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Commission permanente des
richesses naturelles et des
terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
Séance du jeudi 15 mai 1975
(Seize heures vingt minutes)
M. Lafrance (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Nous étions en train de terminer le programme 4. S'il n'y a pas
d'autre question au programme 4, adopté.
M. Lessard: Non, M. le Président. Programme 4, nous
étions... un instant...
Le Président (M. Lafrance): Nous étions à
l'élément 3 du programme 4.
M. Drummond: Nous étions au programme 4...
Tordeuse de bourgeons (suite)
M. Lessard: Si on me permet, étant donné qu'on
vient de déposer des documents qu'on avait demandés, j'aurais une
question à poser au ministre touchant le programme 3. En fait, je pense
bien que c'était implicitement entendu que lorsque les documents
seraient déposés, on pourrait... la question sera bien simple,
d'ailleurs, c'est celle que je posais avant la séance, mais je voudrais
bien avoir des informations qui seront inscrites au journal des Débats,
à savoir que je constate qu'en 1973 le gouvernement du Canada,
Environnement Canada avait participé pour une somme de $3,486,864.62 au
programme de lutte contre la tordeuse des bourgeons de l'épinette.
Affaires indiennes avait participé pour $6,987.19, ce qui faisait un
total d'à peu près $394 millions, ou plutôt $494
millions.
En 1974, je constate que la participation du fédéral est
assez diminuée, même substantiellement, puisque cette
participation est tombée à $2,034,605.72. Un peu comme on le
soulignait tout à l'heure, je pense bien que le programme de lutte
contre la tordeuse de bourgeons, actuellement, doit s'accélérer
étant donné que, de plus en plus, la maladie se répand
dans tout le Québec et que la situation devient de plus en plus
grave.
Je voudrais demander au ministre, comment il se fait que la
participation du gouvernement fédéral ait diminué de
façon aussi substantielle, et est-ce que le dossier est
complètement fermé, puisqu'il y a certainement des
négociations, car le Québec s'attendait l'an dernier à
recevoir du fédéral la somme de $3.3 millions et il n'aurait
reçu que le montant que j'ai mentionné tout à l'heure.
M. Drummond: M. le Président, le problème, c'est
que le fédéral, en acceptant de contribuer au programme de la
lutte contre la tordeuse, avait convenu avec le Québec d'un programme
qui serait basé sur les superficies arrosées. Alors
c'était pour ça qu'on avait prévu des montants pour
l'année dernière. Ce qui est arrivé, c'est que le
fédéral avait changé son appui à ce programme juste
avant les arrosages de l'année dernière, ce qui était tout
à fait contraire à ce qu'ils nous avaient indiqué
auparavant.
On ne trouve pas juste le point de vue du fédéral et on
négocie pour régler ce problème. Le dossier est encore
ouvert.
M. Lessard: Comme on semble avoir accepté le programme en
se basant sur les superficies arrosées, est-ce qu'il y avait des normes
précises concernant la participation du fédéral, à
savoir tant à l'acre?
M. Drummond: II y en avait. Ils avaient changé, en cours
de route, un momtant fixe à dis-trubuer entre la province du
Nouveau-Brunswick et la province de Québec. C'est cela qui
n'était pas correct.
M. Lessard: Une fois que le projet a été
accepté par le gouvernement fédéral, à savoir une
participation à tant à l'acre, le gouvernement
fédéral, de façon unilatérale, l'homologue ou le
"monologue" du ministre responsable de l'Environnement aurait modifié le
programme et décidé de verser une somme globale au Québec,
sans se baser sur les normes préétablies?
M. Drummond: Après avoir reçu par écrit
l'assurance en ce qui concerne la formule de participation, il y a eu une
décision unilatérale de la part du gouvernement
fédéral de changer ces formules sans consultation.
M.Lessard: Est-ce que le dossier est complètement
fermé?
M. Drummond: II y a eu une rencontre avec le nouveau ministre de
l'Environnement, il y a trois mois, et on a de bonnes chances qu'ils vont
réviser les décisions selon les dernières indications.
M. Lessard: Espérons que le "monologue" deviendra un
dialogue. Nous étions maintenant rendus au programme 4. On le discutait
de façon globale, je pense. Est-ce qu'on avait adopté
l'élément 1?
Une Voix: Non.
Utilisation de la forêt (suite)
M. Lessard: J'aimerais demander au ministre, en ce qui concerne
l'utilisation de la forêt, si on a fait, pour la baie James, des
estimations des quantités de bois, du pourcentage qui serait
récupérable, du pourcentage qui serait effectivement
récupéré? Est-ce qu'on sait ce qu'on va faire avec ce
bois? Qui va le récupérer? Sur quel marché on va le
vendre, etc.?
M. Drummond: On a fait effectivement des études sur les
superficies et le bois qui étaient susceptibles d'être
inondés et tous les programmes de coupe ont été
orientés pour récupérer tout le bois commercial qui va
être inondé, parce que, actuellement, avec les projets qui sont en
cours, c'est en dehors de la forêt commerciale.
Il n'y a pratiquement pas de bois commercial à
récupérer. C'est en prévision du développement
futur qu'on récupère actuellement à travers des programmes
de coupe réguliers, les superficies qui sont susceptibles d'être
inondées.
M. Lessard: Mais, cela veut dire quoi comme quantité de
bois?
M. Drummond: Comme quantité? Au total, on parle de 10
millions de cordes de bois.
M. Lessard: Sur quelle période de temps?
M. Drummond: A récupérer probablement en douze
ans.
M. Lessard: En douze ans, ce qui veut dire 1 million, environ,
par année?
M. Drummond: C'est cela.
M. Lessard: Les contrats sont-ils accordés à
certaines compagnies pour cette récupération?
M. Drummond: Ce sont les contrats d'approvisionnement
régulier de différentes industries de sciage du Nord-Ouest. La
récupération se fait à travers ces programmes de
coupe.
M. Lessard: Est-ce maintenant devenu une politique
générale du ministère de réduire
considérablement les droits de coupe, pour les usagers de la
région de la baie James, pour les bois qu'ils récoltent?
M. Drummond: Non, il n'y a eu aucune réduction de droit de
coupe, strictement pour la question de la coupe de ce bois, sauf qu'on a mis en
route des programmes d'accès, pour atteindre ces bois.
M. Lessard: La réduction ne s'appliquait que pour la
construction des ponts?
M. Drummond: Si vous vous référez... M. Lessard:
A Barrette et Saucier.
M. Drummond: ...à Barrette et Saucier, cela a
été corrigé avec du budget supplémentaire, mais
c'était dans cette optique.
M. Lessard: Actuellement, en fait, lorsqu'on a corrigé,
a-t-on versé directement une subvention à Barrette et Saucier, au
montant de $2.5 millions?
M. Drummond: Ce n'est pas une subvention, cela fait partie de
notre nouvelle politique de voirie forestière, où le
ministère construit les principales voies d'accès et fait payer
aux utilisateurs un tarif d'usage.
M. Lessard: En ce qui concerne maintenant la voirie
forestière, où on prévoit des montants beaucoup moins
substantiels qu'en 1974/75, j'aimerais justement qu'on donne les explications
nécessaires au sujet de cette diminution.
M. Drummond: En fait, c'est une diminution apparente dans le
budget, il y a des montants pour la voirie forestière qui viennent
d'autres sources que du budget du ministère.
On est bien content des $4.3 millions prévus au Conseil
exécutif dans le fonds de développement régional.
M. Lessard: En fait, c'est l'entente Canada-Québec.
M. Drummond: Non, il y en a deux. Il y a l'entente
Canada-Québec, c'est ce qui apparaît dans notre budget, et il y a
des montants qui viennent du fonds de développement régional du
Conseil exécutif.
Cela a été signé la semaine dernière.
On a fait le trandfert des montants au ministère.
Cela a été signé il y a six semaines.
M. Archambault, directeur du service, va vous donner les...
M. Lessard: Bonjour, M. Archambault, nous avons bien connu M.
Archambault lors des dernières séances de la commission
parlementaire de l'an dernier.
M. Drummond: Je fais une belle entrée, en tout cas.
M. Lessard: Je sais que M. Archambault fait bien les chemins.
M. Drummond: Ah oui!
Mais sans son aide-mémoire, il n'est pas bon.
M. Lessard: C'est la même chose pour un
député.
M. Drummond: J'imagine, pour certains.
Il y a $4.3 millions qui nous sont donnés par l'entente
fédérale-provinciale. C'est une coïncidence qu'il y ait un
autre montant de $4.3 millions qui vient du fonds de développement
régional.
M. Lessard: Vous me dites que l'entente est de $4.3 millions?
M. Drummond: C'est cela. M. Lessard: $4.3 millions...
M. Drummond: C'est le même montant pour le fonds de
développement régional pour l'entente.
M. Lessard:... qui vient de l'exécutif.
M. Drummond: Administré par l'OPDQ. $1.8 million du budget
régulier, plus $1.8 million pour des projets de chemins.
M. Lessard: Quand vous parlez du budget régulier, à
l'intérieur des $6,044,000.
M. Drummond: C'est cela, d'accord.
M. Lessard: Alors, vous me dites $1 million...
M. Drummond: $1.8 million pour un total de $10.4 millions.
M. Lessard: Maintenant, de quelle façon ces montants
d'argent devraient-ils être dépensés?
M. Drummond:. En fait, ils le seront suivant des programmes
étudiés et des projets acceptés après étude
en fonction des besoins.
Chemins forestiers
M. Lessard: Maintenant, quelle est la prévision du
ministère des Terres et Forêts concernant la construction des
chemins forestiers actuellement, dans le $1.8 million? Dans le budget des
programmes, on a certainement soumis à un moment donné un certain
nombre de programmes.
M. Drummond: Oui, les $1,800,000 sont surtout pour la
construction de ponts. Cela va vite. C'est ce qu'on appelle le budget de
fonctionnement pour l'entretien des ponts. C'est $1,800,000. On pourrait vous
donner la répartition du budget par région.
M. Lessard: M. le Président, j'aimerais bien qu'on me
donne...
M. Drummond: J'ai ici les chiffres qui concernent, à
l'heure actuelle, les projets qui font partie de l'entente auxiliaire. C'est
par région: la région de Saguenay-Lac-Saint-Jean-Chibougamau, la
région du Nord-Ouest, la région de la Côte-Nord. Dans
Saguenay-Lac-Saint-Jean-Chibougamau, vous avez un projet à Chapais:
$400,000; à Sainte-Marguerite: $400,000; un projet aux lacs Frotet et
Waconichi: $340,000; un projet à Bras-du-Nord: $120,000; un projet au
lac Bourget, au lac Margonne: $120,000 et des travaux de signalisation pour
$35,000, pour un total de $1,415,000 dans la région de
Saguenay-Lac-Saint-Jean-Chibougamau.
Dans le Nord-Ouest, vous avez un projet à Quévillon,
Matagami: $400,000; le canton de Fon-teneau: $100,000; canton de Mazarin:
$240,000; un projet Val-d'Or-Laforce: $650,000; lac Alfred, Rapide 7: $350,000;
et des travaux de signalisation pour $30,000, pour un montant global de
$1,770,000.
Vous avez sur la Côte-Nord un projet à Sacré-Coeur:
$200,000; à la forêt domaniale des Outardes: $510,000; à
Rivière-au-Tonnerre: $50,000; à Rivière-Saint-Jean:
$100,000; à Natashquan: $245,000 et des travaux de signalisation pour
$10,000, pour un total de $1,115,000 et un grand total de $4,300,000.
En ce qui concerne les montants qui vont être
accordés...
M. Lessard: Les montants prévus à
l'intérieur des $4,300,000.
M. Drummond: De l'entente auxiliaire.
M. Lessard: De l'entente auxiliaire. D'accord.
M. Drummond: Maintenant, en ce qui concerne les projets qui
pourraient être poursuivis dans le cadre du fonds de développement
régional, M. Archambault les a.
M. Lessard: Plutôt que de le lire de façon
complète, pourrait-on déposer le document que possède M.
Archambault à ce sujet?
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Le document de M. Archambault comporte-t-il le
montant de $4,300,000 qui est prévu au niveau du budget du Conseil
exécutif, touchant le développement régional? Dans les
$1,800,000 qui proviennent du ministère dee Terres et Forêts,
pourrait-on aussi avoir la liste des... C'est prévu là-dedans
aussi.
On me dit qu'il y a un montant de $1,800,000 qui est prévu comme
dépense à l'intérieur du budget régulier.
J'aimerais avoir certaines informations sur la différence entre le
montant de $1,800,000 et le montant de $6,000,000 qui est prévu au
budget 1975/76. Je vois que nous sommes à la catégorie 3:
Communications et, à 4, on voit $4,000,059. Qu'est-ce que c'est la
sous-catégorie 4? J'avais ce document, mais je ne l'ai malheureusement
pas en ce moment. J'aimerais avoir les explications concernant les montants qui
restent. Il y a $6,000,444 et on prévoit un montant de $1,800,000 pour
la voirie forestière alors que...
M. Drummond: On peut vous l'expliquer. M. Lessard: Oui,
d'accord.
M. Drummond: C'est pour le fonctionnement du service de la voirie
forestière et l'entretien des ponts qui restent notre
responsabilité exclusive. Il y a $640,000 environ pour la construction
de ponts et de chemins dans les régions de la Gaspésie, de
Trois-Rivières et de Gatineau.
Comme, par exemple, pour le montant de $1,300,000, vous avez $753,000
seulement pour le traitement.
En ce qui concerne le budget de capital, $4,742,000, ces dépenses
affectées aux différentes catégories serviront
principalement aux travaux de construction de chemins et de ponts dont les
détails apparaissent aux annexes 3 et 6 du dossier de support. Lorsque
les travaux sont exécutés en régie, toutes les
catégories peuvent être impliquées. Lorsque les travaux
sont donnés à contrat, ces dépenses sont appliquées
à la catégorie 9: Immobilisations.
Voulez-vous savoir, sur le montant de $1,800,000 quelle partie est pour
le fonctionnement et quelle partie est pour la construction, tout cela?
M. Lessard: C'est-à-dire que j'aimerais savoir, dans les
$1,800,000, quels sont les travaux de construction qui sont prévus, de
même que pour le développement régional? Quelle est la
somme totale des...
M. Drummond: Dans la feuille qu'on vous donnera, on vous donnera
la ventilation des $1,800,000.
M. Lessard: ... et ventilée, ventilée surtout.
M. Drummond: On va vous le donner par projet, même.
On va vous donner les projets sur les $1,800,000. Je pense que cela va
être plus facile comme cela. Cela va?
M. Lessard: Cela va.
M. Drummond: On a ici d'autres détails. Vous aviez tout
à l'heure $4,300,000 et on a d'autres détails pour $442,000
aussi. On peut vous les donner. Est-ce que vous les voulez tout de suite ou si
vous...
M. Lessard: Cela va, M. le Président. Je pense bien qu'en
déposant le document que veut bien nous déposer M. Archambault,
on pourra consulter ce document et voir quelle est l'utilisation. Cependant, je
voudrais quand même revenir sur certaines négociations ou
certaines ententes avec certaines compagnies, concernant la construction de
chemins. On se rappelle que l'an dernier on avait adopté un budget
supplémentaire de $3 millions qui semblait avoir été
soumis aux parlementaires pour corriger la situation qu'on avait
dénoncée l'an dernier, à savoir la réduction des
droits de coupe, plutôt que d'inscrire cet argent sous forme de
participation gouvernementale à la construction de chemins, de telle
façon qu'on dénonçait, qu'on n'était pas d'accord
sur le fait qu'on utilisait la réduction de droits de coupe pour amener
les compagnies forestières à construire les chemins.
On se rappelle qu'on avait particulièrement fait état de
l'arrêté en conseil touchant Barrette et Saucier, qui
prévoyait $2,500,000 pour la construction de ponts, pour la somme de
$2,600,000 et aussi, pour Chibougamau Lumber pour la construction de chemins
pour la somme de $1,275,000. Je voudrais savoir si mes informations sont
exactes, si j'affirmais que des entreprises auraient maintenant
dépassé les dépenses prévues concernant ces deux
projets?
M. Drummond: Les chemins programmés coûtent plus
cher que prévu, oui. En fait, on subit là-dedans le même
problème que partout ailleurs, c'est l'augmentation des coûts. Il
y a des articles qui ont été sous-estimés, comme, par
exemple, le pont qui a été construit sur la rivière Bell,
qui a coûté beaucoup plus cher que prévu, à cause
des difficultés techniques rencontrées.
M. Lessard: Serait-il exact que Chibougamau Lumber demande
maintenant la somme de $2 millions pour la construction du chemin, alors que
$1,275,000 avaient été prévus.
M. Drummond: En fait, ces deux entreprises n'ont pas
travaillé pour plus que les montants de l'arrêté en conseil
de l'an dernier. Ces projets sont continués par le ministère.
M. Lessard: Autrement dit, ces deux entreprises ont
dépensé l'argent qui était prévu au niveau des
contrats sans avoir terminé complètement les travaux.
M. Drummond: Sans avoir terminé complètement les
travaux, à cause d'augmentation de coûts imprévisibles au
moment de la signature des contrats.
M. Lessard: Est-il exact qu'il y avait des contrats bien fixes en
ce qui concerne particulièrement Chibougamau Lumber?
M. Drummond: Dans les deux cas, strictement, légalement,
on aurait pu dire: Les contrats sont de ce montant, vous devez exécuter
tous les travaux, mais on a vérifié tout le travail et tout s'est
fait normalement. Cela aurait été vraiment injuste de lui
demander d'absorber tous ces frais. Tout cela a été fait dans
l'esprit, prenons le cas de Ba-rette et Saucier de l'envoyer le plus rapidement
possible sur les superficies qui étaient susceptibles d'être
inondées.
On était justement passé par le système de
réduction de droit de coupe pour aller plus rapidement pour atteindre
les territoires de coupe, le plus rapidement possible.
Les estimations de coûts ont été faites assez
rapidement, malheureusement, et des choses non prévues, en plus de
l'augmentation des coûts, par exemple, le changement dans les tarifs de
camionnage et l'augmentation du coût du pétrole et tout. Les
coûts ont grimpé en flèche. Les contrats ne
prévoyaient aucun mécanisme d'ajustement, alors tout cela a
été fait dans la meilleure optique possible. Cela aurait
été injuste, de toute façon, de faire porter le coût
par ces deux compagnies. Elles n'auraient pas été capables de
l'assumer.
M. Lessard: Cette augmentation de coût était de
combien, par rapport aux deux projets? Par exemple, le projet de Chibougamau
Lumber, prévu pour $1,275,000, serait estimé à
combien?
M. Drummond: II était estimé à $1,275,000 et
d'après nos prévisions, la projection des coûts serait
d'environ $2,200,000.
M. Lessard: Cela veut dire une augmentation de près de
100%.
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: A ce que je sache, je douterais, que ce soit à
cause du 'pétrole, de la main-d'oeuvre et d'autres facteurs, qu'il y ait
eu augmentation de 100%.
M. Drummond: Nous avons été très prudents
sur cette question, tout a été vérifié, article par
article. Il y a eu un rapport produit sur les deux projets et les coûts
ont été calculés et payés, après
vérification des factures et des travaux sur le terrain.
De ce côté, on a même pris plus de
précautions, justement parce que les estimations prévues
étaient beaucoup dépassées.
M. Lessard: Vos vérifications ont été faites
par le responsable régional ou par le ministère lui-même au
niveau...
M. Drummond: La région et le service du centre. C'est M.
Archambault lui-même qui a fait toutes les vérifications, avec son
service et à la région.
M. Lessard: En fait, cela confirme exactement les informations
que je possédais. Je trouve cela très élevé. Je
trouve même très mauvais qu'on arrive à une
différence aussi fondamentale et aussi importante.
On en est rendu à un point où on ne peut plus se fier
à rien. Que ce soit au niveau de la voirie, au niveau des terres et
forêts ou au niveau d'autres contrats, on nous soumet des engagements
financiers.
Je suis à la commission des engagements financiers et on nous y
demande, à un moment donné, des montants, ou on nous y confirme
des montants versés et il s'agit à un moment donné
d'interroger le ministre sur ces montants.
On arrive par la suite, et les montants ont été
complètement modifiés. Les coûts montent de façon
exorbitante. Ce qui m'inquiète, dans tout cela, c'est que, lorsqu'on
analyse les engagements financiers, il y a toujours une estimation du
ministère.
A ce moment-là, l'estimation qu'on fait j'admets qu'elle
ne soit pas complètement exacte mais de là à
être modifiée à 100%, cela me dépasse un peu.
M.Drummond: II y a plusieurs projets du secteur privé dont
les coûts ont augmenté de 100%.
M. Lessard: Est-ce que le contrat a été
donné par soumissions?
M. Drummond: Non.
M. Lessard: Pourquoi le contrat n'a-t-il pas été
donné par soumissions?
M. Drummond: Parce que les plans et devis n'étaient pas
assez précis pour aller en soumissions. Le contrat prévoyait le
paiement sur production de pièces justificatives.
S'il avait fallu avoir les plans et devis pour aller en
soumissions...
M.Lessard: C'est un peu du "cost plus".
M. Drummond: Oui. S'il avait fallu attendre les plans et devis,
le projet aurait été remis à cette année. Il aurait
fallu reprendre le programme de coupe de Barrette et Saucier.
M. Lessard: En ce qui concerne Barrette et Saucier, le montant
des travaux de construction de chemins était estimé à $2.5
millions. Est-ce qu'on prévoit une augmentation aussi
considérable pour ce projet également?
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Soit de passer de $2.5 millions à $4.5
millions?
M. Drummond: $4 millions, je crois. Le projet lui-même est
passé de $2.5 millions à $4 millions.
M. Lessard: $4 millions ou $4.5 millions? C'est vrai qu'au prix
où est le beurre, $500,000 de plus!
Actuellement, est-ce que ce sont encore ces compagnies qui font les
travaux?
M. Drummond: Non. Les deux compagnies ont travaillé, ont
contracté pour le montant original. On a vérifié toutes
les pièces et les deux projets ont été continués en
régie.
M. Lessard: Pourquoi ne l'avait-on pas fait en régie lors
du...
M. Drummond: Parce que cela en faisait trop pour partir.
M. Lessard: Est-ce qu'il y aurait moyen d'obtenir
dépôt des ententes et des cahiers des charges, plans et devis,
concernant ces deux contrats?
