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Commission permanente des
Richesses naturelles et
des Terres et Forêts
Administration de l'Hydro-Québec
Séance du jeudi 11 mai 1972
(Seize heures huit minutes)
M. SEGUIN (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts) : A l'ordre, messieurs !
Préliminaires
M. LEGER: M. le Président, pourriez-vous substituer le nom de M.
Joron à celui de M. Lessard à la commission des richesses
naturelles?
M. LE PRESIDENT: C'est fait. Je voudrais tout d'abord vous demander
d'excuser la voix du président. Je ne veux imiter personne; cette
extinction de voix est apparue depuis quelques minutes seulement et je dois
l'endurer nécessairement.
Je voudrais souhaiter la bienvenue aux participants de cette commission
des richesses naturelles. Pour que l'on s'entende sur les règles du jeu,
je vous lirai ce qui suit, tiré des procès-verbaux de
l'Assemblée nationale, sur une proposition de M. Lévesque: "Que
la commission parlementaire des richesses naturelles et des terres et
forêts se réunisse jeudi au salon rouge après que
l'Assemblée aura disposé des affaires courantes." L'important,
c'est ce qui suit : "Ladite commission aura pour objet d'étudier
l'administration courante de l'Hydro-Québec, réservant le projet
d'aménagement de la baie James pour la séance du 16 mai."
Je préviens l'Assemblée que je devrai m'en tenir à
ces règles-là. Aujourd'hui, c'est l'Hydro-Québec pour
ensuite passer, dès le 16 si c'est possible, à l'étude de
la seconde partie, soit le projet de la baie James.
M. LAURIN: M. le Président, pourrais-je vous demander une
directive, en la faisant précéder d'un bref préambule?
Depuis plusieurs années, l'Hydro-Québec prépare des
études sur la baie James, bien avant que le projet soit annoncé.
D'une part, et de l'autre, quand on étudie l'alternative d'un projet
comme celui de la baie James, on est bien obligé d'admettre que cette
alternative est la responsabilité exclusive de l'Hydro-Québec et
qu'il y a bien des questions qu'on peut poser en rapport avec la baie James
mais qui portent sur des projets alternatifs ou des études de
rentabilité sur d'autres projets faits par l'Hydro-Québec. Il me
paraît donc difficile de séparer aussi radicalement que vous
semblez devoir l'indiquer, l'étude des deux projets, autrement cela sera
peut-être difficile d'avoir une vue complète du projet. Puis-je
vous demander quand même une certaine souplesse dans l'application de
cette règle générale sur laquelle évidemment je
suis d'accord?
M. LE PRESIDENT: La souplesse que le président pourrait avoir, en
l'occurrence, est la souplesse que me permet la motion présentée
en Chambre, qui définit bien catégoriquement et bien
distinctement les deux sections à étudier. Alors, afin de ne
tomber ni dans la confusion, ni dans une prolongation inutile des
débats, je pense que c'est la méthode que nous devrons suivre,
malgré que je comprenne très bien ce que vient de suggérer
le député. Pour la meilleure réussite de cette commission,
pour que nous puissions progresser positivement, il faudra quand même, je
pense, faire cette distinction. Je maintiens encore la position
énoncée; je suis restreint à une motion adoptée en
Chambre qui a défini et spécifié les jours et les
objectifs du débat à chacune de ces journées.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais, dans le
même ordre d'idées, vous demander une précision. Est-ce
qu'à la prochaine séance, le 16 mai, tous les
représentants de l'Hydro-Québec qui sont ici seront aussi
présents à cette autre séance?
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'il est du droit de la commission de
convoquer, le 16 mai, la ou les personnes qu'elle voudra entendre à
cette occasion. Je ne vois pas d'objection à cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Puisqu'ils seront ici, M. le Président,
à cette prochaine séance, si l'on s'engageait trop avant dans des
sujets qui relèvent de la baie James, je pense bien qu'il y aurait lieu
de reporter à la prochaine séance ces questions très
précises quant à l'autre projet.
M. LE PRESIDENT: Avec ces précisions, nous allons continuer, en
affirmant, que je n'ai aucune réserve en ce qui concerne le commentaire
que le député fait.
Avons-nous choisi un rapporteur pour cette séance?
M. BOURASSA: Je propose le député de l'Assomption.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, pour cette séance, celui qui sera
responsable de faire rapport en Chambre est le député de
l'Assomption.
La parole est au premier ministre.
M.BOURASSA: M. le Président, brièvement, je veux souhaiter
la bienvenue au président de l'Hydro-Québec, M. Giroux, aux
membres de la commission, de même qu'à tous les
collaborateurs de l'Hydro-Québec. Tel qu'entendu, je pense
qu'aujourd'hui nous allons examiner la question de l'administration de
l'Hydro-Québec. C'est un peu à la suggestion de
l'Hydro-Québec que nous procédons de cette façon. Je pense
que c'est sage de le faire. Cela nous permettra de vider les questions
générales de l'Hydro-Québec pour nous attaquer au
problème qui préoccupe, comme on le sait, au plus haut point
l'opinion publique, celui du développement de la baie James.
Je suis d'accord avec les autres qui ont soulevé les questions,
notamment le député de Montmagny, pour qu'on essaie de vider
aujourd'hui, peut-être même cet après-midi s'il n'y a pas
trop de questions, la question de l'administration de l'Hydro-Québec
pour commencer, mardi, avec le problème de la baie James.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des commentaires de la part des chefs
ou des représentants?
M. LAURIN: M. le Président...
M. LE PRESpENT: Un instant, s'il vous plait. On va suivre l'ordre.
Avez-vous un commentaire à faire?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, si ce n'est que j'ai exprimé
tantôt mon opinion quant au déroulement des travaux.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, conformément à ce que
vient de dire le premier ministre, étant donné qu'il serait
possible peut-être d'aborder, mardi, le problème de la baie James,
j'aimerais demander, pour faciliter nos travaux, s'il serait possible à
l'Hydro-Québec de déposer un certain nombre de documents qui nous
paraissent essentiels pour nous faire une idée plus exacte du projet.
J'aimerais, d'abord, en donner la liste et, ensuite, demander à
l'Hydro-Québec s'il lui est possible de déposer ces études
ou ces projets.
M. BOURASSA: C'est la même liste que vous m'aviez
adressée?
M. LAURIN: Non, c'est une liste plus complète.
M. BOURASSA: Nous allons écouter la nomenclature.
M. LAURIN: Premièrement, c'est un rapport anglais, Preliminary
Cost Estimate of Nuclear and Fossil Fuel Power Plants, c'est le rapport de
United Engineers, ainsi que l'autre, qui a été
déposé le 27 août, et les additions portant sur la
réserve et le taux d'intérêt, qui ont été
remis le 22 octobre, le 6 décembre 1971 et le 6 mars 1972.
Le deuxième document serait un rapport sur le projet
d'aménagement hydro-électrique de la rivière La Grande, de
Rousseau, Sauvé, Warren & Associés, remis en janvier 1972,
portant sur l'évaluation, les études techniques et l'estimation
de base.
La troisième étude, qui porte sur l'aménagement de
la rivière Eastmain, a été remise en janvier 1972 par
Asselin, Benoit, Boucher, Ducharme, Lapointe.
Le quatrième rapport porte sur les études
d'aménagement hydro-électrique de la NBR terminé en
décembre 1971, c'est-à-dire non pas remis mais terminé par
la Direction des projets de centrales de l'Hydro-Québec en
décembre 1971 ainsi que le rapport principal et l'annexe A portant sur
la base des études, l'annexe B sur la description des ouvrages, l'annexe
C sur le programme et l'estimation des coûts et l'annexe D sur le
traitement des données.
Un cinquième document sur NBR-1, étude
d'aménagement hydro-électrique terminée en décembre
1971 par la Direction des projets de centrales. Un autre sur NBRE qui sera un
rapport complémentaire à celui que je viens de mentionner,
exécuté également par la Direction des projets de
centrales.
Un septième document de la Société
d'ingénierie Shawinigan Limitée remis en janvier 1972, sur le
versant est de la baie James, portant sur l'aménagement
hydro-électrique, la coordination de l'estimation des coûts, en
deux volumes, le sommaire des estimations des études
complémentaires.
Un huitième document, l'étude portant sur la valeur des
études antérieures et sur le meilleur programme
d'aménagement des rivières fait par Ebascoe qui aurait, parait-il
été remis en avril 1972.
Un neuvième sur l'aménagement du territoire de la baie
James, effectué par Métra International.
Finalement, je l'ajoute j'en ai déjà parlé
en Chambre le rapport écrit de l'Hydro-Québec. En plus de
l'exposé du président, le rapport écrit de
l'Hydro-Québec nous avait été remis en mars l'an dernier
mais il ne nous a pas été remis cette année.
M. BOURASSA: Vous ne les avez pas déjà, je suppose.
M. LAURIN: Pardon?
M. BOURASSA: Vous ne les avez pas déjà?
M. LAURIN: Non, non.
M. LE PRESIDENT: Avant de revenir à cette question du
député de Bourget, je demande au député
d'Abitibi-Ouest de nous donner ses commentaires.
M. AUDET: A la suite des demandes de dépôt de documents par
le député de Bourget,
est-ce qu'il serait dans l'ordre de demander au président de
l'Hydro-Québec s'il lui serait possible de déposer une copie du
contrat avec la firme d'ingénieurs Desjardins, Sauriol &
Associés, s'il existe un tel contrat?
M. LE PRESIDENT: A ce moment-ci, étant donné la liste
assez longue qu'on nous présente pour production de documents, je
permettrai aux officiers de l'Hydro-Québec de se consulter pendant cinq
minutes afin de nous donner une réponse à savoir, si oui ou non
on peut déposer le tout ou une partie des documents demandés.
M. LAURIN: M. le Président, j'en ai un autre que j'ai
oublié.
M. LE PRESIDENT: Ajoutez-le au plus vite, M. le
député.
M. LAURIN: C'est la liste des contrats émis par
l'Hydro-Québec depuis la réunion de la dernière commission
en rapport avec des travaux de la baie James ainsi qu'une idée
générale des mandats donnés par l'Hydro-Québec
à l'occasion de ces contrats, que ceci concerne la construction de
routes, par exemple, ou d'expériences pilotes sur des bassins ou des
travaux en rapport avec les aéroports ou les ports, ou quelqu'autre
travail que ce soit.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais donc, à partir de maintenant, 16 h
20, suspendre les travaux pour une période de cinq minutes, pour
permettre aux représentants de l'Hydro-Québec de se consulter sur
cette demande.
M. ROY (Beauce): M. le Président, à trois reprises, je
vous ai demandé...
M. LE PRESIDENT: Je viens de suspendre les travaux. Vous reprendrez
immédiatement après.
M. ROY (Beauce): C'est que cela concerne les rapports
également.
M. LE PRESIDENT: M. le député, je vous ai offert la parole
tout à l'heure. Vous avez transmis ce droit à votre
compagnon.
M. ROY (Beauce): Non, non. Je n'ai transmis ce droit à
personne.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse. La séance est ajournée pour
cinq minutes.
(suspension de la séance à 16 h 21)
Reprise de la séance à 16 h 36
M. SEGUIN (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Je ne veux pas faire de procédure ni de procédurite, mais
je voudrais quand même lire l'article 181 du nouveau règlement. Je
prends la décision qu'apporterait l'Hydro-Québec, sous
réserve de cet article.
Article 181 du nouveau règlement de la Chambre: "Le gouvernement
n'est pas obligé de produire des documents s'il le juge contraire
à l'intérêt public; il peut aussi refuser de produire ceux
qui peuvent être obtenus normalement par d'autres moyens ou dont la
préparation serait trop longue en regard de leur utilité." Et
encore ici on le précise: "Cette décision ne peut soulever de
débat". Je n'ai pas l'intention de soulever de débat mais sous
réserve de cet article et de l'interprétation du mot gouvernement
surtout la régie étant quand même une
responsabilité gouvernementale puisque déjà il y a un
ministre responsable que messieurs de l'Hydro se rendent compte du fait
que cet article existe. Je fais ce commentaire sous toute réserve. Je
pense que les membres de la commission comprendront, en l'occurrence, la raison
de mes commentaires.
Puisque ce n'est pas susceptible d'être débattu, je vais
entendre immédiatement le président de l'Hydro-Québec.
M. LAURIN: Si nous ne pouvons pas débattre ça, est-ce que
nous pouvons faire une remarque?
M. LE PRESIDENT: Je préférerais que non à ce
moment-ci; vous aurez l'occasion sans doute dans quelques minutes.
M. LAURIN: D'accord. Sinon un remarque, un commentaire.
M. LE PRESIDENT: Je pense que vous aurez l'occasion tout à
l'heure. Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Tout à l'heure, j'ai demandé la parole
parce qu'on a permis aux membres des autres partis de demander aux
représentants de l'Hydro de produire certains documents. Or, dans le
même esprit, j'aimerais si la chose était possible
obtenir des documents relatifs aux coûts de production du kilowatt heure
et un tableau comparatif du coût de production des chutes Churchill,
Outardes ou encore Manic. Je voudrais avoir les coûts de production
à chacun de ces endroits, c'est-à-dire établir un
coût comparatif. Ceci est en prévision de la commission
parlementaire qui aura lieu la semaine prochaine lorsque nous étudierons
le projet de la baie James.
Et aussi, relativement à ce même projet, j'aimerais que
soit l'Hydro ou le gouvernement
nous présente un plan en ce qui a trait au financement. De quelle
façon le gouvernement entend-il procéder pour financer cet
immense projet? Comme je pense que c'est d'intérêt public
et pour ne pas retarder à ce moment-là la séance de la
commission parlementaire je demanderais au gouvernement et aux gens de
l'Hydro de bien vouloir nous préparer un tel document pour que nous
puissions l'avoir pour discuter à cette occasion.
M. BOURASSA: Dans le document que vous demandez là, est-ce qu'il
devrait être question de la Banque du Canada?
M. ROY (Beauce): II sera question de tout ce que le gouvernement entend
faire pour financer. Nous nous réservons le soin de faire des
suggestions au gouvernement au cas où celui-ci l'aurait
oublié.
M. LE PRESIDENT: Et nous réservons au gouvernement et à
l'Hydro-Québec le soin de répondre ou de ne pas répondre
à votre demande.
M. Giroux.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que je peux me prévaloir
de l'article du règlement qui me permet de vous demander une
directive?
M. LE PRESIDENT: Certainement.
M. LEGER: Est-ce que le président pourrait me dire si le recours
à l'article 181 avant la réponse des membres de
l'Hydro-Québec signifie que, même si l'Hydro avait la
possibilité de présenter les documents, le gouvernement pourrait
se réserver le droit d'accepter ou non que ces documents soient
déposés?
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas voulu, me référant à
l'article 181, empêcher quoi que ce soit. Mais j'ai pensé qu'il
était dans l'intérêt public et dans l'intérêt
commun du groupe qu'on soit bien au courant puisqu'on procède depuis
quelques semaines seulement selon un nouveau règlement. Je voulais que
ce soit bien compris. Quant aux intentions que pourrait avoir le gouvernement
ou que pourrait avoir l'Hydro, ce n'est pas au président de
décider. Je laisse donc ces décisions aux centres de
décision respectifs.
Je demanderais à tous ceux qui auront à prendre la parole
de bien vouloir s'identifier parce que sans cela il est très difficile
de contrôler l'identification au journal des Débats.
Je vous remercie. Allez-y, M. le Président.
M. GIROUX: Merci, M. le Président. Avant de faire l'exposé
du bilan de l'an dernier, je crois pouvoir assez facilement répondre aux
questions qui ont été posées au sujet des documents. Je ne
crois pas que ce soit le rôle de l'Hydro-Québec de juger
directement si c'est d'intérêt public ou non de les déposer
ou de ne pas les déposer.
Après les questions qui ont été posées
dernièrement, je constate que la majeure partie de ces rapports
d'étude sont entre nos mains: United Engineers, Rousseau, Sauvé,
Warren et Associés, etc. Il y a des rapports que nous n'avons pas. Ceux
qui n'ont pas été demandés par l'Hydro-Québec ont
pu être demandés par la Corporation de la baie James. H faudrait
donc demander ces études à la Corporation de la baie James. Je
crois que vous m'en avez mentionné un tantôt de
mémoire c'est le rapport de Métra International qui est en
dehors de notre contrôle.
Naturellement, je n'ai pas ces choses-là en main; nous allons
faire soigneusement une liste et nous la ferons parvenir au gouvernement le
plus tôt possible. Dans nos remarques, on demanderait au gouvernement de
faire une analyse. Autant que possible, il ne faudrait pas publier les rapports
qui donnent les prix de revient exacts. Quand on vient pour vendre, ce n'est
pas tellement concurrentiel.
Ce n'est pas notre devoir de faire une réserve, c'est notre
opinion. Nous allons essayer, dans le plus court délai possible,
aussitôt de retour de préparer ce document afin de le faire
parvenir par livraison spéciale à Québec. Ce sera au
gouvernement de juger si ce doit être distribué ou non. Au sujet
des rapports, je demanderais de clarifier un point, avant que la séance
ne débute. Lorsqu'on nous demande des copies de contrats de firmes
d'ingénieurs, je ne sais pas si la commission serait satisfaite si on
remet une liste de ces contrats, les montants qu'ils représentent et un
résumé du mandat. Il y a certaines clauses qui ne
m'embarrasseraient pas parce que si la province voulait voir ces contrats, il y
a toujours un auditeur général pour le faire seulement des
bureaux d'ingénieurs préféraient sans doute que leurs
conditions contractuelles ne soient pas connues des autres bureaux. Je ne crois
pas, sincèrement, que le détail du contrat soit
d'intérêt public.
Je me permets de suggérer cela au gouvernement; pour son
information, nous pourrions déposer, si je comprends bien votre demande,
les listes, les montants, si c'est une estimation de $100,000 de telle firme
d'ingénieurs, et le mandat qu'on lui a confié. La même
chose, du même coup, devrait être adressée à la
Corporation de la baie James parce qu'il y a des mandats dont on peut faire une
liste et dire que telle chose a été transférée
à telle date à la société d'énergie, tandis
que d'autres choses ont été données directement par la
Corporation de la baie James, Afin qu'ils puissent répondre mardi ou
mercredi prochain sur ces sujets-là, il faudrait que la question soit
transmise à la Société de la baie James.
Est-ce que cela répond à votre question?
M. LAURIN: Oui, c'était le sens de ma demande.
M. GIROUX: Au sujet des rapports, aussitôt que nous retournerons
au bureau, nous les ferons parvenir. Devons-nous les faire parvenir à
vous, M. le Président, ou au premier ministre? Je comprends qu'il est
bien occupé et qu'il ne lira pas tout cela.
M. BOURASSA: La baie James, c'est important.
M. GIROUX: Normalement, nous, de l'Hydro-Québec, transmettons
cela au ministre des Richesses naturelles.
M. BOURASSA: Envoyez donc cela au premier ministre.
M. GIROUX: On les transmettra au premier ministre par livraison
spéciale.
M. LAURIN: J'aurais une remarque ici, que je voulais faire tout à
l'heure, avec votre permission. Je voulais ajouter que je sais que c'est
beaucoup de rapports, mais étant donné que cela a
été présenté comme le projet du siècle et
qu'il conviendrait que tous les partis étudient le mieux possible ce
grand projet, on ne peut le faire que si on a les études les plus
complètes possible, les plus documentées possible, même si
je tiens compte de ces facteurs d'intérêt public que je ne veux
pas contester.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest. Je ne voudrais
pas que l'on commence un questionnaire â ce moment-ci.
M. AUDET: Ce n'est qu'une petite question sur le même sujet.
Lorsque vous parliez de clauses existantes dans certains contrats,
vouliez-vous dire que vous auriez objection à ce qu'elles soient rendues
publiques?
M. GIROUX: Je n'ai pas étudié le mot à mot de ces
contrats, mais il y a des contrats où on exige certaines choses de
certaines firmes et d'autres où on ne l'exige pas pour d'autres raisons.
Alors, je ne crois pas qu'il soit d'intérêt public de donner ces
détails. Ce qu'il est intéressant de savoir, c'est pourquoi on a
donné un contrat de génie à telle firme et un autre genre
de contrat à telle autre, avec le mandat qu'on leur donne et qui
décrit ce qu'elles doivent fournir.
M. AUDET: Serait-il indiscret de poser une autre question en rapport
avec ceci dès maintenant? Est-ce que certains de ces contrats pourraient
revêtir un caractère de "cost plus"?
M. GIROUX: M. le Président, je crois qu'à ce stade-ci les
contrats qui ont été donnés et qui pourraient
revêtir des éléments de "cost plus" ne sont pas de
l'Hydro-Québec. Les contrats d'ingénieurs sont des mandats.
M. LE PRESIDENT: La commission comprendra sans doute qu'à ce
moment-ci je ne saurais permettre des questions sur des détails du
genre. Je pense que vous aurez l'occasion, M. le député, de
revenir à la charge au fur et à mesure que les travaux de la
commission progresseront.
M. LAURIN: M. le Président, j'aurais une autre question à
vous poser, je m'excuse. Ai-je bien entendu que c'est le gouvernement qui va
décider si les études vont être déposées ou
si c'est l'Hydro qui va décider?
M. LE PRESIDENT: J'ai dit qu'il n'était pas de mon ressort, ni de
ma compétence de prendre cette décision comme président et
que je laissais au gouvernement et à la régie, qui est quand
même une régie gouvernementale, relevant d'un ministre dans le
cabinet du gouvernement, le soin d'en décider. C'est à eux de
prendre ces décisions, de donner l'explication ou de déposer ou
de ne pas déposer. J'ai pris quand même l'article 181 sous
réserve et j'ai demandé une interprétation puisqu'il peut
y avoir une confusion sur ce mot "gouvernement", au début de l'article.
Est-ce que la régie réellement aurait le droit de refuser, comme
gouvernement, puisque c'est une régie gouvernementale? Je pense qu'il y
a peut être une marge. Alors, je dois consulter d'autres personnes en ce
qui concerne l'interprétation du règlement et je ferai mes
commentaires à la prochaine séance.
M. LAURIN: Mais vous comprendrez, M. le Président, que, si on
veut que les études soient utiles pour les délibérations
de la commission, il faut que nous les ayions avant le 16 mai.
M. BOURASSA: Cela peut prendre plusieurs jours.
M. LAURIN: II faut que nous les ayions, en tout cas, le plus vite
possible pour que nous puissions les étudier.
M. BOURASSA: Ces études sont considérables.
M. LE PRESIDENT: Ce que j'entends protéger, à ce
moment-ci, c'est ce qui est d'intérêt public et ce qui ne l'est
pas. Alors, je pense qu'on a l'habitude un peu, dans ces commissions, de
reconnaître ces faits et je ne voudrais pas insister davantage sur
cela.
En ce qui concerne l'article même, nous essaierons d'avoir une
décision un peu plus juste sur le mot "gouvernement". Est-ce que
ça comprend les régies ou d'autres opérations
gouvernementales? Je pense que nous avons besoin d'une interprétation
plus à fond sur ce mot, mais j'ai voulu prévenir la commission,
dès le début, que, quand même, ce droit de refus existe
dans le règlement.
M. LAURIN: Cela veut dire, en somme, M. le Président, que nous ne
pouvons pas avoir le dépôt de ces études aujourd'hui,
même si l'Hydro les a en main et serait capable de les
déposer.
M. BOURASSA: Elle ne les a pas en main.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le premier ministre veut
dire par là qu'il ne peut pas nous dire aujourd'hui s'il va permettre
que ces documents nous soient remis avant mardi?
M. BOURASSA: C'est ça.
M. LEGER: Est-ce que vous avez l'intention de les relire avant de nous
les remettre?
M. BOURASSA: Les documents vont m'être remis. Il y en a plusieurs
dont j'ai pris connaissance depuis quelques semaines. Je n'ai pas suivi avec
attention toute la liste. IL y a une dizaine de documents. Je vais voir si
certains de ces documents me sont inconnus. Cela m'étonne-rait. Je
verrai lundi. Je pense que c'est la responsabilité du gouvernement de
voir si c'est d'intérêt public que ce soit publié. En
principe, on ne voit pas tellement d'objection, mais je ne pense pas que
j'assumerais ma responsabilité d'une façon appropriée si
je n'examinais pas, au moins brièvement, des documents qui me seraient
inconnus avant qu'ils soient rendus publics.
M. LEGER: Est-ce qu'on peut s'attendre qu'on aura une réponse
là-dessus, lundi, afin que, mardi, on puisse être prêt
à participer réellement intelligemment à cette
commission?
M. BOURASSA: J'espère avoir un peu de répit en fin de
semaine pour prendre connaissance des documents.
M. LE PRESIDENT: Alors, si on peut pousser le bateau du quai, on va
immédiatement entendre M. Giroux.
M. GIROUX: M. le Président, si je comprends bien, on va faire la
plus grande diligence pour faire parvenir les études, si possible
demain. Enfin, je ne sais pas quand nous pourrons les faire parvenir. Nous le
ferons le plus tôt possible.
Pour ce qui est des mandats des firmes d'ingénieurs, avec les
copies de mandats, il faut en faire l'analyse lundi, mardi. Maintenant, nous
avons des copies limitées des rapports d'ingénieurs. Est-ce que
le gouvernement peut être équipé pour en faire des copies?
Il y a certaines études dont on a des copies. Il y en a d'autres dont
nous n'en avons pas. Pour d'autres, nous en avons cinq ou six copies, c'est
tout. Alors, dans le court délai à notre disposition, je ne sais
pas, mais ce que nous pouvons faire, c'est de déposer une copie de
chaque document, je crois. Ceux dont on a 25 ou 30 copies, nous les
déposerons. Nous n'avons pas cent copies des dix ou douze rapports des
firmes d'ingénieurs. Nous en avons un jeu complet, mais nous n'avons pas
de copies à distribuer.
M. BOURASSA: Au secrétariat de la commission, nous avons eu le
même problème, la semaine dernière ou il y a
peut-être deux semaines, surtout avec la question de la fonction
publique. Je ne sais pas comment cela a été résolu. Nous
pourrons confier cela au secrétariat de la commission.
