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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Richesses naturelles
Séance du vendredi 23 mai I975
(Onze heures trente minutes)
M. Cornellier (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
La commission permanente des richesses naturelles et des terres et
forêts continue, ce matin, l'étude des crédits du
ministère des Richesses naturelles. Excusez-moi, M. le ministre.
Quelques changements à la liste des membres. M. Lafrance
(Rivière-du-Loup) remplace M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Bacon
(Trois-Rivières) remplace M. Malouin (Drummond).
A l'ajournement d'hier soir, nous en étions aux questions
générales, et la parole était à l'honorable
député de Rivière-du-Loup.
Rapport SINTEC (suite)
M. Lafrance: M. le ministre, je vous ai posé une question,
hier, concernant le rapport de SNC-SINTEC, et je voudrais revenir sur
quelques-unes, étant donné que je n'ai pas été tout
à fait satisfait des réponses.
Je vous ai demandé s'il y avait des choix de sites qui avaient
été faits par la compagnie SNC-SINTEC et vous m'avez
répondu, si ma mémoire est bonne, qu'il n'y avait pas eu de
sites, en particulier, mais des régions qui avaient été
déterminées. Est-ce que c'est exact? Est-ce que j'ai bien
compris?
M. Massé: C'est exact. C'est-à-dire des
régions, dans le sens qu'on a évalué, en différents
endroits, les rives et les fonds marins, et, par exemple, si je mentionne un
endroit, je ne sais pas, les Escoumins, par exemple, c'est la région de
Les Escoumins qui est mentionnée et non le village lui-même. C'est
dans ce sens.
M. Lafrance: Bon! Alors, à la page 924 du rapport SINTEC,
on mentionne, entre guillements, "coût du transport par oléoduc,
de Montréal à l'un des six emplacements retenus". On ne parle pas
de région...
M. Massé: Vous parlez du mandat de...
M. Lafrance: SNC-SINTEC, à la page 924 du rapport. On ne
parle pas de région. On parle d'emplacement, et dans les six
emplacements, parce qu'il y en a six qui avaient été retenus, il
y a l'Ile aux Lièvres, qui est située exactement en face de
Rivière-du-Loup, il y a les îles Rasade, à Trois-Pistoles,
le cap de la Tête au Chien ceci n'est pas une région
Matane, Baie des Chaleurs et Sept-lles.
Cela me semble assez précis, et considérant, par exemple,
les îles Rasade de Trois-Pistoles, la grosseur des îles, est-ce que
vous considérez que c'est une région, ou si vous
considérez que c'est un endroit bien particulier?
M. Massé: II faut distinguer entre deux choses: D'abord,
le site d'un port et la détermination d'un point pour calculer, par
exemple, les coûts de construction d'un oléoduc. C'est bien
évident que si on parle d'une région, je ne sais pas, moi, de la
région de Rivière-du-Loup, par exemple, parce que cela vous
concerne directement, il va falloir dire l'endroit exact d'où partirait,
ou à peu près, le pipeline, et non laisser un écart de dix
ou quinze milles qui peut faire une différence quand même
énorme pour la construction d'un oléoduc.
Pour l'oléoduc, c'est évident qu'il fallait absolument
qu'il parte d'un point précis, mais cela ne veut pas dire, au
départ, que l'étude elle-même recommande un site sur tel
lot, par exemple, dans telle municipalité. C'est dans ce sens que je
parle.
M. Lafrance: Est-ce que, au niveau du ministère des
Richesses naturelles, on a éliminé complètement le site de
Gros Cacouna ou de I'Isle Verte?
M. Massé: D'abord, je dois répéter un peu ce
que je disais hier. Il n'y a absolument rien, actuellement, qui est
éliminé. Il y a une deuxième phase qui va procéder,
prochainement, en termes d'étude pour la détermination,
justement, d'une façon précise, d'un site précis. La
deuxième phase, même si le mandat peut paraître restrictif,
à ce qu'on me dit, cette firme devra, de nouveau, évaluer ce qui
a été fait, du moins, examiner, prendre en considération
ce qui a été fait dans la première phase.
M. Lafrance: Vous avez dit, hier, que les 19 emplacements avaient
été visités. Est-ce que vous êtes au courant qu'ils
ont été visités par une...
M. Massé: Je n'ai pas dit qu'ils avaient été
visités. Parce que je n'ai pas...
M. Lafrance: Excusez-moi, si j'ai mal compris. Il y a 19
emplacements qui ont été...
M. Massé: II y a 19 sites qui ont été
considérés comme présentant des avantages ou des facteurs
qui pourraient amener à la construction d'un port.
M. Lafrance: Le coût de construction d'une raffinerie et
d'un oléoduc, jusqu'à Montréal, ou si vous voulez,
seulement l'oléoduc, dans quel ordre d'idées les chiffres peuvent
jouer? $100 millions, $200 millions, $300 millions?
M. Massé: L'oléoduc seulement et la raffinerie, si
c'est possible. On me dit qu'il n'y a pas eu d'évaluation globale, mais
on aurait mentionné un coût au mille, pour la construction de
l'oléoduc, un coût de $350,000 environ au mille, sur la rive
sud.
M. Lafrance: Hier, lors de votre exposé et à la
suite d'une question posée par le député de Sa-
guenay, il y avait un projet de l'ordre de $300 millions. Vous avez
mentionné qu'il fallait continuer les études, étant
donné l'importance du projet, qu'il fallait continuer à
étudier. Si, pour $300 millions, il faut continuer à
étudier, j'ai l'impression que dans un projet comme celui-là il
faudrait le faire aussi. Vous allez me dire qu'on s'en va dans la phase 2. Dans
la phase 1, pour un projet de cette envergure, vous avez dépensé
$645,000 à votre dire, hier.
M. Massé: Je m'excuse, si on me permet de préciser,
$638,655.
M. Lafrance: D'accord, on va dire $600,000, si vous voulez, on
n'est pas regardant sur ces montants. Vous avez demandé à des
firmes de réétudier et vous leur donnez un mandat de $400,000.
C'est exact?
M. Massé: Oui.
M. Lafrance: Avez-vous l'impression que, dans la deuxième
phase, avec $400,000, on va être capable de faire une étude
sérieuse pour l'implantation d'un superport, d'un port de
superpétroliers?
M. Massé: A ce qu'on me dit, il semble qu'on soit vraiment
en mesure de le dire, à la suite de cette étude, le rapport
devrait nous permettre de déterminer un site précis.
M. Lafrance: Bon. Alors, si on se réfère...
M. Massé: II faut dire une chose, c'est qu'il faut
considérer aussi qu'avant que la première phase ne débute,
il y avait eu quand même un certain nombre d'études, un certain
nombre de données qui existaient à différents endroits,
qui ont été considérées.
M. Lafrance: Etes-vous capable de nous en donner, de nous en
citer?
M. Massé: Ecoutez, il y en a plusieurs.
M. Lafrance: J'ai demandé hier la bibliographie du rapport
SINTEC.
M. Massé: On est en train de la préparer et on
pourra la distribuer probablement mardi prochain.
M. Lafrance: Est-ce que vous avez consulté: Concurrence et
complémentarité des ports du Québec par rapport à
d'autres ports au Canada et aux Etats-Unis, préparé par l'Office
de planification et de développement du Québec? Est-ce que vous
avez étudié le rapport des retombées économiques
d'un superport dans le Saint-Laurent par le ministère de l'Industrie et
du Commerce en mars 1974? '
M. Massé: Oui, monsieur. Cela a même
été à l'origine... les richesses naturelles étaient
même à l'origine de ce...
M. Lafrance: Est-ce que vous avez regardé le rapport
SINTEC?
M. Massé: Moi-même, je n'ai pas regardé ces
études. Ce sont les firmes d'ingénieurs qui les ont
examinées.
M. Lafrance: D'accord. A la page 4-18 du rapport SNC-SINTEC, on
dit l'emplacement de l'Ile-aux-Coudres n'a pas été
présenté, étant donné l'absence de voies maritimes
adéquates ou de profondeur d'eau suffisante. Il en a été
de même pour Gros-Cacouna. Est-ce que dans la deuxième phase, vous
avez l'intention d'inclure Gros-Cacouna dans l'étude?
M. Massé: Ecoutez, à ce que je sache, je suis
convaincu de cela, Gros-Cacouna était dans les 19 sites.
M. Lafrance: II s'est classé à quel rang sur
l'étude des 19?
M. Massé: On me dit dans le 16e rang.
M. Lafrance: Dans le cas de l'île aux Lièvres,
est-ce que quelqu'un peut me dire où est situé l'île aux
Lièvres et de quelle façon on pourrait faire partir un
oléoduc de l'île aux Lièvres pour l'amener sur la terre
ferme?
M. Massé: On parlait de jetée, si je me souviens
bien.
M. Lafrance: A quel coût? Est-ce que cela a
été évalué?
M. Massé: Je ne pourrais pas vous mentionner les
coûts. Evidemment, je pense qu'étant donné que la
décision n'est pas arrêtée sur aucun de ces sites, je
serais bien embêté de vous dire.
M. Lafrance: On dit aussi dans le rapport que le ministère
avait des rapports sur lesquels on s'est basé. Il y a des hauts
fonctionnaires qui ont travaillé en collaboration avec la compagnie
SNC-SINTEC et qu'il y avait des rencontres mensuelles.
