas
informé de quoi que ce soit concernant son droit de parole. Moi, comme
membre...
Le Président (M. Clair): Alors, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, je demanderais, à ce moment-là, aux
autres membres de votre formation politique s'ils en sont informés. Je
suis conscient que la présidence pourrait assumer cette tâche,
mais vous comprendrez sûrement qu'ayant à remplacer au pied
levé le député de Jonquière, je ne suis pas
informé.
M. Lalonde: Je vais vous informer. Mais moi je n'ai pas
utilisé mon droit de parole sur le paragraphe b).
M. Ciaccia: M. le Président, le député
d'Outremont est encore intervenant à la commission, alors s'il n'a pas
le droit de parole sur l'article 4b, cela veut dire que cela a
été épuisé, mais je pense que mon collègue
le député de Marguerite Bour-geoys n'a pas utilisé son
droit de parole. Cela n'a rien à voir avec le temps que le
député d'Outremont...
Le Président (M. Clair): Pour aujourd'hui, cependant, sur
la liste que m'a laissée le député de Jonquière,
c'est indiqué que c'est le député de Marguerite-Bourgeoys
qui remplace le député d'Outremont. Peut-être que vous avez
mal compris le sens de la question de règlement du député
de Matane, ministre des Richesses naturelles. Celui-ci dit: Étant
donné que le député de Marguerite-Bourgeoys remplace le
député d'Outremont, que ce dernier avait déjà
complètement utilisé son droit de parole, en conséquence,
je m'oppose à ce que le député de Marguerite-Bourgeoys
puisse utiliser ce droit de parole, puisqu'à toutes fins pratiques,
ça pourrait amener un remplacement continuel des membres d'une formation
politique et l'exercice, plusieurs fois, du droit de parole, au nom d'un
même membre, finalement, puisque chacun remplace.
M. Lalonde: Oui, mais M. le Président...
Le Président (M. Clair): Je n'indique pas le sens de ma
décision, mais c'est la raison pour laquelle je posais la
question...
M. Lalonde: J'aimerais quand même avoir l'occasion,
après avoir répondu à votre question, d'argumenter
là-dessus.
Le Président (M. Clair): Sûrement, vous aurez
l'occasion d'argumenter; mais avant de recevoir quelque argumentation que ce
soit, j'aimerais savoir si un membre... Je ne suis pas informé, si oui
ou non le député d'Outremont a exercé son droit de parole
de vingt minutes. Je demande la collaboration des membres de la formation
politique de l'Opposition officielle, pour me l'indiquer, si quelqu'un d'entre
vous le sait.
M. Lalonde: Moi, je ne le sais pas, je n'étais pas
là.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je crois pouvoir vous
éclairer de deux façons. Premièrement, quant au statut du
député d'Outremont, il a effectivement pris la parole hier, mais
il l'a fait à titre d'intervenant et non pas à titre de membre,
parce qu'il avait été remplacé, hier, par le
député de Marguerite-Bourgeoys qui, cependant, n'était pas
présent physiquement à la commission. Donc, le
député d'Outremont a remplacé le député de
Jean-Talon hier et c'est à ce titre, comme intervenant, qu'il a
exercé son droit de parole.
Aujourd'hui, le député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Godin: Est-ce qu'il se remplace lui-même
aujourd'hui?
M. Forget: II remplace le député d'Outremont,
à titre de membre, cette fois-ci...
M. Bérubé: II est un peu schizophrénique sur
les bords.
M. Forget: ... et à titre de membre, le
député d'Outremont n'a pas pris la parole, de même que son
remplaçant.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent et M. le ministre, en vertu de nos règlements, je n'ai
d'autre choix que de prendre la parole du député de
Saint-Laurent.
M. Godin: Est-ce que je peux poser une question de
renseignement?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Est-ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys remplace le député de Marguerite-Bourgeoys,
si je comprends bien ce qui se passe?
M. Lalonde: Non.
M. Forget: Non.
Le Président (M. Clair): Non.
M. Forget: Hier, il remplaçait le député
d'Outremont.
M. Godin: Mais aujourd'hui? M. Forget: Aujourd'hui...
Le Président (M. Clair): Aujourd'hui, il remplace de
député d'Outremont.
M. Forget: Comme hier. M. Godin: Comme hier.
M. Forget: C'est ça. Donc, il est ici aujourd'hui à
la commission à titre de député de l'Assemblée
nationale, substitut à un membre, alors que le député
d'Outremont hier, a pris la parole, non pas comme membre, mais comme
intervenant, en remplaçant un troisième député.
M. Godin: Donc, son temps comme membre de plein droit n'a pas
été utilisé.
M. Forget: II n'a pas été utilisé. M.
Bérubé: ... M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, cela m'apparaît pour le moins un peu spécial, parce
que le député d'Outremont, hier, aurait pu exercer son droit de
parole à titre de membre, puisqu'il est membre de la commission. Quoi
qu'il en soit, encore une fois, pour couper au plus court, je prends votre
parole, M. le député de Saint-Laurent. Vous me dites qu'hier, le
député d'Outremont est intervenu à titre d'intervenant, en
remplaçant le député de Jean-Talon et qu'aujourd'hui le
député de Marguerite-Bourgeoys intervient et remplace
effectivement le député d'Outremont et qu'il veut exercer ce
droit de parole.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, vous avez la
parole.
M. Bérubé: M. le Président, une petite
directive. Si je comprends bien l'interprétation que vous en donnez, il
est possible qu'un membre de cette commission puisse décider qu'il
devient intervenant, qu'il redevient membre, qu'il redevient intervenant. En
d'autres termes, si je comprends bien le député d'Outremont qui
s'est présenté à cette commission pour siéger,
lorsqu'il s'est assis dans un quelconque fauteuil, ne sachant pas à qui
il est attribué, parce que nos noms ne sont pas indiqués,
lorsqu'il s'est assis à cette table, à ce moment-là,
même s'il était membre, on pouvait dire qu'il remplaçait un
autre membre de cette commission. Est-ce que c'est bien ce que je
comprends?
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais ajouter quelque
chose.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je peux disposer immédiatement de la demande de
directive du ministre des Richesses naturelles. Il m'apparaît, à
ce moment-ci, que je n'ai d'autre choix, étant donné que je ne
suis pas au courant de ce qui s'est passé hier; je dois prendre la
parole du député qui me rapporte ces faits. Il me rapporte
qu'hier, de façon légale et conforme à nos
règlements, le député d'Outremont aurait remplacé
un intervenant, soit le député de Jean-Talon. En
conséquence, je prends sa parole et je donne la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys. Je n'ai pas l'intention de rendre
un obiter dictum sur un autre sujet que sur la demande qui m'a
été formulée. Je donne la parole au député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Forget: Je vous remercie, M. le Président, je vais
juste, à titre de réserve, indiquer que je vous remercie de
prendre ma parole. Je n'étais pas moi-même présent hier.
Mais ce sont les notes qu'on m'a communiquées sur ce qui s'est
passé en commission parlementaire. Mais on peut certainement
vérifier à l'aide des présences, les faits que j'ai
allégués.
M. Cordeau: Mais il y a de la franchise de part et d'autre, par
exemple.
Le Président (M. Clair): Étant donné que le
souci du président est de ne pas retarder inutilement les travaux, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole.
M. Forget: La vérité a ses droits.
M. Lalonde: M. le Président, je vous remercie.
M. Godin: C'est un témoin in absentia. C'est un
témoin qui ne vaut pas cher devant n'importe quelle cour et encore moins
devant une présidence comme la vôtre.
M. Ciaccia: II n'est pas in absentia, il est ici.
M. Godin: Ne pourrait-on pas suspendre deux minutes pour
vérifier? Je demande que soient vérifiées les
allégations du témoin absent.
Le Président (M. Clair): II se peut que j'aie commis une
erreur, M. le député de Mercier. Cette erreur serait
fondée sur un mauvais rapport du témoin que constitue le
député de Saint-Laurent. Quoiqu'il en soit, j'ai
déclaré, au moment où j'ai rendu ma décision que je
prenais sa parole. Ma décision est rendue et je pense qu'il serait
inutile de vouloir revenir sur cette décision...
M. Ciaccia: II ne peut pas revenir sur sa décision.
Le Président (M. Clair): ... mais je n'ai pas l'intention
de revenir là-dessus. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Godin: Lui-même, M. le Président, a dit qu'il
n'était pas là. C'est une parole qui ne vaut pas cher. Il
n'était pas là hier et il l'avoue lui-même.
Le Président (M. Clair): Le député de
Saint-Laurent a le droit d'être mieux informé que le
président lui-même. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole.
M. Lalonde: M. le Président...
Une voix: Cela ne lui fait pas.
M. Godin: Cela peut vous mener loin.
Le Président (M. Clair): On est déjà
loin.
M. Godin: On va peut-être faire défiler 71
députés ici in absentia pour remplacer qui l'un qui l'autre et on
pourra parler pendant huit heures sans arrêt sur le même sujet.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
M. Forget: Puisqu'on a un certain temps de droit de parole, peu
importe qui l'exerçait...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Merci beaucoup, M. le Président. Avant de
commencer, je me demande si je devrais être honoré ou
flatté par le désir des députés ministériels
que je ne parle pas. Est-ce qu'ils ont peur de la vérité?