M. GIROUX: Nous ferons ce que nous pouvons.
M. BOURASSA: D'accord.
Exposé général de M. Roland
Giroux
M. GIROUX: M. le Président, si ces questions sont remises, si
vous me le permettez, je vais nommer mes collègues de la commission,
même si vous les connaissez bien. MM. Georges Gauvreau, Yvon DeGuise,
Robert Boyd et Paul Dozois m'accompagnent. Ils sont à ma droite et
à ma gauche immédiatement. Comme d'habitude, je crois qu'on vous
a remis une liste complète des membres des directions
générales et des directions-conseils qui nous accompagnent.
Avec votre permission, messieurs, je vais commencer par passer en revue,
aussi brièvement que possible, les résultats et les faits les
plus marquants de l'année en ce qui concerne l'Hydro-Québec et,
ensuite, nous nous efforcerons de répondre le mieux possible à
vos questions.
En 1971, le chiffre d'affaires de l'Hydro-Québec a
dépassé pour la première fois le demi-milliard de dollars.
A la fin de l'année, pour la première fois aussi, le total de nos
réserves, qui est notre avoir propre, avait dépassé le
milliard, soit un peu plus que le quart du capital investi.
Le produit de nos ventes d'électricité accuse une
augmentation de 8.4 p.c. par rapport à l'année 1970, ce qui est
remarquable dans le contexte économique actuel.
Les résultats de 1971 ont confirmé que la base la plus
stable de notre marché est maintenant formée du groupe important
et diversifié des moyennes et des petites entreprises industrielles, des
établissements commerciaux et des abonnés domestiques et
agricoles. Nos ventes à cette partie de la clientèle affichent,
par rapport à 1970, des augmentations de plus de 9 p.c. en volume comme
en revenus et occupent, dans notre chiffre d'affaires, une place de plus en
plus importante.
Les frais d'exploitation et nos autres charges financières, y
compris les taxes municipales et scolaires et l'impôt provincial sur
l'énergie
produite, ont laissé un excédent de $127,752,000 qui a
porté le total des réserves à $1,040,000,000.
Les fonds dégagés des opérations de l'année
se sont élevés à $189,750,000 et cette somme a permis de
respecter les échéances de la dette à long terme, de
réduire les billets à payer, d'améliorer le fonds de
roulement et de fournir plus de $50,000,000 aux immobilisations de
l'année, qui se sont élevées à $385,000,000; nous
avons donc emprunté $335,000,000 pour financer les immobilisations.
Au fur et à mesure qu'il devient possible de le faire, nous avons
continué d'effectuer dans nos contrats de fourniture
d'électricité les rajustements voulus pour que nos charges
financières soient réparties avec justice entre les diverses
catégories d'abonnés.
Nous avons également continué de gagner du terrain sur
l'important marché du chauffage des locaux. Le chauffage à
l'électricité se heurte cependant à la concurrence de
l'huile à chauffage. L'Hydro-Québec n'est pas opposée
à une saine concurrence, mais on peut soutenir que le chauffage à
l'huile jouit d'un traitement de faveur en ce qui concerne la taxe de vente.
C'est tout comme si l'huile à chauffage était un produit
québécois dont il faut encourager la consommation et comme si
l'électricité était un produit importé dont la
consommation est coûteuse pour l'économie du Québec. En
effet, les ventes de produits pétroliers qui sont rangés dans la
catégorie de l'huile à chauffage échappent à la
taxe provinciale de vente, qui est de 8 p.c. et qui s'applique aux factures
d'électricité.
Le Québec est l'une des rares provinces où il existe une
disparité semblable. Dans au moins cinq autres provinces, ou bien la
taxe est appliquée à l'électricité, au gaz naturel
et à l'huile à chauffage, ou bien aucune taxe n'est
prélevée sur ces trois formes d'énergie, quel qu'en soit
l'usage.
Au cours des prochaines années, nos exportations d'énergie
vont jouer un rôle encore plus utile pour les réseaux voisins et,
par conséquent, plus profitable pour l'Hydro-Québec.
Comme vous le savez, les livraisons d'énergie prévues par
notre contrat avec la Churchill Falls (Labrador) Corporation Limited sont
commencées. Ce contrat nous garantit pour 65 ans une quantité
considérable d'énergie, soit une moyenne de 31 milliards et demi
de kilowatts-heures par année. Le prix que nous payons, compte tenu du
transport, est inférieur au prix que nous aurait coûté la
même quantité d'énergie obtenue de toute autre source. De
plus, nous n'avons pas eu à financer nous-mêmes la création
d'une puissance de production équivalente.
Deux des onze groupes générateurs de la centrale Churchill
Falls ont été mis en service en novembre et en décembre
avec une avance de plusieurs mois sur le programme. Ces groupes ont une
puissance de 475,000 kilowatts chacun et ils ont été
fabriqués au Québec.
De plus, nous avons vu apparaître l'an dernier la
possibilité d'accélérer la mise en service des neuf autres
groupes. Il devenait très intéressant de trouver une formule pour
utiliser la grande quantité supplémentaire d'énergie qu'on
pouvait ainsi obtenir. L'électricité est une denrée si
précieuse de nos jours qu'il fallait profiter d'une telle situation.
Les ententes nécessaires pour accélérer la mise en
service des autres groupes de Churchill Falls et pour écouler
l'énergie supplémentaire qu'ils produiront ont été
conclues et seront avantageuses pour tous les intéressés.
En résumé, l'entente supplémentaire conclue avec
l'Ontario Hydro porte de 28 à plus de 37 milliards de kilowatts-heure la
quantité minimale d'énergie que nous livrerons au réseau
ontarien jusqu'en 1977. D ne s'agit pas d'énergie excédentaire,
mais de puissance garantie. La puissance garantie à l'Ontario Hydro sera
de 800,000 kilowatts de juin 1973 à mai 1974 et d'un million de
kilowatts pendant les trois années suivantes, jusqu'à mai 1977.
Quant à nous, nous devons devancer la construction de certaines
lignes.
De son côté, le réseau du Nouveau-Brunswick a
maintenant exigé le maximum des puissances de base prévue au
contrat signé avec l'Hydro-Québec il y a deux ans. Ces
puissances, garanties aux deux tiers, atteindront une limite de 320,000
kilowatts de novembre 1974 à octobre 1976. La quantité
d'énergie que nous livrerons au Nouveau-Brunswick pendant la
durée du contrat se trouve portée de 5 à 10 milliards de
kilowatts-heure.
Ainsi donc, les ententes conclues avec les réseaux des deux
provinces voisines portent sur un total d'au moins 47 milliards de
kilowatts-heure et elles représentent une valeur globale d'environ $225
millions.
Naturellement, dans ces contrats, les intérêts des
consommateurs québécois ont été soigneusement
protégés. Toutes les quantités que nous nous sommes
engagés à livrer sont des quantités qui excèdent
nos propres besoins. Nous avons pris toutes les précautions
nécessaires pour que la demande québécoise soit toujours
satisfaite. Autrement dit, les besoins du Québec sont prioritaires.
En ce qui concerne nos travaux de construction, nous avons
consacré une somme de $185 millions à l'expansion du
réseau de transport, principalement la construction des lignes à
735,000 volts nécessaires pour prendre livraison de l'énergie de
Churcilll Falls et la construction d'une ligne à 315,000 volts de
Lévis à Matapédia.
L'important port de Sept-Iles et toute la zone minière de
l'intérieur sont maintenant assurés, par les lignes de Churchill
Falls, d'une abondante source d'énergie électrique. D'autre part,
l'approvisionnement de la Gaspésie en électricité se
trouve garanti pour plusieurs années à venir, car les lignes
alimentant cette partie de la province auront ensemble une
puissance de transport de plus de 1,200,000 kilowatts.
Maintenant que les huit groupes de la centrale de Manic 5 sont en
service, nous n'avons donc qu'une seule centrale en construction, celle de
Manic 3, qui sera terminée en 1976 et qui aura une puissance de
1,183,200 kilowatts. Les principaux ouvrages à construire à cet
endroit sont un barrage en terre, qui aura un volume de 11 millions de verges
cubes, et une centrale souterraine. Avant de construire le barrage, nous sommes
actuellement occupés à couler un double mur de béton sous
le lit de la rivière, où il y a une gorge profonde de 400 pieds,
remplie de matériaux perméables. Ce mur empêchera l'eau de
s'infiltrer sous le barrage. La construction du barrage lui-même sera
terminée en 1975.
La centrale nucléaire de Gentilly, qui appartient à
l'Energie atomique du Canada, a commencé de fonctionner à faible
puissance le printemps dernier et on compte lui faire fournir toute sa
puissance au cours de l'été pour étudier son comportement
à pleine charge.
Cependant, comme vous avez dû l'apprendre, l'eau lourde de
Gentilly sera envoyée cet automne à la centrale nucléaire
de Douglas Point, en Ontario, où elle servira à produire de la
vapeur pour l'usine d'eau lourde de Bruce, qui est voisine, et Gentilly cessera
temporairement de fonctionner. Heureusement, il n'y aura aucune mise à
pied car le personnel de notre centrale nucléaire sera employé
à améliorer et à mettre au point le réacteur et les
autres organes de la centrale, et ce aux frais de l'Energie atomique du
Canada.
Le temps d'arrêt de la centrale sera réduit au minimum. De
toute façon, dans nos calculs, nous n'avions pas compté sur la
pleine puissance de cette centrale avant 1975 ou 1976.
La construction de l'Institut de recherche est entrée dans sa
troisième et dernière phase, l'été dernier, avec la
mise en chantier du laboratoire de grande puissance, qui devrait être
terminé l'été prochain. L'institut sera alors devenu le
principal centre électrotechnique de recherche et d'essai en
Amérique du Nord. Ses installations sont uniques au monde et sont
à la disposition des services d'électricité et des
fabricants d'appareillage électrique, qui les utilisent
déjà.
L'institut, qui comprend des scientifiques de réputation
internationale, a déjà plus d'une soixantaine de programmes de
recherche pour l'Hydro-Québec et divers clients européens,
américains, et canadiens.
Le gouvernement espagnol et un organisme des Nations-Unies, l'UNIDO, ont
récemment décidé de recourir à notre aide pour
établir un centre de recherche à Madrid et une compagnie
d'électricité de la Nouvelle-Angleterre a signé avec
l'IREQ un contrat d'étude du courant continu.
L'usine de transformateurs qu'une entreprise internationale a
établie près de nos laboratoires d'essai a déjà
livré dix transformateurs qui ont été
vérifiés dans nos laboratoires.
C'est là un exemple du rôle de l'Hydro-Québec dans
l'économie du Québec. La valeur des matériaux, fournitures
et services commandés en 1971 s'établit à $333 millions et
70 p.c. de cette somme ont servi à payer des produits du Québec
et des services fournis par des entreprises québécoises. Nos
immobilisations vont grossir au cours des années futures et
l'Hydro-Québec s'efforce d'augmenter le pourcentage des fabrications
québécoises.
Depuis le 1er janvier 1966, tous les employés de
l'Hydro-Québec, y compris ceux qui étaient au service des
filiales, sont assujettis au même régime de retraite. Cependant,
l'inflation avait fini par rendre insuffisante la pension de beaucoup de
retraités et, de plus, le cas des employés des filiales posait un
problème difficile et complexe.
Après avoir procédé à des études en
profondeur, la commission a amélioré cette situation au moyen de
diverses mesures qui s'appliquent depuis le 1er janvier à près de
2,000 retraités ou veuves de retraités. En général,
ces mesures consistent à verser des suppléments pris à
même le budget d'exploitation de l'Hydro-Québec, sans modifier les
régimes de retraite eux-mêmes, sans toucher aux différentes
caisses de retraite des employés et sans exiger d'eux des cotisations
supplémentaires.
Les suppléments accordés coûteront cette
année environ $1,500,000. Ceux qui étaient au service des
filiales ou des coopératives d'électricité
bénéficient d'une formule spéciale fondée sur le
nombre total des années de service à la filiale, à la
coopérative et à l'Hydro-Québec. De plus, sans compter les
montants que peuvent verser les différents paliers du gouvernement, tous
les retraités actuels ou futurs de l'Hydro-Québec sont maintenant
assurés d'un minimum de $1,200 par année.
Enfin, nous avons poursuivi en 1971 le remaniement de nos structures
administratives sur le territoire. Au lieu des huit régions de
distribution et des quatre zones de production comme nous avions auparavant,
nous avons maintenant dix nouvelles divisions administratives, qui sont toutes
appelées régions.
Ces changements ont été conçus à la
lumière de l'expérience acquise depuis 1963 en vue de
réduire les frais d'exploitation, d'éliminer les
dédoublements et d'améliorer le service à l'abonné.
Nous croyons que ces objectifs seront atteints et que le personnel de
l'Hydro-Québec, malgré la diversité des tâches, sera
mieux en mesure d'orienter toute son activité vers l'accomplissement de
sa mission, qui est de fournir un bon service d'électricité
à la population du Québec.
Maintenant mes confrères et moi, et le personnel de
l'Hydro-Québec qui nous accompagne, sommes à votre entière
disposition pour répondre aux questions relatives à
l'administration de l'année 1971.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie M. Giroux. Avant de procéder
aux questions, je voudrais souligner une irrégularité dans la
désignation du rapporteur pour la séance. Le député
de l'Assomption n'est pas autorisé, d'après sa fonction, d'agir
comme rapporteur puisqu'il est déjà adjoint parlementaire. Alors,
sur proposition du député de Westmount, je demanderais qu'on
reconnaisse M. Carpentier, le député de Laviolette, comme
étant le nouveau rapporteur à partir de maintenant.
Deuxièmement, afin de pouvoir tomber dans la pratique
établie d'après le nouveau règlement, je demanderais le
consentement unanime de la commission pour autoriser tout député
à pouvoir s'adresser à la commission sans nécessairement
qu'il en soit membre. Toutefois, s'il s'agissait d'un vote, il faudrait s'en
tenir à la liste donnée au commencement de chaque
séance.
S'il y a consentement, nous allons procéder immédiatement
aux questions.
M. ROY (Beauce): J'aurais peut-être une suggestion à faire
à la présidence, soit de permettre le premier tour de questions,
par exemple, à chacun des représentants de chacun des partis,
quitte ensuite à laisser tous les autres députés poser
leurs questions comme bon leur semblera.
M. LE PRESIDENT: D'accord et accordé. Le ministre de l'Industrie
et du Commerce.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'ouvre peut-être juste
une parenthèse pour dire que j'avais aujourd'hui même un rapport
que le ministère de l'Industrie et Commerce a commandé à
une firme américaine touchant les critères d'investissement au
Québec et quels étaient les facteurs favorables. Vous me
permettrez librement de vous dire qu'un des trois ou quatre facteurs favorables
au Québec était les taux d'électricité, mais ce qui
m'apparaît peut-être le plus important c'est, de l'avis des
manufacturiers américains, la fiabilité de votre service
industriel qui a semblé ressortir.
J'ai pensé de vous le dire puisque le moment était
propice. J'ai eu le rapport il y a à peine quelques heures.
Pour satisfaire aux besoins de votre réseau, tant en puissance
qu'en énergie, c'est évident qu'à différents
intervalles, il faut prendre certaines grandes décisions d'orientation,
et je pense bien que, dans chacun de ces cas, l'Hydro-Québec fait des
études très poussées pour s'assurer que les
décisions prises ne sont pas le fait du hasard mais relèvent
plutôt d'une étude très méthodique.
En page 5 de votre déclaration, touchant les 31 1/2 milliards de
kWh moyens par année que vous obtenez par contrat avec Churchill Falls,
vous dites que le prix que nous payons, compte tenu du transport, est
inférieur au prix que nous aurait coûté la même
quantité d'énergie obtenue de toute autre source.
On se rappelle qu'à l'époque il y a eu passablement de
discussions sur la décision de prendre Churchill Falls. Je pense que la
commission parlementaire en a été témoin. Même si on
recule à 1966, 1967, on parlait de la baie James, et on parlait du
nucléaire. Avec un peu de recul dans le temps, est-ce que vous pourriez
nous donner vos impressions sur ce contrat-là? A-t-il été
avantageux pour le Québec? Si je lis bien, il a effectivement
été avantageux, mais jusqu'où? Tant sur le plan du
rendement de l'énergie que sur un autre plan, quelle est votre
impression?
M. GIROUX: Voici une impression première, si vous me le
permettez. A une assemblée d'analystes américains, au moment
où on fait un emprunt, il faut répondre à des questions
extrêmement précises. Pour vous donner l'ampleur de la valeur de
ce contrat-là, ces analystes nous ont tous dit: Nous ne comprenons pas
pourquoi vous ne donnez pas une valeur dans votre bilan à ce
contrat-là, parce que ça vaut plus que tout le reste dans
l'Hydro.
Naturellement, je leur ai demandé de ne pas insister
là-dessus, parce que c'est assez embêtant. On a toujours un
partenaire dans cette chose-là. La grande raison du succès du
contrat de Churchill, c'est que, premièrement, le contrat avait
été étudié. On a travaillé très fort
là-dessus. Ce contrat a été discuté durement, mais
sur une base de compréhension. Nous avions besoin de l'énergie.
Nous avons cru qu'il était préférable que Québec
ait l'énergie plutôt que d'autres.
Mais, à ce moment-là, je crois que tout le monde avait des
doutes que le prix puisse finalement être celui que nous avons. Ce n'est
pas un secret, les prix sont déclarés au contrat qui est
déposé en Chambre. Alors, on dit que ce contrat nous revient
à 4 mills livré à Montréal, tous frais compris,
pour environ quarante années et 25 ans à 2 mills.
Nos techniciens et nos spécialistes sont beaucoup mieux
qualifiés que moi pour établir le coût réel des
autres entreprises, mais je ne crois pas qu'à ce taux même nos
installations qui ont commencé avant, comme Manic 5, puissent rivaliser
avec ces coûts-là.
M. SAINT-PIERRE: Comme le taux de 2 mills sera dans plusieurs
années, à la fin du contrat, si je comprends bien, c'est donc une
protection très forte contre l'inflation vis-à-vis d'autres
formes d'énergie. Je voudrais simplement peut-être pour
l'avantage des députés, parce qu'on va avoir le même
schème de réflexion à faire prochainement tenter
avec vous d'analyser, même dans l'immédiat, les avantage qui
auraient pu en résulter. Pour le bénéfice des membres,
vous dites que le contrat est connu, mais est-ce qu'on peut situer un ordre de
grandeur approximatif de la différence de taux au mill par kWh entre ce
qui a été obtenu de Churchill Falls et toute autre forme
disponible, en étant très conservateur? Vous
dites 4 mills donc, pour les cinq prochaines années, c'est un
différentiel de 2 mills, 3 mills. Je suis très conservateur. Je
réalise que, dans 60 ans, compte tenu des taux d'inflation
vis-à-vis d'autres formes d'électricité, on pourrait avoir
un différentiel important. Je voyais un rapport de la commission
fédérale américaine qui en parle un taux de 30
mills. Cela semble presque impossible en 1990, mais, si on s'en tient aux
prochaines années, quel peut-être non pas le profit, mais la marge
bénéficiaire de Churchill Falls par rapport à d'autres
formes d'énergie en termes de mills, approximativement?
M. GIROUX: Là-dessus, il y aurait deux questions. Je demanderais
à M. Boyd et à M. DeGuise de répondre. Il y a d'abord la
partie du taux comparatif au moment où on a signé le contrat de
Churchill. Naturellement, si on prenait le contrat de Churchill aujourd'hui et
qu'on essayait de le refaire, je crois que personne ne pourrait penser
être capable de réaliser le contrat de Churchill à moins du
double du prix que nous avons. Cela, c'est l'inflation. Maintenant, est-ce que
vous voulez ajouter des choses plus précises au point de vue du
coût?
M. BOYD: Si on compare avec les coûts de l'énergie de
Manic-Outardes, livrée à Montréal, l'énergie de
Churchill est légèrement moins chère rendue à
Montréal que celle de Manie-Outardes.
Si on compare au nucléaire, comme vous dites, M. Saint-Pierre, il
avait été dans le temps question de choisir entre le
nucléaire et Churchill. Si pour la période de 1972 à 1976,
au lieu d'avoir construit Churchill pour le mettre en service, on avait
construit du nucléraire pour le mettre en service dans les mêmes
années, l'énergie nous coûterait légèrement
moins que le double de ce qu'elle nous coûte à Churchill.
Evidemment, cela a une influence assez considérable lorsqu'on
constate que le contrat que nous avons est pour une période de 65 ans.
Si on multiplie le coût moyen pour 31 milliards et demi de kWh par
année pendant 65 ans, cela donne environ un contrat de $6 milliards. Si
on avait dû payer le double, ç'aurait été deux fois
cela.
M. SAINT-PIERRE: Pour le bénéfice des
députés, je sais que cela devient peut-être technique, mais
cela me parait quand même important dans les décisions. Avec un
contrat moyen annuel de 31 milliards de kWh vous me corrigerez si j'ai
tort si on paie 4 mills de plus cher avec une autre forme que celle de
Churchill Falls, c'est donc dire que chaque année c'est quatre fois 31
milliards, puisque le mill est un dizième de cent, ce qui donne à
peu près $120 millions d'épargne que l'Hydro-Québec a
réalisés.
Comme, du consommateur domestique et agricole, l'Hydro-Québec
perçoit en ventes $189 millions par année, c'est donc dire
qu'à l'époque, si je comprends bien, si on avait pris une autre
décision et que le fardeau de cette mauvaise décision avait
été porté par ce consommateur, ce serait pour lui une
augmentation d'environ 40 p.c. des tarifs, et je réalise qu'il y a un
facteur industriel. Je donne simplement un ordre de grandeur. L'épargne
est de $120 millions par année par rapport aux ventes aux consommateurs
de la catégorie mentionnée de $189 millions par année;
avec un recul de seulement quatre ou cinq ans, on voit la justesse de la
décision.
M. ROY (Beauce): Est-ce que je pourrais poser une question à
l'honorable ministre? Sur quoi le ministre se base-t-il pour dire qu'il y a
effectivement une économie de $120 millions? Quel est le montant annuel
des achats de l'Hydro-Québec à Churchill FaUs?
M. SAINT-PIERRE: On nous l'a dit. Sans entrer dans les moindres
détails, on a parlé d'un contrat, M. Giroux l'a mentionné
approximativement...
M. ROY (Beauce): C'est $60 millions ou $70 millions par année?
Uniquement pour Churchill Falls.
M. GIROUX: Environ $90 millions.
M. ROY (Beauce): C'est là que je m'explique mal les $120 millions
de l'honorable ministre.
M. SAINT-PIERRE: Je l'ai mis sur la base des cinq prochaines
années pour les abonnés domestiques et agricoles. Vous parlez
ici, à la page 5, d'une moyenne de 31 milliards et demi de kWh.
J'imagine aussi le fait qu'actuellement tous les groupes ne sont pas en service
et qu'il y a une période de croissance dans les premières
années. Il n'y a que deux groupes, dans le moment, en service. Il
faudrait attendre, pour avoir la pleine capacité des 31 milliards et
demi, que tous les groupes soient en service, soit en 1976.
M. ROY (Beauce): Tout de même, je trouve le chiffre de $120
millions fort un peu, mais de toute façon...
M. SAINT-PIERRE: Sans aller dans les moindres détails, pour dire
qu'on est capables de faire ces placements-là, on parle de milliards de
kWh et je voudrais les transposer en dollars. Je considère, sur une
période moyenne, les premières années; je ne vais pas dans
les dernières quand c'est 2 mills et lorsque l'inflation, dans d'autres
modes d'énergie, aura pu avoir un effet beaucoup plus grand. Si on parle
d'un différentiel de 4 mills appliqué à 31 milliards,
c'est une épargne moyenne de $120 millions dont il faut parler.
M. ROY (Beauce): C'est hypothétique un peu, comme la
réalisation du projet de la baie James qui avait été
annoncée.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY (Beauce): C'est hypothétique, écoutez!
M. HARVEY (Chauveau): Ce sont des kilowatts, ce n'est pas la même
chose...
M. ROY (Beauce): J'ai très bien compris.
M. HARVEY (Chauveau): Ce n'est pas en termes d'argent.
M. ROY (Beauce): J'ai très bien compris.
M. HARVEY (Chauveau): Vous comptez comme le Crédit social,
à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: Si on veut revenir au sujet, messieurs.
M. SAINT-PIERRE: On pourrait parler d'un autre point, M. Giroux.
L'intérêt sur votre dette à long terme a été,
dans les cinq dernières années, environ 30 p.c. de vos ventes.
Est-ce un chiffre qui indiquerait que, à cause de l'inflation et
à cause de l'étendue du réseau, chaque année vous
devez ajouter plus d'immobilisations même avec le cas de Churchill Falls?
Est-ce que cela veut dire que ces 30 p.c. se comparent avantageusement à
d'autres compagnies d'utilité publique? Je parle strictement sur le plan
de la santé financière d'une compagnie d'utilité publique.
Est-ce que 30 p.c. des ventes étant affectés à la dette
à long terme, le service de la dette, cela semble un pourcentage qu'on
rencontre en général?
M. GIROUX: Oui, maintenant le critère américain d'emprunt
c'est ce qu'on appelle notre proportion est toujours de 1.25 fois
la couverture d'intérêt. L'Hydro-Québec a toujours maintenu
cette proportion: c'est peut-être une des raisons pour lesquelles,
malgré les marchés très difficiles que nous avons connus,
nous avons toujours réussi à emprunter de très forts
montants aux Etats-Unis.
C'est un peu, si vous voulez, comme si notre capital était
réinvesti dans une compagnie d'utilité publique qui ne peut pas
avoir un capital, ou faire appel à ses actionnaires et grossir le
capital simplement sur appel ou émettre des actions
privilégiées. Donc, notre capital provient toujours de notre
réinvestissement, qu'on maintient au moins à 20 p.c, ce qui est
considéré, pour une utilité publique, très rentable
sur les marchés financiers. Je ne sais pas si ça répond
à votre question.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
M. GIROUX: Parce qu'il faut prendre les deux aspects de la couverture
d'intérêt et du réinvestissement qu'on fait.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais d'abord
remercier le président de l'Hydro-Québec et ses collègues
pour la présentation qu'ils nous ont faite tout à l'heure.
Evidemment, ça nous porte à leur poser plusieurs questions,
surtout dans le domaine administratif. M. le Président, si vous le
permettez, j'aimerais discuter du problème de la décentralisation
industrielle. Vous avez mentionné, à la page 2, que votre
marché le plus stable est formé du groupe important et
diversifié des moyennes et des petites entreprises industrielles. Alors,
ma question est: Est-ce que l'Hydro-Québec a une politique de
décentralisation industrielle? Est-ce son rôle d'en avoir une? Si
elle n'en n'a pas, est-ce qu'elle pourrait en avoir une? Peut-elle influencer
la localisation des entreprises en tenant compte du taux auquel elle peut
fournir l'électricité?
