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Commission permanente
des richesses naturelles et
des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Richesses naturelles
Séance du jeudi 22 mai 1975
(Vingt heures vingt-deux minutes)
M. Cornellier (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
La commission des richesses naturelles et des terres et forêts est
réunie ce soir pour commencer l'étude des crédits du
ministère des Richesses naturelles. Les changements dans la liste des
membres de la commission pour cette séance: M. Lafrance
(Rivière-du-Loup) remplace M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Verreault
(Shefford) remplace M. Pelletier (Kamouraska-Témiscouata).
Avant de céder la parole au ministre des Richesses naturelles, il
y aurait lieu pour la commission de nommer un rapporteur.
M. Giasson: M. Ghislain Harvey.
Le Président (M. Cornellier): M. Harvey (Dubuc) sera le
rapporteur de la commission.
L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. Lessard: Est-ce que M. Harvey a le temps de faire ce
travail?
Exposé des politiques du ministère M.
Gilles Massé
M. Massé: M. le Président, j'aimerais, au
départ, faire un exposé dans lequel sera fait un bilan des
activités de l'année financière écoulée, de
même que donner les orientations du ministère des Richesses
naturelles pour le présent exercice financier.
Si on commençait par le secteur minier, comme je l'ai
annoncé à plusieurs occasions, le gouvernement poursuit
déjà depuis quelques années un triple objectif dans le
secteur minier. D'abord, nous visons à assurer une production optimale
des minéraux sur notre territoire, puisque la production minière
est un élément important du système économique
québécois.
Deuxièmement, nous visons à assurer l'intégration
du secteur minier à l'économie du Québec, tout en moussant
la diversification économique de ce secteur.
Troisièmement, nous cherchons à tirer le maximum
d'avantages économiques et financiers de la production minière au
Québec.
Il est bien entendu que la recherche de ces trois objectifs se fait dans
le cadre d'une politique de conservation des ressources.
J'aimerais dire un mot de la conjoncture éco- nomique
internationale et québécoise. Comme vous le savez, l'année
1974 a été marquée par un ralentissement économique
international. Ce ralentissement se poursuit en 1975 et a entraîné
de fait une stagnation économique internationale.
Aussi, la valeur de la production minière
québécoise devrait suivre le mouvement de la situation
économique internationale. La valeur de cette production
s'élevait à $1.152 milliard l'an dernier et elle pourrait se
situer, cette année, aux environs de $1.141 milliard, selon nos
économistes.
Cette diminution pourrait s'expliquer par une légère
baisse de production en volume reflétant les arrêts de travail
dans les mines de fer et d'amiante et la baisse des exportations des produits
miniers.
Au niveau de l'exploration et des dépenses d'investissement, nous
croyons que le nombre de "claims" enregistrés sera d'environ 26,000
cette année. De même, les dépenses d'exploration
s'élèveront à environ $35 millions au cours de
l'année aussi. La mise en valeur représentera 40% de ces
dépenses, ce qui entraînera probablement des ouvertures de mines
au cours des années suivantes.
Malgré cette conjoncture économique
généralement légèrement défavorable, notre
volonté d'agir de façon générale sur le secteur
minier de même que sur son intégration à l'économie
québécoise ne fait aucun doute. La meilleure preuve, je pense, en
est sans doute la nouvelle politique annoncée récemment par le
gouvernement au niveau de la fiscalité des compagnies minières.
Ces mesures provisoires revêtiront bientôt un caractère
permanent lorsque l'Assemblée nationale aura entériné la
législation que je soumettrai à cet effet.
Voici donc quels sont les objectifs que nous poursuivons à ce
niveau et les mesures qui en découleront. Comme l'a
déclaré le ministre Garneau, qui a été
chargé de piloter l'aspect fiscal de ce dossier, le
prélèvement de droits sur les mines vise à permettre
à la population de recevoir une juste rémunération pour
l'utilisation de ses richesses naturelles. Toutefois, il importe d'assortir ces
droits à d'autres mesures destinées à inciter
l'exploration, à favoriser la croissance et le développement du
secteur minier et à encourager une transformation plus poussée du
minerai, de la simple concentration jusqu'au stade de la fabrication des
produits finis.
Dans l'élaboration d'une nouvelle politique d'imposition
minière, il a forcément fallu tenir compte du régime
fiscal en vigueur dans les autres provinces et de certaines contraintes propres
à l'économie minière québécoise. Une saine
fiscalité minière doit non seulement comporter des incitations
à transformer le minerai actuel exporté à l'état
brut ou en concentré, mais aussi des mesures destinées à
favoriser la découverte et l'extraction de minerai pour alimenter les
usines de transformation déjà en exploitation au
Québec.
Si on regarde le programme 1, ce programme visant à
compléter l'inventaire des différentes ressources
minérales sur le territoire québécois, le
budget d'exploration et d'inventaire, qui s'élève à
environ $5.5 millions vise donc la réalisation de plusieurs objectifs.
Tout d'abord, une meilleure connaissance du sous-sol québécois,
ce qui se fait maintenant par diverses techniques.
Le choix des régions ainsi explorées se fait tout d'abord
selon les caractéristiques géologiques du sous-sol mais de plus
en plus en fonction des besoins socio-économiques du Québec, ce
que les gens du Nord-Ouest québécois ont pu réaliser
depuis quelques années.
Plusieurs études sont concentrées dans la région de
Rouyn-Noranda: en Gaspésie, des levées géochimiques
à grande échelle sont effectuées. On poursuit des
levées héliportées électromagnétiques et
magnétiques. En tout 40 programmes seront réalisés sur une
période de quatre à cinq ans comprenant les cartographies
géologiques, géophysiques, géochimiques et diverses autres
études géoscientifiques. La découverte la plus importante
en 1974 est celle qui se situe, pour ne pas nommer le nom de la compagnie, dans
le canton de Brouillan, dans le Nord-Ouest, où déjà
plusieurs dizaines de millions de tonnes de minerai de cuivre et de zinc sont
indiquées.
Au programme 2, c'est le maillon suivant des activités
minières du ministère, qui vise, bien entendu, à favoriser
l'exploration par l'entreprise privée ou publique. En fonction de cet
objectif la Direction générale des mines continue de promouvoir
la relance des activités minières.
Nous cherchons d'abord à accentuer et à
accélérer l'exploration dans des régions que la Direction
des services géologiques croit favorables, par la construction de
chemins d'exploration qui permettent aux prospecteurs de transporter
l'équipement nécessaire dans les territoires jusqu'alors
inaccessibles.
Nous construisons, de plus, des chemins d'accès vers des
gisements déjà identifiés afin, d'une part, de hâter
leur mise en valeur, mais aussi d'augmenter la possibilité de nouvelles
découvertes.
C'est ainsi qu'au cours de l'année 1974/75 le service des travaux
de génie a réalisé des projets de chemins d'accès
pour un montant de $2.5 millions.
Je pense que nous aurons l'occasion, au cours des différents
programmes, de mentionner les endroits de ces chemins d'accès aux mines
et pour la prospection.
En plus du rôle de soutien des activités minières,
une fonction de surveillance en ce qui a trait à la salubrité et
à la sécurité des ouvriers dans les mines est aussi
dévolue à l'administration minière. Le service de
l'inspection des mines est spécifiquement chargé de
contrôler l'observation des règlements concernant la
salubrité et la sécurité du travail dans les mines et
carrières conformément aux articles 256 et 267 de la Loi des
mines.
La salubrité de l'air étant une condition indispensable
à la santé des mineurs, le service fait aussi l'inspection des
exploitations en ce qui a trait à la concentration et à la nature
des poussières dans l'air en vue de la protection des ouvriers des
exploitations minières, y compris ceux des ateliers de traitement de
minerai.
Les seuils de tolérance de poussière adoptés par le
service sont ceux suggérés par l'American Conference of
Governmental Industrial Enge-neers. Cependant, en ce qui concerne les cas
particuliers de la salubrité dans les mines et moulins d'amiante, je
suis à mettre la dernière main à l'arrêté
ministériel qui nommera, tel que je l'ai déjà
déclaré, un groupe de spécialistes chargés
particulièrement d'étudier la salubrité dans les mines et
moulins d'amiante et de conseiller le gouvernement sur: d'abord, le maintien ou
la modification de la norme retenue de cinq fibres plus longues que cinq
microns par centimètre cube d'air; deuxièmement, les
modalités de mise en place et d'application de cette norme;
troisièmement, le système d'inspection le plus apte à
assurer le respect de cette norme et, finalement, les mesures d'aide technique
et financière du gouvernement qui pourraient favoriser l'application
progressive mais rapide de cette norme.
Le mandat de ce comité s'étendra également aux
usines de traitement et de transformation de l'amiante, quelles soient
situées à l'extérieur ou à l'intérieur des
exploitations minières.
Un autre service des plus importants au ministère et qui prend de
plus en plus d'importance, est le service d'économie minérale et
de développement. En accord avec l'esprit de la Loi des mines,
l'administration du secteur avait naturellement et traditionnellement
orienté ses activités au niveau technique du secteur minier.
Les programmes que je viens d'énumérer en font d'ailleurs
foi. En 1972, comme vous le savez, nous avons remédié à
cette situation en mettant sur pied la direction de l'économie
minérale et du développement minier, sachant que seule une
connaissance économique équivalente à la connaissance
géologique de notre territoire nous permettrait d'asseoir des politiques
minières réalistes adaptées aux conditions du
marché et surtout aux volontés politiques de notre
population.
En créant ce service, nous leur confions la tâche d'initier
et de collaborer à des programmes d'action à caractère
économique pour stimuler l'ensemble de l'industrie minière
québécoise.
Dans le cadre des objectifs de l'économie minière, nous
avons entrepris et poursuivons les réalisations suivantes:
c'est-à-dire le travail principal s'effectue évidemment sur
l'élaboration d'une politique minière québécoise. A
ce niveau, nous avons entrepris comme tâche principale d'acquérir
une connaissance approfondie des secteurs des principaux minéraux du sol
québécois. Cette étape est essentielle si nous voulons
orienter par la suite la mise en valeur de ces secteurs. C'est ainsi que nous
avons quatre études principales actuellement en cours. L'une sur le
secteur du fer, une autre sur le secteur de l'or, une autre sur le secteur des
métaux de base et une dernière qui est peut-être la plus
avancée dans le secteur de l'amiante.
Ce travail en est un de longue haleine, compte tenu du fait que les
variables, au niveau mondial,
fluctuent presque continuellement. Ainsi, par exemple, dans le secteur
du fer, la récente nationalisation du fer au Vénézuela
aura certainement des effets sur les prix et la demande de ce produit dans le
monde et influencera ainsi les actions que nous pourrions poser dans ce
secteur.
Dans le secteur de l'amiante, tous les Québécois visent,
bien entendu, le même objectif, c'est-à-dire d'accroître la
valeur ajoutée découlant de ce secteur. Nous voulons, en effet,
que les activités d'extraction s'intègrent davantage aux efforts
de développement industriel de la province. Je vais continuer,
cependant, de décevoir mes collègues de l'Opposition, en
répétant ce que je disais l'an dernier, lorsque j'affirmais que
je n'engagerai ni l'argent, ni les efforts des Québécois à
l'aveuglette dans ce secteur, ni dans d'autres.
M. Lessard: Le député de Frontenac aussi.
M. Massé: Les fonctionnaires de mon ministère ont
beaucoup travaillé, jusqu'à ce jour, pour élaborer les
moyens d'action capables de rejoindre nos objectifs. Cependant et bien que leur
travail ait fait avancer de façon certaine ce dossier, toutes les
alternatives possibles n'ont pas encore été, à mon avis,
identifiées et n'ont pu, bien entendu, être étudiées
à fond. Je ne possède donc pas encore l'ensemble des
données qui me permettraient de suggérer une ligne d'action au
gouvernement.
Néanmoins, nous poursuivons notre travail, dont une partie
consistera à rencontrer et à discuter avec les économistes
oeuvrant à l'extérieur de mon ministère afin d'obtenir
leur opinion. De cette façon, nous cherchons à faire la
synthèse des recommandations venues de différents organismes sur
cette question. Après quoi, je prendrai une décision et seulement
lorsque je jugerai que j'ai en main les données me permettant d'annoncer
la politique québécoise de l'amiante.
Nous poursuivons également une étude
générale sur les implications des fermetures de mines. De
façon plus précise, nous avons étudié les effets de
la fermeture de la mine Normétal qui ferme définitivement ces
jours-ci, ce qui entraîne la mise à pied de 250 travailleurs. Il y
a aussi la fermeture des mines Poirier et Joutel, dans la région de
Matagami. Dans ces deux derniers cas, il semble toutefois qu'une
société minière importante étudie la
possibilité de prendre possession de ces deux mines et de rentabiliser
leur exploitation par une même administration et même de continuer
les activités. Dans ce contexte, vous avez pu vous rendre compte,
lorsque j'ai parlé du secteur de l'exploration, que nous avions
intensifié les recherches géologiques et les programmes
d'exploration dans ces territoires, afin de pallier ces fermetures et de
permettre ainsi à la population minière spécialisée
de continuer à travailler à la mise en valeur ou à la
production de nouvelles mines que ces programmes d'exploration permettaient de
découvrir.
Nous avons en marche, en même temps, non seulement des
études mais des projets précis.
Ainsi, nous travaillons déjà, depuis quelques
années, à la réalisation du projet Ferchibal qui vise
à mettre en valeur les gisements de minerai de fer dans la région
du lac Albanel et du lac Chibougamau.
Au mois d'octobre dernier, nous avons créé un groupe de
travail pour coordonner les efforts et les études des divers
ministères et organismes concernés dont le ministère du
Transport, le Conseil exécutif, le ministère de l'Industrie et du
Commerce, l'OPDQ, la SDBJ et les compagnies concernées. Au cours du mois
de décembre, le Conseil du trésor approuvait une série
d'études au coût approximatif de $750,000 pour le transport du
minerai. Les travaux se poursuivent actuellement sur ce projet et diverses
études techniques, comme les effets du gel sur les concentrés,
ses effets sur l'environnement, la localisation d'un port, le sondage des
marchés en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, sont
effectués.
Il y a, évidemment, un autre projet de ce service qui est fort
important, c'est le projet d'implantation d'une usine de ferro-alliage dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui se poursuit. Une étude de
rentabilité, pour l'implantation d'une usine dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, a été effectuée et les
deuxième et troisième phases de cette étude seront
réalisées cette année. Un autre dossier important à
ce service est le projet d'un moulin modulaire qui pourrait permettre la
construction d'un moulin et l'expérimentation afin de peut-être
rouvrir certaines mines ou de mettre en exploitation des mines qui ne
contiendraient pas suffisamment de minerai à haute teneur pour justifier
l'implantation d'un moulin permanent.
