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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
Séance du vendredi 9 mai I975
(Onze heures cinq minutes)
M. Cornellier (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
La commission des richesses naturelles et des terres et forêts
reprend, ce matin, l'étude des crédits du ministère des
Terres et Forêts. Le député de Saguenay m'a informé
qu'il avait encore quelques courtes questions générales,
après quoi nous aborderons le programme 1.
M. Lessard: M. le Président, quelques courtes questions,
c'est relatif, mais dans l'ensemble, nous devrions finir assez vite la
discussion générale. Je voudrais continuer un peu sur ce que
j'appelais les projets spéciaux du ministère, après avoir
discuté des projets avec REXFOR, je voudrais discuter des projets
où REXFOR ne semble pas être dans le paysage. J'aimerais demander
au ministre, concernant Saint-Félicien on se rappelle que c'est
en I966 qu'on avait commencé à parler de l'établissement
de cette entreprise s'il a délaissé complètement le
dossier et l'a transmis au ministère de l'Industrie et du Commerce, ou
si le ministre étudie le dossier?
Dossier de Saint-Félicien
M. Drummond: Pour les fins de la discussion des crédits,
il était convenu que ce serait discuté lors de l'étude des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce, étant
donné que la SGF est le grand partenaire... Nous sommes dans le dossier,
mais c'est chapeauté par le ministère de l'Industrie et du
Commerce.
M. Lessard: Autrement dit, comme réponse, on peut
vérifier les réponses du ministre Saint-Pierre et ce seraient les
mêmes réponses.
M. Drummond: Non. C'était convenu avec lui, je pense.
M. Lessard: C'était convenu que...
M. Drummond: S'il y avait des questions concernant
Saint-Félicien, que ce serait lors de l'étude des crédits
du ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Bédard (Chicoutimi): De toute façon, on a fait
les débats hier.
M. Lessard: M. le Président, comme mon collègue de
Chicoutimi a fait le débat, j'aurais voulu vérifier si les
réponses qu'il avait obtenues du ministre de l'Industrie et du Commerce
ont été les mêmes que celles du ministre des Terres et
Forêts.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais aimé que le
ministre fasse le point, seulement pour voir s'il est autant d'accord avec le
ministre de l'Industrie et du Commerce est d'accord avec M. Leman, quand on
parle de projet d'aluminerie.
M. Drummond: Pardon? L'aluminerie.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui. J'aurais aimé voir si
le ministre avait pu nous faire le point sur le projet de
Saint-Félicien, jusqu'à quel point cela concorde avec ce que m'a
dit hier le ministre de l'Industrie et du Commerce sur ce projet.
M. Drummond: II n'y a aucun désaccord entre les deux
ministères, on travaille ensemble, et il me semble logique qu'au lieu de
discuter un projet au niveau de deux ministères à l'étude
des crédits, cela doit être là. Il m'a informé qu'il
n'y avait pas beaucoup de questions à ce sujet hier, mais c'était
convenu en parlant avec lui ce matin, que s'il y avait des questions au sujet
de Saint-Félicien c'est que ce serait le ministère de l'Industrie
et du Commerce qui y répondrait.
En ce qui concerne le ministère, évidemment, nous sommes
activement dans le dossier, mais...
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous me permettez juste une
question, est-ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce m'a dit hier,
confirmé hier, qu'il voyait de très fortes probabilités
que ce projet se concrétise au cours de l'année I975... est-ce
que c'est la conviction également du...?
M. Drummond: On travaille toujours dans le même esprit et
je suis tout à fait d'accord avec mon collègue, le ministre de
l'Industrie et du Commerce, en ce qui concerne ses commentaires concernant
Saint-Félicien.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne voulais pas vous tendre de
piège, je vous l'ai dit d'avance ce que le ministre de l'Industrie et du
Commerce avait dit. Je pense bien que ce n'est pas nécessaire de faire
le débat, nous l'avons fait amplement...
M. Drummond: Non, non, je pense bien qu'on peut dire qu'en ce qui
concerne les gros projets économiques dont on parle, c'est le projet le
plus avancé et c'est le plus important à réaliser
aussitôt que possible. Je pense que c'est dans l'esprit de tout le
monde.
M. Lessard: Vous m'aviez dit au début que c'était
la priorité du ministère et que c'était pourquoi vous
n'aviez pas cru vous intégrer à l'intérieur, vous n'aviez
pas cru à un moment donné, acheter Price Brothers, vous aviez dit
que vous aimiez mieux à un moment donné vous limiter
à...
M. Drummond: Ne mêlons pas trop les cartes. Lorsqu'on a
discuté de la question de Price Brothers, je ne parlais pas pour le
ministère, je ne parlais pas pour le gouvernement, j'avais donné
mon point de vue personnel. Je pense que, si on regarde le compte rendu, on
verra que c'était bien ça que j'avais dit.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'une compagnie comme
Chibougamau Lumber a intérêt à faire des pressions sur le
gouvernement pour que le projet de Saint-Félicien ne se réalise
pas?
M. Drummond: Non, parce que c'est ce qu'on a essayé
dès le commencement, de trouver une façon d'arriver à
l'intégration en ce qui concerne l'approvisionnement des scieries et les
projets. Evidemment, c'est une façon plus compliquée que de
céder une forêt donnée à une nouvelle entreprise,
c'est plus compliqué, mais en essayant cette formule, cela a le
résultat d'augmenter la capacité ou l'allocation qu'on peut
passer par les scieries, pour leur permettre de s'agrandir. C'est
l'idée. Je pense que, pour passer.les copeaux à l'usine des
pâtes c'est bien. C'est ce qu'on essaie de faire, c'est dans
l'intérêt général de l'industrie de sciage de
marcher là-dedans. C'est mon point de vue.
Concessions forestières
M. Bédard (Chicoutimi): Une question bien
générale concernant la région du Saguenay-Lac Saint-Jean,
est-ce qu'il y a eu déjà des applications pratiques de la loi 27
sur l'abolition des concessions forestières? Comment voyez-vous son
application dans la région?
M. Drummond: C'est le but des révocations en 1975/76 pour
entrer en vigueur le 1er avril 1976, plus particulièrement dans les
concessions enclavées dans la forêt domaniale de Roberval. En
particulier, on prévoit des négociations dans le Saguenay avec
Consolidated Bathurst avec les scieries...
M. Bédard (Chicoutimi): Gagnon?
M. Drummond: Pour Gagnon, c'est fait. Il y a Saguenay Furniture
et c'est surtout avec Consolidated Bathurst dans votre région qu'on va
négocier, Saint-Raymond aussi.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous avez à
discuter à un moment donné avec Abitibi Paper...
M. Drummond: Est-ce qu'on parle de Price ici?
Concessions de Price.
M. Bédard (Chicoutimi): Puisque le gouvernement a
laissé passer Price entre les mains d'Abi-tibi Paper, on parle
maintenant d'Abitibi Paper.
M. Drummond: Pour Price, c'est prévu en 1977/78.
M. Lessard: Cela rejoint un peu la discussion
générale que je voulais faire en relation avec l'article 27 de la
loi 27 concernant la rétrocession des concessions forestières. On
se rappelle qu'à l'automne 1972, le ministre, à une commission,
parlait d'un cheminement critique. Il semble que ce cheminement critique
existe, puisque le sous-ministre nous précise un certain nombre de
dates. D'abord, est-ce que ce cheminement critique existe réellement,
est-ce qu'il a été réalisé au ministère?
M. Drummond: II y a eu une programmation de faite pour la
révocation des concessions forestières.
M. Lessard: Dans la loi, c'est rétrocession. M. Drummond:
Non, c'est révocation. M. Lessard: Révocation.
M. Drummond: Parce que rétrocession implique l'accord du
concessionnaire, tandis que la loi est plus ferme que ça, la loi
révoque. Elle ne demande pas seulement de rétrocéder, elle
révoque. En 1972, quand le ministre a déposé le livre
blanc, il avait été dit que la révocation des concessions
se faisait sur une période de dix ans. On respecte cet
échéancier, cela nous menait en 1982. Cela veut dire que, le 1er
avril 1982, il ne devrait plus y avoir une seule concession au
Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): II me semble très clair que
vous avez un cheminement critique pour l'application de la loi 27, pour la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Est-ce qu'il serait possible de nous
déposer ce cheminement?
M. Drummond: Comme vous avez dû le voir par les journaux,
nous avons mis sur pied un groupe de travail qui doit fabriquer des plans de
gestion pour toutes les forêts du Québec, incluant les concessions
qui vont être révoquées.
On a fait un premier programme de révocation qui tenait compte
partiellement du programme d'inventaire décennal qui a été
accéléré, lui, pour satisfaire certaines
échéances.
Idéalement, on aimerait avant de révoquer une concession
forestière, que le plan de gestion soit fabriqué avant de faire
la révocation, parce que...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez quand même
prévu faire vos plans de gestion en relation avec votre cheminement
critique?
M. Drummond: C'est cela. C'est certain qu'au départ, il y
a certaines concessions qui vont se révoquer et le plan de gestion ne
sera pas fabriqué. Il s'agit de savoir... On a fait un premier programme
où on a réparti, d'une façon uniforme...
M. Lessard: Cela a l'air à être une belle carte.
Est-ce que vous accepteriez de la déposer?
M. Drummond: Cela vous intéresse? M. Lessard: Oui.
M. Drummond:... où on a réparti, d'une façon
uniforme, leur superficie et on a dit: On va en révoquer en moyenne,
10,000 à 12,000 milles carrés par année. On a fait un
premier programme en gardant cela comme objectif.
Le groupe de travail, sur les plans de gestion, est à nous faire
une proposition où il voudrait qu'on retarde, dans certains cas, la
révocation, pour que le plan de gestion soit prêt.
C'est une chose qui n'est pas encore présentée, soit la
deuxième programmation, et il va s'agir de savoir si on va continuer
suivant le modèle de la première ou suivant l'optique de la
proposition du groupe de travail qui a été mis sur pied.
Le groupe de travail a un mandat de cinq ans. Cela veut dire qu'en 1980
on doit avoir des plans de gestion pour toutes les forêts du
Québec.
Cela nous a amenés à accélérer le programme
décennal d'inventaire forestier. Vous auriez la répercussion dans
les crédits au programme I. On a accéléré le
programme d'inventaire décennal pour être en mesure de fabriquer
ces plans de gestion, pour 1980, parce que le programme décennal
finissait en 1980. On l'a accéléré pour le finir deux ans
avant, pour être capable d'avoir les données
nécessaires.
Quand on révoque, il faut tenir compte du programme
décennal d'inventaire, des plans de gestion, du problème
particulier que pose la concession à révoquer.
En général, on a essayé de faire un programme
où on révoquait les concessions qui étaient dans les
régions les plus éloignées, pour se garder le noyau des
plus vieilles concessions pour la fin, parce que c'était là
où c'était le plus difficile, au point de vue allocation de
matières ligneuses.
En touchant à une concession, vous touchez à une
compagnie, à une usine, et quelquefois, à deux ou trois usines de
la même compagnie. En touchant à une usine, vous êtes
obligé de discuter du programme d'approvisionnement de cette usine et
dans bien des cas, cela nous amène à travailler dans plusieurs
parties de la province en même temps.
Il y aurait des avantages à décaler un peu le programme de
révocation pour attendre les plans de gestion. Par contre, cela
augmenterait le niveau des transactions pour les dernières
années.
C'est une chose qui est en discussion. Par exemple, si on prenait le
programme qui tient compte particulièrement des plans de gestion.
