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Commission permanente
des richesses naturelles et
des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
Séance du mardi 6 mai 1975
(Dix heures vingt-huit minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Nous commençons, ce matin, l'étude des crédits du
ministère des Terres et Forêts. La parole est au ministre des
Terres et Forêts.
Remarques générales
M. Drummond: Je pense que l'on peut commencer en
établissant peut-être les règles du jeu, comme on l'a fait
dans les années passées, où les fonctionnaires du
ministère peuvent, pour les programmes qui concernent leur
responsabilité, parler au nom du ministre.
Dans un premier temps, je pense, lorsqu'on discute des
généralités, ce sera M. Gagnon, sous-ministre adjoint en
administration, qui va parler et Jean-Noël Poulin, sous-ministre au
domaine, et, en l'absence du sous-ministre, il y a M. Paul
Légaré, directeur général des forêts.
J'aurai un texte d'introduction à l'étude des
crédits dont on doit avoir des copies disponibles dans quelques minutes.
J'aimerais, avant de procéder avec vous à l'analyse
détaillée des prévisions budgétaires du
ministère des Terres et Forêts, pour l'exercice financier 1975/76,
formuler quelques commentaires qui vous permettront de vous rendre compte que
la répartition des ressources financières qui existe entre nos
programmes et leurs' éléments respecte bien les grandes
orientations que s'est données le ministère et dont il a
déjà fait état dans le livre blanc qui a été
rendu public en 1972.
Les demandes financières du ministère, pour la
période d'exercice 1975/76, y compris les montants d'argent qui seront
obtenus dans le cadre de la programmation budgétaire de l'OPDQ pour la
réalisation de projets spécifiques, dans certaines régions
de la province, totalisent la somme de $73,864,500 par rapport à $66.8
millions en 1974/75. Elles se répartissent entre trois secteurs, sept
programmes et dix-sept éléments de programme tels
qu'indiqués au tableau qui apparaît ci-dessous.
Au lieu de lire tous les programmes, on va les passer et les reprendre
plus tard avec vous.
La comparaison avec 1974/75 ne permettant pas, à cause des
modifications qui y ont été apportées pour tenir compte
des indexations, des crédits supplémentaires obtenus en cours
d'exercice, des comptes ministériels, etc., de présenter une
image vraiment significative de l'évolution du budget du
ministère, par rapport à la période fi- nancière
précédente, il a été jugé plus
réaliste de se servir, pour fins de comparaison, des crédits
budgétaires votés par l'Assemblée nationale en 1974/75,
soit la somme de $61.9 millions.
Sur cette base l'accroissement du budget du ministère est de
$15.8 millions, montant qui se compose des trois éléments
mentionnés ci-dessus, c'est-à-dire l'indexation des traitements
et d'autres intrants au budget, $5.4 millions; argent additionnel obtenu dans
le cadre de la programmation de l'OPDQ, $841,300; crédits additionnels
sollicités par le ministère pour l'intensification
d'activités en cours, de même que pour la mise en oeuvre de
nouvelles activités s'inscrivant dans le cadre de la réforme
forestière, $9.5 millions. Comme les deux premiers articles de cette
ventilation ne prêtent pas tellement à discussion, nos
commentaires porteront principalement sur les ressources financières
supplémentaires demandées par le ministère pour la
réalisation de ses principaux objectifs.
Le tableau dont je vous donnerai les détails dans quelques
instants, donne par activité programme et élément de
programme, répartition du montant de $13 millions à $443,100 qui
comprend la somme de $9,545,000 dont il a été question plus haut,
ainsi que le montant $3.8 millions financé à même
l'enveloppe de base du ministère, c'est-à-dire par le biais de
prélèvements à même d'autres activités.
Alors, cela suit une liste qui donne les éléments de modification
au budget, notamment à l'inventaire de base, planification, utilisation,
soutien administratif et technique, levés spéciaux, ce qui
concerne la protection de la forêt, les montants accrus pour la
protection contre les insectes, planification de l'utilisation ou pour le
rachat des concessions, ou dans le cadre de la prise de concession, des
montants additionnels et de la forêt privée... Je pense qu'au lieu
de lire le reste, on va le voir lorsqu'on étudiera les crédits
article par article. Vous aurez la copie de la ventilation. La ventilation des
nouveaux montants demandés par le ministère on entend bien
mettre l'accent sur certaines actions dans le contexte économique et
social que connaît présentement le Québec qui
apparaissent comme prioritaires.
Je pense, par exemple, à la révocation des concessions
forestières qui doit se compléter d'ici 1982, à la
création d'une cinquantaine d'unités de gestion qui engloberont,
éventuellement, toutes les forêts publiques du Québec,
à la formation de groupes de travail, ayant comme mandat de concevoir et
de préparer des plans de gestion de nos forêts publiques au
développement de notre réseau de routes d'accès à
la ressource "Forêt", pour en favoriser une utilisation optimale,
à l'intensification de notre programme d'arrosage aérien contre
les insectes, de façon à pouvoir protéger certains
territoires voisins menacés, où des pertes importantes de
matières ligneuses pourraient être trop préjudiciables
à la bonne marche des établissements industriels de la
région et, par ricochet, au bien-être économique de cette
partie de la population qui en tire sa subsistance.
On notera, également, que le ministère entend
poursuivre ses activités dans le secteur des ressources
forestières du milieu rural. Il espère, par des mesures
incitatives, tel l'établissement d'un crédit forestier, la
création d'unités de gestion dirigées par des organismes
représentant des intérêts locaux, convaincre les
propriétaires de terrains privés de l'importance de leur
participation à la campagne lancée par le ministère en vue
de faire jouer, à la ressource "forêt" des secteurs public et
privé, un rôle encore plus dynamique dans l'économie
québécoise. Cet objectif ne peut être atteint sans une
complète collaboration de la part de tous les intéressés,
et c'est pourquoi le ministère estime-t-il devoir faire tous les efforts
possible, en vue de faire accepter les objectifs d'aménagement et de
production dans les forêts privées.
Il va sans dire que cette énumération n'est pas exhaustive
et que, concurremment, le ministère continuera à s'occuper des
activités qui relèvent de sa juridiction. J'ai l'impression,
cependant, d'avoir présenté une bonne vue d'ensemble de la
programmation budgétaire du ministère pour le prochain cycle
financier et, surtout, d'avoir bien fait ressortir que le ministère n'a
pas dévié de sa course, et que ses efforts tendent toujours
à la réalisation de grands objectifs qui sont à la base de
sa réforme forestière.
Le bill 27 est, en quelque sorte, le tremplin à partir duquel le
ministère va prendre son élan, en vue de se doter des dispositifs
administratifs et techniques qui lui permettront de jouer son plein rôle
dans la gestion des forêts publiques.
Je pourrais expliciter plus longuement la question, mais je ne crois pas
qu'il soit utile de le faire, à ce moment du moins, étant
donné que la politique forestière du ministère a
été abondamment commentée par tous les media d'information
et qu'elle a déjà été discutée en profondeur
lors de l'examen du projet de loi 27. Je me ferai, cependant, un plaisir de
fournir tout renseignement additionnel qui pourrait être requis lorsque
nous passerons à l'examen plus détaillé des
prévisions budgétaires du ministère.
En terminant, j'aimerais vous remercier de votre bienveillante attention
et vous assurer de ma plus entière collaboration, de même que
celle des officiers du ministère qui m'assisteront au cours de
l'étude de nos prévisions budgétaires pour l'année
financière 1975/76.
Avant de terminer, M. le Président, je veux peut-être
signaler que, probablement, la seule réforme forestière qui
était contenue dans le livre blanc, qui n'est pas encore un projet de
loi passé ou déposé en Chambre, c'est la création
d'une régie des produits forestiers.
On en avait discuté longuement à maintes reprises et
j'avais toujours dit qu'étant donné qu'il n'y avait aucun appui
des utilisateurs de notre clientèle pour l'établissement d'une
telle régie que j'hésitais énormément à
imposer une telle régie.
C'est seulement hier que l'Association des manufacturiers de bois de
sciage a demandé au ministère de procéder à
l'élaboration d'une telle régie pour avoir une meilleure
disposition et garantie quant à l'allocation des ressources. A ce
moment, je dis que je suis très heureux de faire une étude plus
approfondie de la question de la régie parce que, personnellement, je
pense que rétablissement d'une telle régie est une
nécessité pour bien mener à terme les réformes
forestières. Alors, on va commencer, aussitôt que possible, cette
étude.
Le Président (M. Lafrance): Avant de donner la parole
à un autre membre de la commission, je voudrais faire part des
changements suivants parmi les membres de la commission: M. Drummond remplace
M. Massé (Arthabaska) et comme rapporteur... Y a-t-il d'autres
changements parmi les membres? M. Roy (Beauce-Sud) remplace M. Samson
(Rouyn-Noranda)?
M. Roy: C'est cela. Au niveau de la commission parlementaire des
richesses naturelles et des terres et forêts, je me suis toujours
occupé du dossier des terres et forêts comme tel parce qu'il
s'agit de deux ministères qui sont intégrés dans une telle
commission.
Le Président (M. Lafrance): Alors, M. Roy (Beauce-Sud)
remplace M. Samson (Rouyn-Noranda).
Et comme rapporteur, les membres de la commission sont-ils d'accord que
M. Pelletier (Kamouraska-Témiscouata) soit nommé rapporteur?
M. Drummond: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): La parole est au
député de Saguenay.
Commentaires de l'Opposition
M. Lessard: Quelques commentaires qui rejoindront en partie les
commentaires que j'avais l'occasion de faire au début de la discussion
sur les crédits de ce ministère, l'an dernier, et qui seront un
peu une analyse du bilan du livre blanc qui avait été
présenté en 1971 sur l'administration de l'ensemble des
forêts au Québec.
Nous avons, ce matin, à commencer l'étude des
crédits du ministère des Terres et Forêts dont la
responsabilité est d'administrer une des ressources les plus importantes
au Québec. En effet, il s'agit de la grande industrie
québécoise, la première industrie
québécoise, dans le secteur des richesses naturelles. Mais,
là comme ailleurs, les Québécois comme tels sont à
peu près absents; là comme ailleurs, nous aurions
espéré an véritable engagement du ministère des
Terres et Forêts afin de faire en sorte que nous puissions avoir, non
seulement un travail de gestionnaire, mais que nous puissions avoir une force,
une puissance dans le développement de cette richesse et que nous
puissions y être présents. On constate que la situation, par
exemple, dans ce secteur de cette richesse naturelle est à peu
près celle-ci: 40% de la production primaire, essentiellement la coupe
du bois, est réalisée par des entreprises non qué-
bécoises; 67% de la production des pâtes et papiers est
réalisée par des entreprises non québécoises. C'est
à peu près dans le secteur du bois, soit le sciage et le
déroulage, que l'on observe une présence forte des
entreprises.
