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Étude du projet de loi no 70
Loi constituant la Société
nationale de l'amiante
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Bérubé (Matane), M. Bordeleau (Abitibi-est), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) en remplacement de M. Brochu (Richmond), M. Ciaccia
(Mont-Royal) en remplacement de M. Forget (Saint-Laurent), M. Grégoire
(Frontenac), M. Laplante (Bourassa), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt
(Saint-François), M. Raynauld (Outremont). Les intervenants sont M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Godin (Mercier), M. Garneau (Jean-Talon), M.
Landry (Fabre), M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M.
Léger (Lafontaine), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Le question qu'il me reste à poser c'est: Est-ce que le dernier
paragraphe de l'article 4 est adopté?
M. Raynauld: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président...
M. Bérubé: II ne fait aucun doute, M. le
Président, que l'Opposition ne pourrait pas avoir d'amendement à
ce paragraphe absolument anodin.
M. Ciaccia: Hier soir, nous en avons un que vous avez
accepté immédiatement sans même discuter.
M. Bérubé: Parce qu'il était valable.
M. Ciaccia: II y en a peut-être d'autres, du même
ordre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Raynauld: M. le Président, je pense en effet que sur
l'erre d'aller d'hier soir, il serait possible de préciser l'article 4
et d'ajouter effectivement un autre amendement à cet article. Est-ce que
je le présente tout de suite et je parle dessus tout de suite ou bien si
je parle avant?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
parlez sur la motion principale à ce moment et je ne suis pas sûr
s'il vous reste du temps.
M. Raynauld: Je présente alors immédiatement
l'amendement qui se lirait comme suit:...
M. Grégoire: Bonjour, M. le Président.
M. Raynauld: On ajouterait après le paragraphe c)...
M. Ciaccia: Nous soulignons l'arrivée en retard du
député de Frontenac.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Tout le
monde va le savoir si on lit le journal des Débats. Son arrivée a
dérangé tout le monde.
M. Raynauld: M. le Président, qu'on ajoute...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît. M. le député d'Outremont est en
train de lire une motion. S'il vous plaît!
Motion sur le recyclage des résidus
d'amiante
M. Raynauld: La motion se lirait comme suit: Qu'après le
paragraphe c) on ajoute le paragraphe suivant: "Le recyclage des résidus
d'amiante de manière à assurer un meilleur environnement
physique."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
déclare la motion recevable puisque c'est un objet supplémentaire
qu'on veut voir donner à la société.
M. Raynauld: En effet, M. le Président, il s'agit d'un
objet supplémentaire qu'il serait utile de rendre plus explicite,
à notre avis. Je pense bien que l'article 4 tel qu'il est n'interdirait
pas que la Société nationale de l'amiante puisse envisager des
opérations de recyclage des résidus d'amiante.
Maintenant, c'est dans la même perspective que l'article qui a
été adopté hier que nous présentons cet amendement.
Nous pensons, en effet, qu'il serait bon d'insister, comme objet de la
société, sur les problèmes concrets qui se posent. Hier,
on a adopté un amendement qui portait sur la recherche, le
développement; et ici, c'est dans la même perspective. Le
recyclage des résidus d'amiante, je pense, est un problème
réel; c'est un problème qui n'est pas résolu et on pense
qu'il serait bon de marquer l'importance qu'on attache à l'environnement
physique, d'une part, et, évidemment, à la préservation de
cet environnement physique qui passe par le recyclage de ces
résidus.
Donc, je pense bien que ce n'est pas la peine de faire de longues
démonstrations; l'intérêt de cet amendement, encore une
fois, c'est de rendre plus explicites, plus clairs les opérations
envisagées, les problèmes qui existent et les solutions qu'on
devrait rechercher. Par conséquent, je pense que c'est un amendement
qu'il serait utile d'ajouter.
M. Grégoire: Juste une seconde, M. le Président.
Est-ce qu'on pourrait demander au député d'Outremont si on
pourrait avoir une suspension
de trois ou quatre minutes? Peut-être qu'il y aurait moyen, de
consentement, de l'améliorer.
M. Raynauld: Oui, d'accord.
M. Bérubé: Ce n'est pas une opposition de principe.
Je pourrais peut-être donner juste une explication, puis, à ce
moment, vous pourriez voir si cela vaut la peine qu'on suspende.
Dans votre amendement, vous dites: "Le recyclage de résidus
d'amiante de manière à assurer un meilleur environnement
physique." De fait, il existe plusieurs raisons pour lesquelles on peut
recycler des résidus d'amiante, vous serez d'accord avec nous; en
particulier, il pourrait y avoir d'autres objectifs à atteindre. Est-ce
qu'il faut vraiment se figer dans le ciment uniquement pour assurer un meilleur
environnement physique?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, s'il vous plaît. M. le député de Saint-Hyacinthe,
normalement c'était à vous le droit de parole, mais étant
donné...
M. Cordeau: Ce ne sera pas long.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
qu'il s'est manifesté un désir de...
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Je ne peux être
contre cet amendement, étant donné que le député de
Frontenac, à l'Assemblée nationale, à un moment
donné peut-être dans un moment d'enthousiasme très grand, a
essayé de nous convaincre que ces résidus contenaient des
richesses inouies. C'est plus que l'environnement. Il y a peut-être aussi
des richesses.
M. Bérubé: Exactement.
M. Cordeau: Nous aimerions connaître, à un moment
donné, les montants fabuleux que la province retirerait de ces
richesses. De toute façon, j'en serais heureux, s'il y a
possibilité.
M. Grégoire: Oui, c'est pour cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: Je vais simplement offrir de suspendre.
On accepterait, sans aucun doute, le recyclage des résidus d'amiante,
point.
M. Raynauld: Est-ce que je pourrais poser une question?
Évidemment, il y a peut-être d'autres formulations qui seraient
aussi acceptables que celle-ci. À nos yeux, il y a le recyclage des
résidus d'amiante, qui est un moyen, et l'autre est qu'on voudrait que
la société s'occupe, et que ce soit une obligation pour elle,
vraiment de résoudre le problème de ce qu'on appelle les
crassiers autour des mines. Il ne faudrait pas non plus éliminer cette
affaire-là parce que ces deux choses sont liées ensemble. On
pourrait envisager une autre...
M. Bérubé: Peut-être justement parce que
c'est lié ensemble, on pourrait les mettre sous deux articles
différents.
M. Raynauld: On pourrait peut-être suspendre.
M. Bérubé: Oui. On peut suspendre l'étude de
cet article et peut-être le décomposer en deux
éléments, un premier élément qui est le concept de
recyclage des résidus...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas l'étude de l'article qui est suspendue, ce sont les travaux de la
commission qui sont suspendus pour cinq minutes.
(Suspension à 10 h 21)
(Reprise à 10 h 23)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Maintenant, vous êtes enregistrés, messieurs. M. le ministre,
avez-vous terminé?
M. Bérubé: Je terminerai mon exposé en
amendant...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En
proposant une motion de sous-amendement.
Motion de sous-amendement
M. Bérubé: Je proposerai une motion de
sous-amendement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'est-à-dire d'amendement.
M. Bérubé: ... pour enlever les mots "de
manière à assurer un meilleur environnement physique ".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
la motion...
M. Bérubé: Et j'explique maintenant...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... de
sous-amendement est recevable et reçue.
M. Bérubé: J'explique maintenant le sens de mon
intervention, non pas qu'il s'agisse ici d'une opposition à ce que l'on
cherche à assurer un meilleur environnement physique, bien au contraire.
Cependant, je pense que ce serait malheureusement, je ne devrais pas dire
utopi-que, mais voir la vie un peu en rose que de croire qu'on puisse, avec le
recyclage des résidus d'amiante, se débarrasser de tous les tas
d'amiante qui sont accumulés. En effet, il faut réaliser qu'il
n'y a peut-être pas plus de 3% ou 4% de fibre dans une tonne de roche et
que, par conséquent, pour chaque tonne de roche on en laisse
97% ou .97 tonne en résidu. Trouver un moyen d'utiliser ces
résidus, c'est évidemment louable si on veut éliminer les
tas, mais il est peu probable qu'à brève échéance
on soit capable d'imaginer des procédés qui utilisent tous les
résidus d'amiante pour en faire différents produits.
Par conséquent, lorsqu'on aura un programme ou un projet de
recyclage des résidus d'amiante, ce sera fait avec un objectif
excessivement simple, soit celui d'en extraire les richesses, exactement comme
le député de Saint-Hyacinthe l'a souligné tout à
l'heure; c'est-à-dire que l'on recherchera un avantage
économique. Le député de Frontenac, à plusieurs
reprises, a souligné l'étonnante richesse des résidus
d'amiante. À titre d'exemple, nous effectuons présentement au
Japon des tests de fabrication de superphosphate, d'engrais au phosphate,
à partir des résidus d'amiante, dont les premiers
résultats s'avèrent éminemment intéressants. On
peut prévoir pour l'été prochain des essais
systématiques comparatifs d'épandage de nos phosphates ainsi
produits avec des phosphates japonais qui sont produits sur d'autres bases. Si
ces essais devaient s'avérer concluants en climat nordique, il faut donc
s'attendre à un développement intéressant du
côté de la fabrication de ces engrais au phosphate.
Donc, c'était le premier exemple, soit l'utilisation des
résidus à des fins d'engrais du sol. J'ai également eu
l'occasion de présenter à cette commission une pièce de
plastique moulée pour laquelle on a utilisé une charge
minérale qui, cette fois-ci, était constituée de
résidus d'amiante plutôt que de kaolin ou autres produits. Il
s'est avéré que les propriétés de ces plastiques
étaient éminemment intéressantes. On a donc un potentiel
assez grand de ce côté. On peut continuer et ce sera certainement
l'objectif du gouvernement. Là-dessus, il ne fait aucun doute
qu'indiquer le recyclage des résidus de l'amiante, c'est exprimer dans
un texte de loi l'intention gouvernementale. Il va de soi évidemment que
le recyclage des résidus de l'amiante doit obéir à une
notion économique. Donc, chaque fois que nous trouverons une utilisation
pour ces résidus d'amiante, il faudra nécessairement qu'il y ait
eu avantage économique pour que cette société ne
fonctionne pas à perte.
Ce qui ne veut pas dire pour autant et c'est là le dernier
point de mon intervention que nous négligerons
l'amélioration de l'environnement physique. En effet, si on arrivait
à utiliser 97% de la roche en toutes sortes d'utilisation, on aurait
réglé le problème des tas de déchets. Mais si nous
devions attendre que nous ayons trouvé des utilisations pour les
résidus d'amiante pour résoudre les problèmes de
l'environnement physique, nous risquerions d'avoir à attendre à
l'an 4000. Je pense que ce serait peut-être dangereux de lier le
recyclage des résidus d'amiante à l'environnement physique,
puisqu'il y a toutes les chances du monde que le recyclage des résidus
d'amiante soit d'abord lié à un but économique, à
un but de rentabilité et que, d'autre part, on pourrait avoir des
mesures à prendre concernant l'environnement physique. À titre
d'exemple, nos crassiers, nos ter- rils miniers pourraient faire l'objet
d'études systématiques d'ensemencement, de stabilisation à
la chaux, par exemple, d'ensemencement ou de reboisement. On a dans à
peu près maintenant tous les types de mines connus des programmes qui
consistent à stabiliser ces terrils de manière à
éviter leur éparpillement sous les vents et leur
éparpillement dans l'environnement.
Un tel programme qui est un programme essentiellement de protection de
l'environnement n'a rien à voir avec l'utilisation des résidus,
mais pourrait être le premier programme auquel devrait s'engager une
société exploitant une mine. Dois-je souligner qu'aujourd'hui les
normes de protection de l'environnement exigent des études de
stabilisation concernant les rochers miniers. Une telle proposition cadrerait
davantage avec des lois sur la protection de l'environnement beaucoup plus
qu'avec un mandat que la société doit assurer, parce que si on
devait avoir comme cinquième mandat que la société doit
procurer un meilleur environnement physique aux citoyens vivant aux alentours
de la mine, il faudrait également avoir un autre article disant que la
société devra avoir comme objet de veiller à ce qu'il y
ait le moins d'accidents possible dans la mine. Ensuite il y aura
également... Enfin on peut imaginer qu'il n'y a plus de mandat, qu'en
fait, c'est la tâche de tout bon citoyen de veiller à la
protection de l'environnement et à la protection de ces travailleurs.
Par conséquent, ce point m'apparaît valable dans la proposition.
Cela permettrait, puisque cela pourrait être l'intention de l'Opposition,
de bien faire ressortir cet objet qui est le recyclage des résidus
d'amiante, plutôt que de l'intégrer à l'intérieur de
l'article 4 tel que rédigé, lequel parlait de "toute
activité de nature industrielle, manufacturière ou commerciale
reliée directement ou indirectement à la transformation de
l'amiante", indirectement impliquant ce type d'action. Si on veut l'expliciter
plus précisément parce qu'on voudrait que la
société s'en occupe, cela m'apparaît une intention louable
et certainement non discutable. (10 h 30)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, l'amendement proposé
par le ministre n'atteint pas les objectifs visés. Il y a deux objectifs
dans l'amendement proposé par le député d'Outremont.
Premièrement, c'est d'expliciter qu'un des objectifs de la
société devrait être le recyclage des résidus
d'amiante. C'est vrai que cela serait généralement inclus dans
l'article 4b lorsqu'on parle de "toute activité", mais on veut rendre
plus précis un des objectifs de cette société. On propose
qu'un des objectifs soit clairement spécifié, le recyclage des
résidus d'amiante. C'est seulement un des objectifs. Il y a un autre
objectif qui est aussi important. C'est la question de la protection de
l'environnement physique. L'amendement du ministre enlève cet objectif
que nous visons par notre amendement. L'amendement parle seulement du
recyclage.
M. Bérubé: II était mal fait, votre
amendement.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est important qu'on
s'occupe de l'environnement physique. Il faut se demander quels sont les
avantages d'avoir cette société de l'amiante. Nous avons
démontré que, pour le Québec, dans tous les autres aspects
de cette loi, l'achat de la compagnie Asbestos Corporation ne donne aucun
avantage. Nous essayons de bonifier la loi. Nous essayons de la
préciser. Un des rôles de la commission parlementaire, c'est
d'essayer d'apporter des précisions pour que ce soit plus clair, pour
bonifier, pour aider le législateur pour que les articles du projet de
loi reflètent les inquiétudes, les problèmes que nous
voyons. Une de ces inquiétudes, c'est l'environnement physique. Dans
aucun endroit dans ce projet de loi, on ne réfère à
l'environnement physique. On ne parle pas du tout d'améliorer cet
environnement. Quand on entend les députés
ministériels je ne veux en viser aucunparler des
problèmes des ouvriers dans la région, de l'environnement
physique, des problèmes de conditions de travail, voici un exemple
parfait où on dit: On va répondre à vos soucis, on va
répondre aux problèmes que vous soulignez. Vous
représentez les gens de cette région. Cela aurait dû
être vraiment à un député de la région de
l'amiante de suggérer cet amendement parce qu'il devrait être plus
préoccupé que nous de l'environnement physique de cette
région, pas le député d'Outremont. Quant à ce
dernier, l'environnement physique et ce qui se passe à Thetford ne
l'affecteront pas personnellement et n'affecteront pas ses électeurs,
mais comme il a le souci de ses concitoyens, il a suggéré cela
dans cet objectif. Quant à mes électeurs de Mont-Royal,
franchement, ce n'est pas une préoccupation immédiate pour eux.
Je comprends bien le problème. Moi aussi, j'ai visité ces
endroits et l'environnement physique est absolument atroce. C'est effrayant.
Quand on passe dans ces places, c'est parfois vraiment pitoyable de
réaliser la façon dont certains de nos concitoyens doivent
vivre.
M. Grégoire: Pourquoi avez-vous enduré cela si
longtemps?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: On fait cette proposition pour améliorer, pour
bonifier la loi, pour essayer qu'au moins quelqu'un retire certains avantages
de la création de la Société nationale de l'amiante. On
n'a pas vu d'avantages pour le reste du Québec, quant à l'achat
de l'Asbestos Corporation. On essaie maintenant, pour les résidents de
l'endroitau moins eux devraient voir une amélioration de leur
environnement de mettre quelque chose dans la loi pour obliger la
société à faire quelque chose à ce sujet.
