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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
Séance du 28 avril 1976
(Dix heures vingt trois minutes)
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Les membres de la commission des terres et forêts qui continuent
l'étude des crédits des Terres et Forêts sont les suivants:
MM- Assad (Papineau), Bédard (Chicoutimi), Bellemare (Johnson),
Bérard (Saint-Maurice), Carpentier (Laviolette), Ciaccia (Mont-Royal),
Toupin (Champlain) remplace Cournoyer (Robert Balwin), Faucher
(Nicolet-Yamaska), Lessard (Saguenay), Malouin (Drummond), Pelletier
(Kamouraska-Témiscouata), Perreault (L'Assomption), Picotte
(Maskinongé) et Samson (Rouyn-Noranda).
Etant donné l'absence de M. Bérard, je suggère le
nom de M. Benjamin Faucher, député de Nicolet-Yamaska comme
rapporteur suppléant. Adopté?
M. Lessard: Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre
des Terres et Forêts.
M. Toupin: M. le Président, je suis prêt à
commencer le programme 1.
M. Lessard: Je suis d'accord. M. Toupin: Elément
par élément. M. Lessard: Pardon?
M. Toupin: Elément par élément, si le
député de Saguenay est d'accord.
M. Lessard: Pour la bonne conduite de la commission,
décidément, j'aurais en particulier deux questions afin de savoir
où je dois discuter ces dossiers. Quant à la rétrocession
des concessions forestières, est-ce que cela va dans le dossier...
M. Toupin: Programme 4, élément 1.
M. Lessard: ... Utilisation de la forêt. C'est là
que je l'avais situé.
M. Toupin: Est-ce qu'on pourrait accepter, M. le
Président, que lorsque les fonctionnaires auront à
répondre à des questions, que ce soit enregistré au nom du
ministre des Terres et Forêts?
M. Lessard: C'est-à-dire que s'il s'agit de questions
techniques. Par exemple, je comprends que le ministre ne peut pas
répondre à toute une série de questions qui sont des
questions techniques. Mais, quand il s'agit de politique du ministère,
par exemple, comme la position du ministre vis-à-vis de la population de
Sainte-Marguerite etc., alors, je pense qu'il appartient au ministre de
répondre. Dans toute autre question où il s'agit d'une
information spécifique très précise, je suis d'accord pour
accepter que la réponse d'un des fonctionnaires soit
considérée comme étant la réponse du ministre,
parce que c'est un peu normal étant donné que nous ne pouvons
nous attaquer à un fonctionnaire, mais nous pouvons nous attaquer
à un ministre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): C'est le voeu de la
commission.
M. Toupin: Je suis disposé à me faire attaquer.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Parfait. Programme 1:
Connaissance de la forêt.
M. Lessard: J'avais le dossier de Sainte-Marguerite, programme 4
aussi.
M. Toupin: Programme 4.4.
M. Lessard: Concession, c'est 4.1.
M. Toupin: C'est 4.1.
M. Lessard: Maintenant, M. le Président, avant d'engager
la discussion sur le programme 1, j'aurais quelques questions sur certains
dossiers généraux qui ont particulièrement
préoccupé les ministères au cours de la dernière
année. Soit les opérations SAMOCO et TEMBEC.
Je pense que j'utiliserais justement la discussion
générale du début pour parler aussi de l'Abi-tibi Paper.
Maintenant, en ce qui concerne l'Abitibi Paper et Price Brothers, le
député de Chicoutimi aurait certaines remarques à venir
faire au ministre. Je ne sais pas s'il va être capable de venir ce matin.
Mais si le ministre était d'accord, je voudrais parler du projet
Outardes. Il y a à peu près quatre dossiers qu'on pourrait
régler et après cela là on prendrait élément
par élément.
M. Toupin: Je ne vois pas d'inconvénients, M. le
Président, à ce qu'on prenne ces dossiers. Cependant, il
eût été préférable que le président de
REXFOR soit avec nous, parce que c'est surtout lui qui a travaillé ces
dossiers. Néanmoins, on peut quand même commencer les discussions
et si toutefois un certain nombre de questions techniques m'échappent,
on pourra peut-être les prendre en note et communiquer par la suite avec
le président de REXFOR, pour de plus amples précisions.
Dossier SAMOCO
M. Lessard: Je pense que le dossier, en fait, qui a
été particulièrement important cette année, qui a
fait les manchettes des journaux, c'est le
dossier concernant SAMOCO. J'aimerais savoir, suite à
l'intervention de REXFOR et à la décision de participer au
sauvetage de cette société, où nous en sommes rendus
actuellement. Les activités ont-elles repris, à la fois les
activités à l'intérieur de la forêt et les
activités au niveau de l'usine?
M. Toupin: Oui, d'abord, le dossier va se fermer
définitivement vendredi, c'est-à-dire que vendredi de cette
semaine, je vais signer, en compagnie du président de REXFOR, les
ententes finales avec l'ancienne compagnie SAMOCO. Le conseil d'administration
de SAMOCO est en train de se former, l'usine est en exploitation depuis, si ma
mémoire est fidèle, huit ou dix jours. Les prévisions
faites au moment de l'ouverture de l'usine se réalisent. On avait
prévu quelque chose comme 140 000 pieds de sciage par jour. Je pense que
l'objectif a été dépassé. Jusqu'à maintenant
on a déjà atteint, je pense, 180 000 ou 185 000 pieds. C'est
sûr qu'il faudrait faire plus que cela, parce que c'est une usine qui est
équipée pour produire près de 85 millions ou 90 millions
de p.m.p. par année, mais on est encore dans une période de
rodage. L'usine n'avait pas fonctionné tellement tellement, avant que le
problème se pose, donc la période de rodage n'est pas
terminée.
Le dossier de SAMOCO se développe tel que prévu,
c'est-à-dire comme nous l'avions annoncé dans un
communiqué de presse que nous avons rendu public, il y a de cela
près de trois semaines ou un mois.
M. Lessard: Je constate qu'avant que vous décidiez de
procéder au sauvetage de SAMOCO vous aviez confié l'étude
de tout le dossier à la maison Mercure, Béliveau et
Associés qui devait d'abord étudier ce qui s'était
passé, comme tel, dans la compagnie, les différentes
opérations forestières, présenter un rapport complet sur
la situation et, en même temps, préconiser un plan de
réorganisation.
M. le Président, je comprends bien que ce dossier n'a pas
été rendu public, que nous n'avons aucun élément de
cette étude. D'abord, je pense qu'il s'agit de l'utilisation de deniers
publics et je considère que ce dossier aurait pu être rendu
public, à moins qu'on n'ait certaines choses à cacher. M. le
Président à part la question de rodage, à part la
difficulté de vente de copeaux d'abord, est-ce que Donohue a
racheté ces copeaux? A part aussi les difficultés du bébut
où le prix du bois de sciage avait baissé
considérablement. Cela fait trois difficultés qui sont quand
même assez importantes, j'en conviens. J'aimerais savoir du ministre s'il
n'y a pas eu des difficultés internes et particulièrement des
difficultés de gestion et d'administration. Egalement, j'aimerais savoir
du ministre comment il se fait, alors que REXFOR participait à 12% des
actions ordinaires donc REXFOR était représentée au
conseil d'administration qu'on ait attendu aussi longtemps, quoique je
comprenne qu'il y avait déjà quelques mois que c'était
commencé, avant d'intervenir. REXFOR de- vait être au courant de
la situation et devait être au courant de ce qui se passait à
l'intérieur.
Donc, ma première question: A part ces trois difficultés
dont j'ai parlé, la gestion financière de Chicougamau Lumber
a-t-elle été étudiée par Mercure, Béliveau
et quelles en étaient les conclusions?
M. Toupin: D'abord, pour répondre objectivement à
une question comme celle-là il faut en faire un peu l'historique.
Lorsque le dossier SAMOCO a vu le jour, c'était en 1972 ou 1973,
le gouvernement a accepté de participer avec la population dans des
proportions différentes, via REXFOR de la part du gouvernement, et via
INTRAFOR de la part de la population. REXFOR détenait une partie des
actions, INTRAFOR une autre partie des actions et un promoteur privé
qui, lui, détenait 51% des actions plus 8% des actions détenues
par une entreprise qui appartenait au promoteur privé,
c'est-à-dire Chibougamau Lumber, ce qui donnait 59% des actions au
promoteur privé.
Dans un contexte comme celui-là, le député de
Saguenay comprendra avec moi que des décisions prises au niveau du
conseil d'administration étaient, tout compte tait, des décisions
unilatérales, c'est-à-dire des décisions prises par
l'actionnaire majoritaire. REXFOR a fait valoir, à plusieurs reprises,
son point de vue disant, de temps à autre, qu'elle était
d'accord, de temps à autre qu'elle n'était pas d'accord, mais
REXFOR était inquiète jusqu'à un certain point du dossier
pour une partie, et satisfaite pour une autre partie.
Nous sommes tous conscients que lorsqu'une entreprise comme
celle-là est mise en marche, la période de rodage cause des
problèmes très complexes et difficiles, mais à cause de la
structure administrative, c'était l'actionnaire majoritaire qui avait,
au bout du compte, le dernier mot à dire.
S'est posé, en même temps que la période de rodage,
le problème des marchés. On a commencé à
éprouver des difficultés avec le bois de construction, avec les
copeaux; nous sommes entrés dans la grève des pâtes et
papiers et toute cette conjoncture économique a fait en sorte qu'il
devenait de plus en plus difficile de trouver, dans un délai
relativement court, une rentabilité.
Pour m'assurer personnellement, avant d'avoir pris une décision
finale, du comportement du dossier, on a demandé à Mercure et
Béliveau de faire une étude de rentabilité de
l'entreprise. L'étude de rentabilité dénote que pour la
première année d'activité, on ne peut s'attendre à
des profits. On peut s'attendre à de légers profits dans la
deuxième année d'activité, mais les véritables
profits vont se trouver dans la troisième année
d'activité, c'est-à-dire en 1978/79, si on se place en 1975, au
moment où le rapport de rentabilité a été fait.
J'ai demandé, en plus, à Mercure et Béliveau, par
l'entremise de REXFOR, de me faire une analyse de la structure administrative
de l'entreprise et une analyse également des créanciers et des
dus aux créanciers.
Effectivement, la société Mercure et Béliveau m'a
fait une analyse de toute cette question. Nous avons discuté avec chacun
des créanciers non garantis les créanciers garantis, il
fallait bien les satisfaire et nous avons fait des ententes avec eux,
sur une base équitable et uniforme. De sorte que ni l'un ni l'autre
d'entre eux n'a reçu plus que l'autre. Mais il a fallu rejoindre
l'objectif qu'on s'était fixé, c'est-à-dire de ne pas
faire perdre aux créanciers non garantis tout l'argent qu'ils avaient
mis dedans, d'autant plus qu'on retrouvait parmi ces créanciers
et le député de Saguenay le sait plusieurs fournisseurs de
la municipalité de Sacré-Coeur. On les a tous traités sur
un pied d'égalité.
Le rapport de rentabilité et le rapport d'analyse de
l'administration et de la gestion m'ont donné, quant à moi,
l'assurance que la décision d'intervenir dans le dossier m'apparaissait
logique et objective, qu'elle ne pénalisait personne et qu'elle ne
favorisait personne. Le dossier va se fermer bientôt. Alors, pour
répondre de façon plus spécifique aux trois
premières questions, qui se résument en une seule question, c'est
la rentabilité: Relativement aux copeaux, REXFOR a tenté de
trouver des marchés, avec les usines existantes, sans nuire à
l'ensemble de la province, parce que REXFOR n'était pas la seule, avec
SAMOCO, à avoir des surplus de copeaux, d'autres entreprises en avaient
aussi, mais après avoir pris contact avec Donohue, avec Quebec North
Shore, avec un certain nombre d'autres entreprises, elle est parvenue à
signer un certain nombre d'ententes, sinon signer, tout au moins à faire
un certain nombre d'ententes qui lui permettent d'espérer libérer
ses copeaux au cours de Tannée.
Quant au bois de construction, la compagnie avait déjà
l'ancienne compagnie SAMOCO des contrats avec des acheteurs
canadiens et en avait aussi avec des acheteurs européens. Il s'agissait
de voir, dans ces contrats, comment les prix payés, les coûts de
transport correspondaient à la rentabilité recherchée.
Jusqu'à maintenant, REXFOR a respecté, ou à peu
près, les ententes qui avaient été prises par l'ancienne
compagnie. Il n'est pas possible de trouver une rentabilité pour cette
année; c'est non seulement attribuable au marché, mais
également au fait que l'usine doit se roder. Mais on prévoit des
surplus légers pour l'an prochain.
M. Lessard: M. le Président, je comprends qu'il y a eu une
étude de rentabilité et on en arrive avec une décision
positive et c'est d'ailleurs ce qui explique pourquoi le ministère des
Terres et Forêts, par l'intermédiaire de REXFOR, a
décidé d'intervenir dans le dossier.
Je ne mets pas en doute cette décision puisque je suis
moi-même intervenu auprès du ministre pour essayer de le
convaincre d'y intervenir. Il s'agissait non seulement d'un dossier à
caractère social mais aussi d'un dossier à caractère
économique pour les gens de la région.
Quand je parle de l'étude de Mercure, Béliveau et
Associés, je m'interroge sur la gestion fi- nancière avant que la
situation de faillite, la presque situation de faillite soit
présentée devant la population. D'abord, des montants d'argent
avaient été versés par le gouvernement
fédéral, dans ce dossier, par REXFOR et, je pense, par le
ministère de l'Industrie et du Commerce, par l'intermédiaire de
la SDI.
M. Toupin: On l'a dit. Je n'en suis pas certain. Il faudrait que
je revoie le dossier. Mais je sais que REXFOR avait consenti...
M. Lessard: REXFOR, $1 million. Un premier coup, $891 000 et un
autre coup par la suite... En tout cas... Disons qu'on accepte le principe
qu'il y avait des montants d'argent qui étaient là et qu'il
fallait, je pense bien que c'était normal, par des techniciens du
ministère de l'Industrie et du Commerce, que le gouvernement ait une
certaine supervision, une certaine surveillance des opérations de cette
entreprise puisque cette entreprise recevait quand même des deniers
publics.
Qu'on pense, par exemple, qu'avant que ce soit discuté, les
actionnaires d'INTRAFOR comme tels n'étaient même pas capables de
recevoir des informations sur ce qui se passait. Quand même,
c'étaient des actionnaires. Il y a encore des questions importantes,
fondamentales, qui se posent dans le milieu. Comment, d'abord, a
été gérée c'est sur cela que Mercure,
Séliveau et Associés ont certainement des réponses
la construction de cette usine qui devait coûter, au début, je
pense, autour de $8 millions? Est-ce que cela a coûté $8 millions?
Est-ce que les coûts ont été dépassés? Est-ce
que Mercure, Béliveau et Associés se sont penchés sur le
problème? De plus, un montant de $9 millions environ était
prévu. Tout à coup, les dettes sont rendues à $17
millions. A un moment donné, avec les engagements de la Banque Royale,
les engagements de la Banque Canadienne et d'une autre, les dettes
étaient rendues à $17 millions, y compris la construction de
l'usine.
Je comprends que, là-dedans, il y avait le problème des
copeaux, il y avait aussi l'achat de machinerie, etc.
Mais la question qui est encore dans le public, qui reste encore
là, puis, quant à moi, qui me trotte encore dans la tête
est celle-ci: Est-ce qu'on a analysé en profondeur la façon dont
se sont faits, par exemple, les achats de machinerie par l'actionnaire
principal? Quelles étaient les relations entre, d'une part, Chibougamau
Lumber, qui était actionnaire à 51% de SAMOCO, puis la compagnie
mère elle-même, Chibougamau Lumber, en ce qui concerne les
échanges de machinerie? Par exemple, le principal actionnaire de
Chibougamau Lumber, à savoir, Bertrand Fradet, qui avait la
responsabilité d'administrer les deux entreprises, de quelle
façon, en fait, le faisait-il?
Je pose toute la question de la gestion de l'entreprise SAMOCO
vis-à-vis de Chibougamau Lumber. Ecoutez, cela a beau être un de
mes confrères de classe, mais ce n'est pas la première fois qu'on
l'a dans le portrait, au ministère des Terres et Forêts,
Chibougamau Lumber. Est-ce qu'on l'a ana-
lysée au ministère des Terres et Forêts, cette
question?
Il s'agit d'une des usines à l'intérieur de REXFOR. On m'a
dit qu'on me démente par exemple, que, pour la paie des
employés, on avait loué un système IBM que seule Alcan
pouvait se payer. Au lieu d'engager du monde, on avait loué une machine
que seule figurez-vous SAMOCO, ce n'est pas l'Alcan la compagnie
Alcan pouvait se payer. D'ailleurs, la seule location qui existait à
part SAMOCO, c'était à la compagnie Alcan. Il y a eu des
constructions de bureaux, du simple commis jusqu'au patron en haut, qui ont
coûté, semble-t-il, des prix presque exorbitants. Est-ce exact,
maintenant, tout ce qu'on apprend?
Mercure, Béliveau & Associés ont certainement
étudié en profondeur tout ce problème.
Je comprends que cela aurait été certainement plus payant
pour le ministère d'attendre la faillite. Cela aurait probablement
coûté moins cher. Il était tout de même difficile de
faire perdre à des petits actionnaires près de $500 000, plus
faire perdre des montants assez importants à des marchands locaux, et
ainsi de suite.
En ce qui concerne Chibougamau Lumber, je pense qu'il était
important d'analyser sa gestion financière avant qu'on en soit rendu
à une situation de faillite. Qu'est-ce qui s'est passé à
l'intérieur de l'entreprise SAMOCO avant la situation de faillite? C'est
la question fondamentale que je me pose et la réponse serait de
déposer le rapport Mercure et Béliveau.
M. Toupin: M. le Président, je reviens à l'argument
de basé, je ne veux esquiver absolument aucune question, je vais
repenser au rapport de Mercure et Béliveau. Je vais d'abord signer
l'entente finale de vendredi. Je ne peux pas rendre ce rapport public avant que
ce soit final avec la compagnie SAMOCO. La compagnie SAMOCO c'est encore
REXFOR, c'est encore INTRAFOR et c'est encore Bertrand Fradet qui
était...
M. Lessard: C'est réglé?
M. Toupin: Oui, c'est réglé. Il s'agit de signer
les documents finals. On les signe vendredi et la banque va être
impliquée aussi là-dedans. Evidemment, la décision finale
est prise, puisque les créanciers ont accepté la proposition
REXFOR. Il est évident que c'est REXFOR qui est maintenant
propriétaire de la société SAMOCO. Il faut bien comprendre
que, dès le départ, ce dossier a été amorcé
de telle sorte qu'il y avait un actionnaire majoritaire.
M. Lessard: Combien REXFOR avait-elle de représentants au
conseil d'administration? En avait-elle un ou deux?
M. Toupin: II y en avait sans doute un. Le conseil
d'administration était formé de cinq personnes. Je pourrais
rectifier parce que ma mémoire peut faire défaut. Il y avait les
actionnaires majoritaires, il y avait INTRAFOR et il y avait
REXFOR. Je pense que c'était au moins trois actionnaires. Il
pouvait y en avoir cinq ou six, c'est possible que INTRAFOR en ait eu deux,
mais la composition du conseil d'administration n'a rien a voir, parce que dans
une société où il y a un actionnaire majoritaire, c'est le
majoritaire qui décide. Ce n'est pas compliqué; la loi est faite
comme cela.
M. Lessard: II reste que les représentrants de REXFOR
avaient quand même la possibilité de faire valoir leur point de
vue et surtout de voir les transactions qui se faisaient...
M. Toupin: Je vais terminer à compter de cela. Il faut
tenir pour acquis que c'est l'actionnaire qui avait la dernière
décision à prendre. Par conséquent cette décision
du majoritaire portait sur toutes les questions, y compris les questions de
financement, y compris les questions de l'achat de l'équipement, y
compris également les questions reliées à la structure
physique de l'entreprise. C'est-à-dire, est-ce qu'on va en faire un ou
deux bureaux? Est-ce qu'on va mettre dedans du contreplaqué en
érable où en tremble? C'était la décision de
l'actionnaire majoritaire. C'est une usine moderne. C'est probablement la plus
moderne au Québec.
Elle a coûté plus cher que prévu, parce qu'on y a
mis des équipements qu'on aurait pu s'éviter de mettre, mais on
voulait en faire une belle usine et la population...
M. Lessard: Comme de beaux Jeux olympiques.
M. Toupin: Comme de beaux Jeux olympiques et la population...
M. Roy: Les rues sont pavées d'or.
M. Toupin: C'est intéressant puisqu'on ouvre le dossier
des Jeux olympiques, c'est fantastique de constater la réaction positive
des gens qui vont visiter maintenant le site olympique.
M. Lessard: Oui, quand les gens vont les payer, ils vont...
M. Toupin: Ils trouvent cela très intéressant.
M. Lessard: Le stade aurait pu coûter $1 milliard au lieu
de $500 millions.