M. Godin: Cela s'adresse...
M. Lalonde: Est-ce qu'ils craignent...
M. Bérubé: Le député de
Marguerite-Bourgeoys n'était là, ni hier matin, ni hier
après-midi et, hier après-midi, d'après les
épreuves, le député d'Outremont était bel et bien
membre de cette commission. Par conséquent, la parole du
député de Saint-Laurent est certainement mise en doute.
M. Forget: Comme je le dis, c'était sous toute
réserve, parce que ce sont les indications qu'on m'avait fournies.
M. Bérubé: J'ai l'impression que la parole du
député de Saint-Laurent vaut ce qu'elle vaut.
M. Ciaccia: La décision a été rendue.
M. Godin: Oui, mais on peut aller en appel.
M. Ciaccia: Non, il n'y a pas d'appel, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): II n'y a pas d'appel de la
décision, maintenant.
Une voix: On peut toujours destituer le président...
Le Président (M. Clair): Messieurs, afin de permettre au
président de s'assurer de la légalité de ce qui se
déroule, je voudrais suspendre pour deux ou trois minutes afin de faire
des vérifications personnelles.
(Suspension de la séance à 20 h 19)
Reprise de la séance à 20 h 30
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
La commission permanente des richesses naturelles reprend ses
travaux.
Pendant la suspension, j'ai eu l'occasion de vérifier la
transcription du journal des Débats de la séance d'hier. J'ai pu
y constater qu'à la séance d'hier matin, le député
d'Outremont figurait parmi les intervenants. Cependant, ce fait n'a pas de
relation avec la décision que j'ai à rendre, puisqu'à
l'époque, suivant les vérifications que j'ai pu faire, de toute
façon, il n'a pas été question du paragraphe 4b.
Durant l'après-midi, le député d'Outremont est
mentionné comme membre à la transcription du journal des
Débats, de sorte que si on doit se poser la question, à savoir si
le député de Marguerite-Bourgeoys qui remplace aujourd'hui le
député d'Outremont, remplace un député qui a
exercé un droit de parole comme intervenant ou comme membre, on doit
répondre qu'il remplace un membre de la commission qui est intervenu
comme membre hier.
Le décision que j'avais rendue tantôt, on sait tous qu'en
principe, un orésident ne revient pas sur sa décision. Je
n'entends aucunement enfreindre la tradition parlementaire et les
règlements qui veulent qu'un président ne revienne pas sur une
décision qui a été rendue. Cependant, je vous ai
indiqué tantôt que j'agissais en prenant la parole du
député de Saint-Laurent. Loin de vouloir mettre en doute cette
parole, le député de Saint-Laurent avait bien indiqué,
d'ailleurs, que c'était sous réserve de vérification.
Étant donné que vérification faite, la décision se
basait donc sur des renseignements erronés, je pense que le principe qui
doit prévaloir, c'est celui de l'honnêteté de la
décision, plutôt que celui de ne pas revenir sur une
décision rendue, de sorte que dans les circonstances, je
considère qu'il est possible de réviser la décision.
Quant à savoir si le député de Marguerite-Bourgeoys
peut, oui ou non, intervenir maintenant comme remplaçant d'un membre qui
est intervenu et qui a épuisé son droit de parole hier, ma
décision, je vous l'indique immédiatement, révèle
qu'il n'est pas possible pour un remplaçant d'un membre qui a
déjà épuisé son droit de parole, d'exercer un
nouveau droit de parole de 20 minutes. Or, après vérification
auprès du vice-président de l'Assemblée nationale, le
député de Prévost, il ap-
pert qu'une telle décision aurait été rendue
à plusieurs reprises.
Dans les circonstances, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, j'ai le regret de ne pas vous donner le droit de parole
sur l'article 4b, de la loi 70.
M. Ouellette: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: C'est une information que je vous demande. Est-ce
que si, par souci de générosité, on permettait au
député de Marguerite-Bourgeoys de se réinscrire à
cette commission, à cette séance-ci, au nom d'un autre
intervenant qui n'a pas profité de ses 20 minutes de parole, avec un
consentement unanime, il pourrait le faire et profiter ainsi de ses 20 minutes?
Question embarrassante!
Le Président (M. Clair): Je considère le geste
comme gracieux!
Cependant, messieurs, je n'ai pas suivi le déroulement des
travaux de cette commission. Vous savez que c'est le député de
Jonquière qui a présidé à ces travaux et je ne
voudrais pas, par des directives, solutionner d'avance des problèmes qui
ne se présentent pas actuellement devant moi. J'avais une question dont
je devais disposer, j'en ai disposé. Si un accord intervient entre les
partis représentés à cette commission pour donner un droit
de parole de 20 minutes sur l'article 4b au député de
Marguerite-Bourgeoys, le président ne pourra faire autrement que de
reconnaître ce droit au député de Marguerite-Bourgeoys.
Cependant, je vous indiquerai alors que c'est une façon
détournée de remettre en cause la décision du
président.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
directive.
Je pense que la suggestion, qui n'est peut-être pas encore
formulée formellement, du député de Beauce-Nord...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sans fendre les cheveux en quatre, je me demande dans
quelle mesure, puisque vous n'avez pas le droit de parole...
M. Lalonde: Non, c'est une question de règlement; c'est
sur l'article 4b que je n'ai pas le droit de parole, mais, M. le
Président, vous me permettez de soulever des questions de
règlement?
Le Président (M. Clair): Oui, effectivement...
M. Lalonde: Merci, M. le Président.
La question de changer d'intervenant à membre, il ne faut quand
même pas être trop formaliste, on pourrait le faire, mais on sait
jusqu'à quel point cela peut créer des situations un peu
cocasses, M. le Président. J'ai déjà été,
avec le député de Mont-Royal, dans une situation où,
étant tous les deux intervenants, nous avions fait une motion les
membres ayant dû s'absenter l'Opposition officielle n'a pas pu
voter. Alors, je préférerais demeurer membre pour éviter
une telle situation, situation qui pourrait, de toute façon, fort bien,
si c'est le désir du député de Beauce-Nord que j'aie le
droit de parole, se régler par un consentement unanime à ce que
je parle, c'est tout.
M. Ouellette: Sur la même question de règlement.
J'ai choisi cette formule pour ne pas embarrasser la présidence, mais il
est bien clair que si on peut procéder en obtenant un accord, autour de
cette table, à l'effet que vous ayez le droit de parole, je suis
même prêt à en faire la proposition.
Le Président (M. Clair): Le député de
Beauce-Nord en fait la motion?
M. Ouellette: Oui.
Le Président (M. Clair): Messieurs, y a-t-il consentement
unanimepour être brefpour que le député de
Marguerite-Bourgeoys utilise...?
M. Ouellette:... unanime. M. Bérubé:
Hum!
Le Président (M. Clair): ... exerce un droit de
parole...
M. Cordeau: À quel titre? M. le Président, avant
d'accorder mon consentement, je voudrais savoir à quel titre.
Une voix: Le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Ciaccia: Tout membre de l'Assemblée nationale peut
venir à cette commission, et avec le consentement unanime de la
commission, il peut avoir le droit de parole. Alors, en vertu de cet article du
règlementje peux vous trouver le numéro de l'article...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, effectivement, vous avez raison. Il existe une tradition
parlementaire bien reconnue à l'effet que n'importe quel membre de
l'Assemblée nationale peut se présenter à peu près
à n'importe quelle commission, obtenir le consentement unanime des
membres de cette commission et s'exprimer en commission parlementaire.
Le problème vient du fait que je venais de rendre une
décision qui privait le député de Marguerite-Bourgeoys de
son droit de parole, techniquement; mais n'empêche que s'il y a un
consentement unanime, plutôt que de continuer sur ces questions, je veux
bien donner un droit de parole au député de Marguerite-Bourgeoys,
s'il y a consentement unanime des membres présents.
M. Bérubé: À titre de membre de cette
commission, je voudrais simplement poser une question, avoir une
directive. À ce moment, ce membre de l'Assemblée nationale qui,
par hasard, se joint à nos travaux et qui, avec le consentement unanime
de la commission, prend la parole, peut-il proposer des motions? Étant
donné que pour la séance...
M. Lalonde: Pour ce que vous avez, je n'en ai pas à
proposer!
Le Président (M. Clair): Étant donné que le
député de Marguerite-Bourgeoys est de toute façon
déjà membre de cette commission pour aujourd'hui parce qu'il
remplace le député d'Outremont, il pourrait, effectivement,
présenter des motions, comme n'importe quel membre qui remplace un
membre de commission. Cependant, j'interpréterais le consentement
unanime comme étant un consentement unanime de droit de parole sur
l'article 4b et à l'intérieur de ces vingt minutes, cependant, il
m'apparaît qu'il ne pourrait cependant faire une motion puisque le droit
de parole qui lui serait accordé serait un droit de parole
spécifiquement sur l'article 4b, mais après l'exercice de ce
droit de parole, le député de Marguerite-Bourgeoys redeviendrait
un membre remplaçant un membre au même titre que n'importe quel
membre qui remplace un membre.
M. Ouellette: M. le Président Salomon, nous vous
remercions et nous donnons notre consentement.