Pour l'année en cours, en plus des 11,000 milles qui devaient
être terminés le 31 mars et qui ne l'on pas été pour
des raisons particulières, on ne révoquerait que 5,500 milles
carrés de concessions en 1975/76. On en révoquerait seulement
1,500 en 1976/77, mais, en 1977/78, on tomberait à 13,340; en 1978/79,
à 18,300; en 1979/80, à 17,862 pour terminer, en 1980/81,
à 16,900. Ce sont toutes les implications de cela qu'il faut regarder.
Il y a des avantages et des inconvénients dans les deux cas.
L'inconvénient de la deuxième proposition du groupe de travail,
c'est qu'on reporte plus de ré- vocations sur les dernières
années. Par contre, cela va être plus facile à
négocier, parce que les plans de gestion vout être faits; on va
savoir exactement où on va aller, tandis que dans le premier programme,
on s'est dit tout simplement: Quand le plan de gestion sera là, on s'en
occupera; en attendant on va procéder.
Mais on s'aperçoit tout de suite que, par exemple, quand on
négocie l'approvisionnement des usines du Saint-Maurice où il y a
CIP, Consol, Kruger qui s'approvisionnent en-dehors du Saint-Maurice... Prenons
strictement l'exemple de Consol, qui va chercher du bois, de la matière
ligneuse dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean pour son usine du Saint-Maurice. Quand
on touche à la concession de Consol sur la Péribonka, par
exemple, ou à celle qui est tout près de Chibougamau,
nécessairement, on touche aux approvisionnements de l'usine du
Saint-Maurice et, en affectant l'approvisionnement de l'usine du Saint-Maurice,
on est obligé de discuter l'approvisionnement de l'usine du
Saint-Maurice, donc de discuter d'une révocation qui aurait lieu sur le
Saint-Maurice en 1980, par exemple. Ce sont tous ces problèmes qu'il
faut coordonner.
M. Lessard: Autrement dit, il est impossible de discuter d'une
révocation, étant donné le fouillis monumental des
concessions actuelles. Quand on regarde une carte des concessions
forestières, il est impossible de faire la révocation d'une
concession et vous donnez l'exemple des usines du Saint-Maurice
sans en même temps, dans la région, assurer une certaine
alimentation, même en ayant comme principe de réduire le
coût du transport, donc sans faire une certaine révocation dans la
région.
M. Drummond: Avec cela, il faut greffer les approvisionnements
qui viennent d'autres ressources, les bois de cultivateurs et les copeaux. Cela
complique encore la situation. Comme je le disais, il y a des avantages et des
inconvénients dans les deux systèmes.
M. Lessard: Est-ce que le fait de révoquer morceau par
morceau ne crée pas ou n'augmente pas ces problèmes?
M. Drummond: Nous pensons que ce serait vraiment un fouillis
monumental si on révoquait tout d'un coup. D'abord, on n'est pas
prêt à prendre la gestion partout, parce que pour faire une
gestion efficace, il faut avoir des plans de gestion, il faut former du
personnel. Il ne faut pas oublier que sur ces terrains, l'Etat ou le
ministère va passer de surveillant à gestionnaire. Il y a tout un
pas à franchir, il y a l'entraînement du personnel, il y a un tas
de choses à réaliser si on veut que ce soit une
réussite.
M. Lessard: Vous n'avez pas l'équipe qu'il faut encore
à l'heure actuelle?
M. Drummond: Non, on la bâtit. Quand vous prenez une
région comme Trois-Rivières, il n'y a pratiquement pas de
terrains vacants dans les fo-
rêts domaniales. C'est tout en concessions. L'équipe qu'il
y a sur le terrain est entraînée depuis toujours à faire de
la surveillance. Mais faire de la surveillance, ce n'est pas faire de la
gérance, ce n'est pas la même chose. Il faut s'assurer que le
personnel va être entraîné pour prendre la relève.
Tout cela se tient avec notre programme de régionalisation des
structures du ministère.
Or, depuis deux ans, on a engagé cette action justement en
prévision de ces révocations, et le plan de gestion sera l'outil
de travail du gestionnaire de la région. Dans notre esprit, le plan de
gestion doit être aussi détaillé que les plans et devis qui
servent à la construction d'un édifice.
M. Lessard: Si je comprends bien, le plan définitif ou le
cheminement de révocation des concessions forestières n'est pas
définitif. Actuellement, vous avez deux solutions possibles.
M. Drummond: On a un plan. On a une deuxième proposition
pour le modifier. Je pense qu'il faudra le garder dynamique parce que la
situation évolue d'année en année et on ne voudrait pas se
lier à un plan formel. On a une programmation, mais s'il se
présente quelque chose de particulier, on sortira du programme pour
régler ce problème. Si cela nous amène à
révoquer plus tôt une concession qui était prévue au
programme en 1980 ou en 1981, on va la révoquer avant, tout simplement.
Mais il existe un programme et cela fait six mois que cela a été
fait, le groupe de travail sur le plan de gestion.
M. Lessard: ...le déposer devant ia commission?
M. Drummond: Je ne le pense pas. Tout ce que cela pourrait faire
serait de confondre un peu les circonstances parce que le grand problème
n'est pas le plan en soi; c'est l'interprétation qui en serait faite
lorsque tout le monde dirait qu'il y a, en fait, des divergences, qu'on a
reculé ou qu'on a avancé et, comme ce n'est pas le plan
définitif, mais seulement une esquisse...
Mais si on accepte que c'est une chose dynamique au départ, que
cela peut changer...
M. Lessard: Oui, c'est normal. C'est tout à fait
normal.
M. Drummond: Le problème...
M. Lessard: Comme le sous-ministre le dit, s'il arrive une crise
dans telle région, comme c'est arrivé, par exemple, dans le
Témiscamingue, pour TEMBEC, cela peut avancer, à un certain
moment, certaines révocations. Je pense que c'est tout à fait
normal que ce plan ait une certaine souplesse parce qu'on ne peut pas bloquer
le problème ou arrêter...
M. Drummond: Ce qu'on pourrait faire, c'est marquer: Plan,
esquisse, sujet à changer, ou premier plan, quelque chose comme
cela.
M. Lessard: Oui, je serais d'accord.
M. Drummond: Ma seule peur est que cela soit regardé comme
définitif. A part cela, il n'y a aucune cachette.
M. Lessard: En ayant ce plan, le ministre conviendra qu'à
chaque année, il aura l'occasion de préciser, à un certain
moment, pourquoi il y a eu des modifications dans tel ou tel autre sens, etc.,
et cela me paraît tout à fait normal. Je ne pense pas qu'on
puisse, à un certain moment, étant donné qu'on a choisi la
période de dix ans, accepter là-dedans une rigidité
très forte parce qu'on ne peut pas bloquer le changement ou les
situations sociales.
M. Drummond: Je pense qu'on va trouver un moyen de le faire pour
clarifier notre position là-dessus, étant donné que, comme
le disait le sous-ministre, il y a une autre proposition faite par le groupe de
travail qui sera discutée à la lumière de ce que nous
avons déjà.
M. Lessard: J'accepte la réponse du ministre. Je pense que
pour information...
M. Drummond: C'est l'utilisation de l'information qui...
M. Lessard: Document préliminaire, ou cheminement pour
critiques préliminaires... Le comité est constitué de
qui?
M. Saint-Pierre: II est dirigé par le Dr Louis-Jean
Lussier, qui va travailler, à partir probablement du 1er juin il
a commencé en exclusivité à 100%. C'est lui qui
dirige le groupe de travail.
Il y a M. Jean-Claude Mercier, qui était au ministère de
l'Environnement fédéral; M. Gagné, qui vient de
l'industrie du sciage; M. Robert Lafrance, qui était chef forestier
à la CIP, et M. Godbout...
M. Lessard: Est-ce qu'il est encore adjoint à la
scierie?
M. Drummond: Non, il a démissionné
complètement. C'était vraiment une de nos conditions. On veut
avoir des gens d'expérience, mais on veut les avoir sans aucune attache.
Comme, par exemple...
M. Lessard: II n'est pas prêté au
ministère.
M. Drummond: Non.
M. Lessard: II n'est pas en congé sans solde.
M. Drummond: Non plus. Il a complètement
démissionné, aucune attache.
M. Lessard: C'est ça que je voulais savoir.
M. Drummond: Aucune attache... Il n'est pas le
représentant de la CIP en ce qui concerne le groupe de travail.
M. Lessard: C'est ça que je voulais savoir, s'il
était attaché à temps plein, s'il avait
démissionné de ses fonctions. On ne peut pas dire qu'il est
directement attaché à la CIP, mais il a quand même des
services assez imposants à la CIP.
M. Drummond: Oui, mais ses services doivent être
très valables pour le gouvernement pendant les négociations.
M. Lessard: Je ne doute pas de ses capacités et de sa
compétence.
M. Drummond: M. Claude Godbout qui est un associé de M.
Lussier. Au ministère, toute l'activité est coordonnée par
M. Jean-Marie Pouliot qui, lui-même, dirige un groupe à
l'intérieur du ministère, et c'est vraiment une activité
où il y a une seule chose qui est fixe, c'est la date: I980. Toutes les
autres choses sont variables, et pour I980, l'ob-iectif est vraiment clair,
précis, des plans de gestion pour toutes les forêts du
Québec. L'action qui est engagée amène un tas de travaux
supplémentaires à l'intérieur des services du
ministère. En fait, tout le ministère est mobilisé vers
cet objectif. Le service des inventaires, par exemple, a modifié son
programme pour le plan décennal, a accéléré le plan
décennal. Le service des plans d'aménagement prépare, en
priorité, des documents biophysiques sur cette question, pour chacune
des unités de gestion.
M. Lessard: C'est ça. En même temps que le ministre
annonçait la création de ce comité, il annonçait
aussi la création de 44 unités de gestion.
M. Drummond: Bon! Cela est une première esquisse à
partir de notre programme de révocation. On s'est dit: Maintenant, tout
cela incombe au min is-tère. C'est le ministère qui en a la
gestion. On adit: A partir de nos structures régionales, de quelle
façon va-t-on subdiviser chacune des régions? Il faut que chaque
forêt soit gérée par un individu avec une équipe.
C'est de là qu'est venue une première ébauche
d'unités de gestion à l'intérieur de chacune des
régions. Encore là, le nombre 44 et l'esquisse qui a
été faite de ces unités ne sont pas quelque chose de fixe,
parce qu'à la lumière des plans de gestion qui vont être
fabriqués, on va pouvoir vraiment voir de quelle façon on pourra
modifier cela. Voici un exemple d'un document biophysique pour l'unité
de Charlevoix. C'est un coin qui est fait cette année. Tout cequi
regroupe, à partir de la rivièreJacques-Cartier jusqu'à la
rivière Saguenay, tout cela va être révoqué cette
année. Le programme, c'est de négocier, dans le courant de
l'année, des révocations qui vont devenir effectives le 1er avril
de l'année suivante, pour ne pas chevaucher des milieux d'année
ou ne pas être...
M. Lessard: En fait, la création de vos unités de
gestion est aussi fonction de votre programme de révocation.
M. Drummond: C'est ça.
M. Lessard: Précède même...
M. Drummond: II faut être prêt.
M. Lessard: Comment se fait le découpage?
M. Drummond: Cela tient compte de plusieurs facteurs. Si on prend
l'exemple de votre comté, on envisage de faire une unité de
gestion avec les Outardes et la Manicouagan, où il va y avoir trois
utilisateurs de matières ligneuses, un qui va être Quebec North
Shore, l'autre qui va être la Scierie Outardes et le troisième,
qui sera REXFOR dans des opérations de récolte, peut-être,
pour régler des problèmes particuliers.
