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Etude du projet de loi no 70
Loi constituant la Société
nationale de l'amiante
(Dix heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des richesses naturelles poursuit dans la joie,
l'allégresse et l'enthousiasme l'examen du projet de loi no 70, Loi
constituant la Société nationale de l'amiante. Les membres de
cette commission sont: M. Bérubé (Matane), M. Bordeleau
(Abitibi-Est), M. Brochu (Richmond); M. Forget (Saint-Laurent), remplacé
par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Grégoire (Frontenac), M.
Laplante (Bourassa), M. Ouellette (Beauce-Nord); M. Rancourt
(Saint-François); M. Raynauld (Outremont), remplacé par M.
Ciaccia (Mont-Royal).
M. Grégoire: Comme notre président, M.
Vaillancourt, doit revenir, je propose que votre nom soit placé, M. le
Président, sur la liste.
Le Président (M. Bertrand): Je ne remplace, d'ailleurs,
que temporairement M. Vaillancourt, qui sera ici dans quelques minutes. Il a
téléphoné.
M. Grégoire: Vous allez rester à la commission par
la suite?
Le Président (M. Bertrand): Oui, je peux demeurer
inscrit.
M. Grégoire: Alors, est-ce qu'on ne pourrait pas vous
inscrire comme remplaçant?
M. Bérubé: Vous pourriez remplacer le
député de Frontenac qui, lui, pourrait également continuer
à parler.
Le Président (M. Bertrand): M. Laplante (Bourassa),
remplacé par M. Bertrand (Vanier).
M. Lalonde: II pourrait remplacer le député
d'Abitibi-Est, qui, lui, pourrait remplacer le député de
Beauce-Nord.
M. Bérubé: Qui, lui, remplacerait le
député de Frontenac.
Objets de la société (suite)
Le Président (M. Bertrand): Nous en étions à
l'article 4...
M. Lalonde: En fait, ce qui est urgent, c'est de remplacer le
ministre.
Le Président (M. Bertrand): ... sur une motion
d'amendement présentée par le député de
Marguerite-Bourgeoys, sans doute.
M. Grégoire: Est-ce que je pourrais vous faire remarquer,
M. le Président, au début de cette séance, que le
député de Marguerite-Bourgeoys, qui, hier, criait à la
guillotine, semble pourtant, avec un sourire large, ce matin, avoir encore
toute la tête sur ses épaules?
Le Président (M. Bertrand): C'est que le soleil est
sorti.
M. Lalonde: M. le Président, c'est que chaque fois que ce
gouvernement fait une erreur, mon sourire grandit.
M. Grégoire: C'est la première fois que je vois un
homme public se réjouir des erreurs de son gouvernement.
M. Lalonde: Ce n'est pas mon gouvernement. M. Grégoire:
Ce qui est malsain.
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre! A l'ordre, M. le
député de Frontenac! Procédons à l'analyse du
projet de loi no 70. La parole vous appartenait, d'ailleurs, M. le
député de Frontenac, lorsque nous avions ajourné nos
travaux. Vous aviez encore six minutes à utiliser sur l'amendement
proposé par le député de Marguerite-Bourgeoys à
l'article 4.
M. Grégoire: Oui, M. le Président, je crois qu'hier
j'ai bien fait valoir mon point. On demande, par cet amendement, de confier
à la Société nationale de l'amiante le soin de faire les
recherches sur l'influence de la fibre dans le milieu du travail sur la
santé des travailleurs. J'ai bien mentionné que je croyais que
cela était absolument inadapté et injuste pour l'ouvrier. Je
crois que la recherche sur la présence de fibres dans le milieu de
travail et sur son incidence sur la santé des travailleurs doit
être confiée à un organisme indépendant de toute
société qui aura à s'occuper de l'exploitation d'une mine
d'amiante. S'il fallait que le patron soit en même temps juge et partie,
je crois qu'à ce moment-là le travailleur aurait tout lieu de se
plaindre, parce que, de toute évidence, il n'y aurait pas
impartialité.
Je crois également que l'organisme qui sera chargé de
cette recherche doit la faire non seulement pour les gisements d'amiante
exploités par la Société nationale de l'amiante, mais
également pour toutes les compagnies qui exploiteront des gisements
d'amiante, de telle sorte que les règlements seront les mêmes pour
tous et que toutes les compagnies et tous les travailleurs de l'amiante seront
sur un même pied.
Je crois que l'Opposition comprendra très bien q'on ne peut pas,
dans ce projet de loi, établir que la Société nationale de
l'amiante exploitant un gisement d'amiante soit à la fois juge et partie
en ce qui concerne la santé des travailleurs qui travailleront dans un
des gisements exploités par la Société nationale de
l'amiante.
Je crois que cela est très facile à comprendre et
j'espère que l'Opposition ne demandera pas à l'ouvrier ou au
travailleur de l'amiante d'être assujetti à sa compagnie, au
patron lorsqu'il s'agira de définir le lieu du travailleur en ce qui
concerne sa santé et sa salubrité.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je voudrais faire
remarquer que je vois devant moi...
M. Lalonde: Bien, oui une arme offensive.
M. Ciaccia: ... une scie. Je ne sais pas si c'est pour nous
intimider ou pour faire référence à la guillotine. Si
c'est pour la guillotine, c'est un instrument qui nous démontre que le
ministre manque de finesse de la même façon que ce gouvernement
manque de finesse.
Je remarque aussi, M. le Président, que c'est un objet qui a
été fabriqué par la compagnie Sandvik, de Suède. Ce
n'est même pas un produit...
M. Lalonde: ... québécois...
M. Ciaccia: ... qui a été fabriqué au
Québec.
M. Lalonde: Y a-t-il de l'amiante là-dedans?
M. Ciaccia: Et à part cela, c'est une compagnie qui a
déménagé son siège social de Montréal
à Missassagua en Ontario. Le ministre aurait pu être un peu
plus...
M. Lalonde: ... Québécois...
M. Ciaccia: Oui.
M. Lalonde: ... un bon Québécois...
M. Bérubé: Puisque le député de
Mont-Royal a souligné...
M. Ciaccia: J'ai la parole, M. le Président...
M. Bérubé: ... la présence de cet objet, je
dois lui indiquer qu'il s'agit d'un cadeau d'un électeur de mon
comté qui, ulcéré par l'opposition systématique,
m'a offert une guillotine bien québécoise, une bonne vieille
sciotte.
M. Lalonde: Sur cette question, s'il fallait que j'apporte toutes
les armes que mes électeurs me remettent pour défaire ce
gouvernement, il y aurait un arsenal. Il faudrait que j'apporte un arsenal.
Le Président (M. Bertrand): Je vais demander au sergent
d'armes peut-être de retenir les armes à la porte.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
M. Grégoire: Le sens de l'humour existe à cette
commission.
M. Lalonde: Dans ce bas monde!
M. Ciaccia: L'amendement proposé par le
député de Marguerite-Bourgeoys a un objectif très
spécifique et très nécessaire. Peut-être devrait-on
le relire. Le député de Marguerite-Bourgeoys suggère d
ajouter à un des objectifs de la société: "... la
société a pour objet, en plus de la transformation et de
l'activité industrielle manufacturière et commerciale, la
recherche de l'incidence possible sur la santé résultant de la
présence de fibre d amiante dans l'environnement de travail et dans
l'utilisation de produits à base de fibre d'amiante ainsi que sur les
moyens d'y remédier". Je ne peux pas comprendre le refus du gouvernement
et du député de Frontenac...
M. Lalonde: En particulier.
M. Ciaccia: ... en particulier, parce qu'il semble que c est
toujours lui qui s'oppose quand nous avons des amendements pour aider la
santé des ouvriers, aider au bon fonctionnement de cette
société. Dès que nous mentionnons quelque chose pour aider
les employés, pour aider la question de I'environnement, c'est le
député de Frontenac qui est le premier à prendre la parole
pour s'y opposer. En dehors de cette commission, M. le Président, c est
le premier à hurler contre les sociétés quant à
leur passé depuis 100 ans. Monsieur 100 ans. Dans les 100
dernières années personne n a fait quoi que ce soit; ils ne se
sont pas occupés de I'environnement, ils ne se sont pas occupés
des travailleurs. Mais maintenant on veut I'aider, on veut donner un des
objectifs, mais pas I'objectif exclusif. On ne dit pas que la
société doit être juge de la recherche, juge de la
santé ou non, mais au moins qu'en fabriquant ses produits, elle fasse de
la recherche pour les produits qu'elle va utiliser, si elle veut éviter
des dangers à la santé. Je ne peux pas comprendre comment le
député de Frontenac peut s'opposer à cela, M. le
Président.
M. Grégoire: Ce n est pas la même chose. M.
Ciaccia: C'est ce qu'on dit.
M. Lalonde: Oui. Monsieur 100 ans, sentant sa fin
prochaine...
M. Grégoire: Alors, refaites votre motion.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est l'objection
systématique, l'obstruction systématique du député
de Frontenac.
M. Grégoire: Récrivez-la.
M. Lalonde: Oui, faites en une autre.
M. Ciaccia: Exactement. On donne un amendement et il dit:
Récrivez-le. Lui ne nous suggère
jamais... Au lieu d'avoir passé 20 minutes à contester cet
amendement, il aurait pu prendre trois ou quatre minutes pour changer
quelques-uns des mots qui étaient offensants pour lui ou qu'il
trouvait n'être pas à propos. Ce n'est pas ce qu'il a
fait. Le seul moyen pour une société de s'assurer que les
produits qu'elle va manufacturer ne seront pas contre la santé des
travailleurs, c'est d'avoir un département de recherche, de faire de la
recherche quant à l'utilisation de ces produits pour réduire la
fibre d'amiante, pour réduire les incidences d'amiantose, pour aider
l'environnement de travail. Est-ce que c'est trop demander, M. le
Président? C'est absolument incompréhensible qu'on veuille
s'opposer à un tel pouvoir de la société. (10 h 30)
M. le Président, je voudrais seulement faire remarquer en plus
que le ministre, suite à certaines questions du député de
Saint-Laurent, on avait cherché à trouver quel était le
montant, quelle était l'incidence de l'amiantose chez les travailleurs,
combien est-ce que ça coûterait au gouvernement. Pour nous montrer
comme c'est sérieux, même le ministre lui-même a
évalué le coût, pour les travailleurs affectés
d'amiantose, à $43 millions; $43 millions de dommages à la
santé des travailleurs. C'est énorme, M. le Président.
C'est à la suite de ces informations que nous avons fait
certaines suggestions d'amendement. En voici une: Est-ce que c'est trop de
demander à une société de faire de la recherche pour
éviter encore $43 millions de dommages à la santé des
travailleurs? Ce n'est pas seulement le chiffre de $43 millions, mais cela
affecte les individus. Et tous les jours où cette industrie continue
dans l'état où elle est maintenant, ça va affecter
d'autres individus. La seule chose qu'on suggère, c'est qu'avant de
continuer, spécialement si c'est une société d'Etat, elle
fasse les démarches nécessaires pour éviter, pour
réduire les effets négatifs qui pourront nuire aux
travailleurs.
Le gouvernement nous dit: Non, ce n'est pas un bon objectif pour la
société. Il veut se comparer aux sociétés, aux
autres compagnies qui sont dans ce domaine. Peut-être qu'il n'a pas
ça comme objectif, mais, justement, le gouvernement veut se faire
employeur modèle. Ce n'est pas un compagnie ordinaire, c'est une
société d'Etat. Le gouvernement a le devoir et la
responsabilité de donner l'exemple. Si le gouvernement ne donne pas cet
exemple d'avoir la recherche pour réduire cette incidence, pour les
employés, pour améliorer l'environnement du travail, si le
gouvernement veut se laver les mains de ça, quelle sera l'attitude de
l'entreprise privée?
Elle va dire: N'essayez pas de nous obliger à faire des
recherches dans ce domaine pour réduire l'incidence de l'amiantose ou
pour améliorer les conditions de travail ou l'environnement. Le
gouvernement ne veut pas le faire. Les compagnies vont dire que l'Opposition
officielle a suggéré un amendement pour que ce soit un des
objectifs de la société d'Etat de faire de la recherche pour
aider la santé des travailleurs et que le gouverne- ment dit non.
Pourquoi nous, l'entreprise privée, devons-nous le faire?
Ce sera un argument, ce sera une attitude qui pourra être prise
par ces sociétés. Quelle sera la réponse du gouvernement?
Je crois que c'est un très mauvais exemple que le gouvernement donne.
C'est un exemple qui n'est pas défendable du tout, M. le
Président. Les sociétés ont des obligations sociales, pas
seulement des responsabilités monétaires. Même dans
l'entreprise privée, le but n'est pas seulement de faire des profits.
Oui, le but principal, dans l'entreprise privée, c'est que la
société soit rentable, parce que, si elle n'est pas rentable,
elle ne pourra pas rester dans les affaires. Mais, en plus de cela, il y a une
conscience morale, il y a une obligation sociale envers les travailleurs. On ne
dit pas que la société va faire cette recherche en oubliant
qu'elle doit faire des profits, en oubliant qu'elle doit faire son ouvrage
d'une façon économique.
Donnez l'exemple, vous êtes une société d'Etat.
C'est supposé être très profitable, la compagnie que vous
allez acheter. Ils font toutes sortes de profits; vous me donnez des chiffres
comme $20 millions, $30 millions, $40 millions. Prenez une petite partie de ces
profits et utilisez-la dans la recherche. Ne vous fiez pas au ministère
de l'environnement ou à une autre société pour faire de la
recherche.
Une des raisons pour lesquelles la recherche a eu une telle
réussite aux Etats-Unis, c'est parce qu'ils n'ont pas confié cela
à un seul bureau de recherche. La recherche se fait partout. Plus il y a
de sociétés, plus il y a de gens qui veulent s'attaquer aux
problèmes et plus ils peuvent trouver des solutions.
Cela devrait être une obligation de chaque compagnie. Pour ce qui
est de Johns-Manville, je ne sais pas s'ils ont un département de
recherche. Ils doivent certainement en avoir un. Toutes les compagnies
industrielles ont du "research and development", elles font des recherches.
C'est un objectif très louable, très nécessaire. Plus il y
a de recherches qui se font dans ce domaine, plus les solutions vont se
trouver. Le secrétaire du département "Health and Welfare " aux
Etats-Unis, M. Joseph Califano, a averti les gens du danger d'être
exposés aux fibres d'amiante. Les effets peuvent durer des années
et des années. Il y a même des gens qui ont été
exposés il y a 35 ans, qui peuvent en subir des conséquences,
comme le cancer, etc. C'est dangereux, c'est sérieux. Il faut prendre
tous les moyens possibles, faire toute la recherche possible pour éviter
ces dangers. Ce n'est pas assez de hurler et de critiquer les
sociétés privées. Vous avez un exemple parfait ici. Vous
avez l'occasion de démontrer vraiment que vous êtes
sérieux, que vous voulez vraiment aider les travailleurs, non seulement
en apparence, non seulement par de la propagande, mais en concrétisant
vos intentions.