M. Drummond: Oui. Il n'y a pas de problème
là-dessus.
M. Lessard: Est-ce que les compagnies Barrette et Saucier et
Chibougamau Lumber vont payer, une fois que la construction de ce chemin sera
terminée, pour l'utilisation des chemins?
M. Drummond: II est prévu dans notre politique
forestière que tous les utilisateurs paient une contribution. L'an
passé, la contribution était $l les I00 pieds cubes de bois
coupé. La contribution est uniforme pour tout le monde, ce qui veut dire
qu'une année, nous pouvons construire un chemin qui est plus profitable
pour un utilisateur sans que les autres, en profitent.
Avec les années, chacun va recevoir sa partie de chemin. Par
exemple, l'an passé, il y a plusieurs compagnies qui ont payé et
sur les terrains desquelles on n'a fait aucun travail.
C'est une charge uniforme répartie entre tous les
utilisateurs.
M. Lessard: Est-ce qu'il est prévu que le chemin va
demeurer la propriété du gouvernement?
M. Drummond: Bien sûr.
M. Lessard: L'entente concernant l'utilisation du chemin a-t-elle
été signée avec Barrette et Saucier?
M. Drummond: Quant à l'utilisation, c'est un chemin de
l'Etat, l'utilisation en est donc publique.
M. Lessard: Les deux compagnies, que ce soit Chibougamau Lumber
ou que se soit Barrette et Saucier vont être soumises au paiement...
M. Drummond: Oui, bien sûr, comme d'autres.
M. Lessard: A-t-on l'intention, pour l'avenir, à la suite
de ces expériences que je ne qualifie pas de désastreuses, mais
qui apparaissent quand même l'être assez, étant donné
l'augmentation considérable des prix, d'appliquer justement le livre
blanc où on dit que les chemins en forêt seront conçus par
le gouvernement et relèveront du gouvernement quant à leur
entretien, leur utilisation et leur porte de contrôle?
M. Drummond: Nécessairement, ce qu'on essaie d'atteindre,
c'est d'avoir des plans et devis complets par chemin, avant de commencer la
construction pour pouvoir en estimer les coûts d'une façon plus
exacte et même, d'aller en soumissions publiques, pour des sections de
chemins ou des chemins entiers.
Pour combler un peu cette lacune, en attendant, au lieu d'utiliser des
entrepreneurs privés, on utilise REXFOR comme entrepreneur pous
éviter des problèmes de cette nature.
M. Lessard: Actuellement, concernant ces deux contrats, est-ce
REXFOR qui fait les travaux?
M. Drummond: Non, ceux-là sont faits en régie, pour
l'instant.
M. Lessard: En régie, par le ministère? M.
Drummond: Oui.
M. Lessard: Donc à l'avenir on a l'intention soit de les
faire en régie, soit de les faire faire par REXFOR en négociant
des ententes ou soit par soumissions?
M. Drummond: Oui, si on voit, avec des entrepreneurs
privés. On va attendre maintenant d'avoir des plans et devis complets
pour faire cela.
M. Lessard: Espérons que les estimations seront plus
justes. Vous admettrez, M. le Président, avec nous, que, puisqu'on avait
discuté de ce contrat, l'an dernier, une augmentation de 100% des
coûts peut nous amener à poser un certain nombre de questions,
concernant ce contrat.
M. Drummond: Les questions ont aussi été
soulevées.
M. Lessard: Elément 3, voirie forestière,
adopté.
Le Président (M. Lafrance): II faudrait adopter
l'élément I, pour commencer.
M. Lessard: D'accord, je suis bien prêt, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Elément I,
adopté. Elément 2, adopté, je suppose. Elément 3,
adopté. Elément 4?
M. Lessard: Non pas l'élément 4, M. le
Président. J'aimerais savoir à l'élément 4, comment
se répartit le montant de $5,504,700?
Le Président (M. Lafrance): ...pourrait être
envoyé aux membres de la commission. Sinon, s'il y a une autre
séance, cela pourra être déposé.
M. Lessard: Je voudrais bien quand même savoir... Si les
documents me parviennent une fois que la commission aura adopté
l'ensemble des crédits, il me sera extrêmement difficile de
revenir, à un moment donné, et de soulever des questions, s'il y
a lieu d'en soulever auprès du ministre.
D'ailleurs, on me répondra, à l'Assemblée
nationale, que j'aurais dû poser ces questions lors de la discussion des
crédits.
M. Drummond: ... aussi bête que cela.
M. Lessard: Vous êtes aussi bête que cela.
M. Drummond: Si le directeur de nos services vous porte
lui-même ces documents, à ce moment, vous pourrez lui poser toutes
les questions.
M. Lessard: D'accord, mais j'aimerais bien, à un moment
donné, qu'on nous donne au moins la ventilation globale. Je ne veux pas
avoir...
M. Drummond: On pourrait, au cours de cette commission, vous
donner les grandes lignes tout de suite.
M. Lessard: C'est cela que je voudrais, M. le
Président.
M. Drummond: La cause des augmentations de coûts.
M. Lessard: C'est que la ventilation, concernant l'aide on
est rendu à l'élément 4...
M. Drummond: Non.
M. Lessard: Je m'excuse.
M. Drummond: La documentation sur l'élément 3.
M. Lessard: Je m'excuse. D'accord, M. le Président, il n'y
a pas de problème, puisque j'ai déjà soulevé les
questions à ce sujet.
M. Drummond: Si le directeur du service vous voit avec la
documentation, cela répondrait-il à vos questions?
M. Lessard: Oui, c'est-à-dire que cela pourrait à
un moment donné répondre à mes questions, quitte à
me laisser certains points d'interrogation quand même. Que voulez-vous,
cela dépend, je ne connais pas les réponses officiellement, mais
ce que je crains...
M. Drummond: Cela n'est pas...
M. Lessard: ...c'est que j'ai déjà vu des travaux
en régie du ministère des Terres et Forêts. J'ai
déjà eu l'occasion de constater que certains travaux en
régie du ministère des Terres et Forêts avaient
laissé, en fait, passablement d'argent dans les poches de certains
entrepreneurs, alors que les travaux avaient été plus ou moins
contrôlés par le ministère. D'ailleurs, j'avais eu
l'occasion à ce moment, d'en parler au ministre. Il faut dire que cela
prend un supercontrôle du ministère pour pouvoir empêcher
qu'il y ait collusion bien souvent entre certaines personnes et
l'entrepreneur.
M. Drummond: Evidemment, c'est à éviter. Il y a
toujours des améliorations qu'on essaie de faire à chaque
année.
Seulement pour vous donner un exemple, dans les prévisions
budgétaires, le gravier devait être à une distance moyenne
de 5 milles pour découvrir, à l'étude qui avait
été faite, que le gravier n'était pas là et que la
distance moyenne est passée de 5 à 27 milles. Seulement cela a
fait grimper les coûts d'une façon astronomique.
M. Lessard: Le gravier n'était pas là. On avait
planifié cela sans avoir été sur les lieux.
M. Drummond: On a fait faire une étude de photographies
aériennes. Tout laissait prévoir, suivant les techniques
habituelles, que les graviers étaient là. Il y avait du gravier,
mais en quantité insuffisante pour le projet. Les taux des camionneurs
ont augmenté.
M. Lessard: Oui, je suis bien d'accord qu'il y a eu... C'est bien
normal qu'on puisse prévoir. On sait que la baie James est partie de $4
millions à $800 millions, et est rendue probablement à $20
milliards. C'est bien normal qu'on puisse prévoir des
dépassements de coûts, étant donné la situation
absolument anormale qu'on vit actuellement. Je trouve quand même que les
dépassements de coûts sont considérables. J'espère
que je pourrai obtenir des explications dans la documentation qui pourra
m'être fournie, par la suite, par le ministère.
Le Président (M. Lafrance): Elément 4.
Production forestière privée
M. Lessard: Elément 4: Aide à la production
forestière privée. On sait que, bien souvent, on est venu pour
discuter de ce programme et il était normal qu'on puisse en discuter au
programme 4. J'aimerais savoir quels sont, cette année, les principaux
projets qui sont prévus dans son programme.
M. Drummond: M. Pleau, le directeur du service.
On va vous présenter, en réalité, le budget de $5.4
millions. Sur les $5.4 millions, il y a $4 millions à la
catégorie 4 du budget, c'est-à-dire services professionnels,
administratifs et autres, on va vous fournir un tableau qui répartit ce
montant par organisme qui reçoit des montants d'argent et qui contracte
avec le ministère. Le reste, ce sont des montants dépensés
pour le traitement du personnel régulier, les frais de voyages et un peu
de capital aussi.
M. Lessard: Quand vous parlez des $4 millions pour services
professionnels, administratifs et autres...
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: ... est-ce que cela comprend exclusivement des
travaux de recherche?
M. Drummond: Non, c'est dans tous les travaux dans le fond...
M. Lessard: Comme le FRUL?
M. Drummond: ...travaux sylvicoles, cela comprend, disons...
Cette année, le FRUL n'a qu'à dispenser les services
techniques dans la région du Bas-Saint-Laurent pour la prochaine
année. Il n'a plus de contrat d'exécution comme l'année
dernière. L'exécution cette année est donnée aux
offices des producteurs de bois de chacune des régions, lesquelles
doivent passer un sous-contrat avec les compagnies qui ont déjà
eu une attestation de la part du ministère pour pouvoir réaliser
les travaux de mise en valeur des forêts privées. Il y a ensuite
de cela, au niveau de Québec, le service technique qui a
été donné cette année, au lieu du fonds de
recherche, à la firme Blais, Dumont, McNeil et associés.
En ce qui concerne le Lac-Saint-Jean et le Nord-Ouest
québécois, le service technique a été donné
à l'office de producteurs de bois.
En ce qui concerne les régions de Trois-Rivières et de
Labelle, le ministère le fait en régie des services techniques.
Tout le reste sert à faire des travaux d'exécution, des travaux
sylvicoles, soit de reboisement ou de traitement sylvicole
précommercial, ou commercial intermédiaire.
En plus de cela, il y a un montant pour un contrat donné pour
l'animation, la promotion et le
recrutement, c'est-à-dire qu'on donne à la
Fédération des producteurs de bois, par l'entremise de ses
organismes régionaux, un montant d'argent pour mousser cette politique
de mise en valeur et d'aménagement intensif des forêts
privées, ce qui a pour résultat d'apporter un recrutement de
superficie qui sera sous aménagement pour les quinze prochaines
années, parce que chaque individu qui entre dans ce régime est
obligé de soumettre sa propriété à
l'aménagement intensif pour les quinze futures années.
M. Lessard: J'aurais un commentaire à faire sur les
crédits. Est-ce qu'on va me faire parvenir la ventilation?
Le Président (M. Lafrance): Oui. C'est à la
photocopie. On va vous distribuer le programme dans quelques instants.
M. Lessard: On remarque d'abord qu'en 1975/76, on a une
légère augmentation des crédits par rapport à l'an
dernier, soit de $1,275,300, si on veut faire le calcul plus juste.
En tenant compte de l'inflation, cela nous paraît assez peu
considérable, concernant l'état de délabrement de la
plupart des boisés privés.
Le Président (M. Lafrance): Vous avez ici le document en
question.
M. Lessard: Le 15 mars dernier, on se rappelle que le doyen de la
faculté de foresterie et de géodésie de
l'université Laval, M. Lafond, avait déclaré que la
forêt privée est la plus mal entretenue de toutes les forêts
du Québec et elle est menacée de
dégénérescence et de ruine à court terme, si des
mesures s'appuyant sur une législation appropriée, à la
fois incitative et coercitive, ne viennent pas remédier à la
situation présente. Et il continuait: "La production des forêts
privées au Québec est en nette régression depuis vingt
ans, encore que leur superficie s'est accrue dans le même temps." En
fait, cette déclaration a été reproduite dans le journal
Le Soleil du 15 mars 1975. A la suite de ce commentaire, la question que je
pose est celle-ci: Etant donné l'importance de la forêt
privée pour la protection de la matière ligneuse et aussi pour la
fourniture d'espaces boisés pour la récréation de plein
air et la conservation de l'environnement, comme le disait si bien le ministre
dans la Terre de chez nous du 7 août 1974, le ministre croit-il qu'avec
ces $5 millions par année il sera capable de prendre ses
responsabilités en ce qui concerne l'aménagement de la
forêt privée quand toutes les études et on
connaît en particulier l'étude de M. Lussier
prévoiraient ou démontrent qu'il faudrait environ peut-être
$20 millions par année pour réaliser un véritable
programme de protection de la forêt privée, pour empêcher
qu'elle soit menacée de dégénérescence et de ruine
à court terme, comme le disait le Dr Lafond!
M. Drummond: M. le Président, cela aurait
été bien facile. Si nous avions $20,000,000 dans ce programme, je
pense qu'avec tout le personnel, avec toute l'expertise, et tout ce qu'il y a
à apprendre, l'argent serait très mal dépensé. On
ne pourrait pas le faire d'une façon intelligente. Alors, depuis
quelques années, on essaie de vraiment mettre en vigueur les structures
nécessaires pour procéder d'une façon logique et
détaillée pour améliorer la situation de la forêt
privée. J'espère bien que nous allons passer à ce
programme avant la fin de l'été, et le crédit forestier
sera une autre étape en ce qui concerne la mise en vigueur de nos
programmes pour aider la forêt privée. Je pense que nous avons
fait le commencement, mais nous étions aussi un peu dans l'inconnu, en
commençant, parce que c'est tout à fait un nouveau programme, au
niveau de tout le Canada, je pense, en tout cas en ce qui concerne la
manière d'y entrer pour aider la forêt privée.
Alors, le moment est aussi arrivé de faire un relevé de ce
que nous avons fait jusqu'à maintenant pour déterminer si nous
avons vraiment la bonne approche dans nos programmes. Je suis convaincu qu'il
faut fonctionner d'une façon ferme dans cette direction, mais on ne veut
pas être critiqué non plus pour avoir lancé un programme
seulement pour y mettre de l'argent et ne pas arriver à la bonne
sylviculture non plus.
M. Lessard: Je suis bien d'accord pour dire qu'il ne faut pas
dépenser inutilement des sommes d'argent. Cependant, je me rappelle
toujours, tout le train-train qu'on a fait autour du livre blanc dans lequel on
prévoyait une politique d'aménagement des forêts
privées.
M. Drummond: C'est ce qu'on met en marche.
M. Lessard: Je constate que vous avez peut-être comme
objectif de mettre en marche ces programmes.
M. Drummond: II y a quand même toute la phase de recherche
qui a été nécessaire et c'est dans cette optique que le
fonds de recherche a été utilisé. Il ne faut pas oublier
aussi que cette année, on prend la relève pour une grande partie
des sommes d'argent qui venaient de l'entente Canada-Québec, dans le
Bas-Saint-Laurent.
M. Lessard: Oui.
M. Drummond: II ne reste pratiquement plus de cet argent cette
année. Alors, on prend la relève. Aussi, cette année,
c'est une grosse année pour faire le point parce que, lorsqu'on regarde
les coûts, il faut quand même se poser des questions. En 1974, par
exemple, dans les travaux effectués concernant certaines
sociétés techniques, sociétés sylvicoles, le
coût des travaux était de $107.43 l'acre et ceci comprend
seulement les travaux. Si on inclut la technique, sur les terrains des
sociétés sylvicoles, le coût total était de $205.32
l'acre. Alors, il faut certainement s'y arrêter et se poser des
questions. C'est vrai qu'on est au début
de l'opération et que les coûts fixes qui seront
nécessairement répartis sur un plus grand nombre d'acres vont
diminuer, mais quand on atteint ces prix, il faut commencer à se poser
des questions.
Il est certain que le ministère ne devra pas subventionner la
totalité des travaux sur les terrains privés, ce qu'il fait
actuellement.
Alors, le crédit forestier sera instauré. Il faudra que
les gens l'utilisent. Actuellement, le ministère subventionne à
100% et ce quj arrive, c'est que, lorsque les gens négocient les taux
à l'acre pour les travaux, ils négocient presque cela comme une
convention collective. L'esprit n'est pas bon à ce moment. Le
ministère vient comme soutien pour aider les producteurs privés
et le ministère ne devrait pas fournir la totalité des sommes
d'argent.
Alors, on le fait actuellement parce qu'on est dans la période
d'essai. On a des groupements qui sont en marche. Il y a les opérations
dignité qui se sont organisées en sociétés
sylvicoles et c'est une étape. Les gens apprennent à travailler.
L'esprit est bon, mais on ne peut pas foncer dans ces travaux à pleine
vapeur, sans savoir exactement où on s'en va.
Cette année, on a à fournir au Conseil du trésor
une étude détaillée sur le programme et, si on n'est pas
capable de démontrer une rentabilité à long terme, on a
des problèmes.
M. Lessard: M. le Président, je voudrais revenir sur le
coût à l'acre. Vous m'avez donné deux chiffres: $107.43
l'acre et $205.32 l'acre.
M. Drummond: Le prix de $107.43 est compris dans le prix de
$205.32.
M. Lessard: Alors, le prix de $205.32 comprend toutes les
études techniques nécessaires, etc. C'est en 1974.
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Pour 1975, combien prévoit-on?
M. Drummond: Pour intéresser les producteurs, cette
année...
M. Lessard: Parce que si cela augmente comme Barrette et Saucier
a augmenté et comme Chibougamau Lumber a augmenté, vous ne ferez
plus tellement de choses avec vos $5,400,000.
M. Drummond: La différence avec Barrette et Saucier, c'est
qu'actuellement, on négocie des taux. Il faut que cela passe par
là parce qu'on négocie comme pour une convention collective.
M. Lessard: Tandis que pour Barrette et Saucier, il n'y avait pas
de négociation de faite.
M. Drummond: Je ne sais pas, mais en ce qui nous concerne, on
négocie exactement comme une convention collective. On fait une offre,
on se retire, ils discutent, on revient, ils font une contre-proposition. Etant
donné qu'ils ne peuvent pas faire la grève, il vient un temps
où il faut qu'ils le prennent.
On essaie quand même de faire cela dans le meilleur esprit.
M. Lessard: Dans votre négociation, vous allez tenir,
compte de l'indexation?
M. Drummond: Oui. Cette année on a donné, une
majoration de 20% par rapport à l'année dernière.
M. Lessard: Donc, votre majoration est de 20% et votre budget est
à peu près majoré de 20%.
M. Drummond: Au niveau des traitements, la majoration qui a
été donnée actuellement au niveau du Conseil du
trésor est de 10%, je pense. A moins que je ne me trompe. Cela veut dire
qu'au niveau des travaux on a majoré. L'augmentation est peut-être
un peu plus forte. Je voudrais relever quelque chose...
M. Lessard: J'ai l'impression que si on parle de cette majoration
de 20% c'est ce que je disais tout à l'heure à propos de
l'inflation le budget de cette année ne permettra pas de faire
plus de travaux cette année que ceux qu'on a faits l'an dernier.
M. Drummond: Même si on voulait en faire plus, on ne
pourrait pas en faire plus parce qu'il reste qu'on veut sécuriser les
montants qu'on investit et la façon de les sécuriser, c'est que
les gens entrent dans les groupements et qu'ils signent une convention qui les
engage pour 15 ans. Il ne faut pas s'imaginer que les gens entrent à
pleine porte là-dedans. Avant que le gars perde un certain droit sur sa
propriété, c'est-à-dire qu'il ne puisse plus faire ce
qu'il veut chez lui, il faut commencer par le convaincre, et ce n'est pas
facile. On n'a pas l'intention de verser l'argent à la
brouch'te-brouch'te comme cela sans avoir au moins une sécurité
sur l'aménagement intensif qu'on fait. Pour cela, il faut avoir du
territoire et, étant donné qu'actuellement on a une rotation
d'environ dix ans, c'est-à-dire 10% du territoire par année,
cette année, on doit traiter environ 20,000 acres sur les quelque
200,000 que nous avons actuellement sous aménagement intensif.
Même si on avait beaucoup plus d'argent, je ne sais pas comment on ferait
pour le dépenser à moins de le gaspiller, et ce n'est pas notre
intention, parce que ce n'est pas une mesure sociale. On veut vraiment faire de
l'aménagement intensif pour en faire. De plus, si on met plus d'argent,
ce n'est pas vraiment l'aménagement intensif des forêts
privées qu'on va faire, cela va être l'aménagement intensif
des forêts publiques. Car il reste que, dans les $20 millions que M.
Lussier mettait dans son rapport, il prend une ligne imaginaire à 20
milles des villages les plus éloignés. Si on prend 20 milles des
villages les plus éloignés, on va avoir plus de forêts
publiques que de forêts privées. Il faut aussi faire cette marge
dans le rapport Lussier. Cela couvre du territoire, une ligne imaginaire.
Actuellement, le budget que nous avons est un budget qui est
attaché cette année, seulement sur l'aménagement intensif
des forêts privées en comparaison avec avant, alors qu'on avait de
l'aménagement intensif des forêts publiques qui était
payé à même ces budgets.
Ce sont des travaux qui étaient effectués par les
groupements sur les forêts publiques.
M. Lessard: Au sujet des groupements forestiers, est-ce qu'on
pourrait nous tracer un bilan des différentes régions du
Québec où il y a...
M. Drummond: On en a. Le nombre par région?
M. Lessard: Est-ce que vous pouvez nous tracer un bilan
général en ce qui concerne les différentes régions
du Québec où les producteurs privés sont
véritablement engagés dans... Je connais très bien le
Bas-Saint-Laurent.
M. Drummond: D'accord, mais il s'agirait de vous faire...
M. Lessard: Le député de
Kamouraska-Témiscouata est bien intéressé.
M. Drummond: Seulement sur le nombre ou sur le nombre d'acres
traitées et toutes ces choses?
M. Lessard: Combien y en a-t-il actuellement? Des contrats avec
des...
M. Drummond: Actuellement, on en a 23 en opération, des
sociétés...
M. Lessard: Cela couvre combien d'acres?
M. Drummond: Cela couvre actuellement...
M. Lessard: 23 sociétés.
M. Drummond: Oui. 190,021 acres.
M. Lessard: Et cela se répartit comment?
M. Drummond: Par région? Je pourrais vous les donner par
région. Je ne les ai pas par groupements ici, mais par région: Le
Bas-Saint-Laurent c'est 112,000, la région Saguenay-Lac-Saint-Jean,
c'est 17,000.
