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Commission parlementaire des richesses
naturelles
et des terres et forêts
Rapport des activités de l'Hydro-Québec
Séance du vendredi 5 juillet 1974
(Onze heures cinquante et une minute)
M. LAFRANCE (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Pour la séance d'aujourd'hui, M. Morin remplace M. Bédard
(Chicoutimi), M. Bérard (Saint-Maurice) remplace M. Carpentier, M.
Massicotte remplace M. Drummond, M. Bacon remplace M. Larivière, M.
Déziel remplace M. Maloin, M. Faucher remplace M. Perreault et M. Roy
remplace M. Samson. C'est exact?
Afin d'établir un programme des travaux, si vous me le permettez,
nous allons siéger ce matin jusqu'à treize heures. Nous allons
prendre un repos de deux heures et revenir jusqu'à cinq heures,
étant donné que les gens de l'Hydro-Québec doivent se
déplacer pour s'en aller dans leur famille. Nous reprendrons les travaux
à une date ultérieure, c'est-à-dire la semaine prochaine.
Cela fait suite à une entente entre toutes les parties, soit le parti
ministériel représenté par le leader du gouvernement,
l'Opposition officielle et les gens de l'hydro-Québec.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais, cependant,
préciser qu'en ce qui nous concerne nous aurions
préféré continuer jusqu'à minuit, ce soir, pour en
finir. Nous aurions été confiants de terminer avant minuit ce
soir et d'éviter, de la sorte, à nos invités d'avoir
à se déplacer en groupe de nouveau la semaine prochaine ou la
semaine suivante.
Toutefois, si ces messieurs estiment que cela fait mieux leur affaire de
terminer à cinq heures, je n'ai pas d'objection. Mais qu'ils soient
conscients du fait qu'il leur faudra revenir, ce qui constitue pour eux un
inconvénient majeur. Surtout, qu'on n'aille pas dire par la suite que
l'Opposition a fait en sorte que ces messieurs doivent se déranger de
nouveau. Nous savons très bien qu'ils ont du travail.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je pense que cela a été assez
clair; j'ai consulté M. Giroux, alors s'il veut s'expliquer.
M. GIROUX: Voici, le problème est que nous avons, comme vous le
savez, une équipe ici et, le plus vite nous pourrions partir, le mieux
ce sera pour nous. On avait l'impression que ça pourrait prendre plus de
temps que ça. Donc, comme on a certaines assemblées qui sont
fixées et qu'il faut maintenir, la semaine prochaine, j'aimerais
personnellement mieux finir ce soir, à minuit. Ainsi on aurait une
garantie qu'on peut faire nos assemblées la semaine prochaine. Si,
à minuit, ce soir, on est pris dans un dilemme et qu'il faut revenir la
semaine prochaine encore, c'est un peu embêtant. C'est ce que je ne
savais pas. Il peut surgir des choses qui nous empêchent de finir, je
comprends bien ça, mais si tout le monde est d'accord pour essayer de
liquider la question aujourd'hui, je crois que c'est dans
l'intérêt des dépenses que ça occasionne à
l'Hydro-Québec de le faire aujourd'hui.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable ministre des Richesses
naturelles, le député de Beauce-Sud et le député de
Saguenay par la suite.
M. LESSARD: ... le coût de la baie James?
M. GIROUX: Non, le coût des tarifs.
M. MASSE: M. le Président...
M. LESSARD: Des tarifs?
M. GIROUX: Qui seront...
M. LESSARD: 1 p.c?
M. GIROUX: Je réglerais pour ça.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable ministre des Richesses
naturelles.
M. LESSARD: On ne réglera pas.
M. MASSE: Le président de l'Hydro-Québec a toujours son
humour habituel. Mais je dois dire au chef de l'Opposition, au nom du parti
gouvernemental, que ça éviterait des frais supplémentaires
aux gens de l'Hydro-Québec si on avait la certitude qu'au plus tard
minuit ce soir nous aurions vidé l'ensemble des questions avec
l'Hydro-Québec. Personnellement, si les gens de l'Hydro-Québec
peuvent s'astreindre à ce programme, je pense qu'on est d'accord.
M. MORIN: M. le Président, ça ne dépend pas
seulement de l'Opposition de savoir si ça va se terminer à minuit
ce soir, ça dépend aussi des questions du gouvernement. Elles
peuvent être longues, on peut faire plusieurs détours par
Saint-Glin-glin, je n'en sais rien. Mais je puis vous dire qu'avec les
questions qui nous restent à poser nous pensons pouvoir finir avant
minuit ce soir.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Suite à l'expérience
passée des deux derniers jours, on peut tout de même
évaluer la somme de travail qui reste.
M. MORIN: Oui, je pense honnêtement qu'avant minuit ce soir...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Bon, le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, avant de me prononcer sur cette
question, je préférerais qu'on la réexamine vers la fin de
l'après-midi, quand arrivera cinq heures. Pendant trois heures, on peut
faire énormément de travail ou on peut ne pas tellement avancer
non plus.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de...
M. ROY: Si vous permettez, je pense qu'on serait beaucoup plus en mesure
de se prononcer vers cinq heures cet après-midi, évaluer la
question. Il ne servirait à rien de siéger jusqu'à minuit
ce soir et de convoquer encore pour la semaine prochaine les gens de
l'Hydro-Québec. S'ils sont obligés de revenir la semaine
prochaine, il y a quand même le fait qu'il faut tenir compte aussi que
nous sommes prêts à apporter notre collaboration dans la mesure du
possible. Mais nous ne sommes pas des ordinateurs électroniques. Nous
sommes des êtres humains.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): II reste tout de même une chose,
l'honorable député de Beauce-Sud, je voudrais faire la
précision suivante parce qu'on m'a posé la question tout à
l'heure. Si les gens de l'Hydro-Québec demeurent à Québec
pour la soirée, il faut qu'ils donnent ce midi leurs réservations
d'hôtel. C'est un problème qui est tout de même assez
important parce que le groupe est nombreux. On m'a mentionné qu'à
l'heure du déjeûner il faudrait faire les réservations. Si
la séance s'ajourne à cinq heures, ils pourront retourner chez
eux tout de suite. Je pense que c'est une question technique dont il faut tenir
compte.
M. MORIN: M. le Président, est-ce qu'on pourrait présenter
les choses comme ceci: Les membres de cette commission vont faire l'impossible
pour que tout soit terminé ce soir avant minuit, tant du
côté du gouvernement que du côté de l'Opposition,
afin de libérer ces messieurs de l'Hydro-Québec, qui ont certes
d'autres chats à fouetter, ne serait-ce que revoir certaines de leurs
hypothèses de travail.
Je proposerais donc que nous continuions jusqu'à minuit; il y a
de fortes chances que nous ayons terminé. Cela leur permettrait de faire
leurs réservations d'hôtel pour ce soir et les dispenserait de
revenir. Je pense que...
Mais, au fond, la décision est à vous, messieurs
d'Hydro-Québec, pas à nous. Si on peut vous accommoder, on va le
faire.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Giroux, vous vous êtes
prononcé tout à l'heure là-dessus, vous êtes
prêts.
M. GIROUX: On est prêts à siéger jusqu'à
l'heure...
M. ROY: Moi, j'aurais un point à ajouter. Je ne ferai pas
d'objection sur ce point, mais le point que j'aimerais ajouter, c'est que tout
à l'heure on a eu des informations qu'à la commission
parlementaire de la salle 81-A, il n'y a pratiquement personne d'autre que ceux
qui siègent à la commission.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Si vous voulez, je vais donner la
précision suivante: c'est que le leader parlementaire en Chambre avait
fait les changements voulus, c'est-à-dire pour que la commission des
richesses naturelles siège à 81-A, et, en arrivant dans la salle,
on a demandé aux représentants de l'Hydro-Québec s'ils
étaient consentants à aller là-bas, mais à cause du
grand nombre de documents qu'ils avaient à transporter, et parce que
ç'aurait pris beaucoup trop de temps, ils ont
préféré rester dans cette salle-ci.
M. ROY: D'accord, pourvu...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): C'est pourquoi le changement s'est
effectué.
M. ROY: ... qu'on n'ait pas l'impression que c'est la commission qui
oblige les gens à travailler dans ces conditions.
M. LESSARD: M. le Président, si nous décidons de
siéger jusqu'à minuit, je pense qu'au cours de la période
du lunch il serait probablement bon qu'on pense à
déménager, parce que le matin, ça va, mais
l'après-midi, le four se réchauffe et le soir, ça devient
un bain sauna.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): II pleut, il n'y a pas de
problème.
M. MASSE: Nous, on serait d'accord, à l'heure du
dîner...
M. LESSARD: Ce n'est pas dehors que ça se réchauffe, c'est
ici.
M. MASSE: ... pour faire les démarches afin qu'on puisse
transporter les documents...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Est-ce que vous seriez consentents à
changer de salle cet après-midi si l'autre est disponible? D'accord? On
fera les démarches nécessaires à l'heure du lunch pour
faire le changement de salle.
M. GIROUX: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Avant de commencer, si vous voulez, M. De
Guise m'a avisé qu'il avait une lettre à remettre, un document
qui avait été retracé et qu'il voulait distribuer,
à la demande des membres de la commission, hier.
M. DE GUISE: M. le Président, j'aurais voulu verser un peu de
lumière sur un autre problème de communication.
Je vais déposer le document. Peut-être ne le lirai-je pas
en entier, mais le secrétaire de la commission, le 7 août 1972,
écrivait à M. Arthur Séguin, qui était, en 1972, le
président de la commission des richesses naturelles: "A sa séance
du 25 mai, la commission permanente des richesses naturelles demandait à
l'Hydro-Québec de détailler les études et renseignements
suivants". Il y a une liste que vous connaissez bien. "A la demande de M. Yvon
De Guise, commissaire, je vous envoie, sous ce pli, treize exemplaires
il y avait treize membres à la commission permanente des richesses
naturelles d'un mémoire qui apporte des réponses aux
questions précitées, que je vous prierais de distribuer aux
membres du comité parlementaire de la commission permanente des
richesses naturelles".
M. LESSARD: Le gouvernement cache des choses. Le gouvernement cache des
choses.
M. MASSICOTTE: Encore des affirmations gratuites.
M. MORIN: M. le Président, je me dois, au nom de l'Opposition, de
m'opposer sérieusement à la façon dont cette commission a
été traitée. Nous allons aller au fond de cette affaire.
Je n'en dis pas plus pour l'instant, parce que nous n'avons pas tous les faits
devant nous. Il reste à savoir pourquoi le président de la
commission n'a pas fait parvenir les documents aux membres. Il reste à
savoir si quelqu'un lui a donné ordre de les retenir ou pas. Mais je ne
veux pas aller au fond de l'affaire ce matin; les principaux
intéressés n'y sont pas. Si vous le voulez, nous mettrons cela de
côté. Je remercie M. De Guise de nous avoir donné des
précisions.
Cela dit, M. le Président, sommes-nous prêts à
procéder?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Oui.
Usines nucléaires et hydrauliques
M. MORIN: Nous avons, hier soir, ouvert une parenthèse sur les
inondations. Nous discutions, au moment où nous l'avons ouverte, de la
comparaison entre les programmes nucléaires et les programmes
hydrauliques. Avec votre permission, M. le Président, j'aurais quelques
observations à faire à la suite des débats de la
journée d'hier. Lorsqu'on compare l'énergie hydraulique et
l'énergie nucléaire, il faut sans doute, émettre
dès le départ des réserves d'ordre méthodologique.
On ne saurait, dans les circonstances actuelles du Québec, en
particulier, poser un choix rationnel entre deux extrêmes. J'entends par
là un projet entièrement hydraulique, d'une part, et un projet
entièrement nucléaire, d'autre part.
Poser la question en ces termes, c'est fausser tout le débat et
c'est se condamner d'avance à l'une des deux solutions entières,
pour ne pas dire extrêmes.
Toutefois je consentirais à me laisser enfermer dans ce dilemme
car ce choix nous est présenté comme un dilemme
pour les fins de la discussion. Examinons tour à tour le projet
entièrement hydraulique j'entends le projet entièrement
hydraulique de la baie James et le projet entièrement
nucléaire de 10,000 MW. Les chiffres relatifs au projet de la baie James
nous paraissent plus que jamais hypothétiques, je dirais même
aléatoires, justifiant en cela toutes nos craintes. Le coût du
projet a doublé, en deux ou trois ans, voire même triplé
depuis les premiers montants mentionnés par le premier ministre, en
1971.
En outre, les chiffres actuels ne nous paraissent pas complets. Ils ne
sont guère fiables quant à trois des quatre centrales, LG-1, LG-3
et LG-4, sans parler des détournements de cours d'eau, ni du transport
de l'énergie. En second lieu, les bases mêmes du calcul du
coût du programme nucléaire de 10,000 MW nous paraissent fragiles,
pour ne pas dire douteuses.
Le fait d'avoir posé comme hypothèse un taux
d'intérêt constant de 10 p.c. pour toute la période de
construction nous parait pénaliser indûment, trop lourdement, le
programme nucléaire. Et comme le disait le ministre de l'Industrie et du
Commerce qui, malheureusement, n'est pas là ce matin, les
investissements nucléaires seraient étalés plus
également dans la période 1975-1990. Si nous prenions par
hypothèse un taux d'intérêt, par exemple, de 10 p.c. pour
la période 1975-1982, et de 5 p.c, on pourrait imaginer d'autres
pourcentages, oscillant entre 5 p.c. et 10 p.c. pour la période
1982 â 1990, hypothèse vraisemblable, à notre avis, puisque
le taux d'inflation, lui, va décroissant, il est évident que les
coûts du nucléaire seraient plus bas.
Et j'inviterais là-dessus, l'Hydro-Québec à revoir
certains de ses calculs. Là-dessus, d'ailleurs, je reviendrai en
conclusion. Ce sont probablement des dizaines de millions de dollars par
année qu'on a imputés injustement...
M. GARNEAU: Est-ce que je peux vous poser une question?
M. MORIN: ... au nucléaire.
M. GARNEAU: Est-ce que je peux poser une question?
M. MORIN: Bien, voulez-vous... Je pourrais terminer; je n'en ai pas pour
bien longtemps...
M. GARNEAU: Non, non...
M. MORIN: ... et ensuite vous pourrez me poser toutes les questions que
vous voulez.
M. GARNEAU: ... parce que ça fait partie de votre
hypothèse. Et pourquoi le chef de l'Opposition...
M. MORIN: Non, j'ai plusieurs points à développer.
M. GARNEAU: Oui, mais pourquoi le chef de l'Opposition soumet-il, comme
hypothèse...
M. LESSARD: Question de règlement.
M. GARNEAU: ... possible, 82, pour un taux d'intérêt de 5
p.c, comme il dit, et ne pourrait pas prévoir 78?
M. LESSARD: M. le Président, vous êtes président,
appliquez donc l'article 10. Vous êtes responsable de faire appliquer les
règlements. Le chef de l'Opposition n'a pas permis la question. Si le
ministre veut répondre tout à l'heure ou corriger certains faits,
il appliquera l'article...
M. GARNEAU: Non, c'est tout simplement que je veux préciser son
hypothèse. C'est tout. Je veux savoir comment il la conçoit,
pourquoi il la met comme ça.
M. MORIN: Voulez-vous, comme je vais développer ces aspects dans
les points subséquents, le ministre pourra reprendre le débat
à la fin, si vous le voulez bien.
En tout cas, une telle hypothèse de taux d'intérêt
constant au cours de toute la période de construction nous paraît
pénaliser sérieusement l'hypothèse nucléaire. Le
taux d'intérêt est, évidemment, un facteur
déterminant dans tout investissement.
De toute façon, les coûts de base du nucléaire, il
nous semble, ne peuvent augmenter. Nous sortons de la phase purement
expérimentale, avec la construction de Pickering et, à notre
avis, ils ne peuvent que diminuer au cours des années qui viennent,
tandis que les coûts de la baie James, on ne le dira jamais assez, on l'a
vu hier encore, ne peuvent qu'augmenter.
Si, encore, on nous avait offert une fourchette d'hypothèses,
l'une sur le coût minimum, l'autre sur le coût maximum, nous
aurions pu discuter intelligemment. On nous offre une seule hypothèse
qui, bien sûr, a été passée à l'ordinateur.
Mais il faut peut-être rappeler ce principe, cet adage, plutôt,
qu'on entend si souvent aux Etats-Unis lorsqu'il est question d'ordinateur:
"garbage-in, garbage-out". De 11 mills de coût brut à 24.39 mills,
les hypothèses sont si nombreuses dans vos calculs, que l'écart
final de quatre dizième de sou ne nous paraît pas
déterminant.
Cela aurait pu très bien, en modifiant légèrement
les hypothèses, en étant moins conservateurs, comme je l'ai
indiqué hier, sur un certain nombre de critères que vous avez
appliqués à l'hypothèse nucléaire, on aurait tout
aussi bien pu arriver à renverser les résultats de façon
tout à fait vraisemblable.
En conclusion sur ce point, je dirais que, même à
l'intérieur du dilemme dans lequel je me suis laissé enfermer
pour les fins de la discussion, même à l'intérieur de votre
raisonnement, nous trouvons des failles qui nous paraissent graves, mais, de
toute façon, nous refusons de nous laisser enfermer dans un dilemme de
cette nature, c'est-à-dire tout hydraulique ou tout nucléaire.
Nous refusons de nous borner, comme le gouvernement l'a fait, à
défendre une seule option. Nous sommes intéressés avant
tout au programme mixte.
De la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui, je ne
crois pas que nous puissions blâmer l'Hydro-Québec. Tout repose
sur une décision initiale erronée, essentiellement politique et
non économique. Cette décision n'a pas été celle de
l'Hydro-Québec. Ils ont eu fort à faire pour défendre
l'entreprise publique contre les visées libérales à la
baie James, et de cela nous leur sommes, d'ailleurs, reconnaissants.
L'Hydro-Québec a été coincée, il faut bien
le reconnaître. C'est évidemment son devoir de tirer le meilleur
parti possible d'une situation difficile, qui n'a d'ailleurs pas fini de lui
donner et de nous donner du fil à retordre. Déjà, ils ont
tout de même obtenu que les NBR soient écartées et qu'on se
concentre sur La Grande. Ils ont obtenu que les compétences de
l'entreprise publique soient sauvegardées. Ce sont des résultats
qui ne sont pas négligeables, messieurs, et là-dessus vous aurez
toujours notre appui.
L'Hydro-Québec a été coincée parce que le
projet de la baie James n'avait de sens qu'en y installant 10,000 MW, pour le
moins. Le ministre des Finances nous l'a dit encore hier dans une de ses
interventions. Une fois engagé à la baie James, on ne pouvait pas
y aller à moitié. Il fallait mettre le paquet. Le seul fait
d'aller si loin chercher la ressource excluait toute souplesse dans le choix
des programmes et, en particulier, excluait ab initio tout programme mixte
nucléaire-hydraulique autre que la baie James.
Or, dès que la baie James entre dans une hypothèse, dans
un programme, elle prend toute la place en raison des économies
d'échelle. Nous persistons à croire, en ce qui concerne
l'Opposition, que la décision initiale fut dictée par des motifs
autres qu'économiques. Nous continuons de penser que des programmes
mixtes hydrauliques-nucléaires autres que la baie James auraient moins
hypothéqué le crédit du Québec, auraient permis une
croissance des tarifs plus régulière, tout en répondant
à la demande croissante.
Autrement dit, les programmes mixtes auraient profité aux
Québécois tandis que la baie James se fera coûte que
coûte maintenant, sur leur dos, quels qu'en soient les coûts.
M. Castonguay avait bien raison en 1973 au congrès MBA à
Laval quand il a émis de sérieux
doutes sur l'opportunité de la construction de la baie James dans
la conjoncture actuelle.
La conjoncture soutient notre argument. C'est dommage, c'est la
réalité, la majeure partie des travaux se fera en période
de taux élevés d'inflation et d'intérêt mais de cela
nous ne blâmons pas l'Hydro-Québec, nous blâmons le
gouvernement.
Le coût comparé pouvait fort bien s'avérer favorable
au nucléaire dans l'hypothèse d'une comparaison de programmes qui
ne soient pas strictement programmes hydrauliques vs programmes
nucléaires.
Quand on se laisse enfermer dans un dilemme comme celui-là,
programmes entièrement hydrauliques vs programmes entièrement
nucléaires, c'est évidemment qu'on n'en sort pas. En ce qui nous
concerne, nous pensons qu'il n'est peut-être pas trop tard pour revenir
à des vues, des programmes plus souples et il n'est peut-être pas
trop tard pour examiner des programmes mixtes qui ne soient pas la baie James.
Malheureusement, dans le programme d'équipement 1978-1985, de même
que dans le document qui a été déposé hier et qui
aurait dû nous parvenir au mois d'août 1972, intitulé:
Réponses aux questions posées à l'Hydro-Québec
à la séance du 25 mai 1972 de la commission permanente des
richesses naturelles, malheureusement, dans aucun de ces deux documents on ne
trouve un programme mixte qui ne fasse pas appel d'une manière ou d'une
autre à la baie James ou au thermique.
J'aimerais, M. le Président, demander à
l'Hydro-Québec de préparer, au cours des prochaines semaines,
peut-être des prochains mois, si cela s'avérait nécessaire,
un programme mixte hydraulique nucléaire, en excluant la baie
James, pour qu'une comparaison valable puisse être faite entre ce projet,
d'une part, et des projets plus réalistes, plus souples et moins
coûteux, d'autre part.
Merci, M. le Président.
M. GIROUX: M. le Président, il y a certains points dans les
remarques de M. Morin que j'aimerais bien voir confirmés parce que, si
on se plie à sa demande de faire certaines analyses, il est
assuré positivement par sa déclaration que le nucléraire
n'augmentera pas.
M. MORIN: Tout est relatif, naturellement. M. GIROUX: Je voudrais
bien...
M. MORIN: Nous parlons des coûts de base, non pas de
l'inflation.
M. GIROUX: Dans ce domaine, je dois attirer votre attention sur le fait
que dans mes devoirs je suis obligé de consulter des gens qui ont en
main la conduite d'utilités publiques. Ces gens sont tous d'avis
contraire. Alors, naturellement, je voudrais bien me faire prouver cela. Je
n'ai aucune objection, mais ces gens sont d'avis contraire, ils pensent que le
coût du nucléaire va augmenter et très sensiblement vu la
disparition de la source d'usines thermiques à l'huile qui deviennent
trop coûteuses.
Il va y avoir une demande trop massive de nucléaire qui ainsi ne
peut pas faire autrement que s'en aller vers une période de hausse et de
hausse assez dramatique. C'est l'information qui m'a été
donnée par des gens que j'ai consultés dans les milieux
d'utilités publiques.
L'autre point est les prix de base de construction du nucléaire.
On a commencé les études de Gentilly en se basant sur des prix
qui étaient, n'est-ce pas, d'anciens prix, $221 millions au tout
début, mettons $225 millions comme prix de base. Ces prix quand, on a
fait le contrat, étaient rendus à $300 millions; ils sont
à $385 millions et je peux parier un bon dîher à M. Morin
que quand ce sera complété il me fera plaisir de le lui
payer ça coûtera $500 millions. Donc, je ne suis pas
favorable à la base de raisonnement je m'excuse, ce n'est
peut-être pas une base de raisonnement que ce que ses conseillers
lui donnent, disant que le nucléaire n'augmentera pas... Je crois au
contraire...
M. MORIN: M. le Président, ce n'est pas que j'accepte le pari,
parce que je n'ai pas du tout le tempérament d'un parieur, mais le
dîner me ferait plaisir.
M. GIROUX: Peut-être que je pourrais, n'est-ce pas, inviter M.
Morin à dfner et lui expliquer l'opinion des gens qui sont dans les
utilités publiques.
M. MORIN: D'accord, est-ce qu'on prend le même pari sur le
coût de la baie James?
M. GIROUX: Exactement.
M. MORIN: Oui? $11,9 milliards?
M. GIROUX: Là, on fera payer le diner par M. Boyd.
M. MORIN: D'accord.
M. GIROUX: Alors...
M. MASSE: II offre même d'en payer deux.
M. GIROUX: ... naturellement, je ne le prends pas comme une accusation,
vous avez été très clair là-dessus. Mais vous dites
que dans nos bases de raisonnement, il y a des failles graves. J'aimerais,
naturellement, ne pas accepter simplement une déclaration qu'il y a des
failles graves. J'aime bien, quand un gars me dit: Tu as fait une bêtise,
qu'il me dise où et à quelle heure.
UNE VOIX: Avec qui?
M. LESSARD: M. Giroux, on ne va pas dans les chambres à
coucher.
M. GIROUX: C'est contraire à la loi aujourd'hui, il y en a qui
sont protégés. Non, je pense que là-dedans, M. Morin, il y
a intérêt encore une fois, je ne vous demande pas vos
documents si, dans des endroits, on a des failles graves, à ce
qu'elles nous soient démontrées. Ce n'est pas nécessaire
qu'elles soient démontrées ce matin et je suis parfaitement
disposé à rencontrer tous vos gens qui peuvent nous
démontrer où nous avons des failles graves.
M. MORIN: Bien...
M. GIROUX: Seulement, on ne veut pas perdre notre temps, n'est-ce pas?
Quand les gens viennent nous voir et nous disent: Voici, si on prend telle
hypothèse ou telle hypothèse... Naturellement, comme
président de l'Hydro-Québec, je suis obligé de prendre les
hypothèses des conseillers qu'on a à l'Hydro-Québec et en
lui je tiens à vous le dire, j'ai pleinement confiance.
Malgré ça, on est ouvert, il peut y avoir des failles; si
c'était possible qu'on sache où sont ces failles, je serais
intéressé à rencontrer les gens qui en parlent. Cela n'a
pas besoin d'être étalé à la commission; ce sont
peut-être des choses techniques, des choses de détail. On sera
absolument intéressé à rencontrer les gens qui nous
parleront des failles.
M. MORIN: M. le Président, je me réjouis de cette
ouverture d'esprit, et si c'est une invitation à ce que nous puissions
vous rencontrer avec des techniciens, j'en serais personnellement très
heureux.
M. GIROUX: D'ailleurs, on a toujours suivi cette politique dans le
passé. On a toujours rencontré les partis d'Opposition. J'ai
rencontré M. Roy très souvent, avec M. Samson, sur des
problèmes qui étaient en-dehors de problèmes de la
commission.
J'ai rencontré souvent votre prédécesseur, le Dr
Laurin, sauf une fois, n'est-ce pas, dans une chose sérieuse; le Parti
québécois a décidé de ne pas se renseigner. Il
était dans la Jacques-Cartier, il a décidé de ne pas
venir.
M. LESSARD: On était interrogé.
M. GIROUX: Mais, mon ami, M. Lessard, le lendemain...
M. MORIN: Voulez-vous qu'on relève le dossier?
M. GIROUX: Non, non, je n'y tiens plus. Les gens verront ce que
ça coûte tantôt. Mais ce qui arrive, c'est que, dans ces
choses, je crois c'est une politique qu'on a toujours maintenue, sauf qu'une
fois, sans être trop chatouilleux, ayant fait des invitations et n'ayant
pas eu de réponse, on a considéré que vous ne vouliez pas
vous renseigner.
M. MORIN: M. le Président, s'il y a une invitation, je m'engage
à l'accepter.
M. GIROUX: Mais si vous changez d'idée, là...
M. LESSARD: On ne voulait pas aller au Frontenac avant de discuter
directement à la commission parlementaire.
M. GIROUX: Oui, mais pourquoi refusez-vous de vous renseigner?
D'ailleurs, vous n'étiez pas là, M. Lessard, parce que si vous
aviez été là, moi je suis convaincu que votre
curiosité vous aurait...
M. LESSARD: On a eu le lendemain la maquette que vous aviez au
Frontenac; le lendemain elle était là.
M. GIROUX: Je suis convaincu que votre curiosité vous y aurait
amené...
M.MORIN: M. le Président de l'Hydro-Québec, est-ce que je
pourrais vous suggérer que ceci me paraît un peu en contradiction
avec votre façon de déposer les documents, au moment même
où vous les invoquez? L'Opposition n'a pas eu le temps, là
maintenant nous l'avons fait, mais aux dépens de nos heures de sommeil.
La prochaine fois, vous pourriez nous donner ça deux ou trois jours
d'avance.
M. GIROUX: Remarquez bien que vous prenez le principe de la commission
qui évolue tous les ans. Je ne sais pas si vous avez suivi, cette
évolution, mais moi, depuis que je suis membre de la commission, depuis
que je viens ici, on vient avec toutes sortes de documents et on retourne avec
les trois quarts des documents qui n'ont pas servi. On ne peut pas faire de
dépôt de documents de tout. Avant la commission, on a
déjà demandé au gouvernement de poser des questions
auxquelles on répondrait en commission.
M. MORIN: Ah! Vous avez demandé au gouvernement de vous poser des
questions et il ne vous les pose pas?
M. GIROUX: Non, non, je m'excuse, je me suis mal exprimé. On a
demandé au gouvernement s'il avait des questions particulières
qui étaient pour être posées, afin qu'on prépare
certains documents, mais je n'ai pas d'objection à les déposer.
Je ne me suis pas opposé à les déposer.
M. MORIN: Plutôt que de repartir avec cette masse énorme,
tout un camion, camion aux deux tiers vide ou à moitié vide,
laissez-les ici, nous pourrons certainement les lire.
M. GIROUX: Seulement il faudrait nous assurer de la
confidentialité de ces documents.
M. MORIN: Oui, je pense qu'on pourrait.
M. GIROUX: Alors on se rencontrera, je le paierai deux fois, le dfner,
s'il le faut.
M. MORIN: M. le Président, il y a des réponses
extrêmement intéressantes ce matin à nos questions.
M. GIROUX: Un autre point, M. Morin, par exemple, si vous voulez
terminer. J'aimerais être éclairé sur les bases de vos
calculs qui viennent à l'encontre de tout ce qui se fait actuellement.
Vous dites que dans l'étude du nucléaire, les taux, hausses de
tarifs, seraient moindres. Alors on constate que toutes les utilités
publiques qui, actuellement, ont dû aller en nucléaire, dans les
trois, quatre dernières années, et qui doivent continuer à
aller en nucléaires, doivent demander des augmentations de tarifs qui
peuvent aller entre 15 p.c, et 30 p.c, 35 p.c. et 40 p.c. dans des cas et, dans
d'autres cas, doubler. Alors je ne peux pas tellement bien...
M. MORIN: Ce dont vous nous parlez, ce sont les programmes mixtes?
M. GIROUX: Non, non, dans une partie de votre exposé, vous dites
que si on allait en nucléaire, en prenant que le nucléaire ne
peut pas augmenter, les hausses de tarifs seraient moindres. C'est l'inverse
qui se produit actuellement, dans l'expérience pratique.
M. MORIN: Est-ce que je pourrais vous poser une question, au point
où nous en sommes? Est-ce que l'Hydro-Québec consentirait
à faire un programme mixte hydraulique-nucléaire autre que la
baie James?
M. GIROUX: Je crois que ça, c'est une spécialité
qui est hautement technique, M. Morin. Moi, j'ai le problème de regarder
le financement de n'importe quelle situation.
M. MORIN: Je comprends mais ça, ce serait peut-être la clef
de toute l'affaire.
M. DE GUISE: La difficulté technique à laquelle nous nous
butons dans une suggestion de ce genre c'est que, pour faire des programmes
hydrauliques sur autre chose que la baie James, il faudrait que nous ayons, en
d'autres sites, des renseignements assez fiables pour pouvoir poser des
coûts réalistes. Il n'y a pas beaucoup de rivières
où nos projets préliminaires sont suffisamment avancés
pour avoir une estimation qui soit autre chose qu'une estimation...
M. MORIN: Et tous vos efforts sont sur la baie James.
M. DE GUISE: Eh oui. Je l'admets. M. MORIN: Bien oui, mais...
M. DE GUISE: Si on demande quelque chose dans un avenir prochain, c'est
la difficulté à laquelle on se...
M. MORIN: C'est ce que je voulais dire quand je disais que vous
étiez coincés. Il y a tout de même la Moisie, la
Sainte-Marguerite, la basse Churchill.
M. DE GUISE: Oui, mais...
M. MORIN: II y a des sites, il y a des choix.
M. DE GUISE: ... je veux dire qu'il y a des restrictions
budgétaires. On ne peut pas inventorier ou examiner toutes les
rivières de la province ou sept ou huit rivières de la province
au même moment. On essaie de voir dans quelle direction on évolue.
On ne peut pas s'attaquer partout au même moment. Maintenant, si c'est
une directive, ça peut se faire mais il faut y mettre l'argent.
M. GARNEAU: Combien ça fait d'années que vous
étudiez la baie James?
M. DE GUISE: La baie James, ça fait depuis, je ne sais pas, 1964
ou avant ça.
M. MORIN: Vous avez aussi des études sur la Moisie, sur...
M. DE GUISE: Oui, mais vous réalisez que dans un projet
hydroélectrique c'est assez différent d'un projet
nucléaire: la grande partie de l'investissement est dans de
l'équipement. Dans la centrale, ce qu'il y a d'inconnu, ce sont les
fondations, peut-être. Dans un projet hydroélectrique, il faut
aller faire... D'abord, il faut souvent faire de la cartographie qui n'existe
pas, il faut avoir des lignes de contour pour avoir les dimensions des
ouvrages, il faut faire des forages dans le sous-sol parce que, si le roc est
à 25 pieds ou à 150 pieds, le coût double ou des choses
semblables.
M. MORIN: Oui, mais c'est vrai pour la baie James aussi, ça.
M. DE GUISE: Oui, mais, c'est ça. Nous sommes à une
étape, si vous voulez, où dans la baie James nous avons ces
renseignements en grande partie. Si vous demandiez, pour le mois prochain, de
faire un programme hydraulique ailleurs, ce que j'essaie de dire c'est que sur
la Moisie et sur la Romaine nous n'avons pas assez de renseignements pour faire
une estimation réaliste du coût d'aménagement
hydroélectrique.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Boyd a demandé la
parole.
M. BOYD: M. le Président, j'aimerais, moi aussi, relever certains
points. M. Morin prétend que la baie James ne peut qu'augmenter. Je ne
vois pas sur quoi c'est basé non plus. Par contre, il dit que le
nucléaire ne peut que diminuer. Il y a eu une réponse partielle
à cela. Concernant la baie James, les taux d'intérêt, qui
sont à dix, peuvent diminuer et tout le monde l'espère. En fait,
on n'est jamais arrivé à dix et les taux d'escalade, qu'on met
à 7 p.c. pour la durée du projet, peuvent fort bien être en
bas de ça. Juste ces deux facteurs-là peuvent avoir un effet
considérable qui pourraient aller à $1 milliard et $2 milliards
de réduction.
Donc, il ne faut pas affirmer que ça ne peut qu'augmenter. Quand
vous dites que les estimations sont peu précises sur LG 1, LG 3, LG 4,
je veux différer d'opinion avec vous.
Hier, je l'ai dit et je dois de nouveau le répéter;
concernant la déclaration de M. Giroux qui dit que les gens qu'il a
rencontrés dans le monde n'ont pas les mêmes opinions que vous sur
le nucléaire, moi aussi et mes confrères de l'Hydro-Québec
qui ont participé à différentes réunions un peu
partout dans le monde, nous avons entendu partout les gens dans le domaine de
l'électricité nous dire que nous sommes très très
chanceux d'avoir de l'hydraulique. Même le président de l'Energie
atomique du Canada, M. Gray, a fait une déclaration, en 1971 ou 1972,
qui a été déposée ici, nous disant:
Développez tout votre hydraulique aussitôt que vous le pourrez,
c'est la meilleure chose qui puisse vous arriver.
Il y a deux semaines, comme ancien président de l'Association
canadienne de l'électricité, j'ai rencontré les
présidents ou les directeurs généraux des entreprises
canadiennes d'un bout à l'autre du pays. Il y avait des visiteurs
étrangers également. Tout le monde nous dit comme on est chanceux
d'avoir de l'hydraulique. L'opinion de ces gens en vaut bien d'autres. Ce sont
des gens qui sont dans le métier. Les gens des Etats-Unis nous disent la
même chose. On nous dit la même chose en Allemagne, on nous dit la
même chose en France. Je pense que c'est bon, ça. Vous parlez d'un
programme mixte; on en a un devant les yeux, un programme mixte.
L'Hydro-Ontario, dans la déposition qu'elle a faite à la
Commission de l'énergie de l'Ontario, a un programme pour 1974 à
1979 où on prévoit une augmentation...
M. MORIN: Est-ce que nous l'avons, ce document? L'avons-nous, ce
document?
M. BOYD: Bien, ce sont des notes tirées d'un document
épais comme ça; ce sont des notes que nos gens ont prises. Je
peux vous le donner.
M. MORIN: Oui.
M. BOYD: La demande augmentera au taux moyen de 7.2 p.c. La composition
de la production additionnelle mise en service au cours de cette période
sera de 67 p.c. de thermique conventionnel c'est parce qu'ils ne peuvent
pas en faire plus; ils n'auront pas assez d'eau lourde pour en faire plus
de 32 p.c. de nucléaire et de 1 p.c. d'hydraulique. C'est parce
qu'ils n'en ont plus d'hydraulique.
Avec ce programme, savez-vous ce qu'ils demandent à la Commission
de l'énergie de l'Ontario? Ils demandent pour cette période des
augmentations variant de 10 p.c. à 16 p.c. de leurs tarif s. C'est donc
que ça ne doit pas être si bon marché que ça, leur
programme. Les taux d'intérêts qu'ils choisissent pour leur
programme, c'est, pour 1974, 7 1/2 p.c, pour 1975, 8 p.c, pour 1976, 8 p.c,
pour 1977, 8 p.c, pour 1978, 8 1/2 p.c, pour 1979, 8 1/2 p.c. S'ils sont le
moindrement heureux, ils auront ça, mais moi, j'ai l'impression qu'ils
vont être un peu malheureux. Donc, leurs prévisions vont
être faibles.
Le programme mixte, vous l'avez, il est là. Vous nous demandez de
le faire; ils l'ont fait. Quand ils seront pris à 67 p.c. de thermique
conventionnel, les renseignements que j'ai d'eux, de leur président que
j'ai rencontré il y a deux semaines, c'est que ça va être
en grande majorité au charbon. Ils ont des commandes formidables
placées aux Etats-Unis pour du charbon.
M. MORIN: II est de quand ce rapport, M. Boyd?
M. BOYD: Du mois de juin; c'est le 10 juin qu'ils ont commencé
à être entendus devant leur commission de l'énergie.
M. MASSE: 1974, M. Boyd?
M. BOYD: Pardon?
M. MASSE: 1974?
M. BOYD: Juin 1974, oui, monsieur.
M. MORIN: Est-ce qu'on peut en avoir une copie? Oui. Vous allez le
déposer, n'est-ce pas?
M. BOYD: D'accord.
M. GIROUX: Ce serait peut-être mieux de vous le faire parvenir. On
peut même vous faire parvenir, si cela vous intéresse, ce qui est
déposé officiellement, les bouquins qui sont
déposés en Ontario.
M. MORIN: Oui, parce que j'aimerais comparer ça avec ce que nous
dit...
M. GIROUX: M. Morin...
M. MORIN: ... M. Woodhead de l'Hydro-Ontario, qui nous fait un rapport
extrêmement
optimiste sur Pickering, sur le rendement de Pickering et sur l'aspect
économique de Pickering.
M. GIROUX: Oui, mais il est construit. M. MORIN: Oui.
M. BOYD: Non, non, il faut se méfier de ces rapports qui sont des
conférences présentées à des associations!
M. MORIN: J'ai cité des chiffres de ce rapport, hier. Les
mettez-vous en doute?
M. BOYD: Bien, de la même façon dont vous mettez les
nôtres en doute. J'ai autant confiance aux nôtres, qui sont des
rapports officiels d'une commission, qui sont présentés devant
une commission...
M. MORIN: Oui, mais ça, ce ne sont pas des hypothèses.
C'est du rendement réel.
M. BOYD: II reste quand même, M. le Président, si vous me
permettez, qu'en 1966/67, lorsqu'on a mis en doute la rentabilité de
Churchill Falls par rapport au nucléaire, c'était basé sur
une conférence présentée par l'ingénieur en chef de
l'Hydro-Ontario qui citait des chiffres du nucléaire. C'est moi qui ai
été obligé de venir avec M. Giroux faire une
démonstration au premier ministre du temps pour lui expliquer tout ce
qui manquait dans ces chiffres déposés par l'ingénieur en
chef de l'Hydro-Ontario, dans une conférence où il n'était
pas obligé de tout dire. Il n'était pas à confesse, ce
n'était pas une démonstration qu'il faisait devant son
président.
Et les faits ont prouvé ce qu'on avait avancé à M.
Johnson, qui était le premier ministre dans le temps, qui a cru à
ce qu'on a démontré. La démonstration qui était
dans cet article était que le nucléaire allait coûter
quelque chose comme 4.5 mils ou 4.8 mils, et de ce qui a été
construit, à partir de cette conférence, en
réalité, a coûté 9 mils.
Je pense qu'il faut se méfier des chiffres comme ça.
Concernant la rivière Moisie, M. Cahill, avant-hier, je crois, en a
parlé. Il est venu nous parler des projets sur la Basse Côte-Nord.
Il a dit qu'on les avait étudiés, que, temporairement, on les
avait abandonnés parce que, économiquement, dans le moment, ils
n'étaient pas rentables, que peut-être plus tard, quand les lignes
entre Manic, Québec et Montréal seront déchargées,
cela nous rendrait une ligne qui pourrait transporter l'énergie, donc
rendrait peut-être la Moisie rentable. Deuxièmement, il y avait un
sérieux problème d'écologie. Car on s'occupe, comme vous
le savez, de plus en plus, de l'écologie.
Les saumons remontent assez haut dans la rivière. Donc, c'est un
problème qu'il faudra résoudre plus tard. Mais, dans le moment,
il a dit qu'on avait laissé la Moisie pour aller à la Romaine. Et
la Petite Mécatina, c'est une autre rivière qui est
intéressante, mais il y a un problème de tête de
réservoir qui est dans le Labrador.
La Lower Churchill, M. Giroux a expliqué longuement que ça
ne dépendait pas de nous. On nous offre 25 p.c. de 1,500 MG. C'est un
problème qui va se développer mais, dans le moment, on ne peut
pas faire de programmes utilisant ces données ou ces rivières.
Cela nous donnerait quoi? Mais le programme mixte dont vous parlez, thermique
et nucléaire, vous l'avez ici à l'Hydro-Ontario.
M. GIROUX: M. Morin, j'aimerais ajouter un point là-dessus. Non
pas que j'en prenne ombrage, mais on dit toujours que, dans les
hypothèses, parce que je ne suis pas tellement confiant dans les
hypothèses, je suis un peu trop conservateur. M. Joron m'en faisait le
reproche l'an dernier, n'est-ce pas, dans la demande d'augmentation des tarifs,
en disant: Oui, mais vous êtes trop conservateur. Regardez ce qui arrive
aujourd'hui!
Je ne fais pas un blâme à M. Joron. M. Joron n'a pas mon
expérience de la longueur des marchés.
M. LESSARD: A quel sujet vous disait-il cela?
M. MORIN: Non, mais vous référez à quel point, M.
Giroux?
M. GIROUX: Mais vous avez tantôt ajouté un point...
M. LESSARD: Sur quel point? A quel sujet vous a-t-il dit cela?
M. GIROUX: Au sujet des tarifs.
M. MORIN: Sûrement pas politiquement.
M. GIROUX: Politiquement, non. Il ne m'accusait pas. Non, non.
D'ailleurs, même s'il m'avait accusé, M. Joron, cela aurait
été pour badiner.
Seulement, il me disait que, dans nos demandes et dans nos
prévisions, on était trop conservateur.
M. LESSARD: Parce qu'il voulait que vous demandiez plus?
M. GIROUX: Non, non. Il disait que j'étais trop conservateur,
dans le sens que je voulais avoir plus de protection pour les choses
d'Hydro-Québec. Si on ne l'avait pas eue, Dieu sait ce qui serait
arrivé.
Vous avez des gens qui viennent de présenter un programme, selon
les bases que vous voulez ou un peu plus, enfin, en calculant des taux
d'intérêts sans prendre de protection. Moi, je les défie
d'emprunter à ces taux.
M. MORIN: Vous parlez de quel programme?
M. GIROUX: Le programme de l'Ontario.
M. MORIN: Oui, mais, M. Giroux et M. Boyd, est-ce que vous ne
conviendrez pas que... J'ai hâte de voir le programme en question, mais,
au départ, j'ai des réserves. Ce ne sont pas les mêmes
cours d'eau. Ce n'est pas du tout la même situation géographique
que le Québec.
M. GARNEAU: Ils n'en ont plus de cours d'eau!
M. MORIN: J'ai hâte qu'on puisse établir les
comparaisons.
M. GIROUX: Ils n'en ont plus de cours d'eau, M. Morin.
M. GARNEAU: Ce ne sont pas des cours d'eau; c'est du
nucléaire.
M. MORIN: Alors, c'est strictement du nucléaire, le programme
dont vous nous parlez?
M. BOYD: Je vais vous répondre.
M. MORIN: Nous, on parle de programme mixte.
M. GIROUX: Ils ne peuvent pas le faire avec autre chose.
M. GARNEAU: Mixer où?
M. MORIN: Moi, écoutez, si ce n'est pas mixte, la comparaison va
être difficile à faire.
M. GARNEAU: Le chef de l'Opposition veut mixer où? Pour aller
où?
M. MORIN: Au Québec, pas en Ontario.
M. GARNEAU: Avec quelle eau va-t-il couper son gin?
M. MORIN: Nous l'avons dit tout à l'heure: Moisie, Basse
Churchill.
M. GARNEAU: Vous avez les réponses. Basse Churchill, c'est pas
à nous autres.
M. MORIN: Oui, mais il y a moyen...
M. GARNEAU: Vous dites au Québec. Vous dites au
Québec.
M. MORIN: ... d'en faire l'exploitation.
M. GARNEAU: Toute votre argumentation...
M. MORIN: II en est même question en ce moment.
M. GARNEAU: Le chef de l'Opposition vient de faire une argumentation
purement politique, ce qu'il a reproché au gouvernement.
M. MORIN: Allons donc!
M. GARNEAU: J'aurais voulu intervenir avant, parce que son intervention
de tout à l'heure sentait la politique partisane.
M. MORIN: Intervenez maintenant, mais essayez...
M. GARNEAU: Attendez un peu! M. MORIN: Intervenez... DES VOIX: A
l'ordre!
M. BACON: M. le Président, je soulève un point d'ordre. Le
chef de l'Opposition...
M. MORIN: ... mais faites-le sur des bases économiques.
M. BACON: A l'ordre!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît. La
parole est au ministre des Finances.
M. GARNEAU: M. le Président, je suis obligé de prendre les
mêmes bases que le chef de l'Opposition a prises, c'est-à-dire des
bases politiques. J'ai regretté, tout à l'heure, que le
débat et les questions s'engagent avant que nous puissions intervenir de
ce côté-ci de la table, mais savez-vous que je trouve que cela a
du bon sens. Cela a bien du bon sens qu'on ait retardé à
intervenir politiquement, parce que les réponses qui ont
été données aux questions du chef de l'Opposition et les
arguments qui ont été présentés par la suite non
pas en réponse, mais plutôt dans un exposé plus
général démontrent clairement et d'une façon non
équivoque que le projet de la baie James est un projet non seulement que
nous avons bien fait de commencer, mais qu'il nous fallait commencer. Le seul
reproche, peut-être, qu'on peut faire au gouvernement, c'est de ne pas
avoir commencé plus tôt.
Quand je dis que le chef de l'Opposition a fait une intervention
purement politique, c'est qu'il a tracé des hypothèses en prenant
des paramètres qui sont complètement en dehors de la situation
qu'on connaît.
Lorsqu'il parle de taux d'intérêt à 5 p.c. en 1982,
sur quoi se base-t-il pour dire que 5 p.c. en 1982, c'est logique? Je lui
répondrai...
M. MORIN: ... 10 p.c.
DES VOIX: A l'ordre !
M. GARNEAU: M. le Président, les 10 p.c. sur lesquels les
hypothèses actuelles sont maintenues c'est le taux
d'intérêt qui se paie actuellement sur le marché à
long terme; ce n'est donc pas de la fantaisie.
Je dirai en plus au chef de l'Opposition que même si son
hypothèse de 5 p.c. en 1982 parce qu'il veut prouver que son
parti a fait une bonne chose en s'opposant à la baie James dès le
départ. C'est ce qu'il essaie de prouver, par après, qu'à
ce moment-là la décision était bonne. Si c'est vrai ce que
le député de Sauvé nous raconte, s'il arrivait que
c'était vrai ou que nos experts financiers nous conseillent en 1978 en
disant qu'en 1982 ce que prétendait le député de
Sauvé sera vrai, qu'est-ce qui nous empêcherait de faire des
émissions d'intérêt de 5, 6, 7 ans qui nous permettraient
de refinancer, à ce moment-là, au taux d'intérêt qui
prévaudrait au moment où l'hypothèse du chef de
l'Opposition se réaliserait?
Toute son argumentation est complètement fallacieuse. Lorsqu'il
nous parle, par exemple, plus loin des taux d'inflation que nous connaissons
actuellement, il oublie que, quand la décision d'aller dans la baie
James a été prise, le taux de l'indice d'inflation à
Montréal était de 1.8 p.c; c'était le plus bas qu'on avait
eu depuis je ne sais pas combien d'années antérieurement
c'avait été 2.1 p.c. mais nous étions dans une
période de ralentissement économique important.
