Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude des crédits du ministère des
Richesses naturelles
(Dix heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des richesses naturelles est réunie pour
l'étude des crédits budgétaires 1978/79.
Les membres de cette commission sont: M. Bérubé (Matane),
M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu (Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M.
Grégoire (Frontenac). M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt
(Saint-François), M. Raynauld (Outremont).
Les intervenants sont: M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Garneau
(Jean-Talon), M. Godin (Mercier), M. Landry (Fabre), M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue), M. Léger (Lafontaine), M.
Lèves-que (Kamouraska-Témiscouata), M. Paquette (Rosemont), M.
Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Est-ce qu'il y aurait une proposition pour nommer un rapporteur?
M. Bérubé: M. Bordeleau?
Le Président (M. Laplante): M. Bordeleau (Abitibi-Est),
adopté?
Maintenant, M. le ministre, comme il est coutume, depuis le début
de l'étude des crédits de chaque ministère, auriez-vous
des documents à déposer?
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): ... au début des
séances.
M. Bérubé: Ils sont distribués, à ma
connaissance.
Le Président (M. Laplante): C'est ce document?
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Laplante): Questionnaire de la
programmation budgétaire?
M. Bérubé: Alors, je ne dépose pas. M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Excusez, à distribuer.
Je fais une correction là-dessus.
M. Bérubé: J'ai distribué un document qui
devrait faciliter la tâche de cette commission, dans la mesure où
le discours du budget lui-même, évidemment, est assez
général et ne donne pas toujours toute l'information qui pourrait
faciliter le débat, la compréhension. Voici ce que je distribue
ce matin; c'est un texte qui met l'accent sur les va- riations du budget du
ministère, à la fois sur le plan des dépenses, donc, des
catégories de dépenses, avec l'explication, mais,
également, généralement en fin de section, il y a
également une analyse des programmes comme tels, des activités du
ministère, ce qui permet, d'une façon plus précise, de
savoir en quoi consistent les différentes activités du
ministère et sur quoi on prétend mettre l'accent cette
année.
Donc, ça devrait faciliter la compréhension,
répondre à beaucoup de questions et, en même temps, servir
de document écrit aux membres de cette commission, de manière
à faciliter leur travail.'
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous voudriez
commencer par les remarques générales?
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît!
M. Bérubé: Alors, M. le Président,
j'aimerais d'abord vous présenter, peut-être, les membres de mon
ministère qui m'accompagnent. Notre sous-ministre, M. André
Saumier. Maintenant, peut-être que M. Saumier pourrait présenter
l'ensemble des fonctionnaires qui sont ici.
Il y a M. Jacques, sous-ministre à l'administration; Mme Claire
Monette; M. Pierre Olivier, directeur du Centre de recherche minérale;
M. Bernard Harvey, de la Direction générale des eaux; M.
Coulombe, de la Direction générale des eaux; M. Jean Aumont, de
la Direction générale des eaux également; M. Bissonnette,
de la Direction de la programmation budgétaire.
Exposé général du
ministre
M. Yves Bérubé
M. le Président, parmi les deux secteurs d'intervention du
ministère des Richesses naturelles évidemment, il faut
exclure ici le secteur énergétique qui relève en
exclusivité de M. Joron c'est le secteur des mines que le
gouvernement du Québec continue de privilégier pour l'exercice
1978/79, du moins en termes de crédits budgétaires. Vous noterez
toutefois que les crédits 1978/79 apparaissant au livre du budget pour
l'ensemble des programmes qui font l'objet de notre analyse aujourd'hui ne
s'inscrivent en nette augmentation, par rapport à ceux de 1977/78, que
de $1 426 800, soit $49 683 600 contre $48 256 800. Toutefois, cette
légère augmentation n'est qu'apparente puisque les ressources
1978/79 ont été allouées pour poursuivre et maintenir
à un rythme équivalent ou accéléré des
stratégies d'intervention initialement adoptées en 1978 aux
chapitres suivants: au niveau du programme 1, il y a poursuite, pour une
deuxième année consécutive, du plan quinquennal
d'exploration du Nord-Ouest québécois qui continue à
accaparer à lui seul $5 804 200.
Faisant exception des projets de routes de pénétration
dans le cadre du plan quinquennal, les crédits prévus pour des
projets d'exploration, soit les travaux de recherche orientée, les
travaux ponctuels pour les ententes, les terrains réservés, les
fonds de développements miniers, s'élèvent à $5 804
200 en 1978/79, alors qu'en 1977/78 ceux-ci étaient de $6 500 000 dans
la programmation originale. Toutefois, étant donné que la
subvention de $3 millions à SOQUEM ne figure plus dans les
crédits de cette année, il y a une augmentation réelle des
crédits prévus au chapitre de ce programme. En effet, vous
n'êtes pas sans savoir qu'à la fin de la dernière session,
nous avons voté pour SOQUEM une augmentation substantielle de son budget
d'exploration. Il n'était donc plus nécessaire de combler
artificiellement le budget de SOQUEM par une subvention de $3 millions.
Au programme 2, l'accélération des projets de voirie
minière annoncée dans le cadre du programme de stimulation et de
soutien de l'emploi le programme OSE Cette
accélération impliquera en effet des dépenses
additionnelles de $3 millions, portant ainsi le budget à $5 488 000.
Nous avons l'intensification de projets de recherche et de développement
au Centre de recherches minérales, comme la valorisation des rejets des
mines d'amiante. Nous y consacrerons $1 162 000 par opposition à $777
000 l'année dernière. Il y a également la création
du Bureau de l'amiante pour lequel des crédits de $750 000 ont
été prévus. Il faut noter que ces crédits ne
comprennent pas les dépenses que pourrait effectuer, au cours du
prochain exercice, la Société nationale de l'amiante.
Au programme 5, nous avons l'intensification des activités dans
le domaine de la lutte contre les inondations dans la région de
Montréal. Ceci est conforme à la programmation de
réalisation du plan d'ensemble proposé dans le rapport sur la
régularisation des eaux dans la région de Montréal. Nous y
consacrerons $5 400 000 en 1978/79 par opposition à $3 300 000 en
1977/78. Nous avons, en général, dû réévaluer
à la hausse les divers travaux et nous sommes présentement
à négocier une nouvelle entente pour la continuation des travaux.
La poursuite du programme d'aide financière dans le cadre de la
politique d'intervention en matière d'accident naturel en territoire
municipalisé, plus communément appelée PIANEAU, nous y
consacrerons $800 000 en 1978/79 par opposition à $500 000 en 1977/78.
Il y a également continuation du programme de cartographie des zones
d'inondation et surtout l'introduction d'une nouvelle politique
d'aménagement rationnel des zones d'inondation consécutive au
programme de cartographie des zones d'inondation. Nous annoncions d'ailleurs
tout récemment l'entrée en vigueur de ce programme.
Bien que cette politique représente un moyen à
caractère administratif et qu'en conséquence elle ne
nécessite que très peu de crédits budgétaires, elle
constitue une nouvelle initiative de la part du gouvernement en matière
de lutte contre les dommages causés par les inondations. Compte tenu des
crédits supplémentaires de $2 900 000 qui ont été
accordés au programme 5 intitulé: "Amélioration et
contrôle de la ressource eau et de ses usages", du secteur EAU, lors du
présent exercice, dans le cadre du programme OSE, l'Opération
solidarité économique, et qui ne se répète pas pour
celui-ci, les crédits totaux de ce secteur subissent une diminution de
8% en 1978/79.
Ayant souligné les points saillants du budget du ministère
des Richesses naturelles, permettez-moi, dans un second temps, d'examiner plus
attentivement avec vous nos nouvelles initiatives préconisées
pour le prochain exercice financier. D'abord, nous parlerons du secteur des
mines.
La stratégie d'action que nous avons choisi de tenir pour 1978/79
dans ce secteur s'inscrit dans le prolongement des nouvelles orientations mises
de l'avant par mon ministère l'an dernier en matière
d'exploration minière. En effet, on se rappellera que jusqu'à
très récemment, le rôle du gouvernement,
traditionnellement, a toujours été de stimuler par effet
d'entraînement auprès des entreprises privées le niveau
d'exploration géologique et cela sans intervention directe de sa part.
Ce rôle n'a toutefois pas empêché le ralentissement des
activités de l'industrie minière avec le résultat que les
réserves de minerai s'épuisent rapidement et ne sont pas
renouvelées, ce qui amène la fermeture de mines et la perte
d'emplois et ceci, même en dépit d'un environnement
géologique très favorable à la découverte de
nouveaux gisements. (10 h 30)
La fonderie de Rouyn-Noranda fonctionne à environ 65% de sa
capacité et, de plus, risque de perdre, d'ici 1982, 30% de son
approvisionnement en concentré de cuivre, à cause de la
construction d'une nouvelle fonderie à Timmins en Ontario. La
présence québécoise dans le secteur de l'exploration et de
l'exploitation minière est très limitée. Les compagnies
québécoises sont, en général, de petites
sociétés éprouvant des difficultés à obtenir
le financement nécessaire à la réalisation de leur
programme d'exploration et de mise en valeur.
L'impact socio-économique de cet état de fait est
considérable car l'activité minière est un
élément important de l'économie de la région du
Nord-Ouest québécois. Pour contrer cette situation, pour
suppléer à l'effort d'exploration nettement insuffisant des
compagnies minières au Québec, pour assurer le renouvellement du
potentiel de cuivre et de zinc dans le Nord-Ouest québécois, dans
la découverte de gîtes et l'ouverture de mines d'ici 1982, pour
réduire ainsi la vulnérabilité du contexte
socio-économique actuel de cette région et assurer à moyen
et à long terme la survie de l'industrie québécoise de
l'exploitation et de la transformation des métaux de base, il
était devenu nécessaire d'amplifier le rôle du gouvernement
du Québec et d'intégrer l'action de l'entreprise privée
à nos objectifs.
Compte tenu de la courte période de recherche retenue, soit cinq
ans, mon ministère a donc décicé d introduire une
stratégie plus dirigée et comportant, à court terme, des
garanties de
succès, contrairement à l'approche traditionnelle qui
était peu interventionniste. Au niveau opérationnel, cette
stratégie s'est traduite par une utilisation judicieuse de trois types
de moyens: des activités de recherche orientée, des
activités de travaux ponctuels et, finalement, des activités
consistant en des travaux de voirie minière, permettant de rendre
accessibles des zones de minéralisation connues.
Les activités de recherche orientée sont
constituées, en majeure partie, de travaux de reconnaissance
générale et d'analyses détaillées. Elles doivent
conduire à des interventions de plus en plus ponctuelles, axées
sur la détermination de cibles et la définition de gîtes de
minéraux. Ces travaux sont destinés à la suite de
diffusion de leurs résultats techniques, à inciter les compagnies
minières à investir davantage dans l'exploration et, en
conséquence, à stimuler l'exploration.
Concrètement, les projets de recherche orientée qui se
réaliseront dans le cadre de ce plan atteindront leur intensité
maximale au cours de la seconde année pour prendre fin vers la
quatrième année. Il s'agit évidemment là du type
d'activité plus traditionnel au ministère, donc l'aspect
géologie de base du Québec.
Quant aux activités de travaux ponctuels sur le terrain,
lesquelles s'effectuent au niveau de la détermination de cibles et de la
définition de gîtes, elles seront réalisées, par mon
ministère, de façon autonome ou en association avec des agents du
secteur privé, la deuxième étant peut-être
favorisée.
Par opposition aux activités de recherche orientée, il est
prévu que celle-ci augmentera continuellement et ce, d'ici 1982,
dernière année du plan quinquennal.
C'est d'ailleurs au niveau de l'introduction de ce second moyen que le
plan quinquennal démontre le plus d'originalité et d'innovation.
Etant donné que mon ministère s'était abstenu,
jusqu'à l'an dernier, d'oeuvrer au niveau de la détermination de
cibles et de la définition de gîtes, réservant
traditionnellement ce rôle au secteur privé, il en
découlait, pour le gouvernement, nécessairement, un manque
d'information, à cette étape du processus d'exploration. Pour
pallier cette faiblesse, une initiative nouvelle a consisté d'abord
à susciter la collaboration directe des agents du secteur privé,
afin d'être en mesure d'exploiter les informations que ceux-ci
détenaient sur leur terrain, au bénéfice de
l'intérêt commun des deux parties en cause.
L'autre élément innovateur a consisté pour le
ministère à soustraire du jalonnement certains terrains
réservés, afin que, lorsque les travaux seront
réalisés, le ministère puisse offrir aux compagnies
minières des territoires pouvant faire l'objet d'ententes pour la
réalisation de programmes conjoints ou donner aux compagnies
minières intéressées la permission de jalonner ces
territoires, à la condition toutefois que celles-ci nous soumettent un
programme d'exploration structurée permettant au ministère
d'obtenir les découvertes futures. Cette approche aura comme
conséquence d'éliminer le jalonnement de nuisances des
compagnies.
Enfin, un fonds de développement minier a été mis
à la disposition des prospecteurs des petites compagnies d'exploration
minière ayant leur principale place d'affaires au Québec, dont le
but était d'apporter une source de fonds d'appoint aux prospecteurs et
aux compagnies juniors du Québec.
L'expérience de la première année s'étant
avérée concluante, nous envisageons de poursuivre et de maintenir
la stratégie initialement adoptée, car elle est garante de
l'atteinte des objectifs visés.
Concrètement, cette stratégie se traduit, pour 1978/79,
par les actions suivantes:
Une intensification des projets de recherche orientée, soit $2
915 000, comparativement à $1 700 000 en 1977/78. Ces projets de
recherche orientée assurent une continuation et une progression de tous
les travaux entrepris en 1977/78.
Egalement, une accélération des travaux ponctuels
d'identification de cibles. Cette intensification va se concrétiser par
la conclusion d'ententes pour lesquelles nous réserverons $2 millions,
par rapport à $1 million l'année dernière, exception
faite, évidemment, de l'entente de $3 millions avec SOQUEM.
Une reconduction du fonds de développement minier a maintenant
les mêmes crédits budgétaires, à savoir $500
000.
La poursuite du développement de voies de
pénétration et de voies d'accès aux gîtes miniers
dans les régions géographiques partiellement ou pas
explorées, mais présentant toutefois des indices favorables de
minéralisation.
En plus des projets amorcés dans le cadre du plan quinquennal, en
1977/78, qui se poursuivent cette année pour une somme totalisant $2 500
000, un montant additionnel de $3 millions a été autorisé
dans le cadre du programme opération solidarité
économique.
Pour ce qui concerne le secteur de l'eau, les efforts pour 1978/79
consisteront essentiellement à poursuivre des programmes de lutte contre
les inondations amorcés au cours des deux dernières
années, à savoir, premièrement, au niveau des moyens de
type physique, le programme des travaux de régularisation des eaux dans
la région de Montréal et l'application de la politique
d'intervention gouvernementale en matière d'accidents naturels en
territoires municipalisés, beaucoup plus facilement appelée
PIANEAU; deuxièmement, au niveau des moyens de type administratif, le
programme quinquennal de cartographie des zones d'inondation du Québec.
A introduire une nouvelle étape en cette matière, soit la
politique d'aménagement rationnel des zones d'inondation
consécutive au programme de cartographie des zones d'inondation que nous
avons intitulée EAUZONE.
Cette politique qui se réalise dans le cadre d'une entente
fédérale-provinciale vise à limiter la construction dans
les secteurs inondables et à inciter les municipalités à
procéder à l'aide de cartes fournies par le ministère des
Richesses naturelles au zonage restrictif des parties de leur
territoire susceptibles d'être envahies par la crue des eaux.
Tenant compte de la situation qui prévaut dans les zones
d'inondation du Québec, plusieurs d'entre elles étant
déjà très développées, il nous faut
comprendre que les deux catégories de moyens visant à
atténuer les inondations, soit les moyens de type physique et les moyens
de type administratif, sont complémentaires et doivent ainsi
s'intégrer dans une politique globale de lutte contre les inondations au
Québec.
Nous analysons maintenant comment, depuis 1976, les efforts
gouvernementaux en matière d'atténuation des inondations ont
concouru à la présentation de cette politique
d'aménagement rationnel des zones d'inondation.
Les mesures de type physique. A la suite des inondations catastrophiques
des printemps 1974 et 1976, il fut décidé qu'un programme
fédéral-provincial d'atténuation des inondations serait
mis sur pied pour la région de Montréal. Dans le cadre de ce
programme, des travaux correcteurs ont été réalisés
à Pierrefonds et à Roxboro en 1976 et 1977 et sont en voie
d'exécution à Pointe-Calumet. La mise en chantier d'endiguement
à Sainte-Marthe-sur-le-Lac est prévue au cours de
l'été prochain.
Déjà, $11 millions ont été consacrés
à l'ensemble du plan intégré visant à
l'atténuation des problèmes d'inondation dans la région de
Montréal. Pour assurer la poursuite de ce même plan, une
négociation entre les deux gouvernements est présentement en
cours afin d'y affecter des crédits supplémentaires de $16
millions. Il est prévu que l'ensemble du plan sera
complété d'ici 1982.
De plus, en mai 1977, le Conseil des ministres acceptait la politique
PIANEAU, qui était cette politique d'intervention gouvernementale en
matière d'accidents naturels reliés à l'eau en territoires
municipalisés, programme destiné à corriger, à
l'échelle locale par opposition à l'échelle
régionale, comme dans le cas du programme spécial pour
Montréal, les problèmes d'inondation et d'érosion. Les
principaux éléments de cette politique qui ont fait l'objet
d'approbation du Conseil des ministres sont les suivants: autoriser le ministre
des Richesses naturelles à accorder des subventions aux
municipalités pour les travaux en cours d'eau, à la suite
d'accidents naturels; retenir le principe de la responsabilité locale
et, dès lors, de la participation financière des
municipalités et/ou des individus; ne reconnaître comme
étant admissibles à une aide gouvernementale que les seuls
travaux trouvés rentables et efficaces par le ministère des
Richesses naturelles, confier au ministère des Richesses naturelles la
responsabilité de fournir l'expertise technique et de prendre des
décisions sur la rentabilité et la nature des travaux à
réaliser. Si on ajoute à cela des travaux réalisés
au chapitre de mesures d'urgence, de même que certains autres travaux de
moins d'envergure que ceux de Montréal, mais aussi à
caractère régional, tout ceci constituait les efforts
gouvernementaux au niveau des moyens de type physique pour la lutte contre les
dommages causés par les crues.
L'autre volet des efforts gouvernementaux en cette matière,
lequel se situe au niveau des moyens de type administratif, consiste à
car-tographier les plaines d'inondation au Québec. Tenant compte qu'une
partie de ces zones n'est pas encore développée et que permettre
inconditionnellement la progression du développement dans ces zones
constitue un risque de dommages beaucoup plus élevés dans
l'avenir, le gouvernement a décidé d'utiliser ce moyen qui est la
pierre angulaire d'une politique d'aménagement rationnel des cours
d'eau.
En fait, des 1600 municipalités du Québec, environ 280
sont affectées périodiquement par des problèmes
d'inondation. Les plus affectées d'entre elles se situent autour du lac
des Deux-Montagnes et du lac Saint-Louis, le long des rivières des
Prairies, des Mille Iles, du Richelieu, de la Chaudière et de la
Gatineau. A la fin de 1976, une entente fédérale-provinciale a
été signée, laquelle prévoyait des
déboursés de $5 millions, répartis sur cinq ans, indiquant
de façon précise les zones d'inondation dans environ 180
municipalités. Les 22 cartes couvrant l'ensemble de la région de
Montréal ont été réalisées au cours de
l'année budgétaire 1977/78 et sont maintenant disponibles. Il est
prévu que les cartes couvrant les bassins de la rivière
Chaudière et de la rivière Gatineau seront
réalisées en 1978 et rendues disponibles à la fin de la
présente année.
Cette entente fédérale-provinciale prévoit
également des mesures administratives visant à réduire les
dommages causés par les inondations dans les zones
désignées comme zones inondables.
Cette politique s'inscrit dans le cadre d'une entente
fédérale-provinciale. C'est la politique d'aménagement
rationnel des zones d'inondation, consécutive au programme de
cartographie des zones d'inondation. C'est donc le programme EAUZONE.
Selon les termes de ces ententes, les gouvernements du Québec et
du Canada ont adopté une série de mesures administratives ayant
pour but d'assurer que les ministères ou organismes sous leur
juridiction ne réalisent plus de construction d'ouvrages
vulnérables aux inondations dans les zones désignées et
refusent aussi quelque forme d aide financière que ce soit à des
tierces parties pour ce faire. En outre, le programme fédéral
d'assistance en cas de désastre ne couvrira pas les dommages et pertes
encourus à la suite d'inondations en ce qui a trait à tout
ouvrage commencé ou tout bien meuble placé à I
intérieur d'une zone, après sa désignation comme zone de
risque d'inondation.
Il est à remarquer que ce programme fédéral
d'assistance ne s'applique que dans le cas d'inondations catastrophiques, comme
celles de 1974 et de 1976. et que, lorsque le Conseil des ministres d'une
province en fait la demande explicite. Il s'agit donc de cas très
exceptionnels.
De son côté, le gouvernement du Québec incitera les
autorités relevant de sa juridiction législative à imposer
des restrictions au développement, de façon à prohiber la
construction, dans les zones désignées, d'ouvrages
vulnérables aux
inondations. Un tel pouvoir de zonage a été
conféré récemment aux municipalités par les lois 54
et 55.
Je tiens également à souligner que, dans certains cas
exceptionnels, le ministre des Affaires municipales peut lui-même exercer
ce pouvoir de zonage.
La présente politique prévoit cependant la radiation de la
désignation des zones inondables et la confection de nouvelles cartes
tenant compte des changements survenus, lorsque des travaux collecteurs
appropriés auront été effectués, soit en vertu de
programmes gouvernementaux à cet effet, soit par l'initiative de la
municipalité elle-même. La construction d'ouvrages dans la zone
ainsi protégée des inondations redevient admissible à
toute aide gouvernementale habituelle.
Bien que nous privilégions cette politique, qui se traduit par
des mesures à caractère administratif, ceci n'exclut pas les
mesures à caractère physique pour lesquelles des sommes d'argent
importantes sont allouées par le ministère en 1978/79. Cette
nouvelle politique d'aménagement rationnel démontre tout
l'intérêt que porte le gouvernement à diminuer
l'augmentation annuelle des dommages dus aux inondations et s'inscrit comme la
base même d'une politique globale de lutte contre les inondations, qui
est présentement en voie d'élaboration à mon
ministère.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre.
M. le député de Saint-Laurent.
Remarques de l'Opposition M. Claude Forget
M. Forget: Merci, M. le Président.
M. le Président, ce n'est certainement pas une
réédition du grand débat sur l'amiante à laquelle
nous allons assister, mais, plus largement, j'aimerais souligner ce qui me
frappe dans les déclarations, les politiques du ministère des
Richesses naturelles depuis un certain temps, depuis une année ou
deux.
Il apparaît que, de façon générale, on
pourrait qualifier cette politique comme en étant une qui
s'élabore et s'applique assez souvent, en dépit, en quelque
sorte, du milieu intéressé auquel elle s'adresse et où
elle est destinée. (10 h 45)
L'an dernier, on se souvient qu'à la suite de l'adoption du
projet de loi no 27, un groupe représentant à la fois les
associations minières et d'autres associations reliées d'assez
près aux activités d'exploration et de prospection, donc, au
domaine minier, a émis un message à l'intention de la population
en général et, plus particulièrement, du ministre. Il y
exprimait sa très forte réticence à la politique du
ministère, les objections sérieuses qu'il formulait et les
difficultés précises qu'il a pu identifier quant à
l'évolution assez peu brillante de l'industrie minière au
Québec pendant les quelques années précédentes.
A la suite de ce cri d'alarme lancé par l'industrie
minière dans le sens large du mot, il y a eu des rumeurs diverses de
livre blanc sur la politique minière, des rumeurs également
qu'une commission parlementaire aurait pu être convoquée,
l'automne dernier, pour examiner les différentes difficultés
soulevées, les nouvelles orientations proposées par le
ministère et essayer d'en tirer un certain nombre de conclusions. Les
mois se sont écoulés sans que rien de plus concret ne vienne
documenter ce dossier. On n'en parle plus, et le ministre lui-même a
été silencieux sur la notion d'un livre blanc sur la politique
minière, il semble d'ailleurs que nous sommes dans une année de
profils surbaissés, au point de vue des déclarations de principe
du gouvernement ce qui n'est pas entièrement surprenant
après le déluge de mots dont on nous a gratifiés l'an
dernier...
M. Bérubé: ... l'action.
M. Forget: II demeure qu'il y a des questions qui sont
demeurées sans réponse, que les réponses prennent la forme
d'un livre blanc ou d'une commission parlementaire, il y a là beaucoup
d'imprécision et il semble qu'il y ait un malaise non dissipé du
côté des entreprises, du côté des associations, du
côté de ceux qui s'intéressent à l'activité
minière.
Je note avec un certain amusement les communiqués qui
émanent du bureau du ministre et où on nous annonce de nouvelles
assises minières qui se tiendront à Chibougamau les 15 et 16 juin
et où on va, dans un nouveau "happening " minier, prendre conscience
collectivement des problèmes non résolus de l'industrie. Il y a
un humour tout particulier qui s'attache au fait que le ministre prend soin
d'écarter un certain nombre de sujets plus délicats de ces
premières assises, enfin, ce ne sont pas les premières assises,
mais de ces assises particulières et il renvoie à une autre
réunion, à un sommet minier ou à une conférence
socio-économique, qui parlera de deux problèmes concrets au sujet
desquels des groupes concernés ont fait des représentations que
le ministre lui-même, je pense, a jugées pertinentes, soit le
problème soulevé par l'Association des mines de métaux du
Québec de la cotisation à la Commission des accidents du travail,
alors que les entreprises qui continuent sont forcées d'assumer le
fardeau des cotisations pour des entreprises disparues, ce qui manifeste
très certainement un vice de fonctionnement ou de financement de la
Commission des accidents du travail, un vice très sérieux que le
ministre a déjà prétendu, même en commission
parlementaire, je n'insiste pas là-dessus ne pas
exister.
