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Etude du projet de loi no 70
Loi constituant la Société
nationale de l'amiante
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Bérubé (Matane), M. Godin (Mercier) en remplacement de M.
Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu (Richmond), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) en remplacement de M. Forget (Saint-Laurent), M.
Grégoire (Frontenac), M. Laplante (Bourassa), M. Clair (Drummond) en
remplacement de M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt (Saint-François)
et M. Ciaccia (Mont-Royal) en remplacement de M. Raynauld (Outremont). Les
intervenants sont M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Bordeleau (Abitibi-Est) en
remplacement de M. Godin (Mercier), M. Raynauld (Outremont) en remplacement de
M. Garneau (Jean-Talon), M. Brassard (Lac Saint-Jean) en remplacement de M.
Landry (Fabre), M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M.
Chevrette (Joliette-Montcalm) en remplacement de M. Léger (Lafontaine),
M. Gendron (Abitibi-Ouest) en remplacement de M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud) et
M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Brochu: M. le Président, est-ce que vous pourriez
changer, comme intervenant pour l'Union Nationale, le nom de M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska) pour celui de M. Grenier (Mégantic-Compton).
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grenier (Mégantic-Compton) intervenant au lieu et place de M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska).
Droits, privilèges et biens Motion pour
modifier l'article 3 (suite)
J'avais ajourné les travaux hier soir alors que nous
étions à discuter de la motion d'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys. Le député de Vanier
avait terminé son droit de parole. Nous avions parlé de
directives et de règlements pendant de nombreuses minutes. Le suivant,
sur ma liste, était le député d'Outremont qui n'est pas
ici et en conséquence je cède la parole au député
de Drummond.
M. Laplante: M. le Président, le député
d'Outremont, combien de temps a-t-il de fait sur son temps?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député d'Outremont n'a pas pris la parole hier.
M. Laplante: II n'a pas été capable de parler.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Etiez-vous présent à la commission? Vous étiez
présent.
M. Laplante: Je voulais savoir, je voulais me rafraîchir la
mémoire, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît. M. le député de Drummond.
M. Lalonde: Tu n'as pas une bonne mémoire.
M. Laplante: C'est une question que j'ai posée sans
malice.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bourassa, je comprends que votre question était
sans malice, mais vous connaissez la réponse, vous étiez ici hier
soir, à 17 h 45, 17 h 50, 18 heures.
M. Laplante: Je n'étais pas sûr s'il avait
parlé.
M. Grégoire: J'étais ici et si je me souviens bien,
celui qui a retardé le député d'Outremont, c'était
le député de Marguerite-Bourgeoys...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît. On ne commencera pas à 10 h 15 ce matin
comme cela a fini hier à 18 heures. C'est aussi simple que cela. Je
cède la parole au député de Drummond.
M. Laplante: Est-ce qu'on ne peut plus poser de questions de
règlements ou de directives?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre. Pour le moment c'est le député de Drummond, respectez le
droit de parole de votre collègue. A l'ordre.
M. Clair: Je vous remercie de vous porter à ma
défense, M. le Président. Au moment de...
M. Godin: ... M. le Président, en matière de...
M. Clair: Au moment de prendre la parole sur une motion qui est
présentée par le député de Marguerite-Bourgeoys et
qui vise à éliminer l'alinéa 2 de l'article 3, je voudrais
d'abord commencer par vous dire que je prends la parole avec beaucoup
d'humilité. Vous savez que le député de
Marguerite-Bourgeoys et moi-même avons une formation similaire, soit
celle de juriste; cependant, étant donné que le
député de Marguerite-Bourgeoys a beaucoup plus
d'expérience que moi, qu'il a derrière lui une carrière
dans le cabinet...
M. Lalonde: Ne me faites pas vieillir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... trop
jeune.
M. Grégoire: Tout à fait exceptionnelle.
M. Lalonde: Je n'ai pas pris ma retraite encore.
M. Clair: II a fait carrière en politique et il a
été procureur général de la province de
Québec...
M. Grégoire: De la Cour suprême.
M. Clair: M. le Président, je ne sais s'il est même
de la Cour suprême, mais une chose est certaine, c'est qu'au moment de
prendre la parole sur une motion de ce genre, je voudrais vous dire que c'est
avec humilité que je le fais, étant donné que le
député de Marguerite-Bourgeoys, l'auteur de la motion, a
été, suivant sa propre expression, le grand jurisconsulte de la
province de Québec. Vous comprendrez sûrement que c'est bien
humblement qu'un jeune député, un jeune avocat comme moi doit
prendre la parole sur une motion comme celle-là.
De plus, en écoutant le député de
Marguerite-Bourgeoys, hier, parler sur sa motion, j'ai été
vivement impressionné; je me suis dit: Peut-être que je ne devrais
pas prendre la parole. Voyez-vous, je suis un pauvre et jeune avocat et le
député de Marguerite-Bourgeoys, lui, a une grande
expérience, il a été jurisconsulte du gouvernement du
Québec, procureur général. Mais je vous avouerai
humblement ceci, à ma courte honte, au sujet d'un bon nombre de ses
arguments. Je suis sûr qu'ils ne l'étaient pas, mais je dois dire
avec humilité je ne pouvais le suivre qu'ils me sont
apparus, pour le moins, nébuleux. Ainsi, sans vouloir faire une
thèse devant vous, M. le Président, j'aimerais bien humblement
vous soumettre un certain nombre d'arguments qui me paraissent militer contre
l'adoption de la motion du député de Marguerite-Bourgeoys, que je
peux encore assurer une autre fois de mon respect.
La première chose, M. le Président, c'est qu'il me
paraît qu'on ne peut parler de l'article 3 du projet de loi no 70, et
surtout de son paragraphe 2 qui mentionne que les biens de la
société font partie du domaine public, sans faire
référence à l'article 12 du même projet de loi. En
effet, l'article 12 du projet de loi se lit comme suit: "Les actions de la
société font partie du domaine public et sont attribuées
au ministre des Finances". M. le Président, première
constatation, c'est que cette société qui sera
créée par la Loi constituant la Société nationale
de l'amiante dès que ce "filibuster", aura pris fin, sera
néanmoins une société par actions, même s'il s'agit
d'une société d'Etat. On mentionne, à l'article 12, que
"les actions de la société font partie du domaine public".
Comment pourrait-il en être autrement quand on veut parler d'une
société d'Etat, quand on veut réaliser enfin le rêve
des Québécois depuis des dizaines d'années, à
savoir que l'Etat du Québec prenne en main le sort d'un certain nombre
de ses ressources et surtout celles pour lesquelles il ne peut finalement
compter que sur une intervention de l'Etat pour en assurer le
développement et pour assurer, dans ce cas-ci, la transformation de
l'amiante au Québec?
Première constatation, quand je lis la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys: On ne peut dissocier le
paragraphe 2 de l'article 3 de l'article 12. La raison en est bien simple. "Les
actions de la société font partie du domaine public". Comment
pourrait-on faire pour ne pas mentionner quelque part dans cette loi que les
biens de la société font partie du domaine public? Si on ne
mentionnait pas, à l'article 12, que les actions de la
société font partie du domaine public, on serait forcé de
conclure quelles font partie du domaine privé. A la simple lecture des
notes explicatives du projet de loi no 70, il me paraît que tel n'est pas
le cas. La volonté du gouvernement, du parti ministériel et de
l'immense majorité des Québécois, j'en suis convaincu, est
bien d'assurer, par une société dûment constituée,
que les actions de la société feront partie du domaine public,
premièrement, et, deuxièmement, que les biens de cette même
société feront également partie du domaine public.
Là où le député de Marguerite-Bourgeoys
argumente surtout, c'est sur le fait, dit-il, que les biens de la
société font partie du domaine public, et que I'exécution
et c'est là-dessus qu'il insiste de ses obligations peut
être poursuivie sur ses biens. Le député de
Marguerite-Bourgeoys y voit une confusion néfaste, une confusion qui
risquerait de nuire soit à la société, soit au domaine
public ou peut-être même à l'entreprise ou à
I'individu qui, un jour, aurait à poursuivre la société
pour des obligations de cette dernière.
Je suis, bien humblement, d'avis tout à fait contraire. Je n'ai
pas à vous répéter que j'ai beaucoup de respect pour le
député de Marguerite-Bourgeoys qui a une longue expérience
de parlementaire et de jurisconsulte au niveau du gouvernement du
Québec. Mais je me permets d'être en désaccord avec le
député de Marguerite-Bourgeoys. Que les biens de la
société, constitués par des actions qui font
elles-mêmes partie du domaine public, soient du domaine public me
paraît être une conséquence normale, logique.
Il m'apparaît également tout aussi normal que
I'exécution des obligations de la société puisse
être poursuivie sur ces biens. Un créancier, vous le savez, a tout
avantage à avoir un lien le plus direct possible par rapport à
des biens qui appartiennent à son débiteur. Si on biffe le
paragraphe 2 de l'article 3, premièrement, on efface le fait que les
biens de la société font partie du domaine public et,
deuxièmement, on laisse le créancier poursuivre la
Société nationale de l'amiante qui, à qui mieux mieux,
devra se débrouiller pour savoir comment elle va exécuter de
façon précise les jugements qu'il pourrait obtenir contre
elle.
Il m'apparaît qu'apporter la précision suivante, dire que
l'exécution des obligations de la Société nationale de
l'amiante pourra être poursuivie sur ses biens, n'enlève
absolument rien au caractère public des biens de la
société. Lorsqu'on dit que les biens de la société
font partie du domaine public, cela ne diminue l'aspect collectif des biens
de
la société en aucune façon. Cela vient, tout au
contraire, permettre au créancier qui voudrait exécuter une
obligation sur les biens de la société justement de ne pas avoir
à courir quelque part dans le domaine public, à se diriger soit
vers le gouvernement, soit vers la Société nationale pour
exécuter ses obligations, mais bel et bien,d'exécuter sa
créance sur les biens de la société.
C'est là, M. le Président, l'essentiel de mon propos. En
résumé, il m'apparaît que, comme c'est le cas
déjà dans d'autres lois qui ont créé des
sociétés d'Etat, il n'est que normal que les biens de la
société fassent partie du domaine public, tout comme il n'est que
normal que l'exécution des obligations de la société
puisse être poursuivie sur ses biens. C'est une mesure de justice, je ne
dirai pas naturelle, mais traditionnelle puisque cela apparaît
déjà dans plusieurs lois.
Je voudrais, en terminant, relever un argument du député
de Marguerite-Bourgeoys selon lequel plusieurs sociétés d'Etat,
dont SOQUU, si ma mémoire est fidèle, et quelques autres, n'ont
pas de dispositions semblables. Il m'apparaît que ce ne sont pas des
sociétés qu'on pourrait qualifier de sociétés
d'affaires, qui ne sont donc pas susceptibles d'être poursuivies aussi
souvent qu'une société comme la Société nationale
de l'amiante qui va être une société d'affaires, qui va
être impliquée dans l'industrie, qui va être
impliquée dans l'extraction du minerai d'amiante, de sorte qu'il me
paraît que vouloir soulever un certain nombre de cas comme SOQUIJ
où il n'y a pas d'articles comme celui-là est un argument qui
porte à faux. Je termine là-dessus, M. le Président, et je
vous remercie de m'avoir accordé la parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: Plus tard, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Premièrement, je voudrais expliquer que je
n'ai pas pu assister à cette commission, j'avais d'autres engagements
avec la commission des communications. Pendant qu'ici on se prépare au
bâillon, je peux vous dire que, dans le salon rouge, le parti
ministériel s'est montré très habile avec la
baïonnette du directeur de Radio-Québec. Je dois vous dire que vous
aviez des députés...
M. Grégoire: Qu'est-ce que c'est cette
affaire-là?
M. Ciaccia: Non, je voudrais expliquer pourquoi j'ai
été absent...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Expliquez votre absence!
M. Ciaccia: Très bien, je vais l'expliquer.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce qu'on est sur
les explications d'absence?
M. Ciaccia: C'est seulement pour dire que c était
très approprié...
M. Grégoire: Question de règlement. Est-ce que vous
permettez, est-ce que vous créez un précédent comme quoi
un député peut, n'importe quand, prendre la parole pour justifier
son absence?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comment,
n'importe quand? D'abord un député n'a pas le droit de parole
n'importe quand, il a la parole lorsque le président lui donne la
parole.
M. Grégoire: Mais quand vous lui accordez la parole,
est-ce qu'il peut...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Deuxièmement...
M. Grégoire: II était absent, il était
absent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: C'est tout!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
n'entends pas que le député de Mont-Royal parle d'une autre
commission parlementaire, mais je comprends qu'il essaie brièvement
d'expliquer, de justifier une absence.
M. Clair: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Ciaccia: C'est vrai, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Drummond.
M. Clair: M. le Président, si le député de
Mont-Royal était absent hier, je ne lui en fais absolument pas reproche,
je comprends qu'il était occupé ailleurs. Cependant, j'aimerais
savoir si, hier, il était remplacé par un autre membre de sa
formation politique et auquel cas si un intervenant du côté de
l'Opposition officielle est déjà intervenu en ses lieux et
place.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Drummond, la présidence tient note de tous les
membres, de tous les intervenants, de tous les droits de parole, de la
durée de ces droits de parole, et je peux vous dire que le seul
député de l'Opposition officielle qui est intervenu avant 10
heures ce matin sur l'amendement présentement en
délibération est le député de Marguerite-Bourgeoys.
(10 h 30)
M. Clair: Je ne voudrais, en aucune façon, mettre en doute
votre parole. Mais, à titre de
président de commission parlementaire ayant eu à vous
remplacer, j'ai un bien mauvais souvenir. Le député de
Marguerite-Bourgeoys s'en souvient aussi.
M. Lalonde: Depuis ce temps, il paraît que les notes sont
tenues à la perfection par le président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ignore
les problèmes qui ont été vécus et j'espère
ne pas les connaître. M. le député de Mont-Royal, sur la
motion.
M. Ciaccia: M. le Président, je voulais simplement
expliquer que j'étais au salon rouge. C'était très
approprié que cette commission ait eu lieu au salon rouge...
M. Bérubé: Cela ne nous intéresse pas, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... parce que le sang paraît moins au salon
rouge. Le pauvre directeur de Radio-Québec...
M. Bérubé: ... pertinence du débat.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion, s'il vous plaît.
M. Bérubé: Je sais que vous n'avez rien à
dire sur la motion, mais quand même...
M. Ciaccia: Non, j'ai beaucoup à dire, M. le
Président.
M. Bérubé: Allez-y. Vous épuisez votre
temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Voulez-vous me rappeler, s'il vous plaît, sur
quoi on parle?
M. Laplante: M. le Président, pourriez-vous relire
l'amendement, s'il vous plaît?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît. Je pense que...
M. Grégoire: Pour le bénéfice du
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Après, on accuse l'Opposition de faire un
"filibuster ".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, sur la motion.
M. Lalonde: On a des détails intéressants.
M. Ciaccia: On va avoir quelque chose à dire en Chambre
cet après-midi.
M. Laplante: Onze minutes et demie.
M. Ciaccia: M. le Président, l'amendement
suggéré par le député de Marguerite-Bourgeoys est
parfaitement logique et apporterait une cohérence à l'article 3
et au projet de loi qui n'existe pas maintenant. Cela rendrait l'article 3 plus
compréhensible. Cela justifierait un peu plus I aspect juridique de cet
article. Je n'ai pas assisté aux arguments qui ont été
soulevés pour et contre la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys, mais j'ai regardé le journal des Débats et
j'ai essayé de comprendre les raisons pour lesquelles le gouvernement
voulait insister...
M. Godin: Je pensais que c'étaient les raisons de votre
collègue.
M. Ciaccia: Non. Ses raisons, je les comprends parfaitement.
C'est logique.
M. Godin: Est-ce qu'elles sont claires pour vous?
M. Ciaccia: Oui, elles sont claires. M. Godin: Vous
êtes chanceux.
M. Ciaccia: Dans 20 minutes je voudrais répondre au
député de Frontenac je n'aurai pas le temps de donner les
raisons pour lesquelles on devrait appuyer l'amendement du député
de Marguerite-Bourgeoys et ses raisons aussi. M. le député de
Frontenac, je vous référerais au journal des Débats. Je
pense que vous allez vous-même comprendre pourquoi cet amendement devrait
être appuyé.