L'amendement du député d'Outremont vise exactement ce but, cet
objectif d'essayer d'aider les résidents immédiats, les
résidents affectés par cette industrie. Alors, il ne faut pas
enlever les mots "de manière à assurer un meilleur environnement
physique" parce que, là, cela enlèverait complètement
l'objectif de cet amendement. Cela enlèverait le coeur même de
l'amendement proposé par le député d'Outremont.
On ne veut pas dire que le recyclage des résidus d'amiante n'est
pas important. On ne veut pas dire que le recyclage des résidus
d'amiante devrait être fait seulement dans le but d'améliorer
l'environnement physique. Ce n'est pas limitatif. On n'est pas rendu à
ce point. On reconnaît qu'il peut y avoir des recyclages qui,
d'eux-mêmes, n'amélioreront pas l'environnement mais on ne les
exclut pas. On dit que cela devrait être un objectif de cette
société de s'occuper du recyclage dans le but de créer un
meilleur environnement physique. Ce serait un bénéfice. Au
coût que cela va coûter aux contribuables, c'est le moins qu'on
pourrait s'attendre qu'on ait un de ces objectifs d'améliorer
l'environnement. M. le Président, je crois que c'est quelque chose, il
ne devrait même pas y avoir de discussion. Cela devrait être
accepté tel quel par le côté ministériel. Nous
avions suspendu, il y a quelques minutes, M. le Président, pour
permettre au côté ministériel de rédiger
l'amendement d'une façon, comme ils nous l'ont laissé entendre,
à l'améliorer à être un peu plus
spécifique.
On n'avait pas besoin de suspendre. Si j'avais su que c'était
seulement pour éliminer la moitié de l'amendement, M. le
Président, ce n'était pas nécessaire de suspendre. Je
pensais qu'on était pour venir avec quelque chose de vraiment plus
concret parce que, nous aussi, nous réalisons que c'est possible
d'améliorer la façon dont nous avons rédigé cet
amendement. M. le Président, je crois que c'est un des buts principaux;
même, cela aurait dû être inclus dans les objectifs de la
société, d'améliorer l'environnement physique. Nous
donnons l'occasion au côté ministériel de le faire et il la
rejette. M. le Président, des fois, j'ai de la difficulté
à comprendre s'ils sont sincères, si vraiment ils veulent que ce
soit réalisé.
On parle toujours des abus qui sont créés par les
multinationales, les sociétés existantes. Et, quand on leur donne
l'occasion, nous disons: Voyons, cela va être le gouvernement maintenant
qui va s'en occuper. Occupez-vous de l'environnement physique.
Immédiatement on dit "non". J'ai de la difficulté à
comprendre cette approche et j'invite le parti ministériel à nous
expliquer pourquoi il ne veut pas s'occuper de l'environnement physique,
pourquoi il refuse, il veut enlever cette référence à
l'amélioration de l'environnement physique. M. le Président, on
se réfère toujours à 100 ans d'âge. Je n'ai pas 100
ans. Je vous assure, M. le Président, que je n'ai pas 100 ans. Toujours
me faire jeter à la face que cela fait 100 ans qu'on ne fait rien...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre.
M. Ouellette: On "s'entend" là-dessus.
M. Grégoire: ... presque 100 ans.
M. Ciaccia: M. le Président, quand on n'a rien à
dire sur le fond, on revient toujours à la même chose. Quand on
n'a rien à dire sur le fond, on insulte. On vous demande de nous
expliquer pourquoi dans vos voeux pieux, dans votre désir d'aider la
population, vous voulez même éliminer toute
référence à un environnement physique. Quand vous n'avez
pas de réponse, vous dites: On n'a rien fait. M. le Président, je
ne veux pas prendre le blâme pour les erreurs du passé. Je dois
dire que de votre côté aussi vous étiez là dans le
passé. On parle du présent et de l'avenir. On essaie de bonifier
la loi dans le but d'aider les citoyens, d'apporter des améliorations et
de faire quelque chose qui va bénéficier aux gens. C'est cela
l'objectif visé par notre amendement. C'est d'aider à la
réalisation des objectifs de la société pour que ceux qui
vont administrer cette société sachent qu'un des objectifs que le
législateur voulait, c'était que ces résidus soient
recyclés pour améliorer l'environnement.
Si on ne l'écrit pas dans le projet de loi; cela ne se traduira
pas en faits concrets. Parce qu'une fois que l'administrateur et le conseil
d'administration ou ceux qui vont s'occuper de la société
d'amiante, eux, vont regarder aux objectifs de leur charte et ils vont voir que
ce n'était pas le but principal. La tendance va être de s'occuper
seulement de ce qui est écrit là et de ne pas porter l'attention
nécessaire à d'autres aspects de leurs opérations que nous
considérons, à ce stade-ci, être aussi importants que
l'aspect commercial. Parce que ce ne sont pas seulement les aspects
pécuniaires d'une loi que nous devons voir, mais nous devons en voir le
contenu social aussi. Nous devons nous préoccuper des besoins de la
population, non seulement en termes de choses spécifiques,
pécuniaires, commerciales, mais aussi considérer les intangibles,
le mode de vie, la qualité de vie de ces résidents. C'est dans ce
but et avec cet objectif que nous avons proposé cet amendement.
J'inviterais le ministre, le parti ministériel
peut-être qu'il ne réalisait pas que c'était cela un but
principal à réfléchir un peu sur les propositions
qu'il a faites, sur le sous-amendement qu'il a fait, à enlever toute
référence à l'environnement physique, et peut-être,
s'il comprend le but que nous voulons atteindre, il va être d'accord avec
nous et inclure comme un des objectifs de la société l'amendement
suggéré par le député d'Outremont.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Beauce-Nord.
M. Ouellette: M. le Président, j'appuierai le
sous-amendement apporté par le ministre des Richesses naturelles
à l'amendement du député d'Outremont, parce qu'à
mon sens, tel que rédigé, cet amendement du député
d'Outremont tente à limiter au seul fait d'assurer un meilleur
environnement physique le recyclage des résidus de l'amiante. Alors
qu'on sait très bien que le premier motif, en tout cas dans l'entreprise
privée, qui pourrait faire agir une compagnie dans ce sens de recyclage,
serait, bien sûr, un souci économique.
Je me demande, par exemple, si on acceptait l'amendement tel que
proposé, ce qui pourrait advenir, en supposant qu'une compagnie
minière, que ce soit la Société nationale de l'amiante ou
toute autre compagnie privée, prenait la peine, par exemple, de
recouvrir les tas de résidus de terre après en avoir
annulé l'effet, après avoir, en tout cas, rendu par de la chaux
peut-être possible l'implantation de verdure, si dix ans plus tard on
trouvait le moyen de recycler ce qui se trouve en dessous de cette verdure.
Est-ce qu'on aurait le droit de briser l'aménagement qu'on a fait pour
sauver l'environnement physique afin d'aller y trouver une richesse
économique?
Moi, je trouve que les deux éléments qu'il y a dans la
proposition du député d'Outremont sont valables, mais ne doivent
pas être liés l'un à l'autre, car cela laisse croire que
pour sauvegarder l'environnement physique, on doive faire du recyclage et que
ce soit là la seule raison d'agir. Donc, je voterai pour le
sous-amendement du ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Hyacinthe. M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je pensais que le député de Frontenac
avait...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est le
député de Frontenac, c'est vrai.
M. Raynauld: II voulait parler, il ne faudrait pas lui enlever ce
plaisir.
M. Grégoire: M. le Président, il est bien
évident que moi aussi, je vais être contre cet amendement, non pas
que...
M. Bérubé: Pour le sous-amendement. M.
Grégoire: Pour le sous-amendement.
M. Ciaccia: Dans votre coeur vous avez dit la
vérité, mais les ordres sont les ordres.
M. Grégoire: Contre l'amendement tel que
rédigé, mais pour l'amendement tel qu'amendé. Il est bien
évident que, s'il y en a un qui est motivé par la protection de
l'environnement dans une région comme celle de Thetford, Black Lake,
Asbestos, East Broughton, c'est bien le député de Frontenac qui
est au coeur du problème. Je vois tous les jours que ces tas de
résidus sont néfastes pour la population, c'est de la
poussière qui revole dans l'air. Ce qu'il ne faudrait pas oublier de
dire, c'est que cela fait longtemps que cela se produit et que jamais... C'est
là qu'il est temps de parler de l'hypocrisie de celui qui est en face de
moi, de mon collègue libéral de Mont-Royal, qui devait
reconnaître que...
M. Ciaccia: M. le Président, question de règlement,
selon l'article 99, alinéas 8 et 9.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord, selon l'article 99.
M. Ciaccia: M. le Président, le député de
Frontenac n'a pas le droit d'utiliser des paroles blessantes, de parler
d'hypocrisie et de m'imputer des motifs dans ses propos. Je vous demande de le
rappeler à l'ordre. S'il veut donner son point de vue sur
l'environnement, c'est une chose, mais me faire accuser d'hypocrisie, je
n'accepterai pas cela. De toute façon, "he was not called for"; je n'ai
rien dit qui aurait pu susciter le moindrement ce genre d'accusation et je ne
l'accepterai pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Effectivement, un des mots employés par le député de
Frontenac était pour le moins contraire à l'article 99,
paragraphe 8, qui dit qu'il est défendu "de se servir d'un langage
violent ou blessant à l'adresse de qui que ce soit".
M. Grégoire: Très bien, M. le Président,
j'accepte votre verdict et je vais retirer ce mot. Seulement, je vais dire
ceci: Le député de Mont-Royal arrive, en 1978, en disant: II faut
protéger l'environnement et, si le député de Frontenac ne
s'occupe pas de la protection de l'environnement dans son comté, nous,
de Mont-Royal et nous, d'Outremont, on va y voir. Ils ont été six
ans au pouvoir et ils n'ont jamais rien fait pour cela. Je ne qualifierai pas
cette attitude, je crois qu'elle se qualifie d'elle-même.
M. Ciaccia: Je n'ai même pas mentionné le
député de Frontenac. (10 h 45)
M. Grégoire: On a pas besoin d'ajouter un qualificatif
quand, pendant six ans, vous avez eu l'occasion de le faire. Et même
pendant les vingt années de pouvoir du Parti libéral. Sans
qualifier le député de Mont-Royal...
M. Ciaccia: Je n'étais même pas là, il y a
six ans.
M. Grégoire: ... d'hypocrite, puisqu'il n'était pas
là, on peut qualifier ainsi le parti qu'il représente. Le parti,
dont il est le délégué aujourd'hui, n'a rien fait,
rien!
M. Ciaccia: Vous ne faites rien vous, non plus; on vous en donne
l'occasion et vous la refusez.
M. Grégoire: Voici maintenant ce qu'on va faire, on va
vous l'expliquer. Le député arrive et prend la position de
vouloir sauver l'environnement, alors que son parti n'a rien fait depuis vingt
ans; peut-être pas le député de Mont-Royal, mais son parti,
le parti qu'il représente ici, a une attitude nettement hypocrite. Le
parti, non pas l'individu!
La raison pour laquelle je suis en faveur de l'amendement, c'est que la
proposition du député d'Outremont telle que rédigée
limite l'action de la Société nationale de l'amiante en ce qui
concerne les rédisus. On dit: Ajouter le paragraphe suivant: "le
recyclage des résidus d'amiante de manière à assurer un
meilleur environnement physique". Or, le recyclage des résidus d'amiante
ne doit pas servir uniquement à assurer un meilleur environnement
physique. C'est une partie du recyclage des résidus d'amiante, mais ce
n'est pas seulement cela. Ce qui est important dans le recyclage des
résidus d'amiante, après les recherches en laboratoire
nécessaire, après les recherches en usine pilote
nécessaires, c'est de se servir de ces résidus pour les
transformer en produits finis qui pourront être utiles et qui pourront
apporter une valeur économique à la région, à la
population et au Québec.
Or, l'amendement du député d'Outremont, tel que soumis,
limite l'action du gouvernement et c'est ce qu'on veut éviter. On
voudrait que la Société nationale de l'amiante puisse se servir
des résidus non pas dans le seul but de protéger l'environnement,
mais qu'elle puisse également s'en servir pour de la transformation en
produits finis. Qu'il y ait un souci de protection de l'environnement, nous en
sommes, mais je crois qu'il serait parfaitement illogique et
incompréhensible que cela relève de la Société
nationale de l'amiante. Je crois que cela doit relever des services de
l'environnement. Si la Société nationale de l'amiante exploite un
gisement d'amiante, va-t-elle venir s'imposer à elle-même des lois
de protection de l'environnement? Il faudra que la Société
nationale de l'amiante, exploitant soit des industries de l'amiante, seule ou
conjointement avec d'autres, soit des gisements d'amiante, soit soumise aux
règlements des services de protection de l'environnement qui seront plus
rigides et plus sévères vis-à-vis de ces industries de
transformation de l'amiante ou vis-à-vis de ces exploitations de
gisements miniers que la Société nationale de l'amiante
elle-même ne pourra l'être si elle est copropriétaire d'une
industrie ou d'un gisement.
Je crois qu'il y aurait un conflit d'intérêts net si on
confiait la mission de protection de l'environnement à la
Société nationale de l'amiante plutôt que de la laisser
entre les mains des Services de la protection de l'environnement. Il ne faut
pas que ce soit la même société qui exploite un gisement
d'amiante et qui soit chargée de la protection de l'environnement. Ce
serait un conflit d'intérêts. Au contraire, il faudra que le
gouvernement et les Services de la protection de l'environnement soient plus
sévères qu'ils ne l'ont été au cours des 25, 30,
50, 75 dernières années. Cela doit continuer à relever des
Services de la protection de l'environnement et je refuserais que ce soit entre
les mains de la Société nationale de l'amiante parce qu'elle
serait impliquée dans l'exploitation de gisements miniers, dans
l'industrie de transformation de l'amiante. Je ne veux pas qu'il y ait
là conflit d'intérêts; je ne veux pas que la
Société nationale de l'amiante soit trop molle dans la protection
de l'environnement. Je veux que ce soit laissé à un autre
ministère qui soit complètement dégagé oui,
qui soit dégagé; que ce soit égal pour tous.
Les Services de la protection de l'environnement n'étant pas
propriétaires d'un gisement minier seront aussi stricts vis-à-vis
de la Johns-Manville, de la Canadian Carey, à East Broughton, et de
l'Asbestos Corporation alors que, si on laissait à la
Société nationale de l'amiante, qui sera propriétaire de
l'Asbestos Corporation, le soin de protéger l'environnement, lorsqu'il
s'agit des gisements miniers concurrents comme celui de la Johns-Manville ou
celui de la Canadian Carey, et de gisements miniers qui lui appartiennent comme
Asbestos Corporation, une industrie de l'amiante qui pourrait lui appartenir,
il y aurait de la discrimination, il y aurait un net conflit
d'intérêts.
Il faut éviter cela. Il faut éviter que la
Société nationale de l'amiante soit là et puisse
favoriser, dans la protection de l'environnement, une industrie qui lui
appartiendrait et être très stricte et très
sévère pour une industrie qui n'appartiendrait pas à la
Société nationale de l'amiante. Il me semble que c'est
évident. Si on veut atteindre le but poursuivi, on doit s'en remettre
aux Services de la protection de l'environnement qui ne seront pas en conflit
d'intérêts. Je sais qu'il y aura des règlements qui vont
protéger l'environnement dans ces domaines et il doit y en avoir. Je
vais faire un effort pour qu'il y en ait, mais cela doit être entre les
mains des Services de la protection de l'environnement qui ne seront pas en
conflit d'intérêts.
Je pense que le député d'Outremont, avec son amendement,
doit comprendre un peu ce que je veux dire. Je le félicite d'avoir
apporté je suis content qu'il l'ait apportée
l'idée du recyclage des résidus d'amiante. Même si
c'était déjà inclus, cela pouvait être indirectement
inclus dans le paragraphe b) de l'article 4, je suis content qu'on
spécifie la question des résidus d'amiante parce que, dans la
région, on est sensibilisé au fait qu'il y a beaucoup de
matériaux qui peuvent être utiles dans les résidus.