M. GIROUX: Dans la décentralisation et ces domaines là, je
crois que c'est, à mon sens à moi, la responsabilité
entière du gouvernement, du ministère de l'Industrie et du
Commerce qui doit planifier cette chose. Que l'Hydro-Québec soit
appelée à coopérer dans ce domaine, c'est bien. Je crois
que le rôle de l'Hydro-Québec, on a tenté de le limiter en
essayant d'aider le ministère du Commerce au maximum à faciliter
la venue des industries au Québec. Nous avons un service, mais pas deux
services de promotion industrielle. Nous avons un service de promotion
industrielle qui s'occupe de développer cette chose-là, mais ce
ne serait peut-être pas bon, quand on a le service dont on a besoin au
ministère du Commerce, d'avoir le même chez nous. Mais, entre les
deux, nous avons une équipe qui coopère très bien avec le
ministère du Commerce pour donner ces renseignements.
Maintenant, au sujet de la planification pour l'avenir dans ce domaine,
si vous remarquez, on dit qu'on a beaucoup plus de facilité avec les
moyennes et les petites entreprises industrielles. Probablement que si vous
posiez la question au ministre du Commerce, il vous répondrait aussi,
qu'il a été plus facile dernièrement d'attirer ce genre
d'industries que les grandes industries.
En ce qui concerne la localisation, nous essayons de maintenir les
mêmes prix d'électricité, dans les nouveaux contrats,
officiellement. Le prix est le même partout dans la province de
Québec au point de vue de la consommation industrielle. Nous ne faisons
pas bénéficier un abonné par le fait qu'il a une
entreprise à côté de Manic 5, il n'y en n'a pas eu encore
et il n'y a pas de raison de le faire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si c'était le dernier facteur, celui qui
compte le plus, à un moment donné, pour que l'entreprise prenne
la décision de s'installer dans une région assez
éloignée parce que la consommation de l'électricité
va être très importante... Prenons une industrie qui va utiliser
le bois comme matière première, par exemple, et qui va faire la
transformation du bois en différentes étapes. Si c'était
le dernier facteur et le plus important, est-ce que la décision de
l'Hydro-Québec d'accorder un taux spécial pourrait intervenir
alors?
M. GIROUX: La décision de l'Hydro concernant ce facteur, c'est
qu'on a essayé de maintenir des normes avec des taux uniformes à
travers la province. Je crois, encore là, que c'est une question
gouvernementale de juger si on doit adopter une loi pour compenser l'Hydro des
subventions ou des pertes. Remarquez bien que ce problème peut
être posé sous différentes formes. Disons qu'on fait
l'inverse, par exemple, dans notre politique d'achat où on aide à
l'implantation en accordant un "différentiel." Maintenant, l'Hydro n'a
jamais, à ma connaissance, accordé de tarifs d'exception pour
l'implantation. Seulement, pour nous faciliter la chose, je dois dire qu'il
faudrait que ce soit très clairement établi par une loi qui
serait applicable automatiquement. Il faut toujours penser à tous nos
abonnés. Supposons un abonné qui a une industrie de papier
à qui on prend tant de mills et une autre qui démarre et à
qui on prend la moitié du prix, il faudrait nécessairement qu'il
y ait une loi d'implantation, une loi très clairement établie
pour que nous ne soyons pas l'arbitre dans la matière.
L'Hydro-Québec comme telle doit offrir les mêmes prix
à tout le monde.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela revient donc au ministère de
l'Industrie et du Commerce d'établir les critères, les mesures,
qui pourraient favoriser l'implantation, la décentralisation
d'industries, soit le problème du transport ou le problème de
l'électricité qui, dans certaines régions de la province,
peuvent être un handicap.
M. GIROUX: Oui, il y a des régions où cela peut être
un handicap. Mais, pour rappeler certaines conversations que nous avons eues au
temps où M. Cloutier était ministre, il y a eu le cas de
quelqu'un qui est venu se plaindre au sujet du coût de
l'électricité, en disant qu'il payait trop cher. Or, nos
techniciens ont prouvé que cela ne dépassait pas 2 p.c. de son
coût de production, le transport s'établissait à 18 p.c.
Même si on lui avait donné l'électricité
gratuitement, cela n'aurait rien changé.
Il arrive qu'on cherche à exercer des pressions. Mais il faut
l'examiner, le regarder.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Prési- dent, je ne sais pas s'il y
a d'autres questions sur ce sujet de la décentralisation.
M. JORON: Oui, sur le même sujet.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais d'autres questions, j'y reviendrai.
Mais pour éviter que l'on revienne sur certains sujets, s'il y en a qui
ont d'autres questions, je suggérerais peut-être qu'on les passe
à mesure.
M. LE PRESIDENT: Oui, mais pour maintenir l'ordre, je voudrais faire un
tour d'horizon en reconnaissant chacun des porte-parole des différents
partis, sous la réserve que les députés peuvent revenir
sur une question qui aurait été posée soit par
vous-même ou par un autre interlocuteur.
Avez-vous terminé? Vous pouvez continuer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans ces conditions, j'aurais d'autres
questions à poser au président et à ses collègues.
Il y a quelque chose qui me surprend dans les rapports de l'Hydro. C'est que,
sauf erreur, on n'a jamais inclus de budget pour les années suivantes.
L'Hydro est une entreprise importante, M. le Président. Vous venez de le
dire. C'est un chiffre d'affaires qui dépasse, cette année, un
demi-milliard de dollars. Vous avez un fonds de réserve qui
dépasse, cette année, un demi-milliard de dollars. Vous avez un
fonds de réserve qui dépasse un milliard de dollars. Vous avez
des actifs qui dépassent $4 milliards. C'est une des plus grosses
entreprises et vous devez établir un budget très
détaillé comme tous les ministères du gouvernement. Vous
avez, parmi les commissaires, des spécialistes des budgets. Vous avez
des gens qui en ont déjà fait. Est-ce qu'il y a une raison
particulière pour qu'on n'ait pas de prévisions
budgétaires annexées aux états financiers de l'Hydro?
M. GIROUX: Dans ce qu'on appelle purement un état financier, je
n'ai jamais vu de prévisions budgétaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): En fait, vous avez plus que des états
financiers. Vous avez des analyses, vous autres aussi, dans le rapport
annuel.
M. GIROUX: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je parle du rapport annuel. Cette année,
nous n'avons eu que des états financiers.
M. GIROUX: Quoique nous n'y soyons pas obligés par la loi, tous
les ans, nous déposons, au conseil des ministres, nos budgets
d'immobilisation et, par arrêté .en conseil, on nous autorise
à faire les dites immobilisations.
Actuellement, notre budget est déposé. Les gens des divers
ministères, comme par le passé,
ont discuté de ces budgets. Il ne reste que quelques petits
problèmes mineurs pour demander que l'arrêté en conseil
final soit émis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, quand je dis "budget", ce n'est pas
seulement pour les investissements. Je comprends qu'on fait un budget
d'investissements parce que le ministre des Finances, lorsqu'il fait son
discours en Chambre, nous dit: L'Hydro-Québec va emprunter tel montant
pour couvrir tel programme d'investissements.
Mais je réfère aussi à un projet d'état de
pertes et profits pour l'année qui vient. Alors, cela nous indiquerait
quelles sont les ventes prévues d'électricité, quelles
sont les dépenses, tenant compte de l'expérience des cinq
dernières années.
M. GIROUX: On pourrait faire, peut-être, des bilans avec plus de
tableaux comparatifs. Remarquez bien que, dans l'estimation des revenus, il y a
une partie qui est, tout de même, assez délicate. Nous disons que
nous nous attendons à telle chose. Mais, il faut penser que nous
émettons des prévisions. Je crois comprendre que M. Cloutier
voudrait nous faire faire des déclarations qui sont sujettes à
l'illégalité, ce qui m'obligerait à dire non.
Je ne pense pas que ce soit ça. C'est pour taquiner. Seulement,
dans nos prévisions d'analyse, nous tenons toujours compte de ces
choses, comme nous en tenons compte quand nous remettons cela au ministre. Les
deux genres de budgets existent à l'Hydro. Ils sont faits.
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): En ce qui nous concerne, M. le Président, nous
sommes très heureux, aujourd'hui, de recevoir à la commission
parlementaire les autorités de l'Hydro-Québec. C'est un
désir que nous avions exprimé dès notre arrivée en
Chambre que les entreprises gouvernementales se présentent chaque
année devant les commissions pour permettre aux parlementaires de poser
toutes les questions d'intérêt public.
M. le Président, dans votre rapport, à la page 5, vous
avez fait état de la quantité d'énergie produites par
Churchill Falls, soit 31 milliards et demi de kilowatts-heures. Vous avez
mentionné également, tout à l'heure, à une question
que vous posait l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce, que le
contrat était d'une durée de 65 ans et que, dans l'ensemble, cela
représentait un contrat d'environ $6 milliards.
Ma question est la suivante: Dès que nous avons été
informés, en tant que public québécois, en tant que
contribuables, de la réalisation du projet de Churchill Falls Labrador
Corpora- tion Limited on avait fait de grandes manchettes dans les
journaux à ce moment-là "Une chute haute comme Niagara
éclairera Broadway" on nous avait dit à ce
moment-là, que l'électricité de Churchill Falls serait
exportée aux Etats-Unis. Maintenant, je remarque, par les notes que vous
nous avez données, que vous avez fait mention uniquement de
l'énergie électrique livrée à l'Ontario et au
Nouveau-Brunswick. Est-ce que l'Hydro-Québec, à l'heure actuelle,
vend aux Etats-Unis? Est-ce que l'Hydro-Québec a l'intention de vendre
aux Etats-Unis au cours des deux ou trois prochaines années?
M. GIROUX: D'abord, j'aimerais corriger certaines choses. Si elles ont
été publiées dans les journaux, ce n'est...
M. ROY (Beauce): Ah oui!
M. GIROUX: ... pas moi qui les ai publiées. Il y a eu plusieurs
publications dans les journaux. J'ai déjà fait des remarques sur
ce que je lis dans les journaux. Les gens n'ont pas aimé ça.
Seulement, l'Hydro-Québec, au moment de présenter sa demande pour
signer le contrat de Churchill Falls, avec une lettre d'intention, avait
déclaré qu'elle ne vendrait pas et n'exporterait pas aux
Etats-Unis d'énergie électrique.
C'était pour la consommation de la province. C'était
calculé avant ces possibilités de hâter l'implantation des
différentes turbines. Parce que c'était assez long, la
construction va jusqu'en 1977 et on pouvait espérer y arriver. Donc, il
y a eu accélération. On en a profité pour faire des ventes
à l'Ontario et au Nou-veau-Brunswick. Ce sont des ventes fermes
d'énergie excédentaire pour une période
d'années.
L'Hydro-Québec ne peut pas vendre aux Etats-Unis, dans le moment.
Combien de temps? Je ne le sais pas. C'est qu'il n'y a pas de lignes. Il y a
peut-être une demande, il y a peut-être un potentiel. Mais dans le
contrat de Churchill il peut se faire des ventes par l'Ontario, à qui on
vend. Eux, ils sont libres de vendre où ils veulent. Nos contrats font
très bien notre affaire, avec l'Ontario. On parle actuellement
d'interconnection avec les Etats-Unis. On étudie avec eux la
possibilité d'installer des lignes d'interconnections. Je pense que M.
De Guise pourrait expliquer l'ensemble du programme, ce que sont ces choses,
mais nous n'avons pas de lignes.
Le point sur lequel je veux insister je ne sais pas si cela
répond à votre question c'est que lorsque nous avons
signé le contrat de Churchill, ou même au moment de la lettre
d'intention, des déclarations avaient été faites ici,
à la commission parlementaire, que ce n'était pas pour
exportation.
M. ROY (Beauce): Se pourrait-il, à ce moment-là,
qu'à cause de l'inexistence des lignes
de transport, actuellement, entre le Québec et les Etats-Unis
l'électricité produite à Churchill Falls ou ailleurs,
vendue en Ontario, soit revendue par l'Ontario aux Etats-Unis? Vous en avez
fait mention un peu, tout à l'heure.
M. GIROUX: Pour une quantité minimum, que leurs lignes leur
permettent de transporter. Mais pour bien reprendre la question, si je la
comprends bien, de la façon que vous l'avez posée sinon
corrigez-moi vous dites: Au moment où on a signé la lettre
d'intention, on avait peut-être la possibilité de vendre aux
Etats-Unis. Il n'y en avait aucune c'était à mon
arrivée à l'Hydro et les compagnies américaines
répondaient qu'elles n'étaient aucunement
intéressées, à ce moment-là, à acheter de
l'énergie à 4 mills ou même en bas de cela, parce qu'avec
le nucléaire elles l'auraient à 2 mills. Alors, elles n'en ont
pas acheté. Cela a été une des causes du fait qu'il n'y
ait pas de lignes. Nous n'avons rien parce qu'ils n'ont rien planifié
dans ce sens.
M. ROY (Beauce): Est-ce que l'Hydro a fait, tout de même,
certaines études sur les contrats que l'Hydro-Ontario peut avoir avec
les Etats-Unis, considérant le prix que l'Hydro-Ontario peut faire aux
Etats-Unis et du fait que l'Hydro-Québec, justement, fournit à
l'Hydro-Ontario
Je vais préciser ma question. Il y a une question qui, à
ce moment-là, peut nous revenir à l'esprit: Se pourrait-il que
l'Hydro-Ontario achète l'électricité du Québec
à un prix inférieur à celui qu'elle fait aux Etats-Unis et
qu'ainsi elle fasse des bénéfices appréciables, chez elle,
avec de l'énergie produite chez nous, financée par nos propres
moyens, par nous-mêmes? Est-ce que l'Hydro a fait des études de ce
côté?
M. GIROUX: Cela se peut. On ne peut pas faire d'études parce que
l'Hydro-Ontario, naturellement, a besoin de toute l'énergie qu'elle
produit. Dans les cas d'énergie excédentaire, elle peut avoir des
contrats de vente. Mais actuellement il y a une partie qui est difficile.
Naturellement, nous ne sommes pas les bienvenus pour vérifier les livres
de l'Hydro-Ontario et eux non plus ne le sont pas, ici, pour visiter nos
livres. Mais il y a une chose, c'est que pour eux, il s'agit surtout d'un
échange par interconnection. Alors, ce qui passe ils reçoivent de
l'énergie des Américains, quand les Américains ont des
surplus. Ils ont deux ou trois endroits. Mais, si vous prenez l'interconnection
qui est du côté de Détroit ou de Windsor, ils n'ont pas de
lignes pour transporter là l'énergie du Québec.
Vous savez, l'énergie, une fois rendue dans le système, ne
s'identifie pas. Je pense que là-dessus, logiquement, d'après
l'endroit où on veut se situer, nous sommes très satisfaits des
contrats obtenus avec l'Hydro-Ontario.
M. ROY (Beauce): Vous avez parlé, dans le même ordre
d'idées, de la production d'énergie hydro-électrique;
l'Hydro exporterait environ 47 milliards de kilowatts-heure et il y aurait une
consommation interne, au Québec, d'environ 46.5 milliards, ce qui fait
à peu près 50 p.c. Est-ce que les $225 millions que vous avez
mentionnés à la page 7 de votre rapport constituent le montant de
revenu que l'Hydro-Québec retire de l'exportation de
l'électricité? Si on se réfère au bilan, à
la page 3, sous la rubrique des revenus pour 1971, vente
d'électricité, vous avez des ventes globales pour $518,314,000.
Est-ce que les $225 millions...
M. SAINT-PIERRE: ... des oranges et des pommes, on parle de vente sur
une période de 5 ans et vous prenez dans le bilan des ventes annuelles.
Ce n'est pas pareil.
M. ROY (Beauce): Je ne mélange rien, je pose des questions
justement parce qu'ici on dit: "Ainsi donc, les ententes conclues avec les
réseaux de deux provinces voisines portent sur un total d'au moins 47
millards de kilowatts-heure, qui représente une valeur globale d'environ
$225 millions". Je viens de lire textuellement le paragraphe de la page 7 du
rapport que vient de nous fournir M. Giroux.
Le ministre est certainement au courant, du fait qu'il est ministre de
l'Industrie et du Commerce et ministre responsable, de données que nous
n'avons pas. Et du fait que nous n'avons pas ces données, nous voulons
justement en profiter pour poser des questions.
Si je me réfère à la réponse que vient de
faire l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce, il s'agirait de $225
millions sur une période de cinq ans.
M. SAINT-PIERRE: Je trouve que vous mêlez des choses
différentes. J'ai trop de respect pour la liberté parlementaire.
Si vous voulez demander à quelqu'un si une orange plus une banane donne
une pomme, vous pouvez toujours...
M. ROY (Beauce): Je ne parle ni des oranges, ni des pommes, je parle de
dollars.
Cela va être ma dernière question, je reviendrai tout
à l'heure. Sur le montant total des ventes d'électricité,
de l'ordre de $518,314,000, en gros, globalement, avec un pourcentage, est-ce
que l'exportation de l'électricité représente 25 p.c, 30
p.c, 35 p.c. ou 40 p.c. des revenus globaux de l'Hydro?
M. GIROUX: Sur la base annuelle?
M. ROY (Beauce): Sur une base annuelle, parce qu'ici je me
réfère à un chiffre annuel brut de $518 millions de vente.
J'aimerais savoir dans les détails des revenus, quelle est la proportion
de ces ventes brutes d'électricité en termes de dollars et non
pas en termes d'oranges et de pommes, pour ne pas mêler l'honora-
ble ministre de l'Industrie et du Commerce. C'est lui qui a parlé
des pommes et des oranges.
M. GIROUX: En pourcentage, chiffre non vérifié, c'est
entre 8 p.c. et 9 p.c.
M. ROY (Beauce): L'exportation de l'électricité
représente 8 p.c. ou 9 p.c. des revenus seulement.
M. GIROUX: C'est que $225 millions divisés par 47, ça fait
à peu près 5 p.c. Il y a une chose sur laquelle je voudrais
attirer l'attention, c'est que dans ces prix que nous obtenons des ventes
d'énergie, il y a tout de même de l'énergie qui est
interruptible. Quand on fait le rapport d'une année qui est finie, cette
énergie-là, quand on a la chance de la vendre, ou en tiré
un revenu que nous n'aurions pas autrement.
M. ROY (Beauce): Mais vous avez dit, dans la page 6 de votre rapport,
qu'il ne s'agissait pas d'énergie excédentaire mais de puissance
garantie.
M. GIROUX: On rédige un contrat. Il y a tout de même des
clauses qui sont dans le contrat qui nous permettent d'annuler mais qui est
basé sur une clause d'énergie primaire, si vous voulez, parce que
nous ne voulions pas, en signant ce contrat-là, le déguiser, de
façon à éviter de demander une loi spéciale pour
nous permettre d'exporter.
M. SAINT-PIERRE: Une autre question qui a été
soulevée, c'est à la page 43 qu'on le voit assez facilement. Dans
les ventes d'électricité, vous avez le service domestique,
service commercial, service industriel, éclairage des rues, transport et
vous avez l'article vente en bloc, énergie souscrite
excédentaire.
Ces deux montants représentent une base qui va de 1967 à
1971. Qu'est-ce qui se produit annuellement, parce qu'on additionne des oranges
sur les ventes totales. On voit, si je comprends bien M. Giroux, que la plupart
de vos ventes se font à l'extérieur. L'énergie souscrite
et excédentaire, ce serait les ventes à l'extérieur de
votre réseau pour les fins de votre consommation, qui ont
été décrites.
Alors, sur 52 milliards de kWh il y en a peut-être 7 milliards qui
seraient vendues sous le titre d'exportation.
M. GIROUX: Quand on dit entre 8 p.c. et 9 p.c, ce n'est pas un chiffre
donné comme ça.
M. SAINT-PIERRE: Cela confirme 8 p.c. et 9 p.c.
M. ROY (Beauce): En somme, je voudrais résumer pour que ce soit
bien simple. Nous voulons bien comprendre pour ne pas interpréter quoi
que ce soit. On a parlé de 37 milliards de kWh selon l'entente conclue
avec l'Ontario. Vous dites que l'entente conclue avec l'Ontario porte de 28
milliards à plus de 37 milliards de kWh la quantité minimale
d'énergie que nous livrerons au réseau ontarien jusqu'en 1977.
Vous ajoutez de plus: II ne s'agit pas d'énergie excédentaire
mais de puissance garantie. Plus loin, c'est sensiblement la même chose
avec le Nouveau-Brunswick parce qu'on parle de 5 à 10 milliards de kWh.
Or, à la page 7, vous parlez de 47 milliards de kWh et d'une entente
conclue avec les réseaux des deux provinces voisines.
Plus loin dans le rapport, vous mentionnez également que la
consommation locale d'énergie électrique se situe aux environs de
46.5 milliards. Donc, environ 50 p.c. sont exportés et 50 p.c. sont
consommés chez nous. D'ailleurs, vous venez de dire, M. Giroux, que les
ventes d'électricité hors les frontières
québécoises représentent de 8 p.c. à 9 p.c. des
revenus, des recettes brutes de l'Hydro-Québec. C'est ça?
M. GIROUX: Sans vouloir être absolument technique, nous allons
demander à M. Villeneuve, qui est notre spécialiste en la
matière, qui a participé aux contrats avec l'Ontario et qui a
participé avec M. Gadbois à la rédaction de ces
contrats,.de donner l'explication du problème.
M. LE PRESIDENT: M. Villeneuve, s'il vous plaît.
M. VILLENEUVE : II y a tout d'abord une distinction qu'on doit faire
tout de suite ici. Si vous comparez les 47 milliards de kWh qui seront vendus
aux réseaux voisins avec les 46 milliards vendus sur le marché
interne, on ne parle pas du tout d'une même période. Les 47
milliards de kWh seront vendus sur une période de cinq ans, ce qui fait
une moyenne d'environ, si vous divisez par 5, 9 milliards de kWh par
année. Donc une exportation de l'ordre, comme M. le Président l'a
mentionné, de 8 p.c. par année.
Maintenant, la note dont vous parliez fait effectivement mention de
puissance garantie et non pas d'énergie interruptible, mais il s'agit
d'une quantité globale qui est au-dessus des besoins prévus et
prévisibles du Québec et pour une période limitée.
Ce qui fait que cette énergie ne peut pas avoir la même valeur que
ce qu'on peut offrir à nos industries et nos abonnés domestiques
qui, eux, s'attendent à une consommation continue qui se poursuivra pour
une période indéterminée.
C'est ce qui explique l'écart que vous pouvez noter entre la
valeur de ces deux blocs d'énergie. Autre chose, c'est de
l'énergie qui est livrée à haute tension, par exemple,
à 230,000 volts ou à 300,000 volts. Dans ce cas-là,
évidemment, nous n'avons pas à investir dans les postes de
transformation pour amener cette énergie-là jusqu'à un
abonné qui va l'utiliser à 4,000 volts ou même à 115
ou 230 volts comme dans nos
maisons. Une partie importante des investissements n'est pas requise, ce
qui fait qu'on peut livrer l'énergie à des conditions
relativement meilleures.
M. ROY (Beauce): Maintenant, dans les exportations d'énergie que
vous faites, vous avez de l'énergie brute qui peut être
exportée en vertu d'une entente, à une puissance garantie,
pendant une certaine période. Vous avez aussi, en plus, une
quantité d'énergie excédentaire qui peut être
livrée à une période donnée. C'est cela?
M. VILLENEUVE: C'est juste.
M. ROY (Beauce): Maintenant, prenons, par exemple, la dernière
année pour laquelle vous venez de nous remettre les états
financiers. Quel est le pourcentage d'énergie qui a été
vendue par rapport à l'énergie produite durant l'année? Je
parle d'énergie garantie par contrat; je fais abstraction de la
quantité d'énergie excédentaire. Quel est le
pourcentage?
M. VILLENEUVE: Vous avez, à la page 43 des états
financiers, le chiffre d'énergie souscrite soit 5 milliards de kWh pour
l'année 1971. Ceci représente de l'énergie garantie,
c'est-à-dire de l'énergie que l'on doit fournir par contrat. A la
ligne suivante, vous avez de l'énergie excédentaire qui, elle, en
principe, devient disponible sans qu'on puisse l'avoir prévu longtemps
à l'avance; c'est de l'énergie "interruptible" qu'on vend
lorsqu'on en a en excédent de nos besoins. Les 5 milliards
représentent environ un peu moins de 10 p.c. des 52 milliards globaux
vendus.
M. ROY (Beauce): Je vous remercie pour ces réponses. Ce que je
voulais surtout déterminer, et ce dont je voulais être convaincu,
c'est que l'Hydro-Québec peut assurer les membres de la commission que
nous n'exportons pas d'électricité à un taux
inférieur à notre coût de production, incluant les frais
d'administration, d'intérêts ou autres.
L'Hydro-Québec, par la voix de son président et de ses
collaborateurs, peut nous assurer, devant la commission, que c'est un fait. Je
ne parle pas de l'énergie excédentaire, parce que je comprends
que ce sont des conditions spéciales, des cas bien spéciaux. Le
président peut-il nous le garantir, oui?
M. GIROUX: Voici, on exclut tous les excédents.
M. ROY (Beauce): Oui.
M. GIROUX: Je voudrais expliquer ici que, même si on avait de
l'énergie ferme dont on ne peut pas se servir, à ce
moment-là, quel qu'en soit le coût, si vous obtenez une vente,
elle est profitable. Vous avez, par exemple, dans votre réseau une
quantité d'énergie dont vous pourrez vous servir, mettons, en
1974. Actuellement, elle est excédentaire pour vous. Seulement, si vous
trouvez quelqu'un à qui vous pouvez la vendre comme de l'énergie
primaire, à ce moment-là c'est un bénéfice.
Même dans ces cas-là, les prix qu'on obtient sous contrats sont
extrêmement avantageux.
Je ne sais pas si ça répond à votre question.
Naturellement, au moment d'une crise, d'une tempête ou de n'importe quoi,
si nous sommes obligés de faire fonctionner l'usine de Tracy, même
pour aider l'Ontario vu que ça fait partie de notre contrat, cette
énergie spécifique serait plus dispendieuse, mais, normalement,
elle ne l'est pas.