Est-ce qu:il y a moyen de savoir quels sont les fonctionnaires du
ministère des Richesses naturelles qui ont travaillé avec la
compagnie SNC-SINTEC.
M. Massé: Par l'entremise des échanges de
coopération France-Québec, M. Comninos, qui était surtout
spécialisé dans le transport de pétrole par oléoduc
et qui était de la firme OTP, c'est-à-dire Omnium technique des
transports par pipeline, qui était prêté au
ministère des Richesses naturelles pendant au moins un an, si je me
souviens bien a été en relation étroite avec ces
firmes.
M. Lafrance: C'est un contractuel. Ce n'est pas un officier
supérieur du ministère.
M. Massé: Non, c'est exact.
M. Lafrance: Est-ce que vous voulez me répéter son
nom?
M. Massé: M. Jean Comninos. Il a eu des relations, c'est
certain, avec le directeur général de
l'énergie, qui est M. Réal Boucher et avec M. Claude
Turgeon, qui est à ma droite.
M. Lafrance: Hier, justement, quand on parle de OTP, j'ai
demandé s'il était exact que, dans le nouveau mandat que vous
aviez demandé par offre de services, vous exigiez que la compagnie
s'affilie ou s'associe...
M. Massé: II y a une rectification à faire sur la
réponse d'hier du fait qu'on n'avait pas vérifié
exactement, étant donné que ce mandat avait été
donné par le groupe du comité interministériel et on lit:
II est entendu que vous devez vous associer à au moins une firme
mondialement reconnue, telle que l'OTP, c'est-à-dire Omnium technique
des transports par pipe-line ou Soros Associates ou autres. Du point de vue des
études de localisation et d'aménagement d'un superport en eaux
profondes pour le vrac liquide, incluant le transport par oléoduc vers
les centres de raffinage.
M. Lafrance: Voulez-vous continuer, s'il vous plaît?
M. Massé: Vous permettez que je lise?
M. Lafrance: Oui, continuez jusqu'à la fin de la
lettre.
M. Massé: Oui, je m'en doute.
Une Voix: II n'y a pas seulement les gens de l'Opposition
qui...
M. Massé: "Toutefois, toutes firmes, ayant
déjà été impliquées dans des études
en vue de l'implantation de superport pour vrac liquide dans l'est du Canada,
ne pourront pas être considérées."
M. Lafrance: C'est très bien. J'en ai assez. Hier, vous
m'avez répondu que SNC avait été recontactée
pour...
M. Massé: Juste un instant. Cette lettre du
président du sous-comité interministériel portuaire est
datée du 8 mai I975.
M. Lafrance: Le mandat...
M. Massé: Je dois dire qu'étant un des membres du
comité ministériel et non du comité
interministériel du groupe économique et de développement,
je considérais cette exigence, un peu discriminatoire pour des raisons
qui me semblaient non fondées. Par la suite, au cours d'une discussion,
il a été entendu qu'une même lettre soit envoyée,
non seulement aux firmes qui avaient déjà été
invitées, mais également à ceux qui avaient
effectué la première phase. Vous dire si cela a été
fait, il faudrait que je vérifie avec le sous-comité
interministériel.
M. Lafrance: Est-ce qu'il en est de même pour l'INRS, qui a
participé à la première phase de l'étude?
M. Massé: Si vous permettez que je continue à lire
la demande de services: "De plus, pour les études d'océanographie
physique et de biologie marine, vous devrez obligatoirement vous associer
à la firme suivante INRS océanologie."
M. Lafrance: Hier, vous avez dit que l'INRS avait
dépensé $5,000 pour l'étude des marées et des
courants et que ce n'était pas suffisant. Vous avez mentionné
cela hier?
M. Massé: Je n'ai pas mentionné que ce
n'était pas suffisant, j'ai dit que forcément c'était une
étude très préliminaire.
M. Bacon: ... deux ou trois vagues.
M. Lafrance: Alors, les $5,000 ont été
dépensés. Est-ce que, dans les $400,000 que vous voulez
dépenser dans la deuxième phase, vous trouvez que c'est suffisant
pour un projet de cette envergure, étant donné que vous voulez
pratiquement recommencer l'étude?
M. Massé: Pas du tout; dans mon esprit, il n'est pas
question de recommencer cette étude.
M. Lafrance: Alors vous voulez la continuer.
M. Massé: C'est le sens de la deuxième phase.
M. Lafrance: Dans votre offre de services, vous dites: "II devra
limiter ses travaux à des sites sur la rive sud du Saint-Laurent qui ont
été retenus dans les études précédentes et
suivra à cet effet les directives du sous-comité." Dans les six
sites que vous reteniez, il y avait Sept-lles. Est-ce que vous éliminez
Sept-lles au départ?
M. Massé: Je dois préciser que, depuis que la
première phase est terminée, en ce qui concerne la
deuxième phase, je suis pas mal indirectement concerné. C'est le
but du comité interministériel qui ne voulait pas faire de double
emploi dans les études concernant le superport pour vrac liquide et le
port pour vrac solide. Je pense qu'il était normal qu'il y ait une
coordination quelque part. C'est ce que le comité
interministériel effectue. C'est pourquoi je n'ai pas toutes les raisons
à fournir concernant la deuxième phase, mais si je n'étais
pas capable de répondre à toutes vos questions, je peux quand
même, d'ici mardi prochain, m'informer sur chacune de vos questions.
M. Lessard: Est-ce que, dans la deuxième phase, vous vous
limitez, dans votre étude, exclusivement aux six sites qui ont
été retenus?
M. Massé: II est évident que les études qui
ont déjà été faites pour la rive sud ou pour la
rive nord devraient être considérées. Mais je vais
vérifier sur le mandat. Je peux vous le lire, les six points. Ci-inclus
l'offre de services qui comprend notamment: un, la méthodologie qui
serait utilisée; deux, l'échéancier; trois, les ressources
humaines avec leur curriculum vitae; quatre, la répartition du budget
pour chaque phase ainsi que la répartition
en hommes-mois et les tarifs applicables à chacune des
catégories de personnel à être utilisée; cinq, la
structure administrative quant à la réalisation du projet; six,
liste des études et/ou réalisations de nature semblable et/ou
connexes à ce projet-ci que vous avez dirigées ou auxquelles vous
avez participé activement.
Pour répondre à votre question, d'après ce mandat,
ce n'est pas limitatif.
M. Lessard: Vous avez dit que vous teniez compte des
premières études et, lors de ces premières études,
on avait considéré 19 sites. A la fin, on arrive à six
sites et un certain nombre de sites ont donc été
éliminés. Est-ce que...
M. Massé: II n'y a pas eu d'élimination. Il faut
dire la façon dont cela s'est fait. Sur ordinateur...
M. Lessard: Vous n'en avez pas éliminé, vous en
avez retenu six.
M. Massé: Sur ordinateur, on en est arrivé à
donner un système de pointage à chacun des facteurs qui entrent
en ligne de compte dans la détermination d'un site. C'est à
partir de l'addition de ces points qu'on en est arrivé progressivement
à donner à chacun des sites le nombre de points. Donc, si, dans
la deuxième phase, on pouvait mettre en doute cette méthode, je
ne vois pas pourquoi on ne pourra pas reconsidérer des sites qui ne sont
pas dans les quatre, cinq ou six premiers.
M. Lessard: Donc, vous reconsidérez la première
étude.
M. Massé: Pas du tout, je pense que si, dans la
deuxième phase, on trouve des failles à la première
étude, c'est évident qu'on aura à remplir ces trous.
M. Lafrance: M. le ministre, je vais vous poser une question
directe. Gros Cacouna n'est pas dans les six sites retenus.
M. Massé: C'est exact.
M. Lafrance: L'île Verte, Gros Cacouna, d'accord. Si vous
dites que vous ne reconsidérez pas la première étude, vous
l'éliminez dans la deuxième phase. Oui ou non?
M. Massé: Je pense que je viens de vous répondre.
Une firme qui a à soumettre un rapport qui détermine un site
précis aura certainement à faire quelques vérifications
sur les études de la première phase et même les autres
études.
M. Lafrance: Avec $400,000, on est capable de refaire tout
ça alors qu'on en a dépensé $635,000 et qu'on n'a pas
réussi.
M. Massé: On peut remettre en cause... C'est-à-dire
que, dans le mandat, la première phase n'était pas de
déterminer un site précis. Je dois vous dire que,
personnellement, $400,000, on peut les remettre en doute, mais c'est
l'évaluation des fonctionnaires du comité
interministériel.
M. Lafrance: A la page 1 du sommaire régle- mentaire,
rapport SNC-SINTEC: Le but du présent rapport est de faire ressortir les
emplacements les plus valables, en vue de l'implantation d'un complexe
portuaire et pétrolier sur le Saint-Laurent. L'étude devait
reccommander un emplacement unique qui, par ses caractéristiques, aurait
surpassé tous les autres et dont le choix aurait été
confirmé, lors de la deuxième phase, par des études plus
poussées.
M. Massé: C'est le sens du mandat, mais, suite à
des rencontres mensuelles, ou à peu près, avec le groupe
d'étude, il est apparu, dès le départ, que c'était
extrêmement difficile pour la firme d'en arriver à un seul
site.
M. Lafrance: D'accord.
M. Lessard: M. le Président, si le député me
permet...
