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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Rapport des activités d'Hydro-Québec
Séance du vendredi 4 juillet 1975
(Dix heures vingt minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Commission des richesses naturelles, séance du 4 juillet 1975.
Les membres de la commission sont les suivants: MM. Morin (Sauvé),
Bellemare (Johnson), Bourassa (Mercier), Lacroix (Iles-de-la-Madeleine),
Faucher (Nicolet-Yamaska), Giasson (Montmagny-L'Islet), Lessard (Saguenay),
Malouin (Drummond), Massé (Arthabaska), Lachance (Mille-Iles), Kennedy
(Châteauguay), Perreault (L'Assomption), Picotte (Maskinongé),
Samson (Rouyn-Noranda).
Y aurait-il consentement de la commission, si cela s'avérait
nécessaire pour qu'on puisse, au cours de nos travaux, faire un
changement à la liste ou voulez-vous attendre? C'est le cas de M. Samson
qui est membre et je ne sais pas si M. Roy viendra. Alors, je dois prendre la
liste qu'on me fournit.
M. Morin: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Et s'il s'agissait de
pouvoir réinstaller...
M. Lessard: D'accord, pour autant que cela ne devienne pas un
abus et que cela ne devienne pas un précédent.
Le Président (M. Séguin): Depuis quand fais-je des
abus? Je suis modéré en tout.
M. Lessard: Parfois sur l'interprétation des
règlements, mais en tout cas.
Le Président (M. Séguin): Le rapporteur sera
toujours M. Malouin de Drummond, et je crois qu'à la fin de notre
séance d'hier soir ou vers la fin, la parole était au chef de
l'Opposition, si je me souviens, et il avait abordé l'article 2 du
programme.
Programme d'équipement (suite)
M. Morin: Oui, nous étions même engagés assez
à fond dans l'article 2, c'est-à-dire le programme
d'équipement 1975-1985.
Ce matin, messieurs, j'aimerais aborder la question des contrats
d'exportation. Dans un document que vous nous avez fait remettre et qui est
intitulé: Explication des surplus des ventes excédentaires et des
exportations d'électricité d'Hydro-Québec, vous nous
expliquez les raisons pour lesquelles il peut être avantageux d'exporter
de l'électricité soit dans les provinces canadiennes, soit
à l'étranger, soit aux Etats-Unis.
Les facteurs que vous mentionnez comme étant les plus importants
à l'heure actuelle sont l'hydraulicité qui a été
supérieure à la moyenne depuis quelques années au
Québec, le fait que les groupes de la centrale des chutes Churchill ont
été installés plusieurs mois avant les dates
prévues et enfin que la demande québécoise a connu une
croissance inférieure à la tendance à long terme pour les
années 1970, 1971 et 1973.
De ces trois facteurs, résultent des surplus
considérables. Ma première question serait de vous demander de
quel ordre sont ces surplus, d'abord en puissance et ensuite en
énergie.
M. Giroux: Je vais demander à M. Villeneuve, de la
production et du transport, de donner la réponse.
Le Président (M. Séguin): M. Villeneuve, si vous
voulez vous identifier.
M. Villeneuve (Jean): Jean Villeneuve, directeur
général, production et transport. J'aimerais tout d'abord
répondre à un des points que M. Morin vient de soulever à
savoir les surplus en puissance. Nous parlons strictement ici de surplus
énergétiques, des excédents que nous sommes en mesure
d'exporter ou que nous avons identifiés comme étant le
résultat d'une hydraulicité supérieure à la moyenne
ou de l'avancement de certains groupes de production, et le reste, qui sont des
excédents énergétiques et non des excédents de
puissance.
En chiffres, l'élément le plus important pour ce qui est
des excédents de la période de I969 à I974, c'est le
contrat d'importation de Churchill Falls. Il faut se rappeler que ce contrat
prévoit des achats d'énergie à un facteur d'utilisation
élevé, et deuxièmement, que les groupes ont
été installés avec un devancement par rapport au
calendrier prévu. Ceci pour des raisons d'économie dans la
construction et aussi parce qu'Hydro-Québec a demandé à la
Churchill Falls d'avancer certains groupes pour lui permettre de vendre de la
puissance de pointe à Hydro-Ontario. Ce faisant, les groupes sont
devenus disponibles pour produire des kilowatts-heures supplémentaires.
Avec le devancement, il a donc été possible d'obtenir des
quantités assez importantes de kilowatts-heures au-delà des
besoins primaires d'Hydro-Québec. La valeur pour la période
considérée est, en chiffres ronds, de 37 milliards de
kilowatts-heures pour le cas de Churchill Falls.
Pour ce qui est de l'hydraulicité supérieure à la
moyenne, le chiffre arrondi est de 14 milliards de kilowatts-heures. A cela, on
pourrait ajouter 4 autres milliards de kilowatts-heures pour une
hydraulicité supérieure à la moyenne sur le réseau
isolé de l'Abitibi.
M. Morin: Ce qui fait en tout à peu près une
cinquantaine de milliards de kilowatts-heures.
M. Villeneuve: Ceci ne comprend que les principales causes. Le
total que nous avons identifié est de 61 milliards de kilowatts-heures.
Parmi les autres causes, il a fallu à certains moments
mettre en marche la centrale de Tracy pour satisfaire la demande de
pointe du réseau, ce qui a contribué à produire des
kilowatts-heures additionnels qui auraient été pris de nos
réserves hydrauliques si la puissance de pointe avait été
suffisante pour rencontrer la demande, sans Tracy.
Il y a aussi le fait qu'on a mentionné vous l'avez
mentionné aussi d'une consommation inférieure aux
prévisions, pour certaines années. Ceci compte pour environ 6
milliards de kilowatts-heures.
Je ne sais pas si vous voulez les chiffres prévus pour la
période 1975 à 1979 dans les mêmes domaines.
M. Morin: Si vous les avez, ce serait utile.
M. Villeneuve: Pour les cinq années de 1975 à 1979,
évidemment ce ne sont là que des prévisions qui peuvent
être contredites par les événements, nous prévoyons
pour ces cinq années que le contrat de Churchill Falls va nous permettre
d'acquérir une quantité d'environ 47 milliards de
kilowatts-heures en excédant des besoins primaires de la province.
M. Morin: 47 milliards qui sont distincts des 61 milliards, je ne
vous ai pas saisi?
M. Villeneuve: Ceux que nous avons cités au début
couvraient strictement la période de 1969 à 1974 inclusivement.
Je parle maintenant des prévisions pour les cinq années, de 1975
à 1979 inclusivement.
M. Morin: J'ai compris; alors, c'est distinct des 61, cela ne
vient pas s'additionner.
M. Villeneuve: Oui, c'est complètement distinct; c'est
pour une période différente. Le devancement de certaines mises en
service des groupes dans les centrales d'Hydro-Québec, devancement par
rapport au strict besoin de la demande par exemple, les groupes de Manie
3 entreront en service, dans certains cas, quelques mois, même
peut-être presque un an avant la date à laquelle nous en aurions
vigoureusement besoin pour satisfaire la demande en
général, devrait produire environ 9 milliards de kilowatts-heures
excédentaires.
Nous avons déjà de l'énergie dans nos
réservoirs, en particulier dans ceux de Manic 5, qui prendra une valeur
additionnelle avec la mise en route de Manic 3. De même pour
l'énergie qui est actuellement dans le réservoir d'Outardes 4,
qui prendra une valeur additionnelle lorsque nous aurons la centrale d'Outardes
2 en marche. Cela nous amène d'autres kilowatts-heures, au-delà
de ce qui était normalement prévu; ceci devra ajouter environ 4
milliards de kilowatts-heures à nos excédents.
M. Morin: Lorsque vous dites que cela prend de la valeur, vous
voulez dire que la même source sera utilisée plusieurs fois... La
même source d'énergie passera...
M. Villeneuve: C'est exact. L'eau qui est derrière le
barrage passera dans une centrale de plus que ce qu'elle a fait jusqu'ici.
M. Morin: Parfait.
M. Villeneuve: Alors, je répète que, pour cette
période-là, il s'agit d'hypothèses selon la situation
actuelle et les meilleures prévisions que l'on peut faire.
M. Perreault: Tout dépend de l'hydraulicité que
vous aurez.
M. Villeneuve: Vous remarquerez que je n'ai pas parlé,
pour les cinq années qui viennent, d'hy-draulicité
supérieure ou inférieure à la moyenne, parce que, dans nos
prévisions, nous devons toujours supposer que nous aurons strictement
une hydraulicité égale à la moyenne. Si
l'hydraulicité est inférieure, nous aurons moins
d'excédent qu'indiqué; si elle est supérieure, nous en
aurons davantage.
M. Perreault: C'est cela.
M. Morin: Vous disposez donc d'excédent d'énergie
dont vous voulez disposer aux meilleures conditions possible sur le
marché étranger. Je constate que, dans le document que vous nous
avez remis, à la page 4, vous nous dites, au sujet des échanges,
que la demande d'Hydro-Québec est beaucoup plus forte durant les mois
d'hiver que durant les mois d'été.
Certains de nos voisins américains connaissent le
phénomène inverse. Il serait alors avantageux pour les deux
parties de pouvoir échanger de l'énergie.
En été, Hydro-Québec enverrait... C'est un
conditionnel qui m'a intrigué, parce que j'avais l'impression
qu'Hydro-Québec envoyait déjà de l'énergie
produite, alors que ses équipements sont peu utilisés, et en
recevrait en hiver. Là, effectivement, je pense que le conditionnel est
peut-être de mise, parce que vous n'en avez pas reçu beaucoup en
échange, jusqu'ici. Voulez-vous nous commenter ce passage et nous
expliquer le conditionnel qui est utilisé?
M. Villeneuve: Le conditionnel se réfère
essentiellement au contrat de PASNY qui, quand même, n'a pas encore
reçu les autorisations nécessaires de l'Office national de
l'énergie pour le rendre définitif. Pour ce qui est des ventes,
c'est vrai qu'à l'heure actuelle nous vendons une certaine
quantité d'énergie excédentaire aux Etats-Unis, en
été, mais la quantité est relativement faible par rapport
à ce que nous envisageons avec la future interconnexion.
M. Morin: C'était quoi? C'était 800
mégawatts?
M. Villeneuve: Les 800 mégawatts se réfèrent
au projet d'interconnexion. En fait, nous avons, comme vous le savez
probablement déjà, une in-
terconnexion avec les Etats-Unis via la Cedar Rapids Transmission; par
ce moyen de l'interconnexion, nous pouvons vendre aux Américains une
puissance de l'ordre de, par exemple, 120 à 130 mégawatts, selon
les possibilités de transfert à un moment donné.
Par exemple, pour vous donner d'autres chiffres pour la période
1973/74 ici... Excusez-moi, c'est le chiffre de 1974, vente en bloc
excédentaire aux Etats-Unis, nous avons vendu 6I0 millions de
kilowatts-heures ou, si vous voulez, .61 milliard de kilowatts-heures, car on
parle souvent de milliards, ou 610 millions, par l'intermédiaire de
cette interconnexion avec Cedar Rapids Transmission et l'Etat de New York.
M. Perreault: Le point de livraison serait encore Massena?
M. Villeneuve: C'est juste. Nous livrons plutôt à
Cedar même, parce que les lignes appartiennent à Cedar Rapids
Transmission. Mais l'énergie est acheminée au Québec
jusque vers Cornwall et elle traverse aux Etats-Unis à Massena.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez nous dire, si vos contrats
d'exportation ou d'échange contiennent des clauses fermes et garanties
de retour de l'énergie livrée en période de pointe
hivernale? Je pense en particulier au cas de PASNY.
M. Villeneuve: Oui, alors vous ne parlez pas de l'exportation que
nous faisons à l'heure actuelle, laquelle ne comporte de toute
façon aucune garantie, nous vendons des excédents
d'énergie qui sont interruptibles à tout moment au contrat de
PASNY.
M. Morin: Je pense aux échanges futurs et en particulier
au cas de PASNY où vous êtes censés, où il est
censé y avoir un quid pro quo, vous êtes censés recevoir en
hiver ce que vous avez cédé en été.
M. Villeneuve: D'accord. Alors, le contrat prévoit,
après les cinq premières années, que toute énergie
qui sera vendue aux Américains, pendant l'été, devra nous
être retournée durant l'hiver, à moins que, par entente qui
se fera deux ans à l'avance, nous convenions que nous avons des kWh
à vendre, en tant que vente finale, lesquels kWh ils ne seraient pas
obligés de nous retourner. Mais à défaut d'une entente
comme celle-là qui devra être négociée et qui devra
intervenir, je le répète, deux ans d'avance, à
défaut d'une telle entente, toute l'énergie fournie pendant
l'été à PASNY sera retournée à
Hydro-Québec durant les mois d'hiver.
Après les cinq premières années, parce que, pendant
les cinq premières années, nous avons convenu de vendre un bloc
total de 14.14 milliards de kWh.
M. Morin: 14.14 milliards. Est-ce que je dois comprendre que,
pendant les cinq premières années, il n'y a donc pas
réversibilité.
M. Villeneuve: C'est exact, il n'est pas exclus que les
Américains pourraient en prendre davantage, mais il faudrait qu'ils
retournent la quantité en excédent des 3 milliards annuels.
M. Lessard: Dans votre rapport de 1973, vous indiquiez justement
ce que vous venez d'expliquer, p'est-à-dire, le droit de rappel. On lit,
par exemple, que, pendant les cinq premières années du contrat,
de 1977 à 1981, nous nous sommes engagés à livrer à
PASNY, un total de 14.14 milliards de kWh qui rapporteront $123 millions, mais
en nous réservant tous les droits de rappel requis pour ne jamais
compromettre l'alimentation de la clientèle
québécoise.
M. Villeneuve: II faut faire une distinction très claire
entre la puissance et l'énergie. Les droits de rappel, dont on parle
dans ces textes, se réfèrent à la puissance de 800
mégawatts que nous mettons à leur disposition tout
l'été. Si, à certains moments, pour satisfaire les besoins
du Québec, nous avons besoin d'une partie de cette puissance, nous avons
le droit d'en rappeler... Je pourrais vous donner le chiffre exact...
M. Lessard: Vous pouvez, par exemple, livrer 600
mégawatts...
M. Villeneuve: C'est ça. A certaines heures, aux heures de
pointe du réseau, nous pouvons réduire les 800 mégawatts
pour garder la partie qui serait essentielle pour satisfaire les besoins du
Québec.
M. Lessard: Mais vous avez...
M. Villeneuve: Cela n'affecte pas les 14.14 milliards de
kilowatts-heures qui, eux sont engagés de façon finale, pour la
raison que nous avons expliquée tout à l'heure, qui est la
disponibilité, à l'heure actuelle, des excédents de
kilowatts-heures. Nous avons établi qu'ils étaient disponibles,
ils sont en réserve, et nous les vendrons à PASNY pendant les
cinq années en question.
M. Morin: Bon! Après cinq ans donc, vous comptez sur cette
réversibilité. La question que j'aimerais vous poser est la
suivante: Est-ce que votre programme d'équipement, pour les
années postérieures à cinq ans, est fondé sur une
assurance de retour, de réversibilité, ou bien si vous allez
construire des barrages comme si vous ne comptiez pas sur cette
énergie?
M. Villeneuve: Non, le programme d'équipement est fait
strictement pour satisfaire les besoins de la province. Mais, à cause de
la courbe de charge saisonnière d'Hydro-Québec, qui fait qu'en
été, la demande est toujours inférieure à celle de
l'hiver, nous sommes en mesure d'aider nos voisins américains pendant
l'été. Mais nous comptons, qu'ils nous retournent ces
kilowatts-heures durant l'hiver.
M. Morin: Et vous y comptez et vous les faites
entrer dans votre planification comme étant une chose sûre?
Autrement dit, vous ne construisez pas de barrages pour faire face à
cette demande, puisque vous vous dites: Dans cinq ans, on aura la
réversibilité. Donc, on a tant de mégawatts qui rentrent
en hiver. Donc, on n'a pas besoin de...
M. Villeneuve: Ah non! Ah non! Je m'excuse. Je pense qu'il y a un
problème d'interprétation...
M. Morin: De kilowatts-heures.
M. Villeneuve: Quand ils doivent nous le rendre en hiver, ils ne
sont pas tenus de nous rendre cette énergie au moment de notre pointe,
ce qui veut dire que nous devons avoir nos propres installations pour
satisfaire la demande du réseau d'Hydro-Québec pendant l'hiver.
Mais les kilowatts-heures, par exemple, nous seront retournés.
M. Morin: Oui.
M. Villeneuve: Je ne sais pas si vous voyez la nuance.
M. Morin: En énergie, oui, je comprends.
M. Villeneuve: Parce qu'évidemment, s'ils nous les
retournent au moment de la pointe du réseau, nous n'allons pas refuser,
c'est clair. Mais ils ne sont pas tenus de le faire au moment de la pointe. Ils
peuvent les retourner la nuit, les fins de semaine, le jour, sans
nécessairement le faire à l'heure de notre pointe.
M. Morin: Oui, mais en fait, nous, nos besoins, c'est aux heures
de pointe. C'est au moment des pointes que nous en aurions besoin.
M. Villeneuve: Attendez...
M. Morin: Est-ce que vous, vous leur fournissez au moment
où ils ont un besoin de pointe?
M. Villeneuve: Oui, mais eux, ils paient, mais nous ne payons
pas. Vous voyez quand même la différence fondamentale. Le contrat
est tel que pour les 800 mégawatts que nous mettons à leur
disposition en été, ils paient des sommes importantes et, en
hiver, au moment où ils nous les retournent, nous ne payons rien, sauf
que pour des fins pratiques, au moment de la livraison des kilowatts-heures,
nous allons leur vendre les kilowatts-heures et nous allons les racheter en
hiver, mais au même prix.
Strictement, dans le bilan d'une année, il n'y a aucun
déboursé de fait pour les kilowatts-heures et eux, ils paient
pour la puissance. Quant à nous, nous ne payons pas pour la puissance
qui est nécessaire à retourner les kilowatts-heures.
M. Perreault: M. Villeneuve, pour bien situer... Autrement dit,
dans le contrat, il y a deux coûts. Il y a le coût de la puissance
et il y a le coût de l'énergie.
M. Villeneuve: C'est cela. Mais remarquez que les prix pour
l'énergie ne sont pas fixés après les cinq
premières années parce que nous ne savons pas si nous aurons de
l'énergie à vendre et, si nous en avons, nous pourrons
négocier un prix.
M. Perreault: Autrement dit, ils paient un coût pour la
puissance...
M. Villeneuve: C'est cela.
M. Perreault: ... et après cela, ils paient un coût
pour l'énergie.
M. Villeneuve: Pour les cinq premières années.
M. Perreault: Pour nous, on ne paie jamais de coût pour la
puissance. On paie seulement pour l'énergie.
M. Villeneuve: Absolument exact.
M. Morin: L'un des faits qui ressort de tout cela, est que ces
échanges ne vous permettent pas de modifier votre programme
d'équipement.
M. Villeneuve: Ils n'ont pas été faits dans ce
but.
M. Morin: Oui. Serait-il possible que vous déposiez devant
cette commission le contrat intervenu avec PASNY?
M. Villeneuve: Je m'excuse?
M. Morin: Je demandais je ne sais pas si c'est à
vous que je dois le demander ou à l'un des commissaires s'il
serait possible qu'on dépose le contrat PASNY devant cette commission.
Je crois savoir que le ministère s'y est opposé. C'est
peut-être au ministre que je devrais poser la question parce qu'en fait,
c'est de là que sont venues les objections.
M. Giroux: Je crois que l'Office national de l'énergie
doit entendre le plaidoyer en septembre. A ce moment, cela deviendra public. On
a été avisé, d'une façon non officielle, qu'il y
aurait des objections de la part d'Hydro-Ontario. On a été
avisé qu'il y aurait des objections très sérieuses de la
part de la province de l'Ontario même. C'est assez compréhensible.
On entre dans le monopole qui appartenait strictement à la province de
l'Ontario, à savoir la vente d'énergie aux Etats-Unis. Alors, si
elle s'oppose, je le comprends très bien.
Personnellement, je n'aurais aucune objection à le déposer
dans les mêmes conditions qu'on dépose des documents avant... au
cas où il y aurait un débat qui pourrait nuire de quelque
façon devant l'audition de la cause de l'énergie.
Maintenant, je ne sais pas si...
M. Morin: Ne croyez-vous pas justement qu'il y aurait
intérêt à rendre ce document public, si
tant est qu'il va y avoir un débat public sur la question et que
les intérêts du Québec sont en jeu?
M. Giroux: C'est seulement un point auquel je n'ai pas
pensé sérieusement, mais dans l'optique... Personnellement, je
n'aurais pas d'objection à le déposer pour que les gens en
fassent une étude et au moment où on est devant l'Office de
l'énergie. Il faudrait le supporter comme tel. Enfin, comme restriction
pour ce matin, mais... Personnellement, je pense bien que le document va
être rendu public avant les séances de l'Office de
l'énergie, ce qui est au mois de septembre, à ce qu'on me dit.
Alors, entre-temps, si vous voulez avoir une étude, on n'a pas à
se plaindre de la façon confidentielle... On le transmet au
secrétaire des commissions, je n'aurais pas d'objection à le
transmettre au secrétaire de la commission.
M. Lessard: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je ne voudrais pas intervenir ici inutilement, mais nous touchons,
je pense, selon notre tracé, notre programme, à la tarification.
Est-ce que c'est juste? Non.
M. Lessard: Non, c'est...
Le Président (M. Séguin): C'est très bien.
Du moment que ce n'est pas sur... D'accord.
M. Lessard: M. le Président, j'aurais juste une remarque
à faire. Le président d'Hydro-Québec nous dit qu'il fera
parvenir ce document au secrétaire de la commission. Pour que le
secrétaire de la commission fasse parvenir les documents aux membres de
la commission, cela lui prend l'autorisation du ministre. Ce qui arrive, bien
souvent, on l'a vu lors de la remise d'un document antérieur, un
document a été envoyé, semble-t-il, au mois de juin l'an
dernier et ne nous est parvenu que dernièrement. Je pense qu'il faudrait
s'entendre ici. Si la commission, parce que c'est la commission qui va
décider, décide de faire parvenir ce rapport, il faudrait que ce
rapport parvienne, pour votre entière sécurité, aux
membres de la commission. A ce moment-là, on serait sûr de...
M. Giroux: Moi, je parlais des documents qui vous sont parvenus
avant la commission parlementaire, avec ce système.
M. Morin: Là, il s'agit de documents sur lesquels on
s'était entendu, qu'ils nous seraient remis trois jours d'avance. Mais
quand les documents que vous envoyez à la commission nous parviennent
six mois plus tard ou quatre mois plus tard, il y a eu un blocus quelque part
et nous sommes devenus quelque peu méfiants.
M. Giroux: C'est en dehors du pouvoir d'Hydro-Québec.
M. Morin: Je me demande si on ne pourrait pas se mettre d'accord
pour que les documents soient envoyés directement aux membres de la
commission, ce serait beaucoup plus efficace, quitte, dans le cas d'un document
que vous estimez devoir demeurer confidentiel, à ce qu'il y ait un genre
d'embargo. Jusqu'à présent, nous avons toujours respecté
les embargos quand vous nous avez demandé de le faire.
M. Giroux: Si la commission décide que cela doit
être envoyé aux chefs de parti ou ces choses-là, je n'ai
pas d'objection. Nous nous sommes servis du secrétariat de la commission
parce que c'était plus facile, c'était plus centralisé et
on se disait: C'est déposé à la commission. Si on a la
responsabilité de les envoyer aux chefs des partis, je n'ai pas
d'objection. M. DeGuise, vous avez...
M. DeGuise: M. le Président, je crois qu'à partir
du moment où les documents sont remis à l'Office national de
l'énergie à Ottawa et que celui-ci convoque des audiences
publiques, au cours desquelles l'Ontario, par exemple, pourrait apporter des
objections, les documents sont publics et peuvent être obtenus de
l'Office national de l'énergie.
M. Lessard: Puisque vous prévoyez que les documents vont
être rendus publics d'ici quelque temps, pourquoi ne pas les rendre
publics immédiatement?
M. Giroux: Là, il y a une différence entre les
deux, parce qu'ils sont remis à l'office.
M. Lessard: Je suis d'accord, mais pourquoi...
M. Giroux: C'est un peu le même principe. Si je suivais
votre idée, quand je vous envoie des documents confidentiels qui peuvent
être discutés à la commission, pourquoi ne pas les remettre
à la presse en même temps?
M. Lessard: Non, ce n'est pas la même chose. Justement, on
ne veut pas que cela devienne parce que c'est un document public dont
vous parlez dans votre rapport un document confidentiel pour les membres
de la commission.
M. Giroux: Non, ce n'est pas un document confidentiel en ce sens.
C'est un document confidentiel jusqu'à ce que l'annonce soit faite que
le plaidoyer de notre part va être entendu.
M. Morin: L'idéal serait que les documents soient
envoyés à la commission, mais que la commission reçoive
l'ordre de communiquer à ses membres immédiatement les documents
qu'elle reçoit.
M. Giroux: Je n'ai aucune objection. M. Massé: M.
le Président...
M. Morin: Oui, il est temps que le ministre s'exprime
là-dessus.
M. Massé: Peut-être que vous pourriez...
M. Lessard: II y a toujours possibilité de prendre la
parole.
M. Massé: ... arrêter aussi ce genre de
procédure, ce genre de questions sur la procédure qui
permettent...
M. Lessard: Mais nous posons des questions au moins. Vous n'en
posez pas.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Massé: Peut-être qu'on est plus au courant
que...
M. Lessard: Cela ne paraît pas lors des commissions
parlementaires des richesses naturelles. Cela ne paraît pas que vous
êtes au courant.
M. Massé: Parce que, quant à nous, les
données, les réponses des commissaires d'Hydro-Québec et
de la Société d'énergie de la baie James sont beaucoup
plus claires que vous semblez le comprendre.
M. Lessard: Vous avez tous les documents.
M. Massé: M. le Président, est-ce que je peux poser
une question à M. Giroux? Si on faisait parvenir ou si vous rendiez
public le contrat de PASNY, cela pourrait-il amener des complications lors des
auditions ou donner davantage de temps à la province d'Ontario pour se
préparer? Je n'ai aucune objection, si vous pensez que cela ne vous
crée pas de problèmes supplémentaires, à ce que ce
contrat soit communiqué aux membres de la commission, si,
évidemment, cela ne crée pas de problèmes à
Hydro-Québec.
M. Giroux: Le problème qui pourrait être
créé, à ce qu'on me dit, est que c'est l'Office de
l'énergie à Ottawa qui décide quand ça doit
être rendu public. A ce moment, je n'ai pas d'objection... oui, ce sont
ces gens qui l'annoncent, à ce qu'on me dit. Je n'ai pas d'objection
à ce que ce document soit remis au gouvernement pour une étude
qui prépare les objections et les choses de base avec le genre d'embargo
requis. Dès qu'on saura que ça peut être rendu public, on
avisera.
M. Morin: Le gouvernement l'a déjà. M. Giroux:
Le gouvernement fédéral.
M. Lessard: Mais le gouvernement provincial a déjà
une copie puisque nous avons eu l'occasion à un moment donné
d'approuver en principe... je crois qu'il y a eu une loi sur ça en 1973,
je souhaite au moins que les membres du conseil des ministres aient eu
l'occasion de vérifier le document avant de nous présenter une
loi en 1973.
M. Giroux: Ce document est là. Maintenant, ce que la
commission décide, quand on parle d'étude d'un document qui doit
être discuté ouvertement, on dit qu'on n'a pas d'objection
à l'envoyer avec l'embargo habituel. Maintenant l'embargo habituel
n'empêche pas les membres de la commission de l'étudier.
M. Morin: Si nous pouvions en convenir entre membres de cette
commission, le document pourrait être envoyé à la
commission, laquelle nous le communiquerait à tous les membres de la
commission sans exception avec éventuellement un embargo
raisonnable.
M. Giroux: Oui, raisonnable.
M. Morin: Parce que nous les avons respectés jusqu'ici,
quand il y en a eu, mais nous ne voulons pas être pris avec un
caractère confidentiel qui s'étende à l'infini.
M. Giroux: Dès que l'annonce officielle de la date est
faite et que les témoins vont être entendus, à ce moment,
je pense que ce n'est plus confidentiel.
Mais la question de confidentialité, c'est simplement ceci, il
peut y avoir des clauses dans ce document que l'Ontario n'a pas analysé
comme il le faut, qui sont plus avantageuses qu'on croit ou des clauses qui
peuvent attaquer... certains problèmes.
M. Lessard: Mais quand devez-vous déposer le document au
gouvernement fédéral?
M. Giroux: II a été déposé il y a un
an. M. Lessard: Ah! il a été déposé. M.
Giroux: Oui.
M. Lessard: Est-ce qu'il n'est pas normal, lorsqu'une commission
étudie une demande d'exportation d'énergie par exemple la
Commission des transports ici au Québec étudie une demande pour
obtenir une licence qu'automatiquement, une fois que le document est
déposé, une copie de ce document parvienne immédiatement
aux opposants qui se sont inscrits comme tels. Je ne sais pas comment ça
fonctionne à l'Office de l'énergie, j'ai l'impression que
ça doit être à peu près de la même
façon.
M. Giroux: Je ne connais pas du tout la procédure
là-dessus.
M. Lessard: Si la procédure était celle-là,
à ce moment, il n'y aurait aucun problème...
M. Giroux: On peut le demander.
M. Lessard: ...puisque le gouvernement de l'Ontario
possède actuellement une copie.
M. Giroux: On peut demander à M. Gadbois ou à M.
Boulanger du contentieux de donner un point de vue là-dessus. Nous,
ça nous est égal.
M. Malouin: De toute façon, on s'entend sur un
dépôt avec embargo, point final.
M. Morin: D'ailleurs, M. Giroux, je ne serais pas surpris que le
gouvernement de l'Ontario ait déjà le contrat entre les mains. Ce
ne serait pas étonnant. Il n'y a personne ici qui s'illusionne sur
l'étanchéité des rapports entre le gouvernement
fédéral et l'Ontario. On l'a vu pour d'autres dossiers,
l'aciérie, par exemple, et quelques autres. Enfin, vous alliez dire
quelque chose.
M. Gadbois: Mon nom est André Gadbois, avocat à
Hydro-Québec. Lorsque l'Office national de l'énergie fixe la date
de l'audition de la demande d'application d'Hydro-Québec, les copies
sont officiellement envoyées aux personnes qui s'enregistrent comme
opposants ou intervenants. Quant aux documents qui sont déposés
avec le contrat, parce qu'il y a une liasse de documents d'à peu
près un pied de hauteur, chacun obtient une copie des documents
déposés, environ 60 jours avant la date.
M. Lessard: Et la date n'est pas fixée? M. Gadbois:
Pas encore.
M. Morin: Est-ce que le ministre et les membres de la commission
seraient d'accord que le contrat PASNY pourrait être communiqué
avec l'embargo à la commission, laquelle le transmettrait illico
à ses membres?
M. Massé: Je suis d'accord, M. le Président; il
faut bien spécifier l'embargo.
M. Giroux: Le contentieux dit qu'il n'y a pas d'objection s'il y
a un embargo, nous ne commettons aucun impair.
M. Morin: D'accord. M. le Président, on peut le noter pour
les fins du procès-verbal.
M. Villeneuve: M. le Président, j'aimerais corriger un
chiffre que j'ai cité plus tôt, en réponse à une
question...
Le Président (M. Séguin): Avant de laisser le sujet
dont nous venons de discuter... Ensuite, je reviens à vous. Messieurs,
lorsqu'il s'agit d'envoyer à la commission, je pense que, par là,
nous entendons: Faire parvenir ces copies au secrétaire permanent des
commissions qui, lui, se chargerait de les faire parvenir aux membres. Est-ce
bien cela?
M. Perreault: C'est exact.
Le Président (M. Séguin): D'accord. M.
Villeneuve.
M. Villeneuve: Plus tôt, en réponse à une
question, j'ai donné le chiffre de l'énergie vendue en 1974 aux
Etats-Unis, par l'interconnexion de Cedar Rapids, j'avais le mauvais tableau
devant moi; le chiffre exact est 867 millions de kilowatts-heures au lieu de
610. Ce n'est qu'une correction.
M. Morin: Bien. Sur le programme de l'équipement, je n'ai
pas d'autres questions. A moins que d'autres collègues en aient, nous
pourrions passer à l'article suivant, qui est la tarification.
Le Président (M. Séguin): Y a-t-il d'autres
questions sur le programme de l'équipement? Alors, nous abordons
immédiatement la tarification. Le chef de l'Opposition.
Tarification
M. Morin: Tout d'abord, quelques questions d'ordre
général. Dans votre exposé, M. le Président
d'Hydro-Québec, à la page 20, il est dit que les hausses de 10%
en 1975, 1976 et 1977 seront insuffisantes. J'aimerais vous demander quel sera
le taux de couverture d'intérêt pour ces trois années,
compte tenu d'une triple hausse annuelle de 10%?
M. Giroux: Je vous donnerai la couverture exacte dans quelques
minutes. M. le Président, sans la hausse de tarif en 1975, 1976 et 1977,
la couverture d'intérêt serait 1.19, 0.92 et 0.74. Avec la hausse,
la couverture sera de 1.19, Ml et 1.08.
Dans ces domaines, nous avons fait une analyse et avons eu de nombreuses
discussions; nous sommes convaincus qu'à moins de changements draconiens
dans la politique des Américains, nous n'aurons aucune difficulté
à financer si nous pouvons annoncer cette hausse de tarif qui prendra
effet au 1er janvier 1976. Autrement, le problème est le suivant: Nous
serons dans un dilemme, comme certaines corporations américaines l'ont
été et ont dû remettre des travaux, à des
coûts fantastiques, parce que leur bilan ne leur permettait pas de les
financer. Vous avez de nombreuses compagnies d'utilités publiques dont
les demandes d'augmentation de tarif ont été retardées
pour diverses causes; ces compagnies ne peuvent se faire financer dans le
secteur public. Ce n'est pas un besoin ou un manque de demande la
demande est là mais elles ne peuvent pas se financer.
M. Morin: Mais quand même, M. Giroux, avec 1.19, l.ll et
1.08, vous n'arrivez pas à satisfaire à cette exigence du 1.25 de
couverture d'intérêt?
M. Giroux: Non.
M. Morin: Dans ces conditions, est-ce que vous estimez
qu'Hydro-Québec pourrait avoir des difficultés à
négocier ses emprunts?
M. Giroux: Naturellement, si vous voulez m'aider à avoir
exactement tout de suite 1.25 et nous accorder 25% tout de suite, je suis
parfaitement favorable. Je n'ai pas d'objection.
M. Massé: II y en aurait peut-être, d'ailleurs...
M. Giroux: Ce serait meilleur.
M. Massé: II y en aurait peut-être, d'ailleurs, de
l'Opposition.
M. Morin: Oui, l'inquiétude, c'est ce que cela nous
prépare pour l'avenir, parce que vous tombez à 1.08 et vous
tombez graduellement...
M. Giroux: Cela nous prépare pour l'avenir. Si je me
rappelle les dernières commissions parlementaires, souvent on disait que
j'étais trop modéré.
M. Morin: Sur les tarifs?
M. Giroux: Sur les tarifs. Je suis optimiste, comme l'Opposition
me l'a demandé, et on s'y oppose. Je ne comprends rien.
M. Morin: Non, il n'y a pas d'objection pour l'immédiat;
ce qui est plus préoccupant, c'est que, quand vous serez tombé
à 1.08, vous aurez peut-être la tentation de redresser brutalement
la tarification pour que votre taux de couverture d'intérêt soit
idoine.
M. Giroux: C'est-à-dire qu'en tombant, comme on l'a
déjà fait on avait donné, pour les cinq et les dix
prochaines années, qu'il y aurait une augmentation annuelle de 10%
on ne tombera pas beaucoup en bas de 1%.
Je dois vous dire une chose. C'est que, actuellement, dans cette
demande, nous avons, après des études sérieuses. Je suis
parfaitement d'accord pour dire que vos recherchistes vous ont prouvé
qu'on avait besoin de 15%, 16% et 17%. Je ne suis pas contre cette obtention,
si vous voulez prendre la parole de vos recherchistes, parce qu'on a eu
beaucoup de plaisir à travailler avec eux. Seulement, le point
actuellement, c'est qu'il faut tout de même aider à enrayer
l'élan de l'inflation. On pourrait prouver facilement que nous avons
besoin de 15% ou que nous avons besoin de 16%. On limite la demande à
10% pour les deux prochaines années.
Au moment de l'application de tarifs, si on se sert! de
l'expérience passée, avec les augmentations fantastiques qui s'en
viennent dans l'huile, qui ont été annoncées, et dans les
autres domaines, on croit qu'il y a un facteur de demande accentuée qui
va se produire, qui va nous aider à améliorer ces bilans.
Naturellement, étant modéré de nature, j'ai
étudié cela sérieusement et j'ai pensé que ce
serait plus raisonnable de demander de se maintenir à 10%-10%. Comme je
vous le dis, je n'ai aucune objection, comme un journal le suggérait ce
matin, à demander 20%. Je suis ouvert, pour autant que les 10%-10% au
minimum soient accordés.
M. Morin: Ma question, c'est que vous allez arriver, en 1978,
avec $1,700 millions d'emprunts probablement. Votre couverture
d'intérêt va être tombée, à ce moment,
à près de 1 au lieu du 1.25. Je ne sais pas si cela ne sera pas
de nature à vous compliquer la tâche.
M. Giroux: Si cela devenait...
M. Morin: Ce que je veux dire, c'est que vous pouvez
peut-être vous permettre de tomber en dessous du taux de couverture
d'intérêt pendant...
M. Giroux: Un an ou deux.
M. Morin: ... un an ou deux, mais si vous ne redressez pas la
barre, surtout avec votre programme d'emprunt...
M. Giroux: Si vous regardez aussi la partie... C'était le
reproche qu'on me faisait, celui d'être trop pessimiste et d'aller trop
à l'avance, n'est-ce pas? Ce que je veux vous démontrer, c'est
ceci: C'est que, dans le passé, en 1964, nous avions 1.45; en 1965, nous
avions 1.30; en 1966, nous avions 1.18; en 1967, nous avons eu une augmentation
et nous sommes allés à 1.32. Il y a eu une correction tout de
suite qui était supérieure à 1.25. En 1968, nous avons eu
1.27; en 1969, nous sommes tombés à 1.23; en 1970, nous ayons eu
une augmentation et nous sommes montés à 1.46; en 1971, la
même augmentation existait, mais elle était peut-être pour
un terme plus long, nous avons eu une couverture de 1.50; en 1972, nous avons
eu 1.33; en 1973, à la dernière augmentation, nous avons eu 1.31
et l'effet en 1974, il n'y a pas eu d'augmentation a
été de 1.39.
Dans les prévisions que nous avons, qui sont des
prévisions tout de même basées sur des hypothèses,
on a une couverture de 1.19, de 1.11 en 1976 et de 1.06 en 1977.
Alors, je crois que normalement ce serait beaucoup
préférable pour Hydro-Québec, si le gouvernement nous
accordait une augmentation de 15% pour les deux prochaines années. Mais
on croit que pour protéger le consommateur, dans la situation actuelle,
nous devrions faire l'expérience de savoir quelle va être la
demande accentuée sur l'électricité, vu la hausse
fantastique de l'huile et du gaz. Alors c'est un peu l'explication grosso modo
de ces détails. Maintenant, M. Bisaillon est ici, de même que M.
Cristel, si vous avez des questions à poser, des questions sur
l'application, c'est exactement le même règlement qui a
été déposé et analysé à la
dernière commission parlementaire, avec de légers amendements
selon lesquels nos gens sont disponibles.
M. Lessard: M. le Président, j'aurais une question
à poser au ministre des Richesses naturelles. En effet, lorsque nous
avons discuté, à l'Assemblée nationale, de la
première demande de hausse de Hydro-Québec, le ministre nous
avait, à ce moment-là, expliqué qu'il donnait son accord
de principe, sur cette première demande de HydroQuébec, mais
cette demande devait se limiter à l'année de demande en fait,
à l'année de discussion. Le ministre nous avait expliqué,
à ce moment-là, qu'il espérait, souhaitait et même
qu'il avait l'intention d'établir son tribunal de l'énergie,
avant qu'une nouvelle demande vienne d'Hydro-Québec.
Et, je demande au ministre, justement, comment il se fait que depuis, il
me semble, 1973, alors qu'on a eu l'occasion d'étudier la
première demande, 1974, encore là, nous sommes soumis strictement
à la décision du Conseil exécutif, puisque nous avions eu
l'occasion de discuter du rapport qui nous avait été
présenté à ce moment-là et que vos experts,
à l'intérieur du ministère des Richesses naturelles,
avaient analysé ce rapport et affirmaient même et
malheureusement je n'ai pas le rapport devant moi si ma mémoire
est bonne, qu'il n'avait pas tous les éléments nécessaires
en main, pour pouvoir se prononcer sur l'ensemble du document
d'Hydro-Québec.
Mais le problème, je pense, fondamental, c'est que le public ne
peut pas se faire entendre, quand il s'agit d'une demande de hausse de tarifs
concernant l'électricité et ce tribunal de l'énergie
aurait permis justement au public, de pouvoir se faire entendre. J'aimerais
avoir les explications du ministre des Richesses naturelles et j'aimerais
savoir de sa part, s'il est encore en étude à ce sujet, parce
qu'on sait que, lors des discussions du ministère des Richesses
naturelles sur chacun des points que j'ai eu l'occasion de soulever, le
ministre nous disait qu'il étudiait et le ministre me le
répétait, parce qu'il me l'a répété dans
plusieurs questions que je lui ai posées, mais c'est un peu la
réponse que je reçois depuis 1970 et particulièrement,
depuis 1972, lors du dépôt du livre blanc sur
l'énergie...
