Journal des débats de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
jeudi 12 septembre 2024
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Vol. 47 N° 1
Consultations particulières et auditions publiques sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes
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Intervenants par tranches d'heure
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Dionne, Amélie
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Tremblay, Suzanne
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Ciccone, Enrico
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Leduc, Alexandre
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Leduc, Alexandre
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Dionne, Amélie
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Bérubé, Pascal
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Gendron, Marie-Belle
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Cadet, Madwa-Nika
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Prass, Elisabeth
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Sainte-Croix, Stéphane
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Gagnon, Yannick
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Dionne, Amélie
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Bogemans, Audrey
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Tremblay, Suzanne
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Ciccone, Enrico
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Leduc, Alexandre
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Leduc, Alexandre
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Dionne, Amélie
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Cadet, Madwa-Nika
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Gagnon, Yannick
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Prass, Elisabeth
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St-Louis, François
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St-Louis, François
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Dionne, Amélie
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Sainte-Croix, Stéphane
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Ciccone, Enrico
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Cadet, Madwa-Nika
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Dionne, Amélie
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Prass, Elisabeth
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Ciccone, Enrico
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Tremblay, Suzanne
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Tremblay, Suzanne
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Dionne, Amélie
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Leduc, Alexandre
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Prass, Elisabeth
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Cadet, Madwa-Nika
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente-huit minutes)
La Présidente (Mme Dionne) : Alors,
bonjour à tous et à toutes. Ayant constaté le quorum, je déclare la Commission
spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux chez les jeunes
ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toute personne dans la...
salle, pardon, de fermer son cellulaire. Merci beaucoup.
Alors, la commission spéciale est réunie
afin de procéder aux consultations particulières et aux auditions publiques sur
les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement
de nos jeunes.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Non, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : D'accord.
Comme la séance a débuté un peu plus tard, y a-t-il consentement pour poursuive
nos travaux au-delà de l'heure prévue, soit vers 12 h 15, 12 h 20?
Des voix : Consentement.
Auditions
La Présidente (Mme Dionne) : Consentement.
Donc, je souhaite la bienvenue à ceux et celles qui casseront la glace avec
nous pour ces travaux, donc la Fédération des comités de parents du Québec. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour nous faire votre...
exposé, pardon, et, par la suite, nous allons procéder à la période d'échange
avec l'ensemble des membres de la commission. Donc, je vous cède la parole,
vous pouvez commencer avec une présentation pour chaque.
Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ)
Mme Laviolette (Mélanie) :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour aux membres de la commission. Merci de nous
recevoir. Mon nom est Mélanie Laviolette, présidente de la Fédération des
comités de parents du Québec, parent bénévole depuis 12 ans maintenant,
impliquée dans les instances scolaires. Je suis accompagnée de Jérôme Maltais, vice-président
de la fédération, qui est un membre parent bénévole depuis 14 ans
maintenant, de Corinne Payne, directrice générale de la fédération, et de
Stéphanie Rochon, directrice des communications et des affaires publiques.
• (11 h 40) •
Depuis 50 ans, notre fédération a
pour mission de promouvoir et de défendre les droits et les intérêts des
parents et des élèves qui fréquentent l'école publique québécoise. La FCPQ
soutient ses membres, soit les comités de parents de 90 % des centres de
services scolaires. Des milliers de parents québécois s'impliquent dans les <instances...
Mme Laviolette (Mélanie) :
...des
centres de services scolaires. Des milliers de parents québécois s'impliquent
dans les >instances de participation du milieu scolaire telles que le
comité de parents, les conseils d'établissement, le comité consultatif des
services aux élèves ayant des besoins particuliers, et ce, dans un seul but :
favoriser la réussite des élèves.
D'entrée de jeu, je tiens à vous remercier
d'avoir créé cette commission de façon transpartisane et d'avoir l'intention
d'aller visiter des écoles dans plusieurs régions pour parler aux jeunes.
L'impact des écrans et des réseaux sociaux est un sujet qui intéresse
grandement les parents et qui les inquiète à la fois.
Avant la pandémie de COVID-19, on parlait
peu des écrans, à la fédération, et on y pensait relativement peu en tant que
parents également. En mai 2020, plus de 43 000 parents ont participé
à un sondage en ligne de la fédération. La plupart sont préoccupés par le peu
d'encadrement qu'ils sont en mesure d'offrir à leurs enfants dans un contexte
d'enseignement à la maison, ne se sentent pas suffisamment outillés pour
comprendre et gérer les outils nécessaires à cet apprentissage.
À partir de 2021, les parents nous font
part de leurs préoccupations concernant le temps d'écran. Les parents ont
identifié le temps d'écran comme leur principal défi en 2021, 2022, 2023
également dans un sondage réalisé avec la firme Léger pour la FCPQ.
Encore une fois, en janvier 2024,
dans une commission nationale réalisée avec l'Association des comités de
parents anglophones du Québec et Dre Mélissa Généreux, les résultats de
cette enquête démontrent que les jeunes qui passent quatre heures et plus par
jour sur leurs écrans sont deux fois plus enclins à avoir une faible qualité de
vie.
Nous partageons aujourd'hui les constats
et les conclusions des parents tirés des enquêtes déployées à l'échelle
provinciale et des ateliers réalisés à notre conseil général, où siègent des
parents délégués de toutes les régions du Québec. Nous sommes... nous nous
sommes concentrés sur les sujets qui sont dans notre sphère d'action, comme les
décisions prises dans les milieux scolaires, selon notre expérience de parents
engagés.
Vous recevrez plusieurs scientifiques et
experts ici au cours des prochaines semaines, et c'est extrêmement important
car nous entendons de nombreuses opinions concernant les impacts des écrans et
des réseaux sociaux dans l'espace public et dans les médias, et il est parfois
difficile de différencier le vrai du raccourci. Nous nous fions au consensus
scientifique, lorsqu'il existe, et nous nous attendons à ce que les
recommandations formulées à la suite de la commission soient basées sur la
science et soient prises dans le meilleur intérêt des enfants.
D'abord, les parents veulent faire partie
de la solution. Les parents ne veulent pas seulement être informés lorsque la
décision est prise. Ils ne veulent pas être considérés comme des problèmes à
régler. On veut être impliqués. On veut travailler ensemble pour trouver des
mesures qui fonctionnent et qui seront utiles pour aider nos enfants et pour
les protéger des personnes qui leur veulent du mal, mais également des
mégacompagnies qui les voient seulement comme des numéros.
On a beaucoup parlé dans la dernière année
de la responsabilisation des parents, que ce soit par rapport à la discipline,
à la prévention de la violence et de l'intimidation, même des lunchs. Eh bien,
quand les parents sont les bienvenus, sont inclus et sollicités pour collaborer
et prendre des décisions, sont traités en participants et non en spectateurs,
l'adhésion et l'appropriation du projet sont facilitées. C'est vrai pour les
parents, c'est tout aussi vrai pour les jeunes.
Quand on prend le temps de consulter les
parents, on apprend que des jeunes ayant des besoins particuliers ou des enjeux
de santé se sentent stigmatisés parce qu'ils peuvent utiliser leur ordinateur
pour faire des travaux ou garder leur cellulaire ou leur montre pour suivre
leur glycémie ou la pulsation cardiaque, alors que les autres jeunes n'ont pas
droit d'avoir accès à ces outils. C'est un problème à ne pas prendre à la
légère quand une élève pense laisser sa montre cardiaque dans son casier pour
ne pas être pointée du doigt.
Mais parlons d'initiatives ayant eu la
contribution des parents. Une école a décidé, en collaboration avec son conseil
d'établissement, d'interdire les cellulaires sur deux étages, mais de le
permettre sur le premier. Une autre école secondaire a interdit les cellulaires
dans l'école pour les élèves de premier cycle, mais un téléphone en
libre-service est disponible au secrétariat en cas de besoin. C'est un projet
qui a été mis en place parce que l'école a écouté les préoccupations mais
également les propositions des parents.
Le comité de parents des Bois-Francs a
exprimé sa préoccupation auprès de son centre de services scolaire concernant
l'utilisation des écrans récompenses. Cette préoccupation a mené à
l'élaboration d'un guide présentant des pistes d'action et des alternatives à
cette pratique. En conseil général, les délégués de la FCPQ avaient des
réactions partagées à la possibilité de recommander d'interdire les écrans
récompenses dans les écoles. Les discussions se sont plutôt orientées sur la
nécessité de les encadrer et éviter qu'ils soient utilisés de façon exagérée à
de nombreux endroits, selon les parents.
Les écrans récompenses devraient rester
exceptionnels. Les parents souhaitent privilégier d'autres activités lors des
loisirs, comme des activités sportives, artistiques ou des jeux de société. Le
guide du centre de services des Bois-Francs peut être une inspiration, mais
c'est <important...
Mme Laviolette (Mélanie) :
...de
services des Bois-Francs peut être une inspiration, mais c'est >important
de laisser chaque milieu jouer son rôle décisionnel.
M. Maltais (Jérôme) : Donc,
laisser chaque milieu jouer son rôle décisionnel et respecter la...
subsidiarité, excusez, c'est une recommandation que la fédération répète depuis
plusieurs années. Les décisions doivent être prises près des élèves parce que
chaque milieu a ses besoins et ses particularités. Les décisions ne devraient
pas être prises de façon mur à mur pour une école de 30 élèves en Gaspésie
et une polyvalente de 2 500 élèves sur l'île de Montréal, que ce soit
pour les écrans et les cellulaires ou pour la discipline et toute autre règle
de conduite.
Nous avons d'ailleurs une instance pour
prendre ces décisions : le conseil d'établissement. La Loi sur
l'instruction publique prévoit l'institution d'un conseil d'établissement dans
chaque école publique. Le conseil d'établissement est composé de parents, de
membres du personnel ainsi que des élèves pour les écoles secondaires. Il
détermine les grandes orientations de l'école et prend des décisions qui ont
des impacts directs sur la vie quotidienne des élèves. Il faut mieux connaître
et respecter son rôle.
De nombreux conseils d'établissement ont
déjà adopté des mesures encadrant les écrans et les cellulaires dans leurs
écoles, basées sur la réalité de leur milieu. Qu'est-ce qu'on leur communique
comme message, si on prend des décisions nationales qui annulent ces décisions
locales? Au-delà des décisions locales ou nationales, les parents privilégient
l'éducation plutôt que l'interdiction. Et, quand on dit éducation, ça ne veut
pas seulement dire à l'école, on parle de l'école, de la maison ainsi que de la
société en général.
Les parents sont les premiers éducateurs
de leurs enfants. Si vous êtes parents, vous le savez tous comme moi. Nous nous
devons d'être informés sur les questions d'éducation numérique pour pouvoir
être des modèles pour nos enfants. Mais les parents ne se sentent pas tous à
l'aise dans ce rôle.
Nous avons demandé aux parents s'ils se
sentaient suffisamment outillés pour discuter des différents enjeux avec leurs
enfants. Le top trois des sujets pour lesquels ils ne se sentent pas
suffisamment outillés sont : prévenir la cyberdépendance, protéger la vie
privée sur les plateformes numériques et encadrer l'utilisation des réseaux
sociaux.
Des parents nous ont dit : C'est
difficile de discuter, contrôler et encadrer quelque chose que je ne connais
pas, auquel je n'ai pas accès. Et même en tant que parent, je me sens
dépendante de la technologie et pressée de répondre. C'est un peu hypocrite de
dire aux enfants de rester loin des écrans.
La prévention, la formation, l'éducation
pour tous est de mise si nous souhaitons que nos enfants apprennent à utiliser
les outils numériques de façon saine et éthique. Nous avons d'ailleurs...
Excusez-moi...
La Présidente (Mme Dionne) : Juste...
Moins d'une minute.
M. Maltais (Jérôme) : Pas de
problème.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
M. Maltais (Jérôme) : J'y vais
assez vite. Il faut changer la culture et les discours. Ce qui se passe à
l'école entre 7 heures et 15 heures et ce qui se passe à la maison
entre 15 heures et 19 heures, ce n'est pas si différent. Il faut
arrêter de considérer l'école et la maison comme étant totalement séparées et
il faut que tous les adultes travaillent ensemble dans l'intérêt des enfants.
Mme Laviolette (Mélanie) : En
bref, voici nos quatre grandes conclusions. Les parents et les enfants doivent
faire partie de la solution, notamment en les consultant et en les impliquant
dans les décisions pour les milieux scolaires. En deux, le recours aux écrans
récompenses doit être encadré dans les écoles. En trois, les décisions
influençant la vie des élèves doivent respecter les besoins et les
particularités des milieux ainsi que les pouvoirs des conseils d'établissement.
Et, finalement, l'éducation et la sensibilisation aux écrans, aux réseaux
sociaux et leur utilisation saine et éthique doivent être privilégiées plutôt
que l'interdiction. Les écrans sont là pour rester, éduquons nos enfants et
éduquons-nous pour mieux apprendre à les utiliser de façon positive. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup pour ces échanges. Donc, nous disposons maintenant de 35 minutes
pour période d'échange, de questions. Je vous rappelle, c'est une commission
qui est transpartisane, donc, ce sera à la discrétion de la présidence. J'ai
déjà la députée de Hull qui m'avait signifié pouvoir poser une question, puis
on ira avec le député de Marquette, et ainsi de suite. Merci.
Alors, Mme la députée, la parole est à
vous.
• (11 h 50) •
Mme Tremblay : Bonjour.
Alors, je vous remercie d'être là. Vous êtes le premier groupe qu'on reçoit à
cette importante commission, puis je pense que c'est important de le <souligner...
Mme Tremblay :
...à
cette
importante
commission, puis
je pense que c'est
important
de le >souligner. Puis vous l'avez dit vous-même, vous avez un rôle
important, puis vous confiez aux écoles, chaque matin, vos jeunes, vos enfants
aux enseignants, aux enseignantes puis à l'ensemble du personnel de l'école. Ça
fait que d'être ici le premier groupe ce matin, je pense, c'est d'autant plus
important, et vous l'avez signifié, vous voulez collaborer dans tout le
processus qu'on met en place à l'heure actuelle.
Vous dites que, bon, c'est important de
privilégier l'éducation, la sensibilisation aux écrans, ça va aussi... Puis
vous connaissez très bien, hein, la mission de l'école québécoise, hein, qui
est d'instruire, socialiser, qualifier. Alors, et vous avez fait un important
travail de terrain. Et, quand on parle de sensibiliser les jeunes, les parents,
la société à tout ce rôle-là des écrans, puis on va aborder ça plus large...
différent, plus largement, moi, ce que j'aimerais savoir, les parents... Parce
qu'il faut qu'il y ait une cohésion, hein, entre l'école, les parents. Et vous
savez, on envoie beaucoup d'informations aux parents, vous êtes surchargés
d'informations : les politiques de l'école, le code de vie, là, bon, les
règlements, bon, peu importe. Moi, ce que j'aimerais savoir : Comment on
fait pour atteindre les parents, justement, parce que vous êtes des parents
impliqués? Il y a des parents qui sont plus extérieurs, tu sais, qui s'engagent
moins pour différentes raisons. Mais comment on peut travailler... C'est quoi,
vos solutions que vous proposez? Parce que vous êtes impliqués depuis longtemps,
pour justement, quand on prend des décisions... Puis on va prendre des...
peut-être, bon, on verra qu'est-ce qui va en ressortir au final, puis vous
voulez être impliqués là-dedans. Alors, comment on atteint ces parents-là,
faire ensemble que tout le monde... la meilleure façon, finalement, de
divulguer l'information aux parents, de les atteindre?
Et en second lieu, dans ma question,
j'aimerais savoir... Moi, ce que je comprends, c'est qu'on peut avoir des
grandes balises, mais vous voulez qu'on laisse le choix aux écoles, les
couleurs, les modalités, finalement, d'application. C'est ce que je comprends.
Merci.
Mme Laviolette (Mélanie) :
Merci. En fait, je crois que le meilleur moyen d'acquérir l'adhésion des
parents dans un projet comme celui-là, c'est de bien faire comprendre les
raisons derrière. Quand on fait juste dire : On ne peut pas, c'est un peu
comme avec nos enfants, on ne peut pas répondre juste : Parce que. Donc,
les parents ont besoin d'avoir les raisons qui motivent cette règle-là. Mieux
connaître les codes de vie, c'est important. Comme vous le disiez, en début d'année
scolaire, on reçoit une quantité astronomique d'informations, peut-être de
s'assurer que ça soit dans un envoi séparé ou un envoi différent, et pas dans
une dizaine de pièces jointes, là, qu'on peut avoir à l'intérieur d'un même
courriel. Je comprends que c'est plus de travail, mais c'est une bonne façon de
le distinguer.
On parlait des conseils d'établissement, les
parents siègent sur ces conseils d'établissement là. De promouvoir les
assemblées générales également auprès de l'ensemble des parents, on sait que la
participation est difficile, mais ça reste un bon moyen de faire passer
l'information, de faire comprendre ce qui se passe dans les milieux scolaires
de nos enfants et d'aller chercher cette adhésion-là également. Puis
rappelez-moi juste votre sous-question parce que je réfléchissais à la première.
En fait... Oui, allez-y.
Mme Tremblay : Oui, bien, c'était
en lien, là... Oui, c'est parce que j'ai dit beaucoup d'informations, mais
c'était en lien, ma sous-question, avec les... Vous voulez les grandes balises,
hein, tu sais, mettons, on prend des décisions collectives, là, mais moi, ce
que je comprends, puis vous l'avez dit, en Gaspésie versus une école de
Montréal de trois... Ça fait que moi, je veux bien comprendre votre rôle après,
comment... Vous voulez vous laisser des couleurs, finalement, des modalités
d'application, c'est ce que je comprends.
Mme Laviolette (Mélanie) :
Exactement. Tout à fait, pardon. Alors, les conseils d'établissement sont les
mieux placés pour comprendre la réalité terrain. Il y a des enseignants qui
aiment utiliser les outils électroniques dans un cadre pédagogique où ça
peut... ça peut être intéressant également. On a des réserves au niveau de
l'écran récompense parce qu'on ne comprend pas la valeur pédagogique ou
d'enseignement derrière cela. Cependant, chaque milieu connaît ses jeunes, et
c'est important de parler avec eux également, de parler avec les parents et de
comprendre est-ce qu'il y a des réels enjeux pour eux sur l'utilisation ou la
surutilisation des écrans dans leur vie quotidienne. Et ce travail-là, en
partenariat entre les écoles et les parents, va permettre de baliser l'ensemble
des secteurs où nos jeunes se retrouvent et pas juste l'école ou pas juste la
maison.
Mme Tremblay : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à notre vice-président, M. le
député de Marquette.
M. Ciccone :
Merci beaucoup. Merci beaucoup pour votre exposé. Je ressens une fébrilité dans
l'air parce qu'il y a beaucoup de parents ici, là. Puis être parent, ça ne
vient pas avec un manuel, là, d'instructions. Puis là, à un moment donné, en
cours de route, il nous est arrivé une problématique possible, et on le voit
évidemment, là, les écrans, les jeux vidéo, puis là on dirait qu'on tente de
naviguer là-dedans puis on ne sait plus où donner de la tête. Ça fait que pour
moi, cette commission-là, puis je le sens dans vos propos, là, dans votre
exposé, que c'est une bonne chose. C'est une bonne chose d'avoir cette
commission-là. Je vois également que vous voulez vous impliquer énormément.
Puis ma première question, comme vous <dites...
M. Ciccone :
...Je vois
également que vous voulez vous
impliquer
énormément.
Puis ma première
question, comme
vous >dites dans votre... vous l'avez dit dans votre exposé, mais vous
l'avez dit également dans votre mémoire que vous voulez être impliqués dans les
prises de décision concernant les écrans. Comment vous voulez vous impliquer
dans la prise de décision? À quel niveau?
Parce que vous savez qu'on va émettre un
rapport ici, là, puis on ne sait pas qu'est-ce que ça va donner, ça va
peut-être, à un moment donné, ça va devenir une législation, là, on ne le sait
pas, là. Mais comment êtes-vous capables d'amener de l'eau au moulin, juste par
expérience comme parents ou avez-vous une expertise quelconque pour la prise de
décision?
Mme Laviolette (Mélanie) : Notre
expertise, c'est d'être en mesure de rejoindre ces parents-là auxquels vous
vous adressez avec une commission comme celle-ci. On est une riche source
d'informations. Donc, on est en mesure d'aller chercher le pouls des parents mais
le pouls de leurs enfants, qui sont les premiers impliqués, hein, par cette
commission-là, mais toujours dans le but de les protéger. Mais, quand on parle
d'éducation ou de travailler ensemble, c'est beaucoup au niveau de la
sensibilisation aussi. Il y a une certaine immaturité parfois chez nos jeunes
qui va faire qu'ils ne vont pas comprendre nécessairement l'implication des
partages sur les réseaux sociaux, ce qu'ils en font, de la protection de la vie
privée, on en parlait également. Donc, c'est important que les parents comprennent.
Puis nous aussi, on a besoin d'être
éduqués, à quelque part, sur une saine utilisation des réseaux sociaux parce
qu'on... ou même de la technologie en général, parce qu'on a tous ce
téléphone-là dans nos poches, qui nous suit pratiquement 24 heures par
jour. Donc, nous, on a, nous aussi, un examen de conscience à faire par rapport
à cette utilisation-là. Et de travailler en partenariat avec le milieu
scolaire, les parents ensemble, l'adhésion sera plus facile si le message et le
langage est le même des deux côtés, que ce soit à l'école ou à la maison.
M. Ciccone :Une dernière petite question, je vais laisser la chance
aux... à mes autres collègues, là. Vous dites également : Prévoir un moyen
de communication entre les élèves et leurs parents en cas de besoin. Puis là il
y a des générations différentes, là, tu sais, la mienne, là. Pourquoi,
aujourd'hui... À l'époque, là, nous, si on voulait rejoindre nos parents...
J'ai 54 ans. Je ne vous demanderai pas votre âge, inquiétez-vous pas. Moi,
si je voulais rejoindre nos parents, on était capable de les rejoindre.
Pourquoi c'est si important aujourd'hui, puis là je me fais l'avocat du diable,
là, je ne dis pas que je suis d'accord ou non, pourquoi il faudrait que les
jeunes aient un cellulaire? Parce que c'est les parents qui veulent rejoindre
leurs enfants ou c'est le contraire? Pourquoi c'est si important aujourd'hui,
alors qu'à l'époque on était capable de rejoindre les parents comme on voulait?
Pourquoi ça fait partie de votre mémoire, ça?
Mme Laviolette (Mélanie) : Ça
a effectivement changé avec les années. Je fais partie de cette génération-là
où on avait d'autres moyens de rejoindre les parents aussi, mais je vous dirais
que c'est une préoccupation de certains parents. Peut-être est-ce qu'on protège
mieux nos enfants ou ça nous rassure, nous, comme parents, d'être en mesure de
rejoindre notre enfant. Je vous l'accorde, ça fait partie des préoccupations, tout
à fait, c'est des choses que nous avons entendues.
Mme Payne (Corinne) : ...aussi,
il faut réaliser que notre système d'éducation n'est pas qu'est-ce que c'était
à notre époque.
M. Ciccone :Pardon? N'est pas...
Mme Payne (Corinne) : N'est
pas comme à notre époque. Il y a des bris de service au service de garde, il y
a des bris de service en transport, il y a des bris de service parce qu'il n'y
a pas d'enseignant en classe. Alors, les enfants, on fait quoi avec? Il y a des
inquiétudes. On n'est pas comme aux États-Unis, mais il y a des inquiétudes sur
la sécurité dans les écoles. C'est vraiment triste qu'on est rendus là comme
société, mais c'est la réalité, et il y a cette ligne-là qui a besoin d'être
ouverte.
Puis moi, je ne pense pas que l'enfant a
besoin d'être... Si, dans une classe au Québec, nos enfants ne sont pas sécures,
on doit poser une question comme société. Mais entre les classes, le transport,
le service de garde, le ci puis ça, il y a peut-être nécessité qu'un parent
puis un enfant ont besoin de communiquer. Puis il faut que, si c'est le
cellulaire qui est dans le casier, bien, il y a un autre moyen... ou il est à
la maison, il y a un autre moyen de communiquer avec parents comme échéance.
Alors, je pense...