M. Lafrance: Sur une question à laquelle le ministre a
répondu tout à l'heure, je voudrais faire un commentaire et
après cela on pourra continuer.
M. Lessard: D'accord.
M. Lafrance: Sur la méthode employée par la
société SNC-SINTEC, vous avez dit qu'il n'y avait pas de
critère de base. On a établi un genre de tableau pour
déterminer les meilleurs sites. Je cite le rapport SNC-SINTEC, à
la page 2 et 3; "Comme il n'existait aucune méthode connue de
comparaisons, pour en arriver au meilleur choix, une méthode arbitraire,
mais logique et rationnelle a été élaborée et
adoptée par une équipe d'experts chargés de l'attribution
et de la pondération de toutes les valeurs." Ainsi, pour chaque
emplacement et chaque critère, une valeur a été
attribuée et pondérée par la suite.
S'il y a eu une erreur, au départ, elle est multipliée
rendu à la fin. "Ce procédé a été
expliqué en détail au chapitre IV où un tableau
résume les valeurs et les résultats obtenus. Le tableau indiquant
le rang et le nombre total de points attribués à chacun des ports
possibles n'a été utilisé que pour en arriver au choix du
meilleur emplacement dans chaque région." On ne parle pas de
région, on parle d'un seul emplacement. Ma question revient. Je vais
lire encore un autre paragraphe pour montrer la pondération et
l'arbitraire des décisions. "Il en résulte un emplacement par
région, donc, cinq emplacements, auxquels Matane a été
ajouté, en raison de l'importance du coût des assurances de
navigation en hiver, tel qu'élaboré au chapitre IV." On n'en
avait pas, on en a mis un parce qu'il en fallait un.
M. Massé: On a mis? M. Lafrance: Matane.
M. Massé: Parce qu'il fallait un site à cet
endroit?
M. Lafrance: Oui. Il en résulte un emplace-
ment par région; donc cinq emplacements auxquels Matane a
été ajouté, en raison de l'importance du coût des
assurances de navigation en hiver, tel qu'élaboré au chapitre IV
des page 2 et 3 du rapport SNC-SINTEC. Je vous demande, M. le ministre, si vous
voulez recommencer ces études, est-ce que vous incluez le port de
Gros-Cacouna ou de l'Ile-Verte dans le prochain projet et si vous calculez que
$400,000, dans votre mandat, seront suffisants pour réétudier le
projet de Gros-Cacouna seulement?
M. Massé: Je pense que j'ai eu à répondre
à cette question tout à l'heure, mais, dans le sens... Pour
répondre à votre question, je pense que j'ai eu
l'occasion, hier, d'y répondre je pense bien qu'il ne
m'appartient pas d'évaluer d'une façon technique les failles ou
les bonnes pages du rapport de la première phase. Mais je dois dire
cela va peut-être répondre à votre interrogation que
vous n'avez pas exprimée encore, mais qui va venir à un moment
donné, c'est évident dans la deuxième phase...
M. Lafrance: Parce que... c'est clair.
M. Massé:... je vais vous lire un seul paragraphe qui va
certainement rassurer le député de Rivière-du-Loup,
à la page 3, du mandat: Etude en vue de la localisation et de
l'aménagement d'un superport en eaux profondes pour vrac liquide sur le
Saint-Laurent.
Une Voix: Oui.
M. Massé: On y lit, à la page 3, comme vous dites:
"Les études...
Une Voix: Oui.
M. Massé: ... d'environnement et de navigabilité
devront être faites sur le site de Gros Cacouna dans le contexte de
l'utilisation de l'emplacement pour un superport pour vrac solide." Il est
évident que toutes les études qui peuvent s'appliquer au vrac
liquide sont considérées.
M. Lafrance: Bon. La question que je me pose, que je
voudrais...
M. Massé: C'est ce qui m'amène à vous
répondre que le site de Gros Cacouna est toujours
considéré.
M. Lafrance: Oui, allez-y donc. J'ai une question...
M. Lessard: M. le Président, pour faire suite aux
questions que pose, avec raison, je pense, le député de
Rivière-du-Loup, on a eu une première étude qui a
coûté $636,000, et 19 sites ont été
étudiés. Or, 6 sites, à partir d'un certain nombre de
critères dont a parlé tout à l'heure le
député de Rivière-du-Loup, ont été
retenus.
Moi, si je comprends bien le français, c'est qu'il y en a au
moins 13 qui ont été, en fait, retirés dans le
dossier.
M. Massé: Non, il n'y a pas d'élimination. Il n'y a
rien de retiré.
M. Lessard: Bon, bien voici...
M. Massé: C'est le système de points.
M. Lessard: Bon. Est-ce qu'on va arrêter de rire du
monde?
M. Massé: Je pense qu'il faut être
sérieux.
M. Lessard: Non, non, on va discuter...
M. Massé: Arrêter de rire du monde, il faut...
M. Lessard: Voici. C'est qu'il y a des gens, que ce soit dans une
région ou dans l'autre... Je comprends très bien le
député de Rivière-du-Loup, comme je peux comprendre le
député de Duplessis et d'autres, qui subissent, à un
moment donné, des promesses et cela depuis pas mal d'années.
Là, ils demandent d'avoir des réponses. Pas des réponses
comme on en donne encore ce matin en disant: Bien, il n'y a pas de
problème...
M. Massé: Vous voudriez qu'on prenne la
décision...
M. Lessard: Non, non.
M. Massé:... et qu'on fasse les études
après? C'est ça que vous voulez?
M. Lessard: Voici...
M. Massé: Dans le domaine de l'amiante, c'est exactement
votre position. Dans le domaine de l'eau, c'est exactement votre position.
M. Lessard: II y a eu une étude de $636,000. Ou bien ces
$636,000 ont été du gaspillage de fantaisie, ou bien cela
représente quelque chose. Parce que c'est là que j'ai toujours
blâmé le ministre. C'est qu'il étudie, il
réétudie et il réréétudie à nouveau,
continuellement.
M. Massé: Vous devriez faire cela de temps en temps, vous
autres aussi.
M. Lessard: Voici. Il y a eu $636,000 qui ont déjà
été dépensés. Il y a six régions, comme vous
les appelez, qui ont été retenues. Une autre étude est
commandée et un montant de $400,000 est prévu pour étudier
encore les supposés superports en vrac liquide ou solide.
M. Massé: Seulement le vrac liquide.
M. Lessard: Seulement le vrac liquide. Or, le ministre nous dit,
ce matin: Mais parmi les 19 sites qui ont déjà été
retenus, il n'y en a aucun qui a été éliminé.
Alors, là on recommence encore à zéro.
Je voudrais simplement vous citer une lettre qui a été
envoyée par les gens de la région du député de
Rivière-du-Loup, qui démontre que ces gens veulent non pas avoir
du patinage de fantaisie, mais une réponse. C'est à cela,
à un moment donné, qu'on devrait arriver.
Est-ce que, à la suite de la première étude, le
site de Gros Cacouna est éliminé ou est-ce qu'il ne
l'est pas? Est-ce qu'on va continuer à laisser rêver les
populations? Je cite la lettre qui a été envoyée à
Jean Marchand le 18 mars 1974: "Avant que ne se mette en mouvement une campagne
où s'engouffreront des milliers de dollars provenant d'une région
qui n'en a pas tant à y consacrer et avant que quelques milliers
d'esprits déjà surchauffés n'entreprennent des actions que
vous et nous tous serons les premiers à regretter, s'il vous
plaît, donnez votre assentiment au projet Havre Champlain. Sinon, de
grâce, dites-le, votre refus, et donnez-nous les raisons."
Il y a déjà là je reviens sur la question
que je voulais poser une compagnie qui a démontré son
intérêt pour utiliser le port de Gros Cacouna, soit la compagnie
Havre Champlain.. Quelles sont les raisons précises je pense que
c'était sans aucune subvention du gouvernement que le
ministère des Richesses naturelles ou que le gouvernement du
Québec possède pour avoir, à mon sens empêché
d'investir les montants qu'elle était prête à investir?
Je pourrais vous répéter je pense bien que le
député de Rivière-du-Loup comme vous-même en
êtes informé que, depuis douze ans, on fait rêver une
population avec un port de mer et particulièrement au cours des
périodes électorales. Ce serait quand même le temps qu'on
se décide et qu'on dise aux gens: Voici, il y a eu des études
précises. Là, on s'accorde pour dire si ces études sont
bonnes ou ne sont pas bonnes. Si elles ne sont pas bonnes, si vous n'êtes
pas satisfaits de la première étude de $636,000, dites-nous ce
matin que vous l'avez éliminée et que vous recommencez à
zéro.
M. Massé: M. le Président, dès le
début, il était question d'une première phase et d'une
deuxième phase. Nous sommes dans la deuxième phase.
M. Lessard: Dans la deuxième phase, est-ce que vous
retenez encore les treize autres sites?
M. Massé: Pour répondre à votre question, il
n'y a aucun site d'éliminé, quant à moi. Je n'en sais
rien, moi, si les techniciens et les experts ne trouveront pas des failles
techniques dans le premier document. Je n'en sais rien. S'ils en trouvent, ils
auront à combler les trous-là. Le mandat, tel que je l'ai
mentionné tout à l'heure, relève encore des études
à être effectuées sur Gros Cacouna. Quand vous parlez du
projet de Havre Champlain, vous êtes au courant; mais vous ne le
mentionnez pas, que le premier ministre, le 8 avril 1975, a annoncé que
le gouvernement du Québec accorde son appui au projet de construction et
d'aménagement d'un port en eau profonde à Gros Cacouna par la
société Havre Champlain.