Alors, j'aimerais savoir si le ministre est encore en étude puis
j'aimerais savoir quand les études vont être terminées,
afin de concrétiser l'établissement du tribunal de
l'énergie au Québec, pour que la population ait la
possibilité de se faire entendre et que ce ne soit pas seulement
limité en fait à la décision du Conseil
exécutif.
M. Massé: M. le Président, évidemment, suite
à l'étude de la demande d'augmentation d'Hydro-Québec en
1974, il y a eu acceptation de la demande pour une partie, c'est-à-dire
pour l'année 1975, et, par la suite, après que le gouvernement
eut pris cette décision, il y aurait pour les prochaines demandes,
c'est-à-dire 1976 et 1977, convocation de la commission parlementaire
qui examinerait avec les gens d'Hydro-Québec leurs demandes et nous
verrions, par la suite, quelle décision le gouvernement prendrait.
A ce moment-là, c'est-à-dire c'était il y a un an,
moins d'un an, lorsque le rapport du groupe de fonctionnaires du gouvernement a
été remis, soit vers le milieu ou la fin d'octobre 1974.
M. Lessard: Je sais que c'était au moment de la discussion
du bill 22.
M. Massé: A ce moment, on a, par la suite, convoqué
la commission parlementaire qui devait examiner la demande
d'augmentation...
M. Lessard: La décision était déjà
prise par le conseil des ministres.
M. Massé: Oui, par la suite.
M. Lessard: Pas par la suite, avant. On a eu à
concrétiser la décision.
M. Massé: C'est ce que je vous dis. M. Lessard: Oui.
M. Massé: J'ai dit: Par la suite. Il y a eu convocation de
la commission parlementaire.
M. Lessard: D'accord! Je pensais que...
M. Massé: M. le Président, depuis ce temps, un
travail assez important a été fait, afin de permettre une
nouvelle formule, un nouvel organisme, un nouveau mécanisme d'examen des
augmentations. Ce nouveau mécanisme est actuellement en discussion au
ministère. Tel que prévu à ce moment, nous avions
déterminé qu'avant la fin de I975 ou au début de I976, il
n'était pas possible de mettre sur pied un mécanisme semblable
qui ne soit pas trop astreignant pour Hydro-Québec. On n'a pas voulu,
non plus, avoir un organisme qui soit dépendant de certains organismes
américains où, quand on demande des augmentations, cela peut
prendre deux, trois ou quatre ans. Je pense que cette question que nous avons
actuellement sur ce mécanisme, n'a pas été discutée
au gouvernement encore, mais devrait l'être prochainement.
M. Lessard: Est-ce que je pourrais demander au ministre, comme
dernière question, depuis quand le rapport sur le livre blanc sur
l'énergie a-t-il été déposé, et s'il y
avait, à l'intérieur de ce rapport, une recommandation de la
création d'un tribunal de l'énergie, et depuis quand, à
l'intérieur du ministère, étudie-t-on la
possibilité d'établir un tribunal de l'énergie?
M. Massé: M. le Président, je pense que cela
revient toujours aux mêmes questions. Le député de
Saguenay...
M. Lessard: C'est toujours les mêmes réponses.
M. Massé: ... a beaucoup de difficultés à
comprendre la complexité des organismes semblables, et que, d'autre
part...
M. Lessard: C'est tellement complexe, que le ministre devrait
partir.
M. Massé:... il faudrait dire...
M. Lessard: C'est trop complexe pour lui.
M. Massé: Le député de Saguenay va
peut-être partir aussi, un moment donné.
M. Lessard: Non.
M. Massé: Dans une prochaine élection.
M. Lessard: Ne vous inquiétez pas. Mais les...
M. Massé: Je ne veux pas...
M. Lessard: ... problèmes sont tellement complexes avec
vous...
M. Massé: Voici. Je ne veux pas faire de
prédiction.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Lessard: A chaque fois, vous avez des problèmes trop
complexes pour vous.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: Laissez donc le ministère, c'est trop complexe
pour vous.
Le Président (M. Séguin): Le député
des Iles-de-la-Madeleine.
M. Massé: M. le Président... Vas-y!
M. Lacroix: M. le Président, étant donné que
le vicaire général du député des Iles, mon bon ami,
le député de Saguenay, n'a pas posé la question au
président d'Hydro-Québec, concernant les légères
modifications dont il parle concernant la tarification, est-ce que les
Iles-de-la-Madeleine continueront à bénéficier de votre
conservatisme très libéral que vous avez accepté l'an
passé, quand on a pu continuer à bénéficier des
mêmes tarifs que ceux dont bénéficie la population de la
province?
M. Giroux: Je ne crois pas qu'il y ait quoi que ce soit de
changé dans les Iles-de-la-Madeleine.
M. Lacroix: II n'y a rien eu de changé. Cela a
passé proche! On ne voudrait pas que ça change, et cela ne
changera pas aux élections non plus.
M. Giroux: Tantôt, on pourra établir cette
subvention aux Iles-de-la-Madeleine, qui coûte pratiquement $3 millions
par année à Hydro-Québec.
M. Lacroix: On apprécie beaucoup votre
générosité.
M. Giroux: Dans cette chose, c'est sur le principe de base...
M. Lessard: Le vicaire général vous
bénit.
M. Lacroix: Demain, dans le journal Le Radar, mon dominicain
défroqué va dire que c'est le député de Saguenay
qui a posé la question.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Je reviens maintenant au ministre, puisque nous avons résolu les
problèmes "électorals" ou électoraux?
M. Lessard: C'est ça. Le ministre était en train de
répondre...
Le Président (M. Séguin): Le ministre avait
déjà commencé ses commentaires, je pense, à la
suite d'une question du député de Saguenay. Je ne sais pas...
M. Massé: Je voulais simplement dire que le
député de Saguenay a beaucoup de difficultés à
être réaliste et à voir les choses telles qu'elles
sont.
M. Morin: M. le Président, peut-on revenir
maintenant...
Le Président (M. Séguin): Le chef de
l'Opposition.
M. Morin: ... aux choses sérieuses? Dans son
discours...
M. Lacroix: ... sérieux, le député de
Saguenay? Vous êtes insultant pour votre collègue.
M. Morin: Je pensais aux problèmes de
l'immédiat.
M. Lacroix: C'est vrai que ce n'est pas sérieux, ni vous,
ni lui, d'ailleurs.
M. Morin: M. le Président, est-ce qu'on peut revenir
maintenant à la tarification?
Dans son discours hier, dans son exposé, le président
d'Hydro-Québec nous a dit, à la page 18, que pour protéger
la situation financière d'Hydro-Québec, pour conserver son
crédit et pour respecter la loi qui régit Hydro-Québec, il
lui faudra continuer de majorer les tarifs. Il parlait, évidemment, je
pense, de la période postérieure à 1977.
J'aimerais lui demander quelles sont les hausses qu'il prévoit
être nécessaires pour redresser la situation, notamment pour ce
qui est du taux de couverture d'intérêt au cours des années
1978, 1979 et 1980.
M. Giroux: Dans les calculs de base que j'ai faits au
début, je n'ai pas 1980 immédiatement. Pour les autres
années, je ne vois rien à l'horizon, si nous avons la chance de
continuer à vendre de l'excédent, de continuer à explorer
tous les marchés possibles sur ces ventes, je maintiens que nous
devrions, avec un peu de chance, couvrir les choses à 10%.
Maintenant, on peut avoir des excédents sur ces choses et je
crois qu'il est extrêmement difficile, dans la période que nous
traversons, de juger plus loin que dix ans. Pour demeurer modéré,
pour ne pas lancer de ballons en l'air et tout cela, je suis convaincu que,
pour les années 1978 et 1979, on aura besoin de 10% au minimum; je ne
crois pas qu'on soit nécessairement obligé d'aller beaucoup plus
haut, mais c'est très très difficile. Y
a-t-il quelqu'un qui s'attendait à l'augmentation du prix de
l'essence que nous connaissons actuellement? Heureusement que nous sommes
hydroélectriques, tous ces facteurs nous affectent très peu. Par
contre, il y a autre chose. On parlait d'énergie de pointe tantôt.
Nous avons à Tracy une installation à l'huile. Si on se servait
de cette installation, on aurait de grandes difficultés parce que les
prix seraient augmentés énormément. Vous avez tous ces
facteurs qui sont des facteurs assez positifs pour me permettre de dire que je
crois, tel que je l'ai déclaré au moment du programme de cinq
ans, qu'on aurait une augmentation de ces tarifs.
M. Massé: M. le Président, si vous permettez...
M. Morin: Oui, volontiers.
M. Massé: C'est évidemment relié au taux de
croissance de la consommation.
M. Giroux: C'est relié au taux de croissance de la
consommation. C'est relié à plusieurs facteurs, mais les taux
d'intérêt aussi et l'inflation.
M. Massé: Oui, mais, étant donné que, cette
année, vous accepteriez une augmentation de 10%, même si vous avez
calculé que 15% ou 16% serait préférables pour garder
votre couverture d'intérêt, une des raisons que vous donnez est
que vous pensez que la croissance continuera à se maintenir à un
taux assez élevé. Quelles sont vos prévisions de taux de
croissance pour les prochaines années?
M. Giroux: Les taux de croissance, on les a déjà
dits.
M. Massé: Ne les situez-vous pas à 6.8% ou 8%?
M. Giroux: Cela dépend. Autour de 7%. L'an prochain, il
peut y avoir un redressement. Il peut y avoir un double redressement qui ne
soit pas dû a une reprise de l'économie, mais à une reprise
des prix fantastiques de l'huile. Alors, on le sent immédiatement. Il y
a beaucoup plus de demandes pour le chauffage électrique et ces choses.
Tout cela est en sus de la demande normale.
M. Morin: A la page 20 de votre exposé d'hier, M. le
président d'Hydro-Québec, vous dites: "Nous avons fait parvenir
au gouvernement, au début de la semaine, les amendements proposés
au règlement tarifaire afin d'accorder à Hydro-Québec les
augmentations de tarifs requises."
Ces amendements proposés sont-ils bien une augmentation moyenne
de 10% pour 1975, de 10% pour 1976 et 10% pour 1977?
M. Giroux: Oui. On a ici en détail tout le
règlement si...
M. Morin: Oui, si c'était possible de nous le
communiquer.
M. Giroux: Vous avez le mémoire tarifaire. M. Morin:
Le règlement? M. Giroux: Le règlement au complet.
M. Morin: Ah bon! D'accord.
M. Giroux: Le mémoire et le règlement sont parvenus
avec les dépôts de...
M. Morin: Bien. Peut-être pourrait-on demander au ministre
à quel moment il pense que l'autorisation sera accordée à
Hydro-Québec de majorer ses tarifs? Est-ce que vous allez...
M. Massé: M. le Président, étant
donné qu'Hydro-Québec voudrait appliquer cette nouvelle
augmentation à partir du 1er janvier I976, nous avons, je pense, comme
les années passées, examiné cette demande par le groupe
ministériel qui avait été formé à la suite
de la commission parlementaire. Je pense que ce sera au cours des prochaines
semaines qu'on pourra présenter cette demande au conseil des
ministres.
M. Lessard: Est-ce que la recommandation du groupe
ministériel sera favorable?
M. Massé: On verra.
M. Lessard: J'ai bien l'impression qu'on connaît
déjà la réponse.
M. Massé: On verra.
M. Morin: Bien. M. le Président, passant à la
tarification industrielle, j'aimerais faire quelques commentaires brefs et
poser quelques questions. Selon les états financiers de I973, on
constate que le consommateur paie quinze mils le kilowattheure et l'industriel
six mils. J'aimerais demander si cette différence provient de
l'existence de contrats industriels qui sont toujours en cours et ne seront pas
négociés d'ici un certain temps. J'aimerais demander
également à Hydro-Québec combien de ces contrats se
situent au-dessus de I50 mégawatts et quand se terminent ces contrats?
Quand viennent-ils à échéance?
M. Giroux: Je crois que M. Bisaillon peut répondre
à ces questions, ou encore M. Cristel.
M. Bisaillon (Jacques): Pour le nom des contrats, il va falloir
que je réfère aux dossiers.
Jacques Bisaillon, pardon, directeur de tarification et
d'électrométrie. Il y en a deux ou trois. On va vous donner le
nom et le nombre exact dans quelques minutes. Quant à la
différence qui existe entre le coût moyen par kilowatt-heure pour
le domestique, d'une part.et le gros industriel, d'autre part, (à peu
près 140 abonnés) il y a deux raisons à cela. La
première, c'est que l'abonné domestique, comme d'ailleurs
l'abonné d'usage général, le petit abonné d'usage
général, sont alimentés en basse tension et cela demande
tout un réseau de
distribution pour arriver là; les coûts, forcéement,
sont plus élevés pour le livrer. D'autre part, les
caractéristiques de consommation des gros abonnés sont
très différentes, c'est-à-dire que pour chaque kilowatt
ils fonctionnent à peu près 80%, 85%, 90% du temps. Et comme
c'est le kilowatt, au fond, qui est important, au point de vue du coût,
alors il en coûte moins cher par kilowatt-heure; mais cela fait à
peu près la même chose par kilowatt; tandis que l'abonné
domestique, si vous prenez une municipalité dans son ensemble, un
ensemble d'abonnés domestiques et d'usage général, ils
prennent à peu près 50% du coût, alors c'est beaucoup
dilué dans le cas de la grande entreprise. C'est la raison pour laquelle
il y a une différence comme cela. Cela s'explique sur les
coûts.
M. Morin: J'imagine facilement; mais quand les deux ou trois gros
contrats, gros abonnés, au-dessus de 150 mégawatts, viennent
à terme?
M. Giroux: C'est la partie industrielle. M. Cris-tel.
M. Morin: Une question accessoire, est-ce que c'est votre
intention de modifier les tarifs lorsque les contrats viendront à
échéance et devront être renégociés?
M. Giroux: Oui, M. Cristel va vous donner le programme que nous
avons.
M. Cristel (Jean-Paul): Jean-Paul Cristel. Les deux plus gros
contrats d'Hydro-Québec sont avec Quebec Iron and Titanium, à
Sorel et CIP, Canadian International Paper, à Gatineau.
M. Lessard: Elle revient celle-là.
M. Cristel: Quebec Iron, le contrat se termine le 25 juillet
1976.
M. Lessard: Mais pour combien de mégawatts?
M. Cristel: Celui de Quebec Iron est pour un... un minimum de 280
mégawatts et un maximum de 370 mégawatts.
M. Lessard: Vous dites le 25 juillet 1976?
M. Cristel: Oui. Celui de CIP, le tarif est sujet à
révision au 1er janvier 1976.
M. Lessard: A quel prix sont-ils?
M. Cristel: Celui de Quebec Iron & Titanium, sous
réserve de toutes sortes d'autres facteurs, est à $3.12 le
kilowatt par mois avec un facteur d'utilisation de 85% et un facteur de
puissance de 90%.
M. Lessard: CIP, combien de mégawatts? M. Cristel:
CIP, celui-là est le minimum...
M. Morin: Pourriez-vous nous le donner en mils aussi?
M. Lessard: Traduisez-nous ça parce que... Je vais dire
comme le député de Johnson, sur les "tracks", je n'ai pas vu
ça souvent.
M. Cristel: Donnez-nous quelques minutes, on va convertir
ça.
M. Lessard: Donnez-nous la formule, au moins.
M. Cristel: A CIP, le revenu moyen était de 4.77 mils pour
un contrat dans le même moulin et 4.79 mils pour l'autre.
M. Lessard: Combien de mégawatts? M. Cristel: 112
plus 34, en 1973. M. Lessard: Alors 146.
M. Cristel: Je vous ai donné le minimum, le maximum
était de 154 plus 43. L'utilisation de CIP a été de 89% et
87% annuellement. Depuis les chiffres que je vous ai donnés pour 1973,
il y a eu des augmentations des tarifs. Ici, j'ai les trois premiers mois de
1975 pour CIP, on a 5.19 mils et 5.71 mils.
M. Morin: Les deux tarifs sont pour CIP.
M. Cristel: Comme je vous l'ai indiqué, ces tarifs seront
modifiés au cours de l'année I976, un à compter du 1er
janvier et l'autre au 25 juillet.
M. Lessard: Dans le cas de Quebec Iron and Titatium, avez-vous
fait la traduction simultanée? Vous nous avez parlé de $3.12 le
kilowatt par mois. En mils cela veut dire combien?
M. Cristel: Je vous donne le résultat de ces prix pour les
trois premiers mois de l'année: cela s'est traduit par 4.94 mils par
kilowatt-heure, un facteur d'utilisation de 79.7; cela est pour Quebec Iron.
Ces contrats, comme vous le savez, sont à un facteur d'utilisation
garanti, alors, d'après l'utilisation qu'ils en font, le prix moyen en
mils par kilowatt-heure peut augmenter ou diminuer.
M. Morin: Au renouvellement, messieurs, si je m'en remets
à la grille officielle la plus récente du moins je crois
que c'est la plus récente la grille de base, pour vos
négociations des nouveaux contrats industriels, cela donne combien?
M. Cristel: Les contrats au-dessus de 150 mégawatts ne
sont pas sujets aux règlements tarifaires, n'est-ce pas?
M. Morin: Effectivement, ils ne sont pas inscrits sur la
grille.
M. Cristel: C'est exact.
M. Morin: Vous n'avez que ces deux cas, de toute
façon.
M. Cristel: Oui, mais nous tentons d'observer quand même le
2% d'augmentation par mois, ce qui fait 24% par année d'augmentation de
tarif s'ils ne sont pas au niveau du règlement tarifaire ou de son
prolongement.
M. Morin: Le règlement tarifaire va jusqu'à
combien?
M. Cristel: 150 mégawatts.
M. Morin: Peut-on vous demander combien vous avez d'ententes
entre 85 et 150 mégawatts? Combien sont intervenues déjà
ou sont sur le point d'être renouvelées?
M. Cristel: Je peux vous donner la liste des contrats qui sont
non conformes au règlement 163, c'est-à-dire au règlement
actuel: II y en a 32. Je peux vous donner la liste de ceux qui seront
renouvelés au cours de 1976 et ceux qui sont renouvelables au cours de
1977, et ceux par la suite... Je ne les ai pas par ordre de puissance ici; je
pourrais pour chacun, trouver, dans la table, les puissances qui s'appliquent
à ces contrats.
M. Morin: L'ordre importe peu.
M. Cristel: D'accord. Pour les 32 contrats... Lorsqu'on parle de
la grande puissance, il y a 140 abonnés dont la puissance minimale au
contrat dépasse 5,000 kilowatts; ils sont donc considérés
comme des abonnés grande entreprise. De ces 140, il y en a 32 qui sont
non conformes au règlement, c'est-à-dire dont les tarifs,
s'appliquant à ces industries, ne respectent pas le règlement
actuel ou ne sont pas en voie de le respecter. Ceci veut dire que nous avons
signé des contrats qui prévoient des périodes de
rattrapage, actuellement, donc, les contrats deviendront conformes à la
fin, à leur échéance. Il y en a 32 dont les contrats
d'électricité sont non conformes au règlement, donc,
où les prix sont inférieurs au règlement actuel. De ces
32, 14 seront renouvelés au cours de l'année 1976; je vous les
nomme. Ces contrats sont avec Colt Industries Canada Ltd...
M. Morin: Pour épargner du temps, si vous pouviez
déposer la liste, ce serait plus simple que de procéder à
une longue énumération.
M. Cristel: D'accord.
M. Lessard: Est-ce que, dans cette liste, est compris Rayonier
Québec? Je pourrai voir, mais je voudrais, si ce n'est pas inclus,
connaître l'entente avec eux.
M. Cristel: Oui, à ma connaissance, je ne les ai pas sur
la liste.
M. Lessard: En tout cas, vous pouvez déposer la liste,
mais j'aimerais bien connaître l'entente avec Rayonier-Québec.
M. Morin: La liste, c'est important. Vous en avez
mentionné 14 sur les 32. Il en reste 18.
M. Cristel: 14 dont les contrats seront renouvelés au
cours de 1976...
M. Morin: Oui.
M. Cristel: ... sept renouvelables au cours de 1977 et 11 se
terminent ou sont révisibles à des dates ultérieures,
enfin après 1977. Je vais déposer la liste.
M. Morin: L'objectif, si je vous ai bien compris, c'est que, dans
ces 32 cas, lorsque les contrats viennent à échéance, vous
tentez de les amener à être en conformité avec la
grille.
M. Cristel: Oui, avec un rattrapage de 2% par mois, de 24% par
année. Si le contrat est à 30%, évidemment, cela prendra
un peu plus qu'un an à ramener l'abonné au tarif soi-disant
objectif ou au tarif du règlement.
M. Morin: Vous prévoyez combien d'années avant que
tout le monde soit en conformité avec la grille?
M. Cristel: Si vous excluez les contrats dont
l'échéance est après 1977 j'ai laissé aller
ma liste il y en a 11, comme je l'ai dit, et de ceux-là, le
dernier se termine en 1984, je crois. Cela va prendre encore quelques
années avant de se normaliser. D'ailleurs, le processus de normalisation
a débuté immédiatement après la nationalisation et
cela a été un processus assez long, parce que l'écart
exigé par les différentes filiales pour différentes
raisons était très grand. Nous avons tenté, depuis ce
temps, de normaliser.
M. Morin: Celui qui vient à échéance en 1984
a été négocié en quelle année?
M. Cristel: II faudrait consulter le volume.
M. Bisaillon (Jacques): Jacques Bisaillon. Pour compléter
l'information qu'on vous a donnée sur les hausses prévues pour
les deux prochaines années, pour la grande puissance, vous savez, on a
deux tarifs, un qui est l'usage général, grande puissance, et
l'autre qui est l'usage industriel, grande puissance. Le nombre d'abonnements
qui vont être touchés en 1976, c'est 92 abonnements.
Là-dessus, il y en a 46 qui vont augmenter de moins de 20% et 46 entre
20% et 24%. En 1977, sur un total prévu de 97 contrats qui vont venir
à échéance, à ce moment, pour le tarif, tout au
moins, vous en avez 63 qui vont être augmentés de moins de 20% et
34 entre 20% et 24%.
Pour l'usage général, grande puissance, il y a un peu
moins d'abonnements là-dedans. Il y en a une proportion d'à peu
près... On en a 26, par
exemple, qui viennent à échéance en 1976.
Là-dessus, il y en a 15 qui vont augmenter de moins de 20% en 1976, et
11 entre 20% et 24%. Pour 1977, sur un total de 29 qui viennent à
échéance, il y en a 24 qui vont être augmentés de
20% et moins et 5 de 20% à 24%. Le rattrapage va se faire assez
rapidement. Il y a seulement 11 contrats qui ne viennent à
échéance qu'après le 31 décembre 1977.
M. Morin: C'est 21.
M. Bisaillon: C'est un travail formidable dans l'espace de trois
ans, parce qu'il y en a eu en 1975 et qu'il y en aura encore en 1975
également. Je n'ai pas les chiffres avec moi ici.
M. Cristel: II y a un contrat qui se termine en 1987, mais dont
les prix ne seront pas fixés après 1982, d'après le
sommaire que j'ai ici. C'est Union Carbide, à Beauharnois.
M. Lessard: Quand vous dites que les prix ne seront pas
fixés, cela veut donc dire que vous pouvez les modifier...
M. Cristel: Oui, on peut les négocier. Mais je n'ai pas
retrouvé ma feuille de 1984, parce qu'elle est à la reproduction.
Je pourrais tenter de revenir sur la question...
M. Lessard: Est-ce le dernier contrat?
M. Cristel: Oui, je pense. J'aimerais avoir ma liste avant de
vous répondre officiellement. J'avais tout cela sur une liste
chronologique. Je l'ai passée pour la reproduction.
M. Lessard: En tout cas, je peux inscrire ma question et vous
pourrez me répondre plus tard.
M. Cristel: Oui, on pourrait faire cela plus tard, si vous le
voulez.
M. Lessard: J'aimerais savoir quand ce dernier contrat a
été négocié et à quel prix le mil.
M. Cristel: D'accord.
M. Massé: En somme, M. Bisaillon, c'est que, sur les 108
contrats, vous en avez, il vous en restera onze qui n'auront pas fait le
rattrapage. C'est cela?
M. Bisaillon: Oui, c'est cela, à cause des contrats
existants qu'on ne peut pas dénoncer, évidemment. Maintenant,
même dans les cas que j'ai nommés, où il y aura des
rattrapages de l'ordre de 20% à 24%, il se peut qu'après 1977, il
y ait encore un peu de rattrapage à faire à ce moment-là,
mais cela va être assez minime tout de même.
Mais, avant de faire cela, il fallait attendre qu'ils soient tout de
même raisonnablement près l'un de l'autre et c'est le travail qui
a été fait au cours des dix dernières années.
M. Cristel: Maintenant, je vous ai dit tantôt 84,
c'était celui-là, Union Carbide à 87, dont les prix, en
résumé, sont jusqu'à 82. Maintenant, si on regardait
Rayonier Québec, celui...
M. Lessard: Est-ce que vous avez des prix négociés
jusqu'en 1982, quels ont été ces prix et quand ce contrat a-t-il
été négocié avec HydroQuébec?
M. Cristel: Pour Union Carbide, la date en vigueur est le 1er
janvier 1972. Maintenant, il y a des prix pour de l'énergie primaire,
des prix pour de l'énergie secondaire et également des prix pour
de l'énergie interruptible; le primaire est exprimé en dollars
par kilowatt par mois, le secondaire en mils par kWh et l'interruptible
également en dollars par kilowatt par mois. L'excédent au-dessus
du facteur d'utilisation garantie est à 3 mils dans le cas des kilowatts
par mois.
Maintenant, le contrat comprend une escalade qui va jusqu'en 1982 dans
le résumé que j'ai ici. Je pourrais vous donner toute l'escalade
ou je pourrais vous donner, vous déposer la copie du
résumé si vous le voulez.
M. Lessard: Quel est le prix moyen pour le primaire, pour le
secondaire et pour l'interruptible pour les trois premiers mois de 1975?
M. Cristel: Pour Union Carbide, jusqu'au 30 avril 1975, 4.76 mils
en moyenne.
M. Lessard: En moyenne, pour le primaire, le secondaire...
M. Cristel: Pour le primaire, le secondaire et
l'interruptible.
M. Lessard: Alors, vous dites 4...
M. Cristel: C'est 4.76 mils par kilowatt-heure. Comme je vous
l'ai expliqué, ce prix varie chaque mois, selon le facteur
d'utilisation, l'interruptibi-lité, etc.
M. Lessard: Quand vous dites: II varie. D'accord! Il varie chaque
mois, mais il reste que la moyenne, en fait...
M. Cristel: Oui.
M. Lessard: ... se situe autour de 4.76.
M. Cristel: D'accord!
M. Lessard: Rayonier-Québec, est-ce que vous l'avez?
M. Cristel: Oui, je l'avais ici. La date du contrat avec
Rayonier-Québec est le 21 octobre 1974. Il est pour une puissance de 8
mégawatts ou de 8,000 kilowatts au minimum et de 10,000 kilowatts au
maximum, parce que cette compagnie a des facilités de production.
M. Lessard: C'est de 8 à 10 mégawatts.
M. Cristel: Oui. Pour les premiers six mois du contrat, cela a
été de 7.3 mils le kilowatt-heure. A partir du septième
mois, c'est $4.38 le kilowatt par mois, au facteur d'utilisation de 85%,
l'excédent étant à 3.5 mils le kilowatt-heure.
M. Lessard: Je comprends que pour Rayonier-Québec, il y a
eu négociation en date du 21 octobre 1974. Bon!
M. Cristel: Oui, le contrat a été signé et
la négociation était antérieure à cela.
M. Lessard: Quand je regarde les revenus consolidés d'il y
a cinq ans, je constate qu'en 1973, le revenu moyen par kilowatt-heure du
service domestique et agricole a été de 1.5, c'est-à-dire
de 15 mils, alors que, dans le service industriel, il a été
autour de sept mils, 6.9 mils. Dans les dernières négociations,
en octobre 1974, pour Rayonier-Québec, vous êtes encore
passablement en bas du service domestique et agricole. Je comprends qu'on y
consomme beaucoup d'électricité, mais cela devient quand
même directement de bonnes subventions à l'entreprise.
M. Bisaillon: Jacques Bisaillon. J'ai abordé le
sujet...
M. Lessard: Oui, je comprends que vous avez expliqué que
cela coûtait moins cher pour Hydro-Québec.
M. Bisaillon: Oui, mais c'est une réalité. C'est un
peu comme quelqu'un qui vendrait des réfrigérateurs au wagon et
un autre qui les vend au détail. C'est un réseau de
distribution.
M. Lessard: Est-ce que l'écart est aussi fort que
50-50?
M. Bisaillon: En fait, c'est un peu plus que cela. A
caractéristiques égales, par exemple, si vous prenez l'ensemble
du domestique, on utilise la puissance à peu près à 45% ou
50% du temps; avec le chauffage, cela a une tendance à se
détériorer un petit peu. Cela peut aller à 40%, alors que,
dans la grande entreprise, c'est le double de cela. Tout de suite, vous avez
une différence de la moitié, seulement à cause de ce
facteur.
M. Lessard: A cause de l'utilisation.
M. Bisaillon: A cause de l'utilisation du kilowatt, et c'est le
kilowatt qui nous coûte de l'argent, en fait, surtout avec
l'hydraulique.
M. Lessard: D'accord! Mais l'investissement de base, concernant
l'établissement ou la construction de pouvoirs
hydroélectriques...
M. Bisaillon: Oui, disons que, pour l'ensemble des
abonnés, c'est le même réseau de production et c'est le
même réseau de transport. Mais, l'abonné de la grande
entreprise, de façon générale, est alimenté par le
réseau de transport ou très près du réseau de
transport. Il y a toute la distribution... Tous les poteaux que vous voyez dans
la rue, les transformateurs, les compteurs, etc., tout cela coûte de
l'argent, et il faut le récupérer. Remarquez bien que,
d'après la loi, on est censé vendre aux coûts les plus
hauts possible. Donc, on ne peut pas y arriver à 100%, parce qu'il
faudrait vendre à chaque abonné différemment. On a
passé l'éponge sur le domestique. On a dit: C'est pareil partout
dans la province, donc on prend le domestique globalement. Mais globalement
dans le domestique, effectivement, même si on prend plusieurs
études qu'on a faites, comparativement, par exemple, à l'usage
général, il y a une rentabilité moins forte. Cela se
comprend. L'usage général se vend beaucoup plus cher pour le
petit abonné industriel, etc.
M. Lessard: Mais la différence, en ce qui concerne la
distribution, est aussi forte que celle que nous avons dans les prix à
savoir une différence équivalant du simple au double.
M. Bisaillon: C'est plus que le double, effectivement, comme je
l'ai expliqué tout à l'heure.
M. Perreault: Sur le même sujet, quand vous vendez à
une ville qui fait sa propre distribution, combien vendez-vous?
M. Bisaillon: On le vend au prix d'usage général
pour la grande puissance quand c'est de la grande puissance. On le vend au
même prix qu'on le vendrait à n'importe quelle institution,
commerce ou industrie.
M. Morin: J'aimerais vous parler d'un cas qui apparaît sur
votre liste de tarifs pour la grande entreprise, la liste des 32 contrats non
conformes au règlement I63, I975.
Je m'attache, en particulier, au numéro 12, le contrat avec
Reynolds Aluminum Company of Canada pour son usine du Cap-de-la-Madeleine qui
vient à échéance le 25 août I976.
On négocie une nouvelle entente avec Reynolds pour son
approvisionnement et nous aimerions connaître les termes de cette
entente, c'est-à-dire la durée prévue du nouveau contrat,
le coût du kilowatt-heure livré par Reynolds pendant la
durée de la validité de ce contrat et pourriez-vous aussi nous
indiquer le nombre de mégawatts.
M. Cristel: Avec Reynolds du Cap-de-la-Madeleine, le contrat
actuel est pour un minimum de 8,500 kilowatts ou 8.5 mégawatts, un
maximum de 12,000 kilowatts ou 12 mégawatts.
Le contrat qui sera négocié... Notre pratique actuelle est
de négocier des contrats d'un an à cause de l'escalade...
Excusez-moi. Vous parlez du contrat du Cap-de-la-Madeleine, n'est-ce
pas?
M. Morin: Oui.
M. Cristel: La politique est de renégocier ce contrat au
tarif objectif. C'est-à-dire au tarif du règlement tarifaire. Si
l'abonné, au moment de la négociation, paie des prix en-dessous
du règlement tarifaire, la politique telle qu'annoncée dans le
règlement tarifaire est de lui faire subir une escalade de 2% par mois
dans le prix.
M. Lessard: Je voudrais revenir sur le prix qui est payé
par la grande entreprise. Quel est le prix que vous vendez aux
municipalités?
Je sais qu'il l'a dit, mais je voudrais avoir... Le même prix que
la grande entreprise?
M. Cristel: Oui. Pour le même facteur d'utilisation et la
même quantité d'énergie, le même prix.
M. Lessard: Bon. On vient de m'indiquer tout à l'heure que
la différence au point de vue du coût de distribution était
plus forte que du simple au double pour l'industrie. Cela veut donc dire, si je
suis votre raisonnement, que vous vendriez, étant donné votre
coût de distribution, plus cher à la grande entreprise que vous
vendez au domestique. Vous m'avez parlé du simple au double. Or, cela
arrive, à un certain moment, que les prix de la grande entreprise sont
de 50%, brut, inférieurs au domestique. Vous m'avez dit qu'il y avait
une différence plus forte au point de vue du coût, une
différence moindre qui était plus forte que du simple au double
pour la grande entreprise.
M. Bisaillon: II y a une distinction à faire entre les
réseaux municipaux qui font l'utilisation de l'ordre de 50%. Cela va
varier entre 45% et 50%, le facteur d'utilisation; c'est-à-dire que
c'est le nombre d'heures qu'ils utilisent l'énergie par rapport aux
nombres d'heures totales qu'ils pourraient utiliser toute la puissance
disponible.
Tandis que la grande entreprise, de façon générale,
industrielle, c'est de l'ordre de 80% à 85% et déjà cela a
son effet sur le prix du kilowattheure. Vous pouvez difficilement comparer les
deux sauf, en prix par kilowatt. En prix par kilowatt c'est un peu plus bas
pour les municipalités...
M. Lessard: Un peu plus bas.
M. Bisaillon: Oui, en prix par kilowatt, mais par kilowatt-heure,
c'est plus haut, parce qu'elles ont une utilisation moindre.
M. Lessard: Les municipalités font la redistribution au
prix moyen d'Hydro-Québec.
M. Bisaillon: Elles vendent, selon des tarifs qu'elles fixent
elles-mêmes. Plusieurs ont adopté nos tarifs, d'autres non. Cela
dépend des politiques particulières.
M. Lessard: Je m'inquiète de la façon dont ces
municipalités peuvent arriver.
M. Bisaillon: Elles semblent arriver, sinon elles le diraient.
Effectivement, il y a encore plu- sieurs réseaux municipaux et il semble
que tout va bien.
M. Giasson: Suivant les besoins de l'administration.
M. Bisaillon: Quand elles n'arrivent pas, elles nous demandent de
les acheter.
M. Lessard: Elles demandent des subventions.
M. Bisaillon: Elles demandent d'acheter les réseaux. On en
a acheté plusieurs.
Projet Canadif
M. Morin: Peut-être pourrions-nous passer, M. le
Président, avec votre permission, à la question de Canadif. Dans
une lettre que M. Giroux a fait parvenir à M. Jean-Guy Fredette,
sous-ministre des Richesses naturelles, en date du 31 janvier 1975, au sujet du
projet Canadif, on estime, sous réserve de certaines études
hypothétiques et préliminaires, qu'il en coûterait en
dollars de 1974, environ dix mils par kilowatt-heure pour l'approvisionnement
en énergie d'une usine d'uranium enrichi au Québec. Si,
maintenant, on escalade ce coût en tenant compte du taux annuel
d'augmentation estimé par M. Giroux, c'est-à-dire 10% jusqu'en
1984, on se rend compte qu'on en arrive à 26 mils à peu
près. Compte tenu du fait que le kilowatt-heure produit et livré
à Montréal depuis la baie James représente un coût
de 21 mils d'après le document que vous nous avez fourni en juillet 1974
sur la comparaison entre les coûts de l'énergie du complexe
hydroélectrique et le projet nucléaire canadien
équivalent, quel serait le coût de remplacement, pour le
Québec, de l'énergie fournie à cette nouvelle usine en
fonction des sites potentiels, ou de tout autre mode de production
d'électricité que l'on pourrait exploiter après la baie
James?
M. Giroux: II faut prendre en considération, M. le
Président, que dans cette lettre, ce coût est hypothétique
et préliminaire car les facteurs suivants n'ont pas été
considérés. L'importance et le type d'équipement à
installer, la possibilité de construire ces équipements dans les
délais requis, la possibilité de les financer et ce sans
perturber la position financière d'Hydro-Québec et sans imposer
un fardeau tarifaire supplémentaire aux abonnés, les effets de la
charge sur le réseau, la stabilité et la fiabilité, la
possibilité et l'intérêt pour Hydro-Québec de
participer au projet autrement qu'au seul titre de fournisseur en
électricité, c'était dans les conditions qui avaient
été mises au début dans d'autres qu'il nous avait
demandé. Quand on parle du coût équivalent pour 30 ans
à partir de 1984, sur le réseau, on parlait d'augmentation qui
transporterait ces 25.94 qui est pratiquement 26 mils à 3%
d'augmentation par an, à près de 35 mils d'inflation,
c'est-à-dire à 5% à 42 mils, à 7% à 54 mils
et à 10% à 79 mils, pratiquement 80 mils.
M. Morin: D'accord. Vous avez pris toutes ces précautions,
toutes ces réserves à la page 3 de votre lettre.
Néanmoins, vous arriviez à ce taux de 10 mils escaladé
à 21 mils.
Ce que j'aimerais connaître, c'est quel serait le coût de
remplacement de l'énergie qui va être fournie à cette
nouvelle usine.
M. Giroux: C'est ça, en prenant les inflations normales
qu'on connaît actuellement, ce seraient les coûts de remplacement,
mais ils auraient à subir ces coûts aussi. Ce sont eux qui
paieraient pour tout ça et, en plus, ils devront le financer.
M. Morin: Donc, vous reportez le coût sur eux. M.
Giroux: Sur eux. M. Morin: Entièrement?
M. Giroux: Entièrement. Ce n'est absolument pas
considéré, cette demande de charge, dans l'équipement
actuel et l'équipement d'Hydro-Québec; on a
considéré qu'il faudrait le faire avec un équipement
spécial si c'est dans la baie James ou dans une autre rivière; si
c'est ailleurs, que ce soit ailleurs, mais on a toujours
considéré que ce devrait être un équipement
totalement séparé avec la même fiabilité pour le
réseau; enfin, tous les problèmes de protection doivent
être accordés au réseau d'Hydro-Québec dans ce
domaine.
M. Lessard: M. Giroux, vous dites que le financement proviendrait
de l'entreprise. Pourtant, à la page 3 de votre lettre, vous parlez de
la possibilité de financer ces installations et ce, sans perturber la
position financière d'Hydro-Québec et sans imposer un fardeau
tarifaire supplémentaire à ses abonnés. Excusez, c'est
à la page 2.
M. Giroux: II faut se reporter au premier paragraphe de la lettre
où on dit: "Plusieurs facteurs doivent être soigneusement
étudiés avant que le prix de l'énergie électrique
requise par l'usine puisse être établi. En voici
quelques-uns."
M. Lessard: Est-ce que ça veut dire que vous reconnaissez
les deux principes suivants: d'abord, que tout le financement vienne de
l'étranger, soit de la France, avec garantie du gouvernement
français? Deuxièmement, est-ce qu'on reconnaît le principe
de faire payer le coût de remplacement, c'est-à-dire, si on doit
utiliser, par exemple, l'énergie du NBR pour l'alimentation de cette
entreprise et que, plus tard, on doive aller, si on se limite encore à
l'énergie hydroélectrique, chercher notre énergie dans
l'Ungava; si ça nous coûte $50,000 de remplacement pour cette
puissance qui sera prise là, est-ce que la compagnie devra payer le
coût du remplacement? Ces deux principes, à savoir que le
financement soit assumé par l'entreprise ou par l'étranger.
M. Giroux: Assumé par l'entreprise.
M. Lessard: Assumé par l'entreprise et, en- suite, ces
entreprises s'organiseront comme elles le voudront; ensuite, le coût de
remplacement.
M. Giroux: C'est dans les calculs du coût
hypothétique préliminaire. Ce n'est pas un principe établi
comme tel, dans les coûts...
M. Lessard: Si c'est dans les coûts, vous reconnaissez le
principe.
M. Giroux: Ecoutez, quand on négocie, il faut faire
attention; vous négociez sur un plancher mondial. Cette lettre a
été donnée afin de protéger au maximum
Hydro-Québec. Ils voulaient avoir un prix de comparaison. Alors,
naturellement, ces gens, étant très au courant parce
qu'étant très avancés en nucléaire, savent qu'ils
peuvent toujours remplacer cette chose par du nucléaire, mais c'est
préférable pour eux d'aller en hydroélectrique parce
qu'ils savent que le coût sera toujours plus fiable et meilleur
marché.
M. Lessard: Cela dépend des découvertes qui
pourront venir. Ne nous passez pas ce bateau.
M. Giroux: Ce n'est pas un bateau, ça ne navigue pas sur
la Jacques-Cartier. Là-dessus, si ces gens avaient pu le faire chez eux
à meilleur marché, ils l'auraient fait.
M. Lessard: Ce n'est pas encore décidé. M.
Giroux: Absolument pas. M. Lessard: Ce n'est pas encore officiel.
M. Giroux: Non.
M. Lessard: Concernant le coût du nucléaire, on a
toujours les chiffres d'Hydro-Québec et, après ça, je ne
les conteste pas, mais vous êtes des experts en
hydroélectricité...
M. Giroux: J'ai déjà conseillé à vos
recherchis-tes d'aller examiner les coûts du nucléaire futur aux
Etats-Unis et dans les provinces voisines.
M. Lessard: Nous manquons d'argent, comme députés
de l'Opposition.