Ce qui veut dire qu'à la tête de cette unité il va y
avoir un gestionnaire qui va dépendre d'un adjoint à
l'administrateur régional qui, lui, va être en charge de
l'administration des forêts publiques de sa région, en charge de
la gestion.
L'équipe va être formée à partir de cela. Le
gestionnaire va avoir entre les mains un plan de travail comme un entrepreneur
a le plan d'un édifice pour le construire. Les plans de gestion, leur
approche est vraiment globale. La matière ligneuse, c'est une des
utilisations de la forêt. Le ministère est là pour faire la
gestion des forêts pour toutes les fins pour lesquelles on les utilisera,
ce qui veut dire que ce n'est pas le ministère qui va décider
qu'on va faire telle chose dans telle forêt, mais si au niveau
gouvernemental il se prend une décision, à savoir que tel bloc de
forêt est réservé pour des fins récréatives
ou pour des fins de conservation de la faune, les actions que le
ministère va faire dans cette forêt seront fonctions de cette
utilisation.
Par exemple, dans la forêt domaniale des Ap-palaches, où on
essaie de développer le modèle le plus parfait possible, il
faudra juger cela après quelques années et non pas juste
après une année d'observation. On traite d'une façon
particulière les deux ravages de chevreuils qui existent dans cette
forêt; ce qui veut dire qu'on demande aux spécialistes du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, de nous dire
ce qu'ils envisagent comme milieu, de quelle façon ils veulent qu'on
traite les arbres pour rencontrer leurs fins. Par exemple, si tel autre coin
est réservé, prenons le cas des fameux caribous dans le parc des
Laurentides.
Une Voix: Mont Orford?
M. Drummond: Oui, si un tel coin est réservé en
exclusivité pour la récréation.
M. Lessard: Quelle partie...
M. Drummond: D'abord, il n'y aura pas de coupe pour des fins
commerciales; ce pourrait être juste des coupes strictement pour cultiver
la forêt, pour la garder la plus belle possible, etc. Si on a des
traitements à faire pour améliorer les conditions sur une
rivière à saumon, les arbres vont être traités en
conséquence. Le ministère est
l'agence gouvernementale pour faire la gestion des forêts du
Québec.
M. Lessard: Là, on s'en vient vers un aménagement
global, en fait, en tenant compte de l'utilisation polyvalente de la
forêt.
M. Drummond: Mais il ne faudrait pas dire qu'on aménage...
Moi, je n'aime pas dire qu'on aménage la forêt d'une façon
polyvalente, on aménage la forêt pour les fins qui ont
été décidées. On ne fait pas de
l'aménagement dans une forêt pour le plaisir de faire...
M. Lessard: Non, non.
M. Drummond: ... un aménagement polyvalent, par exemple,
on choisit les fins d'utilisation de la forêt pour des raisons
socio-économiques. La technique, elle, vient nous dire ce qu'on peut
faire à l'intérieur de cela. Par exemple, je me plais à le
donner, si, pour des fins socio-économiques, on dit qu'on veut faire un
grand aménagement récréatif sur le bord du lac
Témiscouata et que des palmiers seraient quelque chose de beau, la
technique va dire: Cela n'est pas possible.
Par exemple, on va dire...
M. Lessard: Les orangers non plus.
M. Drummond: Non. Si on veut faire tel genre de coupe, on va
dire: Cela peut être dommageable de telle façon et cela ne
correspond pas aux fins...
M. Lessard: Si je comprends bien le sous-ministre, ce serait le
ministère des Terres et Forêts qui aurait maintenant, qui aurait
définitivement la responsabilité de la supervision de
l'aménagement des forêts publiques y compris tout ce qui va en
relation avec le développement des ressources cynégétiques
et halieutiques, si vous voulez, des ressources...
M. Drummond: Non, là, je veux être bien compris. Le
ministère a la gestion de toutes les forêts du
Québec...
M. Lessard: Oui.
M. Drummond: ...des actions à prendre sur les arbres, mais
ce n'est pas le ministère seul qui va décider quoi faire d'une
forêt. Les autres ministères, utilisateurs de cette forêt,
vont avoir leur mot à dire et c'est au niveau d'un consensus
général ou d'un arbitrage qu'on va dire: Avec telle forêt,
on fait telle chose, on la zone de telle façon. A partir de cette
décision qui n'est pas la sienne, mais qui est une décision
gouvernementale, après consultation avec tous les organismes
intéressés, le ministère va aménager les arbres
d'une forêt pour atteindre ces objectifs. A ce moment, il est l'agence
gouvernementale.
M. Lessard: Une fois les objectifs définis?
M. Drummond: C'est ça. Mais ce n'est pas le
ministère seul qui définit les objectifs.
M. Lessard: Maintenant, la loi de zonage, qui est censée
nous être proposée prochainement et qui touche,
particulièrement, le secteur agricole, a certainement dû
être étudiée au niveau du ministère des Terres et
Forêts, comme au niveau d'autres ministères? Est-ce que la loi de
zonage va justement, non seulement prévoir les terres agricoles, mais
prévoir aussi...
M. Drummond: La loi qui est en préparation, si vous vous
référez à celle-là, va toucher, strictement, les
terres privées. Il y a d'autre chose qui se discute pour les terres
publiques, au point de vue de zonage.
M. Lessard: Une fois le comité établi, est-ce que
le ministre entend toujours garantir des droits de coupe fermes pour des
périodes de 40 ans pour les industriels et de dix ans pour les
scieries?
M. Drummond: L'approche qui est prise, c'est de garantir... A la
révocation, la première période est de vingt ans et le
volume tient compte des autres sources d'approvisionnement. Après cela,
c'est renouvelable de dix ans en dix ans. C'est le modèle qu'on veut
suivre pour toutes les industries. Les premiers vingt ans ont été
envisagés dans le cas d'entreprises nouvelles et dans le cas de
révocation pour que le passage, d'un système à l'autre,
soit plus facile. La façon qu'on traite actuellement, qu'on
négocie: II y a les premiers vingt ans, les secteurs de coupe sont
définis par ces premiers vingt ans et, après cela, la garantie
que l'utilisateur a, c'est que le tout va être renouvelé de dix
ans en dix ans, mais tous les articles vont être renégociables,
incluant le volume.
Le ministère s'engage à approvisionner cette usine, en
tenant compte des autres sources d'approvisionnement. L'utilisateur va payer un
droit de coupe et des frais d'administration.
M. Lessard: Puisque le ministre a lancé le chiffre, .je
comprends que le chiffre n'est pas rigide, qu'il n'est pas définitif,
mais il a lancé le chiffre de 44 unités de gestion des
forêts publiques, est-ce qu'elles sont et même le ministre a
annoncé la création de 44 unités de gestion
constituées sur papier maintenant, ces 44 unités de gestion.
M. Drummond: Elles ont été annoncées dans le
même optique que le programme de révocation. Les unités
vont être créées officiellement quand un territoire va
être révoqué, comme par exemple on envisage de
libérer le Grand Portage au complet dès cette année.
M. Lessard: Je pensais que vous vouliez dire les rivières
à saumon.
M. Drummond: On envisage que les révoca-
tions dans la région du Grand Portage vont être
complètement faites pour le 1er avril 1976. Cela veut dire que cette
unité de gestion sera complètement opérationnelle le 1er
avril 1976.
M. Lessard: Mais il reste qu'en principe vos 44 unités de
gestion parce qu'on a mis un chiffre vous savez à peu
près à quelle place elles se situent.
M. Drummond: D'accord, oui. Elles paraissent sur le même
plan. Comme, par exemple, dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, on
entrevoit cinq unités de gestion à l'intérieur de la
région administrative. Le Grand-Portage, par exemple, est une
unité de gestion de forêt publique. A cela vont venir se greffer
les unités de gestion de forêt privée.
M. Lessard: Est-ce que vous prévoyez avoir le personnel
nécessaire pour gérer ces unités de gestion? Parce
que...
M. Drummond: On ne fait pas seulement prévoir, on pense
que...
M. Lessard: Je suppose que cela va prendre... M. Drummond:
... c'est une chose acquise. M. Lessard: ... beaucoup plus de
techniciens.
M. Drummond: Oui. Cela va prendre plus d'ingénieurs, de
techniciens, de gardes forestiers et tout ça.
Papier journal
M. Lessard: Est-ce que le ministre a définitivement
rejeté la possibilité de mettre en vigueur la loi votée en
I955 par M. Duplessis concernant justement l'instauration d'un double prix pour
la vente du papier journal?
M. Drummond: Disons qu'en ce qui concerne la question du prix du
papier journal, c'est le Conseil exécutif qui mène une
étude là-dedans et le ministère de l'Industrie et du
Commerce et nous-mêmes avons contribué à des rapports
là-dessus.
M. Lessard: Mais, l'opinion personnelle du ministre?
M. Drummond: L'opinion personnelle du ministre, c'est qu'on doit
avoir un écart dans le prix domestique vis-à-vis du prix à
l'étranger, qui tient compte, comme minimum, des coûts
différents de transport.
M. Lessard: Alors, vous laissez ça... M. Drummond:
Disons que...
M. Lessard: Qui correspondrait actuellement à $8 la
tonne.
M. Drummond: Si c'est ça ou si c'est plus cher que
ça. C'est la première chose à vérifier, si les $8
sont exacts.
M. Lessard: Sans tenir compte de ce que cela peut comporter,
à un moment donné, pour les journaux québécois.
M. Drummond: Disons que la question des journaux
québécois, ce n'est pas seulement une question du prix du papier
journal. Il y a tout un tas d'autres facteurs...
M. Lessard: Cela, je suis d'accord.
M. Drummond: ... qui entrent là-dedans.
M. Lessard: Exactement.
M. Drummond: Non, non, c'est une question de prix. Le papier, ce
n'est pas le même problème qu'on avait il y a quelques mois ou
lorsque c'était une question d'allocation. C'est une question maintenant
fondamentale...
Il n'y a pas un journal qui se plaint de manquer de papier
actuellement.
M. Lessard: Non. Mais ils paient cher et ils vont payer de plus
en plus cher parce qu'il semble que les compagnies forestières n'ont pas
l'intention d'investir, de faire de nouveaux investissements tant et aussi
longtemps que ce ne sera pas rendu à $300 la tonne.
Alors, pour favoriser justement le développement de nos journaux
dans le Québec, il me semble qu'on pourrait accepter un double prix.
M. Drummond: Peut-être que le député de
Saguenay pense à un cas particulier.
M. Lessard: Je ne parle pas exclusivement du Jour.
Mais, où en est... Est-ce que...
M. Drummond: Grosso modo... M. Lessard: Le ministre me
dit...
M. Drummond: ... l'opinion personnelle du ministre, ce n'est pas
un dossier qui relève surtout du ministère des Terres et
Forêts, étant donné certaines décisions qui ont
été prises lors de la parution du livre blanc.
M. Lessard: Mais est-ce que c'est un dossier qu'on étudie?
Est-ce que vous êtes membre du comité?
M. Drummond: C'est à l'étude, comme j'ai dit. Il y
a un groupe au Conseil exécutif qui le fait. Nous avons fait rapport
à ce groupe.
Bois de sciage
M. Lessard: Vous avez présenté un rapport.
Concernant l'industrie du bois de sciage, est-
ce que le ministère des Terres et Forêts s'est
préoccupé de faire un bilan de la situation actuelle, un tableau
de la situation; mises à pied, nombre de scieries en faillite, etc.?
Vous avez un bilan?