Pourquoi palabrer, faire de la démagogie, alors que cela a
déjà été annoncé?
M. Lessard: Qu'est-ce que le premier ministre, comme mesures
concrètes, a prévu pour que cela s'installe?
M. Massé: Soyez donc sérieux. Je vous informe que
le projet de Havre Champlain le député de
Rivière-du-Loup est parfaitement au cou- rant ne nuira en aucune
façon, à ce qu'on nous dit, aux autres ports déjà
existants. Il est davantage axé sur des tonnages pas mal moins
importants que ceux des superpetroliers, par exemple, qui vont transporter,
dans l'avenir, du pétrole.
On ne parle pas, dans Havre Champlain, d'amener des navires de 300,000
tonnes. On parle des navires d'à peu près 100,000 tonnes, si je
m'en souviens bien. On disait aussi plus loin: "A l'heure actuelle, a dit M.
Bourassa, le projet Havre Champlain est celui qui nous paraît le plus
sérieux, le plus avancé, le plus compatible avec nos objectifs de
développement régional". Le mandat du sous-comité,
concernant le vrac liquide, concerne uniquement un port pour
superpétroliers, avec des chargements importants de 200,000, 300,000
tonnes. Il y a une contrainte, aussi, qui est supplémentaire au port
pour vrac solide, c'est qu'il faut construire un pipe-line pour amener ce
pétrole où sont situées les raffineries, soit à
Montréal et à Saint-Romuald.
Alors ce n'est pas ma faute, à moi, si, en 1960 ou au
début, le gouvernement fédéral a pris une décision
et n'est pas allé jusqu'au bout à Gros Cacouna. Je voudrais bien
que la population sache que, si nous dépensons tant d'argent pour tenter
de déterminer un site pour le vrac liquide, c'est dans le meilleur
intérêt du Québec, au point de vue économique et
technique.
M. Lafrance: Suite à la prise de position officielle du
gouvernement du Québec concernant la société Havre
Champlain, le ministère ou le gouvernement, donc, le conseil des
ministres, d'accord, a pris position là-dessus.
M. Massé: C'est cela. M. Bourassa l'a annoncé.
M. Lafrance: Bon. Le rapport SNC-SINTEC a été
publié, diffusé dans les journaux. Est-ce que le ministère
des Richesses naturelles a démenti publiquement le rapport SNC-SINTEC
concernant Gros Cacouna?
M. Massé: Non. Il n'appartient pas au ministre, qui est
responsable de la partie qui concerne l'approvisionnement de pétrole, de
se prononcer sur un projet de vrac solide.
M. Lafrance: Oui, mais on a dit, dans les journaux: Gros Cacouna
éliminé! Vous l'avez vu en gros titres, M. le ministre. Si vous
voulez l'avoir, je vais vous le montrer: Gros Cacouna
éliminé!
M. Massé: Oui, oui, on peut...
M. Lafrance: Mais le cabinet, lui, prend position pour la
société Havre Champlain pour le vrac solide. Alors?
M. Massé: Oui, mais quoi? On n'est quand même pas
pour commencer à donner crédibilité à tout ce qui
se publie.
M. Lafrance: Est-ce que vous avez fait une déclaration
pour ou contre le rapport SNC-SINTEC? Est-ce que le ministère a pris
position?
M. Massé: Je n'ai pas à prendre position,
étant donné que c'est une première phase à
laquelle devra succéder une deuxième phase. C'est lorsque le
dernier rapport sera remis, comme je l'ai dit hier, d'ici huit ou neuf mois...
Cela me paraît plus long que cela devrait être.
M. Lafrance: Sept mois et demi.
M. Massé: Selon d'autres informations, il semblerait que
cela pourrait être fait beaucoup plus rapidement que sept mois et demi
aussi. C'est à ce moment-là que le gouvernement Bourassa, le
gouvernement actuel, devra prendre une décision sur le site
précis. C'est à ce moment-là. C'est pour cela que,
personnellement, je considère que dans la deuxième phase, si on
relève des faiblesses dans la première phase, il faut
réexaminer cela.
M. Lafrance: C'est justement ce qui m'inquiète le plus.
Vous me dites que l'étude peut se faire beaucoup plus rapidement qu'en
sept mois. Dans votre offre de services, c'est sept mois. C'est bien
marqué, c'est inscrit en chiffres et en lettres. Si je reviens encore au
rapport SNC-SINTEC, parce que je ne voudrais pas qu'on recopie un rapport comme
celui-là, je vais vous lire encore, à la page 5-5...
M. Massé: Je vais juste ajouter une chose. Dans la
première phase, il y a des parties qui ne sont pas suffisamment
et cela était prévu examinées. C'est pour cela
qu'il y a une deuxième phase. Cette deuxième phase était
prévue quand on a donné aussi le premier mandat.
M. Lafrance: C'est justement là-dessus que je voudrais
vous faire cette citation parce qu'on n'a pas parlé d'écologie,
encore. On en a parlé un peu dans le rapport SNC-SINTEC et je voudrais
avoir des éclaircissements là-dessus.
M. Massé: Je peux vous dire que la deuxième phase
va compléter les études de navigabilité et
d'environnement.
M. Lafrance: Je vous demanderais aussi de faire non pas une
maquette mais...
M. Massé: Des essais en laboratoire?
M. Lafrance: C'est cela. A même les $400,000.
M. Massé: Si cela s'avère nécessaire.
M. Lafrance: Vous dites, le rapport SINTEC pardon, ce
n'est pas vous, M. le ministre dit ceci.
M. Massé: Oui, il y a une distinction.
M. Lafrance: "Sur la rive sud, la zone 5, s'étendant de
l'île Verte à l'île du Bic, offre de plus grandes
possibilités de récupération à cause des courants
qui ne semblent pas dépasser deux noeuds et qui sont dirigés en
permanence vers l'aval dû à l'action des eaux du Saguenay qui
annule les courants de marée vers l'amont. Cependant, le littoral de
cette zone est productif surtout entre l'île Verte et Trois-Pistoles."
Entre parenthèses, on marque: Marécages à spartines. "De
plus, l'île Biquette est reconnue pour ses colonies d'oiseaux, 9,150 nids
y ont été dénombrés, et l'île aux Basques de
même que les îles Rasades, au sud-ouest et au nord-ouest." J'en
passe un petit bout et on dit: "Pour ces raisons, la zone 5 ne peut être
considérée favorable à l'implantation d'un superport." Un
marécage à spartines, qu'est-ce que c'est? Est-ce qu'il y a,
à l'heure actuelle au Québec, des compagnies, ou une entreprise
privée ou une entreprise gouvernementale, qui font l'exploitation des
marécages à spartines?
M. Massé: Je dois vous dire que je suis bien
embêté de répondre à votre question. Je pense que
ça nous prendrait un spécialiste, un biologiste.
M. Lafrance: Est-ce qu'il n'est pas plus important, justement, de
voir aux individus que de voir aux marécages à spartines et de
protéger les marécages à spartines alors que le taux de
chômage dans la région est de 30%?
M. Massé: Mettre cela dans la même balance...
M. Lafrance: Oui, monsieur.
M. Massé:... je suis d'accord avec vous.
M. Lafrance: Alors, M. le ministre, vous allez être
obligé de réétudier ce domaine-là. $400,000, en
avez-vous assez? Etes-vous capable en sept mois, et même moins que sept
mois, d'arriver avec un rapport positif et un rapport sérieux qui va
déterminer le choix d'un site?
M. Massé: A ce qu'on me dit, oui. Je dois dire que le
sous-comité est quand même formé de plusieurs
ministères. Je me fie à leur évaluation.
M. Lafrance: Dans le mandat que vous avez donné ou que
vous vous apprêtez à donner, sur les $400,000, avez-vous fait une
évaluation du coût, pas de la maquette mais...
M. Massé: Des essais.
M. Lafrance: ... des essais en laboratoire? L'estimation du
coût. Le modèle en laboratoire.
M. Massé: On me dit que si c'est nécessaire, ils
devront justifier ce genre d'essais et que les coûts que cela pourra
occasionner pourraient être en dehors des $400,000.
M. Lafrance: " ... à partir de la date de la signature du
contrat et son coût total devra se limiter à un montant ne
dépassant pas $400,000."
C'est à la page 3. Ce n'est plus dans le mandat, c'est en
plus.
M. Massé: II n'est pas dit que cette firme devra
obligatoirement procéder à a des essais en laboratoire. C'est si
cela s'avère nécessaire.
M. Lafrance: Cela va être en dehors. M. Massé:
A ce qu'on me dit.
M. Lafrance: A ce qu'on vous dit. D'après votre offre de
services, ils vont être obligés de s'associer avec OTP ou encore
Soros Associates.
M. Massé: Ou quelqu'un d'autre.
M. Lafrance: Ou quelqu'un d'autre. Du moment que ce sera une
firme reconnue mondialement. Est-ce que ces compagnies vont travailler en bas
des $400,000? Quelle est votre évaluation, comme ministère de ce
que ces firmes peuvent demander à l'intérieur des $400,000, ou
est-ce encore à l'extérieur? Moi je souhaiterais que ce soit
à l'extérieur.