Il y a, deuxièmement, la création d'un fonds minier qui,
comme on le sait, est une des revendications du Syndicat des métallos et
d'autres groupes.
Donc, on ne discutera pas de ces questions, on va discuter d'autre
chose, présumément, mais il reste qu'il y a des questions qui
demeurent en question. Je ne pense pas que c'est à cette
commission parlementaire-ci qu'on va entendre des réponses,
d'ailleurs, le ministre s'est tenu soigneusement éloigné de ces
préoccupations dans ses remarques d'introduction. Points d'interrogation
multiples sur l'activité gouvernementale, dans le secteur minier, sur
l'importance de son rôle, l'importance qu'elle a et l'importance qu'elle
pourrait avoir dans une stratégie globale de développement.
Un certain nombre de choses semblent contradictoires dans la politique
actuellement suivie par le gouvernement. Je note, en particulier, dans les
points sur lesquels le ministre a insisté, des attitudes ou des
stratégies qui ne sont pas du tout en accord avec la conjoncture. Il y a
un proverbe qui dit qu'on peut toujours conduire un cheval à la
rivière, mais on ne peut pas le forcer à boire. Il me semble que
des attitudes ou des stratégies basées, par exemple, sur le
développement de l'accessibilité, à moins d'être
parfaitement intégrées à une stratégie beaucoup
plus pertinente ou articulée, ne font qu'améliorer
l'accessibilité à des territoires; elles ne constituent pas en
soi une incitation à un développement plus rapide.
De la même façon, les modifications que le ministre a
introduites à la loi, je parle en particulier des territoires
réservés pour des ententes particulières qui sont
fermés au jalonnement libre, si l'on veut, dénotent une
atmosphère générale de développement minier
où le gouvernement, dans le fond, peut se cantonner dans une attitude
qui serait la sienne, s'il pouvait dire aux compagnies minières, aux
prospecteurs: Venez nous voir si vous êtes terriblement
intéressés, il y a peut-être certaines conditions
auxquelles on vous permettra de faire quelque chose sur notre territoire. C'est
l'attitude d'un gouvernement qui préside à une période de
besoins intenses, d'intérêts très actifs, d'abondance de
capitaux, qui peut se permettre de dire: II y a telle et telle condition pour
le développement.
C'est peut-être une bonne stratégie dans une conjoncture
comme celle-là, mais c'est une stratégie assez douteuse dans la
conjoncture actuelle qui ne semble pas du tout être
caractérisée par un intérêt débordant.
L'imposition d'exigences additionnelles à celles que la Loi des mines,
de façon générale, impose n'est certainement pas de nature
à constituer une incitation, non plus que la perspective de
négociations à entreprendre avec une administration publique.
Donc, il y a là des éléments de stratégie
qui semblent divorcés du réel, divorcés de la situation
réelle dans laquelle on vit qui ne font que renforcer l'impression qui a
parfois été donnée ces dernières années,
soit que le ministère n'a pas véritablement de politique de
développement: il a une politique de suppléance, pour employer le
jargon, c'est-à-dire la politique de faire semblant, par des
interventions gouvernementales, qu'il y a quelque chose qui se passe, alors
qu'il ne se passe rien, politique qui vise plutôt à masquer le
vide qu'à véritablement assurer la relance.
Il y a d'autres points d'interrogation qui se posent depuis un certain
temps. On connaît les efforts du Conseil régional de
développement de l'Estrie relativement à la question des droits
miniers et des droits sur le sous-sol, sur les gîtes miniers et pour les
territoires qui ont été cédés avant 1880. Le CRDE a
fait une proposition formelle au gouvernement. Je pense qu'il s'est d'ailleurs
donné la peine de la communiquer à un très grand nombre de
personnes de même qu à la presse. Il n'y a pas eu, du
côté gouvernemental, de réaction à une mesure qui
est envisagée à tort ou à raison par le CRDE comme
étant nécessaire pour assurer le développement minier
d'une région du Québec qui est très certainement
accessible, qui recèle, d'après lui du moins, des gîtes
importants pour lesquels l'information, étant donné justement
l'état des droits sur le sous-sol, l'état de l'information,
même disponible au ministère, est moins bon que partout ailleurs
au Québec. Il y a là des points d'interrogation extrêmement
importants qui se posent.
Relativement aux questions de sinistres naturels, le ministre a fait un
long développement sur toutes les politiques entourant le
problème des inondations. Il y a eu là une expérience qui
a été chèrement payée par les
intéressés eux-mêmes et par les deux niveaux de
gouvernement dans le passé, suite à des désastres qui ont
pris une échelle assez considérable. Il est remarquable de voir
jusqu'à quel point cette question des inondations a absorbé
l'énergie intellectuelle et les forces administratives du
ministère des Richesses naturelles depuis un certain temps.
On peut se réjouir que l'ensemble des solutions qu'a
esquissées le ministre sur ce point particulier apparaissent
raisonnables, apparaissent assez équilibrées. Je pense qu'il est
toujours déplorable de voir qu'un gouvernement ou n importe quel
organisme réagit à des crises. Je pense que cela a
été le cas. Il a fallu des inondations exceptionnellement
importantes et des dégâts matériels exceptionnellement
élevés pour que cette question d'une politique relative aux
inondations reçoive I'attention qu'elle mérite et des solutions
à long terme telles que le zonage, telles que différentes autres
mesures qui ont été soulignées.
Je crois que, de ce côté, il semble y avoir un ensemble de
mesures, encore une fois, assez équilibrées, assez justes. La
question qui se pose, c'est s'il n'existe pas d'autres sources de
désastre naturel auxquelles on tarde à apporter des solutions de
même nature. On peut se souvenir de Saint-Jean-Vianney, bien sûr,
et des glissements de terrains. Il apparaît que le Québec a
plusieurs zones, étant donné la nature de son sous-sol je
suis sûr que le ministre pourrait nous donner de savantes explications
il paraît qu il y a plusieurs zones au Québec qui sont
susceptibles d'être victimes, je ne sais pas si c'est le terme
approprié, d'être le siège de glissements de terrains. Je
me demande dans quelle mesure la stratégie à adopter pour les
inondations ne devrait pas être étendue, dans les délais
les plus brefs, aux possibilités de glissements de terrains. Là
aussi, il me semble, s'imposent un zonage préventif, peut-
être certaines mesures de caractère physique pour que des
implantations dans des zones exposées à des risques
élevés puissent être protégées. Je ne sais
pas comment cela se fait, mais je sais qu'il y a certaines mesures qui peuvent
être envisagées dans certains cas au moins pour stabiliser le sol,
éviter qu'il soit détrempé de façon excessive, ou
qu'il s'assèche également de façon excessive; enfin, il
reste qu'il y a un certain nombre de mesures à prendre. Ceci pourrait se
faire dans le même contexte.
Finalement, M. le Président... Vous voyez, je n'ai pas des
remarques très longues, seulement des impressions
générales. En regardant en diagonale le document qui vient tout
juste de nous être remis et qui s'intitule Direction de la programmation
budgétaire c'est une analyse des crédits du
ministère pour l'annéej'ai l'impression très forte,
à cause d'un certain nombre de notes explicatives que j'ai vues pour
justifier les changements budgétaires d'une année par rapport
à l'autre, que la question de l'amiante j'ai dit que je n'en
parlerais pas, mais je vais faire au moins cette mention qui est minimale
est responsable d'une très forte proportion des modifications
budgétaires que l'on observe et qu'une très grande partie de
l'augmentation du budget, à plusieurs postes, sinon la presque
totalité des ressources nouvelles du ministère, est
consacrée à la question de l'amiante.
Il s'agit là d'une dépense, je ne dirais pas cachée
puisqu'on la voit dans un cahier qui vient de nous être remis, mais il
s'agit certainement d'une dépense additionnelle à celle que le
gouvernement fera sous forme de mise de fonds et d'une dépense
additionnelle très considérable dans un secteur parmi plusieurs
autres. D'ailleurs, c'est un exercice auquel je vais me livrer dans les heures
qui suivront cette séance. (11 heures)
Ceci suscite une question importante: Jusqu'à quel point, la
question de l'amiante, si importante soit-elle il ne s'agit pas ici de
débattre cette question peut être utilisée ou
être l'objet d'une attribution de crédits si favorable, si
avantageuse, que les autres secteurs de l'activité minière, et
j'irais même plus loin, je dirais les autres secteurs de
l'activité du ministère en général, y compris toute
la question des terres et forêts, toute cette question d'une autre
industrie qui a besoin d'un appui, et auxquels on a promis un appui important
je ne sais pas s'il viendra, d'ailleurs mais sur lequel il y a eu
une commission parlementaire, jusqu'à quel point cette autre facette des
activités du gouvernement, dans le domaine des richesses naturelles,
dans leur sens large, peut être privée de fonds, à cause
d'une insistance trop exclusive sur l'amiante.
Mais même dans le secteur plus traditionnel des mines,
jusqu'à quel point peut-on désavantager tout le reste au profit
du seul secteur qui, au moins, selon les dires du ministre, va bien? Il serait
paradoxal que, dans une période où on remarque, dans le secteur
des métaux non ferreux en particulier, un fléchissement important
de l'activité des cours sur les marchés internationaux des
métaux où il y a certainement des problèmes pour le
Québec d'assurer la survie de sa place sur la scène
internationale, comme producteur de métaux, de métaux non ferreux
en particulier. Au même moment, on consacre le plus clair des
énergies au secteur au sujet duquel le ministre, pendant des semaines,
nous a dit ceci qu'il y avait des perspectives formidables de
développement de marché, une pénurie envisagée qui
plaçait le Québec dans la position du vendeur
privilégié d'une ressource de plus en plus rare.
C'est donc un secteur qui, a priori, on pourrait dire: Laissons-le filer
tout seul, cela va très bien. Concentrons nos énergies sur des
secteurs où, véritablement, une relance est nécessaire,
à moins que nous voulions assister passifs et impassibles à la
perte d'emplois dans ce secteur, perte d'activités, pertes de revenus
fiscaux, etc.
C'est dans ce sens, finalement, M. le Président, que je rejoins
mes remarques initiales à savoir qu'il semble qu'il y a plusieurs points
d'interrogation auxquels on ne semble pas pressé d'apporter des
réponses. On semble s'engager dans des stratégies qui sont
inspirées, qui ont probablement été inspirées
à une autre époque, une époque de développement
rapide, une époque où le Québec se voyait dans une
position de force plutôt que dans une position de faiblesse relative, du
moins historiquement, et qu'on applique aujourd'hui des politiques qui n'ont
plus avec la réalité la relation qu'ils devraient entretenir. Ils
sont déphasés. Ce sont des politiques qui ne sont pas, vraiment
pas incitatives, des politiques où on le prend de haut, avec une
industrie qui est déclinante et où on met le plus clair de ses
énergies là où cela va le mieux, ce qui, sur le plan d'une
optique gouvernementale, qui n'est certainement pas l'optique de l'entreprise
privée. L'entreprise privée peut très certainement mettre
ses oeufs dans le panier où ils vont le mieux, dans le fond, celui qui
va au marché plutôt que celui qui n'y va pas en
obéissant en cela à des critères de rentabilité
à court terme. Mais le rôle gouvernemental serait dans un contexte
comme celui-là, où certains secteurs vont mal, d'autres vont
bien, de dépenser plus d'énergies et d'argent pour faire
redémarrer des secteurs qui vont mal, plutôt que de consacrer le
plus clair de ses ressources à ceux qui vont ou à celui qui va
bien.
Enfin, nous verrons, M. le Président, quelles sont les
réponses que le ministre peut nous apporter. Quant à nous, nous
avons l'intention d'apporter aux travaux de la commission la collaboration la
plus sensible et de procéder de façon expéditive à
l'étude des crédits puisque, encore une fois, nous avons eu
d'autres occasions de converser avec le ministre et nous n'en cherchons pas
d'autre pour l'instant.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: M. le Président, même si on se retrouve
en famille pour ainsi dire, après trois
mois de longues discussions sur l'amiante, je n'ai pas l'intention, pour
le moment, d'utiliser mon temps de parole au niveau des remarques
générales. J'aimerais plutôt revenir au niveau des
différents éléments, des différents programmes,
pour poser des questions qui me sont posées. D'ailleurs, le
député de Saint-Laurent a touché différents points
qui nous préoccupent également. Au niveau de l'étude des
programmes et des éléments, j'aurai l'occasion d'intervenir.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, pour les
réponses aux questions.
Réponse du ministre
M. Bérubé: M. le Président, je pense que mes
réponses sont tout aussi brèves que les commentaires qui ont
été donnés par l'Opposition. D'une part, concernant ces
rumeurs de livre blanc, effectivement, je pense qu'elles n'étaient que
des rumeurs, puisque ce n'était pas notre intention de préparer
un livre blanc sur le développement minier, ici, au Québec.
Quant aux réticences dont a parlé le député
de Saint-Laurent concernant la politique du ministère, je dois dire que
ces réticences se sont beaucoup atténuées. En effet, je
crois que l'industrie minière est une industrie qui s'est
développée sur des bases très rigidement capitalistes, de
libéralisme le plus absolu. En effet, dans le domaine minier, à
titre d'exemple, pour acquérir une propriété
minière, il suffit de se rendre au ministère des Richesses
naturelles et de payer $10 pour un permis de prospecteur et d'aller sur le
terrain planter quatre poteaux dans l'ordre prescrit, de manière
à devenir automatiquement propriétaire du sous-sol. Je pense que
c'est probablement une des méthodes les plus primitives que l'on
connaisse de l'acquisition des titres de propriété. C'est une
méthode, je pense, qui est à ce point primitive que, même
à l'époque du "Far West", on avait mis plus de forme en ce qui
avait trait à l'acquisition des titres de surface.
Par conséquent, dans le domaine minier, on est en présence
d'un type de développement assez particulier où il ne fait aucun
doute que le libéralisme économique a présidé.
Il va de soi qu'évidemment toute politique gouvernementale dans
un secteur comme celui-là est susceptible de provoquer une levée
de boucliers, et c'est assez normal. Doit-on se rappeler les réactions
que l'on a connues lors de la formation de SOQUEM, où on a parlé
de l'intervention du gouvernement dans un secteur relevant traditionnellement
de l'entreprise privée. Finalement, tous s'y sont opposés, sauf,
qu'après quelques années, on s'y est fait. Maintenant, plus
personne ne parle de l'abolition de SOQUEM, au contraire, tous sont en
général assez satisfaits des performances de la
société. De la même façon, je pense qu'il est
impossible de modifier quoi que ce soit aux règles établies sans
qu'on assiste aux mêmes objections. On se rend compte très
rapidement, cependant, que ces objections vont en s'apaisant.
En effet, lorsque nos propecteurs ont constaté je parle
surtout de nos prospecteurs peut-être les plus dynamiques que, par
le biais du programme de développement du Nord-Ouest
québécois, ils avaient accès à plusieurs projets
intéressants, soit des travaux de cartographie et des programmes
d'inventaires et qu'ils se sont rendus compte qu'il y avait probablement plus
de développement minier dans le Nord-Ouest québécois de
cette façon qu'il y en avait dans les années antérieures,
les craintes se sont vite apaisées. Présentement, on ne voit
à peu près plus d'objections, si ce n'est des objections
vis-à-vis du mode de financement de la prospection, parce qu'il faut
reconnaître que, depuis la mise en vigueur du règlement no 8 de la
Commission des valeurs mobilières, les prospecteurs du Québec y
voient là évidemment la cause du tarissement de leurs sources de
financement.
On peut cependant manifester un certain désaccord quant à
l'incidence que ce règlement no 8 a eue sur leur financement, puisqu'il
est tout à fait possible que ce soit simplement un
désintéressement de la part des investisseurs vis-à-vis
des entreprises minières qui soit à l'origine du tarissement, et
non le règlement no 8 comme tel, mais il reste néanmoins que les
principales objections que l'on entend portent surtout sur le financement et
non sur les politiques du ministère comme telles.
On a cru déceler dans le budget qui vous est
présenté certaines contradictions. On a surtout parlé, je
pense, de l'influence indue qu'avait l'amiante. Malheureusement, je devrais
être en désaccord avec l'interprétation du
député de Saint-Laurent. En effet, la politique de l'amiante n'a
pour le ministère des Richesses naturelles qu'une incidence bien faible.
Le Bureau de l'amiante ira chercher environ $750 000. La recherche et le
développement iront chercher dans le secteur de l'amiante entre $600 000
et $650 000. Par conséquent, sur un budget total de $65 millions, je
pense qu'on est loin de parler d'une influence indue, puisque cela ne doit pas
représenter beaucoup plus que 1% ou 2% du budget.
M. Forget: ... de l'accroissement du budget?
M. Bérubé: Dans le cas de la recherche, c'est de la
reconduction de budget de l'année antérieure. Donc,
l'accroissement ne porterait vraiment que sur les $750 000 qui vont au Bureau
de l'amiante. Par contre, au niveau du programme Mines, recherche
géologique et minéral, nous avions un budget l'an dernier de $11
millions, qui est porté à $13 574 000, ce qui, compte tenu des $3
millions que nous avons épargnés vis-à-vis de la
subvention qui avait été accordée à SOQUEM
l'année dernière, suppose une augmentation très
substantielle du programme de recherche géologique et minérale,
au niveau du ministère.
Quant aux eaux, il y a évidemment une augmentation de quelques
millions de dollars pour faire face aux travaux de régularisation des
eaux dans la région de Montréal. Donc, à nouveau,
l'essentiel de l'augmentation va, à l'exploration
des recherches géologiques et minérales et au programme de
contrôle de la ressource eau dans la région de Montréal, et
non pas à l'amiante. C'est peut-être parce qu'il a parcouru de
façon cursive le document et qu'il est obnubilé par la question
de l'amiante que le député de Saint-Laurent n'a vu que le mot
"amiante". Mais s'il prend un petit peu plus de temps et s'il met ses lunettes,
il verra qu'il y a également d'autres éléments.
Quant à ses remarques concernant la voirie, je pense que le
député de Saint-Laurent a raison de dire que le fait d'ouvrir le
territoire n'est pas garant d'un développement plus rapide. Cependant,
on sait l'incidence qu'ont les grandes voies d'accès sur le
développement du territoire dans la mesure où ils ouvrent
à l'exploration un territoire vierge, et donc un potentiel qui n'a pas
été développé. Par conséquent, cela peut
inciter les sociétés minières, les prospecteurs à
se lancer sur ce territoire qui pourrait avoir des possibilités de
découvertes beaucoup plus intéressantes qu'un territoire qui a
été exploré pendant 30, 40 ou 50 ans.
Concernant les réserves du territoire aux fins de
développement minier, le député de Saint-Laurent a
souligné que la politique du ministère consiste à imposer
des conditions limitatives qui seraient donc antidéveloppement.
Là-dessus, je ne suis pas absolument certain que le député
de Saint-Laurent ait raison. En effet, traditionnellement, le ministère
s'est contenté de faire un relevé géologique de surface,
lui permettant de préparer sa carte géologique qu'il publie et
qu'il offre au public de manière à inciter le
développement.
Concernant l'activité du ministère, graduellement, on
s'est engagé dans un type d'activité beaucoup plus scientifique.
Avec les années on a commencé à faire du relevé
aéromagnétique, par exemple. A l'origine, évidemment, ce
type d'activité du ministère a été
décrié par l'ensemble des compagnies minières qui ont vu
là une intervention gouvernementale dans un secteur qui,
traditionnellement, relevait de l'entreprise privée. Je parle d'une
intervention gouvernementale il y a plusieurs années de cela, il y a au
moins sept à huit ans.
Cependant, l'entreprise privée s'est vite ravisée,
puisqu'elle a constaté que le gouvernement mettait à sa
disposition des sommes d'information géoscientifique de valeur et que
ceci facilitait d'autant ses activités d'exploration. Par
conséquent, cela a, je pense, contribué à faire du
territoire québécois un territoire intéressant, propice au
développement minier.
Ce que nous faisons maintenant, c'est une sorte de compilation de ces
renseignements, de ces données; une sorte de travail de synthèse
en vue de mettre ensemble l'ensemble des renseignements géoscientifiques
et d'en arriver, éventuellement, à de l'identification beaucoup
plus précise de potentiel localisé minier. A nouveau, ceci met en
valeur le territoire et est donc susceptible de faire l'objet de
développement accéléré. (11 h 15)
L'inconvénient, évidemment, de cette démarche,
c'est qu'elle permet beaucoup plus facile- ment à celui qui veut faire
du jalonnement de nuisances de venir jalonner ces sites sur lesquels travaille
le ministère, puisqu'il est difficile pour le ministère de
s'attaquer, par exemple, à du travail de corrélation sans que
l'information sorte du ministère et qu'elle passe, de façon
peut-être privilégiée, entre les mains de certaines
personnes qui auraient eu accès à cette information.
D'ailleurs, traditionnellement ce problème s'est
répété dans le passé puisque lorsqu'un avion du
gouvernement ou un avion de l'entreprise privée travaillant à
contrat du gouvernement fait un relevé "input" sur une partie du
territoire, il était fréquent de voir nos prospecteurs
québécois monter dans leur jeep et suivre le parcours de l'avion
pour jalonner le plus rapidement possible tout ce qu'il y a en dessous du
parcours aérien, de manière, advenant la publication des cartes,
et que certains prospecteurs aient en main des anomalies possiblement
intéressantes, ils pourraient monnayer. Par conséquent, on
assistait là non pas à du développement minier, mais
carrément à de la spéculation foncière autour de
l'activité du ministère.
Cette spéculation, évidemment, devient de plus en plus
importante au fur et à mesure que l'activité du ministère
devient ponctuelle et source d'une plus grande quantité d'information.
La réserve du territoire, évidemment, met fin à cette
approche spéculative, mais elle ne met pas fin à l'exploitation,
puisqu'elle permet au ministère de publier ses cartes, tout comme dans
le passé, et, cette fois-ci, d'offrir aux prospecteurs sérieux la
chance de proposer un programme d'exploration et, évidemment, c'est sur
la base de la qualité du programme d'exploration qui nous est soumis que
le ministère peut, à ce moment-là, permettre le
jalonnement, comme nous venons de le faire récemment dans le cas de
Noranda.
Par conséquent, nous ne bloquons pas le développement. La
seule différence, c'est que nous nous assurons que les programmes de
développement qui sont soumis sont des programmes sérieux, des
programmes qui sont les plus susceptibles de susciter des découvertes.
C'est donc dans la ligne du développement traditionnel du
ministère.
Concernant le problème de la révocation des droits de
mines, sur lesquels nous avons été silencieux, c'est
qu'effectivement, au cours de l'année dernière, il y a eu un
effort de fait au niveau du ministère sur cette question. Il faut
cependant dire que la révocation des droits de mines pose de
réels problèmes concernant la propriété
foncière. Le député de Saint-Laurent, je pense, n'est pas
sans savoir que, pour ces terrains concédés avant certaines
dates, qui varient, selon, évidemment, le type de minerai, puisque, pour
l'or et l'argent, les lois sont différentes de ce qu'elles sont pour les
autres minéraux, donc, dans le cas de ces territoires
concédés avant ces dates, il y a véritablement eu
concession des droits miniers. La révocation des droits miniers
représente une expropriation, une expropriation partielle, il va de soi,
mais une expropriation néanmoins. Certes, la
loi nous permet, je pense, de révoquer dans les conditions
actuelles les droits miniers des concessions minières qui n'ont pas fait
l'objet d'exploitation au cours des dix dernières années.
Cependant, il va de soi qu'il faut s'engager dans un tel programme de
révocation généralisée de droits, donc,
d'expropriation généralisée, avec beaucoup de prudence, et
nous n'avons pas jugé essentiel de nous y engager cette année.
Cela ne veut pas dire que ce gouvernement ou les gouvernements futurs n'auront
pas un jour à aborder cette question, puisqu'il est tout à fait
possible que la révocation des droits miniers soit susceptible de
susciter une activité d'exploration intense dans cette région de
l'Estrie. Evidemment, cela ne peut se faire qu'en retirant des droits à
des citoyens qui ne pourront que s'en sentir lésés. Le fait
qu'ils aient ces droits actuellement est justement à l'origine de
l'absence d'exploration dans leur territoire, mais la stimulation de
l'exploration ne peut se faire qu'en lésant certains droits, qu'en
retirant certains droits à des citoyens et, évidemment, ce sera
une opposition entre les droits des individus et les droits de la
collectivité, et je pense qu'un tel choix mérite d'être
pesé avec énormément d'attention.
M. Forget: Pardon! Le ministre en parle en donnant l'impression
que la question est tranchée dans son esprit, dans le sens que, pour
l'avenir immédiat, il n'en est pas question.
M. Bérubé: Pour l'avenir immédiat, je pense
que la première proposition qui m'avait été faite, je n'ai
pas cru bon de la retenir; j'ai cependant demandé que l'on analyse une
autre approche. C'est qu'en fait, en particulier dans le cas des concessions
minières, la loi nous permettait de révoquer et nous pouvions
mettre cette loi en application, sauf qu'en révoquant les droits du
sous-sol, nous révoquions en même temps les droits de surface, ce
qui aurait eu comme conséquence de faire en sorte qu'un grand nombre de
citoyens du comté de Richmond se seraient retrouvés, non pas
instantanément, puisque, probablement, ils n'auraient pas
été mis au courant de l'action gouvernementale puisqu'elle se
fait par voie de publication dans la Gazette, mais nous aurions pu,
effectivement, suivant les termes de la loi, révoquer les droits miniers
de concessions minières qui n'ont pas été
exploitées pendant dix ans.
