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Commission permanente des richesses naturelles et des
terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Richesses naturelles
Séance du mardi 4 juin 1974
(Seize heures trente-six minutes)
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Programme 7: Etudes et recherches concernant les hydrocarbures et
l'électricité.
M. CHARRON: S'il vous plaît, un arrêt de 30 secondes.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Aucune question au programme no
7?
M. MASSE: M. le Président, vous avez mentionné le
programme no 7?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui. Au programme no 7, il n'y a
aucune question?
M. ROY: Le ministre aurait peut-être une déclaration
à faire, quelques informations supplémentaires à nous
donner?
Etudes et recherches concernant les hydrocarbures et
l'électricité
M. MASSE: Je pense que, dans l'ensemble, vous voyez par les
définitions du programme, quel est le but du programme no 7. Il y a la
partie de l'étude qu'on retrouve à la catégorie des
services où il y a un écart important par rapport à
l'année passée, qui est passé de $300,000 à
$1,500,000.
M. ROY: Je note, dans le programme global, que les crédits de
l'année dernière étaient de $872,000, et cette
année te gouvernement demande des crédits de $2,362,800.
M. MASSE: C'est là que se retrouve, au niveau des études,
à la catégorie 4, les études prévues. Comme je l'ai
mentionné l'année dernière, il y a $800,000 prévus
pour continuer les études d'infrastructures portuaires et $500,000 pour
un projet de raffinerie, secteur témoin dont on a tant parlé.
Vous avez dans les documents qu'on vous a remis au début des
détails de cette catégorie no 4.
M. ROY: C'est cela, $300,000 en 1973/74, $1,505,000 en 1974/75, donc un
écart de $1,205,000. Pour aller un peu plus dans les détails,
j'aimerais que le ministre nous donne des informations concernant le gazoduc.
Dans les crédits de l'an dernier, si on se réfère aux
pages 2298 et 2559, il avait été question du gazoduc. Le projet
est-il toujours en marche actuellement ou s'il a avorté, compte tenu du
fait que Macdonald, à toutes fins pratiques, accorde son appui au projet
de gazoduc qui devra acheminer le gaz naturel de l'Arctique par la
vallée du Mackenzie? Est-ce que le ministre pourrait nous donner des
informations à ce sujet? Où en sont rendues les
décisions?
M. MASSE: En ce qui concerne la vallée du Mackenzie, comme vous
le savez, ça nous concerne très peu en termes de tracé du
gazoduc. Ce qui nous intéresse davantage, c'est le gazoduc qui partirait
de l'est Arctique qu'on appelle le projet Polargas et qui ferait suite â
des découvertes importantes et des découvertes
régulières de gaz naturel par la compagnie Panartic, une
compagnie canadienne qui a confié la construction de ce gazoduc à
une Firme composée de trois partenaires qui sont Trans-Canada Pipe
Lines, CP Investment, et Tetteco. Cette nouvelle compagnie est chargée
des études techniques et de la réalisation de la construction du
gazoduc. Les études se poursuivent pour déterminer le
tracé qui présente le moins de difficultés au point de vue
technique comme vous le savez, il y a des détroits assez
importants â traverser et aussi le plus économique. Comme
je le disais l'année passée, je pense que le Québec est
assez favorisé sur le plan de la distance. Si on passait par te
territoire québécois, ce serait au moins 400 milles de moins de
construction par rapport au tracé Manitoba-Ontario.
M. ROY: Est-ce que le ministère des Richesses naturelles du
Québec a fait des études à ce sujet et a soumis certaines
recommandations au comité...
M. MASSE: Non...
M. ROY: ... en vue de faire tes pressions nécessaires de
façon à faire valoir les avantages du Québec? Parce qu'on
sait très bien je pense que le ministre en conviendra avec moi
que si le gazoduc passait en territoire québécois, il est
évident qu'il y a des avantages énormes pour l'avenir du
Québec, pour le développe ment de tout te secteur, surtout
celui de la pétrochimie de la région de Montréal.
Etant donné que le Québec est intéressé
directement par cette question, je demande au ministre des Richesses naturelles
si, à l'intérieur des nombreuses études qui ont
été faites par te ministère, le Québec a fait des
représentations auprès de ces sociétés de
façon que les avantages que pourrait offrir te Québec ne soient
pas mis de côté, mais qu'il y ait quelqu'un qui soit
présent pour défendre tes intérêts de la
province.
M. MASSE: Oui, M. le Président. D'ailleurs, depuis l'annonce de
ce projet, on est entré en communication dès que possible et avec
le plus grand nombre d'arguments possible pour vendre le tracé
québécois auprès de la compagnie Panartic, entre autres
avec les autorités du gouvernement fédéral et, par
la suite, on a des échanges assez réguliers avec les
autorités de Trans-Canada Pipe Lines, qui est le principal gestionnaire
du projet.
M. ROY: Est-ce que le ministre pourrait nous dire, sans entrer dans le
détail des confidences et sans dévoiler des secrets qui
pourraient peut-être nuire aux négociations, s'il croit
qu'à ce stade-ci on peut être optimiste? Est-ce qu'on sera
favorisé ou...
M. MASSE: Je pense que c'est la même situation que l'année
passée, lors de l'annonce du projet. On a quand même la même
argumentation favorable au Québec. Je mentionnais tout à l'heure
la distance, qui est beaucoup plus courte par Québec. Il y a un autre
facteur, aussi très important, c'est que, pour une bonne partie,
c'est-à-dire près de 600 milles le tracé
québécois peut offrir une infrastructure routière qui est
appréciable et aussi un canal énergétique possible qui
pourrait être jumelé avec les lignes de transmission du projet de
la baie James.
M. ROY: Oui. Mais est-ce que le ministre a eu des informations voulant
qu'Ottawa favoriserait davantage le tracé du côté du
Manitoba plutôt que le tracé du côté du
Québec?
M. MASSE: A ce stade-ci, non. Je dois dire que le gouvernement
fédéral est sympathique, je pense, autant à la cause du
Québec qu'à celle du Manitoba, mais je crois que ce sont les
résultats des études techniques et économiques qui
définiront d'une façon plus précise le tracé et,
sur ce plan, nous avons bon espoir.
M. ROY: Est-ce que le ministre peut nous assurer à ce moment que
le gouvernement fédéral comme tel ne financera pas une
décision d'un côté plutôt que l'autre?
M. MASSE: Ecoutez...
M. ROY: Que le gouvernement fédéral va demeurer un
peu...
M. MASSE: Je ne peux pas vous dire...
M. ROY: ... comment dirais-je? Un peu en dehors de la question de
façon à ne pas pénaliser le Québec, compte tenu des
circonstances particulières dans lesquelles nous nous trouvons.
M. MASSE: Je pense que ce serait assez difficile pour le gouvernement
fédéral. De toute façon, c'est la compagnie Panartic qui a
à prendre la décision.
Par la suite, elle aura à se présenter devant l'Office
national de l'énergie où nous pourrons faire des
représentations. Je ne pense pas que le gouvernement
fédéral, en tout cas, j'ai bon espoir que le gouvernement
fédéral ne le fera pas.
M. ROY: Parce que nous avons des informations. Je me
réfère à un article paru dans le journal La Presse du 21
février 1974 cela ne fait pas tellement de temps, cela fait
quelques mois à peine dont je cite l'article: "Par exemple,
Ottawa souhaiterait que le gaz naturel destiné au marché de
Chicago soit livré à la ville frontière d'Emerson au
Manitoba, plutôt qu'à Muncie, une autre ville frontière du
Canada, située cette fois en Saskatchewan."
M. MASSE: Vous parlez d'un autre projet qui est le projet du
Mackenzie.
M. ROY: Cela n'est pas du tout la même chose.
M. MASSE: C'est complètement différent. C'est un projet
qui suit la vallée du Mackenzie, au Manitoba...
M. ROY: C'est complètement différent du projet de
pipe-line.
M. MASSE: ... alors que l'autre est pour acheminer du gaz naturel
découvert dans l'est de l'Arctique.
M. ROY: Pour ce qui a trait au gaz naturel comme tel, puisqu'au sujet du
pipe-line, du tracé du Québec et du tracé qu'il pouvait y
avoir du côté de Manitoba, le ministre nous a donné les
informations dont nous avions besoin. Mais la première question que j'ai
posée regardait surtout la question d'acheminer le gaz naturel de
l'Arctique via la vallée du Mackenzie. On voulait savoir si le projet
tenait toujours ou si le projet avait avorté tout simplement.
M. MASSE: Non, c'est un projet qui tient tout Ie temps, qui est toujours
à l'état de projet.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Avant de continuer, j'aimerais
mentionner un changement parmi les membres de la commission. M. Marchand
(Laurier) remplace M. Ma louin (Drummond).
Autres questions au programme no 7?
M. ROY: J'aurais beaucoup de questions, M. le Président. La
question du superport, je sais que nous en avons déjà
discuté à la commission parlementaire, mais ici on parle des
études. Est-ce que le ministre pourrait nous dire, à ce
moment-ci, quand le projet de superport pourra être
réalisé? Quand les décisions définitives
seront-elles prises à ce sujet?
M. MASSE: Les études effectuées depuis un
certain nombre de mois devraient nous permettre, au cours de
l'été, de recevoir un premier rapport de ces firmes conseils et
aussi de prendre une décision en ce qui concerne le site du port. Par la
suite, on devra poursuivre les études au niveau des détails,
quand aux plans et devis de la réalisation de ce projet.
Il faut dire que les études actuelles sont orientées vers
l'implantation d'infrastructures portuaires, en plus d'un oléoduc qui
transporterait le pétrole brut du site du port? jusqu'à
Montréal.
Sur toutes les questions soit de navigation, du mouvement des glaces, de
météorologie, de la faune aquatique et d'environnement terrestre
aussi. Pour l'ensemble de cette documentation, le premier rapport
préliminaire devrait nous parvenir au cours du mois de juillet. Il nous
permettra par la suite de prendre une décision quant au site où
il serait le plus économique et où il y aurait le moins
d'influence ou de répercussions sur l'environnement.
M. ROY: Est-ce que la question du gazoduc dont on parlait tout à
l'heure, je parle du choix du tracé du gazoduc, si celui-ci empruntait
le territoire québécois, pourrait influencer les décisions
que le ministère des Richesses naturelles pourrait prendre quant au
site?
M. MASSE: Non, il n'y a aucun rapport entre un port pour
superpétroliers et l'approvisionnement de gaz naturel de l'Arctique.
M. ROY: II n'y a aucun rapport entre les deux, c'est-à-dire qu'un
projet ne peut pas, autrement dit, risquer de nous faire perdre...
M. MASSE: Aucune relation.
M. ROY: Aucune relation entre les deux.
M. CHARRON: M. le Président, je voudrais demander au ministre de
commenter, en termes québécois, l'annonce faite par le
gouvernement fédéral récemment à savoir que deux
usines d'uranium enrichi seraient construites, que chacune exigerait de 2,000
à 2,500 megawatts d'énergie électrique. Comment le
ministre responsable des Richesses naturelles insère-t-il ces projets,
menés par le gouvernement fédéral, dans une politique de
l'énergie québécoise?
M. MASSE: Je pense que ce n'est pas exact de dire que le gouvernement
fédéral a annoncé telle chose. Il y a deux projets
d'usines d'uranium enrichi dont l'un est plus avancé que l'autre, qui,
pour un projet, regrouperait des intérêts européens, et
pour l'autre, des intérêts Brinco. Je dois dire qu'il est
absolument trop tôt actuellement pour dire si les deux projets sont
rentables et seront réalisés. Ils sont à une étape
très préliminaire où on effectue des études.
D'autre part, nous faisons examiner quelle serait la répercussion, par
exemple, de l'implantation de ces deux usines sur les besoins
énergétiques à venir, les besoins hydroélectriques
à venir, et aussi quels seraient les choix possibles entre utiliser
cette énergie pour la production d'uranium enrichi ou employer cette
même énergie, par exemple, pour nos industries secondaires.
Il y a toute une relation qu'on veut établir, mais, d'autre part,
il est vraiment trop tôt pour dire exactement s'il y aura
réalisation.
M. CHARRON: Jusqu'ici, à l'annonce de deux projets, vous avez dit
vous-même qu'un des deux était plus avancé que l'autre.
Jusqu'ici, la probabilité de voir ces projets réalisés
est-elle apparue à ce point sérieuse au ministère des
Richesses naturelles que déjà on commence à prendre des
décisions en conséquence?
M. MASSE: C'est très aléatoire actuellement parce qu'une a
besoin de la technologie qui est possession américaine. Je parle du
groupe BRINCO.
M. CHARRON: La Canadian Bechtel peut fournir parce qu'elle a
déjà fourni en...
M. MASSE: Ce n'est pas assuré. ... précédé
d'une entente entre les deux gouvernements et, d'autre part, l'autre projet,
comme je le disais tout à l'heure, qui est un procédé
très différent, un procédé européen, n'a pas
encore franchi le cap des études préliminaires. Alors, la
Société de développement de la baie James est
étroitement reliée à ce dernier projet et a
déjà assuré les entreprises européennes d'une
certaine participation au niveau des études primaires, pour les deux
prochaines années, si je me souviens bien.
M. CHARRON: Mais, vous, comme responsable de la politique
énergétique du Québec, diriez-vous que vous seriez
favorable actuellement à la réalisation d'un ou des deux projets
d'usine d'uranium enrichi?
M. MASSE: Pour répondre à votre question, il faudrait
avoir un plus grand nombre d'éléments pour se prononcer. Je pense
que l'étude que je mentionnais tout à l'heure, sur les
conséquences économiques de l'utilisation de
l'électricité pour des usines d'uranium enrichi par rapport
à des industries secondaires, est très importante dans une
décision semblable. Je ne pourrais pas répondre à cette
question maintenant. Je dois dire qu'on favorise, par exemple, la poursuite de
ces études nécessaires avant la prise de décision et c'est
uniquement à ce moment qu'on pourra vraiment prendre position.
M. CHARRON: Des projets d'aluminerie ont également
été annoncés et sont peut-être un peu plus
sérieux de la part du gouvernement fédéral. L'étude
et la réalisation semblent plus
préparées. Quelle est la réaction du ministre
québécois des Richesses naturelles?
M. MASSE: Je pense, encore là, que c'est à l'état
de projet et que, d'autre part, il faudrait voir quelle serait l'importance
également dans ce cas, parce que ce sont quand même des projets
assez récents. Il faut voir, dans ce cas aussi, avec le ministère
de l'Industrie et du Commerce, quelle est la conséquence sur les
besoins, surtout sur tes disponibilités hydroélectriques pour
l'avenir et comment on utilisera cette électricité à
l'avenir. Je pense que nous avons au Québec un outil pour vendre le
Québec, au point de vue de nouvelles implantations industrielles, qui
est une source d'énergie à bon marché et que nous comptons
utiliser dans les plus grands intérêts du Québec.
Il est évident, comme te mentionne M. Boucher, que les
disponibilités hydroélectriques à l'avenir ne seront pas
inépuisables et que ces coûts favorables que nous avons
actuellement, par rapport aux autres sources d'énergie, il faut pouvoir
les utiliser au maximum dans la période de temps où nous les
aurons.
M. CHARRON: Est-il exact de dire que si ces deux projets, par exemple,
d'usine d'uranium enrichi étaient réalisés, cela pourrait
signifier presque la moitié de la production d'énergie
hydroélectrique produite à la baie James, à elle seule,
quelque 5,000 mégawatts possiblement?
M. MASSE: Proche.
M. CHARRON: Des projets d'aluminerie s'ajouteraient à cela. Mais,
si je soulève cette question, tout en étant très profane
dans ces matières, c'est que cela a été simplement
mentionné, je ne sais plus à quelle époque dans les
journaux, comme une autre preuve d'un danger dans l'incohérence, entre
les deux niveaux de gouvernement, du développement
socio-économique du Québec. Une décision du gouvernement
central qui, par exemple, verrait la réalisation, tiendrait au moins
à une des deux usines d'uranium enrichi, sinon deux, après
s'être assuré de la technique nécessaire, interviendrait
directement dans l'utilisation de l'énergie hydroélectrique dont
les Québécois sont censés être les
propriétaires.
M. MASSE: Je pense que, justement, il appartient aux
Québécois de prendre les décisions appropriées dans
ces secteurs, que ce soit au niveau de l'exploitation de la ressource
elle-même ou dans son utilisation.
M. CHARRON: En tout cas, on suivra les développements de ces
projets au cours de l'année, et, surtout, on suivra la position que le
gouvernement du Québec maintiendra, si développement il y a.
M. ROY: J'aimerais revenir à la question du pipe-line, mais d'un
autre pipe-line. Il y a la question du pipe-line Ouest-Est, le pipe-line de
Sarnia-Montréal. On sait que le ministre avait fait des
représentations pour que ce pipe-line soit reversible. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire s'il a obtenu gain de cause à sa demande?
Est-ce que te pipe-line pourra servir à transporter le pétrole
dans les deux directions plutôt que dans une seule? Je m'explique, M. le
Président. Il faut quand même se rappeler qu'il n'y a pas
tellement de temps, il était plus avantageux pour le Québec de
s'approvisionner en pétrole sur tes marchés mondiaux, mais la
situation qui a prévalu depuis quelques mois, depuis une couple
d'années, a fait en sorte qu'actuellement, suite aux récentes
ententes avec le gouvernement fédéral, c'était plus
avantageux pour te Québec de s'alimenter en pétrole canadien, du
moins pour l'avenir. La situation peut encore changer dans dix ans ou dans
quinze ans. A ce moment-là, qu'est-ce qui arriverait, étant
donné que le Québec a quand même pris des engagements, mais
que le Québec trouverait plus avantageux de s'approvisionner sur les
marchés mondiaux et que le pipe-line pourrait éventuellement
être utilisé, si c'était prévu, pour transporter du
pétrole du Québec à d'autres régions du Canada?
M. MASSE: Oui, M. le Président. Contrairement à ce que
voulait le gouvernement fédéral, on a compris à un moment
donné que les ressources pétrolières de l'Ouest
étaient épuisa bles, et, comme je l'ai déjà
mentionné ici, qu'en 1980 on serait en déficit.
C'est-à-dire qu'actuellement, s'il y avait les disponibilités, on
pourrait fournir l'ensemble du territoire québécois en
pétrole de l'Ouest mais, comme je l'ai dit, on compte qu'il y aura en
1980 un déficit très important. Le gouvernement
fédéral a demandé à Trans-Canada Pipe Lines, qui a
à construire l'oléoduc c'est Interprovincial Pipe Lines,
pardon de préparer les plans de façon qu'il soit
reversible pour qu'à l'avenir, lorsqu'arrivera le temps où les
réserves de l'Ouest seront vraiment insuffisantes pour approvisionner
l'Est et l'Ouest, il soit avantageux qu'il soit reversible. Nous pensons en
effet qu'à ce moment-là il va être dans
l'intérêt canadien d'acheminer du pétrole importé
à partir du Québec.
M. CHARRON: A partir d'où, au Québec?
M. MASSE: C'est-à-dire pour que le pétrole importé
qui entrera au Québec puisse être acheminé, par la suite,
par l'oléoduc Montréal-Sarnia.
M. CHARRON: Vous considérez toujours Montréal comme le
terminus?
M. MASSE: Oui.
M. ROY: A ce niveau, le ministre peut nous
dire que la décision a été acceptée. La
décision est prise définitivement. L'oléoduc...
M. MASSE: L'Interprovincial Pipe Lines s'est présenté
dernièrement devant l'Office national de l'énergie pour deux
raisons, d'abord faire accepter le tracé qu'elle propose et,
deuxièmement, discuter des prix. Le gouvernement québécois
a fait des représentations pour qu'on ne discute pas de prix aussi
longtemps qu'on ne sera pas assuré du tracé. Cette demande a
été acceptée par l'Office national de l'énergie. On
est passé, par la suite, à l'impact que cette construction
pourrait avoir sur l'environnement.
On a représenté que le Québec était
insatisfait du tracé proposé, l'Office national de
l'énergie a renvoyé au Québec et à la compagnie le
soin de s'entendre sur un nouveau tracé qui pourrait préserver
davantage l'environnement. C'est l'étape où nous sommes
actuellement, le jugement reste à venir.
M. ROY: Est-ce que le Québec a fait des représentations ou
était intéressé comme tel à être
copropriétaire dans ce projet? Est-ce qu'il y a eu des
représentations faites au niveau du gouvernement du Québec?
M. MASSE: Non, aucune.
M. ROY: Est-ce que le ministre pourrait nous dire pourquoi le
gouvernement provincial ne s'est pas cru intéressé à
être copropriétaire, étant donné que c'est quand
même un projet d'une grande importance? Ce projet concerne le
Québec comme tel et si le Québec était
copropriétaire de l'Interprovincial Pipe Lines, il est évident
que nous aurions quand même un droit de parole, nous aurions des droits
de vote, nous aurions des droits de représentations, tandis que ce que
nous avons à l'heure actuelle, c'est d'être limité à
faire valoir nos droits, nos revendications vis-à-vis de l'Office
nationale de l'énergie.
M. MASSE: D'abord, il faut dire que c'est un projet important, de $150
millions au moins, et que, d'autre part, on ne voit pas l'intérêt
du Québec à participer financièrement à un projet
semblable. Du fait que les activités de transport du pétrole brut
sont régies par le gouvernement fédéral, donc, il existe
déjà un mécanisme de contrôle. Alors que quand on
parle d'une présence de l'Etat dans le secteur témoin, le secteur
du raffinage, la situation est vraiment différente du fait
qu'actuellement tout ce secteur de l'importation du pétrole brut est
très peu contrôlé et on ne sait à peu près
pas ce qui se passe quand on sort du Québec ou même du Canada.
Etant donné que ce sont des entreprises multinationales
intégrées complètement du pays producteur au consommateur,
cette présence, à mon avis, dans cette situation, est
nécessaire. Mais je ne verrais pas les avantages de débourser des
millions pour prendre une participation dans un oléoduc dont les
activités sont pleinement contrôlées.
M. ROY: Vous êtes assuré que le gouvernement du
Québec a tous les moyens voulus pour être en mesure de se faire
entendre et être capable de faire connaître son point de vue, de
plaider la cause des intérêts du Québec dans le cadre de la
structure actuelle. Quand je parle de structure actuelle, je parle de la
compagnie Interprovincial Pipe Lines.
M. MASSE: L'expérience nous prouve que; quand on a des
revendications sérieuses, elles ont toujours reçu l'attention
voulue. Il faut dire qu'il y a très peu de temps qu'on témoigne
devant cet organisme et que, depuis un an ou deux, je pense que cela a vraiment
favorisé les intérêts québécois. Si on
examine, par exemple, le jugement d'une nouvelle tarification du gaz naturel
qui était beaucoup plus dispendieux à cause des coûts de
transport supplémentaire à Montréal, maintenant on a une
seule zone qui est Toronto-Montréal où on vend le gaz au
même prix, suite aux représentations concernant le tracé.
L'expérience nous démontre que, dans ce domaine, quand on a des
revendications sérieuses et étoffées, l'office nous
entend.
M. ROY: Moi, je me pose de sérieuses questions à ce
moment, puisqu'on parle d'un secteur témoin dans lequel le ministre peut
justement connaître toutes les données, tous les problèmes,
toutes les facettes de cette importante question de l'énergie au niveau
du pétrole, de l'industrie pétrolière.
Mais si les usines ne sont pas alimentées, qu'elles ont des
difficultés au niveau de l'alimentation, au niveau du transport, je ne
pense pas, que nous ayons un secteur témoin ou non à ce
moment-là, que les problèmes sont définitivement
réglés. Je pense qu'il faudrait commencer par le commencement. Il
faudrait quand même s'assurer que Québec, par des moyens
précis, par des dispositions prises par le gouvernement provincial, ait
quand même droit au chapitre et participe aux décisions. C'est
qu'un pouvoir de revendication, parfois cela fonctionne, parfois cela
fonctionne moins bien et parfois cela ne fonctionne pas du tout.
Etant donné qu'il s'agit de l'approvisionnement en pétrole
de toutes les usines de la région de Montréal, je pense, à
ce moment-là, que plutôt que de laisser à d'autres de
contrôler, de décider, même si nous pouvons faire certaines
revendications, le gouvernement aurait dû faire preuve d'un peu plus
d'audace. Sans avoir une affaire étatisée, il aurait pu au moins
prendre certaines dispositions et s'assurer d'avoir quelqu'un en
autorité qui, pourrait représenter les intérêts du
Québec à l'intérieur de cela.
M. MASSE: Evidemment, on peut diverger d'opinion. Je pense qu'il est
plus important de
contrôler au niveau de l'approvisionnement que de contrôler
au niveau des transports.
M. ROY: Cela, c'est l'opinion du ministre? M. MASSE: Oui.
M. ROY: Disons que je me permets d'avoir bien des réserves
là-dessus. Maintenant, il y a aussi un autre projet de pipe-line dont il
a été question, un projet de pipe-line qui relierait le
Bas-St-Laurent à Buffalo. Le gouvernement canadien a
étudié la possibilité de construire un pipe-line entre le
Bas-St-Laurent, au Québec, et Buffalo, dans l'Etat de New-York.
C'est le ministre fédéral de l'Energie, des Mines et des
Ressources, M. Donald Macdonald, qui, au cours d'une entrevue accordée
à des journalistes du Québec, avait fait part de ce projet.
Est-ce que le ministre a été effectivement informé de ce
projet? Est-ce que le ministère des Richesses naturelles a fait des
études à ce sujet-là? Est-ce qu'il y a des
représentations qui ont été faites? En un mot,
globalement, est-ce que le ministre pourrait nous dire où ce dossier en
est rendu actuellement?