M. Drummond: Un bilan, tel quel...
M. Lessard: Parce que vous savez qu'en vertu de la nouvelle loi
27, vous pouvez, à un moment donné, intervenir directement dans
la vente d'entreprises et aucune vente ne peut se faire sans l'autorisation du
ministère des Terres et Forêts.
Et actuellement on sait qu'on a quantité de petites scieries qui
vivent des problèmes considérables et qu'il est possible, parce
que vous avez vous-même affirmé que vous n'aviez pas l'intention
d'accepter la monopolisation de ces petites entreprises par les grandes
compagnies de papier...
M. Drummond: Je pense que j'avais dit que je voyais d'un mauvais
oeil que l'industrie de sciage passe aux compagnies de pâtes et papiers.
Mais j'ai aussi signalé que ce n'est pas à sens unique cette
affaire, qu'il faut une certaine volonté de la part des industriels du
sciage de garder leurs propres industries. Il y en a certaines parmi elles qui
aimeraient probablement vendre au meilleur prix. Alors je dirais certainement
que le pouvoir du ministre ne peut pas être absolu là-dedans.
C'est en tenant compte de cela qu'on est allé travailler très
fort, par exemple au projet de Saint-Félicien. Et c'est cela qu'on
essaie de faire aussi dans la région du Témiscamingue, dans le
Nord-Ouest. On essaye de favoriser l'utilisation des copeaux par les usines,
mais en le faisant par la location de bois, pour permettre de vraiment
établir les règles du jeu pour que l'industrie de sciage survive.
Mais ce n'est pas à dire que le ministère est là pour
dépanner chaque industrie de sciage qui est mal financée. Alors,
quelque part, il faut un équilibre là-dedans.
M. Lessard: Je trouve un peu curieux qu'on parle du projet de
Saint-Félicien, alors qu'on vit une situation assez difficile dans
l'industrie du sciage, alors qu'on constate que beaucoup d'industries sont
actuellement acculées à la faillite. Je demande au ministre,
comme ministre des Terres et Forêts: Est-ce qu'il possède
actuellement et je lui avais soulevé la question en Chambre, il
m'avait dit qu'il suivait le dossier de près ou est-ce qu'il a
fait actuellement un bilan de la situation des industries de sciage au
Québec? Quelles sont les mises à pied qui sont prévues,
quelles sont les fermetures qui sont prévues, quelles sont les
fermetures qui devraient, étant donné la situation des industries
de sciage, se faire ou pas, ainsi de suite? Est-ce que vous avez ce bilan
officiel?
M. Drummond: Voici ce qu'on a fait, si je peux commencer un peu
au début. Lorsqu'il semblait que l'industrie du sciage marchait mal, on
a reçu une délégation, les administrateurs de l'Associa-
tion des manufacturiers de bois de sciage, qui avaient demandé de l'aide
étant donné que, selon eux, il y en avait plusieurs parmi eux qui
étaient sur le bord de la faillite. Ils disaient que le prix
était tellement bas qu'ils ne pourraient pas survivre.
J'ai dit: On comprend cette question de prix. Alors, pour essayer
d'aider d'une façon globale, on a reporté les droits de coupe
assez vite, mais J'avais demandé à l'association de faire le tour
de l'industrie du sciage pour envoyer à REXFOR chaque industriel qui
avait un problème, afin qu'on puisse faire l'analyse de la situation
globale.
A ma connaissance, et peut-être que j'ai tort, mais il n'y a pas
eu vraiment de faillite depuis ce temps-là. A quel mois ont-ils fait
leur demande? C'était au mois de septembre ou octobre je pense bien. On
a reçu, à REXFOR, plus d'une trentaine de demandes des industries
qui étaient en difficulté et on a fait une analyse sommaire
basée sur les chiffres présentés. On a vu que plusieurs
parmi eux avaient des difficultés, même avant la crise, et
c'était une question de mauvais financement de leur part.
Alors, j'avais annoncé cette semaine, étant donné
que l'industrie du sciage n'avait pas fait la preuve et elle l'admet
d'une crise globale telle que je ne voyais pas l'opportunité de
recommander à mes collègues, au conseil des ministres, d'entrer
dans un programme d'aide pour des industries spécifiques, que
j'étais quand même prêt à étudier, d'ici
quelques mois, l'opportunité de reporter les droits de coupe pour
l'année en cours, si nécessaire, et de trouver une autre
façon équivalente à cela pour aider aussi, globalement,
les compagnies qui coupent sur les terres privées ou les terres
américaines.
Mais, à ce moment-ci, il y a une reprise en ce qui concerne le
prix du bois. On va le suivre de près. Mais, lorsqu'on parle des
fermetures, etc., je pense que, pour beaucoup, c'était une question de
fermer un chiffre et de continuer les activités. Pour d'autres,
c'était une question d'arrêter pour un bout de temps, parce que
c'est un peu comme cela que marche l'industrie du sciage. N'importe quel
système donné qu'on préconiserait, n'aiderait pas
tellement à la question de mise à pied, parce que la chose qu'il
fallait, c'était de baisser la production, parce que la demande
n'était pas forte.
Je peux dire que, à ce moment-ci, pour quelques mois, en tout
cas, on pense que le prix va tenir, même augmenter et, peut-être
que, vers la fin de l'année, cela peut baisser. Mais, pour 1976 le
consensus semble suggérer que 1976 soit une bonne année dans le
domaine du sciage. Je pense qu'il y a plusieurs facteurs qui suggèrent
cela. L'économie américaine commence à s'améliorer.
Je pense que, évidemment, dans une année électorale, on va
faire du "pump priming". Je pense que le nombre de logements commencés,
de "housing starts", en tout cas, va s'améliorer.
C'était le noeud du problème. Sur un taux annuel, je pense
que cela avait baissé jusqu'à 700,000 "housing starts",
récemment. Maintenant, cela commence à grandir, à grossir.
C'est un sommaire de la situation telle que je la vois.
M. Lessard: Autrement dit, la situation ne serait pas aussi
tragique qu'on l'a laissé croire?
M. Drummond: C'était difficile, mais ce n'était pas
aussi tragique. Je pense qu'il y a 600 scieries, grosso modo, dans la province.
On a reçu plus d'une trentaine de demandes. Je ne pouvais pas dire que,
selon ce qu'on avait reçu, c'était tel que le problème
avait été présenté dans le temps.
M. Lessard: Lors de sa présence au congrès de
l'Association des manufacturiers de bois de sciage au Québec, le
ministre n'a pas reçu de mémoire ou n'a pas reçu, à
un moment donné, de plan d'urgence concernant cette entreprise?
M. Drummond: Non, personnellement, on les avait rencontré
à plusieurs reprises. On a eu des échanges de lettres. On a fait
l'analyse de la part de REXFOR. Mais je pense que l'administration de
l'association était un peu gênée que les faits, tels qu'ils
étaient présentés, avec l'appui de ses membres,
n'étaient pas prouvés dans ce qu'on avait reçu au niveau
du gouvernement.
M. Lessard: J'ai terminé la discussion
générale, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Je pense qu'on peut
entreprendre l'étude du programme 1: Connaissance de la forêt.
Connaissance de la forêt
M. Lessard: Au programme 1, la connaissance de la forêt ou
l'inventaire des terres, c'est maintenant terminé.
M. Drummond: Le programme de l'inventaire canadien des terres est
terminé.
M. Lessard: Est-ce que, en fait, l'augmentation de $3.333
millions $5.082 millions, cela provient des plans de gestion que le
ministère doit faire?
M. Drummond: C'est surtout à cause de
l'accélération du programme décennal de l'inventaire
forestier.
M. Lessard: Dans le Bas-Saint-Laurent, vous avez, je pense,
déposé une vingtaine de plans de gestion...
M. Drummond: Ce à quoi vous vous référez, ce
sont de petits plans de gestion pour des propriétés
privées...
M. Lessard: Oui.
M. Drummond: ...que le fonds de recherche a
présenté dans le cadre des travaux que le ministère lui a
confiés.
M. Lessard: En parlant justement du FRUL, du plan de recherche,
est-ce que, au ministère, on a révisé le rapport Lussier
en ce qui concerne l'aménagement des terres de 30,000 cunits?
M. Drummond: Aimeriez-vous mieux en parler au programme 4,
élément 4?
M. Lessard: Pardon?
M. Drummond: Aimeriez-vous mieux en parler au programme 4,
élément 4?
M. Lessard: Oui, d'accord, pas de problème. Y a-t-il des
programmes spéciaux, à la connaissance de la forêt?
M. Drummond: Celui que j'ai mentionné, le programme
accéléré d'inventaires forestiers. Cette année, on
étudie la mise en marche d'un programme accéléré de
recherche pour ce qui a trait à la tordeuse, de la façon qu'on
doit vivre avec la tordeuse en aménageant la forêt.
M. Roy: Sur la connaissance de la forêt, j'aurais des
questions à poser. Est-ce que le ministère, actuellement, a
procédé à un inventaire des terrains privés par
région?
M. Drummond: Pardon.
M. Roy: Est-ce que le gouvernement a procédé
à un inventaire de la forêt privée dans chacune des
régions de la province?
M. Drummond: Est-ce qu'on pourrait suggérer qu'on prenne
cela élément par élément? L'élément
1, c'est la recherche, l'élément 2, c'est seulement pour...
M. Lessard: La recherche, d'accord.
M. Roy: La recherche, c'est la connaissance de la forêt
comme telle.
M. Drummond: Oui, mais c'est une partie de la connaissance, c'est
l'amélioration de la connaissance de la forêt.
M. Roy: C'est pour cela que je dis que, sur
l'élément 1, ici, je pense que c'est...
M. Drummond: C'est parce que, à l'élément 2,
on parle de l'inventaire forestier proprement dit.
M. Roy: On parle de l'amélioration de la forêt.
M. Drummond: Non, l'élément 1, dans le programme
1.
M. Roy: Oui, d'accord. Au niveau du programme 1, au niveau de la
tordeuse de bourgeons de l'épinette, est-ce que vous avez de nouvelles
informations à ce sujet, parce que des articles ont paru dans les
journaux, ces jours derniers...
M. Drummond: On pourrait peut-être en parler au programme
3, élément 2, où ce programme de lutte est inscrit. Si on
peut le trouver, on peut répondre tout de suite. On peut commencer le
programme 3, élément 1.
M. Roy: Le programme 3, élément 2, d'accord.
Le Président (M. Cornellier): Etes-vous prêts
à adopter le programme 1?
M. Lessard: Oui, M. le Président. M. Roy: Oui.
Le Président (M. Cornellier): Programme 1,
adopté.
Programme 2: Amélioration de la forêt.
M. Roy: Je vais revenir. C'est l'inventaire de base,
l'élément 2 du programme 1.
Le Président (M. Cornellier): Très bien.
M. Roy: A l'élément 2, l'inventaire de base,
c'était cela ma question, pour voir si le ministère,
actuellement, a procédé à un inventaire de la forêt
privée dans chacune des régions de la province. J'aimerais qu'on
nous présente, pour les fins du journal des Débats, le monsieur
qui s'apprête à répondre.
M. Drummond: M. Germain est le directeur du service des
inventaires forestiers. Au niveau des inventaires, dans les forêts
privées, le programme est le même que celui des inventaires des
forêts publiques. Il relève du programme
accéléré d'inventaires forestiers dont M. Duchesneau
parlait tout l'heure. Or, quel que soit le type, l'utilisation du terrain ou le
propriétaire, le terrain est inventorié suivant le même
programme, la même séquence d'exécution.
M. Roy: De quelle façon procède-t-on à cet
inventaire des terrains privés? Est-ce que cela se fait uniquement par
photos aériennes ou par échantillonnage?