M. Massé: C'est à l'intérieur des
$400,000.
M. Lafrance: Alors, on va déprécier une firme comme
OTP ou Soros Associates et cela va être inclus dans le mandat de
$400,000?
M. Massé: Oui.
Maintenant, il faut dire que ce n'est pas nécessairement une
équipe de 52 ingénieurs. Cela peut être simplement un
conseiller pour une question précise qui peut être une question
technique, soit sur le transport, le choix du site, des conseils concernant le
tracé de l'oléoduc ou le port lui-même. Ce ne sont pas
nécessairement des gros honoraires.
M. Lafrance: Cela peut être M. Comminos. M.
Massé: Je n'en sais rien.
M. Lafrance: Est-ce que vous avez eu des réponses des
compagnies à qui vous avez offert vos services?
M. Massé: C'est-à-dire la demande d'offre de
services?
M. Lafrance: D'abord, quelles sont les compagnies?
M. Massé: Je dois dire qu'hier, j'ai mentionné
qu'on avait fait des demandes à un certain nombre de firmes pour des
offres de services. A cause de la grève des postes, on a appris que ces
offres avaient été reçues une semaine plus tard que
prévu, et la date de remise de ces offres de services a
été fixée au 30 mai 1975. Donc, je ne peux vous dire
actuellement si les offres sont entrées, mais de toute façon
elles devraient l'être d'ici le 30 mai 1975.
Quant aux firmes, il y en a quatre.
M. Lafrance: Vous m'avez dit SNC, hier.
M. Massé: II y a quatre firmes qui ont reçu une
demande.
M. Lafrance: Lesquelles? Avez-vous objection à nous les
donner?
M. Massé: On me dit que, jusqu'à ce jour, cela n'a
pas été publié et qu'il serait préférable,
du moins jusqu'à ce que les offres de services soient entrées, de
ne pas les publier.
M. Lafrance: M. le ministre, je n'ai pas l'intention d'aller plus
loin. Je m'inquiète énormément de l'étude que vous
vous préparez à faire faire dans la deuxième phase,
étant donné le montant réduit, vu l'importance du projet,
et surtout du fait que je n'ai pas eu de réponse concernant le site de
Gros Cacouna en particulier, parce que je ne suis absolument pas satisfait de
la réponse concernant Gros-Cacouna. Si on se base sur ce que vous nous
avez dit, il est possible qu'on recommence l'étude.
M. Massé: Pas qu'on recommence.
M. Lafrance: Qu'on continue l'étude, d'abord.
M. Massé: S'il y avait...
M. Lafrance: Si on continue l'étude, Gros Cacouna n'est
plus dans le portrait.
M. Massé: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. C'est que si,
techniquement, l'autre firme considérait qu'il y a des faiblesses, il
est certain que la firme qui devra faire le rapport final devra s'assurer de
remplir ces trous, comme je l'ai dit tout à l'heure.
M. Lafrance: C'est encore plus inquiétant, M. le
Président, parce que vous en arrivez au choix définitif d'un
site.
M. Massé: La firme qui va faire la recommandation finale,
elle, elle va porter toute la responsabilité de son choix. Mais si elle
veut porter toute la responsabilité de son choix, elle devra
réévaluer ce qu'elle considère non exact à son
point de vue technique.
M. Lafrance: Si la compagnie doit en subir les
conséquences, qui va en pâtir? Est-ce que c'est la compagnie qui
aura encaissé ses $400,000 ou si ce sera le gouvernement du
Québec ou si, encore, ce seront les gens du Bas-Saint-Laurent?
M. Massé: M. le Président, je considère que
les firmes d'ingénieurs-conseils qui sont en affaires depuis nombre
d'années, des firmes à qui on demande de nous faire des offres de
services, elles ont à assumer une crédibilité de leur
travail, parce qu'elles sont en concurence comme n'importe quelle autre
entreprise. Je pense que la conscience professionnelle, dans ces cas, est assez
grande, pour pouvoir se fier à...
M. Lafrance: Avez-vous l'intention d'inviter SINTEC? Je ne parle
pas de SNC, je parle de SINTEC.
M. Massé: Je vous l'ai mentionné hier. SINTEC
n'existe plus.
M. Lafrance: C'était tout de même une firme
d'ingénieurs sérieuse. C'étaient des
professionnels. Elle n'existe plus.
M. Massé: II ne faut pas charrier le plan technique puis
le plan administratif. Comme vous le savez, si SINTEC n'existe plus, c'est
à cause des problèmes administratifs. Ce n'est pas remettre
en...
M. Lafrance: D'accord, c'est plus inquiétant, M. le
Président, à cause du rapport qu'on vient de publier.
M. Massé: Personnellement je ne fais aucune liaison.
M. Lessard: Est-ce que SINTEC et SNC avaient une
expérience concrète de ce genre d'étude.
M. Massé: SNC, oui. SINTEC, c'est par la
multiplicité de ses disciplines, qu'elle était apte à
effectuer ce genre de travail.
M. Lafrance: De toute façon, M. le Président, j'ai
terminé.
M. Massé: M. le Président, je voudrais souligner,
en tout cas, que les électeurs du comté de Rivière-du-Loup
sont certainement fiers d'avoir un gars qui les représente et que prend
leurs intérêts comme cela. Personnellement, il est évident
que cela m'a fait plaisir de répondre à ces questions.
M. Lessard: Ils vont peut-être être moins fiers des
réponses du ministre.
Le Président (M. Houde. Limoilou): Le député
de Saguenay.
M. Lessard: Merci, M. le Président, je reviens sur les
réponses que le ministre a données, non pas dans l'intention de
faire un long débat, parce que je pense que le député de
Rivière-du-Loup l'a bien fait...
M. Lafrance: Merci, M. le député.
M. Lessard: Je le reconnais, j'avais ce dossier et cela me
faisait plaisir de le laisser discuter, d'autant plus que vous sembliez
être très bien informé.
M. Lafrance: Surtout bien documenté. Aucune erreur.
M. Lessard: Vous dites à un moment donné... M.
Perreault: Autant que l'Opposition.
M. Lessard: C'est pour cela qu'hier on se posait des questions
à savoir si cela devait être rendu public. Cela fait longtemps que
c'est rendu public. D'après les réponses du ministre, l'autre
firme, qui a reçu un montant de $400,000 pour faire une étude, ne
devrait pas exclusivement s'astreindre aux six sites qui ont été
retenus. L'autre firme devra voir si, dans le premier rapport, il y a eu des
erreurs ou s'il n'y en a pas eu. Est-ce que cela veut dire que l'autre firme a
été engagée pour réétudier le rapport de la
première firme?
M. Massé: Non. Je l'ai dit tout à l'heure. J'ai
répondu que la deuxième phase devait être
complémentaire à la première.
M. Lessard: La deuxième phase était
complémantaire à la première. D'abord la première
firme avait été engagée pour déterminer un site. On
en a retenu six. Je comprends que votre mandat est large, mais il faut quand
même bien savoir où on va un peu. La deuxième phase
a-t-elle pour objet de centrer ces études sur les six sites retenus par
la première étude, ou de continuer de considérer les
dix-neuf sites sur lesquels la première étude s'était
penchée?
Si on veut avoir une continuité, est-ce que, dans la
deuxième phase, on va étudier les six sites qui ont
été retenus ou si on recommence encore? Non ce n'est pas
drôle, ce n'est pas drôle d'avoir un gouvernement comme cela et
d'avoir un ministre comme cela.
M. Perreault: Ce n'est pas drôle. Ce n'est pas drôle
de ne rien comprendre non plus.
M. Lessard: Depuis le début, tout ce qu'on sait du
ministère des Richesses naturelles, c'est qu'on fait des études,
puis on réétudie les études. Et ceux qui payent, ce sont
toujours les contribuables. Cela a coûté $636,000. Et le ministre
nous dit qu'en fait, maintenant, il n'y a pas six sites qui sont retenus parmi
les dix-neuf: que pour le gouvernement du Québec, les dix-neufs sites
peuvent encore être considérés. Cela veut donc dire qu'on a
jeté dans le chemin $636,000 ou à peu près.
M. Massé: M. le Président, là, c'est
charrier. M. Perreault: C'est innocent de dire cela.
M. Lessard: Dire qu'on recommence sur les dix-neuf sites, c'est
aussi innocent.
M. Perreault: Non, je vous demande pardon; la raison de la
seconde phase, c'est d'analyser le rapport. Ce n'est pas de reprendre le
rapport, puis de reprendre toute l'étude; une analyse du rapport ce
n'est pas la même chose.
M. Lessard: L'analyse du rapport sur les dix-neuf sites.
M. Perreault: Non, non, c'est une analyse des faits
énoncés dans le rapport.
M. Lafrance: C'est plus que cela.
M. Bacon: Quelle différence y a-t-il entre une analyse et
une étude?
M. Perreault: II ne s'agit pas de reprendre toute l'étude,
oh non! Il y a des études...
M. Lafrance: C'est plus que cela; c'est le choix définitif
d'un site.
M. Perreault: Va suivre ton cours d'ingénieur un peu,
là, toi.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre.