M. Bérubé: Je suis d'autant plus heureux qu'on
vient de bonifier le député de Marguerite-Bourgeoys en le rendant
intéressant, mais pas dangereux. C'est excellent.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, j'ai l'honneur de vous donner la parole.
M. Lalonde: M. le Président, 30 minutes après la
question de règlement soulevée par le ministre qui a
changé d'idée à la suggestion du généreux
député de Beauce-Nord, il me fait plaisir d'intervenir sur
l'article 4b qui se lit comme suit: "Toute activité de nature
industrielle, c'est-à-dire que la société a pour objets:
toute activité de nature industrielle, manufacturière ou
commerciale reliée directement ou indirectement à la
transformation de la fibre d'amiante."
J'aimerais, tout de suite, M. le Président, si j'avais le pouvoir
de faire une motion d'amendement...
Le Président (M. Clair): Je ne viendrai plus ici, moi.
M. Lalonde: Je veux vous indiquer tout de suite que, si j'avais
justement ce droit qu'on m'a amputé, je ne ferais pas un amendement sur
la question soulevée par le député de Richmond avant
l'ajournement, à savoir le mot "indirecte- ment". Je dois vous dire que
la présence de cette largesse du législateur dans cet article ne
m'inquiète pas du tout, au contraire. Je pense que c'est tout à
fait naturel, si l'on veut donner un pouvoir à une
société, qu'on le fasse de façon quand même
suffisamment large pour lui permettre d'exercer complètement les objets,
les pouvoirs qu'on veut bien lui donner. Cela avait été une
question soulevée par le député de Richmond et le ministre
a tenté de donner quelques exemples où la société
pourrait intervenir dans toute activité industrielle reliée
indirectement à la transformation de la fibre d'amiante. Quant à
moi, cela m'apparaît tout à fait naturel et désirable que
ce soit inscrit dans cet article.
Ce qui, toutefois, M. le Président, me... M. le Président,
je vois l'incertitude peinte sur la figure du ministre alors que je viens
d'approuver la rédaction en ce qui concerne le pouvoir d'intervenir de
la société dans des activités indirectement reliées
à la fibre d'amiante. Je ne vois pas pourquoi. C'est peut-être un
peu l'expérience personnelle que j'ai dans la création de
sociétés, à titre d'avocat, qui me rassure en fait sur le
langage utilisé. C'est tout à fait naturel, c'est tout à
fait désirable que ce soit comme cela, simplement.
Il reste que, lorsqu'on aborde cet article, on ne peut qu'être
déçu des explications qui ont été données
par le ministre sur les intentions réelles et concrètes du
gouvernement en ce qui concerne la transformation de l'amiante. C'est en fait
cet article 4b et c'est pour cela que je voulais intervenir plus
particulièrement là-dessusqui exprime l'un des buts, l'un
des objectifs les plus répandus dans la population, chez tous ceux qui
se sont penchés sur la question de l'amiante au Québec, à
savoir le besoin de transformation de cette richesse naturelle au
Québec.
Tout d'abord pour que ce soit fait au profit des citoyens habitant la
province et, deuxièmement, pour que ça contribue à donner
un caractère plus fort à notre économie qui, tout le monde
le déplore, repose trop encore sur des secteurs d'activité qui ne
s'apparentent pas au secteur secondaire, donc qui ne présentent pas les
caractéristiques de solidité que l'on retrouve dans le secteur de
la transformation, le secteur secondaire.
Donc, ça pourrait atteindre un double but, tout d'abord en ce qui
concerne l'amiante, parce que c'est une de nos richesses naturelles les plus
abondantes et, deuxièmement, parce que ça contribuerait à
renforcer, au Québec, le secteur secondaire. Toutefois, lorsqu'on
demande au ministre comment il va s'y prendre, et surtout pourquoi il va devoir
dépenser des millions de dollars des Québécois à
l'achat d'une société d'extraction, pour arriver à cet
article 4b, c'est là qu'on est déçu et qu'on doit
être sceptique.
La théorie qui nous a été décrite par le
ministre depuis quelques jours ici, sur le tour de passe-passe fiscal qu'il
tente de mettre au profit du secteur de la transformation m'apparaît
être une thèse d'étudiant qui aurait un peu d'imagination,
mais qui n'aurait aucun sens pratique, qui n'aurait pas mesuré les
effets concrets d'une telle proposition.
En effet, est-ce que le ministre, en proposant cette façon
d'agir, a mesuré, par exemple, les réactions des marchés
qui se trouveraient à être assujettis à une mesure
protectionniste? Quelles seraient les représailles de ces milieux,
à l'endroit d'un tel geste de la part du gouvernement? Ce geste ne peut
pas être mesuré en vase clos, comme dans une thèse
d'étudiant. C'est un geste qui aurait des répercussions et qui
pourrait entraîner des conséquences dommageables pour d'autres
secteurs de l'activité industrielle au Québec.
À cet égard, je pense que le ministre doit se rendre
compte qu'on ne prend pas de décision...
M. le Président, j'entends les cloches, est-ce pour le quorum ou
pour un vote?
Le Président (M. Bordeleau): On peut suspendre pour
quelques minutes pour aller voir ce qui se passe de l'autre
côté.
M. Lalonde: On peut demander à un messager.
Vote enregistré.
Le Président (M. Bordeleau): La séance est
suspendue pour le temps du vote.
(Suspension de la séance à 20 h 47)
Reprise de la séance à 21 h 17
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
La commission permanente des richesses naturelles reprend ses travaux.
Je ne vous expliquerai pas les circonstances qui ont amené le
président à accorder le droit de parole au député
de Marguerite-Bourgeoys, mais je vous indiquerai que le député de
Marguerite-Bourgeoys a la parole. Il lui reste 13 minutes.
M. Bérubé: II parle comme membre de
l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: C'est toujours à l'article 4b que j'en
étais, après avoir démontré jusqu'à quel
point c'est là que l'on retrouve l'essentiel des objectifs d'une
politique gouvernementale; c'est après avoir fait cette
démonstration que j'étais à exprimer la déception
que nous avons connue depuis les semaines, depuis les nombreuses semaines
pendant lesquelles nous avons participé aux travaux de cette commission,
à la demande de l'Assemblée nationale, déception devant le
caractère théorique, le caractère irréaliste des
explications du ministre relativement au projet de transformation de l'amiante
de la part du gouvernement.
On doit dire que les interventions de cet après-midi, sauf
peut-être celle du député de Beauce-Nord que je vais mettre
un peu de côté, étant donné la gentillesse dont il a
fait preuve à mon égard ce soir, les autres interventions de cet
après-midi ne nous ont pas éclairés. S'il en est une qui a
jeté encore plus d'obscurité, si c'est possi- ble, sur le sujet,
c'est bien celle de notre député-poète du comté de
Mercier.
J'ai eu l'occasion d'exprimer ce sentiment...
M. Grégoire: Êtes-vous contre la loi?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: ... il y a quelques semaines, à cette
commission parlementaire, mais dans une autre salle et, à ce
moment-là, le député de Mercier, qui va et vient, comme
dit la chanson, de la commission à d'autres travaux, parce qu'on n'a pas
toujours le bonheur de l'avoir avec nous, n'était pas là.
Mais j'avais dit jusqu'à quel point j'attendais beaucoup des
contributions du député de Mercier à nos débats, de
par une certaine indépendance d'esprit que l'on reconnaît aux
poètes, généralement, aux écrivains. J'avais aussi
dû me rendre à l'évidence que la poésie, lorsque
l'intérêt partisan est en jeu, se retrouve au même niveau
que toutes les autres activités humaines.
M. Godin: Ayant été cité, est-ce que je peux
poser une question au député de Marguerite-Bourgeoys?
Le Président (M. Clair): Si le député de
Marguerite-Bourgeoys le permet.
M. Lalonde: Sur mon temps qui m'a été si
généreusement...
M. Ouellette: On va faire une autre motion pour une autre
période de vingt minutes.
M. Lalonde: D'accord. Cela va bien.
M. Godin: Est-ce que l'indépendance d'esprit consiste
à voter comme les libéraux?
M. Lalonde: Je n'ai pas compris la question.
M. Godin: Est-ce que l'indépendance d'esprit, pour vous,
consiste à voter comme les libéraux?
M. Lalonde: Non, pas nécessairement. Si les
libéraux ont raison, oui.
M. Godin: Je l'ai fait d'ailleurs, vous en êtes
témoin, M. le député de...
M. Grégoire: On a voté en votre faveur sur la
motion de tantôt.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs! Nous
nous éloignons de la question qui est celle de l'adoption de la motion
principale en vue d'adopter l'article 4b de la loi 70. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Sa contribution au débat, cet
après-midi, n'a rien ajouté, malheureusement.
Chaque fois qu'il prend la parole, tout de suite mon esprit s'ouvre dans
un geste d'accueil...
M. Godin: Ce n'est pas beau à voir.
M. Lalonde: Je suis resté sur mon appétit, M. le
Président, cet après-midi surtout. Je passe sous silence les
autres interventions que le député a faites à cette
commission auparavant qui étaient de même caractère. Non,
cela n'a pas rien ajouté, parce qu'on a simplement reconnu,
réaffirmé la présomption que ce gouvernement accorde, la
présomption de culpabilité, une présomption "juris et de
jure", M. le Président, puisque le ministre parfois se permet quelques
mots en latin on pourra dire cela dans une langue autre que le
français que cela ne peut pas marcher le
fédéralisme, que non seulement cela ne peut pas marcher, mais
qu'il ne faut pas que cela marche et de là...