Or, la simule publication d'un avis dans la Gazette aurait
évidemment privé ces citoyens de leur droit de surface et il est
tout à fait possible, d'ailleurs, qu'ils ne se s'en seraient pas rendu
compte immédiatement et que, dans 50 ans, dans 100ans, dans 150 ans, au
moment où ils auraient voulu transiger, vendre leur
propriété, ils auraient pu constater que ces titres, en bonne et
due forme, qu'ils avaient, n'étaient plus valides. On voit l'imbroglio
juridique et administratif épouvantable qu'aurait pu nous occasionner
l'application de la 101 telle que rédigée. Par conséquent,
cela suppose si on veut aborder cette question une modification
à la Loi des mines, de manière à pouvoir révoquer
les droits miniers, mais sans révoquer les droits de surface. En
d'autres termes, il faut séparer ces deux droits qui étaient
cependant indivis au moment de l'émission des lettres patentes. Vous
voyez la complexité juridique. Nous avons donc demandé au
ministère qu'on entreprenne une étude juridique sur ce
problème particulier de la séparation des deux droits.
Lorsque j'aurai la réponse à cette question, je pense que
je serai certainement plus en mesure de m'attaquer au problème. En plus,
je pense qu'il faudra procéder à certaines consultations.
Il va de soi que, dans le cas de la révocation des droits
miniers, on peut accorder au propriétaire du terrain, non pas un titre
de propriété, mais un certain droit au partage des profits que
pourrait effectuer une entreprise exploitant une mine qui aurait
été découverte dans le sous-sol. Cela pourrait être
la compensation pour cette révocation des droits de mine. Le
problème est évidemment d'évaluer quelle devrait
être l'importance de ce partage des profits. En effet, les droits miniers
du Québec peuvent varier entre 10%, 15% et 30%, si je ne m'abuse,
l'impôt sur les sociétés fédérales et
provinciales peut représenter 45% et on voit très rapidement que
la somme des droits que doit payer l'industrie minière sur des profits
est élevée. Si on ajoute à cela un droit que le
propriétaire d'une mine doit payer à l'ancien propriétaire
des droits du sous-sol, il se pourrait qu'il ne reste plus de profit pour le
développement minier et que, de toute façon, le simple fait de
révoquer ne règle pas le problème du développement
minier. Il faudra donc évaluer quels devraient être les droits
miniers que devrait payer cette compagnie minière à l'ancien
propriétaire. Si tel devait être le cas, il faudrait
peut-être sacrifier une partie des droits miniers payés à
l'Etat présentement, de manière qu'il y ait un partage entre
l'ancien propriétaire et le nouveau propriétaire qui serait
l'Etat du Québec.
Donc, il y a quantité de concepts à manipuler et je ne
vous cache pas que ces concepts n'ont pas été manipulés
avec suffisamment d'attention par mon ministère pour que je sois en
mesure de proposer une politique concernant la révocation des droits
miniers du sous-sol...
M. Brochu: Sur cette question, si le ministre me le permet...
M. Bérubé: ... qui devrait intéresser le
député de Richmond puisqu'il est carrément
impliqué!
M. Brochu: Oui, je comprends qu'il y a beaucoup de nuance
à apporter à cette question, mais est-il dans l'intention du
ministre de procéder à cela au cours de la prochaine
année? Vous êtes-vous fixé un échéancier de
travail en ce qui concerne cette question?
M. Bérubé: Non, on ne s'est pas fixé un
échéancier de travail pour la simple raison que je ne vous
cacherai pas que les trois derniers mois m'ont passablement occupé
comme vous n'êtes
pas sans savoir et que, par conséquent, j'ai peu
discuté d'échéancier de travail à mon
ministère...
M. Brochu: ...
M. Forget: Ce n'était pas toujours visible!
M. Bérubé: J'étais là physiquement,
disons, mais il m'arrivait effectivement de plonger dans mes pensées
profondes et j'écoutais d'une demi-oreille, mais c'était pour
consacrer le reste de mes lobes cervicaux aux problèmes de mon
ministère.
M. Forget: A l'exclusion, cependant, de la révocation des
droits miniers.
M. Bérubé: Oui, si on veut.
M. Forget: On croit comprendre.
M. Bérubé: Mais je pense que la discussion que je
viens de faire des droits miniers vous indiquera que c'est une
préoccupation que nous avons et qu'elle montre bien que nous avons
réfléchi à la question. Mais de là à donner
un échéancier, non. Je ne suis pas prêt à donner un
échéancier. Peut-être qu'au cours de l'année,
effectivement, à la lumière des travaux que nous avons fait faire
qui, on me dit, sont passablement prêts en ce qui a trait à une
modification législative, à la lumière des travaux de
cette année, on conclura que nous sommes mûrs pour un débat
public. Je pense cependant que cela devrait faire l'objet d'un débat
public, que les propriétaires de ces terrains doivent avoir un mot
à dire et qu'ils devront être sensibilisés à cette
question avant que le gouvernement s'engage dans une proposition politique.
M. Brochu: Est-ce que c'est une forme d'engagement que le
ministre prend actuellement, que les gens pourront participer à cette
décision, en définitive, faire valoir leur point de vue?
M. Bérubé: Vous n'êtes pas sans savoir que
nous permettons toujours aux citoyens de faire valoir leur point de vue.
M. Forget: II va être difficile de discuter, M. le
Président, avant qu'on sache ce que le gouvernement veut, mais je peux
rassurer le député de Richmond, j'ai l'impression que ce
problème ne sera pas soulevé avant le
référendum.
M. Brochu: Ah bon!
M. Bérubé: M. le Président, je vous dirai
une chose. Le député de Jean-Talon, qui remplaçait le
député de Saint-Laurent à la dernière commission
parlementaire, et le député de Richmond devra se le rappeler
d'ailleurs, avait mis au défi le gouvernement d'avoir une politique de
l'amiante avant la défense des crédits de l'année
subséquente. Je pense...
M. Forget: On l'attend toujours, d'ailleurs.
M. Bérubé: ... que nous avons pu montrer
qu'effectivement ce gouvernement n'était pas un gouvernement de livres
blancs et de paroles, mais également un gouvernement d'action. En
l'espace d'un an et demi, je pense que le Québec a connu plus de
changements politiques qu'en six ans d'ancienne administration libérale
et c'est déjà un bon signe. Quant à m'engager sur
l'imminence d'un dépôt de règles, d'un projet de loi
concernant la révocation des droits miniers, je pense que cela ne
m'apparaît pas prioritaire présentement au Québec. Nous
avons des problèmes de développement minier dans le Nord-Ouest,
en Gaspésie, sur lesquels nous devrons faire porter notre attention
peut-être avant de nous attaquer à un problème aussi vaste
que celui de la révocation des droits des titres de
propriété au sous-sol.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que les membres de
cette commission sont prêts à procéder à
l'étude des programmes?
M. Forget: Oui.
M. Bérubé: M. le Président, j'aimerais
obtenir ici la collaboration de l'Opposition plutôt que de
présenter une motion. J'aimerais demander s'il serait possible que nous
nous attaquions aux programmes 4 et 5 portant sur l'eau avant d'aborder le
secteur des mines. En effet, au cours de la journée, nos fonctionnaires
auront des discussions intenses avec des représentants français
sur le programme conjoint d'exploration France-Québec, qui a
été mis en marche cette année et qui est en pleine
activité, en plein développement, en pleine expansion. Par
conséquent, ils ne seraient pas disponibles ce matin, ce qui fait que
j'aurais préféré retarder l'étude des
crédits de ces programmes à cet après-midi ou à ce
soir.
M. Forget: Pas d'objection, M. le Président.
M. Brochu: Je n'ai pas d'objection non plus.
Inventaires et recherches
Le Président (M. Laplante): J'appelle le programme 4:
Inventaires et recherches. Ce programme vise à recueillir, analyser,
traiter et diffuser les données servant à la connaissance de la
quantité et de la qualité de l'eau disponible au Québec.
Est-ce que vous avez des remarques, M. le ministre, sur le programme 4?
M. Bérubé: M. le Président, en fait, ce
programme est vraiment bicéphale, puisqu'il a deux
éléments, l'un porte sur l'inventaire, les recherches
météorologiques et l'autre porte sur l'inventaire des eaux,
c'est-à-dire une analyse de la qualité des eaux de surface et des
eaux souterraines. Il porte également sur l'évaluation du
potentiel qualitatif des principaux cours d'eau et des lacs du Québec.
(11 h 30)
Etant donné les limitations budgétaires de ce programme,
puisque essentiellement ce program-
me voit son niveau d'activité maintenu là où il
était précédemment, l'augmentation du budget, en fait, ne
va servir qu à la hausse du traitement du personnel permanent, par
conséquent, il n'y a pas vraiment d'augmentation aux
éléments 1 et 2 de ce programme. Il faut donc, étant
donné cette situation, faire porter notre activité sur certains
bassins de rivière qui sont jugés prioritaires, nous couvrons le
bassin de la rivière Yamaska, de la Saint-François, de la
rivière du Nord, ainsi que la rivière L Assomption, cette
année.
Egalement, pour tenter d'économiser les budgets, il y a un
programme de recherche effectué par INRS-EAU et qui porte sur la
rationalisation du réseau de stations métérologiques, pour
voir si on ne pourrait pas obtenir autant d'information en diminuant le nombre
de stations, donc en diminuant le coût en capital de ces installations.
Il y a aussi quelques travaux qui portent sur l'automatisation en
matière de cueillette de données, de manière à
réduire le personnel.
Donc, les efforts, dans ce programme, portent surtout sur la
rationalisation des activités du ministère, puisqu'on peut dire
que, sensiblement, ce programme verra son niveau d'activité au
même point que l'année dernière.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je voudrais savoir du ministre
si, d une manière quelconque, ceci représente un état
stable des dépenses, non pas des dépenses gouvernementales, il
vient de répondre à ça, mais de l'organisation
gouvernementale relativement à la question des eaux, puisqu'il a
été question que la juridiction ou les activités
gouvernementales, relativement aux eaux ou à I eau, soient
regroupées dans une même structure administrative. On est
frappé par la présence simultanée de l'environnement et du
ministère de l'Agriculture en particulier, pour mentionner ces
deux-là, ainsi que des Richesses naturelles, bien sûr, dans le
domaine.
Est-ce qu'il y a des décisions arrêtées, est-ce
qu'il y a des orientations, est-ce que le ministre lui-même a des
intentions dont il voudrait faire part à la commission?
M. Bérubé: Oui effectivement, au cours de
l'année, il y a eu un travail assez intense entrepris et qui a
porté sur la formation d'un futur ministère de l'Environnement,
d'une part, et d'autre part, sur le regroupement d'un certain nombre
d'activités de divers ministères portant sur la connaissance du
territoire, portant sur la connaissance du milieu, à la fois hydrique et
également territorial.
A cette fin, il y a donc eu un projet mis sur pied qui porte sur le
regroupement de la direction générale des eaux, avec le
ministère de l'Environnement, de manière à consolider en
un ministère l'activité de connaissance de la ressource hydrique
et d intervention. Je pense que vous aurez remarqué que le fait qu'au
niveau de l'inventaire et de la recherche, le ministère s'occupe
d'évaluer le potentiel qualitatif des principaux cours d'eau du
Québec, il existe sans doute énormément d'analogie avec
l'activité des services de protection de l'environnement qui se sont
engagés eux aussi dans cette voie.
Par conséquent, je pense qu'on est justifié d'examiner le
regroupement de ces activités. Nous avons terminé, si je ne
m'abuse, au niveau de I'administration, I'analyse des avantages et des
inconvénients d'un tel regroupement, puisqu'il ne s'agit pas de causer
plus de problèmes qu'on en règle. Je pense qu'on devrait
être en mesure de soumettre au gouvernement une proposition concernant la
constitution d'un ministère de l'environnement. Mais vous n'êtes
pas sans savoir que la formation des ministères relève, au
premier chef, du premier ministre, et que, par conséquent, lui reviendra
la décision finale concernant ce ministère.
M. Forget: J'imagine que le regroupement envisagé va
également englober les activités dans le domaine des eaux du
ministère de l'Agriculture, de même que dans le domaine de la
météorologie. Alors qu'on parle de rationalisation des
installations météorologiques du ministère des Richesses
naturelles, je suis frappé par le fait que le ministère de
l'Agriculture se livre à son propre relevé
météorologique, probablement destiné aux agriculteurs qui
sont intéressés aux saisons, aux pluies, etc. C'est d'ailleurs
une publication que je reçois chez moi et que j'essaie de faire
interrompre depuis un an, parce que, malgré tout mon
intérêt pour les choses publiques, je n'ai encore trouvé
aucune utilisation à ce relevé météorologique.
Certainement que du côté du ministère de l'Agriculture, il
y a des activités importantes reliées au drainage, à la
correction des cours d'eau expression fort amusante utilisée par
le ministère de l'Agriculture. Envisage-t-on que ces activités
soient le fait d'une seule agence responsable de l'ensemble des questions de la
ressource eau?
M. Bérubé: On me dit que le ministère de
l'Agriculture base ses relevés météorologiques sur des
données qui lui sont fournies par le ministère des Richesses
naturelles...
M. Forget: Un exemple admirable de collaboration.
M. Bérubé: ... ce qui impliquerait qu'il n'y
aurait, en fait, qu'un seul réseau d'acquisition des données
météorologiques au Québec, qui relève du
ministère des Richesses naturelles.
M. Forget: Et qu'en est-il des travaux en génie
hydraulique du ministère de l'Agriculture?
M. Bérubé: II faut faire attention lorsqu'on
regroupe, au sein d'un ministère du territoire, des activités
aussi disparates, ou antinomiques, que la protection et l'aménagement
d'un milieu. En effet, lorsque le ministère de l'Agriculture creuse des
canaux pour irriguer ou drainer les terres agricoles,
très fréquemment son action a une influence assez
délétère sur l'écoulement de nos cours d'eau
puisqu'elle accélère le drainage...
M. Forget: ... inondations.
M. Bérubé: ... elle accentue les inondations. On se
rend compte que cette action du ministère de l'Agriculture est
essentiellement à caractère économique; elle est
très souvent en contradiction avec une gestion du territoire qui repose,
elle, sur la notion de protection, de conservation. Il serait dangereux de
confier à un même ministère la protection et l'intervention
à caractère d'aménagement. Pour cette raison, il est
préférable de continuer à maintenir, au ministère
de l'Agriculture, une direction du génie hydraulique, mais, à ce
moment-là, il faut quand même garder cette direction soumise aux
volontés d'un ministère qui, lui, s'occuperait de la protection
du territoire.
Au ministère des Richesses naturelles, en général,
les interventions ne sont pas à caractère économique dans
le domaine de l'eau, puisque nous intervenons pour protéger les
riverains contre les inondations. Ceci pourrait avoir un caractère
économique, mais nous n'avons plus cette activité que l'on
connaissait autrefois, c'est-à-dire celle de la construction des
barrages hydroélectriques, celle de l'utilisation de l'eau à des
fins strictement économiques.
La vocation du ministère des Richesses naturelles, dans le
domaine de l'eau, demeure une vocation beaucoup plus axée sur la
conservation du patrimoine hydrique, sur la conservation de nos cours d'eau, la
prévention des empiétements de nos cours d'eau. Donc,
l'activité de notre ministère a surtout une vocation de
protection et de connaissance du territoire, beaucoup plus qu'un
caractère d'intervention économique. Pour cette raison, on peut
envisager plus facilement le regroupement à l'intérieur d'un
ministère du territoire.
M. Forget: Qui émet les permis pour l'utilisation des
cours d'eau aux fins du flottage et de la construction de barrages pour
l'exploitation de la forêt comme telle?
M. Bérubé: J'ai l'impression que c'est le
ministère des Terres et Forêts. Il faudrait que je m'en assure.
C'est le ministère des Terres et Forêts, n'est-ce pas, qui
émet les permis? C'est une loi des Terres et Forêts. Qui
émet les permis du flottage? On me dit que c'est un droit public et
qu'il n'y a aucun permis.
M. Forget: II n'y a aucun permis. Il n'y a aucune surveillance
particulière qui est exercée par un ministère, sauf
l'environnement?
M. Bérubé: Vous pourriez répondre. En vous
assoyant, vous pourriez répondre.
C'est une question assez technique, c'est l'application de la Loi du
régime des eaux.
En vertu de la Loi du régime des eaux, le ministre des Richesses
naturelles doit recommander l'approbation des plans et devis des ouvrages
servant au flottage du bois. C'est la seule intervention que le
ministère fait au niveau du flottage. Comme disait M. le ministre tout
à l'heure, le flottage du bois n'a pas a obtenir de permis.
M. Forget: II faut cependant qu'il fasse approuver son devis de
flottage par le ministre.
M. Bérubé: Non, s'il y a des barrages.
M. Forget: C'est donc cela, s'il y a des barrages.
M. Bérubé: S'il y a des barrages, des estaca-des ou
autres ouvrages servant à faciliter le flottage du bois.
En fait, les rivières sont donc des cours d'eau publics sur
lesquels on peut faire circuler les billots comme des canots, comme des
embarcations.
M. Forget: Je vois. D'accord.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond, pas de commentaires? Programme 4, élément 1,
adopté? Adopté. M. le député de Richmond, M. le
député de Saint-Laurent, adopté, programme 4,
élément 1?
M. Brochu: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Elément 2, programme 4,
adopté?
M. Brochu: Adopté.
Amélioration et contrôle de la ressource
eau et de ses usages
Le Président (M. Laplante): J'appelle maintenant le
programme 5, "Amélioration et contrôle de la ressource eau et de
ses usages". Ce programme vise à l'élaboration et à la
mise en oeuvre de plans de gestion de la ressource eau qui en assureront
l'équilibre et en favoriseront l'utilisation. Des commentaires, M. le
ministre, sur le programme 5?
M. Bérubé: Ce programme regroupe les
activités importantes ou, du moins, financièrement importantes du
ministère dans le domaine de la protection contre les inondations. C'est
donc à l'élément 1 que l'on retrouve, par exemple, toute
l'activité de construction de digues de protection dans la région
de Montréal. C'est donc dans ce programme que l'on retrouve aussi les
activités PIANEAU, c'est-à-dire les subventions gouvernementales
pour la protection contre les inondations et l'érosion à
l'intérieure des limites municipales.
Il y a un élément, l'amélioration du régime
des eaux, où il y a une diminution apparemment substantielle de $5 695
000 à $2 973 000. Je dois souligner cependant qu'il s'gissait là
du programme de stimulation et de création d'emplois qui avait
gonflé indûment notre budget l'année derniè-
re d'environ $2 millions, si je ne m'abuse. Je voudrais avoir les
chiffres exacts sous les yeux, mais je ne les ai malheureusement pas. Ah oui,
c'est cela. Il y avait donc $2 926 800 qui avaient été
prévus en 1977/78 et qui ne sont pas reconduits en 1978/79, du moins
pour l'instant.
Par conséquent, les travaux sont terminés. Nous n'avons
pas la reconduction du programme. Egalement, il y avait un certain nombre de
projets qui avaient été amorcés en 1977/78 et qui seront
complétés cette année, mais qui nécessitent des
crédits moindres. Il y a relativement peu de nouveaux projets mis en
marche.
Une seule activité aussi, c'est au niveau de
l'amélioration du régime des eaux. Il y a $500 000 qui ont
été coupés cette année et qui portaient sur la
reconstruction de barrages du ministère. En général, ce
sont des barrages à vocation touristique que l'on retrouve à
l'intérieur des parcs. Ils servent à maintenir des plans d'eau
à des fins récréatives. Cette dépense n'a pas
été réintroduite cette année. Cela
représente, à notre point de vue, une coupure importante,
même si elle n'est que de $560 000. Je pense que ce sont les points
saillants du budget. (11 h 45)
Donc, augmentation à l'élément 1 du budget pour
faire face aux activités dans la région de Montréal qui
vont nous coûter $2 millions de plus cette année que
l'année dernière. Concernant l'élément 2, nous
avons mis fin au programme de stimulation et de création d'emplois qui
avait cours l'année dernière. Nous avons une coupe
budgétaire d'environ $560 000 pour la reconstruction de barrages
à des fins récréatives.
M. Forget: M. le Président, j'ai quelques questions de
détail. Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il est exact que
dans certains cas les barrages construits par le ministère sont
confiés à l'administration municipale et qu'une fois le barrage
construit, il est remis à l'administration municipale pour son entretien
et sa surveillance?
M. Bérubé: Non, les barrages construits par le
ministère... M. Harvey, de ce service, pourrait répondre, s'il a
des détails. Normalement, les barrages demeurent sous la juridiction du
ministère et ils sont à l'entretien du ministère et
à sa charge.
M. Forget: Et à sa charge. La raison pour laquelle je pose
la question, c'est que j'ai eu l'occasion d'entendre des allégations qui
mettaient en doute les politiques gouvernementales je ne parle pas du
gouvernement actuel, je parle d'une politique gouvernementale qui aurait
existé de toute éternité, en quelque sorte en vertu
desquelles certains barrages initialement construits par des compagnies
exploitant la forêt et abandonnés par ces compagnies comme
n'étant plus utiles à leurs fins auraient été pris
en charge d'une façon un peu symbolique par le ministère des
Richesses naturelles, mais dans le fond confiés à l'entretien de
municipalités. Celles-ci, dans un calcul assez étrange, se
seraient dit, dans certains cas, qu'elles préféraient, ne
serait-ce que pour des raisons de création d'emplois locaux, laisser
à l'abandon les barrages, souvent des barrages de bois, avec
enrochement, de manière qu'un jour le barrage cède ou menace de
céder et justifie l'implantation nouvelle d'un barrage en béton,
ce qui, évidemment, crée passablement d'emplois localement.
J'ai entendu cette allégation à de nombreuses reprises et
cela m'a passablement inquiété, mais je n'ai jamais
été capable de mettre le doigt sur la rationalité de ces
attitudes qui semblent enracinées dans certains milieux ruraux. Je me
demandais si les règles du jeu étaient suffisamment claires
à tous les intéressés, de manière que ce
comportement qui est clairement contre l'intérêt public, soit de
laisser des investissements publics se dilapider, être minés par
les glaces, etc., et de ne pas prendre des mesures de précaution
indispensables dans l'espoir qu'un jour on ait le contrat qui, localement,
crée des emplois...
M. Bérubé: II y a deux problèmes, je pense.
D'abord, vous n'êtes pas sans savoir que dans certains cas les lits des
rivières sont de propriété privée. Par
conséquent, la construction d'un ouvrage sur un lit de rivière
qui est de propriété privée est forcément aussi de
propriété privée; dans ces conditions, c'est le Code civil
qui s applique. On doit simplement s'assurer que les résidents en aval
de ce barrage ne subissent pas de préjudice à la suite de la
construction du barrage. Je pense que c'est le Code civil qui s'applique
purement et simplement. Dans le cas des lits de cours d'eau qui sont
propriété publique... c est pour les territoires patentés
après quelle année?
C'est la question de la navigabilité et de la
flottabilité.
Cela me semble assez compliqué et obscur; donc, je ne m'engagerai
pas dans cette question. Dans le cas des lits de cours d'eau qui sont
propriété publique, évidemment, toute construction de
barrages doit faire l'objet d'un permis gouvernemental, d'un contrôle par
le gouvernement. Il y a même un arrêté en conseil qui doit
être passé. Quant à la propriété de ce
barrage, il est également propriété privée, mais
j'ignore quelles sont les conditions, quels sont les liens qui lient ces
barrages au gouvernement comme tel, donc au ministère des Richesses
naturelles.
Pour répondre à la question de M. le député,
les compagnies forestières ont construit de nombreux barrages qu'elles
abandonnent. Les seuls barrages que le ministère des Richesses
naturelles reprend à sa charge sont ceux qui lui sont recommandés
par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche dans le
cadre de ces activités à l'intérieur des parcs.
Maintenant, il est aussi vrai que dans le cas de certains barrages, qui ont
certaine utilité pour les municipalités, la
propriété peut en être remise à la
municipalité qui, elle, n a pas Les moyens de les entretenir. Souvent,
on reçoit de nombreuses demandes de municipalités qui nous
demande de l'aide pour entretenir ces
barrages et, malheureusement, nous n'avons pas de programmes pour leur
aider. Mais la propriété n'est pas une propriété
gouvernementale. Cela devient une propriété municipale.
M. Forget: Je vous remercie. Ce sont des précisions
utiles; on voit facilement le genre d'engrenage dans lequel le Trésor
public peut se retrouver finalement à écoper d'une dépense
de nature capitale importante, parce que le barrage a été
cédé à une municipalité qui prétend ne pas
avoir ou qui n'a pas effectivement l'argent pour l'entretenir et qui, à
plus forte raison, n'aura pas l'argent pour le reconstruire, si jamais il
cède. Pour ne pas faire une petite dépense, on est amené
à en faire une grosse. Je me demande si cette situation ne
mériterait pas l'attention du ministre parce que je crois savoir
je ne veux citer aucun nom d'endroit, parce que cela peut être
embarrassant pour les individus, etc. mais il peut y avoir un certain
nombre de ces cas et on peut s'acheminer, dans plusieurs cas, vers une
situation où, peut-être, on fera un bilan, une espèce
d'inventaire des barrages qui auront besoin d'être rénovés
et on sera catastrophé par le chiffre de $300 millions ou $400 millions
qu'il faudrait consacrer sur une période de cinq ans à renouveler
des équipements qu'il s'agirait peut-être simplement d'entretenir
convenablement. C'est une chose qui me semble dans la logique des
événements et des attitudes que j'ai vus.
M. Bérubé: Le problème peut devenir d'autant
plus sérieux qu'avec la révocation des concessions
forestières, le gouvernement est tenu de racheter les immobilisations,
les actifs des compagnies, ce qui inclut les barrages, et, par
conséquent, le gouvernement devient propriétaire de ces
barrages.