M. le Président, je ne comprends pas exactement pourquoi le
gouvernement insiste pour dire que les biens de la société font
partie du domaine public. Quelles sont les répercussions et les effets
juridiques? Il ne nous a pas expliqué ce qui semble être une
contradiction entre l'article 3 et I'article 12, ou la nécessité
des deux articles. Le député de Drummond, avec tout le respect
que je lui dois, ne semble pas faire une distinction entre les deux, une
distinction légale. Je sais que c est un jeune avocat, qu'il veut
apprendre son droit et qu'il veut avoir l'avantage de l'expérience de
ceux qui ont pratiqué.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Chers
confrères, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Clair: J'ai dit que je parlerais avec beaucoup
d'humilité. Je n'ai pas négocié d'ententes à la
baie James, moi.
M. Ciaccia: M. le Président, la différence
légale entre les actions d'une compagnie et les biens d'une
compagnie...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On
dirait que plus il y a d'avocats à une commission parlementaire, plus on
a de difficulté!
M. Clair: C'est un avocat qui nous dit cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, j'essaie d'expliquer quelque
chose de très important.
M. Clair: M. le Président, il est en train...
M. Godin: Oui, essayez, parce que je vais porter plainte!
M. Ciaccia: Pour le bénéfice du
député de Drummond, la différence légale entre les
actions d'une compagnie et les biens de la compagnie, si on la comprenait on
verrait que l'article 12 est logique et que c'est dans l'ordre de
spécifier que les actions de la société font partie du
domaine public. Ce que le gouvernement va acquérir, cela va être
des actions. Le gouvernement va acheter les actions avec l'argent des
contribuables. Alors, c'est tout à fait logique, c'est tout à
fait raisonnable, juste et je dirais même nécessaire qu'on stipule
que les actions qui seront ainsi achetées fassent partie du domaine
public.
M. Grégoire: Peut-on accepter l'article 12 d'un coup
sec?
M. Ciaccia: M. le Président, je ne veux pas être
interrompu quand je parle à une commission.
M. Lalonde: On va le recopier très rapidement, quand on
arrivera à... Je vous le dis.
M. Ciaccia: Vous pourriez arrêter de faire le "filifuster".
Vous ne voulez pas qu'on y arrive.
M. Clair: M. le Président.
M. Ciaccia: On était à l'article 4, on est à
l'article 3. Voulez-vous qu'on recule à l'article 2?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, il
a été adopté.
M. Ciaccia: Voyons!
M. Lalonde: Si le gouvernement le désire, dans sa
reculade...
M. Clair: M. le Président, j'aimerais demander au
député de Mont-Royal s'il me permettrait une question,
immédiatement ou à la fin, sur la distinction entre les actions
de la compagnie et les biens de la compagnie.
M. Ciaccia: Après, à la fin. Oui, je vais
certainement vous le permettre.
M. Clair: Je vous remercie.
M. Ciaccia: De rien!
Une Voix: J'espère qu'il sait la réponse.
M. Lalonde: Lui, il sait la réponse. J'espère que
vous savez la réponse avant même de poser la question. Cela serait
absolument épouvantable. On aurait des raisons d'être très
humbles.
M. Ciaccia: II ne sait même pas la question.
M. Godin: On ne nous accusera jamais d'être impolis l'un
envers l'autre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: M. le Président, au nom du droit de parole,
pourriez-vous inviter le député de Marguerite-Bourgeoys à
laisser parler son collègue, s'il vous plaît! Depuis le
début qu'il tente de l'interrompre. On n'endurera pas cela ici!
M. Ciaccia: Je veux remercier le député de Mercier.
Ce n'est pas la première fois qu'il protège mes droits. J'en
prends à témoin le député de Bourassa.
M. Laplante: Le député de Mont-Royal n'a jamais su
se défendre là-dessus. Il lui a fallu l'aide d'un
collègue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: En face, à part de cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est difficile de faire
comprendre au député de Drummond, avec les interruptions de tous
ses collègues... Comme je le disais, il y a une distinction
légale à faire entre les actions d'une compagnie ou d'une
société et les biens de la société. On ne nous a
pas expliqué, si je relis le journal des Débats, pourquoi il faut
stipuler que les biens de cette société font partie du domaine
public. Quels sont les effets juridiques, quels sont les résultats d'une
telle déclaration? La seule chose que je peux voir, c'est que cela va
créer de la confusion dans l'application de cette loi, dans
l'application de nos lois. On sait que les lois des autres
sociétés d'Etat on va revenir à quelques-unes dont
on dit que leurs biens font partie du domaine public
généralement, ne renferment pas un article à cet effet,
parce que c'est le droit général qui doit s'appliquer.
On peut dire que les actions font partie du domaine public, mais, quant
à l'application de la loi, à tous les effets et aux
conséquences, c'est le droit général qui va s'appliquer
pour ne pas créer de confusion et d'ambiguïté, pour qu'il y
ait une certaine cohérence dans le projet de loi, dans la
rédaction de ce projet de loi. Je me demande, M. le Président, si
vraiment c'est le ministre qui a insisté pour que ce deuxième
alinéa soit inclus. Cela a pu être une erreur d'un des
recherchistes ou de ceux qui ont rédigé la loi. Peut-être
qu'ils ont donné un premier brouillon et que cela comportait d'autres
conséquences. Peut-être que cela aurait dû être
retiré à ce moment et que le gouvernement ne l'a pas fait.
On parle des lois d'autres sociétés d'Etat qui stipulent
que les biens de la société font partie du
domaine public. On a référé à
l'Hydro-Québec, on a référé à la
Société des alcools et on a référé à
la Société de développement de la baie James. M. le
Président, je peux vous dire qu'il y a des distinctions très
claires, des raisons très spécifiques pour lesquelles, dans ces
cas, non seulement on peut, mais on doit dire que les biens de ces
sociétés font partie du domaine et pour lesquelles, dans le cas
présent, c'est totalement différent, cela ne s applique pas et
cela peut seulement causer des difficultés à l'application de la
loi. Si vous regardez, par exemple, la Commission hydroélectrique;
premièrement, c'est un monopole; c'est un service public. On peut dire
que tout ce que cette commission fait, tout ce qu'elle va acquérir va
faire partie du domaine public. Il n est pas question de concurrence entre
l'Hydro-Québec et une autre société. Il n'y a pas les
mêmes règles du jeu. Ce ne sont pas les mêmes lois qui
s'appliquent.
Ici, nous faisons face à une société parmi
plusieurs autres sociétés dans le même domaine. Quand on
vient pour appliquer les lois, on voit ces distinctions. Si on pouvait nous
expliquer quelles seront les conséquences légales à ce
moment-ci, peut-être qu'on pourrait mieux en discuter et qu'on pourrait
l'accepter. Mais on ne l'a pas fait. A la Société des alcools,
c'est le même genre de situation. C'est un monopole, il n'y a pas de
concurrence et cela a été créé dans un but
différent. On a référé à la
Société de développement de la baie James. Je voudrais
porter à votre attention certaines caractéristiques très
spécifiques de cette société qui exigent qu'on lui accorde
que tous les biens de cette société vont faire partie du domaine
public.
Premièrement, la Société de développement de
la baie James, on lui accorde une juridiction quasi gouvernementale sur un
territoire de 135 000 milles carrés. On lui accorde aussi des pouvoirs
d'administration que je pourrais dire quasi gouvernementaux aussi. Elle
participe à l'administration et à la réglementation d'un
vaste territoire. Alors, c'est tout à fait logique, dans ce cas si une
société doit avoir le genre de juridiction, doit avoir le genre
de pouvoirs qu'a la Société de développement de la baie
James, d'insister pour que tout ce qu'elle fait et tout ce quelle va
acquérir va faire partie du domaine public.
Il n'y a pas nécessité de faire la distinction entre les
actions et les biens de la société. De plus, toutes ces autres
sociétés qui ont été créées par le
gouvernement, cela a été fait par une loi spéciale, cela
n'a pas été une question d'acquérir des actions dans
d'autres sociétés. Dans le cas de la Société de
développement de la baie James, comme je le disais, il y a des raisons
très spécifiques qui se relient à la nature même de
cette société. Je dirais que cela aurait été une
omission que de ne pas avoir stipulé que tous les biens feraient partie
du domaine public.
Ils ont des pouvoirs de réglementation, ils ont des pouvoirs de
gouvernement local dans un vaste territoire, donc c'est tout à fait
logique de lui accorder la propriété du domaine public sur tous
les plans.
M. le Président, j'inviterais le côté
ministériel, ce matin, à nous expliquer les effets juridiques de
stipuler que les biens font partie du domaine public et nous serons prêts
à débattre ce point. La lecture du journal des Débats ne
me donne pas de justification pour inclure cet article, ce deuxième
alinéa à l'article 3.
M. le Président, je crois que ce serait dans
l'intérêt public de bonifier le projet de loi. Une des raisons
pour lesquelles nous sommes ici, c'est d'essayer d'apporter un peu de
cohérence et de bonifier le projet de loi, pour qu'il n'y ait pas de
difficultés dans l'application. Si nous ne savons pas les
conséquences juridiques, il faut se placer dans la position des
administrateurs de cette société. Quand les administrateurs
seront en place, qu'ils vont lire le projet de loi et qu'ils vont se faire dire
que les biens de la société font partie du domaine public,
qu'est-ce que cela va signifier pour eux? Qu'est-ce que cela va apporter dans
leur administration? Quelles seront les obligations, les responsabilités
qu'ils vont avoir parce que les biens de la société font partie
du domaine public? Est-ce qu'ils vont avoir une responsabilité
additionnelle pour l'administrateur? Est-ce que la responsabilité va
être différente? Si cet article n'est pas là, c'est simple,
la responsabilité de l'administrateur, les lois des compagnies, la
jurisprudence, tout cela va régler leurs pouvoirs, va régler
leurs responsabilités, leur façon d'agir et toutes les
obligations qu'ils vont avoir vis-à-vis de la société et
vis-à-vis des propriétaires de cette société.
Mais, quand on dit que les biens font partie du domaine public, quelles
seront les conséquences sur l'administrateur? Peut-être que vous
n'y avez pas pensé, peut-être que vous devrez retourner à
vos juristes et leur demander: Est-ce que cela va ajouter une
responsabilité à l'administrateur? Et quand vous allez nommer
l'administrateur, il a des responsabilités, lui, il sait qu'il doit se
conformer à certaines dispositions de la loi, c'est clair. Il peut
obtenir un avis juridique. Et si vous êtes administrateur, vous
êtes responsable de telle ou telle chose, et si vous allez au-delà
de vos responsabilités, vous vous engagez dans certains domaines, vous
engagez votre responsabilité pour tel cas. Mais, si les biens font
partie du domaine public, qu'est-ce que cela veut dire pour l'administrateur?
Qu'est-ce que cela veut dire pour ceux qui seront chargés de mettre la
loi en application, qui seront chargés de donner suite au mandat du
gouvernement? Ce sont des questions très importantes. Le gouvernement
n'a pas assez réfléchi. (10 h 45)
Je ne pourrai pas répondre à votre question, M. le
député de Drummond. Je ne pense pas que vous étiez
sérieux en me posant une question, vous vous en allez maintenant.
M. Lalonde: Là, on est démuni. M.
Grégoire: II y en a d'autres.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas changé, vous! Vous êtes
à l'épreuve de l'amiante, à l'épreuve du feu...
M. Grégoire: C'est vrai.
M. Ciaccia: ... et à l'épreuve du bon sens!
M. Grégoire: De l'amiante, je vous en donnerais.
M. Ciaccia: Quand vous n'avez pas de réponse sur le fond,
ce sont des insultes.
M. Clair: Si le député de Mont-Royal... M.
Ciaccia: Je n'ai pas terminé...
M. Clair: ... voulait me permettre de lui poser mes questions
tout de suite, il serait bien aimable parce que je dois partir pour environ une
demi-heure.
M. Ciaccia:... mon intervention. J'ai dit "après mon
intervention".
M. Clair: Vous allez être ici cet après-midi?
M. Ciaccia: Cet après-midi, ce soir, je serai au devoir.
Je suis toujours au devoir.
M. Clair: II y a longtemps que vous étiez au devoir.
M. Ciaccia: Sérieusement, le gouvernement devrait
réviser sa tactique et se demander quelle sera l'implication de cet
article sur les obligations et les responsabilités des administrateurs.
On parle de $250 millions qui seront mis à la disposition de cette
société; quelle sera la responsabilité de l'administrateur
face au deuxième alinéa de l'article 3?
Il me reste quelques minutes et je vais terminer maintenant, quitte
à reprendre si d'autres arguments sont apportés par le
côté ministériel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
Est-ce que la motion du député de Marguerite-Bourgeoys sera
adoptée?
M. Laplante: M. le Président...
M. Lalonde: Le député de Bourassa a une
intervention à faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: C'est justement pour rafraîchir la
mémoire des députés de l'Opposition sur les amendements
qu'ils veulent apporter à l'article 3. Je voudrais référer
au 12 juillet 1971, lors de l'adoption de la loi 50 sur l'Hydro-Québec.
A un moment donné, M. Bourassa, pour le même article dont vous
faites mention c'était le premier ministre du temps
déclarait ce qui suit.
M. Godin: Le député de Mercier?
M. Laplante: L'ancien député de Mercier. "M. le
Président, j'ai le meilleur conseiller juridique qu'il n'y a pas au
Québec."
M. Godin: II est éditeur, je pense. Il édite la
poésie, je pense, lui, n'est-ce pas?
M. Laplante: "Et il me dit que cela ne se trouve pas dans la
société SOQUEM, cela ne se trouve pas dans la
société SOQUIP et c'est couvert par la loi". C'est sur les
mêmes articles lorsqu'il déclare aussi avoir les meilleurs
conseillers juridiques.
M. Ciaccia: Et c'est pourquoi cela s'appliquait à la
société hydroélectrique.
M. Godin: Non, non.
M. Laplante: Si vous allez à la page 3565...
M. Lalonde: Quelle date?
M. Laplante: Le lundi 12 juillet 1971.
M. Godin: Avant vous.
M. Laplante: C'est peut-être avant vous, M. le
député.
M. Godin: Avant les lumières du chemin de Damas.
M. Lalonde: Avant vous aussi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Laplante: On a voulu, encore à ce moment-là,
changer l'alinéa dont vous faites mention dans votre amendement. Le
premier ministre du temps, sur des propositions de Me Paul, un ancien
Solliciteur général, je crois, de l'Union Nationale, aurait
voulu, lui aussi, changer l'article 3 au deuxième paragraphe tel que
vous.
M. Godin: II était dans vos culottes, exactement.
M. Laplante: M. Bourassa, à ce moment-là, dit: M.
le Président, c'est le pilier de la croissance économique; alors
je crois qu'il serait plus prudent de s'en tenir au texte actuel.
M. Lalonde: II parlait de I'Hydro-Québec, à ce
moment-là.
M. Laplante: Non, mais c'est la même chose.
M. Ciaccia: II parlait de l'Hydro-Québec, je vous ai dit
la différence. Vous ne comprenez rien. Vous n'avez rien compris.
M. Laplante: M. Paul, à ce moment-là, je pense, a
été plus intelligent que l'Opposition actuelle.
M. Ciaccia: Vous ne comprenez pas les distinctions.
M. Godin: Ah! Cela se peut.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Laplante: II a dit, à ce moment-là, ceci. M.
Godin: Est-ce que cela se peut?
M. Laplante: M. le Président, devant un texte, une
explication aussi plausible, logique de la part d un économiste
qui était M. Bourassa je retire ma suggestion.
M. Godin: Le député de Mercier.
M. Lalonde: C'était une opposition...
M. Godin: Ah! Ah!
Des Voix: Ah!
M. Lalonde: ... faible!
M. Laplante: Je ne prendrai pas mes 20 minutes, je laisse cela
à votre réflexion.
M. Ciaccia: Vous n'avez pas compris la distinction entre
l'Hydro-Québec et la société nationale de l'amiante.
M. Grégoire: C'est de la guillotine naturelle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît, à l'ordre!
Une Voix: La leçon vient de haut, M. le
Président.