C'est, en résumé, nos principales activités dans ce
secteur. J'aimerais, si vous me le permettez, parler plus brièvement des
autres domaines du ministère en partant du secteur de l'eau. Si vous
lisez bien la description des programmes de ce secteur du ministère des
Richesses naturelles, vous constaterez rapidement que mon ministère a la
lourde responsabilité de gérer cette ressource essentielle de la
façon la plus efficace possible, ce qui n'est pas, vous l'admettrez, une
mince tâche, compte tenu des habitudes acquises tant par la population
que par les différents utilisateurs qui ont toujours
considéré cette ressource renouvelable comme un bien souvent
gratuit et bien souvent comme totalement disponible.
Comme gestionnaires de la ressource, nous devons donc, tout d'abord,
recueillir, analyser, traiter et diffuser les données servant à
la connaissance tant de la quantité que de la qualité de l'eau
disponible au Québec. Dans un deuxième temps, nous devons
élaborer et mettre en oeuvre des plans de gestion de cette ressource
afin d'en assurer l'équilibre et en favoriser l'utilisation.
Cette tâche ressemble donc à celle que nous remplissons
dans le secteur minier.
Nous sommes heureusement épaulés dans nos tâches par
le service de l'environnement qui, comme dans plusieurs autres secteurs, joue
un rôle de surveillance. Dans ce contexte et en fonc-
tion de nos objectifs, la Direction générale des eaux est
à préparer une législation unique et systématique
pour l'eau au Québec, qui consistera, d'une part, en un regroupement
cohérent des lois existantes en plus de contenir des
éléments visant à faire face aux besoins et aux
problèmes actuels dans ce secteur.
Deuxièmement, elle établira graduellement les plans
d'affectation par bassin de la ressource eau, afin de déterminer une
meilleure utilisation de cette ressource. En ce sens, nous avons
commencé, depuis un an environ, la mise en place d'un plan de gestion de
la rivière Saint-François. Dans une première étape,
nous identifions avec la population, les besoins présents et futurs de
la ressource eau afin d'en déterminer la répartition.
Troisièmement, de plus nous continuons d'accentuer la
rationalisation de l'utilisation des berges et des rives des cours d'eau de la
province, et ce d'une façon graduelle, en commençant
principalement dans les régions les plus peuplées, qui ont, bien
entendu, des problèmes plus urgents. Ainsi, nous avons
élaboré un plan directeur de l'utilisation des rives du lac
Saint-Louis, après consultation des municipalités riveraines. Ce
plan directeur a été rédigé à partir d'un
principe fondamental. Les parties de rives qui sont actuellement à
l'état naturel seront conservées afin de les rendre accessibles,
éventuellement, au public.
A plus long terme, nous allons renforcer les outils législatifs
existants et même en proposer de nouveaux pour arriver à un
contrôle de toutes les utilisations de la ressource, que ce soit pour des
fins de plaisance, d'alimentation, de production énergétique, de
dilution, etc. afin d'en maintenir la qualité, d'en assurer une juste
répartition.
En plus des analyses quantitatives, qualitatives et des études de
connaissances qui nous permettent d'avoir un aperçu, une connaissance
générale de cette ressource, il est nécessaire
d'intervenir physiquement au niveau de cette ressource, à la suite, la
plupart du temps, des requêtes venant de municipalités qui ont
trait à des problèmes de nature hydraulique tels que les
inondations, l'érosion, les glissements de terrain. L'ensemble de ces
interventions ne comprend pas évidemment les cas d'urgence, où
nous devons rapidement et efficacement assurer la sécurité de la
population, lors d'inondation ou de glissement de terrain. Comme il n'est
évidemment pas possible de prévoir ces cas, nous intervenons
à l'aide de budgets supplémentaires.
Mais l'une de nos préoccupations majeures, au cours du prochain
exercice financier, sera de compléter l'étude de la
régularisation des eaux dans la région de Montréal.
Comme vous le savez, le problème a deux facettes, d'une part, et
ce depuis quelques années, des inondations souvent importantes
entraînent des coûts onéreux tant aux municipalités
qu'aux résidents des municipalités le long des cours d'eau de la
région de Montréal, alors qu'au début des années
soixante, nous étions aux prises, au contraire, avec des
problèmes de sécheresse et de pénurie. Les études
qui visent à corriger de façon permanente ces dégâts
ont coûté depuis ses débuts en 1972 plus de $1.5
millions.
Dans une perspective à plus long terme, le ministère est
à élaborer une proposition de politique de lutte contre les
inondations, qui va vraisemblablement inclure une certaine forme
d'assurance-inondations, reliée, bien entendu, à un zonage des
plaines d'inondation.
Dans ce contexte, nous avons entrepris un projet-pilote de cartographie
des plaines d'inondation. Comme vous pouvez l'imaginer, cette action est
à la base même de toute politique interventionniste dans ce
secteur.
Compte tenu tant des inconvénients causés à la
population par les inondations que les coûts absorbés par l'Etat,
il nous paraît essentiel d'établir, en collaboration avec les
municipalités, une sévère politique de zonage, lorsque la
cartographie sera réalisée, de façon à
empêcher quelques constructions dans les secteurs qui auront
été définis.
Parlant d'inondations, comme vous le savez, un des problèmes qui
se répète de façon presque annuelle, c'est celui du
gonflement de la rivière Richelieu au printemps. Ce problème a
toujours été difficile à régler, puisqu'il
impliquait tout autant le gouvernement fédéral que le
gouvernement américain, puisque la Richelieu, comme on le sait, prend sa
source dans le lac Champlain dont une partie des rives se situe dans l'Etat de
New-York. Or, les négociations entre ces trois parties se
déroulent bien. Nous croyons, au cours des prochains mois, qu'il nous
sera possible de signer une entente visant à permettre de
régulariser ce cours d'eau.
De toute façon, dès cette année, en collaboration
avec le gouvernement fédéral, nous entreprendrons le dragage du
lit de la rivière Richelieu, afin de minimiser les effets de la crue du
printemps.
Pendant ce temps, les études sur l'environnement se poursuivront,
tant du côté américain que canadien, afin de
déterminer les effets des travaux de régularisation. S'il
s'avère, à la suite des conclusions de ces études, que les
effets sur l'environnement sont minimes, il faudrait alors entreprendre des
travaux qui s'élèveront à environ $6 millions.
Un des derniers secteurs, c'est-à-dire le Nouveau-Québec.
Le ministère des Richesses naturelles poursuit son rôle de
gestionnaire gouvernemental dans ce territoire. Il est à noter cependant
que des négociations se poursuivent actuellement entre la province, les
Inuit et les Indiens. Les conclusions de ces négociations pourraient
évidemment modifier considérablement les actions de la direction
générale du Nouveau-Québec sur ce territoire dans
l'avenir.
Dans ce contexte, la poursuite des actions existantes ou l'engagement de
nouvelles actions dans de nouveaux secteurs d'acitivités ne pourront
être déterminées qu'avec la conclusion d'une entente finale
qui devrait se signer vers le 1er novembre prochain.
Ceci étant dit, les principales activités couver-
tes par mon ministère touchent les actions suivantes,
c'est-à-dire la présence du Québec sur le territoire pour
les fonctions de gestion, de suppléance, de
complémentarité, de liaison et connaissance; direction, soutien
et contrôle au siège du gouvernement du Québec; appui
logistique, analyse et interprétation des besoins et des désirs
de la population. Dans ce contexte, le ministère met à la
disposition des coopératives locales, des petites entreprises et des
communautés un montant de $200,000 qui permet d'accorder des prêts
pour la réalisation de projets d'intérêt communautaire.
De plus, au cours de la présente année, la Direction
générale du Nouveau-Québec, en vertu de
l'arrêté en conseil no 4350, de novembre 1973, versera à
l'Hydro-Québec une somme d'environ $500,000 pour la prise en charge
progressive, par cet organisme, des réseaux de production et de
distribution de l'électricité dans les divers postes du
Nouveau-Québec qui étaient assumés par la Direction
générale du Nouveau-Québec. Egalement, une somme
évaluée à $400,000 sera nécessaire pour effectuer
les travaux de réfection du système central de chauffage enfoui
à Poste-de-la-Baleine.
Comme on le sait, une enquête est en cours, qui a
été déclenchée suite à des indices de
malversation qui ont été portés à ma connaissance
et à la connaissance du ministre de la Justice. Malheureusement, cette
enquête n'étant pas encore terminée, je ne peux
évidemment émettre de commentaire sur cet aspect.
Finalement, le secteur énergétique. A cette époque,
l'an dernier, nous venions à peine de traverser la première
véritable crise pétrolière à laquelle avaient eu
à faire face les pays industrialisés. Cette crise a
constitué, pour plusieurs, un sérieux avertissement en mettant en
cause, pour la première fois, les mécanismes traditionnels
d'allocation des hydrocarbures entre pays producteurs et pays consommateurs.
Pour nous, elle a été l'occasion de vérifier nos
hypothèses car, comme vous le savez, nous avions déjà,
avant cette crise, énoncé les éléments d'une
politique énergétique pour le Québec. Cette politique
énergétique affirmait entre autres qu'il était important
qu'un pays, qu'une province mette l'accent sur sa sécurité des
approvisionnements à long terme dans les diverses formes
d'énergie à sa disposition. Nous affirmions également
qu'il était nécessaire d'équilibrer l'utilisation des
diverses formes d'énergie, tout particulièrement le gaz naturel,
le pétrole et l'énergie électrique.
Enfin, nous affirmions que le rôle traditionnellement
dévolu à l'entreprise privée dans l'allocation de ces
ressources, tout particulièrement des hydrocarbures, ne satisfaisait pas
parfaitement les nouvelles exigences des populations, en tout cas de la
population québécoise.
En fonction de ces objectifs, nous nous sommes donc mis à la
tâche il y a deux ans afin de les réaliser. Nous avons, bien
entendu, été retardés par divers obstacles, tout
particulièrement les remous créés par la crise
pétrolière et ses effets sur les prix d'approvisionnement des
produits pétroliers, de même que les effets indirects qu'elle a
eus et qu'elle aura sur les substituts comme l'électricité et le
gaz naturel. Cependant, nous sommes en mesure aujourd'hui de dire que,
malgré cette conjoncture défavorable, nous sommes en bonne voie
de réaliser des objectifs que nous nous sommes fixés.
Ainsi, au niveau de la sécurité des approvisionnements,
nous croyons être en train d'améliorer cet aspect de notre
politique énergétique. Tout d'abord, à la suite de la
crise pétrolière, il fut décidé de prolonger le
pipeline de l'Ouest, qui se rendait alors jusqu'à Sarnia, vers
Montréal. Nous avons été, au départ, parfaitement
d'accord sur cette décision du gouvernement fédéral
puisqu'en cas de crise elle assurait un approvisionnement aux rafineries de
Montréal. Par ailleurs, nous avons exigé que le tracé de
ce pipeline soit modifié pour tenir compte de l'environnement sur le
territoire du Québec, afin que ce tracé l'affecte le moins
possible.
De plus, nous avons exigé que ce pipeline soit réversible,
puisque, comme je l'ai dit à plusieurs occasions, il nous paraissait
improbable que l'Ouest canadien puisse satisfaire à la demande
pétrolière de l'Est encore bien longtemps, de sorte que, devant
l'éventuelle nécessité d'approvisionner le marché
de Toronto, ceci pourra être réalisé en renversant le flot
du pipeline des ports de l'Est du Canada vers les marchés torontois et
ce, jusqu'à ce que les pétroles des frontières ou les
pétroles sous-marins puissent compenser la diminution de l'offre de
l'Ouest.
De façon plus générale et en fonction de programmes
à plus long terme, nous avons tenté de diversifier nos programmes
d'exploration de façon à assurer plus rapidement notre
sécurité d'approvisionnement par notre société
d'Etat SOQUIP. Nous n'avons pas à discuter les crédits de SOQUIP,
mais je pense qu'il est important de mentionner les autorisations que le
gouvernement du Québec a données à SOQUIP. Par exemple,
SOQUIP a obtenu récemment l'autorisation d'acquérir une
participation de 50% dans les territoires pé-trolifères de Tide
Lake et de Twin Picks en Alberta. Elle a acquis, de plus, une participation
dans les projets de forage sur l'île Victoria, dans l'Arctique, où
la compagnie Murphy Oil détient déjà des terrains. En
Colombie-Britannique, la Clarke Oil Company a offert à SOQUIP une
participation dans un programme de forage situé au nord de cette
province. Un autre projet d'exploration de SOQUIP consiste à s'associer
au groupe Fort Norman qui désire explorer la région de la
rivière La Biche, dans les Territoires du Nord-Ouest, où elle
détient déjà des permis.
En plus de ces efforts précis, nous avons posé des gestes
politiques qui amélioreront nos approvisionnements et, à plus
long terme, la sécurité de nos approvisionnements.
Dans le cas du gaz naturel, le Québec est intervenu auprès
de l'Office national de l'énergie à plusieurs occasions,
notamment pour appuyer la demande de Trans-Canada Pipe Line pour la cons-
truction de boucles pour l'acheminement de quantités
additionnelles de gaz vers Montréal.
Comme vous vous le rappelez, nous avons réussi à nous
procurer ces quantités additionnelles à la suite de
négociations entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
albertain. Nous sommes aussi intervenus auprès de l'Office national de
l'énergie pour exprimer la position du Québec concernant la
politique gazière canadienne et les besoins particuliers du
Québec dans l'étude de l'Office national de l'énergie sur
l'offre et la demande du gaz au Canada.
Brièvement, la position du Québec a été
d'affirmer qu'avant de prévoir la possibilité d'exporter les
quantités de gaz aturel actuellement découvert et de gaz naturel
potentiellement évalué en réserve au Canada il sera
nécessaire d'établir les prévisions de la demande tant du
Canada que du Québec et de satisfaire en priorité les besoins
canadiens avant de fournir les permis d'exportation de ce gaz vers les
Etats-Unis.
Nous considérons aussi que les prix du gaz naturel aux
consommateurs canadiens devraient être avantagés par rapport aux
prix américains.
Ainsi, au cours de la prochaine année, notre Direction
générale de l'énergie prévoit avoir à faire
plusieurs interventions auprès de l'Office national de l'énergie
en rapport avec des causes de tarification ou des projets de gazoduc en
provenance du Nord-Ouest canadien.