M. Roy: Non, l'or pousse dans les rues du Québec.
M. Lessard: Cela aurait été encore plus beau avec
$1 milliard.
M. Toupin: Au bout du compte ce que l'on voit ne correspond pas
toujours à ce que l'on dit par ailleurs. SAMOCO a
été...
M. Roy: Parlez un peu plus fort, on n'entend pas ce que vous
dites.
M. Toupin: SAMOCO a été... Cela dépend de la
grandeur des oreilles qu'on a.
M. Roy: Parce que vous êtes près du bord on n'entend
pas ce que vous dites.
M. Toupin: Alors SAMOCO est une usine moderne, très
moderne. L'équipement est aussi moderne. Il est évident que sur
le plan administratif certaines décisions ont été prises;
elles ont engagé des capitaux qui, avec le temps, ont coûté
cher à la compagnie; cela, on ne le nie pas.
M. Lessard: Achat de machinerie.
M. Toupin: Si le marché s'était maintenu comme il
l'était en 1972, 1973, 1974, je pense que la compagnie aurait
passé à travers sans trop de difficultés; mais parce que
le tout s'est trouvé à se réaliser dans une conjoncture
défavorable, avec des décisions administratives qui avaient
été un peu coûteuses au départ, alors c'est
évident que cela a causé des difficultés administratives;
ce n'est pas la seule entreprise qui a eu des difficultés
administratives. C'est la seule jusqu'à maintenant au chapitre des
scieries qui aurait pu passer à travers, mais on fait faire une
étude actuellement sur l'ensemble du secteur des scieries au
Québec, afin de savoir comment se comporte l'ensemble des entreprises et
on se rend compte que quelques-unes d'entre elles ont des difficultés
assez sérieuses qui ressemblent à celles rencontrées par
SAMOCO mais qui se posent dans un autre contexte, parce que l'administration
n'était pas la même, les marchés n'étaient pas les
mêmes, les contrats de marketing n'étaient pas les mêmes non
plus, alors les problèmes se posent différemment.
Quand le prix du bois tombe de 25% ou de 30%, quand il y a une
grève dans le domaine des pâtes et papiers puis que les compagnies
n'achètent pas les côpeaux, il est sûr que vous n'avez pas
de liquidité et vous avez de la difficulté à faire
fonctionner l'entreprise. SAMOCO a été victime de cela comme
plusieurs autres entreprises au Québec dans le domaine du sciage.
Chibougamau Lumber s'est portée garante de plusieurs des emprunts qu'a
dû faire SAMOCO et cela a placé à un moment donné
Chibougamau Lumber dans une position difficile, mais pas difficile au point
où Chibougamau Lumber a dû envisager la faillite, parce que
Chibougamau Lumber n'a pas fait faillite encore, pas à ma
connaissance.
M. Lessard: En réglant SAMOCO, cela réglait
Chibougamau Lumber.
M. Toupin: Pas nécessairement, parce que les engagements
qu'avait pris à ce moment-là Chibougamau Lumber vis-à-vis
de SAMOCO ont dû être respectés jusqu'au bout; maintenant,
on va régler le problème d'une autre façon.
M. Lessard: C'est cela, mais si SAMOCO va en faillite les
garanties que Fradet a dû utiliser par l'intermédiaire de
Chibougamau Lumber, il est obligé justement à ce moment-là
de continuer ces garanties.
M. Toupin: Je n'irai pas jusque-là, parce que dans
l'étude qu'on a confiée à Mercure et Béliveau,
c'est l'étude de SAMOCO. En fait on n'a pas confié à
Mercure et Béliveau l'étude de Chibougamau Lumber, parce que ce
n'était pas mon problème; alors l'étude de SAMOCO a
démontré que Chibougamau Lumber avait signé des garanties
d'emprunt pour de l'équipement par exemple pour certains emprunts
également de la part de certaines compagnies de finance à des
taux d'intérêt élevés. Alors cela ajoutait encore
à la charge économique.
Le premier rôle de REXFOR là-dedans a été de
rencontrer ces ensembles de prêteurs et de négocier avec eux des
taux d'intérêt qui soient plus acceptables. C'est ce qui fut fait.
On a ramené les taux d'intérêt presque au "prime",
c'est-à-dire au taux général des banques, à 11% ou
11 1/4%. Je n'ai pas tous les chiffres devant moi, mais on a
économisé en moyenne, presque 2 1/2% d'intérêt sur
l'ensemble du financement, qui devait totaliser dans les $7 millions ou $8
millions. C'est extrêmement important, sur le plan de la
rentabilité, quand, seulement au niveau de l'intérêt, on
récupère environ $150 000 ou $200 000. Très souvent, c'est
le profit qui se trouve dans ce montant.
Au niveau de l'équipement qui était en trop, notamment la
fameuse machine, le fameux "computer" dont vous parlez, le cerveau
électronique, REXFOR s'est penchée sur le problème et
s'est rendu compte que pour une entreprise comme celle-là, c'est de
l'équipement en trop, qui n'est pas inutile, qui est utile, mais qui
coûte trop cher pour le temps que cet équipement travaille. Avec
les autres entreprises que REXFOR a déjà, ce système
pourra peut-être servir et on va le rendre plus rentable. On va atteindre
des objectifs plus rationnels avec cela.
M. Lessard: Combien coûtait-il par mois?
M. Toupin: Je ne sais pas combien cela pouvait coûter par
mois. Evidemment, ce sont des décisions qui ont été prises
avant que REXFOR entre dans le dossier. Mais ce qui était important,
pour moi, dans toute cette question, était de faire en sorte que les
créanciers non garantis ne perdent pas d'argent, que REXFOR puisse
récupérer les montants qu'elle avait investi là-dedans et
que la SDI puisse également récupérer les montants qu'elle
avait investis, de trouver une rentabilité afin, évidemment, de
régler le problème sur une base rationnelle. C'est ce qui est
important pour moi; je devais mettre tout le monde sur le même pied.
M. Lessard: II fallait aussi ne pas donner de trop gros cadeaux
à Fradet!
M. Toupin: On n'a pas donné de cadeau à personne.
On ne pouvait pas traiter de façon inégale l'un par rapport
à l'autre.
M. Lessard: D'accord. Sur cela je suis d'accord, pour en autant
qu'on acceptait, justement, de ne pas faire perdre, à un moment
donné, les petits créanciers; il fallait, en fait, ne pas faire
de discrimination et traiter Fradet exactement de la même façon.
Comme je le disais tout à l'heure, probablement que, peut-être,
pour le ministère j'en suis même convaincu cela
aurait coûté probablement moins cher si on se rend jusqu'à
la faillite.
M. Toupin: Mais, pour l'ensemble du gouvernement, cela n'aurait
peut-être pas coûté tellement moins cher, parce que les
sommes que REXFOR avait déjà engagées, les sommes que la
SDI avait déjà engagées, la perte qu'on faisait de la
subvention fédérale dans le cadre du MEER, au bout du compte on
se disait...
M. Lessard: Vous voulez dire pour autant que vous rachetiez?
M. Toupin: Nous avons acheté la compagnie pour $1.
M. Lessard: Non, écoutez, les actions, $100 000, les
actions ordinaires.
M. Toupin: Non, nous avons payé $1 pour les actions.
M. Lessard: C'est cela. En fait, vous avez obtenu $100 000 pour
$1.
M. Toupin: Pour $1.
M. Lessard: Cela, c'était des actions, vous n'avez pas
acheté la compagnie pour $1. Vous avez acheté des actions
ordinaires pour $1.
M. Toupin: Oui, mais la compagnie c'était cela,
c'était la mise de fonds.
M. Lessard: Oui, la mise de fonds, les montants...
M. Toupin: Le capital de risque. Le reste est du financement.
Alors, REXFOR a refinancé l'entreprise avec Roynat, avec la BCN et avec
la Caisse d'entraide économique. Nous avons négocié avec
chacun des financiers et nous leur avons dit que des taux
d'intérêt à 13% ou 14%, nous, nous n'embarquions pas
là-dedans; que s'ils voulaient collaborer, ramener leurs taux
d'intérêt au "prime", c'est-à-dire au taux normal du
marché, 11% ou 11 1/4%, nous regarderions ce que nous pouvions faire.
Parce qu'à 12%, 13% ou 14% nous ne pouvons pas administrer une
entreprise comme celle-là.
M. Lessard: De la part de Mercure, Béliveau et
Associés, est-ce qu'on s'est strictement limité, en fait,
à la rentabilité future de l'usine...
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: ... ou y a-t-il eu une étude concernant
l'administration?
M. Toupin: Historique.
M. Lessard: ... oui, une étude historique concernant
l'administration de Chibougamau Lumber et de son président, M. Bertrand
Fradet?
M. Toupin: Non, ce n'était pas l'intention du gouvernement
ni de REXFOR de porter un jugement sur une administration antérieure. Si
on faisait une enquête là-dessus, peut-être qu'on pourrait
dire que l'actionnaire majoritaire a pris de mauvaises décisions;
peut-être qu'on pourra arriver et dire: Si la population, via INTRAFOR,
était intervenue plus souvent dans le dossier, on aurait peut-être
pu éviter des décisions administratives prises à la
hâte et trop coûteuses. C'est possible. On n'a pas analysé
toute cette question.
M. Lessard: Mais votre représentant au conseil
d'administration de REXFOR a eu l'occasion d'informer, en fait à chaque
étape M. Albert Côté, qui est directeur
général de REXFOR ou le conseil d'administration de REXFOR, des
décisions qui se prenaient.
M. Toupin: Je l'ai dit tantôt. Sur certaines
décisions prises, REXFOR était d'accord; sur certaines autres
décisions REXFOR était restrictive.
M. Lessard: L'achat de machinerie, avant la construction de
l'usine?
M. Toupin: II y a eu des restrictions de la part de REXFOR sur
des achats d'équipements.
M. Lessard: Avant la construction de l'usine?
M. Toupin: Sur le financement des équipements. C'est cela
qui coûtait cher, parce que financer des camions et des tracteurs avec
des compagnies de finance à 13% et 14%, cela coûte cher. Il
fallait que nous réglions ce problème. Il fallait que REXFOR
règle ce problème parce qu'elle n'était pas
intéressée à payer des taux d'intérêt aussi
élevés. Alors, on a réglé tout cela, et des
créanciers non garantis et des créanciers garantis. On a
économisé pas mal d'argent jusqu'à maintenant. On a
traité tout le monde sur le même pied. Il n'y a pas eu de cadeau
fait à personne. Et, s'il y a eu des cadeaux de faits, tout le monde en
a eu, si on veut employer cette expression. Il n'y a pas eu de cadeau fait
à personne dans ce contexte.
Au fond, on a dit aux créanciers non garantis...
M. Lessard: Mais il y en a qui ont pu se faire des cadeaux, avant
l'intervention de REXFOR.
M. Toupin: Ecoutez, c'est une entreprise privée. La
première fois où vous m'avez posé la question en Chambre,
je vous ai dit que c'était une entreprise privée.
M. Lessard: Une entreprise privée, où, quand
même, REXFOR était présente au conseil
d'administration.
M. Toupin: Mais c'était quand même une entreprise
privée.
M. Lessard: Je comprends qu'elle est minoritaire, mais s'il y a
eu des transactions qui n'ont pas été, en fait, selon les normes
de la bonne gestion financière, il me semble que REXFOR aurait dû
réagir bien avant cela.
M. Toupin: Oui, REXFOR aurait pu réagir sous plusieurs
formes. Elle aurait pu dire: Je m'oppose à ce que telle transaction se
fasse.
M. Lessard: Ou dire: Si cela continue comme cela, on se
retire.
M. Toupin: Mais dans un conseil d'administration dirigé
dans une structure comme celle qui existait à SAMOCO c'est l'actionnaire
qui prend les décisions finales.
M. Lessard: D'accord.
M. Toupin: Et c'est comme cela dans toutes les compagnies.
M. Lessard: Même si on est minoritaire, s'il y a des
décisions vraiment contraires à la bonne gestion
financière, on ne peut pas continuellement, comme représentants
d'une entreprise d'Etat, être complices d'une situation, en ne parlant
jamais.
M. Toupin: Oui, le problème que vous posez, c'est le
rôle de REXFOR. Dans le fond, c'est le rôle du gouvernement dans
des entreprises comme celles-là. Le gouvernement doit-il continuer
à participer minoritairement dans des entreprises comme
celles-là? C'est le problème.
M. Lessard: Oui, je sais que vous l'avez traité.
M. Toupin: Je me dis: Si REXFOR doit intervenir encore dans des
dossiers comme ceux-là, je pense qu'elle devra s'assurer d'une
majorité...
M. Lessard: Oui.
M. Toupin: ... ou, tout au moins, de l'égalité,
tiers, tiers, tiers, pour qu'au moins elle ait un mot égal à dire
aux autres. A ce moment, elle pourra influencer les décisions
administratives. Mais, quand il y a un actionnaire majoritaire, il a le droit
de prendre les décisions qu'il veut.
C'est une question de droit, une question de loi. REXFOR avait le droit
d'y rester ou de sortir du dossier, tout comme la population avait le droit de
rester dans le dossier ou de sortir du dossier. Mais la structure
administrative a été engagée de cette façon.
M. Lessard: En tout cas, cela ne répond pas
entièrement aux questions...
M. Toupin: Je comprends votre question. Vous voulez, ce matin,
que je fasse le procès de M. Fra-det. Mais je ne peux pas faire son
procès.
M. Lessard: Je ne veux pas que vous fassiez de procès,
mais la question que je me posais, il me semble, aurait été
légitime: Est-ce que Mercure, Béliveau et Associés ont
étudié non seulement ou exclusivement la question de
rentabilité de REXFOR mais est-ce qu'ils sont allés avant la
situation qui a été déclarée, la situation presque
de faillite? Est-ce qu'ils ont vérifié avant ce qui
s'était passé dans la gestion de cet organisme et est-ce qu'on a
déterminé un certain nombre de causes qui, en plus des causes que
j'ai énumérées tout à l'heure, ont expliqué
une partie de la situation désastreuse dans laquelle s'est
trouvée SAMOCO un certain temps?
M. Toupin: Je pense que ce que Mercure, Béliveau et
Associés a fait, ce n'est pas d'analyser l'administration de
l'entreprise avant que nous nous portions acquéreurs. Mais dans
l'étude de rentabilité qu'elle a faite, on s'est rendu compte
qu'un certain nombre de décisions prises ont eu des effets moins bons ou
néfastes sur l'administration de l'entreprise, notamment sur son
financement. On s'est rendu compte de cela. Pour nous, il s'agissait de
corriger cette situation. Est-ce qu'il y en a qui se sont enrichis à
travers tout cela? C'est la question. Je ne pense pas qu'il y en ait qui se
soient enrichis.
Quand une entreprise est sur le bord de la faillite, très rares
sont les gens qui font de l'argent, à moins que ce soit une faillite
intentionnelle. Mais celle-là m'est apparue non intentionnelle. Elle
nous a été mise dans les bras bien délicatement et
l'Opposition l'a eue dans les bras aussi, cela s'est fait un peu comme cela. Ma
première réaction en Chambre, vous devez vous le rappeler,
j'avais dit: Le dossier, c'est une entreprise privée, cela ne
m'intéresse pas d'entrer dedans, ce n'est pas la politique de REXFOR
d'entrer dans l'entreprise privée. Mais, par la suite, on s'est
ravisé et on s'est dit: La population, par ailleurs, a des droits.
REXFOR, on la mettait de côté mais on pensait surtout à la
population.
M. Lessard: Est-ce que...
M. Toupin: C'est pour cela qu'on est intervenu dans le dossier.
Je finis de répondre: On n'a pas analysé l'administration avant
mais j'ai demandé, par exemple, à Mercure, Béliveau et
Associés d'analyser l'intérieur, c'est-à-dire la gestion
interne de l'entreprise. Par exemple, comment se comporte le
contremaître, est-ce que ce gars est bon? Comment se comporte le chef de
section du sciage? Comment se comporte le chef de section de la forêt?
Est-ce que ce sont des hommes compétents, est-ce que ce sont des hommes
sur
lesquels on peut compter? Cela, j'ai une analyse là-dessus. J'ai
demandé à Mercure, Béliveau et Associés de m'en
faire une. Mais je n'ai pas demandé de faire une analyse de
l'actionnaire majoritaire.
M. Lessard: Est-ce que c'était M. Côté qui
était représentant au conseil d'administration?
M. Toupin: Je pense que c'était M. Gosselin.
M. Lessard: M. Gosselin. Quand REXFOR a un représentant,
est-ce que M. Gosselin est membre du conseil d'administration de REXFOR?
M. Toupin: Oui.
M. Lessard: Est-ce qu'il doit présenter des rapports
régulièrement à la société?
M. Toupin: Oui. Comme je le disais tantôt, j'ai
discuté personnellement avec M. Gosselin, avec M. Côté,
avec le conseil d'administration de REXFOR, et tous ont été
unanimes à dire que plusieurs des décisions qui ont
été prises étaient des décisions rationnelles. Un
certain nombre. D'autres décisions ont été prises sur
lesquelles on n'était pas d'accord. Cela ne veut pas dire que
c'étaient de mauvaises décisions en soi mais sur lesquelles nous
n'étions pas d'accord.
M. Lessard: Ces rapports que doit présenter le
représentant de REXFOR, est-ce qu'il s'agit de rapports écrits ou
de rapports verbaux?
M. Toupin: Je ne le pense pas, c'est un représentant de
REXFOR sur l'entreprise, cela peut être des rapports verbaux. Ce sont, la
plupart du temps, des rapports verbaux, je pense. Moi, je n'ai pas
touché de rapports écrits là-dessus.
M. Lessard: Dans l'optique de la déclaration du ministre
concernant l'encouragement à la participation populaire, est-ce qu'on
peut envisager la possibilité que la population puisse être
invitée à nouveau à participer à cette
entreprise?
M. Toupin: Cette participation de la population, à
nouveau, est envisagée mais étant donné la situation
actuelle, économique en particulier, on ne peut pas le faire tout de
suite. Il faudrait demander à nouveau à la population de
réinvestir dans INTRAFOR de nouvelles sommes, et je me rends compte que
la population n'est pas disposée à faire cela.
Ce que nous sommes disposés à faire, nous, c'est
qu'INTRAFOR va demeurer une entreprise représentant la population. Il
n'y a pas d'inconvénient le conseil d'administration n'est pas
formé encore de façon définitive à ce que
INTRAFOR soit représentée à un conseil d'administration
mais il faudra tenir pour acquis que c'est REXFOR qui prendra les
décisions parce que c'est REXFOR qui est majoritaire maintenant.
M. Lessard: Autrement dit, une représentation des
employés.
M. Toupin: De la population. M. Lessard: De la
population.
M. Toupin: Mais le principe sur lequel on s'est entendu, c'est
qu'il y aura une participation aux profits.
M. Lessard: Oui, c'est cela que je voulais vous demander.
M. Toupin: S'il y a une participation aux profits au moment
où l'entreprise va en faire, avec le temps, la population et les
employés vont accumuler un certain nombre de capitaux lesquels pourront
être réinvestis dans SAMOCO sous forme de participation, par
exemple, à du capital-actions privilégié ou du
capital-actions ordinaire ou purement et simplement sous forme de prêt et
REXFOR pourra, à ce moment-là, leur donner une place au conseil
d'administration, une place plus positive, c'est-à-dire une place
où il y aura véritablement des gestes concrets à
poser.
On pense aussi à la participation de la population via ses
représentants normaux à l'intérieur des corps politiques
existants ou des corps intermédiaires existants, et c'est non seulement
l'intention, mais c'est la volonté de REXFOR et du ministère de
trouver une formule de participation.
M. Lessard: Est-ce qu'il y a eu ententes concernant les copeaux
avec Donohue?
M. Toupin: Ces ententes ne sont pas finales.
M. Lessard: II y avait deux ententes. Il y avait Quebec North
Shore, possiblement, et Donohue. Il y avait d'abord Donohue et puis Quebec
North Shore.
M. Toupin: Mais Donohue, évidemment, avec l'implantation
de son complexe à Saint-Félicien, l'achat de deux ou trois
scieries, actuellement, aura elle-même, en tant qu'entrepreneur, des
problèmes de vente de copeaux, parce que ses usines actuelles ne peuvent
pas tout absorber les copeaux qui vont se produire dans les scieries qu'elle a
acquises récemment. Tout ce contexte crée un certain nombre de
problèmes, mais le président de REXFOR me disait l'autre jour
qu'il n'envisage pas de difficulté particulière au niveau des
copeaux et qu'il sera possible de trouver un certain nombre de marchés
satisfaisants.
M. Lessard: M. le Président, j'ai terminé le
dossier de SAMOCO. Comme le député de Beauce-Sud vient juste
d'arriver, nous pourrions lui donner la possibilité...
Le Président (M. Houde, Limoilou): L honorable
député de Beauce-Sud.