M. Ciccone :Merci beaucoup pour votre réponse. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous. Excellent mémoire. Merci de votre contribution. Je
veux être vraiment certain de comprendre votre message, mais j'ai l'impression
qu'il est quand même très clair, vous, là, le mur-à-mur, ça ne vous intéresse
pas vraiment.
• (12 heures) •
Mme Laviolette (Mélanie) : Le
mur-à-mur est difficilement applicable en tenant compte des réalités de chacune
des régions. On en parlait, la réalité de l'Abitibi et de Montréal n'est pas la
même, et l'application qu'on peut en faire n'est pas la même nécessairement non
plus. Je ne suis pas certaine qu'une interdiction mur à mur apporterait quoi
que ce soit au niveau de la compréhension, de l'éducation au niveau de
l'utilisation des outils technologiques et numériques. Le plus important, c'est
de faire comprendre aux parents, à leurs enfants également, la bonne façon de
l'utiliser, le réel outil que ça peut être, et non pas de s'en servir comme
d'une arme ou d'un outil pour aller acquérir une certaine notoriété, comme on
peut le voir parfois. Il faut simplement s'assurer que nous donnons le bon
message et que nous donnons le bon exemple également, et ça, ça peut se <décider...
>
12 h (version révisée)
< Mme Laviolette (Mélanie) :
...que nous donnons le bon message et que nous donnons le bon exemple
également, et ça, ça peut se >décider localement, au sein des conseils d'établissement.
M. Leduc : C'était ça, ma
question de suivi. Donc, si ce n'est pas le Québec qui est la bonne unité de
mesure, mettons, est-ce que c'est quelque chose que... Là, on parle, mettons,
de l'interdiction de cellulaire. Est-ce qu'il faut l'appliquer à l'intérieur du
centre de services scolaire, à l'intérieur d'une école, à l'intérieur d'une
classe? C'est laquelle de ces trois... de ces trois degrés-là... lequel de ces
trois degrés est le bon, selon vous?
Mme Laviolette (Mélanie) : Je
ramènerais ça à la hauteur de l'école.
M. Leduc : À l'école.
Mme Laviolette (Mélanie) : Je
le ramènerais à la hauteur de l'école, parce que, sur le conseil d'établissement,
il y a des parents qui siègent, sur les écoles secondaires, il y a des élèves
également qui siègent, qui viennent du conseil étudiant, il y a des membres du
personnel. Donc, je pense qu'il y a une bonne représentativité de la clientèle
pour être en mesure de déterminer quelles sont les bonnes pratiques à utiliser
dans un milieu, et par la suite, bien, ça s'applique au reste de l'école.
M. Leduc : Donc là, classe
par classe, ça serait trop pointu, tandis qu'à l'échelle d'une commission
scolaire... Je dis encore «commission scolaire»! Je pense que je vais le dire
jusqu'à ma mort.
Mme Laviolette (Mélanie) : On
se trompe tous.
M. Leduc : Le centre de
services scolaire, là, ça commence à être un peu trop large, des fois, c'est un
gros territoire.
Mme Laviolette (Mélanie) : Exactement.
M. Leduc : O.K. Dernière
question sur... connexe un peu. Il y a des gens qui parlent beaucoup de
majorité numérique. Est-ce que vous voyez des défis d'applicabilité? Puis je
peux même poser la même question de défis d'applicabilité, quand même, pour des
interdictions de cellulaire à l'échelle d'une école, comme on vient d'en
discuter : À quel point on peut peut-être... Est-ce que c'est une chimère
de dire : Oui, oui, on va mettre une majorité de... Comment on va réussir
à l'appliquer? Quelles sont, selon vous, les choses qu'on devrait avoir en tête
dans cette réflexion-là sur l'applicabilité de ces mesures-là?
Mme Laviolette (Mélanie) : On
n'a pas abordé ce sujet spécifiquement avec nos membres, c'est difficile pour
moi d'apporter un peu la vision de la fédération par rapport à ça. Il y a une
limite à ce que nos points de vue... On représente quand même une grande...
90 % des centres de services scolaires de toutes les régions du Québec, ça
représente quand même un vaste territoire, puis les points de vue ne concordent
pas nécessairement tout le temps. C'est difficile d'aller chercher un consensus
par rapport à ça, puis on n'a pas d'expertise scientifique qui nous dirige, non
plus, dans notre réflexion. On préfère, pour l'instant, se fier aux experts
pour savoir ce qu'ils en... ce qu'ils en considèrent.
M. Leduc : Merci beaucoup.
Mme Laviolette (Mélanie) : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Merci. Bienvenue
à l'Assemblée nationale. L'an dernier, à peu près à la même période, il y a eu
cette consigne du ministre sur l'interdiction du cellulaire en classe. Est-ce
que vous étiez en faveur de cette décision?
Mme Laviolette (Mélanie) : On
était en faveur de cette décision parce que notre priorité principale était d'enlever
les perturbateurs dans la classe, qu'est-ce qui peut empêcher notre enfant de
se concentrer, toujours dans une optique d'améliorer ses capacités d'apprentissage.
Donc, ça enlevait la distraction.
M.
Bérubé
: D'accord.
Mme Payne (Corinne) : Mais,
je vais ajouter que qu'est-ce qui n'a été pas respecté, dans la directive de la
ministre, c'est que les conseils d'établissements, dans tous les milieux, n'étaient
pas consultés ou parties de la prise de la décision, puis ça, c'est vraiment
triste. Puis, comme on a répété, c'est important que chaque conseil d'établissement,
dans chaque école du Québec, joue son rôle décisionnel pour prendre qu'est-ce
qui est le meilleur intérêt des élèves dans son école.
M. Bérubé : D'accord. C'est
une décision nationale du ministre; moi, je l'ai acceptée. Elle s'applique
partout au Québec. J'ajouterais qu'il n'y a plus d'élu, hein? Vous êtes là, les
élèves sont là, mais il n'y a plus d'élu. Alors, ça change la dynamique, pour
un député, en tout cas, on n'a pas accès à vous si facilement. Même les listes
des parents ne sont pas si facilement accessibles pour les élus. Le
gouvernement a déjà fait ça pour les lieux de prière aussi, une consigne
nationale qui a été appliquée, qui n'a pas vraiment fait trop de problème.
Donc, pour la suite, je comprends que, si
le fruit des recommandations devenait des politiques, ou des consignes, ou des
indications claires du ministre, vous voulez vraiment que ça ne soit pas
national, que ce soit par centres scolaires ou par écoles. Alors, vous
comprenez que, dans un même quartier, il pourrait y avoir une application
différente. On pourrait même avoir des gens qui choisissent leur école en
fonction des politiques applicables. Êtes-vous conscientes de ça? Si l'enfant,
lui, il veut avoir son cellulaire... Je vais aller à l'autre école.
Mme Payne (Corinne) : Bien,
je vais utiliser un exemple que j'ai rencontré, une enseignante, l'année
passée, quand cette directive-là est tombée, puis elle a dit : Moi, dans
mon cours de sciences, j'utilise le téléphone cellulaire comme un outil pédagogique,
parce que, quand un enfant me pose une question, aujourd'hui, je ne sais pas
toujours la réponse parce qu'il y en a tellement, d'informations. Je vais leur dire :
Cherchez, vous tous, sur votre téléphone, puis on va comparer. Est-ce que votre
source est bonne? Est-ce que l'information est bonne? Est-ce que c'est fidèle?
Puis on peut discuter ensemble. Puis ça, c'est un exemple concret comment on
peut utiliser un outil pour éduquer nos enfants comment utiliser l'outil
éthiquement. Alors, voilà.
M. Bérubé : O.K. Avez-vous l'impression
que c'est plutôt l'exception? Quand je suis allé remplacer, dans une école
secondaire, on donnait le choix — une école secondaire de Matane — certains
pouvaient le permettre, les enseignants, dans la classe, d'autres non. Dans
certains cas, ils me <disaient : Si je ne le...
M. Bérubé :
...d'autres
non. Dans certains cas, ils me >disaient : Si je ne le permets pas,
je vais avoir des cas de discipline à gérer, ça fait que j'aime mieux les
laisser faire. Ça existe. Et ce n'était pas pour des applications
scientifiques, c'était pour TikTok, pour Instagram, pour différentes
applications qui n'ont rien à voir avec l'école. Donc, ces cas-là, ils sont
fabuleux, celui que vous évoquez, j'ai l'impression qu'ils sont très
minoritaires.
Mme Payne (Corinne) : Bien,
qu'est-ce qui arrive, c'est... cette enseignante-là, qu'est-ce qu'elle m'a dit,
c'est : elle n'était même pas dans la discussion de direction, ou je ne
sais pas qui a décidé ça va être comme ça, puis on ne peut... je ne peux même
pas utiliser cet outil-là. Alors, oui, c'est une exception, mais dans chaque
milieu, puis, je pense, Mme Laviolette a bien dit, dans chaque milieu, il faut
prendre les décisions pour ce milieu-là.
M. Bérubé : En terminant, je vous
suggère que, par exemple, la politique qui est annoncée par le ministère...
c'est que c'est interdit et qu'il y a le fardeau de dire : Oui, mais il
pourrait y avoir des exceptions qu'on est capables de démontrer. Ça, est-ce que
vous seriez à l'aise avec ça?
Mme Payne (Corinne) : Bien,
c'est comme ça, la directive a été écrite l'année passée, mais le milieu
n'était pas dans la discussion, partout.
M. Bérubé : Oui, mais
l'application n'est pas tout à fait comme ça. Oui, d'accord. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Châteauguay.
Mme Gendron : Merci beaucoup,
mesdames, monsieur, d'être avec nous aujourd'hui, et, en tout cas, un gros
merci pour votre mémoire que vous avez partagé. J'avais des questions. J'ai
bien entendu que vous voulez préconiser l'éducation à l'interdiction, donc je
comprends bien votre point de vue, et puis aussi que les parents ne se sentent
pas outillés face aux réseaux sociaux de leurs enfants, souvent par
méconnaissance, aussi, de ce qui se passe sur les plateformes, et tout ça.
Donc, vous avez mentionné : Éduquons-nous en tant qu'adultes.
J'avais deux volets à ma question :
De quelle façon vous verriez, justement, cette forme d'éducation là pour les
adultes et pour les jeunes? Est-ce que... De quelle façon on pourrait aborder
ça? Avez-vous déjà songé ou discuté de la manière, oui, de rejoindre les
parents, ça, je le comprends, mais de quelle façon ça pourrait être fait auprès
des parents?
Mme Laviolette (Mélanie) : On
utilise souvent, à la fédération, des webinaires où on fait venir des experts
qui vont s'adresser aux parents qui le souhaitent, sur inscription, souvent
gratuit, d'ailleurs, pour leur permettre de comprendre différents enjeux. Ça
peut être... justement, on parlait des conseils d'établissement, pour
comprendre, aux parents, l'importance et l'influence qu'ils peuvent avoir à
s'impliquer dans ces instances-là; mais ça pourrait être des formations qui
sont plutôt ciblées sur ce type d'enjeu là, on rejoint quand même plusieurs,
plusieurs parents de cette façon-là; d'avoir une meilleure diffusion auprès des
écoles également, pour inviter les parents à se joindre à ces formations-là
quand c'est ouvert, parce qu'il n'y a pas de limite, des formations en ligne,
on peut... on peut être le nombre qu'on veut, c'est ça qui est merveilleux; de
rejoindre les parents avec des experts qui connaissent les réseaux sociaux où
se tiennent nos jeunes, parce que ça va très vite. Et les enfants, nos enfants
ne sont pas sur Facebook, le réseau social qu'on connaît le mieux, ils sont
ailleurs. Il faut qu'on les trouve. Mais il faut qu'on comprenne comment ces
réseaux-là fonctionnent, également, pour être en mesure de faire la prévention
qui est nécessaire.
Mme Payne (Corinne) : Puis je
pense que ça prend une place où les parents peuvent aller conseiller, puis
avoir confiance, et les bons conseils, puis avoir la bonne information. Je veux
aussi dire l'exemple Alloprof. Tout le monde ici sait c'est quoi, Alloprof.
Est-ce que ça... Alloprof Parents, aussi. Tu sais, ça prend un Allo aidez-moi
avec les médias sociaux, parce que je ne comprends pas c'est quoi, TikTok puis
la prochaine nouvelle qui va arriver. Mais ça prend une place que les parents
peuvent appeler, comme à Info-Santé. Je ne sais pas, vous autres, mais quand
j'ai accouché le premier enfant, là, je pense que j'avais la ligne directe à
Info-Santé : Le nez coule, si ça... Alors, c'est une place fidèle où on
peut appeler puis avoir des informations justes, pas juste à l'école. Puis, je
pense, ça, c'est important, on ne veut pas que tout le fardeau, ça tombe à
l'école, il faut que ça tombe à toute la société québécoise.
Mme Gendron : C'est
intéressant, parce que vous parlez, justement, d'une application pour... en
tout cas, tu sais, de consulter une application pour, finalement, trouver un
moyen de ne pas utiliser les réseaux sociaux. Mais je comprends très bien votre
point de vue, mais c'est la réalité d'aujourd'hui. C'est ça.
Mme Payne (Corinne) : Les
écrans, ils ne partiront pas demain, hein?
• (12 h 10) •
Mme Gendron : Oui,
exactement. Mais j'ai une autre question par rapport à ça. Vous aviez parlé du
conseil d'établissement, puis je comprends, puis je m'en vais un peu sur la
même lignée que mon collègue de Matane. En fait, si vous dites qu'un
professeur, lui, dans sa classe, utilise, justement, des applications, quelque
chose, même si le conseil d'établissement fait une réglementation à même
l'école, donc, chaque professeur pourrait avoir sa façon de fonctionner, donc
certains professeurs auraient accès. Donc, de quelle façon vous pourriez penser
que le conseil d'établissement pourrait vraiment faire une règle? Est-ce que
vous pensez que ça peut se faire et puis si toutes les parties prenantes,
parents, <enfants...
Mme Gendron :
...
pensez que ça peut se faire et puis si toutes les parties prenantes, parents,
>enfants, enseignants puis tous les soutiens, pourraient être d'accord
avec la décision du conseil d'établissement?
Mme Payne (Corinne) : Bien, une
école, c'est une démocratie aussi, hein, c'est un milieu de vie, puis, oui, il
y a des moyens qui peuvent... Et, dans chaque école du Québec, il y a un code, un
code de vie qui dit que vous ne pouvez pas laisser vos sacs à dos dans tel coin
de l'école. J'exagère, là, mais... Aussi, ça peut être instauré dans le code de
vie de l'école. Puis ils peuvent faire un référendum, dans une école, et faire
des élections, dans des écoles secondaires, pour choisir le député de chaque
classe. Alors, ils peuvent demander c'est quoi, puis, si 80 %, 90 %,
75 % veulent telle affaire, bien c'est ça qui va devenir notre règle.
Puis il faut apprendre... faire apprendre
nos jeunes que la démocratie, ça se met en place. Vous avez votre... vos mots à
dire, on va faire une commission, dans notre école, pour qu'est-ce qu'on veut
puis après on va mettre en place les règles que la majorité de la démocratie
décide qui vont être mises en place. Je pense, ça va être un service à faire à
nos jeunes qui apprennent ça, puis ils prennent acte, puis ils sont
participatifs de qu'est-ce qui se passe dans leur école. Mme Laviolette a
dit : La pire chose que tu peux dire, c'est de présenter quelque chose
quand c'est tout fait puis canné. Vous êtes les premiers, je pense, les
députés, que, si... n'importe qui qui vous présente quelque chose tout canné,
vous allez la critiquer de tous les bords puis tous les côtés. Alors, les
enfants ou des humains sont comme ça, il faut les mettre parties prenantes dans
les décisions, puis il va y avoir plus d'adhésion, je suis sûre.
Mme Gendron : C'est très
intéressant. J'ai sûrement plusieurs autres questions, mais je pense que je
vais laisser la parole à mes collègues. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour à vous. Donc, effectivement, comme mon collègue le
mentionnait, je pense qu'il y a une belle effervescence, aujourd'hui, alors
qu'on commence les travaux. Donc, je pense que ce n'est pas anodin que vous
soyez le premier groupe qu'on entend aujourd'hui, ce que... on le sait, donc,
les parents, donc, vous êtes, donc, les premiers vecteurs, donc, de cette
éducation.
Ma question, ma première question,
s'enlignait, bien, en fait, dans la même ligne que ma collègue, donc, de
Châteauguay, donc, sur le comment outiller les parents. Je pense que vous avez
quand même, bon, répondu. Dans le fond, donc, vous souhaiteriez, donc, avoir
soit, donc, un organisme ou une institution, donc une ligne, là, à laquelle,
donc, vous pourriez appeler, donc, en laquelle vous auriez confiance, pour être
capable, donc, d'être outillé sur les différents points. Vous classez les
enjeux de sentiment de compétence, donc la cyberdépendance, la vie privée, l'utilisation
des réseaux sociaux, donc, ça, ça semble clair.
Ensuite, j'aimerais peut-être vous
entendre sur la question des écrans récompenses, parce que notre mandat s'est
peu penché sur cette question-ci, quand on le définissait. Mais, dans votre
mémoire, vous vous êtes quand même posé la question puis vous avez sondé vos
membres sur cet enjeu-là. D'abord, vous entendre sur la prévalence de l'enjeu
des écrans récompenses, puis ensuite, quand vous dites que vous ne souhaiteriez
pas nécessairement l'interdire, parce qu'il n'y a pas de consensus là-dessus,
mais l'encadrer, à ce moment-là, donc, comment l'encadrer? Est-ce que ce serait
aussi au niveau des conseils d'établissement avec... ou une directive plus
nationale? Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Laviolette (Mélanie) : Je
vous dirais que l'écran récompense était, à une certaine époque, une activité
spéciale. C'était le vendredi, avant qu'on soit... avant le congé de Noël ou
dans la dernière semaine de classe. Ce qu'on entend maintenant, malheureusement,
c'est que ça devient une habitude. C'est les vendredis après-midi, c'est... il
manque un enseignant, c'est... un suppléant va passer un film, on va regarder
des vidéos. Pendant qu'il passe des feuilles, vous pouvez regarder un vidéo sur
votre téléphone. C'est rendu la norme.
Et puis on en discutait ce matin en
préparation de venir vous rencontrer puis on se disait : On n'apprend plus
à nos enfants à se gérer ou à gérer leur temps. C'est comme si on se devait de
les occuper constamment, à temps plein. Puis ça a du bon pour eux de s'ennuyer
un petit peu ou de se trouver une alternative pour s'occuper, au lieu de se
pencher vers l'écran. Puis je le dis en toute humilité, on le fait tous comme
parent, c'est le premier réflexe qu'on a de se pencher la tête, de regarder
notre téléphone, au lieu de discuter, d'échanger, de socialiser, de dialoguer
avec nos pairs. Donc, c'est à ce niveau-là.
L'écran récompense, c'est bien, c'est une
activité spéciale, c'est festif, c'est joyeux. Il ne faut pas que ça remplace
un cursus scolaire, il ne faut pas que ça bouche des trous dans l'apprentissage
de nos enfants. Il y a d'autres moyens de les occuper.
Mme Cadet : Et là, donc,
puisque vous dites que vous souhaitez l'encadrer, donc, ce serait aussi au
niveau des conseils d'établissement que vous préfériez le faire?
Mme Laviolette (Mélanie) : Il
faudrait qu'une directive claire arrive des conseils d'établissement, mais
peut-être que ça doit être un message qui est passé. Est-ce que ça doit être
une interdiction aux écoles de procéder de cette façon-là? À voir. Mais une
sensibilisation claire, officiellement, devrait être faite.
Mme Cadet : Au niveau du
gouvernement du Québec, là, vous avez vraiment cette ouverture-là pour cet
enjeu-ci?
Mme Laviolette (Mélanie) : Oui,
il faut sensibiliser les gens à la surutilisation des écrans quand ce n'est pas
<nécessaire...
Mme Laviolette (Mélanie) :
Oui,
il faut sensibiliser les gens à la surutilisation des écrans quand ce n'est pas
>nécessaire.
Mme Payne (Corinne) : Puis il
y a un guide qui existe, parce que le comité de parents, avec le centre de
services de Bois-Francs, ils ont déjà fait un guide. Alors, inspirez...
utilisez-le comme un gabarit pour aider les autres. On n'a pas besoin de réinventer
la roue 72 fois pour chaque centre de services, chaque commission
scolaire, ni 2 500 fois pour chacune des écoles, inspirez des bonnes
pratiques et des outils qui sont déjà créés.
Mme Cadet : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Il nous reste six, sept minutes et j'avais la députée de D'Arcy-McGee et le
député de Gaspé. Alors, Mme la députée.
Mme Prass : Merci. Merci de
votre présence, de votre mémoire, présentation. Ma question est un petit peu
sur le même sujet que celle de ma collègue. Donc, si je comprends bien, est-ce
que vous direz que l'idée de l'écran récompense ne devrait juste pas être
présente dans les écoles? Parce que, là, on renforce l'idée que l'ultime
récompense, c'est d'avoir son téléphone. Et c'est comme si on... bien, c'est
ça, on renforce cette idée que, justement, on ne veut pas que nos jeunes aient.
Et, comme vous dites, qu'ils s'ennuient, ou qu'ils sortent à l'extérieur, ou
qu'ils vont à la bibliothèque, peut-être, c'est ça, leur récompense, plutôt que
le téléphone. Donc, est-ce que vous prendrez que ça ne devrait juste pas faire
partie de la réalité dans les écoles?
Mme Laviolette (Mélanie) : Je
vais faire un parallèle avec l'alimentation. C'est de faire comprendre à nos
enfants qu'un yogourt aux fraises, c'est une aussi belle récompense que le
suçon. Tu sais, finalement, il faut juste changer ça un petit peu, changer le
focus qu'on met sur l'écran. Puis c'est moins... Nos enfants sont habitués de
l'avoir entre les mains, ils ont les consoles, ils ont la télévision, ils ont
les ordinateurs, ils ont les cellulaires dans leurs poches. C'est moins...
c'est moins une surprise ou c'est moins magique que ça pouvait l'être à
l'époque où ce n'était pas aussi accessible. Mais il faut juste leur faire comprendre
qu'il y a des récompenses qui sont intéressantes, aussi.
Puis c'est surtout que ça ne devienne pas
une gardienne, un... je vais dire un bouche-trou ou un bouche-temps, dans le
cursus scolaire de nos élèves. Le film est toujours intéressant, et c'est
intéressant parce que ça n'arrive pas souvent. Quand ça devient... Il y a des
enfants qui nous le disent, il y a des jeunes qui nous le disent, même eux
trouvent que c'est trop, parfois, parce qu'ils aimeraient faire autre chose.
Alors, c'est peut-être le temps de les écouter, aussi, ces enfants-là. On dit
souvent que c'est eux, le problème, parce qu'ils veulent les utiliser. On leur
ouvre grand la porte. Mais, si on prend la peine de les écouter, même eux sont
conscients que ça a un impact sur leur apprentissage et sur leur capacité à
socialiser.
Mme Prass : Oui. Puis je vous
dirais même, mon fils vient de commencer à une nouvelle école, puis ça lui est
arrivé, la semaine dernière, il avait une remplaçante... bien, en fait, le prof
n'était pas là, puis ils leur ont dit : Bien, vous avez votre téléphone,
ça fait que vous pouvez passer le cours là-dessus. Puis il m'a dit : Je
trouve ça poche, je ne comprends pas, je suis à l'école, puis on m'a dit que je
peux aller sur mon téléphone, tandis que, tu sais, il y a d'autres choses à
faire. Donc, je pense que... comme j'ai dit, pour moi, renforcer cette idée que
la récompense ultime, c'est le téléphone, on fait le contraire, justement, de
ce qu'on voudrait que nos enfants reconnaissent.
Mme Laviolette (Mélanie) : Ils
l'ont toujours, ils sont... Pour eux, ce n'est pas une récompense, c'est... Nous,
on le voit comme une récompense, mais pour eux ce n'en est pas tant une parce
qu'ils l'ont toujours avec eux, de toute façon. Alors, c'est de trouver une récompense
qui les intéresse et, pour ça, les sonder et leur parler, c'est important. Ils
vont nous le dire, eux, ce qui les intéresse et ce qu'ils ont envie de faire.
Mme Prass : Merci beaucoup.
