Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Entente concernant les Cris et les Inuit de la baie
James
Séance du mardi 11 novembre 1975
(Dix heures dix-sept minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Quatrième séance de la commission des richesses naturelles
et des terres et forêts sur le projet d'entente de la baie James, soit
l'entente avec les Inuit et les Cris ou les Cris et les Inuit. Les membres de
la commission pour la séance d'aujourd'hui sont: M. Morin (Sauvé)
qui remplace M. Bédard (Chicoutimi); M. Bellemare (Johnson); M.
Carpentier (Laviolette); M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Faucher (Nicolet-Yamaska);
M. Bérard (Saint-Maurice); M. Lessard (Saguenay); M. Malouin (Drummond);
M. Massé (Arthabaska); M. Cour-noyer (Robert Baldwin); M. Pelletier
(Kamouraska-Témiscouata); M. Harvey (Charlesbourg); M. Picotte
(Maskinongé); M. Samson (Rouyn-Noranda). Comme pour la semaine
dernière et les séances précédentes, M. Malouin
(Drummond) continue d'être le rapporteur. Tel que convenu, messieurs,
nous avions déterminé un maximum de temps vendredi, à
l'occasion de l'ajournement. Je constate qu'il est 10 h 21. C'est à ce
moment que nous commençons la séance. Le député de
Sauvé.
Négociations avec les Inuit
M. Morin: M. le Président, est-ce qu'il ne serait pas
opportun, comme toute première étape de cette dernière
séance d'étude du projet d'entente avec les Indiens et les Inuit,
que le député de Mont-Royal nous fasse part des résultats
des négociations qu'il a eues au cours de la fin de semaine avec les
Inuit. Si je ne m'abuse, à la dernière séance, il se
faisait fort de régler un certain nombre de questions pendantes avec
l'Association des Inuit du Québec. Avant que nous n'allions plus loin et
que nous étudions certaines clauses du projet d'entente, il serait sans
doute bon que nous soyons mis au courant du résultat de ces
démarches.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Très bien, M. le Président. Cela me
fait plaisir de pouvoir répondre à la demande du
député de Sauvé.
Nous avons réussi depuis vendredi, au cours de... Je ne peux pas
dire si c'étaient plusieurs rencontres ou si c'était une
rencontre qui a commencé vendredi et qui s'est terminée ce matin,
mais nous sommes arrivés à une entente sur les points qui
étaient en suspens vendredi...
M. Morin: Les trois?
M. Ciaccia: Les trois points. Nous avons de nouveaux chapitres.
Je voudrais déposer, en commission, les chapitres du projet d'entente.
Le chapitre 6, qui est "Sélection des terres Inuit", le chapitre 7,
"Régime des terres Inuit" et j'attends, d'une minute à l'autre,
le chapitre 23, qui est l'"Environnement au nord du 55e parallèle". Je
peux dire que tous les points en suspens vendredi ont été
réglés. Aussitôt que les documents seront arrivés
ici, je les déposerai en commission et j'en ferai parvenir des copies
aux membres de la commission.
M. Morin: Puis-je demander au député de Mont-Royal,
M. le Président, avec votre permission, s'il compte nous donner une
carte assez précise de l'entente intervenue au sujet des territoires de
catégorie I?
M. Ciaccia: Pour les territoires de catégorie I, les Cris,
je crois qu'il y a une carte à l'annexe du...
M. Morin: Oui, ça...
M. Ciaccia: ... du volume II...
M. Morin:... c'est réglé, déjà.
M. Ciaccia: ... et les cartes Inuit, aussitôt que je
recevrai, ce matin, le chapitre 6, vous en recevrez une copie. Elles sont
à l'annexe de ce chapitre.
M. Morin: Bon! Est-ce que le député nous donnerait
une idée du moment où nous les aurons? Est-ce que nous aurons le
temps de les consulter avant la fin de la séance?
M. Ciaccia: Sélection des terres... Je peux
déposer... J'ai le chapitre 6, ici, M. le Président. Je n'ai pas
l'annexe. Un instant!
Le Président (M. Séguin): Distribuez ce que vous
avez, si vous voulez, M. le député.
M. Morin: S'il y avait moyen d'en faire faire quelques copies, M.
le Président, pour distribuer à tous les membres ici. Je pense
que cela les intéresserait.
Le Président (M. Séguin): C'est encore le chapitre
6?
M. Morin: Le chapitre 6, c'est ça.
Le Président (M. Séguin): C'est le chapitre 6,
merci.
M. Ciaccia: J'attends l'annexe d'un moment à l'autre. Elle
devait être ici.
M. Morin: C'est la carte. M. Ciaccia: La carte,
plutôt.
Le Président (M. Séguin): Autre question?
M. Morin: Oui, M. le Président, j'ai quelques autres
questions, comme je l'avais annoncé à la fin de la séance,
la semaine dernière, portant sur le contenu de l'entente.
J'en ai même plusieurs, il serait peut-être opportun que
j'aborde d'abord la question des rapports entre le gouvernement du
Québec, d'une part, et les gouvernements voisins du Québec dans
le Nord. J'entends les gouvernements des Territoires du Nord-Ouest et,
éventuellement, le gouvernement de Terre-Neuve.
En effet, à la pointe est de la baie d'Ungava, la localité
de Port Burwell relève, à moins que je ne m'abuse, de la
compétence territoriale des Territoires du Nord-Ouest,
c'est-à-dire du gouvernement de ce qu'on appelle le gouvernement de
Yel-lowknife. Y a-t-il eu consultation avec ce gouvernement avant d'inclure
parmi les bénéficiaires de l'entente des habitants inuit de Port
Burwell?
M. Ciaccia: Oui, il y a eu consultation et, au sous-comité
où on discutait des îles du littoral, il y avait des
représentants du ministère des Affaires indiennes et du Nord du
Canada. C'est de ce ministère que relève la compétence
pour l'administration des Territoires du Nord-Ouest. Ils étaient
représentés aux discussions sur les îles du littoral, au
sujet de Port Burwell. Ils ont accepté les prévisions qui sont
incluses dans le projet d'entente.
Il y a eu consultation avec les autorités compétentes du
Canada, qui ont juridiction sur ces territoires.
M. Morin: Avec l'administration de Yellowknife, avez-vous eu
quelques rapports, quelques consultations?
M. Ciaccia: Ces gens étaient représentés au
sous-comité par les fonctionnaires du ministère des Affaires
indiennes, et ce sont eux qui ont la compétence, la juridiction et
l'administration de ces territoires.
M. Morin: De sorte que vous tenez pour acquis, si je vous
comprends bien, que les gens de Yellowknife sont engagés,
représentés par le gouvernement d'Ottawa dans cette affaire.
M. Ciaccia: Je tiens pour acquis que le ministère et le
gouvernement du Canada ont engagé cette administration des Territoires
du Nord-Ouest, qu'ils ont communiqué avec eux et qu'ils acceptent les
conditions qui sont incluses dans le projet d'entente.
Reconnaissance juridique de la
frontière
M. Morin: Toujours dans la même veine, puisque nous parlons
de compétence territoriale, est-ce que je pourrais demander au
député de Mont-Royal de nous décrire l'effet juridique de
ce qui semble bien être une sorte de reconnaissance de facto de la
frontière existant entre le territoire du
Québec, d'une part, et, d'autre part, la côte du Labrador
telle qu'indiquée sur les cartes qui ont été mises
à notre disposition? Je pose la question parce que ce n'est pas clair
dans mon esprit. Quelle est la portée exacte de ce que j'appellerais,
à tout le moins, une reconnaissance de facto? Je ne dis pas
reconnaissance de jure, parce que j'ai cru voir, au bas de la carte, qu'il y
avait une certaine réserve quant à l'emplacement exact de cette
frontière sur le plan juridique. Mais est-ce qu'il n'y a pas là
une reconnaissance de facto?
M. Ciaccia: Puisque nous avons inclus, sur les cartes, les
réserves que vous avez mentionnées, je ne crois pas qu'il y ait
reconnaissance ou juridique ou de facto de ces frontières. Je ne crois
pas. C'est mon opinion. Nous n'avons pas discuté, naturellement, des
frontières du Labrador. Cela ne relevait pas de l'entente. Mais la carte
démontre ce qu'elle démontre et je ne crois pas que nous ayons
ajouté ou enlevé de juridiction, ou nous n'avons pas
discuté des réclamations ou des positions de divers gouvernements
à ce sujet.
M. Morin: Parce que la réserve qu'on trouve
habituellement... Je n'ai pas la bonne carte. Sur les cartes, d'habitude, se
trouve une réserve qui a pour effet de protéger la position, les
revendications québécoises dans cette partie du territoire. Or,
la petite phrase qu'on trouvait habituellement au bas des cartes
n'apparaît plus, en tout cas, elle n'apparaît pas sur la plus
récente carte du ministère des Terres et Forêts. Je me suis
demandé si, quand on met tous ces faits ensemble, on n'aboutit pas
à une reconnaissance de facto. Quelle est la position actuelle du
gouvernement là-dessus?
M. Ciaccia: Sur la carte qui est annexée au volume 2, il y
a une réserve au bas de la carte qui dit: La frontière
Québec-Terre-Neuve indiquée par un symbole différent des
autres frontières n'est pas définitive. C'est ça la carte
que nous annexons à notre projet d'entente. Je crois que c'est une carte
du ministère des Terres et Forêts du Québec, elle sera
annexée à l'entente, elle sera signée par toutes les
parties, incluant le Canada. Alors, non seulement ce n'est pas une
reconnaissance de facto, mais je crois que c'est l'inverse, ce serait une
reconnaissance de facto par le Canada que nous ne reconnaissons pas cette
frontière.
M. Morin: Son tracé est définitif?
M. Ciaccia: Oui, le tracé, oui. Il me semblerait que le
Canada, en signant ce projet d'entente, accepte notre position, que ce n'est
pas définitif. Quant... excusez.
M. Morin: Donc... oui, allez-y, M. le député.
M. Ciaccia: Quant aux frontières, je crois que j'ai
déjà mentionné que, dans nos discussions sur les
îles du littoral, nous avons obtenu du Canada une reconnaissance que la
frontière entre les territoires du Nord-Ouest et le Québec serait
aux lignes des basses eaux. C'est une extension de la frontière en ce
qui concerne le Québec.
M. Morin: Si je vous ai bien compris, le fait pour le
gouvernement du Canada d'être partie à l'entente comporte de sa
part une sorte de reconnaissance de facto que, du point de vue
québécois, la frontière actuelle du Labrador n'est pas
définitive et n'est pas reconnue telle quelle.
M. Ciaccia: Je ne dis pas que le Canada prend cette position.
Vous m'avez demandé si, par le projet d'entente, le Québec donne
une reconnaissance de facto à la frontière
Labrador-Québec.
Moi, je dis: Non; il ne le donne pas. Non seulement il ne le donne pas,
mais il spécifie que ce n'est pas définitif. On pourrait
interpréter cela, puisque le Canada le signe et que c'est une
reconnaissance par le Canada, en disant qu'elle n'est pas définitive. Je
ne vous dis pas que c'est l'opinion du Canada. Je vous donne la
possibilité d'interprétation puisque le Canada signe l'entente
avec cette réserve sur la carte.
Négociations avec Terre-Neuve
M. Morin: II y a un certain nombre d'Indiens qui vivent, à
l'heure actuelle, du côté terre-neuvien du tracé plus ou
moins temporaire, tel qu'il apparaît sur la dernière carte
à laquelle vous vous référiez. Je crois, en particulier,
qu'il y a des Indiens qui vivent à Davis Inlet, l'anse Davis, et qui ont
des droits de chasse et de pêche, du côté
québécois de la frontière en pointillé.
Est-ce que le gouvernement du Québec a eu des tractations, des
négociations, avec le gouvernement de Terre-Neuve, au sujet des droits
de ces Indiens qui passent la frontière, puisqu'à toutes fins
pratiques, elle n'est pas marquée sur le terrain, c'est une
frontière qui n'a rien de physique?
J'aimerais savoir si vous avez, notamment au sujet des Naskapis
parce que je sais qu'il y en a qui habitent des deux côtés de la
frontière si vous avez eu des tractations à ce sujet.
M. Ciaccia: Nous n'avons pas eu de discussions avec les habitants
de Davis Inlet, mais nous en avons eu avec les Naskapis. Nous sommes sur le
point de conclure une entente de principe avec les Naskapis. Ils étaient
avec nous au cours de la fin de semaine et ils nous ont quittés à
4 h 15 ce matin. Je suis très confiant que nous pourrons nous entendre
avec les Naskapis, malgré la signature du projet d'entente. Il est clair
que tous les droits des autochtones dans le territoire seront éteints.
C'est clair.
M. Morin: Article 2.6.
M. Ciaccia: Article 2.6. C'est clair; malgré cette clause,
le Québec s'est engagé à négocier avec les autres
Indiens et les autres Inuit de l'île Belcher qui pourraient avoir des
droits dans le territoire.
Nous le faisons avec les Naskapis. Nous serons prêts à le
faire avec tous les autres groupes qui prétendent ou se disent avoir des
droits dans le territoire. Les gens de Davis Inlet ne nous ont pas
contactés. On n'a pas eu de discussion avec eux et on en a avec les
Naskapis.
Droit de chasse et de pêche
M. Morin: Est-ce que ce serait une discussion sur la base d'une
compensation? Est-ce que ce serait une négociation donc en vue d'une
compensation pécuniaire ou s'il pourrait y avoir également
discussion autour de droits de chasse et de pêche qui pourraient
être non pas sans doute consacrés par le projet d'entente qui est
devant nous mais qui pourraient être reconnus par une entente
ultérieure?
M. Ciaccia: Je crois qu'on ne pourra pas se limiter à
seulement une question de compensation. Le projet d'entente stipule d'autres
bénéfices et d'autres avantages dont les privilèges ou les
droits de chasse et de pêche. Avec les Naskapis, les discussions ne se
limitent pas seulement aux compensations. On parle de droits de chasse et de
pêche. Je crois que nous ne pourrions pas faire autrement que de discuter
et de trouver une solution avec les autres autochtones qui ont des droits dans
le territoire, des droits de chasse et de pêche sur le territoire.
Cela fera partie de nos discussions. Cela fait partie maintenant des
discussions avec les Naskapis.
M. Morin: A l'égard des autres tribus indiennes,
montagnaises, huronnes, est-ce que les discussions prévues, les
négociations auxquelles vous les avez invitées, la semaine
dernière, vont porter uniquement sur la compensation à laquelle
il est fait allusion dans l'entente ou s'il pourra, également dans leur
cas, y avoir reconnaissance de certains droits de chasse, de pêche et de
trappage?
M. Ciaccia: Les discussions, pour ceux qui ont des droits dans le
territoire, ne seront pas limités nécessairement à
seulement la compensation. Il pourra y avoir des discussions sur les droits de
chasse et de pêche dans le territoire.
M. Morin: Conduisant à des accords, en bonne et due
forme?
M. Ciaccia: Conduisant à des accords. C'est cela que nous
allons faire avec les Naskapis. Cela va conduire à un accord avec eux
sur les droits de chasse et de pêche.
M. Morin: Je vous avoue, M. le député, que, devant
la façon dont vous procédez, je ressens un certain malaise.
J'aimerais que vous clarifiez ce point pour moi. J'ai eu l'impression, la
semaine dernière, que la stratégie des négociateurs,
qu'ils soient Québécois ou qu'ils soient fédéraux,
consistait à diviser les diverses tribus indiennes pour négocier
avec chacune séparément. Je ne sais pas si mon impression est
exacte. J'aimerais que vous me disiez et me démontriez le contraire. Je
n'ai pas pu m'empêcher d'étudier avec vous la
façon dont la négociation avait été
conduite, peut-être même avec les Inuit, que Québec avait
pratiqué une sorte de politique de divide et im-pera. Je ne demande pas
mieux que de me faire convaincre du contraire. C'est pour cela que, sans
affirmer la chose, je vous demande pourquoi vous avez procédé de
la sorte à une négociation, au moins pour les Indiens autres que
les Cris, tribu par tribu ou groupe par groupe. Est-ce qu'il n'y aurait pas eu
avantage à négocier avec l'ensemble des tribus indiennes
réunies sous l'égide de l'Association des Indiens du
Québec?
M. Ciaccla: M. le Président, je voudrais établir
catégoriquement que le gouvernement du Québec et moi
personnellement n'avons jamais tenté de diviser et n'avons pas
divisé les tribus ou ceux qui voulaient négocier. La situation
qui s'est présentée est celle-ci: L'Association des Indiens du
Québec a commencé les discussions avec le gouvernement du
Québec. Elle représentait les Cris de la baie James, elle ne
représentait pas les Inuit naturellement, mais elle représentait
les Cris et les autres bandes d'Indiens du Québec. De bonne foi, j'ai
commencé les négociations et j'ai transmis les propositions que
le Québec était prêt à conclure à
l'Association des Indiens du Québec. Quand vous dites qu'il faut
négocier l'ensemble des droits des Indiens avec l'association,
malheureusement, différents groupes d'Indiens ont des problèmes
différents, des réclamations différentes. Ce n'est pas
nous qui avons refusé de négocier avec l'Association des Indiens,
ce sont les Cris de la baie James. Quand ils voyaient que leurs
intérêts commençaient à être un peu
mélangés avec tous les droits des autres Indiens du
Québec, ils ont pris les négociations eux-mêmes, parce que
le projet de la baie James n'affectait pas les Hurons de Lorette-ville,
n'affectait pas les Indiens de Caughnawaga.