M. Ciaccia: Ou vous êtes sourds ou...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre!
M. Laplante: Si vous reniez votre passé, d'accord, on va
tout effacer et on va recommencer à travailler.
M. Ciaccia: Je vous demande la distinction entre
l'Hydro-Québec et la Société nationale de I'amiante.
Trouvez donc la distinction entre la société de
développement...
M. Laplante: Deux sociétés d'Etat. Deux
sociétés d'Etat absolument identiques...
M. Ciaccia: Elles ne sont pas identiques, il y a des distinctions
très exactes.
M. Laplante: ... au point de vue des pouvoirs.
M. Godin: Et qui exploitent les ressources naturelles du
Québec.
M. Ciaccia: II y a monopole dans un...
M. Lalonde: Est-ce que le député de Bourassa me
permettrait une question?
M. Laplante: Vous voulez que je vous prête le volume? C'est
un bien public, monsieur le député, je peux vous le passer.
M. Lalonde: Non. Est-ce qu'il a entendu, sinon compris, les
explications qui ont été données hier à propos
justement des usages avant 1973 et après 1973? Il a entendu, au moins,
quand j'ai dit cela?
M. Laplante: J'ai entendu, monsieur, mais cela ne m'a pas
convaincu.
M. Lalonde: Je voulais simplement savoir s il avait oublié
cela.
M. Godin: Ce n'était pas convaincant non plus.
M. Grégoire: Ce qu'il vient de citer est tellement clair,
par contre, que cela devrait vous convaincre.
M. Godin: Non seulement à cause du contenu, mais à
cause de l'auteur des remarques.
M. Lalonde: Non, parce que depuis 1973 on est revenu à une
autre école.
M. Grégoire: Je suppose que vous allez me dire: Oui, mais
M. Bourassa...
M. Laplante: Le premier ministre disait dans le temps qu'il avait
les meilleurs légistes qui existaient.
M. Godin: II le dit lui-même.
M. Laplante: II le dit lui-même, ce sont ses paroles, c'est
une citation que je fais. M. Bourassa dit: "M. le Président, j'ai le
meilleur conseiller juridique qu'il n'y a pas au Québec et il me dit que
ça ne se trouve pas dans la société SOQUEM, cela ne se
trouve pas dans la société SOQUIP et c'est couvert par la loi".
C'est une déclaration qui se rapportait, à ce moment, à
cela.
M. Lalonde: Oui, mais il y a quelque chose que je ne comprends
pas.
M. Ciaccia: Vous êtes bons pour citer hors contexte.
M. Lalonde: Non, mais qu'est-ce qui ne se trouve pas dans la
Société SOQUEM?
M. Godin: La modification que vous voulez faire.
M. Lalonde: Alors, est-ce qu'il explique pourquoi cela ne se
trouve pas dans les deux?
M. Laplante: Avez-vous déjà vu M. Bourassa
être clair après un premier énoncé?
M. Lalonde: Vous invoquez son témoignage à l'appui
de votre argumentation, ne détruisez pas maintenant sa
crédibilité. Vous invoquez son témoignage à l'appui
de votre argument et ensuite vous dites: Avez-vous déjà vu M.
Bourassa être clair? Si vous ne croyez pas ce qu'il dit, pourquoi
citez-vous ses paroles?
M. Grégoire: Est-ce que ce qu'il disait dans ce temps
n'avait pas de bon sens? Est-ce que vous avez plus de bon sens aujourd'hui
qu'il n'en avait dans ce temps-là?
M. Lalonde: J'aimerais que le député de
Bourassa...
M. Ciaccia: Savez-vous ce que c'est que de citer hors
contexte?
M. Lalonde: Oui, parce que je voudrais savoir exactement
quel...
M. Laplante: Je n'ai pas cité hors contexte, je vais vous
passer le...
M. Lalonde: Passez-moi cela.
M. Ciaccia: Non, il y a tout un volume, on sait que vous l'avez
lu, mais vous n'avez pas compris.
M. Grégoire: On ne se gêne pas pour vous
prêter le document.
M. Godin: Est-ce qu'on peut le déposer?
M. Grégoire: II n'y a pas de dépôt de
document, n'est-ce pas, M. le Président?
M. Ciaccia: Les arguments que vous donniez, c'est justement pour
justifier l'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Laplante: Non, c'est pour justifier que lorsque le premier
ministre faisait écrire un projet de loi, avec la qualité de
légistes qu'il avait à ce moment, c'était encore ce qu'il
y avait de meilleur. On a eu la preuve que son article était bon puisque
l'homme de l'Union Nationale, M. Paul, s est plié devant les arguments
de M. Bourassa.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question
à poser au député de Bourassa. La citation qu'il a faite,
du 12 juillet 1971, à la page 3563, où M. Bourassa a dit: "M. le
Président, j'ai le meilleur conseiller juridique qu'il n'y a pas au
Québec et il me dit que cela ne se trouve pas dans la
société SOQUEM, cela ne se trouve pas dans la
société SOQUIP et c'est couvert par la loi", c'est bien la
citation du député de Bourassa?
M. Laplante: Exact.
M. Lalonde: Je lis le contexte dans lequel cela s est fait et je
vois, par exemple, à la page précédente, M. Paul qui dit:
"... le chapitre 77, Elizabeth II, 1968 et on dit à cet effet: La
société a son siège social dans la ville de
Bécancourt". Dans ce cas, on mettait les sièges sociaux dans les
villes...
M. Grégoire: Est-ce qu'on veut revenir sur un article, M.
le Président?
M. Lalonde: "Elle s'est toutefois transportée... c est le
même texte que je soumets pour l'amendement...", et je cherche avec
beaucoup de difficulté, mais sans succès, la
référence à l'article semblable à celui que nous
discutons actuellement...
M. Laplante: Oui, mais suivez l'auteur, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, allez à l'autre page et
citez l'autre page aussi. Regardez dans le haut de la page, de ce que je vous
ai passé, vous avez deux traits de crayons: La déclaration de M.
Bourassa et la déclaration de M. Paul. Après les discussions
qu'il y a eu, vous avez tous les intervenants qui ont participé au
débat.
M. Godin: En d'autres termes, il y a eu deux citations qui se
réfèrent l'une à l'équivalent de l'article 3, dont
nous parlons ici, et la deuxième à la qualité des
conseillers juridiques qui avaient recommandé d'inclure le paragraphe 2
dans le...
M. Lalonde: Alors, je vais lire toute la citation, M. le
Président, à la page 3565. "M. Paul: M. le Président, je
voudrais faire une suggestion de linguiste..."
M. Laplante: Est-ce que cela est pris sur le temps de M...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'a
plus de temps.
M. Laplante: La question a reçu une réponse et je
n'ai plus de temps pour répondre à d'autres questions.
M. Lalonde: Mais, si je vous pose une question...
M. Ciaccia: Vous avez peur de la vérité. Voyons!
Laissez-le faire.
M. Laplante: Non, ce n'est pas la vérité. Je lui ai
donné le texte, le texte est là au vu et au su de tout le
monde.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
sais pas si vous avez remarqué quelque chose, depuis cinq minutes je
vous ai laissé faire. C'était intentionnel...
M. Lalonde: Oui, cela va bien.
M. Grégoire: Oui, cela va bien, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela va
bien, alors allez-y, continuez!
M. Lalonde: Alors, la citation est la suivante: "M. le
Président, je voudrais faire une suggestion de linguiste"; ce n'est
même pas une question juridique.
M. Laplante: Je soulève une question de
règlement.
M. Lalonde: "Je suggérerais, je m'excuse je ne suis
pas ministre des Affaires municipales..." C'est M. Paul qui parle à ce
moment-là.
M. Laplante: Je vais répondre... M. le Président,
je soulève une question de règlement!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On
m'avait demandé de laisser faire! Bon!
M. Godin: Est-ce qu'on peut récupérer le
document?
M. Laplante: C'est justement ce qui arrive actuellement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Je n'ai pas fini, je vais vous le donner tout
à l'heure. Je vais vous le remettre tantôt.
M. Godin: C'est un emprunt fait en notre nom. On ne veut pas que
des pages soient arrachées ou en aucune façon mal citées
ou citées hors contexte!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! M. le député de Mercier!
M. Lalonde: Je poursuis: "Je suggérerais au gouvernement
que l'article 3 au deuxième paragraphe, à la troisième
ligne, on y lise le texte suivant: "mais l'exécution de ses obligations
ne peut être poursuivie que sur ses biens". Je pense que cela fait
différent. C'est beaucoup plus limitatif en même temps que
c'est... " Fin de la citation de M. Paul. M. Bourassa, répond:
"L'article reproduit la Loi de I'Hydro-Québec qui a reproduit l'article
3 textuel de l'Hydro-Québec." On n'est pas plus avancé. On vient
justement de le dire. Je ne sais pas ce que le député de Bourassa
veut prouver! On parlait de linguistique.
M. Laplante: Si vous voulez prendre les vingt minutes, M. le
député, je vais vous lire le texte complet!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Laplante: Vous allez voir que c'est pas mal semblable à
ce qu'on débat aujourd'hui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Bon. M.
le député de Bourassa, avez-vous terminé votre
intervention?
M. Laplante: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier.
M. Godin: La citation en question suggérait que, dans un
paragraphe équivalent de la loi sur la SABJ, si je me souviens bien, on
mette cela au négatif; "l'exécution de ces obligations ne peut
être poursuivie que sur ce... " alors que notre formulation c'est "peut
être poursuivie sur ces biens. Encore là, la règle qui
s'applique, c'est la règle énoncée par Louis-Philippe
Pigeon dans son document Rédaction et interprétation des lois; il
dit qu'il vaut mieux mettre le positif que le négatif dans une loi, si
telle est l'intention du gouvernement. Vous êtes d'accord avec cela?
M. Lalonde: Oui, sur la question du positif. M. Godin:
Où est l'argument?
M. Lalonde: Non. c'est la confusion des biens de la compagnie
avec le domaine public que je trouve absolument inacceptable, pas la
deuxième partie de la phrase! Il m'apparaît que c'est mal corriger
la situation.
M. Godin: Nous voulons garantir absolument les droits et
privilèges des créanciers éventuels de cette
entreprise.
M. Lalonde: Vous avez peur que la société soit en
faillite tout de suite en partant!
M. Godin: Non, mais nous voulons que la loi... M. Lalonde:
On lui donne $250 millions!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: ... garantisse ce recours, tout simplement.
D'autre part, pour revenir à l'essentiel, nous avons vu
l'Opposition, depuis plusieurs semaines sinon plusieurs mois, tenter de
discréditer ce projet de loi par tous les moyens imaginables. On a
retrouvé là des tactiques de l'Opposition qui visent, en fin de
compte, à discréditer tout ce que le gouvernement veut faire et
on a retrouvé des arguments tirés au texte d'un document de
l'Association des mines d'amiante du Québec. Je vais vous le lire.
"Toutefois, nous estimons que le projet d'acquisition par l'Etat d'une
participation majoritaire à la société Asbestos
Limitée n est pas fondée sur une évaluation correcte des
meilleurs moyens d'assurer l'essor de l'industrie de l'amian-
te pour le plus grand bénéfice des
Québécois." Cet argument, nous l'avons entendu 100 fois dans la
bouche de l'Opposition et il vient directement de l'Association des mines
d'amiante du Québec, les grands amis du peuple québécois.
"En effet, poursuivent-ils, cette décision, potentiellement très
coûteuse..."
M. Ciaccia: Une question de règlement, M. le
Président. On parle de l'article 3, deuxième alinéa, les
effets juridiques, la question des biens du domaine public. Vous n'êtes
pas sur la motion. Ce n'est pas pertinent, ce que vous discutez!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion, M. le député de Mercier.
M. Godin: Je poursuis dans la mesure où c'est relié
par la bande, mais j'arriverai tout à l'heure au pont; le lien sera fait
entre ce préambule qui sera bref, d'ailleurs et la motion. Remarquez
bien, que c'est sur mon temps et non pas sur le leur, de toute manière.
J'arriverai à faire le lien entre les deux plus tard, si je suis le
moindrement chanceux. "En effet, poursuit le document de l'Association des
mines d'amiante du Québec, cette décision potentiellement
très coûteuse pour les contribuables québécois, en
plus de faire peser un climat improductif d'incertitude dans tout le secteur
privé, n'est pas de nature à contribuer utilement à la
relance économique du Québec en termes de création
d'emplois, d'amélioration de la productivité ou même de
développement des marchés." Ce sont les arguments qui sont servis
armés de pied en cap par l'Opposition depuis le début de cette
commission. Ces remarques, ces restrictions quant au projet de loi
émanent des producteurs d'amiante et d'amiantosés je
répète, les producteurs d'amiante et d'amiantosés
du Québec. (11 heures)
On retrouve là une espèce de front commun entre ce parti
et les producteurs d'amiante du Québec qui, sous couvert de vouloir
modifier l'article 3 j'arrive à la pertinence sans donner
d'explications valables et significatives des raisons pour lesquelles on
devrait faire sauter ce paragraphe, ne visent qu'à une chose:
empêcher que cela se fasse. Cette attitude est bien dans la tradition de
cette Opposition qui ne semble pas s'être mise au service des
Québécois, mais au service de je ne sais qui. Je voudrais vous
citer un autre document qui est encore plus significatif de l'attitude de cette
Opposition face à ce qui se passe actuellement au Québec. A
l'Assemblée nationale, le jeudi 27 avril 1978, le député
d'Outremont, dont je déplore l'absence ici ce matin parce que j'aurais
aimé qu'il soit là pour l'entendre j'espère qu'il
le lira au journal des Débats ...
M. Lalonde: M. le Président, peut-être qu'il va
être ici cet après-midi. Actuellement, il est à la
commission parlementaire qui étudie la loi 21 avec le ministre de
l'Industrie et du Commerce.
M. Godin: D'accord. A ce moment, nous reviendrons
là-dessus, M. le Président. Ce que je veux dire, c'est que
j'aimerais que l'Opposition me dise qui va garantir le recours en droit contre
cette société, si jamais cela devait se produire? Où
seront les biens contre lesquels il pourrait y avoir recours, si ce n'est pas
spécifié dans l'article 3?
M. Lalonde: Est-ce que c'est une question qu'on nous pose?
M. Godin: Non, vous aurez l'occasion de répondre un peu
plus tard.
Est-ce que l'Opposition pourrait nous dire exactement quelles solutions
elle propose? Tout ce qu'on a devant nous, M. le Président, c'est une
motion pour faire sauter le paragraphe 2 qui apparaît c'est
reconnu par l'Opposition elle-même dans certaines de ses lois,
dans certaines des lois de l'Union Nationale et dans certaines des lois d'avant
même le régime de Johnson, Bertrand ou Bourassa et même dans
le temps de M. Lesage. J'aimerais qu'on nous dise quelles solutions ils
proposent au-delà de ce qu'ils appellent la "loi générale
s'appliquera". Quelles solutions proposent-ils pour que l'exécution des
obligations puisse être poursuivie sur ces biens de la
Société nationale de l'amiante? On ne l'a pas encore su, M. le
Président. On a assisté à ce qu'on pourrait appeler des
"sparages", du patinage de fantaisie. On a assisté à une
espèce de chemin de Damas de cette Opposition qui, sur le tard, renie
tout d'un coup la plupart de ses rédacteurs de lois dans le
passé, renie la plupart de ses conseillers juridiques dans le
passé et même son premier ministre, M. Bourassa, qui était
mon prédécesseur dans Mercier et éditeur de poésies
bien connu, avec M. Charles Denis, qui était son fidèle adjoint
dans le temps. Ces gens renoncent à leur passé.
M. Lalonde: ...commission parlementaire. Cela va sûrement
le flatter.
M. Godin: ... seulement qu'il va le savoir. Ils renoncent
à leur passé. Ce sont des vire-capot. M. Garneau l'a
expérimenté dans un congrès récent que
c'étaient des vire-capot. En voici une autre preuve. Ils viennent de
marcher sur leurs brisés. Autrement dit, ils viennent de se mettre en
marche arrière comme ils le font souvent, d'ailleurs et
d'écraser les gens qui les suivaient. Tous ceux qui, dans le
passé, trouvaient que c'était de bonnes lois qu'ils avaient
votées jusqu'à maintenant se trouvent aujourd'hui,
sûrement, surpris de voir à quel point, après avoir brandi
bien haut de tels articles dans leurs propres lois, ils arrivent aujourd'hui et
se mettent en marche arrière. Ils ne proposent rien comme solution de
rechange autre que "la loi générale s'applique".