Ce n'était pas le temps pour le Québec de prendre des
options qui auraient favorisé la technique ontarienne ni de prendre des
décisions qui auraient favorisé l'entreprise américaine.
Dans le cas présent, nous n'étions pas prêts à
fournir le pourcentage de valeurs québécoises dans le projet
nucléaire comme nous étions prêts à le faire dans le
projet hydroélectrique. Avec 1.8 p.c. d'inflation, est-ce qu'on va nous
dire qu'on a pris la décision dans le mauvais moment? L'année
1972, 3.8 p.c, qui pouvait déterminer, à ce moment-là, ce
qui arriverait? Nous étions dans une période de surplus
alimentaires. J'ai eu, comme ministre des Finances, avec le ministre de
l'Agriculture, à régler des surplus de poulets, d'oeufs, de porcs
et, 18 mois après, nous étions rendus dans une pénurie.
Qui pouvait nous dire que nous tomberions à un taux d'inflation en 1973,
par rapport à 1972, de 6.7 p.c? Il n'y a pas un chat sur la terre qui
aurait pu le dire. Qui pouvait prévoir que les Arabes finiraient par
s'unir et augmenter le prix de leur pétrole? Il n'y a pas un chat qui
pouvait le dire non plus. Ce qui veut dire qu'au moment où on a pris
notre décision, en collaboration avec l'Hydro-Québec, d'aller
dans le projet nucléaire, nous n'étions pas dans une
période d'inflation. Nous venions d'en laisser une mais nous
n'étions pas dans une période où les taux
d'intérêt étaient particulièrement
élevés. Nous étions, par contre, dans une période
de temps où il nous fallait, au Québec, prendre des
décisions de développement économique pour créer de
l'emploi non seulement au niveau de la main-d'oeuvre ordinaire mais
également au niveau de nos spécialités, des
ingénieurs, des entrepreneurs, nos entreprises qui font appel à
du personnel spécialisé, pour fabriquer ou continuer à
fabriquer de l'équipement technique que nous pouvions utiliser dans
l'hydroélectrique.
Il y avait également toute cette publicité qui se faisait
un peu partout dans le monde contre les dangers de la pollution
nucléaire. Des pages d'annonces payées dans les journaux
américains demandaient à leur gouvernement de ne pas se lancer
dans le nucléaire.
Nous prenons ici au Québec une décision conforme à
notre économie, conforme à notre spécialisation technique
parce que nous avions du personnel francophone prêt à occuper les
fonctions. Nous prenons une décision de nous lancer dans un projet qui
allait développer tout un secteur du Québec qui était
complètement inexploité; nous allions secourir et appuyer le
développement de toute la région de l'Abitibi et on va nous
reprocher aujourd'hui, pour de la politique mesquine, M. le Président,
d'avoir pris une bonne décision? Le chef de l'Opposition n'y
était pas en 1971, il n'y était pas en 1972 non plus; il nous est
arrivé en 1973, et je lui dirai que s'il continue dans cette voie, il
lui arrivera le même sort qu'à son prédécesseur de
l'Opposition officielle...
M. MORIN: Vous ne faites pas de petite politique là, hein?
M. GARNEAU: ... à son poste... M. MORIN: Vous êtes
objectif, là.
M. GARNEAU: ... l'ancien médecin, Dr Lau-rin. Il va lui arriver
la même affaire; il va lui arriver la même affaire qu'à M.
Joron qui était ici à cette commission. Parce que les
Québécois ne sont pas des fous, M. le Président.
M. BACON: II ne sera pas sauvé.
M. GARNEAU: Ils ne sont pas des fous.
M. MORIN: Vous ne faites pas de petite politique là, hein?
M. GARNEAU: Ils comprennent fort bien que la décision du
gouvernement a été prise dans un temps où il nous fallait
agir sur le plan économique; elle a été prise en tenant
compte des richesses naturelles qui nous appartenaient et que nous pouvions
développer, et aussi elle a été prise dans un temps
où il nous fallait créer de l'emploi au Québec. Et
j'ajouterai, M. le Président, pour bien montrer que toute
l'argumentation du chef de l'Opposition...
M. MORIN: M. le Président...
M. GARNEAU: ... est complètement fausse... Et il le sait à
part ça. C'est ça qui m'embête, c'est qu'il le sait. Hier
soir, après avoir passé je ne sais combien d'heures à
discuter le coût du nucléaire et de l'hydraulique, on apprend, des
gens de l'Hydro-Québec parce que je n'étais pas
informé de cette particularité, je savais les coûts, on
avait discuté à plusieurs reprises avec les gens de
l'Hydro-Québec, ici même à cette commission et ailleurs,
dans mes relations avec les gens de l'Hydro-Québec que
même, M. le Président, si on mixait un petit peu moins
d'hydraulique et un petit peu plus de nucléaire, on n'est même pas
certain d'avoir, de l'Energie atomique du Canada, l'assurance parce que
ça prend quatorze centrales de 750 kW...
M. LESSARD: Mégawatts.
M. GARNEAU: ... excusez, 750 MW pour remplacer la baie James on
n'est même pas sûr...
M. MORIN: On n'a jamais parlé de ça. On vous parle de
programmes mixtes.
M. BACON: A l'ordre, M. le Président.
M. MORIN: Parlez-nous de programmes mixtes.
M. GARNEAU: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. GARNEAU: Je ne comprends pas pourquoi le député de
Saguenay ne soulève pas le point de règlement quand le
député de Sauvé parle.
M. LESSARD: Bien, écoutez, ne me dites pas que vous avez besoin
des députés de l'Opposition pour vous défendre?
M. GARNEAU: M. le Président, on parle d'un "mix"...
M. BACON: On n'est pas si faible que ça.
M. GARNEAU: C'est justement de ça que je parlais...
M. MORIN: ... faible.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable ministre des Finances.
M. GARNEAU: C'est justement, M. le Président, sur le programme
mixte qu'on est...
M. BACON: On n'est pas faible au point d'avoir besoin du
député de Saguenay.
M. GARNEAU: ... et c'est de ça que je parlais, parce que c'est un
programme mixte que nous avons présentement. Il y a Gentilly 1, Gentilly
2, l'usine d'eau lourde. Mais quand on nous dit d'aller mixer un peu plus, on
n'est même pas certain et ce sont là des propos des gens de
l'Hydro-Québec hier et de la Société d'énergie
on n'est même pas certain d'avoir un Gentilly 3 qui pourrait nous
être livré ou disponible, en termes d'équipement vers les
années 1981 et on nous demande de mixer davantage? C'est être
complètement irresponsable et ça fait la preuve, M. le
Président, qu'après trois ans de débats, une fois de plus
on est revenu sur le coût du nucléaire versus
l'hydroélectrique. Et en plus de tous les arguments économiques,
les arguments de coûts, on nous arrive avec l'argument que je dirais
massue; hier soir je disais, ce n'est pas CANDU, c'est no CANDU, on ne peut pas
être assuré d'avoir seulement deux centrales de 750 MW de plus.
Comment voulez-vous qu'on mixe davantage, même si toutes les autres
conditions étaient égales?
C'est pourquoi je dis que l'argumentation du chef de l'Opposition est
politique et tend à démontrer que leurs gestes étaient
bons à ce moment-là, la population a jugé, j'imagine,
là-dessus comme sur d'autres choses, le 29 octobre dernier. Mais je
trouve qu'à partir de maintenant ce n'est plus le temps de se poser
cette question, parce que le programme de la baie James est engagé, le
programme de la baie James se continuera, que le chef de l'Opposition aime
ça ou qu'il n'aime pas ça. Je pense que le Parti libéral,
qui forme le gouvernement, a eu l'appui de la population là-dessus.
Quant à moi, je ne demanderai certainement pas à
l'Hydro-Québec de dépenser des sommes additionnelles pour faire
des mixages qui ne seront pas nécessaires dans le cadre de la
réalisation de La Grande; peut-être pourra-t-elle en faire lorsque
nous arriverons au projet NBR versus du nucléaire additionnel. Je ne
sais pas, mais pour La Grande, quant à moi, la décision a
été prise. Je soumets que c'a été une bonne
décision, compte tenu des éléments que nous avions dans le
temps. Je dis que la conjoncture et que les connaissances accumulées qui
nous ont été démontrées depuis deux jours prouvent
que notre décision était bonne. Je soumets que nous allons
continuer dans ce sens, peu importe ce que voudrait nous dire, ce que voudrait
nous faire croire le chef de l'Opposition.
J'étais heureux tout à l'heure d'autant plus
heureux que ce n'était pas moi qui l'avait demandé, ni personne
de ce côté-ci de la salle lorsque M. Boyd a souligné
qu'en 1967/68 on avait tenté également dans une conférence
de faire renverser une décision au sujet de Churchill. Je ne mentionne
pas de nom, à savoir qui
a suggéré ça. Peu importe qui ce soit, que ce soit
un type qui est membre du Parti québécois maintenant ou qu'il ne
le soit pas, ça m'est égal. Mais il y a une chose qui est
certaine, c'est qu'on tente d'appuyer toute cette argumentation aujourd'hui
à partir d'une autre conférence. J'espère que les
mêmes effets produiront les mêmes résultats, qu'on ira dans
l'hydroélectrique et qu'une fois l'hydroélectrique
développé on pourra dire encore et peut-être
à ce moment-là on lui écrira, parce que quand la
commission siégera il faudra faire transmettre ces documents par
écrit à l'actuel chef de l'Opposition que la
décision qui avait été prise en 1971 avait
été aussi bonne que celle qui avait été prise en
1966.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le ministre des Richesses
naturelles.
M. MASSE: M. le Président, suite aux excellents commentaires du
ministre des Finances, j'aimerais vous confirmer, comme je vous l'ai
déjà fait, M. Giroux, que j'ai beaucoup plus confiance à
vos spécialistes qu'à ceux du Parti québécois. Le
gouvernement a mis sa confiance en l'Hydro-Québec, contrairement
à ce que voudrait le Parti québécois. Le chef de
l'Opposition peut nous accuser d'avoir fait une erreur. Mais, d'autre part, le
gaspillage, s'il avait eu lieu, et ce qui n'aurait pas été dans
l'intérêt de la population du Québec à notre avis
cela aurait été de prendre la décision, comme vient de le
dire le ministre des Finances, d'avoir un programme intensif de
nucléaire.
Je ne peux pas poser des questions au chef de l'Opposition, du fait que
son intervention était beaucoup plus politique que d'autre. Je voudrais
relever sa phrase quand il dit que les coûts du nucléaire, et je
le cite, ne peuvent augmenter, mais diminuer. Cela c'est se fouter de la
population, c'est de faire de la démagogie pure, M. le Président.
C'est...
M. MORIN: On sort du stade expérimental.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. MASSE: M. Boyd, nous dit que tous les experts à travers le
monde disent à l'Hydro-Québec et à la
Société d'énergie: Aménagez tout votre potentiel
hydroélectrique.
On voudrait qu'on prenne des décisions à l'encontre de
tous les experts et on voudrait également, suite à cette prise de
position en 1971, nous faire payer des sommes supplémentaires à
nous, la population du Québec, par un nouveau programme
d'équipement nucléaire. Je ne peux pas accepter ça, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Dozois.
M. GIROUX: Avant que M. Dozois dise un mot, je voudrais simplement
souligner, avec peut-être un peu d'humour, que je suis très
enchanté de voir que les membres du Parti libéral sont devenus
des Hydroquébécois. Sans allusion.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Dozois.
M. BACON: On va en reparler de ça.
M. DOZOIS: M. le Président, je n'ai pas participé
tellement à ce débat qui, souvent, a porté sur des aspects
tellement techniques, mais je me suis demandé si je ne pouvais pas
apporter une contribution utile en vous faisant part d'une expérience
que j'ai vécue alors que j'occupais les fonctions antérieures
à celles que j'occupe présentement. Dans ces fonctions, j'ai eu
à participer à la décision de faire ou d'autoriser le
contrat avec Churchill Falls.
Je pense que je peux faire part de cette expérience sans violer
les secrets ministériels dont je suis le possesseur et que j'ai
vécus à cette époque. Lorsque nous avons eu à
décider d'opter pour le contrat de Churchill Falls, l'équipe du
temps, nous nous sommes posé une foule de questions, également,
de façon à être bien sûrs que c'était la
meilleure décision. En écoutant, depuis trois jours, le chef de
l'Opposition et le député de Saguenay, je puis dire à
cette commission que nous aussi, à l'époque, nous nous sommes
posé à peu près toute la même kyrielle de questions.
Non seulement nous nous posions ces questions, mais nous les posions à
l'Hydro-Québec. Nous avons fait le tour d'horizon parce qu'à
cette époque le projet de Churchill Falls présentait des
difficultés d'un autre ordre pour le gouvernement du temps.
C'étaient des difficultés que je pourrais appeler de juridiction
provinciale, et nous voulions être bien sûrs, avant de poser un
geste dans cette direction, que c'était un geste sage que nous
posions.
Avec les gens de l'Hydro-Québec, nous avons fait le tour,
n'est-ce pas, de tout le potentiel hydroélectrique qui était dans
la province de Québec, de même que du potentiel nucléaire,
parce qu'il en était question, en 1967, de construire des usines
nucléaires dans la province de Québec.
Nous avons passé en revue les rapides Lachi-ne, entre autres, on
n'en a pas parlé, mais il y avait un potentiel, d'après les
connaissances que nous avions, nous. Mais ça n'a pas été
long que les experts de l'Hydro-Québec nous ont démontré
qu'il ne fallait pas songer aux rapides de Lachine.
Nous avons passé en revue la rivière Moisie, la
rivière Romaine et toutes ces rivières. Nous avons, à
cette époque, demandé des précisions sur le projet de la
baie James. Et les études dont nous faisaient part les membres de la
commission de l'Hydro-Québec ainsi que les techniciens, à cette
époque, le projet de la baie James, étaient rendues à peu
près au même stade que
celles des rivières de la Côte-Nord, Moisie, Romaine, etc.
Finalement, nous avons pris la décision, parce que les gens de
l'Hydro-Québec, avec tous les experts qu'ils ont dans leur organisation,
nous ont convaincus, malgré les risques que je signalais tout à
l'heure, que c'était vraiment la décision à prendre. Et
nous l'avons prise.
Je pense, comme l'a signalé quelqu'un depuis trois jours, que
c'est peut-être le contrat le plus avantageux qui ne s'est jamais
signé pour la province de Québec. Par après, me
voilà au sein de cette organisation qui est l'Hydro-Québec, et je
vis depuis cinq ans déjà dans l'intimité de ce groupe.
J'ai pu connaître davantage et j'ai eu affaire à discuter avec ces
gens. Bien que je ne sois pas un technicien, je veux quand même, avant de
prendre une décision, savoir la portée de la décision
à laquelle je participe, et je dois vous dire que je ne peux faire
autrement que d'avoir confiance en ces gens. Je suis toujours
épaté de voir que nous avons, à l'Hydro-Québec, que
nous sommes assez heureux de posséder dans notre personnel des gens qui
possèdent une telle science, une telle honnêteté de
pensée et qui sont capables, à l'occasion, de nous guider et de
nous signaler qu'il ne faut pas faire tel pas parce que ça comporterait
telle et telle conséquences.
Et de plus, depuis deux ans et demi, j'ai le privilège
d'être un des membres du conseil d'administration de la
Société d'énergie de la baie James. Je suis en contact
avec eux et je suis au courant des décisions qui se prennent toutes les
semaines dans cet organisme, et je ne puis faire autrement que de soutenir la
position de 1 'Hydro- Québec.
Je suis dégagé, je pense aujourd'hui, des aspects
politiques de ces problèmes, et avec les connaissances que j'ai acquises
depuis et qui ne sont pas tellement grandes, je l'avoue, dans le domaine
technique, mais en me basant sur tous les renseignements qui nous sont fournis
par cette armée de techniciens, de cette armée de gens
compétents, je n'ai pu faire autrement que d'appuyé et
contribué à la prise de cette décision. Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): II est une heure. Est-ce que la
commission suspend ses travaux jusqu'à quinze heures?
La commission suspend ses travaux jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
Reprise de la séance à 15 h 11
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! Les membres de la
commission sont les mêmes que ce matin.
M. Villeneuve, de l'Hydro-Québec m'a fait mention que le
protocole d'entente entre les Richesses naturelles, l'Hydro-Québec et le
comité interministériel d'urgence est disponible actuellement
à Montréal. Il va le faire parvenir au secrétaire de la
commission parlementaire et il sera distribué aux membres de la
commission.
M. GIROUX: M. le Président, on est bien positif qu'on doit le
faire parvenir au secrétaire de la commission parlementaire, pour ne pas
qu'il y ait d'ambiguïté.
M.LESSARD: Cela va. Probablement que cela va être plus sûr.
Etant donné que vous avez fait parvenir un certain nombre de documents
au président et que nous ne les avons pas reçus dans le
passé, ce serait peut-être mieux de les faire parvenir au
secrétaire de la commission parlementaire.
M. GIROUX: On en prend note.
LE PRESIDENT (M. Houde): L'honorable chef de l'Opposition.
M. MORIN: J'allais faire une intervention, au moment où nous nous
sommes quittés, lors de la suspension d'une heure. Le ministre des
Finances a fait, ce matin, ce qu'il me reprochait d'avoir fait,
c'est-à-dire qu'il a porté le débat sur le plan
strictement politique, j'entends le débat sur la comparaison entre
programme nucléaire et programme hydraulique.
Sur ce plan, sur le plan strictement politique, j'avoue qu'il est
beaucoup plus compétent que moi et je ne voudrais pas le suivre, en tout
cas pas plus loin qu'il ne faut. Bien sûr, il est inévitable que
lorsqu'on se penche sur un tel projet, qui est né dans les circonstances
qu'on sait, il est inévitable qu'on soit appelé à toucher
les aspects politiques. D'ailleurs, il serait bien étonnant qu'on fasse
de la politique partout, sauf au Parlement.
Toutefois, j'aurais espéré que le ministre des Finances
réponde un peu à mes argumentations d'ordre économique et
technique. Je m'étonne, M. le Président je regrette que le
ministre ne soit pas là de voir le ministre ne poser aucune
question à l'Hydro-Québec, de le voir endosser
inconditionnellement les hypothèses d'HydroQuébec.
Est-ce que ce n'est pas le rôle du ministre des Finances que de
protéger les contribuables? L'augmentation des coûts, la valse des
milliards ne l'inquiètent apparemment pas. A moins, évidemment,
que l'investissement politique ne soit tel qu'il faille passer sous silence
l'investissement économique.
Je dirai au ministre que, nous aussi, nous avons confiance dans
l'Hydro-Québec mais c'est également notre tâche
d'interroger ces messieurs en vue de la protection des intérêts de
la collectivité. Si le gouvernement ne remplit pas ce rôle, s'il
accepte, pour ainsi dire sans discussion, tout ce qui lui est soumis au sujet
de la baie James notamment, il devient doublement important, essentiel que
l'Opposition le fasse à sa place. Nous avons confiance dans
l'Hydro-Québec; nous admirons certaines de ses réalisations. Nous
savons que c'est une des sociétés les mieux gérées
au Québec. Nous nous sommes battus, d'ailleurs, pour la défendre
contre la rapacité de tout ce qui grouille et grenouille dans
l'entourage du gouvernement. Nous continuerons, d'ailleurs, à le faire,
mais que le gouvernement n'essaie pas de nous entraîner dans sa politique
de chèque en blanc.
Nos chiffres et nos hypothèses de travail sont différents
de ceux de l'Hydro-Québec. Cela ne nous enlève, en aucune
façon, la confiance que nous pouvons avoir dans ces messieurs. Mais nous
demandons à pouvoir faire bénéfice d'inventaire. Nous
demandons à examiner de très près les hypothèses
qu'ils nous soumettent.
Aussi, pour clore le débat sur la comparaison entre l'hydraulique
et le nucléaire, à moins qu'on ne tienne à le rouvrir,
à s'étendre sur la question, je serais très heureux si
nous pouvions, comme on nous l'a offert ce matin, rencontrer les experts de
l'Hydro-Québec.
M. Giroux, fort aimablement, nous a offert la chose. Rien ne serait plus
utile, je pense, au débat en cours qu'une rencontre entre vos experts et
nos recherchistes, nos experts à nous.
Dans l'intervalle, cependant, si l'Hydro-Québec voulait bien
préparer un ou des programmes mixtes hydrauliques-nucléaires,
à l'exclusion de la baie James, je pense que cela faciliterait
considérablement le débat, parce que, de toute façon, nous
sommes appelés à vous poser cette question dans l'avenir, comme
nous l'avons fait jusqu'ici. Vous voulez que nous puissions évaluer
correctement la baie James du point de vue des investissements, de la
rentabilité, eh bien, donnez-nous des alternatives, des programmes qui,
nous le croyons, seraient plus rentables pour les Québécois.
Je sais que cela peut prendre quelque temps, je suis sensible à
l'argument que M. De Guise développait ce matin que ça ne se fait
pas en quelques semaines. Nous sommes prêts, le cas
échéant, à attendre quelques mois. Peut-être qu'on
pourrait étudier tout cela à la fin de l'année. En tout
cas, il serait bien utile, si vraiment une rencontre entre vos experts et nos
recherchistes devait être utile, que nous ayons cette possibilité
d'examiner également des programmes mixtes, à l'exclusion de la
baie James. Cela contribuerait fortement, M. le Président, à
dépolitiser un débat qui l'est sans doute trop. Je vous
remercie.
M. GIROUX: M. Morin, si vous permettez, je ne crois pas que vous mettiez
en doute mon invitation à dîner, n'est-ce pas?
M. MORIN: Non, non. M. GIROUX: Non, non.
M. MORIN: Je ne parle pas de l'invitation à dîner,
ça c'est autre chose, c'est un pari que nous avons fait.
M. GIROUX: Je crois que...
M. MORIN: Je pensais à la rencontre d'experts.
M. GIROUX: ... des rencontres d'experts ou des rencontres, nous avons
toujours offert cette chose, mais peut-être pas comme on le fait
actuellement. Seulement, dans un point qu'il faudrait garder en vue, dans
toutes ces rencontres, toutes les hypothèses qu'on devra analyser, qu'on
devra prouver de bonne foi de part et d'autre devront répondre aux
exigences de la demande du réseau. C'est la seule condition que,
normalement, je me crois forcé d'imposer; c'est qu'on peut avoir toutes
sortes d'hypothèses mais, si ça ne respecte pas la demande du
réseau, je crois que, encore là, ce seraient des rencontres
inutiles. Si on était d'accord...
M. MORIN: Oui.
M. GIROUX: ... qu'il faut respecter telle charge en telle année,
il y a plusieurs façons de le faire, j'admets ce principe, nous sommes
prêts à regarder ces choses; seulement, il faut que ces
possibilités puissent satisfaire les demandes du réseau.
M. MORIN: Bien. M. le Président de l'Hydro-Québec, est-ce
que vous admettriez tout de même que nous puissions réexaminer
avec vous la demande année après année et à l'aide
de tous les chiffres que vous pourriez aligner?
M. GIROUX: Oui.
M. MORIN: Vous n'êtes pas en train de nous demander d'accepter
comme parole d'évangile la demande telle que vous l'évaluez?
M. GIROUX: D'ailleurs, je n'ai jamais demandé d'accepter quoi que
ce soit comme parole d'évangile.
M. MORIN: Non.
M. GIROUX: La différence, quand je prends notre expérience
sur la demande, provient d'une expérience statistique prouvée par
des bilans et non pas des hypothèses. Alors, pour autant qu'on s'en
tient aux demandes du réseau naturellement il peut y avoir des
erreurs dans
les demandes du réseau on est objectif dans des
possibilités financières comme les taux
d'intérêt.
Tout est relatif. Si quelqu'un veut faire des calculs et se servir de 5
p.c, remarquez que je ne suis pas contre, parce que c'est beaucoup plus facile
pour nous, si le taux est à 5 p.c, d'emprunter à 5 p.c. Ce que je
mets en doute, ce sont les affirmations que ça ne peut pas compter dans
le nucléaire, que ça ne peut pas changer puisque le taux
d'intérêt ne peut pas baisser.
Je le souhaite, remarquez bien; je suis le premier à en
bénéficier, mais j'exprime un doute.
M. MORIN: Oui, c'est-à-dire que ce sont des hypothèses de
travail.
M. GIROUX: Oui, oui.
M. MORIN: Et si nous pouvions les examiner ensemble, je pense que ce
serait profitable pour tout le monde.
M. GIROUX: Je n'ai pas d'objection, naturellement, et je comprends qu'il
y a certains travaux de la Chambre qui vont presser d'ici...
M. MORIN: Oui, d'ici quelques semaines...
M. GIROUX: En tout cas vous devriez être libre autour de la
fête du travail?
M. MORIN: Peut-être, cela pourrait aller jusqu'au 15 octobre.
M. GIROUX: Disons qu'on pourra regarder ces choses-là à la
fête du travail, en comité privé, et avant s'il y a moyen
de le faire.
M. MORIN: Bien, je remercie le président de
l'Hydro-Québec. Peut-être conviendrait-il, M. le Président,
que nous passions au financement des projets de la baie James, si vous le
voulez bien?
M. GIROUX: Cela va.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je pense qu'il est extrêmement
important de parler du financement de ce projet, parce que si le projet de
Churchill a été un projet de $1 milliard quand on a
commencé, je pense, en 1969, ce projet est maintenant rendu à $12
milliards. Je pense qu'il est extrêmement important, justement, de savoir
de quelle façon l'Hydro-Québec entend financer ce projet. Avant
de m'engager directement dans cette discussion, j'aimerais poser quelques
questions préliminaires.
D'abord, dans le discours du budget de 1974/75, que prononçait le
ministre des Finan- ces, il était annoncé que
l'Hydro-Québec allait devoir emprunter, au cours de la présente
année, $550 millions. J'aimerais savoir d'abord dans quelle proportion
ce programme est réalisé actuellement.
M. GIROUX: Vous allez savoir ça. Voulez-vous qu'on réponde
au fur et à mesure?
M. LESSARD: Oui, d'accord.
M. GIROUX: II faut comprendre que les réponses
d'Hydro-Québec seront pour l'année de calendrier, n'est-ce pas?
Nous n'avons pas la même année que la province. Est-ce clair, M.
Lessard?
M. LESSARD: Oui, d'accord. Alors, votre calendrier est du...
M. GIROUX: Du 1er janvier au 31 décembre.
M. LESSARD: De janvier à janvier, contrairement à avril
à avril. D'accord.
M. GIROUX: Alors, nous avons $270 millions de complétés et
nous avons été en enregistrement hier ou mercredi à New
York pour $150 millions.
M. LESSARD: Vous avez actuellement $270 millions de
complétés et $150 millions...
M. GIROUX: D'enregistrés.
M. LESSARD: ... d'enregistrés. Maintenant, est-ce que vous
pourriez nous dire, M. Giroux, la répartition de ces montants à
la fois sur le marché canadien et sur le marché
américain?
M. GIROUX: Oui.
M. LESSARD: Combien ont été vendus sur le marché
canadien, et peut-être avez-vous les trois? Peut-être avez-vous les
chiffres à l'intérieur du Québec, à
l'extérieur du Québec, soit le reste du Canada, et aux
Etats-Unis.
M. GIROUX: Malheureusement, en ce qui nous concerne
financièrement, le Québec est dans le Canada. Nous n'avons pas de
statistiques positives sur les provinces extérieures. Ce qu'on donne,
c'est au Canada et aux Etats-Unis.
M. LEMIEUX: Lemieux, de l'Hydro-Québec. Jusqu'à
maintenant, nous avons emprunté $125 millions aux Etats-Unis, $30
millions en Allemagne, et $115 millions au Canada, c'est-à-dire $30
millions en eurodollars et $115 millions au Canada, pour un total de $270
millions. On s'est enregistré hier à Washington à la
Securies and Exchange Commission, et on s'attend à négocier un
emprunt de $150 millions à New York vers le 17 juillet, ce qui ferait
des emprunts totaux de $420 millions sur notre
programme de $550 millions. Cela, rendu vers le milieu de juillet, avec
encore cinq mois et demi à faire dans l'année.
M. LESSARD: Est-ce que vous pouvez nous dire quel a été le
taux moyen d'intérêt de ces émissions?
M. LEMIEUX: L'emprunt du mois de janvier à New York pour $125
millions était 8.38, c'est-à-dire le coût de
l'émission.
C'était 8.38; en eurodollars 8.80; et au Canada, 10.01 p.c.
M. ROY: Est-ce que ces taux incluent également les frais de
courtage?
M. LEMIEUX: Oui, c'est le coût. Par exemple, à New York, le
rendement pour l'acheteur était 8.30. Parce que, là-bas, nous
payons une commission de .78 p.c, c'est-à-dire sept huitièmes de
1 p.c, le coût total de l'émission était de 8.38 p.c. pour
une période de 30 ans.
M. ROY: Puis, l'émission sur laquelle vous venez de vous
enregistrer aux Etats-Unis, est-ce que vous avez des renseignements à
nous fournir à ce sujet-là ou si ce n'est pas définitif
quant à ce qui a trait au taux d'intérêt, d'une part, et,
deuxièmement, en ce qui a trait à la durée de
l'emprunt?
M. LEMIEUX: Etant donné que nous allons négocier cet
emprunt dans deux semaines, il ne serait pas sage d'avertir les prêteurs
du taux que nous attendons payer.
M. ROY: Actuellement, il y a seulement un dépôt, une
demande faite. Autrement dit, les négociations ne sont pas
complétées?
M. LEMIEUX: D'accord.
M. ROY: Maintenant, dans votre prospectus, est-ce que vous avez une date
d'échéance définitive ou bien si elle est à
discuter?
M. LEMIEUX: C'est une émission de 30 ans.
M. ROY: C'est une émission de 30 ans, définitive.
M. LESSARD: Maintenant, lors de la commission parlementaire en 1971, au
cours de laquelle nous avons eu l'occasion d'étudier le premier projet
de la baie James, soit le projet NBR équivalant à $4.1 milliards
et non pas, comme je l'avais fait dire, à un moment donné,
à M. Boyd, à $6.1 milliards, le président de
1'Hydro-Québec nous avait soumis un programme d'emprunt jusqu'en 1972.
J'estime, étant donné que nous avons maintenant un projet qui est
au moins trois fois supérieur à celui qui était
prévu en 1971, que des prévisions ont dû être faites
par l'Hydro-Québec pour estimer l'ordre des emprunts au cours des
années à venir. Puisque M. Giroux nous avait donné ces
chiffres en 1971, est-ce que vous avez des estimations pour 1974, 1975, 1976,
1977, etc., jusqu'en 1980, puisque ça devrait être la fin du
projet de La Grande.
Est-ce que vous pourriez nous donner ces chiffres, année par
année? Ces estimations, dis-je, parce que je pense qu'on ne peut pas en
arriver à des chiffres qui sont complètement exacts.
M. LEMIEUX: Les prévisions que nous faisons, ce sont des
prévisions de cinq ans pour nos emprunts. Pour vous indiquer l'ordre de
grandeur, je pourrais dire que, pour 1975, ce serait environ...
M. GIROUX: Ce que je veux corriger ici, dans votre allégué
ce ne sont pas des emprunts pour la baie James. Ce sont les emprunts
totaux...
UNE VOIX: Oui.
M. GIROUX: ... de l'Hydro-Québec...
M. LESSARD: C'est ça.
M. GIROUX: ... pour toutes ses demandes.
M. LESSARD: C'est ça.
M. ROY: Totaux, en incluant les emprunts...
M. GIROUX: Avec tout.
M. ROY: ... qui seront consacrés à la baie James.
M. GIROUX: Pour la baie James. M. ROY: Les emprunts globaux. M. GIROUX:
Globaux. M. ROY: D'accord. M. LESSARD: C'est ça.
M. LEMIEUX: Les besoins d'emprunt globaux d'ordre général
pour l'Hydro-Québec, y compris le projet de la baie James, pour 1975,
c'est $800 millions; pour 1976, c'est $950 millions; pour 1977, c'est
$1,350,000,000 et, pour 1978, c'est $1,450,000,000.
M. LESSARD: $1,450,000,000.
M. ROY: Vous n'avez pas de chiffre à nous fournir pour ce qui a
trait à 1979, 1980, 1981.
M. LEMIEUX: Non, c'est surtout le programme détaillé de
l'Hydro-Québec qui n'a pas été fixé pour ces
années.
M. ROY: Oui, je comprends bien. Un point, si on me permet. Il y a quand
même une planification de faite concernant les investissements que
l'Hydro-Québec devra faire pour ce qui a trait au développement
de la baie James. Or, j'imagine que l'Hydro-Québec, avec ses
spécialistes, a certainement étudié les moyens et le
programme des emprunts pour financer ce projet. Lorsqu'une industrie ou une
entreprise se lance dans des programmes d'envergure, le financement est
toujours considéré parmi les choses propritaires.
Alors, c'est la raison pour laquelle j'estime qu'il serait plus que
normal que nous puissions avoir l'ordre de grandeur et savoir quelles sont les
prévisions que l'Hydro-Québec a faite comme telles lorsqu'il
s'agit d'emprunter pour les années 1979, 1980, 1981 et 1982,
jusqu'à ce que le programme de la baie James soit
complété, compte tenu des autres investissements qui sont faits
ailleurs également parce que, depuis deux jours, on parle des
investissements que l'Hydro-Québec fait partout.
M. LESSARD: Je pense que c'est d'autant plus important que le maximum
des emprunts devra être fait au cours des années 1979 et 1980,
parce que vous êtes à la fin de vos travaux.
M. LEMIEUX: A ce sujet, j'aimerais commenter, par exemple, le
financement du projet Churchill. Churchill était une centrale construite
sur une période de sept ou huit ans. C'était le seul projet d'une
compagnie. Cette compagnie avait des contrats avec Hydro-Québec pour
l'achat de l'énergie. Hydro-Québec avait en plus fourni des
garanties disant que si Churchill manquait d'argent pour compléter le
projet, elle prêterait les fonds.
Même avec cela, le financement a été effectué
seulement le jour même où on a signé le contrat d'achat. A
ce moment-là, on pouvait prévoir des emprunts de $500 millions
aux Etats-Unis, de $40 millions au Canada, de $100 millions de la part de
l'Hydro-Québec, ainsi que des emprunts de banque temporaires qui
étaient déjà engagés par des banques canadiennes et
pour des fonds que la compagnie toucherait au fur et à mesure de ses
besoins. Enfin, la compagnie prévoyait un certain revenu annuel à
partir du moment où la centrale commencerait à fonctionner.
C'était bien beau de pouvoir dire à l'avance qu'un projet
de $950 millions environ était financé. Les gens de Churchill
n'avaient pas la possibilité de faire leurs emprunts sans toutes les
garanties, c'est-à-dire le contrat d'énergie avec
Hydro-Québec, toutes ces autres choses-là. Pour eux, ce
n'était pas pensable. Ils n'en avaient pas la possibilité.
A mon point de vue, il n'est pas pensable pour nous de prévoir
dès le début du projet d'où viendra exactement tout
l'argent. Dans le cas de Churchill, on savait jusqu'au dernier cent d'où
cela viendrait. Les prêteurs savaient aussi que si cela prenait d'autres
fonds, HydroQuébec les fournirait. Dans le cas d'un projet de $10
milliards, il n'y a personne qui peut donner la garantie que si cela augmente
de $1 milliard, ils vont fournir.
Etant donné que les emprunts de HydroQuébec sont
effectués au fur et à mesure de ses besoins, étant
donné que la province garantit les obligations de l'Hydro-Québec,
étant donné que l'Hydro-Québec a un avoir propre et un
certain taux d'autofinancement, devant tous ces faits, on peut commencer le
programme avec assez de confiance qu'on pourra effectuer les emprunts pour
compléter le projet.
Maintenant, les emprunts que nous avons effectués depuis
plusieurs années sont des emprunts à long terme,
c'est-à-dire des emprunts de 25 ans au Canada, de 30 ans aux Etats-Unis,
et nous avons utilisé ces marchés depuis plusieurs années,
uniquement. En plus d'emprunts à long terme, 25 ans et 30 ans, il y a
aussi des emprunts de dix ans que nous pouvons effectuer.
Même dans le moment, il y a toujours beaucoup plus d'argent
disponible avec une échéance de 10 ans ou avec des
échéances moins longues.
Il y aurait aussi des emprunts bancaires qui nous permettraient de
passer les pointes de nos programmes, c'est-à-dire des emprunts
bancaires d'une durée de trois ou quatre ans et même
jusqu'à dix ans.
Ce qui veut dire que le financement du projet de la baie James sera fait
à même différentes sortes d'obligations, des obligations de
différentes durées, à même différents
marchés financiers, c'est-à-dire les marchés du Canada,
des Etats-Unis, en eurodollars, en francs suisses, en deutschemarks,
possiblement au Japon, bien que dans le moment certains de ces marchés
ne sont pas favorables; il cesse toujours de pleuvoir, et nous croyons
qu'éventuellement ils seront disponibles pour nous.
M. ROY: M. le Président, je comprends qu'il y a toute la question
des variantes, des différentes formes d'obligations, des
différentes échéances, des différents
marchés. Ma question n'était pas là, je voulais savoir
comment l'Hydro-Québec puisqu'elle se lance dans un projet d'une
aussi grande envergure et parle de $12 milliards prévoyait-elle
le financer et quelle était l'échéance de ses emprunts.
J'estime que, si vous avez planifié au niveau de la construction, vous
avez certainement dû planifier au niveau des emprunts pour le
financement.
Que les obligations soient de dix, quinze ou vingt ans, ça a peu
d'importance. Je veux savoir, en l'année 1979, 1980, 1981, 1982, ce que
l'Hydro-Québec a prévu comme emprunts globaux, comme masse
globale d'emprunts. Jusqu'à présent vous nous avez parlé
d'un projet qui pouvait aller jusqu'à $12 milliards. Si on parle d'un
taux d'inflation de 5 1/2 p.c. avec un
taux d'intérêt moyen de 9 1/2 p.c, nous arrivons à
$10.9 milliards selon les chiffres qui nous ont été fournis.
Jusqu'à présent, vous nous avez livré le programme
prévu au niveau des emprunts pour 1975, 1976, 1977, 1978, de $4.55
milliards. Si on ajoute les $550 millions du programme de cette année,
ça fait, en quelque sorte, $5.1 milliards alors qu'il y a autre chose
à financer au niveau de l'Hydro-Québec, il n'y a pas que la baie
James. Cela veut dire qu'il reste de $7 milliards à $8 milliards grosso
modo pour financer uniquement le projet de développement de la baie
James. Je veux connaître l'ordre de grandeur de la masse globale des
emprunts qui sont prévus, peu importe le marché, la durée
des obligations, pour chacune des années jusqu'à ce que le projet
soit complété. Il y a d'autres questions qui sont importantes
à discuter, qui vont venir à la suite de celle-là.
M. GIROUX: M. Roy, vous venez de donner vous-même la
réponse; vous dites qu'il y a une masse de $7 milliards. Elle peut
être étendue sur cinq ans, ce qui fait en moyenne $1.4 milliard
par année. Il a été annoncé tantôt qu'en 1978
il y avait $1.480 milliard; en 1979, ça peut être $1.6 milliard.
Les programmes sont faits pour cinq ans. Si d'ici cinq ans il s'avérait
des changements dans les programmes, tel qu'il a été
suggéré par les membres d'examiner cette chose, ils peuvent
changer.
Mais il n'y a pas l'ombre d'un doute que le financement, si vous voulez
le prendre d'une façon globale, ce qu'on ne fait jamais pour une
période donnée parce que plus loin que cinq ans, c'est difficile.
Mais globalement, il y aura $7 milliards à emprunter sur une
période de cinq ans, qui variera de $1.4 milliard en moyenne par
année ou $1.5 milliard.
M. ROY: Bon, mais l'Hydro-Québec a également d'autres
besoins ailleurs.
M. GIROUX: Cela comprend les besoins de l'Hydro-Québec.
M. ROY: Si je prends les $5 milliards dont on vient de nous parler, plus
les $7 milliards, j'arrive à $12 milliards, et ça comprend
uniquement le projet de la baie James...
M. GIROUX: Le projet de la baie James ne finit pas en 1982. Il y a de
l'autofinancement à faire; ordinairement, on va jusqu'à 20 p.c.
en autofinancement. La question, si je la comprends bien, a été
posée: Combien allez-vous emprunter sur une période
donnée? On dit: Nos programmes comprennent une période logique de
cinq ans. Maintenant, on sait qu'il y aura à emprunter à peu
près $7 milliards après, dans la différence des choses,
qui peut varier à peu près de $1.4 milliard par année. A
cela, s'ajoutent l'autofinancement et les changements de programmes qui peuvent
venir.
M. ROY: Cela veut dire que ça peut aller à $1,750,000,000
par année, d'emprunt? Pendant ces années, de 1979 jusqu'aux
années 80...
M. GIROUX: J'espère que non, mais ça pourrait arriver.
Mais si ça allait à $1,750,000,000 une année, on
bénéficierait d'emprunts moindres l'année suivante. Mais
vous dire que ça ne peut pas aller, ce ne serait pas une façon
logique. C'est pourquoi on nous demande toujours de faire des programmes
d'emprunts qui couvrent une période de cinq ans. Sur ces programmes, on
est pas mal positifs du montant d'emprunt. Le montant peut être
comblé, comme, dans ces années, les différences vont
être comblées par l'autofinancement.
M. ROY: Mais là quelle est la proportion à peu
près? Est-ce que vous avez des estimations de faites...
M. GIROUX: De l'autofinancement?
M. ROY: ... de l'autofinancement par rapport à l'investissement
global?
M. GIROUX: L'autofinancement, si vous voulez, pour les trois
années précédentes, elle a été, en 1971, de
28.1; en 1972, 23.2; en 1973, 11.2. On avait beaucoup de titres qui sont venus
à échéance cette année-là, alors
l'autofinancement, automatiquement, est moins fort. Les titres deviennent dus.
En 1974, il était à 12.7; dans vos prévisions, en 1975,
c'est 16.5, 23.7, 23.6, 28.1.
M. ROY: Cela, dans la proportion de l'autofinancement dont vous parlez,
c'est là qu'on arrive avec la nouvelle à l'effet que
l'Hydro-Québec se verrait dans l'obligation d'augmenter ses taux
d'électricité de 10 p.c. par année. C'est un peu pour
avoir plus de fonds pour continuer la politique d'autofinancement.
M. GIROUX: Cela c'est...
M. ROY: Parce qu'en somme, si vous avez plus de revenus,
l'autofinancement est plus facile à faire que si vous avez moins de
revenus, c'est automatique.
M. GIROUX: Ecoutez, ce que vous dites là c'est une
vérité, sauf qu'il y a des vérités qui, souvent,
sont justifiées par des besoins. Le besoin dans ce cas, si vous voulez,
pour financer des masses comme ça, il faut conserver la même marge
de crédit et la même marge de crédibilité devant nos
prêteurs dans le monde entier.
M. LESSARD: Quel est le ratio?
M. GIROUX: Le ratio de couverture d'intérêt est de 1.25
à 1.35, et dans l'autofinancement ou dans notre capital, si vous voulez,
il a toujours varié autour de 20 p.c. jusqu'à 25, 30;
il y a des années où c'est plus, d'autres où c'est
moins. Dans le ratio de ces calculs qu'on vous a donnés, on aura, en
1974, 1.22 la couverture d'intérêt; en 1975, 1.25; en 1976, 1.25;
on a essayé d'aller au minimum.
M. ROY: Est-ce qu'on pourrait je fais une parenthèse en
passant avoir une copie? Est-ce que c'est possible d'avoir une copie du
document que vous avez?
M. GIROUX: C'est-à-dire ça c'est un document de travail,
mais on pourra vous faire des copies de tout ce qui a été dit
aujourd'hui et établi sur des chiffres comme ça.
M. ROY: D'accord.
M. GIROUX: Est-ce que je peux m'informer à qui on doit les faires
parvenir?
M. ROY: Puisqu'on est...
M. GIROUX: Ce serait prudent, n'est-ce pas?
M. ROY: Oui.
M. GIROUX: A vous?
M. ROY: Oui, oui, vous pouvez m'en faire parvenir et vous pouvez
être assuré que je vais en prendre bien soin.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député...
M. ROY: Si on permet, sur le même sujet, je continue toujours.
Puisqu'on parle de financement de près de $1 milliard pour
l'année 1976, c'est-à-dire dans deux ans, et qui va
dépasser $1.3 milliard vers l'année 1977, j'aimerais savoir si
l'Hydro-Québec a eu des discussions à ce sujet avec le
ministère des Finances de la province.
J'ai remarqué qu'il était à la commission; il n'y
est pas. Est-ce que des études ont été faites avec le
ministère des Finances pour savoir quelle est la proportion de ces
emprunts qui peut être absorbée par le marché canadien et
quelle sera la proportion de ces emprunts pour laquelle on devra avoir recours
aux marchés étrangers, particulièrement aux
Etats-Unis?
M. GIROUX: On devra normalement, avec l'expansion monétaire,
comprendre à peu près les mêmes pourcentages dont on s'est
servi habituellement. Maintenant, plus l'expansion monétaire est grande
et plus l'inflation est grande, plus le marché américain s'ouvre
en proportion par rapport au marché canadien.
M. ROY: Plus on crée de servitudes avec les Etats-Unis, plus on a
de capitaux qui ressortent sous forme d'intérêts chaque
année aussi; ça vient jouer, cela aussi.
M. GIROUX: C'est une servitude bienheureuse, parce que, n'est-ce pas,
plus vous avez...
M. ROY: Je m'excuse, M. Giroux, bienheureuse pour les
Américains.
M. GIROUX: Non, non, plus on peut se servir de leurs fonds pour
développer nos choses en payant un intérêt... Ce n'est pas
comme vendre du capital. Alors, comme principe financier, vous savez, le plus
vous pouvez emprunter sans émettre de capital, le mieux vous
êtes.
M. ROY: Oui, mais il y a un autre facteur qui joue, à ce
moment-là. Si on emprunte $10 milliards des Etats-Unis, à 10 p.c.
d'intérêt sur 30 ans, on va leur retourner $40 milliards.
M. GIROUX: Oui, je comprends que vous voulez venir à une question
qui est un peu...
M. ROY: Je ne veux pas venir du tout. Non, je veux m'opposer à
cela.
M. GIROUX: Je veux seulement, sur ce point-là...
M. ROY: Je veux vous le faire dire, parce que j'ai l'impression qu'on
est en train de se payer une baie James au Québec, puisqu'on est en
train d'en payer trois aux Américains.
M. GIROUX: Non. M. Roy, pour être pratique là-dedans, un
jour vous réussissez à nous prêter de l'argent sans
intérêt je vous l'ai toujours dit vous seriez des
plus bienvenus.
Si on peut avoir un jour un gouvernement qui nous prêterait de
l'argent moins cher que le marché, c'est beaucoup moins de troubles pour
nous. Seulement, le point où il faut bien faire la différence,
c'est que, lorsqu'on emprunte, le prêt n'est fait que sur une question de
confiance. Le prêteur ne devient ni propriétaire ni actionnaire.
Il y a une grosse différence.
M. ROY: En toute confiance. C'est le crédit.
M. GIROUX: C'est sur le crédit. Alors, il faut établir les
questions de crédit sur des bases solides. La politique que nous avons
toujours eue, c'est d'essayer d'avoir un crédit solide pour que les gens
qui sont étrangers nous prêtent. Je ne voudrais pas qu'on pense
que l'emprunt qu'on fait à l'extérieur rend l'étranger
propriétaire.
M. ROY: Je m'excuse là, mais il y a quand même un autre
facteur. Je ne veux pas faire un débat sur les grands principes
d'économie politique, ce n'est pas cela, mais je pense qu'il y a une
chose sur laquelle on doit s'interroger. Je comprends que c'est beaucoup plus
la responsabilité du ministre des Finances de la province que ça
peut être la responsabilité de l'Hydro-Québec.
L'Hydro-Québec, quand même, a ses
responsabilités, le ministère des Finances en a
d'autres.
Il y a, quand même, un fait, c'est que la balance des paiements
doit s'équilibrer, à un moment donné. Lorsqu'on a à
débourser des capitaux à l'étranger, on assiste à
une diminution de la masse monétaire inévitablement, parce qu'il
faut les sortir, les capitaux. Alors, il faut combler par quelque chose et, si
on ne peut pas payer les intérêts avec du capital, il faut quand
même combler par des transferts de titres de propriété,
à un moment donné. Du moins, c'est ce qu'on enseigne en
économie politique; la balance des paiements doit se payer et c'est
là que je m'interroge, M. le Président, et c'est là que je
suis inquiet.
Nous savons que nous avons besoin d'électricité au
Québec, mais ce que je suis en train de me demander, c'est pendant
combien de temps on pourra continuer à endetter les
Québécois de cette façon. En effet, si on additionne les
emprunts de l'Hydro-Québec au cours des dix prochaines années,
avec les emprunts du gouvernement de la province, on va constater que la
province va s'endetter, au niveau du gouvernement, ainsi qu'au niveau de
l'Hydro-Québec, de plus de $2 milliards par année, ce qui
représente au-delà de $300 par citoyen du berceau à la
tombe.