M. Morin: Non, mais les Montagnais de Schefferville, par
exemple.
M. Ciaccia: Les Montagnais de Schefferville, on était
prêt, on a toujours été prêt. Je vais en venir aux
Montagnais de Schefferville, dans un instant. Alors, que devions-nous faire a
ce moment? Est-ce qu'on devait dire aux Cris: Je ne veux pas négocier
avec vous, parce que l'Association des Indiens veut négocier l'ensemble
de tous les droits?
Quelle était la position logique et rationnelle à prendre?
La position logique et rationnelle était celle-ci. Nous sommes
prêts à négocier avec tous les groupes, qu'ils soient
ensemble ou qu'ils soient séparés du Québec. L'Association
des Indiens du Québec aurait pu, durant les douze derniers mois, faire
des réclamations au gouvernement du Québec et dire: Très
bien! Maintenant que c'est vrai que nous ne représentons pas les Cris,
nous représentons cependant d'autres groupes et nous voulons telle et
telle réclamation pour eux. J'aurais continué les discussions
avec eux. Je les ai invités à faire cela, mais ils ne l'ont pas
fait, parce qu'ils disent: Nous ne négocions pas sur la base de
l'extinction des droits. Nous voulons garder nos droits. Si le Québec
nous laisse nos droits, ceci semble être la position prise par
l'association, on ne veut pas négocier.
Mettons de côté leur position. Le fait est que nous avons
toujours été prêts à les rencontrer, à
négocier avec eux. Ils ont refusé de venir nous voir.
Il y a un autre groupe d'Indiens, qui représente 10,500 Indiens,
qui représente les Mohawks de Caughnawaga, de Saint-Régis et
d'Oka. Ces gens se sont présentés au gouvernement. Je
n'étais pas pour leur dire: Allez voir l'Association des Indiens du
Québec. On a dit: Très bien! Quelles sont vos
réclamations? Nous avons commencé des discussions avec eux. Ce
sont des gens en dehors du territoire, qui n'ont aucun droit, aucune
prétention au territoire de la baie James, mais quand ils ont vu que le
Québec négociait avec les Indiens, ils ont dit: Nous aussi, nous
avons des réclamations.
M. Morin: Dans le territoire?
M. Ciaccla: Non. Nous avons des réclamations dans le
Québec. On a dit: Très bien! Assoyons-nous et voyons ce que vous
prétendez.
Le gouvernement fédéral a avisé les Montagnais de
Schefferville et a essayé de les persuader de négocier, soit par
l'entremise de l'association, soit par l'entremise d'autres groupements. Ils ne
se sont pas présentés. Ils ne sont pas venus à nous pour
dire: Nous voulons négocier.
Je crois que cette question de division, si elle existe, n'a
été créé ni par moi ni par le gouvernement. C'est
une situation qui doit exister parmi les gens intéressés, qui ne
doivent pas voir de la même façon la méthode de
négociation ou leur rôle vis-à-vis du Québec ou
vis-à-vis du négociateur du Québec.
C'est la situation actuelle.
Négociations avec les Indiens
M. Morin: Votre attitude, c'est donc, à l'heure actuelle,
que vous demeurez ouverts à une négociation avec l'Association
des Indiens du Québec.
M. Ciaccia: Le gouvernement du Québec y est ouvert,
absolument... Il s'est engagé à négocier avec les gens qui
ont des réclamations dans le territoire. S'ils sont
représentés par l'Association des Indiens du Québec, on ne
dira pas aux gens, qui doit les représenter, de la même
façon qu'eux ne peuvent pas dire au Québec: Vous devez nommer tel
et tel négociateur. Nous, nous ne dirions jamais aux groupes, aux
individus, qu'ils doivent nommer tel ou tel représentant. Si c'est
l'association, le Québec va négocier avec elle.
M. Morin: Maintenant, l'association vous a dit, effectivement,
qu'ils ne négocieraient pas, comme certains autres l'ont fait, comme les
Cris l'ont fait, comme les Inuit l'ont fait, sur la base de l'extinction de
leurs droits. C'était, semble-t-il, leur princi-
pale objection de principe à l'entente. Du moins, c'est ce que
vous sembliez confirmer il y a un instant.
Ce que j'aimerais vous demander, M. le député en
fait, je le demande au gouvernement, que vous représentez dans ce
dossier c'est:
N'y aurait-il pas lieu d'ouvrir une négociation avec
l'Association des Indiens, même s'il y a cette espèce d'attitude
préalable de leur part qu'ils ne renonceront pas à leurs droits
sur le territoire, parce que cela peut signifier bien des choses. Il y a
peut-être une autre façon d'ouvrir le dossier, qui est la
suivante: Vous ne renoncez pas à vos droits, mais quels sont-ils, selon
vous? Et aborder la négociation sous un angle positif plutôt que
négatif.
M. Ciaccla: Vous avez parfaitement raison. Le gouvernement du
Québec a toujours été prêt à les rencontrer,
même s'ils ont ces prétentions de dire: Nous allons
négocier, mais pas sur une base d'extinction des droits.
M. Morin: Vous l'affirmez, vous restez prêts à
rencontrer l'Association des Indiens qui désirent, eux, vous rencontrer,
même si, de leur part, il y a cette attitude de principe préalable
qu'ils ne renonceront pas à leurs droits.
M. Coumoyer: II ne faudrait pas comprendre par cela que nous
allons renoncer à cette position.
M. Morin: Je n'ai pas dit cela, M. le ministre.
M. Cournoyer: Non, mais en cas, des fois, que quelqu'un puisse le
comprendre comme cela, j'aimerais mieux le vérifier
immédiatement.
M. Morin: J'ai pesé mes mots!
M. Ciaccla: Je peux dire une autre chose, et peut-être que
cela va clarifier.
M. Morin: J'ai pesé mes mots, et d'ailleurs le
député est assez intelligent pour me répondre avec toutes
les nuances nécessaires.
M. Cournoyer: C'est parce que d'autres personnes vont faire cela.
Il y a d'autres personnes qui vont le dire.
M. Ciaccia: Cela va peut-être clarifier si je vous dis que
nous n'avons jamais refusé de rencontrer l'association parce qu'elle a
pris cette position. Je crois que c'est clair. Nous n'avons jamais
refusé de les rencontrer parce qu'ils prenaient cette position.
M. Morin: J'aimerais passer à une autre question, qui est
celle des réserves écologiques.
Je n'ai pas à vous rappeler, M. le ministre et M. le
député, que nous avons adopté la loi no 67, sur les
réserves écologiques, il y a quelques mois. A la suite de
l'adoption de cette loi, le ministère des Terres et Forêts a
dû procéder à la création d'un certain nombre de ces
réserves dans les régions nordiques. Serait-il possible de savoir
où sont situées ces réserves écologiques? Je sais
qu'il y avait déjà un certain nombre de projets. Il me semble
qu'au moment où nous avons débattu ce projet de loi, c'est moi
qui étais responsable du dossier du côté de l'Opposition.
J'aimerais savoir si vous avez prévu une conciliation des
réserves écologiques prévues par le ministère des
Terres et Forêts, avec les divers espaces qui ont fait l'objet de la
négociation entre vous, d'une part, les Cris et les Inuit, d'autre
part.
M. Ciaccia: Le projet d'entente ne crée pas de
réserves écologiques. D'ailleurs, il n'y a rien dans le projet
d'entente qui puisse empêcher la création de réserves
écologiques dans le territoire, sous les lois que vous avez
mentionnées du ministère des Terres et Forêts.
Lorsque l'entente sera conclue, il sera possible de créer des
réserves écologiques de la même façon et de la
même manière qu'avant que l'entente soit signée.
M. Morin: Vous me dites que l'entente ne crée pas de
réserves écologiques. Je le savais, parce que c'est bien clair,
il n'en est pas question, mais il reste qu'à l'époque où
nous avons discuté de ce projet de loi, je me souviens pertinemment
qu'il y avait une liste de projets.
C'était sans doute encore à l'état de projet,
à ce moment. Mais je me souviens distinctement d'avoir vu des projets au
sujet des monts d'Youville, sur la rivière Chukotat qui est à
l'est du cap Smith, par exemple, à Povungnituk, entre le village et le
lac, cela peut peut-être expliquer certaines des attitudes des gens de
Povungnituk la semaine dernière, à Maricourt, au lac des Phoques,
aux monts Otish, au lac Mistassini, au golfe de Richmond. Je vous parlerai
d'ailleurs, tout à l'heure, du golfe de Richmond plus en détail.
Est-ce qu'il y a dans l'entente, à tout le moins, des dispositions qui
réservent la pleine compétence du Québec et du
ministère des Terres et Forêts d'instaurer, de créer ces
réserves écologiques? Advenant qu'elles soient
créées, seront-elles sous l'entière compétence du
ministère des Terres et Forêts? Ou bien, étant donné
que l'administration de certaines de ces terres, notamment de catégorie
I, appartiendra au gouvernement fédéral, est-ce qu'il ne risquera
pas d'y avoir des conflits de compétence? Si oui, qu'avez-vous mis dans
l'entente pour départager les compétences de part et d'autre?
M. Ciaccla: Je crois que, dans le projet d'entente, les seuls
endroits où les réserves écologiques ne pourraient
peut-être pas être créées, ce serait dans les terres
de catégorie I-A, parce que ce sont les réserves, pas les
réserves traditionnelles, mais c'est où les gens habitent, et sur
les terres de catégorie I-A, comme nous en avons discuté la
semaine dernière, il y a une juridiction fédérale...
M. Morin: C'est cela.
M. Ciaccla: ... avec le transfert de compétences à
la province dans plusieurs secteurs.
M. Morin: Santé, éducation, etc. Justement, je me
demandais si les réserves écologiques faisaient également
partie de cette réserve de compétences au profit du
Québec.
M. Ciaccia: Pas dans la catégorie I-A parce que ce sont
des terres où la juridiction fédérale est assujettie
à ce transfert, mais, dans tous les autres territoires, c'est possible,
d'après l'entente, de créer ces réserves
écologiques entièrement et complètement sous la
juridiction provinciale. Les projets que vous avez mentionnés demeurent
encore des projets. Ils pourraient être ou ne pas être mis en
vigueur, mais il n'y a aucune question et, sans doute, si ces réserves
écologiques sont créées, et elles peuvent être
créées par le ministère des Terres et Forêts, par le
gouvernement du Québec, elles vont demeurer entièrement sous la
juridiction provinciale.
M. Morin: Donc, l'interprétation que j'étais
tenté de donner à l'accord se révèle exacte, c'est
bien que vous n'avez pas réservé dans l'entente, pour la
catégorie I-A...
M. Ciaccia: Excusez.
M. Morin: Prenez tout le temps qu'il faut. Le ministre nous a
donné tellement de temps dans sa générosité qu'on
peut vider les questions.
M. Cournoyer: Ce n'est pas notre faute si nous avons
commencé en retard, par exemple.
M. Morin: Non, je n'ai pas dit cela non plus, d'ailleurs. Je
sais.
M. Ciaccia: Nous avons une référence, dans
l'entente de principe, stipulant que les propositions relatives à la
création de parcs, de réserves écologiques et ce
sanctuaire faunique et l'affectation des terres à des fins similaires
sont soumis à l'avis du comité conjoint c'est seulement un
avis du comité conjoint qui a été créé sous
juridiction provinciale autochtones-province sauf lorsque cela porte sur
des terres situées dans les limites d'un établissement. Le seul
endroit où nous ne pouvons pas créer de réserves
écologiques, c'est sur les terres de catégorie I-A.
M. Morin: Est-ce que le ministère des Terres et
Forêts a été saisi de cet aspect de l'entente et est-ce que
vous avez tenu compte, sciemment compte, de la loi que l'Assemblée avait
adoptée il y a quelques mois, lorsque vous avez négocié
l'entente?
M. Ciaccia: Oui, le ministère des Terres et Forêts
est conscient... Deux ministères ont été directement
impliqués dans cette portion de l'entente, le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et le ministère des Terres
et Forêts.
Réserves écologiques M. Morin: Est-ce que vous
pouvez me dire, M. le député, s'il y a conflit entre les terres
de catégorie I-A, tel que reconnu dans l'entente, et les projets de
réserves écologiques du ministère des Terres et
Forêts? S'il y a conflit, est-ce que le ministère des Terres et
Forêts va retirer ses projets ou va les modifier pour tenir compte de
l'entente?
M. Ciaccia: Non. On m'a informé qu'il n'y a aucun conflit
entre les projets que vous avez cités et les terres de catégorie
I-A.
M. Morin: Même au lac Mistassini?
M. Ciaccia: Un instant, je vais vérifier ça.
M. le Président, on m'informe que les projets du gouvernement
dans les réserves écologiques ne sont aucunement affectés
par les terres de catégorie I-A. La liste des projets que le
député de Sauvé nous a donnée ne sont pas tous sur
la liste des projets du gouvernement. Ce sont des listes qui ont
été préparées par un organisme international. Je
suppose qu'on a fait des suggestions et le ministère des Terres et
Forêts étudie ces projets, mais les projets que le gouvernement
lui-même a dans ce territoire ne sont aucunement affectés par les
terres de catégorie I-A.
M. Morin: Avez-vous prévu des dispositions qui vous
permettraient, le cas échéant, pour le cas où le
gouvernement accepterait les recommandations de certains organismes, soit
québécois, soit canadiens, soit internationaux, qui vous
donneraient la possibilité de négocier avec les Indiens ou
éventuellement les Inuit détenteurs de ces terres de
catégorie I-A en vue de l'aménagement de zones écologiques
qui profiteraient non seulement à l'ensemble des
Québécois, mais en particulier aux détenteurs?
M. Ciaccia: C'est assurément possible et c'est
prévu dans le secteur de l'environnement avec la commission pour le
territoire de la baie James, le conseil sur l'environnement et, au nord du 55e,
avec la commission sur la qualité de l'environnement, qui sera
l'organisme en place sur le territoire au nord du 55e. Alors, il serait
très possible de pouvoir discuter de ces projets par l'entremise de ces
organismes.
M. Morin: Dans la même veine, est-ce que vous avez eu des
négociations avec les fédéraux au sujet de
l'aménagement éventuel de parcs nationaux dans le territoire qui
fait l'objet de l'entente? Je pense en particulier à un projet qui est
signalé dans un document, qui semble être un document d'origine
fédérale puisqu'il est rédigé en anglais, du
28...
M. Ciaccia: II ne faut pas en venir à cette conclusion. Il
y a beaucoup de documents d'origine anglaise qui ne vienent pas du gouvernement
fédéral.
M. Morin: Non, qui viennent d'où, M. le
député?
M. Ciaccla: Ils viennent de certaines personnes qui s'expriment
mieux en anglais, mais qui sont des Québécois autant que les
autres.
M. Morin: Pas du gouvernement québécois? M.
Ciaccla: Par accident ou autrement. M. Morin: Du gouvernement
québécois?
M. Ciaccia: Le gouvernement, officiellement, c'est
français, mais il y a des individus qui s'expriment mieux en
anglais.
M. Morin: Toujours est-il que, dans un document intitulé
"Outstanding Areas of Negociations" du 28 octobre 1975, donc, il y a quelques
jours à peine, je trouve, à la page trois de ce document
dont vous pourriez peut-être me préciser l'origine parce que je ne
la connais pas, cela faisait partie d'un lot considérable de papiers qui
nous ont été remis et que nous avons parcourus pendant la fin de
semaine le sous-titre "Lands and subcommittee". Parmi les "outstanding
issues" ou "outstanding areas of negociations", on trouve le statut exact des
terres de catégorie I, la négociation des terres en question. Au
point no 5, on trouve ceci: "Protection of Richmond Gulf" entre
parenthèses (National Park Concept).
J'aimerais savoir s'il a été question de cela durant les
négociations. J'aimerais savoir si vous êtes au fait des projets
fédéraux qui... Vous savez qu'Ottawa sait, à l'occasion,
se faire très persuasif lorsqu'il convoite un certain morceau de
territoire québécois et qu'il tente de protéger les
Québécois contre eux-mêmes, à l'occasion. Il est de
notoriété publique, je pense, que le gouvernement d'Ottawa
désire depuis longtemps établir un parc fédéral
côtier, dans le territoire touché par la convention.
Est-ce qu'il en a été question durant les
négociations? Et quelle est l'attitude du gouvernement
québécois à cet égard?
M. Ciaccla: M. le Président, durant les
négociations, il faut comprendre que beaucoup de documents ont
été préparés et différentes positions ont
été soumises par les autochtones.
Vous vous référez à un endroit près du golfe
de Richmond. C'est vrai, la proposition qui nous a été soumise
demandait la création d'un parc national à cet endroit. Nous
avons refusé catégoriquement cette proposition. Nous n'avons
même pas entretenu de possibilité en ce qui concerne le projet
d'entente. Maintenant, pour ce qui arrivera des autres ministères, je ne
donne pas ici les engagements du gouvernement pour toujours, parce que je ne
sais pas ce qui arrivera en dehors de mes discussions.
Je parle du projet d'entente. Ce projet d'entente a été
fait avec les ministères impliqués. Nous avons refusé
catégoriquement, même d'entretenir la possibilité de
créer ce parc national. C'est une proposition qui nous a
été soumise; nous l'avons rejetée.
M. Morin: Est-ce que je peux vous demander si elle vous a
été soumise par les fédéraux directement ou par les
fédéraux en passant par les Esquimaux?