M. Drummond: Des deux façons. L'inventaire comporte
toujours deux données, une donnée qui est cartographique, qui
provient de photographies aériennes et une donnée qu'on appelle
dendrométrique, qui provient d'échantillonnages au sol. Ces deux
composantes permettent de faire des calculs de compilation des volumes, par la
suite.
M. Roy: Est-ce qu'après avoir fait ces inventaires
à ces deux niveaux", le ministère a procédé
à des vérifications particulières, dans des territoires
donnés, toujours sous forme d'échantillonnage, pour
vérifier les données obtenues par ce que vous venez de mentionner
par rapport à l'inventaire réel de la forêt. A ce moment,
je parle du travail de chaînage, faire du "cruising" comme les compagnies
papetières font, lorsqu'elles subdivi- sent leur territoire en blocs,
avant d'accorder des contrats à des entrepreneurs pour la coupe.
M. Drummond: Oui, il y a plusieurs types de vérification
qui se font au niveau de la cartographie. Il y a une vérification qu'on
appelle point de contrôle, c'est-à-dire qu'à l'aide des
données qu'on a interprétées sur les photographies
aériennes, on va en forêt contrôler l'exactitude de ces
données. Il y a une autre donnée, où on fait la
vérification d'un certain pourcentage des parcelles-échantillons
qui sont établies au sol.
La compilation sur la vérification, pour l'ensemble du
territoire, est impossible au niveau du programme d'inventaires comme tels,
parce que les unités de compilation sont de l'ordre de plusieurs
milliers de milles carrés. Sur 2,000 milles carrés, on ne peut
pas faire de vérification vraiment exacte sur la valeur des chiffres.
Par contre, on fait des calculs de précision basés sur des normes
reconnues, disons en mathématiques, règle générale,
la précision calculée de nos compilations est de l'ordre de
5%.
M. Roy: Vous avez 5% de...
M. Drummond: Plus ou moins, 5% d'erreurs.
M. Roy: Plus ou moins, 5%.
M. Drummond: Oui.
M. Roy: Est-ce que vous avez actuellement fait des inventaires
particuliers dans certaines régions de la province ou si vous avez fait
un inventaire global?
M. Drummond: Dans l'élément de programme Inventaire
de base, il y a six activités principales. On a parlé tout
à l'heure du programme d'inventaire accéléré.
Celui-là comporte 69% du budget demandé. Or, au niveau des autres
types d'inventaire, celui que vous mentionnez est celui de l'inventaire
d'exploitation. On en fait assez peu actuellement. Il comporte seulement 3% du
budget demandé. Cet inventaire est un type d'inventaire beaucoup plus
intensif, qu'on fait sur une superficie très restreinte au niveau d'un
chantier d'exploitation, par exemple pour mieux connaître le territoire,
le type de forêt, pour déterminer les modes de traitement les plus
appropriés au niveau de l'utilisateur, au niveau de la machinerie
à utiliser, etc.
M. Roy: Est-ce que le ministère a fait des inventaires
à des périodes différentes dans un territoire
donné? A titre d'exemple, supposons qu'on aurait, il y a cinq ans ou il
y a six ans je dois dire, entre autres, il y a six ans, un exemple
fictif procédé à un inventaire selon les
données que vous venez de nous mentionner et qu'on aurait refait un
inventaire, l'an dernier pour déterminer le taux de croissance de la
forêt dans une région donnée pour établir la
capacité du territoire de produire du bois sans que l'inventaire n'en
soit diminué. Je ne sais pas si je m'explique clairement...
M. Drummond: Au niveau des comparaisons de plusieurs inventaires
sur le même territoire, le service des inventaires existe seulement
depuis 1965. On n'a donc pas de données selon lesquelles on est
passé deux fois sur le même territoire. Par contre, dans la prise
de données, il y a également le sondage permanent. C'est donc
vraiment l'établissement de points permanents, de superficies
permanentes en forêt qui, tous les dix ans, seront mesurés, chaque
arbre est remesuré et on compare l'accroissement, etc. Au niveau des
inventaires d'exploitation, il y a eu différents essais de faits, mais
encore là, si la forêt est exploitée immédiatement,
l'année suivante la seule vérification qu'on peut faire, c'est
une comparaison basée sur le mesurage, selon que, à ce moment,
toute l'aire d'exploitation a été vraiment exploitée,
selon la hauteur des souches qui ont pu être laissées, ou des
choses comme cela; cela peut varier passablement. Cela peut varier disons de 1%
à 10%.
M. Roy: Quels sont les pouvoirs dont dispose le ministère
à ce sujet quand on parle, par exemple, d'aller faire des inventaires,
d'aller mesurer les souches et autres sur la forêt privée? Est-ce
qu'il vous est possible de rencontrer des propriétaires de boisés
et qu'on vous laisse passer?
Autrement dit qu'il y ait eu, non pas un permis de passer, mais une
permission, j'aimerais mieux dire une permission, des propriétaires de
forêt privée pour vous permettre d'aller faire des
échantillonnages du bois comme tel et aussi l'inventaire de ce qui
aurait été coupé une année ou l'autre. Disons qu'il
y a une question de mesurage, je suis bien d'accord là-dessus, mais il
ne semble que cela peut être un peu difficile, parce qu'il y a une partie
de la forêt privée qui est exploitée pour faire du bois de
pâtes, du bois de quatre pieds, tandis qu'une autre partie de la
forêt privée sert à faire des billots, du bois de sciage,
du bois de construction. Le bois de pâtes est un marché qui
était passablement plus régulier que le marché du bois de
sciage. Il y avait une habitude chez la population de faire du bois de quatre
pieds plutôt que de faire des billots. Mais, avec le développement
des scieries un peu partout, avec la mise en marché du bois de sciage
sur une base beaucoup plus commerciale qu'artisanale, il y a quelques
années, car cela se faisait surtout sur une base artisanale des petits
moulins à construction de l'habitation, la construction de logements sur
le plan local uniquement, j'aimerais savoir les possibilités que vous
avez de contrôler en quelque sorte la coupe du bois, la mise en
marché. Je ne parle pas du contrôle pour empêcher ou
accorder le droit à un producteur de produire du bois, mais pour
être en mesure de contrôler la coupe annuelle.
M. Drummond: Pour répondre à votre première
question, disons que le ministère est autorisé par la loi
à aller sur les terrains privés. La loi l'autorise à le
faire. A ce point de vue, il n'y a pas de permission à demander. C'est
certain que si on a des arbres à couper, par exemple, pour prendre des
échantillonnages, le propriétaire va être in- formé.
Si ce sont seulement des mesures qui sont prises et que rien n'est fait
à la propriété même, bien souvent, le
propriétaire ne sait même pas que les employés y sont
passés.
Pour votre deuxième question, il faut distinguer les inventaires
de base et les inventaires plus précis qui servent à faire des
plans de gestion. Tout à l'heure, on mentionnait les plans de gestion
que le fonds de recherche avait déposés il y a deux semaines.
C'était là un plan de gestion au niveau d'une terre à bois
donnée. On prescrivait au propriétaire la façon de traiter
sa forêt, quoi faire avec sa forêt pour l'améliorer, la
faire croître plus rapidement, avoir plus de produits.
Du côté de la forêt privée, on commence dans
ce domaine à fournir de l'information de base. Vous allez voir, quand on
va discuter l'élément 4 au programme 4, que le ministère a
développé des méthodes incitatives pour que les
propriétaires de boisés privés fassent de
l'aménagement. A ce niveau, on va faire du contrôle. Si un
propriétaire s'engage à faire de l'aménagement en recevant
une subvention, il va se faire un contrôle sur ce que le
propriétaire fait. A part cela, sur les autres propriétés,
le ministère ne fait aucun contrôle dans le sens que vous
mentionniez. Un propriétaire peut tout couper son terrain, il peut en
faire ce qu'il veut, il peut le débiter en deux pieds s'il veut vendre
son bois. Disons qu'on n'est pas encore entré dans ce domaine. On va y
entrer par des méthodes incitatives en favorisant
l'aménagement.
On va se trouver à avoir une comptabilité
générale en révisant périodiquement notre
inventaire. Cela va être un peu plus difficile au niveau de la
forêt privée. Au niveau de la forêt publique, on est en
train de mettre sur pied un système permanent, un système de
comptabilité forestière où, chaque année, on va
réviser la donnée de base, l'ajuster avec les feux, les coupes,
les mortalités, les accroissements, et tous les dix ans, une
révision complète se fera de tout cela.
Sur les terrains privés, on commence seulement à ce point
de vue.
M. Roy: J'aimerais savoir, quand on arrive dans une région
donnée, la région, par exemple, si on dit: La capacité de
mise en marché annuelle de bois, de façon à garantir le
maintien de l'inventaire actuel, est de 75,000 cordes de bois, la
fédération ou le syndicat des producteurs de bois se base sur
cette donnée pour négocier avec les compagnies papetières
la mise en marché du bois. C'est un peu la question que je pose
actuellement, parce qu'il y a un problème. Je ne veux pas parler pour
mon clocher, ma région, mais le ministre des Terres et Forêts sait
très bien qu'il y a un problème actuellement, au niveau de la
région sud de Québec, parce qu'il s'est coupé passablement
de bois cette année. Il y aurait à peu près 50,000
à 75,000 cordes de bois coupées, qui ne seraient pas vendues.
Lorsque j'ai rencontré les dirigeants du syndicat des producteurs
de bois, ils m'ont dit qu'ils s'étaient basés sur les
données du ministère des
Terres et Forêts, sur l'inventaire que le ministère des
Terres et Forêts aurait fait, pour négocier avec les
compagnies.
M. Drummond: Ils se sont basés là-dessus pour
négocier avec les compagnies et c'est effectivement ce qu'ils ont
négocié avec les compagnies. Mais le problème vient du
fait qu'il s'est coupé deux à trois fois cette
quantité.
M. Roy: II s'est coupé deux fois cette
quantité.
M. Drummond: La donnée du ministère est bonne. Le
syndicat s'est basé sur cela pour négocier avec les compagnies.
Les compagnies prennent tout ce volume, mais le problème vient du fait
que le syndicat n'a pas contrôlé sa coupe; les gens en ont
coupé deux fois plus qu'ils devaient en couper.
M. Roy: Est-ce que le ministère a donné des
instructions précises ou s'il s'est limité à donner des
informations?
M. Drummond: Le ministère a donné des informations.
Le ministère n'a aucune autorité pour obliger un syndicat
à se limiter à cela.
M. Roy: On a semblé laisser entendre, dans certains
milieux, que c'étaient un peu les instructions.
M. Drummond: Si le syndicat des producteurs, après avoir
négocié une quantité, ne se préoccupe pas de ce que
fait chaque producteur individuellement, c'est certain qu'on va avoir des
variations comme celles-là. Une année, on va manquer de bois;
l'autre année, on va en avoir trop.
Les syndicats de producteurs ont obtenu la mise en marché,
même l'exclusivité de la mise en marché. Il va falloir
qu'ils prennent leurs responsabilités et qu'ils contrôlent la
production au niveau de chacun des individus. Tant qu'ils ne régleront
pas ce problème à ce niveau-là, on va l'avoir tous les
ans, le problème.
Même actuellement, on dit: II y a trop de bois; on va en avoir
trop, les compagnies en coupent trop. Il n'y a personne qui est venu dire au
ministère: Venez nous aider, les compagnies n'achèteront pas tout
notre bois. On ne sait même pas ce qu'il y a de trop. On ne sait pas ce
qui va se couper en 1975/76. On est prêt à travailler et à
aider les syndicats de producteurs à programmer et à agencer leur
histoire, mais il ne faudrait pas qu'ils arrivent au mois de septembre pour
nous dire: On a tant de milliers de cordes sur les bras; forcez les compagnies
à le prendre. Cela ne sera plus le temps, au mois de septembre.