M. ROY (Beauce): Nous parlons des besoins futurs de l'Hydro. Ce dont je
voulais surtout m'assurer, c'était qu'on ne produise pas continuellement
au Québec de l'énergie excédentaire à des taux
inférieurs à notre coût de production, parce qu'à ce
moment-là j'estime que ce sont les contribuables du Québec qui
vont le payer. IL y a, tout de même, un danger à cela. Il y a deux
façons d'analyser la chose. Une personne peut avoir un magasin et vendre
des complets pour homme. Elle peut les vendre avec profit, mais elle peut dire
aussi: Je vais les vendre à perte parce que, si j'attends plus, je vais
les perdre complètement. Il y a une nuance à apporter.
M. GIROUX: C'est le système des pipes cassées.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, étant donné qu'il est
six heures moins cinq, pourrais-je demander la suspension de la
séance?
M. LE PRESIDENT: La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 h
15.
M. BOURASSA: Pour l'information des gens de l'Hydro-Québec,
prévoyez-vous terminer ce soir, à onze heures?
M. LAURIN: Cela métonnerait.
M. BOURASSA: C'est dire que nous allons continuer avec
l'Hydro-Québec, mardi prochain?
M. LAURIN: C'est bien possible.
M. BOURASSA: Sauf, s'il y a un effort de concision de votre part.
M. JORON : Nous ne siégeons pas demain? DES VOIX: Non.
M. JORON : Si le gouvernement fait un effort de compréhension,
peut-être.
M. ROY (Beauce): Je ne promets rien au premier ministre en ce qui nous
concerne, parce que nous avons encore beaucoup de questions à poser.
M. LE PRESIDENT: La séance suspend ses travaux jusqu'à 20
h 15.
(Suspension de la séance à 17 h 55)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. SEGUIN (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, il me fait d'abord plaisir de saluer
les commissaires de l'Hydro-Québec et de leur redire tout le plaisir que
nous avons à les rencontrer et à leur demander des renseignements
sur une entreprise aussi importante que l'Hydro-Québec dont
l'activité est tellement essentielle pour le développement de
notre collectivité.
Nous avons reçu un rapport de l'Hydro-Québec sur les
états financiers et statistiques. Nous avons entendu, cet
après-midi, l'exposé du président de
l'Hydro-Québec, M. Roland Gi-roux. Malgré tout
l'intérêt que j'ai pris à lire ces documents et à
entendre M. Giroux, il reste cependant que je suis resté sur mon
appétit et que j'ai beaucoup regretté, pour ne pas dire
déploré, que l'Hydro-Québec ne nous fasse pas tenir, comme
l'an dernier, quelques semaines avant le début des séances de la
commission, son rapport annuel qui comportait et devrait comporter, cette
année comme l'an dernier, un rapport écrit portant sur toutes les
activités de l'Hydro-Québec.
Je me rappelle que l'an dernier nous avions puisé dans ce rapport
écrit annuel des éléments très importants de la
politique de l'Hydro-Québec dans certains secteurs, par exemple
l'évaluation des ventes, la production, les transports, les plans
d'équipement, la planification, la télécommande et que
ceci nous avait inspiré plusieurs questions qui nous permettaient de
mieux nous tenir au courant de l'évolution de l'Hydro-Québec au
cours de l'année qui s'est écoulée. Malgré qu'il
portait sur des points que M. Giroux voulait considérer comme
essentiels, son exposé ne pouvait quand même pas faire état
de tous ces problèmes, ce qui nous déçoit encore une fois
à cause de l'intérêt que nous portons aux activités
de l'Hydro-Québec et à son avenir.
Est-ce qu'on peut demander à M. Giroux pourquoi il a
été impossible cette année de nous présenter
à temps un rapport aussi complet que l'an dernier?
M. GIROUX: Naturellement, il y a eu des corrections à faire au
rapport, surtout dans la partie financière, parce que ce rapport est
déposé aussi au SEC. Cela aurait été possible en
faisant faire une impression extrêmement dispendieuse.
M. LAURIN: Et en faire faire des polycopies...
M. GIROUX: Là-dessus, je demanderais à M. Couture de
répondre directement...
M. LAURIN: ... un rapport préliminaire.
M. GIROUX: ... parce que c'est lui qui est personnellement responsable
de ce domaine.
M. COUTURE: Nous avons pensé qu'il serait
préférable de remettre à cette commission parlementaire,
en attendant la publication de l'autre document plus complet, les chiffres que
nous avions déposés à l'Assemblée nationale il y a
déjà un mois avec un commentaire général sur
l'administration de l'Hydro-Québec.
Le deuxième, le rapport définitif, une fois
complété, devrait sortir d'ici quinze jours ou trois semaines.
Mais vous comprendrez que les imprimeries nous demandaient un prix assez
exorbitant. Et, il y a eu des corrections jusqu'à la dernière
minute.
M. LAURIN: Est-ce qu'il leur aurait été, du moins,
possible de nous faire tenir des copies dactylographiées
définitives de ce rapport avant même qu'il soit
imprimé?
M. COUTURE: On peut... M. LAURIN: Cela aurait aidé à nos
travaux. M. COUTURE: ... le faire pour mardi.
Vente d'électricité à
l'Ontario
M. LAURIN: Vous pouvez le faire pour mardi. Je vous remercie
infiniment.
Maintenant, en ce qui concerne l'exposé que nous a fait M.
Giroux, j'aurais quelques questions à poser. A la page 6, il est dit:
"La puissance garantie à l'Ontario Hydro sera de 800,000 kilowatts de
juin 1973 à mai 1974 et de un million de kilowatts pendant les trois
années suivantes jusqu'à mai 1977". Dans le calendrier de la
demande et de la consommation que vous avez dressé pour un assez grand
nombre d'années, est-ce que vous avez tenu compte de ces chiffres?
Est-ce que, par exemple, ceci veut dire qu'à partir de 1977 ce million
de kilowatts va passer dans le stock d'électricité dont l'Hydro
disposera pour le Québec? Est-ce que ceci peut retarder, de quelque
temps, ou diminuer la demande sur l'Hydro?
M. GIROUX: Certes pas diminuer la demande. La demande va rester...
M. LAURIN: C'est peu quand même.
M. GIROUX: En 1978, c'est l'année où on a besoin de
récupérer ces quantités pour satisfaire à la
demande.
M. BOYD: A compter de 1977, tous les contrats avec l'Hydro-Ontario sont
terminés. Dans les prévisions de nos besoins, à compter de
1978, nous avons considéré qu'il n'y avait pas de vente à
l'Hydro-Ontario.
Alors, nos projections, entre 1978 et 1985, dans nos programmes, ne
comportent aucune vente à l'extérieur du Québec.
M. JORON: M. le Président, si vous permettez que j'enchafne sur
la même question...
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: Merci. Les projections d'augmentation de la demande sont
à quel taux moyen annuel et d'où viennent-elles?
M. BOYD: Elles sont à 7 1/2 p.c. Si le député me le
permet, mardi, nous avisons l'intention, justement, pour expliquer nos
programmes, de vous déposer un document qui expliquerait les
différentes courbes, la façon d'altérer ces courbes en
fonction de la demande d'énergie, des définitions, de tous ces
facteurs et de vous dire comment on procède. Vous aurez un document en
main avec des courbes, des chiffres et toutes les explications
nécessaires. Je pourrais vous le faire maintenant, mais je pense que,
mardi, vous aurez un document en main qui sera beaucoup plus
intéressant.
M. JORON: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin a pu faire ses
commentaires, tant mieux. Mais, à ce moment-ci, nous faisons le tour des
représentants ou des chefs des différents partis, quitte,
ensuite, à revenir aux différents députés qui
voudront faire des commentaires. Il faut, en toute justice, reconnaître
non pas deux ou trois membres de chaque parti, à ce moment-ci, mais
plutôt un qui pose des questions ou fait des comme ntaires.
Je m'excuse encore du mal de gorge dont je souffre et j'espère
que vous saurez l'endurer avec moi. Mardi, ce sera sans doute guéri.
M. LAURIN: J'aimerais reprendre ma question sur la prévision de
la demande de 1971-1972 à 1985-1986. Je tire ces renseignements
d'information-cadres. Il semble qu'il n'y aura pas de déficit
d'électricité avant 1978-1979. Ce déficit sera, en
1978-1979, assez mineur encore, puisqu'il ne s'agit que de 1,268,000 kilowatts
et, même en 1979-1980, le déficit ne sera que de 2,773,000
kilowatts. L'an dernier, vous nous aviez fait des rapports qui étaient
quelque peu différents, qui prévoyaient que nous aurions besoin
d'électricité en plus grande quantité plus tôt.
Est-ce que ceci est le résultat d'études nouvelles que vous avez
faites?
M. GIROUX: Peut-être pas d'études nouvelles, mais, l'an
dernier, il y a peut-être eu des différences dans l'expression de
la pointe d'énergie de base nécessaire. Je pense que, dans
l'exposé que nous ferons mardi, en décrivant nos programmes, ces
réponses viendront automatiquement. Je pense qu'il sera plus facile,
avec les documents, de répondre à cette question.
M. LAURIN: Peut-on, quand même, en conclure tout de suite, M.
Giroux, que l'Hydro-
Québec n'aura pas besoin, d'une façon sensible,
d'énergie de base avant 1980? Peut-être qu'elle en aura besoin en
1979, mais c'est surtout en 1980 que les véritables besoins en
énergie de base se feront sentir.
M. BOYD : Les chiffres que vous avez mentionnés sont exacts. En
1978, il nous faudra environ 1,200 mégawatts de puissance. C'est quand
même assez important. C'est l'équivalent de Manic 3. Vous dites
2,400 pour 1979. Cela aussi c'est beaucoup. Ce sont les chiffres que nous avons
donnés dans Information-cadres et ça correspond à nos
prévisions. Ce sont quand même des demandes assez importantes.
Au sujet des chiffres comparatifs à ceux de l'an dernier, nos
prévisions sont faites 5, 10 et même 15 ans à l'avance. On
les revoit tous les ans pour savoir s'il y a eu des modifications, si on doit
faire des changements par rapport à l'expérience
vécue.
M. LAURIN: J'aimerais vous poser maintenant une question sur Churchill
Falls. Vous avez annoncé dans votre exposé qu'il y avait
déjà deux groupes qui fonctionnaient et même, en fait, plus
tôt que prévu. Est-il exact cependant que sur l'un de ces groupes
vous ayez éprouvé des difficultés, en particulier avec les
générateurs et que ce groupe actuellement ne fonctionne plus, et
que le troisième groupe qui devait entrer en fonctionnement au mois de
mai ne pourra pas, lui non plus, entrer en fonctionnement ou entrera en
fonctionnement plus tard que prévu? Et qu'il y a peut-être
d'autres difficultés à prévoir sur d'autres
générateurs?
M. GIROUX: On me dit qu'il y a des troubles de turbine, des troubles de
démarrage, mais il n'y a pas eu de troubles majeurs, d'après M.
DeGuise. Tout est en ordre dans le moment.
M. LAURIN: Est-ce que les deux groupes fonctionnent actuellement et
est-ce que le troisième va commencer à fonctionner
bientôt?
M. GIROUX: M. Villeneuve me dit que d'ici 15 jours tout sera
rentré dans l'ordre.
M. SAINT-PIERRE: Sur la même question, M. le Président,
est-ce qu'il n'est pas vrai qu'effectivement l'échéancier a
été devancé et que le client, dans ce cas-ci
l'Hydro-Québec, obtient de l'électricité avant les dates
prévues au départ?
M. GIROUX: Cela je le reconnais.
M. LAURIN: Je voulais simplement savoir si c'était exact,
si...
M. GIROUX: II y a eu des rumeurs je ne dis pas sur des grandes
difficultés, mais sur des troubles de démarrage, les
premières journées d'une turbine. Je pense que c'est assez
fréquent, l'Hydro a eu ça aussi à plusieurs endroits.
M. LAURIN: Donc le troisième groupe va entrer en opération
à la date prévue, et vous ne prévoyez aucune
difficulté pour les autres?
M. SAINT-PIERRE: Le troisième groupe entre en opération en
avance sur l'horaire prévu.
M. GIROUX: Je pense que M. Villeneuve qui est responsable de cette
chose-là pourrait donner surtout les devancements.
M. VILLENEUVE: Contractuellement, le troisième groupe devait
entrer en exploitation à l'automne, alors qu'il sera vraisemblablement
sous essai d'ici une quinzaine de jours, et la compagnie Churchill Falls
s'attend qu'il soit disponible d'ici environ un mois pour la marche
commerciale. Ce sont les derniers renseignements que nous avons eus sur le
groupe 3. Et le groupe no 4, qui lui aussi doit venir plus tard à
l'automne, devrait être en marche d'ici un mois ou un mois et demi au
plus tard.
M. LAURIN: Les difficultés que vous avez eues étaient
mineures et on n'a pu y mettre fin assez aisément mais...
M. VILLENEUVE: D'abord ce n'est pas nous. C'est la compagnie CFLCO.
Selon les renseignements que nous avons eus, certaines des machines construites
par l'un des deux fabricants ont présenté certaines, si vous
voulez, faiblesses, lesquelles ont été corrigées. Toujours
selon les renseignements qui nous sont donnés, on a modifié
partiellement la conception de la turbine et on nous dit que tout est sous
contrôle.
M. LAURIN: J'aimerais poser une autre question sur les
expériences que vous menez déjà depuis un certain temps
sur le transport de l'électricité, dont votre rapport de l'an
dernier d'ailleurs faisait état, et cette possibilité, par
exemple, de transporter du courant à 1100 kilovolts avait
été évoquée également dans le rapport de
l'ABBDL de l'an dernier. Est-ce que je pourrais vous demander où en sont
les recherches actuellement, où elles se poursuivent, quelles sont les
chances de réussite de ces expériences, et dans quel délai
pouvons-nous les espérer?
M. GIROUX: Je vais demander à M. Cahill de répondre.
M. CAHILL: Présentement nous continuons des études
théoriques sur réseaux miniatures, pour calculer ou mesurer les
surtensions que nous aurions sur un réseau de 1100 kilovolts.
Nous faisons aussi des essais de surtension de manoeuvres sur des
pylônes ou sur des maquettes de pylônes à l'Institut de
recherche. Nous envisageons de commencer bientôt la construction d'une
ligne pour faire des essais mécaniques aux Iles-de-la-Madeleine,
grandeur nature, sur des faisceaux de conducteurs de quatre, six et huit
conducteurs.
Nous envisageons de compléter nos études afin de pouvoir
prendre une décision sur l'usage de 735 kilovolts ou du courant continu
ou des 1,100 kilovolts pour la fin de 1973.
M. LAURIN: Est-ce que ces recherches ont déjà donné
des résultats ou des espérances?
M. CAHILL: Nous avons des résultats préliminaires.
Evidemment, je préférerais ne pas en parler à ce stade-ci,
avant que les études n'aient été poussées plus
loin.
M. LAURIN: Combien de temps dureront-elles encore, en particulier aux
Iles-de-la-Madeleine, et quel en sera le coût?
M. CAHILL: Aux Iles-de-la-Madeleine, nous prévoyons
compléter la construction de la ligne d'essai dans le cours de
l'été. Les essais continueront probablement, même
après que le choix d'un niveau de tension aura été fait.
Il se peut que les essais durent trois ans, aux Iles-de-la-Madeleine. Quelle
est votre autre question? Quel sera le coût de quoi? Excusez-moi.
M. LAURIN: Le coût de l'expérience pilote.
M. CAHILL: De la ligne des Iles-de-la-Madeleine? Présentement,
cette ligne et les études qui y seront faites sont
évaluées à environ $1,500,000 à $2 millions.
M. LAURIN : J'aimerais maintenant vous poser une question sur les tarifs
de l'Hydro-Québec. On a entendu dire que les tarifs seraient
peut-être augmentés; il en a été rumeur un peu
partout et certains journaux ont même fait écho à ces
rumeurs. J'aimerais demander au président s'il veut confirmer ou
infirmer ces rumeurs.
M. GIROUX: Différentes rumeurs ont circulé mais je
n'ajoute pas tellement foi aux rumeurs. Voici les faits tels qu'ils sont. Nous
sommes toujours à étudier les taux. Conjointement avec le
ministère des Richesses naturelles, nous avons fait une étude
assez approfondie et nous avions dit, l'an dernier, que pour les dix prochaines
années, on devrait augmenter d'au moins 4 p.c. annuellement.
L'inflation étant un peu plus forte, le problème exact
sera peut-être pour une demi-année, mais nous devrons
assurément demander une augmentation de taux en juillet ou en
août. Nous n'avons pas fait, actuellement, aucune demande officielle au
gouvernement pour une augmentation ou une révision de tarif.
Pour que ça ne retarde pas les procédures, nous avons
demandé au ministère des Richesses naturelles d'envoyer chez nous
avant que les gens plutôt que nous, fassions une demande. Après
ça, qu'ils fassent l'examen des besoins, qu'ils le fassent conjointement
avec nous. Ils travaillent donc d'une façon régulière aux
tarifs qu'on révise dans différents secteurs.
Nous avons continuellement de légers amendements au
règlement 95 qui régissent les taux, des choses que nous ajustons
à différentes places. Mais pour une augmentation de tarif de
base, il n'y a pas de demande de préparée mais nous travaillons
à en préparer une.
M. LAURIN: Cette prévision de la demande de hausse de tarif
ferait entrer combien de millions de plus dans les coffres de l'Hydro? Votre
objectif est de combien?
M. GIROUX: Actuellement notre objectif est toujours guidé par nos
besoins pour maintenir les rapports que nous avons toujours maintenus. Mais
actuellement, pour la fin de l'année, je pense bien que c'est entre cinq
et huit parce que nous n'avons pas l'année complète.
M. SAINT-PIERRE: Une question dans le même secteur, M. le
Président. Quelle est, M. Giroux, la raison fondamentale des hausses de
tarif? Est-ce strictement relié à l'inflation, l'accroissement
des salaires ou des services nécessaires pour vos fins d'exploitation,
de production? Comment se compare l'évolution de vos tarifs par rapport
à d'autres compagnies canadiennes, au cours des cinq ou six
dernières années?
M. GIROUX: Des cinq ou six dernières années?
M. SAINT-PIERRE: A peu près.
M. GIROUX: Nous avons eu deux augmentations, c'est tout ce que nous
avons eu. Au point de vue des augmentations je dirais que nous sommes en
arrière de tous les autres réseaux.
M. SAINT-PIERRE: En ce sens qu'elles ont été plus faibles
ici que d'autres.
M. GIROUX: Les augmentations ont été plus faibles sur une
période donnée. Maintenant, si on regarde l'avenir, Federal Power
Commission publie comme prévisions que probablement les tarifs vont
doubler, à d'autres endroits tripler, dans les dix prochaines
années. Je ne pense pas que nous soyons obligés d'appliquer des
tarifs aussi hauts mais je pense bien que nous devrons subir les hausses, comme
tout le monde. C'est l'ensemble de toutes les augmentations qui nous affecte,
ce n'est pas particulièrement l'augmentation des salaires. C'est
l'ensemble de toutes ces choses et, pour conserver une couverture
d'intérêt de 1.25, il faut que nous ajustions nos tarifs en
conséquence.
M. SAINT-PIERRE: Merci.
M. LAURIN: Est-ce que cette mesure ou cette décision... c'est le
même sujet.
M. LE PRESIDENT: Sur le même sujet, le député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais faire
quelques remarques sur le même sujet.
Si on prend l'analyse comparative des cinq dernières
années, on voit l'augmentation des ventes d'électricité.
Dans votre rapport, M. Giroux, cet après-midi, vous avez indiqué
que les taux de croissance des ventes avaient été en moyenne, de
7.2 p.c. par année, de 1965 à 1970 pour la clientèle
québécoise. Pour 1970 à 1971, il y a eu une augmentation
de 3.6 p.c. Donc, cela coupe en deux. On dit que le secteur industriel a
été particulièrement touché pour toutes sortes de
raisons: difficultés dans certains secteurs, arrêts de travail,
etc. Enfin, ce sont encore des situations que nous connaissons en 1972. D'autre
part, il y a certainement des dépenses qui s'accroissent d'année
en année, comme vous l'avez mentionné tantôt, à
cause de l'inflation. Le service de la dette le ministre de l'Industrie
et du Commerce en a parlé un peu cet après-midi va
être plus considérable. Il va augmenter assez rapidement avec les
contributions que vous allez faire à la Société de
développement de la baie James et surtout les travaux en cours. Vous ne
savez pas si vous allez transférer le coût des travaux en cours
à l'autre société. On y reviendra un peu plus tard.
Donc, d'une part, vous avez une augmentation des ventes, de 1969
à 1970, de $40 millions. Les provisions disponibles pour les
réserves sont de $70 millions, soit pas tout à fait un million de
plus en 1970 qu'elles n'étaient en 1969 avec des ventes de $40 millions
de plus. Alors, tenant compte de tous ces facteurs et tenant compte aussi de la
hausse des dépenses à cause de l'inflation, est-ce que vous
pensez qu'une augmentation de tarif de 4 p.c, qui avait été
prévue l'an dernier, sera suffisante, en 1972, 1973, 1974, pour assurer
le même rendement et faire face aux dépenses accrues dans le
domaine de l'exploitation, de l'investissement et du service de la dette?
M. GIROUX: Au moment où je vous parle, non. Parce que, l'an
dernier, je pense bien que l'on a spécifié que l'on
prévoyait une augmentation moyenne minimum de 4 p.c. qui était
basée sur nos calculs simples d'inflation. L'augmentation va suivre
nécessairement les dépenses qu'on aura à subir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, cela veut dire qu'un taux prévu
de 4 p.c...
M. GIROUX: C'était un minimum.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... était un minimum.
M. GIROUX: Et on l'a déclaré comme tel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela veut dire que, dans les prévisions,
dans les études que vous faites et dans la demande que vous ferez, cela
pourrait dépasser 4 p.c, tenant compte d'une foule de facteurs.
M. GIROUX: Oui. Tenant compte d'une foule de facteurs, cela peut
dépasser de beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, je voudrais demander quel est le taux
d'autofinancement par rapport aux ventes, en pourcentage? Les sources internes
d'autofinancement de l'Hydro-Québec par rapport aux ventes sont de
l'ordre de 30 p.c?
M. GIROUX: Cela n'a pas été tellement régulier.
M. JORON: Les profits et les amortisseurs par rapport aux ventes sont de
combien?
M. GIROUX: Cela peut être 10 p.c, 20 p.c, 30 p.c. Cela varie avec
les années.
M. JORON : Enfin, on peut le trouver dans le bilan en additionnant les
revenus nets et les réserves d'amortissement et en les reportant sur les
ventes. Je pense que cela donne autour de 30 p.c. Mais ce que je voulais
demander, c'est : Quel a été le taux, dans le passé?
Est-ce que c'est à peu près constant? Est-ce que l'Hydro s'est
fixé un objectif à ce sujet? Est-ce qu'il y a des projections
pour les années à venir?
M.GIROUX: C'est-à-dire que l'objectif est toujours le même:
On essaie de maintenir un rapport de 1.25 avec un capital, si vous voulez, qui
est souscrit par nos réinvestissements qui ne tombent pas en bas de 20
p.c. Alors, pour arriver à ça, dans un mode financier, il se peut
que cela aille chercher beaucoup plus. Justement, c'est 20 p.c. des
investissements qui produisent.
M. JORON: C'est calculé sur les investissements.
M.GIROUX: Sur les investissements.
M. JORON: Ce rapport d'environ 20 p.c, c'est celui qui a
été à peu près constant dans le passé. C'est
l'objectif que l'Hydro-Québec tend à...
M. GIROUX: Tend à maintenir.
M. JORON: ... maintenir dans l'avenir également.
M. GIROUX: Nous nous sommes axés sur cet objectif pour
répondre aux exigences des banquiers mondiaux, pour conserver la
même cote, si vous voulez, de nos titres. Certaines
compagnies d'utilité qui ont tombé au-dessous de 1.25 et
cela leur a coûté un quart ou un demi de 1 p.c. de plus dans le
taux d'intérêt parce qu'elles changent de classe.
M. JORON: Est-ce que vous auriez intérêt à augmenter
ce pourcentage, à améliorer ce taux? Est-ce que cela pourrait
faire partie des objectifs pour les années à venir?
M. GIROUX: Naturellement, si nous pouvions augmenter notre
autofinancement sans augmenter nos tarifs tellement, ce serait avantageux. Il
n'y a pas l'ombre d'un doute. Si nous pouvions le faire sans emprunt, ce serait
l'idéal. Mais je pense bien que les gens n'aimeraient pas les
tarifs.
M. JORON: C'est parce que je suis en train de vous demander de combien
vous allez augmenter vos tarifs, en même temps!
M. GIROUX: Ecoutez, les miracles, ce n'est pas de chez nous. C'est une
autre branche! Je pense que là-dessus nous avons des modes qui se sont
maintenus, que nous avons déclarés et qui ont été
admis par nos banquiers canadiens et américains. Nous faisons des
efforts soutenus pour maintenir ça.
M. JORON : ... obligation pour maintenir le crédit de
l'Hydro-Québec.
M. LE PRESIDENT: Vous comprendrez, messieurs, qu'à ce moment-ci
nous permettons certaines questions en ce qui concerne les problèmes
tarifaires, et il faut reconnaître que la parole est au
député de Bourget. Je vais lui donner la parole.
Avant de le faire, est-ce que d'autres membres de la commission ont des
questions à poser ou des commentaires à faire sur cette question
de tarifs puisque déjà nous avons passé outre un peu
à notre procédure?
M. ROY (Beauce): Moi, j'aurais...
M. LE PRESIDENT: Sur la question des tarifs.
M. ROY (Beauce): ... des questions concernant les tarifs et elles se
rapportent également au financement.
M. LE PRESIDENT: Alors, si vous pouvez retarder votre question. C'est
parce que d'autres députés ont demandé la parole.
M. ROY (Beauce): Sur la question des tarifs. M. LE PRESIDENT: Les
tarifs, oui, allez-y.
M. ROY (Beauce): Je veux parler de la question concernant les tarifs
mais je ne peux faire autrement que de faire un parallèle...
M. LE PRESIDENT: Non, je ne veux pas faire le refinancement.
M. ROY (Beauce): ... avec le financement.
M. LE PRESIDENT: Je ne voudrais pas qu'on fasse le refinancement de
l'organisation. Si c'est tarifaire, oui, allez-y.