M. Ouellette: Cela n'a jamais marché.
M. Grégoire: Ce n'est pas une présomption, c'est
une certitude.
Le Président (M. Clair): À l'ordre!
M. Grégoire: M. le Président, ne vous choquez
pas.
M. Lalonde: ... le refus global du ministre et de ses acolytes
à la suggestion tout à fait simple que peut-être on devrait
essayer, pour contourner les difficultés, ou enfin, pour simplement se
conformer à la constitution, une autre voie que celle qui va nous
coûter $150 millions.
M. Godin: Non pas le fédéralisme...
M. Lalonde: Cela vaut peut-être $150 millions que de tenter
de s'entendre avec le fédéral...
M. Godin: ... M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
ce fédéralisme.
M. Lalonde: ... pour qu'une politique tarifaire, pour que...
M. Godin: Ce fédéralisme, non pas le
fédéralisme.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Mercier!
M. Godin: Je suis mal cité, je n'ai pas dit le
fédéralisme, j'ai dit ce fédéralisme, le
fédéralisme canadien qualifié...
M. Ciaccia: Vous êtes pour cela.
Le Président (M. Clair): Je comprends que vous êtes
intervenu.
M. Godin: ... le fédéralisme avorté. Le
fédéralisme en soi peut fonctionner...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier, à l'ordre!
M. Ciaccia: Vous êtes pour le
fédéralisme?
M. Lalonde: C'est cela que je ne peux pas accepter, M. le
Président, dans la politique de l'amiante comme dans les autres
décisions quotidiennes de ce gouvernement qui avait promis d'être
un bon gouvernement, qui s'est fait élire, en mettant sous le tapis sa
thèse indépendantiste. Il refuse de jouer le jeu de ce
fédéralisme canadien aussi peut-être imparfait...
M. Godin: C'est le mot.
M. Lalonde: ... qu'il puisse être, parce qu'on n'est quand
même pas au paradis actuellement. On l'est de moins en moins depuis que
ce gouvernement a été porté au pouvoir. Ce que je trouve
irresponsable de ce gouvernement, c'est de ne même pas tenter sa chance
et de décider, au lieu de cela, de prendre $150 millions de nos
Québécois et de dire on va donner les $150 millions à des
Américains, General Dynamics, pour avoir une mine.
M. Grégoire: Vous ne voulez pas qu'on les paie?
M. Lalonde: M. le Président, j'ai entendu du bruit
à votre droite.
M. Grégoire: Si vous voulez qu'on l'achète, on va
la payer.
Le Président (M. Clair): Étant donné, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, que le député de
Frontenac n'avait pas la parole, vous pouvez faire comme si vous ne l'aviez pas
entendu.
M. Lalonde: Merci, M. le Président, c'est d'ailleurs ce
que je fais d'habitude.
M. Godin: Est-ce qu'on peut en faire autant avec lui, puisqu'il a
un droit de parole usurpé d'une certaine manière?
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, messieurs! Du côté
ministériel, je comprends de moins en moins votre
générosité, puisque vous semblez revenir de façon
tacite régulièrement sur votre consentement qui était dans
le sens de donner un droit de parole de vingt minutes au député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Godin: Tout n'est pas naïveté, M. le
Président.
M. Lalonde: Qui n'est pas usurpé, M. le Président,
qui est au contraire le résultat de la générosité
de ce bon député de Beauce-Nord que je ne connaissais pas
beaucoup et dont je viens de connaître les beaux côtés.
M. Ouellette: Est-ce que je peux vous faire une toute petite
remarque, pour
faire en sorte que ma générosité ne soit pas celle
d'un masochiste?
M. Lalonde: Oui, allez donc! C'est cela que vous vouliez... Je ne
le ferai pas regretter au député de Beauce-Nord. D'ailleurs, j'ai
dit que je ne parlerais pas de son intervention de cet après-midi
justement pour qu'il ne la regrette pas, mais qu'il ne me tente pas trop
souvent.
Pour tenter de ramener à terre ces députés et leur
démontrer qu'il y a nécessité qu'ils tentent le jeu du
fédéralisme dans ce cas, dans l'hypothèse et c'est
une hypothèse d'une souveraineté-association, il faudrait
qu'il y ait des négociations entre les associés concernant les
intérêts de chaque associé, au niveau industriel, par
exemple, de mise en marché de leurs ressources. Il y aurait lieu
sûrement, à un moment donné, qu'un Québec
séparé mais associé avec le restant du Canada, fasse des
ententes relativement à la mise en marché de l'amiante. Il y
aurait, à ce moment, des négociations...
M. Godin: Certainement.
M. Lalonde: ... ce qui ne serait pas toujours facile, ce qui ne
remplirait pas complètement les objectifs du Québec, à ce
moment, parce qu'il y a, à ce qu'on dit, dans une langue autre que le
français, du "give and take"...
M. Godin: Du "bargaining"!
M. Lalonde: ... quand on est un associé. Que ce soit le
mariage ou la vie à deux...
M. Godin: "Common law wife", ou la "common law".
M. Lalonde: ... comme disait le député de Mercier
tantôt, à ce moment, il faut quand même s'entendre.
M. Godin: Oui, mais on peut se séparer aussi, on peut se
quitter.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Est-ce que c'est une menace que le
député fait à quiconque?
M. Godin: Non, à vous.
Le Président (M. Clair): À l'ordre, messieurs!
M. Lalonde: Je laisserai au député de Mercier faire
son petit référendum maison. Ce n'est pas moi que vous rappelez
à l'ordre, quand même!
Le Président (M. Clair): L'ensemble des membres de cette
commission. M. le député.
M. Lalonde: C'est pour cette raison que je veux dire que
lorsqu'on dit que le fédéralisme ne peut pas fonctionner, ne
fonctionne pas, on ne le tente même pas. Cela nous coûte $150
millions. On aime mieux faire un chèque de $150 millions et donner cela
à des Américains plutôt que d'essayer de faire fonctionner
le fédéralisme canadien, de bonne foi, comme un bon gouvernement
l'a promis. Dans l'hypothèse d'une association, vous auriez les
mêmes difficultés. Là, on dit: Cela n'a pas de bon sens. M.
Ryan a dit que le fédéralisme, des fois, cela entraîne des
difficultés.
M. Godin: C'est ce qu'il a dit.
M. Lalonde: Dans l'association, ce serait toujours le beau fixe?
Soyez quand même réalistes. Ce serait encore plus difficile, parce
qu'il y aurait moins d'intérêts communs. Ne nous jouez pas quand
même...
M. Ciaccia: ... la menace de séparatisme.
M. Lalonde: C'est cela. À ce moment, de quoi allez-vous
menacer? Vous allez menacer votre associé d'un nouveau
fédéralisme? C'est cela que vous allez faire comme
deuxième jeu?
M. Godin: Séparatisme, mais si nécessaire.
M. Lalonde: D'ailleurs, je ne suis pas tout à fait
d'accord avec le gouvernement actuel dans sa façon de négocier,
de toute façon, en claquant les portes. Imaginez-vous quel genre
d'association on va négocier ainsi. Mais quand même, je
soulève l'hypothèse simplement pour tenter de réduire le
problème à sa plus simple expression pour que les
députés ministériels comprennent. L'hypothèse,
c'est qu'on est séparé et qu'on est associé, et que
là, on parle d'amiante avec le Canada. On dit: Maintenant,
écoutez, on achète des produits chez vous, il faudrait
peut-être que vous achetiez des produits chez nous. On va faire cela de
telle façon ou de telle autre, on fait des ententes économiques.
Le Canada va dire: Peut-être que j'ai moins besoin d'amiante que vous
avez besoin d'huile, par exemple. Cela va être du "give and take". Cela
ne sera pas tous les jours le beau fixe.
M. Godin: II y a de l'huile ailleurs, au Venezuela, en
Algérie, au Moyen-Orient...
M. Lalonde: Oui, il y a d'autre chose, mais il reste que notre
associé, si on a une association économique, surtout si le
ministre des Affaires intergouvernementales, je crois, qui parlait d'une
monnaie commune...
M. Godin: Même à Saint-Eustache, il y a du
pétrole.
M. Lalonde: À moins que ce soit le ministre des Finances
qui ait raison, mais on n'est pas sûr de cela, surtout si on a un dollar
commun. À ce moment-là, il va falloir qu'il y ait des ententes
sur la façon de faire les choses à l'intérieur du
territoire québécois.
M. Godin: C'est bien certain.
M. Lalonde: Donc, ce ne sera pas fête tous les jours.
M. Godin: Non.
M. Lalonde: II va y avoir des petites chicanes.
M. Godin: Certainement.
M. Lalonde: Alors, vous reconnaissez qu'il y aurait des petites
chicanes?
M. Godin: C'est bien certain.
M. Lalonde: Nos petites chicanes, actuellement, sont-elles si
effrayantes à côté des chicanes qu'on aurait? C'est la
même chose. On...