D'ailleurs, les recherches qui sont faites à l'heure actuelle le
démontrent. Il y a du magnésium. J'ai ici...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
brique!
M. Ciaccia:... comme lui. Vous en avez de l'information!
M. Grégoire: L'information ne manque pas pourvu qu'on
courre après et pourvu qu'on la cherche!
M. Ciaccia: Oui, mais vous devez l'utiliser cette
information.
M. Grégoire: M. le Président, c'est un rapport du
Centre de recherche industrielle du Québec qui a été
publié en 1975. Donc pas biaisé. Oui, il existait avant. Il va
confirmer... Ces études ont commencé en février 1972
et à quelle période a-t-on remis le rapport? Je crois que
c'est en 1975. Toujours est-il qu'on fait mention ici de ce qu'il peut y avoir
pendant que je cherche ce que je veux trouver...
M. Raynauld: On va vous croire sur parole.
M. Grégoire: Je dois vous dire qu'en 1972 on avait
évalué à 600 millions de tonnes les résidus qui
existent dans la région de l'amiante. Le CRIQ, le Centre de recherche
industrielle du Québec, à la page 38, dit: "Les rejets des mines
d'amiante contiennent environ 125 millions à 300 millions de tonnes de
fibres courtes de fibres courtes qui pourraient être
réutilisées quand on sait que, dans leurs 2 500 000 tonnes de
production d'amiante, les Russes calculent chaque année environ 1
million de tonnes de fibres courtes, c'est-à-dire de la 8 et 9, alors
que nous la renvoyons dans un tas de rejets; c'est connu, tout le monde le
sait. Cela contiendrait, deuxièmement, 125 millions de tonnes de
magnésium, soit 12 000 fois la production canadienne annuelle des
dernières années, 12 000 fois la production canadienne annuelle
des dernières années. Là je cite des chiffres qui viennent
du CRIQ. Il y aurait 30 millions de tonnes de fer. Il y aurait 1 200 000 tonnes
de nickel, soit 0,2%; 1200 000 tonnes de nickel, cela fait 2 400 000 000 de
livres. C'est 2000 livres. Or le nickel, à l'heure actuelle, au prix du
marché, est à $2.20 la livre. Il y a 2 400 000 000 de livres de
nickel, rien qu'en nickel, si on prend le prix à la livre, à
$2.20, cela ne fait pas loin de $4 500 000 000. Et il y aurait également
1 200 000 tonnes de chrome.
M. Ouellette: On aurait les moyens de rester dans la
Confédération si on exploitait celai
M. Raynauld: Ah oui! On est riches, c'est effrayant!
M. Ciaccia: II parle contre le séparatisme, là,
lui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Entendez-vous avec votre ministre. Est-ce que c'est
pour ou contre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela va
bien, l'esprit est bon ce matin!
M. Grégoire: Je pense bien que nous envisageons les
résidus parce que, quand j'ai lu le rapport du CRIQ nous donnant tous
ces chiffres-là, j'ai été estomaqué de calculer
cela. 30 millions de tonns de fer et à un moment donné il y a
tout un chapitre sur le ferronickel qui peut être produit à partir
des résidus qui compétitionnerait les meilleures qualités
de ferronickel, d'alliage de Falcon-bridge. C'était mentionné
dans ce rapport. J'ai été surpris.
Quand on regarde les tas de résidus et qu'on les voit tous les
jours, il y a deux choses, c'est vrai.
II y a les valeurs économiques qu'on peut tirer de ces tas de
résidus, de ces crassiers. Tous les jours il s'en ajoute au rythme de
dizaines de milliers de tonnes par le raffinage du minerai d'amiante
là-bas. Je suis bien heureux que le député d'Outremont ait
apporté l'amendement pour spécifier les résidus. Avec
l'amendement tel qu'amendé par le ministre des Richesses naturelles qui
mentionne
seulement le recyclage des résidus de l'amiante, je crois que
là on atteint le but de la transformation. Je savais d'avance que, dans
l'article 4, paragraphe b), tout cela était inclus. Je suis content de
voir que c'est spécifié par l'amendement.
M. Bérubé: On est d'accord et on est d'accord
longtemps.
M. Grégoire: On apporte des arguments pour justifier cet
amendement du député d'Outremont.
M. Raynauld: Je suis heureux de le constater.
M. Grégoire: À mon tour, je vais faire appel au
député d'Outremont. Avec cet amendement tel qu'amendé par
le ministre des Richesses naturelles, on aurait réglé le
problème de la valeur économique et de l'utilisation des
résidus. Il ne serait pas sage de confier la protection de
l'environnement et l'amélioration de l'environnement à la
Société nationale de l'amiante qui se trouverait en conflit avec
elle-même. La protection de l'environnement doit être
assurée par le ministère.
M. Ciaccia: Par l'industrie privée.
M. Grégoire: Je crois que cela doit être fait par le
ministère sinon la Société nationale de l'amiante, comme
je le disais tout à l'heure, pourrait avoir une politique pour un
gisement minier dans lequel elle aurait des actions et avoir une autre
politique pour une compagnie minière compétitrice. À ce
moment, c'est le gisement minier dans lequel la Société nationale
de l'amiante aurait des actions ou une participation qui se trouverait à
fournir une moins bonne protection de l'environnement. Il y a un danger qui
existe. Cela ne serait pas atteindre l'objectif poursuivi. M. le
Président...
M. Cordeau: Êtes-vous pour?
M. Grégoire: Pour l'amendement? Oui. Pour le
sous-amendement et l'amendement tel qu'amendé.
M. Bérubé: L'amendement tel qu'amendé.
M. Grégoire: Tout en spécifiant bien, M. le
Président, que je crois que le ministère de la protection de
l'environnement devra prendre toutes les mesures nécessaires pour
protéger l'environnement dans la région de l'amiante et dans
toutes les régions minières.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Frontenac. M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. J'aurais une question
à poser au député de Frontenac. Dans le passé, M.
le député, est-ce que vous vous êtes plaint du manque de
protection de l'environnement concernant les résidus de l'amiante?
M. Grégoire: Oui.
M. Cordeau: Beaucoup?
M. Grégoire: Aux Services de protection de
l'environnement.
M. Cordeau: À plusieurs reprises?
M. Ciaccia: II n'était pas au pouvoir en ce
temps-là.
M. Grégoire: ...
M. Cordeau: Quelles sont les démarches que vous avez
faites ou quels sont les résultats de vos démarches auprès
des autorités de l'environnement depuis que le Parti
québécois est au pouvoir?
M. Grégoire: À l'heure actuelle, M. le
Président,...
M. Bérubé: M. le Président, là-dessus
je peux vous en donner des renseignements si vous en voulez.
M. Cordeau: Ce serait bon.
M. Ciaccia: Vous voulez sauver le député de
Frontenac?
M. Bérubé: Non. On pose une question
éminemment technique concernant la progression. Présentement, aux
Services de protection de l'environnement, on a formé une équipe
qui, je dois le dire, a été constituée presque
entièrement avec des gens que j'ai eu le plaisir de former dans mes
propres laboratoires. D'ailleurs, pendant treize ans, j'ai eu le plaisir de
travailler, même pendant un certain nombre d'années pour le
sous-ministre aux Affaires indiennes puisque je développais ces
critères de protection de l'environnement dans le domaine minier pour
son ministère dans les Territoires du Nord-Ouest.
M. Ciaccia: Cela a été ouvert dans ce
temps-là.
M. Bérubé: La plupart de ces chercheurs qui ont
été formés au Québec sont présentement
à établir toute une série de normes concernant la
protection de l'environnement dans le domaine minier. Je peux vous dire qu'il y
a présentement une excellente équipe aux Services de protection
de l'environnement. Ils font du très bon travail.
M. Ciaccia: II n'a pas demandé ce que vous faites. Il a
demandé ce qu'il a fait. On le sait, que vous faites votre travail, vous
aussi. (11 heures)
M. Grégoire: M. le président, si vous voulez me
permettre de répondre, je dois vous dire, évidemment, que quand
on arrive avec des problèmes comme cela, depuis longtemps, on commence
par faire des tests. Déjà, l'an dernier, dès la
première année, il y eu un programme mis en vigueur en
collaboration avec le ministère des
Affaires municipales, je crois. L'été dernier, il y a eu
un emploi d'été qui a consisté à recouvrir toute
une partie d'un crassier, d'un tas; tout un emplacement d'un des crassiers de
la mine Bell, à Thet-ford Mines, a été regazonné,
planté d'arbres et tout. C'est un test qui a été fait l'an
dernier pour voir comment cela réagirait. Cela a été fait
l'an dernier, moins de six mois après la prise du pouvoir par le Parti
québécois.
M. Cordeau: Avez-vous l'intention de récidiver cette
année? Est-ce que ce programme va être remis en vigueur cette
année?
M. Grégoire: Oui. On va voir les résultats de cet
essai qui a été fait en gazonnement et en plantation d'arbres en
pleine ville de Thetford, en fait, au coin du boulevard Caouette et de la
rue...
Une voix: Grégoire!
M. Grégoire: C'est un boulevard qu'il y a à
Thetford, en fait.
M. Cordeau: Caouette et Grégoire!
M. Grégoire: Non, ce n'est pas cela. En fait, pour savoir
s'il va y avoir récidive, M. le député de Saint-Hyacinthe,
je dois vous dire qu'il va falloir attendre au printemps et à
l'été pour voir les résultats, parce qu'en plein hiver on
ne peut pas les voir. Le gazon pousse lentement.
M. Cordeau: Trouvez-vous que les démarches que vous avez
entreprises auprès des différents ministères se
déroulent normalement? Est-ce que cela va assez vite ou est-ce que cela
va trop lentement?
M. Grégoire: Cela ne va jamais assez vite, à mon
goût, parce que je suis un type qui voudrait toujours que cela ait
été fait hier, mais je crois que cela avance à un rythme
normal.
M. Ciaccia: Vous voudriez que cela ait été fait il
y a 100 ans!
M. Cordeau: Maintenant, M. le ministre, j'ai une question
à vous poser. Quand prévoyez-vous que le comité auquel
vous avez fait allusion tantôt pourra déposer son rapport? Bien
sûr, il y aura des recommandations à l'intérieur de ce
rapport concernant l'environnement.
M. Bérubé: Concernant les règlements dans le
domaine minier, je ne saurais dire. Il faudrait s'adresser au ministre
responsable des Services de protection de l'environnement qui, lui, pourrait
sans doute vous donner les dates auxquelles ces recommandations devraient
être faites.
M. Cordeau: Est-ce vous qui avez formé le
comité?
M. Bérubé: Absolument pas. Je dis que cela a
été formé avec des chercheurs québécois qui
sont maintenant de réputation internationale dans le domaine et qui
élaborent justement cette série des normes.
M. Cordeau: Vous n'êtes pas au courant du travail accompli
actuellement? On ne vous a pas informé.
M. Bérubé: Vous savez, j'en ai bien assez avec les
Richesses naturelles et les Terres et Forêts.
M. Cordeau: Concernant l'environnement, je pense qu'il ne
faudrait pas que cela prenne dix ou quinze ans: Ce serait pour
répondre surtout au voeu exprimé par le député de
Frontenac. J'aimerais bien qu'il apporte à ce problème autant
d'ardeur qu'il en apporte au présent projet de loi.
M. Grégoire: Je peux rassurer le député de
Saint-Hyacinthe à ce sujet. On y voit. Je ne voudrais pas que cela
traîne.
M. Ciaccia: Sauf qu'il ne veut pas l'inclure dans le projet de
loi.
M. Grégoire: Je ne voudrais pas qu'il y ait conflit
d'intérêts entre la Société nationale de l'amiante
et les objectifs de la protection de l'environnement.
M. Cordeau: Cela veut dire qu'actuellement, au ministère
de l'environnement, il n'y a pas de lois adéquates pour la protection de
l'environnement dans le domaine de l'amiante.
M. Bérubé: Dans le domaine du contrôle des
émissions par les terrils miniers, je dois reconnaître que c'est
un problème assez universel, non seulement à l'échelle du
Québec, mais aussi à l'échelle d'à peu près
toutes les provinces. Seul l'Ontario a présentement une
réglementation qui se rapproche, je ne dirais pas d'un idéal,
mais de conditions minimales acceptables.
M. Cordeau: Avez-vous l'intention d'aller chercher ce
règlement ou de le prendre et de le faire adopter ici?
M. Bérubé: II n'est évidemment pas
applicable à l'industrie de l'amiante, puisqu'ils n'ont pas de mines
d'amiante en Ontario.
M. Cordeau: Par contre, avec quelques modifications, il serait
peut-être adaptable à l'amiante?
M. Bérubé: Concernant le reboisement des terrils,
je pense que ce serait une excellente initiative.
M. Cordeau: Est-ce une de vos préoccupations?
M. Bérubé: C'est une préoccupation des
Services de la protection de l'environnement.
M. Cordeau: Oui, mais vous avez certainement votre mot à
dire au Conseil des ministres. Vous pourriez peut-être faire une
recommandation bien spécifique au ministère de
l'environnement.
M. Bérubé: J'ai le plaisir de vous dire que je n'ai
pas eu de recommandations à faire au ministre responsable des Services
de protection de l'environnement sur ce sujet puisque ce sujet n'a pas
été abordé jusqu'à maintenant comme tel par le
ministre.
M. Ciaccia: Le ministre responsable de l'environnement ne fait
rien. Alors, il n'a pas de recommandation.
M. Cordeau: Étant donné que ce n'est pas la
préoccupation du ministre, est-ce que quelques députés
ministériels auraient cette préoccupation?
M. Grégoire: Voyez-vous, je vous ai parlé tout
à l'heure du test qu'on a essayé l'été dernier dont
on verra les résultats, cette année. On ne saura pas, tant que la
neige ne sera pas fondue, quel est le résultat.
M. Cordeau: En Ontario, ils ont une réglementation, et ils
ont certainement des expériences. Même s'ils sont de l'Ontario et
s'ils parlent l'anglais, il me semble qu'on pourrait aller chercher de bonnes
idées de l'autre côté.
M. Grégoire: Oui, mais seulement, ils ont commencé
il y a longtemps à faire ces tests et à essayer
d'améliorer la situation. Nous, on part de plus loin. Ils ont
commencé il y a longtemps à faire ces tests et à essayer
d'améliorer la situation. Nous autres on commence, il faut commencer
à zéro et faire les tests. Selon l'Allemagne...
M. Cordeau: Mais pourquoi commencer à zéro quand il
y en a qui ont fait des expériences ailleurs? M. le ministre a dit qu'en
Ontario, il y a un règlement qui pourrait être adapté.
M. Grégoire: Oui, mais pas concernant les mines
d'amiante.
M. Bérubé: M. le député de
Saint-Hyacinthe, si je ne me trompe, votre formation est agricole ou du moins
vous représentez un comté agricole.
M. Cordeau: C'est-à-dire que mes électeurs sont
à 87% urbains.
M. Bérubé: À 87%, bon. Si vous étiez
dans un comté agricole, avec une certaine formation en agriculture, vous
reconnaîtriez très rapidement qu'on ne fait pas pousser des
carottes dans n'importe quel terrain. En d'autres termes...
M. Cordeau: Je sais cela. Vos explications sont superflues, M. le
ministre.
M. Bérubé: ... pour chaque type de terrain minier,
il faut effectuer des études d'ensemence- ment, des études de
stabilisation, des terrils comme tels, des études d'engrais, il y a un
terme technique en agriculture, d'amendement des sols, de manière
à permettre à la végétation de prendre sous ce type
de territoire. Effectivement, il y a des études qui ont
été faites sur les terrils miniers à faible teneur, par
exemple, en pyroxene et pyrite, matériaux sulfureux. Il y a
également des études qui ont été faites sur des
minéraux contenant de faibles quantités d'arsenic. Il y a peu
d'études qui ont été faites sur les terrils à
granularité beaucoup plus grossière provenant d'un traitement
à sec des minerais et pour lesquels, là, il faut peut-être
avoir beaucoup plus de connaissances.