Alors, à $300 par année, pendant combien d'années
pouvons-nous tenir le coup? Moi, c'est une question que je pose ici, beaucoup
plus au gouvernement actuel qu'à l'Hydro-Québec. Pendant combien
d'années pourrons-nous tenir le coup, sans que nous soyons
obligés, pour payer ces dettes, de transférer ce qui nous reste
d'entreprises de la province de Québec, qui ne sont déjà
pas contrôlées par les Américains? Il y a peut-être
le taux d'inflation, à l'heure actuelle, qui vient influencer en quelque
sorte, mais est-ce qu'on peut logiquement, sur le simple plan comptable, sur le
simple plan administratif, endetter une population à ce rythme pendant
longtemps sans connaître des difficultés épouvantables?
M. GIROUX: Si je comprends bien, M. Roy, vous mettez en question la
masse monétaire qui doit être empruntée et qui
reflète... Le rôle de l'Hydro-Québec est de fournir de
l'électricité. Vous ne mettez pas en jeu le fait qu'on puisse
prendre un système ou l'autre. Il y a des systèmes qui, pour une
dizaine d'années, empruntent moins et d'autres qui empruntent plus.
Dans notre cas, je peux simplement vous répondre que devant les
pronostics de la demande, pour répondre à cette demande en
énergie des citoyens canadiens, nous devons, d'une façon ou de
l'autre, faire ces dépenses d'investissement. Il s'agit de juger si ces
montants sont trop élevés. Est-ce que le gouvernement
désire qu'il n'y ait plus aucune expansion, qu'on demande de limiter
l'expansion, qu'on demande de limiter la distribution? Pour ce qui est de
l'Hydro-Québec on prend bien un point isolé
celle-ci doit répondre à la demande des Québécois.
Pour répondre à cette demande, nous avons nos experts et nous
devons faire des investissements qui doivent fournir pour une telle
quantité d'électricité annuellement, ce qui, d'un
côté ou de l'autre de la médaille, sur une période
donnée signifie pour les Québécois des investissements de
ce montant ou des coûts directs pour eux.
Le Québécois, il faut bien comprendre que ce qui
l'intéresse, c'est le coût du produit fini. Ce n'est pas le
montant qu'on dépense dans les cinq premières années ou
dans les cinq dernières années. C'est le montant qu'on doit
dépenser sur une période de 50 ans pour lui fournir
l'électricité à un prix donné. C'est
là-dessus que nous basons nos estimations. Si le gouvernement dit: A
l'avenir, disons, ne permettez qu'une augmentation de 3 p.c, de 2 p.c. ou de 1
p.c. de la demande, c'est faisable, tout est faisable.
M. ROY: Sur ce point, il y a évidemment la question des emprunts,
la question du financement des investissements. C'est une chose, je pense,
qu'on ne conteste pas, que personne ne peut contester. C'est nécessaire.
Lorsqu'il s'agit d'ajouter à cela une rente annuelle, ce que j'appelle
une rente annuelle, c'est-à-dire le taux de l'intérêt qu'on
va payer ailleurs à 10 p.c. par année, alors que l'investissement
global nécessite des emprunts de $12 milliards, au niveau de la
facturation, l'Hydro-Québec sera obligée d'ajouter le paiement
des intérêts annuels sur ses emprunts, intérêts qui,
s'ils sont d'une moyenne de 10 p.c, seront de l'ordre de $1,200 millions
annuellement. Vous êtes d'accord là-dessus?
M. GIROUX: Quel que soit le système qu'on prenne, si on
dépense...
M. ROY: Le système d'emprunt. Là, on pourrait parler du
mode de financement.
M. GIROUX: Ah!
M. ROY: Je vais revenir sur la question du mode de financement en
étudiant vos pouvoirs, et c'est là que j'aurais
apprécié avoir le ministre des Finances ici aujourd'hui pour
qu'on en discute. Il y a quand même d'autres possibilités qui sont
étudiées ailleurs présentement. Si on ajoute $1,200
millions à la facture des consommateurs du Québec, ça veut
dire qu'on double, qu'on triple la facture actuelle d'ici les dix prochaines
années. D'ici les six ou sept prochaines années, on triple la
facture actuelle, uniquement en ajoutant $1,200 millions d'intérêt
annuellement.
Les revenus de l'Hydro-Québec, pour cette année, ont
été de l'ordre de $638 millions provenant de la vente
d'électricité, plus l'électricité
excédentaire, ce qui donne, en tout, $654
millions. Si on ajoute à cela $1,200 millions au niveau des
intérêts seulement, compte tenu de la masse globale des emprunts
qui vont être négociés d'ici à peu près dix
ans, ça veut dire qu'il faudra demander au moins $1,900 millions aux
contribuables du Québec. A cela, je n'ai pas ajouté le taux de
l'inflation due à l'augmentation des salaires, à l'augmentation
de l'entretien, à l'augmentation du coût des services, etc. Cela
veut dire que dans dix ans, ce qui coûte $100 d'électricité
actuellement va dépasser les $400. Est-ce que vous avez des chiffres
là-dessus?
Selon moi, à la suite de ce que vous venez de me dire,
après un calcul rapide, ce qui coûte $100
d'électricité aujourd'hui en coûtera $400 dans dix ans.
M. GIROUX: Ecoutez, ça coûterait $400... J'aimerais savoir
quelle équation vous prenez pour vous rendre là.
M. ROY: Voici. Si on prend, par exemple, $638 millions, cette
année, on va répartir les $638 millions à $100, si vous
voulez. Vous ajoutez à cela $1,200 millions d'intérêt qui
devront nécessairement être calculés et comptés
quelque part et on arrive tout de même à $300 environ. Si vous
ajoutez à cela le taux de l'inflation et le taux de l'augmentation des
frais de service, compte tenu du taux de l'inflation, à ce
moment-là, on dépasse les $300. C'est-à-dire que ça
va varier entre $300 et $400 annuellement, ce qui coûte $100
aujourd'hui.
M. GIROUX: Cela veut dire qu'il faut que vous preniez en
considération aussi le nombre de kW additionnels qui vont être
vendus à tous les ans.
M. ROY: Oui, je comprends qu'il peut y avoir ça qui rentre en
ligne de compte, mais j'aimerais qu'on me rassure et qu'on me donne des
chiffres, c'est pour ça que je vous questionne.
M. GIROUX: Le point est qu'il faut tout prendre en considération.
Prenons de l'énergie qui, graduellement, va connaître une
augmentation. Vous avez, tantôt, dit: Bien voici, il va y avoir une
augmentation. On dit: Nous, comme on fait des plans de cinq ans, on dit que,
pour respecter ces choses, on prévoit qu'il faudra qu'on demande au
gouvernement une augmentation annuelle de 10 p.c. environ.
M. LESSARD: Vous ne l'avez pas demandé?
M. GIROUX: Non, non, on ne l'a pas demandé.
M. LESSARD: Avez-vous l'assurance du gouvernement qu'il va vous accorder
ces 10 p.c.
M. GIROUX: M. Lessard, je pourrais vous répondre que je ne lui ai
pas même parlé.
M. LESSARD: Pas encore.
M. GIROUX: Pas encore, ça viendra.
M. ROY: Prenons votre calcul de 10 p.c. annuellement, j'ai fait un
calcul ici; si on part avec $100 en 1974, on arrive tout de même à
$259.34 en 1985.
M. GIROUX: Mais là vous prenez 1985, moi j'ai dit cinq ans. Si
vous faites une extrapolla-tion de cette chose et vous le montrez en chiffres
directs, oui. Seulement il faut prendre en considération le nombre de
nouveaux kW, le nombre de personnes et toutes ces choses dont il faudra faire
l'extrapollation aussi.
M. ROY: Mais là c'est uniquement sur l'augmentation de 10 p.c.
annuellement.
M. GIROUX: Oui.
M. ROY: Je n'ai pas fait l'extrapolation sur d'autres domaines.
M. GIROUX: Non, non, mais sur la ...
M. ROY: Si on fait l'extrapolation sur un autre domaine, si on
considère la masse globale des revenus dont l'Hydro-Québec devra
disposer ainsi que la Société de la baie James, on arrive
évidemment à une somme annuelle de plus de $2 milliards ou
à peu près $2.3 milliards ou $2.4 milliards. Il est
évident qu'à ce moment on arrive à $350 ou $375 par
rapport aux $100 d'aujourd'hui.
M. GIROUX: Je comprends très bien, M. Roy, c'est à mon
sens très clair. Quand on dit qu'il faut avoir comme base d'augmenter de
10 p.c. par année pour les cinq prochaines années, si vous
l'extrapolez pour 15 ans, ça arrive à ce montant. Si vous
l'extrapolez pour 50 ans, ça va arriver en extrapolation mais il faut
extrapoler tout le reste aussi. Cela veut dire que là il faudrait
arrêter totalement la consommation aux chiffres qu'on a actuellement pour
arriver à une extrapolation pure sur la dépense. Alors les deux
vont être proportionnés.
Maintenant, de penser que cela peut devenir meilleur marché, non,
mais aller jusqu'à ce point, je ne crois pas que c'est un travail qui
peut être fait. Je ne crois pas qu'on l'ait fait. Seulement, on dit ceci:
Pour respecter le programme d'emprunt que nous avons, pour conserver les
mêmes marges de crédit, pour avoir la même acceptation sur
les marchés, nous disons à la commission que nos
prévisions sont qu'il faudra augmenter les tarifs de 10 p.c. par
année pour les cinq prochaines années. Cela est ma
conviction.
Maintenant, si le gouvernement nous dit: Non, vous ne montez pas les
tarifs, on va dire: On n'augmentera pas les tarifs. A ce moment-là, le
type nous dit : Je ne vous prête pas parce que vous ne respectez pas
ça. Le taux là, même en
extrapolation pure, sans me servir de vos chiffres, c'est qu'au lieu
d'être $300 il deviendra $600 parce qu'on va payer 21 1/2 p.c.
d'intérêt au lieu de 10 p.c. C'est ce que les gens en Angleterre
paient dans le moment.
M. LESSARD: On n'est pas inquiet pour ça, on sait que vous
êtes plus forts que le gouvernement.
M. GIROUX: Pardon?
M. LESSARD: On sait que vous êtes plus forts que le gouvernement
actuellement avec $12 milliards; on a un budget de $6 milliards, vous
êtes plus forts que le gouvernement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre des Richesses
naturelles.
M. MASSE: M. le Président ce n'est pas ce que le
député de Saguenay disait hier, c'était l'inverse. On
disait plutôt ce matin que c'était le gouvernement qui avait
imposé à l'Hydro-Québec une décision, alors que cet
après-midi vous dites le contraire. Vous dites ce qui fait votre
affaire.
M. LESSARD: Qu'il avait imposé lors d'une grande assemblée
politique.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. MASSE: Vous vous contredisez de temps en temps. Mais pour revenir
à la question du député de Beauce-Sud...
M. LESSARD: C'est moi qui avais la parole au début, M. le
Président.
M. MASSE: Non, mais juste pour enchaîner, excusez-moi...
M. LESSARD: Dormez-vous comme président ou si vous êtes
réveillé?
M. MASSE: Est-ce que le député...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je vais vous rappeler à
l'ordre, M. le député de Saguenay.
M. LESSARD: Rappelez-moi à l'ordre, M. le Président. J'ai
passé la parole au député de Beauce-Sud vous m'avez
donné la parole au début.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui.
M. LESSARD: Je constate que...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Mais il y a d'autres membres ici
actuellement qui m'ont demandé la parole aussi.
M. LESSARD: Vous dormez très souvent lorsque vous siégez
comme président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît.
M. MASSE: S'il vous plaît. M. LESSARD: ...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre !
M. MASSE: S'il vous plaît, le député de Saguenay.
Est-ce que le député de Saguenay me permet d'enchaîner dans
la même voie que le député de Beauce-Sud?
M. Boyd disait, je pense, hier, qu'il y a une vingtaine d'années
il était énorme pour l'Hy-dro-Québec d'emprunter $25
millions tous les deux ans ou à peu près. Evidemment, les
revenus, à ce moment-là, étaient en proportion des
emprunts que l'Hydro-Québec effectuait. D'autre part, si, cette
année, on emprunte $500 millions ou au-delà et que les revenus
sont en proportion, il faudra évidemment, je pense, que le raisonnement
du député de Beauce-Sud soit replacé dans son contexte. On
ne peut pas dire que, dans quelques années, les $100 actuels seront
augmentés à $400. Evidemment, il y a les taux d'inflation, mais
il y a aussi les proportions des emprunts versus les revenus.
Est-ce que vous pourriez répondre à la question suivante?
Si on se reporte à il y a 20 ans, par exemple, est-ce que les
proportions des emprunts par rapport aux revenus étaient à peu
près les mêmes qu'aujourd'hui?
M. ROY: Est-ce que le ministre veut retourner en arrière,
à la chandelle? Non.
M. MASSE: Non, non, c'est pour faire une prévision par la
suite.
M. ROY: II y a 20 ans, il y avait encore des chandelles.
M. MASSE: Peut-être chez vous.
M. ROY: Non.
M. BACON: Ce n'est sûrement pas...
M. ROY: La Beauce a eu un des premiers "pouvoirs"
hydroélectriques de la province de Québec, pour votre
information.
M. MASSE: Felicitation, grâce à l'Hydro-Québec.
M. ROY: Non. Ce n'était pas l'Hydro-Qué-bec;
c'était avant que l'Hydro-Québec soit fondée.
C'était l'entreprise privée.
M. MASSE: En quelle année? En quelle année, vous
n'étiez pas au monde?
M. ROY: C'est au début du siècle, très au
début du siècle.
M. MASSE: Ah oui! Cela va passer à l'histoire.
M. ROY: Oui, monsieur.
M. BACON: M. le Président, est-ce que...
M. ROY: D'ailleurs, on est passé à l'histoire
déjà, depuis fort longtemps.
M. BACON: Pas de "joke", je ne suis jamais capable d'avoir la
parole...
M. MASSE: Je pense à La Chaudière. M. BACON: ... soit en
Chambre, soit ici.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Voici. Le ministre a posé une
question. A ce moment-là, j'attends la réponse des membres de
l'Hydro-Québec.
M. LESSARD: Enfin, il prend une décision.
M. BACON: Je suis encore bien plus malheureux que le
député de Saguenay; je ne peux jamais parler.
M. LESSARD: Non, mais j'ai commencé à parler et on m'a
enlevé la parole.
Ah non, ce n'était pas ça du tout qui était
entendu. M. le Président n'en a pas eu connaissance.
M. GIROUX: Alors, je crois, M. le ministre, qu'on a une courbe qui ne va
pas beaucoup avant les emprunts massifs qui ont commencé en 1953/54.
Alors, M. Lafond va expliquer la chose.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui.
M. LAFOND: Georges Lafond. Comme M. Lemieux le disait tantôt,
jusqu'à présent, en 1974, les emprunts effectués et
livrés sont de $270 millions et on en avait annoncé de $150
millions, pour un total de $420 millions.
Je résume brièvement: 1973, emprunts de $465 millions;
1972, $381 millions; 1971, $338 millions; 1970, $230 millions; 1969, $263
millions; 1968, $195 millions; 1967, $270 millions; 1966, $250 millions; 1965,
$125 millions; 1964, $210 millions; 1963, $403 millions. Alors, c'est un retour
en arrière de dix ans.
M. MASSE: Bon, d'accord. Quels étaient les revenus en 1963?
M. LAFOND: Malheureusement, je n'ai pas cette série à la
portée de la main, immédiatement.
M. ROY: En 1963, il faut tenir compte que c'est l'année de la
nationalisation.
M. MASSE: Oui, c'est exact.
M. ROY: II faut tenir compte de ça.
M. MASSE: II faudrait peut-être prendre une autre
année.
M. ROY: Oui, ce serait préférable. Vous pourriez prendre
1964.
M. LESSARD : Les autres années, on constate qu'il y a quand
même une certaine ressemblance, d'année en année, jusqu'en
1970.
Puisque ce sont les années 1978, 1979 et 1980 qui vont exiger la
plus grande partie des emprunts pour le financement de la baie James et de
l'Hydro-Québec, mais en particulier de la baie James parce que je
présume que l'autofinancement des investissements actuels de
l'Hydro-Québec est assez élevé, comme le président
de l'Hydro-Québec a dit que cela pourrait être $1.6 milliard en
1981, je voudrais savoir si ça peut être possible.
M. GIROUX: Si vous faites de l'extrapolation pure, vous pouvez aller
entre $1.4 milliard et $1.7 milliard. Une année, comme M. Lafond l'a dit
tantôt, cela peut être $1.75 milliard et l'autre année, $1.5
milliard.
M. LESSARD: Oui, mais vous convenez qu'au cours des années 1977,
1978, 1979 et 1980...
M. GIROUX: On vous a donné jusqu'en 1978.
M. LESSARD: Oui.
M. GIROUX: Alors, vous pouvez faire la même extrapolation assez
pure; à un moment donné, cela va baisser un peu, et l'autre
année, cela va augmenter.
M. LESSARD: Si on ajoute, cette année, les emprunts de
l'Hydro-Québec estimés à $550 millions, et les emprunts du
gouvernement du Québec, qui sont estimés à $500 millions,
cela fait $1 milliard.
Alors nous arrivons à l'année 1976, d'ici deux ans,
où l'Hydro-Québec, à elle seule, va emprunter la somme
qu'à la fois le gouvernement du Québec et à la fois
l'Hydro-Québec empruntent actuellement.
Je comprends, vous avez répondu tout à l'heure au
député de Beauce-Sud que son inquiétude,
Hydro-Québec selon son mandat, c'était de produire de
l'électricité. Il fallait qu'elle remplisse ce mandat en
produisant de l'électricité. Vous conviendrez cependant qu'outre
l'électricité, il y a quand même d'autres besoins à
satisfaire.
Alors, lorsque nous allons arriver au cours
des années 1977, 1978, 1979, est-ce que vous ne pensez pas qu'en
se préoccupant exclusivement de produire de l'électricité,
on va taxer considérablement la part des disponibilités du
marché des capitaux pour le Québec?
Parce qu'il y a une limite, à un moment donné, aux
besoins, c'est-à-dire il y a une limite à ce qu'on peut avoir
comme capitaux au Québec. Par contre, on a à produire de
l'électricité mais on a aussi à faire des routes, on a
aussi à investir dans différentes constructions, et le
gouvernement doit emprunter. Il faut justement prévoir ce que le
gouvernement du Québec, à ce moment-là, pourra emprunter,
en tenant compte du fait que l'Hydro-Québec devra arriver, en 1977, avec
des emprunts de $1,350,000,000.
Vous dites que vous autres, l'Hydro-Québec, vous avez à
produire de l'électricité et à satisfaire les besoins de
la population. Nous, de ce côté-ci de la table, comme
représentants de la population, nous avons à nous
inquiéter de fournir à la population du Québec de
l'électricité, nais il y a d'autres besoins aussi qui sont
là et pour lesquels on devra donner satisfaction aux
Québécois.
Est-ce que vous avez, avec le ministre des Finances,
étudié ce problème, et est-ce que vous ne pensez pas
qu'avec un projet aussi considérable, avec des emprunts aussi
considérables, qui vont surtout se faire sentir en 1976, est-ce que vous
ne pensez pas qu'à ce moment-là il sera difficile pour le
gouvernement du Québec de trouver les emprunts nécessaire pour
satisfaire aux autres besoins de la population?
M. GIROUX: Juste une seconde. Voici, vous demandiez si nous avions eu
consultation avec le ministre des Finances. Nous avons eu une consultation avec
le ministre des Finances sur nos programmes annuels de possibilité
d'emprunts. Vous me demandez aussi si c'est difficile d'emprunter ces montants.
Je présume que cela va être très difficile.
M. LESSARD: En prévoyant les besoins du gouvernement du
Québec aussi.
M. GIROUX: En prévoyant les besoins du Québec aussi. Mais
je me dis, c'était la même orientation qu'on prenait en 1950 et
c'était très difficile, à ce moment-là, d'emprunter
$200 millions. Je crois que M. Dozois vous avait parlé, l'an dernier, du
temps où il était ministre des Finances; je peux lui demander de
répéter ce qu'il vous a dit dans le temps, les inquiétudes
qu'il avait lui aussi.
M. LESSARD: Pour le projet de $1 milliard de Churchill Falls?
M. GIROUX: Non, pas à ce moment-là mais au moment
où M. Dozois a eu l'expérience comme ministre des Finances. Je
pense que cela vous éclairerait si je lui demandais de
répéter ce qu'il vous a déjà donné sur ce
sujet.
M. DOZOIS: M. le Président, l'an dernier, je crois,
j'étais intervenu dans le débat pour dire que lorsque
j'étais ministre des Finances, ça nous paraissait énorme
le financement que nous faisions à cette époque: pour les deux
organismes, et le gouvernement et l'Hydro-Québec, on avait réussi
à emprunter un maximum de $550 millions. C'était un record pour
l'époque et ça surprenait tout le monde que nous ayons pu
réussir à emprunter une telle somme. L'an dernier j'étais
surpris de voir avec quelle facilité et l'Hydro-Québec et le
gouvernement avaient dépassé le $1 milliard d'emprunts. Ce sont
des marchés changeants qui progressent, également, comme à
cette époque.
Je me rappelle que, dans une négociation d'emprunt à New
York, on avait tenté, avec M. Cazavan et M. Goyette, qui est
actuellement sous-ministre des Finances, de dépasser cette marge
d'emprunt de $50 millions que nous avions à New York, que les courtiers
consentaient à offrir sur le marché financier new-yorkais. On
avait tenté de les convaincre de porter ça à $60 millions
et, pour eux, c'était impensable de dépasser ce plafond de $50
millions, ils ne croyaient pas que le marché pouvait l'absorber. Et tout
à l'heure, on vous a dit qu'on avait enregistré un emprunt de
$150 millions.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Trois-Rivières.
M. BACON: M. le Président, si le député de Saguenay
me permet, comme adjoint parlementaire au ministre des Finances, j'ai eu
l'occasion d'assister à des réunions où, naturellement, il
était question de financement. Justement sur cette question de
disponibilité du financement, je me pose quand même une question.
Dans l'état actuel du chantier de construction de la baie James, je me
demande si l'incertitude apportée par les conflits de travail, les
difficultés de faire avancer le projet actuellement, ne pourront pas
compromettre les disponibilités ou la confiance dont parlait M. Giroux
tantôt que les financiers pourraient avoir dans l'Hydro-Québec et
dans le projet de la baie James.
M. GIROUX: Naturellement, sur ce point du projet de la baie James, je
vais demander à M. Boyd d'expliquer ses inquiétudes personnelles.
La seule inquiétude, les seules questions que nous avons eues des
financiers mondiaux sur nos projets sont les suivantes. Ces gens sont au
courant des besoins que nous avons, ils ont le prospectus, ils sont au courant
et ils savent que le projet est de tel montant. Ce qu'on a déposé
en enregistrement mercredi, c'est ce qu'on a déclaré ici. Alors,
ces gens-là sont allés en enregistrement quand même, c'est
leur argent. Une personne qui est assez sérieuse pour nous mettre $150
millions sur la ligne, ordinairement a regardé le programme et la
solvabilité. La seule question qui nous est posée et qui
m'inquiète actuellement c'est l'instabilité dans la
construction. C'est le problème qui, à mon sens, est le
problème principal actuellement, qui mine le crédit de la
province de Québec.
Maintenant, vous regardez ça comme un homme qui regarde rien que
la partie financière. Oui, c'est là où j'ai des ennuis.
Mais je pourrais demander à M. Boyd d'expliquer son inquiétude
personnelle lui qui a un chantier plus grand que ceux d'Hydro-Québec et
à M. DeGuise qui a les autres chantiers d'HydroQuébec, qui a les
mêmes problèmes et les mêmes inquiétudes.
LE PRESIDENT: (M. Houde, Limoilou): M. Boyd.
Relations syndicales
M. BOYD: Evidemment, comme l'a dit M. Giroux, pour nous, le
problème le plus important dans le moment, c'est le problème des
relations syndicales sur les chantiers de construction, l'état de
conflit et de violence qui sévit actuellement dans la construction en
général au Québec. Pour moi, cela a des
conséquences très déplorables. L'intimidation
exercée par certains chefs syndicaux sur les chantiers est terrible, et
sur des chantiers éloignés comme celui de la baie James, c'est
plus terrible encore. Les événements du 21 mars l'ont
démontré amplement, et heureusement qu'on n'avait là que
900 employés. Si on en avait eu 3,000 à LG 2 et 3,000 LG 3, et
3,000 à LG 4 et 2,000 autres à Caniapiscau, parce
qu'éventuellement à la pointe, il y aura 12,000 personnes et, de
plus, il y aura certaines familles, des écoles, donc la situation d'un
conflit syndical est très sérieuse dans un chantier
éloigné, encore plus qu'à Montréal ou dans les
centres urbains et on doit traiter le problème d'une façon un peu
particulière.
Quand il y a un conflit dans la construction, dans nos villes, c'est
déjà très grave, mais à cinq heures les gens s'en
vont chez eux et rencontrent la famille, rencontrent d'autres personnes. Tandis
que dans un chantier de construction éloigné, il y a le
problème des tensions, le problème de l'intimidation, le
problème de la violence et le problème de toutes les pressions
qui s'exercent durant 24 heures par jour et sept jours par semaine. Les
pressions, les tensions sont là tout le temps. Et, d'après notre
expérience, la grande majorité des employés qui sont sur
un chantier éloigné y sont allés pour travailler; 95 p.c.
au moins sont là pour travailler honorablement et efficacement. Ils sont
là pour faire de l'argent, pour faire un travail honnête. Ils sont
là pour travailler pour le Québec. Malheureusement, ils
cèdent devant la pression, devant la violence et vont en grève
malgré eux. Ce n'est pas nouveau, ça. On a eu cette
expérience à Manic, à Outardes, et on l'a eue encore le 21
mars à la baie James.
A la baie James, le décret de la construction s'applique; c'est
déjà quelque chose. Pour les autres employés, ceux qui
sont dans les bureaux, ceux qui sont dans le gîte et couvert et tous les
autres services: service de la protection, service de sécurité,
le code du travail s'applique et, actuellement, chacun des petits groupes
demande une accréditation et l'obtient. Dans le moment...
M. LESSARD: Du ministère du Travail? M. BOYD: Pardon?
M. LESSARD: Et on l'obtient du ministère du Travail?
M. BOYD: Bien, c'est là où il faut obtenir les
accréditations. Et je pense que suivant le code, actuellement, on peut
en obtenir, le code du travail le prévoit. Je vous signale le
problème que ça comporte cependant. Donc, sur chacun des
chantiers, chaque petit groupe qui a une certaine
homogénéité peut se réunir, demander une
accréditation et l'obtenir. Ce que ça va produire
peut-être que la semaine prochaine on va avoir le premier effet
c'est que peut-être une centaine de syndicats vont être
formés, qui vont négocier à différentes
périodes, qui vont faire des arrêts quand ça va les tenter
et qui vont avoir des conventions qui vont se terminer à
différents moments.
Actuellement, le syndicat qui couvre les gens qui s'occupent du
gîte et couvert va avoir droit à la grève le 9 juillet. Je
ne sais pas ce qui va arriver. Je sais que le 7 et le 8 il y a la visite de
certains chefs syndicaux à la baie James et le 9 on a droit à la
grève. Si la grève a lieu le 9 ou le 10, peu importe quand, il se
trouve que ce sont les gens du gfte et couvert. Donc, il n'y aura pas d'autre
solution que d'évacuer en vitesse et on est préparé pour
le faire, tout le monde qui est là, une autre fois. Ces gens
représentent peut-être 150 personnes.
On dit que ces possibilités d'arrêt sont très graves
et seront plus graves à mesure qu'on avance. Il y a trop de
possibilités que la plus petite unité syndicale permise par le
code du travail, dans le contexte actuel, le plus petit syndicat puisse,
à un moment donné, par une grève, arrêter le projet
entier et nous forcer à évacuer en vitesse les 12,000 hommes
répartis entre les dix ou douze chantiers qu'il y aura là.
Lorsqu'on connaît la durée très courte de la saison
et les jours peu nombreux dans une année où on peut placer les
matériaux comme le till, où il faut qu'il soit à une bonne
température, bonne humidité et tout, et souvent les arrêts
de travail sont planifiés pour ces périodes. On réalise
l'importance de la stabilité du travail dans ces endroits. Pour
répondre à votre question, nous sommes inquiets et je pense que
quelque chose doit être fait. C'est impensable. Là ce n'est pas
parce que c'est la baie James, ça peut être une autre forme de
production; le premier chantier de l'Hydro-Québec qui a
été affecté, lorsqu'il y a eu les arrêts
dernièrement, c'a été la centrale de Gentilly 2.
Donc ce n'est pas particulier à la baie James. Moi je donne mon
point de vue en réponse à votre question pour la baie James, ce
qui est un cas peut-être plus grave. Donc il faut absolument à
notre avis que des mesures soient prises pour qu'il y ait de l'ordre, du
respect de tout le monde dans les chantiers. Les gens qui sont là, je
vous l'ai dit tout à l'heure, nous avons eu la preuve à plusieurs
reprises, ils sont là pour travailler. Ils devraient avoir le droit de
travailler et les patrons devraient avoir le droit de les faire travailler,
puis de les bien payer.
Seulement, il devrait y avoir le respect de tout le monde, en
particulier à la baie James. Nous sommes inquiets, les financiers sont
inquiets. Pour moi c'est le problème no 1, beaucoup plus que le
problème du financement qu'on discute dans le moment.
M. LESSARD: Bien disons que...
M. BACON: M. le Président, on m'avait dit que M. De Guise
pouvait...
M. DE GUISE: M. le Président, je ne sais pas si je peux ajouter
tellement à ce qui a été dit déjà par M.
Giroux et M. Boyd; il y a peut-être quelques points qui pourraient
être soulignés davantage. Une des difficultés qui se
présentent évidemment, c'est le respect de nos estimations de
travaux et du calendrier de mise en service; ça devient
extrêmement difficile d'y satisfaire. Sur le plan des arrêts de
travail, évidemment les travaux cessent. Les entrepreneurs qui sont en
poste avec de l'équipement font des réclamations,
justifiées dans bien des cas, parce qu'ils sont là, ils perdent
de l'argent. Les travaux n'avancent pas, les mises en service sont
retardées, ce qui peut impliquer pour l'Hydro-Qué-bec des achats
d'énergie que nous ne ferions pas autrement.
Dans le domaine de la construction autre, si vous voulez, ça peut
être des locataires qui ne peuvent pas entrer dans les édifices,
ce sont des choses semblables. Un point que j'aimerais faire ressortir, c'est
que ce n'est pas l'Hydro-Québec en soi qui souffre, ce sont des
coûts additionnels qui sont reportés sur toute la population.
C'est ça qui est important et c'est ça, je crois, qu'il faut bien
que tout le monde réalise. Cela nous crée des
inconvénients en tant qu'Hydro-Québec ou en tant que
propriétaire ici et là, mais en fin de compte les
désastres financiers ou les répercussions financières
c'est la population qui les paye.
J'aimerais confirmer la déclaration de M. Giroux disant qu'il a
rencontré des gens du monde financier qui sont inquiets. Je pourrais
vous donner une autre expérience. Dernièrement j'ai
rencontré à l'extérieur du pays des promoteurs ou des gens
qui étaient intéressés à implanter une industrie
importante au Québec. J'étais parti bien muni de tout ce qu'il
fallait pour discuter de l'évolution de nos tarifs
d'électricité, parce que les tarifs d'électricité
étaient un élément important dans leur projet. Il n'en a
pas été question une minute. On m'a questionné sur la
situation ouvrière au pays, les arrêts. On avait à l'esprit
l'incident LG 2. On m'a demandé combien il y en avait eu d'autres dans
le passé et j'ai subi un interrogatoire à fond sur cette
question.
Alors je pense que ça confirme le problème qui doit
préoccuper beaucoup de monde de ce temps-ci, ce sont les
problèmes de la construction.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Saint-François.
M. DEZIEL: M. le Président, si vous me permettez, c'est ma
première intervention, je retiens d'une façon tout à fait
particulière ce que nos commissaires viennent de nous souligner. Je suis
persuadé que ces coûts représentent des
déboursés, non seulement au niveau de la baie James, M. le
Président, mais également au niveau de toute la construction, de
toute la situation qui prévaut présentement au Québec, ce
qui peut représenter au-delà de $11 milliards de chantiers
présentement en construction au Québec même.
C'est très important qu'on retienne ce qui vient d'être dit
et que tous les membres de la commission, ici présents, l'Opposition
comme l'imposition, lorsque viendra le temps de réagir d'une
façon précise et sérieuse là-dessus, se serrent les
coudes et qu'on considère également la situation
économique beaucoup plus que le capital politique que ça pourrait
créer. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, nous sommes heureux de
connaître la position de l'Hydro-Québec à ce sujet. Soyez
assuré que. nous en tiendrons compte lorsque des discussions à ce
sujet pourront venir à l'Assemblée nationale. Cependant, il y a
aussi une commission d'enquête qui a été formée,
soit la commission Cliche, et nous espérons que l'Hydro-Québec
fera valoir certaines revendications à ce sujet. D'autre part aussi,
nous espérons que le ministre du Travail, dans le plus bref délai
possible, puisqu'il a été nommé un peu pour régler
ce problème de la construction, va faire les efforts nécessaires
pour le régler, en particulier lorsqu'il créera des
véritables centres de main-d'oeuvre du Québec.
De toute façon, c'est là, je pense, un problème
fort important, mais un problème aussi qui ne peut nous faire oublier,
malgré le fait que les difficultés des relations de travail
puissent s'amenuiser par suite de certaines
solutions qui seront présentées par ce gouvernement, si ce
gouvernement décide d'en présenter, que le problème du
financement continuera quand même à être assez
important.
Je reviens justement à ce sujet. D'abord, je constate que,
lorsque nous avions interrogé M. Giroux, en 1971, concernant les
prévisions d'emprunt, il nous avait donné des chiffres
passablement inférieurs à ceux qui nous sont donnés
actuellement. C'est fort compréhensible, puisque ce projet NBR, qui
était de $4.1 milliards, est maintenant devenu un projet de $12
milliards. Cependant, on remarque, par exemple, que les montants des
prévisions d'emprunt étaient de $316 millions pour 1974.
Maintenant, on nous parle de $550 millions, donc une augmentation de 57 p.c.
Pour 1975, les montants prévus étaient de $421 millions et on
prévoit un emprunt de $800 millions, donc une augmentation de 100 p.c.
Pour 1976, le montant prévu était de $590 millions en 1971, et,
aujourd'hui, on nous annonce $950 millions, donc une augmentation de tout
près de 95 p.c. Pour 1977, on nous avait annoncé, en 1971, des
prévisions de $800 millions; là, c'est $1,350 millions, donc plus
de 60 p.c.
On constate cette année, justement, que le pourcentage d'emprunts
de l'Hydro-Québec, par rapport à la somme totale des emprunts du
Québec, est autour de 50 p.c. Par contre, j'aimerais que le
président de l'Hydro-Québec, s'il peut le faire, nous dise quel a
été justement le pourcentage d'emprunts de l'Hydro-Québec
de la période de 1965 à 1971, par rapport à l'assiette
totale des emprunts du Québec.
M. GIROUX: Je crois que c'est une question qui pourrait recevoir une
réponse du ministère des Finances. Moi, je n'ai pas les emprunts
de la province.
M. LESSARD: C'est ça qui est regrettable, que le ministre des
Finances ne soit pas ici aujourd'hui.
M. MASSE: M. le Président, je dois dire que le ministre des
Finances, évidemment, était pris par des engagements
contractés depuis un bon bout de temps. Il a dû s'absenter de
Québec cet après-midi. Malheureusement, il ne peut pas être
présent ici. Croyez bien qu'il le regrette, ce n'est pas par mauvaise
volonté.
M. GIROUX: II a été ici deux jours; enfin, je ne peux pas
contrôler ça. Maintenant, les statistiques de la province,
malheureusement, je ne les ai pas.
M. LESSARD: Est-ce que 39 p.c. paraîtrait un montant assez
réaliste de 1967 à 1971? D'après mes informations, ce
serait autour de 39 p.c. Cela veut dire à ce moment-là, si on
estime ce montant à 39 p.c. et il semble que ce soit un chiffre
réaliste...
M. LAFOND: Je m'excuse, Georges Lafond. Cela fait quelques années
que les programmes d'emprunt sont sensiblement les mêmes et pour des
sommes plus élevées que les sommes qui paraissaient dans la
série au début. Je serais plus enclin à dire entre 40 p.c.
et 45 p.c, mais sous toute réserve.
M. LESSARD: Mais là, je parle de 1965 à 1971. Vous seriez
enclin à parler plutôt de 45 p.c. Nous sommes maintenant rendus
à 50 p.c. Est-ce que, si on fait des évaluations, on peut penser,
étant donné l'ampleur des travaux de la baie James, que ce
montant de 45 p.c, comme vous le dites, peut augmenter, d'ici 1978, 1980,
à 60 p.c. de tous les emprunts? J'ai une évaluation, ici, et
ça équivaudrait à environ 60 p.c. J'ai ici certaines
prévisions et ça pourrait aller autour de 60 p.c,
c'est-à-dire que 60 p.c. de tous les emprunts du gouvernement du
Québec seraient faits par l'Hydro-Québec.
M. GIROUX: Je pense bien que ça peut être exact. Il y a
peut-être une statistique qui peut vous aider à faire une
comparaison, qui ni plus ni moins est un mode prévalant à travers
le Canada; je crois que ces statistiques sont fédérales.
M. LESSARD: Oui, justement, ce sont des statistiques
fédérales. On les utilise parfois.
M. GIROUX: Parfois. Dans l'ensemble, de 1964 à 1973, les
investissements du Québec, par comparaison avec les immobilisations
totales du gouvernement, se tenaient autour de 9 p.c, 8 p.c, 7 p.c. C'est
tombé à 5 p.c, c'est revenu à 9.1 p.c et nos
prévisions pour 1973 à 1980 sont autour de 11 p.c, en
électricité, des investissements totaux au Canada. Pour les
autres compagnies d'électricité au Canada, c'est aussi d'environ
11 p.c.
M. LESSARD: Le reste des compagnies d'électricité pour
l'ensemble du Canada...
M. GIROUX: ... du Canada s'en vont vers 11 p.c.
M. LESSARD: Maintenant, 11 p.c, c'est en quelle année,
ça?
M. GIROUX: Là, je ne l'ai pas par année, j'ai juste les
prévisions.
M. LESSARD: D'accord, vous avez de 1964 à 1973, vous avez le
pourcentage des emprunts, il faut bien se comprendre.
M. GIROUX: Non, non, des investissements totaux, parce que les emprunts,
on ne les a pas. Les statistiques des emprunts peuvent être très
trompeuses, parce que vous avez les emprunts publics qui deviennent, comme chez
nous, un
document officiel, et vous avez les emprunts de nos voisins d'Ontario
qui, eux, empruntent à New York par le biais de la province d'Ontario.
Alors, on ne sait pas, les emprunts de la caisse fédérale, ce
n'est pas public. Par les emprunts ce serait une statistique, mais tout de
même, que ce soit en capital, en réserve, ou en autofinancement,
ça ne change rien au point de vue de la dépense. La
dépense pour l'électricité dans la province de
Québec, pour les années passées, se tenait autour de 8 1/2
p.c, 9 p.c. comme moyenne je ne l'ai pas et les pronostics, avec
nos programmes de 1973 à 1980, sont autour de 11 p.c. Les pronostics
publiés par les compagnies d'électricité à travers
le Canada sont aussi autour de 11 p.c. Donc, ce qu'on a compris dans le
Québec se répartit dans la demande qui augmente pour tout le
Canada.
M. LESSARD: Mais vous conviendrez, M. Giroux, que si on revient au
pourcentage d'emprunt de l'Hydro-Québec par rapport au gouvernement,
plus ce pourcentage va s'élever du côté de
l'Hydro-Québec, plus il sera difficile au gouvernement du Québec
de satisfaire ces besoins et de satisfaire la population concernant d'autres
besoins.
M. GIROUX: Oui, si vous le prenez sur une base normale, sans faire de
comparaisons avec le produit national brut, il y a un point où il nous
faut regarder, et on est ici en commission, ce n'est pas un problème
ordinaire et là-dessus je ne veux pas qu'on pense que je parle
nucléaire ou versus les programmes.
Si on doit faire des programmes pour respecter une demande pour
satisfaire les besoins du Québec, c'est ce que l'on croit investir. Les
autres provinces ont exactement les mêmes pronostics dans le pourcentage
de la dépense d'investissement fédéral.
Donc, on peut être un peu plus ou un peu moins, mais on n'est pas
tellement, en "canayen", de l'autre côté de la "track", parce que
c'est concentré vers le centre.
Le problème, c'est? Est-ce que ces sommes seront disponibles?
M. LESSARD: C'est ça.
M. GIROUX: Est-ce que ce sera facile? Je dois vous dire que, en
apparence, cela a toujours été facile, mais cela ne l'a jamais
été. Et ceux qui sont en place n'ont jamais
considéré que c'est facile. Ici, je voudrais rendre un hommage
particulier à MM. Lemieux et Lafond, qui ont fait, avec M. Goyette et
les membres de son personnel, un travail magnifique, les autres dans le
passé avant aussi. Ils ont réussi à développer des
marchés dans la province de Québec et en dehors de la province de
Québec. Je crois que nos gens ont réussi fort bien dans ce
domaine.
Alors, le point: Cest qu'actuellement ils auront encore, si vous voulez
le prendre en pourcentage pur je n'oserais pas dire ça parce que
Lemieux va me parler de son salaire, mais il va falloir qu'il travaille deux
fois plus fort. Mais je suis convaincu qu'avec son habileté il n'aura
pas besoin de travailler deux fois plus fort.
M. LESSARD: Maintenant, M. Giroux, vous avez sans doute
été informé d'un mémoire qui a été
présenté par le ministère fédéral de
l'Energie, des Mines et des Ressources au cabinet Trudeau en 1972. Dans ce
mémoire, on s'inquiétait un peu du financement. Sans aller
à une conclusion, on s'inquiétait du financement de ce fameux
projet de la baie James.
Vous me permettrez de vous en souligner une partie et j'aimerais avoir
vos commentaires à ce sujet. On part du principe suivant: "En supposant
que le contenu en importations du projet sera d'environ 5 p.c. et que la
structure historique des emprunts de l'Hydro-Québec, en ce qui a trait
à leur répartition entre marchés intérieurs et
marchés étrangers sera maintenue, l'entrée nette de
capitaux étrangers découlant du projet, pendant les années
critiques 1978-79-80, atteindraient approxiamtivement $1.6 milliard". Je pense
qu'on s'est entendu passablement sur ça. "Il est utile d'insérer
ce chiffre dans la perspective financière générale, en le
comparant à l'entrée nette de capitaux étrangers
prévue pour l'ensemble de l'économie canadienne pendant cette
période. Il semble que, de 1978 à 1980, ce $1.6 milliard
représentera environ le quart du total des entrées nettes de
capitaux étrangers au Canada. Cette proportion est anormalement
élevée. Pendant la seconde moitié des années
soixante, les emprunts à l'étranger de l'Hydro-Québec
n'ont pas représenté plus de 7 p.c. du total des entrées
nettes de capitaux étrangers au Canada. "Comme nous l'avons
signalé précédemment ajoute encore ce rapport
la concentration des dépenses et des emprunts pendant les trois
années 1978-79-80 absorbera la plus grande partie des ressources
financières à la disposition du Québec pendant cette
période. Or, les contraintes usuelles des marchés financiers sont
rendues encore plus aiguës par la structure des emprunts de la province,
qui est obligée, par diverses circonstances, à écouler sur
le marché québécois et les circonstances, c'est
qu'on vend de moins en moins au reste des autres provinces la plus
grande partie de ses obligations émises au Canada. En
conséquence, toute demande excédentaire de capitaux, de la part
du gouvernement du Québec, devra vraisemblablement être satisfaite
par des importations de capital."
Donc il y a, je termine là, des points d'interrogation qui me
paraissent importants. D'après ce mémoire qui a été
présenté, comme je l'ai dit, par le ministre
fédéral de l'Energie, des Mines et des Ressources, parce qu'ils
se préoccupent un peu du projet de la baie James eux aussi, au
gouvernement Trudeau, on parti-
rait d'une moyenne de 7 p.c. du total des entrées nettes de
capitaux étrangers au Canada et, avec ce projet de la baie James, on
monterait à 25 p.c. de l'entrée nette des capitaux
étrangers au Canada.
M. GIROUX: Si vous voulez, je serais tenté de vous
répondre une chose qui est plutôt personnelle. Je ne voudrais pas
engager les membres de la commission. Je comprendrais que le ministre commence
à considérer que le crédit de la province de
Québec, aux Etats-Unis, est fort supérieur à celui du
reste du Canada. Vu qu'il anticipe ça, il sait que nous allons le
réussir. Je ne le blâme pas de penser cela non plus.
Seulement, je crois qu'il y a un point qui est important. Je
déclarais que l'Hydro-Québec n'est toutefois pas la seule
entreprise du secteur énergétique canadien à envisager des
investissements importants. On estime que d'ici 1980 et on limite
toujours nos choses dans les cinq ans à venir, si vous voulez, quatre ou
cinq ans les investissements dans le secteur électrique seront de
l'ordre de $60 milliards au Canada.
Donc, supposons que notre période, pour cette partie, on prend
comme tantôt le $1.5 milliard par année, nous avons un
douzième. Le reste, à moins que le gouvernement
fédéral le donne d'une façon déguisée aux
autres provinces, il va falloir qu'il l'emprunte.
Là-dessus, je ne veux pas mêler les choses, mais soyons
pratiques. Ce sont les programmes qui ont été annoncés. Ce
sont des programmes de l'énergie qui sont là. Alors
peut-être que le ministre a été capable de déclarer
cela à ce moment-là parce que 1'Hydro est peut-être la
seule qui dépose ses prévisions à la commission
parlementaire, ici. L'Ontario l'a fait cette année. Dans les
prévisions que vous regarderez je ne sais pas, je ne les ai pas
devant moi de l'Ontario-Hydro qui ont été
déposées, c'est beaucoup plus apparent, au point de vue des
proportions, que ce que c'était auparavant.
M. MASSE: J'aurais une question d'information. Quand vous mentionniez 11
p.c, tout à l'heure, de 1973 à 1980, concernant la partie
électricité, c'était le total des emprunts.
M. GIROUX: Non, non. C'est le total des investissements faits au
Canada.
M. MASSE: Des investissements, d'accord. Des investissements. Est-ce que
vous avez le pourcentage de tout le secteur énergétique?
M. GIROUX: Energétique? M. MASSE: Oui.
M. GIROUX: Ah non! J'ai assez de misère à tenir
l'électricité que le reste...
M, MASSE: D'accord.
M. LESSARD: M. Giroux, outre ces emprunts et le paiement
d'intérêt, vous avez, d'ici 1980, un certain nombre d'obligations
qui viennent à échéance.
M. GIROUX: C'est inclus, cela, dans nos prévisions.
M. LESSARD: C'est inclus dans vos prévisions, dans les montants
d'emprunt prévus.
M. GIROUX: Vous avez vu les fonds d'amortissement, tout ça. C'est
tout inclus. C'est pourquoi vous avez vu, dans l'autofinancement, des variantes
qui ont été, dans le passé, de 20 p.c. tomber à 13
p.c. d'autofinancement. C'est une dette qui était retirée.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable chef de l'Opposition.
M. MORIN: Quelques questions d'ordre technique seulement, M. le
Président. La première est la suivante. Quand Hydro-Québec
emprunte en marks allemands, en francs suisses, en eurodollars, est-ce que vous
négociez, est-ce que vous incluez une classe au sujet des variations
dans les parités? Pour les années récentes, je vois que si
la dette à long terme remboursable en différentes devises au
montant de quelque $3,513,158,000 était convertie en dollars canadiens
au taux de change en vigueur au 31 décembre 1973, cette dette serait
moindre. Elle serait de $3,468,000,000 environ. J'imagine que cela tient au
fait que presque toute votre dette extérieure, si je peux l'appeler de
la sorte, est en dollars américains.
M. GIROUX: Américains.
M. MORIN: Donc, cela a pu vous favoriser. Mais si vous allez de plus en
plus sur le marché étranger non américain et que vous
empruntez des marks j'ai remarqué que vous avez des emprunts
allemands qui viennent à échéance en 1984, en 1986, en
1988 est-ce que vous avez stipulé des clauses pour palier aux
variations des parités?
M. GIROUX: Sur les marchés étrangers, les seules clauses
qui peuvent s'inclure ne sont pas favorables à Hydro-Québec, M.
Morin.
Au point de vue technique, si vous alliez, par exemple, sur le
marché allemand pour inclure une clause, le banquier allemand vous
dirait: Oui, très bien, vous allez nous payer soit en marks ou en
dollars canadiens. A ce moment-là, il aurait toujours la meilleure
monnaie. C'est à peu près les seuls genres de clauses qui peuvent
s'inclure.
M. MORIN: C'est ce à quoi je pensais, mais est-ce que vous en
stipulez des clauses comme celles-là?
M. GIROUX: Non, si c'est payable en marks, nous prenons le risque de
rembourser en marks. Il n'y a pas d'autres moyens. Si nous empruntons en fonds
américains, nous avons actuellement un bénéfice qui vient
du fait que le dollar américain vaut moins cher que le dollar canadien.