M. MASSE: M. le Président, c'est un projet d'entreprise
privée qui voudrait approvisionner Buffalo à partir d'un port
futur sur le Saint-Laurent. Ce n'est pas un projet qui, actuellement, a connu
tellement d'évolution dernièrement de la part de l'entreprise
privée. D'autre part, nous nous préoccupons premièrement
d'approvisionner le Québec par le port et ce pipe-line jusqu'à
Montréal. C'est notre préoccupation première.
Si, par la suite, compte tenu des différentes contraintes, compte
tenu des intérêts, de la rentabilité pour le Québec
surgit un projet de prolongement de ce pipe-line de Montréal à
Buffalo, cela est vraiment un aspect supplémentaire qui vient s'ajouter
au projet spécifiquement québécois.
M. ROY: Quelle serait l'attitude du gouvernement du Québec,
advenant que des décisions seraient prises à ce sujet-là
par les compagnies privées?
M. MASSE: Ce n'est pas possible de prendre une décision semblable
aussi longtemps qu'il n'existera pas un port, à moins que l'entreprise
elle-même veuille construire un port; mais cette décision ne peut
se prendre aussi longtemps qu'il n'existera pas un port pour
superpétroliers au Québec, et qu'il n'y aura pas de pipe-line du
port jusqu'à Montréal. C'est impossible.
M. ROY: Maintenant, est-ce que le ministre sait s'il est exact que
plusieurs Etats de la côte de l'Atlantique auraient fait d'assez fortes
représentations de façon à éloigner les
superpétroliers de la côte de l'Atlantique, la côte est des
Etats-Unis à cause des dangers que cela peut comporter? Est-ce que le
ministre est au courant de ce fait? C'est un des problèmes majeurs
qu'auraient à affronter les entreprises américaines à
l'heure actuelle, car on sait très bien que la crise de l'énergie
que nous avons eue, est une crise artificielle. Elle a été
imposée, organisée par le cartel du pétrole, un cartel
mondial. Bien des débats politiques ont eu lieu à l'issue de tout
cela, mais on sait très bien que le pétrole n'est pas plus rare
qu'il l'était; la preuve, c'est qu'il commence déjà
à y avoir une concurrence assez accélérée entre
différentes compagnies. En somme, cela a été fait,
à un moment donné, pour ameuter l'opinion publique et de faire
accepter aux gens les risques considérables que courent les populations
qui vivent le long des côtes face aux superpétroliers et aux
dangers d'accidents qu'il y a.
M. CHARRON: J'ajouterai à cela, M. le Président, pour
confirmer les propos que vient de tenir le député de Beauce-Sud,
qu'en outre le directeur général de l'énergie au
Québec, M. Boucher, a mentionné, dans une causerie qu'il a
prononcée en mai, au début du mois qui vient de s'achever... Non
seulement, je pense, a-t-il corraboré l'allusion que vient de faire le
député de Beauce-Sud quant à l'existence de ce cartel et
à l'artificialité de la crise dont les compagnies auraient
largement profité, mais aussi les gouvernements, a-t-il
mentionné, en aurait également largement profité. Si les
propos qu'on lui rapporte sont exacts, M. Boucher aurait même
dressé, devant l'Association des directeurs de recherche du Canada,
réunis à Québec, un tableau de la situation internationale
de l'énergie où il n'écarte pas, aussi fidèlement,
que les compagnies auraient joué avec l'opinion publique pour
créer cette crise, et qu'en fin de compte, les gouvernements en auraient
également profité parce que, dit-il, les gouvernements je
ne le cite pas au mot, mais on le rapporte ainsi avaient
intérêt à ce que le prix du pétrole augmente, car
ils retirent des sources importantes de revenus de ce pétrole.
C'est ce qu'il faut retenir, car ils ont fait de l'énergie un
"trade game" une sorte d'homogénéisation du marché mondial
de l'énergie. Dans le cas du pétrole, notamment, M. Boucher croit
que les producteurs vont presser jusqu'à la limite le citron du
pétrole pour en tirer le maximum, la limite étant les conflits
militaires.
Pour M. Boucher également si on le rapporte encore une
fois fidèlement les prix du pétrole vont augmenter comme,
d'ailleurs, ceux des ressources naturelles, dont le Tiers-Monde vient de
prendre conscience. L'Amérique du Nord semble mieux placée pour y
faire face et plus vulnérables seraient l'Europe et le Japon.
Donc, M. le Président, je ne veux pas noyer, dans mon
intervention, ce qui était contenu comme question dans les derniers
propos du
député de Beauce-Sud, mais j'aimerais peut-être
entendre du ministre responsable un commentaire à ce que nous avons
affirmé.
M. MASSE: M. le Président, il est évident que la situation
qu'on a connue l'hiver dernier, en grande partie... Je pense qu'on peut assumer
que les pays producteurs ont, par leur action, été la principale
cause de cette situation dramatique, à un moment donné, au cours
de l'hiver, mais que, d'autre part, il est évident aussi que les
activités des entreprises qui sont peu nombreuses dans ce secteur, qui
sont fortement intégrées, peuvent avoir une action qui soit
défavorable au consommateur.
Je pense que je ne pourrais pas nier que même sur le plan
concernant, d'une façon plus intime, le marché de la
distribution, par exemple, au Québec, plusieurs ont soulevé, au
cours de ces débats en commission parlementaire, qu'il y avait des
illégalités qui se produisaient.
En termes de revenus, évidemment, le Québec, qui a
très peu de sièges sociaux de ces entreprises, peut
peut-être, en profiter moins largement, mais je dois dire que c'est une
des raisons pour lesquelles nous avons créé un comité
interministériel qui examine présentement toute la
fiscalité que ces entreprises rapportent aux gouvernements
québécois et canadien.
Pour revenir à la question principale, je pense que le
député de Beauce-Sud est aussi d'avis que depuis un certain
temps, depuis cet hiver, entre autres, que les oppositions au projet
d'infrastructures portuaires aux Etats-Unis seront beaucoup moins
importantes.
D'autre part, nous avons aussi examiné au Québec
l'ensemble des retombées écologiques, parce qu'évidemment
c'est un projet économique, mais qui a une incidence sur
l'environnement. Il peut avoir des incidences très importantes.
Actuellement, on peut dire que des études se font pour en arriver
à déterminer le site le plus rentable de ce port pour le
Québec. Il y a au moins 25 p.c. d'efforts et d'argent qui sont
consacrés en études qui vont uniquement aux questions
d'environnement. Lorsqu'on aura les rapports des différents groupes de
travail nous pourrons véritablement prendre une décision.
Quand on parle de ports pour superpétroliers, c'est qu'à
l'avenir, nous devrons nous approvisionner à partir des pays comme
l'Iran, l'Arabie Saoudite, les pays du Moyen-Orient qui sont, contrairement
à ce qui se passe actuellement où la grande partie de notre
pétrole nous provient du Venezuela.
Or pour réaliser des économies d'échelle, il est
important que ce soient des immenses pétroliers qui transportent ce
pétrole. Evidemment, cela réduirait le nombre de
pétroliers sur les mers, dans le golfe et sur le Saint-Laurent
jusqu'à l'endroit où pourra être établi ce port pour
superpétroliers, contrairement à ce qui existe actuellement
où on a un ensemble de petits pétroliers qui nous apportent du
pétrole. Car c'est une source beaucoup plus grande de pollution; parce
qu'il semble, selon un spécialiste, que ce ne soit dans des pertes ou
dans des collisions qu'il y aurait la plus grande source de pollution, mais
davantage dans le versement des petits et des gros pétroliers.
De toute façon, c'est l'ensemble de ces questions dont il faudra
avoir des différents éléments pour qu'il y ait une
décision. Comme je vous le disais, au cours du mois de juillet, je
devrais recevoir le premier rapport qui devrait être un document qui
puisse nous permettre de faire un choix. Je m'excuse, M. le Président.
Comme je le disais tout à l'heure, nous avons besoin d'importer pour les
20 et 25 prochaines années. Il est essentiel, dans ces conditions, que
nous ayons des projets qui nous rendent moins dépendants des Etats-Unis,
comme nous le sommes actuellement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
L'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, j'aimerais faire une remarque ici,
pour le député de Beauce-Sud et le député de
Rouyn-Noranda, qui est absent. Ce dernier, dans une déclaration
d'ouverture le député de Saint-Jacques, d'une
manière indirecte la reflétait a semblé dire que le
gouvernement du Québec avait profité de l'inflation des prix du
pétrole au Québec. Cela ne tient pas debout, parce que la taxe
sur le pétrole est une taxe fixe de $0.19 le gallon, peu importe le prix
vendu à la pompe. Ce n'est pas une taxe qui est indexée. C'est
une taxe qui est fixe, peu importe le prix. Je ne vois pas comment le
Québec profite de l'inflation avec une taxe fixe.
M. ROY: Je ne voudrais pas, M. le Président, sur le point
soulevé par mon bon ami, le député de L'Assomption, aller
dans les principes, dans les notions d'économie politique. Je voudrais
quand même signaler à son attention que la crise de
l'énergie a été la plus grande cause de l'inflation que
nous connaissons présentement...
M. PERREAULT: Je vous parle...
M. ROY: ... dans tous les domaines. Je suis d'accord avec lui lorsqu'il
parle des taxes directes que le gouvernement a reçues.
M. PERREAULT: Votre collègue a parlé de cela dans sa
déclaration d'ouverture. C'est vrai qu'au fédéral c'est
indexé. C'est pris à la source. Plus le prix est haut, plus il en
profite. Ce n'est pas le cas du Québec.
M. ROY: Ce que nous voulons dire, lorsque nous disons que l'inflation a
profité au gouvernement, c'est que la population doit avoir recours
à des augmentations de salaire.
M. PERREAULT:L Ce n'est pas ce que votre collègue de
Rouyn-Noranda a dit.
M. ROY: Ecoutez, je ne peux pas interpréter les propos de mon
collègue, mais j'étais présent à l'Assemblée
nationale lorsqu'il a fait une déclaration...
M. PERREAULT: C'est ici que cela a été fait, et non
à l'Assemblée nationale.
M. ROY: ... dans ce sens. Lorsqu'on dit que le gouvernement a
profité de l'inflation, l'inflation a fait son affaire, je l'ai dit et
je l'ai répété moi-même à maintes reprises.
Ce n'est pas au niveau de la taxation directe. On l'a toujours dit et on l'a
toujours répété. Je le cite encore aujourd'hui. C'est au
niveau de la perception de la masse globale des revenus du gouvernement, parce
que les gens doivent avoir recours à des augmentations de salaire pour
être en mesure de faire face à l'inflation. A ce moment, ils sont
imposés sur une autre "bracket". Ils ne paient plus le même
pourcentage d'impôt. La hausse des produits permet au gouvernement de
percevoir plus d'argent, plus de dollars sur le même produit vendu. C'est
dans ce sens. On sait très bien que la taxe sur l'essence je suis
d'accord avec le député de l'Assomption est
demeurée la même.
M. PERREAULT: C'est cela.
M. ROY: C'est un point et je tiens bien à être d'accord
là-dessus. C'est par voie de conséquence, lorsque nous disons que
le gouvernement a bénéficié de l'inflation.
Je veux revenir sur la question principale, parce que j'ai bien compris
ce que le ministre vient de nous dire. Il y a la question d'approvisionnement
du Québec. C'est un point qui nous préoccupe d'une façon
particulière. Il y a aussi le point sur le fait que le Mid-West
américain a besoin, lui aussi, de s'approvisionner, et qu'il regarde de
plus en plus vers le Québec comme moyen, comme endroit, comme site par
où le pétrole pourrait passer pour aller alimenter les usines des
grands centres du Mid-West américain.
Je pose la question suivante et je l'ai posée tout à
l'heure au ministre: Compte tenu du fait qu'il y a eu beaucoup de pressions et
de représentations qui ont été faites par les
municipalités, par les villes situées sur la côte est des
Etats-Unis, nous avons non seulement le droit, mais le devoir d'avoir les
mêmes préoccupations au Québec.
Je sais très bien que le ministre nous a dit tantôt que
l'opposition était moins forte aux Etats-Unis que celle qu'on a connue
depuis quelques mois. On sait très bien pourquoi. C'est parce que les
compagnies de pétrole ont fait brandir le spectre, la menace de la crise
de l'énergie. A ce moment, il est évident qu'on peut accepter
bien des choses lorsqu'on se sent menacé, lorsque notre
sécurité est menacée mais je pense que le gouvernement
et j'aimerais dire ceci au ministre à ce moment ne doit
pas tolérer que le golfe et le fleuve Saint-Laurent deviennent le chenal
qu'emprunteraient les superpétroliers pour alimenter le Mid West
américain avec les risques que cela peut comporter.
Je ne suis pas un spécialiste, je n'ai pas fait d'études
et je n'ai pas en main une copie des études qui ont été
faites par le ministère à ce sujet, mais il faudrait quand
même qu'on pense bien aux risques que cela peut comporter pour le
Québec, pour les localités situées le long des rives du
fleuve et même pour les îles que nous avons. Si on songe que cela
peut quand même avoir des conséquences jusque vis-à-vis de
la Vieille Capitale comme telle, qu'est-ce qui pourrait arriver si un
pétrolier de 200,000 ou de 250,000 tonneaux, à la suite d'une
collision, s'éventrait dans le fleuve et que sa cargaison soit perdue?
Quelles en seraient les conséquences? Il faudrait que des études
soient faites à ce sujet. Ce sont des éventualités que
personne ne souhaite, j'en conviens et tout le monde en conviendra, mais ce
sont quand même des choses qui sont du domaine des
possibilités.
M. MASSE: Croyez bien que pour nous aussi du gouvernement, actuellement,
ce projet est une de nos grosses préoccupations. Je le disais
tantôt, il y a au moins c'est un projet économique
25 p.c. de nos efforts et des sommes qu'on y consacre actuellement qui vont
pour l'environnement. C'est à la suite de ces études qu'on pourra
juger de la valeur du projet par rapport à l'économie.
M. ROY: Sur un autre point, et cela m'amène à aller un peu
plus loin, l'an dernier, on nous a fait part il y a peut-être deux
ans de grandes découvertes de bancs de sel dans la région
des Iles-de-la-Madeleine. Il y a eu une personne, à un certain moment,
qui a fait une grande déclaration. Il y a eu de longs articles dans les
journaux. On a parlé de la possibilité d'aménager ce qui
pourrait servir, en quelque sorte, de réservoir pour le pétrole
comme tel, par un système adapté spécialement à
cela.
Est-ce que des études ont été faites au niveau du
ministère des Richesses naturelles à ce sujet?
M. MASSE: On a émis des permis de prospection de réservoir
souterrain. C'est le terme dont on se sert pour emmagasiner du pétrole
ou du gaz et c'est au niveau d'un permis d'exploration que cela a
été émis sans qu'il y ait de développement.
M. ROY: Est-ce qu'un seul permis a été émis?
M. MASSE: Aux Iles-de-la-Madeleine, oui.
M. ROY: Et à quelle entreprise le permis a-t-il été
émis?
M. MASSE: C'est le groupe Laduboro.
M. ROY: C'est le groupe Laduboro. Jusqu'à maintenant, vous n'avez
eu aucun rapport des études qui ont pu être faites sur les
recherches faites dans ce domaine?
M. MASSE: On me dit que cela peut prendre au moins encore une couple
d'années d'exploration avant de pouvoir prouver que des
réservoirs découverts pourraient servir à l'emmagasinement
de pétrole.
M. ROY: Est-ce que SOQUIP participe également à ces
recherches?
M. MASSE: C'est SOQUEM en association avec Laduboro.
M. ROY: C'est SOQUEM en association avec Laduboro.
M. MASSE: Oui, c'est cela.
M. ROY: Alors, il y a des gens de SOQUEM qui travaillent avec les gens
de Laduboro...
M. MASSE: C'est cela, oui.
M. ROY: ... pour être en mesure de fournir les rapports
nécessaires au gouvernement.
M. MASSE: C'est cela.
M. ROY: Mais vous ne pouvez pas à ce moment-ci...
M. MASSE: Non, c'est à l'état de développement.
M. ROY: C'est à l'état de développement pur et
simple. Est-ce qu'il y a d'autres projets d'oléoduc qui sont
actuellement...
M. MASSE: Cela suffit.
M. ROY: Je pense que ce sont des questions quand même assez
importantes. Il aurait bien pu y avoir d'autres projets qui ont passé
complètement inaperçus.
M. MASSE: Cela suffit comme cela.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 7. Adopté.
M. MASSE: Remarquez bien qu'on voudrait bien les voir se
réaliser.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai fait allusion, tout à
l'heure, à une conférence prononcée par M. Boucher, dans
laquelle il y avait certaines affirmations que je prends comme fondées
et vraies, mais sur lesquelles j'aimerais obtenir plus de précisions que
celles que m'ont rapportées les journaux en cette matière. Par
exemple, cette question de la demande d'énergie, dans ses
prévisions. Je pense que l'ensemble du texte et de la conférence
de M. Boucher vu le poste qu'il occupe, il mérite notre attention
était très optimiste, d'abord, quant aux ressources des
Québécois et aussi quant au tarif que ces Québécois
auront à payer pour l'utilisation de ces ressources
énergétiques. J'aimerais d'abord demander comment on peut se
permettre de rapporter les propos de M. Boucher en commençant une phrase
comme ceci: "Prenant pour acquis que les prix du pétrole, de
l'électricité et du gaz seront à peu près les
mêmes vers le milieu des années quatre-vingt, le directeur
général, etc.." Est-ce qu'on a bien interprété
je vous donne toute liberté M. Boucher en résumant
sa pensée dans cette phrase? Deuxièmement, si c'est exact, sur
quoi ces prévisions optimistes sont-elles fondées?
M. MASSE: Je laisserai la parole à M. Boucher, aux conditions
habituelles.
M. CHARRON: Bien sûr.
M. MASSE: On assume que les prix de l'énergie, entre 1980 et
1990, seront à peu près sensiblement les mêmes, mais compte
tenu de tous les facteurs pertinents, y compris les facteurs qu'on appelle
d'utilité marginale, ce qui veut dire les coûts sociaux. Certaines
formes d'énergie peuvent coûter en dollars, par unité,
moins cher. Lorsqu'on évalue les trois formes d'énergie,
concurremment l'une à l'autre, il faut que nous tenions compte de tous
les aspects écologiques, économiques, sociaux, contenus
canadiens, québécois, etc. C'est exactement ce que je voulais
dire. On a passé le temps où on regarde seulement le coût
en cents par kWh, ou en cents par BTU. On doit évaluer l'énergie
en X unités par BTU, compte tenu de tous les facteurs qu'on essaie de
quantifier le plus possible. Qu'est-ce que cela vaut, par exemple, une
unité d'énergie faite au Québec, comparativement à
une unité d'énergie faite à l'extérieur? Exemple,
l'effet sur la balance des paiements. Cela a un effet qu'on appelle
fantôme, mais, tout de même, qui est réel et qui affecte la
totalité de l'économie québécoise.
M. ROY: C'est cela.
M. CHARRON: Si je vous saisis bien, ce n'est pas comme quantité
objective que les prix seront immuables. C'est plutôt dans la proportion
qu'ils occupent actuellement dans l'ensem-
ble de l'activité économique. Est-ce cela que vous voulez
dire?
M. MASSE: Oui, on évaluera l'énergie, qu'est-ce qu'elle
vaut pour le consommateur québécois.
M. CHARRON: Mais dans une phrase comme celle qu'on a
résumée, est-ce que vous affirmiez, par exemple, que le
coût de l'électricité pour le consommateur moyen de
Victoria-ville, par exemple, ou d'ailleurs, sera le même en 1980? Est-ce
qu'à partir d'une pareille affirmation, le consommateur peut se
sentir...?
M. MASSE: II ne sera pas nécessairement le même en dollars
par BTU, mais il sera, pour lui, le même que s'il achetait du
pétrole. Aujourd'hui, des gens peuvent décider d'utiliser
l'électricité, même si elle leur coûte plus cher par
unité de chauffage, parce qu'il y a d'autres facteurs subjectifs:
commodité, propreté, etc., qui, pour eux, les font évaluer
cette énergie au même coût total qu'une autre forme
d'énergie. C'est exactement l'idée qu'on veut traduire.
M. CHARRON: D'accord.
M. ROY: C'est un peu compliqué lorsqu'on parle d'une formule de
cette façon.
M. MASSE: C'est la seule formule. Si on vous propose aujourd'hui du
chauffage électrique contre du chauffage au mazout, vous allez prendre,
comme consommateur, une décision. Vous pouvez convenir de payer plus
cher pour du chauffage électrique parce qu'à vous, cela vaut
cela. C'est cela qu'on essaie d'évaluer. Anciennement, c'était
facile, parce que les coûts n'étaient pas tellement
énormes. Mais aujourd'hui, les sommes à mettre en jeu sont
tellement formidables qu'il faut essayer de quantifier ces impondérables
de la façon la plus probante possible.
M. CHARRON: Mais l'objectif est que la consommation des trois sources
différentes d'énergie se fasse à peu près au
même prix?
M. MASSE: Compte tenu de tous les facteurs, oui. Ce n'est pas l'objectif
de l'amener, cela va arriver inévitablement. Dans le fond, c'est le
consommateur qui est l'arbitre final. C'est lui qui choisit. Il faut que le
consommateur ait tous les éléments possibles à sa
disposition pour pouvoir faire un juste choix.
M. CHARRON: Mais, pour le consommateur, cette uniformisation des prix
entre les trois sources d'énergie, qui est inévitable dans les
lois du marché où elles sont concurrentes pour le moment, est-ce
que cela peut vouloir dire une hausse d'une certaine source d'énergie
dont il profite actuellement, mais que les lois du marché inviteront
à rejoindre les prix plus élevés d'une autre source
d'énergie pour le moment?
M. MASSE: Cela se peut. Dans le passé, le mécanisme ne
pouvait pas jouer adéquatement parce que certaines sources
d'énergie n'étaient tout simplement pas disponibles. Par exemple,
il n'y a pas de gaz naturel à Bécancour; alors s'il n'est pas
disponible, on ne peut pas le considérer comme concurrent. Le meilleur
arbitre, c'est encore le consommateur lorsqu'il a plusieurs choix à sa
disposition. Il faut que ce soit un consommateur éclairé, mais le
problème clef en est un, au tout début, d'approvisionnement.
Alors, on dit: Au meilleur prix, compte tenu de tous les facteurs.
M. CHARRON: Des trois sources d'énergie, actuellement, laquelle
est, pour le consommateur, la moins coûteuse?
M. MASSE: Par unité calorifique, c'est le gaz naturel. Dans un
deuxième temps, c'est le pétrole et, en un troisième
temps, l'électricité; mais cela ne s'applique pas dans tous les
cas, cela dépend dans quel domaine vous l'utilisez, soit le
résidentiel, le commercial ou l'industriel.
M. CHARRON: Si nous prenons cette échelle que vous venez de
donner, est-il possible de prévoir, vers le milieu des années
quatre-vingt, si j'ai bien compris ce que vous avez affirmé devant
l'association, que les prix de l'électricité, qui sont les plus
élevés par unité calorifique pour le consommateur vont
descendre au niveau des prix du gaz naturel, ou si c'est le gaz naturel qui va
finir par coûter aussi cher que l'électricité?
M. MASSE: Je crois qu'on me permettra de dire que c'est le gaz naturel
qui monte.
M. CHARRON: C'est pour cela qu'une affirmation comme celle-là,
lorsqu'elle se rend sur la table du consommateur, prend une proportion souvent
différente. On peut se réjouir à la lecture d'un texte qui
annonce qu'inévitablement, à cause des lois du marché,
l'approvisionnement, etc, tous les facteurs que vous avez mentionnés, on
peut tenir pour acquis que les prix du pétrole, de
l'électricité et du gaz seront à peu près les
mêmes au milieu des années quatre-vingt. Il ne faut pas se
réjouir trop vite. Cela veut dire que ce qui coûte le moins cher
actuellement va finir par coûter aussi cher que ce qui coûte le
plus cher, et non pas l'inverse. Ce n'est pas le prix le plus haut qui va
descendre vers le plus bas. C'est une mauvaise nouvelle, en fin de compte, que
d'apprendre que ceux qui utilisent actuellement le gaz, qui est la source par
unité calorifique la moins coûteuse, qui en
bénéficient donc par rapport à ceux qui paient
l'électricité, finiront par avoir le même taux. Là,
j'admets la deuxième distinction que vous avez mise dans votre
réponse tout
à l'heure, à savoir que le choix du consommateur pourra
être plus éclairé. Il pourra choisir la propreté
comme un élément décisif dans son choix plus que le simple
coût par unité calorifique; la sécurité
également est un autre facteur qui entre en ligne de compte.
Quant aux prévisions de croissance dans la demande de
consommation d'énergie électrique, le taux actuel est de 7.9 p.c.
N'est-ce pas le taux de croissance annuel? C'est le taux d'Hydro-Québec.
Est-ce qu'on peut 'prévoir qu'il va atteindre 10 p.c. et même 15
p.c, comme certaines gens ont prévu comme taux d'augmentation
annuel?
M. MASSE: D'ici la fin de juillet, on devrait avoir, de la part
d'Hydro-Québec, un document sur les nouvelles prévisions de
demande qui seront examinées par le ministère avec
HydroQuébec.
M. CHARRON : Je vois revenir mon collègue de Saguenay, mais j'ai
quand même commencé quelque chose que je voudrais terminer. Quand
on dit que la croissance de demande d'énergie électrique est 7.9
p.c, c'est au cours de quelle année passée?
M. MASSE: On dit que ce serait 7.8 p.c. Ce serait pour les dix
années passées.
M. CHARRON: Sans avoir en main le document qu'Hydro-Québec vous
remettra en juillet, j'en conviens, les prévisions faites pour
l'exercice financier de l'année passée prévoyaient-elles,
pour la fin de la décennie dans laquelle nous sommes, une progression de
7.8 p.c? Ou prévoit-on une progression géométriquement
plus élevée?
M. MASSE: Si je me souviens, la prévision pour les années
futures était basée sur les chiffres des dix dernières
années.