Comme vous le savez, il existe actuellement deux projets pour
transporter le gaz naturel de l'Arctique vers le sud, l'un plus à
l'ouest, au nord de l'Alberta, et l'autre au nord de l'Ontario et du
Québec. Chacun de ces projets coûtera près de $10 milliards
et fournira éventuellement, c'est-à-dire dans les années
quatre-vingt, peut-être même vers 1983, 1984, le gaz capable de
satisfaire à la croissance des besoins canadiens.
De même, au niveau de l'approvisionnement en pétrole, nous
sommes intervenus devant l'Office national de l'énergie concernant la
question de l'offre et de la demande de pétrole au Canada. Le
Québec a fait valoir ses vues sur les éléments à
retenir dans l'évaluation de l'offre canadienne, ainsi que sur les
facteurs influençant la demande au Canada, ainsi que pour le projet
d'oléoduc entre Sarnia et Montréal, comme on l'a dit tout
à l'heure.
Toujours en vue de prévoir la disponibilité de
pétrole, tant à court terme qu'à long terme, nos services
ont entrepris diverses études concernant les approvisionnements de brut,
le développement des sables pétrolifères, etc. La
réalisation de ces objectifs impliquera, évidemment, la mise en
place d'infrastructures.
A cet effet, nous avons entrepris une étude préliminaire
d'impact sur l'environnement d'un projet de port pétrolier dans le
Saint-Laurent.
De plus, nous avons complété la première partie
d'une étude visant à étudier les emplacements possibles et
la faisabilité d'un complexe portuaire dans le Saint-Laurent.
La deuxième partie de cette étude, entreprise par le
Comité interministériel sur la politique por- tuaire, devrait
nous permettre, au cours des prochains mois, de poser un des premiers jalons de
la politique portuaire du Québec et nous permettra de plus de saisir les
occasions qui se présenteront dans l'importation de pétrole brut.
Jusqu'à la fin de la décennie, nous prévoyons qu'il sera
nécessaire d'importer de un million à un million et demi de
barils de pétrole brut par jour dans l'Est du Canada.
Comme vous le savez la synthèse des discussions tant sur
l'approvisionnement en hydrocarbures que sur les prix des hydrocarbures s'est
faite récemment à Ottawa lors de la conférence des
premiers ministres sur l'énergie. Le Québec, à ce
moment-là, a défendu les intérêts des
Québécois en prônant que l'emphase soit mise sur la mise en
valeur des hydrocarbures afin de satisfaire la demande des consommateurs
canadiens dans le futur, mais en exigeant qu'un contrôle
sévère soit établi afin de s'assurer que l'augmentation
des prix, si elle avait lieu, serve uniquement à satisfaire cet
objectif.
La sécurité des approvisionnements n'est pas le seul volet
d'intérêt du ministère des Richesses naturelles dans le
secteur de l'énergie. Nous avons une autre tâche importante qui
est celle de veiller à la protection, sous toutes ses formes, du
consommateur québécois utilisateur d'énergie, tant du gaz
naturel, du pétrole que de l'électricité. Le consommateur
québécois consomme, comme vous le savez, de grandes
quantités d'énergie. Il est donc de notre devoir de s'assurer,
d'une part, qu'il obtient les produits dont il a besoin; deuxièmement,
qu'il paie des prix raisonnables pour cette énergie et, enfin, qu'il
puisse l'utiliser en toute sécurité.
Dans le but d'atteindre un des objectifs de la loi 33, qui était
de connaître ce qui se passe dans le domaine pétrolier au
Québec, une étude a été commandée afin
d'analyser les informations que l'on possède maintenant et d'organiser
une programmation en conséquence. Toutes ces informations nous
permettront de déterminer les quantités de produits vendus par
les compagnies pétrolières majeures, les indépendants ou
autres, cela par région administrative. Cela nous permettra
également de connaître la façon dont les produits sont
distribués et transportés, quelles sont les capacités
d'entreposage par sorte de produit ainsi que les inventaires.
Cette multitude d'informations pourra s'avérer un outil d'une
valeur inestimable dans l'éventualité où la province
aurait à faire face à une crise ou un embargo dans le domaine
pétrolier.
Nous avions, jusqu'à tout récemment, été
favorisés au Québec dans notre consommation d'énergie. En
effet, les coûts d'utilisation, tant de l'électricité, du
gaz naturel que du pétrole, étaient relativement bas. La crise
pétrolière de l'an dernier a évidemment fait augmenter
considérablement les prix du pétrole, bien que les politiques et
les actions des gouvernements aient réussi à maintenir les prix
du pétrole à un niveau raisonnable au Canada.
Ainsi, avec l'entente entre le gouvernement
fédéral et les provinces, nous avons, au cours de
l'année 1974, épargné près de $1 milliard aux
consommateurs québécois, plus précisément $992
millions. Nous prévoyons, au cours de l'année 1975, s'il n'y a
pas de changement dans les prix, épargner aux consommateurs
québécois un peu plus de $1 milliard.
Le gaz naturel qui, jusqu'à tout récemment, se vendait
à un prix relativement bas, a augmenté aussi, de sorte que l'on
peut prévoir qu'il rejoindra éventuellement en équivalence
calorifique le prix du pétrole. Bien que cette politique me semble
logique, elle aura certainement un effet négatif sur le rythme de
pénétration de cette forme d'énergie au Québec. A
cet effet, nous faisons bien entendu les représentations
nécessaires auprès du gouvernement fédéral et des
provinces de l'Ouest. Mais il est évident que la tendance à
l'augmentation des prix du gaz naturel se maintiendra et qu'il est probable que
nous ne réussirons pas à obtenir tout le gaz dont nous aurions
besoin, même à ce prix, avant quelques années.
Nous constatons donc aujourd'hui que dans ces trois secteurs
énergétiques il y a eu et il y aura un changement radical dans la
structure des prix, plus particulièrement ceux des hydrocarbures. Cette
constatation nous a amenés il y a déjà un certain temps
à en analyser les effets sur les consommateurs québécois.
Il nous a alors paru nécessaire de raffermir les contrôles sur ces
variations de prix afin de protéger davantage les utilisateurs
d'énergie au Québec.
Cela ne veut pas dire que les consommateurs québécois
soient totalement à la merci des producteurs d'énergie au
Québec. C'est ainsi que la Régie de l'électricité
et du gaz contrôle et surveille tant la sécurité des
consommateurs que les prix demandés par les distributeurs de gaz et
d'électricité, à l'exception d'Hydro-Québec et de
municipalités qui sont distributrices d'électricité, bien
que l'Hydro-Québec doive faire approuver l'augmentation de ses tarifs
par le gouvernement.
Or, compte tenu des nouvelles exigences, il nous paraît
nécessaire, de rationaliser les diverses formes de contrôle et de
surveillance des prix des diverses formes d'énergie. C'est pourquoi avec
T'aide de conseillers juridiques extérieurs, nous sommes à
analyser les divers mécanismes législatifs en place dans ce
domaine.
Ceci nous permettra, éventuellement, de soumettre une
législation plus cohérente et mieux adaptée aux besoins
actuels. Bien entendu cette analyse n'est pas terminée et il reste
encore plusieurs éléments à considérer, afin d'en
déterminer les contraintes et l'impact tant sur l'offre et la demande de
cette forme d'énergie que sur ses prix. Nous espérons cependant
être en mesure, au cours de l'année, de présenter un
programme législatif complet dans ce domaine. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, ce n'est pas parce que j'ai
mangé de la viande de charogne, mais je n'ai pas envie d'être
gentil avec le ministre ce soir et je m'en excuse auprès de lui. Le
ministre nous a fait à peu près, ce soir, le même discours
qu'il nous a fait l'an dernier, à savoir qu'on étudie.
Je vous avoue, M. le Président, que je n'avais pas
particulièrement le goût de commencer l'étude des
crédits du ministère des Richesses naturelles, à
l'étape où nous sommes. Et je me suis demandé, si on
pouvait encore espérer qu'il puisse y avoir des changements possibles
à ce ministère.
Après avoir assisté à la démission du
ministre des Richesses naturelles, dans à peu près tous les
domaines où il nous a annoncé une action depuis I970, nous
pouvons en douter. Après avoir constaté l'inertie de ce ministre,
on ne peut pas se faire d'illusions. Le ministre des Richesses naturelles est
devenu, comme je l'appelle maintenant en Chambre, le ministre des compagnies
minières. Et le ministre n'est plus qu'un paravent pour cacher les vrais
maîtres du développement de nos richesses minières, les
compagnies. C'est pourquoi, je me suis demandé, si je devais venir
étudier les crédits de ce ministère, pour la
cinquième année consécutive. Je me suis demandé, si
tout n'avait pas été dit depuis I970.
A quoi sert de répéter constamment les mêmes choses?
A quoi sert d'insister pour avoir une politique minière faite pour les
Québécois et par les Québécois? A quoi sert de
demander un véritable ministère des Richesses naturelles? C'est
ce que, comme porte-parole de l'Opposition, j'ai essayé de faire depuis
I970 et quel piètre résultat après cinq ans.
Scepticisme, écoeurement, découragement
caractérisent les meilleurs fonctionnaires de ce ministère, qui
ont continué malgré tout à faire leur boulot à
l'intérieur de ce ministère, mais qui ont assisté
impuissants, aux démissions du ministre, qui ont vu leur rapport
s'empoussiérer sur les tablettes, qui ont vu leurs meilleures
propositions galvaudées et rejetées à cause de l'influence
des compagnies minières sur ce gouvernement et du manque de leadership
de ministre.
Si j'ai décidé quand même, de venir discuter de ces
crédits, malgré ce découragement, c'est un peu par respect
pour ces fonctionnaires qui, malgré tout, n'ont pas lâché.
Quant à ceux qui ont décidé de partir, parce qu'ils en
avaient assez, parce qu'ils étaient convaincus de pouvoir faire un
meilleur travail ailleurs, je le regrette, mais leur décision est bien
compréhensible. Essayons, M. le Président, de tracer un bilan de
l'activité du ministère des Richesses naturelles sous le
contrôle du ministre actuel depuis I970.
S'il est un domaine où l'actuel gouvernement a fait une
démonstration magistrale, à la fois de son inertie et de son
incompétence, c'est bien celui des richesses naturelles.
Dans tous les domaines et j'aurai l'occasion de le
démontrer au cours de cette discussion des crédits on
retrouve la même incurie depuis I970. Dans le domaine de l'eau, on a
passé deux ans à attendre le rapport Legendre, et deux ans
à se défendre de n'avoir rien fait. Tout est resté sur les
tablettes ou, selon ce que le ministre nous dit au-
jourd'hui, nous sommes encore à étudier une politique dans
ce secteur.
Dans le domaine de l'énergie, là encore on se rappelle que
des fonctionnaires du gouvernement avaient préparé un excellent
rapport qui a été déposé le 16 ndvembre 1972.
Depuis, le gouvernement n'a rien fait. Dans le domaine du pétrole, le
gouvernement a refusé, malgré ce que nous annonce ce soir le
ministre, de faire de SOQUIP le principal importateur de pétrole,
particulièrement, pour le pétrole canadien comme pour le
pétrole étranger. De plus, le coeur du livre rouge sur
l'énergie était particulièrement centré sur la mise
sur pied d'un secteur témoin "exploration, raffinage, distribution" et
tout ceci a été relégué aux oubliettes et on n'en
parle même plus.
Dans le domaine de l'exploration, le bill 17 a accordé un faible
$7.5 millions à SOQUIP. La recherche pétrolière dans le
golfe se fait à un rythme presque nul comparativement aux recherches
dans l'Ouest, sur la côte du Labrador ou sur la côte de
Terre-Neuve. Le conflit de juridiction, sur les territoires submergés,
n'est certes pas de nature à encourager la prospection privée.
Toujours dans le domaine de l'énergie, on n'a rien fait pour mettre sur
pied une régie de l'électricité tel que le proposait aussi
le livre rouge et on prévoit, d'ici 1979, une augmentation de 60% du
coût de l'électricité.
Dans le domaine minier, on se rappelle que le ministre nous
annonçait et nous promettait même qu'il allait déposer ou
qu'il était à préparer une politique globale dans ce
secteur. Cette politique devait être déposée avant la fin
de 1974; nous sommes en 1975 et nous n'avons absolument rien.
Pour ce qui a trait à une politique globale, le ministre recule.
J'ai ici une interview du ministre des Richesses naturelles, en date du 18 mars
1975, où le ministre déclare: En ce qui a trait à une
politique globale sur les mines au Québec, il lui paraît
très difficile, voire même impossible, d'énoncer une telle
politique étant donné la diversité de l'exploitation des
différents minerais. La politique du gouvernement, dans le secteur
minier, consiste à faire des études et à fabriquer des
slogans. Depuis 1970, on parle de transformation sur place des richesses
naturelles. On parle d'office de mise en marché des produits miniers.
Encore là, le ministre avait annoncé la création d'une
société de mise en marché des métaux, dans le
Devoir du 20 juin 1974 et, le lendemain, le ministre niait avoir fait une telle
déclaration.
On parle d'une participation québécoise à
l'industrie de l'amiante. Dans tous les cas, c'est l'inertie la plus totale. En
ce qui concerne l'amiante, on sait qu'un certain consensus s'était fait
autour de l'idée de mettre sur pied un office exclusif de mise en
marché de l'amiante. Malgré le fait que la formule s'était
avérée excellente suite, à des expériences dans
d'autres provinces, le ministre continue de s'opposer àcette idée
et refuse d'agir.
Encore, dans cette même interview, M. le Président, du
mardi 19 mars 1975, publiée dans le journal L'Union, le ministre nous
donne son opinion en ce qui concerne l'office de mise en mar- ché des
produits de l'amiante. C'est toujours un reportage de ce journal où on
lit ceci: "II semble que l'obstacle majeur à la mise sur pied de
l'office soit le caractère inconstitutionnel d'un tel projet, en ce
qu'il touche le domaine de l'exportation qui, on le sait, relève du
gouvernement fédéral." Le ministre continue à affirmer de
telles choses, alors que, dans d'autres provinces, c'est déjà
concrétisé.
Mais on continue: "Actuellement lit-on le ministre songe
à un autre type d'intervention qui rejoindrait probablement les
mêmes objectifs que ceux de l'office de mise en marché, sans, pour
autant, exiger de pénibles séances de négociation avec le
fédéral pour amender la constitution. Cette intervention dont le
ministre n'a pas voulu préciser la nature, pour éviter d'affecter
le marché boursier, permettrait au Québec de connaître et
d'influencer le processus d'exploitation de l'amiante à tous ses
niveaux, soit l'exploration, l'extraction, la transformation, la mise en
marché et la recherche. D'ici un mois, disait encore le ministre; la
position officielle du ministère sera connue et s'il n'en tient qu'au
ministre Massé le gouvernement pourra légiférer dès
la prochaine session." C'est-y bien dit, M. le Président? Nous sommes
rendus au 22 mai et le ministre nous dit, encore une fois, qu'en ce qui
concerne le secteur de l'amiante il étudie.