M. le Président, c'est absolument incompréhensible que le
gouvernement s'oppose à cet amendement et se fie au ministère de
l'Environnement. On dit qu'il y aura un conflit. C'est le minis-
tère de l'environnement qui doit s'occuper de ces sujets, de ces
propos, des travailleurs et de l'environnement physique à ces
endroits.
M. le Président, je vous dis très respectueusement que
c'est absolument faux de dire que si nous incluons, comme le
député de Frontenac l'a dit à sa dernière
intervention, hier, cet amendement, cela va créer un conflit avec le
ministère de l'environnement. C'est absolument faux. C'est si vous ne le
mettez pas que cela va créer un conflit, parce que le ministère
de l'environnement va essayer d'imposer certaines normes, va essayer de faire
certains règlements et les administrateurs vont dire: Ce n'est pas notre
responsabilité, c est la responsabilité du ministère de
l'environnement. On l'a vu trop souvent dans le passé, chacun se passe
la balle d'un ministère à l'autre. Quand il est question de
juridiction, tous les ministères veulent s'embarquer, mais quand il est
question des responsabilités, c'est naturel, un ministère dit que
c'est la responsabilité de l'autre et ils se passent la balle de l'un
à l'autre. Le pauvre contribuable, le travailleur dans ce cas-ci sera
entre deux chaises. Il va essayer de se faire protéger par la
société pour laquelle il travaille. Les administrateurs vont
dire: Ce n'est pas un de nos objectifs, nous voulons être rentables,
économiquement rentables et faire de l'argent. La question de
l'environnement, c'est le ministère de l'environnement.
Il va se tourner vers le ministère de l'environnement, qu'est-ce
qu'il va se faire dire? Cela va lui prendre six mois, un an, deux ans avant de
pouvoir avoir quelques réponses, avant que le ministère de
l'environnement puisse imposer ses règlements à la
société. Combien de temps cela va-t-il prendre? Il va y avoir des
questions de budget. Le Conseil du trésor va entrer là-dedans et
va dire: On n'a pas, dans notre budget, autant d'argent pour ces objectifs. On
crée des difficultés; on crée l'anarchie; on crée
le conflit.
C'est vraiment en n'incluant pas cet amendement que vous allez
créer le conflit entre cette société d'Etat qui aura un
seul but: celui d'exploiter l'amiante d'une façon économiquement
viable, et l'objectif du ministère de l'environnement sera de
protéger les employés. Où sera le juge pour
protéger l'employé? Qui sera là pour s'occuper de
l'environnement? Vous allez créer un conflit d'une société
à l'autre.
M. le Président, nous devrions tous avoir les mêmes
objectifs. Les sociétés d'Etat, les ministères devraient
avoir les mêmes objectifs. Il ne devrait pas y avoir de contradiction,
d'opposition de l'un à l'autre. Si nous incluons les buts de la
protection de l'environnement, de la protection des travailleurs, nous allons
nous assurer que les objectifs seront réalisés.
Un administrateur s'occupera de cette société, si jamais
le gouvernement est vraiment sérieux, parce qu'on ne voit pas de budget,
on ne sait pas combien; on leur demande quand ils vont implanter la
transformation, ils ne nous le disent pas; combien cela va coûter, ils ne
le savent pas; sur combien d'années cela va être
échelonné, ils ne le savent pas; quels sont leurs plans
d'investissements, ils ne le savent pas. Donnons-leur le bénéfice
du doute. Admettons qu'éventuellement cette société sera
créée; les administrateurs doivent savoir au début qu'ils
doivent s'occuper de la santé des employés. Ils doivent s'occuper
de l'environnement physique. Ce n'est pas le premier amendement que nous
apportons pour essayer de protéger les employés et
l'environnement dans ce domaine. Nous avons même apporté un
amendement contre lequel on a voté l'opposition a
été menée par le député de Frontenac
un amendement pour que la société soit responsable de relocaliser
des quartiers où la société exploiterait une mine et que
cela causerait des dommages. C'est grave, c'est simple. Il a voté
contre. Il était contre cela. La société ne devait pas
être responsable de relocaliser les quartiers, non.
M. le Président, franchement, quand je vois ce petit instrument
devant moi, la guillotine, on ne sera pas intimidé, M. le ministre. Vous
devrez utiliser cela sur votre collègue de droite, le
député de Frontenac. Chaque fois qu'il vote contre
l'environnement, chaque fois qu'il vote contre les employés, chaque fois
qu'il vote contre les amendements pour protéger ceux qui vont être
affectés par cette société, vous devez utiliser votre
petite machine. Je pense bien que Sandvik va en manufacturer d'autres.
M. Bérubé: M. le député de
Mont-Royal, ne nous faites pas pleurer, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Non, mais c'est à peu près le temps que
le public sache ce qui se passe ici, que le public sache ce que le
député de Frontenac fait à la commission. Il semble
être le "hatchet man" du ministre pour dire non chaque fois qu on a un
amendement qui a du bon sens.
M. Lalonde: II s'est fait rappeler à l'ordre une fois,
parce qu'il avait des problèmes avec nous autres.
M. Grégoire: Non, je n'ai pas été
rappelé à l'ordre, au contraire!
M. Lalonde: Vous n'avez pas encore démissionné?
M. Grégoire: Le ministre accepte que dans son
équipe il y en ait qui puissent avoir des divergences sur certains
points.
M. Lalonde: Une fois. M. Grégoire: Oui, puis?
M. Lalonde: Jamais deux.
M. Grégoire: Cela prouve au moins ma liberté, M. le
Président, et j'en suis fier.
M. Lalonde: Depuis ce temps, vous avez les deux mains
liées.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Bérubé: Le député de
Mont-Royal...
Le Président (M. Bertrand): La parole est toujours au
député de Mont-Royal.
M. Bérubé: Je voulais justement savoir si vous
aviez terminé, puisque dans cet échange d'invectives
mutuelles...
Le Président (M. Bertrand): II reste environ deux minutes
et demie au député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, même si c'était
seulement pour donner l'exemple à l'entreprise privée, même
si c'était le seul but, mais il y a d'autres buts, cette raison serait
suffisante pour justifier l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Bertrand): Merci! M. le
député de Saint-François.
M. Rancourt: M. le Président, je ne prendrai pas mes 20
minutes, bien sûr.
Je ne crois pas qu'il y ait eu de matière minérale sur
laquelle on aura fait autant d'études. Nous connaissons donc des
solutions à la présence de fibres d'amiante dans l'environnement
des travailleurs.
Bien sûr, comme l'a fait remarquer le député de
Marguerite-Bourgeoys, le groupe Occupational Safety and Health Administration
des Etats-Unis a promulgué une norme de cinq fibres par
centimètre cube, plus grande que cinq microns; c'était la norme
américaine. Mais il faut savoir qu'ici, au Québec, il y a des
industries qui fonctionnent avec une incidence de .06 de fibre d'amiante dans
l'environnement des travailleurs à l'heure actuelle.
Donc, nous connaissons la façon de travailler avec l'amiante au
Québec, actuellement. Il s'agit de la développer davantage. Il
s'agit de la mettre en pratique, surtout.
L'Association des mines, au Québec, a ce qu'on appelle l'Institut
de médecine du travail et des ambiances, créé par
l'association. Quand la nouvelle société de l'amiante du
Québec sera créée, nous ferons aussi partie de ce groupe
de travail.
Il y a là, justement, des médecins qui travaillent, eux
aussi, sur l'environnement. Donc, la nouvelle société de
l'amiante fera partie de cette Association des mines d'amiante du
Québec, et, par là aussi, on pourra justement travailler sur le
problème de l'environnement au niveau du travail de l'employé.
C'est pourquoi je ne vois pas la raison pour laquelle ce serait inclus à
l'intérieur de la loi créant la société nationale
de l'amiante.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je serai bref
également, non pas que nous nous opposons en principe à la
proposition qui nous est faite d'amender le projet de loi, mais je crois que,
d'une part, l'Opposition est peut-être insuffisamment renseignée
sur un aspect, ou, du moins, fait semblant d'être insuffisamment
renseignée, et, d'autre part, elle n'a peut-être pas vraiment
compris le sens de l'amendement qu'elle nous a présenté ici. Je
pense que les députés de notre formation ont, à tour de
rôle, fait ressortir un aspect auquel elle n'a pas cherché
à répondre. Ceci est dommage, puisqu'elle a effectivement fait
ressortir la contradiction qui existait entre ses propositions et certaines des
critiques antérieures qu'elle a faites vis-à-vis du projet
lorsqu'elle a parlé de conflits d'intérêts pouvant exister
dans tel et tel cas en ce qui aurait trait à la Société
nationale de l'amiante. (10 h 45)
Je m'explique, M. le Président. Je pense qu'il faut distinguer
deux types de recherche lorsqu'on parle de recherche et de développement
sur l'amiante. D'une part, il faut distinguer l'aspect du développement
de nouveaux produits, de l'expérimentation de nouveaux produits pour en
connaître les propriétés mécaniques, les
propriétés chimiques, propriétés qui visent
essentiellement à mettre sur le marché le produit le plus
intéressant possible sur le plan de l'utilisation.
Mais il doit exister également un autre type de recherche,
recherche qui, il faut l'avouer, a vraiment été très peu
poussée. C'est l'étude du contrôle des
propriétés des produits fabriqués en ce qui a trait
à leur émission de fibres. En effet, si on regarde les
propositions qui ont été faites aux premiers ministres des neuf
Etats du Marché commun, on constate que cette proposition demande qu'on
autorise l'amiante dans tous les usages pour lesquels l'amiante est pris dans
la masse et ne peut pas s'échapper. Il s'agit évidemment,
d'utilisation qui met l'amiante en contact régulier, fréquent
avec la population.
En ce qui a trait à l'utilisation de l'amiante dans les produits
isolants, les additifs à des revêtements de sols ou de murs
où il peut y avoir friction et dégagement de fibres, le
Marché commun recommande que l'on fasse des études sur la
rétention des fibres. C'est donc un aspect extrêmement important
de la recherche.
Egalement, un deuxième aspect extrêmement important de la
recherche porte sur les études épidémiologiques qui
manquent dramatiquement lorsqu'on essaie de voir quel est le niveau
inférieur de teneur en amiante dans l'atmosphère qui soit
susceptible de ne jamais causer le moindre risque
cancérigène.
Il faut reconnaître qu'en ce qui a trait à l'amiantose les
études du rapport Beaudry semblent suffisamment probantes pour que l'on
puisse affirmer, évidemment à la lumière des connaissances
scientifiques que nous avons aujourd'hui, qu'avec l'application des normes
extrêmement sévères qui sont en vigueur maintenant au
Québec je pense qu'on pourra éliminer complètement les
problèmes de salubrité.
J'ai sous les yeux un rapport que nous avons, d'ailleurs,
déposé à cette commission. Les membres de cette commission
se plaignent continuellement que nous n'avons déposé aucun
document et c'est toujours intéressant de voir les objections de
l'Opposition auxquelles on trouve réponse dans les documents que nous
avons déposés.
Alors, je me réfère au document du Parlement
européen, donc au rapport d'une commission qui
avait fait cette étude. Cette commission, à la page 15 de
son rapport, dit: "Votre commission se permet d'indiquer à la commission
de l'environnement qu'il existe un rapport qui fait autorité,
élaboré en 1976, sur la salubrité dans l'industrie
canadienne de l'amiante". Référence 1, il s'agit du rapport
Beaudry. Dans ce rapport qui fait autorité au dire d'à peu
près tous les experts mondiaux dans le secteur de l'amiante, on lit que
l'application de normes que nous avons mises en vigueur dès le
début de l'année, dès la fin, en fait, de l'année
dernière... Je suis déjà une année en retard; donc,
il y a un an maintenant.
M. Ciaccia: Voulez-vous consulter votre calendrier?
M. Bérubé: Non. Ce n est pas la peine. Elles sont
en vigueur depuis plus d'un an. Donc, avec l'application de ces normes, on peut
espérer faire disparaître totalement les risques d'amiantose dans
I'industrie minière et dans l'industrie de transformation. Par
conséquent, cette maladie semble, pour l'instant, en tout cas, pouvoir
être mise en échec. Cependant, dans le cas du cancer, il faut
reconnaître que les études n'ont pas été faites qui
permettraient de déterminer hors de tout doute s'il existe une teneur
inférieure de fibres d'amiante dans l'air qui ne cause pas de
cancer.
Evidemment, on peut toujours référer à un certain
nombre d'études qui montrent que, dans les bas niveaux
d'empoussiérage, l'incidence du cancer est beaucoup plus faible que
lorsqu'on travaille dans une atmosphère à très forte
teneur de poussière d'amiante. Donc, il existe une relation
dose/incidence cancérigène qui est connue, mais il n'y a pas
d'étude faite aux très très faibles teneurs, de l'ordre de
celles que nous proposons dans nos normes.
Par conséquent, n ayant pas d'études en main, on ne peut
pas dire qu'il n'y aura pas de danger. On peut toujours extrapoler les courbes
et dire que, par extrapolation, le danger, effectivement, disparaît, mais
cette extrapolation est extrêmement dangereuse puisqu'on extrapole sur
les teneurs beaucoup trop élevées. En effet, les données
que nous avons sur ce problème sont des données qui ont
été obtenues dans des industries où la teneur en amiante,
pendant les 25 ou 30 dernières années, était très
élevée, enfin relativement plus élevée que ce que
nous connaissons maintenant. Par conséquent, il est dangereux
d'extrapoler à partir de ces cas jusqu'aux teneurs les plus faibles.
Donc, il faut reconnaître qu'il manque des connaissances
épidémiologiques portant sur l'incidence de la fibre d'amiante
sur le cancer.
Les députés de ma formation ont souligné, avec
beaucoup de justesse, l'importance de séparer les deux types de
recherche. Je m'explique. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il existe aux
Etats-Unis un mouvement, qui date de 1970, de sensibilisation de la population
aux dangers de l'amiante. Le même mouvement existe au Québec
depuis la même période. Faut-il souligner que présentement
il commence à apparaître en Europe même. Donc,
présentement, nous avons à faire face à une certaine
sensibilisation de l'opinion publique qui, très souvent, repose sur des
données beaucoup plus subjectives, sur une réaction plus
émotionnelle que rationnelle, et cela s'explique lorsqu'en l'absence de
données véritablement scientifiques, il est permis de rechercher
la plus grande prudence et de ne pas vouloir courir de risques. Ceci est
normal, on le retrouve dans tous les domaines, que ce soit le domaine de
i'électronucléaire, dans le domaine de l'utilisation de tous les
produits chimiques, comme ce qu'on a connu à Seveso en Italie, donc dans
l'utilisation de tous ces produits chimiques qui sont susceptibles de causer
des problèmes à la santé. On connaît une telle
polémique présentement concernant l'usine de fabrication d'eau
lourde de Laprade. Donc, il existe très peu d'industries chimiques qui
ne soient pas responsables de l'émission de substances pour lesquelles
on connaît mal les répercussions sur la santé et pour
lesquelles on est justifié d'être le plus prudent possible.