M. Lessard: Une minute. Bas-Saint-Laurent 112,000
M. Drummond: Oui. Saguenay-Lac-Saint-Jean 17,000. Région
de Québec, comprenant aussi l'Es-trie, parce que c'est couvert par la
région de Québec au niveau du ministère, 26,000.
Trois-Rivières, 4,000; l'Outaouais, 3,000 et le Nord-Ouest
québécois, 27,000.
M. Lessard: Pour Outaouais, vous avez dit?
M. Drummond: 3,400. M. Lessard: Nord-Ouest...
M. Drummond: 27,000. Le nombre de groupements, si on peut les
mettre ensemble. Dans le Nord-Ouest québécois, il y a trois
groupements actuellement en activité; dans l'Outaouais, vous en avez un;
à Trois-Rivières, vous en avez deux; à Québec, il y
en a quatre; dans le Saguenay-Lac-SainKlean, deux, et dans le
Bas-Saint-Laurent, il y en a onze.
M. Lessard: Je ne le demande pas pour aujourd'hui même,
mais est-ce qu'il y aurait moyen d'obtenir un tableau général
pour savoir justement, pour chacun des groupements, quel est le nombre de
participants? Je ne vous demande pas de les donner, parce qu'il y en a onze
dans le Bas-Saint-Laurent.
M. Drummond: Je ne l'ai pas ici, mais, à la fin de chaque
année, on produit un rapport pour chacun des groupements avec le nombre
d'acres entrées, le nombre d'acres traitées, les montants
d'argent investis. Si on peut faire parvenir ça... Parce que, dans le
fond, c'est un renseignement qui est une statistique générale. On
l'avait pour mars 1974, mais celui-là n'est pas encore terminé
parce qu'on a eu encore des rapports qui sont entrés
dernièrement. On peut vous fournir ça facilement.
M. Lessard: J'aimerais bien obtenir ces informations.
M. Drummond: On peut fournir ça facilement.
M. Lessard: En réalité, on remarque que c'est
particulièrement la région du Bas-Saint-Laurent qui s'est
véritablement impliquée dans des groupements forestiers et la
politique...-
M. Drummond: C'est l'impression qu'on a, à première
vue, mais le facteur...
M. Lessard: Cela prouve quand même...
M. Drummond: ... qui a fait jouer ça, c'est qu'avant on
avait énormément d'argent qui venait de l'OPDQ, du
fédéral, des sommes qui étaient versées dans cette
région, qu'on ne pouvait pas verser ailleurs. C'est ce qui a permis de
développer cette région au détriment des autres
régions. Si la province avait été une province marginale
partout, on aurait pu avoir un développement peut-être aussi fort
ailleurs. Ce qui arrive, c'est qu'on n'avait pas d'argent pour
développer les autres régions autant qu'on en avait en
Gaspésie. C'est là qu'est surtout le problème.
M. Lessard: A un moment donné, tout le Québec
était rendu zones désignées.
M. Drummond: On a expérimenté plus dans le
Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie. Ce qui veut dire
qu'il va y avoir du rattrapage à faire dans les autres
régions de la province.
M. Lessard: Parce que la population, au lieu d'accepter des
politiques de déménagement, a décidé de forcer le
gouvernement à faire de l'aménagement. Bien, oui, écoutez,
je ne dis pas que c'est mauvais; seulement, ne venez pas nous dire le
contraire; ils se sont battus...
M. Drummond: C'est surtout l'insistance dans la
déclaration du député de Saguenay.
M. Lessard: M. Morasse me confirmera ça. En tout cas,
c'est l'interprétation qu'on peut donner et je pense bien que le
ministre peut difficilement dire le contraire. Ce qui prouve, c'est très
important, qu'une région ne doit pas laisser la responsabilité de
son aménagement seulement au gouvernement. Une région doit
s'impliquer dans son aménagement...
M. Drummond: On a toujours pris ce point de vue.
M. Lessard: ... si ce n'avait été de la population
comme telle, je pense que ces gens seraient plutôt
déménagés qu'aménagés.
M. Drummond: Je pense que la chose qui est arrivée depuis
trois ou quatre ans, c'est que, lorsqu'on a commencé à discuter
de toute la question de la forêt privée, ce fut vraiment le
mouvement vers les groupements et le travail par la collectivité pour
améliorer la forêt privée. Parce que je me souviens
très bien que la population du Syndicat des producteurs de bois et de
l'UPA, il y a quatre ou cinq ans, était clairement pour aider a la
création des fermes forestières de 500 acres; alors, cela a
changé avec le temps. Evidemment, c'est en discussion avec ceux qui sont
intéressés là-dedans, l'opération dignité et
le Syndicat des producteurs de bois.
M. Lessard: Vous me parliez, M. Pleau, de l'étude du
rapport Lussier. Est-ce que, puisque vous semblez y avoir travaillé, les
chiffres de ce rapport ont été révisés par le
ministère des Terres et Forêts?
M. Drummond: M. Duchesneau disait tout à l'heure qu'on
était pour refaire une analyse économique de tout cela.
Actuellement, on est en train d'élaborer cette analyse au
ministère. C'est sûr qu'il y a certains chiffres qui ne
correspondent plus à l'époque actuelle.
Il reste quand même que la plupart de tous les objectifs qui
étaient mentionnés au rapport de M. Lussier ont été
avancés au ministère et on a déjà entrepris des
travaux dans ce sens, à peu près sur tout, à l'exception
de la zone de 20 milles de M. Lussier, Nous, on ne s'est pas embarqué au
niveau de l'aménagement comme tel, dans cette zone.
Tous les autres objectifs qui étaient fixés au rapport
Lussier, on les a mis en branle et on a es- sayé d'évoluer dans
ce sens, comme il le disait, l'intégration des propriétés
à l'intérieur d'unités d'aménagement assez bien
équilibrés au point de vue de l'âge des peuplements et des
compositions arborescentes.
Actuellement, on a divisé le territoire des forêts
privées du Québec en 55 unités d'aménagement de
forêts privées. Déjà, c'est fait. Quand il parlait
de la création de structures d'organisation au niveau des
propriétaires, on ne l'a pas fait à l'échelle de la
province, mais déjà, on en a 23 en marche. Il y en a deux qui
attendent leurs lettres patentes et le ministre a accordé l'autorisation
pour trois autres cette année, ce qui en fera 28, à la fin de
l'année, sur 55. ,Si, au niveau de la réforme fiscale, on prend
l'aménagement intensif, on a déjà présenté
un mémoire au ministère des Affaires municipales pour demander
que le système de taxation soit changé et qu'il soit plus
réaliste concernant les objectifs de la mise en valeur des forêts
privées. C'est-à-dire que le système actuel
désavantage celui qui fait de l'aménagement intensif au
détriment de celui qui pille. On a présenté un
mémoire dans ce sens.
Ensuite, on a présenté le projet de loi du crédit
forestier qui va aussi favoriser l'achat des terres à des taux
très faibles, qui va favoriser aussi l'aménagement à des
taux très faibles.
Au niveau du remembrement des propriétés, le crédit
forestier va permettre cela aussi. Les groupements forestiers, indirectement,
permettent le remembrement artificiel, mais permettent quand même un
remembrement au niveau des travaux à faire.
Quand on parle de la possibilité de s'assurer contre les risques
naturels, on a évalué cette chose et on a calculé que cela
na valait pas la peine qu'on fasse des polices d'assurance au même titre
que l'assurance-récolte. Cela coûterait beaucoup trop cher,
comparativement aux pertes qui sont dues aux incendies dans les forêts
privées.
En ce qui concerne les risques dus à la tor-deuse, le
ministère, cette année, a mis de l'avant une politique pour
arroser au-delà d'un million d'acres de forêts privées.
Quand on dit: Au meilleur partage découlant de la transformation
des ressources, par les subventions qu'on donne actuellement, on favorise ce
partage, parce que, pour les acres qui devraient être traitées ou
les récoltes de bois qui ne sont pas vraiment bénéfiques
à récolter pour le propriétaire, les subventions
permettent au propriétaire de les récolter et de les mettre en
marché quand même.
Pour ce qui est d'accentuer la politique de recherche, on a fait
énormément de ce côté avec le fonds de recherche,
pour essayer de trouver les meilleurs moyens d'aménager des forêts
privées, tant au niveau de l'aménagement proprement dit,
c'est-à-dire des traitements sylvicoles, qu'au niveau de l'exploitation,
par des méthodes de dé-bardage comme le radio-tir toutes sortes
de choses comme cela.
Quand on parle de favoriser la mesure d'entreprise, de façon
qu'on puisse faire plus d'aménagement, on a Cabano, Tembois,
Sacré-Coeur, qui vont permettre à ces gens-là de mettre en
marché plus de bois. Encore là, le ministère a fait
quelque chose.
Les méthodes de restauration hautement efficaces avec le fonds de
recherche, c'est ce qu'on recherche depuis trois ans, avoir des méthodes
qui vont éliminer les pertes inutiles de temps et qui vont quand
même permettre d'avoir le meilleur aménagement possible.
Quand on parle d'orienter les travaux de restauration dans les sites les
plus productifs, encore là, c'est ce qu'on a fait. Ce qui fait qu'on n'a
pas des budgets si élevés, parce qu'on ne veut pas traiter
n'importe quoi en forêt privée, mais on veut traiter quelque chose
où on est à peu près sûr qu'on va avoir une
réponse au niveau de l'accroissement de la productivité.
Cela ne sert à rien d'aller traiter des choses à des prix
exorbitants, quand on sait que, dans dix ou quinze ans, on aura à peu
près ce qu'on a actuellement, pas beaucoup plus. On est mieux d'aller
vers des traitements qui vont répondre, dans cinq ou dix ans, avec une
productivité de peut-être deux ou trois fois ce qu'on a
actuellement.
C'est ce qu'on fait actuellement et c'est peut-être pour cela
qu'on n'investit pas trop d'argent.
S'assurer de la continuité de l'aménagement, cela
dépend de vous, comme cela dépend du reste de l'Assemblée
nationale. Il s'agit de mettre de l'argent pour qu'on continue cela et il n'y
aura pas de problème.
Cela résume à peu près tous les objectifs du
rapport Lussier. Je pense que le ministère a fait
énormément de ce côté-là.
M. Lessard: M. le Président, à la suite de
l'entente qu'on avait eue auparavant, est-ce qu'on pourrait suspendre nos
travaux jusqu'à 8 h 15?
Le Président (M. Lafrance): Est-ce qu'on peut adopter
l'élément 4?
M. Lessard: Non, M. le Président, j'ai encore quelques
questions, mais cela devrait aller assez vite après.
Le Président (M. Lafrance): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 17 h 25)
Reprise de la séance à 20 h 24
M. Lafrance (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des communications): A l'ordre, messieurs!
Nous sommes rendus au programme 4, élément 4. Le
député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, j'ai reçu passablement
d'information concernant les politiques du ministère au sujet des
boisés privés. J'aimerais savoir du ministre s'il a l'intention
de prendre des mesures pour faire en sorte que les propriétaires de
boisés privés soient assurés de pouvoir vendre leurs
produits. D'abord, le ministre n'a pas créé sa régie des
marchés. Il y a un certain nombre de compagnies qui continuent de
s'alimenter du côté des frontières, au-delà des
frontières, pendant que, en tout cas, un certain nombre de producteurs
privés ne peuvent vendre leurs produits. Le ministre est sans doute au
courant des critiques faites à ce sujet par les producteurs de bois de
Québec-Sud qui affirmaient qu'il y avait des inventaires assez
considérables de bois qui n'étaient pas vendus, qui attendaient
dans le champ, pendant que les compagnies ne voulaient pas négocier des
contrats avec ces producteurs. On disait même que les exploitants de lots
boisés de Québec-Sud avaient dénoncé vertement
l'attitude des compagnies qui, selon les dirigeants du syndicat, n'ont pas
voulu conclure de promesse d'achat pour plus de 141,000 cordes de bois de cette
région, en 1975. Elles en avaient acheté 273,000 cordes,
l'année dernière.
Ce que je voudrais souligner au ministre, c'est qu'il est bien beau
d'avoir un programme de développement des boisés privés.
Mais, il faut aussi en assurer la vente. Comme le ministre n'a pas,
actuellement, sa régie des produits forestiers, il ne peut être
capable de contrôler l'alimentation des compagnies forestières et
de contrôler aussi la vente du bois. Le ministre, je pense, a reçu
des demandes d'intervention à ce sujet. Le ministre est-il intervenu? Le
ministre a-t-il des politiques concernant ce...
M. Drummond: M. le Président, je pense qu'on a quand
même longuement discuté de cette question précise au
début de l'analyse des crédits du ministère. Oui, cela a
été longuement discuté. C'était bien dit qu'en ce
qui concerne les quantités coupées, cela avait
dépassé de loin la possibilité de la forêt.
M. Lessard: On se rejoint, je suis d'accord. Si le ministre dit
qu'on a discuté de cela lors...
M. Drummond: D'une façon précise, oui. M.
Lessard: Allez-y.
M. Drummond: On peut aller dans les chiffres plus tard, mais il y
a des choses quand même à souligner.
Les syndicats des producteurs de bois dans plusieurs régions de
la province, ont obtenu l'exclusivité. Alors, l'exclusivité,
c'est l'exclusivité pour la mise en marché. En ce qui concerne
les modalités de la mise en marché, à ce moment, je pense
qu'il n'y a vraiment pas de problème en ce qui concerne les
quantités dont on avait discuté longuement l'année
dernière. Ce qui est arrivé, c'était qu'il y avait un
surcoût. Une des choses qu'il faut travailler avec tout le monde
impliqué, c'est de faire respecter la possibilité de la
forêt privée. C'est évidemment une lacune, étant
donné que les syndicats ne contrôlent pas à 100% la coupe
des producteurs.
C'est une des choses, mais si on peut parler de façon
générale, même sans avoir une régie, la politique du
ministère est d'entrer dans les contrats, usine par usine, en tenant
compte d'abord de l'approvisionnement possible de bois de cultivateurs, des
copeaux et ensuite de donner les coupes sur la forêt privée. Cela
va de soi que ce serait logique qu'on arrive à une régie parce
que ce serait probablement la seule façon de donner des garanties. Mais
je pense que mon sous-ministre a souligné, lorsqu'on discutait ce
problème, que toute la question était vraiment du point de vue
des cultivateurs de contrôler leur propre coupe, parce que si on n'arrive
pas à cela, ce sera la tour de Babel.
M. Lessard: Ce n'est pas le problème que je veux soulever
auprès du ministre. Je suis d'accord qu'on ait discuté amplement
des coupes abusives au début de cette commission parlementaire. Il faut
justement que le ministre prenne des moyens nécessaires pour
empêcher que la forêt soit ainsi dévastée et sur
cela, je suis d'accord avec le ministre. Par ailleurs, un certain nombre de
compagnies papetières continuent, malgré le fait qu'il y ait des
propriétaires de boisés privés qui ne peuvent vendre leur
bois qui est coupé, d'acheter du bois de l'extérieur. C'est dans
ce sens que je soulève le problème auprès du ministre. Je
ne suis pas prêt à accepter que les boisés privés
soient vidés de façon...
M. Drummond: Non, mais, par contre, ce qu'on avait voulu
signaler, c'est que les compagnies ont respecté les volumes
négociés.
M. Lessard: Oui, mais...
M. Drummond: Après cela, il fallait faire un autre choix
ou aller autre part pour avoir le droit de signer des contrats.
A ma connaissance, et M. Pleau peut le dire, je pense qu'ils ont
respecté leurs obligations, en ce qui concerne le volume
négocié.
Ce qui arrive, c'est que ces compagnies ont signé des contrats,
ont pris des engagements vis-à-vis des producteurs américains
parce que, justement, les producteurs québécois n'étaient
pas capables, ou ne s'étaient pas engagés à fournir plus
que 140,000 cunits. lis sont probablement sur la lancée de ces contrats.
Il faut se rappeler que, l'an dernier, c'était l'inverse. Les compagnies
suppliaient quasiment les syndicats de producteurs de leur vendre du bois et ce
sont les syndicats eux-mêmes qui ont imposé des quotas aux
différentes compagnies acheteuses. Nous avons le problème inverse
aujourd'hui, mais il ne faut pas mettre tout cela sur le dos des compagnies,
même si on peut leur reprocher bien des choses!
Nous ne voulons pas non plus que les frontières soient
fermées. Ce serait un plus grand désastre que n'importe quel
autre.
M. Lessard: M. le Président, il ne s'agit pas de fermer
les frontières, mais je ne ferme pas les portes aussi pour les
députés libéraux en commission parlementaire et je
constate qu'il n'y a pas quorum.
M. le Président, je regrette, nous avons commencé, j'avais
accepté que nous commencions, à un moment donné, avec sept
députés, mais je pense qu'il y a une chose qui est tout à
fait normale pour l'Opposition, nous ne sommes pas tellement nombreux, nous
tentons d'être présents, mais il y a une chose qui est tout
à fait normale pendant que nous travaillons, nous, il faudrait quand
même que les députés libéraux se mettent dans la
tête, eux aussi, d'être présents au niveau des commissions
parlementaires. Le jour où on n'est pas intransigeant sur ces choses, on
fait des séances de commissions parlementaires comme on en a une
actuellement, soit à cinq députés.
Le Président (M. Lafrance): La commission suspend ses
travaux et nous recommencerons quand nous aurons quorum.
(Suspension de la séance à 20 h 33)
Reprise de la séance à 20 h 37
M. Lafrance (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieursl
Qu'on barre les portes pour qu'il n'en sorte pas. Nous reprenons
l'étude du programme 4, élément 4, temporairement.
M. Lessard: J'aurais une dernière question concernant
l'élément 4 au sujet des unités d'aménagement. Le
21 août I974, le ministère des Terres et Forêts
annonçait dans la Terre de chez nous que, d'ici avril I975 nous
sommes en mai, à ce que je sache tous les territoires de
forêts privées du Québec auront été
découpés en une cin-quaintaine d'unités
d'aménagement; 24 de ces unités seront administrées par
des organismes de gestion en commun, groupements forestiers ou
sociétés sylvicoles, qui en seront à différents
stades d'exploitation.
Pourrait-on savoir si cette politique qui avait été
annoncée par le ministère est maintenant
concrétisée et combien il y a d'unités présentement
en exploitations?
M. Drummond: Le territoire a été subdivisé
en
55 unités. On a terminé au mois de mars la région
de Montréal, qui était une région qui, pour nous, pour
l'instant, n'était pas primordiale; on en a actuellement 23 qui ont des
unités de gestion avec leur charte. Il y en a deux dont on attend la
charte du ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives, soit celle de Transcontinan-tal, qui se trouve à
l'ouest du lac Témiscouata, et celle de Montmagny, et on en a trois
autres qu'on est censé former au cours de la prochaine année, ce
qui en donnera 28 qui seront exploitées par des organismes de gestion en
commun.
Les trois nouvelles sont celles de Lévis-Bellechasse, Charlevoix
et Mistassini, au Lac-Saint-Jean.
M. Lessard: Le programme 4 est adopté, quant à
moi.
Le Président (M. Lafrance): Elément 4.
Adopté. Programme 4. Adopté. Programme 5: Gestion interne et
soutien.
Gestion interne
M. Lessard: A gestion interne et soutien, j'aurais simplement une
seule question à poser au ministre, et c'est une question
générale pour l'ensemble des ministères, que j'ai à
discuter. Quels sont les membres du cabinet du ministre, leur
rémunération et leur date d'embauche? Si le ministre ne peut me
les fournir ce soir, il pourra toujours me les faire parvenir.
M. Drummond: Si on ne les a pas ici, on va vous les faire
parvenir.
Vous avez M. Gaston Charest, chef de cabinet, attaché
d'administration, classe II, échelon 6. J'ai son traitement au 1er
janvier 1975, mais je n'ai pas sa date d'entrée au ministère. Son
traitement au 1er janvier 1975 est de $20,900.
Poirier Jacques, attaché de presse, ingénieur forestier,
classe II, échelon 6, traitement: $17,500; Tremblay
Hélène, secrétaire particulière adjointe,
secrétaire, échelon 8, $9,800.
M. Lessard: $9,800, secrétaire particulière
adjointe. Ce n'est pas payé plus cher que nos secrétaires.
M. Drummond: Nadine Ozenne, secrétaire particulière
adjointe, traductrice, classe III, échelon 7, $13,700. Hudon Jacques,
secrétaire particulier adjoint, classe I, échelon 7, $12,300.
M. Lessard: Programme 5 adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Programme 5,
élément 1, adopté, élément 2, adopté.
Programme 6: Gestion des terres publiques. Pas d'élément,
adopté.
Terres publiques M. Lessard: M. le Président, à la
gestion des terres publiques, nous avons la somme de $2,266,100 et ce programme
vise à effectuer les diverses transactions relatives à
l'aliénation ou à la location de certaines parties du domaine
public et à contrôler l'utilisation des terres publiques. En date
du 12 du neuvième mois, 1974, le ministère des Terres et
Forêts émettait un communiqué, dans lequel on disait: "Pour
une gestion effective de son domaine territorial, le gouvernement du
Québec doit exercer sa compétence juridictionnelle et spaciale
c'est bien dit d'ailleurs sur tout son territoire, notamment sur
la propriété et l'utilisation des espaces affectés ou
susceptibles d'être affectés d'un transfert de juridiction au
bénéfice du gouvernement fédéral et sur
l'affectation de lots frontaliers contigus à Terre-Neuve, aux
Territoires du Nord-Ouest, à l'Ontario."
La première question que je désirerais poser au ministre:
Est-ce que, comme responsable, semble-t-il, de cette juridiction et comme
responsable de la gestion des terres publiques, le ministre des Terres et
Forêts, par son ministère et par ses fonctionnaires, a fait une
étude de l'ensemble du territoire du Québec et pourrait nous dire
quelles sont actuellement les terres qui seraient susceptibles d'être
affectées d'un transfert de juridiction au bénéfice du
gouvernement fédéral et sur l'affectation des lots frontaliers
contigus à Terre-Neuve, aux Territoires du Nord-Ouest, à
l'Ontario et même, je dirais, M. le Président, à la baie
James?
Je reprends le communiqué sur lequel je suis complètement
d'accord, M. le Président. J'aimerais savoir si, concrètement,
cela veut dire quelque chose à l'intérieur du ministère
des Terres et Forêts.