Nous aurions pu, au cours de cette année, au cours de
décembre 1974, réaliser un des objectifs qui m'apparaissait
être indirectement impliqué dans le livre blanc, à savoir
prendre part directement, au niveau de la transformation, comme
Québécois. En effet, M. le Président, en décembre
1974, le gouvernement du Québec avait l'occasion, probablement pour la
première fois, de pouvoir s'impliquer, non seulement comme gestionnaire,
mais de pouvoir s'impliquer dans la transformation de cette ressource, puisque
Price Brothers offrait au gouvernement du Québec de lui vendre ses
actions au prix de $18, je pense, par l'intermédiaire de REXFOR.
En fait, on aurait proposé au gouvernement ceci:
Premièrement, acheter environ 25% des actions de la Price, par
l'entremise de REXFOR, à raison de $20 l'unité, et financer le
tout pour une somme de $50 millions, c'est-à-dire qu'on ne demandait pas
au gouvernement d'investir immédiatement $50 millions, on était
prêt à financer les $50 millions.
On était aussi prêt à réduire le nombre
d'administrateurs de Price de 15 à 12 pour prévoir la nomination
par le gouvernement de six de ses douze administrateurs. On était
même prêt, du côté de la compagnie Price, à
prendre les mesures nécessaires pour que le gouvernement puisse
éventuellement acquérir le contrôle absolu de Price
Brothers.
On connaissait alors l'importance de cette compagnie, qui était
l'une des plus importantes compagnies ou entreprises dans le secteur des
pâtes et papiers, puisque la compagnie Price produisait environ 20% du
papier journal produit au Québec. Il s'agissait d'une entreprise qui
avait son siège social dans la ville de Québec et qui a toujours
été québécoise par la localisation de ses
activités. En fait, même si Price possédait quelques
installations dans les Maritimes, la très grande majorité de ses
investissements se situait au Québec. Ce qui était plus
important, c'était que cette société, au cours des
dernières années, avait produit des profits accumulés
très importants à même ses activités au
Québec.
En décembre dernier, le fonds de roulement de la compagnie
était estimé à $130 millions et augmentait d'environ $40
millions par année. Ce fonds de roulement avait été
réalisé au Québec et, malgré l'assurance qui nous a
été donnée, il risque d'être déplacé
hors du Québec par suite du fait qu'Abitibi Paper en a pris le
contrôle et que le siège social de cette dernière compagnie
se situe à Toronto. Donc, il est possible j'espère que le
ministre pourra nous rassurer sur ce point que les conséquences
de cette transaction puissent être néfastes pour le
Québec.
D'abord, on sait que Price Brothers avait annoncé, dans la
région du Lac-Saint-Jean, des investissements assez
considérables, dont ceux de $20 millions dans une usine de pâtes
et $16 millions dans une scierie au Lac-Saint-Jean.
Ce sont donc plusieurs emplois qui sont mis en cause et nous aurions
espéré que le gouvernement intervienne. Si on se base sur le
montant de $18 l'action, c'était une transaction qui équivalait
à environ $90 millions pour prend re le contrôle majoritaire de
cette société.
C'était donc relativement peu par rapport au fonds de roulement
de la compagnie qui était de $130 millions.
Mais le gouvernement a décidé, en affirmant qu'il ne
s'agissait pas d'une préoccupation prioritaire, de laisser se
concrétiser, ou se confirmer le cartel dans le domaine forestier. Au
lieu d'intervenir, comme nous avions espéré que c'était
indirectement compris à l'intérieur du livre blanc, le
gouvernement n'a rien fait. Le gouvernement aurait pu, à ce
moment-là, à un coût assez minime, s'intégrer
directement dans le secteur de la transformation.
Malheureusement, on va continuer à être des gestionnaires,
des gens qui travailleront pour les autres et nous ne pourrons, dans ce secteur
comme dans d'autres secteurs québécois, avoir notre juste part;
je dis même notre contrôle d'une des richesses naturelles les plus
importantes que nous possédons au Québec. Nous laissons cela aux
autres et c'est dans ce secteur, comme dans d'autres secteurs.
On aurait espéré plus de la part du ministre des Terres et
Forêts, qui avait créé, dans la population, un certain
nombre d'espoirs en 1971 et nous avions espéré que, à la
suite du dépôt du fameux document, le ministère serait
beaucoup plus dynamique, que le gouvernement assumerait ses
responsabilités et qu'il accepterait, non pas de se limiter, par
l'intermédiaire de la Société générale de
financement à Donohue, mais que le ministère puisse s'embarquer
dans une société qui est actuellement une société
intégrée dans tous les secteurs forestiers au Québec.
De toute façon, il est impossible de revenir en arrière,
la transaction est maintenant concrétisée et nous croyons, encore
une fois, que nous avons laissé aller une bonne chance, une excellente
chance pour le gouvernement du Québec qui représente ou
qui devrait représenter les intérêts
québécois de pouvoir avoir une part active à
l'intérieur de l'entreprise de transformation des forêts au
Québec.
Peut-on espérer plus dans l'avenir? Nous en doutons. Si on
analyse comme tels les crédits du ministère, on ne peut constater
un véritable esprit, une véritable volonté de
transformation du ministère ou de transformation de cette richesse
naturelle. Je pense qu'on va continuer d'être strictement des comptables,
d'être strictement des opérateurs de colonnes d'actif et de
passif, mais qu'on ne pourra espérer que le gouvernement s'implique
directement dans le domaine de la transformation forestière, au
Québec.
D'abord, M. le Président, qu'est-ce qui nous fait affirmer ou
qu'est-ce qui me fait affirmer ces choses? Nous constatons, cette année,
dans les
crédits du ministère, une très légère
augmentation, une augmentation équivalant à 10.3%. Je n'ai pas
très bien compris le ministre, tout à l'heure, lorsqu'il parlait
de 15%, je pense, mais je constate qu'il s'agit d'une augmentation de $66
millions ou $67 millions à $74 millions. C'est donc $7 millions de plus,
cette année, au niveau des crédits, ce qui correspond, à
peu près à 10.3%.
Ce chiffre correspond à moins que le taux d'inflation. En termes
réels, le budget du ministère diminue légèrement.
Encore une fois, ceci nous apparaît être un élément
de plus qui nous porte à croire, malgré certaines lois qui nous
ont été présentées, que la réforme globale
et fondamentale de la politique forestière, tant dans le secteur
privé, où on espère encore obtenir les crédits
forestiers, au cours de cette session, que sur les terres publiques,
piétine, traîne en longueur et se consume lentement au gré
de petites réformes, de grands calendriers de réalisations,
d'études et de réétudes des structures à mettre en
place.
Le ministre nous disait tout à l'heure, qu'il espérait
que, cette année, le ministère allait prendre son élan.
Nous aurions espéré qu'il puisse prendre son élan bien
avant 1975. On se rappelle que, la réforme de la politique
forestière ou le livre blanc a été rendu public en
novembre 1971. Nous en sommes à la quatrième année et,
pour nous, en tout cas je peux me tromper, M. le Président
nous croyons que les résultats en sont assez minces. On parle de
structures, on présente des projets de lois, tels le projet de loi 27
sur les modes de tenure, c'est-à-dire la Loi des terres et forêts,
le bill II, Loi sur les crédits forestiers.
Mais, dans tous les domaines, au niveau de l'action et de la
réalisation concrète de la réforme, le bilan est mince. On
a déterminé un certain nombre d'objectifs, mais après
quatre ans. Au niveau de la concrétisation comme telle de ces objectifs,
nous croyons que le bilan est assez mince. Cette lenteur du ministre, ses
hésitations et je parlerai tout à l'heure de la
création de la Régie des produits forestiers au Québec
ses reculs dans plusieurs cas en ce qui concerne la
Société de gestion se vérifient dans plusieurs
domaines.
Quatre ans plus tard, la carte des concessions forestières est
intacte. Le ministre est actuellement en train de négocier avec Quebec
North Shore, mais il n'y a aucune concrétisation de ce
côté. Le ministre reprend pour D'Auteuil Lumber, par exemple, et,
dans la région de la Gaspésie, tente de reprendre un certain
nombre de concessions, mais on ne touche pas et on n'a pas encore touché
à cette grande réforme de la rétrocession des concessions
forestières parce qu'on ne touche qu'aux petites compagnies et on ne
touche pas aux grosses entreprises comme la CIP, par exemple.
Aucune, sinon une ou deux petites concessions, n'a été
reconvertie en forêts domaniales. On n'a toujours pas de calendrier de
l'abolition des concessions forestières. On parle de dix ans. Si le
rythme de rétrocession ou de négociation se fait selon celui qui
existe en ce qui concerne Quebec North Shore, j'ai l'impression qu'après
dix ans, on ne sera pas encore rendu loin, à moins que ce gouvernement
ne soit changé. On a présenté et rapidement retiré
la formule d'indemnisation contenue dans la première version du bill 27.
On constate, en tout cas, à moins que le ministre ne nous donne d'autres
informations, qu'il n'y a aucun crédit budgétaire de prévu
pour l'opération récupération-indemnisation, qui
était estimée, je pense, par le ministre à $75
millions.
Le ministre semble avoir reculé de façon définitive
en ce qui concerne la société de gestion. Je lisais, dans une
analyse qui avait été faite par Gilles Lesage, du Devoir, que le
ministre expliquait ce recul par le fait qu'il avait décidé de
faire confiance à ses fonctionnaires qui étaient actuellement,
à l'intérieur du ministère, capables de faire cette
gestion. Je le souhaite. Quant à moi, je fais aussi confiance aux
fonctionnaires du ministère. Cependant, il ne faudrait pas leur donner
une tâche trop lourde qu'ils ne puissent remplir pour ensuite les accuser
de ne rien faire.
En ce qui concerne la création de la Régie des produits
forestiers, le ministre semble maintenant revenir à de meilleurs
sentiments. Je me rappelle avoir appuyé le ministre sur ce point.
Pourtant le ministre demande encore des appuis. Que voulait le ministre? Il ne
voulait pas avoir l'appui des législateurs, il ne voulait pas avoir
l'appui des parlementaires. Le ministre voulait avoir l'appui des grands
utilisateurs de l'essence forestière.
Le ministre attendait d'avoir l'appui des grandes compagnies, et le
ministre se faisait tirer l'oreille. Le ministre allait même
quémander auprès des grandes compagnies forestières en
leur disant: Ecoutez! Il me semble que c'est nécessaire, cette
Régie des produits forestiers, et je vous demande donc de m'appuyer. Il
a reçu, en fin de semaine, un appui de la part de l'Association des
manufacturiers de bois de sciage. Je m'en réjouis, M. le
Président. Je m'en réjouis, parce que c'était probablement
le secteur qui était le plus massacré en ce qui concerne
l'approvisionnement en essence forestière, et qui aurait dû,
à ce moment, appuyer le ministre. Mais on avait remarqué que,
lors de la discussion du livre blanc, lors des séances qui visaient
à étudier le livre blanc, cette société
était plus ou moins prête à appuyer le ministre en ce qui
concerne la Régie des produits forestiers.