M. Ciaccla: Non. Ce n'est pas une bonne question à poser.
Je ne pourrais pas répondre à cette question. Ce sont les Inuit
qui ont soumis la proposition, maintenant, où l'ont-ils eue, je ne le
sais pas. Les Inuit nous l'ont soumise et ce n'était même pas en
présence des fédéraux.
Mais je suis d'accord avec vous. On partage cette approche
également. Le paternalisme dont je parlais, à savoir qu'on ne
veut pas de paternalisme envers les Indiens et les Inuit, celui que le
fédéral, dans le passé, semblait avoir également,
on n'est pas plus en faveur d'un paternalisme pour d'autres groupes
québécois non plus.
Alors, nous avons rejeté cette approche et nous avons
rejeté la proposition de la création d'un parc. Il n'y a pas de
création de parc national dans le projet d'entente.
M. Morin: Non, ça je l'ai bien constaté, mais je me
demandais si cela avait tout de même été
évoqué pendant les négociations. Vous me confirmez que
cela l'a été.
M. Ciaccla: Cela l'a été par les Inuit au sujet de
Great Whale et du golfe de Richmond.
M. Morin: Est-ce que le golfe de Richmond ne fait pas partie
justement des réserves écologiques qui ont été
prévues ou qui sont à l'état de projets au
ministère des Terres et Forêts? J'ai cru entendre évoquer
une possibilité de 300,000 hectares réservés à ces
fins.
M. Ciaccia: Je pense qu'il y a un projet du gouvernement,
seulement un projet, dans ce secteur du territoire. L'entente ne va aucunement
affecter ce projet si jamais il est mis en vigueur.
M. Morin: Autrement dit, il n'y a pas de terres de
catégorie I-A qui s'étendent dans la région du golfe de
Richmond?
M. Ciaccia: II n'y a pas de terres de catégorie I-A. Il y
a des terres de catégorie I, dans le golfe de Richmond.
M. Morin: Oui.
M. Ciaccia: Je ne pense pas que cela paraisse sur vos cartes
parce que...
M. Morin: Ce ne sont pas des terres cris, ce sont des
terres...
M. Ciaccia: Non, des terres inuit. M. Morin: Des terres
inuit.
M. Ciaccla: Oui, il n'est pas question de juridiction
fédérale comme dans la catégorie I-A.
Mais, il y aura la possibilité... La raison des terres du golfe
de Richmond, c'est que les Inuit du Poste-de-la-Baleine ont choisi leurs terres
dans la région du golfe de Richmond.
M. Morin: Revenant maintenant un peu plus au sud, en regardant la
carte, j'ai eu l'impression, c'est peut-être une impression
erronée, mais j'ai eu l'impression que vous vous étiez
gardé comme des couloirs d'accès à la mer, au travers des
divers territoires de catégorie I. Je me demandais si cette impression
est exacte. Est-ce que les fédéraux ont tenté, au cours de
la négociation, d'obtenir que toute l'étendue qui va de la pointe
Louis-XIV, quelquefois erronément appelée Cape Jones,
jusqu'à la pointe comment l'appelle-ton? Saouayane
d'obtenir une sorte de lien continu de terres de catégorie I? Autrement
dit, est-ce que ces couloirs d'accès sont le résultat d'une
négociation avec les fédéraux?
M. Ciaccia: Pas avec les fédéraux, les couloirs
d'accès sont le résultat de négociations avec les Cris de
la baie James. Vous n'avez pas une impression erronée. Le gouvernement
du Québec a voulu protéger les intérêts du
Québec en conservant ces droits.
M. Morin: En fait, c'est au travers de terres de
catégories I-A, I-B et II?
M. Ciaccia: Dans toutes les catégories. Il faut remarquer
que, même pour les terres de catégorie II, s'il est
nécessaire pour le Québec de les utiliser, le Québec peut
le faire et les remplacer. Les couloirs que vous voyez peuvent même
être élargis au cas où le Québec en aurait
besoin.
M. Morin: J'en conclus donc que, en ce qui concerne, en tout cas,
la question du golfe de Richmond, ce n'est pas un "outstanding issue". Du point
de vue du Québec, c'est réglé.
M. Ciaccia: C'est réglé.
M. Morin: II n'y aura pas de parc soi-disant national de ce
côté ou, en tout cas, s'il y a un parc national, ce sera un parc
québécois ou une réserve écologique
québécoise.
M. Ciaccia: II n'y a pas de parc national créé dans
le projet d'entente. En ce qui concerne l'entente, c'est une question qui est
réglée. Ce n'est pas un "outstanding issue", comme vous le
dites.
M. Morin: Cela ne l'est pas. Est-ce que vous pourriez me dire si
cela l'est du point de vue fédéral ou si ce ne l'est pas du point
de vue fédéral? Ce document...
M. Ciaccia: C'est réglé du point de vue
fédéral. Il signe l'entente. Dans l'entente, sûrement, il
n'y a pas de création d'un parc national.
M. Morin: Est-ce que je dois en conclure que le fait que le
fédéral signe l'entente exclut la possibilité de la
création, par la suite, d'un parc fédéral, soi-disant
national, dans le territoire touché par l'entente?
M. Ciaccia: Excusez-moi. Le début de votre question,
je...
M. Morin: Je vais la reprendre puisque vous avez
été interrompu. Dois-je comprendre de ce que vous venez de dire
que le fait, pour les fédéraux, de signer l'entente exclut la
possibilité ultérieure de la création d'un parc
fédéral, appelé "national", à l'intérieur du
territoire délimité par l'entente.
M. Ciaccia: Ils n'ont certainement pas le droit de créer
un parc national par l'entente.
M. Morin: Non, non.
M. Cournoyer: Cela n'exclut pas la possibilité. La
question...
M. Morin: C'est parce que vous m'avez dit que le
fédéral signe, donc cela exclut tout le...
M. Cournoyer: Non, c'est-à-dire que... C'est cela. Ciaccia
ne le sait pas...
M. Ciaccia: ... à l'avenir, malheureusement, je vais
seulement donner le résultat de mes négociations au projet
d'entente, ce qui va arriver dans l'avenir avec le gouvernement, d'autres
ministères, je ne pense pas que je puisse prendre des engagements pour
cela.
M. Morin: Ce n'est pas cela que je vous demande de faire,
d'ailleurs. Je ne vous demande pas de vous substituer au gouvernement pour une
négociation éventuelle au sujet d'un parc fédéral.
Je voulais seulement savoir si l'entente que vous êtes sur le point de
signer empêche les fédéraux de se tailler
ultérieurement un parc dit national à l'intérieur du
territoire ou si cela demeure une possibilité?
M. Ciaccia: Je crois que je dois vous répondre que cela
peut être une possibilité. Ce n'est pas l'entente qui le
crée... L'entente ne prévoit rien à ce sujet.
M. Morin: Autrement dit, du point de vue fédéral,
cela peut très bien demeurer un "outstanding issue"?
M. Cournoyer: Bien non. Ce n'est pas dans la
négociation.
M. Morin: Non, mais justement.
M. Cournoyer: "Outstanding issue"...
M. Morin: Du point de vue fédéral, cette question
n'est pas réglée.
M. Cournoyer: Oui, mais même du point de vue provincial,
dans le même sens, il y a beaucoup d'"outstanding issues" sur le
territoire de la baie James. C'est-à-dire qu'il y a des choses qui n'ont
pas fait l'objet et qui ne feront pas l'objet de négociations avec les
Indiens ou les Inuit. Cela ne veut pas dire qu'on a fermé le territoire
d'une façon indéfinie à toutes les autres politiques du
gouvernement du Québec. On recouvre le territoire, d'une certaine
façon, exempt d'un certain nombre de droits.
M. Cfaccia: Est-ce que cela vous aiderait si je vous disais que
la proposition que vous avez mentionnée pour le parc
fédéral ne nous a pas été présentée
par le fédéral? Elle a été présentée
par les Inuit et par les conseillers, les consultants des Inuit. Le
gouvernement fédéral n'était pas présent quand elle
a été présentée. Nos discussions avec les Inuit
là-dessus étaient directement avec eux.
M. Morin: C'est une question à suivre, parce que nous
sommes devant la possibilité, je pense que vous ne le nierez pas, que,
d'une part, le gouvernement fédéral ait des vues sur cette
région, et que, d'autre part, le ministère des Terres et
Forêts ait lui aussi des projets de zones dites écologiques. Il y
a donc là une question qui n'est pas réglée sur laquelle
l'entente ne porte pas d'ailleurs, mais qui n'est pas réglée. Ce
sera certainement une question à suivre. Dans le même ordre
d'idées, toujours, je voudrais vous demander si le gouvernement
fédéral n'aurait pas pris déjà des mesures pour
protéger l'environnement dans ce qu'on appelle ou dans ce qu'ils
appellent "la James Bay Preserve". Vous savez que, d'après une carte qui
a été publiée en 1974 par le gouvernement
fédéral, il y a, ce qu'on appelle une réserve ou une sorte
de territoire de protection écologique qui s'étend sur l'ensemble
de la baie James et qui s'intitule "James Bay Preserve". Je sais que l'entente
n'en parle pas et je me demande justement si les négociateurs
québécois étaient au courant de l'existence de ce
territoire. Je vais être plus spécifique. Une carte de cette
réserve, j'imagine qu'on veut dire réserve écologique par
ce mot anglais "preserve", apparaît sur la carte des Territoires du
Nord-Ouest, parce que la baie James, vous le savez, comme la baie d'Hudson,
fait partie des Territoires du Nord-Ouest jusqu'à marée basse,
m'avez-vous dit, la semaine dernière. Cette carte, dis-je, a
été publiée par le ministère de l'Energie, des
Mines et des Ressources, direction des levées et de la cartographie et
porte la mention 1974. La réserve en question inclut toute la baie James
et se trouve fermée par une ligne droite qui va du cap Henriette-Marie,
qui se trouve dans l'Ontario, à la pointe Louis-XIV, quelquefois
appelée Cape Jones, qui se trouve au Québec.
Oui, il y a une petite note intéressante, aussi, qui accompagne
la chose, une petite note qui va intéresser le député,
parce qu'elle confirme son impression telle qu'elle se dégageait de son
intervention, la semaine dernière, dans laquelle on trouve la mention:
Toutes les îles dans les baies d'Hudson, James et d'Ungava font partie
des Territoires du Nord-Ouest. C'est une affirmation, dont le
député était conscient, je pense. Mais est-ce qu'il
était conscient, lors de la négociation, du fait que les
fédéraux avaient établi cette "James Bay Preserve"?
M. Ciaccia: C'est la première fois que j'en entends
parler, M. Morin. Je ne...
M. Morin: Est-ce que...
M. Ciaccia:... sais pas du tout...
M. Morin: Je m'en vais donner la carte au député et
au ministre pour qu'ils puissent la consulter un instant.
J'aimerais demander au ministre et au député s'ils
étaient conscients de l'existence de cette "James Bay Preserve", et
est-ce qu'ils savent quand elle a été établie par les
fédéraux?
M. Ciaccia: Est-ce que cela pourrait se référer aux
oiseaux migrateurs qui sont sur la... Même les oiseaux, je ne sais pas
s'ils le savent, mais ils sont sous juridiction fédérale.
M. Morin: La carte ne l'indique pas, mais j'ai l'impression qu'il
s'agit d'une sorte de réserve écologique qui pourrait inclure les
oiseaux.
M. Ciaccia: ...
M. Morin: Est-ce qu'il y a des fonctionnaires autour de vous qui
seraient au courant...
M. Cournoyer: D'où vient cette carte, M. le
Président?
M. Morin: Tenez, voilà l'origine. Je crois que c'est une
réserve de protection de la faune.
M. Ciaccia: C'est dans l'eau. Cela comprend seulement la baie.
Cela ne comprend pas les terres, cette réserve, si je lis bien la
carte.
M. Morin: Oui, mais...
M. Ciaccia: C'est une réserve qui existe dans la baie
James, la baie elle-même.
M. Morin: C'est sur les îles qui sont... M. Ciaccia: C'est
sur les îles fédérales... M. Morin: Oui.
M. Ciaccia: ... qui ne touchent pas du tout le territoire du
Québec. Alors...
M. Morin: Savez-vous si les limites, entendons-nous bien, de
cette réserve de faune s'étendent jusqu'à marée
haute ou marée basse? Etes-vous au courant? Est-ce que cela a fait
l'objet de négociations?
M. Ciaccia: Cela n'a fait aucunement l'objet de
négociations. C'est la première fois que je vois cette carte.
M. Morin: Vous n'avez pas eu de correspondance avec Ottawa
à ce sujet?
M. Ciaccia: Pas sur cela, non.
M. Morin: Pourrais-je suggérer au député
qu'il s'enquière de la chose?
M. Ciaccia: On pourrait demander pour voir ce qui en est,
certainement.
M. Morin: Voilà la carte officielle. Je vais vous la
montrer. Nous essayons de tirer cela au clair. C'est une carte
fédérale. C'est la carte dont je vous donnais l'origine tout
à l'heure. Vous pouvez consulter.
M. Ciaccia: C'est au sujet de... M. Morin: En bas dans le
coin.
M. Ciaccia: Ah oui! Oui.
M. le Président, on m'informe que le gouvernement du
Québec était au courant de cette carte, mais qu'il tient pour
acquis que cette ligne va seulement jusqu'aux basses eaux, d'après les
discussions que nous avons eues avec le fédéral, et alors cette
ligne n'affecterait aucunement le territoire du Québec.
M. Morin: Donc, cette "preserve" fédérale, vous en
avez la conviction, n'empiète pas sur les territoires qui
relèvent du Québec, soit avant l'entente, soit tels que
définis par l'entente.
M. Ciaccia: On m'informe que cela ne l'affecte pas du tout.
M. Morin: Est-ce que vous pourrez vous en assurer, d'autre part,
pour qu'on en ait la certitude?
M. Ciaccia: Sûrement.
M. Morin: Pourrais-je demander au député de
Mont-Royal, pour le jour où il aura une réponse
catégorique à me donner, qu'il dépose, peut-être, en
Chambre parce que j'imagine qu'il ne pourra pas régler cela
aujourd'hui des documents clarifiant ce point, soit sous forme de
correspondance avec Ottawa, soit sous forme de déclaration
québécoise.
M. Ciaccia: En ce qui concerne le dépôt de
documents, je ne sais pas si c'est...
M. Cournoyer: Nous prenons un engagement. Nous allons
vérifier. J'ai demandé à un des conseillers de M. Ciaccia
de vérifier immédiatement avec Ottawa. Lorsqu'il aura la
réponse, nous la donnerons ici, et pour les fins du débat, je
pense bien que ce sera suffisant comme réponse du gouvernement du
Québec à la suite de l'intervention que vous avez faite. Nous
allons poser la question au gouvernement fédéral et nous vous
donnerons la réponse ici, dans la matinée. Je ne crois pas que
cela prenne beaucoup de temps.
M. Morin: Si vous ne l'avez pas ce matin, je voulais simplement
m'assurer qu'à un moment donné, publiquement, il y ait une
déclaration du gouvernement sur cette question, peut-être devant
la Chambre, si ce n'est pas devant la commission.
M. Cournoyer: Nous ne savons pas, justement, jusqu'à quel
point la question nous sera reposée devant la Chambre. Nous sommes
devant une commission parlementaire. Et lorsqu'elle sera reposée, je
pense que le chef de l'Opposition comprend qu'il peut poser toute question
qu'il veut au ministre impliqué, en Chambre, et à ce moment, le
ministre juge, et celui qui est impliqué parce que cela peut ne
pas être M. Ciaccia cela peut être le ministre du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche.
A ce moment, compte tenu du fait qu'il ne s'agit pas d'une entente, et
que nous prétendons que c'est en dehors des cadres de notre entente,
cette décision du gouvernement d'avoir une "James Bay Preserve", on dit
que cela ne nous regarde pas. En autant que nous sommes concernés, c'est
ce qu'on dit. Alors, si cela ne regarde ni M. Ciaccia ni le ministre des
Richesses naturelles, à ce moment, cela peut regarder le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Posez-lui la question en Chambre,
si nous ne vous donnons pas le renseignement que nous devons vous donner d'ici
la fin de la matinée.
M. Morin: D'accord. J'attendrai une réponse plus
précise là-dessus.
M. Cournoyer: Non, vous poserez une question plus précise.
Ce n'est pas la même chose que j'ai dite. J'ai dit: Vous poserez la
question plus précisément.
M. Morin: Non, mais je veux dire, si vous l'avez ce matin, vous
allez nous apporter les explications tout de suite.
M. Cournoyer: Je suis susceptible ce matin!
M. Morin: Oui, je vois cela. Le ministre répond aux
questions avant même que je les lui pose! Est-ce que je pourrais
demander...
M. Cournoyer: On va encore se chicaner ce matin, et cela ne donne
rien de se chicaner. Vous savez que vous et moi nous nous chicanons
rarement.
M. Morin: Je n'ai fait aucune promesse pour l'avenir.
M. Cournoyer: Moi non plus!
M. Morin: Parce que le ministre tombe désormais dans des
dossiers et se trouve responsable de secteurs qui m'intéressent
fortement. J'ai l'impression que, dans le passé, nous n'avons pas eu
beaucoup d'occasions d'en venir aux prises, mais je ne voudrais pas exclure
cette situation dans l'avenir.
M. Cournoyer: Je ne refuse aucun combat, mon cher
confrère!