Cependant, il faut également reconnaître qu'il faut une
information objective face à ces problèmes. On ne peut pas se
contenter d'informations nous venant des fabricants, des industriels. Par
exemple, dans le domaine des appareils électriques, il existe un
organisme américain, le CSA, qui fait la vérification de la
sécurité de chacun de ces appareils. Pourquoi? Il est certain que
la population n'accepterait pas que les industriels fabriquant ces appareils
émettent eux-mêmes leur visa d'approbation et qu'on n'ait aucun
contrôle indépendant. C'est ce qui a amené d'ailleurs
l'apparition d'organismes américains comme le Consumer's Union, qui se
charge de taire de telles études totalement indépendantes des
fabricants, de manière à s'assurer qu'effectivement les
études ont été bien menées et qu'on a une
connaissance raisonnable de la qualité des produits de manière
qu'on ne mette pas en danger la santé et la sécurité de
leurs utilisateurs.
Dans le cas du nucléaire, on a connu récemment des
campagnes menées pour la disparition de
I'électronucléaire. A ces campagnes de l'opinion publique, des
mouvements écologiques, il y a eu des réponses des organismes
comme la Commission de l'énergie atomique canadienne; la même
chose pour la Commission de l'énergie atomique française. Ces
commissions ont fait faire des études pour démontrer que ces
réacteurs étaient absolument sans danger. Ils n'ont convaincu
personne. Ils n'ont convaincu personne parce que les tenants de la position
opposée, ceux qui s'opposent au nucléaire, ont automatiquement
répondu. Quelle foi pouvons-nous avoir dans des études qui ont
été faites par les organismes dont la vocation est de
répandre l'utilisation du nucléaire, même si ces organismes
étaient contrôlés par le gouvernement, comme la Commission
d'énergie atomique, comme Atomic Energy Commission des Etats-Unis et la
même chose au Canada. En d'autres termes, une population qui est prise
par le doute face à certains dangers industriels n'a aucune confiance
dans les recherches faites par les organismes dont la mission est de
répandre
l'utilisation du nucléaire. Maintenant, je vous ramènerai
à nouveau à ce rapport que vous auriez dû lire, à
mon avis. J'espère retrouver la page, si vous me permettez.
Voilà, j'y arrive.
Récemment, on connaissait, en Europe, une campagne de
publicité organisée par les industriels de l'amiante pour faire
connaître les risques de l'amiante et montrer que l'amiante pouvait
être manipulée, dans certaines conditions, sans danger. Cette
campagne a soulevé énormément de vagues en Europe. Voici
ce que le Parlement européen a dit: "Votre commission aimerait qu'une
campagne d'information soit lancée au niveau de la communauté
pour informer le public de manière rationnelle des avantages et des
inconvénients liés à l'utilisation de l'amiante. Il est
absolument nécessaire que cette campagne soit lancée
immédiatement, étant donné que, dans certains Etats
membres, des institutions non officielles j'expliquerai tantôt
ont déjà pris l'initiative dans ce domaine".
On poursuit plus loin, à l'alinéa 20 du rapport: "Votre
commission invite également la commission à présenter sa
proposition sur la publicité mensongère aussi rapidement que
possible afin que le genre de publicité dont il a été
mention ci-dessus puisse être strictement contrôlé. Il est
inacceptable que certaines organisations s'efforcent d'abuser le public en lui
faisant croire que l'amiante comporte peu de risque, sinon aucun risque du
tout".
En d'autres termes, le Parlement européen s'est opposé
à l'utilisation de rapports scientifiques portant sur des études
conduites par l'industrie de transformation de l'amiante européenne, il
s'est opposé à l'utilisation de ces rapports qui tendraient
à démontrer une thèse. Il veut au contraire qu'un
organisme indépendant puisse faire de telles recherches et puisse
contribuer à répandre la véritable vérité
excusez la tautologie sur l'amiante.
M. Lalonde: Parce que vous avez deux vérités,
vous?
M. Ciaccia: Cela, c'est plus d'une vérité.
M. Bérubé: Donc, il est important que dans le cas
de l'amiante, comme dans le cas de tout autre produit qui présente des
propriétés toxiques, on ait droit à une information
objective, et la meilleure garantie d'une information objective, c'est une
information indépendante. Or, voici quelle est l'intention du
gouvernement. Je pense que le député de Richmond est au courant
de la polémique qui a cours présentement sur le site du futur
institut de recherche de l'amiante.
Il sait que des hauts fonctionnaires du gouvernement ont
rencontré des représentants de l'industrie, des
représentants des populations, de l'Université de Sherbrooke,
dans le but d'établir les conditions de l'implantation d'un tel
institut. Il me fera plaisir, dans les prochains mois, de déposer
à l'Assemblée nationale un projet de loi créant l'Institut
de recherche de l'amiante.
Cet institut de recherche, dans l'esprit du gouvernement, est un
institut bicéphale. Bicéphale, puisque dans une de ses fonctions
l'Institut de recherche devra voir à l'expérimentation de
nouveaux produits, le développement de nouveaux produits et, par
conséquent, devra voir au développement technologique dans le
secteur de l'amiante.
L'approche que je privilégie, comme ministre des Richesses
naturelles, en est une de participation de l'ensemble des industriels à
l'implantation de ce laboratoire. En d'autres termes, par le biais de nos
ententes de développement, nous visons présentement à
inviter toutes les industries, y compris la Société nationale de
l'amiante. C'est pour ça que nous n'avons soulevé aucune
objection à l'amendement présenté par l'Opposition
libérale, incluant recherche et développement dans le mandat de
la société. Ce n'est pas que la société devrait le
faire elle-même, mais nous pensons que la Société nationale
de l'amiante devrait être partie prenante à un institut de
recherche, dans une de ses fonctions qui ait comme objectif l'implantation d'un
centre de recherche travaillant au développement de nouvelles
technologies et de nouveaux produits. (11 heures)
Donc, premier aspect, le développement de nouveaux produits se
fera, mais se fera de concert avec les autres industries.
Dans une autre fonction de cet institut de recherche, fonction qui,
elle, doit être financée entièrement par le gouvernement,
sans que les industries n'aient absolument rien à y voir, et
gérée par un bureau de direction totalement indépendant,
on retrouvera les études dont parle l'Opposition libérale
présentement, c'est-à-dire les études visant à
tester ces produits, visant à étudier les conséquences de
l'utilisation de l'amiante sur l'environnement et visant essentiellement
à fournir une information indépendante, une information que nous
voulons scientifique, une information objective.
Voilà, compte tenu des démarches qui sont en cours, compte
tenu de l'intention du gouvernement, pourquoi nous devrons rejeter l'amendement
proposé par l'Opposition libérale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je serai aussi bref que le
ministre.
M. Ciaccia: Le règlement...
M. Lalonde: Comme il nous l'a promis. Au moment où chacun
de nous, en cette commission, en demeurant à Québec ce vendredi,
alors que nos collègues ont rejoint leur famille...
M. Bérubé: Je sais que cela fatigue l'Opposition
d'être obligée de travailler le vendredi, mais que voulez-vous
qu'on y fasse?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: C'est vous qui avez aboli la session du vendredi,
c'est votre gouvernement. Ne nous accusez pas, c'est vous qui l'avez
abolie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Bérubé: C'est courant dans nos
sociétés, M. le député, de travailler le vendredi.
Je sais que pour vous, c'est inhabituel, mais que voulez-vous que j'y fasse?
Effectivement, l'ensemble des citoyens québécois travaille le
vendredi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Alors, au moment où chacun de nous, à
cette commission, en demeurant à Québec ce vendredi, alors que
nos collègues ont rejoint leur famille, chacun de nous fait le sacrifice
d'une des valeurs fondamentales que notre bon premier ministre a toujours si
hautement défendues, c'est-à-dire la vie familiale... Cela vous
étonne? M. le Président, je n'endurerai pas qu'on rie de cette
valeur fondamentale.
M. Bérubé: Les ricanements viennent du
collègue du député de Marguerite-Bourgeoys, le
député de Mont-Royal.
M. Lalonde: Cela vient même de la salle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Je vais vous lire la lettre que le premier ministre a
écrite au pape.
M. Grégoire: Est-ce que vous parlez du premier ministre
d'Ottawa ou de celui du Québec?
M. Lalonde: Du Québec, voyons!
M. Bérubé: A Ottawa, on dit le "Prime
Minister".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Revenons sur le sujet.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement,
parce que j'ai entendu une réaction qui est tout à fait
inacceptable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur le
sujet, sur la motion d'amendement.
M. Lalonde: M. le Président, le premier ministre a
écrit...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, sur la motion d amendement.
M. Lalonde: Sur la motion d amendement, M. le Président,
tout le monde sait que la vie familiale est une des valeurs fondamentales que
le premier ministre du Québec a si hautement défendues toute sa
vie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Bérubé: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: M. le Président, vous
reconnaîtrez avec moi que les problèmes de la vie familiale du
député de Marguerite-Bourgeoys sont certainement passionnants.
Mais néanmoins, s'il a des problèmes avec sa femme, avec ses
enfants, nous n'y sommes pour rien. J'aimerais que vous rappeliez à
l'ordre, quant à la pertinence du débat, le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement, je dois dire quand même que je n'ai aucun
problème avec ma femme ni avec mes enfants. Cela leur arrive d'en avoir
avec moi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, sur la pertinence du débat.
M. Lalonde: Mais lorsque le premier ministre parle de la vie
familiale, M. le Président, il faut s agenouiller, fermer les yeux,
joindre les mains et s incliner. On pourrait peut-être même...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Sur la pertinence du débat.
M. Lalonde: ... observer une minute de silence.
M. Bérubé: Non, c est le pape Ryan devant lequel
vous devez vous agenouiller et dont vous devez baiser la main.
M. Lalonde: Heureusement, M. le Président, que nous avons
nos entrées au Vatican pour faire en sorte que ces choses ne soient pas
prises tellement au sérieux.
M. Bérubé: Oui, M. le cardinal de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, il est quand même
déplorable que l'on doive faire les circonvolutions que nous avons vues
de la part du député et du ministre pour tenter de justifier le
refus d'une fonction éminemment sociale et absolument indispensable
à cette société, c'est-à-dire la recherche de
l'incidence possible sur la santé résultant de la présence
de fibres d'amiante.
Le ministre nous a parlé de l'institut de recherche de l'amiante.
Il a même annoncé le
dépôt de sa loi dans quelques mois. J'aimerais savoir du
ministre, puisqu'il nous a promis le dépôt de cette loi, où
en sont rendues les négociations avec l'Association des compagnies
d'amiante sur la création de l'institut, ou avec chacune des
sociétés que le ministre approche ou fait approcher de ce
temps-ci par ses fonctionnaires. Est-ce qu'il y a eu une conclusion? Est-ce
qu'on peut prendre au sérieux, autrement dit, la promesse du ministre
d'avoir un institut de recherche sur l'amiante?
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
Essentiellement, ce qui a été discuté avec l'Association
des mines d'amiante concernant la création de ce centre de recherche et
de développement, c'est, d'une part, les orientations fondamentales du
centre.
M. Lalonde: Question de règlement. J'ai posé une
question bien simple: Où en sont rendues les négociations? Est-ce
qu'il y a eu un accord?
M. Bérubé: C'est ce que je suis en train de
dire.
M. Lalonde: Je ne veux pas que le ministre lise un texte de deux
pages sur mon temps.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
voudrais savoir, surtout de la part du député et du ministre, si
vous parlez relativement à l'amendement qui est devant nous.
M. Lalonde: Oui, M. le Président. L'amendement, c'est
qu'on inclut un paragraphe qui...
M. Bérubé: Je ne comprends plus rien.
M. Lalonde: ... parle de la recherche de l'incidence possible sur
la santé.
M. Bérubé: Ils nous posent une question, on leur
donne la réponse et, déjà, ils nous interrompent.
M. Lalonde: Le ministre dit: Pas besoin, parce qu'on va
créer un institut. Je lui demande si c'est sérieux.
M. Bérubé: M. le Président, depuis le
début, on nous accuse de ne pas déposer de rapports. Quand on
dépose les rapports, ils refusent de les lire, comme on l'a vu
tantôt. Ils nous posent des questions. Quand on leur répond, ils
refusent d'écouter. Je ne comprends plus rien.
M. Lalonde: Je demande s'il y a une conclusion...
M. Bérubé: II était fondamental d'imposer la
guillotine.
M. Lalonde: ... et si on peut prendre cela au sérieux.
M. Grégoire: Là-dessus, je voudrais dire que, si le
gouvernement antérieur n'était pas sérieux, celui qui est
là à l'heure actuelle l'est et il le prouve par ce projet de loi
70. Je pense que la réponse est automatique.
M. Lalonde: Puisque le député de Frontenac a
répondu, le problème est réglé. Il fallait le dire
avant.
M. Bérubé: M. le Président, puis-je
répondre à la question qui m'a été
posée?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Oui.
M. Bérubé: On m'a demandé où on en
était rendu avec les négociations présentement en cours
avec l'Association des mines d'amiante. On a discuté avec elles des
trois possibilités de structures corporatives. On a également
discuté avec elles de la contribution que nous attendrions de chacune de
ces industries basée sur le volume de leurs ventes, également de
la liaison avec les centres de recherche aux Etats-Unis et en Angleterre, avec
l'Institut de médecine, du travail et des ambiances, pour les
propriétés industrielles.
Je dois dire d'ailleurs que cette semaine je pense que c'est, si
je ne m'abuse, vendredi dernier il y avait eu une rencontre avec les
dirigeants des recherches de la société Johns-Manville, USA, avec
les dirigeants du bureau de l'amiante pour justement passer en revue un peu les
secteurs de recherche qui pouvaient s'avérer intéressants pour le
futur centre de recherche. Nous avons également nommé M.
Lalancette, qui nous a été prêté par
l'Université de Sherbrooke, à notre bureau de l'amiante, comme
expert chargé de l'implantation du futur institut de recherche sur
l'amiante.
Quant à la bonne volonté de l'industrie de l'amiante, je
dois vous dire que, pour l'instant, celle-ci a manifesté un
intérêt tout à fait positif à notre proposition
d'implantation d'un institut de recherche sur l'amiante. Est-ce que cela
répond à la question?