M. Morin: Mais, M. Giroux...
M. Giroux: Si vous êtes si mal pris, pour bien vous
renseigner, nous pourrons peut-être souscrire au voyage... Et sans
affecter les tarifs.
M. Lessard: Vous voulez protéger votre dîner.
M. Giroux: Non, mon dîner avec M. Morin, il est
correct.
M. Morin: Je n'ai pas perdu espoir, M. Giroux, y a-t-il eu des
représentations de la part du gouvernement au sujet du tarif
accordé à Canadif?
M. Giroux: Non, c'est un tarif que nous avons
établi en toute protection à la demande de Cana-dif. M.
Fredette a demandé s'il pouvait avoir des estimations; dans notre
dossier, nous avons la requête de M. Fredette qui nous demande de faire
un examen et d'établir ces choses. Nous avons répondu que nous
établissions cela de cette façon.
Dans tous ces domaines, nous avons répondu que ces coûts
s'appliqueraient à l'énergie fournie à une usine
d'enrichissement possédant les principales caractéristiques
suivantes: l'année de mise en service complète, soit 1984, la
puissance souscrite serait de 2,450 mégawatts; l'énergie annuelle
souscrite serait de 21,462; le facteur de puissance près de 100%. "Nos
spécialistes sont à votre disposition, ainsi qu'à celle
des représentants de la société Canadif, si des
explications s'avéraient nécessaires quant aux renseignements
fournis par la présente lettre".
Cette lettre fut donnée pour permettre qu'il y ait des
négociations, des approches.
M. Morin: II me reste une petite question là-dessus. Je me
demandais comment vous en étiez venus à 10 mils, parce que, dans
le cas de la baie James, c'est 21 mils. D'accord, il faut peut-être
enlever le coût du transport. Il reste combien quand vous enlevez 6 ou 7
pour le transport? Cela laisse quand même de l'énergie qui revient
à plus de 10 mils.
M. Giroux: Lorsque vous prenez 10 mils, vous prenez la date de
1974. C'est livré en 1984, avec un montant "inflationniste"; donc, la
base était de 10 mils. Nous partions de certains contrats ou de
certaines conditions qui sont offerts, actuellement, un peu partout, à 7
mils, 7 1/2 mils; nous prenions déjà une protection de
près de 25% avec un prix de base de 10 mils, qui, lui-même, est
hypothétique, et nous l'augmentions jusqu'en 1984, à 26 mils.
C'est-à-dire que le prix de base était de 10 mils en dollars
1974, ce qui était supérieur de 25% environ aux contrats
courants.
M. Lessard: Même si vous ajoutez l'inflation, en 1984, le
coût de remplacement même si on calcule ce 10%
d'augmentation sera probablement beaucoup plus élevé que
26. Si vous allez le chercher dans l'Ungava, il vous coûtera plus cher,
c'est certain.
M. Giroux: Si l'on suivait ces hypothèses de coût de
remplacement, actuellement, nous ne vendrions pas d'énergie; nous
dirions que le coût de remplacement sera de tant dans 30 ans, ce sera
à 80 mils.
M. Lessard: La différence, en ce qui concerne cette
entreprise, c'est qu'il s'agit d'exportation d'énergie. C'est
différent d'une entreprise ou d'une manufacture qui transforme son
produit ici.
M. Giroux: C'est une installation spéciale qui a une
période de... Si elle était hydroélectrique, il n'y aurait
pas de remplacement à faire, car nos installations sont pour au moins 70
ans. Ce sont elles qui payaient tout. Dans cette transaction, vous pouvez
être assurés d'une chose, c'est qu'il n'y avait aucun risque. Le
principe, ce n'est pas à nous de juger si c'est de l'exportation ou un
permis d'exportation.
M. Morin: Pour revenir au coût de remplacement, lorsque
vous nous dites que cela se compare favorablement avec les 7 mils payés
actuellement en moyenne, ce sont des contrats négociés dans le
passé.
Quand on parle de valeur de remplacement, un principe que vous sembliez
accepter, le coût de remplacement, et qu'on prend l'exemple de la baie
James, 21 mils, moins le transport, cela fait combien de mils, le coût de
remplacement, en dollars I974, ce sont les chiffres de I974 dont nous
traitons?
M. Charuk (Jan): Jan Charuk, Hydro-Québec. En
réponse à cette question, nous avons déterminé un
coût et non pas un prix hypothétique, préliminaire et
conditionnel à tout ce que vous avez d'inscrit dans la lettre.
Deuxièmement, il n'y a pas de valeur de remplacement, M. Morin,
dans les conditions qui ont été établies. Pour
déterminer un tel coût, que faut-il faire? C'est de prendre
l'équipement, faire une simulation et ajouter la puissance requise et
toutes les installations requises pour assurer la fiabilité et, ensuite,
on soustrait le programme d'équipement actuel, au point de vue
économique, et on trouve la réponse. C'est l'exercice
hypothétique et préliminaire. C'est basé, non pas
seulement sur une hypothèse, mais sur une quantité
d'hypothèses.
M. Morin: Mais, l'énergie de la baie James, pour revenir
là-dessus, 21 mils, moins le coût du transport, cela donne
quoi?
M. Charuk: Je pense que, de mémoire, c'est environ 14.
Vous l'avez devant vous et je ne l'ai pas.
M. Morin: I4.4 ou quelque chose comme cela?
M. Charuk: Oui, quelque chose comme cela. C'est en dollars, si
vous voulez, des années, au moment où la production du projet La
Grande débutera, c'est-à-dire des années quatre-vingt,
avec un centre de gravité en I982. C'est bon marché
l'hydroélectrique.
M. Morin: Ce dont on veut s'assurer, c'est que ce ne sera pas
trop bon marché pour Canadif ou National South Wire, par exemple.
M. Charuk: L'exercice hypothétique, M. Morin,
justement...
M. Giroux: Dans Canadif, nous sommes très bien
protégés.
M. Morin: Maintenant, on va parler de Natio-
nal South Wire. Je vois que mon collègue a encore peut-être
une ou deux questions.
M. Lessard: J'aurais une question encore, concernant justement ce
prix. Toujours à la page 2, au paragraphe c), vous parlez justement de
la possibilité de financer ces installations et ce, sans perturber la
position financière d'Hydro-Québec. Ce principe est reconnu. Vous
m'avez confirmé que le financement devait se faire par la compagnie et
devait être garanti par la compagnie c'était son
problème sans imposer un fardeau tarifaire supplémentaire
à ses abonnés. Je ne le sais pas, mais si vous négociez
avec une augmentation annuelle, d'accord, au coût de 10 mils, vous ne
respectez pas la deuxième condition, à mon sens, dont il faut
tenir compte si on veut véritablement établir le coût de
remplacement, à savoir sans imposer un fardeau tarifaire
supplémentaire à ses abonnés.
M. Giroux: On n'en a pas tenu compte. C'est très simple.
C'est un exposé d'une base hypothétique pour nous permettre de
faire le travail.
M. Lessard: Vous n'avez pas tenu compte de cela?
M. Giroux: C'est ce qui se dit clairement. Ce qui arrive,
à ce moment, c'est que, si on décidait d'un prix, il reste
toujours à savoir à HydroQuébec ce qui serait le plus
avantageux pour elle. Exemple de cela: Prenons ce que le gouvernement
français a fait, faire des ventes à l'étranger...
M. Lessard: ... du consommateur, l'intérêt
d'Hydro-Québec.
M. Giroux: D'Hydro-Québec. L'intérêt du
consommateur, actuellement, si c'est un consommateur étranger, on ne
doit pas...
M. Lessard: Mais, mais pour le consommateur
québécois.
M. Giroux: Le consommateur québécois, c'est nous
qui le protégeons. Heureusement qu'on est ici pour cela, parce qu'avec
les choses qu'on refuse ici, qui coûtent cher, je ne sais pas qui le
protège.
M. Lessard: II y a d'autres coûts qui sont importants
aussi.
M. Giroux: Oui, oui, les coûts, on vous les explique.
M. Lessard: D'accord.
M. Giroux: Le point, c'est qu'à ce moment-là, quand
une transaction comme celle-là arrive, si, par exemple, ces gens ont un
bloc total et finançable à l'extérieur, il n'y a pas de
perturbation dans le financement d'Hydro-Québec, il y aurait
peut-être avantage à le faire, mais ce dont il faut s'assurer,
dans cette chose-là, dans le sens qu'on dit qu'il ne doit pas y avoir de
perturbation. C'est que son financement ne doit pas être pris en
considération dans la couverture de 1.25. Alors, dans le paragraphe qui
dit cela, c'est ce que cela veut dire exactement.
C'est qu'on ne l'a pas considéré et je n'aimerais pas
embarquer dans un programme qui peut coûter $8 milliards ou $2 milliards
ou S3 milliards, qui demanderait des emprunts additionnels sur lesquels nous
devrions faire un ajustement de tarif au consommateur
québécois.
M. Lessard: C'est ce que vous faites pour la baie James
actuellement.
M, Giroux: Comme pour n'importe quel équipement, mon cher;
cela, c'est pour n'importe quel équipement. Il faut penser aux besoins,
tandis que là, comme ce n'est pas un besoin des Québécois,
on ne doit pas l'inclure dedans.
M. Lessard: Cela va.
M. Morin: J'aimerais peut-être me pencher sur le cas de la
National South Wire dont vous n'êtes peut-être pas
entièrement responsables, à Hydro-Québec. Il convient tout
de même de l'étudier. Si on s'appuie sur la grille de tarifs
rendue publique par Hydro-Québec, on constate qu'une consommation
mensuelle de 150 mégawatts coûterait 7.9 mils en 1977, avec un
facteur d'utilisation de 90%. Si l'on se reporte maintenant, à
l'arrêté en conseil no 475, pour l'année 1975, qui concerne
la société National South Wire, on se rend compte que le
gouvernement a accordé, à ce qu'il semble, par-dessus la
tête de Hydro-Québec, un bloc de 500 mégawatts à
livrer en 1977 au taux de 7.5 mils le kWh, tarif gelé pendant une
période de cinq ans, les cinq premières années. Si on
applique les augmentations qui sont prévues à ce document, on
établit à 9.3 mils le kWh, en 1984. M. le Président
d'Hydro-Québec, j'aimerais vous demander, si c'est conforme à
votre politique tarifaire d'accorder de tels tarifs spéciaux à
des sociétés étrangères ou
québécoises, des sociétés quelles qu'elles
soient?
M. Giroux: M. le Président, je pense que je peux faire un
court résumé sur les positions des tarifs qui sont
accordés dans certains contrats qui sont en bas des normes que nous
avons. Il y a eu certains tarifs dont, parfois, la progression d'augmentation
était trop rapide, c'étaient des augmentations de 40%, il a fallu
baisser, on l'a expliqué tantôt.
Dans les nouvelles installations, naturellement on a dit à
Hydro-Québec et c'est logique que, si le gouvernement décide,
d'une façon, de donner des subventions ou des avantages à une
compagnie, il devra nous en faire demande simplement par arrêté en
conseil ou attacher un arrêté en conseil, si celui-là
était différent des autres.
M. Morin: Vous appelez cela une demande? C'est plutôt un
ordre, non?
M. Giroux: Le dernier était plutôt un ordre. Il est
mal rédigé.
M. Lessard: Cela n'arrive pas souvent qu'ils vous donnent des
ordres, mais cette fois, ils vous en ont donné.
M. Giroux: Oui, mais tout de même, il faut que cela soit
compensé.
M. Lessard: II y a des négociations.
M. Giroux: II y a des négociations, mais non pas dans ce
sens.
Le point, dans des cas comme celui-là, est le suivant.
L'arrêté en conseil n'a pas été rédigé
selon les normes habituelles. Ce qui arrive normalement, on dit: C'est le
désir du ministre de l'Industrie et du Commerce ou du ministre de
considérer les tarifs de telle façon, de telle façon ou de
telle façon. A ce moment, on avise ce que cela représente pour
Hydro-Québec, comme le non-gagné comparé à d'autres
domaines. On considère que le rôle d'Hydro-Québec, à
ce moment, devant cette demande, doit être d'exécuter
l'arrêté en conseil si le gouvernement décide, lui, que
même si cela nous prive de cinq millions de non-gagné, c'est
à lui d'expliquer, à la commission ici, les raisons pour
lesquelles il décide. Ce n'est pas à HydroQuébec de dire,
par exemple: Vous ne devriez pas faire ceci, vous ne devriez pas faire cela.
Nous, on dit: Nos tarifs sont tant. Si vous voulez avoir telle chose,
donnez-nous un ordre ou un arrêté en conseil qui couvre ce
domaine.
M. Morin: M. le président d'Hydro-Québec, si on
compare le coût établi à 9.3 mils le kilowattheure en 1984,
par rapport à la grille qui, elle, doit donner dans les 20 mils, cela
représente une subvention de l'ordre de 100%.
M. Giroux: On a des...
M. Morin: J'aimerais que vous nous calculiez cela, ce que cela
représente pour vous, comme subvention, comme octroi, pour employer le
mot que vous avez utilisé.
M. Giroux: M. DeGuise est plus qualifié...
M. Morin: Pour toute la période. Autrement dit, quelle est
la dimension du sapin que vous vous êtes fait passer?
M. Giroux: C'est-à-dire que c'est la dimension qu'ils ont
accrochée dans le sapin. Ce n'est pas la même chose.
M. Lessard: Ce n'est pas le sapin de Paris. C'est le sapin de par
"icitte".
M. DeGuise: Je dois dire qu'à la suite de
l'arrêté ministériel qui a été passé,
qui nous est parvenu, un comité a été formé pour
étudier tout le projet South Wire, y compris l'alimentation en
électricité, comité dont je suis membre.
M. Morin: D'urgence?
M. Lessard: Le comité a été constitué
après coup, après l'arrêté en conseil?
M. DeGuise: Selon l'arrêté en conseil. Depuis
l'arrêté en conseil.
Il y a un paragraphe dans l'arrêté ministériel sur
lequel, je pense, on doit attirer l'attention. Les tarifs qui sont
mentionnés dans l'arrêté sont valables à la
condition que l'on puisse prouver... Je n'ai pas le mot à mot devant
moi, mais en substance, c'est ceci: Pour autant qu'on puisse prouver que le
lien, si on veut, indirect avec la province de l'implantation de cette nouvelle
usine puisse compenser les pertes ou la concession tarifaire qui est
accordée.
M. Morin: Cela ne veut rien dire.
M. DeGuise: Bien... Je retiens de ceci, probablement, que cela ne
ferme peut-être pas la porte à d'autres négociations, par
rapport à ce qui est dans l'arrêté ministériel; mais
je n'engage pas le gouvernement. Je ne sais pas quelles sont les intentions
réelles du gouvernement.
M. Massé: Si je peux me permettre d'ajouter une
explication à ce que M. DeGuise vient de dire, c'est qu'en effet il y a
eu des taux de mentionnés déjà dans l'arrêté
en conseil.
Mais, comme le souligne M. OeGuise, il doit y avoir une étude de
praticabilité qui, par la suite, devra être soumise à ce
groupe formé au gouvernement. Tout engagement de nature permanente doit
être soumis de nouveau au lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Morin: Si je comprends bien, cette subvention de l'ordre de
100% a été accordée avant même l'étude de
praticabilité.
M. Massé: De l'entreprise.
M. Lessard: Je pose la question au ministre. Comment
acceptez-vous de faire supporter par un organisme qui s'appelle
Hydro-Québec, qui est financé par l'ensemble des contribuables et
qui doit produire de l'électricité au taux le plus bas possible
pour les consommateurs québécois, c'est-à-dire
financé par les consommateurs du Québec, comment acceptez-vous de
faire, indirectement, subventionner une entreprise que vous devriez
vous-même, comme gouvernement, si vous êtes un gouvernement
responsable, subventionner directement?
M. Massé: Je dois dire que ce n'est pas une
décision qui est prise actuellement. C'est une décision qui sera
prise à la suite de ces études.
M. Morin: C'est seulement un arrêté en conseil! Ce
n'est pas une décision!
M. Massé: Oui, mais, dans l'arrêté en
conseil, ce que je viens de vous mentionner a été inclus.
M. Morin: Revenons à la question que je posais il y a un
instant et je pense que M. DeGuise s'apprêtait à y
répondre. Cela représente une subvention de combien pour la
durée du contrat?
M. DeGuise: L'application de ces tarifs, plutôt que ceux
décrits dans le règlement tarifaire 163, et majorés de 10%
par année. Il faut bien retenir l'hypothèse que, si nous
continuions à majorer pendant vingt ans nos tarifs à 10% par
année...
M. Morin: Après cinq ans. D'accord.
M. DeGuise: C'est pendant vingt-cinq ans au lieu de vingt ans.
Pardon.
M. Morin: Oui.
M. DeGuise: ... pour la période I978-I996, cela
résulterait en un manque à gagner de $217 millions.
M. Morin: $217 millions.
M. DeGuise: Valeur actualisée au début de 1977.
M. Morin: C'est la première fois qu'on a le chiffre exact.
Donc, cela est fondé sur 7.5 mils pendant cinq ans. Ensuite, une
augmentation de 7.5% pendant cinq ans et, ensuite, une augmentation de 10%.
M. DeGuise: Oui. D'une part, nous avons fait le calcul avec les
tarifs mentionnés dans l'arrêté ministériel; d'autre
part, nous avons fait le tarif en calculant à partir du règlement
163 et en le majorant de 10% par année. Ce n'est pas 25 ans, c'est 20
ans, pardon. C'est jusqu'en 1996.
M. Morin: Jusqu'en 1996.
M. DeGuise: La différence entre les deux,
actualisée en 1977, donne $217 millions, pour un bloc de 500,000
kilowatts.
M. Lessard: J'aurais une question à poser à M.
Giroux, qui va être dans l'ordre de la question que j'ai posée au
ministre des Richesses naturelles. Je comprends que le gouvernement peut vous
imposer des décisions, cela n'arrive pas souvent, mais cela arrive
quelquefois. En tout cas, c'est arrivé dans ce cas, mais favorables
toujours en faveur des compagnies. Est-ce qu'il est normal, en vertu de la Loi
d'Hydro-Québec ou en vertu de la politique générale
d'Hydro-Québec, qu'Hydro-Québec subventionne elle-même une
entreprise alors que la décision de l'établissement est prise par
le gouvernement?
M. Giroux: C'est une question très politique.
M. Lessard: Ce que je veux dire, le tordage de bras qu'on vous a
imposé, qu'on a tenté de vous imposer probablement, comme on vous
l'a imposé sur la baie James, quand on a établi la
Société d'énergie de la baie James ou adopté le
bill 50, est-ce que le tordage de bras, c'est normal que vous l'acceptiez comme
cela, et est-ce que, dans l'avenir, il ne serait pas possible qu'un
arrêté en conseil impose un même tarif pour Canadif si le
gouvernement en décide?
M. Giroux: C'est-à-dire que si le gouvernement en
décide et nous donne instruction par arrêté en conseil, on
considère que l'arrêté en conseil qu'il nous donne, c'est
un peu la même chose que l'arrêté en conseil qu'il nous
donne pour augmenter les tarifs. A ce moment-là...
M. Lessard: II peut vous donner des arrêtés en
conseil pour augmenter les tarifs du consommateur et vous donner aussi des
arrêtés en conseil pour diminuer le tarif des grosses
entreprises?
M. Giroux: II pourrait nous en faire la demande.
M. Massé: M. le Président, je voudrais souligner
qu'il y a, par la loi, autorisation au gouvernement ou possibilité qu'en
haut de 150 mégawatts, ce soit le lieutenant-gouverneur en conseil qui
décide sur recommandation d'Hydro-Québec. Mais je voudrais
mentionner une clause de l'arrêté en conseil qui pourrait
peut-être rassurer les membres du Parti québécois, qui
l'ont d'ailleurs.
Je pense qu'au 5e point, on dit que l'engagement en termes de tarifs du
gouvernement du Québec soit conditionnel, et ce à certaines
conditions dont la suivante: "à ce que les gains pour le gouvernement du
Québec en revenus directs équivalent aux concessions à
l'électricité consentie à taux réduit, à ce
que l'étude de praticabilité apportent des conclusions positives,
à ce que des éléments clés tels que le laminoir et
les usines de tiges et de tréfilerie soient inclus dans le projet du
complexe intégré. Il y a toute une foule de conditions.
M. Lessard: Quand vous dites que c'est aux conditions que les
gains du gouvernement du Québec puissent compenser des pertes
d'Hydro-Québec, c'est un peu le principe.
M. Massé: C'est une des conditions.
M. Lessard: Une des conditions. Si on parle de gains du
gouvernement du Québec, que le gouvernement du Québec
c'est ça le principe qu'on devrait reconnaître comme on l'a
fait pour Rayonier Québec quand c'a été le cas de donner
une subvention de $21 millions, prenne ses responsabilités et accorde la
subvention de $217 millions. Parce que le gouvernement du Québec fera
des gains, alors que, si on permet à Hydro-Québec de
subventionner indirectement, c'est le consommateur et tous les consommateurs
québécois qui vont devoir compenser pour la perte
d'Hydro-Québec. Il y a une chose aussi, c'est quand le gouvernement du
Québec décide lui-même d'accorder cette subvention, c'est
que ça
devient public. C'est, à ce moment, une de vos décisions
et vous serez sujet aux conséquences tandis qu'on peut difficilement
juger des commissaires d'Hydro-Québec parce qu'ils sont élus et
nommés par vous. C'est là le principe.
M. Massé: M. le Président, je pense que tout
l'apport économique d'un projet semblable doit être
considéré, c'est ce que semble ignorer le député de
Saguenay et il appartient au gouvernement de prendre cette décision.
M. Lessard: Je suis d'accord qu'on doit tenir compte de tout
l'apport économique; mais il appartient au gouvernement de subventionner
les entreprises et non pas à Hydro-Québec, c'est là le
problème fondamental. Le gouvernement, on peut le juger au bout de
quatre ans de son élection, mais Hydro-Québec, on peut le juger
de temps en temps en commission parlementaire, mais on ne peut pas faire de
motion pour faire démissionner les commissaires, on peut demander la
démission du ministre, mais pour les commissaires, c'est plus difficile.
C'est dans ce sens...
M. Morin: On ne sait jamais.
M. Lessard: ... Hydro-Québec a une responsabilité
et cette responsabilité n'est pas de subventionner la grande entreprise.
Si le gouvernement décide de subventionner la grande entreprise, qu'il
ne le fasse pas par l'intermédiaire d'Hydro-Québec, mais qu'il le
fasse directement. Alors la population pourra juger de la décision
gouvernementale.
Le Président (M. Séguin): Tel que convenu,
messieurs, 12 h 30, la commission suspend ses travaux jusqu'à 2 h 30 cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 14 h 45
M. Séguin (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
La commission reprend ses travaux de l'après-midi du 4 juillet.
Les membres sont: MM. Morin (Sauvé), Bellemare (Johnson), Bourassa
(Mercier), Lacroix (Iles-de-la-Madeleine), Faucher (Nicolet-Yamaska), Giasson
(Montmagny-L'Islet), Lessard (Saguenay), Malouin (Drummond), Massé
(Arthabaska), Lachance (Mille-Iles), Saint-Pierre (Chambly), Perreault
(L'Assomption), Picotte (Maskinongé), Samson (Rouyn-Noranda), avec
l'entente que nous avons et qui vont cet après-midi, au sujet de la
possibilité de changer de membres en cours de route. Je ne sais pas si
c'est M. Samson ou M. Roy qui est membre, je n'en ai pas été
informé. La même chose s'appliquera à tous les partis, tel
que convenu ce matin.
La parole était au chef de l'Opposition lors de la suspension des
travaux.
M. Morin: M. le Président, nous voulions nous attarder sur
les prévisions d'emprunt d'Hydro-Québec...
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Morin: ... puisque nous avions terminé la
tarification.
Le Président (M. Séguin): Nous l'avions
terminée, sans le dire officiellement, M. le chef de l'Opposition. Le
député de Chambly veut faire des commentaires en ce qui concerne
la tarification.
Le cas de National South Wire
M. Saint-Pierre: M. le Président, puisque le
député de Saguenay parlait du cas de National South Wire, il me
semble à propos, la vérité ayant ses droits, d'apporter
quelques commentaires qui réapparaissent nécessaires.
Même lorsque les concepts d'énergie et de chiffres ne sont
pas nécessairement les lignes de force d'un individu ou d'un parti
politique, les conséquences pour le Québec sont telles qu'il est
bon d'éviter la démagogie et de tenter de comprendre davantage
quels sont les enjeux qui se trouvent dans ces secteurs. Vous me permettrez de
le faire sans partisannerie. Je sais qu'on a invoqué un chiffre
actualisé de $210 millions comme étant...
M. Morin: $217.
M. Saint-Pierre: $217 millions comme étant une subvention
à la grande entreprise. Plus tard, j'aurai à dire jusqu'à
quel point c'est un chiffre tellement hypothétique qu'il ne faut
même pas le mentionner, car il n'est pas réel; je vous dirai
comment. Peut-être, dans la même veine, faudrait-il rappeler que
dans les années soixante, un des grands porte-parole en matière
d'énergie et
de chiffres du parti d'Opposition au projet des chutes Churchill aurait
sûrement entraîné des déboursés, pour les
contribuables de la province, de plusieurs milliards de dollars. Pensons que,
pendant 66 ans, nous aurons de l'énergie qui coûtera moins de 3
mils, et qu'actuellement et là nous sommes loin des chiffres
actualisés, nous sommes loin de la fin de la période du
contrat.
Déjà, on évoque, dans certains milieux, des
coûts réels de 25 mils comme étant les sommes qui doivent
être payées. On se rappelle qu'à l'époque, avec des
arguments et un vocabulaire très poussés, on nous faisait voir
quelle erreur monstrueuse le gouvernement s'apprêtait à faire.
C'est la même chose, d'ailleurs, au niveau de la baie James. Je n'ai pas
les chiffres de cette année. Je serais curieux de les avoir, si les gens
d'Hydro-Québec pouvaient me les fournir, mais je me rappelle qu'à
la dernière réunion de la séance de la commission
parlementaire, si les chiffres veulent dire quelque chose, on avait
établi que la différence était de $165 millions entre
l'énergie nucléaire et l'énergie de la baie James,
à l'époque. L'évolution des coûts, depuis ce temps,
me ferait croire que l'écart est peut-être encore plus
considérable, compte tenu de l'augmentation des coûts de
main-d'oeuvre et de fonctionnement. La différence représentait
$165 millions, non pas globalement, mais $165 millions par année pour
l'ensemble du projet de la baie James, par rapport aux solutions auxquelles on
avait voulu nous faire opposer.
Oublions, M. le Président, ces disputes de chiffres qui ne
veulent rien dire et je dirai pourquoi les $217 millions sont plus
qu'hypothétiques. Bien sûr, il y a des concepts fort complexes en
ce qui touche la tarification pour une compagnie comme Hydro-Québec.
D'ailleurs, c'est la même chose dans d'autres provinces canadiennes et
d'autres Etats américains. On peut parler, bien sûr, de tarifs
moyens. Ce peut être assez complexe de déterminer quel est, dans
le temps, le tarif moyen qui devrait être exigé de tous les
contribuables. On peut parler de tarif marginal, c'est-à-dire le
coût réel encouru par une société comme
Hydro-Québec pour fournir de grandes quantités d'énergie
à une société donnée, le coût marginal
qu'elle doit absorber, qui devrait être refilé normalement aux
clients. Bien sûr, si on parle de coût marginal et si on impute
à quelqu'un un coût marginal, cela veut dire qu'on va
également imputer à quelqu'un un coût d'aubaine, si je peux
employer l'expression, c'est-à-dire l'énergie de Beauharnois
à moins de 3 mils et l'énergie des chutes Churchill à
moins de 3 mils. C'est dire que si quelqu'un doit payer le coût marginal,
on comprendra bien que quelqu'un d'autre doit bénéficier du
coût extrêmement bas de certaines acquisitions.
On comprend alors qu'il faut être prudent avec des coûts
marginaux et que, peut-être s'il y a une certaine équivalence dans
le réseau, ces coûts doivent être partagés. M. le
Président, le règlement 163 d'Hydro-Québec prévoit
justement des cas exceptionnels où, compte tenu de différents
facteurs, il semble nécessaire de s'attarder avec plus d'attention
à une tarification particulière. Ce règlement 163
prévoit que, pour tous les abonnés réclamant plus de 150
mégawatts d'énergie, les tarifs sont à négocier et
sont assujettis à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil.
Dans le cas qui nous concerne, celui de la National South Wire
j'y reviendrai je rappelle et le ministre des Richesses naturelles l'a
fait ce matin, qu'il n'y avait aucun engagement du gouvernement.
C'était simplement on se rappelle que le dernier
alinéa de cet arrêté en conseil l'établissait
que notre seul engagement était pour défrayer une partie du
coût de l'étude de rentabilité, que les chiffres
d'électricité étaient donnés simplement parce que
l'électricité est une donnée essentielle pour
déterminer le coût de l'aluminium qui aurait pu être produit
par l'usine d'électrolyse.
Je tiens d'ailleurs à mentionner aux gens de l'Opposition que,
compte tenu des résultats que nous avons obtenus dans l'étude de
rentabilité, il s'avère nécessaire de reprendre le dossier
sous une autre façon et, quant au niveau des éléments de
ce dossier, nous devons maintenant envisager cela d'une façon
complètement différente, incluant les coûts
d'électricité, les résultats que nous avons obtenus
à ce jour dans l'étude de rentabilité ne permettant pas
d'aller à une étape ultérieure à moins d'assister
à des modifications importantes au niveau du marché, au niveau
des prévisions de coût de l'aluminium. Cela veut dire que nous
arrivons simplement avec des coûts qui donnent des montants trop
élevés par rapport à ceux du marché.
Bien sûr, une partie des coûts peut être produite par
les difficultés dans l'industrie de la construction qui ont fait qu'au
lieu de retrouver des coûts moyens d'investissement d'environ $1,600 la
tonne produite, nous sommes plutôt à un chiffre de $2,400 la tonne
produite. Cela a un effet négatif sur la rentabilité de
l'ensemble de l'entreprise.
M. Morin: Est-ce que le projet est ajourné?
M. Saint-Pierre: Le projet n'est pas ajourné. Non, ce
serait une mauvaise rumeur de plus que vous aimeriez lancer.
M. Morin: Je vous pose la question.
M. Saint-Pierre: Le projet doit être repris avec des
données différentes, incluant les coûts d'énergie
qui devront être repris d'une façon différente.
Je continue, M. le Président, pour dire que, dans cette question
d'énergie... D'ailleurs, on pourrait, si on voulait être malin et
si je me permettais le même type de démagogie que celle que j'ai
entendue à midi et vingt-cinq, dire que le député de
Saguenay, prenant si vite ce qui a été mentionné et,
d'ailleurs, je pense que le commissaire DeGuise l'a bien fait ressortir,
c'est-à-dire une hypothèse et qu'il a lui-même
accaparée, c'est-à-dire cette hypothèse d'une augmentation
des coûts de 10% par année. On pourrait rétorquer que le
Parti québécois est favorable à une augmentation
indéfinie des coûts d'électricité de
10% pour l'ensemble des contribuables puisque la base de son calcul de
$217 millions, c'est justement une augmentation de 10% des coûts
d'électricité.
Or, M. DeGuise a bien montré...
M. Lessard: Ce n'est pas la base de mon calcul, c'est la base du
calcul de l'Hydro-Québec.
M. Saint-Pierre: Sauf que, lorsque vous lancez les $217 millions,
il faut...
M. Morin: Ce n'est pas nous, c'est l'Hydro-Québec qui
répond à nos questions.
M. Lessard: C'est un manque à gagner.
M. Saint-Pierre: Je sais que vous aimez bien prendre les chiffres
des autres. Mais je le réitère. C'est qu'avec la facilité
avec laquelle vous prenez... Parce qu'enfin, lorsqu'on parle de $217 millions,
c'est la différence entre deux chiffres. Il est très facile de
calculer les revenus, il est très facile de calculer la base qui, dans
un autre système, pourrait donner des revenus différents.
M. DeGuise a été très honnête, je pense, et
vous avez été moins honnête en n'assortissant pas votre
déclaration de ces chiffres. M. DeGuise a été très
honnête en disant: Ces $217 millions ne sont valables que si les tarifs
d'électricité d'Hydro-Québec augmentent de 10% par an,
sans aucune exception, pour les 20 prochaines années. Il a bien dit
qu'il n'y a aucune certitude que ce soit le cas. Il l'a donné comme un
exemple et je pense que...
M. Morin: Comme hypothèse de travail quand même.
M. Saint-Pierre: Je répète que, personnellement,
j'aurais de la difficulté à penser que ce soit le cas pour les 20
prochaines années, que le tarif de l'électricité
d'Hydro-Québec serait augmenté de 10% par an, puisque, dans 20
ans d'ici, nous atteindrions des sommets qui, si j'en juge par d'autres
études que j'ai pu consulter au niveau international, ne semblent pas
aussi pessimistes. Mais, enfin, les données vont nous le faire...
J'invite simplement à la prudence. Parler de $217 millions, c'est
également accepter le fait que le tarif va augmenter de 10% par
année, c'est presque y donner son consentement puisque, après
l'avoir accepté, y avoir donné son consentement, on l'utilise
pour tirer le chiffre de $217 millions. La position du gouvernement sur ce
plan, on le sait, a été beaucoup plus nuancée. Elle tente
de voir véritablement, au fond des choses, quels sont les coûts
réels, les coûts moyens, les coûts véritables et
tente d'avoir une politique de tarification qui soit la plus équitable
pour l'ensemble des abonnés.
D'ailleurs, à ce chapitre, nous avons, au ministère de
l'Industrie et du Commerce, depuis déjà quelques mois, une
très bonne discussion avec les spécialistes d'Hydro-Québec
pour tenter de mieux cerner ce problème fort complexe de la
tarification, particulièrement dans le cas des abonnés
industriels et particulièrement dans celui de ceux qui exigent une forte
consommation d'énergie, les usines d'aluminium en étant un autre
cas en l'occurrence.
D'ailleurs, l'exemple que vous avez cité, on pourrait
l'étendre à d'autres cas. On pourrait parler du cas des
Iles-de-la-Madeleine et dire qu'aux Iles-de-la-Madeleine, on donne $3 millions
puisque, effectivement, il semble qu'il y ait non pas un manque à
gagner, mais une perte réelle de $3 millions. Reprenant votre argument,
on pourrait se demander pourquoi on n'exige pas des gens des
Iles-de-la-Madeleine les $3 millions pour ensuite demander aux Affaires
sociales de donner une contribution aux Iles-de-la-Madeleine pour
l'éloignement, ou je ne sais quoi.
Je pense qu'un tel raisonnement pourrait porter à faux.
M. Morin: Oui, c'est pas mal tiré par les cheveux.
M. Saint-Pierre: Dans le cas de... Laissez-moi tirer par les
cheveux. Je pense que votre base de raisonnement, c'est d'accepter que le tarif
d'électricité va augmenter de 10% par année.
M. Morin: C'est cela qui a servi pour Canadif aussi.
M. Saint-Pierre: M. le Président, il est facile de trouver
des possibilités d'avoir des tarifs d'électricité qui vont
nous assurer qu'il n'y aura aucun développement industriel dans nombre
de régions du Québec. Lorsque nous parlons de conditions
nécessaires à des implantations, je pense qu'il revient aux
élus du peuple de déterminer si, compte tenu de
l'intérêt et des retombées économiques d'un projet
et d'avoir à justifier le geste, le dernier point au monde que je
voudrais est celui de faire assumer par Hydro-Québec les
décisions qui auraient été prises par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Je pense qu'en tout temps, c'est aux élus du peuple si on
accepte le sens "Politique" avec un "P" majuscule que reviennent les
décisions d'importance dans lesquelles le gouvernement, mandataire de
l'ensemble de la population, peut prendre des décisions, décider
des avantages de l'implantation d'un tel projet. Vous êtes très
vite, bien sûr, à coller le nom d'une compagnie, mais il ne faut
pas oublier que c'est également donner de l'emploi à 3,000
personnes de la région de Québec; c'est contribuer à
changer notre structure industrielle; c'est contribuer à refaire un
redressement sur le plan d'une région, la région
métropolitaine de Québec qui souffre d'un
déséquilibre, vous le savez, au niveau de l'industrie
secondaire.
Je suis d'autant plus surpris d'ailleurs de votre ligne de pensée
qu'il ne faut pas avoir un quotient intellectuel de II0 pour savoir...
M. Lessard: Vous n'avez pas compris le problème.
M. Saint-Pierre: J'ai très bien compris le
problème. Il ne faut pas avoir un quotient intellectuel
de 110 pour bien comprendre que, lorsque le ministère de
l'Industrie et du Commerce donne une subvention à l'entreprise, et c'est
votre sens, à supposer qu'on ait accepté les $217 millions et
d'avance, je vous dis que l'arrêté en conseil... nous n'avions
rien accepté, ni pris d'engagement contractuel et, deuxièmement,
que les résultats de l'étude de rentabilité nous obligent
à regarder le projet sous un angle entièrement nouveau de telle
sorte que la discussion que vous avez menée est très
théorique et celle que je poursuis est très théorique,
mais prenons-le comme exemple.
Pour toutes ces raisons, il ne faut pas avoir un quotient intellectuel,
encore une fois, de MO pour réaliser que, si nous donnons les $217
millions à la National South Wire, au même moment, nous faisons un
don de $104 millions au gouvernement fédéral, puisque, bien
sûr, dans les états financiers de la compagnie, ceci doit
être perçu comme une subvention et, dans le moment, de tous les
montants qui sont versés en subvention directe par la SDI, il y a 40%
qui vont au gouvernement fédéral à cause de sa perception
au niveau de l'impôt. Je pense que l'astuce que nous faisons au niveau
des taux d'électricité est beaucoup plus valable en ce sens qu'il
est admis... Vous le contestez. Vous le contestez.
M. Lessard: On va changer toute la politique de la SDI?
M. Saint-Pierre: Je regrette, mais c'est exactement...
M. Lessard: Mais pourquoi continuez-vous à donner des
subventions?
M. Morin: ... la SDI et confiez tout cela à
Hydro-Québec.
M. Saint-Pierre: Non. Nous avons bien retenu que ce sont pour les
utilisateurs qui ont 150 mégawatts et plus et c'est, bien sûr,
l'infime minorité.
Je voudrais terminer en disant... Je vais terminer et vous poserez vos
questions...
M. Lessard: Est-ce qu'une partie de la subvention...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre!
M. Bourassa: Vous le direz après. Quand on vous
interrompt, vous hurlez.
M. Lessard: Cela me fait plaisir de vous entendre parler
aujourd'hui.
M. Bourassa: Vous n'avez pas fini.
M. Lessard: Très bien. Allez-y. On s'ennuyait. On
s'ennuyait.
M. Morin: Cela nous manquait!
M. Saint-Pierre: M. le Président, je poursuis en pensant
qu'il y a intérêt à maintenir, au niveau politique, les
décisions en ce qui touche, confor- mément aux règlements
d'Hydro-Québec, conformément à la Loi même
d'Hydro-Québec, la tarification pour les abonnés de 150
mégawatts et plus; il y a avantage à poursuivre, comme nous
l'avons fait, un travail de concertation sur des concepts qui sont assez
complexes de tarifs moyens, de tarifs marginaux, d'évolution des tarifs
au cours des prochaines années. Je rappelle d'ailleurs que les tarifs
mentionnés dans ce cas dépassent de beaucoup tout ce qui est
payé actuellement par les abonnés industriels au Québec.
Parler d'un don gratuit, c'est faire des extrapolations; c'est surtout, dans
les dernières années du contrat, qu'on retrouve une très
forte proportion des montants que vous avez mentionnés. Encore une fois,
je réitère que nous n'avions pris aucun engagement et que les
résultats de l'étude de rentabilité rendent encore plus
hypothétique le cadeau ou la manchette que vous avez bien tenté
de retirer avec les $217 millions. Encore une fois, rappelant les
décisions antérieures de votre parti en matière
d'énergie et en matière de dollars et cents, on se rappelle que
c'est à coup de milliards qu'il faudrait parler de la perte de manque
à gagner.
M. Morin: M. le Président, il y a une mise au point
à faire dès le départ. Cela fait plusieurs fois que cette
histoire de Churchill Falls sort de votre bouche et...
M. Saint-Pierre: Ce n'était pas...
M. Morin: Non, je crois qu'il faut qu'il soit bien clair que M.
Parizeau a signé l'entente avec quatre autres personnes au nom du
gouvernement québécois. Il a accepté l'entente. Cela fait
plusieurs fois que cela sort. Je ne sais pas d'où vous sortez cette
histoire, mais il est certain que les faits ont été
rétablis à plus d'une reprise et notamment par le premier
ministre Bertrand devant une commission parlementaire. Alors, il faudrait bien
que vous cessiez de renvoyer la balle à l'Opposition.
M. Bourassa: Ce n'est rien de nouveau que M. Parizeau a toujours
parié sur le nucléaire.
M. Lessard: Non, il essayait d'analyser les différentes
possibilités au lieu de s'enfermer.
M. Bourassa: I! a toujours parié sur le nucléaire,
le chef de l'Opposition est fort au courant de...
M. Morin: On va en parler du nucléaire tout à
l'heure, si cela peut vous faire plaisir. Restez jusqu'aux petites heures cette
nuit, on va en parler du nucléaire.
M. Bourassa: M. le Président...
M. Lessard: J'aurais une question à poser sur
l'intervention du ministre de l'Industrie et du Commerce. Est-ce que le
ministre pourrait m'expliquer...
M. Bourassa: II faut prendre cela à la blague. Il y en a
qui ont des fins de semaines organisées.
M. Lessard: Nous sommes tout le temps ici en commission
parlementaire. Est-ce que le ministre pourrait m'expliquer sur quoi il se base
pour affirmer que lorsqu'il accorde une subvention par l'intermédiaire
de la SDI, 40% ou 44% de cette subvention retournent au gouvernement
fédéral? Est-ce que c'est sur la subvention ou sur les profits
que l'entreprise en question est...