M. Massé: M. le Président, je pense qu'il faut
rectifier. Comme je l'ai dit, dans l'étude d'un rapport final, la
deuxième phase doit déterminer un site précis. Des
études qui ont été faites dans la première phase
seront considérées, mais, comme je le disais tantôt, la
firme qui aura le contrat devra vérifier la méthodologie, c'est
bien évident, parce que c'est elle qui aura à assumer le rapport
final. Les études à réaliser sont de nature plus technique
que dans la première, avec beaucoup plus d'emphase sur les questions de
navigabilité et d'environnement.
M. Lessard: Quand le rapport final va être
présenté...
Une Voix: Innocent.
M. Lessard: Oui, innocent. Quand le rapport final va être
présenté et qu'un site va être choisi, est-ce qu'on va
nommer une autre firme pour vérifier le rapport final, tel que l'adjoint
au ministère des Richesses naturelles, ingénieur, tente de nous
le faire croire, en disant qu'il ne s'agit pas de recommencer les
études, qu'il s'agit d'analyser, à un moment donné,
l'étude antérieure? Est-ce qu'à un moment donné on
va utiliser une autre firme, puis dépenser des deniers publics encore
pour réétudier le rapport final?
M. Massé: M. le Président, il n'y a pas de plus
sourd qu'un gars qui ne veut pas entendre. J'ai dit tout à
l'heure...
M. Lessard: J'ai l'impression que je ne suis pas tout seul
à être sourd, M. le ministre.
M. Massé: Bien moi, non plus, je n'ai pas l'impression.
Oui, en tout cas. Je voudrais bien vous dire d'autres choses.
M. Lafrance: Vous lui donnez raison?
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, le ministre
répond.
M. Massé: M. le Président, je pense que les
réponses que j'ai données situent très bien les mandats de
la deuxième phase et les buts de cette deuxième phase. Quand je
vous ai dit tout à l'heure que les études à
réaliser sont complémentaires aux premières, c'est parce
qu'il était prévu dans la première phase que les
études ne seraient pas complètes, qu'il faut continuer à
réexaminer, en allant plus loin, la question de navigation et
d'environnement. Si on ne le faisait pas, vous seriez les premiers, comme M.
Parizeau, puis comme votre chef et bien d'autres, à dire des choses
ridicules, à assumer des responsabilités que le gouvernement
était à prendre et à faire de la démagogie en
disant que l'environnement pour le Parti libéral ce n'était pas
important. Là, on vous dit qu'on continue les études dans ce sens
et vous n'êtes pas encore contents.
M. Lessard: M. le Président, suite à la
première étude, il y a eu un certain nombre de conclusions et
vous disiez, tout à l'heure, que, sur ordinateur, à un moment
donné, on a déterminé un certain nombre de sites. La
conclusion de cette première étude, qui était la
première étape de cette étude générale, se
résume à peu près comme suit: il y a six sites qui
devraient être retenus. Là, on passe dans la deuxième
phase. C'est là que je demandais tantôt qu'on arrête de rire
du monde.
En tout cas, ou bien les firmes étaient compétentes ou
elles ne l'étaient pas. Si les firmes n'étaient pas
compétentes, qu'on le dise. Mais, si les firmes étaient
compétentes, cela veut donc dire que la conclusion à laquelle on
en arrive, est valable.
Dans la deuxième phase, si on veut avancer dans les phases, parce
que là, je ne veux pas avoir de périodes supplémentaires,
puis, une deuxième période supplémentaire.
M. Massé: Après la première, c'est la
deuxième.
M. Lessard: Oui, c'est la deuxième. Dans la
deuxième, on doit normalement, à mon sens, si je peux être
logique, pas comme un ingénieur, mais, en tout cas, on devrait partir
des conclusions auxquelles on en est arrivé à la première
étape, puis là on continue sur les six sites qui ont
été retenus, là on continue des études plus
complexes et plus complètes sur l'ensemble des facteurs qui doivent
déterminer le site.
Mais si on recommence, je regrette, ça va être encore de
l'argent dépensé. Comme le député de
Rivière-du-Loup le disait tout à l'heure, comment voulez-vous
qu'avec $400,000 on refasse une étude complète, alors que cela a
déjà coûté $636,000?
M. Massé: II n'a jamais été question de
refaire une étude complète. J'ai dit qu'on avait
vérifié la méthodologie.
M. Lessard: Elle n'était pas bonne, on la
vérifie.
M. Massé: Ce n'est pas la question qu'elle était
bonne ou pas bonne. Il ne m'appartient pas de la juger, c'est une question
technique. Mais si, dans la deuxième phase, c'est un autre bureau qui
assume le mandat, il est bien évident que dans son rapport final, il
aura à déterminer le site précis, qu'à cause de ces
responsabilités, il a à assurer que les premières bases
sur lesquelles doit porter sa deuxième phase sont exactes.
M. Lessard: C'est ça, elle recommence le travail de
l'autre.
M. Massé: Pas du tout, depuis hier et aujourd'hui, je
tente de vous convaincre de ça.
M. Lessard: Ce n'est pas ce que vous dites, c'est la
réalité, vous ne me convaincrez pas de ça. C'est ridicule,
dites donc...
M. Massé: Pensez ce que vous voulez, ce que vous
dites...
M. Lessard:... aux gens exactement ce qui en est.
M. Massé: II n'y a pas de plus sourd qu'un sourd qui ne
veut pas entendre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Rivière-du-Loup.
M. Lafrance: C'est exactement sur le même sujet,
c'est-à-dire sur les $400,000; vous avez dit, à moins que j'aie
mal compris, que je sois sourd moi aussi, que vous n'aviez pas l'intention de
recommencer toute l'étude, mais, par contre, que vous n'aviez rien
éliminé. C'est ce que j'ai compris, que vous voulez justement,
sur deux points précis, être beaucoup plus précis,
c'est-à-dire sur l'environnement et sur la navigabilité.
D'accord?
M. Massé: Je ne puis pas aller plus loin. Je ne suis pas
allé plus loin.
M. Lafrance: Vous engagez du personnel, des firmes
étrangères, reconnues mondialement. Elles ne viendront
certainement pas pour des "peanuts", avec $400,000, et quand on regarde vos
objectifs, le contenu de l'étude, je pense que ça vaudrait la
peine de le lire, ce ne sera pas long.
Les objectifs: 1. Choisir précisément le meilleur site du
superport en eau profonde pour vrac liquide, incluant les oléoducs
requis, compte tenu de a), la manutention des volumes annuels suivants, 5
millions, 10 millions, 15 millions, 20 millions, 25 millions, 30 millions de
tonnes de pétrole brut; cela veut dire que ça fait
déjà pas mal de personnel engagé là-dessus; b) la
venue de navires pétroliers de plus de 100,000 tonnes de port en lourd;
c) l'impact écologique; encore là, il y a des précisions
à apporter; d) la possibilité d'aménager un parc
industrialo-portuaire, ça fait de l'ouvrage; e)des coûts de
transport maritime et terrestre. 2. Préparer un plan
d'aménagement général des infrastructures portuaires
requises, y compris les mesures et les équipements requis pour la
protection de l'environnement. 3. Proposer la capacité et la route
précise des oléoducs requis. 4. Déterminer le coût
des investissements nécessaires et leur échéancier. 5.
Proposer la structure administrative requise. 6. Evaluer sur une base
comparative les données existantes sur des sites portuaires, dans les
maritimes et dans les environs de Sept-lles au point de vue: a)du coût du
transport; b)de l'impact écologique; c) des effets d'entraînement
sur l'économie régionale québécoise.
Avec tout cela $400,000, M. le ministre. Je me pose plusieurs
questions.
Contenu de l'étude: 1. Choix du site du superport
pétrolier en eau profonde; 1.1, caractéristiques physiques,
terrains, etc.; 1.2, caractéristiques de navigabilité, courant,
marées, glaces, profondeur d'eau.
Cela peut coûter combien, M. le ministre, faire l'étude des
courants, des marées sur les sites déterminés, sur les six
au moins, si vous ne voulez pas aller sur les 19? Les glaces...
M. Massé: Je voudrais souligner qu'il y a un grand nombre
d'études qui sont déjà existantes sur ça. Ce n'est
pas tout à refaire ce travail.
M. Lafrance: D'accord. Les glaces, ce n'est pas la future
société qui va pouvoir les étudier. Il n'y en aura pas
avant le mois de décembre.
M. Massé: II y a des données existantes. M.
Lafrance: Lesquelles?
M. Massé: II y a des données existantes sur les
mouvements.
M. Lafrance: Qui a fait des études là-dessus?
M. Massé: II y a des études faites non seulement
par le groupe qu'on mentionnait dans la première phase, mais par le
gouvernement fédéral, par certaines institutions, telles que
l'INRSO, qui s'intéresse à l'océanologie.
M. Lafrance: Est-ce qu'il y aurait moyen de savoir, dans la
première phase, les études qui ont été faites par
SNC-SINTEC sur le mouvement des glaces?
M. Massé: II y a quelques instants, je mentionnais que la
bibliographie en question vous serait remise mardi...
M. Lafrance: Oui, d'accord.
M. Massé: ... prochain. On pourra voir à ce moment
quelles sont les études existantes.
M. Lafrance: Au ministère, avez-vous l'étude que
vous avez inscrite à la page 9: Etude par le gouvernement du Canada? Je
ne sais pas si vous l'avez. Je vous pose la question. C.D. Howe Company Ltd.,
enquête sur le marché, projet de terminus de transbordement pour
Scott Meisener Steamships Ltd, décembre 1970. Avez-vous ces
études au ministère?