Nous voulons aller plus loin que cela et donner des garanties, à
la société québécoise dans son ensemble, que les
biens de la société font partie du domaine public et que
l'exécution de ses obligations peut être poursuivie sur ses biens.
C'est la meilleure garantie qu'on puisse donner. En d'autres termes, on ne
pense pas qu'à la
Société nationale de l'amiante, on pense également
à la société québécoise dans son ensemble.
Si jamais cela se produisait, la société pourrait être
poursuivie sur ses biens. C'est la meilleure position qu'on puisse prendre en
l'occurrence. De toute façon, cela se situe dans la tradition de la
redaction des lois dans ce pays, dans cette province et dans ce Parlement.
Malgré que j'aie écouté très attentivement
les arguments de notre savant collègue, le député de
Marguerite-Bourgeoys, je n'ai pas encore compris quelle solution de rechange il
proposait. Je suis prêt à donner une partie de mon temps au
député de Marguerite-Bourgeoys, trois minutes, pas plus, pour
qu'il me dise quelle est sa solution de rechange. Trois minutes, exactement! Je
vais vous minuter, si vous êtes d'accord, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
En dehors de toute tentative de "filibuster", de toute tentative de
faire perdre son temps à la commission, uniquement pour éclairer
ma propre lanterne, mon cher Diogène, pourriez-vous me dire, en trois
minutes, les raisons ou la solution de rechange que vous proposez pour
remplacer le paragraphe 2 de l'article 3? Je lui donne trois minutes de mon
temps pour qu'en gentleman il puisse m'expliquer clairement et
brièvement, si possible, en dehors de tout "filibuster", en dehors de la
nécessité libérale de manger leurs 20 minutes...
Le Président (M. Laplante): Lui donnez-vous les trois
minutes?
M. Godin: Quand je serai prêt, M. le Président.
M. Lalonde: J'ai réussi à commencer à
prendre ma respiration.
M. Godin: M. le Président, en dehors de l'opposition
systématique de l'Opposition libérale ce n'est pas
l'Opposition libérale qu'elle s appelle, c'est l'Opposition
systématique de Sa Majesté j'aimerais qu'on me dise
clairement et je dirais même amicalement, en toute collaboration entre
gars de bonne foi à cette table, quelle solution de rechange on propose
à ce paragraphe 2 de l'article 3. Je cède trois minutes de mon
temps au député du chemin de Damas, quitte à reprendre mon
droit de parole par la suite, si ces explications ne vous satisfont pas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, trois minutes.
M. Lalonde: M. le Président, avec le consentement de la
commission.
Le Président (M. Laplante): Non. Je le prends comme si
c'était une question qui serait posée. Vous avez trois minutes
pour y répondre.
M. Lalonde: Comme préambule, Diogène n'a pas eu
beaucoup de succès. Alors, ce n'est pas avec beaucoup d'optimisme que je
réponds à la question. La solution de rechange, c'est la solution
je vais employer un mot qui est cher au Parti québécois
normale, à savoir qu'une société est poursuivie sur
ses biens pour ses obligations. S'il y a confusion entre ses biens et le
domaine public, là, on ne sait plus au juste où sont ses biens.
Sont-ils encore dans la société ou sont-ils dans le domaine
public? Le domaine public devient-il responsable des obligations de la
société? Quant à moi, cela crée de la confusion et
une ambiguïté.
En retirant ce paragraphe, c'est le régime juridique normal qui
s'applique, à savoir que les biens de la société seraient
la garantie de ses obligations. Donc, elle pourrait être poursuivie
contre ses biens pour ses propres obligations.
Comme généralement les sociétés s'arrangent
pour ne pas emprunter, pour ne pas s'engager au-delà de leurs propres
biens, y compris le capital-actions et les actifs qu'elles ont pu acheter, ce
seraient des actions de filiales, ce seraient des mines, ou ce seraient des
entreprises de transformation. Espérons-le, cela prendrait de la valeur.
Elles pourraient emprunter là-dessus, emprunter à long terme pour
la construction de l'usine et pour de la transformation,
espérons-le!
C'est la situation normale, le régime général du
droit qui s'appliquerait. Ce que je suggère, c'est qu'on enlève
cette ambiguïté où les biens de la société
seraient dans le domaine public, ils ne seraient plus à elle.
M. Grégoire: M. le Président, si le
député de Mercier me permet...
M. Godin: Je permettrais moins d'une minute.
Le Président (M. Laplante): Non, c'est M. le
député de Mercier, sur votre temps.
M. Ciaccia: Ce n'est pas au député à vous le
permettre, c'est au président à vous le permettre.
M. Godin: De toute façon, M. le Président, je
remercie et félicite le député de Marguerite-Bourgeoys.
Comme ses trois minutes ne sont pas écoulées, je consens que la
fin soit transmise à mon collègue, le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je répondrai
au député de Marguerite-Bourgeoys en citant textuellement ce que
l'ancien premier ministre, M. Bourassa, avait répondu à
semblables objections. C'est très clair. Vous allez voir. M. Bourassa
disait, et je cite: "M. le Président, c'est que le texte reproduit un
texte identique à celui de l'Hydro. Et le texte de l'Hydro a
été approuvé devant la SEC, Security Exchange
Commission... C'est le pilier de la croissance économique. Alors, je
crois qu'il serait plus prudent, M. le Président, de s'en tenir au texte
actuel". Plus prudent! Là-dessus il me reste trois lignes...
M. Godin: M. le Président.
M. Grégoire: M. Paul, de l'Union Nationale, dit: "M. le
Président, devant un texte, une expli-
cation aussi plausible, logique de la part d'un économiste, je
retire ma suggestion." Cela s'est terminé comme ceci. M. le
Président a appelé l'article 3, et je cite: "Adopté
à l'unanimité après ces explications." Alors, c'est
clair.
M. Godin: M. le Président, je tiens à remercier mon
collègue de Frontenac d'avoir ajouté ce grain de sel lumineux, si
on peut parler d'un grain de sel lumineux.
M. Grégoire: J'ai cité l'ancien premier
ministre.
M. Godin: Cela peut se faire pour le phosphore, je pense, le sel
lumineux.
M. Ciaccia: C'est de la radioactivité qu'il y a
là-dedans pour le rendre lumineux.
M. Bérubé: II sait, M. le député de
Mercier, d'ailleurs, comme l'ensemble de vos connaissances.
Une Voix: Pic de la Mirandole.
M. Godin: M. le Président, les lumières que nous
cherchions, nous les avons enfin obtenues. C'est qu'il y a tout simplement des
recommandations de la Security Exchange Commission, et c'est important de les
avoir dans la mesure où il s'agit ici d'une entreprise multinationale
américaine dont nous tentons d'acquérir les actifs. Il s'agit de
négociations qui se font actuellement entre deux mandataires, l'un du
gouvernement du Québec, qui est une maison américaine, et l'autre
de la General Dynamics, qui est également une maison américaine.
Ils doivent respecter les règles de conduite et les lois qui
s'appliquent sur leur territoire national. C'est la raison pour laquelle ce
paragraphe apparaît à l'article 3.
Je ne vois pas quels autres arguments l'Opposition systématique
de Sa Majesté pourra invoquer à l'avenir pour nous redemander de
donner suite à sa motion. C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, je suis en plein dans la pertinence. Je voterai contre la
motion du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Grégoire: A la recommandation de M. Bourassa.
M. Godin: A la recommandation de M. Bourassa qui, lui, citait la
Security Exchange Commission qui est peut-être l'institution, dans le
domaine des actions et des obligations sur le continent nord-américain,
la plus faible à cause de son expérience, à cause de
l'importance des affaires qui se transigent chaque année devant elle et
surtout à cause des règles qui régissent les
activités de l'entreprise que nous songeons à acheter.
M. Grégoire: M. Bourassa disait que c'était le
pilier de la croissance économique.
M. Ciaccia: Cela fait quinze fois que vous citez cela. Les autres
l'ont cité. Je ne pense pas que vous l'ayez entendu les quatorze
premières fois. Cela prend longtemps pour vous faire entendre quelque
chose.
M. Godin: M. le Président, mon prédécesseur
de Mercier avait des qualités, malgré tout. Nous devons le
reconnaître aujourd'hui. Cela a été reconnu d'ailleurs par
un seul des candidats à la chefferie, la dernière fois,
malheureusement. Au nombre de ces qualités, je pense qu'il y avait un
certain sens du réalisme et le fait qu'il connaissait un certain nombre
de choses ayant étudié en économie, je pense, à
Harvard ou au London School of Economies. Je l'ai connu à
l'époque où il était secrétaire de la commission
Bélanger, avec Marcel Bélanger, sur la fiscalité. Nous
l'avions invité d'ailleurs à Radio-Canada comme expert dans ces
questions. Il nous avait étonné par son esprit brillant. Je suis
heureux aujourd'hui, M. le Président, de reconnaître ses
qualités et ses connaissances. Je m'étonne de voir que ses
ex-collègues, n'en étant pas à un couteau dans le dos
près, le laissent tomber pour une deuxième fois en moins de deux
ans. Ils le laissent tomber pour une deuxième fois, M. le
Président, en moins de deux ans et disent que cela ne tient pas debout,
l'argument de M. Bourassa, leur ancien chef. Est-ce que M. Ryan va être
trahi lui aussi un jour et quand le sera-t-il? Il y a une tradition qui
s'installe en face dans l'Opposition systématique qui, si j'étais
M. Ryan, m'inquiéterait beaucoup. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, il vous reste trois minutes.
M. Ciaccia: Cela m'étonne. Franchement, c'est
étonnant de voir l'approche du député de Mercier.
Premièrement, on ne cesse pas de citer...
M. Godin: Vos experts.
M. Ciaccia: On a besoin... Je ne vous ai pas interrompu.
Le Président (M. Laplante): II reste trois minutes au
député de Mont-Royal, j'aimerais qu'il les complète, s'il
vous plaît.
M. Godin: Oui, vous m'avez interrompu. Combien de temps me
reste-t-il, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): II vous reste trois minutes
vous aussi, vous les prendrez si vous voulez.
M. Ciaccia: II nous dit que la Security Exchange Commission ou
bien l'ex-premier ministre a insisté pour que cela soit dans la Loi de
l'Hydro-Québec, alors la logique, c'est ergo sum, ergo...
M. Godin: Ergo perfectus.
M. Ciaccia: ... il faut que ce soit logique pour ici. Vous ne
donnez pas de raisons, pas d'explica-
tions à savoir pourquoi, dans ce projet de loi, on n'a pas
entendu... Ne me citez pas cela encore parce que je l'ai entendu assez
souvent...
M. Godin: ... qui paraît au journal des Débats comme
quoi je cite, M. le Président.
M. Ciaccia: M. le Président, cela ne donne pas les
raisons. Cela s'applique à l'Hydro-Québec. On nous a donné
toutes les raisons pour lesquelles cela devrait s'appliquer à
l'Hydro-Québec. Je voudrais poser une question au député
de Mercier. Elle va être prise sur son temps ou bien, écoutez, sur
le mien. Les responsabilités de la société, qui
répond pour cela? Ce sont les biens de la société,
normalement.
M. Godin: II y a eu une réponse de votre collègue.
(11 h 15)
M. Ciaccia: Si vous incluez cet article j'inviterais aussi
le ministre à essayer de répondre qui dit que tous les
biens de la société font partie du domaine public, on sait que,
dans le domaine public, il y a les biens de l'Hydro-Québec, les biens de
la SDBJ, ceux de la Société des alcools. Est-ce que cela veut
dire que l'actif de cette compagnie va être tout le domaine public et
que, si un créancier a une réclamation contre la
société, il va pouvoir se servir des biens qui sont dans le
domaine public pour se satisfaire? Cela voudrait dire que vous ne limitez pas,
et là vous n'agissez pas comme des bons administrateurs, la
responsabilité de la société seulement à ses biens.
Vous dites à tous les créanciers du monde: Ecoutez, les actifs de
la société font partie du domaine public. Les actifs de
l'Hydro-Québec font partie du domaine public. Le domaine public, c'est
pas mal large. Alors, si vous avez des réclamations à faire
contre la société, vous pouvez aller chercher les biens de
l'Hydro-Québec ou aller chercher les biens de toutes les autres
sociétés.
M. Godin: Mais il me pose une question.
M. Ciaccia: Non, mais cela ouvre les portes à cela. Est-ce
cela que vous voulez dire?
M. Grégoire: II ne doit pas être content du jugement
de son collègue.
M. Godin: II me pose une question, est-ce que je peux
répondre à sa question?
M. Ciaccia: C'est l'ambiguïté.
M. Lalonde: Toutes les hypothèses sont bonnes.
Le Président (M. Laplante): Le temps est terminé.
Si vous répondez à la question, cela se trouvera sur votre temps,
M. le député de Mercier.
M. Godin: II m'a posé une question. C'est sur son temps
à lui.
Le Président (M. Laplante): II est fini, son temps.
M. Ciaccia: Non, vous ouvrez la porte à cela. M. Godin:
Est-ce que je peux répondre?
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez
répondre, c'est sur votre temps. Il vous reste trois minutes.
M. Godin: Tout à fait d'accord. M. Ciaccia: Un
instant...
Le Président (M. Laplante): Votre temps est
terminé, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je conclus.
Le Président (M. Laplante): Concluez, d'accord.
M. Ciaccia: Je suis bien certain...
M. Godin: Ce n'est pas sur mon temps. M. le Président, une
directive. Est-ce que cela compte sur mon temps? Il n'a plus de temps.
M. Lalonde: II conclut sur son temps.
Le Président (M. Laplante): II fait sa conclusion et, si
vous avez une réponse à donner, cela comptera sur votre temps, M.
le député de Mercier.
M. Godin: II n'a plus de temps, c'est sur le temps de qui?
M. Ciaccia: Je conclus sur mon temps. M. Lalonde: Ô
temps suspends ton vol. M. Godin: C'est sur le temps de qui?
Le Président (M. Laplante): Ce sera sur le temps pendant
lequel il a été interrompu.
M. Ciaccia: C'est sur le temps de la commission.
M. Godin: Mais le temps est mesuré ici; on a chacun notre
tranche de pain.
M. Lalonde: Le temps du domaine public.
Le Président (M. Laplante): S'il est mesuré, il
faut le laisser parler, parce que vous lui avez fait perdre au moins une minute
depuis le début.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: II n'y a aucun doute que les créanciers, ceux
qui vont avoir des réclamations à faire contre la
société, cela inclut General Dynamics, eux, ils sont très
heureux que vous incluiez
l'alinéa b), parce que cela peut vouloir dire que, s'ils ont des
réclamations à faire, ils peuvent aller chercher cela dans le
domaine public. Prenez garde.
Le Président (M. Laplante): M. le député
de... M. Godin: Je veux répondre.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez répondre.
Vous avez trois minutes pour répondre.
M. Godin: Le député de Mont-Royal décrit ce
qui va se passer bientôt, M. le Président, comme si nous
étions dans le désert et qu'il y aurait une espèce de
morceau de viande, qui serait la SNAQ, dans le champ et qu'il y aurait à
peu près 50 000 vautours il a bien dit "tous les
créanciers du monde" qui attendraient de se jeter sur cela...
M. Ciaccia: Je vous connais comme administrateurs.
M. Lalonde: A la façon dont vous allez administrer
cela...
M. Ciaccia: II va en avoir des créanciers. M.
Lalonde:... cela va être un pique-nique.
M. Godin: ... et de s'emparer des biens de cette
société. Cela inclut, dans leur esprit, que General Dynamics
pourrait même, peut-être, devenir propriétaire de
l'Hydro-Québec.
Nous tombons dans l'absurde, ex absurdo.
M. Ciaccia: Pourquoi ouvrir la porte?
M. Lalonde: Vous ouvrez la porte.
M. Godin: C'est le terrain de l'absurde.
M. Lalonde: Vous acceptez les diktats des Américains.
M. Ciaccia: Est-ce que la Security Exchange Commission serait
d'accord sur cela?