M. Saint-Pierre: Heureusement, nous avons un gouvernement qui
favorise encore les profits des entreprises, parce que s'il n'y avait pas de
profits des entreprises, je pense qu'on aurait de la difficulté.
M. Lessard: Est-ce que c'est la partie de la subvention?
M. Saint-Pierre: Non, à la fois dans les politiques
d'amortissement de l'entreprise et à la fois dans ses profits,
l'entreprise doit tenir compte d'un don qui lui est fait du gouvernement.
M. Lessard: Est-ce que...
M. Saint-Pierre: Une seconde, je vais continuer. Si vous prenez
n'importe quel cas dans lequel la SDI verse une subvention directe de $500,000
ou de $400,000 à une entreprise autochtone qui développe
n'importe quoi, c'est évident qu'il y a au moins 40% de ces $200,000 qui
se retrouvent très rapidement dans les goussets du gouvernement
fédéral, compte tenu de la fiscalité des corporations dans
laquelle la contribution au gouvernement provincial est beaucoup moindre que
celle au gouvernement fédéral.
Ce que je vous dis, c'est que, dans le cas du tarif
d'électricité jusqu'à ce jour, il n'y a pas eu de
subtilité de la part du ministère fédéral du Revenu
pour tenter d'introduire le concept d'une subvention qui aurait
été transmise à la compagnie donnée.
M. Lessard: Dans ces circonstances, puisque la compagnie ne paye
pas de hauts taux d'électricité, elle fera en conséquence
plus de profit et le gouvernement fédéral viendra chercher d'une
main ce qu'il ne prend pas de l'autre.
M. Saint-Pierre: C'est plus simple que ça. Si la compagnie
n'a pas, d'ailleurs je vous en ai donné l'exemple, des tarifs
d'électricité un instant, essayez de comprendre
même avec les tarifs d'électricité qui impliquent
d'après vous $217 millions, je vous ai donné...
M. Lessard: Des profits assez considérables.
M. Saint-Pierre: Non seulement la rentabilité est
négative, mais les coûts de revient dépassent les
coûts du marché actuel, donc il n'y aura rien, il n'y a pas de
projets qui vont se faire, il n'y a pas d'employés qui vont recevoir de
l'argent, il n'y a personne qui va travailler et il n'y aura rien qui va se
faire dans la région de Québec. Maintenant, si vous êtes
favorable à ce qu'on conserve intégra- lement tous les brins
d'herbe qu'on a dans la région de Québec, il semble qu'avec votre
politique, on va réussir.
M. Lessard: Le problème...
M. Saint-Pierre: On tente de trouver des solutions qui nous
permettraient de mieux mesurer les conséquences, les risques et, en
même temps, de mieux mesurer les avantages.
M. Lessard: M. le Président, le problème que nous
avons soulevé cet avant-midi, c'est que si le gouvernement avait une
subvention à donner à l'entreprise, il devait prendre ses
responsabilités et non pas passer par l'intermédiaire
d'Hydro-Québec. Or, lorsque le ministre tente de nous affirmer qu'en
donnant directement par l'intermédiaire de la Société de
développement industriel une subvention, 40% ou 44% s'en va au
gouvernement fédéral; ce raisonnement ne nous ébranle pas
du tout. Au contraire, nous pourrions dire que toute la politique qu'on a
établie à la Société de développement
industriel devrait disparaître pour donner indirectement les subventions
par l'entremise d'Hydro-Québec.
Mais ce que nous disons, et ça ne prend pas 110 de quotient
intellectuel pour comprendre le raisonnement du ministre ou pour constater
qu'il n'est pas valable dans le sens qu'une entreprise qui paye moins cher ses
taux d'électricité ou ses intrants, etc., fera des projets plus
considérables et le gouvernement fédéral la taxera plus
fortement.
M. Saint-Pierre: Même avec les taux qui ont
été mentionnés, les coûts
d'électricité de l'entreprise seraient au moins trois fois, la
première année, sans parler de la dernière où il
serait à peu près 50 fois plus important que ceux d'une compagnie
canadienne comme l'Alcan ou même une compagnie comme Reynolds; il faut au
moins admettre cela.
Lorsque vous dites qu'il y a tellement de cadeaux que les intrants
seront moins chers et les profits plus gros, je dégonfle votre ballon
immédiatement en vous disant que ce n'est pas le cas puisque l'intrant,
dans le cas de l'électricité, qui représente environ 25%
à 30% des coûts, c'est au moins, au départ, trois fois plus
important... 300% plus important que ceux de ses concurrents pour la
première année. Ne me parlez pas de la dernière car,
même avec ce que nous avions proposé, nous étions aux
alentours de 28 ou 29 mils, il est évident qu'il n'y a pas de profit
à faire. Je vous ai donné les résultats de l'étude
de rentabilité où les coûts de revient sont plus
élevés que les coûts du marché.
M. Morin: De toute façon, M. le Président, je me
demande si le raisonnement du ministre de l'Industrie et du Commerce se tient.
Il compare une subvention de $217 millions qui, j'imagine, serait amortie sur
cinq ans, avec un manque à gagner qui, lui, est étalé sur
vingt ans. Si vous voulez pouvoir comparer, il faut que vous nous parliez
d'une subvention de $217 millions étalée sur vingt ans
aussi, si vous voulez vraiment comparer. Vous dites...
Une Voix: ... amortissement.
M. Morin: ... c'est comme si le gouvernement donnait $217
millions directement à l'entreprise, il y en aurait 40% qui iraient au
gouvernement fédéral. Mais, attention, si vous l'étalez
sur vingt ans, ce ne sera peut-être pas le cas. Vous faites comme si le
gouvernement donnait $217 millions tout rond, d'un seul coup, mais ce n'est pas
le cas.
M. Saint-Pierre: Je le sais bien...
M. Morin: C'est un manque à gagner échelonné
sur vingt ans.
M. Saint-Pierre: Ce serait contraire à nos politiques pour
une implantation industrielle que de prendre des engagements de subventions
pendant vingt ans; cela aurait, d'ailleurs, un effet assez ridicule pour
réellement encourager l'entreprise. Fondamentalement, le principe reste
le même, une subvention est déduite du montant de capitalisation,
donc, des amortissements, et également des revenus de l'entreprise.
M. Lessard: Alors, c'est le consommateur qui devra payer, sur un
bien essentiel, la subvention qui normalement devrait être
accordée par le gouvernement.
M. Saint-Pierre: M. le Président, c'est la base...
M. Lessard: Vous avez parlé de la responsabilité
des élus du peuple. Or, justement, la responsabilité des
élus du peuple, c'est de les prendre, ces responsabilités; s'il
s'agit de donner $217 millions, selon le calcul présenté par
Hydro-Québec ce matin, prenez vos responsabilités, donnez-les,
mais pas en passant par l'intermédiaire d'Hydro-Québec. Cette
dernière n'est pas une société de subvention à
l'entreprise; elle doit fournir l'électricité au coût le
plus bas possible à l'ensemble des consommateurs du Québec. Vous
n'avez pas à utiliser Hydro-Québec pour vous cacher car, au
moins, lorsque vous donnez directement une subvention, la population pourra
vous juger comme, j'espère, elle le fera concernant les subventions
à Rayonier Québec ou à d'autres.
Au moins, dans ce cas-là, le gouvernement avait pris ses
responsabilités alors qu'actuellement, il passe par
l'intermédiaire d'Hydro-Québec.
M. Morin: ... elle fait porter...
M. Saint-Pierre: Rétablissons un peu de calme...
M. Bourassa: C'est une des raisons d'être de la
nationalisation.
M. Lessard: C'est très clair.
M. Saint-Pierre: M. le Président, comme le dit le premier
ministre, une des raisons d'être de la nationalisation a
été, justement, l'intervention du pouvoir exécutif et du
gouvernement dans l'établissement et dans l'approbation de certaines
politiques de tarification. Si l'on veut s'en remettre... J'écoute le
député de Saguenay et il semble le défenseur de la libre
entreprise: Que l'on demande uniquement ce que cela coûte et que l'on
fasse des profits si on est capable. Je pense que les politiques de
tarification, dans le cas des Iles-de-la-Madeleine, vont, demain matin,
augmenter de $3 millions par année, car il y a une perte de $3 millions
par année aux Iles-de-la-Madeleine.
M. Morin: Ce n'est pas la même chose.
M. Saint-Pierre: Mais, c'est la même chose, M. le
Président.
M. Morin: Je parle de tarifs généraux. M.
Saint-Pierre: Cela fait 25 ans...
M. Morin: Vous parlez de tarifs préférentiels
à des entreprises...
M. Saint-Pierre: II n'y a pas de tarif.
M. Morin: ... en particulier, ce qui n'est pas la même
chose.
M. Saint-Pierre: M. le Président, nous avons simplement
dit que, dans le cas de charges d'énergie de I50 mégawatts et
plus, il y a nombre de facteurs dont certains peuvent être
évalués par Hydro-Québec et dont d'autres reviennent au
gouvernement, en particulier, la décision du choix de
l'intérêt, parce qu'il n'y a pas simplement une charge
d'électricité de I50 mégawatts. Quelles sont les
retombées? Est-ce que réellement, pour le gouvernement, c'est
suivant sa politique de susciter telle implantation industrielle? Dieu sait
que, dans d'autres cas donnés, nous avons exprimé une attitude
complètement négative pour des implantations d'alumineries qui ne
représentaient pas une implantation industrielle en ce sens qu'il n'y
avait pas de transformation poussée de la matière
première.
Je pense que, depuis toujours, toutes les compagnies d'énergie...
Une seconde! Il faut se rappeler que nous sommes dans un contexte où,
dans les autres provinces on fait exactement la même chose,
c'est-à-dire que des consommateurs de grande puissance, puisqu'ils n'ont
pas besoin de réseau de distribution, puisqu'ils n'ont pas besoin de
compteurs qui doivent être lus, puisqu'ils n'ont pas besoin de milliers
de compteurs qui doivent être lus à chaque mois... Enfin, il y a
une certaine simplification d'administration, une certaine simplification de
l'infrastructure. Pour dépenser I50 mégawatts, vous n'êtes
pas obligés d'avoir plusieurs lignes de transformation et tout. Cela
justifiait des tarifs différents.
Un des facteurs était l'attrait sur le plan industriel, un
facteur que, il nous semble, seul le gou-
vernement est en mesure de juger. Je vous dis que, quand on le fait par
Hydro-Québec, nous en gardons la responsabilité, mais c'est la
même chose quand nous le faisons par la SDI ou par n'importe quelle
société gouvernementale.
M. Morin: On va appeler cela la commission des subventions
hydroélectriques du Québec. On va changer le nom d'Hydro.
M. Bourassa: M. le Président, le Parti
québécois avait pris position sur l'aluminerie, je crois, il y a
quelques semaines. Je ne sais pas si le chef de l'Opposition a participé
à cette prise de position.
M. Morin: J'y étais.
M. Bourassa: Cela ne paraît pas dans les propos que vous
tenez, parce que...
M. Morin: Etiez-vous là? Vous n'étiez pas
là, que je sache.
M. Bourassa: Non, mais j'ai vu les résultats de votre
travail.
M. Lessard: Ce n'est pas fort, votre affaire. M. Bourassa:
Non, mais ce que je dis... M. Lessard: Cela bafouille M.
Bourassa: Quand même!
M. Saint-Pierre: Dans l'énergie, vous ne connaissez
pas...
M. Bourassa: M. le Président, ce que je dis, c'est
que...
M. Lessard: Dans le nucléaire, vous ne connaissez pas
grand-chose.
M. Bourassa: ... c'est tellement facile de faire de la
démagogie...
M. Lessard: Au moins, je veux avoir des informations, eux autres,
n'en veulent pas.
M. Bourassa: On n'arrête pas, depuis deux jours, de
dégonfler vos ballons.
M. Morin: Essayez de dégonfler celui-là.
M. Lessard: Vous venez patiner de temps en temps et, après
cela, vous repartez, quand votre patinage ne fait pas.
M. Bourassa: M. le Président, je crois qu'il a
été clairement démontré... D'ailleurs, des
observateurs impartiaux ont dit qu'hier l'Opposition avait été
très faible dans les questions qu'elle a posée à
Hydro-Québec.
M. Lessard: Ce n'est pas ce qu'on a lu.
M. Bourassa: J'ai lu des journaux objectifs.
M. Lessard: Ce n'est peut-être pas les mêmes
journaux.
M. Bourassa: Ce n'était pas dans le Jour, mais
c'était dans d'autres journaux.
M. Lessard: On a dit que le gouvernement restait bouche
bée, qu'il n'y avait seulement que l'Opposition, à un moment
donné, qui se battait ou qui essayait d'obtenir des informations des 80
experts d'Hydro-Québec.
M. Bourassa: Vous avez perdu la face dans l'affaire de la
collusion. Vous avez perdu la face dans l'affaire des coûts. Vous avez
perdu la face dans toutes les questions que vous avez soulevées.
M. Lessard: On est là pour avoir des informations. Le
patinage continue.
M. Kennedy: On est encore à l'école.
M. Morin: Maintenant, on va revenir aux choses sérieuses.
Ces messieurs d'Hydro-Québec ont encore des choses à nous dire
avant de partir en fin de semaine. Je pense qu'il serait temps, M. le
Président, que nous passions à d'autres questions et, notamment,
à la question des emprunts.
M. Bourassa: M. le Président, juste un mot sur cette
dernière question.
M. Morin: Sur laquelle?
M. Bourassa: De façon générale, celle qui
touche la collaboration du secteur privé, celle du gouvernement avec le
secteur privé par le truchement des agences de l'Etat. C'est
évident que, si on prend un morceau de tout le dossier et qu'on le monte
en épingle, c'est très facile de faire de la démagogie.
C'est ce qu'a fait le Parti québécois dans toutes les...
M. Morin: ...
M. Bourassa: C'est vrai, je pourrais donner des exemples. Ce que
je veux demander au chef de l'Opposition, c'est de faire preuve d'un minimum de
responsabilité en tenant compte de son poste.
M. Lessard:...
M. Bourassa: C'est quand même important.
M. Lessard: On va pleurer.
M. Bourassa: Non, je ne vous demande pas de pleurer. D'ailleurs,
ce serait plutôt à...
M. Morin: Chaque fois qu'il est mal pris, il me demande de faire
attention à ce que je dis.
M. Bourassa: M. le Président.
M. Morin: Chaque fois, cela ne manque pas; chaque fois qu'on
touche à quelque chose, il nous accuse de faire de la
démagogie.
M. Bourassa: Non. M. le Président, ce que je dis au chef
de l'Opposition, c'est que tout simplement, dans ces cas, comme dans les cas de
subventions dans le passé, le gouvernement a une approche de
coûts-bénéfices. Nous essayons de prendre la solution qui,
dans l'ensemble, est la plus profitable aux Québécois.
Evidemment, on peut prendre un morceau, un côté de la
médaille, un morceau du dossier pour faire de la démagogie. Si
vous voulez en faire, faites-en.
M. Lessard:...
M. Bourassa: Vous allez vous retrouver encore une demi-douzaine
ou moins aux prochaines élections.
M. Morin: On verra cela. C'est notre problème, ce n'est
pas le vôtre.
M. Bourassa: Je veux dire, pour l'équilibre parlementaire,
quand même.
M. Lessard: Le gouvernement providentiel. M. Bourassa:
Reposez-vous. M. Morin: M. le Président...
M. Lessard: II n'est même pas sérieux. Il est
obligé de rire, à un moment donné. C'est tellement faible,
son argumentation, il est obligé de rire.
M. Bourassa: Comment voulez-vous ne pas rire quand je vous ai en
face de moi?
M. Lessard: Un gouvernement providentiel! M. Morin: Soyons
sérieux!
M. Bourassa: Alors, jugez l'ensemble, pas simplement en regardant
un morceau du dossier, mais en regardant tous les avantages pour le
gouvernement du Québec et pour les Québécois...
M. Morin: Pour les Québécois!
M. Bourassa: Pour les Québécois, évidemment,
nous représentons les Québécois, donc, les avantages de
faire une trouée dans des secteurs industriels aussi importants que
ceux-là.
M. Morin: Oui, mais pas sur le dos des Québécois,
par sur le dos des consommateurs d'électricité. Nous n'avons
aucune objection à ce que vous procédiez par voie de subventions,
que ce soit clair, que vous preniez vos responsabilités. Il n'y a rien
qui vous empêche de les prendre.
M. Lessard: C'est dommage, je n'ai pas de mouchoir!
Le Président (M. Séguin): Le député
de Lotbinière.
M. Massicotte: M. le Président, je voudrais revenir. On
parle des individus mais, actuellement, on a beaucoup d'abonnés qui
utilisent une moyenne tension. Lorsque, par exemple, HydroQuébec
décide de changer son mode de distribution de 34 kV à 25 et que
l'abonné industriel possède sa propre sous-station, quelle
procédure suivez-vous pour les changements à effectuer?
M. Cristel: Cristel, Hydro-Québec. La question se rapporte
à des conversions de tension de 34 kV?
M. Massicotte: De 34 kV, où l'abonné industriel
aurait sa propre sous-station. La livraison serait actuellement à 34 kV,
mais le réseau sera converti à 25. Quelle est la procédure
suivie pour la responsabilité d'Hydro-Québec ou de
l'abonné industriel pour les changements à effectuer?
M. Cristel: Quand vous parlez du cas où l'abonné
possède son propre poste, il y a une directive qui a été
émise et qui voit à compenser l'abonné pour la perte qu'il
va subir. Je n'ai pas la copie de la directive devant moi mais le principe est
de compenser l'abonné pour la perte basée sur la
dépréciation estimative de son installation comparativement
à un nouveau poste.
Supposons un abonné qui utilise l'électricité
à 600 volts, j'imagine.
M. Massicotte: C'est cela.
M. Cristel: II a l'option, dans la directive, selon certaines
modalités, de prendre livraison à basse tension si on peut
satisfaire ses besoins de cette façon, soit qu'on compense
l'abonné ou que, d'autre part, on lui livre en basse tension.
M. Massicotte: Est-ce qu'il y aurait possibilité, par
contre, que l'Hydro-Québec achète les transformateurs existants
pour les remplacer par ceux qui sont nécessaires?
M. Cristel: Je ne crois pas, dans la pratique, normalement, qu'on
va acheter l'installation. On va plutôt compenser l'abonné pour la
valeur dépréciée de son équipement.
Le Président (M. Séguin): D'autres questions sur la
tarification?
Quatrième point, emprunts.
M. Morin: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Un instant, s'il vous
plaît!
M. DeGuise, vous m'aviez indiqué tout à l'heure que vous
aviez peut-être une couple de ré-
ponses à apporter à des questions posées plus
tôt. Peut-être pourriez-vous nous fournir ces réponses
à ce moment-ci?
M. DeGuise: C'est exact, M. le Président. Il y a eu une
question au sujet d'une compagnie générale d'informatique, pour
savoir si nous avions un contrat avec cette compagnie. Nous avons
vérifié avec le directeur du centre d'informatique, qui me dit
qu'il n'y a jamais eu de contrat avec cette entreprise.
Nous vérifions plus loin pour voir s'il n'y aurait pas eu un
contrat de faible importance par une des régions qui a une certaine
autonomie dans ce domaine mais, à première vue, nous ne croyons
pas.
Deuxièmement, on nous avait demandé, pour les
années 1969 à 1974, la répartition des salaires dans la
direction du génie, à Hydro-Québec, en comparaison des
salaires payés aux ingénieurs-conseils. Nous avons eu ces
chiffres par téléphone, je ne les ai pas sous une forme pour les
déposer mais je peux vous les lire assez rapidement.
Pour la première année, 1969, nous devons tout de suite
faire une mise au point. A ce moment-là, génie et construction
étaient ensemble. Alors, il y a des salaires du service de construction
inscrits en même temps que ceux du génie. Si nous faisons une
extrapolation, disons que nous arrivons au chiffre de $8.5 millions pour le
génie lui-même. En 1970, c'est $9.3 millions; en 1971, $11
millions; en 1972, $12.5 millions; en 1973...
M. Lessard: En 1971, c'est $11 millions. M. DeGuise:
$11,020,000.
M. Lessard: D'accord!
M. DeGuise: En 1972, $12,521,000; en 1973, $15,354,000 et en
1974, $18,068,000, pour un total de $74,765,000.
Lorsque nous arrivons aux salaires payés aux
ingénieurs-conseils, je dois vous dire tout de suite, ici, que nous
avons soustrait, pour faire une comparaison équitable, les salaires
payés pour la route de la baie James. Vous vous rappelez qu'au cours de
ces années 1971, 1972, 1973, HydroQuébec n'étant pas
directement impliquée, a donné des mandats globaux à des
bureaux de génie-conseil, surtout pour faire la route d'accès de
400 milles.
Alors, si on fait abstraction des dépenses payées aux
bureaux de génie-conseil pour les routes de la baie James, nous
demeurons avec les chiffres suivants: En 1969, $5,785,000; en 1970, $3,682,000;
en 1971, $9,295,000; en 1972, $7,959,000, en 1973, $8,786,000 et en 1974,
$20,252,000, toujours en mentionnant les quelques $11,800,000 pour la centrale
de Gentilly 2.
Je dois vous mettre en garde contre une comparaison directe entre ces
deux chiffres, parce que dans le cas d'Hydro-Québec, c'est la masse
salariale payée aux ingénieurs, alors que les dépenses
dans les bureaux de génie-conseil comportent les frais d'administration
qui impliquent les loyers, les bénéfices marginaux, etc. Alors,
il ne faudrait pas opposer les deux chiffres. Autrement dit, si ce que nous
avions fait à Hydro-Québec, nous l'avions donné aux
ingénieurs-conseils, cela aurait coûté encore plus.
M. Lessard: Je ne comprends pas très bien que dans les
montants qui sont payés, en fait, à la firme
d'ingénieurs-conseils, vous devez défrayer, naturellement, les
frais d'administration du bureau d'ingénieurs-conseils, à
même les honoraires, d'accord, mais si cela avait été fait
par les ingénieurs d'Hydro-Québec, ces frais d'administration ...
Ces ingénieurs, en fait, sont déjà engagés, sont
déjà payés par Hydro-Québec et ont
déjà l'espace pour travailler.
M. DeGuise: Oui, mais c'est justement. Dans les chiffres que nous
vous donnons, nous n'avons pas imputé les frais de loyer, par exemple,
ou l'espace qu'ils occupent. Les locaux que nous mettons à leur
disposition, il faut payer les loyers, l'amortissement, etc. C'est strictement
la masse salariale que j'ai dans ces chiffres.
Le Président (M. Séguin): Le chef de l'Opposition,
sur l'élément 4.
Emprunts
M. Morin: M. le Président, j'aimerais me pencher
maintenant sur les emprunts et HydroQuébec.
Si l'on compare l'estimation qui nous avait été
communiquée par Hydro-Québec, en date du 13 juin 1974, avec
l'estimation révisée, les chiffres que l'on trouve dans le texte
du président d'Hydro, ainsi que certains chiffres que nous trouvons dans
les débats qui ont eu lieu à l'occasion de l'étude des
crédits du ministère des Finances, on peut établir les
comparaisons suivantes: Pour 1975, l'estimation était, en 1974, de $820
millions. Elle est passée à $925 millions. Pour l'année
1976, elle était de $960 millions. Elle est passé à $1
milliard 200 millions. Pour 1977, elle était de $1 milliard 360
millions. Elle est passé à $1 milliard 530 millions. Pour
l'année 1978, on avait prévu $1 milliard 480 millions, et lors de
l'étude des crédits des Finances, le ministre, M. Garneau, a
mentionné un montant de $1 milliard 700 millions, de sorte que, lorsque
nous additionnons les deux colonnes, l'estimation de 1974 et que nous la
comparons avec l'estimation révisée de 1975, nous arrivons aux
chiffres suivants: II était prévu, l'année
dernière, des emprunts de l'ordre de $4 milliards 620 millions, tandis
que cette année, si nous tenons compte de l'exposé de M. Giroux
et de l'étude des crédits des Finances, on arrive au total de $5
milliards 355 millions.
Ma première question serait pour vous demander si ces chiffres
sont bien exacts, si cela correspond bien à vos programmes
révisés et,
deuxièmement, j'aimerais que vous nous expliquiez pourquoi vous
avez révisé à la hausse une hausse de $735 millions
les prévisions d'emprunt pour la période 1975-1978.
Je vous ferai remarquer que nous sommes maintenant largement au-dessus
des $5 milliards pour cette période de quatre ans.
M. Lemieux (Edmond): Edmond Lemieux, Hydro-Québec. Je dois
dire que la révision des emprunts suit la révision des
investissements et pour Hydro-Québec elle-même et pour la
Société d'énergie de la baie James.
Par exemple, pour 1975, l'an dernier, on prévoyait
dépenser $961 millions et nous avons majoré le montant que nous
pouvons effectuer à la baie James et nous prévoyons
dépenser un total de $1 milliard $165 millions soit $104 millions de
plus.
Pour l'année 1976, on prévoyait dépenser $1
milliard $294 millions, c'est maintenant $1 milliard $476 millions; pour 1977,
on prévoyait dépenser $1 milliard $832 millions, c'est
aujourd'hui $1 milliard $915 millions et, pour 1978, c'est environ le
même chiffre que l'an dernier, c'est-à-dire $2 milliards $145
millions.
Ceci résulte surtout du devancement des travaux à la baie
James.
M. Morin: Vous venez de faire état des dépenses
prévues, si je vous ai bien compris. Les chiffres que je vous ai
donnés, tout à l'heure, sur les montants d'emprunt sont-ils
exacts, surtout l'estimation la plus récente? $925 millions en 1975?
C'est bien cela?
M. Lemieux: Oui.
M. Morin: $1,200 millions en 1976?
M. Lemieux: Oui.
M. Morin: $1,530 millions en 1977?
M. Lemieux: Oui.
M. Morin: Et d'après les débats aux finances,
$1,700 millions en 1978?
M. Lemieux: Oui.
M. Morin: Bien. Et la question que je vous posais était
d'expliquer cette hausse et vous nous dites que c'est essentiellement à
cause du devancement de l'avance que vous avez prise dans les travaux de la
baie James. C'est bien cela la réponse?
M. Lemieux: A Hydro-Québec et à la baie James, mais
surtout à la baie James.
M. Morin: Pourriez-vous nous dire maintenant quel a
été le taux effectif moyen des emprunts d'Hydro-Québec en
1974 et pour les premiers mois de 1975?
M. Lemieux: Pour l'année 1974, le taux moyen des emprunts
effectués était de 9.76% et pour l'année 1975, c'est
10.13%.
M. Bourassa: Sur quel montant?
M. Lemieux: Sur $500 millions. $412 millions.
M. Bourassa: $412 millions. Combien en Europe
là-dessus?
M. Lemieux: En Europe, il n'y en avait pas.
M. Bourassa: II n'y en avait pas. Combien en 1974?
M. Lemieux: En 1974, on a emprunté $280 millions en
Europe, dont $250 millions d'une source non identifiée et $30 millions
par une émission en eurodollars.
M. Lessard: Ce n'est pas de la famille des Simard?
M. Lemieux: En Europe.
M. Morin: Quelles sont les prévisions quant au taux
d'intérêt pour les six derniers mois de 1975? Avez-vous des
prévisions là-dessus?
M. Lemieux: Nous croyons que le taux sera aux alentours de 9
3/4%. Cependant, il y a tous les risques de faire des prévisions de taux
d'intérêt, mais je crois que c'est fort possible qu'on ait un
coût moyen pour le reste de l'année d'environ 9 3/4%, ce qui nous
donnera un coût moyen pour l'année légèrement en bas
de 10%.
M. Bourassa: Je comprends qu'il y a eu une évolution
depuis quelques mois. Avez-vous des chances d'en obtenir de sources non
identifiées pour les six derniers mois?
M. Lemieux: Oui, c'est possible, mais disons que c'est une source
sur laquelle on peut difficilement compter.
M. Bourassa: Dix ans au maximum, les taux? Celui-là, cela
fait dix ans.
M. Lemieux: Cela a été huit ans l'an dernier. M.
Bourassa: Le maximum.
M. Lemieux: Le maximum, et ce serait probablement de la
même durée.
M. Lessard: Est-ce que ce seraient des pétrodollars?
M. Lemieux: Je n'ose pas le dire.
M. Lessard: On peut le penser.
M. Morin: Je reviens brièvement sur ce que
vous nous avez dit. Vous avez dit que les 735 millions de plus pour les
prochaines années sont dus au devancement des travaux à la baie
James. Est-ce que vous avez un nouveau calendrier des travaux? Dois-je
comprendre que vous avez un calendrier que vous n'avez pas publié? Que
les travaux vont plus vite que prévu? Ou s'il s'agit de
dépassement de coûts?
M. Lemieux: C'est surtout pour les lignes de transport. Nous
prévoyons commencer un peu plus tôt pour garder une marge de
sécurité.
M. Giroux: Ce sont toutes les lignes de transport
d'Hydro-Québec.
M. Morin: Y compris celles de la baie James. M. Giroux: Y
compris celles...
M. Lessard: On va en parler tantôt. J'espère que le
premier ministre sera présent.
M. Bourassa: Vous allez encore chercher la petite bête, je
le sais.
M. Lessard: Non. J'espère que le premier ministre
va...
M. Morin: C'est curieux, vous alternez entre le ballon et la
petite bête.
M. Malouin: Vous êtes deux.
M. Morin: II faudrait se brancher quand même.
M. Malouin: ... vous, on se branchera.
M. Morin: Est-ce qu'il y a un rapport entre ce que vous
prévoyez pour les taux d'intérêt en 1975 aussi, il
serait bon que vous nous donniez peut-être vos prévisions pour
1976 et l'hypothèse de 10% qui sous-tend la dernière
estimation de $11.9 milliards pour les coûts de la baie James?
M. Giroux: L'estimation de la baie James, je ne crois pas que
cela figure dans le taux d'intérêt. Votre question, il faudrait la
clarifier. Vous voulez savoir nos estimations du taux
d'intérêt?
M. Morin: Je voudrais savoir s'il y a un rapport entre vos
prévisions pour l'escalade des taux à la baie James. Vous nous
avez dit que vous aviez prévu, si ma mémoire est bonne, 10%
d'intérêt moyen.
M. Giroux: II n'y a pas d'escalade. Je prévois encore 10%
d'intérêt moyen d'après les dernières consultations
que j'ai eues et il n'y a rien qui nous indique qu'on pourrait avoir
sensiblement meilleur marché. Si on peut se maintenir en bas de 10%,
tant mieux, mais il n'y a rien qui nous indique qu'on pourrait être
très sensiblement au-dessous. Cette année, on a été
au-dessous.
M. Morin: Est-ce que pour I976, vous avez des
prévisions?
M. Giroux: Non. C'est la prévision générale
qui se maintient et je crois que personne ne peut prévoir des taux
d'intérêt, même la Banque du Canada doit changer cela tous
les quinze jours. Alors, je ne voudrais pas concurrencer la Banque du Canada au
point de vue de la prévision des taux d'intérêt.
M. Morin: Cela fait, évidemment, beaucoup d'argent
à trouver et je souhaite que vous le trouviez. Mais il y a tout de
même des facteurs qui ne sont pas sans accumuler un peu des nuages noirs
sur l'horizon. Je pense qu'il faut tenir compte d'une baisse éventuelle
de la cote d'Hydro-Québec, compte tenu aussi que de tels taux
d'intérêt demeurent très considérables et aussi
compte tenu du fait que nous signalait le président d'une banque
montréalaise, il y a quelques jours à peine, lorsqu'il nous
disait que, de plus en plus, les investisseurs veulent protéger leurs
placements contre l'inflation en s'engageant à court terme plutôt
qu'à long terme, tendance qui risque de frapper durement tout le secteur
corporatif au niveau de son expansion. Est-ce que, compte tenu de ces facteurs,
vous êtes toujours confiant de pouvoir réaliser vos programmes
d'emprunt pour les années qui viennent? Je note je l'ajoute tout
de suite que les économistes américains prévoient
que les entreprises d'utilité publique aux Etats-Unis devront emprunter
sur le marché public quelque 70 milliards de dollars d'ici 1978.
Devant cette demande, cette ponction extraordinaire, la méfiance
du marché, la pression excessive sur les taux d'intérêt,
plusieurs entreprises américaines ont annoncé des coupures dans
leurs programmes d'emprunt et des révisions sensibles de leurs
programmes d'équipement. Je pense, par exemple, à deux cas qu'on
nous a signalés, American Electric Power et Detroit Edison. Est-ce que
ces faits ne sont pas de nature à vous rendre prudents devant de telles
sommes à emprunter?
M. Giroux: Comme je vous l'ai dit ce matin, mon optimisme n'a pas
baissé, je ne vois pas de raison de se demander si la cote
d'Hydro-Québec pourrait baisser.
M. Bourassa: Si vous me permettez, j'ai sursauté quand
j'ai entendu le chef de l'Opposition, parce que, si je me réfère
à votre déclaration, M. Giroux, vous avez mentionné que
Moody's avait réévalué la cote d'Hydro-Québec.
M. Morin: On s'en va quand même en bas de 1.25 sur la
couverture d'intérêt, on l'a vu ce matin, vous n'étiez pas
là, et ça peut avoir un effet sur la cote éventuellement.
Ce n'est pas vous qui êtes maître de la cote. Si vous êtes
maître de votre publicité personnelle, c'est une chose, mais on
parle ici de facteurs objectifs et qui frappent.
M. Bourassa: II reste quand même que, depuis deux mois, M.
Giroux va probablement vous répondre là-dessus, parce que c'est
un domaine...
M. Morin: Bien, laissez-le donc répondre.
M. Bourassa: ... qu'il connaît particulièrement
bien, mais je veux simplement vous dire qu'il y a deux mois, l'agence
internationale de cote Moody's nous a réévalués à
la hausse, ça révèle que l'image financière du
Québec est excellente.
M. Lessard: On va avoir de meilleures réponses de M.
Giroux.
M. Bourassa: Non, c'est un fait. Je comprends que ça vous
fasse mal que je vous le dise, vous n'aimez pas ça. Vous aimez ça
quand le Québec est critiqué et dévalué.
M. Morin: Ah oui, voyons donc!
M. Bourassa: Là-dessus, vous vous frottez les mains.
M. Morin: Si on vous écoutait, on ne ferait pas notre
besogne d'Opposition, on passerait notre temps à louanger le
gouvernement, même lorsqu'il fait des bêtises.
M. Giroux, avez-vous une réponse sérieuse à nous
donner?
M. Giroux: Dans le cas actuel, une firme ayant la
réputation de Moody's ne fait pas un tel changement sans voir exactement
la situation future. Moody's, à qui la province a parlé, est
très au courant de notre demande de trois taux d'augmentation de tarif
de 10% par année. Cette maison est parfaitement au courant que ceci va,
pour une année ou deux, baisser notre moyenne en bas de 1.25 si on ne
parvient pas à maintenir un excédent plus gros. Dans les
circonstances, il n'y a rien qui nous indique, pour les années 1976 et
1977, que si les firmes américaines d'utilité publique celles
mentionnées, une certainement, l'autre, je suis moins positif, avaient
obtenu l'augmentation de tarif demandée dans un laps de temps
raisonnable, elles n'auraient pas eu à subir ces refus de
prêts.
La position d'Hydro-Québec repose dans la valeur de ses tarifs ou
le système que nous avons qui nous permet d'avoir des augmentations
minimales raisonnables de tarif pour nous permettre de faire face à nos
exigences.
M. Bourassa: ... dans le cas de Détroit, quelles
étaient les deux compagnies du chef de l'Opposition? Detroit Edison et
l'autre...
M. Morin: American Electric Power.
M. Bourassa: Qu'est-ce qui était demandé, vous ne
vous en souvenez pas?
M. Giroux: Je ne le sais pas, mais, quand il s'agit de la moyenne
américaine, c'est dû à l'huile, ce n'est pas la même
chose qu'ici, il y en a qui vont jusqu'à 60% d'augmentation annuellement
avec l'imposition spéciale.
M. Bourassa: 60% annuellement.
M. Giroux: Ce sont des cas extrêmes, mais le malheur des
uns ne prive pas les autres. Il n'y a pas d'erreur que si la commission ici
regarde réellement nos chiffres nous avons besoin, pour maintenir notre
position de 15% d'augmentation. Mais pour ne pas affecter la population, pour
ne pas être aussi modéré que je le suis d'habitude selon
les recommandations qu'on m'a faites dans le passé, j'essaie
d'être optimiste et de baisser cette demande à 10% pour la
population.
Mais si vous voulez donner 15%, je ne vais pas m'obstiner.
M. Bourassa: Mais, M. Giroux, l'an dernier, avec 10%, votre
surplus a quand même augmenté, votre réserve.
M. Giroux: Vous n'avez qu'à regarder nos bilans.
M. Bourassa: C'est ça, je les ai regardés et c'est
$50 millions?
M. Giroux: M. Lemieux peut donner les chiffres exacts, Georges?
$176 millions.
M. Bourassa: Mais la réserve, ce qui reste, c'est $50
millions?
M. Lafond: Georges Lafond, Hydro-Québec. Aux
réserves d'Hydro-Québec, son avoir-propre a augmenté de
$176 millions de deux façons; tout d'abord par le paiement
d'intérêts jusqu'à concurrence de $88 millions, et par
affectation de surplus résiduel pour la différence, soit pour un
grand total de $176 millions.
M. Bourassa: C'est avec 10% d'augmentation, alors vous
avez...
M. Lafond: ...il n'y a pas eu d'augmentation.
M. Bourassa: Quelle était votre prévision lorsque
vous avez fait la demande d'augmenter le tarif?
M. Giroux: C'était tout près de $50 ou $52
millions.
M. Bourassa: C'est-à-dire que vous prévoyiez $50 ou
$52 millions...
M. Giroux: D'augmentation.
M. Bourassa: Et vous avez eu 176.
M. Giroux: Ce qui est facile à expliquer par la vente
d'excédentaire, en surplus...
M. Bourassa: D'accord.
M. Giroux: ...et par une plus grande demande que nous
prévoyons devoir se répéter en 1975 et en 1976 seulement
à cause de l'augmentation de l'huile.
M. Bourassa: Vous n'êtes pas si modéré que
cela, avec 10%, si vous avez eu $100 millions de plus que prévu.
M. Giroux: Je considère que je suis très,
très optimiste.
M. Bourassa: C'est un optimisme qui est fondé sur des
faits; comme d'habitude d'ailleurs, je vous félicite d'avoir...
M. Morin: On va souhaiter que votre boule de cristal soit la
bonne, qu'elle soit le plus limpide possible, M. Giroux.
M. Giroux: Merci beaucoup.
M. Morin: On va vous souhaiter bonne chance dans votre
appréciation des réalités.
M. Bourassa: Ce que je veux dire au chef de l'Opposition, c'est
que, l'an dernier, avec 10% d'augmentation de tarif, Hydro-Québec a pu
faire face amplement au ratio dont nous parlions plus tôt; donc, je pense
que, avec les 10% demandés, que l'on va examiner, qui n'ont pas encore
été adoptés par le gouvernement, s'ils sont adoptés
par le gouvernement, cela devrait également être accepté...
pour permettre de faire face à...
M. Morin: Je m'excuse, mais si on parle de la couverture
d'intérêt, cela n'amènera pas, même avec 10%
d'augmentation, à 1.25. Vous n'étiez peut-être pas
là...
M. Bourassa: Ce que je veux vous dire, c'est que les ventes
excédentaires, ,1'an dernier, ont permis à Hydro-Québec de
respecter le ratio d'une façon très facile; d'ailleurs ce fut
nettement supérieur. Or, on prévoit la même chose pour
cette année et l'an prochain. S'il y a eu $176 millions de plus que
prévu l'an dernier, je pense que l'on peut se permettre, en 1975 et en
1976, d'avoir des prévisions qui nous permettent d'être confiants
sur les taux d'emprunt.
M. Morin: Nous souhaitons, en tout cas, que l'optimisme du
président d'Hydro-Québec soit fondé...
M. Bourassa:... c'est du réel.
M. Morin: ... parce que, aux Etats-Unis à l'heure
actuelle, les compagnies d'utilité publique font face à un avenir
incertain.
M. Bourassa: Elles n'ont pas l'hydraulique.
M. Morin: II n'y a pas que de l'hydraulique, c'est un fait, mais
il yen a aussi. M. le Président, j'aimerais maintenant vous parler...
Vous comptez également sur la Caisse de dépôt pour une
partie de vos emprunts; j'aimerais vous demander quelles sont, à votre
connaissance, les disponibilités prévues aux fins de nouveaux
placements par la Caisse de dépôt, au cours des années
1976, 1977 et 1978.
M. Giroux: Je ne suis pas directeur de la Caisse de
dépôt, je ne sais pas si M. Lemieux, qui est plus familier avec
cette institution...
M. Morin: Vous comptez peut-être un peu
là-dessus.
M. Giroux: J'y compte plusieurs amis, oui. M. Bourassa: M.
le Président, peut-on...
M. Lessard: Le gouvernement pourrait donner des ordres comme il
en a donné concernant la National South Wire.
M. Bourassa: Seulement un mot, si le chef de l'Opposition me
permet.
M. Morin: J'ai posé ma question à M. Giroux.
M. Bourassa: Normalement, le gouvernement du Québec et
Hydro-Québec ont accès à cinq marchés financiers:
les marchés québécois et canadiens, la Caisse de
dépôt, le marché new-yorkais et le marché
européen. Selon les difficultés des différents
marchés, on aura recours à l'un plutôt qu'à l'autre.
Il est très difficile de demander aux dirigeants d'Hydro-Québec
de dire: Combien aurez-vous besoin de la Caisse de dépôt, combien
de source non identifiée en Suisse, combien du marché new-yorkais
ou torontois? On peut parler longtemps...
M. Morin: Je suis parfaitement conscient qu'il y a plusieurs
sources...
M. Lacroix: Que pensez-vous de la caisse du parti
Québécois, cela pourrait peut-être aider?