M. Lalonde: J'aurais préféré que le ministre
aille un peu plus loin, à savoir si on est rendu au niveau...
M. Bérubé: Ce n'est jamais assez, M. le
Président. C'est trop, mais, une fois qu'on a fini de l'expliquer, ce
n'est pas assez.
M. Lalonde: Oui, on parle de déposer un projet de loi dans
quelques mois et, tout ce qu'on nous dit, c'est que l'industrie a
manifesté un intérêt positif. Y a-t-il une entente de
conclue actuellement? Est-ce qu'il y a eu des projets d'entente qui ont
été distribués? Est-ce qu'on en est rendu simplement aux
dernières clauses à négocier?
M. Bérubé: Non, M. le Président. Le Bureau
de l'amiante, comme vous le savez, a été formé au
début de cette année, d'une part; il a donc
commencé véritablement à fonctionner au mois de janvier,
il faut reconnaître que, de janvier à mars, nous n'avons surtout
procédé qu'à des discussions préliminaires. Le
député de Marguerite-Bourgeoys reconnaîtra que la politique
de l'amiante a été annoncée au mois d'octobre. D'ailleurs,
ce qui avait été intéressant, c'est que, l'année
précédente, lors de la défense de mon budget, le
député de Jean-Talon m'avait mis au défi d'avoir une
politique de l'amiante prête avant la commémoration du premier
anniversaire de l'élection du Parti québécois au pouvoir.
Nous avons certainement eu le plaisir de déposer une politique de
l'amiante avant.
M. Lalonde: Ce que vous appelez la politique, c'était le
show à Thetford Mines?
M. Bérubé: Cependant, je dois
reconnaître...
M. Lalonde: D'accord, si c'est cela que vous appelez la
politique!
M. Bérubé: ... que cette politique a
été annoncée au mois d'octobre, que nous avons donc
recruté notre personnel, qu'en janvier nous créions le Bureau de
l'amiante. Ce Bureau de l'amiante est donc présentement en
négociation. Nous nous sommes donné deux ans pour conclure nos
ententes de développement avec l'industrie. Présentement, il faut
reconnaître que nous avons mis la priorité sur l'institut de
recherche sur l'amiante et que c'est sans doute ceci qui pourra éclore
le plus rapidement possible, plus vite peut-être que les autres types
d'ententes, bien que j'aurai certainement le plaisir, lors de la programmation
de la loi sur l'amiante de faire une annonce des plus positives concernant
déjà les premières ententes de développement avec
certaines industries.
M. Lalonde: Pourquoi ne pas l'annoncer maintenant? Nous sommes le
plus...
M. Bérubé: Je tiens à vous garder un petit
peu sur les cailloux brûlants. Cela vous permet de sautiller de place en
place, et c'est tout à fait agréable de vous admirer,
d'ailleurs.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre fait son
drôle de temps en temps, mais il n'a jamais été très
drôle. Est-ce que je pourrais quand même faire appel au
sérieux du ministre? Nous sommes encore à une commission
parlementaire...
M. Bérubé: Je réponds sérieusement
à vos questions, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Nous sommes la créature de l'Assemblée
nationale. Nous avons la baïonnette dans le dos, j'en conviens. C'est
peut-être ce qui chatouille le ministre actuellement, étant
donné que la motion de guillotine...
M. Bérubé: Cela fait plutôt vous
chatouiller.
M. Lalonde: ... est un blâme évident à
l'incapacité du ministre de mener le débat sérieusement
à cette commission parlementaire.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
revenir...
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais que le ministre
nous dise...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
En terminant.
M. Lalonde: Comment en terminant? Il me restait dix minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Oui, c'est cela. Vous avez commencé à 11 h 3.
M. Bérubé: II m'a posé une question et j'ai
pris le temps de répondre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, compte tenu du
caractère très préliminaire des démarches du
ministre concernant l'institut de recherches sur l'amiante, c'est pour cela que
j'ai posé la question. Si cela avait été très
sérieux, si cela avait été presque au moment de nous
déposer les documents, j'aurais peut-être
reconsidéré le moment de mon amendement. Mais dans les
circonstances, je pense que les députés de cette commission ne
devraient pas passer outre à l'amendement, ne devraient pas
éviter l'occasion qui nous est donnée, comme
députés, d'affirmer notre préoccupation relativement
à la santé et relativement aussi à l'utilisation des
produits à base de fibre d'amiante. Si l'institut de recherche sur
l'amiante, dans un second temps, est créé, on s'arrangera pour
coordonner les efforts de chacun. Quant au rapport Beaudry que le ministre a
mentionné et que les membres de cette commission ont mentionné
comme étant la bible maintenant, j'en conviens. L'ancien gouvernement
avait fait son devoir là-dessus pour voir à ce qu'un document
soit bien préparé.
M. Bérubé: Là-dessus, il ne fait aucun
doute. Je reconnais que le gouvernement avait certainement choisi un excellent
but dans...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas posé de
question. Le juge Beaudry lui-même nous implore de ne pas en rester
là. Alors, raison de plus de faire un pas en avant en appuyant
l'amendement que j'ai présenté
Egalité des voix
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Est-
ce que la motion du député de Marguerite-Bourgeoys sera
adoptée?
M. Grégoire: Non, M. le Président. M. Lalonde:
Vote enregistré.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bordeleau (Abitibi-Est)? M. Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grégoire (Frontenac)?
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ouellette (Beauce-Nord)? M. Bertrand (Vanier)? M. Rancourt
(Saint-François)?
M. Rancourt: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
M. Lalonde: C'est cela, ceux qui veulent travailler le vendredi?
Le gouvernement n'est même pas capable d'avoir sa majorité en
commission parlementaire.
M. Bérubé: Ils se sont absentés pour
quelques minutes.
M. Grégoire: Je me rappelle fort bien une motion...
M. Lalonde: Ils étaient deux tout à l'heure.
M. Grégoire: ... présentée par l'Opposition
libérale où il n'y avait aucun libéral pour voter
pour.
M. Lalonde: Oui, mais c'est le nôtre. Il y en avait deux
qui étaient ici, par exemple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Le vote n'est pas terminé.
M. Grégoire: Le résultat a été de six
voix contre zéro et vous n'étiez pas là, personne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
Une Voix: Qu'est-ce qui arrive?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II
arrive que le président doive voter.
M. Grégoire: ... en n'ayant pas notre majorité.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
président, devant un vote égal, peut voter pour, peut voter
contre et peut s'abstenir.
M. Brochu: Seulement une question d'information, une question de
directive. Quand le président est pris comme cela, est-ce qu'on doit
vous faire valoir certains arguments pour éclairer votre lanterne en
tant que juge?
M. Lalonde: Abstention?
M. Grégoire: La motion, n'ayant pas la majorité,
est par le fait même...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
suspends pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 15)
Reprise de la séance à 11 h 21
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! A l'ordre!
Voici! Il se pose un beau problème, en fait,
d'interprétation du règlement.
M. Grégoire: Est-ce qu'on peut donner notre point de
vue?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non! La
décision est rendue; le vote a eu lieu. Tout est terminé.
Maintenant, il faut disposer de la motion d'amendement, c'est tout. C'est le
seul problème qui subsiste.
Or, je ne pense pas que, tel que rédigé, l'article 149
imposait au président l'obligation de trancher la question par un vote
positif ou négatif. Je pense que le président avait le droit de
s'abstenir, ce que j'ai fait. De toute façon, le problème se
soulève pour une première fois. J'aurai des consultations en
temps et lieu et, si la situation revient à d'autres commissions
parlementaires, on verra, à ce moment-là, quelles seront les
opinions qui nous seront émises.
D'autre part, une motion, pour être adoptée, doit obtenir
l'appui majoritaire des membres de la commission parlementaire. Il est donc
manifeste que la motion du député de Marguerite-Bourgeoys n'a pas
été adoptée.
M. Lalonde: De justesse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Donc, le
seul problème qui subsiste est de savoir quel est le sort
réservé à la motion. Est-ce que
celle-ci est encore sur la table? Est-ce qu'elle est encore en
discussion, ou est-ce qu'on en a disposé par le fait qu'elle n'a pas
obtenu la majorité?
Loin de moi l'idée de vouloir trancher, ce matin, ce genre de
problème, puisque c'est quand même un problème important.
Cela va peut-être même causer un précédent. Je n'ai
pas l'intention de prendre de décision là-dessus mais, si
j'avais, par exemple c'est une suggestion que je fais pour mettre fin
temporairement à l'impasse de cette motion le consentement des
membres de la commission, on pourrait peut-être, d'un commun accord, la
mettre de côté, où, du moins, en attendant que j'aie
à rendre une décision définitive après avoir eu des
consultations relativement au sort réservé à la motion. Je
pense...
M. Lalonde: Puis-je faire une suggestion, M. le
Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Lalonde: Peut-être qu'on pourrait, en conformité
avec votre suggestion, suspendre l'étude de l'article 4 et passer
à l'article 5.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
l'article 4 n'est pas terminé. Il reste le dernier alinéa qui n'a
pas été adopté.
M. Bertrand: Ce n'est pas l'article 4 qui fait problème,
c'est l'amendement.
M. Lalonde: Oui, mais l'amendement s adresse à l'article
4, et s'il est encore sur la table...
M. Bertrand: L'article demeure, lui.
M. Lalonde: Je le sais, mais si l'article...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il y aurait moyen de...
M. Bérubé: On va suspendre l'étude de
l'article 4 où on en est rendu tout simplement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais on
peut ne pas adopter, par exemple, l'article 4.
M. Lalonde: C'est ça. M. Bérubé: Bien
oui. M. Lalonde: Et passer à l'article suivant.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais
proposer...
M. Bérubé: Est-ce qu'on ne pourrait pas revenir
à l'article 1?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Un instant! Si on fait le résumé de la
situation, donc, d'ici à lundi prochain, on ne re- parle plus de
l'amendement qui a subi le sort que Ion sait, et je me dois d'appeler le
dernier alinéa de l'article 4; il peut y avoir des amendements de
proposés à ce dernier alinéa qui n'a pas été
adopté, lui.
D'autre part, il y a un consensus également pour que je n'appelle
pas le vote sur l'article 4, qui demeurera ouvert jusqu'à lundi
prochain, quitte à passer à l'étude d'un autre article.
C'est ça, le consensus?
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui?
M. Lalonde: II y a seulement un problème.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Lalonde: On aurait peut-être des modalités
à suggérer au dernier alinéa concernant les fonds de
recherche. Etant donné que notre amendement visait justement la
recherche, ne pourrait-on pas suspendre le dernier alinéa pour passer
à l'article 5?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Grégoire: M. le Président, justement, je voulais
proposer une motion de suspendre l'article 4 pour entreprendre
immédiatement l'étude de I'article 19.
Motion pour suspendre l'étude des articles 4
à 18
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Votre
motion est-elle écrite? Votre motion se lit comme suit: "Je propose de
suspendre les articles 5 à 18...
M. Grégoire: Mettez 4 à 18.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... "4
à 18 pour entreprendre immédiatement létude de l'article
19."
M. Ciaccia: Vous ne voulez pas discuter des articles importants?
Le bâillon... C'est effrayant!
M. Lalonde: Cela est évident.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
déclare cette motion recevable et débattable.
Alors, qui veut parler sur la motion? M. le député de
Frontenac.
M. Lalonde: Un instant. M. le Président, pourquoi?
M. Grégoire: Pour expliquer simplement. L'Opposition nous
a fait valoir à juste titre, il y a quelques jours ou une semaine, qu'il
devrait y
avoir dans le projet de loi un article qui traiterait du paiement, par
la Société nationale de l'amiante, de ses taxes municipales et
foncières. A l'article 19, nous avons justement un amendement à
proposer à cet effet. C'est pourquoi nous voulons donner satisfaction
à l'Opposition avec cet amendement qui avait été
préparé à l'avance. Nous voulons que l'Opposition joue son
rôle et vote pour l'adoption de cet article.
M. Ciaccia: Quoi? Je n'ai pas compris.
M. Grégoire: ... voter pour cet amendement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Avez-vous terminé, M. le député de Frontenac? M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je regrette que le député de Frontenac,
au moment où il nous reste à peine quelques heures de
délibérations sur ce projet de loi, ait tenté de massacrer
le climat de bonne entente qui semblait s'installer à cette commission
ce matin, malgré encore, je vous l'ai dit, la baïonnette que nous
avons entre les deux omoplates, pour réparer une des bévues qu'il
a faites il y a quelques jours en votant contre un amendement de l'Opposition
sur les taxes municipales.
Je le regrette parce que rien ne nous assure que nous aurons l'occasion
d'étudier les articles 5 à 18 inclusivement d'ici la fin de nos
délibérations.
J'aurais, par exemple, beaucoup préféré qu'on
attaque l'étude d'un article aussi important que l'article 11 sur le
fonds social autorisé de la Société nationale de
l'amiante. Tout en admettant que certains des articles qui séparent
l'article 4 de l'article 19 ont un caractère un peu plus technique,
j'aurais surtout bien hâte qu'on aborde l'étude des articles
concernant le financement, donc les articles 11 et suivants, et davantage les
articles 16 et suivants concernant les pouvoirs spéciaux et conditions
d'exercice.
Par exemple, quand aurons-nous l'occasion d'étudier ici l'article
16 si on s'en va directement à l'article 19? Je sais d'ailleurs,
le député de Frontenac ne s'en est pas caché qu'il
veut présenter un amendement, probablement à l'article 19a
concernant les taxes municipales et les ententes. Cet amendement nous a
été lu, sinon déposé par le ministre il y a
quelques jours. Il a été lu plusieurs fois par le ministre en
donnant les raisons pour lesquelles il ne voterait pas pour notre amendement.
Le souvenir que j'en ai m'inspire déjà beaucoup d'objections
quant à l'article 19a, surtout en ce qui concerne les ententes. Cela
ouvrira la porte à toutes sortes de marchandages. On en a
déjà exprimé les premières réactions. (11 h
30)
S il s'agissait d'une correction mineure qu'il faudrait absolument
apporter, à ce moment-là on pourrait la faire avec l'assurance de
revenir à l'article 5 tout de suite et d'aborder les articles 11 et 16
le plus tôt possible. Mais non, il s'agit d'un article de substance et la
seule raison pour laquelle le député l'apporte maintenant, c'est
qu'il veut s'affranchir de l'erreur grossière qu'il a commise en votant
contre cet amendement du Parti libéral il y a quelques jours, qui
aurait, s'il avait été adopté, obligé la
Société nationale de l'amiante à payer des taxes
municipales et scolaires afin de garantir la fiscalité des organismes
municipaux et scolaires où la société aurait eu des
installations.