M. CHARRON: C'était pour combien d'années futures?
M. MASSE: Sans les projections de la demande basées sur
l'expérience historique, Hydro-Québec assumait qu'à
l'avenir le taux de croissance serait de l'ordre de 7.8 p.c. Il n'y avait pas
de raison à ce moment-là de croire que ce serait autre chose que
ça parce que les prix des formes concurrentes d'énergie avaient
été, dans le passé, relativement stables avec une hausse
du pétrole par exemple, mais non pas considérable comme celle
qu'on a connue récemment. Les prix des formes concurrentes
d'énergie étant relativement stables, HydroQuébec avait
raison de croire que l'expérience du passé se
répéterait dans l'avenir.
M. CHARRON: L'expérience de cette année, la nouvelle
donnée de la hausse des prix du concurrent pétrole, va-t-elle
affecter les prévi- sions d'Hydro-Québec au point de faire
prévoir une demande plus accrue que celle prévue l'an
passé?
M. MASSE: C'est justement l'étude qu'Hydro-Québec s'est
occupée de faire avec autant de célérité que
possible parce que c'est une situation qui s'est présentée
rapidement. Les résultats de cette étude ne sont pas encore
connus, l'étude n'est pas encore terminée. Peut-être
qu'à Hydro-Québec, cette étude est à peu
près terminée, mais Hydro-Québec n'est pas en mesure de
nous la remettre pour discussion.
M. CHARRON: Est-ce que, au cours de cette étude,
Hydro-Québec va se pencher sur le problème de la tarification,
par la suite, si elle prévoit une hausse de demande plus substantielle
ou moins substantielle qu'elle ne l'avait prévue? Moi, je penserais
qu'elle serait plutôt plus substantielle. Est-ce qu'elle pourra
prévoir, dans le même document, les effets que cela aura sur le
prix à la consommation?
M. MASSE: C'est une autre raison, la question des revenus
nécessaires à Hydro-Québec pour assumer les
investissements qu'il y a à assumer. C'est une autre question, c'est
vraiment le programme de financement nécessaire pour remplir le
programme d'investissement à envisager pour se donner les
équipements nécessaires à la production. Les
prévisions de la demande sont un élément du portrait; il y
a la demande, il y a les équipements nécessaires pour faire face
à cette demande, plus le financement, la part d'autofinancement, ce qui
est essentiellement les tarifs, plus les programmes d'emprunt. C'est à
peu près comme ça que le programme d'Hydro-Québec est
construit et c'est sur celui-ci que le gouvernement devrait se pencher d'ici
quelques mois.
M. CHARRON: D'accord. Cela veut dire que dans le document que le
ministre connaîtra en juillet prochain, qui lui sera remis par
HydroQuébec, il y aura uniquement une prévision de demande. Par
la suite, j'imagine qu'Hydro-Québec aura à se pencher sur ce que
veut dire cette prévision de demande au point de vue des investissements
et des équipements et soumettra à nouveau, j'imagine, au ministre
responsable, ces besoins.
M. MASSE: Etant donné que la commission devra entendre
Hydro-Québec vers le milieu de juin, si je me souviens bien, il est
possible aussi qu'Hydro-Québec puisse même nous donner des
statistiques à partir de cette recherche.
M. CHARRON: Si je pose cette question, c'est évidemment dans le
but de savoir si la prévision d'une hausse de demande va
nécessiter pour Hydro-Québec d'avoir plus de revenus et donc se
transposer dans une augmentation des tarifs au consommateur.
Déjà, on sent dans la
publicité d'Hydro-Québec, dans les informations que
diffuse Hydro-Québec, cette espèce d'avertissement au
consommateur disant: Pensez-y deux fois avant de transfromer votre
système de chauffage à l'huile à celui de
l'électricité. Il se peut, je pense, déjà dans
l'esprit des dirigeants d'Hydro-Québec, que la hausse de demande
signifiant besoin de revenus supplémentaires signifie aussi une hausse
de tarifs pour les consommateurs. Il s'agit donc de ne pas se laisser
emporter.
M. PERREAULT: Ce n'est pas nécessairement seulement ça. Si
le changement de demande a lieu trop brusquement, ça vient perturber les
disponibilités qui existent.
Alors, il est mieux que ça se fasse graduellement. Parce qu'on a
assisté, depuis la crise du pétrole... On le voit par les
manufacturiers d'appareils électriques. Ils sont débordés
par ce qu'on appelle des "back-orders" de plusieurs mois. Si cette demande va
trop vite dans le changement avec l'électricité, on vient de
perturber toutes les prévisions de disponibilités
d'HydroQuébec. Or Hydro-Québec met en garde les gens de ne pas
aller trop vite.
M. LESSARD: Dans cette optique, qui est discutée par le
député de Saint-Jacques, à savoir peut-être une
augmentation assez considérable des besoins en énergie
électrique, on sait que le ministre de l'Energie du gouvernement
fédéral à Ottawa parlait récemment, le 21 mars
1974, de la possibilité de deux projets d'usine d'uranium enrichi.
M. PERREAULT: On en a déjà parlé.
M. LESSARD: Vous en avez parlé? Parfait. Je constate, M. le
Président, que, du côté de l'Opposition, tous les dossiers
nous sont connus, M. le Président.
M. ROY: Si on me permet, à l'élément recherches...
Le ministre vient de me donner une distraction. Je vais commencer à me
poser des questions. Alors, si on me permet, M. le Président, au niveau
de la recherche, est-ce qu'il se fait des recherches, actuellement, pour voir
s'il y a du gaz naturel dans la vallée du Saint-Laurent?
M. MASSE: Oui, plusieurs permis d'exploration sont accordés.
Aussi, il faut dire que SOQUIP a fait une découverte mineure, je pense
que c'est au cours de l'automne passé ou cet hiver, qui,
malheureusement, n'est pas commerciale dans l'état actuel. Mais il faut
dire qu'il y a plusieurs indications que les basses terres du Saint-Laurent
renferment du gaz naturel.
M. ROY: Maintenant, quand vous parlez des permis qui ont
été émis, est-ce qu'il y en a plusieurs qui ont
été émis? Est-ce que vous pourriez me donner des
détails là-dessus? Ce serait un peu...
M. MASSE: C'est considérable...
M. ROY: ... un peu volumineux. Est-ce qu'on peut nous remettre une copie
du document? Est-ce qu'on peut faire faire une photocopie?
M. MASSE: C'est un document public. Il n'y a aucune raison pour qu'on ne
puisse pas vous le remettre
M. ROY: Maintenant, en résumé, pour le nombre de permis
accordés, est-ce que le ministre peut me donner un ordre de grandeur? Et
quelles sont les entreprises qui ont eu des permis?
M. MASSE: II faudrait faire un relevé.
M. ROY: Un nombre assez considérable de permis. Parmi les
compagnies, est-ce que Ladu-boro Oil a aussi des permis d'exploitation
là-dedans? Je pense que le premiers qui ont été
accordés, dans les années soixante, c'étaient à
Laduboro Oil et Verchères Oil, si ma mémoire est bonne.
M. MASSE: Laduboro en détient encore, également, un nombre
assez important; en Gaspésie, entre autres.
Ce qu'on peut faire pour la consultation, on va s'occuper de vous en
envoyer des copies.
M. ROY: Dans la région du lac Saint-Pierre, au début des
années 1960, 1962 ou 1963, si ma mémoire est bonne, il y avait eu
un puits qui avait été découvert. Je me souviens, à
ce moment, qu'on avait dû faire venir des ingénieurs des
Etats-Unis. Après plusieurs jours, je pense qu'un incendie
s'était déclaré dans le puits. On avait dû faire
venir des ingénieurs des Etats-Unis pour tâcher d'arrêter le
puits de flamber. Je pense qu'il y avait eu une explosion. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire si, dans cette région, compte tenu que ce
puits semblait d'une force assez considérable, le ministère des
Richesses naturelles a fait des recherches par la suite?
M. MASSE: C'est-à-dire...
M. ROY: Est-ce que nous avons des informations disant qu'il y aurait
quand même plusieurs personnes, plusieurs riverains, surtout le long du
lac Saint-Pierre, qui auraient accès à des ressources de gaz
naturel sur leur propre propriété? Nous avons beaucoup
d'information à ce sujet. Est-ce que le ministre pourrait d'abord nous
confirmer si c'est exact, si cela en vaut vraiment la peine? Est-ce que le
ministère des Richesses naturelles s'est penché sur cette
question en vue d'accélérer les recherches? Parce
qu'il y a quand même un autre point sur lequel j'aimerais attirer
l'attention du ministre, c'est qu'on a très bien vu, dans certains
domaines de l'activité économique, que lorsque des permis sont
accordés pour telle ou telle exploration, de façon à ne
pas encombrer le marché, on empêche parfois l'exploitation de
certaines découvertes pour qu'il n'y ait pas une surproduction sur le
marché. J'aimerais bien, de ce côté, avoir des
précisions du ministre.
M. MASSE: Ne vous inquiétez pas avec la surproduction. Elle
manque encore.
M. ROY: Je suis content que le ministre me rassure, parce que ce sont
des questions que nous sommes...
M. MASSE: Je dois dire qu'il y a plusieurs permis donnés sur les
basses terres du Saint-Laurent. Entre autres, SOQUIP détient un grand
territoire d'exploration qu'elle fait en association, surtout pour cette
partie, la rive sud, la partie du lac Saint-Pierre, Nicolet, même dans
Lotbinière.
Pour l'autre question technique selon laquelle il y aurait des gens qui
auraient fait des découvertes, je voudrais laisser à M. Boucher
le soin d'y répondre.
La géologie du lac Saint-Pierre et des territoires environnants
indique qu'il y a du gaz à des profondeurs qui ne vont pas plus que 500
à 600 pieds. C'est du gaz qui s'est formé par la suite de
décomposition de matières organiques en surface. Ce ne sont que
de faibles gisements, et le problème auquel vous vous
référiez tout à l'heure, c'est justement parce que la
couverture d'argile qui couvre ces gisements est assez perméable. C'est
très difficile de boucher un endroit. Vous bouchez un endroit et cela
peut sortir ailleurs. C'est pour faire allusion aux problèmes qui
existaient dans le passé où des forages avaient
éclaté. Il avait fallu boucher à plusieurs endroits tout
le tour pour empêcher le gaz de sortir. Ce sont des gisements de surface
seulement qui ne donnent pas, jusqu'à maintenant, d'indication qu'il
existe un gros gisement commercial en-dessous.
M. ROY: Ah bon! Les recherches n'ont pas prouvé actuellement
qu'il y aurait...
M. MASSE: Les recherches se poursuivent, mais n'ont pas
démontré qu'il existe un gros gisement commercial.
D'ailleurs, l'intérêt serait fantastique, parce que ce
serait situé exactement à l'intérieur du
marché.
M. ROY: Bien oui!
M. MASSE: Vous pouvez être certain qu'on l'explore...
M. ROY: C'est la raison pour laquelle je pose des questions, parce que
nous avons des richesses, à l'heure actuelle, que le ministère a
oubliées et que nous voulons lui rappeler.
Pour aller plus loin, le ministre a parlé de Lotbinière
tout à l'heure. Il y a eu des découvertes il y a quelque
temps.
M. MASSE: J'aimerais vous en mentionner quelques-unes qu'on n'exploite
pas.
M. ROY: C'est moi qui pose les questions. Ce n'est pas le ministre.
M. LESSARD: ... se poser des questions. M. MASSE: Vous êtes libre
de répondre.
M. LESSARD: Après la commission parlementaire.
M. MASSE: Oui.
M. ROY: On vous donnera quelques tuyaux après.
M. MASSE: Oui.
M. ROY: En ce qui a trait au comté de Lotbinière, il y
avait eu un puits de pétrole, si ma mémoire est bonne, dans le
comté de Lotbinière, plus précisément à
Sainte-Françoise, qui avait été découvert.
M. MASSE: A Sainte-Françoise-Romaine, il y a un puits qui a
été creusé, oui.
M. ROY: Oui. Actuellement, où en sont rendues les recherches? Y
a-t-il eu des recherches plus poussées? Où en sont rendues les
études à ce sujet?
M. MASSE: II n'y a eu que de faibles indications de présence de
pétrole et surtout de gaz, mais absolument pas d'une taille commerciale
qui puisse justifier des installations.
M. ROY: Ah bon!
M. MASSE: C'est tout simplement une indication qu'il pourrait y en
avoir, et c'est la raison pour laquelle l'exploration se poursuit au
Québec.
M. ROY: D'accord.
M. LESSARD: Dans ce sens, M. le Président, on constate que moins
de 2 p.c. des dépenses d'exploration au Canada se font au Québec.
Suite à la question que posait tout à l'heure le
député de Beauce-Sud, est-ce qu'on peut espérer que,
d'abord, suite aux nombreux permis que vous avez accordés, et suite
à la crise énergétique qu'on vit actuellement, les
compagnies privées, en particulier, vont faire un effort beaucoup plus
énorme, un effort beaucoup plus
satisfaisant, parce que ces montants sont assez ridicules quand on pense
que pour le forage d'un puits dans l'Atlantique ou dans le golfe, cela peut
coûter $3 millions? Est-ce qu'on peut espérer une accentuation des
recherches pétrolières par les compagnies privées au
Québec suite au rapport que vous avez cette année? Une
accentuation assez marquée, parce que dans le passé, je pense que
le ministre en a convenu, les compagnies pétrolières n'ont jamais
fait d'efforts particuliers ici, au Québec, pour réinvestir une
partie de leurs profits dans la recherche pétrolière.
M. MASSE: II y a une progression au cours des dernières
années, surtout depuis 1970, c'est-à-dire à peu
près l'existence, l'arrivée dans l'exploration de SOQUIP,
où il y a eu je pense que c'est en 1971 une augmentation
assez appréciable qui se situait à $12.5 millions de
dépenses. C'est le montant brut dépensé qui avait
augmenté en 1972 à peu près au même rythme, et qui,
en 1973... Selon la tendance qui semble se manifester, d'abord il n'y a aucune
comparaison avec ce qui se faisait, par exemple, avant 1970. Je pense que
l'augmentation du capital de SOQUIP devrait amener un effort assez important
cette année et l'année prochaine, d'autant plus que SOQUIP
reçoit énormément de demandes d'associations pour
effectuer des programmes d'exploration.
Je dois dire qu'au cours de l'année 1973, surtout dans les basses
terres du Saint-Laurent, SOQUIP détenait à peu près le
territoire le plus propice à la découverte de gaz naturel et il y
a eu une association, Shell-SOQUIP, 50 p.c.-50 p.c. si je me souviens bien.
Cela n'a aucune comparaison avec ce qui peut se faire dans l'Ouest, mais
d'autre part, il faut dire que la côte atlantique, le plateau
continental, semble un potentiel beaucoup plus important qu'on pourrait le voir
sur terre au Québec.
Mais, prenez l'expérience de SOQUIP l'été dernier
avec Shell, c'est le premier forage en profondeur qui a été
effectué dans le golfe Saint-Laurent où il semble que cela soit
le plus propice. Il y avait eu l'île Brion, mais évidemment,
c'était sur terre à ce moment. On voit que l'activité de
SOQUIP dans le secteur d'exploration est un stimulant. On l'a vu depuis sa
création. Je pense que cela se poursuivra en plus grande proportion avec
une augmentation des sommes consacrées à l'exploration par
SOQUIP.
M. PERREAULT: ... plus productif qu'on verra dans l'augmentation
spectaculaire de la prospection.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre accepterait, pour notre information,
de nous fournir l'évolution des dépenses d'exploration
pétrolière au Québec, depuis, par exemple je vois
que le ministre a un document 1968? Je ne veux pas remonter à
Noé et à Adam et Eve, mais depuis une période de cinq ans,
ou dix ans, pour nous permettre de voir cette évolution.
M. MASSE: Oui. Je n'ai aucune objection. Le document qu'on s'engage
à distribuer aux députés et qui est d'ailleurs public, ne
contient pas ces données sur plusieurs années. Nous ferons
cela.
M. LESSARD: D'accord. J'aurai une dernière question. Est-ce que
le ministre aurait objection à déposer l'entente entre le
gouvernement du Québec et Atomic Energy of Canada concernant Gentilly
II.
Il y a eu une entente entre le gouvernement du Québec et Atomic
Energy of Canada, est-ce qu'il y a eu une opposition?
M. MASSE: Je pense que c'est une demande qui peut-être faite
à Hydro-Québec.
M. LESSARD: La signature s'est faite avec...
M. MASSE: C'est Hydro-Québec, l'Office national d'énergie,
et Atomic Energy of Canada...
M. LESSARD: II reste que le gouvernement a probablement dû
participer...
M. MASSE: Oui, mais je ne vois pas actuellement toutes les implications
de la publication d'un document semblable.
M. LESSARD: Maintenant, est-ce que le ministre connaît quand
même les détails, a pris connaissance de ce document? En gros.
Alors, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 7, adopté?
M. LESSARD: Une minute, études et gestion interne; contrôle
et surveillance des distributeurs de produits pétroliers. Contrôle
et surveillance des distributeurs de produits pétroliers, je ne sais pas
si on a posé des questions sur cela?
M. ROY: Non, on n'a pas posé de question. J'en aurais une
à poser.
M. LESSARD: En relation avec le bill 33, j'aimerais que le ministre
fasse le point. Combien y-a-t-il d'inspecteurs actuellement pour surveiller les
édifices, pour l'application vous avez peut-être des
documents des règlements prévus au projet de loi 33.
Est-ce que les renseignements que le ministre cherchait, à un moment
donné, lorsque nous avons discuté de ce projet de loi, et surtout
les règlements en commission parlementaire, est-ce que cela commence
à s'accumuler pas mal? On sait que, justement dans le document rouge,
dans le livre blanc rouge, le ministre insistait passablement sur le fait qu'on
n'avait que très peu de documentation concernant tout ce secteur, comme
on en parle bien souvent dans le secteur de l'amiante. L'un des projets de loi,
avec les règlements qui nous permettaient d'al-
1er chercher de la documentation, c'était justement ce projet de
loi no 33. Je sais qu'à ce moment, nous autres, de l'Opposition, nous
avions fait remarquer au ministre et on l'a fait remarquer l'autre jour encore,
sans parler directement du bill 33, que cela ne touchait pas tous les
problèmes tels que les baux, la protection du distributeur, la
protection du consommateur, mais on en a parlé concernant le tribunal
d'énergie et je sais que le ministre fait une enquête. Mais,
actuellement, il importe de savoir comment fonctionne le bill 33. Combien
d'inspecteurs travaillent sur le terrain, etc.? Est-ce que le ministre pourrait
nous faire le point sur cela?
M. MASSE: Actuellement, à la suite de l'adoption des
règlements du bill 33, nous avons reçu au-delà de 8,000
questionnaires remplis, sur une possibilité, à ce qu'il semble,
on ne sait pas exactement le nombre, d'environ 10,000 détaillants et
points de vente. Sur cela, il faut dire que la compilation, parce que c'est la
première année, n'a pu être faite encore, les statistiques
globales, le nombre de propriétaires, le nombre de locataires et aussi
tout ce qui concerne les produits. D'autre part, actuellement, le chef de la
distribution, M. Servais, est appuyé de deux coordonnateurs et
actuellement de huit inspecteurs pétroliers qui sont dans tout le
Québec. Je pense qu'il y a une augmentation d'effectifs de quatre
personnes pour cette année.
M. LESSARD: Vous parlez de huit à douze, quand vous parlez
d'augmentation des effectifs, on parle d'effectifs de seize, A huit inspecteurs
et au nombre de distributeurs ou de points de vente, il doit être assez
difficile de suffire. Est-ce que c'est à la demande? Non. Selon les
règlements du bill 33, ce n'est pas à la demande. Vous avez
à aller vérifier sans que la personne le sache.
M. MASSE: II faut que le distributeur demande son permis.
M. LESSARD: D'accord.
M. MASSE: II remplit le questionnaire et l'on procède à
partir de ces détails et aussi de l'observance des règlements,
comme la détention de permis, l'observance des règles de
sécurité. C'est un travail qui est amorcé assez
timidement, j'en conviens avec vous, et on veut augmenter les effectifs le plus
tôt possible. C'est plus une question de budget qu'autre chose.
M. LESSARD: Vous avez reçu actuellement plus de 8,000
questionnaires qui ont été envoyés aux distributeurs
connus, mais vous estimez qu'il y a combien de points de distribution? Environ
10,000?
M. MASSE: Environ.
M. LESSARD: Etant donné que l'une des conséquences du
projet de loi 33 était de surveiller la sécurité, sur ces
10,000 points de distribution, à 8 inspecteurs, comme vous venez de nous
le mentionner, combien d'édifices ont pu, depuis l'adoption des
règlements du projet de loi 33, être visités?
M. MASSE: On me dit qu'avec les étudiants occasionnels qui ont
été embauchés, plus les inspecteurs à temps plein,
on aurait à peu près visité l'ensemble des points de vente
au Québec.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez eu justement, soit à annuler des
permis en relation avec les règlements, soit je ne veux pas
savoir tous les détails à faire faire des modifications
importantes aux entreprises? Est-ce que vous pouvez constater que ces
règlements vous permettent de créer ou instaurer une
sécurité beaucoup plus importante qu'elle existait avant? Est-ce
que vous avez eu à annuler des permis, faire faire des modifications
importantes?
M. MASSE: C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu d'annulation de permis,
il y a eu des refus de permis et, dans d'autres cas, cela a été
des modifications d'installation avant d'émettre le permis, à ce
qu'on me dit.
M. LESSARD: Refus de permis...
M. MASSE: Jusqu'au moment où on se conformerait aux normes.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 7. Adopté?
M. MASSE: Je m'excuse, M. le Président, je suis obligé de
partir, étant donné qu'il est 6 h 5, pour un autre
engagement.
M.LESSARD: D'accord! Vous revenez ce soir à 8 h 15?
M. MASSE: Oui.
M. ROY: On continuera à 8 h 15.
M. LESSARD: On continuera à 8 h 15.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
Reprise de la séance à 20 h 22
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Monsieur Springate, Sainte-Anne, remplace M. Drummond, Westmount.
Le programme 7 est-il adopté? Est-ce qu'il reste encore quelques
questions à poser?
M. ROY: Sur le programme 7, je pense que le ministre avait une
réponse à donner aux questions que lui avait posées le
député de Saguenay, avant de terminer. Puis, avant d'adopter le
programme 7, j'avais une autre question à poser.
M. MASSE: Je ne me souviens pas de la question.
M. ROY: La question concernait...
M. MASSE: Les inspecteurs?
M. PERREAULT: On vous a répondu.
M. ROY: Vous avez répondu. Ce que j'aurais à ajouter,
c'est justement au niveau de l'inspection. J'ai nettement l'impression que la
seule inspection faite par les inspecteurs du ministère a
été de vérifier si les gars avaient rempli leur formule et
payé la cotisation requise. Selon les informations que j'ai eues, et
j'ai eu l'occasion d'en discuter avec plusieurs personnes qui sont dans le
commerce, dans le métier, il semblerait qu'on s'est limité
seulement à cette chose-là. Cela ne me surprendrait pas, pour la
bonne raison que huit inspecteurs pour inspecter 8,000 postes, 8,000 points de
vente, je me demande, sur le plan de l'efficacité, sur le
côté pratique, si on est réellement en mesure de faire
autre chose que cela?
M. MASSE: M. le Président, la loi est assez claire sur cela.
Selon les règlements, lorsque le questionnaire est rempli, notre
préoccupation en est une de surveillance, il y a des normes très
claires qui doivent être respectées. On me dit qu'on a
ratissé la province depuis décembre dernier. Evidemment, il peut
s'être glissé des irrégularités qui n'auraient pas
été remarquées. C'est fort possible.
M. ROY: Est-ce que les inspecteurs du ministère voient
également à prendre des échantillons des produits
pétroliers dans différents endroits du Québec pour les
faire analyser dans les laboratoires du ministère?
M. MASSE: Oui, c'est dans la loi.
M. ROY: C'est dans la loi, mais est-ce que cela se fait
actuellement?
M. MASSE: Un instant. Voici la façon dont nous avons
procédé depuis l'implantation du service; l'analyse se fait,
lorsqu'on reçoit au ministère des plaintes des consommateurs ou
d'autres personnes.
M. ROY: II n'y a pas, autrement dit, de mesures qui sont prises pour
vérifier les installations, pour voir s'il n'y aurait pas du
mélange? Parce que c'est assez facile d'organiser un mélange du
gaz à tant d'octane et...
M. MASSE: On répond le plus tôt possible à chacune
des plaintes qu'on reçoit.
M. ROY: Combien de plaintes avez-vous reçues? Je ne vous demande
pas le nombre exact, mais approximatif.
M. MASSE: On me dit approximativement une couple de centaines de
plaintes.
M. ROY: Ces 200 plaintes que vous avez reçues, grosso modo,
étaient-elles justifiées?
M. MASSE: On dit qu'il y en avait qui étaient vraiment
justifiées et que les propriétaires ou les locataires du point de
vente ont été avisés par lettre de faire les modifications
nécessaires.
M. ROY: Ils ont été avisés par lettre, mais est-ce
qu'il y a eu des visites, par la suite, par les officiers du ministère
pour vérifier si on avait donné suite aux recommandations du
ministère?
M. MASSE: Cela se fait certainement, mais comment vous dire dans quelle
mesure, en terme de capacité physique de le faire? Cela se fait, de
toute façon.
M. ROY: Je pose cette question, M. le Président, et je veux bien
croire que nous avons affaire à des gens en grande majorité
encore honnêtes au Québec, et Dieu merci, mais je dis que la porte
est ouverte dans ce domaine à tous les abus possibles. C'est pour cela
que nous avons appuyé la loi concernant le commerce des produits
pétroliers, pour que le consommateur soit protégé. Mais le
ministère attend qu'il y ait des plaintes formulées et ne
procède pas à faire certaines enquêtes à ce
moment-là, et qu'à la suite des plaintes qui sont
formulées, si on ne fait pas d'enquêtes pour voir si cela peut
aller directement à la compagnie, je me demande jusqu'où cela
peut être efficace pour protéger le consommateur.