M. Drummond: M. Jean-Noël Poulin, sous-ministre adjoint,
responsable du domaine territorial, peut bien répondre.
M. le Président, pour en arriver à mieux connaître
le territoire et les juridictions qui s'y exercent, le ministère des
Terres et Forêts a amorcé, il y a un peu moins d'un an, une
étude qui consiste à compiler les utilisations, les parcelles du
territoire, au Québec, par le fédéral. Ce travail est en
cours actuellement, on est en train justement de compléter ce travail
pour avoir une connaissance globale de l'utilisation des territoires par le
fédéral.
Au niveau du principe, nous portons une attention particulière
aux demandes de transfert de juridiction qui nous arrivent du gouvernement
fédéral pour des utilisations de leur compétence. Comme
vous le savez, lorsque des besoins s'exercent au niveau du
fédéral pour des espaces de terres publiques du Québec, la
politique du ministère des Terres et Forêts est de
procéder, après avoir examiné la demande et avoir convenu
de sa logique, par un transfert de juridiction et d'administration pour la
durée de l'utilisation prévue et, lorsque cette utilisation
cesse, il y a retour automatique de la juridiction au Québec.
M. Lessard: M. Poulin, j'aimerais savoir de façon plus
précise, étant donné le communiqué du
ministère des Terres et Forêts à ce sujet, quels
sont les territoires ou est-ce que le ministère des Terres et
Forêts possède actuellement une carte des territoires qui sont
susceptibles d'être utilisés ou d'être affectés par
un transfert de juridiction entre le provincial au profit du
fédéral? Là-dedans, j'inclus les possibilités de
parcs nationaux.
M. Drummond: Ce que nous sommes en train de compiler, ce sont les
territoires qui ont fait l'objet de transfert de juridiction ou qui sont
possédés, en toute propriété, par le
fédéral.
Nous n'avons pas encore une carte qui montre... Nous avons des documents
cartographiques partiels qui proviennent de l'étude. Notre objectif est
d'en arriver éventuellement avec une image cartographique de
l'occupation du territoire, par le fédéral.
Cette étude ne comporte pas de projection sur les
possibilités de parcs ou de d'autres utilisations, sinon les demandes
qui nous arrivent continuellement.
Par exemple, si le ministère des Transports veut installer un
phare de signalisation le long du Saint-Laurent ou le long du détroit
d'Hudson, à ce moment-là, il nous fait une demande, nous
évaluons cette demande et nous répondons affirmativement, si nous
jugeons que c'est valable, selon la modalité que j'ai mentionnée
tout à l'heure.
M. Lessard: Est-ce que, actuellement, vous possédez, au
ministère des Terres et Forêts parce que ce
communiqué a été émis le 12 septembre I974
une carte des territoires qui sont actuellement sous juridiction du
gouvernement fédéral ou propriété du gouvernement
fédéral?
M. Drummond: Non. Cette information, globalement, n'existe pas
encore. Comme je le mentionnais, notre objectif est justement d'obtenir cette
information. Il y a une partie de cette juridiction qui s'exerce sur des terres
publiques, qui ont fait l'objet d'un transfert de juridiction, sur lesquelles
nous avons un contrôle.
Mais il y a un grand nombre d'occupations de parcelles de terrain en
territoire québécois qui proviennent de transactions que le
fédéral a faites avec la propriété
privée.
Pour obtenir cette information, il nous faut passer par des recherches
assez laborieuses du côté du fédéral ou des bureaux
d'enregistrement.
M. Lessard: D'accord. Autrement dit, il y a beaucoup de
transactions que vous apprenez par les journaux, parce que ces transactions se
font entre le gouvernement fédéral et des particuliers?
M. Drummond: Exactement.
M. Lessard: Mais en ce qui concerne les transferts entre les deux
gouvernements, est-ce que vous possédez, de façon
cartographiée, des informations complètes à ce sujet?
M. Drummond: Nous n'avons pas une information cartographique
globale, nous avons toute l'information dans les dossiers particuliers, dans le
terrier du ministère des Terres et Forêts. Toutes et chacune des
transactions qui sont faites à partir des terres publiques, sous
juridiction du ministre des Terres et Forêts, sont inscrites et bien
détaillées dans nos dossiers.
Excepté que nous n'avons pas une compilation globale de toute
cette information qui serait pratiquement impossible à faire, parce que
le territoire est très vaste et, dans la grande majorité des cas,
les transactions sont sur des parcelles très minimes de territoire, ce
qui veut dire qu'une carte à petite échelle ne pourrait
pratiquement rien montrer là-dessus. Nous avons des dossiers...
M. Lessard: M. Poulin, vous avez commencé comme tel
à vous occuper de ce problème vers quelle période?
M. Drummond: Si on pense à la compilation de l'occupation
des territoires dans des villes comme Québec et Montréal, nous
avons amorcé ce travail il y a à peu près un an, j'imagine
bien, mais nous avions cette préoccupation depuis un bon bout de temps
déjà, évidemment.
M. Lessard: Connaissez-vous l'arrêté en conseil
1073-A?
M. Drummond: Qui concerne la création de?
M. Lessard: C'est quand même, depuis 1971, qu'on a...
M. Drummond: La cessation des activités de la commission
Dorion et...
M. Lessard: Oui. Quand je pose la question à M. Poulin, je
pose toujours la question au ministre. C'est en vertu quand même de
l'arrêté en conseil 1073-A du 24 mai 1971 que le premier ministre
du Québec avait confié à la direction
générale du domaine territorial la responsabilité
d'assurer la cohésion et la continuité des travaux de la
Commission d'étude sur l'intégrité du territoire du
Québec.
Je reste quand même surpris, M. le Président, que cela ne
fait que depuis à peu près un an qu'on se préoccupe au
moins de pouvoir cartographier ou de pouvoir analyser les
propriétés, les transactions ou les transferts de territoires qui
peuvent exister entre le gouvernement fédéral et le gouvernement
provincial concernant des territoires québécois. Nous sommes en
1975.
M. Drummond: C'est une constatation, ce n'est pas une
question.
M. Lessard: Oui, mais j'aimerais avoir des explications, M. le
Président.
M. Drummond: M. le Président, l'arrêté en
conseil 1073-A date de 1971. Je ne me rappelle pas la date exacte.
Depuis ce temps, le ministre des Terres et Forêts a quand même
créé un service qui s'appelle le service de
l'intégrité du territoire, qui a été une
addition...
M. Lessard: Depuis ce temps, à quelle date cela a-t-il
été constitué?
M. Drummond: Certainement avant l'étude de l'analyse des
crédits de l'année dernière. En 1972. On pourrait
peut-être souligner, M. le Président, que la création de ce
service est une expression de la volonté du ministre de faire quelque
chose. Je voudrais souligner que la compilation de l'occupation du
fédéral en territoire québécois, c'est une des
nombreuses préoccupations de ce service de l'intégrité du
territoire. C'est une des nombreuses activités. On peut mentionner, par
exemple, l'étude de tous les documents qui peuvent affecter
l'intégrité du territoire. On peut mentionner la confection
d'index, les tranches du rapport Dorion qui ont été rendues
officielles. On peut mentionner les nombreux problèmes qui nous arrivent
des différents ministères, qui concernent des questions de
frontière ou d'intégrité du territoire. Le service a
accompli déjà une tâche assez importante. Parmi ces
nombreuses tâches, parmi ces nombreuses activités, il y a cette
amorce d'une étude de l'occupation fédérale au
Québec qui a aussi été amorcée.
M. Lessard: M. le Président, comme le programme comme tel
d'intégrité du territoire sera discuté au programme 7, je
n'ai pas l'intention de continuer, parce que je veux discuter des
crédits qui sont prévus pour l'intégrité du
territoire. Je ne veux pas m'engager très profondément dans cette
discussion, quitte à revenir au programme 7 pour avoir des informations
supplémentaires, étant donné les crédits
très peu élevés que nous constatons. Cependant, toujours
au niveau de la gestion des terres publiques, j'aimerais revenir sur un
problème que j'avais discuté l'an dernier, mais sur lequel je
n'avais pu recevoir de réponse, parce que c'était sur ce
problème que s'était terminées, en fait, les
séances de la commission parlementaire, à savoir ce qu'est
devenue, dans la région de Maniwaki, l'affaire Carie.
On se rappelle, M. le Président je voudrais résumer
de façon très brève la question que je n'avais pas,
à ce moment, je pense, reçu les informations que j'avais
demandées. Dans l'affaire-Carle, il s'agit d'une cession de territoire
à des personnes.
M. Drummond: Est-ce que c'est la ville de Hull...
M. Lessard: Non, c'est le ministère. A un moment
donné, vous allez comprendre, M. le ministre. Dans cette affaire, M.
Réjean Carle avait loué du ministère des Terres et
Forêts une érablière, propriété de la
couronne. Cette érablière, en toute légalité,
devait plus tard être vendue à une organi- sation composée
de 71 Américains, 24 Ontariens, 70 Québécois et un
Anglais. Le prix: $7,750 ou encore $63.56 l'acre.
M. Drummond: On parle d'un l'Anglais de l'Angleterre ou quelqu'un
de langue anglaise?
M. Lessard: C'est un Anglais d'Angleterre.
M. Drummond: D'accord. C'était seulement une
précision.
M. Lessard: Chez nous, ce sont des anglophones. La transaction
remonte au 21 novembre I973. Elle était conclue par un
arrêté en conseil, alors que M. Carle avait déjà
reçu l'assurance qu'on allait renégocier ou qu'on allait lui
louer à nouveau l'érablière. Les bureaux régionaux
du ministère des Terres et Forêts n'auraient eu rien à voir
avec cette vente, ce qui expliquerait la location de l'érablière
le 25 février I974, alors que le lot était déjà
vendu. Autrement dit, c'est qu'on a reloué à M. Carie le lot en
question, alors que cela avait été tout simplement vendu aux
personnes que je viens de nommer. Les questions que je pose ici: Quelle
justification le ministre peut-il apporter? J'aimerais cette fois obtenir des
réponses à mes questions, parce que je me rappelle que, l'an
dernier, on avait terminé l'étude des crédits, alors que
j'avais lu une lettre que j'avais reçue de M. Carie lui-même, qui
m'expliquait le problème.
D'un côté, vous avez eu le ministère des Terres et
Forêts, qui a vendu le lot en question aux personnes dont je viens de
parler, alors que le bureau régional avait loué le même lot
à M. Réjean Carle. La première question que je pose est
celle-ci, et j'aimerais bien avoir les réponses: Quelle justification le
ministre peut-il apporter dans la vente du lot 9, rang 6, canton de Cameron,
à la compagnie Big Lodge Inc., une corporation constituée en
majeure partie de non-résidants du Québec? Le ministre est-il au
courant?
M. Drummond: Franchement, je ne le sais pas, à ce
moment-ci.
Actuellement, pour répondre, il nous faudrait avoir le dossier.
Il y a un fonctionnaire à qui nous pourrions demander de venir, si vous
croyez que la question pourrait être reportée à une
demi-heure, ou quelque chose comme cela.
M. Lessard: Je suis d'accord pour suspendre la discussion sur
cette question, mais j'entends la faire, parce que, l'an dernier, je n'ai pas
reçu les réponses aux questions que j'avais posées sur ce
sujet, et j'entends faire cette discussion. Personnellement, je n'ai aucune
objection à passer au programme 7, quitte à revenir au programme
6, par la suite.
Je m'excuse de déranger un fonctionnaire, mais cela me
paraît assez important.
M. Drummond: Si vous me permettez quand même un
commentaire, je dirai que les transactions qui se font sur des terres
publiques, au mi-
nistère des Terres et Forêts, ne se font pas
indifféremment dans les régions ou au centre. D'après la
procédure établie, les régions travaillent avec le centre,
elles font des études, des recherches et des recommandations au centre.
Les transactions sont faites de Québec, ce qui veut dire qu'il n'est pas
juste de dire qu'il y aurait eu une location faite dans la région, alors
que le centre faisait une autre transaction. S'il y avait eu deux
transactions...
M. Lessard: Je regrette, M. le Président. Il y aurait eu
véritablement location, le contrat avait été signé
par M. Réjean Carle, à ce moment, alors que, par la suite, il a
tout simplement appris que le terrain avait été vendu. En
principe, je suis bien d'accord sur ce que M. Poulin dit, c'est-à-dire
qu'il y a une certaine participation de la région, mais, par ailleurs,
dans le concret, il arrive assez souvent que les régions ne sont pas
informées de certaines décisions qui se prennent au niveau du
ministère.
M. Drummond: Si j'ai bien compris, M. le Président, le cas
soulevé n'est pas une location d'un terrain, mais un permis
d'érablière. C'est probablement la différence.
M. Lessard: C'est cela.
M. Drummond: D'accord. C'est une autre chose.
M. Lessard: Oui, mais c'était la même chose.
L'érablière était située sur le terrain.
M. Drummond: Sauf que le permis d'érablière est
émis par le service des exploitations forestières.
M. Lessard: Oui, mais il faudrait quand même avoir une
coordination.
M. Drummond: D'accord, mais il peut arriver qu'il y ait des
erreurs de ce genre.
M. Lessard: Des erreurs arrivent partout.
M. Drummond: Mais cela ne veut pas dire que la région peut
faire une location sans que le centre n'en soit avisé.
M. Lessard: En fait, l'arrêté-en-conseil de la vente
du terrain et de la cession des droits de la province sur la réserve
légale des trois chanes mon ami de Beauce-Sud n'est pas ici
a été adopté le 21 novembre I973, alors que la
location de l'érablière avait été faite par le
ministère des Terres et Forêts, permis d'exploitation d'une
érablière, le 25 février I974.
Alors, comment voulez-vous que la personne puisse exploiter son
érablière alors que le terrain était déjà
vendu? J'ai ici le contrat signé par le directeur du service
d'exploitation et qui se lit comme suit: "M. Réjean Carie, de Bouchette,
comté de Gatineau, ayant versé au ministre des
Finances la somme de $5.00 est par les présentes autorisé
à exploiter au cours du printemps I974 une érablière sise
sur partie du lot 9, rang 6, canton de Cameron, cela aux conditions
détaillées au verso et conformément aux dispositions de la
Loi des terres et forêts."
M. Drummond: On ne conteste pas qu'il puisse y avoir une erreur.
Il y a effectivement eu une erreur.
M. Lessard: Alors, on y reviendra. S'il y a eu erreur, je
voudrais bien avoir une justification sur la vente de ce terrain. Alors,
programme 6, suspendu, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Programme 6. Suspendu.
Programme 7: Connaissance géographique du territoire.
Connaissance géographique du territoire
M. Lessard: Quels sont les programmes qui sont prévus
cette année en ce qui concerne les levés et cartographie
intégrés?
M. Drummond: Du côté des levés et
cartographie intégrés, c'est un élément qui
comprend des activités multiples, et particulièrement les
activités en géodésie, cartographie, cadastre et arpentage
des terres publiques et, depuis deux ans que nous travaillons à
l'intérieur de cet élément de programme, nous avons des
activités qui sont de plus en plus précises et qui ont pour but
de réaliser un programme décennal, ce qui veut dire que nous nous
sommes fixé comme objectif de couvrir le territoire sud du
Québec, approximativement jusqu'au 52è parallèle de
latitude, avec une information provenant des différentes
activités que je viens d'énumérer.
Alors, au cours de l'année qui vient, nous avons des
activités prévues dans ces quatre domaines en particulier.
M. Lessard: Alors, votre responsabilité est de faire
toutes les cartes du Québec qui sont, soit pour consommation
intérieure, soit pour consommation extérieure.
M. Drummond: Notre responsabilité du côté de
la cartographie concerne les cartes de base à certaines échelles.
Il y a des cartes de la province qui sont produites à des
échelles par le fédéral, jusqu'à une certaine
échelle, par exemple, jusqu'aux cinquantes millièmes. Par la
suite, pour les besoins du Québec, le programme levés et
cartographie intégrés prévoit la production de cartes
à des échelles plus grandes et notre ministère a la
responsabilité de la production de ces cartes qui servent justement de
base à la cartographie thématique dans d'autres secteurs du
ministère.
M. Lessard: Est-ce qu'il y a au Québec un autre
ministère qui produit des cartes a part le ministère des Terres
et Forêts?
M. Drummond: II y a plusieurs ministères qui produisent
des cartes au niveau thématique. La plupart des ministères ou la
plupart des secteurs produisent des cartes thématiques. Notre rôle
au ministère...
La carte qui est devant le député de Saguenay à ce
moment-ci relève du ministère des Transports.
M. Lessard: Oui, mais, M. le Président, j'aimerais
continuer à entendre les explications de M. Poulin.
M. Drummond: Notre rôle, au ministère des Terres et
Forêts, consiste, en ce qui regarde le domaine territorial, à
produire des cartes de base; un autre secteur de notre ministère peut
exploiter un thème, comme le thème forêt, et reproduire,
à partir de cartes de base, des cartes forestières. De la
même façon, plusieurs ministères vont exploiter des
thèmes.
M. Lessard: Mais, comme ministère des Terres et
Forêts, comme ministère responsable de la gestion du territoire,
vous devez avoir une des premières responsabilités sur le
contrôle des limites du territoire québécois. Normalement,
est-ce qu'on pourrait s'attendre qu'à l'intérieur ou entre les
différents ministères, les cartes puissent être semblables
ou que, en ce qui concerne le territoire ou la superficie du territoire
québécois, les cartes puissent être semblables?
M. Drummond: II est évident que les cartes devraient
être semblables, mais tout dépend des cartes utilisées au
départ. Par exemple, on peut imaginer un ministère qui va
exploiter ou indiquer un thème sur des cartes du fédéral,
par exemple, sur des cartes agrandies ou sur des cartes qui seront
dessinées à partir d'un assemblage de cartes, et il arrive alors
assez fréquemment que cela amène des différences.
L'idéal et ce que tous ont comme objectif, c'est d'en arriver à
une carte de base unique.
M. Lessard: Mais vous n'avez, comme ministère des Terres
et Forêts, aucun contrôle sur la fabrication des cartes de certains
autres ministères. Etes-vous responsable du territoire au Québec
et de la gestion de l'ensemble du territoire et de nous dire quelle est la
superficie totale du territoire québécois? Est-ce le
ministère des Terres et Forêts ou si c'est le ministère des
Transports?
M. Drummond: Disons que nous avons...
M. Lessard: C'est parce que je voudrais me comprendre dans les
cartes québécoises. J'aimerais me comprendre à un moment
donné, de temps en temps.
M. Drummond: Oui. Si vous voulez bien comprendre, lisez bien les
cartes du ministère des Terres et Forêts.
M. Lessard: D'un côté, j'ai des cartes du
ministère des Terres et Forêts et, de l'autre côté,
j'ai des cartes qui proviennent d'autres ministères et je me demande qui
a raison.
M. Drummond: Oui, d'accord.
M. Lessard: J'ai ici une carte qui provient d'un
ministère, la carte routière du Québec. Une partie de la
carte me donne la circonscription électorale de Duplessis, et la
circonscription électorale de Duplessis se fait selon une certaine
sinuosité qui nous permet de gagner du territoire sur le Labrador. Tout
à coup, quand j'arrive dans le résumé de la carte, la
sinuosité ne se fait plus. On arrive au 52e parallèle et c'est le
territoire du Labrador. Dans une partie du territoire, vous avez une
détermination du comté de Duplessis et là, on se
promène du nord au sud et ainsi de suite. Tout à coup, quand on
arrive, c'est le 52e parallèle, c'est la limite du territoire
québécois. Je me dis une chose. Est-ce qu'il y a un
ministère au Québec qui va nous dire ce qu'est notre territoire?
La même carte se contredit d'une façon flagrante et on en a une
troisième où, le Labrador, en mars 1975, n'y est plus. Il n'y en
a plus. On est propriétaire du Labrador.
M. Drummond: Par contre, peut-être que M. Poulin est au
courant de la carte en question, mais moi, je l'ai reçue seulement
l'autre jour et j'étais bien heureux de l'avoir, parce que je n'avais
pas de carte routière de la province de Québec. Mais, quand
même, c'est une carte qui a servi à indiquer les routes de la
province de Québec et, comme un petit extra, on avait donné les
comtés. Le ministère a préparé des cartes des
comtés et...
M. Lessard: Pauvre M. Gallienne, il voudrait bien savoir dans
quel comté il est et quelle est sa superficie de comté.
M. Drummond: Je dirais qu'en ce qui concerne les routes, c'est
probablement une très belle carte et c'est efficace.
M. Lessard: Je pense que c'est plus grave que ça, M. le
Président.
M. Drummond: Non, je ne pense pas. Qu'on doive avoir une
meilleure cohérence, d'accord, mais quand même, une carte est un
travail de base pour toute une gamme de choses, on peut se faire imposer
n'importe quoi sur des cartes.
M. Lessard: Justement, il ne faudrait pas que le gouvernement
perde la carte.
M. Drummond: Si la carte n'était pas tellement bien faite,
on peut faire une critique, si c'est sur la carte. Je ne sais pas si M...
M. Lessard: M. le Président, ce n'est pas une question de
savoir si les cartes sont bien faites ou ne sont pas bien faites.
M. Drummond: Les délimitations à l'intérieur
des cartes.
M. Lessard: Les cartes sont bien faites et nous donnent, à
un moment donné, un certain nombre d'informations qui nous sont
essentielles. Mais le problème que j'ai, comme citoyen
québécois, c'est que je voudrais bien savoir dans quel pays je
vis et quelle est la superficie de mon territoire.
M. Drummond: On habite le Canada.
M. Lessard: En tout cas, dans quelle province je vis...
M. Drummond: C'est le Québec.
M. Lessard: ... si je veux parler en termes colonisés.
M. Drummond: C'est le Québec.
M. Lessard: J'ai trois cartes, une carte de mars I975 en
fait, c'est toujours mars I975 le volume communiqué du
ministère des Communications indique le Labrador comme territoire
québécois. C'est la première carte, celle-là. Il
n'y a plus de limites de frontières, il n'y a rien, c'est mon
territoire. Moi, je crois que ça devrait être ça; en tout
cas, on ne commencera pas à prendre les armes pour le regagner mais il
va falloir qu'on dise aux citoyens québécois ce qu'on a comme
territoire. Mars 1975, le Québec tel quel, indique le Labrador comme
faisant partie de Terre-Neuve. Vous avez celle-là, une autre carte,
même mois, mars I975 et on constate que la limite territoriale est le 52e
parallèle. Vous n'avez pas de sinuosité, de superficie, vous
voyez ce que ça peut donner, superficie totale... c'est le
ministère des Communications... superficie totale, 1,540,681
kilomètres carrés ou 594,860 milles carrés. Si l'on tient
compte des prétentions du Québec sur le golfe Saint-Laurent,
encore une chose qu'on ne sait pas, la superficie totale atteindrait 1,648,266
kilomètres carrés ou 636,400 milles carrés.