M. Godin: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Godin: M. le Président, nous sommes dans une
pièce de Samuel Beckett, le théâtre de l'absurde, ici avec
les interventions totalement farfelues...
M. Ciaccia: Le réalisateur en chef, M. Godin.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Godin: ... de "En attendant Godot " en face, M. Ciaccia, le
député de Mont-Royal. Je m'excuse, mais Godot ne viendra pas par
armée pour bouffer le morceau de viande dans le désert, parce
qu'il n'est pas question de cela. L'article dit...
M. Ciaccia: Vous ouvrez la porte.
M. Godin: ... "peut être poursuivie sur ses biens" à
elle, la société, point final.
M. Ciaccia: Vous jetez un doute quand vous dites que cela fait
partie du domaine public.
M. Godin: Si nous avons fait cela, M. le Président, c'est
pour répondre, premièrement, à la tradition en ces
matières et, deuxièmement, à des exigences de la Security
Exchange Commission qui n'est pas la dernière venue dans le
domaine...
M. Ciaccia: Les diktats des Américains encore.
L'année dernière, vous étiez purs. Là, tout d'un
coup, les règles de la SEC sont correctes.
M. Godin: Entendre de telles réflexions...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Je suis heureux d'entendre cela.
Le Président (M. Laplante): Non, mais
écoutez...
M. Lalonde: Le pouvoir use.
M. Ciaccia: Je suis heureux de savoir que vous êtes moins
purs aujourd'hui.
M. Godin: Entendre de telles...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! Veuillez conclure, s'il vous plaît, M. le
député de Mercier.
M. Godin: Oui, je conclus, M. le Président, mais ils ont
mangé de mon temps, je vous préviens tout de suite.
Le Président (M. Laplante): Je l'ai calculé.
M. Godin: Les vautours ont mangé de mon temps. Les
vautours de l'Opposition systématique ont mangé de mon temps.
Entendre de la part des gens qui ont donné à ITT une partie du
territoire québécois plus grande que le Nouveau-Brunswick, je
trouve cela absolument aberrant.
M. Ciaccia: Vous étiez contre cela?
M. Godin: Je trouve cela absolument aberrant. Ce que nous avons
dit, c'est que nous respecterions les règles du jeu et c'est ce que nous
faisons. Nous respectons les règles du jeu. La différence entre
nous et eux, qui nous donnent des leçons aujourd'hui
d'anti-américanisme, c'est que nous allons aller chercher chez les
Américains ce qui nous appartient en respectant les règles du jeu
continental.
M. Ciaccia: $250 millions.
M. Godin: Au lieu de leur donner un territoire, au lieu de leur
brader un territoire comme ils l'ont fait.
M. Ciaccia: Et faire augmenter les actions de $25 à $60.
Vous agissez comme de bons administrateurs.
M. Bérubé: M. le Président, j'essaierai
brièvement d'exposer quelques vues concernant l'amendement qui nous est
ici proposé. D'une part, je pense qu'il faut reconnaître qu'il
existe, semble-t-il, deux courants juridiques, puisque nous avons un certain
nombre de sociétés d'Etat pour lesquelles on a cru bon
d'introduire un article du type de l'article 3, et d'autres
sociétés d'Etat on a cité les cas de REXFOR ou de
SOQUEM pour lesquels on n'a pas jugé bon d'inclure un article du
type de l'article 3 dans les lois constitutives de ces
sociétés.
Il semble bien, en effet, que, suivant qu'une société ait
à aller d'une façon substantielle sur le marché des
obligations, les prêteurs, en général, ont des exigences
différentes de celles qu'on pourrait avoir pour une
société comme SOQUEM. En effet, SOQUEM ne fait pas appel, d'une
façon intense, au marché des obligations et, de ce fait, n'a
jamais rencontré cette difficulté. Cependant, dans le cas de
l'Hydro-Québec, qui a eu à aller sur le marché des
obligations, dans le cas de la SDBJ, où on a envisagé cette
possibilité, on a cru bon, pour ces sociétés, d'introduire
l'article 3 tel que rédigé, précisément à la
suite de certaines pressions qu'on a constatées sur ces
marchés.
Donc, suivant qu'on imagine avoir peut-être à emprunter sur
les marchés mondiaux ou qu'on n'envisage pas cette
éventualité, on introduit ou on n'introduit pas cet article.
Cependant, de l'avis des juristes, trop fort ne casse pas. En d'autres termes,
si l'article n'y est pas et qu'éventuellement on se heurte à des
difficultés, on ajoute l'article, dn amende la loi. C'est ce qu'on a
fait dans le cas de l'Hydro-Québec. L'opinion des juristes du
gouvernement présentement est que puisque, de toute façon, on
risque, un jour ou l'autre, d'être amené à amender la loi
en ce sens, aussi bien l'introduire dès le départ. C'est pour
cela que les juristes du gouvernement semblent favoriser cette approche.
Il va de soi, cependant, que du côté du gouvernement actuel
il n'y a pas de volonté politique attachée à cet
amendement. Il s'agit là uniquement d'une question purement juridique
qui résulte sans doute de l'expérience passée de gens au
gouvernement qui ont eu à faire face à des difficultés et
qui, par conséquent, ont dû adopter certaines solutions. Il est
important, cependant, de bien souligner qu'on ne peut pas retirer
l'alinéa 2 de l'article 3 sans fausser très gravement le
fonctionnement même de l'article 3, et je m'explique.
M. Ciaccia: Retirez l'article 3.
M. Bérubé: Je crois qu'un amendement a
été discuté ici concernant le retrait de l'alinéa
1, amendement qui fut défait et, par conséquent, nous sommes en
présence d'un article pour lequel l'alinéa 1 a été
approuvé par cette commission. Donc, nous n'avons pas à revenir
là-dessus, nous devons considérer l'alinéa 1 comme
existant. Or, à l'alinéa 1, dans lequel on définit que la
société jouit des droits et privilèges d'un mandataire du
gouvernement, on se trouve à garantir certains droits et
privilèges à cette société. Dans le cas de
l'alinéa 1, on constate que la société
bénéficiera, sur ses biens, de certains privilèges comme
l'imprescriptibilité, comme l'insaisissabilité, comme
l'inaliénabilité pour la société. Ce sont donc un
certain nombre de privilèges, bien qu'il y ait discussions quant au
principe même de l'inaliénabilité puisque les juristes sont
divisés.
Cependant, lorsqu'on se réfère je ne voudrais pas
m'imposer ici en juriste puisque je n'y connais absolument rien en
droit, on souligne cependant qu'en vertu du principe du mandataire, les biens
de la couronne ne peuvent être saisis et vendus en justice pour
satisfaire, etc. Il y a un certain nombre d'articles que l'on souligne
94j les articles 543 à 553 ne s'appliquant pas à un
jugement rendu contre la couronne. Donc, on ne peut pas saisir les biens de la
couronne. Par conséquent, ce que nous avons fait en introduisant
l'alinéa 1, c'est que nous avons créé un domaine
juridique, un domaine qui, présentement, a comme résultat que
nous ne pouvons plus saisir ses biens. Donc, on ne peut plus mettre ses biens
en garantie, on ne peut nantir ses biens. L'alinéa 1 vient
définir un caractère bien particulier au domaine de cette
société, c'est-à-dire que ses biens seront
imprescriptibles. En d'autres termes, un squatter qui voudrait s'installer sur
des claims de la Société nationale de l'amiante, même s'il
s'y installe pendant 30, 40 ou 50 ans, les biens demeurent imprescriptibles. En
d'autres termes, la société n'en a pas perdu la
propriété, contrairement à nos us et coutumes.
L'insaisissabilité va de soi.
Avec l'alinéa 1, nous venons de créer un caractère
juridique particulier au domaine de cette société. Ce que nous
faisons dans l'alinéa, c'est que plutôt que d'avoir deux domaines,
deux entités domaniales, une pour le gouvernement et une autre pour la
société, nous fondons ces deux domaines en un seul. En d'autres
termes, nous prenons les biens de la société auxquels nous venons
de garantir certains droits et privilèges et nous fondons ces biens
à l'intérieur du domaine public. Quelles sont les
conséquences? D'une part, évidemment, ils continuent à
bénéficier de toutes les caractéristiques
antérieures, mais il s'y ajoute un point important, c'est que la
société ne pourra pas, comme telle, aliéner ses biens sans
l'autorisation du gouvernement. Ceci permet à l'Etat, advenant que la
société ait des territoires intéressants... A titre
d'exemple, tout récemment, les citoyens du comté de Drummond
je regrette que le député de Drummond ait dû nous
quitter, il s'en est excusé il y a quelques instants ont
souligné que l'Hydro-Québec possédait des terrains
extrêmement intéressants du point de vue de l'aménagement
du territoire, dans ce comté, et
que la population aimerait pouvoir en prendre le contrôle. De ce
fait, nous avons communiqué avec l'Hydro-Québec pour lui demander
de bien vouloir mettre à la disposition de la collectivité ces
terres publiques. Autrement dit, il n'est plus possible, en vertu de
l'alinéa 2, à la Société nationale de l'amiante, de
se départir de certains biens pour lesquels l'Etat manifesterait un
certain désir de conservation. Cela veut donc dire, comme le fait
l'Hydro-Québec présentement, que la Société
nationale de l'amiante devra soumettre un mémoire au Conseil des
ministres; lorsqu'elle voudra se départir de certains biens, elle devra
les retransmettre au gouvernement qui, lui, pourra décider si oui ou non
il veut les aliéner. Elle donne un droit de premier refus à la
collectivité québécoise vis-à-vis des biens de la
société.
C'est l'aspect, à mon point de vue, important c'est
d'ailleurs dommage que le député de Mont-Royal soit totalement
distrait puisqu'il a posé tantôt une question, il a demandé
une réponse et...
M. Ciaccia: Je ne suis pas distrait du tout, je vous
écoute; ce n'est pas avec mes yeux que je vous écoute, c'est avec
mes oreilles!
M. Bérubé: ... il est intéressant de
constater qu'il placote.
A l'alinéa 2, nous venons tout simplement de regrouper
l'entité domaniale formée par les biens de la
société avec le domaine public et nous les avons refondus.
Cependant, il existe un inconvénient évident à ceci, c'est
que, à partir du moment où ces biens sont insaisissables,
imprescriptibles, et particulièrement insaisissables, la
société elle-même ne peut pas hypothéquer ses biens.
C'est pour cette raison que nous avons une deuxième partie à cet
alinéa qui dit que l'exécution de ses obligations peut être
poursuivie sur ses biens; donc, on permet à la société
d'hypothéquer ses biens. C'est l'aspect important de ce deuxième
alinéa.
On peut essentiellement dire que le deuxième alinéa vient
pour corriger l'effet du premier alinéa qui a accordé des droits
et privilèges particuliers aux biens de la société, en
créant en même temps une deuxième entité domaniale.
Il vient donc corriger la création de cette deuxième
entité domaniale en fondant cette entité domaniale à
l'intérieur du grand domaine public et en obligeant la
société elle-même, avant de se départir de ses
biens, à s'adresser à l'Etat pour bien s'assurer qu'elle le fait
pour le plus grand bien de la collectivité. (11 h 30)
C'est donc essentiellement l'objet du présent article. Il ne fait
aucun doute et là-dessus l'Opposition aura beau jeu qu'on
aurait sans doute pu abolir carrément l'article 3, puisqu'il existe un
certain nombre de sociétés d'Etat qui ne voient pas leur charte,
leur loi constitutive dotée de cet article 3. Mais cependant, du fait
que l'on peut, advenant par exemple le développement du gisement
Abitibi-Amiante, voir les charges finan- cières de la
société augmenter substantiellement, il se peut donc que cette
société ait à faire appel au marché obligataire.
C'est plus que probable. Dans un tel cas, de l'opinion de nos juristes,
à la suite d'ailleurs de l'expérience rapportée par
l'ancien premier ministre Bourassa lui-même et
réitérée et explicitée à plusieurs reprises
par les députés de notre formation, il en résulterait
l'obligation d'introduire un tel article, ce qui a amené les juristes
à dire: Aussi bien anticiper une demande possible, et plutôt que
d'avoir à amender de nouveau la loi éventuellement, comme on a
dû le faire pour l'Hydro-Québec, aussi bien le faire dès
maintenant. C'est ce que nous faisons présentement. Merci, M. le
Président.
Rejet de la motion M. Grégoire: Le vote, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Vote sur l'amendement à
I'article 3: "Que l'article 3 soit modifié en retranchant le
deuxième alinéa".
Une Voix: Rejeté.
M. Lalonde: Sur division, naturellement.
Le Président (M. Laplante): Rejeté sur
division.
M. Godin: Vous ne vous ralliez pas à la position de M.
Bourassa?
Adoption de l'article 3
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 3, premier
paragraphe: "La société jouit des droits et privilèges
d'un mandataire du gouvernement ". Adopté?
M. Lalonde: Adopté sur division.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur
division.
Deuxième paragraphe. "Les biens de la société font
partie du domaine public mais l'exécution de ses obligations peut
être poursuivie sur ses biens". Adopté?
M. Lalonde: Adopté sur division.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division.
Paragraphe 3. "La société n'engage qu'elle-même lorsqu'elle
agit de son propre nom". Adopté?
M. Lalonde: Adopté, c'est tellement clair!
C'est les deux pieds à terre. On a demandé à la
société d'être sur la tête, et ensuite, au dernier
paragraphe, on lui remet les deux pieds à terre.
M. Ciaccia: Qui voulez-vous qu'elle engage? M. Lalonde:
Oui!
M. Ciaccia: Qui est-elle censée engager?
M. Godin: Je pensais que vous arriveriez avec quelque chose
qui...
M. Lalonde: C'est la contradiction entre le premier et le
troisième.
Le Président (M. Laplante): Article 3, adopté sur
division. C'est bien cela?
M. Lalonde: Sur division, oui.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on revient à
l'article 4 qui... Excusez-moi. Si vous voulez la présidence, je vais
vous la passer. Article 4, où les paragraphes a), b) et c) ont
été adoptés, mais où il restait le dernier
alinéa: "A cet effet la société, aussi bien que ses
filiales, peut s'associer ou conclure des accords avec toute personne ou
société, sous réserve des autres dispositions de la
présente loi".
M. Lalonde: M. le Président...
M. Bérubé: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: ... avant d'arriver à cet article-là,
j'aurais un amendement à proposer...
M. Bérubé: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Question de
règlement...
M. Bérubé: Nous n'avons pas adopté le point
final du paragraphe 2.
Le Président (M. Laplante): Un moment s'il vous
plaît! Me passeriez-vous mes lunettes, s'il vous plaît,
là-bas?
M. Ciaccia: Vous êtes drôle, vous!
M. Lalonde: D'habitude, il est plus drôle que cela!
M. Ciaccia: Cela démontre le sérieux avec lequel
vous considérez votre propre loi!
M. Bérubé: Vous allez peut-être
l'amender!
Objets de la société (suite)
Le Président (M. Laplante): Article 4. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'ai un amendement à proposer à
l'article 4. "Que le premier alinéa de l'article 4 soit modifié
en ajoutant, après le paragraphe c), le paragraphe suivant qui serait le
paragraphe d): La recherche de l'incidence possible sur la santé
résultant de la présence de fibres d'amiante dans l'environnement
de travail et dans l'utilisation de produits à base de fibres d'amiante
ainsi que sur les moyens d'y remédier". C'est l'amendement que je
propose et qui s'inscrit dans la suite des amendements que nous avons
proposés relativement au recyclage des résidus, au paiement des
taxes foncières et à la relocalisation des quartiers.
M. Grégoire: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Sur la recevabilité, le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, il est bien
évident que lorsqu'on donne pour mandat telle ou telle chose à la
société, on peut en ajouter et en ajouter. A un moment
donné il se produit que...
Le Président (M. Laplante): Je veux suspendre pendant 30
secondes pour mettre le président de cette commission au courant de la
nouvelle motion. Je ne pourrais pas juger moi-même.
M. Godin: On commençait à s'habituer à vous,
M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Remarquez que j'aurais l'idée d'ajourner parce que j'ai 115 personnes du
comté de Jonquière qui viennent d'arriver pour faire une visite
de l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: On pourrait aller les voir, M. le President. On va
vous remplacer.
M. Ciaccia: Ne les invitez pas ici, ils vont penser que
c'est...