M. Godin: Est-ce que j'ai un droit de parole après?
M. Lalonde: On ne vit pas en vase clos. C'est ce que je reproche
au ministre lorsqu'il nous décrit sa théorie abstraite de
l'amiante, c'est qu'il le fait complètement en vase clos. Pourquoi ne
pas tenter... Je vais terminer là-dessus, M. le Président, je
pense que j'ai terminé... (21 h 30)
Le Président (M. Dussault): Vous avez à peine 30
secondes pour le faire.
M. Lalonde: Oui, alors je ne veux pas abuser de la
générosité.
Naturellement on va voter en faveur de cet article, mais j'aurais
espéré qu'on lui mette un peu de contenu; cela reste un voeu
pieux et c'est malheureux qu'après des semaines et des semaines de
débats ici pour savoir ce que le gouvernement veut faire, tout ce qu'on
a, ce sont des affirmations, on n'a aucune démonstration et plus on
avance et je pense que là, on est allé au bout, parce que
le ministre semble rendu au bout de sa cordeon n'a rien de concret.
Les Québécois de la ville de LaSalle, de
Marguerite-Bourgeoys vont se rendre compte que le gouvernement est en train de
leur passer un sapin. C'est cela qui est malheureux, alors que tout le monde
voudrait qu'on fasse de la transformation, qu'on n'ait rien de concret à
nous offrir.
Merci, M. le Président.
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Selon le principe de
l'alternance, ce serait au tour de M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, j'ai
été un peu surpris des expressions employées par le
député de Marguerite-Bourgeoys. C'est vrai que cela fait
plusieurs semaines qu'on est en commission parlementaire sur le débat de
l'amiante pour approuver une loi qui instituerait la Société
nationale de l'amiante. L'article sur lequel on est, c'est pour donner à
la Société nationale de l'amiante la possibilité de voir
à la transformation de notre fibre d'amiante. On parle là-dessus
depuis ce matin et l'Opposition semble s'opposer à la transformation de
l'amiante et ne veut pas adopter cet article.
C'est ce qui se produit depuis ce matin. C'est l'article 4b qui permet
à la Société nationale de l'amiante de voir à la
transformation, ici au Québec, d'une richesse naturelle qui nous
appartient, l'amiante. On l'a dit et répété, l'une des
plus grosses richesses naturelles du Québec, c'est l'amiante; mais le
Québec se contente du mineur dans le fond du trou, de la
poussière dans les régions minières et ce sont les pays
étrangers qui achètent notre fibre à l'état pur, et
ils ont les industries pour transformer notre fibre, ils ont les emplois, ils
font l'argent et nous on se contente de cela. Quand on arrive avec un projet de
loi pour essayer d'aider la transformation de l'amiante, voilà que
l'Opposition s'oppose et depuis hier matin...
M. Ciaccia: Je vais prendre un verre d'eau à votre
santé.
M. Cordeau: II n'a rien compris!
M. Grégoire: Oui, je pense que vous en avez besoin, vous
êtes asséché dans les idées ces temps-ci! Vous
auriez besoin de vous humidifier les idées et je vous conseille de
prendre tout le pot.
M. Ciaccia: Quand vous avez une audience... La démagogie,
vous vous répétez.
M. Grégoire: Depuis hier qu'on est sur l'article 4b, qui a
deux lignes, qui dit tout simplement ceci...
M. Godin: M. le député, avez-vous dit: Audience?
Avez-vous utilisé le mot audience?
M. Ciaccia: M. le Président, je crois que le
député de Mercier a épuisé son droit de parole.
Le Président (M. Dussault): C'est un fait, M. le
député, M. le député de Mercier a
épuisé son droit de parole.
M. Godin: Non, mais c'est parce que si j'ai entendu le mot
audience, je trouve que cela va bien avec le nouveau consistoire
libéral. Est-ce que c'est le mot audience, monsieur...
M. Ciaccia: Écoutez les zouaves, vous avez
épuisé votre droit de parole.
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, messieurs!
M. le député de Frontenac, si vous voulez continuer, s'il vous
plaît.
M. Grégoire: Oui, M. le Président.
On étudie depuis hier matin, trois lignes dans un projet de loi,
qui se lisent comme ceci: "La société a pour objets: toute
activité de nature industrielle, manufacturière ou commerciale
reliée directement ou indirectement à la transformation de la
fibre d'amiante".
Cela fait cent ans qu'on exploite nos mines d'amiante au Québec.
Cela fait cent ans qu'on a des mineurs dans le fond du trou à Asbestos,
à Thetford et à Black Lake. Cela fait cent ans, par ailleurs,
qu'on vend notre fibre à l'état brut aux étrangers. Cela
procure 80 000 emplois industriels aux États-Unis, 110 000 en Europe, 40
000 au Japon et nous autres, on se contente de 6000 mineurs dans le fond de la
mine. Et cela fait cent ans que vous n'avez rien fait dans ce domaine et vous
parlez, vous placotez depuis deux mois...
Je n'embarquerai pas le député de Saint-Hyacinthe dans
cela parce que je pense que ce n'est pas son cas. Au contraire, j'ai assez
d'estime pour lui pour ne pas l'embarquer dans le même sac que
l'Opposition libérale. Au contraire, je lève mon chapeau devant
M. le député de Saint-Hyacinthe, mais, depuis deux mois,
l'Opposition libérale nous présente motion après motion.
On en a eu une ce matin qui a duré trois heures, pour dire: On
n'étudiera pas tout de suite l'article 4. On va étudier l'article
5 et, après cela, on reviendra à l'article 4. Trois heures pour
essayer de discuter là-dessus. C'est épouvantable.
M. Forget: Peut-on poser une question du député de
Frontenac?
M. Grégoire: Après, vous aurez le loisir de poser
des questions.
M. Ciaccia: Sur trois heures, vous avez pris une heure et trois
quarts. Dites-le! Cela, par exemple, vous ne le dites pas comme le reste de vos
affaires.
M. Grégoire: On a pris une heure et quart. Vous avez pris
une heure et trois quarts pour essayer de nous montrer la stupidité de
l'attitude que vous aviez là-dessus.
M. Forget: Vous avez pris plus de temps pour ne rien dire.
M. Ciaccia: Un peu de vérité.
M. Grégoire: Ce paragraphe est bien simple. Pourquoi
prendre deux jours pour dire: Oui, c'est vrai. Après cent ans
d'inaction, après cent ans où les anciens gouvernements n'ont
rien fait, on arrive et on dit: On crée une société qui
aura le droit de se lancer dans la transformation de la fibre. Cela ne devrait
pas vous prendre deux jours de placotage pour accepter cela.
M. Forget: Tout ce que vous avez, ce sont deux lignes
là-dessus.
M. Grégoire: Oui.
M. Forget: Vous n'avez pas une idée, pas un projet. C'est
pour cela que ça prend deux jours.
M. Grégoire: II ne s'agit pas là de monter une
industrie. Vous n'êtes pas un maçon. Je ne suis pas un plombier.
L'autre n'est pas un électricien.
On est ici pour constituer la Société nationale de
l'amiante qui prendra les moyens nécessaires pour avoir des industries
de l'amiante...
M. Forget: Dans dix ans.
M. Grégoire: ... et vous voudriez qu'on vous arrive avec
les plans et devis, les plans d'architecture, les bilans
d'activité...
M. Forget: Une idée, un projet.
M. Grégoire: Un projet? La fibre est là. Il y a
3000 produits d'amiante. Constituez une Société nationale de
l'amiante et ne vous inquiétez pas. On en trouvera des projets. C'est
aussi simple que cela.
Vous avez toujours eu peur de vous lancer. Vous n'avez jamais
marché et on n'a jamais eu d'industrie. Pourquoi? Parce que, depuis cent
ans, vous avez été là à taponner. Après cent
ans de gouvernement libéral, on s'est réveillé et on n'a
pas d'industrie. Aujourd'hui, il y a un gouvernement qui est
déterminé à marcher, à foncer et à avancer,
qui est déterminé à faire de l'industrie autour de
l'amiante parce que l'amiante est notre richesse naturelle, la plus grosse
richesse minière du Québec. On contrôle 85% de l'amiante
est notre richesse naturelle, la plus grosse richesse minière du
Québec. On contrôle 85% de l'amiante qui change de
frontières dans le monde libre. Les États-Unis produisent
à peine 85 000 tonnes d'amiante. Ils en ont besoin de 850 000. C'est au
Québec qu'ils viennent le chercher et, rendu aux États-Unis, cela
procure 80 000 emplois, des produits finis qui valent $1 milliard. Nous autres,
on a toujours laissé passer cela sous notre nez et là, on se fait
dire: Avez-vous un projet? Est-on capable de faire cela? Ne dépense-t-on
pas d'argent? Êtes-vous sûr que c'est bon? Vous avez toujours
hésité. Vous avez toujours branlé dans le manche. Vous
avez toujours chambranlé. Vous n'avez jamais pris de décision.
Aujourd'hui, on vous arrive avec un projet de loi qui est simple, qui est
clair. L'amiante est notre richesse naturelle. C'est à nous à le
transformer.
M. Godin: Ne lâchez pas!
M. Grégoire: C'est une de nos valeurs.
Une voix: Un verre d'eau?