M. Forget: Oui. Un autre point de...
Le Président (M. Laplante): ... bien, monsieur...
M. Forget: ... détail, M. le Président, m'intrigue
au moins pour ma compréhension. Je ne réussis pas, et je ne suis
pas versé malheureusement, j'en fais mes excuses, à la
fois au ministre et aux fonctionnaires qui l'accompagnent dans les
technicités du budget du ministère des Richesses naturelles,
mais, en lisant la description qui est fournie avec le budget,
c'est-à-dire avec les notes explicatives, je ne vois pas comment on peut
distinguer entre l'élément 1 et l'élément 2.
L'élément 1 étant porté sur la protection contre
les dérèglements hydrauliques. L'explication se lit de la
façon suivante: "Cet élément vise à prévoir
les conditions de dérèglements hydrauliques tels que les
inondations et les érosions; à préparer les plans de
correction de ces problèmes et à exécuter ces plans. Il
vise aussi à la protection contre tout autre problème
hydraulique". Après ça, à l'élément 2, on
dit; "Amélioration du régime des eaux". Cet élément
vise à l'élaboration de plans d'aménagement polyvalent des
ressources hydrau- liques et à la mise en oeuvre de ces plans et
exploitation des ouvrages construits.
Or, comme l'élément 1 vise à la protection contre
tout autre problème hydraulique, ça semble déjà
très polyvalent à l'élément 1, et, quand on arrive
à l'élément 2, on dit: Cela, c'est un
élément de programme où on fait des choses polyvalentes.
On a l'impression de parler de la même chose.
Est-ce qu'il y a une distinction? Cela, c'est un problème de
forme, si vous voulez, mais j'aurais une question plus substantielle
après.
M. Bérubé: En fait, il faut peut-être y aller
par son contenu, mais le député de Saint-Laurent a raison dans la
mesure où une protection contre les inondations peut être
liée, comme telle, à une amélioration du régime des
eaux et que, par conséquent, on puisse se poser des questions quant au
bien-fondé de cette distinction un peu académique.
C'est que le programme de protection contre les inondations est un
programme récent, si on veut, et a un objectif bien précis, soit
de protéger des territoires riverains contre les inondations, tandis que
l'amélioration du régime des eaux, on pourrait en voir certains
éléments à la toute fin du programme 5, dans les
dernières pages. Nous avons l'élément de programme 5,
élément 2. Ce sont les dernières pages du cahier, en fait.
Vous allez trouver le programme 5, élément 2.
Alors, vous voyez essentiellement que ce programme porte sur des
avant-projets comme la construction de barrages, l'exploitation et la
réfection des barrages du ministère, l'aménagement des
rivières et des lacs, par exemple le creusage des lits des lacs pour en
drainer l'écoulement de façon plus précise. Nous avions
également, dans ce programme, les programmes de création
d'emplois qui avaient porté sur la
Petite-Rivière-Saint-François, à
Sainte-Anne-de-Beaupré, donc sur des aménagements de
rivières. C'est essentiellement la régularisation des
débits de cours d'eau avec, évidemment, une incidence,
forcément, sur les inondations en même temps, mais l'objectif
n'est pas uniquement l'inondation, cela peut être tout simplement
faciliter l'écoulement de ces rivières, également
étêter les crues au printemps.
Enfin, il y a un certain nombre d'interventions, mais
générales, globales, alors que le programme 1 porte uniquement
sur les activités à caractère régional, sur les
inondations dans la région de Montréal, aussi les inondations en
territoire municipalisé et concerne surtout des ouvrages locaux.
M. Forget: Oui, je pense que c'était une réponse
qui était éclairante par son obscurité dans le sens
suivant: sans vouloir être malin c'est que, dans le fond,
dans l'élément 1, on a un objectif précis qui est de
prévenir les inondations, cela est valable, mais, dans
l'élément 2, il semble qu'on se dise: II y a un certain nombre
d'installations qu'il faut maintenir, dans un certain sens, mais sans qu'on ait
une conception très précise. S'agit-il d'usages
récréatifs, s'agit-il de prévention d'inondations,
s'agit-il de drainage des terres? Et
c'est peut-être là que le problème de coordination
gouvernementale se pose de la façon la plus aiguë,
c'est-à-dire, pourquoi, traditionnellement, s'occupe-t-on d'un certain
nombre de barrages, s'occupe-t-on d'un certain nombre de questions de ce genre?
Est-ce qu'on a fait une analyse vraiment serrée de ce genre de
préoccupations? Par exemple,je pense qu'il est peut-être
plus facile de procéder par des exemples il y a un certain nombre
de travaux qui, présumément, sont faits pour des fins
récréatives maintenir des plans d'eau pourdes fins
récréatives. Dans quelle mesure le ministère peut-il aider
le ministre à formulerou le ministre lui-même a-t-il des
idées précisesune politique générale
d'accessibilité aux plans d'eau, aux lacs, aux rivières dont est
parsemé le territoire? Je ne parle pas de la chasse et de la
pêche, mais je demande simplement si nous avons, pour
l'accessibilité aux plans d'eau, des politiques générales
comme il en existe dans certains pays où il est impossible de se
construire au bord d'un lac? Evidemment, peut-être que ce sont des pays
où il y a moins de lacs qu'au Québec, donc on peut être
plus parcimonieux. Mais est-ce qu'il existe, de façon
générale, des règles qui sont en voie d'élaboration
ou auxquelles on songe, pour préserver, au moins dans certains cas, dans
les agglomérations urbaines où il est devenu pratiquement
impossible d'en préserver des espaces publics; la spéculation
foncière ayant évidemment, comme ce sont des espaces de choix,
fait son oeuvre, et le prix de ces terrains y a atteint des niveaux absolument
déraisonnables? Cela soulève évidemment toute la question
de la Loi des trois chaînes, j'imagine, dans une certaine mesure. Est-il
possible de concevoir qu'au Québec, non seulement sur le plan du
régime des eaux qui n'est qu'une partie d'une politique comme
celle-là, on n'ait pas une vue d'ensemble de l'usage auquel on doit
réserver l'utilisation des cours d'eau, des lacs? Comment faire les
arbitrages entre les fins agricoles, les fins industrielles, commerciales,
résidentielles, les fins récréatives? De façon
générale, est-ce qu'on est en face d'interventions ponctuelles?
Tout à coup, il y a une crise, et on fait un barrage ou on drague un
lac... Si on drague un lac, c'est qu'on a une philosophie quelconque qui fait
que s'il n'est pas dragué, il y a un usage quelconque qui va être
empêché. Alors, quelle est la conception générale
que l'on se fait de ces problèmes? (12 heures)
M. Bérubé: A mon point de vue, il existe un
morcellement des juridictions en la matière qui peut expliquer pourquoi
effectivement, au Québec, on a tardé à introduire une
telle réglementation. En effet, le point que vous soulevez relève
tout autant du ministère des Terres et Forêts que du
ministère des Richesses naturelles et des services de protection de
l'environnement. Les services de protection de l'environnement doivent avoir
comme objectif le zonage, la réglementation des utilisations du
territoire privé et public, de manière à l'ouvrir le plus
possible à l'ensemble des citoyens, donc à protéger la
ressource pour les citoyens. Le ministère des Terres et Forêts,
concernant les terres publiques, évidemment, a juridiction sur la
réserve des trois chaînes et a juridiction sur les terres
publiques en général et donc à l'accessibilité aux
cours d'eaux sur les terres publiques. Quant au ministère des Richesses
naturelles, notre juridiction ne s'applique finalement qu'à la ligne des
hautes eaux, donc aux grèves et aux cours d'eaux. Nous n'avons pas de
juridiction quant à l'accessibilité aux cours d eau et il est
possible qu'il y ait des politiques du ministère qui ne soient pas
nécessairement compatibles avec les objectifs, par exemple, d'autres
ministères. Il arrive, par exemple, que nous émettions des baux
pour l'eau de grève au propriétaire du terrain adjacent, en vertu
des vieilles lois du propriétaire riverain, en vertu des vieilles lois
du territoire qui doivent garantir au propriétaire riverain
l'accessibilité et, par conséquent, on ne peut pas vendre le lot
de grève à un autre qu'au propriétaire riverain puisque ce
propriétaire riverain se verrait, à ce moment-là,
privé de son droit d'accessibilité. Par conséquent, il
existe donc des pratiques administratives, découlant des lois
québécoises concernant les eaux, qui ne sont pas
nécessairement compatibles avec la notion d'accessibilité
publique aux cours d eaux et il m'apparaîtrait peut-être utile dans
l'avenir que l'on ait une approche beaucoup plus unifiée de ces
problèmes que celle que nous avons présentement.
M. Forget: Afin d'être un peu plus concret, le ministre a
cité tantôt un exemple d'intervention au titre de
l'élément 2, soit les travaux à
Sainte-Anne-de-Beaupré sur une rivière; quelle est la raison de
cette intervention?
M. Bérubé: II s'agit d'un problème de
glissement de terrain, si vous parlez du même problème à
Sainte-Anne-de-Beaupré. Une partie du village de
Sainte-Anne-de-Beaupré était menacée par un glissement de
terrain en voie de se produire et c'est là qu'on a fait des travaux de
stabilisation.
Des travaux de géologie plus que...
Non, c'est la stabilisation de la pente elle-même. Les
études ont été faites par le service de la
géotechnique et réalisées par la direction
générale des eaux.
M. Forget: Je vois. Alors, dans un cas comme celui-là,
c'est la prévention d'un glissement de terrain. Ceci ne se fait pas
nécessairement dans le cadre d'un zonage quelconque, en ce sens que, si,
un peu plus loin, tout à coup, des gens décident de se construire
sur un même terrain menacé, ils peuvent compter qu'à un
moment ou I'autre, dans l'avenir, le ministère interviendra pour
stabiliser leur terrain.
M. Bérubé: Nous travaillons présentement
à la préparation de cartes qui donneraient le potentiel de
risques quant aux glissements de terrains, mais vous n'êtes pas sans
savoir qu'une bonne partie des terres habitées du Québec sont
situées dans un fond de mer, la mer de Champlain, et que,
évidemment, le sous-sol est presque partout cons-
titué, souvent, d'argiles qui peuvent être sensibles. Par
conséquent, il est peut-être difficile de zoner le territoire
à des fins de protection contre les glissements de terrains, puisque les
glissements de terrains sont très souvent locaux et que, en fait, on
peut parler d'un potentiel de risques, mais sans pour autant pouvoir affirmer
avec certitude qu'à tous les dix ou vingt ans, cet endroit particulier
fera l'objet d'un glissement de terrain. Donc, c'est peut-être beaucoup
plus difficile à préciser que ne l'est, par exemple, l'inondation
puisqu'on a suffisamment de données quant aux crues des eaux et quant
à la cartographie du territoire pour pouvoir définir des plaines
d'inondations. Je pense que, dans le cas des glissements de terrains, on peut
parler de zones sensibles et avec un degré d'incertitude et, par
conséquent, cela pourrait être indicatif des risques que courent
les citoyens. A savoir si on peut zoner de façon aussi absolue que dans
le cas des plaines d'inondation, cela ne m'apparaît pas évident.
C'est un peu comme les cartes de zones sismiques. On sait qu'il existe un
risque, mais il est assez difficile de prédire l'épicentre.
M. Forget: Evidemment, dans une plaine plate, il est assez
difficile de prévoir des glissements de terrain.
M. Bérubé: C'est ce qui nous sauve.
M. Forget: Ou encore en terrain rocheux. Je n'ai pas autre chose,
M. le Président, sur les éléments 1 et 2.
Enfin, puisqu'on y est, je pourrais poser une question sur
l'élément 3, Surveillance et réglementation de
l'utilisation des lits et des berges. Est-ce que c'est sous ce titre qu'on va
surveiller les questions de remplissage des cours d'eau?
M. Bérubé: Oui, nous avons présentement, sur
des tables de travail, un premier jet de politique concernant l'intervention
gouvernementale face à ces empiétements sur les cours d'eau. Elle
prend plusieurs formes, cette politique; il s'agit de régulariser ces
empiétements, soit en redessinant une nouvelle berge quand il devient
impossible de faire autrement, soit en exigeant le retrait de ces
empiétements lorsqu'ils sont dommageables à l'environnement, soit
carrément en les légalisant, lorsqu'on peut les considérer
comme non dommageables, mais, à ce moment-là, il faut
procéder à l'émission d'un bail en chargeant au
propriétaire les frais de son empiétement.
Cette politique devrait normalement pouvoir être annoncée
d'ici quelques semaines.
M. Forget: Dans la situation actuelle, il demeure que, sauf
stipulation contraire, c'est interdit?
M. Bérubé: Absolument, sauf sur les cours d'eau
dont le lit est propriété privée.
M. Forget: Qui sont quand même assez peu nombreux. La
présomption en général, c'est que les cours d'eau sont
propriété publique. Comment se fait-il que ça se produise
si souvent, alors que c'est une activité si visible? Comment se fait-il
que ces activités se perpétuent pendant des semaines, des mois
avec force transport de matériaux de remplissage, les bulldozers, etc.
Les gens qui voient ça se disent: A un moment donné, ça va
s'arrêter, il va y avoir quelqu'un qui va intervenir. Ce n'est pas comme
une activité clandestine. Est-ce que c'est parce qu'il n'y a aucune
priorité qui est placée là-dessus du côté du
ministère et qu'il n'y a personne pour faire la surveillance ou est-ce
que chacun se fie sur son voisin?
M. Bérubé: II faut reconnaître qu'au cours
des années passées il n'y a pas eu de contrôle
gouvernemental de ces empiétements et de mauvaises habitudes se sont
perpétuées à travers les années, les
décennies. Il est difficile aujourd'hui de renverser la vapeur. La mise
sur pied d'une politique a un caractère assez répressif dans la
mesure où il faut revenir en arrière et légaliser ou
obliger au retrait, à l'élimination de ces empiétements.
Cette politique a donc un caractère assez répressif.
Ce que nous avons essayé de faire, c'est de la rendre la plus
humaine possible, de tenir compte de l'ignorance des citoyens dans le
passé et, par conséquent, de ne pas être indûment dur
et exigeant vis-à-vis des citoyens qui ont procédé
à des remblayages de bonne foi, par simple ignorance et, d'autre part,
de tenter de conserver le potentiel de nos rivières.
C'est pour cette raison que présentement, nous avons des
programmes de survol de nos cours d'eau pour surveiller tous ces
empiétements. Nous verrons également à assouplir la
réglementation de manière que pour les petits
empiétements, comme un quai de bois sur un lac... Nous allons
définir les dimensions d'empiétement pour lesquels il
n'existerait pas de permis. Par contre, dans le cas des autres
empiétements, nous avons l'intention d'être beaucoup plus
sévères à l'avenir.
M. Forget: Quand le ministère constate un remplissage
assez substantiel, qui peut être certainement vu des airs, où il
s'agit d'un, deux ou trois acres qu'on prend à même une baie, par
exemple, qu'est-ce qui arrive? Il ne s'agit pas de réécrire
l'histoire, les camions déchargent probablement au moment où on
se parle. Est-ce qu'il y a une injonction qui peut être obtenue? Est-ce
que les amendes sont suffisamment fortes? Qu'est-ce qui fait que cette
activité se continue? Cela avait lieu la semaine dernière, cela
continue cette semaine, cela va continuer la semaine d'après,
jusqu'à ce que le propriétaire il n'y a même pas de
propriétaire, c'est le propriétaire de la berge qui, tout
à coup, devient propriétaire d'un immense terrain, qu'il va
vendre, probablement, parce que c'est sur le bord d'un lac. Il va vendre
à un prix avantageux. Il a acheté un marécage de quelques
pieds de profondeur et, tout à coup, il est propriétaire de trois
ou quatre acres sur le bord d'un lac, ce qui peut être fort avantageux
financièrement. Qu'est-ce qui lui permet de continuer comme cela?
M. Bérubé: Je pense à ces mesures
policières
que nous pouvons mettre en application. Je vais demander à M.
Coulombe de préciser cet aspect.
D'abord, lorsque nous constatons un empiétement à un cours
d'eau, la première action que nous prenons, soit par
télégramme ou verbalement, on ordonne la discontinuation de cette
activité. A la suite d'une inspection des lieux et d'une analyse, en
fait, des inconvénients que cela peut apporter au cours d'eau, ou bien
on exige que des correctifs soient apportés, ou bien c'est
l'enlèvement total, suivant le cas.
Vous parliez tout à l'heure des amendes. En fait, la Loi du
régime des eaux ne prévoit pas d'amende pour quiconque l'enfreint
dans ce domaine. La seule pénalité, c'est de libérer les
lieux, de remettre les lieux dans leur état naturel.
Ceci peut avoir comme inconvénient majeur, parfois, de causer
plus de tort, en retirant cet empiétement, qu'en le laissant là.
Il y a parfois des empiétements qui peuvent avoir été
faits il y a déjà quelque temps et, par conséquent,
l'environnement s'est ajusté, s'est adapté.
M. Forget: Est-ce que le ministère des Richesses
naturelles fait cela en pleine collaboration avec le ministère de
l'environnement? Par exemple, lorsqu'on remplit un marais, je peux imaginer que
cela n'a aucune espèce d'importance sur le débit du cours d'eau
auquel est rattaché le lac. Cela diminue peut-être la
capacité de storage de l'eau en période de crue, mais,
malgré tout, de façon peu sensible, en termes de surface totale
du lac. Cela peut détruire cependant un environnement marin, un
marécage, qui est la source de toute la vie aquatique du lac. Est-ce que
le ministère des Richesses naturelles fonctionne en vase clos ou est-ce
que ces considérations sont présentes? Est-ce que ce sont des
considérations strictement d'ingénierie de débit des eaux?
Ou est-ce qu'il y a des considérations biologiques qui s'y ajoutent?
M. Bérubé: Lorsqu'une telle activité est
susceptible de déranger le milieu ou d'avoir un impact néfaste
sur celui-ci, c'est bien sûr qu'on consulte les services de protection de
l'environnement. Nous travaillons en collaboration avec eux.
M. Forget: ... les marécages.
M. Bérubé: C'est cela. Nous travaillons
également avec le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche lorsque ce genre d'activité est susceptible de
détruire des frayères ou des endroits propices à la
reproduction de la faune.
M. Forget: Le public qui voit cette histoire a toujours
l'impression que c'est un viol de la nature ou de l'environnement. Est-ce qu'il
ne serait pas approprié, lorsqu'il y a une opération de
remplissage qui se déroule, que ceux qui s'y livrent soient
obligés d'afficher sur les lieux un permis, un peu comme les gens qui
font une construction doivent avoir un permis municipal de construire sur le
site, de manière que les gens qui passent se disent: Les inspecteurs de
l'environnement, les biologistes, ont vu cela et sont d'accord, quitte,
même s'ils ne sont pas eux-mêmes d'accord avec le jugement des
fonctionnaires du gouvernement, à contester. Mais au point de ne pas
avoir l'impression que des gens placent le public devant des faits accomplis,
violent la loi dans l'incurie générale, il me semble que
simplement pouvoir afficher un permis de remplissage cela aiderait
énormément à clarifier les situations.
M. Bérubé: Effectivement, chaque fois que vous
observez un tel remplissage, vous pouvez le rapporter à la police,
puisqu'il n'est pas dans la politique gouvernementale de permettre le
remplissage des berges, des marécages ou autres parties du territoire
adjacent à nos rivières.
Effectivement, nous interdisons les empiétements, de quelque
nature que ce soit, sauf pour des empiétements mineurs, non permanents,
du type quai de bois sur le bord d'un lac. par exemple. Ce sont les seuls
empiétements que nous autorisons. Présentement, il n'est pas dans
la politique du ministère je pense que cela me paraît assez
normal de favoriser de tels empiétements. (12 h 15)
M. Forget: Si tel est le cas, tant mieux, mais cela place le
citoyen dans une situation très délicate de servir d'informateur
de police, parfois sur son voisin, dans des villages où tout finit par
se savoir. Humainement parlant, ce n est presque pas faisable.
M. Bérubé: Nous avons présentement la
coopération de la Sûreté du Québec qui surveille
également ces empiétements pour le ministère des Richesses
naturelles. Mais, de fait, nous ne pouvons imposer d'amende. La décision
qui doit être prise est simplement de savoir si I'empiétement doit
ou non, être retiré. Dans un tel cas. il faut donc évaluer
I'impact que cela pourrait avoir sur I'état de la rivière. Si
nous estimons qu'il est préférable de le laisser là, par
suite de la situation particulière de ce cours d'eau, nous imposons un
bail de location pour l'empiétement, et le propriétaire riverain
est donc tenu de payer annuellement une rente.
M. Forget: Personnellement, je souhaite que les politiques
gouvernementales soient précisées dans ce secteur, non pas
tellement quelles soient précisées, mais qu'elles soient plus
claires, parce qu'on se rend compte que c'est très sévère
actuellement, mais par inadvertance, en ce sens que la vitesse de
réaction du ministère est très importante pour
éviter que la pénalité soit presque meurtrière sur
un plan financier.
Si le ministère retarde dans sa réaction, et qu'un
remplissage se fasse, par exemple, et que si le seul remède
approprié soit l'enlèvement du remplissage, c'est une ruine,
c'est une catastrophe financière pour à peu près n'importe
qui. C'est relativement peu coûteux de faire du remplissage, quand on
utilise par exemple les matériaux qui sont extraits et qui
représentent des déchets pour une autre exploitation, pour la
construction, etc.
C'est fourni gratuitement, très souvent. Mais quand il s'agit de
le creuser à nouveau, c'est une autre opération. S'il y a un
délai d'une semaine, deux semaines, trois semaines, un mois, cela peut
devenir une somme catastrophiquement élevée. En retardant sa
réaction, le ministre, dans le fond, jouit d'un pouvoir
discrétionnaire sur l'ampleur de l'amende. Ce n'est pas une amende,
c'est l'équivalent d'une amende. C'est très grave, parce que
c'est une discrétion administrative. Cela peut être une
négligence. Cela peut être un défaut de l'inspecteur
d'être passé là au bon moment et de s'être ouvert les
yeux au bon moment. Ce n'est peut-être pas plus de
sévérité qu'il faut, mais quelque chose de plus connu, de
plus clair, pour qu'on sache véritablement à quoi s'en tenir et
qu'on n'exige pas des particuliers qu'ils servent de délateurs les uns
vis-à-vis des autres. C'est très difficile dans les villages. Ce
n'est certainement pas dans le port de Montréal qu'on fait du
remplissage sans que... De toute façon, cela intéresserait bien
peu de gens, sauf ceux qui sont intéressés au port. C'est dans de
petites localités où c est le voisin, cela peut être des
gens qu'on connaît, etc., qui font cela. Cela nous met dans une situation
impossible. On n'ose même pas demander s'ils ont un permis pour le faire,
car ce sont des voisins. Donc, on présume qu'ils l'ont. Si, un jour,
quelqu'un s'en aperçoit, cela peut devenir la ruine financière de
l'individu. Donc, cela place des gens devant des situations fausses qu'il y
aurait tout avantage à corriger le plus rapidement possible, parce que
c'est un phénomène qui s'est peut-être toujours fait, mais
auquel les gens sont devenus de plus en plus conscients, ce qui est
susceptible, j'ai l'impression, d'entraîner de graves difficultés
à I'avenir.
M. Bérubé: De fait, nous avons, à
l'élément 3, cette année, un programme de sensibilisation
du public, une campagne de publicité qui mettra les
Québécois en garde contre toutes ces tentations d'empiéter
sur les cours d'eau. Il faut reconnaître que c'est là, je pense,
une question d'éducation, en bonne part, mais également une
question de pouvoir faire appliquer la loi. Or, vous reconnaîtrez, je
pense, que le territoire du Québec est immense et le ministère
des Richesses naturelles peut difficilement se doter d'une équipe de
fonctionnaires qui n'auraient comme fonction que la surveillance des
empiétements, ce serait extrêmement coûteux. Il faut donc
que la Sûreté du Québec joue son rôle de ce
côté et que les polices du Québec jouent leur rôle
quant à l'interdiction des empiétements. Je retiens, cependant,
votre suggestion puisqu'en ce qui a trait à l'émission des
permis, il peut parfois se produire que le ministère estime qu'il est
justifié d'empiéter sur un cours d'eau, auquel cas
peut-être qu'effectivement, on devrait avoir comme politique l'affichage
bien en vue d'un permis ou du bail, de telle sorte que la population s'habitue
à ce que toute personne qui empiète sans ce permis le fait de
façon illégale, comme c'est le cas dans 99,9% des cas.
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'il y a d'autres
questions au programme 5? M. le député de Richmond, non? M. le
député de Saint-Laurent? Pas d'autres? Elément 1,
programme 5, adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Elément 2,
adopté?
M. Brochu: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Elément 3,
adopté?
M. Brochu: Adopté.
M. Forget: Là-dessus, la diminution... C'est dans
l'élément 4, excusez-moi.
Le Président (M. Laplante): Elément 4, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: A l'élément 3, il y a malgré tout
une diminution plus sensible qu'il n'apparaît à première
vue, parce qu'il y a aussi des augmentations de salaires qui sont plus que
compensées, présentement par des diminutions dans le volume des
activités.
M. Bérubé: C'est une réduction du coût
des hélicoptères, en fait, indiquée au programme 5,
élément 3. Vous verrez qu'il y a une économie de $111 000,
soit des coûts inférieurs pour le programme de cartographie. En
effet, nous sommes à refaire, dans la région de
Rivière-des-Prairies, un nouveau tracé pour les berges de cette
rivière, étant donné qu'à peu près tous les
résidents ont empiété sur la rivière.