Commentaires de l'Opposition (suite) M. Fabien
Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Je remercie mes
collègues de me permettre de faire quelques commentaires comme c'est
l'habitude de le faire lors de l'étude des crédits de chacun des
ministères. Hier soir, à cause d'une autre commission
parlementaire, je n'ai pu malheureusement être présent ici.
Cependant, mes commentaires seront extrêmement brefs.
Je constate que, cette année, le budget du ministère des
Terres et Forêts est de l'ordre de $76 millions moins quelques dollars,
$76 millions en gros, et que le budget du ministère des Terres et
Forêts, pour l'année 1970/71, la première année du
régime Bourassa, était de $26 millions, ce qui me fait dire
aujourd'hui que le budget a triplé au ministère des Terres et
Forêts.
La première remarque que j'aurais à faire est la suivante.
Au début des années soixante-dix, les revenus des droits de coupe
qui provenaient des rentes que les compagnies devaient payer, au chapitre des
revenus de la province, équilibraient en quelque sorte les
dépenses occasionnées par le ministère des Terres et
Forêts. Si nous assistons à une augmentation du triple, de 300% du
budget du ministère, nous devons malheureusement constater qu'au niveau
du revenu des droits de coupe, les montants ont diminué chaque
année de sorte que le budget du ministère des Terres et
Forêts est devenu un fardeau pour le gouvernement de la province sur le
plan administratif, sur le plan budgétaire, et pourtant, la forêt
est une des premières richesses naturelles du Québec.
Je me demande sérieusement, et les contribuables se le demandent
également, ce qui ne va pas de ce côté. Comment se fait-il
qu'une de nos plus grandes richesses, au Québec, soit devenue, pour le
gouvernement de la province, un fardeau alors que nous devrions avoir des
revenus de cette immense richesse naturelle que nous avons?
Tout à l'heure, on a parlé de la société
REXFOR. On sait très bien je l'ai fait dire au ministre
l'année dernière et, pour moi, cela a été une
surprise que la société REXFOR, lorsqu'elle a coupé
du bois à la suite d'une entente qu'elle a faite avec la compagnie
Quebec North Shore, ou ce qui était anciennement la compagnie
Québec North Shore, n'a payé aucun droit de coupe à la
province alors que les compagnies papetières ont toujours payé
des droits de coupe à la province. C'est une anomalie qu'il y a au sein
de la législation du ministère des Terres et Forêts
à l'effet qu'on devrait faire une distinction très nette lorsque
la société REXFOR fait de la récupération
forestière ou que la société REXFOR coupe du bois pour le
compte de compagnies papetières, parce qu'elles le revendent, ce
bois.
Quand on songe que la société REXFOR est quand même
alimentée en capital à même le fonds consolidé du
revenu de la province, puis comme le disait le ministre Garneau dans le cas de
la société SIDBEC, il n'y a pas tellement longtemps, que cet
argent était emprunté sur les marchés financiers et que
nous retrouvons le coût de ces capitaux dans le service de la dette de la
province, ceci contribue encore à augmenter les dépenses
gouvernementales.
Si on n'est pas capable, au Québec, en 1976, de faire en sorte
que nos richesses naturelles soient quand même quelque chose de
bénéfique pour la population et rapportent quelque chose
directement dans le trésor provincial de façon à
alléger le fardeau des contribuables du Québec, M. le
Président, je me demande sérieusement où nous allons. Il y
a quelque chose qui n'est pas normal de ce côté. Il va falloir que
le gouvernement révise sa politique et peut-être que le
gouvernement cesse d'essayer de remplacer l'entreprise privée, comme
c'est le cas à l'heure actuelle. Parce que si le gouvernement remplace
l'entreprise privée dans des opérations déficitaires, il
ne faut pas oublier qu'il y a d'autres entreprises privées qui font des
bénéfices, qui paient de l'impôt au gouvernement et qui
contribuent à alimenter le trésor provincial. Si les accords que
le gouvernement fait ne sont pas rentables et que d'un autre côté
on va concurrencer en quelque sorte, sur certains marchés, l'entreprise
privée pour éliminer les bénéfices de l'entreprise
privée, le gouvernement se prive encore là indirectement de
sources du revenu pour la province, de sorte que c'est toujours de plus en plus
le travailleur québécois qui est obligé d'assumer presque
à lui seul, aujourd'hui, le fardeau de l'administration provinciale.
M. le Président, il y a quelque chose qui ne va pas, je le dis
à l'attention du ministre, et c'est pourquoi je tenais à assister
à cette commission parlementaire, aujourd'hui, pour faire part au
gouvernement de certaines observations, à ce niveau, qui me paraissent
fondamentales. Si c'est l'habitude qu'on prend au ministère des Terres
et Forêts et qu'à partir des expériences du
ministère des Terres et Forêts on agit de la même
façon, du côté du ministère des Richesses
naturelles, du côté minier et ailleurs, qu'est-ce que cela nous
donne au Québec, aujourd'hui, d'avoir tant de richesses naturelles sur
notre territoire?
Je ne suis pas le seul à me poser cette question, M. le
Président. Toute la population du Québec se la pose. Il y a
quelque chose au niveau de la philosophie, au niveau de l'administration de
l'actuel gouvernement qui ne marche pas. Je ne sais pas ce que le gouvernement
a comme objectif, a comme grand principe à défendre de ce
côté. Je ne sais pas si c'est le coût de sa soi-disant
social-démocratie que nous devons assumer, mais il y a quand même
quelque chose qui ne fonctionne pas. Il n'est pas normal, dans une province
aussi abondamment pourvue, comme la nôtre, de richesses naturelles que ce
soit devenu des fardeaux pour le gouvernement.
Opérations déficitaires au niveau du ministère des
Terres et Forêts, c'est-à-dire que c'est un ministère qui
est devenu un fardeau pour l'administration de la province, comme je viens de
le dire, à cause de la plupart des opérations de la
société REXFOR. Je n'ai pas besoin d'en faire l'analyse, tout le
monde le sait, c'est public, si on ajoutait dans les opérations de
REXFOR les frais de capi-
taux qui sont souscrits par la province dans cette société
à chaque année, depuis sa fondation, nous aurions un chiffre
effarant pour déterminer combien cela a coûté au
Québec, combien cela a coûté aux contribuables du
Québec jusqu'à maintenant.
M. le Président, c'est l'observation générale,
globale que je voulais faire. Je demande au gouvernement d'examiner cette
question et j'aimerais bien qu'on puisse faire un rapport véritable
à un moment donné, à l'Assemblée nationale. Je ne
demande pas qu'on fasse faire une étude par une firme d'experts. Je dis
que le gouvernement a beaucoup de spécialistes à son service, il
y en a qui sont ici, des personnes qui connaissent le dossier et qui sont
capables de faire une synthèse et de fournir au gouvernement un
rapport-synthèse qui pourrait nous démontrer la tendance et
l'orientation que nous avons connues au cours des sept dernières
années, autrement dit, quelles sont les causes de cette tendance, du
fait que le budget et que le ministère des Terres et Forêts est
devenu un passif et a cessé d'être un actif pour la province?
C'est la première observation que j'avais à faire, M. le
Président. Malheureusement, je ne pourrai pas assister à toutes
les séances. Avec la permission de mes collègues, j'aimerais
demander au ministre, parce qu'il y a quand même une législation
qui a fait couler beaucoup d'encre et qui cause encore énormément
d'inquiétudes, parce qu'il y a des dizaines de milliers de petits
propriétaires au Québec qui se demandent toujours ce qu'il va
advenir de cette fameuse loi des trois chaînes, quelle sera la
décision du gouvernement. On sait que l'application de cette loi est
suspendue à l'heure actuelle. Pour combien de temps? Personne ne peut le
dire, du moins nous ne pouvons pas le dire, sauf le gouvernement comme tel, et
je lui demanderais de nous répondre de ce côté.
C'est suspendu pour combien de temps? Quelles sont les modifications
qu'on veut lui apporter? Dans un deuxième temps, ce qui est
excessivement important à mon avis, est-ce qu'on a procédé
à une étude, est-ce qu'il est intervenu une entente où on
a clarifié la question des cours d'eau? On sait que, dans la loi des
trois chaînes, il est bien dit "les lacs et les rivières non
navigables du Québec. C'est ce qui est inscrit dans la loi. Les
officiers du ministère ont appliqué la loi pour tous les cours
d'eau de la province, même les petits cours d'eau qui ont un débit
excessivement faible, juste suffisant pour porter le nom de cours d'eau.
Le ministre précédent des Terres et Forêts nous
avait déclaré que la définition qui avait
été prise était celle du ministère des Richesses
naturelles et qu'aux Richesses naturelles on considérait comme cours
d'eau, un cours d'eau qui a suffisamment de débit pour faire flotter une
boîte d'allumettes, pas une boîte à dix cents, mais une
boîte à un cent. Alors, il y a quand même une
exagération de ce côté. Je pense que, si on
commençait d'abord par clarifier ce qu'on entend par cours d'eau ou
rivière non navigable au niveau du ministère des Terres et
Forêts, il y aurait déjà une grande partie du
problème de réglée. Deux- ièmement, je demande au
ministre s'il est capable de nous faire le point sur la situation et de nous
dire quelles sont les intentions du gouvernement à ce sujet.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre des Terres
et Forêts.
M. Toupin: Si le député de Saguenay est d'accord
évidemment, il y a un article qui va porter là-dessus
je n'ai pas d'objection à traiter tout de suite le
problème des trois chaînes, à la condition,
évidemment...
M. Roy: On pourrait le vider tout de suite.
M. Toupin: ... qu'on ne revienne pas là-dessus quand on
arrivera a l'article.
M. Roy: D'accord.
M. Toupin: J'aimerais faire quelques commentaires sur les
commentaires du député de Beauce-Sud relativement au
ministère des Terres et Forêts, c'est-à-dire sur son
affirmation qu'il est devenu un passif pour la province de Québec
plutôt qu'un actif. Il ne faut pas que le député de
Beauce-Sud mêle trop les problèmes. Je sais que ce n'est pas son
intention, mais j'aimerais quand même lui donner certains
éclaircissements.
Le ministère des Terres et Forêts ne s'occupe pas
exclusivement de la forêt publique; il s'occupe aussi de la forêt
privée, il s'occupe de toute la question de cartographie, de
photographie aérienne, il s'occupe en plus de la protection des terres
publiques.
M. Roy: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question au ministre?
M. Toupin: Oui.
M. Roy: Est-ce qu'il s'en occupait aussi
antérieurement?
M. Toupin: Oui. Il s'en est toujours occupé, mais de
façon moins étendue, évidemment, parce que ces services
ont pris de l'ampleur depuis un bout de temps. La cartographie, par exemple, il
y a cinq ou huit ans, cela ne voulait pas dire grand-chose au ministère.
Maintenant, c'est le ministère qui fait la cartographie pour presque
tous les autres ministères du gouvernement. Il en fait également
pour presque toutes les municipalités du Québec. Il en fait aussi
pour les organismes para-gouvernementaux.
Le ministère des Terres et Forêts met beaucoup de son
temps, au niveau de son service de cartographie, à répondre aux
demandes des municipalités et des organismes paragouvernementaux, en vue
de leur fournir de la documentation sur la cartographie. Il s'occupe
également des terres privées. La reforestation des terres
privées, ce n'est pas des terres publiques. Le ministère des
Terres et Forêts doit dépenser de l'argent pour la forêt
privée en vue de la régénérer, tout comme il
le fait pour le secteur agricole, tout comme il peut le faire pour le
secteur des loisirs, tout comme il peut le faire pour les affaires culturelles.
Le gouvernement prend l'argent dans la poche de l'ensemble des contribuables
pour améliorer ces différents secteurs, pour mettre à la
disposition de la population un plus grand nombre de services.
Quand vous prenez tout cela, cela totalise près de $30 millions
sur un budget de $76 millions. Les revenus du ministère sont pour cette
année de $35 millions. Cela veut dire que, grosso modo, cela fait
à peu près 50/50. Cela varie d'une année à l'autre,
on est d'accord avec cela. Il y a des années où les droits de
coupe sont reportés à cause d'un problème particulier. Ils
sont payés l'année suivante. Je pense qu'on peut soutenir que,
bon an mal an, les revenus du ministère doivent totaliser près de
$30 millions. Je pense que les revenus que retire le ministère des
Terres et Forêts sur ces droits de coupe et sur un certain nombre
d'autres redevances sont grosso modo suffisants pour satisfaire aux besoins de
la forêt comme telle, en tant que richesse naturelle, de matières
ligneuses disponibles pour l'entreprise des pâtes et papiers ou
l'entreprise du sciage ou l'entreprise du déroulage.
Mais je dois dire très honnêtement que l'objectif du
ministère des Terres et Forêts n'est pas, maintenant, de trouver
tous les revenus pour payer toutes ses dépenses, y compris celles dont
je viens de parler, la cartographie, la photographie aérienne, etc.
Mais l'objectif, c'est de trouver un équilibre, c'est qu'au moins
ce que la richesse naturelle forêt rapporte en Ontario, ou dans les
autres provinces du pays, elle rapporte autant au Québec,
c'est-à-dire que les normes générales soient
respectées. Le député de Beauce-Sud sera d'accord avec
moi, si on impose des charges trop lourdes aux entreprises, quelles qu'elles
soient, c'est la concurrence, au bout, qui s'en fait sentir. Et si j'ai bien
compris les propos du député de Beauce-Sud, il me paraît
être d'accord avec l'entreprise privée. Il me paraît
être d'accord pour que cette entreprise fasse des profits, alors s'il est
d'accord avec cela il faut la traiter sur le même pied que les autres
entreprises des autres provinces du pays.
Alors il faut tenir compte, nous, de cet élément. Il faut
dire que plus on entre dans la forêt en tant que gérant, en tant
que gestionnaire de la forêt, et cela se fait graduellement avec les
révocations, les charges imposées aux entreprises vont être
un petit peu plus lourdes. Par exemple, on va imposer des charges
spéciales sur l'entretien des chemins. On va imposer des charges
spéciales sur la protection de la forêt contre le feu. Les
insectes peut-être un peu moins, parce que cela échappe grosso
modo à l'ensemble des gens. C'est une question de science, de recherche,
lorsqu'on aborde le problème de la tordeuse de bourgeons
d'épinette, par exemple. Cela échappe à presque tous ceux
qui sont dans le secteur forestier puis, même, cela échappe
actuellement grosso modo aux hommes de science. La recherche là-dessus
est loin d'être complète. L'effort que les gouvernements font
et quand je dis les gouverne- ments, c'est l'ensemble des gouvernements
des provinces l'effort qu'on fait, actuellement, c'est pour essayer de
limiter les dégâts, tout compte fait. On n'a pas trouvé
encore la solution finale à ce problème de la tordeuse de
bourgeons d'épi-nette. Alors cela se pose comme cela, le problème
relié, aux revenus du ministère via ses dépenses.
Moi j'en arrive à la conclusion beaucoup plus positive. Je pense
que le ministère des Terres et Forêts est un actif pour la
province, est un actif très important. Le député de
Beauce-Sud sait fort bien, rien qu'à l'oeil, combien il y a
d'entreprises au Québec qui vivent à même la forêt,
combien il y a de villes qui dépendent essentiellement, exclusivement de
la forêt.
Fermez l'entreprise de Domtar à Quévillon, vous fermez une
ville. Fermez l'entreprise de TEMBEC à Témiscamingue, vous fermez
une ville. D'ailleurs l'exemple nous est venu sous les yeux il n'y a pas
tellement longtemps. Fermez ClP à La Tuque et La Tuque deviendra une
ville passablement moribonde. Alors si ce ne sont pas là des actifs pour
la province de Québec, je me demande vraiment qu'est-ce que c'est. Les
sommes que le ministère va chercher dans les poches des contribuables
à côté des redevances, cela sert à beaucoup d'autres
fins que des fins exclusivement d'exploitation forestière.
Les citoyens du Québec exigent de plus en plus qu'on leur ouvre
des espaces verts. La forêt en est un secteur. Il faut l'aménager.
Le ministère des Terres et Forêts a, par le passé,
réalisé des programmes là-dedans. Je pense que les
Appala-ches sont un exemple assez typique. Cela a coûté de
l'argent.
Vous me disiez tantôt que REXFOR n'est pas traitée sur le
même pied que les autres, mais on confie à REXFOR des tâches
qu'on ne confie pas aux autres non plus. Quand on a demandé à
REXFOR d'aménager le territoire des Appalaches, on lui a demandé
de faire des dépenses extraforestières qui dépassaient
l'administration de la forêt. Lorsqu'on lui a demandé, par
exemple, de tenter des expériences à Mingan, puis dans les
villages de la Basse-Côte-Nord, il n'y a pas une entreprise privée
qui est intéressée à aller là. Alors REXFOR y est
allé, mais REXFOR ne peut pas être toujours complètement
déficitaire. Il faut tenir compte des éléments
particuliers qui sont reliés au programme qu'on fait faire à
REXFOR. REXFOR fait de la récupération, bien sûr, mais
quand elle fait de la récupération, il faut qu'elle le vende, son
bois. Quand on récupère du bois, c'est pour le revendre, ce n'est
pas pour le laisser perdre. On est aussi bien de la laisser perdre debout
plutôt que de le perdre coupé.
Alors quand elle fait de la récupération à des
endroits où personne ne veut aller, REXFOR prend des risques que
d'autres ne prennent pas. Et c'est pour cela qu'on donne à REXFOR
certains avantages qu'on ne donne pas aux autres entreprises.
Alors je reviens, M. le Président, au problème des trois
chaînes. Le problème des trois chaînes est beaucoup plus
vaste que ce problème-là. C'est tout le problème des
terres publiques. Les trois chaînes font partie du domaine public. C'est
la
propriété du gouvernement, les trois chaînes. Ce
sont des restrictions qu'on a imposées au cours des années.
M. Roy: Je tiens à dire au ministre, là-dessus,
tout de suite, que c'est là la version qui a été
donnée au ministère des Terres et Forêts, mais il y a eu
des contradictions, il y a des divergences de vues au niveau des officiers
d'autres ministères au gouvernement.
C'est une question qui n'a jamais été tranchée,
quand on dit que la réserve des trois chaînes fait partie du
domaine public. Cela n'a jamais été tranché et c'est
justement le point que nous demandons au ministère des Terres et
Forêts de finir par la trancher cette question-là.
On oblige actuellement des gens et les officiers du ministère des
Terres et Forêts et je ne parle pas de ceux qui sont ici, du moins
on ne m'a pas donné les noms à contester cette
décision, en contestant la rétroactivité de la loi; parce
qu'en 1884 il n'était pas question que la loi soit rétroactive.
J'ai le texte de la loi ici, il n'en a jamais été question. C'est
dans la loi de 1969 qu'on a apporté une certaine
rétroactivité à la loi jusqu'à 1884.
Mais, si les petits propriétaires forestiers contestaient la
chose et la faisaient trancher par les hauts tribunaux du pays, alors, je
serais curieux de voir quelle décision pourraient rendre les juges. Il y
a quand même des jurisprudences qui ont été établies
là-dedans.
Alors, quand on dit que cela fait partie du domaine public à ce
jour, je dis ceci au ministre: Cette opinion est contestée actuellement
et ii faudra qu'elle soit tranchée. Non pas tranchée de
façon unilatérale par le ministère des Terres et
Forêts qui, aujourd'hui, se déclare propriétaire et
considère comme étant du domaine public des terrains qui ont
été concédés en 1888 et 1889 et qui sont
occupés depuis quatre générations et pour lesquels le
ministère a donné des droits de passage à d'autres. J'ai
des cas dans Rimouski, j'ai des cas ailleurs.
M. Toupin: M. le Président, je...
M. Roy: Alors c'est pour cela que, quand on dit que c'est devenu
le domaine public, je comprends l'affirmation du ministre et cela
m'inquiète énormément quand j'entends le ministre dire
cela. La question n'est pas réglée.
M. Toupin: M. le Président, le député de
Beauce-Sud s'inquiète pour rien. Il ne m'a pas donné l'occasion
de répondre à sa question. L'argumentation qu'il apporte
actuellement est valable et je pourrais apporter la même.
J'étais dans mon bureau de comté samedi et il m'est
arrivé un gars d'une paroisse environnante et qui me dit: Ce lot, je
l'ai acheté de mon père et mon père l'avait acheté
d'un bonhomme qui, lui, a eu sa concession en 1887. Le ministère de
l'Agriculture lui a dit: Ecoute, à compter de maintenant tu n'es plus
chez toi, parce que ton lot n'est pas patenté. Cet homme paie des taxes
depuis vingt ans. Il y a une question de droit là-dedans et il y a une
question de législation et il y a une question, non seulement de
politiques à prendre, mais une question de décision de justice
à prendre.
Que fait-on? Quand j'ai affirmé tantôt que c'était
du domaine public, il faut partir d'un principe quelconque. Si je veux
régler ce problème, il faut que je parte d'un principe
quelconque. Alors, je pars du principe qui a été établi,
jusqu'à maintenant, ou qui a prévalu jusqu'à maintenant,
sous plusieurs formes. Le principe voulant que, la réserve des trois
chaînes, au moment où on a adopté la loi, on a pris la
décision que cela devenait du domaine public. Vous savez, cela donnait
des terres propriétés de l'Etat. C'est ce que cela voulait dire,
mais elle a été appliquée rétroactivement. Alors,
on a brimé des droits; on a brimé des droits acquis.