Soulignons, cependant, que la nature même de la roche, avec sa
très forte teneur en magnésie, pourrait rendre les amendements
moins nécessaires. Il y a des travaux à faire et ce genre
d'étude doit être fait si on veut arriver à pouvoir
étendre et établir des normes généralisées
pour l'ensemble de l'industrie.
M. Cordeau: Je faisais allusion tantôt au règlement
ou aux réglementations, auxquelles vous avez fait allusion
vous-même, de l'Ontario, concernant la protection de l'environnement qui
était assez bien faite. Vous-même vous y avez fait allusion. J'ai
pris mes renseignements.
M. Bérubé: "From the horse's mouth".
M. Cordeau: Bien sûr que je ne peux être contre le
recyclage des résidus d'amiante. La transformation, bien sûr. Par
contre, je crois que ce devrait être une des préoccupations de la
société, l'environnement, en collaboration avec les services de
la protection de l'environnement. On ne peut dissocier les
responsabilités ou les devoirs de la société de
l'environnement. Il me semble que cela devrait être aussi une
priorité de la société de s'occuper de l'environnement. Je
ne sais pas de quelle façon on pourrait inclure la protection de
l'environnement dans le projet de loi, mais il me semble que cela devrait
être une des priorités de la nouvelle société. On la
veut la plus parfaite possible.
Si on a reproché à d'autres sociétés,
d'autres compagnies de ne pas s'occuper de l'environnement, il me semble qu'on
devrait, dans ce projet de loi, apporter une attention tout à fait
spéciale à l'environnement afin qu'il y ait des normes pour la
protection des citoyens. On blâme les sociétés actuelles de
ne pas s'occuper de l'environnement. Si notre société
québécoise que vous voulez former ne s'occupe pas de
l'environnement, si ce n'est pas sa priorité, eh bien, je ne marche
pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais revenir
brièvement sur quelques-uns des propos du député de
Frontenac. En discutant l'amendement du député d'Outremont, il
faut bien savoir lire l'amendement avant d'en faire une interprétation.
L'amendement du député d'Outremont ne res-
treint pas uniquement le recyclage des résidus d'amiante
seulement pour assurer un meilleur environnement physique. Certainement qu'il
peut y avoir un autre genre de recyclage. Peut-être n'atteindra-t-il pas
cet objectif, mais au moins il faudrait avoir parmi les objectifs
l'amélioration de l'environnement physique. Alors, l'amendement du
député d'Outremont n'est pas restrictif en ce sens, ce n'est pas
le seul but, mais c'est un des buts.
Deuxièmement, M. le Président, on parle d'un conflit
d'intérêts entre le ministère de l'environnement et la
société, si on inclut cet amendement du député
d'Outremont. Là, vraiment, je pense qu'on renverse la logique, parce
qu'il ne devrait pas y avoir de conflit d'intérêts. Justement pour
éviter ce conflit d'intérêts, c'est essentiel qu'on inclue,
comme un des objectifs de la société, la protection de
l'environnement. C'est ainsi qu'on arrive aux conflits entre le
ministère et la société. Le ministère de
l'environnement va dire: Mon objectif, mon mandat, c'est la protection de
l'environnement. Il ne faut pas qu'une autre société
d'État dise: Moi, mon objectif c'est le développement commercial
des produits. C'est dans ce sens qu'on crée les conflits, quand on donne
un mandat à un ministère qui est différent du mandat d'une
autre société. C'est spécifiquement dans le but
d'éviter ce conflit et pour permettre à la société
de travailler de concert avec le ministère qu'on devrait inclure la
référence à l'environnement physique. De cette
façon, jamais la société ne pourrait dire au
ministère: Écoutez, ce n'est pas dans mon mandat, il y a un
conflit entre vos règlements et les miens, parce que le ministère
va pouvoir dire: Écoutez, je veux que vous observiez les objectifs
mêmes de votre société, qui sont la protection de
l'environnement physique.
Cela devrait être l'exemple qu'une société
d'État devrait donner aux autres sociétés privées.
On voit ce conflit dans d'autres endroits dans le gouvernement, dans d'autres
ministères. On l'a vu dans la Société de
développement de la baie James. On voit aujourd'hui que la
société de développement veut acquérir une mine, on
voit que le ministère des Richesses naturelles veut acquérir une
société qui a une mine. C'est cela les conflits, parce qu'on ne
définit pas clairement, exactement le mandat de chacune des
sociétés d'État, de chaque ministère. On
crée des conflits et ici on va ajouter aux conflits. On va le
créer le conflit entre cette société-ci et le
ministère. Ceci va mener à la dépense des deniers des
contribuables. Ce n'est pas difficile de voir ce que le Conseil du
trésor va faire. Si le ministère de l'environnement veut imposer
certaines normes à la société d'État,
spécialement si ce n'est pas dans l'objectif de la société
d'État, il va dire: Écoutez, on n'a pas les budgets cette
année, on va remettre cela à l'année prochaine.
C'est pour cela que je pense que les questions du député
de Saint-Hyacinthe au député de Frontenac étaient fort
pertinentes: Qu'allez-vous exiger du ministère de l'environnement,
maintenant que vous êtes du même côté? Comment
allez-vous exiger d'appliquer leurs règlements? Il sera en- core plus
difficile de demander au ministère de l'Environnement d'appliquer les
règlements contre une société d'État. Il faut
être réalistes, il faut avoir un peu d'expérience dans ce
domaine pour voir les conflits qui peuvent exister entre deux
sociétés et entre deux ministères différents du
même patron.
M. le Président, c'est spécifiquement pour éviter
ces conflits qu'on veut inclure une référence à
l'environnement physique. On nous a cité des chiffres et des milliers de
tonnes de résidus; cela ne règle pas le problème, cela ne
règle pas l'environnement physique. Si ces milliers de tonnes de
résidus demeurent là, il y a les problèmes de la
relocalisation des villages, des maisons, tous les problèmes qui ont
été créés dans le passé par ces
sociétés qui ont exploité l'amiante. On cherche à
améliorer pour l'avenir, pour que le gouvernement remplisse vraiment ses
obligations, ses objectifs envers les citoyens de ces endroits.
M. le Président, c'est en conformité avec les objectifs
mêmes du gouvernement, pour éviter des conflits
d'intérêts. Il faut les éviter et on va les éviter
si on dit à cette société: Vous n'avez pas de mandat
différent, vous n'avez pas des objectifs différents du
ministère de l'environnement, arrêtons de créer ces guerres
entre ministères, entre différentes sociétés. Qui
perd dans ce temps-là? C'est la population qui perd, parce qu'elle
attend que les règlements et les lois soient appliqués, puis il y
a une société qui dit: Ce n'est pas ma responsabilité,
l'autre a un budget plus gros que l'autre société. À la
fin, le citoyen est assis entre deux chaises et rien ne se fait. (11 h 15)
Pour éviter ce genre de conflit, pour que tous les
ministères et les sociétés dans ce domaine aient les
mêmes objectifs, pour ces raisons, je vais appuyer l'amendement du
député d'Outremont. Le sous-amendement du ministre va totalement
à l'encontre même non seulement des objectifs que le gouvernement
s'est donnés lui-même à cette commission parlementaire, par
la voix de ses différents porte-parole, mais il va même à
l'encontre des objectifs d'un autre ministère. C'est ce que je trouve
complètement aberrant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: Je pense qu'on s'entend sur la première
partie de l'amendement, le recyclage des résidus d'amiante; ce qui
reste, c'est le problème de l'environnement physique. Il faudrait
trouver une façon d'indiquer que cette société devra se
préoccuper de façon particulière de l'environnement
physique. On s'est suffisamment plaint dans le passé du fait que les
entreprises privées ne se préoccupaient pas de l'environnement
physique pour qu'à l'occasion de la création d'une
société publique, d'une société d'État,
cette société soit soumise à des obligations
particulières à cet égard. Donc, l'intérêt de
l'amendement était d'essayer de relier les résidus d'amiante
à l'environnement physique; peut-être, en effet, y a-t-il une
restriction qui n'est pas désirable dans la façon dont
l'amendement a été formulé, mais je pense qu'il est
indispensable de marquer que la société devra s'occuper de cet
environnement physique.
À mon avis, il n'est pas suffisant, à cet égard, de
compter seulement sur les Services de protection de l'environnement. Il n'y a
absolument aucun conflit d'intérêts à mentionner que la
société devrait se préoccuper de l'environnement physique
et de l'existence des Services de protection de l'environnement. Trop souvent
dans le passé on a voulu appliquer des règlements pour
protéger l'environnement en pensant et en ayant à l'esprit qu'il
n'y a que les entreprises privées qui détruisent cet
environnement. Or, il est admis de tous que souvent cela a été
des entreprises d'État et souvent des organismes publics qui ont
contribué à la destruction de cet environnement.
Qu'il suffise de penser à l'eau. Qui pollue l'eau? Il y a des
entreprises qui polluent l'eau, mais il y a aussi, et en très grande
partie, les municipalités qui sont des organismes publics. Donc, ce
n'est pas un phénomène d'entreprises privées versus les
entreprises publiques quand on en arrive à l'environnement. C'est une
question beaucoup plus simple, dans un certain sens. C'est que la protection de
l'environnement coûte de l'argent et que l'organisme, qu'il soit public
ou privé, va toujours chercher à se dispenser de dépenser
des sommes d'argent pour protéger l'environnement. C'est pourquoi
l'État doit en faire une obligation non seulement aux entreprises
privées, mais aussi à ses propres organismes d'État. C'est
pourquoi je pense que non seulement il n'y a pas de conflit
d'intérêts, mais il serait significatif, il serait même
symbolique de bien marquer que, parmi les objets de la Société
nationale de l'amiante, on mentionne d'une façon satisfaisante cette
préoccupation pour l'environnement physique.
Je voudrais, à ce stade-ci, demander au ministre, puisqu'il en a
mentionné la possibilité au départ, s'il serait
disposé à accepter, en échange de la modification à
l'amendement que j'avais proposé, qu'on ajoute un autre paragraphe de
manière à distinguer les deux problèmes. Le paragraphe d),
conformément à l'amendement ou au sous-amendement du ministre se
lirait: "le recyclage des résidus d'amiante", et on ajouterait un
paragraphe e) qui serait: "l'élimination graduelle des résidus de
manière à assurer un meilleur environnement physique".
M. Bérubé: L'élimination?
M. Raynauld: "L'élimination graduelle des résidus
de manière à assurer un meilleur environnement physique." Je
pense qu'il faut voir l'intention; je n'insiste pas sur un mot particulier.
M. Bérubé: Un député de
Montréal fait la moue.
M. Raynauld: L'intention, c'est d'indiquer, parmi les ordres de
préoccupations et de priorités de cette société,
cette préoccupation pour l'envi- ronnement physique. Je pense que le
député de Frontenac a essayé de nous montrer, tout
à l'heure, que cette préoccupation était présente
chez lui. Si elle est présente chez lui, pourquoi refuserait-il que ce
soit indiqué parmi les objets de la société? Ce n'est pas
simplement un voeu pieux; c'est indiquer que la société devra se
préoccuper de l'environnement physique, indépendamment des normes
qui pourront être imposées, par ailleurs, par le ministère
de la protection de l'environnement.
Je pense qu'il n'y a aucun conflit entre les deux, au contraire. Je
pense que cela aurait, encore une fois, une très grande valeur
symbolique et incitative d'indiquer, parmi les objets de la
société, qu'il doit y avoir l'environnement physique. Si le
gouvernement est sincère dans cette volonté de protéger
l'environnement physique, je vois mal comment il pourrait refuser d'indiquer
cette préoccupation à l'article 4.
Encore une fois, je pense que, si le gouvernement refusait de le faire,
il faudrait bien en conclure que, si on parle beaucoup d'environnement
physique, on en parle seulement pour la galerie, mais on n'en parle pas lorsque
vient le moment de voter ou d'adopter un projet de loi.
M. Cordeau: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: ... est-ce que le député d'Outremont
voudrait répéter son amendement, c'est-à-dire l'article e)
qu'il propose?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
une suggestion d'amendement...
M. Raynauld: Oui, oui.
M. Bérubé: Mais c'est une suggestion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
puisqu'il ne peut en présenter un à ce moment-ci.
M. Raynauld: Je voulais plutôt demander au ministre s'il
serait d'accord pour le modifier justement, pour ne pas trop s'enferrer dans
les procédures.
M. Bérubé: C'est important de suivre la
procédure. La présidence nous a donné une leçon, il
n'y a pas tellement longtemps, qui a été
appréciée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Plusieurs.
M. Raynauld: Le ministre lui-même a suggéré
tout à l'heure...
M. Bérubé: Oui, je dois dire.
M. Raynauld: ... que, peut-être, si les deux choses
étaient tenues distinctes, il verrait d'un bon
oeil cette référence à l'environnement physique.
Donc, je relis cette suggestion: "e) l'élimination graduelle des
résidus de manière à assurer un meilleur environnement
physique." Si vous me le permettez, je pourrais peut-être ajouter
quelques mots encore sur le libellé. Je pense qu'on est à peu
près tous d'accord que, si l'environnement physique est mis en danger,
c'est principalement à cause des résidus. Ce n'est pas tellement
un problème qui pourrait être relié aux modes
d'énergie utilisés, ou à des choses semblables. C'est
vraiment centré sur les résidus.
M. Grégoire: Me permettriez-vous une question?
M. Raynauld: Oui.
M. Grégoire: Est-ce que, par votre amendement, vous
dites... Voulez-vous le répéter?
M. Raynauld: "L'élimination graduelle des résidus
de manière à assurer un meilleur environnement physique". On
garde l'autre.
M. Grégoire: Alors, est-ce que ce serait la
responsabilité de la Société nationale de l'amiante
d'éliminer les résidus, par exemple, de la Johns-Manville
à Asbestos, ou de la Carey Canadian?
M. Raynauld: Non, non, non. M. Grégoire: Ce n'est
pas inscrit.
M. Raynauld: Cela ne s'applique pas aux autres; cela s'applique
simplement à la société que nous fondons. Ce sont les
objets de la société.
M. Ciaccia: La société, pour ses travaux à
elle-même.
M. Raynauld: Elle ferait sa part et, ensuite, il faudrait compter
sur les services de protection à l'environnement pour les autres
sociétés. Mais je pense bien que toute la stratégie du
gouvernement en créant cette société, c'est justement
d'apporter...
M. Grégoire: Ce n'est pas spécifié. M.
Raynauld: Non, mais c'est évident.
M. Grégoire: Cela peut vouloir dire l'un ou l'autre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II faut
bien s'entendre. Si je comprends bien la suggestion du député
d'Outremont, il y aurait un paragraphe d) qui se lirait comme suit: "Le
recyclage des résidus d'amiante." Il y aurait un paragraphe e) qui se
lirait...
M. Raynauld: C'est cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Évidemment, c'est une suggestion; ce n'est pas une motion.
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
présume qu'il vous tend la perche. Évidemment, si cette
suggestion est rejetée, on va revenir tout de suite à notre autre
motion. Il ne faudrait pas s'embarquer dans les procédures.
M. Raynauld: En tout cas, M. le député de Frontenac
a posé une question et je pense que la réponse à cette
question est celle-ci: II n'y a pas d'ambiguïté là-dessus.
Il n'y en a pas parce que la phrase commence par "La société a
pour objets...
M. Grégoire: L'élimination des résidus.
M. Raynauld: ... a) b) c) d) e). C'est cela.
M. Grégoire: Mais là ce peut être tous les
résidus même des autres compagnies.
M. Raynauld: Non, non, non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II
faudrait lire le dernier paragraphe de l'article 4, aussi.
M. Raynauld: C'est ce qu'on dit: "À cet effet, la
société, aussi bien que ses filiales, peut s'associer etc." Je
pense que c'est clair qu'il s'agit des résidus de la
société. À ce moment-là, cela marque une
volonté et, encore une fois, c'est l'objectif de créer des
sociétés, même si je ne suis pas d'accord sur le principe.