L'an prochain l'inverse peut se produire.
M. MORIN: Maintenant, sur les emprunts américains, j'aimerais
entrer un peu dans les détails de ces dernières années.
Dans une année, vous allez chercher de l'argent aux Etats-Unis, vous
payez de l'intérêt et vous remboursez du capital, naturellement,
de temps à autre, et aussi vous rachetez des obligations, si je
comprends bien...
M. GIROUX: Pour le fonds d'amortissement.
M. MORIN: ... pour le fonds d'amortissement. Alors, j'aimerais examiner
un peu, peut-être, ce qui s'est passé en 1972, par exemple.
M. GIROUX: M. Morin, pour cette question-là, je vais laisser
parler M. Lemieux qui prépare un certain travail. On a
déjà donné, dans le passé, ce qu'avait
été le montant net importé. Alors, je vais lui demander
d'essayer de retracer ça; ça aidera à présenter le
reste. Pour le futur, je ne sais pas si on a un calcul.
M. MORIN: Non, je n'ai pas l'intention d'aller dans l'avenir. Je me pose
des questions, comme vous, pour l'avenir, mais je veux surtout établir
la situation depuis quelques années.
M. GIROUX: Telle qu'elle est.
Dans les années passées, M. Lemieux, quel est le montant
net qu'on importait des Etats-Unis, par exemple, si on empruntait $100 millions
et qu'on avait $75 millions? Une année ce ne fut que $25 millions, mais
ce n'est pas tous les ans comme ça.
M. MORIN: Non, bien sûr.
M. LEMIEUX: Vous avez parlé de l'année 1972.
M. MORIN: Oui.
M. LEMIEUX: Cette année-là, nous avons fait des emprunts
qui ont produit $99 millions.
M. MORIN: Oui, cela, c'est à long ou à court terme?
M. LEMIEUX: A long terme. A court terme, nous avons remboursé
pour $1.3 million. Cela faisait un encaissement total net de $98 millions.
M. MORIN: $98 millions d'encaisse totale. M. LEMIEUX: La même
année, nous avons payé des intérêts en devises
américaines de $99.7 millions.
M. MORIN: $99.7 millions, c'est-à-dire que vous avez payé
en intérêts ce que vous étiez allés chercher sur le
marché américain.
M. LEMIEUX: Nous avons, en plus, acheté des obligations de
l'Hydro-Québec, payables en devises américaines, pour $26
millions et nous avons payé des intérêts à court
terme pour $200,000.
M. MORIN: Cela fait des déboursés de quel ordre?
M. LEMIEUX: Cela veut dire que nous avons fait des versements d'argent
américain nets de $28 millions, c'est-à-dire que nous avons
versé aux Etats-Unis plus d'argent que nous n'en avons
importé.
M. MORIN: Bon, cela, c'est pour l'année 1972. Est-ce qu'on
pourrait remonter un petit peu plus dans le passé, à partir de
1970, par exemple?
M. LEMIEUX: En 1970, nous avons effectué des emprunts qui ont
produit $137 millions. On a remboursé des emprunts à court terme
de $44 millions. On a payé des intérêts de $7 3 millions.
On a payé des intérêts à court terme de $3.5
millions. On a acheté des fonds d'amortissement de $23 millions et on
avait des échéances de $36 millions. Nous avons versé aux
Etats-Unis $42 millions de plus que nous n'en avons importé.
M. MORIN: $42 millions. En somme...
M. LEMIEUX: Surtout à cause du remboursement d'emprunts à
court terme, qui avaient été effectués les années
précédentes.
M. MORIN: Alors, vous avez déjà deux années,
là, où vous êtes en déficit. Alors, prenons une
année intermédiaire.
M. LEMIEUX: Au point de vue impact sur la force du dollar canadien, on
dira probablement que c'est positif.
M. MORIN: Non, ce qui m'intéresse, c'est que je constate que,
pour ces deux années-là, non seulement il n'est pas entré
d'argent neuf avec ces emprunts, mais vous êtes en déficit. Mais
peut-être que vous...
M. LEMIEUX: J'ai des chiffres à partir de 1967.
M. MORIN: Oui.
M. LEMIEUX: Le surplus, l'entrée de fonds américains, si
vous voulez, en 1967, $68 millions; en 1968, c'était $55 millions; en
1969,
$11 millions; en 1970, un déficit de $43 millions; en 1971, $1
million; en 1972, un déficit encore de $28 millions; et en 1973, $55
millions.
M. MORIN: Bon. Alors...
M. LEMIEUX: En 1973, par exemple, nous avons importé $190
millions; on a payé des intérêts de $108 millions et des
fonds d'amortissement de $26 millions. Ce qui a produit un surplus de $56
millions.
M. MORIN: Bon, alors pour...
M. LEMIEUX: Pour l'avenir, il y a des économistes qui disent:
Vous avez importé $10 milliards, $12 milliards pour la baie James, vous
allez rendre le dollar canadien beaucoup trop fort. Je dois dire, entre
parenthèse, que je connais des économistes bien compétents
ou bien gentils, ou même gentils et compétents. Pour l'avenir,
nous allons continuer à verser des intérêts, des fonds
d'amortissement et des échéances par rapport à la dette
existante. Et pour toute nouvelle dette en devises américaines, on aura
des versements en intérêts qui, à 10 p.c. par année,
pour les nouveaux emprunts, vont faire qu'en cinq ans vous allez rembourser 50
p.c. de ce que vous aurez importé la première année.
M. MORIN: Oui mais, monsieur, si vous permettez, ces chiffres que vous
nous donnez correspondent à peu de choses près à ce que
nous pensions. Si je prends les sept années que vous nous avez
données, de 1967 à 1973, je constate en gros que vous n'avez
importé, en somme, sur les centaines de millions importés, en
argent neuf, que $119 millions ou $120 millions. Est-ce exact?
M. LEMIEUX: Non, les chiffres sont faussés par le fait que nous
avons des remboursements d'emprunts à court terme de $87 millions durant
ces années, des fonds qu'on a touchés disons un an ou deux ans
avant. Alors, il faudra vraiment faire de l'exclusion des mouvements des fonds
à court terme en faisant le calcul.
M. MORIN: Et si vous excluez les mouvements des fonds à court
terme, quoique je m'interroge là-dessus, ça fait partie de la
dette tout de même?
M. LEMIEUX: Oui, mais ce sont des fonds qu'on a touchés un an ou
deux ans avant le début de cette période.
M. MORIN: Oui. Ce qui m'inquiète, je ne vous le cache pas, c'est
ceci: Je constate que pour sept ans, au point de vue argent neuf, sept ans
d'emprunts aux Etats Unis, ça ne représente que $120 millions. Je
me dis...
M. LEMIEUX: Oui.
M. MORIN: ... je me pose des questions sur votre capacité de
financer, par exemple, la baie James avec un système semblable.
M. LEMIEUX: Je ne crois pas qu'on puisse dire que le paiement des
intérêts a une influence sur la disponibilité de fonds.
Durant cette période, les emprunts à long terme ont produit $971
millions; le fait qu'on a payé durant cette période $525 millions
pour ces prêts et des prêts effectués dans les années
précédentes, je ne crois pas qu'on puisse dire qu'on n'a pas
importé de capitaux. Que ces intérêts soient payés
aux Américains ou à des Canadiens, cela n'a pas d'importance au
point de vue...
M. MORIN: Bien non.
M. LEMIEUX: ... de trouver des fonds pour financer
l'Hydro-Québec.
M. MORIN: Oui, je comprends ça, seulement je ne peux pas
m'empêcher de constater que tout ce financement aux Etats-Unis sert
finalement quasiment toujours à rembourser ce que vous devez
déjà ou à payer de l'intérêt. Et, au bout de
la ligne, il vous reste $119 millions sur tout ce que vous avez
emprunté.
M. LEMIEUX: Je pense que ce que nous empruntons va pour payer la
construction. Le paiement des intérêts, en grosse partie,
s'applique aux revenus de l'année. C'est pour payer des
intérêts sur des sommes qui ont financé des centrales qui
produisent les revenus de l'année.
M. MORIN: J'ai compris. Cela va.
M. GIROUX: Je crois, M. Morin, aussi, qu'il faut bien distinguer, quand
on finance, entre la remise d'intérêt et la remise de capital. Il
y a un exemple très frappant...
M. MORIN: Oui, j'ai fait faire la distinction. J'ai fait faire la
distinction.
M. GIROUX: ... que M. Lafond me donne, qui est le problème
réel qu'on emprunte n'importe où.
M. LAFOND: J'allais suggérer ceci, en assumant une dette
existante de $1 milliard, au Canada, sur laquelle il y aurait un taux
d'intérêt de 10 p.c. en moyenne, nous paierions durant
l'année $100 millions d'intérêt. Si, durant la même
année, nous faisons un emprunt de $100 millions, en poursuivant
l'exemple que vous aviez tantôt, vous diriez: Bien il n'y a pas eu
d'emprunt.
Evidemment sur le plan n'est-ce pas...
M. MORIN: Votre emprunt n'aura fait qu'essuyer
l'intérêt.
M. LEMIEUX: C'est déjà quelque chose. M. LAFOND: Oui.
M. MORIN: Oui, je comprends, seulement quand tout le système,
après sept ans, nous donne en argent neuf $119 millions, je m'interroge
un peu, franchement.
M. GIROUX: Je ne voudrais pas entrer dans le danger de la politique.
Mais prenons la dette canadienne. A Ottawa, ils ont en plus la facilité
de bénéficier de l'inflation et de la machine à imprimer.
Mais ils ont le même problème, absolument le même
problème. Les travaux sont financés exactement de la même
façon. Je ne connais pas d'autres moyens de financer des travaux qu'en
faisant une partie d'autofinancement et en empruntant le reste.
M. MORIN: Oui, bon d'accord. Je prends le cas des Etats-Unis,
peut-être que la situation est différente dans les autres pays
où vous empruntez ou sur le marché local. C'est possible. Je
prends le cas américain parce qu'il me frappe. Finalement vous empruntez
pour rembourser, puis vous empruntez pour payer de l'intérêt et
puis aussi pour racheter. D'accord, il y a un...
M. GIROUX: Je ne voudrais pas que vous répétiez ça
aux Américains, mais seulement vous détruisez la théorie
de tantôt, c'est-à-dire qu'on appartiendrait aux
Américains. C'est que, plus ça va, plus nous mettrons des fonds
ici...
M. MORIN : Je ne suis pas obligé de partager les idées qui
étaient énoncées tout à l'heure.
M. GIROUX: ... plus ce serait favorable. Mais il y a le principe
suivant. Je ne connais pas d'organismes gouvernementaux actuellement, depuis
les 25, 30 dernières années, qui n'ont pas triplé,
quadruplé, quintuplé et mon Dieu jusqu'où je pourrais
aller, leurs dettes. Alors le système c'est un système de
redistribution par la dette.
M. MORIN: Cela je le comprends et je l'admets volontiers. Je ne suis pas
obligé de partager les idées du député de
Beauce-Sud non plus.
M. GIROUX: Non, je ne voulais pas faire de politique, je ne vous fais
pas de suggestion, mais seulement il reste une autre solution qui est plus
simple que- celle-là, parce que ça nous éviterait
d'emprunter. On peut dire: On va faire totalement de l'autofinancement. Alors
ça ce sont les tarifs qui vont monter comme ça. Alors si on fait
par exemple certains programmes selon la méthode du "pay as you
go"...
M. MORIN: Vous avez sûrement compris ma question, mais je veux la
reprendre. C'est simplement que je constate qu'après sept ans d'emprunt
aux Etats-Unis vous passez votre temps, finalement, à rembourser de
l'intérêt, à acheter, à rembourser du capital aussi
et au bout, en argent neuf, ça fait à peu près $120
millions. Je me dis: II va falloir que vous preniez l'argent ailleurs
également et il va falloir, comme vous le disiez, qu'il y ait de
l'autofinancement. Mais l'autofinancement ça risque d'être le
tarif qui en essuie une partie et l'on s'expliquerait pourquoi les tarifs vont
monter.
M. GIROUX: Bien écoutez, je n'ai pas caché que les tarifs
monteraient. C'est-à-dire, je n'ai pas caché qu'on aurait besoin
d'augmentation de tarifs, parce qu'il ne faudrait pas anticiper les
décisions du gouvernement.
Ce n'est pas tout à fait ce que M. Lessard pense. Ce n'est pas
tout ce qu'on fait.
M. LESSARD: Vous n'avez pas eu bien des problèmes lorsque vous
êtes venus en commission parlementaire, l'an dernier. Le
lieutenant-gouverneur en conseil avait déjà accepté la
hausse des tarifs. La commission parlementaire...
M. GIROUX: Parfois ils sont très gentils.
M. LESSARD: ... n'était que pour confirmer.
M. GIROUX: Devant les faits qui sont tellement flagrants, le conseil des
ministres a dû nous dire: C'est ça, vous devez faire une
augmentation. J'espère qu'ils auront le même raisonnement.
M. LESSARD: J'aimerais qu'à l'avenir ce ne soit pas seulement le
conseil des ministres et que vous vous adressiez d'abord à la commission
parlementaire.
M. GIROUX: C'est pour ça qu'on vous l'explique. Le raisonnement
vous nous ouvrez la porte et je vous en remercie est simple. Je
pars du principe qu'il faut que je fasse des travaux, qu'il faut que je
fournisse de l'électricité. C'est le devoir de
l'Hydro-Québec. J'ai dit tantôt bien honnêtement que, si le
gouvernement nous dit: Messieurs, ne faites plus d'expansion, on suspend
l'expansion et là, on commence à réduire la
capacité de chacun annuellement. Au lieu de la hausse de 10 p.c. ou de
7.8 p.c, on baisse tout le monde à 8 p.c. de leur capacité de
dépenser de l'énergie et le problème est
réglé. A un moment donné, tout le monde va être
à la chandelle. Pour rencontrer ce programme d'emprunt, pour conserver
la même crédibilité, le même pouvoir d'emprunt et les
mêmes possibilités, il nous faut absolument demander au
gouvernement d'augmenter les tarifs d'un minimum de 10 p.c. durant les cinq
prochaines années. Je ne vois pas comment on peut faire autrement. Il
n'y a pas d'autre possibilité. Si on continuait sur la base de votre
raisonnement, sans augmentation de tarifs, cela reviendrait à simplement
remettre la dette aux Etats-Unis sans revenus. Cela, c'est un peu
miraculeux.
M. MORIN: Mais enfin, tout cela fait qu'il n'est pas
hérétique de dire que, s'il y a augmentation de tarifs, c'est en
partie lié à la question des travaux considérables que
vous avez entrepris.
M. LEMIEUX: Cela reflète aussi le fait que les centrales que nous
construisons depuis quelques années, depuis cinq ans, depuis dix ans,
coûtent passablement plus cher que les centrales qui ont
été construites il y a trente ans. On commence à sentir
l'impact sur les frais d'exploitation des taux d'intérêt beaucoup
plus élevés des années récentes, comparé aux
années cinquante à soixante.
M. MORIN: M. le Président, on peut peut-être passer
à autre chose. Je ne sais pas si mes collègues ont encore des
questions sur l'aspect du financement. Tout à l'heure, M. Boyd a fait
allusion aux événements regrettables qui se sont produits
à LG 2 et il nous a parlé de ce climat de pression sociale qui
règne dans un endroit si éloigné où les hommes se
trouvent ensemble, comme il l'a dit, 24 heures par jour et sept jours par
semaine.
Quelles mesures entendez-vous prendre pour assainir le climat sur les
chantiers, pour créer des conditions de vie qui soient peut-être
un peu plus humaines ou disons, pour ne pas charger la question
d'émotivité, pour créer un climat qui soit plus favorable
à des meilleurs rapports entre employeur et employés, entre les
employés eux-mêmes aussi? Est-ce que vous avez envisagé des
mesures pour que la vie soit de nature à exercer des pressions moindres
sur les hommes qui travaillent là-bas?
M. BOYD: M. le Président, je crois que la question est double.
Vous en avez une qui concerne la qualité de la vie et l'autre qui
concerne le climat ou les pressions qui sont exercées par les syndicats.
C'est ce que j'ai...
M. MORIN: Non, je pense à ce que vous avez appelé, fort
exactement, la qualité de la vie à LG 2.
M. BOYD: Alors, l'autre aussi est intéressant; l'autre l'est
encore plus, mais quant à la qualité de la vie,
évidemment, dans les débuts d'un chantier, c'est toujours un peu
plus difficile, et ceux qui vont dans les chantiers au début savent que
c'est plus difficile. Les premiers admettent de vivre sous la tente et
même aiment ça. Quand les bons camps arrivent, ils
déménagent dans des camps encore plus éloignés pour
demeurer sous la tente. Mais ce qu'on propose pour améliorer la
qualité de la vie est en chantier déjà. On propose de
construire une aréna où il y aura différents jeux, le
billard, les quilles, pour l'hiver une patinoire, une bibliothèque,
enfin tous les loisirs qu'on peut retrouver normalement en ville.
M. MORIN: On sait que le réseau de télévision
atteint maintenant le Chantier LG2.
M. BOYD: Oui, on a fait des efforts considérables et je peux vous
dire qu'on a eu l'excellente collaboration de Radio-Canada. Depuis deux
semaines, le signa) parvient à LG2 par Telsat et chaque homme peut avoir
sa propre télévision dans sa chambre. Evidemment, pour le moment
on est limité au canal 2, mais c'est quand même rapproché
passablement de la civilisation.
M. MORIN: Et pour le logement, M. Boyd?
M. BOYD:'Pour le logement, on a d'excellents camps qui sont
installés et qu'on continue d'ériger pour le personnel.
M. MORIN: Est-ce que tous vos hommes ont leur chambrette ou un espace
où ils sont vraiment chez eux?
M. BOYD: Ils sont deux hommes par chambre.
M. MORIN: Nous ne parlons pas des tentes, nous parlons des
logements.
M. BOYD: On a deux hommes par chambre et on a des endroits où ils
peuvent faire... On construit un gymnase, une aréna où ils
peuvent pratiquer des sports en particulier ou en groupe. Il y a une
bibliothèque qui se construit. Evidemment, il y a toujours une taverne.
Il y a des salles qui se construisent pour le cinéma. On installe dans
le moment deux piscines. Le peu de temps que ça dure, ça vaut
quand même la peine. Il y a des clubs de pêche qui sont
organisés, qui sont déjà en activité, et des clubs
de balle molle. Ce sont des choses qui doivent s'organiser, qui
n'étaient pas présentes au début, à la fin de
l'année passée, mais qui le deviennent dans le moment.
M. MASSE: Est-ce que les logements sont tous situés à
LG2?
M. BOYD: Non.
M. MASSE: Parce que le village principal, c'est LG2?
M. BOYD: Radisson.
M. MASSE: Pardon?
M. BOYD: Les campements de construction pour LG2 sont à LG2. A
quelques milles de là, il y a une ville qui sera permanente, qui est en
construction, qui s'appelle Radisson et qui pourra loger environ 500 familles.
A LG3, il y aura un autre campement qui sera de nature permanente mais qui
n'est pas en construction encore. Il y a LG4, il y a LG1 et, à
Caniapiscau, il y aura des campements.
M. MASSE: Maintenant, à Radisson, il n'y a pas de logements pour
les ouvriers de la construction?
M. BOYD: Ce n'est pas possible. M. MASSE: Actuellement, d'accord.
M. BOYD: Le roulement de ce personnel est considérable. Dans le
moment, on prévoit que les hommes travaillent deux mois et sortent au
bout de deux mois. Certains reviennent, d'autres ne reviennent pas. Il y a un
roulement considérable de personnel dans tous les chantiers
éloignés, comme vous le savez.
M. MORIN: Quelle proportion de vos hommes, s'il en est, sont
accompagnés de leur famille?
M. BOYD: Dans le moment, il n'y a aucune famille.
M. MORIN: Est-ce que vous prévoyez que viendra un moment
où les hommes pourront être accompagnés de leur famille
là-haut?
M. BOYD: Oui, il y en aura peut-être à LG2, au village
permanent. Il y aura des maisons, des maisons mobiles ou des maisons
permanentes pour le personnel de cadre qui y sera logé.
M. MORIN: Je ne vous parle pas du personnel de cadre, je vous parle des
hommes qui vont travailler là-bas.
M. BOYD: Non, il n'y en a pas. Il n'y en a pas de prévu pour les
familles. Parce que le roulement est trop grand, comme je viens de vous le
dire. Certains y viennent pour deux mois et s'en vont. Ils ne sont même
pas intéressés eux-mêmes, en général,
à avoir leur famille. Peut-être 50 p.c. ou 60 p.c. d'entre eux
sont des célibataires.
M. MORIN: 50 p.c?
M. BOYD: 50 p.c. à 60 p.c. des employés de métier
ou de service sont des célibataires.
M. MORIN: Dans ce métier-là, c'est difficile de faire
autrement,
M. BOYD: Et on me dit qu'il y a un certain pourcentage des autres qui
sont contents lorsqu'ils s'éloignent pour travailler!
M. BACON: II y en a au moins 50 p.c. de satisfaits.
M. MORIN: Savez-vous que je ne trouve pas ça drôle du
tout.
M BOYD: Je n'ai pas dit combien. Je ne vous ai pas dit quel était
ce pourcentage. Pour être sérieux, si vous voulez, il y en a au
moins 55 p.c. à 60 p.c. qui sont des célibataires. Donc, il n'y a
pas de problème de famille.
Pour les autres, le roulement étant très grand, certains y
vont deux mois, en sortent et retourneront peut-être seulement
après un an. Ils sont allés là, ils ont travaillé
60 ou 70 heures par semaine, pendant deux mois. Ils ont fait un certain montant
d'argent. Ils retournent à leur patelin pour faire autre chose.
Donc, le roulement étant très grand, il n'y a pas de
possibilité de prévoir... Il y a toujours possibilité mais
à des coûts effarants. Cela a toujours été ainsi.
Les choses s'améliorent cependant. Dans les camps de Bersimis, les
employés étaient dans des dortoirs. A Manic 5, ils étaient
dans des chambres de quatre; à Manic 3, dans des chambres de deux. Et
à la baie James, ils sont dans des chambres de deux. Ce sont quand
même des unités...
J'aimerais, en passant, vous inviter à venir voir ça.
M. MORIN: Merci, M. Boyd. Mais je ne suis pas sûr que j'irais dans
vos chambres à deux.
M. BOYD: Non, non. Mais étant donné que vous seriez un
invité spécial, on essaierait de vous trouver une chambre
à un.
UNE VOIX: C'est clair, vous avez peur de l'avoir dans votre chambre!
M. MORIN: Non, ce n'est pas... M. Boyd...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. MORIN: M. Boyd, vous parliez de la qualité de la vie. Vous
parliez des tensions qui règnent 24 heures sur 24. On s'explique un peu
la chose quand on vous entend parler de la situation des logements dans
laquelle se trouvent les hommes.
Pour ceux qui passent six mois il doit bien y en avoir qui
passent six mois, un an, voire même qui sont permanents là-haut,
ce n'est pas tout le monde qui est dans ce roulement dont vous parlez
est-ce que, pour ceux-là, vous ne pourriez pas offrir des logements,
peut-être un peu plus convenables? Est-ce que vous avez pensé
à l'offrir aux hommes, pour voir? Est-ce que vous avez pensé
à le leur demander pour voir ce qu'ils vous diraient?
M. BOYD: Bien, il faudrait vous expliquer une chose. C'est que, dans le
moment, nous demandons $2 par jour pour le gîte et couvert. C'est une
chose qui est assez appréciable, gîte et couvert,
c'est-à-dire chambre et pension, $2 par jour, ce qui nous coûte
peut-être $12 à $15. Cela coûte $2 aux hommes et il se peut
qu'avant longtemps on ne leur demande rien du tout. Donc, c'est assez
appréciable comme avantages.
Mais s'il fallait construire des camps pour hommes, des chambres seules,
évidemment, que cela coûterait encore beaucoup plus cher. Mais je
peux vous assurer que ce n'est pas ça qui crée le
problème. Ce ne sont pas des dortoirs à l'infini. Ce sont des
unités de 20 hommes, c'est-à-dire dix chambres de deux, et ces
hommes ont toutes les facilités qu'on peut s'imaginer: les salles de
bains, les salles de lavage pour leurs propres choses pour ceux qui veulent le
faire.
Mais je crois que vous vous êtes mépris sur le sens de ma
"tension" ou de l'expression que je vous ai signalée. Ce ne sont pas des
tensions de ce genre que je voulais mentionner, c'étaient des tensions
dues aux pressions syndicales que je voulais mentionner.
M. MORIN: Si vous demandiez aux hommes ce qu'ils en pensent. Est-ce que
vous seriez disposé à essayer, du moins, de voir si ce n'est pas
un facteur de tensions? Je pense à ceux qui sont là de
façon permanente. Je ne pense pas à tout le monde, mais à
ceux qui sont là pour plus de trois mois.
M. BOYD: Est-ce que vous seriez d'accord pour qu'on leur demande de
payer la différence?
M. MORIN: Vous voulez dire tout l'investissement ou seulement...
M. BOYD: Oui. l'investissement est assez considérable.
M. MORIN: Est-ce qu'ils paient, en ce moment, tout l'investissement?
M. BOYD: Ils paient $2.
M. MORIN: Donc, ils ne paient pas tout l'investissement, alors.
M. BOYD: Non. On parle de payer l'excédent.
M. GIROUX: Je pense que ce que M. Boyd veut dire, c'est qu'il faudrait
regarder la situation. Actuellement, ni plus ni moins, on essaie de
détourner le fait. Il y a eu certaines choses, des gens qui demeurent
dans des camps. Mais les premiers problèmes qu'on a eus, c'est à
Gentilly. Tous les chantiers qu'on a en dehors... Sur les chantiers de
Montréal, ces gars-là ne restent pas dans des camps!
M. MORIN: Oui, mais, tout à l'heure, on nous a dit qu'il y avait
une pression terrible dans ces camps.
M. GIROUX: Oui, mais le problème de la pression terrible, il est
encore pire, actuellement, sur les chantiers de construction en
général. Ce qui nous donne un mauvais crédit en dehors de
la province, c'est la situation que nous demandons au gouvernement de regarder,
soit les problèmes dans la construction, qui inquiètent les
financiers et qui inquiètent les gens en général.
Parce que les gens qui sont allés visiter la baie James, le
chantier de M. Boyd... Allez voir vous-même. Y êtes-vous
allé? Des chantiers de construction, j'en ai vu plusieurs. Ce n'est pas
tellement facile, je l'admets. Mais ce n'est pas là qu'est le
problème. Le problème vient d'une dissension
générale qui semble exister dans le monde de la construction.
Alors, je crois qu'il y a un problème que le gouvernement devrait
regarder tout de suite. Quand on nous demande nous, des solutions ou des
approches... Je vais vous donner un exemple différent. Si je consulte
les gens à la baie James et que je leur demande: Aimez-vous mieux un
appartement ou $100 de plus par semaine? Ils vont me dire: $100 de plus par
semaine.
M. MORIN: Oui, mais cela n'allégera peut-être pas les
tensions.
M. GIROUX: Mais cela ne changera rien! M. MORIN: Bon.
M. GIROUX: A Montréal, le problème est cela. Ailleurs, il
est ça. Alors, je pense qu'actuellement il faut que le gouvernement se
penche et sérieusement sur le problème de la construction. Je ne
demande pas ça dans un but politique et tout ça; je crois que
ça s'en vient comme une crise nationale, cette chose. Je crois que c'est
là qu'est l'urgence, plutôt que tous les autres débats
qu'on peut faire. C'est mon opinion personnelle.
M. MORIN: Oui, mais vous admettrez qu'il y a peut-être, sur les
chantiers de La Grande, des facteurs de tensions qui n'existent pas ou qui sont
différents de ceux qu'on retrouve sur des chantiers montréalais
ou de la région montréalaise.
M. GIROUX: Exactement.
M. MORIN: C'est à ça que je pense en ce moment.
M. GIROUX: Seulement, si cela avait été si grave que cela,
ces tensions auxquelles on pense ou le mauvais traitement, peut-être, des
personnes, quand le grand déclenchement s'est fait, le seul endroit
où les gens n'ont pas voulu sortir, c'est à LG 2. Ils sont
restés à l'ouvrage. Alors, la tension personnelle de l'individu,
ce n'est absolument pas cela que M. Boyd veut décrire. Ce que M. Boyd
veut décrire, c'est la tension qui existe entre les entrepreneurs, entre
les directions, au point de vue... On ne peut certainement pas dire qu'il n'y a
pas de troubles dans la construction. Alors, on dit au gouvernement: Ce n'est
pas un problème que nous, on peut
régler. On peut le régler au plan monétaire, mais
je pense qu'il faut qu'on fasse, tout le monde, un effort pour regarder cette
situation et arriver à des solutions où une loi pourra être
vécue pour qu'on puisse vivre avec un problème. C'est de cette
façon que je vois cela.
M. MORIN: Le problème auquel je songe est peut-être, tout
en étant rattaché à cela, légèrement
différent. C'est le problème humain des enfants qui restent
derrière et de la femme qui reste derrière. Vous me dites qu'il y
en a qui sont bien heureux de se sauver et de s'en aller dans les bois, se
faire une piastre. Je n'en doute pas. Cela se peut que cela se produise.
M. GIROUX: Cela existe.
M. MORIN: Mais je pense que cela crée, quand même, des
problèmes pour tous les intéressés. C'est pour cela que je
posais la question. Dans quelle mesure est-ce que vous n'auriez pas
intérêt au moins à demander... Vous le faites pour les
cadres, j'imagine. Les cadres, eux, amènent leur famille; ils
amènent leur femme et, quand il y a des enfants, bien, peut-être,
je ne le sais pas...
M. GIROUX: Quand tout sera installé, ils amèneront leur
famille.
Seulement je pense que ce problème est beaucoup plus grand que le
problème de l'Hydro-Québec lui-même. Vous avez tout ce
problème qui existe actuellement dans l'ensemble de la population.
Remarquez bien que nous devons nous faire un devoir d'améliorer la vie
au maximum possible.
M. MORIN: C'est ça dont on parle.
M. GIROUX: Alors, ce problème on essaie d'y voir, d'aller le plus
vite possible dans ce sens. Quand vous avez quatre ou cinq individus
parce qu'il ne faut pas oublier que ce sont quatre ou cinq individus qui ont
causé des dommages là-bas, ce ne sont pas 900 employés.
Alors, actuellement, vous pourriez me dire: Ils sont moins bien logés
qu'avant les troubles. On essaie de réparer le plus vite possible, mais
ça doit être fait et cela est dû à quatre ou cinq
individus.
Je pense qu'à la base on se comprend bien. Il y a un
problème général dans la construction et je crois que,
pour le développement économique de la province, il est temps
qu'on intervienne et qu'on fasse quelque chose. Vous pouvez être
assurés de la coopération de l'Hydro-Québec.
M. MORIN: Je suis bien d'accord, mais je me demande si nous parlons tout
à fait du même problème. Je suis sensible au
problème que vous décrivez mais ce n'est pas tout à fait
ça dont je vous parle. Je vous parlais de l'aspect vie familiale de ces
hommes, quand ils en ont une, parce que j'admets que tous n'en aient pas une.
M. Boyd, vous vouliez dire quelque chose, je crois?
M. BOYD: La vie familiale, sur tous les chantiers de construction, peu
importe que ce soit au Québec, au Canada ou ailleurs, quand c'est un
chantier de construction éloigné, l'homme part et s'en va
travailler. Cela se faisait du temps de nos grands-pères, qui s'en
allaient travailler dans le chantier et qui revenaient au printemps et leur
famille vivait bien quand même, on s'y habituait. Aujourd'hui,...
M. MORIN: On n'a jamais consulté les gens à ce
moment-là.
M. BOYD: J'ai consulté mon grand-père, qui le faisait et
ma grand-mère aussi.
M. MORIN: Je pense que nous avons de la chance de vous avoir avec nous
aujourd'hui.
M. BOYD: Cela ne les a pas empêchés d'avoir une douzaine
d'enfants. Quand je parlais de tensions qui étaient néfastes, je
voulais dire que dans un chantier de construction, à Montréal ou
à Québec, les gens sont là de telle heure à telle
heure et le soir ils peuvent se débarrasser de celui qui essaie de les
faire voter pour une grève quand ils ne veulent pas en faire. Ce que je
veux dire c'est que là-bas il s'agit qu'il y ait quelques "pushers" de
quoi que ce soit qui décident de harceler l'homme 24 heures par jour.
Ils vont l'empêcher de dormir, de faire quoi que ce soit, parce qu'ils le
menacent constamment vers une décision, c'est ça qui est grave.
C'est beau la qualité de la vie. Nous dépensons des millions dans
le moment pour améliorer la qualité de la vie mais je pense que
la liberté est encore bien plus importante, la liberté de l'homme
qui est là-bas pour travailler et qu'on empêche de travailler,
qu'on harcelle constamment : Si tu ne fais pas ça, je te casse la
gueule, je te casse les jambes et demain matin tu n'entres pas à
l'ouvrage. C'est comme ça que ça se passe et c'est même
pire que ça.
M. MORIN: J'ai déjà entendu ça en période
électorale.
M. BOYD: Je ne parle pas d'élections, ça ne
m'intéresse pas autrement que comme citoyen. Mais c'est sérieux
mon affaire et je vais insister, les cassages de gueule qui se passent aux
élections, c'est à tous les quatre ans, tous les deux ans, aussi
souvent qu'il y en a. Mais, là-bas, c'est à tous les jours que
des menaces comme ça se font. C'est bien plus important que la
qualité de la vie, quoique pour la qualité de la vie, dans le
moment, nous dépensons des millions et des millions. Il y a tous les
équipements que nous montons, nous avons engagé des
spécialistes en loisirs pour organiser les loisirs. C'est vrai que, dans
les premiers mois, les
hommes dorment sous la tente et ensuite on les déménage
dans un camp. Ensuite il faut installer tous les équipements que je vous
ai mentionnés avec les bâtisses, qui sont très
dispendieuses, pour leur fournir les loisirs.
Maintenant, vous dites qu'on pourrait faire mieux; c'est vrai, on
pourrait faire mieux, on pourrait leur bâtir des hôtels comme le
Hilton et à ce moment-là on se ferait critiquer.
M. MORIN: Non, écoutez, n'allez pas jusqu'à l'absurde,
là, il n'est pas question de ça.
M. BOYD: II ne faut pas non plus pousser dans ce sens-là. On fait
tout ce qu'on peut pour donner à ces hommes une vie agréable et
si on leur donnait des logements aux familles, il y a tous les problèmes
d'école que ça entraîne. Est-ce qu'on va avoir les
écoles primaires, secondaires, les CEGEP? Si vous installez les
familles, il faut tout ça, et il faut des hôpitaux. J'ai
été obligé de venir à Québec pour avoir le
droit d'installer un hôpital de 20 lits à LG 2; ça a
duré des semaines, le problème. Bon, c'est un hôpital pour
les cas d'urgence en attendant qu'on transporte les gens à
Montréal par avion. Si vous avez des familles, des milliers de familles,
supposons que vous offrez ça, il faut penser à ce qui arrive.
Vous offrez ça aux hommes, et comme ils font beaucoup d'argent, ils
disent: D'accord, on va payer $100 par mois, on va payer $200 par mois et on
veut un appartement. Après ça, il ne faut pas dire que c'est
seulement l'appartement; il faut l'école primaire, l'école
secondaire, l'hôpital, le "shopping center" et tout ce que vous voudrez
qui va avec les familles. C'est très sérieux. Puis, à tous
les deux mois, des familles vont disparaître. Les enfants, à votre
école, vous faites quoi avec? La planification, ce n'est pas
drôle.
M. MORIN: Cette petite ville de Radisson dont vous avez parlé
à l'instant, lorsque les travaux seront terminés, combien
d'habitants comportera-t-elle?
M. BOYD: Environ 500 familles qui serviront à faire l'entretien
et à l'exploitation de tout le complexe.
M. MORIN: Bon.
M. BOYD: Ce sont des gens qui vont être là en
permanence.
M. MORIN: C'est ça. Donc, de toute façon, il faudra un
jour un certain nombre d'installations minimales: hôpital, centre
commercial ou, à tout le moins...
M. BOYD: Pour 500 familles, M. Morin.
M. MORIN: Oui, c'est ça,
M. BOYD: Cest ça, on le prévoit, ça, il va y avoir
ça. Il va y avoir un hôpital pour 500 familles, il va y avoir un
magasin, il va y avoir tous les services commerciaux pour un centre de 500
familles. Mais là, on parle à LG 2 d'au-delà de 4,000
travailleurs. Alors, 4,000 travailleurs en période de pointe, ça
va durer un an, un an et demi, 4,000 familles. On va bâtir ça et
puis on va fermer ça? Cela va faire des villes fantômes.
M. MORIN: Non, 4,000 travailleurs, ça ne fait pas 4,000
familles.
M. BOYD: 2,000, si vous voulez.
M. MORIN: Vous nous avez dit quel pourcentage?
M. BOYD: J'ai dit 50 p.c, disons 2,000 familles. Mais le
célibataire, pourquoi il n'aurait pas sa famille, lui aussi?
M. MORIN: Cela, c'est une autre affaire. Eh! oui, mais ce serait
intéressant d'entendre la réponse que vous donneriez à
ça.
M. BOYD : J'ai toutes sortes de réponses.
M. GIROUX: M. Boyd est conscient du taux de natalité qui
baisse.
Canadian Bechtel
M. MORIN: Bien. Un autre facteur de tension, à ce qu'on nous a
dit, ç'aurait été la présence d'administrateurs
américains unilin-gues, et naturellement pas unilingues français,
qui auraient contribué à la détérioration du climat
dans les jours qui ont précédé les
événements de mars 1974. Est-ce que c'est exact? Dans quelles
mesures serait-ce exact?
M. BOYD: Ce n'est pas exact. J'imagine que vous parlez de M. Alexander
qui a été mentionné dans les journaux de l'Abitibi,
ensuite mentionné dans d'autres journaux?
M. MORIN: Qu'importe le nom, là.
M. BOYD: Oui, mais aussi bien le mentionner, son nom est connu de tout
le monde. C'est un Américain qui était parfaitement bilingue, qui
venait directement de France où il a travaillé à des
projets de Bechtel. Il parlait aussi bien le français que nous tous ici
et il était parfaitement bilingue. Ce que le journal d'Abi-tibi a
écrit en manchette, je ne voudrais pas le répéter, c'est
un peu disgracieux. J'ai des lettres certifiées disant que jamais le
type n'a employé des expressions semblables. Malgré tout, ce type
nous a quitté pour la bonne paix du chantier; il n'est plus à
notre chantier, il n'est plus à nos bureaux.
C'est par esprit de paix qu'on l'a demandé. Cela ne sert à
rien, son nom n'est pas bien vu, mais il n'a absolument jamais prononcé
les paroles qui ont été dites et il est parfaitement
bilingue.
M. GIROUX: Je crois que c'est là l'erreur. On a assuré que
c'est un homme unilingue. Alors si on ment une fois dans mon livre, moi, tout
le reste est zéro, le gars est parfaitement bilingue.
M. MORIN: Est-ce qu'il y a d'autres cas à votre connaissance, il
n'y a pas d'autres cas d'unilingues?
M. GIROUX: Des cas d'unilingues? Oui, il peut y avoir d'autres cas.
M. BOYD: Oui, il peut y avoir des cas d'exception temporaires, mais ce
n'est pas la pratique, ce n'est pas la coutume. Oui, on me dit ici que des
unilingues il y en a plusieurs, la grande majorité est française
et bilingue. Mais des unilingues anglais, c'est une très très
rare exception, et ma politique est qu'il n'y en ait pas.
M. MORIN: Je voudrais maintenant passer à certains aspects de la
gérance du projet si vous le permettez. Pourriez-vous me dire, d'abord,
quel est le montant approximatif qui sera versé, d'ici la fin du projet,
aux diverses sociétés ou firmes-conseils et
particulièrement à Bechtel?
M. BOYD: Font partie de la gérance, l'administration, les
ingénieurs-conseils et les gens du chantier. Je l'ai déjà
dit précédemment, dans toute administration de ce genre, le
montant total de l'administration représente entre 10 p.c. et 12 p.c.
des coûts nets avant l'escalade et les intérêts. C'est le
cas qui existe partout sur les chantiers, c'est le cas qui existe chez nous.
Cela ça veut dire, tous les gens qu'on a à notre siège
social, peu importe qu'ils viennent de l'Hydro-Québec, qu'ils viennent
de Bechtel ou de Lalonde-Valois. Cela comprend tous les
ingénieurs-conseils des différents bureaux qui sont à
notre service. Cela comprend un très grand nombre de personnes. C'est
tout ce qu'il faut pour l'administration et la gérance du projet.
M. MORIN: Bien, donc vous ne pouvez que me donner un pourcentage global,
vous ne pouvez pas me donner le montant qui sera versé...
M. BOYD: C'est pour la même raison qu'on vous a donnée
hier. Hier je croyais que vous aviez accepté qu'on vous donne quel
était le mandat de Bechtel, sans vous donner les montants. Actuellement
on est en négociation avec d'autres bureaux qui vont faire partie de
l'équipe de gérance. Il semblait qu'on avait convenu hier qu'on
ne parlait pas de tarifs et de montants.
M. MORIN: Bien. Oui, encore qu'on pourrait faire une distinction entre
le contrat qui mentionne des clauses autres que celles qui nous
intéressent et que j'ai mentionnées et le montant qui
effectivement sera versé à chacune de ces sociétés.
Enfin, j'accepte l'explication que vous avez donnée hier, vous ne vous
sentez pas libre de nous donner ces montants, si je comprends bien. Je
n'insiste pas là-dessus.
Dans le cas de Bechtel, je veux cependant vous poser une question
précise. Est-ce qu'il s'agit d'un contrat à ce qu'on appelle
"cost plus", c'est-à-dire un contrat dont le montant varie selon le
coût final?
M. BOYD: Pas du tout. Le contrat est basé sur différents
facteurs, premièrement sur les heures travaillées. Alors c'est
nous qui décidons de la quantité de personnel qu'on veut avoir de
Bechtel et actuellement nous en avons entre 90 et 100. Leurs salaires sont
approuvés par nous et payés suivant les heures
travaillées, plus un pourcentage, comme on fait partout, pour
l'administration et autres frais et les profits de l'entreprise.
Dans le cas des gens de Bechtel qui sont au chantier, c'est tout
simplement le salaire et les heures travaillées plus les primes
d'éloignement, comme tous les autres qui sont au chantier, plus, si vous
permettez, les dépenses remboursables qui sont justifiées par
factures, plus un honoraire qui, lui, est fixé sur le montant de
l'estimation de base qu'on vous a déposé. C'est maintenant
fixé. Donc, que ça coûte plus cher, ça ne change pas
l'honoraire fixe. Si on emploie 125 hommes au lieu de 100, évidemment,
on va leur payer plus mais on aura utilisé leurs services.
M. MORIN: Là, j'ai déjà un tableau beaucoup plus
clair. Une autre question. Sur le nombre d'employés qui vous sont
fournis par Bechtel, pourriez-vous me dire, grosso modo, combien sont d'origine
américaine?
M. BOYD: Attendez, je vais voir. On peut l'obtenir si vous voulez, je
n'ai pas ce chiffre, mais un grand nombre sont d'origine canadienne. Canadian
Bechtel, qui est au Canada depuis très longtemps, avait
déjà, avant qu'on utilise leurs services, environ 400
employés à Montréal qui font des travaux de mine et de
pipe-line à travers le monde à partir de Montréal. De ces
400, la majorité sont des techniciens et des ingénieurs. Donc,
parmi leur personnel, il y a des Canadiens de langue française ou de
langue anglaise mais qui sont bilingues, il y a quelques Français et il
y a quelques Américains. Je vous donnerai le chiffre dès qu'on
pourra l'obtenir.
M. MORIN: Bon, ça va. Cela va pour l'instant. Je voudrais me
faire une idée plus précise
de la façon dont la gérance est organisée. Comme je
n'ai pas vu les contrats, je me permets de vous poser les questions suivantes.
Si j'ai bien compris, c'est une gérance partagée ou est-ce que
vous avez la gérance avec l'aide d'un certain nombre de
sociétés qui vous sont adjointes?
M. BOYD: La gérance est unique. M. MORIN: Bon.
M. BOYD: Si je peux vous le résumer très rapidement, il y
a le conseil d'administration où il y a trois représentants de
l'Hydro-Québec et deux représentants de la Société
de développement. C'est le conseil. En dessous du conseil, le
président de la compagnie, évidemment, fait partie du conseil et,
en même temps, est président du comité de gérance.
Le comité de gérance est composé du président, d'un
représentant de la Société de développement, d'un
représentant de Bechtel, d'un représentant de Lalonde et Valois
et du directeur de l'ingénierie, qui est de l'Hydro-Québec.
Ce comité de gérance se réunit et discute des
politiques, des grandes décisions et aide à préparer les
recommandations au président qui, lui, dans les cas nécessaires,
va au conseil d'administration. En dessous du président, il y a six
directions: la direction de l'ingénierie, la direction construction, la
direction approvisionnement, la direction administration, la direction
programmation et contrôle des coûts et la direction relations de
travail. En plus de ça, il y a un service de l'environnement qui
relève directement du comité de gérance et du
président.
On a voulu que le service de l'environnement soit indépendant des
directions pour qu'il puisse objectivement faire rapport des critiques de ce
que fait l'ingénierie, de ce que fait la construction. Et, en passant,
c'est intéressant de vous noter que notre service de l'environnement a
un budget d'environ $1 million et demi par année. Je ne crois pas qu'il
y ait d'entreprise au Canada qui ait un budget aussi important pour
l'environnement; un budget d'exploitation, pas un budget d'immobilisation.
Alors, il y a six directions. Les directeurs viennent de différentes
sources et, sous eux, il y a des chefs de service, des chefs de division comme
dans n'importe quelle administration.
Les recommandations sont préparées au niveau des
techniciens, des ingénieurs, elles sont transmises au directeur qui fait
ses recommandations au président.
Le président a une certaine autorité jusqu'à un
certain niveau; il approuve la recommandation si c'est nécessaire. Les
recommandations, de par son autorité, il les présente au conseil
d'administration, qui a au moins une réunion par semaine.
L'autorité finale est entre les mains du conseil d'administration.
M. MORIN: Bien, vous avez terminé.
M. BOYD C'est mon résumé.
M. MORIN: Merci. Voulez-vous, nous allons passer maintenant à la
politique d'achat de la Sociéteé d'énergie de la baie
James. Sur quel principe est fondée la politique d'achat de biens et
services, tant pour la SDBJ que pour la SEBJ?
M. BOYD: Je ne peux pas répondre pour la SDBJ, je n'y suis pas,
mais pour la SEBJ c'est exactement la même politique que celle suivie par
l'Hydro-Québec depuis de nombreuses années. C'est l'achat au
Québec qui est favorisé et on donne les mêmes avantages
qu'on donne à l'Hydro-Québec pour les achats au Québec. Je
vous ai indiqué dans mon rapport d'hier que pour nos achats de biens et
de services, actuellement, le pourcentage était monté
jusqu'à 82 p.c, ce qui est même un peu plus haut que ce que
rapporte l'Hydro-Québec pour ses approvisionnements. C'est
peut-être coincidence, mais c'est la façon dont on procède.
On procède toujours, ou la plupart du temps, par appels d'offres publics
pour les sommes qui dépassent $25,000 et les autres par appels
d'offres-invitations. J'ai les chiffres ici en 1974 à ce jour pour les
achats; $14.5 millions d'achats ont été faits par appels d'offres
publics et un peu moins de $4 millions par appels d'offres sur invitation. Les
contrats, en 1974, $38.5 millions par appels d'offres publics et environ $3
millions par appels d'offres-invitations. Dans le transport, $6,300,000 par
appels d'offres publics et $900,000 par appels d'offres-invitations. Donc ce
sont les mêmes politiques que suit l'Hydro-Québec depuis toujours
et les mêmes incitations à l'industrie
québécoise.
M. MORIN: Pour ce qui est de la construction des routes. On a
évoqué en Chambre à une ou deux reprises les
problèmes qui ont été crée's par des contrats ayant
été accordés à des constructeurs ontariens.
Pourriez-vous nous décrire la situation?
M. BOYD: Comme je vous dis, moi je représente la
Société d'énergie et les routes sont la
responsabilité de la Société de Développement; ce
n'est pas à moi de répondre.
M. MASSE: D'ailleurs, je pense, M. le Président...
M. GIROUX: Moi, je siège à la Société de
développement, le président est en arrière. Je peux vous
dire une chose, c'est que les politiques qui ont été suivies
depuis que je suis à la Société de développement
sont exactement les mêmes que celles de l'Hydro-Québec. Lorsque,
dans des demandes de soumissions, des entrepreneurs de l'extérieur
avaient des prix qui étaient favorables à la
Société de développement, ils ont été
favorisés. Ce qui a paru déjà dans le passé ou
toutes ces choses, ce sont des gens qui avaient fait une soumission qui
était
très bonne, mais qui malheureusement était absolument non
valable parce qu'ils avaient fait le chèque à la mauvaise
personne.
Alors, vous comprenez que ce n'est pas d'hier que je transige avec des
entrepreneurs. Ce sont des choses qui se font assez souvent. Je n'accuse
personne, mais seulement, c'est très clair, tout le monde avait
été avisé, tout le monde avait reçu des
télégrammes en conséquence demandant de faire les
chèques à la Société de développement.