M. Grégoire: Non. Je ne suis pas asséché. Je
n'ai pas besoin d'eau. Je laisse au Parti libéral les idées
asséchées.
Je crois que c'est automatique. Je crois que c'est nécessaire de
le dire à un certain moment. Depuis deux mois qu'on essaie
d'empêcher l'adoption de ce projet de loi qui permettra de créer
des industries au Québec, de créer de l'emploi, de nous donner au
moins réellement la valeur économique que peut nous apporter la
transformation de l'amiante ici au Québec. Je me demande ce que vous
attendez, pourquoi vous discutez si longtemps. Vous n'avez jamais rien fait,
au
moins laissez le gouvernement qui agit faire quelque chose. M. le
Président, pour le moment, c'est tout ce que j'avais à dire,
parce que je commençais à en avoir assez.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. M.
Bérubé: Là, cela va être bon.
M. Ciaccia: Oui, j'ai écouté attentivement. M. le
Président. Pour commencer, le député de Frontenac nous a
accusés...
M. Godin: ... cela aussi c'est du vrai temps.
M. Ciaccia: ... d'avoir fait une motion pour retarder les travaux
ce matin. M. le Président...
M. Godin: C'est du vrai temps cela, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, messieurs,
s'il vous plaît. M. le député de Mont-Royal avait la
parole.
M. Ciaccia: Sur la motion de ce matin, je voudrais...
M. Godin: Ils ont essayé de vous rouler tout à
l'heure, M. le Président.
M. Ciaccia: ... seulement, pour rectifier les erreurs que le
député de Frontenac a mentionnées, dire que nous avons
parlé 60 minutes. L'Opposition officielle globalement a parlé 60
minutes et le côté ministériel a parlé 1 h 36
minutes. Alors, ne nous accusez pas de prendre le temps inutilement.
M. le Président, nous faisons face ici à l'article 4b qui
veut donner à la société certains objets, les objets
étant toute activité de nature industrielle,
manufacturière ou commerciale reliée directement ou indirectement
à la transformation de la fibre d'amiante. On nous reproche, c'est ce
que fait le côté ministériel, de ne pas accepter cet
article, de ne pas vouloir l'étudier. C'est cela que vous nous
reprochez. On demande des précisions. On demande des informations. On ne
veut pas accepter un projet de loi ou un article à l'aveuglette. C'est
ce que vous nous demandez de faire.
Vous nous demandez de dépenser $250 millions avec un
chèque en blanc sans savoir quelles sont les études que vous avez
faites, sans connaître les études de marché, sans
connaître les coûts de transformation, les projets que vous avez,
combien cela va coûter aux électeurs, combien cela va coûter
à la population. Vous ne l'avez pas dans votre budget. On n'a aucun
renseignement et pour cela, vous nous reprochez... Je pense, M. le
Président, que c'est une façon d'agir irresponsable de la part du
gouvernement. Nous ne sommes pas ici seulement... Certainement que nous sommes
en faveur de la transformation et de cet objec- tif. Nous l'avons dit à
partir du début. Si au début vous nous aviez donné les
informations qu'on vous a demandées, peut-être qu'on serait
beaucoup plus avancé, mais au lieu de nous donner les
informations...
M. Grégoire: Justement, M. le député de
Mont-Royal, vous demandez des informations que ce n'est pas le temps
d'avoir.
M. Ciaccia: M. le Président, j'ai le droit de parole et je
l'exige.
Le Président (M. Dussault): À l'ordre.
M. Ciaccia: Au lieu de nous donner ces informations, vous prenez
trois fois plus de temps pour nous dire...
M. Grégoire: Cela fait dix fois qu'on vous dit que c'est
la société qui va vous fournir les informations.
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, messieurs,
s'il vous plaît.
M. Ciaccia: ... pourquoi vous ne pouvez pas nous donner ces
informations. C'est cela que le public doit savoir.
M. Grégoire: Cela fait dix fois qu'on vous le dit.
M. Ciaccia: Vous prenez trois fois plus de temps pour nous dire
que vous ne pouvez pas avoir les informations. Nous agissons, M. le
Président, comme une opposition responsable. Nous avons des devoirs
à accomplir.
M. Grégoire: C'est-à-dire que vous n'avez jamais
agi. On n'a rien eu.
M. Ciaccia: Nous avons des informations à exiger.
Donnez-nous ces informations et vous allez voir qu'on ira plus vite dans
l'étude du projet de loi. Mais ne nous faites pas de reproches si sur
l'étude de l'article 4b on ose vous demander quelle sorte de projet vous
avez en vue, quels sont les plans d'investissement, qui va payer? combien vous
allez exiger du public? de combien les taxes seront-elles être
haussées parce que vous avez des projets? Quand vous n'avez pas de
réponse sur le fond, vous sortez le drapeau. C'est cela que vous faites.
Vous voulez des applaudissements de tout le monde, parce que vous avez sorti le
drapeau. Vous parlez de 100 ans d'abus dans l'amiante, qu'on n'avait jamais
rien fait. Certainement, faites en quelque chose, mais dites-nous ce que vous
voulez faire. Ce n'est pas seulement par des paroles. Vous n'allez pas
commencer la transformation de l'amiante, même si ce soir nous acceptons
l'article 4b. Ce n'est pas cela qui va commencer vos usines de transformation.
Ce n'est pas ça. Chaque fois qu'on essaie de vous demander des
précisions, chaque fois qu'on vous demande des précisions, c'est
le genre de démago-
gie qu'on reçoit de vous: tant d'emplois au Japon, tant en
Europe, tant aux États-Unis...
M. Grégoire: Cela veut au moins dire que l'industrie est
possible.
M. Ciaccia: Cela ne veut rien dire, ce que vous nous dites.
M. Grégoire: Et nous autres, on n'en a pas.
M. Ciaccia: Vous voulez faire le tour, le tour. Peut-être
n'avez-vous pas de places, peut-être ne savez-vous pas combien ça
va coûter, peut-être voulez-vous cacher ça au public. Quant
à nous, nous voulons savoir. On est en faveur du principe, le
député de Marguerite-Bourgeoys vous l'a dit, on va voter en
faveur du projet, mais pas avant d'avoir essayé d'obtenir autant que
possible, toutes les informations auxquelles nous avons droit, non seulement
nous, on ne fait pas ces demandes à titre d'Opposition officielle, ni
à titre personnel, mais on les fait pour la population du Québec.
Parce que quand vous allez donner les informations, quand vous allez dire
quelque chose ici, ça va devenir public. C'est ce que le public exige de
vous.
M. Godin: Ce sont des emplois qu'il veut, le public veut des
emplois, M. le député de Mont-Royal, ce sont des emplois qu'il
veut.
M. Ciaccia: Vous parlez d'un gouvernement de transparence, le
gouvernement de transparence, où est-il quand vous cachez tout? Vous ne
nous avez pas donné une information, pas un brin d'information de ce que
nous avons demandé depuis le début. Vous osez, ce soir, nous
faire des reproches. On n'accepte pas l'article 4b. M. le Président, je
m'oppose...
M. Grégoire: Question de règlement.
M. Godin: II fait son "show", il fait son "show".
Le Président (M. Dussault): Un instant, M. le
député de Mont-Royal, question de règlement de la part de
M. le député de Frontenac.
M. Ciaccia: Quel article ? Quel article? M. Grégoire:
Je n'ai pas le livre ici. M. Ciaccia: Je vais vous passer le
livre.
M. Grégoire: Celui qui dit qu'on ne doit pas induire une
commission parlementaire en erreur, que ce soit volontairement ou
involontairement.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une question de règlement.
M. Grégoire: Je crois que c'est ce que le
député est en train de faire...
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs!
M. Grégoire: Parce qu'il a reçu une pile de
documents comme ça.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenac, à l'ordre, s'il vous plaît! Ce que vous faites valoir
est une question de privilège et elle n'existe pas en commission
parlementaire. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
Quand le ministre, hier, nous a exposé la façon par
laquelle il allait aider l'industrie de transformation, il était pour
acheter la compagnie Asbestos Corporation, il a dit: Le but, ce n'est pas
seulement d'acheter une compagnie, c'est d'avoir une politique de l'amiante.
Une fois que nous aurions acheté la compagnie, deux choses pourraient se
produire, nous aurions les taxes qui auraient été payées,
nous pourrions réduire le coût de la fibre et nous irions vendre
la fibre au coût... Il l'a dit clairement, hier matin.
M. le Président, nous avons fait une contre-proposition, parce
que si c'est une subvention que vous voulez faire sur le dos des contribuables,
nous avons suggéré une autre façon de le faire, sans
dépenser $150 millions ou $200 millions. Prenez seulement... Un instant,
on va venir à la question anticonstitutionnelle, donnez-moi le temps,
vous allez voir, vous allez avoir votre réponse. Au lieu de
dépenser $200 millions ou $250 millions, qu'il va falloir remettre et
pour payer ces $250 millions, vous ne pourrez pas vendre la fibre au prix
coûtant, parce qu'il ne vous restera pas de profits pour payer l'achat
des actions, d'accord?
Des voix: C'est faux, c'est faux.
M. Ciaccia: C'est ça, exactement, relisez le journal des
Débats d'hier matin, relisez-le, et vous reviendrez demain matin avec ce
journal.