M. Lalonde: On va demander au député de Roberval de
les recevoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je suis
sûr qu'il n'aurait que de bons mots pour le député de
Jonquière. Je comprends que vous vouliez parler sur la
recevabilité.
M. Godin: Oui, vous avez compris.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier, très brièvement.
M. Godin: Non, c'est le député de Frontenac qui
avait la parole.
M. Grégoire: M. le Président, je crois que
I'amendement, tel que proposé, n'entre pas du tout dans le cadre de la
loi qui est proposée aujourd'hui. D'autres lois traitent et identifient
ce problème, puisqu'il faut reconnaître que c en est un. D'autres
lois existent justement pour traiter de ce problème. Je crois que c'est
complètement en dehors du projet que nous étudions aujourd'hui et
c'est pour cette raison que cela doit être déclaré
irrecevable.
M. Bérubé: Sur la recevabilité, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
allez-y.
M. Bérubé: Egalement, M. le Président, je ne
crois pas que ceci soit recevable dans la mesure où nous avons
accepté une motion d'amendement de l'Opposition libérale par
laquelle nous avons introduit dans le mandat de la société la
recherche et le développement sur l'amiante. Par conséquent,
à l'intérieur même de la recherche, nous avons donc
nécessairement introduit l'ensemble de la recherche.
Présentement, cet amendement est redondant puisqu'il est certainement
inclus dans l'amendement précédent.
M. Lalonde: M. le Président, sur la recevabilité.
Je m'excuse, si le député de Mercier veut parler sur la
recevabilité, je vais le laisser aller.
M. Godin: Je ne voudrais pas vous couper l'herbe sous le
pied.
M. Lalonde: Non, non. Allez-y.
M. Ciaccia: Voulez-vous citer encore l'ex-premier ministre? C'est
gentil.
M. Godin: Non, non. Il m'a assez cité pendant sa campagne
électorale dans un texte écrit...
M. Ciaccia: Je voulais seulement le savoir.
M. Godin: ... qui est signé Assurancetourix.
Peut-être qu'il faut aller au fond de la question qui est: "Le
présent projet de loi pourvoit à la constitution et à
l'organisation de la Société nationale de l'amiante. " A sa face
même, cette motion contrevient à l'objet de la présente
loi. D'autre part, c'est déjà couvert par un autre
ministère, par une autre direction générale, qui
relève de M. Marcel Léger, ministre délégué
à l'environnement. Deuxièmement, des travaux sont
déjà en cours. Le rapport Beaudry en est l'exemple le plus
célèbre. Un comité de recherche a déjà
été formé. D'ailleurs, ce sont d'ex-élèves
du ministre responsable des Richesses naturelles, si je le cite bien. C'est
déjà couvert dans d'autres lois, dans d'autres règlements
qui existent. A mon avis, il serait contradictoire d'avoir le même
objectif, M. le Président... Je m'adresse à vous directement, je
vais attendre.
M. Lalonde: On peut suspendre, M. le Président, pour
quelques minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas pour moi. C'est pour d'autres.
M. Lalonde: S'ils ont besoin de vos services.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 40)
Reprise de la séance à 11 h 45
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
recevabilité, M. le député. Très
brièvement.
M. Godin: Oui, brièvement. Je terminais, M. le
Président. Je disais que l'objectif, qui est extrêmement louable,
remarquez bien, l'objectif très louable de la santé des
travailleurs de l'amiante qui est poursuivi par cette motion de l'Opposition,
est déjà couvert par d'autres lois existantes. Par
conséquent, c'est la raison pour laquelle on ne peut pas l'accepter ici.
Autrement, si on créait le précédent de faire
réapparaître, dans cette loi, cette clause qui apparaît dans
d'autres lois, dans d'autres règlements, il faudrait que toutes les lois
couvrent toutes ces questions. On se retrouverait dans un imbroglio juridique
absolument invraisemblable. C'est la raison pour laquelle j'estime qu'elle
n'est pas recevable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, parmi les arguments qui ont
été donnés contre la recevabilité, il y aurait
peut-être une certaine pertinence relativement au fond. Plusieurs de ces
arguments auraient pu être apportés pour dire pourquoi on voterait
contre.
En ce qui concerne la recevabilité, je vous ferai remarquer qu'il
s'agit d'une motion d'amendement qui ressemble en tout à celles qui ont
déjà été adoptées. Par exemple, le dernier
argument du député de Mercier est à l'effet qu'il y a
d'autres lois qui s'occupent de la salubrité et de la santé des
travailleurs.
Il y avait d'autres lois qui s'occupaient de la relocalisation des
quartiers. Pourtant, la motion a été déclarée
recevable. Naturellement, suivant le règlement, on doit proposer des
amendements qui changent quelque chose. Cela s'adresse justement à ce
paragraphe 4 qui traite des objets. Nous voulons qu'un de ces objets, c'est
notre droit de le proposer, c'est tout à fait recevable. On peut
être contre, on peut voter contre. Nous croyons, nous, que la
société devrait avoir pour objet, en plus de la recherche et le
développement des exploitations de gisements d'amiante, en plus
d'activités de nature industrielle, en plus de la recherche de nouveaux
procédés et de nouveaux produits, la recherche de l'incidence
possible sur la santé résultant de la présence de fibres.
Nous voudrions cela. Alors, je pense que c'est tout à fait
recevable.
On peut être contre mais, quant à la recevabilité,
on est complètement à l'intérieur des règles.
Une Voix: ... que vous proposez. M. Lalonde: M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il est important, à ce stade-ci puisque plusieurs
députés semblent vouloir toujous parler de recevabilité
de mentionner qu'il y a une distinction fondamentale à faire
entre la recevabilité
d'une motion, en vertu de nos règlements, et l'adoption ou le
rejet d'une motion par un vote. Je pense qu'il ne faut jamais mêler les
deux. Mon devoir de président est tout simplement de regarder si les
motions qui me sont présentées, non pas sur le fond mais sur la
forme, sont conformes aux directives qui nous sont imposées par notre
règlement et surtout par les articles 69 et suivants du
règlement.
Donc, la présidence n'a jamais à regarder le fond d'une
question. Est-ce qu'une loi prévoit des objets semblables? Si le
président faisait cela, il se trouverait à embarquer dans le fond
du débat et ce n'est pas là son rôle. Donc, le
président doit regarder si la motion a un rapport avec l'objet dont on
discute, si cela va contre le principe adopté en deuxième
lecture, si cela écarte la motion principale. Si la réponse est
négative dans tous les cas, c'est-à-dire qu'elle n'écarte
pas la motion principale, qu'elle ne va pas à rencontre d'un principe
adopté en deuxième lecture, à ce moment-là, le
président se doit de constater le respect des règlements, de
déclarer recevable la motion, et libre aux députés de
voter, après en avoir débattu le pour ou le contre. Je pense que
cela est extrêmement important. On m'a sorti des arguments de fond. Je
n'ai pas, en ce qui me concerne, à posséder toutes les lois du
Québec. Le législateur est souverain, le législateur peut
prévoir, dans cette loi, des objets qui sont même inclus dans
d'autres lois et, cela, par la toute puissance du législateur, peut se
trouver possible. Donc, je déclare strictement conforme au
règlement la motion présentée, au point de vue de la
recevabilité.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Je voudrais dire
quelques mots à l'appui de cette motion, si vous le permettez. Je pense
qu'on a intérêt à bien réfléchir sur la
validité de notre amendement? Pourquoi? Ce n'est pas pour embêter
le gouvernement. Ce n'est pas pour embêter la société. Ce
n'est pas pour faire perdre du temps non plus à la commission. C'est
d'ailleurs notre dernière motion d'amendement à l'article 4, je
crois, en ce qui concerne les objets, à moins qu'il y ait des
développements inattendus d'ici cet après-midi. Mais je peux vous
dire que ce matin je n'ai aucune intention de présenter une autre motion
à l'article 4 cet après-midi. C'est la dernière que j'ai
actuellement.
Une Voix: C est du Ryan.
M. Lalonde: C'est très sérieux. Je ne sais pas si
le député de Mercier, dont on connaît la rigueur
intellectuelle et l'amour du verbe, a eu l'occasion de lire le rapport du
groupe de travail fantôme qui a été déposé
par le ministre c'est un groupe de travail sur l'amiante
intitulé: "La transformation de l'amiante". Le seul problème,
c'est qu'on ne sait pas qui l'a écrit. Il est peut-être
tombé du ciel. Enfin.
M. Godin: Ce n'est pas comme les poèmes.
M. Lalonde: Non, là. C'est justement cela. Il me semble
que, comme poète, il devrait s'élever contre cette
procédure qui ne protège pas les droits d'auteur de ces
merveilleux membres du groupe de travail. Ils nous sont inconnus.
M. Godin: Sur cette question de I'anonymat Au clair de la lune,
qui est une des plus belles chansons, est également anonyme, vous savez
cela. Il y a beaucoup de chefs-d'oeuvre anonymes dans la littérature
française. Même dans la poésie. Voici un autre exemple de
chef-d'oeuvre de littérature anonyme.
M. Lalonde: Cela n'est pas "Au clair de la lune".
Une Voix: Imagine-toi que c'est dans le même style qu'Au
clair de la lune".
M. Lalonde: C'est tout à fait lunatique à certains
endroits. M. le Président, ce document traite, dans un passage d'une
facture insatisfaisante, qu'on doit dire, de la question de la salubrité
ou de l'influence des problèmes de salubrité dans le domaine de
l'amiante sur les substituts, sur le développement de l'industrie de
l'amiante, autant au niveu de l'extraction que de la transformation. On dit,
à la page 4 il en a plusieurs pages 4, c'est un ramassis de
chapitres qu'on a mis ensemble. Ce qui est assez étonnant, M. le
Président, c'est qu'après le refus du ministre de nous dire qui
avait écrit ce rapport on n'a vu personne se lever et réclamer
des droits d'auteur. Cela dit un peu ce que cela vaut. Je suis sûr que,
si l'auteur de la chanson "Au clair de la lune" était vivant, il
réclamerait les droits d'auteur. Mais pas ici. Il n'en réclame
pas.
M. Godin: Qui est-ce qui vous permet d'affirmer cela? Il est
peut-être encore vivant.
M. Lalonde: Celui-ci ne réclame pas.
M. Godin: II est peut-être encore vivant. Il y a de
très grands écrivains qui ont utilisé des alias sans
parler des bandits, mais il y a des écrivains qui l'ont fait parce
qu'ils voulaient passer inaperçus. C'est peut-être le cas des
auteurs de ce document.
M. Lalonde: M. le Président, après ces
précisions expertes du député de Mercier, nous allons
revenir à la pertinence et à ce rapport du groupe de travail
fantôme.
M. Godin: Je sais que votre chef a l'air fantôme.
M. Lalonde: Cela vous fatigue qu'il se promène.
M. Godin: II était à Ottawa. Le fantôme de
l'opéra, M. le Président. On ne le voit pas. Il parle
de fantômes. C'est une arme à deux tranchants, le
fantôme, dans ce parti.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, parce que cela ne prendrait pas grand-chose pour ajourner. Soyez
calmes. Cela ne me prendrait pas grand-chose pour ajourner. Je vous avertis
d'avance. A l'ordre, s'il vous plaît.
M. Godin: On a dressé un tréteau au fantôme
dans NDG. Espérons que le fantôme va se présenter dans
NDG.
M. Lalonde: On peut vous aider. M. le Président, je vais
ramener le député de Mercier à la pertinence parce que
cela le fatigue quand on parle de M. Ryan. Cela le fatigue.
M. Godin: On parle de fantôme. Oui, parce qu'on a
hâte de l'avoir ici.
M. Lalonde: II aimerait cela l'avoir ici, pour réellement
savoir où il est.
M. Godin: On a hâte de s'incliner devant Pie XIII.
M. Lalonde: Là, il est partout. Il est partout.
M. Godin: II est partout à Ottawa. Le Saint-Esprit, vous,
vous êtes quoi là-dedans?
M. Lalonde: M. le Président, ce passage du...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Godin: Cela se voit... Les servants de messe...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mercier, la récréation est
terminée.
M. Lalonde: Ce passage du rapport du groupe de travail concernant
les substituts et... Je vais donner la conclusion, d'abord. Il conclut qu'une
campagne importante destinée à rectifier les choses et à
rétablir les faits aussi scientifiquement que possible
naturellement si on ne peut pas être trop scientifique, tant pis
mais aussi scientifiquement que possible, car on est très modeste quant
à l'aspect scientifique...
M. Godin: D'ailleurs, comme M. Trudeau.
M. Lalonde: ... s'impose, c'est une campagne importante qui
s'impose pour le détenteur de la ressource, cela va être nous
autres qui ne possédons pas toutes les technologies des substituts, et
afin que nos partenaires commerciaux ne soient pas tentés d'utiliser les
dangers relatifs de l'amiante comme un prétexte à une
discrimination commerciale envers une ressource fortement concentrée au
Québec.
Le député de Saint-Laurent a décrit ce qu'il
perçoit être un changement d'attitude de certains grands
intéressés à l'amiante, et surtout, de plus en plus, le
gouvernement, à savoir que la salubrité, ce n'est peut-être
pas si grave que cela...
M. Godin: II est temps qu'on s'y intéresse.
M. Lalonde: On a peut-être exagéré, vous
savez, il ne faudrait peut-être pas trop en parler. Savez-vous, on a
tellement d'amiante, qu'on est peut-être mieux de ne pas trop parler de
salubrité.
M. Grégoire: II faut en parler.
M. Lalonde: Au fond...
M. Ciaccia: II ne faut pas agir.
M. Grégoire: II faut en parler et agir.
M. Lalonde: Au fond, on emploie un peu la même attitude, la
même allure, parce que ce n'est même pas une attitude, que les
auteurs fantômes, ici, quand ils disent: Les transformateurs ne craignent
pas pour les substituts qui pourraient s'imposer sur une base
économique, mais ils sont inquiets et paralysés. On parle des
transformateurs, c'est vous autres.
M. Godin: Pas encore.
M. Lalonde: C'est la SNAQ bientôt. ... inquiets et
paralysés par cette vague de législation qui bannit ou restreint
les usages de l'amiante, la Suède, ce n'est quand même pas un de
nos modèles, on peut l'oublier, a banni complètement l'amiante.
La Hollande, l'Angleterre, la France et les USA, on peut ne pas en parler non
plus, ce n'est pas beaucoup au niveau du marché, c'est
négligeable. Ces pays ont une législation qui en restreint les
utilisations.
M. Godin: II n'y a plus de marché, quoi? Qu'est-ce
qu'Asbestos fait ici?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Godin: Pourquoi ne nous le donne-t-on pas?
M. Lalonde: Ces pays ont une législation qui en restreint
les utilisations.
M. Godin: Mais pourquoi ne nous le donne-t-on pas, s'il n'y a
plus de marché, M. le Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: Pourquoi ne pas légiférer pour qu'on
l'ait?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!...
M. Lalonde: Plusieurs programmes de recherche auraient
été suspendus récemment en Angleterre, entre autres chez
Cape Industries, parce que les applications éventuelles pourraient
contrevenir à une législation en voie d'élaboration.
M. Godin: Donc cela ne vaut rien!
M. Lalonde: On dit un peu plus loin, à la page 5, une des
nombreuses pages 5: "Si le Québec devait suivre le comportement des
OSHA, c'est une autorité ou un organisme comme on dit en
français américain sur la santé, la
salubrité et j'essaie de me souvenir...
M. Godin: Le sigle, c'est quoi?
M. Lalonde: Je blâme les auteurs de ne pas l'avoir mis au
moins au long.
M. Godin: Office of Safety?
M. Lalonde: Non, c'est Occupancy...
M. Godin: Hazard... Oui, je connais cela.
M. Lalonde: En tout cas, c'est une autorité en ce qui
concerne la salubrité...
M. Godin: Autant que Security Exchange Commission?
M. Lalonde: ... dans le travail et les conditions de travail.
M. Godin: Autant que la Security Exchange Commission?
M. Lalonde: Et si le Québec veut suivre le comportement
des...
M. Godin: Vous citez les Américains?
M. Lalonde: ... des autorités américaines, les
probabilités...
M. Ciaccia: C'est votre rapport, en avez-vous honte?
M. Godin: Vous citez les Américains, vous autres?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: M. le Président, je ne suis pas capable de
parler.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Vous êtes tenté d'ajourner encore.