Le ministre, maintenant, se glorifie. Il a un appui de la part d'un
certain nombre des utilisateurs de cette matière première. Moi,
je dis: J'en suis heureux; j'en suis content. Mais si le ministre veut
démontrer un leadership, si le ministre veut démontrer un certain
dynamisme, il n'a pas à aller quémander l'appui des utilisateurs.
Il appartient au ministre de faire les politiques nécessaires à
une meilleure utilisation de la forêt. Cela n'appartient pas aux
utilisateurs comme tels. C'est le ministre qui a la première
responsabilité de le faire. Il n'a pas à se plier au marchandage
des compagnies forestières ou d'autres utilisateurs des produits
forestiers. Le ministre aurait démontré son leadership, s'il
avait maintenu sa décision qui était prévue à
l'intérieur du livre blanc, à savoir, la créa-
tion d'une Régie des produits forestiers, pour avoir une
meilleure répartition de l'essence forestière entre les
différents usagers.
Encore là, je dis et à la place du ministre, je ne
m'en glorifierais pas que cela démontre encore une fois que le
ministre, malheureusement, ou peut-être son cabinet, est à la
remorque des compagnies forestières, est à la remorque de
certains utilisateurs, et je ne souhaiterais pas, pour le ministre actuel comme
pour d'autres ministres, que cette situation se continue. On doit
démontrer un certain leadership. On doit démontrer que
l'aménagement du secteur forestier ne doit pas se faire par les
utilisateurs, mais doit se faire par le premier responsable, au point de vue
politique, de l'administration de cette richesse naturelle, à savoir, le
ministre des Terres et Forêts. Quant à nous, M. le
Président, je l'affirme à nouveau, nous avons toujours, sur ce
point, appuyé le ministre actuel des Terres et Forêts. Mais,
malheureusement, nous espérons qu'il va démontrer un plus grand
leadership, un plus grand dynamisme et qu'il va concrétiser sa
réforme, non pas en attendant l'appui des autres, non pas en attendant
l'appui des grandes compagnies, non pas en allant quémander cet appui
auprès des grandes compagnies.
Lorsqu'il est véritablement convaincu, en relation avec ses
fonctionnaires, qu'une chose s'impose, le ministre doit la concrétiser
et nous avions cru, lors de la discussion du livre blanc, que la
création d'une Régie des produits forestiers s'imposait pour une
meilleure utilisation de cette richesse naturelle. Le ministre a
décidé de reculer, a décidé de ne pas l'imposer et,
quatre ans après, il revient à la charge, à la suite de
l'appui de l'Association des manufacturiers de bois de sciage; il vient de
constater qu'il ne pouvait avoir ou pouvait avoir difficilement la
collaboration des grandes compagnies forestières, mais on pouvait
s'attendre à cela.
On constate aussi, en ce qui concerne la voirie forestière, qu'il
y a une baisse substantielle des crédits.
En ce qui concerne la production forestière privée,
dès 1971, il y avait le plan Lussier, qui était prêt
à être appliqué. Je sais qu'on fait des expériences
dans le Bas-Saint-Laurent, mais, quatre ans après, nous avons encore
très peu de chose, autrement dit peu de résultats concrets qui
sont attendus de l'Office du crédit forestier en 1975.
Le ministre nous annonce sa loi du crédit forestier. Nous
souhaitons pouvoir l'étudier dès cette session et nous souhaitons
que, grâce à ce crédit forestier, on pourra
véritablement mettre en marche le développement du secteur
privé tel que prévu par le rapport Lussier.
C'étaient là les quelques remarques que j'avais à
faire et je ne voudrais pas qu'elles soient considérées comme
étant des remarques d'animosité. Je ne le pense pas. Nous avons
toujours eu d'excellentes relations avec le ministre des Terres et
Forêts. Cependant, je fais ces remarques parce que je suis convaincu
qu'il est important pour le Québec d'en arriver à une
véritable trans- formation de nos politiques forestières. Je suis
convaincu qu'il faudra démontrer beaucoup plus de dynamisme, beaucoup
plus de leadership, parce que les grandes compagnies forestières ne se
laisseront pas facilement enlever leur pain bénit. Il faudra que le
ministre les affronte directement et non pas se rendre à genoux
quémander certains appuis alors que, du côté des
législateurs et même du côté de la population, il
avait déjà cet appui.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'ai également
écouté le ministre des Terres et Forêts nous faire un bref
exposé relativement à l'administration de son ministère
ainsi qu'aux politiques qu'il entend faire adopter en vue d'orienter l'action
du ministère des Terres et Forêts au cours de la présente
année.
J'ai écouté ces remarques un peu avec un grain de sel
parce que je me demande réellement si on peut avoir une confiance
réelle en ce qui regarde les intentions du ministère des Terres
et Forêts et les intentions du ministre.
L'actuel ministre est titulaire de ce ministère depuis cinq ans.
Mon collègue de Saguenay parlait du bilan tout à l'heure, mais je
pense que c'est justement dans le bilan des réalisations qu'on peut
juger de ce qui a été fait et qu'on peut juger de la situation
dans laquelle nous sommes présentement.
Or, que s'est-il fait depuis cinq ans, depuis que l'actuel ministre a
cette responsabilité? Nous avons beau chercher un peu partout, et nous
ne trouvons pas grand-chose, sinon quelques initiatives qui ont
été prises par certaines personnes ou certains groupes de
personnes dans certaines régions.
On sait quelles sont les difficultés et combien il fut difficile,
pour ces associations, d'avoir la porte ouverte au ministère des Terres
et Forêts pour finir par avoir quelque chose et être en mesure de
faire quelque chose. Pendant un an, de 1970 à 1971, on nous a
parlé, on nous a répété que le ministère
ferait connaître ses grandes politiques dans un avenir prochain, que le
gouvernement tenterait d'étudier un plan d'ensemble. En 1971, le
gouvernement a accouché de ce qu'on appelle le livre blanc. M. le
Président, cela n'a certainement pas été un accouchement
douloureux parce que, si on regarde ce qui est advenu, par la suite, de ce
fameux livre blanc, cela n'a certainement pas été un enfant
fort.
Le Président (M. Giasson):...
M. Roy: M. le Président, ce livre blanc, comme d'autres
politiques du gouvernement... Je demanderais à l'honorable
président de ne pas provoquer le député, parce que, en
vertu de ses fonctions de président, il doit se limiter à
présider et ne jamais intervenir dans le débat. Je comprends que
lui-même est aux prises avec le même problème auquel j'ai eu
à faire face chez nous.
Je vais revenir sur le fameux livre blanc. Nous avons l'impression,
depuis 1971, que ce livre blanc a été un genre d'opération
qu'on pourrait identifier à celle de son collègue, le ministre de
l'Agriculture, un genre de grande opération "placotage". On en a
parlé partout. Il s'est écrit bien des choses là-dessus.
Mais après 1971, il va y avoir bientôt quatre ans que le livre
blanc a été publié, il va y avoir bientôt quatre ans
que les organismes sont venus, devant la commission parlementaire, pour faire
connaître leur point de vue. Qu'est-ce qui s'est produit en
réalité? On a cherché par tous les moyens possibles
c'est l'impression que nous en avons de gagner du temps. Pourquoi? Pour
permettre aux compagnies de continuer à faire ce qu'elles ont toujours
fait, la pluie et le beau temps, et administrer les forêts du
Québec comme si c'était leur propriété personnelle,
en n'ayant jamais de comptes à rendre à personne. C'est cela, la
réalité. Encore aujourd'hui, au moment où nous nous
parlons, ce sont encore les grandes compagnies qui font la pluie et le beau
temps. Le gouvernement ne les a pas dérangées tellement, sinon
qu'elles se sont posé certaines questions à la suite de certaines
opinions émises par le ministre et peut-être des intentions qui
pourraient aboutir à quelque chose, mais cela a été tout.
Nous n'avons pas eu autre chose que cela.
Alors, nous avons eu une loi l'automne dernier, qui a été
votée par l'Assemblée nationale, la loi 27 apportant des
modifications à la Loi des terres et forêts. Qu'est-ce que le
gouvernement a fait depuis que la loi 27 a été adoptée? Ce
sont des questions auxquelles j'aimerais bien que le ministre tente de
répondre aujourd'hui pour nous rassurer, parce que nous avons
réellement l'impression que la loi 27 est demeurée là et
qu'on étudie encore ce que pourraient être les règlements
de la loi 27. On n'a pas été plus loin.
Dans le livre blanc de 1971 et nous sommes en 1975 il
avait été question de la loi du crédit forestier. Or, la
loi du crédit forestier, le ministre nous a dit à plusieurs
reprises à l'Assemblée nationale, particulièrement en
1973, qu'il entendait faire adopter sa loi avant l'ajournement de la session.
Le ministre nous a répété la même chose en 1974,
qu'il avait bon espoir de pouvoir déposer la loi devant
l'Assemblée nationale et faire adopter la loi avant l'ajournement de la
session. Nous sommes en 1975 et le ministre n'a pas voulu courir le risque de
venir devant la commission parlementai représenter ses crédits et
que la Loi du crédit forestier ne soit pas déposée. Mais
il reste qu'au mois de mai 1975, cette loi n'est pas encore adoptée. Si
on prend le temps de tenter de faire une projection pour déterminer le
temps que le gouvernement prendra avant que la loi soit en vigueur au
Québec, après qu'elle aura été votée par
l'Assemblée nationale, on peut dire, dès maintenant, qu'il sera
impossible q ue cette loi soit réellement en vigueur avant le 1er
janvier 1976. Alors, nous sommes rendus en 1976. Toujours du "placotage". Hier,
le ministre nous a parlé je ne dirai pas nous, M. le
Président, mais le ministre a été invité comme
conférencier à l'Association des manufacturiers de bois de sciage
du Québec qui s'étaient réunis en congrès à
Québec mercredi dernier.
C'est dans les journaux de ce matin... et le ministre reprend
l'idée d'une régie de produits forestiers. Ce n'est pas le
ministre qui va présenter une loi à l'Assemblée nationale
de façon qu'il y ait une régie de produits forestiers au
Québec, non. Le ministre reprend l'idée. Evidemment, ça
fait chic, ça entre bien dans le cadre du marketing qu'utilise largement
l'actuel gouvernement pour tâcher de créer des illusions un peu
partout, mais pour permettre au gouvernement de se justifier de ne rien faire,
ou tenter de faire oublier par la population qu'il n'y a rien qui avance.