M. le Président, je pense que cette façon de
procéder est tout à fait inacceptable en principe, parce que cela
bouscule l'examen du projet de loi tel que le gouvernement a voulu nous le
présenter. Il aurait été facile au gouvernement, si
c'était son désir qu'on aborde l'examen de la question des taxes
municipales, de proposer un amendement à l'article 4, mais ce n'est pas
ce que le gouvernement a fait. Il a lui-même choisi de l'inclure
après l'article 19. A ce moment-là, qu'il attende qu'on aborde
l'examen de l'article 19. D'ailleurs, le député de Frontenac n'a
même pas osé justifier sa demande. Il a murmuré, il a
balbutié quelques propos incohérents, à savoir que
c'était son désir qu'on aborde l'article 19, mais il n'a pas dit
pourquoi.
M. Grégoire: Balbutié? Est-ce parce que je n'ai pas
parlé assez fort? Je peux le répéter très fort, si
vous voulez.
M. Lalonde: J'ai entendu un marmottage, M. le Président,
de raisons qui n'en sont pas, de prétextes, simplement, alors qu'il n'a
pas démontré que c'est maintenant, après l'article 4,
qu'il faut absolument aborder la question des taxes municipales. S'il a raison,
qu'il fasse un amendement à l'article 4 et non pas à l'article
19. Pourquoi le fait-il à l'article 19? Probablement parce que cela doit
aller à l'article 19. A ce moment-là, qu'on attende qu'on soit
à l'article 19. C'est le gouvernement qui a fait son lit, c'est lui qui
a fait la structure du projet de loi tel qu'il nous est présenté.
C'est lui qui a mis, avant l'article 18 et avant l'article 19, l'article 5 et
l'article 6 concernant le conseil d'administration; c'est lui qui a inclus la
section III sur le financement avant l'article 19. C'est le gouvernement et le
député de Frontenac qui ont cru bon d'inclure dans le projet de
loi les pouvoirs spéciaux et les conditions d'exercice, aux articles 16
à 18, avant l'article 19.
Pourquoi maintenant nous bousculer alors qu'il nous reste à peine
quelques heures à vivre avec la décision inique du gouvernement
d'hier soir? Il n'y a aucune raison qui a été donnée dans
ce sens-là de la part du député de Frontenac. C'est
absolument inacceptable. Si le député de Frontenac ne veut pas
avoir la collaboration de l'Opposition, tant pis pour lui. C'est malheureux
parce que déjà nos débats étaient lourds à
cause de l'incapacité du gouvernement de répondre à nos
questions. Il aurait été souhaitable qu'on ait le loisir, pendant
les quelques heures qui nous restent, d'aborder des questions importantes comme
le financement, des questions importantes comme les pouvoirs spéciaux de
la société.
Je trouve que c'est absolument inacceptable et cela démontre bien
l'improvisation, le garro-chage que le gouvernement fait avec ce projet, avec
la politique de l'amiante. Tout ce qui importe,
c'est le symbole, ce sont les gestes. C'est tout ce qui importe au
député de Frontenac et j'en suis fort mécontent, parce
qu'il vient de prouver que la guillotine elle-même, pour laquelle je
cherchais des raisons hier et je n'en avais pas trouvé... J'ai
posé des questions, j'ai comparé les situations de la loi 101 et
de la loi 67 avec celle de la loi 70. Pour la loi 101. on avait des
prétextes au moins, il y avait la rentrée scolaire; pour la loi
67, il y avait une date d'entrée en vigueur. Maintenant, pour la loi 70,
il n'y a pas d'urgence, il n'y a pas d'échéance.
Je le sais maintenant. Ce sont les gestes qui vous importent, ce sont
les symboles, le drapeau. Dans votre campagne
pré-référendaire, il vous faut ce drapeau maintenant. Dans
le drapeau, il faut surtout corriger les bévues du député
de Frontenac, parce qu'il est plein de trous, le drapeau. Tous les votes que le
député de Frontenac a pris pour refuser la fonction sociale de la
Société nationale de l'amiante, pour refuser la
récupération des résidus, pour refuser la recherche sur la
santé et la salubrité, pour refuser la relocalisation des
quartiers, pour refuser les taxes municipales et scolaires, tous ces gestes
font des trous dans le beau drapeau de l'amiante.
M. Grégoire: ... des trous.
M. Lalonde: Le député de Frontenac veut boucher un
trou.
M. Grégoire: ... il y en a quatre.
M. Lalonde: II veut boucher un trou, M. le président.
C'est ça qu'il nous invite à faire. Je ne serai pas complice de
cette manoeuvre d'improvisation.
Des Voix: Vote, vote.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Bérubé: On va être en minorité pour
prendre le vote?
M. Ciaccia: C'est absolument incroyable...
M. Grégoire: Ce que je dois comprendre, c'est que
l'Opposition ne veut pas que la Société nationale de l'amiante
paie des taxes aux municipalités? Vous êtes contre maintenant,
quand vous étiez pour tantôt?
M. Ciaccia: Oui, on veut qu'ils paient des taxes.
M. Grégoire: C'est épouvantable.
M. Ciaccia: C'est moi qui ai le droit de parole, M. le
Président.
M. Lalonde: Démagogie, démagogie. Vous avez
voté contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, M. le député de Richmond. Non.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... c'est absolument inacceptable, c'est
incompréhensible pourquoi le gouvernement veut suspendre l'étude
des articles 5 à 18 pour commencer l'étude d'un article que
j'appellerais de moindre importance, qui traite de l'exercice financier, la
date de l'exercice financier, voyons. C'est une niaiserie. Vous pouvez fixer la
date de l'exercice financier n'importe quand. Vous pouvez la fixer aujourd'hui
et la changer le lendemain. Ce n'est pas ça l'important. Que l'exercice
financier finisse le 31 décembre ou le 1er mai ou le 31 avril, ce n'est
pas ça l'important, ce n'est pas ça qu'il est important de
discuter ici. Les articles importants, vous refusez d'en discuter.
M. Grégoire: Ah non!
M. Lalonde: Vous avez peur, vous avez peur.
M. Ciaccia: Vous refusez absolument, vous avez le bâillon.
Là, je vois la stratégie, vous riez... exactement. Je n'ai jamais
vu une malhonnêteté comme ça, M. le Président. Une
telle hypocrisie de la part de ce gouvernement, c'est absolument
épouvantable, c'est scandaleux. Je comprends une autre raison pourquoi
ils ont mis le bâillon.
M. Lalonde: C'est pour ça que le ministre se cache
derrière sa Gazette, d'ailleurs.
M. Ciaccia: Ils ont mis le bâillon parce qu'ils ont
refusé, ils refusent de discuter...
M. Lalonde: Pas le courage de...
M. Ciaccia: Je vais vous donner un article, M. le
Président, dont on devrait discuter avant mardi, un article sur le
financement dont on devrait discuter avant de mettre fin à la commission
par le bâillon.
M. Bérubé: C'est votre faute.
M. Ciaccia: On parle de l'article 13, de l'article 11 sur le
financement de la société, on parle d'une somme de $250 millions.
On voudrait poser des questions sur ces $250 millions; on refuse de le faire.
On suspend l'étude de cet article, on s'en va à l'article 19,
pourquoi? Parce qu'on voit que le bâillon a été
imposé et on n'aura pas le temps de le faire.
M. Bérubé: C'est votre faute.
M. Ciaccia: M. le Président, on voit la
stratégie
du gouvernement. Il n'avait jamais l'intention de discuter de ce projet
de loi. Il a pris plus de temps que nous dans, toutes les discussions. Ce n'est
pas en répétant un mensonge que les gens vont finir par
l'accepter. C'est la tactique de votre gouvernement. Je me souviens que, dans
d'autres pays, ils ont fait la même chose. Dites le mensonge,
répétez-le assez souvent, la population va le croire. Plus le
mensonge est faux, plus c'est scandaleux, plus facile ce sera de le croire.
C'est la tactique de propagande que vous avez. Absolument.
M. le Président, on a imposé le bâillon, le
député de Marguerite-Bourgeoys a donné une raison, cela
fait partie de la stratégie pré-référendaire. Ils
veulent un drapeau, ils veulent sortir le drapeau. Je crois qu'il y a une
raison encore plus sérieuse, c'est le refus total du gouvernement de
discuter les points importants...
M. Bérubé: C'est votre faute.
M. Ciaccia: ... de ce projet de loi.
M. le Président, je demanderais que vous rappeliez le ministre
à l'ordre. C'est un mépris de la commission, ce qu'il fait. C'est
scandaleux, son attitude. On l'a dit en Chambre hier, il ne s'est pas
défendu, le leader parlementaire ne l'a pas défendu non plus,
pour la façon dont il s'est comporté en commission
parlementaire.
Ce n'est pas une farce, dépenser $250 millions, c'est largent des
contribuables. Le moins que vous pourriez faire, c'est de prendre ça au
sérieux.
M. le Président, cela fait partie de la stratégie du
gouvernement de refuser de discuter des points importants de ce projet de
loi.
M. Bérubé: C'est votre faute.
M. Ciaccia: Ce n'est pas pour rien qu'on commence à
l'article 1 ; il y a un certain ordre dans la rédaction du projet de
loi. Tout d'un coup, on nous arrive avec une motion de suspension, parce qu'on
ne veut pas discuter des aspects importants. On ne veut pas discuter du
financement. On ne veut pas discuter de l'article 16. Il donne des pouvoirs
spéciaux ou des conditions d'exercice.
Je me souviens, lorsque le ministre a dit qu'il voulait que la compagnie
soit rentable, il avait justifié l'article 3 où les biens de la
société feraient partie du domaine public. Il disait: Ce sont des
raisons financières pour ne pas affecter le pouvoir d'emprunt de la
société. C'est comme pour HydroQuébec, les biens font
partie du domaine public.
Mais, à l'article 16, il oublie qu'il y a un alinéa qui
limite le pouvoir de cette société pour contracter un emprunt qui
porte à plus de $1 million le total des sommes empruntées par
elle et non encore remboursées.
Ce sont des contradictions flagrantes, dans le projet de loi, qui nous
démontrent le manque de sincérité du gouvernement- M. le
Président, on aurait préféré discuter les articles
importants. Ce n'est pas nous qui avons choisi l'ordre de la rédaction
de ce projet de loi. Le gouvernement, sachant qu'il y a la guillotine, ce qui
est très typique avec le manque de finesse de l'équipement que le
ministre a déposé sur la table, nous amène maintenant
à discuter des articles de moindre importance.
On va voter contre cette motion de suspension, M. le
Président.
Adoption de la motion
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
Est-ce que la motion du député de Frontenac sera
adoptée?
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion du député de Frontenac est adoptée sur
division.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, s'il vous
plaît!
Décision et vote du président
MM. les membres de la commission, j'aimerais, avec votre permission,
revenir sur ce qui s'est passé tout à l'heure, relativement
à l'abstention du président. L'article 10A de notre
règlement dit que le président ne participe pas aux
délibérations de l'assemblée et ne vote pas, sauf en cas
d'égalité des voix.
L'article 149: Le vote en commission a lieu à main levée,
à moins qu'en commission élue un membre demande l'enregistrement
des noms. Le président ne vote pas, sauf en cas d'égalité
des voix.
Tout à l'heure, voyant le nombre égal de parlementaires
à ma gauche et à ma droite, j'aurais pu et je pense que
cela n'aurait pas été correct tout simplement suspendre le
vote. Au lieu de faire cela, j'ai décidé, sur le champ, de
m'abstenir.
La question qui se pose, après consultation, est la suivante:
Est-ce que j'avais le droit de m'abstenir? A partir du moment où on
décide, au cas d'égalité des voix, de donner un vote
à la présidence, c'est certainement dans le but qu'il tranche la
question. En s'abstenant, il ne fait que confirmer cette égalité
qu'il avait déjà constatée.
M. Lalonde: Ne parlez pas de...
M. Bérubé: Retranchez-vous derrière le
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'on peut logiquement et implicitement déduire que les articles 10A et
149 demandent, sans imposer l'obligation, au président de trancher la
question.
M. Bérubé: C'est un argument incisif, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): D'autre
part, on m'a souligné...
M. Bérubé: Faites cela au plus coupant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
qu'effectivement les auteurs, la tradition et la doctrine faisaient en sorte
que, lorsqu'il y avait égalité des voix, le président
devait voter affirmativement ou négativement et non pas s'abstenir, ce
que j'ai fait. (12 h 45)
Les auteurs disent également comment doit voter le
président, sur quels critères il doit se fonder pour apporter un
vote lorsqu'il y a égalité des voix. L'un des principes qui
régissent cette matière, c'est que lorsqu'une motion d'amendement
a pour but de changer ce qu'on pourrait appeler le statu quo, un texte
établi, que le président doit, selon les auteurs encore, voter
pour le maintien du statu quo, de telle sorte que je me demande ce que les
membres de la commission diraient si, après mètre abstenu, ce
que, me semble-t-il, je n'avais pas le droit de faire, j'exerçais mon
devoir et l'obligation implicite que me donne le règlement de trancher
la question en votant soit affirmativement ou négativement à la
motion du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que, M. le Président, vous recherchez
une suggestion de notre part ou des réactions?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non,
c'est que je pense qu'il y a eu une attitude non conforme à l'esprit de
notre règlement. Je pense que je pourrais, à la rigueur,
d'office, non seulement admettre mon erreur, mais voter, ce que je n'ai pas
fait. Pour ne pas brusquer la commission et pour faire cela avec le plus de
consentement possible, je voudrais avoir la permission des membres de la
commission de revenir en arrière sur l'abstention que j'ai eue et
prendre position sur la motion d'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys, non pas sur le fond, non pas sur les arguments, mais en
tenant compte des principes qui nous sont donnés par les auteurs...
Oui, M. le député de Vanier.
M. Bertrand: J'en fais une suggestion. Je l'adresse à
l'Opposition. M. le Président, vous avez tenté tout à
l'heure d'exercer vos responsabilités en interprétant les
règlements comme vous les avez compris et en ne voulant pas vous
impliquer dans un débat où jusqu'à maintenant, vous avez
exercé votre rôle avec beaucoup de dignité et de sens des
responsabilités, tentant de jouer ici le rôle qu'on attend des
présidents, à savoir de faire respecter les règlements et
de faire observer certains principes, entre autres, celui de la
neutralité de la présidence. Je pense qu'on doit vous rendre
hommage pour cela. Vous avez beaucoup de mérite d'ailleurs à le
faire après ces longues heures passées en commission
parlementaire.