M. Godin: D'accord, on vous laisse aller.
M. Lalonde: Si le Québec devait suivre le comportement des
autorités américaines, les probabilités de la
transformation additionnelle de la fibre au Québec s'estomperaient
rapidement. Cela disparaîtrait, les possibilités de
transformation.
Après avoir présenté une norme de deux fibres ce
au centimètre cube OSHA pousse actuellement une
législation pour 0,5, c'est quatre fois moins, norme que, techniquement,
il semblerait souvent difficile et même impossible d'atteindre. (12
heures)
Je vous cite cela, pas parce qu'on devrait faire fermer boutique, s'en
aller chez nous et abandonner toute poursuite de recherche, de transformation
d'amiante au Québec, non. On a actuellement franchi un pas, sous
l'ancien gouvernement, concernant le règlement de la question de la
salubrité avec le rapport Beaudry.
M. Godin: Excellent!
M. Lalonde: Lui-même, le juge Beaudry. reconnaît dans
son rapport qu'il ne faudrait pas s'arrêter là, qu'il faudrait
continuer de faire de la recherche, qu'il faudrait aller plus loin. C est ce
que nous voudrions, par cette motion d'amendement, que la Société
nationale de l'amiante fasse. Pourquoi la Société nationale de
l'amiante? Pourquoi pas le Bureau de l'amiante? Pourquoi pas un bureau de
recherche, un centre de recherche éventuel? Il va apparemment être
créé éventuellement par le gouvernement, il a
été promis, je crois. Parce que c'est la Société
nationale de I'amiante. si on en croit les projets...
M. Godin: Excusez-moi.
M. Lalonde: Après, s'il vous plaît!
M. Godin: Est-ce que le président est en train de lire son
règlement afin de rendre une décision?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est en
plein ça.
M. Godin: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Puis-je
continuer à lire mon règlement? Oui?
M. Godin: Oui.
M. Ciaccia: Vous êtes impertinent. M. le Président,
le député de Mercier est impertinent envers la
présidence.
M. Grégoire: Le député de Mont-Royal n a de
leçon à faire à personne.
M. Ciaccia: Je voulais souligner cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président...
M. Ciaccia: Jamais envers le président. Envers vous, mais
pas envers la présidence.
M. Lalonde: Pourquoi donner ce devoir à la
Société nationale de l'amiante et non pas à un autre
organisme? Si on donne suite au projet du gouvernement, tel qu'annoncé
par le ministre, au projet d'acquisition, par exemple, d'Asbestos Corporation,
c'est là que le "know-how", c'est là que l'expérience,
c'est là que les connaissances vont se trouver. C'est là que
l'activité intellectuelle, l'activité de recherche vont aussi se
trouver.
Le ministre a dit, en ce qui concerne la recevabilité mais
comme vous l'avez reconnu vous-même, M. le Président, cela
s'adressait plutôt au fond ce qui suit: On a adopté un
amendement le seul d'ailleurs en 60 heures de
délibérations de l'Opposition qui dit que la
société a pour objet, au paragraphe c), la recherche et le
développement de nouveaux usages ou procédés de
transformation de l'amiante. Donc, on n'est pas obligé de faire de la
recherche sur la salubrité. Je dirai au ministre, d'ailleurs, que son
premier paragraphe a) parle de la recherche, du développement et de
l'exploitation de gisements d'amiante, y compris la mise en marché de la
production. Le paragraphe c), adopté par un amendement de l'Opposition,
parle de la recherche et du développement de nouveaux usages ou
procédés de transformation de l'amiante, mais jamais on ne parle
de l'incidence possible sur la santé résultant de la
présence de fibres d'amiante. C'est pour cela que nous croyons qu'ilest bon qu'un amendement soit ajouté aux objets de la
société pour qu'il soit bien clairement dit, qu'il soit bien
clairement illustré dans la loi que la Société nationale
de l'amiante, dans ses grandes priorités, aura à
s'intéresser à l'incidence possible sur la santé
résultant de la présence de fibres d'amiante non seulement dans
l'environnement du travail mais aussi dans l'utilisation de produits à
base de fibres d'amiante, ce qui rejoint justement les conclusions du rapport
du groupe fantôme pour qu'éventuellement on en arrive à une
campagne importante mais aussi scientifique que possible. Le caractère
scientifique, on doit l'inscrire dans la loi. Le rapport du ministre, qu'il a
déposé il y a quelques semaines, dit qu'une campagne importante
s'impose. On n'a jamais eu cette assurance de la part du ministre et du
gouvernement qu'il y aura cette campagne pour rectifier les choses. Il faut
rétablir les faits aussi scientifiquement que possible.
Nous allons aider le gouvernement à faire en sorte que la
Société nationale de l'amiante apporte un caractère
scientifique à cette campagne importante qui s'impose. Nous voulons
aider le ministre à prendre cet engagement et la meilleure
façon, c est dans la loi qu on n'en reste pas au rapport Beaudry,
aussi important et aussi utile qu'il a été au moment où il
a été fait, parce que le rapport Beaudry s'attache surtout
à l'incidence de la présence de fibres d'amiante sur la
santé des travailleurs. On a cependant beaucoup de chemin à faire
sur la recherche en ce qui concerne la présence de fibres d'amiante dans
les produits, parce que cela touche directement la transformation et les
possibilités de mise en marché. Il me semble que la recherche
devrait être faite par la Société nationale de l'amiante et
que c'est en incluant un amendement comme celui que je propose que nous allons
atteindre ce but.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Mercier.
M. Godin: La raison pour laquelle je voterai contre cette motion,
M. le Président, c'est que justement le meilleur moyen de garantir que
la Société nationale de I'amiante respectera les normes de
salubrité et de santé des travailleurs, c'est qu'il y ait, en
dehors de cette société, un chien de garde avec des dents et non
pas un toutou docile qui passerait ses propres règlements et qui ferait
ses propres recommandations au sein du même conseil d'administration.
C'est bien, d'ailleurs, dans la tradition libérale de s'assurer que les
moyens à prendre pour garantir la santé des travailleurs ne
seront pas forts ou costauds, mais qu'ils seront couverts par la
société elle-même, ils feront partie de la "patente"
elle-même dont les produits peuvent être polluants. Par
conséquent, la motion qu'ils font vise à faire de la
société le juge et la partie dans le même conseil
d'administration et c'est ce que nous voulons éviter, M. le
Président. Nous voulons que ce soit le ministère de
l'Environnement qui soit le gardien de ces garanties de salubrité;
autrement dit, nous voulons un chien de garde qui ait des dents et non pas un
toutou docile comme nos amis d'en face le sont à l'égard de leur
nouveau pape. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, I'Opposition a le don de
toujours présenter des amendements qui ont I'apparence de prendre la
défense des intérêts des travailleurs dans ce
cas-ci, les travailleurs de l'amiante il faut dire que le Parti
libéral a pris le bateau assez tard sur la question de la
sécurité et de la santé des travailleurs. Cela a pris
énormément de pression de la part des syndicats, de la part du
Parti québécois, dans le temps, pour dénoncer la situation
écoeurante qu'on faisait aux travailleurs, que faisaient les compagnies
dans le domaine de I amiante. C'est à la suite de cela que la commission
Beaudry a été mise sur pied et qu'on dispose d'un rapport.
L'Opposition nous dit: il faut aller plus loin. Elle s est rendue compte que
cela était rentable électoralement, elle veut prendre le bateau
et elle nous présente cet amendement.
J'espère qu'elle a suffisamment pris conscience que
c'était urgent comme problème pour adopter la prochaine loi qui
s'en vient sur la sécurité et la santé des travailleurs,
c'est-à-dire qu elle va prendre le bateau avec la même diligence
et qu'elle ne nous fera pas un autre "filibuster" qui va nous obliger à
lui mettre le bâillon, à faire tomber le bâillon qu'elle a
sur les yeux, sur la bouche.
M. Lalonde: Ah, vous allez voter pour cette motion inique?
M. Paquette: Pardon?
M. Lalonde: Vous allez voter pour cette motion odieuse, cet
après-midi; le bâillon?
M. Paquette: Je pense bien!
M. Godin: On veut créer des jobs.
M. Paquette: M. le Président, si nous allons voter pour le
bâillon, cet après-midi, c'est justement pour avoir I'occasion, le
plus vite possible, d'étudier le projet de loi, entre autres, sur la
sécurité et la santé des travailleurs...
M. Lalonde: Vous ne voulez pas parler de la loi, n'est-ce
pas?
M. Paquette: ... qui s'en vient et qui fait l'objet d'une autre
loi qui est beaucoup plus vaste et qui ne concerne pas simplement le domaine de
I'a-miante, mais également d'autres domaines qui menacent la
santé et la sécurité des travailleurs, et I'Opposition
nous fait perdre un temps précieux dans ce domaine...
M. Lalonde: Vous auriez pu l'apporter l'an dernier, vous l'aviez
promis.
M. Paquette:... et, entre autres, par son amendement qui vise,
comme l'a dit mon collègue de Mercier, à faire de la
Société nationale de l'amiante un juge et une partie...
M. Lalonde: La recherche...
M. Paquette: Dans la déclaration que le ministre a faite
à l'automne, lorsqu'il a présenté sa politique de
I'amiante, bien avant que l'Opposition libérale se réveille
là-dessus, on mentionnait et c'était l'un des points de la
politique de l'amiante à côté de la création d'une
Société nationale de I'amiante et de la nationalisation
d'Asbestos Corporation la création d'un centre de recherche, et
je lis textuellement le communiqué qui a été émis
à ce moment par le ministre: "Création d'un centre de recherche
et de développement sur I'amiante, chargé d'une recherche
technologique sur de nouveaux produits à base d'amiante et chargé
de I'aspect santé, autant au niveau de la fabrication des produits que
de l'utilisation. Ce centre est donc la base à partir de laquelle
l'industrie de transformation québécoise aura un avenir".
M. Lalonde: C est le gros chien de garde!
M. Paquette: M. le Président, pourriez-vous dire au
député d'arrêter de m interrompre?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Non, excusez-moi, mais est-ce cela qui va être
le gros chien de garde du député de Mercier, ce centre?
M. Godin: Le ministère de l'environnement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Vous ne vous entendez pas. M. Paquette: M. le
Président...
M. Lalonde: Les deux surveillants de classe ne s'entendent
pas.
M. Paquette: ... pour le bénéfice du
député de Marguerite-Bourgeoys, je viens de mentionner que la
clé de la protection des travailleurs sur le plan de la santé au
travail était la loi sur la santé et la sécurité
physique des travailleurs et, si l'Opposition arrête son "filibuster",
elle pourra nous être présentée et être votée
au cours de cette session. C'est l'instrument principal. Sur le plan de la
recherche, l'amendement n'amène rien parce que le ministre a
présenté, dans sa politique, la nécessité de
créer ce centre de recherche. Maintenant, une recherche sur l'incidence
possible sur la santé, dans le domaine spécifique de I'amiante,
comporte deux aspects qui ont été mis en évidence dans le
rapport que citait le député de Marguerite-Bourgeoys et qu'il a
qualifié de rapport d'un groupe fantôme. On voit bien la
nécessité d'autorité et le besoin que remplit le dernier
congrès à la chefferie chez les députés de
l'Opposition...
M. Lalonde: Cela vous fatigue, hein?
M. Paquette: ... parce qu'il faut qu'ils connaissent qui
parle.
M. Lalonde: Que cela vous fatigue donc! Vous êtes comme
votre chef!
M. Paquette: Ils ne sont pas capables de juger un texte sur la
valeur des arguments.
M. Lalonde: C'est un nerveux! Vous êtes
tiraillé!
M. Paquette: Ils ont besoin d'une autorité. Si on avait
dit que c'est tel ou tel économiste qui fait ces propositions, cela
aurait été un bon rapport.
M. Lalonde: Cela vous énerve, cela vous tiraille!
M. Paquette: Ils ont besoin de savoir qui parle, d'où
viennent les arguments d autorité avant de savoir si c'est bon ou si ce
n'est pas bon. Ce document met en évidence, tout comme la politique du
ministre il n'y a aucune contradiction entre les deux la
nécessité d'une recherche et il y a deux aspects. Il y a l'aspect
de la santé et de la sécurité des travailleurs et il y a
également I'aspect
économique de la question, c'est-à-dire l'assurance que
les produits qu'on transformera au Québec tiennent compte des
impératifs de santé et de sécurité, de façon
à faire en sorte qu'ils puissent être mis en marché, mais
sans danger pour la population et les travailleurs.
Or, ces deux aspects sont largement contradictoires et, s'ils ne sont
pas encadrés, d'une part, par une politique générale de
santé et de sécurité, avec un chien de garde qui est
à l'extérieur de la Société nationale de l'amiante,
et s'ils ne sont pas non plus réalisés sur le plan strict de la
recherche par un centre indépendant de la Société
nationale de I'amiante, il y a le danger très réel que la
Société nationale de l'amiante, étant en
compétition avec les autres compagnies d'amiante et ayant des
impératifs économiques prioritaires... Le ministre des Finances
l'a dit: II faudra, contrairement à ce que le Parti libéral
faisait, c'est-à-dire créer des sociétés d'Etat
pour pallier les domaines non rentables et en y croyant plus ou moins... Nous
croyons aux sociétés d'Etat et nous voulons qu'elles soient
rentables et, lorsqu'elles sont destinées, comme la
société de l'amiante, à faire des profits, nous voulons
qu'elles fassent des profits.
La Société nationale de l'amiante aura donc cet objectif
très clair d'être rentable en plus de susciter la création
d'entreprises de transformation. Sur cette base, évidemment, si la
Société nationale de l'amiante veut être rentable, elle
aura tendance, si on lui confie le mandat de la recherche, comme veut le faire
l'Opposition, à privilégier l'aspect économique de la
recherche sur l'aspect de la protection des travailleurs. C'est pour cela que
cet amendement n'apporte rien. C'est d'ailleurs une raison
supplémentaire pour laquelle il faut une motion de clôture, parce
que les propositions de l'Opposition ralentissent l'action du gouvernement dans
le domaine de la santé et de la sécurité des travailleurs.
Cet amendement est uniquement destiné à jeter de la poudre aux
yeux et, après cela, l'Opposition dira que le Parti
québécois est contre la santé et la sécurité
des travailleurs. Laissez-nous discuter de ce problème dans toute son
ampleur, avec une loi générale sur la santé et la
sécurité des travailleurs. Et surtout, ne mettez pas la
Société nationale de l'amiante en conflit d intérêts
en laissant ses objectifs de rentabilité économique primer sur la
santé et la sécurité des travailleurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je côtoie
régulièrement les travailleurs des mines de la région de
l'amiante et je suis convaincu qu'ils ne seraient pas heureux de voir un tel
amendement introduit dans le projet de loi. Vouloir rendre une compagnie qui va
exploiter une mine d'amiante juge et partie en même temps de la
qualité de l'environnement, de la salubrité au travail, des
remèdes à apporter à la qualité de l'environnement
dans le milieu de travail de l'amiante et des dépenses que cela peut
entraîner, je crois que laisser cela à la compagnie, c'est la
faire juge et partie. Je trouve cela ignoble...
M. Godin: Odieux.
M. Grégoire:... et odieux pour le travailleur de lui
imposer que celui qui aurait à juger et à décider, ce soit
son patron. A ce moment, M. le Président, si on donne à la
Société nationale de l'amiante le choix de juger quelles seront
les incidences possibles sur la santé résultant de la
présence de fibres d'amiante dans l'environnement de travail, si on
laisse ce choix à ladite société qui sera
propriétaire d'une mine, pourquoi ne pas donner le même droit
à ASARCO, aux Etats-Unis, qui est propriétaire de la Lake
Asbestos? (12 h 15)
M. Godin: Oui, oui. A Johns-Manville aussi.
M. Grégoire: II faudrait que ASARCO des Etats-Unis vienne
juger quelles seront les qualités de l'environnement qui
prévaudront dans ses mines.
M. Godin: A Johns-Manville aussi.
M. Grégoire: II faudra que Johns-Manville-USA vienne juger
elle-même quelle sera l'incidence de l'environnement qui est dans la mine
sur la santé de ses travailleurs.