En reconnaissant qu'il y a une société qui est
créée, on dit qu'on veut justement que cette
société, par ses pratiques, ait une force d'entraînement,
ait une valeur d'exemple pour les autres sociétés qui sont
là. Si la Société nationale de l'amiante était
capable de démontrer qu'elle est capable de faire cela, on serait
beaucoup mieux placés pour parler aux autres sociétés et
leur dire: La société québécoise est capable de le
faire, pourquoi n'êtes-vous pas capables de le faire? Je pense que c'est
dans cette perspective-là que c'est présenté ici.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion de sous-amendement, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Je crois que la
suggestion du député d'Outremont est très valable et que
cela viendrait appuyer une réglementation qui viendrait des Services de
la protection de l'environnement qui s'adapterait peut-être plus tard
à toutes les compagnies qui exploitent l'amiante. Ce serait
déjà un jalon de posé et la société
d'État serait le modèle. J'appuie la suggestion du
député d'Outremont.
M. Bérubé: Je pourrais intervenir
brièvement, parce que je pense qu'il ne faut pas en faire un plat. Je
trouve dommage que ce soit le troisième amendement du
député d'Outremont...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'a
pas encore été présenté. Il ne peut être
présenté.
M. Bérubé: Je parle de son amendement et du
sous-amendement que nous avons présenté, donc je parle toujours
sur le sous-amendement. Je trouve dommage, dis-je, que le député
d'Outremont nous ait présenté trois amendements jusqu'à
présent, les deux premiers étant irrecevables et le dernier
étant mal foutu. Mais...
M. Ciaccia: Lequel était irrecevable? M.
Bérubé: Concernant...
M. Ciaccia: Aujourd'hui, il ne vous a pas présenté
d'amendement irrecevable.
M. Bérubé: On est rendus au troisième
amendement du député d'Outremont. Pourquoi cet amendement me
paraît-il mal foutu? Non pas que le principe soit mauvais, mais parce
que, justement, on a tenté d'atteindre trop d'objectifs en même
temps et, en même temps, je pense qu'on a confondu ce qui doit être
un objet, un mandat de la compagnie et ce qui doit être une
préoccupation de l'entreprise dans son exploitation. Quand on dit:
mandat de la compagnie, le mandat de la compagnie c'est une
société à vocation commerciale. Si nous devions lui donner
comme mandat de se débarrasser des tas de rejets, si c'est le mandat que
la société d'État reçoit, évidemment elle se
retournerait vers le gouvernement en disant: II va en coûter $350
millions pour déménager les tas de rejets, voici le mandat que
m'a confié l'Assemblée nationale, vous n'avez plus qu'à
paver les $350 millions nécessaires pour le déménagement
de ces tas de rejets, puisqu'un mandat de l'Assemblée nationale doit
nécessairement être respecté par cette
société. Il faut donc ne pas confier à la
société un mandat qui ne serait pas de nature économique.
Que l'on confie à la société le mandat de et
là, il faudrait peut-être même vérifier votre
amendement, d'ailleurs notre amendement est: recyclage des résidus
d'amiante; on devrait dire: le recyclage économique des résidus
d'amiante, je dirais même, M....
M. Raynauld: Voyons, M. le ministre!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, vous ne pouvez pas à ce stade-ci présenter un
sous-amendement à un sous-amendement.
M. Bérubé: Si le texte est...
M. Raynauld: C'est parce que cela n'allait pas dans son
argumentation.
M. Bérubé: C'est ce qui m'a fait penser,
d'ailleurs, à examiner de plus près cet amendement puisque notre
sous-amendement consiste à proposer d'enlever "de manière
à assurer un meilleur environnement physique". Nous aurons sans doute
tantôt à sous-amender encore l'amendement précédent,
parce que, présentement, ce que nous avons fait, c'est de séparer
l'aspect recyclage des résidus d'amiante, ce qui peut être un
objectif économique parce qu'on peut demander à une industrie de
se spécialiser dans le recyclage économique des résidus
d'amiante.
Concernant cet amendement de notre sous-amendement, ce qui est
intéressant c'est que, à nouveau, le député
d'Outremont ne nous a pas demandé de déposer un grand nombre
d'études sur la rentabilité du recyclage des résidus. (11
h 30)
M. Ciaccia: Voulez-vous que je vous le demande?
M. Bérubé: II devrait nous avoir...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
M. Bérubé: Comme c'est lui qui a proposé
l'amendement, il faudrait que ce soit à notre tour, dans quelques
minutes, de déposer une motion qui serait sans doute jugée
irrecevable...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
avez raison.
M. Bérubé: ... pour demander au
député d'Outremont de déposer les études en vertu
desquelles, évidemment, on peut demander à cette
société de faire du recyclage. Il faudrait même demander
des programmes d'investissements. Il faudrait savoir exactement combien il y
aurait de travailleurs qui travailleraient dans ces usines de recyclage de
résidus.
M. Raynauld: C'est cela que vous auriez fait.
M. Bérubé: Le député d'Outremont,
dans la logique de ses propos antérieurs, ne veut pas accepter de donner
un mandat général. Cependant, j'accepte son amendement et j'en
profite pour souligner l'apparente, l'étonnante similitude, devrais-je
dire, avec l'ensemble du projet de loi. En effet, nous pouvons donner un
mandat, à une société, de chercher à recycler,
d'une façon économique, des résidus d'amiante. C'est un
objectif économique défendable et acceptable. Par
conséquent, nous ne prétendons pas avoir, ici, en main, toutes
les données pour savoir si, effectivement, on peut faire tel et tel
recyclage, mais il ne fait aucun doute que la Société nationale
de l'amiante devra confier à ses employés le soin de
présenter des projets dans le cadre de ce mandat que lui a confié
l'Assemblée nationale puisque nous sommes ici pour définir un
mandat. Donc, pour la première partie du mandat, il n'y a aucun
désaccord.
M. Grégoire: ...
M. Bérubé: Cependant, pour la deuxième
partie, ce n'est pas un mandat d'une société...
M. Ciaccia: Tu vas voir si cela nous fait cela.
M. Bérubé: ... d'assurer un meilleur environnement
physique. C'est un soin qu'elle doit mettre
dans la réalisation de son mandat principal, lequel est un mandat
économique. Elle ne doit pas être désavantagée, sauf
si c'est l'intention explicite du législateur, par rapport à ses
compétiteurs. Si nous estimons qu'au Québec l'industrie de
l'amiante doit contrôler ses terrils ou doit déménager ses
terrils, à ce moment, c'est l'ensemble de l'industrie de l'amiante et
non pas simplement une société. Il appartient aux Services de
protection de l'environnement de présenter une réglementation
véritablement universelle qui s'applique à l'ensemble de
l'industrie de l'amiante, et non à une compagnie en particulier, si nous
estimons que ce mandat doit être exigé de la part de toutes les
compagnies minières de l'amiante. Il m'apparaîtrait totalement
irréaliste de vouloir imposer, à la Société
nationale de l'amiante, une réglementation qui n'est pas applicable
à toutes les autres sociétés. Lorsqu'on donne le mandat
d'assurer un meilleur environnement physique, à ce moment, la
société pourrait, à titre d'exemple, si elle suivait la
suggestion que le député vient de faire, dire qu'elle oublie
totalement le mandat économique de recyclage, le mandat de
transformation, le mandat d'exploitation minière et qu'elle ne s'occupe
que du transport des rejets miniers qu'elle va déménager dans un
autre endroit où ils ne dérangent pas, parce que le mandat est
d'assurer un meilleur environnement physique et qu'elle n'a pas à
s'occuper de l'économique. On se rend bien compte que c'est totalement
irréaliste et illogique. Cela montre bien que, malheureusement,
l'Opposition a confondu des règles de bon citoyen que cette
société doit respecter avec le mandat qui est un mandat de
développement économique. Je pense qu'il ne faut pas
confondre.
Les Services de protection de l'environnement ont un mandat
précis de cette Assemblée nationale qui est de faire respecter
les normes de protection de l'environnement et la Société
nationale de l'amiante devra se soumettre à cette réglementation
et à ces normes. Par contre, ce n'est pas le mandat de la
Société nationale de l'amiante de se spécialiser dans
l'élimination de tous les tas de résidus situés dans
l'ensemble du territoire québécois. Ce n'est pas le mandat, ce
n'était pas l'intention du gouvernement et cela ne sera pas l'intention
du gouvernement de donner, comme mandat à la société,
d'effectuer des travaux qui sont à caractère non
économique.
Les Services de protection de l'environnement devront, eux, avoir des
normes de protection de l'environnement qui seront universelles et auxquelles
toutes les sociétés, y compris la Société nationale
de l'amiante, devront se soumettre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Bérubé: II y a une confusion lamentable, M. le
Président, dans l'esprit de l'Opposition entre ce qu'est un mandat et
des précautions que doivent prendre toute société qui a un
respect de l'environnement et de l'homme. Il y a une confusion lamentable dans
l'esprit de ces députés de l'Opposition. Je comprends que c'est
sans doute parce que nous siégeons un vendredi, que, d'habitude, ils
prennent leurs vacances très tôt et que, pour une fois, ils sont
obligés de travailler. Je pense que c'est là le
problème.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Mont-Royal, cinq
minutes, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, les pirouettes de ce
gouvernement et de ce ministre sont extraordinaires. De la part de ce
gouvernement, on entend tout le temps critiquer l'entreprise privée,
critiquer les multinationales. Il dit que ces dernières ne respectent
pas leurs obligations sociales. On critique la Sun Life d'avoir pris une
décision économique, de ne pas respecter ses obligations.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion.
M. Ciaccia: Là, tout à coup, c'est le gouvernement
qui devient propriétaire de la société, M. le
Président.
M. Bérubé: Pourriez-vous aussi vous asseoir sur
l'amendement, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Quand le gouvernement devient propriétaire
d'une société, les obligations sociales n'existent plus. Il faut
agir seulement comme une entreprise privée. Il faut seulement respecter
les lois économiques. Franchement, je ne comprends plus les positions de
ce gouvernement. On a tellement entendu parler des abus des
sociétés, spécialement dans l'industrie de l'amiante.
Quels abus ont-elles commis? Ne pas respecter les ouvriers, ne pas respecter
l'environnement? On veut les astreindre à toutes sortes de choses.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, c'est une des excuses de
dire: Nous, on va acheter la société d'amiante. Je me souviens,
des syndicats sont venus ici et on leur a fait des représentations. On
leur a dit: Vous allez être des employés d'une
société d'État. Vous allez voir que l'environnement, vous
allez voir que les questions de salubrité vont être
réglées pour vos employés. Je les ai entendus ici. La CSN
est venue et vous lui avez dit cela. Là, ils ne sont pas ici et tout
à coup, on fait une suggestion pour vous faire respecter vos
déclarations, vos objectifs, et vous vous cachez derrière les
lois de l'entreprise privée. C'est fantastique de voir ce gouvernement
défendre l'entreprise privée tout à coup, quand cela fait
son affaire, quand il va être l'entreprise privée.
Là, on ne s'occupe plus de l'environnement. Cela peut
coûter trop cher. C'est une préoccupation, pas un mandat. On fait
cette distinction.
Franchement, je vous le dis, je ne comprends pas du tout. Vous voulez
vous échapper, vous voulez écarter, vous voulez mettre de
côté vos obligations, vos responsabilités. Vous ne voulez
plus vous occuper des préoccupations qui devraient être les
préoccupations d'un gouvernement. Les obligations sociales, même
l'entreprise privée devrait les avoir, même l'entreprise
privée devrait s'en occuper. Donner à cette société
le mandat de s'occuper de l'environnement, ce n'est pas un mandat de s'occuper
seulement de l'environnement. Cela ne veut pas dire qu'elle ne doit pas
s'occuper des aspects commerciaux. Se faire dire que cette
société ne peut pas s'occuper de l'environnement parce que cela
va être une entreprise privée, que ce n'est pas rentable,
là, c'est inacceptable. Je voudrais bien que le public entende les
propos du ministre ce matin. Le gouvernement va acquérir cette
société et on ne s'occupera plus de l'environnement. Ce ne sera
pas un mandat. Cela ne peut pas être un des mandats. Cela ne peut pas
être un des trois, quatre ou cinq autres mandats de la
société, dont la société pourrait s'occuper en
conformité avec les objectifs et le mandat du ministère de
l'environnement.
M. le Président, je vous avoue que je ne comprends pas le
ministre. Je trouve ses propos totalement inacceptables.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Hyacinthe, cinq minutes également.
M. Cordeau: M. le Président, je veux relever l'affirmation
gratuite de M. le ministre tantôt lorsqu'il disait que les
députés de l'Opposition sont habituellement en vacances le
vendredi. Si, habituellement, les députés de l'Opposition sont en
vacances, les membres du gouvernement aussi sont en vacances le vendredi.
Alors, ils ne travaillent pas plus que nous autres. Ils sont assujettis
à l'horaire et au règlement de l'Assemblée nationale comme
les membres de l'Opposition.
M. Bérubé: M. le Président, je voudrais
retirer mon affirmation. En fait, ce n'est pas parce qu'ils sont en vacances,
c'est parce qu'ils ont en général l'esprit fumeux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
êtes tous hors du sujet.
M. Cordeau: Je crois que la fumée n'est pas seulement de
ce côté-ci de la table.
M. Grégoire: Elle s'en va de votre côté.
M. Cordeau: Je crois que c'est assez bien réparti, M. le
Président, la fumée autour de la table.
M. Grégoire: Elle s'en va par là-bas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, le gouverne- ment est
tellement habitué d'accuser toujours les autres de tout ce qui arrive
qu'il oublie qu'il est le gouvernement. En particulier, pour le vendredi, c'est
lui qui a proposé d'enlever la séance du vendredi matin à
l'Assemblée nationale.
M. Ciaccia: Les ministres n'étaient jamais là.
M. Raynauld: Ceci dit, je voudrais revenir au sujet de notre
discussion. Comme le député de Mont-Royal, je trouve absolument
extraordinaire la position que le gouvernement prend là-dessus. C'est
absolument extraordinaire. On veut créer une société
nationale, on veut créer une société publique parce que
les sociétés privées ne s'occupent pas de leurs affaires,
ne s'occupent pas des aspects sociaux de leurs activités, ne s'occupent
pas du bien-être de la population, ne s'occupent pas de l'environnement,
ne s'occupent pas de leurs travailleurs et font de l'exploitation abusive des
ressources naturelles, etc. C'est cela qu'on entend depuis des années,
des années.
On crée donc une société nationale et la
première chose qu'on reçoit comme argumentation sur
l'environnement physique: Non, non, ce ne serait pas commercial. Vous confondez
les préoccupations. Grand Dieu, quel argument est-ce là? On
indique simplement ici que, dans les mandats, on a laissé a), on a
laissé b), on a ajouté c) on ajoute d), on met e) où on
dit: L'élimination graduelle des résidus d'amiante. On ne parle
même pas de faire cela demain matin. On dit: Parmi les mandats que cette
société reçoit, elle devra s'occuper d'éliminer
graduellement les résidus. C'est la critique que l'on fait depuis cent
ans, selon ce que le député de Frontenac nous dit...
M. Bérubé: La pertinence du débat, M. le
Président; nous parlons sur l'amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre.
M. Raynauld: Nous parlons sur l'amendement. C'est pour justifier
cet amendement qui avait été présenté pour
tâcher d'inclure dans les mandats de cette société la
protection de l'environnement physique. On a dit: La formulation fait
défaut. Très bien, on va vous proposer une autre formulation. Ce
qu'on voit, c'est que vous n'êtes pas du tout sur la formulation. Vous ne
voulez pas que l'on mette dans les mandats de la société qu'elle
doit protéger l'environnement physique. On a parlé tout à
l'heure d'hypocrisie du Parti libéral. C'est une hypocrisie fondamentale
du parti au pouvoir. C'est cela que c'est, cette affaire. Si vous voulez
être sérieux, cessez d'accuser toutes les entreprises de ne jamais
s'occuper de l'environnement physique et tâchez d'accepter cet amendement
qui impose, parmi les mandats de la société, cette
préoccupation que vous dites avoir et que vous dites vouloir imposer
à toutes les sociétés privées. Imposez-la donc
d'abord à votre propre société.
Je trouve cela absolument extraordinaire et paradoxal qu'on puisse dire
aux syndicats, quand
ils sont venus ici, par exemple, que cette société va
évidemment être le meilleur employeur. Ce n'est pas vrai du tout.