Mme Laviolette (Mélanie) : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
M. le député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : Merci, Mme
la Présidente. D'abord vous remercier de votre présence, de participer à
l'exercice. Très intéressant, toujours stimulant, là, d'entendre les gens qui
sont sur le terrain avec nos enjeux.
Si vous le permettez, moi, j'aimerais
sortir un peu de l'école, dans le sens où, vous l'avez dit, hein, nous sommes
plusieurs parents, ici aujourd'hui, donc on a une relation à l'école mais on a
aussi une relation d'école à la maison. Comment vous voyez la responsabilité
parentale, en dehors du circuit de l'école, avec les enfants, sur le sujet des
écrans?
Mme Laviolette (Mélanie) : Je
vais faire un parallèle avec l'autre sujet qui nous interpelle beaucoup, qui
est la violence et l'intimidation. C'est important de parler à nos enfants pour
leur expliquer l'impact que ça a, une surutilisation des écrans. Il y a
également l'impact que ça peut avoir sur la diffusion qu'ils font des
informations, que ce soient leurs informations personnelles, mais également des
vidéos partagées. C'est important pour eux de comprendre l'impact que ça peut
avoir sur le collègue à l'école.
C'est à nous aussi, comme parents, de
donner l'exemple. On a le droit de s'accorder une pause de déconnexion des écrans,
de passer du temps avec eux. On le mentionnait, on ne peut pas dire à nos
enfants : Lâche les écrans, pendant que nous, on regarde notre cellulaire.
Ça n'a aucun sens. On se doit, nous aussi, comme société en général, de porter
un regard sur notre surutilisation des écrans et des réseaux sociaux.
Puis il faut qu'on parle à nos enfants. La
priorité est là. On éduque nos enfants sur plein de sujets, on les éduque à ce
niveau-là aussi. Mais, la préoccupation des parents, tu sais... : Je veux
bien le faire, mais je ne sais pas encore comment. Donc, il faut trouver des
outils, des solutions pour les outiller. Ils sont prêts à le faire, ils ne
savent juste pas comment l'aborder.
• (12 h 20) •
Mme Payne (Corinne) : On a
trouvé le moyen comment parler avec nos enfants sur le <tabac...
Mme Payne (Corinne) :
...On
a trouvé le moyen comment parler avec nos enfants sur le >tabac, sur les
drogues, sur les relations sexuelles, alors, je pense, on peut trouver le moyen
aussi, si on est équipés nous-mêmes... avec, je vais dire, les bonnes campagnes
de sensibilisation de Juste dis non. Je ne sais pas s'il y avait cette
campagne-là, mais, dans mon époque, c'était : Juste dis non. Alors,
je pense, c'est de trouver la façon, pour les parents puis toute la société, de
réaliser qu'est-ce qu'on est en train de faire.
M. Sainte-Croix : Notre
réflexion devrait donc plus largement toucher les parents, aussi, les parents
dans le quotidien, et non pas simplement le réseau scolaire, la dynamique
scolaire, la pédagogie, le loisir, la récompense — j'accroche
beaucoup sur la récompense — et plus largement toucher aussi nos
relations comme parents, dans un contexte familial, et la gestion de cette
information-là avec nos enfants. Vous jugez que c'est important si on veut
cheminer?
Mme Laviolette (Mélanie) : J'ai
tendance à être en accord avec vous sur cette affirmation parce qu'on...
l'éducation et l'instruction, c'est deux choses, mais c'est interrelié. Quand
on parle d'éducation, c'est à tous les niveaux. On doit travailler ensemble, et
ça doit se transposer d'un côté à l'autre. On ramène souvent le message de
l'importance de la communication, que ça soit dans les deux sens, que l'école
communique avec le parent, mais que le parent soit en mesure de communiquer
avec l'école aussi. Si on est concertés, si on travaille ensemble, si on est à
l'écoute l'un de l'autre, c'est sûr qu'il y a de belles choses qui vont sortir
de là. Mais oui, il faut faire la prévention auprès des parents, leur faire
comprendre l'importance que ça a de s'intéresser à l'enjeu des écrans chez
leurs enfants et d'amener le message qu'il faut travailler avec l'école aussi.
Ce n'est pas... Il faut arrêter de travailler en silo, il faut vraiment qu'on
s'habitue à travailler ensemble.
M. Sainte-Croix : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Il
reste 20 secondes. Le mot de la fin? Oui, M. le député de Jonquière,
allez-y.
M. Gagnon : Je veux juste
vous poser une question. J'y vais rapidement. Un conseil d'établissement
connaît son milieu, veut prendre sa propre prise de décision, on l'a bien
entendu. Est-ce qu'il serait intéressant, avant une prise de décision, qu'on
aille de l'avant vers une... du moins pour les conseils d'établissement, vers
une formation nationale, tout de même?
Mme Laviolette (Mélanie) : Oui.
Oui. C'est...
M. Gagnon : Parfait.
Mme Laviolette (Mélanie) : La
réponse ne peut pas être plus claire que ça.
M. Gagnon : Parfait.
Mme Laviolette (Mélanie) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
à tous pour votre contribution.
Donc, la commission spéciale suspend ses
travaux jusqu'à 14 heures. Et j'en profite pour souhaiter un joyeux
anniversaire à notre collègue députée d'Iberville. Alors, bonne fête, madame.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 23)
14 h (version révisée)
(Reprise à 14 h 02)
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
bon après-midi à tous. Nous sommes de retour en Commission spéciale sur les
impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des
jeunes. Alors, nous reprenons nos travaux. Je demande à tous ceux et celles qui
ont des portables ou appareils électroniques de bien vouloir éteindre la
sonnerie.
Donc, nous poursuivons les consultations
particulières cet après-midi avec... dans le fond, nous accueillons aujourd'hui
le Centre pour l'intelligence émotionnelle en ligne, l'Association des
entreprises pour le développement des technologies éducatives au Québec et la Confédération
des syndicats nationaux.
Donc, je souhaite la bienvenue à notre
représentante du Centre pour l'intelligence émotionnelle en ligne, Emmanuelle.
Je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour nous faire votre exposé.
Suite à cela, nous disposerons de 35 minutes d'échange, de questions avec
les membres de la commission. Alors, vous pouvez, d'entrée de jeu, vous
présenter et nous transmettre votre exposé.
Centre pour l'intelligence émotionnelle en ligne
(CIEL)
Mme Parent (Emmanuelle) : Oui.
Alors, merci vraiment de me recevoir. Donc, oui, mon nom est Emmanuelle Parent.
Je suis cofondatrice, directrice générale du Centre pour l'intelligence
émotionnelle en ligne. Je suis aussi docteure en communication, en recherche
sur les réseaux sociaux chez les jeunes.
Et puis la mission du CIEL, donc, c'est le
petit surnom du Centre pour l'intelligence émotionnelle en ligne, c'est de
faire de la sensibilisation et de l'éducation sur les enjeux du numérique qui
touchent notre bien-être, puis on le fait particulièrement avec un programme de
prévention, d'ateliers pour prévenir les méfaits des écrans dans les écoles
primaires et secondaires. Donc, on fait ça depuis 2020. Depuis 2020, on a parlé
à plus de 28 000 ados entre 12 et 17 ans, et, depuis la dernière
année, on a parlé aussi à plus de 9 000 enfants dans les écoles
primaires. Donc, c'est un honneur pour moi aujourd'hui de pouvoir vous ramener
qu'est-ce qu'on entend dans les classes, qu'est-ce que les jeunes disent de
leur relation avec les jeux vidéo, les réseaux sociaux.
Bon, j'ai huit leçons pour vous aujourd'hui,
mais on va commencer avec une très importante. On entend : Les jeunes sont
tout le temps sur leur cellulaire, les jeunes, ils veulent tout le temps aller
vers les écrans, ça ne se parle plus, ça ne se voit plus en face à face. Durant
cette commission, on voit qu'on va mettre nos jugements de côté, en fait, pour
une première leçon qui est : Les écrans sont un problème d'adultes, pas
juste sur... une responsabilité sur les épaules des enfants. Puis on doit
assumer, donc, en tant qu'adultes, la responsabilité d'avoir incité, encouragé,
offert ces outils technologiques là aux enfants puis de les avoir aussi punis
et maintenant jugés pour ce qu'on a accompli. Donc, je vais avoir l'air de vous
chicaner un peu, mais ça va finir positif, promis.
Donc, ce que je veux dire par là, c'est que
ce sont... Quand tu dis que c'est un problème d'adultes, c'est que ce sont des
adultes qui ont développé un modèle d'affaires qui est basé sur la collecte de
données, qui capitalise sur l'attention des jeunes. C'est aussi des adultes qui
n'ont pas régulé, hein, ce milieu-là et qui fait qu'on appelle ça des fois le
Far West des grandes technologies. C'est aussi des adultes qui achètent le
premier téléphone intelligent aux enfants. C'est des adultes qui décident si on
donne des iPad ou des Chromebook dans les écoles. C'est aussi des adultes, dans
les milieux de travail, qui demandent à d'autres adultes de regarder leurs
courriels le soir puis des adultes qui, à l'heure du souper, sortent leur
téléphone sous les yeux des enfants, qui nous en parlent dans les classes. C'est
des adultes qui emploient des enfants... bien, des enfants, non, mais des ados,
des jeunes, et qui les textent, qui essaient de les contacter sur les heures
scolaires.
Puis nous, on enseigne aux enfants puis
aux ados que c'est important de se réunir en face à face, mais c'est aussi des
adultes qui se plaignent que les jeunes jouent au hockey dans la rue, puis des
municipalités qui envisagent d'enfreindre ça, ces jeux-là. C'est aussi des
adultes, dans les lieux publics, qui jugent que les enfants sont <bruyants...
Mme Parent (Emmanuelle) :
...d'enfreindre
ça, ces jeux-là. C'est aussi des adultes, dans les lieux publics, qui jugent
que les enfants sont >bruyants, mais qui jugent aussi les enfants quand
ils ont la tête dans leurs écrans. C'est des adultes... Tu sais, nous, on
enseigne aux enfants que c'est important, une heure d'activité physique par
jour, mais c'est aussi des adultes qui décident de baliser ce nombre
d'activités physiques par jour là dans le système scolaire. Puis, quand nous,
on enseigne aux jeunes d'aller chercher de l'aide, c'est nous, en tant
qu'adultes, qui sommes responsables du système de santé, qui leur répond :
Peut-être une liste d'attente de six mois avant qu'on puisse répondre à... puis
donner des soins psychologiques.
Comme j'ai dit, je ne dis pas ça pour vous
chicaner. Le but, ce n'est pas de culpabiliser, c'est de se responsabiliser. On
a un pouvoir énorme sur l'utilisation du numérique chez les jeunes puis on est
capables, de façon transversale, en ne parlant pas juste d'écrans, mais aussi
de santé physique, de santé psychologique, de vie privée, de faire un
changement dans leur vie. On part avec les... On part avec les leçons. Je vais
vous donner des témoignages d'enfants puis d'ados pour chacune de celles-là.
N° 1, les jeunes
voient les adultes. Ce qu'on entend le plus chez les enfants, quand on leur
demande : Qu'est-ce que vous voulez qu'on dise aux décideurs, aux parents,
c'est : Oui, oui, oui — la petite main dans les airs — dites
à mes parents de lâcher leurs téléphones, dites à mes parents de ne pas prendre
leurs téléphones quand je leur parle en même temps. Chez les ados, on ne voit
pas cette candeur de vouloir l'attention des adultes, on se justifie, on dit :
Bien, si les parents sont devant la télé, si les parents jouent à Candy Crush,
sont sur leur cell, sur Facebook, ce réseau social de vieux, n'est-ce pas, eh
bien, nous aussi, on va l'être, sur les écrans. Donc, les études le montrent
aussi, que le temps d'écran, en fait, chez les parents, peut être un prédicteur
de plus haut temps d'écran chez les jeunes. Bonne nouvelle, cependant, c'est
que, selon un dernier sondage de PAUSE, mené par Léger en 2024, il y a
90 % des parents qui sont prêts à réduire leur temps d'écran, mais il faut
les aider. 37 % d'entre eux disent que ça va être pas mal difficile.
Leçon n° 2, les
jeunes reconnaissent que l'utilisation des plateformes, bien, oui, c'est
difficile à réguler. Ils vont nous dire : Quand tu entres dans TikTok, tu
ne sors pas de TikTok ou... Ça, c'est un jeune au secondaire ou un jeune au
primaire qui me dit : Bien, ma Xbox est dans ma chambre, je regardais des
vidéos dessus avant de me coucher, bien, puis, même si j'étais fatigué, je
voulais vraiment savoir c'était quoi, la prochaine. Donc, c'est difficile de se
réguler, et les jeunes, ils le savent, que c'est difficile de lâcher Fortnite,
de lâcher son cell, de lâcher TikTok, les «reels», les «shorts», YouTube. On
les nomme tous, puis ils sont irrités par cette perte de contrôle. On les fait
regarder leur temps d'écran dans les classes. Ils ont honte. Parfois, ils ne
veulent pas nous communiquer le temps qu'ils passent sur leurs téléphones. Ils
sentent qu'il y a un jugement des adultes.
Même si je viens dire que c'est difficile
à réguler, leçon n° 3, les jeunes ne sont quand même
pas des utilisateurs passifs des écrans. Ils mettent en place des stratégies
pour s'aider. Donc, il y a des jeunes qui nous disent : Bien, moi, en
période d'examen, je supprime mes réseaux sociaux. Il y en a qui disent :
Moi, je n'ai pas du tout TikTok, c'est trop addictif, d'autres qui disent :
Je me suis mis une limite d'une heure sur mon application, sur Instagram, pour
essayer de passer moins de temps là-dessus. Et, chez les enfants, pour faire
plaisir aux parents, quand on leur demande c'est quoi, leur truc, ils vont
nommer leurs parents, ils disent : Je n'ai pas le goût de passer toute la
soirée devant mon jeu vidéo ou devant les écrans, ça fait que mes parents, ils
m'aident vraiment à dire : O.K., là, c'est assez, ou O.K., on s'en va
faire autre chose.
Leçon n° 4, les
jeunes veulent être sur les écrans pour être en contact avec leurs amis. Quand
on leur demande : Pourquoi tu as téléchargé les réseaux sociaux?, ils nous
nomment : Pour parler avec mes amis. Quand on veut les séparer de leur
téléphone, ce qui les inquiète, ce n'est pas nécessairement : Ah non! je
n'ai plus cet appareil technologique, c'est : Ah non! je ne pourrai plus
être en contact tout le temps avec mes amis, se parler. Et ils se parlent sur
Snapchat, un peu sur Instagram, un peu sur Messenger. Le but, c'est justement
de continuer cette socialisation-là qui est tellement importante quand on est
en plein développement de notre autonomie relationnelle, quand on se définit de
plus en plus par nos amitiés, tu sais, à l'âge scolaire.
Puis j'aimerais aussi apporter votre
attention sur deux citations où les jeunes vont vraiment chercher du soutien. Donc,
ce n'est pas juste de la socialisation, du soutien en ligne. Un jeune de
secondaire I nous dit : La situation familiale de mon ami est difficile en
ce moment, puis, quand on se connecte pour jouer, c'est son moment pour nous
parler, on l'écoute puis après on se change les idées. Donc, quand ils jouent
en ligne, les jeunes, ils ne font pas juste dire : O.K., tasse-toi, il y
en a un qui arrive. Ils se parlent aussi de leurs problèmes et ils permettent
de s'ouvrir.
Celle-là est un peu plus difficile. Il y a
un jeune de 16 ans qui nous dit : J'ai reçu des menaces de mort sur
Instagram à cause que je fais des dessins de manga. Il vit de l'intimidation, il
dit : Je l'ai dit à mes profs, on m'a suggéré de retirer les réseaux
sociaux, mais je veux rester sur Instagram parce que c'est la seule place où on
ne me niaise pas, j'ai une communauté qui m'encourage dans ce que je fais puis
qui m'inspire. Donc, pour des jeunes qui ont des intérêts, qui seraient
marginalisés ou qui sont marginalisés, donc, je pense aux femmes, je pense aux
jeunes racisés, aux jeunes de la communauté LGBT, les réseaux sociaux, les
communautés en ligne deviennent vraiment un soutien que peut-être qu'ils n'ont
pas dans la vie en face à face parce qu'ils vivent certaines discriminations.
• (14 h 10) •
Leçon n° 5,
donc, oui, elle, elle est longue, mais les autres sont plus courtes, les jeunes
ont besoin d'outils de signalement plus <efficaces...
Mme Parent (Emmanuelle) :
...les
jeunes ont besoin d'outils de signalement plus >efficaces que ceux qui
sont déjà en place. Les jeunes veulent plus de contrôle dans les plateformes.
Celle aussi... Celle-là aussi est «tough», un jeune du primaire qui est venu
voir une de nos animatrices pour lui dire : Madame, comment je fais pour
ne plus voir de vidéos de fusillades dans les écoles aux États-Unis sur mon
TikTok, comment je fais pour ne pas voir de photos, de vidéos de guerre en
Ukraine, en Palestine? Eux, ils vont là-dessus pour se distraire, puis ils
n'arrivent pas à contrôler le contenu, puis les parents, même bien
intentionnés, ils n'arriveront pas contrôler ce contenu-là non plus. Une autre
ado dit : Je suis tannée de me faire proposer des pubs de diète, je ne
veux pas maigrir, je me suis abonnée à des bons comptes, mais c'est ça qui
s'offre à moi dans les publicités. Puis les jeunes disent aussi : Si tu
publies sur les réseaux sociaux, assume que tu peux avoir de la haine. Ça, ça
nous fait de la peine parce que, bien, c'est très normalisé, donc, en ligne.
Puis, maintenant, plus sur les jeux vidéo,
des ados de secondaire I, II nous disent : Bien, je me fais
régulièrement demander mon Insta et mon numéro de téléphone quand je game,
quand on entend que j'ai une voix de fille. Puis même des garçons de
secondaire II m'avaient raconté qu'ils avaient changé leur avatar de
garçon à fille, donc, leur personnage s'affichait comme féminin, puis il a dit :
Aïe! Je ne ferai plus jamais ça, je recevais bien trop de messages d'étrangers,
d'adultes sur... pendant que je joue. Donc, les jeunes apprennent à naviguer
là-dedans, à contourner ça, mais ils veulent plus de contrôle.
Leçon 6, les jeunes détournent les
contrôles parentaux. Ils disent qu'ils écoutent des vidéos YouTube pour savoir
comment réactiver le wifi, comment amener un téléphone à l'école qui n'est pas
le leur pour le mettre dans la pochette.
Leçon n° 7, les
jeunes se sentent... ne veulent pas se sentir jugés au moment d'aller chercher
de l'aide. Donc, ils disent : Je n'ai pas dit à mes parents que j'avais
publié sur TikTok par accident parce que je ne voulais pas me faire chicaner — là,
ils sont allés vers une autre personne de confiance — ou : Mes
profs vont dire : Ah! encore une affaire de réseaux sociaux. Donc, je ne
dis pas que les profs vont juger, pas du tout. Je pense qu'ils accueilleraient
bien ces problématiques-là, mais les jeunes se sentent jugés puis ça les
effraie d'aller consulter puis d'aller chercher de l'aide pour ça.
Puis, huitième leçon, les jeunes sont
prêts à aborder la question du numérique, mais avec nuance et bienveillance. Si
on arrive avec un ton paternaliste et moralisateur, ils vont probablement être
sur la défensive puis vous nommer tous les bienfaits des réseaux sociaux, alors
que, si on arrive avec une écoute ouverte, ça va.
Trois recommandations à l'issue de ces
leçons...
La Présidente (Mme Dionne) : ...mais
je... voulez-vous poursuivre?
Mme Parent (Emmanuelle) : Vous
pouvez me le poser en question.
La Présidente (Mme Dionne) : ...mais
on va vous laisser terminer, hein? C'est très intéressant. D'accord, allez-y, continuez.
Mme Parent (Emmanuelle) : Merci
pour ces secondes supplémentaires.
Donc, la recommandation n° 1,
l'éducation et la sensibilisation. Les jeunes, je dis qu'ils ont des outils,
mais ils n'en ont pas tous. Ils n'ont pas tous des connaissances sur leur... la
vie privée, c'est quoi, les signalements qu'ils peuvent faire, etc. Donc,
vraiment les informer, informer aussi les adultes autour d'eux qui peuvent les
aider, les parents, le personnel scolaire, etc.
Deuxièmement, deuxième recommandation, bien,
parler de bien-être associé au numérique chez les jeunes, c'est parler de
bien-être global. Ça fait que, quand on développe des parcs puis on met des
parcs dans les villes, ça diminue le temps d'écran des tout-petits. Quand on a
des activités abordables, accessibles autour de chez eux, ça leur offre des
alternatives aux écrans.
Puis la troisième recommandation, c'est
que... Tu sais, je vous ai dit que les jeunes, ils avaient honte, des fois, de
nous dire leur temps d'écran. Bien, c'est que la honte, là, là, il faut qu'elle
change de temps... il faut qu'elle change de camp. Ce n'est plus les enfants
puis les ados, là, qui doivent avoir honte de venir vers nous quand ils ont des
difficultés, mais c'est plus ceux et celles qui exploitent les vulnérabilités
psychologiques, les vulnérabilités des jeunes pour faire des profits, qui, eux,
devraient avoir honte.
En ce moment, les plateformes comme Meta
et Alphabet, qui ont Google, Snap Inc., ByteDance, ils se vantent, là, à coups
de communiqués de presse, de toutes les initiatives qu'ils font pour le
bien-être des enfants, mais on le sait, qu'il faut qu'ils répondent à des
incitatifs financiers. Je, eh oui, moi, Emmanuelle... mais est-ce qu'on leur
fait vraiment confiance pour prendre en charge le bien-être des enfants? Bien
non. Ça fait qu'on est mieux de réguler les plateformes numériques et
l'industrie du jeu vidéo.
Donc, voilà, c'est tout. Ça fait que,
chaque adulte, prenons responsabilité, avec empathie, pour les jeunes, mais
aussi avec beaucoup, beaucoup de courage pour aller cogner aux portes des
grandes entreprises. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, Emmanuelle, pour ces partages de jeunes qui sont nos... notre
clientèle première de cette commission. Alors, je donnerais la patronne
maintenant à la députée d'Iberville... de, oui, Iberville, oui, tout à fait, allez.
Mme Bogemans : Merci.
Avez-vous des exemples précis? Le dernier point que vous avez nommé, justement,
être capable de mieux réguler les plateformes, les jeux vidéo, des mesures
concrètes, ça serait quoi?
Mme Parent (Emmanuelle) : Absolument,
je vais prendre un exemple d'un projet... Il y a plusieurs projets de loi
actuellement, que ce soit... surtout au Royaume-Uni, en Europe, aux États-Unis
ou en Australie. C'est les quatre qu'on nomme le plus souvent, dont on peut
s'inspirer. Celui aux États-Unis, par exemple, qui est le Kids Online Safety
Act, puis il y a aussi un Privacy... bon, pour la vie privée, va aller dans
différents points.
Un premier, c'est d'implémenter des
fonctionnalités davantage. Tu sais, pour réguler les <plateformes...
Mme Parent (Emmanuelle) :
...premier,
c'est d'implémenter des fonctionnalités davantage. Tu sais, pour réguler les >plateformes,
ils ont demandé de mettre plus de fonctionnalités pour des signalements pour
prévenir les problèmes associés à la haine, à l'exploitation sexuelle, pour que
les jeunes puissent appeler à l'aide, pour, tu sais, direct, signaler si
quelqu'un leur semble louche, puis que ce n'est pas le réseau social qui leur
répond : Non, non, cette personne, qui s'appelle X823, ne contrevient pas
aux règles de la communauté même si elle vous a dit salut, tu sais. Donc, des
meilleures fonctionnalités...
Deuxièmement, c'est des fonctionnalités
par défaut pour les mineurs. Donc, toute personne qui a sous 18 ans ou
sous 16 ans, elle aurait des communications restrictives. Donc, il y a
moins d'inconnus qui peuvent entrer en contact avec toi. Ils n'ont aucun accès,
disons, à tes données personnelles. Il y a possibilité de supprimer ton compte
et les données qui y sont associées sur le réseau social.