Je me demande, M. le Président, si l'Opposition ne serait pas
d'accord... J'en fais une suggestion. Il n'y a pas de règlement
précis là-dessus. Dans le but de protéger non seulement
votre personne, mais de protéger l'institution que vous
représentez et de ne pas créer aujourd'hui ici une situation qui,
dans le fond, ne serait ni à l'avantage de l'Opposition, ni à
l'avantage du gouvernement et qui, dans le fond, desservirait peut-être
jusqu'à un certain point la présidence, est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu, M. le Président j'en fais une suggestion à
l'Opposition officielle qu'on puisse de façon tout à fait
simple, reconsidérer le vote que nous avons pris tout à l'heure
et faire en sorte que nous puissions, ici, maintenant, revenir sur cette
décision et permettre que les membres dûment présents
à cette commission indiquent quel est le sens de leur vote?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, avant l'intervention du
député de Vanier, voici ce que je vous aurais dit: Vous avez pris
vos responsabilités tout au long de cette commission, j'en suis un
témoin. Vous avez agi comme président, je pense,
conformément au règlement en rendant de bons jugements et aussi
avec beaucoup de dignité.
Tantôt, il aurait été facile pour vous de suspendre
vos responsabilités, de fuir vos responsabilités en suspendant le
vote. Vous avez refusé de le faire avec courage. Vous avez
interprété votre devoir d'une façon... Et vous avez encore
le courage de dire que vous vous êtes trompé.
Quant à moi, je vais respecter le vote que vous allez prendre.
S'il est pour la motion, naturellement, j'en serai très heureux. Si, tel
que vous l'indiquez, votre vote est pour le statu quo, ce ne sera pas pour ma
motion, mais je vais le respecter. Je crois toutefois que je reviens
à ce que je vais dire maintenant après l'intervention du
député de Vanier je ne peux pas accepter cette suggestion.
Le député de Vanier vous a lancé des fleurs qui sont
méritées, quoiqu'il ne sache pas, étant donné qu'il
n'a pas été souvent ici... Ce n'est pas de sa faute, il
était ailleurs.
M. Bertrand: On connaît le président de l'actuelle
commission depuis fort longtemps. On sait à quel point...
M. Lalonde: Je peux en témoigner, alors que le
député de Vanier ne peut pas apporter un témoignage aussi
présent.
M. Bertrand: Cela se parle. On a parlé beaucoup du
rendement du président.
M. Lalonde: La présence du député de Vanier,
d'ailleurs, a été un peu regrettée tantôt, surtout
son absence.
M. Bertrand: J'ai été trop habitué à
participer à de telles commissions. Chaque fois que vous participez
à une commission parlementaire, vous, il y a une guillotine qui vient
vers la fin. J'étais, personnellement, un peu fatigué de
participer à de telles commissions parlementaires.
M. Lalonde: Vous n'allez quand même pas m'accuser
d'être "a guillotine prone".
M. Bertrand: II y a comme une corrélation directe entre
votre présence aux commissions parlementaires et le recours du
gouvernement à la guillotine.
M. Lalonde: J'accepte le compliment, à savoir qu'il y a un
rapport direct entre une opposition vigoureuse et ma présence en
commission parlementaire. Je ne peux pas accepter de reprendre le vote. Je
regrette beaucoup pour le député de Vanier qui n'était pas
assis à son siège au moment où le vote a été
pris. Il est arrivé un peu en retard. Il était rouge jusqu'aux
oreilles. Qu'est-ce que vous voulez? Cela fait partie de l'expérience
des jeunes députés! Je ne peux pas l'accepter et j'espère
que vous allez bien comprendre que ce n'est pas pour vous imposer ce que vous
allez faire que je n'accepte pas de reprendre le vote. Cela a été
fait dans l'ordre, suivant les règlements. Vous avez pris vos
responsabilités et je sais que vous êtes capable de les
prendre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui?
M. Brochu: Très brièvement. J'abonde dans le sens
des propos de mon collègue, celui qui vient de prendre la parole
actuellement. Je tiens à souligner mon appréciation
également pour l'attitude que vous avez affichée sur cette
question qui était fort délicate pour vous, qui était
difficile à régler. Je vous félicite et je vous rends
hommage pour votre attitude là-dedans. Cependant, je pense que la
dernière décision que vous avez annoncée est la bonne. En
ce qui me concerne, je demande de maintenir le même vote et que vous
procédiez au vote, comme vous en aviez indiqué l'intention.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Est-ce qu'il y a consentement du côté droit de la
table?
M. Grégoire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends qu'il y a un consentement pour que seul le président puisse
reconsidérer la position qu'il a prise. Erreur avouée, erreur
pardonnée.
M. Lalonde: Presque.
M. Grégoire: A moitié pardonnée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comme le
député de Marguerite-Bourgeoys l'a dit, il aurait
été facile, mais je pense malhonnête de suspendre le vote
pour attendre l'arrivée des députés ministériels,
ce que je n'ai pas fait. D'autre part, je pense avoir commis une erreur dans
une décision que j'ai rendue.
M. Lalonde: De bonne foi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
voudrais dire que je vais voter contre l'amende- ment du député
de Marguerite-Bourgeoys, sans, cependant, que cette décision n'ait aucun
rapport avec le fond, mais tout simplement en adoptant la ligne de conduite ou
la tradition qui nous est dictée par les auteurs de droit parlementaire
en cette matière, suivant laquelle le président non seulement ne
parle pas, mais ne prend pas position sur le fond du débat. Je voudrais
que le vote négatif que je viens d'enregistrer ne soit nullement
considéré comme ayant un rapport avec le fond de la motion, avec
les arguments qui ont été évoqués à
l'avantage ou contre, mais tout simplement en vertu d'une tradition
parlementaire.
M. Lalonde: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion du député de Marguerite-Bourgeoys est rejetée par
quatre voix contre trois.
M. Lalonde: A l'article 19...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion du député de Frontenac ayant été...
M. Grégoire: Elle est adopté.
M. Bérubé: Oui, M. le Président, et je
demande la parole.
M. Lalonde: Oui, elle est adoptée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
adoptée, donc...
M. Lalonde: II faut que vous appeliez l'article 19.
Comptes et rapports
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
j'appelle l'article 19. Est-ce que l'article 19 sera adopté? M. le
ministre.
M. Lalonde: Adopté.
M. Bérubé: M. le Président,
concernant...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: C'est bon, cela. M. Bérubé:
C'est pas pire.
M. Lalonde: On nous accuse de faire un "filibuster". C'est
adopté, l'article 19.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: II est adopté, l'article 19.
M. Bérubé: M. le Président, en effet, nous
avons eu un débat précédemment portant sur le
problème des taxes municipales et scolaires que
devrait payer la Société nationale de l'amiante, ce avec
quoi, comme j'ai eu l'occasion de le souligner je ne m'étendrai
pas sur la question nous étions en entier d'accord. En fait, nous
avions dû prendre la décision, à un moment donné, de
payer ces taxes par le biais d'en-lieux de taxes, comme toutes les autres
sociétés d'Etat le font présentement. En effet, il y a
même eu des amendements à la Loi d'Hydro-Québec, de
manière que celle-ci puisse graduellement se retirer de ce champ de
taxation. Par conséquent, il s'agissait d'être cohérent
avec l'ensemble des lois et de procéder par le biais d'en-lieux de
taxes. Cependant, au cours de l'année, la réflexion du
gouvernement a évolué, dans la mesure où nous avons voulu
modifier les taxes, modifier le régime fiscal des
municipalités.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Si le ministre me permet. Je n'aime pas
l'interrompre, mais je voudrais invoquer la pertinence. On parle de l'exercice
financier de la société qui se termine à la date
fixée par règlement. On est d'accord.
M. Bérubé: M. le Président, il s'agissait
d'un léger préambule qui va me permettre, éventuellement,
d'amener une motion sur l'article...
M. Lalonde: ... le gouvernement; c'est l'Opposition que vous
voulez qui...
M. Bérubé: Sur l'article 19, M. le
Président. M. Lalonde: Sur l'article 19.
M. Bérubé: Alors, M. le Président, par
conséquent...
M. Lalonde: II n'y a pas seulement l'exercice financier...
M. Bérubé: ... disons que je vais le
présenter tout de suite. Cela va éliminer les objections du
député de Marguerite-Bourgeoys, qui sont peut-être
fondées.
Par conséquent, la proposition que j'aimerais faire, M. le
Président, c'est d'insérer un article avant l'article 19, donc,
de remplacer l'article 19 par un nouvel article qui serait, lui,
évidemment, inséré après l'article 18. Ce nouvel
article, qui remplacerait l'article 19 actuel, se lirait ainsi: "La
société doit payer toutes les taxes municipales et scolaires
imposées sur les biens immeubles qu'elle possède.
Néanmoins, la société peut, nonobstant toute disposition
législative au contraire, faire, avec des corporations de commissaires,
de syndics ou d'administrateurs d'écoles, des ententes pour le paiement
des sommes fixes de deniers pour tenir lieu de toutes taxes, contributions,
cotisations et redevances pour services municipaux, quelle que soit la nature
de ces taxes, contributions, cotisations et redevances. "Les ententes conclues
en vertu de l'alinéa précédent entrent en vigueur
dès leur approbation par le gouvernement."
Et, en deuxième partie, évidemment, de cet amendement,
l'article 19 deviendrait maintenant l'article 20 et la numérotation
serait donc ajustée en conséquence.
M. le Président, je pourrais peut-être
déposer...
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, avant même votre question
de règlement, je déclare irrecevable ce nouvel article...
Une Voix: II est irrecevable.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... pour
la raison suivante: Je pense qu'on essaie d'introduire un article 18a, et je ne
pense pas que le moyen choisi soit le moyen conforme au règlement. La
motion principale présentée à l'article 19 est sur un
sujet complètement différent de celui sur lequel porte l'article
19 actuellement. Comme l'article 19 actuel est une motion principale et comme
celle présentée vient complètement l'écarter, je
déclare donc actuellement irrecevable cette...
M. Bérubé: Question de directive, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Bérubé: Pourriez-vous nous indiquer de quelle
façon on peut insérer un article à l'intérieur d'un
projet de loi?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
appelé l'article 19. Vous avez demandé la suspension des articles
4 à 18 inclusivement, et j'ai appelé l'article 19 qui parle de
l'exercice financier. Or, on m'arrive avec un nouvel article 19 qui parle de
taxes municipales. Je pense qu'il est très clair... Je le sentais
dès le début, d'ailleurs. Je vous ai laissé terminer. Je
m'excuse. Je sais fort bien les arguments que vous voulez invoquer...
M. Bérubé: Qu'est-ce qu'on va faire, M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
façon aurait été que votre motion de suspension parle des
articles 4 à 17 inclusivement et qu'on entreprenne l'étude de
l'article 18. Alors à l'article 18, vous auriez pu apporter des
amendements...
M. Bérubé: M. le Président, à
l'article 18. vous auriez soulevé la même objection puisque
l'article 18 porte sur les directives que l'on peut émettre. Par
conséquent...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): On peut
ajouter un alinéa à un article.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que je
pourrais vous faire une suggestion?
Dans ma proposition, qui a été acceptée, j'ai
demandé de suspendre l'étude des articles 4 à 18, à
ce moment-là, maintenant 5 à 18, pour entreprendre
immédiatement l'étude de l'article 19, et rendu à l'appel
de l'article 19, que la forme soit changée pour que le ministre
présente le projet de loi de la façon suivante, à l'appel
de l'article 19. La motion serait la suivante, demandant "que le projet de loi
constituant la société nationale de l'amiante soit modifié
en insérant, après l'article 18, le suivant...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Non...
M. Grégoire: A l'appel de l'article 19...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Non...
M. Lalonde: ... une directive.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! J'ai...
M. Grégoire: M. le Président, si vous voulez me
laisser terminer...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, s'il vous plaît!
M. Grégoire: Est-ce que je pourrais parler sur la
recevabilité de cet amendement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Il est coutume, et le député de Vanier est
là pour en rendre témoignage, au bill 67 entre autres, et le
député de Marguerite-Bourgeoys aussi, que lorsqu'un ministre
propose un nouvel article, celui-ci devient une motion principale qui vient
remplacer l'ancien article 19. Or, là, on n'est pas entre les articles
18 et 19. Conformément à la motion qui a été
adoptée, nous sommes à étudier l'article 19. J'ai
appelé l'article 19. J'ai demandé si l'article 19 était
adopté, et le ministre a demandé la parole pour présenter
un amendement...
M. Bérubé: ... qui remplace l'article 19 actuel par
cet article-ci.
M. Grégoire: M. le Président, si vous m'aviez
laissé finir mon exposé sur l'article 19...
Le Président (M. Vailancourt, Jonquière): Je
ne...
(12 heures)
M. Brochu: M. le Président, sur une question de
règlement.
M. Grégoire: Je suis sur une question de...
M. Brochu: Une fois qu'une décision a été
rendue par la présidence, un député n'a pas le droit de
revenir. Je pense que le député de Frontenac, indirectement,
essaie de revenir sur la décision que vous avez rendue avec sagesse et
avec justice en vertu du règlement tout à l'heure.
M. Grégoire: Ce sera toujours la même chose si on ne
nous laisse pas terminer nos explications sur la recevabilité d'une
motion. Si vous m'aviez laissé terminer...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, elle est manifestement irrecevable puisqu'en
vertu de nos règlements...
M. Grégoire: Est-ce que je peux continuer mon
explication?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
...l'article 19 actuel est déjà une motion principale. Le projet
de loi a été adopté en deuxième lecture. Nous
sommes, ici, à l'étudier article par article...
M. Grégoire: ... pour l'obligation du président de
voter. On ne m'a pas laissé parler et on est revenu sur sa
décision.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac...
M. Grégoire: Je voulais expliquer quelque chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
...actuellement, on s'en vient écarter totalement, avec cette motion, la
motion principale de l'article 19. C'est contraire à l'article 70 de
notre règlement. Je ne parle pas des principes, parce que je n'ai pas
assez étudié la motion pour savoir si c'est un principe, mais je
rappelle une décision qui fait jurisprudence et qui a été
rendue par le député de Vanier relativement à un nouvel
article au bill 67. Il a rendu un très long jugement, très
étoffé. Je ne pense pas que le cas soit identique ici...
M. Lalonde: C'est vrai.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
très bon jugement, je pense oui. En vertu de nos règlements, un
très bon jugement. Je ne pense pas que le cas soit analogue ici. De
toute façon, il suffit de dire que l'article 70 ne nous permet pas
d'écarter une motion principale. Or, l'article 19 actuel est une motion
principale.
M. Ouellette: M. le Président, une question de directive.
Est-ce à dire que, selon vos explications, nous devons adopter l'article
19 avant de procéder à un tel amendement?
M. Grégoire: L'article 18.
M. Ouellette: On a mis de côté l'article 18. En
d'autres mots, pourrait-on arriver avec un amende-
ment tel que celui présenté ici et jugé recevable
immédiatement après l'article 19?