Alors, c'est facile. On envoie une "offre" et on fait le chèque
à l'Hydro-Québec. On dit: Bien oui, c'est la même chose.
Mais ce n'est pas la même chose. Parce que, après ça, si le
type ne veut pas prendre le contrat, on ne peut pas encaisser le chèque.
Je pense bien que ce sont des choses qui, au point de vue légal, ne font
aucun doute. Et je crois que, dans le temps...
M. MORIN: II aurait mieux valu que ce soit l'Hydro-Québec, un
point c'est tout.
M.GIROUX: Ah! je suis d'accord. Seulement, au point de vue des demandes
de soumissions, c'est un peu différent.
M.MORIN: Bien. Alors, j'imagine que pour l'achat d'équipement, la
préférence de 10 p.c. est appliquée. Est-ce que vous ne
l'avez pas mentionné hier, M. Boyd, la mémoire me fait
défaut? Je ne suis pas sûr que vous n'ayez pas un peu
répondu à cette question, mais je vous la repose pour en avoir le
coeur net.
La préférence de 10 p.c. est donc appliquée en
faveur des fabricants québécois.
M. BOYD: J'aimerais préciser ma réponse. Je vous ai dit
que c'était la même politique qu'à l'Hydro-Québec,
et c'est exact. Ce que je veux préciser, c'est qu'à
l'Hydro-Québec, on dit souvent qu'il y a une politique de 10 p.c. Ce
n.'est pas tout à fait exact. Il y a une politique
préférentielle envers le Québec. Cela peut être plus
de 10 p.c. dans certains cas; cela peut être moins de 10 p.c. Cela
dépend de ce qu'il faut et ça dépend des circonstances.
Mais on donne...
C'est qu'on ne voudrait pas établir un chiffre de 10 p.c. qui
serait automatique et sur lequel se fieraient constamment les
sociétés québécoises pour aller chercher des
bénéfices supplémentaires. Les soumissions sont toujours
ouvertes sur la base de la soumission même. A l'Hydro-Québec,
c'est la commission qui examine les soumissions; à la
Société d'énergie, c'est le conseil. On accorde une
préférence et cela peut aller à 10 p.c. Cela peut aller,
dans certains cas, à plus de 10 p.c. en faveur d'une entreprise
québécoise.
M. GIROUX: M. Morin, je crois qu'il y a quelque chose qui aiderait
énormément et qui avait été publié,
justement, par le service de M. Dozois. Je ne sais pas si c'est la même
chose. C'est la politique d'achat. Je demanderais à M.
Dozois de faire la lecture de ce document et, s'il y a lieu, on peut
l'envoyer à tout le monde, c'est public.
M. DOZOIS: Je voulais tout simplement résumer la procédure
que nous suivons lorsque nous faisons des appels d'offres. Voici, dans ce
dépliant, ce que nous disons: "Notre politique d'achat consiste
à: premièrement, acheter les matériaux, fournitures,
équipements et services au plus bas prix possible, compte tenu des
devis, de la livraison et du service; "deuxièmement, acheter le plus
possible de manufacturiers du Québec et adjuger le plus possible de
contrats à des entreprises québécoises. A cette fin, l'on
peut accorder la préférence à une entreprise fabriquant au
Québec dans des limites raisonnables, même si sa soumission n'est
pas la plus basse. Dans le cadre de l'application de cette politique d'achat et
de ces obligations à l'endroit de ces abonnés industriels,
commerciaux et domestiques, l'approvisionnement doit tenir compte des exigences
techniques des requérants, des pratiques commerciales de l'industrie de
la construction et de la fabrication, de la livraison, du service et du prix
compétitif".
Ce que je voulais dire tout à l'heure, c'est que pour tous nos
appels d'offres, le soumissionnaire doit indiquer le pourcentage du contenu
québécois de produit qu'il offre de vous fournir.
Si, à l'ouverture des soumissions, le plus bas soumissionnaire
nous indique que son produit vient entièrement ou dans une proportion de
l'Ontario ou d'une autre province ou d'un autre pays et que le deuxième
plus bas soumissionnaire, lui, offre un produit entièrement
québécois ou d'un contenu québécois plus
élevé, nous faisons la différence. Si cette marge entre le
deuxième plus bas soumissionnaire et le plus bas soumissionnaire, pour
le produit québécois, ne dépasse pas 10 p.c, nous lui
donnons la commande. Si cela dépasse 10 p.c, dans des cas très
particuliers, nous allons accorder la commande au Québécois, mais
rarement.
Mais toujours, lorsque le produit est québécois, en
concurrence avec un produit qui n'est pas québécois, si le
coût de la différence est inférieur à 10 p.c, nous
achetons le produit québécois.
M. GIROUX: Souvent, les gens font des plaintes. C'est assez facile. Les
préférentiels sont accordés sur le contenu
québécois.
M. MORIN: Bien sûr.
M. GIROUX: Si on prend un exemple à 100 p.c, il a 10 p.c. S'il a
seulement 20 p.c. de plus que son concurrent, il n'y a plus que 2 p.c. de
différence, en principe.
M. MORIN: Oui. Autrement dit, il ne s'agit pas d'acheter d'un
Québécois des produits manufacturés à
l'étranger.
M. GIROUX: Non, non, justement.
M. MORIN: On parle de contenu québécois. On veut dire la
plus-value ajoutée ici, au Québec.
M. GIROUX: On a des gens qui font des examens du contenu
québécois. Je suis bien prêt à admettre que,
parfois, un gars peut inclure son profit dans le contenu
québécois. Pour autant qu'il le dépense dans le
Québec, c'est toujours justifiable.
M. MORIN: Bien.
M. DEZIEL: Cest pour ça qu'ils sont des
Hydro-québécois !
M. DROUIN: Oui, c'est une raison. C'est une raison.
Droits des Indiens et des Inuit
M. MORIN." Si vous voulez, on pourrait peut-être passer
très rapidement au litige avec les populations indiennes. Ce n'est
peut-être pas à vous que je devrais poser la question, mais,
puisque nous avons la chance d'avoir M. Ciaccia avec nous, c'est
peut-être au ministre qu'il faudrait poser la question.
Les Indiens ne semblent pas tellement intéressés aux
avantages purement monétaires. Ce n'est pas qu'ils s'en
désintéressent, mais cela ne semble pas être leur
première préoccupation. Nous nous demandons dans quelle mesure le
Québec ne devrait pas s'orienter vers une nouvelle proposition à
caractère peut-être plus politique et plus soucieuse des droits
des Indiens et des Esquimaux à l'égard de leur territoire.
Est-ce que le Québec entend faire une nouvelle offre aux
Indiens?
M. GIROUX: Est-ce que vous vous adressez à moi ou à M.
Ciaccia?
M. MORIN: Je me demandais s'il ne valait pas mieux, justement, poser
la...
M. GIROUX: Puisque c'est une question sub judice, je ne parlerai qu'en
présence de mon avocat. Comme M. Ciaccia est avocat, j'aime autant qu'il
réponde.
M. MORIN: Ce qui est sub judice, c'est l'étendue des droits des
Indiens. Ne sont pas sub judice les offres que le gouvernement pourrait
être appelé à leur faire.
Je vais demander au député de Mont-Royal, peut-être,
de répondre à la question mais j'aimerais bien, peut-être,
si vous avez des commentaires, les entendre.
M. GIROUX: M. Jean Boulanger, ici est, le chef du contentieux qui a
assisté et défendu la cause de l'Hydro-Québec et de la
Société d'énergie avec des avocats-conseils.
M. MORIN: Je ne suis pas inquiet. Je connais M. Boulanger depuis
suffisamment longtemps.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Mont-Royal.
M. CIACCIA: M. le Président, premièrement, je voudrais
préciser que je ne veux pas entrer dans le litige, dans les questions
juridiques parce que c'est exactement sub judice.
M. MORIN: D'accord.
M. CIACCIA: Mais je voudrais préciser un point que vous avez
mentionné. Vous avez dit que les Indiens ne sont pas tellement
intéressés à l'aspect purement économique et vous
demandez si la province, le gouvernement du Québec est prêt
à faire une autre offre. Je voudrais souligner que les propositions qui
ont été faites ne sont pas purement économiques. Il y
avait onze points dans la proposition du premier ministre, dont seulement un
touchait l'aspect économique; les autres touchaient principalement le
mode de vie, l'aspect culturel, la chasse et la pêche.
Alors, je crois qu'un peu trop de publicité a été
faite sur l'aspect financier. Nos discussions ne se rattachent pas strictement,
même du tout, principalement à l'aspect financier et cette
proposition qui a été faite au mois de novembre dernier, qui a
été rendue publique au mois de janvier, se poursuit. Le premier
ministre a dit que c'était négociable, et je ne peux pas, dans
l'intérêt des négociations de toutes les parties, les
autochtones ainsi que la province, dire exactement le stade des
négociations, où nous en sommes rendus, mais nous poursuivons nos
discussions en utilisant principalement comme base la proposition du premier
ministre, et nous discutons les diverses modalités...
M. MORIN: Je ne vous demande peut-être pas où en est chaque
point de négociation parce que je me rends compte qu'il ne faut pas
compromettre les négociations, mais pourriez-vous, du moins,
énumérer les onze points, sans dire où vous en
êtes?
M. CIACCIA: Oui je pourrais énumérer les onze points, je
n'ai pas la proposition devant moi, peut-être que s'il y en avait une
copie, je pourrais aussi donner quelques explications sur ces onze points,
donner un peu d'éclaircissements.
M. MORIN: Pendant qu'on cherche, pour ne pas perdre de temps, parce que
je voudrais bien, comme tout le monde, qu'on termine ces audiences ce soir,
est-ce que je pourrais complé-
ter ma question avec une autre, et puis on verra ce que vous pourrez
tirer des onze points.
J'imagine que le député de Mont-Royal connaît les
recommandations de la commission d'étude sur l'intégrité
du territoire québécois, qu'on appelle la commission Dorion.
Il y avait, à la commission Dorion, pas moins de 33 points
portant sur le statut des Indiens et sur le statut de leur territoire. Je me
permets de mentionner, pendant que vous trouvez vos papiers, quelques-uns de
ces 33 points qui, je pense, figurent parmi les plus importants. La formulation
d'une entente entre le gouvernement du Québec et les
représentants des bandes indiennes du Québec,
entérinée par le gouvernement canadien et qui s'appliquerait
à l'ensemble du Québec. La juridiction sur les Indiens
j'imagine qu'on veut dire la compétence et les Esquimaux,
laquelle devrait être remise au gouvernement du Québec, ainsi que
l'a proposé dans le passé un livre blanc fédéral.
Un autre point est celui-ci: Qu'au lieu de dons et de rentes à
être versées aux Indiens du Québec, soit formé un
fonds de développement amérindien. Que le système actuel
des réserves soit remplacé par la création de
municipalités amériendiennes jouissant de certaines mesures de
protection. Et j'imagine aussi d'autonomie, puisqu'on parle de
municipalités. Enfin un dernier point je prends ceux-là
parmi un certain nombre d'autres: Que les Amérindiens se voient
reconnaître un titre clair de propriété sur leurs terres,
de même que des permis spéciaux de chasse et pêche.
Maintenant, pourriez-vous peut-être, à la lumière de
la question que je viens de vous poser, nous dire quels sont les onze points,
à moins que vous vouliez vous donner le temps de préparer votre
réponse puisqu'il est presque six heures?
M. CIACCIA: Ce n'est pas pour préparer ma réponse, je
l'aurais. Cela va prendre du temps mais je peux continuer.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je pense qu'il serait peut-être
préférable, étant donné l'heure, de revenir pour
huit heures ce soir, ou vingt heures, pour pouvoir débuter de
façon certaine à vingt heures quinze.
M. MORIN: Vingt heures quinze.
M. CIACCIA: Ma réponse est assez longue sur les différents
points.
M. MORIN: Au rythme où nous allons là, M. le
Président, je pense qu'on peut avoir terminé ce soir.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, la commission suspend ses
travaux à vingt heures. Disons immédiatement qu'à vingt
heures quinze la commission va débuter.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
Reprise de la séance à 20 h 18
M. HOUDE Limoilou (président de la commission des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
Le député de Mont-Royal.
M. CIACCIA: M. le Président, avant de donner les onze points de
la proposition du premier ministre, je voudrais faire une remarque
préliminaire : je voudrais demander de maintenir la discussion sur les
onze points au niveau des principes, pour ne pas nuire aux négociations
sérieuses qui sont présentement en cours.
Alors la proposition, qui a été rendue publique le 25
janvier 1974, comprenait onze points. Je vais lire la liste de ces onze points,
et j'attirerai l'attention des membres de la commission sur quelques-uns de ces
points.
M. MORIN: Pouvez-vous donner quelques mots d'explication, M. le
député, aussi, pour chaque point, parce que la liste des points,
tout le monde l'a lue dans les journaux.
M. CIACCIA: Oui, je vais donner une explication...
M. MORIN: Très bien.
M. CIACCIA: ... et je pourrais aussi déposer à la
commission, le texte de la proposition du premier ministre. Je pourrai faire
parvenir une copie de ça au président ou au secrétaire de
la commission.
Alors 1 ) il y avait les modifications au projet; 2) il y avait des
mesures de protection de l'environnement; 3) il y avait des transferts de
terres aux Indiens et aux Inuit; 4) il y avait les garanties de chasse, de
pêche et de trappe; 5) il y avait l'établissement de programmes
socio-économiques; 6) il y avait la participation des autochtones au
gouvernement de la région; 7) il y a des exemptions fiscales; 8) on
établit des critères d'éligibilité; 9) on propose
des compensations monétaires comprenant un paiement au comptant et des
redevances; 10) on propose la création d'une société de
développement autochtone; et finalement, 11) on propose que le tout soit
englobé dans une entente tripartite entre les Indiens et les Inuit, les
gouvernements du Québec et du Canada.
Quant aux modifications au projet, il y a une liste de modifications qui
ont déjà été incorporées dans le projet qui
a été présenté par la Société
d'énergie, qui a été déposé à la
commission. Les changements proposés le 25 janvier sont
incorporés dans ce projet et la liste est contenue dans le document que
je vais déposer devant la commission.
Quant à la protection de l'environnement, le gouvernement
suggère la formation d'un comité de la protection de
l'environnement pour y inclure des représentants autochtones. Au sujet
des transferts de terres aux autochtones, mention avait été faite
dans les remarques du chef
de l'Opposition au rapport de la commission Gendron...
M. MORIN: Non, pas la commission Gendron.
M. CIACCIA: Excusez-moi. La commission...
M. MORIN: ... Dorion sur l'intégrité du territoire.
M. CIACCIA: La commission Dorion... et une référence au
livre blanc fédéral de 1969. Je voudrais souligner ici que les
Inuit et surtout les Indiens n'ont jamais accepté les propos du livre
blanc du gouvernement fédéral. Moi-même, j'avais fait des
recommandations pour ne pas appliquer les recommandations du livre blanc.
Aujourd'hui, on peut dire que les propositions du livre blanc, en 1969, sont
pratiquement lettres mortes.
Dans les propositions que nous faisons aux Indiens et aux inuit, on ne
suit pas les propositions du livre blanc parce qu'on veut faire des
propositions qui sont acceptables aux autochtones. On ne veut pas leur imposer
un régime ou des concepts qu'ils n'ont pas acceptés en 1969,
auxquels ils sont opposés et qu'ils n'acceptent pas aujourd'hui. Les
propositions qu'on fait quant aux transferts de terres aux autochtones tiennent
compte de ce principe. Elles ne suivent pas les propositions, les
recommandations, la politique fédérale dans le livre blanc, mais
envisagent plutôt des concepts que les Indiens eux-mêmes ont
demandé: la création de réserves, de transferts de terres
sur la Loi sur les Indiens.
La garantie de chasse, de pêche et de trappage est un des points,
probablement, les plus importants dans la proposition, et le but de cette
garantie et de ces propositions est le maintien du mode traditionnel de vie des
autochtones pour ceux qui veulent continuer ce mode de vie.
On a pensé très important de garantir et de donner des
garanties du mode traditionnel parce que c'est ça que les Indiens et les
Inuit demandent. On ne veut pas, dans les propositions, détruire leur
concept, détruire ce qu'ils considèrent très important
pour eux. Alors c'était le but de l'article no 4 dans la proposition de
garantie de chasse, de pêche et de trappage.
Il y avait un autre article très important aussi, la
participation des autochtones au gouvernement de la région. On nous a
reproché les autochtones nous ont reproché qu'ils
ne participent pas aux décisions prises par le gouvernement dans ces
régions. Et le but de cette suggestion, de cette recommandation est
d'impliquer, d'avoir la participation des autochtones dans les décisions
qui vont être prises par les gouvernements régionaux de ces
régions.
M. MORIN: M. le député, est-ce que vous me permettez une
question là-dessus?
M. CIACCIA; Certainement.
M. MORIN: A l'heure actuelle, il n'y a pas de gouvernement
régional, il y a la SDBJ qui fait en quelque sorte fonction de
gouvernement régional. Alors comment est-ce qu'on peut concilier ce dont
vous parlez avec la réalité présente?
M. CIACCIA: Bien, il y a des propositions, c'est un concept qui est en
discussion. Dans le bill 50, il y a l'article 38 qui permet la création
de conseils locaux, de gouvernement local. Les conseils communautaires Inuit,
par exemple, pourraient être le gouvernement local dans la région,
sous l'article 38 de la loi 50. Mais ce sont aussi des concepts qui sont en
évolution, qui sont en discussion.
Il n'y a pas de réserves fédérales dans certains de
ces endroits, et il va falloir trouver des structures qui vont prendre en
considération les réserves fédérales et la
juridiction provinciale et le gouvernement provincial de cette
région.
Les propositions que nous avons faites forment la base des discussions
que nous avons maintenant. C'est un règlement global, dans le sens que
cela comprend tous les aspects vraiment de la vie des autochtones. Cela
implique pour nous une liaison avec au moins quinze ministères. Cela
implique une participation des sociétés d'énergie et de
développement, et nous travaillons ensemble dans les discussions et les
négociations, pour arriver à des concepts, à des
suggestions et à des règlements qui seront acceptables au
gouvernement et aux autochtones.
Maintenant, quel est le but de ces propositions? On avait
mentionné auparavant que les Indiens avaient rejeté le concept,
avaient rejeté les propositions et qu'ils n'étaient pas
intéressés seulement dans un règlement d'ordre financier.
Mais vous pouvez voir par le genre de propositions, par le contenu des
propositions du premier ministre, que la question financière est
seulement un point sur onze points. Je crois que certains journaux ou certaines
personnes ont apporté plus d'attention aux $100 millions qui sont
mentionnés dans la proposition, mais dans les discussions que nous
avons, nous tenons compte que c'est seulement un des aspects. Les autres
aspects sont beaucoup plus importants parce que nous prenons, comme position,
que même avec des propositions d'ordre financier, on ne peut pas acheter
ou vendre une culture. On peut protéger un mode de vie, et les
compensations et redevances ne sont pas dans le but de régler seulement
d'un point de vue économique.
Les réclamations des autochtones et le rôle que j'ai, c'est
d'essayer de résoudre le problème qui se présente tout en
tenant compte des
besoins de la province et en tenant compte du mode de vie des
autochtones. La philosophie principale, la philosophie de base sur les
propositions qui ont été faites, c'est la protection du mode de
vie des autochtones, pour ceux qui veulent continuer ce mode de vie, et des
propositions de programmes sociaux et économiques pour permettre
à ceux qui veulent s'intégrer à notre vie
économique de le faire, mais de le faire à leur rythme, de le
faire quand ils seront prêts et de la manière qu'ils
choisiront.
Je n'ai jamais caché le mandat que j'avais auprès des
autochtones. Je n'ai pas le mandat d'essayer d'arrêter le projet de la
baie James, mais plutôt de réconcilier les différents
besoins des autochtones et les besoins de la province.
Seulement une autre remarque. On parle souvent du règlement de
l'Alaska. Beaucoup d'autochtones parlent de ce règlement. On le cite
comme un règlement plutôt exemplaire. Ce règlement de
l'Alaska se limitait strictement à un règlement de mon
point de vue pécuniaire et de terre. Il donnait des terrains aux
autochtones, il leur donnait de l'argent et c'était tout. Nous sommes
d'avis que le règlement que nous proposons va beaucoup plus loin que
ça. En plus de donner des terrains, en plus de donner des compensations
pécuniaires, il y a des propositions de protection du mode de vie et il
y a des concepts, ici, dans cette proposition, qui n'ont jamais
été énoncés par aucun gouvernement, et ce sont des
concepts et ces propositions qui forment la base des discussions que nous avons
maintenant avec les autochtones.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable chef de l'Opposition.
M. MORIN: M. le Président, l'Opposition n'est pas en
désaccord avec les efforts qui ont été entrepris par le
gouvernement et en particulier par son porte-parole pour cette question, le
député de Mont-Royal.
Effectivement si on s'en reporte à ce que les Indiens
eux-mêmes en disent, on peut se référer, pour ça, au
texte d'une déclaration du président de l'Association des Indiens
du Québec, Andrew Delisle, qui date de la fin du mois de février
1974. Il est bien clair que, pour eux, ce ne sont pas seulement des
considérations d'ordre monétaire qui comptent. Je lis deux
paragraphes qui m'ont particulièrement frappé: "Les millions
représentent une grosse somme d'argent, mais ce n'est pas notre
intérêt premier. Notre terre et nos droits ne sont pas à
vendre". Et plus loin, un paragraphe que, pour certaines raisons, je
considère comme étant sublime: "Le peuple
québécois, qui revendique sa souveraineté et ses droits,
devrait comprendre et surtout reconnaître que nous avons des droits
fondamentaux, nous les aborigènes".
Voilà, nous sommes dans une situation, M. le Président,
où les Indiens comprennent mieux que certains Québécois
où se situe l'avenir. Toutefois, ce n'est pas ce sujet que j'entends
développer ce soir. Je voudrais mentionner certains droits que
réclament spécifiquement les Indiens et les comparer,
peut-être, avec ce que vient de nous dire le député de
Mont-Royal et puis, peut-être, interroger aussi nos invités sur
leur propre attitude devant certaines de ces propositions.
Les Indiens réclament d'abord d'être établis sur
leurs propres terres et ça correspond un peu, si j'ai bien compris,
à l'une des propositions du gouvernement du Québec.
M. CIACCIA: Je ne voudrais pas vous interrompre; je voudrais seulement
poser une question. Est-ce que le chef de l'Opposition sait que, depuis
à peu près deux mois, les Indiens de la baie James se
représentent eux-mêmes? Pour fins de négociations, ils ne
sont pas représentés par l'Association des Indiens du
Québec. Quand cette déclaration a été faite,
c'était l'association qui...
M. MORIN: Qui présidait...
M. CIACCIA: ... présidait et négociait.
M. MORIN: D'accord, mais est-ce que le député de...
M. CIACCIA: Après cela, les chefs de la baie James ont
adopté une résolution à l'effet qu'ils prendraient en main
eux-mêmes leurs propres intérêts.
M MORIN: Et c'est sans doute bien fait. Mais il n'en reste pas moins
qu'à ce moment-là l'association parlait pour les Indiens et que
les objectifs qu'elle s'est fixés demeurent en gros ce que les Indiens
souhaitent.
C'est-à-dire d'abord, d'être établis sur leurs
propres terres, la mise en place d'une institution reconnue qui leur permettait
comme ils le disent eux-mêmes, de contrôler leur
évolution sociale, politique et économique; ils veulent reprendre
en main l'administration des services, ils veulent garder un certain nombre de
ressources, notamment pour ce qui est de la chasse, la pêche, la trappe;
ils veulent établir des règlements, si j'ai bien compris ils
veulent là une certaine autonomie législative; et enfin,
sixièmement, ils désirent des établissements
d'enseignement dans le nord.
Il y a certains points qui me semblent avoir rencontré une
certaine réponse dans les onze points du gouvernement
québécois. Il y a d'autres points, on pourra en reparler tout
à l'heure, sur lesquels j'ai des doutes. Je voudrais peut-être
revenir sur trois points en particulier: D'abord, le transfert des terres;
deuxièmement, la participation au gouvernement de la région;
troisièmement, la question de la Société de
développement autochtone et des programmes sociaux et
économiques.
Sur chacun de ces points, j'aimerais bien d'ailleurs avoir le point de
vue de l'Hydro-
Québec plutôt que de la SDBJ, si c'était possible,
puisque c'est l'Hydro-Québec qui comparait aujourd'hui.
Pour ce qui est du transfert des terres, la commission Dorion parlait
d'un titre clair de propriété. Les Indiens devraient se voir
reconnaître un titre clair de propriété. Et eux demandent
d'être établis sur leurs propres terres. Cela me parait être
assez voisin comme objectifs. Est-ce que c'est ça que le gouvernement
québécois entend, dans les garanties qu'il offre aux Indiens?
M. CIACCIA: Si vous me permettez, M. le Président, je pourrais
répondre à quelques-unes de ces questions.
M. MORIN: Oui, je vous les pose justement.
M. CIACCIA: Les buts que vous avez cités et que Andrew Delisle a
cités au mois de février, je crois que, si vous les examinez, ils
sont inclus généralement dans les propositions que nous avions
faites. Même quand vous parlez de règlements, il y a un article
dans notre proposition, dans la participation au gouvernement de la
région, qui reconnaît un certain gouvernement local dans la bande
indienne. Le chef et le conseil de bande pourraient avoir une certaine
autorité et si on se...
M. MORIN: C'est autre chose ça.
M. CIACCIA: Non, ce sont des règlements. Ils peuvent faire des
règlements...
M. MORIN: Oui, moi je vous parle des terres. La première question
ce sont les terres.
M. CIACCIA: Non, mais je vais en venir aux terres.
M. MORIN: Ah! je...
M. CIACCIA: Je me réfère maintenant, parce que vous les
avez mentionné, aux règlements qui voulaient dire un certain
gouvernement local. Cela peut...
M. MORIN: On va venir à ça tout à l'heure.
M. CIACCIA: Je voudrais aussi réitérer ma remarque
préliminaire qu'on s'en tienne aux concepts plutôt qu'aux
détails, parce que les négociations sont très
sérieuses. Elles sont en marche maintenant et je ne voudrais pas, dans
les détails, affecter ces négociations. Quand on se
réfère à la déclaration d'Andrew Delisle, si vous
examinez les propositions que nous avions faites, elles sont compatibles; je
crois même qu'on a couvert tous les points qu'Andrew Delisle a
mentionnés, incluant la question des règlements.
Pour la question du transfert des terres, la commission Dorion avait dit
oui: ils vont avoir leurs propres terres. Bien, dans notre proposition, nous
acceptons ce concept que les Indiens vont avoir leurs propres terres. La
proposition parle d'un nombre de 2,000 milles carrés, 1,380,000 acres de
terre pour les autochtones. Je crois que c'est dans le même concept de
terres propres aux autochtones que vous aviez mentionné dans le...
M. MORIN: Alors, donc transfert de terres, ce n'est pas loin comme
concept d'établissement sur leurs propres terres, ni de ce que la
commission Dorion appelait un titre clair de propriété.
M. CIACCIA: Non, les propositions que nous avons faites sont compatibles
avec ces concepts de titres clairs.
M. MORIN: Bien, très bien. Est-ce que je pourrais demander
maintenant, me tournant vers vous, messieurs, ce que l'Hydro-Québec a
à dire là-dessus?
M. GIROUX: Je vais demander à M. Boulanger ce qu'il a à
dire. C'est la partie légale, je crois que c'est notre défenseur
dans cette affaire.
M. BOULANGER: Je voudrais réitérer, au départ, les
remarques que M. Ciaccia a faites, tantôt, qu'il se poursuit
présentement d'intenses négociations. Je pense que beaucoup de
points qui sont en discussion, présentement, dépassent le cadre
des mandats qui sont donnés à l'Hydro-Québec ou même
à la Société d'énergie de la baie James et que ces
points relèvent véritablement du gouvernement. Je pense que dans
ce contexte, il serait très inapproprié de faire des
commentaires. Je pense que tout le monde, ici autour de la table et partout,
veut le règlement de ce problème. Je pense que la meilleure
façon d'assurer le règlement de ce problème serait de
faire confiance au représentant que le premier ministre a choisi pour
qu'il trouve la solution ou les solutions dont il vous a parlé
tantôt.
M. MORIN: J'admets ce que vous dites en ce qui concerne le régime
des terres, par exemple, mais ne vous éloignez pas trop, M. Boulanger.
Sur un ou deux points, peut-être que j'aimerais quand même à
en savoir un peu plus long sur l'attitude de l'Hydro-Québec. D'accord
pour les terres, ça relève effectivement clairement du
gouvernement québécois et de son mandataire le
député de Mont-Royal.
Prenons la seconde question, la participation au gouvernement de la
région.
Ce peut être beaucoup de choses. Il est clair que pour le chef
Delisle, ça signifie une institution reconnue administrant des services,
établissant des règlements. En somme, une institution qui me
parait avoir une certaine autonomie. Pour la commission Dorion, ce serait
des
municipalités amérindiennes. Ce sont des concepts qui me
paraissent voisins en autant qu'une municipalité a une certaine
autonomie à l'intérieur d'un cadre législatif normatif.
Bon.
Est-ce qu'il s'agit, en fait, de créer certains pouvoirs
municipaux ou de reconnaître à des conseils indiens des pouvoirs
voisins de ceux des conseils municipaux?
M. CIACCIA: Voici. Ce sont des concepts qui n'ont pas été
complètement discutés et finalisés avec les autochtones.
C'est possible que ce puisse être des concepts qui sont égaux
à des pouvoirs de municipalité, mais une chose est certaine: eux
ne demandent pas et nous n'accepterons pas le concept d'un gouvernement dans un
autre gouvernement. Il n'y aura pas de pouvoir parallèle dans ce
sens-là.
M. MORIN: Pas d'Etat dans l'Etat.
M. CIACCIA: Pas d'Etat dans l'Etat, non. Les Indiens, je ne crois pas
qu'ils aient été interprétés dans ce sens, mais au
cas où quelques-uns penseraient que c'est cequ'ilsdisent, ce ne sont pas
les demandes que les autochtones font. Les structures exactes, on ne les a pas
complétées encore. C'est assez complexe, le problème,
parce qu'on essaie de faire quelque chose qui n'a jamais été fait
dans aucune autre province. Jusqu'à maintenant, il y avait des conseils
de bande sur des réserves. Quel était le lien entre leur
gouvernement parce qu'ils ont un gouvernement local, ils ont certains
pouvoirs administratifs et même, j'irais plus loin, ils ont des pouvoirs
législatifs dans leur juridiction sur la réserve d'après
les prévisions de la Loi sur les Indiens et un gouvernement, par
exemple, régional comme la municipalité de la baie James ou bien,
même si ce n'est pas la baie James, quel est le lien entre le
gouvernement d'une réserve et une municipalité avoisinante?
Ce sont des concepts qu'il faut développer; on est à les
développer avec les autochtones. C'est une chose qui est aussi
très importante. Un des points qu'on doit éviter et qu'on a
évité, c'est de développer des concepts nous-mêmes,
sans la participation des autochtones. C'est très important. On ne peut
pas développer des concepts sans qu'on leur en parle et sans
qu'eux-mêmes participent à ce développement-là, et
c'est ça qu'on fait.
M. MORIN: Je comprends très bien, par exemple, que si eux pensent
en termes de conseil communautaire, qu'on n'arrive pas, nous, avec
l'idée d'une municipalité. Qu'on tente, en tout cas, de voir ce
qu'eux ont dans l'idée. Nous sommes d'accord avec la méthode,
ça, il n'y a pas de doute.
M. CIACCIA: Oui.
M. MORIN: Maintenant, pourriez-vous nous donner quelques détails
sur le conseil régional ou l'organisme régional? Est-ce que c'est
un organisme qui serait entièrement entre les mains des Indiens? Est-ce
qu'il aurait juridiction ou compétence sur l'ensemble du territoire?
M. CIACCIA: Ce que nous avons proposé et cela forme la base des
discussions, c'est qu'il y ait un représentant de chaque conseil de
bandes ainsi qu'un représentant de chaque conseil communautaire Inuit
élus au conseil général de la municipalité de la
baie James conformément à l'article 39 du bill 50. Alors
ça voudra dire que la municipalité de la baie James a un
gouvernement et les autochtones auront l'occasion de participer à ce
gouvernement de la municipalité.
M. MORIN: Bon.
M. CIACCIA: Cela est notre proposition, mais remarquez bien ce n'est pas
final. Je ne peux pas m'avancer plus dans d'autres concepts.
M. MORIN: Si vous pensez que vous risquez de compromettre quoi que ce
soit, vous n'êtes pas obligé de répondre,
M. CIACCIA: Non.
M. MORIN: Mais je voudrais comprendre le sens du mot participation.
Est-ce que ce conseil régional serait entièrement autochtone ou
bien si c'est un organisme auquel participeraient à la fois les gens de
la municipalité, les gens de la SDBJ, d'une part, et les autochtones,
d'autre part? Si c'est une sorte de comité conjoint ou de conseil
conjoint que vous avez à l'esprit, qui va avoir la majorité et
comment est-ce que ça va fonctionner?
M. CIACCIA: La proposition prévoit un conseil conjoint et nous
avons suggéré la participation sur une base de
représentation proportionnelle. Alors ça voudrait dire que, si la
population autochtone est de 6,000, par exemple, à la
municipalité de la baie James, et la population non autochtone, de
20,000, il y aurait dans ces proportions des représentants au conseil
municipal. Cela est la suggestion que nous avons faite.
M. MORIN: Je vais m'abstenir de commentaires, mais j'aimerais bien en
faire!
Je ne tiens pas du tout à compliquer la tâche du
député.
Est-ce que l'Hydro-Québec fait les mêmes réserves,
décline tout commentaire ou bien...?
M. BOULANGER: Je pense que, dans l'intérêt même des
négociations, il n'est pas opportun que nous fassions des commentaires.
J'en ferai cependant un. Je dois dire qu'actuellement les
sociétés, la Société de développement de la
baie James, la Société d'énergie de la baie James et
l'Hydro-Québec, participent très activement
et aident, à la pleine mesure de ce qu'elles sont capables, M.
Ciaccia dans le mandat qu'il a pour obtenir le règlement de ce
problème.
M. MORIN: Bien, bien. Une dernière question.
Elle a trait à la Société de développement
autochtone que vous avez proposée parmi vos onze points et j'y ajoute
l'établissement de programmes socio-économiques, qui est une
question connexe visiblement.
La Commission Dorion, pour sa part, parlait d'un fonds de
développement indien. Cela me paraît être des concepts assez
voisins. Est-ce que vous pourriez, M. le député, nous donner un
peu plus la pensée du gouvernement pour ce qui est de cette
société de développement?
M. CIACCIA: Oui, nous avons suggéré une
société de développement qui recevrait certains fonds, les
compensations pécuniaires seraient payées à cette
société de développement autochtone. Maintenant comprenons
bien que, quand la commission Dorion a suggéré ces fonds pour les
Indiens, elle a pris comme modèle le fonds de développement
économique indien au Canada.
C'est un fonds de $50 millions pour tous les autochtones au Canada; ils
peuvent emprunter à des conditions un peu plus avantageuses que dans les
emprunts normaux. La Société de développement autochtone,
c'est une suggestion pour faire gérer, par les Indiens, les fonds que le
gouvernement propose de payer aux autochtones.
M. MORIN: Ah! Parce que ce n'est pas distinct de la compensation qui
pourrait être versée aux autochtones.
M. CIACCIA: Pas tout à fait. Ce n'est pas nécessairement
distinct. Cette compensation, nous avons suggéré qu'elle soit
gérée par la société de développement
autochtone. Maintenant, si les Indiens ont d'autres suggestions, nous sommes
ouverts. Mais nous discutons de ça, comme base.
M. MORIN: Bon. Mais est-ce que cet organisme serait appelé
à gérer aussi bien le paiement comptant de $40 millions que les
redevances de $60 millions ou seulement les redevances?
M. CIACCIA: Non. Elle pourra gérer les deux.
M. MORIN: Les deux. M. CIACCIA: Les deux.
M. MORIN: Mais cet argent appartiendrait-il aux Indiens ou à la
Société de développement autochtone?
M. CIACCIA: La Société de développement autochtone
appartiendrait aux Indiens.
M. MORIN: Bon.
M. CIACCIA: Alors, l'argent serait géré par la
société pour les Indiens, pour eux-mêmes.
M. MORIN: Ce serait, en somme, une sorte de compensation collective. Ce
ne serait pas une compensation qui irait à chaque Indien
directement.
M. CIACCIA: Non. Nous avons laissé, dans les propositions, une
marge de décision aux autochtones, s'ils voulaient en distribuer une
certaine portion individuellement. Mais nous espérons qu'une portion
aussi sera retenue, soit par la société elle-même pour tous
les Indiens de la baie James ou bien elle peut être divisée entre
les différentes communautés afin qu'elles puissent avoir un fonds
pour l'avenir, pour développer leur communauté.
M. MORIN: Bien. Est-ce que ces deux montants de $40 millions et de $60
millions ou appelons-les X ou Y, puisqu'ils pourraient peut-être
varier l'un comptant, l'autre à partir de redevances, ont la
même source? C'est-à-dire est-ce qu'ils émanent tous les
deux du gouvernement du Québec ou si la SDBJ est appelée à
payer des redevances?
M. CIACCIA: Ce n'est pas déterminé finalement, la source
de ces différents fonds. Cela est encore à discuter.
M. MORIN: Bon. là, j'aimerais bien demander à
l'Hydro-Québec ou à la SDBJ, si elle se cache quelque part
là, derrière, quelle est son attitude.
M. GIROUX: Vis-à-vis de ce qu'on doit payer?
M. MORIN: Pas nécessairement ce que vous devez payer, mais est-ce
que vous acceptez le principe de contribuer à cette
Société de développement autochtone, par exemple par le
truchement de redevances?
M. GIROUX: M. Boyd, je pense, a déjà discuté du
problème.
M. BOYD: Cest un sujet qu'on a discuté avec M. Ciaccia, la
Société de développement et nous. On admet, à la
Société d'énergie, qu'il faudra fournir un certain
pourcentage qui n'est pas déterminé, envers les montants qui sont
mentionnés dans la proposition.
M. CIACCIA: Excusez-moi, si je peux interrompre, les propositions sont
les propositions du gouvernement du Québec. Alors, c'est le gouvernement
du Québec qui a fait ces propositions de $40 millions à $60
millions aux autochtones.
M. MORIN: Mais cela n'exclut pas une participation...
M. CIACCIA: Non, cela n'exclut pas du tout, non.
M. MORIN: Pour être plus précis, est-ce que cette
participation viendrait de la SDBJ ou de la SEBJ?
M. BOYD: Cela pourrait venir des deux.
M. CIACCIA: Cela pourrait venir des deux.
M. MORIN: Est-ce que cela pourrait venir de l'Hydro-Québec
aussi?
M. GIROUX: C'est plus difficile!
M. BOYD: D'ailleurs, la Société d'énergie
étant une filiale on peut dire à part entière
d'Hydro-Québec, du point de vue financier, je pense que celle-ci serait
intéressée directement et indirectement.
M. MORIN: C'est pour ça que je pose la question.
M. GIROUX: Je veux dire que, si la SEBJ souscrit ce qu'elle croit
justifiable de souscrire. C'est difficile de faire autrement. C'est la
même chose.
M. MORIN: Bien, un peu plus de 99 p.c.
M. GIROUX: Mais seulement, je ne vois pas pourquoi on donnerait deux
fois. Mais enfin...
M. MORIN: Bon. Pour le moment, en tout cas, j'en ai terminé de
cette question, M. le Président. Peut-être que M. le ministre
aimerait ajouter quelque chose.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A ce moment-ci, je vais passer la
parole au ministre des Richesses naturelles.
Lignes de transmission
M. MASSE: Disons que c'est dans un autre ordre d'idées,
concernant les lignes de transmission que vous aurez à construire sur
une distance assez importante, 700 ou 800 milles, je ne sais pas. Est-ce que
vous avez une politique qui tient compte des problèmes d'environnement
que pourraient causer à certains endroits ces lignes de transport
d'énergie?
M. GIROUX: En principe, on ne cause jamais de problème, M.
Massé. En principe.
M. MASSE: En principe.
M. GIROUX: II peut y en avoir.
M. MASSE: Mais disons qu'il y a peut-être certains endroits,
peut-être en Abitibi ou plus au sud, qui ont un caractère
panoramique ou autres qualités qui mériteraient peut-être
d'être préservés. Je ne sais pas, si au départ, le
tracé est déterminé maintenant?
M. DE GUISE: Nous avons établi ce que nous appelons des corridors
qui peuvent encore être modifiés. D'une manière
générale, les corridors sont assez bien déterminés,
mais ils ont une largeur de 20 milles. Alors, c'est à l'intérieur
d'un corridor et il y a encore passablement d'espace de manoeuvre.
Maintenant, il serait peut-être intéressant de vous
expliquer brièvement comment ces corridors ont été
déterminés. D'abord, HydroQuébec a confié à
une société de l'extérieur le choix d'un emplacement,
tenant compte d'une dizaine de facteurs qui ont été
suggérés. Pour en donner quelques uns, par exemple, la valeur des
terres agricoles, la valeur des terres boisées, des sites historiques ou
qu'il faut peut-être absolument éviter, etc..
M. MASSE: Panoramiques.
M. DE GUISE: Ou panoramiques, c'est la même chose. Il y a une
dizaine de ces facteurs auxquels des valeurs financières ont
été attribuées. Ce sont des valeurs que je dirais
relatives l'une par rapport à l'autre. Un inventaire très complet
de chacun des différents points impliqués a été
fait sur tout le territoire. Le tout a été passé dans un
ordinateur. La réponse nous donne un tracé qui correspond
à la ligne, si vous voulez, de moindre résistance ou de moindre
dommage économique. C'est de cette manière que les corridors ont
été fixés, du moins dans une première
étape.
Nous sommes à l'intérieur des corridors maintenant. Il
nous reste à déterminer plus précisément où
nous devons passer. C'est ce qui nous a permis, dans un document qui a
été distribué, de vous indiquer à peu près
sur une carte l'alignement général des principales lignes de
transport.
M. MASSE: A quel moment seront arrêtés d'une façon
définitive les tracés?
M. DE GUISE: Je dois dire que cela variera suivant les sections parce
que, évidemment, il y a plusieurs milles de lignes à construire.
Elles ne seront pas toutes commencées simultanément. Il y a des
tronçons où on anticipe moins de problèmes de
localisation, moins de problèmes d'environement, si on veut.
Ceux-là pourront être commencés un peu plus tard.
Dans les endroits les plus populeux ou les mieux
fréquentés ou les plus difficiles, il faudrait s'y prendre avant.
Nous avons un cheminement critique d'établi et, évidemment, pour
construire, dès que les premières centrales seront mises en
exploitation, il nous faut deux lignes complètes de la baie James
à Montréal, ce qui implique 1,320 milles de lignes à
construire
d'ici 1980, dont une partie pour 1979 pour l'Abitibi.
M. MASSE: Est-ce que votre premier tronçon n'est pas justement de
Montréal en Abiti-bi?
M. DE GUISE: C'est ça, il faut qu'il soit terminé avant
1979.
M. MASSE: Le tracé définitif de ce premier tronçon
devra être arrêté à quel moment?
M. DE GUISE: II faudrait que je regarde le document. Je pense que j'ai
un cheminement critique. L'année 1975.
M. MASSE: L'année prochaine.
M. DE GUISE: Oui, c'est bien ça l'année 1975.
M. MASSE: Etant donné que ce tronçon devra
évidemment passer dans le nord de Montréal, dans le parc... Il
n'y a pas un parc provincial, La Vérendrye?
M. DE GUISE: Que nous avons essayé d'éviter, oui, on
évite tous les parcs actuellement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le chef de l'Opposition.
M. MORIN: Puisque le ministre soulève cette question, je voudrais
m'y intéresser aussi quelques instants, M. le Président. A la
page 9 du rapport que vous consacrez au réseau de transport
d'énergie, vous entendez "choisir le corridor qui présentera le
moindre impact visuel et social, tout en respectant des limites de coût
et de sécurité du réseau électrique. Cet objectif
sera atteint, bien entendu, dites-vous, par la contribution d'experts dans
toutes les disciplines concernées, mais aussi par la communication avec
certains publics dont la contribution pourra influer sur les valeurs de
décisions". Qu'en termes élégants ces choses là
sont dites! Mais de quels publics s'agit-il, messieurs? Pourriez-vous
préciser?
M. DEGUISE: Je pourrais répondre à cette question, mais
nous avons avec nous le directeur de l'environnement à
l'Hydro-Québec, M. Galibois, et il est probablement mieux
qualifié que moi pour répondre à cette question.
Je pourrais peut-être dire au début que si on fait
référence à certains publics, c'est que, tout de
même, il y a un élément temps qui nous est imposé
pour la réalisation des ouvrages, et ça ne permet pas, à
mon opinion du moins M. Galibois pourra en dire davantage la
consultation ultime qui aurait pu être désirable. Il nous faut
commencer à un certain temps.
M. MORIN: Oui. Remarquez que je peux deviner un peu la réponse
à ma propre question. En regardant la carte, cependant, on ne peut pas
savoir si la ligne de haute tension passe au-dessus de Saint-Jovite ou de
Sainte-Adèle. Mais je sais très bien à quel public vous
allez avoir affaire si ça passe au-dessus de Sainte-Adèle.
Comme première question, est-ce que les tracés qui
apparaissent sur cette carte sont encore très approximatifs?
M. DE GUISE: Le tracé à l'intérieur, il y a un
corridor de 20 milles; imaginez que les lignes plus ou moins épaisses
que vous voyez sur le dessin représentent un corridor de 20 milles de
largeur à l'intérieur duquel nous pouvons aller d'une
extrémité à l'autre. A l'échelle de la carte...
M. MORIN: Cela ne va pas être joli, joli.
M. DE GUISE: Pour ceux qui n'aiment pas les lignes de transport, non,
évidemment. Les ingénieurs trouvent ça joli.
M. MORIN: On peut toujours imaginer que ça ressemble à la
Tour Eiffel, mais même là il y en a qui s'objecteraient..
M. GIROUX: Les opinions sont un peu partagées sur la
beauté des tours.
M. MORIN: Oui. M. Giroux doit leur trouver beaucoup d'esthétique,
j'imagine.
M. GIROUX: Je trouve ça cher.
M. MORIN: L'art a toujours été réservé
à une élite, M. Giroux.
M. GIROUX: J'ai compris ça au prix que je payais.
M. MORIN: Bien, alors, monsieur, pourriez-vous nous dire de quel public
il s'agit, d'abord? Et qu'entendez-vous par communication?
M. GALIBOIS: Les méthodes d'analyse qui ont été
mises au point, qui permettent de découper le territoire en cellules
d'un quart de kilomètre sur un quart de kilomètre, permettent
l'évaluation de chaque cellule du territoire selon ses
caractéristiques écologiques, économiques et techniques.
Les méthodes qui sont en voie d'être établies permettent
d'établir les corridors de moindre impact ou les tracés de
moindre impact selon différentes analyses. Or, on peut à ce
moment-là faire différents scénarios, différentes
analyses mais on peut aussi obtenir de la part de spécialistes leurs
vues sur les pondérations qui peuvent être apportées aux
différents facteurs.
Quand on parle de communication avec certains publics, il y a
différentes formes de communication. Dans le cas des lignes de
transport, le problème est assez complexe parce que c'est
peut-être toute la population de la province qui tirera avantage de la
présence de ces lignes alors qu'il y a un nombre beaucoup plus
restreint, beaucoup plus limité de gens qui seront embarrassés,
peut-être, par la présence des lignes. Si on parle de
communication, on parle tout d'abord d'information, peut-être
d'échange de vues, de sondage, de questionnaires qui doivent être
faits de façon à pouvoir obtenir les vues ou les
préoccupations des publics à l'égard des différents
facteurs. Certains peuvent attacher une plus grande importance au respect de la
qualité écologique des terrains alors que d'autres attachent plus
d'importance aux valeurs esthétiques et, enfin, certains autres groupes
considèrent que les questions d'utilisation du sol, de vocation agricole
du territoire doivent être plus importantes.
M. MORIN: Vous avez terminé votre réponse à cette
question? Alors, j'en ai quelques autres. Quelle va être la largeur
exacte des corridors permettant le passage des tours?
M. GALIBOIS: 290 pieds. Peut-être que M. De Guise...
M. DE GUISE: Nous aurions probablement dû spécifier
je crois que c'est mentionné dans le texte que l'estimation qu'on
vous présente est pour ce qu'on appelle des pylônes
haubanés. Au lieu d'avoir ce que l'Hydro-Québec a construit
à ce jour en grande partie, le pylône est retenu par des fils, des
haubans en fait, et tout dépend si l'on inclut dans la largeur du droit
de passage les limites de ces fils, ce qui change les dimensions.
M. MORIN: Cela fait un sacré trou dans le paysage, hein?
M. DE GUISE: C'est probablement 250 pieds par ligne ou, lorsque deux
lignes sont rapprochées, c'est 500 pieds.
M. MORIN: Bon. En arrivant, vous avez deux lignes qui franchissent la
rivière du Nord et la rivière Rouge. Je suis incapable de dire
exactement à quelle hauteur. Vous avez deux lignes, là. Est-ce
que ce sont des lignes de pylônes jumelées ça, ou d'une
seule série de pylônes?