Que ce soit dans le rachat des concessions, nous sommes à peu
près au statu quo actuellement; on se demande, et on a raison de se le
demander, si les compagnies ne se feront pas payer largement pour des actifs
qui ont été dépréciés, mais qui seront
calculés à leur valeur de remplacement, parce qu'on sait que
c'est un critère, lorsqu'on négocie, soit de l'expropriation et
des rachats, à cause de l'inflation, non pas sur les valeurs
dépréciées dans les livres, mais on négocie
également sur la valeur de remplacement alors qu'il ne serait aucunement
question de remplacer ces actifs...
C'est une question que je pose encore à ce moment-ci parce que
nous n'avons aucune indication à savoir si le gouvernement va
procéder de cette façon ou si le gouvernement va procéder
plutôt par des rachats d'actifs en tenant compte de la valeur
dépréciée en tenant compte aux livres du nombre de mois ou
d'années qu'ils pourront être utilisés effectivement
à l'exploitation de la forêt dans certains secteurs.
Parce qu'on sait que, dans la construction de camps forestiers, dans la
construction de la majorité des routes forestières, ce sont des
routes temporaires, parce que la majorité ne sert plus au moment
où la forêt a été exploitée. Ce sont encore
là des points sur lesquels nous avons énormément de
questions à nous poser. On peut se poser encore d'autres questions,
à savoir: Comment se fait-il que le gouvernement, après toutes
ces déclarations, toutes ces manifestations d'intentions, que ce soient
toujours des intentions et que le gouvernement ne passe jamais aux actes, ne
passe jamais aux faits?
M. le Président, je pense que ça ne sert à rien de
faire l'autruche et tenter de se cacher la réalité, même si
cette réalité est pénible. Je le dis, je
répète encore et je reprends les propos que j'ai tenus l'an
dernier, malheureusement, je n'ai pas d'indication que ce soit changé,
le ministère des Terres et Forêts a toujours été la
chose des compagnies papetières. Je n'ai pas d'indication actuellement
que ce soit changé. Il y a des changements au niveau des intentions,
mais c'est uniquement à ce niveau qu'il y a des changements. Il n'y a
pas de changement au niveau des faits, et ce sont des changements au niveau des
faits que nous voulons, que la population du Québec exige, que
l'intérêt du Québec commande, des changements au niveau des
faits et non pas des changements au niveau des intentions.
Si le ministre a de bonnes intentions, tant mieux, mais si le ministre
veut être logique, il doit transformer ses intentions en actions et s'il
y a quelqu'un au gouvernement, que ce soit le Conseil exécutif, que ce
soient les hautes instances du parti au pouvoir, parce qu'on sait que les
compagnies papetières ont toujours été
généreuses pour souscrire aux caisses électorales, je suis
heureux que certains de mes collègues du côté
ministériel se sentent un peu scandalisés. J'espère que
ceci va les amener à étudier et à examiner la question de
très près de façon à pouvoir se délivrer des
chaînes qu'ils ont dans les pieds et des menottes qu'ils ont aux mains.
On sait...
M. Malouin: Je ne me sens pas lié.
M. Roy: Non, il y a peut-être autre chose qui lie le
député.
On sait qu'à ce niveau...
M. Malouin: Comme quoi?
Une Voix: Les ingénieurs ont le scandale facile.
M. Malouin: Ah oui! L'Opposition encore plus.
Le Président (M. La francs): A l'ordre, messieurs! La
parole est au député de Beauce-Sud.
M. Roy: On sait qu'à ce niveau ç'a toujours
été excessivement tragique, ce sont les compagnies
forestières qui se sont toujours largement servies du ministère
des Terres et Forêts. Je pourrais dire que la seule chose qui ait
vraiment été positive au niveau de ce ministère,
jusqu'à maintenant, je ne parlerai pas des petites subventions qui ont
été données au regroupement forestier, ce sont de petites
gouttes d'eau, mais la seule chose qui ait été vraiment positive,
c'est que le ministère, et ça prouve mes avancés, le
gouvernement a été extrêmement compréhensif lorsque
les compagnies forestières ont connu des difficultés en 1971 et
en 1972. Tout de suite, un arrêté en conseil; il fallait faire
vite, les pauvres petites compagnies avaient de gros problèmes.
Tout de suite, le gouvernement a fait en sorte d'adopter
l'arrêté en conseil no 1719 le 10 mai 1973. On s'est
dépêché de reporter les droits de coupe des compagnies
forestières.
Vous nous paierez plus tard. Nous, au Québec, ce n'est pas grave.
Les montants d'argent qui nous manquent pour administrer la province, nous
allons les emprunter aux Etats-Unis, à 10%. Mais, pour vous, nous allons
suspendre les droits de coupe et on ne vous demandera pas un sou
d'intérêt, pour permettre aux actions des compagnies de ne pas
subir trop de perte.
Quand les compagnies forestières ont-elles donné quelque
chose en supplément au gouvernement de la province lorsqu'elles ont fait
des profits exagérés au niveau des droits de coupe?
C'était leur responsabilité à elles de se
créer des fonds de réserve et de s'organiser en consé-
quence. Il fallait payer des dividendes, non pas aux Québécois,
mais en Angleterre, aux Etats-Unis et ailleurs, alors que la forêt est
notre richesse naturelle, une de nos plus grandes richesses naturelles au
Québec.
Qu'est-ce que la forêt rapporte aux Québécois
à l'heure actuelle, sinon des emplois pour scier du bois? Comme le
disait le député de Saguenay, parce qu'on s'est modernisé
en forêt, on engage des petits commis, ils additionnent des chiffres dans
les bureaux.
Mais, à part cela, M. le Président, qu'est-ce que les
compagnies forestières au Québec ont apporté de
véritablement valable dans le développement de l'économie
du Québec, en permettant à des entreprises de chez nous
d'être capables de se développer? Qu'est-ce que le
ministère des Terres et Forêts...
D'accord, on dira que ce n'est pas le rôle des compagnies
papetières de s'organiser dans ce domaine-là. Mais lorsqu'on a vu
des entreprises typiquement québécoises, qui avaient besoin de
s'alimenter en forêt, que ce soit en feuillus ou autrement, alors que les
grandes réserves étaient dans les grandes compagnies, qu'est-ce
qu'on a fait à l'endroit de nos entreprises québécoises,
à ce moment-là?
M. le Président, on constate que l'industrie du bois de sciage
dans la province de Québec, en grande majorité, nous provient des
forêts du Maine, et je suis assez bien placé pour en parler. Nous
avons une série de scieries le long de la frontière
américaine et ces entreprises de bois de sciage s'alimentent à
même la forêt du Maine.
Est-ce que nos industriels québécois, est-ce que nos
hommes d'affaires québécois ont eu, eux, des exemptions ou des
permissions pour reporter les droits de coupe à deux, trois ou quatre
ans, de la part des entreprises et des concessions du Maine? Je pose la
question au ministre.
Que le ministre s'informe donc! Quel prix doivent payer ceux qui
alimentent le marché du bois de sciage au Québec, en
majorité, toutes les scieries qui sont situées sur la rive sud du
Saint-Laurent? Quel prix doivent-ils payer de droit de coupe aux
Américains? Qu'il le compare avec le droit de coupe que les compagnies
papetières paient pour les forêts du Québec.
Peut-être que le ministre aura là un élément qui lui
fera admettre que j'ai raison quand je parle de ces choses.
M. le Président, les industriels québécois le
savent. Si le ministre a eu l'occasion de rencontrer dernièrement des
industriels qui font partie de l'Association des manufacturiers de bois de
sciage du Québec, je suis convaincu qu'ils ont informé le
ministre et lui ont fait part de la situation.
Si, demain matin, l'industrie du bois de sciage de la rive sud du
Saint-Laurent, qui dépend de l'approvisionnement des concessions
forestières du Maine, du New Hampshire ou encore de certains lots
privés du Vermont, se voyait, demain matin, à cause d'une
politique qui pourrait intervenir de la part des Américains... Qu'est-ce
qui arriverait à l'industrie du bois de sciage au Québec? C'est
une question que nous avons le devoir de nous
poser. Qu'est-ce qui arriverait à nos hommes d'affaires, à
nos industriels du Québec, à nos scieries, qui contribuent, pour
une large part, que ce soit à partir du comté de Montmagny et
même un peu plus loin, jusque dans les comtés de Compton et de
Frontenac...
Qu'est-ce qui arriverait à nos industriels et à nos hommes
d'affaires si, demain matin, les Américains décidaient, parce
qu'il y a des politiques actuellement, qui visent à corriger la
récession économique qu'ils ont chez eux... Nous savons qu'il y a
des démarches faites actuellement, de grosses pressions qui sont faites
dans l'Etat du Maine pour que le bois soit scié, soit transformé
à l'intérieur des forêts américaines, parce que, une
bonne partie du bois qui a été transformé par les
scieries, à l'intérieur de la province de Québec, a
été retournée sous forme de produits finis aux
Etats-Unis.
Nous avons eu des usines de transformation chez nous. Nous avons
peut-être réussi dans un secteur et c'est peut-être le seul
secteur. Ce n'est pas avec l'aide du gouvernement provincial que nous avons
réussi à transformer une matière première qui
venait d'ailleurs et à la retourner sous forme de produits pratiquement
finis. C'est le seul domaine.
Mais, actuellement, s'il y avait des restrictions au niveau de
l'approvisionnement de la part des forêts du Maine, nos forêts du
Québec seraient-elles capables de garantir un minimum pour permettre
à ces entreprises de continuer à fonctionner? Actuellement, je ne
sache pas qu'il y ait eu de décision valable prise par le
ministère des Terres et Forêts pour corriger cette situation et
pour nous donner les garanties dont nous avons besoin.
M. le Président, on a parlé tout à l'heure d'un
autre projet que je veux aborder, on a parlé beaucoup de
l'aménagement et de la gestion de la forêt privée. Il y a,
comme vous le savez, des organismes qu'on appelle des regroupements forestiers
qui ont été mis sur pied dans différentes régions
du Québec et qui jouent un rôle extrêmement positif en vue
de réaménager la forêt. On sait cependant que cette
formule, même si elle est très valable, n'est quand même pas
une formule qui oblige tous les propriétaires à en faire partie.