On constate qu'à ce moment-là, c'est le 52e
parallèle qui détermine la limite entre le comté de
Duplessis et la province de Terre-Neuve. Là, c'est que le Labrador fait
partie de Terre-Neuve.
On a une troisième carte et là, ce sont les deux
qui nous donne des divisions électorales du Québec et, en
fait, on constate que le Labrador fait partie du territoire de Terre-Neuve et
que la frontière est différente. On se promène, vous
n'avez plus le 52e parallèle, mais ça se promène du nord
au sud. Notre cher député Gallienne se pose des questions et je
voudrais bien l'informer pour savoir si ce comté fait partie de sa
circonscription électorale ou pas, s'il peut dépasser le 52e
parallèle sans être organisé par Terre-Neuve. Il y a
surtout comme conséquence qu'au point de vue de la
propriété des richesses naturelles, je pense que c'est
très important.
Une autre chose qu'on constate, c'est que cette carte qui est
destinée à l'étranger, ce n'est pas pour les
indigènes québécois; la carte qui est envoyée
à l'étranger, on ne la donne pas aux indigènes
québécois, c'est celle-là. C'est-à-dire que
là, les frontières du Labrador sont considérées
comme étant propriété de la province de Terre-Neuve et
sont bien indiquées. Les indigènes québécois, ce
n'est pas leur carte, on ne la leur donne pas, c'est la version canadienne.
Pour consommation intérieure, pour les indigènes
québécois, c'est celle-là.
M. Drummond: C'est le même ministère? M. Lessard:
Oui, c'est le même ministère. M. Drummond: II y en a
beaucoup.
M. Lessard: Nous voici avec trois cartes du territoire
québécois. J'aimerais bien qu'on sache où on en est. Je
voudrais bien savoir, si je déménage au-delà du 52e
parallèle, si on me reprend par une sinuosité quelconque, je
voudrais bien savoir à qui je vais payer les impôts.
Il me semble que le ministère... On tente de badiner, mais c'est
quand même assez sérieux, une des choses importantes pour un pays,
c'est de savoir qu'est-ce que c'est, son pays.
Là, on a trois cartes qui nous indiquent des superficies
différentes, selon qu'on accepte tel principe ou tel autre, telle partie
de territoire ou telle autre, etc.
Le ministère des Terres et Forêts, là-dedans, quelle
est sa fonction précise?
M. Drummond: Le ministère des Terres et Forêts a une
compétence, non seulement du côté cartographique, mais
aussi du côté de la description officielle des territoires. Ce qui
veut dire qu'on peut accepter, je pense bien, que si on veut avoir une image de
la prétention québécoise en matière de territoire,
c'est effectivement les cartes du ministère des Terres et Forêts
qui devraient être utilisées.
M. Lessard: La carte du ministère des Terres et
Forêts, je n'en ai pas. Laquelle des trois? Je n'en ai pas. Il doit y en
avoir une au ministère des Terres et Forêts, laquelle des
trois?
M. Drummond: II arrive que ce que vous nous montrez là,
pour les gens de notre service de la cartographie, ce ne sont pas des cartes,
ce sont des images faites par des graphistes qui ont voulu illustrer une
idée...
M. Lessard: C'est basé quand même sur des
cartes.
M. Drummond: D'accord. Mais peut-être qu'on devrait parler,
dans ce cas-là, d'une image, parce que ce n'est pas une carte...
M. Lessard: Mais l'image est quand même importante.
M. Drummond: D'accord.
M. Lessard: Si ce n'est pas concrétisé à
l'intérieur des cartes, l'image va être différente, parce
que là, il y a une image différente. Cela veut donc dire que
concrètement, à un moment donné, cela correspond quand
même à une carte.
M. Drummond: Exactement.
M. Lessard: Tandis que là, l'image est différente.
Cela veut dire que, si moi, je prends une photographie à un moment
donné, cela représente quelque chose. Si l'image ici est
différente, c'est parce que la carte doit être
différente.
M. Drummond: La carte que vous tenez actuellement...
M. Lessard: Mais c'est bon que cela représente une image,
hein?
M. Drummond: Pourquoi?
M. Lessard: Selon qu'on a un ministère qui veuille gagner
du territoire et qui veuille reconnaître l'intégrité du
territoire. On a probablement cette carte. Selon qu'on a des ministères
qui ne veulent pas l'accepter, on a cette carte-là.
M. Picotte: Cela doit avoir été fait à la
maternelle.
M. Harvey (Dubuc): Moi, je serais dans les autres cartes.
M. Lessard: Non, je pose la question. Ici, c'est la cartographie.
On étudie...
M. Pagé: Je pose la question, étant donné
que cela émane des communications.
M. Drummond: Comme vous le savez, vous connaissez fort bien le
problème du Labrador, la frontière du Labrador, c'est ce qui est
illustré dans les différentes illustrations que vous avez.
Sur les cartes officielles du ministère des Terres et
Forêts, la carte principalement au 1,250,000e, le tracé de 1927,
qui définissait le Labrador comme appartenant à Terre-Neuve et
suivant le 52e parallèle, jusqu'à la rivière Sainte-Anne,
et de là, à la hauteur des terres, jusqu'à la pointe
extrême du Labrador-Ungava, jusqu'à l'île Killinek, n'a
jamais été indiqué sur les cartes du Québec.
M. Lessard: Cela n'a jamais été indiqué sur
la carte du ministère?
M. Drummond: Cela n'a jamais été indiqué.
Vous êtes aussi familier avec l'inscription qui est indiquée sur
la carte. Depuis quelques années, plusieurs des utilisateurs des cartes
nous disent, à nous et à d'autres ministères, que
même si le
Québec n'a pas reconnu officiellement le tracé de I927, il
faudrait trouver un moyen de l'indiquer parce que, au niveau de
l'administration, on ne se reconnaît pas, on ne sait pas où le
tracé de 1927 serait.
Ce qui explique que dans certains ministères, probablement, on a
voulu indiquer la ligne de hauteur telle que le définissait le
tracé de 1927, du Conseil privé. Ce qui explique que, si des
ministères ont voulu indiquer sur leurs cartes, ce tracé de 1927,
ou la hauteur des terres, cela fait une source de renseignements
différente de celle du ministère des Terres et Forêts qui
ne montrait pas cette ligne de hauteur.
M. Lessard: II serait peut-être bon qu'on indique, par une
petite étoile, qu'il s'agit d'un tracé théorique, parce
que le gouvernement du Québec n'a jamais reconnu officiellement...
Officiellement, il ne faut pas charrier, officiellement; parce que,
officieusement, cela fait longtemps que tout le problème est
réglé.
M. Drummond: La politique...
M. Lessard: Ce que je veux, c'est une réponse claire.
M. Drummond: ... de notre ministère, pour essayer de
rendre le service, de montrer où serait la ligne de hauteur s'exprime
actuellement d'une façon différente. Sur nos cartes, celles des
Terres et Forêts, nous faisons le projet sur les cartes à petites
échelles. Nous avons commencé effectivement sur des cartes
à très petites échelles à indiquer la ligne de
hauteur avec un liséré ou un symbole différent des autres
frontières interprovinciales, en identifiant ce tracé, comme avec
la note tracée de 1927 du Conseil privé et avec une note sur nos
cartes qui indique que le tracé de 1927, indiqué par un symbole
différent des autres frontières n'est pas définitif. C'est
l'attitude que nous avons adoptée depuis moins d'un an au
ministère des Terres et Forêts.
En ce qui concerne les autres documents, par exemple, comme ceux que
vous nous avez montrés, nous en avons vu. Nous-mêmes, nous avons
constaté cela à de nombreuses occasions. La plupart du temps,
nous intervenons pour apprendre que c'est tout simplement un graphiste qui a
fait une image.
M. Lessard: A part de s'amuser comme des enfants d'école
à cartographier d'une façon différente selon qu'on accepte
ou pas la limite territoriale de Terre-Neuve, quelles sont les mesures
concrètes si, en fait, le ministère des Terres et Forêts ne
reconnaît pas officiellement, à un moment donné, le
territoire du Labrador comme étant le territoire de Terre-Neuve, qu'on a
pu prendre pour continuer de négocier avec le gouvernement
fédéral pour faire en sorte que cela se concrétise dans
les faits, ces discussions, je dirais même théologiques, si vous
voulez, ou philosophiques, comme
vous voudrez, sur la frontière Terre-Neuve-Québec?
C'est bien beau, à un moment donné, de s'amuser à
cartographier d'une façon différente et d'en donner une pour les
indigènes québécois et une autre, à un moment
donné, pour l'étranger. Mais concrètement, cela veut dire
quoi? En fait, c'est que, quand vous êtes situés à
l'intérieur du territoire du Labrador, les compagnies du Labrador, les
compagnies paient des taxes à Terre-Neuve et, si vous êtes
situés, à un moment donné, à l'extérieur de
cette limite, vous payez des taxes au Québec. Mais, concrètement,
le gouvernement du Québec si c'est le ministère des Terres et
Forêts qui a reçu, en vertu de l'arrêté en conseil
1073 de 1971, un contrôle concernant l'intégrité du
territoire... Cela veut dire quoi d'une façon concrète?
M. Drummond: Au niveau du ministère des Terres et
Forêts, M. le Président, nous sommes intervenus encore
récemment auprès du ministère des Affaires
intergouvernementales pour lui faire part, à peu de chose près,
de la situation que le député...
M. Lessard: Ils ne sont pas sérieux, eux autres.
M. Drummond: Je pense que la réaction a été
très sérieuse, au contraire, parce que c'est un problème
qui devient de plus en plus évident quand on pense aux activités
qui s'étendent vers ces territoires. Le problème au niveau du
ministère a été passé au ministère des
Affaires intergouvernementales qui a la responsabilité des
négociations et ainsi de suite.
Du point de vue technique, le problème a été
soulevé et je pense le démontrer adéquatement.
M. Lessard: Que Dieu me protège de ces
négociations, M. le Président, parce qu'on sait bien que cela ne
donnera pas grand-chose. De toute façon, je souhaite une chose,
qu'à un moment donné on vienne à s'entendre au moins
à l'intérieur du gouvernement québécois pour
reconnaître quelque chose. Ou bien, concrètement, cela ne veut
rien dire, la carte telle qu'on la reconnaît, c'est-à-dire de
façon intégrale en acceptant que le territoire du Labrador fasse
partie du territoire du Québec ou qu'on reconnaisse, à un moment
donné, concrètement que le territoire du Labrador fait maintenant
partie de Terre-Neuve. On aurait peut-être la possibilité, si on
était vraiment sérieux, d'en appeler à la Cour
internationale de justice. Seulement, je considère que le gouvernement
du Québec, de ce côté, n'a jamais été
très sérieux, et même lorsqu'il y a eu les ententes de
Churchill Falls, on a, de façon concrète, reconnu, les limites du
Labrador. Qu'on arrête donc de créer des espoirs auprès des
Québécois sur ces ressources qui ne nous appartiennent plus.
M. Drummond: Je ne pense pas qu'on ait créé
beaucoup d'espoir en ce qui concerne certains problèmes quand même
soulevés par le dé- puté de Saguenay. Je suis le premier
à admettre qu'on doit avoir une meilleure cohérence en ce qui
concerne la projection de l'image du Québec ou à
l'extérieur ou à l'intérieur. Je remercie le
député de me l'avoir signalé, parce qu'il a raison.
M. Lessard: Est-ce que le ministre est au courant qu'un groupe de
spécialistes, ingénieurs et arpenteurs-géomètres du
gouvernement du Québec sont en train actuellement de fai/e l'arpentage
de ce territoire en collaboration avec le gouvernement de Terre-Neuve et que
cet arpentage se fait du côté ouest de la frontière du
Labrador? Est-ce que le ministre est informé de cela? Est-ce que le
ministre pourrait me donner certaines explications?
M. Drummond: Le ministre n'est pas informé de cela.
M. Lessard: II est important, parce que...
M. Drummond: Si de tels travaux se faisaient, il arriverait que
le ministre n'en serait pas informé. Nous avons été bien
surpris de lire la nouvelle dans les journaux. Le ministre s'est
inquiété de cette nouvelle. Il a pris des informations pour se
rendre compte que personne ne pouvait lui expliquer cela, sinon que quelqu'un
nous a dit qu'il y avait un journaliste quelque part qui aurait bien
aimé soulever une question et attirer l'attention. Le ministre a
même appris que ce jounaliste était désappointé de
voir que cela n'avait pas fait beaucoup de bruit.
M. Lessard: Donc, il n'y aurait aucun fonctionnaire du
gouvernement du Québec qui serait sur les lieux pour faire l'arpentage
de ce territoire?
M. Drummond: Absolument pas. D'autant plus que les seuls
arpentages valables qui pourraient être faits sur des terres publiques ou
le long des frontières ne pourraient être exécutés
qu'avec des instructions officielles du ministre des Terres et Forêts. Il
n'y a jamais eu non seulement d'instructions émises, mais même pas
de négociation ou de discussion à ce sujet. Ce n'est absolument
pas fondé.
M. Pagé: C'était dans le Jour?
M. Lessard: Non, c'est une nouvelle, si le député
me permet, qui a été publiée dans le journal L'Elan
Septilien, de Sept-lles, en date du 26 février I975, page 3.
M. Pagé: Parce que c'est le genre de nouvelles qui est
propre au Jour, les gros ballons.
M. Lessard: Est-ce que vous voulez parler, à un moment
donné, de certaines affiliations entre Dédé Desjardins et
le Parti libéral?
Une Voix: Ce n'est pas dans le programme 7. Une Voix:Cela commence à vous inquiéter?
Le Président ( M. Lafrance): Elément I, programme
7, le ministère des Terres et Forêts.
M. Lessard: Vous demanderez au premier ministre quand il va
pouvoir...
Le Président ( M. Lafrance): Crédits du
ministère des Terres et Forêts, programme 7, élément
I. Il y a une autre commission où on discute de cela, on peut
changer.
M. Lessard: Oui, M. le Président. Quels sont les
principaux territoires sur lesquels on a actuellement l'intention de faire
cette année des levés de cartographie?
M. Drummond: Nous allons avoir des activités dans
plusieurs territoires. Nous avons des activités qui ont
déjà débuté il y a quelques jours à
l'île d'Anticosti. Nous en avons qui sont prévues pour une partie
de l'Abitibi. Si on parle de la cartographie, on peut mentionner que nous avons
des projets de cartographie dans une partie du Lac-Saint-Jean, dans la
région de Montréal, le Québec métropolitain, la
région de Rouyn-Noranda, l'île d'Anticosti. Les activités
de géodésie se retrouvent approximativement dans les mêmes
territoires. Est-ce que cela répond à la question?
M. Lessard: Elément I, adopté.
Le Président ( M. Lafrance): Elément I,
adopté. Elément 2.
M. Drummond: Nous avons cette année, dans le Québec
métropolitain, des travaux de photographie aérienne, de
cartographie et de cadastre dans certaines parties du territoire. Par exemple,
on a la compilation cadastrale sur l'île d'Orléans, nous avons du
travail dans Bélair et quelques autres endroits que je pourrais vous
mentionner si vous le désirez.
Le Président (M. Lafrance): Elément 2,
adopté.
M. Lessard: Adopté. Le Président (M. Lafrance):
Elément 3.
Intégrité du territoire
M. Lessard: Elément 3: Intégrité du
territoire. J'avais suspendu cette discussion tout à l'heure.
Le Président (M. Lafrance): On avait suspendu
l'étude du programme 6, si vous voulez, c'est presque la même
chose.
M. Lessard: D'accord! Cela se rejoint. J'avais suspendu cette
discussion, à un moment donné, pour ne pas...
Le Président (M. Lafrance): On peut adopter le programme 6
de toute façon. Il y a quelqu'un...
M. Drummond: Pourrais-je savoir quelle est la question exacte qui
a été posée?
Le Président (M. Lafrance): On va vous la
répéter avec plaisir.
M. Lessard: M. Lizotte? Je connais très bien M. Lizotte de
nom. M. Lizotte, on s'excuse de vous avoir dérangé à 9 h
30 ce soir pour venir nous donner un certain nombre de renseignements.
Le problème que j'avais soulevé concerne ce qu'on appelle
maintenant l'affaire Carie. J'avais tantôt résumé la
situation comme ceci: On se rappelle que M. Réjean Carie, au mois de
février 1974 avait obtenu de la direction du service de l'exploitation
un contrat d'utilisation du territoire, soit le lot no 9, au prix de $5, et
qu'il était, par les présentes, autorisé à
l'exploiter au cours du printemps 1974. Je ne peux vous donner la
signature...
M. Drummond: Ce n'est pas nécessaire.
M. Lessard: Par ailleurs, en date du 21 novembre 1973, ce
territoire avait été vendu par l'arrêté en conseil
no 424473 qui dit: "Attendu que, par ailleurs, afin de compléter son
établissement, la requérante désire acquérir le lot
9 des mêmes rangs et cantons contenant 128 acres et qu'il y a lieu de
donner suite à cette requête, etc.; "En conséquence, le
ministre des Terres et Forêts est autorisé à céder,
par lettres patentes, à Big Lodge Ltd, de Point Comfort, tous les droits
que la province peut avoir sur la réserve légale de trois
chaînes qui paraît affecter, en raison du caractère
présumé de non-navigabilité d'un lac sans nom et des lacs
Walt et Malone et de leurs décharges pour une superficie estimée
à 106.2 acres, les lots 1 à 8 inclusivement du rang 6 de
l'arpentage primitif du canton de Cameron, moyennant une considération
pécuniaire de $6,750 correspondant à $63.56 l'acre; à
vendre, par lettres patentes, à la même corporation le lot 9 du
rang 6 de l'arpentage primitif du canton de Cameron formant 128 acres, y
compris la réserve légale de trois chaînes au prix de
$7,750 correspondant à $60.54 l'acre."
De qui est constituée cette société? Elle
était, à ce moment-là, constituée de 71
Américains, 24 Ontariens, 70 Québécois et 1 Anglais
d'Angleterre. Je précise, M. le Président.
Si les membres de la commission parlementaire veulent prendre
connaissance du lot 9, on constate justement qu'en vendant le lot 9, qui en
fait bloque l'accès d'un lac qui est quand même assez important,
le lac de l'Achigan. J'aimerais avoir certaines explications. Quelle
justification le ministre peut-il apporter dans le cas de la vente du lot 9,
rang 6, canton de Cameron à la compagnie Big Lodge Inc., une corporation
constituée en majeure partie de non résidants du Québec et
cela correspond-il à la politique du ministère des Terres et
Forêts, alors que le ministre nous affirme qu'il a la
responsabilité de l'intégrité du territoire et surtout de
la non-aliénation du territoire au profit des étrangers?
M. Drummond: L'histoire du lot 9, du rang 6,
du canton de Cameron remonte d'abord à très longtemps
parce que, dans ta Gazette officielle du 1er juin 1968, on découvre que
Charter Credit Corporation and Natofin Limited ont pris une action en dommages
contre Pongala Ltd et les ont mis en faillite et ces lots ont été
vendus par le shérif. Il faut dire que le lot A et que les lots I
à 8 du rang 6, du canton de Cameron étaient déjà
patentés et, dans la liste qui a été incluse dans la
faillite, le lot 9 a aussi été inclus. Vous allez retrouver cela
à l'article 15 de la Gazette officielle du 1er juin 1968.
Alors, à la suite de la lecture de la Gazette officielle, les
employés du service des terres ont constaté cela
s'appelait le service des terres à l'époque au ministère
des Terres et Forêts que le lot 9 ne devrait pas faire partie de
la transaction, lot qui est mentionné à l'article 15. Alors,
étant donné que la compagnie Big Lodge Limited, qui est quand
même une compagnie incorporée en vertu d'une loi canadienne, avait
déjà payé, lors de la vente par le shérif, pour le
lot 9, on a considéré qu'elle avait des droits, ce qu'on peut
appeler des droits précaires, même si le lot n'avait jamais
été patenté auparavant.
Alors, à la suite d'une négociation, on en est venu
à consentir la vente du lot 9, y compris la réserve des trois
chaînes et en même temps, par le même arrêté
ministériel, on a régularisé la réserve des trois
chaînes, la première partie de l'arrêté en conseil
que vous avez lu...
M. Lessard: Régularisé comment?
M. Drummond: On a régularisé la vente du lot 9,
l'acquisition par l'intermédiaire du shérif et on a, en
même temps, concédé les droits que la province pouvait
avoir sur la réserve des trois chaînes sur le lot A et les lots I
à 8 inclusivement du rang 6 qui étaient la
propriété de Big Lodge Ltd, qui l'avait acquis par vente par le
shérif. Alors, la vente du lot 9 n'est ni plus ni moins que la
confirmation d'un titre précaire que cette compagnie avait
déjà acquis par la vente par le shérif.
M. Lessard: Donc, la compagnie était propriétaire
du lot, légalement, d'après vos...
M. Drummond: Si la compagnie avait été
propriétaire, on ne lui aurait pas vendu, mais la compagnie avait quand
même des titres précaires.
M. Lessard: Des titres précaires...
M. Drummond: ... provenant de la vente exécutée par
le shérif et pour laquelle...
M. Lessard: N'y aurait-il pas été mieux pour le
ministère des Terres et Forêts de racheter ces titres
précaires? S'est-on posé la question?
M. Drummond: Le dossier remonte à 1968. Ce que je vous dis
là, c'est assez difficile de vous dire si on a étudié la
question ou non. Habituellement, on l'étudie. On a confirmé, par
la suite, la vente du lot 9 parce que cela faisait un tout avec l'occupa- tion
de Pongala Limited du début qui n'avait jamais été
contestée, d'ailleurs.