M. ROY (Beauce): C'est tarifaire et il y a des parallèles
directement avec le financement...
M. LE PRESIDENT: Aimeriez-vous...
M. ROY (Beauce): J'aime mieux attendre et revenir sur le sujet plus
tard.
M. LE PRESIDENT: Attendez ou posez la question strictement au point de
vue tarifaire. Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, j'aimerais demander à M.
Giroux s'il pourrait nous communiquer l'essentiel du programme
d'immobilisations de l'Hydro-Québec au cours des cinq prochaines
années, sans tenir compte des programmes de la baie James. Par exemple,
qu'est-ce qui arrive à Manic III? Les études sur la
rivière Moisie dont on nous parlait l'an dernier? Les rivières du
Lac-Saint-Jean, Chamouchou-ane, les stations de pompage, celle de Saint-Joachim
et une nouvelle qui serait peut-être envisagée au lac
Jacques-Cartier?
UNE VOIX: Bas Saint-Maurice. M. LAURIN: Bas Saint-Maurice.
M. LE PRESIDENT: J'insiste pour dire que les réponses ne
toucheront pas au projet de la baie James.
M. LAURIN: Je l'ai bien inclus dans ma correction, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. GIROUX: Dans nos provenances et l'utilisation des fonds, dans nos
projections, l'investissement en propriétés, qui n'est pas
spécifiquement détaillé ici, donne, pour 1972, $339
millions; pour 1973, $316 millions; pour 1974, $298 millions, puis $319
millions et $306 millions.
Ces chiffres ne comprennent pas les chiffres qui devront être
avancés mardi.
M. LAURIN: Pourriez-vous nous donner, pour chacun des projets que j'ai
mentionnés, la puissance projetée de chacun des projets, le
calendrier des mises en chantier, les coûts, le calendrier de production
et la méthode de financement à laquelle pense
l'Hydro-Québec, soit, par exemple, des emprunts ou un autofinancement
par le moyen des tarifs?
M. GIROUX: On avait l'intention de donner, mardi, la description des
programmes incluant la baie James. Nos programmes incluent différentes
phases. Il est assez difficile de les séparer comme tel. J'aimerais
mieux que nos spécialistes donnent une explication complète des
programmes, mardi, incluant la baie James ou non.
M. LAURIN: M. le Président, si on parle de ces projets, qui ne
concernent pas la baie James, mardi, peut-on parler de la baie James
aujourd'hui?
M. LE PRESIDENT: Non. Je regrette.
M. LAURIN: Dans l'esprit du président de l'Hydro-Québec,
cela semble difficilement dissociable. Je les comprends, ils ont fait des
projets globaux.
M. LE PRESIDENT: Le problème existerait si vous ne finissiez pas
vos travaux ce soir, à onze heures.
M. GIROUX: M. le Président, il y a un point que je voudrais
éclaircir ici. Les programmes qui seront expliqués mardi incluent
la baie James. On peut expliquer aussi tous les programmes qu'on a. En fait, je
ne sais pas combien nous en avons exactement, mais nos spécialistes,
dans la planification, au service de recherche économique et dans le
génie donneront toutes les explications sur les programmes et les bases
des programmes.
M. LE PRESIDENT: Pourvu, M. Giroux, que vous effleuriez le
problème, simplement pour les explications absolument essentielles, pour
la bonne compréhension de votre réponse, oui, d'accord, en ce qui
concerne le secteur de la baie James. Mais puisque, mardi, nous devons
reprendre exclusivement sur le problème de la baie James et, par la
suite, revenir à l'Hydro, si nécessaire, on voudrait
éviter des répétitions.
M. GIROUX: M. le Président, je ne crois pas que cela puisse
être considéré comme une répétition parce que
la base de ces programmes, c'est la baie James. Je n'ai pas d'objection, si les
gens ont la documentation ici, à expliquer les autres programmes qu'ils
ont étudiés. Moi, je ne l'ai pas comme tel, ce soir.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez ici, ce soir, la documentation, par
exemple, sur Manic 3, Moisie et les stations de pompage des rivières du
lac Saint-Jean?
M. GIROUX: Pour Manic 3, il y a la production et les choses qui ont
été déposées. On n'y a pas changé tellement
de choses, là.
M. SAINT-PIERRE: La question du député de Bourget, est-ce
de voir les plans de l'Hydro-Québec, en matière
d'équipement, pour faire face à des besoins?
M. LAURIN: J'ai dit ce que j'aimerais savoir pour chacun de ces projets:
la puissance projetée, pour qu'on puisse noter cela, faire des
additions, des calculs; un calendrier des mises en chantiers; les coûts;
le calendrier de production et les méthodes de financement.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que, pour tous les projets à
part Manic 3, je ne peux pas penser à d'autres qui ont
été autorisés et qui sont effectivement engagés, on
peut obtenir cela. Tous les autres projets, je pense, s'inscrivent globalement
dans la question : Quelle est la planification de l'Hydro-Québec pour
faire face à ces besoins? Dans cela, comme M. Giroux vient de le
mentionner, un des grands morceaux est la baie James.
M. LAURIN: Je le sais bien.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que c'est juste Manic 3.
M. LAURIN: Je sais bien que l'essentiel du projet, c'est la baie James,
mais c'était écrit dans le rapport annuel de l'an dernier qu'on
faisait d'autres études aussi.
M. SAINT-PIERRE: Je le sais.
M. LAURIN: J'aimerais savoir si on les a continuées, de combien
elles ont progressé, si on les a abandonnées ou si on les
continue, à quel rythme, quel coût serait prévu pour chacun
de ces projets. Au fond, ce ne sont pas des questions tellement
compliquées.
M. SAINT-PIERRE: Non, mais je pense que pour avoir une approche plus
méthodique de l'ensemble de la question, on peut donner tous les
renseignements sur les installations qui sont actuellement en construction et
qui sont connues. Mais pour l'ensemble des autres, c'est un problème qui
doit se tenir et dans lequel...
M. LAURIN: II n'y en a qu'une en construction actuellement, Manic 3.
M. SAINT-PIERRE: Pour Manic 3, je pense qu'on peut avoir les
détails qu'on veut.
M. LAURIN: Ce n'est pas tellement sur celle-là au fond que je
veux des renseignements.
M. SAINT-PIERRE: Mais les autres, vous serez d'accord avec moi, ce ne
sont pas des pommes qu'on va chercher dans un arbre. C'est quelque chose qui
s'inscrit dans un programme pour faire face à des besoins, pour faire
face à une planification. Il est question de stabilité de
réseaux.
M. LAURIN: Mais, M. le ministre, l'an dernier, dans le rapport, on
disait que des études avaient été menées sur la
Moisie, qu'elles étaient assez avancées, qu'on pouvait envisager
une
production de près de 2 millions de kilowatts avec la Moisie. Je
voudrais savoir si on a abandonné ce projet, si des études ont
été faites cette année, si elles ont été
poursuivies, à quelles conclusions on en est arrivé?
M. SAINT-PIERRE: M. Giroux a mentionné à peu près
une vingtaine d'agencements de programmes différents qui avaient
été analysés.
M. GIROUX: L'idée que nous avions de ces agencements c'est, en
les expliquant mardi, qu'ils ne touchent pas l'administration de 1'Hydro. Cela
ne devient pas des problèmes d'administration de l'Hydro. Cela devient
une explication des programmes qui incluent la baie James.
Il y a des programmes qui ont été complétés.
Il y en a d'autres où, à la suite de restrictions
budgétaires, on n'a pas eu d'argent pour faire des études
avancées là-dessus. Mardi, nous serons en mesure de donner toutes
ces choses, mais d'une façon beaucoup plus précise et très
claire.
M. LAURIN: Remarquez que je n'aurais pas eu d'objection à ce que
vous déposiez le programme complet, incluant la baie James, ce soir
aussi. Parce que nous posions des questions uniquement sur la partie que le
président veut aborder.
M. GIROUX: Je comprends ça, mais le problème c'est que
nous essayons de nettoyer la partie de l'administration.
M. LAURIN: Mais sans aller jusqu'au fond des choses, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: M. le député, M. Giroux, je
reconnaîtrais que vous fassiez à ce moment-ci usage de
commentaires en ce qui concerne le développement de la baie James, pour
autant que vos commentaires aideront à rendre plus claires les
explications que vous voudrez donner aux députés, sans aller dans
le détail. Si vous deviez y faire référence au sujet d'un
projet, pour autant que ça vous aiderait à répondre
à la question, très bien. Mais je ne veux pas discuter du projet
de la baie James ce soir.
M. GIROUX: Tout est tellement intercalé. Personnellement,
j'aurais une grande difficulté à les séparer, mais je ne
sais pas si des experts...
M. BOYD: Si nous vous expliquions, M. le Président, très
brièvement parce que nous allons l'expliquer longuement mardi et
les autres jours qui vont suivre ce que nous entendons par programmes.
Nos programmes, ce sont nos programmes d'équipement pour répondre
à la demande de 1978 à 1985.
Nous avons fait plusieurs programmes, de 25 à 30, qui incluent
toutes sortes de formules possibles de production reconnues dans le moment.
Dans ça il y a des projets comme ceux que vous avez mentionnés,
il y a des projets qui incluent la baie James, une partie de la baie James. Il
y a toute une variété de combinaisons qui nous ont donné
des programmes que nous avons comparés et c'est tout ça que nous
avons l'intention de vous expliquer mardi.
Si nous commençons maintenant, ça va être avec des
réticences, des retenues. Il va y avoir des dédoublements et nous
n'avons pas tous les documents qui seraient nécessaires. Nous vous
suggérerions que vous nous donniez la chance de bien faire les choses,
comme nous voudrions le faire, à partir de mardi.
M. LE PRESIDENT: Je pense que le député peut
reconnaître la situation. Au lieu de tout donner ou d'essayer de donner
des parties ce soir, on reviendra en détail mardi sur cette question. Il
s'agira peut-être de réserver cette question pour mardi.
M. LAURIN: Je me contenterai donc simplement de questions
superficielles. Avez-vous continué des études sur la Moisie d'une
façon substantielle?
M. GIROUX: Pas substantielle.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez continué d'une façon
substantielle les études sur les autres rivières du lac
Saint-Jean et de la Saint-Maurice?
M. CAHILL: Vous avez demandé si nous avons fait des études
sur la Moisie. Depuis l'an dernier, nous avons fait des études sur la
Moisie, évidemment pas à un rythme très
accéléré. Nous avons fait de la photogrammétrie,
quelques forages, sondages et nous devons terminer pour cet automne une
étude préliminaire sur le coût de l'aménagement de
la rivière Moisie.
Nous n'avons évidemment pas ce coût à l'heure
actuelle. Nous pouvons prévoir une possibilité de production sur
la Moisie de l'ordre du million ou de 1,100,000 kW. Nous continuons nos
études sur la Romaine, la Natashquan et sur le Petit Mécatina qui
ont une possibilité globale, les trois ensemble, de 3 à 4
millions de kW, et nous prévoyons compléter un rapport
préliminaire sur le coût et les possibilités
d'aménagement sur ces rivières-là pour l'automne 1973.
Je pense que vous avez posé une question sur la rivière
Chamouchouane.
M. LAURIN: Oui.
M. CAHILL: A la rivière Chamouchouane, nous prévoyons
aussi compléter un rapport sur l'étude préliminaire, sur
l'aménagement de la rivière Chamouchouane qui se jette dans le
lac Saint-Jean à l'ouest de la rivière Mistassini.
Présentement nous prévoyons que cette rivière-
là a un potentiel d'environ 680,000 kW sur quatre emplacements
possibles, mais nous n'en avons pas encore complété
l'estimation.
M. LAURIN: L'an dernier, M. le Président, vous aviez fait
état de recherches qui se poursuivaient sur la corrosion à la
station de pompage de Saint-Joachim, est-ce que ces tests, épreuves,
expériences sont continués et quels résultats ont-ils
donné?
M. CAHILL: Présentement nous avons un banc d'essai situé
près de l'emplacement possible, évidemment au niveau du fleuve
Saint-Laurent, de tests sur la corrosion où il y a des
échantillons de métaux auxquels on fait subir des essais d'eau
saline. Il y a aussi des essais qui sont faits au centre de recherche, mais
ça prendra une ou deux années avant que nous puissions tirer des
conclusions.
M. LAURIN: Donc est-ce que ceci exclut l'utilisation possible d'une
station de ce genre avant deux ou trois ans au site de Saint-Joachim?
M. CAHILL: Mais ça n'exclut pas la possibilité de
construire une station ou une centrale, une réserve pompée
à l'emplacement de Saint-Joachim. Il faudra évaluer le coût
additionnel que les problèmes de corrosion pourraient causer.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez envisagé également
l'érection d'une autre réserve pompée à un autre
lieu?
M. CAHILL: II y a plusieurs endroits. Nous avons un répertoire
d'emplacements possibles dans la province où il y a possibilité
d'installer ou de construire des centrales de réserve
pompées.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez commencé par exemple
l'étude d'un nouveau site au lac Jacques-Cartier?
M. CAHILL: Nous savons qu'au lac Jacques-Cartier il y a des
possibilités de réaliser des centrales à réserve
pompée.
M. LAURIN: Est-ce que vous rencontreriez les mêmes
problèmes qu'à Saint-Joachim?
M. CAHILL: A ce que je sache, l'eau est très douce à cet
endroit-là.
M. LAURIN: Donc il y aurait moins de problèmes? Est-ce que
ça veut dire que les études d'optimisation pourraient être
menées plus rapidement?
M. CAHILL: Evidemment, je parle ici de façon tout à fait
théorique: un emplacement qu'on ne connaît pas parfois semble
meilleur qu'un emplacement qu'on connaît parce qu'on connaît moins
les problèmes. Alors il ne faut pas abandonner les études de la
centrale à réserve pompée de Saint-Joachim parce qu'elle
semble présenter des problèmes. Il faut continuer à
l'examiner et à l'étudier afin de voir si on peut la
réaliser à bon compte.
M. LAURIN: Les études préliminaires que vous avez
menées vous amènent à quelles conclusions au point de vue
de puissance installée possible à une station qui serait
construite au lac Jacques-Cartier?
M. CAHILL: J'hésiterais à répondre à cette
question-là.
Nous savons qu'il y a des possibilités de construire une usine au
lac Jacques-Cartier mais les études sont encore à une
étape trop préliminaire pour y répondre de façon
adéquate.
M. LAURIN: Est-ce que ce serait du même ordre que Saint-Joachim?
Plus ou moins élevé?
M. CAHILL: Je n'aime pas beaucoup vous dire si ce sera plus ou moins
élevé. Ce sera une station importante.
M. LAURIN: Importante.
M. SAINT-PIERRE : ... au lac Jacques-Cartier ont-elles été
commencées?
M. CAHILL: J'ai répondu que nous savons qu'il y a
possibilité de réaliser des centrales à réserve
pompée au lac Jacques-Cartier parce qu'il y a des montagnes, une
possibilité de réservoir et une rivière.
M. SAINT-PIERRE : Les études pour ce site, n'est-ce-pas la
même chose que pour le mont Saint-Hilaire où l'on sait qu'il y a
un lac en haut d'une montagne? Est-ce qu'il y a eu des études?
M. CAHILL: Disons que c'est à peu près au même stade
de développement.
M. LAURIN: Est-ce que vous avez envisagé et commencé des
études sur d'autres cours d'eau comme, par exemple, en association avec
Brinco, sur Lower Churchill?
M. GIROUX: Je dois vous répondre là-dessus que nous avons
eu de nombreuses conversations avec Churchill sur ce qu'on appelle
communément les Lower Falls. A partir du mois d'août l'an dernier
ces conversations ont été suspendues et, comme vous le savez, il
y a eu des élections à Terre-Neuve. Actuellement, on ne sait pas
du tout quelle est la position du gouvernement de Terre-Neuve concernant cette
possibilité.
C'est une chose possible mais il n'y a rien de
définitif. Au sujet de Churchill Falls, actuellement, ils ne
peuvent pas se prononcer à savoir si le gouvernement de Terre-Neuve va
vouloir que ces chutes soient construites pour le développement de
Terre-Neuve ou si on pourra exporter. Comme on ne peut pas le demander, il faut
attendre que les discussions aient eu lieu avec ce nouveau gouvernement, sur
les possibilités. D y a des restrictions.
M. LAURIN: Est-ce que des études avaient été
commencées sur cette partie de ce cours d'eau soit par
l'Hydro-Québec ou soit par Brinco?
M. GIROUX: Par l'Hydro-Québec, non.
M. LAURIN: Par Brinco, oui.
M. GIROUX: Brinco, c'est assez difficile.
M. LAURIN: C'est parce que vous siégez au conseil de Brinco et je
me demandais si vous étiez au courant.
M. GIROUX: Oui, mais siéger comme administrateur est tout
à fait différent du fait de siéger comme
député. Vous ne pouvez pas rapporter ce qui se passe.
M. LAURIN: D'accord.
M. GIROUX: A part cela, je ne siège pas à Brinco il
ne faudrait pas me mettre trop de mines sur le dos; M. Joron connaît les
mines nous siégeons à Churchill.
M. LAURIN: Mais on prévoit que, si jamais le projet se faisait,
la puissance installée serait prévisible; elle serait de combien,
à peu près?
M. GIROUX: Dans le temps, on nous avait parlé d'un minimum de
1,500 mégawatts; cela peut aller à 2,000 si vous détournez
des rivières.
M. LAURIN: Pour résumer toute cette partie de mes questions,
à combien peut être évalué le total de la puissance
installée prévisible de toutes les stations installables
actuellement à l'étude. Par exemple, la Moisie, les
rivières du Lac-Saint-Jean, etc., un total sommaire.
M. SAINT-PIERRE: Je ne sais pas exactement à quoi vous voulez en
venir. Quant à cela, c'est le potentiel énergétique sur le
plan hydraulique.
M. LAURIN: Non, les études déjà faites ou en cours;
quelle serait la somme évaluable?
M. SAINT-PIERRE: Sans oublier le mont Saint-Hilaire.
M. LAURIN: C'est un ordre de grandeur que je demande.
M. BOYD: Evidemment, c'est assez difficile d'additionner des
réserves pompées avec des centrales de base. Si on parle de
Saint-Joachim, plus Jacques-Cartier ou d'autres, ce sont des centrales à
réserve pompée qui, en fait, produisent de l'énergie
négative.
Cela ne s'additionne à peu près pas avec une centrale de
base comme la Moisie. Alors, c'est assez difficile de répondre à
votre question. M. Cahill a mentionné les chiffres: la Moisie, c'est un
million ou à peu près. Lower Churchill Falls, on ne peut pas
entrer ça dans nos calculs. Si le gouvernement de Terre-Neuve
décide que ça doit être réservé pour la
province, on ne peut rien y faire. Chamouchouane, c'est 600 ou 800
mégawatts. Alors, on ne peut pas faire ces additions facilement. Il y a
aussi toutes sortes d'autres facteurs. La Moisie, on sait que ça peut
être une rivière intéressante un de ces jours, mais nous
avions déjà expliqué, je pense, l'année
passée ou l'année précédente, que, si on
construisait dans le moment, il faudrait peut-être construire une ligne
supplémentaire entre Sept-Iles et Québec pour transporter cette
énergie. A mesure que la charge entre Québec et Sept-Iles
augmente, il y aurait de plus en plus d'énergie qui serait
laissée en route et cette ligne additionnelle qu'on aurait construite
pour aller chercher l'énergie de la Moisie deviendrait inutile. Nous
pensons, dans le moment, qu'il est préférable de retarder la
construction de la Moisie et de la garder en fonction des besoins de la
Côte-Nord.
Pour toutes ces raisons, il est difficile de répondre à
votre question d'addition.
M. LAURIN: Maintenant, M. le Président, est-ce que le
président de l'Hydro-Québec pourrait nous faire l'état des
négociations possibles qu'il peut être en train de mener avec
Atomic Energy of Canada sur l'installation d'une autre centrale
nucléaire au Québec?
M. GIROUX: Actuellement, nous avons entrepris des négociations
avec L'Energie atomique du Canada. Nous avons lieu de croire ce que nous
rapporterons mardi aussi à moins que nous ne puissions pas tomber
d'accord sur les modes de financement ou toutes autres conditions, que nous
aurons une usine de 600 mégawatts. C'est dans un des programmes.
M. LAURIN: Quels seraient les délais de réalisation
à partir de l'année où la construction pourrait commencer
jusqu'au moment où elle pourrait entrer en production, compte tenu du
succès des négociations dont vous parlez, évidemment?
M. GIROUX: Les négociations ne devraient pas être
terriblement longues. Je pense qu'ils sont prêts à
négocier. Au point de vue de la construction, il y aurait des
possibilités pour 1978.
M. LAURIN: Pour 1978.
M. GIROUX: On dit des possibilités.
M. LAURIN: Quels sont les endroits envisagés, à l'heure
actuelle?
M. GIROUX: Actuellement, c'est Gentilly. M. LAURIN: Gentilly.
M. GIROUX: L'avantage, c'est que Gentilly est connue, car nous avons
déjà une usine là. On a prévu être capable
d'augmenter la production à cet endroit même.
M. LAURIN: Même si vos négociations sont en cours,
pourriez-vous nous dire quel serait le partage des coûts entre l'Hydro et
Atomic Energy Commission, auquel on pourrait s'attendre ou les objectifs que
vous visez? Est-ce que ce serait la même chose que pour Gentilly, le
Gentilly que nous connaissons?
M. GIROUX: Je le dirais certainement avec beaucoup de réserve,
parce que c'est très rare, quand je m'en vais négocier quelque
chose ou jouer aux cartes, que je dis aux gars le nombre de cartes que j'ai
cachées dans mes poches. Actuellement, je pourrais dire que les
négociations sont très bien engagées. Nous avons eu des
débuts plutôt difficiles, si on se rappelle les premières
négociations et qu'on les compare à ce que nous avons atteint
actuellement. Maintenant, ce que nous avons atteint actuellement, je pense bien
que c'est presque satisfaisant.
Mais, pour négocier une chose, on a des exigences qui sont
supérieures à cela. Ce n'est pas supérieur au point de vue
de la quantité, mais c'est supérieur dans les modes de
financement, de coopération. Les bases sont assez réalistes.
Naturellement, on a répondu aux gens de l'Energie atomique du Canada que
nous avions cela dans nos négociations et ils attendent qu'on les
rencontre.
M. LAURIN: Est-ce qu'il est toujours également question d'un
projet d'installation d'usine d'uranium enrichi au Québec, projet dont
on avait parlé, dont il avait été rumeur l'an dernier?
M. GIROUX: II en est toujours fortement question, selon le
président de la compagnie Churchill qui a lui-même dit, à
deux reprises, dans des discours ou des conférences, qu'il continuait ce
programme. Je crois que cela a progressé énormément.
Maintenant, ce qui nous intéresse là-dedans, c'est d'essayer de
les convaincre de localiser cette installation dans le Québec, au Canada
même, on a beaucoup de compétiteurs.
M. SAINT-PIERRE: La question a été posée mais il me
semble que ce n'est pas tellement pertinent pour ce qui est du bilan de
l'Hydro-Québec. Finalement, cela étant sur le plan des
décisions...
M. LAURIN: Mais cela a quand même des relations. Cela a des
relations avec le programme d'immobilisation et d'équipement de
l'Hydro-Québec. Cela peut en avoir à un moment donné.
M. SAINT-PIERRE: Cela peut en avoir, comme on pourrait demander à
l'Hydro-Québec: Avez-vous l'impression que la Chrysler Corporation va
venir s'établir: Ou prenons un autre exemple...
M. LAURIN: Cela peut en avoir parce qu'on sait très bien qu'une
usine d'uranium enrichi consomme énormément de courant
électrique...
M. SAINT-PIERRE: On le sait.
M. LAURIN: ... et cela pourrait nécessiter l'installation,
près de cette usine d'uranium enrichi, d'une centrale électrique
qui pourrait être développée à partir, par exemple,
de la rivière Moisie, si on décidait d'installer l'usine sur la
Côte-Nord.
M. SAINT-PIERRE: D'accord. Tout le monde sait ces choses-là.
J'imagine que dès qu'on commence à faire la planification de
cela, c'est la première préoccupation de ces gens de s'assurer
d'une source d'énergie. Mais cela ne me semble pas pertinent, lorsqu'on
analyse et qu'on revoit l'année financière de
l'Hydro-Québec et son mode d'administration, de soulever quelque
chose...
M. LAURIN: On parle aussi des perspectives de l'Hydro-Québec, de
son programme d'immobilisation, d'équipement, des projets qui sont
à l'étude. C'est aussi un des buts...
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais ce sont des centres de décision qui
sont en dehors de l'Hydro-Québec. Je ne veux pas être cachottier,
mais je trouve que ce n'est pas l'endroit pour demander au président de
l'Hydro-Québec ce qu'il arrive d'une usine d'uranium enrichi. On
pourrait lui poser des questions sur tous les projets d'investissements, sur
leurs conséquences.
M. LAURIN: Etant donné que la construction de cette usine
d'uranium enrichi impliquerait nécessairement la construction d'une
centrale, il est tout à fait normal que le président de
l'Hydro-Québec soit tenu au courant, soit consulté et soit
même sollicité, le cas échéant, dans les
démarches qui pourraient aboutir à la création d'une usine
de cette sorte. Cela me semble tout à fait naturel.
M. GIROUX: Je pense que je peux assurer au député qu'on a
fait toutes les démarches qui étaient possibles pour rester dans
la course.
M. LAURIN: Bon, c'est ça que je voulais savoir.
M. GIROUX: Nous sommes dans la course. Maintenant, comme je vous le dis,
tous les jours, il s'ajoute des coureurs. C'est une course un peu
drôle... Habituellement, les coureurs tombent, mais là, il y en a
toujours de plus en plus.
M. LAURIN: Maintenant, en ce qui concerne l'usine de Gentilly, est-ce
que l'usine fonctionne depuis assez longtemps pour qu'on puisse se rendre
compte du degré de pollution thermique qui peut s'ensuivre pour
l'écologie avoisinante? Est-ce que des études ont
été faites là-dessus?
M. GIROUX: Pour Gentilly? M. LAURIN: Oui.
M. GIROUX: Naturellement, c'est une question d'écologie. Disons
que je ne crois pas qu'on ait senti d'effets nocifs jusqu'ici. Naturellement,
l'usine de Gentilly ne fonctionne pas encore à pleine capacité.