Ce n'est pas une formule absolue, non plus, par laquelle on devra obliger tous
les propriétaires à en faire partie. Mais c'est un organisme qui
joue un rôle, qui a joué un rôle, qui a commencé
à jouer un rôle extrêmement positif, extrêmement
valable, et qui, actuellement, joue un rôle extrêmement positif,
extrêmement valable, à ce niveau. Il devrait pouvoir non seulement
continuer, mais devrait pouvoir progresser de façon que tous les petits
propriétaires qui veulent en faire partie puissent en retirer des
avantages, non seulement en faisant partie d'un organisme, qui joue un
rôle qui leur permet d'améliorer la valeur de leur
propriété forestière et de mettre en valeur et
d'augmenter, autrement dit, la productivité, de façon à
pouvoir accroître leurs revenus individuels. Mais il y a des milliers et
des milliers de petits propriétaires forestiers au Québec qui
devraient également pouvoir faire de la sylviculture, de
l'aménagement sur leur lot, sur leur terrain et il devrait y avoir, au
niveau du gouvernement, des politiques incitatives pour encourager tous les
propriétaires de terrains privés à faire, autrement dit,
de l'aménagement, de la sylviculture et augmenter la valeur
forestière.
Cette politique ne pourra pas se faire sans une collaboration
étroite entre le ministère de l'Agriculture, d'une part, et le
ministère des Affaires sociales. On va peut-être rester un peu
surpris que je parle du ministère des Affaires sociales. C'est que je
veux attirer l'attention du ministre à ce niveau sur le cas des petits
propriétaires de boisés qui ont été, pour la
plupart, des travailleurs forestiers, des bûcherons qui ont
travaillé pour les grosses compagnies papetières et qui
possédaient une petite exploitation agricole très marginale. Avec
leur revenu de travailleur en forêt ou encore avec les revenus de leur
boisé de ferme, avec les quelques revenus agricoles, qu'ils avaient, ils
pouvaient réussir, autrement dit, à boucler un budget et à
vivre par eux-mêmes. Mais, aujourd'hui, il y a plusieurs milliers de ces
travailleurs qui, rendus à un certain âge à cause
des restrictions qu'on connaît dans les politiques du ministère de
l'Agriculture, qui visent à la grande exploitation agricole rentable
ont dû abandonner le secteur agricole. Ces gens n'ont plus la
santé pour aller travailler en forêt comme par le passé. Ce
sont des gens de 50, 55, voire 60 ans et ils doivent avoir recours à la
Loi de l'aide sociale pour être en mesure de vivre.
Actuellement, je veux dire au ministre que le ministère des
Affaires sociales refuse toute aide à des personnes qui sont
propriétaires d'un petit lot. On oblige ces gens à vendre leur
lot boisé. Or, leur seul moyen d'avoir de l'argent, d'avoir une somme
d'argent pour réaliser ces actifs, leur seul recours, dans 90% des cas,
est de s'adresser à des spécialistes qui font les coupes à
blanc et les coupes abusives.
Je dis au ministre, aujourd'hui, que c'est un des points les plus
importants que nous avons dans nos régions. Je pense qu'il y a d'autres
de mes collègues qui pourraient dire exactement la même chose que
moi. J'ai des photocopies de lettres, j'en ai plusieurs dans mes dossiers, qui
sont très claires et très précises. On dit et la
lettre émane du ministère des Affaires sociales à
la personne: Impossible d'avoir de l'aide tant et aussi longtemps que vous
n'aurez pas vendu votre lot.
Alors que ces gens actuellement ne sont pas des invalides en
totalité, ils pourraient faire de petits travaux de sylviculture, ils
pourraient s'organiser pour avoir plus de valeur et aller chercher un revenu
qui, d'un autre côté, permettrait de soulager le budget du
ministère des Affaires sociales et contribuerait, autrement dit,
à augmenter la productivité sur le plan de la forêt. Ce
sont des points sur lesquels je veux attirer l'attention du ministre, parce que
je trouve extrêmement déplorable que le ministère des
Affaires sociales travaille de cette façon, et fasse en sorte justement
d'aller complètement à l'encontre, je ne dirai pas des
politiques, mais des intentions du ministre des Terres et Forêts. On
s'est plaint, à un moment donné, et on l'a
dit, c'est pourquoi j'aborde le sujet à ce moment, on s'est
plaint énormément. Le ministre lui-même l'a dit à
l'Assemblée nationale, à savoir qu'il y avait une surexploitation
de la forêt privée dans certaines régions du Québec.
C'est une des causes de la surexploitation de la forêt privée dans
des régions du Québec. La surexploitation de la forêt
privée ne se corrigera pas en la dénonçant. Elle va se
corriger par des politiques incitatives d'une part, des politiques en vue
d'encourager les gens à demeurer propriétaires et par des
politiques qui permettront aux agriculteurs qui sont propriétaires de
boisés de fermes d'être en mesure avec le crédit agricole
ou avec le crédit forestier ce sont des choses que nous allons
étudier lorsque la loi du crédit forestier viendra devant
l'Assemblée nationale de financer à moyen et à long
terme ces immobilisations.
M. le Président, lorsqu'un agriculteur doit avoir recours
à la vente à l'encan pour réaliser ses actifs et que cet
agriculteur a un boisé de ferme, peu importe le nombre d'acres, mais
dispose d'un boisé de ferme, dans 90% des cas et je suis assez
conservateur, je ne suis pas libéral dans mes propos le
boisé de ferme est vendu, les droits de coupe sont vendus pour une
période qui s'échelonne de 12 à 36 mois à des
entrepreneurs qui en font la coupe à blanc pour être en mesure de
permettre à l'agriculteur lui, qui est rendu à l'âge de la
retraite ou parce qu'il veut aller dans un autre secteur de l'activité
économique, de réaliser en totalité ses actifs. Même
si l'agriculteur qui vient acheter le fond du terrain était
intéressé à se porter acquéreur du boisé de
ferme dans sa valeur actuelle, dans sa valeur au moment où le
cultivateur procède à la vente de ses biens, il n'y a aucun
organisme, je dis bien, aucun organisme, qui peut le financer.
Cela veut dire que si la personne ne dispose pas de $15,000, $18,000 et
$20,000 elle-même, il lui est impossible de se porter acquéreur du
boisé. Le problème est là. Si on veut sauver la
forêt privée au Québec, il faut faire vite, il faut que la
Loi du crédit forestier soit adoptée au plus tôt. Il faut
que cette Loi du crédit forestier comporte des dispositions qui
permettent à l'organisme qui s'occupera du crédit forestier, je
n'ai pas lu la loi malheureusement, je n'ai pas eu le temps... mais je dis tout
de suite qu'il faudra que ceci fonctionne de pair avec l'Office du
crédit agricole qui consent des prêts aux agriculteurs.
J'espère qu'il y a des dispositions dans l'actuel projet de loi
qui prévoient ce genre de choses, mais il faudra que, dans la
réglementation, on facilite, autrement dit, la possibilité et les
dispositions de façon que ce projet de loi puisse fonctionner
étroitement en parfaite collaboration avec l'Office du crédit
agricole.
M. Drummond: Seulement pour clarifier ce point, ce sera
administré par l'Office du crédit agricole.
M. Roy: C'est ce qu'on m'a dit, la loi serait administrée
par l'Office du crédit agricole; mais si j'insiste un peu sur ce point,
c'est qu'il ne faudrait pas qu'il y ait, effectivement, l'obligation pour
l'agriculteur, d'accorder deux hypothèques ou, autrement, dit, de faire
deux fois les contrats chez les notaires, un contrat pour la partie agricole et
un autre contrat d'hypothèque vis-à-vis de la partie
forestière. Je dis que cela devrait être intégré,
pour ce qui a trait aux boisés qui font partie de l'exploitation
agricole comme telle, autrement dit, qui sont la propriété de
l'exploitant agricole. Par contre, il y a d'autres personnes qui sont
propriétaires de boisés privés, qui disposent d'un lot,
deux lots, trois lots, il y en a même qui ont dix, quinze lots, et qui
font également de la sylviculture et travaillent à mettre en
valeur ces territoires. De toute façon, M. le Président, je ne
veux pas abuser de mon droit de parole pour traiter davantage de cette
question, on aura l'occasion d'y revenir lors de l'étude du
crédit forestier.
M. le Président, je terminerai là-dessus mes propos de ce
matin. Je vais terminer par le budget. J'ai été renversé
de constater que deux importants secteurs du ministère des Terres et
Forêts connaissent cette année ue diminution de budget par rapport
à l'année précédente. Il y a d'abord le secteur de
l'amélioration de la forêt, et je pense qu'on est en droit de se
poser de sérieuses questions et de se demander comment il se fait que le
ministère des Terres et Forêts, dans la préparation de ses
crédits, a accepté ou a fait en sorte qu'il y ait une diminution
du budget, une diminution de $700,000 au niveau de l'amélioration de la
forêt, alors qu'il faudrait calculer au moins $800,000 uniquement pour
l'augmentation des coûts et des frais d'administration du même
service à cause de l'inflation, par rapport à l'année
dernière, ce qui signifie, à toutes fins pratiques, une
diminution réelle de $1.5 million.
M. le Président, au secteur de l'amélioration de la
forêt, à la suite de tout ce que le ministre nous a dit, à
la suite des recommandations qui ont suivi le livre blanc, à la suite
des recommandations et des nombreuses demandes qui ont été faites
devant la commission parlementaire lors de l'étude de ce livre blanc,
alors qu'on a attaché énormément d'importance à
l'amélioration de la forêt, cette année, le
ministère des Terres et Forêts nous présente un budget dans
lequel on diminue ces crédits.
M. le Président, c'est décidément
inquiétant, c'est décidément renversant pour ne pas dire
décourageant. C'en est décourageant de constater que nous sommes
limités à faire de la "parlotte". On dirait que le
ministère cherche à gagner du temps. Gagner du temps pour quoi?
Dans l'autre domaine, l'utilisation de la forêt, c'est la même
chose. Il y avait un budget de $24,797,000 l'an dernier. Le budget est
réduit de $2,100,000. Si on prend les mêmes 10% d'inflation, par
rapport à l'an dernier, cela veut dire que, de ce côté, il
y aurait, pour l'utilisation de la forêt, une diminution de budget de $5
millions. Je me demande réellement pour quelle raison il y a tant de
différence entre les chiffres du budget, comment il se fait qu'il y a
tant de différence entre les moyens que veut se donner le gouvernement
pour agir et les
intentions que fait connaître le ministre publiquement.
Je pense, M. le Président, que le fossé s'élargit
de façon considérable. Il y a une augmentation globale dans le
budget du ministère des Terres et Forêts. Nous sommes bien
d'accord qu'il y a une augmentation globale. Le budget de $66 millions va
à $73 millions, mais il y a également le fait que, dans la
protection de la forêt, il y a une augmentation de budget de $4 millions,
et on sait qu'au niveau de la protection de la forêt, actuellement, nous
avons à faire face à une épidémie de la tor-deuse.