M. Massé: Oui. Un instant, je n'ai pas dit au
ministère. Nous les avons chez nous.
M. Lafrance: La CD. Howe vous a-t-elle remis l'étude des
glaces qu'elle a faite durant un hiver, 100 jours consécutifs, à
raison de deux prises de vues par jour?
M. Massé: Je ne pourrais pas vous le dire, mais on le
verra mardi.
M. Lafrance: Je continue, si vous me permettez, M. le
Président. Profondeur d'eau. Si vous avez 100 pieds de profondeur d'eau,
ce qui est nécessaire pour amener les pétroliers, ce qui est un
minimum pour amener les pétroliers, il doit y avoir des études
assez vastes de faites tout de même?
M. Massé: Tout dépend du tonnage du
pétrolier.
M. Lafrance: Oui, mais même à 100,000 tonnes, cela
vous prend tout de même une étude assez exhaustive des profondeurs
d'eau avec les courants.
M. Massé: Plusieurs études existent.
M. Lafrance: Vous avez aussi, à 1-3, les
caractéristiques économiques, les assurances, les vitesses de
croisière réduites. Il faudra tout de même le pratiquer
quelque part, parce que cela ne se fait pas à l'heure actuelle. Les
caractéristiques socio-économiques, la population, la
main-d'oeuvre disponible, le taux de chômage, vous avez le rapport du
ministère de l'Industrie et du Commerce sur cela.
M. Massé: Oui.
M. Lafrance: D'accord. Impact sur l'écologie, vous avez
ici le modèle hydraulique. Il est inclus dans vos $400,000.
M. Massé: Si nécessaire.
M. Lafrance: Dans vos $400,000. Votre évaluation du
modèle hydraulique, c'est quoi en chiffres?
M. Massé: Pour donner plus de détails, sur la
technique sur le modèle hydraulique, sur ce que c'est, je demanderais
à M. Turgeon...
Le modèle hydraulique consiste en des constructions de
laboratoire qui simulent les conditions qui existent à un endroit
choisi. Il y a des spécialistes qui se prêtent à ce genre
de travail. S'il est jugé à propos qu'un modèle
hydraulique est requis dans ce cas, l'ingénieur-conseil doit en faire
part.
M. Lafrance: II y a deux choix. Il y a un modèle
hydraulique qui est fait ou il ne l'est pas. S'il est fait, il est inclus dans
les $400,000 ou il ne l'est pas.
M. Massé: C'est justement cela. Dans l'offre de services
les coûts de l'assurance et de ce genre de détails vont être
révélés en même temps.
M. Lafrance: Votre évaluation du modèle
hydraulique, c'est quoi?
M. Massé: Je ne suis pas un expert en modèles
hydrauliques. On laisse aux ingénieurs-conseils le soin de nous donner
l'évaluation de ce que cela peut être. C'est cela, j'en arrive
à cette question. Il est bien sûr que, n'ayant pas reçu les
offres de services des firmes-conseils, je suis assez embêté de
vous dire si les $400,000 sont suffisants ou non. Mais il appartiendra aux
ingénieurs-conseils de nous le dire. Compte tenu du mandat que vous
lisez, il faut bien être conscient qu'il y a quand même une foule
d'études...
M. Lafrance: Je n'ai pas fini, il m'en reste encore.
M. Massé: D'accord. Il y a quand même une foule
d'études...
M. Lafrance: Cela va dépasser de beaucoup les
$400,000.
M. Massé: Oui, mais la firme qui recevra le mandat...
M. Lessard: Cela ne devrait pas dépasser $400,000.
M. Massé: ... n'aura pas à effectuer l'ensemble des
études et à partir à zéro elle-même. Il
existe actuellement une foule d'études sur les différents points
que vous avez mentionnés. Cela existe déjà. Mais il est
possible que cette firme ait à compléter certaines
données.
M. Lafrance: Dans l'offre de services que vous leur demandez,
vous exigez qu'il y ait des rencontres avec les autorités du
ministère à toutes les deux semaines, pendant sept mois.
M. Massé: Avec le sous-comité. M. Lafrance:
Cela fait de l'ouvrage.
M. Massé: Des rencontres avec le sous-comité, mais
cela peut être le responsable de l'étude tout simplement.
M. Lafrance: Je me mets à la place des
ingénieurs-conseils, remarquez bien que je ne suis pas ingénieur,
mais je me mets à la place des ingénieurs-conseils.
Vous me dites: On a $400,000 pour faire une étude et on ne sait
pas si le modèle hydraulique est embarqué dedans ou s'il ne l'est
pas. L'ordre de grandeur du modèle hydraulique, j'aimerais bien le
savoir. Est-ce que, si on avance les chiffres...
M. Massé: Dans le mandat, il n'est pas inclus de
montant.
M. Lafrance: M. le ministre, on dit à la page 3 que le
consultant devra prévoir des rencontres avec le sous-comité
interministériel portuaire en vrac liquide à Québec,
toutes les deux semaines. De plus, il devra remettre par écrit au
sous-comité interministériel un rapport d'étapes sur
l'avancement des travaux au moins tous les deux mois.
M. Massé: Non, je n'ai pas nié cela. J'ai dit que
le montant n'était pas dans cela.
M. Lafrance: Tous les rapports et les rencontres s'effectueront
en français. Le montant n'est pas dans cela? La durée totale de
l'étude ne devrait pas dépasser sept mois, à partir de la
date de la signature du contrat. Son coût total devra se limiter à
un montant ne dépassant pas $400,000. Le modèle hydraulique est
inclus là-dedans.
M. Lessard: C'est clair.
M. Massé: Je vais répondre à votre question.
C'est une évaluation de $400,000; considérant l'ensemble des
études déjà existantes, c'est un objectif, mais il est
évident que, dans le mandat, c'est tel que vous l'avez lu, que vous
venez de le lire. Il
est évident que si ces firmes considèrent que cette
évaluation est amplement suffisante ou insuffisante on va le voir dans
les offres de services qu'elles vont nous faire.
M. Perreault: M. le ministre, est-ce que ce ne serait pas exact
de dire que l'étude pour déterminer si oui ou non il faut un
modèle, est comprise dans les $400,000 mais non la réalisation du
modèle lui-même?
M. Massé: C'est-à-dire que le modèle...
M. Perreault: Non, mais ce n'est pas compris. M. Lafrance: C'est
compris. C'est écrit. M. Perreault: Ce n'est pas le
modèle...
M. Lafrance: C'est écrit, le modèle hydraulique,
à 1.6.
M. Massé: C'est indiqué dans le mandat. M.
Lafrance: M. le ministre, est-ce indiqué? M. Massé:
C'est indiqué dans le mandat.
M. Lafrance: Je suis une firme d'ingénieurs consultants.
Je dis que, pour $400,000, je ne puis pas faire le modèle hydraulique.
Dans le mandat, c'est écrit: un modèle hydraulique. Alors, je
suis obligé de faire mon évaluation à $550,000. Une autre
firme le fait à $400,000. Quelle sera la position du ministère?
Nécessairement, il choisira les $400,000 au lieu de $550,000.
M. Lessard: II augmentera le montant après.
M. Massé: Cela dépend de ce que l'on reçoit.
Si on reçoit le tiers de moins pour $400,000 par rapport à
$550,000, c'est bien évident que tout cela va être
évalué.
M. Lafrance: Ecoutez, vous avez tout de même
préparé une offre de services et vous avez des exigences. Vous
devez connaître vos exigences, au moins un ordre de grandeur de vos
exigences. Je repose encore une fois ma question...
M. Massé: C'est le montant qui a été
évalué.
M. Lafrance: Le modèle hydraulique, dans l'ordre de
grandeur, si vous me dites que c'est $25,000 ou que c'est $250,000, il y a une
différence.
M. Massé: On vous a dit tout à l'heure, en tout
cas, les personnes qui sont ici vous ont dit qu'on ne peut pas évaluer
les montants précis uniquement pour cet article.
M. Lafrance: Bon. Est-ce qu'elles sont capables de faire
l'évaluation du reste, parce qu'il y a tout de même...
M. Massé: II faut dire que le directeur d'Energie, qui est
président du comité, est retenu à Montréal pour une
question importante. C'est une des raisons pour laquelle je peux difficilement
répon- dre à cette question. Je vais tenter d'avoir la
réponse pour mardi.
M. Lafrance: Quand on parle du choix de la route, à
l'élément 2, du choix de la route et de la capacité de
l'oléoduc; élément 3, des études environnementales
du superport et de l'oléoduc, de l'océanographie physique, de la
biologie marine, de l'environnement terrestre, des plans d'aménagement
précis du superport de l'oléoduc, des investissements
nécessaires et de la programmation, des structures administratives, de
l'analyse comparative de l'utilisation d'un superport dans la région de
Saint-Jean versus un superport au Québec, du coût total de
transport, de l'impact sur l'écologie, des effets de
l'entraînement économique, $400,000, M. le ministre...
M. Massé: Je répète encore que, pour assumer
ce mandat, il ne sera pas nécessaire à cette firme de reprendre
tout à zéro. Il existe une quantité énorme de
travail qui a été fait, de rapports qui ont été
publiés, de rapports qui sont en notre possession ou qu'on peut
consulter ailleurs.