Vous refusez d'inclure parmi les mandats une fonction, une activité que
le ministre nous dit n'être pas économique. C'est absolument
extraordinaire, cette affirmation: Ce n'est pas économique, ce n'est pas
un objectif économique. Par conséquent, en disant cela, il
justifie tout ce qu'ont fait les sociétés privées. Alors,
comment réconcilie-t-il cette affirmation avec toutes les attaques qu'il
a faites sur les sociétés qui étaient là, en disant
que, compte tenu du fait que les sociétés ne s'occupent pas de
l'environnement physique, il fallait que le gouvernement lui-même
achète une société, Asbestos Corporation, pour montrer aux
autres ce qu'on peut faire?
C'est cela qu'il nous a dit et qu'il nous dit depuis trois mois. Il faut
avoir un secteur témoin. Il faut être capable de prouver que les
entreprises privées seraient capables de faire cela, si seulement elles
avaient un peu de préoccupations sociales. On en met une
préoccupation sociale parmi les mandats de la société et
vous la refusez. C'est là que je ne comprends plus, parce que vous niez
tout ce que vous dites depuis trois mois, avec ce refus. Je pense que, tel que
proposé, tel que la suggestion était faite, c'était
très modéré. On n'impose rien. On dit: Une
élimination graduelle des résidus.
M. Bérubé: De manière à assurer un
meilleur environnement.
M. Raynauld: Certainement, de manière à assurer un
meilleur environnement physique, parce que c'est cela, le problème.
Qu'est-ce que le député de Frontenac nous dit depuis trois mois?
Il dit que c'est épouvantable, absolument épouvantable. On dit:
Essayez donc de faire quelque chose. L'élimination graduelle des
résidus.
M. Cordeau: Cela prendra peut-être cent ans, mais
acceptez.
M. Raynauld: Oui, cela prendra peut-être cent ans, mais
commencez donc à faire au moins quelque chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît.
Une voix: M. Cent ans.
M. Bérubé: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre. Oui, M. le ministre, question de règlement. (11 h 45)
M. Bérubé: Conformément à notre
règlement de fonctionnement, normalement, cette commission doit se
prononcer sur les sous-amendements dans l'ordre de leur présentation ou
dans l'ordre inverse de leur présentation et revenir à
l'amendement principal. Présentement, le député d'Ou-
tremont nous dit: De manière à éliminer graduellement. Or,
à ma connaissance, nous n'avons aucun sous-amendement qui nous est
présenté. Qu'il ait à l'esprit d'en présenter un,
nous le discuterons à sa valeur. Pour l'instant, nous devons discuter le
recyclage des résidus d'amiante, nous devons discuter du sous-amendement
suivant, c'est-à-dire l'élimination des mots "de manière
à assurer un meilleur environnement physique." Voilà l'objet de
notre discussion. Ensuite, nous reviendrons à l'amendement principal et
nous pourrons discuter de l'amendement principal, nous pourrons faire tous les
amendements, d'ailleurs, j'ai même l'intention d'apporter un autre
amendement éventuellement.
M. Cordeau: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Vous avez raison, M. le
ministre, alors je demanderais au député d'Outremont de bien
vouloir parler sur le sous-amendement dont il est question actuellement.
M. Raynauld: J'ai parlé sur le sous-amendement, je
demanderais maintenant le vote, étant donné que...
M. Grégoire: Est-ce qu'on peut avoir le droit de parole
quand même, M. le Président?
M. Raynauld: On vient de l'exercer sur le sous-amendement.
M. Grégoire: J'ai encore un droit de parole.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Frontenac, j'ai ici cinq minutes.
M. Raynauld: S'il vous reste du temps, vous pouvez toujours
l'utiliser.
M. Grégoire: Je vais m'en tenir strictement au
sous-amendement.
M. Raynauld: C'est parce que le ministre voulait passer au vote,
je suis prêt à passer au vote.
M. Grégoire: Moi, je voudrais dire quelques mots sur le
sous-amendement.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Le ministre demande de retrancher "de
manière à assurer un meilleur environnement physique." Moi, je
dis ceci: Je suis pour retrancher ces mots-là, oui, parce que je veux
que le recyclage des résidus d'amiante...
M. Ciaccia: Cela contredit ce que tu as dit avant.
M. Grégoire: ... ne serve pas seulement et uniquement,
comme c'est mentionné ici...
M. Ciaccia: Pas seulement...
M. Grégoire: ... à assurer un meilleur
environnement physique. Je veux que les résidus d'amiante servent aussi
à ajouter une valeur économique au Québec.
M. Raynauld: Nous sommes d'accord là-dessus.
M. Grégoire: Je veux qu'on se serve des résidus
d'amiante, non pas les éliminer rien que pour protéger
l'environnement, je ne veux pas qu'on les élimine, je veux qu'on s'en
serve.
M. Cordeau: D'accord.
M. Grégoire: Puis vous nous arrivez avec une motion qui
dit: "de manière à assurer un meilleur environnement physique.
"
M. Cordeau: II ne sait pas lire. M. Ciaccia: II ne sait
pas lire.
M. Grégoire: Je suis contre qu'on se limite à
cela.
M. Ciaccia: Cela ne limite pas.
M. Grégoire: Oui, cela limite.
M. Ciaccia: Non.
M. Grégoire: Cela limite. Je veux qu'on dise: Le recyclage
des résidus d'amiante...
M. Ciaccia: ... pas tellement.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre! À
l'or- dre, s'il vous plaît, laissez parler le député de
Fron- tenac.
M. Grégoire: ... c'est correct. Quand vous mentionnez une
chose, vous vous limitez à cela et ce n'est pas suffisant. Nous les
avons, les tas, et on sait qu'il y a de la richesse là-dedans et on veut
s'en servir. On ne veut pas simplement arriver et mettre du gazon dessus. Et si
vous le faites seulement de manière à assurer une meilleure
protection de l'environnement physique, à planter des arbres et mettre
du gazon dessus, ce n'est pas suffisant. On veut s'en servir, des
résidus d'amiante. C'est pourquoi on va s'opposer à limiter notre
action sur les résidus d'amiante à simplement une protection de
l'environnement. On veut s'en servir, il y a de la richesse là-dedans.
C'est pour cela que je suis en faveur de l'amendement du ministre.
Vous êtes d'accord, c'est cela qu'on discute depuis
tantôt.
M. Bérubé: Ils sont obligés de
reconnaître que leur amendement était très mal foutu.
M. Grégoire: C'est vrai.
M. Raynauld: L'amendement était bon, c'est nous qui
l'avons fait.
M. Grégoire: II fallait au moins leur mettre sur le nez
que c'était un mauvais amendement qu'ils ont apporté.
M. Ciaccia: On va revenir là-dessus. M. Raynauld:
Le vote.
M. Cordeau: Est-ce qu'on peut savoir exactement, M. le
Président, sur quoi on vote.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, on vote sur le
sous-amendement qui est proposé par le ministre je n'ai pas le
texte, mais si quelqu'un me le passait...
M. Raynauld: Nous votons sur l'élimination de cette
phrase.
Le Président (M. Bordeleau): Le sous-amendement dit que
l'alinéa d) deviendrait à ce moment: "Le recyclage des
résidus d'amiante." Tout simplement.
M. Raynauld: Non, nous votons sur le sous-amendement de
retrancher la dernière partie. Est-ce qu'on nous l'accorde pour
retrancher...
Le Président (M. Bordeleau): Cela veut dire, d'accord, on
retrancherait, dans le sous-amendement, "de manière à assurer un
meilleur environnement physique. " Ce qui veut dire, de toute façon, que
l'alinéa d) deviendrait "le recyclage de résidus d'amiante. '
M. Raynauld: C'est après cela.
M. Ciaccia: Va donc prendre un café, toi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Qu'est-ce qui se passe, messieurs?
M. Raynauld: On est rendu à prendre le vote. Nous
suggérons de passer au vote pour l'élimination du bout de phrase,
le sous-amendement du ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le sous-amendement du ministre des Richesses naturelles est
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Raynauld: Non, un vote s'il vous plaît. Vote sur le
sous-amendement
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Favorable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bordeleau (Abitibi-Est)?
M. Bordeleau: En faveur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Cordeau (Saint-Hyacinthe)?
M. Cordeau: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ciaccia?
M. Ciaccia: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire?
M. Grégoire: En faveur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Laplante, M. Ouellette?
M. Ouellette: En faveur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Rancourt, M. Raynauld?
M. Raynauld: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'amendement est adopté, quatre voix contre trois.
M. Bérubé: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Bérubé: J'aimerais prendre la parole, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur
l'amendement principal tel qu'amendé?
Autre motion de sous-amendement
M. Bérubé: Oui. J'aimerais proposer un
sous-amendement à l'amendement actuel. L'amendement, tel que
présenté par le député d'Outremont, se lit: d) le
recyclage des résidus d'amiante. J'aimerais faire insérer le mot
"économique" entre le mot "recyclage" et les mots "des résidus
d'amiante".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'amendement était devenu "le recyclage des résidus d'amiante" et
vous proposez...
M. Bérubé: Le recyclage économique des
résidus d'amiante.
M. Raynauld: C'est un sous-amendement qui va paraître assez
ridicule lorsqu'on va lire la loi. Je crois qu'il faut absolument s'opposer
à cela. Si le ministre y réfléchissait un peu, il verrait
que c'est, premièrement, inutile et, deuxièmement, "le recyclage
économique", tout le monde va se demander ce que c'est.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Parlez-vous sur la recevabilité?
M. Raynauld: Non, je parle sur le sous-amendement.
Peut-être voulez-vous juger de la recevabilité? Peut-être
n'est-il pas recevable!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'est-à-dire qu'il est légalement recevable en fonction du
règlement, mais je me permettrais de dire que les légistes du
gouvernement se poseront certainement de sérieuses questions lorsqu'ils
verront le texte ainsi rédigé. De toute façon, il est
recevable et débattable.
M. Bérubé: En quel sens?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
parlais pas comme président, à ce moment-là. C'est une
remarque personnelle, comme simple député.
M. Ciaccia: ... des représentations à la
recevabilité, mais on préfère que vous la déclariez
recevable parce qu'on voudrait faire des commentaires là-dessus.
M. Raynauld: Ajouter un mot comme celui-là dans un texte
de loi, "le recyclage économique des résidus d'amiante", va
créer beaucoup de confusion et va annuler à peu près
complètement l'effet de la formulation qui existait auparavant. C'est un
mot qui n'a pas sa place, même si l'intention pouvait être
bonne.
Dans l'intérêt même du texte de la loi, le ministre
aurait intérêt à y repenser et à retirer ce
sous-amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas le sens même, mais la formulation telle qu'elle.
M. Raynauld: Je ne suis pas opposé à l'intention du
ministre là-dedans, je ne suis pas nécessairement opposé
à son intention, mais je le suis à la rédaction.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est la
rédaction. Mon commentaire était sur le mot "économique"
immédiatement après le mot "recyclage" et non pas sur le
fondement de l'amendement.
M. Bérubé: M. le Président, puis-je prendre
la parole?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
parlais à titre d'avocat et non pas à titre de
président.
M. Bérubé: C'est là toujours le danger dans
une commission, un peu à la hâte, d'apporter toutes sortes de
modifications qui peuvent poser certains problèmes. Si j'ai
proposé "le recyclage économique", c'est que j'ai eu l'occasion
de constater certains mandats de société. À titre
d'exemple, dans SIDBEC, le mandat est d'implanter un complexe
sidérurgique intégré. Ceci a permis, à la
direction, très souvent dans le passé je pense que les
députés de l'Opposition le reconnaîtront d'invoquer
son mandat face au gouvernement pour engager la société dans un
paquet entreprises au sujet desquelles, finalement, l'Assemblée
nationale, souvent, manifeste une certaine réprobation. En d'autres
termes, on a, grâce à ce mandat extrêmement
général, justifié à peu près n'importe quoi
qui n'avait rien à voir avec l'économique. On peut toujours dire
qu'on donne le mandat d'implanter un complexe sidérurgique
intégré qui pourrait être rentable dans 50 ans, mais
là n'est pas la question, le mandat est l'implantation du complexe
sidérurgique intégré.
Un peu à la lumière de cette mauvaise expérience
que nous avons un peu tous eue avec SIDBEC, j'essaie de clairement
définir que, dans son mandat, cette société doit avoir une
vocation économique. Je ne voudrais pas voir le conseil d'administration
invoquer à un futur gouvernement, dans cinq ans ou dans dix ans, que,
s'il s'est engagé dans le recyclage de tels résidus pour extraire
0,2% de fer dans la serpentine, il s'est engagé dans cette aventure
totalement inéconomique parce que l'Assemblée nationale avait
confié un mandat de recyclage des résidus.
En d'autres termes, je pense que toutes les activités de cette
Société nationale de l'amiante doivent reposer sur des
critères économiques. Lorsque nous regardons les deux paragraphes
précédents recherche, développement, exploitation de
gisementsil va de soi que l'exploitation de gisements se fait toujours
parce qu'un gisement doit être économique. D'ailleurs, c'est le
critère. Le ministre des Richesses naturelles ne peut pas émettre
un titre, un bail minier, si le gisement n'est pas économique. C'est le
seule raison que peut invoquer le ministre des Richesses naturelles
présentement pour refuser un bail minier; c'est le caractère de
non-rentabilité du dépôt qui a été
découvert.
Par conséquent, rechercher, développer, exploiter un
gisement d'amiante doit nécessairement, en vertu de la Loi du
ministère des Richesses naturelles, reposer sur des critères
économiques. De la même façon, dans toute activité
de nature industrielle, manufacturière ou commerciale, à nouveau
on introduit la notion de rentabilité économique puisque c'est
acquis que toute activité commerciale a un critère
économique.
Mais si on introduit maintenant de nouveaux objets pour la
société, il faudrait toujours prendre garde que le conseil
d'administration, un jour, ne puisse dire: Attention, l'Assemblée
nationale nous a confié ce mandat; elle ne nous a jamais dit que nous
devions le faire d'une façon économique et, par
conséquent, vous devrez, bon an mal an, payer
X centaines de millions de dollars ou X millions de dollars de
déficit parce que le mandat que vous nous avez donné, c'est le
recyclage des rejets. Si le recyclage des rejets coûte $50 millions de
déficit par année, vous n'aviez qu'à faire une loi qui
avait du bon sens.
Par conséquent, si j'introduis le mot "économique ", c'est
que je ne veux pas que dans cinq ans ou dans dix ans ce conseil
d'administration puisse venir voir le gouvernement et invoquer un mandat
clairement indiqué à l'article 4 qui soit contraire à une
simple vocation économique. Maintenant, je reconnais que le "recyclage
économique" mériterait certainement d'être
médité et qu'on pourrait peut-être avoir une expression
"recyclage des résidus d'amiante sur une base économique". Enfin,
trouver quelques mots rédigés de telle façon que, dans le
mandat de la société, cette dernière ne puisse jamais
invoquer son mandat pour justifier sa non-rentabilité. Je pense que
personne autour de cette table ne vise à rendre la Société
nationale de l'amiante non rentable. Par conséquent, nous devrons
toujours prendre garde, lorsque nous voulons expliciter le mandat je n'ai
aucune objection à expliciter le mandat que le futur conseil
d'administration n'invoque pas son mandat pour justifier une
non-rentabilité.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... le mot "économique" au sous-paragraphe d)
est totalement non seulement inutile, mais un peu absurde. Si on se
réfère à l'article 16, le ministre a invoqué la
crainte que la société, pour accomplir son mandat de recyclage,
dépense $40 millions ou $50 millions. À l'article 16, la
société ne peut, sans l'autorisation du gouvernement, exercer ses
pouvoirs relativement aux objets visés au deuxième alinéa
de l'article 4.
M. Bérubé: Ça n'a rien à voir avec
cela. M. Ciaccia: Oui.
M. Bérubé: Le deuxième alinéa, c'est
le... M. Ciaccia: Laissez-moi finir, un instant. M.
Bérubé: ... paragraphe à cet effet. M. Ciaccia:
Un instant. M. le Président... M. Bérubé: Ce
n'est pas b).