M. Lessard: Tant qu'il n'y aura pas de régie des produits
forestiers, cela va être difficile.
M. Drummond: Disons que c'est plus difficile, oui.
M. Roy: Est-ce que le ministère veut en venir en quelque
sorte à étendre les pouvoirs des syndicats, de producteurs de
bois, de façon à leur donner l'exclusivité de la mise en
marché?
M. Drummond: Ils l'ont.
M. Roy: Ils ne l'ont pas partout.
M. Drummond: C'est la Régie des marchés agricoles,
de toute façon. Il faut dire que le bois à pâte est un
produit agricole. Cela relève du ministère de l'Agriculture.
M. Roy: Les Cantons de l'Est ne l'ont pas.
M. Drummond: C'est parce que la majorité des membres ne
l'a pas voulu. Ce sont les plans conjoints.
Je dois dire que le ministre a toujours appuyé
l'exclusivité, lorsqu'il y avait des discussions à cet
égard. En effet, même s'il y a des problèmes à ce
moment-ci, je pense que c'est quand même un début vers un bon
aménagement et un contrôle en ce qui concerne la production de
matières ligneuses.
M. Roy: Est-ce que le ministère tient compte qu'il y a
trois catégories de producteurs de bois, lorsqu'on regarde les
forêts privées? La première catégorie, c'est
l'agriculteur. Dans une région comme la région du
Bas-Saint-Laurent, la région de la Chaudière, entre autres, la
région chez nous, à peu près tous les cultivateurs ont un
boisé de ferme.
C'est à peu près dans la proportion de 95%.
Alors, ce sont des personnes, en premier lieu, qui ont fait le plus
d'aménagement, qui se sont organisées de façon à
faire de la sylviculture, à entretenir leurs boisés pour en tirer
le meilleur profit possible. Je pense que c'est dans cette catégorie que
vous allez rencontrer les gens qui ont fait le plus d'efforts dans ce secteur.
Cela est une catégorie de producteurs de bois.
Vous avez une deuxième catégorie de producteurs de bois.
C'est celui qui possède plusieurs lots, qui s'organise, je ne dirai pas
pour produire sur une base annuelle, sur une base de douze mois, mais qui,
chaque année, met une certaine quantité de bois sur le
marché. Mais il est influencé par le prix que les compagnies
paient. Autrement dit, si les compagnies augmentent le prix, il est
évident qu'il se coupe un peu plus de bois. Si les compagnies en
diminuent le prix et s'il a plus de difficulté à le vendre, il
diminue la coupe du bois. C'est une catégorie de producteurs.
Il y a une autre catégorie de producteurs de bois et ce sont de
petits entrepreneurs qui achètent les lots boisés. Ils
n'achètent pas toujours des lots boisés où la forêt
est rendue à maturité. Ils achètent ces lots boisés
d'un groupe de personnes qui vendent leur propriété, qui vendent
leur terrain, d'une part, et qui veulent réaliser le plus d'argent
possible au moment de la vente, parce qu'il s'agit pour eux de la
réalisation de leurs biens. Au lieu d'acheter des fonds mutuels, au
lieu
d'acheter des dotations d'assurance, ces gens se sont organisés
dans les milieux ruraux. Ils ont acheté un ou deux lots boisés.
Ils se sont organisés pour qu'ils reprennent de la valeur pour que,
rendus à un certain âge, ils puissent avoir leur argent pour
être capables de déménager au village, de se construire une
maison neuve et de s'établir autrement. Il y a même d'autres
personnes qui décident, à un certain moment, de vendre tout cela
pour être en mesure de s'acheter un commerce.
M. Drummond: M. le Président, c'est peut-être en
partie ma faute, mais on est un peu loin de l'inventaire de base. On est encore
rendu au programme 4.
M. Roy: Je m'excuse. Je parle peut-être de la mise en
marché, mais j'en reviens à l'inventaire de base.
M. Drummond: Je pense qu'on discute de la forêt
privée, grosso modo, à ce moment-ci.
M. Roy: On n'aura pas besoin de revenir au programme 4, si on en
parle à ce moment-ci. Je pense qu'il faudrait quand même avoir une
certaine souplesse.
M. Drummond: Je pense qu'on a été pas mal souple.
Pendant trois séances et demie, on a discuté des affaires
générales. Je pense que, si on procède dans l'ordre, cela
irait plus vite. C'est normal, lorsqu'on arrive au programme 4, qu'on discute
de toute la question de la forêt privée ensemble pour avoir une
meilleure cohérence dans la discussion.
M. Roy: Si je demande un peu de souplesse de la part de la
commission, c'est qu'on a pu se rendre compte que je ne peux assister à
toutes les séances de la commission parlementaire.
Etant donné qu'on a abordé un peu ce sujet ce matin, je
voudrais y revenir. Je comprends que cela touche la mise en marché.
D'accord, en guise de collaboration, je pourrai revenir là-dessus. La
question que je veux poser a trait au contrôle. En effet, si on parle de
l'inventaire de base, il y a aussi la question du contrôle du volume de
bois qui est mis sur le marché chaque année, dans une
région donnée.
M. Drummond: C'est le syndicat qui a cette
responsabilité.
M. Roy: C'est cela. Je suis d'accord. J'y reviendrai à une
autre séance.
Le Président (M. Cornellier): Alors, le programme 1,
éléments 1 et 2, accepté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Cornellier): Programme 2:
Amélioration de la forêt.
Amélioration de la forêt
M. Lessard: Au programme 2, je voudrais rappeler à la
mémoire du ministre certaines de ses interventions.
On se rappelle qu'à la suite de l'euphorie, de la gloire de 1970
et de la victoire d'avril 1970, les ministres faisaient des déclarations
dans tout le Québec sur la création de 100,000 emplois. Pour tout
le monde, cela allait bien, pas de problème. On allait créer des
emplois pour concrétiser "Québec au travail".
Le ministre déclarait à la Chambre de commerce de Rouyn,
le mercredi 5 août I970 ce qui suit...
M. Drummond: Cela avait été une bonne année
I970.
M. Lessard: Oui, cela avait été une bonne
année, mais, justement, dans l'euphorie de la gloire et de la victoire,
les ministres étaient partis dans les nuages.
M. Roy: Le ministre a raison, une bonne année pour les
millions.
M. Lessard: Cela allait bien. Il disait, M. le
Président...
M. Drummond: Oui, cela est venu avec l'apparition du
député de Beauce-Sud dans la scène...
M. Lessard: Le ministre nous disait que plus de 5,000 hommes, la
plupart des assistés sociaux, pourraient être employés
à ce programme on parlait du reboisement et des travaux
sylvico-les dès la première année de mise en
application. "D'ici cinq ans, plus de 10,000 personnes pourraient obtenir un
emploi permanent à même les cadres du programme et le tout
coûterait, approximativement, $12 millions par année. Remarquez
bien que ces montants d'argent ne sont pas une augmentation de dépenses
au budget du gouvernement, mais simplement une meilleure utilisation de
l'argent déjà voté. Il est important, disait-il, de
préciser que des crédits consacrés au reboisement ne
doivent pas être considérés comme une dépense, mais
bien comme un placement à long terme. Par l'entremise d'un
système de crédits forestiers, sous toute autre forme, l'Etat ou
celui qui reboise pourrait plus tard se rembourser de ses mises de fonds
à même les revenus du capital qu'il aurait créé ou
aidé à créer. Je n'entrerai pas ici, disait-il, dans les
détails techniques d'un programme qui pourrait éventuellement
être mis sur pied, mais je puis vous dire que mon ministère
s'occupe activement de l'élaboration d'un tel projet. J'ai d'ailleurs la
ferme intention de poursuivre plus avant cette idée pour la mettre en
application le plus rapidement possible cela fait cinq ans, M. le
Président le ministre terminait: II est possible de
résoudre partiellement le problème forestier en résolvant
partiellement celui du chômage.
Les millions de dollars versés en pure perte à des
chômeurs seraient bien mieux utilisés en payant des salaires aux
mêmes chômeurs devenus ouvriers forestiers." Cela allait bien, M.
le Président, on était parti pour la gloire. "Le Québec a
besoin d'une relance économique. Le gouvernement Bourassa s'est
attelé à la tâche dès son entrée en
fonction...
M. Drummond: C'est un bon discours.
M. Lessard: ... et pour les prochaines années..."
M. Drummond: J'ai perdu ma copie. Est-ce que je peux demander au
député de Saguenay de la déposer?
M. Roy: Je pense que cela mérite une pose. Le ministre a
perdu sa copie.... pourquoi cela n'a pas été plus loin.
M. Lessard: C'est vrai que beaucoup de ministres sont
amnésiques de ce temps-ci.
M. Roy: Le ministre avoue lui-même qu'il l'a perdue.
M. Lessard: "Le Québec, disait-il, a besoin d'une relance
économique. Le gouvernement Bourassa s'est attelé à la
tâche dès son entrée en fonction et pour les prochaines
années notre objectif à tous est une gestion administrative
efficace pour permettre de réaliser l'objectif majeur: Québec au
travail. Voilà donc, disait-il, la philosophie qu'animera
dorénavant notre ministère."
M. le Président, voilà les bonnes intentions. 10,000
emplois créés, cela allait bien sur papier. J'aimerais savoir, M.
le Président, étant donné que le Québec a toujours
10% de chômeurs, quels sont les grands projets de reboisement qui sont,
actuellement, en marche et ont été mis en marche, et quel est le
nombre d'emplois créés en relation avec ce programme que nous
annonçait le ministre en 1970? Nous sommes maintenant en 1975.
M. Drummond: Disons, avant de commencer, strictement sur le
programme de reboisement, qu'en 1970 il y avait vraiment une crise dans les
opérations forestières. Ce n'était pas une question de
pénurie de bûcherons comme on a actuellement. Il y avait vraiment
du chômage dans la forêt et l'opération 2000 qui a
été préparée avec le ministère des Affaires
sociales.
C'était un programme qui, comme je l'avais si' bien dit,
était un placement et non une dépense inutile. Si ma
mémoire est fidèle, je pense qu'en ce qui concerne la question
des assistés sociaux qui avaient travaillé à ce
moment-là, à l'intérieur des programmes, la
majorité parmi eux s'est intégrée plus tard dans le monde
du travail. Je pense que c'était un bon programme lancé pour des
besoins socio-économiques, dans une crise sociale en forêt. On a
évidemment créé un programme très vite pour donner
ce travail. Je pense aussi que, lors- qu'on lit ce bon discours, on a fait pas
mal de progrès à l'intérieur du ministère des
Terres et Forêts en ce qui concerne tout le développement
cohérent de la forêt.
Evidemment, les circonstances d'aujourd'hui ne sont pas
nécessairement les circonstances d'hier, mais je pense que
l'opération 2000 avait bien servi un bon objectif et, grosso modo, cela
a réussi. Maintenant, je pense que la planification au ministère
est avancée, si je me souviens bien; dans le temps, on avait de la
difficulté...
M. Lessard: C'est l'Opération...
M. Drummond: On a eu de la difficulté, en lançant
ce programme, parce que notre banque d'informations pour savoir où on
allait faire de tels travaux n'était pas à point, mais, quand
même, on a réalisé du bon travail. Je pense qu'on essaie
maintenant de donner une meilleure cohérence en ce qui a trait au
programme au niveau du ministère. On peut peut-être donner le
relevé, à savoir où on se trouve dans le reboisement.