M. Lessard: La caisse du peuple...
M. Lacroix: Ce serait aussi insignifiant que vous.
M. Lessard: ... et non pas la caisse des grosses compagnies.
M. Lacroix: Ah! petit Jésus, voulez-vous qu'on en
parle?
M. Lessard: II n'y a pas de problème. Amenez votre loi sur
le financement des partis politiques et on s'en reparlera.
M. Lacroix: Hypocrite.
M. Morin: Laisse faire cela.
M. Lacroix: Laisse faire ça, oui, laisse faire ça,
mon petit garçon, moi, je m'occuperai des gros.
M. Morin: M. le Président d'Hydro-Québec, j'ai
posé une question, pourriez-vous nous donner une indication de ce que
vous attendez?
M. Giroux: Une indication d'une caisse qui est assez importante.
Le surplus, en 1976, devrait être de $550 millions, le surplus en 1977 de
$600 millions, et en 1978, de $650 millions. De cela, ordinairement, on
investit 50% entre la province de Québec et Hydro-Québec.
M. Bourassa: C'est resté à 50%, depuis trois ou
quatre ans, je crois?
M. Giroux: Oui.
M. Bourassa: Le reste est investi dans les autres secteurs. Cela
vous donne combien? Cela veut dire que vous avez accès à $150
millions, à peu près, M. Giroux, à la caisse de
dépôt?
M. Giroux: A $110 millions, à $125 millions, cela
dépend si on arrive avant le ministre des Finances.
M. Bourassa: A $125 millions, oui, d'accord. Avec le
marché de New-York.
M. Morin: Jusqu'en 1978, M. Giroux, à peu près?
M. Giroux: A peu près.
M. Bourassa: Cela va pour les emprunts.
M. Morin: Oui, je crois que cela va pour les emprunts, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Article 5, sur notre
programme des travaux, lignes de transport.
Lignes de transport
M. Lessard: M. le Président, concernant la question des
lignes de transport, je voudrais, au préalable, faire un exposé
aussi court que possible concernant le problème de
l'établissement du réseau. J'aimerais que le premier ministre
demeure, parce que c'est directement la responsabilité du gouvernement
et non pas comme telle, je pense, celle d'Hydro-Québec, parce qu'il
appartient au gouvernement d'établir des normes et des critères
concernant la protection du milieu.
M. Bourassa: Je vous écouterai de mon bureau.
M. Lessard: En tout cas, j'espère que votre ministre des
Richesses naturelles va être capable de nous donner des réponses
satisfaisantes.
M. Lacroix: Posez des questions intelligentes et on vous
répondra.
M. Lessard: M. le Président, en date du 3 juillet 1974,
à une commission parlementaire, HydroQuébec déposait un
rapport sur le réseau de transport d'énergie de la baie James.
Après avoir analysé différentes hypothèses, on
soumettait qu'on avait tout simplement choisi après une longue
étude, les 735 kilovolts à compensation "shunt"' On
précisait que ce choix devait être fait en collaboration avec la
population et après des études très complexes. En
particulier, à la page 9 du rapport d'Hydro-Québec, on lisait ce
qui suit: "Hydro-Québec entend choisir le corridor qui présentera
le moindre impact visuel et social, tout en respectant les limites de
coût et de sécurité du réseau électrique. Cet
objectif sera atteint, bien entendu, par la contribution d'experts, dans toutes
les disciplines concernées, mais aussi par la communication avec
certains publics dont la contribution pourra influer sur les valeurs de
décision." On continuait en écrivant ceci: "Pour chacun des
corridors considérés, il y aura publication d'un rapport d'impact
sur l'environnement, mettant en relief les besoins justifiant le projet, les
alternatives considérées, les critères, méthodes et
jugements ayant contribué à favoriser une alternative
particulière, les techniques utilisées pour pallier les effets
négatifs possibles du projet et enfin les modes d'intégration du
projet dans son environnement, permettant d'exploiter les effets
bénéfiques possibles du projet."
J'aimerais d'abord, avant de parler d'un cas spécifique qui sera
un cas type, poser la question suivante aux responsables d'Hydro-Québec:
Est-ce que le rapport d'impact dont on parle toujours dans le rapport
d'Hydro-Québec du 3 juillet 1974 est maintenant terminé? A-t-on
l'intention de le soumettre aux populations qui seront concernées et de
quelle façon entend-on le faire, s'il y a lieu? Si ces rapports sont
terminés, accepterait-on de les déposer à cette commission
parlementaire et ainsi les rendre publics?
M. DeGuise: M. le Président, sur la question du
réseau de transport de la baie James, nous pourrions faire une
présentation un peu plus complète à l'aide de cartes ou de
tableaux si c'est le désir de cette commission. Sinon, j'essaierai de
répondre directement aux questions qui viennent d'être
soulevées.
M. Lessard: Je voudrais d'abord avoir la réponse à
la question précise que je viens de soulever.
M. DeGuise: Le rapport d'impact, si je commence par
celui-là, je crois que l'Hydro-Québec n'est pas prête
à déposer un rapport d'impact.
M. Lessard: Mais vous êtes prêts à commencer
vos lignes de transmission et même à devancer votre
échéancier.
M. DeGuise: L'échéancier, nous n'en avons pas le
contrôle. Il y a une charge à rencontrer, il y a une date
donnée, il faut avoir des centrales et des lignes pour une date
donnée.
M. Lessard: Mais que donneront vos rapports si vous les
déposez en 1978?
M. DeGuise: A défaut d'un rapport d'impact comme tel
prêt à être déposé, je vais passer la parole
tout à l'heure à notre directeur de l'environnement. Mais je dois
vous dire que nous travaillons sur le tracé des lignes de transport de
la baie James depuis 1971. Il y a quatre ans que nous étudions, par
différentes méthodes, les corridors, les alignements
différents. Nous avons eu recours à des maisons
extérieures, spécialisées en environnement, en
écologie. Nous avons nous-mêmes créé une direction
de l'environnement assez considérable, comportant des
spécialistes de toutes les disciplines. Nous avons donné, comme
mission, à notre groupe, chargé de l'implantation des lignes,
complète liberté de choisir un tracé qui ne soit pas
nécessairement le tracé le moins coûteux mais qui soit le
tracé le plus désirable, tenant en ligne de compte les
problèmes techniques, les problèmes d'environnement, les
problèmes socio-économiques, si vous voulez. Nous avons
cherché à établir un tracé qui soit le plus
acceptable possible à l'ensemble de la population, essayant de garder le
bien général comme objectif.
Nous travaillons contre une contrainte, l'élément temps.
Nous avons 3,200 milles de lignes à construire. Nous avons cinq lignes
de 660 milles de longueur entre la baie James et la région de
Montréal. Les premières lignes doivent être prêtes
pour l'automne 1979 parce que nous alimenterons, à ce moment-là,
à partir de Montréal le réseau de l'Abitibi qui est en
déficit d'énergie. Nous aurions souhaité avoir plus de
temps pour faire de la consultation, comme vous le dites, sur un plan
peut-être plus large.
Notre consultation, à ce jour il y a eu des cas
d'exception, nous avons eu certaines réunions a été
plutôt limitée à rechercher l'avis d'experts
extérieurs à Hydro-Québec et opérant dans
différentes disciplines de façon à en arriver le plus
tôt possible à un tracé qui nous semble le tracé
optimal.
Nous pourrons vous exposer le tracé, à partir de la baie
James, à travers les terrains de la couronne, à travers le
territoire de la baie James, où il n'y a pas tellement de
problèmes, sauf avec les autochtones, probablement. Il faut respecter
les ententes qui sont sur le point d'être signées, et, en sortant
du territoire de la baie James, pour venir jusqu'à ce que nous
appellerions la région des Laurentides ou la région où on
commence à toucher la propriété privée, à
environ 80 ou 90 milles au nord de Montréal, aussi longtems que nous
sommes sur les terrains de la couronne, je ne crois pas qu'il y ait de
problèmes graves, de problèmes majeurs. Il reste...
M. Lessard: M. DeGuise, je présume que vous êtes
conscient du problème que va poser à la po- pulation
particulièrement à celle de la région de Montréal,
l'arrivée de ces lignes de transmission, alors qu'on n'aura même
pas consulté ou très peu consulté cette population. On a
l'impression que vous avez l'intention de prendre le monde par surprise
plutôt que de le consulter parce qu'il y aurait probablement trop de
protestations.
M. Malouin: M. DeGuise, est-ce que vous commencez vos lignes de
transmission par Montréal?
M. DeGuise: Nous allons commencer à construire dans les
endroits, évidemment, où il y a le moins d'objections.
M. Malouin: Combien d'années prévoyez-vous avant de
toucher au territoire de Montréal?
M. DeGuise: Le territoire du nord des Laurentides? A peu
près vers 1978, probablement. Nous commencerons la construction, ce qui
veut dire le déboisement, s'il y a lieu.
M. Malouin: Cela vous permet quand même de compléter
votre rapport d'impact pour cette région particulièrement.
M. DeGuise: Pour cette région. M. Malouin:
D'accord!
M. Lessard: Puisque vous parlez de consultation, je voudrais vous
parler d'un cas précis qui va peut-être illustrer ce qui pourra
arriver pour la région de Montréal lorsqu'on connaîtra les
tracés de ces lignes de transport.
Vous connaissez très bien, M. DeGuise, la liaison qu'on est en
train d'établir et qu'on a commencé à établir entre
le poste de Châteauguay et le poste de Chénier et qui, en fait,
est une liaison... En fait, c'est la ligne de ceinture...
M. DeGuise: De ceinture, oui.
M. Lessard: ... autour de l'île de Montréal.
Vous êtes sans doute informé, M. DeGuise, qu'il y a eu,
depuis un certain temps, un certain nombre de protestations de la part de
différents organismes de cette région concernant le choix du
tracé d'Hydro-Québec.
Je voudrais, M. DeGuise, simplement vous rappeler, au cas où vous
l'auriez oublié, certaines lettres qui nous sont parvenues et qui sont
parvenues au gouvernement du Québec c'est dans ce sens, tout
à l'heure, que je demandais au premier ministre d'être
présent concernant cette opposition, particulièrement de
certaines municipalités, opposition qui s'est regroupée à
l'intérieur d'un organisme qui a quand même démontré
son sérieux, soit l'Association des espaces verts de
Vaudreuil-Soulanges.
En date du 2 mai 1975, M. G. Parson, maire de la municipalité de
Pointe-Fortune, faisait parvenir la lettre suivante je vais, M. le
Président, simplement citer quelques paragraphes concernant
la façon dont Hydro-Québec a décidé de
s'établir de plein droit sur le tracé qu'on avait choisi
touchant, naturellement, certains territoires privés.
La lettre est envoyée à l'honorable Victor Goldbloom,
ministre des Affaires municipales et de l'Environnement, Hôtel du
Gouvernement, Québec, et d'ailleurs, Hydro-Québec a dû,
sans doute, en recevoir copie. "M. le ministre, le 21 avril, des ouvriers
d'Hydro-Québec se présentaient chez certains de mes concitoyens,
scie mécanique en main, et se mirent en frais d'abattre tous les arbres
nuisant à leurs travaux. Aucune information officielle sur le but ou la
nature de ces travaux ne leur fut accordée au préalable. Se
voyant ainsi violés dans leurs droits de propriétaires, ceux-ci
furent les premiers à informer le conseil municipal qu'un projet
d'envergure, sur le territoire de cette municipalité, était non
seulement en voie de planification, mais d'exécution.
C'est avec beaucoup de difficulté que ces propriétaires
parvinrent à soutirer quelques renseignements, non officiels, de
certains employés d'Hydro-Québec, embarrassés par
l'arrogance de leur employeur."
Un paragraphe plus loin, on écrit: "Au stade de planification
d'un projet de cette envergure, ne serait-il pas dans l'ordre de contacter les
municipalités affectées, afin d'établir un
élément de coordination en ce qui concerne les plans de zonage,
travaux de construction municipaux, parcs, corridors de service, baisse
d'évaluation des propriétés environnantes, etc? La
province de Québec manque-t-elle donc à ce point
d'organisation?"
Le 21 mai I975 puisque la lettre est envoyée le 2 mai
à M. Goldbloom, ministère des Affaires municipales et de
l'environnement Pointe-Fortune n'avait pas encore reçu de
réponse du ministre de l'environnement. On sait qu'il n'est pas
pressé de ce temps-ci, il n'y a pas de problème.
Mais, en date du 21 mai I975, une lettre, cette fois, est envoyée
au ministre des Richesses naturelles, soit: Honorable Gilles Massé,
ministre des Richesses naturelles, Hôtel du Gouvernement, Québec.
"M. le ministre", y lisait-on, "vous trouverez sous pli une lettre que notre
municipalité adressait au ministre des Affaires municipales et de
l'Environnement le 2 mai I975. "Je crois qu'elle exprime d'une façon
assez précise le comportement d'Hydro-Québec. Cette lettre,
cependant, demeure toujours sans réponse. Par deux fois, depuis les
événements du 21 avril décrits sur la lettre ci-jointe,
les conseils municipaux de la région furent convoqués en
réunion par Hydro-Québec dans le but de leur présenter un
fait accompli. "Lors de la première rencontre, le 28 avril, bien que les
conseils de plusieurs municipalités furent présents, aucun
représentant d'Hydro-Québec n'y était. Quant à
celle du 1er mai, elle fut annulée par Hydro-Québec sans raison
valable."
Un paragraphe plus loin, on écrit ceci: "II existe
déjà dans les limites de notre municipalité un droit de
passage appartenant à Hydro-Québec pour traverser la
rivière des Outaouais. Celui-ci intercepte le présent
tracé du projet 1696 qui est le projet qui a été choisi
par Hydro-Québec."
De toute façon, la municipalité propose un autre projet
qui, lui, semble-t-il, serait beaucoup moins néfaste pour l'ensemble de
la population, mais malgré quantité de protestations
auprès d'Hydro-Québec et auprès du gouvernement, aucune
réponse ne semble avoir été envoyée par les
différents responsables.
En date du 5 juin 1975, autre lettre qui provient de M. A. Barbeau,
président, Association des espaces verts du mont Rigaud et qui est
envoyée à l'honorable Gilles Massé, ministre des Richesses
naturelles, Hôtel du Gouvernement, Québec. "M. le Ministre, durant
cette première semaine de juin 1975, tous les conseils des
municipalités de la région tenaient leur réunion
mensuelle. Les municipalités de Saint-Clet, Côteau-du-Lac
paroisse, Saint-Lazare, Sainte-Marthe paroisse" cela ne doit pas
être seulement des contestataires Saint-Rédempteur, la
ville de Rigaud, Rigaud paroisse, Pointe-de-Fortune, Hudson, Carillon, toutes
ces paroisses formulaient au gouvernement de la province de Québec, sous
forme de résolution, les demandes qui suivent: 1. Que
l'arrêté en conseil 785-75 du 26 février I975 autorisant
Hydro-Québec à exproprier en ce qui concerne le projet I696 soit
temporairement rescindé jusqu'à la publication du rapport du
comité consultatif du ministère de l'environnement sur le
sujet."
En passant, le comité consultatif du ministère de
l'environnement devrait, normalement, d'ici une quinzaine de jours,
présenter le résultat de son enquête à ce sujet. "2.
Que le tracé du projet I696 d'Hydro-Québec,
Châteauguay-Chénier soit choisi par une agence gouvernementale
impartiale après avoir fait une étude d'impact approfondie de
toute la région afin de trouver le tracé le moins dommageable. 3.
Que cette agence gouvernementale soit composée, non seulement d'experts
en génie électrique, mais aussi d'experts en agriculture,
forêt, écologie, sol, urbanisme, santé, etc.
L'Association des espaces verts du mont Rigaud appuie sans
réserve ces municipalités, étant donné que le
contenu de ces résolutions est précisément la raison
d'être de l'association."
Dans un autre document que je possède, la municipalité de
Pointe-Fortune présente différents trajets possibles qui ont
été analysés par HydroQuébec pour rendre le trajet
qui avait été choisi au préalable par Hydro-Québec
moins dommageable, mais encore là, on verra tout à l'heure,
comment Hydro-Québec a rejeté ces différents projets.
Le 29 mai I975, une lettre parvient à l'honorable Robert
Bourassa, premier ministre, Hôtel du Gouvernement, Québec, de la
part de Pierre Gé-rols, directeur de l'Association des espaces verts du
mont Rigaud. Je voudrais simplement faire lecture de quelques paragraphes.
Au quatrième paragraphe, on écrit ceci: " Fort de notre
confiance en la justice, nous avons par trois fois tenté d'arrêter
les travaux de déboise-
ment entrepris par Hydro-Québec en soumettant à la cour
Supérieure des requêtes en injonction. La première qui nous
avait été accordée a été
déboutée en appel parce que selon les juges, HydroQuébec
n'avait pas outrepassé ses droits en coupant des arbres dans les
propriétés privées pour fins d'arpentage, même sans
aucun préavis.
La deuxième requête n'a pas été entendue car
les avocats d'Hydro-Québec ont prétendu avoir besoin de trois
semaines pour exposer leur cause sachant fort bien qu'aucun juge sur le
rôle ne dispose de plus de quatre jours de disponibles avant la fin
juillet. Façon élégante écrit-on de
se donner le temps de couper des milliers d'arbres et d'installer des
pylônes en toute tranquilité de cause.
La troisième requête en injonction a été
refusée sous prétexte que la cour Supérieure n'a pas
juridiction sur Hydro-Québec." L'Etat dans l'Etat... Bon. "Non seulement
ces requêtes en injonction ont été rejetées, mais
elles l'ont été sur des questions de jurisprudence. Aucun fait
n'a jamais pu être présenté au juge, le public n'a donc
jamais obtenu le droit de se faire entendre." Et je pense que ce sont là
des questions pertinentes. "Hydro-Québec écrit-on
se trouve-t-elle donc en marge de la loi ou au-dessus d'elle? N'existe-t-il
aucune limite à ses pouvoirs? Aucun fonctionnaire d'un ministère
hostile au tracé choisi par Hydro-Québec ne peut être
contraint à témoigner contre cette compagnie à cause de la
Loi sur la fonction publique et d'autre part, l'Ombudsman se déclare
impuissant à aider les citoyens contre Hydro-Québec parce que
cette corporation n'est pas le gouvernement.
Autre question. Où est la justice naturelle dans ce dédale
de subtilités légales où le citoyen se heurte à un
mur à chaque pas. Là, M. le Président, la demande que
voici, la demande qui est faite par M. Gérols: C'est dans cette optique,
M. le premier ministre, que je vous demande de bien vouloir instituer une
commission parlementaire pour étudier ce problème crucial afin de
défendre les intérêts de la population de toute la
province. Dans ce but, l'Association espaces verts formule les voeux qui
suivent: 1) Que le gouvernement restreigne immédiatement
Hydro-Québec et lui ordonne de cesser tout travaux d'arpentage et de
déboisement dans le territoire de Vaudreuil-Soulanges. On sait,
M. le Président, que dans un paragraphe on explique que le territoire de
Vaudreuil-Soulanges doit être protégé à tout prix
principalement pour sa valeur agricole. C'est le grenier de Montréal
2) Que le gouvernement ordonne à Hydro-Québec de porter
son attention sur les possibilités d'enfouissement des lignes,
d'utilisation du courant continu ou tout autre moyen technique, quels qu'en
soient les coûts tendant à minimiser le danger que présente
les lignes actuelles pour la santé publique. Je parlerai tout à
l'heure d'un rapport qui existe aux Etats-Unis à ce sujet. 3) Que la loi
soit amendée afin que l'immunité légale dont
bénéficie Hydro-Québec cesse. 4) Qu'une commission
médicale soit chargée d'étudier les effets des champs
électromagnétiques des lignes à très haute tension,
enfin que le gouvernement puisse légiférer pour protéger
le public contre le danger de ces lignes. Signé Pierre Gérols,
directeur, Association espaces verts du mont Rigaud.
Je voudrais, M. le Président, pour résumer la situation
cette fois, faire la lecture de quelques paragraphes d'une lettre qui a
été envoyée cette fois à l'Opposition, mais qui
résume très bien la situation qui existe en ce qui concerne
Vaudreuil-Soulanges. Vous comprenez toujours, M. le Président, que ce
cas que j'expose peut être le cas général de l'ensemble de
la région de Montréal puisque si c'est comme cela qu'on agit et
si c'est comme cela qu'on détermine les tracés des lignes de
transmission, ou si c'est cela qu'on appelle la consultation, je m'interroge
énormément. Voici comment M. Paul-Emile Faucher, notaire,
résume la situation. M. Faucher est un citoyen de la région. "Les
citoyens du territoire présentement affecté sont vivement
opposés à ce projet d'Hydro-Québec. Ils se sont
regroupés pour former une association, soit Espaces verts du mont Rigaud
qui réunit les municipalités de Sainte-Marthe,
Saint-Rédempteur, en vue de faire valoir leurs objections auprès
d'Hydro-Québec. Ces objections sont les suivantes: 1) Aucune
consultation préalable des populations concernées n'a
été effectuée. L'ère du fait accompli ne semble pas
révolue pour les dirigeants d'Hydro-Québec qui jugent bon
d'imposer leurs décisions arbitraires d'un tracé, sans s'en
référer au préalable aux intéressés ni
même aux autorités municipales." Je pensais quand même que
la question de la Jacques-Cartier allait faire réfléchir un peu
Hydro-Québec, mais il ne semble pas que ce soit le cas. "Cette
manière d'agir est inadmissible dans un contexte démocratique
pour une entreprise publique de cette envergure. 2) Une étude
approfondie de tout le territoire jusqu'à la frontière ontarienne
n'a pas été effectuée. Toutes les cartes d'étude
d'Hydro-Québec ne portaient que sur la région spécifique
du tracé choisi, comme si on tentait simplement de justifier
après coup un choix arbitraire. Bien qu'Hydro-Québec affirme
avoir étudié quatre possibilités de route pendant une
période d'un an avant d'avoir choisi le tracé en question,
l'étude d'impact écologique n'était pas terminée
lorsque les travaux d'arpentage ont commencé." M. le Président,
même M. OeGuise nous soulignait tout à l'heure, suite à une
question que je lui posais, que ces études d'impact ne sont pas
terminées et HydroQuébec ne serait pas prête à les
présenter. 3) Tout en admettant que le passage des lignes soit un mal
nécessaire et que la ligne droite, 28 milles de Chénier à
Châteauguay, aurait posé des problèmes en traversant des
régions urbanisées, soit Baie-d'Urfé, Beaconsfield, etc.,
l'Association espaces verts du mont Rigaud considère le tracé
actuel particulièrement absurde. Hydro-Québec, après avoir
renoncé à passer par Oka, Hudson, Vau-dreuil, etc., choisit
arbitrairement un tracé qui traverse une région à la fois
agricole et panoramique d'une valeur incontestable, non seulement pour
les résidents, mais pour les milliers de Montréalais qui
profitent de la vallée verte pour des fins récréatives.
Hydro-Québec admet que ce tracé représente un
détour de 30 milles et pourtant aucun effort n'a été fait
pour trouver un tracé moins néfaste en étendant le champ
d'étude jusqu'à la frontière ontarienne, quelque cinq
milles à l'ouest. "4. Au cours d'une rencontre avec les
représentants d'Hydro-Québec, l'association a proposé
à Hydro-Québec d'étudier une route alternative qui
emprunterait justement des terres de faible potentiel agricole le long de la
frontière ontarienne pour suivre ensuite le couloir déjà
existant d'une voie ferrée et des servitudes déjà
établies par HydroQuébec le long de la route 20. Ce tracé
a reçu l'approbation d'experts éminents consultés par
l'association dont je parlerai tout à l'heure. Des représentants
du ministère de l'Agriculture ont fortement insisté pour
qu'Hydro-Québec étudie ce tracé ainsi que toute
possibilité d'une route alternative le long de la frontière
ontarienne.
M. le Président, très brièvement, je veux tout
simplement faire mention de ce tracé qui a été
proposé par l'Association des espaces verts, si je peux le trouver
cependant.
On a les cartes qu'on peut, mais on a réussi à les tracer
quand même. Vous remarquerez que ce tracé d'Hydro-Québec
passe directement dans les terres agricoles de Vaudreuil-Soulanges en plein
centre alors que l'Association des espaces verts de Rigaud propose tout
simplement d'utiliser ou de passer la ligne de transport le long de la
frontière ontarienne jusqu'à un corridor qui est
déjà utilisé par le Canadien National. En fait les
problèmes qui ont été soulevés il y a une
cinquantaine d'années, par exemple, suite au passage de ce chemin de
fer, ne peuvent malheureusement pas être réparés. Au lieu
de ce qu'on propose, d'ouvrir un autre corridor et de détruire
complètement de nouvelles terres, on dit: Utilisez le corridor
déjà existant où les terres ont pratiquement
été détruites.
Il m'apparaît, à première vue, que ce tracé
semble logique, mais il a été rejeté par
HydroQuébec dans un rapport du 2 avril 1975 où on dit à la
page 2 ce qui suit, le rapport provient de M. Marcel Abran, directeur du projet
de lignes de transport, direction générale du génie et je
résume encore une fois: "Signalons qu'il est possible de dégager
une multitude de variantes de tracés de lignes de transport
d'énergie dans le territoire donné, mais que très peu
d'entre elles sont en harmonie avec leur vocation. C'est d'ailleurs ce que nous
avons constaté en prenant connaissance du tracé de lignes
proposé par votre association. "Afin de mieux illustrer notre
évaluation de ce tracé je veux être honnête,
je veux très bien préciser les objections d'Hydro-Québec
nous formulons à son égard les commentaires suivants: le
tracé proposé par l'Association des espaces verts du Mont Rigaud
ne respecte pas les grands ensembles agricoles de la région."
Je m'interroge énormément, puisque le tracé
proposé par Hydro-Québec ne respecte pas les grands ensembles
agricoles, car le tracé passe immédiatement à
l'intérieur des terres et il semble que ce soient les terres les plus
riches et celles qui sont bien organisées, alors que le tracé
qu'on propose se trouve être sur un territoire où il y a
déjà une coupure qui a déjà été faite
par la ligne du Canadien National. "Par contre, le milieu naturel
traversé par le chemin de fer du Canadien National a été
bouleversé vous voyez, on le constate même il y a
déjà près de 50 ans et cette perturbation souhaitée
peut-être à l'époque a été endiguée
par une forte organisation sociale grâce à laquelle un
équilibre s'est établi. Accoler une ligne de transport
d'énergie au chemin de fer du Canadien National détruirait ou
perturberait fortement c'est déjà perturbé, mais,
en tout cas les agglomérations de Sainte-Justine-Station,
Beaujeu, Saint-Polycarpe, Coteau-Station." On ne parle pas des perturbations
qu'on peut faire dans le secteur agricole dans le tracé choisi par
Hydro-Québec. "L'implantation du tracé de lignes proposé
par votre association perturberait donc une zone agricole très bien
structurée où le chemin de fer joue un rôle actif. Elle
affecterait un paysage bucolique de haute qualité et ce tout en
augmentant la longueur de la ligne Chénier-Châteauguay de 11
milles, ce qui accroîtrait ces impacts. "De plus, ce tracé
perturberait un secteur d'une longueur de dix milles entre Coteau Station et
Les Cèdres, secteur où les autoroutes, les centres domiciliaires,
les centres commerciaux sont nombreux et en pleine expansion et où les
zones de villégiature et de récréation occupent une place
importante."
Je disais tout à l'heure que l'Association des espaces verts du
mont Rigaud était une association sérieuse puisqu'elle a
demandé à plusieurs experts de préparer des
mémoires concernant le tracé d'Hydro-Québec. Je pense que
les membres de la Commission d'Hydro-Québec connaissent très bien
M. G. Millette, diplômé en agronomie, qui semble avoir
été consulté à plusieurs reprises par
Hydro-Québec. Voici ce qu'écrit M. Millette dans son rapport
du... Je ne trouve pas de date, M. le Président, c'est un rapport qui a
été présenté à l'association des espaces
verts. M. Millette écrit ce qui suit: "Si donc on doit opter en faveur
des terres agricoles" après avoir analysé si on devait
opter en faveur des terrains boisés ou des terres agricoles, M. Millette
en arrive à ceci "11 est nécessaire de bien analyser
toutes les alternatives possibles et leurs conséquences avant de prendre
une décision sur le tracé final de la ligne. A ce point de vue,
le rapport présenté par les experts d'Hydro-Québec est
tellement rudimentaire qu'il convient de rappeler en quoi consisterait un
travail adéquat pour justifier le choix d'un tracé de ligne dans
Vaudreuil-Soulanges". Je vous fais grâce, M. le Président, des
éléments qui devraient entrer dans une étude
complète d'un tel tracé; nous demanderons, tout à l'heure,
à Hydro-Québec si ces différents éléments
ont été analysés.
M. Millette termine en disant ceci: "En résumé, on
peut dire que les projets présentés par Hydro-Québec
jusqu'à maintenant sont rudimen-
taires et incomplets parce qu'ils ne couvrent pas suffisamment de
tracés qui offrent des alternatives intéressantes, et que,
même avec des alternatives additionnelles, les études devraient
être complétées avec les études requises ci-haut
mentionnées, pour justifier la décision qui devrait être
prise.
Il y a eu aussi un autre consultant, M. Marc Dancause, de la firme Marc
Dancause et Associés, ingénieurs-conseils et
arpenteurs-géomètres, de Montréal et Toronto. Dans une
lettre qu'il fait parvenir à M. Germain Roy, il écrit ceci: "A
mon point de vue, le tracé suggéré par l'association, qui
suit la frontière entre l'Ontario et le Québec est de beaucoup la
plus valide sur le plan d'aménagement intègre du territoire en ce
qu'il ne vient pas effectuer une autre coupure transversale dans un secteur qui
a le mérite d'être une entité géographique
réellement distincte."
A la page 2, il écrit: "A mon titre d'urbaniste et
d'ingénieur, ayant, au cours de ma carrière, eu largement
à m'occuper de l'implantation de corridors de ce genre pour les chemins
de fer, les routes et d'autres faits, de plus, au courant des
difficultés d'aménagement rationnel, une fois les
propriétés affectées par un corridor placé avec si
peu de discernement quant aux effets éventuels et au coût global
économique lors d'autres développements et aménagements,
je favorise un parcours qui longerait, pour la plus longue distance possible,
la frontière de l'Ontario."
En conclusion, à la page 3, il écrit: "L'important, pour
le moment, c'est de retarder de quelques semaines le processus d'expropriation
par tout procédé légal qui puisse vous être offert.
Je suis cependant en position, pour l'étude plus approfondie,
d'établir que le parcours suggéré par Hydro-Québec
n'a définitivement pas tenu compte des dommages éventuels
à l'aménagement rationnel du territoire dans son ensemble."
J'ai aussi un rapport de M. Jacques Landry, agronome et conseiller
régional en économie au ministère de l'Agriculture du
Québec, région sud-ouest de Montréal, qui a
été présenté au comité, en date du 9 avril
1975. Dans son rapport, M. Landry expose les problèmes que peuvent
susciter rétablissement de lignes de transport en pleine région
agricole, surtout dans les territoires agricoles les plus productifs, puisque
de plus, écrit-il, il ne faut pas oublier que la superficie totale du
Québec est 335.5 millions d'acres de terre, tandis que l'agriculture
disposait, en 1971, seulement de 6.5 millions d'acres de sol
défriché, soit 1.84% de l'ensemble de la superficie du
Québec.
Cette superficie défrichée ne représente que 6% de
la superficie canadienne défrichée. Aux Etats-Unis, la seule
production de maïs-grain occupait, en I974, 67.5 millions d'acres, ce qui
indique la faible dimension de cette ressource au Québec.
En conclusion, M. Landry écrit ce qui suit: "En soi dit-il
une ligne de transport d'énergie électrique avec ses
pylônes et ses fils à haute tension suspendus dans les airs
constituent pour quelque paysage que ce soit un élément nouveau
et artificiel et il est évident que la ligne reliant le poste
Châteauguay au poste Chénier aura un impact sur le milieu qu'elle
traversera. De plus, il est bien évident, qu'Hydro-Québec doit
construire les postes et les lignes de transport d'énergie quelque part
sur le territoire québécois." On ne conteste pas cela. "Nous
croyons cependant écrit-il qu'il y a lieu de minimiser les
impacts négatifs et de maximiser les avantages au passage d'une ligne
tout en respectant la vocation intrinsèque de chaque partie du
territoire. Pouvons-nous dit-il nous permettre, en tant que
société organisée, de gaspiller indéfiniment nos
meilleurs sols agricoles et placer ainsi les générations
présentes et futures devant une pénurie possible d'aliments?"
Il y a eu aussi le Conseil de l'environnement du Québec, qui, on
le sait, est rattaché, en vertu de la loi 34, je pense, de I973 au
ministère de l'environnement, si on peut encore parler d'un
ministère de l'environnement, dont le ministre, M. Goldbloom, est
responsable. Dans une rencontre justement qu'ont eue les représentants
du Conseil de l'environnement du Québec avec les représentants de
l'Association des espaces verts du mont Rigaud, on constate ce qui suit, tel
que publié dans Le Devoir du samedi 24 mai I975: "Le porte-parole des
protestataires, Me Philippe Clément, a officiellement demandé au
conseil de proposer au gouvernement des procédures qui
réduiraient les pouvoirs absolus et discriminatoires des organismes
comme l'Hydro-Québec en matière d'expropriation." D'ailleurs, le
titre de l'article est ceci: "Le Conseil de l'environnement paraît
favorable à une modification du tracé." M. Bundock a
rappelé président du Conseil de l'environnement du
Québec que le Conseil consultatif de l'environnement
prépare depuis un an un livre blanc sur la procédure suivie...
sur la procédure à suivre, dis-je, pour définir les
tracés des corridors d'énergie, un problème qui devient de
plus en plus aigu. On le cite textuellement: "Nous avons examiné tout ce
qui existe et toutes les études faites à cet égard
à la grandeur du Canada et nous allons déposer notre livre blanc
dans cinq ou six semaines. Malgré le fait que le Conseil consultatif de
l'environnement n'ait pas de budget pour la recherche, on a réussi
à se pencher sur le problèmes des lignes de transport." Sans
vouloir lever prématurément le voile sur le contenu de ce
rapport, M. Bundock a affirmé qu'il proposerait certainement une
procédure de consultations publiques et d'audiences officielles comme
cela se fait couramment en Ontario et aux Etats-Unis.
C'est que le Conseil de l'environnement du Québec a pris en
délibéré les contestations qui ont été
faites par l'Association des espaces verts du mont Rigaud et doit, d'ici une
quinzaine de jours, selon l'information que je possède, présenter
un rapport. Pendant ce temps, Hydro-Québec ne s'est pas
arrêtée, elle continue ses ravages.
Plus que cela, ce mouvement ne s'est pas limité aux experts que
je viens de citer, mais on a même consulté un spécialiste
en la matière, soit M. Mackenzie qui est membre du Comité des
ressources renouvelables. M. Mackenzie en arrive à peu près aux
mêmes conclusions que les autres
spécialistes. Je donne simplement le résumé
d'ailleurs, il y a deux études dont l'une est assez longue qu'il
a fait de la première étude, en tout cas, où on dit:
"L'impact écologique des lignes hydroélectriques se fera moins
sentir sur les terres agricoles que sur les terres boisées. L'impact
économique sur les terres agricoles peut être minimisé.
Des tracés proposés, celui qui longe la frontière
ontarienne entame moins de terres valables pourvu que soit utilisée la
servitude existant déjà le long des lignes
hydroélectriques ou la voie ferrée de la fin de ce tracé
proposé jusqu'à sa destination finale.
Il y a peu de différence en ce qui concerne les classes des
terres agricoles traversées par les tracés d'Hydro-Québec
et espaces verts. Cependant, il y a une chose, c'est que le tracé
proposé par le comité des espaces verts semble toucher beaucoup
moins aux terres agricoles que celui proposé par
Hydro-Québec.
Enfin, je voudrais simplement, comme référence, vous
souligner qu'en Ontario, tel qu'on le précisait tout à l'heure
dans l'article du Devoir, comme dans l'Etat de New York et aux Etats-Unis,
aucun tracé des lignes hydroélectriques n'est
décidé sans, au préalable, permettre la consultation de la
population.
D'ailleurs, dans une de ces consultations, un expert médical,
bachelier en physique de St. Joseph College, Philadelphie, etc., biologiste et
tout ce que vous voudrez... Je ne vous le donne pas en anglais parce que...
M. Malouin: On ne comprendrait rien.
M. Lessard: C'est ça, les filles du journal des
Débats ne comprendront pas ma prononciation et je n'en ai pas de
complexe, M. le Président. C'est le rapport Marineau où on
précise qu'on a fait des études de l'influence
hydroélectrique sur certains animaux tels que les rats et autres et
où on constate qu'il peut y avoir des conséquences
néfastes sur la santé de ces animaux.
Alors, comme l'homme est un animal raisonnable, il est donc possible
qu'il y ait des conséquences assez importantes sur la santé des
gens si on utilise des territoires qui sont assez urbanisés.
Hydro-Québec a répondu à ce rapport par le rapport
Cavalius, je pense. Je ne possède pas ce rapport; cependant, j'aimerais
bien qu'Hydro-Québec le dépose.
Voilà donc, en résumé, la situation qui
prévaut actuellement en ce qui concerne la région et c'est
un début de Vaudreuil-Soulanges.
Jusqu'ici, les citoyens n'ont réussi à se faire entendre
ni en prenant des procédures légales, ni auprès du
gouvernement, ni auprès d'Hydro-Québec et, malgré les
protestations, HydroQuébec continue tout simplement ses travaux. C'est
en ce sens, semble-t-il, que M. DeGuise parlait de consultation.
Or, M. le Président, ce n'est pas à HydroQuébec que
je vais m'en prendre aujourd'hui, mais, mes revendications, je les fais
auprès du gouvernement. Il appartient, en effet, au gouvernement et non
pas à Hydro-Québec de protéger l'environnement.
Ce que je prévois, c'est qu'à la suite des protestations
soulevées par un organisme qui s'est constitué, à savoir
l'Association des espaces verts du mont Rigaud, d'autres se soulèveront
probablement lorsque l'on verra arriver ces lignes de transmission dans la
région de Montréal et lorsqu'on voudra établir la ceinture
autour de la région de Montréal.
En conséquence surtout des résultats néfastes que
ça peut comporter à la fois sur l'agriculture, l'écologie
et malgré ce que le président d'Hydro-Québec pourra me
dire concernant la Jacques-Cartier, je pense qu'il y a des territoires qu'il
vaut la peine, sur le plan économique comme sur le plan
écologique, sociologique ou sur d'autres plans, qu'il vaut la peine de
conserver, malgré ce que pourra dire, sur le plan économique,
Hydro-Québec et sur ce, il appartient au gouvernement du Québec
de les protéger.
Motion de M. Lessard
M. Lessard: J'ai donc l'intention, en terminant, de soumettre
cette motion et je suis assuré, je l'espère en tout cas, que le
ministre des Richesses naturelles, comme les membres du gouverne- ' ment, vont
m'appuyer puisque, probablement... Je ne sais pas s'il y a ici des
députés de la région de Montréal, j'aurais bien
aimé que le député de Vaudreuil-Soulanges soit
présent, M. Phaneuf, mais il semble qu'il n'ait pas donné
réponse à l'Association des espaces verts du mont Rigaud de
Vaudreuil-Soulanges.
J'espère que ces députés de la région de
Montréal vont appuyer cette motion puisque eux-mêmes pourront
être aux prises avec le problème que je viens de soulever.
Je voudrais simplement, avant de faire ma motion, simplement vous dire
que ce document, ce volume consiste en une étude de l'environnement pour
choisir les corridors de lignes hydroélectriques dans la province de
l'Ontario, en fait. J'avais une étude semblable dans l'Etat de New York,
qui est encore plus épaisse que celle-là.
Ce que je veux souligner, c'est qu'en Ontario comme aux Etats-Unis, on
n'accepte pas qu'une société hydroélectrique puisse
perturber des territoires, selon sa propre décision, sans aucune
consultation. On organise des séances publiques où la population
peut se faire entendre.
Or, M. le Président, malgré l'échéancier
dont on pourra parler, et je pense que cela rejoint un peu ce que soulignait
tout à l'heure le député de Drummond, étant
donné qu'on en viendra aux lignes de transmission vers 1979 dans la
région habitée de Montréal, il est sans doute possible de
pouvoir consulter la population.
M. le Président, étant donné ce problème que
je viens de soulever, étant donné la non-consultation
d'Hydro-Québec, étant donné les non-réponses de
différents ministères du gouvernement, je souhaite que la motion
que je vais faire soit appuyée, et que nous soyons unanimes, M. le
Président, à formuler le voeu que cette commission exprime
que la question de la localisation des nouvelles lignes de transport
d'électricité et des mécanismes de consultation de la
population à ce sujet fasse le plus tôt possible l'objet d'un
examen d'une commission parlementaire.
M. le Président, je ne discute pas de la recevabilité de
cette motion. Je veux tout simplement vous dire qu'il s'agit d'un voeu que
cette commission parlementaire peut faire au gouvernement. Il nous appartiendra
par la suite d'intervenir auprès du gouvernement pour que ce voeu soit
respecté, exactement de la même façon que lorsque des
citoyens se sont regroupés pour protéger les espaces verts de la
Jacques-Cartier, il y a eu une commission parlementaire pour étudier le
problème de cette rivière. Je pense qu'il serait tout à
fait normal, nécessaire même, M. le Président, qu'une
commission parlementaire puisse se réunir pour étudier, au moins
comme minimum, les corridors des lignes de transport qui devront être
construites dans la région de Montréal, puisque cela peut avoir
des conséquences non seulement sur la santé des gens, comme je le
disais, mais sur l'écologie, sur l'agriculture et sur tous les aspects
sociaux, sur l'économie d'une région, etc.
M. le Président, je vous soumets cette motion, j'espère
qu'elle pourra être appuyée par les membres de cette commission
parlementaire.