Le Gouvernement n'avait peut-être pas tort, à ce
moment-là, lorsqu'il disait: Ecoutez, tout le monde est en train de
s'emparer des terres sur le bord des lacs, des rivières, etc. Si on
laisse aller cela comme cela, on se retrouvera tantôt avec plus rien. Le
gouvernement n'avait pas tort à ce moment-là. Le problème
qui s'est posé c'est que, dans le temps, il y a eu différentes
décisions de prises. On a vendu des réserves de trois
chaînes, parce qu'on disait: Cela, publiquement, ce n'est pas un gros
problème. On peut vendre. Si jamais on veut développer des
accès au public à ces lacs, cette parcelle, on ne s'en servira
pas.
On a loué à d'autres la réserve des trois
chaînes. On en a donné à d'autres, des réserves des
trois chaînes.
M. Lessard: ...
M. Toupin: Oui, on en a donné. Ecoutez, c'est la politique
que le ministère a suivie.
M. Lessard: ... la politique du rapport Dorion.
M. Toupin: Non, on y reviendra au rapport Dorion, après,
si vous le voulez. Ne mêlons pas les problèmes. Le rapport Dorion
a porté sur d'autres choses que cela, mais aussi sur cela.
M. Lessard: Sur l'intégrité du territoire.
M. Toupin: C'est exact, on en parlera aussi de
l'intégrité du territoire.
M. Lessard: Sur l'accessibilité, à un moment
donné...
M. Toupin: Vous aurez l'occasion, au cours des trois, quatre ou
cinq prochains mois de dire tout ce que vous avez à dire sur
l'intégration du territoire au Québec. C'est là où
je veux en venir.
Alors, on part du principe que cela, c'est du domaine public, mais il y
a des droits acquis dans cela, de la part de plusieurs citoyens du
Québec. On fera quoi avec ces droits?
M. Lessard: Là-dedans, il n'y avait pas de droits acquis,
ceux qui ont été vendus.
M. Toupin: Ceux qui ont été vendus...
M. Lessard: Les agriculteurs ont des droits acquis là...
En tout cas, allez-y.
M. Toupin: Je suis d'accord avec vous. Je vous l'ai
expliqué tantôt; je vous a dit que des lots ont été
vendus. Alors, cela voulait dire que le gars acceptait l'idée que
c'était vrai que c'était du domaine public, parce qu'il les a
achetés. Il y en a qui les ont loués, lui aussi acceptait que
c'était du domaine public parce qu'il les a loués et il a
payé un bail de location.
On en a donné à d'autres et le gars a accepté la
donation; c'est donc dire qu'il acceptait que c'était du domaine public.
Mais, il y en a encore un certain nombre qui n'ont ni acheté, ni
loué et à qui on n'a rien donné et qui sont
installés là; ils ne veulent pas partir et ils n'ont pas tort.
Ils n'ont pas tort. Si j'avais un chalet, quelque part, j'y tiendrais et j'ai
l'impression que le député de Beauce-Sud serait pas mal comme moi
et, connaissant le député de Saguenay, il se battrait en
étoile avant de changer son chalet de place.
M. Lessard: Je suis d'accord, mais il y a une façon de
régler le problème plutôt que de vendre...
M. Toupin: Non, mais on s'en vient là.
M. Lessard: ... la réserve des trois chaînes.
M. Toupin: C'est vrai.
M. Lessard: Justement. La location du territoire et là,
comme vous le faites actuellement. Maintenant, vous ne vendez plus, depuis le
1er juillet 1975, de terrains le long des lacs, suite à la discussion
qu'on avait eue l'an dernier à ce sujet. Mais ici, vous en avez vendu,
des réserves des trois chaînes, particulièrement à
des compagnies et il n'y a aucun prix uniforme. On se promène. En fait,
vous avez vendu 685,23 acres, alors qu'on avait annoncé toute
suspension. C'est un document qui a été déposé
à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire que j'avais
demandé, lors de la discussion des crédits. Il y a eu 685,23
acres de vendues pour la somme de $100 914, ce qui fait une moyenne de $147.27
l'acre pour les réserves des trois chaînes. Mais cela se
promène de $1. pour TEMBEC, je comprends cela se promène
de $1. jusqu'à $645, même $714, M. le Président.
M. Toupin: Bien plus, cela va jusqu'à $7000.
M. Lessard: $7000, d'après ce que j'ai vu, je n'en ai pas
eu.
M. Toupin: C'est la situation actuelle.
M. Lessard: Mais pourquoi vendre une réserve de la
compagnie A.D. McGibben & Sons Ltd. de Lachute? Bon, réserve des
trois chaînes en bordure des lacs, rivières et cours d'eau, sur
certains lots ou parties de lots, des cantons Wentworth. C'est $51 000.
M. Toupin: C'est cela.
M. Lessard: C'est surtout pour des chalets et des
propriétés semblables.
M. Toupin: Oui, à ce jour, on a arrêté un tas
de choses. Il y a des chalets qui sont des propriétés
américaines et les types veulent acheter.
M. Lessard: On avait dit que c'était suspendu, qu'on ne
vendait plus.
M. Toupin: Une minute, les types veulent acheter. On a dit: Non,
il n'est pas question de vendre. Les types ont des droits d'acquis depuis
longtemps et ils disent; On est sur une réserve de chasse et
pêche, etc.; ils ont de bonnes raisons.
M. Lessard: II y a un cas que je vous ai soumis
dernièrement.
M. Toupin: Pourrais-je terminer, M. le Président? Je ne
suis pas capable d'argumenter.
Le Président (M. Houde, Limoilou): D'accord, l'honorable
ministre des Terres et Forêts.
M. Lessard: Allez-y.
M. Toupin: Alors.
M. Lessard: Je m'excuse.
M. Toupin: C'est vrai tout ce que vous dites. Toutes ces choses
se sont passées. Je ne dis pas que ça s'est bien passé,
mais c'est passé. Il faut régulariser la situation. Pour
régulariser cette situation, on part, par conséquent, d'un
principe pour travailler: le domaine public. Nous allons discuter de cette
question en commission parlementaire. Actuellement, un document de travail est
en préparation. Il y a un premier document qui m'a été
fourni, il y a trois semaines ou un mois, que je vais présenter au
comité interministériel de l'aménagement du
territoire.
A partir de cela, on va créer un comité
interministériel, lequel sera formé des ministères du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, de l'Agriculture, probablement des
Travaux publics et des Transports et possiblement des Richesses naturelles.
Une fois qu'on aura élaboré une politique gouvernementale,
on va faire des suggestions concrètes en ce qui concerne la
réserve des trois chaînes, la politique du gouvernement à
l'égard du domaine public. Va-t-on continuer à louer, à
vendre et à donner des terres? Parce que ce seront deux problèmes
différents, tantôt. Le problème des trois chaînes
m'apparaît un problème différent, même si on le
considère dans le domaine public, parce qu'il y a des droits acquis.
M. Lessard: Les squatters.
M. Toupin: II y a tout le problème des squatters aussi qui
se sont installés, à un moment donné, sans permission,
etc. Le domaine des terres publiques est un autre domaine. Va-t-on donner,
vendre ou prêter aux compagnies qui voudront s'installer sur les terres
publiques? Va-t-on vendre aux municipalités les terrains dont elles
ont besoin pour prendre de l'expansion domiciliaire, de l'expansion
industrielle? Va-t-on les leur vendre, les leur donner ou les leur louer? C'est
un ensemble de principes qu'on va soumettre à une commission
parlementaire au cours de laquelle chacun des députés et chacun
des groupes impliqués dans le domaine viendra donner son point de vue.
Je vise cette commission pour l'automne. Cela va traiter du problème des
trois chaînes et on va vous faire des propositions concrètes, bien
nettes. On va tenter de respecter le plus possible les droits acquis.
M. Lessard: Entre-temps, vous suspendez.
M. Toupin: On suspend... Ecoutez, il y a quelques cas qui ont
été engagés il y a un an ou un an et demi et qui sont
reliés à des individus, mais surtout à des entreprises et
à des municipalités. Je prends un cas, la municipalité de
Sept-lles. On s'est engagé il y a quelque temps à leur vendre des
terrains. Bien, on a continué à travailler avec eux
là-dessus..
M. Lessard: A des municipalités, là, je parle de la
réserve des trois chaînes...
M. Toupin. La réserve des trois chaînes, c'est
arrêté.
M. Lessard: C'est arrêté.
M. Toupin: A moins que cela ne soit impliqué dans...
M. Lessard: II est certain que, moi, j'ai eu l'occasion de
l'impliquer, en fait je pense à Chutes-aux-Outardes où il y a des
négociations qui ont été entreprises à un moment
donné avec le ministère pour obtenir des terrains pour la
construction domiciliaire. Cela, je trouve que c'est tout à fait normal
qu'il y ait des négociations.
M. Toupin: II y a quelques petits cas isolés comme cela
auxquels on va continuer à répondre, c'est bien sûr. La
politique actuelle du ministère c'est d'arrêter ce qu'on faisait
avant et d'attendre que la politique foncière soit acceptée par
le gouvernement.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais tout simplement
ajouter quelque chose à ce que j'ai dit tout à l'heure, à
la suite de la réponse du ministre. Le ministre a dit que le
ministère des Terres et Forêts faisait beaucoup de travail au
niveau de la forêt privée, je suis d'accord sur cela. Ce que j'ai
dit tout à l'heure au ministre, je pense que cela s applique encore,
même si le ministre a apporté certaines précisions. C'est
que le ministère des Terres et Forêts n'avait pas accru ses
revenus alors qu'il y a eu un accroissement dans le budget de la province qui a
triplé de ce côté.
L'argument qui veut que les compagnies fassent des profits et qu'elles
ne doivent pas déménager ailleurs est vieux; il est vieux comme
l'édifice du parlement. C'est un argument qui n'est pas nouveau, mais il
ne faudrait pas que cet argument devienne une forme de chantage, non plus, de
la part des entreprises. Nous avons toute une série de scieries
situées le long de la frontière américaine et j'aimerais
bien en parler un peu, parce que ces gens achètent le bois aux
Etats-Unis et il coûte à peu près trois ou quatre fois plus
cher que pour les scieries situées en territoire canadien et qui
s'approvisionnent en territoire canadien. Je ne sache pas que ces scieries qui
sont le long de la frontière américaine et qui s'approvisionnent
en bois aux Etats-Unis soient devenues des fardeaux pour la province. Ce sont
des gens qui s'arrangent eux-mêmes, ils viennent à bout de
s'organiser eux-mêmes. Il y en a le long de la frontière, il y en
a dans mon comté, il y en a dans le comté de Bellechasse, il y en
a dans le comté de Montmagny-L'Islet, il y en a jusqu'à Daaquam.
De Daaquam jusqu'à Lac-Mégantic, il y a un très grand
nombre de ces scieries qui finissent par s'organiser, par survivre, alors
qu'elles paient le bois très cher aux Etats-Unis. Les Américains
ne donnent pas le bois.
Pour quelle raison nous, le donnerions-nous à des entreprises
sous prétexte que les entreprises sont non rentables? Il y a d'autres
problèmes qui découlent de cela, évidemment, mais je n'ai
pas toutes les données de la question pour vider ce sujet ce matin.
Lorsque le ministre nous dit que la forêt fait vivre un grand nombre
d'entreprises au Québec, je me demande si le ministre a pris
connaissance des données, des statistiques et des recherches qui ont
été faites par l'association des producteurs de bois des Cantons
de l'Est, l'Association forestière québécoise des Cantons
de l'Est, qui a fait des recherches et a démontré qu'il y avait
2000 entreprises qui vivaient de !a forêt au début de 1973 et
qu'il n'y en a pratiquement que 600 aujourd'hui. Donc, il y a 1400 entreprises,
au niveau de la forêt, qui sont disparues depuis deux ans et demi ou
trois ans, au Québec.
Je pense que ces chiffres sont quand même assez significatifs et
prouvent que, de ce côté...
M. Toupin: Vous parlez de la région, toujours de la
même région...
M. Roy: Non, non, je parle de la province dans l'ensemble. Il y
avait 2000 entreprises dans la province de Québec.
M. Toupin: Ces statistiques ne sont pas justes parce qu'on a
encore une douzaine de centaines de scieries au Québec, à part
les pâtes et papiers.
M. Roy: C'est peut-être sur le plan régional,
peut-être du côté de l'est du Saint-Laurent. Je n'ai pas ces
statistiques devant moi mais je sais qu'on a parlé d'un chiffre de 2000
entreprises et qu aujourd'hui ce chiffre est réduit à 600, 200
autres étant menacées ou devant fermer leurs portes d'ici une
année ou deux.
Le ministre a également parlé de la forêt des
Appalaches et du rôle que REXFOR a joué. Je ne veux pas prendre le
dossier, tout simplement, mais j'aimerais quand même dire au ministre
qu'à ce niveau il y a eu énormément de contestation. Le
ministère a dû en entendre parler. Justement, dans un article qui
a paru dans le journal Le Soleil, le 12 mars, on parle de l'intervention du
député Pierre Mercier et on s'est plaint que pour
l'aménagement qui a été fait dans ce territoire, on a
employé des gens de l'extérieur, des autres régions. Dans
la localité d'Armagh, seulement, il y a 63 travailleurs qui vivaient de
la forêt et qui ont été obligés de s'expatrier
à Chibougamau et au Nouveau-Brunswick pour gagner leur vie. J'aimerais
quand même que lorsque REXFOR fait de l'aménagement, on commence
par donner du travail aux gens du milieu. La région de Bellechasse n'a
pas eu à vivre les problèmes qu'ont vécus les
comtés du Bas-Saint-Laurent. Mais, M. le Président, si les
interventions gouvernementales se font de cette façon, nous allons nous
retrouver, dans la région de la Chaudière et dans la
région des Appalaches, avec les mêmes problèmes qu'on
retrouve dans la région du Bas-Saint-Laurent et dans la région de
la Gaspésie. Il faudra quand même être plus réaliste
et plus pratique à ce niveau et tenir compte des particularités
régionales. Ce n'est pas de cette façon que la
société REXFOR va se faire un nom et ce n'est pas de cette
façon que la population va avoir confiance dans les grandes politiques
de planification et de développement du gouvernement.
Si on ne fait pas en sorte de commencer d'abord de façon que cela
profite aux gens du milieu, aux gens de l'endroit, je dis que !e gouvernement
perd son temps. C'est l'observation que je voulais faire sur la question de la
région des Appalaches. Je n'avais pas l'intention d'en parler, mais le
ministre s'est servi de cela comme exemple.
M. Toupin: II perd son temps pour cette partie, mais pas pour les
autres parties.
M. Roy: Pardon?
M. Toupin: II perd son temps pour la partie des employés,
mais pas nécessairement pour la partie concernant
l'aménagement.
Je suis d'accord avec vous. C'est la politique de REXFOR,
évidemment, d'employer autant que possible le personnel disponible
régionalement.
M. Roy: Pourquoi ne le fait-elle pas?
M. Toupin: Je sais, mais il arrive parfois que des
problèmes comme ceux-là se posent. Je suis d'accord avec
cela.
M. Roy: Trop souvent.
M. Toupin: Oui. Si on prend, par exemple, les expériences
de la Côte-Nord, on a pris presque exclusivement le
député de Saguenay est au courant, je pense, c'est près de
son comté ce qu'on pourrait appeler des autochtones.
M. Roy: J'aurais une autre question, M. le Président,
à poser au ministre. On a beaucoup parlé de refaire le cadastre.
C'est une question générale. Je ne la vois à aucun poste,
sinon qu'on peut parler des crédits...
M. Toupin: On s'en va un peu partout, M. le Président.
M. Roy: C'est parce que je ne pourrai pas assister aux autres
séances. J'aimerais savoir du ministre, s'il n'a pas d'objection
à me répondre... Si le ministre a des objections, je vais me
soumettre.
M. Toupin: Si le député de Saguenay est d'accord,
je n'ai pas d'objection à ce qu'on discute de ce point.
M. Roy: Sur la question du cadastre, qu'est-ce que le
gouvernement entend faire? Depuis un certain temps on parle de faire un nouveau
cadastre dans la province. Au niveau du ministère, actuellement, est-ce
qu'il y a des préparatifs? Est-ce qu'il y a des décisions qui se
prennent dans ce sens?
M. Toupin: Etant donné qu'il s'agit d'une question pas mal
technique, le sous-ministre actuel, M. Poulin, qui est en même temps
arpenteur-géomètre, qui était responsable de ce service
avant son arrivée comme sous-ministre aux Terres et Forêts,
serait, je pense, plus en mesure que moi de donner une réponse.
Comme le député de Beauce-Sud le sait, depuis quelques
années, c'est une préoccupation assez sérieuse au niveau
du ministère des Terres et Forêts, cette question du cadastre. Je
pense que cela a été soulevé à quelques occasions
dans le passé. Le cadastre comme tel se situe dans le programme 8,
Levés et cartographie intégrés. C'est un programme qui a
fait l'objet d'une proposition au gouvernement, qui a été
acceptée et qui est en cours.
L'élément qui n'est pas encore appliqué à
l'intérieur de ce programme, c'est la rénovation du cadastre au
Québec. Le gouvernement a accepté le principe d'une telle action.
Cependant, les études nous ont montré que le problème
était très très vaste, impliquait des droits de tous les
propriétaires du Québec, impliquait tout le système
d'enregistrement, impliquait des sommes très grandes selon les
modalités techniques de rénovation qu'on pourra décider.
Ceci a amené le ministère à entreprendre, il y a à
peu près huit ou neuf mois, une consultation générale au
niveau des organismes concernés, au niveau des municipalités, des
associations professionnelles, des associations de citoyens afin de soumettre
le projet, le principe de rénovation et les objectifs qu'il devrait
suivre, et d'avoir un retour.
Cette consultation vient de se terminer. Certains des organismes qui ont
été approchés, comme la chambre de commerce, l'association
des municipalités, le Barreau, la Chambre des notaires, etc., ont mis
beaucoup plus de temps que prévu à répondre à cette
consultation, justement
parce que cela a été l'occasion de constater l'ampleur du
problème. Cela a soulevé un intérêt assez
sérieux.
Cela veut dire que, maintenant que la consultation est terminée,
nous allons revenir avec un document modifié quant aux objectifs
à atteindre. L'étape suivante va consister en un document qui va
nous permettre de décider comment atteindre les objectifs prévus
techniquement et une troisième phase sera une étude
économique des coûts impliqués pour la réalisation
de la rénovation du cadastre au niveau du Québec ou les
implications financières du statu quo.
Je pense bien que tous conviennent qu'il y a des difficultés de
ce côté. A la suite de ces deux prochaines étapes, qui font
suite à la consultation qui vient de se terminer, il y aura une
présentation au gouvernement et il y aura des décisions à
prendre.
M. Roy: Cela veut dire combien de temps pour résumer tout
cela?
M. Toupin: Notre objectif était pour 1976/77 avec un
document à proposer et avec des études techniques et
économiques. Ces deux études ont été
retardées à cause de la consultation qui vient de se terminer.
Nous avons espoir qu'en 1976/77 les deux autres études pourront
être menées à terme et que nous pourrons proposer au
ministère et au gouvernement un programme d'action. Là,
évidemment, il y aura des décisions à prendre.
M. Roy: Ce qui veut dire qu'il est impossible que le
ministère soit prêt pour procéder à la fabrication
d'un nouveau cadastre pour les années quatre-vingt en somme, pour 1980
comme tel, si jamais la décision devait se prendre dans ce sens.
Maintenant, est-ce qu'on peut conclure que pour les années quatre-vingt,
il y aurait effectivement un nouveau cadastre?
M. Toupin: Pas nécessairement au niveau de toute la
province, parce qu'il y a quand même environ trois millions de parcelles
de propriétés cadastrées actuellement plus peut-être
deux autres millions qui ne sont pas cadastrées au Québec. C'est
beaucoup de travail, ceci implique tout près de deux millions de
propriétaires ou un million trois quarts de propriétaires, ce qui
veut dire que c'est un problème de propriété
privée, un problème légal d'enregistrement, tout
ça.
En 1980, je pense bien qu'il y aurait théoriquement, ou il
devrait y avoir une partie du cadastre rénovée, si le
gouvernement décide d'amorcer le programme; mais cela va
s'échelonner sur un certain nombre d'années quand même, la
rénovation entière au niveau québécois.
M. Roy: Maintenant, comme titulaire du ministère, quelles
sont les intentions du ministre à ce niveau?
M. Toupin: Evidemment ce sont les intentions de l'objectif qu'on
vise, savoir celui d'arriver dans le plus bref délai à un nouveau
cadastre.