L'autre jour, le député de Saguenay a quand même
signalé un point assez important en ce qui a trait aux prix
affichés aux stations d'essence. Mais lorsque les camions vont livrer de
l'essence dans les stations de service et qu'ils ont dans leur chargement deux
types de gazoli-ne, à tel ou tel indice d'octane, disons la classe a) et
la classe b) pour les bénéfices de la discussion, les
mélanges peuvent se faire.
M. MASSE: On ne le nie pas non plus.
Comme je le disais tantôt, c'est une surveillance, pour laquelle
je vous l'ai dit au départ, on n'a peut-être pas l'ensemble des
effectifs pour la faire d'une façon complète. D'autre part, il
faut bien réaliser que s'il fallait s'équiper d'un nombre
d'inspecteurs qui soit cinq fois celui qu'on a actuellement,
dépassée la période d'application des règlements,
on serait certain que, pour un certain nombre d'entre eux, il n'y aurait plus
de travail.
On ne veut pas, non plus, procéder avec un trop gros personnel au
départ, quitte à utiliser des occasionnels et, cet
été, il y aura un grand nombre d'étudiants qui feront un
travail spécifique, sous la direction des inspecteurs.
M. ROY: Parce qu'au niveau de l'inspection... Je pense qu'on touche
là un des points extrêmement importants, si on considère le
volume de consommation au niveau des profits pétroliers et si on
considère également le montant d'argent qui est impliqué.
Avec huit inspecteurs dans la province de Québec, on ne pourra jamais me
faire croire, logiquement, qu'il peut y avoir un service d'inspection efficace.
Quand je dis "efficace", je le mets entre guillemets, parce que la province est
trop grande, il y a trop de régions à parcourir. Si le
ministère fonctionne au niveau des plaintes, c'est assez difficile
d'occuper les inspecteurs du ministère dans une région
donnée et procéder d'une autre façon ailleurs.
J'aimerais savoir, compte tenu du fait qu'il y a seulement huit
inspecteurs de nommés, si le ministère a l'intention cette
année, à part ce que le ministre nous a annoncé tout
à l'heure et ce qu'il nous a annoncé cet après-midi,
à savoir qu'il allait y avoir des étudiants qui allaient
travailler dans ce domaine, si on prévoit augmenter le nombre
d'inspecteurs au cours de l'année.
M. MASSE: On me dit que la direction de l'énergie a l'intention
de faire quatre autres engagements comme inspecteurs à temps plein.
M. ROY: Ce qui veut dire que vous auriez douze inspecteurs à la
fin de l'année. Est-ce que le ministre peut nous dire, étant
donné que, quand même, ce service peut s'autofinancer, en quelque
sorte, par le fait qu'on va chercher des cotisations...
M. MASSE: Oui, mais...
M. ROY: Quels sont les montants d'argent que vous avez pu recueillir au
cours de l'année à ce poste?
M. MASSE: Oui, mais il faut bien réaliser que, dans le
système gouvernemental actuel, les vases ne sont pas
nécessairement communicants, et que ce qui arrive au ministère du
Revenu n'est pas directement transféré au ministère des
Richesses naturelles. Mais, en gros, il est prévu, pour cette
année, que cette loi va rapporter environ $600,000 pour 1973/74.
M. ROY: C'est $600,000 que le gouvernement va percevoir en frais de
permis et de cotisations qui sont exigées.
M. MASSE: C'est cela.
M. ROY: Quel est le budget affecté comme tel au niveau de
l'inspection? $309,000 pour le contrôle et la surveillance des
distributeurs de produits laitiers...
M. PERREAULT: ... dans le lait.
M. ROY: ... de produits pétroliers. Je pensais au ministre de
l'Agriculture, à la fameuse déclaration qu'il a faite cet
après-midi. Je m'excuse du lapsus. Contrôle et surveillance des
distributeurs de produits pétroliers...
M. MASSE: $309,900.
M. ROY: Cela veut dire que le gouvernement va chercher $600,000 de
ressources pour exiger des frais qui étaient justifiés à
l'époque, compte tenu du fait que ces frais devaient servir à
compenser le gouvernement pour l'établissement d'un service d'inspection
en vue de protéger les consommateurs du Québec; le gouvernement
prévoit aller chercher $600,000, mais par contre, il se limite à
en dépenser $309,900.
M. MASSE: Au début, il est bien évident qu'on a
tenté, quand on a fixé les tarifs d'obtention de permis, de
prévoir des tarifs qui ne soient pas trop élevés pour ne
pas pénaliser le distributeur et qui, en même temps, pouvaient
représenter, à peu près, la dépense que nous aurons
à assumer. Or, il est bien évident que dans l'avenir, plus cet
élément de programme se développera et compte tenu
également du coût de la vie, les dépenses rejoindront
passablement les revenus qui, eux, seront fixes.
M. ROY: Mais, pour cette année... M. MASSE: II y a
l'excédent.
M. ROY: II y a l'excédent, mais le ministre peut nous dire que
l'an prochain...
M. MASSE: Environ deux ans.
M. ROY: On parle souvent d'avenir au gouvernement mais j'aimerais bien
qu'on sache dans le présent ce vers quoi nous nous dirigeons, comme
tel.
M. MASSE: C'est cela.
M. ROY: C'étaient les observations que j'avais à faire
à ce moment-ci. Je déplore le fait que les inspecteurs soient
trop peu nombreux.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 7. Adopté. Programme
2: Soutien et surveillance de l'industrie minière.
M. ROY: Avant de procéder au programme 2, si vous me le
permettez, j'aimerais demander au ministre s'il serait d'accord, à un
certain moment, que nous discutions d'un programme, entre autres...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le programme 5?
M. ROY: ... le programme 5.
M. MASSE: Si le député de Saguenay est d'accord, je n'ai
pas d'objection.
M. ROY: II concerne l'élaboration et la mise en oeuvre de plans
de gestion de la ressource eau qui en assureront l'équilibre et en
favoriseront l'utilisation. Si le député de Saguenay n'a pas
d'objection...
M. LESSARD: Je vais vérifier.
M. ROY: ... j'aurais quelques questions à poser au ministre sur
ce programme parce que je devrai m'absenter de la commission parlementaire,
à mon grand regret, mais pour d'autres travaux, que j'estime non moins
importants.
M. LESSARD: II n'y a aucun problème. Je suis
préparé pour discuter de tous les programmes.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 5.
Le député de Beauce-Sud.
Contrôle de la ressource eau et de ses
usages
M. ROY: Au programme 5, suite aux études et aux recommandations
qui ont été faites au ministère des Richesses naturelles
concernant les inondations fréquentes que nous devons subir dans la
région de la Beauce, il y a déjà eu des études de
faites au ministère des Richesses naturelles.
Des recommandations ont été présentées pour
que certains travaux aient lieu dans le lit, dans le bassin de la
rivière Chaudière et dans les affluents, les rivières qui
s'y déversent. J'avais posé au ministre la même question
l'an dernier, d'ailleurs. A ce moment, il n'y avait pas de
disponibilités budgétaires! Cette année, ce n'est pas
tellement encourageant, parce que le budget était de $6,500,000
l'année dernière et, cette année, on a inversé les
chiffres, c'est $5,600,000. J'aimerais quand même savoir du ministre si
des travaux sont prévus cette année dans le bassin de la
rivière Chaudière. Si j'insiste et reviens encore sur cette
question cette année, c'est que, contrairement aux année
passées, nous avons dû subir ce printemps quatre inondations. Nous
avons eu la débâcle comme telle comme à chaque
année, et nous avons eu trois inondations qui ont eu lieu après
la période de la débâcle, compte tenu du fait qu'il n'y a
pas assez de rapidité, l'eau est trop morte, il y a des îles, il y
a des bancs de sable. Cela consitue une menace pour la population et
l'agriculture. Compte tenu de la fertilité de la vallée,
l'agriculture se trouve à subir énormément de pertes. Je
vais revenir dans l'industrie laitière.
M. MASSE: M. le Président, je dois dire dès maintenant
que, si les chiffres de 1973/74, sont si élevés au crédit
net, c'est que, cette année, évidemment, cela n'a pas
été prévu, parce qu'on ne le sait pas. C'est qu'il y a eu
un budget supplémentaire d'au-delà de $1 million l'année
passée, entre autres pour intervenir dans Charlevoix, à la suite
des inondations de l'année passée, et $350,000 de plus. En ce qui
concerne le cas précis de la rivière Chaudière, je
demanderais à M. Harvey, qui est spécialiste dans ce domaine, de
répondre à votre question qui est technique.
La direction générale des eaux a étudié deux
types de solutions, c'est-à-dire, premièrement, des barrages de
retenue en amont des zones inondées, ce qui nous a donné un
barrage Sartigan. Les autres possibilités de barrages d'emmagasinement
ont été rejetées, étant donné qu'il sont
beaucoup trop chers par rapport aux bénéfices qu'on va en
retirer. La deuxième solution qu'on a étudiée, c'est la
canalisation dans la partie basse, qui est celle à laquelle vous vous
referiez tout à l'heure, l'enlèvement des îles et
l'enlèvement du seuil de Saint-Bernard. Ceci, en coût de 1974,
représente $14 millions pour la partie basse de la rivière
Chaudière, ce qui est nettement disproportionné par rapport aux
bénéfices qu'on pourrait en retirer.
Même si on réalisait cela, on aurait quand même des
inondations. On en est à ce stade de nos études.
M. ROY: Est-ce qu'il y a quand même des travaux mineurs de
prévus?
M. MASSE: II n'y a pas de travaux mineurs de prévus parce que
cela ne se justifie pas, cela ne donne rien.
M. ROY: Les travaux ne se justifient d'aucune façon. Autrement
dit, faire des travaux mineurs, vous en êtes venus à la conclusion
que cela ne réglerait pas le problème.
M. MASSE: C'est cela.
M. ROY: La construction des barrages, c'est définitif?
M. MASSE: C'est beaucoup trop cher par rapport aux
bénéfices qu'on en retire.
M. ROY: Je suis un peu déçu de la réponse à
ma deuxième question. Je comprends que cela peut coûter
énormément cher, mais si on considère les millions de
dégâts que nous avons presque chaque année, il reste que,
l'étude pourrait se faire et être répartie sur une
période de dix ans. Il ne s'agit pas de changer la rivière de
place, mais, sur une période de travaux de dix ans, vous arriveriez
à une affaire de $1,400,000 en moyenne annuellement. Si l'on fait
l'inventaire des dégâts que nous avons chaque année, je
pense, M. le Président, que cela ne pourrait même pas être
considéré comme une dépense, cela pourrait être
considéré comme un investissement à moyen terme. A court
terme, je serais d'accord sur ce que vous venez de dire, mais je pense que ce
n'est pas à court terme qu'il faut envisager la question, ce n'est pas
à court terme qu'il faut envisager le problème.
M. MASSE: Je pense, M. le Président, que, cette année, il
y a eu une acceptation de principe pour dédommager pour les
dégâts à des résidences principales. On
évalue les dommages moyens annuels à $29,000 sur une
période jusqu'en 1966. C'est un calcul qui a été
évalué à environ $200,000, si on reporte annuellement les
dommages causés par la crue des eaux.
M. ROY: Vous excluez les débâcles à ce
moment-là?
M. MASSE: Non.
M. ROY: Globalement?
M. MASSE: La fonte de la neige et toute autre crue même en
période d'été. Il y a un gros problème qui existe
dans différentes régions du Québec comme je pense que
c'est le cas aussi dans la vallée de la Chaudière. C'est que
beaucoup d'habitations sont situées dans les zones d'inondation.
Malgré que les gens qui demeurent dans la région
connaissent depuis des décennies ce phénomène annuel, il y
a même de nouvelles habitations qui sont construites
régulièrement dans ces zones d'inondation. Je pense qu'il serait
important ici de souligner qu'il y a une responsabilité de la part des
municipalités. Jusqu'à ce que le gouvernement puisse
décréter par sa loi d'urbanisme une réglementation en ce
sens, il serait assez important de souligner que les municipalités
auraient je ne parle pas pour le cas de la Chaudière, mais pour
certaines municipalités qui n'on pas de règlement de zonage
avantage à adopter des règlements de zonage pour interdire
d'une façon systématique l'implantation de nouvelles habitations
dans ces zones.
M. ROY: Disons que sur le point que vient de souligner le ministre, il
faudrait quand même tenir compte d'autres facteurs. Il faudrait
peut-être que les municipalités ce n'est pas tout d'avoir
des règlements aient les moyens de donner les services, parce
que, le long de la vallée, il est évident qu'il est plus facile
de donner les services municipaux que si vous prenez le côté des
montagnes et que vous vous éloignez de la rive.
M. MASSE: Evidemment, il y a des contraintes.
M. ROY: II y a des problèmes municipaux de disponibilité
budgétaire sur le plan municipal. Mais sur le plan des $200,000, il est
entendu que le ministre a limité ses études uniquement au niveau
des inondations sans tenir compte des débâcles comme telles. Parce
que je pense que, nettement, sérieusement, sincèrement, lorsqu'on
connaît la région, si vous prenez une moyenne de $200,000 par
année, vous n'avez certainement pas inclus les années où,
tous les dix ou douze ans, des débâcles ont causé des
dommages assez considérables. Vous avez 1958, à Beauceville,
où ç'a été évalué entre $6 millions
et $8 millions seulement pour une situation qui s'est produite au cours de
l'hiver, ce n'était même pas au cours de la fonte des neiges.
M. MASSE: On me dit que ça n'inclut pas les
débâcles.
M. ROY: Cela n'inclut pas les débâcles, ce sont les
inondations comme telles.
M. MASSE: II y a d'autres mesures qui sont prises en ce qui concerne les
débâcles.
M. ROY: II y a tout le problème de la vallée de la
Chaudière, il y a le problème d'ensemble et il y a des
problèmes particuliers, je le souligne à l'intention du ministre,
parce qu'il faudrait prendre les problèmes particuliers d'une
municipalité à une autre. Le problème de la ville de
Beauceville est complètement différent de celui de Sainte-Marie.
Celui de Scott Jonction est même différent de celui de
Sainte-Marie.
M. MASSE: De quelle municipalité avez-vous dit?
M. ROY: Celui de Beauceville.
M. MASSE: Différent de... Sainte-Marie, avez-vous dit?
M. ROY: De Sainte-Marie. Le problème est complètement
différent. Je veux parler du niveau de la débâcle. La
rivière se rétrécit à la sortie de Beauceville
à deux endroits et il ne coûterait pas des millions de dollars
pour tâcher
de régler la question en élargissant le lit de la
rivière. Il y a des travaux qui ont été
recommandés, il y a des études qui ont été faites
au niveau de votre ministère depuis plusieurs années. Par
exemple, à l'endroit que l'on désigne comme le rocher, à
Beauceville, où la rivière fait une courbe très
prononcée, à chaque année il y a des embâcles
à ce niveau-là et, chaque année, Beauceville se fait
inonder à cause de cela. Il y a la sortie immédiate de
Beauceville et vous avez la question du rocher à Beauceville. S'il y
avait des travaux qui pourraient se faire à ce niveau-là, je
pense qu'on réglerait quand même une bonne partie du
problème, surtout en ce qui a trait au grand Beauceville comme tel.
M. MASSE: Je demanderais à M. Harvey de répondre à
cette question.
Pour votre information, on a déjà fait des travaux au
rocher, à Beauceville. On a déjà enlevé un
éperon rocheux au rocher, là où c'est appelé le
rocher; on a redéfini le lit de la rivière, on a fait tout ce
qu'il était possible de faire pour lutter contre les embâcles. Je
pense que les embâcles Sont beaucoup moins fréquents à
Beauceville.
M. ROY: Je regrette, mais je suis obligé de vous dire que cela
n'a pas changé grand-chose.
M. MASSE: Les travaux ont été faits quand même.
M. ROY: Oui, il y a des travaux de faits, mais je pense qu'il aurait
fallu aller plus loin dans les travaux. La courbe est demeurée quand
même. Et c'est la même courbe de la rivière et s'il avait
lieu, à un moment donné... Remarquez que je ne veux pas poser en
expert de ce côté-là, mais il me semble que le gros bon
sens aiirait dit, à ce moment-là, que si on avait redressé
un peu la rivière vis-à-vis de là, on aurait
apporté une bonne amélioration.
Pour ce qui a trait à la sortie de Beauceville, le
problème est encore différent de celui qu'on retrouve au
rocher.
M. MASSE: Excusez, mais il faudrait peut-être aussi penser qu'il
ne faut pas régler le problème à un endroit pour le
déplacer à un autre. C'est le problème avec les
embâcles: si on fait un chenal très droit au rocher, toutes les
glaces vont descendre et vont aller se ramasser ailleurs. Il faut aussi penser
un peu à tout cela, régler les problèmes à un
endroit sans en créer à d'autres. C'est dans ce sens-là
que les travaux ont été faits à la Chaudière.
M. ROY: Mais, il n'y a aucun travail de prévu au niveau des
débâcles? Pour les inondations vous avez répondu à
la question tantôt, mais au niveau de la débâcle comme
telle?
M. MASSE: En fait, tous les travaux qu'on avait prévus de faire
pour lutter contre les embâcles de glace ont déjà
été faits. On a fait tout ce qu'il était physiquement
possible de faire.
M. ROY: Sauf $14 millions.
UNE VOIX: Cela ne règle pas le problème.
M. MASSE: C'était pour les...
M. ROY: Pour tout le problème dans son ensemble. Pour ce qui a
trait au mur de soutènement à Sainte-Marie-de-Beauce. J'ai
déjà correspondu avec le ministre, j'ai eu l'occasion de lui en
parler à une couple de reprises. Il a dû y avoir des
démarches qui ont été faites encore récemment par
la municipalité; je sais que j'ai piloté le dossier pendant
quatre ans. Concernant toute la question du mur de soutènement pour
protéger les propriétés qui sont situées à
la limite même, sur le bord de la rive, est-ce que le ministère a
quelque chose de prévu à ce sujet-là, cette
année?
M. MASSE: C'est un peu la même réponse. Cela
coûterait extrêmement cher sans rien régler. Or, c'est tout
le problème de la Chaudière depuis qu'on correspond ensemble. Il
y a des projets qui sont avancés dans la population ou par des
municipalités et, selon nos spécialistes, ce serait de l'argent
englouti à l'eau, c'est le cas de le dire.
M. ROY: Mais il y a quand même eu le barrage Sartigan qui a
été construit, qui a contribué énormément
à contrôler les dégâts durant la période de la
débâcle.
Je tiens à dire, à l'attention du ministre que n'eût
été l'existence du barrage Sartigan, cette année, le
gouvernement aurait quelques millions de dollars à débourser
uniquement pour réparer les dégâts. Cela ne
réglerait absolument rien.
La construction du barrage Sartigan à Saint-Georges
s'insérait dans le cadre d'un grand programme, d'un vaste programme,
d'un programme dans lequel le gouvernement provincial pouvait recevoir une
partie des frais. Je pense qu'il y avait une participation du gouvernement
fédéral à ce niveau. Si ma mémoire est bonne, je
pense que dans la construction du barrage Sartigan, il y a eu une participation
du gouvernement fédéral comme tel.
M. MASSE: II y a eu une participation du fédéral dans le
cadre des ententes ARDA, mais actuellement le gouvernement
fédéral entre en participation financière uniquement dans
les cours d'eau je veux dire en dehors des zones ARDA, comme vous le
savez, la Chaudière n'est plus dans une zone ARDA qui sont
interprovinciaux ou internationaux, comme le Richelieu par exemple. Il est
possible... Remarquez bien que par ce moyen, on n'a pas encore, du moins
à ma connaissance, bénéficié de l'argent du
gouvernement fédéral, mais On a des projets qu'on discute avec
lui. C'est la raison pour laquelle, je pense, c'est si efficace, mais ce
n'est
pas une des raisons pour lesquelles le barrage a été
réalisé... Mais pour les autres travaux nécessaires sur la
Chaudière, il semble que les sommes soient, premièrement,
astronomiques et que, deuxièmement, cela ne changera absolument rien
dans la situation.
M. ROY: Sur un autre plan, puisque nous sommes toujours dans les
inondations pendant le temps de la débâcle, est-ce que votre
ministère, ce printemps, a été informé de
l'embâcle que le nouveau pont qui a été construit entre les
deux rives, entre le côté ouest et le côté est a
formée, si un rapport a été fait à votre
ministère à ce sujet et si votre ministère a
étudié ce dossier?
M. MASSE: Quel pont?
M. ROY: Le pont de Saint-Georges, le nouveau pont qui relie les deux
rives. Je dois dire au ministre que, lorsqu'il a été question de
reconstruire un nouveau pont à Saint-Georges, le pont devait passer
au-dessus de l'avenue de la Chaudière, au-dessus de la Ire Avenue et
aller rejoindre la 2e Avenue, de façon à dégager la
circulation de la Ire Avenue et de l'avenue de la Chaudière.
D'accord, ce n'était pas une responsabilité du
ministère des Richesses naturelles comme tel. Pour des contingences
budgétaires, on a descendu le tablier du pont au niveau de l'avenue de
la Chaudière. Ce printemps, la débâcle, les inondations que
nous avons eues dans la ville de Saint-Georges-Est ont été
occasionnées par l'embâcle qui a été formée
par le pont.
Ayant été témoin du phénomène, je
peux dire au ministre qu'il s'en est fallu de peu que les glaces arrivent,
à un moment donné, et emportent une partie du pont dans le lit de
la rivière. S'il y avait eu une étendue de glace un peu plus
grande que celle qui a frappé le pont, il y aurait eu une catastrophe,
parce que c'était durant une heure d'affluence.
J'aimerais savoir à ce moment-ci, si ce fait a été
porté à la connaissance du ministère des Richesses
naturelles et si on a étudié la question. Je dis et je tiens
à aviser le ministre que nous courons le risque à Saint-Georges
que le pont fasse d'autres embâcles et que le pont se trouve, à un
moment donné, culbuté par les glaces au printemps.
M. MASSE: S'il y a du danger, évidemment, si c'est un nouveau
pont, il faudrait que le ministère de la Voirie, sans doute,
vérifie la situation. Une minute. Si vous permettez, je vais demander au
fonctionnaire de répondre.
M. ROY: Oui, d'accord ! Permission accordée.
M. MASSE: Etant donné qu'il y a très peu de distance entre
le barrage Sartigan qui retient toutes les glaces et le pont de Saint-Georges
on se demande d'où vient la glace il ne peut pas y avoir
un volume tellement extraordinaire de glace.
M. ROY: Pas un volume, mais si j'avais les photos ici, je pense que ce
seraient des photos assez surprenantes pour tout le monde. La glace, il y en
avait à peu près un mille de long; la glace était
très épaisse. N'eût été du barrage Sartigan,
je tiens à vous dire que le ministère de la Voirie construirait
un autre pont. J'en suis certain! Il y aurait la moitié de la Ire avenue
à Saint-Georges qui se serait fait emporter par le courant. C'est parce
que j'estime qu'il est du devoir et de la responsabilité du
ministère des Richesses naturelles d'examiner cette question.
M. MASSE: On me dit à l'instant que cela a été
surveillé et qu'on aurait un rapport au ministère, à la
direction générale des eaux, sur cette question.
M. ROY: Bon! Il y aurait peut-être lieu que le ministère
des Richesses naturelles rencontre les dirigeants du ministère de la
Voirie et qu'ils étudient cette question.
M. MASSE: Oui. Je pense que si le rapport en question démontre
qu'il y a mauvaise construction et qu'il y a danger, surtout, pour la
population...
M. ROY: Pas mauvaise construction, je ne voudrais pas...
M. MASSE: Non, je veux dire des erreurs techniques, dans le sens que le
tablier est peut-être trop bas, je ne sais pas. Evidemment, on va
vérifier de nouveau tout cela au ministère et, après
examen du rapport, s'il y a lieu c'est évident que nous, en tout
cas, c'est ce qu'on fait dans la plupart des cas on communiquera avec
les ingénieurs de la Voirie pour les mettre au fait de ces
situations.
M. ROY: Est-ce que le ministre nous permettra de prendre connaissance du
rapport?
M. MASSE: Personnellement, je n'ai pas d'objection du tout.
M. ROY: Bon! J'aimerais qu'on en prenne note. Je tiendrais
particulièrement à être mis au courant de ce rapport, d'en
être informé.
M. MASSE: C'est noté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
L'Assomption.
M. PERREAULT: M. le ministre, le député de Beauce-Sud
parle de la Chaudière. J'ai une autre rivière qui
m'intéresse, la rivière des Mille Iles qui borde mon
comté, où il y a souvent des
inondations. Est-ce qu'il y a eu des études de faites pour
améliorer la rivière des Mille Iles?
M. MASSE: Cest poser le problème de la région de
Montréal, de l'ensemble des dégâts qu'on a actuellement, de
la situation du fleuve Saint-Laurent à la crue des eaux au printemps.
Déjà, depuis plusieurs mois, on a commencé à
examiner, au ministère des Richesses naturelles, les différentes
possibilités pour tenter de régler, à long terme, toute la
situation de la région de Montréal. Comme vous le savez, il y a
plusieurs affluents. Vous avez les sorties du lac des Deux Montagnes, vous avez
les sorties du lac Saint-Louis, vous avez aussi l'Outaouais qui arrive et
augmente encore le débit. Dernièrement, nous créions, avec
le gouvernement fédéral et avec un représentant
d'Hydro-Québec, à cause des différents barrages qu'on
retrouve dans cette région, un groupe d'étude pour tenter d'en
arriver à une étude globale qui nous permette de donner suite aux
solutions qui pourront être trouvées, au cours des années
futures, pour l'ensemble de la région de Montréal.