M. Lalonde: Est-ce que vous savez ce qu'est de la recherche?
M. Grégoire: II faudrait laisser à USA-Carey,
à Miami, et à Jim Walter, aux Etats-Unis, le soin de juger
quelles seront les incidences de la fibre sur la qualité de
l'environnement.
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Question de règlement, M. le Président.
C'est la pertinence du débat que j'invoque. D'ailleurs, il a
été entraîné par les deux surveillants de
l'orthodoxie, soit les députés de Rosemont et de Mercier, il
parle de juger de la santé, alors que la motion concerne la recherche.
Est-ce que le député sait ce que c'est de la recherche?
M. Grégoire: Je pense que c'est plutôt de
l'argumentation qu'il veut apporter.
M. Lalonde: J'aimerais que vous rappeliez le député
à l'ordre sur la pertinence.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
motion, s'il vous plaît!
M. Grégoire: Par exemple, à la Johns-Manville. on
dit: On va vous faire faire la recherche sur I'incidence possible de la
présence des fibres d'amiante sur la santé dans l'environnement
de travail.
M. Lalonde: C'est la Société nationale de
I'amiante...
M. Paquette: C'est I'incidence...
M. Grégoire: Alors, la Johns-Manville arrive et dit: On a
recherché...
M. Godin: C'est très libéral.
M. Grégoire: On a fait de grosses recherches...
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Question de règlement. M. le
Président.
M. Grégoire: C est pour m'empêcher de parler encore
une fois.
M. Lalonde: Non, M. le Président. Actuellement, le bagout
du député de Frontenac est assez connu. J aimerais cependant que
vous le rappeliez à la pertinence de la motion, M. le Président.
La motion ne demande pas qu'on donne le pouvoir ou le devoir de faire de la
recherche à Johns-Manville ou n'importe quelle autre compagnie. C'est
à la Société nationale de l'amiante, la
société des Québécois.
M. Paquette: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Ciaccia: Avez-vous des chiffres?
M. Grégoire: Je suis content quand même, parce que
cela va me permettre de lui répondre. La Société nationale
de l'amiante, ce sont les propriétaires d'une mine d'amiante. C'est
comme si ASARCO aux Etats-Unis était propriétaire de la Lake
Asbestos.
M. Lalonde: Vous n'avez pas confiance? On va surveiller cela tout
à l'heure.
M. Grégoire: Non. Si je demandais à la
Johns-Manville des USA, de faire de la recherche sur I'incidence de la fibre
sur la santé des travailleurs, elle arriverait et me dirait: "On a fait
de la recherche: on a engagé 150 personnes...
M. Godin: Ce n'est pas dangereux.
M. Grégoire: ... et on a découvert que 300 fibres
au centimètre cube, cela n était pas dangereux de travailler
là-dedans. Le juge Beaudry, qui est impartial, dit que...
M. Ciaccia: C'est comme cela que vous allez faire fonctionner
votre société?
M. Grégoire: ... ce doit être moins de deux fibres
par centimètre cube. Et vous voudriez moins de deux fibres par
centimètre cube? Il a fait de la recherche avec toute une équipe
qui était impartiale à l'endroit des compagnies. Vous, les
tenants de I'entreprise privée, vous voudriez donner à la
Société nationale de I'amiante un privilège que vous ne
donneriez pas à ASARCO, à Jim Walter, à Philip Carey ou
à la Johns-Manville.
M. Lalonde: Ces biens sont dans le domaine public. Vous I'avez
voté tout à l'heure.
M. Godin: C'est le Québec des libertés.
M. Grégoire: M. le Président, c est scandaleux, ce
que nous propose le député de Marguerite-Bourgeoys, à tous
les points de vue.
M. Godin: Vous reniez votre programme.
M. Lalonde: Vous êtes embêtés, hein?
M. Grégoire: D'abord, il veut créer une situation
telle que I'entreprise privée serait privée d'un droit de juger
elle-même de l'incidence de la fibre sur la santé des travailleurs
alors qu'il donnerait ce droit à une autre compagnie qui serait la
propriété de I'Etat. Moi, je dis non. Ce n'est pas correct pour
le travailleur. Il faut que ce soit une commission indépendante des
compagnies productrices et la société nationale ne sera pas
indépendante d'une compagnie productrice parce que c'est un de ses
mandats d'exploiter un gisement d'amiante.
M. Ciaccia: A n'importe quel prix!
M. Grégoire: Elle ne sera pas indépendante d'une
compagnie productrice. Il faut que ce soit une commission ou une
société totalement indépendante des producteurs, que ce
soit la Commission des accidents du travail...
M. Ciaccia: Le député de Rosemont qui defend
l'entreprise privée. On aura tout vu!
M. Godin: M. le Président, est-ce qu'il a le droit
de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: Vous en avez encore à voir.
M. Ciaccia: Pour des raisons politiques. I'idéologie, cela
change.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: L'entreprise privée est plus entendue que je
ne le pensais.
M. Grégoire: M. le Président, je vois que
l'Opposition ne veut pas me laisser parler. Le député dit: On
aura tout vu!
M. Ciaccia: On va nous laisser parler.
M. Lalonde: Cela paraît que vous êtes tellement
embêté avec cela.
M. Ciaccia: Pour des raisons politiques, on dit n importe
quoi.
M. Grégoire: II en a encore beaucoup à voir parce
qu'il disait justement hier: On est dans le noir. Oui, vous êtes dans le
noir.
M. Ciaccia: Moi, je disais cela?
M. Lalonde: II a vu en rouge, c'est exact!
M. Grégoire: Le député de
Marguerite-Bourgeoys disait: Je ne comprends plus rien. C'est vrai que vous ne
compreniez rien.
M. Ciaccia: Je n'étais pas ici hier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grégoire: Le député d'Outremont disait:
Je suis dans la confusion.
M. Godin: Cela fait longtemps, lui!
M. Grégoire: Voilà l'Opposition systématique
de Sa Majesté, la reine.
M. Ciaccia: Créée par le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Oui, M. le Président. Là, je le
dis fort et je n'aurai pas peur de le répéter, je trouve
absolument ignoble et scandaleux qu on nous suggère qu'une compagnie qui
exploite une mine d amiante soit juge de l'incidence de la présence de
la fibre dans le milieu de travail sur la santé des travailleurs. Je
suis sûr que le député de Richmond n'accepterait pas,
n'admettrait pas qu'on donne à la Johns-Manville le pouvoir de juger.
Jamais.
M. Brochu: Me permettez-vous une question? M. Grégoire:
Oui.
M. Brochu: Trouvez-vous également ignoble et scandaleux,
depuis 18 mois, de permettre à des travailleurs de travailler dans
l'illégalité, avec la loi 52, parce que vous ne l'avez pas
corrigée?
M. Grégoire: C est vrai, M. le Président.
M. Brochu: C est cela, les garanties que vous nous donnez par
rapport à la recherche qui s'en vient?
M. Ciaccia: C'est une leçon de parole.
M. Grégoire: C'est vrai, M. le Président. J'admets
ce que le député de Richmond dit. A Thetford, les mineurs qui
sont dans cette situation viennent me voir, je m'occupe de leurs cas
individuels en attendant que la loi globale arrive auprès du
ministère du Travail et nous réussissons à les
régler, dans 80% des cas.
M. Brochu: C'est cela qui est dur? On attend de régler le
cas de ces gens lorsqu'ils seront morts.
M. Grégoire: Si le député de Richmond
s'occupait de ses cas et de ses électeurs dans son comté, il
ferait la même chose.
M. Brochu: On fait perdurer les situations et c est le petit
patronage que le député de Frontenac essaie de faire actuellement
en faisant fi de la loi qu'on ne peut même pas appliquer actuellement au
Québec.
M. Grégoire: Depuis le début, le
député de Richmond s'oppose à régler ces
problèmes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre, s'il vous plaît!
M. Brochu: On maintient ces travailleurs dans
I'insécurité. C'est ce que le gouvernement du Québec
fait.
M. Godin: M. le Président, question de
règlement.
M. Grégoire: C'est ce que nous essayons de vous expliquer,
nous essayons de régler la loi globalement, ce qui n a jamais
été fait dans le passé.
M. Ciaccia: Par le patronage, cela fait 18 mois qu'on...
M. Godin: Question de règlement, M. le
Président.
M. Grégoire: L'Union Nationale a mis des matraques en
1949. Tout ce que l'Union Nationale a fait, cela a été de la
matraque, en 1949, contre les travailleurs de l'amiante. Vous n'avez jamais
fait autre chose.
M. Brochu: C est votre matraque du Parti québécois
actuellement avec les travailleurs. Cela fait 18 mois après les
promesses d'élections qu'ils ont faites. Ils n'ont pas bougé dans
ce sens, pas
du tout. Maintenant, plus que cela, on déduit leurs
chèques d'invalidité de celui de la Régie des rentes du
Québec. C'est ce qui se passe actuellement.
M. Grégoire: M. le Président, je trouve que c'est
une hypocrésie totale et complète. Je crois que j'ai le droit de
parole. Si le député de Richmond veut parler en même temps
que moi, il ne réussira pas.
M. Brochu: Le député de Frontenac voulait avoir
quelques commentaires de ma part. Il va en avoir quelques-uns. Le gouvernement
actuellement se finance sur le dos des invalides du Québec, en vertu de
la loi 52.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Je viens de me rendre compte, en vous laissant
faire pendant quelques minutes une expérience d'ailleurs que je
voulais tenter que la présidence est de plus en plus utile et
qu'elle a un rôle à jouer ici. Je me rends compte que, s'il n'y
avait pas de président, nos débats seraient encore plus
tumultueux.
M. Brochu: C'est cela, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député... S'il vous plaît.
M. Grégoire: Vous m'avez posé une question, c'est
à moi d'y répondre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: Ma question de règlement est la suivante.
Vous savez que notre règlement interdit d'utiliser des paroles non
parlementaires à l'endroit d'un autre député. J'ai entendu
le député de Richmond accuser le député de
Frontenac de faire du petit patronage. Cela revient assez souvent du
côté de l'Union Nationale. Je trouve cela extrêmement
déplorable parce que, d'un autre côté, on voit les partis
de l'Opposition justement s'inquiéter des mutations au sein de la
fonction publique et s'inquiéter pour le réseau de patronage
qu'ils avaient avant, pour voir s'il est encore en place.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, ce
n'est pas une question de règlement.
M. Brochu: C'est la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Brochu: C'est une question de règlement, M. le
Président, le vocabulaire parlementaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député, il n'y a pas de débat là-dessus.
M. Brochu: II n'y a pas de débat, mais il y a des
questions de règlement, M. le Président, parce que vous avez
permis au député de Rosemont d'exprimer, comme il a eu le droit
de le faire, son opinion sur la question de règlement. En vertu de
I'article 96, également, je peux rétablir certains faits parce
que l'essentiel de mes propos ne portait pas sur cet élément,
mais sur le fait qu'actuellement le gouvernement maintient des travailleurs
dans l'illégalité et que, pendant qu'il maintient ces
travailleurs dans l'illégalité, le député de
Frontenac se permet de soutenir cette illégalité en essayant de
régler les cas par la bande, comme il l'a dit lui-même.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Revenons à la pertinence du débat. A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Brochu: ... au lieu de changer la loi, comme il l'avait
promis.
M. Grégoire: M. le Président, j'avais la parole et
c est complètement déformer ce que j'ai dit. La loi qui
prévaut présentement et qui prévaut depuis quelque temps,
ayant été mal faite...
M. Brochu: Je veux soulever une question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Richmond.
M. Brochu: Est-ce que c'est une nouvelle question de
règlement?
M. Grégoire: Non.
M. Brochu: Ou si vous continuez sur le...
M. Grégoire: Je parle sur l'amendement, la présence
de la fibre d'amiante dans l'environnement de travail et j'admets que, pour
régler ce problème, dans le passé, il n'y a jamais eu de
loi adéquate. Voilà qu'enfin un gouvernement, avec son ministre
d'Etat au développement social, le député de Chambly,
essaie en collaboration avec le milieu du travail et le milieu du patronat de
bâtir une nouvelle loi, ce qui ne se fait pas en deux, trois, quatre,
cinq mois, avec les nombreuses consultations qu'il a avec les deux parties. Il
l'a expliqué l'autre jour. Et pendant que ces négociations se
font, pendant qu'on essaie de rédiger une loi qui se tiendra, ce qui ne
s'est jamais fait dans le passé, il est normal, M. le Président,
qu'on essaie de régler un à un les cas qui surgissent
jusqu'à ce que la loi soit corrigée, et on ne la corrigera pas en
une semaine, sinon, elle le serait comme les autres lois qu'on a eues dans le
passé.
Je dis ceci: Nous allons arriver avec une loi qui se tiendra de telle
sorte que ce ne sera plus la matraque qui prévaudra dans le milieu de
l'amiante, mais ce sera la logique.
M. Ciaccia: Cela fait cent ans qu'il n'y a pas de loi.
M. Grégoire: M. le Président, je dis que, quand on
nous arrive et qu'on veut laisser le patron faire la recherche de l'incidence
possible sur la santé résultant de la présence de fibres
d'amiante dans l'environnement de travail, je dis que c'est mépriser
l'ouvrier.
Une Voix: C'est écoeurant!
M. Ciaccia: Ce n'est pas parlementaire, ce mot-là.
M. Grégoire: C'est odieux pour le travailleur de
l'amiante, et je ne comprends pas du tout pourquoi la Société
nationale de I amiante, exploitant un gisement de mine aurait ce
privilège-là, si ASARCO américain ou Jim Walter ou Turner
& Newall de Londres... Peut-être que le député de
Marguerite-Bourgeoys voudrait protéger, en plus des
intérêts d'Ottawa, les intérêts anglais de Londres,
en leur donnant le même privilège qu'à la
Société nationale d'amiante, et faire la recherche...
M. Lalonde: Vous faites de la démagogie. Vous ne voulez
pas faire de la recherche.
M. Ciaccia: Vous ne voulez pas faire de la recherche.
Ils font du racisme.
M. Lalonde: Vous ne voulez pas faire de recherche, vous faites de
la démagogie. Vous faites du racisme en plus.
M. Ciaccia: Ils font du racisme et ne font pas de recherche.
M. Grégoire: Oui, nous voulons en faire, mais pas que ce
soit la Société nationale de l'amiante.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre!
M. Grégoire: M. le Président, devant la douche
d'eau froide que cela jette sur mes collègues d'en face, devant les
esprits échauffés qu'ils ont, devant les remarques pertinentes
que j'apporte au débat, devant le fait qu'ils se font mettre sur le nez
I'odieux et l'ignominie de leurs propositions, M. le Président, est-ce
que je pourrais suggérer l'ajournement jusqu'à cet
après-midi.
M. Lalonde: Non, il n'est pas encore une heure. Continuez.
M. Ciaccia: Continue.
M. Lalonde: On n'a pas fini.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Grégoire: M. le Président, on voit qu'ils ne
veulent pas nous laisser parler.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre!
M. Brochu: M. le Président, il n est pas encore midi et
demi, et si on permet au député de Frontenac de continuer ses
propos, cela va nous aider largement. Laissez-le continuer, s'il vous
plaît.
M. Lalonde: II reste encore quelques minutes.
M. Grégoire: Est-ce que vous allez me laisser parler?
M. Lalonde: Dites toutes les sottises que vous voulez.
M. Grégoire: M. le Président, je crois que la
situation est claire. L'autre jour, l'Opposition a retiré un de ses
amendements. Ils ont proposé de le retirer, ils ont été
les seuls à voter pour le retrait de cet amendement parce qu'ils se sont
aperçus que I'amendement n'avait pas trop de sens dans sa
rédaction. Aujourd'hui, M. le Président, je voudrais faire appel
à eux pour retirer cet amendement, parce qu'il est odieux.
M. Lalonde: Des menaces. De l'intimidation.
M. Grégoire: Parce qu'il est ignoble, je vous le demande
au nom des travailleurs...
M. Lalonde: Jamais. Vous allez voter là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Ce ne sera pas la première fois que vous allez
faire volte-face.
M. Grégoire: M. le Président, vous voyez bien qu'il
ne veut pas me laisser parler.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Lalonde: Un autre vote que vous allez devoir expliquer
à vos électeurs. Vous allez voter là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 12 h 28)