Pour ce qui est de la date de vente, les lettres patentes ont
été émises le 4 janvier 1974. Maintenant, vous nous dites
qu'un permis d'érablière a été émis le 25
février 1974, ce qui est postérieur à cette date. Il est
possible que le service d'exploitation n'ait pas été
informé immédiatement et si les lettres patentes sont
datées du...
M. Lessard: La main droite ne sait pas ce que la main gauche
fait.
M. Drummond: ... 4 janvier 1974. De temps à autre, la main
droite n'apprend pas immédiatement ce que la main gauche peut faire.
Le délai était tellement court entre les deux et la
période d'enregistrement aussi. La date de la lettre patente est le 4
janvier 1974.
M. Lessard: J'ai bien compris. D'ailleurs, j'avais
précisé...
M. Drummond: Alors, du 4 janvier 1974 au 25 février 1974,
avant que les lettres patentes reviennent chez nous, après signature par
le lieutenant-gouverneur, cela prend toujours au moins quelques jours, avant
qu'on les enregistre au terrier, cela prend aussi quelques jours, alors il est
fort possible que, lorsque M. Carle a fait sa demande de permis
d'érablière au mois de février, l'enregistrement n'ait pas
encore été fait ou que le service de l'exploitation, qui s'occupe
de l'émission de permis d'érablière, soit venu nous
consulter au début de février et n'émette le permis
qu'à la fin de février.
M. Lessard: Est-ce qu'en même temps, vous avez vendu le lac
de l'Achigan?
M. Drummond: Non, monsieur. L'eau n'est jamais vendue.
M. Lessard: Est-ce que vous avez prévu un droit de passage
pour les Québécois pour avoir accès au lac de
j'Achigan?
M. Drummond: Non, monsieur.
M. Lessard: Alors, comment peuvent-ils avoir accès au lac
de l'Achigan?
M. Drummond: Ils peuvent avoir accès par avion ou
autrement...
M. Lessard: On sait qu'il y a beaucoup de Québécois
qui ont des avions.
M. Drummond: De toute façon...
Une Voix: Est-ce que c'est une propriété
privée?
M. Lessard: Oui, c'est une propriété privée,
en vertu de l'article 41 de la Loi des terres et forêts.
M. Giasson: Le lac de l'Achigan est-il un club privé de
chasse et pêche?
M. Drummond: II l'était jusqu'à ce qu'on
régularise cette situation.
M. Giasson: C'est-à-dire que si moi, à pied, je
voulais me rendre au lac de l'Achigan...
M. Drummond: Vous ne pourriez pas le faire à l'heure
actuelle.
M. Giasson: En vertu de quelle disposition? M. Lessard:
Propriété privée.
M. Drummond: Parce que le tour du lac est
concédé.
M. Giasson: Oui, mais moi, je possède des terrains
privés et n'importe qui s'en va pêcher dans les lacs qui
sont...
M. Lessard: Oui, mais vous pouvez les arrêter.
M. Drummond: Vous pouvez leur interdire le passage.
Cela n'enlève pas le droit de pêche.
M. Giasson: Oui, mais il n'y a pas... pour empêcher les
citoyens québécois de circuler en forêt.
M. Lessard: Ce sont des lois théoriques. On a
théoriquement le droit au lac de l'Achigan.
M. Drummond: Sûrement. M. Lessard:
Théoriquement.
M. Drummond: Théoriquement, parce que l'eau est toujours
propriété de la province.
M. Lessard: Pratiquement, qu'est-ce que cela veut dire?
M. Drummond: A moins qu'autrement concédé.
M. le Président, il n'est pas dans la politique du
ministère des Terres et forêts de concéder ou de vendre des
lots simplement parce qu'il y a une demande qui est faite à cet effet.
Le ministère fait tout son possible pour éviter de
concéder des terrains qui pourraient restreindre l'accès aux eaux
ou à certaines parties du territoire. Qui plus est, le ministère
considère actuellement, dans la préparation éventuelle
d'une politique foncière, d'autres attitudes, mais il arrive que la
politique a été, depuis quelques années, de
concéder des terres publiques lorsque le ministère, après
avoir examiné la situation, considère qu'il y a, comme M. Lizotte
le mentionnait, des titres précaires, mais des titres qui sont
déjà rendus assez loin qu'à toutes fins pratiques, les
territoires, le lac sont déjà enclavés. Dans ces cas,
plutôt que, comme ce fut le cas ici, d'après ce que je peux voir
au dossier, d'accepter qu'il y ait eu un jugement et une vente par le
shérif, le ministère a essayé, quand même, de
régulariser par une vente, avec un bien. Mais ce n'est pas une politique
du ministère des Terres et Forêts qui veut éviter
d'enclaver des terres publiques pour garder cela au service des citoyens, il
n'y a pas de doute.
M. Lessard: Mais, en fait, quand vous parlez de titres
précaires, c'est à la fois précaire pour les
propriétaires et précaire pour le ministère.
C'est-à-dire que cela aurait pu être contesté par le
ministère des Terres et Forêts.
Voici la question que je pose. Etant donné la superficie assez
considérable du lac de l'Achigan, d'après ce que je peux voir sur
la carte, étant donné la responsabilité du
ministère en ce qui concerne la protection du territoire
québécois et l'accessibilité des lacs pour le public,
est-ce que le ministère n'aurait pas dû trouver un terrain
d'entente pour garder ce territoire aux Québécois?
Je vous le dis, surtout après le rapport Legen-dre, cela a
été consacré, et le rapport Legendre dit très bien
qu'au Québec l'accès à l'eau est devenu un scandale. Par
la suite, vous avez eu le rapport Dorion, qui parlait de
l'intégrité de notre territoire. Je vois un immense territoire,
un vaste territoire qui a été tout simplement cédé
par notre ministère des Terres et Forêts, dont la
responsabilité est de protéger le territoire public. Tel que le
soulevait tout à l'heure le député de L'Islet, il est vrai
qu'on demeure théoriquement propriétaire du lac de l'Achigan,
théoriquement, je dis bien, pratiquement, ça veut dire quoi? Cela
veut dire absolument rien pour 99.9% de la population
québécoise.
M. Drummond: De toute façon, pour l'atteindre, avec les
chemins qui existent actuellement, il faut nécessairement passer sur la
propriété privée et commencer par traverser le lot I, le
lot 2, le lot 3, le lot 4 et aller jusqu'au lot 8, qui est une
propriété privée.
M. Lessard: Etant donné les nouvelles politiques, les
grandes politiques à la fois du ministère des Terres et
Forêts et du ministère du Tourisme concernant l'accès du
territoire, on pouvait s'attendre que des chemins pouvaient être
construits, parce que des chemins ne se construisent pas seulement pour les
compagnies forestières.
M. Drummond: Je pense que la construction d'un chemin pour
atteindre le lot 9 en particulier, en évitant les terres publiques,
aurait été tellement dispendieuse qu'il n'y a pratiquement
pas...
M. Lessard: C'était considéré comme un
territoire, un groupement de villégiature.
M. Drummond: On ne peut pas dire que c'est un groupement de
villégiature, sauf qu'à l'heure actuelle cela existe encore. Il
faut dire que c'est un ancien club de chasse et de pêche.
M. Lessard: Oui, c'est ça.
M. Drummond: Toutes les constructions qui sont là sont
utilisées à tour de rôle par les membres pour fins de
villégiature; au lieu d'avoir chacun son chalet privé, si vous
voulez, ils utilisent ce qu'ils appellent une espèce d'ancienne
hôtellerie qu'ils avaient ou un grand camp communautaire; les gens
peuvent s'y rendre par groupe. Moi, j'y suis allé, je n'ai pas
compté le nombre de lits qui pouvaient être occupés, mais
je pense qu'on peut occuper une quarantaine de lits ou à peu
près, à la fois à cet endroit.
M. Lessard: C'est un ancien club de chasse et de pêche, qui
était alors administré par qui?
M. Drummond: II était administré par les deux
compagnies. Pongala Limited a fait faillite, si vous voulez; c'est de là
que part notre dossier, au ministère des Terres et Forêts, en
1968. Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
voyant que le club était en faillite, a révoqué le bail,
parce qu'il ne payait pas.
M. Lessard: Ce que je ne comprends pas, c'est que le club est en
faillite et la société en question a acheté le terrain?
Depuis quand...
M. Drummond: Acheté par vente du shérif.
M. Lessard: M. le Président, depuis quand un
propriétaire de club privé est-il propriétaire du terrain
au Québec?
M. Drummond: Les lots I à 8 étaient tous
patentés. Les lots I à 8 inclusivement étaient
patentés auparavant. Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche avait octroyé des droits exclusifs de chasse et de
pêche à ce club...
M. Lessard: Donc, étant patenté, il était
propriété privée.
M. Drummond: Ils étaient propriété
privée, sauf la réserve des trois chaînes et les lacs; le
fond des lacs et l'eau, si vous voulez.
M. Lessard: La réserve des trois chaînes,
c'était normalement pour l'utilisation publique, protection...
M. Drummond: Pour les membres du club, si vous voulez.
M. Lessard: Non. La réserve des trois chaînes, ce
n'était pas pour les membres du club. C'était...
M. Drummond: Admettons pour utilisation publique, si vous voulez.
Mais lorsque quelqu'un ou un club quelconque, ou un groupe de personnes qui
constituent un club de chasse et de pêche, obtiennent les droits
exclusifs de chasse et de pêche, personne ne pouvait aller à la
pêche.
M. Lessard: Non, je regrette.
M. Drummond: On pouvait s'installer sur la réserve des
trois chaînes, mais...
M. Lessard: Je regrette.
M. Drummond: Encore là, pour atteindre la réserve
des trois chaînes, il fallait passer sur la propriété
privée.
M. Lessard: Quand un propriétaire de club privé
n'est pas propriétaire du terrain, je peux, moi, n'importe quand,
circuler sur le terrain d'un propriétaire de club privé de chasse
et pêche.
M. Drummond: J'admets cela avec vous. Mais considérez que
les lots A-l à 8 inclusivement, étant propriété
privée...
M. Lessard: Et 9.
M. Drummond: Le lot 9, comme je vous le dis, était inclus
dans le club de chasse et pêche, dans le bail. Alors, cela incluait tout
le lac de l'Achigan et...
M. Lessard: Le lot 9 n'était pas patenté? M.
Drummond: Le lot 9 n'était pas patenté.
M. Lessard: Le lot 9 et le lot qu'on voit ici, et qui donne
accès...
M. Drummond: C'était le lot qui pouvait permettre de
donner accès au lac de l'Achigan.
M. Lessard: II donne accès au lac. M. Drummond: Je ne
conteste pas.
M. Lessard: Pourriez-vous m'expliquer, à un moment
donné...
M. Drummond: Pour l'accès au lac de l'Achigan, vous pouvez
y aller à pied si vous voulez, mais vous allez marcher longtemps.
M. Lessard: Voici, M. le Président...
M. Giasson: Les lots I0 et II seraient-ils des terrains
publics?
M. Drummond: Malheureusement, vous m'avez pris à neuf
heures ce soir. Je pourrais vous dire cela demain matin, à mon bureau. A
l'heure actuelle...
M. Giasson: Si ce sont des terrains publics, ce serait assez
compliqué, même pour des Québécois de faire
construire une route. Cela prendrait des autorisations.
M. Drummond: Je peux peut-être vous répondre, en
feuilletant mon dossier. Malheureusement, on arrête au lot 9.
M. Lessard: Je trouve cela grave, une concession comme
celle-là. Qu'on ne me dise pas que c'était difficile
d'accès ou pas. La baie James c'est difficile d'accès. Si on se
met à concéder les territoires parce que c'est difficile
d'accès, cela va être drôlement curieux, à un moment
donné, à la fin, ce qui va nous rester comme territoire
québécois.
M. Drummond: A l'heure actuelle, il reste encore au moins 500,000
milles carrés.
M. Lessard: 500,000 milles carrés, le territoire
accessibles, il reste 25,000 milles carrés qui sont actuellement entre
les mains de propriétaires de clubs privés. Ce n'est pas
là qu'est le problème fondamental.
M. Drummond: Cela demeure du territoire
québécois.
M. Lessard: Non, cela ne demeure plus du territoire
québécois.
M. Drummond: C'est du territoire québécois.
M. Lessard: C'est du territoire québécois, mais ce
n'est pas du territoire accessible pour les Québécois.
M. Drummond: Juste à côté, il faut admettre
qu'on a le lac des Trente et un Milles. On ne peut pas dire que les gens n'ont
pas accès à l'eau.
M. Lessard: II y a eu M. le Président, une transaction qui
est très grave. On a eu, M. le Président, la commission Legendre.
On a eu la commission Dorion. La commission Legendre dénonçait en
particulier le fait que notre accessibilité à nos réserves
d'eau était très difficile pour l'ensemble des
Québécois. La commission Dorion dénonçait à
un moment donné, le fait que le gouvernement du Québec laisse
aller son territoire à la va-comme-je-te-pousse et ainsi de suite.
Je comprends que les lots 8,7,6,5,4,3,2 et I, comme on vient de me
l'expliquer, étaient déjà concédés. Il
restait le lot 9. Voici ce qui s'est passé. Il restait le lot 9 qui
était le seul lot qui donnait accès au lac de l'Achigan, le seul
lot qui n'était pas patenté, à ce moment. Voici ce qui
arrive et je me demande quelle pression s'est fait sentir au niveau du
ministère. Si vous permettez, je termine, M. Lizotte, parce que... Voici
ce qu'on dit dans l'arrêté en conseil 424473: "Attendu que, par
ailleurs, afin de compléter son établissement je
comprends, on pourrait comprendre: Afin d'avoir un contrôle exclusif sur
le lac de l'Achigan la requérante désire acquérir
le lot 9 des mêmes rangs et cantons contenant I28 acres et qu'il y a lieu
de donner suite à cette requête."
M. Lizotte me répond: Oui, mais c'est un territoire
difficilement accessible. Pour les Québécois, c'est bien
difficilement accessible. Pour eux autres, c'était facilement
accessible, semble-t-il, parce qu'ils étaient intéressés
au lot 9. Mais ce qui est fort curieux sur le lot 9, il y avait une
éra- blière qui avait justement été louée
par le service c'est que le lot 9 bloque complètement toute
possibilité d'accès au lac de l'Achigan.
M. Drummond: Je peux répondre à votre question
à propos des lots I0 et II.
M. Lessard: Les lots I0 et II...
M. Drummond: Les lots I0 et II ne sont pas patentés, mais
ils sont sous billet de location.
M. Lessard: Pardon?
M. Drummond: Les lots I0 et II, qui sont voisins du lot 9, ne
sont pas patentés, mais ils sont sous billet de location.
M. Lessard: II faudrait savoir qui est propriétaire, qui
est locataire, si vous voulez.
M. Drummond: Je peux vous dire à qui le billet de location
a été émis.
M. Lessard: A qui?
M. Drummond: Je pourrais vous le dire, mais je ne peux pas vous
le dire aujourd'hui, par exemple.
M. Lessard: A qui les billets de location ont-ils
été émis, parce que, à un moment donné, il
ne peut pas se faire de transfert sans qu'il y ait de lettres patentes? Il ne
peut pas se faire de vente. C'est-à-dire que les billets de location
peuvent se transférer, mais...
M. Drummond: Cela se fait à longueur d'année.
M. Lessard: Oui, mais il ne peut pas se faire de vente.
M. Drummond: Pour compléter, c'est d'accord, il y a la
partie que j'ai ici, j'ai un plan qui monte jusqu'au lot 13. Les lots 12 et 13
sont patentés. C'est dire que les lots 10, II 12 et 13 sont
considérés comme des propriétés privées.
Les lots sous billets de location, on les considère comme des
lots qui sont des propriétés privées parce que la personne
qui obtient un billet de location du ministère de l'Agriculture et du
ministère de la Colonisation dans le temps, obtient des titres.
M. Lessard: Non, je regrette, il obtient des titres selon
certaines conditions.
M. Drummond: Selon certaines conditions, mais tant et aussi
longtemps que les titres sont en vigueur, le lot n'est pas
propriété... Le détenteur du billet de location doit se
considérer comme propriétaire. Maintenant, sur la question des
droits...
M. Lessard: II n'est jamais propriétaire tant et aussi
longtemps qu'il n'a pas obtenu ses lettres patentes.
M. Drummond: ... billet de location qui ne répond pas aux
conditions du bail. S'il fallait que...
M. Lessard: Essayez d'obtenir des lettres patentes. Le
député de Montmagny-L'Islet et d'autres députés
sont au courant. Essayez d'obtenir des lettres patentes pour confirmer
officiellement la propriété des territoires qui sont sous billet
de location actuellement du ministère de l'Agriculture. Si ce n'est pas
soumis à certaines conditions, c'est absolument impossible.
M. Drummond: Pas pour des fins agricoles.
M. Giasson: Non, cela a toujours été soumis aux
mêmes conditions, mais traditionnellement, dans le passé, le
ministère de l'Agriculture a été très large pour
octroyer des lettres patentes, même si les conditions il y en a
sept ou huit n'étaient pas remplies effectivement.
M. Lessard: Très large, c'est relatif. M. Giasson:
Oui, très large. M. Lessard: C'est très relatif.
M. Giasson: II y avait toujours une battée de lettres
patentes...
M. Lessard: Peut-être que cela dépend des
députés.
M. Giasson: ...pour chaque campagne électorale. La
campagne arrivait et la liste s'allongeait.
M. Lessard: Peut-être que cela dépend des
députés.
M. Giasson: Oui, mais c'était de coutume.
M. Drummond: Je ne pense pas qu'on soit ici pour discuter des
dispositions que le ministère de l'Agriculture prend envers ceux qui
sont sous billet de location.
M. Lessard: Non, d'accord, M. Lizotte.
M. Drummond: Maintenant, pour compléter votre affaire,
l'article 55 du chapitre 92 de la Loi des terres et forêts dit bien que
le bail consenti en vertu des dispositions de la présente loi et
elles s'appliquent aussi à la Loi de l'agriculture confère
au locataire le droit de prendre possession des terrains qui y sont
décrits et d'intenter en son propre nom toute action en poursuite contre
celui qui les possède illégalement ou contre celui qui y commet
des empiétements et de recouvrer tous les dommages dont il peut avoir
soufferts.
M. Lessard: Non, je ne nie pas cela, M. Lizotte. Ce que je
voulais savoir...
M. Drummond: Quand je vous dis qu'un détenteur d'un billet
de location, à notre point de vue, est considéré comme
propriétaire tant et aussi longtemps que le billet de location est
à son nom, ou même il peut l'avoir transféré
à un autre, c'est pour cela que je vous dis que je peux vous donner
demain matin, à 9 heures, si vous voulez, ou même à 8 h 15,
si vous m'appelez à mon bureau, exactement la personne à qui le
lot I0 a été concédé et la date de concession, mais
je ne peux pas vous dire qui est le détenteur du billet de location
à l'heure actuelle.
M. Lessard: Revenons, si vous voulez, au lot 9. Est-ce que le lot
9 était propriété du gouvernement ou sous location?
M. Drummond: Le lot 9 était propriété du
gouvernement.
M. Lessard: Propriété du gouvernement.
M. Giasson: Les titres précaires dont vous avez fait
mention, qu'est-ce que vous entendez par là?
M. Drummond: Les titres précaires, voici. Lorsque tout ce
groupe de lots a été vendu par le shérif, parce que
Pongala Ltd., a été amenée en faillite par les deux
compagnies que je vous ai nommées en partant, dans la Gazette
officielle, la transaction s'est effectuée par le shérif, qui a
fait la vente. Tous les lots ont été acquis, ainsi que le lot 9,
par Big Lodge Ltd.
M. Lessard: Mais il n'était pas propriétaire.
M. Drummond: Non, mais quand même, il était inclus
dans la vente par la faillite. C'est à la suite de cela que nous avons
découvert que le lot 9 n'aurait pas dû être vendu. Pour
régulariser la situation de Big Lodge Ltd., nous lui avons vendu le lot
9.
M. Lessard: Donc, vous vous êtes aperçus que votre
territoire au ministère des Terres et Forêts a été
vendu par le shérif et vous avez confirmé la vente par
shérif.
M. Drummond: Pensez-vous, mon cher monsieur, que nous avons
toujours un représentant chaque fois qu'il y a une vente par
shérif dans un comté, quelque part?
M. Lessard: Je regrette, M. Lizotte, mais la vente n'était
pas légale, parce qu'il n'était pas propriétaire du lot.
Il n'avait pas de papier qui démontrait la propriété du
lot 9. Donc, la vente était illégale.
M. Drummond: Je dois admettre avec vous
que la vente n'était pas légale, mais vous devez quand
même admettre avec moi que Big Lodge Ltd. a payé pour le lot
9.
M. Lessard: C'est une grosse compagnie qui a probablement
beaucoup d'influence auprès du gouvernement!
M. Drummond: Je ne peux rien vous dire au sujet de l'influence
auprès du gouvernement.
Il est fort probable que nous avons considéré, à ce
moment-là je ne sais pas, je n'ai aucune idée que
les lots 10, 11, 12 et 13 étant de la propriété
privée, déjà, le lac de l'Achigan était
enclavé. C'est une explication très plausible. Il n'y avait que
le lot 9 qui était...
M. Lessard: II n'était pas enclavé. Il laissait, M.
le Président, il y avait quand même...
M. Drummond: Pour atteindre le lot 9, il fallait
nécessairement passer sur la propriété privée, soit
les lots 1 à 8, si vous voulez, ou passer sur les lots 10, 11, 12 et
13.
M. Lessard: Oui, selon les chemins existents. D'accord. Selon les
chemins futurs, cela peut être différent. M. Lizotte, dans votre
dossier, je ne demanderai pas le dépôt de tout le dossier, mais je
présume que le ministre des Terres et Forêts, avant d'adopter
l'arrêté en conseil 4244-73, du 21 novembre 1973, a dû
recevoir, de la part de la direction des terres, des recommandations à
ce sujet pour adopter l'arrêté en conseil. J'aimerais avoir le
dépôt de la recommandation en question.
M. Drummond: II y a toujours le mémoire qui est
préparé.
M. Lessard: Je ne vous le demande pas ce soir, M. Lizotte.
M. Drummond: Je l'ai au dossier, mais quand même, cela
prendrait...
M. Lessard: Non. Je ne vous le demande pas pour ce soir.
J'aimerais l'avoir... Deuxième question. J'aimerais qu'on me fournisse
cette lettre de recommandation, pour, comme le dit l'arrêté en
conseil, compléter son établissement quand on parle de la
compagnie Big Lodge Ltd. Autre question...