On ne peut pas examiner uniquement la rivière des Mille Iles, il
faut examiner l'ensemble, le comportement...
M. PERREAULT: La rivière des Prairies plus le fleuve, et la
rivière des Mille Iles.
M. MASSE: C'est cela.
M. PERREAULT: Merci, M. le ministre. C'est tout de même
encourageant pour les résidants qui bordent la rivière des Mille
Iles, dans le comté de l'Assomption, de voir que, selon vos
déclarations, il y a des études qui se font et qu'ils peuvent
espérer dans l'avenir...
M. MASSE: C'est une solution à moyen terme. Evidemment, ce n'est
pas une solution pour régler les inondations s'il y en a l'année
prochaine, mais je pense que c'est le genre de travaux qui reçoit la
priorité à la direction générale des eaux cette
année et au cours des prochaines années, vu la grande influence
qu'a le fleuve à Montréal.
M. PERREAULT: Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: Avant de m'engager directement dans la discussion concernant
les différents éléments de ce programme, je voudrais
d'abord demander au ministre, puisqu'il en a d'ailleurs parlé dans sa
déclaration préliminaire, où nous en sommes rendus sur les
différentes recommandations de la commission Legendre, en particulier
concernant le fait qu'un seul organisme législatif devait avoir la
responsabilité de l'eau. Je me rappelle, lorsque le premier rapport a
été déposé, suite à une série de
questions que j'avais soulevées au ministre à cette occasion, que
le ministre me répondait tout le temps: Nous attendons le
deuxième rapport.
J'estime que ce deuxième rapport a maintenant été
déposé auprès du ministère des Richesses
naturelles, je pense que le ministre d'ailleurs en a parlé et qu'il a
dit que ce deuxième rapport devait être rendu public d'ici quelque
temps. Cela fait déjà, je pense, trois ans que le premier rapport
a été déposé. J'aimerais donc savoir où en
est rendu tout ce problème, en particulier en ce qui concerne la
recommandation principale et je dis bien principale parce qu'on
disait même dans le rapport de la commission Legendre que si cette
recommandation n'était pas acceptée, toutes les autres
recommandations, en fait, ne pouvaient pas être appliquées,
c'est-à-dire avoir un organisme unique, qui serait responsable justement
de tout le problème de l'eau.
M. MASSE: J'avais mentionné que nous attendions les autres
rapports de la commission Legendre après le premier rapport pour faire
connaître la position gouvernementale dans toute l'administration de
l'eau. En effet, la commission recommandait un seul gestionnaire. Comme vous le
savez, actuellement, il y a des lois fédérales, des lois
provinciales, il y a tout un fouillis, comme le disait la commission Legendre,
dans ce secteur, et il y a plusieurs ministères aussi qui ont à
intervenir dans le domaine de l'eau.
Il y a le ministère des Terres et Forêts, il y a la Loi de
la qualité de l'environnement, il y a le ministère des Richesses
naturelles, il y a le ministère de l'Agriculture, par le drainage, etc.
Alors, le ministère, depuis un an et demi au moins, sinon deux ans,
travaille à élaborer une politique de l'eau, à la suite
des recommandations de la commission Legendre, qui réponde et qui soit
réaliste et aussi qui tente de se rapprocher dans ce réalisme des
recommandations de la commission Legendre préconisant le rapatriement
autour d'un seul gestionnaire de l'eau.
Le document en question en est à la dernière version,
parce qu'il y a quand même eu plusieurs documents de
rédigés. D'autre part, on voudrait d'une façon
précise définir les modes d'intervention dans les barèmes
de qualité de l'eau et définir clairement les juridictions entre
le ministère des Richesses naturelles et le service de la protection de
l'environnement.
Personnellement, je pense qu'il est possible d'avoir une coordination
qui soit étroite.
D'autre part, le document du ministère qui pourrait s'intituler
"les principes de la gestion de l'eau" ou "une politique de l'eau", devrait
être en mesure de faire connaître au cours des mois prochains avec
les rapports de la commission Legendre ce qui concerne l'administration et ce
qui concerne l'aspect juridique.
M. LESSARD: Autrement dit, cela ne va pas vite, M. le Président.
Le ministre...
M. MASSE: On revient aux remarques du début où on veut que
cela soit réalisé du jour au lendemain.
M. LESSARD: Non, M. le Président...
M. MASSE: Evidemment, sans savoir toutes les implications, je vous dis
que c'est plus compliqué que de dire une parole pareille.
M. LESSARD: Je comprends qu'il y ait des implications fort importantes
et c'est justement parce qu'il y a aussi de conséquences fort
importantes que le ministère dans ce secteur doit agir assez vite.
D'ailleurs, je pense qu'en 1971 je n'ai pas la date de la
déclaration exacte du ministre, je tente de la trouver mais je ne l'ai
pas le ministre disait, suite à la déposition du rapport
de la commission Legen-dre, non pas à la commission des richesses
naturelles, mais dans une déclaration ministérielle à
l'Assemblée nationale; "De plus, nous avons mis sur pied une
équipe de travail formée au sein du ministère des
Richesses naturelles. Cette équipe a pour mandat c'est en 1971,
si je ne me trompe pas, 1972 ...
M. MASSE: Ecoutez, je ne veux pas me tromper, mais il me semble.
M. LESSARD: "Cette équipe a pour mandat d'élaborer une
politique de gestion de l'eau. Conséquemment, nous pouvons
prévoir la publication d'un livre blanc et l'élaboration d'une
loi-cadre après entente avec les différents ministères
concernés en tant que gestionnaires des..." Alors, nous en sommes rendus
ou en ce qui concerne l'élaboration d'un livre blanc et de la
loi-cadre?
M. MASSE: Je pense que je viens de vous le dire. Je n'ai peut-être
pas appelé cela le livre blanc, mais je dois appeler cela, peu importe
livre blanc, politique de l'eau ou peu importe...
M. LESSARD: Je n'ai pas dit cela...
M. MASSE: Ce qui est important, c'est ce que je viens de dire, c'est
que, dans les prochains mois, no'us serons en mesure de rendre public ce
document et ce document devrait être un outil de consultation. Il y a
énormément d'organismes, d'individus impliqués dans toute
intervention dans le secteur de l'eau, qu'on pense à l'aspect
récréatif, à l'aspect sportif, à
l'approvisionnement en eau, etc. Cela devrait se faire au cours des prochains
mois avec la publication du deuxième rapport de la commission
Legendre.
M. LESSARD: Encore là, l'une des recommandations de la commission
Legendre, c'était que le gouvernement québécois fasse
inscrire en priorité le problème de l'eau dans la révision
constitutionnelle. Est-ce qu'on pourrait savoir, après deux ans,
où en sont rendues ces discussions, si un comité
spécifique est responsable au niveau de ce programme pour discuter de ce
problème constitutionnel et quels en sont les résultats?
M. MASSE: En termes de juridiction, je pense que c'est clairement
défini. A la suite du bill C-l 44, je pense qu'il a
été adopté, si je me souviens bien, en 1970 ou
peut-être avant il y a eu la création d'un comité
consultatif Canada-Québec. C'est un organisme qui fonctionne d'une
façon régulière, où des membres de mon
ministère siègent, où sont discutés les
différents projets, qui donne une juridiction à la loi C-l44 dans
ce domaine, entre autres les eaux interprovinciales et internationales. C'est
le cas, entre autres, de la rivière Outaouais, de la rivière
Richelieu, pour ne nommer que ces deux, et évidemment du Saint-Laurent.
Je pense que, comme je le mentionnais tantôt, pour tenter de
résoudre les problèmes de Montréal, c'est une des formes
de travaux qui sont effectués par le gouvernement fédéral
et le gouvernement du Québec sur cette question.
M. LESSARD: Au niveau du ministère comme tel, est-ce que le
ministre pourrait nous dire, suite au premier rapport de la commission
Legendre, les transformations qui ont été faites au niveau du
ministère pour faire en sorte que le ministère devienne le seul
gestionnaire, tel que le ministre l'avait accepté d'ailleurs dans sa
déclaration ministérielle, de cette ressource fort
importante?
Si on parle aussi des ressources de l'eau concernant les rivières
et les fleuves, il faudrait, justement, penser à deux autres ressources
de l'eau qui sont fort importantes, je pense, et qui peuvent si le
ministère n'intervient pas, parce que cette ressource est maintenant
devenue une ressource économique, une ressource qui ne doit plus
appartenir, en vertu de la recommandation de la commission Legendre, à
une personne mais à tout le monde par l'entremise de l'Etat... Il y a
toute la question des nappes phréatiques et des nappes aquifères.
Du côté du ministère, quelles ont été les
mesures qui ont été prises pour faire en sorte que le
ministère soit le seul gestionnaire de cette ressource et quelles ont
été les mesures qui ont été prises par le
ministère pour faire en sorte que cette ressource soit vraiment
protégée?
M. MASSE: M. le Président, je pense qu'on peut mentionner que,
depuis un certain temps, à peu près deux ans, nous avons
restructuré complètement la direction générale des
eaux en fonction du gestionnaire unique. Entre autres, on a rapatrié au
ministère certains services comme les eaux souterraines, mais je pense
que ce qui est le plus important c'est qu'on a créé un service
d'aménagement qui est maintenant bien structuré, qui a des
compétences multidis-ciplinaires et qui tente de voir la ressource
eau
dans son ensemble. Depuis ce temps, on a effectué des analyses
sur un grand nombre de lacs au Québec et comme exemple, pour illustrer
ce genre d'action, dans un lac entre autres où une compagnie, qui
possédait une grande partie du boisé qui restait encore, a voulu
refaire en lots cet ensemble de terrains. Si, dans un lac d'un mille
carré, vous permettez qu'il y ait 100 ou 150 habitations
supplémentaires, cela a des répercussions sur le comportement du
lac. Le service a conseillé cette compagnie, lui a dit quels seraient
les effets si elle posait tel geste et l'a conseillée sur les choix
à faire. Comme exemple, il semble que 20 canots-automobiles
représentent X p.c. de pollution qui peuvent prendre la place de, pour
donner un chiffre, 50 chalets.
Alors, c'est dans une préoccupation des plus larges de voir la
ressource dans son ensemble qu'on a procédé à la
création de ces services et à la restructuration de la direction
générale des eaux au ministère des Richesses
naturelles.
M. LESSARD: L'une des recommandations qui était justement assez
importante, je pense, de la commission Legendre, c'était d'abord de
faire l'inventaire de la ressource. Au niveau du ministère, suite
à cette transformation dont nous parle le ministre, est-ce
qu'actuellement on a réussi par bassins géographiques à
faire l'inventaire de cette ressource? Est-ce qu'on a un programme
précis pour l'inventaire? De plus, en relation c'est toujours le
problème avec le ministère responsable de la
qualité de l'environnement, est-ce qu'il y a des travaux qui ont
été, à part la rivière Yamaska, entrepris pour
améliorer le débit de l'eau ou corriger les méandres pour
accélérer le débit, en fait, faire en sorte que dans
certaines rivières polluées du Québec le taux de
régénération pour qu'on puisse accélérer le
taux de régénération de l'eau.
Je pense que c'est un problème qui commence à être
assez important et, encore là, comme dans l'énergie, c'est un
problème où le ministère doit agir assez vite.
M. MASSE: II faut dire que, si vous relisez le texte le
député de Saguenay n'était pas présent de
mon exposé du début, c'est qu'en plus des échantillonnages
de base qui se font au niveau de tout le territoire, depuis X années, en
plus de cette connaissance de base, nous prévoyons commencer cette
année un programme de connaissances intégrées des
disponibilités, des utilisations des ressources et ça, pour les
huit bassins les plus importants du Québec. Au cours du présent
exercice financier, on veut s'attarder, entre autres, à la
rivière Saint-François et à la rivière Yamaska; par
la suite, à la rivière du Nord, la rivière L'Assomption,
la rivière Châteauguay, la rivière Richelieu, la
rivière Bécancour, la rivière Nicolet. Il y a
évidemment aussi, comme je l'ai mentionné tout à l'heure,
un programme d'analyses limnologiques très avancées sur des lacs,
surtout les lacs du bassin de la Saint-François. Au cours de
l'été, en ce qui concerne l'étude des lacs, on a
l'intention d'analyser les lacs Magog, Massawippi, Stukely, Brompton, Montjoie,
Petit Brompton, Love-ring, lac d'Argent, lac Orford et lac Broker. Il y a aussi
le lac Maskinongé à Saint-Gabriel-de-Brandon.
M. LESSARD: Est-ce qu'actuellement...
M. MASSE: Je m'excuse, mais il faut dire que c'est une analyse qui est
différente de celle qui est effectuée par le service de la
protection de l'environnement. Ce service veut davantage savoir quels sont les
effets, les rejets dans les lacs alors que, pour nous, c'est l'ensemble de la
qualité qui est examiné. On va beaucoup plus loin. D'ailleurs,
entre les deux services, il y a une collaboration étroite et les
données qu'ils ont, comme le Tourisme peut en avoir aussi, même
ceux du ministère sont communiquées. Il y a une communication
assez étroite d'échange d'informations sur ces connaissances de
base.
M. LESSARD: Est-ce qu'au ministère des Richesses naturelles,
toujours suite à la commission Legendre, vous avez actuellement un plan
d'ensemble de régularisation du débit de l'eau des
différents bassins du Québec, en tenant compte des bassins? C'est
une des fonctions, justement, du ministère des Richesses naturelles, du
service de génie hydraulique, celle de régulariser ou de tenter
de régulariser le débit des différents bassins
hydrauliques.
M. MASSE: Pour le débit, la connaissance est déjà
là. C'est davantage en travaux régulari-sateurs et ça,
comme vous le savez, relève d'un des services du ministère qui
est très important, où il y a des sommes en immobilisation. Je
pense qu'actuellement, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, il
y a un ensemble pour couvrir tout le Québec, mais, au cours des
prochaines années, nous serons obligés de consacrer les sommes
des plus importantes pour tenter de trouver des solutions pour la région
de Montréal. Je pense que c'est cette région, pour l'instant, qui
attire notre priorité, mais, dans le cadre de la lutte contre les
inondations, les ingénieurs, les techniciens sont appelés
à effectuer des rapports qui peuvent conclure à des
nécessités d'intervention, soit par des barrages ou
autrement.
M. LESSARD: Concernant les inondations, j'y reviendrai tout à
l'heure, mais concernant les barrages du ministère, dans cette optique
de régularisation des débits, je pense que, vers 1972, le
ministère contrôlait ou était responsable à peu
près de 25 à 30 barrages. Est-ce qu'il y a eu d'autres
constructions de barrages qui ont été faites?
M. MASSE: Le ministère est responsable directement d'une centaine
de barrages à travers le Québec.
M. LESSARD: II y a une chose qu'il faut peut-être distinguer.
C'est que le ministère est responsable, en fait, de la modification de
certains barrages, c'est-à-dire...
M. MASSE: Non, qui sont la propriété du ministère
des Richesses naturelles.
M. LESSARD: ... qui sont la propriété du
ministère...
M. MASSE: ... et il y a le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche qui est en train de nous refiler à peu près
l'ensemble des barrages qu'il a, soit environ 65, 70 barrages.
M. LESSARD: Concernant la destruction du barrage de la rivière
Sainte-Anne dans le parc de la Gaspésie, ce barrage sera reconstruit par
les Mines Madeleine. Quel est le contrôle du ministère,
puisqu'à la Commission du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
on me dit que la responsabilité revenait au ministère des
Richesses naturelles, de telle façon que cet incident, dont les
conséquences écologiques ne peuvent être estimées
d'ici quelque temps... Quelles sont les mesures que le ministère a
prises pour que cet incident ne se renouvelle plus avec des conséquences
néfastes?
M. MASSE: II faut dire que c'est différent d'un barrage. Ce n'est
pas un barrage pour retenir les eaux, mais c'est une digue qui retenait un parc
à déchets, si vous le voulez. En ce qui concerne la
réparation ou la reconstruction de cette digue, évidemment, c'est
sujet à approbation par le ministère des Richesses naturelles et,
si cet événement est survenu, c'est dû, à notre
avis, à une cause qui est naturelle et qui n'était pas
prévisible. En ce qui concerne la solidité, je pense que les
plans, je ne pourrais pas dire, mais...
M. LESSARD: M. le Président, c'est un "act of God", aucune
responsabilité de la part du ministère, comme cela a
été le cas pour la rivière Pentecôte en 1970, "act
of God", alors que c'était l'acte de la compagnie, qui avait pris des
mesures pour détruire le barrage et malgré les nombreuses
pressions que j'ai pu faire, tant auprès du ministère des
Richesses nautrelles qu'auprès du ministère des Terres et
Forêts, on n'a jamais été capable, M. le Président,
d'en trouver la raison. J'ai même soumis, M. le Président, un
document en ce qui concerne la rivière Pentecôte, selon lequel,
tant au ministère des Richesses naturelles qu'au ministère des
Terres et Forêts, j'étais prêt à trouver deux
témoins qui allaient affirmer, par affidavit, que c'était
à la demande même de la compagnie CIP de la rivière
Pentecôte, qu'on était allé détruire le barrage,
parce qu'il y a une des lois du ministère des Richesses naturelles... Je
ne veux pas changer de sujet, mais dans le cas de la rivière
Sainte-Anne, il n'y a pas eu destruction directe de la part de la compagnie,
cela a été, selon les paroles mêmes du ministre, un acte de
Dieu. Cependant, je pense que de ce côté, le ministère des
Richesses naturelles prend très peu ses responsabilités. J'ai
vécu des problèmes semblables concernant la rivière
Pentecôte qui est absolument détruite actuellement, parce que le
ministère n'est pas allé jusqu'au bout, n'a pas voulu accepter et
est allé prendre les informations auprès des responsables
exclusifs de la compagnie, mais n'est pas allé prendre des informations
auprès des personnes en question qui avaient reçu l'ordre d'aller
détruire le barrage.
Ce qui revient à ma question générale, en ce qui
concerne la surveillance des barrages privés, que fait le
ministère?
M. MASSE: M. le Président, en ce qui concerne la rivière
Pentecôte, en termes de temps et tout cela, je ne pourrais pas
vérifier, mais il y a...
M. LESSARD: ... assez longtemps au ministère des Richesses
naturelles...
M. MASSE: ... une loi qui s'appelle le bill 8, qui donne au
ministère l'autorisation d'abord de faire l'inventaire des barrages,
deuxièmement, d'accorder des permis de construction et d'exercer le
contrôle...
M. LESSARD: Ou de destruction aussi?
M. MASSE: Oui, l'inventaire des barrages doit se terminer au cours des
prochaines années.
On me dit que l'inventaire des barrages se terminerait au cours de
l'année prochaine, probablement. Evidemment, avant, on n'était
pas au courant de la localisation ou même de l'existence de la plupart
des barrages au Québec. Il est bien évident que dans ces
conditions, il était bien difficile d'en contrôler la
construction, mais maintenant, depuis l'existence du bill 8, il y a un
contrôle, à mon avis, quasi parfait sur cela.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord avec le ministre qu'il n'y avait
peut-être pas une information totale sur l'ensemble des barrages
privés au Québec. Mais ce que je trouve curieux, au sujet de la
digue dans le parc de la Gaspésie qui concerne particulièrement
les Mines Madeleine, ou en ce qui concerne particulièrement le cas que
j'ai vécu chez nous, soit la rivière Pentecôte, c'est qu'on
ne se préoccupe pas de faire enquête et d'aller au fond des
choses.
Si cela avait été un petit particulier, un individu qui
avait commis une action comme celle-là, je vous dis, en tout cas,
à ma connaissance, que sérieusement, on lui aurait tombé
dessus. Mais c'était la compagnie CIP, et malgré toutes les
pressions et c'est cela qui m'inquiète malgré
toutes les informations que j'ai fait parvenir au ministre des Richesses
naturelles,
comme au ministère des Terres et Forêts, on me promenait de
Jean-Jacques à Jean-Pierre, et jamais une enquête sérieuse
n'a été faite.
J'ai même soumis tout ce dossier à un journaliste du Soleil
qui l'a repris. Encore là, il arrivait exactement à la même
conclusion à laquelle je suis arrivé. C'est-à-dire que,
quand il s'agissait de compagnies, le ministère des Richesses naturelles
disait: C'est un peu notre responsabilité, mais la conclusion à
laquelle on est arrivé, c'était encore un "act of God". Ce
n'était pas un "act of God" en ce qui concerne le barrage dont je parle,
c'était un acte de la CIP.
Si on ne se préoccupe pas plus des travaux qui sont faits sur les
barrages privés ou de la destruction de ces barrages ou tout simplement
du fait que ces barrages devraient être détruits bien souvent dans
plusieurs cas... Vous avez, par exemple, sur la rivière
Baie-Trinité, un barrage qui est absolument inutile actuellement. Il
empêche le saumon de pouvoir remonter cette rivière, parce que
cela prend du saumon intelligent pour remonter la rivière avec la passe
migratoire qu'on a faite.
Encore, je pense que si on ne s'en préoccupe pas, au
ministère, ce barrage qui commence déjà à
être assez vieux, qui nuit à la remontée du saumon, qui est
absolument inutile, parce que la compagnie Domtar n'est plus présente,
créera des problèmes tôt ou tard.
Je ne veux pas discuter de l'ensemble des barrages du Québec,
mais je pense qu'il est temps que le ministère des Richesses naturelles
prenne ses responsabilités. De ce côté, je n'ai pas de
compliment à lui faire. C'est bien malheureux. Cela entre dans la
politique des eaux. On sait, actuellement M. le Président, je
l'ai soumis au ministère des Terres et Forêts encore
là, que vous avez quantité de rivières au Québec,
en particulier les rivières à saumon qui sont la
propriété de compagnies forestières. Il serait temps aussi
que le ministère des Richesses naturelles, dans toute sa politique de
gestion des eaux, se préoccupe de récupérer ces
rivières.
M. MASSE: M. le Président, je pense que ce qu'on a
constaté, à la suite du cas dont le député de
Saguenay parle...
M. LESSARD: Vous n'avez rien constaté, vous ne vous en êtes
pas occupé.
M. MASSE: Un instant! On vous a répondu à part cela,
plusieurs fois.
M. LESSARD: Plusieurs fois...
M. MASSE: ... que c'est une situation vraiment particulière. Cela
nous permet de considérer qu'il y a des trous dans la loi, mais en tout
cas. Le lit de la rivière Pentecôte a été
concédé par lettres patentes en 1903.
M. LESSARD: D'accord, à M. Mason Boyds.
M. MASSE: On dit plus loin: Dans ces conditions, il est impossible au
ministère des Richesses naturelles d'intervenir selon les conditions
actuelles de la Loi du régime des eaux.
M. LESSARD: M. le Président, je doute de cette affirmation, parce
que, dans la loi, l'une des responsabilités que le ministère
possède et je pense que vous me l'avez confirmé tout
à l'heure c'est qu'il n'y a pas une modification d'un barrage qui
doit être faite, malgré le fait que le lit n'appartienne pas au
gouvernement, comme c'est le cas de la rivière Baie-Trinité,
comme cela a été le cas de la rivière Calumet, comme c'est
le cas à peu près de l'ensemble des rivières à
saumon du Québec, où depuis 1903, M. Mason Boyds a acquis la
propriété au prix de $1 l'acre de l'ensemble de ces
rivières.
Mais je dis, M. le Président, que normalement, s'il y avait eu
modification, ou si la compagnie CIP voulait modifier ce barrage, la compagnie
devait demander la permission au ministère des Richesses naturelles.
Malgré que le lit de la rivière ne vous appartient pas, en vertu
de la loi, il n'y a pas une modification d'un barrage privé qui doit se
faire sans l'autorisation du ministère. Or, justement, c'est exactement
ce qui est arrivé. Il y a eu une modification au barrage, et on n'a pas
demandé l'autorisation au ministère. Vous m'avez dit, ainsi que
le ministère des Terres et Forêts, que vous aviez pris des
renseignements, et selon ces renseignements, on ne pouvait pas accuser la
compagnie d'être responsable.
Or, je vous ai dit, dans la dernière lettre que je vous ai fait
parvenir à ce sujet, que, personnellement, j'étais prêt,
pour autant qu'on envoyait un inspecteur du ministère, à vous
trouver deux témoins dont l'un est allé détruire le
barrage, à la recommandation du gérant de la compagnie, deux
témoins qui signeraient un affidavit selon lequel l'un était
prêt à affirmer qu'il avait reçu l'ordre de détruire
le barrage parce qu'il nuisait tout simplement à la circulation du bois
à pâte. A partir de ce cas, quand j'ai revécu le
problème des Mines Madeleine, j'ai essayé de faire certaines
relations; si le ministère a été irresponsable en ce qui
concerne la CIP, je me demande s'il ne l'a pas été aussi en ce
qui concerne les Mines Madeleine.
Cela est grave, M. le Président. C'est grave, parce qu'il y a des
rivières à saumon. Quand on dit que les rivières à
saumon sont ruinées par la population et par la pêche, je dis
qu'elles sont bien plus ruinées par les compagnies forestières du
Québec qui font ce qu'elles veulent dans ces rivières. Cela
revient au ministère du Tourisme, mais il reste qu'il y a une
responsabilité importante du ministère des Richesses naturelles
dans ce secteur. D'après l'expérience que j'ai pu vivre, vous
n'avez pas encore pris cette responsabilité. Je vous demande de la
prendre le plus tôt possible, parce que cela va devenir grave.
M. MASSE: Je pense que, dans une situation semblable, si la Loi du
régime des eaux ne nous permettait pas d'intervenir, il y a
évidemment... Je distingue complètement le fait de la digue des
Mines Madeleine...
M. LESSARD: Bon!
M. MASSE: ... qui est un cas différent...
M. LESSARD: Je pose une question au ministre...
M. MASSE: ... parce qu'on parle des barrages alors que l'autre
c'est...