Puis un troisième point, c'est plus
d'outils pour les parents aussi lorsqu'une personne mineure crée un compte, que
ce soit sur les jeux vidéo, là, en ligne ou réseaux sociaux, que ça permette
aux parents de pouvoir plus gérer la vie privée, réduire les achats qui peuvent
être faits, qu'il y ait des mécanismes de signalement aussi pour les parents qui
s'inquiètent.
Puis le dernier point, c'est des rapports
de transparence. Donc, combien de comptes ont été retirés? Combien d'adultes,
là, ont été signalés pour parler... tu sais, des inconnus qui parlent à des
enfants? Puis est-ce que les données peuvent être transmises à la recherche
pour qu'on puisse mieux comprendre à quoi ça ressemble, une utilisation
problématique, tu sais, concrètement, là?
Donc, ça, c'est des lois qui... un projet
de loi qui est mis en place. Puis, au Royaume-Uni, justement, je donne ce petit
exemple-là puis je vais prendre une autre question, là, mais, récemment, ils
ont... ça a justement fait reculer une nouvelle fonctionnalité de TikTok qui
visait à ce que les utilisateurs, même mineurs, cumulent des points. Donc, moi,
si j'ai 14 ans, j'ai 13 ans, je suis sur TikTok, à chaque fois que je
like quelque chose, que je regarde des contenus, que je commente,
j'accumulerais des points, puis là ces points-là peuvent être transférables en
points Amazon, ou transférables sur PayPal, ou des des points TikTok. Donc,
vous voyez le... Tu sais, donc, c'est une mécanique marketing, mais là, donc,
le fait qu'il y a un projet de loi qui ressemble à ce que je viens d'énumérer a
fait que ça n'a pas passé puis, en ce moment, ça a été retiré.
Mme Bogemans : La meilleure
façon d'aiguiser le sens critique des jeunes par rapport à ce que vous venez de
nommer, ce serait quoi?
Mme Parent (Emmanuelle) : Une
première étape, je pense, ça commence par une introspection, très important. C'est
un problème complexe, puis il n'y a pas deux jeunes qui sont pareils. Il y en a
qui sont plus des gamers. Il y en a qui sont plus sur les réseaux sociaux. Même
parmi ceux qui sont sur les réseaux sociaux, il y en a qui adorent regarder des
vidéos, tandis qu'il y en a d'autres que c'est plus un stress associé à écrire
à leurs amis ou à vivre justement de la haine en ligne. Donc, c'est vraiment de
commencer avec du cas par cas puis d'amener les jeunes à se poser des questions
sur leur propre utilisation parce, tu sais, ils sont nés là-dedans. Ça fait que,
souvent, ils le prennent pour acquis.
La Présidente (Mme Dionne) : Mme
la députée de Hull avait une question, ensuite le député de Marquette.
Mme Tremblay : Oui, toujours
dans la même ligne de ce que vous venez de mentionner, ça a un lien, bien, tout
dans la régulation, là, au niveau de... Tu sais, tantôt, vous avez parlé...
hein, ils reçoivent des images, des vidéos ou du contenu qui s'adresse à eux,
mais qu'ils ne souhaitent pas nécessairement voir. Donc, est-ce que ça va...
Est-ce que ça serait une autre façon de réguler les plateformes? Est-ce que ça
aussi, ça se fait ailleurs dans le monde?
Mme Parent (Emmanuelle) : 10
sur 10, oui.
Mme Tremblay : Ça se fait
aussi. Vous ne l'avez pas nommé, mais...
Mme Parent (Emmanuelle) : Ça
se fait. Non, je ne l'ai pas nommé, en effet, puis c'est une bonne façon... En
fait, justement, avec le projet de loi au Royaume-Uni, entre 2017-2024, là, il
y a plus de 120 fonctionnalités comme ça, là, qui ont été retirées ou qui
ont été mises à jour, tu sais, que... puis une d'entre elles, c'est justement
ce que vous venez de nommer, de dire qu'il y a des inconnus qui ne peuvent pas
nous envoyer de photos, ou, sur Snapchat, par exemple, un inconnu ne peut pas
m'ajouter à moins qu'on ait un grand nombre d'amis en commun, donc, là, pour
faciliter que quelqu'un dans ma classe peut m'ajouter, mais quelqu'un qui ne me
connaît pas du tout ne puisse pas m'ajouter, parce que ça, c'est une des
stratégies que les jeunes nous ont rapportées, des adultes qui leur disent :
Ah! mais je connais... je connais ton ami. Puis il y a des données personnelles
même sur les enfants, là, qui... donc, on peut savoir, bon, ils vont à quelle
école, ils sont dans l'équipe de soccer. Donc, ça sème un doute pour les
jeunes, ça. Donc, quand il y a des fonctionnalités comme ça, où c'est
nécessaire, tu sais, de le suivre d'avance ou d'avoir des amis en commun, bien,
ça devrait prévenir normalement ce genre d'interaction là.
Mme Tremblay : Puis, même
chose pour le contenu, il faudrait mieux contrôler ce qu'ils voient aussi. Et
l'âge numérique, parce que, vous savez, c'est déjà... Bon, certaines
plateformes disent : Pas avant tel âge. Et là on voit... Bon, est-ce que
c'est vraiment respecté? Bon, pas tout le temps. On le voit fréquemment, vous
l'avez... sûrement que les jeunes vous l'ont nommé dans les écoles également.
Donc, on se questionne là-dessus aussi. Est-ce qu'on doit imposer un âge
numérique? Et comment on peut obliger les plateformes, justement, à... le
respect de cet âge-là numérique, là, qui est là, là, mais qui n'est totalement
pas respecté?
• (14 h 20) •
Mme Parent (Emmanuelle) : Oui,
parce que, présentement, vous le nommez, ce n'est pas respecté. On le voit dans
les <classes...
Mme Parent (Emmanuelle) :
...dans
les >classes, là, tu sais, sur... On est en quatrième année puis on demande :
Qui ici a Tiktok? Puis il y a plein de mains qui se sont levées. Puis on
demande aux jeunes : Savez-vous c'est quoi, l'âge minimum pour ça? Puis là
c'est comme : 16, 15, 13, 12. Tu sais, ils ne savent pas nécessairement.
Puis, quand on se crée un compte, on nous demande notre âge, mais il n'y a pas
de vérification. Dès qu'on tombe dans la vérification, puis là je ne serai pas
la seule experte à vous dire ça dans les prochaines semaines, c'est qu'on tombe
en enjeu de vie privée, donc, c'est de dire : Bien, comment est-ce qu'on
fait pour vérifier l'âge? Est-ce qu'il faut mettre une preuve, je ne sais pas,
de notre âge? Est-ce qu'il faut que les parents partagent une vérification
quelconque, etc.? Ça, c'est les questions que l'Australie, la France, et tout,
se posent actuellement, parce que c'est vraiment le défi avec l'âge minimal. Ça
fait que ça, c'est le côté technique de l'applicabilité.
Un autre côté de l'applicabilité, c'est...
je vous l'ai dit, c'était ma leçon numéro, attendez, six, les jeunes sont très
bons pour contourner les contrôles. Tu sais, en Corée du Sud, ils avaient mis
un couvre-feu la nuit, de minuit à six heures du matin, puis ils l'ont retiré
parce que, finalement, les jeunes qui veulent vraiment jouer, ils trouvent une
manière de jouer. Tu sais, c'est très difficile. Je ne dis pas que c'est
impossible, mais c'est très difficile, puis, voilà, les jeunes, tu es brillant
à 16 ans, là, vraiment, même à 14, 13, les jeunes, là, sont
impressionnants. Donc, c'est ça.
Maintenant, ça, c'est le côté technique,
le côté, bon... Puis, finalement, c'est que, si on met, disons... Tu sais, la
question de l'âge, elle est importante. Je la trouve difficile, mais, si on
met, disons, une interdiction de réseaux sociaux avant 16 ans, bien, tu
sais, quand j'ai parlé, là... ma leçon sept, là, les jeunes ne veulent pas se
sentir jugés, c'est sûr que, si c'est interdit, pour toi, d'aller sur les
réseaux sociaux puis que, là, tu te fais parler par un inconnu où que tu as
joint un groupe quelconque, que tu as des doutes... bien, c'est sûr que ça peut
être plus difficile à aller chercher de l'aide à ce moment-là, puis il y a
aussi que ce n'est pas nécessairement reconnaître l'autonomie des jeunes dans
leur capacité quand même à avoir un équilibre puis à profiter des bienfaits des
réseaux sociaux. Tu sais, ce qu'ils veulent, ce n'est pas nécessairement pas
avoir TikTok, c'est juste que ça soit moins addictif, puis qu'ils puissent
contrôler plus le contenu puis plus les personnes qui rentrent en contact avec
eux. Donc, est-ce que ça répond à votre question?
Mme Tremblay : Ça répond très
bien à ma question. Je vais passer maintenant la parole à une autre personne.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, Mme la députée. M. le député de Marquette.
M. Ciccone :Merci beaucoup. Merci d'être là, Dre Parent. Hier, on s'est
parlé. On en aurait pris pas mal plus, mais merci d'être là encore aujourd'hui.
On a beaucoup de questions, puis là on va aller dans tous les... toutes les
sphères puis dans tous les lieux, là, mais, à la base, là, pour régler un
problème, selon moi, là... Puis corrigez-moi si j'ai tort, là, mais il faut
vraiment aller à la base pour régler un problème, puis êtes-vous d'accord pour
dire que le problème, là, ça commence par les adultes puis ce n'est pas les
jeunes, là, c'est les adultes? Est-ce que je me trompe quand je dis ça?
Mme Parent (Emmanuelle) : Je
suis tellement d'accord. C'est le titre de notre mémoire. Je suis vraiment
d'accord. Est-ce que votre question était plus adressée, mettons, aux parents
ou au personnel scolaire? Parce que, disons, ce qui aide... mais ces adultes-là
qui gravitent dans la vie des enfants, c'est qu'eux aussi, ils ne connaissent
pas nécessairement le numérique, là. Donc, d'avoir des campagnes de
sensibilisation... On les informe. On commence à avoir, tu sais, des
connaissances scientifiques. Quand même, là, je disais : Bon, quand les
parents ne sont pas sur les écrans, ça aide, etc. Donc, il faut leur
transmettre... Donc, pour des personnes dans la recherche comme moi, ça devient
frustrant, parce qu'on ne veut pas que ce soit hermétique. On veut transmettre
les bonnes pratiques au milieu scolaire, au milieu de la santé, pour qu'ils
puissent au moins avoir la capacité de les mettre en application.
M. Ciccone :Avez-vous, lors de vos recherches, justement, tenté cette
expérience-là avec une famille, par exemple, dire : Bien, pour les
prochains mois, les parents, on laisse les écrans de côté, téléphones, puis on
va évaluer, voir le temps d'écran des jeunes? Si, comme modèles, ils vous
regardent puis ils voient que vous n'avez pas votre téléphone dans les mains ou
vous faites d'autres activités, le temps d'écran va descendre. Avez-vous tenté
cette expérience-là?
Mme Parent (Emmanuelle) : Vous
allez recevoir...
M. Ciccone :Avez-vous des chiffres là-dessus? Oui?
Mme Parent (Emmanuelle) : Oui,
vous allez recevoir des experts qui ont fait exactement ces études-là, qui vont
pouvoir mieux répondre à vos questions que moi. Moi, par contre, ce que je peux
vous nommer, c'est vraiment l'inconfort des jeunes, là, qui est unanime, là, mais,
quand je dis unanime, le feu pogne, là, dans les classes au moment où on parle
de l'utilisation des écrans. Ça fait qu'au-delà des chiffres, au-delà des
pourcentages de jeunes, au-delà... dans chaque classe qu'on visite, les jeunes
mentionnent qu'ils veulent l'attention de leurs parents. Donc, c'est vraiment
flagrant, là.
M. Ciccone :Dernière question pour moi. Dans vos conclusions puis vos
recommandations, là, vous dites : «Favoriser le bien-être numérique en
déployant des activités alternatives.» Vous avez dit, dans votre énoncé initial...
Vous avez parlé d'une heure d'activité physique par jour. Ça, pour moi, c'est
de la musique à mes oreilles. Il y a le dicton qui dit : Ça prend un
village pour élever un enfant, là. Est-ce que ça prend l'aide de tous les
ministères, par exemple, puis ne pas avoir comme complice... Puis là je vous...
une sous-question, là, quand vous voyez des écoles qui vont <offrir...
M. Ciccone :
...là je vous... une sous-question, là, quand vous
voyez des écoles qui vont >offrir des programmes de e-sport dans les
écoles, puis, quand, je vous dis, là, c'est des tactiques Fortnite, parce
qu'éventuellement il y a les jeux olympiques de jeux vidéo qui s'en viennent,
il faut préparer les jeunes, est-ce que notre réseau scolaire... puis, même, à
plusieurs égards, privé, là... ne sont pas des complices de la problématique
avec ces offres de programmes là?
Mme Parent (Emmanuelle) : Vous
avez raison, c'est une grosse sous-question. Donc, je vais les aborder, les
deux, séparément.
Premièrement, au sujet des activités
alternatives comme facteur de protection de... Tu sais, quand je dis que les
jeunes perdent le... disent perdre le contrôle, parfois, quand ils posent leurs
téléphones, ce qui les aide, c'est de savoir qu'ils ont quelque chose d'autre à
faire. Je parlais à une adolescente qui me dit : Samedi passé, j'ai
supprimé TikTok, plus capable de passer du temps là-dessus, cinq minutes plus
tard, je l'ai retéléchargé. J'étais comme : Bien, pourquoi? Elle dit :
Bien, je ne savais pas quoi faire.
Donc, oui, que ce soit de l'activité
physique... La phrase que vous nommez, ça prend un village pour élever un
enfant... C'est clair que c'est des facteurs protecteurs. Puis même les experts
de cyberdépendance que vous allez, encore une fois, recevoir dans les
prochaines semaines misent sur la diversité d'activités, puis, on l'entend, les
jeunes qui ont plusieurs activités, bien, les écrans en font partie, limite,
les encouragent. Ils aiment le soccer, ils regardent des vidéos sur le soccer.
Ça les incite à faire des activités en vrai. Décidément, ça a un impact.
Après, pour le e-sport, c'est... Dans les
écoles, encore une fois, il va y avoir plus des experts de e-sport que moi qui
vont venir parler ici, mais je peux nommer quand même que, quand c'est dans...
encadré dans le milieu scolaire, habituellement, les jeunes reçoivent aussi des
cours sur les saines habitudes de vie. Donc, c'est très encadré, justement,
parce qu'ils connaissent tous les problèmes de cyberdépendance. Donc, c'est ça,
je ne m'avancerais pas trop là-dessus, mais, de mon expérience, quand je suis
allée dans des écoles qui avaient des programmes d'e-sport, c'étaient les
premiers à recevoir nos ateliers parce que, tu sais, justement, on ne veut pas
qu'il y ait de... c'est ça, que ça vire mal.
M. Ciccone :Mais on n'augmente pas le nombre d'heures sur les écrans,
justement, tu sais, un élément qui est potentiellement dépendant, dans les
écoles, parce qu'on serait naïfs de dire : Bien là, on l'encadre à
l'école. Quand ils retournent à la maison, ils vont retourner quand même sur
leurs jeux vidéo, là. On n'ajoute pas des heures?
Mme Parent (Emmanuelle) : Oui,
c'est possible.
M. Ciccone :Ce n'est pas la mission de notre système d'éducation, ça,
non?
Mme Parent (Emmanuelle) : Là,
ce n'est pas à moi de dire c'est quoi, la mission de notre système d'éducation,
mais, quand même, les jeunes, qu'est-ce qu'ils vont chercher dans le jeu vidéo,
parfois, ce n'est pas juste une fuite, là, tu sais, des fois, tu sais, parce
qu'on... Ce n'est pas juste une fuite, c'est de la coopération, de la
valorisation, du travail d'équipe. Dans l'e-sport, les jeunes travaillent en
groupe. Donc, ils vont s'encourager. Ils sont suivis par un coach. Donc, ça
devient plus... C'est sûr qu'il n'y a pas la partie physique, là, de bouger,
mais ça devient vraiment compétitif comme un sport, ce qui est très, très
valorisant, puis j'imagine que vous le savez, ça, là. Mais, quand même, ça vaut
la peine de se pencher là-dessus, puis il y a d'autres personnes qui vont
pouvoir peut-être vous en parler dans d'autres termes que moi.
M. Ciccone :Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour de nouveau. Je reviens un peu sur la question de la
majorité numérique. Considérant les défis d'applicabilité que vous avez bien
résumés, est-ce que c'est souhaitable de faire ça?
Mme Parent (Emmanuelle) : Je
vais dire que, si c'est la seule initiative, c'est insuffisant. Vraiment, je ne
pense pas que c'est souhaitable pour les jeunes qui veulent aller chercher de
l'aide puis qui vont se sentir jugés peut-être par cette interdiction, qui ne
voudront pas mal faire, pas du tout. Je ne pense pas que c'est souhaitable non
plus pour les jeunes qui vont chercher beaucoup de soutien social sur les
réseaux sociaux, dans les communautés en ligne. Je ne pense pas que ça va
régler les problèmes de cyberintimidation non plus.
Je veux dire, les personnes qui
travaillent dans les écoles le savent, là, les insultes, ça peut très bien être
sur Teams ou par texto, là. Ça n'a pas juste lieu sur Snapchat puis Instagram.
Puis je ne pense pas non plus que ça peut régler le problème de... perdre le
contrôle en regardant des vidéos parce que, bon, disons que les réseaux
sociaux, on définit ça comme TikTok, Instagram, Snapchat, bien, que fait-on de
Disney+ et Netflix, qui emboîtent le pas aussi avec des vidéos au format court?
Donc, il y a des défis, vraiment, de définition à ça.
Puis, voilà, donc, je ne pense pas
nécessairement qu'en ce sens-là c'est souhaitable puis... Donc, si on décide
que la majorité numérique est à 16 ans, bien, moi, je vais revenir ici puis je
vais quand même être inquiète des jeunes de 16 ans qui arrivent sur ces
plateformes-là qu'on n'a pas régulées, où est-ce qu'ils voient encore des pubs
de diète, des pubs qui peuvent leur... bien, du contenu qui peuvent leur parler
de troubles de comportements alimentaires. Donc, ça ne règle pas nécessairement
le problème à sa source.
M. Leduc : Est-ce qu'on peut
dire alors que c'est une fausse bonne idée?
Mme Parent (Emmanuelle) : Ça
peut donner un faux sentiment de sécurité, oui.
• (14 h 30) •
M. Leduc : O.K. Toujours dans
l'applicabilité, moi, je reste marqué par la bataille entre le gouvernement <fédéral...
>
14 h 30 (version révisée)
<17935
M. Leduc :
...moi, je reste marqué par la bataille entre le gouvernement >fédéral
et Facebook, notamment, sur la présence des médias. Il n'est toujours pas
possible de faire référence à des articles sur ce réseau social là. C'est quoi,
la capacité réelle d'un État de droit comme le Québec, par rapport à des
exemples que vous avez vus ailleurs, de faire plier une multinationale comme
Facebook? Mais là on parle de Snapchat, et autres, c'est quoi, notre réel
rapport de force qu'on a avec eux?
Mme Parent (Emmanuelle) : C'est
que... Je pense que c'est qu'ils soient tous dans les mêmes règles. Parce que
les personnes qui... Tu sais, mettons, je suis bienveillante, O.K.? Les
personnes qui travaillent chez Meta, ils ne veulent pas que les enfants se
fassent contacter, là, par l'exploitation sexuelle, ils ne veulent pas que les
ados se mettent à voir du contenu qui est vraiment inapproprié. Donc, si je
crois en la... Si on croit en la... quand même, la bienveillance de ces
compagnies-là, bien, c'est tout à leur avantage de jouer dans les mêmes règles
de jeu. Parce que si, demain matin, TikTok décide de décourager tout le... de recommandations
de contenu qui suscite beaucoup d'engagement, mais que les autres plateformes
ne le font pas, bien, ils vont peut-être moins avoir l'attention des
consommateurs, moins avoir l'attention des gens sur les réseaux sociaux, donc
ça les rend moins compétitifs. Tandis que si... L'avantage pour les
plateformes, c'est de dire : Bon, bien, on joue tous dans les mêmes règles
de compétition en ce moment.
M. Leduc : Ça, je
comprends que c'est comme... entre elles, elles peuvent se dire ça, mais l'État,
lui, il peut appliquer des lois, puis, dans votre expérience, ce que vous avez
vu, ça fonctionne bien, les plateformes se plient aux nouvelles directives qui
peuvent être adoptées par différents États?
Mme Parent (Emmanuelle) : Bien,
dans les exemples que j'ai nommés, là, avec le Online Safety Act, le Kids
Online Safety Act, etc., les plateformes ont collaboré.
M. Leduc : O.K. Donc, on
ne risque pas de revoir ce qu'on est en train de vivre depuis un peu plus d'un
an maintenant avec Facebook et les médias.
Mme Parent (Emmanuelle) : Bien,
je n'ai pas de boule de cristal, mais, en même temps, quel autre choix sinon?
On va se dire : On n'est pas capable? Ah non! Les jeunes... Aïe! Quand tu
verras une vidéo de fusillade, tu viendras m'en parler?
M. Leduc : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, Dre Parent. C'est toujours très fascinant de vous
entendre. Merci beaucoup pour votre expertise puis merci de nous la partager.
Je vous écoute depuis tantôt, puis, bon, il y a quelques-unes de mes questions
qui ont été répondues ici, notamment sur la majorité numérique. Mais, si on
avait à faire un continuum, là, au niveau de vos recommandations, ce que j'entends,
c'est qu'au niveau de l'individu, au niveau du jeune, notre rôle, le cadre que vous,
vous recommandez, c'est un cadre de sensibilisation, c'est un cadre de
responsabilisation du jeune, s'assurer, donc, de développer son sens critique
et de l'aiguiser. Ensuite, c'est de voir comment est-ce qu'on peut, donc,
développer, donc, des politiques publiques qui encadrent, donc, les adultes
autour de ça. Ce que vous dites dans votre mémoire, bien, les écrans, c'est
aussi un problème d'adulte.
Et là où est-ce qu'on est plus dans la
coercition ou l'interdiction, ce n'est pas, donc, au niveau du jeune. Donc, on
a dit, la majorité numérique peut être une fausse bonne idée, mais beaucoup
plus au niveau des plateformes. Est-ce que c'est un continuum qui reflète bien
vos propos?
Mme Parent (Emmanuelle) : Oui,
je trouve que vous avez bien résumé ça. Je trouve que vous avez bien résumé ça.
Le petit aspect qui manque peut-être, c'est cette notion de... Le numérique, c'est
transversal, c'est vraiment de dire... Comme tantôt vous parliez de :
Est-ce qu'il va falloir qu'on soit plusieurs ministères là-dessus? C'est qu'en
effet, si tu as des activités abordables dans ta ville, que tu as des
alternatives d'activités, ça aussi, ça fait une différence dans les écrans.
Parce que même si on dit demain matin : O.K., Instagram, TikTok, vous êtes
obligés d'être en noir et blanc, vous êtes obligés de mettre un certain nombre
de temps pour les jeunes, bien, on leur enlève quelque chose qui répondait à un
besoin de socialisation, on leur enlève quelque chose qui répondait à un besoin
de distraction. Puis par quoi est-ce qu'on le remplace? Donc là, c'est là que c'est
intéressant de dire : Bien, O.K., on va peut-être investir ou, en tout
cas, dans les écoles, O.K., on se dit : Peut-être moins téléphone, mais en
même temps on va être plus là pour eux. Donc, c'est peut-être ça qui complète
le continuum, là, si je peux ajouter.
Mme Cadet : Merci.
Ensuite, bien, plus tôt, vous parliez, donc, de... bien, en fait, que c'est important
pour le jeune de se poser des questions sur son utilisation. Puis vous avez
quand même fait, donc, la part des choses entre une utilisation dite positive
ou jugée positive puis une autre, donc, qui serait peut-être, donc, plus
néfaste, donc, quant au contenu. Donc, j'aimerais ça, donc, vous entendre,
peut-être pour le bénéfice de tous, sur la qualité de ce que... bien, en fait,
de l'information qu'on reçoit, donc le contenu, donc, qui est présenté aux
jeunes, puis la quantité d'heures. Parce qu'en fait, quand vous... En fait,
vous nous parliez hier, donc vous nous disiez, donc, oui, c'est bien beau d'avoir
des lignes directrices sur la quantité de temps passé sur les écrans, parce qu'on
se pose beaucoup ces questions-là sur le temps passé sur les écrans, c'est
beaucoup d'heures, beaucoup d'heures, mais, quand on décortique le temps passé
sur les écrans pour chaque jeune, l'expérience est différente, puis il y a ce
sens critique là à développer, oui, pour les jeunes, mais aussi pour l'adulte.
Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Parent (Emmanuelle) : Oui.
En fait, pour réfléchir au-delà du temps d'écran... parce que les jeunes vont
vous le dire, deux jeunes qui passent trois heures, disons, sur les écrans pour
le loisir par jour ne feront pas nécessairement les mêmes activités, hein? Des
fois, ils nous disent : Bien, j'ai lu un livre sur ma tablette, après j'ai
écouté des vidéos, etc. Puis ce n'est pas toutes les utilisations qui vont <avoir...
Mme Parent (Emmanuelle) :
...un
livre sur ma tablette, après j'ai écouté des vidéos, etc. Puis ce n'est pas
toutes les
utilisations qui vont >avoir le même impact sur le
bien-être. Donc, oui, on veut regarder le temps. C'est clair que ça, c'est
indicateur de quelque chose, parce que si un jeune passe 12 heures par
jour sur les écrans, on se dit : O.K., bien là, qu'en est-il du sommeil,
de l'école, des relations, de l'hygiène, de l'activité physique, etc.? Donc,
oui, le temps, c'est important.
Deuxième chose sur quatre : le
contenu. Donc, le contenu, comme je disais, peut-être que ça a pris une
seconde, là, ou quelques-unes pour qu'un jeune voie, quand il ouvre YouTube...
puis ça, c'est une vraie histoire, le jeune a dit : Je n'aime pas ça, ces
temps-ci, il y a une bande-annonce de film d'horreur, ça me fait peur, je
n'aime pas ça, là, c'est La Nonne, elle me fait peur, et tout.
Donc, l'enfant me raconte ça. Ça fait qu'il n'a même pas écouté une vidéo, ça
fait peur. Donc, le contenu compte. Des initiatives comme Passe-Partout, ici,
bon, on voit que... Est-ce que, pour des contenus éducatifs, il y a des fois
des comportements prosociaux, donc, chez les jeunes, parce qu'ils ont appris ça
devant un écran?
Troisièmement, il y a le contexte. Donc,
c'est quoi, le contexte? Est-ce que tu es seul quand tu regardes du contenu ou
bien... ou est-ce que c'est une activité sociale? Parce que, si c'est une
activité sociale, ça va être bon pour nos relations, bon pour la socialisation.
Ça se trouve, on écoute Grey's Anatomy... Il y a une adolescente qui me
disait qu'elle écoutait Grey's Anatomy avec sa mère. J'étais comme :
Wow! C'est parce que vous en avez pour 20 saisons, là, d'histoires, de
moments ensemble. Tu sais, je me disais : C'est bon, ça.
Et finalement c'est la vulnérabilité de...
du jeune lui-même. Puis là je donnais l'exemple hier de... dans le cadre de ma
thèse, j'ai parlé à deux adolescentes, individuellement et anonymement, qui
sont amies. Et les deux me parlaient qu'elles suivent une influenceuse à succès
qui vend des costumes de bain, elles en parlent à l'école avec leurs copines, c'est
leur Stat, c'est leur référent culturel, elles en parlent. Il y en a
une, elle m'en parle en disant : Ça l'inspire. Elle veut poursuivre ses
études aux HEC, elle aussi, elle veut être entrepreneure. La seconde me dit :
Je ne veux pas arrêter de les suivre parce qu'on en parle à l'école, puis c'est
le fun, mais chaque fois que je tombe sur le profil, eh! je me trouve moche
puis je trouve que la personne est plus belle que moi. Puis cette jeune-là se
compare négativement. Donc, dans ce cas-ci, c'est embêtant, hein, parce qu'on a
le même temps d'écran, le même contenu, le même contexte, mais l'impact est
vraiment plus difficile pour une que pour l'autre.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
M. le député de Jonquière.
M. Gagnon : Oui. Bonjour, Dre Parent.
Hier, vous avez dit quelque chose, quand même, qui fait un petit peu de peine,
c'est-à-dire on a une spécialiste comme vous au Québec, puis quand vous rentrez
dans une école, avec votre titre, les jeunes disent : Ah non, on va se
faire chicaner. Hier, ça m'a marqué. Puis, quand je lisais votre mémoire, puis
je l'ai relu une deuxième fois, vous faites part d'un outil qui... moi, j'y
crois énormément, c'est la réduction des méfaits. Et vous l'expliquez bien dans
votre rapport. La question est en lien avec la réduction des méfaits,
c'est-à-dire : Bien, si on veut amener le jeune à réduire son geste qui...
ou à réduire le méfait, est-ce que vous pensez que c'est plus le parent, l'école
qui doit venir baliser, réglementer pour l'apporter à réduire, à réduire son
geste, sa consommation, ou c'est plus une formation directe aux jeunes, qui va
l'amener à prendre conscience lui-même de l'outil, du nombre d'heures, du
contenu?
Mme Parent (Emmanuelle) : Je
trouve que c'est deux très belles avenues, ce que vous venez de nommer. Puis la
manière dont elles vont s'articuler, ça dépend beaucoup de l'âge de l'enfant.
Donc, vous allez peut-être entendre parler de l'approche évolutive. Quand on parle
de rapport aux écrans, évidemment, on ne parle pas du même temps d'écran chez
un enfant de deux ans, de huit ans, de 12 ou de 17. Donc, les
parents, l'école jouent vraiment un beau rôle, d'alliés surtout. Moi, je vous
parle de ce que j'entends des enfants. Les enfants nous parlent beaucoup de
leurs parents et de l'école dans les quatrièmes, cinquièmes et sixièmes années,
ça les aide, en train de travailler leur autonomie, en train de se dire :
O.K., là, il faudrait peut-être que j'aille me coucher. Donc, ils apprennent
ça, ils ont besoin... Même si, moi, je vais faire un atelier, genre, toutes les
semaines avec un enfant, puis je leur dis : Il faut que tu fasses dodo à
telle heure puis que tu lâches les écrans une heure avant d'aller te coucher, bien,
peut-être qu'il va trouver ça difficile parce qu'il n'est pas là dans son
développement encore. Donc, les parents, l'école sont vraiment importants.
Mais c'est clair que chez les 16-17 ans
qui connaissent peut-être plus leur utilisation, qui sont plus autonomes, bien
là, leur donner des outils, c'est plus réaliste que dire : Bien, tes
parents vont aller voir dans tes messages vérifier que personne ne te parle.
Donc, ça dépend beaucoup de l'âge, mais les deux, c'est deux bonnes idées qui
amènent un changement d'habitudes. En fait, c'est ça qu'on cherche, là, en
réduction de méfaits aussi. Pour prévenir une utilisation qui est excessive,
c'est que, quand je commence à voir que ça déborde un peu, bien, je prends des
nouvelles habitudes pour essayer de diminuer puis d'avoir plus un équilibre.
M. Gagnon : Merci.
• (14 h 40) •
La Présidente (Mme Dionne) : La
beauté d'une commission spéciale, je me permets une question. Alors, moi, je
m'intéresse depuis beaucoup d'années, justement, à la gestion des émotions, à
l'intelligence émotionnelle chez les enfants. Il y a des spécialistes, même,
qui nous recommandent peut-être d'intégrer éventuellement dans... à l'école la...
des cours en gestion des émotions, en santé mentale. Je me questionne à savoir est-ce
que l'arrivée des réseaux <sociaux...
La Présidente (Mme Dionne) :
...des
émotions, en
santé mentale. Je me
questionne à savoir
est-ce
que l'arrivée des réseaux >sociaux, des écrans, et tout ça, a un impact
quelconque sur la gestion des émotions chez les enfants. Bon, on parle des jeux
vidéo qui peut-être, là, augmentent un peu l'aspect colérique des enfants, là,
quand ils jouent. Mais c'est quoi, votre avis, là-dessus?
Mme Parent (Emmanuelle) : Oui,
vous avez, encore une fois, une superspécialiste qui vient de publier un
article là-dessus. Je vais la laisser en parler. Je vais prendre l'angle de ce
que les jeunes nous racontent, O.K.? L'action, là, beaucoup, on la voit, nous,
en secondaire I, II, avec les 13 ans, et tout. C'est à ce moment-là,
plus, qu'ils vont jouer à Fortnite, des jeux comme ça, FIFA, etc. Puis ils vont
nous parler beaucoup. On leur dit : Est-ce que vous ragez? Puis ils disent :
Oui, on rage. Est-ce qu'il y en a ici qui ont déjà brisé des manettes? Il y en
a quelques-uns : Oui, j'ai déjà lancé ma manette. Oui, j'ai déjà, moi... Puis
on leur demande : O.K., c'est quoi, vos... c'est quoi, ces émotions-là,
que vous vivez? Puis les raisons qu'ils nous nomment, c'est associé beaucoup à
la compétition : Il y a quelqu'un qui trichait, madame, ça m'a fâché. Je
le comprends, tu sais, on peut tout comprendre ça. Ça fait des heures que tu
pratiques, quelqu'un triche, ça ruine tes statistiques que tu essaies de
monter. Mon équipe... Je n'étais pas bon, cette journée-là, ça allait...
c'était plus difficile. Bon. L'autre équipe était meilleure ou on... ça ne
marchait pas, notre travail d'équipe, cette journée-là, ça n'allait pas. Donc,
il y a plein de raisons pour lesquelles ça peut susciter des émotions, jouer à
des jeux vidéo.
Après, ça dépend comment on régule ces
émotions-là. Quand on demande aux enfants... bien, aux enfants, aux ados,
préados, comment est-ce qu'ils font, ils vont nommer : Bien là, j'ai crié
dans un coussin. Moi, j'ai fait des tours dans mon salon. Moi, je vais en
parler avec mes parents. Ça fait que c'est pour ça, moi, j'imagine les parents
qui cuisinent, puis là, tout d'un coup : Il s'est passé telle affaire,
puis là, ta, ta, ta... Donc, les enfants nous racontent que ça, c'est leur
méthode. Mais avec eux, on travaille à leur nommer : Bien, quand tu
ressens de la rage comme ça, il est peut-être temps de prendre une pause puis
d'aller justement vers ces outils-là que tu as développés, qui sont sains, pour
ne pas qu'il y ait des conséquences durables, négatives, genre, briser sa
manette, ça coûte des sous, genre, briser les plantes de ses parents, tout ça — c'est
des vrais exemples — quand tu es fâché. Donc, oui, il y a des
émotions qui ressortent beaucoup, beaucoup de ça, et, bien, il faut... on
essaie d'aider les jeunes pour leur donner des bons moyens d'intervenir.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci. Merci de
votre présence encore aujourd'hui. Moi, j'ai deux questions. Vous avez parlé de
l'aspect positif de la présence sur les écrans, alors trouver une communauté,
socialisation, etc., mais on sait qu'il y a aussi beaucoup d'enjeux de cyberintimidation.
Puis justement, ça peut vite changer, que... on est entre amis, tout va bien,
puis là on dit quelque chose, les gens ne trouvent pas que c'est correct,
poche, quoi que ce soit, puis les gens tournent... se tournent envers nous,
puis ça devient... ce n'est plus positif, ça devient négatif. Comment... Puis
vous n'avez pas vraiment beaucoup touché sur ça ni hier soir ni aujourd'hui,
donc je voudrais juste vous entendre un petit peu là-dessus.
Mme Parent (Emmanuelle) : Oui.
Merci de poser cette question-là, c'est vrai, et puis je vais me fier à une
étude qui a été faite par HabiloMédias sur les méchancetés en ligne, les
insultes, et tout, puis eux, ils en venaient à la conclusion que, chez les
préadolescents canadiens, canadiennes, il y a environ... c'est dans les
30 %, là, un jeune, environ, sur trois qui a reçu des méchancetés en
ligne, O.K.? Lorsqu'on demande à ces jeunes-là : Où est-ce que vous avez
reçu les méchancetés, en premier, c'est sur les jeux vidéo, quand on se parle
en ligne avec les micros. Donc, ça, c'est vraiment cohérent avec qu'est-ce
qu'on entend, nous, dans les classes. S'insulter, ça fait partie du plaisir,
parce qu'on teste les limites, on a le sentiment d'être protégé derrière notre
casque d'écoute. Et là je parle plus de... tu sais, secondaire I, II, fin
primaire, là. À 17 ans, ce n'est pas vraiment ce qu'on entend, là, bon,
ils ont passé comme à autre chose, on dirait, là, peut-être pas tous, mais, en
tout cas, donc c'est surtout quelque chose qu'on voit dans ces âges-là.
Ensuite, c'est dans les messages
personnels, donc ce n'est pas dans les commentaires, le lieu où ils reçoivent
des méchancetés. Et ça, bien, les écoles vont pouvoir témoigner que, dans les
Teams de l'école, des fois, c'est là que ça se déroule. Puis avec les enfants,
on travaille à reconnaître qu'est-ce qui est de la violence. Ce commentaire-là
que tu t'es fait envoyer, en effet, c'était une méchanceté, puis ce n'est pas
parce que c'est virtuel que ce n'est pas vrai.
Donc, vous me permettez de faire un point
important, la vie réelle et la vie virtuelle, on ne parle plus en ces termes-là
parce que c'est comme dire que ce qui se passe sur le virtuel est moins grave,
alors que, si un jeune reçoit des insultes en ligne, c'est grave, tu sais, on
veut qu'il en parle à un adulte puis qu'il y ait une intervention.
Puis le troisième lieu où il y a des
méchancetés, c'est dans les commentaires, donc, sur les réseaux sociaux. Donc,
ce qu'on amène, ce qu'on dit aux jeunes, dans ce temps-là, c'est d'en parler
avec un adulte pour qu'il y ait une intervention. Il y a des protocoles, dans
les écoles, il y a des personnes enseignantes qui font un supertravail, mais
c'est sûr que là où des jeunes entrent en liens sociaux, bien, il peut y avoir
des situations comme ça, conflictuelles.
Mme Prass : Puis ma prochaine
question, c'est... le groupe qui a témoigné avant vous, ils ont parlé de... du
phénomène des écrans récompenses dans les <écoles...
Mme Prass :
...c'est...
le groupe qui a témoigné avant vous, ils ont parlé de... du phénomène des
écrans récompenses dans les >écoles. Et moi, je me posais la question
si, justement, ce n'est pas le contraire qu'on devrait faire, parce qu'en
faisant ça, c'est comme... ça devient la récompense ultime plutôt que d'aller à
la bibliothèque, ou faire du sport, ou quoi que ce soit, puis je voulais juste
savoir si vous aviez une opinion là-dessus puis dans le sens de est-ce que ça
devrait être interdit à l'école. Bien, est-ce que les écoles ne devraient pas
offrir les écrans comme récompense, parce que ça renforce cette idée auprès des
jeunes?
La Présidente (Mme Dionne) : En
cinq secondes.
Mme Parent (Emmanuelle) : Oui.
En 30 secondes?
La Présidente (Mme Dionne) : Cinq.
Mme Parent (Emmanuelle) : Cinq?
Ce n'est pas une opinion, c'est des études scientifiques qui démontrent ce que
vous venez de nommer. Vous l'avez très bien expliqué, je ne vais pas le redire,
mais c'est vrai que ça met les écrans sur un piédestal lorsqu'on les met dans des
récompenses ou des punitions. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est des études
publiées à ce sujet-là.
Mme Prass : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, Emmanuelle, merci à tous pour ces échanges.
Donc, je suspends les travaux quelques
instants pour accueillir notre prochain groupe.
(Suspension de la séance à 14 h 46)
(Reprise à 14 h 51)
La Présidente (Mme Dionne) : Alors,
membres de la commission, nous allons reprendre nos travaux. Donc, je souhaite maintenant
la bienvenue à l'Association des entreprises pour le développement des
technologies éducatives du Québec.
Donc, je vous rappelle que vous avez 10 minutes
pour nous faire part de votre exposé. Je vous demanderais d'entrée de jeu de
vous présenter et nous faire part, par la suite, de vos commentaires. Et nous
procéderons par la suite à une... période d'échange, pardon, avec les membres
de la commission. Alors, la parole est à vous.
Association des entreprises pour le développement
des technologies éducatives au Québec (EDTEQ)
M. Young (Shawn) : Excellent.
Bien, je me présente, Shawn Young. Merci de nous accueillir, membres de la
commission. On est très heureux d'être là aujourd'hui. Je me présente
aujourd'hui en tant que président de l'Association EDTEQ, mais je travaille
dans le numérique depuis 20 ans, éducatif. Je suis aujourd'hui
vice-président sénior au développement d'expériences pédagogiques numériques
pour HMH. On sert 55 millions d'élèves avec des solutions numériques. Je
suis aussi vice-président de l'École branchée, qui est la référence en
formation continue aux enseignants à l'ère du numérique. Je suis aussi membre
du comité aviseur TeachAI, qui regroupe des gouvernements, des OBNL, des
compagnies, dont l'UNICEF, pour créer des politiques et des pratiques en utilisation
de l'intelligence artificielle à l'école. Ça fait cinq ans que je suis chargé
de cours invité à la maîtrise en Éducation à Harvard. Je suis ambassadeur de la
Faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke. J'ai été coprésident du
groupe de travail UNESCO sur le développement des compétences
socioémotionnelles par le biais d'outils numériques. Donc, c'est vraiment...
c'est long, là, je ne veux pas trop me vanter, mais c'est pour vous dire que ça
fait longtemps qu'on réfléchit à la question dans le contexte scolaire.
On a entendu beaucoup de commentaires qui
ont été fort pertinents avant nous. Nous, on s'intéresse vraiment à la question
dans les écoles. Puis l'Association EDTEQ, je présente ça, puis après ça je
cède la parole à ma collègue, on regroupe une centaine d'organisations dédiées
à l'intégration des technologies numériques dans le domaine de l'éducation.
Vous avez peut-être entendu parler d'Antidote, Alloprof, membres de notre organisation.
Ça fait plusieurs années qu'on travaille dans les écoles avec des enseignants,
des élèves pour développer et soutenir des solutions technologiques qui
enrichissent l'enseignement et l'apprentissage. Notre vision repose sur
l'importance d'encadrer l'utilisation des outils numériques pour maximiser leur
potentiel pédagogique, tout en assurant un usage responsable.
Donc, je cède la parole à ma collègue, Anny Gagné.
Mme Gagné (Anny) : Donc,
bonjour, Mme la Présidente, les gens de la commission. Donc, ça fait bientôt
15 ans que je suis dans le milieu éducatif à titre d'enseignante, de
conseillère pédagogique, de conceptrice de formations en ligne. Et j'ai aussi
baigné dans les start-ups en technologies éducatives à titre de vice-présidente
aux opérations. Mais aujourd'hui je suis ici à titre de directrice générale de
l'Association EDTEQ. Donc, vous voyez, mon introduction est un peu plus courte
que celle de Shawn, là, je vous épargne.
Donc, je suis ici aujourd'hui pour
présenter notre position. Donc, cette position-là, elle est très claire :
les outils numériques sont des leviers indispensables pour enrichir
l'expérience d'apprentissage des élèves et personnaliser l'enseignement selon
leurs besoins. Lorsqu'elles sont bien encadrées, les technologies apportent des
solutions concrètes aux défis actuels de l'éducation. Elles permettent de
différencier l'enseignement, de créer des parcours personnalisés et d'offrir un
soutien ciblé, particulièrement pour les élèves en difficulté.
Par exemple, des outils comme la
reconnaissance vocale et la lecture assistée sont non seulement bénéfiques pour
les élèves ayant des besoins particuliers, mais profitent également à tous les
élèves, rendant ainsi l'éducation plus inclusive. Les outils numériques offrent
une opportunité sans précédent pour renforcer l'autonomie des élèves tout en
permettant aux enseignants de recueillir des données en temps réel pour adapter
leur pédagogie de manière plus efficace.
Les technologies de l'information
permettent de suivre le progrès des élèves, d'offrir des retours immédiats et
d'ajuster les stratégies pédagogiques pour maximiser les apprentissages. Les
recherches démontrent d'ailleurs que l'intégration de technologies dans les
classes <favorise...
Mme Gagné (Anny) :
...les apprentissages. Les recherches démontrent
d'ailleurs que
l'intégration de
technologies dans les classes >favorise une participation
accrue des élèves et améliore leurs résultats scolaires. L'accès à des
ressources pédagogiques variées, la possibilité de participer à des projets
collaboratifs à distance et la richesse des contenus en ligne font partie des
avantages que nous devons reconnaître et encourager.
La pandémie de la COVID-19 nous a bien
démontré l'importance cruciale de ces technologies pour garantir la continuité
et l'accès à l'éducation. Pendant cette période, ces outils numériques ont
permis aux élèves de rester connectés à leurs enseignants mais aussi à leurs
pairs, et ce, malgré les contraintes géographiques. C'est un atout majeur pour
assurer un accès équitable à une éducation de qualité, particulièrement pour
les élèves en région éloignée.
Nous reconnaissons toutefois que nous
devons encadrer l'usage des écrans et favoriser un usage pédagogique.
Contrairement à l'usage récréatif des écrans, l'utilisation des outils
numériques en classe est contrôlée et dirigée par des enseignants formés. C'est
dans ce cadre structuré que les jeunes apprendront à utiliser les technologies
de manière responsable.
Nous croyons fermement que l'école est l'endroit
idéal pour enseigner aux jeunes des habitudes numériques saines afin de ne pas
laisser toute cette charge et cette responsabilité de gérer l'utilisation des
écrans aux parents.
Nous reconnaissons l'importance de
maintenir un équilibre entre l'innovation technologique et la protection des
jeunes. C'est pourquoi nous formulons quatre grandes recommandations, et je
cède la parole à M. Young pour vous les présenter.
M. Young (Shawn) : Merci,
Anny. Donc, premièrement, notre point de vue, c'est que l'école, c'est un...
c'est le lieu idéal pour bien former nos jeunes, bien encadrer ça, utiliser le
numérique à bon escient. Puis pour faire ça, évidemment, il faut encourager la
formation continue des enseignants. Une des raisons que les enseignants peuvent
utiliser le numérique à mauvais escient, on a parlé de récompense tantôt, c'est
qu'ils sont mal formés, ils ne savent pas c'est quoi, des bons usages du
numérique, ils ne savent pas c'est quoi, la vision d'un bon citoyen numérique,
ils ne savent pas quels outils proposer aux enfants pour pouvoir justement
faire ce genre de bon usage là. Donc, on a besoin de former nos enseignants, de
les appuyer par rapport à ça.
Deuxièmement, l'éducation numérique aux
élèves et aux parents. Donc, évidemment, tu sais, à l'instar d'un guide
alimentaire pour la malbouffe, bien, c'est la même chose pour le numérique.
Actuellement, les parents sont sans... ils n'ont pas de barèmes, ils se
comparent entre eux, ils essaient de trouver c'est quoi, des bonnes solutions,
chacun fait sa propre affaire. Est-ce qu'on ne peut pas guider les parents, les
aider, poursuivre la mission d'éducation qu'on a, mais d'outiller les parents
pour faire ça, donner des recommandations, par exemple?
On pense aussi que c'est quand même de la
responsabilité des écoles. Donc, la mise en place, par exemple, à l'instar des
politiques que les écoles ont pour la lutte à l'intimidation, ça fait plusieurs
années que je siège sur un conseil d'établissement, bien, on... à chaque année,
on entérine et on signe des politiques par rapport à... un exemple, il y en a
plusieurs, là, mais un exemple, c'est la lutte à l'intimidation. Les écoles
devraient se doter d'une politique par rapport au bon usage, dans leur
établissement, par rapport au numérique. C'est une question de communauté et de
société. Donc, les conseils d'établissement sont créés pour ça.