M. Ciaccia: ... le gouvernement peut exercer des contrôles.
Il est certain qu'on ne veut pas qu'une société poursuive
totalement des objectifs non rentables. Mais c'est dans le contrôle du
gouvernement, premièrement, par son conseil d'administration et,
deuxièmement, par les autorisations et les budgets qu'il va lui
accorder... Je ne
pense pas qu'on puisse utiliser cet argument pour justifier le mot
"économique" après le mot "recyclage". Mais où
l'absurdité se trouve-t-elle? Cela veut-il dire que, pour le recyclage
économique, on ne peut pas prendre un bulldozer et pousser les
résidus pour remplir des trous? Ce n'est pas économiquement
rentable non plus. Mais d'après l'amendement du ministre, on ne pourrait
pas faire cela parce que ce n'est pas économiquement rentable.
M. le Président, je crois que ce mot va complètement
à l'encontre des intentions de l'amendement. Il est inutile. C'est
totalement sous le contrôle du gouvernement. Même qu'on aurait pu
contester la recevabilité de cette motion.
M. Bérubé: M. le Président, si l'Opposition
était d'accord, je modifierais peut-être mon amendement: au lieu
de dire "le recyclage économique", je dirais "le recyclage des
résidus d'amiante sur une base économique". Est-ce que
l'Opposition serait d'accord pour l'exprimer de cette façon? (12
heures)
M. Raynauld: M. le Président, j'ai l'impression
là...
M. Bérubé: Sinon, je retirerai mon amendement et
j'en présenterai un autre.
M. Ciaccia: Je vous ai donné un exemple, mais vous
n'écoutiez peut-être pas. Excusez-moi. Supposons que vous prenez
un bulldozer et que vous poussez les résidus dans un trou; c'est un
genre de recyclage, mais ce n'est pas économique. Vous n'auriez pas le
droit de le faire d'après votre amendement. Si c'est cela que vous
voulez...
M. Bérubé: Ce n'est pas du recyclage.
M. Ciaccia: Oui, c'est une forme de recyclage.
M. Bérubé: Je regrette infiniment, mais le
recyclage, ce n'est pas cela!
M. Raynauld: M. le Président, j'aurais un autre
titre...
M. Bérubé: Mais non, le recyclage, c'est
l'utilisation.
M. Ciaccia: On l'utilise pour remplir un trou!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, c'est M. le député d'Outremont qui a la parole.
M. Raynauld: En fait, je me demande si le ministre ne s'est pas
un peu emballé. Il a voulu ajouter le mot "économique" pour
justifier une argumentation selon laquelle il fallait que la
société soit fondée sur des bases rentables,
concurrentielles et économiques. Mais, lorsqu'on lit l'article 4, le
paragraphe b) en particulier, on voit que "La société a pour
objets toute activité de nature in- dustrielle, manufacturière ou
commerciale reliée directement ou indirectement à la
transformation de la fibre d'amiante." On disait tout à l'heure que
même cela pouvait inclure le recyclage des résidus d'amiante. Si
on a voulu ajouter cela comme un objet spécifique, c'était pour
particulariser ces objets. Par conséquent, il me semble qu'on fait une
tempête dans un verre d'eau. Il est évident, pour moi en tout cas,
que, s'il faut spécifier dans l'amendement que c'est sur une base
économique, il va falloir le faire au paragraphe b).
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
recherche économique, le développement économique.
M. Raynauld: Cela me paraît évident et il va sans
dire que le recyclage des résidus d'amiante...
M. Cordeau: C'est une exploitation économique.
M. Raynauld: ... c'est une exploitation économique. Au
paragraphe b), on n'a pas dit qu'il fallait que cela soit fait sur une base
concurrentielle, mais il me semble évident qu'il faut que cela soit fait
ainsi.
M. Bérubé: Parce que c'est implicite dans
l'expression "de nature industrielle, manufacturière ou
commerciale"...
M. Raynauld: Manufacturière ou commerciale.
M. Bérubé: ... compte tenu du système
économique dans lequel nous vivons.
M. Raynauld: On ne dit pas que cette société ne
pourra pas entreprendre la transformation de l'amiante s'il arrive que cela ne
soit pas rentable.
M. Bérubé: Non.
M. Raynauld: Alors, on ne dit pas là-dedans qu'il faut
absolument que ce soit rentable et de faire attention parce que, si ce n'est
pas rentable, cela devient illégal.
M. Bérubé: Cela ne devient pas illégal, mais
cela peut justifier le gouvernement d'intervenir.
M. Raynauld: Oui, mais, alors, il me semble que, si vous voulez
absolument le mettre pour le recyclage, il faudrait le mettre pour le
paragraphe b) aussi. Il faudrait le mettre pour a). Il me semble que cette
histoire est vraiment une tempête dans un verre d'eau. Ce n'est pas la
peine de spécifier cela.
M. Ciaccia: Regardez l'article 16c. On avait peur qu'elle
emprunte $50 millions et endette la société. Elle ne peut pas
faire des emprunts de plus de $1 million sans l'autorisation du gouvernement.
Toutes les protections sont là.
M. Raynauld: La protection se trouve là si ce n'est pas
rentable.
M. Ciaccia: Si vous ne voulez pas qu'elle fasse comme SIDBEC et
s'embarque dans une aventure de $50 millions, vous avez certaines protections
à l'article 16c. C'est sous votre protection, c'est sous votre
contrôle.
M. Bérubé: M. le Président, il y a une
confusion des langues. Est-ce que l'Opposition est d'accord pour accepter que
nous modifiions l'amendement de manière à mettre le recyclage des
résidus d'amiante sur une base économique?
M. Ciaccia: Non. M. Raynauld: Non.
Retrait de la motion
M. Bérubé: Auquel cas, M. le Président, je
retire l'amendement "économique" et nous battrons l'alinéa d)
proposé par l'Opposition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Donc,
vous venez de retirer votre sous-amendement à l'amendement tel qu'il
avait déjà été amendé, de telle sorte que
nous revenons à la motion principale qui est maintenant le recyclage des
résidus d'amiante.
M. Raynauld: Nous demandons le vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion sera adoptée?
M. Bérubé: Non.
M. Raynauld: Oui, oui, vote enregistré.
M. Grégoire: M. le Président, juste une explication
avant, je voudrais bien spécifier que le gouvernement actuel
connaît... Je n'ai pas encore parlé sur la motion principale. Je
voudrais juste spécifier en deux minutes que nous reconnaissons,
à la suite des rapports qui ont été
présentés, dont celui du CRIQ, le Centre de recherche
industrielle du Québec, qu'il y a des possibilités et
j'emploie bien le mot "possibilités" énormes dans les
résidus d'amiante, que cela doit faire l'objet de recherches, comme cela
existe présentement.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le Président.
N'est-ce pas le cas que M. le député d'Outremont avait
demandé le vote?
M. Grégoire: II a demandé le vote, mais j'ai
demandé le droit de parole là-dessus!
M. Ciaccia: II avait demandé le vote avant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant. Si je vous ai accordé le droit de parole, c'est parce que je
n'ai pas compris que le vote ait été demandé. Je l'ai
compris, mais c'est venu de ma gauche. Je l'ai pris du recherchiste de
l'Opposition officielle.
M. Ciaccia: Le député d'Outremont avait
demandé le vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
s'avérait que le député d'Outremont ait demandé le
vote enregistré avant que vous demandiez le droit de parole, à ce
moment, je dois appeler le vote, mais j'ai cru que cela venait d'ici à
ma gauche.
M. Grégoire: Je peux bien demander le vote sur tout
l'article 4 et il peut dire qu'il veut parler sur l'article 4. C'est exactement
ce que j'ai fait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On en
était au vote sur l'amendement. On n'était pas sur l'article 4.
On était sur l'amendement du...
M. Grégoire: Je n'ai pas encore parlé sur
l'amendement principal. Il s'est dépêché d'appeler le vote.
C'est vrai, mais avant qu'il soit appelé, j'ai dix minutes. Avant le
vote, je veux parler.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il est
question de faits, je ne vois que ce que je peux voir et je n'entends que ce
que je peux entendre. Est-ce qu'il faudrait absolument que je relise le journal
des Débats pour voir si le député d'Outremont a
demandé le vote avant que le député de Frontenac demande
le droit de parole?
M. Bérubé: Le député d'Outremont ne
s'opposera certainement pas...
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que chaque
fois qu'on demande le vote enregistré, cela veut dire qu'il n'y a plus
de discussion?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Strictement parlant...
M. Grégoire: On va s'en servir, M. le Président. Je
vais demander le vote enregistré tout de suite.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
coutume veut, ce n'est pas tellement formaliste, que, souvent, on permet aux
députés d'intervenir.
M. Bérubé: II faut débattre si nous devons
voter tout de suite ou non. Nous allons débattre à savoir si nous
devons voter tout de suite.
M. Grégoire: En demandant le vote, et si ce dernier est
imposé tout de suite, c'est ce qu'on appelle la clôture?
Une voix: Oui.
M. Grégoire: Ah! vous voulez la clôture?
M. Cordeau: Cela viendra assez vite.
M. Grégoire: Je proteste contre la guillotine qui nous est
imposée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Cordeau: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
situation est très simple. La tradition veut...
M. Raynauld: Je consens à ce que le député
de Frontenac parle. S'il veut parler, qu'il parle. Je n'ai pas d'objection du
tout.
M. Ciaccia: On veut entendre ses chiffres. On ne les a pas
entendu assez longtemps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Allez-y.
M. Grégoire: M. le Président, je veux simplement
dire ceci. À la suite de rapports qui ont été
publiés dont celui que j'ai cité tout à l'heure
celui du centre de recherche industriel du Québec nous croyons
qu'il y a d'énormes possibilités dans les tas de résidus
d'amiante. On a parlé de magnésium, de nickel, de ferronickel, de
fibres courtes, de chrome. Il y a d'énormes possibilités à
mon avis.
Également, nous savons qu'il y a de nombreuses recherches qui se
font en laboratoire autour de tous ces produits qui peuvent exister dans les
tas de résidus. Il y a déjà eu des échantillons
apportés ici en commission provenant de recherches effectuées
dans des laboratoires dont celui de l'Université de Sherbrooke. Nous
sommes conscients de cela. Cela doit être un des rôles de la
société de voir à faire activer ces recherches pour
l'utilisation des résidus. Ce doit être un des rôles de la
Société nationale de l'amiante de voir à développer
de l'industrie secondaire si possible autour de ces résidus.
Personnellement, je suis tout à fait sensibilisé aux
possibilités qu'il y a dans ces tas de résidus. Justement, c'est
mentionné dans l'article 4, paragraphe b) où il est dit "toute
activité"...
M. Ciaccia: ... un amendement inutile.
M. Grégoire: ... de nature industrielle,
manufacturière ou commerciale reliée directement ou indirectement
à la transformation de la fibre d'amiante". Oui. L'amendement
était inutile.
M. Ciaccia: Celui qui touchait à l'environnement
était utile. Le vôtre était inclus dans le paragraphe b) et
il était inutile.
M. Grégoire: M. le Président, je reviens au
règlement. Je ne parle pas sur le sous-amendement qui avait
été battu. Je parle sur l'amendement lui-même sur lequel
nous discutons à l'heure ac- tuelle. Il s'agit du recyclage des
résidus d'amiante. Le sous-amendement a été battu. Je ne
parle plus de cela.
M. Raynauld: Dites donc que vous voulez voter contre et
donnez-nous donc les raisons.
M. Grégoire: Oui. Je parle sur le...
M. Ciaccia: Arrêtez de faire un "filibuster". C'est cela le
problème.
M. Grégoire: M. le Président, je crois que vous
nous rappelez à l'ordre lorsqu'on les interrompt?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! À l'ordre!
M. Cordeau: Vous n'êtes pas rappelé à l'ordre
tout le temps, quand vous interrompez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Ciaccia: Hier soir, vous ne vous êtes pas vu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît. Cela allait bien. Cela achève.
Continuons.
M. Grégoire: Cela leur fait mal, M. le Président.
Cela leur fait mal.
M. Cordeau: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre!
M. Grégoire: Étant conscient de toutes ces...
M. Ciaccia: Vous êtes mal pris. Jamais deux sans trois.
Cela leur fait mal.
M. Grégoire: Cela leur fait mal. Étant conscient de
toutes ces possibilités et que, dans le paragraphe b), il est dit "toute
activité de nature industrielle, manufacturière ou commerciale
reliée directement ou indirectement à la transformation de la
fibre de l'amiante", je crois que l'amendement proposé par le
député d'Outremont se lirait comme suit: "Le recyclage des
résidus de l'amiante", ceci étant compris dans le paragraphe b),
je crois que l'amendement suggéré créant le paragraphe e)
est tout à fait inutile dans les circonstances. C'est pourquoi, je crois
qu'il vient ajouter quelque chose d'inutile. Je préfère le texte
du paragraphe b) et je voterai contre l'amendement du député
d'Outremont.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'aimerais poser une question au député
de Frontenac. Il vient d'affirmer que c'est
inclus dans le paragraphe b). Est-ce que le mot "économiquement"
est inclus dans le paragraphe b)?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela a
été enlevé.
M. Cordeau: Non. Je pose la question suivante: Est-ce que cela
englobe le mot "économiquement" aussi?
M. Grégoire: Je vais répondre au
député de Saint-Hyacinthe. C'est marqué: "Toute
activité de nature industrielle, manufacturière ou commerciale".
Quand on fait une activité commerciale, habituellement, on la fait
économiquement. Lors de la première année
d'activité, qu'il y aiton le voit une espèce de
rodage d'une industrie nouvelle, c'est normal. Tout cela est prévu dans
les bilans opérationnels de départ, mais toute activité
commerciale se doit d'être faite économiquement, sur une base
économique, à défaut de quoi ce n'est plus une
activité commerciale, c'est une activité charitable.
M. Ciaccia: À moins que ce ne soit fait par le
gouvernement.
M. Cordeau: Étant donné que ce n'est pas
explicité dans le paragraphe b), pourquoi expliciter le recyclage des
résidus de l'amiante dans l'amendement du député, si c'est
automatiquement économique? Pourquoi mettre le mot
"économiquement" dans cela?
M. Grégoire: L'amendement n'est plus là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le mot
"économiquement" n'est plus là, M. le député de
Saint-Hyacinthe. Il a été retiré par le ministre.
M. Grégoire: C'est fini, cette affaire-là. On l'a
enlevé.
M. Cordeau: Oui, mais cela a été la marotte du
ministre tantôt.
M. Ciaccia: II a réalisé qu'il a fait une
erreur.
M. Bérubé: Vous pourriez peut-être avoir un
vocabulaire un peu plus choisi, M. le député de Saint-Hyacinthe.
Moi, je vous ai envoyé dans les carottes tantôt.
M. Cordeau: On joue dans les mêmes champs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Cordeau: On est connu dans le monde.
M. Raynauld: M. le Président, je pense que les positions
du gouvernement sont assez arbitraires. Si je comprends bien, le
député de Frontenac vient de nous donner toutes sortes de bonnes
raisons pour donner le recyclage des résidus de l'amiante à la
société comme objet spécifique. Effectivement, j'ai aussi
devant moi une proposition de recherche pour le Centre de recherche
industrielle du Québec. Il s'agit d'évaluer la faisabilité
technique de procéder pour utiliser les résidus d'amiante. Je
suis entièrement d'accord avec lui lorsqu'il dit qu'il y a des
possibilités considérables dans ce recyclage des résidus
d'amiante.
Je pense que c'était une des excellentes raisons pour lesquelles
on devait et on doit encore, à mon avis, ajouter un paragraphe
spécial donnant un mandat à la Société nationale de
l'amiante de s'engager dans des activités de cette sorte. Il faut
remarquer deux choses, quand on donne un mandat. À moins que le
gouvernement ne veuille se départir de toutes ses responsabilités
propres, il est évident lorsqu'on le met dans un article
général comme l'article 4 qui traite des objets de la
sociétéque cela ne fait pas une obligation à la
société de s'engager dans cette activité
particulière.
Cela indique que la société doit envisager des actions
dans ce domaine. On est tous d'accord que c'est important. On a
été également d'accord, le gouvernement l'a
été hier, lorsqu'il a accepté d'ajouter un amendement
à l'article 4 qui porte sur la recherche et le développement.