M. Forget: C'est un bon exemple, oui.
M. Bérubé: Nous sommes à redéfinir ce
que devrait être maintenant la rivière, puisqu'on ne peut pas tout
remettre en cause. Etant donné que nous sommes, en même temps,
à faire ces cartes pour les plaines d'inondation, évidemment nous
avions toutes les données en main, par conséquent le coût
de confection de ces cartes a été considérablement
diminué. C'est donc une économie à ce titre de près
de $111 000. Pour les traitements du personnel permanent, nous avons une
économie d'environ $5000 pour la surveillance.
M. Forget: ... de $600 000 à "autres
rémunérations" qui se retrouvent... Ce n'est pas ventilé
par élément, ça. C'était $1 122 000 en 1977/78.
C'est diminué à $558 000 en 1978/79. C'est la catégorie 2,
autres rémunérations.
M. Bérubé: Vous avez parlé des traitements,
autres rémunérations à l'élément 1...
M. Forget: A l'élément 1...
M. Bérubé: Si vous prenez le programme 5, la
catégorie 2, à l'élément 1 il y a une
réduction pour
"autres rémunérations" de $518 900. C'est donc l'essentiel
de cette réduction. Cela vient de la fin du programme de soutien de
l'emploi. C'est donc presque entièrement à
l'élément 1 qui porte sur la protection contre les
dérèglements, donc la construction de barrages de toutes sortes,
de digues de protection. Nous avions une activité assez intense
l'année dernière. A la suite de ce programme, il y a une
réduction de $518 000. Il passe de $691 000 à $173 000. C'est
l'essentiel de cette différence dont vous parliez tantôt. On
pourrait évidemment la retrouver aussi dans les autres
éléments, puisque, à l'élément 2, il
apparaît pour un montant de $45 900 aussi.
M. Forget: II y a, malgré tout, à
l'élément 3, de façon générale, une
diminution des traitements correspondant à la perte de trois postes pour
la surveillance et la réglementation du lit et des berges.
M. Bérubé: Là, c'est un transfert. Si vous
regardez à l'élément 2, vous verrez qu'il y a une addition
de deux postes. Nous avons effectivement transféré deux postes de
l'élément 3, qui était "surveillance et
réglementation", à l'élément 2, qui est
l'amélioration du régime des eaux." C'est simplement un transfert
interne.
M. Forget: Cela reflète des priorités
différentes?
M. Bérubé: Possiblement. ... des
réaménagements internes qui se font de façon assez
continue, M. Forget.
M. Forget: Bon!
Le Président (M. Laplante): D'autres questions,
monsieur...
M. Forget: Non.
Le Président (M. Laplante): Elément 4,
adopté.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Programme 5,
adopté?
M. Forget: Adopté.
Recherche géologique et minérale
Le Président (M. Laplante): Est-ce que nous retournons au
programme 1?
Programme 1 : Recherche géologique et minérale. Ce
programme vise à assurer la couverture géologique du territoire,
à repérer, à évaluer et à indiquer à
l'industrie le zones favorables éventuellement exploitables.
M. le ministre, vous avez des commentaires?
M. Bérubé: Dans ce programme, je pense qu'il faut
souligner que nous n'attribuons pas cette année la subvention de $3
millions à SOQUEM et que, par conséquent, nous avons
dégagé, par rapport au budget de l'année dernière,
$3 millions qui servent évidemment à intensifier
l'activité du ministère dans ce domaine.
L'activité traditionnelle du ministère porte sur la
reconnaissance générale, donc la préparation des cartes
géographiques de surface, également les relevés
géoscientifiques qui sont mis à la disposition du public, de
manière à faciliter une meilleure connaissance du territoire et
encourager I'exploration. C'est donc cette activité qui reçoit
une augmentation substantielle, cette année.
En ce qui a trait au programme d'aide à la prospection, nous
avons maintenu le budget de l'année dernière au même
niveau, étant donné qu'il faut laisser un certain temps à
nos prospecteurs et à nos petites compagnies pour s'habituer à ce
programme et y faire appel. Donc, nous n'avons pas jugé bon d'augmenter
le budget, cette année, dans ce secteur. Nous croyons qu'avec le budget
actuel, cela devrait être suffisant, bien que nous ayons maintenant un
bon nombre de demandes qui nous ont été soumises qui pourraient
peut-être surcharger légèrement ce programme. Mais je pense
que nous devrions pouvoir parvenir à. satisfaire aux principales
demandes, cette année. Donc, il n'y a pas de modifications au niveau de
l'aide financière à la prospection. Je ne vois vraiment pas ce
qu'il y a de particulier à ce programme, à part l'augmentation
des relevés géoscientifiques.
Le Président (M. Laplante): Les travaux de cette
commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 12 h 29)
(Reprise de la séance à 15 h 43)
Le Président (M. Laplante): A I'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise des travaux de la commission des richesses naturelles pour
l'étude des crédits budgétaires 1978/79.
Les membres de cette commission sont: M. Bérubé (Matane),
M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu (Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M.
Grégoire (Frontenac), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt
(Saint-François); M. Raynauld (Outremont) remplacé par M.
O'Gallagher (Baldwin Cartier).
Les intervenants sont: M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Garneau
(Jean-Talon), M. Godin (Mercier), M. Landry (Fabre), M. Larivière
(Pontiac-Témiscamingue), M. Léger (Lafontaine), M.
Léves-que (Kamouraska-Témiscouata), M. Paquette (Rosemont), M.
Roy (Beauce-Sud), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Nous étions au programme 1, et la parole était au
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, M. le Président. Entre paren-
thèses, je voudrais dire que le député de notre
formation qui m'accompagne est député de Robert Baldwin, et non
de Baldwin Cartier, qui est une commission scolaire.
Le Président (M. Laplante): Excusez. M. Bordeleau:
La déformation.
Le Président (M. Laplante): S'il y en a un qui aurait
dû le savoir, c'est moi!
M. Forget: M. le Président, j'aimerais que le ministre
puisse nous dire, relativement à ces activités de levées
et études géoscientifiques, quels sont les objectifs du
ministère des Richesses naturelles dans ce domaine. Il a parlé de
relevés de géologie de surface. Il a parlé de cartes qui
en sont présumément tirées. Il a parlé de
relevés géomagnétiques. Le ministère envisage-t-il
de couvrir le territoire du Québec? Est-ce déjà fait?
Pourrait-il nous brosser un tableau des objectifs dans ce secteur?
Jusqu'à quel point les objectifs que le ministère a pu se fixer
il y a quelques années ou plus récemment sont-ils
réalisés? Il s'agit d'un certain nombre de techniques, si je
comprends bien, qui donnent lieu à l'émission de cartes
basées sur des techniques spécifiques. Y a-t-il des objectifs
précis? (15 h 45)
M. Bérubé: II y aurait peut-être lieu de
donner la parole à M. Laurin, qui pourrait nous parler de l'état
d'avancement de la carte géologique de base du Québec, puisque
c'est de cela dont nous parlons, et également de l'état des
inventaires géoscientifiques, que ce soit géochimiques, ou
analyse magnétique du territoire, peut-être serait-il en mesure,
à ce moment, de passer en revue les principaux programmes plus
traditionnels du ministère, et de nous expliquer où il en
est.
Le ministère a, depuis nombre d'années, essayé de
compléter l'ensemble de la cartographie géologique du territoire,
puisque c'est tout de même à son avantage d'avoir la connaissance
pour orienter les travaux pouvant amener la découverte de nouveaux
gîtes. On peut calculer que, depuis quelques années, la couverture
au 250 millième a été complétée sur
l'ensemble du territoire québécois, et par les levés
effectués par les services géologiques du Québec et par la
Commission géologique du Canada.
Par contre, ces levés sont tout de même à grande
échelle et ne donnent pas toute l'information pertinente pouvant guider
l'industrie minière à découvrir des gîtes comme
tels. Le ministère est présentement à compléter la
cartographie au 250 millième dans les territoires de la région de
la Société de la baie James qui est plus au nord. Cette
cartographie, si elle se continuait au même rythme, pourrait être
complétée d'ici une quinzaine d'années. Il ne faut quand
même pas se leurrer, le territoire est tout de même assez
considérable.
Par contre, à l'intérieur des territoires plus propices,
à l'intérieur des cartographies qui sont faites, le
ministère fait de la cartographie au 50 millième afin de
déceler les zones à potentiel favorable, c'est-à-dire les
territoires dont la géologie est réellement favorable pour la
recherche minière. A l'intérieur de ces territoires, le
ministère fait de la cartographie au 10 millième, de façon
beaucoup plus précise, plus ponctuelle et ces travaux sont tous à
la disposition du public pour guider justement la découverte de
gîtes.
Premier objectif donc, essayer d'augmenter la connaissance du territoire
à diverses échelles dont l'échelle du 250 millième
est complétée, continuer la cartographie au 125 millième
et au 50 millième et, à l'intérieur des territoires
miniers, comme la région de l'Abitibi, le territoire de certaines zones
de la Gaspésie, d'autres de la fosse du Labrador au 10
millième.
En ce qui a trait à la couverture aéromagnétique
le dernier contrat a été donné il y a environ six
ans cette couverture aéromagnétique de tout l'ensemble du
Québec devrait être complétée d'ici deux ans. Tout
aurait dû se terminer en 1978; malheureusement, certaines
difficultés logistiques surtout dans le Grand-Nord du Québec
n'ont pas permis que la couverture soit faite avant 1980. Les derniers vols se
font cette année, il reste environ 14 000 milles linéaires de
lignes à survoler par la compagnie qui a le contrat, c'est-à-dire
le consortium Photosur et Géotérex et les résultats
devraient être disponibles d'ici 1980. Donc, couverture
aéromagnétique au mille au pouce, complétée en
1980.
Pour être plus précis, par contre, pour la recherche de
gîtes, nous procédons, depuis une dizaine d'années,
à des vols électromagnétiques, c'est-à-dire qui
nous permettent d'établir des cibles utiles à l'industrie pour
orienter sa recherche. Nous voulons, à l'intérieur de ces vols
électromagnétiques, compléter du moins l'ensemble des
zones métavolcaniques et métasédimentaires de l'Abitibi en
particulier. Nous avons choisi ce territoire en particulier, parce que c'est
tout de même l'endroit où les mines ont été
trouvées dans le passé et nous savons que les territoires sont
propices à la découverte de nouveaux gîtes. Nous
espérons, grâce au plan quinquennal, compléter, si vous
voulez, la couverture des zones volcaniques et sédimentaires d'ici
quatre ans, puisque nous avons commencé l'an passé, nous avons
donné un accroissement assez considérable au programme.
A l'intérieur de la géochimie on fait à peu
près la même chose en Abitibi, quoique la géochimie, nous
en faisons à l'intérieur d'autres territoires. Il y a eu certains
territoires où on a procédé à des levés
géochimiques, principalement de sédiments de ruisseaux, autant
dans les Cantons de l'Est que dans la région de la Gaspésie en
particulier, et en Abitibi. Alors, il n'est pas question pour le moment de
faire une couverture systématique de tout le territoire, puisque ce ne
sont pas tous les terrains qui sont propices à la
minéralisation.
Les levés électromagnétiques dont je parlais
tantôt et les levés géochimiques ne sont faits que dans les
territoires à contexte géologique favorable. Il n'est pas
question de faire cette couverture systématique.
M. Forget: Existe-t-il d'autres techniques plus
perfectionnées, plus précises, à part bien sûr les
forages, qui pourraient être utilisées et qui ne le sont pas? Des
méthodes sismiques, par exemple, ou alors, est-ce que c'est
carrément placé du côté de l'exploration et
laissé à des entreprises ou à SOQUEM?
M. Bérubé: Non, pas du tout. Toute méthode
sophistiquée qui vient à notre connaissance est utilisée
à un moment donné ou à un autre. Les méthodes
sismiques, présentement, ne sont pas utilisées pour la
reconnaissance minière comme telle, mais elles le sont par la direction
générale de l'énergie qui, elle, cherche du
pétrole.
Par contre, nous pouvons utiliser des méthodes de
résistivité, en particulier dans la région de Chibougamau,
puisque les minéralisations, dans ce secteur, sont reliées
à des zones de faiblesse, des zones de failles et des zones de
cisaillement.
Toute nouvelle méthode de pointe qui est mise de l'avant, soit
par les instituts de recherche, tel qu'il en existe présentement,
polytechniques, en association avec l'université McGill, l'IREM,
Institut de recherche en exploration minérale, ou toute autre
méthode mise de l'avant où la recherche de pointe se fait, si
vous voulez, dans le milieu comme tel, dans les milieux géophysiques,
est portée à notre connaissance, évidemment, par des gens
comme la société Barringer, et si nous nous rendons compte,
à un moment donné, que telle méthode peut être plus
valable dans l'avenir, nous essayons d'y donner un premier essai dans un
territoire donné.
C'est la raison pour laquelle, depuis un an ou deux, nous
procédons à des levés électromagnétiques,
par hélicoptère, ce qui nous permet une couverture beaucoup plus
rapprochée que ce que nous faisions antérieurement par avion et
ce qui nous permet, également, de voler beaucoup plus bas, donc d'avoir
une meilleure réponse sur les ondes envoyées dans le sol au point
de vue de détection des cibles.
Le ministère essaie de rester à la fine pointe du
progrès au sujet des méthodes qui sont mises de l'avant.
M. Forget: Existe-t-il, à l'heure actuelle, des techniques
qu'il serait souhaitable de mettre en application et qui ne le sont pas,
à défaut de ressources adéquates?
M. Bérubé: Non, je ne crois pas qu'il existe des
méthodes, présentement, qu'il serait souhaitable ou, à
défaut de ressources, si vous voulez, que nous n'utilisons pas. Je pense
qu'en général, à toute méthode valable, nous
essayons de donner suite, pour autant qu'elle peut avoir un effet positif sur
la recherche vraiment ponctuelle.
Nous essayons d'encourager le plus possible et de stimuler, comme telle,
l'exploration sur le territoire du Québec et du Nord-Ouest, en
particulier.
M. Forget: A partir de l'exposé qu'on vient d'entendre
à l'effet qu'il y a un pourcentage assez appréciable, dans
certains cas, de couvertures à compléter pour un certain nombre
d'utilisation de ces techniques, à combien estimeriez-vous ce
pourcentage à combler?
Vous avez cité, bien sûr, le cas du relevé à
1/125 millième, je crois, pour lequel il faudrait encore quinze ans
d'efforts avant d'avoir complété la carte du Québec, dans
certains autres cas, d ici deux ans, d'ici quatre ans, ce sera terminé.
Donc, il y a là, quand même, une marge substantielle où un
effort accru sera nécessaire pendant encore un certain nombre
d'années. Est-ce qu'on peut l'évaluer de façon
approximative, étant donné les objectifs actuellement
définis?
M. Bérubé: C'est-à-dire qu'il faut tout de
même penser en fonction de l'étendue de la province de
Québec qui est assez considérable au point de vue territoire. Il
faut, dans certains secteurs donnés, au sujet de certaines
méthodes plus sophistiquées que d'autres, utiliser le territoire
à un potentiel favorable où le contexte géologique est
plus favorable qu'ailleurs.
C'est évident qu'à l'intérieur de ce territoire, on
mette un accent accru, on augmente la cadence de l'exploration, pour amener
cette découverte. Par contre, si vous me demandez: Combien
d'années faudra-t-il, encore, avant de compléter la couverture
à telle échelle ou à telle autre? je peux vous dire que la
connaissance, comme telle, n'est jamais terminée, puisque chaque
année, ou à tous les deux ans, ou à tous les cinq ans, la
recherche technologique, étant ce qu'elle est, arrive avec de nouvelles
possibilités et remet tout en cause. Il ne faut pas oublier que, dans
certains secteurs de la province de Québec, vous avez une couverture
glaciaire assez considérable, qui cache le sous-sol rocheux et, à
un moment donné, si vous arrivez avec une nouvelle méthode
beaucoup plus précise, vous vous devez de l'essayer si vous voulez
augmenter les chances d'exploitation sur le territoire.
Je pourrais vous donner comme exemple évidemment, c'est un
exemple contraire présentement, en France, en dépit du
fait qu'on a fini la cartographie au 50 millième et même au 10
millième depuis nombre d'années, on repart maintenant au 5
millième, parce qu'on sait que les méthodes étant
réellement beaucoup plus précises, il y a des possibilités
d'augmenter cette connaissance, et partant, d'arriver à de nouvelles
découvertes.
Il y aura toujours, à un moment donné, une nouvelle
orientation qui pourra se donner à la recherche comme telle. La
recherche, à mon point de vue, n'est jamais finie.
M. Forget: Oui, vous avez sans doute raison. M.
Bérubé: C'est cela qui est rassurant.
M. Forget: Vous avez sans doute raison, mais je ne suis pas
sûr que ce soit rassurant, contrairement à ce que dit le ministre,
puisque si des pays qui ont déjà complété la
couverture à 1/10 millième envisagent une autre étape et
qu'on n'est même pas rendu là, ce n'est que rassurant en
partie.
C'est bien sûr qu'il y aura toujours un développement qui
sera nécessaire, on ne veut pas préjuger de l'avenir, mais
aujourd'hui, il y a sans aucun doute des objectifs, par exemple, vous avez des
zones particulièrement prometteuses à potentiel favorable, comme
vous les avez désignées. Ces zones sont identifiées sur la
base des techniques actuellement connues ou de la connaissance que vous avez
déjà du territoire. Aujourd'hui, il y a un pourcentage de ces
régions, de ces zones à potentiel favorable, qui ont fait l'objet
d'un relevé à 1/50 millième, à 1/10
millième; quel est ce pourcentage?
M. Bérubé: Le pourcentage de la cartographie au 50
millième, présentement, je dirais qu'il est de l'ordre d'environ
5% à 10%.
M. Forget: Et encore plus.
M. Bérubé: Et au 10 millième...
M. Forget: C'est 5% à 10% des zones identifiées
comme potentiellement favorables.
M. Bérubé: Non, du territoire du Québec.
M. Forget: Oui, mais cela ne s'applique pas... M.
Bérubé: Le 50 millième...
M. Forget: ... puisque vous ne voulez pas le faire à
l'ensemble du territoire.
M. Bérubé: On ne veut pas le faire à
l'ensemble du territoire. Anciennement, il y a plusieurs années, si vous
voulez, la cartographie au 50 millième était presque automatique.
Aujourd'hui, on essaie de limiter cette couverture au 50 millième aux
zones plus favorables, c'est-à-dire au contexte géologique
où vous avez des fréquences métavolcaniques et
métasédimentaires, alors qu'antérieurement, on la faisait
automatiquement si un projet de recherche se commençait dans un
territoire je vous parle de cartographie qui se faisait à la fin
des années cinquante et au début des années soixante.
Alors, cette cartographie au 50 millième, comme telle, n'existe plus de
façon continuelle; elle se fait à l'intérieur des travaux
qui se font au 225 millième. On sort les territoires réellement
favorables et, ensuite, on complète par une cartographie, soit au 50
millième, soit au 10 millième.
A l'intérieur de ces mêmes territoires, ensuite, nous
appliquons des méthodes plus sophistiquées, une fois la
connaissance géologique connue; nous appliquons les méthodes
géophysiques, que ce soit l'électromagnétique ou
l'aéromagnéti-que. A un moment donné, cela pourrait
être de l'hydroson, c'est-à-dire la réceptivité,
etc., ou nous appliquons aussi l'échantillonnage géochimique des
sédiments des ruisseaux ou l'échantillonnage géochimique
des roches, comme tel, ou même du sol. Puisqu'il y a tout de même
migration des ions qui nous permettent de retracer, si vous voulez, la
progression ou la marche des ions qui se sont déplacés à
partir du gîte.
M. Forget: Alors, je vais formuler ma question d'une autre
façon; Quel pourcentage du territoire du Québec
représentent ces zones à potentiel favorable?
M. Bérubé: Dans la partie connue, encore une fois,
qui est tout de même la partie sud de la province, c'est-à-dire du
51e parallèle en descendant, la partie réellement favorable
représente environ 10%, peut-être, du territoire,
c'est-à-dire l'ensemble de la Gaspésie, une bonne partie de la
Gaspésie, tout le Nord-Ouest québécois, à
l'exclusion de certains massifs granitiques et même là,
présentement, on se demande si on ne devrait pas examiner le pourtour de
ces massifs granitiques. Pour ce qui est au nord, comme je vous ai dit, la
cartographie ayant été faite à une échelle tout de
même assez considérable, c'est-à-dire le quatre milles au
pouce ou le 250 millième, et la couverture aéromagnétique
n'ayant pas été complétée lorsqu'il y a eu cette
cartographie, il y a tout de même des territoires à
réviser.
C'est pour cela que je vous disais tantôt qu'il y a des pays,
comme la France, qui remettent tout en question parce que leur cartographie a
été faite avant, justement, cette couverture
aéromagnétique. Pour nous, certains de ces territoires, qui ont
été cartographies dans le temps par la Commission
géologique du Canada, l'ont été aussi avant la couverture
aéromagnétique du territoire qui vous permet de sortir les
grandes formations.
M. Forget: Bon, alors confinons-nous au sud du 51e
parallèle et essayons de savoir quelle est cette partie des zones
potentiellement favorables et connues par des techniques plus poussées
que la simple géologie de base. Vous avez dit tantôt que c'est 5%
à 10% du territoire qui est effectivement connu et, à ma
deuxième question, à savoir quel était le potentiel
favorable, vous avez dit: C'est environ 10%. Alors, votre première
réponse est difficile à interpréter, selon qu'on pense
à 5% ou à 10%; on connaît soit la moitié, soit la
totalité des zones potentiellement favorables. Cela fait une assez bonne
différence dans ce contexte. Est-ce qu'on a complété cette
connaissance pour les zones potentiellement favorables, au sud du 51e
parallèle, ou si on l'a complétée seulement à la
moitié?
M. Bérubé: D'accord, pour répondre
précisément à votre question, c'est qu'on a
complété environ 50% de cette cartographie au 10 millième
des zones à potentiel favorable. On connaît, si vous voulez, les
grandes délimitations; nous sommes à les préciser,
présentement, à l'intérieur du plan quinquennal, puisque
nous utilisons, comme vous le demandiez tantôt, des méthodes plus
sophistiquées, comme l'utilisation de certaines données à
l'intérieur des contrats aéromagnétiques, qui nous
permettront de délimiter, d'une façon plus précise,
l'ensemble des formations volcaniques.
M. Forget: Est-ce que...
M. Bérubé: Une fois délimitées, ces
formations, nous compléterons à ce moment-là la
cartographie au 10 millième de ce territoire. (16 heures)
M. Forget: Est-ce que, selon vous, cette connaissance peu
poussée du territoire, surtout de cette partie du territoire où
on a des raisons de croire qu'à première vue il y a un potentiel
plus élevé, ce qui semble une façon très logique de
procéder, est-ce qu'une connaissance plus poussée de ce
territoire dont on ne connaît, de façon approfondie, que la
moitié, dans le moment, ne serait pas un facteur important pour au moins
servir de base à tout effort de relance de l'industrie minière au
Québec?
M. Bérubé: C'est justement ce que nous utilisons,
comme facteur important, présentement, à l'intérieur du
plan quinquennal vis-à-vis de l'industrie. Nous essayons de les
délimiter d'une meilleure façon, si vous voulez, et offrir aux
compagnies l'information qui est disponible pour leur permettre d'enclencher,
en même temps que nous, cette relève de l'exploration.
M. Forget: Selon vous, on aura une connaissance complète,
tenant compte des connaissances actuellement connues, des techniques connues,
de ces zones plus favorables, dans un délai qui peut s'étendre
sur dix à quinze ans.
M. Bérubé: Disons que nous aurons une meilleure
connaissance de l'ensemble de ce territoire qui est plus favorable, parce
que...
M. Forget: Est-ce qu'il serait physiquement possible
d'accélérer le rythme auquel on complète nos connaissances
sur ces territoires?
M. Bérubé: Je pense que nous faisons un très
bon effort, depuis l'an dernier. Avec le plan quinquennal, on
accélère, on a presque triplé l'exploration qui se faisait
dans le Nord-Ouest québécois.
M. Forget: Dans cette seule zone?
M. Bérubé: Dans cette seule zone. Par exemple, le
budget de 1975 était de $5 millions, 1976, de $6 millions, 1977, de $13
300 000 et en 1978 de $13 600 000.
M. Forget: Dans quelle mesure ce développement, dans la
région du Nord-Ouest, est-il accompagné d'une stagnation, d'une
diminution de l'effort dans d'autres régions du Québec,
également avec un potentiel favorable, puisque vous en avez
mentionné d'autres également: La Gaspésie et d'autres
régions je ne les ai pas notées au passage?
M. Bérubé: II y a encore un programme de
géochimie en Gaspésie, cette année, mais c'est un
programme qui n'excède pas $400 000, à ma connaissance; donc le
gros du travail, effectivement, va dans le Nord-Ouest.
M. Forget: En termes absolus, est-ce que les efforts faits dans
des régions du Québec autres que le Nord-Ouest ont
diminué, concurremment à cet effort exceptionnellement
élevé...
M. Bérubé: Je m'excuse. Les levés
géochimiques dans le nord de la Gaspésie représentent un
budget de $165 000.
M. Forget: Est-ce que c'est plus ou moins que dans le
passé?
M. Bérubé: C'est moins.
M. Forget: Est-ce que ce même phénomène de
diminution dans d'autres régions peut être observé?
M. Bérubé: Non, je ne dirais pas que c'est
observé. Les compagnies minières sont principalement actives, si
vous voulez, dans les régions du Nord-Ouest québécois et
dans les régions au nord des territoires de la Société de
la baie James, principalement, pour la recherche pour l'uranium.
Présentement, on ne peut pas dire qu'il y a eu une diminution de
travaux d'exploration, ici au Québec, depuis un an ou un an et demi. Au
contraire, lorsqu'on fait...
M. Forget: Je ne parle pas tellement d'exploration, mais des
relevés du ministère.