Puis finalement on propose aussi de
l'encouragement de solutions numériques à valeur ajoutée. Évidemment, tout
n'est pas égal dans le temps d'écran, puis vous allez nous entendre, dans les
questions, dire : Bon, bien, écoutez, le temps d'écran comme métrique,
c'est un peu une drôle de métrique, parce que la personne avant nous en a parlé,
ça dépend vraiment de ce que tu fais. Mais il y a plein d'outils qui sont
conçus pour l'école au Québec pour favoriser le développement des jeunes. Il y
a plein de recherches qui montrent qu'ils sont efficaces. Est-ce qu'on ne peut
pas favoriser la mise en application de ces outils-là dans les écoles pour
favoriser le développement des jeunes, faciliter la vie des enseignants puis
évidemment soutenir les besoins des enfants à besoins spécialisés?
Donc, c'est ce qu'on vous propose
aujourd'hui. L'intégration des technologies dans les salles de classe, c'est
non seulement nécessaire, mais c'est dans la mission de l'école d'éduquer les
jeunes à la société dans laquelle ils vont évoluer, puis ça, c'est une société
numérique, donc, on doit favoriser ça, mais ça doit être réalisé de manière
réfléchie, de manière responsable. Puis c'est un débat, comme on disait juste
tantôt, là, ça fait des années qu'EDTEQ on réclame qu'on parle de ça de façon
pas réactionnaire mais de façon réfléchie, qu'on fasse nos devoirs, qu'on ait
un débat de société comme on le fait aujourd'hui. Donc, on salue le travail de
la commission. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup. Donc, nous allons débuter les échanges avec M. le député de
Joliette.
• (15 heures) •
M. St-Louis : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci pour votre exposé, très intéressant. Assurément, avec
la formation qu'on a reçue hier du Dr Parent, on <comprend...
>
15 h (version révisée)
<19321
M.
St-Louis :
...exposé très intéressant. Assurément, avec la
formation qu'on a reçue hier du Dr Parent, on >comprend bien que vous
êtes du bon côté de la force. Mais je pense que ce qui nous inquiète tous comme
parents, c'est le mauvais côté de la force, justement. On a des algorithmes qui
reconnaissent qui on est, on se demande pourquoi il n'y a pas d'algorithmes qui
reconnaissent que c'est un enfant qui a la tablette ou le téléphone dans les
mains, justement, pour protéger cet enfant-là.
Je nommais hier que, pour moi, le danger
de la centralisation d'un téléphone intelligent, c'est... bon, c'est ma
photothèque, c'est mes souvenirs de vacances, c'est toute ma musique, c'est mes
communications courriels, donc écrites. Tout est là, tout est là. Puis de dire
que, bon, bien là, je passe une heure à apprendre sur mon téléphone, c'est
parfait, mais, en même temps, j'ai toujours la tentation, peut-être, du réseau
social, ou de la plateforme, ou du jeu, qui est à même le même appareil. Donc,
à problèmes numériques, est-ce que vous avez des solutions numériques?
M. Young (Shawn) : Bien, il y
a plusieurs solutions. C'est sûr qu'on peut réfléchir... Tu sais, nous, c'est
sûr qu'on réfléchit toujours dans le contexte scolaire en premier. Donc, c'est
sûr qu'il y a des appareils qui sont fournis par les écoles, qui sont
configurés par les écoles, sur lesquels... les logiciels qui sont dans ces
appareils-là sont contrôlés puis qui sont décidés par les écoles, tant pour
leurs bienfaits pédagogiques que, tu sais, par les protections, par exemple,
des données des enfants via l'application de la loi n° 25.
C'est toutes des choses qui sont beaucoup plus faciles à faire, si on accepte
le fait numérique dans l'école, puis qu'on l'encadre, puis qu'on le structure.
Après ça, tu sais, dans les écoles, on est capables aussi de contrôler l'accès
à des sites Internet, etc. Donc, tout n'est pas rose sur Internet.
Ceci dit, il y a plein de bonnes
ressources qui méritent d'être bien encadrées, bien utilisées. Puis on est
capables de faire ça à l'école. Justement, il y a des solutions numériques,
dans un... dans une approche par laquelle on prend le taureau par les cornes puis
on dit... Plutôt que de dire : On va laisser rentrer, par exemple, n'importe
quel appareil, bien, l'école va les fournir, puis on va gérer ça comme il faut,
là.
Mme Gagné (Anny) : Je pense
que ce n'est pas juste une question, aussi, de restreindre, là. Je pense qu'il
y a aussi une question d'éduquer qui est importante, là. Si on veut que les
choses évoluent puis que les élèves soient en mesure de prendre des bonnes
décisions, ça doit beaucoup passer par l'éducation de l'utilisation de ces
écrans-là.
M. St-Louis : Naturellement.
Je comprends qu'une des solutions proposées serait que le contrôle se fasse par
des appareils qui sont vraiment contrôlés par le centre de services ou l'école
elle-même et le professeur titulaire et non l'appareil fourni par papa et
maman.
M. Young (Shawn) : C'est une
approche. Parce qu'évidemment, tu sais, beaucoup des enjeux qu'on... dont le
docteur qui était avant nous a discuté, c'est lié à l'accès aux réseaux
sociaux, c'est lié à l'accès, par exemple, à des jeux «freemium». Tu sais, on
pourra parler de jeux vidéo, si vous voulez, mais ils ne sont pas tous égaux
non plus. L'enjeu, c'est les approches mercantiles liées aux plateformes
gratuites qui... leur seul intérêt c'est qu'on revienne et qu'on passe du temps
là. Après ça, si on est dans un contexte où est-ce que ce n'est pas ça, le
modèle d'affaires, bien là, l'utilisation des outils devient moins... le modèle
commercial qui est derrière, il n'est pas du tout lié à ça, là.
Je vous donne un exemple : Antidote. Bien,
tu achètes Antidote, tu l'achètes une fois, Antidote ne va pas essayer que tu l'utilises
le plus souvent possible puis créer des mécaniques addictives pour que tu
utilises Antidote. Bien, c'est un... Mais, mais ce n'est pas ça, le modèle d'affaires
de, par exemple, Fortnite ou Roblox. Puis c'est la même chose avec Mario Bros.,
par exemple. Bien, un coup qu'ils t'ont vendu Mario Bros., bien, ce n'est pas
grave, pour Nintendo, si tu ne rejoues ou pas, ils te l'ont... ils l'ont fait,
leur argent. Les jeux en ligne qui sont conçus pour garder l'attention, bien
là, il y a une approche mercantile qui est derrière ça, puis c'est ça... c'est
ça qui crée l'addiction, ultimement, là. Puis c'est la même chose avec les
médias sociaux. Ça fait que, oui, effectivement, le contrôle des appareils dans
les écoles pourrait faire partie d'une solution éventuelle à ce problème-là.
Mais comme disait ma collègue, ce n'est
pas assez. C'est sûr que, si on passe seulement par une solution, je vais dire «hardware»,
bien là, on passe à côté de plein de choses comme une méchante bonne
opportunité d'éduquer les enfants sur c'est quoi, des habitudes saines. Si on
fait ça, on n'est pas en train nécessairement de développer leur esprit
critique par rapport à comment déceler de la... par exemple, de la mauvaise
information sur Internet, on n'est pas non plus en train de discuter avec eux d'habitudes
saines de vie, on n'est pas non plus en train de discuter avec eux de comment
développer des habitudes numériques, des... Tu sais, par exemple, apprendre à
utiliser une suite de bureautique, c'est peut-être pertinent, ça... Peut-être
ça vaut la peine de prendre du temps là-dessus, parce que c'est quelque chose
qu'ils vont avoir besoin de faire dans leur <profil de sortie...
M. Young (Shawn) :
...temps
là-dessus, parce que c'est quelque chose qu'ils vont avoir besoin de faire dans
leur >profil de sortie de l'école.
Ça fait qu'il faut se questionner aussi
sur qu'est-ce qu'on veut que l'école nous donne comme profil de sortie
d'enfants, à la sortie, puis par rapport au numérique, puis comment est-ce
qu'on peut créer des programmes, des approches, des recommandations pour nous
mener vers ce profil-là, là.
M. St-Louis : Bon, bien, donc,
je retiens qu'au-delà du côté académique il faut faire... il faut éduquer et
faire confiance à nos enfants. Donc, je vous remercie. Je cède la parole.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. M. le député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : Merci, Mme
la Présidente. Monsieur, madame, bonjour. Très heureux d'être avec vous
aujourd'hui pour écouter votre propos drôlement pertinent. Je suis de ceux qui
pensent que l'école de demain, c'est aujourd'hui. Et l'école d'aujourd'hui ne
peut pas, quant à moi, ne pas concevoir l'aspect numérique en termes de
pédagogie.
Ce matin ou... oui, ce matin, nous avions
un regroupement de comités de parents qui disaient, dans la dynamique de
gouvernance de nos écoles, que ce serait compliqué d'avoir une vision
d'ensemble de l'ensemble du réseau et que nous devrions faire confiance aux
conseils d'établissement et laisser la gouvernance, à savoir, tantôt, on est
favorables, tantôt, on ne l'est pas, dépendamment des écoles, à une utilisation
du numérique principalement par la voie du téléphone.
Vous n'êtes pas sans savoir que
l'utilisation du numérique en termes pédagogiques ne fait pas nécessairement
consensus, tant ici, chez nous, qu'ailleurs dans le monde. Comment on fait ça? Avec
qui on fait ça? Dans l'optique où je pense qu'on ne peut pas avoir un système
d'éducation, dans notre province, qui tantôt dit oui, tantôt laisse faire,
tantôt dit non. Donc, je pense qu'il faut arriver avec une politique publique
qui se tient, qui favorise, quant à moi, l'utilisation du numérique en termes
pédagogiques. Parce que la société d'aujourd'hui et de demain ne fera pas
abstraction de l'utilisation du numérique. Donc, on veut former des citoyens, à
l'école, des gens avec un sens critique, et je pense aussi que ça passe par
nous, d'une certaine façon.
Comment on fait ça? Avec qui on fait ça?
Puis dans quelle perspective on amène ce changement-là? Parce que je pense que
c'en est un majeur. Tu sais, on parle de nos problématiques de pénurie de
main-d'oeuvre, de formation, hein, des enseignants puis, quelque part, qu'un
jeune grandit de plus en plus vite, dans le sens où la jeunesse n'est plus ce
qu'elle était à mon âge. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Gagné (Anny) : Bien, en
fait, juste ajuster un peu le propos, là, je pense que les jeunes ne
grandissent pas plus vite, là, ils grandissent au même rythme, je vous rassure.
Peut-être que le monde, par exemple, de l'éducation, a complètement changé par
rapport à ce qu'on a vécu, nous. Au lieu d'être un regroupement au parc et
parler pendant des heures avec son ami au téléphone, ils sont plus en train de
texter, hein, c'est comme ça qu'eux ils créent leurs relations avec leurs
pairs. La technologie, elle est là dans nos écoles, elle est là dans nos vies,
elle ne va pas disparaître. Alors, oui, effectivement, il faut apprendre à les
éduquer puis à les utiliser de façon adéquate à ces élèves-là.
Comment est-ce qu'on fait ça? Telle est la
question, hein? Donc, oui, je pense qu'une politique serait une bonne approche,
d'avoir une politique au niveau de l'utilisation du numérique. Par contre, oui,
il y a quand même des nuances à avoir au niveau de chaque école et chaque...
centre de services — je m'en allais dire «commission scolaire», ça
trahit mon âge... mais centre de services. Donc, je pense qu'il y a quand même
toujours à avoir des nuances. Tu sais, c'est impossible d'arriver avec une
solution qui va fonctionner pour tous. Ils ont des réalités différentes, selon
les régions dans lesquelles ils sont, et ça, je pense qu'on ne peut pas passer
à côté. Par contre, une politique serait, je crois, une bonne solution.
• (15 h 10) •
M. Young (Shawn) : C'est sûr
qu'on peut baliser comment les écoles peuvent faire ces politiques-là comme,
par exemple, on a pour les politiques d'intimidation. Ceci dit, tu sais, il
faut effectivement qu'il y ait de la latitude, dans ces balises-là, pour que
les écoles puissent adapter ça à leurs propres réalités.
C'est sûr que, quand on pense aussi à la
loi sur l'enseignement public, il y a beaucoup de ces choix-là qui reviennent
aux enseignants, par la loi, quels outils numériques ils vont... quels outils
ils vont utiliser pour enseigner, c'est quoi, leurs stratégies pédagogiques,
etc. C'est des choix de l'enseignant, au Québec. On pourrait regarder ailleurs,
ce n'est pas nécessairement le cas, mais ici c'est ça. Donc, on a besoin de
faire des politiques qui vont guider les enseignants, qui vont faire qu'ils
vont faire des choix... des bons choix. Mais il demeure néanmoins qu'ils ont
des choix à faire puis que ça revient aux enseignants, aussi, d'exercer leur
jugement professionnel puis de pouvoir prendre ces décisions-là.
Mais après ça, il faut qu'on puisse les
outiller pour les prendre puis il faut qu'on leur donne des ressources pour
qu'ils puissent avoir des choix. Souvent, les enseignants, ils n'ont pas de
ressources numériques, ça fait qu'ils se rabattent sur des plateformes
gratuites, des plateformes américaines, des plateformes en <anglais. On
voit...
M. Young (Shawn) :
...
gratuites, des plateformes américaines, des plateformes en >anglais. On
voit des... tu sais, je peux vous en nommer tout plein qui sont dans nos écoles,
aujourd'hui, qui n'ont pas été conçues pour l'école québécoise, qui n'ont pas
nécessairement été conçues pour l'école tout court. Puis après ça on applique
ça dans nos écoles parce que, bon, bien, c'est ça qu'on a gratuitement. C'est
sûr qu'on est dans un contexte numérique, dans l'école, qui n'est pas
nécessairement très financé. Bien, dans ce contexte-là, les enseignants, ils
travaillent avec ce qu'ils peuvent, là.
M. Sainte-Croix : Plus ou moins
balisé...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Alors, je...
M. Sainte-Croix : Oui?
La Présidente (Mme Dionne) : Oh!
Pardon, pardon, M. le député.
M. Sainte-Croix : Je vais
faire ça vite. Plus ou moins balisé aussi, donc, d'une certaine façon. Tu sais,
est-ce que vous jugez que le profil d'un enseignant qui sort de son cheminement
universitaire, aujourd'hui... a la capacité, les compétences pour faire ce
travail-là de façon professionnelle et efficiente?
M. Young (Shawn) : Bien,
écoutez, sur le conseil facultaire de l'Université de Sherbrooke, à la Faculté
d'éducation, on se pose justement ces questions-là sur comment est-ce qu'on
doit adapter nos programmes de formation d'enseignants pour les outiller,
justement, par rapport au numérique. Il n'y a pas tant de temps de formation,
dans un bac en éducation, beaucoup de choses à apprendre. De plus en plus, ça
prend de la place. Le danger avec ça, par contre, c'est de former sur des
outils. Les outils changent, les pratiques changent. Ça fait que ce qu'on
veut faire, c'est donner... former des enseignants.
Tu sais, il y a 12 compétences
professionnelles, dans le numérique, pour les enseignants. Ces compétences-là
sont par rapport à pouvoir apprendre à utiliser le numérique, pouvoir, par
exemple, utiliser l'intelligence artificielle, donc moins utiliser certains
outils, mais plutôt avoir les compétences pour faire ces choix-là. Puis ça, ça
commence de plus en plus à faire partie des programmes de formation. Mais, tu sais,
il y a toujours un délai. On forme un jeune enseignant, enseignante qui a 19 ans
aujourd'hui, bien, avant qu'elle enseigne à temps plein, dans une commission
scolaire, à nos enfants, bien, c'est dans 10 ans. Donc, il y a quand
même... Oui, ça fait partie de la solution, mais il faut quand même travailler
sur le terrain aujourd'hui, là.
M. Sainte-Croix : Le centre
de services?
M. Young (Shawn) : Oui.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Je vais passer la parole au député de Marquette. Alors, il y a
beaucoup de questions de la part de nos membres.
M. Ciccone :Oui. Merci beaucoup. Bonjour à vous deux. M. Young,
avec tous vos titres, j'ai quasiment le goût de vous demander : Avez-vous
le temps de dormir?
M. Young (Shawn) : Aïe! Je
suis rendu que je dors six heures par nuit, là, ce n'est pas pire...
M. Ciccone :Formidable.
M. Young (Shawn) : ...mais,
pendant longtemps c'était quatre heures et demie.
M. Ciccone :Good. O.K. C'est des habitudes de vie...
M. Young (Shawn) : ...
M. Ciccone :...c'est des habitudes de vie, n'oubliez pas ça.
M. Young (Shawn) : Oui,
exactement.
M. Ciccone :On va revenir au sérieux. Vous parlez des plateformes
numériques d'apprentissage qui sont indispensables, je pense qu'on a tous
quelqu'un dans notre entourage, un petit bonhomme ou une jeune fille, qui a eu
un plan d'intervention, là. Puis c'était... je veux dire, c'est indispensable
pour eux. Mais cependant, dans votre... Parce que là je veux essayer de
comprendre. Vous parlez dans votre mémoire d'un temps d'écran encadré. Comment
est-ce qu'on fait pour séparer les deux? Parce qu'à l'école, ces jeunes-là qui
ont peut-être des difficultés d'apprentissage, ils ont les yeux sur un écran.
Est-ce qu'on peut calculer le temps d'écran, quand ils reviennent à la maison,
quand ils prennent leur téléphone, les outils numériques à la maison, jeux
vidéo? Est-ce que vous séparez les deux? Parce que le temps d'écran, pour vous...
c'est quoi, le temps, justement, que vous mentionnez ici?
M. Young (Shawn) : Bien,
justement, là, de notre point de vue, c'est que c'est un peu une mesure
galvaudée, le temps d'écran, là. La question du numérique est importante. Un
enfant qui est en train de travailler un texte sur Antidote puis qui apprend à
écrire, qui apprend à corriger, qui est dyslexique, puis ça l'aide, peut-être
qu'il va être en train de travailler pendant une heure de façon concentrée. Si
on dit : Ah! bien, il y a une heure de temps d'écran dans la journée, on
s'entend que faire ça puis «scroller» sur TikTok pendant une heure, ce n'est
aucunement la même affaire, là.
Puis c'est pour ça que de tout mettre
ensemble dans une métrique simple comme ça, c'est pour ça qu'on parle de temps
encadré, de temps de qualité, de temps dans lequel on utilise le numérique à
bon escient. Il faut faire la part des choses entre qualité et quantité, là.
Puis, tu sais, c'est comme, par exemple, si on comptait les calories. Bien oui,
O.K., il y a des calories, etc., mais ça ne veut pas dire que tous les aliments
sont également nutritifs, juste parce qu'un aliment est bas en calories, ça ne
veut pas dire qu'il est bon pour la santé, là. On peut penser, par exemple, des
liqueurs à zéro sucre, il n'y a pas de calorie, mais ce n'est pas super pour la
santé non plus, là. Ça fait que d'avoir une métrique simple comme ça, bon,
bien, ça nous permet, tu sais, de simplifier le débat. Mais, d'un autre côté,
on parle de la nuance, là.
Mme Gagné (Anny) : Je ne
pense pas que c'est une question de quantité de temps, mais de qualité de temps
d'écran. Quand on essaie de simplifier ça, on va mettre une heure maximum par
jour, on passe à côté de : À quoi ça sert, cet écran-là? Tu sais, si, au
niveau pédagogique, cet enfant-là en a besoin de trois, si on le limite à un,
c'est quoi, les conséquences? Tu sais, il y a quand même des conséquences
aussi, là, tu sais? Il faut penser pas juste au nombre d'heures d'écran, mais à
quoi il sert, cet écran-là, puis ça va être quoi, les <conséquences...
Mme Gagné (Anny) :
...conséquences
aussi, là, tu sais? Il faut penser pas juste au nombre d'heures d'écran, mais à
quoi il sert, cet écran-là, puis ça va être quoi, les >conséquences si
on le limite, aussi. Parce qu'il y a du positif, pas juste du négatif, dans le
temps d'écran, là.
M. Ciccone :Dernière question. Vous avez parlé, tantôt, des plateformes
éducatives gratuites. Avez-vous une mise en garde pour les parents qui veulent
utiliser une plateforme gratuite sur Internet? Est-ce qu'il y a un danger là?
Est-ce que certaines plateformes gratuites pourraient utiliser les mêmes
stratagèmes, par exemple, que les réseaux sociaux pour attirer, accrocher les
jeunes? Avez-vous une mise en garde, là-dessus, de faire attention ou...
M. Young (Shawn) : Bien oui,
bien là, c'est... Vous parlez précisément des plateformes éducatives gratuites,
oui?
M. Ciccone :Oui, exactement, gratuites, là.
M. Young (Shawn) : Bien,
c'est intéressant, parce que, quand on regarde le marché du numérique éducatif,
il y a deux clients possibles. Il y a les écoles et les enseignants, puis il y
a les parents. Tu sais, beaucoup des plateformes qu'on va retrouver dans les
écoles sont conçues pour des milieux scolaires dans des contextes scolaires. Il
y a tout un marché d'outils, de plateformes que moi, comme parent, je pourrais
vouloir acheter pour, par exemple, que mon enfant apprenne à coder ou que je
pourrais... Un autre exemple, Duolingo, par exemple. Tu sais, qui n'aime pas
Duolingo? Crime! C'est cool, c'est le fun, j'apprends une nouvelle langue, na, na,
na. Mais, en arrière de ça, il y a des mécanismes d'addiction pour vendre la
souscription, l'abonnement premium, là.
Puis on revient à cette notion là de... Moi,
je pense qu'il y a une éducation à faire, sociétairement, à reconnaître les
modèles d'affaires sous-jacents. On n'est pas très nécessairement exposés à ça,
on ne réfléchit pas nécessairement à ça, comme citoyen, mais, ultimement, la
façon que l'application fait de l'argent va changer la façon qu'elle interagit
avec l'utilisateur, de façon assez dramatique, là. Puis je suis un grand fan de
Duolingo, c'est cool, je n'ai pas de problème avec ça, mais je suis critique
par rapport à ça. J'ai un fils de 10 ans qui tripe là-dessus, mais je suis,
comme : Regarde, là, pourquoi tu as des vies dans Duolingo? Tu sais, tu as
trois vies, puis là, si tu fais trois erreurs, tu ne peux plus jouer pour le
reste de la journée, là. Je suis, comme : S'il voulait vraiment que tu apprennes
l'espagnol, il ne t'empêcherait pas, là. Pourquoi tu as des vies? Ça fait que
c'est des conversations qu'on a besoin d'avoir avec nos jeunes.
Mon jeune, il a commencé à jouer à
Fortnite. On a beaucoup de discussions par rapport à ça : Aïe! papa, là,
il faut absolument que j'achète tel équipement, il va disparaître du magasin
aujourd'hui. Bien, voyons! Pourquoi il va disparaître du magasin aujourd'hui?
C'est juste pour te contrôler. Ça fait que des conversations au niveau des faux
sentiments de rareté, des... Regarde où est-ce qu'ils essaient de te faire
revenir, pourquoi est-ce qu'il y a des notifications qui, à chaque jour,
apparaissent dans ta tablette, pour que tu retournes jouer. On a besoin de se
sensibiliser à ça, mais aussi les parents. Tu sais, tout ça, c'est vrai pour
les adultes, quand on est exposé à plein de plateformes qui ont exactement la
même stratégie, là. Puis, dans certains cas, ils vendent des abonnements; dans
d'autres cas, c'est de la publicité, là. Puis les médias sociaux, c'est des
beaux exemples de ça, c'est des machines à publicités. Est-ce que ce genre de
machine à publicités là devrait être dans nos écoles? Probablement pas. Est-ce
que ça veut dire qu'on devrait limiter le temps d'écran dans les écoles ou
empêcher le numérique dans les écoles? Pas nécessairement non plus. C'est ça.
M. Ciccone :Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Mme
la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. M. Young, Mme Gagné, merci beaucoup pour votre exposé. Ma
première question est, en fait, un peu dans la lignée de mon prédécesseur.