Quant à l'idée d'assurer une véritable
présence québécoise dans une industrie à 100%
étrangère, le ministre refuse également d'acheter une
telle entreprise. On continue, sous ce ministre, à se faire
dépouiller systématiquement de nos ressources et on verra
comment, par exemple, certaines compagnies ont augmenté le prix de leurs
produits pour aller investir en Afrique du Sud, au cours de cette année,
sans que le ministre ne fasse rien.
En ce qui concerne le fer, là encore, on nous annonce des
études. On préfère les slogans à l'action. On
préfère parler de transformation sur place. Pendant ce temps, 95%
du fer québécois continuent d'être exportés sans
aucun traitement secondaire. Il est certain, comme nous le dit encore ce soir
le ministre, comme il nous l'a dit en 1971, I972, 1973, que le marché du
minerai de fer va toujours évoluer. Il va toujours être en
situation constante. S'il faut que le ministre attende que cela s'arrête,
cette affaire, il va attendre longtemps.
La dernière pièce au dossier de l'incurie, c'est le cas
inadmissible du projet d'aciérie pour l'Est du Canada, aciérie
destinée à l'exportation de 4 millions de tonnes dont le montant
d'investissement est de $300 millions pour la construction de l'industrie.
Ce dossier était en gestation au fédéral depuis
avril 1972. Sans que le ministre des Richesses naturelles ou même que le
ministre de l'Industrie et du Commerce, qui a été traité
comme un enfant d'école dans ce dossier,
réagissent,déjà, une décision est pratiquement
prise et Gabarus en Nouvelle-Ecosse, paraît comme le choix politique du
fédéral, dès février 1974. Ce n'est qu'à la
fin de I974, début de I975 que le gouvernement québécois
se réveille une fois que tout est définitivement
réglé entre le MEER et le gouvernement de la
Nouvelle-Ecosse, et je pourrais dire paqueté, M. le
Président.
Voilà un exemple concret où le Québec devait
appliquer sa politique de transformation, puisque cette aciérie doit,
selon l'étude de Stelco être alimentée par du minerai
québécois. C'est la preuve que le Québec n'a pas de
véritable politique connue de transformation sur place de nos richesses
naturelles;
Tout le projet a été élaboré sur
l'hypothèse que le minerai viendrait de la Côte-Nord. Dans sa
lettre au ministre fédéral de l'Industrie, M. Jamieson, rendue
publique le 30 décembre 1974, le ministre québécois de
l'Industrie et du Commerce blâme timidement certains officiers du MEER et
parle vaguement des droits du Québec à transformer sur son
territoire ses richesses naturelles. On n'agit toujours pas, on va continuer de
se faire siphonner.
Pendant longtemps on a dit que dans le cas du fer il fallait accepter,
parce qu'on se faisait dépouiller par les grandes compagnies
américaines. Pour l'avenir, on nous annonce que le fer
québécois sera transformé en Nouvelle-Ecosse dans le cadre
d'un projet piloté par le gouvernement fédéral.
Le Québec, s'il veut dépasser le niveau des slogans, doit
s'opposer à ce projet et réaliser lui-même son propre
projet d'aciérie pour desservir ce marché d'exportation d'acier
semi-fini. Il est possible à SIDBEC de s'associer à d'autres
entreprises pour piloter ce projet.
Comme je le disais tout à l'heure, M. le Président, le
ministre nous parle depuis trois ans d'une politique globale dans le secteur
minier, d'une politique précise dans le cas de l'amiante, d'un pseudo
office de transformation des produits miniers, et rien n'a été
fait.
Pourtant, il existe certains documents au ministère des Richesses
naturelles, qui ont été préparés et qui demandent
justement au ministre d'avoir une action énergique dans le secteur
minier. Je voudrais simplement citer quelques paragraphes du mémoire
soumis au comité interministériel sur les investissements
étrangers par le ministère des Richesses naturelles et qui a
été préparé par des fonctionnaires de ce
ministère.
Dans le secteur minier on situe d'abord quelle est notre position comme
Québécois dans notre exploitation minière: "Cette
compilation " écrit-on " nous amène à
conclure que les Québécois sont presque absents de l'exploitation
minière. En effet, leur participation ne représente au total que
8.6% de la production minière du Québec, soit 3.6% dans les
substances métalliques, 2.2% dans les minéraux industriels et le
seul secteur où il y a encore une certaine force, c'est dans les
matériaux de construction."
Ce qui est regrettable, c'est que j'ai maintenant pris un peu comme
habitude au niveau de chacun des ministères dont j'ai la
responsabilité, d'essayer de voir quelle est la situation des
Québécois dans ce secteur.
Dans le secteur de la forêt, c'est à peu près la
même chose; dans le secteur de l'agro-alimentaire, dans l'agriculture,
c'est à peu près la même chose, on est
dépouillé par les autres; dans le secteur du tourisme, tous les
grands propriétaires d'hôtel sont des propriétaires
étrangers.
Et je continue les citations de ce mémoire, où on dit un
peu plus loin: "On remarque que plus de 70% des minerais et des
concentrés sont exportés tels quels. Aussi, on constate que les
activités minières se résument le plus souvent au stade
primaire, de sorte que la majeure partie des effets multiplicateurs est
exportée."
J'insiste, ce n'est pas le député de Saguenay qui affirme
ces choses, ce sont des fonctionnaires du ministère qui les ont
écrites.
Plus loin, on analyse les moyens d'action dans le secteur minier. "En
définitive, qu'il s'agisse des minéraux métalliques et
industriels, dominés par la grande entreprise intégrée
verticalement ou de l'entreprise autochtone atomisée, fréquente
dans les matériaux de construction, on constate que le secteur minier
est en marge de l'économie québécoise, parce que non
intégré à son développement.
Au demeurant, le gouvernement du Québec ne s'est pas doté
des moyens législatifs et des politiques requises pour entraîner
cette intégration ou bien il ne s'est pas soucié de mettre en
oeuvre de façon continue, cohérente et efficace les
mécanismes dont il dispose déjà. "Il est vrai y
lit-on par contre que la formation universitaire des géologues et
des ingénieurs miniers, au Québec comme au Canada, n'est pas
orientée actuellement vers la production d'administrateurs miniers, que
les entreprises n'ont d'autre recours que de les former sur le tas et une
tendance naturelle à les recruter à l'intérieur de leur
propre famille linguistique", ce qui expliquerait notre absence au niveau des
cadres dans cette entreprise.
Mais là, on analyse une série de correctifs et il est bon
que je les rappelle au ministre des Richesses naturelles, parce que je suis
tanné de parier, dans le sens que je suis tanné d'insister pour
avoir une vraie politique minière. Je pense qu'il y a des
fonctionnaires, à l'intérieur du ministère, qui commencent
aussi à en vouloir une et cela fait longtemps qu'ils en veulent une. Je
voudrais me baser un peu sur ce qu'ils proposent eux-mêmes pour avoir une
telle politique. "Pour corriger cette situation écrit-on
le gouvernement pourrait proposer à l'entreprise une formation à
frais communs d'administrateurs miniers, avec stage de deux ans dans
l'entreprise. Une formule de ce type viserait trois objectifs: l'identification
de jeunes Québécois brillant dans les spécialités
requises par l'administration minière, leur mise en contact avec
l'industrie et l'insertion d'autochtones qualifiés dans les circuits de
décision d'entreprises nationales ou multinationales". A ce que je
sache, M. le Président, il n'y a encore rien de fait de ce
côté. "En second lieu, pour ce qui concerne la participation de
capitaux québécois à l'industrie minière,
l'instrument le plus évident est SOQUEM, à
laquelle sa loi constitutive confère les caractères d'une
structure d'accueil aux Investissements. Cette structure d'accueil peut
fonctionner dans le sens de l'intégration verticale, de l'exploration
à la mise en marché ou dans le sens de l'intégration
horizontale. SOQUEM a fonctionné, jusqu'à présent, surtout
dans cette dernière direction, conformément à la
conception initiale de son mandat et à la modicité de son capital
de départ". Autrement dit, M. le Président, SOQUEM n'a pas les
instalments nécessaires, encore, pour en arriver à une vraie
participation des Québécois au niveau de l'industrie
minière. "Troisièmement, reste à assurer la maximalisation
des effets amont et aval de l'industrie minière. Pour ces fins,
différents moyens plus ou moins explorés jusqu'ici existent dans
les lois du ministère des mines et des droits sur les mines. La
politique d'achat des biens d'équipement n'est cependant pas
contrôlée ni contrôlable légalement. Il ne reste donc
au gouvernement, pour l'intensification des effets de développement
amont, qu'une politique de persuasion qui consisterait, par exemple, à
inventorier les besoins d'équipement des compagnies minières,
à repérer les possibilités des manufacturiers
québécois de répondre aux besoins, soit directement, soit
après reconversion, à mettre en contact les offreurs et les
demandeurs ou à susciter la création d'entreprises
d'équipement nécessaires". Ce serait là un des objectifs
qui auraient pu être poursuivis par le ministère de l'Industrie et
du Commercé mais nous attendons encore en vain une politique d'achat, au
Québec. "En ce qui concerne la recherche, il y aurait lieu
d'établir un mécanisme permettant aux chercheurs du gouvernement
de définir, avec leurs homologues de l'industrie, des projets
susceptibles d'intéresser également le développement de
l'industrie minière, une substance ou une firme particulière. Un
mécanisme d'élaboration de programmes de recherche et de
financement en commun devrait être mis sur pied". Encore là, M. le
Président, nous attendons qu'une politique soit définie. "Quant
aux effets aval, le gouvernement contrôle d'une part les conditions
d'exploitation des gisements au moyen de baux qu'il octroie en contrepartie des
redevances et des approbations qu'il délivre quant à
l'emplacement des installations pour le traitement, la fonte et
l'affinage".
Article 94 de la Loi des mines. "D'autre part, l'exportation sans
autorisation des minerais et concentrés peut être
pénalisée au moyen d'un doublement des redevances, selon
l'article 17 de la Loi des droits sur les mines. Il n'en demeure pas moins
nous dit-on toujours qu'en pratique la politique de traitement et
d'exportation des compagnies est traditionnellement entérinée
sans difficulté, faute de connaissances appropriées pour
contester les demandes d'exportations. Au demeurant le sens du mot traitement
figurant dans les lois minières du Québec peut se prêter
à une multitude de controverses légales."
Voilà, M. le Président, un mémoire qui pro- vient
de ministère des Richesses naturelles où on démontre, en
fait, qu'il n'y a pas encore grand-chose de fait et de changé dans ce
ministère.
Ce mémoire condamne sévèrement le ministère
des Richesses naturelles pour n'avoir aucun programme pouvant assurer une forte
présence des Québécois dans cette industrie.
Nous avons, dans le passé, à plusieurs reprises, soumis
certaines solutions qui nous paraissaient, en tout cas, valables. Le ministre
n'a pas jugé bon d'en prendre note ou de les mettre en application. De
toute façon, on sait que dans le secteur de l'amiante, même le
docteur Lecours, un collègue du ministre, député de
Frontenac, est intervenu dernièrement pour affirmer qu'il était
temps que les compagnies d'amiante soient mises au pas, et le docteur Lecours
parlait d'aller jusqu'à exproprier certains "claims" miniers.
Je soumets encore quelques solutions qui pourraient être
utilisées par le ministère. Mais sachez que je n'ai plus beaucoup
d'illusions, je sais bien que, l'an prochain, le ministre viendra nous
soumettre à peu près le même rapport de ses
activités, à savoir que les études ne sont pas
terminées.
Il faudrait donc donner, comme le demande le rapport du comité
interministériel, de l'envergure à SOQUEM. On sait que le budget
de SOQUEM est ridiculement bas, $3.5 millions, c'est-à-dire aucune
chance d'entrer de plein pied dans l'industrie extractive.
M. Massé: C'est $4.5 millions.
M. Lessard: D'accord, $4.5 millions, pas $45 millions.
Légiférer quant à la propriété des
nouvelles exploitations minières. On sait que l'Ontario a
déjà légiféré dans le sens que 75% du
contrôle de ses exploitations minières doit être autochtone.
Saskatchewan, c'est 50% de participation du gouvernement provincial. Manitoba,
c'est la même chose.
Assurer immédiatement une présence
québécoise dans l'industrie de l'amiante. J'en fais mon deuil, je
suis assuré que l'an prochain on sera à peu près au
même niveau.
Affirmer immédiatement notre volonté d'exiger surtout en
ce qui concerne les nouveaux gisements une transformation sur place.
Ce sont là quelques remarques qui son faites sans
animosité. Mais encore là, ce sont des remarques que j'ai eu
l'occasion de faire depuis 1970, ça n'a pas changé grand-chose
parce que le slogan de ce ministère ici ça ne change pas. Alors,
nous souhaitons une chose: que le gouvernement décide, à un
moment donné, de changer le leadership au sein du ministère des
Richesses naturelles.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Dubuc.
M. Ghislain Harvey M. Harvey (Dubuc): Je n'ai pas
préparé de
texte écrit concernant l'activité de ce ministère
et pour ça ce sera un peu moins long. Je voudrais quand même vous
dire qu'en ce qui me concerne et ce qui concerne les gens de la région
du Saguenay-Lac-Saint-Jean, nous sommes, nous, assez optimistes quant aux
projets qui sont établis depuis quelque temps déjà, depuis
au moins cinq ou six nois, relativement au projet Ferchibal.
Ce projet pourrait avoir des conséquences économiques
assez extraordinaires sur l'activité de notre région de
même que le projet de ferro-alliage.
J'aurai des questions à poser tout à l'heure au ministre
ou, demain, au cours des discussions des crédits de ce ministère,
mais je voudrais lui dire, en passant, que le projet de SOQUEM, qui est sous
l'autorité de son ministère, de Niobec Incorporée à
Saint-Honoré, va très bien et que c'est quand même une
réalisation assez importante de ce ministère dans notre
région. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cornelller): L'honorable ministre.
M. Massé: M. le Président, je ne voudrais pas
enlever ses illusions au député de Saguenay. Je pense que, si
j'étais d'accord sur certaines propositions du député de
Saguenay comme du Parti québécois, il est bien sûr que la
nationalisation deviendrait un outil qu'on appliquerait à pas mal toutes
sortes de sauces.