Je suis prêt à les accepter, M. le Président, si
Hydro-Québec a des explications, mais les explications, je les demande
d'abord au gouvernement. Hydro-Québec a la responsabilité de
fournir de l'électricité au moindre coût possible. On sait
que son budget, M. le Président, est très faible pour la
protection de l'écologie. Ce n'est pas sa propre responsabilité,
mais je voudrais simplement souligner... En tout cas, je ne l'ai pas, mais le
président de la Société d'énergie de la baie James
en faisait mention, hier, le budget est assez faible, mais je pense que c'est
la responsabilité du gouvernement de voir au respect des territoires
québécois.
M. Massé: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Je pense bien qu'il
faudrait que j'intervienne à ce moment-ci. Il faudrait que j'attire
l'attention des membres de la commission sur cette motion-ci, et je voudrais
que la commission puisse aussi comparer la présente motion à
celle qui a été présentée hier par un autre membre
et je l'ai refusée.
De toute façon, cette motion-ci, je la considère comme
recevable, puisque c'est une demande faite par un membre de la commission, que
cette commission, en dehors des cadres de l'étude ou de notre mandat
spécifique d'aujourd'hui ou de demain, se réunisse pour discuter
d'un problème beaucoup plus large.
J'exprime le voeu que la question de la localisation des lignes de
transport d'électricité, mécanisme de consultation de la
population à ce sujet fasse le plus tôt possible... Et on ne
détermine pas... Tandis qu'hier, la résolution... et une des
raisons qu'on apportait, à l'intérieur d'un mandat bien
spécifique, était d'entendre immédiatement quelqu'un qui
ne faisait pas, en réalité, partie du mandat.
Dans ce cas, je considère que la motion est recevable.
Maintenant, je laisse aux membres de la commission de faire leurs
commentaires.
M. Massé: D'abord, je voudrais dire qu'Hydro-Québec
depuis un certain temps se préoccupe, je pense, peut-être depuis
Champigny et peut-être avant aussi, des questions d'environnement.
Je ne voudrais pas qu'on aie l'impression qu'à
Hydro-Québec et à la Société d'énergie on ne
se préoccupe pas de ces problèmes, mais je sais aussi qu'une
réglementation, à ce qu'on m'a dit, n'étant pas
responsable de ces problèmes, est en préparation au service de
l'environnement sous la responsabilité du ministre Goldbloom.
Le député de Saguenay a mentionné une foule de
documents à l'appui de sa motion. Je voudrais souligner, d'une part, une
préoccupation que tout citoyen a de plus en plus celle de
préserver l'environnement. Il y a aussi, à ce qui semble, des
valeurs écologiques qui sont difficilement comparables à des
valeurs économiques, mais, d'autre part, je dois dire que le cas de la
ligne Châteauguay, la ligne américaine, a fait l'objet d'un
examen, de la part d'un comité qu'on appelle le comité
d'aménagement du territoire qui relève de l'Office de
planification et de développement du Québec.
De plus en plus, Hydro-Québec a des relations avec ce
comité et je pense qu'il y a même eu une entente je ne sais
pas si M. DeGuise pourrait peut-être l'infirmer ou... qu'à
l'avenir, tout projet de ligne de transmission soit soumis à cet
organisme.
M. Lessard: Quel comité?
M. Massé: Le comité d'aménagement du
territoire. D'autre part, j'aurais aimé qu'on puisse, avant de discuter
de cette motion, savoir d'Hydro-Québec quels sont les projets
alternatifs qu'elle a envisagés, par exemple, dans le cas du mont
Rigaud, sans venir à la...
M. Lessard: Je l'ai souligné, je pense. Cette motion peut
venir à la fin de la discussion. Je suis bien disponible...
M. Massé: D'accord.
M. Lessard: Laissons-la sur la table, si vous voulez.
Le Président (M. Séguin): Je voulais simplement me
prononcer, c'est-à-dire que le président se prononce sur la
recevabilité, ce qui est tout à fait normal, étant
donné qu'une décision hier a été prise au contraire
de ce que j'ai dit. Maintenant, je pense, avec le consentement du
député de Saguenay, qui a présenté cette motion,
que la commission, à la fin de ses travaux, formule cer-
tains désirs, certains voeux. C'est tout à fait normal en
ce qui concerne nos travaux de la commission des richesses naturelles. Alors,
avec le consentement...
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Séguin):... on peut
peut-être la laisser en suspens, sans écarter cette motion...
M. Lessard: C'est cela.
Le Président (M. Séguin): ... mais la reporter,
surtout s'il s'agit d'en faire un rapport. Si nous avons terminé nos
travaux, cela fera partie du rapport de cette commission.
M. Massé: J'aimerais savoir, de la part
d'Hydro-Québec, s'il y a eu des projets alternatifs. Je parle de la
ligne du mont Rigaud. Je ne sais pas comment vous appelez ...de la part des
municipalités qu'on a mentionnées tout à l'heure, cette
ligne qui passe à Vaudreuil-Soulanges.
M. DeGuise: Nous serions certainement prêts... D'abord, je
crois qu'il serait préférable de faire un exposé de la
méthodologie générale que nous avons suivie dans le
tracé des lignes et après, notre directeur de l'environnement
pourrait nous parler spécifiquement du cas des espaces verts ou de la
ligne Châteauguay-Chénier qui a fait l'objet d'études
très détaillées depuis sept ou huit mois. Probablement, il
y a eu des alternatives de considérées et il y a eu une foule de
spécialistes.
Les objecteurs et même ceux qui faisaient de l'opposition ne
pouvaient pas s'entendre, quelques-uns préféraient un
tracé, d'autres en préféraient un autre. C'est une des
grandes difficultés de la consultation de trouver un
élément de représentativité pour qu'on sache qui
représente la population de la région. Mais je laisse la parole
à notre directeur de l'environnement qui d'abord va nous faire un
exposé général de la méthode que nous suivons dans
la détermination d'un tracé je regarde l'heure, cela
pourrait être assez long et on pourrait aussi discuter à
fond la question des espaces verts ou la question de la ligne
Chénier-Châteauguay. Nous avons des cartes, nous avons tout le
matériel nécessaire, c'est suivant le désir de la
commission.
M. Perreault: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Ce n'est pas dans ce
contexte-là, M. DeGuise. Oui, le député de
l'Assomption.
M. Perreault: Je pense que... J'ai demandé la parole, M.
Lessard.
M. Lessard: ... un exposé global.
M. Perreault: M. le Président, en dehors de la motion, je
pense que l'endroit n'est pas choisi pour développer ce thème,
mais il y aurait deux endroits, soit une nouvelle commission parlementaire ou
une commission parlementaire qui pourrait avoir lieu lorsque la loi de
l'aménagement du territoire sera déposée par le ministre
Goldbloom.
M. Lessard: Entre-temps le problème, c'est
qu'Hydro-Québec continue ses activités.
M. Perreault: C'est cette année que cette loi est
déposée. Cela a été annoncé. A ce
moment-là il y aura une commission parlementaire qui va recevoir des
mémoires de tous les organismes consultants.
M. Lessard: En fait, cela ne prend pas six mois pour couper des
arbres. Si vous voyiez comment se fait une ligne de transmission, je vous dis
que cela va vite. Quand il va y avoir des mémoires, il faudrait que le
ministère décide de casser l'arrêté en conseil, de
suspendre les travaux et, par la suite, je serais d'accord pour attendre la loi
qui sera présentée. Surtout ce que je pense, c'est qu'il serait
absolument important qu'on ait une commission parlementaire pour
qu'Hydro-Québec puisse nous faire tout cet exposé
général et où, surtout, et c'est dans ce sens que je fais
ma motion, les différents groupes impliqués pourraient se faire
entendre et discuter avec HydroQuébec.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Drummond.
M. Malouin: M. le Président, je pense qu'il serait
peut-être intéressant d'entendre les gens d'Hydro-Québec
touchant plus particulièrement la ligne de transport, mais il reste une
chose, c'est que si on regarde la motion faite par le député de
Saguenay demandant qu'une commission parlementaire se penche sur des
problèmes de lignes de transport, si des commissions parlementaires
doivent siéger chaque fois qu'il y a des problèmes semblables, je
pense que ce serait un peu illogique. Il y a quand même des gens qui sont
mieux placés que les députés pour analyser les impacts au
niveau d'une région. Je pense qu'on pourrait peut-être souhaiter
qu'au niveau de la région, il se forme des groupes pour étudier
les questions de nouvelles lignes. Je vois mal que la commission parlementaire
se penche sur la localisation d'une ligne de transmission.
M. Lessard: Je pense qu'il appartient aux parlementaires, comme
députés, comme représentants de la population de
protéger l'espace en général, comme nous avons pris une
décision ensemble concernant la Jacques-Cartier. Il appartient au
gouvernement de déterminer des normes et des critères pour
établir ces tracés. Je comprends très bien que nous ne
sommes pas des experts dans ce secteur, mais lors des séances d'une
commission parlementaire, comme cela a été le cas lorsque nous
avons eu à étudier la Jacques-Cartier, ces experts que je viens
de citer ou d'autres experts pourront venir avec Hydro-
Québec à cette commission parlementaire pour
éclairer les députés. Vous parlez de groupes
concernés. Il arrive que des groupes concernés dans la
région, il y a déjà un groupe bien structuré, bien
organisé qui a démontré son sérieux, même
s'ils s'organisent pour protester auprès d'Hydro-Québec, le seul
changement qu'ils ont réussi à obtenir depuis peut-être un
an ou un an et demi de contestation, cela a été de sauver un
territoire de chevreuils. C'est le seul changement sur quelque 100 pieds.
Comment voulez-vous que ces groupes puissent gagner devant une
société comme Hydro-Québec? Il appartient, je pense, en
principe, comme en Ontario, comme aux Etats-Unis, aux parlementaires de
préciser un certain nombre de critères et de normes pour
protéger l'environnement. A ce moment-là, on fera parvenir
et là les motions pourront être recevables, M. le
Président, parce qu'on inclura dans l'ordre de l'Assemblée
nationale, l'ordre de convocation de la commission parlementaire, la
possibilité de convoquer des témoins.
On pourra faire alors des séances exactement, comme celles de la
Jacques-Cartier convoquer des témoins et la population pourra se faire
entendre sur le sujet.
M. Malouin: Le député de Saguenay nous a
montré tout à l'heure une étude faite par une firme de
l'Ontario. Je pense que ça peut être retenu, parce que ces gens
ont fait défiler des individus et des groupements, pour
déterminer le meilleur corridor possible.
M. Lessard: C'est le résultat des commissions...
M. Malouin: Je pense que je ne me sens pas qualifié pour
déterminer le meilleur corridor dans le cas de
Châteauguay-Chénier.
M. Lessard: C'est le résultat de la commission
parlementaire qui a siégé sur le sujet. Parlementaire.
M. Malouin: Non, pas parlementaire.
M. Lessard: Oui.
M. Malouin: Bien, étudiez-le comme il faut.
M. Lessard: Une commission parlementaire...
M. Malouin: Excusez-moi.
M. Lessard:... qui a étudié, parce qu'il y a une
loi en Ontario qui protège l'environnement, c'est la Loi concernant
l'Acte de l'environnement, 1975.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Montmagny-L'Islet et ensuite M. DeGuise, qui a un commentaire à
faire.
M. Giasson: M. le Président, devant la motion qui vient
d'être déposée devant nous, sans savoir quelle sera
l'attitude de chacun des députés membres de la commission sur la
décision à prendre à la face même de cette motion,
je crois qu'aujourd'hui, puisque nous avons parmi nous des représentants
d'Hydro-Québec et qu'en plus M. DeGuise nous a signalé que le
directeur de l'environnement d'Hydro-Québec est sur les lieux,
j'aimerais, si c'était possible, dans une période de temps pas
trop longue, entendre le directeur de l'environnement pour qu'on ait au moins
un aperçu, un petit tour d'horizon de ce qu'est la politique ou la
vision d'Hydro-Québec sur l'environnement, face à ce
problème que pose le passage de lignes hydroélectriques.
Si vous pensez être en mesure de pouvoir nous faire ce petit tour
de valse en dix minutes ou un quart d'heure, personnellement, ça me
plairait énormément. Mettons-en vingt.
M. DeGuise: Si c'est le désir de la commission, ça
peut être fait, il faudrait installer certaines cartes et j'en
profiterais, dans l'intervalle, pour faire quelques remarques sur le sujet en
général.
M. Morin: Très bien.
M. DeGuise: J'aimerais faire certains commentaires. Je ne suis
pas ou nous ne sommes pas, en principe, contre la référence au
tracé des lignes de transport à une commission
étrangère ou à un organisme pourvu qu'il y ait un pouvoir
de décision. Nous avons rencontré dernièrement le
président et tous les officiers supérieurs d'Hydro-Ontario. On
nous a exposé que des tracés de lignes entre certaines centrales,
c'est peut-être le rapport que vous avez en main, Nanticoke, Pickering,
Bruce, a été référé à une commission
spéciale, ça fait trois ans. C'était en 1972, et il n'y a
pas encore de décision. Le résultat est que, lorsque la centrale
nucléaire sera complétée, il y a de fortes chances que la
ligne ne soit pas là, et c'est M. Giroux qui y faisait allusion, je
crois, hier, et il y a la possibilité en outre d'une perte
matérielle, rien qu'en intérêt sur le capital investi, de
plusieurs centaines de millions de dollars.
M. Lessard: Pour la Jacques-Cartier, on a fait diligence.
M. DeGuise: Oui, mais je crois que, dans le cas des lignes de la
baie James, il n'y a pas d'alternative à ne pas faire de lignes, il va
falloir que les lignes passent quelque part et, où qu'elles passent,
vous allez avoir des protestations. Je défie qui que ce soit de trouver
un tracé qui soit à l'abri des protestations. Vous en aurez
toujours.
Il s'agit de chercher le lieu de moindre impact.
M. Lessard: On est convaincu de ça, il est certain qu'il
va y avoir des protestations.
M. DeGuise: II n'y a personne qui veut avoir ça à
sa porte.
M. Lessard: Une décision se prend à partir
d'un certain nombre de critères qui ne sont pas exclusivement des
critères économiques mais qui peuvent avoir des
conséquences sur le plan économique. D'après le
tracé que je vois, vous passez à l'intérieur des terres
existantes, complètement à l'intérieur, alors que vous
auriez eu la possibilité de passer par un corridor qui a
déjà été coupé sur le plan transversal par
les lignes du Canadien National et qui est déjà coupé du
nord vers le sud par la frontière de l'Ontario.
M. DeGuise: C'est ce dont nous allons discuter dans un instant,
mais nous avons consulté des experts qui nous ont dit qu'une ligne de
transport n'est pas une route, la culture peut se continuer en dessous de la
ligne comme si rien n'était. Ce n'est pas une destruction de
territoire.
M. Lessard: Le rapport Marineau?
M. Malouin: De quelle manière procédez-vous dans
des cas semblables, quand vous touchez les zones urbaines principalement ou,
dans le cas présent, comment avez-vous procédé pour
déterminer le meilleur corridor pour la ligne de transmission?
Avec les cartes, ça va aller mieux, mais quand même vous
aviez des groupes d'experts, pourriez-vous nous qualifier ces groupes d'experts
que vous aviez?
M. Galibois: Dans le cadre de cette étude, c'est une
étude qui a duré huit mois. Plus tôt, M. Lessard
mentionnait que nous avions peut-être choisi arbitrairement la zone
d'étude; au contraire, il y a eu une étude qui a
débuté en 1971 et 1972, sur l'utilisation du territoire, qui
comprenait l'ensemble du territoire, de la baie James jusqu'aux
frontières ouest et sud de la province jusqu'aux frontières
américaines. En partant des résultats de cette première
étude, nous avons pu déterminer quel était le territoire
d'étude pour la ligne Chénier-Chàteauguay. C'est une
étude qui a été dirigée par Hydro-Québec qui
a été secondée, dans cette étude, par deux
firmes-conseils, André Marsan et Associés et la deuxième,
Panasult.
Lorsque vous faisiez part des commentaires de M. Dancause,
j'étais pour le moins surpris, car le président de la firme
Panasult est l'ancien directeur général de la SATRA,
l'équipe qui, probablement, connaissait le mieux le territoire
affecté par l'aéroport de Mirabel.
Les disciplines impliquées dans l'étude pour
relever peut-être un autre point comprenaient des
écologistes de la faune, des écologistes forestiers,
pédologues-agronomes, architectes paysagistes, urbanistes,
économistes, géographes, aménagistes et ingénieurs.
Cette étude a impliqué des déboursés de l'ordre de
$250,000 et, évidemment, une grande partie de ces sommes est
consacrée à la constitution d'une banque de données, d'un
inventaire.
Au moyen des cartes, je demanderai à M. La-noue, un des chefs de
groupe à la direction de l'environnement, de mieux cerner le
problème, car il est assez difficile, je crois, de traiter de ces
questions sans faire appel à des cartes. Nous pourrons vous donner une
indication sur la méthodologie que nous avons utilisée, et sur
les critères qui ont servi dans cette étude.
Nous avons également eu l'occasion de rencontrer, il y a deux
semaines, le conseil consultatif de l'environnement; je crois qu'on a
reçu très favorablement les résultats de l'étude
qui s'est faite.
M. Lessard: Si vous avez rencontré le conseil consultatif
de l'environnement, seriez-vous prêt on parlait plus tôt
d'organismes de consultation à accepter la décision du
conseil consultatif de l'environnement à ce sujet?
M. Galibois: Je crois qu'Hydro-Québec a un mandat de
construire des lignes.
M. Lessard: C'est ça, vous faites des réunions,
mais vous décidez après.
M. Galibois: Je pense que c'est dans notre mandat aussi de
décider.
M. Lessard: Justement, je veux vous l'enlever. Le
problème, c'est que l'on va entamer cette discussion très
brièvement et on la laissera sur les tablettes par la suite. Je suis
prêt, parce que j'ai donné un certain nombre de positions,
à entendre brièvement Hydro-Québec. Cependant, l'objectif
de ma motion, c'est que l'on puisse vider véritablement le
problème, non seulement avec HydroQuébec, mais avec des citoyens
et des spécialistes parce que vous êtes... Je comprends que vous
allez me rapporter des spécialistes et toutes sortes de choses, etc.,
comme sur la question des conséquences écologiques de la baie
James. Hydro-Québec nous est arrivée... On n'a jamais voulu
accepter une commission parlementaire. Hydro-Québec nous a dit: Nous
avons étudié toutes les conséquences, tous les
problèmes, nous avons les spécialistes pour tout cela, et ainsi
de suite.
Ce n'est pas ce que je veux. Je veux qu'une commission parlementaire
vienne... Ce n'est pas moi qui vous contesterai, je ne suis pas
spécialiste dans le tracé des lignes de transmission, mais, que
nous ayons des spécialistes de l'autre côté de la table qui
viennent affirmer, préciser ou infirmer certaines déclarations
d'Hydro-Québec. C'est l'objectif de ma motion et je ne voudrais pas
qu'on la brûle parce qu'on accepte que quelques éléments
soient donnés.
M. Galibois: M. Lessard, nous avons étudié
soigneusement tous les témoignages...
M. Lessard: Je n'en doute pas. Vous étudiez toujours
soigneusement.
M. Galibois: Nous avons étudié soigneusement tous
les témoignages auxquels vous vous êtes
référé plus tôt. Je pense qu'il y a des choses qui
sont contradictoires, nous pourrons en parler assez longuement.
M. Lessard: Dans le cas de la Jacques-Cartier, vous nous aviez
dit exactement la même chose, que vous aviez étudié
soigneusement; nous avons consulté des gens, il y a des
spécialistes qui sont venus de l'autre côté de la barre et
enfin, il y a eu une décision qui s'est prise à l'encontre de
celle d'Hydro-Québec.
M. Galibois:... bonne décision?
M. Lessard: Dans l'hydroélectricité, je vous
comprends, il n'y a pas de problème, mais dans l'écologie, je ne
me fie pas à vous autres.
Une Voix: Non, mais on pourrait...
Le Président (M. Séguin): Celui qui sera pris avec
une décision tout à l'heure, je vois venir cette décision
qui ne fera plaisir à personne, qui sera peut-être un peu injuste
envers tout le monde... Je voudrais prévenir cela. J'ai un mandat, la
commission a un mandat d'entendre Hydro-Québec sur des points concernant
l'administration d'Hydro-Québec. Hier, j'ai dû rejeter, pour
entendre à notre séance, à cette convocation-ci, la venue
de toute autre ou tierce personne, si vous voulez, pour intervenir dans le
débat, puisque c'était strictement Hydro-Québec.
Si, une fois qu'Hydro-Québec aura fait la présentation, un
membre de la commission ou des membres de la commission ou que la commission me
demande ou demande d'entendre d'autres personnes, nous dépassons notre
mandat. Je pense que nous étions d'accord tout à l'heure sur ce
que le parrain de la motion a dit, à savoir que nous attendrons pour
présenter notre motion comme une résultante, un désir, un
voeu exprimé par la commission à l'occasion de notre rapport.
Il n'y a rien qui n'empêche le ministre de convoquer une
assemblée, une rencontre. Je pense bien qu'il n'y a rien contre cela, du
moment qu'il sera au courant des travaux intersessionnels en ce qui concerne le
leader parlementaire du gouvernement. Cela se fait en coordination avec les
leaders des différents partis.
M. Lessard: Sur ce point, M. le Président, je crains
que... Hydro-Québec a toujours l'habitude de tenter de nous
impressionner. Quand elle ne peut pas nous inviter à un cocktail, elle
arrive avec de jolies maquettes. On se rappelle justement que, sur la
Jacques-Cartier, nous avons eu une jolie maquette qui était très
bien faite, très bien préparée par des
spécialistes, etc. A première vue, tout le monde était
heureux, tout le monde était content. C'est lorsqu'on en a
discuté et qu'on a analysé en profondeur toute cette maquette que
les problèmes se sont soulevés et, en fait, que les membres de la
commission parlementaire ont recommandé certaines choses. C'est le jeu
qu'on se prépare probablement pour essayer d'obnubiler ou d'endormir les
membres de la commission. Le principe, toujours sur la motion je pense
que vous l'avez très bien compris, M. le Président c'est
qu'une commission parlementaire puisse siéger sur ce problème et
que les citoyens, comme les groupes organisés, comme certains
spécialistes puissent se faire entendre à l'égal des
spécialistes d'Hydro-Québec.
M. Massé: M. le Président, on ne discute pas sur la
motion?
Le Président (M. Séguin): Dans le moment, non.
Mais, en arrière de moi...
M. Massé: Ce que j'avais posé comme question aux
gens d'Hydro-Québec c'était s'il y avait eu des études de
projets alternatifs. Evidemment, je ne m'attendais pas à un
déploiement aussi important.
Le Président (M. Séguin): Voici ce qui arrive,
messieurs. Je suis dangereusement près de prendre part à un
débat auquel le règlement ne me permet pas de prendre part; mais,
quand même, pour la bonne marche de nos travaux, je dois tout de
même faire un commentaire et c'est celui-ci: Est-ce que, par exemple, il
y a d'autres endroits dans la province où la chose se fait? Je l'ignore.
Est-ce que nous sommes injustes vis-à-vis d'autres en entendant
l'exposé d'un groupe ou d'un secteur en particulier? Je pense que la
motion et le voeu exprimé par celui qui a proposé la motion sont
tout à fait justes. Que cette commission, avec l'assistance du secteur
de l'environnement, si vous voulez que ce soit une commission mixte, des
Affaires municipales, cela ne me regarde pas, puisse demander et inviter
Hydro-Québec et ses spécialistes en la matière, mais non
pas retenir ici toute une foule de personnes qui ne se rattachent pas à
ce problème.
A ce moment-ci, nous étions sur la question transmission. En
théorie, je pense que cela s'applique, cette question, mais c'est un cas
isolé; un cas minime si on considère tout le problème qui
peut exister au point de vue de transport de la baie James ou d'autres secteurs
de la province. Je demanderais tout simplement... Je ne voulais pas
interrompre, mais, au fur et à mesure, on m'installait un tableau en
arrière de moi. Je me rends compte tout d'un coup qu'on a toute une
préparation de faite. Très bien, Je dis tout simplement: Que
cette préparation soit rapportée à une autre convocation,
à une autre rencontre de l'assemblée, de la commission
élue des richesses naturelles.
A ce moment-là, on ne convoquera pas tout le personnel
d'Hydro-Québec ou à peu près ou les personnages
clés, mais simplement ceux qui ont des responsabilités dans les
expropriations, les servitudes, le tracé des routes, etc. Ce serait ce
secteur-là.
Peut-être que le ministre aura l'occasion, entre-temps, d'en
discuter avec les parties en cause, y compris le leader du gouvernement, pour
fixer la date. Je pense que ce n'est pas contraire à ce que nous voulons
faire.
Maintenant, et c'est mon mot de la fin, si vous le voulez, en ce qui
concerne ce débat, est-ce qu'Hydro-Québec, tout en ayant ces
tracés, ces
raisons, ces explications, a déjà commencé les
travaux sur cette ligne-ci?
M. Galibois: Les travaux d'implantation du tracé sont
commencés.
M. Lessard: II ne s'agit pas de tout détruire mais je veux
simplement dire que je suis complètement d'accord avec vous sur
l'interprétation de ma motion d'autant plus que, dans l'esprit de ma
motion, il était entendu que d'autres groupes puissent se faire entendre
alors que là nous allons entendre strictement un seul groupe.
Le Président (M. Séguin): Ce n'est pas souvent que
nous sommes d'accord, mais nous le sommes là-dessus.
M. Lessard: Nous sommes d'accord sur ça, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, au lieu de
discuter spécifiquement, si vous voulez discuter, à propos des
lignes de transport, comment se fait le travail d'Hydro-Québec, je suis
fort aise de l'entendre, mais je voudrais aussi qu'on touche le problème
des transports hydroélectriques, en ce qui concerne Hydro-Québec,
les transports en ce qui concerne le projet de la baie James ou d'autres
secteurs, que ce soit Manic 5, Manic 3, ou n'importe quel autre secteur sur
lequel les membres voudraient poser des questions. Mais j'hésite, non
seulement j'hésite, mais je ne crois pas qu'il soit opportun de
commencer à l'intérieur de cette commission-ci sur
l'administration d'Hydro-Québec un débat bien spécifique
et un tel montage à cause de l'injustice qui existerait dans le cas
d'autres secteurs où on aurait un problème semblable, et
probablement que les travaux de lignes de transport d'Hydro-Québec ne
sont pas isolés ou rendus au point que c'est le seul projet en marche
à ce moment-ci. Alors, il y a peut-être d'autres
problèmes.
M. Lessard: S'il n'y en a pas d'autres, M. le Président,
il va y en avoir parce que toute la région de Montréal va
être entourée d'une ceinture de lignes de transport
hydroélectrique. Là encore il va y avoir des protestations et,
à ce moment-là, l'autre groupe reviendra et dira: Nous autres,
nous sommes pris dans un problème et nous demandons la convocation d'une
commission parlementaire.
Je pense qu'il serait tout à fait normal que la convocation d'une
commission parlementaire soit faite et que tous les groupes
intéressés puissent se faire entendre avec
Hydro-Québec.
M. Massé: C'est assez embêtant pour vous, je vous
comprends. D'autre part, on a invité les gens de l'Hydro-Québec
pour les entendre sur toute question qui concerne leur administration.
Moi j'avais demandé si vous aviez examiné des projets
alternatifs. C'était bien simple, je ne pensais pas qu'on en arriverait
à un déploiement semblable.
Ne pouvez-vous pas répondre à ma question sans...
M. DeGuise: Est-ce que je comprends que c'est le désir de
la commission que nous nous en tenions à un exposé de la
méthodologie générale sans nous référer
à aucun cas particulier?
Le Président (M. Séguin): Je ne suis pas certain de
ce que le ministre avait en tête lorsqu'il a posé sa question.
M. Massé: C'est par rapport aux problèmes
soulevés par certains citoyens dont le député de Saguenay
a lu un certain nombre de résolutions et de documents concernant les
espaces sous la ligne de transmission qui passe à Rigaud.
M. DeGuise: Nous avons une carte avec les alternatives, si
ça répond exactement à la question que vous posez, on peut
la montrer.
M. Massé: Est-ce que je pourrais poser une question
peut-être en attendant? Quel est le nombre d'employés à la
direction de l'environnement à Hydro-Québec?
M. Galibois: En fait, à l'intérieur il y a une
quarantaine d'employés permanents. Présentement, il y a environ
25 employés temporaires dont la majorité sont des
étudiants. Maintenant, pour les travaux d'environnement, si on inclut
les gens de l'extérieur, des firmes-conseils, il doit y avoir entre 125
et 150 personnes qui travaillent sur des études d'environnement. Tout
à l'heure, on a montré un rapport d'impact d'environnement. Je
pense que les études et les rapports qui se font présentement
sont d'une qualité égale ou peut-être supérieure
à celles qui se font dans les provinces voisines ou dans les Etats
voisins.
M. Massé: Ce qui veut dire que c'est le service
d'Hydro-Québec qui est responsable d'étudier l'impact, par
exemple, des lignes de transport qui viendront de la baie James.
M. Galibois: Oui. Le budget de cette année, pour la
direction de l'environnement, c'est de $4 millions. Cela ne comprend pas les
sommes qu'Hydro-Québec doit consacrer pour la protection de
l'environnement, les mesures qui doivent être prises pour protéger
l'environnement, ces sommes étant portées aux comptes de chacun
des projets spécifiques.
M. Lessard: Mais c'est pour l'ensemble des projets
d'Hydro-Québec, $4 millions?
M. Galibois: Ces $4 millions sont seulement pour les
études.
M. Lessard: Cela représente quel pourcentage, par rapport
au budget total d'Hydro-Québec?
M. Galibois: C'est 1%, ce qui est dans les normes, si on compare
aux dépenses qui se font
au niveau des études dans les autres provinces ou aux Etats-Unis,
je pense que c'est un ordre de grandeur raisonnable.
M. Lessard: ... au ministère de l'Environnement.
Une Voix: Voulez-vous procéder à l'explication?
M. Galibois: Oui, peut-être que M. Lanoue pourrait
expliquer les différentes possibilités, les différentes
variantes de tracés qui ont été
générés au cours de l'étude de l'environnement.
M. Lanoue (Roger): Roger Lanoue. Si j'ai à me limiter
simplement à l'exposition des divers tracés qui ont
été considérés, vous les avez illustrés sur
cette carte-ci. Pour vous situer un peu, vous avez l'ouest de l'île de
Montréal, l'Ile Perrot, l'Outaouais, qui descend comme ceci, et le
Saint-Laurent, par ici, avec l'îe de Valleyfield. Le but de
l'étude était de trouver un tracé de moindre impact sur
l'environnement entre le poste Chénier situé près de
l'aéroport de Mirabel, et le poste de Châteauguay, près de
la centrale de Beauharnois.
C'est peut-être plus clair, pour ceux qui sont loin, sur cette
carte-ci, le poste de Châteauguay, près de la centrale de
Beauharnois, le canal et les postes Chénier, l'aéroport de
Mirabel étant dans ce coin-ci.
Je prends deux minutes pour exposer, en gros, la méthodologie,
à savoir une analyse de tous les éléments de
l'environnement: agriculture, boisé, faune, urbanisation et aspect
visuel.
Après avoir quantifié chacun de ces aspects, du point de
vue de l'environnement, on a déterminé certains critères
de localisation, une vingtaine de critères de localisation
spécifiques à chacun des éléments de
l'environnement, pour identifier les tracés acceptables, du point de vue
de l'environnement, pour pouvoir, ensuite, les comparer en les évaluant
par rapport au développement prospectif de la région, de
même qu'en quantifiant chacun des impacts locaux en les additionnant,
pour finalement en arriver à un choix.
Sur cette carte-ci, ce sont les tracés étudiés, qui
ont été évalués, il y a 17 variantes en tout. La
contrainte majeure, qui déterminait quels tracés on pouvait
choisir, était la traversée de la rivière Outaouais. En
effet, moins la passe d'un cours d'eau est longue à traverser, plus
c'est techniquement faisable. En particulier, il y avait, sur l'Outaouais, la
possibilité de traverser de Oka à Hudson, qui était le
coin le moins large de l'Outaouais, pour des raisons assez évidentes au
point de vue de l'utilisation du sol et de l'utilisation par la population de
ce territoire au point de vue touristique et récréatif. Il n'y a
aucune variante qui a été identifiée ici.
Deuxièmement, il y avait la Pointe-aux-Anglais qui impliquait six
pylônes de 350 pieds en plein milieu du lac des Deux-Montagnes qui est
ici. Pour des raisons encore assez évidentes du point de vue visuel,
pour toute la villégiature installée autour du lac des
Deux-Montagnes, nous avons rejeté cette solution.
Il y a une troisième solution qui passait sur les îles de
Carillon entre Rigaud, le mont Rigaud étant ici et le mont
Saint-André étant dans ce coin-ci et la villégiature de
Saint-André dans ce coin-ci. Ce choix impliquait de passer dans les
zones de villégiature de Rigaud, de passer dans la municipalité
de Rigaud et traverser les îles de Carillon qui sont un coin
écologique relativement sensible pour rejoindre d'autres lignes de
transport déjà existantes ici. Enfin, il y avait la
traversée près du barrage de Carillon. Il y en a quelques-unes
ici qui sont indiquées. Le barrage de Carillon étant ici, la
limite Québec-Ontario étant le long de cette ligne.
Les conséquences sur le tracé retenu sont
identifiées. Il y a, évidemment, certaines conséquences
sur l'environnement du tracé retenu. Tout tracé peut avoir des
conséquences. Il pourrait y avoir trois cents possibilités
d'illustrées sur le tableau que j'ai à côté de moi,
mais après analyse d'une dizaine de mois des divers spécialistes
et la quantification de chacune des conséquences, d'après le
jugement professionnel de l'équipe qui a travaillé sur le projet,
de même qu'après une évaluation plus globale à
l'aide des ministères qui ont été consultés, c'est
le tracé qui a été retenu comme étant celui de
moindre conséquence, passant ici pour le Saint-Laurent, près des
Cèdres et passant au sud du mont Rigaud en faisant le tour et en allant
passer près du barrage de Carillon pour se rallier au poste
Chénier.
M. Lessard: Est-ce la même démonstration que vous
avez faite devant le conseil consultatif de l'environnement?
M. Lanoue: Exactement.
M. Lessard: Alors, si vous avez fait cette même
démonstration, comme il s'agit probablement de spécialistes,
aussi au conseil consultatif de l'environnement ce sont des spécialistes
en écologie en tout cas, je le présume pour-rais-je
reprendre la même question, étant donné que vous avez eu
l'occasion et que je ne me considère pas comme un spécialiste,
étant donné que vous avez fait cette démonstration,
probablement encore plus élaborée au conseil consultatif de
l'environnement et que vous avez eu tout le temps nécessaire et les
documents nécessaires pour pouvoir faire cette démonstration,
seriez-vous prêt Hydro-Québec à accepter la
décision du conseil consultatif de l'environnement? Oui ou non?
M. Galibois: Je pense qu'on pourrait en discuter avec lui.
M. Lessard: Vous étiez prêt à en discuter
avec la population. Vous étiez prêt à en discuter avec le
conseil consultatif de l'environnement. Mais c'est là où
s'arrête la consultation. Vous consultez pour la frime et après
cela, bonjour la visite...
M. Galibois: Ce n'est pas pour la frime. D'ailleurs, je pense
qu'on peut vous donner une illustration là-dessus. Je pense qu'on a
recherché l'avis d'un grand nombre de spécialistes, non seulement
auprès de nos consultants, mais également aussi auprès des
ministères et le tracé qui a été retenu est loin
d'être le tracé le moins coûteux.
Si nous avions retenu le tracé qui comporte la traversée
d'Oka, nous aurions peut-être dépensé $16 millions alors
que nous devons dépenser $7 millions de plus pour prendre le
tracé du barrage de Carillon.
Je pense que notre groupe et Hydro-Québec sont prêts
à écouter les représentations et les vues et tenir compte
des vues de tous les gens, mais je pense que cela sera toujours impossible,
dans de telles études, d'être capable de satisfaire tout le
monde.
M. Lessard: Le conseil consultatif de l'environnement qui a
été créé par le ministère de l'environnement
pour tenter de protéger l'environnement, est-il consulté?
M. Galibois: On va sûrement prendre en sérieuse
considération les conseils du conseil consultatif.
M. Lessard: Si on vous demande de modifier un peu votre
tracé original, etc...
M. Galibois: Si on réussit à nous convaincre qu'il
y a des facteurs qu'il a mieux analysés que nous, on apportera des
changements.
M. Lessard: Ce que je ne comprends pas, c'est que je ne
suis pas un spécialiste, mais cela m'apparaît assez simple
je constate que, dans le tracé que vous avez choisi, qui est
indiqué par la ligne jaune, vous passez en plein à
l'intérieur des terres, vous coupez même des terres en deux. Je
comprends que vous allez me dire que c'est encore cultivable parce qu'on peut
passer encore en dessous des lignes de transport, quoique je vous aie
souligné qu'il y avait eu une étude sérieuse aux
Etats-Unis, soit le rapport Marineau, qui soulève les problèmes
des conséquences néfastes sur la santé étant
donné l'impact...
M. Malouin: Les rats.
M. Lessard: Les rats, mais nous sommes des animaux raisonnables.
Ce que je ne comprends pas, si on est sérieux, c'est que là, vous
découpez encore une fois, après peut-être plusieurs fois,
la région de Vaudreuil-Soulanges alors qu'il est possible d'avoir un
tracé le long de la frontière qui utiliserait ensuite un corridor
qui a déjà été utilisé pour le Canadien
National; alors, au lieu de briser deux fois un territoire, vous utilisez
déjà le territoire qui est brisé. Lequel serait le plus
dommageable, comme M. Millette pose la question? Quel est le tracé qui
serait le plus dommageable économiquement dans Vaudreuil-Soulanges, soit
élargir un corridor existant ou en couvrir un nouveau qui morcellera
plus les terres?
M. Galibois: On a fait faire une analyse comparative du
tracé dont vous parlez avec celui qu'on propose et on croit que l'impact
global sur l'environnement est moindre pour le tracé qu'on a retenu.
M. Lessard: En plein territoire agricole. M. Galibois: Remarquez
que... M. Lessard: C'est vrai que...
M. Galibois: ... le tracé est déjà plus
court. C'est onze milles de moins. Donc, déjà les impacts sont
moindres.
M. Lessard: C'est moins difficile de toucher aux agriculteurs,
aux territoires agricoles et aux beautés de la nature que de toucher aux
territoires où on a déjà prévu certains
développements domiciliaires, où certaines personnes ont des
intérêts fort importants.
M. Morin: Pourriez-vous monter la carte une seconde? On observe
que l'un des tracés que vous avez éliminés passe justement
le long de la frontière avec l'Ontario. Est-ce que vous pourriez nous
dire brièvement pourquoi vous avez opté pour le tracé qui
a été retenu plutôt que de passer par les corridors
existants déjà? Quels sont les facteurs qui sont intervenus pour
écarter le trajet 16, la ligne 16, c'est cela, et ensuite 15, par
exemple.
M. Lanoue: D'accord. Brièvement, j'ai bien sûr un
exposé de tous les divers impacts sur l'environnement concernant chacune
des unités géographiques concernées, mais pour le
problème de la frontière comparativement au tracé retenu,
le problème est de passer une ligne droite essentiellement si on passe
le long de la frontière. Or, il existe plusieurs investissements
agricoles localisés exactement le long de la frontière. Il
s'agirait donc d'exproprier des propriétés agricoles de grandes
valeur dans ce coin comparativement au tracé retenu qui, lui, essaie
plutôt de suivre le cadastre agricole... Si je puis terminer la
comparaison...
M. Lessard: Allez-y.
M. Lanoue: ... c'est-à-dire passer au fond des terres,
là où il n'y a pas d'investissements immobiliers de la part des
agriculteurs. Le choix entre ces deux variantes en était essentiellement
un de protection du milieu agricole.
M. Malouin: Dans quelle partie...
M. Lessard: Non, je crois que le problème est
sérieux. C'est dans ce sens, M. le Président, que je voudrais
avoir une commission parlementaire, c'est qu'on me donne une explication et,
d'après certains rapports que j'ai lus, il y aurait quelques territoires
agricoles qui seraient touchés, mais la différence, c'est que ces
territoires seraient tou-
chés dans leur partie à l'ouest. C'est bien cela. Donc,
leur territoire ne serait pas brisé ou leur territoire ne serait pas
coupé en deux alors que, dans les autres territoires, vous coupez
pratiquement en deux toutes les fermes qui existent.
D'après ce que j'ai pu lire, ce ne sont que quelques territoires
qui seraient réellement touchés sur le plan économique en
ce qui concerne la frontière de l'Ontario. Je ne veux pas contester ce
que M. Lanoue nous précise, mais je pense qu'il y a en a d'autres qui
contestent cette affirmation; les députés n'ayant pas tous les
éléments en main, c'est en ce sens que j'aurais
espéré que nous aurions une commission parlementaire pour que ces
groupes viennent se faire entendre.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que vous aviez
terminé?
M. Massé: Je suis un peu du même avis; pour nous,
c'est extrêmement difficile de juger à une commission comme
ça tous les éléments qui en arrivent à une prise de
décision.
M. Lessard: Sans avoir d'autres personnes qui viennent exposer
leur point de vue. J'aimerais quand même, simplement, je sais que vous
allez me répondre affirmativement, vous poser quatre questions, M.
Lanoue. Vous parlez des différents éléments dont vous avez
tenu compte dans vos études. Est-ce que vous avez étudié
l'influence des corridors existants, routes, chemins de fer, etc., et les
morcellements de terrains qui en résultent sur le développement
économique de la région Vaudreuil-Soulanges? Est-ce que, par
exemple, vous avez tenu compte des pertes, que vous avez étudié
les conséquences économiques, les perturbations? Vous en parlez
un peu dans la réponse que vous avez donnée au Comité des
espaces verts de Rigaud, est-ce que vous avez analysé les
conséquences néfastes, positives ou négatives des
corridors qui ont déjà été établis,
lorsqu'on a construit il y a une cinquantaine d'années, la ligne de
chemin de fer, conséquences sur l'agriculture, conséquences sur
le plan économique, conséquences sur le plan social?