Puis, en fait, moi, je me demandais, parce que je vous ai écoutés puis je me
dis : Est-ce que c'est une erreur de comptabiliser le temps d'écran à des
fins pédagogiques avec le temps d'écran à des fins récréatives? Est-ce que
vous... Vous nous mentionnez, bon, le temps d'écran. Il n'y a pas juste ça,
mais, dans le fond... On va pouvoir parler de la qualité, là, mais, si je vous
entends bien, vous autres, il faudrait qu'on... en fait, qu'on arrête, un peu,
ou qu'on émette quelques nuances, tu sais, face au concept de temps d'écran,
qui est beaucoup la première ligne, là, quand on s'intéresse à ce sujet-là. La
première chose qui nous vient, ce sont les directives en matière de temps
d'écran, puis ensuite on creuse puis on voit qu'il y a de la recherche sur bien
d'autres thématiques. Mais ce que vous nous dites, c'est que la première ligne
qu'on a comme source d'information, comme parent, comme élu, comme citoyen, sur
le temps d'écran, là-dessus, il faudrait qu'on puisse émettre des nuances puis
qu'on ne le pense pas en termes de comptabilisation de temps, tout simplement.
M. Young (Shawn) : Tout à
fait.
• (15 h 20) •
Mme Gagné (Anny) : Bien oui.
En fait, je crois que c'est un peu passer à côté du fond du problème, qui n'est
pas le temps d'écran en soi, mais d'avoir un jugement critique face à cette
utilisation-là de l'écran. C'est plus là que le bobo saigne, là, je crois, et
non pas en termes d'utilisation de temps. Puis, de toute façon, même s'il y a
un côté récréatif et pédagogique, c'est clair qu'on va mettre de l'avant que le
pédagogique est la solution qu'on devrait aller de l'avant. Par contre, ça ne
veut pas dire que c'est mal, aussi, d'avoir du temps d'écran récréatif. C'est
d'avoir cet équilibre-là, comme dans <toutes...
Mme Gagné (Anny) :
...temps
d'écran récréatif. C'est d'avoir cet équilibre-là, comme dans >toutes sphères
de la vie, mais il faut apprendre à le trouver, cet équilibre-là. Comment
est-ce qu'on y arrive? Pour ça, il faut qu'ils soient éduqués sur les
conséquences d'avoir trop de temps d'écran, les conséquences d'utiliser telle
source plutôt que telle autre source. Et, en ce moment, je pense que c'est plus
ça qui est manquant.
M. Young (Shawn) : Puis la
façon qu'on en... tu sais... puis même si on va dans le... puis, tu sais,
effectivement, 100 % ça. Je donne un exemple de ma jeune. Moi, j'ai grandi
avec les jeux vidéo, je joue encore à des jeux vidéo, je l'avoue, je l'avoue.
Mme Gagné (Anny) : Ce n'est
pas des saines habitudes de vie...
M. Young (Shawn) : Non. Oui, c'est
ça, donnez-moi pas en exemple. Mais moi, quand j'étais jeune, on n'avait pas le
droit de jouer, la semaine, puis c'était ça, la règle, mais la fin de semaine,
on ne contrôlait pas ça. Mais là on avait un comportement totalement boulimique
par rapport à ça, là. On ne jouait pas la semaine, mais là, la fin de semaine,
12 heures de suite de Mario Bros., là. Ça fait qu'il y a aussi cette
idée-là de dire : Bon, bien, c'est quoi... c'est quoi, une notion
équilibrée par rapport à ça, là? Parce qu'on peut le dire, on peut réduire ça
au maximum, mais là tu crées un sentiment de rareté. Tu n'as pas le droit de
manger de bonbons. Bien, qu'est-ce que ça fait, un enfant, dans ce temps-là? Ça
fait juste penser à des bonbons, là. Ça fait que comment est-ce qu'on peut
proposer ça? La prédécesseure parlait de proposer des activités alternatives,
justement, là. Après ça, nous, on a le rôle, comme parents, comme adultes dans
la pièce, de dire : Ce n'est pas tout mauvais, je vais t'aider à voir ce
qui est bon et mauvais là-dedans, mais je veux aussi que tu fasses d'autres
choses puis je vais te proposer des choses à faire, là.
Mme Cadet : Ça fait que, même
quand vous dites, sur le temps d'écran à des fins récréatives... Je veux dire, ce
n'est pas nécessairement mauvais en tant que tel, il faut... je pense qu'il y a
aussi... Et j'aimerais vous entendre aussi sur l'aspect... Parce que, quand on
entend ces recommandations-là, on a l'impression, bon, si on est entre deux et
cinq ans, puis que c'est, je pense, bon, deux heures par jour, disons, s'il
passe deux heures et une minute... ah mon Dieu! J'ai brûlé un neurone à mon
enfant, que... Ce n'est pas nécessairement ça, mais c'est aussi la
comptabilisation du coût d'opportunité, donc de qu'est-ce que l'enfant pourrait
faire d'autre, dans ce temps-là, puis que, manifestement, le... s'il dépasse
les recommandations visées, c'est parce qu'il est en train de ne pas réaliser
une autre tâche qui pourrait être plus productive ou qui pourrait être plus
bénéfique pour ses saines habitudes de vie. Donc, ce coût d'opportunité là, il
est là-dedans.
M. Young (Shawn) : Oui, bien,
bénéfique pour les habitudes de vie, oui, là, il faut faire attention à... C'est
un jugement de valeur de dire que c'est productif ou pas, là, tu sais? Je vous
donne un exemple. J'étais avec le gouvernement du Bhoutan, justement, sur cette
question-là, puis l'exemple que j'ai sorti, c'est... Tu sais, eux, leur grosse
question, c'est : Les jeux vidéo, ça rend sédentaire. On pourrait
dire : Ah oui! mais, crime, il a été assis là pendant trois heures... Moi,
je suis un grand lecteur, je lis plus que 100 livres par année, depuis que
je suis au secondaire, mais je passe plein de temps sédentaire à lire des
livres, là. Je passe quatre heures assis à lire un livre. Est-ce que, là, on
pourrait dire : Bien, crime! C'est donc bien sédentaire, quelle mauvaise
habitude de vie? Mais on ne dit pas ça à un jeune qui lit, qui se clenche la
moitié d'un Harry Potter. On va dire : Aïe! C'est le fun, ce jeune-là, il
aime lire, c'est super. S'il fait la même affaire dans un jeu vidéo, là, on va
dire : Ah! c'est donc bien mauvais, etc.
Puis ça, ça fait partie... parce qu'on
n'est pas dans une optique de qu'est-ce qu'on apprend, tu sais? Tantôt, notre
prédécesseure, elle a parlé de qu'est-ce que les jeunes apprennent en jouant à
des jeux vidéo : la collaboration, le sentiment de persévérance, la notion
d'autocompétence, que, si je mets des efforts, je peux réussir, la
collaboration. Tout ça, c'est des apprentissages qui peuvent venir par le jeu,
mais dans lesquels... On ne le fait pas, comme parent, on ne s'assoit pas avec
nos jeunes pour dire : Eh! regarde, tu as travaillé fort, tu as réussi,
etc., qu'est-ce que tu as appris en jouant à ça? On s'en sert pour se départir
de nos responsabilités, peut-être, parfois, d'éducateur.
Ça fait que je veux juste... tu sais,
cette notion-là de productivité, il faut faire attention, là. Est-ce qu'un
jeune doit être productif? À quel âge on s'attend à ce qu'un enfant devienne
productif? C'est un peu... Ça fait que... Excusez, je réagis fortement à ce
terme-là, mais ça fait partie des jugements de valeur qu'on a par rapport au
numérique, que c'est une perte de temps, alors que la plupart de ce que les
enfants font, c'est une perte de temps, là, ils jouent, ils vont dehors, ils ne
sont pas en train de travailler, là, justement, là.
Mme Gagné (Anny) : Puis ce
n'est pas nécessairement sédentaire non plus, hein, même quand on parle de jeux
vidéo, là. Il peut y avoir des interactions, ils peuvent se parler ensemble en
ligne, ils peuvent aller dans une quête ensemble, développer des stratégies
ensemble. Et, contrairement à la vie réelle, là, si on peut dire ça, là, tu
sais, quand ils vivent un échec, c'est beaucoup moins difficile à intégrer,
parce que tu n'as pas tout le monde qui juge alentour. Donc, tu peux apprendre
aussi à vivre avec cet échec-là, là, qui est peut-être moins difficile. Donc,
il y a quand même aussi des bons côtés, là, ce n'est pas juste sédentaire,
zombie devant un écran, là.
Mme Cadet : Merci. J'ai-tu
droit à une autre question ou je...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
allez-y.
Mme Cadet : Oui? Merci. Juste
plus tôt... parce qu'on parlait d'encadrement d'usage des outils pédagogiques.
Comment est-ce qu'on encadre, donc, l'usage périphérique des outils, là? On <parlait,
plus tôt...
Mme Cadet :
...pédagogiques.
Comment est-ce qu'on encadre, donc, l'usage périphérique des outils, là? On >parlait,
plus tôt, donc, d'utiliser, donc, les appareils, bon, donc, de l'école pour ne
pas avoir accès à d'autres sites Internet. Mais, par exemple, les espaces de
clavardage, là, qui peuvent être intégrés, donc, sur des appareils, donc, de
l'école, comment est-ce qu'on encadrerait ça pour ne pas qu'il y ait cet usage
périphérique qui pourrait, lui, être néfaste, donc, sur...
M. Young (Shawn) : C'est une
bonne question. On en parlait justement, tantôt, tu sais, une des premières
places où est-ce qu'il y a de l'intimidation numérique, c'est dans les chats de
Google Docs, là, où carrément, là, là, il y a des écoles qui sont capables
d'enlever... Tu sais, tu peux chatter dans le côté, tu peux enlever ça. Mais le
Google Docs lui-même, c'est un espace de chat, là. Tu peux écrire des choses,
l'autre le voit en temps réel, tu peux y répondre puis tu peux... Toute la
classe peut être en train de dire : Shawn, c'est un maudit niaiseux, puis
moi, je ne le sais pas, puis... Puis c'est des dynamiques qui sont possibles,
mais c'est des dynamiques qui seraient possibles sans le numérique aussi, là.
Ça fait qu'il faut faire attention de dire : Bon, bien, c'est à cause de
l'outil que ça, ça se passe. En fait, des jeunes qui chuchotent, tout le monde
sur l'autre jeune, ça se peut.
Après ça, encore une fois, on parle
d'éduquer les jeunes à bien se comporter, le respect de l'autre, de... Ça fait
que là, tu sais, on est dans comment est-ce qu'on fait pour contrôler ça. Ça,
c'est une chose. Mais comment est-ce qu'on fait pour éduquer les jeunes à ce
qu'ils ne fassent pas ce genre de trucs là? Puis là, là on parle vraiment de
développer des compétences socioémotionnelles, on parle d'avoir une approche
bienveillante à l'école, on parle de renforcement positif, de mettre des
attentes claires, positives puis faire du renforcement positif par rapport à
ça. Donc, toutes ces approches-là dans lesquelles on veut former les jeunes à
du savoir-être, bien, ça s'applique aussi dans le monde du numérique, parce que
c'est là qu'ils évoluent aussi, là.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Moi, je vais vous ramener à l'équilibre. On entend encore... Je vais vous
amener au niveau des jeunes aux études supérieures. On entend encore
aujourd'hui, même après la pandémie, des programmes universitaires qui sont
100 % en ligne. J'ai une jeune, dans mon entourage, qui vient de commencer
dans un centre de formation professionnelle, et son cours est en technique du
bâtiment, et c'est 100 % en ligne. Oui, le numérique, mais j'aimerais
avoir votre position là-dessus, votre opinion. Parce qu'il y a beaucoup de
spécialistes qui nous disent : Bien, ça ne devrait pas être la première
façon de... pédagogique d'enseigner aux jeunes. Maintenant, comment on arrive à
cet équilibre-là, quand on a encore des cours qui sont quand même 100 % en
ligne? J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Young (Shawn) : Bien, j'ai
une opinion là-dessus, c'est sûr.
Mme Gagné (Anny) : Bien,
vas-y, dans ce cas-là.
M. Young (Shawn) : Bien,
évidemment, qui dit en ligne... ce n'est pas tout égal, là. Encore une fois, on
revient à la notion de qualité. Tu peux suivre un cours en ligne, qui est... Tu
sais, par exemple, là, la maîtrise en éducation à Harvard, il y a une grosse
partie qui est en ligne. Mais ce que tu fais en ligne, c'est... Tu sais, c'est
sûr que, si ton cours en ligne, c'est : je partage mon écran sur des
PowerPoint et je parle de ça. Ce n'est pas super. Mais ça, ce n'est pas non
plus super en vrai, là. On a tous été à des cours en présentiel, que c'était ça,
puis on se dit : Crime! Pourquoi je suis là? Je pourrais juste avoir les
diapos puis je vais venir à l'examen. Ça fait que c'est sûr que, si tu as une
pédagogie qui laisse à désirer, bien, ça va autant laisser à désirer dans un
espace virtuel que dans un espace présentiel.
Après ça, c'est sûr que, bon, c'est plus
facile, par exemple, de créer des liens entre les étudiants, quand ils sont en
présentiel, par exemple, de leur faire travailler en équipe, etc. Mais il y a
des opportunités superintéressantes que tu peux avoir, par exemple, dans des cours
100 % à distance comme ça, par exemple par rapport à des activités
interactives que tu pourrais faire, par exemple à l'accès, tu sais, il y a tout
un enjeu d'accès qui est superimportant là-dedans. On pense aux régions, mais
on pense aussi aux gens qui sont en... qui travaillent déjà, etc. Moi, j'ai
fait une maîtrise en éducation 100 % virtuel, puis ça a complètement
changé ma façon... J'étais enseignant pendant neuf ans puis, pendant que
j'étais enseignant, je suivais cette maîtrise-là, puis au jour le jour
j'appliquais ce que je voyais, tu sais, dans ma maîtrise en ligne, dans ma
pratique.
Ça fait qu'il y a moyen, avec ce genre de
cours là, de faire un jumelage entre la pratique... Parce que tu n'es pas
nécessairement, physiquement, à des cours, tu peux te pratiquer dans la vraie
vie à faire ces choses-là. Ça fait qu'il y a moyen de structurer ça. Mais je
suis d'accord avec vous que, très souvent, on n'a pas innové, pédagogiquement,
dans ces cours-là. Puis effectivement, bien, il y a une perte, là, quand...
quand c'est le cas, là.
• (15 h 30) •
Mme Gagné (Anny) : Je ne
pense pas que... tant l'outil, mais, encore une fois, comment qu'on l'utilise.
Puis je pense qu'ici c'est plus une question que l'enseignant, dans ce cas-ci
peut-être, au niveau pédagogique, n'utilisait pas les meilleures approches.
Parce que, pour avoir moi-même enseigné dans une classe à moitié à distance et
à moitié physiquement dans la classe, je ne pense pas que ceux à distance se
sentaient exclus et moins parts de la classe. C'est une question d'utiliser des
stratégies <pédagogiques...
>
15 h 30 (version révisée)
< Mme Gagné (Anny) :
...se sentaient exclus et moins parts de la classe. C'est une question
d'utiliser des stratégies >pédagogiques pour les inclure. Je comprends
que ça pose plus de limitations, plus de défis, définitivement, mais je pense
qu'on peut donner tout un aussi bon cours à distance qu'en personne comme on
peut donner un cours en personne complètement désastreux, là.
M. Young (Shawn) : C'est
toute la notion de l'asynchrone. Tu sais, dans des cours en présentiel, c'est
nécessairement synchrone. On est... On ne maximise pas l'usage d'outils puis d'approches
asynchrones. Ça, c'est intéressant, parce que tu peux apprendre à ton propre
rythme quand c'est asynchrone, puis c'est beaucoup plus facile de faire ça dans
des cours virtuels, là. Ça fait qu'il y a des pour et des contre, là.
La Présidente (Mme Dionne) : Encore
faut-il que les jeunes n'aient pas de troubles d'attention, des choses comme
ça. Je pense que ça peut peut-être devenir plus difficile dans des cas comme
ça.
M. Young (Shawn) : Bien, c'est
certain, c'est certain, mais ça, c'est comme tous les choix éducatifs qu'on
fait pour soi-même ou pour nos enfants. Il faut aller vers des solutions qui
sont propres à nos besoins, tu sais. Un élève qui a des difficultés d'apprentissage,
mais qu'on veut à tout prix qu'il aille au privé, dans lequel il n'y a aucune
ressource d'orthopédagogie, par exemple, bien, c'est-tu vraiment le meilleur
milieu pour lui? Oui, mais je veux vraiment qu'il aille au privé, alors que ces
ressources-là existent dans le système public. Tu sais, c'est ce genre de
questionnement là qu'on doit faire.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Alors, je laisse la parole à mes collègues. Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci. J'allais
vous poser une question dans le même sens parce que je connais des gens qui ont
commencé, par exemple, au cégep ou à l'université durant la pandémie. Tous les
cours étaient en ligne, et il y avait très peu d'interactions entre les
étudiants et les profs. Il y avait une certaine hésitation de poser une
question. Puis j'imagine que c'est aussi vrai aujourd'hui pour les cours en
ligne. Tu sais, tu as des gens que, bien, pendant que le cours... pendant le
cours, ils vont aller, tu sais, faire quelque chose d'autre en ligne. Ils vont
être distraits. Ils ne vont pas faire attention. Ils ne développent pas de
relation avec les autres élèves. Ils ne développent pas de relation avec le
prof. Comme j'ai dit, il y a une certaine hésitation pour parler.
Moi, mon fils qui est au... bien, il était
au primaire à ce moment-là, lui, quand ils ont fait l'école de façon virtuelle,
c'étaient 32 enfants avec un prof pendant une heure, puis c'était le chaos,
puis il y avait des élèves qui n'arrêtaient pas de parler, mais la majorité ne
parlait pas parce qu'il y en avait qui n'arrêtaient pas de parler, puis c'était...
Moi, j'ai trouvé ça très chaotique, puis lui aussi a trouvé ça chaotique.
Donc, est-ce qu'il y a une façon... Parce
que, là, vous vous dites que ça dépend comment le prof va présenter le cours,
etc., mais, encore une fois, est-ce qu'il y a des formations ou des balises qu'on
peut offrir au prof pour dire : Si ça va être en ligne, bien, voici
comment assurer l'interaction et l'intérêt des élèves et des étudiants?
M. Young (Shawn) : Je vais
vous dire, la meilleure façon de rater des cours en ligne, c'est de prendre
toute une société, puis, du jour au lendemain, vous donnez des cours en ligne
sans aucune formation ni outil, là.
Mme Gagné (Anny) : ...du temps
de préparation, là.
M. Young (Shawn) : C'est sûr
que, si on regarde ce qui s'est passé dans la COVID, tout le monde... nos yeux
saignaient, là, c'était comme... mais c'était de l'improvisation, là. C'est
certain que, si tu dis : Bon, bien là attends, là, je vais prendre le
temps de me dire comment je pourrais donner le meilleur cours possible en ligne...
que les établissements, après ça, disent : O.K., on va te donner des
outils, on va donner de la formation pour le faire, on va avoir un autre niveau
de qualité, là.
Après ça, tu sais, là, on parle des études
supérieures, c'est une chose. L'école primaire... L'école secondaire a un rôle
de socialisation qui fait partie de sa mission, là, ça fait que... Est-ce qu'on
devrait... Tu sais, je travaille beaucoup aux États-Unis. Aux États-Unis,
croyez-le ou non, il y a des écoles virtuelles qui partent de la maternelle
puis qui vont jusqu'à la fin du secondaire. Un petit bout de maternelle tout
seuls chez eux, à faire des cours en ligne, ça fait pitié. Oui, c'est ça...
Ça fait que... Est-ce que... Tu sais, ce
qu'on dit là, tu sais, ça s'applique à certains groupes d'âge. Il faut faire
une nuance. Je ne suis pas en train de dire que ça pourrait être une bonne
approche, par exemple, pour nos enfants d'âge primaire, au début du secondaire.
Au contraire, une des missions principales de l'école, c'est de former à la
socialisation, puis le rôle de l'école... Pourquoi est-ce qu'on... Tu sais,
pourquoi est-ce qu'on a des bâtiments physiques auxquels on envoie les enfants?
Bien, premièrement, on a besoin d'aller travailler puis il faut les mettre à
quelque part. Mais la raison éducative, c'est ça, là, c'est de les mettre en
contact avec d'autres jeunes, puis qu'ils apprennent à socialiser, puis
évidemment c'est perdu dans des cours en ligne. Ça fait que ça ne devrait pas
être quelque chose qu'on favorise de façon générale pour les enfants.
Mme Gagné (Anny) : Idéalement,
quand on donne un cours en ligne, on est formés pour donner un cours en ligne.
Là, les enseignants étaient pris du jour au lendemain à donner une formation en
ligne sans outil. C'est sûr que les résultats n'étaient pas là. Par contre,
comme je disais tout à l'heure, il y a des façons pédagogiques d'amener les
élèves à participer même si on est en ligne. Ça se fait, des sous-groupes. Tu
peux les avoir dans des sous-groupes qui communiquent ensemble. Ils ont des
tableaux interactifs où ils peuvent communiquer des dessins. Tu sais, je veux
dire, l'interaction est toujours possible en ligne. C'est juste un manque de
savoir des gens qui...
La Présidente (Mme Dionne) : C'est
malheureusement tout le temps qu'on a. Merci beaucoup pour ces <échanges...
Mme Gagné (Anny) :
...des
gens qui...
La Présidente (Mme Dionne) :
C'est
malheureusement tout le temps qu'on a. Merci beaucoup pour ces >échanges
à cette commission.
Donc, je suspends les travaux quelques
instants pour accueillir notre prochain groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 35)
(Reprise à 15 h 40)
La Présidente (Mme Dionne) : Nous
reprenons maintenant les travaux. Donc, je souhaite maintenant la bienvenue à
la Confédération des syndicats nationaux. Alors, je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour nous <transmettre...
La Présidente (Mme Dionne) :
...pour
nous >transmettre votre exposé. Suite à cela, il y aura une période
d'échange et de questions avec les membres de la commission. Donc, peut-être
vous présenter au début et nous faire part de vos commentaires. Merci. Je vous
laisse la parole.
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Mme Lelièvre (Katia) : Merci
beaucoup. Donc, bonjour. Moi, je m'appelle Katia Lelièvre. Je suis
vice-présidente de la CSN, entre autres, responsable du dossier de l'éducation,
là, puis de l'enseignement supérieur. La CSN, c'est une centrale syndicale qui
représente près de 1600 syndicats,
330000 membres de
tous les secteurs d'activité, sur l'ensemble du territoire québécois. On compte
trois fédérations plus spécifiquement dans le domaine de l'éducation et de
l'enseignement supérieur.
Et je suis accompagnée par des
représentants de deux des trois fédérations, donc, M. Frédéric Brun, qui est
président de la fédération des employés de services publics, ainsi que Léandre
Lapointe, qui est vice-président de la FNEEQ, la fédération nationale des
enseignants, enseignantes du Québec, CSN tous les deux, évidemment. Il y a
aussi la Fédération des professionnèles qui représente des professeurs
d'université et plusieurs professionnels en enseignement supérieur. Aujourd'hui
m'accompagne aussi Julie Audet, qui est conseillère au service de recherche et
de condition féminine pour la CSN, spécialisée en éducation et en enseignement
supérieur.
Donc, on souhaite vous remercier de nous
avoir invités à partager notre opinion à la commission. On accueille aussi
favorablement la création d'une commission spéciale sur les impacts des écrans
et des réseaux sociaux sur la santé des jeunes et leur développement. On croit
que l'approche transpartisane, ça devrait favoriser l'identification des pistes
d'action qui vont être consensuelles. C'est nécessaire, considérant, puis on l'a
entendu depuis tantôt, là, les préoccupations sociétales qui entourent la
présence des technologies numériques qui se fait, elle, de plus en plus grande
auprès de nos jeunes sans qu'un encadrement légal et adéquat n'ait été mis en
place de quelconque façon.
Pour cette consultation, on a ciblé trois
questions qui touchent directement les lieux d'éducation et d'enseignement
supérieur. Donc, les trois questions sont les suivantes. À quelles fins
recourir aux technologies numériques dans les classes? Comment encadrer
l'utilisation des technologies numériques et le temps d'écran en milieu
scolaire? Comment bien outiller les jeunes et le personnel scolaire pour qu'ils
développent les compétences et un regard critique nécessaires à une utilisation
éclairée des technologies numériques?