M. Roy: A un nouveau cadastre.
M. Toupin: Sur l'objectif, d'ailleurs, sur le principe, c'est
accepté au niveau du gouvernement. Mais comme on le disait tantôt,
il y aura des décisions à prendre, d'ici quelque 12 ou 18 mois,
qui vont impliquer peut-être des changements dans le statu quo. Alors il
y aura des décisions finales à prendre. Maintenant, il faut
ajouter à cela, évidemment, tous les problèmes urgents qui
se posent, comme l'entente avec la baie James, qui commande évidemment
chez nous du travail qui n'avait pas nécessairement été
prévu. Il faut cadastrer maintenant toutes ces ententes au niveau de la
baie James. Donc cela prend un peu plus de temps au ministère, donc il
doit ralentir un peu ses autres actions.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce qu'on peu passer
à l'élément 1?
M. Lessard: M. le Président, l'an dernier, avec l'ancien
ministre, parce qu'on revient souvent sur REXFOR, avant cela on le trouvait au
ministère des Terres et Forêts, on trouvait un
élément sur REXFOR, là on le trouve en fait...
M. Toupin: On le retrouvait anciennement au 2.2: La restauration
forestière.
M. Lessard: Restauration. Mais cela ne touchait pas comme tel, en
ce qui concerne la restauration, REXFOR. Mais l'an dernier on avait
discuté de la possibilité de convoquer REXFOR à une
commission parlementaire, parce qu'on a des questions sur les exploitations de
REXFOR. C'est une entreprise qui a pris une certaine importance, c'est une
entreprise qui fonctionne avec les deniers publics, selon la même
réglementation, de la même façon que l'Hydro-Québec
et on n'a pas, en tout cas, à ma connaissance, depuis 1970, je pense, eu
l'occasion d'interroger la société REXFOR comme telle.
C'est-à-dire qu'on a eu l'occasion, l'an dernier, par exemple, à
la restauration forestière, de poser des questions à M. Albert
Côté qui était présent. Mais comme
société et à partir de son rapport financier annuel, etc.,
on n'a jamais eu l'occasion de poser des questions.
Il me semble que cela devrait, même dans la loi, être
obligatoire, parce que je comprends que le ministre répond à
l'Assemblée nationale au nom de REXFOR, mais au moins, si on veut que la
responsabilité des parlementaires continue d'être
respectée, dans le sens que, à un moment donné, il nous
appartient, non pas comme parlementaires de l'Opposition ou parlementaires du
parti au pouvoir, mais il nous appartient, comme parlementaires, de faire la
surveillance des deniers publics. Par conséquent, peut-être la
surveillance des sociétés paragouvernementales, comme REXFOR.
Comme parlementaires, il nous est impossible d'avoir un contrôle ou
d'avoir une rencontre, une discussion avec REXFOR, en commission parlementaire.
Je vais discuter quelques dossiers encore sur REXFOR, mais je ne peux pas
aller, comme le disait le ministre tout à l'heure, d'ail-
leurs, en profondeur. Si le ministre me convainc que d'ici quelque temps
je comprends qu'il faut étudier les crédits, je ne demande
pas cela d'ici la fin de mai on pourra être convoqué pour
une séance de la commission parlementaire des terres et forêts
pour entendre REXFOR et discuter des différents projets, je suis bien
prêt à ne pas discuter en profondeur et m'en tenir en tout cas aux
réponses du ministre.
M. Toupin: M. le Président, je n'ai pas d'objection.
M. Lessard: II me semble que ce serait normal.
M. Toupin: II s'agirait de voir le délai. Je suis d'accord
avec le député de Saguenay, je n'ai aucune objection.
Je pense que ce serait au contraire bon que REXFOR vienne devant la
commission et réponde aux questions des députés pour tous
les projets dans lesquels elle est engagée, surtout à plus de 50%
parce que les deniers publics sont effectivement mis en cause dans cette
question. Je n'ai pas d'objection et je ne crois pas que REXFOR en ait non
plus.
M. Lessard: Alors...
M. Toupin: On pourrait s'entendre avec le député de
Saguenay sur une période...
M. Lessard: On verra. On va passer la période des
crédits pour voir la disponibilité qu'on pourrait avoir, mais je
pense bien que c'est autant pour la renommée de REXFOR, parce que
j'entends énormément de critiques concernant REXFOR. On entend
aussi certaines choses qui se disent et qui sont excellentes, mais je pense
qu'il est important que cette société se présente devant
les parlementaires et qu'on puisse scruter non seulement son bilan financier,
mais aussi toutes ses activités.
M. Toupin: D'autant plus que REXFOR entrant dans les
activités forestières...
M. Lessard: Concernant un projet...
M. Toupin:... son rôle est un peu contesté des fois.
Il y aurait avantage à ce que ce soit discuté.
M. Lessard: II aurait avantage à discuter de son
rôle. Est-ce que son rôle est strictement d'aller éteindre
les feux ou si c'est strictement en fonction de ia rentabilité? Est-ce
qu'il y a un rôle social pour REXFOR? Ne devrait-on pas distinguer le
rôle social de REXFOR dans ses opérations lorsque le ministre lui
donne l'ordre d'aller... L'opération 2000, par exemple, ne serait-elle
pas le rôle social? En ce qui concerne SAMOCO, par exemple, ne serait-ce
pas un rôle de rentabilité qui touche au social? Ses
opérations, elle devra les rentabiliser. Cela pourrait être une
discussion qu'on pourrait avoir avec M. Côté.
M. Toupin: On est rendu là au ministère. On se pose
des questions sur le rôle de REXFOR. On se demande jusqu'où on
doit aller maintenant. REXFOR elle-même se pose les mêmes questions
en tant que société. Je pense qu'un problème comme
celui-là devrait être discuté publiquement.
M. Lessard: Concernant le projet Outardes, quand est-ce que le
ministre l'annonce?
M. Toupin: Je ne voulais pas l'annoncer aujourd'hui, mais je
serais quasiment prêt.
M. Lessard: Allez-y donc tout de suite. C'est un projet de
combien, le protocole d'entente avec Quebec North Shore?
M. Toupin: Tout est presque réglé.
M. Lessard: On va être bon pour annoncer quelque chose.
M. Toupin: Tout est réglé. Les travaux devraient
commencer incessamment. C'est un projet de $12 millions ou $12,5 millions.
C'est une usine de 100 millions de p.m.p. C'est la propriété de
REXFOR qui sera l'administrateur avec Québec North Shore, qui va lui
assurer un marché pour ses copeaux. C'est une entreprise moderne,
évidemment. Je n'ai pas tous les détails, mais la décision
est prise de la part de REXFOR et de la part du gouvernement que le dossier
Scierie Outardes sera réalisé dans les délais les pius
proches.
M. Lessard: On ne sait pas la date des débuts de
l'exploitation?
M. Toupin: Non, pas encore, cela a été
accepté pas la semaine dernière, mais la semaine d'avant au
conseil des ministres.
M. Lessard: Québec North Shore est à 41%? M.
Toupin: 40%, je pense. M. Lessard: 40%?
M. Toupin: 40%-60%. Je le dis avec restriction parce que
j'émettrai un communiqué de presse pour clarifier tout cela.
M. Lessard: Est-ce qu'on sait le nombre d'employés, tant
en forêt qu'en......parce que vous savez que cette année REXFOR,
à Outardes...
M. Toupin: C'est 500 employés. M. Lessard: C'est 500
employés.
M. Toupin: Grosso modo, c'est 500 employés permanents.
M. Lessard: Cette année REXFOR réduit ses
activités de coupe à Outardes. Alors, près de 60 personnes
vont être mises à pied.
M. Toupin: Cela va coïncider pas mal avec ce qu'il y avait
avant. Les décisions finales sont prises sur cette question. C'est un
dossier intéressant, soit dit en passant.
M. Lessard: Je pense à ce qu'a déclaré Yvon
Valcin à un moment donné sur les problèmes dans les
scieries, le bois de sciage, etc... Les études de rentabilité
sont certainement positives parce que Québec North Shore s'est
associée avec REXFOR.
M. Toupin: Les études sont positives.
M. Lessard: Le marché n'est pas suralimenté?
NI. Toupin: L'avantage d'un complexe comme celui-là, c'est
qu'on construit une scierie près d'une entreprise. C'est une des seules
scieries qui est près d'une entreprise. Donc, c'est bien sûr que
cette scierie pourra concurrencer n'importe quelle autre scierie au niveau des
copeaux, par exemple. Quoique le transport du bois, par ailleurs, peut lui
créer certains problèmes, mais les études de
rentabilité dénotent qu'il n'y a pas de problème de
marché au niveau de la matière ligneuse sous forme de copeaux. Au
niveau du bois de sciage, évidemment, l'entreprise sera sur le
même pied que les autres.
M. Lessard: Maintenant, il y avait eu une demande, en tout cas,
d'un groupe de la population de Baie-Comeau-Hauterive pour participer
minoritairement à ce complexe. Est-ce que le ministre a analysé
cette demande?
M. Toupin: J'ai déjà donné un point de vue
là-dessus; personnellement, je le maintiens. Je ne peux pas dire encore
comment cela peut se traduire dans des structures là, mais moi, je pense
que REXFOR devrait envisager le principe est accepté par REXFOR
une participation populaire. Mais je pense qu'il y a des distinctions
à faire; il faudra procéder par étapes. Une participation
populaire au niveau des profits de l'entreprise, on peut commencer
par les employés, et, par la suite, une participation
populaire au niveau de la gestion de l'entreprise.
Au fond, il s'agit de procéder par étapes. Les
problèmes qu'on rencontre jusqu'ici dans les participations populaires,
c'est qu'on demande à des gens du milieu de participer à la
gestion d'une entreprise, gestion pour laquelle ils n'ont absolument aucune
préparation. C'est le problème de fond. M. Valcin suggère,
lui, dans son rapport qu'il faudrait faire l'éducation des gens à
la gestion. Je pense que le principe émis par M. Valcin est bon, il n'y
a pas d'erreur possible, mais que les moyens à prendre sont probablement
discutables.
Partout où cette formule s'est avérée le
moindrement efficace, on a donné le temps à la population de
s'initier graduellement à la gestion, c'est-à-dire d'être
capable de prendre des décisions de gestionnaire. Est-ce qu'on va
investir $1 million en forêt ou si on va l'investir à l'usine?
Est-ce qu'on va acheter, je ne sais pas, moi, un tracteur de je ne sais pas
combien de forces par rapport à un autre? Ce sont des décisions
économiques et, très souvent, la population n'est pas encore
préparée à cela.
En commençant par une participation aux profits, en
l'intéressant graduellement a une participation à la gestion, il
est possible, je pense, d'en arriver, avec le temps, à une participation
populaire intégrée, c'est-à-dire profits d'une part et
gestion de l'autre. C'est dans ce sens, personnellement, en tout cas, que je
vois la participation populaire avec laquelle je suis d'accord.
M. Lessard: II est certain que je ne peux qu'être d'accord
avec la participation aux profits. D'autre part, c'est une avenue où le
gouvernement devrait, par l'intermédiaire de ses sociétés
para-gouvernementales, s'engager, parce qu'on sait qu'en Allemagne, par
exemple, c'est poussé pas mal loin maintenant, cette participation aux
profits, non seulement aux profits, mais à la gestion.
Ce serait peut-être un moyen aussi d'encourager les
employés et d'améliorer les relations du travail entre le patron
et ses employés en les mettant dans le même sac.
M. Toupin: Je suis bien d'accord avec cela.
M. Lessard: Concernant la Coopérative forestière de
Témiscamingue, cela fait un an pratiquement que REXFOR est entrée
dans le dossier. Il y avait une usine à construire: est-ce que la
construction est complétée?
M. Toupin: L'usine de Taschereau, je pense. M. Lessard:
Taschereau, oui.
M. Toupin: Non, ce n'est pas terminé. Le plan est en
marche, la programmation est en marche, l'usine fonctionne.
M. Lessard: Béarn.
M. Toupin: Ah, vous parlez de Béarn.
M. Lessard: Oui.
M. Toupin: Béarn aussi, c'est en exploitation. Quant aux
projets de développement qui avaient été prévus,
s'il y en a dans ce cas, je n'ai pas le dossier net à l'esprit,
peut-être que monsieur...
M. Lessard: Le coût de construction, en fait, de l'usine
était de $3,5 millions.
M. Toupin: Toutes les étapes prévues dans la
programmation ont été réalisées les unes
après les autres, sans presque de retard. M. Moore, qui s'occupe de ces
deux dossiers de Taschereau et de Béarn, me disait l'autre jour que ces
deux dossiers se réalisent, tel que prévu dans le plan
original.
M. Lessard: REXFOR continue d'être la seule
actionnaire?
M. Toupin: Oui. A Taschereau il y a une entente
particulière, parce qu'avec le temps REXFOR s'est engagée
à remettre à la coopérative l'administration de
l'entreprise.
M. Lessard: Concernant l'industrie du sciage, puisqu'on en parle,
il me reste deux points généraux. Est-ce qu'on peut parler
immédiatement des montants qui ont été alloués
à REXFOR, les $16 millions, et fermer ce dossier après cela?
Est-ce que le ministre, parce que cela commence à être
inquiétant, cette question de l'industrie du sciage, pourrait faire un
tableau général de la situation? Tout à l'heure, vous
parliez de 1200 entreprises. Combien de scieries actuellement sont en
difficulté financière? De quelle façon le programme a-t-il
été utilisé? A même ces $16 millions, est-ce qu'il y
a eu des copeaux rachetés par REXFOR?
Combien ont été rachetés? Est-ce que REXFOR a
accumulé ces copeaux? Est-ce qu'on a réussi à les vendre?
J'aimerais que le ministre nous trace un tableau sur ce problème qui
s'est soulevé, particulièrement au cours de cette
année.
M. Toupin: Au moment où le problème s'est
posé, j'arrivais au ministère; j'en ai discuté avec les
fonctionnaires, avec les sous-ministres adjoints, avec REXFOR et on se
demandait vraiment comment arriver à régler ce
problème.
L'Association des propriétaires de scierie nous avait
suggéré d'utiliser REXFOR pour l'achat des copeaux. Elle disait:
Que REXFOR achète les copeaux, qu'elle les entrepose et qu'elle les
revende; nous, cela nous donnera la liquidité qu'il nous faut pour
poursuivre les activités de l'entreprise.
Cela paraissait assez intéressant comme suggestion, alors j'ai
présenté cette suggestion au conseil des ministres et on a
accepté de mettre $16 millions dans le décor, c'est-à-dire
l'équivalent de 400 000 tonnes à $40 la tonne. Une fois le
programme accepté par le gouvernement, REXFOR a étudié le
dossier en profondeur et en est arrivé à la conclusion suivante.
Le problème, au fond, c'était l'incapacité pour l'ensemble
des usines de pâtes et papiers de recevoir tout d'un coup autant de
matière ligneuse. Les grèves, le marché du papier qui
avait été moins bon au cours de cette année, en 1974/75,
ont fait que les entreprises se trouvaient avec beaucoup d'inventaire. Cela ne
voulait pas dire pour autant qu'elles étaient incapables d'acheter les
copeaux, mais ces entreprises se trouvaient, quand même, avec beaucoup
d'inventaire.
REXFOR a porté le jugement suivant, se disant: Si j'achète
les 400 000 tonnes de copeaux et si j'essaie de trouver des marchés
à l'intérieur de la province de Québec, c'est donc dire
que je prends les marchés que les entreprises devraient
elles-mêmes prendre pour écouler leur production de l'année
1976. REXFOR disait: Si j'achète les copeaux et si je ne les vends pas,
je vais les perdre; c'est donc une perte pour le gouvernement.
On a regardé les marchés d'exportation, dans d'autres
provinces du pays d'abord, et puis dans d'autres pays du monde. Il existe,
effectivement, des marchés d'exportation. Le problème qu'on
rencontre au chapitre des marchés d'exportation c'est qu'aucun des pays
intéressés n'est prêt à acheter une quantité
aussi grande de copeaux sans les assurer d'une livraison
échelonnée sur une période de quatre ou cinq ans.
Alors, il fallait signer des contrats de quatre ou cinq ans avec les
marchés d'exportation. Il y a peut-être quelques marchés
qu'on va exploiter prochainement, sur l'exportation, mais les décisions
finales ne sont pas prises. Il faut dire que certaines entreprises du
Québec exportent des copeaux déjà dans d'autres provinces
du pays. Dans d'autres pays du monde, seule REXFOR a les pouvoirs,
actuellement, de faire l'exportation de matière ligneuse.
Alors, les $16 millions n'ont pas été utilisés ou
presque pas. REXFOR était hésitante un peu et les entreprises de
sciage n'étaient pas toutes d'accord. Certaines disaient: Moi, je
préfère financer mes copeaux toute seule; je vais m'entendre avec
CIP, je vais m'entendre avec Domtar, je vais m'entendre avec Donahue, avec
Price Brothers et on va essayer de régler nos problèmes
individuellement. D'autres disaient: Ecoutez, moi, mes marchés sont
véritablement captifs, notamment en Abitibi et si vous ne m'aidez pas,
je risque de placer mon entreprise dans une situation économique
difficile.
REXFOR étant hésitante à acheter les copeaux; on a
plutôt, à partir de cette analyse faite par REXFOR, tenté
de convaincre des entreprises d'acheter des copeaux des scieries.
M. Lessard: A quel prix?
M. Toupin: Nous parlerons des prix, après. Nous les avons
rencontrés presque tous individuellement au départ. Les
fonctionnaires les ont rencontrés individuellement. On a
réglé une bonne partie du problème dans une
première ronde. Dans une deuxième ronde, je les ai
rencontrés personnellement au bureau et je les ai mis au courant du
problème. Je leur ai dit que si les compagnies de pâtes ne
faisaient pas les efforts requis, on penserait à un arrêté
en conseil obligeant ces dernières à les acheter, sinon les
permis pourraient être suspendus. On a ajouté, à cet
arrêté en conseil, un mécanisme qui ressemble à
celui qu'on retrouve dans la loi dite Arsenault, c'est-à-dire celle qui
oblige les compagnies à acheter le bois des producteurs
privés.
Une Voix: ...
M. Toupin: C'est cela, les quantités et le prix, si
nécessaire. On a appliqué, jusqu'à maintenant, la
première partie de l'arrêté en conseil; on n'a pas
appliqué la deuxième. Par le seul fait d'avoir appliqué
cette première partie, on a réglé encore une bonne partie
du problème, de telle sorte qu'on peut se retrouver, maintenant,
peut-être avec quelque chose comme 100 000 ou 125 000 tonnes de copeaux
invendus.
REXFOR en a quelque mille tonnes, ce n'est pas un gros problème;
il y a des marchés qui s offrent, mais il y a quelques entreprises de
l'Abitibi qui ont vraiment des problèmes.
Je dois ajouter à tout cela qu'il s'est mené, à
l'intérieur de cette période, une sorte de guerre entre les
scieries d'une part et les pâtes et papiers de l'autre, ce qu'on pourra
appeler une sorte de règlement de compte. Parce qu'en 1973 1974,
le marché de la matière ligneuse étant très bonne,
les scieries en ont profité pour doubler le prix des copeaux, les
compagnies ont accepté parce que se trouvant dans l'obligation de le
faire. Aujourd'hui, ces dernières ont voulu reprendre,
évidemment, une partie du marché qu'elles avaient, avant,
à bon marché.
Les prix payés actuellement varient, mais je n'ai pas vu encore
une entreprise qui a payé moins de $35 ou de $36 la tonne. Les
coûts de production sont entre $28 et $32 la tonne, selon les
entreprises. Les scieries voulaient absolument avoir $40. Le ministère
et REXFOR étions assez mal placés pour obliger des prix,
c'est-à-dire pour fixer des prix. On n'avait pas, d'abord, les
mécanismes et déjà des ententes étaient intervenues
entre des entreprises de sciage et des compagnies de pâtes et papiers sur
des prix inférieurs à $40. Alors, il y en a qui ont vendu
à $40, il y en a qui ont vendu à $36, d'autres à $38, etc.
Mais je ne crois pas qu'il y ait eu de marché de fait en bas de $35 ou
de $36. Ce sont, tout au moins, les renseignements que j'ai.
Actuellement, il y a une équipe du ministère qui a
été formée spécialement pour cela et qui refait
à nouveau le tour de l'ensemble des entreprises des pâtes et
papiers pour savoir s'il existe encore des disponibilités de
marché. Effectivement, le rapport préliminaire qu'on m'a fait
verbalement dénote qu'il existe assez de marchés actuellement
pour prendre les copeaux qui sont par terre encore, à peu près
100 000 ou 125 000 tonnes. Le problème, c'est que cela se trouve au
niveau d'une ou de deux entreprises. C'est le problème actuellement. Je
ne sais pas si on doit les nommer. On ne parlera pas du nom des entreprises
pour ne pas causer préjudice à qui que ce soit, mais je peux dire
que ces entreprises se situent dans le Nord-Ouest québécois, en
Abitibi, et peut-être un peu quelques-unes autour de Chibougamau, je
pense, ou dans ce coin-là.