Les vrais maîtres du secteur minier, le député de
Saguenay dit que ce sont les compagnies. Libre à lui de penser cela,
mais je dois vous souligner une chose: c'est vrai que j'aurais aimé,
comme le député de Saguenay et comme les membres de cette
commission parlementaire, que certains dossiers évoluent plus rapidement
que cela a eu lieu au cours des derniers mois et même des quelques
dernières années. Si on veut prendre les recommandations qui nous
viennent de tous bords et de tous côtés, les appliquer l'une
après l'autre, alors que, la plupart du temps, elles sont
contradictoires, sans vraiment avoir toute la connaissance du dossier, si on
veut prendre des décisions sur des données partielles, il est
assuré qu'on engagerait le Québec dans des chemins très
hasardeux, dans des chemins qui sont d'un illogisme qui, à mon sens,
frôle le ridicule.
Je voudrais relever une parole du député de Saguenay
à l'effet qu'il y a des démissions de la part des hauts
fonctionnaires, parce que cela ne fonctionne pas au ministère des
Richesses naturelles. Je veux lui souligner que le sous-ministre, lorsqu'on l'a
engagé, devait effectuer deux ans de travail au ministère des
Richesses naturelles et devait par la suite retourner à l'entreprise
privée. S'il est parti dernièrement, ce n'est pas que les
dossiers n'évoluaient pas. Lui-même, qui a eu à travailler
dans le cabinet de M. René Lévesque du temps où il
était ministre des Richesses naturelles, pouvait m'assurer dans le
particulier que jamais des dossiers aussi importants n'avaient
été manipulés au ministère des Richesses
naturelles. Il faut dire que c'est beau de lancer des idées
semblables...
M. Bédard (Chicoutimi): Et vous l'avez cru?
M. Massé: J'ai toujours eu confiance en mes fonctionnaires
et surtout au sous-ministre. Je pense, M. le Président, que c'est
soulever des faux problèmes que d'énoncer des choses
semblables.
Je voudrais relever aussi une autre affirmation concernant le secteur de
l'eau, à l'effet que rien n'a été fait au ministère
des Richesses naturelles. Si on ne l'a pas rendue publique, comme l'aurait
voulu le député de Saguenay, je dois vous dire que la politique
de l'eau est déjà en marche depuis auprès d'un an au
ministère, par la création de nouveaux services, dont le service
d'aménagement; par des plans d'aménagement des rives, dont le lac
Saint-Louis, plan directeur de l'utilisation des rives; par des plans
d'affectation, tel celui de la rivière Saint-François, telles les
études globales de la région de Montréal qui n'ont jamais
été faites par aucun prédécesseur, telles les
études de cartographie de toutes les zones d'inondation au
Québec, telle la mise en pratique du rôle de gestionnaire unique
au Québec par la Direction générale des eaux.
M. le Président, quand on tombe dans la politique minière,
ce sont encore les mêmes remarques que j'ai à faire. C'est
tellement complexe que le député de Saguenay a peut-être,
par manque d'information, de la difficulté à imaginer la
complexité. Je voudrais lui citer une parole que j'ai déjà
prononcée: La politique minière ne se fera pas d'une façon
globale et uniforme pour tout le secteur minier; nous devons procéder
par secteur.
C'est toujours ce que j'ai soutenu. On ne peut pas appliquer la
même politique pour le secteur du cuivre que pour le secteur de l'amiante
ni que pour le secteur du fer. C'est impossible.
Le député a relevé un rapport du journal L'Union,
du comté d'Arthabaska. Je dois dire que dès le début de
mes propos sur une nouvelle politique de l'amiante, j'ai parlé des
difficultés constitutionnelles. J'en ai parlé. J'ai toujours
considéré ces difficultés parmi de nombreuses
difficultés. C'est là prendre un morceau de l'entrevue pour vous
dire les difficultés constitutionnelles. Je ne veux pas m'attarder plus
longtemps, parce que, dans le fond, s'il y avait ce seul problème, je
pense que la politique dans le secteur minier aurait été
définie depuis longtemps.
Le cour Suprême vient de rejeter la légalité d'un
organisme comme celui qu'on préconise soit un office de mise en
marché, alors qu'on avait constitué en Saskatchewan un organisme
semblable pour commercialiser la potasse. Ce ne sont pas des inventions, c'est
un jugement qui vient d'être rendu par la cour Suprême, juste pour
souligner je ne veux pas m'attarder à cette question aux
partis d'Opposition qu'il y a vraiment des difficultés.
Evidemment, j'aurai l'occasion de relever certaines autres affirmations
sur lesquelles je ne suis pas d'accord avec le député de
Saguenay.
Pour terminer, je dois dire que pour SOQUEM, c'est quand même le
gouvernement actuel qui a augmenté sa contribution comme actionnaire,
qui l'a portée de $15 millions à $45 millions. Cela n'est pas un
chiffre qu'on a choisi en l'air, mais qui avait été
demandé par la société SOQUEM elle-même.
On aimerait bien tous que SOQUEM ait une activité plus intense,
qu'elle soit davantage intégrée au niveau horizontal, mais encore
là, pour une nouvelle présence du Québec dans ce secteur,
je pense qu'il serait prématuré de donner des bouchées
doubles à SOQUEM. SOQUEM effectue un travail qui, à mon avis, est
excellent à venir jusqu'ici. SOQUEM a eu des résultats assez
fantastiques qui se comparent à n'importe quelle autre
société d'exploration au Canada. Je pense que comme rendement,
c'est peut-être la première en termes de réussite. Je dois
dire que le rythme que SOQUEM a adopté n'est peut-être pas
suffisant pour certains, mais pour des gens réalistes, cela l'est. Je
pense qu'avec les découvertes et la mise en exploitation, le
début de rapports de dividendes à la société, nous
pourrons, avec ces nouveaux revenus et les versements annuels du gouvernement,
accélérer le développement de cette société
d'Etat.
Le Président (M. Cornelller): Le programme 1. Inventaires
et recherches.
Inventaires et recherches
M. Lessard: Nous avons l'intention, comme c'est l'habitude, de
discuter de dossiers généraux au programme 1, quitte, comme on
l'a fait pour le ministère du Tourisme, comme on l'a fait pour d'autres
ministères, à accélérer par la suite l'adoption des
programmes. Mon collègue, le député de Chicoutimi voudrait
d'abord discuter du projet Ferchibal.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Chicoutimi.
M. Massé: Permettez-moi de vous présenter, pour ne
pas avoir à y revenir plus tard, les fonctionnaires du ministère
qui sont ici. Je voudrais souligner la présence, à ma droite, du
directeur de l'administration, M. Clément Tremblay, du sous-ministre par
intérim, M. Ménard, qui est le directeur de la direction
générale des mines, le Dr Grenier, le responsable de l'inspection
minière, M. Tanguay, le directeur de la Direction du
Nouveau-Québec, M. Poitras, M. Yvan Godbout, secrétaire
exécutif du sous-ministre, le directeur du centre de recherche
minérale, le Dr Olivier, M. Allan et M. Bergeron, des travaux de
génie.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant le projet Ferchibal, je
voudrais en discuter à partir d'une conférence qui a
été prononcée par le ministre des Richesses naturelles
lors d'un colloque inter- disciplinaire sur le développement du Moyen
Nord; le ministre s'en rappellera sans doute. Il avait eu l'occasion, à
ce moment-là, de venir traiter de l'éventualité du
développement de ce projet moteur, si on peut employer l'expression,
qu'est le projet Ferchibal.
Entre autres, dans la conférence qu'il avait prononcée
à cette occasion, le ministre disait textuellement ceci: "La
région de Chibougamau et des lacs Albanel et Mistassini possède
des ressources appréciables principalement en fer mais aussi en cuivre,
en or et zinc. Vous avez tous entendu parler du projet Ferchibal qui fait,
depuis un certain temps, l'objet de nombreuses discussions." C'est toujours le
ministre qui continue dans le sens suivant. "Le gouvernement
québécois a réalisé l'importance des gisements de
fer de cette région à la fois pour son économie et pour
maintenir sa situation concurrentielle sur les marchés mondiaux. "Dans
cette optique, il a entrepris pour cette région des études
sérieuses afin de déterminer la rentabilité de la mise en
valeur de ces gisements tout en faisant étudier parallèlement les
divers modes de transport les plus susceptibles d'ache-niner ce minerai vers le
sud." Un peu plus loin, dans sa conférence, le ministre disait ceci: "Je
me contenterai donc de justifier une affirmation. Il faut mettre en valeur les
ressources du Moyen Nord matérielles et surtout humaines et mettre en
oeuvre dès maintenant une stratégie de développement de la
région s'appuyant sur des moyens nouveaux et importants."
Je voudrais savoir du ministre où en est rendu le projet, depuis
sa conférence, qui a fait naître naturellement des espoirs de par
la détermination qu'il semblait tant manifester de sa part de voir dans
le développement du projet Ferchibal un développement important
pour l'ensemble du Québec et, également, un projet de
développement prioritaire pour l'ensemble de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Massé: Au départ, ce projet était la
propriété de trois compagnies minières distinctes. La
Société de développement de la baie James a pris une
participation majoritaire dans une des compagnies, pour ne pas la nommer; et
les deux autres compagnies ou les deux autres gisements, disons, à ce
qu'on m'informe, il y a des problèmes de propriété mais
surtout il y a des difficultés de fusion de ces compagnies
minières. Actuellement, ce ne sont pas les difficultés qui
retardent le projet. Je pense qu'il y a un important programme de forage sur le
site de ces gisements pour évaluer, évidemment, l'ensemble des
réserves. Il y a une étude, comme vous le savez, assez importante
qui a été commandée par le ministre des Transports en ce
qui concerne l'acheminement de ce minerai jusqu'à Port-Alfred.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous voulez parler de
l'étude de "factibilité" des options de transport du projet.
M. Massé: C'est cela, au montant de $700,000
environ...
M. Bédard (Chicoutimi): $700,000 environ.
M. Massé: ... qui a été octroyé pour
étudier tout le problème du transport. Chez nous, à
l'économie minérale, comme je le mentionnais tout à
l'heure, nous faisons effectuer des études sur le... Un instant.
M. Lessard: II étudie, il n'y a pas de
problème.
M. Massé: Les effets du gel sur les concentrés.
C'est peut-être secondaire pour le député de Saguenay mais
c'est important pour les gens qui ont à investir.
La localisation d'un port et le sondage des marchés en Europe,
aux Etats-Unis et au Japon, comme je le mentionnais dans mon exposé,
tout à l'heure, c'est le ministère des Richesses naturelles qui
s'occupe de ces trois dernières études que je viens de
mentionner, la question du transport étant assumée par le
ministère des Transports.
M. Bédard (Chicoutimi): Les résultats de cette
étude de "factibilité" des options au niveau du transport, est-ce
que les conclusions ne doivent pas en être connues très
prochainement? Le ministre des Transports avait parlé du mois de mai, je
me rappelle lui avoir déjà posé la question avant les
Fêtes. C'est d'ailleurs à ce moment qu'il nous avait donné
les informations sur l'octroi de...
M. Massé: Je ne pense pas que ce soi à la veille
d'être remis du fait, si ma mémoire est bonne, que ces contrats
ont été donnés il y a très peu de temps, il y a
quelques mois seulement. Et à mon avis, ce sont quand même des
études assez importantes qui vont exiger un certain nombre de mois avant
d'en connaître les résultats.
Maintenant, quand je vous dis que c'est peut-être secondaire, le
fait le plus important c'est le résultat des forages qui devront
être connus, des forages qui se font actuellement, pour vraiment
poursuivre des études de rentabilité. Actuellement, on sait que
le minerai retenu dans ces trois gisements semblerait suffisamment important
pour justifier des investissements assez énormes dans ce coin. Mais
d'autre part, il faut continuer à tenter de délimiter
l'étendue des gisements et le volume du minerai.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce rêver en couleurs que
de penser, tel que cela a déjà été affirmé,
qu'il est plus que possible, qu'il est probable qu'il puisse y avoir le
commencement de l'exploitation d'ici 1982? Ou est-ce que cela peut être
plus vite que cela?
M. Massé: On me dit que les travaux pour la mise en
exploitation peuvent exiger six ou sept ans. 1982 pourrait être pas mal
la date possible.
M. Bédard (Chicoutimi): S'il n'y a pas de retard dans les
études?
M. Massé: Non, je pense bien que dans toute exploitation
minière...
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis d'accord avec vous, c'est
pas mal de temps à attendre pour une région.
M. Massé: D'accord, mais avant d'investir $200 ou $300
millions, je pense qu'il est important de savoir où on pose les pieds
avant de prendre la décision de les investir.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela pourrait représenter
quoi, la réalisation de ce projet? A un moment donné, on a
lancé des chiffres: de l'ordre de $400 millions, ensuite cela a
monté à $700 millions.
M. Massé: On a parlé de $400 millions, je suis bien
d'accord avec vous. Maintenant tout dépend du résultat des
travaux d'études qui se font actuellement; que ce soit un genre de
chemin dé fer ou que ça concerne le port lui-même ou que
ça concerne l'usine de boulettage ou l'exploitation elle-même.
Tout dépend de l'étendue de l'activité qu'on veut donner a
cette exploitation.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le gouvernement a
toujours la détermination que vous sembliez manifester dans votre
discours, lors du colloque que je vous ai mentionné tout à
l'heure, à l'effet que ce développement n'a de raison de se faire
qu'en autant que les retombées soient directes sur la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, que ce soit par la construction d'une usine de
boulettage, de ferro-alliage ou...
M. Massé: Construction de port, construction de chemin de
fer, etc.
M. Bédard (Chicoutimi): La transformation, autrement dit,
dans la région d'une partie du minerai.
M. Massé: J'ai demandé, pour la partie qui concerne
la possibilité d'implantation de l'aciérie, que, dès qu'on
aura prouvé la rentabilité de cet investissement, on aille plus
loin que l'usine de boulettage et qu'on tente d'examiner la possibilité
au moins primaire, d'implanter une aciérie.
Au départ, je dois dire qu'à partir du moment où
j'ai dû prononcer cette conférence à venir jusqu'à
maintenant, les travaux s'effectuent tels que prévus.
M. Bédard (Chicoutimi): Entre autres, pourriez-vous me
dire le rôle de SOQUEM dans le projet?