M. DE GUISE: Si vous me permettez, à distance, la photographie
que vous examinez, je me demande si ce n'est pas la photographie de la ligne
expérimentale des Iles-de-la-Madeleine?
M. MORIN: Oui, c'est ça.
M. DE GUISE: Ah! ça, c'est complètement...
M. MORIN: Ce n'est pas ça?
M. DE GUISE: Ah! non, cela a été fait pour étudier
les lignes à 1,100,000 volts avec huit conducteurs par phase ou six
conducteurs par phase. Ce n'est absolument pas ça, c'était le
prototype d'une ligne à 1,100,000 volts.
M. MORIN: Ah bon! Alors décrivez-nous votre pylône
haubané, s'il vous plaît.
M. DE GUISE: Ce serait mieux de faire un dessin.
Si vous voulez, c'est une espèce de V dont la base est
très serrée, avec une traverse maîtresse en haut et...
M. BACON: Conventionnel, comme il en existe en masse à l'heure
actuelle.
M. DE GUISE: ... les lignes Churchill Falls par exemple, en bonne
partie.
M. MORIN: Oui, je vois, d'accord.
M. BACON: Votre ligne de 735 kV est transportée là-dessus
à l'heure actuelle.
M. DE GUISE: Pas la nôtre. La nôtre est sur des
pylônes avec quatre pattes si vous voulez, ce qu'on appelle un
pylône rigide. Il a quatre bases et une tour qui monte tandis que
l'autre, la base est étroite à peu près comme ça.
La base est très étroite, ça élargit vers le haut.
Vous avez une traverse et...
M. GIASSON: On n'a pas ce type le long du boulevard Talbot?
M. DE GUISE: Je ne crois pas, l'Hydro-Québec n'en a...
M. BACON: Sur la ligne de l'Ile-Maligne.
M. MORIN: Si je comprends bien ce sont celles qui font le moins de bruit
en tombant!
M. GIROUX: Je ne peux pas répondre, on n'a pas
l'expérience de celles-là.
M. MORIN: Pour revenir à vos lignes qui traversent la
rivière du Nord-Est, est-ce que ce sont des lignes à
pylônes uniques ou à doubles pylônes?
M. DE GUISE: Je ne sais pas à quoi se réfère votre
question exactement, mais chaque ligne porte trois circuits seulement. Il y a
une ligne par pylône en opposition à certains circuits où
nous avons six conducteurs. Nous avons deux lignes à pylônes
à 315,000 volts par exemple. Mais à 735 kV, chaque pylône
ne porte qu'un circuit de trois phrases.
M. MORIN: Oui, mais ces deux lignes en particulier, celles qui sont le
plus à l'ouest sur le territoire, est-ce que ce sont des pylônes
simples
ou des pylônes doubles? Autrement dit, est-ce que ce sont des
territoires de...
M. DE GUISE: De 500 pieds. Il y aura deux lignes et deux pylônes
côte à côte.
M. MORIN: Dans chacune de ces lignes-là?
M. DE GUISE: Dans chacun des traits épais sur le dessin.
M. MORIN: Oui je comprends c'est ça. Dans chacun des
corridors.
M. DE GUISE: Un corridor de deux lignes, c'est ce que ça veut
dire.
M. MORIN: Oh, là là! Cela va se voir.
Donc, une dernière question, puis on pourrait peut-être
quitter ce sujet. Quand vous dites que pour chacun des corridors
considérés il y aura publication d'un rapport d'impact sur
l'environnement, etc., combien de temps, avant la décision finale, la
publication aura-t-elle lieu?
M. GIROUX: C'est assez difficile, M. Morin, de s'engager à ce
stade-ci. Autrefois on publiait les rapports après, mais disons qu'on va
voir à ce que ce soit publié assez tôt; c'est
complètement une nouvelle mode ces choses pour l'Hydro-Québec.
Soyez assurés que nous avons développé le
département de l'environnement pour voir à coopérer dans
ce domaine qui n'était absolument pas couvert par
l'Hydro-Québec.
M. MORIN: Oui, je comprends.
M. DE GUISE: On voudrait que les rapports soient prêts dès
la phase de planification des projets.
M. MORIN: Je comprends. Ce que j'aimerais savoir, étant
donné le genre de trou que ça va faire dans le décor,
c'est combien de temps les gens vont avoir pour se retourner puis
éventuellement pour faire des représentations.
M. DE GUISE: M. le Président, il y a une chose certaine d'avance,
c'est qu'à chaque fois qu'on approche quelqu'un pour passer une ligne
sur son territoire il nous suggère d'aller chez le voisin.
M. BACON: Comme un poteau, dans le résidentiel.
M. DE GUISE: Oui. Chaque fois qu'on veut poser un poteau devant une
résidence, une entrée de garage...
M. BACON: II devrait être toujours plus beau chez le voisin.
M. DE GUISE: ... nous avons toujours la suggestion que ce serait
beaucoup plus simple d'aller à côté.
M. MORIN: Je tiens ça pour acquis, ce sont les difficultés
habituelles de l'expropriation, ce n'est pas seulement pour les lignes que
ça joue.
M. GIROUX: M. Morin, il y a une loi d'expropriation mais on me dit qu'il
y a une nouvelle loi qui s'en vient sur l'environnement. Cette loi-là va
certainement couvrir des normes que nous devrons suivre.
M. MORIN: Oui, je le veux bien, mais pourriez-vous me dire quand
même, quand vous nous dites qu'il y aura publication d'un rapport
d'impact, vous pensez bien à un certain délai; de quel ordre est
ce délai? Est-ce que c'est une journée, est-ce que c'est un peu
comme les rapports que vous nous avez déposés là au
début des séances?
M. GIROUX: Il y aura amélioration. Il y aura
amélioration.
M. MORIN: Non, mais encore.
M. GIROUX: Je comprends, mais hier vous nous avez simplement
demandé deux jours sur les rapports. Je crois sincèrement que
toutes ces choses sont nouvelles.
Les lois qui doivent être faites sur l'environnement seront
suivies par l'Hydro-Québec, vous pouvez en être assurés. Le
problème, c'est assez difficile de le savoir, mais, à ce
moment-là, je crois que tous les membres du Parlement auront amplement
le temps de voir à ce que cette loi contienne les normes
nécessaires. Si c'est trop long ou impossible à respecter, ce
sera le rôle de l'Hydro-Québec de venir s'opposer.
M. MORIN: Je voudrais être bien sûr, M. le président
de l'Hydro-Québec, que la loi sur l'environnement va s'occuper aussi
bien des aspects esthétiques que des aspects purement
écologiques. Je n'en suis pas si sûr.
M. GIROUX: Disons que l'Hydro-Québec a développé ce
service de l'environnement. Je crois que M. Galibois peut exposer que nous
travaillons conjointement, chaque fois que nous sommes invités à
le faire, avec le service de l'environnement du Dr Goldbloom. Nous avons fait
des suggestions jusqu'à maintenant. Quelle sera la loi? C'est difficile
pour moi de me prononcer. On dit toujours que nous sommes le gouvernement, mais
c'est faux. Vous le voyez, là.
M. MORIN: Oui, mais justement parce qu'il n'existe pas de normes,
j'aurais cru, à vous lire, que vous aviez un certain délai de
publication.
M. GIROUX: Si le gouvernement n'établit pas de normes ou si la
loi ne couvre pas ces choses-là, l'Hydro-Québec verra à
établir des normes raisonnables.
M. MORIN: Oui, je vois que cet entretien a assez duré.
M. GIROUX: Nous avons un chef de l'Opposition extrêmement
compréhensif.
M. MORIN: Eh bien, à moins que le ministre n'ait quelque chose
à ajouter, on pourrait passer à autre chose.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Trois-Rivières.
Régime de retraite
M. BACON: Est-ce que vous avez terminé? On peut attaquer un autre
sujet? Bon.
M. le Président, je pense que je ne ferai pas de surprise
à nos invités, aux commissaires de l'Hydro-Québec en
attaquant le problème du régime de retraite. En fait, pour le
bénéfice des membres de la commission, même si je suis
intervenu dans les deux dernières comparutions de l'Hydro-Québec,
j'aimerais quand même exposer, en résumé, la situation qui
se présente vis-à-vis du régime de retraite, sur un
problème qui a commencé au moment de la nationalisation.
Les compagnies qui ont été nationalisées
possédaient des régimes de retraite qui plus ça va,
plus on en voit l'écart, d'ailleurs étaient
différents du régime de retraite que les employés de
l'Hydro-Québec avaient à ce moment-là. Semble-t-il,
depuis, il y a des améliorations qui ont été
apportées, surtout dans le cas d'employés déjà
retraités, mais il reste qu'au moment où cette commission
siège l'employé, qui est dans une compagnie nationalisée,
qui est quand même, depuis près de onze ans, un employé de
l'Hydro-Québec, a, au moment de sa mise à la retraite, une
différence, dans certains cas, assez importante, vis-à-vis d'un
employé de l'Hydro-Québec pour le même nombre
d'années de services.
Il y a quelques questions que j'aimerais poser avant, peut-être,
d'entrer dans le vif de mon sujet. C'est certaines précisions que
j'aimerais qu'on apporte. Au moment de la nationalisation des compagnies
d'électricité, est-ce que je pourrais savoir si
l'Hydro-Québec aurait versé ou aurait contribué d'une
façon quelconque à bonifier le plan de pension des directeurs des
compagnies nationalisées? Je parle surtout de Shawinigan, de Southern,
de Quebec Power.
M. GIROUX: Je crois que je peux vous répondre tout de suite. Si
cette chose-là a été faite, elle a été faite
par les directeurs eux-mêmes avant la nationalisation. C'est la
procé- dure un peu normale. Quand on est pour être
nationalisé, on bonifie certaines choses.
M. BACON: Est-ce qu'on peut soupçonner que cela aurait
été fait?
M. GIROUX: Je n'y étais pas et je ne crois pas qu'on puisse
soupçonner de mauvaise foi. Je ne sais pas du tout.
Simplement, ce que je veux dire, c'est que si certaines compagnies, au
moment d'être nationalisées, avaient donné à leurs
employés des bénéfices différents des nôtres,
à ce moment, je suis convaincu d'une chose: c'est que si les compagnies
n'avaient pas été nationalisées, ces mêmes
employés seraient dans une position très inférieure
à la position qu'ils ont actuellement.
M. BACON: M. Giroux, vous m'avez mentionné ça l'an
dernier. C'est quand même un peu aléatoire. On peut supposer,
selon l'affirmation que...
M. GIROUX: Non, je prends simplement la façon dont ces gens ont
traité leurs employés pendant 25 ans.
M. BACON: Juste une seconde, M. Giroux. On peut quand même
supposer, dans l'évolution des compagnies si elles restent telles
quelles qu'à un moment ou l'autre, il y ait une
réorganisation complète ou en profondeur du régime de
retraite, comme on peut aussi bien supposer, comme vous le dites, qu'il n'y en
ait pas eu du tout. On peut supposer les deux. On parlait d'hypothèses
hier, on peut faire ces deux hypothèses.
M. GIROUX: Absolument, ce sont deux hypothèses. Seulement, j'aime
beaucoup être pratique et prendre surtout l'hypothèse des
dossiers. Les dossiers ne sont pas favorables au point de vue de fonds de
pension. L'argument des compagnies qui existaient à ce moment est que
leurs salaires étaient supérieurs à ceux de
l'Hydro-Québec.
Maintenant, vous savez, ce point est tel qu'il faut toujours penser
à certaines choses que mes confrères expliqueront, soit ce qui a
été fait pour améliorer la situation de gens qui, par
exemple, recevaient $125 de pension par an et qu'on a montés à
$1,200 par an, ce qui a coûté des millions à
l'Hydro-Québec. Dans ce domaine, naturellement, nous avons simplement
dit ce matin que nous ferions une demande de 10 p.c. d'augmentation des tarifs,
et cela a provoqué un tollé. Il ne faut pas oublier que chaque
sou que vous nous demandez de donner, il n'y a qu'un moyen d'aller le
récupérer, c'est par les tarifs. Alors, gentiment, je dis ceci au
gouvernement: Si, au moment où vous avez nationalisé, ce qui
n'est pas la faute de l'Hydro-Québec j'étais favorable
à la nationalisation, j'étais un de ceux qui l'encourageaient, je
ne nie pas ce geste vous croyez par
hasard que vous avez commis une injustice envers ces gens, il serait
assez simple pour le gouvernement de nous verser $18 millions par
année...
M. MORIN: Combien?
M. GIROUX: $18 millions par année, plus ce qu'on leur donne, $20
millions par année. On déposerait ça au fonds de retraite
et, à ce moment, on donnerait à tout le monde, ou on augmenterait
les tarifs du même montant. Tout ça se reflète dans les
tarifs. Mais je crois qu'avant qu'on demande au gouvernement d'augmenter ce
montant ou que les membres du gouvernement décident de le demander au
ministre des Finances pour commencer je ne connais pas tellement le
rouage avant que ces choses se fassent, je crois que la commission
devrait être renseignée sur ce qu'on a fait pour les personnes
déjà retraitées. Je crois que c'est une chose où
nous sommes allés, à mon humble avis, au maximum de souscription
de la part de l'Hydro-Québec à même ses revenus, ... parce
qu'à chaque fois qu'on fait ces choses, c'est toujours le public qui
paie le dommage.
Le problème est très très avancé.
Actuellement, nous avons des problèmes qui, à mon sens, sont
beaucoup plus urgents au point de vue humanitaire pour les gens qui ont encore
de basses pensions parmi ceux qui sont pensionnés, parce qu'on n'a pu
les relever tous à des niveaux permettant de les sortir de la
pauvreté. Je crois qu'il est plus urgent, dans un moment d'inflation
extrême comme celui que nous vivons, d'aider ces gens par des montants
forfaitaires. Ce qui, dans l'ensemble, est le voeu de la commission, si on peut
le faire selon nos revenus.
Mais, avant ça, il nous faut aussi prendre soin de nos gens qui
sont actifs et qui doivent payer des prix beaucoup plus élevés
pour se nourir. Et eux, on en a besoin pour monter dans les poteaux. Alors, au
point de vue du bon sens, nos gens, qui sont actifs, ont droit, pour les
rendements qu'ils nous donnent actuellement, à un boni de vie
chère. Remarquez bien, je ne suis pas celui qui acceptera qu'on change
les conventions collectives. C'est un contrat, on doit le respecter. Par
contre, je ne veux pas que nos employés soient lésés.
Alors, il faut absolument avoir des mécanismes, qui sont en
négociation. On a énormément confiance en nos gens des
syndicats, chez nous, qui négocient ces choses très
serrées. Seulement, le problème va se régler au moment
où le problème des bonis de vie chère... Parce qu'il faut
venir en aide à nos gens qui doivent subir une inflation du coût
de la vie. Malheureusement, je dois dire ces choses. Il paraît qu'il y a
une campagne électorale, mais cela ne me regarde pas dans ce
sens-là. Je constate les faits. Les gens se plaignent de ce que cela
leur coûte actuellement.
Alors, je crois que c'est le devoir de la commission de se pencher sur
le problème de nos employés actifs. Le deuxième
problème sur lequel la commission doit se pencher, c'est sur le
problème des pensionnés qui ne sont pas sortis du niveau de
pauvreté. C'est un autre gros problème. Ces deux problèmes
vont demander extrêmement d'argent, à même nos budgets. Ces
montants devront être reflétés dans nos revenus.
M. MORIN: M. le Président, à l'Hydro-Québec,
qu'est-ce que vous appelez le niveau de pauvreté?
M. GIROUX: On avait calculé, à ce moment-là, autour
de $3,000.
M. MORIN: $3,000?
M. GIROUX: Oui.
M. MORIN: Les chiffres fédéraux...
M. GIROUX: L'inflation...
M. MORIN: ... indiquent plus que ça.
M. GIROUX: Je n'ai pas vérifié les derniers chiffres
d'inflation. Cela semblerait plus facile de montrer, n'est-ce pas, ce qu'est le
niveau de pauvreté que de penser du côté de
l'inflation.
M. MORIN: Oui.
M. GIROUX: Maintenant, je ne suis pas en campagne électorale.
M. MORIN: Oui. Mais le régime a été bonifié
si le député de Trois-Rivières me permet de poser
deux ou trois questions en 1970, et est entré en vigueur le 1er
janvier 1972. N'est-ce pas? Je crois que c'est M. Dozois qui l'a
expliqué.
M. GIROUX: Maintenant, là, je laisserais la parole à M.
Dozois et à M. Gauvreau qui sont nos deux membres commissaires...
M. MORIN: Bon.
M. GIROUX: ... qui ont regardé tout ce problème, qui nous
ont fait les recommandations...
M. MORIN: Oui.
M. GIROUX: ... sur ce qu'on a fait jusqu'à présent.
M. MORIN: Ce sont surtout des questions que je veux poser pour bien
comprendre la nature du problème. Supposons deux employés, qui
ont fourni la même période de service, dans un cas à
l'ancienne Hydro-Québec et, dans l'autre, aux sociétés
nationalisées, qui
auraient été mis tous les deux à la retraite en
1974, qui auraient tous les deux 35 ans de service, dont le salaire moyen
aurait été de $10,000 au moment de leur mise à la
retraite. S'il vient de l'ancienne Hydro-Québec, ce retraité
toucherait $7,200, tandis que s'il vient d'une société, d'une
compagnie nationalisée, il toucherait $5,250. C'est un écart qui
demeure important. Il y a quelques années, $10,000 c'était un
salaire, somme toute, raisonnable...
M. GIROUX: Je crois que, du même coup, vous devriez lui demander
aussi qu'il vous donne ce qu'il aurait reçu si on n'avait pas
amélioré son sort.
M. MORIN: Bien, cela, je le sais parce que le rapport me dit que, avant
la bonification du régime, il aurait touché, j'entends dans
l'hypothèse où il venait d'une société
nationalisée, $3,842.50
M. GIROUX: Alors, c'est déjà une bonification.
M. MORIN: D'accord.
M. GIROUX: Si on marche en pourcentage, ce qui est beaucoup plus haut
que tous les niveaux de coûts de vie qu'on a actuellement.
M. MORIN: D'accord. Maintenant, je vois deux problèmes. Le
premier, c'est qu'avec $5,250. votre retraité d'une
société nationalisée, qui gagnait $10,000 au moment
où il a été mis à la retraite, n'est pas loin
d'être sous le seuil de la pauvreté, d'après la
définition qu'en donne le gouvernement fédéral, en tout
cas. Donc, vous allez être pris avec beaucoup de monde pauvre avant
longtemps, j'ai l'impression.
Deuxièmement, cela soulève l'autre question qui est celle
de l'indexation des pensions au coût de la vie. Mais ça, j'avoue
que c'est peut-être une question distincte et qu'on peut peut-être,
pour l'instant, la mettre de côté.
SI j'ai bien compris le député de Trois-Rivières,
il suggère que le régime soit le même pour tout le monde et
vous nous dites que cela prend $18 millions par an.
M. GIROUX: Je crois que les chiffres peuvent être fournis.
M. DOZOIS: Peut-être qu'il serait intéressant, M. le
Président, qu'on distribue ici un document que nous avons fait
préparer depuis notre arrivée à Québec. Ce document
part de différents documents de travail que nous avons utilisés
pour étudier toute cette question.
Ce n'est pas nécessairement un document complet, mais je pense
qu'il contient sûrement des choses qui sauront vous intéresser. Au
tout début, vous avez l'historique de nos fonds de pension, des fonds de
retraite des différentes companies, de même que celui de l'Hydro,
les avantages de chacun des fonds, la situation financière, le nombre
d'employés participants et de retraités, les revenus à la
retraite, le régime de retraite de l'Hydro-Québec, la situation
du régime par rapprot à l'entreprise privée et sa fonction
publique, les coûts d'exploitation et un tableau qui montre
également tous les fonds de pension que nous avons, les
bénéfices qui sont donnés pour chacun des fonds de pension
des filiales et de l'Hydro-Québec et également une comparaison,
parce qu'on établit dans ce document que nous avons un des meilleurs
fonds de pension et un des plus généreux qui existent dans la
province de Québec. Notre fonds de pension est dépassé
uniquement par la ville de Québec et la ville de Montréal, et
légèrement.
M. BACON: On n'a jamais mis ça en doute, M. Dozois.
M. DOZOIS: Oui.
M. BACON: C'est justement votre problème.
M. MASSICOTTE: M. le Président, combien est-ce qu'on aurait,
actuellement, d'employés dits nationalisés qui seraient sur ce
plan?
M.MORIN: 5,700.
M. DOZOIS: C'est à peu près moitié
moitié.
M. MORIN: 5,700 nationalisés et 5,500 de l'ancienne Hydro.
M. MASSICOTTE: C'était en 1963, cela. M. MORIN: Oui, c'est
vrai.
M. DOZOIS: Dans quel document? Dans le document qu'on vient de vous
remettre, M. Morin?
UNE VOIX: Non, non.
M. MORIN: Non, cela ne vient pas de votre document.
M. MASSICOTTE: Alors, ce serait actuellement, M. le Président,
moitié moitié, environ.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Trois-Rivières.
M. BACON: M. Dozois, est-ce qu'en 1965 l'Hydro n'aurait pas fait faire
une étude actuarielle, justement, parce qu'elle était consciente
du problme que posaient les fonds de pension? Est-ce qu'il n'y aurait pas eu
une étude faite en 1965?
M. DOZOIS: Oui.
M. BACON: Quelles ont été les recommandations de la
société d'actuaires ou quelles ont été les
hypothèses on parle d'hypothèses ou les suggestions
faites?
M. DOZOIS: Tous les fonds de pension, sauf celui de la Compagnie de
pouvoir du Bas-Saint-Laurent, sont déficitaires. Il y a un
déficit actuariel initial qui a été
déterminé au 31 décembre 1965 et Hydro-Québec
et je ne faisais pas partie d'Hydro-Québec à cette
époque a décidé, à compter du 1er janvier
1966, de mettre tout le monde sur le même pied, donnant à tous les
gens qui nous venaient des filiales leur assurance qu'ils avaient gagnée
comme fonds de pension dans la compagnie d'où ils venaient.
Cela, c'était acquis. On n'a rien retranché. On a
respecté, en somme, les contrats qui étaient établis. Mais
Hydro-Québec a dit: A compter du 1er janvier 1966, tous les
employés, indépendamment de leurs états de services
antérieurs, vous gagnez à l'avenir, à
l'Hydro-Québec, tous le même fonds de pension, c'est-à-dire
2 1/4 p.c. par année, multiplié par le nombre d'années de
services à compter du 1er janvier 1966. Ce fonds de pension
d'Hydro-Québec, celui d'Hydro-Québec même, avait un
déficit actuariel je cite de mémoire de $33
millions.
M. BACON: C'est ça.
M. DOZOIS: Les actuaires, à l'époque, étaient
d'avis que la contribution de 5 p.c. pour les employés et de 9 p.c. pour
l'Hydro-Québec était suffisante pour prendre soin du
déficit actuariel initial, de même que des déficits
actuariels courants qui pourraient se développer pour les services
courants.
Or, en vertu de la Loi des régimes supplémentaires de
rentes, nous sommes obligés de faire faire une évaluation
actuarielle tous les trois ans. Une nouvelle étude actuarielle a
été faite en 1968 et, là, il y a eu un nouveau
déficit pour les services courants.
Une nouvelle étude actuarielle au 31 décembre 1971 a
révélé encore un autre déficit actuariel. A ce
moment, après 1968, l'Hydro-Québec, sur le conseil des actuaires,
avait cru prudent de faire une réserve pour faire face au déficit
actuariel initial qui nécessitait un montant annuel de $2,107,000. Elle
a fait une réserve, elle ne l'a pas versée immédiatement
parce qu'on attendait l'évaluation de 1971.
Or, après avoir fait cette évaluation, devant les
résultats de l'étude actuarielle de 1971 qui
révélait un autre déficit de l'ordre de $5 millions pour
les services courants, l'Hydro-Québec a décidé, parce
qu'en vertu de la loi nous garantissons les bénéfices du fonds de
pension, de verser effectivement les montants qui étaient
accumulés depuis trois ans de $2,107,000 et, jusqu'à 1995, de
verser effectivement à chaque année les $2,107,000. Ainsi, l'an
dernier, nous avons versé au total $8,426,000, et cela
représentera, sur cette période, un déboursé total
de $54 millions. C'est l'Hydro-Québec qui fait ce
déboursé.
Vous êtes peut-être intéressé de savoir
comment sont employés ces $25 millions, en somme. Cela fait un total de
$17 millions, plus $8 millions qui au total ont été versés
au fonds de retraite l'an dernier. Cela comprend les $8 millions
spéciaux.
Il y a, pour services courants, $13,364,000; $8,426,000 sont
appliqués au déficit initial. Amortissement du déficit
courant, $430,000 au 31 décembre 1968; amortissement du déficit
courant, $1,940,000 au 31 décembre 1971; intérêt sur
déficit initial des régimes des filiales, $37,000; amortissement
du déficit courant des filiales, $81,000 pour 1968; amortissement du
déficit courant des filiales, $360,000; et un excédent est
appliqué pour les futurs déficits courants de $841,000, pour un
total de $25,479,000.
Je dois vous faire remarquer, en plus, que l'Hydro-Québec absorbe
tous les frais d'administration. Vous allez peut-être me dire que c'est
parfaitement naturel qu'il en soit ainsi, mais j'ai lu récemment des
rapports annuels de fonds de pension qui sont administrés et ça
représentait des sommes assez considérables parce qu'il y a
perception des contributions sur chaque chèque de paie qui doivent
être enregistrées, accumulées, etc. Les frais de placement.
En se basant sur les frais assumés par d'autres fonds de pension qui eux
paient leurs frais d'administration, soit en se basant sur le nombre de
pensionnés, soit sur le nombre de personnes qui contribuent ou sur le
montant de l'actif, nous ça représenterait une dépense
annuelle de $750,000. Dans le document qu'on vous a distribué, vous avez
cette note. Vous avez également le tableau des placements, de même
que les revenus de placement qui sont, en l'occurence, très
élevés si on les compare avec n'importe quel autre fonds de
pension, et tout ça pour assurer les pensions prévues à
nos règlements.
Mais, l'Hydro-Québec est consciente qu'il y a un problème,
on ne se le cache pas. Il y en a un pour ceux qui ont obtenu des pensions il y
a 4, 5, 7, 8 ou 10 ans, qui ont été corrigées en 1972.
Nous avons bonifié toutes les pensions de moins de $6,000, nous avons
bonifié les pensions de tous ceux qui ont pris leur pension qui nous
venaient des filiales, depuis le 1er janvier 1966. Nous avons accordé
des bonifications qui ont, dans certains cas, doublé les pensions de ces
personnes. Mais, même à ça, on s'est dit: II y a un
problème. Est-ce qu'on pourrait, effectivement, combler, soit par
l'indexation ou soit en mettant tout le monde sur le même niveau?
Et en faisant différentes études elles ne sont pas
encore complètes parce que ça représente des sommes
astronomiques on constate qu'on est devant des déficits
actuariels qui peuvent varier entre $125 millions et $180 millions, qui
nécessiteraient de la part de
l'Hydro-Québec des déboursés annuels parce que ce
sont des déficits actuariels qu'il faudrait assumer immédiatement
et, en vertu de la loi, il faudrait les amortir. Cela représenterait des
déboursés annuels qui pourraient varier, selon les formules qu'on
pourrait adopter, entre $12 millions et $18 millions par année.
Alors, c'est un pensez-y bien; on continue à travailler,
peut-être qu'il y aura d'autres solutions, peut-être partielles ou
peut-être meilleur marché. Lea actuaires continuent à nous
aviser là-dessus. Mais ce n'est pas simple, c'est très
compliqué, c'est très onéreux. Et comme le
président le disait tout à l'heure, l'argent nous vient d'une
seule source; jusqu'à présent ce sont les sommes versées
par nos abonnés et...
M. MASSICOTTE: M. le Président...
M. DOZOIS: ...notre opinion ça fait une augmentation de tarifs
assez considérable.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre des Richesses
naturelles.
M. MASSE: M. le Président, évidemment depuis quelques
annés l'Hydro-Québec a fait des efforts pour, entre autres,
rajuster les pensions des personnes déjà pensionnés, pour
élever le minimum, comme on a dit, des pensions en bas de $6,000. Mais
les gens qui travaillent maintenant à l'Hydro-Québec, qui
viennent des compagnies qui ont été nationalisées nous
disent: En 1962, 1963, on a nationalisé les biens de nos compagnies, on
a acheté tout cela, mais nous, en tant que possesseurs d'un fonds de
pension, on nous a oubliés. Est-ce que c'est vraiment le problème
de fond de toute cette question que lorsqu'on a négocié avec ces
entreprises, c'est un point qu'on aurait négligé dans la
négociation?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Giroux.
M. GIROUX: Je pense bien qu'il faut reconnaître une chose, qu'au
moment de la nationalisation, 1'Hydro-Québec a accepté toutes les
charges qui étaient attachées à ces compagnies. Nous avons
payé les dettes obligataires, nous avons rempli toutes les conditions de
fonds de pension et toutes les conditions d'engagement. Autrement, si on ne
l'avait pas fait, si on avait lésé ces gens en annulant leur
fonds de pension ou en le diminuant, là on pourrait dire qu'on a
lésé ces gens-là. Mais ces gens, on les a laissés
exactement comme ils étaient. Pour vous donner un éclaircissement
sur ces choses, c'est peut-être un vieux nationalisé, qui a subi
la première nationalisation en 1944, qui pourrait vous expliquer quelle
était la mentalité des gens qui étaient à
l'Hydro-Québec à ce moment-là contre les compagnies qui
sont entrées. M. De Guise était là à ce
moment-là et c'est très intéressant de penser qu'à
un moment donné ça éclaire drôlement le point de
vue.
M. MASSE: Mais est-ce que... je m'excuse.
M. GIROUX: M. De Guise pourrait vous donner ça.
M. MASSE: Lorsqu'on a nationalisé ces entreprises privées,
si on avait prévu, à ce moment-là, le même
régime, est-ce que ça aurait été possible de
prévoir le même régime de pension pour les entreprises
nationalisées que pour les employés de l'Hydro-Québec.
M. GIROUX: Absolument. Quand on le regarde comme il faut. Actuellement,
disons qu'on va en chiffres ronds, pour ne pas exagérer les choses. Si
automatiquement le comité dit: Nous sommes prêts à
recommander à la Chambre de vous accorder 2.5 p.c. d'augmentation de
tarif, à part les besoins que vous avez pour remplir ces
engagements-là, on va le faire. Cela représente exactement ce
dont on a besoin.
M. MASSE: Oui, M. Giroux, j'ai l'impression que justement, au moment de
la nationalisation, c'est un point qui n'a pas été soulevé
au gouvernement.
UNE VOIX: Si vous permettez...
M. GIROUX: II n'a pas été soulevé, mais tous les
montants ont été acceptés.
M. BACON: En supplémentaire à ça, M. Giroux, il
reste que quand même, profondément moi j'ai
été nationalisé, j'étais avec la Shawinigan Water
& Power à ce moment-là.
Je sais comment ça s'est passé, puis quelle était
l'atmosphère à ce moment-là. Je vous comprends, vous
héritez d'un problème. En fait, je pense qu'il y a quand
même eu des erreurs au départ. Il y a peut-être des
aménagements qui auraient dû être faits et cela aurait pu
être compris dans tous les millions de la nationalisation.
Il reste quand même, M. Giroux, que vous faites deux
catégories d'employés. Cela fait onze ans que les gars sont sur
le perron. Ils ne sont pas encore entrés dans la cabane.
M. GIROUX: Vous savez, c'est facile de prendre ça comme
ça. ...
M. BACON: Voyez-vous ça!
M. GIROUX: ... une chose de côté. Seulement il y a un
point. Là, vous faites une admission qui revient à ce que je vous
disais tantôt. Si le gouvernement a fait des erreurs en
nationalisant...
M. BACON: On ne vous accuse pas.
M. GIROUX: Non, non, l'Hydro-Québec...
M. BACON: Jamais on ne ferait ça. Vous ne vous sentez pas
accusé de...
M. GIROUX: Absolument pas. Si le gouvernement n'a pas
réglé ces cas et qu'il ne veut pas les régler... Si le
gouvernement veut s'engager à donner les 2 1/2 p.c. ou 3 p.c.
d'augmentation établis par des actuaires, et qui vont être
payés par la masse québécoise, écoutez, ce n'est
pas moi qui vais m'opposer à ce que des gens reçoivent plus de
revenus. Absolument pas. Mais je dois vous dire qu'actuellement, je me vois
absolument dans l'impossiblité de recommander aux membres de la
commission je ne suis pas le seul qu'une chose soit faite comme
ça, sans que le public le sache. C'est le contraire. Actuellement, je
suis obligé de déclarer... Toute la journée, sur les
demandes qu'on faisait, n'est-ce pas, on a posé la question: C'est en
vertu de quoi?
Alors, on a essayé de l'expliquer au meilleur de notre
connaissance: C'est pour couvrir notre crédit, alors ça, c'est un
minimum de 10 p.c. Si cette commission est prête à recommander au
ministre des Finances je ne sais pas comment ça marche, au
gouvernement si vous recommandez qu'il y ait une augmentation de 3 p.c.
des tarifs, ou de 2 1/2 p.c. selon ce qui sera établi par les actuaires,
et que ce problème soit réglé, messieurs, je suis des plus
enchanté. Et même, si c'est ça, disons que je vous remercie
à l'avance.
J'ai peur que ce ne soit pas ça et j'ai peur, n'est-ce pas, que
le public qui n'est pas responsable de cette chose, n'aime pas tellement
à payer cette augmentation de tarifs, Je ne sais même pas trop si,
pour une augmentation parfaitement justifiée, je vais avoir tant de
félicitations que ça.
M. MASSE: Oui, mais justement, M. le Président, c'est que selon
la méthode que vous suggérez actuellement, évidemment, le
fardeau reviendrait au gouvernement. Le sens de ma question tout à
l'heure et j'aimerais recevoir une réponse précise
c'est que lorsqu'on a nationalisé, on a acheté évidemment
les équipements, l'actif, le passif tout ça, mais on a
peut-être oublié que les employés qui travaillaient pour
ces entreprises privées venaient maintenant dans l'entreprise de
l'Hydro-Québec et y venaient avec un statut qui était
différent de celui des employés de l'Hydro-Québec, alors
qu'on allait...
M. GIROUX: Ils ont été intégrés en 1966. Et
depuis 1966 ce sont des employés de l'Hydro-Québec.
M. MASSE: Non, non...
M. GIROUX: Ils ont exactement le même privilège que les
gens qu'on a engagés en 1966. Là-dessus, je pense qu'il serait
intéressant qu'on écoute ceux qui étaient là; moi,
je n'y étais pas. Je m'oppose, n'est-ce pas, à distribuer
l'argent du public sans que le public sache. Je voudrais bien qu'on comprenne
que je n'ai aucune objection à inclure dans la demande de tarifs
standards, pour la durée de l'amortissement, un montant établi
par des actuaires indépendants et qui va arriver entre 2 1/2 p.c. et 3
p.c, pour régler le fonds de pension.
Maintenant, si le reste des moyens est pris, on ne dît pas la
vérité au public, ce qui est contraire à la
mentalité d'Hydro-Québec. Je n'ai pas d'objection... Remarquez
bien, il y a un choix d'un côté, et il y en a un autre de l'autre
côté, mais je crois qu'il serait intéressant
d'écouter M. De Guise, qui était là avant 1944, et M.
Gauvreau, qui y était au moment de la nationalisation.
M. MASSICOTTE: M. le Président, j'aimerais poser une question
auparavant. Lorsque vous dites, par exemple, que c'est au gouvernement à
régler ça, je pense bien qu'avant 1965 il y avait quand
même des compagnies où les employés payaient 4 p.c. de leur
salaire pour le fonds de pension tandis que l'Hydro-Québec payait
simplement 3 p.c, et là vous allez accuser un déficit actuariel
d'environ $33 millions. Par contre, vous n'avez pas demandé au
gouvernement, en 1965, d'augmenter de 3 p.c. à 5 p.c. la
déduction sur le salaire des employés pour justement compenser
ces choses-là.
M. GIROUX: Attendez l'explication qui existait dans le temps. Il faut
connaître comment... Là, vous voyez un côté, le type
qui fait la plainte.
M. MASSICOTTE: Non, mais on fait des demandes parce qu'on sait que c'est
à vous autres de décider.
M. GIROUX: C'est à nous de décider; naturellement, je vous
dis, avant de décider une chose, qu'il faut toujours qu'on demande la
permission de payer. N'est-ce pas? Si cette commission ne s'engage pas à
recommander au gouvernement une augmentation de tarif, comment voulez-vous que
je paie? Ce sont des montants un peu gros pour payer à même ma
poche.
M. MASSICOTTE: C'est vrai, M. le Président, mais les gens se
demandent si, justement, des employés ça vaut plus que du
matériel. On parle de milliards depuis deux ou trois jours et puis, pour
des employés qui veulent être satisfaits, des employés qui
veulent être considérés à part entière, on
lésine sur quelques millions par année.
M. GIROUX: Je ne lésine pas, au contraire. Je ne lésine
pas. Je dis au gouvernement: Tout ce que vous avez à faire,
autorisez-nous à donner une augmentation de tarif de tant. Ecoutez, qui
voulez-vous qui paie ces choses-là, si ce n'est pas la population du
Québec, que ce soit le ministre des Finances ou la trésorerie de
l'Hydro-Québec? Je comprends difficilement
que ce soit un gars de l'Ontario qui souscrive. Je crois que c'est un
problème où on veut jouer sur des mots, la part entière,
ceci et cela.
Je suis bien conscient, je peux m'asseoir des heures à
écouter les arguments de nos employés. J'admets toutes ces
choses-là. Je vous demande, avant, d'être au courant de la
mentalité existante à ce moment-là pour comparer la
différence entre les compagnies comme la Sha-winigan et
l'Hydro-Québec.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. De Guise.
M. DE GUISE: Au début, je ne voudrais pas donner l'impression,
moi aussi, que j'essaie d'empêcher un relèvement des pensions
au-dessus d'un minimum, d'un seuil de pauvreté ou autrement. J'aimerais
attirer votre attention sur peut-être un précédent
dangereux de vouloir uniformiser rétroactivement des pensions. Tous les
employés à un moment donné, surtout au début, en
1944 par exemple, qui s'attachaient à une société
considéraient le salaire, le fonds de pension, qui était assez
différent, et un certain nombre de bénéfices
marginaux.
Si, pour des raisons valables, on tente d'aller uniformiser
rétroactivement le fonds de pension, qu'est-ce qui empêcherait un
employé d'une autre compagnie de dire, par exemple: Moi, je suis
demeuré au service de telle compagnie? Mon salaire était bas mais
mon fonds de pension était haut. J'étais satisfait. A
côté, il y avait un salaire élevé et un fonds de
pension bas. Si on remonte les fonds de pension au même niveau, qu'est-ce
qui empêcherait ou justifierait un employé, qui avait un salaire
inférieur, de dire: Remettez mon salaire sur le même plan que
celui qui a fait ajuster sa pension?
Un exemple concret: Les employés du gouvernement provincial qui
sont passés, comme moi et d'autres, du service du gouvernement au
service des compagnies nationalisées en 1944. Il est évident que
les salaires, au gouvernement, étaient bien inférieurs à
ceux des compagnies. Evidemment, on nous disait: Attendez, votre salaire est
bas mais vous avez un bon fonds de pension, vous allez rattraper les autres
avec le temps. Mais si ceux qui avaient un bon salaire et un mauvais fonds de
pension, on les met sur le même pied que les fonds de pension du
gouvernement ou des compagnies qui avaient de faibles salaires, ceux qui
avaient de faibles salaires vont dire: Remettez-nous sur le même pied que
les autres, maintenant. Cela pourrait être une demande.
M. GIROUX: Alors, c'est ce que j'ai expliqué par un
employé à part entière. Il a la part entière du
salaire qu'il n'a pas eu; est-ce que je vais entrer là-dedans?
M. BACON: M. le Président, vous parliez de 1944 mais, en 1946, le
gouvernement n'a-t-il pas adopté une loi pour permettre aux
employés de Beauharnois Light Heat and Power peut-être de
Montreal Light Heat de racheter et d'améliorer leur situation
vis-à-vis de leur fonds de retraite? M. De Guise.
M. DE GUISE: II y a eu des améliorations mais...
M. BACON: Non, mais une loi qui aurait été adoptée
par le Parlement? Oui?
M. DE GUISE: Oui, c'est exact mais ils ont payé pour.
M. GIROUX: II y a eu amélioration et ils ont payé
pour.
M. DE GUISE: Ils ont payé pour. M. BACON: Bien! M. le
Président...
M. GIROUX: II ne faut pas oublier que l'amélioration qu'ils ont
eue entre ce que les compagnies leur donnaient et le 1.5 p.c, les
employés qui étaient avec des compagnies nationalisées
n'ont rien souscrit.
M. BACON: Pour qu'on se comprenne comme il faut, M. le Président,
là, vous arrivez avec une tempête de chiffres. Je n'ai pas besoin
de vous faire des à-croire, à un moment donné, je ne peux
pas plus vous suivre. Attendez un peu.
M. GIROUX: II n'y a pas de tempête, il fait beau.
M. GIASSON: Tout le monde est d'accord, c'est de trouver des sources
pour payer.
M. BACON: Quand même c'est ça que j'ai
demandé tantôt dans vos hypothèses ou dans vos
recommandations ou dans toutes ces choses c'est ça que j'aimerais
entendre, à un moment donné y a-t-il des formules, y
a-t-il quelque chose? Cela peut être une contribution, ça peut
être une permission pour l'employé de racheter des années.
Je ne pense pas que les employés bouderaient nécessairement ce
système. Il peut y avoir d'autre chose, au lieu que, tout simplement, le
gouvernement prenne de l'argent et le donne à l'Hydro-Québec.
M. GIROUX: Si les employés veulent racheter leurs années
de services pour se retrouver exactement comme les autres, on va favoriser
seulement deux ou trois employés dans toute l'organisation qui ont le
moyen de payer tous les arrérages. Maintenant, je crois que M.
Dozois...
M. DOZOIS: Je voulais ajouter ceci, M. le Président. Tout
à l'heure, M. Massé, le ministre des Richesses naturelles,
disait: Si, lors de la nationalisation, vous aviez été saisis de
ce
problème et que vous aviez réalisé l'ampleur du
problème, vous auriez mis peut-être tout le monde sur le
même pied. Il ne faut pas s'imaginer que cela n'aurait rien
coûté, cependant. L'évaluation actuarielle qui a
été faite en 1965, au lieu de révéler un
déficit de $33 millions, aurait probablement révélé
un déficit, je ne sais pas, de $80, $90 ou $100 millions. Les $2,107,000
par année que nous avons assumés et qui se traduiront par un
déboursé de $54 millions en 1995, ça sera peut-être
un déboursé annuel de $6, $7, $8 millions. Je ne le sais pas,
l'évaluation actuarielle n'a pas été faite. Si on avait
intégré tous ces employés en les mettant sur le même
pied rétroactivement, parce qu'un employé d'une
coopérative qui travaillait depuis 25 ans pour une coopérative et
qui n'avait jamais eu de fonds de pension...
M. BACON: Ils n'en avaient pas de fonds de pension dans une
coopérative. C'est bien sûr qu'ils étaient en
arrière en maudit.
M. DOZOIS: Oui, mais en mettant tout le monde sur le même pied, il
aurait fallu leur donner les mêmes avantages. Le cas que je voulais citer
en exemple, précisément, c'est que, lorsque des gens veulent
instituer un fonds de pension dans une compagnie où cela n'existe pas,
à ma connaissance, la procédure qu'on suit toujours, c'est que la
compagnie paie rétroactivement les services passés, les services
antérieurs, mais se limite à cinq ans. Quand une compagnie
crée un fonds de pension pour des employés qui n'en avaient pas,
vous avez dans cette même compagnie un nombre important d'employés
qui ont 15 ans, 20 ans, 25 ans de services et qui recevront leur pension cinq
ans ou dix ans plus tard. Ces gens auront gagné une très petite
pension, parce que la compagnie n'aurait pas pu assumer tous les services
antérieurs de cet employé, pas plus que l'employé, si la
compagnie voulait le faire contribuer, aurait eu les moyens de verser des
milliers de dollars en rétroactivité. Quand on touche à
ces fonds de pension et qu'on veut reculer en arrière, c'est sûr
qu'on fait face à des dépenses astronomiques.
C'était le cas qui se présentait, parce qu'il y a plus de
la moitié des employés de l'Hydro-Québec qui nous viennent
des filiales. Les études que nous avons faites, je l'ai dit tout
à l'heure, ça dépendra des formules qu'on pourra adopter;
peut-être qu'on trouvera des formules à meilleur marché.
Mais assurément, pour mettre tous les gens sur le même pied et
donner d'indexation qui est peut-être une chose très importante
pour les gens qui reçoivent de petites pensions, ce sont des
déboursés très considérables. La loi actuellement
nous oblige à amortir les déficits actuariels et la contribution
actuelle n'est pas suffisante.
Maintenant, une chose que j'aurais pu citer tout à l'heure, c'est
que la bonification, les relèvements de pension que nous avons ac-
cordés le 1er janvier 1972 représentent... Nous n'avons pas voulu
inclure ça dans le fonds de pension, parce que cela aurait
augmenté encore notre déficit actuariel. Nous avons
préféré l'assumer. Comme c'est une dépense qui va
se terminer, d'après nos actuaires, dans 25 ans, nous avons dit que nous
l'imputerions à nos budgets annuels. Cette année, c'est une
dépense de $1,800,000.
Quand on touche à ça, ce sont des millions qui sont
impliqués.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): M. Gauvreau.
M. GAUVREAU: J'abonde dans le sens de tous mes collègues et de
tout ce qui est dit. Je suis très content qu'on insiste sur les
coûts, parce qu'on oublie que les coûts sont extrêmement
importants. Par ailleurs, il y a deux questions qui ont été
posées auxquelles, peut-être, nous n'avons pas encore
répondu, et je suis en mesure d'y répondre.
D'abord, M. le député de Trois-Rivières pose une
question. Il dit: Quel est le rapport? Il fait allusion à un rapport de
1965, où des recommandations nous auraient été faites. Je
veux préciser de quoi il s'agit.
Ces recommandations, sont reproduites dans un mémoire qui nous a
été soumis cet hiver.
M. BACON: Ah ça, j'aurais pu vous dire ça, par exemple. Je
n'ai pas voulu vous cacher ça.
M. GAUVREAU: Bon. Alors, il est tiré...
M. BACON: En tout cas, ils sont mes électeurs, je les
rencontre...
M. GAUVREAU: Oui, oui.
M. BACON: Je rencontre différentes catégories de
personnes.
M. GAUVREAU: Alors, il n'est pas tiré du rapport actuariel de
1965 mais il est tiré d'une étude qui a été faite
concurremment, à peu près en même temps, par la firme
Castonguay, Lemay & Associés, qui a été chargée
d'étudier ce problème de la diversité des quatorze fonds
de pension que nous avions devant nous dans les sociétés que nous
avons intégrées.
Alors, la recommandation de M. Lemay, si vous trouvez ce paragraphe, ce
n'était pas la recommandation de donner la même chose à
tout le monde. C'étaient des hypothèses. On lui a demandé:
Qu'est-ce que nous devons faire? Le rapport disait: Telles choses peuvent
être faites, mettre tout le monde sur le même pied, ou faire telle
chose, ou faire telle chose, ou faire telle chose. Et, à chaque
solution, il y avait des coûts d'attachés.
Je reviens ici au document qui vous est remis. Je ferai des commentaires
sur le climat actuel et peut-être sur ce qui est susceptible de
se produire et quelles sont nos préoccupations prioritaires.
Le document est un historique qui, je crois, va éclairer les
membres de la commission qui s'intéressent à ça. A la page
5, vous avez un énoncé de la mise en vigueur du nouveau plan de
pension de l'Hydro-Québec en 1966, un plan qui a été
amélioré à ce moment-là avec augmentation des
contributions et aussi augmentation des crédits annuels. A ce
moment-là, ce plan, comme le dit le rapport, cette amélioration a
profité beaucoup plus aux nationalisés qu'aux gens de
l'Hydro-Québec.
Je l'ai déjà dit ici à la commission parlementaire,
à ce moment-là, je crois que, en général, tout le
monde a reconnu que l'Hydro-Québec avait respecté les engagements
et les obligations que le gouvernement lui avait imposés,
respecté les droits acquis. Des études très approfondies
ont été faites sur la signification juridique de cette expression
et sur sa portée économique.
Nous avons fait tous les efforts possibles pour que les employés
des compagnies nationalisées conservent tous les crédits qu'ils
avaient accumulés dans leurs fonds de pension passés. En
modifiant les règlements de différents fonds de pension dont nous
sommes devenus les administrateurs et en apportant des amendements, nous nous
sommes assurés, comme des fonds de pension étaient, à un
moment donné, bloqués, arrêtaient de fonctionner, que ces
employés n'étaient pas pénalisés.