M. Morin: Alors, si cela est clairement établi, M. le
Président, nous pouvons procéder!
Je mets de côté maintenant les questions territoriales,
quitte à y revenir, si vous déposez tout à l'heure quelque
réponse à la question que j'ai posée. Je voudrais
maintenant vous demander si le gouvernement fédéral compte
abandonner sa compétence actuelle sur les questions de chasse,
pêche, trappage, etc, lorsque l'entente sera entrée en vigueur?
Vous pourriez peut-être me répondre selon la catégorie de
terres visées, notamment, dans les terres de catégorie I a) et I
b), y a-t-il renonciation par le gouvernement fédéral en
matière de chasse, de pêche et de trappage?
M. Claccla: Je ne crois pas que le résultat de l'entente
soit une renonciation à telle juridiction de la part du
fédéral.
M. Cournoyer: Voulez-vous retenir cette question, parce que la
personne qui recherche la question auprès du fédéral va
revenir dans peu de temps, et elle va peut-être avoir une réponse
à la question précise que vous avez posée. Veuillez
retenir la question.
M. Ciaccla: Je crois que la seule manière d'enlever la
juridiction fédérale ce qui est de juridiction
législative serait d'amender la constitution.
M. Morin: Vous voulez dire en vertu de l'article 91, paragraphe
24, ou en vertu d'une compétence fédérale
générale, en matière de pêcherie? Parce que, autant
que je sache, chasse et pêche et trappage, cela relève, en
principe, du gouvernement du Québec.
M. Ciaccia: Ce qui relève de nous, nous ne l'avons
donné à aucun autre gouvernement. On retient la juridiction qui
nous regarde.
M. Morin: Je vais suspendre ma question puisque le ministre me
l'a demandé, mais je la repose pour que vous ayez le temps d'y penser.
Est-ce que la réponse que vous venez de me donner vaut également
pour les terres de catégories I a) et I b)? Est-ce que le Québec
conserve, autrement dit, entièrement sa compétence en
matière de chasse et de pêche dans ces terres de catégo-
ries I a) et I b)? J'admets que vous suspendiez votre réponse
jusqu'à plus tard. Peut-être peut-on passer à une autre
question qui est celle des compagnies, des sociétés qui
exploitent les richesses naturelles du territoire prévu dans l'entente.
Est-ce qu'il y a quoi que ce soit dans l'entente ou dans d'autres documents qui
vise les sociétés qui exploitent actuellement les richesses
naturelles nordiques? Est-ce qu'il est prévu que ces
sociétés verseront un certain pourcentage, une partie de leurs
gains aux autochtones?
M. Ciaccla: Dans le projet d'entente, tous les droits miniers,
pour commencer, appartiennent, sauf ceux qui ont déjà
été acquis par des tiers, au Québec. Il n'y a pas, dans le
projet d'entente finale, des prévisions qui donnent aux autochtones des
redevances ou un pourcentage des profits de quelque compagnie ou
société que ce soit. Originellement, dans l'entente de principe,
il y avait une telle clause.
M. Morin: Autrement dit, il y a eu une sorte de commutation.
M. Ciaccia: On a renégocié cette clause. M.
Morin: En un montant global.
M. Ciaccia: Un montant global et cette clause est
enlevée.
M. Morin: C'est le montant global qui est versé sous forme
d'obligations du Québec payables dans 20 ans.
M. Claccla: Oui, payable sur une base de 20 ans. Alors, la
réponse à votre question est non, sauf que cela a
été remplacé par le montant global.
M. Cournoyer: A la première question que vous aviez
posée tantôt, à savoir la "James Bay Preserve", il s'agit
d'une réserve de chasse et de pêche établie par le
gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, à l'intérieur de sa
juridiction. Ce n'est pas le fédéral qui a établi cette
réserve. C'est au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Je sais
que c'est une créature de l'autre, mais en vertu des pouvoirs du
gouvernement des Territoires du Nord-Ouest.
Limites territoriales
M. Morin: Est-ce que vous pensez qu'il n'y aurait pas lieu de
clarifier exactement, notamment les questions de limites entre...
M. Cournoyer: Les Territoires du Nord-Ouest.
M. Morin:... les Territoires du Nord-Ouest, entre cette
réserve de faune, d'une part, et le territoire québécois,
d'autre part?
M. Cournoyer: Pour ma part, je crois qu'il y
aurait lieu de clarifier cela. Je les trouve pas mal proches de moi. Je
trouve que les Territoires du Nord-Ouest sont pas mal rapprochés de ma
cour.
M. Morin: Ils sont dans votre cour.
M. Cournoyer: Oui, très. Avant ils étaient un peu
plus haut.
M. Claccla: M. le Président, la réponse à
cela n'est-elle pas que la ligne des basses eaux est la ligne de
démarcation. Si les Territoires du Nord-Ouest ont établi une
réserve, nécessairement, elle va aller seulement jusqu'à
la ligne des basses eaux. Les Territoires du Nord-Ouest ne pourront pas
établir une réserve sur le territoire du Québec. Je pense
que ce serait la réponse.
M. Morin: La réponse de principe, mais je me demandais si
administrativement cela a été bien clarifié. D'autre part,
je ne peux pas m'empêcher de remarquer que là on touche de
près l'un des inconvénients d'avoir les Territoires du Nord-Ouest
collés de si près au territoire du Québec. Je sais que le
ministre en est conscient puisqu'il vient de faire allusion au fait qu'il
n'aime pas beaucoup avoir les Territoires du Nord-Ouest si près de sa
cour. En fait, ils sont carrément dans sa cour et tout le tour, aussi
bien du détroit de l'Ungava, que de la baie James, que de la baie
d'Hudson. Là on touche un des inconvénients de cette situation
parce que ce n'est pas le Québec qui, compte tenu de ses
intérêts et des intérêts des Québécois,
en l'occurrence des Québécois d'origine indienne Crise qui
habitent ces territoires, ce n'est pas le Québec qui a établi
cette réserve, mais un autre gouvernement; c'est donc quelque peu
gênant.
M. Cournoyer: Cela dépend...
M. Morin: Et en ce qui me concerne, j'aimerais déjà
encourager le ministre, si ce n'est déjà fait, étant
donné qu'il est tellement indisposé par cette situation...
J'aimerais encourager...
M. Cournoyer: Vous présumez, vous présumez.
M. Morin: C'est vous qui me l'avez dit il y a un instant,
c'est-à-dire que vous n'aimiez pas les voir si près de votre
basse-cour.
M. Cournoyer: Entre ne pas aimer et être indisposé,
il y a une marge.
M. Morin: Puisque vous m'avez dit que vous n'aimiez pas cela,
est-ce que je peux présumer que le ministre est conscient de la
nécessité d'élargir la compétence territoriale du
Québec dans la baie James et dans la baie d'Hudson?
M. Cournoyer: Mon doux que c'était donc dur de
réussir aux examens quand on ne comprenait pas les questions Maintenant,
je les comprends assez, je viens de comprendre la question.
La réponse, non... Dans la question telle que vous l'avez
posée, c'est dommage, vous impliquez une foule de choses et je
n'implique rien. Je dis que je n'aime pas les voir dans ma cour, comme vous
l'avez dit tantôt. Ils y sont déjà, très
profondément dedans, il y a un petit appendice qui se promène
tout près. Cela n'est pas le cas, je n'aime pas ça. Quant
à clarifier cela, cependant, à l'occasion d'une discussion avec
les Indiens et les Inuit, je pense bien que telle n'est pas mon intention.
Quant à vouloir les sortir et agrandir les frontières de mon
territoire, je pense que ce n'est pas le lot du ministre des Richesses
naturelles, ce n'est pas ce que j'ai l'intention de faire. J'ai l'intention de
clarifier cette situation et, en temps et lieu, nous le ferons.
Pour le moment, je pense que nous sommes dans l'entente avec les Indiens
et les Inuit sur ce qui se passe en dedans du territoire et en dehors du
territoire de la réserve en question.
M. Morin: Cela touche tout de même notre sujet de
très près et je me demande si la première chose que le
ministre devrait faire, maintenant qu'il est à la barre de ce
ministère, ce ne serait pas de déposer les tomes 5 et 7 du
rapport Dorion dont je parlais l'autre jour. Parce que, si le ministre ne les
dépose pas, ne les rend pas publics, il ne faudrait pas qu'il tienne
pour acquis que ces rapports n'ont pas circulé; en fait, il y en a un
peu partout, mais ce serait tout de même bien qu'on puisse en faire
état publiquement. Je pense au tome 5 sur les frontières
septentrionales du Québec et au tome 7 sur les frontières dans le
golfe Saint-Laurent. C'est une question qui, cette fois, je l'admets, est en
marge de ce dont nous discutons. Mais dans le cas des frontières
septentrionales, je crois que c'est tout à fait pertinent au
débat que nous avons aujourd'hui, et je me demande si le ministre attend
que je les dépose moi-même.
M. Cournoyer: Non, je n'oserais jamais attendre ça de
vous. C'est parce que je n'ai pas eu la chance, comme vous, d'aller à la
bibliothèque dernièrement. Je ne me promène pas
là...
M. Morin: Non, je sais que le ministre n'y va pas souvent, mais
tout de même.
M. Cournoyer: J'aime être éclairé par
d'autres, comme vous, par exemple. Comment, le ministre n'y va pas souvent! Le
ministre y va quand il peut, quand il a le temps. Il n'est pas chef
d'Opposition, le ministre, il est ministre.
M. Morin: Pas souvent, parce que je ne vous y vois pas souvent.
Mais ça n'a pas d'importance, passons.
M. Cournoyer: Je n'ai pas le temps comme vous, moi. Ce que je
veux dire, c'est que, sur le problème particulier de la publication des
tomes 4 et 5 du rapport de cette commission, je n'ai pas encore posé la
question au responsable gouvernemental, à savoir les raisons pour
lesquelles le
rapport n'a pas été publié. Parce que,
personnellement, vous pouvez savoir immédiatement que je ne vois aucune
forme d'objection à ce que des rapports de commissions d'enquête,
après un certain temps, s'il le faut, soient de toute façon remis
à la population par le truchement des dépôts à
l'Assemblée nationale. Je le fais avec le rapport Legendre, mon
prédécesseur est ici et il avait décidé de ne pas
le faire. Mais moi, j'ai décidé de le faire, et ce n'est pas en
contradiction avec mon prédécesseur. C'est seulement parce qu'on
ne pense pas la même chose à ce point de vue. Dans le cas du
dépôt du rapport de la commission Dorion, je dis que, si c'est
dans ma juridiction, je vais vous le déposer, mais si c'est sous la
compétence, comme vous diriez, d'un autre ministre...
M. Morin: II me semblait qu'on avait clarifié tout ce
vocabulaire au temps de nos études.
M. Cournoyer: Oui, c'est parce que ça fait longtemps que
je n'ai pas eu de discussion avec vous. Je vais commencer à être
plus précis. De toute façon, si nous y arrivons et qu'il s'agit
de la compétence d'un autre ministre, je ne vois pas pourquoi la
question ne serait pas posée à l'autre ministre qui, d'ailleurs,
de toute façon, est beaucoup plus compétent que moi.
Législation minière
M. Morin: Je reviens à la question de l'exploitation des
richesses naturelles, notamment par des sociétés
étrangères. Selon M. Greg Fisk, qui a été l'un des
négociateur inuit je pense que le député de
Mont-Royal le connaît .
M. Ciaccia: Oui.
M. Morin: Je ne sais pas comment interpréter cette
réponse du député, mais je ne tenterai pas, de toute
façon, d'interpréter la chose le nombre de fibres par
centimètre cube à la mine d'Asbestos Hill est extrêmement
élevé; il est même tellement élevé dans
certains cas qu'on n'arrive pas à établir la mesure exacte.
Je me permets de lire un extrait d'une déclaration qu'il faisait
au début d'octobre 1975, il y a un mois environ: "There are two places
in the mine where the reading was 755 fibers per c.c. (cubic centimeter) and
two other places where it was so high that they could not take a reading".
Voici la question que j'aimerais poser au député de Mont-Royal:
Est-ce qu'il y a quoi que ce soit dans l'entente, qui clarifie la
compétence du Québec dans ce domaine de la législation
minière, dans le territoire, ou est-ce que ces questions ont fait
l'objet, ont été mentionnées au cours des
négociations intervenues entre le Québec et les Inuit?
M. Ciaccia: Ces questions ont été
mentionnées mais non en rapport avec la législation
minière. Les références à la législation
minière étaient strictement pour le développement minier,
la Loi des mines, la protection et l'exploitation du territoire pour les droits
acquis et les droits futurs pour ceux qui développeront ces
ressources.
La question de Deception Bay a été soulevée
à propos du régime d'environnement. Je pourrais dire que je crois
que les parties sont satisfaites du régime d'environnement puisqu'elles
en sont venues à une entente. Espérons que, dans l'avenir, ces
situations, si c'est exact tel que vous l'avez décrit, je ne sais pas
exactement si cette situation est exacte, je sais qu'il y a une mine d'amiante
à cet endroit, espérons, dis-je que, par l'entremise des
organismes d'environnement qui seront créés par le projet
d'entente, cette situation pourra être évitée dans
l'avenir.
M. Morin: De toute façon, ce sera bien de
compétence québécoise, cette question des normes à
observer dans les mines de la région?
M. Ciaccia: Je ne sais pas, quant à ce que vous me
demandez, on n'a rien enlevé ou ajouté, on n'a pas discuté
des normes de ces questions de juridiction dans ce contexte. Nous avons
discuté des normes d'environnement, d'études d'impacts et des
pouvoirs des différents organismes dans le secteur de
l'environnement.
Droits de chasse et de pêche (suite)
M. Morin: M. le Président, j'aimerais aborder maintenant
le chapitre 24, qui porte sur la chasse, la pêche et le trappage.
J'aimerais que vous nous décriviez dans les grandes lignes les
conditions de la chasse, de la trappe et de la pêche, de même que
les droits d'approvisionnements prioritaires dans la partie qui apparaît
en jaune sur la carte, c'est-à-dire les terres de catégorie
III.
J'aurai des questions plus précises à poser. Je veux
d'abord vous permettre de faire un bref exposé du contenu de ce
chapitre.
M. Ciaccia: Sur les terres de catégorie III, les
autochtones auront le droit, comme ils le font maintenant, de poursuivre leurs
activités de chasse, de pêche et de trappage, à
l'année longue. Les autres, les non-autochtones, seront soumis aux lois
du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et auront
aussi le droit de chasse et de pêche sur les terres de catégorie
III. Les autochtones ont l'exclusivité de trappage dans ce territoire,
sauf pour le secteur au sud.
Quant aux droits de pourvoyage, ils ont le droit de premier refus, pour
un certain nombre, un certain pourcentage.
M. Morin: Vous vous référez aux droits
d'approvisionnement prioritaires?
M. Ciaccia: Les droits d'approvisionnement... Pardon?
M. Morin: Vous ne parlez pas, en ce moment, des droits
d'approvisionnement prioritaires ou est-ce la même chose?
M. Ciaccia: Pour moi, c'est...
M. Morin: C'est la même chose. M. Ciaccia: ... la
même chose, oui. M. Morin: Bon, d'accord.
M. Ciaccia: Ils ont un droit prioritaire. Dans l'entente de
principe, ils avaient le droit de premier refus, surtout sur l'application de
la catégorie III.
Maintenant, nous avons amendé, renégocié cette
clause de l'entente pour prévoir que trois sur dix des applications
doivent être données aux non-autochtones.
M. Morin: Désirez-vous ajouter quelque chose?
M. Ciaccia: Oui, excusez-moi. Quand vous vous
référez aux droits d'approvisionnement prioritaires, il y a un
certain quota qui sera établi, basé sur l'approvisionnement
qu'ils avaient dans le passé. Sur cette base, ils vont avoir une
certaine priorité. Cela s'applique à tout le territoire. C'est
sujet...
M. Morin: Toute la catégorie III?
M. Ciaccia: Toute la catégorie III. C'est sujet aux droits
de conservation, aux principes de conservation pour l'ensemble du
territoire.
M. Morin: Maintenant, dites-moi, est-ce que ce droit
d'approvisionnement prioritaire, dans les terres de catégorie III,
signifie qu'advenant qu'il y ait, je ne sais pas, diminution du gibier ou
encore du poisson, dans certains coins de ce territoire, cela pourrait aller
jusqu'à la fermeture de certains territoires ou de certaines
régions des terres de catégorie III?
M. Ciaccia: Si, pour les fins de conservation, on doit
arrêter la chasse pour ces espèces, cela peut aller jusqu'à
ce point. C'est une recommandation qui va venir du comité conjoint, du
comité de coordination où siègent les autochtones et la
province.
M. Morin: Bon. Mais, est-ce que je peux tenir pour acquis que, de
toute façon, le service compétent du gouvernement
québécois va faire appliquer les lois québécoises
dans les terres de catégorie III comme ailleurs au Québec?
M. Ciaccia: Oui, il va les faire appliquer. M. Morin: La
réponse est oui?
M. Ciaccia: La réponse est oui, pour les non-autochtones
sujets aux droits que les autochtones ont de poursuivre leurs activités
à l'année longue, parce que pour les non-autochtones, il y a
certaines saisons. Les autochtones, pour fins de subsistance, peuvent
poursuivre ces activités à l'année longue. C'est pour fins
de subsistance.