M. Lessard: Avant, M. le Président. Il est facile
d'affirmer, en fait...
M. Drummond: Dans l'euphorie du moment, je pense que le
député de Saguenay a bien appuyé le projet Rayonier
lorsqu'on a été à Natashquan...
M. Lessard: Non, je regrette, M. le Président...
M. Drummond: C'était l'euphorie pour lui à ce
moment.
M. Lessard: Le ministre va me permettre de faire une mise au
point, M. le Président, en vertu de l'article 96. Ce que j'ai dit
à Natashquan et ce que j'ai dit à Port-Cartier en ce qui concerne
le projet de Rayonier, c'était que je n'avais pas l'intention de
reprendre la bataille que j'avais faite en commission parlementaire au mois de
juillet 1971...
M. Drummond: Cela se fait chaque année.
M. Lessard:... jusqu'à 4 heures moins cinq du matin, je me
rappelle parce que, dans ce temps-là, on n'arrêtait pas à
minuit, on allait toute la nuit pour permettre d'adopter des projets non
populaires pendant que les gens dormaient. D'ailleurs, je me rappelle avoir
été à côté du ministre, à
Port-Cartier, et le ministre m'avait demandé: Est-ce que tu vas
reprendre la discussion que tu as eue lors de la discussion du projet de loi?
J'ai dit: On verra, commencez par parler et on verra après. J'ai dit,
à ce moment-là, qu'il y avait trois choses, que le gouvernement
avait fait son nid et que le projet avait été
concrétisé.
Maintenant, la question fondamentale qu'il s'agissait de se poser, pour
la population, c'était: Comment profiter au maximum de ce projet?
J'avais émis trois priorités qui m'apparaissaient importantes.
D'abord, l'emploi régional et on se
rappelle qu'on avait parlé, quelques jours auparavant, à
Sept-lles, du projet MIDER. On en a parlé il y a quelques
séances, de telle façon qu'on puisse perfectionner les gens et
que ce soit la population qui profite de cet emploi, même sur la
construction des travaux.
Deuxième chose dont j'avais parlé, c'est la langue. Tout
devait normalement se faire en français et il était normal que,
dans une région comme la nôtre, ça puisse se faire.
Troisièmement, j'avais dit que j'espérais que ce projet,
qu'on subventionnait à grand renfort de millions, allait permettre
à des Québécois d'être intégrés
à l'intérieur des cadres de la compagnie. Ce sont ces trois
conditions que j'avais fixées en disant qu'on n'avait plus le choix,
qu'il fallait maintenant s'interroger et se poser la question fondamentale,
à savoir de quelle façon ça pouvait profiter le plus aux
Québécois et aux gens de la région.
C'est strictement dans ce sens, M. le Président, que j'avais fait
mon choix quand je suis allé avec le ministre à Natashquan et
quand je suis allé avec le ministre à Port-Cartier. A
Port-Cartier, j'avais même eu l'occasion de rencontrer le
président de la compagnie, qui venait de New York et dont j'oublie le
nom, pour discuter, et qui m'avait confirmé que ces trois
priorités allaient être reconnues par Rayonier Québec. Je
dois dire, M. le Président, que, sur ces trois points, nous n'avons pas,
si je fais exception de quelques légers accrocs qui ont
été faits, mais corrigés par la suite, je dois dire qu'on
n'a pas eu de problèmes du côté de Rayonier à ce
sujet. Mais c'est dans ce sens, M. le Président, que mon intervention
avait été faite à Natashquan, comme celle que j'avais
faite à Port-Cartier.
M. Drummond: Non, je l'avais trouvée, dans le temps, un
bon appui au projet, et...
M. Lessard: C'est-à-dire que cela n'a jamais
été un appui de principe sur les $40 millions que vous avez
versés de façon inconditionnelle à Rayonier Québec.
C'est qu'à ce moment, M. le Président, vous aviez
décidé de faire votre nid, et je pense que la question
fondamentale, c'était de savoir de quelle façon, maintenant, il
fallait rendre profitable, pour les Québécois et pour les gens de
la région, ce projet. Je ne pouvais pas revenir je l'avais
même dit au ministre sur la discussion qu'on avait faite
jusqu'à 4 heures moins 5 du matin.
M. Roy: D'ailleurs, le député de Saguenay n'a pas
été le seul à faire le débat durant la fameuse nuit
où nous avions discuté de ce projet de loi. Il s'agissait d'un
projet de loi qui augmentait le capital de REXFOR, qui permettait au
gouvernement...
M. Drummond: Je pense qu'on a...
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président... La porte est
ouverte, M. le Président, je m'excuse, mais s'il faut que j'invoque le
règlement...
M. Drummond: Je pense que c'était... le
député de Saguenay comme une mise au point.
M. Roy: ... je vais l'invoquer.
M. Drummond: C'est ouvert au député de Saguenay,
parce que c'était un commentaire que j'avais fait...
M. Lessard: Vous aviez ouvert la discussion.
M. Roy: Je veux quand même, M. le Président...
Ecoutez! Je comprends que cela peut peut-être ne pas plaire au ministre
et tout ça, mais il n'y a pas eu que le député de Saguenay
qui s'est opposé à la façon dont le gouvernement a
transigé dans toute l'affaire de ITT-Rayonier. Qu'on se rappelle les
discussions qui ont lieu à l'Assemblée nationale à ce
moment, les positions que nous avons prises. Moi, je me souviens, entre autres,
que, pour pouvoir discuter de cette question, j'avais failli perdre mon droit
de parole lors de l'intervention que j'ai faite, parce qu'on ne voulait pas me
permettre de coucher à l'entente qu'il y avait eue entre le gouvernement
provincial et la société REXFOR, au moment où on
étudiait la hausse du capital de la société REXFOR, qui
servait, justement, de moyen pour être en mesure de conclure les ententes
avec ITT. Si on avait l'occasion de revenir sur le débat, M. le
Président, à ce sujet, je dirais encore que je considère
cette affaire comme extrêmement déplorable, et on est encore
allé chercher les autres. Nous leur avons donné nos richesses.
Nous leur avons donné des subventions pour qu'ils s'installent, et nous
les payons pour qu'ils demeurent chez nous. C'est comme ça que nous
sommes toujours des porteurs d'eau et des scieurs de bois.
M. Lessard: Je précise tout simplement, pour mettre fin
à cette discussion, M. le Président, qu'à l'avenir, quand
je me promènerai avec le ministre, j'exigerai qu'il y ait une
enregistreuse.
M. Drummond: On va le vérifier.
M. Roy: Je voudrais mettre en garde mon collègue, le
député de Saguenay. Je m'aperçois qu'il a des
fréquentations qui nous permettent de nous poser des questions.
Une Voix: Des liaisons dangereuses!
M. Lessard: Je pense que le député de Beauce-Sud
avait été invité, mais il ne pouvait s'y rendre à
ce moment. Le député de Saguenay n'était pas le seul. Il y
avait le député de Lotbinière, du côté du
parti créditiste, et le député de Témiscouata.
M. le Président, je n'ai aucune crainte. C'est exactement ce que
je pense avoir dit, ce que j'ai dit lors de cette rencontre, soit à
Natashquan, soit à Port-Cartier.
Je reviens maintenant au reboisement, M. le
Président. Le ministre nous dit que l'opération 2000 a
été une opération positive. Je me rappelle je ne
veux pas revenir sur cette discussion que nous avions
démontré que l'opération avait été, en tout
cas, un demi-succès, à ce moment, et si l'opération n'a
pas été continuée, tel que nous le précisait le
ministre dans son intervention du 5 août 1970, c'est qu'elle n'avait
probablement pas été un succès.
M. Drummond: Les circonstances avaient changé et on
améliore nos propres programmes. Je pense bien que, si on parle de
demi-succès, le député a raison, parce qu'on avait
lancé ce programme, avec deux mois au maximum, pour préparer
toute la programmation.
M. Lessard: Mais, ce que je voulais souligner, c'est que,
à ce moment, le ministre ne tenait pas compte des circonstances
changeantes possibles dans les années suivantes, en 1970, un peu comme
M. Bourassa, en avril 1970, lorsqu'il promettait sa création de 100,000
emplois dès 1971, sinon, il devait démissionner. On sait que cela
a pris trois ans pour en créer 100,000.
M. Roy: Oui, mais il faudrait que le député ajoute
qu'il a commencé par avoir 100,000 chômeurs. Ce sont seulement des
gens qui ont repris le travail.
M. Drummond: Pardon?
M. Roy: Je dis que la création de 100,000 emplois, cela
n'a été que des gens qui ont repris le travail. Il ne faudrait
quand même pas se faire des illusions.
M. Lessard: Après trois ans. Quels sont les principaux
travaux... J'aimerais justement que, après cinq ans, le ministre nous
fasse un bilan de l'ensemble du programme. On va demander, cette année,
quels sont les principaux travaux de reboisement qui sont prévus,
à un moment donné, au coût de $5 millions?
M. Drummond: A partir de 1970, M. Hawey est directeur du service
de la restauration.
M. Lessard: M. Hawey.
M. Drummond: M. Hawey.
M. Lessard: Cela va. D'accord, M. Hawey.
M. Drummond: En 1970, on en a planté 30 millions et, cette
année, on va planter aux alentours de 40 millions de plants, dont
environ 17 millions sur les terrains publics et 23 millions sur les terrains
privés.
M. Lessard: Je m'excuse. En 1970, 30 millions. M. Drummond:
Oui, 30 millions au total.
M. Lessard: En 1975?
M. Drummond: On est rendu à environ 40 millions. Pour l'an
prochain, on va atteindre 55 millions.
M. Roy: Quand vous parlez des terrains privés, est-ce
qu'il y a des régions préférentielles ou si c'est sur tout
le territoire?
M. Drummond: On peut dire que la principale région, pour
les territoires privés, c'est la région du sud du Québec,
les Cantons de l'Est, la Beauce, tout cela, et le sud de Montréal.
M. Roy: Se fait-il également des travaux de plantation,
par exemple, dans la péninsule de la Gaspésie?
M. Drummond: Oui, dans la péninsule de la
Gaspésie.
M. Roy: II s'en fait. Est-ce qu'il s'en fait également au
Saguenay?
M. Drummond: Au Saguenay, oui. M. Roy: Dans les
forêts privées?
M. Drummond: Oui, dans les forêts privées aussi.
M. Roy: Dans les forêts...
M. Drummond: ... en général, dans les forêts
privées, le ministère est capable de répondre à la
demande.
M. Lessard: En fait, ces plants sont fournis gratuitement, je
pense?
M. Drummond: Oui, on prête même des plan-teuses, dans
certains cas, quand cela dépasse une quantité de 5,000 plants.
5,000 plants et plus, on prête des planteuses.
M. Lessard: Mais quels sont, cette année, les principaux
projets prioritaires en ce qui concerne le reboisement? On a parlé des
régions du Bas-Saint-Laurent, en ce qui concerne les territoires
privés. Mais, de la part du ministère, quels sont les projets
importants qu'on prévoit?
M. Drummond: Sur les terrains privés, comme je l'ai dit
tantôt, c'est 22 millions à 23 millions, répartis dans
à peu près toutes les régions de la province, mais les
grosses régions, c'est dans le sud du Québec, la Beauce et les
Cantons de l'Est. Sur les terrains publics, on en prévoit environ 17
millions dont une grosse partie dans la Gaspésie, dans la région
de l'Abitibi et dans le Saguenay.