M. Bérubé: Pour répondre à votre
question, à l'intérieur de ce qu'on pourrait appeler la
reconnaissance générale, le plan quinquennal, évidemment,
couvre une partie. Si je regarde les autres activités, donc
l'activité plus traditionnelle du ministère, en 1977/78, nous
avions $1565 800 consacrés; ce montant passe à $1 607 500 cette
année. Donc, on n'observe pas de diminution de l'ensemble des
activités traditionnelles du ministère, bien que
déjà, il y avait beaucoup de ces activités qui portaient,
de toute façon, sur le Nord-Ouest qui est peut-être la
région la plus intéressante, présentement.
Quand on parle, également, de l'analyse plus
détaillée de la cartographie à plus grande échelle,
par exemple, des levés géoscientifiques beaucoup plus
détaillés et de la corrélation de données, l'an
dernier, il y avait $1 228 000; cette année, cela passe à $1 447
000. Ce sont, à nouveau, d'autres activités en dehors du plan
quinquennal. Par conséquent, on ne peut pas parler d'une
réduction de l'activité au ministère sur l'ensemble du
territoire, mais on peut parler d'une augmentation substantielle au niveau du
Nord-Ouest, essentiellement.
M. Forget: Toute augmentation se situe de ce
côté-là. L'intérêt du Nord-Ouest peut
être attribuable à bien des choses. Il est attribuable à
des motifs socio-économiques, pour une part, sûrement, le
ralentissement de l'activité de certaines
mines, ou même leur fermeture, ou leur fermeture imminente, dans
certains cas.
Dans le cas des autres régions je pense, en particulier,
à celle qui est éminemment accessible, la région des
Cantons de l'Est, en quelque sorte, où il y a des problèmes de
propriété, des problèmes juridiques est-ce que les
problèmes juridiques, justement, dans cette région, n'ont pas
fait s'écarter le ministère d'un effort comparable à celui
du Nord-Ouest, par exemple, puisque dans le Nord-Ouest, il n'y a pas seulement
la géologie, il y a des facteurs socio-économiques, donc des
facteurs autres que la géologie qui ont joué pour favoriser le
Nord-Ouest? Est-ce que des facteurs autres que géologiques n'ont pas
joué également pour défavoriser, par exemple, les Cantons
de l'Est?
M. Bérubé: Je ne saurais parler pour la situation
qui prévalait antérieurement à notre nomination. De fait,
lorsqu'on discute de priorités, en général, ces
Driorités tiennent compte de l'attrait géologique du territoire
et, en général, l'ordre est plutôt décroissant
partant du Nord-Ouest vers la Gaspésie, vers la fosse du Labrador et
finalement, les Cantons de l'Est qui sont peut-être les quatre
régions intéressantes au Québec. Du côté des
Cantons de l'Est, il ne fait aucun doute que les problèmes de
propriété, des titres souterrains, sont tels que le
ministère n'y a peut-être pas mis dans le passé toute
l'importance qu'il aurait pu y mettre.
M. Forget: Sur la scène internationale, la question de
l'exploitation minière devient de plus en plus une problématique
si l'on veut utiliser cette expression internationale, dans le
sens que le marché des principaux métaux même de
tous c'est un marché international et un grand nombre de
sociétés qui jouent un rôle dans la commercialisation de la
production des mines, même, le cas échéant par association
avec des sociétés comme SOQUEM ou son équivalent dans
d'autres pays, sont des acheteurs assez avertis de possibilités d'action
sur tous les continents. Est-ce qu'au niveau des relevés et des
études géoscientifiques enfin, cet élément 1 du
programme 1 des Richesses naturelles, le Québec se situe avantageusement
ou le plus avantageusement possible quant à la
disponibilité, l'accessibilité de données de base sur le
territoire, sur ce qu'il peut contenir au point de vue de recherches
minéralo-giques?
J'imagine que les techniques ont progressé très rapidement
et que certains pays étrangers, soit en Amérique du Sud, soit en
Europe, sont devenus très conscients des possibilités, de
l'attrait sur le plan des devises étrangères, du besoin en
devises étrangères de l'exploitation minière sur leur
territoire. Il y a eu des développements importants au Brésil et
un peu partout. Est-ce que le Québec se situe toujours sur un plan
avantageux quant à la connaissance de son sous-sol?
M. Bérubé: Je pense que cela dépend; par
rapport à l'Ontario, par rapport aux Etats-Unis?
M. Forget: Par rapport à l'Ontario, par rapport à
l'Afrique du Sud, par rapport à qui vous voudrez, est-ce qu'on est
vis-à-vis d'un groupe, je ne sais pas comme Rio Tinto ou n'importe qui
qu'on veut intéresser soit à demeurer au Québec soit
à s'y implanter à 100% ou à 50% de participation... Peu
importe la formule légale et la structure du capital, il y a quand
même un problème de création d'emplois, de présence
sur les marchés internationaux. Est-ce qu'on peut faire état
au départ d'une bonne connaissance de notre sous-sol,
meilleure ou également bonne à la plupart des pays qui se sont
activement engagés de ce côté-là.
M. Bérubé: Si vous me le permettez, je...
M. Forget: ... l'Australie, enfin, il y en a un certain
nombre.
M. Bérubé: Je peux vous dire que le Québec
se situe réellement avantageusement au point de vue de la connaissance
du territoire, ce qui lui permet de passer cette connaissance à toute
industrie qui est réellement intéressée à faire de
l'exploitation sur son territoire. On se situe avantageusement par rapport
à l'ensemble des provinces du Canada, puisque notre service, ici, est
tout de même beaucoup plus complet, beaucoup plus orienté dans la
recherche de la fine pointe et nous sommes toujours à l'avant-garde de
toute nouvelle méthode pouvant aider à cette recherche. Nous
servons souvent, aussi, de personnes qui peuvent guider la recherche qui se
fait dans d'autres pays.
M. Forget: Je ne doute pas de la compétence du personnel
du ministère des Richesses naturelles.
M. Bérubé: Mais ensuite, c'est qu'au point de vue
de la connaissance...
M. Forget: II y a une différence entre la connaissance
d'une technique et la possibilité de l'utiliser à la grandeur du
territoire.
M. Bérubé: Oui, d'accord. Mais au point de vue de
la connaissance, en dépit du fait que je vous mentionnais tantôt
et on peut toujours améliorer cette connaissance nous
avons tout de même une assez bonne connaissance du territoire. Il n'y a
rien qui nous empêche de l'améliorer en profondeur. Le malheur,
aujourd'hui ceci, je ne voudrais pas dire que c'est un grand malheur
c'est que les mises ne sont plus tout à fait sur la surface.
Alors, il faut utiliser des méthodes plus sophistiquées.
Quelqu'un nous disait dernièrement: C'est inutile de faire des
travaux dans tel secteur de la province ou dans tel autre, tel coin a
été foré comme un fromage de Gruyères. Ce qui n'est
pas tout à fait vrai. On a pu, si vous voulez, par le passé,
forer jusqu'à une certaine profondeur, donc plafonner dans le sous-sol.
Ce n'est peut-être pas tout à fait vrai de dire plafonner mais
arriver jusqu'à une profondeur de 500 pieds. Ce qui existe au-dessous de
ces 500 pieds est presque inconnu
et c'est la raison pour laquelle nous devons, présentement,
augmenter cette connaissance en troisième dimension, ce qui nous donne
la projection, si vous voulez, géologique et structurale des territoires
pour guider la recherche en plus grande profondeur.
M. Forget: II reste que vous avez cité tantôt
l'exemple de la France qui a complété un relevé à
1/10 millième. Ce n'est qu'une illustration. Je reviens à une
facette du problème; il se pourrait qu'il y ait un relevé complet
à 1/10 millième qui soit moins utile qu'un autre ou qu'un
ensemble d'autres techniques. Il reste que c'est un peu inquiétant de se
rendre compte qu'il y a des pays qui ne sont pas tellement connus, du moins
à l'extérieur, comme étant d'importants pays miniers
comme la France et qui ont complété des
relevés à ce degré de détails. Peut-être la
France n'est-elle pas le seul pays qui l'a fait. Si c'était le cas, le
Québec aurait un certain degré de retard sur ses concurrents.
Si l'Australie était dans la même situation, ou l'Afrique
du Sud, ou certains pays d'Amérique du Sud, toujours dans leurs zones
potentiellement les plus favorables, est-ce que ce ne serait pas là une
source d'inquiétude pour le Québec?
M. Bérubé: Pourriez-vous comparer avec l'Ontario?
Par exemple, comparer, finalement, des pommes avec des pommes? C'est
évidemment assez difficile de comparer l'Amérique avec l'Europe
mais...
De toute façon, l'Ontario est à peu près dans la
même position que nous et même, je dirais en retard sur nous. Parce
que l'Ontario n'a jamais complété ou commencé cette
cartographie au 10 millième dans les territoires miniers; elle a
toujours laissé l'initiative à l'industrie privée de faire
cette information ou de faire cette recherche.
En ce qui nous concerne, nous préférons avoir
l'information pour être en mesure de guider, de façon beaucoup
plus précise, à l'avenir, tout travail de recherche afin de
pallier à une duplication de travaux où il pourrait y avoir des
dépenses ou des sommes d'argent dépensées pour les
mêmes travaux, sur le même territoire, aux mêmes endroits. Si
je faisais la comparaison tantôt avec la France... Evidemment, c'est
peut-être un peu loin ou tiré par le cheveux, il faut tout de
même penser qu'il y a beaucoup plus d'étudiants en France, dans le
domaine comme tel, et que chaque université à ce moment-là
utilise ses étudiants pour compléter cette cartographie. Alors
que nous, lorsqu'on parle de 10 millième, on ne le fait que dans les
territoires réellement favorables.
Il ne faut pas penser que le Québec voudrait
ultérieurement compléter cette cartographie au 10
millième, d'ailleurs on n'en finirait pas. Alors que la France, avec son
nombre incalculable d'étudiants et la même chose se
répercute dans les autres pays européens reprend cette
cartographie parce qu'elle a des services réellement
considérables et elle doit utiliser les gens à étudier
toutes les facettes du problème. Alors que nous, présentement,
nous nous limitons aux territoires réellement à contexte
géologique favorable.
Il faut souligner aussi que la situation ne se produit pas tout à
fait de la même façon. Ici, on peut faire un relevé
aéroporté électromagnétique sans trop de
problèmes mais il faut se rendre compte qu'en France, chaque fois que
vous traversez une voie ferrée, une ligne téléphonique,
vous obtenez une anomalie et le nombre d'anomalies est absolument faramineux,
ce qui fait que trouver l'anomalie qui provient d'un gisement quelconque est
évidemment comme trouver une épingle dans une botte de foin.
Donc, l'approche à l'exploration géologique en Europe est
évidemment très différente de celle que l'on connaît
ici où les territoires sont vierges, où les anomalies peuvent
généralement être rattachées à des structures
géologiques, qu'elles soient favorables ou non. Je pense que le
problème n'est pas tout à fait le même en Europe où
on fait appel beaucoup plus à la géochimie.
M. Forget: Je veux bien être rassuré par les propos
du ministre; d'ailleurs, mon but était d'entendre des propos rassurants,
s'il est possible d'en avoir...
M. Bérubé: Si ce sont des propos rassurants, il me
fera plaisir de vous en donner d'autres.
M. Forget: ... mais les comparaisons avec l'Ontario sont à
demi rassurantes. Je crois, à moins que je me trompe, que l'Ontario a
les mêmes problèmes dans le secteur minier que le Québec.
Dans un jeu comme celui-là, il doit bien y avoir quelqu'un qui gagne et
il serait plus avantageux de se comparer avec ceux qui sont en train de gagner
la bataille qu'avec d'autres qui sont peut-être en train de la perdre
aussi, peut-être en partie pour les mêmes raisons ou des raisons
encore plus accusées chez eux, à savoir peut-être que
maintenant, aux abords de 1980, la connaissance du territoire, pour les
gouvernements, est plus importante qu'elle ne l'a jamais été
étant donné, justement, qu'il y a des techniques qui n'existaient
pas il y a 50 ans. (16 h 15)
C'est peut-être devenu un élément beaucoup plus
concurrentiel que jamais dans le développement d'une industrie
minière, et sans nécessairement vouloir jeter de cri d'alarme, je
me dis que si on est encore loin d'une connaissance parfaite, la question se
pose: Les priorités budgétaires sont-elles les bonnes? C'est le
but de ma question ici, étant donné qu'on a encore beaucoup
à faire pour mieux connaître notre territoire. C'est
peut-être un élément déterminant aujourd'hui, plus
déterminant aujourd'hui qu'il ne l'a jamais été.
M. Bérubé: M. le Président, peut-être
pour contribuer à rassurer davantage encore le député de
Saint-Laurent, j'aimerais, non pas déposer, mais distribuer copie d'un
article publié dans le Montreal Star du 8 mars 1978 qui, à la
suite du congrès à Toronto du Canadian Developers and Prospectors
Association, portait plus spécifiquement sur le potentiel minier du
Québec. Je pense qu'on sera frappé par le 1er paragraphe
où on
indique que, partiellement grâce à l'attitude accueillante
des fonctionnaires supérieurs du Québec et également
partiellement grâce à la bonne géologie, le Québec
devient un endroit encourageant à l'exploration des minéraux. Ce
n'est évidemment pas un fonctionnaire du gouvernement qui faisait cette
déclaration mais le vice-président d'Esso Minerais Canada, M.
Scott.
Effectivement, il appert présentement que le Québec
connaît un boum en exploration depuis maintenant un an et demi qui laisse
bien présager pour l'avenir, bien que le niveau de l'activité en
exploration ne soit pas, à notre avis, encore adéquat. A mon
point de vue, il faudrait presque doubler l'ensemble de l'activité du
secteur privé pour arriver à un niveau qui soit au moins
suffisant pour permettre à l'activité minière de maintenir
le niveau atteint dans le passé. Par conséquent, même si
les mines du Québec voient un nouveau boum en ce qui a trait à
l'exploration, il ne faut pas, néanmoins, se gargariser mais continuer
de travailler.
M. Forget: M. le Président, j'avais vu cet article, au
moment de sa parution, dans le Montreal Star, mais, évidemment, comme
nous sommes maintenant prévenus par le gouvernement que toutes ces
publications sont frelatées, peu fiables de toute manière, et
tendancieuses, j'ai préféré ne pas le croire, et poser mes
questions directement au ministre.
M. Bérubé: Mais vous comprenez l'importance d'un
article publié dans ces revues frelatées, comme vous le dites si
bien, puisqu'ils ont dû faire un effort considérable pour
reconnaître l'action du gouvernement.
M. Forget: Le premier ministre n'a pas précisé dans
quel sens toujours les articles portent à fausse représentation.
Peut-être était-ce là un exemple qu'il avait à
l'esprit.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous une autre question
sur le programme 1?
M. Forget: Oui, j'ai une autre question. J'aimerais savoir du
ministre jusqu'à quel point son budget d'aide à la prospection de
$500 000 a été souscrit l'an dernier. Il a eu un budget de $500
000 en vertu duquel il prenait une participation financière au
financement de travaux de prospection, pour un maximum, dans chaque cas, ne
dépassant pas $100 000, si je comprends bien. Combien y a-t-il eu de
demandes? Quelle est la part des $500 000 qui a été
absorbée? Finalement, s'agit-il d'un véritable fonds où la
partie non utilisée s'accumule d'année en année ou si ce
sont $500 000 qui devenaient périmés, le cas
échéant, pour la partie non utilisée?
M. Bérubé: Effectivement, le montant de $500 000
n'a pas été dépensé l'année dernière,
sauf pour une somme d'environ $52 000.
M. Forget: C'est-à-dire seulement $52 000 des $500
000.
M. Bérubé: $52 000 ont été
dépensés, ce qui nous a amenés à
réévaluer, en cours d'année, l'objectif de ce fonds,
à réduire les sommes qui y avaient été
prévues originairement, et à ce moment les transférer
à d'autres programmes. Plusieurs raisons peuvent être
invoquées. Pour autant que les prospecteurs sont concernés,
ceux-ci ont évidemment invoqué le fait qu'ils ne pouvaient
eux-mêmes trouver les 50% dont ils auraient eu besoin pour assumer
l'ensemble du programme.
D'une part, le problème de l'accès au marché
boursier semble avoir présenté des difficultés. Il faut
dire, cependant, que les prospecteurs n'ont pas cherché à
utiliser le financement en provenance des compagnies minières existantes
qui, elles, évidemment, on continué à consacrer des sommes
importantes; plusieurs d'entre elles, même, pourraient être
intéressées, présentement, à financer des
prospecteurs pour les 50% du programme qui ne sont pas couverts par la
subvention gouvernementale, et cette source de financement n'a pas
été analysée.
Deuxièmement, pour obvier au problème du financement de
nos prospecteurs, nous avons préparé un amendement qui,
normalement, devrait être prévu au programme législatif de
l'Assemblée nationale. Nous avons présenté un amendement
à la loi des compagnies pour permettre la création de
sociétés en commandite, analogues au "limited partnership" de
l'Alberta ou de l'Ontario, qui permettrait, à ce moment-là, la
déductibilité des sommes qui pourraient être versées
à ces sociétés, déductibilité aux fins
d'impôt. Présentement, on sait que seules les compagnies
constituées en vertu de la première loi des compagnies peuvent
réclamer la déductibilité aux fins d'impôt, suivant
la loi de l'impôt fédérale et québécoise et,
par conséquent, comme ce type de société représente
assez peu d'attrait sur le plan économique, évidemment,
très peu de prospecteurs se prévalent de la première
partie.
C'est donc pour remédier à cet inconvénient que
nous avons fait préparer, au ministère de la Justice, un
amendement au Code civil qui permettrait, à ce moment-là, aux
prospecteurs, de créer ces sociétés en commandite qui
pourraient se voir financer par des citoyens québécois qui
pourraient, à ce moment-là, réclamer la pleine
déduction pour les dépenses d'exploration.
Une troisième raison qui pourrait être invoquée,
c'est l'arrivée tardive de ces fonds. En effet, le temps de mettre sur
pied le programme, on peut considérer que ce n'est vraiment qu'à
la fin de 1977 que ce programme a été opérationnel et, par
conséquent, il a fallu un certain temps avant de pouvoir
démarrer.
Cependant, on me dit que, présentement, on aurait des demandes
pour tout près de $300 000 en études pour le budget de cette
année. Par conséquent, il semble bien que, tranquillement, les
prospecteurs se familiarisent avec ce program-
me et pourraient y faire appel de façon de plus en plus soutenue
au cours des mois qui viennent. Il nous apparaît donc que le montant que
nous avons demandé pour ce programme budgétaire apparaît
raisonnable pour cette année.
M. Forget: N'y a-t-il pas dans l'ensemble des politiques du
ministère vis-à-vis de la prospection un certain favoritisme
envers les grandes entreprises?
Dans le fond, ceci n'est pas entièrement dû aux
décisions du nouveau gouvernement, mais cumulativement à l'effet
d'un certain nombre de décisions, par exemple, la directive no 8, je
pense, la Commission des valeurs mobilières, qui a, effectivement, rendu
pratiquement inaccessible le financement ordinaire ou traditionnel de ces
activités, par le marché boursier; l'amendement de la loi 27 de
l'an dernier, qui rend conditionnel à des ententes le jalonnement dans
certains territoires réservés, semble converger vers une
situation où seules des sociétés minières d'une
certaine importance sont vraiment capables d'envisager des activités
comme celle-là, d'abord, sur le plan du financement,
deuxièmement, sur le plan d'une certaine expertise. On voit mal une
petite entreprise, ou à plus forte raison quelques individus ou un
individu, s'engager dans des activités d'exploration et, pour ce faire,
engager des négociations, en quelque sorte, avec le ministère des
Richesses naturelles, faire approuver et préparer des plans.
La même chose s'applique dans le cas des petites subventions
on va dire les petites parce que c'est limité quand même
à $100 000 pour des activités qui sont assez
coûteuses, qui doivent être approuvées par un
ingénieur minier avant de pouvoir être considérées
par le ministère. Ceci tend à rendre un peu plus difficile, dans
le fond, l'accès à cette activité économique qui
est importante, qui est à la base, à la racine de tout le
processus. C'est un peu comme si le ministère en était
arrivé à la conclusion que l'avenir de l'opérateur
individuel ou artisanal, ou de la petite entreprise dans ce secteur, la
très petite entreprise ou la petite entreprise, était fini, les
jours de cette façon de faire sont comptés et que le gouvernement
n'était plus pour l'encourager.
M. Bérubé: Je pense que c'est la nature même
de l'exploration géologique, peut-être, qui cause la situation
dont on parle présentement. En effet, tant et aussi longtemps que la
découverte des mines se faisait par exploration un peu
systématique, en marchant le territoire et en essayant de
détecter les affleurements, évidemment, on faisait appel à
un grand nombre de petits prospecteurs. Cependant, les techniques se sont
grandement améliorées depuis, d'autant plus que les gisements
proprement superficiels ont probablement été tous
découverts aujourd'hui je ne devrais pas dire tous
découverts mais un bon nombre d'entre eux comme on le soulignait
il y a quelques instants; il faudra graduellement procéder à des
techniques telles que la polarisation provoquée en profondeur, ies
forages stratigraphi- ques. Il faudra donc procéder à des
analyses du territoire forcément beaucoup plus coûteuses.
Ceci peut peut-être, à brève échéance,
entraîner la disparition du prospecteur éventuel. Il faut tout de
même reconnaître qu'au Québec il ne reste plus beaucoup de
prospecteurs aujourd'hui, de prospecteurs bona fide, couvrant
systématiquement le territoire et capables même de posséder
l'équipement nécessaire pour faire du relevé
magnétique de surface, par exemple. Donc, on en a relativement peu; je
pense qu'il y en a peut-être une douzaine au Québec. C'est une
espèce, je ne devrais pas dire en voie de disparition mais,
certainement, c'est un type de travail qui se heurte à des
difficultés technologiques sérieuses.
Il existe bien quelques petites sociétés d'exploration.
Par exemple, nous avons signé, cette année, deux ententes, une
avec McAdam Mining qui est une toute petite société de deux
prospecteurs qui sont spécialisés dans l'amiante; ils ont
d'ailleurs des propriétés intéressantes dans la
région de Chibougamau. Nous avons également signé une
entente avec le groupe Brominco qui est peut-être une des seules
entreprises québécoises, dans ce domaine de l'exploration,
à oeuvrer au Québec. Il s'agit évidemment de petites
entreprises, mais, néanmoins, deux compagnies juniors et non de
prospecteurs individuels.
Dans le cas des prospecteurs individuels, il ne fait aucun doute qu'on
va assister à des problèmes de financement. Aussi, avons-nous
suggéré aux prospecteurs qu'ils se regroupent, qu'ils mettent
ensemble un certain nombre de propriétés, de manière
à soumettre au gouvernement, dans le cadre de nos ententes, des
programmes d exploration qui, au lieu de représenter des dépenses
de quelques milliers de dollars, pourraient représenter au contraire des
dépenses de quelques centaines de milliers de dollars. Ainsi, les
contrats que nous avons établis avec certains courtiers de la Bourse de
Montréal nous permettent de croire que si le volume de programmes
était suffisant, il serait possible encore de le financer par la voie
traditionnelle de la Bourse. Car, il faut reconnaître que lorsque le
courtier ne peut plus posséder de titres miniers qu'il veut vendre
à ses clients, à ce moment-là, les seuls revenus du
courtier sont évidemment le pourcentage qu'il retire de la vente de ces
actions. Dans un tel cas, évidemment, le coût de
préparation du prospectus et les différents coûts annexes
sont tels qu'il retire peu de profits du lancement d'un programme d'exploration
de quelques milliers de dollars. Mais s'il était à la fois
actionnaire, comme c'était possible avant l'application du
règlement no 8, évidemment, il retirerait son profit non pas de
la marge, non pas du pourcentage lors de la vente des actions de la
société en question mais bien du fait qu'il était
propriétaire d'un bloc d'actions qu'il vendait au moment où les
actions atteignaient un niveau intéressant sur le marché
boursier. C'était ainsi que les courtiers finançaient la
prospection minière. (16 h 30)
II va de soi qu'on ne peut pas revenir en arriè-
re quant à l'application du règlement no 8, puisque, je
pense, cette méthode de financement de la petite prospection mettait les
courtiers en conflit d'intérêts face à leurs clients et,
par conséquent, le règlement no 8 nous apparaît comme une
mesure d'assainissement des moeurs dans le domaine boursier qui est
nécessaire.
Néanmoins, si les prospecteurs acceptaient de sacrifier,
peut-être, un peu de leur indépendance traditionnelle pour
regrouper leurs efforts et, à ce moment-là, proposer des
programmes plus importants, il va de soi qu'il serait possible pour le
gouvernement d'en financer la moitié et pour le milieu boursier de
financer l'autre moitié. Je pense que c'est l'orientation qu'il faudra
sans doute prendre en ce qui a trait à la petite prospection plus
traditionnelle.
M. Forget: En fait, d'où proviennent les demandes de
participation gouvernementale au titre du budget d'aide à la
prospection? Est-ce qu'il s'agit de prospecteurs individuels ou s'il s'agit de
grandes sociétés ou de regroupements?
M. Bérubé: Nous avons deux programmes de $500 000
tous les deux. Un premier programme s'adresse aux compagnies juniors, aux
compagnies d'exploration qui sont, à ce moment-là, plus
importantes...
M. Forget: On a parlé, tantôt, de demandes pour $300
000; là, on parle de deux projets de $500 000.
M. Bérubé: Non, nous avons deux programmes. Nous
avons un programme qui s'adresse aux sociétés, et nous avons un
programme qui s'adresse aux prospecteurs.
M. Forget: Le programme qui s'adresse aux prospecteurs ne
bénéficie qu'aux prospecteurs individuels.