Par la suite, nous avons considéré que le fonds de pension
de l'Hydro-Québec, qui donnait un crédit à l'avenir,
à partir de 1966, de 2.25 p.c. par année de service
accumulée sur les cinq dernières années de travail
à l'Hydro-Québec ce qui est une espèce
d'indexation, qui suit le courant de l'inflation permettrait à
ces employés d'accumuler assez rapidement des crédits
considérables qui compenseraient pour la différence, la faiblesse
des crédits qu'ils avaient.
Et les crédits, qui, aujourd'hui, sont considérés
comme très faibles, je vous dirai qu'à ce moment-là ils
n'étaient pas considérés comme faibles. Surtout, dans les
deux compagnies, Shawinigan et Quebec Power, où la base, je ne dis pas
le pourcentage, était le salaire de carrière ou la moyenne des
crédits accumulés pendant une année. La très grande
inflation et l'augmentation de salaire que nous avons connues au cours des
douze dernières années, ont fait que ces crédits sont
devenus assez faibles.
Certains de ces employés comparant les crédits qu'ils ont
accumulés pendant leurs années antérieures à ceux
que l'Hydro-Québec peut avoir accumulés; ce n'est pas tant le
pourcentage que la base.
Maintenant, comme M. Giroux a dit, nous avons hérité de
ces fonds de pension, de quelques-uns. D'autres étaient assurés,
nous ne pouvions pas les modifier.
M. le ministre des Richesses naturelles dit: Est-ce qu'ils ont
été mis de côté, est-ce qu'ils sont sur le perron?
Ils n'ont pas été mis sur le perron, ils n'ont pas
été mis de côté.
On a insisté pour leur donner exactement le même statut
dans tous les autres domaines, évidemment. Cela allait de soi.
Evidemment, ce n'était pas une faveur. Mais on a fait des efforts.
D'ailleurs, il y avait à ce moment-là une très grande
différence de salaires. Nous étions une entreprise très
peu syndicalisée. Les salaires régionaux étaient
différents. Graduellement, nous avons évolué vers un
salaire provincial.
Nous avons accordé les mêmes avantages sociaux. En parlant
des avantages sociaux, M. Dozois a dit tout à l'heure que notre fonds de
pension était l'un des meilleurs de toutes les compagnies du Canada,
sauf la ville de Québec et la ville de Montréal. Je dirais
même que si on étudie les autres avantages sociaux
accumulés à cela, le fonds de pension, chez nous, comporte aussi
les bénéfices à la veuve, l'assurance-vie, le
régime de sécurité-salaire...
M. BACON: ... le contraire de ça.
M. GAUVREAU: ... je dis qu'il n'y a pas une société
peut-être dans tout le Canada qui offre un carnet d'avantages sociaux
aussi généreux que l'Hydro-Québec actuellement.
M. BACON: Bien d'accord.
M. GAUVREAU: Ceci étant dit, vous allez me dire, oui, mais vous
ne faites rien pour faire disparaître l'inégalité. Eh bien
justement, le document vous le dit. Après la nationalisation, en 1966,
on vous l'a déjà dit: Nous avons réglé ce
problème d'une façon que nous croyons équitable et qui a
paru à la plupart équitable.
Vers les années 1967-1968, on s'est aperçu que certaines
retraites étaient faibles. Nous avons mis sur pied un comité de
sécurité sociale qui a fait rapport à la commission en
1971 et, dès 1972, nous avons appliqué des réformes, que
M. Dozois a décrites d'ailleurs l'an dernier. Trois réformes, en
fait, une réforme à trois volets, si vous voulez: on a
relevé le minimum, ensuite on a accordé une formule de garantie
de 1.5 à tout le monde, et on a appliqué une autre formule de
relèvement de pension basée sur les années de service
depuis la date de mise à la pension.
Vous savez, quand on améliore des retraites, on va toujours en
arrière. C'est comme ça que cela se fait, ici, au gouvernement du
Québec, à plusieurs reprises. On dit: Ceux qui sont partis depuis
30 ans, on va améliorer de 25, ceux depuis 20 ans, d'un peu moins.
Alors, c'est la réforme que nous avons faite en 1972.
Maintenant, le climat actuel. Le temps passe et se fait court mais
j'aimerais vous dire ce que je pense du climat actuel. On dit que
l'Hydro-Québec se trame les pieds en matière de fonds de pension,
qu'elle laisse dormir les dossiers sur les tablettes...
M. BACON: Qui vous a dit ça?
M. GAUVREAU: Cela a été écrit. Je crois que les
actions que nous avons prises, le temps que nous y avons mis prouvent que
justement, au contraire, nous nous sommes préoccupés du sort de
nos employés d'où qu'ils viennent: coopératives,
compagnies privées, sociétés Sha-winigan, Southern,
Northern. Nous nous sommes souciés de tout le monde et, encore
aujourd'hui, nous recevons toutes sortes de revendications. Cela, je tiens
à le dire. J'ai déjà été dans une
région. Certains employés se groupent en associations, d'autres
prennent des avocats, d'autres nous écrivent des lettres. Des
retraités nous écrivent des lettres. Ils sont isolés, ils
sont moins puissants. Je dirais que cela ne provoque pas chez nous une
réaction négative. En fait c'est normal, surtout en temps
d'inflation, que les retraités surtout, les gens dont le pouvoir d'achat
est érodé si rapidement, fassent des propositions, fassent des
représentations.
Ces représentations ne sont pas mises au panier. Elles sont
toutes classés dans les dossiers, elles sont étudiées,
elles sont confiées à nos actuaires et à notre groupe de
sécurité sociale.
Vous aviez raison, monsieur, de dire que nous pouvons continuer
d'améliorer de toutes sortes de manières. J'ai ici devant moi un
tableau qui est tiré d'un rapport que nous avons à
Hydro-Québec et qui indique une dizaine de formules pour
améliorer les retraites. Si je signale cela, c'est parce que, parfois,
il faut faire un mélange de deux formules: Un plancher pour les
retraites trop basses et un plafond. Vous savez, les gens diffèrent
beaucoup d'opinion quant à la façon de traiter ce
problème. Il y en a qui disent : Si vous faites un relèvement,
écoutez, c'est la même chose pour tout le monde. Un pourcentage
égal du haut en bas. D'autres disent: Cela n'a aucun sens. Ce sont
surtout les pauvres. D'autres disent: Ils ne faudrait pas limiter cela, parler
de plafond.
Il y a toutes sortes de formules, ce qui fait que, depuis 1972
cela ne fait pas tellement longtemps, 1972, on est en 1974 s'il n'y a
pas eu d'autres réformes, c'est parce qu'elles sont encore très
récentes. Nous ne pensons pas que nous avons suffisamment de recul.
Vous savez, le régime des rentes, la Loi des régimes
supplémentaires de rentes exige une réétude du fonds de
pension tous les trois ans, au point de vue actuariel.
Je pense que ça prend au moins un recul de trois ans pour voir si
les réformes que nous avons faites sont valables ou pas. Donc, j'estime
que nous ne sommes pas en retard. Les réformes que nous avons faites en
1972 je vous l'ai dit, M. Bacon ont avantagé plus de
nationalisés que de non nationalisés.
Maintenant, il n'y a rien qui nous empêche de regarder à
nouveau ces formules et de les retravailler. Il y aura des coûts à
ça. Je conclus en disant que, dans l'ordre des priorités, nous
avons, actuellement, face au problème de l'inflation, des revendications
d'ajustement salarial en dehors des conventions collectives qui vont
coûter quelque chose. Nous avons les retraités qui, eux, n'ont pas
d'augmentation de salaire chaque année; ils ont une retraite qui est
fixe, il n'y a pas d'indexation.
Alors, je pense que le sort des nationalisés est beaucoup moins
triste et moins tragique qu'on veut le décrire. Ils ont profité
des améliorations en 1965, ils en ont profité en 1972. Si nous en
faisons d'autres qui s'adressent à tous les retraités, je crois
qu'ils en profiteront encore.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Lotbinière.
M. MASSICOTTE: M. le Président, je pense que cela, c'est beau.
Réellement, vous avez la parole facile, c'est déjà quelque
chose. Enfin, vous avez mentionné qu'il y avait de très grandes
différences de salaires, c'est un fait. Cela veut dire que, pour
certaines personnes qui étaient moins payées, la nationalisation,
ce fut un bien, tandis que, pour d'autres, ce fut peut-être une
période dormante. Parce qu'il y en a dont l'augmentation de salaire a
été moins forte et ce fut à leurs dépens.
Cela peut être un peu la même chose aussi pour le
régime de pension. Il y a certaines compagnies, soit dit en passant, qui
étaient quand même assez bien, si elles avaient continué
à être administrées comme telles, qu'est-ce qui dit
qu'elles ne seraient pas au même diapason qu'Hydro-Québec
actuellement? Ces compagnies ont été nationalisées. C'est
un point. Je suis d'accord avec vous: quand on joue avec des chiffres, on sait
qu'à la fin de l'année, il faut arriver avec un montant et il
faut que ça balance. Mais il y a quand même une chose, c'est que,
quand on achète une entreprise, on achète aussi bien les
qualités que les défauts.
Alors, les qualités, vous avez eu des bons hommes à des
endroits, vous avez eu des nouilles à d'autres. Je pense que, dans les
programmes, c'est la même chose. Ce qui est encourageant actuellement,
c'est qu'au moins vous êtes ouverts à réétudier ces
cas pour essayer de considérer vos employés tous sur un
même pied. Je pense que c'est très important parce qu'enfin, si
vous avez un groupe d'à peu près 50 p.c. d'empoyés qui,
pour une raison ou pour une autre, ne sont pas satisfaits entièrement,
vous ne pouvez pas obtenir le maximum de rendement, tel qu'attendu.
M. GAUVREAU: J'ai dit que nous sommes ouverts à
réétudier le relèvement des pensions devant le
problème de l'inflation et qu'il est possible que ces relèvements
ou ces ajustements que nous ferons avantagent également et permettent
à ceux qui ont des pensions plus faibles, les nationalisés, de
faire du rattrapage. Mais je n'ai rien dit qui contredise ce que M. Giroux a
dit, soit que nous n'avons pas l'inten-
tion, que nous n'avons pas, en tout cas, à la commission
envisagé actuellement de faire une démarche spéciale pour
les nationalisés, outre les choses que nous ferons pour tout le monde.
Maintenant, M. Giroux a fait une proposition au gouvernement et je l'endosse
à 100 p.c.
M. GIROUX: Je pense bien que ce qu'il faut penser, c'est ceci: Quand on
verse des bonis de vie chère aux pensionnés actuels, ceux qui
sont des compagnies nationalisées en bénéficient. Il y en
a plus que les autres. Dans ces compagnies, il ne faut pas oublier qu'il y en a
qui n'en auraient pas du tout, de fonds de pension.
UNE VOIX: C'est vrai, ça.
M. GIROUX: II y a un point, c'est qu'actuellement la demande
spéciale que les employés de ces compagnies nationalisées
font pour avoir la partie de parité avec les autres, on croit que c'est
en dehors de nos budgets normaux. Je crois même que nous allons beaucoup
au-delà de nos budgets d'avoir fait ce qu'on a fait, parce que c'est
contre le fonctionnement normal.
Seulement, je crois que, actuellement, dès qu'on a
réglé la question de nos bonis de vie chère à nos
gens, il faut penser à donner un boni à nos gens qui sont
actuellement des pensionnés. Et eux, je crois que réellement
c'est un cas urgent, et c'est un cas où tout le monde est d'accord qu'il
faut qu'on fasse quelque chose. Et même si, dans ce cas-là, on n'a
pas les moyens de le faire, on va le faire. Alors l'autre partie,
malheureusement, c'est une question qui représente l'équivalent
de 2.5 de nos revenus. Mon Dieu, je n'ai pas d'objection à le regarder
aussi mais, à ce moment-là, il faudra que le gouvernement
comprenne et que les membres de cette commission, s'ils veulent ça, se
fassent les défenseurs des augmentations de tarifs de
l'Hydro-Québec. Pour cette partie-là; le reste on le
défendra tout seuls.
M. MORIN: Pour cette partie-là.
M. MASSICOTTE: M. Giroux, par exemple, comme président, vous vous
devez aussi de défendre vos employés.
M. BACON: M. le Président... M. GIROUX: Pardon?
M. MASSICOTTE: Je pense aussi que, comme président, vous vous
devez de défendre vos employés.
M. GIROUX: Je défends nos employés parce que je crois bien
que si on prenait chaque cas en particulier, un par un, leurs avantages
sociaux, ce qu'ils ont reçu, et toutes ces choses, et si on regarde un
peu en arrière ce que ces compagnies ont fait, il me semble que durant
les 30, 35 ans qu'elles ont existé, elles auraient eu le temps de donner
quelque chose. Vous aviez une compagnie, par exemple, sans la mentionner
dans le coin de Rimouski qui n'a jamais souscrit. Alors, ces
gens-là, j'ai de forts doutes qu'ils auraient eu les largesses que les
gens demandent aujourd'hui.
M. BACON : Là, je ne veux pas m'embarquer là-dedans, mais
si on regarde l'époque et ces choses-là, il reste que les fonds
de pension n'étaient pas conversation courante il y a 35, 40 ans, quand
même pas au même degré qu'aujourd'hui. Et à part de
ça, pour vous dire une chose, M. Giroux, ces compagnies se
bâtissaient et les employés, en fait, travaillaient aussi à
les bâtir. Si vous avez des gars qui montent dans des poteaux
aujourd'hui, c'est parce qu'il y en a qui en ont déjà
planté aussi, il faut vous dire cela.
M. GIROUX: J'admets tout cela.
M. BACON: Bon, bien. Non, non mais...
M. GIROUX: L'Hydro-Québec...
M. BACON: ... vous savez, comme vous dites...
M. GIROUX: ... n'a rien inventé. M. BACON: Non, non...
M. GIROUX: Seulement, est-ce que vous pouvez prouver que ces gens sont
mal traités?
M. BACON: Ah! non, non.
M. GIROUX: Moi je vous dis qu'ils sont 50 p.c...
M. BACON: Je ne vous dis pas ça.
M. GIROUX: ... mieux traités que s'ils étaient
restés avec les compagnies. Et c'est ma conviction.
M. BACON: Je vais terminer là-dessus, M. le Président. Je
m'excuse si j'ai donné l'impression de laisser planer le doute que les
employés nationalisés étaient mal traités. Je le
reconnais avec vous. Comme vous l'avez mentionné, dans certains cas, je
ne peux pas aller discuter cela avec l'Hydro-Ontario, c'est avec
l'Hydro-Québec que j'en discute.
M. GIROUX: Ecoutez...
M. BACON: Excusez, M. le président, je ne vous accuse pas. On
essaie de vider la question parce qu'on rencontre ces gens-là et on en
discute avec eux et je veux être capable de bien leur répondre
quand je vais les rencontrer. Je sais pertinemment, M. le Président, que
les employés de l'Hydro-Québec ont des avantages
sociaux et un fonds de pension extraordinaires; c'est même le
problème qu'on discute, à un moment donné, et qui cause un
problème vis-à-vis des autres employés. Je n'accuse pas
les gens de la commission, et je souligne leur disponibilité à
mon endroit quand j'ai eu des questions à leur poser là-dessus,
mais il faut que je pose des questions à quelqu'un, pas à
l'Hydro-Ontario.
M. GIROUX: Ecoutez, je ne discute pas ce fait-là du tout.
Peut-être que des fois j'augmente...
M. BACON: Quand vous parlez d'assurance-vie et ces choses-là, je
suis au courant que les employés nationalisés en ont
bénéficié largement et grandement.
M. GIROUX: Des fois peut-être que mon timbre de voix augmente,
voyez-vous. Seulement il y a une chose que je veux bien qu'on comprenne, ce
n'est pas le fait que la commission est contre ces choses-là; imaginez
si ce serait simple pour nous, demain, de distribuer $5,000 à chaque
employé et dire: Bon, vous allez prendre un coup. On sort de la
commission parlementaire, tout est réglé et puis après
ça, aux employés, voici, voici, voilà. Ecoutez, ce serait
trop simple. Bon. L'autre point que l'ex-employé de la Shawinigan me
dit:
Oui, c'est bien beau, mais imaginez si c'était vous, M. Giroux,
vous gueuleriez deux fois plus fort. J'ai répondu: Tu as raison. Mais
ça ne veut pas dire que j'aurais raison.
J'ai terminé, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le chef de l'Opposition.
M. MORIN: Au cours de l'entretien qui vient d'avoir lieu, on a fait
allusion à quelques reprises à la possibilité de boni ou
d'améliorer le sort des pensionnés. Ce n'est pas clair dans mon
esprit s'il s'agissait d'une véritable indexation des pensions au
coût de la vie. Vous n'ignorez pas, messieurs, que le gouvernement a
indexé les prestations du régime des rentes. Il a accordé
une certaine indexation des prestations du régime de pension, dans le
cas de ses propres anciens employés et comme, dans votre cas, il s'agit
d'une entreprise publique, sans doute serait-on en droit de s'attendre à
un comportement similaire de la part de l'Hydro-Québec.
M. GIROUX: Encore une fois, tout est reporté dans les tarifs. Je
devrai solliciter, n'est-ce pas, votre recommandation si ça se produit
dans ce sens-là. Il y a une chose que nous disons actuellement au sujet
de l'indexation au coût de la vie que je ne discuterai pas avec votre
commission ce soir, parce que je tiens à respecter les gens qui
négocient ces choses chez nous où le système de
négociation, Dieu merci, se fait est encore à une table
très ouverte à l'Hydro-Québec. Alors, je tiens à le
garder comme tel.
Le point c'est que dès que ce problème sera
réglé, il faudra penser à nos pensionnés. Notre
actuaire nous dit : Si vous pensez à ça et si vous indexez, vous
prenez un montant qui doit être plus gros que ce que vous pouvez prendre
à même vos budgets. Alors, on a pensé que peut-être
cette année on pourrait donner un boni de vie chère et penser
à faire une demande spéciale pour des choses qui sont à
l'étude. Cette partie de l'étude, ce que je veux bien faire
comprendre et que M. Gauvreau a bien expliqué, si elle concluait
à l'indexation des pensions des pensionnés actuels, cela
demanderait aussi une considération spéciale dans les tarifs.
Maintenant, écoutez, je ne dis pas que le gouvernement va nous le
refuser. Mais ce n'est pas la même chose que ce que les gens demandent.
Alors, pour cette année, je crois qu'on ne peut pas arriver à
cette chose; mais je crois que nous allons plutôt faire l'impossible pour
verser à nos pensionnés un montant forfaitaire.
M. MORIN: Bon, la différence entre un boni de vie chère,
un paiement forfaitaire, comme vous dites, et l'indexation, c'est que
l'indexation est un principe qui s'applique aussi bien cette année que
dans l'avenir, tandis que le boni est un peu discrétionnaire. Je pense
que le président de l'Hydro-Québec en conviendra avec moi. Alors
tout ce que vous êtes prêts à faire, pour cette
année, c'est donc un paiement forfaitaire.
M. GIROUX: Oui, seulement, je dois dire que c'est sur ce domaine
particulier que nous poussons les études, à savoir ce que
ça nous prendrait, annuellement, pour indexer la pension des
employés, si, par exemple, on copiait le système du gouvernement
provincial. Maintenant, vous savez, il y a tout de même...
M. MORIN: C'est à l'étude, alors?
M. GIROUX: C'est-à-dire qu'on le met à l'étude.
Mais s'il y a une chose qu'il faut penser comme il faut, M. Morin, c'est que le
gouvernement provincial a amélioré la pension de ses
employés.
Je ne veux pas faire de comparaison mais peut-être que le niveau
des employés du gouvernement provincial, leur salaire n'était pas
celui de l'Hydro-Québec.
M. MORIN: Faudrait voir. Cela dépendrait des
catégories.
M. GIROUX: Aux dernières négociations, ce qui a
été publié je ne l'ai pas vérifié
on prétendait que les employés de l'Hydro-Québec
gagnaient 14 p.c. de plus.
M. MORIN: Vous voulez dire à compétence égale?
M. GIROUX: A compétence, non. M. MORIN: A classification
égale?
M. GIROUX: A classification égale. Vous me permettez, avec pas
mal d'humour, de prétendre que la compétence est
différente.
M. MASSE: En plus ou en moins? M. GIROUX: En plus ou en moins?
M. MASSE: Non, je n'ai pas posé de question.
M. GIROUX: Retirez la question. Ah! Ah! Ah!
Je ne sais pas si ça peut éclairer la commission mais les
commissaires, à l'Hydro-Québec, se penchent sur ce
problème. Cela les inquiète. Disons que pour nous ce serait
tellement simple d'arriver et de distribuer avec largesse l'argent du public.
Mais, quand on revient en commission parlementaire, les gens n'aiment pas
tellement qu'on ait des largesses qui ne sont pas justifiées. Il nous
faut justifier ces largesses et puis je crois que l'indexation a une certaine
justification. Maintenant, on s'attend à avoir des recommandations, on
s'attend à avoir des choses qu'on transmettra mais, au moment actuel, il
faudra dire au gouvernement: Si on indexe les pensions, voici ce que ça
coûte. La seule place où je peux le prendre, M. Morin vu
que c'est votre question je ne bénéficie pas, comme
président de l'Hydro-Québec, des avantages de l'inflation. Je
n'ai que les emmerdements.
La seule place où je peux le rejoindre, c'est dans les tarifs.
Quand on le fera, on fera une analyse et on fera compter par l'actuaire ce que
ça représente, cette partie-là, au point de vue des
tarifs. Je pense bien que les gens ici vont être intéressés
à savoir ce que ça représente. Ils jugeront si on doit
l'accorder ou non, ou si on doit...
M. MORIN: Bon, nous attendrons cette étude avec beaucoup
d'intérêt. Peut-être pouvons-nous passer à quelques
autres questions, il nous reste à peine une heure et demie. Je pense
qu'on peut arriver à tout liquider. J'aimerais bien, en tout cas, qu'on
passe à travers trois ou quatre questions.
Rapports entre la SDBJ et Hydro-Québec
M. MORIN: La première est la suivante. Il s'agit de mieux
départager, dans mon esprit, les compétences respectives de la
SDBJ et de l'Hydro-Québec sur le territoire que vous développez
en commun. Ensuite, de voir comment s'imbriquent les rôles respectifs de
l'Hydro-Québec ou de la SDBJ, d'une part, et de l'OPDQ, d'autre part.
Enfin, sous-question, comment s'établit la coordination entre tous ces
organismes et entre les ministères québécois? Ce sont des
questions d'ordre administratif. J'imagine qu'elles...
M. GIROUX: C'est une question qui a plusieurs fourchettes mais si j'en
manque...
M. MORIN: Je commence par la première, si vous voulez.
M. GIROUX: ... vous me le direz.
M. MORIN: Commençons par SDBJ-Hydro-Québec. Comment vous
départagez-vous les fonctions?
M. GIROUX: D'ailleurs, la seule fonction, selon le bill 50, que
l'Hydro-Québec a dans la SDBJ, c'est que le président de
l'Hydro-Québec ou un membre de l'Hydro-Québec je pense que
c'est le président; je n'en suis pas trop sûr doit
siéger au conseil de la SDBJ. Cela finit là. Cela est la
responsabilité, c'est le lien entre les deux. C'est un membre de la
commission qui doit siéger.
M. MORIN: Là, j'ai compris.
M. GIROUX: Alors, lorsque le bill 50 est venu, il a été
décidé de créer la Société d'énergie.
La Société d'énergie a obtenu une charte, comme je le
disais tantôt, et a souscrit la majeure partie du capital payable par
versements. Donc, la Société d'énergie de la baie James
est la propriété de l'Hydro-Québec. La
Société d'énergie de la baie James a demandé au
gouvernement provincial de lui accorder sur les rivières, par
l'entremise de notre ministère ou des autres ministères que notre
ministère allait obtenir ailleurs, les droits ou l'usufruit
nécessaires pour qu'on puisse aménager ces rivières. Les
arrêtés en conseil sont entre nos mains. Légalement, nous
avons avis que nous pouvons aménager les rivières selon la loi
québécoise sans considérer les problèmes que M.
Ciaccia essaie de régler, que je n'inclus pas là-dedans du tout.
Cela est un côté.
Les partages qui ont été faits pour la
Société de développement sont les suivants. Elle a charge
de développer et de construire les routes nécessaires, les
aéroports les villes; en somme, ce qui doit rester là pour le
développement du territoire.
M. MORIN: Les mines, l'environnement.
M. GIROUX: Les mines, les forêts. L'Hydro-Québec et la
Société d'énergie ne font que les développements
hydrauliques et l'environnement qui regarde cette partie. La partie du
développement et de l'environnement qui regarde les mines et tous ces
problèmes est soumise à des ententes que la Société
de développement a faites avec le gouvernement fédéral.
Vous allez
le voir pour les routes. Il aurait fallu les construire. Donc, on a dit:
Naturellement, les routes sont faites pour nous; donc, la Société
d'énergie verse à la Société de
développement, après entente n'importe quel chiffre aurait
pu être pris 99 p.c. du coût des routes pour leur
construction et 100 p.c. de l'entretien, tant et aussi longtemps qu'on fait du
développement. Je crois que, si la Société de
développement n'avait pas été créée,
1'Hydro-Québec aurait eu cette responsabilité de faire
l'entretien de la route et de la payer. Donc, il y a 1 p.c. selon les moyens de
la Société de développement. L'Hydro-Québec ne
s'occupe pas du tout du développement des mines, de tous ces domaines,
des aéroports. En plus, il y a un rôle qui est assez grand qui est
joué par la municipalité de la baie James qui, elle, s'occupe de
police et de voir à tous ces problèmes. Les autres
problèmes de promotion interne sont très bien
tranchés.
M. MORIN: Bon.
M. GIROUX: II n'y a pas de problème de juridictions. Ce qui est
hydraulique est de la Société d'énergie. Maintenant,
l'intérêt de la Société de développement, si
vous voulez, à savoir ce qui se fait dans la Société
d'énergie, elle fait des recommandations au gouvernement, elle
suggère deux membres qui doivent appartenir au bureau de direction, et
l'Hydro-Québec suggère trois membres. Et les membres du bureau de
direction de la Société d'énergie sont nommés par
arrêté en conseil.
M. MORIN: Très bien. Supposons maintenant, le partage
étant bien fait dans nos esprits, la situation suivante: D'une part,
l'Hydro-Québec exploite le réseau, est responsable de tout ce qui
est hydraulique. D'autre part, la SDBJ, elle, entend développer le
territoire. C'est dans son intérêt de le faire. Elle crée
des mines. Elle crée peut-être même des usines de
transformation. On a même échafaudé des projets, auxquels
je ne m'attarderai pas. Elle a besoin de courant. Qui tranche? Est-ce que c'est
vous qui décidez, enfin vous ou votre filiale, que le courant devrait
plutôt aller vers le marché, je ne sais pas moi,
montréalais ou vers le Saguenay, ou bien si la SDBJ peut dire: J'ai
besoin du courant, vous êtes sur mon territoire et j'ai besoin de tant de
kW?
M. GIROUX: Légalement... M. BACON: ...Saguenay Power.
M. GIROUX: ...c'est un point que nous n'avons jamais
considéré tellement cela m'inquiète peu, parce que jamais
l'Hydro-Québec n'a refusé de livrer du courant pour du
développement industriel dans la province de Québec, où
qu'il soit,...
M. MORIN: Où que ce soit.
M. GIROUX: ...sauf si on ne peut pas le faire. Maintenant, la
distribution dans le territoire est censée, par la loi, appartenir
à la Société d'énergie qui, elle, a donné un
mandat à l'Hydro-Québec qui... Au point de vue des
communications, c'est un peu la même chose. Si la Société
de développement disait: Bien, mon Dieu, c'est nous qui avons les
communications, on ne vous donne pas de téléphone. Bien, on s'en
installerait un et on prendrait les Indiens pour régler le
problème !
Alors, ce ne sont pas des problèmes graves. Vous savez, souvent
à côté, on exagère le problème. Sur ce
point-là, ici, n'est-ce pas, a été convoquée la
Société d'énergie et non pas la Société de
développement. Mais M. Boulva et M. McDonald sont membres de la
Société d'énergie. On pourrait leur demander si leur
témoignage concorde avec les déclarations que je viens de faire,
si cela aiderait à...
M. MORIN: Non, je ne veux pas. La réponse me satisfait pour
l'instant. Je ne veux pas. De toute façon, je suis satisfait de la
réponse. On y reviendra par la suite si ça crée des
problèmes. Pour l'instant, cela n'a pas l'air d'en créer.
M. GIROUX: Non, non, cela ne crée pas de problème.
M. MORIN: Bon.
M. GIROUX: On a assez de problèmes à mener l'affaire sans
en créer.
M. MORIN: Oui. J'ai vu ça. J'ai pris ça pour acquis. Mais
il y a peut-être d'autres problèmes qui sont en train de se
créer. On a fait allusion, il n'y a pas si longtemps, à
l'affrontement qui pourrait se produire entre la SDBJ c'est vrai que ce
n'est pas à vous de répondre, mais peut-être aurez-vous
quelques commentaires qui s'est vu confier l'aménagement global
du territoire. Ce n'est pas une phrase qui comporte beaucoup d'exceptions. Et,
d'autre part, l'OPDQ, qui a pour mission la planification et le
développement de l'ensemble du Québec.
Je crois savoir que vous avez eu, d'ailleurs, des rencontres avec l'OPDQ
et que chacun est resté sur ses positions.
M. GIROUX: C'est-à-dire que les développements avec l'OPDQ
et les rencontres que j'ai eues, moi, je les ai eues par l'entremise de notre
ministre, M. Massé, à qui on a donné des explications sur
le territoire. Là, je ne peux pas répondre à savoir s'il y
a eu des discussions avec la Société de développement
directement sur des développements.
Mais un point, je pense bien, qui serait important, M. Morin, de
regarder, c'est que, dans l'article 16 de la loi de la Société de
développement, le deuxième paragraphe dit:
L'électricité produite dans le territoire ne peut être
vendue ou distribuée hors du territoire autrement qu'à
l'Hydro-Québec.
Alors, la Société d'énergie, à ce stade-ci
peut-être qu'un jour l'opération pourra devenir
économique et pourra être différente n'a pas
d'avantages à créer un système de distribution,
actuellement, de concert avec le ministère des Richesses naturelles
pour: desservir les parties des réseaux non reliés, qui sont tous
des réseaux extrêmement dispendieux. Tout est resté sous le
contrôle de là distribution de l'Hydro-Québec. Cela ne
cause pas de problème.
M. MORIN: Oui. Je vais reposer ma question autrement parce que je pense
que nous ne nous sommes pas compris.
M. GIROUX: Peut-être.
M. MORIN: Quel est le rôle de l'OPDQ sur le territoire de la baie
James?
M. GIROUX: Cela, il faudrait demander à la Société
de développement. L'OPDQ n'a jamais été mêlé
au développement hydraulique, à ce que je sache.
M. MORIN: Non, pas au développement hydraulique, c'est bien
clair. Il s'agit des autres aspects du développement. Est-ce que
quelqu'un de la SDBJ pourrait nous donner une réponse là-dessus?
Si vous le voulez, vous n'êtes pas obligés de répondre.
M. MASSE: Je pourrais peut-être dire que le groupe
ministériel responsable de l'OPDQ, jusqu'à maintenant,
jusqu'à il y a quelques mois, a eu des réunions d'une
façon assez régulière avec les autorités
supérieures de la Société de développement de la
baie James. Au niveau des fonctionnaires, il y a des relations assez courantes.
Et, évidemment, en termes de négociation, je pense, dans le cadre
des études écologiques, la Société de
développement de la baie James a eu à négocier avec le
gouvernement fédéral mais tout en mettant au courant les
autorités du gouvernement du Québec. Personnellement, en tout
cas, à moins qu'on ait des indications contraires, je crois que les
relations entre l'OPDQ et les différents spécialistes, les
autorités de la Société de développement de la baie
James fonctionnent très bien.
M. MORIN: M. le ministre, c'est peut-être à vous, en fait,
que je devrais poser la question. Alors, du point de vue du gouvernement du
Québec, la compétence de l'OPDQ s'étend au territoire de
la baie James.
M. MASSE: Elle s'y étend, évidemment. La partie sud du
territoire de la Société de développement de la baie
James, quant aux ententes ARDA qui sont administrées par l'OPDQ, je
pense que c'est même couvert dans le sud du territoire de la
Société de développement de la baie James. La
société elle-même, au départ, dès sa
création, a su s'équiper d'un service de planification et
d'aménagement que je considère très bien pourvu d'hommes
et de compétences pour assumer l'ensemble des responsabilités
d'aménagement sur son territoire, en tant que municipalité.
M. MORIN: M. le ministre, je ne sais pas si quelqu'un de la SDBJ
voudrait intervenir sur la question, mais je crois savoir que, pour la
Société de développement, le territoire défini par
la loi 50 est sous sa juridiction et qu'elle n'a que faire de l'OPDQ dans ce
territoire.
M. MASSE: C'est la même collaboration qui existe entre une
municipalité, quelle qu'elle soit, et l'Office de planification et de
développement du Québec. Je disais que le territoire de
l'Abitibi, qui peut chevaucher la partie sud du territoire de la
Société de développement de la baie James, peut faire
partie de l'entente ARDA 3 qui est actuellement en cours d'exercice et qui est
administrée par l'OPDQ.
M. MORIN: Est-ce qu'on pourrait savoir l'attitude de la SDBJ sur cette
question? Encore une fois, je ne veux forcer personne à répondre,
mais je sais que les journaux ont fait écho à certaine
mésentente sur la juridiction ou la compétence respective de la
SDBJ et de l'OPDQ sur le territoire.
M. MASSE: M. le Président, M. Charles Boulva.
M. BOULVA: Je dois dire évidemment que la SDBJ n'a pas
été convoquée à cette commission. Toutefois, en
réponse à votre question, M. Morin, je dois dire qu'il n'y a
aucune mésentente avec l'OPDQ. Nous avons eu avec cet organisme des
réunions d'échange d'informations. Maintenant, le territoire de
la baie James est sous la juridiction de la Société de
développement de la baie James, mais, d'autre part, il est encore sous
la juridiction de tous les ministères provinciaux.
Alors, je ne vois pas qu'il y ait de conflit de juridiction. La
société de développement doit voir au développement
du territoire de la baie James, doit favoriser le développement du
territoire de la baie James, mais ça n'empêche pas l'OPDQ, qui
doit s'occuper de la planification du développement de toute la province
de Québec, de travailler en étroite collaboration avec la SDBJ.
C'est ce que nous faisons. Comme vous l'a expliqué M. Massé, nous
avons eu de nombreuses réunions avec les ministres responsables de
l'OPDQ. J'ai moi-même assisté à ces réunions
où nous tenions l'OPDQ au courant du programme de développement
de la baie James.
M. MORIN: Bon, autrement dit, le territoire de la baie James
n'échappe pas à la mission de planification et de
développement de l'OPDQ.
M. BOULVA: C'est-à-dire qu'on essaie, au-
tant que possible, d'éviter des dédoublements. Dans le
territoire de la baie James, nous considérons que les premiers
responsables sont les autorités de la Société de
développement de la baie James.
M. MORIN: Oui.
M. BOULVA: Et nous cherchons certainement à collaborer avec
l'OPDQ pour coordonner le développement de ce territoire avec le
développement général de la province dans le meilleur
intérêt du Québec.
M. MORIN: Oui, je n'en doute pas et je crois que votre réponse
est justifiée du point de vue où vous vous placez. Vous
défendez les intérêts de la SDBJ. Mais...
M. BOULVA: Je crois que les intérêts de la SDBJ doivent
correspondre aux intérêts du Québec.
M. MORIN: Oui, je le souhaite aussi. Nous le souhaitons tous.
Mais...
M. BOULVA: Et nous souhaitons que l'OPDQ ait les mêmes vues.
M. MORIN: Vous me permettrez de souligner tout de même que ce
n'est pas tout à fait clair comme régime.
Je pourrais pousser la question et vous dire qu'en cas de conflit entre
une décision de développement de l'OPDQ et une autre
décision de votre société, qui irait à l'encontre,
votre réponse tendrait à dire que c'est la compétence de
la SDBJ qui prévaudrait sur celle de l'OPDQ.
M. BOULVA: Cest ça.
M. MORIN: Bon. Je vois que chacun reste sur ses positions. Je ne voulais
pas pousser plus loin, M. Boulva; je voulais simplement en avoir le coeur
net.
M. BOULVA: Oui, oui, mais je tiens à vous faire remarquer, M.
Morin, qu'en somme autant l'OPDQ que la SDBJ relèvent du premier
ministre.
M. MORIN: Oui, mais, de notre point de vue, ce n'est pas une garantie,
monsieur.
M. BOULVA: Ce qu'il faut faire dans la vie!
M. MORIN: Bien.
M. CIACCIA: II commence à être tard.
M. MORIN: Hélas! mais nous avons presque terminé, M. le
Président.
M. MASSE: C'est vrai. M. MORIN: Maintenant...
M. BOULVA: Je tiens tout de même, avant de terminer, à
signaler que, comme je vous le disais, toutes les opérations de la SDBJ
doivent se faire en conformité des lois du Québec.
M. MORIN: Oui.
M. BOULVA: Autrement dit, le territoire de la baie James, qui est encore
dans la province de Québec, est encore régi par les lois du
Québec.
M. MORIN: Cest pour ça que je vous posais la question.
M. BOULVA: Encore, mais là, l'article 42 de la loi, au dernier
paragraphe, nous dit: "A moins de dispositions inconciliables contenues dans la
présente loi, celle-ci ne doit pas être interprétée
comme restreignant l'application des lois concernant les mines, les ressources
hydrauliques, les forêts, la chasse, la pêche, l'agriculture, la
colonisation et le tourisme".
M. MORIN: Eh bien, il reste la planification.
M. BOULVA: La planification, on nous l'a, en principe,
confiée.
M. MORIN: Oui, bien, c'est ce que je pensais.
M. BOULVA: C'est ça.
Communications à la baie James
M. MORIN: Je vous remercie infiniment. Bien. Pouvons-nous passer
à la question des communications sur le territoire de la baie James?
J'aimerais demander, d'abord, ce qu'il est advenu d'une filiale de la SDBJ
au fond, M. Boulva, je n'ai peut-être pas entièrement
terminé en matière de communications. C'est une filiale
qui s'appelait, je crois, SOTEL...
M. BOULVA: C'est ça.
M. MORIN: ... qui était la propriété à 45
p.c. de la société Bell et, à 51 p.c, de votre
société.
M. BOULVA: 49.
M. MORIN: A 49 p.c. de votre société.
M. BOULVA: 49/51. Non, 49 p.c. de Bell...
M. MORIN: Bell...
M. BOULVA: ... et 51 p.c. de la Société de
développement.
M. MORIN: ... et 51 p.c. pour la SDBJ. La Régie des services
publics ayant refusé, en 1973, de confier l'exploitation du territoire
à cette société SOTEL, vous avez dû, je pense,
prendre d'autres arrangements. Qu'est-il advenu, d'à-
bord, de SOTEL? Est-ce qu'à toutes fins pratiques cette
société a disparu?
M. BOULVA: Non, la société SOTEL est bel et bien vivante;
elle fonctionne. C'est la société SOTEL, en collaboration avec la
compagnie Téléphone du Nord qui se charge de toutes les
communications dans le territoire de la baie James.
M. MORIN: Ah! bon! Alors, la compagnie Téléphone du Nord
qui, d'après ce que j'en sais, est une filiale à charte
québécoise de la société Bell...
M. BOULVA: De la société Northern Ontario Telephone, qui
est elle-même une filiale du Bell.
M. MORIN: Ah bon! c'est à plusieurs maillons.
M. BOULVA: C'est ça.
M. MORIN: Et cette société de Téléphone du
nord, est-ce que la SDBJ y a des intérêts?
M. BOULVA: Aucun.
M. MORIN: Donc c'est entièrement dans la dépendance de la
société Bell. Dans la mouvance de la société
Bell.
M. BOULVA: Téléphone du nord, oui. M. MORIN: Et
alors,...
M. BOULVA: En fait elle est administrée par le Bell et les
directeurs de cette société sont des gens du Bell.
M. MORIN: Oui, et le directeur général aussi je pense.
M. BOULVA: Vous voulez dire de Téléphone du nord?
M. MORIN: De Téléphone du nord.
M. BOULVA: Oui, Téléphone du nord, mais au conseil
d'administration il y a des représentants du Bell.
M. MORIN: Alors cette société Téléphone du
nord est donc sujette à la Régie québécoise des
services publics plutôt qu'à la Commission canadienne des
transports?
M. BOULVA: Exactement.
M. MORIN: C'est d'ailleurs la raison pour laquelle SOTEL n'a pu obtenir
au départ, si j'ai bien compris, les communications parce que cette
société SOTEL serait tombée, elle, sous la juridiction de
la Commission canadienne des transports. Est-ce exact ou est-ce que j'erre?
M. BOULVA: Ce n'est pas tout à fait exact en fait, suivant la loi
du bill 50. Il y a un article du bill 50...
M. MORIN: Le bill 50 ne prévoyait pas de filiale de la SDBJ dans
le domaine des télécommunications, mais il n'y a rien qui vous
empêche d'en établir une, n'est-ce pas?
M. BOULVA: C'est-à-dire que le bill 50, à l'article 6,
stipule que, pour la réalisation de ses objectifs la
société, c'est-à-dire la Société de
développement, peut en outre de ses autres pouvoirs faire
différentes choses, et c) "peut exploiter tout moyen de communication
terrestre, aérien et maritime et de
télécommunications".
M. MORIN: Bon.
M. BOULVA: C'est ce qu'a fait la Société de
développement en créant SOTEL. Elle a décidé de se
servir de l'article 6 c) de la loi et de créer une société
de télécommunications pour desservir le territoire.
M. MORIN: Pourriez-vous nous dire maintenant comment coopèrent
SOTEL et la compagnie Téléphone du nord?
M. BOULVA: Je vais vous expliquer également qu'en vertu de
l'article 42 les opérations de la société et de ses
filiales ne sont pas régies par les dispositions de la Loi du
régime des eaux, de la Loi de la régie de
l'électricité, de la Loi de la régie des eaux, de la Loi
de la régie des transports, de la Loi des transports et de la Loi de la
régie des services publics. Donc SOTEL, nous prétendons, n'est
pas régie par la Régie des services publics, et c'est ce qui a
créé le problème.
M. MORIN: Etait-elle régie par la Commission canadienne des
transports?
M. BOULVA: Non, elle n'est pas régie, elle échappe
à toute régie.
M. MORIN: Elle échappe à toute régie.
Je vois mieux le problème. Est-ce que SOTEL et la compagnie de
Téléphone du nord ont une association pour les communications,
pour les fins des communications?
M. BOULVA: Au moment de la création de SOTEL, nous avons
préféré chercher à nous associer avec le Bell.
M. MORIN: Oui.
M. BOULVA: Si, à un moment donné, SOTEL doit se
présenter sur les marchés financiers pour obtenir des fonds, nous
avons pensé qu'en étant associée avec une compagnie comme
la Bell, il lui serait plus facile d'avoir des emprunts à des taux
intéressants; que ce serait
plus facile que nous présenter avec une société
comme Téléphone du Nord, Télébec ou toute autre
société filiale de Bell.
M. MORIN: Oui. Mais ce qui m'intéresse plus
particulièrement, M. Boulva, c'est le genre d'entente qui existe entre
SOTEL et Téléphone du Nord. Si ma mémoire est bonne, vers
août 1973...
M. BOULVA: Je dois d'abord vous expliquer pour quelle raison nous avons
dû faire cette entente avec Téléphone du Nord.
M. MORIN: Oui.
M. BOULVA: Nous avons alors créé une société
SOTEL avec différents arrangements avec la société Bell.
Entre autres, nous nous engagions à racheter les actifs de Bell qui est
à Fort George et de Téléphone du Nord qui a des
installations dans la région au nord de Matagami et qui avait
commencé à desservir les camps et les entrepreneurs qui
étaient occupés à la construction de la route.
Comme nous devions acheter des actifs de la société
Téléphone du Nord, c'est pour cette raison que la
société Téléphone du Nord s'est
présentée devant la régie pour obtenir l'autorisation de
vendre ses actifs.
M.MORIN: Oui.
M. BOULVA: Egalement, nous devions ratifier, avec
Téléphone du Nord et avec Bell, des contrats de trafic.
M. MORIN: Oui.
M. BOULVA: Pour pouvoir sortir toutes nos communications du
réseau du territoire de la baie James n'importe où en
Amérique du Nord, en Europe, dans le monde, il faut forcément
faire des contrats de trafic. Les contrats de trafic qui devaient se faire avec
la compagnie Téléphone du Nord étaient sujets
également à l'approbation de la Régie des services publics
puisque Téléphone du Nord est assujettie à cette
régie...
M. MORIN: C'est cela.
M. BOULVA: ... et les contrats avec la Bell étaient assujettis
à la commission de contrôle, à Ottawa.
M. MORIN: Oui, c'est bien.
M. BOULVA: Alors, la société de développement et la
société Bell, nous nous étions entendues, les contrats
étaient prêts, pour autant qu'ils seraient ratifiés par les
deux organismes de contrôle. C'est lorsque la société
Téléphone du Nord s'est présentée devant la
régie pour lui demander de se retirer du territoire, étant
donné qu'il y avait une entente avec SOTEL, que la régie s'est
opposée parce qu'elle n'avait pas de demande de SOTEL, puisque nous
considérions que SOTEL ne devait pas, d'après la loi, faire de
demande à la régie. C'est ce qui a créé
l'imbroglio.
M. MORIN: J'ai compris. Quelle est l'entente actuelle entre SOTEL et
Téléphone du Nord?
M. BOULVA: L'entente actuelle est que SOTEL agit comme un agent de
Téléphone du Nord dans le territoire. Autrement dit, SOTEL met
à la disposition de Téléphone du Nord ses
installations.
M. MORIN: Ah bon! Et cela signifie que SOTEL, en tant qu'agent,
échappe à la Régie des services publics tandis que
Téléphone du Nord, en tant que mandataire...
M. BOULVA: Ceci, évidemment, a été fait pour donner
le service au public puisque SOTEL avait déjà des
installations.
Il était assez difficile, et je ne sais pas qui aurait le
blâme si, à un moment donné, on avait arrêté
les opérations de SOTEL. C'était le seul moyen puisque nous ne
pouvions pas avoir de contrat de trafic, donc nous ne pouvions pas avoir de
point d'interconnection, alors nous avons fait une entente avec la compagnie
Téléphone du Nord où tout simplement nous mettons nos
installations à la disposition de Téléphone du Nord et
nous facturons dans tout le territoire les tarifs de Téléphone du
Nord.
M. MORIN: Bien. Et SOTEL échappe toujours, en tant que
telle...
M. BOULVA: Je vous dirai que nous avons fait cet arrangement avec
Téléphone du Nord en attendant que Téléphone du
Nord obtienne un jugement, car elle a porté le jugement de la
Régie des services publics en appel.
M. MORIN: De façon à pouvoir se désister
entièrement en faveur de SOTEL...
M. BOULVA: Entièrement en faveur de SOTEL.
M. MORIN: ...de ses actifs.
M. BOULVA: De ses actifs, et pouvoir nous donner un contrat de
trafic.
M. MORIN: Bon. Et, le cas échéant, si la cour d'Appel
donnait raison à Téléphone du Nord, SOTEL
échapperait donc et à la Commission canadienne et à la
Régie québécoise des services publics?
M. BOULVA: C'est ça.
M. MORIN: Bon. Peut-être pouvez-vous me
contredire, mais est-ce que ça ne permet pas à SOTEL
certaines procédures comptables qui ne seraient pas approuvées
par la Régie des services publics? Est-ce que ça ne permettrait
pas, par exemple, à SOTEL...
M. BOULVA: Je ne vois pas.
M. MORIN: ...de tenir compte seulement du capital fourni par les
actionnaires plutôt, pour le calcul des bénéfices, que de
les calculer à partir des actifs à la disposition du public?
M. BOULVA: Non, en somme, actuellement toute la responsabilité de
SOTEL est faite avec l'assistance de Bell Canada qui est notre partenaire et
qui nous fournit un certain nombre d'employés qui nous aident, en somme,
et nous fournit les connaissances techniques pour exploiter un réseau de
télécommunications.
M. MORIN: Oui.
M. BOULVA: Et la procédure comptable est la procédure
standard de Bell Canada.
M. MORIN: Comme disent les Italiens, c'est une "combinazzione"
M. BOULVA: C'est une petite "combinazzione".
M. MORIN: Oui. Eh! bien! je crois que...
M. BOULVA : Mais pour le meilleur intérêt des gens qui
habitent le territoire.
M. MORIN: Pour le meilleur intérêt de la SDBJ
également.
M. BOULVA: Mais de la SDBJ également...
M. MORIN: Ce n'est pas incompatible, me direz-vous.
M. BOULVA: Ce n'est pas incompatible du tout, au contraire.
M. MORIN: Merci, M. Boulva.
Place Desjardins
M. MORIN: Encore deux ou trois questions. Cette fois, il s'agit bien de
l'Hydro-Québec.
Je voudrais parler de la Place Desjardins. Je pense que vous auriez
été déçus si je ne vous en avais pas
parlé.
M. GIROUX: Probablement.
M. MORIN: L'Hydro-Québec a-t-elle définitivement
abandonné son projet d'installer une partie de son siège social
dans les édifices de la Place Desjardins? Je crois savoir que pour le
centre de traitement la question est réglée pour une surface de
135,000 pieds carrés.