M. Lanoue: On vous a donné tantôt, je crois, la
liste des spécialistes qui ont contribué à l'étude.
Si vous me parlez essentiellement de corridors linéaires,
d'équipements linéaires, c'est en effet un des critères
dont je vous avais entretenus... si vous me laissiez exposer l'affaire...
M. Lessard: M. Lanoue, est-ce que, pour ce qui est des
corridors...
M. Lanoue: Oui.
M. Lessard:... déjà existants, à savoir
celui du Canadien National, vous avez analysé, en remontant à
cinquante ans, les conséquences que cela a pu comporter en coupures de
ces territoires?
M. Lanoue: On n'a pas analysé le cas de ce chemin de fer
en particulier, son effet économique sur les terres agricoles
environnantes. On a, par ailleurs, étudié l'effet d'autres
équipements linéaires sur l'agriculture en général
et c'est pourquoi on a adopté, sur tout le tracé retenu, de
passer à la limite de chacune des terres agricoles qu'il pouvait y avoir
pour éviter justement de morceler quelque unité de territoire que
ce soit.
M. Lessard: Deuxième question...
M. Malouin: M. le Président, vous avez demandé tout
à l'heure d'éviter qu'on aille dans des cas plus particuliers,
soit le tracé, est-ce qu'on ne pourrait pas revenir à la
motion...
Le Président (M. Séguin):: J'avais l'intention
de...
M. Malouin: De ramener la pertinence du débat.
Le Président (M. Séguin): ... mettre fin à
l'exposition. Encore là, ça semble arbitraire d'en parler. Il ne
faudrait pas abuser de la commission, ni du personnel ici. Il y a une motion
qui sera apportée plus tard, avant la fin de cette séance, elle
est déjà présentée, et s'il y a d'autres motions,
on les présentera à ce moment. La commission se prononcera sur
les motions en bonne et due forme, sans argumentation.
Voici ce qui arrive. Je pense qu'à ce moment-ci, on traîne
un peu de la patte à essayer de ramasser un peu partout des miettes
d'information. Non pas que vos explications soient des miettes, ce n'est pas
dans ce sens; je veux dire que la commission n'a pas l'image totale de tout le
complexe, tout le problème.
Si vous voulez suspendre vos questions ou les retirer, si on peut mettre
fin à la démonstration immédiatement; si nous pouvons
procéder sur d'autres problèmes qui concernent l'article 5 et les
lignes de transport en ce qui concerne HydroQuébec, sans toutefois
revenir à cette question bien spécifique du mont Rigaud, à
ce moment-ci, nous passerons à l'article 6. Lorsque la commission et les
membres auront eu l'occasion de se prononcer sur toutes les questions et
qu'Hydro-Québec aura pu nous répondre, alors nous prendrons en
considération les motions qui sont devant cette commission et
exprimerons comme désir, autrement dit, au gouvernement de siéger
à nouveau.
M. Giasson: M. le Président, j'aurais une dernière
question avant que M. Lanoue parte. Est-ce que le processus d'expropriation est
en voie... Sur le choix...
Le Président (M. Séguin): J'ai demandé au
député de Saguenay de retirer ses questions, il a consenti. Vous
arrivez avec une autre question; vous ne m'aidez pas.
M. Giasson: Je n'en aurai pas d'autres en-
suite, c'est ma dernière. L'expropriation est-elle
complétée?
Le Président (M. Séguin): En ce cas, une
dernière question sur ce sujet, et mes excuses à...
M. Giasson: Le processus n'est pas en marche.
M. Lanoue: Le processus est commencé, je crois. Il y a des
gens qui seraient plus en mesure de dire quelle proportion du tracé...
Excusez-moi, je crois que l'acquisition n'est pas faite. Ce qui est en train
d'être fait, c'est l'arpentage pour fins de délimitation de
l'emprise à acquérir.
M. Giasson: Bon, le processus n'est pas entrepris. D'accord.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Séguin): ...Sur les
problèmes... Question... Transport.
Commission de la capitale nationale
M. Lessard: Sur le même sujet, j'aimerais savoir, de la
part d'Hydro-Québec, où en sont rendues les négociations
entre le Québec et la Commission de la capitale nationale concernant
certains droits de passage. On sait qu'Hydro-Québec devra passer sur
plusieurs terrains pour mettre en application sa planification régionale
dans la région de la capitale nationale, et ces terrains sont
propriété fédérale. Elle doit obtenir des droits de
passage. En conséquence, HydroQuébec doit négocier avec la
Commission de la capitale nationale; c'est cette commission qui a,
naturellement, le gros bout du bâton, et il semble qu'on en profite
énormément, comme d'habitude. J'aimerais savoir où en sont
rendues ces négociations.
M. Boulanger: Jean Boulanger, je suis avocat au contentieux
d'Hydro-Québec. Je puis dire que les négociations se poursuivent
depuis au-delà de deux ans. Effectivement, nous sommes
propriétaires de chaque côté du parc de la Gatineau, que
nous cherchons à traverser. Les négociations se poursuivent
présentement avec la coopération du ministère de M.
Parent, qui s'occupe principalement des problèmes de la Commission de la
capitale nationale. Je pense que nous sommes assez près d'une entente,
mais le texte final, qui se trouve dans sa dernière rédaction,
n'est pas encore accepté au niveau de la Commission de la capitale
nationale, à ce que je sais présentement.
M. Lessard: Y a-t-il des conditions précises ou des droits
d'achat qu'a l'intention d'exiger la Commission de la capitale nationale?
M. Boulanger: On peut dire qu'au cours des négociations,
il y a eu toute une série de conditions posées par la Commission
de la capitale nationale et reliées au passage de la ligne de trans-
port. Ce sont ces conditions qui ont fait l'objet de négociations avec
les parties; ce peut être une des raisons qui a retardé
l'implantation de cette ligne.
M. Lessard: Je ne suis pas avocat, mais il est normal que, s'il
n'y avait pas eu de conditions, ce serait probablement réglé.
Vous attendez-vous à ce que ce règlement ou...
M. Boulanger: Nous espérons avoir une réponse de la
Commission de la capitale nationale qui accepte le texte final, le plus
tôt possible.
M. Lessard: Auriez-vous objection, à ce moment-là,
à déposer ce règlement?
M. Boulanger: Dès que le règlement sera finalement
accepté, je ne crois pas qu'il y ait de difficulté à le
déposer.
Le Président (M. Séguin): Autres questions?
M. Lessard: Cela va pour les lignes de transport.
Le Président (M. Séguin): L'article 6. Marine
Industrie
M. Morin: C'est le varia, M. le Président. Il y en a
quelques-uns. Je voudrais commencer par une question portant sur la
souscription accordée par la Commission hydroélectrique de
Québec à Marine Industrie Limitée.
J'ai devant moi un procès-verbal de la séance
d'Hydro-Québec tenue le 17 décembre 1973, sous la cote AC-1173.
Il a été résolu ce jour-là d'autoriser
Hydro-Québec à souscrire un montant de $1.8 million à
Marine Industrie Ltée afin de l'aider à défrayer les
sommes supplémentaires qu'elle a engagées dans l'application
d'une nouvelle technique pour la fourniture, à Hydro-Québec, de
quatre compensateurs synchrones et ainsi contribuer à l'essor
économique du Québec.
Il a été résolu également d'autoriser la
direction générale, finance et comptabilité, à
émettre un chèque au montant précité à
l'ordre de Marine Industrie Ltée. M. le Président, il semble que
ce paiement ait été fait après que le contrat eut
été exécuté, payé et, pour tout dire, clos.
Je voudrais donc que la commission nous donne quelques explications sur cette
souscription.
M. Giroux: Avec plaisir. D'ailleurs, ce que vous avez en main, ce
n'est pas une résolution, c'est un projet de résolution. On
déposera la résolution exacte, parce que la résolution a
été amendée, lorsqu'elle a été
proposée. Les projets de résolution, n'est-ce pas, sont en
plusieurs copies. Quelqu'un pourra vous en faire parvenir une. A la
résolution même, il y a des amendements dessus. Je ne l'ai pas
fait apporter aujourd'hui.
M. Morin: Je m'excuse, M. le Président, mais on ne
mentionne pas qu'il s'agit d'un projet. L'extrait du procès-verbal que
j'ai entre les mains
porte la signature du cosecrétaire pour copie conforme.
M. Giroux: A ce moment, elle peut aussi être
amendée.
M. Morin: C'est possible. Voulez-vous soutenir que cela demeure
un projet de résolution ou si c'était oui ou non un extrait du
procès-verbal?
M. Giroux: II faudrait que je le voie.
M. Morin: Justement, vous ne l'avez pas vu. C'est pour cela
peut-être que vos commentaires étaient un peu
prématurés.
M. Giroux: De mémoire, la résolution a
été amendée. Le point n'est pas tellement grave au point
de vue de l'amendement. C'est le pourquoi...
D'ailleurs, je vais demander à M. DeGuise, après quoi ce
document a été fait.
M. Morin: Si vous pouvez déposer toute résolution
modifiée par la suite, cela nous éclairerait peut-être
encore davantage.
M. DeGuise: M. le Président, cela remonte assez loin. Il y
a eu une commande donnée à Marine Industrie Ltée le 3 juin
1969 pour quatre compensateurs synchrones 250,000 MVAR au prix total de
$7,588,976. Il a pu y avoir quelques extras à mesure que la commande
s'est développée, mais c'est très près de l'ordre
de grandeur final de la commande.
Tout au cours de l'exécution de cette commande, la
société Marine Industrie Ltée nous a
représenté qu'elle avait soumissionné sous la foi, sous la
base de données assez préliminaires fournies par la compagnie
Alstom, qui a licencié Marine Industrie Ltée pour fabriquer ces
machines. C'étaient des premières mondiales au point de vue des
dimensions de la construction. Apparemment, il y a eu des écarts assez
considérables dans la quantité de matériel d'acier. Par
exemple, je crois qu'il est entré 40% de plus d'acier que les devis
préliminaires ne l'exigeaient, li y a eu toute une gamme de
problèmes, c'est-à-dire de données techniques où,
apparemment, la machine réalisée était différente
de ce qu'on croyait qu'elle serait, lorsque la soumission est
entrée.
Il ne s'est rien fait jusqu'en mars 1973 où il nous a fallu
commander un cinquième compensateur synchrone. Je dois dire que la
première commande a été octroyée à la suite
d'un appel d'offres public où il y avait eu deux autres
soumissionnaires, Brown Bovery et la compagnie suédoise, ASEA. Pour le
cinquième compensateur synchrone, nous sommes retournés en appel
d'offres encore à l'extérieur. Il y a eu des soumissions de
Marine Industrie Ltée, de Brown Bovery et de la compagnie General
Electric.
Pour cette cinquième machine, si vous aimez à le prendre
en note, le prix de Marine était de $3,021,169. Brown Bovery,
$3,512,000. La Compagnie générale électrique, $4,492,224.
Il y avait évi- demment quatre ans d'intervalle entre la première
commande du 3 juin 1969 pas tout à fait quatre ans et
celle de mars 1973.
Mais, en appliquant les escalades connues à ce moment-là
dans les indices du coût des matériaux et de la main-d'oeuvre, le
prix unitaire de la première commande, $7,788, 000, divisé par
quatre, donnait à peu près $1,800,000 ou $1,900,000;
escaladé selon les indices connus, cela nous conduisait, dans notre
appréciation, à $2,456,235, qui aurait dû être le
prix de la cinquième machine suivant la commande des quatre
premières.
Après avoir fait faire un examen des livres de Marine Industrie,
nous nous sommes rendu compte qu'effectivement cette société
avait perdu de l'argent à la première commande.
Nous étions dans l'obligation, nous devions lui passer la
commande pour le cinquième compensateur à $3,021,169 qui
était le prix soumissionné en mars 1973 alors qu'elle avait
reçu, par machine, à peu près $600,000 de moins avec le
prix escaladé.
Mais là ne s'arrête pas notre comparaison parce qu'un peu
plus tard, en mars 1975, il a fallu retourner pour une sixième et une
septième machines. A ce moment-là, nous avons eu deux prix
seulement. Le prix de Marine était de l'ordre de $10,900,000, ce qui
faisait $5,450,000 par machine, et le prix d'ASEA, $19,225,000 ou $9,600,000
par machine, comparativement à $1,700,000 ou $1,800,000 lors de la
première commande.
Alors, nous avons examiné le problème de très
près et, comme il n'est pas dans la politique d'Hydro-Québec de
créer des difficultés financières à ses
fournisseurs, surtout dans le cas de la première commande, où
c'était une première mondiale, personne n'avait fabriqué
des machines de ce genre et de cette capacité, c'est à ce
moment-là que nous avons convenu de compenser cette
société pour une partie des pertes qu'elle subissait.
M. Morin: Est-ce que vous avez souvent procédé de
la sorte, dans le passé, pour compenser des pertes à la suite de
dépassements de coûts dans des contrats adjugés à la
suite de soumissions publiques?
M. DeGuise: Occasionnellement, nous avons eu des
réclamations d'entrepreneur.
M. Morin: Oui, mais est-ce que vous ne leur avez pas
répondu, à ce moment-là, que les dépassements de
coût n'étaient pas votre responsabilité puisqu'il s'agit
d'appels d'offres?
M. DeGuise: Oui, excepté s'il y avait des changements dans
la nature des travaux ou dans l'étendue des travaux.
M. Morin: Naturellement.
M. DeGuise: Ici, il s'agissait d'une machine qui n'était
pas construite suivant nos plans, mais qui était construite suivant nos
devis et nos exi-
gences et il en résultait, apparemment, un écart assez
considérable entre l'information technique disponible au moment de la
soumission et l'information technique rendue disponible lors de
l'exécution de la commande.
M. Malouin: L'exemple d'une différence d'environ 40% du
côté de l'acier dans les premières soumissions, comment
expliquez-vous ce fait qu'il y ait un écart aussi grand?
M. DeGuise: Apparemment, je crois que celui qui donnait la
licence, le propriétaire Alstom, qui était peut-être pris
pour donner un aperçu ou une commande à son licencié
rapidement, a possiblement sous-évalué le matériel ou la
complexité. Ce sont les représentations qui nous ont
été faites à nous.
M. Malouin: Et le devis lui-même était
préparé par qui?
M. DeGuise: Par Hydro-Québec. Seulement, le devis en est
un de performance; nous voulions une machine qui pouvait compenser le voltage
d'une telle rapidité, de telle manière, dans telle limite, nous
ne spécifiions rien sur la manière que la machine devait
être construite.
M. Malouin: C'est un devis de performance et Marine Industrie
fabriquait suivant la licence...
M. DeGuise: Alstom, française.
M. Morin: M. DeGuise, la souscription, comme vous l'appelez si
gentiment, de $1,800,000 était donc pour compenser les pertes sur les
quatre premiers compensateurs?
M. DeGuise: C'est ça. Sur la commande de $7,588,000, qui,
à notre estimation, en vue des coûts soumis en I973, aurait
dû être quatre fois $2,456,000, ou qui aurait pu être
près de $9,600,000 facilement, à ce moment.
M. Morin: Si je comprends bien, c'est parce que vous vouliez
faire fabriquer d'autres compensateurs synchrones, vous vous êtes dit: Si
on ne compense pas la perte sur les premiers, on ne pourra pas faire fabriquer
les autres.
M. DeGuise: C'est ça. Il va falloir payer pour
l'expérience d'autres.
M. Morin: Est-ce que vous auriez objection à
déposer la dernière version de la résolution
adoptée? Je croyais que c'était celle-là, parce que c'est
un extrait de procès-verbal. Ce n'est pas un simple projet, mais s'il y
en a eu une autre par la suite, j'aimerais bien qu'elle soit
déposée.
M. Giroux: Je suis convaincu qu'il y en a une autre par la
suite.
M. Morin: Au même montant?
M. Giroux: Oui, au même montant. C'est la
phraséologie qui n'est pas la même.
M. Morin: Vous ne l'avez pas sur place?
M. Giroux: Non.
M. Morin: Vous pourrez nous la faire parvenir?
M. Giroux: Je pourrai la faire parvenir.
M. Morin: A la commission?
M. Giroux: A la commission.
M. Morin: Laquelle la transmettra à ses membres
illico.
M. Giroux: Illico.
Centrales nucléaires
M. Morin: Bien! Mercil
Je voudrais maintenant passer à une autre question,
peut-être un peu plus complexe, qui est celle de l'énergie
nucléaire.
Comme première question, j'aimerais faire le tour, rapidement,
des trois centrales. Gentilly l, à la suite d'un arrêt
malencontreux, occasonné par le retrait de l'eau lourde par l'Energie
atomique du Canada, est en voie de reprendre sa pleine capacité, en ce
moment, du moins c'est ce que nous apprend votre rapport d'activité pour
HydroQuébec, I974. Il semble qu'en juin, c'est-à-dire le mois
dernier, Gentilly 1 prévoyait qu'elle devait atteindre sa pleine
puissance. Est-ce que c'est le cas, actuellement? Est-ce que Gentilly l est
maintenant entrée pleinement en marche, et est-ce que la production
d'électricité a pu reprendre?
M. DeGuise: Non, malheureusement à Gentilly I, lorsqu'il a
fallu essayer de la remettre en service, il s'est révélé
des défectuosités, des problèmes dans le contrôle du
réacteur. Par exemple, des variations de pression de vapeur
déclenchaient le mécanisme d'empoisonnement du réacteur et
l'arrêtaient. Aux dernières nouvelles, l'Energie atomique nous dit
qu'on peut s'attendre à un délai de trois mois, parce qu'il va
falloir modifier certains des appareils qui ont été
installés durant la période de fermeture.
M. Morin: Gentilly 2 étant maintenant en construction,
vous avez terminé, il n'y a pas si longtemps ce que vous appelez la
jupe...
M. DeGuise: Oui.
M. Morin: Bon! ... et si j'en crois votre rapport, la centrale
devait être en marche en I979. Du moins, c'est ce qui apparaît dans
votre programme d'équipement.
M. DeGuise: Cela tient toujours, bien que nous ayons certains
problèmes de livraison avec des fournisseurs.
M. Bourassa: M. DeGuise, quel est le coût prévu pour
Gentilly 2, jusqu'à maintenant?
M. DeGuise: La dernière estimation que nous avons est de
$532 millions.
M. Bourassa: Quel était le coût, il y a trois ans,
qui était prévu?
M. DeGuise: Cela a commencé à $302 millions. Cela a
monté à $385 millions, et c'est rendu à $532 millions.
M. Bourassa: Sauf que, dans le cas de la baie James, il y a plus
de retombées économiques pour le Québec. Il y a moins de
pollution...
M. Morin: ... on va en parler. Attendez. N'anticipez pas.
M. Bourassa: ... il y a plus d'emplois qui sont
créés, il y a moins de risques écologiquees.
M. Morin: Les retombées économiques pour le
Québec, on va en parler avec l'exportation du programme Candu.
M. Lessard: A toutes les fois qu'il arrive, le chiard prend.
M. Bourassa: Non, c'est parce que je rétablis les
faits.
M. Morin: Si vous voulez, on va mettre votre salaire de
côté.
M. Bourassa: Non. Ce sont des faits. Vous faites assez de
démagogie contre la baie James.
M. Morin: On va aligner les faits. Nous sommes en train d'essayer
de les...
M. Bourassa: Vous avez des faits précis. Cela a
doublé. Vous ne posez pas de questions là-dessus curieusement.
Hier, vous vous êtes acharné sur la baie James, mais là,
vous ne posez pas de questions.
M. Morin: Allez-vous nous laisser terminer? M. le
Président, pourriez-vous faire état de l'avancement des travaux
pour ce qui est de Gentilly 3?
M. DeGuise: Pour Gentilly 3, il n'y a pas grand-chose de fait,
excepté certains éléments communs dans la centrale de
Gentilly 2 qui sont construits en prévision d'une troisième
centrale à Gentilly. Evidemment, sur le troisième groupe
lui-même, cela serait vraisemblablement... Comme nous le voyons
actuellement, cela pourrait être une répétition de Gentilly
2. Alors, il n'y a pas tellement de préparatifs.
M. Morin: C'est à l'état purement de projets
lointains pour l'instant.
M. DeGuise: Lointains. Cela n'était pas dans le programme
d'équipement que je vous ai donné hier, et ce matin.
M. Morin: Les plans ne sont pas commencés. Dans son
rapport, M. Giroux nous dit, à la toute fin, page 23, que pour ce qui
est de l'énergie nucléaire, elle devra intervenir de plus en plus
à mesure que nous achèverons d'aménager les potentiels
hydrauliques rentables.
Donc, il semble bien que désormais le nucléaire devienne
une de vos préoccupations; vous vous y mettez, parce que j'imagine que
vous voyez maintenant s'épuiser les possibilités de
développement purement hydrauliques et qu'en fonction de la demande
d'après 1985, vous êtes soucieux d'assurer que cette demande soit
satisfaite et que vous prévoyez donc devoir faire appel à un
programme nucléaire. Et vous nous dites: "Par conséquent, nos
études visent à préciser l'ampleur du programme à
établir et à réaliser pour obtenir la meilleure transition
possible de l'hydraulique au nucléaire."
Vos études sont-elles assez avancées à l'heure
actuelle? Menez-vous cela activement? J'ai cru voir que vous comptiez aboutir
à des résultats d'ici quelques mois. Je ne sais pas si c'est dans
le rapport de M. Giroux ou dans la conversation que j'ai entendu cela.
Pourriez-vous faire le point sur l'état des études
entreprises?
M. DeGuise: Voici où nous en sommes actuellement et
comment le problème se pose. Il est de toute évidence qu'à
une date X, il faudra passer au nucléaire, lorsque les ressources
hydroélectriques rentables seront épuisées. Il nous faut
surveiller...
M. Morin: Je m'excuse. Je faisais une remarque à part au
premier ministre, à moins qu'il ne vous empêche de passer au
nucléaire au moment opportun.
M. Bourassa: Et opter pour la chandelle à la place?
M. Morin: II semble que vous vous méfiez tellement du
nucléaire qu'il va falloir passer à la chandelle.
M. Bourassa: Je veux rétablir les faits là-dessus.
Tout ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est que jusqu'à
maintenant, il y a eu beaucoup de problème avec les centrales
nucléaires. Je ne sais pas s'il a lu une série d'articles dans un
grand journal européen où on intitulait l'énergie
nucléaire comme l'énergie du désespoir en mettant en
relief tous les problèmes d'installation, mais forcément quand il
n'y aura plus d'énergie hydraulique, il va falloir se retourner vers
l'énergie nucléaire. Mais le bon sens le plus
élémentaire...
M. Morin: En attendant d'autres types d'énergie qui
peut-être viendront. C'est cela. Le bon sens le dit: Devant la demande,
qu'on s'y mette.
M. Bourassa: ...nous indique d'appuyer le projet de la baie
James.
M. Morin: Et le projet nucléaire aussi, parce qu'on verra
tout à l'heure les retombées économiques que cela pourrait
avoir et que cela n'aura pas.
M. DeGuise, je ne suis pas sûr que vous ayez fait vraiment
l'état des études.
M. DeGuise: Non. J'ai commencé à dire que notre
souci ou ce qu'il faut surveiller, c'est qu'au moment où nous allons
entrer dans la période nucléaire à une échelle
assez considérable, il nous faut immédiatement disposer de
personnel qualifié...
M. Morin: Ah oui!
M. DeGuise:... et qu'il faut préparer de longue date.
M. Morin: Oui, effectivement.
M. DeGuise: Cela peut être l'élément
déterminant pour G 3. Ce n'est peut-être pas tellement dans notre
programme d'équipement que la nécessité d'avoir du
personnel, de préparer du personnel, d'avoir un lieu d'apprentissage
où nous pourrons former de longue date du personnel nécessaire
parce que, lorsqu'il s'agit d'une nouvelle centrale nucléaire, comme il
se fait en Ontario, quatre groupes de 750 à 3,000 mégawatts, tout
de suite cela exige un minimum de 300 personnes pour faire fonctionner la
centrale.
M. Morin: Pour chacune.
M. DeGuise: Pour chacune, et cela, c'est en supposant qu'on ne
fasse pas d'entraînement pour les suivantes. C'est le minimum pour
fonctionner.
M. Morin: Je vois que nos préoccupations se rejoignent.
Cela fait longtemps que nous pensons qu'il va falloir préparer tout ce
personnel.
M. DeGuise: II y a aussi la partie de la conception et de
l'ingénierie. Même si nous n'avons pas l'intention de faire
l'ingénierie détaillée de ces centrales, il faut tout de
même avoir le personnel clé nécessaire pour être des
propriétaires avertis pour pouvoir discuter avec les
ingénieurs-conseils, pour pouvoir discuter avec AECL, et là
aussi, grosso modo, on considère que cela nous prend à peu
près deux fois ou deux fois et demi plus d'ingénierie dans une
centrale nucléaire que dans une centrale hydroélectrique.
Evidemment, le personnel requis varie en conséquence.
M. Morin: Je reviens en arrière une seconde parce que cela
aura certainement un impact sur l'ensemble des projets nucléaires.
Est-ce que Gentilly 1 vous appartient maintenant ou si cela appartient encore
à l'Energie atomique du Canada?
M. DeGuise: Toujours à l'Energie atomique. Il y a de
fortes chances qu'elle le conserve, à cause de l'usine d'eau lourde,
parce que Gentilly 1 ser- vira à produire la vapeur nécessaire
pour l'exploitation de l'usine d'eau lourde.
M. Morin: Oui, mais c'est vous qui assurez l'exploitation de
Gentilly 1?
M. DeGuise: Nous continuerons d'en assurer l'exploitation, mais
il est fort possible que la partie électrique soit enlevée
temporairement et qu'on se limite à faire de la vapeur pour l'usine.
C'est ce qui arrive en Ontario avec la centrale de Douglas Point qui, à
60% ou 70% du temps, ne sert qu'à faire de la vapeur pour l'usine d'eau
lourde de Bruce.
M. Morin: Pour l'usine d'eau lourde. Est-ce que vous
prévoyez que cette situation va changer un jour ou l'autre, que vous
allez devenir propriétaire et pouvoir en disposer à votre guise,
décider vous-même ce qui va être fait de cette centrale?
M. DeGuise: D'abord, il va falloir s'assurer quelle sorte de
performance on obtient, parce qu'on n'a pas d'expérience. Si Gentilly 1
fonctionne bien, cela va, mais s'il y a des problèmes de
stabilité ou d'exploitation...
M. Morin: Cela n'a fonctionné que 150 jours jusqu'ici.
J'en viens maintenant à la question de la formation du personnel dans
laquelle nous semblons avoir pris pas mal de retard par rapport à
l'Ontario. Si j'ai bien compris, le personnel de Gentilly 2 devra comprendre
à peu près 200 personnes, d'après votre rapport
d'activité.
M. DeGuise: Oui.
M. Morin: A Gentilly 1, vous en avez combien?
M. DeGuise: Nous en avons probablement un surplus, parce qu'il y
en a qui sont à l'entraînement. Je crois que nous avons 250
personnes à Gentilly 1, mais il faut considérer que ces
employés ne seraient pas normalement tous requis pour le fonctionnement
de la centrale. Il y en a qui sont à l'entraînement en
préparation pour Gentilly 2.
M. Morin: En tout et partout, combien avez-vous de personnel
déjà qualifié et combien en avez-vous en formation?
M. DeGuise: Nous avons à la direction du génie,
dans le groupe thermique nucléaire, une trentaine d'ingénieurs
techniciens, à peu près 25 ingénieurs, 4 ou 5 techniciens
qui travaillent à Gentilly 2 avec l'Energie atomique du Canada et avec
la compagnie Canatom, dans les bureaux de celle-ci. Dans la centrale de
Gentilly 2, nous avons 250 personnes, à peu près, qui travaillent
à l'exploitation et à l'entretien, ce qui ferait, au total, 300
personnes ou presque.
M. Morin: Presque 300 personnes. Combien en avez-vous en
formation maintenant? Est-ce que
les 250 personnes de Gentilly 1 sont du personnel déjà
formé?
M. DeGuise: II y en a un groupe. Ceux qui exploitent
régulièrement la centrale sont formés et il y en a un
supplément, parce qu'éventuellement, je crois que nous devrions
faire fonctionner Gentilly 1 avec 175 personnes peut-être. On peut
considérer que le supplément est à l'entraînement ou
en formation.
M. Morin: Ce qui en fait à peu près 75 à
l'entraînement.
Donc, du personnel formé à l'heure actuelle, vous en
auriez à peu près 175 plus 30?
M. DeGuise: Oui, plus 30. Evidemment, dans la partie de
l'ingénérie, je ne crois pas que nous puissions dire qu'ils sont
complètement formés, prêt à faire de la conception
de centrale nucléaire. Ils sont en voie de développement, si on
veut.
M. Morin: Est-ce que vous avez un programme de formation du
personnel, puisque vous nous dites que l'énergie nucléaire devra
intervenir de plus en plus à mesure que nous achèverons
d'aménager le potentiel hydroélectrique rentable? Dans une
perspective d'avenir, il faut commencer à former les cadres assez
tôt, j'imagine. Vous nous disiez tout à l'heure vous-même
que l'un des principaux problèmes est justement la formation du
personnel. Est-ce que vous pouvez nous dire comment vous avez
préparé la formation de ce personnel au cours des années
qui viennent, combien de spécialistes prévoyez-vous former par
année au cours des cinq ou six années qui viennent?
M. DeGuise: Si on veut conserver l'intérêt des
personnes à l'entraînement, il faut évidemment que nous
ayons un programme nucléaire. Dans les circonstances actuelles, avec ce
qu'il nous reste d'aménagement hydroélectrique à faire,
comme je l'ai dit, notre programme d'équipement nous porte à 1985
sans centrale nucléaire, excepté la possibilité d'avoir
à en faire une aux fins de stimuler l'intérêt du personnel
et de l'entraîner.
Disons qu'en 1978 ou 1980 il sera peut-être encore assez tôt
pour s'engager massivement; le danger, c'est de recruter du personnel et de ne
pas avoir tellement d'aménagements ou de centrales à...
M. Morin: Là, vous commencez à rejoindre certaines
de nos préoccupations lorsque nous vous disions qu'un programme mixte
à long terme pourrait avoir de sérieux avantages pour le
Québec plutôt que de s'enfermer dans la baie James.
M. DeGuise: Là vous touchez un autre point. Je pense que
les centrales nucléaires sont trop dispendieuses en elles-mêmes
je ne fais pas de comparaison c'est un investissement trop
considérable pour s'en servir uniquement à des fins
d'entraînement de personnel. On serait beau- coup mieux placé de
payer le salaire, un salaire d'ingénieur, et de les faire travailler en
Ontario ou aux Etats-Unis pour qu'ils prennent de l'expérience. Une
centrale nucléaire d'un million de kilowatts coûtera... Deux
groupes de 750, 1,500, coûtera $1.5 milliard, seulement les frais
d'intérêt sur ce montant, sans parler des autres, cela donne un
montant d'argent tellement considérable pour payer des salaires
d'ingénieurs que vous garderiez à l'entraînement
ailleurs.
Autrement dit, je vois l'objection, une centrale nucléaire
produit toujours de l'électricité et serait une valeur qui n'est
pas négligeable.
M. Morin: Vous me mettez les mots dans la bouche.
M. DeGuise: Ce n'est pas négligeable. Je voulais dire
aussi qu'on ne peut pas se permettre d'en faire une simplement pour de
l'entraînement.
M. Morin: Ce n'est pas ce que je voulais dire. M. DeGuise:
Je comprends.
M. Morin: Je dis que le fait d'en faire, vous aurait permis de
former votre personnel et votre programme futur, dans le domaine
nucléaire, serait déjà en marche aujourd'hui, tout en
ayant l'électricité disponible.
M. DeGuise: Vous êtes sans doute au courant aussi que
Energie atomique du Canada a ouvert, à compter du 1er juillet, un bureau
à Montréal où il recrutera une centaine de personnes. Les
responsables comptent en avoir 200 d'ici quelque deux années.
M. Morin: Vous voulez dire... Pour quelles fins?
M. DeGuise: Ils feront une partie de la conception qui se fait
actuellement à Toronto, à Montréal.
M. Morin: Voulez-vous dire que cela échappe à
Hydro-Québec?
M. DeGuise: La partie nucléaire, actuellement...
Même Hydro-Ontario, qui a tellement d'avance sur Hydro-Québec au
point de vue nucléaire, ne fait pas la conception de la partie
nucléaire des centrales. C'est toujours Energie atomique du Canada qui
la fait. Cela est exclusif, il n'y a personne, au Canada, qui fait la
conception des centrales, sauf Energie atomique du Canada, pour la partie
nucléaire.
Evidemment, ils ont un certain nombre de projets, les programmes de
Hydro-Ontario et les programmes d'exportation. Ils vont diviser les
activités de telle sorte que la grosse partie du travail va continuer de
se faire à Toronto, mais ils vont, sur les 900 personnes qu'ils ont
à Sheraton Park actuellement, en transférer un groupe qui va
avoir éventuellement, d'ici une couple d'années, à peu
près 200 personnes au bureau de Montréal.
M. Morin: Dois-je comprendre que, même dans vos plans
à long terme, vous vous intéresserez à peu près
exclusivement à la partie électrique, si je puis la distinguer,
de l'exploitation et non pas à l'énergie nucléaire
elle-même?
M. DeGuise: II faut s'intéresser à la conception
pour pouvoir en discuter et pour savoir ce qu'on veut faire, mais, vous avez
tout de suite une idée de l'ampleur du programme. EACL a 900 personnes,
seulement sur la partie Power Reactors, actuellement, à Toronto. La
technologie n'est peut-être pas publique au point que n'importe qui
puisse se la procurer.
M. Morin: Je prévois, sur la question nucléaire,
peut-être encore un quart d'heure. Ensuite, j'aurais peut-être une
ou deux questions très brèves sur la question des Indiens. On
peut peut-être poursuivre. Je pense que nous pourrions, en prolongeant un
peu, mettre fin au débat plutôt que de revenir ce soir, à
moins que ces messieurs n'aient l'estomac tellement creux, à la suite de
nos questions, qu'ils veuillent passer à table immédiatement.
M. Giroux: Je peux attendre très longtemps.
M. Morin: Pour ne pas immobiliser les collègues de la
commission et nos visiteurs, je proposerais que nous continuions jusqu'à
épuisement de la matière.
Le Président (M. Séguin): ... assez
considérable, M. le chef de l'Opposition.
M. Morin: C'est-à-dire que je peux faire un effort pour
aller plus vite.
Le Président (M. Séguin): Voulez-vous vous entendre
pour fixer l'heure? Au moins, on pourrait arrêter pour le dîner ou
continuer, mais si vous me laissez à ciel ouvert comme cela,
jusqu'à ce qu'on ait épuisé la matière, on peut
être ici jusqu'à demain.
M. Morin: Ce que je vous propose, c'est de terminer
peut-être pour 6 h 30 ou 6 h 45. Le premier ministre avait l'air
très soucieux de sauter dans son hélicoptère tout à
l'heure. Je ne veux pas retarder son départ pour le week-end.
M. Bourassa: Je viens de vérifier, j'ai encore une
demi-heure.
M. Lessard: Vous pourriez retarder cela à trois quarts
d'heure.
M. Morin: J'aimerais me pencher encore quelques instants sur ces
questions nucléaires. Si je comprends bien, il y a donc à peu
près 900 emplois fédéraux anglophones dans la conception.
L'Ontario a à peu près combien de spécialistes
formés à l'heure actuelle? Je sais que, dans un témoignage
devant un comité du Parlement fédé- ral, un chiffre a
été mentionné qui me paraît considérable.
C'était de l'ordre de plusieurs milliers de spécialistes. Dans la
comparution en question, j'ai vu le chiffre 6,000. Cela devait comprendre le
personnel fédéral et peut-être aussi le personnel ontarien,
je ne sais pas. Avez-vous une idée, en tout cas, de ce que cela peut
représenter?
M. Perreault: Combien de centrales nucléaires a
l'Ontario?
M. DeGuise: II y a Douglas Point et Pickering actuellement.
M. Perreault: Deux centrales.
M. DeGuise: Une petite affaire, De NPD, la section
expérimentale. Evidemment, il y a Bruce qui est sur le point d'entrer en
service. Le personnel doit être là. Les chiffres que nous avons
ici, c'est qu'il y a à peu près 1,500 personnes.
M. Perreault: Avec trois centrales...
M. DeGuise: II y a 1,500 personnes à l'exploitation. Cela
n'inclut pas...
M. Morin: Et 900 à la conception. M. Perreault:
900, c'est...
M. Morin: Oui, oui, bien sûr. Donc 1,500 du personnel
strictement ontarien, qui se compare avec nos... quoi, ... 200, non, 200
personnes formées et une centaine de personnes en formation, c'est un
total de 300 personnes.
M. Perreault: Sur les 1,500, ils ne sont pas tous formés
là-bas.
M. DeGuise: Mais l'Ontario a un programme de 10 millions de
kilowatts en nucléaire, c'est à ça qu'elle doit penser au
point de vue du personnel parce que...
M. Morin: Bien sûr. C'est à ça que nous
devrions penser aussi, je pense. Est-ce exact?
M. le Président, pourriez-vous nous dire combien d'emplois
hautement techniques seront créés en Ontario par des contrats
d'exportation du CANDU?
Vous savez qu'on a annoncé récemment un programme d'aide
à l'exportation des centrales CANDU.
M. DeGuise: Au moins pour la Corée.
M. Morin: Oui, mais il y avait déjà un contrat avec
l'Argentine; maintenant, il y en a un avec la Corée; il y en aura
d'autres sûrement, surtout à la suite de l'annonce de ce programme
d'aide à l'exportation. On a parlé de 50 ou 60 centrales
exportées au cours des années qui viennent. Cela veut dire,
évidemment, beaucoup de personnel à former en Ontario. Il y en a
déjà une partie de formée.
Si je vous pose la question, c'est parce que, quand je compare cette
situation avec la nôtre au Québec, je m'inquiète un peu de
voir l'Ontario prendre une telle avance sur le plan technologique, sur le plan
de la technique nucléaire, sur le Québec, et je ne sais pas si
vous vous êtes penchés sur ce problème, si vous vous
êtes interrogés là-dessus. A défaut du gouvernement,
il semble que vous devriez avoir le souci de voir à ce qu'on forme
suffisamment de personnel nucléaire.
M. DeGuise: Nous l'avons, mais, évidemment, nous ne
pouvons pas faire les deux à la fois. Comme nous faisons de
l'hydroélectrique et qu'il y a certainement de l'expansion chez les
fabricants d'appareillages: turbines, alternateurs et transformateurs et
équipements conventionnels, évidemment, on ne peut pas, au
même moment, stimuler également le développement du
nucléaire. Il y a un choix qui a été fait. Je pense bien
qu'il faut l'admettre, l'industrie nucléaire, actuellement, se
développe plus vite en Ontario qu'au Québec; c'est
inévitable avec le programme de cette province.
M. Morin: C'est bien ce que je crains. C'est que, ce qu'on a
appelé la troisième révolution industrielle est en train
de se produire en Ontario et pas au Québec.
M. Massé: M. le Président, est-ce que je pourrais
poser une question?
Le chef de l'Opposition mentionne 50 ou 60 centrales vendues,
possiblement, mais, à ma connaissance, c'est du potentiel, ce ne sont
pas des centrales qui sont vendues.
M. Bourassa: Le ministre a absolument raison. Ce sont encore des
chiffres lancés en l'air.
M. Morin: Oui, mais quand ce sera fait, vous aurez l'air de
quoi?
M. Bourassa: Mais d'ici quelle année, c'est prévu,
pouvez-vous être un peu plus précis?
M. Morin: C'est pour les années qui viennent, on n'a pas
indiqué de terme au programme fédéral; on veut stimuler
l'exportation de cela et ça va avoir des retombées
économiques considérables en Ontario.
M. DeGuise: Je pense qu'il faut mentionner que, sur chaque
contrat d'exportation, il y a une subvention fédérale très
importante et je vois mal que l'Ontario soit obligée, en Corée,
par exemple, je pense que le fédéral finance $300 millions sur un
réacteur de $700 millions... Alors, il y a peut-être une limite
à ce qui peut être fait dans cette direction-là.
M. Giroux: Je ne voudrais pas intervenir et dire que c'est
plutôt politique, les déclarations d'Ottawa, mais j'ai très
peu confiance qu'on puisse vendre 50 réacteurs CANDU à moins
qu'il les finance à 100%. Parce que c'est adressé à des
pays qui n'ont pas les moyens de se financer eux-mêmes. Alors, j'ai
d'énormes doutes.
L'autre partie qui est aussi très douteuse, ce sont les gens qui
ne sont pas prêts à signer l'entente et vous avez eu le
problème des Indes, vous avez eu tous ces problèmes qui sont
survenus dernièrement.
Maintenant, l'Ontario elle-même, devant le programme, à
elle seule, a fait des démarches en Angleterre pour savoir s'il y avait
certaines composantes qui pourraient être faites en Angleterre parce
qu'elle ne pouvait pas, par les manufacturiers, répondre à sa
propre demande.
Actuellement, c'est la même chose aux Etats-Unis; il y a une
question d'énergie et une crise. On veut remplacer l'huile à tout
prix et il n'y a pas autre chose. Moi, je me réfère toujours
à un programme où il faut naturellement ne pas être trop
optimiste, mais être très modéré. Les
problèmes techniques du nucléaire sont loin d'être
réglés, j'entends les problèmes d'environnement. Moi, j'ai
confiance qu'en y allant lentement, nous y allons sûrement et nous
n'engagerons pas des sommes énormes sans savoir où nous allons.
Je ne crois pas que ce serait sage, strictement au point de vue
économique, de procéder autrement.
Entre-temps, on fait l'impossible pour développer
même s'il y avait lieu de développer avant que soient
épuisées les ressources hydroélectriques rentables.