Ce rapport préliminaire dénote qu'il existe des
marchés. Je rencontre, cet après-midi à nouveau les
entreprises de pâtes et papiers pour les convaincre de régler ce
problème et de régler aussi en même temps l'achat des
copeaux pour la production de 1976.
La production de 1976 est réglée pour un bon nombre
d'entreprises, mais il en reste encore quelques-unes où il n'y a pas de
contrat de signé actuellement. Il faut absolument que ce problème
se règle, sinon on va appliquer intégralement
l'arrêté en conseil.
Le groupe que j'ai mis en place va analyser, à la fois, les
marchés disponibles, mais il analyse en même temps les
capacités de réception des entre- prises. Ce n'est pas seulement
l'idée d'avoir un terrain asphalté ou cimenté pour
recevoir des copeaux, mais est-ce qu'on a l'équipement pour le recevoir
pour faire fonctionner le processus jusque dans l'usine? Cela va me permettre,
une fois que j'aurai cela en main, de porter au moins, un jugement sur les
capacités de réception des usines. On a confié à ce
comité, également, comme mandat, d'analyser la situation
économique des entreprises de sciage.
M. Lessard: C'est presque une régie des produits
forestiers.
M. Toupin: Je ne veux pas aborder cela tout de suite, parce que
c'est une loi. Je vous parle de ce qu'on a fait vis-à-vis des copeaux.
L'arrêté en conseil est une sorte d'image future ou possible d'une
régie forestière ou d'un mécanisme quelconque de mise en
marché des matières ligneuses au Québec. Ce comité
me rendra un rapport final vers le 15 mai. Je serai alors en mesure de prendre
une décision définitive sur le rôle de REXFOR les
$16 millions sont toujours là, on peut les utiliser à plusieurs
fins et sur le rôle du ministère quant à ses
relations avec les scieries et les pâtes et papiers. C'est-à-dire,
va-t-on créer un mécanisme nouveau dans le cadre d'une loi et
REXFOR va-t-elle continuer à aider les entreprises? Comment va-t-elle
aider ses entreprises? Va-t-elle devenir majoritaire ou minoritaire si
toutefois elle participe? Tout cela va se trouver au niveau du rapport qui me
sera soumis vers le 15 mai.
C'est la situation actuelle, mais on ne peut pas demeurer dans une
situation comme celle-là. Le problème qu'on va rencontrer, c'est
qu'on travaille dans le domaine des relations commerciales.
Au fond, le ministère essaie de s'immiscer dans le marché.
Moi, je ne peux pas, par exemple, empêcher une compagnie X de signer un
contrat avec une compagnie Y à des prix X. Je ne peux pas obliger non
plus une compagnie à régler un contrat d'achat ou un contrat de
vente avec une autre compagnie si ces dernières ne sont pas d'accord.
C'est donc dire que cela présuppose un plan d'allocation des
matières ligneuses, et ce plan on est en train de le préparer. Il
ne sera pas complété, mais on le prépare par
région, par usine et, si possible, pour l'ensemble de la province.
J'ai nettement l'impression qu'à la fin du mois de mai on aura
à peu près tout ce qu'il nous faut pour régler le
problème à long terme.
M. Lessard: L'évaluation des besoins de chaque industrie
et quelle partie, à un moment donné, devrait être
coupée en forêt, quelle partie sera utilisée...
M. Toupin: Exact.
M. Lessard: ...sous forme de copeaux et quelle partie devra
être achetée par les producteurs...
M. Toupin: Si on continue notre politique d'in-
tégration, c'est-à-dire qu'on prend l'arbre, on le passe
par la scierie et après cela seulement on l'envoie aux pâtes et
papiers, cela signifie pas mal de choses. Cela signifie la création de
nouvelles scieries. Qui va créer ces nouvelles scieries? Cela signifie
des surplus de matière ligneuse si les usines ne s'équipent pas
pour recevoir les copeaux. Cela signifie tout cela. C'est pour cela qu'il faut
vraiment avoir une politique plus articulée.
M. Lessard: Maintenant, concernant l'industrie du sciage, est-ce
que le ministre, étant donné que dans sa déclaration
que j'ai lue dans les journaux parce qu'il ne l'a pas faite à moi
mais au journal Le Devoir, je pense au mois de janvier il disait qu'il
était absolument nécessaire de conserver le secteur des scieries,
majoritairement québécois, d'avoir un secteur autochtone
là-dedans, étant donné une situation assez difficile
actuellement il s'en est présenté une dernièrement
et il y a une question de rentabilité aussi pour ces usines a
demandé des rapports concernant la situation comme telle de l'industrie
de sciage au Québec?
M. Toupin: C'est le comité dont je vous pariais
tantôt qui va remettre un rapport qui tiendra compte de tous les
éléments, y compris celui-là. Evidemment, ce ne sera pas
une étude exhaustive; on n'est pas allé dans les livres des
compagnies. Mais je pense qu'on aura assez d'éléments nous
permettant d'établir une politique pour assurer l'autonomie des
entreprises de sciage par rapport aux pâtes et papiers.
M. Lessard: Sur le dossier général, j'aurais une
dernière question à poser au ministre: On sait que les
propriétaires de journaux particulièrement réagissent
assez mal au fait qu'on n'a pas de système. On a du papier journal, on
fabrique du papier journal, on a du bois, etc., et le papier journal est vendu
pratiquement aussi cher ici, à Québec, qu'à New York. Si
on calcule les coûts du transport, par exemple, de Montréal
à New York, le papier journal se vendrait moins cher aux Etats-Unis
qu'il se vend sur le marché de New York, ce qui est absolument anormal
pour nous autres qui fabriquons la matière première. C'est
certain, je pense bien, que les Arabes ne paient pas le pétrole le
même prix qu'on le paie. Il y a un prix intérieur et un prix
extérieur à un moment donné.
Nous autres, il semble qu'on est tellement intégrés avec
New York, avec les Etats-Unis, que c'est rendu qu'ils paient leur papier
journal, si on excepte les frais de transport... Les sociétés de
pâtes et papiers vendaient leur produit, il y a un an, environ $242 la
tonne à Québec je ne sais pas combien c'est rendu
maintenant $237 à Montréal et $229.60 à New York.
Ce n'est qu'un exemple. C'est une situation qui est anormale. M. Bourassa a
déjà même parlé de la possibilité de faire
revivre une loi votée en 1955 par Maurice Duplessis pour créer
justement une régis du papier journal.
Au niveau du ministère des Terres et Forêts, est-ce qu'on
s'est penché sur ce problème?
M. Toupin: De façon spécifique, non. Le
ministère de l'Industrie et du Commerce non plus. Je ne crois pas qu'on
ait, au gouvernement, à ce jour, une étude exhaustive, une
étude élaborée sur tout le problème de la
commercialisation des produits provenant de la forêt, et une étude
assez exhaustive également sur l'ensemble des entreprises qui fabriquent
ce papier.
L'intention du gouvernement est la suivante: dans le cadre d'une entente
fédérale-provinciale, il y aura des sommes les montants
exacts, je ne les connais pas prévues pour taire une étude
complète du secteur des pâtes et papiers au Québec, qui va
sans doute toucher indirectement au marché.
Le problème des entreprises est un problème qu'on peut
isoler; le problème du marché est un problème aussi qu'on
peut isoler. Quelles sont les raisons qui font, par exemple, que le prix du
papier est à $100 ou $125 à te! endroit et à $118 ou $120
à tel autre endroit?
Est-ce une question de concurrence ou autre chose? Je ne pense pas qu'on
ait de données, actuellement, qui nous permettent... Je trouve les prix
bas, aussi. C'est plus élevé que cela. Ce doit être des
prix de 1939. C'est $250 au moins.
M. Lessard: $285. M. Toupin: $285.
M. Lessard: Cela s'en vient vers $300. Vous savez ce que les
compagnies ont déclaré. Elles n'investiront pas tant et aussi
longtemps qu'il ne sera pas à $300. Elles vont l'augmenter à
$300. Je ne sais pas exactement quel est le prix. Je parlais tantôt de
$240, mais c'était en 1975. Disons $285.
M. Toupin: Très honnêtement, je n'ai pas
trouvé encore, depuis que je suis aux Terres et Forêts, ni
à l'Industrie et Commerce, ni au ministère des Terres et
Forêts, d'étude exhaustive. J'ai trouvé des études
qui me permettent de me poser des questions. L'étude de Valcin en est
une, par exemple. Il y en a eu d'autres faites avant par le ministère
des Terres et Forêts. Il y en a eu d'autres faites aussi par le
ministère de l'Industrie et du Commerce, mais je ne crois pas qu'il
existe, au gouvernement, une étude complète sur le domaine des
pâtes et papiers. Et cela, on va l'engager avec les ententes
fédérales-provinciales.
M. Lessard: L'étude de Valcin, vous pourriez la rendre
publique. Il n'y a rien à cacher là-dedans.
M. Toupin: On l'a rendue publique. M. Lessard: Oui, je comprends
mais...
M. Toupin: Je peux la déposer, je n'ai pas d'objection
à cela. Le public l'a eue avant que je l'aie, de toute façon.
M. Lessard: Dans un journal, on voit cela résumé.
On voudrait l'avoir entièrement.
M. Toupin: C'est cela, le problème des conseillers
spéciaux du gouvernement. C'est qu'ils sont plus empressés de
rencontrer les journalistes que de rencontrer le ministre. Je ne sais pas
pourquoi.
M. Lessard: Ah bien, là, si vous n'avez pas de
contrôle sur vos conseillers spéciaux!
M. Toupin: Ou l'Opposition.
M. Lessard: II y avait le dossier, M. le Président,
d'Abitibi Price.
M. Toupin: Mais je n'ai pas d'objection à déposer
le rapport Valcin.
M. Lessard: Si le ministre le permet, je ne sais pas si Me
Bédard pourra être disponible, mais on pourrait garder cet
élément ouvert comme on l'a fait un peu pour le
député de Beauce-Sud et comme on le fait à des
commissions, je l'ai fait à la commission des transports, pour que le
député de Chicoutimi, s'il a des questions à poser
vis-à-vis d'Abitibi Price, puisse le faire.
M. Toupin: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
M. Lessard: Alors, élément 1, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Elément 1.
Connaissance de la forêt Recherche
M. Lessard: Recherche. Le ministre a sans doute pris connaissance
du rapport du Conseil consultatif de recherche et de développement
forestier du Québec qui dénonçait, au cours de
l'été 1975, le peu d'efforts faits par le gouvernement
québécois en matière de recherche, ainsi que l'apport
nettement insuffisant du gouvernement fédéral à la
recherche du Québec. Les membres, même, par exemple, ont dit: "Le
budget de recherche forestière au Québec est de $7 millions
il est de $6,235 millions mais il devrait être de $60
millions en proportion de la ressource que représente la forêt
québécoise. Le Québec ne peut plus se permettre de prendre
du retard dans la course technologique déjà amorcée".
Puis, en fait, il y a eu démission. Les membres du Conseil
consultatif de recherche et de développement forestier du Québec
ont démissionné. Est-ce qu'ils ont été
remplacés et par qui? Il se composait de neuf membres choisis par le
ministre des Terres et Forêts.
M. Toupin: D'accord, c'est vrai. Je sais qu'il y a eu un rapport
dont j'ai pris connaissance. Le conseil n'est pas aboli à ce jour...
M. Lessard: II n'est pas aboli M. Toupin: ... mais il
vivote.
M. Lessard: II est aboli en pratique, ils ont tous
démissionné.
M. Toupin: II vivote. C'est seulement à la suite des
recommandations qu'on retrouvera dans le rapport qu'on remettra ou qu'on ne
remettra pas en place le conseil en question.
M. Lessard: Donc il n'y a pas eu de...
M. Toupin: II n'y a pas de développement tellement
là-dessus.
M. Lessard: II n'y a pas eu de développement
là-dessus.
M. Toupin: Quand vous parlez de $60 millions en recherche, c'est
pas mal d'argent.
M. Lessard: En fait, il recommande $60 millions, mais voici, par
exemple, il faut faire la distinction. C'est-à-dire que vous avez de
l'argent aussi qui vient du gouvernement fédéral. C'est un
élément qui est quand même important. Le
fédéral ne donne à peu près rien à la
situation forestière du Québec. Vous voyez on retrouve tout le
temps le fédéral. Je pensais qu'au moins au ministère des
Terres et Forêts, il y avait une autonomie. Il y a de l'argent qui vient
du fédéral pour la recherche. Mais si on compare la situation
forestière du Québec par rapport au reste du Canada, on constate
que le Québec représente 26% de la production totale du bois
rond, 22% des terres forestières totales, etc. Il y en a toute une
série.
Or, le Québec est dans un état d'infériorité
si on considère les dépenses fédérales. Le
Québec ne reçoit que 10% seulement des dépenses
fédérales intra muros pour les activités scientifiques en
sciences naturelles; 14% seulement de la main-d'oeuvre scientifique
fédérale en sciences naturelles se trouvent au Québec; 20%
du budget des dépenses fédérales sont faites par les
instituts nationaux du service canadien des forêts pour les
problèmes forestiers québécois. Le Québec n'a
reçu que 12,7% du montant des contrats en foresterie accordés par
le ministère fédéral des Approvisionnements aux
universités, alors que lOntario et la Colombie-Britannique ont
reçu 28,9%. Quand on considère les sommes accordées par
contrat à des individus au Québec, la proportion tombe à
11,2%.
Quand on parle de recherche de $60 millions, on parle de la recherche
à la fois du gouvernement du Québec et du gouvernement
fédéral. La recherche est d'autant plus importante, en tout cas
les experts l'affirment de plus en plus, qu'on ne réglera pas le
problème de la tordeuse de bourgeons avec les arrosages. On va le
régler, à un moment donné, en essayant de trouver d'autres
systèmes de coupes ou d'autres façons d'exploitation
forestière, etc. Je ne suis pas expert, mais il y a une série de
théories qui sont développées là-dedans. La
solution à long terme, c'est dans la recherche. On sait que le
programme, l'an passé, par exemple, n'a pas été tellement
réussi. Il y a des grandes régions où cela s'est
continué. La recherche est donc extrêmement importante, non
seu-
lement la recherche au point de vue exploitation forestière, mais
au point de vue, par exemple, des coupes, au point de vue de l'utilisation de
la forêt, mais aussi la recherche au point de vue de la transformation,
au point de vue de l'exploitation, soit dans la diminution de coûts, etc.
On a quand même un pays forestier. Si on ne fait pas de recherche, sans
la recherche on recule. C'est ce que les membres du conseil consultatif de la
recherche affirmaient. On a actuellement le problème d'incendies,
d'épidémies d'insectes qui nous frappent. Mais si le
Québec ne fait rien, puis si on continue de consacrer aussi peu pour la
recherche, comparativement, par exemple, à la Colombie-Britannique,
semble-t-il, on continuera de péricliter et notre forêt pourrira
parce qu'elle ne sera pas utilisée.
M. Toupin: C'est relativement récent les véritables
recherches en forêt, au Québec. J'ai l'impression, je n'ai pas
d'étude, le rapport n'en fait pas mention non plus, mais j'ai
l'impression que les autres provinces ont commencé un peu avant le
Québec dans le domaine des recnerches. C'est toute la question
historique du Québec, évidemment, je suis bien d'accord sur cela.
Mais on augmente quand même notre budget de près de $900 000 dans
le secteur de la recherche. Evidemment, cela ne réglera pas le
problème entier, mais on va sortir des programmes d'arrosage
exclusivement, puis on va s'orienter plus vers d'autres recherches qui vont
nous permettre de trouver de nouveaux éléments. La recherche
forestière touche beaucoup plus largement que la protection contre les
insectes, c'est toute son exploitation.
M. Lessard: Oui c'est cela. Mais existe-t-il une coordination
entre la recherche qui se fait par le ministère des Terres et
Forêts, les universités par leur faculté forestière
et le gouvernement fédéral?
M. Toupin: D'abord i! exista... M. Lessard: Une
industrie.
M. Toupin: ... une industrie, j'en parlerais un peu moins parce
que je ne suis pas certain, au point de vue des recherches qui se font.
M. Lessard: II est important que la recherche soit
coordonnée parce que l'industrie investit passablement.
M. Toupin: II y a des organismes nationaux qui coordonnent la
recherche au niveau de la province.
M. Lessard: C'est l'organisme national?
M. Toupin: C'est le conseil des sciences; on l'appelle le conseil
des ressources naturelles fédérales. Le conseil
scientifique...
M. Lessard: Au point de vue scientifique... M. Toupin: Au
sujet de la coordination de la recherche forestière au Québec, il
y a eu le Conseil de la recherche du développement forestier qui a
fonctionné durant un bon nombre d'années et qui a proposé
un programme d'actions qui va rester...
M. Lessard: Est-ce que ce rapport peut être rendu
public?
M. Toupin: Je crois qu'il est distribué.
M. Lessard: Je sais qu'il a 117 pages, mais je ne l'ai pas
vu.
M. Toupin: En tout cas. il a été polycopié
et je crois qu'il a été distribué. Ce rapport propose un
programme d'action général qui va rester valable durant plusieurs
années. Maintenant, nous sommes à mettre au point le programme de
recherche relatif à l'épidémie de la tordeuse des
bourgeons d'épinette. C'est un programmé de recherche à
long terme. Là, nous avons encore des discussions avec le Centre de
recherches forestières des Laurentides qui représente toutes les
recherches du gouvernement fédéral à Québec, et
aussi avec la faculté de foresterie et de géodésie et le
centre de recherches forestières de l'Université Laval.
M. Lessard: Je veux savoir si on se préoccupe de ne pas
faire de dédoublement. Au sujet des recherches qui sont d'une part
commandées par le gouvernement fédéral et d'autre part,
par le gouvernement provincial, est-ce qu'on s'occupe de ne pas se marcher sur
les pieds, qu'on ne fasse pas les mêmes recherches, les mêmes
études? Est-ce qu'il y a un comité réunissant les
universitaires mêmes? Le conseil consultatif provenait de tous les
milieux. Est-ce qu'il y a un comité qui serait formé en
collaboration avec les deux gouvernements, en collaboration avec les
universités et en collaboration avec l'entreprise privée et qui
aurait pour objectif, justement, de voir à l'utilisation maximum des
sommes d'argent tant fédérales que provinciales que des
universités, ensuite, voir a la coordination des études pour
qu'il y ait une certaine rationalité là-dedans et qu'on n'ait pas
de dédoublement des fonctions et des études qui sont les
mêmes de part et d'autres? Est-ce que cela existe?
M. Toupin: On me corrigera, mais on ne peut pas dire qu'il existe
une véritable structure de coordination de toute la recherche, une
structure intégrée; mais il existe des contacts permanents par
exemple entre les facultés universitaires impliquées et le
gouvernement fédéral et le ministère, pour éviter
la duplication. Je ne crois pas qu'on puisse affirmer qu'il existe une
structure véritablement homogène qui pourrait coordonner, tous
les jours, ce problème, ces activités.
M. Lessard: Vous disiez tout à l'heure qu'au niveau de
l'industrie, c'est assez autonome parce que vous pouviez difficilement avoir un
contrôle. C'est justement un des problèmes fondamentaux de
rentabiliser la forêt, de diminuer les coûts. On
sait que l'industrie est venue se plaindre et se lamenter devant la
commission parlementaire des Terres et Forêts lorsqu'on a
étudié le livre blanc. Elle disait que la rentabilité
était difficile, justement, parce qu'il fallait moderniser et qu'il y
avait des investissements considérables à faire dans la
modernisation. Il y a une recherche importante à faire là et il
faudrait que ce soit coordonné avec, par exemple, l'école de
Trois-Rivières, qui fait de la recherche sur le papier, sur la
transformation, etc.
C'est dans la recherche en fait qu'on va peut-être conserver
d'abord notre force dans l'ensemble du Canada et peut-être reprendre en
fait une partie de ce que nous avons perdu.
M. Toupin: Je pense connaître ce rapport.
M. Lessard: Et si le fédéra! encourage
exclusivement les autres provinces, parce qu'on parle du dossier noir de la
recherche forestière fédérale à un moment
donné au Québec, encore un dossier où le
fédéralisme n'est pas rentable.
M. Toupin: Je pense qu'à la suite du rapport qu'on a, le
ministère l'analyse et j'ai l'impression qu'on va faire des
recommandations au ministère pour que ce dernier puisse mettre une
structure en place.
Quand j'étais à l'Agriculture on avait
décidé, à un moment donné, de mettre en place les
différents organismes de recherche qui existaient. Il s'en faisait dans
le secteur agro-alimentaire, le fédéral en faisait, le provincial
en faisait, les universités en faisaient aussi. On a créé
un conseil de recherche...
M. Lessard: Le Tourisme aussi.
M. Toupin: ... qui planifiait toute la recherche pour
éviter le chevauchement, puis surtout pour établir des
priorités de recherche.
M. Lessard: C'est cela. Maintenant, est-ce que vous avez des
moyens, quand même, pour essayer d'aller récupérer au
fédéral les montants qui nous seraient normalement dus et qui ne
semblent pas nous revenir en ce qui concerne la recherche
forestière?