M. Morin: Oui. Dois-je comprendre qu'il n'y aura pas de
réglementation en ce qui concerne les autochtones ou bien dois-je
comprendre qu'il va y avoir des réglementations différentes selon
qu'il s'agit d'autochtones et de non-autochtones?
M. Ciaccia: II va y avoir une réglementation
différente, parce que les non-autochtones ne poursuivent pas ces
activités pour fins de subsistance. Nécessairement, les
règlements vont prendre cela en considération. Dans le cas des
autochtones qui poursuivent ces activités pour fins de subsistance
personnelle et pour les fins de la communauté, les règlements
vont aussi prendre cela en considération. Nécessairement, il va
falloir avoir différents règlements pour ces différentes
catégories de personnes.
M. Morin: J'en viens maintenant peut-être à un
problème plus spécifique qui est celui des environs du lac
Mistassini, des environs de Chibougamau et de Chapais. Vous savez qu'il y a
quelque temps, en septembre de cette année, les non-autochtones qui
habitent à 75 milles au sud du lac Mistassini à Chibougamau,
notamment, et qui pratiquent la chasse et la pêche dans ce territoire, et
notamment la pêche, se plaignaient de ne pas avoir été
consultés par le gouvernement du Québec. Je me
réfère à une déclaration de M. Fortin, directeur de
la faune, du conseil régional no 14. "A ma connaissance, je ne me
souviens pas d'avoir été avisé, consulté ou
contacté de la moindre façon en ce qui concerne l'entente de
principes avec les Indiens". Il ajoutait: "Je me demande si ce n'est pas un
changement de zonage que de nous enlever nos droits de pêcher sur le
terrain même où nous vivons". Est-ce que le gouvernement a depuis
lors consulté les principaux intéressés non-autochtones
qui vivent au sud du lac Mistassini?
M. Ciaccia: Depuis la signature de l'entente de principe, parce
que dans l'entente de principe, il faut comprendre que les terres
n'étaient pas choisies. Nous avions convenu de certains droits, de
certains avantages, sans la sélection des terres. Quand nous sommes
arrivés, au cours des négociations et des discussions, à
la sélection des terres, les non-autochtones du territoire ont
communiqué avec nous et nous avons eu plusieurs rencontres pour les
informer de ce que les Indiens avaient demandé. Ils avaient
sélectionné certaines terres. La sélection originelle,
naturellement, semblait affecter certains des territoires des gens que vous
mentionnez. A la suite de plusieurs rencontres avec les maires et quelques
conseillers de différentes municipalités, Matagami, Chibougamau,
Chapais, Lebel-sur-Quévillon, nous avons eu des rencontres avec les
fonctionnaires des différents ministères et ces personnes, nous
avons pris en considération leurs inquiétudes, leurs
préoccupations. Nous avons changé, nous avons amendé la
sélection des terres des Cris de la baie James afin que les endroits que
ces gens voulaient protéger pour eux-mêmes, parce qu'ils faisaient
de la
chasse et de la pêche dans ces endroits, soient exclus des
territoires de catégorie II. Je crois que nous avons réussi
à satisfaire, avec la sélection des terres, les deux parties.
Nous avons satisfait les Indiens qui poursuivent ces activités pour
leurs fins de subsistance et nous avons aussi satisfait les gens du territoire
pour qu'ils continuent à partager et à aller dans les endroits
où ils avaient l'habitude de poursuivre ces activités.
M. Morin: De sorte que la solution qui a été
retenue, si je comprends bien la carte, parce qu'évidemment, elle n'est
pas très détaillée... Est-ce que je peux demander au
député, peut-être comme question préalable, s'il
existe une carte plus détaillée de la région du lac
Mistassini montrant l'étendue des terres de diverses
catégories?
M. Ciaccia: II y a une autre carte que celle-là dans le
dossier...
M. Morin: Vous voulez dire celle-ci, la grande? M. Ciaccia: Oui.
Celle-là est plus détaillée.
M. Morin: Ce n'est pas tellement plus clair. Je dirais même
que c'est moins clair sur celle-là.
M. Ciaccia: II y a des plans individuels pour chacune des
communautés et des sélections de ces terres, autour des
communautés.
M. Cournoyer: Pourriez-vous, M. le Président, demander au
chef de l'Opposition de nous indiquer comment il faudrait rendre cette carte
plus claire qu'elle l'est?
M. Morin: J'imagine...
M. Cournoyer: Si vous cherchez...
M. Morin: Je vais vous faire une suggestion.
M. Cournoyer: Oui. C'est une suggestion que je veux, parce que
celle-là...
M. Morin: Ecoutez! Celle-là, avec ses lignes de contour,
elle est presque illisible. Elle est plus grande. Elle est plus
détaillée, mais elle est presque illisible.
M. Cournoyer: A cause des lignes?
M. Morin: A cause des lignes. Ce que je vous suggérerais,
ce serait de faire la même chose que vous avez faite dans l'autre carte,
mais en plus grand...
M. Cournoyer: Vous voulez dire de la peinturer, en vert, partout,
ici, le vert, le brun...
M. Morin: Revenir aux jours où vous étiez à
la petite école avec des crayons de couleur...
M. Cournoyer: Oui.
M. Morin: ... et remplir le territoire, de façon claire,
mais sur une carte à plus grande échelle.
M. Cournoyer: Plus grande encore?
M. Morin: Oui. J'ai cru comprendre qu'il en existe, qu'il y a des
cartes de cette région qui existent. Cela doit exister quelque part.
M. Ciaccia: Nous avons des plans parcellaires à plus
grande échelle.
M. Morin: Bon! Est-ce que c'est possible de se les faire
communiquer, soit maintenant, soit éventuellement?
M. Ciaccia: Oui.
M. Cournoyer: Ils ne sont peut-être pas
"cou-leurés", par exemple.
M. Morin: Est-ce que le ministre ne pourrait pas prendre ses
crayons de cire et...
M. Cournoyer: Je n'ai pas le temps.
M. Morin: Bien!
M. le Président, avec la carte telle que nous l'avons là,
qui est malheureusement à très petite échelle, si je
l'interprète correctement, l'accès au lac... Il y a des terres de
catégorie III, qui se rendent jusqu'au lac Mistassini, et si
j'interprète la carte correctement, il y a donc un accès de
catégorie III au lac.
M. Ciaccia: Oui, certainement. Le lac lui-même est dans la
catégorie III.
M. Morin: C'était la question que j'allais vous poser, la
suivante.
M. Ciaccia: Oui. Le lac Mistassini est de catégorie III.
C'est...
M. Morin: L'ensemble des lacs Mistassini...
M. Ciaccia:... pour tout... Il y a des accès pour aller au
lac.
M. Morin: Et le lac Albanel, est-ce qu'il en est de même?
Je pense que oui.
M. Ciaccia: Oui. C'est la même chose pour le lac
Albanel.
M. Morin: Est-ce qu'il existe une carte des eaux qui montre quels
sont les lacs qui sont dans la catégorie III, parce que,
forcément, ils ne sont pas "couleurés", comme dit le ministre, en
jaune, et les lacs, qui eux, sont de catégorie peut-être II ou
catégorie I? Est-ce que cela existe?
M. Ciaccia: Cela existe. Ces cartes sont clairement
décrites...
M. Cournoyer: On va vous envoyer un pinceau.
M. Ciaccia: D'ailleurs, nous avons... Je sais que c'est un peu
plus difficile à suivre, mais nous avons une description territoriale
très spécifique dans le chapitre 4 de tous ces territoires, tous
les secteur I et II. Mais nous avons des cartes qui démontrent ces
endroits.
M. Morin: Bon! De toute façon, ce qui nous importe, c'est
que vous ayez consulté les deux parties...
M. Ciaccia: Oui.
M. Morin: ... et qu'elles se sont mises d'accord.
M. Ciaccia: Oui. M. Morin: Bon!
M. Ciaccia: Et nous avons fait des changements, suite aux
rencontres que nous avons eues. Nous les avons invitées à nos
bureaux et nous avons eu des rencontres, aussi, dans le territoire, avec
elles.
M. Morin: Bon! A votre connaissance, aussi bien les Indiens que
les non-autochtones sont satisfaits de la solution intervenue?
M. Ciaccia: A ma connaissance, oui. M. Morin: Bon!
M. Ciaccia: Nous avons persuadé les autochtones de
réduire leurs demandes, d'exclure certaines parcelles de territoires et
de lacs pour satisfaire aux demandes des non-autochtones dans le
territoire.
Loi sur la langue officielle
M. Morin: Peut-être une autre question portant sur un sujet
tout à fait différent, qui est la question linguistique.
Le ministre disait l'autre jour que la loi 22 s'applique aux
territoires; j'aimerais que, soit le ministre, soit le député de
Mont-Royal, nous donne des précisions sur la manière dont le
bill, dont la loi va s'appliquer puisque c'est une loi maintenant,
hélas! dans le territoire en question, de façon
détaillée, parce que je vous avoue qu'à première
vue l'usage du français apparaît on ne peut plus facultatif sur le
territoire. On ne peut plus facultatif!
M. Ciaccia: Je ne comprends pas. M. Morin: Vous ne
comprenez pas! M. Cournoyer: Dites-le lui en anglais!
M. Morin: Je ne veux pas faire injure aux connaissances
linguistiques du député de Mont-Royal, je ne le lui dirai pas en
anglais. Très très facultatif!
M. Cournoyer: En anglais, "confactual", c'est cela qu'il veut
dire, "confactual".
M. Ciaccia: Voici la situation. Je vais essayer de décrire
la situation actuelle et la manière que nous avons essayé de
résoudre ce problème, tenant compte de la loi sur la langue
officielle, qui demeure en vigueur, et tenant compte aussi du fait que
c'étaient des écoles de juridiction fédérale, dans
plusieurs cas, c'étaient des écoles anglaises. Nous avons dit,
premièrement, que la loi sur la langue officielle permet l'enseignement
de la langue crise et de la langue inuit.
Alors, nous avons commencé en acceptant ou en reconnaissant cette
disposition de la loi et nous avons dit que les langues d'enseignement sont le
cri et, dans le cas des Inuit, la langue inuit.
Maintenant, ce sont des écoles anglaises dans le secteur des
Cris. Alors, nous avons dit: Quant aux autres langues, parce que le cri est la
langue d'enseignement, d'après la loi, nous allons continuer la pratique
actuelle, ce qui veut dire que s'il y a une école anglaise, comme le
prévoit la loi 22, cette école anglaise peut continuer
l'enseignement de l'anglais. S'il y a des écoles françaises,
parce que je crois qu'il y en a au nord du 55e, la pratique qui existe va se
continuer. Tout cela est en conformité avec la loi 22.
Nous sommes allés un peu plus loin, parce que nous avons dit:
Eventuellement, il faut avoir une reconnaissance, on parle de l'affirmation du
Québec sur le territoire, de l'extinction des droits de 1912, d'une
présence réelle et complète du Québec. Nous avons
dit que même les écoles anglaises du territoire vont se fixer
comme objectif l'usage du français comme langue d'enseignement.
Nous ne dérogeons pas à la loi 22. Nous ajoutons un
objectif, qui est tout à fait normal et louable. Si on est dans le
Québec, tous les gens doivent parler le français et avoir la
connaissance du français. Comme objectif, on se fixe l'usage du
français comme langue d'enseignement dans tout ce secteur.
De cette façon, nous avons réussi à suivre et
à mettre la loi en vigueur. Nous avons ajouté, pour des raisons
qui sont très logiques, cet objectif d'avoir la langue d'enseignement en
français.
M. Morin: Je pense que vous vous référez à
l'article 16.0.10, notamment...
M. Ciaccia: Oui.
M. Morin: ... selon lequel les langues d'enseignement sont le cri
et les autres langues, selon la pratique actuelle dans les communautés
crises du territoire. La pratique actuelle, évidemment, c'est
l'enseignement en anglais.
Vous nous dites que les communautés crises, la commission
scolaire crise, notamment, s'est fixé comme objectif l'usage du
français comme langue d'enseignement pour permettre
éventuellement aux jeunes Cris d'avoir accès à
l'enseignement supérieur en français, s'ils le désirent.
Est-ce que, du moins, vous vous êtes fixé un certain
échéancier, un calendrier pour que la commission scolaire ait un
objectif vraiment concret ou si cela ne risque pas de demeurer un voeu pieux
tout simplement?
M. Ciaccia: Nous espérons que ce sera plus qu'un voeu
pieux. Il n'y a pas un échéancier fixe ici. Nous espérons
que cet échéancier pourra être fixé ou
discuté entre le ministère de l'Education et la commission
scolaire, parce que cette commission va relever du ministère de
l'Education. C'est un échéancier. Je crois qu'on ne pouvait pas
fixer catégoriquement que, dans trois ans, cinq ans ou quatre ans, vous
allez faire ceci, parce que c'est une évolution, c'est une transition
qui doit se faire. Nous espérons que l'échéancier sera
fixé, qu'il sera discuté et qu'on en arrivera à un
échéancier entre la commission scolaire et le ministère de
l'Education dont cette commission relève.
M. Morin: Est-ce que, lorsqu'on parle de l'objectif de l'usage du
français comme langue d'enseignement pour la commission scolaire, cela
signifie que vous voulez atteindre une situation où le français
serait la langue d'enseignement avec peut-être l'anglais comme langue
seconde pour l'ensemble des habitants de ce territoire, ou si vous visez
plutôt une situation où les parents cris auraient la
liberté de choix entre l'anglais et le français?
M. Ciaccia: Non. L'objectif dont nous avons discuté et que
nous nous sommes fixé, c'est d'avoir le français comme langue
d'enseignement dans les écoles.
M. Morin: A côté du cri.
M. Ciaccia: A côté du cri, parce que nous l'avons
préservé et je crois que vous allez être d'accord avec moi
pour dire qu'il faut préserver cette langue, et l'inuit.
M. Morin: Bien sûr, il n'y a pas de problème. Le
français est en quelque sorte langue seconde, dans cet objectif.
M. Ciaccia: Exactement. Le français est la langue seconde
dans cet objectif.
M. Morin: Est-ce que, du moins, dans vos conversations, vous avez
évoqué une période de temps au terme de laquelle cet
objectif serait atteint ou peut-être, pour être plus vague, une
période de temps au cours de laquelle on mettrait ces nouvelles mesures
en marche?
M. Ciaccia: On a essayé de discuter de ces périodes
de temps. Ce n'était pas réaliste de fixer une période.
Dans la plupart de ces écoles, spécialement chez les Cris, cela a
toujours été seulement l'anglais qui a été
enseigné. Alors, la vie de la communauté est en cri et la langue
seconde est l'anglais. Vous pouvez vous imaginer la période difficile
qu'il pourrait y avoir dans la transition de la vie communautaire que celle
d'aller d'une langue à une autre. C'est un problème humain.
M. Morin: Oui, je le comprends tout à fait et,
là-dessus, je pense que le député et moi sommes au
même diapason. C'est un problème humain auquel il faut avoir
égard. Je me demandais tout de même si vous vous étiez
fixé... C'est beau de fixer un objectif comme celui-là, mais,
s'il n'y a pas de calendrier, s'il n'y a pas de prévision
concrète pour la réalisation, la mise en oeuvre de cet objectif,
cela peut être un voeu pieux, cela peut se solder éventuellement
par un voeu pieux.
M. Ciaccia: Je crois que cela ne pourrait pas être
seulement un voeu pieux vu que ces commissions scolaires vont relever du
ministère de l'Education. Le ministère a intérêt
à ce que la langue d'enseignement soit le français et les
discussions qui ont eu lieu entre les autochtones et le ministère ont
reconnu cet objectif, mais c'est impossible de donner un
échéancier fixe, en nombre d'années.
Mais je crois que les parties se comprennent, je crois qu'elles savent
que c'est un objectif qu'elles doivent avoir et qu'elles doivent suivre
sérieusement. Les autochtones l'ont accepté, le ministère
de l'Education était là, ce ne sont pas seulement quelques mots
que nous avons mis ici sans la connaissance de toutes les parties, elles
étaient directement impliquées dans ces discussions. Au fur et
à mesure que les programmes vont évoluer, le ministère va
savoir que cet objectif avait été fixé dans le projet
d'entente et va voir à ce qu'il soit mis en vigueur.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez nous décrire
très brièvement la situation linguistique dans les services que
le gouvernement est appelé à offrir aux autochtones dans la
région visée par l'accord?
M. Ciaccia: La Loi sur la langue officielle s'applique à
tous les organismes, par exemple, au niveau du gouvernement local, du
gouvernement régional. Ce que nous avons ajouté, c'est que les
Cris et les Inuit peuvent s'adresser, par exemple, au conseil local, au
gouvernement local, au gouvernement régional... Les discussions peuvent
être dans leur langue, soit crise, soit inuit. Nous avons permis à
ces organismes de pouvoir donner copie de tous leurs documents officiels, leurs
règlements et tous les documents qu'ils doivent transmettre dans la
fonction de leur pouvoir, les fournir dans la langue crise ou inuit.
C'est la Loi sur la langue officielle qui s'applique au gouvernement
local et régional, avec le droit pour ces gens de s'adresser aux
conseils en cri ou en inuit.
M. Morin: Donc, il y aura des documents officiels de ces conseils
qui seront rédigés en cri ou en inuit.
M. Ciaccia: Les copies peuvent être en cri ou en inuit.
M. Morin: En inuit, cela me paraît normal dans les
circonstances.