C'est une usine qui, jusqu'ici je pense bien que je ne me trompe pas, M.
Villeneuve, en le disant donne satisfaction. C'est le service de M.
Villeneuve et il pourrait donner plus de renseignements.
M. VILLENEUVE: Je voudrais simplement mentionner que des mesures sont
effectuées continuellement dans un rayon assez important autour de la
centrale et que jusqu'ici les mesures de radiations indiquent que les
émissions radio-actives qui pourraient venir de la centrale sont
inférieures à ce qu'on appelle le bruit de fond,
c'est-à-dire aux radiations naturelles qui existent en l'absence de
toute centrale. Alors, on ne détecte rien de sensible produit par la
centrale dans tout l'entourage, à quelque distance que ce soit de la
centrale.
M. SAINT-PIERRE: Sur le plan de la pollution thermique, M. Villeneuve,
qu'arrive-t-il? L'eau qui est envoyée dans le Saint-Laurent, quelle est
la différence de température? Est-ce qu'il y a des
critères?
M. VILLENEUVE: Oui, il existe des critères et des chiffres que je
n'ai malheureusement pas ici, mais étant donné le débit
très important du fleuve Saint-Laurent et la quantité
relativement minime d'eau de refroidissement qui est utilisée, la
différence de température, une fois que l'eau qui sort du canal
de la centrale est mêlée à l'eau du fleuve, est une petite
fraction de degré difficilement mesurable. L'eau qui passe dans les
refroidisseurs de la centrale s'élève de quelques degrés,
mais une fois qu'elle est retournée au fleuve, ça devient presque
imperceptible.
M. LAURIN: Donc, non significatif. M. VILLENEUVE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Pourrions-nous approcher une chaise
supplémentaire et la laisser vacante et lorsque quelqu'un viendra, nous
n'aurons pas à partager le fauteuil.
M. LAURIN: Toujours à propos de l'usine de Gentilly, M. le
Président, est-il exact, actuellement, que cette usine connaît des
difficultés de fonctionnement à cause de la rareté du
colporteur que constitue l'eau lourde?
M. GIROUX: II faudrait que je vous réponde non, parce qu'elle
n'en connaît pas actuellement. L'eau lourde est encore là.
M. LAURIN: Est-il exact que bientôt l'usine de Gentilly sera
obligée...
M. GIROUX: Oui, je crois que nous avons fait un rapport assez complet
sur cette situation tantôt. Il n'y a pas d'erreur il faut rendre l'eau
lourde à l'Energie Atomique du Canada. Si vous consultez le rapport,
l'usine de Gentilly appartient encore, et va appartenir jusqu'à ce qu'on
décide de s'en porter acquéreur après cinq ans
d'expérience, à l'Energie Atomique du Canada. Alors,
actuellement, on disait, qu'on conserverait l'eau lourde jusqu'à ce
qu'on ait amélioré et mis au point un réacteur. Mais tous
les problèmes viennent de la question de l'eau lourde; naturellement, il
s'agit d'un manque d'eau lourde mondial, c'est une crise mondiale. D n'y a pas
d'eau lourde et on ne peut en acheter nulle part, à n'importe quel prix.
Il y a des problèmes, si vous voulez, qui sont parallèles,
où certaines usines ont des contrats, même au Canada, pour vendre
de l'eau lourde à $20 pendant dix ans, alors que le prix est
actuellement autour de $39 à $40. Il y a donc une crise d'eau
lourde.
M. LAURIN: Si j'ai bien compris, M. le Président, cette eau
lourde va être expédiée, dans un certain nombre de mois,
à l'usine de Bruce où on en a besoin pour ériger une usine
qui va fabriquer de l'eau lourde.
M. GIROUX: Voici, M. DeGuise est membre du Conseil de l'Energie
Atomique. Je vais lui demander de répondre à cette question.
M. DEGUISE: Oui, c'est exact.
M. LAURIN: Est-il exact qu'avec les nouveaux projets envisagés au
Canada, à Glace Bay qui est actuellement en réfection, à
Copper Point et à Bruce, on peut considérer que, d'ici deux ans,
on va produire à peu près 400 tonnes de deuterium au Canada et
que la disète d'eau lourde sera inexistante ou presque d'ici deux ou
trois ans.
M. DEGUISE: J'aimerais préciser. D'ici deux ans, c'est
peut-être un peu serré. C'est parce que les besoins d'eau lourde
grandissent presque
aussi vite que les stations ou les usines de fabrication se
construisent.
Les deux usines de Glace Bay ont une capacité d'à peu
près 400 tonnes, chacune, et celle qui est en construction, Bruce, a une
capacité de 800 tonnes. Seulement, il faut bien voir que les derniers
réacteurs de l'Hydro-Onta-rio demandent 750 tonnes d'eau lourde. Vous
voyez qu'un réacteur, dès qu'il est annoncé, prend
pratiquement la production d'une nouvelle usine pour un an. A mesure que les
programmes avancent... Je crois que si, dans la province d'Ontario et ailleurs,
la construction de centrales nucléaires continue de s'accroître,
il nous faudra d'autres usines d'eau lourde.
M. LAURIN: A ce moment-là, est-ce que l'Hydro-Québec
commence à envisager elle-même la construction d'une usine de
fabrication d'eau lourde, au cas où le projet de 600 mégawatts
connaîtrait une issue heureuse, à Gentilly?
M. DEGUISE: Si on fait une usine qui peut fabriquer, disons, 800 tonnes
par année, il faudrait avoir, pour la justifier, l'addition d'un
réacteur par année, qui consommerait à peu près 800
tonnes.
M. LAURIN: Mais ce n'est pas impensable, quand même.
M. DEGUISE: Cela ajoute au coût des réacteurs.
M. LAURIN: Une dernière question sur ce sujet du programme
d'immobilisation.
M. SAINT-PIERRE: Si on me permet une question, dans le même
secteur, là, on tente d'aller en avant et dire que dans deux ou trois
ans il n'y aurait pas de problème. On me permettra peut-être de
reposer une question, en reculant à deux ou trois ans en arrière.
Je ne sais pas si c'est une question très réelle. Que serait-il
arrivé si, en 1967, au lieu de Churchill Falls, on avait
décidé, en suivant le conseil qui avait été
donné par certains d'aller massivement...
M. LAURIN: M. le Président, un point de règlement.
J'aimerais que le ministre précise. Par "certains", à qui fait-il
allusion?
M. SAINT-PIERRE: Je ne le sais pas. Je dis qu'il y en avait certains. Je
ne sais pas. On peut fouiller.
M. LAURIN: Si le ministre voulait préciser, j'aimerais bien, moi
aussi, apporter des précisions supplémentaires.
M. SAINT-PIERRE: J'enlève les mots "par certains". Si, il y a
trois ou quatre ans nous allons nous comprendre on avait pris la
décision d'aller dans le nucléaire massivement,
c'est-à-dire prévoir que les besoins d'énergie, en 1972,
seraient comblés par le nucléaire, et qu'on avait construit,
effectivement, ces centrales nucléaires de 1967 à 1972, en quelle
position serions-nous aujourd'hui face à cette pénurie d'eau
lourde qui nous touche en 1972? Est-ce que cela aurait pu soulever un gros
point d'interrogation?
M. GIROUX: II y en aurait un des deux qui n'en aurait pas: Soit
l'Hydro-Ontario, soit nous. C'aurait été une sorte de concours de
beauté. Lequel de nous deux croyez-vous être le plus populaire
à Ottawa? Je ne le sais pas.
M. LAURIN: Une dernière question sur le programme
d'immobilisation. Est-ce qu'il y a des projets d'agrandissements aux usines
thermiques que vous possédez ou est-ce qu'il y a d'autres projets
d'usines thermiques que vous envisagez, dans un proche avenir, pour les
centrales thermiques?
M. GIROUX: Dans un proche avenir, vu le coût excessif pour faire
fonctionner l'usine thermique et les possibilités de pollution, nous
allons essayer de démontrer, mardi, que ce n'est pas tellement
recommandable. Je ne sais pas si nous réussirons à le
démontrer.
M. LAURIN: M. le Président, j'aurai d'autres questions, un peu
plus tard, à poser sur d'autres sujets. Pour le moment, je vais me
reposer un peu.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest. Si vous n'avez
pas de questions, d'autres députés attendent.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je pense qu'il faut
faire le tour. Au début, j'ai posé seulement quelques questions,
le ministre aussi, pour donner une chance de faire le tour de la table. Alors
il ne faudrait pas revenir aux autres partis sans qu'on ait fait le tour. Nous
avons aussi d'autres questions à poser.
M. ROY (Beauce): J'ai une question supplémentaire, sur le
même sujet.
M. LE PRESIDENT: Sur le même sujet, très bien, allez-y.
M. ROY (Beauce): C'est suite à toutes les questions qui ont
été posées par le député de Bourget,
relativement aux projets qui sont actuellement en voie de réalisation et
à ceux dont les études semblent favorables à l'heure
actuelle. C'est une question hypothétique mais il est peut-être
possible de répondre d'une façon assez précise.
Pourrait-on nous dire si, une fois que tous les projets commencés seront
réalisés, et d'autres projets qui pourraient être
réalisés d'ici à 1980, on peut satisfaire à la
demande du
Québec en électricité? Si oui, est-ce que cela peut
également satisfaire aux demandes du Québec pour quelques
années encore, plus tard?
M. GIROUX: Si tous les projets étaient
réalisés?
M. ROY (Beauce): Tous les projets, actuellement, qui sont en voie de
réalisation, qui sont en construction, à l'heure actuelle.
M. GIROUX: Les projets qui sont en construction.
M. ROY (Beauce): En construction.
M. GIROUX: On a déclaré tantôt qu'en 1978 il nous
manquerait de l'énergie, en 1979 et en 1980.
M. ROY (Beauce): Pour les projets qui sont en construction. Mais, si on
ajoute à cela les projets sur lesquels on fait des études,
actuellement, et qui semblent favorables, y aurait-il possibilité,
à ce moment-là, en réalisant ces projets, de prolonger de
plusieurs années?
M. GIROUX: Ce sera mardi, justement, dans l'explication de nos
programmes. C'est la donnée de tous les projets, l'analyse de tous les
programmes possibles, les mélanges des différents moyens de
produire de l'électricité qui nous donnent un programme que nous,
nous allons recommander et qui, croyons-nous, est le plus rentable pour la
province.
Ces choses-là, nous les avons étudiées à
fond et c'est ce que nous croyons être capables de démontrer
mardi.
M. ROY (Beauce): J'exclus le projet de la baie James, parce qu'on ne
nous permet pas d'en parler. On a parlé, tout à l'heure,
d'études qui ont été faites pour d'autres
rivières.
M. GIROUX: Je pense que nous avons expliqué clairement que le
programme de la baie James ou tous les programmes doivent être
expliqués dans un graphique qui donne toutes les possibilités.
Autrement, on donne des morceaux de la recette. Dans une tarte aux pommes, on
dit que ça prend des pommes, mais il y a autre chose. Dans un programme
comme ça, ça prend de l'énergie, mais où la
prend-on?
Je pense que ce n'est pas une question de retarder les réponses
à mardi. C'est que nous sommes convaincus que nous avons les
réponses à ces questions-là dans une documentation que
nous voulons présenter.
M. ROY (Beauce): Vous allez avoir ma réponse, mais en incluant
l'autre projet. Mais, moi, ce que je voulais savoir, c'était en dehors
de l'autre projet.
M. GIROUX: Nous allons avoir les réponses, en incluant les
projets. Il y a différents programmes. Nous pouvons vous
présenter un programme qui va être totalement nucléaire et
nous arrivons à telle conclusion. Nous présentons d'autres
programmes qui sont des mélanges de toutes sortes de choses et nous
arrivons à telle autre conclusion. Après avoir
étudié, les gens de la planification qu'il y a à
l'Hydro-Qué-bec moi, j'ai entièrement confiance en leur
jugement ont établi finalement un programme qu'ils ont
recommandé à la commission et nous déciderons de vous le
recommander. A ce moment-là, vous pourrez poser toutes les questions
regardant le programme.
Je pense que, si nous le prenons par morceau, nous ne pouvons pas
l'expliquer.
M. ROY (Beauce): On y reviendra mardi.
M. GIROUX: On peut bien donner une réponse comme ça, juste
pour donner une réponse, mais ce n'est pas logique de le faire.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Quel est le montant global de la dette actuelle de
l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: C'est $3,109,000,000.
M. AUDET: L'emprunt de l'année passée était de $355
millions?
M. GIROUX:' De $325 millions.
M. AUDET: Le 16 mai, il y a une nouvelle émission d'obligations
de $100 millions?
M. GIROUX: Vous pourriez peut-être, M. Lemieux, donner les
emprunts contractés depuis le début de l'année.
M. LEMIEUX: Depuis le début de l'année, nous avons
emprunté $100 millions à New York; $30 millions en Allemagne et
$50 millions au Canada.
M. AUDET: Le 16 mai prochain, il y a une nouvelle émission
d'obligations de $100 millions?
M. LEMIEUX: Non.
M. AUDET: Pour compléter cette année, est-ce qu'il y a
d'autres obligations à ajouter au programme d'emprunts?
M. LEMIEUX: Nous allons emprunter un autre montant de $205 millions sur
tous les marchés possibles.
M. GIROUX: D'ici au 31 décembre.
M. AUDET: Cela marche à un rythme de $300 à $400 millions
par année, si on prend l'année passée.
M. Giroux, seriez-vous d'accord pour que le gouvernement du
Québec fasse des démarches auprès du gouvernement
fédéral en vue de requérir les services de la Banque du
Canada pour agir comme agent financier pour les investissements
de,l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: Quand vous parlez d'agir comme agent financier, est-ce que
vous voulez dire nous prêter l'argent?
M. AUDET: Prêter de l'argent sans intérêt.
M. GIROUX: Même avec intérêt, je vais y aller.
M. AUDET: Sans intérêt, vous ne marchez pas?
M. GIROUX: Oui, encore plus. Mais je vous dis que, même avec
intérêt, nous sommes prêts à emprunter.
M. AUDET: Croyez-vous que l'Hydro-Québec peut fonctionner bien
longtemps encore à ce rythme d'emprunt? Je ne veux pas parler de la baie
James nécessairement.
M. GIROUX: Non, mais inclus ou pas, il faut faire face aux besoins
d'investissements. Je ne connais pas d'autres moyens d'emprunter de l'argent.
Si à un moment donné le gouvernement fédéral se
sent des largesses puis veut nous prêter ça sans
intérêt, soyez assuré qu'on ne discutera même
pas.
M. AUDET: Vous seriez même heureux.
M. GIROUX: Très très très. Nous payerons le lunch
et tout.
M. AUDET: Nous allons travailler ensemble, puis leur demander de faire
des pressions au ministère.
M. GIROUX: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: Je vuex poser des questions par rapport à la panne
d'électricité du 2 mars 1972. Serait-il possible que le rapport
détaillé soit déposé, le document dont les journaux
avaient parlé à ce sujet-là expliquant la panne?
Très brièvement quelqu'un pourrait-il nous en donner les
éléments principaux?
M. GIROUX: C'est encore le domaine de M. Villeneuve. Les pannes c'est sa
spécialité. Il est responsable des pannes.
M. JORON: C'est le responsable.
M. VILLENEUVE: Le coupable. Si je comprends bien, on aimerait un bref
résumé des causes de la panne du 2 mars. Après
enquête, on a établi que la panne en question originait du poste
de Lévis, donc sur la rive sud près d'ici, où une section
de barres omnibus à 735,000 volts s'est effondrée. C'est une
section de barres qui raccorde deux disjoncteurs qui servent à recevoir
l'énergie de la ligne 7,007 qui provient du poste Manicouagan. Ce bris a
constitué un défaut qu'on appelle permanent, c'est-à-dire
qu'il s'est produit un court-circuit qui n'était pas provisoire. La
barre étant tombée, elle était en contact permanent avec
le sol.
Ce défaut-là a été isolé par les
appareils chargés d'interrompre le courant par les disjoncteurs, mais le
réseau, compte tenu de la charge qu'il portait, ne pouvait pas demeurer
stable eh transportant la quantité d'énergie qui passait à
ce moment-là. Il était donc, si on peut dire, normal que le
réseau s'effondre, c'est-à-dire qu'une panne totale s'ensuive.
Cependant nous avons fait enquête dans au moins deux domaines,
c'est-à-dire que nous avons tenté de trouver pourquoi la barre en
question avait fait défaut et, deuxièmement, si le fonctionnement
des dispositifs de protection des relais, comme on les appelle, avait
été adéquat.
En ce qui touche le fonctionnement des relais, on a établi que le
réseau tel qu'il est actuellement, avec ses caractéristiques
uniques parce que c'est un réseau qui est différent de
tous les autres réseaux du monde avait présenté un
certain type de défaut. Remarquez qu'ici il faut devenir peut-être
un petit peu technique. Le réseau a présenté des
caractéristiques telles que les relais en service tels que conçus
n'étaient pas tout à fait à la hauteur des circonstances,
c'est-à-dire qu'il n'existait pas sur le marché d'autres types de
relais.
Nous avons établi qu'il faudrait un relai encore plus
perfectionné que ceux que nous avions. Depuis ce temps-là, des
démarches ont été entreprises avec les fournisseurs de
tels relais pour qu'ils apportent des modifications dans leur conception. D'ici
quelques semaines, ces relais, qui ont depuis été
perfectionnés seront installés de manière à
garantir d'une façon encore plus sûre qu'on pourra, si possible,
éviter une panne totale de réseau dans des conditions
semblables.
J'aimerais préciser que si la charge transportée dans un
moment comme celui-là est à son maximum, il est normal je
l'ai dit tout à l'heure qu'une panne puisse s'ensuivre. On n'est
jamais, pour une longue période, en pleine charge. Si les charges sont
un peu inférieures et qu'on peut éviter la panne totale, on doit
tirer le meilleur parti possible des dispositifs de protection. C'est ce qu'on
croit être en mesure de faire avec les relais corrigés qui seront
installés.
Quant à la cause du bris, il semblerait que les barres en
question, qui sont sur des supports isolants en porcelaine, ont
présenté certaines
caractéristiques, c'est-à-dire que ces barres doivent
normalement glisser dans leur support pour prendre soin de l'expansion ou de la
contraction dues aux variations de température. Pour des raisons qui ne
sont pas encore tout à fait établies, il semble que la barre
n'ait pas glissé de façon adéquate dans son support et ait
produit un effort dans la colone de porcelaine, ce qui a causé
éventuellement un bris de la porcelaine, donc un affaiblissement de la
colonne. Le vent violent qu'il y avait à ce moment-là explique
pourquoi la colonne s'est effondrée.
On continue les recherches avec les fournisseurs pour s'assurer qu'un
phénomène semblable ne pourra pas se reproduire.
M. JORON: M. Villeneuve, vous avez mentionné le fait que ces
relais étaient inadéquats jusqu'à ce que des corrections
soient apportées, tenant compte du fait que le réseau est unique
et différent de ce qui existe partout ailleurs au monde. Sur quoi porte
cette différence?
M. VILLENEUVE: Je ne suis pas moi-même un spécialiste dans
l'analyse des réseaux mais c'est essentiellement dû aux grandes
puissances transportées sur de très longues distances, à
des tensions très élevées. Je crois qu'il n'y a pas
d'autre exemple, dans les réseaux où on transporte des puissances
de plusieurs milliers de mégawatts ou plusieurs millions de kilowatts
sur d'aussi longues distances à des tensions comparables à
celles-là. A ce moment-là, des phénomènes
d'instabilité peuvent se présenter et les temps permis pour
isoler les défauts sont extrêmement courts. C'est là qu'on
doit avoir des relais très perfectionnés non seulement pour
fonctionner rapidement, mais pour fonctionner adéquatement, fonctionner
quand c'est le temps et ne pas fonctionner lorsque le défaut n'est pas
dans leur champ de surveillance, si vous voulez.
On peut résumer en disant que nous sommes un peu des pionniers
dans ce genre de réseaux et, forcément, l'expérience nous
permet de découvrir le besoin d'améliorer des dispositifs de
protection et nous nous attaquons alors, avec les fabricants à apporter
ces améliorations.
M. JORON: On a déclaré que l'endroit près de
Lévis où la barre en question avait cédé a
été découvert un peu par hasard par un employé, je
pense, qui s'est trouvé tout simplement à le voir. Dans un autre
cas, si ce n'était pas arrivé ainsi, comment aurait-on fait pour
dépister, sur un réseau aussi étendu l'un des plus
étendus au monde, on vient de le dire l'endroit où une
chose semblable peut se produire?
M. VILLENEUVE: Du point de vue électrique, le défaut
était identifié par les relais comme un défaut de ligne;
donc, le défaut pouvait être n'importe où entre le point de
départ à Manicouagan et le point d'arrivée à
Lévis. Il est arrivé qu'il était exactement au point
d'arrivée à Lévis.
Dans les postes, dès qu'il y a un défaut, le personnel en
devoir procède à une inspection de l'appareillage du poste. Dans
le cas du 2 mars, les conditions étaient extrêmement difficiles et
l'inspection visuelle elle-même quasi impossible. Les bourrasques
étaient telles qu'on ne voyait pas à 25 pieds devant soi. Ces
barres, qui sont peut-être à 30 pieds dans les airs,
étaient même difficilement visibles pour un employé qui
pouvait circuler dans le poste. Il y a eu un certain délai avant que le
défaut soit constaté.
Normalement, sur la ligne, il n'y a pas d'autre moyen que de faire
l'inspection totale de la ligne. Par beau temps, cela se fait en
hélicoptère; par mauvais temps, il n'y a pas d'autre moyen que
d'y aller à pied, et cela peut être quasi impossible tant qu'une
tempête n'est pas apaisée.
M. JORON: Si cela n'était pas arrivé si près de
Lévis, ç'aurait pu être une question de plusieurs jours
supplémentaires?
M. VILLENEUVE: Non une tempête d'une telle intensité ne
dure généralement que quelques heures, au maximum.
Lorsque le temps est apaisé, si on ne peut pas voler, on envoie
des patrouilles au sol en motoneiges ou, à la rigueur, en raquettes.
Nous avons aussi des détecteurs de défauts, qui peuvent nous
permettre de déterminer la distance approximative entre le point de
départ et l'endroit où est le défaut, ce qui nous permet
de réduire les recherches considérablement.
M. JORON: Je vous remercie, M. Villeneuve. J'aurais une autre
question.
M. LE PRESIDENT: Une question du député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: Si la protection avait fonctionné
adéquatement, auriez-vous eu une panne de cette envergure?
M. VILLENEUVE: II serait peut-être bon de préciser encore.
Nous croyons, d'après les rapports des spécialistes je
pense que le député les connaît bien; je ne veux pas entrer
dans tous les détails techniques qu'il y a eu une certaine
faiblesse, comme je l'ai dit, et que le relais ne semblait pas être en
mesure de faire mieux. Il n'est pas certain que nous aurions sauvé le
réseau si le relais avait été ce qu'il sera lorsque nous y
aurons appliqué toutes les corrections, mais il existe des chances que
le réseau aurait pu être sauvé à ce
moment-là. C'est dans ce but-là que nous mettons tout en oeuvre
pour avoir tous les atouts de notre côté.
M. PERREAULT: Est-ce que le réseau accepte maintenant un
défaut permanent?
M. VILLENEUVE: Les critères de conception du réseau ont
évolué avec le temps et il est prévu que, dès
l'automne prochain le réseau
pourra accepter un défaut permanent sur les circuits de 7 35 KV
et demeurer stable.
M. PERREAULT : Lors de cette panne de Lévis, n'avez-vous pas
perdu deux lignes au lieu de perdre seulement la ligne qui était
affectée?
M. VILLENEUVE: II y a eu effectivement fonctionnement de plus d'une
ligne. Nous pensons que, si cette ligne n'avait pas fonctionné, nous
aurions peut-être sauvé le réseau.
M. PERREAULT: Une autre question additionnelle: Combien de pannes
majeures avez-vous eues en 1971?
M. VILLENEUVE : Nous en avons eu deux, une en juin et l'autre en
juillet, je pense, de mémoire.
M. PERREAULT: De même envergure?
M. VILLENEUVE: Des pannes quasi totales du réseau, oui.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, une question à M. Giroux sur la
politique d'achat de l'Hydro-Québec. Dans son communiqué, plus
tôt aujourd'hui, il nous a dit que 70 p.c. des biens et services
achetés par l'Hydro-Québec avaient été fournis par
des entreprises québécoises. Il reste donc 30 p.c. qui viennent
de l'étranger. Cela représente, quand même, une somme assez
rondelette d'une centaine de millions. Je voudrais lui demander, dans un
premier temps, quelle est la nature de ce qui doit être importé.
S'il y a moyen, brièvement, j'aimerais avoir, par catégories, le
type de produits. Où cette dépendance des marchés
extérieurs se situe-t-elle, d'une part, et qui sont les principaux
fournisseurs, géographiquement? De quels pays ça vient?
M. GIROUX: Je demanderai ici à M. Roger Labrie, qui est notre
directeur de l'approvisionnement il a justement fait, de concert avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce, l'exposé de la partie de
l'Hydro-Québec dans ce qu'on appelle l'Expo-Profit d'expliquer
nos politiques d'achat. Je pense bien que ce livret peut éclairer aussi;
je ne sais pas si nous en avons assez pour en distribuer. M. Couture, en
avons-nous assez?
M. LABRIE: Le montant de $100 millions représente ce que l'Hydro
a déboursé pour l'achat de produits, de pièces ou de
composantes qui ne sont pas fabriqués au Québec. Lors de notre
participation aux programmes du ministère de l'Industrie et du Commerce,
nous avons traduit ou transposé nos dépenses selon la
nomenclature du ministère de l'Industrie et du Commerce, par familles de
produits. Il arrive que le montant de $100 millions de pièces ou de
produits finis non fabriqués au Québec se retrouve dans la
famille des appareillages électriques, en grande partie.
M. JORON: Cela couvre quoi, pour les profanes, en gros?
M. LABRIE: Cela peut couvrir, disons, un disjoncteur, isolateur,
chauffe-eau, partie de chauffe-eau, transformateur...
M. JORON: Quels seraient les principaux fournisseurs de
l'Hydro-Québec dans ces types de produits qui doivent être
achetés de l'étranger? Si vous ne pouvez pas donner les noms
exacts des fournisseurs, de quels pays est-ce principalement importé et
est-ce qu'il y a eu des changements de fournisseurs de l'Hydro-Québec
dans ces types de produits depuis, disons, cinq ans?