M. Toupin: Le moyen, et c'est la recommandation qui a
été faite par le Conseil de la recherche du développement
forestier, c'est de faire des pressions, en fait, auprès du
fédéral, et c'est sûr que les gestionnaires de recherche
forestière à l'emploi du gouvernement fédéral
à Québec s'en sont servis auprès des autorités
à Ottawa.
M. Lessard: Ce n'est pas juste aux Terres et Forêts, c'est
partout, la recherche fédérale on n'en a pas ou à peu
près pas.
M. Toupin: II s'agit de M. Pierre Dorion, qui est le directeur du
service de la recherche au ministère des Terres et Forêts. Un des
rôles du ser- vice de la recherche évidemment, en plus de faire de
la recherche, c'est de répondre à des besoins de connaissances au
niveau de toute l'administration des Terres et Forêts au
ministère: c'est également de s'assurer qu'il y a une
coordination qui se fait.
Quant à l'organisme dont vous faisiez mention tout à
l'heure, leurs membres ont présenté leur rapport, leurs
recommandations et ont dit: Maintenant, nous démissionnons. Le
ministère est en train d'étudier ce rapport, comme le ministre le
mentionne, et le Conseil de la recherche et du développement existe
toujours. Il s'agit maintenant de voir quelle suite le ministère, en ce
qui le concerne, donnera aux recommandations. C'est une des
préoccupations du service de la recherche d'assurer qu'il y aura une
coordination dans les activités du ministère, des
universités, des autres organismes de l'industrie, etc.
Il y a eu une action qui s'inscrit aussi de façon
particulière par des comités particuliers. Je cite l'exemple de
la recherche sur laquelle nous mettons un accent particulier cette année
concernant les arrosages. Il y a un comité de concertation entre les
ministères au niveau provincial, au niveau fédéral, de
l'industrie, etc., et un comité qui répond au ministre des Terres
et Forêts et qui doit par exemple dire quelles sont les
conséquences écologiques des arrosages et quelles sont les
recommandations de l'action vis-à-vis de cela.
Alors il y a un certain nombre de comités qui oeuvrent ainsi.
M. Lessard: Donc, il aurait été
déposé. J'aimerais de toute façon qu'on m'en fasse
parvenir une copie. J'en aurais deux si j'en ai une.
Maintenant, quelles sont les études qui ont été
faites, à part justement, la recherche concernant la tordeuse de
bourgeon? Quelles sont les autres recherches qui ont été
poursuivies au cours de cette année?
M. Toupin: Le programme de recherche, évidemment, sert
à répondre aux besoins des autres programmes du ministère
des Terres et Forêts. La programmation de la recherche est divisée
en activités qui sont elles-mêmes définies en fonction des
programmes, des éléments de programmes du ministère. Dans
le domaine de la connaissance de la forêt, on fait des recherches sur
l'écologie forestière afin de mieux définir les stations
forestières et de voir ensuite quel va être l'impact des actions
de l'amélioration de la forêt en fonction de chacune de ces
catégories de stations puisqu'elles vont réagir de façon
différente.
Il y a aussi une participation...
M. Lessard: Est-ce que ces études sur l'écologie,
etc., donnent lieu à des publications comme telles?
M. Toupin: Certainement.
M. Lessard: D'accord.
M. Toupin: II y a aussi une participation du
ministère aux études qui sont faites concernant les
plantes du Québec, dans la gestion de l'herbier provincial qui est au
complexe scientifique.
Maintenant, dans le domaine de l'amélioration de la forêt,
nous avons des recherches en génétique forestière, qui
portent sur le choix, l'essai et l'amélioration des arbres forestiers.
Il y a aussi des recherches relatives aux pépinières; des
recherches sur la reforestation, c'est-à-dire sur les méthodes de
reboisement," sur les rendements des reboisements. Il y a des recherches aussi
concernant la sylviculture des forêts naturelles, les traitements des
sols aussi.
M. Lessard: En parlant de reboisement et de sylviculture, a-t-on
poursuivi ou mis à jour les études contenues dans !e rapport
Lussier, par exemple, concernant la rentabilité des bois dans les
limites des régions habitées? A-t-on poursuivi ces études
de rentabilité?
M. Toupin: II y a eu des études de rentabilité
faites, oui, concernant l'amélioration de la forêt. Il y a des
projets qui portent sur la détermination de la maturité
financière, il y en a sur l'économique du reboisement,
l'économique des travaux sylvico-les et, l'an prochain, on commencera un
projet de recherche aussi sur l'économique de la fertilisation des
forêts.
Maintenant, Lussier avait fait aussi des recherches avec le fonds de
recherche forestière à Sainte-Lucie-de-Beauregard concernant les
exploitations en partie mécanisées. Alors, les
places-échantillons qui ont été faites par le fonds de
recherche sont remesurées par le service de recherche maintenant et les
résultats seront publiés lorsqu'ils seront assez avancés.
Une période de remesurage, normalement, c'est cinq ans; il faut attendre
que la forêt ait réagi.
Cette année, nous avons l'intention de commencer des recherches
dans le domaine de !a protection des forêts, compte tenu de la tordeuse
des bourgeons de l'épinette. Il y aura aussi quelques recherches en
utilisation de la forêt, dans le domaine de la planification de
l'utilisation, les modèles d'aménagement par simulation. Nous
avons aussi un projet de recherche qui concerne particulièrement les
forêts privées, dans le domaine de la culture des
érablières. C'est à peu près tout.
M. Lessard: Je constate que, comme vous le disiez au
début, la recherche se limite, en fait, aux préoccupations du
ministère, soit l'utilisation de la forêt, soit la sylviculture ,
etc. Mais, considérant justement que les industries papetières,
actuellement, semblent avoir des problèmes de transformation, est-ce que
le ministère je comprends que vous vous préoccupez d'abord
de vos programmes ne devrait pas être un leader Ou tenter
d'accélérer les programmes de développement de la
recherche? C'est dans ce sens que, tout à l'heure, je parlais de la
coordination entre l'industrie et le ministère. Il me semble que le
ministère, quand même, doit avoir un rôle de leader
là- dedans, pour forcer l'industrie. Quand les industries ne font pas
d'argent, elles viennent pleurer et, quand elles ne viennent pas pleurer,
devant le ministre des Terres et Forêts, elles s'en vont pleurer devant
le premier ministre. C'est ce qu'elles ont fait, à un moment
donné, avec M. Drummond; comme cela ne fonctionnait pas, elles sont
allées pleurer devant le premier ministre. Comme on sait qu'elles vont
venir pleurer, au moins, il faudrait leur dire certaines choses. Avant de venir
pleurer, vous allez faire vos efforts et, en particulier, vos efforts dans le
domaine de la recherche, dans le domaine de la transformation comme telle.
Je comprends que votre responsabilité de recherche comme telle
soit limitée un peu à vos préoccupations, mais on doit
aller...
Comme je le soulignais l'autre jour, si on veut remplir le rôle
qui est alloué au ministère des Terres et Forêts, en vertu
de la loi 27, on doit aller plus loin que cela, si on veut rentabiliser la
forêt.
C'est inutile de faire des recherches sur le reboisement, sur la
sylviculture, sur l'utilisation de la forêt, si on a une industrie
vieillotte, avec des techniques dépassées, etc. On aura beau
essayer, justement, d'améliorer notre quantité de bois à
l'arbre, etc., si on a toujours des techniques vieillottes, c'est bien dommage,
mais on sera encore dépassé par les autres.
Alors, il me semble que le ministère devrait, peut-être par
son conseil de recherche, coordonner, etc., être leader non seulement au
ministère mais aussi jouer un rôle de leader auprès des
entreprises pour voir si elles en font de la recherche ou non. Si elles en
font, c'est dans quel sens, et si elles n'en font pas, elles devraient, avant
de venir quêter des subventions de part et d'autre, un peu s'en
préoccuper. La recherche se fait-elle chez la compagnie mère aux
Etats-Unis, ou y a-t-il de la recherche qui se fait ici au Québec?
M. Toupin: Je pense qu'il faut distinguer nettement entre ce dont
le député de Saguenay parle et ce dont a parlé
tantôt M. Dorion.
M. Lessard: Oui.
M. Toupin: La recherche, jusqu'à maintenant, a surtout
porté sur ce qu'on pourrait appeler le secteur primaire, la gestion
forestière, la sylviculture, les coupes, les insectes, etc., mais le
ministère des Terres et Forêts ne s'en était jamais
préoccupé tellement, dans le passé. C'était
relié à sa vocation historique. Il ne s'est jamais
préoccupé, dans le passé, de tout ce qu'on pourra appeler
le secteur de transformation, le secteur secondaire. Je ne suis pas certain non
plus que le ministère de l'Industrie et du Commerce ait accordé
à ce secteur secondaire toute l'importance qu'il méritait en
termes de recherche.
Je n'ai pas seulement l'impression, mais j'ai la conviction que tout le
secteur secondaire devra être discuté beaucoup plus en profondeur
avec les différents ministères impliqués. On parlait
tantôt de la politique foncière; le ministère des Terres et
Forêts n'arrivera pas à établir tout seul une politi-
que foncière; il va falloir que les autres ministères y
participent. Alors, il se fait de la recherche dans le domaine des pâtes
et papiers, il est évident qu'il s'en fait. Il y a des techniques
modernes qui sont mises en place. Au niveau de l'équipement, par
exemple, aujourd'hui on envoie quatre ou cinq personnes sur une machine, alors
qu'on en envoyait dix ou quinze, il y a huit, neuf ou dix ans. Alors, il y a
vraiment de la recherche qui se fait, mais le ministère des Terres et
Forêts n'a pas l'équipement pour cela.
D'ailleurs, l'option que le ministère des Terres et Forêts
est en train de prendre est celle de s'orienter maintenant vers le
secondaire.
M. Lessard: Le plus gros exportateur de papier journal au monde,
c'est le Québec.
M. Toupin: C'est un des gros exportateurs.
M. Lessard: C'est un des plus gros, mais va-t-on le rester
longtemps, si on ne fait rien?
M. Toupin: On devra arrêter, à un moment
donné, parce que la forêt a aussi des limites.
M. Lessard: Non, mais je veux dire arrêter, si on ne fait
rien pour développer notre...
M. Toupin: Je suis d'accord sur cela. Sur le principe, je ne
pense pas qu'on soit en désaccord. Il s'agit d'ouvrir une
parenthèse, comme me le disait le sous-ministre tantôt. Maintenant
qu'on a pas mal de recherches d'accumulées, quant à nous, au
niveau du primaire si on met de côté certains
problèmes particuliers, comme le problème de l'entreprise
je pense qu'il faut maintenant donner la poussée vers le secondaire.
M. Lessard: Si je me souviens bien, il y a des dates, dont on
avait parlé dans le livre blanc du ministère des Terres et
Forêts, qui se rapprochent, 1985, où on disait qu'on va manquer
d'essence, à un moment donné, pour...
M. Toupin: On en manque, parfois, dans certaines régions.
On doit, à l'intérieur même du Québec, importer des
essences.
M. Lessard: Dernière question, M. le Président,
avant qu'on ajourne à quinze heures, si le ministre est d'accord. Est-ce
que le projet de zonage forestier dont on avait parlé dans le livre
blanc va être intégré à l'intérieur de la loi
de zonage de l'ensemble des terres agricoles, et ainsi de suite, ou a-t-on
décidé de laisser tomber?
M. Toupin: Non, on n'a rien décidé de laisser
tomber dans ce secteur. Une loi a été déposée
jusqu'à maintenant, c'est celle de l'aménagement du territoire au
niveau des affaires municipales.
M. Lessard: Oui, je pense, oui.
M. Toupin: Si on réglait et le problème des
municipalités et le problème des terres arables, il s'agirait de
s'entendre après, nous, avec le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche sur ce qu'on va faire avec les terres qui doivent
aller vers la forêt. Il y a des terres en forêt qui doivent aller
vers le loisir, d'autres doivent aller vers la production de matières
ligneuses, d'autres vers la récréation, ou d'autres vers la
recherche. Il y a au moins un pas de fait et c'est la création des
réserves écologiques. Il y a quelques réserves de
créées. Il y a au moins un pas de fait là-dessus.
Quant au grand zonage forestier, c'est une discussion constante entre le
ministère des Terres et Forêts et le ministère de
l'Agriculture pour l'utilisation des terres. La politique foncière, je
vais en dire un mot.
M. Lessard: Je ne peux pas comprendre comment, quand on fait une
politique de zonage, on peut faire cela partiellement. D'un côté,
on va zoner terres agricoles; de l'autre, on va zoner les forêts; de
l'autre, on va zoner le tourisme; de l'autre, on va zoner autres choses. Il me
semble, quant au zonage des terres, qu'il y a des terres qui ne peuvent
être ni forestière, ni agricoles; il y a des terres, qui ne
peuvent être ni touristiques, ni forestières.
Quant à une politique de zonage là je sais qu'on
est en train de noyer le poisson et la loi sur le zonage agricole ne sera pas
présentée et, on s'en vient sur la loi municipale je ne
peux pas comprendre qu'on morcelle ainsi la loi du zonage. Il me semble qu'une
loi du zonage doit toucher... d'autant plus qu'on a l'inventaire canadien des
terres, on est capable de zoner les terres, des études ont
été faites, on a toutes les informations techniques à ce
sujet. La seule chose dont on a peur, semble-t-il, c'est la réaction de
l'opinion publique. Il me semble qu'il faut en arriver à un zonage de
l'ensemble des terres, quitte à faire des modifications et que cela
puisse se faire par l'intermédiaire de l'OPDQ, qu'il soit arbitre comme
cela se fait ailleurs. La même chose pour les parcs. On a une loi des
parcs qui n'est pas respectée, la Jacques-Cartier, on ne
s'étendra pas.
Mais c'est pour prouver que le zonage doit s'appliquer, en
général. Quand l'Hydro-Québec décide de passer ses
lignes de transmission à travers des terres agricoles ou de passer
à travers des municipalités, on n'a rien à dire, on n'a
pas de zonage, on n'a rien. Quand une compagnie décide de faire de
l'exploitation forestière en plein parc qui a été
consacré par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, on ne dit pas un mot, on n'a pas de loi pour protéger cela,
excepté les quelques réserves écologiques qu'on a faites
en 1973, je pense, avant les élections. C'est assez vieux.
En tout cas, mon idée, c'est qu'une loi de zonage couvre
l'ensemble des territoires. On ne zone pas partiellement, on ne morcelle pas un
territoire.
M. Toupin: II ne faut pas non plus simplifier les
problèmes.
M. Lessard: Je le sais, je ne simplifie pas, je sais que c'est
complexe.
M. Toupin: Il faut les voir dans le contexte réel.
M. Lessard: Mais ce n'est pas une réponse, ne pas
simplifier les problèmes.
M. Toupin: Je n'ai pas donné ma réponse non
plus.
M. Lessard: Oui. Dans le sens que, quand j'étais au
ministère des Richesses naturelles, chaque fois qu'on parlait d'un
problème, d'essayer de parler de politique de l'amiante ou de politique
des richesses naturelles, le ministre disait: II ne faut pas simplifier les
problèmes. Bien, si les problèmes sont trop complexes pour les
ministres actuels, qu'ils prennent une autre place.
M. Toupin: Ou bien s'ils sont trop simples pour les gens de
l'Opposition, on va changer d'Opposition.
Alors, le problème du zonage, relativement au principe, on est
toujours d'accord. Ce n'est jamais un problème de s'entendre sur un
principe. Le problème que cela pose, c'est de voir comment on va
réaliser, dans des programmes concrets, l'application d'un principe.
C'est le problème que cela pose.
Il y a des étapes à franchir là-dedans. Il y a des
étapes qui se franchissent au niveau des Terres et Forêts. Je ne
parlerai pas du reste, ce n'est pas mon boulot maintenant, mais je vais m'en
tenir aux Terres et Forêts.
On a commencé, déjà, avec l'Agriculture, à
s'entendre. Je pense que c'était une première étape. Tous
les lots sous billet de location qui sont sous la responsabilité du
ministère de l'Agriculture et qui ne sont pas aptes à
l'agriculture, au fond tout ce qui est zoné E en matière de
production agricole, si ce qui n'est pas productif, si ce qui n'est pas
rentable actuellement sur le plan agricole, on s'est entendu avec le
ministère de l'Agriculture pour que ces lots soient remis aux Terres et
Forêts et que nous, on les introduise dans nos programmes de
reforestation, d'aménagement de la forêt, etc.
C'est déjà un zonage qui n'implique pas la di-cision d'une
ligne arrêtée mais qui implique quand même l'utilisation
plus rationnelle de la ressource. C'est ce que cela veut dire. Est-ce qu'on
doit pousser plus loin, pour le moment, le zonage forestier? Je ne le sais pas
tellement encore. On va d'abord essayer de régler le problème des
parcs. On pourra régler, par la suite, le problème des espaces
réservés pour la récréation.
Quand on pense à toute la région du nord de
Montréal en matière de forêt, on peut, par pure
hypothèse, soutenir qu'en 1985, on ne pourra plus couper de bois dans le
nord de Montréal parce que les gens vont vouloir aller en forêt.
Tout le problème du zonage et de l'utilisation de la forêt va se
poser sous un autre forme. Quand les gens vont envahir la forêt par
milliers, par centaines, en fin de semaine, il va falloir avoir d'autres
techniques d'exploitation de la forêt, il va falloir avoir d'autres types
d'inspecteurs, il va falloir avoir d'autres façons de gérer et
d'administrer la forêt.
On n'est pas rendu là. On en discute actuellement mais au moins,
on a une première décision de prise entre l'Agriculture et les
Terres et Forêts. Il y a une autre décision qui est en train de se
prendre entre le Tourisme, Chasse et Pêche et les Terres et Forêts.
C'est la décision des parcs: parcs de récréation, parcs de
conservation. Je ne sais pas si le projet de loi a été
déposé. Il a été déposé, je pense, le
projet de loi sur les parcs. Alors, vous le connaissez: parcs de
récréation, parcs de conservation. Il s'agira de savoir ce qu'est
un parc de récréation et ce qu'est un parc de conservation.
Va-t-on exploiter dans l'un ou l'autre, ou non, etc.? Cela se discute,
actuellement, entre les deux ministères.
Là, je pense qu'on aura franchi une autre étape dans le
domaine du zonage. Il s'agira probablement, en dernier lieu, de
déterminer ce qu'on aura comme terres agricoles au Québec et
qu'est-ce qui restera pour l'agriculture.
M. Lessard: ...qu'on se demande qu'est-ce qui nous reste comme
terres agricoles au Québec.
M. Toupin: Non, je pense que cela, on le sait.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Elément 1,
adopté?
M. Lessard: Adopté, M. le Président, avec la
réserve que si mon collègue de Chicoutimi veut venir discuter de
l'Abitibi Paper et de la Price, le ministre acceptera. Je pense qu'il n'y aura
pas de problème.
M. Toupin: A la condition que le député de Saguenay
accepte que le député de Chicoutimi ne rediscute pas des
mêmes choses que lui.
M. Lessard: Non, non. M. Toupin: D'accord.
Le Président (M. Houde, Limoilou): La commission suspend
ses travaux jusqu'à cet après-midi, vers quatre heures, à
la suite de la période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 52)
Reprise de la séance à 17 h 10
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
La commission des richesses naturelles et des terres et forêts
continue l'étude des crédits du ministère des Terres et
Forêts. Programme 1, élément 2.
Le député de Saguenay.
Inventaire de base
M. Lessard: A l'inventaire de base, une somme de $4 096 400 est
prévue. Dans quelles régions ces programmes se font-ils
particulièrement?
M. Toupin: Si vous me le permettez, M. Gaston Germain, directeur
du service de l'inventaire, pourrait répondre à ces
questions.
M. Lessard: Parfait.
M. Toupin: Pour autant que l'inventaire du programme
décennal forestier est concerné, il y a quatre zones qui sont
touchées pour l'année 1976; ce sont la zone de la
Gaspésie, la zone qu'on appelle Pipmaukin, qui est le nord de la
rivière Saguenay, la zone Mont-Tremblant, qui est également le
nord de Montréal, et la zone Bas-Saint-Maurice, qui est le bassin
inférieur de la rivière Saint-Maurice.
M. Lessard: En fait, vous reprenez vos inventaires à peu
près tous les dix ans.
M. Toupin: C'est exact.
M. Lessard: Autrement dit, après dix ans, un inventaire
n'est plus bon.
M. Toupin: On fait une certaine mise à jour nouvelle,
à l'aide de photographies des coupes faites annuellement, mais quand
même, après dix ans, on calcule qu'il y a eu trop de modifications
dans la forêt pour pouvoir vraiment repartir avec un nouveau plan
d'aménagement, sur une nouvelle base de gestion, à l'aide de ces
données. On est en train actuellement quand même de prévoir
le faire plus longtemps à l'aide de l'échantillon permanent,
remesurable tous les cinq ou dix ans, à l'aide duquel on pense pouvoir
remettre à jour les données antérieures, peut-être
pour une période supérieure à dix ans. Autant dire qu'on
vit avec tant qu'on sera capable de le dire.