Le gouvernement devra faire en sorte, cette année, de pouvoir arroser
non seulement les forêts publiques, mais aussi certains secteurs de la
forêt privée dans le Québec, de façon à
protéger les boisés privés de la tordeuse de bourgeons
d'épinette.
M. le Président, si on prend le budget global du
ministère...
M. Lessard: C'est devenu la "tondeuse"... M. Roy: C'est de
la "tondeuse", oui. M. Lessard: Les angiospermes.
M. Roy: M. le Président, si on prend le budget de $66
millions de l'an dernier et qu'on le compare effectivement au budget de
1975/76, il s'agit d'une augmentation budgétaire de l'ordre de $6
millions. C'est une augmentation de 9%, budget global: $66,859,000,
crédits 1974/75, comparativement à $73,764,500.
M. Drummond: Est-ce que je peux répondre à cette
question?
A la page 3 du texte d'introduction du ministre, on dit bien ceci: "Le
comparatif 1974/75 ne permettant pas, à cause des modifications qui ont
été apportées pour tenir compte des indexations, des
crédits supplémentaires obtenus en cours d'exercice, des comptes
ministériels, etc, de présenter une image vraiment significative
de l'évolution du budget du ministère par rapport à la
période financière précédente, il a
été jugé plus réaliste de se servir pour fins de
comparaison, des crédits budgétaires votés par
l'Assemblée nationale en 1974/75, soit la somme de $61,986,500 ou $62
millions. Alors, sur cette base, l'accroissement du budget du ministère
est de $15,856,000 plus un montant de $4,300,000 qui sera obtenu du conseil
exécutif et affecté au programme de voirie forestière
ceci pour répondre à la question de M. Lessard ce
qui augmentera de $4,300,000 les montants d'argent prévus au programme
4-3: Voirie forestière. "
Alors, si on rajoute ce montant, cela nous donne un montant global de
$78 millions comparativement à $62 millions, ce qui donne un
accroissement de 25%.
M. Roy: Je remercie le sous-ministre de ces
précisions...
M. Drummond: Le sous-ministre adjoint...
M. Roy: ... le sous-ministre adjoint de ces précisions.
J'ai voulu vous donner une promotion. Vous n'auriez pas dû la
refuser.
M. Drummond: Bien méritée, à part cela. M.
Roy: Bien méritée! Le Président (M. Lafrance):
... le salaire. M. Roy: Différent ou intéressant?
Le Président (M. Lafrance): Vous pourrez lui poser la
question après...
M. Roy: Même si j'accepte les montants qu'on vient de nous
donner de $62 millions et de $78 millions, il faudrait quand même partir
d'une réalité. Le budget est augmenté de $62 millions
à $66 millions à cause des indexations. C'est ce qu'on vient de
nous dire.
M. Drummond: II faut mettre le budget sur une base
équivalente pour être capable de procéder logiquement.
Alors, on vous ramène au budget réel qui a été
voté l'an passé parce qu'on peut supposer qu'en 1975/76, on aura
aussi des indexations, on aura des sommes d'argent qui proviendront du Conseil
exécutif. On en aura, par exemple, pour le projet MIDER sur la
Côte-Nord qui peut être quelque chose de l'ordre de $1 million.
Alors, il faut nécessairement essayer de balancer les affaires,
autrement, on ne vous présente pas une image réaliste du budget.
C'est ce qui vous amène à considérer une augmentation de
$6 millions alors qu'en réalité l'augmentation est de $15,856,000
plus $4,300,000.
M. Roy: Je ne voudrais pas être malin à ce
moment-ci, mais disons que cela me déplaît souverainement. On a eu
le même phénomène avec le ministère de
l'Agriculture. Va-t-on pouvoir réellement se fier aux livres qu'on nous
donne lorsqu'on étudie les crédits des ministères, ou
sera-t-on obligé de faire toute une enquête en dehors de cela de
façon à avoir une image réelle? Cela en est quand
même inquiétant. Il y a quand même des limites. On arrive et
on prend les livres que le gouvernement nous donne. Ils sont vrais ou ils sont
faux. S'ils sont faux, pourquoi nous les donne-ton? Quand on étudie les
crédits d'un ministère et qu'on nous donne le bilan comparatif
d'une année avec une autre, j'aimerais bien qu'on nous donne les bons
chiffres. Je remercie le sous-ministre adjoint de ses informations, mais je
blâme le ministre, par exemple, ce matin de ne pas avoir fait en sorte de
nous présenter une image réelle de la situation. On s'organise
toujours, à un certain moment, pour amener les députés,
surtout les membres de l'Opposition, pour les orienter vis-à-vis de
fausses pistes pour dire: Bien voici, nous avons le plaisir de vous annoncer ce
matin que. contrairement à ce que vient de dire le député,
nous avons un montant de $4 millions additionnel. Alors, on voit le lendemain:
Augmentation du budget de $4 millions au ministère des Terres et
Forêts...
M. Drummond: ...disons...
M. Roy: ... ou parce qu'on arrive, à un certain moment...
C'est un exemple que je prends. Je m'excuse, M. le sous-ministre. On pourra y
revenir lors de l'étude... On y reviendra.
M. Drummond: Je vous rappelle que le montant de $4,300,000 n'est
pas au budget. C'est un montant additionnel qu'on va obtenir par le conseil
exécutif en vertu d'une entente.
M. Lessard: Ce sont des prévisions.
M. Drummond: Non. Ce ne sont pas des prévisions, mais nous
savons que nous l'aurons parce que nous avons déjà, à
l'heure actuelle, demandé le transfert du Conseil exécutif.
Alors, nous ne pouvons pas le mentionner dans le budget parce que nous ne
pouvons pas supposer la décision du Conseil exécutif et du
ministère des Affaires intergouvernementales qui font des
négociations pour les ententes fédérales-provinciales.
M. Lessard: Ce montant était déjà au Conseil
exécutif.
M. Drummond: Non. Cela découle des ententes. Il sera
prévu à leur budget.
M. Roy: Je n'ai pas fini mes observations. Je termine tout
simplement ceci. Il me restait une couple de phrases à ajouter.
Malgré les informations que nous a fournies ce matin le sous-ministre,
il n'en demeure pas moins vrai, au niveau de l'utilisation de la forêt,
que le budget est inférieur à l'an dernier dans les livres ici et
il n'en demeure pas moins vrai qu'au niveau de l'amélioration de la
forêt, le budget de $7,900,000 de l'an dernier a été
porté à $7,200,000 cette année. Il s'agit d'une diminution
réelle de $700,000...
M. Drummond: Oui, mais tout cela, on peut vous l'expliquer.
M. Roy: ... et cela, après on y reviendra tout
à l'heure qu'il y ait eu indexation et après qu'il y ait
eu des budgets additionnels de votés. Il est évident, M. le
Président, que, si le gouvernement veut faire plus que l'an dernier, il
devra avoir recours à des budgets supplémentaires. Il devra avoir
recours à d'autres formes, à d'autres méthodes ou à
d'autres ententes pour être en mesure d'aller chercher l'argent dont il a
besoin dans ce ministère.
M. le Président, en guise de conclusion définitive cette
fois, je suis, encore une fois, loin d'être rassuré et bien loin
d'être satisfait de ce qu'entend faire le ministère des Terres et
Forêts cette année parce qu'encore là, le ministère
agit énormément au niveau des intentions et n'agit pas au niveau
des décisions comme telles. J'ai bien peur et je serais le
premier heureux de me tromper que, l'an prochain, lorsque nous nous
retrouverons ici pour étudier les crédits du ministère, il
n'y aura pas eu tellement d'évolution dans ce qu'on appelle aujourd'hui
les intentions du ministre.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable ministre des
Terres et Forêts.
M. Drummond: M. le Président, une courte réponse
à certains des points soulevés par les députés de
l'Opposition. D'abord, le député de Saguenay a parlé assez
longuement de la question de Price. Je peux dire qu'en ce qui me concerne
personnellement, je pense que c'est plus important de travailler très
fort sur la question du projet Do-nohue à Saint-Félicien
où l'Etat est directement impliqué. Alors, cela devient une
question de priorité. Cette question serait ma première
priorité étant donné que le contrôle, en ce qui
concerne le transfert de Price, passe d'Angleterre, qui avait, grosso modo, le
contrôle de la compagnie, à une compagnie canadienne. Je comprends
très bien que l'option du Canada n'est pas l'option du
député de Saguenay, mais, par contre, c'est l'option de notre
propre parti.
M. Lessard: C'est l'option du cartel.
M. Drummond: Ne parlons pas nécessairement des cartels qui
existent.
M. Lessard: En ce qui concerne le projet...
M. Drummond: Je dis tout simplement que pour faire marcher le
projet de Donohue, c'est prioritaire, dans ma propre pensée, que le
contrôle soit transféré des capitalistes en Angleterre aux
capitalistes canadiens.
En ce qui concerne la question...
M. Lessard: Cela nous aide. On change de capitalistes.
M. Drummond: On parle toujours des bonnes intentions... Mais
est-ce que cela change grand-chose?
Le Président (M. Lafrance): S'il vous plaît, si vous
me permettez, au début de l'étude des crédits du
ministère, je voudrais rappeler à tous les membres de la
commission je sais qu'il y en a plusieurs qui tiennent à
l'article 96 de notre règlement qu'on accordera le droit de
parole à tous ceux qui voudront parler, mais on voudrait aussi faire
respecter l'article 96 du règlement, c'est-à-dire que l'orateur
qui a la parole pourra utiliser son droit de parole et celui qui voudra
répliquer sur les propos pourra toujours le faire à la suite de
celui qui aura parlé.
M. Giasson: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Lafrance): Sur une question de
règlement, le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: J'ai remarqué, tout au long de
l'intervention du député de Saguenay, comme de celle du
député de Beauce-Sud, que le ministre des Terres et Forêts
a écouté avec attention, sans faire aucune intervention. Je pense
qu'il serait tout simplement logique que, dans ses réponses, on lui
laisse le même droit et le même privilège, quitte à
ce que, si nous croyons que le ministre n'a pas été à
point dans ses remarques, nous puissions intervenir après, mais je pense
qu'il serait mal venu d'intervenir ou de le couper au moment où il
répond à certaines questions posées par ses
prédécesseurs, comme lui a été si respectueux du
règlement, même si, parfois, il avait bien envie d'intervenir,
mais il prenait sur lui.
M. Lessard: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: Nous sommes bien d'accord, M. le Président,
pour respecter le règlement, mais, en réponse au
député de Montmagny-L'Islet, je voudrais quand même lui
faire remarquer que, de ce côté-ci aussi, du côté de
l'Opposition, nous avons été très respectueux, nous avons
écouté religieusement le ministre lorsqu'il a fait son
intervention.
M. Giasson: Vous avez commencé à intervenir
immédiatement dans sa réponse. Soyez donc...