M. Lafrance: Cela se comprend, on a une décision grave
à prendre tout de même.
M. Lessard: Si toutes les études sont faites, $400,000
c'est peut-être trop?
M. Bacon: II y a tellement d'études que $400,000 ce n'est
pas trop.
M. Lessard: Le point sur lequel je ne m'accorde pas avec le
député...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Pas deux en même
temps.
M. Lafrance: Le point sur lequel je ne m'accorde pas avec le
député de Saguenay, c'est que moi je vous demande de continuer
les études, mais de faire des études sérieuses, au lieu de
prendre une décision trop rapide et une mauvaise décision.
Surtout, ne pas dire que c'est la compagnie qui va être
obligée d'en subir les conséquences, alors que ce ne sera pas
elle, parce qu'elle va être payée. C'est nous qui allons en subir
les conséquences.
M. Massé: M. le Président, j'ai dit que toute
entreprise d'ingénieurs-conseils a quand même sa conscience
professionnelle. Après ce contrat, elle devra également continuer
à avoir d'autres contrats.
Donc, sur ce plan, il faut considérer cela également. Vous
dites que vous pouvez être en désaccord sur les $400,000. Si vous
me disiez: On s'en reparlera l'année prochaine, à ce
moment-là, on pourrait remettre en cause les études finales des
ingénieurs-conseils.
M. Lessard: D'accord!
M. Lafrance: J'imagine que si vous avez fait appel à des
compagnies ou à des consultants sérieux, avec les exigences du
protocole que vous
voulez leur faire signer, vous n'aurez pas une compagnie qui va signer
le protocole.
M. Massé: On va voir. M. Lafrance: J'ai hâte.
M. Massé: On verra le 30 mai.
M. Lafrance: J'espère qu'on va pouvoir suivre le
déroulement également.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, je reviens à la
déclaration du ministre concernant une déclaration du premier
ministre qui touchait Havre Champlain.
Le premier ministre aurait déclaré, probablement suite
à une décision du cabinet, qu'il appuyait Havre Champlain, le
développement du port en vrac solide à Gros Cacouna.
Je dis au ministre que ce sont des choses faciles. On peut appuyer
n'importe quoi, lorsqu'on veut faire de la politicaillerie. Déjà,
en 1970, un télégramme avait été envoyé par
M. Robert Bourassa dans lequel on disait que le premier ministre du
Québec affirme appuyer sans réserve la résolution du
comité de transport et communication du Grand Portage, de Madawaska et
d'Aroostook demandant le développement immédiat du port de Gros
Cacouna.
De son côté, à titre de ministre responsable de
l'ODEQ, M. Robert Quenneville déclare avoir répété
à plusieurs reprises, et on cite: "Je considère que le
développement du port de Gros Cacouna constitue peut-être la
clé de voûte de tout le développement de la zone du Grand
Portage". Lui-même et tous les fonctionnaires de l'ODEQ "feront tout ce
qu'il est possible de faire pour appuyer et même susciter toute
initiative susceptible d'amorcer le démarrage tant souhaité."
Ce sont des grandes déclarations de principe comme le ministre
vient de nous en transmettre une tout à l'heure, en ce qui concerne la
décision du premier ministre d'appuyer le développement de Gros
Cacouna, par l'intermédiaire d'une compagnie qui a
démontré qu'elle était intéressée à
le faire, soit Havre Champlain.
La question que je pose au ministre des Richesses naturelles, comme
ministre, comme membre du cabinet, et suite à la déclaration du
premier ministre: Est-ce que des initiatives concrètes, des
communications réelles se sont faites auprès du gouvernement
fédéral pour susciter, et non seulement attendre,
l'établissement ou le développement de Gros Cacouna par
l'entremise de Havre Champlain?
Est-ce qu'on n'est pas resté simplement à l'attente et
qu'on a encore fait une déclaration de principe pour dire: II n'y a pas
de problème, les gens de Gros Cacouna, on va vous régler cette
affaire. On appuie Havre Champlain, etc.
Il y a plus que cela. Il y a des investissements fédéraux
qui font suite au développement qui sont prévus par Havre
Champlain.
Est-ce que le ministre des Richesses naturelles pourrait déposer
à cette commission parlementaire ou à l'Assemblée
nationale, s'il y a lieu, toute communication avec le gouvernement
fédéral pour demander les investissements nécessaires pour
appuyer la compagnie Havre Champlain ou toute autre initiative telle que
l'annonçait le ministre responsable de l'ODEQ? Y a-t-il des gestes
concrets qui ont été faits depuis ce temps, cette annonce
nuageuse que le ministre vient de nous transmettre?
M. Massé: M. le Président, d'abord, je pense que le
projet de Havre Champlain d'un port pour vrac solide est la
responsabilité du ministre de l'Industrie et du Commerce. J'ai la
transcription ici de l'étude des crédits de ce ministère
et le chef de l'Opposition a reçu les réponses du ministre de
l'Industrie et du Commerce. "Nous avons des discussions avec le gouvernement
fédéral sur le projet Havre Champlain". Cela a été
dit textuellement. C'est pour cela que je réfère le
député de Saguenay au ministre de l'Industrie et du Commerce.
Mais en appuyant la demande de Havre Champlain, qui est quand même un
investissement important pour cette région, il est assuré,
d'après ce qui a été dit à la commission qui a
étudié les crédits du ministère de l'Industrie et
du Commerce, que des discussions ont lieu avec le gouvernement
fédéral. C'est tout ce que je peux répondre.
M. Lessard: En conclusion de toute cette discussion, est-ce que
dans le fond le problème du gouvernement du Québec est qu'il ne
peut pas se prononcer tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas les
décisions fédérales...
M. Massé: M. le Président, je dis une chose...
M. Lessard: Un instant.
M. Massé: Le projet de Havre Champlain, qui est un projet
de port pour vrac solide, doit être dissocié d'un projet de port
pour vrac liquide.
M. Lessard: Non, non, cela va.
M. Massé: Ce ne sont pas les mêmes exigences du
tout.
M. Lessard: Cela va. Je suis d'accord sur cela. Ce n'est pas dans
cette direction que j'allais. Est-ce que ce n'est pas cela le problème
fondamental, concernant le superport pétrolier, concernant le port en
vrac solide, Gros Cacouna ou Sept-lles ou ailleurs? Le fait que le gouvernement
du Québec est en train de faire des études et qu'il est difficile
pour lui de se prononcer et ainsi de suite, est-ce que cela ne provient pas,
dans le fond, de toute la discussion autour de dossiers fort importants,
à savoir le dossier de l'aciérie, la sidérurgie, alors
qu'on sait actuellement que le gouvernement fédéral se dirige
plutôt vers Gabarus que vers le Québec? Est-ce que cela ne
provient pas également du fait que toute la politique
pétrolière du gouvernement du Québec est en train
d'être foutue à terre par une autre politique qui est
décidée ailleurs? Est-ce que, dans le fond, tant que ces
décisions importantes sur de grands projets ne seront pas prises on ne
pourra pas décider d'établir des ports! Cela s'inscrit à
l'intérieur de grands projets et de grandes politiques, que ce soit des
politiques énergétiques ou des politiques de
développement
des richesses naturelles. Est-ce que la décision concernant les
ports on ne l'aura pas tant et aussi longtemps que l'on n'aura pas les
décisions concernant ces deux grands projets importants pour le
Québec, à savoir une politique du développement de nos
richesses naturelles et du minerai de fer chez-nous?
M. Massé: M. le Président, je ne veux pas parler du
projet de l'aciérie, qui n'est pas de ma juridiction, mais je dois
parler du projet d'approvisionnement de pétrole. Comme le
député de Saguenay le sait, le Québec est le gros
importateur de pétrole de l'Est du Canada. Il appartient au gouvernement
du Québec de faire tout ce qui est en son pouvoir pour réaliser
ces objectifs énergétiques. Le port pour superpétroliers
est un des éléments qui constituent la politique
énergétique du Québec. Je dois dire que c'est la raison
pour laquelle, depuis un an, nous envisageons un projet semblable.
Serait-il logique qu'on établisse un port pour
superpétroliers en Nouvelle-Ecosse pour approvisionner le gros
marché de consommation qu'est le Québec? Economiquement, c'est
indéfendable et c'est pourquoi nous nous sommes mis à la
tâche pour que l'approvisionnement par superpétroliers soit fait
au Québec. Cette décision de principe est étalbie depuis
longtemps et maintenant nous travaillons à la réaliser.
M. Lessard: Alors, M. le Président, l'année
prochaine, lors de l'étude des crédits du ministère des
Richesses naturelles, on espère pouvoir se rencontrer à nouveau
pour remettre en cause le rapport final concernant le site qui a
été... comme l'a précisé le ministre des Richesses
naturelles.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autres questions
d'ordre général?
M. Lessard: M. le Président, j'ai d'autres questions
d'ordre général, j'ai un dossier qui peut être assez long,
il ne reste que quelques minutes avant l'ajournement, est-ce qu'on pourrait
considérer qu'il est 1 heure?
M. Massé: D'accord, M. le Président. C'est aussi
bien d'ajourner sine die.
M. Lessard: Oui. Non, à mardi, 10 h 15. M.
Massé: 10 h 15.
Le Président (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne
ses travaux, à mardi matin, 10 h 15.
(Fin de la séance à 12 h 51)