M. Lessard: Normalement, dans les circonstances actuelles, par
exemple, un inventaire qui aurait été fait en 1966 ne serait plus
valable aujourd'hui, en 1976.
M. Toupin: Cela dépend aussi des perturbations qui ont pu
arriver. Sur tel territoire, si une forêt naturelle n'a pas
été perturbée énormément, le pourcentage de
précision n'est plus celui qui avait été calculé au
départ. Habituellement, le niveau de précision avec lequel on
procède est de plus ou moins 5%. C'est peut-être rendu à
10%, c'est difficile à évaluer. Cela dépend des
circonstances.
M. Lessard: Adopté, M. le Président. Comment les
montants vont-ils se répartir? Je l'ai ici, vous avez à Services:
$2 394 400. Je constate qu'à peu près 50% du montant de $4 096
400 sont sous forme de services; il s'agit probablement de services
extérieurs au ministère. Il s'agit d'honoraires que nous devons
verser à des firmes qui font l'inventaire. Ce n'est pas le
ministère, ce ne sont pas les employés du ministère des
Terres et Forêts qui font l'inventaire. On confie ces inventaires
à des firmes privées, spécialisées?
M. Toupin: Effectivement, pour les inventaires forestiers, la
moitié environ des travaux sont faits par les concessionnaires encore
existants, à leurs frais, suivant la cédule et les normes et sous
le contrôle du ministère. L'autre moitié environ des
territoires publics non concédés et les forêts
privées sont échantillonnés et inventoriés à
même le budget du ministère des Terres et Forêts, dont
environ 50% du budget vont en services professionnels. Le ministère
garde surtout la coordination et le contrôle de ces données, pour
vérification.
M. Lessard: J'adresse ma question au ministre. Je constate que
les traitements, qui correspondent à $1 300 000 approximativement,
à $1 231 700 correspondent à peu près à 30% des $4
096 400. Par ailleurs, je constate que plus de 50% du montant de $4 096 400
sont dépensés sous forme de services, soit sous forme
d'honoraires. Ceci veut dire que 80% de l'argent, des montants prévus
qui forment les $4 096 400, plus de 80% sont sous forme de salaires, soit sous
forme de services qui sont loués à des entreprises.
(Suspension de la séance à 17 h 15)
Reprise de la séance à 17 h 20
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Lorsque l'enregistrement a fait défaut, le ministre
répondait à une question. Alors, je lui demanderais de
répéter sa réponse.
M. Toupin: La question qui m'était posée par le
député de Saguenay était de savoir comment il se fait
qu'au niveau des traitements on retrouvait seulement $1 231 000 sur $4 000 000,
alors qu'au niveau des services contractuels on retrouvait $2 394 000, ce qui
représente au chapitre de l'inventaire forestier la très grosse
partie du budget au niveau des services contractuels.
C'est un fait. Au chapitre de l'inventaire, le travail est surtout fait
par des firmes privées et il y en a plusieurs qui y travaillent. Au
chapitre des traitements, on fait très peu d'inventaires, on fait
surtout de l'aménagement, on prépare également les
programmes d'inventaire et on fait faire l'inventaire surtout par des firmes
privées.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Elément 2.
Adopté?
M. Lessard: Vous préparez des inventaires. Je ne mets pas
en doute la compétence, mais la question que je me pose est la suivante:
58% du budget au niveau des inventaires sont utilisés pour faire les
inventaires comme tels, c'est-à-dire pour confier des contrats à
des firmes spécialisées. Cela correspond, véritablement,
au programme, à savoir: inventaire de base.
Par ailleurs, 30% du budget est utilisé sous forme de personnel,
soit 102 personnes, ce qui veut dire que 88% du budget passe, à un
certain moment, sous forme de contrats qu'on donne à l'entreprise
privée.
La question que je posais et sur laquelle je voudrais une certaine
élaboration est la suivante: Comment se fait-il qu'on doive utiliser
autant de personnes pour faire de l'inventaire de base quand on confie à
l'entreprise privée la grande partie des inventaires de base?
M. Toupin: Les inventaires sont faits par les firmes
privées. La préparation des inventaires est faite par les
fonctionnaires, c'est-à-dire les programmes d'inventaire, où on
va faire l'inventaire, sur quel territoire on va le faire, quels sont les
échantillonnages qu'on va prendre, etc, cela est préparé
par le ministère.
Le ministère prépare également la programmation, ce
qu'on pourrait appeler les devis, évidemment, comme partout ailleurs,
là où l'on donne des contrats. Une fois que le travail est fait,
il faut faire un certain nombre de calculs; pendant le travail, il faut exercer
un certain contrôle et il faut, par la suite, bien sûr, faire un
minimum de vérifications.
Les employés du ministère, à ce chapitre,
conservent surtout leur temps pour ces différents travaux et laissent
les inventaires de base au secteur privé, ou à peu près,
dans les grandes lignes.
M. Lessard: J'aimerais savoir, M. le Président, comme
dernière question à cet élément, comment se
répartit la ventilation du $2 394 400.
M. Toupin: Au fond, là ce que... la répartition, il
s'agit de savoir quelles sont les firmes qui ont eu des contrats etc. et ce
qu'on a, c'est donné.
M. Lessard: A moins qu'on accepte de déposer le
document.
M. Toupin: Alors, dans les firmes, il y a à peu
près douze firmes, une douzaine de firmes, environ.
M. Lessard: J'aimerais avoir le nom et les montants qui sont
prévus.
M. Toupin: Pour les années, pour l'an passé, disons
que c'est possible, pour cette année, c'est encore a venir, alors, c'est
non déterminé encore.
M. Lessard: C'est non déterminé.
M. Toupin: Pour 1975/76, par contre... Les contrats ne sont pas
tous signés avec les firmes privées. Je pense que 90% des firmes
qui sont là vont se retrouver. Il n'y a pas d'inconvénient
à ce que le jugement soit déposé.
M. Lessard: J'avais déjà indiqué à
l'ancien ministre des Terres et Forêts que, si nous avions et une
année, je pense que je l'avais eu le document qui donne la
ventilation, justement, de tous les crédits, cela pourrait aller
beaucoup plus vite. Mais, en autant... Il n'y a pas de problème, M. le
Président, j'accepte qu'il soit déposé, pour qu'on fasse
une...
M. Toupin: Parfait.
M. Lessard: Alors, adopté, M. le Président.
Amélioration de la forêt
Reboisement
Le Président (M. Houde, Limoilou): Elément 2
adopté. Programme 2: Amélioration de la forêt;
élément 1, reboisement.
M. Lessard: Je voudrais encore parler un peu de chiffres ici.
D'abord, parler de chiffres avant de parler des programmes comme tels.
J'aimerais qu'on me donne des explications, en ce qui concerne les traitements,
cela va. Par exemple, les traitements correspondent à
l'élément 1, dans reboisement, les traitements correspondent
à 30% du montant total qui est prévu pour le reboisement. Autres
rémunérations, c'est quoi? Est-ce que ce sont encore des contrats
qu'on donne à des entreprises privées?
M. Toupin: Ce sont des employés occasionnels.
M. Lessard: Autrement dit, ici, en ce qui concerne le
reboisement, c'est fait en régie. D'accord. A l'élément 2,
je parle strictement, quitte, par la suite, à savoir le programme...
D'accord, on peut régler l'élément 1 et revenir
à l'élément 2 tout à l'heure. Quelle est la
répartition, en ce qui concerne le reboisement, entre... Est-ce que tous
ces montants ou ces programmes vont se faire dans les forêts publiques ou
si un certain nombre va se faire dans les forêts privées? Comment
se répartissent, en fait, les montants entre la forêt publique et
la forêt privée?
M. Toupin: Rénald Hawey du service de la restauration.
En ce qui concerne les travaux qui se font dans la forêt
privée, il y a environ vingt millions de plants qui seront
reboisés dans la forêt privée comparativement à onze
millions dans la forêt publique.
M. Lessard: Alors, vingt millions, forêt privée, et
onze millions, forêt publique. C'est ce qui est prévu pour
l'année 1976/77.
M. Toupin: Cela peut augmenter dans la forêt
privée.
M. Lessard: Quand vous parlez de forêt privée, quand
vous parlez de forêt publique, est-ce que cela comprend des forêts
où certaines compagnies forestières ont des concessions?
M. Toupin: Oui. Ce sont toutes les forêts publiques qui
peuvent être reboisées.
M. Lessard: Toutes les forêts publiques. Mais est-ce que,
dans les programmes de 1976/77, il y a certaines forêts publiques
où il va y avoir des programmes de reboisement et où il y a en
même temps, par exemple, une compagnie qui fait affaires ou
possède une concession forestière?
M. Toupin: Je pense que la majorité des travaux qui se
font actuellement, ce sont à des endroits où il y a des
concessions. Il y en a sur des terrains vacants aussi.
M. Lessard: La question que je pose maintenant au ministre est
celle-ci: Est-ce que la compagnie comme telle, qui a obtenu une concession
forestière et qui devrait avoir la responsabilité d'en conserver
les essences ou d'en permettre la régénération, a des
responsabilités en ce qui concerne le reboisement ou est-ce que c'est
exclusivement le gouvernement qui a cette responsabilité?
Plus précisément, la compagnie participe-telle à
ces programmes de reboisement sous forme de montants d'argent?
M. Toupin: Evidemment, je n'ai pas eu l'occasion de me mettre le
nez, si je peux m'exprimer ainsi, dans tous les programmes, mais, si ma
mémoire est fidèle, dans les discussions qu'on a eues,
jusqu'à maintenant, certaines compagnies, dans le cadre de projets
spéciaux, ont contribué, si ma mémoire est bonne.
Dans l'avenir, on prévoit, notamment au chapitre des programmes
d'approvisionnement à long terme, de faire participer sous une forme ou
sous une autre les compagnies au reboisement, soit la préparation du
terrain, soit en payant le ministère, une redevance minimale pour que le
ministère fasse faire des travaux, mais il est dans la politique
arrêtée du ministère de faire participer
concrètement les entreprises de façon plus intense par rapport
aux années passées au reboisement des forêts publiques.
M. Lessard: II ne faudrait pas que ce soit en- tièrement
la responsabilité de l'Etat de reboiser à la place de la
compagnie. Je pense bien que dans les pays nordiques, particulièrement
en Suède, les compagnies ont cette responsabilité, en Suisse
aussi; si tu coupes un arbre, tu en replantes un.
M. Toupin: II y a des programmes différents selon les
pays, dans presque tous les pays, quant aux forêts publiques. Quant aux
forêts privées, évidemment, les compagnies qui les
possèdent sont appelées, elles aussi, à faire du
reboisement. Mais, quant aux terres publiques, là où il y en a,
il y a des efforts qui se font et le ministère des Terres et
Forêts, par le passé, comme je le disais tantôt, faisait
participer les compagnies dans le cadre de projets spéciaux.
Dans l'avenir, notamment lorsqu'on signe des contrats
d'approvisionnement à long terme, on exige une participation de la
compagnie qui peut se manifester sous des formes différentes. Cela peut
être la préparation du terrain, cela peut être la plantation
comme telle; s'il n'y a de participation ni à une activité ni
à une autre, on peut fixer, dans des contrats à long terme
d'approvisionnement, des redevances particulières, comme on le fait pour
les chemins, par exemple.
M. Lessard: En ce qui concerne la forêt privée, vous
parlez de 20 millions de plants. Pourriez-vous m'indiquer à quelle
superficie ça peut correspondre?
M. Toupin: A quelle superficie ça peut correspondre? A peu
près 20 000 acres.
M. Lessard: 20 000 acres.
M. Toupin: Morcelées.
M. Lessard: Oui, d'accord. C'est justement, j'y arrive.
J'aimerais savoir dans quelles régions se répartissent... Parce
que, quand il s'agit de la forêt privée, je pense que vous
cédez les plants. Vous donnez les plans gratuitement et ils
appartiennent aux individus.
Cela veut donc dire que cela ne couvre pas, quand on parle du
reboisement, la sylviculture. Ce programme ne couvre pas la sylviculture qui
peut être faite, par exemple, par les sociétés
d'exploitation des ressources de l'Est du Québec, etc. Ce sont
strictement les plants que vous donnez chaque année, quand vous annoncez
les plants de reboisement.
M. Toupin: Ensuite, le ministère prête les
plan-teuses aux reboiseurs privés.
M. Lessard: Vous donnez cela à des gens qui peuvent faire
de l'exploitation ou de la coupe forestière. Vous ne donnez pas cela
à n'importe qui, maintenant, vous ne le donnez plus à des gens
qui veulent se faire des parterres?
M. Toupin: Non, pas du tout.
M. Lessard: Quelles sont les conditions que vous exigez?
M. Toupin: II faut que ce soit une propriété de
trois acres au minimum, donc, mille acres pour reboiser, c'est-à-dire un
acre pour reboiser, non pas mille acres.
M. Lessard: Adopté, M. le Président,
élément 1.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Elément 1,
adopté. Elément 2: Travaux sylvicole.
Travaux sylvicoles
M. Lessard: A l'élément 2, M. le Président,
j'aurais encore une explication à demander. Travaux sylvicoles. Il y a
67 personnes qui travaillent pour le ministère, aux travaux sylvicoles
et ce, à ce que je constate pour une somme de $749 200.
Je constate que cela correspond à 65% du budget prévu,
soit $1 146 000. Pourriez-vous me dire ce qui reste comme travaux
sylvicoles?
M. Toupin: Où est-ce qu'on fait ces travaux sylvicoles? Si
on parle du budget de cette année, il faudrait le comparer avec celui de
l'an dernier pour avoir une bonne explication.
Les travaux sylvicoles qui sont prévus cette année sont
dans les Appalaches, dans la forêt de Laure, dans la région de
Trois-Rivières et ensuite, à Guyenne. Il y en aura probablement
aussi à Roberval. Les travaux sylvicoles, cette année, vont
être financés en grande partie par REXFOR, par le revenu de la
vente des bois qui a été faite dans les années
passées et par des réserves que REXFOR a faites sur le revenu de
la vente des bois des années passées.
M. Lessard: C'est au programme de REXFOR que nous pourrions
étudier les travaux sylvicoles? Cela rejoint la question que je posais
ce matin. Comment voulez-vous qu'on discute des politiques
ministérielles ou des politiques gouvernementales, des politiques du
ministère des Terres et Forêts, quand vous les divisez: une partie
de budget d'un bord, une partie de budget de l'autre?
Si je me fie à votre budget, vous avez $749 200 en traitements et
il y a $1 146 800 comme budget total. Il vous resterait $397 300 pour les
travaux sylvicoles.
M. Toupin: Oui, mais il y a d'autres dépenses qui sont
dans d'autres éléments. Je pense à la sylviculture...
M. Lessard: Si je compte cela, il ne vous reste plus rien?
M. Toupin: Non, cela, c'est de conclure trop vite.
M. Lessard: Oui? Vous n'avez qu'à compter.
M. Toupin: C'est qu'il y a d'autres programmes où on va
retrouver des dépenses qui sont reliées à la sylviculture,
par exemple, toute la question des expertises et les pépinières
elles ne sont pas comprises là-dedans, je pense où
on fait tout le travail préliminaire, la plantation, etc. Il y a le
personnel qui travaille dans les régions qui est compris aussi dans cet
élément de programme. Tout le personnel des régions y est
inclus. Il y a REXFOR qui le fait.
M. Lessard: En fait, c'est strictement je viens de le
constater ce montant de $1 146 800, pour les besoins internes du
ministère. Il n'y a absolument pas de travaux sylvicoles comme tels,
c'est-à-dire de travail comme tel.
Si je prends les $749 200 et que je les ajoute aux autres, les $397 000,
je viens de les trouver, c'est pour les autres articles: les
rémunérations, les communications, les services, l'entretien, les
loyers, les fournitures et les autres dépenses.
Autrement dit, dans votre budget du ministère, actuellement,
à l'élément 2, quand je parle de travaux, je parle de
faire de la sylviculture, je ne parle pas du personnel technique et ainsi de
suite, les $1 146 800 sont strictement pour le personnel du ministère.
Il n'y a aucun travail sylvicole qui est prévu dans ces $1 146 000.
M. Toupin: Très peu.
M. Lessard: Pas très peu, il n'y en a pas.
M. Toupin: II y en a à peu près pour $150 000.
Très peu.
M. Lessard: A quelle place les trouvez-vous?
M. Toupin: Dans les services contractuels catégorie 4.
M. Lessard: Services, d'accord, $170 000.
M. Toupin: Le reste est fait par REXFOR. Il n'y a pas de
compagnies aussi dans le cadre d'ententes spéciales qui font ces travaux
sylvicoles? Non. Mais, dans le domaine de la forêt privée, il se
fait des travaux sylvicoles, au niveau des groupements.
Il faut dire aussi que le personnel, dans les régions où
on s'occupe de travaux sylvicoles, s'occupe aussi de préparer les
travaux sylvicoles pour les forêts privées.
M. Lessard: Quand vous nous parlez ici du personnel pour les
régions, il est compris dans votre budget pour les régions. Les
travaux sylvicoles, dans votre budget, à personnel, cela comprend le
personnel des régions aussi.
M. Toupin: Pourquoi pas?
M. Lessard: Je comprends très bien. Il faudrait avoir
REXFOR pour savoir à quel place c'est compris. Vous pouvez me le dire,
en tout cas.
M. Toupin: Ce n'est pas beaucoup. Dans les travaux
sylvicoles...
M. Lessard: Qu'est-ce que prévoit REXFOR et où,
comme travaux sylvicoles et pour quel montant?
M. Toupin: On a parlé tantôt des Appalaches, de la
Mauricie.
M. Lessard: La même chose que l'an passé. M.
Toupin: Oui.
M. Lessard: On continue le programme de l'an dernier.
M. Toupin: On a parlé tantôt de Guyenne, je pense,
en Abitibi. C'est environ $100 000 à Guyenne.
Ensuite, dans la forêt de Laure, on a Trois-Rivières; il
est prévu à peu près 10 000 cunits en coupe
sélective et en coupe par bande.
M. Lessard: Quel est le montant qui est prévu, qui devrait
normalement ou qu'on prévoit dépenser cette année comme
travaux sylvicoles dans le Québec et dont les travaux seraient faits par
REXFOR?
M. Toupin: Cela devrait tourner aux alentours de $4 millions.
M. Lessard: Ceci s'autofinance, en fait, par la vente du
bois.
M. Toupin: Dans les grandes lignes, ce que le ministère
fait surtout ici, c'est la préparation des programmes, la
préparation des plans, etc. Disons donc que cela s'apparente très
largement à l'inventaire de base, cela s'apparente pas mal à
cela. C'est que le ministère se limite dans ce domaine surtout à
préparer des plans. On fait faire le travail par des organismes
extérieurs.
M. Lessard: Bon, on constate que la cloche nous appelle
que le budget est diminué de 50% par rapport à celui de
1975/76, un peu plus de 50%. Comme cela ne comprend pas les travaux sylvicoles,
en fait, qu'on prévoit dans l'Est du Québec, est-ce que cela va
réduire considérablement... Plus de 50%, à peu près
49%, si vous voulez. Où s'attend-on de réduire par rapport au
programme de l'an dernier?
M. Toupin: Je pense que c'est tout le travail qu'on faisait faire
l'été par les étudiants qui va en souffrir le plus.
M. Lessard: Donc, cette année, on ne prévoit pas de
programme comme celui de l'an dernier, en collaboration avec les compagnies,
pour les étudiants? Réduction de 49%.
M. Toupin: Non.
M. Lessard: Réduction de 49%.
M. Toupin: Oui, il avait été critiqué, de
toute façon, ce programme, l'an passé.
M. Lessard: Non, il avait été critiqué, en
fait, sur la façon dont les étudiants étaient
engagés.
M. Toupin: Ah bon! On a mal compris.
M. Lessard: II n'avait pas été critiqué
comme programme comme tel, mais cependant, on l'avait critiqué dans le
sens qu'on voulait que les compagnies participent et paient ces
étudiants.
M. Toupin: On l'a conclu. Cette année, les deux coupures
les plus fortes ont été faites, d'une part, au chapitre de
l'arrosage, mais on est parvenu à maintenir le même rythme
à cause des inventaires, et l'autre programme qui a été
coupé concerne les travaux sylvicoles.
On a donné plutôt priorité à la forêt
privée, à la gestion et aux autres éléments.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Elément 2.
Adopté?
M. Lessard: Je l'adopte avec réserve, parce que je pense
bien qu'il aurait été normal, étant donné que ces
travaux sylvicoles sont faits par REXFOR, que nous puissions interroger les
représentants de REXFOR.
Comme le ministre nous l'a dit, espérons qu'à un certain
moment, nous pourrons les rencontrer un jour ou l'autre et qu'on pourra leur
poser des questions.
Je pense bien que c'est...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Puisqu'il y a un vote
en Chambre, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 42)