M. Lessard: Nous avons été très respectueux
et, quand on parle d'honnêteté, le...
M. Giasson: Soyez honnête.
M. Lessard: ... député aurait dû prendre
conscience, vendredi matin, de la malhonnêteté de certains
députés libéraux qui tentaient de soulever des questions
de règlement pour empêcher un député de parler. Je
suis d'accord, M. le Président, pour permettre au ministre...
M. Giasson: Nous ne sommes pas vendredi, nous sommes mardi. On
discute de ce qui se passe aujourd'hui.
M. Lessard: ... ce sont simplement des petits commentaires
pour permettre au ministre de faire sa réplique et nous allons respecter
le règlement, mais il ne faudrait pas penser que la vertu est entre les
mains des députés libéraux. On l'a constaté
vendredi matin, alors que vous vous êtes servis de votre nombre pour
tenter d'empêcher un député d'intervenir.
Le Président (M. Lafrance): C'est toujours sur la question
de règlement?
M. Lessard: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Etant donné que tout le
monde est respectueux du règlement, ça va bien aller. M. le
ministre des Terres et Forêts...
M. Lessard: ... ça ne vient pas seulement de nous.
Le Président (M. Lafrance): ... la parole est à
vous.
M. Drummond: Disons, M. le Président, que l'autre question
assez fondamentale posée par le député de Saguenay sur la
question de la Société de gestion, disant à tout le monde
qu'on avait l'appui de l'Opposition et qu'on doit marcher même si les
autres sont contre... Je veux toutefois signaler qu'en ce qui concerne la
Société de gestion, il y a quelque années, je l'avais
rejetée. Ce n'est pas une question de recul, de cette façon,
c'était une option présentée dans le livre blanc pour
réaliser les réformes; ce n'était pas une politique
générale, c'était une modalité. En ce qui concerne
ce dont on parlait hier, une régie de produits forestiers, dans ce cas,
le député de Saguenay avait dit qu'on doit procéder tout
de suite, même si on n'a pas d'appui, et démontrer du
leadership.
Dans ma pensée de ce qu'est le leadership, il faut quand
même avoir quelques idées à apporter et c'est toujours
mieux d'arriver à quelque chose avec l'appui d'un groupe donné
comme minimum. Comme sait fort bien encore le député de Saguenay,
pendant l'étude du livre blanc, l'UPA s'est prononcée contre une
telle régie, aussi bien que l'Association des manufacturiers de bois de
sciage et les compagnies de pâtes et papiers qui sont quand même
les utilisateurs de la forêt.
Ma pensée personnelle, c'est qu'à un moment donné,
lorsqu'on arrive à déterminer les allocations, pour donner les
garanties nécessaires pour l'approvisionnement, il faudrait une telle
régie pour faire fonctionner les réformes forestières.
J'avais toujours dit que, pour le moment, je laisse cela sur les tablettes et
j'ai aussi essayé pendant quelques mois, même pendant quelques
années, de faire une sorte de vente à une certaine
clientèle telle que l'UPA et l'Association des manufacturiers de bois de
sciage parce que je pense vraiment qu'on n'aurait jamais l'appui de l'industrie
des pâtes et papiers là-dedans.
Mais je pense bien que, jusqu'à récemment, l'industrie du
sciage pensait qu'elle pourrait négocier rigoureusement et
honnêtement avec les compagnies de pâtes et papiers pour ne pas
arriver à une régie pour remettre les fondements en vigueur. Il
semble qu'elle a changé d'avis et tout ce que j'ai voulu dire, c'est
que, s'il faut montrer du leadership, j'aime bien avoir des appuis au lieu
d'avoir toute la clientèle contre. Je pense que ça va faciliter
la tâche. Le député de Beauce-Sud et le
député de Saguenay ont dit, d'une manière ou d'une autre,
qu'on ne semble pas marcher, que nous avons sûrement de bonnes
intentions, mais que rien ne bouge. Par contre, j'ai remarqué que le
député de Beauce-Sud, sans le dire, avait félicité
un peu le ministère pour son intérêt et ce qu'il a
déjà fait en ce qui concerne le développement de la
forêt privée.
On sait fort bien qu'en commençant avec un
système d'incitation, en essayant de favoriser les groupements,
ce n'est pas une chose facile, ce n'est pas une chose qui va se réaliser
du jour au lendemain.
Si on regarde, il y a quelques années, ce qu'on a fait en ce qui
concerne la forêt privée et ce qu'on fait aujourd'hui, la
direction qu'on préconise, on a fait pas mal de progrès à
cet égard. Même si tout n'est pas réalisé, je pense
qu'on a assez de réalisations pour faire la preuve que nous marchons
dans la bonne direction.
En ce qui concerne la reprise des concessions forestières, le
député de Saguenay a dit qu'on négociait, actuellement,
avec la Québec North Shore ce qui est vrai et que cela
semble traîner. Cela traîne d'une certaine façon. D'accord;
c'est un peu pour des raisons qui étaient indépendantes de notre
volonté, à cause, en partie, de la maladie d'un des
négociateurs de la Québec North Shore que la négociation a
retardé.
Je pense qu'il va convenir avec moi que la première entente
à réaliser, c'est probablement la plus importante, parce que
c'est cette entente qui servirait de point de repère pour les ententes
à venir. Je préfère en arriver à une entente qui
est faite de bon sens pour la province de Québec et les autres vont se
réaliser assez vite par la suite.
Le député dit qu'on ne touche pas les autres grosses
compagnies; ce n'est pas tout à fait vrai, parce que, d'ici peu, on va
reprendre la concession de la CIP dans la région du
Témiscamingue, par entente, si possible, ou par révocation pure
et simple, quitte à arranger les détails plus tard.
Sur certains autres points, je crois que ce sont, grosso modo, des
choses qu'on peut toucher pendant l'étude de tous les
éléments de programme. Je veux remercier également le
député de Beauce-Sud d'avoir signalé le cas concernant les
propriétaires de lots, qui sont obligés de vendre des lots pour
toucher l'assistance sociale. Je dois dire que je n'étais pas au courant
de cela. Je vais m'en informer, parce qu'à première vue, cela me
semble exigeant. Je vais vérifier cela, parce que, comme je viens de le
dire, c'est la première fois que j'entends dire cela. On va le
regarder.
M. Roy: Je vous fournirai des preuves d'ailleurs.
M. Drummond: Je ne mets pas en doute ce que vous venez de dire.
Je veux, simplement, regarder et voir les conséquences de cela. Je pense
que M. Gagnon aurait des précisions à faire sur certaines
choses.
Tout à l'heure, on a parlé de certains programmes qui
seraient diminués. Une chose qui a influencé
énormément le budget, c'est le fait que nous sommes toujours dans
la budgétisation du PPBS, ce qui nous amène, au fur et à
mesure de l'expérience acquise, à avoir certains changements au
sein de notre personnel.
Si on veut réellement atteindre l'objectif fixé, qui est
de placer les dépenses au bon endroit, de façon à pouvoir
connaître les "outputs", cela nous a menés à faire, cette
année, des changements assez importants.
Par exemple, on parle de l'utilisation. A l'utilisation, il y a un
groupe, un service qui a été envoyé à l'inventaire
forestier; donc, les budgets ont été envoyés là.
Evidemment, cela paraît baisser les budgets prévus pour
l'utilisation de la forêt, mais, comme on l'a dit tout à l'heure,
si on comprend les chiffres donnés pour l'utilisation, $22.6 millions,
comparativement à $24,797,000 pour l'an dernier, on rajoute à
cela $4.3 millions pour la voirie forestière, un montant qui devait
être obtenu du Conseil exécutif et on fait également la
différence pour le personnel qui a été
transféré ailleurs, à ce moment-là, c'est assez
difficile d'expliquer toutes ces choses-là, sauf si nous avions un
tableau excessivement explicite.
Au contrôle de l'utilisation, on voit une différence par
rapport à l'an dernier. On remarque tout de suite, à
l'utilisation, que le personnel est passé de 528 à 427.
Evidemment, cela comporte des salaires, des frais de voyages, etc., qui sont
transférés d'un élément à l'autre.
Pour ce qui est de la forêt privée, la question dont a
parlé M. le député tout à l'heure, je crois qu'il y
aurait lieu de revenir sur la question du programme 4, élément 4,
où les experts, nos responsables pourront vous fournir des explications
sur les sommes d'argent prévues, cette année.
Lorsque vous parlez de la restauration forestière, les travaux
sylvicoles, au programme 2, élément 2, il faut bien retenir,
cette année, que nous procédons de façon
différente. D'ailleurs, c'est ce qui s'est fait l'an dernier. Ce qu'on
fait, cette année, nous ne travaillons plus par transfert, à la
société REXFOR, mais bien par contrat. Ces contrats
prévoient que les montants d'argent, réalisés par la vente
des produits récupérés, ne sont plus retournés au
ministère des Finances, mais bien réaffectés pour le
projet. Si on regarde les chiffres qui ont été
présentés, l'année dernière, et que vous parlez de
$3.5 millions, ou $4 millions de produits récoltés, cela veut
dire que, en fait, cet argent est réinjecté dans le programme. Il
est facile de conclure que, à ce moment, on ne diminue pas nos
activités. Il s'agit, tout simplement, de procéder suivant une
nouvelle formule beaucoup plus souple et beaucoup plus facile au point de vue
de la comptabilisation.
M. Lessard: M. le Président, j'ai tout simplement quelques
remarques bien brèves à faire, avant d'engager la discussion sur
les programmes et la discussion générale, en posant des questions
au ministre. Le ministre nous dit que ce n'était pas une
priorité, la question de la transaction entre Price Brothers et Abitibi
Paper, étant donné que...
M. Drummond: Ce n'était pas une priorité
personnelle.
M. Lessard: Oui, d'accord, c'est cela. Ce n'était pas une
priorité de la part du ministre, étant donné que sa
priorité était bien plus le projet de Saint-Félicien. Je
souhaite tout simplement que ce
projet puisse se concrétiser "enfin", parce que cela fait douze
ans qu'on fait rêver la population et qu'on crée des illusions
auprès de la population concernant ce projet. Je vous avoue, bien
honnêtement, que je doute encore, à un moment donné, de la
concrétisation.
En ce qui concerne la réaction du ministre, à savoir que
cette transaction a été une excellente transaction pour le
Québec, puisque, au lieu d'avoir des capitalistes de l'Angleterre, on a
des capitalistes canadiens, je trouve que cela ne change pas grand-chose dans
la réforme.
M. Drummond: Je n'ai pas dit que c'était une excellente
affaire...
M. Lessard: Cela ne change pas grand-chose dans la réforme
forestière, M. le Président, c'est que les
Québécois continuent, comme je l'ai précisé,
à un moment donné, d'être encore des porteurs d'eau dans
une grande industrie québécoise.