M. Lalonde: M. le Président, une question de directive, si
vous le permettez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Lalonde: Je ne pense pas que cela soit au président de
dire au gouvernement quand apporter ses amendements. Si vous acceptez quand
même de donner une directive dans ce sens, j'aimerais vous rappeler que,
pour répondre affirmativement à la demande du
député de Beauce-Nord, il faudrait prendre connaissance du fond
de l'amendement, à savoir s'il est conforme à la motion
principale qui est l'article 19.
Quant à moi, je ne pense pas, parce qu'on est dans la section V,
Comptes et rapports, mais enfin... C'est une question de fond qui vous est
posée.
M. Ouellette: Merci, M. le Président!
M. Lalonde: Je n'ai pas décidé, mais j'ai
exposé mon point de vue.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II est
sûr que l'article 19 peut être amendé et sous-amendé,
sauf que manifestement on veut présenter un article qui serait entre les
articles 18 et 19 et non pas amender l'article 19. D'ailleurs, je ne peux pas
ignorer déjà qu'à cette commission parlementaire on a
parlé d'un article 18a. Cela fait partie des débats et je l'ai
encore en tête.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais vous
demander une directive.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Grégoire: Je me basais sur un précédent
qui a été créé ici. Lors de l'appel de l'article 1,
il y a eu une motion présentée par le député de
Saint-Laurent ou par le député de Marguerite-Bourgeoys je
ne me rappelle trop par qui demandant que nous fassions
comparaître différents groupes. A ce moment, c'était
à I'appel de l'article 1; on nous a dit que c'était avant
l'article 1, mais à lappel de I'article 1. On n'a pas discuté
à ce moment de l'article 1, mais de la motion préliminaire. On
nous a permis également, à l'appel de l'article 4, des motions
préliminaires demandant des dépôts de documents.
Or, à l'heure actuelle, à l'appel de l'article 19, il y a
une motion demandant de modifier non pas l'article 19, mais le projet de loi.
C'est ce que je voulais vous expliquer. On ne vous demande pas dès
l'appel. Le premier qui a levé la main et qui a été
reconnu par vous, c'est le ministre, et il a demandé, à l'appel
de l'article 19, de modifier le projet de loi, pour y insérer...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Je crois, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... vous
avez présenté une motion qui a été adoptée,
qui demande de suspendre l'étude des articles 4 à 18 pour
entreprendre l'étude de l'article 19. J'ai appelé l'article
19...
M. Grégoire: Mais à l'appel. Comme vous aviez
appelé...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J ai
demandé le vote sur l'article 19...
M. Grégoire: Vous l'avez appelé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
demandé le vote également et le ministre a demandé la
parole après que j'eus demandé le vote.
M. Bérubé: J'ai demandé la parole.
M. Grégoire: ... avant que vous ne demandiez le vote.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Bérubé: J'ai demandé la parole bien avant
que vous ne demandiez le vote même. A plusieurs reprises, j'ai
demandé...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De toute
façon, vote ou pas vote, c'était mon devoir d appeler l'article
19.
M. Grégoire: Oui. Très bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Bon. J
ai appelé l'article 19 et le ministre a demandé la parole sur
l'article 19...
M. Grégoire: ... à l'appel.
M. Lalonde: Oui, mais même à cela...
M. Ciaccia: ... cela fait partie de la motion.
M. Grégoire: ... et tout comme à l'appel...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît. Ce que le ministre peut faire, c'est de présenter un
amendement à l'article 19 qui, en vertu des décisions des
présidents devient lui-même, parce qu'il est
présenté par le ministre, une motion principale. Il est
arrivé régulièrement pour les projets de loi 67 et 101 que
des ministres proposent des amendements qu'on considérait comme des
motions principales pour pouvoir permettre aux membres de la commission
parlementaire de
présenter des amendements et des sous-amendements. Mais il y a
quand même notre règlement qui est encore là; l'article 70
existe encore et il faut qu'il y ait un certain rapport entre l'amendement
parce que, de prime abord, c'est un amendement... On le considère comme
motion principale pour permettre, en fait, aux oppositions de pouvoir amender
et sous-amender. Il faut qu'il y ait un certain rapport entre le nouvel article
qui est proposé par le ministre et l'article que l'on veut remplacer.
Or, dans le cas présent, il n'y a manifestement aucun rapport entre le
nouvel article 19 et l'article 19 actuel.
M. Grégoire: M. le Président, si vous permettez,
pour préciser un peu ma pensée, justement, à l'appel de
l'article 19, le ministre a immédiatement demandé la parole.
Avant même que le vote soit demandé, immédiatement, il a
demandé la parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Grégoire: C'est là qu'il a
présenté une motion principale qui était non pas... Est-ce
que je peux terminer?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, vous faites des erreurs. Est-ce que je peux
vous corriger?
M. Grégoire: J'ai fait une erreur avant même que je
dise ce que je voulais dire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De toute
façon ma décision est rendue. Je vous dis que de prime abord
toute motion présentée par le ministre est, à toutes fins
que de droit, une motion d'amendement à l'article 19, mais que la
tradition veut que depuis 18 mois au moins, nous considérions ces
motions, en commission parlementaire, lorsqu'elles sont
présentées par le ministre, comme des motions principales,
même si, effectivement, ce sont des amendements à l'article
19.
M. Bérubé: M. le Président, une question de
directive. Est-ce qu'une motion à l'effet de renuméroter
l'article 19 et de lui conférer le numéro 20 peut
représenter un amendement à l'article 19?
M. Brochu: ... être conséquent, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que vous permettez que
j'aie là-dessus...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
vois pas que...
M. Lalonde: Le numérotage vient après l'adoption
des articles.
M. Grégoire: Le point est le suivant, M. le
Président. Je crois que ce n'était pas un amendement secondaire
que proposait le ministre. C'était une motion principale demandant un
amendement non pas à l'article 19, mais au projet de loi 70.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ecoutez,
M. le député de Frontenac, j'ai une motion qui a
été adoptée me demandant d'étudier l'article
19.
M. Grégoire: A l'appel...
M. Bérubé: M. le Président, j'ai...
M. Ciaccia: Cela avait été fait par cette
motion-là, je ne comprends pas.
M. Lalonde: M. le Président, pour suivre strictement les
directives du ministre, je pense que c'est pertinent...
M. Ciaccia: La motion a été appelée...
M. Lalonde: ... on ne peut pas changer le numérotage d'un
article avant qu'il n'y ait l'adoption d'un autre article qui exige ce
renumérotage. Si votre motion était, au départ, de changer
le numéro 19 par le numéro 20, ce serait irrecevable parce qu'il
n'y aurait plus de no 19. Traditionnellement d'ailleurs le
président s'en souvient, et ceux qui ont présidé à
des commissions s'en souviennent lorsqu'on ajoute un article... Si, par
exemple, on avait abordé l'article 18 et qu'après l'article 18,
le ministre avait proposé l'article 18a ou un nouvel article, à
ce moment-là, mais par voie de conséquence et après
l'adoption de cet article, le président aurait été
obligé, même sans motion, je pense, de renuméroter les
articles suivants.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais alors,
reconnaissant l'erreur de procédure que j'ai faite tout à
l'heure, proposer de suspendre l'étude des articles 4 à 17
pour...
M. Ciaccia: On a une motion.
M. Lalonde: Une minute.
M. Grégoire: Elle a été
déclarée...
M. Lalonde: On est rendu à l'article 19, je suis pour cet
article, moi.
M. Grégoire: On va suspendre l'étude de l'article
19 pour procéder à l'étude de l'article 18 et plus
spécifiquement, comme vous l'avez mentionné, 18a, étant
donné que nous avons un amendement à présenter
là.
Une Voix: Ce n'est pas du parchési qu'on joue ici.
M. Lalonde: Je pense que cela commence à être de
l'enfantillage.
M. Grégoire: C'est cela que vous vouliez avoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que le député de...
M. Grégoire: C'est une question de procédure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, s'il vous plaît.
M. Lalonde: C'est emberlificoté, c'est
mêlé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît. Je pense que le député de
Marguerite-Bourgeoys a dit quelque chose que je disais également, mais
il l'a dit peut-être de façon plus claire. Si nous avions
étudié l'article 18 et qu'il avait été
adopté, rien, je pense, n'aurait empêché le ministre
ce qui est arrivé souvent, dans l'étude article par article
d'arriver et de proposer, après l'article 18, un nouvel article
qui, s'il ne va pas contre le principe du projet de loi, devient une motion
principale, un nouvel article, et à ce moment-là, le
numérotage est changé en conséquence. Mais il était
de mon devoir, à partir du moment où votre motion était
adoptée, d'appeler l'article 19. Je ne suis pas entre deux articles; je
suis à l'article 19 et l'article 19 constitue une motion principale.
Tout amendement apporté à l'article 19 doit s'y rapporter.
M. Bérubé: M. le Président, j'accepte.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Enfin!
M. Bérubé: J'accepte votre décision
basée sur une connaissance plus précise des règlements que
la nôtre. Veuillez excuser notre inexpérience. M. le
Président, compte tenu de vos réflexions sur la procédure,
je demanderais que nous suspendions l'article 19 et que nous étudiions
l'article 18 à ce moment-là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
présentez une motion visant à suspendre l'article 19...
M. Bérubé: Pour passer à l'article 18,
conformément à l'opinion que vous venez d'émettre.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'on a une
motion?
M. Grégoire: Oui, la motion vise à suspendre
l'article 19 pour étudier l'article 18.
M. Lalonde: Vous êtes bien sûr? M.
Grégoire: Oui.
M. Lalonde: Est-ce que ça marche? C'est sûr que vous
pensez comme ça?
M. Grégoire: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, pour la première fois...
M. Bérubé: C'est la suggestion que vous venez de
nous faire.
M. Grégoire: ... vous aurez peut-être l'occasion de
faire des gorges chaudes, mais ce n'est qu une question de procédure et
je me réjouis de vous donner cette occasion. Cela vous permettra de vous
défouler sur ce que vous avez enduré depuis déjà
six semaines.
M. Lalonde: Je n'y manquerai point.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre.
M. Bérubé: Cela permettra, M. le Président,
de démontrer que le député de Marguerite-Bourgeoys
connaît certainement sa procédure à fond. Quant au fond du
projet, c'est une autre chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît. M. le député de Vanier avait
demandé la parole tout à l'heure.
M. Bertrand: Non, je m'excuse, M. le Président, puisqu'une
nouvelle motion vient d'être présentée et qu'elle demande
de suspendre l'étude de l'article 19 pour revenir à
l'étude de l'article 18.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
déclare la motion recevable.
M. Lalonde; M. le Président, je demande la parole
là-dessus. On n'a pas de texte, mais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Lalonde: ... le texte de la motion que nous venons d'adopter
était, de toute façon, scribouil-!é sur un bout de papier.
Cela démontre bien limprovisation de ce gouvernement dans tout ce projet
de loi et dans ce débat qui n'en a pas été un.
Après que la guillotine a été votée par ce
gouvernement, alors que, devant le ministre, il y a le symbole du bâillon
qui est imposé à notre commission, bâillon que le
député de Frontenac a appuyé de toutes ses forces hier,
bâillon pour lequel le ministre a voté et aussi tous les
députés ministériels autour de cette table, probablement
je ne sais pas s'ils étaient tous là hier soir pour voter
en faveur du bâillon, mais ils s'en réjouissent alors que
nos heures sont comptées au compte-goutte, voilà ce gouvernement
qui, depuis une demi-heure, trébuche, s'emberlificote, démontre
que notre débat actuel est le résultat de l'improvisation et du
manque de préparation du gouvernement. M. le Président, c'est
scandaleux. On devrait en rire, si cela n'était pas si triste.
M. Grégoire: On peut demander une suspension de quelques
minutes pour nous permettre de rire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
n'êtes pas à votre siège.
M. Lalonde: Je n'ai pas...
M. Grégoire: S'il veut rire, on peut suspendre pour trois
minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît. Vous n'êtes pas à votre
siège, M. le député de Frontenac, s'il vous
plaît.
M. Lalonde: Le manque de tenue de cette commission, non pas
à cause de vous, M. le Président, car vous avez tenté
d'imposer une dignité au débat, mais à cause du
gouvernement, a imposé cette farce qu'on a vue depuis des semaines,
où on nous a apporté un projet de loi qui était
improvisé. Là, l'amendement du député de Frontenac,
ou plutôt du ministre, a été mal placé, la motion de
suspendre les articles...
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre veut continuer à dire
que c'est notre faute en disant que durant notre...
M. Lalonde: Le "filibuster ", c'est nous autres. La
dernière demi-heure qu'on vient de perdre, c'est la faute du
gouvernement, voyons.
M. Bérubé: M. le Président, le
député de Mont-Royal vient de me poser une question.
M. Lalonde: Je pardonnerais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Sur la motion.
M. Lalonde: Je pardonnerais, je serais très indulgent,
naturellement, s'il ne s'agissait que d'une occasion exceptionnelle, une erreur
de parcours, cela arrive dans les meilleures familles. On parlait de vie
familiale tantôt, M. le Président. Cela pourrait arriver dans les
meilleures familles. Mais c'est simplement la continuation de tout ce qu'on a
vu depuis le commencement. (12 h 15)
M. Grégoire: II y a quelque chose. Qu'est-ce que vous avez
ce matin, de parler de vie familiale? Est-ce qu'il y a quelque chose qui
vous...?
M. Lalonde: Oui, c'est la lecture de la lettre du premier
ministre au pape.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Sur la motion.
M. Lalonde: Voulez-vous la lire? Lisez cela et, ensuite, vous
pourrez vous agenouiller et réfléchir sur ces valeurs
fondamentales qu'est la vie familiale, pour le premier ministre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ouellette: Elle commence par: Cher Claude...
M. Lalonde: Vous n'étiez pas ici quand on en a
parlé tout à l'heure.
M. Ouellette: M. Lévesque écrit à M. Ryan
comme cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: M. le Président, je pense que c'est du devoir
de l'Opposition de rappeler le gouvernement à l'ordre, cette fois-ci, de
le rappeler à l'ordre de façon sérieuse. Nous avons un
projet de loi à étudier, nous sommes rendus à l'article 5.
Nous l'avons suspendu pour aborder l'article 19. Nous avons plaidé
contre cette motion tout à l'heure, mais elle a été
adoptée. C'est la volonté de la commission.
Nous sommes donc rendus à cet article 19 qui dit: "L'exercice
financier de la société se termine à la date fixée
par règlement du gouvernement qui doit être publié dans la
Gazette officielle du Québec."
C'est dans la pertinence, M. le Président, parce qu'on me demande
actuellement de ne plus considérer cet article, alors qu'on a
plaidé tantôt, on a imposé, par la majorité, la
volonté du gouvernement d'aborder l'étude de cet article. Je ne
vois pas pourquoi on ne l'examinerait pas maintenant. Ce n'est pas un article
tellement sorcier. Qu'est-ce que le député de Frontenac a
à l'encontre de l'article 19? Pourquoi a-t-il peur d'aborder l'article
19? Est-ce qu'il voit là des pièges?