M. Roy: Quelles sont les essences? L'avez-vous par essence?
M. Drummond: Oui, les principales essences sont les
épinettes et les pins, les pins rouges et les pins gris.
M. Roy: Avez-vous les quantités de chacun?
M. Drummond: On a 1.5 million d'épinettes de
Norvège, 800,000 épinettes blanches et environ 4 millions
d'épinettes noires; l'épinette rouge, environ 230,000, le pin
gris, environ 8 millions et le pin rouge, environ 200,000. C'est pour les
projets sur les terrains publics.
M. Roy: L'épinette noire, je suis un peu surpris. Est-ce
qu'il y a une raison particulière pour laquelle on favorise
l'épinette noire?
M. Drummond: La raison, c'est qu'il faut planter, semer les
essences où elles vont, d'après les terrains. Il faut tenir
compte des sols et de la région, du contexte régional.
M. Lessard: Une fois que vous avez fait ces reboisements, surtout
sur les terrains publics, est-ce que vous appliquez une surveillance
après? Est-ce que vous continuez de suivre cela?
M. Drummond: Oui. Il y a des places échantillons qui sont
établies immédiatement sur les terrains où on fait des
reboisements pour contrôler le taux de survie et voir aussi s'il n'y a
pas, à un moment donné, des travaux d'amélioration
à faire, comme l'enlèvement des herbes ou des essences
indésirables qui peuvent surpasser les plantations. Alors, pour
prévenir cela, il y a certains arrosages qu'on peut faire, par exemple,
d'herbicides.
M. Lessard: Dans votre système de plantation, vous plantez
à la machine. Est-ce que vous aviez tenté l'expérience de
plantation par avion?
M. Drummond: C'est-à-dire d'ensemencement
aérien?
M. Lessard: Ensemencement aérien. M. Drummond: Oui,
oui. M. Lessard: Oui.
M. Drummond: On en fait encore. Il va y avoir tout près de
10,000 acres d'ensemencement aérien.
M. Lessard: Quels sont les résultats?
M. Drummond: Les résultats sont passablement bons.
M. Lessard: Oui.
M. Giasson: Mais, si vous faites l'ensemencement aérien,
cela est fait sur des terrains non boisés?
M. Drummond: C'est-à-dire que c'est sur des
terrains...
M. Giasson: Anciennement boisés.
M. Drummond: C'est surtout pour le pin gris, actuellement, qu'on
fait ça dans la région de l'Abi-tibi et un peu aussi dans la
région de Saguenay-Lac-Saint-Jean. C'est parce que c'est trop loin des
centres et qu'on a de la difficulté à avoir de la
main-d'oeuvre.
M. Giasson: Mais il n'y a pas de danger que des essences
indésirables poussent en même temps que vos plantations et les
dépassent immédiatement?
M. Drummond: Non, parce qu'avant d'ensemencer le pin gris,
normalement, on fait du scari-fiage, comme on appelle ça. Alors, cela
détruit pas mal tout ce qui peut prendre là. Le pin gris,
ensuite, est assez vigoureux et pousse bien.
M. Giasson: Mais les chiffres que vous venez de donner pour les
différentes essences, c'est pour les plantations je reviens aux
plantations sur les terrains publics.
M. Drummond: Oui.
M. Giasson: Le goût des propriétaires de forêt
privée vis-à-vis les différentes essences se manifeste de
quelle façon?
M. Drummond: Le goût des propriétaires privés
porte surtout sur l'épinette blanche et le pin rouge. Encore là,
c'est évident que, suivant les conseils des techniciens du
ministère, certains propriétaires privés vont adopter
d'autres essences, eu égard à leur sol, au drainage qu'ils ont,
ainsi de suite.
M. Giasson: Mais, dès qu'un propriétaire qui veut
faire du reboisement plante 5,000 plants...
M. Drummond: Oui.
M. Giasson:... vous mettez une planteuse à sa
disposition.
M. Drummond: C'est ça.
M. Lessard: Cela veut dire que vous prévoyez combien de
personnes qui vont être occupées au cours de l'été
à faire ce reboisement?
M. Drummond: On prévoit à peu près 1,000
personnes durant une période d'environ un mois et demi.
M. Lessard: Au moins, essayez huit semaines; cela va leur
permettre de retirer de l'assurance-chômage.
M. Drummond: C'est dans les forêts publiques seulement.
M. Roy: Oui, mais il ne faut pas oublier que
l'assurance-chômage, c'est fédéral.
M. Lessard: Oui.
M. Drummond: Parce que, dans les forêts privées,
c'est une autre chose.
M. Lessard: On en paie assez, on va en retirer!
Alors, vous prévoyez employer sur les terrains publics environ
1,000 personnes au cours de l'été.
M. Drummond: C'est ça.
M. Lessard: Est-ce que le programme prévoit l'engagement
d'étudiants?
M. Drummond: Oui. Il y a des projets étudiants à
travers ça qui sont faits en partie par le ministère, en partie
aussi par le programme de main-d'oeuvre avec les compagnies.
M. Lessard: Avec les compagnies, est-ce qu'on prévoit
justement qu'il va y avoir une contribution du gouvernement encore sous forme
de droits de coupe?
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Qu'est-ce qui est prévu?
M. Drummond: Disons que je pense que cela...
M. Lessard: Les droits de coupe, on utilise ça à
tout moment.
M. Drummond: Non.
M. Roy: Ce n'est pas statutaire.
M. Drummond: ... on a amélioré...
M. Lessard: A un moment donné, ils font des chemins, on
réduit les droits de coupe.
M. Drummond: Non, non.
M. Lessard: Ils engagent du monde, on réduit les droits de
coupe.
M. Drummond: On a changé ça par budget
supplémentaire l'année dernière, parce qu'on a reconnu la
juste valeur de l'argument qui était donné. Comme j'avais dit
à ce temps-là, je pense que c'est maintenant la troisième
année ou la quatrième année que...
M. Lessard: Mais l'argument que j'avais apporté à
ce moment-là est le même pour les étudiants.
M. Drummond: Oui, oui, mais on était pris avec un
problème, car, en fin de compte, ce n'était pas prévu
à l'intérieur du budget. Alors, on a pensé, pour
réaliser le...
M. Lessard: On va passer en dessous de la table.
M. Drummond: Cela va donner 1,000 emplois pour les
étudiants qui vont travailler, grosso modo, sur les terres publiques
à l'amélioration.
M. Lessard: Vous avez certainement, à un moment
donné, des négociations qui ont été
concrétisées avec les compagnies, dans ce programme. Pour
connaître exactement combien coûte à la province ce
programme, sous forme de diminution de droits de coupe, est-ce que le ministre
pourrait nous énumérer chacune des compagnies qui
négocient avec la gouvernement pour s'insérer à
l'intérieur de ce programme?
Est-ce que le ministre pourrait déposer, peut-être pas ce
matin, la liste des compagnies qui ont accepté et le montant total des
droits de coupe qu'on va réduire en conséquence?
M. Drummond: Aucun problème. On peut vous donner cela.
Pour les compagnies, on prévoit un programme cet
été, commençant d'ici une couple de semaines, de
$1,078,000.
M. Lessard: $1 million?
M. Drummond: $1,078,000 pour l'engagement de 719
étudiants.
M. Roy: C'est $1,078,000 qui sont payés par...
M. Drummond: Par la réduction de droits de coupe qui
auraient pu servir à faire du reboisement ce que j'accepte
volontiers.
M. Roy: Pour faire du reboisement.
M. Drummond: Pas nécessairement pour faire seulement du
reboisement. C'est pour des travaux sylvicoles en général et
certains autres travaux d'amélioration en forêt sur leurs
concessions forestières qui vont être révoquées.
M. Roy: Est-ce que vous allez tenir compte de ces travaux dans
les millions actifs?
M. Drummond: Non, le contrat prévoit que la compagnie ne
peut pas faire appel à l'amélioration apportée par ces
travaux lors des transactions.
M. Lessard: Je l'espère.
M. Drummond: C'est évident quand même.
M. Lessard: Comme le ministre me disait, concernant la
révocation de la concession forestière de CIP dans
Témiscamingue, c'est un minimum. La liste des compagnies qui se...
M. Drummond: Pour donner le montant par compagnie, il faudrait
faire l'addition, mais on
peut le faire si vous le désirez. Si on passe Consol Bathurst, un
projet dans la région 1 de coupe commerciale, pour un montant de
$15,375.
M. Roy: Est-ce qu'on pourrait nous préparer un
document?
M. Drummond: Oui.
M. Roy: Une feuille comme celle qu'on nous avait remise l'an
dernier. Je pense que ce serait beaucoup plus simple.
M. Drummond: Oui.
M. Roy: On pourrait nous remettre cela au début de la
prochaine séance, car il nous reste au plus sept ou huit minutes. Est-ce
que le député de Saguenay serait d'accord?
M. Drummond: On peut vous la donner pour l'an dernier, si vous le
désirez, immédiatement.
M. Roy: L'an dernier, oui. Pour cette année aussi, si vous
voulez nous préparer un document similaire pour cette année, les
prévisions de l'année et nous remettre cela au début de la
prochaine séance.
M. Drummond: II y a seulement un petit impondérable. Il
peut y avoir une couple de projets dont la nature va changer, mais les
prévisions aujourd'hui sont cela.
M. Lessard: Entre-temps, pour nous permettre de prendre
connaissance de ces documents, à un moment donné, on pourrait
suspendre, on pourrait considérer qu'il est 13 heures.
M. Roy: Si le député de Saguenay me le permettait,
j'aurais une question à poser au ministre.
M. Drummond: Est-ce que le député de Beauce-Sud
demande toujours la permission au député de Saguenay pour poser
une question?
M. Lessard: Suite à ma motion, je suspends ma motion.
M. Roy: Le ministre enfreint le règlement.
M. Lessard: L'Opposition a toujours une coordination et une
collaboration.
M. Roy: C'est cela, et elle agit avec courtoisie. J'aimerais
savoir, au niveau du reboisement, s'il y a des programmes relativement à
la plantation de sapins. Je songe à ce moment aux sapins de Noël
qui constituent un marché américain, un marché
d'exportation. Je ne parlerai pas des sapins de Paris, parce qu'il n'y en a
qu'un, mais je vais parler surtout des sapins qui sont exportés aux
Etats-Unis.
M. Drummond: On produit des sapins en pépinière
seulement pour cette fin.
M. Roy: Où?
M. Drummond: En pépinière. On produit des semis de
sapins seulement pour les fins d'arbres de Noël. On n'en produit pas pour
les fins de reboisement en général.
M. Roy: Pour des fins d'arbres de Noël? M. Drummond:
Oui.
M. Roy: Au niveau des boisés privés. Maintenant,
quel est le nombre de sapins que vous allez avoir. Cette année un
million, deux millions? Et l'an dernier?
M. Drummond: Cela a dû être aux environs de 300,000
ou 400,000 arbres.
M. Roy: Cela me satisfait, parce que je constate qu'il y a une
grosse amélioration de ce côté.
M. Drummond: Alors, on peut considérer qu'il est 13
heures.
Est-ce qu'on peut passer à l'élément 1, quitte
à discuter les travaux des étudiants à
l'élément 2?
M. Lessard: Non, cela ne nous avancera pas. M. Roy: Cela ne nous
avancera pas.
M. Lessard: Je pense que le mieux dans ce programme, c'est de
discuter les deux éléments ensemble quand cela va être le
temps.
M. Drummond: D'accord.
Le Président (M. Cornellier): Très bien. La
commission ajourne ses travaux à mardi, 10 h 15.
(Fin de la séance à 17 h 55)