M. Roy: Pas des porteurs d'eau, des scieurs de bois.
M. Lessard: ... des scieurs de bois. En ce qui concerne la
rétrocession, à un moment donné, de la CIP.
M. le Président, je commence à trouver cela passablement
ridicule, la réaction du ministre des Terres et Forêts, quand il
se glorifie d'une telle transaction, alors que la CIP a arrêté,
simplement, ses activités dans cette région. Cela n'est pas une
rétrocession qu'on aurait dû faire depuis passablement de temps,
on aurait dû s'emparer immédiatement de cette concession
forestière. Qu'on nous laisse donc la paix avec ces quémandages
auprès d'industries, de grandes entreprises, alors que cette ressource
est à nous, elle nous appartient. Qu'on arrête de se glorifier
avec une telle rétrocession, quand c'était un minimum, quand on
pense que l'industrie du sciage, dans cette région, ne pouvait pas
s'alimenter à cause d'une concession forestière qui appartenait
à une compagnie privée et qui n'opérait même plus
dans la région.
Ce n'est pas dans ce sens que je parle d'une grande réforme
forestière. A un moment donné, on a constitué le domaine
territorial, le domaine public du Québec, à partir de concessions
qui avaient été vidées, que ce soit dans ma région
ou dans d'autres régions du Québec. Quand on s'est
attaqué, comme c'est le cas, à un moment donné, à
la CIP ou à d'autres compagnies multinationales, c'était, tout
simplement, parce qu'on était devant un fait accompli, qu'il fallait
faire quelque chose et que cela ne faisait plus très mal à la
compagnie, parce que ses concessions forestières, elle ne s'en servait
plus. C'est là qu'est le problème, mais ce n'est pas dans ce sens
qu'on parle d'une véritable politique de planification des essences
forestières au Québec et ce n'est pas dans ce sens qu'on parle
d'une véritable politique de rétrocession des concessions
forestières. Ce n'est pas en laissant 25,000 milles carrés
à la CIP qu'on va pouvoir assurer une alimentation aux autres
entreprises québécoises.
Actuellement, après quatre ans de discussion sur le livre blanc,
regardez la carte forestière au Québec, en territoire, il ne
reste plus rien qu'on peut accorder, ou il ne reste à peu près
rien qu'on puisse accorder à une nouvelle compagnie qui
déciderait de s'installer chez nous. Il y avait un dernier territoire
qui était la Côte-Nord, et on l'a tout simplement
concédé, comme on le sait, à Rayonier Québec.
Alors, qu'on ne vienne pas s'illusionner ou se glorifier de choses comme
celles-là. Depuis longtemps, un gouvernement qui se serait tenu debout
aurait exigé de la compagnie CIP de rétrocéder sa
concession forestière au gouvernement du Québec.
M. Drummond: M. le Président, sur une question de
privilège.
M. Lessard: C'est un minimum qu'on doit exiger de ce
gouvernement.
Le Président (M. Lafrance): On a une question de
privilège.
M. Drummond: C'est mon point de privilège. Le
député de Saguenay parle souvent de glorification. Oui, je pense
qu'il le fait à maintes reprises. Je n'ai rien dit pour me glorifier ou
glorifier le gouvernement, mais seulement constater les faits. Je voulais
seulement faire cette mise au point, parce que je trouve que ce mot est
peut-être un peu exagéré.
M. Lessard: D'accord, M. le Président. Peut-être que
le ministre n'a pas utilisé les mots "se glorifier", mais le
ministre...
M. Drummond: ... non plus.
M. Lessard: ... pour répondre à l'argumentation que
je faisais concernant le fait que, depuis quatre ans, on n'avait aucunement
touché à la carte forestière au Québec ou à
la carte des concessions forestières j'aurais pu dire à la
farce des concessions forestières le ministre me répondait
en me citant le cas de la CIP à Témiscamingue. Je dis que c'est
ridicule. Quand on est rendu qu'on est obligé d'utiliser un tel argument
pour répondre à l'Opposition, alors que, comme je le disais,
c'est une compagnie qui avait une concession forestière qu'elle
n'utilisait plus, suite à la fermeture de son usine. Le minimum qu'on
peut exiger de la part de ce gouvernement, c'est au moins de prendre une action
pour récupérer une concession forestière qui nous
appartient, à un moment donné, en droit, comme étant
propriétaire des ressources naturelles et la remettre aux
véritables utilisateurs. C'est un minimum, au moins, que nous pouvons
exiger de ce gouvernement.
En ce qui concerne les projets spéciaux ou les projets de
négociation, que ce soit au niveau de la voirie forestière ou
autre chose, j'aurai un certain nombre de questions à poser tout
à l'heure, étant donné qu'il s'agit d'ententes très
spécifiques, telles que couvrant la région de Sacré-Coeur
et au-
tres. J'aurai des explications à demander à M. Gagnon,
concernant ce montant de $9,955,000, je pense. Ce n'est pas le programme, c'est
en réponse... lorsque vous nous avez répondu, étant
donné qu'on disait que le budget du ministère avait
augmenté seulement de 10.2%, ce qui correspondait à peu
près à l'augmentation du coût de la vie, vous nous avez
parlé d'un montant de $9,545,000, concernant les crédits
additionnels, sollicités par le ministère pour l'intensification
des possibilités au cours de mai pour la mise en oeuvre de nouvelles
activités s'inscrivant dans le cadre de sa réforme
forestière. Je pense que cela rejoint, à un moment donné,
certaines négociations qui ont eu lieu entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec.
De toute façon, c'étaient des commentaires en
réponse à ceux du ministre. Si le député de
Beauce-Sud a des commentaires à faire, je lui permettrai de faire ses
commentaires, quitte à engager la période questions
réponses par la suite.
M. Drummond: M. le député, à ce sujet, je
peux dire que si vous consultez les pages 3, 4, 5, 6, vous allez avoir toutes
les explications concernant les $9,545,000 qui ne représentent pas
uniquement ces montants, parce qu'il y a eu à même la
réaffectation des crédits, à même notre
budget...
M. Lessard: M. Gagnon, il reste quand même ceci que je
regrette. On nous arrive au moment de la discussion des crédits du
ministère avec un document qui aurait pu nous être
distribué quelques heures avant, au moins, de telle façon qu'on
puisse en prendre véritablement connaissance et qu'on puisse justement
vérifier comment ceci s'intègre à l'intérieur du
budget. Je vous avoue et je regarde les chiffres, je les intègre
à l'intérieur du budget, mais si on avait eu quelques heures
à un moment donné avant la discussion des crédits pour en
prendre connaissance, cela aurait pu être beaucoup plus efficace.
M. Drummond: Au point où nous en sommes, vous allez
certainement avoir le temps de l'examiner, parce que...
Je ne pense pas qu'on siège cet après-midi à cette
commission...
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: J'aurais deux choses à ajouter à
l'intention du ministère. Je ne veux pas aborder le sujet comme tel,
mais je demanderais si on peut nous fournir la liste des compagnies dont le
droit de coupe a été reporté pour la période du 1er
octobre 1972 au 30 septembre 1973, et la même chose pour 1971/72, parce
que, dans la liste qu'on nous avait donnée l'an dernier, il y avait une
note au bas qui se lisait comme suit: Les droits de coupe reportés pour
la compagnie Domtar n'apparaissent pas sur cette liste. La compilation
n'était pas terminée. J'aimerais qu'on nous...
M. Drummond: Voulez-vous répéter? La liste
pour...
M. Roy: La liste des compagnies dont le droit de coupe a
été reporté.
M. Drummond: Les concessionnaires forestiers ou les industriels
du sciage?
M. Roy: Concessionnaires forestiers.
M. Drummond: D'accord! Pour la période?
M. Roy: II y a eu deux périodes, du 1er octobre 1971 au 30
septembre 1972 et du 1er octobre 1972 au 30 septembre 1973. On ne nous avait
pas fourni l'an dernier les chiffres concernant la compagnie Domtar. J'aimerais
avoir les chiffres concernant cette compagnie, et, si c'était possible,
sans que ce soit des frais additionnels, qu'on nous donne la liste des
compagnies avec les montants dûs à ce jour, en ce qui a trait aux
droits de coupe reportés. Quels montants chacune de ces compagnies
doit-elle à ce jour?
M. Drummond: D'accord!
M. Roy: Ma troisième question, M. le Président, je
ne l'ai pas abordée tout à l'heure, dans mes remarques
préliminaires, mais j'ai bien l'intention de l'aborder au cours de
l'étude des crédits du ministère des Terres et
Forêts. Le ministre nous a dit, l'an dernier, qu'un comité avait
été formé pour étudier les problèmes
soulevés par la Loi des trois chaînes, tant du côté
juridique que pour les problèmes causés aux petits
propriétaires.
J'aimerais que le ministre nous fasse un rapport à ce sujet.
Quels sont les membres du fameux comité, d'une part? Quand le
comité s'est-il réuni? Où le comité s'est-il
réuni? Y a-t-il des organismes qui ont été
consultés? Quand le comité entend-il déposer son rapport?
Je ne touche pas au fond, M. le Président. Je sais que c'est de la
dynamite. On y reviendra lors de l'étude des crédits.
M. Drummond: Je suggère qu'on peut sauver toute cette
discussion pour l'élément du programme...
M. Roy: Non, je ne veux pas sauver la discussion. Il va y en
avoir une.
M. Drummond: Non, mais au lieu de faire la discussion à
deux reprises, si on peut la faire à l'élément du
programme donné, on peut vider la question à ce moment-là.
D'accord?
M. Roy: C'est le comité... Je ne veux pas qu'il y ait
discussion à ce moment-ci. C'est pour cela que j'ai dit que je ne
touchais pas au fond du sujet. Je demandais tout simplement des explications
que le ministre pourra nous donner...
M. Drummond: Je suis d'accord en ce qui
concerne cette affaire. Ce que j'avais dit, c'était qu'avant de
présenter un mémoire ou quelque chose concernant la seule
question de la réserve des trois chaînes, j'avais voulu l'encadrer
dans la façon de procéder avec l'administration des terres
publiques. C'est qu'on a cherché, en premier lieu, à
développer nos propres orientations au niveau du ministère
concernant l'administration des terres publiques.
M. Roy: On pourra y revenir, M. le Président. A ce moment,
je noterai les remarques du ministre.
J'ai posé cinq questions bien précises. Je vois que le
sous-ministre adjoint les a prises en note. Je compte bien avoir un petit
rapport de ce côté. Après, on abordera le sujet.
Le Président (M. Lafrance): Afin de permettre aux membres
de la commission, d'abord, de préparer des rapports et à d'autres
d'étudier les rapports qui ont été soumis, la commission
suspend ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 10)