Tant qu'il ne deviendra pas plus rentable de faire du nucléaire que de
l'hydraulique, il faut s'en tenir à l'hydraulique. Entre-temps, dans ce
que l'on croit ou ce que l'on expose dans le moment, la question est d'aller
beaucoup plus de l'avant en regardant les possibilités. On parle des
années 1990. Il reste donc encore trois ou quatre ans pour faire une
planification saine. Moi, je crois que c'est mieux pour Hydro-Québec d'y
aller sagement, sans rejeter les problèmes, de dire que nous allons
faire du nucléaire. Au contraire, même s'il y a lieu de faire
Gentilly 3 pour arriver à développer en 1980, dans l'intervalle,
je retiens toujours la déclaration de M. Gray, qui est le plus grand
spécialiste que le Canada ait jamais eu dans l'industrie
nucléaire, devant la Chambre des communes: II a dit que s'il y avait une
rivière qui était la moindrement exploitable, il conseillait de
développer l'hydroélectrique plutôt que de faire du
nucléaire.
M. Bourassa: Sur cette déclaration, on peut terminer, je
crois.
M. Morin: Non, ce serait trop facile.
M. Lessard: II vient d'avoir un suçon. Il est tout...
M. Morin: Pendant ce temps, l'Ontario se développe et
prend de l'avance. C'est comme ça qu'on est gouverné. Il voulait
qu'on mette fin au débat immédiatement...
M. Massicotte: ...à l'hydraulique...
M. Morin: ...chacun rentrait chez soi, et l'Ontario continuait de
prendre de l'avance.
M. Giroux: Avant de mettre fin au débat, je vais demander
seulement quelques minutes.
M. Morin: Oui.
M. Giroux: Une transition comme cela, il faut qu'elle soit
préparée de longue main. Actuellement, ce qu'on demande à
Hydro-Québec, c'est de préparer une transition, d'examiner les
possibilités et de venir avec des solutions. Est-ce que, dans un an, on
peut venir avec un genre de portrait qui est plus démonstratif que
celui-là? Je l'espère, mais il n'y a rien qui nous prouve qu'on
peut y aller. Tantôt, M. Lessard parlait des problèmes d'espaces
verts. Je lui demanderais de lire attentivement ce qui se passe en France sur
l'installation du nucléaire.
M. Lessard: Dans l'Ontario, il n'y a pas de problème. Il
n'y a pas eu de conséquences néfastes.
M. Giroux: Non? Il y a eu une conséquence néfaste.
Cela ne vient pas du haut des airs. Ce sont les gens eux-mêmes qui nous
ont dit qu'on avait retardé une ligne de transport par des
désaccords. Cela déplaisait à l'un, et à l'autre et
n'importe quoi. Cela leur coûte quelque chose comme $150 millions par
année.
M. Lessard: Sur la Jacques-Cartier, on ne vous a pas
retardés indéfiniment.
M. Giroux: Non, vous nous avez arrêtés.
M. Lessard: Pour une fois qu'on réussit à vous
arrêter sur quelque chose!
M. Bourassa: Je comprends le point de vue du chef de
l'Opposition, et le gouvernement, je l'ai dit à l'Assemblée
nationale, va être vigilant pour avoir sa part de ce développement
industriel impliqué là-dedans, mais il semble oublier les effets
industriels du développement de la baie James. Quand l'agence Moody's a
évalué à la hausse la cote du Québec, l'une des
principales raisons qui ont été données officiellement,
cela a été le développement de la baie James, qui se
trouvait à renforcer la structure industrielle et la solidité
économique du Québec.
Evidemment, s'il veut faire de la partisanerie, il n'admettra jamais
cela.
M. Lessard: Le premier ministre n'en fait pas!
M. Bourassa: Mais je donne des faits, je donne des
déclarations par des agences qui, évidemment, sont au-dessus de
toute considération de politique interne...
M. Morin: En ce moment, nous sommes en train de vous parler d'une
forme d'énergie qui va tenir une place considérable dans l'avenir
et le plus tôt le Québec s'y mettra, le plus tôt le
Québec formera le personnel nécessaire et maîtrisera...
M. Bourassa: Au détriment de l'hydraulique?
M. Morin: ... le mieux ça sera. Je n'ai pas dit au
détriment de l'hydraulique. En même temps que l'hydraulique. On
n'a jamais parlé de le faire au détriment de l'hydraulique.
M. Bourassa: Vous vous acharnez...
M. Morin: Vous passez votre temps à déformer nos
positions pour mieux nous matraquer.
M. Bourassa: Non.
M. Morin: C'est enfantin.
M. Bourassa: Vous vous acharnez tellement sur la baie James. On
l'a vu hier. Pourquoi pas une question sur les coûts des centrales
nucléaires?
M. Lessard: Vous auriez voulu qu'on reste silencieux? Votre
ministre des Richesses naturelles n'a pas dit un mot depuis le début de
cette commission parlementaire.
Le premier ministre est venu simplement pour faire des remarques non
sérieuses, des discussions non sérieuses...
M. Bourassa: Vous avez perdu... Les accusations sur la collusion,
qu'est-ce que vous avez l'air avec le rapport Gourdeau? Cela vous a
éclaté en pleine face.
M. Lessard: Les seules questions sérieuses qui sont venues
à un certain moment, de la part des membres de la commission, sont
venues de l'Opposition et, si cela n'avait été de l'Opposition,
quel rapport aurions-nous eu d'Hydro-Québec? Quel rapport aurions-nous
eu d'Hydro-Québec?
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, messieurs.
M. Lessard: Laissez-nous faire notre travail au moins. On est
là pour surveiller Hydro-Québec.
M. Bourassa: On vous demande de faire une opposition responsable
et non démagogique.
M. Lessard: Laissez-nous faire. Ce n'est pas votre
problème. Commencez à être responsable comme gouvernement.
Cela devrait être votre première préoccupation.
M. Bourassa: Vous êtes tellement partisan que vous
êtes devenu antiquébécois envers le projet de la baie
James.
M. Lessard: C'est le disque du premier ministre. Quand il n'a
plus d'argument, c'est sa seule façon...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Morin:
Pourrais-je demander... M. Lessard: Cela comprend...
M. Morin: ... à M. Giroux de nous dire si
Hydro-Québec s'est préoccupée tout de même des
retombées économiques que pourrait avoir l'énergie
nucléaire et, je pense, non seulement aux effets directs, mais je pense
aussi aux effets indirects que cela pourrait avoir dans l'avenir?
M. Giroux: C'est dans le programme au cours de l'année. On
me dit c'est une rumeur confidentiellement qu'Ottawa fait des
recherches pour voir quelles seraient les possibilités de faire faire
certaines pièces un peu partout au Canada...
Tantôt, vous parliez d'installations de puissance
électronucléaire dans les possibilités de l'avenir. Si on
avait environ 15,000 mégawatts d'hydraulique à installer, qui
peuvent prendre d'ici 1990 pour se rendre en hypothèse
à l'an 2,000, qui n'est tout de même que dix ans après
1990, si on avait une croissance de 7 1/2% à 5%, il faudrait tout de
même installer 10,000 mégawatts en nucléaire, si on avait
une croissance de 7.7% probable, il faudrait en installer 25 et si on avait une
croissance de 10%, il faudrait en installer 45.
M. Morin: Donc, ... considérable.
M. Giroux: Non. Tous ces problèmes sont trop
considérables pour entrer dans ce domaine en disant. Telle chose est
bonne et telle chose n'est pas bonne. Il faut l'étudier longuement et,
sur ce point, comme toutes ces choses sont réflétées dans
les tarifs qui sont toujours un problème de financement, on essaie
d'être modérés.
M. Morin: Oui, mais il ne faudrait pas l'être trop, parce
que, si vous l'êtes trop, pendant ce temps, l'Ontario se grouille.
M. Giroux: Quand je suis un peu trop optimiste, on me
blâme. Quand je suis trop modéré, on me blâme.
J'essaie de prendre un juste milieu.
M. Lessard: Cela dépend des secteurs.
M. Giroux: Mais je suis encore ouvert aux 15% sur l'augmentation
de tarif.
M. Lessard: Ce n'est pas nous qui allons vous l'accorder.
M. Giroux: Non. Je sais que vous êtes d'accord qu'on ait
15%, mais, j'aimerais mieux que vous donniez un mot à votre voisin d'en
face.
M. Morin: Oui.
M. Lessard: On sait qu'à un moment donné il est
assez soumis à Hydro-Québec sur certaines choses qu'il va vous
l'accorder.
M. Bourassa: On m'a accusé du contraire, il y a quatre
ans.
M. Lessard: A ce moment-là on a dû sauver
Hydro-Québec contre la partisanerie du premier ministre.
M. Bourassa: Vous êtes contradictoires, comme
d'habitude.
M. Morin: Pour clore le chapitre des réacteurs
nucléaires et de l'énergie atomique, dois-je comprendre que vous
êtes enfin sensibilisés au problème, à
Hydro-Québec, que vous allez vous mettre sérieusement à
l'étude et que l'année prochaine vous serez déjà en
mesure de nous présenter des programmes de formation et de
développement?
M. Giroux: Dans les programmes de formation, certainement. Dans
les programmes de développement, là il faut tout de même
examiner ce qui va arriver durant l'année. Il va falloir examiner les
problèmes économiques que représentera le
nucléaire. Il va falloir examiner ce qui se passe dans les pays au point
de vue des études et au point de vue surtout de l'environnement qui
va-devenir un problème énorme; mais tous ces problèmes ne
sont pas insurmontables et, avec le temps, le public devra choisir ou on doit
passer des lignes de transport ou on doit revenir à la chandelle.
M. Lessard: Ce n'est pas cela qu'on vous propose.
M. Morin: Ce n'est pas cela qu'on vous propose du tout.
J'espère que vous n'en êtes pas là.
M. Giroux: Quant à cette partie, je suis optimiste. Vous
m'avez demandé ce qu'étaient les résultats pratiques.
M. Morin: J'ai le souci aussi de vous voir vous intéresser
à la conception. Est-ce que dans votre étude vous comptez vous
intéresser aussi à la conception des centrales
elles-mêmes?
M. Giroux: Je pense bien qu'il y a une partie là-dedans
où il faut donner énormément de crédit à M.
DeGuise. Il est membre de la commission, qui a amené l'Atomic Energy of
Canada à s'installer je pense qu'il y a un mot français,
vous m'excuserez je ne m'en sers pas souvent dans la province de
Québec. Ces gens étant installés dans la province de
Québec, naturellement, il va y avoir un organisme qui va
développer des Québécois.
M. Morin: Cela reste à voir, on le souhaite, mais...
M. Giroux: Cela reste à voir, mais, naturellement, il faut
qu'on les aide, mais tout de même le premier pas a été fait
et on doit tout de même féliciter...
M. Morin: C'est parce que dans une perspective d'avenir, la
souveraineté culturelle sans la souveraineté nucléaire,
cela ne veut pas dire grand-chose du point de vue de la civilisation technique
de demain.
M. Bourassa: C'est comme votre souveraineté
pétrolière sans pétrole.
M. Morin: Cela on en reparlera aussi. On va la payer plus cher
maintenant que le prix international...
M. Bourassa: S'il vous plaît.
M. Morin: Voulez-vous qu'on le parte ce
débat-là?
M. Malouin: On aura des hydrodollars.
M. Morin: Vous venez encore amener votre confiture.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre! M. Morin:
Revenons à M. Giroux.
M. Giroux: Dans une chose comme cela, vous remarquerez que c'est
très rare que je déclare des choses et que je ne puisse pas faire
au moins les efforts nécessaires pour arriver à bonne fin. On a
déclaré qu'on regardait cette question très
sérieusement. Le programme, comme je le dis, il ne faudrait pas
s'attendre, dans une période de douze mois, à ce qu'on fasse des
merveilles... Seulement vous avez tout un programme qui a été
avancé et ce programme nous allons le réaliser et le
considérer très sérieusement.
M. Morin: Bien. Vous allez examiner aussi la question de la
conception des réacteurs eux-mêmes. Est-ce que cela fait partie de
vos études?
M. Giroux: C'est-à-dire que c'est une partie des
études, c'est une partie que M. DeGuise a déjà
abordée.
M. Morin: En tout cas l'Opposition souhaiterait que vous
regardiez cela de près, non seulement la question exploitation, mais la
question conception aussi.
J'aimerais mieux voir Hydro-Québec s'intéresser à
ça et en garder le contrôle, si je puis m'exprimer ainsi que de
voir éventuellement surgir la nécessité de créer un
autre organisme qui s'occuperait des questions nucléaires.
M. Giroux: Simplement au point de vue des études, M.
DeGuise est prêt à déclarer exactement ce qu'on a fait
à l'Ecole polytechnique pour l'aider à développer des
doctorats en nucléaire. Cela prend une seconde, M. DeGuise, vous
rappelez-vous exactement...
M. Morin: Oui, ça nous intéresserait que vous
fassiez le point là-dessus.
M. DeGuise: Nous avons voté une somme de $100,000 à
l'Ecole polytechnique, payable en quatre versements de $25,000, pour donner des
bourses et permettre la formation des finissants dans l'option du génie
nucléaire pour qu'ils aillent à l'extérieur, à
l'Energie atomique ou ailleurs, se perfectionner dans ce domaine.
M. Morin: Ce n'est pas encore ce qu'on appelle un "crash
programme".
M. Giroux: Tout de même, savez-vous qu'il n'y avait pas de
preneur.
M. Morin: Bien sûr, c'est bien compréhensible, tout
se tient.
M. Lessard: On ne l'exploite pas, on ne concrétise pas
ça. Cela prend des ouvertures pour qu'il y ait des preneurs, pour qu'il
y ait une certaine garantie.
M. Morin: Cela prend une vision de l'avenir, ça prend un
programme et ça prend quelqu'un qui prend des décisions en faveur
du développement dans le domaine nucléaire et, alors, vous allez
trouver des preneurs.
M. Giroux: II y a un développement. Il faut vendre les
idées tranquillement et ici, ça ne se vend pas vite.
M. Morin: M. le Président, on s'en reparlera à la
prochaine.
M. Giroux: Certainement.
M. Morin: Je voudrais aborder un dernier sujet, dans les quelques
minutes qui restent, celui des relations de travail. Mais il faudrait revenir
après le dîner, j'ai promis qu'on allait terminer assez
tôt.
M. Bourassa: Vous ne voulez pas parler du rapport Gourdeau.
M. Morin: On peut en parler, mais... M. Lessard: Vous
voulez revenir après?
M. Morin: ... à condition que M. Gourdeau puisse venir.
Quand je vous ai proposé la chose hier, vous avez fait cette même
moue adorable.
M. Bourassa: Quand même! Qu'est-ce que vous avez
répliqué aux propos de M. Boyd en disant que ça manquait
totalement de sérieux? Pas une question sur le rapport Gourdeau.
M. Morin: II n'y a qu'une façon de la savoir, c'est de
convoquer M. Gourdeau.
M. Bourassa: Pourquoi? Vous avez fait de la démagogie avec
ça. Les responsables disent que ce n'est pas sérieux, est-ce
qu'on a du temps à perdre?
M. Lessard: C'est comme les lignes de transport, est-ce qu'on va
se fier exclusivement à ce que nous dit une partie?
M. Bourassa: Posez des questions.
M. Morin: M. le Président, nous sommes prêts, si la
commission veut convoquer MM. Gourdeau, Dansereau et les autres qui ont
rédigé le rapport qui a été soumis au Conseil des
sciences. Nous serions prêt à étudier la question à
fond, mais comme ils ne sont pas là pour se défendre contre les
jugements que pourrait prononcer contre eux le principal
intéressé, la SEBJ, je crois que c'est de mauvaise guerre de
procéder de la sorte. Ils ont affirmé...
M. Bourassa: Une belle pirouette.
M. Morin: ... qu'ils étaient prêts à venir
devant la commission. Je vais faire une motion, c'est ça que vous
voulez?
M. Bourassa: Soyons sérieux, procédez.
M. Morin: Je vais l'être, je vais soumettre une motion, M.
le Président, tout à l'heure, à l'effet qu'on convoque M.
Gourdeau, M. Dansereau et les autres. Si c'est ça que vous voulez, je le
veux bien.
M. Lessard: Vous allez la battre, vous ne voulez pas que M.
Gourdeau vienne se faire entendre!
M. Bourassa: M. le Président, je me serais attendu,
après toutes les attaques que vous avez faites sur le rapport en
question, à ce que vous posiez au moins quelques questions sur les
affirmations du rapport. Vous n'en avez à peu près posé
aucune.
M. Lessard: Vous n'avez pas été présent
à cette commission parlementaire.
M. Bourassa: Vous n'avez posé à peu près
aucune question...
M. Lessard: Vous n'avez pas été présent.
M. Bourassa: Vous avez été déculottés
sur cette question comme sur les autres.
Relations de travail
M. Morin: Votre hélicoptère vous attend. M. le
Président, j'aimerais aborder la question des relations de travail. A
l'heure actuelle, il semble que les relations patronales-ouvrières
soient de façon générale assez bonnes.
Mais dans les milieux syndicaux, notamment dans ceux de la CSN, on se
plaint de contraintes extrêmement sévères que la SEBJ
impose au déroulement normal des activités syndicales. De
façon plus précise, il semble que les représentants
syndicaux, les officiers, les conseillers juridiques, les
délégués, auraient de la difficulté à
circuler librement sur le site des travaux. On irait même jusqu'à
ne pas rengager certains travailleurs qui auraient déjà
été mêlés à la vie syndicale, à ce
point que, pour avoir accès au territoire de la baie James, on est
obligé d'aller chercher des injonctions devant les tribunaux. Ces
injonctions sont accordées, mais après avoir fait des
procédures, après avoir engagé des frais, et ainsi de
suite, ce qui rend la vie syndicale extrêmement difficile à la
baie James.
J'aimerais que le président de la SEBJ nous fasse un
exposé de sa politique générale à l'égard
des relations de travail, et qu'il nous précise de façon claire
l'attitude de la SEBJ à l'égard de l'accès des
représentants syndicaux à la baie James.
M. Boyd: Comme je le disais dans la présentation, le
résultat de notre procédure est très bon puisque les
relations de travail sont excellentes et les employés sont surtout
heureux. Dans certains cas même, et d'après le décret,
certains syndiqués ne veulent même pas avoir de
délégués de chantier; ils ont choisi de ne pas en
avoir.
Concernant les agents d'affaires...
M. Morin: M. Boyd, j'aimerais bien que vous parliez de ce qui
vous intéresse en tant que patron, et non pas parler au nom des
travailleurs. Si je veux savoir ce que les travailleurs pensent, j'irai le leur
demander. En tant que patron, dites-nous quelle est votre politique de
relations de travail.
M. Boyd: En tant que patron... Depuis le mois de mai dernier,
nous exigeons que tous les gens qui entrent à la baie James pour
travailler ou pour visiter, que ce soit le président ou un menuisier ou
un journalier, fassent une demande, 48 heures à l'avance, et obtiennent
le permis nécessaire. C'est comme cela qu'il y a un certain nombre de
syndiqués qui étaient là autrefois, qui n'ont pas eu
l'autorisation de retourner; nous avions eu des informations à savoir
qu'ils étaient des fauteurs de trouble. Depuis ce temps, nous n'avons
pas eu de troubles.
Concernant les agents d'affaires, ils ont le droit d'accès
à la baie James, mais, comme les autres, ils doivent aviser à
l'avance qu'ils veulent aller à la baie James pour rencontrer leurs
syndiqués ou pour faire du maraudage ou pour faire la promotion de leur
syndicat. Mais les espaces sont limités, et nous avons imposé
certaines restrictions sur le nombre de délégués ou
d'agents syndicaux qui peuvent entrer en même temps sur les chantiers.
J'ai ici une liste des visites qui ont été accordées,
depuis le 1er juillet jusqu'à ce jour, aux agents de syndicat.
La FTQ a fait 26 visites, nombre de visiteurs 23, le total de jours des
visites 184. La CSN, 17 visites; nombre de visiteurs: 6; nombre total de jours
présents: 109. Les métallos, local 6833, nombre de visites: 4;
nombre de visiteurs: 3 et le total de jours: 11. La CIC, 30 visites; nombre de
visiteurs: 21 et 294 jours.
Concernant les injonctions, j'aimerais, pour
vous donner une réponse encore plus précise, demander
à Jean Bernier qui est notre directeur des ressources humaines de vous
donner plus de détails.
M. Bernier (Jean): Jean Bernier, de la Société
d'énergie. Il est bien exact, M. le Président, qu'en date du 20
juin, un vendredi, en fin d'après-midi, une requête demandant
l'émission d'une injonction, a été présentée
en cour Supérieure. Cette requête a été
accordée sans audition, de façon intérimaire, afin de
permettre à un représentant syndical d'avoir accès au
territoire de la baie James, lequel représentant était
effectivement autorisé par la SEBJ à se rendre dans le
territoire, mais ce représentant circulait avec un véhicule
privé.
Nous avons actuellement, dans le cadre de nos opérations dans le
territoire, interdit toute circulation de véhicules privés. Ces
exigences s'appuient sur de nombreuses raisons, la principale est une raison de
sécurité.
M. Morin: Quels sont alors les moyens de communication d'un
représentant syndical qui veut rejoindre les travailleurs sur les
différents chantiers et dans tous les endroits où ils se
trouvent?
M. Bernier: Relativement à l'accès au territoire,
nous avons quatre accès: l'accès par Matagami, par la route...
Nous permettons des véhicules enregistrés commercialement. Nous
avons interdit les véhicules privés pour fermer, pour interdire
l'accès à toute personne qui voudrait librement circuler de
Matagami à LG 2.
M. Morin: Oui, mais quelqu'un qui se présente avec un
véhicule privé, à l'une de vos barrières, avec un
laissez-passer déjà obtenu de la SEBJ, qu'est-ce que vous allez
faire à ce moment?
M. Bernier: Effectivement, jusqu'à maintenant, les gens
qui se sont présentés à la barrière de Matagami,
avec un véhicule, ont toujours et constamment eu des véhicules
enregistrés commercialement. Lorsque ce représentant syndical
s'est présenté, il était autorisé à se
rendre à LG 2; ce n'est pas sur l'autorisation du représentant
syndical, relativement à son activité de représentant,
d'agent d'affaires syndical à LG 2, que la consigne qui était
suivie à LG 2 a été observée. On a dit à ce
monsieur: II y a une interdiction de véhicules privés dans le
territoire et vous vous présentez avec un véhicule privé,
vous ne pouvez pas passer. Ce n'était pas une exigence en fonction de
son statut d'agent d'affaires, c'était tout simplement sa
non-conformité quant aux moyens de transport et quant à
l'immatriculation qu'il y avait sur son moyen de transport.
M. Morin: Ce n'est pas une question du genre de véhicule,
c'est la question de l'immatriculation qu'il a. S'il n'a pas le "F", il n'entre
pas sur le territoire de la baie James?
M. Bernier: Si vous voulez.
M. Morin: C'est intelligent comme façon de retourner les
gens qui se présentent avec un laissez-passer?
M. Bernier: Je pense qu'il ne faut pas, M. le Président,
tirer d'un cas très particulier, celui qui s'est posé le 20 juin,
une inférence générale. Vous savez que la route qui
conduit de Matagami à LG-2 est une route qui est très
isolée, c'est une bonne route mais elle est isolée dans ce sens
qu'il n'y a en fait actuellement en opération que deux relais et c'est
la responsabilité de ceux qui laissent passer de fournir tout l'appui de
secours, de sécurité et de service.
Alors, nous avons posé cette règle-là qui s'est
appliqué d'une façon uniforme à tous ceux qui se sont
présentés jusqu'à maintenant. C'est assez malheureux que
dans ce cas, je le reconnais très bien, d'ailleurs l'injonction a
été accordée et nous ne nous sommes pas battus bien fort,
c'est assez malheureux que ça se soit produit pour ce
représentant particulier. Je n'ai pas autre chose que je peux ajouter
à ça.
M. Lessard: M. Bernier, si j'arrive à la barrière
avec un laissez-passer de la Société d'énergie de la baie
James, de la barrière jusqu'aux travaux, je vais être conduit
comment?
M. Bernier: Si vous passez par Matagami, vous allez circuler en
véhicule c'est bien certain.
M. Lessard: En véhicule privé?
M. Bernier: Si vous venez avec un véhicule vous allez
avoir un accès par voie de véhicule et vous allez monter
jusqu'à LG-2.
M. Lessard: Avec mon propre véhicule? M. Bernier:
Non, non, on ne laissera pas...
M. Lessard: Mais c'est ce que je vous demande, à ce
moment-là, à partir de la barrière, est-ce que la
Société d'énergie de la baie James met à
disposition des véhicules?
M. Bernier: Non, monsieur.
M. Lessard: Bon, à ce moment-là, le gars il monte
à pied.
M. Bernier: Non, non. Une Voix: En avion.
M. Morin: S'il y va en avion, il ne peut plus se déplacer
après.
M. Lessard: En avion... M. Bernier: En avion...
M. Lessard: J'avais deux questions. D'abord, pour se rendre et
ensuite sur les chantiers, rendu sur les chantiers, un
délégué de chantier, à un
moment donné, il faut quand même qu'il rencontre ses
membres.
M. Bernier: Au chantier, il y a une entreprise qui est
installée depuis, je pense, un an et demi, qui est Location Lagrange, et
qui loue des véhicules à l'aéroport. Toute personne qui se
présente à LG-2, à l'aéroport, qui a eu
accès, peut avoir, comme on peut le faire dans n'importe quel
aéroport, du Québec ou d'ailleurs, un véhicule à sa
disposition et circuler avec ce véhicule-là sur le chantier.
M. Lessard: Une seule entreprise de location? M. Bernier:
C'est exact.
M. Lessard: Est-ce que ç'a été donné
à soumissions ou...?
M. Bernier: La réponse est oui.
M. Malouin: M. Bernier, est-ce qu'au moment où un individu
fait une demande pour un permis pour aller sur le territoire, il est averti
qu'il ne peut utiliser de véhicule privé?
M. Bernier: Oui.
M. Malouin: II est averti.
M. Bernier: II est averti. C'est connu cette
règle-là. Le 8 mai 1974, lorsque nous avons recommencé les
travaux, nous avons fait connaître, et je me rappelle très bien
que M. Boyd, à ce moment, avait fait une conférence de presse,
disant que différents services de la SEBJ en particulier avaient
informé tous leurs correspondants de toute une série de
règles que nous imposions pour assurer un contrôle plus efficace
sur les entrées connues dans le territoire.
M. Malouin: Est-ce que l'individu qui s'est vu refuser
l'entrée au territoire savait lui aussi qu'il ne pouvait circuler avec
son véhicule?
M. Bernier: II le savait préalablement et il le savait le
20, de façon très spécifique, puisque le 19, il
s'était présenté et on l'avait informé de cela.
M. Morin: C'était quel genre de véhicule, M.
Bernier?
M. Bernier: Ah, mon Dieu Seigneur!
M. Morin: C'était une jeep. Cela ne passe pas sur vos
routes!
M. Bernier: C'est possible.
M. Morin: Non seulement c'est possible, c'est certain.
M. Bernier: Je ne le sais pas, M. Morin.
M. Morin: Oui, bien moi, je vous le dis. C'était une jeep.
Je pense qu'il y a là des tracasseries qui sont de nature à nuire
éventuellement au bon climat qui devrait régner dans les rapports
de travail à la baie James, et je vous inviterais à y
repenser.
J'ai peut-être encore une ou deux questions. Est-ce que je
pourrais vous demander qui décide de l'accès? Qui donne les
laissez-passer? Qui est la personne responsable?
M. Boyd: C'est le service de M. Bernier.
M. Bernier: Actuellement, il faut distinguer les entrepreneurs,
les concessionnaires, les fournisseurs qui ont à aller sur le territoire
par affaires; ils vont présenter leur demande d'accès à la
direction de la construction de la société d'énergie. Pour
assurer une centralisation à un point donné, des décisions
uniformes et plus d'efficacité, nous avons fait connaître à
la CSN, à la FTQ, aux métallos, à la CIC et à tous
les intéressés, qu'en matière de relations de travail,
toutes les demandes d'accès devaient être dirigées vers un
seul point, et ce point est le bureau du chef de service des relations de
travail de la société d'énergie qui, lui, accorde les
autorisations d'accès aux chantiers pour les représentants
syndicaux.
M. Morin: Qui est-ce, M. Bernier? M. Bernier: C'est M.
Michel Doucet. M. Morin: Doucet? M. Bernier: Doucet. M. Morin:
D-o-u-c-e-t. M. Bernier: D-o-u-c-e-t.
M. Morin: Est-ce que vous comptez continuer d'appliquer cette
politique d'exclure les véhicules privés? Parce que je puis vous
dire que les syndiqués s'opposent fortement à avoir à
louer des véhicules a prix d'or une fois rendus à
l'aéroport. Beaucoup de ces syndicats trouvent cela extrêmement
onéreux, je peux vous le dire.
M. Malouin: Avez-vous, M. le chef de l'Opposition...
M. Morin: Quoi donc?
M. Malouin: ... le coût de location des
véhicules?
M. Morin: Je puis vous dire qu'ils le trouvent prohibitif et
qu'ils voudraient pouvoir avoir, une fois qu'ils ont le laissez-passer, s'ils
ont un véhicule apte à s'engager sur les terrains qu'on trouve
là-bas, le genre de routes qu'on trouve là-bas, ils aimeraient
pouvoir circuler librement puisqu'ils ont le laissez-passer. Je vous le
signale. Je trouve pénible que des agents d'affaires aient à
obtenir
des injonctions pour pouvoir pénétrer sur votre
territoire. Vous savez qu'il n'y a pas qu'un seul cas. Il s'en est
plaidé encore hier, des demandes d'injonction, ici, à
Québec. Il ne faudrait pas que cela se multiplie et que, pour avoir
accès a la baie James, désormais, il faille se présenter
devant les tribunaux. Ce serait tout de même un peu fort.
M. Bernier: ... à ma connaissance, M. Morin, cette
situation s'est produite dans un seul cas et elle n'implique qu'un seul
individu. Quant à l'injonction qui s'est plaidée hier à
Québec, vous me l'apprenez, et je vous assure bien que je suis
très intéressé à connaître cette affaire qui
n'a pas été portée à ma connaissance alors que, cet
après-midi même, j'ai communiqué avec mon bureau qui ne
m'en a pas informé, ce qui me surprend beaucoup.
M. Morin: De toute façon, nous allons souhaiter que vous
repensiez peut-être votre politique de relations du travail, parce que,
si j'admets, comme vous, qu'il faille établir un certain contrôle,
je crois qu'il n'est de l'intérêt ni des travailleurs ni de la
SEBJ de provoquer des incidents, des frottements inutiles comme
ceux-là.
Je pense qu'à la longue le climat qui doit régner
là-bas, le climat favorable des relations patronales-ouvrières,
ne peut pas s'accommoder longtemps de tactiques comme celles-là.
M. Boyd: J'aimerais ajouter, si vous me le permettez, deux mots.
Le climat n'a jamais été aussi bon que depuis le mois de mai 1974
et les agents d'affaires ont accès aux chantiers. Seulement, ils n'ont
pas toute la liberté de venir semer la zizanie. C'est ce qu'ils essaient
de faire probablement, mais on contrôle leur accès dans une
certaine mesure pour que la paix soit maintenue là-bas. Ils ont
accès aux chantiers et la façon d'y avoir accès,
concernant les véhicules personnels, c'est pour la
sécurité générale du monde. Il n'est pas question
de laisser entrer n'importe quelle sorte de véhicule sur une route
isolée où il n'y a pas de relais en nombre suffisant, etc.
M. Lessard: Vous n'avez pas l'intention de revenir à la
situation qui existait sur les travaux de Labrieville?
M. Boyd: II n'y a pas de tel problème qui se passe
là-bas.
M. Lessard: Tout y était fermé.
M. Boyd: Les agents d'affaires ont libre accès quand ils
le demandent et je vous ai donné le nombre de visites. Le nombre de
visites est assez considérable et les agents d'affaires peuvent demeurer
quatre jours à chaque visite. Ils ont tout le temps de faire tout leur
travail.
M. Morin: C'est votre avis, M. Boyd, et je veux bien le
respecter, mais il y a aussi l'avis de la partie d'en face qui, elle, n'est pas
d'accord et qui trouve que, quatre jours, en période de maraudage, c'est
absolument irréaliste et qu'ils n'arrivent pas à faire leur
travail.
Je vous le signale pour le cas où cela vous aurait
échappé. Je sais que vous avez votre perception des faits. Vous
avez le droit d'avoir cette perception des faits, mais il ne faudrait pas que
vous confondiez cette perception avec ce qui peut-être serait un
compromis juste entre les intérêts de la SEBJ et celui des
travailleurs.
M. Boyd: Les travailleurs sont très heureux et notre
responsabilité est d'éviter des saccages comme on en a
déjà eu.
M. Morin: Nous ne disconvenons pas de cela, mais quand vous
parlez de fauteurs de désordres à propos de représentants
syndicaux, je pense que vous devriez ajouter quelques nuances. Ce ne sont pas
tous des fauteurs de troubles.
M. Boyd: Non. Loin de là. C'est pour cela...
M. Morin: II y a certains de vos propos tout à l'heure qui
laissaient entendre...
M. Boyd: Je n'ai jamais dit cela. On admet les agents d'affaires
régulièrement à la baie James et il y en a toujours.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Lotbinière.
M. Massicotte: Suite à certaines questions qui avaient
été posées lors de la dernière commission
parlementaire, pourrait-on savoir où en sont rendus les études ou
les programmes pour les fonds de retraite des nationalisés par rapport
au personnel d'Hydro-Québec?
M. Giroux: C'en est au même point. La dernière fois,
on vous a très clairement expliqué que si, un jour, le
gouvernement voulait nous donner les fonds pour l'augmentation, on
l'appliquerait. Sans cela, c'est impossible à appliquer. On continue les
études.
Il y a actuellement un programme qui est à l'étude au
sujet des indexations et celui-là va coûter très cher.
Quand on aura ces rapports, on pourra les présenter à la
commission.
M. Morin: M. le Président, nous pourrions continuer encore
sur quelques autres problèmes. Je vois qu'il est moins le quart et qu'il
y a la motion de mon collègue de Saguenay à débattre. Je
souhaite simplement, avant de lui donner la parole, que nous ayons le loisir de
nous revoir très prochainement, probablement en décembre 1975,
alors qu'Hydro-Québec et la SEBJ auront préparé les
révisions de coûts de la baie James.
Transformateurs M. Lessard: M. le Président, avant de
terminer
et de voter sur la motion que j'ai présentée, j'aurais
simplement une question à poser au président
d'Hydro-Québec qui est sans doute informé qu'il y a actuellement
une grève à l'intérieur de l'entreprise les
Transformateurs de Québec. Il y a un conflit de travail depuis le 15
avril où 59 employés sont actuellement en grève. On sait
que l'un des clients ou le seul client important de cette compagnie c'est
Hydro-Québec. J'aimerais demander où vous vous alimentez en
transformateurs actuellement?
M. Dozois(Paul): M. le Président, Paul Dozois. L'achat des
transformateurs se fait par appels d'offres. Nous demandons des soumissions et
nous accordons les contrats à ceux qui nous offrent le meilleur prix. Et
je sais que l'entreprise Les Transformateurs du Québec a des commandes
parce qu'elle était le plus bas soumissionnaire. Actuellement, je pense
que pour exécuter leur commande, les responsables en font
peut-être exécuter en Ontario. Mais ils n'ont pas eu de nouvelles
commandes récemment.
M. Lessard: Donc les transformateurs actuels proviennent de
l'Ontario.
M. Dozois: Pas seulement ceux-là. La production
québécoise...
M. Lessard: Je suis d'accord. Les transformateurs qui vous sont
fournis par les Transformateurs de Québec, proviennent de l'Ontario. On
sait que cette compagnie est une succursale d'une compagnie multinationale
américaine.
M. Dozois: Dans le moment, je pense que les livraisons pour les
commandes en cours de cette industrie proviennent de l'Ontario. La compagnie a
la commande. Si on la lui enlevait, on donnerait probablement cette commande
à une autre fabrique ontarienne.
M. Lessard: D'accord, mais peut-être que la fabrication
pourrait se faire ou une partie du travail, ici au Québec. Actuellement,
il y a 55 employés qui sont en grève...
M. Dozois: On ne peut pas annuler une commande qui est
donnée en bonne et due forme, qui a été donnée
avant le déclenchement de la grève.
M. Bourassa: Avant qu'on termine, M. le Président...
M. Lessard: II y a la motion. On peut prendre le vote, mais selon
le résultat du vote, j'aurais deux demandes à faire.
M. Bourassa: Là, il y a un amendement qui va être
proposé.
Le Président (M. Séguin): Un sous-amendement
à l'amendement du député de Sa- guenay. Un instant, s'il
vous plaît, M. le premier ministre, avez-vous...
M. Bourassa: Après le vote, je voudrais conclure par
quelques mots.
Une Voix: J'aurais deux petites questions.
Amendement à la motion de M. Lessard
M. Perreault: M. le Président, mon amendement est
celui-ci. Etant donné que j'ai mentionné tout à l'heure
qu'il y avait un projet de loi sur l'aménagement du territoire qui
serait déposé et que des organismes impliqués dont
Hydro-Québec pourraient venir déposer des mémoires en
relation avec ce projet de loi, je propose que, dans l'avant-dernière
ligne, on supprime le mot "une" pour le mot "la" et qu'on rajoute, après
le mot "parlementaire" les mots "permanente des affaires municipales et de
l'environnement."
M. Lessard: M. le Président, ce serait la commission de
l'environnement. M. le Président, je n'ai pas de problème...
Adopté.
Le Président (M. Séguin): Puisqu'il y a amendement,
je suis obligé de prendre le vote sur l'amendement comme l'indique le
règlement.
M. Lessard: Sur l'amendement.
Le Président (M. Séguin): Sur le
sous-amendement.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Séguin): Unanimement, sur la
motion principale. Adopté.
M. Lessard: Si vous me permettez, M. le Président...
Le Président (M. Séguin): Est-ce que c'est
unanime?
Une Voix: Oui.
M. Lessard: J'aurais une question à poser au premier
ministre et une autre à Hydro-Québec, très brèves,
étant donné que nous venons d'adopter cet amendement. Si nous ne
voulons pas que ce soit un voeu pieux, je demanderais au premier ministre:
Est-ce qu'il serait prêt à suspendre l'application de
l'arrêté en conseil 785-75 du 6 février 1975 qui permet
à Hydro-Québec de faire les expropriations sur ce territoire et
selon le tracé désigné ou choisi par
Hydro-Québec?
M. Bourassa: Je prends avis de la question, il faudrait que
j'examine avec Hydro-Québec les conséquences que ça peut
avoir.
M. Lessard: II faudrait quand même être
sérieux dans la motion que nous avons présentée
parce que l'Assemblée nationale ne pourra se réunir avant
octobre prochain. Entre-temps, si Hydro-Québec continue ses
travaux...
M. Bourassa: Les commissions peuvent se réunir avant.
M. Lessard: Sur un ordre de la Chambre ou en vertu de l'article
150, c'est possible, mais est-ce que vous vous engagez alors à convoquer
cette commission avant octobre prochain?
M. Bourassa: Je voudrais en discuter avec les responsables, je
crois bien...
M. Morin: Cela ne nous avance pas.
M. Lessard: Cela ne nous avance pas, on peut accepter la motion,
continuer pour la forme et permettre à Hydro-Québec de continuer
ses expropriations. Après, il n'y aura plus de problème, le jour
où la commission de l'environnement va siéger, tous les travaux
seront probablement entrepris, l'expropriation aura été
faite.
Autre chose, je pense que le premier ministre...
M. Bourassa: Je prends avis.
M. Lessard: II ne faudrait pas que vous preniez avis trop
longtemps.
M. Bourassa: D'accord! Quelle est l'autre question?
M. Lessard: On nous a parlé d'études, en vue de la
préparation de cette commission parlementaire, qui avaient
été faites particulièrement sur la liaison
Châteauguay-Chénier ou Chénier-Châteauguay.
Hydro-Québec accepterait-elle de déposer entre-temps ces
études pour nous permettre de préparer cette commission
parlementaire qui devrait siéger dans les plus brefs délais.
M. Giroux: Si on doit les débattre, on les déposera
probablement trois jours avant.
M. Lessard: Cela vous donnera le temps de les
préparer.
M. Giroux: Cela ne sert à rien de nous inviter à
débattre quelque chose ou à préparer des dossiers, si on
les publie avant.
M. Lessard: Entre-temps, cela vous permettra...
M. Bourassa: II y a le problème particulier et le
problème général.
M. Lessard: C'est exact.
M. Bourassa: II y a eu des représentations sur le
problème particulier...
M. Lessard: Mais cela deviendra un problème
général si on ne fait rien.
M. Bourassa: Nous aurons l'occasion d'en discuter.
M. Lessard: Je l'espère.
M. Bourassa: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir,
au nom de mes collègues et de l'Opposition, je le pense, de remercier
les dirigeants d'Hydro-Québec, de la Société
d'énergie et de la Société de développement de la
baie James. Je n'ai pas pu assister à toutes les réunions, mais
celles auxquelles j'ai participé m'ont révélé que
les réponses qui ont été données étaient
solides, documentées, parfois cinglantes, devant la campagne de
dénigrement que certaines personnes ont faite sur le
développement de la baie James.
M. Lessard: Encore de la petite politique.
M. Bourassa: Ce sont les faits. Je crois que ce fut une
réunion très productive, très fructueuse pour ceux qui
veulent réellement travailler au développement du
Québec.
M. Morin: Je veux également remercier ces messieurs
d'Hydro-Québec. Ce fut, effectivement, une réunion fructueuse, je
le crois même si nous n'avons pas joui, pendant toute la durée des
réunions, de la présence du premier ministre. Cela valait
peut-être mieux comme ça, d'ailleurs.
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission, ayant terminé ses travaux, déposera un
rapport en Chambre sur le résultat de ses travaux.
(Fin de la séance à 18 h 50)