M. LABRIE: Oui; en grande partie, cela provient soit de l'Ontario, de la
Suisse, de la Suède, la France, le Danemark...
M. JORON: ... Ce seraient Brown Boveri, ASEA, CGE et ces
compagnies-là.
M. LABRIE: C'est ça.
M. JORON: Est-ce que vous qualifieriez ces types de produits de haut
contenu technologique? Cela m'a frappé quand vous avez dit les
chauffe-eau à titre d'exemple, ce qui ne m'apparaît pas une
affaire bien compliquée. On peut évoquer souvent l'absence d'une
technologie locale qui nous force à importer de l'extérieur. Par
rapport au contenu technologique, au degré de sophistication, si vous
voulez, de ces produits, qu'en est-il?
M. LABRIE: Si on prend le chauffe-eau, il y a la cuve vitrifiée,
la cuve intérieure qui n'est aucunement fabriquée au
Québec. On peut dire que dans le passé, on a fait des efforts,
j'entends l'Hydro-Québec a fait des efforts pour faire fabriquer cette
composante au Québec. Malheureusement, nos efforts se sont
avérés infructueux.
M. JORON: Je voudrais vous demander la question ne s'adresse
peut-être pas à vous particulièrement, mais enfin à
la direction générale de l'Hydro-Québec quelle est
la nature des efforts qui sont faits pour ramener ce pourcentage, pour faire
décroître ce pourcentage de 30 p.c? J'aimerais savoir en
même temps dans quelle mesure cela a véritablement baissé
depuis quelques années? Est-ce que c'est toujours resté à
peu près pareil ou si cela a tendance à diminuer et quels sont
les efforts qui sont faits, justement?
M. LABRIE: Oui, en somme, nous progrès-
sons en ce sens que nous rapatrions au Québec des dépenses
qui, autrefois, étaient versées à l'extérieur du
Québec.
M. JORON: En gros, juste pour avoir un ordre de grandeur, on est
passé de quoi à quoi en dix ans, par exemple? De 50 p.c. à
30 p.c.? Seulement un ordre de grandeur. Je ne vous demande pas d'être
précis.
M. BOYD: Nous n'avons pas de statistique pour démontrer cela,
mais pendant qu'ils cherchent, on pourrait peut-être répondre en
citant les industries qui sont venues s'installer, qui ont commencé
à produire des pièces qui étaient achetées par
l'Hydro-Québec. Il y en a un certain nombre. Est-ce que vous avez la
liste? En attendant, â notre point de vue, une des plus importantes,
c'est CEGELEC à Laprairie, compagnie qui fait à peu près
tous nos isolateurs. Ils font une bonne partie des composantes et de
l'assemblage des disjoncteurs. Ils font maintenant, depuis un an ou deux ans,
des section-neurs, des transformateurs de courant, des transformateurs de
potentiel. Tous les travaux ont été augmentés de plus en
plus dans les turbines, les génératrices. C'est encore plus
important en volume et en argent. Vous avez Marine Industries, Dominion
Engineering, CGE à Lachine. Dernièrement, l'importante usine de
transformateurs ASEA à Varennes.
Il y a, de plus en plus, de compagnies maintenant qui font des appareils
de télécommande au Québec. On en a quatre ou cinq qui sont
assez importantes.
Oui, évidemment, il y a la compagnie Reynolds qui est venue
s'établir à la Malbaie, à la demande de
l'Hydro-Québec.
M. JORON: Cela, c'est le câble?
M. BOYD: Pardon?
M. JORON: Le câble d'aluminium.
M. BOYD: Le câble d'aluminium, oui. On en oublie certainement,
mais tous ces travaux ont été faits parce que
l'Hydro-Québec avait de grandes commandes à donner et que, dans
plusieurs cas, lorsque c'était nécessaire, l'Hydro-Québec
était prête à accorder un tarif préférentiel
ou à payer un montant supplémentaire, si vous voulez, qui les
incitait à venir s'établir au Québec.
M. JORON: Est-ce que l'Hydro-Québec a déjà
accordé des garanties d'achat d'une partie de la production, par
exemple, d'une nouvelle usine qui s'implanterait spécifiquement à
cause de l'initiative de l'Hydro-Québec?
M. GIROUX: Pour un temps limité, oui, dans certains cas.
M. JORON: Oui. Cela se fait?
M. BOYD: Pour un temps limité.
M. PERREAULT: Dans le cas de Cegelec?
M. BOYD: Dans le cas de Cegelec, cela a existé. Cela existe
encore pour les sectionneurs, puisque c'est tout récent. Dans le cas
ASEA, pour les transformateurs, cela existe encore, c'est tout récent.
Il faut certainement leur donner une garantie parce qu'on sait qu'en Ontario
ces usines, qu'on implante ici, existent déjà. Alors, ils se
fient beaucoup au marché de l'Hydro-Québec pour venir s'implanter
ici. Si on ne leur donne pas de garantie, il n'y a pas grand-chose qui va les
inciter.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous disiez tantôt, MM. Giroux et Boyd,
que des efforts sont faits pour rapatrier des produits qui viennent de
l'extérieur. En prévision des achats extrêmement
considérables qui vont être faits dans les prochaines
années, quelles formes prendront ces efforts? Est-ce que cela va
être fait surtout par l'Hydro-Québec ou si cela va être fait
par le ministère de l'Industrie et du Commerce? Sous quelles
modalités? Il y a des contrats principaux, mais il y a aussi des
contrats en sous-traitance. Si les contrats principaux sont donnés, ici,
au Québec, mais qu'il y a des contrats de sous-traitance importants qui
sont faits ailleurs, je pense bien qu'à ce moment-là on ne
rejoint pas l'objectif principal de la fabrication.
M. GIROUX: Je crois que, là-dessus, il faut répondre que
naturellement le contenu québécois est la seule chose qui nous
importe. Si vous avez une manufacture ici qui offre des produits à
l'Hydro-Québec et qui en importe 90 p.c.,son contenu
québécois n'est que de 10 p.c. A ce moment-là, si nous en
avons une autre qui fabrique plus au Québec, nous allons la
favoriser.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Quand je parle des efforts qui sont faits,
je voudrais savoir de quelles façons. Quelle est l'approche qui est
faite? Supposons qu'on dit qu'en 1975-1976 cela va prendre, pour un projet en
particulier que je ne nomme pas, M. le Président, des produits qui,
actuellement, ne sont pas fabriqués au Québec. Il va y en avoir
une quantité très considérable. Alors, déjà,
il faut faire une prospection du marché afin de connaf-tre ce qui est
fabriqué et ce qui n'est pas fabriqué au Québec. Si c'est
fait à la dernière minute, et qu'une industrie pense à
s'installer au moment où l'Hydro-Québec va donner des commandes,
bien, il sera peut-être un peu tard.
UNE VOIX: Tard.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour s'implanter, cette usine doit
nécessairement faire toutes les démarches et passer par toutes
les
procédures normales. Alors, cela prend un peu de temps. Cela
prendra peut-être un an, deux ans. Alors, je vous demande de quelles
façons cela peut se traduire. Est-ce que c'est vous autres qui allez
faire cela ou si cela va être le ministère de l'Industrie et du
Commerce?
M. GAUVREAU: M. Georges Gauvreau, Hydro-Québec. Je pense, M. le
député, que cela prend beaucoup d'efforts, et des efforts de
toute nature. C'est justement pour cela qu'il y a toujours, un certain
malentendu à l'égard de nos politiques. Une politique
préférentielle d'achat, cela suppose des démarches
différentes. Alors, nous avons commencé, à
l'Hydro-Qué-bec, vers 1960, tout simplement par l'application d'un taux
préférentiel. On accorde un taux préférentiel de 10
p.c. aux produits québécois et on le fait savoir. Alors, les
soumissionnaires, qui perdent la commande parce qu'ils ne produisent pas au
Québec, songent, un jour ou l'autre, peut-être, à
transporter ou à faire une partie de la production au Québec. Si
c'est une question de composantes, on analyse aussi le pourcentage. Ils peuvent
perdre la commande parce que leur pourcentage n'est pas suffisamment
québécois. Ils vont avoir une tendance à l'augmenter.
Aussi, il faut dialoguer avec ces gens quand on les rencontre et quand
ils viennent nous voir et nous demandent: Pourquoi est-ce que je n'ai pas eu le
contrat?
Nous le leur expliquons, pour telle et telle raison. Enfin, la
dernière initiative, je suis surpris que ces messieurs ne le sachent
pas, mais l'initiative d'Expo-Profit avait justement pour but de
répondre à la question de M. Joron. Elle a été
faite en collaboration étroite avec le ministère de l'Industrie
et du Commerce. Elle a eu lieu ici, pendant trois jours, à Québec
et pendant trois jours à Montréal, il y a seulement une semaine.
Et ce n'était pas une exposition qui s'adressait à la grande
population mais les invitations étaient adressées à 5,000
personnes, je crois, des gens que nous considérions susceptibles de
comprendre, de voir ce qui n'est pas fait au Québec et ce qui est
acheté par nous. Ils sont venus, ils nous ont posé des questions.
Nous leur avons montré ce qu'on achetait à l'extérieur,
les pourcentages, même des pièces de quincaillerie, des choses
très simples, des choses de fonte, des choses qui sont faites à
l'extérieur.
Je pense que c'est un ensemble de mesures. Il faut que ce soit su. Mais
aussi, il faut qu'il soit su que les 10 p.c, c'est un montant approximatif. Ce
ne peut pas être 25 p.c, 30 p.c. et 40 p.c. On tient aussi à
maintenir une certaine concurrence. On n'aimerait pas avoir un seul producteur,
dans un produit donné. Cela découragerait l'initiative. Il serait
tellement assuré du marché de l'Hydro-Québec que, en fait,
il pourrait nous offrir son produit à n'importe quel prix et nous
l'achèterions. Cela aussi, il faut le surveiller.
La collaboration avec le ministère, je crois que c'est une bonne
chose. L'invitation à l'implantation industrielle, au Québec, par
une politique qui fait connaître, de l'aide à l'implantation. On a
aussi eu des initiatives, dans le passé, dans ce domaine. Il y a
beaucoup de choses et ce n'est pas facile. Mais je crois que le travail des
personnes, des commissaires, de nos acheteurs, de nos ingénieurs, qui
font les spécifications, qui rencontrent les producteurs, est
extrêmement important. Parce que les maisons qui sont venues de France,
de Suède pour s'installer ici ne seraient pas venues simplement parce
que c'était écrit 10 p.c. dans un arrêté eii
conseil. C'est parce que des démarches ont été faites,
pour leur faire comprendre cela. Est-ce que cela répond à votre
question?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, merci.
M. SAINT-PIERRE: Pour poursuivre peut-être dans le même
sens, je sais qu'au ministère, un groupe d'économistes a
commencé, très brièvement, à regarder l'ensemble du
phénomène de la baie James. D'ailleurs, strictement sur le plan
de l'expansion industrielle, de clients possibles, d'investisseurs possibles,
il est évident que le projet a déjà commencé
à jouer. Sans révéler de secret, les gens qui sont dans la
construction...
UNE VOIX: C'est hors du sujet.
M. SAINT-PIERRE: Non, je réponds à la question de
l'influence de ceci. Je ne sais pas, les fabricants de camions lourds, par
exemple, je pense que c'est un secret de Polichinelle qu'environ 60 p.c. du
marché canadien, à cause des mines et de la baie James, sont
situés au Québec. Alors je pense que cette poursuite d'identifier
à l'avance des marchés intéressants, des produits
intéressants et de faire des efforts, dans ces cas, comme le commissaire
Gauvreau le signifiait, c'est peut-être beaucoup plus que simplement 10
p.c. ou un taux préférentiel. C'est identifier un marché
qui n'est pas exploité par des Québécois.
Je profiterais de l'occasion je l'ai déjà dit
privément pour féliciter publiquement
l'Hydro-Québec pour la dernière exposition. Je l'ai
visitée personnellement et je trouve que là, c'était un
effort qui peut peut-être rapporter autant que les 10 p.c. parce que le
manufacturier québécois qui faisait le tour de l'exposition
pouvait voir pour $100 millions de produits qui sont achetés par
l'Hydro-Québec en-dehors. Et là, il y avait des produits
enfin, il y en a qui m'ont frappé qui étaient très
simples à manufacturer. Je pense que c'est cela identifier des
marchés. Cela peut être aussi important que d'autres mesures.
M. GAUVREAU: D'ailleurs, il y a un exemple qui a été
malheureux. C'est avant mon arrivée à l'Hydro-Québec. On a
parlé de Brown
Boveri dont on achète du gros appareillage très
coûteux. Leur investissement à Saint-Jean, il y a une douzaine
d'années, a été malheureux parce qu'il n'avait pas
été bien planifié, je crois, avec l'Hydro-Québec.
Ils ont fabriqué quelque chose que d'autres faisaient ici alors qu'ils
auraient dû, probablement, fabriquer du gros appareillage.
Alors ceux qui étaient au pouvoir dans ce temps se souviennent
que la fermeture de l'usine de Saint-Jean a été un malheur. Mais
si cela avait été mieux planifié, probablement qu'ils
auraient pu faire autre chose et ils seraient encore en affaires à
Saint-Jean.
M. JORON: J'aurais une question sur la politique d'achat. Les 10 p.c.
pourraient s'appliquer à quel pourcentage des $333 millions?
M. LABRIE: On a démontré qu'il y a pour une centaine de
millions de produits qui ne sont pas achetés au Québec.
M. JORON: Oui, mais cela ne veut pas dire que les $233 millions qui
restent bénéficient nécessairement des 10 p.c.
Ce que je veux dire en d'autres mots, c'est arriver à chiffrer ce
qu'il en coûte à l'Hydro-Québec d'avoir cette politique
préférentielle des 10 p.c.
M. BOYD: Pour répondre à votre question, je pourrais
peut-être apporter une précision. Nous avons mentionné 10
p.c, ce n'est pas nécessairement 10 p.c. Souvent cela peut être 1
p.c, 2 p.c. Il ne faut pas qu'un manufacturier se mette dans la tête
qu'il va avoir 10 p.c. Les 10 p.c. sont un maximum.
M. JORON: Est-ce qu'on a déjà calculé à
l'Hydro-Québec la politique préférentielle ne
parlons pas des 10 p.c. qui peut aller de 0 à 10 p.c. sur le
nombre d'achats dans une année? Cela peut représenter une
différence de combien? Ce qui revient à dire: Quelles
économies auraient été faites si ça avait
été acheté à l'extérieur?
M. DOZOIS: Je pense qu'il faut avoir présent à l'esprit le
fait suivant, que, l'Hydro-Québec ayant établi une telle
politique, les gens s'efforcent, lorsque nous faisons des appels d'offres, de
nous fournir des produits québécois. Ils savent que, si on ne
nous offre pas un produit québécois, ils vont être en
mauvaise posture pour avoir la commande. Du moins ils ne seront pas en aussi
bonne posture qu'un concurrent qui nous offre un produit
québécois.
Or, souvent lorsque nous faisons des appels d'offres, on pourrait
peut-être nous offrir un produit qui vient de l'Ontario, mais un
producteur du Québec ou un agent manufacturier va faire des efforts pour
se procurer cet article-là au Québec. Alors, notre politique
préférentielle ne nous coûte pas nécessairement de
l'argent en appliquant le "différentiel" de 10 p.c. C'est un effort
constant chez tous nos fournisseurs pour répondre à cette
demande. Ils sont conscients des exigences de l'Hydro-Québec.
M. JORON: D'accord, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. DOZOIS: Je pourrais ajouter que récemment un manufacturier
d'équipement lourd, réalisant que nous étions
obligés d'aller à l'étranger pour nous procurer de
l'équipement lourd, a eu des entrevues avec nos gens et ils sont
à mettre au point un véhicule qui pourra servir dans les grands
travaux. C'est un prototype que l'on crée et, à l'automne, il
sera probablement en production. Nous pourrons acheter ces véhicules qui
n'étaient pas faits dans la province de Québec et qui à
partir de l'automne seront faits au Québec. C'est un exemple de la
politique d'achat de l'Hydro-Québec.
M. PERREAULT: A votre état consolidé de provenance et
d'utilisation des fonds à la page 35, on peut noter dans la section
Utilisation des fonds, à l'article Echéances de la dette à
long terme, un montant de $46,424,000 pour 1971, comparativement à $77
millions pour 1970, soit une baisse de $21 millions. Pourriez-vous expliquer
cette baisse?
M. GIROUX: Cela dépend des échéances. Il n'y a pas
d'autres raisons que celle que l'échéancier de l'an dernier
était plus lourd que celui de cette année.
M. PERREAULT: Vous avez remboursé des obligations?
M. DOZOIS: Vous l'avez à la page 37
l'échéancier.
M. PERREAULT: Deuxième question. L'an dernier vous avez
amorcé votre restructuration régionale. Où en
êtes-vous cette année et quand prévoyez-vous la
terminer?
M. BOYD: Comme on le dit dans le rapport du président, nous avons
maintenant dix régions comparativement à huit régions,
quatre zones, précédemment. L'intégration à
l'intérieur de ces nouvelles unités n'est pas
complétée, mais nous croyons que ça va être
complété au cours de l'année.
M. PERREAULT: Ma question suivante porte sur le centre de recherches.
Où en est rendu l'érection du centre de recherches? Et quand
prévoyez-vous le faire fonctionner dans sa totalité?
M. BOULET: Déjà, les laboratoires chez nous sont en
exploitation depuis janvier 1970. Le laboratoire à haute tension est
devenu en exploitation au mois de septembre cette année et
déjà nous avons vérifié pour la compagnie ASEA dix
transformateurs produits dans l'usine construite à Varennes. Le
laboratoire grande puissance est en construction. A la fin de cette
année, la partie haut courant du laboratoire grande puissance sera en
exploitation et nous espérons qu'à la fin de 1973, l'ensemble des
installations sera complété.
M. PERREAULT: Prévoyez-vous des clients pour votre laboratoire
haute puissance?
M. BOULET: Oui, nous faisons d'ailleurs déjà des travaux
dans le laboratoire général pour des clients possibles et nous
avons certainement énormément de clients dans ce domaine.
M. PERREAULT: Quel est le nombre d'employés actuellement au
centre de recherche?
M. BOULET: Nous avons 260 employés permanents actuellement.
M. PERREAULT: Où en sont les études, au centre de
recherche et chez les manufacturiers, sur l'appareillage 1100 KV?
M. BOULET: Nous étudions pour le génie, à
l'Hydro-Québec, non seulement le 1100 KV, mais les possibilités
et les distances d'isolation nécessaire sur les lignes de transport
d'énergie et nous espérons être capables de les utiliser
jusqu'à 1500 KV à l'intérieur de notre laboratoire haute
tension. Les études sont préliminaires à l'heure actuelle.
Nous faisons des essais statistiques qui sont très longs, mais nous
espérons répondre aux demandes de nos amis de la
planification.
M. PERREAULT: Une autre question. On nous avait annoncé que vous
aviez commencé des études sur l'automobile électrique.
Est-ce que ces études se poursuivent?
M. BOULET: C'est-à-dire que les études que nous avons
faites, c'est avec un manufacturier montréalais qui produisait un
véhicule électrique. Nous avons fait pour lui des
vérifications sur son véhicule et je pense qu'il continue
à faire une production qui, je l'espère, pourra s'amplifier dans
la province dans l'avenir.
M. PERREAULT: Est-ce qu'il y a possibilité que vous orientiez
votre recherche vers le système d'accumulateur nécessaire
à cette automobile-là?
M. BOULET: Nous faisons des études de piles à combustible,
mais elles ne sont pas dirigées directement vers les accumulateurs. D
est bien compris dans le domaine international actuellement que les premiers
véhicules, qui sont des véhicules de service, utiliseront la pile
au plomb, peut-être améliorée, mais que les piles zinc-air
ou les piles sodium-soufre viendront peut-être vers 1980. A
l'Hydro-Québec, à l'institut de recherche, nous ne faisons pas
d'étude actuellement dans ce domaine-là.
M. PERREAULT: Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, est-ce que je pourrais
savoir le détail des constructions en cours, au bilan du 31
décembre 1971, au montant de $411,304,000? Ou si ça rejoint la
question du député de Bourget tantôt, si les documents ne
sont pas disponibles, si, M. le président de l'Hydro-Québec, vous
préférez donner la réponse mardi.
M. GIROUX: Vous voulez savoir ce que ça comprend pour les
constructions en cours?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, les constructions en cours, il y en a pour
$411 millions au 31 décembre. Evidemment, il y a certainement un
état détaillé quelque part de ces constructions. Ce n'est
pas un chiffre qui est tombé du ciel, alors...
M. BOYD: Cela comprend Manic 3, cela comprend des lignes de transport
d'énergie, des postes...
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a combien de projet différents dans
les travaux en cours?
M. BOYD: Au point de vue des centrales, il y a Manic 3, au point de vue
des lignes il y a plusieurs projets de lignes. On vous a dit qu'en 1971 on
avait dépensé $185 millions en lignes de transport. Il y a un
très grand nombre de projets de postes. C'est tout ça qui
fait...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les études qui se font sont
là-dedans aussi?
M. BOYD: Les études ne sont pas comprises, c'est de la
construction.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les études sont à quel poste?
M. BOYD: C'est au génie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous ne capitalisez pas les études?
M. GIROUX: Nous capitalisons les études, oui, dans les grands
projets.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors les grandes études qui se font
actuellement sont-elles capitalisées à ce poste-là?
M. GIROUX: De quelles études parlez-vous? Parlez-vous des
études de la baie James?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas donné de noms, M. le
Président écoutait. Vous avez une note je pense bien que
le président me permettra cela, je ne veux pas entrer dans le
détail de la baie James ce soir, vous répondrez mardi
à la page 41, démontrant $39 millions et $72 millions à
l'article de la baie James; $39 millions de coûts et $72 millions
d'engagements sont compris dans les travaux en cours de $411 millions.
M. BOYD: Les $411 millions comprennent les travaux de construction, les
études ne sont pas là. Les études sont à un autre
poste, au génie. Il y a des études sur la baie James, assez
importantes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais où est-il votre poste du
génie dans les immobilisations? On ne le voit pas au bilan.
M. BOYD: C'est imputé aux travaux. Ce n'est pas à l'Actif.
Les dépenses en 1971, pour les études de la baie James, sont de
$29 millions; pour la Côte-Nord, c'est $108,000; pour le
Témiscamingue, $162,000. Nous pouvons vous donner le détail des
$411 millions. Comme je vous le dis, les études ne sont pas
là-dedans. Au cours de 1971, les $411 millions se composent, pour la
production hydraulique, de $162 millions; la production thermique, $1,900,000;
la production nucléaire, $2,600,000; autres productions $2,200,000. Les
postes de transport, $87.9 millions; les lignes de transport, $115 millions;
les postes de distribution, $8 millions; les lignes de distribution, $7.6
millions; l'utilisation, $548,000; les propriétés
générales, $5.9 millions; production et distribution de gaz,
$54,000; équipement de communication et de commande, $7,785,000;
équipement, $86,000; institut de recherche, $8 millions et demi.
C'est ce qui fait $411 millions. Ce sont tous des travaux en
construction. Si vous voulez des détails, nous pouvons en donner.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, mais, tantôt, quand vous
parliez de la section génie ce n'est pas là-dedans
vous disiez que des études se font. Alors, vous les capitalisez, ces
études.
M. BOYD: Les études sont capitalisées et chargées
à des projets, mais il y a des études préliminaires, comme
à la baie James ou sur les rivières de la Côte-Nord, qui ne
sont pas encore devenues des constructions. Nous appelons cela des
études préliminaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans votre note à la page 41, vous dites
que les états financiers de la commission incluent des coûts de
$39 millions et $72 millions d'engagements. Cela veut dire que les états
financiers comprennent ça et que c'est pour la baie James. Ces
états financiers sont-ils pour les travaux en cours dont vous m'avez
donné la liste?
M. BOYD: Les $72 millions, c'est surtout pour les routes en
construction. Au moment où le bilan a été fait, ça
avait été à la charge de l'Hydro-Québec. A quel
moment ce sera transporté, on le dit, ce n'est pas encore
déterminé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous ne le savez pas, à un moment
donné, vous serez obligés de prendre une décision.
Allez-vous transporter ça dans l'autre corporation?
M. BOYD: C'est ça. D'ailleurs, la note le dit, je crois.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'aurais une autre
question, celle-là reliée au coût de
l'électricité, au coût de ces travaux et, à un
moment donné, au prix auquel vous devez vendre le produit. Evidemment,
on a fait état que, dans les années à venir, tenant compte
de l'inflation, des coûts de réalisation de ces projets, le
coût de production va augmenter. Cela va devenir rare,
l'électricité parce que les projets à aménager
deviendront de plus en plus rares; vous vous éloignez de plus en plus.
Alors, est-il bon, tenant compte de ces contraintes, que l'Hydro-Québec
se lance dans de grandes campagnes de publicité pour vendre le produit
pour le chauffage, alors qu'il y aura tellement d'autres demandes dans d'autres
secteurs qui me paraissent prioritaires du côté industriel? Je
pense bien que, pour le chauffage, on peut probablement s'accommoder d'autres
combustibles. Vous avez mentionné, tantôt, dans votre rapport, que
la concurrence est assez vive. Vous avez même parlé de la taxe de
vente sur d'autres combustibles qui mettent l'Hydro-Québec, avec sa
vente d'électricité, dans une position non concurrentielle. Mais
je pense bien qu'il n'y a pas que la taxe de vente. Il est peut-être
difficile, dans le contexte actuel, et il le sera de plus en plus de rivaliser
avec le coût des différents combustibles, entre autres, je pense
à l'huile à chauffage. Alors, est-il bon, tenant compte de ces
contraintes, de l'éloignement toujours plus grand des sources
d'approvisionnement, que l'Hydro-Québec fasse une campagne
réellement intensive pour encourager les consommateurs à utiliser
l'électricité pour chauffer les maisons, les résidences,
alors qu'elle pourrait servir probablement davantage à de
l'industrialisation?
M. GIROUX: Nous n'avons jamais manqué d'électricité
pour l'industrialisation. Je ne vois pas pourquoi on s'opposerait à
concurrencer les
manufacturiers d'huile. L'huile, comme on le dit dans le rapport, n'est
pas une industrie de base québécoise, à ce que je sache.