M. LESSARD: Je pose une question au ministre...
M. MASSE: Si vous me permettez... M. LESSARD: D'accord!
M. MASSE: Suite à un cas semblable, selon toutes les
circonstances, il n'y avait rien qui nous permettait d'intervenir, cela veut
dire qu'à un moment donné, soit à la Loi du régime
des eaux, soit au bill 8, il y a des modifications à apporter. Je peux
vous assurer que ce genre de problème cause, évidemment, comme
vous dites, des dégâts qui sont parfois irréparables. Mais
dans certains cas, on aurait probablement pu intervenir par la voie des
tribunaux. Les individus, par rapport à une société
semblable, n'interviennent pas parce que cela implique des sommes assez
importantes. Je pense que dans un cas semblable, cela mérite une
modification aux lois qu'on a.
M. LESSARD: Mais est-ce que le ministre peut me confirmer que la loi du
ministère des Richesses naturelles concernant les barrages
privés, oblige tout propriétaire de barrage privé,
à demander au préalable, un permis au ministère des
Richesses naturelles, avant de le modifier?
M. MASSE: Oui, certainement.
M. LESSARD: Oui. Mais dans cette loi, si, par exemple, une compagnie
privée modifie un barrage sans l'autorisation du ministère des
Richesses naturelles, vous m'affirmez que vous n'avez aucun recours.
M. MASSE: Non! A ce moment, on a droit de recours.
M. LESSARD: Vous avez droit de recours.
M. MASSE: Oui. On peut faire démolir le barrage.
M. LESSARD: Ou le faire reconstruire ou justement forcer la compagnie
qui, par suite de cette destruction, a causé des dommages
considérables qui ont coûté, pour tenter de recreuser le
lit de la rivière $150,000 au gouvernement fédéral. Est-ce
que le gouvernement a un recours pour réclamer à la compagnie les
montants dépensés? C'est seulement un montant de $150,000, on a
creusé et on n'en est arrivé à aucune solution parce que
la rivière s'est remplie par la suite.
M. MASSE: Est-ce qu'il y a un recours par le ministre?
M. LESSARD: C'est cela, d'abord...
M. MASSE: Est-ce que vous pouvez répéter votre
question?
M. LESSARD: Vous m'affirmez qu'il n'y a aucune modification d'un barrage
privé qui peut se faire sans l'autorisation du ministère des
Richesses naturelles. Je vous demande ceci: Si une compagnie privée fait
à un barrage privé des modifications qui entraînent des
conséquences très néfastes en ce qui concerne le lit de la
rivière, quel est le recours du ministère des Richesses
naturelles?
M. MASSE: Comme on disait tout à l'heure, il faut faire modifier
les plans de modification si cela n'est pas conforme à ce que nos
spécialistes pensent et que ce barrage pourrait créer des
problèmes qui pourraient venir à l'encontre de
l'intérêt public...
M. LESSARD: Est-ce que vous avez un recours pour réclamer les
dommages qui ont été causés par suite d'une
décision inopportune d'une compagnie privée?
M. MASSE: Le bill 8 ne nous donne pas ces pouvoirs. C'est pour cela que
je vous disais que s'il y a des trous en ce sens, il faut réviser.
M. LESSARD: Donc, on se donne des pouvoirs, mais, par la suite, on ne se
donne pas les moyens.
M. MASSE: Malheureusement, cela a été fait avant 1970 et
je ne sais pas du tout qui en a été l'instigateur de cela.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre a l'intention d'agir dans le plus
bref délai, d'intervenir?
M. MASSE: Oui.
M. LESSARD: Je pense que c'est une question fort importante, dans toute
cette politique de gestion des eaux. Je pense que le ministre me donnait
à peu près la même réponse en 1972,
c'est-à-dire que le bill 8 ne lui permettait pas ces mesures, ce
recours. Je peux me tromper je n'ai pas vérifié
mais il me semble qu'à ce
moment j'ai demandé au ministre s'il avait l'intention, dans le
plus bref délai possible, de modifier le bill 8 pour faire en sorte que
vous ayez un recours parce qu'il y a quand même des conséquences
ruineuses pour certaines petites paroisses de ma région et d'ailleurs
probablement. La rivière Pentecôte est un exemple flagrant d'une
décision irresponsable d'une compagnie privée.
M. MASSE: Oui.
M. LESSARD: Elle a fait en sorte qu'un petit village de pêche, qui
en fait vivait du bois, est ruiné. Et pire que cela, c'est que la
compagnie, par suite de cette décision, n'a même pas pu utiliser
le port de mer pour exporter son bois parce que cela s'est rempli
complètement de sable. Cette compagnie irresponsable a
créé des conséquences ruineuses pour ce petit village et
il n'y a aucun recours contre elle.
M. MASSE: Les lois ne sont pas parfaites et je vous dis ceci : Le bill 8
est pour la protection du public, que cela soit un acte qui soit à
l'encontre de ce but, de la protection du public, par un individu ou une
entreprise, il doit y avoir respect du bill 8, mais, comme on me dit, le bill 8
n'offre pas de moyens de réclamation autres que de faire modifier les
plans, il n'offre pas de moyens de revenir contre celui qui a causé les
dommages pour exiger une pénalité.
M. LESSARD: Je vous pose maintenant la question suivante: Est-ce que
vous avez l'intention de faire modifier ce projet de loi?
M. MASSE: J'ai demandé à M. Boucher, qui est le directeur
général des eaux, de réviser le bill 8 en fonction de cet
exemple.
M. LESSARD: Cela me satisfait plus ou moins, parce qu'il me semble que
j'ai eu la même réponse il y a deux ans.
M. MASSE: Je ne me souviens pas d'avoir discuté ce cas en
commission parlementaire lors de l'étude des crédits.
M. LESSARD: En tout cas, je m'en souviens, M. le Président, en
1971, nous avions discuté amplement de cet exemple flagrant, où,
comme je le disais, le ministère des Richesses naturelles m'a
renvoyé au ministère des Terres et Forêts et le
ministère des Terres et Forêts m'a renvoyé au
ministère des Richesses naturelles. Ce que je demande, c'est où
est la responsabilité...
M. PERREAULT: Au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche?
M. LESSARD: Non. Au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, j'avais envoyé copie, mais ce n'était pas sa
responsabilité.
M. PERREAULT: C'était ici.
M. LESSARD: Ecoutez, M. le Président... M. PERREAULT: Apportez
les preuves.
M.LESSARD: ...je pourrais apporter les preuves et je peux l'affirmer
d'ici, toute cette question de la rivière Pentecôte, je l'ai
discutée avec tous les documents. D'ailleurs, je pense que toute ma
correspondance est entre les mains d'un fonctionnaire du gouvernement.
Je vous dis que j'en ai discuté. En tout cas, ce que je dis,
c'est qu'il est important, je pense, qu'on réussisse à avoir un
contrôle dans ce secteur et qu'on puisse avoir des recours, parce que
l'exemple des îles Madeleine et l'exemple malgré ce que le
ministre peut me dire de la rivière Pentecôte ont à
mon sens une certaine relation peut-être pas la même, mais il y a
eu destruction. C'est-à-dire que pour le barrage des îles
Madeleine, à un moment donné, c'est la force de l'eau qui l'a
détruit, mais je pense qu'il importe que ces vieux barrages subissent
une vérification constante du ministère des Richesses naturelles.
Je lui donne le cas de la rivière Baie-Trinité, où il y a
un barrage absolument inutile. Le ministère doit aller plus loin que
surveiller les permis comme tels qui sont demandés pour la modification
d'un barrage. Quand un barrage est devenu inutile, le ministère en
collaboration, surtout quand il s'agit de rivière à saumon, avec
le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, doit forcer
la compagnie à enlever ce barrage. Le barrage était fait, en ce
qui concerne la rivière Baie-Trinité, pour contenir un bassin
pour le bois. Or, cette compagnie, depuis 1968 ou 1969, ne fait plus aucune
exploitation forestière dans la région. Le barrage est donc
devenu inutile, sinon pour les quelques pêcheurs à saumon de la
compagnie, qui ont créé une passe migratoire assez
compliquée du fait que le saumon doit être intelligent, de telle
façon que cela leur permet de pouvoir pêcher en bas plus
facilement et de prendre plus de saumon.
Ce que je demande, c'est que le ministère, dans cette politique
de gestion des eaux, puisse prendre des mesures dans le plus bref délai
possible pour corriger la situation. Je ne sais pas si on apporte la preuve que
j'ai discuté amplement de...
M. MASSE: Vous aviez dit que vous aviez deux témoins et que c'est
tout.
M. LESSARD: J'ai même lu la lettre, M. le Président.
M. MASSE: Je parle de l'année passée.
M. LESSARD: L'an passé, je l'avais discuté de nouveau
parce que les témoins sont venus après la première
commission en 1971. J'invite simplement le ministre à prendre des
mesures dans le plus bref délai possible afin que des situations comme
celles-là ne puissent se reproduire.
M. MASSE: Oui, on va réviser le bill 8, ou si c'est la Loi du
régime des eaux, en fonction du problème que vous soulevez.
M. LESSARD: M. le Président, on espère que les
recommandations de la commission Legendre puissent être mises en vigueur
dans le plus bref délai possible. Lors des prochains crédits du
ministère, j'ai l'intention de revenir sur l'ensemble de la commission
Legendre, parce qu'il reste, je pense, deux rapports à rendre publics.
Quand ces rapports devraient-ils l'être?
M. MASSE: Je l'ai dit tout à l'heure. On les rendra publics en
même temps que notre politique, ce qu'on entend faire au gouvernement
pour réaliser les recommandations contenues dans les rapports.
M. LESSARD: Cela veut dire dans quel délai?
M. MASSE: J'ai parlé des prochains mois.
M. LESSARD: Des prochains mois. D'accord, M. le Président.
M. MASSE: Je ne veux pas dire dans douze mois, je parle des tout
prochains mois.
M. LESSARD: D'accord. Cela veut dire que, l'année prochaine, on
pourra reprendre cette discussion.
M. MASSE: C'est inscrit au journal des Débats.
M. LESSARD: D'accord. J'ai soulevé cette question
dernièrement au ministre des Richesses naturelles à
l'Assemblée nationale, concernant les renégociations avec le
fédéral sur les normes de dédommagement en cas de
désastre.
On sait que cette loi des désastres naturels est basée sur
$1 per capita. Je pense que nous avons, cette année, un exemple assez
important des désastres que cela cause, mais cependant nous pouvons
probablement aller au-delà des $6 millions. Je pense qu'il n'y a aucune
inquiétude, si cela continue malheureusement.
M. MASSE: On évalue, cela grosso modo, à environ $75
millions dans tout le Québec.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre va se prévaloir de la loi
fédérale sur les désastres naturels?
M. MASSE: Oui, M. le Président. D'ailleurs, je dois dire qu'un
groupe des Affaires intergouvernementales négocie depuis quelque temps
ces arrangements possibles de dédommagement par le gouvernement
fédéral. Et avec un des comités techniques des groupes
interministériels, il y avait des gens du gouvernement
fédéral, même aujourd'hui à Québec, pour
donner suite aux premières discussions et on voudrait que certaines
modifications soient apportées aux normes qu'on a toujours mises de
l'avant au gouvernement fédéral.
M. LESSARD: Quand vous parlez de certaines modifications, vous
prévoyez la possibilité d'avoir une modification à la loi
qui calculerait le coût des désastres selon les
régions.
M. MASSE: Je pense qu'à court terme il y a un certain nombre de
normes qu'on s'est données au gouvernement fédéral qu'on
trouve plus ou moins conformes à la réalité
québécoise. Par exemple, dans le domaine du dédommagement
pour les entreprises, une entreprise ne doit pas faire plus de $500,000 par
année, ne doit pas. avoir plus de douze employés. Evidemment,
quand vous parlez d'une entreprise semblable, ce ne sont pas des entreprises
moyennes, c'est une très petite entreprise.
M. LESSARD: On veut nous laisser dans l'entreprise artisanale.
M. MASSE: C'est la règle générale partout au
Canada. Je comprends qu'il faut fixer un plafond à un moment
donné. Il n'est pas question de subventionner une entreprise qui fait
des centaines de millions par année; mais de douze à 25
employés, il n'y a pas un gros écart et il peut y avoir des
industries qui soient pénalisées. C'est le genre de modification
qui est discutée actuellement. Ce qu'il faudra discuter aussi par la
suite c'est le changement dans les critères d'intervention comme celui
que vous mentionniez et que j'ai déjà souligné à M.
Jack Davis qui était responsable de l'application de ce fonds: quand on
prend l'Ile-du-Prince-Edouard, par exemple, cela prend $100,000 de dommages
pour que le gouvernement fédéral intervienne alors qu'en Ontario
et au Québec il faut quand même dépasser $6 millions, pour
le Québec. Ceci n'arrive pas très souvent; en tout cas, selon mon
expérience depuis 1970, il y a eu quand même à deux
occasions des dommages au Québec et ce n'était pas suffisant pour
atteindre les $6 millions. J'avais suggéré l'année
dernière qu'on examine la possibilité d'évaluer cela par
région, non pas sur le plan canadien, mais par régions au niveau
d'une province. Par exemple, s'il y a d'immenses dégâts sur la
Yamaska, qu'on considère le cas Yamaska.
M. LESSARD: ... de la population.
M. MASSE: Alors, c'est une négociation qui reste à
continuer, actuellement.
M. LESSARD: Est-ce que c'est une négociation qui se fait entre
monologues ou homologues?
M. MASSE: Entre homologues. Quand vous
aurez les résultats, par la suite, on verra le terme qu'on
emploiera.
M. LESSARD: Cela veut dire dans quel délai le ministre...
M. MASSE: C'est assez difficile. Je pense qu'actuellement...
M. LESSARD: Dans le système constitutionnel on ne fait pas
cela...
M. MASSE: ... les fonctionnaires sont en discussion de façon
intensive avec les fonctionnaires fédéraux pour les cas
précis de cette année qu'il faut tenter de résoudre le
plus rapidement possible; après, nous passerons à l'autre
étape.
M. LESSARD: C'est une autre conséquence du
fédéralisme rentable.
M. MASSE: Oui, mais sur $75 millions, si le fédéralisme
nous rapporte $60 millions, je considère que c'est rentable.
M. LESSARD: Ecoutez; justement. Mais, depuis combien d'années
n'a-t-on pas été capable d'utiliser cette Loi des
désastres naturels, alors que dans d'autres provinces du Canada, on l'a
utilisée amplement? Vous avez eu par exemple, le 18 juin 1973, la
tempête qui a détruit complètement toutes les cages
à homards aux Iles-de-la-Madeleine; le même cas est arrivé
en Nouvelle-Ecosse et on a utilisé cette Loi des désastres
naturels. Aux Iles-de-la-Madeleine, on n'a pas été capable de
l'utiliser à cause de cette loi de $1 per capita.
M. MASSE: Evidemment, on peut discuter les critères du
gouvernement fédéral, mais il y a aussi l'Ontario l'an
passé qui a subi d'immenses dommages alentour du lac Ontario et qui n'a
pas eu de dédommagement.
M. LESSARD: Je voudrais parler d'un autre problème où on
m'a envoyé de Cai'phe à pilate, c'est celui de l'érosion
des rives du fleuve Saint-Laurent. Je prends un cas bien concret, car je pense
que c'est un cas qui rejoint passablement de municipalités du
Québec. J'ai communiqué au mois de janvier 1974 avec le
ministère des Richesses naturelles concernant la reconstruction d'une
digue qui empêche la montée des eaux, des marées sur les
terres de certains cultivateurs dans la région de Saint-Paul-du-Nord. En
même temps comme je connais un peu le dossier étant
donné que j'ai travaillé à ça un certain
temps je communiquais aussi avec le gouvernement fédéral
puisque cette digue avait été construite par le gouvernement
fédéral il y a une quinzaine d'années. Or, la
réponse du gouvernement fédéral est celle-ci, c'est que
puisque ce n'est pas causé par la navigation maritime, ce n'est pas sa
responsabilité. Le ministère des Richesses naturelles dit:
Puisque ce n'est pas nous qui avons construit la digue et que c'est le
gouvernement fédéral qui a construit cette digue, ce n'est pas
notre responsabilité.
Encore là, je voudrais bien savoir... Parce que ce n'est pas le
seul cas que j'ai; dans des municipalités comme je l'avais soumis
l'an dernier au ministre Chute-aux-Outardes. Ra-gueneau, Ruisseau-Vert,
Portneuf, les maisons sont en train de disparaître, justement par suite
de l'érosion du sol faite par les marées montantes. Le ministre
me disait justement l'an dernier qu'à ce sujet le ministère
allait prendre ses responsabilités. Je voudrais une fois pour toutes,
afin que je sache si je peux continuer d'intervenir ou ne pas intervenir,
surtout que je puisse en informer mes commettants comme d'autres
députés qui sont aux prises avec le même problème,
savoir si, à un moment donné, il y a décision prise au
ministère des Richesses naturelles concernant la responsabilité
ou la détermination des responsabilités entre, d'une part le
gouvernement fédéral et, d'autre part, le ministère des
Richesses naturelles dans ce secteur.
M. MASSE: La question d'érosion côtière a fait
l'objet au ministère l'année passé, entre autres en
Gaspésie, d'un inventaire des besoins. On peut dire que ce sont
plusieurs centaines de millions qui pourraient être engagées
à un moment donné. Comme vous le disiez tantôt, le
gouvernement provincial rejette sur le mouvement des navires les
dégâts causés aux rives; d'autre part, certains travaux,
certains murs de protection ont été effectués par le
ministère.
En tout cas, à ce qu'on me dit, il n'est pas possible
actuellement de prévoir qu'il y aura un règlement final de ce
contentieux avec le gouvernement fédéral. Evidemment, si cela
n'impliquait pas les millions que j'ai mentionnés, cela pourrait
être une politique du gouvernement provincial seul, mais, compte tenu des
problèmes que cela pose au niveau budgétaire, il n'appartient
pas, du moins pour l'instant, il n'est pas dans les possibilités
budgétaires d'intervenir directement sans une aide financière du
gouvernement fédéral.
Alors, le contentieux existe tout le temps et il ne semble pas que nous
puissions en arriver à une entente satisfaisante. Pour les populations
concernées, que ce soit un demi-mille de long pour un mur de
soutènement, pour elles, elles peuvent peut-être penser que ce
n'est pas important pour le gouvernement provincial, mais quand on regarde
l'ensemble de l'étendue côtière au Québec, je pense
que les possibilités physiques sont vraiment inexistantes au budget du
ministère des Richesses naturelles, quoique, dans les cas où des
propriétés privées se trouvent en danger,
évidemment, il y a toujours le recours du cas isolé et de pouvoir
piloter le dossier à la Société d'habitation pour les
déplacements. C'est l'état de ce dossier actuellement.
M. LESSARD: Mais tout cela n'est pas consolant. Si le ministère
n'a pas d'argent, les
municipalités n'en ont pas non plus. L'an dernier, suite à
cette question que je soulevais... Non seulement je l'avais soulevée,
mais je ne sais pas qui était député de Châteauguay
à ce moment-là, mais le député de Châteauguay
avait soulevé exactement le même problème. C'est que, d'une
part, les municipalités n'ont pas d'argent pour agir dans ce secteur;
d'autre part, le gouvernement fédéral nous dit que ce n'est pas
leur responsabilité parce que ce n'est pas dû à la
navigation maritime. D'Un autre côté, le ministre des Richesses
naturelles nous disait l'an dernier: C'est assez difficile à ce
moment-ci de donner notre politique d'ensemble. Je pense que tout cela, on va
le retrouver dans la définition de notre politique qu'on veut tenter de
rationaliser au cours de l'année et aussi on va prendre nos
responsabilités. Je suis bien d'accord sur cela.
M. MASSE: Par ailleurs, M. le Président, il y a eu des travaux de
faits. Comme je le disais tout à l'heure, il y a eu un inventaire, une
analyse du problème qui a été faite à la suite d'un
inventaire des besoins effectué par deux étudiants l'année
passée. Ce rapport est actuellement à l'étude pour
entreprendre des nouvelles négociations, mais aussi tenter de trouver
les moyens de remédier à la situation. Ce n'est pas une question
de $64,000, c'est une question de plusieurs millions. C'est le gros
problème, je pense, de l'eau, où il y a des
propriétés privées en danger. On a des moyens pour y
remédier. Mais dans ce problème qui prend des proportions
énormes, la solution, on ne l'a pas trouvée encore.
M. LESSARD: D'accord, mais moi, je me dis une chose, encore là,
M. le Président. C'est que, si on ne fait rien, les coûts de
réparation vont peut-être être beaucoup plus
élevés, si on n'agit pas dans le plus bref délai possible.
Je suis d'accord que c'est encore un dossier en suspens entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement provincial. C'est du
fédéralisme rentable.
M. PERREAULT: Penses-tu qu'on aurait les moyens avec le
séparatisme de faire cela?
M. LESSARD: On aurait notre argent, M. le Président...
M. PERREAULT: Tu n'en aurais pas plus.
M. LESSARD: On aurait, M. le Président, notre argent qu'on donne
au gouvernement fédéral qui nous permettrait...
M. PERREAULT: Le budget de l'an I?
M. LESSARD: ... M. le Président, de doubler notre budget. Oui, le
budget de l'an I.
M. PERREAULT: II manque deux milliards?
M. LESSARD: Oui. Et nos chiffres étaient exacts, étaient
basés strictement, M. le Président, sur une augmentation du
produit national brut de 9.5 alors que le ministre aspirant aux Richesses
naturelles devrait savoir maintenant que l'augmentation du produit national
brut a été de 11.5...
M. PERREAULT: II y avait un trou de $2 milliards là-dedans.
M. LESSARD: ... sinon 12. M. MASSE: $4 le baril.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, encore là, cela me
fait dire, comme je le disais l'an dernier, cela ne m'en donne pas plus.
M. MASSE: II faut rester sur notre faim parfois.
M. LESSARD: Cela fait longtemps qu'on reste sur notre faim, en ce qui
concerne...
M. MASSE: On tente de trouver les moyens. Evidemment, les gens sont
habitués à avoir des murs de soutènement.
On pense qu'il y a peut-être d'autres moyens plus
économiques, qui auraient les mêmes effets.
M. LESSARD: Je pense à des murs de soutènement pour
certaines municipalités comme Sainte-Anne-de-Portneuf, comme
Ruisseau-Vert, comme Chute-aux-Outardes, etc., mais quand je parle du cas de
Saint-Paul-du-Nord qui a été celui d'une digue qui a
été construite par le gouvernement fédéral sur la
propriété de M. Armand Tremblay, c'est que c'est une digue qui
empêchait les marées de pénétrer sur les terres
agricoles de M. Tremblay et autres. Ils sont à peu près quatre ou
cinq cultivateurs. Cette digue, qui a été construite par le
gouvernement fédéral, il y a à peu près 25 ans, est
complètement inefficace. Il faut qu'elle soit reconstruite pour
protéger les terres agricoles de ces quatre ou cinq agriculteurs.
Comme j'ai su que c'était le gouvernement fédéral
qui l'avait construite il y a 25 ans, j'ai communiqué avec le
gouvernement fédéral en même temps que je communiquais avec
le ministère des Richesses" naturelles pour savoir de quel
côté j'allais me brancher pour obtenir un résultat positif.
Le fédéral m'a répondu: Oui, on l'a bien construite il y a
25 ans, mais, maintenant, à partir de nos critères et de nos
normes qui sont beaucoup plus strictes, on ne peut pas se permettre de toucher
à cela. Il reste quel ministère? L'Agriculture?
M. MASSE: Comme je vous le dis, on espère nous aussi trouver la
solution miracle.
M. LESSARD: Non, ce n'est pas une solution miracle, M. le
Président.
M. MASSE: Non, mais une solution miracle. Je parle de l'importance de
ces travaux. Actuellement, dans les circonstances actuelles, cela prendrait un
miracle pour pouvoir réaliser tous ces travaux. C'est effrayant les
demandes qu'on a, les besoins de réparation de murs de digues
déjà existantes.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le programme 5, adopté?
M. LESSARD: Oui, on a pas mal discuté, je pense bien, de
l'ensemble des éléments, la protection contre les
dérèglements hydrauliques...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 2.
M. LESSARD: Une minute, M. le Président, je vais vérifier.
Cela va, adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 2: Soutien et surveillance
de l'industrie minière.
Soutien et surveillance de l'industrie
minière
M. MASSE: On peut rester dans le domaine de l'eau et prendre le
programme 4.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de Saguenay
n'a pas objection?
M. MASSE: On y a touché, mais...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 4: Inventaires et
recherches?
M. LESSARD: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Est-ce qu'on revient au programme 2?
M. LESSARD: Non, pas celui-là, pas tout de suite, en tout cas.
Cela a été posé...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: Ce ne sera pas long, M. le Président.
J'aimerais d'abord, M. le Président, soulever la question
suivante au ministre des Richesses naturelles. Disons qu'on va faire la
discussion générale et, comme d'habitude, je démontre
toujours une collaboration. Je ne pose pas des questions sur la couleur du
chapeau du chauffeur du ministre, cela ne m'intéresse pas.
On a déjà vu des discussions comme celle-là
Heureusement, maintenant c'est du folklore.
Concernant la fonderie de Sainte-Croix je pense qu'il y a
d'autres fonderies, celle de
Sorel on constate, comme on le constatait vis-à-vis de
SIDBEC qui a été obligée de s'approvisionner...
M. MASSE: Ferraille.
M. LESSARD: ... en ferraille, à l'extérieur du
Québec, que nos fonderies québécoises ont
énormément de difficultés c'est le cas,
semble-t-il, de la fonderie de Sainte-Croix à obtenir de la
fonte.
C'est que la fonte, qui est faite à partir du fer, la fonte en
gueuse, qui est un rebut du minerai de fer, est exportée en grande
partie par les compagnies minières du Québec, les compagnies de
fer du Québec à l'extérieur, alors que nos fonderies ne
sont pas capables de trouver le minerai ou la ferraille nécessaires
à leur alimentation.