M. GIROUX: Je pense qu'on pourait résumer les faits, tels qu'ils
sont. Je laisserai les détails à mes confrères. J'ai
relevé certains dossiers. Mon prédécesseur, M. Lessard, ne
semble pas avoir, peut-être, gardé toutes les copies de lettres,
au moment où il m'a transféré la présidence. Il y
avait tellement de retard dans ce dossier qu'il ne semblait pas avoir confiance
que cela se construirait.
Maintenant, je ne sais pas... La première lettre date du 9
décembre 1968. Je crois comprendre que, dans des débats, on a
parlé des allusions de M. Lessard. Alors, M. Lessard répondait
à M. Rouleau et il lui disait: "J'accuse réception de votre
lettre du 28 novembre concernant votre projet d'ériger un immeuble
voisin de celui de l'Hydro-Québec, boulevard Dorchester. Donc, j'en
conclus cela peut être différent qu'à ce
moment-là ce n'était qu'un projet d'ériger".
C'était en décembre 1968.
M. Lessard continuait: "La commission a reçu votre suggestion
avec intérêt et elle est disposée à
considérer un projet de location d'espace dans l'édifice
projeté aussitôt qu'une proposition plus concrète lui sera
soumise. Nous tenons à vous aviser ici que l'espace que nous occupons
à la place Victoria, ce qui couvre une superficie de 144,115 pieds
carrés, est à notre disposition en vertu d'un bail qui se termine
le 30 novembre 1971 c'était une question, à ce
moment-là, qui était pas mal critique renouvelable pour une
période de deux ans. Une décision au sujet de ce renouvellement
doit être prise avant le 30 novembre 1970. "D'autre part, la commission
me prie de vous signaler que son intérêt dans ce projet est sujet
à la participation directe du mouvement Desjardins ou des
sociétés affiliées à cette entreprise. En d'autres
termes, il serait inacceptable pour l'Hydro-Québec que le mouvement
Desjardins serve de façade à un organisme d'investissement
immobilier dont les propriétaires ne seraient pas connus". Je ne crois
pas qu'il pensait à la partie gouvernementale. Il ne devait pas y avoir
de pressions du gouvernement! Peut-être, mais, enfin, je ne peux pas
présumer.
M. MASSE: On espère que non.
M. GIROUX: J'espère que non. M. Gau-vreau, au 25 juin, semblait
un peu impatient d'avoir des nouvelles. En 1969, il écrivait à M.
Rouleau et il disait: "M. Lessard exprimait dans sa lettre que la commission
était disposée à considérer le projet de location
d'espace dans l'édifice projeté aussitôt qu'une proposition
plus concrète lui serait soumise. Par ailleurs, dans un autre
paragraphe, nous portions à votre attention le fait qu'une
décision à ce sujet devrait être prise dans le plus bref
délai, vu l'échéance de notre bail à la place
Victoria, le
30 novembre 1971, et la nécessité de prévoir
l'espace de remplacement pour loger tous nos bureaux qui occupent cet
édifice. "La date ultime prévue par nous pour une décision
à ce sujet est maintenant passée et la commission
s'inquiète de n'avoir reçu aucune réponse de vous sur ce
sujet depuis le 2 décembre 1968". "Les mesures que doit prendre
HydroQuébec ne nous permettent pas de différer
indéfiniment une décision qui a déjà beaucoup
tardé." Mais, tout de même, la patience n'était pas au bout
parce qu'on a beaucoup de patience. Et il y avait les salutations.
M. Rouleau, le 2 décembre 1968, nous répondait: "Les
institutions du mouvement coopératif Desjardins dont les sièges
sociaux sont localisés dans la région métropolitaine de
Montréal poursuivent toujours leurs recherches en vue de régler
leurs besoins futurs d'espace tout en favorisant le développement d'un
quadrilatère borné par les rues Sainte-Catherine, Saint-Urbain,
Jeanne-Mance et le boulevard Dorchester. "Une décision finale devrait
être prise d'ici la fin de l'année c'est au 2
décembre 1968 à savoir que nous nous limitons à la
construction de notre propre immeuble ou que nous favorisons la
réalisation d'un ensemble. Dans ce dernier cas, nous avons prévu
la construction d'un immeuble situé boulevard Dorchester et rue
Saint-Urbain, voisin du vôtre, lequel pourrait être terminé
à la fin de 1971". Heureusement qu'on n'a pas loué
celui-là. "Dans l'hypothèse où nous réaliserions
cette construction, l'Hydro-Québec serait-elle intéressée
à louer l'espace ou à acheter l'immeuble? Vous nous rendriez un
grand service en nous faisant savoir votre point de vue puisque la
décision que vous pourriez prendre sera de nature à faciliter la
nôtre."
A cette époque, j'ai eu un déjeuner, selon mes notes, avec
M. Rouleau et je lui ai expliqué que, dans l'ensemble de l'affaire, on
préférait louer pour plusieurs considérations. Il n'y a
pas eu d'autres discussions à ce moment-là. M. Rouleau m'avait
expliqué qu'il avait un grand problème à discuter avec le
gouvernement fédéral, qui est encore d'une lenteur plus
grande.
M. Rouleau recevait une lettre de laquelle il m'a fait parvenir copie,
le 23 juin 1969. C'est un accusé de réception de la lettre du 21
mai 1969. C'est M. Lang qui lui écrit, relativement au sujet
mentionné, qui était le projet d'ensemble: "Comme je vous le
disais dans ma lettre précédente, le Conseil du trésor a
demandé au ministère de réexaminer le projet que celui-ci
lui avait d'abord présenté. Nous avons fait cet examen et nous
avons présenté au conseil une nouvelle requête pour
étude."
C'est la seule réponse qu'il avait à ce moment-là.
Donc, il ne pouvait pas tellement s'engager.
Le 4 juillet 1969, M. Rouleau écrivait à M. Gauvreau: "Si
vous n'avez pas encore eu de nos nouvelles, c'est que nous attendons toujours
une réponse définitive du gouvernement du Canada que nous
espérons pour bientôt. "Pour votre gouverne, ci-inclus une photo
de lettre que nous recevions récemment du ministère alors..."
Il nous disait aussi qu'il y avait des problèmes à
régler. Il attendait une réponse affirmative du gouvernement du
Québec et de la ville de Montréal, quant à leur
participation au projet. "Vraiment, il serait regrettable que vous soyez
obligé de prendre une décision immédiate quant â vos
besoins futurs d'espace. Je suis convaincu que nous serons en mesure de vous
donner une réponse précise d'ici quelques semaines. "De toute
façon, vous pouvez être assuré que nous vous tiendrons au
courant au fur et à mesure des développements qui pourront se
produire."
Alors, il avait de grandes difficultés à faire
démarrer le projet. C'était au 4 juillet 1969.
Nous n'avons pas de nouvelles, ou presque pas de nouvelles, jusqu'au
début d'avril et de mai 1971. A ce moment-là, j'ai eu une
conversation avec l'honorable premier ministre de la province de Québec,
qui m'a demandé ce qu'on avait fait et tout cela. Alors on a dit qu'on
avait exercé notre option, qu'on avait une option de bail et que cela
nous coûtait plus cher, ça nous dérangeait beaucoup, mais
on était prêt à attendre.
Alors, il m'a demandé: Regardez donc la situation, ce que vous
pourriez faire. Je lui répondais. Jusqu'à ce moment-là,
c'étaient des conversations téléphoniques que j'avais eues
avec M. Rouleau, deux ou trois, je n'ai pas de notes pour les autres, ce sont
les seules que j'ai pu trouver à la commission. Il en existe
peut-être ailleurs mais s'il y en a, je ne les connais pas.
Je lui disais: "Comme nous en avons convenu, je vous transmets ci-joint
la correspondance échangée en 1968 et 1969 entre la Comission de
l'Hydro-Québec et le président de la Sauvegarde, M. Alfred
Rouleau, au sujet des possibilités de l'Hydro-Québec d'occuper
une partie de l'espace éventuel disponible à la Place
Desjardins". Donc, c'est pourquoi ces documents sont entre mes mains, les
premières, parce que j'ai transmis les copies. "Effectivement, la
Commission est présentement intéressée à recevoir
du Mouvement coopératif Desjardins une offre d'espace d'environ 150,000
à 200,000 pieds carrés dans un des édifices de Place
Desjardins qui occupera le quadrilatère. "En plus du prix de location
aussi approximatif que possible, cette offre devrait stipuler la date
précise à laquelle l'Hydro-Québec pourrait occuper les
locaux concernés. "Vous comprendrez facilement que nous ne nous serions
pas engagés définitivement envers le Mouvement coopératif
Desjardins sans avoir
en main les renseignements indispensables". A ce jour, nous avons
reçu des photos. "Devrais-je ajouter qu'il était
déjà urgent d'en arriver à une décision dès
la fin de l'année 1968? La situation reste la même et conserve
toujours son caractère d'urgence. J'espère que le ministre
trouvera tous ces renseignements à sa satisfaction etc.".
M. MORIN: Quelle est la date de cette lettre, M. Giroux?
M. GIROUX: Le 4 mai 1971.
Le 2 décembre 1971, à Place Desjardins, nous avions
entamé des négociations à ce moment-là au sujet du
centre de "dispatching" et nous avions mis des ingénieurs sur le projet,
des gens de chez nous, des experts... Place Desjardins, à ce
moment-là, nous disait: "Depuis quelques mois, nous étudions,
avec les autorités de l'Hydro-Québec, la possibilité de
réserver un espace à Place Desjardins pour un futur centre de
"dispatching" et de traitement des données. "Nous avons retenu de ces
échanges de vues que l'une des considérations importantes dans la
décision finale de l'Hydro-Québec à ce sujet serait la
date à laquelle la construction de ce centre de "dispatching" et de
traitement pourrait être complété par Place Desjardins. "Le
cheminement critique du projet préparé pour notre
société de gérance, de concert avec nos architectes et nos
ingénieurs, nous permet d'affirmer que l'Hydro-Québec pourrait
entrer en possession de son centre de "dispatching" et de traitement le 1er
novembre 1974, s'il est construit sur l'emplacement de la Place Desjardins"
Je dois dire qu'à ce moment-là, ils avaient parfaitement
raison de croire que ça pouvait se faire et ils ont encore raison de
croire que ça peut se faire sans faire mention des problèmes que
nous avons expliqués ce matin qui sont des problèmes dans la
construction. "Place Desjardins s'engageait à livrer le centre pour
occupation le 1er novembre... à condition qu'une étroite
collaboration puisse s'établir alors dans les deux prochains mois... Si
la Commission hydroélectrique désire donner suite à la
présente offre, nous pourrions immédiatement engager des
pourparlers afin qu'un bail de location à long terme puisse être
rédigé dans un avenir rapproché. "Pour préparer les
estimations et fournir les renseignements techniques nécessaires
à une définition des clauses d'un tel bail, il serait sans doute
expéditif, avec l'assentiment de l'Hydro-Québec, de recourir aux
services des architectes et ingénieurs-conseils qui travaillent
déjà sur le projet de la Place Desjardins ce que M. De
Guise faisait régulièrement. Nous sommes évidemment des
plus intéressés à compter HydroQuébec parmi les
principaux occupants de la Place Desjardins; la présence
d'Hydro-Québec dans l'édifice du gouvernement qui sera
érigé constitue déjà un important apport à
ce projet. Nous espérons une décision favorable..."
Le 13 décembre, la commission passait une résolution. Re:
Place Desjardins: "La commission prend connaissance de la lettre du 2
décembre 1971 vous voyez l'effort de vitesse qu'on y met
comparé aux autres, 2 décembre sur une lettre selon le
projet Place Desjardins adressée au secrétaire de
l'Hydro-Québec concernant le centre de dispatching et de traitement des
données de cette dernière". Copie de lettre est paraphée
bon. Après discussion, la commission délègue M.
Yvon De Guise, commissaire, pour négocier avec la Place Desjardins la
location d'espaces du centre de dispatching et de traitement des
données, c'est une négociation pure que nous demandons partout
ailleurs. On demande le coût approximatif de telles locations et
l'acceptation, toutefois, est sous réserve de l'acceptation du
coût par l'Hydro-Québec".
Il y a plusieurs documents qui ont été
déposés qui sont extrêmement longs. Et on a autorisé
notre service à faire des démarches auprès de la Place
Desjardins, avec les ingénieurs, avec tout le monde, pour en arriver
à cette chose-là et autoriser notre contentieux à adresser
une lettre par l'entremise du secrétaire au directeur
général de Place Desjardins. Selon la demande de la Place
Desjardins je n'ai pas en main les copies de ces choses-là parce
que c'est au dossier chez nous on dit: Ce document constituait à
toutes fins pratiques une offre de location de la part de l'Hydro-Québec
et faisait suite aux négociations et discussions qui durent depuis
près de deux ans entre nos deux organismes. Notre conseil
d'administration a étudié attentivement les termes de la
proposition de l'Hydro-Québec et nous a demandé de vous
communiquer les commentaires suivants.
Alors, nous avions des experts en propriété qui avaient
évalué au maximum ce qu'on devrait payer. Les prix de base, le
chiffre de $3.50 le pied carré offert par l'Hydro-Québec n'est
pas acceptable parce que c'était $3.75 ou $3.79. Autre problème
aussi. On nous disait: Compte tenu de l'assurance morale que Place Desjardins
possède de louer l'assurance morale, n'est-ce pas, n'était
pas très forte parce que juridiquement ou moralement je ne sais pas ce
que ça veut dire dans l'esprit de la Place Desjardins ces loyers
ont été calculés à partir d'une estimation des
coûts de construction. Alors, il y a des problèmes. La Place
Desjardins a entrepris c'est la description de tous les efforts qui ont
été faits mais je ne veux pas retarder. Maintenant, on demande
qu'il y ait un certain remboursement, qui était justifié, des
dépenses qui avaient été faites à
Hydro-Québec mais Place Desjardins ne peut consentir un facteur de
pondération particulier pour le centre... pour la réparation des
frais d'exploitation. Voyez-vous?
Alors, dans le centre, on n'avait pas besoin
de partager les frais d'exploitation. Ce n'est pas normal, ils ne
peuvent pas consentir à ça. La Place Desjardins ne peut garantir
les créanciers hypothécaires et la ville de Montréal, en
cas d'expropriation, paiera directement à l'HydroQuébec sa juste
part de l'indemnité calculée. Ils ne pouvaient pas garantir
ça.
Tout de même, on a autorisé à louer. A ce
moment-là, on leur a dit que c'étaient, dans ces
conditions-là, les seuls espaces que nous pouvions louer, j'ai
reçu un appel téléphonique de M. Vermelinger. J'ai
demandé à la commission si on maintenait notre position, parce
qu'on avait fait des calculs qui vous seront donnés tantôt, sur ce
problème. Alors, la commission m'a dit: Très bien, rencontrez M.
Vermelinger. Alors, M. Vermelinger est venu au bureau, puis je lui ai dit que
ça me faisait plaisir de le recevoir cela a été
fait bien amicalement et que j'aimerais bien négocier son prix.
Il a dit: Malheureusement, ce n'est pas négociable.
C'est un peu la position à prendre ou à laisser. Il a dit:
Nous avons des offres à beaucoup meilleur marché. Là, il
m'a donné la description des avantages. Je comprends que, si je loue une
suite au Château Champlain au 35e étage, je suis mieux logé
peut-être qu'à l'Hôtel Mont-Royal, mais, quand même,
au Mont-Royal, je couche très bien, parce qu'il y a beaucoup de gens qui
s'en servent. Alors, de ce point-là, nous avons décidé
sincèrement que, si on ne peut pas négocier et si nos experts me
disent que ça ne vaut pas ce prix-là... On me donne comme raison;
Oui, mais le gouvernement le paie. Ce n'est pas mon problème, le
gouvernement peut bien payer.
M. BACON: Ce n'est pas un critère.
M. GIROUX: Pardon? Ce n'est pas un critère, que le gouvernement
paie. Je vous remercie, je n'avais pas pensé à ça.
M. BACON: Vous voyez qu'on vous suit, comme il faut.
M. GIROUX: Absolument, je vois ça. A ce moment-là, nous
avons demandé, en procédure normale, vu qu'on ne pouvait pas
négocier, de voir aux approvisionnements ce qu'ils pouvaient faire pour
obtenir de l'espace ailleurs, de regarder tout l'ensemble de ce qui
était disponible. Sur ce point, je vais laisser à M. Dozois
l'analyse des disponibilités et du rapport sur l'espace qu'ils ont
trouvé des taux comparatifs.
M. DOZOIS: M. le Président, comme vient de vous le dire M.
GiroUx, effectivement l'Hydro-Québec a loué les 145,000 pieds
carrés pour le "dispatching" et l'informatique. A la suite de cette
location, il s'agissait de déterminer où nous logerions un groupe
d'ingénieurs qui sont actuellement à la tour de la Bourse et qui
occupent, comme M. le Président le disait tout à l'heure, 140,000
pieds environ.
Nos services nous ont recommandé de nous assurer de 220,000 pieds
carrés d'espace pour immédiatement et d'un supplément de
55,000 pieds pour cinq ans plus tard.
M. MORIN: Pardon, M. Dozois, puis-je vous interrompre une seconde?
M. DOZOIS: Oui.
M. MORIN: 220,000 pieds carrés, c'est en plus des 140,000,
ça inclut les 140,000?
M. DOZOIS: Non, non, c'est en surplus. Cela, c'est bâclé,
les 145,000.
M. MORIN: 145,000 pieds carrés, c'est pour votre centre ...
M. DOZOIS: De "dispatching" et d'informatique.
M. MORIN: D'informatique. M. DOZOIS: Oui.
M. MORIN: Les ingénieurs qui sont à la tour de la Bourse
en ce moment, est-ce que j'ai bien compris...
M. DOZOIS: Notre bail se termine au mois de décembre 1975.
M. MORIN: Et là, combien de pieds carrés est-ce que
ça représente?
M. DOZOIS: Ils occupent actuellement, je crois, 140,000 ou 175,000.
M. MORIN: C'est ce que j'avais cru comprendre, 140,000.
M. DOZOIS: Peut-être 175,000.
M. MORIN: Alors, les 220,000, est-ce le total? Non, ça ne peut
pas être ça.
M. DOZOIS: Non, non.
M. MORIN: Mais c'est encore en plus, on en a ailleurs.
M. DOZOIS: On nous a représenté que vu l'augmentation du
personnel...
M. MORIN: Ah bon!
M. DOZOIS: ... il serait prudent d'en louer 220,000 pieds carrés
et, cinq ans plus tard, s'assurer 55,000 pieds additionnels.
M. MORIN: Et les 220,000 seraient maintenant?
M. DOZOIS: Oui, oui.
M. MORIN: Bon, je comprends.
M. DOZOIS: Pour la fin du bail de la tour de la Bourse.
M. MORIN: En plus des 140,000?
M. DOZOIS: Oui, oui. C'est réglé, ça. On l'oublie.
C'étaient des besoins additionnels pour loger nos...
M. GIROUX: On avait un engagement avec la Place Desjardins pour louer
150,000 à 200,000 pieds carrés.
M. MORIN: Bon.
M. GIROUX: Nous avons, actuellement, loué 145,000.
M. MORIN: Oui, c'est clair.
M. GIROUX: II y a d'autres négociations à part ça
mais cette partie-là, l'engagement donné par écrit est
respecté.
M. MORIN: Parfait.
M. DOZOIS: Nous sommes entrés en négociation, nous avons
demandé à Place Desjardins à combien on pourrait louer de
cet espace additionnel et on nous a dit que ce serait $9.09 le pied
carré; c'est-à-dire $4.99 le pied carré, comme prix de
base, et $4.10 le pied carré pour les services de nettoyage, chauffage,
électricité, assurances, ascenseur, administration
professionnelle, loyer du terrain et les taxes, lesquels $4.10 le pied
carré sont ajustables d'année en année, selon les
coûts effectifs qui seront déboursés pour ces services.
Or, nous avons pensé et c'est ce que M. Giroux vous disait
tout à l'heure que c'était un prix très
élevé. Nos services ont fait l'inventaire des possibilités
qu'il pouvait y avoir dans d'autres immeubles de la ville de Montréal et
à quel prix on pourrait louer. A la Place Ville-Marie, on pouvait louer
entre $9 et $10 le pied carré mais l'espace était insuffisant. A
ce moment-là, les 220,000 étaient rendus à 320,000 pieds
carrés pour nos besoins futurs. A la Place Victoria, $8 le pied
carré mais encore absolument insuffisant. A 2020 University, au coin du
boulevard Maisonneuve, $8.25 le pied carré, insuffisant. A la Banque
Canadienne Nationale, Place d'Armes, $8.50 le pied carré, espace
insuffisant. A la Place Bonaventure, $6.60 le pied carré; espace
à l'intérieur mais un espace brut et sans fenêtre,
complètement insuffisant.
A la Place Desjardins, $9.09 le pied carré et il y avait la Place
Dupuis à $6.90. Nous avions également, après avoir
constaté cela, des offres d'un édifice Tecsult, au coin de
Saint-Urbain et Sainte-Catherine, qui est en construction les fondations
sont commencées pour $8.50 le pied carré mais espace
insuffisant pour nos besoins totaux. Nous avons eu également une
proposition pour un prix équivalent à la Place Dupuis mais dans
une bâtisse à être construite en face de l'édifice de
l'Hydro-Québec, boulevard Dorchester, du côté sud, sur un
terrain appartenant à la ville de Montréal.
Or, la Place Dupuis nous offrait, pour un espace devant être
prêt en 1974 fin 1974 ou début de 1975 240,000 pieds
carrés pour un bail de 30 ans, à $6.90, commençant en mars
1975, et 55,000 pieds carrés pour 25 ans, commençant en mars
1980, à $6.90 également. L'autre projet ou l'autre offre que nous
avions pour cet immeuble devant être construit en face de notre immeuble
sur le boulevard Dorchester était à des prix semblables, mais nos
services n'étaient pas sûrs que malgré la promesse ou
l'engagement que ces gens étaient prêts à faire, on
pourrait l'occuper à temps pour la fin de notre bail, en décembre
1975, parce qu'il fallait qu'ils concluent une entente avec la ville de
Montréal, puisque c'était la ville de Montréal qui
était propriétaire du terrain.
Or, nous avons finalement accepté de louer cet espace à la
Place Dupuis et en conséquence nous avons donné une lettre
d'entente à cette organisation.
Nos services ont évalué les deux offres,
c'est-à-dire de la Place Desjardins à $9.09 le pied carré
et l'autre, car il faut remarquer, n'est-ce pas, que c'est pour loger environ
800 ingénieurs avec leurs tables à dessin et tout. Ce ne sont pas
des bureaux d'affaires où le public va être appelé à
se rendre ni le siège social d'une compagnie qui aurait besoin
d'être dans un édifice prestigieux. Ce sont plutôt des
bureaux d'exécution de plans ou de travaux d'ingénieurs.
Vu la grande différence, nous avons demandé à nos
services d'actualiser, sur la période de 30 ans, le coût d'une
location à la Place Desjardins et, pour les mêmes espaces, 320,000
pieds carrés pour 30 ans, à compter de septembre 1975, et 55,000
pieds carrés à $9.09, pour 25 ans, à compter de septembre
1980, et cela représente une valeur actualisée de $30,238,931
alors qu'à Place Dupuis, 240,000 pieds carrés à $6.90,
pour 30 ans, et 55,000 pieds carrés, pour 25 ans, à compter de
mars 1980, à $6.90, et, pour compléter, l'espace requis de 80,000
pieds à Place Desjardins parce que nous sommes toujours en
discussion pour 80,000 pieds à Place Desjardins à $9.09,
ça fait un total actualisé de $24,605,254, soit une
différence de $5,633,677 pour la durée du bail.
Dans un autre document on nous signale que le résultat du calcul
démontre que la valeur actualisée des loyers, exprimée en
dollars de 1975, de la proposition de Place Dupuis est $5,633,677 plus basse
que celle de Place Desjardins. Cette différence totale actualisée
peut aussi s'exprimer par une différence annuelle équivalente,
pendant 30 ans, de $597,620. Devant la différence de coût,
l'Hydro-Québec a pris cette décision de louer à la Place
Dupuis.
II y avait cet autre avantage, M. le Président, qu'il faut
signaler, je crois, c'est que cet immeuble est immédiatement voisin de
l'immeuble où sont logées la Société
d'énergie et la Société de développement.
Or, nos ingénieurs, tous nos ingénieurs de notre service
de génie, vont être appelés, dans les dix prochaines
années ou les quinze prochaines années, à travailler en
étroite collaboration avec les ingénieurs de la
Société d'énergie puisque la Société
d'énergie construit le complexe de La Grande pour nos besoins en
électricité.
Maintenant, j'ai lu quelque part qu'il y avait des choses qui
n'étaient pas aussi favorables à la place Dupuis. J'ai lu, entre
autres, que la superficie louée n'était pas utilisable dans la
même proportion et dans une proportion assez forte. On a mentionné
un chiffre de 10 p.c. à 15 p.c.
M. MORIN: A cause des colonnes.
M. DOZOIS: A cause des colonnes. Je vois que vous avez lu le même
article, M. Morin !
Or, nos services nous signalent ceci: Superficie louée par
étage à la place Dupuis, 18,483 pieds carrés, superficie
utilisable, en tenant compte des chambres électriques, des corridors,
des toilettes et des colonnes et, à la place Dupuis, les colonnes
intérieures ont cette dimension, je vous les donne pour montrer que
c'est une étude sérieuse, de trois pieds par trois pieds
dans une superficie utilisable de 17,014 pieds carrés, soit 92 p.c. de
l'espace loué.
A la place Desjardins, par étage, il y a 19,767 pieds
carrés, et en prenant en considération les chambres
électriques, les corridors, les toilettes et les colonnes, dont la
périphérie extérieure est de cinq pieds par deux pieds et
demi de profondeur, il y a une superficie utilisable de 17,767 pieds, soit 90
p.c. Donc, la place Dupuis a un avantage d'utilisation de 2 p.c.
M. MORIN: Je vois que vous auriez vraiment été
déçu si je ne vous avais pas posé la question !
M. DOZOIS: J'avais commencé à vous faire part de ce
document avant que vous me disiez que vous aviez lu l'article.
M. MORIN: Oui.
M. DOZOIS: Puisque vous avez lu l'article, vous avez également lu
qu'on estimait qu'il y aurait des dépenses de $200,000 par le fait que
c'était plus loin.
M. MORIN: Pour ne rien vous cacher, j'allais vous poser la question.
M. DOZOIS: Bon. J'irai au devant de vos désirs, M. Morin! Voici,
$200,000, si on compte, n'est-ce pas, que de la place Dupuis à
l'Hydro-Québec, c'est une course, en taxi, si on fournit le coût
des courses de taxi à nos employés qui veulent venir au
siège social, c'est une course, au maximum, de $1.25 avec le pourboire.
Mais, admettons que, allez-retour, ce serait $3, admettons que cela prendrait
dix minutes pour faire le trajet, un trajet que je connais très bien, le
maximum, je pense, qu'on peut estimer c'est à peu près $4 par
voyage: les dix minutes du temps d'un ingénieur et la course en taxi !
Ce qui ferait, M. le Président, environ 50,000 voyages par année.
Comme il y a 240 jours ouvrables par année, cela veut dire qu'il y
aurait plus de 200 voyages par jour. Comme il y a à peu près 800
à 900 ingénieurs, je ne crois pas que 200 d'entre eux aient
affaire au siège social tous les jours de l'année. Je pense que
c'est un chiffre exagéré.
M. GIROUX: M. Morin, je devrais ajouter à cela que, si on
était à la Place Desjardins avec notre personnel
d'ingénieurs, ils auraient à faire ce voyage pour aller à
la Place Dupuis rencontrer les gens, pour une partie, n'est-ce pas, au sujet de
la Société d'énergie, parce que notre génie
participe à la Société d'énergie.
Maintenant, au cas où cette question vous gênerait
peut-être, parce qu'on me dit que, dans l'article, on parle de mon fils,
ne vous inquiétez pas. Si vous avez des questions, je suis très
très à l'aise.
M. MORIN: Non, non.
M. GIROUX: Je suis très fier de mon fils.
M. MORIN: Je n'avais pas de questions là-dessus.
M. GIROUX: Mon fils, apparemment, aurait fait une offre de financement
à la Place Desjardins, qui a été refusée. C'est
leur privilège. Je n'ai aucune objection à cela. Je voudrais
simplement ajouter aussi que mon fils, par sa maison, avait fait une offre de
$500 millions à la province de Québec, la seule offre ferme qui
ait jamais été faite à la province de Québec, de
$500 millions. La province de Québec l'a refusée aussi. Mais je
fais encore affaires avec la province de Québec!
Alors, ce qu'il faut dire aussi, c'est, que, dans la mouvement
Desjardins, où j'ai contribué à aider, je voudrais bien
mettre un point très clair, n'est-ce pas, c'est que ce sont des gens que
je respecte beaucoup. Seulement, qu'ils soient partenaires avec la province ou
avec Dieu le Père, ils ne me dicteront pas. C'est un point. C'est
pourquoi je veux dire aussi que, quand on fait des accusations ou des semblants
d'accusations en disant que la province nous dicte dans ces choses-là,
je dis que la province ne nous en a jamais parlé, sauf que le premier
ministre nous a demandé ce qu'il y avait.
On me parle de M. Desrochers. M. Desrochers, je ne lui ai jamais
parlé de ce cas, d'aucune façon,
sauf quand cela a été loin. Il y a eu un article dans le
journal. Je lui ai dit: La chose est publiée. Je regrette, cela ne me
regarde pas.
L'autre problème dans ces choses-là. Qu'est-ce que vous
voulez, s'il y a $600,000 d'économie par an, honnêtement, je crois
que, sans faire de démagogie là-dedans, c'est
préférable de les verser à nos pensionnés, qui
subissent l'inflation, qu'au mouvement Desjardins et au gouvernement !
M. MORIN: J'ai manqué la fin.
M. GIROUX: Je préfère, s'il y a une économie de
$600 millions...
DES VOIX: $600,000.
M. GIROUX: $600,000.
M. MORIN: Ah oui, d'accord.
M. GIROUX: $600,000. On est tellement dans les millions, aujourd'hui!
Donc, je préfère les donner à nos pensionnés que de
les verser au gouvernement ou au mouvement Desjardins.
M. MORIN: Très bien. Je suis persuadé, M. Giroux, que si
Dieu le Père était dans l'affaire, vous vous laisseriez
impressionner! Mais, comme ce n'est pas le cas.
M. GIROUX: Peut-être moins!
M. MORIN: ... je ne pousserai pas plus loin la question. Je voulais que
cette situation soit éclaircie. Maintenant, les chiffres sont
alignés, la correspondance est là. C'est maintenant devant le
public. Je pense que, finalement, c'est à l'opinion publique de juger de
cette question.
M. GIROUX: Je vous remercie beaucoup de nous avoir donné
l'occasion de répondre sur ce point particulier.
M. MORIN: Bien. Puis-je vous donner l'occasion de répondre
à encore un ou deux petits points?
M. GIROUX: Ah oui.
Entreprises Gelco Limitée
M. MORIN: Nous achevons. A la page 9 des états financiers, au 31
décembre 1973, on note un placement de $7,195,000 dans les entreprises
Gelco Limitée. Il s'agit, je pense, d'un billet non garanti portant un
taux d'intérêt à 4 p.c. et venant à
échéance en 1991. Pourriez-vous nous dire quelle est la nature de
ce placement et pour quelles raisons il a été fait?
M. GIROUX: C'est un héritage. Dans la nationalisation de la
Gatineau, la Gatineau avait prêté ce montant à un trust qui
s'appelait Gelco, à ce moment-là, qui avait des actionnaires
à l'extérieur qui ont été, de mémoire,
absorbés par le groupe de Power Corporation. C'est la
propriété de qui actuellement? je ne le sais pas, je pense bien
que des gens pourraient me donner des détails. Mais ce n'est pas un
placement fait par le service de placement de î'Hydro-Québec.
M. MORIN: Ce fut tout simplement une sorte de cession.
M. GIROUX: Une cession par laquelle on pourrait peut-être obtenir
un marché mais qui aurait un escompte...
M. MORIN: A 4 p.c, je pense bien à 4 p.c. Vous voyez, ça
va très vite, on pourrait peut-être disposer d'une ou deux autres
questions. Les camions utilisés par les entrepreneurs qui travaillent
à la baie James portent-ils tous des plaques d'immatriculation du
Québec?
M. GIROUX: Je n'ai pas fait la vérification.
M. MORIN: Non, j'imagine pas vous personnellement; peut-être que
M. Boyd pourrait nous donner la réponse.
M. BOULVA: II faudrait avoir un rapport de la police provinciale.
M. MORIN: Ecoutez, je ne désire pas avoir une réponse
dès ce soir. C'est une question qui a été
évoquée en Chambre, je pense, une ou deux fois, et qui a
donné lieu, de part et d'autre, à des exercices de haute voltige.
Si on pouvait avoir les faits une bonne fois, ce serait utile.
M. GIROUX: M. Morin, est-ce que vous seriez satisfait quant aux camions
qui travaillent sur les chantiers? On peut acheter une pièce quelconque,
parfois à Toronto ou à Peterborough, qui eux peuvent la
transporter jusque-là. Je crois qu'on peut facilement vous faire un
rapport sur l'immatriculation des camions qui travaillent sur le chantier.
La route est tout de même une route où il peut y avoir un
peu de circulation.
M. MORIN: Est-ce que vous pourriez le faire pour la route aussi puisque
en fait c'est sur votre...
M. GIROUX: On peut essayer mais c'est plus difficile.
M. MORIN: Ou encore la SDBJ.
M. GIROUX: Ce serait à la SDBJ de le faire.
M. MORIN: Est-ce que M. Boulva pourrait faire faire un relevé
et...
M. BOULVA: ... savoir si les camions des entrepreneu rs...
M. MORIN: Si les camions qui travaillent sur le territoire de la SDBJ
sont immatriculés au Québec.
M. BOULVA: Qui travaillent, pas simplement les transporteurs.
Ceux qui travaillent pour les entrepreneurs.
M. BACON: Ceux qui travaillent sur les chantiers de construction.
M. MORIN: Ceux qui travaillent sur les chantiers.
M. BOULVA: Pour la construction de la route et...
M. MORIN: C'est cela. Pas les entrepreneurs qui travaillent à
l'intérieur du territoire.
M. BOULVA: D'accord.
M. MORIN: Quand vous voudrez nous communiquer ces renseignements,
messieurs, ce sera utile. Une dernière question, ça va d'ailleurs
nous permettre de faire le joint avec un autre problème dont on discute
beaucoup au Québec à l'heure actuelle et qui est le
problème linguistique.
Nous avons appris, par un article de l'Echo Abitibien de Val-d'Or,
qu'une directive signée par M. Hanley, conseiller en transport de la
SDBJ, donnait instruction à l'effet que les communications par radio se
feraient désormais en anglais pour toutes les compagnies de transport
aérien desservant le territoire de la baie James: "In order to avoid
confusion and possible misunderstanding because the large majority of pilots
now flying into the James Bay area are English speaking only, the official
language for air-ground communications within the complex will be English".
Cette directive semble avoir évoqué un certain nombre de prises
de position; en tout cas, il ne semble pas qu'elle favorise beaucoup
l'embauche, l'emploi de pilotes québécois. Et certaines
sociétés de transport aérien à la baie James
comptent à leur service un certain nombre de pilotes
québécois. Effectivement, les sept compagnies stationnées
à Mataga-mi ont 26 pilotes dont 21 Québécois. Est-ce que,
de la part de la SEBJ, cette directive vous parait raisonnable?
M. BOYD: M. le Président, premièrement, j'aimerais vous
indiquer que M. Hanley n'est pas un anglophone; c'est un francophone comme Boyd
et bien d'autres; c'est un M. Hanley de la Gaspésie qui est parfaitement
bilingue, et ce n'est pas...
M. MORIN: Mais la directive était en anglais seulement. J'ai
été obligé de lire la directive en anglais parce
que...
M. BOYD: Oui mais plus tôt vous m'aviez demandé combien il
y avait de parlants anglais.
M. MORIN: Oui.
M. BOYD: Le Frank Henley ne s'écrit pas de la même
façon que l'ancien politicien. C'est un Gaspésien parfaitement
bilingue et même de langue française. La raison pour laquelle
cette directive avait été écrite de cette façon,
c'est que c'est la coutume, c'est même la loi qui existait à peu
près partout; internationalement, on fait l'aviation en anglais.
M. MORIN: Ah! monsieur...
M. BOYD: Alors, on a une réponse écrite, ici, qui explique
cette chose: "Les pilotes qui manoeuvrent au-dessus du territoire ne captent
qu'une seule et même fréquence; 60 p.c. de ces pilotes ne parlent
qu'anglais. On ne peut obtenir, selon les normes fédérales, aucun
permis d'utilisation de ces communications nécessaires à la
navigation aérienne si l'on ne parle ni ne comprend l'anglais. De plus,
les messages émis sur cette fréquence doivent être compris
non seulement de ceux à qui ils s'adressent mais de tous les pilotes
opérant dans la région. C'est pourquoi on procède en
anglais. C'est pourquoi tous les pilotes sur le territoire sont aptes à
utiliser ce système. Ce n'est aucunement la baie James qui est
responsable de cet état de choses."
En fait, on se sert de l'anglais pour atterrir à Paris.
M. MORIN: Ah! une seconde. Là si vous amenez le débat sur
ce plan-là, ça peut être long parce qu'il y a de nombreux
Etats qui utilisent deux langues: la langue du sol, la langue de l'Etat et, si
le pilote ne connaît pas la langue du sol, alors la réglementation
prévoit qu'il passera à l'anglais. Mais vous n'ignorez pas, M.
Boyd, qu'à l'aéroport de l'Ancienne- Lorette, par exemple, la
francisation des communications aériennes est commencée et que
c'est probablement ce qui attend la plupart, sinon la totalité, des
aéroports du Québec un jour ou l'autre.
M. BOYD: Nous sommes les premiers à vouloir ce mouvement et, si
c'est possible, on va certainement opérer en français puisque
c'est une politique générale et une des premières qu'on a
établies, que tout le travail à la SEBJ, à la SDBJ, se
fait en français.
Seulement, nous étions pris avec un problème de
sécurité. Nous ne voulions pas d'accident, et je vous ai
indiqué qu'à ce moment-là, 60 p.c. des pilotes ne
parlaient pas autre chose que l'anglais. On a jugé qu'en attendant
qu'on
puisse faire autre chose, il était préférable, pour
la sécurité du personnel volant et de ceux qui étaient
transportés, d'utiliser la langue qui était majoritaire et, dans
certains cas, l'unique langue.
M. GIROUX: Je pense qu'on peut dire aussi, M. Morin, qu'il y avait un
problème de sécurité pour tous les avions, parce qu'il n'y
a pas que les avions qui sont engagés par la SEBJ qui survolent le
territoire, n'est-ce pas? Il y a beaucoup d'avions de l'Ontario qui partent
pour aller jusqu'à Churchill. Ce qui arrive, c'est qu'il y avait,
à ce moment-là, des craintes au point de vue de la langue. Les
directives du ministère des Transports étaient que la langue
anglaise devait être utilisée.
Depuis, le français est censé commencer à se
développer ici, à l'aéroport. Maintenant, je ne sais pas
ce qu'on va faire, par exemple, pour la protection des civils qui ne
comprennent pas le français. Le problème, ce sont les avions
civils. Les avions militaires qu'il y a dans cette région, pour la
majeure partie, sont stationnés à Chicoutimi et, je pense qu'on y
comprend le français, mais pour les avions civils... Au moment où
cela a été émis, cela n'a pas été fait,
n'est-ce pas, comme un geste de défi, quelque chose comme ça.
Cela a été émis pour la sécurité des
gens.
M. BOYD: En fait, M. Morin, si vous permettez que j'ajoute quelque
chose, j'ai personnellement autorisé l'émission de cette
directive, pour la sécurité du personnel. Je pense que je peux
donner un autre témoignage. C'est que dès 1946, étant tout
jeune ingénieur à l'Hydro-Québec, j'ai été
un des premiers à faire de la traduction de l'anglais au français
à l'HydroQuébec, parce qu'en 1944, c'étaient tous des
Anglais qui étaient ingénieurs. Donc, je suis conscient du
problème...
M. MORIN: Ne revenons pas sur un passé qui est peut-être un
peu lourd. Là, je parle d'un problème présent.
M. BOYD: II n'est pas lourd pour moi en tout cas, parce que j'ai
été un de ceux qui ont amené le français à
l'Hydro-Québec, et ceci, je regrettais beaucoup de l'autoriser.
C'était malgré nous, mais il y avait dans la balance la
sécurité du personnel. Si c'est possible demain de changer, on va
changer.
M. MORIN: Est-ce que je pourrais vous faire une suggestion, en attendant
que le problème soit réglé sur le plan des principes?
Est-ce que vous ne pourriez pas autoriser vos contrôleurs aériens
à parler en français à ceux qui se présentent en
français? C'est quand même un peu bizarre, avouez, qu'un organisme
carrément public comme le vôtre, au Québec, donne cet
exemple. Je ne veux pas dire plus que ça, c'est un peu gênant.
M. GIROUX: Voici, probablement qu'il y aurait une solution: c'est qu'on
permette que ce soit bilingue pour débuter. Il y a une expérience
à faire là les expériences ne doivent pas prendre
20 ans au sujet des gens, n'est-ce pas, qui ne comprennent pas le
français. Et je pense qu'on ne peut pas empêcher une personne qui
communique avec un terrain d'atterrissage, s'il ne comprend pas l'anglais et
que l'autre s'en vient, il ne sait pas, alors...
M. MORIN: Je vous fais une suggestion, puis je vous reposerai la
question l'année prochaine quand vous nous ferez l'honneur de votre
prochaine visite.
M. GIROUX: L'année prochaine.
M. MORIN: Est-ce qu'il n'est pas possible de nuancer la directive, pour
l'instant, et de faire en sorte que les pilotes francophones puissent
s'exprimer en français?
M. BOYD: C'est déjà commencé. On me donne un
détail. Pour les opérations normales, pour le "dispatching" des
hélicoptères, par exemple, entre le "dispatcher" et le pilote, on
emploie le français, lorsque le pilote parle français. Où
on parle encore l'anglais, c'est pour des instructions d'atterrissage des
avions qui peuvent venir de différentes directions. Donc, on est en
évolution. Soyez assurés qu'on espère pouvoir vous
rapporter progrès l'an prochain.
M. MORIN: Bon! nous en reparlerons l'année prochaine.
Messieurs, je tiens à vous remercier.
M. BOYD: M. Morin, pendant que j'ai encore la parole, si je peux, M. le
Président, je vous avais promis un chiffre, tout à l'heure,
concernant le personnel de Bechtel qui est à notre siège social.
Sur 89 employés de Bechtel au siège social, il y en a douze qui
sont des Etats-Unis.
M. MORIN: Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saint-François.
M. DEZIEL: M. le Président, une question, par curiosité,
que j'aimerais adresser évidemment au responsable, au conseil
d'administration, de la publicité. Pour quel motif ou sur quoi s'est-on
basé pour faire de la promotion publicitaire avec un slogan comme
celui-ci: Nous sommes Hydroquébécois?
M. GIROUX: M. Garneau vous l'a expliqué, ce midi.
M. DEZIEL: Je n'étais pas ici.
M. GIROUX: Ah, vous n'étiez pas ici. M.
Garneau a fait un exposé magistral à l'effet que
l'Hydro-Québec était totalement hydroélectrique. J'ai
remercié M. Garneau et je lui ai dit: Vous admettez que nous sommes
Hydroquébécois. J'admire le Parti libéral d'admettre
qu'ils sont devenu Hydroquébécois. Je ne sais pas si ça
répond à votre question.
M. BACON: M. le Président, je ne veux pas éterniser le
débat, mais la campagne...
M. MORIN: Mais ça peut faire un débat.
M. BACON: De toute façon, il nous reste dix minutes, ça ne
sera pas un grand débat. Au sujet de la campagne des
Hydroquébécois, il y a une chose qui m'a quand même
frappé dans cette campagne, c'est le moment où elle est
arrivée.
M. GIROUX: Voici, je pense que je peux l'expliquer très
facilement.
M. BACON: Non, non! Je n'en veux même pas d'explications; on peut
s'en permettre quand même. Je pense que la question que le
député de Saint-François a soulevée est importante
et je pense que nous partegeons beaucoup des objectifs de
l'Hydro-Québec. On en est fier, de l'Hydro-Québec, mais on peut
se permettre quand même de rester un peu sur notre appétit
vis-à-vis de la campagne qui est arrivée à une
période où...
M. GIROUX: Je crois que je peux donner la totalité des
explications. Je suis parfaitement à l'aise. On demande toujours au
premier ministre à peu près vers quelle date il entend lancer
l'élection, n'est-ce pas? Je demande ça, car je peux faire des
emprunts à telle et telle date, pour ne pas avoir d'emprunt strictement
dans la semaine de l'élection. A part de ça, je ne suis pas
intéressé à la date où il l'a fait.
Actuellement, commence la campagne de publicité de 1975. Si
l'honorable premier ministre déclare des élections à la
même date que l'an dernier, vous allez avoir une campagne de
publicité. Je ne peux pas faire autrement.
Ce qui m'a semblé un peu comique dans cette campagne, c'est que
j'ai des amis dans les quatre partis qui existaient. Alors les quatre partis
qui existaient étaient insatisfaits de la campagne. Les membres du Parti
québécois m'ont dit: Tu favorises l'hydroélectrique, parce
que Bourassa fait la baie James. J'ai dit: C'est de l'hydroélectrique
à la baie James, alors ils n'aimaient pas ça.
Le parti libéral dit: Vous vous servez du mot
"québécois". Ecoutez, si le Parti libéral a l'esprit assez
étroit pour enlever le mot "québécois" du dictionnaire,
j'aimerais qu'il m'avise. Parce que là, je crois que c'est de
l'étroitesse d'esprit.
L'Union Nationale me dit: Ecoute, tu fais ci, tu fais ça,
bon.
Le Crédit social se plaignait qu'on favorisait le Parti
québécois. Messieurs, je peux vous assurer une chose, je ne suis
pas politicien ni organisateur politique. Quelqu'un, tantôt, me demandait
si je remplaçais M. Desrochers; je peux vous assurer que non, je n'ai
absolument pas son talent d'organisateur politique. Mais, si jamais je faisais
une campagne contre le Parti libéral, vous ne prendriez pas 102
sièges!
Ceci est dit avec l'humour habituel qu'on me connaît, sans
arrière-pensée, avec la franchise que j'ai toujours essayé
de donnera la commission.
M. MORIN: Vous auriez une très grosse caisse
électorale.
M. GIROUX: Elle est pas mal.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je laisserais la parole à
l'honorable chef de l'Opposition.
M. MORIN: M. le Président, je pense qu'il convient de remercier
ces dames, parce qu'il y en a quelques-unes, et ces messieurs de
l'Hydro-Québec, pour avoir répondu avec beaucoup de patience
à nos questions. Je n'ai qu'un souhait à exprimer, que leur
rapport nous parvienne peut-être deux ou trois jours avant le moment
où la commission a l'honneur de les accueillir. Fût-ce sous le
sceau de la confidence, nous serions prêts, pour pouvoir mieux nous
préparer à ces entretiens, à respecter le caractère
confidentiel des documents qui nous parviendraient dans les jours qui
précèdent.
Je souhaite que les hypothèses du président et des
commissaires au sujet de la baie James et de l'énergie nucléaire
se réalisent dans l'intérêt des Québécois.
Bien que j'aurais eu plaisir à gagner mes paris et à prendre deux
ou trois bons dîners avec ces messieurs, je préférerais les
perdre. Merci, messieurs, et à l'année prochaine
peut-être.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre des Richesses
naturelles.
M. MASSE: Monsieur le Président, un simple mot pour remercier
l'ensemble des cadres de l'Hydro-Québec et d'autres employés qui
ont participé, pendant ces trois longues journées, à ces
débats qui demandaient, à certaines périodes, de la
patience. Remerciements à M. Giroux, président, et aux autres
commissaires pour les efforts qu'ils ont mis à répondre, le plus
adéquatement possible, à nos questions, au président de la
SDBJ, au président de la SEBJ.
M. le Président, je tiens à vous remercier, ainsi que
votre collègue, et chacun des députés libéraux de
l'effort qu'ils ont mis, même dans cette fin de semaine assez tardive. Je
voudrais vous laisser un mot, M. Giroux, en finissant: Je pense que vous avez
convenu que vous n'étiez pas politicien, mais vous en avez les
qualités! Merci.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, merci bien tout le
monde...
M. GIROUX: M. le Président, au nom de tous mes confrères,
au nom des différentes affiliations, SEJB et SDBJ, on tient à
vous remercier. Le problème est difficile. Je peux assurer le chef de
l'Opposition que, selon son assurance, il acceptera mes invitations à
l'avenir. Le parti aura les explications dont ils ont besoin.
Si jamais les députés ont besoin d'explications,
même s'il n'y a pas de document public, je ne crois pas que personne
puisse dire, dans le gouvernement du Québec, qu'une lettre ou un
téléphone n'a pas été retourné,
malheureusement peut-être pas toujours dans la même journée
parfois. Mais sur toute information qui nous est demandée, nous serons
toujours en mesure de coopérer afin de vous donner l'information
nécessaire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Merci. La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 55)