M. Ouellette: Me permettez-vous une petite question?
M. Grégoire: C'est épouvantable.
M. Ciaccia: Non, je ne permets pas, je vais continuer;
après que j'aurai fini mon intervention, je vais vous permettre une
question, pas maintenant.
M. Ouellette: Vous avez peur. $20 millions plus $21 millions,
ça donne $41 millions.
M. Ciaccia: M. le Président, nous avons fait une
contre-proposition...
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, M. le
député! M. le député de Mont-Royal vous permet une
question après son intervention, c'est dans les règles.
M. Ciaccia: Oui. M. le Président, nous avons fait une
contre-proposition, nous avons dit: Écoutez, au lieu d'aller
dépenser $250 millions...
M. Godin: La vérité... tout à l'heure, le
droit de parole... (21 h 45)
M. Ciaccia: Parce qu'une fois que vous aurez acheté la
compagnie, il va falloir rebâtir l'usine, il va falloir vous occuper de
la question de la salubrité, il va falloir avoir une foule de
dépenses. Au lieu de faire cela, vous pourriez créerc'est
une possibilitéune société d'État pour
l'achat de la fibre, parce qu'il n'y a pas de pénurie de fibre. Regardez
le bilan d'Asbestos Corporation. L'inventaire augmente avec les années.
Je pense bien qu'elle serait bien contente de vous en vendre. Son objectif est
qu'elle n'est pas dans le marché pour garder la fibre, elle est dans le
marché pour la vendre. Si elle a un inventaire, c'est parce qu'elle ne
peut pas la vendre.
Nous avons dit: Prenez ces impôts, les montants que vous percevrez
des impôts, non seulement de l'impôt que vous recevrez de
l'Asbestos Corporation, mais vous pourriez même augmenter les
impôts en général, sur toute l'industrie, et utiliser ces
fonds pour aider la transformation des produits.
M. Godin: Anticonstitutionnel.
M. Ciaccia: Non. Un instant, ce n'est pas anticonstitutionnel.
Vous pourriez prendre ces impôts pour aider l'industrie de
transformation. On est venu avec l'argument
d'anticonstitutionnalité.
M. Bérubé: ... subventionner à la tonne.
M. Ciaccia: M. le Président, je n'ai pas fini. Voyons
donc, vous le faites en achetant l'Asbestos, vous l'avez dit vous-mêmes.
Un instant.
Vous avez dit que c'est anticonstitutionnel. M. le Président, je
peux vous dire que, depuis 1867, il y a eu plus de 40 amendements à la
constitution. Cela peut venir comme... Ce sont des nouvelles pour vous
autres.
M. Godin: ... en Ontario.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est nécessaire de
faire certains changements. Cela vaut la peine d'aller s'informer avant de
dépenser $250 millions. Cela vaut la peine de faire un appel
téléphonique à Ottawa et de dire: Écoutez, est-ce
qu'on peut faire une telle entente? Cela ne coûtera pas $250 millions,
faire un appel à Ottawa. Vous pourriez vraiment blâmer le
fédéral si...
M. Godin: Avec M. Chrétien, cela va bien. Vous venez de
voter...
M. Ciaccia: M. le Président, j'ai le droit de parole.
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, M. le
député de Mercier!
M. Godin: Ils viennent de voter unanimement avec nous parce
qu'ils ne changent rien à Ottawa, ils veulent qu'on négocie
encore.
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, M. le
député de Mercier!
M. Godin: Ils veulent qu'on négocie encore. Qu'ils soient
au moins un peu cohérents et un peu conséquents.
M. Forget: Ce n'est pas parce qu'ils ne changent rien, c'est
parce qu'ils changent trop pour...
M. Ciaccia: J'exige mon droit de parole, M. le
Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal, vous avez la parole.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. M. Godin: Le
député de l'incohérence.
M. Ciaccia: Je vous ai donné des exemples, parce que c'est
le ministre lui-même qui a soulevé le fait que j'étais
sous-ministre fédéral et que je ne connaissais pas mon droit sur
la constitution. Je vous ai donné l'exemple de l'entente de la baie
James, M. le Président, où il y avait des problèmes
constitutionnels beaucoup plus vastes que ceux que vous pouvez soulever avec
votre projet de loi. Cela couvrait un territoire de 400 000 milles
carrés, les deux tiers de la province. Cela couvrait $225 millions, en
plus des terres, en plus des droits de chasse et de pêche. On ne s'est
pas séparé du Canada pour cette entente, on a trouvé les
solutions. Les deux niveaux de gouvernement les ont trouvées, parce que
c'était nécessaire pour le Québec.
Et vous venez nous dire que, tout à coup, vous utilisez cela pour
donner un argument en faveur du séparatisme.
M. Godin: Mais vous n'êtes plus là. Si vous
étiez encore là, peut-être, mais vous n'êtes plus
là.
M. Ciaccia: Je voudrais vous dire, M. le Président, que
vous voulez vous séparer du Canada, c'est vrai. Vous voulez même
vous séparer des lois économiques et vous voulez vous
séparer du bons sens. C'est de cela que vous voulez vous
séparer.
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mont-Royal, est-ce que je pourrais
vous rappeler à la pertinence du débat?
M. Ciaccia: C'est pertinent. Ce sont des réponses aux
commentaires qui ont été faits de l'autre côté de la
table. Très bien, M. le Président, je vais revenir à la
pertinence.
Le Président (M. Dussault): Sauf que notre raison
d'être ici est d'étudier le projet de loi article par article. Je
voudrais que vous vous en teniez à l'article 4b, s'il vous
plaît.
M. Ciaccia: À 4b, très bien, M. le
Président. Il y a peut-être un problème constitutionnel sur
certains aspects et c'est possible de résoudre les problèmes
constitutionnels.
Le ministre nous a donné un autre exemple. Il a
créé un scénario artificiel. Il dit: On va prendre les
taxes et, au lieu de prendre les taxes pour Asbestos Corporation, on va les
utiliser pour promouvoir d'autres industries, comme l'industrie de la
transformation. Je voudrais vous demander... Je ne veux pas une réponse
tout de suite, vous la donnerez demain. Je voudrais demander ceci. Si cet
aspect, si cette manière de procéder est tellement valable,
pourquoi SIDBEC n'est-elle pas un succès? C'est pourtant une
société d'État. Qu'est-ce qui arrive aux taxes de SIDBEC ?
Pourquoi n'appliquez-vous pas la même formule à SIDBEC que vous
voulez appliquer à l'Asbestos Corporation, à l'industrie de
l'amiante? Si la formule...
M. Godin: On compare des pommes et des poires, M. le
Président.
M. Ciaccia: ... est bonne pour une industrie qui va être
concurrentielle, avec la...
M. Godin: Vous comparez des pommes et des poires.
M. Ciaccia: Chaque fois que j'ai quelque chose... je me fais
interrompre. Je vous demande de protéger mon droit de parole.
M. Godin: II nous pose des questions, on répond aux
questions qu'il nous pose.
M. Forget: ...
Le Président (M. Dussault): C'est ce que je tente de
faire, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
M. Godin: II compare des pommes et des poires.
M. Ciaccia: Si cette formule est tellement valable pour l'amiante
parce que vous allez acheter une compagnie qui va faire concurrence à
d'autres sociétés, pourquoi n'est-elle pas valable pour SIDBEC?
Cela n'a pas l'air d'être valable, parce que...
M. Godin: Cela n'a pas l'air...
M. Ciaccia: ... c'est une situation artificielle. Même un
étudiant d'université ne vous donnerait pas une formule
semblable. S'il vous plaît, M. le député de Frontenac,
donnez-nous d'autres raisons, donnez-nous d'autres aspects de ce
problème. Nous voulons le soulever ici, nous avons besoin des
réponses avant d'approuver et d'autoriser une société
d'État... On va perdre le contrôle. Une fois que cela sort d'ici,
les parlementaires ont perdu le contrôle de cette compagnie, de cette so-
ciété. Cela va rester dans les mains... Elle sera
autorisée à dépenser $250 millions, elle va le faire.
Est-ce que cela va être rentable? Ce n'est pas assez de dire que cela
fait cent ans que cela existe? On découvre toutes sortes de choses
aujourd'hui. Par exemple, on nous a dit: II y a le problème de la
santé des ouvriers, des travailleurs de l'industrie de l'amiante. On a
demandé très logiquement au ministre de nous faire valoir, de
nous faire savoir à nous quelles mesures il va prendre dans ce projet de
loi, dans la transformation de l'amiante, pour protéger la santé
des ouvriers. Est-ce qu'on nous a répondu?
M. Godin: On va respecter les lois de l'environnement.
M. Ciaccia: Si vous n'êtes pas capables de faire respecter
les lois dans l'industrie, ce sera encore plus difficile...
M. Godin: On va respecter les lois de l'environnement.
M. Ciaccia: ... une fois que l'État va devenir
propriétaire d'une société.
On a demandé de nous démontrer les mesures que le
gouvernement entendait prendre pour protéger la santé des
ouvriers, les conditions de travail des ouvriers...
M. Godin: Les lois de l'environnement.
M. Ciaccia: ... on ne nous a pas répondu. On nous dit:
Cela fait cent ans qu'on ne fait rien et on revient toujours avec la même
histoire...