M. Bérubé: Exactement.
M. Forget: Je confine, pour l'instant, mes questions sur ce
programme. Etant donné les explications que vient de donner le ministre
qui, dans le fond, sont assez concluantes à l'effet qu'il n'y a pas,
vraiment, beaucoup d'avenir de ce côté-là, sauf en
inventant de nouvelles formules, comment expliquer l'existence ou la mise sur
pied d'un programme gouvernemental d'aide aux prospecteurs individuels, si le
ministère, le gouvernement estime qu'il n'y a pas d'avenir de ce
côté-là? Ceci semblerait, d'ailleurs, un peu
confirmé par l'expérience de la première année,
mais je comprends qu'il y a d'autres considérations qui jouent. Comment
justifier d'investir des fonds publics, dans le fond, dans une formule de
prospection à laquelle on ne semble pas croire comme étant
viable?
M. Bérubé: Nous avons non seulement financé
ce programme mais, de plus, nous avons donné une subvention à
cette association des prospecteurs québécois, de manière
à ce que ceux-ci puissent se structurer et, peut-être,
réfléchir à leur activité pour l'avenir.
Je ne serais pas prêt à affirmer que la petite prospection
traditionnelle, au Québec, n'a pas d'avenir. Je pense néanmoins
que, comme n'importe lequel domaine technologique, elle va devoir s'adapter aux
changements de situation.
Par conséquent, je crois, personnellement, qu'il existe
certainement un bon nombre de prospecteurs québécois tout
à fait compétents, qui ont des formations de géologues,
qui sont donc capables de faire de la prospection intéressante, qui ont
les capacités, les connaissances et qui, justement, présentent
dans ce domaine de l'exploration géologique certaines
caractéristiques assez intéressantes.
En effet, la prospection demande énormément d'intuition,
car il n'y a pas de recette magique ou de recette scientifique pour
découvrir un gisement. Il y a une sorte de flair qui permet à un
prospecteur, à partir d'un certain nombre d'anomalies
géochimiques, géophysiques, anomalies de toutes sortes,
même topographiques et magnétiques, de deviner que cette
espèce de corrélation de données conduit à
l'existence d'un gisement.
Le nombre d'anomalies que l'on peut forer pour arriver à trouver
un gisement est absolument phénoménal. Je pense qu'il n'y a pas
une anomalie sur mille qui donne quelque chose, en général. C'est
donc une probabilité excessivement faible.
Par conséquent, il y a encore place pour l'imagination, pour le
flair, et peut-être que la grande force du prospecteur individuel,
justement, c'est de marcher en dehors des sentiers battus. Il ne fait aucun
doute que le prospecteur ou le géologue qui oeuvre à
l'intérieur d'une société, oeuvre suivant des
schèmes de pensée, suivant une tradition propre à cette
entreprise et, parfois, certaines sociétés de prospection sont
très productives, d'autres, au contraire, n'ont jamais rien pu trouver
de leur vie et je pense que l'avantage de maintenir le prospecteur individuel,
c'est peut-être justement d'introduire un peu plus d'imagination dans la
prospection.
Ceci étant dit, il faut également reconnaître que la
prospection demande de plus en plus de connaissances, de plus en plus
d'équipement, de plus en pIus de technologie, et il n'y a pas d'autre
solution, pour le prospecteur, que de s'adapter à cette nouvelle
situation; je pense que c'est un changement irréversible.
M. Forget: M. le Président, je voudrais bien comprendre...
Je comprends isolément chacun des raisonnements du ministre, mais j'ai
de la difficulté à les mettre ensemble. Il aurait dû faire
un avocat; il peut plaider avec autant d'éloquence d'un
côté comme de l'autre.
M. Bérubé: Et un excellent ingénieur minier,
je dois dire, parce que, depuis le début des travaux de cette
commission, vous faites montre d'une connaissance du domaine minier absolu-
ment étonnante. Alors, nous allons échanger nos
formations.
M. Forget: Toute flatterie mise à part, M. le
Président, je ne suis qu'un profane qui essaie de s'informer et de
comprendre, mais il reste que de deux choses l'une: ou le prospecteur
individuel est une espèce menacée, ou il ne l'est pas. Je
comprends qu'on peut longuement décrire les vertus de l'imagination,
etc., d'un côté, et d'autre part, dire que, dans le fond, il a
besoin d'équipement, donc il ne peut plus fonctionner. Il va falloir se
brancher à un moment donné.
Soit qu'il ait un avenir, malgré tout, malgré les
difficultés et les exigences techniques, soit qu'il n'en ait pas.
M. Bérubé: ... pour se brancher.
M. Forget: Peut-être, sauf que le ministre a publié
et mis en application un programme d'aide aux prospecteurs individuels. Il
s'est implicitement branché en ce sens qu'il a dit: On aide les
prospecteurs individuels avec $500 000 par année, il doit y avoir,
derrière cela, un certain nombre d'hypothèses à l'effet
que c'est une formule viable qu'il faut encourager.
Par ailleurs, il y a le règlement no 8 qui les coupe d'un certain
financement et il y a des exigences au niveau des programmes, à savoir
l'approbation des plans dans la loi des mines, de nouvelles exigences pour le
jalonnement. Cela s'adresse aussi aux prospecteurs. Il me semble difficile de
concilier, d'une part, un programme d'aide financière aux prospecteurs
individuels, et d'autre part, des mesures administratives, légales,
etc., qui ont toutes sortes de justifications intrinsèques je
n'en débats pas, pour l'instant qui semblent aller contre une
possibilité réelle d'insertion du prospecteur individuel dans
l'avenir minier du Québec.
C'est une contradiction, me semble-t-il. On est conscient d'un dilemme,
mais on est assis entre les deux fourches du dilemme, sans vraiment trancher.
On dit: II n'y a pas d'avenir et on va compliquer la vie du prospecteur
individuel pour toutes sortes de bonnes raisons et pour toutes sortes d'autres
motifs et, par la porte du côté, on va les aider à
survivre. A un moment donné, il me semble que si j'étais
prospecteur, je me poserais des questions. Est-ce que c'est cohérent?
Est-ce que tout le monde comprend dans quelle direction va le gouvernement?
M. Bérubé: D'abord, j'aimerais reprendre une
affirmation que le député de Saint-Laurent a faite à deux
reprises. Je ne l'ai pas relevée la première fois, mais je pense
qu'il m'apparaît nécessaire de la relever.
Le député de Saint-Laurent attache une extrême
importance à la loi 27, à certains aspects de la loi 27 qui
imposeraient de nouvelles exigences au petit prospecteur. Je dois rappeler au
député de Saint-Laurent, d'une part, que la loi 27, qui permet de
réserver le territoire sur lequel le ministère effectue des
travaux intensifs d'exploration, ne représente, finalement, qu'une toute
petite superficie du territoire. Nous avons présentement 13
réserves pour 490 kilomètres carrés. Je pense que le
député de Saint-Laurent reconnaîtra que 490
kilomètres carrés est une superficie extrêmement petite par
rapport à l'ensemble du territoire québécois.
Donc, le prospecteur a encore l'ensemble du Québec où il
peut faire son travail et, par conséquent, ce ne sont pas les
réserves pour la couronne qui vont nuire à son travail de
prospections.
M. Forget: Pour l'instant. La loi n'est en vigueur que depuis un
an.
M. Bérubé: Pour l'instant, mais de toute
façon, nous n'avons pas l'intention de faire croître, de
façon indue, l'étendue de ces territoires.
Lorsque nous ouvrons le territoire, il n'est nullement dit qu'un
prospecteur ne peut pas faire une proposition d'inventaire sur un terrain
réservé par la couronne et qu'il soit admissible. Le seul
contrôle que le gouvernement exercera sera sur la qualité du
programme d'exploration. Il s'agit de savoir si le prospecteur a simplement
comme intention d'aller jalonner le territoire et après de chercher
à le passer à une société junior ou à le
mettre sous option, comme on dit plus communément dans le jargon minier,
et par conséquent de ne pas, en soi, faire de prospection. Parce qu'il
faut reconnaître qu'une bonne partie du travail de nos soi-disant
prospecteurs, dans certains cas. consistait simplement à aller jalonner
du territoire sans aucune connaissance préalable de la géologie
souterraine et, par la suite, de proposer ces propriétés à
des sociétés minières qui effectuaient le travail de
prospection. Ce n'est pas véritablement un rôle de prospecteur de
faire ce type d'activité. Il va de soi que le fait de réserver
pour la couronne nuit à ce genre d'activité du prospecteur plus
traditionnel qui en soi ne contribuait pas à auqmenter les connaissances
du territoire.
Par contre, un prospecteur qui soumet au ministère un programme
de décapage, d'affleurement pour pouvoir en évaluer les
propriétés, à ce moment, un prospecteur qui nous ferait
une telle proposition nous proposerait là un programme d exploration en
bonne et due forme. Nous pourrions à ce moment lui céder ces
territoires qui ont été réservés. Le seul
contrôle que nous faisons, c est un contrôle sur la qualité
du programme de prospection. Si un prospecteur nous soumet un programme sans
valeur qui n'est pas de nature à accélérer le
développement minier, mais au contraire va, tout simplement, servir
à financer un projet de spéculation foncière, là,
dans un cas comme celui-là, le gouvernement n'a pas d
intérêt particulier, et le Québec n'a pas
d'intérêt particulier à favoriser ce genre
d'intervention.
Il faut donc, être bien clair. Ce ne sont pas les réserves
pour la couronne qui nuisent à I'activité du véritable
prospecteur, mais le problème que vous avez soulevé, M. le
député de Saint-Laurent, est néanmoins valable puisque le
prospecteur doit s adapter à une situation changeante. Etant
donné, je pense, la contribution valable de la prospec-
tion traditionnelle, nous n'avons pas intérêt à
décider immédiatement de sa disparition et donc de prendre tous
les moyens pour que le prospecteur ne puisse plus exercer son activité
traditionnelle.
Cela explique pourquoi nous avons un programme d'aide à la
prospection, cela explique pourquoi nous subventionnons leur association, cela
explique pourquoi nous cherchons à modifier le Code civil de
manière à leur permettre de se financer, cela explique pourquoi
nous avons entrepris des démarches auprès des courtiers pour
pouvoir financer les programmes un peu plus importants et cela explique
pourquoi nous exerçons des pressions auprès des compagnies
minières plus importantes pour qu'elles financent le 50% que les
prospecteurs ont présentement de la difficulté à aller
chercher sur le marché boursier.
Donc, c'est un ensemble de mesures qui, si elles s'avèrent
couronnées de succès, pourraient permettre la reprise de la
prospection plus traditionnelle et même son développement, compte
tenu, cependant, que forcément, la petite prospection traditionnelle va
certainement subir des modifications dans les années à venir, et
cela m'appa-raît inévitable.
M. Forget: Compte tenu de tout cela, quels sont les
critères qu'utilise le ministère des Richesses naturelles pour
accorder dans les zones réservées au jalonnement, pour accorder
son autorisation, en quelque sorte, puisque c'est plus ou moins cela dont il
s'agit? Est-ce que ce sont des exigences très lourdes? Le ministre a
indiqué, tout à l'heure, par exemple, de proposer un
décapage, des affleurements, mais cela peut, dans certains cas,
être une obligation très lourde, requérir des travaux
très importants, dépendant, évidemment, de ce qui recouvre
le gisement ou l'affleurement, dépendant du site, dépendant de
son éloignement etc. Est-ce que de façon générale
il y a des critères qui sont connus d'avance ou est-ce que c'est
jugé à la pièce?
M. Bérubé: Je demanderais là-dessus à
M. Laurin de notre direction d'élaborer sur les critères
présentement en vigueur dans son service concernant de telles ententes
puisqu'elles sont généralement négociées
directement avec son service et non avec le cabinet du ministre.
Pour répondre à votre question, M. Forget, les programmes,
en ce qui nous concerne, doivent être faits suivant les règles de
l'art, c'est-à-dire, insister sur l'information géologique, une
cartographie géologique beaucoup plus détaillée du
territoire comme tel et compléter avec une cartographie
géophysique au sol, c'est-à-dire la polarisation
provoquée, ce qui lui permet de déceler ou de détecter les
anomalies sur le territoire en question et compléter l'information de
ces cibles par du forage.
M. Forget: Ce sont les exigences préalables. Ce sont les
exigences du programme...
M. Bérubé: Du programme.
M. Forget: ... qui doivent être inscrites au programme.
M. Bérubé: Oui, cela doit faire partie, si vous
voulez, de l'ensemble du programme qui est soumis par le prospecteur ou par le
géologue-conseil, en général, qui est le nouveau genre de
prospecteur que nous avons aujourd'hui. Il est parfaitement au courant de ces
exigences, au point de vue de compléter la cartographie
géologique détaillée, de faire de la géophysique
pour lui permettre de délimiter ces cibles, et le forage. En
général, on essaie de voir aussi à ce que le programme
nous donne des travaux d'une valeur d'à peu près $12 l'acre.
Comparativement au terrain régulier où les exigences du
ministère de la Loi du ministère des Richesses naturelles
sont de $4 l'acre, on essaie d'augmenter cette connaissance et d'avoir
des travaux d'une valeur de $12 l'acre environ.
M. Forget: Quel est l'avantage additionnel, du point de vue du
ministère des Richesses naturelles, à une négociation avec
l'entreprise qui fait cette demande, par opposition à une exigence, en
quelque sorte, prédéterminée? Vous avez mentionné
un chiffre de $12 l'acre; c'est un indicateur bien général. On
pourrait imaginer que les exigences dont vous avez fait état, par
exemple, soient mentionnées de façon absolue dans un
règlement ou dans la loi et que la validité du jalonnement
dépende du respect de telles conditions. Sur quoi porte la
négociation comme telle, quelles sont les valeurs de jugement qui sont
appliquées par le ministère dans l'attribution de ces
concessions?
M. Bérubé: Au départ, quelqu'un qui nous
soumet un programme de la sorte peut bien nous dire: Pour un programme global,
en ce qui nous concerne, on dépense exactement la même somme
d'argent $12 l'acre mais on fait uniquement du forage. C'est ce
que nous voulons éviter, évidemment. On a demandé au
ministre de réserver des territoires, on a tout de même
utilisé toute l'information qui était disponible chez nous,
à l'intérieur des travaux statutaires ou à
l'intérieur des travaux que nous avions nous-mêmes
effectués, ce qui nous a permis d'utiliser différents
paramètres pour dire que ce territoire est plus favorable que
d'autres.
Alors, on ne voudrait pas que, suite à certaines erreurs
techniques même lorsqu'on fait des travaux sophistiqués, il
est bien évident que l'on peut vous indiquer sur la carte qu'une telle
anomalie existe à tel point, mais lorsque le point a été
indiqué par des gens qui ont fait le contrat, il a pu y avoir un
déplacement de 400, 500 ou 600 pieds. Si le type nous propose uniquement
du forage et que, par une erreur technique, si vous voulez, le point indiquant
l'anomalie n'a pas été mis au bon endroit, il peut manquer ce qui
existe en profondeur.
C'est la raison pour laquelle on veut avoir quelque chose de plus
spécifique, compléter cette cartographie, la compléter
ensuite par la polarisation provoquée au sol à ce
moment-là, cela
nous permet d'avoir plus de détails et de forer. Si vous
faites uniquement du forage, c'est déjà arrivé, vous
pouvez manquer l'anomalie par une centaine de pieds et vous retournez
bredouille. On veut que la personne qui travaille dans le territoire en
question en ait le plus possible pour son argent et même nous.
M. Forget: C'est, en somme, une espèce de garantie de
qualité?
M. Bérubé: Oui, c'est ce que mentionnait le
ministre tantôt. On veut avoir réellement une qualité
accrue sur le territoire qui est réservé et où le
ministère donne l'autorisation à qui que ce soit, que ce soit un
prospecteur ou une compagnie, de jalonner le territoire, dépendant de la
qualité du travail qu'il va faire.
La raison sous-jacente à cette intervention gouvernementale,
c'est qu'elle s'applique à des parcelles de territoire pour lesquelles
il y a eu un effort assez important de fait pour traiter l'ensemble de
l'information disponible et convertir cette information en des
probabilités de découverte. Par conséquent, on a donc en
main un potentiel minier beaucoup plus intéressant que ce qui est
disponible par simple examen de l'ensemble des résultats du gouvernement
ou autres qui sont disponibles au public. Donc, c'est cet effort particulier
qui a été mis pour valoriser le territoire que nous cherchons
à protéger ou, si vous voulez, nous cherchons à utiliser
cette connaissance supérieure du territoire pour essayer de simuler
encore plus de développement sur cette parcelle de territoire.
M. Forget: Bon, cela va, M. le Président. Une
dernière question, cependant, sur un autre sujet: Le ministre a
mentionné que les $3 millions destinés à l'origine, l'an
dernier, à SOQUEM, n'apparaissent plus au budget puisqu'ils ont fait
l'objet d'un extra-budgétaire, si ma mémoire est fidèle.
S'agit-il des $3 millions qui ont soulevé des difficultés
auprès de la direction de SOQUEM, au cours de 1977?
M. Bérubé: Ils n'ont pas soulevé de
difficultés, au contraire, récemment on nous demandait si on
n'avait pas encore $275 000 pour compléter. Je conclus donc que les
difficultés soulevées sont plutôt mineures, si ce n'est
qu'on aurait préféré en avoir plus. Ils ont
été complètement dépensés par SOQUEM dans
son programme d'exploration à Louvem.
M. Forget: N'y a-t-il pas eu des difficultés avec la
direction de SOQUEM relativement à l'attribution d'une somme d argent
par le ministère soit à SOQUEM soit à l'une de ses
filiales?
M. Bérubé: Non, il n'y a eu aucune discussion entre
le gouvernement comme tel et SOQUEM concernant cette subvention de S3 millions.
Le fait est que lorsque nous avons inclus $3 millions dans notre budget
à ce moment-là, il ne nous paraissait pas possible d'amender la
loi de SOQUEM à temps. Par conséquent, SOQUEM, qui avait des
travaux importants à faire pour au moins essayer de développer ou
prolonger la vie de Louvem, n'avait pas les moyens de les financer. Il nous a
donc paru important de consacrer une partie de notre programme du Nord-Ouest au
financement de ces travaux d'exploration de la société SOQUEM
c'était donc une action ponctuelle, l'action d'une année
qui n'était pas destinée à être
répétée et de rapidement adopter un amendement
à la Loi de SOQUEM qui permettrait à SOQUEM de financer de
façon plus conventionnelle ses travaux d'exploration.
M. Forget: II faut donc traiter comme des rumeurs sans fondement
la réaction qu'on a imputée, en certains milieux de la presse, au
président de SOQUEM relativement à des sommes d'argent qui
auraient été avancées par le gouvernement à des
filiales de SOQUEM et qui auraient mis en péril le contrôle ou
l'autorité, en somme, de la direction de SOQUEM sur ses filiales.
M. Bérubé: J'ai l'impression qu'il y a
peut-être une confusion entre cette action particulière du
ministère et une réaction générale de
lex-prési-dent de SOQUEM concernant l'activité globale du
ministère en ce qui avait trait au développement minier.
M. Forget: Donc, son départ n'est en rien relié
à...
M. Bérubé: A la subvention de $3 millions.
M. Forget: ... des subventions de S3 millions ou d autres
montants dirigés vers SOQUEM elle-même ou à des filiales de
SOQUEM.
M. Bérubé: Pas à ma connaissance.
M. Forget: Je n'ai pas d'autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Richmond non plus, n'est-ce pas? Le programme 1, élément 1, est
adopté.
M. Forget: Adopté.
Soutien et surveillance de l'industrie
minière
Le Président (M. Laplante): Programme 1,
élément 2, adopté.
J'appelle le programme 2, Soutien et surveillance de l'industrie
minière. Ce programme vise à stimuler l'activité
minière en participant avec I'industrie à certains
investissements en infrastructures, en recherches appliquée et
économique, à fournir un soutien technique et à surveiller
I'application des règles de sécurité.
Les remarques de M. le ministre.
M. Bérubé: Oui. Essentiellement, nous avons cinq
éléments dans ce programme qui portent, cette fois, non plus sur
l'actualisation du potentiel
minier du Québec, mais plutôt sur le développement
industriel minier. C'est donc à l'intérieur de
l'élément 1 que nous finançons la construction de routes
de pénétration destinées à ouvrir des territoires
vierges à l'exploration, d'une part; c'est également à
l'intérieur de cet élément qu'on analyse toutes les
demandes de baux miniers qui nous sont soumises.
Egalement, à l'élément 2, nous finançons la
recherche minérale, c'est-à-dire le fonctionnement du Centre de
recherches minérales qui se voit confier deux vocations, soit de fournir
les services analytiques à l'industrie minérale, d'une part, et,
d'autre part, effectuer des recherches sur la valorisation des minerais.
L'élément 3 porte sur la surveillance de la production
minière. Il s'agit là évidemment de l'application des
règlements concernant la salubrité et la sécurité
au travail dans les mines et carrières, du contrôle de la
qualité des terrils de mine, des sites abandonnés.
Nous avons la partie planification et gestion qui s'occupe d'analyse
juridique; par exemple, le problème des propriétés, des
titres miniers souterrains. D'autre part, nous nous occupons également
de fiscalité, donc de la perception des droits miniers. Je pense que
c'est en gros.
Finalement, l'élément 5 qui est un nouvel
élément. Nous avons le Bureau de l'amiante dont le rôle est
de négocier des ententes de développement entre le gouvernement
et les compagnies productrices d'amiante au Québec.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, au début de mes
remarques, j'avais affirmé, ce qui a été nié par le
ministre, qu'une grande partie des crédits nouveaux ceci est
probablement plus vrai dans le cas du programme 2 que des autres du
ministère des Richesses naturelles allait dans la direction de
l'amiante. Je relève, à la première page de la section du
document qui nous a été remis, un certain nombre d'indications
à cet effet puisque nous avons, dans trois notes où on retrouve
des hausses importantes, une référence à l'amiante. Il y
a, par exemple, au titre des traitements c'est la ventilation par
supercatégorie et catégorie de dépenses une hausse
de près de $700 000; ce chiffre a été corrigé au
crayon, c'est $697 800 qu'on attribue à la hausse normale des
traitements et à la création du Bureau de l'amiante. Il y a
à la catégorie 3, communications, une référence
également à la création du Bureau de l'amiante d'un
montant accru de $47 600. Au poste suivant où se trouve une autre
augmentation importante, il y a la catégorie services où on a
$843 600 attribués, là aussi, au Bureau de l'amiante:
accroissement des activités, projets OPDQ et Bureau de l'amiante.
Evidemment, il y a des facteurs qui sont mélangés; la ventilation
n'est pas fournie.
Je présume que dans d'autres catégories,
particulièrement les projets OPDQ au centre de recherche
minérale, il y a des augmentations qui sont réellement
attribuables à l'amiante. Donc, il y a. dans une augmentation de $2 400
000, une somme qui n'est pas connue, mais qui est certainement reliée
d'assez près à des augmentations de crédit importantes et
qui est attribuable, en partie, à la création du Bureau de
l'amiante. C'est plus que des grenailles; il y a des choses substantielles
qu'on peut déceler à première vue. Je fais cette mise au
point simplement parce que le ministre a dit: Non, il n'y a presque rien; il y
a $47 000 ou une cinquantaine de milliers de dollars. Il y a probablement plus
que cela. Il y a $750 000 strictement pour la création du Bureau de
l'amiante, mais, dans d'autres crédits, il y a d'autres sommes
également.
M. Bérubé: Les seules autres sommes, ce que
j'ai...
M. Forget: II y a de la recherche, par exemple, qui ne se fait
pas au Bureau de l'amiante, mais qui se fait ailleurs. Il y a des
dépenses afférentes à la création du Bureau de
l'amiante, communications, etc., qui semblent reliées à cela.
De toute façon, ce n'est pas très clair, mais il semble
que ce soient des montants importants qui dépassent les $750 000 par une
bonne marge.
M. Bérubé: Donc, je devrai contredire, à mon
grand regret, le député de Saint-Laurent. Les $750 000 sont
ventilés entre plusieurs postes budgétaires et je pense qu'il
sera facile pour le député de Saint-Laurent de prendre, par
exemple, le programme 2 à la catégorie 1 des traitements et de
voir que nous avons une augmentation de $200 000 pour les traitements à
l'élément 5. On peut prendre tous les éléments 5 et
voir...
M. Forget: $200 000 sur un total de $700 000? M.
Bérubé: Oui.
M. Forget: Sur $700 000. Donc, il reste un solde de $500 000 pour
l'amiante.
M. Bérubé: C'est cela. On peut trouver le solde de
$490 000 au niveau des services qui sont des contrats de toutes sortes,
d'expertises pour des projets d'implantation de l'industrie au Québec
qui apparaissent à l'élément 5. Egalement, la somme de ces
montants totalise $750 000. (17 heures)
Quant au point "recherche", on le retrouve au niveau du programme 2,
l'élément 2, catégorie 4, où on découvre
$814 000 de contrats donnés par le Centre de recherches minérales
et là on va retrouver à nouveau des activités
gouvernementales portant sur l'amiante. On voit: groupes de recherche et de
développement. C'est le financement de l'Université de Sherbrooke
et du Centre de recherche industrielle du Québec, pour une demi-douzaine
de projets de recherche. On découvre également des travaux de
recherche financés au Centre de recherche industrielle portant sur la
fibre courte, un autre projet de $20 000 qui est financé pour la
récupération du fer-nickel des rejets d'amiante, et un petit
projet portant sur les poussières d'amiante. Donc, au total, on
devrait
ajouter, aux $750 000 du budget de l'amiante, un ensemble de contrats de
recherche donnée par le Centre de recherches minérales, au
montant total d'environ $700 000. C'est la partie "recherche".