Est-ce que le ministre, en intervenant soit auprès du
gouvernement fédéral, soit auprès des compagnies, a fait
des efforts pour permettre à ces fonderies, celles de Sorel et de
Sainte-Croix, de s'alimenter? Est-ce que le ministre a été
informé de ce dossier?
M. MASSE: M. le Président, je n'ai pas été
informé en tant que ministre des Richesses naturelles, mais
j'étais au courant que l'approvisionnement de SIDBEC posait des
problèmes. C'est pourquoi, je pense, elle s'est associée à
une autre entreprise qui est une entreprise minière. En ce qui concerne
la fonte en gueuse, comme on l'a mentionné, évidemment, il n'y a
pas d'aciéries québécoises qui pourraient fournir ces
matériaux, ils doivent être importés. Je ne suis pas du
tout au courant non plu e la situation de la fonderie de Sainte-Croix.
Evidemment, cela entre davantage au niveau des problèmes de l'industrie
que des problèmes miniers, quoique cela puisse avoir une relation avec
les futures exploitations minières.
M. LESSARD: II reste que le ministre trouvera certainement anormal qu'au
Québec on exporte notre minérai de fer à l'état
brut et que certaines fonderies québécoises, dont la fonderie de
Sainte-Croix et la fonderie de Sorel, ne puissent trouver au Québec
même le matériel ou le matériau nécessaire à
leur alimentation. Il n'y a pas d'aciérie, d'accord, mais il y a quand
même certaines compagnies minières... Je comprends qu'il n'y a
malheureusement pas de transformation mais est-ce qu'il y a eu des recherches
ou est-ce qu'il y a eu des mesures pour permettre à ces compagnies de
s'approvisionner au Québec?
M. MASSE: D'abord, les projets de SIDBEC qui sont en cours actuellement,
que vous connaissez, pourraient lui permettre, lors de l'agrandissement de ses
installations, de fournir, elle, ce matériau aux autres entreprises qui
l'utilisent. Evidemment, dans le secteur de l'acier, c'est toujours la question
du marché qui amène des investissements. Pour la
première
fois, je pense que SIDBEC est à la veille de réaliser un
projet inexistant et, je pense, nécessaire au Québec
actuellement. Je pense que c'est par ce moyen qu'une entreprise comme
Sainte-Croix pourra régler son problème,
M. LESSARD: D'accord! Je suis d'accord que le fait qu'on n'ait pas
d'aciérie, qu'on n'ait pas d'entreprise de transformation, crée
des problèmes, puisque c'est transformé ailleurs. Donc, le rebut,
on peut l'obtenir des Etats-Unis. Mais, concernant la ferraille, on dit, par
exemple, qu'il y a une consommation dans les fonderies du Québec de
200,000 tonnes de ferraille par année, et dans celles du Dominion of
Canada, de 1,461,000 tonnes, selon le Bureau fédéral de la
statistique en 1971. Au moins au niveau de la ferraille pour l'alimentation de
ces fonderies, est-ce que le ministère des Richesses naturelles s'est
penché sur le problème de contrôler cette exportation?
M. MASSE: C'est une juridiction du ministère de l'Industrie et du
Commerce. Je ne pourrais pas répondre à cette question. Notre
ministère n'a pas une préoccupation d'approvisionnement des
usines en matière première. C'est vraiment une
préoccupation d'une autre juridiction. Personnellement, je suis
complètement ignorant de cette situation.
M. LESSARD: C'est un problème assez curieux au Québec
où on a quand même certains métaux qui ne sont pas
transformés; mais ces métaux ne nous permettent même pas
d'alimenter nos industries, en particulier, en ce qui concerne la ferraille. Le
plus grand exportateur de la ferraille au Québec, c'est la St. Lawrence
Metal de Montréal; alors justement qu'on exporte la ferraille, nos
entreprises québécoises dont la Fonderie Sainte-Croix et la
Fonderie de Sorel... En ce qui concerne la Fonderie de Sorel, je ne sais pas
quelle est la situation. Mais, en ce qui concerne la Fonderie de Sainte-Croix,
j'ai un document daté du 19 février 1974, dans lequel justement
on parle d'un état d'urgence dans les fonderies de fonte du
Québec "... la ferraille est exportée et les fonderies en
manquent dangereusement..." et on dit même, au début du rapport:
"La situation présente pourrait causer, dans les prochains jours, des
centaines de mises à pied au Québec dans les fonderies si
justement on ne prend pas les moyens pour contrôler nos
exportations".
Si le ministre me dit que c'est un problème qui relève de
son collègue, le ministre de l'Industrie et du Commerce, je pense que,
comme ministre des Richesses naturelles, ce dossier devrait le
préoccuper. Il devrait intervenir auprès du ministre de
l'Industrie et du Commerce afin justement de voir s'il y a des mesures qui sont
prises pour permettre à nos fonderies québécoises de
pouvoir s'alimenter.
M. MASSE: C'est une préoccupation du mi- nistre. Je peux vous le
souligner. Mais il semble que cette situation se retrouve partout dans le
monde. Il y a une pénurie de ferraille. Croyez bien que, comme on dit
souvent, notre marché, malheureusement, n'est pas suffisamment restreint
pour faire toutes les implantations industrielles nécessaires au
développement de certaines entreprises. Mais je pense que SIDBEC qui a
su élaborer quelque chose qui sera des plus rentable, va répondre
en plus à un besoin immense au Québec.
M. LESSARD: Maintenant, à ce programme, j'aimerais avoir des
informations du ministre concernant la New Quebec Raglan Mines qui jouit d'un
traitement assez particulier, d'un traitement de faveur en matière
d'exportation du cuivre et du nickel dans la région du Labrador.
D'ailleurs, je dois dire au ministre que j'ai tenté d'obtenir
l'arrêté en conseil concernant New Quebec Raglan Mines depuis
à peu près deux ans. Si vous vérifiez une question au
feuilleton, elle a été inscrite depuis environ... non pas
à cette session, même si elle est inscrite au mois de mars, mais
elle est inscrite depuis la Législature précédente.
J'avais soulevé une question en Chambre à ce sujet parce que le
ministre sait sans doute que, lorsqu'une compagnie minière exporte du
minerai à l'état brut, il est possible, en vertu de la Loi des
mines, de doubler la rente, les redevances. Or, par suite d'une entente avec
une compagnie je me demande si ce n'est pas Falconbridge ou autre
qui permettait à une compagnie de faire venir du minerai de l'Ontario et
le transformer chez nous. Pour autant que cette entente était
respectée, New Quebec Raglan Mines pouvait exporter à
l'état brut du minerai dans la région de l'Ontario et on
réclamait exactement les mêmes redevances.
Or, cette première entente je voudrais que le ministre me
le confirme, je ne sais pas si c'est Falconbridge si ma mémoire
est bonne, d'après les informations que j'ai reçues du ministre
à l'Assemblée nationale, n'a pas été
respectée par la compagnie du sud...
M. MASSE: D'abord, New Quebec Ragland Mines est une filiale de
Falconbridge.
M. LESSARD: D'accord.
M. MASSE: L'autorisation d'exporter à l'extérieur de la
province a été donnée sous réserve qu'on implante
à Bécancour c'est la compagnie mère qui implantait
une usine d'affinage.
La mine New Quebec Raglan n'est pas entrée en exploitation, et
l'affinerie n'a pas vu le jour encore à Bécancour à cause
d'abord de certaines difficultés de la compagnie elle-même, mais
c'est un projet qui est reporté, c'est tout.
M. LESSARD: Alors, le ministre m'affirme qu'il n'y a pas eu
d'exportation de la part...
M. MASSE: ... exploitation encore de la mine.
M. LESSARD: Donc, il n'y a pas eu d'exploitation de la mine New Quebec
Raglan?
M. MASSE: Non, c'était une des conditions. La New Quebec
Raglan.
M. LESSARD: II n'y a pas d'exploitation et il n'y a pas eu
d'exportation.
M. MASSE: II n'y a pas eu une once de minerai qui a été
extraite.
M. LESSARD: Maintenant, suite à la question que je soulevais au
feuilleton à ce sujet, est-ce que le ministre accepterait de voir cette
question et de déposer l'arrêté en conseil en question? Je
dois dire, si le ministre veut me répondre, que si les
arrêtés en conseil sont publiés dans la Gazette officielle,
cela n'a pas été le cas ici. Pour cette fois, est-ce que le
ministre accepterait de répondre enfin à la question que je
posais, il y a passablement de temps, concernant cette question?
M. MASSE: Certainement, je ne peux pas y voir de difficulté. En
tout cas, on l'a pris en note, de toute façon.
M. LESSARD: Donc, je prends la parole du ministre que non seulement il
n'y a pas eu exportation ni exploitation de la New Quebec Raglan Mines dans la
région? D'accord, M. le Président.
Au niveau de la surveillance de la production minière, j'aimerais
savoir quelles mesures sont prises par le ministère des Richesses
naturelles pour faire respecter l'arrêté en conseil no 887 du 30
août 1956. Je précise, M. le Président, que c'est un
arrêté en conseil qui oblige les compagnies minières
à obtenir d'abord un certificat médical des ouvriers
employés dans l'exploitation de mines et à faire subir
annuellement un examen à chacun de leurs employés. Est-ce le
ministère des Richesses naturelles qui est responsable de l'application
de ce règlement et responsable de la surveillance de la pollution dans
ces mines. Je parle de la Canadian Johns-Manville, je parle de la Asbestos
Corporation, je parle de la Canadian Reynolds dans ma région. Est-ce que
le ministère a d'abord les inspecteurs qu'il doit envoyer dans ces
compagnies pour surveiller la quantité de pollution ou le nombre de
millions de particules au pouce carré?
M. MASSE: Dans les mines, dans l'exploitation minière, c'est le
ministère qui est chargé de l'inspection. En dehors,
c'est-à-dire dans les usines de transformation, les médecins de
la Commission des accidents du travail sont responsables de la
protection...
M. LESSARD: Qu'on fasse attention... M. MASSE: Excusez-moi, je suis
mêlé.
M. LESSARD: Oui.
M. MASSE: C'est le service d'hygiène du service de
l'environnement qui, en dehors des mines, les lieux d'extraction, est
chargé de l'application des lois et des règlements. En ce qui
concerne la ventilation, tout ce qui concerne la santé dans les mines,
ce sont nos inspecteurs.
M. LESSARD: Combien le ministère a-t-il d'inspecteurs pour
surveiller ces entreprises?
M. MASSE: Entre 17 et 20 inspecteurs.
M. LESSARD: Est-ce qu'il est vrai je pose la question selon les
informations que j'ai pu obtenir et ceci appuyé d'une lettre que j'ai pu
voir et dont je n'ai malheureusement pas copie que les compagnies
minières sont informées que les inspecteurs vont passer à
telle date? Le ministre aspirant au ministère des Richesses naturelles
semble sourire mais, M. le Président, c'est une question fort pertinente
et fort importante, je pense. Si le député de L'Assomption a
déjà visité les mines d'Asbestos Corporation et que cette
compagnie savait que le député de L'Assomption allait passer, la
réaction qu'on a eu chez les ouvriers, c'est de dire: C'est très
propre aujourd'hui, mais en temps normal ce n'est pas la même
situation.
M. MASSE: M. le Président, on informe la compagnie et aussi le
syndicat qu'à telle date il y aura une inspection. Cette inspection se
fait en compagnie d'un représentant de la compagnie et d'un
représentant du syndicat.
M. LESSARD: Vous me confirmez que vous informez la compagnie qu'à
telle date il va y avoir une inspection de la part de l'inspecteur du
ministère des Richesses naturelles?
M. MASSE: Et alors, en deuxième lieu, qu'est-ce qui arrive?
M. LESSARD: En deuxième lieu, M. le Président...
M. MASSE: Le syndicat est présent. M. LESSARD: Je suis bien
d'accord...
M. MASSE: II a droit de parole au même titre que le
représentant de la compagnie.
M. LESSARD: ...M. le Président, mais comment voulez-vous que le
ministre ait véritablement la situation qui prévaut normalement
dans le milieu alors que la compagnie a pris des précautions depuis une
semaine pout tout vider le nombre de millions de particules d'amiantose ou tout
ce que vous voudrez? C'est ridicule. Quand un inspecteur passe dans une
compagnie, il n'annonce pas d'abord qu'il va passer, quinze jours à
l'avance.
M. MASSE: M. le Président, personnellement, dans des cas
où j'ai eu connaissance des rapports, le syndicat n'a jamais
formulé de plaintes concernant notre façon de
procéder.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre devrait aller faire un
tour dans la région et rencontrer le syndicat à ce sujet.
Personnellement je l'ai fait, j'ai rencontré les syndiqués et je
pense que c'est une des plaintes qui ont été faites, en tout cas
lors de mon passage. Comment voulez-vous que le ministère ait une vue
générale de la situation qui prévaut
généralement à l'usine alors qu'on prend la
précaution d'informer la compagnie qu'à telle date les
inspecteurs du ministère des Richesses naturelles vont passer? Je trouve
cela absolument ridicule.
M. MASSE: On ne mesure pas l'épaisseur de la poussière
dans le fond de la mine.
M. LESSARD: Non, M. le Président.
M. MASSE: On inspecte la ventilation, tous les équipements de
sécurité et en aucun cas je vous le répète,
en aucun cas je n'ai eu des représentations d'un syndicat qu'il
était insatisfait de notre façon de procéder. Il me semble
que c'est suffisant. Au contraire, on n'a eu que des félicitations, M.
le Président, même dans des régions comme Asbestos, que
semble souligner le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre dit qu'en aucun cas il
n'a eu des recommandations de la part du syndicat. Dans la revue
syndicale...
M. MASSE: Je ne parle pas des journalistes, je vous parle des
travailleurs.
M. LESSARD: Non, M. le Président, dans la revue syndicale de la
CSD qui représente les syndiqués de la région, dans un
article qui est intitulé: A Asbestos les syndiqués
s'échauffent; l'amiantose, un problème de rodage et là, je
ne veux pas lire les trois lettres, mais je voudrais lire la réaction du
syndicat en date du 30 novembre 1973, le syndicat écrit la lettre
suivante au ministre Gilles Massé.
Voici l'essentiel de ce document: "Honorable Jean-Gilles Massé,
ministre des Richesses naturelles, Hôtel du Gouvernement,
Québec.
Honorable ministre,
On ne peut accepter la réponse de la compagnie à ce sujet
concernant les mesures qui avaient été prises pour tenter
de réduire la pollution on ne peut accepter la réponse de
la compagnie à ce sujet car, quand la compagnie mentionne qu'il reste
toujours la période de rodage, nous sommes d'accord en ce qui regarde la
période de rodage pour l'équipement, mais, pour la santé
des employés, on ne permettra pas de période de rodage car, en
1973, quatre et même plus de nos confrères de travail sont
décèdes des suites de maladies industrielles qui ont
été contractées au "plant" de la Canadian Johns-Manville
d'Asbestos. Si vous, M. le ministre, pouvez accepter une telle situation, nous,
les travailleurs impliqués, nous nous en révoltons et
espérons grandement que vous ferez le nécessaire pour que cette
situation se corrige par des moyens pacifiques au lieu d'attendre que les
travailleurs décident de la classer eux-mêmes par des moyens qui
seraient sûrement moins appréciés.
Syndicalement vôtre,
Jean-Claude Simoneau, secrétaire-trésorier".
Et je pourrais continuer.
M. PERREAULT: Ce n'est pas le même cas.
M. LESSARD: Ce n'est pas le même cas, mais voici...
M. PERREAULT: Cela n'a aucune relation avec...
M. LESSARD: Cela rejoint quand même le même cas.
M. PERREAULT: Cela n'a aucune relation...
M. LESSARD: Cela rejoint quand même le même cas. Est-ce que
l'inspecteur du ministère des Richesses naturelles qu'on me le
confirme ou non a la responsabilité de vérifier, à
une période donnée qui, semble-t-il, est annoncée à
la compagnie, le nombre de millions de particules au pouce cube qui existe
le député aspirant ministre... Est-ce que cet inspecteur
doit le vérifier?
M. MASSE: C'est bien évident. M. LESSARD: C'est bien
évident.
M. MASSE: Je dois dire que j'ai rencontré les
représentants de la CSD à la suite d'une inspection d'un
inspecteur du ministère des Richesses naturelles, et ils étaient
complètement satisfaits de la façon dont l'inspection avait
été faite. Je pourrais aussi vous sortir une lettre d'un des
principaux responsables de la CSD.
M. LESSARD: J'aimerais que le ministre me fasse parvenir cette
lettre.
M. MASSE: Avec plaisir.
M. LESSARD: Parce que le ministre m'a déjà dit, concernant
le fonds minier, que même les Métallurgistes Unis n'en voulaient
pas, mais j'ai des documents qui prouvent justement que les
Métallurgistes Unis en veulent depuis fort longtemps. De toute
façon, on reviendra sur ça.
M. MASSE: Lorsque j'avais déclaré ça, il n'y
avait eu aucune assemblée de syndiqués, à cette
période, qui s'était prononcée.
M. LESSARD: Je reviens sur une mesure qui m'apparaît absolument
irréaliste, absolument hors des normes ordinaires de toute la
responsabilité d'un inspecteur. Si, par exemple, un inspecteur du
ministère de la santé s'en va visiter une boucherie ou un
abattoir, le jour où il annonce qu'il va visiter l'abattoir, vous
comprendrez qu'il va y avoir un nettoyage systématique de l'abattoir en
question. Pour ma part, je me scandalise du fait que le ministère des
Richesses naturelles annonce d'avance à certaines compagnies
minières...
M. MASSE: Au syndicat aussi, mentionnez-le donc, si vous voulez
être honnête.
M. LESSARD: Je m'en fous, au syndicat!
M. MASSE: Soyez honnête sur toute la ligne.
M. LESSARD: Je m'en fous, au syndicat. C'est la compagnie.
M. MASSE: Pourquoi vous voulez...
M. LESSARD: Le syndicat n'a pas de mesure pour tenter de conserver la
situation telle qu'elle existe ordinairement à l'intérieur de
l'entreprise tandis que l'entreprise a des mesures pour faire en sorte que,
quand l'inspecteur va passer, la pollution peut être diminuée
considérablement. Il va y avoir des réactions suite aux
réponses que me donne le ministre ce soir.
Suite à une rencontre que j'ai eue avec les dirigeants de la
Confédération des syndicats démocratiques c'est
l'une des discussions qu'on a eues personnellement, j'ai
été sidéré, j'ai été surpris et je ne
peux pas comprendre justement qu'on ait douze inspecteurs, comme le dit le
ministre, qui font ce travail d'aller vérifier dans des compagnies
minières la situation de la pollution et qui se permettent d'avertir la
compagnie avant de passer. C'est ridicule.
M. MASSE: Je vous dis et trouvez-moi un cas... Cette façon de
procéder est acceptée par les syndicats...
M. LESSARD: C'est contre l'intelligence même!
M. MASSE: M. le Président, il n'y a aucune raison de voir
l'inintelligence dans tout cela. On avise le syndicat qu'on va être
là à telle date. S'il y avait eu un grand ménage, si on
avait changé l'installation de ventilation entre-temps, je ne dis pas;
mais c'est toujours le même système de ventilation qui est dans la
mine.
M. LESSARD: Et qu'on fait marcher...
M. MASSE: C'est toujours le même système qui
fonctionne.
M. LESSARD: Et qu'on fait marcher, par exemple, avec beaucoup plus
d'ampleur.
M. PERREAULT: C'est du charriage. M. LESSARD: C'était très
propre...
M. BOUTIN (Johnson): Je peux vous dire que j'ai travaillé
puis...
M. LESSARD: C'était très propre quand j'y suis allé
justement.
M. BOUTIN (Johnson): Oui, très propre. M. LESSARD: Mais, j'ai
fait la tournée...
M. BOUTIN (Johnson): Tu ne fais pas le ménage dans une demi-heure
dans cette affaire-là.
M. LESSARD: J'ai fait la tournée.
M. BOUTIN (Johnson): Je suis bien satisfait de la situation.
M. LESSARD: Tu es bien satisfait de la situation. Le
député de Portneuf...
M. BOUTIN (Johnson): Tu ne fais pas le ménage dans une
demi-heure...
M. LESSARD: Le député de Portneuf affirme...
M. BOUTIN (Johnson): Johnson.
M. LESSARD: Le député de Johnson affirme qu'il est
très satisfait de cette situation.
M. BOUTIN (Johnson): Ecoutez là... M. LESSARD: Allez-y.
M. BOUTIN (Johnson): J'ai dit que le ménage ne se fait pas dans
une demi-heure dans cette affaire-là.
M. LESSARD: Non, non, mais...
M. BOUTIN (Johnson): Oui.
M. LESSARD: ... quand tu les avertis, par exemple, quinze jours à
l'avance, est-ce que le député de Portneuf.
M. BOUTIN (Johnson): Si vous avertissez d'avance, le syndicat est
là et il a ses représentants. Ils doivent le savoir si c'est
anormal. Ils auraient dû s'en plaindre bien avant cela.
M. LESSARD: Est-ce que le député de Portneuf a
rencontré...
M. BOUTIN (Johnson): Johnson. Portneuf, c'est un autre.
M. LESSARD: Est-ce que le député de Johnson a
rencontré les représentants syndicaux pour en discuter avec
eux?
M. BOUTIN (Johnson): Je les ai déjà rencontrés,
oui.
M. LESSARD: Moi, je les ai rencontrés.
M. BOUTIN (Johnson): S'ils s'en étaient plaints au
député de Richmond ou au député de Johnson, parce
qu'ils sont des gars qui ont déjà travaillé dans la mine,
je pense qu'ils auraient peut-être eu des résultats. Enfin, s'il y
avait eu des plaintes, ils nous les auraient données, mais comme c'est
là, on n'a jamais eu de telles représentations, à l'heure
actuelle, toujours.
M. LESSARD: Mais...
M. BOUTIN (Johnson): La représentation que vous faites, c'est une
lettre du secrétaire du syndicat de la CSD, mais le ministre nous
confirme qu'il a eu une lettre disant qu'ils étaient satisfaits de ce
fonctionnement.
M. LESSARD: J'aimerais d'abord avoir la réponse de la lettre,
parce que le ministre m'a déjà confirmé certaines
choses...
M. BOUTIN (Johnson): Quelle solution proposez-vous si celle-ci n'est pas
acceptable?
M. LESSARD: Je propose, voici... Je suis heureux que le
député...
M. BOUTIN (Johnson): Qu'est-ce que vous proposez, vous, si...
M. LESSARD: ... de Johnson me pose cette question-là. Je propose
la solution normale...
M. BOUTIN (Johnson): Dites-le, cela fait longtemps que vous parlez et
vous n'avez jamais rien proposé.
M. LESSARD: Voici, je pense que c'est implicite dans ma proposition.
M. BOUTIN (Johnson): Oui.
M. LESSARD: Dans ma discussion. Je propose simplement ceci, qui est fait
d'ailleurs, je pense, en ce qui concerne tous les autres inspecteurs d'autres
ministères du gouvernement, de ne pas avertir la compagnie, d'arriver
comme cela, tout à coup et de pouvoir faire la vérification
nécessaire.
M. MASSE: Qui...
M. LESSARD: A ce moment-là, M. le Président, la compagnie
n'aura pas prévu... Ou en tout cas, puisque la compagnie ne sait jamais
quand l'inspecteur va venir, cela la forcera indirectement à conserver
un taux minimal du nombre de millions de particules au pouce cube. Mais,
là, la compagnie est avertie d'avance, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. MASSE: M. le Président, je vais poser une question au
député de Saguenay. Les principaux intéressés, les
syndiqués, non seulement tolèrent, mais acceptent, encouragent
cette méthode; ils sont satisfaits, tout le monde est satisfait. Quelle
raison auriez-vous à changer cela?
M. LESSARD: D'accord, M. le ministre. M. le Président, j'accepte
la réponse du ministre, mais j'avertis tout de suite le ministre qu'il
soit assuré que cette réponse-là, je vais le faire
parvenir aux représentants syndicaux...
M.MASSE: Bien plus que cela, je peux même ajouter cela vous
pourrez le mentionner aussi ...
M. LESSARD: Oui.
M. MASSE: ... que cette méthode-là a été
adoptée à la suite de consultations avec les syndicats, le
ministère et l'entreprise privée.
M. LEDUC: Je ne crois pas que...
M. LESSARD: Est-ce que le ministre peut me dire quand, justement, cette
méthode-là a été acceptée à la fois
par le syndicat et par le ministère?
M. MASSE: Je pourrai répondre à une prochaine
séance parce que notre chef-inspecteur n'est pas ici. Mais c'est un
détail qu'il me fera plaisir de lui fournir.
M. LESSARD: Parfait, M. le Président. Maintenant, en ce qui
concerne l'application de l'arrêté en conseil 887 concernant les
examens médicaux, cela ne relève pas du ministère des
Richesses naturelles? Parce que les compagnies ne les font pas.
M. MASSE: On me dit que...
M. LESSARD: Savez-vous pourquoi je pose cette question? Parce que les
compagnies ne le font pas. Je veux dire plus que cela, le problème qui
se pose c'est que les compagnies qui le font ne font pas parvenir l'examen
médical au médecin privé de la personne en question. Je
trouve cela anormal, parce qu'on traite ces gens, un peu, à un moment
donné, comme des vaches à lait. Tant qu'elles sont bonnes pour
donner du lait, on les garde et quand elles ne sont plus bonnes pour donner du
lait, on les congédie.