M. Godin: Les lois de l'environnement, M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... on ne donne jamais de réponses à
nos questions.
M. Godin: Les lois de l'environnement, les règlements de
la dépollution qui existent.
M. Ciaccia: Peut-être, M. le Président, qu'il n'y a
pas de réponse. On voudrait hâter l'adoption de ce projet de loi
sans donner à la population du Québec toutes les réponses
nécessaires qu'elle a le droit d'avoir...
M. Bérubé: Vous avez réussi à les
faire fuir. M. Ouellette: Vous leur avez fait peur.
M. Ciaccia: Non, ils sont tellement de gens. Eux aussi se posent
des questions, M. le Président. Ils se posent des questions quant au
député de Frontenac.
M. Bérubé: II y en a un qui se gratte la tête
en tout cas.
M. Ciaccia: Je vais continuer sérieusement, M. le
Président.
M. Godin: Les lois de l'environnement.
M. Ciaccia: Ce sont des questions valables que nous avons
à poser. Nous avons dit en plus que dans cette industrie, si
l'État devient propriétaire d'une société, ce sera
beaucoup plus difficile pour l'État de mettre en marche, de mettre en
vigueur les règlements de protection pour les autres
employés.
M. Godin: Comment cela?
M. Ciaccia: II ne sera pas tellement intéressé
à dépenser tant d'argent que cela. Il va y avoir des
pressions.
M. Forget: D'exagérer les freins.
M. Ciaccia: Le ministre de l'environnement qui n'est pas capable
d'agir avec les autres sociétés n'agira pas avec la
société d'État. Au Conseil des ministres, au Conseil du
trésor, vous allez voir ce qui va arriver aux "améliorations" de
l'Asbestos Corporation, "améliorations" des droits, des conditions des
travailleurs. C'est pour ces raisons que nous avons demandé...
M. Godin: Le ton baisse, il n'y a plus de spectateur.
M. Ciaccia: J'apprends du député de
Frontenac...
M. Godin: Viva Pagliaccio!
M. Ciaccia: ... ces renseignements. À chaque fois qu'on
les demande, jamais on nous répond. On nous insulte, on nous donne
toutes sortes d'autres raisons. On parle plus longtemps que nous, on nous
accuse de faire de l'obstruction systématique.
M. Godin: II n'y a plus personne.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est inacceptable.
M. Grégoire: II y a deux policiers.
M. Ciaccia: Je suis consistant. Qu'il y ait du monde ou non, j'ai
mon opinion à faire prévaloir et vous allez l'entendre.
M. Grégoire: Arrêtez-le!
M. Ciaccia: M. le Président, nous souhaiterions que le
gouvernement nous donne les renseignements que nous avons demandés. Nous
souhaiterions qu'on nous donne en toute franchise, en toute transparence les
projets d'investissements du gouvernement, les montants qui seront requis pour
la transformation. Les produits, quels produits? Souvent, on dit qu'il y a des
produits qui vont faire concurrence à d'autres produits qui sont
déjà fabriqués au Québec. On a le droit de savoir,
une fois que vous auriez acheté Asbestos Corpora- tion, pour vous sauver
la peau, parce que peut-être que ce ne sera pas aussi rentable, vous
allez vous lancer dans des produits qui vont faire concurrence à
d'autres industries, parce que comme société d'État, vous
ne voulez pas un autre SIDBEC, vous ne voulez pas des tartes. Alors, pour faire
des profits, vous allez entreprendre toutes sortes de projets. On a le droit de
le savoir ici, on a le droit de le savoir maintenant pour être capable
vraiment de continuer l'étude du projet de loi comme elle devrait
être faite. On ne peut pas nous accuser de vouloir ces renseignements. Le
principe, c'est vrai, a été adopté à
l'Assemblée nationale. Le ministre, ce matin, nous a fait un discours
sur le rôle de l'Assemblée nationale et le rôle de la
commission parlementaire. Je prétends très humblement que le
ministre n'a pas vraiment compris le rôle d'une commission parlementaire,
le rôle qui nous incombe, comme membres de cette commission, non
seulement de l'Opposition officielle et de l'Union Nationale, mais même
du côté ministériel, le rôle d'examiner et d'obtenir
des renseignements. Le fait que le paragraphe 4b donne des voeux pieux, ce
n'est pas assez pour l'accepter, ce n'est pas assez pour le voter. Ce n'est pas
assez pour dire: Nous acceptons l'article 4b. Vous avez l'obligation et la
responsabilité, chacun de vous, du côté ministériel
d'obtenir des informations et si vous les avez, donnez-nous...
M. Godin: Ce sont les mêmes que vous avez, vous avez
oublié de les lire.
M. Ciaccia: Si vous les avez, ne vous contredisez pas...
M. Forget: Vous êtes faciles à satisfaire. Vous
n'êtes pas exigeants.
M. Ciaccia: Vous vous contredisez tous les jours et maintenant
toutes les cinq minutes. Si vous avez les informations, je prierais le
député de Mercier de demander à son ministre...
M. Grégoire: Vous avez oublié de les lire.
M. Godin: SIDBEC est une création libérale qu'on
essaie de sauver parce qu'il y a des emplois là-dedans. Est-ce nous qui
avons créé SIDBEC?
M. Ciaccia: ... de nous fournir ces informations, informations
essentielles à l'étude du projet de loi.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Mont-Royal, je vous demanderais de conclure, il vous reste à peine une
minute.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président, je conclus en
demandant encore...
M. Godin: Du temps de qui les études ont-elles
été demandées?
M. Ciaccia: Nous sommes d'accord avec le principe, mais nous
avons le droit d'exiger certaines informations qui ne nous ont pas
été données.
M. Godin: Effectivement, vous êtes toujours là et
quand on le fait, vous êtes contre.
M. Ciaccia: ...
Le Président (M. Dussault): Est-ce que l'article 4b est
adopté?
M. Grégoire: Pardon.
Le Président (M. Dussault): Je demande si l'article 4b est
adopté?
M. Grégoire: Adopté.
M. Forget: Adopté, M. le Président. Est-ce qu'on
demande un appel nominal?
Le Président (M. Dussault): Est-ce qu'il est
demandé?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Dussault): Alors je vais faire l'appel
des noms.
M. le député de Matane.
M. Bérubé: Favorable.
Le Président (M. Dussault): M. le député
d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: En faveur.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Richmond, qui a été remplacé par le député
de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Oui.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: En faveur.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: En faveur.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Bourassa, remplacé par M. le député de Mercier.
M. Godin: En faveur.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: En faveur.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: En faveur.
Le Président (M. Dussault): M. le député
de
Marguerite-Bourgeoys. M. le député de Nicolet-Yamaska...
Je m'excuse, les députés intervenants n'ont pas le droit de vote.
Alors, huit députés sont en faveur, aucun contre. L'article 4b
est donc adopté.
Est-ce que l'article 4 est adopté?
Amendement
M. Forget: Non, M. le Président, nous avons un amendement
à suggérer pour l'insertion d'un paragraphe c), après le
paragraphe b), qui se lirait comme suit: "Que le premier alinéa de
l'article 4 soit modifié en ajoutant, après le paragraphe b), le
paragraphe suivant: c) La recherche et le développement de nouveaux
usages ou procédés de transformation de l'amiante".
Le Président (M. Dussault): Est-ce que vous pourriez, s'il
vous plaît, me procurer le texte?
On vient de me le donner, alors je relis la motion d'amendement à
I'article 4: "Que le premier alinéa de l'article 4 soit modifié
en ajoutant, après le paragraphe b), le paragraphe suivant: c) La
recherche et le développement de nouveaux usages ou
procédés de transformation de l'amiante".
M. Bérubé: Nous pourrions rapidement l'adopter, M.
le Président. Quant à nous, l'amendement nous apparaissait inclus
dans le paragraphe b) dans la mesure où...
M. Forget: Je sais que le ministre l'a dit, mais je pense que si
on crée une société moderne, la recherche devrait faire
partie de ses objectifs.
M. Bérubé: Je n'ai aucune objection. M. Forget:
Cela précise et cela améliore.
Le Président (M. Dussault): De toute façon, je
déclare cet amendement recevable et je pose la question, puisque cela
semble le désir de la commission: L'article 4c est-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Dussault): Adopté. L'article 4
est-il adopté tel que modifié?
M. Forget: Nous aurions un autre amendement à proposer
pour ajouter...
M. Bérubé: À cette vitesse, on peut en
passer plusieurs.
M. Forget: ... à un autre paragraphe, mais je remarque
qu'il est 22 heures et que je n'aurai même pas le temps de faire la
lecture...
M. Bérubé: Celui-ci est plus litigieux. M.
Forget: Non, je ne pense pas.
M. Grégoire: On pourrait peut-être en avoir la
lecture et on en discutera demain.
M. Forget: Enfin...
Le Président (M. Dussault): De toute façon, je
pense que c'est du devoir du président...
M. Forget: ... parce que nous aurons des remplacements et que
cela va mêler les gens.
M. Grégoire: Consentement.
Le Président (M. Dussault): ... de mettre fin aux travaux
de cette commission. Nous ajournons nos travaux à demain matin, 10
heures.
(Fin de la séance à 22 h 1)