M. Forget: Et ce sont les seuls endroits où se retrouvent
des dépenses incidentes au projet de l'amiante dans le budget du
ministère? L'élément 2 et l'élément 5.
M. Bérubé: J'ai une question que l'on pourrait
soumettre à M. Olivier. Cela porterait essentiellement sur ses propres
activités à l'intérieur du Centre de recherches
minérales, c'est-à-dire l'élément 2 du programme 2,
qui pourrait inclure des recherches portant sur l'amiante à
l'intérieur de son centre et avec lesquelles je ne serais pas
familier.
On me dit qu'il existe une activité, c'est le fonctionnement du
circuit pilote de traitement des minerais d'amiante pour un montant d'environ
$100 000. Il s'agit là évidemment d'une activité
traditionnelle au Centre de recherches minérales puisque le Centre de
recherches minérales offre ce service pour à peu près tous
pays du monde à ma connaissance. Il y a des travaux qui se font pas
mal...
M. Forget: II n'y a pas de travaux nouveaux entrepris
récemment par ce bureau relativement à l'amiante?
M. Bérubé: Ceci devrait vous donner... M.
Forget: D'accord.
M. Bérubé: On me souligne que les programmes de
recherche et de développement sont évidemment des continuations
de programmes qui avaient commencé l'année dernière. J ai
d'ailleurs eu le plaisir de déposer en commission parlementaire,
à quelques reprises, les échantillons du génie
québécois de la recherche dans ce domaine de l'amiante.
M. Forget: Un autre sujet, toujours relatif au programme 2.
L'accélération du programme de voirie minière. C'est
évidemment un secteur où il est possible de créer de
l'emploi à court terme dans la construction de routes d'accès.
J'aimerais qu'on nous dise sur la base de quels critères
économiques on décide de la construction de voies d'accès
minières?
M. Bérubé: Vous n'avez pas de critères? Je
vais avoir des petits problèmes pour répondre à cette
question, puisque le responsable de ce service de la voirie minière est
en vacances. On aura donc de petits problèmes. Il doit bien utiliser des
critères pour décider où il va faire ces routes. Sur quels
critères se base-t-il pour décider où il va faire passer
ces routes?
M. Forget: Ce n'est pas tellement où qui
m'intéresse, c'est pourquoi.
M. Bérubé: Les principaux critères sont les
suivants. C'est qu'au départ il y a consultation par
l'intermédiaire de nos bureaux régionaux, par exemple dans la
région de Val-d'Or, la région de Rouyn-Noranda, Chibougamau,
Sainte-Anne-des-Monts, à savoir où l'industrie croit qu'il y a
des possibilités de découvertes dans l'avenir. Il faut bien
préciser au départ ceci: Bien souvent, dans les territoires
on parle depuis tantôt de la région du Nord-Ouest
québécois c'est tout de même facile d'aller dans
certains endroits du Nord-Ouest québécois. Par contre, certains
endroits sont peu accessibles. Il y a peu de lacs et l'accès est tout de
même assez limité, si vous voulez, par certaines rivières
où les hydravions ne pourraient pas se poser dans l'avenir.
Evidemment, si on voulait favoriser ou aider uniquement les grosses
compagnies minières, elles peuvent toujours se déplacer par
hélicoptère. Nous sommes intéressés, encore une
fois, à avoir le plus d'activités possible et, donc, à
rendre l'accès disponible dans les zones à contexte
géologique favorable. Ceci se fait par la communication avec nos bureaux
de géologues résidents des districts miniers et aussi par les
différents contacts que nous pouvons avoir avec l'industrie ou les
prospecteurs du territoire en disant: Ce serait bon, dans l'avenir, d'avoir une
voie de pénétration allant dans tel secteur. C'est ce qui a
guidé, au départ, les découvertes de Selco, avec cette
route de pénétration que nous avons faite dans le
quatrième segment volcanique, à partir de la fourche juste un peu
au nord de Joutel lorsque vous faites la fourche pour aller à Matagami.
Il y a eu cette possibilité de voie de pénétration sur un
territoire facile d'accès où vous aviez un esker,
c'est-à-dire un accident géologique, une ancienne rivière
souterraine glaciaire où vous avez dépôt de gravier. Tout
ce que le ministère a eu à faire, c est de pousser un bulldozer
sur l'esker en question pour jeter les arbres d'un côté comme de
l'autre. Vous avez eu un accès de pénétration pour environ
30 à 35 milles qui a coûté à peu près
rien.
A l'avenir, on se sert de toutes ces possibilités. Nous faisons
mettre en plan, par nos différents bureaux régionaux, toutes les
possibilités d'esker que nous pouvons utiliser. Nous essayons aussi de
converger l'information disponible aux Terres et Forêts avec les routes
forestières pour savoir si elles vont aussi vers des régions
à contexte favorable. C'est toujours ce qui guide l'action du
ministère pour ces voies de pénétration, soit le contexte
géologique favorable et la possibilité de pénétrer
un peu plus rapidement surtout si on prévoit, lors de la planification
de nos travaux, des travaux à l'intérieur de ce territoire en
question.
M. Forget: Quand cela ne coûte rien, je n'ai pas beaucoup
de questions à poser, mais dans l'hypothèse plus probable,
puisqu'on étudie des crédits, que cela coûte quelque chose,
je me demande quels calculs motivent vraiment la construction de mines dans des
territoires pour lesquels, de deux choses l'une, ou il n'y aura pas
d'exploitation et, à ce moment, la route qui, comme son nom l'indique,
est faite pour évacuer ou amener du matériel ou du minerai en
quantité
importante n'aura pas d'usage, ou une exploitation est en perspective ou
sera éventuellement démontrée comme possible et, à
ce moment, la route peut être construite dans un autre contexte
économique qu'un financement gouvernemental. Comme moyen d'incitation au
développement minier, cela m'apparaît une méthode un peu
dure, d'utiliser un fusil à plomb pour jeter des projectiles selon un
cône le plus étendu possible de manière à avoir une
chance d'attraper le gibier. Cela ne me paraît pas nécessairement
un emploi très contemporain des fonds publics. Il doit y avoir d'autres
façons de joindre des territoires que de construire des routes. En 1980,
il y a d'autres mécanismes qui peuvent être utilisés. Une
route, malgré tout, a une certaine permanence. Elle représente
une utilisation de capital assez importante, quand les distances sont
substantielles comme elles le sont souvent au Québec. Elle ne peut pas
se justifier en tout état de cause. Une route qu'on utilise une fois
pour aller explorer un territoire ne semble pas justifiée. Encore une
fois, s'il y a quelque chose à exploiter, il faut que I'exploitation de
la mine couvre au moins le coût de construction de la route. Cela semble
assez évident.
Je ne vois pas la philosophie qui inspire, en 1980, un ministère
à construire des routes pour des accès miniers en dehors de
toutes perspectives certaines à développer. A ce
moment-là, la seule question qui se posera, ce sera que la compagnie
d'exploitation construise la route mais peut-être qu'elle finance, et
qu'elle construise aussi l'implantation nécessaire pour l'exploitation,
comme cela s'est fait partout où il y a des exploitations importantes.
Autrement dit, il y a des coûts sociaux que le gouvernement semble
prendre à sa charge assez allègrement en dehors d'une perspective
immédiate de développement, alors qu'il semblerait exister une
alternative à cela, de nos jours.
M. Bérubé: On sent que le député de
Saint-Laurent cherche désespérément à pondre une
question. A force de tourner autour du sujet, il va peut-être finir par
accoucher d'une idée un peu plus claire qui va nous permettre de tenter
d'y apporter une réponse.
M. Forget: Méfiez-vous, M. le Président! Quand le
ministre commence une réponse comme cela, c'est qu'il ne sait pas
comment répondre.
M. Bérubé: Je dois dire que, d'une part, il existe
parfois, à l'intérieur d'un programme de voirie minière,
l'équivalent d'une subvention à une industrie qui aurait un
gisement à développer et à qui le gouvernement peut venir
en aide par la construction d'un tronçon de route qui réduit
peut-être les coûts de l'investissement initial. Ceci est possible.
Je pense que, dans le cas de la découverte de Selco, qui est le seul
gisement en développement au Québec véritablement nouveau,
à l'exception peut-être de Silverstack ou d'autres avec lesquels
je ne suis pas familier, on peut donc imaginer je pense que le
gouvernement l'avait fait antérieurement et nous avons continué
cette année avec Selco la construction d'un tronçon qui
relie Joutel à Selco, permettant donc éventuellement aux mineurs
de vivre à Joutel et de continuer à profiter des infrastructures
urbaines qui sont déjà à Joutel et de travailler à
la mine de Selco, évitant ainsi un certain nombre de coûts.
Donc, le programme de voirie minière peut servir cet objectif.
Cependant, ce n'est pas l'objectif principal, loin de là. C'est pourquoi
j'ai de la difficulté à comprendre la question du
député de Saint-Laurent. Effectivement, la voirie minière
est un moyen comme un autre de mettre le territoire en valeur. On peut
évidemment faire un relevé magnétique, géochimique
du territoire par hélicoptère et, à la suite de la
publication de ces relevés, conclure qu'un territoire donné a un
potentiel extrêmement intéressant. Cependant, son
inaccessibilité pourrait être telle qu'on ne puisse pas
véritablement amener de l'équipement de forage autrement que par
des moyens de transport extrêmement coûteux. Par conséquent,
la construction d'un certain nombre de tronçons de route dont l'objectif
est purement et simplement d'ouvrir le territoire peut être un objectif
en soi tout à fait valable, comme on sait que généralement
cela a été l'ouverture de nouveaux moyens de communication
on peut penser aux chemins de fer qui ont souvent servi à ouvrir
le territoire au développement économique, au
développement urbain, et même au développement de
l'agriculture, quand on pense aux Prairies.
En soi, le tracé d'une route qui ouvre le territoire à
l'exploration est un outil de développement économique qui a sa
raison d'être, comme tout autre outil, surtout lorsqu'on n'a
véritablement pas d'autres moyens pour donner accès à ce
territoire. C'est l'objectif principal de ce programme de voirie
minière. Le même objectif sous-tend l'activité du
ministère des Terres et Forêts lorsque celui-ci construit des
voies d'accès principales qui donnent accès à des sources
de matière ligneuse qui, autrement, pourraient demeurer
inexploitées.
M. Forget: Combien y a-t-il de milles? Il faudrait
peut-être dire: Combien y a-t-il de centaines de milles de voies
d'accès minières qui ne débouchent sur aucune mine?
M. Bérubé: Ce ne sont pas des voies d'accès
qui débouchent sur des mines. Par exemple, la construction de la route
de McGerrigle en Gaspésie a permis le développement
d'explorations très intensives autour de la couronne intéressante
des monts Chic-Chocs. Il y a les mines Madeleine. (17 h 15)
M. Forget: Les exemples ne sont pas une démonstration. Une
autre façon de poser la même question: Y a-t-il jamais eu une
étude bénéfices-coûts sur les investissements de
millions par le ministère des Terres et Forêts pour donner
accès à des territoires qu'on sait, par ailleurs, être
imparfaitement connus sur le plan géologique? L'analogie du ministre,
tantôt, de comparer cela aux chemins de fer qui ont permis d'ouvrir les
Prairies n'est pas tout à fait appropriée parce qu'au moins,
quand on a construit le chemin de fer vers le Pacifique, on savait que
I'océan Pacifique existait. C'est déjà un
bon départ. On n'a pas fait un chemin de fer en espérant
trouver l'océan Pacifique parce que peut-être on serait parti dans
une autre direction et cela aurait été malheureux parce qu'on ne
serait peut-être arrivé nulle part.
C'est un peu cela qui me semble être... Quand j'ai posé la
question: Est-ce qu il y a des critères? On m'a dit: Non, on se pose la
question. Peut-être que ce serait bien de s'en aller par là ou par
là. Ce n'est pas un critère en soi. Ce n'est pas une
justification. Je ne demande qu'à ne pas les déformer.
M. Bérubé: On a tendance à continuellement
déformer les interventions de la partie gouvernementale pour pouvoir
ensuite poser de nouvelles questions. Mais ce n'est nullement ce que nous avons
dit. Nous n'avons pas dit que nous traçons les routes dans toutes les
directions par ci par là avec espoir de trouver quelque chose. Ce que le
ministère fait c'est qu'à la suite de ces inventaires miniers ou
du potentiel minier il se trouve des régions qui sont
intéressantes et c'est autour de ces régions que I'on axe notre
programme de voirie minière, il va de soi. Par conséquent, il ne
fait aucun doute qu'il est beaucoup plus difficile de parler de l'existence de
mines tant et aussi longtemps qu'elles n'ont pas été
découvertes. Or, le programme de voirie minière vise à
permettre la découverte de mines. Le député de
Saint-Laurent, évidemment, conclura: Puisque nous n'avons pas de mines,
à quoi sert la construction de routes?
La construction de routes sert à faciliter l'exploration, donc
à accélérer le développement de nouvelles
mines.
M. Forget: Oui mais, tant que cela ne nuit pas, cela peut aider.
Mais, il reste que le ministère n'a pas de fonds illimités,
à moins que ce soit le cas et, à ce moment, on est ici pour rien.
Si les fonds ne sont pas illimités, encore faudrait-il savoir pourquoi
construire un peu plus de routes et faire un petit peu moins, par exemple, de
relevés électromagnétiques et autres où on nous a
dit que cela va prendre quinze ans pour les terminer. A ce moment, on prend une
décision de dépenser un petit peu moins pour des relevés,
dépenser un petit peu plus pour les routes. C'est donc qu'on va avoir
une vague notion qu'il est plus rentable, plus probable d'obtenir un
développement minier en construisant quelques milles additionnels de
routes qu'en consacrant quelques centaines de milliers ou $1 million, $2
millions de plus pour un certain nombre de relevés qui vont augmenter la
connaissance qu'on a du territoire.
Le problème n'est pas simplement que dans un pays de Cocagne on a
des ressources illimitées. Je suppose que le ministère a des
ressources limitées. La question que je pose qui me semble pertinente,
c'est: Qu'est-ce qui vous fait décider de construire des routes
plutôt que de compléter votre connaissance du territoire où
les routes doivent vous amener, mais comment vous amener à des endroits
que par définition vous connaissez imparfaitement? Il doit y avoir une
relation entre les deux. Je ne demande qu'à ce qu'on me dise: Oui, il y
a une relation. On ne construit des routes que lorsqu'on est sûr, par
tous les relevés qu'on a pu faire, qu'il y a une perspective. Je n'ai
pas entendu cette explication. Je ne dois que supposer qu elle n'existe
pas.
M. Bérubé: On l'a donnée. A deux reprises,
on vous a donné I'explication, alors il faudrait répéter
une troisième fois.
M. Forget: Non, on ne l'a donnée nulle part. On a dit: On
a traité cela comme deux mondes entièrement distincts. Tant mieux
s'ils sont reliés l'un à I'autre. Mais cela ne m'apparaît
pas visible parce qu'on nous a décrit le processus de consultation. Or,
je ne vois pas ce que la consultation avec les compagnies minières vient
faire là-dedans, si le ministère a lui-même une notion
d'où sont les zones à potentiel élevé.
M. Bérubé: La raison en est très simple. Les
consultations avec l'industrie nous permettent de nous familiariser avec les
découvertes de ces sociétés impliquées dans
l'exploration et par conséquent, de connaître le potentiel tel
qu'il se révèle aux travaux d exploration en cours. Donc, cela
nous permet de mieux connaître le potentiel du territoire. De la
même façon, nous consultons nos propres relevés
géoscientifiques et, à partir de ceux-ci, ceci nous permet de
conclure qu'il existe un potentiel minier intéressant dans un territoire
donné. Cependant, arrivée à un certain niveau,
l'acquisition supplémentaire de connaissances exige, à ce moment,
des travaux, par exemple, de décapage, d'affleurement, des travaux de
forage, donc, l'amenée sur le terrain d'équipement lourd. Ce
n'est que par le biais de voirie minière dans des territoires
normalement inexplorés que l'on peut permettre I'accès
d'équipement.
Le député de Saint-Laurent a raison de dire: Est-ce que
l'on sait l'incidence de $1 dépensé en exploration minière
versus $1 dépensé en voirie minière? Certes, ce genre de
calcul a peut-être été fait au ministère. Je ne l'ai
pas vu pour autant que je suis concerné, mais une chose que l'on peut
affirmer cependant, c'est qu'il y a une limite au rôle que peut jouer $1
en exploration minière. Lorsque vous avez fait un nombre important de
relevés, vous pouvez continuer à faire des relevés
aéromagnétiques pour le restant de vos jours, mais il vient un
moment où il faut procéder à des forages, il faut
procéder à la vérification en place des anomalies. Ceci
nécessite nécessairement des investissements, de l'amenée
d'équipement lourd et exige donc des voies d'accès. Par
conséquent, il me paraît assez académique de poser la
question à savoir si le dollar investi dans la voirie minière est
plus rentable que le dollar investi dans les relevés. Je pense que rendu
à un stade, il devient évident que mettre des dollars
supplémentaires pour faire des relevés sur un territoire
donné, pour lequel on n'a aucune voie d'accès, est gaspiller de
l'argent, et, à un moment donné, il faut donc prendre une
deuxième décision à savoir si on ouvre le territoire
à de l'exploration beaucoup plus ponctuelle. C'est là où
la voirie minière entre en jeu.
C'est-à-dire que c'est à deux niveaux différents,
évidemment, de l'exploration.
M. Forget: Voilà le début d'une réponse qui
est éclairante. Si je comprends bien, le ministre nous dit qu'il doit y
avoir un équilibre entre les deux activités et il nous affirme
que la répartition actuelle est une répartition parfaitement
équilibrée et...
M. Bérubé: C'est très difficile à
dire, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: ... que le ministère est satisfait des
critères qu'il applique à l'un et l'autre type de
décision.
NI. Bérubé: II devient extrêmement...
M. Forget: C'est ce qu'il faut comprendre de ses remarques.
M. Bérubé: II devient extrêmement difficile
de...
M. Forget: Ou alors que les critères n'existent pas et on
se fie à l'instinct ou à l'intuition.
M. Bérubé: M. le député...
M. Forget: Mais ça aussi c'est une information
pertinente.
M. Bérubé: M. le député de
Saint-Laurent, il va de soi qu'on ne connaît véritablement
l'existence d'une mine que lorsqu'on l'a découverte. Par
conséquent, en recherche, il faut forcément prendre des
décisions qui sont aléatoires, sur lesquelles existe un certain
niveau d'incertitude. Il ne fait aucun doute qu'on ne peut pas a priori dire
que cette année les sommes que nous mettons dans l'exploration
géoscientifique auront un rendement plus grand ou moins grand que les
sommes, toutes proportions gardées, que nous mettons dans la voirie
minière puisque si nous pouvions, cette année, exactement
prévoir l'incidence des sommes que nous consentons en voirie
minière, l'incidence qu'elles auront sur le développement minier,
évidemment, cela supposerait que nous connaîtrions à
l'avance les mines que nous allons découvrir. Or, nous ne les
connaissons pas. Par conséquent, la décision que nous prenons
quant à l'appropriation des sommes du côté de la voirie ou
du côté de l'exploration géoscientifique,
évidemment, procède d'un certain jugement qui, je pense, est
entaché d'une certaine faillibilité oui, c'est le moins
qu'on puisse dire et, forcément, ce n'est qu'après coup
que l'on peut juger que les sommes que l'on a investies ont été
plus rentables dans telle ou telle activité. Mais a priori, cela me
paraît en tous les cas assez difficile à prédire. D'autant
plus que même si l'expérience passée pouvait nous dire que
$1 en voirie minière est deux fois plus utile que $1 en exploration
géoscientifique, rien ne nous dit que le dollar que nous investissons
maintenant est entaché des mêmes caractéristiques, puisque
nous traitons dans un territoire différent, dans des conditions
différentes, et, à chaque fois, évidemment, c'est une
appréciation qui est un peu subjective.
M. Forget: C'est cela que je voulais savoir. On ne sait pas quels
sont les critères et il n'y a pas moyen de les avoir. C'est en somme ce
qu'a dit le ministre et je suis bien prêt à accepter cette
explication, mais on a quand même réussi à le lui faire
dire.
M. le Président, je suis disposé à adopter ces
crédits.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le
député de Richmond a quelque chose? Cela va?
Programme 2, élément 1, adopté. Elément 2,
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Elément 3,
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Elément 4,
adopté?
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Laplante): Elément 5,
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
adopté.
Gestion interne et soutien
J'appelle maintenant, programme 3, Gestion interne et soutien. Ce
programme vise à planifier, diriger et coordonner les ressources
humaines, physiques et financières essentielles à la gestion des
programmes du ministère. Avez-vous des remarques, M. le ministre?
M. Bérubé: A l'intérieur de ce programme,
parmi les changements auxquels nous avons assisté cette année, il
y a évidemment un nouveau sous-ministre. M. Yvon Tremblay est
passé à la décentralisation; il est donc sous-ministre en
titre de M. Léonard, je crois. Quant à M. Saumier qui
était sous-ministre en titre de M. Léonard, il est maintenant
passé aux Richesses naturelles. Il y a donc un changement à ce
niveau.
M. Forget: Est-ce une indication que la décentralisation
devient de plus en plus souterraine?
M. Bérubé: Nous en sommes aux fondements. Quant
à M. Perlstein, qui était sous-ministre adjoint et qui occupait
à la fois la charge de sous-ministre adjoint aux mines et à
l'administration, il est passé sous-ministre adjoint, mais responsable
du Bureau de l'amiante. M. Yvan Jacques, qui était sous-
ministre adjoint à l'administration à l'Agriculture, est
maintenant sous-ministre adjoint à l'administration aux Richesses
naturelles. Nous n'avons pas présentement de sous-ministre adjoint aux
mines.
M. Forget: C'est pour cela que ça va mal!
M. Bérubé: II n'y a pas de problème, le
ministre suit de près son ministère. Il y a eu une réforme
de l'organisation supérieure du ministère. C'est l'ancien ou le
nouveau, M. Jacques? Nous avons essentiellement créé une
direction générale du développement minier, une direction
générale de la rechercher géologique et minérale,
ainsi qu'un Centre de recherches minérales. Nous avons donc maintenant
trois directions là où auparavant il y en avait deux; auparavant,
nous avions la direction générale des mines qui se subdivisait et
le centre de recherches.
M. Forget: Je vois. Est-ce que la diminution de crédits
observée d'une année à l'autre est une diminution
réelle ou si cela résulte d'un transfert de poste à une
autre articulation administrative du ministère?
M. Bérubé: II y a la disparition de la Direction
générale du Nouveau-Québec que vous avez peut-être
notée.
M. Forget: Elle était afférente au programme de
gestion interne et soutien?
M. Bérubé: Oui. M. Forget: Bon.
M. Bérubé: Dans le passé, la Direction
générale du Nouveau-Québec s'occupait de la gestion. A la
suite de l'entrée en vigueur de la Convention de la baie James, les
différents ministères du gouvernement ont à assumer leurs
responsabilités face à la mise en vigueur de cette convention et,
en particulier, face à l'administration de services aux populations
autochtones. Il nous a donc semblé qu'il pouvait y avoir
dédoublement en fonction de certains services que donnait
déjà la Direction générale du
Nouveau-Québec.
D'autre part, la Direction générale du
Nouveau-Québec assurait tout de même un soutien logistique
important pour les activités gouvernementales dans ces territoires
éloignés qui, évidemment, ne sont pas dotés de
l'ensemble des infrastructures classiques qu'on retrouve dans le sud du
Québec. De plus, il nous a paru important que l'activité du
gouverne- ment dans le Nouveau-Québec, vis-à-vis des autochtones
et des Amérindiens plus précisément, soit un peu
coordonnée de manière que le gouvernement ait une vision un peu
unifiée de son action vis-à-vis des Amérindiens et des
Inuit. Nous avons donc créé ce Secrétariat aux affaires
amérindiennes qui n'a pas, comme tel, de mission administrative, mais
qui n'a qu'un rôle de coordination. C'est ainsi que le bureau de lentente
avec la baie James a été intégré à
l'intérieur du Secrétariat aux affaires amérindiennes et
que nous avons maintenant, au niveau de ce secrétariat qui relève
directement du premier ministre, peut-être une quinzaine de personnes
dont le rôle est essentiellement de donner une sorte d'approche
unifiée aux différents ministères qui sont
impliqués auprès des autochtones, l'objectif étant,
évidemment, peut-être d'assurer plus de cohésion à
l'action gouvernementale. (17 h 30)
Quant à l'aspect du soutien logistique, rôle qu'assumait la
Direction générale du Nouveau-Québec, ce rôle a
été transféré aux approvisionnements et services,
en fait au ministère des Travaux publics, de manière à lui
conférer véritablement ce rôle de soutien logistique et non
pas ce rôle de mandataire du gouvernement quant à I'action
gouvernementale générale sur le territoire. C'est donc une
différence de philosophie concernant les liens entre l'Etat du
Québec et les populations autochtones.
Soulignons aussi que la Direction générale de
l'énergie a acquis une autonomie puisque, maintenant, nous avons un
ministre délégué à l'Energie et que,
forcément, un certain nombre de postes ont été
transférés à cette direction de manière à
pouvoir la rendre plus autonome. Par conséquent, la charge
administrative au niveau du ministère des Richesses naturelles a donc
diminué.
M. Forget: Approuvé, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Programme 3,
élément 1, adopté. Elément 2, adopté.
Programme 3, adopté.
Cela met fin actuellement, pour les fins du programme concernant les
Richesses naturelles, à l'étude des crédits de 1978/79.
Les travaux sont ajournés sine die.
Mais avant de terminer, j'aimerais faire remarquer aux membres de cette
commission que demain, à dix heures, l'étude des crédits
du ministère des Terres et Forêts se poursuivra.
(Fin de la séance à 17 h 32)