M. Drummond: Pourriez-vous m'excuser une seconde? Je n'ai pas
encore commencé à écrire.
M. Lessard: De toute façon, il y a des jolies filles qui
sont en train d'écrire tout cela. Mais cela ne fait rien, M. Lizotte. Je
recommence. J'aimerais avoir copie de la lettre ou du mémoire qui
recommande la vente du lot 9 et sur laquelle s'est basé le ministre pour
préparer l'arrêté en conseil 4244-73.
Ma question suivante est celle-ci: En moyenne, on constate que Big Lodge
Ltd a payé $60 l'acre de terrains, dits de villégiature, y
compris les terrains qui sont considérés comme étant la
réserve des trois chaînes. D'accord? Jusque-là ça
va? Pourriez-vous m'expliquer comment il se fait que cette compagnie ait obtenu
la réserve des trois chaînes sur le territoire au prix de $60
l'acre, alors que, normalement, d'après mes informations et vous
me corrigerez si je me trompe la réserve des trois chaînes
est vendue, actuellement aux agriculteurs à raison de près de
$1,000 l'acre?
M. Drummond: C'est absolument faux. Pour $1,000 l'acre, je peux
vous dire cela immédiatement.
M. Lessard: C'est combien?
M. Drummond: Un cultivateur qui se présente chez nous,
à l'heure actuelle, pour acheter les droits de la couronne sur la
réserve des trois chaînes, pour fins de culture, on ne lui a
jamais vendu plus de $25 l'acre et je peux vous citer plusieurs cas.
M. Giasson: Et si c'est boisé?
M. Drummond: Le même prix, mon cher monsieur.
M. Giasson: Vous êtes sûr de cela? M. Drummond:
Oui.
M. Giasson: Même si cela est boisé, cela n'a jamais
dépassé $20 l'acre?
M. Drummond: Pour un cultivateur, pour fins agricoles, cela n'a
jamais dépassé $25 l'acre.
M. Giasson: Si l'acquéreur n'est pas cultivateur?
M. Drummond: Si l'acquéreur n'est pas cultivateur, il y a
une clause restrictive aux lettres patentes qui dit que c'est pour fins de
culture, et qu'il ne peut pas ériger de chalet ou faire de commerce. Il
ne peut pas louer ou subdiviser ou quoi que ce soit. On lui demande $25 l'acre.
Si vous avez votre cultivateur qui, étant propriétaire d'un grand
lot sur lequel il y a un lac, décide de nous demander l'acquisition des
droits qu'on peut avoir sur la réserve des trois chaînes et qu'on
lui cède et que le type nous dit que c'est pour faire un
aménagement touristique, il va payer pas mal plus cher et il peut payer
$200, $300 ou $400; mais $1,000 l'acre, je n'en ai pas vu beaucoup.
M. Lessard: Mais Big Lodge s'est permis de payer $60 l'acre.
M. Drummond: Tout cela est enclavé. Personne ne pouvait y
aller à part eux.
M. Lessard: Ce n'est pas enclavé, M. Lizotte. Il restait
un endroit, un lot qui permettait l'accessibilité au lac de
l'Achigan.
M. Drummond: Je vais vous inviter à venir faire un tour
avec moi et vous essaierez d'entrer sur le lot 9...
M. Lessard: Vous ne pourrez pas entrer, M. Lizotte, vous l'avez
vendu.
M. Drummond: ... sans passer sur la propriété
privée.
M. Lessard: Là, oui, certainement.
M. Drummond: Les lots 10, 11, 12 et 13 d'un côté
sont concédés et tous les autres l'étaient.
M. Lessard: Avec mon......je suis bon pour me débrouiller,
probablement pour y aller.
M. Drummond: Vous allez être obligé de passer sur du
terrain privé.
M. Lessard: Selon les chemins existants, mais il y avait aussi
possibilité si on voulait...
M. Drummond: Les chemins doivent...
M. Lessard: Tel que prévu par la commission Legendre. M.
Lizotte, il faut bien se dire une chose. Le gouvernement a payé
probablement des millions de dollars pour constituer ce qu'il a appelé
la commission Legendre qui dénonçait le scandale du fait qu'on
accordait aux étrangers l'accessibilité à des lacs,
à des réserves d'eau. C'est une commission que les citoyens
québécois, que les contribuables québécois ont
payée à même les deniers publics et qui recommandait de
conserver autant que possible l'accessibilité des réserves d'eau
aux Québécois. Il y a une réserve d'eau qui est fort
importante...
M. Drummond: L'accessibilité n'existait déjà
plus parce que le lot 9 est enclavé entièrement.
M. Lessard: Est-ce qu'en réaction à cela,
normalement, le ministère n'aurait pas dû travailler en relation
avec la commission Legendre pour ouvrir cette accessibilité au public
plutôt que la fermer?
M. Drummond: II faut quand même ouvrir quand il y a des
besoins.
M. Lessard: C'est près de Maniwaki cela.
M. Drummond: Mais il y a le lac Trente et un Milles, qui est
près de Maniwaki qui est une nappe d'eau bien plus importante à
aménager que le lac de l'Achigan.
M. Lessard: En vertu de votre principe, est-ce qu'on va se mettre
à vendre la baie James?
M. Drummond: II ne faut quand même pas aller si loin que
cela.
M. Lessard: C'est l'intégrité du territoire
québécois.
M. Drummond: Parce qu'en vertu de votre principe il faudrait
racheter l'accès et ouvrir des chemins à tous les lacs.
M. Lessard: Bien oui, racheter l'accès, je dis oui. Au
lieu de continuer à vendre, on devrait essayer de racheter. D'ailleurs,
c'est une des recommandations de la commission Legendre.
M. Drummond: On ne peut pas tout faire en même temps.
M. Lessard: Si on ne peut pas tout faire en même temps,
sans proposer qu'on construise des chemins, au moins, qu'on ne
concrétise pas dans les faits la non-accessibilité de
réserves d'eau aux Québécois, au profit d'étrangers
et non-résidants.
M. Drummond: La venue des étrangers a été
faite par la vente par l'intermédiaire du shérif.
M. Lessard: Je comprends que c'est fait, mais il reste que je
souhaite que cette politique qui a été décidée et
appliquée en ce qui concerne le lac de l'Achigan ne se concrétise
pas comme politique générale du ministère.
M. Drummond: Ce n'est pas la politique générale du
ministère et on peut dire aussi que ce n'est probablement pas le grand
bijou dans la couronne des accomplissements du ministère des Terres et
Forêts non plus.
M. Lessard: Les bijoux, j'en cherche.
M. Drummond: Oui, les bijoux existent, mais ce n'est pas tout
à fait un diamant.
Je pense qu'on était dans une période où on
repensait la politique de vente.
Il faut dire que ce dossier est en marche depuis I968.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Lorsque vous avez découvert que la compagnie
qui est devenue en faillite n'avait aucun droit de propriété,
même si la nouvelle compagnie s'était vu confier le lot 9 par
lettres patentes, vous auriez pu annuler ces lettres patentes?
M. Drummond: On aurait pu contester le jugement et annuler tout
ça, oui.
M. Giasson: Certainement?
M. Drummond: Je vous dis ça parce qu'en 1971 j'ai
vécu une expérience personnelle du genre. Des lettres patentes
avait été émises sur un lot qui avait appartenu aux Terres
et Forêts en
I963. La dimension apparaissant aux lettres patentes n'était pas
conforme au lot possédé par le ministère des Terres et
Forêt. Quand je me suis porté acquéreur en 1971, j'ai
découvert l'erreur, j'ai communiqué avec votre service, on a
annulé les lettres patentes de I963, on a émis de nouvelles
lettres patentes au nom de l'ancien propriétaire, parce que la vente
avait été faite au nom de l'ancien propriétaire et j'ai vu
le terrain diminuer au moins du tiers.
M. Drummond: Oui. C'est absolument possible.
M. Giasson: Le lot 7-B, rang 3, canton Fournier.
M. Drummond: A votre deuxième question, je peux
répondre immédiatement si vous voulez. Sur le lac de l'Achigan,
qui porte trois ou quatre autres noms à part cela, ici, il s'appelle le
lac Walt, il y a des écluses de castors et la réserve des trois
chaînes qu'on a cédée et qui aurait pu être
utilisée par les tierces personnes, si vous voulez, il y a longtemps
qu'elle est inondée, il y a à peu près 20 ans qu'elle est
inondée, cette réserve.
Le lac Walt est, à l'heure actuelle, ce qu'on a vendu à
$60 l'acre. C'était du terrain inondé par des écluses de
castors. Mais nous considérons toujours que la limite des hautes eaux
naturelles d'un lac comme étant sa limite.
Même si les écluses des castors avaient été
détruites, je pense que cela aurait pris pas mal d'années avant
que ce terrain puisse être acceptable, même pour la
villégiature, ou même pour la pêche.
Dans le temps, il y avait de l'eau et je pense que c'est encore pareil
à l'heure actuelle je n'y suis pas retourné j'ai vu
ce terrain en 1968...
M. Lessard: Avez-vous des photos aériennes...
M. Drummond: Ici je ne n'en ai pas mais on doit en avoir quelque
part. Il n'y en a pas au dossier, sauf qu'il y a une note au dossier selon
laquelle la réserve des trois chaînes est immergée.
M. Giasson: C'est un très petit lac.
M. Lessard: Votre dossier constate, mais est-ce que vous avez une
photo aérienne qui confirme?
M. Drummond: Pas dans le dossier.
M. Lessard: Pas dans le dossier, mais est-ce que vous en avez au
ministère?
M. Drummond: On doit certainement avoir des photographies...
M. Lessard: Est-ce que je pourrais avoir copie d'une photo
aérienne?
M. Giasson: C'est un très petit lac. Si vous avez
là des concessions, dans les mains... je vois le lac sur les
concessions, il a à peine un peu plus d'un demi-mille de longueur, trois
quarts au maximum...
M. Lessard: II a à peu près cela, oui.
M. Giasson: La largeur, dans sa partie la plus large, peut
avoir...
M. Drummond: La largeur, dans sa partie la plus large, a deux
lots, elle a à peu près 25 chaînes.
M. Lessard: Le lac de l'Achigan, quelle est son
étendue?
M. Drummond: Un demi mille de longueur par, dans sa plus grande
largeur, à peu près 25 chaînes. Un peu plus qu'un quart de
mille.
M. Giasson: Environ deux lots, et il y a six lots au mille.
M. Lessard: Mais il reste quand même que c'est un terrain
public dont on a bloqué l'accès, à un moment donné,
à la population.
M. Giasson: Au début, j'avais l'impression que cela
pouvait être un lac d'une dimension beaucoup plus grande, mais c'est un
très petit lac.
M. Drummond: M. le Président, si cela peut vous indiquer
un peu quelle est la politique du ministère des Terres et Forêts,
on a parlé tout à l'heure du lac des Trente et un Milles...
M. Lessard: Le principe...
M. Drummond: J'aimerais demander si c'est une carte ou une
image?
M. Lessard: Un principe qui va à l'encontre des
commissions d'enquête qu'on a payé et que les contribuables
québécois ont payé, soit à la commission Legendre
ou à la commission Dorion.
Que ce soit un petit lac ou que ce soit un grand lac, si. le
ministère a établi sa politique, parce que, prétendument
c'est un lac non accessible au public, je me demande ce qui va arriver
on en parlera, à un moment donné, un peu plus tard pour
les territoires non accessibles de la baie James.
M. Drummond: M. le Président, j'accepte le principe
proposé, souligné...
M. Lessard: Pourquoi le ministre a-t-il proposé
l'arrêté en conseil?
M. Drummond: M. le Président, on signe combien
d'arrêtés en conseil? On regarde les mémoires, mais on ne
peut pas regarder le fond de tous les problèmes. Je dois dire que je
suis bien protégé. L'intégrité des fonctionnaires
du mi-
nistère, en ce qui concerne ces questions, ne laisse pas à
désirer.
M. Lessard: Vous signez beaucoup d'arrêtés en
conseil comme cela?
M. Drummond: Je parle du nombre d'arrêtés en conseil
qu'on signe, comme cela.
M. Lessard: Comme cela?
M. Drummond: Pour fermer un lac, je ne pense pas.
M. Lessard: En fait, vous signez beaucoup d'arrêtés
en conseil dont vous ne connaissez pas la teneur.
M. Drummond: Ce n'est pas notre politique.
M. Lessard: Vous signez beaucoup d'arrêtés en
conseil dont vous ne connaissez pas la teneur?
M. Drummond: Mon Dieu, non! On connaît la teneur, sans
connaître tous les détails.
M. Lessard: La teneur ici, qui était très
importante, c'était le troisième attendu: "Attendu que, par
ailleurs, afin de compléter son établissement, la
requérante désire acquérir le lot 9 des mêmes rangs
et cantons contenant I28 acres et qu'il y a lieu de donner suite à cette
requête."
M. Drummond: M. le Président, comme je l'ai dit, ce n'est
probablement pas le dossier le plus fort du ministère. Le
député de Saguenay a soulevé un cas. Il a fait valoir ses
arguments. J'accepte bien qu'il y ait du monde...
M. Lessard: C'est comme la nomination de Joyal, il n'en a pas eu
connaissance.
M. Drummond: Pardon?
M. Lessard: C'est comme la nomination de Joyal, il n'en a pas eu
connaissance.
M. Drummond: La nomination de Joyal? M. Lessard: De
Joyal.
Le Président (M. Lafrance): Programme 7:
Intégrité du territoire, élément 3.
M. Drummond: Etait-il fonctionnaire du ministère des
Terres et Forêts?
M. Lessard: D'accord, j'accepte les excuses du ministre et
j'accepte, à un moment donné, le...
M. Drummond: Non, mais il souligne des points qu'on essaie de
régler dans nos études, actuellement, en ce qui concerne les
politiques des terres, mais je dois dire que la politique
générale, même avant d'arriver là-dedans, c'est de
ne pas fermer des lacs.
M. Lessard: Je l'espère.
M. Drummond: C'est déjà notre politique. On en a
fermé un à cause de certaines circonstances.
M. Giasson: Comme les lettres patentes sont de date assez
récente, janvier I974, si le ministère voulait annuler ces
lettres patentes, légalement, il pourrait le faire.
M. Drummond: M. le Président, les arguments qui ont
été évoqués ici ont beaucoup de valeur. Il arrive
que les fonctionnaires du ministre, à l'époque, lui ont
probablement suggéré de vendre cette partie de territoire en se
basant sur un certain nombre d'arguments, parmi lesquels le fait que le
territoire était enclavé, qu'il y avait un titre précaire,
que la réserve des trois chaînes était
inondée...
M. Lessard: Les autres arguments, on ne les a pas fait valoir.
Les arguments de principe, les arguments de la commission Dorion, les arguments
de la commission Legendre, on ne les a pas fait valoir.
M. Drummond: Tous ces arguments, on en tient assurément
compte, au ministère des Terres et Forêts, dans tous les cas. Il
arrive que, dans certains cas, il se fait un choix qu'on peut remettre en
question. Dans le cas présent, les principaux arguments en faveur d'une
vente sont probablement ceux dont je fais mention. Il aurait pu y avoir une
autre décision sans doute.
M. Lessard: Est-ce que, d'après les informations du
ministre, des ventes comme celles-là à des anciens
propriétaires de clubs privés, cela s'est fait assez souvent?
M. Drummond: Non, M. le Président, je ne pense pas.
M. Lessard: Les anciens propriétaires de clubs
privés qui perdent leur bail et tout à coup qui
achètent.
M. Drummond: Les anciens propriétaires de clubs
privés, c'est très rare, en fait. Il est arrivé, depuis ce
moment, je ne les ai pas à l'idée, mais il y a certainement
dû y avoir quelques transactions qui se faisaient de la réserve
des trois chaînes ou de certains territoires des terres publiques,
lorsqu'il était considéré qu'il y avait des raisons comme
celles que je mentionne, le fait qu'un territoire soit enclavé, par
exemple, et ainsi de suite.
M. Lessard: M. Poulin, on disait tout à l'heure que le lot
9 n'était pas accessible. Etant donné que c'était la
deuxième fois qu'on louait à M. Carle pour l'exploitation, et le
père de M. Carle avait loué aussi, et qu'on renouvelait chaque
année, je présume...
M. Drummond: S'il a la terre voisine du lot 9.
M. Lessard: ...que M. Carie devait avoir une certaine
accessibilité à cette érablière.
M. Drummond: On pourra vérifier s'il possède une
terre voisine du lot 9.
M. Lessard: J'aimerais bien qu'on puisse le vérifier.
Sinon, par où passait-il?
M. Drummond: II avait des droits de passage sur...
M. Lessard, on va vous préparer votre documentation dans le
courant de la journée de demain, j'espère avoir le temps, tout au
moins, mardi au plus tard.
M. Lessard: Est-ce qu'on pourrait avoir la liste des personnes
qui sont membres de Big Lodge Ltd. Avez-vous seulement le nom des
administrateurs?
M. Drummond: J'ai une liste au dossier ici qui est assez
considérable et qui représente exactement...
M. Lessard: Je ne veux pas que M. Lizotte nous lise
entièrement ces noms, mais est-ce qu'on pourrait déposer la
liste?
M. Drummond: Je n'ai aucune objection à cela.
M. Lessard: M. le Président, nous revenons au programme
7.
Le Président (M. Lafrance): Programme 6,
adopté.
M. Lessard: Sur division, M. le Président, en ce qui
concerne la dernière transaction. Disons que c'est adopté.
Le Président (M. Lafrance): Vous divisez la
transaction?
M. Lessard: Non, non, adopté.
Le Président (M. Lafrance): Programme 7.
M. Lessard: Programme 7. Etant donné ce qu'on vient
d'expliquer et ce qu'on vient de discuter, le ministre n'a pas du tout
l'intention de révoquer cette concession, de révoquer les lettres
patentes?
M. Drummond: M. le Président, disons que nous allons
regarder le cas, puisque c'est un cas assez important. Comme je l'ai
également souligné, il y a plusieurs cas où on a fait des
demandes pour fermer un lac et, grosso modo, c'est la politique du
ministère de ne pas fermer des lacs de cette façon.
M. Lessard: Nous étions rendus à:
Intégrité du territoire. Le budget est de $118,400. C'est un
budget fort important, M. le Président, dans l'ensemble du budget du
Québec. Fort important, cela représente probablement un
très léger pourcentage.
Donc, à la suite des questions que je soulevais tout à
l'heure, actuellement, on n'a pas de renseignements précis sur
l'ensemble des territoires québécois qui seraient sous la
juridiction du gouvernement fédéral.
Est-ce que vous avez, M. Poulin, un renseignement précis
concernant les territoires québécois qui ont été
concédés, si on veut, ou achetés par le Canadien
National?
M. Drummond: De la propriété privée?
M. Lessard: De la propriété du territoire
québécois.
M. Drummond: Non. Si vous faites allusion aux scripts ou ces
choses-là, non.
M. Lessard: Oui.
M. Drummond: D'autant plus que les droits conférés
par les scripts ne sont pas tous définis.
M. Lessard: Serait-il exact que le Canadien National
contrôlerait actuellement 55 millions d'acres au Québec, pour
l'estimation du service du Canadien National?
M. Drummond: Cela voudrait dire 9,000 milles carrés? Je
n'ai aucune idée. Je serais personnellement surpris qu'on puisse penser
à 9,000 milles carrés.
M. Lessard: Cela peut-il se vérifier?
M. Drummond: II faudrait avoir notre cadastre sous ordinateur
...
M. Lessard: Mais votre service peut-il vérifier? Je ne
vous le demande pas immédiatement pour ce soir.
M. Drummond: II faudrait passer tous les bureaux
d'enregistrement.
M. Lessard: Donc, actuellement, malgré le fait qu'il y
avait un arrêté en conseil qui donnait depuis I97I une
responsabilité en ce qui concerne l'intégrité du
territoire, vous ne pouvez pas nous dire...
M. Drummond: Est-ce que la propriété du Canadien
National affecte l'intégrité du territoire
québécois?
M. Lessard: La juridiction, à un certain moment, peut
affecter la propriété du territoire québécois.
M. Drummond: Mais pourquoi le Canadien Pacifique ne nous
affecte-t-il pas?
M. Lessard: La même chose, mais seulement que...
M. Drummond: Cela veut dire que le terrain de votre maison
affecte l'intégrité du territoire.
M. Lessard: C'est une propriété du Canadien
National, qui est un organisme fédéral.
M. Giasson: ... qui nous appartient.
M. Drummond: On peut l'étendre à n'importe quelle
compagnie multinationale ou à n'importe quelle entreprise.
M. Lessard: Mais, en fait, votre direction que vous avez
constituée depuis I97I, en vertu de l'arrêté-en-conseil
10...
M. Drummond: II faudrait avoir tous les bureaux d'enregistrement
et toutes les transactions sur ordinateur pour pouvoir compiler une chose
semblable.
M. Lessard: Oui, mais, à ce moment, pourquoi avez-vous
constitué une direction?
M. Drummond: Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Cela a
été constitué à l'automne I972. Cela ne fait pas
trois ans.
M. Lessard: Pensez-vous qu'avec $118,400 cela vous permettra de
constituer ce système?
M. Drummond: On sait qu'il reste beaucoup de travail à
faire.
M. Lessard: Oui. J'ai l'impression qu'avec le montant qui vous
est accordé, vous n'aurez pas beaucoup de contrôle concernant
l'intégrité du territoire québécois.
M. Drummond: Si vous me permettez, M. le Président, il
arrive que le service de l'intégrité du territoire a une vocation
bien précise, mais, pour s'acquitter de ses responsabilités, il
compte également sur l'apport de services au ministère qui
étaient déjà engagés dans ce genre
d'activité. Par exemple, au niveau de la démarcation, de
l'illustration, des calculs de superficie, le service de
l'intégrité du territoire ne procède pas lui-même,
mais fait appel à des services qui sont déjà dans ses
activités, par exemple, le service des terres pour les dossiers, le
service de l'arpentage et le service de cartographie.
M. Lessard: Mais, M. Poulin, possédez-vous, au
ministère des Terres et Forêts, un rapport du ministère des
Travaux publics du Canada qui s'intitule: Répertoire immobilier
central?