Ce que je voudrais si ce n'est pas la
responsabilité du ministre, j'informe le ministre ce qui
me paraîtrait normal, c'est que le rapport médical que ce
soit la Canadian Reynolds, qui ne fait pas, dans l'ensemble, cet examen
médical annuel, à ma connaissance, je peux me tromper pour
les compagnies qui en font je pense qu'Asbestos Corporation est
obligée de le faire et je pense que la Canadian Johns-Manville est
obligée de le faire le problème qui arrive, c'est qu'il
n'est pas envoyé au médecin privé de la personne. Je ne
veux pas qu'il soit envoyé à l'individu, parce que si on dit dans
le rapport médical que l'individu est en train de crever, cela va le
faire crever plus vite. Je voudrais, par exemple, que le rapport médical
en question soit envoyé annuellement au médecin privé de
telle façon que le médecin privé puisse vérifier
parce qu'on comprend qu'il y a des poumons plus délicats que
d'autres le cheminement de la maladie et dire à la personne:
Voici, tu es rendu à un point où tu devrais te recycler ailleurs
ou sortir de la compagnie.
C'est pour cela que je pose la question au ministre. Si le ministre
n'est pas responsable de ce dossier, probablement que ce serait le
ministère de la Santé...
M. MASSE: La Commission des accidents du travail...
M. LESSARD: La Commission des accidents du travail, M. le
Président...
M. MASSE: ... selon les informations qui font l'application de ces
règlements.
M. LESSARD: Je vais vérifier, M. le Président. La
Commission des accidents du travail n'a qu'à étudier le dossier
quand la personne ne peut plus travailler. On vérifie à la
Commission des accidents du travail s'il y a une relation entre son travail et
le fait que cette personne ne puisse travailler. On vérifie s'il y a une
relation entre sa crise cardiaque et l'amiantose ou une relation entre sa
maladie pulmonaire et l'amiantose. Qu'est-ce qu'on fait à la Commission
des accidents du travail?
M. MASSE: Je m'excuse, parce que je viens de vérifier avec le Dr
Grenier et ce n'est pas clair. De toute façon, ce n'est pas le
ministère des Richesses naturelles qui est chargé de
l'application de cette réglementation. On me dit qu'il y a des
médecins attitrés à cela, mais on ne sait pas dans quel
organisme.
M. LESSARD: Ce sont les médecins de la compagnie qui sont
attitrés à cela?
M. MASSE: Non, du gouvernement. M. LESSARD: Du gouvernement. M. MASSE:
Oui.
M. PERREAULT: De toute façon, depuis le régime de
l'assurance-maladie, ils peuvent aller voir leur médecin et avoir un
examen annuel personnel.
M. LESSARD: Pour informer le député de L'Assomption, quand
vous voulez passer un examen général comme celui-là, vous
êtes obligés de payer. De plus, une personne est obligée de
sacrifier trois ou quatre jours de son travail. C'est un genre de bilan de
santé général. De plus, il semble que cela prend une
technique spéciale pour essayer d'évaluer complètement
toute cette question d'amiantose. C'est pour cela que, contrairement à
ce qu'affirme le député de L'Assomption, cela oblige
l'employé en question à perdre trois ou quatre jours de travail,
ce qui est assez important.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Taillon.
M. LEDUC: Est-ce que, quand vient le temps de ces examens, pour les
compagnies qui le font, vous suggérez que le dossier médical soit
référé, si j'ai bien compris, au médecin personnel
de l'employé? Est-ce qu'automatiquement, lorsque l'employeur constate
que son employé est malade, il n'y a pas une référence au
médecin personnel de l'employé?
M. LESSARD: C'est-à-dire que...
M. LEDUC: A ma connaissance, dans deux ou trois cas que j'ai pu
constater, il y avait des gens qui travaillaient dans une mine et qui ont
passé un examen médical fait par la compagnie, ils ont
été référés à leur médecin. Le
dossier n'a pas été remis à l'employé, il a
été remis au médecin.
M. LESSARD: C'est normal.
M. LEDUC: Est-ce que, dans un cas comme celui-là, ce n'est pas la
même pratique qui se fait?
M. LESSARD: Pour répondre au député de Taillon,
c'est que le cas arrive lorsque l'employé devient véritablement
inapte au travail. Ce que je voudrais je pense que le
député de Taillon va être d'accord c'est que le
médecin de la famille puisse annuellement voir l'évolution
pulmonaire de son client et puisse en informer le client.
Le député de Taillon conviendra qu'il y a des poumons qui
sont plus délicats que d'autres. Il y a des gens qui peuvent travailler
un an dans l'entreprise, et qui sont plus attaqués que d'autres qui en
travaillent cinq ans, à cause de la délicatesse de leurs poumons.
Ce que je souhaiterais, et je vais essayer de savoir qui est responsable, je
pense que c'est important et je suis assuré que le député
de Frontenac doit être fortement préoccupé... Non, mais je
veux dire
que le député Lecours, qui se préoccupe de
l'amiantose, se préoccupe de ce problème parce qu'il est devenu
champion du règlement de ces problèmes, d'après ce qu'il a
affirmé à l'Assemblée nationale. Je voudrais mais
tant mieux si c'est vrai, parce que cela profite aux employés que
cet examen médical soit envoyé annuellement à son
médecin et non pas quand la personne est près de mourir.
Je vais essayer de savoir, M. le Président. J'ai tenté,
auprès du ministre des Richesses naturelles... Je m'aperçois que
je ne peux pas obtenir les réponses...
M. MASSE: Je pense bien, étant donné que l'étude
des crédits du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre
débute prochainement...
M. LESSARD: C'est cela. Je la garde.
M. MASSE: ...il aura l'occasion de le vérifier...
M. LESSARD: C'est cela. Comme le fonds minier, d'ailleurs, M. le
Président.
M. MASSE: Oui, monsieur.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 2 adopté?
M. LESSARD: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 3: Gestion interne et
soutien.
M. LESSARD: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Programme 6.
Nouveau-Québec
M. LESSARD: C'est le dernier? M. le Président, concernant la
Direction générale du Nord-Ouest québécois...
M. MASSE: Du Nouveau-Québec.
M. LESSARD: ... créée en 1963, j'aimerais savoir où
en sont actuellement rendues les négociations avec le gouvernement
fédéral concernant l'implantation définitive. Je dis bien,
l'implantation définitive, M. le Président, parce que
d'après tout les renseignements que j'ai pu avoir, il y a eu un effort
d'implantation du ministère des Richesses naturelles pendant la
période de 1963 à 1966. Mais depuis, il y a eu un
délaissement, de la part du ministère des Richesses naturelles,
de cette région. Le ministre lui-même, en 1971, affirmait qu'il
fallait une seule administration au Nouveau-Québec, et que le temps
était venu d'élaborer les détails de transfert de
juridiction. Or, on a pu constater depuis 1970 une augmentation assez
considérable du budget du gouvernement fédéral dans cette
région. En effet, le budget du gouvernement fédéral est
passé de $3.5 millions en 1969/70 à $11 millions
approximativement en 1973/74. Ce qui veut dire deux fois le budget du
gouvernement du Québec. $11 millions. Est-ce que le ministre pourrait
nous dire si on n'est pas en train de reculer ou d'avancer? Moi, j'ai
l'impression qu'on recule. Qu'est-ce qu'il reste à régler
concernant le transfert de juridiction, si c'est vraiment une
réalité, ce transfert de juridiction, ou si ce ne sont que des
mots de la part du ministre des Richesses naturelles?
M. MASSE: Selon votre question, M. le député de Saguenay,
c'est une bonne occasion de vous prouver que vous êtes, de temps à
autre, très mal informé. Vous parlez de budget, on va s'en parler
de budget.
M. LESSARD: J'en suis heureux, si c'est le cas.
M. MASSE: Le Québec, actuellement, soit en 1974/75, va
dépenser $12,800,000 alors que le gouvernement fédéral
dépensera $8 millions exactement. La direction générale du
Nouveau-Québec, comme vous le savez, n'a peut-être pas une grosse
augmentation de budget, mais il faut que vous considériez...
M. LESSARD: Sur quoi se base le ministre lorsqu'il parle de
dépense de $8 millions?
M. MASSE: Cela s'en vient. Ecoutez un peu. M. LESSARD: Allez-y. Je vous
attends.
M. MASSE: II faut vous dire que, s'il n'y a pas d'augmentation du budget
d'une façon très sensible, c'est que l'aide sociale est
dispensée en presque totalité maintenant par le ministère
des Affaires sociales du Québec, que le ministère de l'Education
a rapatrié l'ensemble du secteur de l'éducation au Québec.
La direction générale du Nouveau-Québec a donc un budget
net de $5,200,000. La commission scolaire, par le ministère de
l'Education, a plus ou moins $5 millions. Le ministère des Affaires
sociales a dépensé environ $2,600,000, et vous arrivez à
un total de $12,800,000 alors que le ministère fédéral des
Affaires indiennes et du Nord canadien a un budget de $4,700,000 et un
programme d'immobilisation, surtout pour les habitations pour les autochtones,
de $3,300,000, ce qui donne à peu près $8 millions.
Je suis bien d'accord que nous discutions, mais il faudrait quand
même partir des mêmes données. Quand vous me dites qu'en
1970/71 on avait de beaux programmes, je pense que le but poursuivi est
graduellement atteint; cependant, on ne le fait pas avec tambours et
trompettes. On s'entend, on négocie, on discute
avec le gouvernement fédéral et avec les autochtones et on
tente de leur donner les meilleurs services possible.
M. LESSARD: Vous me parlez de $8 millions du gouvernement du
Québec...
M. MASSE: $12,800,000... M. LESSARD: Excusez.
M. MASSE: ... à comparer à $8 millions du gouvernement
fédéral.
M. LESSARD: $12,800,000 du gouvernement du Québec à
comparer à...
M. PERREAULT: ... $8 millions du gouvernement fédéral.
M. LESSARD: ... $8 millions du gouvernement fédéral.
M. MASSE: Ce n'est pas l'inverse.
M. LESSARD: Non. Je retiens les chiffres du ministre. Après quand
même plus de onze ans de discussions concernant le transfert de ces
territoires, il reste que la présence fédérale se fait
sentir de façon assez considérable quand même, et
malheureusement, je ne peux pas parler des écoles, parce que cela
relève maintenant d'une commission scolaire du ministère de
l'Education. Il y a eu une réduction très sensible des
étudiants au niveau des écoles françaises. Le bill 22 a
déjà eu ses conséquences.
M. MASSE: Evidemment, le gouvernement fédéral a une
juridiction sur les Indiens. Il est évidemment essentiel que les
responsabilités du fédéral soient assurées par lui.
Je dois dire que, dans les secteurs qu'on a mentionnés tout à
l'heure, au point de vue éducatif, au point de vue de la santé,
de l'aide sociale, dans à peu près la totalité des postes
qu'on retrouve au Nouveau-Québec, c'est la responsabilité du
Québec en ce qui concerne les services de santé dans au moins
neuf postes sur quatorze actuellement. C'est un transfert, si on veut appeler
cela ainsi, qui se fait graduellement.
M. LESSARD: En fait, l'hôpital important dans cette région,
c'est toujours l'hôpital Mou-sonee je pense, ou est-il
transféré?
M. MASSE: Chashasipich.
M. LESSARD: Qui est un hôpital du Québec?
M. MASSE: A Fort George, oui.
M. LESSARD: A Fort George.
M. MASSE: Et l'hôpital de Fort-Chimo.
M. LESSARD: Maintenant...
M. MASSE: Les autres postes sont desservis par le service de
santé, les cliniques.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Mont-Royal.
M. CIACCIA: Quand on parle de la juridiction fédérale du
département des Affaires indiennes, dans le Nouveau-Québec, hors
du territoire de la baie James, la seule activité du ministère
des Affaires indiennes est de donner des services pour l'habitation aux Inuit.
Je ne crois pas qu'il y ait une question de juridiction sur le territoire, du
tout. Seulement la cour Suprême, à un moment donné, a dit:
Les Inuit sont équivalents à des Indiens, alors c'est la
responsabilité fédérale; alors le fédéral
pourvoit à certains services pour eux, tout en reconnaissant la
juridiction de la province sur ce territoire. Je ne crois pas qu'il soit
question de transférer la juridiction du territoire. Le territoire est
sous la juridiction provinciale.
M. MASSE: C'est exact. Ce n'est pas un transfert d'administration, un
service...
M. CIACCIA: Une certaine administration. Les services se font
conjointement, pas unilatéralement, avec le ministère, avec la
direction du Nouveau-Québec.
J'aurais une question à poser au ministre sur...
M. LESSARD: Est-ce que je peux faire la remarque suivante: Le
député sait très bien qui occupe le territoire avec les
services, et la juridiction... En tout cas, c'est le droit commun anglais.
M. CIACCIA: Oui, mais ce ne sont pas tous les services. Il y a plus de
services provinciaux qu'il y a de services fédéraux. Il faut
définir les services. Les maisons, par exemple, l'habitation, sont
construits sur les terrains de la province avec le consentement et seulement
avec le consentement de la province.
M. LESSARD: Mais est-ce qu'on a respecté des ententes de 1912
avec le gouvernement fédéral à ce sujet, concernant les
négociations avec les Indiens?
M. CIACCIA: On est en train de négocier avec les Indiens, mais
cela ne change pas la juridiction. La juridiction de la province...
M. LESSARD: Oui, cela change. C'est qu'il y avait une condition dans le
transfert des juridictions. Une condition, à savoir que le gouvernement
du Québec prenne des mesures pour négocier.
C'était l'une des conditions d'ailleurs, je ne sais pas si
le député, je pense qu'il est avocat,
a lu le jugement Malouf à ce sujet dans le transfert des
juridictions.
M. CIACCIA: Mais le jugement Malouf a dit aussi qu'il n'y avait pas de
question sur la souveraineté de la province sur tout le territoire de
1912 et la juridiction provinciale sur tout ce territoire. Même s'il y
avait certaines conditions, le jugement Malouf n'a attaqué aucunement la
souveraineté provinciale sur le territoire; il l'a même
confirmée.
M. MASSE: J'aimerais donner des statistiques des cas d'aide sociale qui
sont réglés par les services québécois qui ont
graduellement augmenté. Par exemple, en 1972, on avait 400 cas d'aide
sociale au Québec. En 1973, on en a eu 700 et, en 1974, 840. C'est dire
que dans la partie de l'aide sociale et de la santé, le Québec a
augmenté considérablement ses services. Tout cela, c'est
après entente avec le ministère des Affaires indiennes.
M. CIACCIA: J'aurais une question à poser au sujet des
autochtones maintenant qu'on en parle. Les propositions pour les autochtones du
Nouveau-Québec, la philosophie de ces propositions que le premier
ministre a faites, c'était de protéger leur mode de vie.
C'était la philosophie de base, mais dans les propositions
étaient aussi inclus des programmes économiques pour ceux qui ne
voulaient pas continuer le mode traditionnel de chasse et de pêche. Je
demanderais s'il y a des programmes de développement économique
du ministère au Nouveau-Québec.
M. MASSE: II y a plusieurs programmes du ministère, des
programmes d'aide aux autochtones pour développer des secteurs
traditionnels d'activité, entre autres des activités de
pêche, des activités de tourisme et d'artisanat telles celles des
sculpteurs et des tricoteuses de laine de boeufs musqués.
M. CIACCIA: Est-ce qu'il y a des programmes spéciaux pour les
Inuit? Est-ce qu'il y a des programmes d'emploi pour eux dans leur mode
traditionnel?
M. MASSE: Depuis trois ans, je pense, en collaboration avec le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre on a tenté de
détecter un certain nombre d'activités qui pourraient convenir
à leur mode de vie et il y a eu également des cours qui ont
été donnés à des autochtones adultes, entre autres
dans le domaine de la prospection minière.
Je pense que cela a surtout été donné sous forme de
cours de perfectionnement pour l'enseignement de métiers tels que la
mécanique. Il y a aussi des programmes de formation et des cours
d'emplois dans le cas des compagnies minières. Mais il ne semble pas que
ça réponde parfaitement au goût des autochtones d'aller
travailler sous terre.
M. CIACCIA: Supposons qu'il y ait une compagnie minière, est-ce
que vous essayez de l'encourager? Vous ne pouvez pas l'obliger, je comprends,
à employer seulement des autochtones, mais est-ce que vous pouvez avoir
des programmes qui vont favoriser l'emploi des autochtones si ces derniers
veulent travailler à ce genre de tâche?
M. MASSE: Dans le cas d'une mine qu'on appelle Asbestos Hill, il y a
dans le permis d'exploitation et c'était même une des
conditions une clause exigeant que cette entreprise favorise l'embauche
des autochtones en premier lieu aux conditions déterminées par la
direction générale du Nouveau-Québec. Cela a
été un effort que de leur trouver des activités qui
puissent d'une certaine façon convenir à leur mode de vie et
s'adapter aux exigences qu'ils ont en termes de travail.
M. LESSARD: La Commission d'étude sur l'intégrité
du territoire du Québec s'était penchée sur le
problème du Nord-Ouest québécois. La commission Dorion a
effectué à ce sujet un grand nombre de travaux de recherche dont,
dans ce secteur, quelques-unes ont été rendues publiques. Parmi
les études non publiées, se trouve un rapport sur les
frontières septentrionales qui porte justement sur le
Nouveau-Québec et les îles côtières. Ce rapport
aurait été remis, semble-t-il, en juin. Est-ce que le
ministère a pris connaissance de ce rapport? Et est-ce que, suite
à ce rapport, il y a eu négociation avec le gouvernement
fédéral pour en arriver à une entente encore là,
avec son "monologue" fédéral?
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si, justement, il y a eu
entente et si le ministre accepterait de rendre public ce rapport?
M. MASSE: A ce que je me souvienne, il y a eu des rencontres avec les
gouvernements de l'Ontario et du Manitoba pour qu'il y ait un partage de la
baie James et de la baie d'Hudson entre les trois provinces. Il y a eu une
proposition, il y a même eu une carte d'arrêtée et on
s'était entendu d'une façon assez définitive avec le
gouvernement de l'Ontario. Un peu plus tard, il y a eu des réticences de
la part du gouvernement manitobain et, si le dossier n'a pas été
sérieusement discuté avec le gouvernement fédéral,
c'est davantage parce qu'on voulait faire une unité entre les trois
provinces, au départ, et exprimer, par la suite, nos revendications au
gouvernement fédéral. C'est l'état actuel du dossier,
à ce que je me souvienne.
M. LESSARD: M. le Président, la conclusion de cette discussion
sur le Nouveau-Québec, m'apparaîtrait à mon sens, à
peu près celle-ci. Quand on discute du Nouveau-Québec, il
faudrait quand même prendre conscience qu'on discute des trois
cinquièmes du territoire québécois. Et, comme nous le
disait M. Bourassa, lors
du lancement de son projet du siècle, ce sont probablement des
ressources naturelles considérables.
On se rappelle qu'on se préoccupait très peu du Labrador.
Aujourd'hui, je pense qu'on tape des mains, parce qu'on constate qu'il y a des
richesses absolument considérables. Je pense qu'il faudrait, à ce
sujet, accélérer les négociations pour que cela puisse
enfin se régler et que l'autorité du gouvernement du
Québec dans cette région se fasse véritablement.
M. le Président le ministre nous en avait parlé un
peu l'an dernier cette méthode d'une direction du
Nouveau-Québec m'apparaît maintenant dépassée.
Je pense qu'il faut maintenant accepter que le Nouveau-Québec
fasse partie, s'il le faut, d'une administration beaucoup plus autonome; je
penserais même à un ministère du Nouveau-Québec
où les populations autochtones pourraient être
impliquées.
D'ailleurs, les fonctionnaires du territoire du Nouveau-Québec
avaient recommandé à la Commission de la révision de la
Loi électorale de faire de ce territoire un district électoral.
Cette recommandation a été refusée.
D'autant plus qu'il y a une ambiguïté. J'ai parlé au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, de certains
parcs nationaux, mais j'aimerais au sujet de l'ambiguïté qui existe
entre la Société de développement de la baie James et la
direction générale du Nouveau-Québec, poser une
dernière question au ministre. Entre les rives de la rivière
Eastmain et le Poste-de-la-Baleine, qui exerce la responsabilité? Est-ce
que c'est la direction générale du Nouveau-Québec ou si
c'est la Société de développement de la baie James?
M. MASSE: Exactement comme dans tout autre territoire, la direction
générale du Nouveau-Québec continue à assumer les
services gouvernementaux et la Société de développement de
la baie James à assumer le rôle du troisième palier du
gouvernement, c'est-à-dire la municipalité.
Il y a des négociations qui se poursuivent pour le transfert, par
exemple à Fort George, de certains équipements, comme l'aqueduc,
comme la piste d'atterrissage. Il faudrait que ce soit exactement comme dans
tout autre territoire québécois, soit que le Québec assume
des responsabilités gouvernementales et la société le
rôle de municipalité.
M. PERREAULT: C'est cela.
M. LESSARD: D'accord. J'arrive à la conclusion de cette
discussion, c'est que, de plus en plus, on constate que cet organisme
multidisci-plinaire qu'était la direction générale du
Nouveau-Québec est en train de s'effriter, c'est-à-dire que
l'éducation s'en va au ministère de l'Education, les affaires
sociales sont de plus en plus autonomes, les communications relèvent de
plus en plus du ministère de l'Education et le ministère des
Affaires culturelles veut créer ses programmes.
D'abord, je le dis bien honnêtement, un certain nombre de
fonctionnaires se sont plaints que c'est devenu pratiquement une petite
dictature, cette affaire. C'est devenu l'affaire d'un seul homme. Je pense
qu'il serait fort important qu'on se penche sur une nouvelle structure du
Nouveau-Québec, telle que d'ailleurs, l'ont demandée, lors de
leur voyage, lorsque nous avons discuté de la Société de
développement de la baie James, les Inuit dans leur lettre au chef blanc
du Québec. Ces populations autochtones pourraient être beaucoup
plus impliquées à l'intérieur de l'administration,
où il y aurait une autonomie administrative beaucoup plus forte.
Je pense que le ministre, l'an dernier, avait accepté ce principe
d'étudier une nouvelle structure pour rendre ce territoire plus autonome
administrativement. D'abord, actuellement toute l'administration est en dehors
du Nouveau-Québec. Je pense que le ministère de l'Education a
décidé d'intégrer, enfin, la commission scolaire du
Nouveau-Québec à l'intérieur du territoire, et ces gens
vont aller rester dans le territoire. La même chose au niveau de la
direction générale du Nouveau-Québec, c'est que ce sont
des gens qui ne vivent pas dans le territoire, qui sont à
l'extérieur du territoire. De plus, les normes d'administration, soit de
la fonction publique ou les normes d'administration des commandes de l'Etat,
fonctionnent plus ou moins, semble-t-il. Si vous passez selon les normes
ordinaires d'achat, cela prend passablement de temps avant de se rendre
là-bas.
Je pense qu'il y a un problème, et on devrait analyser ce
problème et trouver une nouvelle structure qui rendrait beaucoup plus
efficace, et surtout, qui ferait en sorte que le gouvernement du Québec
s'impose, à mon sens, beaucoup plus dans cette région qu'il le
fait actuellement, qu'il l'a fait depuis 1970, malgré que le ministre me
confirme que cela se fait sans aucune publicité, mais cela se fait.
N'oublions pas qu'on parle des trois cinquièmes du territoire
québécois, et que si on ne se décide pas et qu'on ne prend
pas ses responsabilités, il arrivera qu'on perdra ce territoire comme on
a perdu le Labrador.
M. MASSE: M. le Président, je pense qu'il ne faut pas confondre
juridiction, propriété du sol avec les services
administratifs.
Je pense bien qu'il a toujours été acquis que ce
territoire était purement québécois. Si, à un
certain moment, le fédéral a assumé les services, c'est
parce que la province ne les assumait pas. Graduellement, je pense que le
Québec assume de plus en plus son rôle de donner les services
gouvernementaux à la population. D'autre part, lorsque la DGNQ avait
été créée, on lui avait donné un rôle
transitoire, c'est-à-dire d'être la responsable de l'aide
gouvernementale sur ce territoire. C'est encore exactement la même chose,
mais avec une collaboration beaucoup plus grande, un plus grand effort des
autres ministères.
II n'y a à peu près que le ministère de l'Education
qui agisse d'une façon autonome au Nouveau-Québec. Tous les
autres ministères fonctionnent à partir de la direction
générale du Nouveau-Québec, excepté la
Sûreté du Québec, qui relève directement du
ministère de la Justice, mais l'ensemble des services qu'on doit rendre
à ces gens, l'approvisionnement, le logement, tout est fourni par le
ministère des Richesses naturelles.
Je pense qu'il faut s'en aller vers cette formule que les
ministères assument davantage leur rôle, mais tout en
déléguant ces pouvoirs au ministère des Richesses
naturelles.
Evidemment, il y a un développement, une évolution dans ce
territoire aussi. Vous dites que c'est les trois cinquièmes du
Québec. Il ne faut pas oublier, par exemple, qu'avant la baie James, il
y avait à peine 10,000 personnes étalées sur cet ensemble
et que cela représente des problèmes particuliers. C'est moins de
10,000 personnes.
M. LESSARD: Le Yukon en présentait aussi à un certain
moment.
M. MASSE: Pardon?
M. LESSARD: Le Yukon présentait des problèmes particuliers
aussi.
M. MASSE: Ecoutez, nous ne sommes plus en 1910. D'autre part, je peux
dire que l'administration qui était assumée par le
fédéral il y a dix ans est progressivement devenue une
administration québécoise, à peu près dans tous les
domaines actuellement, mais cela représente des problèmes. Il est
évident que cela exige peut-être qu'il y ait une plus grande
participation des autochtones, mais on essaie, dans la mesure du possible, de
former les autochtones à en arriver à un certain moment à
assumer eux-mêmes ce rôle.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 6. Adopté?
M. LESSARD: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 8. Adopté. Tous les
crédits du ministère des Richesses naturelles sont
adoptés.
M. LESSARD: Une minute, M. le Président. Pour faire plaisir au
ministre, je l'adopte.
M. MASSE: Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 23 h 7)