M. Ciaccia: On va avoir une autre suspension après.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y a là des coûts
cachés? Est-ce que le gouvernement ne veut plus avoir la
responsabilité de déterminer la date fixée pour l'exercice
financier? C'est peut-être cela. Le gouvernement démissionne de
ses responsabilités, M. le Président?
M. Ciaccia: II n'aime pas le mot "Gazette" dedans.
M. Lalonde: Si le député de Frontenac... M.
Ciaccia: C'est un mot anglais, "Gazette". Une Voix: On pourrait
en discuter.
M. Lalonde: Le chat est sorti du sac. C'est le mot "Gazette".
C'est la faute aux Anglais, encore.
M. Grégoire: Vous devriez dire plutôt les masques
sont tombés. Ce serait encore plus fort.
M. Lalonde: C'est la faute aux Anglais si on ne
peut pas aborder l'article 19. On sait que le député de
Frontenac est avare de motion. Heureusement, parce que la seule qu'il a faite
jusqu'à maintenant, c'est le fiasco le plus complet. Pourtant, on lui a
donné la chance de faire des motions de sous-amendement à nos
amendements. Il a l'occasion d'en faire une s'il n'aime pas l'article 19.
M. Grégoire: Voyez ce qui arrive lorsqu'ils sont mal
faits.
M. Lalonde: II veut peut-être changer le mot gouvernement '
par les mots "Opposition officielle". D'accord, on va faire cela nous autres.
On va déterminer la date de l'exercice financier, facilement, si c'est
cette responsabilité qui lui fait peur. Il ne sait peut-être pas
ce que c'est qu'un exercice financier, le gouvernement. Faites des motions
d'amendement, changez ce qu'il faut, on ne fera pas d'opposition
systématique, comme on n'en a pas fait, d'ailleurs, depuis le
début. On va discuter virilement et vigoureusement cet article 19. Je ne
vois pas quelle est la crainte que le député de Frontenac a
à l'encontre de l'article 19.
M. Grégoire: C est un amendement mal fait, n'est-ce pas?
... comme celui que vous avez fait retirer.
M. Lalonde: Mais étant donné cette erreur
lamentable, pitoyable...
M. Grégoire: C'est vrai.
M. Lalonde: ... du député de Frontenac et du
ministre qui a approuvé...
M. Grégoire: Non, c'est la mienne, je le prends sur moi
tout seul. C'est vrai que c'est lamentable et pitoyable, je l'admets.
M. Lalonde: ... du gouvernement et des députés
ministériels qui n'ont même pas été capables de
protéger leur président en ayant une majorité à
cette commission, lors d'un vote tantôt; c'est épouvantable cela
aussi.
M. Grégoire: Je l'admets, c'est épouvantable.
M. Lalonde: Etant donné la faiblesse de ce gouvernement,
étant donné les erreurs répétées qu'ils
font, c'est une autre trouvaille du siècle d ailleurs, je pense, du
député de Frontenac...
M. Grégoire: Ce n'est pas la trouvaille de la commission.
J'admets cela aussi, ce n'est pas la trouvaille de la commission.
M. Lalonde: Ah!
M. Grégoire: C'est lamentable et pitoyable.
M. Lalonde; J'ai tenté, pour empêcher le
gouvernement de faire une autre erreur, de s'embourber encore dans le
débat comme il le fait depuis des semaines, d'amender cette motion pour
revenir à l'article 5. Ce serait facile. J'aurais simplement à
dire de remplacer le chiffre 18 par le chiffre 5. A ce moment-là, je
pourrais vous donner beaucoup d'arguments pour un retour au bon ordre de nos
débats, juste avant que le député de Frontenac se
mêle d'enfarger notre procédure.
M. Grégoire: Pourquoi par l'article 4?
M. Lalonde: L'article 4? Il est suspendu. On peut revenir au no 4
même. Le député de Frontenac vient de proposer un
sous-amendement pour revenir à l'article 4. Est-ce son désir?
Non.
M. Grégoire: Non, non!
M. Lalonde: Non. Je vais le laisser réfléchir sur
cet amendement possible que je vais peut-être faire.
M. Grégoire: C'est l'épée de
Damoclès. M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Richmond, est-ce que vous voulez prendre la parole?
M. Brochu: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Bertrand: Ne vous battez pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Bertrand: Ne vous battez pas.
M. Brochu: Je regarde cela avec plaisir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II est
sage ce matin. Comme d'habitude d'ailleurs.
M. Ciaccia: On voit, M. le Président,
l'incompétence totale de ce côté de la table quant à
ce projet de loi. On nous fait des motions de suspension. On ne nous dit pas
les raisons. On I'avait demandé au député de Frontenac,
pourquoi suspendre les articles 5 à 18? On lui avait donné I
occasion de nous expliquer cela. Il ne l'a pas fait. Qu'on accepte de discuter
l'article 19. On avait beaucoup de raisons pour lesquelles on aurait dû,
en priorité, discuter de points beaucoup plus fondamentaux que celui de
l'exercice financier du gouvernement.
On voulait discuter de la question de financement. On voulait discuter
des pouvoirs de la société. On aurait voulu questionner et avoir
certains détails sur les $250 millions, la méthode de
financement, l'échelonnage, l'échéancier. On a
refusé. On nous a imposé de discuter I'article 19, un article, je
I'avoue, dont nous-mêmes, I'Opposition officielle, avions dit qu'il n'est
pas un article important; l'exercice financier de la société, pas
du tout. Maintenant qu'on en vient à discuter sur
l'article 19, qu'on est d'accord, le gouvernement dit "non", on va
suspendre l'étude de l'article 19. Le gouvernement ne veut pas discuter
du tout du projet de loi. Vous ne voulez pas du tout chaque fois qu'on est
d'accord avec vous. C'est le premier amendement que vous avez fait. C'est le
premier amendement, je pense, qui a été proposé par le
député de Frontenac. Combien de fois nous a-t-il menacé de
faire des amendements? Combien de fois le député de Frontenac
hier, on nous a accusé d'avoir apporté 40 motions
sur ces motions nous a-t-il fait le reproche que ce n'était pas bien
rédigé, que cela ne disait pas ce qu'il aurait voulu que cela
dise?
M. Lalonde: Un vote.
M. Brochu: Vote enregistré.
M. Ciaccia: Finalement, on a donné l'occasion au
député de Frontenac d'apporter un amendement.
M. Ouellette: Me permettez-vous une remarque?
Il y a une contradiction dans ce que vous dites. Vous nous reprochez de
ne pas vouloir étudier l'article 19, parce qu'on a suggéré
d'en suspendre l'étude, mais remarquez que lorsque le président a
appelé l'article 19, spontanément, le député de
Marguerite-Bourgeoys a dit: Adopté.
M. Lalonde: On est prêt à l'adopter tel quel.
M. Ouellette: C'est donc dire que vous non plus, vous
n'étiez pas intéressé à discuter cet article.
M. Lalonde: Pour moi, il est clair et très bien.
M. Ouellette: Comment osez-vous alors nous reprocher des choses
que vous faites vous-mêmes? On parle d'étude.
M. Ciaccia: M. le Président, on est prêt à
adopter l'article 19.
M. Lalonde: Puisque c'est le désir de la commission.
M. Ciaccia: C'est le désir...
M. Ouellette: Alors, vous n'avez pas besoin vous non plus de le
discuter, puisque vous voulez l'adopter. Pourquoi nous reprochez-vous de ne pas
vouloir l'étudier?
M. Ciaccia: Non, on n'a pas besoin de le discuter, mais vous
voulez le retirer. C'est parce que c'est vous qui l'avez... Est-ce que vous
êtes au courant de ce qui se passe ici?
M. Ouellette: Bien sûr.
M. Ciaccia: On vous reproche de ne pas vouloir l'étudier.
Vous venez de faire une motion de suspension pour l'article 19. On n'a pas
raison de vous reprocher de ne pas vouloir le discuter, de ne pas vouloir le
faire adopter?
M. Ouellette: Alors, reprochez-nous de ne pas vouloir le faire
adopter.
M. Lalonde: M. le Président, une question de directive. Il
y a des interruptions. Il y a un caucus là-bas. Est-ce qu'il y aurait
moyen de rappeler le député de Bourassa, s'il vous plaît?
Depuis qu'il n'est plus à cette commission, c'est le chaos.
Une Voix: Avant d'être K-O.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne comprends pas la
logique du député de Beauce-Nord. On vous reproche de ne pas
vouloir discuter l'article 19. Est-ce que vous savez je ne veux pas vous
faire une leçon de procédure qu'il y a une motion devant
nous, proposée par le député de Frontenac, pour suspendre
l'étude de l'article 19?
M. Ouellette: Oui, j'en suis conscient, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pourquoi votre question, alors?
M. Ouellette: Si vous voulez nous adresser des reproches, prenez
les mots qui conviennent. Reprochez-nous de ne pas vouloir adopter
l'article...
M. Ciaccia: On vous reproche de ne pas vouloir discuter.
M. Ouellette: ... mais ne nous reprochez pas de ne pas vouloir
l'étudier, puisque vous-mêmes, vous étiez prêts
à l'adopter sans étude.
M. Lalonde: Vous ne voulez pas l'adopter? C'est vrai que vous ne
voulez pas l'adopter.
M. Ouellette: C'est une autre affaire.
M. Ciaccia: Vous ne voulez pas l'adopter, vous ne voulez pas le
discuter, je ne sais pas ce que vous voulez faire. Vous ne voulez rien faire.
On vous apporte des motions d'amendement et c'est non. On vous demande des
renseignements, on nous répond: Vous les avez déjà. Les
rapports sont en dehors de cette Chambre. Vous citez toutes sortes
d'études que vous cachez peut-être en arrière de vos
sièges. On ne sait pas ce que vous voulez. Vous voulez le baîllon
et, après cela, vous voulez discuter, vous faites des suspensions
d'articles. C'est la confusion totale que vous semez dans cette commission. On
voudrait vraiment savoir vos intentions. Vous nous faites des menaces. Ce n'est
pas assez d'avoir imposé le baîllon hier. Aujourd'hui, vous nous
intimidez avec vos petits enfantillages. Est-ce que vous savez vous-mêmes
ce que le député de Frontenac et le ministre veulent?
M. Ouellette: Oui, je le sais très bien. Vous avez une
motion écrite...
M. Lalonde: Dites le nous. M. Ciaccia: Expliquez le nous.
M. Lalonde: Expliquez-nous ça.
M. Ouellette: On vous a lu une motion d'amendement, qui a
été jugée irrecevable pour de simples technicités.
Le ministre cherche le moyen d'introduire à nouveau cette motion pour
qu'elle soit, à ce moment-là, jugée recevable. Ce n'est
que cela.
M. Lalonde: Elle sera peut-être encore irrecevable. On
verra.
M. Brochu: On verra.
M. Ciaccia: On reviendra à ça.
M. Brochu: Parce qu'on a déjà
présenté la même motion et ils l'ont rejetée.
C'était à un autre article où elle était beaucoup
plus recevable que ça.
M. Ouellette: Si cet amendement n'est pas recevable en dehors du
chapitre précédant l'article 19, il n'était pas plus
recevable au moment de l'étude de l'article 4 ou de l'article 5.
M. Lalonde: Pardon! J'aurais quelque chose a dire
là-dessus, M. le Président.
M. Ouellette: Je ne suis pas le président, mais c'est le
jugement que je porte.
M. Lalonde: Est-ce que le député, si le
président me le permet, sait lire l'article 63? Je lis le premier
paragraphe. "Une motion ne doit pas soulever une question identique au fond
à une question dont l'Assemblée a décidé pendant la
session en cours, à moins qu'elle n'indique des faits nouveaux".
J'invoquerai ça sur la recevabilité de l'amendement, parce qu'on
a déjà fait une motion pour que la société paie des
taxes municipales.
Le Président (M. Bertrand): Non pertinent.
M. Lalonde: Vous avez voté contre. C'est la proposition du
député de Beauce-Nord.
Le Président (M. Bertrand): Revenons au sujet de la motion
qui est devant nous, messieurs.
M. Ouellette: II faut donner une réponse au
député de Mont-Royal, pardon!
M. Ciaccia: M. le Président, je ne voudrais pas que les
propos du député de Beauce-Nord soient une critique de la
présidence, parce que, franchement...
M. Ouellette: D'aucune façon.
M. Ciaccia: ... je peux témoigner du sens des
responsabilités et de l'impartialité de la présidence
durant nos débats à cette commission.
M. Ouellette: J'endosse vos propos.
M. Ciaccia: ... tous l'ont fait d'une façon digne, autant
le président qui était ici avant le député de
Vanier, que celui-ci. Je peux même témoigner de
l'impartialité, du sens de la dignité et des
responsabilités du député de Vanier quand il est
président, lui aussi. J'ai assisté à beaucoup d'autres
commissions. Je ne voudrais pas que le député de Beauce-Nord
fasse la moindre critique à la présidence, parce que ce n'est pas
du tout justifié.
M. Ouellette: Je n'ai pas le droit de soulever une question de
privilèges, mais j'aimerais que vous précisiez les critiques que
j'ai pu adresser à la présidence.
M. Ciaccia: Non, il nous a semblé que vous critiquiez.
M. Ouellette: On parle de technicités.
M. Ciaccia: J'ai interprété vos paroles. Les
questions de technicités, c'est une critique de la présidence.
Vous voulez dire que peut-être cela aurait dû être
adopté, cela aurait dû être reçu, mais qu'on s'est
caché derrière quelques règlements. Je ne voudrais pas que
ce soit interprété de cette façon-là.
M. Ouellette: Ah, pas du tout!
M. Ciaccia: Cela ne l'est pas? Je vais prendre votre parole.
M. Rancourt: Cela ne l'est sûrement pas.
M. Ouellette: Est-ce à dire que, lorsqu'il y a un
problème technique, cela suppose que la présidence ne fait pas
son travail? Ce ne serait absolument pas correct.
M. Ciaccia: M. le Président, moi, je vais voter contre la
deuxième ou la troisième motion de suspension.
M. Lalonde: On ne le sait plus au juste. Je pense que c'est une
motion pour suspendre le gouvernement qu'on devrait adopter.
Le Président (M. Bertrand): Irrecevable, messieurs!
M. Lalonde: On va songer sérieusement, par exemple,
pendant le congé de la fin de semaine, peut-être, à amender
cette motion pour revenir à l'article 4 tout simplement.
Je demande l'ajournement, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Alors, la commission ajourne
ses travaux à lundi 15 heures.
(Fin de la séance à 12 h 29)