M. Massé: SOQUEM n'est pas impliquée dans ce
projet. C'est la Société de développement de la baie
James. Une partie du gisement, je pense, de Campbell-Chibougamau se trouvant
sur son territoire, c'est la Société de développement de
la baie James qui a acquis au-delà de la majorité des actions de
cette compagnie.
S'il y a des investissements gouvernementaux, ils ont été
faits par le biais de la SDBJ, jusqu'à maintenant. Je ne dis pas qu'il
ne sera pas utile d'avoir l'expertise de SOQUEM à un moment
donné.
Excusez-moi, ce n'est pas la société Campbell-Chibougamau
qu'elle a acquise, c'est Albanel Minerais.
M. Bédard (Chicoutimi): Albanel Minerais, c'est
ça.
Vous disiez dans votre conférence que la Société de
la baie James a conçu un plan de développement en 1973, a
créé des filiales spécialisées dans
l'énergie, la Société d'énergie de la baie James;
dans le tourisme, SOTOUR; les télécommunications, SOTEL, et
qu'elle procède à des inventaires forestiers, miniers,
archéologiques, avec divers organismes gouvernementaux et privés
dont elle coordonne l'action sur ce territoire. Est-ce que vous pouvez nous
dire où vous en êtes là-dedans?
M. Massé: Vous parlez de filiales de la
Société de développement de la baie James?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ça. Que la
Société de développement de la baie James avait
conçu un plan de développement et à cet effet avait
créé des filiales.
M. Massé: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est vous-même qui vous
exprimez, là. Avait créé des filiales
spécialisées dans l'énergie, à savoir la
Société d'énergie de la baie James; dans le tourisme,
SOTOUR; les télécommunications, SOTEL, et procédait
à des inventaires forestiers, miniers, archéologiques. Où
en est-on rendu dans l'élaboration de ce plan de développement et
dans chacun des secteurs que vous mentionniez?
M. Massé: Ce serait assez difficile pour moi de vous
donner les moindres détails de ce plan de développement. Je pense
qu'il appartiendra à la Société de développement de
la baie James, lors d'une prochaine commission parlementaire, de faire
connaître les différentes étapes de son plan. Mais tout ce
que je peux vous dire, en termes miniers, c'est que la Société de
développement de la baie James est entrée dans le secteur
à partir de ces gisements, qu'elle assume elle-même, non par une
de ses filiales, les négociations, les travaux, les investissements
nécessaires pour ce gisement de Ferchibal, que, d'autre part, comme vous
le savez, elle a entrepris des programmes assez intensifs, avec d'autres
sociétés, de recherche d'uranium sur le territoire de la baie
James. Comme il semble qu'il y ait un potentiel des plus importants, on y
consacre des sommes plus importantes aussi pour trois ans.
Il semble que sur d'autres indices de minéralisation, entre
autres alentour du lac Mistassini, elle tente d'intéresser d'autres
investisseurs avec elle-même dans ce secteur. Pour ce qui concerne le
secteur minier, c'est à peu près, en tout cas, la somme de mes
informations sur ses activités.
M. Bédard (Chicoutimi): Comment se fait la coordination et
de quelle manière le ministère est-il présent dans chacun
des organismes que vous avez mentionnés?
M. Massé: II faut dire qu'au départ si vous prenez
le cas de Ferchibal, la Société de développement de la
baie James fonctionne, à notre point de vue, par rapport à nos
responsabilités, comme n'importe quelle entreprise qui veut investir
dans le secteur minier.
Mais pour prendre le cas de Ferchibal plus précisément, au
départ, ç'a été le ministère des Richesses
naturelles qui a tenté de mettre ensemble les trois compagnies qui
possédaient les trois gisements dans cette région. A un moment
donné, la Société de développement de la baie James
a été elle-même intéressée, parce que
c'était sur son territoire, à investir dans ce gisement.
Elle a pris une participation d'une compagnie on a dit Albanel
Minerals, tout à l'heure et nous, notre rôle a
été de continuer à effectuer un certain nombre
d'études, que je vous mentionnais tout à l'heure, pour tenter de
donner le plus d'aide à ces sociétés plus ou moins grosses
et à la Société de développement de la baie James,
en plus, évidemment, d'émettre les baux, comme on le fait pour
toute demande de l'entreprise privée.
Dans le fond, la SDBJ, dans ce cas de Ferchibal, assume les mêmes
responsabilités qu'un investisseur privé. Mais il faut dire
qu'étant donné que le ministère est à l'origine du
rapprochement des trois entreprises on fait plus, peut-être, dans ce cas
qu'on ne l'a fait par le passé. Le Service d'économie
minérale et de développement n'existe que depuis 1972. C'est un
nouveau service qu'on s'est donné afin de tenter de favoriser une plus
grande exploitation et dans un but de plus grande rentabilité pour le
Québec.
Quand je vous parlais des études, par exemple, il y a
l'étude de l'influence du gel. Vous connaissez la région. Vous
savez qu'il n'est pas facile de transporter des matières à
l'extérieur au cours de l'hiver, que le gel a une influence assez
importante, même sur du minerai qui contient un certain taux
d'humidité. Avec l'étude des marchés, c'est le genre de
démarches qu'on fait pour tenter de favoriser une mise en exploitation
la plus rapide possible de ces gisements.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pensais que vous vouliez
continuer.
M. Massé: On m'informe que. si on fait cette étude
du minerai, du concentré, c'est davantage pour savoir si c'est possible
d'acheminer le concentré, par exemple, jusqu'à Port-Alfred,
à l'usine de boulettage ou s'il faut construire l'usine de boulettage
plus au nord. C'est le genre de résultats qu'on attend de cette
étude.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il est exact que la
société Campbell Chibougamau aurait eu ou encore aurait
l'intention de faire cavalier seul en exploitant seulement le gisement de
Chibougamau?
M. Massé: Pour les raisons que je vous ai dites tout
à l'heure, à cause de la difficulté d'agencer les deux
autres entreprises, Campbell Chibougamau a pensé à cela. Je pense
qu'elle a fait un certain nombre d'études pour tenter de savoir s'il
était rentable, pour elle, d'agir seule.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut savoir à
quelles conclusions elle en est venue? Est-ce qu'on pourrait savoir si ce
projet de la société Campbell Chibougamau de faire cavalier seul
n'aurait pas comme conséquence de compromettre sérieusement le
projet initial, je crois, qui était celui de former un vaste consortium,
représentant quatre sociétés dans l'exploitation tant des
gisements de Chibougamau que de ceux du lac Albanel?
M. Massé: II faut dire qu'il est évidemment plus
rentable, de prime abord, qu'il y ait une exploitation commune, parce que le
gros gisement, c'est celui du lac Albanel, celui qui est le plus au nord.
Alors, il est assuré qu'il est plus rentable pour Campbell Chibougamau
de tenter de s'allier aux deux autres entreprises que de faire cavalier seul.
C'est évident. D'ailleurs, elle-même est intéressée
aussi à ce que cela fonctionne.
Si elle a elle-même examiné cette possibilité de
faire cavalier seul, c'est que, comme je vous le disais tout à l'heure,
il y avait des difficultés d'entente entre les deux autres entreprises.
Mais il semble que Campbell, en tout cas, à ce qu'on me dit, est plus
prête maintenant à tenter peut-être d'attendre un peu un
règlement de ce litige pour assurer une plus grande rentabilité,
qu'à agir seule.
M. Bédard (Chicoutimi): Cette réaction de la
compagnie Campbell Chibougamau, ne serait-elle pas due à la lenteur avec
laquelle le gouvernement procède dans ce dossier ou encore au manque de
leadership du gouvernement pour former et participer à ce
consortium?
M. Massé: Le gouvernement, évidemment, ne peut pas
forcer indûment ces entreprises privées.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, cela, je le sais.
M. Massé: Je pense, en tout cas, personnellement...
M. Bédard (Chicoutimi): S'il ne peut pas les forcer
indûment, le gouvernement, quand même, a un rôle de
leadership tel que ces compagnies aient au moins l'image d'un gouvernement qui
va agir si elles elles n'agissent pas.
M. Massé: C'est comme je vous dis, actuellement il n'y a
rien de compromis dans ce projet-là.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, depuis que j'ai prononcé
cette conférence, jusqu'à maintenant il y a eu peut-être ce
genre de difficultés mais le dossier a continué à
évoluer. Si le gouvernement a décidé d'investir $750,000
c'est parce qu'au départ ça s'annonce des plus prometteurs.
M. Bédard (Chicoutimi): Peut-on dire que ça
pourrait aller pour le gouvernement jusqu'à prendre l'initiative du
projet si les compagnies en question ne semblent pas vouloir exploiter ces
richesses pour l'avantage de l'ensemble des Québécois et en
particulier de ceux de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, s'il y a
une transformation...
M. Massé: Si, à causse de difficultés
d'entreprises privées, le gouvernement avait à intervenir, je
pense que, comme je l'ai dit tout à l'heure, SO-QUEM pourrait être
l'outil nécessaire pour tenter de faire évoluer le dossier plus
rapidement.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que SOQUEM est
intéressée à se relier au consortium?
M. Massé: Je ne pourrais pas vous dire. A ce jour nous
n'avons pas senti le besoin de soumettre ce dossier-là à
SOQUEM.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais pouvons-nous au moins nous
attendre à ce qu'en fait vous l'avez pas mal dit tout à
l'heure, peut-être que ce sera de la répétition si
ces compagnies décident de fonctionner une fois pour toutes, il y aura
des exigences de la part du gouvernement à l'effet que le minerai qui
sera extrait de Ferchibal soit traité sur place, qu'il subisse une
partie de la transformation dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, en plus des autres
opérations comme celle de réduction et de boulettage dont vous
avez parlé un peu? Le gouvernement a-t-il l'intention de poser quand
même des conditions quant à...?
M. Massé: C'est certainement notre intention. Je vous
mentionnais $750,000 tout à l'heure; il faut dire que le gouvernement
par le biais d'une subvention spéciale...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont simplement des
études pour le tracé.
M. Massé: C'est $750,000 que nous investissons; c'est dire
que nous croyons à ce projet.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui mais après l'avoir
étudié il faut avoir des exigences.
M. Massé: Je vous ai dit que ces gisements
présentaient un potentiel des plus importants. Donc, au départ
c'est très favorable. Nous avons, d'autre part, investi $750,000 pour
l'étude et aussi, par le biais d'une subvention, accordé à
la Société de développement de la baie James $1.2 million
pour continuer son programme de forage.
Si le gouvernement n'espérait pas dans ce
projet-là, c'est évident que nous n'aurions pas mis autant
d'argent jusqu'à ce jour.
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine parce que ce serait le
comble...
M. Massé: Vous entretenez des espoirs au sujet de ce
projet-là et nous aussi.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous aimerions avoir plus que des
espoirs.
Le CRD fait-il encore quelque chose là-dedans, ce
projet-là?
M. Massé: Le CRD, je pense qu'il est membre du
comité de...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne le voyez pas souvent.
M. Massé: C'est parce qu'il y a un comité à
l'intérieur de l'OPDQ qui tente de coordonner les différentes
actions du ministère. A ma connaissance, je ne sais pas s'il est membre.
Le comité lui-même est en contact étroit, par le biais de
notre fonctionnaire, avec le CRD.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le gouvernement a
déjà, je ne sais pas, une idée je comprends qu'elle
va peut-être être un peu vague ou imprécise sur
l'exigence auprès de ces compagnies, si le développement se fait,
de la transformation d'un pourcentage important ici au Québec, dans la
région?
M. Massé: Oui, c'est évident parce que d'abord le
SDBJ possède la grosse part dans le plus gros gisement; elle est
majoritaire dans le plus gros gisement. Depuis le début, notre
ministère est à l'origine de ce projet-là. D'autre part,
comme je le disais tout à l'heure, un certain nombre d'études
sont nécessaires.
Il faut démontrer la rentabilité non seulement de
l'exploitation mais aussi des autres étapes qu'on aura à
poursuivre, c'est-à-dire l'implantation d'une usine de boulettage; il
s'agit de déterminer à quel endroit, la capacité, etc.,
tous les problèmes concernant le port, les problèmes de
transport. Et je pense que viendra, par la suite, toute autre étape qui
pourrait suivre, en termes de sidérurgie.
M. Bédard (Chicoutimi): Tout à l'heure, je vous
parlais du CRD. C'est simplement aux fins de savoir parce que cela a
circulé à un moment donné dans la région
s'il est exact qu'un document sur le développement minier aurait
été donné au CRD de la région mais qu'on aurait
pris la précaution d'amputer ce document des parties traitant du
cheminement critique du projet, de l'absolue nécessité d'exiger
un traitement sur place.
M. Massé: M. le Président, je ne peux vraiment pas
répondre à cette question. Si un document a été
remis au CRD, il l'a été par l'Office de planification et de
développement du Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): Et non par le...
M. Massé: Et non par nous autres.
M. Bédard (Chicoutimi): Serait-il possible que le
gouvernement, à l'heure actuelle, envisage de transformer ce minerai
dans le cadre du projet d'aciérie géante pour l'est du
Québec, projet qui semble devoir s'établir mon
collègue, le député de Saguenay, en a parlé tout
à l'heure à Gabarus, en Nouvelle-Ecosse? Si c'était
le cas, est-ce qu'on peut compter que le ministre s'opposerait à cette
possibilité?
M. Massé: Excusez-moi, quelle possibilité?
M. Bédard (Chicoutimi): Bien, est-ce que le gouvernement a
l'intention...
M. Massé: Comme le ministre de l'Industrie et du Commerce
l'a dit, lors de l'étude de ses crédits, je pense qu'il
appartient à la province d'élaborer son propre dossier et de le
défendre par la suite. Je pense que nous avons un inventaire à
faire, c'est la provenance du minerai de fer qui alimenterait cette
aciérie, et c'est ce qu'on est en train de faire aussi.
M. Lessard: Dans le cas où, justement, le gouvernement
fédéral voudrait utiliser le minerai de fer de cette
région ou le minerai de fer de la région de Duplessis pour
alimenter le projet de Gabarus quelle serait la position du ministre?
M. Massé: M. le Président, c'est une question
réellement hypothétique. Si je répondais à cette
question, j'assumerais que l'aciérie serait construite à
l'extérieur du Québec, ce que je ne peux pas admettre.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, vous exigeriez, comme
condition, que cette aciérie soit établie au Québec; avec
Sidbec, peut-être, au nombre des associés?
M. Massé: Encore là, on fait entrer le portrait de
Sidbec; remarquez bien que je ne suis pas responsable de Sidbec devant
l'Assemblée nationale. Je sais très bien que Sidbec actuellement
fait de ses pieds et de ses mains pour d'abord tenter d'entrer dans
l'exploitation minière; deuxièmement, avec son programme
d'expansion, elle est déjà bien engagée dans ce secteur.