Nous avons proposé ce matin, pour rendre ces objets plus particuliers,
plus clairs, que la société devrait s'engager dans le recyclage
des résidus de l'amiante. Le gouvernement nous a dit toute la
matinée qu'il acceptait cet amendement comme étant une utile
addition aux objets qui étaient déjà indiqués dans
le projet de loi. Voilà maintenant que, parce qu'on n'ajoute pas une
précision parfaitement inutile et parfaitement incongrue du ministre, il
change d'avis et maintenant il nous dit: On ne veut plus cet amendement qui
portait sur le recyclage des résidus d'amiante, qui était, encore
une fois, une amélioration très sensible, très nette, au
projet de loi qui nous était présenté.
Donc, je pense qu'il faudra voter sur cet amendement mais avec regret.
Je pense que le ministre aurait dû réfléchir un peu plus
devant cette position. Je me demande s'il ne serait pas utile pour lui que les
travaux soient ajournés jusqu'au début de la semaine pour nous
donner le temps de réfléchir un peu plus à une
amélioration qui est très nette. Sinon, je pense qu'il faudrait
passer au vote pour bien marquer la position respective des deux partis. (12 h
15)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je pense que
l'amendement qui nous est présenté ici est un amendement
intéressant. Je pense que nos interventions antérieures ont
certainement montré que nous n'y étions pas opposé. Au
contraire. Faut-il souligner que nous avons subventionné pour
près de $500 000 de recherche cette année au ministère des
Richesses naturelles et que l'essentiel de ces
recherches a porté sur l'utilisation des résidus
d'amiante? En d'autres termes, nous avons, par exemple, financé la
recherche d'un procédé pour l'extraction du magnésium.
Vous savez qu'il y a près de 30% de magnésie dans nos
résidus d'amiante. Nous avons donc subventionné un programme de
recherche pour l'extraction de la magnésie de ces résidus, dans
le but d'augmenter la valeur des résidus, d'une part; d'autre part, de
contribuer à leur élimination, parce qu'il va de soi que si on
pouvait trouver un procédé économique pour l'extraction
des résidus, cela justifierait leur déplacement, leur transport
et, à ce moment, pourrait justifier également en même temps
l'élimination graduelle de tous ces résidus d'amiante. Donc, il
ne fait aucun doute que dans l'esprit du gouvernement effectuer des travaux de
recherche, développer des industries qui extrairaient le maximum de nos
résidus d'amiante, est une fin louable en soi et nous allons continuer
dans ce sens. D'ailleurs, un deuxième produit que j'ai
déposé ici à l'Assemblée nationale était un
produit fibro-plastique aux propriétés extrêmement
intéressantes, puisque nous avons pu, grâce à ces essais...
Vous avez d'ailleurs vu la forme assez complexe du cendrier, nous avions
volontairement pris une forme complexe justement...
M. Ciaccia: Avez-vous autre chose que des cendriers?
M. Bérubé: Nous pourrons continuer avec
différents exemples... J'en ai encore pour quelques minutes. Nous avons
donc travaillé au développement...
M. Ciaccia: Un autre produit de Johns-Manville.
M. Bérubé: Est-ce que le député de
Mont-Royal veut la parole?
M. Ciaccia: Je voulais vous poser une question.
M. Bérubé: Allez-y, vous pouvez me poser toutes les
questions que vous voulez.
M. Ciaccia: Avec le même produit de Johns-Manville,
avez-vous d'autres projets?
M. Bérubé: Non, j'ai pu vérifier quant aux
produits de Johns-Manville. C'est qu'en fait, il y a une très grande
différence entre les deux. En effet, ce qui nous était
présenté l'autre jour était bel et bien un feutre
d'amiante, du feutre à toiture, par exemple, qui est un produit
d'amiante couramment utilisé, effectivement. Alors que ce que nous avons
déposé, c'est un produit assez différent. C'est un produit
dans lequel la fibre est enrobée de latex, de manière, d'une
part, à ne pas pouvoir s'échapper, donc à ce qu'on puisse
la manipuler de façon sécuritaire, et en même temps,
à offrir une très bonne résistance puisqu'elle peut
être manipulée ou tordue sans se déchirer.
Donc, c'est un produit très flexible que l'on peut appliquer sur
des parois en suivant le contour, ceci avec un danger minimum pour le
travailleur qui le manipule. Également, on pourra
récupérer ce produit lorsqu'il faudra démolir
l'édifice. C'était un produit assez différent de celui qui
est proposé là. C'est un produit, quand même, à base
d'amiante et non à base de résidus d'amiante.
Mais dans le cas des résidus, j'ai au moins trois projets sur
lesquels nous travaillons présentement. Un concerne l'extraction de la
magnésie de ces résidus pour fabriquer soit des produits
chimiques à base de MgO, soit directement des ré-fractaires, par
exemple, qui sont couramment utilisés dans l'industrie
métallurgique pour la rétention, pour la protection des fours. Ce
sont les briques de magnésie, qui ont d'excellentes
propriétés thermiques. Donc, nous avons regardé du
côté de l'extraction de la magnésie.
Je souligne également au député de Mont-Royal que,
pendant plusieurs années, j'ai travaillé à l'extraction
directe du nickel de ces résidus amiantifère, justement pour
trouver une autre utilisation. Également, parler de l'intention du
gouvernement concernant l'extraction et la récupération maximale
de tous les résidus, c'est certainement parler d'évidences. Donc,
le gouvernement a cherché à développer soit l'extraction
de la magnésie, soit la fabrication d'engrais à partir des
résidus d'amiante, qui est une nouvelle façon d'éliminer
graduellement ces résidus. On pourra aussi utiliser ces résidus
d'amiante dans la fabrication, non pas de fibroplastiques, mais de charge
minérale dans les plastiques. Également, ce que nous examinons de
près présentement, c'est la fabrication de ciment où le
rejet d'amiante pourrait servir, non pas de liant, mais de sandwich, un peu
comme dans le gyproc, donc de servir de charge minérale très bon
marché.
Il ne fait aucun doute qu'une bonne partie de notre effort de recherche
a porté sur l'utilisation des rejets d'amiante, selon l'objectif
souligné par les députés de l'Opposition. Il est
absolument évident que le gouvernement n'est pas opposé, comme
tel, à ajouter un nouvel article qui préciserait cela. Mais,
comme l'a souligné le député de Frontenac, lorsqu'on dit:
"La recherche, le développement et l'exploitation de gisements
d'amiante," il va de soi que, lorsqu'on exploite un gisement d'amiante, on
exploite toutes ses composantes. En effet, je ne connais pas de mine qui
exploiterait un gisement de cuivre, de zinc et de plomb et qui s'amuserait
à extraire le cuivre rejetant le zinc et le plomb, simplement parce que
c'est une mine de cuivre. Au contraire, on va donc chercher à extraire
aussi bien le zinc que le plomb. Toutes les composantes du minerai qui peuvent
être extraites de façon économique sont donc extraites dans
un gisement minier.
M. Raynauld: Des millions de tonnes ne sont pas
utilisées.
M. Bérubé: Par conséquent, il ne fait aucun
doute qu'à l'article qui parle de recherche, de dé-
veloppement et d'exploitation de gisements sont inclus des efforts pour
l'extraction totale de tous les minéraux dans le gisement. De la
même façon, lorsqu'on dit: "Toute activité de nature
industrielle, manufacturière ou commerciale reliée indirectement
à la transformation de la fibre d'amiante", à nouveau on inclut,
par exemple, l'extraction de la magnésie ou l'utilisation des
résidus d'amiante dans un agrégat-bulle, par exemple, où,
à nouveau, on a cherché à utiliser un produit qui
était indirectement rattaché à la transformation de la
fibre d'amiante. Donc, le projet de loi tel que rédigé inclut
toutes ces activités; par conséquent, il n'y a pas
véritablement besoin d'en ajouter d'autres, sauf si on pouvait
démontrer que ce qui est proposé par le député
d'Outremont n'est pas inclus dans le mandat, mais doit donc faire l'objet d'une
alinéa séparé.
Or, je pense avoir démontré, à la satisfaction
générale...
M. Ciaccia: Une chance qu'il n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire!
M. Cordeau: À sa satisfaction personnelle.
M. Bérubé: ... que l'extraction des rejets
d'amiante...
M. Cordeau: II ne se croit pas.
M. Bérubé:... est intégrée
nécessairement aux deux paragraphes a) et b) de la loi. Il faut
reconnaître que l'Opposition aimerait spécifier. Qu'est-ce qui se
passe lorsqu'on se met à détailler? Nous avons ici deux
paragraphes qui définissent globalement le mandat de la
société et ce sont toujours des mandats économiques
puisque j'ai bien souligné que le ministre des Richesses naturelles ne
permet l'exploitation de gisements que dans la mesure où ils sont
économiques; donc, les critères économiques sont
là. De la même façon, toute activité de nature
industrielle, manufacturière ou commerciale, à nouveau, repose
sur des critères économiques. Il n'y a donc aucune erreur, aucun
quiproquo possible quant à la nature carrément économique.
C'est dommage que le député de Richmond ne soit pas là, il
fait cela avec tellement plus de brio.
M. Cordeau: C'est vous qui le dites!
M. Grégoire: Vous avez besoin d'explications, on voit que
vous n'avez rien compris au problème.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre! À l'ordre!
M. Raynauld: On n'a rien compris?
M. Ciaccia: Tu as toujours des remarques brillantes, toi.
M. Grégoire: Quand vous comprendrez, on les fera
mieux.
M. Bérubé: Donc, dans les paragraphes a) et b), le
caractère économique n'est certainement pas mis de
côté, on en tient compte. Lorsqu'on se met à vouloir
détailler, voici le danger que le détail implique. Lorsqu'on veut
détailler, c'est qu'on veut spécifier, à l'exclusion
d'autres activités, très fréquemment, certaines
activités, oui, parce que si on a un mandat général qui
englobe un mandat particulier, il va de soi que c'est le mandat
général qui prévaut.
Cependant, si on se met à préciser les mandats, si on dit
que la société doit s'occuper de l'exploitation des
résidus, qu'elle doit s'occuper du recyclage du nickel dans les
résidus, qu'elle doit s'occuper du recyclage de la magnésie dans
les résidus...
M. Ciaccia: Le ministre me permettrait-il une question?
M. Bérubé: Non, je ne permets pas de question.
M. Ciaccia: Pourquoi avez-vous accepté...
M. Cordeau: Cela va vous aider pour vous rendre
jusqu'à...
M. Bérubé: Non, il y en a assez à dire.
M. Ciaccia: Alors, pourquoi avez-vous accepté l'amendement
au paragraphe c): la recherche et le développement de nouveaux usages ou
procédés de transformation de l'amiante, quand cet amendement
était déjà inclus au paragraphe b)? Vous l'avez
accepté.
Maintenant, vous utilisez la logique inverse.
M. Bérubé: Non, je regrette infiniment. M.
Ciaccia: C'était déjà inclus. M.
Bérubé: Le paragraphe b) se rapporte... Une voix: Ils
n'ont pas compris.
M. Bérubé: ... à la transformation de la
fibre d'amiante. Or, on sait que, dans l'industrie minière de l'amiante,
on ne fait pas subir de transformation à la fibre d'amiante. À
titre d'exemple, si nous parlions de la transformation du minerai de cuivre, on
pourrait aller jusqu'au cuivre métallique, à la transformation
mécanique du cuivre. Par conséquent, on pourrait dire:
L'exploitation de gisements de cuivre pourrait entraîner tout le cycle
industriel subséquent lié à l'exploitation du cuivre.
Dans le cas présent de l'amiante, on ne fait pas subir de
transformation ou très peu à la fibre d'amiante.
Par conséquent, il y a une très nette distinction entre
l'exploitation des gisements d'amiante et la transformation des gisements
d'amiante. En effet, lorsque nous donnons une allocation de transformation dans
le calcul de la rente minière, des droits miniers, nous ne pouvons
inclure la transformation au sens de la fabrication de freins ou de toutes
sortes de produits
d'amiante, parce qu'il est reconnu que ce sont des transformations qui
sont davantage reliées à l'industrie secondaire qu'à
l'industrie primaire. Nous pourrions inclurenous ne le faisons pas, mais
l'Ontario le fait le "smeltage" du cuivre dans les opérations
d'extraction du cuivre pour la simple raison que c'est là un
enchaînement normal du minerai jusqu'à la fabrication du cuivre
métallique.
Donc, il y a une très nette différence dans le cas de
l'amiante entre la transformation de l'amiante en produits finis qui
relèvent davantage de l'industrie secondaire et la simple exploitation
de gisements d'amiante.
Donc, M. le Président, il ne faut pas confondre ce que
l'Opposition semble présentement confondre. Je dois dire
qu'effectivement l'Opposition nage dans la confusion. Lorsque l'Opposition veut
nous faire détailler...
M. Ciaccia: ... créée par le gouvernement.
M. Bérubé: ... l'objectif plus
général, lorsqu'elle veut qu'on détaille... Je
l'amène devant une espèce d'aberration. En effet, nous pourrions
détailler beaucoup plus qu'ils ne l'ont fait. Nous pourrions dire: Le
mandat de la société sera l'extraction du nickel des rejets
d'amiante, sera l'extraction de la magnésie des rejets d'amiante, sera
enfin l'extraction de tel et tel sous-produit des résidus d'amiante.
Or...
M. Ciaccia: ...
M. Bérubé: ... à partir du moment où
on se met à vouloir spécifier, vouloir détailler, dans
l'esprit du juriste qui aura à interpréter l'objectif des
législateurs, le juriste dira: Puisque le législateur a tenu
à détailler, c'est qu'il ne voulait pas qu'on s'aventure dans
n'importe quoi. Il a voulu préciser en détail exactement
l'action. Il y a donc un danger à vouloir beaucoup trop expliciter alors
que le mandat général le permet. Il n'y a rien dans le mandat
général...
M. Ciaccia: Vous avez reçu des bons conseils du
président à titre de juriste, pas à titre de
président!
M. Bérubé: M. le Président, je suis
continuellement interrompu. C'est absolument inadmissible, ces
interruptions.
M. Cordeau: Cela va vous aider, il ne reste qu'une minute.
M. Grégoire: Soyez polis pour le président.
M. Bérubé: Je n'ai absolument pas besoin des
interruptions de...
M. Ciaccia: On félicite le président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: Soyez polis pour le président. Est-ce
que vous accepteriez de continuer jusqu'à...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
président n'accepte pas.
M. Bérubé: M. le Président, je tiens
à souligner...
M. Ciaccia: C'est assez pénible, depuis 10 heures!
M. Bérubé: ... que nous sommes d'accord avec la
proposition et je pense que nous sommes prêts à continuer à
l'examiner et voir de quelle façon nous pourrions la bonifier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Je pense que le député de Mont-Royal a une
question à poser sur les travaux de la commission.
M. Ciaccia: Le ministre a réussi à parler
jusqu'à midi et demi pour qu'on ne prenne vote sur la proposition. La
question que je voulais poser...
M. Grégoire: C'est réellement une insinuation
malveillante.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé: En vertu du règlement, il est
totalement interdit...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je peux
immédiatement ajourner les travaux...
Une voix: Ajournez donc!
M. Ciaccia: Sur les travaux de lundi, M. le Président,
est-ce que je pourrais demander à la présidence, ou au ministre,
si le ministre a l'intention de recommencer l'étude de l'article 3 qui a
été suspendu et s'il peut faire venir les juristes du
gouvernement pour lundi?
M. Bérubé: Oui, je pense...
M. Grégoire: Si on a fini l'article 4.
M. Ciaccia: Ce n'est pas ce que je demande et je ne le demande
pas au député de Frontenac, je le demande au ministre!
M. Bérubé: Je n'ai pas d'objection à un
moment donné à suspendre l'article 4 et... Parce qu'il serait
inutile de faire perdre trop de temps aux juristes gouvernementaux. Il me
semble qu'il serait plus valable de les...
M. Ciaccia: Alors, lundi nous allons commencer avec la discussion
de l'article...
M. Raynauld: ... je vous donne raison.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je tiens
pour acquis que le ministre s'est montré ouvert à ce que les
juristes soient présents lundi prochain. Alors, les travaux sont
ajournés à lundi prochain, 15 heures.
(Ajournement de la séance à 12 h 31)