Les produits de l'huile sont simplement raffinés ici, et
distribués. Les grands travaux de l'Hydro-Qué-bec ont des
retombées économiques plus grandes, que l'huile. Maintenant, si
on regarde le point de vue de la pollution, on n'a pas le même
problème.
Dans ces choses-là, si on laisse tout le marché aux
concurrents. D'ailleurs quand on dit une campagne intensive au point de vue du
développement, c'est une campagne qui nous permet de concurrencer. Ce
n'est pas une campagne intensive.
M. BOYD: Est-ce que je pourrais ajouter un commentaire?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, j'ai une sous-question sur l'exploitation
du pétrole. Peut-être que c'est ça.
M. JORON: Bien, c'est sur la première partie...
M. GIROUX: Pardon?
M. JORON: Vous permettez?
M. LE PRESIDENT: Oui, allez-y.
M. GIROUX: L'exploration que nous faisons sur le pétrole?
M. JORON: Non, avant d'arriver à cela, avec la permission du
président et du député de Montmagny, si vous me permettez.
Je pense que le sens de votre question... En fait, d'accord, le pétrole
est importé. Il y a un coût d'importation, d'accord. Mais quant
à l'investissement requis pour produire un BTU de chaleur, disons, par
du pétrole ou par de l'électricité, cela requiert des
investissements pas mal plus considérables en électricité.
Est-ce qu'on connaît la différence, l'ordre de grandeur entre les
deux, d'une part? Je pense que ce que le député de Montmagny
voulait dire, c'est que dans une société ou dans une
économie où globalement les ressources sont limitées, il
faut parfois choisir où on va concentrer ces investissements. Si
l'électricité requiert tellement d'investissements et que,
forcément, ces investissements sont soustraits, parce que notre
crédit n'est pas illimité, à ce qu'on pourrait envoyer
dans un autre secteur, il devient peut-être plus avantageux de faire un
autre choix.
Toute cette question sous-entend à quel point il est avantageux
au Québec de pousser au maximum la consommation
d'hydro-électricité, étant donné l'ampleur des
investissements que cela requiert?
M. GIROUX: Voici, malheureusement, je vais répondre par une autre
hypothèse, parce que ce que vous donnez est pas mal hypothétique.
Pour combien d'années êtes-vous assuré d'un
approvisionnement en huile, alors qu'on crie partout qu'il y a une
rareté mondiale d'huile, qu'il n'y a pas d'approvisionnement? Des gens
qui sont plutôt pessimistes disent vingt ans, d'autres, trente ans,
d'autres, qu'il n'y aura plus de ces produits, alors que dans la province, on
découvre des rivières. La base de raisonnement est que pour nous
permettre de développer ces rivières, il faut concurrencer le
produit qui est étranger, dont on n'a pas un surplus en
Amérique.
M. JORON: D'accord.
M. GIROUX: Qui accuse actuellement une grande rareté.
M. JORON: Votre réponse peut peut-être nous amener à
une deuxième question.
M. CLOUTIER (Montmagny): La question de l'exploration.
L'hydro-Québec fait des explorations en compagnie d'autres compagnies
comme Texaco, je pense, ou différents noms...
M. GIROUX: Dans ce domaine de l'huile, je dois dire que
l'Hydro-Québec a été amenée, par une demande
gouvernementale, à s'occuper de l'exploration jusqu'à ce qu'on
organisme soit créé. Cet organisme a été
créé et actuellement, nous sommes plus qu'en pourparlers, tout
est prêt pour transférer notre exploration à Soquip. C'est
de son domaine. L'Hydro-Québec a agi simplement dans un cas d'urgence
où il fallait une corporation pour s'occuper de certains
problèmes entre des points de vue concernant les droits.
Là-dessus, je pense bien qu'on peut assurer que ce transfert est en
bonne voie et va s'effectuer durant l'année. L'Hydro-Québec n'a
pas l'intention de remettre d'argent dans ses budgets pour l'exploration de
l'huile. C'est Soquip qui doit s'occuper de ce domaine. Je ne sais pas si cela
répond à votre question. L'organisme a été
créé. Il y a peut-être eu un laps de temps parce que
l'organisme a dû au préalable clarifier sa propre situation.
M. JORON: M. le Président, si vous me le permettez, toujours sur
le même sujet. Il y a une question que j'avais laissée en suspens.
Peut-être que la réponse n'est pas disponible immédiatement
sur le coût de production d'un BTU, l'investissement requis selon qu'on
le fait par le pétrole ou par l'hydro-électricité, est-ce
qu'on a un ordre de grandeur qu'on peut donner?
M. GIROUX: Les recherches économiques pour un ordre de grandeur
là-dessus...
M. JORON: Dans le domaine du chauffage. M. DE GROOT: Jean de Groot,
Hydro-Que-
bec. Pour répondre à votre question, le coût de
production d'un BTU, aux fins de chauffage domestique, dans une
résidence domiciliaire, est légèrement plus
élevé en utilisant de l'électricité à
facteur d'isolation égale.
M. JORON: Quelle serait la marge, environ?
M. DE GROOT: La marge serait de 20 p.c. à 30 p.c.
M. JORON: Cela a rapport au coût de production. Maintenant, est-ce
qu'on peut connaître le chiffre par rapport aux investissements requis?
Dans le coût de production, il y a l'achat de la matière
première qui est le pétrole brut. On exclut ce facteur des
investissements qui sont requis, par exemple, pour faire une raffinerie, et
ainsi de suite, pour transformer le pétrole, par rapport au barrage que
la formule hydro-électrique nous commande de faire.
M. DE GROOT: J'hésite un peu à répondre à
votre question pour la simple raison que nous sommes sur le point de
compléter une étude, en collaboration avec d'autres services de
l'Hydro-Québec, qui va donner, sous peu, une réponse
extrêmement précise à cette question.
M. JORON: Volontiers. Nous allons attendre quelques jours.
M. DE GROOT: Mais je dis bien ceci, M. le député. C'est
que le chiffre ou l'ordre de grandeur que je vous donne se rapporte strictement
au chauffage domestique et non pas aux installations commerciales et aux
installations combinées. Alors, il ne faudrait pas, comment dirais-je,
en tirer une conclusion immédiate.
M. JORON: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: M. le Président, à des questions du
député de Bourget, tantôt, relativement au transport du
courant je ne sais pas si c'est M. Boyd ou M. Giroux qui a donné
la réponse on a parlé, évidemment, des pertes de
courant pour des transports à très longues distances. Vous avez,
sur la rive nord du Saint-Laurent, les lignes qui transportent le courant des
rivières Bersimis, de Manic V et Outardes, ainsi que de celles, je
pense, qui prennent le courant de Churchill Falls. Est-ce que le potentiel de
ces lignes est atteint actuellement ou si le volume de la perte est très
considérable?
M. BOYD : Vous demandez si ces lignes sont à pleine
capacité?
M. MAILLOUX: Oui. Si vous avez un pourcentage de pertes très
considérable ou si le potentiel possible de transport de courant
à longues distances est atteint actuellement sur ces lignes.
M. BOYD: Je ne comprends pas encore très bien le sens de la
question. Il y a des pertes d'électricité qui sont dues à
la résistance...
M. MAILLOUX: Je pourrais peut-être commencer autrement. Quel est
le pourcentage de pertes pour un transport à longues distances que
l'Hydro-Québec pense être une perte? Oui?
M. GAUVREAU: Quand vous parlez de pertes, vous ne voulez pas dire des
pertes d'électricité. Vous voulez dire du suréquipement,
une puissance de transport qui serait trop grande pour les quantités que
nous transportons actuellement. Est-ce cela que vous voulez savoir?
M. MAILLOUX: Je pense que, dans votre réponse, tantôt, vous
avez dit qu'en transportant le courant sur de très longues distances il
y avait forcément des pertes de courant.
M. BOYD: Oui.
M. MAILLOUX: Alors, quel est le pourcentage que vous acceptez comme une
perte normale sur une très longue distance?
M. BOYD: De 3 p.c. à 4 p.c.
M. MAILLOUX: De 3 p.c. à 4 p.c.
M. BOYD: Oui.
M. MAILLOUX: Dû au développement possible de Manic 3, je
pense que la ligne que vous commencez présentement, c'est pour
l'éventuel transport du courant qui viendra de Manic 3.
M. BOYD: C'est plutôt pour l'énergie qui vient de
Churchill.
M. MAILLOUX: De Churchill Falls. M. BOYD: Oui.
M. MAILLOUX: A une autre question du député de Bourget,
tantôt, vous mentionniez, je pense, relativement à
l'éventuel développement des rivières Moisie et autres,
qu'il deviendrait impossible de conduire ce courant sur les mêmes lignes
parce que la perte, évidemment, serait très considérable.
Est-ce qu'il y aurait obligation de construire d'autres lignes venant de
Moisie?
M. BOYD : C'est un peu le raisonnement que j'ai fait. C'est que la
rivière Moisie, en elle-même, peut devenir intéressante. Il
s'agit de savoir à quel moment elle est le plus intéressante. Si
on se dépêchait pour la faire maintenant,
il est probable qu'il faudrait ajouter une ligne supplémentaire
parce que les lignes qui sont prévues actuellement ne pourraient pas
transporter cette quantité d'énergie additionnelle sans risquer
des pannes, à un certain moment. Ce que j'ai dit, c'est que si on
construisait cela trop vite, il faudrait construire une ligne trop tôt et
même, peut-être, une ligne qui ne serait pas utile très
longtemps.
M. MAILLOUX: Ce qui veut dire que même avec la ligne que vous
mettez en construction présentement, si l'on comprend les barrages
Manic, Outardes et ce qui viendra de Churchill Falls, le potentiel serait
atteint vers la longue distance.
M. BOYD: Les lignes que l'on construit sont très dispendieuses.
On fait des études assez longues. Au départ, on fait des calculs.
Cela prend tant de lignes. On essaie d'améliorer les conditions pour en
mettre le moins possible. Les lignes, tel que prévu à notre
planification, dans le moment, sont faites pour transporter l'énergie
prévue, c'est-à-dire tout Manic Outardes plus Churchill. Si l'on
veut ajouter à cela, cela prend des lignes additionnelles.
M. MAILLOUX: Une autre question, relativement à
l'éventuelle station à réserve pompée.
M. LAURIN: Quand vous dites qu'il y a une perte de 3 p.c. ou 4 p.c,
est-ce que c'est sur une certaine longueur de ligne, par exemple par 100 milles
ou par 200 milles ou par 300 milles de lignes ou si c'est 3 p.c. ou 4 p.c.
à partir du point de départ jusqu'au point d'arrivée?
M. BOYD: C'est sur toute la distance.
M. LAURIN: Quelle que soit la distance? Quelle que soit la longueur?
M. ROY (Beauce): C'est un taux moyen, en fait, que vous avez
calculé, ces 3 p.c. ou 4 p.c. Vous devez quand même avoir moins de
pertes sur des lignes plus courtes que sur des lignes plus longues.
M. BOYD: C'est une question technique assez compliquée. Selon la
quantité d'énergie que vous avez à transporter et de la
distance sur laquelle vous allez la transporter, vous choisissez une tension
donnée. Ensuite, vous choisissez la grosseur des conducteurs. Vous
choisissez le nombre de conducteurs par phase. Dans le cas d'une ligne à
735 KV, vous avez quatre conducteurs par phase. Il y a toute une série
de facteurs qui sont assez techniques. Chaque cas dépend de ce qu'on a
à transporter et de la distance sur laquelle on a à le
transporter.
En fait, pour expliquer un peu plus, il est probable que Churchill, et
même la Baie James, n'auraient pas été intéressants
si on n'avait pas eu les 735 KV. Cela vous donne une illustration.
M. LE PRESIDENT: Le député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: Relativement à l'éventuelle station à
réserve pompée dont parlait le député de Bourget
également, est-ce que les critères de rentabilité
pourraient s'appliquer? C'est un transport à très courte
distance. Deuxièmement, ça ne servirait qu'aux heures de pointe.
Est-ce que ça ne servirait qu'aux heures de pointe, une telle station
à réserve pompée?
M. BOYD: Oui.
M. MAILLOUX: Et un autre facteur d'économie serait
évidemment qu'il n'y aurait aucune perte, c'est à très
courte distance, ça desservirait donc un rayon assez limité.
M. BOYD: Dans le cas d'une centrale à réserve
pompée, ça joue un rôle assez limité: elle ne
pourrait fonctionner que quelques heures à la fois pendant les heures de
pointe. Dans le cas de Saint-Joachim, c'est près du réseau, donc
il y aurait moins de perte. Mais, d'un autre côté, j'ai dit plus
tôt que les centrales à réserve pompée sont des
producteurs négatifs d'énergie, c'est-à-dire que ça
prend un peu plus d'énergie pour monter l'eau que ça n'en produit
quand l'eau descend.
M. MAILLOUX: Est-ce que vous venez de dire à un profane
qu'éventuellement, s'il y avait construction de la station à
réserve pompée de Saint-Joachim, vous pourriez la greffer au
réseau actuel pour le transport?
M. BOYD: Oui, ce serait raccordé...
M. MAILLOUX: Raccordé aux lignes existantes.
Une dernière question relativement à votre politique des
achats. Est-ce que la tige d'aluminium dont vous vous servez est effectivement
achetée au complet dans le Québec? Les fils que vous fabriquer
à l'Alcan.
M. GIROUX: Nous encourageons toutes les "fileries"
québécoises.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Je veux toucher un autre aspect qu'on a
frôlé un peu tout à l'heure. Il. s'agit du financement de
l'Hydro-Québec. Je pense que c'est un aspect qui est, tout de
même, assez important. Dans le domaine technique, dans le domaine de la
recherche ou autre, j'ai été heureux de constater le souci que
semblent mettre tous les hauts fonctionnaires de l'Hydro pour atteindre le
maximum d'efficacité.
J'aurais une question particulière à poser à M.
Giroux. Est-ce que, dans la politique d'emprunt de l'Hydro-Québec, vous
êtes conditionnés par le ministère des Finances du
Québec ou si vous avez une certaine autonomie?
M. GIROUX: Dans les politiques de financement? Naturellement, nos
politiques d'investissement...
M. ROY (Beauce): Lorsque vous avez, par exemple, à emprunter $25
millions, $40 millions, $60 millions ou $100 millions, lorsque vous
émettez des obligations, est-ce que vous êtes conditionnés
par le ministère des Finances du Québec ou si vous avez une
certaine autonomie? Pouvez-vous procéder uniquement au nom de l'Hydro
sans avoir de restrictions ou être conditionnés par le ministre
des Finances?
M. GIROUX: II n'y a pas de restrictions comme telles, sauf que, dans le
programme d'emprunts, nous avons à nous mettre d'accord avec le
ministère des Finances sur un programme. Nous partageons les
marchés. Nous avons besoin de tant et la province a besoin de tant. Nous
faisons l'analyse pour savoir où nous devons emprunter. Mais, il faut
penser que les émissions de l'Hydro-Québec sont garanties par la
province.
Je verrais très mal la province faire un emprunt au Canada le 1er
du mois et nous en faire un, le 7. Il faut que ce programme-là soit
longuement discuté. Lorsque le ministre des Finances annonce les
programmes des deux dans le budget, nous acceptons le montant que
l'Hydro-Québec a fait la projection d'emprunter. Naturellement, s'il y a
des nouveaux marchés qui s'ouvrent ou qui se développent, nous
pouvons aller sur ces marchés-là, tout aussi bien que la
province. Mais il faut une coordination pour savoir si nous allons à tel
endroit ou si c'est la province qui doit y aller; si c'est plus avantageux
d'aller à New York immédiatement pour nous ou si c'est plus
avantageux pour la province. Toutes ces choses-là sont longuement
discutées et, au début de l'année, on fait un programme
que nous essayons d'observer le plus possible. Souvent, les conditions de
marché nous empêchent d'aller exactement selon le programme
établi, mais ce programme-là n'est pas plus rigide que ça,
pour autant que nous puissions obtenir les montants dont nous avons besoin.
Nous n'avons jamais subi de restrictions ou d'impositions de la province
à ce sujet-là.
M. ROY (Beauce): Deuxième question sur le même sujet. Je
remarque, dans le rapport que vous nous avez fait, que le coût effectif
des emprunts à long terme de l'année s'établit à
une moyenne de 8.58 p.c. comparativement à 9.68 p.c. en 1970.
Si on compare à l'ensemble des emprunts effectués par la
province elle-même sur le marché de l'argent qu'il soit
américain ou canadien, je m'étonne un peu de constater que le
taux d'emprunt payé par l'Hydro-Québec est supérieur au
taux moyen payé par la province, alors que les emprunts de l'Hydro sont
garantis par la province. Est-ce qu'il y a des raisons particulières
à cela?
M. GIROUX: II y a plusieurs raisons qui peuvent exister. La province a
fait une ou deux émissions avec beaucoup de court terme. Alors pour des
émissions à court terme, des périodes de dix ans ou des
périodes de un an, dix ans, ou des séries, ce prix-là est
bien inférieur à des périodes de 20 ans, de 24 ou 25
ans.
M. ROY (Beauce): M. le Président, l'on parle d'emprunts à
long terme. J'ai déjà travaillé dans des institutions
financières, c'est pour ça que je suis un peu au courant des
choses. Nous pouvions placer de l'argent à court terme, à 30, 60
et 90 jours, à condition que ce soient des bons de $100,000. Nous
achetions des bons de l'Hydro-Québec et nous pouvions avoir 1 p.c. et 1
1/2 p.c. de moins que le prix du marché comparativement à
ailleurs. Et je vais me référer à une politique qui a
effectivement existé en 1969.
M. GIROUX: C'est un exemple. Il vous faudrait donner des cas bien
précis. Supposons que nous voulions offrir $100 millions aux Etats-Unis
et que nous en avions besoin. Quand vous dites que nous payions en plus, il
faudrait comparer avec qui?
M. ROY (Beauce): Avec n'importe quel autre taux payé par les
entreprises sur les bons à 30 jours, 60 jours et 90 jours. On me fait
signe que non, mais je vous apporterai des preuves parce que j'ai
vérifié et j'ai un dossier assez complet là-dessus. Cela
m'a toujours un peu surpris; effectivement nous en avions acheté, parce
que c'était payant.
M. GIROUX: II peut y avoir des occasions où nous allons payer une
prime pour avoir des fonds, pour une période courte. C'est normal. Mais
je ne crois pas que vous puissiez donner des preuves que nous ayons payé
des 11/2 p.c. de différence pour des périodes de 30 jours.
M. ROY (Beauce): Dans tous les cas ça va être inscrit dans
le journal des Débats, M. le Président, je vais fournir la preuve
certainement.
M. GIROUX: Je serais heureux d'avoir cette preuve.
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas mon dossier ici mais, de toute façon
je pourrai vous le faire parvenir.
M. GIROUX: Ce sont des choses qui peuvent arriver
exceptionnellement.
M. ROY (Beauce): C'est peut-être un cas exceptionnel, mais nous
avons eu à le faire à une couple de reprises, puis à une
couple de reprises ç'a été possible.
M. GIROUX: Oui, ç'a pu arriver. Cela peut toujours arriver.
Quand, sur le marché à court
terme, il y a une rareté pour les fonds, à ce
moment-là ça peut exister, mais sur les moyennes ça
n'existe pas.
M. ROY (Beauce): Vous avez dit également que vous avez
emprunté $65 millions de la Caisse de dépôt et placement.
Est-ce que ces $65 millions ont été transigés directement
avec la Caisse de dépôt et placement ou si ç'a
été transigé par l'entremise des courtiers?
M. LEMIEUX: Cinquante millions ont été transigés
directement avec la caisse et $15 millions par l'entremise des courtiers au
moment d'une émission dans le public.
M. ROY (Beauce): Alors il y a $15 millions sur les $65 millions qui ont
été vendus dans le public.
M. LEMIEUX: J'ai dit que nous avons emprunté $65 millions de la
caisse de dépôt, dont $50 millions privément, sans
commission et $15 millions ont été empruntés l'an dernier,
au moment d'une émission d'obligations dans le public. Il y aura eu $35
millions vendus au public canadien et $15 millions vendus à la caisse de
dépôt.
M. ROY (Beauce): Si je comprends bien, c'est à l'occasion de deux
emprunts. Les $65 millions comprennent un emprunt global transigé avec
la Caisse de dépôt et placement du Québec, pour l'autre, il
s'agit d'une partie d'une émission d'obligations qui aurait
été achetée par la caisse de dépôt.
M. LEMIEUX: C'est cela.
M. ROY (Beauce) : Au sujet de l'évolution de la dette, je
remarque, après avoir examiné les documente que vous nous avez
remis, que vous serez appelés à refinancer $125 millions
d'obligations d'ici 1975, qui rapportent actuellement entre 3 p.c. et 5 p.c.
Considérant le fait que le montant d'intérêt payé
sur la dette de l'Hydro-Québec par rapport aux revenus d'exploitation
globaux est passé de 26.8 p.c. à 28 p.c. au cours de
l'année 1971, avez-vous fait des études, au niveau de
l'Hydro-Québec, des projections concernant cette évolution
constante du coût de l'argent par rapport à vos recettes brutes
prévisibles?
Est-ce que vous prévoyez une augmentation constante du
pourcentage par rapport à vos revenus bruts au cours des prochaines
années, disons d'ici 1975, par exemple?
M. LEMIEUX: Nous ne pouvons pas prévoir des tarifs en fonction
d'un élément seulement. Les tarifs doivent couvrir les frais
globaux qui comprennent les intérêts qui vont en augmentant, les
salaires qui vont aussi en augmentant et les frais d'exploitation qui font de
même. Il ne sert à rien de penser aux tarifs uniquement en
fonction de taux d'intérêt, mais s'il n'y avait aucune autre
augmentation dans les frais d'exploitation et qu'on ait à rembourser
$100 millions d'obligations qui rapportaient 3 p.c, soit $3 millions par
année qu'on remplacera avec des emprunts à 9 p.c, c'est
évident que nos dépenses vont augmenter de $6 millions par
année sans faire autre chose, alors il est évident que les tarifs
seront haussés de $6 millions.
M. ROY (Beauce): Sur le même sujet, M. le Président, une
dernière question. On remarque que la très grande majorité
des emprunts se font aux Etats-Unis, pour financer l'Hydro-Québec. Les
études sont-elles faites à l'Hydro-Québec, comme il s'en
fait dans le domaine de la recherche et dans tous les autres domaines, en vue
de trouver des solutions afin de réduire les frais du service de la
dette et afin également d'éviter d'emprunter continuellement en
dehors des marchés québécois et canadien? Avez-vous fait
des études ou si vous vous limitez, à l'heure actuelle, tout
simplement aux marchés, en suivant les courbes, sans vouloir adopter des
politiques, des initiatives nouvelles, faire de nouvelles demandes?
M. GIROUX: Pour répondre à cela, il faut prendre
l'expérience générale du marché. Dans le
marché possible de la province de Québec, la province et
l'Hydro-Québec exploitent au maximum leurs possibilités
d'emprunt. Il faut aussi penser que nous pourrions peut-être faire un ou
deux emprunts de plus en augmentant le taux d'intérêt. Mais,
à ce moment-là, on aurait automatiquement lésé les
emprunteurs secondaires qui sont des emprunteurs, indirectement, de
l'Hydro-Québec, exemple: les universités, les hôpitaux. Il
faut aussi penser qu'il y a une large part de l'épargne
québécoise qui s'en va dans les commissions scolaires
subventionnées entièrement ou partiellement par la province et
les émissions de corporations municipales.
Le marché de possibilités québécoises est
divisé, si vous voulez, en trois groupes: la province et
l'Hydro-Québec, comme premier groupe; le municipal, comme
deuxième groupe; et tous les autres subventionnés, comme
troisième groupe.
Cela va tout de même chercher la majeure partie de
l'épargne disponible.
M. ROY (Beauce): J'aurais bien d'autres questions, mais ce serait sur un
sujet, je pense bien, M. le Président, où l'on pourra
peut-être finir par s'entendre, à ce moment-là je vais
plutôt revenir auprès du gouvernement. La semaine prochaine,
lorsque nous discuterons du financement du projet à venir, nous aurons
l'occasion de revenir sur le sujet.
Je veux vous remercier d'avoir répondu aux questions que nous
vous avons posées.
M. LE PRESIDENT: Alors, s'il n'y a pas d'autres questions, je
demanderais qu'on ajourne la commission à mardi.
M. LAURIN: M. le Président, j'espère que nous aurons le
droit, quand nous parlerons de la baie James, de revenir à certaines
questions sur l'Hydro-Québec...
M. LE PRESIDENT: Oui, je le pense.
M. LAURIN: ... qui ont une certaine relation avec la baie James.
M. LE PRESIDENT: En principe, oui. Aussitôt qu'il s'agit d'un
même programme il n'y aura pas de problème, je pense bien.
Maintenant, il s'agirait aussi de bien comprendre que nous avons voulu
ma voix s'en va diviser cela en deux parties pour
accélérer nos études.
Je voudrais, de la part des membres de la commission, remercier le
président de l'Hydro-Québec et tous ses collègues, ainsi
que tous ceux qui l'ont accompagné pour la diligence et
l'amabilité avec lesquelles ils ont répondu à nos
questions. Vous m'excuserez de ne pas parler plus longuement.
M. GIROUX: M. le Président, au nom de mes collègues et au
nom de tout le personnel de l'Hydro-Québec, merci beaucoup. Pour mardi,
on comprend très bien que les questions auxquelles on a prétendu
pouvoir répondre plus facilement, mardi, regardent probablement les
cours d'eau et des choses comme ça. Je crois que nous avons vidé
les questions qui sont strictement du bilan, mais les autres questions font
partie, disons, de l'explication des programmes de l'Hydro-Québec. Ces
programmes comprennent des choses qui peuvent affecter des bilans. Par exemple,
il n'est aucunement de l'intention de l'Hydro-Québec de ne pas parler de
ses emprunts futurs.
M. LE PRESIDENT: Absolument pas.
M. GIROUX: Si je comprends bien, nous avons vidé la question de
1971. L'avenir, je comprends que cela peut affecter le bilan, mais cela
affectera les bilans futurs.
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. GIROUX: Alors, nous serons à votre disposition pour
étudier ces domaines-là.
M. LE PRESIDENT: Mardi, seize heures.
M. GIROUX: Merci beaucoup, messieurs. Bonsoir. C'est seize heures,
mardi?
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
(Fin de la séance à 23 h 1)