Je pense que, comme l'a dit le ministre de l'Industrie et du Commerce, il
appartiendra, pour le Québec, à tenter d'intéresser des
investisseurs privés dans un projet semblable.
Ecoutez, si M. Gignac juge que Sidbec peut être l'actionnaire
principal d'un projet semblable, je serais le plus heureux du monde. C'est
évident que si l'aciérie est sur la Côte-Nord, je ne veux
pas présumer des décisions, c'est évident qu'on n'ira pas
chercher du minerai de fer ailleurs.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que c'est
peut-être une question hypothétique mais
quand même, puisqu'il en a déjà été
question, si le projet Ferchibal devait débuter par le seul gisement de
Chibougamau, est-ce que le gouvernement a envisagé l'opportunité
de s'associer directement, par l'intermédiaire de SOQUEM ou de la
Société de la baie James, à la société
Campbell-Chibougamau?
M. Massé: On me dit qu'il y a un problème technique
qui se pose. D'abord, si leur fer n'est pas mélangé avec le fer
des deux autres gisements, à cause d'une teneur en titane X, il pourrait
difficilement être acceptable sur le marché actuellement.
Donc, au départ, il y a une certaine contrainte de la part de la
compagnie Campbell Chibougamau et cela favorise son association avec les deux
autres gisements, au départ. Or, il serait difficilement concevable
remarquez bien selon les informations que j'ai que Campbell
Chibougamau puisse partir seule et que ce soit rentable.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Dubuc avait demandé la parole sur le même sujet.
M. Bédard (Chicoutimi): J'achevais, M. le
Président, j'achevais.
M. Harvey (Dubuc): C'est concernant la localisation du port.
Selon vos études, est-ce que vous considérez la
possibilité de vous servir des installations actuelles à
Port-Alfred? Si vous ne pouvez pas vous en servir, est-ce que la localisation
pourrait être dans le même secteur?
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsque vous avez dit, par
exemple, plus au nord, est-ce cela que vous vouliez dire?
M. Massé: Je parlais de l'usine de boulettage, à ce
moment-là. Personnellement, je peux tout simplement vous répondre
que toutes les questions de transport sont actuellement à
l'étude. Les installations de Port-Alfred peuvent certainement servir,
mais avec une expansion.
M. Harvey (Dubuc): C'est l'étude du ministère des
Transports qui va répondre à cela.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est l'étude de
"facti-bilité" dont on a parlé tout à l'heure.
M. Massé: Oui, mais aussi avec une participation des ports
nationaux.
M. Harvey (Dubuc): Maintenant, la question de l'usine de
boulettage, c'est la même chose? C'est à l'étude.
M. Massé: C'est à l'étude encore.
M. Bédard (Chicoutimi): On a eu l'occasion d'avoir la
visite, naturellement, dans la région du vice-président du
Canadien national, M. J.-Frank Robert, qui est vice-président pour la
région de l'On- tario et du Québec, je crois. Alors qu'il
était interrogé concernant le projet Ferchibal, il a
affirmé que le développement du lac Albanel et de tout le Moyen
Nord va se faire sans aucun doute. Il était très affirmatif.
Est-ce qu'on peut obtenir le même caractère affirmatif du
ministre?
M. Massé: Je pense qu'on peut être des plus
optimistes, comme je l'ai mentionné tout à l'heure.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais moins affirmatif que le
président du Canadien national?
M. Massé: C'est parce que je suis plus prudent que lui. A
cause des nombreuses études et des sommes qu'on a investies
là-dedans, il est évident que c'est un gisement des plus
prometteurs qu'on ait au Québec. Alors, sans être aussi affirmatif
que le CN, c'est certain qu'à un moment donné il y aura
exploitation de ces gisements. Je ne peux pas vous en dire plus, aussi
longtemps que je n'aurai pas les comptes rendus.
M. Bédard (Chicoutimi): C'était au début de
1974 et il affirmait, à ce moment-là, qu'on en était,
à l'heure actuelle, simplement au stade de décider si le minerai
de fer du lac Albanel serait transporté par pipe-line ou par chemin de
fer. Depuis ce temps, cela...
M. Massé: Depuis ce temps, l'idée du pipe-line a
été abandonnée.
M. Bédard (Chicoutimi): ... a été
abandonné. Egalement, si le gouvernement optait pour le chemin de fer,
il se demandait s'il faudrait construire un embranchement à la ligne
Saint-Félicien-Chibougamau ou encore si on devait reconstruire tout un
autre tracé?
M. Massé: Cela a été la question de base
qu'on s'est posée, nous aussi, au gouvernement. On sait qu'il faut
partir du lac Albanel, dont le chemin de fer n'existe pas jusqu'à
Chibougamau actuellement; après cela, acheminer le minerai de
Chibougamau à Saint-Félicien, comme vous le dites, où une
ligne existait déjà. Cette ligne, à ce qu'on disait
n'était pas suffisamment bien construite pour permettre un transport de
si lourd tonnage. Donc, la question qu'il faut se poser, c'est: Est-ce qu'on
doit construire un nouvel embranchement du lac Albanel à
Chibougamau-Saint-Félicien ou construire seulement la ligne
Chibougamau-lac Albanel ou reconstruire une deuxième ligne qui serait
parallèle à celle de Chibougamau-Saint-Félicien?
En somme, c'est toute la question à laquelle on n'avait pas de
réponse qui nous a amenés à prendre une
décision...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce pourquoi vous avez
demandé une étude de "factibilité".
M. Massé: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Peut-être qu'il s'avan-
çait un peu trop, le président du CN, mais dans son
optique, étant donné sa conviction que l'ensemble du Moyen Nord
devait se développer, il alléguait qu'effectivement
c'était uniquement une décision politique qui consistait à
savoir comment et quand le gouvernement allait se décider à
embarquer, une fois pour toutes, dans ce développement.
M. Massé: Je ne peux que vous répondre ce que je
disait tantôt et vous répondre dans le contexte de la
conférence que je donnais...
M. Bédard (Chicoutimi):... une question politique.
M. Massé: Non, non, je pense bien que dans le contexte du
discours que je prononçais à ce moment-là, il est
important pour le Québec de tenter d'implanter toute l'infrastructure,
la plus rapidement possible vers le nord pour assurer un développement
plus rapide de ce secteur. Je pense qu'on a un potentiel minier assez important
dans le territoire que l'on appelle la fausse du Labrador qui, aussi longtemps
que l'on n'aura pas une infrastructure adéquate, va rester sous terre.
C'est un minerai qui va rester sous terre.
Je pense que ce projet de Ferchibal nous permet d'aller encore plus au
nord. Dans ce contexte, je pense qu'il faut voir tout le développement
du Moyen Nord. On ne peut pas implanter, à deux cents milles au nord de
Shefferville, un développement minier ou industriel s'il n'y a pas
d'infrastructure.
M. Lessard: On va tout sortir cela sur la Côte-Nord, cette
affaire-là.
M. Massé: Ne vous mettez pas en compétition.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant l'étude de la
"factibilité" qui a été commandée par le
gouvernement, est-ce qu'il y a des raisons précises pour lesquelles le
gouvernement a préféré le Canadien pacifique au CN?
M. Massé: Je dois vous dire que, personnellement, je n'ai
pas eu à prendre cette décision. Cela a été
davantage une décision de l'OPDQ et du ministère des
Transports.
C'est vrai, il n'y a pas seulement le CP, il y a une autre compagnie
dont je ne me rappelle pas le nom. C'est conjoint, c'est une étude qui a
été donnée à deux entreprises, si je ne me trompe
pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Je l'ai ici. Il y a,
premièrement, la Société d'étude et de consultation
du Canadien pacifique, pour la réalisation de l'étude de
"factibilité" d'une voie nouvelle Albanel-Chibiron-Saguenay à un
coût approximatif de $178,000 et, deuxièmement, la
Société d'ingénierie Tecsult International Limitée.
C'est cela?
M. Massé: Je ne pourrais pas...
M. Bédard (Chicoutimi): A l'effet de répondre aux
besoins formulés d'études de génie civil.
M. Massé: Je sais qu'il y a deux bureaux dont celui du CP,
mais je n'en sais pas plus.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Dubuc.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour conclure, il nous reste
à espérer.
M. Massé: C'est cela.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Dubuc.
M. Harvey (Dubuc): Le ministre a parlé, tout à
l'heure, du projet de ferro-alliage, dans son allocution du début.
Est-ce qu'il pourrait nous donner quelques détails et nous dire
où cela en est rendu, cette étude?
M. Massé: II y a un fonctionnaire, le directeur du service
d'économie minérale et de développement qui doit
être ici demain matin. On pourrait répondre d'une façon
plus complète à cette question, à savoir
véritablement où cela en est rendu.
M. Harvey (Dubuc): Très bien.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, on reviendra demain
matin.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Rivière-du-Loup.
M. Lafrance: Le ministre, durant son exposé, a
parlé des études qui ont été commencées au
niveau du ministère concernant l'implantation d'un port pour
superpétroliers dans le Saint-Laurent. Je voudrais savoir du ministre
où en sont rendues ces études, à l'heure actuelle.
M. Massé: D'abord, est-ce qu'on procède dans toutes
sortes de domaines ou si on s'en tient au secteur minier?
M. Lafrance: Je pense qu'il y a eu une habitude qui a
été créée à l'effet qu'on pouvait discuter
d'à peu près tous les projets. Ou encore, si on veut
procéder d'une autre façon...
M. Massé: Moi, je n'ai pas d'objection à
répondre tout de suite, il s'agira...
Le Président (M. Cornellier): On pourrait éviter
peut-être des répétitions éventuelles.
M. Lafrance: De toute façon, si je discute...
Le Président (M. Cornellier): Les questions
générales sont permises.
M. Lafrance: C'est une question générale, c'est
l'implantation d'un superport dans le Saint-Laurent. Je pense que c'est assez
général, tout de même.
M. Lafrance: C'est une question générale, c'est
l'implantation d'un superport dans le Saint-Laurent.
M. Lessard: M. le Président, on a l'habitude de discuter,
à l'article 1, des grands dossiers. C'est-à-dire, par exemple, de
projets comme Fer-chibal, dossier dont d'ailleurs a parlé le ministre
dans son allocution d'ouverture. L'an dernier on l'a fait de cette
façon, quitte, comme je le disais au début, à passer
beaucoup plus vite sur les éléments de projet par la suite. Quant
à moi, je pense qu'on devrait faire comme l'an dernier, voir les grands
dossiers généraux. Le ministre a parlé du superport; je
serais d'accord qu'on en parle, mais pas de revenir par la suite. Quand on
commence le dossier on le termine. Si moi, à la suite du
député de Rivière-du-Loup, j'ai des questions sur le
superport ou si d'autres collègues ont des questions, on les pose, on
vide le dossier, puis après on peut aller sur un autre dossier. Ainsi il
n'y a pas de répétition et cela va beaucoup plus vite quand on
adopte les éléments.
M. Massé: Je voulais simplement souligner le cas des
années passées. Je suis bien d'accord moi aussi qu'on discute
maintenant l'ensemble de ces dossiers. L'année dernière on
procédait ainsi: Quand on arrivait au secteur minier, on avait les
projets généraux, les questions générales sur le
secteur minier. Après ça on avait les questions
générales sur le secteur de l'eau. C'est pour cela que je
soulignais la question. Je suis prêt à vous répondre.
M. Lafrance: Je repose ma question.
Le Président (M. Cornelller): Pour toutes les raisons qui
ont été mentionnées, je ne vois pas pourquoi
j'empêcherais ces questions d'ordre général. Je
répète ce que je disais tantôt tout de même; il
faudrait éviter, lorsque nous arriverons au programme concerné
par cette question, de faire des répétitions inutiles.
M. Lafrance: Une fois que la question sera vidée il sera
inutile d'y revenir.
M. le Président, je vous remercie. C'est une sage
décision.
Je repose ma question au ministre. Où en sont rendues les
études du ministère des Richesses naturelles concernant
l'implantation d'un superport?
M. Massé: D'abord, comme je l'ai dit dans l'exposé
de départ, des études écologiques ont été
effectuées, des études de retombées régionales
à l'endroit où un port pourrait être construit. Comme vous
le savez, on a accordé une étude à la
société SNC avec mandat de faire l'inventaire des
différents sites portuaires pour des superpétroliers, ne
considérant que l'aspect vrac liquide sur l'ensemble des côtes du
Saint-Laurent. C'est une première phase. Cette étude nous a
été remise nous indiquant un certain nombre de sites possibles
sur le Saint-Laurent.
M. Lessard: Lesquels?
M. Massé: II y en a 19 qui ont été
examinés.
M. Lafrance: Combien ont été retenus?
M. Massé: C'est-à-dire on en est arrivé
à l'établissement de priorités, compte tenu du mouvement
des marées, du mouvement des courants, du mouvement des glaces; une
partie était consacrée à l'écologie. On en est
arrivé à déterminer cinq régions, sans dire
exactement l'endroit.
Il y eut par la suite la formation d'un comité
interministériel sur la politique portuaire du Québec. Ce
comité a été divisé en quelques sous-comités
pour l'étude d'un port pour vrac liquide, l'étude d'un port pour
vrac solide, l'étude sur les ports de Québec et l'étude
sur le port de Montréal. Comme deuxième étape, le groupe
est en train d'examiner différentes offres de services de
différentes firmes d'ingénieurs-conseils qui auront à
déterminer un site pour l'implantation d'un superport pour vrac liquide
au Québec.
C'est pas mal l'état de la question. Je mentionnais tout à
l'heure, dans mon exposé, que ce rapport devrait être remis dans
les prochains mois, c'est-à-dire je pense qu'on s'est donné huit
ou neuf mois pour prendre une décision finale sur cette question.
M. Lafrance: Dans l'étude que vous avez mentionnée
tantôt, Sintec-SNC, quel était le mandat de la firme
d'ingénieurs? Est-ce que c'était d'étudier le site d'un
complexe portuaire et pétrolier ou d'un complexe pétrolier
seulement?
M. Massé: C'était un complexe pétrolier
seulement, c'est-à-dire le vrac liquide.
M. Lafrance: Mais l'étude se lit bien "complexe portuaire
et pétrolier", son titre.
M. Massé: Je ne me souviens pas du titre, mais
l'étude n'a porté que sur l'acheminement de pétrole brut
au Québec et sur le transbordement de ce pétrole brut, parce
que...