M. Ciaccia: Oui, c'est normal, il faut qu'ils le comprennent.
M. Morin: Mais la langue de contact entre ces conseils et le
gouvernement du Québec, la langue de contact entre les services
gouvernementaux québécois et les autochtones, quelle
sera-t-elle?
M. Ciaccia: C'est la même situation que pour les lois
générales de la province. Si c'est le conseil de ville de
Saint-Jérôme qui communique avec Québec, les lois ne seront
pas plus différentes pour les autres municipalités qu'elles le
sont pour ces municipalités ou ces conseils régionaux. Ce sont
les lois d'application générale.
La langue de communication à l'article 10.0.11, "les
communications de la corporation publique sont conformes aux lois d'application
générale au Québec." On ajoute: "De plus, toute personne
peut s'adresser à la corporation publique en cri et la corporation
publique assure à toute personne l'obtention des services disponibles en
cri et des communications avec la corporation en cri." Ce sont les lois
d'application générale.
M. Morin: Dans le concret, cela veut dire que les services
gouvernementaux québécois vont être disponibles dans la
langue autochtone ou en français, si je comprends bien. C'est cela que
ça signifie dans le concret.
M. Ciaccia: Cela signifie que la loi d'application
générale, si la loi permet... On pourra faire ce que la loi
permet. Je pense que, dans la Loi sur la langue officielle, il y a des... je ne
me souviens pas...
M. Morin: Des ambiguïtés.
M. Ciaccia: Pas seulement des ambiguïtés, mais des
pourcentages... S'il y a un certain nombre de personnes de langue anglaise,
elles ont le droit d'avoir... cela va s'appliquer.
M. Morin: De sorte que, j'imagine, la majorité des
contacts auront lieu dans la langue autochtone.
M. Ciaccia: Oui, les contacts internes.
M. Morin: Les contacts internes, les contacts officiels seront
soit en anglais, soit en français, selon les règles
prévues au bill 22.
M. Ciaccia: Exactement.
M. Morin: De sorte qu'on peut imaginer une situation où,
de fait, l'anglais serait la langue de communication de facto entre les groupes
autochtones et le gouvernement du Québec.
M. Ciaccia: A court terme, on ne peut pas nier que vous avez
raison. A court terme, de facto, on ne peut pas demander à ces gens,
dès que la signature de l'entente sera conclue, soudainement, d'avoir la
connaissance d'une autre langue.
A court terme, la situation qui existe aujourd'hui, en termes de
communication avec les différents gouvernements, va continuer. Mais,
tenant compte que, maintenant, ce sont des structures provinciales, du
Québec, ce qui n'existait pas avec les Cris auparavant,
nécessairement, si l'on prend cette situation de fait, de faire affaires
avec le Québec et les structures du Québec, en plus, l'objectif
visé dans la langue d'enseignement à l'éducation, on
pourra dire qu'à long terme la situation va changer et que la langue de
communication pourrait et deviendra le français. Mais, c'est à
long terme.
M. Morin: Pourrait et deviendra, ce sont un conditionnel dans le
premier verbe et une affirmation dans le second.
M. Ciaccia: Je voudrais me couvrir dans les deux cas.
M. Morin: C'est bien ce que j'ai cru comprendre.
M. Ciaccia: C'est l'objectif...
M. Morin: Vous vouliez vous couvrir, mais...
M. Ciaccia: C'est l'objectif.
M. Morin: Nous sommes de retour à la question du
calendrier de tout à l'heure. Il n'y a pas de calendrier particulier non
plus pour l'usage du français, ce qui veut dire que, dans la langue
d'enseignement comme dans la langue des services, le long terme peut être
très éloigné.
M. Ciaccia: Le fait est que nous sommes face à une
situation de facto. Si ces gens-là vont toujours transiger et faire
affaire avec le Québec, sans le dire dans les documents,
nécessairement, ils vont avoir plus de contacts en français
qu'ils n'en ont eu jusqu'à maintenant.
Jusqu'ici, c'étaient toujours des contacts avec les
ministères fédéraux et c'étaient des contacts en
anglais. Il n'y avait donc pas de nécessité d'apprendre le
français. Mais, maintenant que tous les contacts seront avec les
ministères provinciaux, qu'on l'écrive ou qu'on ne
l'écrive pas, ce sera nécessaire pour ces gens-là
d'apprendre le français. Ils sont conscients de ce fait et ils
l'acceptent.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez, M. le député,
avant que nous quittions cette question de l'application de la
législation linguistique, nous
décrire quelle a été l'attitude du gouvernement
fédéral à cet égard, au cours des
négociations?
Pour rendre ma question plus spécifique, je prenais connaissance
dans Le Soleil du 28 octobre, donc il y a quelque deux semaines, d'un article
qui nous apprenait qu'Ottawa refusait d'entériner une entente qui se
référait à la Loi 22 et à la question de la langue;
je cite: "Sous prétexte que cette loi est déjà l'objet de
contestation devant les tribunaux".
Est-ce que vous pourriez nous dire si cela reflète effectivement
l'attitude du gouvernement fédéral? Sinon, quelle a
été cette attitude?
M. Ciaccia: Je ne veux pas dire qu'on ne se préoccupe pas
de l'attitude du gouvernement et qu'on ne s'est pas préoccupé des
attitudes du gouvernement fédéral, parce que, naturellement, il
fait partie de l'entente.
Mais, notre préoccupation principale, c'était l'attitude
des autochtones, parce que c'est avec eux que nous allons finalement conclure
l'entente. Ce sont eux qui seront affectés principalement par tout ce
qui va arriver dans ce territoire. Ce sont eux qui seront affectés dans
les relations des autochtones avec le gouvernement du Québec.
Nous avons pris en considération les attitudes des autochtones
et, comme je vous l'ai dit, ces attitudes étaient très positives
et réalisaient la nécessité de l'enseignement du
français et ils acceptent que la langue française devienne la
langue officielle.
M. Morin: Vous l'avez dit déjà. Sur l'attitude des
autochtones, je suis satisfait de vos réponses, mais...
M. Ciaccia: Nous avons...
M. Morin: ... je vous parle de l'attitude
fédérale.
M. Ciaccia: L'attitude fédérale... le fait est que
nous n'amendons pas, que nous ne changeons pas dans le projet d'entente, la loi
22. Elle demeure en vigueur, elle a son effet tant dans l'éducation que
dans les corps publics, l'administration gouvernementale. Je crois qu'il faut
en tirer les conclusions qu'on peut en tirer. Il n'y a pas de changement dans
la Loi sur la langue officielle. Elle demeure. Le fédéral signe
l'entente. Il doit y avoir aussi une acceptation par le fédéral
que cette loi va s'appliquer dans le territoire, tel que nous l'avons
référé dans le projet d'entente.
Etendue réservée aux Inuit
M. Morin: M. le Président, le temps passe et j'aimerais
peut-être revenir à la question que j'ai volontairement
laissée en suspens plus tôt et qui est celle de l'étendue
des terres réservées aux Inuit. Le ministre nous a fait
distribuer, tout à l'heure, le chapitre 6. Il nous avait dit que des
cartes seraient peut-être disponibles. Je me demande si elles le sont
devenues depuis les deux heures que nous siégeons ou si elles ne le sont
pas.
M. Ciaccia: Un instant! On m'informe qu'elles sont encore en
route, M. le Président. Nous ne les avons pas encore reçues.
M. Morin: Cela aurait été bien utile de les avoir,
le député en conviendra, pour terminer l'étude sans trop
de bavure. Je parcourais rapidement le chapitre 6 qui nous a été
remis tout à l'heure. Je vois qu'on s'est entendu sur la superficie
totale qui est transférée par l'entente. Cette superficie est
fixée à 3,250 milles carrés...
M. Ciaccia: Oui.
M. Morin: ... y compris 120 qui sont réservés aux
Cris de Poste-de-la-Baleine. Mais, j'aimerais demander au député
si on s'est mis d'accord de façon nette et définitive sur un
tracé de limites ou si on s'est contenté de se mettre d'accord
sur des principes sans reporter sur la carte des frontières
précises?
M. Ciaccia: Sur les 3,250 milles carrés, nous nous sommes
mis d'accord sur des frontières exactes. Les limites sont clairement
définies sur les cartes.
M. Morin: Pour la catégorie I, cela?
M. Ciaccia: Oui. Cela a été fait avec l'accord des
Inuit. On s'est entendu sur la portée, l'étendue, la description
de ces terres.
M. Morin: Je vois, à l'article 6.1 qu'il est possible de
modifier légèrement la superficie accordée à chaque
communauté avec le consentement du Québec et de la Northern
Québec Inuit Association, avant la sélection finale, selon les
dispositions des présentes. Pouvez-nous nous expliquer ce que signifie
l'expression "sélection finale", dans ce contexte?
M. Ciaccia: Cela signifie que, pour les Cris, nous avons eu le
temps nécessaire pour faire une description territoriale
complète. Nous l'avons dans le chapitre 4.
M. Morin: Effectivement.
M. Ciaccia: Nous n'avons pas eu le temps, pour les Inuit, de
faire cette description technique qui est très longue. Alors, pour
protéger les parties et le Québec, dans la description finale, on
a inclus une clause qui pourra être... On a fait le tracé sur une
carte, mais, pour arriver à la description technique finale, il peut y
avoir de légères modifications. C'est la portée de cet
article.
M. Morin: Pendant un an après la date de la signature de
la convention, il pourrait y avoir une révision, si je comprends bien,
des frontières des terres de catégorie I.
M. Ciaccia: On m'informe que cela va prendre un ajustement final
de l'arpentage des terrains sur le territoire, parce que, maintenant, nous
avons fait une description sur les cartes seulement. C'est
pour cette raison que cette clause a été
insérée dans l'entente, a été incluse dans
l'entente.
M. Morin: Est-ce qu'il y a des communautés je vois
que le chapitre 6 mentionne un certain nombre de communautés d'Akulivik,
d'Aupa-luk, d'Inouacdjouac, etc. qui ont fait un choix qui semble
peut-être tout à fait définitif je parle des Inuit,
bien sûr tandis que d'autres communautés inuit,
semble-t-il, si on se tourne vers l'un des paragraphes qui suit, n'ont pas
encore procédé à la sélection des terres qui leur
sont accordées?
M. Ciaccia: II y a deux communautés, Ivujivik et
Povungnituk, où les terres n'ont pas été
sélectionnées définitivement. Dans ces deux cas, nous
allons tracer un rayon autour de la communauté, suffisamment
étendu, pour permettre aux gens de Povungnituk et d'Ivujivik de choisir
leurs terres dans les limites de l'étendue que nous allons indiquer sur
la carte.
M. Morin: Qui s'est mis d'accord sur le rayon, sur
l'étendue dont vous parlez et qui entoure les deux communautés en
question?
M. Ciaccia: C'est un rayon qui, d'après des
critères qui ont été déterminés par le
ministère des Terres et Forêts, par le gouvernement du
Québec... Nous ne nous sommes pas entendus avec d'autres personnes pour
cela. Nous avions certains critères. D'ailleurs, ce sont des
critères que nous avons appliqués à la sélection
des terres en général, pour les Cris ou pour les Inuit. Nous
avions certains critères. Alors, nous avons pris ces critères et
nous allons les appliquer pour Povungnituk et Ivujivik, de la même
façon qu'ils ont été appliqués pour les autres
communautés.
M. Morin: Si je comprends bien, cela n'a pas fait l'objet d'une
entente entre vous, comme négociateur du gouvernement, et l'Association
des Inuit du Nord?
M. Ciaccia: Pas la sélection de Povungnituk, non. Ils
n'ont pas voulu faire de sélections.
M. Morin: Mais le rayon à l'intérieur duquel les
terres seront sélectionnées?
M. Ciaccia: Non, cela n'a pas fait l'objet d'une
négociation particulière, parce que ce sont des critères
généraux que nous avions négociés pour l'ensemble
des critères des terres du territoire. Nous avons un critère
général qui s'applique à toutes les communautés.
Nous allons l'appliquer à Povungnituk, nous allons l'appliquer à
Ivujivik.
M. Morin: Mais le sens précis de ma question est le
suivant: Est-ce que l'Association des Inuit avec laquelle vous avez
négocié, parce que vous n'avez pas négocié, que je
sache, en fin de semaine, avec les gens de Povungnituk, a accepté ces
critères, nommément en ce qui concerne les deux
communautés, disons les communautés qui ne sont pas d'accord, qui
ont manifesté leur désaccord la semaine dernière?
M. Ciaccia: L'Association des Inuit n'a pas négocié
la sélection des terres de Povungnituk, ni d'Inuvik. Les critères
de sélection avaient été négociés avant,
pour l'ensemble de toutes les communautés. Dans cette négociation
des critères, naturellement, on en est venu à une entente avec
l'association.
M. Morin: Mais, est-ce qu'il existe un accord, actuellement, au
moment où vous nous dites que vous avez réglé la question
avec l'Association des Inuit? Est-ce qu'il existe un accord de cette
association, sur le rayon à l'intérieur duquel vont être
sélectionnées, éventuellement, les terres des deux
communautés?
M. Ciaccia: II existe un accord avec l'association sur le projet
d'entente.
M. Morin: Sur les principes généraux et pas sur le
rayon...
M. Ciaccia: Non.
M. Morin: ...particulier de Povungnituk, par exemple.
M. Ciaccia: Cela fait partie de l'entente. Alors, l'Association
des Inuit accepte tous les principes, accepte l'entente. Maintenant, la
sélection actuelle, nous allons laisser choisir la communauté de
Povungnituk. Nous allons laisser à Inuvik le choix de la
sélection des terres.
M. Morin: A l'intérieur de ce rayon.
M. Ciaccia: Oui. Ce n'est pas l'Association des Inuit qui va
choisir les terres de Povungnituk, ni les terres d'Inuvik. La façon dont
ils ont sélectionné ces terres... Je dois vous dire que ce n'est
même pas l'association qui a sélectionné toutes les terres.
Il y avait des représentants de chaque communauté.
M. Morin: Je sais ça.
M. Ciaccia: Les représentants de Saglouk étaient
là. Ils ont sélectionné leurs terres. Fort Chimo, Wakeham
Bay, toutes les communautés, c'étaient des gens de la
localité. Quand va venir le temps de choisir les terres de Povungnituk,
ce sera les gens de la localité qui vont les choisir.
M. Morin: Pour ce qui est des dons des terres de la
majorité des communautés, la sélection est faite. Les
frontières sont déterminées, sauf peut-être quelques
réajustements à faire par la suite.
M. Ciaccia: Oui.
M. Morin: Dans le cas des deux autres
communautés, dont Povungnituk que nous avons entendues la semaine
dernière, le choix n'est pas fait. Vous avez déterminé un
rayon, une étendue à l'intérieur duquel ce choix... Vous
l'avez fait, en quelque sorte, unilatéralement, si je comprends bien. Ce
n'est pas clair.
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas unilatéralement, parce que
ces critères avaient déjà fait l'objet de
négociations avant la sélection actuelle sur les cartes. On ne
pourrait pas dire que c'est une décision unilatérale. Nous avons
seulement appliqué des critères généraux. Avec
certaines communautés, il y a certains changements. Il faut prendre en
considération les conditions actuelles. Mais, c'étaient des
critères d'ordre général que le ministère des
Terres et Forêts, que le gouvernement avait établis.
D'après la négociation, il y a eu certaines modifications. Le
gouvernement voulait certains critères de plus ou de moins. Cela a fait
l'objet de négociations.
M. Morin: Bon!
M. Ciaccia: Dans ce sens, ce n'était pas
unilatéralement.
M. Morin: Bon! Là, vous laissez deux ans aux membres de
ces deux communautés pour choisir leurs terres, d'après, du
moins, le texte du chapitre 6, tel que vous l'avez négocié en fin
de semaine.
M. Ciaccia: Oui.
M. Morin: Et s'ils ne choisissent pas leurs terres, s'ils s'en
tiennent à leur position de principe, qu'ils ne veulent pas voir leurs
droits éteints par la législation à intervenir, dans ce
cas, vous allez, vous-mêmes, le Québec va désigner,
d'autorité, les terres faisant partie de la catégorie I et qui
seront dévolues aux deux communautés.
M. Ciaccia: C'est exact. Il y a une période de deux ans
pour faire la sélection finale.
M. Morin: De sorte que nous pourrions nous trouver, dans deux
ans, devant une situation où des communautés inuit se verraient
imposer une solution quant à la répartition des terres, quant
à la sélection des terres, leurs droits étant, par
ailleurs, éteints par la législation à intervenir sur le
plan fédéral, comme sur le plan québécois. C'est
bien la situation juridique?
M. Ciaccia: La situation juridique est que la sélection
des terres pourrait être imposée à Povungnituk, à
Ivujivik, dans deux ans d'après les critères qui ont
été appliqués dans toutes les autres communautés et
qui ont été acceptés par toutes les autres
communautés. Juridiquement, ce serait une chose imposée par le
Québec, mais cela aurait été fait d'après des
critères qui seraient appliqués à l'ensemble du
territoire, d'après l'entente finale.
M. Morin: Ma question était plus complexe que cela. La
situation juridique signifie que non seulement vous êtes en mesure
d'imposer votre choix, mais que, deuxièmement, les droits des
autochtones seront éteints, donc, ils n'auront plus aucune espèce
de pouvoir de marchandage ou de pouvoir de négociation.
M. Ciaccia: Je crois que nous avons discuté de tout ce
sujet la semaine dernière, la question de l'extinction des droits.