M. Drummond: C'est un document que nous avons en main depuis
quelques mois pour nous aider à faire une compilation des
propriétés fédérales, et nous nous rendons compte
que, là-bas comme ici, il y a un très grand nombre de
ministères concernés et, là non plus, il n'existe pas un
document général sur les propriétés même
là-bas. Mais notre objectif, c'est justement d'en arriver à
compiler tout cela.
M. Lessard: Mais cela n'a pas été compilé
encore.
M. Drummond: Nous sommes en train de travailler
là-dessus.
Vous avez déjà une compilation de faite.
M. Lessard: Si le ministère ne fonctionne pas, c'est qu'on
est capable de la faire et cela se fait assez facilement.
M. Drummond: On a seulement à faire le tour de tous les
bureaux d'enregistrement.
M. Lessard: Du côté fédéral, vous
l'avez cette étude. Il s'agit simplement de compiler ce que cela peut
donner.
M. Drummond: D'accord, mais nous ne préparons pas tout
à fait la séparation de la province du Canada, alors...
M. Lessard: M. le Président, ce n'est pas la question.
M. Drummond: Non, de compiler l'information, c'est une chose, on
va le faire mais...
M. Lessard: Mais votre commission Dorion...
M. Drummond:... ce n'est pas la priorité absolue du
gouvernement d'avoir cela tout de suite du jour au lendemain.
M. Lessard: M. le Président, je suis bien d'accord qu'on
n'a pas les mêmes objectifs politiques, le ministre des Terres et
Forêts et moi-même. Cependant, je voudrais quand même
répéter la phrase que je citais tout à l'heure à
partir d'un communiqué du ministère des Terres et Forêts
pour rappeler au ministre les objectifs qu'il fixait dans ce communiqué.
Je comprends qu'on souffre d'amnésie de ce temps-ci au gouvernement.
M. Drummond: Pas du tout.
M. Lessard: Je voudrais lui dire ceci et lui rappeler ceci, parce
que l'année prochaine, je vais lui en reparler.
Nous disons, dans ce communiqué publié le 12-9-74 par le
service de l'information du ministère des Terres et Forêts
je ne voudrais pas que ce soit strictement de la publicité
électorale je voudrais que cela se confirme dans les faits que
pour une gestion, effective de son domaine territorial, le gouvertement du
Québec doit exercer sa compétence juridictionnelle et spatiale
sur tout son territoire, notamment sur la propriété et
l'utilisation des espaces affectés ou susceptibles d'être
affectés d'un transfert de juridiction au bénéfice du
gouvernement fédéral et sur l'affectation des lots frontaliers
contigus à Terre-Neuve, aux Territoires du Nord-Ouest, à
l'Ontario. Je voudrais tout simplement, d'ici les prochains crédits du
minis-
tère des Terres et Forêts, que le ministre
réfléchisse sur son communiqué et on s'en reparlera
l'année prochaine.
M. Drummond: C'est parfait. Alors, au lieu de parler tout de
suite, j'attendrai l'année prochaine.
M. Lessard: Mais entre-temps, est-ce que vous allez
concrétiser l'objectif de votre communiqué à savoir,
reprendre des terrains au gouvernement fédéral?
M. Drummond: Disons que le travail est en marche. Le fait que
j'ai voulu signaler, c'est seulement d'avoir des chiffres, ce n'est pas la fin
du monde, c'est ce qu'on va faire avec les chiffres qui compte. Alors, c'est
pour ça qu'on essaie d'établir les priorités du
ministère dans tout le domaine d'aménagement du territoire et
toute la question du domaine territorial. Alors, le travail se continue.
M. le Président, puis-je ajouter que lorsque le document qui nous
est présenté, qui vient des Travaux publics au
fédéral, lorsque le travail qu'est en train de faire le Service
de l'intégrité du territoire sera complété, il sera
peut-être bon que nous communiquions avec vous pour faire un très
grand nombre de corrections dans l'information que vous avez. En plus de
ça, il faudra aussi ajouter que vous avez là l'information du
ministère des Travaux publics seulement. Alors, il y a beaucoup plus que
cela à accumuler, ce que nous sommes en train d'essayer de faire.
M. Lessard: II semble que ça représente quand
même 65% du total des propriétés du gouvernement
fédéral, c'est déjà une bonne indication.
M. Drummond: D'accord.
M. Lessard: Je suis heureux si le sous-ministre, le sous-ministre
adjoint ou le directeur de ce service me donne les informations
nécessaires... mais j'estime avoir des informations peut-être
encore plus valables si je communique directement avec le ministère des
Travaux publics à Ottawa; j'ai encore le droit de communiquer avec
lui.
M. Drummond: Oui.
M. Lessard: Oui, je paye encore des taxes.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Maskinongé.
M. Picotte: On parle depuis tantôt de la commission Dorion,
est-ce que quelqu'un pourrait me dire de combien de membres elle était
composée? Est-ce qu'on a des informations là-dessus et qui sont
les membres de cette commission qui a fait le rapport?
M. Drummond: La commission Dorion comprenait...
M. Lessard: Cinq membres. M. Drummond: Cinq membres, oui.
M. Lessard: Voulez-vous les noms? M. Picotte: Oui, s'il vous
plaît.
M. Lessard: M. Henri Dorion, président, M. Jean-Paul
Lacasse, secrétaire, M. André Desgagné, commissaire, M.
André Paquet, commissaire, et M. Edgar Porter, commissaire.
M. Picotte: Est-ce que la commission Legen-dre a
étudié un peu le même genre de rapports?
M. Lessard: Non.
M. Picotte: II n'y avait aucune relation entre les deux.
M. Lessard: C'est-à-dire que la commission Legendre a
étudié les problèmes juridiques d'administration de
l'eau.
M. Picotte: D'accord.
M. Harvey (Dubuc): Je connais très bien le commissaire
André Desgagné.
M. Lessard: Je pense que c'est un professeur d'université
à l'Université du Québec...
M. Harvey (Dubuc): II est à Montréal.
M. Lessard: Oui, il a été candidat du Parti
québécois aux dernières élections, mais, à
ce moment-là, je ne sache pas qu'il était officiellement membre
d'un parti politique.
De toute façon, ce n'est pas là le problème. Cela a
été défendu par le gouvernement du Québec.
D'ailleurs, à ce sujet, est-ce que le ministre a reçu le tome VII
du rapport de la commission Dorion? Est-ce que ce ne serait pas le temps de le
déposer?
M. Drummond: Le ministre n'a pas reçu le tome VII de la
commission Dorion.
M. Lessard: Le ministre...
M. Drummond: C'est le premier ministre qui reçoit les
tomes de la commission.
M. Lessard: Mais est-ce que le premier ministre aurait transmis
le tome VII. A ce que je sache, selon le communiqué du ministère
des Terres et Forêts, l'arrêté en conseil I073, du 24 mai
I97I, affirme que le premier ministre avait confié à la direction
générale du domaine territorial, la responsabilité
d'assurer la cohésion et la continuité des travaux de la
commission d'étude sur l'intégrité du territoire du
Québec. Rapport Dorion.
Je suis scandalisé de constater que le ministre
des Terres et Forêts, qui a sous sa responsabilité la
nécessité de créer, d'assurer la cohésion et la
continuité des travaux de la commission d'étude sur
l'intégrité du territoire, n'ait pas reçu le tome VII,
alors que moi, je l'ai pris à la bibliothèque de
l'Assemblée nationale. Cela m'inquiète.
M. Drummond: II y a des choses inquiétantes dans cette
vie. Je ne l'ai pas reçu officiellement.
M. Lessard: Est-ce que le ministre en a pris connaissance?
M. Drummond: Je ne l'ai pas lu, je dois l'avouer, M. le
Président.
M. Lessard: Toujours sur l'intégrité du territoire,
le 13 février dernier, le rapport de la commission Dorion sur les
frontières nordiques était rendu public à la
bibliothèque de l'Assemblée nationale, par hasard,
semble-t-il.
Probablement qu'on s'est aperçu qu'il y avait beaucoup de
rapports qui étaient noyés dans la poussière, dans le
bureau du premier ministre, on a vidé les volumes et cela s'est
ramassé à la bibliothèque de l'Assemblée
nationale.
Contrairement à ce qu'on dit bien souvent, ce ne sont pas des
péquistes qui nous ont transmis le rapport, on l'a trouvé
à la bibliothèque de l'Assemblée nationale par un pur
hasard. On y apprenait ce qui suit. Je voudrais au moins apprendre au ministre
ce qu'on donne dans ce tome VII, qui nous apparaît quand même assez
important.
On y apprenait ce qui suit: D'abord, l'imprécision actuelle de la
frontière implique un territoire d'une superficie appréciable. La
ligne des basses eaux se situant, dans certains secteurs, à plusieurs
milles de la ligne des hautes eaux. La superficie totale des estrans au
Nouveau-Québec est de l'ordre de plusieurs centaines de milles
carrés.
Autrement dit, vous avez, dans le territoire du Nouveau-Québec,
plusieurs centaines de milles carrés dont on ne sait pas sous quelle
juridiction ils sont, étant imprécis, en ce qui concerne la
délimitation du territoire.
Aussi, la laisse de basse mer comprend de très nombreuses
îles qui seront québécoises ou fédérales,
selon qu'est adoptée la solution des basses eaux ou celle des hautes
eaux, en ce qui concerne la délimitation du territoire. Vous allez voir
que cela devient assez important, même pour les gens de ce territoire,
quand il s'agit de chasse. S'ils décident d'aller chasser, à un
moment donné, sur les îles, est-ce qu'ils sont sous la
réglementation de chasse et pêche du ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, ou s'ils sont sous la réglementation
du territoire du Nord-Ouest.
A ce moment-là, sous quelle juridiction seront-ils
jugés?
Troisièmement, que l'éventuel accroissement territorial
que représenterait la remise au Québec des îles littorales
serait important en superficie, comme économiquement.
N'oublions pas qu'on a perdu, M. le Président, on parlait, tout
à l'heure, du territoire du Labrador, on a perdu, quand même, des
richesses considérables. On parle de plus en plus aussi du
pétrole dans le Nord québécois. Si on ne s'est jamais
occupé, depuis I929 jusqu'à I948, du territoire du Labrador,
c'est parce qu'on ne prévoyait pas qu'il allait y avoir de grandes
richesses, mais, tout à coup, en I948, quand I'lron Ore est
entrée là-dedans, on s'est aperçu que cela pouvait
être très riche. Cela peut avoir des conséquences
très importantes pour essayer de récupérer ce territoire
avant qu'on découvre des richesses parce que, le jour où on va en
découvrir, M. le Président, cela va être impossible de
pouvoir récupérer ce territoire.
On apprenait aussi qu'aux deux niveaux où se situe le
problème, il est d'importance, vu que les ouvrages en position littorale
seront éventuellement nombreux, surtout avec le développement de
la baie James, et qu'il serait nécessaire de déterminer à
quelle juridiction ils seront soumis.
En fait, il s'agit, M. le Président, d'un enjeu de centaines de
milles carrés et, je pense, de richesses très importantes du
sous-sol qui peuvent être québécoises si on réussit
à négocier avec le gouvernement fédéral
l'acquisition de ces territoires.
On sait que le problème a déjà été
posé en particulier à la Société d'énergie
de la baie James, et que la réponse avait été à peu
près celle-ci: Que le problème ne se posait pas, en fait, le
problème de discuter de juridiction fédérale ou
provinciale ne se posait pas, car les ouvrages seraient construits avec l'aide
fédérale. Je calcule que c'est une réponse assez stupide,
parce que, quand on trouvera des richesses dans ces territoires ou, encore,
quand la population de ce coin ira à la chasse sur ces îles, il
pourra se poser des problèmes.
J'aimerais savoir, étant donné que le ministre a pris
connaissance du rapport 7 de la commission Dorion... Il n'en a pas pris
connaissance, mais étant donné, en tout cas, l'information que je
lui donne je pourrais lui en faire faire une photocopie, si cela
l'intéresse j'aimerais savoir quelle est la position du ministre
responsable de l'intégrité du territoire, en vertu de
l'arrêté en conseil I073 de I97I. J'aimerais savoir quelle est la
position du ministre responsable sur cette question de frontière
nordique. Les limites vont-elles être déterminées par les
hautes eaux ou par les basses eaux ou, encore, par la ligne médiane
telle que préconisée par la commission sur
l'intégrité du territoire, telle qu'inscrite dans 7-4?
M. Drummond: M. le Président, cela peut peut-être
être réconfortant de penser que le ministre n'avait pas à
lire la tranche 7 du rapport Dorion pour se préoccuper du
problème du rivage, le long du littoral de la baie James, de la baie
d'Hudson, du détroit d'Hudson et de l'Ungava. Le ministre,
effectivement, par l'intermédiaire de son service de
l'intégrité du territoire, a déjà
étudié la question sérieusement et a déjà
fait des recommandations au ministère et au ministre des Affaires
intergouvernementales qui aurait à négocier ou à
décider, en fait, au niveau de la position gouvernementale à ce
sujet.
Il est bien clair qu'à la suite des suggestions
du ministre des Terres et Forêts, la position est que le rivage
dont il est fait mention dans la Loi de l'extension des frontières de
I898 et de I9I2, c'est la ligne des basses eaux. Nous avons également
chez nous des documents qui sont d'origine différente et qui confirment
cette prétention.
M. Lessard: Alors, vous négociez le minimum. Disons que ce
serait le minimum, mais vous n'avez pas tenté... Parce que pour
négocier, on va toujours plus loin afin d'avoir une possibilité
d'avoir le minimum. Alors, vous n'avez pas négocié la ligne
médiane telle que proposée par la commission Dorion.
M. Drummond: Là, vous faites probablement allusion
à une possibilité de négocier l'extension des
frontières, ce qui est un problème différent de celui de
l'estran. Si j'ai bien compris votre intervention de tout à l'heure,
vous faisiez allusion au problème de l'estran. C'est là-dessus
que j'ai répondu. L'autre problème de la ligne médiane
dans les baies James et d'Hudson, c'est un problème d'extension des
frontières, complètement différent.
M. Lessard: M. Poulin, vous me dites que vous avez soumis un
certain nombre de propositions au ministère des Affaires
intergouvernementales. Propositions écrites ou verbales?
M. Drummond: En ce qui concerne la situation, parce que là
aussi cela posait un problème de l'estran, c'est une position
écrite et bien explicite.
M. Lessard: Alors, je présume que cette position, en fait,
n'est pas secrète comme telle. Est-ce qu'il y aura objection à
déposer ces propositions?
M. Drummond: Je pense que cela relève du ministère
des Affaires intergouvemementales.
M. Lessard: Voici, ce sont des propositions qui ont
été soumises au ministère des Affaires
intergouvernementales par le ministre des Terres et Forêts.
M. Drummond: Oui, c'est le ministère des Affaires
intergouvernementales qui a quand même une responsabilité de
négociation. Alors, étant donné que je pense bien que ses
crédits n'ont pas encore été étudiés...
M. Lessard: Consolez-vous, le ministère des Affaires
intergouvernementales ne négocie plus rien.
M. Drummond: C'est un commentaire gratuit.
M. Lessard: Ce n'est pas gratuit, c'est réel, c'est
concret, c'est ce qui existe, la capitulation tranquille.
J'aurais une dernière question, toujours au ministre responsable
de l'intégrité du territoire, en vertu de l'arrêté
en conseil 1073-A du 24 mai 1974. Est-ce que le ministre peut confirmer ou nier
le transfert au gouvernement fédéral de 1,274 milles
carrés de territoire québécois à la baie James,
soit l'équivalent de quatorze parcs Forillon.
M. Drummond: Pourriez-vous répéter la question,
s'il vous plaît?
M. Lessard: Oui, est-ce que le ministre peut confirmer ou nier le
transfert au fédéral de 1,274 milles carrés de territoire
québécois à la baie James, soit l'équivalent de
quatorze parcs Forillon?
M. Drummond: II n'y a aucun transfert de fait en faveur du
fédéral. Il arrive qu'il y a des négociations en cours.
L'aboutissement est à voir, mais il n'y a pas de transfert
d'effectué d'aucune façon actuellement.
M. Lessard: Mais il y a négociation... M. Drummond:
II y a des négociations.
M. Lessard: ... entre le fédéral et le provincial
à ce sujet.
M. Drummond: II y a des négociations entre le
Québec, le conseil des Cris de la baie James, l'Association des Inuit du
nord québécois, les sociétés Hydro-Québec,
SDBJ, SEBJ, auxquelles le fédéral est partie, comme tuteur des
Indiens.
M. Lessard: Actuellement, qui est responsable de la
négociation du côté du ministère?
M. Drummond: M. Poulin est notre représentant
là-dedans et c'est M. Ciaccia qui a la responsabilité pour les
négociations. Au niveau des différents ministères, y
compris le nôtre, nous sommes actifs au niveau de sous-comités qui
étudient différents aspects de négociations, et comme nous
venons de l'indiquer, M. Ciaccia est le responsable au niveau
gouvernemental.
M. Lessard: D'après vos informations, M. Ciaccia est le
responsable, mais y a-t-il un comité interministériel en ce qui
concerne cette négociation? M. Lionel Chevrier est-il encore dans le
portrait?
M. Drummond: A ma connaissance, M. Chevrier n'est pas du tout
impliqué dans cette négociation.
M. Lessard: Y a-t-il un comité
interministériel?
M. Drummond: II y a un groupe de coordination qui relève
de M. Ciaccia.
M. Lessard: Vous ne savez pas de qui est constitué ce
groupe de coordination.
M. Drummond: Le groupe de coordination, qui relève de M.
Ciaccia, comprend probablement, je ne saurais dire exactement, mais disons
quinze..
M. Lessard: En faites-vous partie?
M. Drummond:. Du groupe de coordination, non. Je
représente, dans un sous-comité, le ministère des Terres
et Forêts. Le groupe de coordination est un groupe de fonctionnaires qui
ont justement pour tâche d'assurer la coordination dans la
négociation entre les différents ministères et les
sociétés concernées.
M. Lessard: Comme ministère responsable de
l'intégrité du territoire, toujours en vertu de
l'arrêté e conseil I073 et selon le service de l'information du
ministère, est-ce que toute négociation ou toute entente doit
être soumise au ministère des Terres et Forêts? Avant de
conclure l'entente, est-ce que cela doit être soumis au ministère
des Terres et Forêts? Parce que, ou bien cela existe ou...
Ce que je veux bien comprendre, c'est qu'on ne fasse pas de
publicité tapageuse sur rien, à un moment donné.
D'après ce que je vois, en I97I, à moins que cela ait
été changé, le premier ministre du Québec a
confié le soin d'assurer la cohésion et la continuité des
travaux de la commission d'étude sur l'intégrité du
territoire au ministère des Terres et Forêts. Donc, je pense que
pour l'intégrité du territoire et d'ailleurs, c'est
tellement vrai que vous avez au programme 7, élément 3, un
élément qui prévoit cela il me paraîtrait
logique que le ministère des Terres et Forêts ait une supervision
sur des décisions comme celle-là.
M. Drummond: C'est bien clair que nous aurons notre mot à
dire, mais c'est un dossier gouvernemental, alors ce sera une décision
prise par le gouvernement tout entier.
M. Lessard: Je n'ai pas très bien compris le ministre.
Vous avez une responsabilité, mais...
M. Drummond: J'ai dit que nous aurons notre mot à dire,
mais pour n'importe quelle décision, ce sera une décision du
gouvernement.
M. Lessard: Du conseil des ministres? M. Drummond: C'est
clair.
M. Lessard: Donc, actuellement, il n'y a aucun contrat
signé, qui concrétise le transfert de 1,274 milles carrés
au profit du gouvernement fédéral?
M. Drummond: Non.
M. Lessard: D'accord, merci.
M. Lessard: Ces 1,274 milles carrés font partie de
l'entente préliminaire du gouvernement du Québec avec les
Inuit?
M. Drummond: C'est une entente de principe, en fait, c'est...
M. Lessard: On sait qu'avec M. Bourassa, c'est une entente de
principe, ensuite, c'est une vraie entente qui est signée, le
problème est réglé selon l'affaire de chacun; parfois,
c'est une en- tente de principe, parfois, c'est une vrai entente, le
problème est réglé.
M. Drummond: M. le Président, un transfert de territoire,
soit de juridiction, soit en toute propriété, se fait par
l'intervention du ministre responsable, le ministre des Terres et Forêts,
et il n'y a eu aucune transaction de faite.
M. Lessard: S'il y a eu négociation, quels seraient, selon
vous, selon le ministère, d'après vos informations, les buts du
gouvernement fédéral pour essayer d'obtenir le transfert de ces
1,274 milles carrés?
M. Drummond: A ma connaissance, il n'est question, d'aucune
façon, d'une demande ou d'un prérequis du fédéral.
Il arrive que le Québec, semble-t-il négocie avec les Indiens,
les autochtones, un peu dans le sens que le suggérait le rapport Dorion
auquel vous faisiez allusion tout à l'heure, et il s'agit
d'évaluer les droits pjue pourraient avoir les autochtones sur les
territoires qui ont fait l'objet de l'extension des frontières de
1898-1912 et de voir quelle compensation le Québec pourrait consentir
aux autochtones pour que ces droits soient éteints une fois pour
toutes.
M. Lessard: Dernière question, toujours au ministre
responsable de l'intégrité du territoire, êtes-vous dans le
portrait en ce qui concerne la négociation entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec concernant
l'instauration d'un parc national dans la région du Lac-Saint-Jean?
M. Drummond: Je suis au courant du dossier.
M. Lessard: Etes-vous partie du dossier?
M. Drummond: J'ai eu l'occasion d'en discuter.
M. Lessard: Quelle est la position du ministre?
M. Drummond: La politique du gouvernement sera annoncée en
temps et lieu.
M. Lessard: Très bien, M. le Président.
Adopté. Je constate, en terminant sur cet élément, que le
ministre responsable de l'intégrité du territoire ne semble pas
avoir de grands pouvoirs et ne semble surtout pas avoir beaucoup d'argent pour
faire respecter le territoire québécois, pour le protéger
et surtout, comme le disait la commission Dorion, pour le
récupérer.
Le Président (M. Lafrance): Elément 3,
adopté. Le programme 7 est adopté.
La commission permanente des richesses naturelles et des terres et
forêts a étudié tous les programmes et tous les
éléments et ils ont tous été adoptés.
La commission permanente des richesses naturelles et des terres et
forêts ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 heures)