M. Lafrance: D'accord, l'objet de l'étude, mais le titre
lui-même de l'étude.
M. Massé: Je pourrais le relever, vous avez probablement
raison, parce que vous semblez l'avoir en mémoire.
M. Lafrance: Je ne l'ai pas seulement en mémoire, M. le
ministre. Quand est-ce que le ministère...
M. Massé: Je voulais tout simplement faire la
distinction...
M. Lessard: S'il l'a lu.
M. Lafrance: Dans les journaux.
M. Massé: ... entre vrac liquide et vrac solide, parce
qu'évidemment, pour la rentabilité d'un port pour vrac liquide,
il faut considérer l'acheminement de ce pétrole brut par
pipe-line jusqu'aux endroits où sont installées les
raffineries.
Quant aux autres études, je pense qu'elles devraient être
plus complètes, concernant l'environnement, à cause
peut-être d'un plus grand danger de détériorer
l'environnement. Mais en ce qui concerne les études des glaces, les
mouvements, je pense que ça peut s'appliquer aussi à d'autres
fins portuaires.
M. Lafrance: Comme d'autres études pourraient aussi
s'appliquer pour l'implantation d'un port pour superpétroliers.
M. Massé: Sans doute.
M. Lafrance: Bon. Quand est-ce que le ministère a
donné le mandat à la compagnie Sintec? Pouvez-vous me dire
à quelle date on a donné ce mandat?
M. Massé: Cela a été donné le 9
janvier 1974, à ce qu'on m'informe.
M. Lafrance: Le 9 janvier 1974. Le rapport a été
remis au ministère en août 1974?
M. Massé: Vous parlez du rapport SNC-Sintec?
M. Lafrance: Oui, le rapport Sintec-SNC. M. Massé:
II a été remis en décembre 1974.
M. Lafrance: L'étude préliminaire, rapport
d'avancement, c'est le rapport préliminaire, ça? Un
deuxième rapport a été soumis par la suite.
M. Massé: C'est le rapport final de la première
phase.
M. Lafrance: Alors, août 1974. Ce que vous nous avez dit
tout à l'heure, M. le ministre, c'est que le mandat n'a pas
été donné encore à d'autres firmes pour
l'étude de la deuxième phase.
M. Massé: Comme je l'ai dit tout à l'heure, le
comité interministériel a reçu les offres de services de
plusieurs firmes d'ingénieurs-conseils et il appartient maintenant au
sous-comité de décider quelle est l'offre de services la plus
adéquate dans les circonstances.
Selon mon information, cette étude devrait être
donnée incessamment, la deuxième phase.
M. Lafrance: Oui. Est-ce que vous auriez objection à le
déposer le rapport Sintec-SNC?
M. Massé: Oui, parce que je pense que du moment que la
population va réaliser...
M. Lessard: C'est connu de tout le monde.
M. Massé: ... les sites avancés par la firme
d'ingénieurs, je ne voudrais pas qu'on connaisse les mêmes
inconvénients qu'on a connus, comme vous le savez, alentour de
l'Ile-Verte et de Grande-Ile, alors que des compagnies privées ont pris
des options sur des immenses étendues. Evidemment, à ce moment,
le gouvernement n'avait pas toutes les études pour donner suite à
ces projets privés et ne voulait pas non plus donner des autorisations
pour construire des ports pétroliers pour du pétrole brut qui
s'en irait directement aux Etats-Unis sans être raffiné ou
traité ici au Québec.
C'est à ce moment que le gouvernement a décidé de
faire ses propres études, de déterminer lui-même, avec le
concours des firmes d'ingénieurs-conseils, quels étaient les
sites les plus adéquats et surtout les plus économiques en termes
d'approvisionnement de pétrole.
M. Lafrance: Ces compagnies privées qui ont pris des
options sur des immenses terrains, comme vous le disiez, est-ce qu'elles ont
fait des études de rentabilité, des expertises, par exemple,
d'implantation?
M. Massé: Je vous parle de compagnies qui avaient pour but
d'implanter un port pétrolier.
M. Lafrance: Oui, oui.
M. Lessard: C'est leur responsabilité, cela.
M. Massé: Justement, le gouvernement a voulu assumer ses
responsabilités, parce que les études qu'on nous a
indiquées, à ce moment-là, n'étaient pas
satisfaisantes pour permettre au gouvernement de prendre des décisions
qui tiennent compte de tous les éléments et surtout du grave
problème de la protection de l'environnement. Je dois dire qu'une
entreprise privée peut avoir un projet précis pour
elle-même, pour une quantité x de pétrole par année,
alors que le gouvernement du Québec doit penser à un
approvisionnement qui est global pour le Québec. Compte tenu, comme on
le sait, que le pipe-line Portland-Montréal est à la veille
d'arriver à saturation et qu'il semble que la prochaine
génération de pétroliers soit de très haut tonnage,
c'est dans ce contexte qu'on a voulu nous-mêmes faire effectuer nos
études.
M. Lafrance: Ma question, si vous le voulez, je vais la reposer
d'une autre façon. C'est que dans l'implantation non pas d'un port pour
superpétroliers, mais d'un port pour marchandises en vrac solides, qui
est à rencontre ou, si vous voulez, parallèle à celui-ci,
il y a eu tout de même des compagnies privées qui ont voulu
s'implanter et qui ont fait leurs propres études. Les différents
ministères impliqués, tel le ministère de l'Industrie et
du Commerce, un comité interministériel provincial, de même
qu'un comité interministériel fédéral ont fait eux
aussi, leurs propres études. Est-ce que les compagnies
pétrolières, qui ont pris des options sur des terrains, ont
déjà fait des étu-
des pour l'implantation d'un port pour superpétroliers?
M. Massé: II y a eu des études de faites par ces
entreprises privées, mais, à notre avis, elles ne touchaient pas
tous les aspects. Donc, le gouvernement n'était pas sufisamment
informé à partir de ces études pour vraiment prendre une
décision.
M. Lafrance: Vous dites que des études sérieuses
ont été faites par le ministère des Richesses naturelles.
Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir, justement, la bibliographie de ces
études qui ont été faites, s'il n'y a pas moyen d'avoir
les études elles-mêmes?
M. Massé: Je ne vois aucune objection.
M. Lafrance: Aucune objection. Alors, tout ce qui est dit dans le
rapport Sintec, vous n'avez pas d'objection à en mentionner la
bibliographie.
M. Massé: La bibliographie.
M. Lafrance: La bibliographie de ces rapports ou de ces
études qui ont été à la base de l'étude du
rapport Sintec.
M. Massé: C'est-à-dire que...
M. Lessard: De toute façon, M. le Président, le
rapport Sintec, c'est rendu public maintenant, malgré le fait qu'il ne
l'est pas officiellement.
M. Lafrance: II est rendu plus que public. Il est sorti dans les
journaux. Je me demande comment il se fait qu'il y en a qui s'étonnent
encore qu'il ne soit pas...
M. Massé: C'est que si...
M. Lessard: Le député en a une copie, j'en ai une
copie. Tout le monde en a, à peu près, des copies. En ce qui
concerne justement l'objection que posait tout à l'heure le ministre,
à savoir les décisions que pouvaient prendre des compagnies
privées, il faut toujours dire que ce sont des rapports
préliminaires. Si des compagnies privées décident de
spéculer sur la possibilité d'investissement d'un port, cela
devient leur responsabilité.
M. Massé: Oui, mais ce n'est quand même pas le
député de Saguenay qui va assumer les torts et les critiques si,
en rendant public un rapport, parce que là cela devient officiel, on
incite à la spéculation dans les différentes
régions possibles d'implantation du port. C'est quand même moi qui
aurai ces responsabilités.
M. Lessard: Ce sont toujours des rapports
préliminaires.
M. Lafrance: D'accord. Il y a des options qui ont
été prises sur des terrains, a différents endroits, et il
y en a qui en ont laissé tomber, aussi.
M. Massé: Sans doute.
M. Lafrance: Alors, cela veut dire qu'il n'y a pas de
spéculation qui s'est faite, à l'heure actuelle.
M. Massé: Je n'étais pas prêt à dire
cela l'année passée, à la même date.
M. Lafrance: Non. Non, non, c'est vrai. M. Massé:
C'est exact.
M. Lafrance: C'est vrai. Il y a eu des études sommaires
qui ont été faites sur place, l'an passé, en mai 1974. Des
études sommaires des courants et des marées furent
effectuées en mai 1974. Etes-vous capable de nous dire, M. le ministre,
combien de temps ont duré ces études sommaires?
M. Massé: Du mois de...
M. Lafrance: Du mois de mai 1974.
On dit: L'analyse des résultats a montré la
nécessité de diriger les recherches vers d'autres emplacements de
l'estuaire maritime du golfe Saint-Laurent offrant de meilleures
possibilités. Alors cela a été fait sur place en mai 1974.
Cela a duré combien de temps?
M. Massé: On me dit que cela a été une
étude assez sommaire de l'INRS-eau qui a été
effectuée à ce moment-là.
M. Lafrance: Alors, vous ne pouvez pas me dire pendant combien de
temps cela a été fait.
M. Massé: Ecoutez, la longueur exacte, je ne pourrais pas
vous la dire, mais quant au montant, ce fut une étude de $5,000. Vous
voyez que ce ne fut pas une étude...
M. Lafrance: Alors, on se base là-dessus pour diriger les
recherches vers d'autres emplacements. On se base sur une étude de
$5,000 pour mettre, a priori, de côté un...
M. Massé: Ecoutez, il ne faudrait pas que vous mettiez en
relation cette étude sommaire avec le rapport préliminaire que
vous avez mentionné tout à l'heure.
Ce fut un contrat qui a été donné à part,
d'abord, première chose; d'autre part, la firme SNC avait
elle-même évidemment consulté l'ensemble des études
déjà existantes parce que, comme on le disait tout à
l'heure, les entreprises privées en ont fait un peu, le gouvernement
fédéral en a fait quand même passablement et certains
autres organismes également.
Evidemment, à la suite de ça, les firmes privées
avaient à faire leur propre recherche et à effectuer leurs
propres travaux, que ce soit sur le mouvement des glaces, sur l'environnement,
sur les courants ou autres données essentielles avant de prendre une
décision.
M. Lafrance: Ce que je trouve assez curieux, c'est qu'on fait des
études sommaires en mai 1974 alors que mai, c'est un beau mois, c'est
évident,
mais il reste onze autres mois dans l'année. On s'est basé
sur un mois pour établir, a priori, qu'il fallait diriger des recherches
vers d'autres emplacements?
M. Massé: Je m'excuse...
M. Lafrance: Je dis tout simplement que je trouve assez curieux
qu'on se base seulement sur un mois alors qu'il y en a douze dans
l'année et qu'il y a des mois qui sont un peu plus durs que celui de mai
1974. On s'est basé sur des études préliminaires, des
études sommaires de mai 1974 pour démontrer la
nécessité de diriger les recherches vers d'autres
emplacements.
M. Massé: Je pense qu'il faut dissocier
complètement ce qui a été fait par l'INRS-eau et qui avait
été commandé par la Direction générale de
l'énergie pour une connaissance très sommaire, avec un montant
assez minime de $5,000, il faut vraiment dissocier ça, dis-je, du
travail spécifique du groupe de SNC concernant les différents
sites portuaires possibles au Québec.
M. Lafrance: Quel est le coût total de l'étude?
M. Massé: Au total, on me dit, que c'est $645,000.
M. Lafrance: Et pour la phase 2 que vous vous apprêtez
à entreprendre, invitez-vous la même firme qui a fait la
1ère phase?
M. Massé: D'abord, pour répondre à la
question du coût, on me dit qu'il y a un montant de $400,000 pour la 2e
phase et qu'il y a, si je m'en souviens bien, environ quatre ou cinq firmes qui
ont été invitées à offrir leurs services.
M. Lafrance: Et vous demandez à ces firmes de s'allier
à des firmes internationales.
M. Massé: Dont SNC.
Non, je pense que ç'a déjà été...
D'abord, il faut dire que la décision n'a pas encore été
prise et que dans les discussions ç'a été
abordé.
M. Lafrance: Vous avez demandé des offres de services dans
lesquelles vous avez demandé à ces compagnies de s'associer avec
des compagnies internationales?
M. Massé: Ecoutez, ce serait vous parler à travers
mon chapeau que d'être affirmatif dans ce sens-là.
On me dit que dans la demande de services, on mentionnait qu'il se
pourrait qu'éventuellement ces firmes aient à s'associer.
Maintenant, la décision n'est pas prise selon...
M. Lafrance: Auriez-vous l'obligeance de vérifier et de me
répondre demain?
M. Massé: Je vous dis que ç'a été
mentionné dans la demande de services qu'éventuellement elles
pourraient devoir s'associer.
M. Lafrance: Dans la demande de services vous ne demandez pas
aussi aux firmes de s'associer obligatoirement avec l'INRS?
M. Massé: A ma connaissance, je ne pourrais pas
répondre à cette question. Du fait que c'est quand même un
sous-comité d'un comité qui comprend plusieurs ministères,
personnellement, en tout cas, parce que la décision n'est pas prise, je
n'ai pas vu le contrat ou tous les détails concernant la demande des
offres de services et l'octroi du contrat.
M. Lafrance: Vous avez un sous-comité
inter-ministrériel portuaire, c'est exact?
M. Massé: C'est-à-dire qu'au comité
interministériel, il y a quatre sous-comités.
M. Lafrance: Vous en avez un où il y a un haut
fonctionnaire du ministère des Richesses naturelles qui est
président.
M. Massé: Qui est le vrac liquide. M. Lafrance: Qui
est le vrac liquide. M. Massé: C'est cela.
M. Lafrance: Est-ce que c'est le président lui-même
de ce sous-comité qui a demandé aux firmes impliquées ou
à différentes firmes de faire la phase 2 de l'étude?
M. Massé: Cela a été fait à la
demande du comité interministériel et a été soumis
au groupe ministériel des affaires économiques et du
développement. Le président du comité, par rapport aux
différentes offres de service qu'il a reçues, n'a pas encore
soumis son rapport final.
M. Lafrance: Alors, M. le Président, on a
déjà passé l'heure qu'on avait fixée; j'aurais
d'autres questions à poser, si vous me permettez, M. le
Président...
M. Massé: C'était fixé à 10 h 30?
M. Lessard: On s'était fixé 10 h 30. Je pense que
si le ministre est d'accord...
M. Massé: Je n'ai pas d'objection.
M. Lessard: D'autant plus que, de toute façon, je pourrais
l'imposer, nous n'avons pas quorum.
Le Président (M. Cornellier): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 41)