Oui, non seulement de l'extinction des droits des gens de Povungnituk,
mais de tous les autres qui seront éteints. Ils auront les
bénéfices, les avantages de l'entente.
M. Morin: Je me réserve un commentaire là-dessus
pour plus tard, M. le Président. J'ai encore une ou deux questions
d'ordre technique, sur l'article 6, paragraphe 1, sous-paragraphe 1. Le
député veut-il ajouter quelque chose? Je peux lui laisser une
minute, s'il le veut.
M. Ciaccia: On m'a informé que les gens de Ivujivik
devaient venir choisir leurs terres en fin de semaine. La raison pour laquelle
ils ne sont pas venus, c'est parce qu'ils ont été pris par le
mauvais temps, mais ils venaient choisir leurs terres. La seule
communauté où les terres ne seront pas
sélectionnées, ce sera Povungnituk.
M. Morin: Le rayon à l'intérieur duquel ces terres
vont devoir être choisies est de combien de milles, ou de
kilomètres, ou d'arpents?
M. Ciaccia: C'est 25 milles du centre de la
communauté.
M. Morin: C'est donc un rayon de 25 milles. A votre connaissance
les gens de Povungnituk considèrent-ils que c'est suffisant?
M. Ciaacia: Je ne peux pas vous répondre.
M. Morin: Je me réfère aux négociations que
vous avez pu avoir avec eux dans le passé.
M. Ciaccia: Je peux vous répondre que 13
communautés sur 14 considèrent que c'est suffisant.
M. Morin: Vous voulez dire qu'elles considèrent que c'est
suffisant pour les gens de Povungnituk?
M. Ciaccia: Non, pas pour les gens de Povungnituk. Comme
critère général, elles considèrent que c'est
suffisant.
M. Morin: Dans l'article 6, au tout début, on trouve
l'expression suivante, à la fin du premier paragraphe: Compte tenu de
toutes autres terres reçues par lesdites communautés et ne
provenant pas du Québec.
J'aimerais demander au député de nous éclai-
rer sur le sens de ce membre de phrase. Les Inuit vont-ils recevoir des
territoites ou des espaces maritimes qui font partie, par exemple, des
Territoires du Nord-Ouest?
M. Ciaccia: Dans le cas le Port Burwell, l'île Killiniq,
certainement, parce qu'ils habitent ce territoire, sous la juridiction du
gouvernement du Canada, les Territoires du Nord-Ouest. Ils vont recevoir une
partie de leurs terres sur l'île, qui n'est pas dans le Québec, et
une partie dans le Québec. Je sais qu'ils sont en discussion aussi pour
essayer d'obtenir certains droits sur les îles du littoral.
M. Morin: Pourriez-vous me préciser s'il y a des espaces
maritimes qui vont tomber à l'intérieur de ce territoire?
M. Ciaccia: Non.
M. Morin: Parce que, juridiquement, il y a des espaces maritimes
qui peuvent constituer du territoire.
M. Ciaccia: Non. Les espaces maritimes seront de catégorie
III et ne seront pas concédés. Cela demeure de catégorie
III.
M. Morin: L'île de Killinig est aussi dans les Territoires
du Nord-Ouest.
M. Ciaccia: Oui. On a essayé, on en a fait la demande dans
nos négociations, nos discussions. D'ailleurs, je dois dire que les
Inuit du Québec nous ont appuyés et on les a appuyés. Ils
voulaient que Port Burwell fasse partie du Québec et soit inclus dans la
juridiction du Québec. C'est la demande officielle qu'ils ont faite au
Canada et nous avons tenté d'obtenir la juridiction du Québec sur
Port Burwell, mais nous n'avons pas réussi.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez, en l'absence de cartes
précises, nous décrire brièvement, peut-être
à l'aide d'une carte, si cela était possible, les territoires de
catégorie I qui sont prévus pour les communautés avec
lesquelles vous en êtes venus à un accord au cours de la fin de
semaine? Est-ce que c'est possible? Je dis au député de
Mont-Royal que nous aurions souhaité avoir les cartes sous les yeux.
C'est un peu gênant que la commission ait à se prononcer sans
avoir les cartes.
M. Ciaccia: Je m'excuse si cette situation s'est
présentée.
On me dit qu'on a une copie au ministère et qu'on peut l'obtenir
dans quinze minutes. On peut l'envoyer chercher et nous l'aurons dans dix ou
quinze minutes.
M. Morin: M. le Président, c'est surtout sur la carte
qu'auraient porté les dernières questions que j'ai à poser
au député. Je lui avais dit vendredi que nous en aurions pour
deux ou trois heures.
Nous sommes dans les délais prescrits par le ministre et
j'aimerais m'en tenir à cela. On peut peut-être suspendre la
séance, parce que je vous avoue que, sans la carte, je ne me sens pas
tellement apte à discuter.
M. Ciaccia: Pendant que nous attendons la carte, on peut
commencer sur cette carte. J'ai quelqu'un ici du ministère qui pourrait
vous montrer...
M. Cournoyer: On pourrait vous la colorier.
M. Morin: Le ministre va sortir ses crayons de couleur?
M. Ciaccia: On va colorier pour le ministre. Voici la carte
grâce à l'efficacité du ministère. Ils savaient tout
par coeur.
M. Morin: Je tiens pour acquis que, sur une carte de cette
échelle, ce sont des tracés approximatifs, mais ça nous
donne tout de même... Moi aussi, je prends mes précautions, M. le
Président, mais on peut quand même avoir une idée de ce que
ça représente, sauf pour Ivujivik et Povungni-tuk où le
rayon est indiqué en pointillé. La question qui me vient à
l'esprit en regardant ces territoires, c'est de demander au
député de nous expliquer je sais qu'il y a
déjà fait allusion, mais je voudrais revenir sur la question,
brièvement, pour que ce soit clair le régime applicable
dans ces espaces n'est pas celui des réserves au sens de la loi
fédérale sur les Indiens, alors que le député n'est
pas sans savoir que, d'après des arrêts de 1939 pour des fins
constitutionnelles, les Inuit sont considérés comme des indiens
au sens du "British North America Act" et de la loi fédérale.
Donc, si j'ai bien compris, la situation juridique des territoires qui
sont réservés le mot "réservés" étant
utilisé entre guillemets aux Inuit, ils correspondent
juridiquement à la catégorie I b) des territoires dévolus
aux Cris, c'est bien la situation, en gros?
M. Ciaccia: En gros, oui.
M. Morin: Donc, il n'y a pas, pour les Inuit, de réserve
de catégorie qui correspondrait à la catégorie I a) chez
les Cris.
M. Ciaccia: C'est exact.
M. Morin: Est-ce que le député pourrait m'expliquer
comment il se fait qu'il a pu obtenir ce résultat pour les Inuit mais
pas pour les Cris?
M. Ciaccia: Je pense que ce sont des raisons historiques et
psychologiques des Cris qui veulent la présence... Ils sont plus
habitués d'avoir un lien avec le fédéral que les Inuit.
Ils ont insisté pour maintenir une certaine partie de leurs terres sous
la juridiction, je dis partielle fédérale, parce que plusieurs
des compétences ont été transférées au
Québec, mais je pense plus que ça. Historiquement, c'est bien
beau pour la Cour suprême de
dire que les Inuit sont des Indiens, mais je ne sais pas si elle le leur
a demandé avant de le dire.
M. Morin: Non, ça n'était pas la pratique
courante.
M. Ciaccia: Ce n'était pas la pratique et la loi sur les
Indiens ne s'est jamais appliquée aux Inuit, alors, ils n'ont pas...
M. Morin: Dans les faits, vous voulez dire.
M. Ciaccia: Juridiquement, il y a exclusion. C'est vrai qu'ils
ont été juridiquement assimilés ou reconnus comme
étant des Indiens, mais la loi sur les Indiens est spécifique,
elle dit qu'elle ne s'applique pas aux Inuit. Alors, quant au régime des
terres, en vertu de la loi sur les Indiens, toutes ses structures ne se sont
jamais appliquées aux Inuit. C'était tout à fait logique
et facile, pour eux, d'adopter des structures du Québec, le gouvernement
local, en vertu de la Loi des cités et villes; l'administration
régionale, en vertu de la Loi des cités et villes encore.
C'était une étape tout à fait logique et
rationnelle pour eux d'adopter ces structures sans faire de changement dans
leurs méthodes ou dans leurs manières de procéder.
Parce qu'on dit dans la loi sur les Indiens: La mention d'un Indien
à l'article 4 dans la présente loi ne comprend pas une personne
de la race aborigène communément appellée esquimaude. Ils
n'ont jamais fait partie de la loi sur les Indiens.
M. Morin: La situation juridique qui naît de l'entente est
la suivante: Ces territoires réservés aux Inuit...
M. Ciaccia: Alloués aux Inuit.
M. Morin: Alloués, oui, j'accepte, quoique le terme ait un
petit relent de paternalisme. Disons dévolus.
M. Ciaccia: Transférés aux corporations...
M. Morin: Transférés; voilà le mot
juste.
M. Ciaccia: Transférés aux corporations inuit.
M. Morin: ... échappent entièrement à la
régie et à l'administration fédérale.
M. Ciaccia: Entièrement.
M. Morin: Bon! Je ne veux pas recommencer le débat que
nous avons eu la semaine dernière sur la possibilité qu'il y
aurait eu d'obtenir des régimes semblables du côté des
Cris, étant donné que le ministre et moi-même, nous nous
sommes mis d'accord pour dire que même si, constitutionnellement, les
Indiens relèvent de la compétence fédérale, il
aurait pu y avoir des lois fédérales qui transfèrent
l'administration, la régie, entièrement au gouvernement du
Québec. Cette solution n'a pas prévalu...
M. Ciaccia: Pas entièrement...
M. Morin: Vous me permettez tout de même de le regretter.
Non, d'accord. Je vais dire qu'elle n'a pas prévalu entièrement,
qu'elle a prévalu seulement de façon partielle. Le
député me permettra quand même de regretter que cela n'ait
pas été le même régime au sud, pour les Cris, que le
régime applicable au nord, pour les Inuit. Vous me dites qu'il y a des
raisons historiques et moi, je vous dis qu'il aurait peut-être valu mieux
regarder davantage vers l'avenir, compte tenu du fait que vous nous dites que
la convention aura préséance sur la loi fédérale
sur les Indiens.
M. Ciaccia: On regarde vers l'avenir et, pour des raisons
psychologiques et historiques, on dit: L'administration, contrôle
fédéral. De cela, nous retirons l'éducation, la
santé, l'administration de la justice...
M. Morin: Les municipalités...
M. Ciaccia: Les municipalités et les richesses naturelles.
Ce sont là les compétences...
M. Morin: J'allais oublier l'essentiel.
M. Ciaccia: L'essentiel. Je l'ai nommé le dernier, mais
"least but not last, last, but not least".
M. Cournoyer: Admettez-le donc, pour une fois.
M. Morin: Je laisse au député la
responsabilité de la chose.
M. Ciaccia: Si vous enlevez toutes ces juridictions du
fédéral sur les terres de catégorie I a), je crois qu'il
ne reste pas grand-chose sur les terres de catégorie I a)
fédérales, mais c'était une étape
nécessaire.
M. Morin: Est-ce qu'entre-temps nous avons reçu les cartes
détaillées?
M. Cournoyer: Depuis que M. Charron est arrivé, j'ai
donné l'ordre de ne pas les donner.
Une Voix: Ça s'en vient.
M. Cournoyer: Encore vingt minutes.
M. Morin: Maintenant, dites-moi, revenant à Povungnituk,
est-ce que le gouvernement a l'intention de faire des avances, des offres aux
gens de Povungnituk, dans le sens d'une négociation? Ou allez-vous
attendre qu'eux vous fassent signe? Auquel cas, j'ai l'impression que la
négociation n'aura jamais lieu.
M. Ciaccia: Excusez. On ne s'est pas engagé à
négocier avec les gens de Povungnituk.
M. Cournoyer: Selon ma souvenance.
M. Ciaccia: Mais ils font partie de l'entente.
M. Cournoyer: Ils sont représentés par
l'Association...
M. Morin: Non, mais je veux dire pour la sélection des
terres.
M. Ciaccia: Pour la sélection des terres, on va une fois
pour toutes tenter... On va prendre l'initiative, je crois, et leur demander de
nous rencontrer pour sélectionner les terres. On n'attendra pas deux ans
pour leur dire ensuite: Voici les terres.
M. Morin: En dehors des communautés qui sont
décrites sur la carte et de Povungnituk et d'Ivujivik, pouvez-vous nous
donner l'assurance qu'il n'existe pas d'autres groupes inuit vivant entre ces
établissements et qui se trouveraient de la sorte privés de base
territoriale?
M. Ciaccia: Dans le territoire du Québec...
M. Morin: Toutes les communautés, si petites
soient-elles?
M. Ciaccia: Oui, toutes les communautés, si petites
soient-elles. C'est bien que vous ayez dit cela, parce qu'il y a des
communautés très petites.
M. Morin: Oui je sais.
M. Ciaccia: Elles sont incluses et elles sont toutes incluses.
C'est pour cela qu'il y en a quatorze.
M. Morin: Et personne n'a été laissé de
côté? M. Ciaccia: Personne.
M. Morin: J'espère que c'est aussi l'avis des gens de
l'association.
M. Ciaccia: Vous pouvez le leur demander.
M. Morin: Oui. Est-ce qu'il serait possible de poser quelques
questions aux gens de l'association des Inuit?
M. Ciaccia: Vous pouvez les leur poser.
M. Morin: M. le Président, est-ce qu'il serait possible de
poser quelques questions aux gens de l'Association des Inuit, puisqu'ils sont
encore là avec nous ce matin et qu'il nous reste, selon les
critères établis d'autorité par le ministre, quelque 25
minutes peut-être?
Le Président (M. Séguin): Près d'une
demi-heure.
M. Cournoyer: C'est 23 minutes.
Le Président (M. Séguin): Certainement, allez-y. Je
ne sais pas s'il y a objection.
M. Cournoyer: Aucune objection, au contraire.
M. Morin: Les gens de Povungnituk sont-ils là aussi?
Le Président (M. Séguin): J'ai vu leur
représentant ou leur...
M. Morin: Est-ce que Povungnituk est représenté
aussi?
Une Voix: D'une certaine façon, oui.
M. Morin: Oui, mais d'une façon certaine?
Le Président (M. Séguin): Celui qui faisait l'appel
pour la traduction, l'interprète pour les gens de Povungnituk est
là. Je pense qu'il n'a peut-être pas l'autorité de parler
pour ce groupe.
M. Morin: Est-ce que M. Pilotas est là? Une Voix:
Oui.
M. Morin: On pourrait peut-être commencer par
l'Association. Ensuite, j'aimerais bien peut-être entendre M. Filotas,
s'il est le seul de Povungnituk qui soit là. Est-ce que je pourrais
demander à l'Association des Inuit s'ils sont pleinement satisfaits de
l'entente intervenue en fin de semaine portant sur la sélection des
terres qui leur seront transférées, pour utiliser le vocabulaire
neutre?
M. Watt (Charlie): Yes, we are fully satisfied. Even though we
did not get everything we wanted, we are prepared to go back to the communities
and to defend the agreement. And also, there are no other communities in the
Northern Québec except the fourteen existing communities.
M. Morin: Dans le cas d'Ivujivik, il n'y a personne ici
d'Ivujivik? Est-ce que c'est l'Association des Inuit qui a
négocié pour eux également dans le passé?
M. Watt: Yes, we have negociated for Ivujivik in the past, before
they withdraw this power of attorney. I still believe that we still represent
the majority of the people in Ivujivik.
M. Morin: Est-ce que vous êtes d'accord avec la solution de
l'article 6 selon laquelle, après deux ans, le gouvernement du
Québec pourra délimiter unilatéralement l'étendue
des territoires transférés aux gens de Povungnituk et, le cas
échéant, d'Ivujivik?
M. Watt: I think that the people of Ivujivik can speak for
themselves. We had some indications from the Ivujivik people that they are
prepared to do the land selection. The only reason why they are not here is
because of what John Ciaccia mentioned earlier, that the weather was bad and
that they could not get down here.
M. Morin: Mais c'est vous qui avez négocié
l'entente au cours de la fin de semaine et c'est vous qui avez accepté
que la délimitation des terres de Povungnituk soit faite par le
gouvernement, après deux ans, de façon unilatérale. C'est
la raison pour laquelle je vous demande si vous êtes pleinement d'accord
avec cette solution.
M. Watt: Let me answer you this way: I think this is my
belief that the POV people will do their selection before two years.
M. Morin: Oui, j'ai bien compris que tout le monde souhaite, y
compris nous, que cela se déroule de cette façon. Tout le monde
le souhaite, le député de Mont-Royal, le ministre, les membres de
la commission, l'Opposition, vous-même, tout le monde. A supposer que
cela ne se déroule pas de la sorte, ma question est précise, et
je veux, autant que possible, que vous me donniez une réponse
précise. Je vous demande si l'Association des Inuit du Québec
accepte l'idée que le gouvernement du Québec puisse, après
deux ans, déterminer unilatéralement l'étendue des terres
de Povungnituk.
M. Ciaccia: M. le Président, si vous me permettez...
M. Morin: M. le député, ils étaient sur le
point de répondre. Je ne voudrais pas que vous leur coupiez l'herbe sous
le pied.
M. Ciaccia: Je ne veux pas leur couper l'herbe sous le pied.
M. Morin: Ils sont assez grands garçons pour
répondre.
M. Ciaccia: Ils sont assez grands garçons, mais il
faudrait quand même être conscient du fait qu'ils ont dit qu'ils
acceptaient l'entente et qu'ils pouvaient vivre avec l'entente. Ils ont dit
qu'ils n'étaient pas tout à fait satisfaits de toutes les
clauses, de tout ce que l'entente contient. Alors, je crois que la
réponse a été donnée. Il ne faudrait pas passer
clause par clause et leur demander s'ils sont satisfaits de chaque clause de
l'entente. Certainement, il va y avoir certaines clauses sur lesquelles
peut-être ils ne sont pas satisfaits, mais globalement ils sont
prêts à signer l'entente. Je crois qu'il l'a dit. Je crois qu'on
devrait prendre cela en considération.
M. Morin: II l'a peut-être dit à votre satisfaction,
M. le député, mais pas à la mienne.
M. Ciaccia: Non, il l'a dit, il vient de le dire.
M. Morin: II n'a pas répondu à ma satisfaction et
je me permets de répéter la question. Je veux une réponse
claire.
M. Ciaccia: II ne faudrait pas placer les gens dans des
situations complètement impossibles, en tenant compte de tout ce qui se
passe, de tout le contenu de l'entente et de la situation, avec des
dissidences.
M. Morin: M. le député, ce n'est pas une situation
impossible. C'est une situation de responsabilité. Je veux me rendre
compte s'ils acceptent la responsabilité de signer cet article en
particulier. Je veux qu'ils nous le disent clairement. J'imagine que je peux
déduire de l'accord qu'ils sont d'accord sur ce principe, mais je leur
demande de me le dire clairement, de façon que, par la suite, on sache
à quoi s'en tenir et qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, parce
qu'il y aura peut-être des suites. On va débattre cette question
à l'Assemblée nationale. Il y aura la législation
fédérale, il y aura peut-être tout un débat.
Messieurs, est-ce que vous avez bien compris ma question ou est-ce que je dois
la répéter?
M. Watt: Yes, I did understand your question. We accept it and we
also accept to take the res-ponsabilities. We are going to try of our best to
explain to the POV people, to try to make them understand what this agreement
is all about.
M. Morin: Bien. Est-ce que je pourrais demander à M.
Filotas, comme seul représentant des gens de Povungnituk ici
aujourd'hui, s'il a quelque chose à ajouter sur la question?
M. Filotas: Je pense que vos échanges avec M. Ciaccia,
vous-même et M. Watt, disent à peu près tout. .
M. Morin: Merci. M. le Président, est-ce que les cartes
sont arrivées ou... Elles ne sont pas arrivées. Elles s'en
viennent. Ecoutez, je veux demander au député quand même
s'il est possible qu'il me les fasse remettre. Je vais lui faire confiance,
parce que je sais bien que celui qui a dessiné les enclaves, pardon, les
territoires...
M. Ciaccia: Les territoires transférés.
M. Morin: ... transférés, je sais qu'il
connaît ces territoires fort bien puisqu'il a été le
principal négociateur. Donc, je n'ai pas de raison de mettre en doute
l'exactitude de ces tracés. J'aimerais...
M. Ciaccia: II a déjà habité dans les
territoires. Il les connaît très bien.
M. Morin: Aussi, oui. Très bien. Est-ce qu'il est possible
que vous me donniez la carte par la suite?
M. Ciaccia: Oui, sûrement, je vais vous faire parvenir ces
cartes aussitôt que je les aurai reçues. Je ne peux pas vous
laisser l'exemplaire que j'ai parce que c'est la carte initialée du
ministère, mais je peux m'engager à vous faire parvenir des
exemplaires de ces cartes.
M. Morin: Me laisseriez-vous jeter un coup d'oeil rapidement?
Merci. Est-ce qu'on peut suspendre la séance une minute, M. le
Président?
M. Ciaccia: On peut attendre une minute.
Le Président (M. Séguin): Non, il n'y a pas de
suspension de la séance.
Terres de catégorie spéciale
M. Morin: Je vois qu'il y a, sur certaines cartes, des terres de
catégorie I spéciale.
M. Ciaccia: Oui.
M. Morin: Est-ce que le député pourrait revenir sur
la question je sais qu'on en a déjà parlé et
nous expliquer la différence entre catégorie I et
catégorie I spéciale?
M. Ciaccia: Pour la catégorie spéciale, dans le
cours des négociations, il est arrivé que les deux parties, le
Québec et les Inuit, voulaient les mêmes terres. Le Québec
les voulait pour certaines fins et les Inuit les voulaient pour d'autres fins.
On appelle ces terres catégorie spéciale. Le Québec a le
droit de faire ce qu'il veut faire sur ces terres et les Inuit ont le droit de
faire ce qu'eux veulent faire sur ces terres. La solution, c'était de
les allouer aux Inuit et de retenir certains droits pour le Québec. On
les a appelées catégorie spéciale.
M. Morin: Sur la carte de Tasiujag, quelquefois connue sous le
nom de Leaf Bay, je vois qu'il y a des territoires ayant une forme
géométrique et entourés d'un trait discontinu. Est-ce que
ce sont les terres auxquelles nous nous sommes référés
plus tôt et qui pourront, éventuellement, faire l'objet d'un
nouveau tracé?
M. Ciaccia: Non... M. Morin: Non.
M. Ciaccia: ... cela représente les droits des tiers qui
sont protégés par le projet d'entente.
Claims miniers
M. Morin: Ce sont des daims miniers? M. Ciaccia: Oui.
M. Morin: Puis-je demander, dans ce contexte, au
député de nous éclairer sur les conflits entre claims
miniers, d'une part, et les terres que les Inuit désiraient obtenir dans
la catégorie I? Y a-t-il eu beaucoup de conflits et comment les
avez-vous résolus?
M. Ciaccia: II y a eu des discussions sur ces claims, sur la
situation des terres par rapport aux claims, mais les parties ont convenu que
les claims seront respectés, et ils ne seront pas inclus dans les
catégories I. Les droits des tiers seront entièrement
protégés. Ils ont accepté cette solution.
M. Morin: Les claims sont, j'imagine, souvent la
propriété de non-autochtones? Le plus souvent?
M. Ciaccia: Le droit au claim, mais la terre demeure la
propriété du Québec.
M. Morin: Oui, ça, j'ai compris, mais... M. Ciaccia:
Oui, le plus souvent...
M. Morin: ... quand on parle de claims, on parle de droits
miniers.
M. Ciaccia:... ce sont des non-autochtones.
M. Morin: Pourriez-vous nous donner une idée de
l'étendue de ces claims par rapport aux terres
transférées? J'imagine que, la plupart du temps, ce sont des
non-Québécois qui sont détenteurs de ces claims.
M. Ciaccia: Je ne pourrais pas affirmer cela. Des droits, ce sont
des droits.
On m'informe qu'à l'intérieur des catégories I,
c'est une proportion infime de claims. Ce n'est pas 1%.
M. Morin: Bon! Ces messieurs de l'association ont accepté
que le transfert soit sujet à l'existence des claims miniers. Je pose la
question à ces messieurs, là-bas, pour en avoir le coeur net.
M. Cournoyer:... dit cela, ils ont décidé de
signer, ils doivent savoir ce qu'ils veulent signer.
M. Morin: Mais je posais la question quand même, ne vous en
déplaise.
M. Cournoyer: Moi, je trouve que ces gars-là' sont
corrects. Ils vont signer ça. Ils savent ce qu'ils signent, eux.
M. Morin: Nous voulons être éclairés
pleinement et, si nous le sommes, il n'y a plus de difficulté. Le
ministre a intérêt à ce que tout le monde soit
éclairé pleinement.
M. Cournoyer: Ils savent ce que cela veut dire.
Le Président (M. Séguin): Would you care to answer
the question, please?
M. Watt: Yes. Regarding the existing mining, we did have some
conflicts at the beginning, and this was one of the reasons why we did not come
to an agreement, regarding the land selection last week, but the communities
took their responsibilities by themselves and they managed to go around not
selecting the mining claims. And the communities can only speak for themselves
and I cannot speak for the communities, because I did not do the land
selection.
M. Morin: Je ne comprends pas très bien la situation qui
résulte de cette réponse. Dois-je
comprendre que les diverses communautés n'ont pas
été consultées sur l'existence de ces claims miniers?
M. Ciaccia: Au contraire. M. Morin: Elles l'ont
été?
M. Ciaccia: Elles l'ont été, et elles les ont
sélectionnés en tenant compte des claims.
M. Morin: Et chaque communauté est consciente de
l'existence, de la continuité de l'existence de ces claims?
Le Président (M. Séguin): Do you want to
answer?
M. Watt: Yes. Like I said, we have problems with three
communities, which have mining claims. The communities that did the land
selection are fully aware of those mining claims that exist in nearby
communities.
M. Morin: M. le Président, peut-être une
dernière question. Quelle est la solution qui est retenue pour la
pêche à l'omble arctique dans certaines rivières du
Québec? Je sais qu'il y a eu des difficultés, notamment dans la
rivière aux Feuilles.
M. Cournoyer: La pêche à l'omble arctique?
M. Morin: Cela a créé des grosses
difficultés, dans le passé, sur la rivière aux Feuilles
notamment, et on aimerait savoir ce qui a été retenu comme
solution.
M. Ciaccia: II n'y a pas eu de discussion particulière sur
ce sujet.
M. Cournoyer: Lui, ce sont les ménésl
Conclusions
M. Morin: J'attendrai du député qu'il me fasse
parvenir une copie de cela.
M. le Président, je pense qu'il est peut-être temps d'en
venir à quelques conclusions de la part de l'Opposition. Je voudrais
aussi laisser le temps au député de Mont-Royal de dire quelques
mots, par la suite, si le coeur lui en dit.
Nous avons encore quelques hésitations devant certaines
dispositions de l'entente. Il est clair que l'entente aura pour effet de
modifier la loi de 1912 et notamment, les articles 2 c), d) et e).
Lorsque l'entente prétend abolir les droits de tous les Indiens,
elle modifie ce que nous pourrions appeler des droits acquis en vertu de la loi
de 1912.
Or, l'entente n'a été conclue qu'avec les Cris et on nous
dit qu'il y aura des négociations, que le gouvernement est ouvert
à des négociations avec les autres Indiens du Québec.
J'entends bien, mais je ne peux m'empêcher de considérer
que cette façon de procéder pour- rait entraîner des
résultats inéquitables pour les autres Indiens du
Québec.
On commence par éteindre, pour employer le vocabulaire technique
de l'entente, leurs droits et, ensuite, on négociera. Peut-être
négociera-t-on avant du moins que les lois québécoises et
fédérales qui seront nécessaires pour mettre la convention
en oeuvre aient été adoptées.
J'ai exprimé des réserves sur cette façon de
procéder et, au nom de l'Opposition, je maintiens ces réserves.
Nous craignons que cela n'entraîne des résultats
inéquitables.
Pour le reste, nous n'avons pas à vraiment dire, comme Opposition
officielle: Ceci est bon ou ceci est mauvais dans l'entente, puisque, si les
parties sont d'accord, si elles sont vraiment d'accord. C'est la raison pour
laquelle nous avons voulu sonder sur des points sensibles si, vraiment, les
gens prenaient la responsabilité pleinement de l'accord auquel on en est
venu. Nous n'allons pas tenter et nous n'avons pas tenté, à cette
table, de renégocier l'entente.
Là-dessus, j'ai accepté les règles du jeu
proposées par le député de Mont-Royal, dès le
départ, et qui visaient à ce que nous nous assurions du
caractère équitable de l'entente, mais que nous ne
procédions pas en commission à une renégociation.
Cependant, en tant que commission parlementaire, en tant aussi que
personne appelée à légiférer éventuellement,
pour mettre en oeuvre l'entente en vue de modifier les lois existantes, je ne
peux pas m'empêcher de continuer à me poser des questions sur le
respect des droits des tiers. Cette question, dans mon esprit, n'est pas
entièrement vidée. Nous allons continuer de nous poser des
questions et de surveiller l'application qui sera faite de l'entente et,
à l'occasion de la législation québécoise qui devra
être adoptée, nous voudrions d'avance demander au gouvernement de
permettre à toutes les parties intéressées de nous faire
des représentations au moment où la législation sera
adoptée. Il nous paraîtrait équitable de faire le point
à nouveau à ce moment-là. Encore une fois, nous n'avions
pas l'intention de renégocier. Nous avons posé toutes les
questions je tiens à le dire que nous avions à
l'esprit. Je ne peux pas, malheureusement, dire au gouvernement que nous sommes
entièrement satisfaits de l'entente, notamment pour ce qui est des
droits des tiers. Nous allons donc, là-dessus, réserver notre
jugement et revenir sur la question lorsque la législation
québécoise viendra sur le tapis. Voilà ce que je voulais
dire en guise de conclusion, M. le Président. Ce n'est pas une
conclusion définitive. Je veux dire au député de
Mont-Royal et à ceux qui l'entourent, et qui ont négocié
cette entente, de l'énorme travail que cela comporte, nous sommes
parfaitement conscients de cela, mais à notre avis tout n'est pas encore
dit, tout n'est pas absolument réglé et c'est pourquoi nous
réservons notre droit d'y revenir éventuellement.
M. Ciaccia: M. le Président, je remercie le
député de Sauvé, premièrement, pour avoir
respecté,
comme il dit, les règles du jeu, parce que nous étions
dans une position un peu délicate. Les questions qu'il a posées,
j'ai tenté d'y répondre aussi ouvertement que possible en lui
donnant toutes les réponses que je connaissais personnellement. Je suis
conscient aussi du fait qu'il y a certains droits des tiers que nous devons
nécessairement éteindre, mais je crois que nous en avons
expliqué la raison. J'ai expliqué, je pense, le nombre de gens
qui sont impliqués, ceux qui consentent à l'entente et
j'apprécie le fait qu'il garde ses réserves pour y revenir durant
la législation. Durant ce temps, nous allons continuer à
discuter, à négocier avec ceux qui le veulent, notamment les
Naskapis ou autres qui pourraient avoir des droits dans le territoire.
Je ne pense pas qu'on veuille éviter nos obligations. C'est
l'inverse. Nous voulons assumer nos obligations selon les termes de la loi de
1912 et non seulement cela, mais selon les besoins des autochtones et les
besoins du Québec, aujourd'hui et pour l'avenir, c'est ça
l'esprit de l'entente.
Ce furent des discussions longues, un travail très ardu. Je tiens
à remercier personnellement tous les gens du côté
gouvernemental, soit des sociétés, soit des différents
ministères, qui ont travaillé dans le but de conclure cette
entente. Cela a été un ouvrage qu'on ne peut même pas
s'imaginer. Les fonctionnaires des différents ministères, les
gens des différentes sociétés, du matin au soir,
même ce matin, sont venus directement de leur bureau à la
commission parlementaire. Ils ont travaillé la nuit et ce n'est pas la
première fois que cela arrive.
Personnellement, je tiens à les remercier parce que, sans leur
coopération, çaurait été impossible d'arriver
à ce projet d'entente. En ce qui me concerne, à titre de
représentant du premier ministre, je peux affirmer que l'entente est
prête à être signée. Les parties se sont entendues
sur l'entente. En ce qui me concerne, il n'y a aucun point sur lequel nous ne
nous sommes pas entendus.
Encore une fois, je remercie tout ceux qui ont participé et qui
ont rendu possible l'entente, Aussi, il faut remercier les autochtones, parce
qu'ils avaient des décisions difficiles à prendre. Ce n'est pas
facile de prendre des décisions dans un contexte de changement de mode
de vie, de bouleversement. Ce sont des décisions humaines.
Ils ont pris leur décision, ils ont pris leurs
responsabilités. Je crois qu'il nous reste maintenant, de mettre en
vigueur, non seulement les textes de cette entente, mais l'esprit qui est une
coopération entre tous ceux qui font partie de l'entente.
Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Séguin): M. le ministre, avez-vous
des commentaires?
M. Cournoyer: Non, je ne ferai pas d'autre commentaire. Je
remercie l'Opposition de la façon dont les choses se sont
déroulées. J'espère que d'autres conférences comme
celles-là ou c'est presque une conférence que vous nous
fîtes d'autres discussions comme celles-là, sur le
même sujet, si elles devaient avoir lieu, seront tenues en temps et lieu
par le gouvernement. Mais, pour le moment, je remercie l'Opposition de la
façon dont elle a respecté tous ses engagements et, comme je
m'étais moi-même limité à 13 h 20, M. le
Président, je proposerais l'ajournement de cette séance de la
commission, de façon que je puisse remplir, moi aussi, tous les
miens.
Le Président (M. Séguin): Juste avant de terminer,
et toujours dans le contexte d'une heure et vingt et une minutes, il avait
été question au début de trois chapitres qui devaient
être remplacés. Vous avez distribué le chapitre 6, il y a
les chapitres 7 et 23 encore à venir. Cela doit-il être
distribué...
M. Cournoyer: Aussitôt qu'ils arriveront, on vous les fera
parvenir.
M. Morin: Vous pourrez nous les faire parvenir en même
temps que les cartes, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Je voulais simplement
mentionner le fait. La commission a donc terminé ses travaux. S'il y a
lieu, puisque je ne suis pas certain de la procédure dans un cas
semblable, c'est-à-dire avec un projet d'entente étudié
par une commission, nous ferons rapport à la Chambre.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 18)