Pour la CSN, la réussite éducative et
l'accessibilité à un enseignement de qualité à tous les niveaux doivent être
les bases sur lesquelles prendront assises les balises qui encadreront le
recours aux technologies numériques en classe. Selon nous, cette réflexion
devrait s'inscrire dans la poursuite de deux grands objectifs, soit soutenir
les apprentissages et la réussite éducative et améliorer le fonctionnement des
établissements d'enseignement.
L'innovation n'est pas nécessairement un
gage de succès, et, jusqu'à présent, les preuves de résultats concrets positifs
sur l'apprentissage des enfants et des jeunes restent encore à faire, alors
qu'on a une pléiade de risques qui ont été démontrés, tant sur leur santé que
sur leur développement. Considérant les incertitudes, nous préconisons que toute
prise de décision concernant l'utilisation ou non de ce type d'outil fasse...
soit faite selon un principe de précaution.
Le deuxième thème, il aborde l'encadrement
du temps-écran et s'inscrit dans un contexte plus large de baliser le recours à
ces technologies numériques et à la formation à distance. On croit que c'est
important et pressant de concevoir un cadre de référence à l'intention des
milieux éducatifs afin de baliser l'utilisation des écrans.
Enfin, le troisième volet de notre
réflexion concerne les moyens d'acquérir une meilleure compréhension des
technologies numériques, et ce, tant pour les élèves que pour le personnel
scolaire. Actuellement, on observe des inégalités numériques, c'est-à-dire des
différences au niveau du plan de la familiarité, de l'habileté ou de l'accès.
Le milieu scolaire a donc un rôle important à jouer pour réduire ces disparités
et former des citoyennes et citoyens éclairés, capables d'avoir une pensée
critique.
Je vais donc céder la parole à mes
collègues parce qu'ils travaillent avec ces gens-là qui oeuvrent sur le terrain
auprès de nos jeunes et ils vont donc pouvoir nous parler de ce qui se passe
avec nos jeunes et comment on devrait implanter des balises et gérer les
technologies numériques dans nos classes et dans nos milieux d'apprentissage.
M. Lapointe (Léandre) : Oui.
Alors, bien, bonjour, tout le monde. Donc, à la Fédération nationale des
enseignantes et des enseignants du Québec, on représente 40 000 enseignants,
ça, c'est du préscolaire jusqu'à l'université, donc, principalement, là, au
collégial, les chargés de cours à l'université, mais surtout 47 syndicats
d'établissements d'enseignement privés, qui ont été quand même particulièrement
impliqués dans l'utilisation des technologies dans les classes dès le début. Je
pense que la tenue, là, puis Katia l'a bien dit, de cette commission
parlementaire là, elle est importante parce qu'il est le temps d'identifier les
dérives, d'encadrer l'utilisation des technologies pour le bien-être des
jeunes, dans l'objectif ultime d'assurer la réussite éducative de nos jeunes.
Les dérives, elles existent en éducation.
Les écrans sont de plus en plus présents dans les classes et le temps
d'utilisation croît avec l'usage, notamment dans les établissements d'enseignement
<privés...
M. Lapointe (Léandre) :
...avec
l'usage, notamment dans les établissements d'enseignement >privés, où
plusieurs établissements ont mis de l'avant les technologies, hein, pour se
présenter une façade d'innovation, dans des réseaux où la compétition entre les
établissements, elle est grande, et ce souci-là, d'attirer de la clientèle,
comme ils disent, mettant de côté, malheureusement, des approches pédagogiques
signifiantes à certains égards.
Une fois que la technologie est implantée
dans l'école, bien, les enseignantes et les enseignants reçoivent de la
pression de toutes parts, des directions, des parents, des élèves mêmes, qui
souhaitent avoir une plus grande utilisation de ces écrans-là, souhaitent
multiplier les activités. On a des parents qui souhaitent rentabiliser l'achat
qu'ils ont fait, et ça, souvent, malheureusement sans égard aux apprentissages,
aux bonnes activités pédagogiques ou à l'utilité de la technologie et à
l'autonomie professionnelle de l'enseignante et de l'enseignant, qui sait
discréditer la bonne de la moins bonne utilisation en pédagogie des
technologies.
Puis, si on regarde en enseignement
supérieur, c'est la même chose, la multiplication de l'enseignement à distance,
hein, qui... par exemple, pour compenser le manque d'espace, le manque de
locaux, pour compenser le manque de financement et pour élargir ce qu'ils
appellent, les établissements d'enseignement supérieur, le marché étudiant, au
détriment, là, d'une relation pédagogique humaine. C'est d'ailleurs les orientations
de la stratégie québécoise sur l'utilisation des écrans où, dans l'analyse des
recommandations par l'INSPQ... qui nous dit que les écrans devraient servir
dans l'objectif unique pédagogique, devraient être utilisés seulement
lorsqu'ils améliorent l'enseignement et les apprentissages.
Les impacts sur la santé, ils existent.
Vous allez en entendre parler par les divers experts que vous allez rencontrer.
Ce qu'on sait maintenant, et ça, c'est important de le dire, c'est que toutes
les utilisations doivent s'additionner. Que l'utilisation de la technologie
soit bonne pour le divertissement... ou la mauvaise utilisation, on doit
maintenant faire la somme de toutes ces heures-là et non pas soustraire celles
de la bonne utilisation. L'OCDE l'a dit également, une plus grande utilisation
des technologies ne se traduit pas automatiquement par des meilleurs résultats
scolaires.
On a souhaité, nous, être positifs, amener
des solutions, et vous allez le retrouver dans notre mémoire, là, à la page 13
et 14, où on vous a présenté un tableau des... je cherche mes mots ici, des
principes directeurs sur l'encadrement. Ce qu'on souhaite faire, puis vous
allez le voir, c'est qu'on souhaite replacer l'être humain au centre de la
relation pédagogique. On souhaite valoriser cette approche-là, que l'outil soit
utilisé par l'humain, que les acteurs soient au centre des décisions et adopter
un principe de précaution dans le seul et unique but d'assurer le bien-être de
nos jeunes et leur réussite éducative.
M. Brun (Frédéric) : Bonjour
à vous. Je représente la Fédération des employées et employés de services
publics. Donc, on représente plusieurs secteurs, mais dont le personnel de
soutien, le personnel de soutien scolaire, quand on parle... dans les centres
de services scolaires, dans les commissions scolaires anglophones, le personnel
de soutien dans les collèges et le personnel de soutien dans les universités.
On parle ici d'environ 45 000 travailleurs et travailleuses, là, qui
travaillent en soutien aux étudiants de différents âges.
Léandre l'a placé d'entrée de jeu par
rapport à la... les écoles privées, le fait... l'accès à la technologie,
l'utilisation grandissante. On n'est pas nécessairement à la même place quand
on parle... dans le réseau public puis dépendamment où est-ce qu'on se retrouve
dans le réseau public. Donc, c'est sûr qu'aujourd'hui on veut amener aussi la
réflexion, de dire... les chances égales de pouvoir se servir de ces différents
médias là, de ces différents écrans là, on l'a vécu.
Tantôt, j'entendais, plus tôt, là, parler
de la période de COVID, de l'intégration, comment ça s'est fait d'un coup, tout
ça. On a des régions au Québec où est-ce que ces jeunes-là n'avaient pas accès
à Internet, qu'on a été obligés de donner des puces pour qu'ils réussissent à
avoir du réseau, qui n'avaient pas nécessairement les bons outils à ce
moment-là. Ça existe. Ça existe, puis pas juste en temps de pandémie. Ça existe
de manière générale, où est-ce que ce n'est pas chaque foyer au Québec qui a
les aménagements pour être capable de se servir des écrans comme ça, d'avoir
les bons écrans puis d'être capable de se servir à ce moment-là de tous les
services qui viennent avec. Donc, on parle ici de chances égales, hein, peu
importe le milieu d'où on vient.
• (15 h 50) •
Puis la commission va servir aussi à
réfléchir vers quoi on peut s'en aller, puis quelle est l'utilité, puis pour le
bien-être de tout le monde. Quand on parle de technologies numériques
supportées par les écrans, oui, on parle de temps d'écran, mais il faut
départager le temps d'écran. Il y a certains élèves pour qui ce temps d'écran
là est nécessaire à leur réussite. Quand on parle d'élèves qui ont des
problèmes de dyslexie, dysorthographie, qui ont le droit du tiers de temps de
plus pour faire des <examens...
M. Brun (Frédéric) :
...dysorthographie,
qui ont le droit... du tiers de temps de plus pour faire des >examens,
tout ça, on doit le compter. C'est du temps d'écran. Par contre, ce temps-là ne
sert pas à la même chose, sert à la réussite, hein? On est vraiment là où
est-ce qu'on en a de besoin.
La Présidente (Mme Dionne) : Désolé,
oui, je faisais des simagrées. Désolé, le temps est terminé, mais est-ce qu'il
y a consentement pour laisser terminer monsieur? Allez-y, continuez, concluez.
M. Brun (Frédéric) : Donc,
c'est ça, ça fait que, tout en respectant le besoin des élèves puis de se
servir des bons outils, hein, pour faire le... pour le cheminement scolaire de
chacun des élèves... Quand on parle de... aussi des... on vient toucher
l'intelligence artificielle, il y a certains systèmes qui servent présentement
un peu, Vigo, on le voit, intégrés dans les écoles, avec des questionnements
pour les élèves. Il faut garder en tête, Léandre l'a placé, là, la relation
avec l'humain, la prévention, l'observation, l'orientation de ces élèves-là,
pour travailler autant des comportements que de faire de la prévention pour les
amener un petit peu plus loin.
Je vais m'arrêter là. Je vais laisser les
questions... puis je pourrai continuer.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup pour ces informations. Donc, nous allons débuter la période d'échange
avec le député de Marquette.
M. Ciccone :Bonjour à vous quatre. Merci beaucoup d'être là. Je vais
citer une partie de votre mémoire : «Actuellement, des pressions sont
exercées pour accélérer le recours aux nouvelles technologies dans les écoles
et pour devenir des leaders numériques, une impulsion selon laquelle
l'innovation est un gage de succès.» Vous l'avez dit tantôt, et j'avais une
question. Est-ce que ça met de la pression sur vos membres? Vous avez dit oui.
Cependant, est-ce que vos membres, bien outillés, sont ouverts à cette nouvelle
technologie pédagogique là?
M. Lapointe (Léandre) : Oui,
bien, notre position, nous, c'est qu'on n'est pas technophiles, mais on n'est
pas technophobes non plus. Donc, on est technocritiques. C'est-à-dire que les
enseignants sont à même de connaître la bonne utilisation de la technologie. Il
y a des technologies qui aident en éducation, qui accélèrent les apprentissages
et qui les rendent signifiants, c'est-à-dire qu'ils vont rester.
Je vais vous donner des exemples, l'écriture
collaborative. Des fois, les enseignants vont vouloir faire écrire un texte à
plusieurs, tu sais, pour apprendre le sujet amené, sujet divisé. On va
placer... Anciennement, on plaçait trois élèves, quatre élèves autour d'une
feuille puis, avec un crayon, ça n'écrivait pas facilement. Maintenant, on
peut, avec les plateformes, être à plusieurs à écrire un texte. Chacun a son
curseur, et on peut construire, coconstruire un texte, et c'est ça, une bonne
utilisation de la technologie, où, à la sortie de cette activité-là, le jeune
va avoir mieux appris puis il va ressortir une meilleure compréhension d'une
structure de texte.
Il va y avoir d'autres technologies, je
vous dis, il y en a plusieurs, là, mais qui sont des moins bonnes utilisations...
Météormath où, dans le fond, on fait des additions, puis là il y a des feux
d'artifice, des explosions, où qu'il n'y a pas de plus-value à utiliser la
technologie. Donc, on est en train d'activer un facteur motivationnel, un
intérêt qui ne perdure pas dans le temps. Ça, c'est important de le savoir.
Donc, qu'est-ce qu'on gagne à utiliser... Donc, on vient d'ajouter du temps d'écran
pourquoi, dans le fond?
Alors, c'est ça qu'il faut faire à chaque
fois, se dire : Ça, c'est une bonne utilisation, une moins bonne. C'est
pour ça qu'on s'en remet aux acteurs des milieux de l'éducation à faire
justement ces choix stratégiques pertinents, parce qu'on sait que la somme des
heures, elle est comptée. Donc, c'est encore plus pertinent de bien les
utiliser.
M. Ciccone :Est-ce que vous sentez que ou est-ce que vous entendez de
la part de vos membres qu'ils sont bien formés pour la nouvelle technologie
pédagogique dans les écoles?
M. Lapointe (Léandre) : Je
vais y aller. Bien, de plus en plus. Malheureusement, on est formés à utiliser
les outils. On nous apprend les nouvelles plateformes, les nouvelles
applications, les nouveaux... puis, bon, ces plateformes-là, même quand on les
conçoit et même quand on les utilise, elles évoluent dans le temps. À un moment
donné, tu vois des icônes apparaître dans des applications que tu utilises
depuis longtemps, mais on n'apprend jamais les effets sur la santé, qu'est-ce
que ça peut avoir comme effets négatifs? Je n'ai eu... Moi, ça fait 21 ans
que j'enseigne au secondaire, en troisième secondaire, en sciences. Je n'ai
jamais eu une rencontre, dans une journée pédagogique, où on m'a dit :
Faites attention avec les écrans, si on les utilise trop, ça va avoir ça comme
conséquence. Jamais, mais on me parle de ce que ça aide, qu'est-ce que ça fait,
par exemple.
Donc, on a un discours qui n'est pas
tempéré sur les technologies. Donc, on doit former nos directions d'école, et
nos enseignantes, et nos enseignants à tout ça, parce qu'il y a des impacts, puis
on vient tout juste d'apprendre... puis, moi, ça fait 10 ans que j'utilise
les technologies dans ma classe, puis on vient tout juste de se faire expliquer
que les technologies pourraient avoir des impacts. Alors, je pense qu'il y a un
rattrapage important à faire de ce côté-là.
M. Ciccone :Dernière question, Mme la Présidente. Vous avez parlé... Encore
sur les outils pédagogiques, là, vous avez dit qu'il n'y a pas de meilleur
résultat scolaire avec les outils pédagogiques. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Lapointe (Léandre) : Avec
les technologies... La science le démontre, hein, au primaire, on nous dit que
l'enseignement à distance et l'utilisation des technologies peuvent nuire à l'apprentissage.
On nous a dit que la lecture à l'écran peut nuire à la compréhension d'un texte
puis on nous dit que la prise de notes à l'écran n'a aucun avantage. Donc, oui...
M. Ciccone :O.K., mais ça n'inclut pas, ça, les jeunes qui sont en
difficultés d'apprentissage, avec des plans d'intervention, avec les outils
pédagogiques, Antidote et autres. Vous ne parlez pas de ça, là.
M. Lapointe (Léandre) : Non,
c'est... vous avez raison, il y a des outils spécialisés pour certaines
problématiques qui sont très efficaces, ça, tout à fait.
M. Ciccone :Parfait. Merci <beaucoup...
M. Ciccone : ...
merci >beaucoup.
M. Brun (Frédéric) : ...si je
peux me permettre de revenir... Quand on parle de formation, là, quand on parle
du personnel de soutien en éducation, on parle des services en adaptation
scolaire, les milieux... en services de garde dans le milieu scolaire. La
formation, ça évolue vite. Quelqu'un qui n'est pas habitué de se servir de
cette technologie-là... Il y a un manque de formation, puis cette
formation-là... Plus tôt, là, j'entendais l'avant-dernière personne qui
intervenait dire : Bien, tout ce qui est de la prévention, de savoir
qu'est-ce qui en est, comment s'en servir puis comment mettre des balises au
travers de ça... Je pense qu'il faut aussi équiper les travailleurs puis les
travailleuses qui interviennent avec ces jeunes-là, puis pas juste à
l'intérieur de la classe, parce que, quand on sort à l'extérieur de la classe,
là, on tombe avec tous les réseaux sociaux, ces choses-là.
À la commission scolaire de Montréal, il y
a une intervenante que son travail, c'est vraiment d'être avec les jeunes, de
faire de la prévention et de voir aux réseaux sociaux, qu'est-ce qui se passe,
pour faire un suivi avec les élèves, et son travail... elle dit : Je ne
peux pas me déconnecter à 16 h 30 parce que ça continue, les murs de
l'école ne sont pas étanches, ça continue en dehors des heures d'école. Donc,
il faut le garder en tête. Puis ces formations-là sont nécessaires pour tout le
monde, puis on est capables de dire comment ça a évolué, là. J'ai fin quarantaine,
il n'y avait rien, mes filles en avaient plus. Puis, aujourd'hui, quand on
regarde un enfant qui a cinq, six ans, il prend ton téléphone, puis il t'a vu
faire, puis il... Donc, c'est cette évolution-là... qu'il faut former les gens,
parce que ça évolue trop vite, là, par exemple.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Je passe maintenant la parole à la députée de Hull.
Mme Tremblay : Bonjour. Vous
avez parlé du personnel de soutien. Ça inclut aussi, si je ne me trompe pas,
les éducateurs spécialisés, TTS. Ça en fait partie. Je vais me concentrer
beaucoup sur eux dans ma prochaine question parce qu'ils sont des intervenants
importants dans une école. C'est eux, souvent, qui vont recevoir les jeunes,
notamment, qui pourraient avoir peut-être de la dépendance, souvent, quand ça
ne fonctionne pas dans la classe, notamment, parce qu'ils ont utilisé trop leur
téléphone, puis que c'est répétitif. Tu sais, c'est eux qui vont se... tu sais,
qui vont souvent agir derrière l'enseignant puis l'enseignante. Leur rôle est
tellement important.
Moi, j'aimerais ça voir, dans l'expérience
que vous avez, parce que vous les représentez, dans une école, eux, c'est quoi,
leur vision? Est-ce qu'ils ont mis des bons mécanismes de prévention, de
sensibilisation? C'est quoi, leur position? Puis, quand on prend des décisions...
Par exemple, vous savez, là, dans la classe, on le sait, maintenant,
l'utilisation du cellulaire n'est plus autorisée. Ça a quoi comme impact, pour
eux, sur leur charge de travail, mais aussi dans leur... pas juste dans leur
charge, mais dans leur travail auprès des jeunes? Ça fait que je veux voir un
peu la position de ce personnel-là qui est un... qui ont un rôle très... qui
sont un des premiers intervenants auprès des jeunes aussi.
M. Brun (Frédéric) : Je vais
essayer de reprendre... parce qu'il y a beaucoup, beaucoup d'éléments dans ce
que vous amenez, là.
Mme Tremblay : Je vais vite,
hein?
M. Brun (Frédéric) : On va
parler de prévention. Puis là vous nous amenez aussi sur le fait que, bon, il y
a une règle qui est descendue, là, depuis le printemps dernier, de plus
d'utilisation dans les écoles. Il y a des équipes-écoles qui ont une expertise,
à savoir c'est quoi, l'utilisation qui devrait être faite puis comment qu'elle
devrait être faite. Il y a une règle générale, mais chaque milieu est
différent, là. J'entendais plus tôt la même chose. Il n'y a pas un milieu qui
est identique.
Donc, il faut le garder en tête, de faire
de la prévention, de dire qu'il y a des règles, puis d'appliquer ces règles-là,
si... Il y a des écoles, présentement, cette année, qui ont interdit d'emblée
le cellulaire à l'école. Je veux dire, tout le monde est au courant. Il y a des
élèves qui ont été orientés dans ces écoles-là et qui l'ont appris le matin
même. Ces élèves-là... Sûrement que ça a été dit, mais, comme plusieurs élèves,
sûrement plusieurs parents, qui sont pressés, puis j'ai été de ceux-là, on a
écouté à moitié, puis c'est correct. C'est une rentrée scolaire un peu comme
les autres. Il y a des... Ça génère des réactions chez ces jeunes-là. Donc, il
faut faire de la prévention puis il faut être capable de faire le travail sur
le terrain.
• (16 heures) •
Puis, vous l'avez dit, si les heures de
l'équipe, hein, qui est là, qui est complémentaire, parce que le personnel de
soutien, le personnel enseignant, le personnel professionnel sont
complémentaires un envers les autres... Il faut qu'ils aient le temps de
pouvoir faire ce travail-là. Donc, il faut leur donner le temps de peut-être
expliquer, faire la prévention, être en support dans la classe. Puis peut-être
qu'il y a certains élèves, étudiants, étudiantes, pour qui c'est plus difficile,
que leur réalité personnelle, que leurs défis personnels font en sorte que...
de se faire dire : Tu ne peux pas entrer à l'école avec un cellulaire ou
tu ne peux pas l'avoir en classe. Parce qu'il ne faut pas se cacher, là, ça
fait longtemps que de... certains regroupements... C'est un moyen pour certains
élèves de se calmer, de se recentrer, que ce soit pour écouter de la musique,
que ce soit un jeu de patience.
De formation, je suis éducateur
spécialisé, là. J'ai travaillé dans des classes avec des jeunes avec des
problèmes en <psychopathologie...
>
16 h (version révisée)
< M. Brun (Frédéric) :
...des
problèmes en >psychopathologie, bien, ça faisait partie. Tantôt... Quand
on entend... les écrans faisaient partie de quelque chose qui était calmant, il
faut savoir à quoi ça sert exactement, puis leur donner le temps d'intervenir,
puis de faire des groupes avec ces élèves-là. Peut-être que ces éducatrices
spécialisées là, ces techniciennes en travail social là doivent avoir du temps
pour rencontrer ces élèves-là en dehors de la classe, faire des groupes. Puis
il y a peut-être, pour certains élèves, qu'il faut mettre en place d'autres
moyens pour faire en sorte que l'adaptation se fasse puis qu'on puisse faire un
travail avec eux, et non pas juste être, je vais dire, dans la répression, de
dire : Bien, il n'y a plus de cellulaire à l'école où il n'y en a plus en
classe. C'est plus compliqué que ça.
Mme Tremblay : Merci. J'aurais
une dernière question. Vous avez parlé, bon, de la technologie, des outils
pédagogiques, il faut que ça apporte un plus à l'enseignement. Donc, tu sais,
on n'est pas dans les feux d'artifice, là, vous l'avez bien nommé, là, ce n'est
pas ça, par rapport au contexte d'écriture que vous avez nommé, qui était très
pertinent pour nous faire comprendre qu'est-ce qu'il en est. Donc... Puis, bon,
l'INSPQ va dans le même sens, hein? Ça ne doit pas être des méthodes d'enseignement
par défaut. Il y a également, là, même l'UNESCO, là, qui a dit qu'il y a peu de
preuves de valeur ajoutée de la technologie en éducation, tu sais. Puis c'est
des réflexions récentes, hein? Ça avance très, très vite.
Puis là vous venez avec un cadre de
référence. Vous dites : Bien, écoute, ça serait bien qu'il y ait des
balises. Ce matin, on a reçu, là, des parents, le comité de parents. Eux aussi
disaient : Oui, tu sais, des balises, des grandes lignes, mais, en même
temps, ils nous mentionnaient que c'était important de laisser, après ça, à
chaque école, à partir de ces balises-là, de discuter des modalités parce que
chaque milieu est différent. Il y a des milieux ruraux, il y a des milieux plus
au centre-ville, il y a des écoles de 3 000 élèves. Donc, tu sais, il
y a... bon, ça peut être très différent.
Vous, vous en pensez quoi, donc? Oui, pour
le cadre de référence, j'ai compris que vous êtes en accord, mais après ça, de permettre,
justement, une marge de manœuvre dans chacune des écoles? Comment vous voyez
ça?
Mme Lelièvre (Katia) : Bien,
je vais laisser Léandre continuer mon bout, là, mais je vais commencer en
disant que, pour nous, c'est évident que chaque école est différente. Puis les
enseignants, ils ont des classes, aussi, différentes, des matières différentes,
ça fait que ça va même au-delà de la classe. On n'enseigne pas le français de
la même façon qu'on enseigne, par exemple, l'histoire, ou la géographie, ou les
mathématiques. Donc, au-delà... C'est plus que le milieu, c'est même de...
chacun des professeurs devrait avoir la liberté puis la latitude de regarder,
mais selon des balises qui sont établies.
M. Lapointe (Léandre) : Bien,
exactement. On est tout à fait d'accord avec ça. C'est que chaque école, chaque
milieu, chaque équipe-école doit, à partir de principes d'encadrement, établir
quelle sera la politique locale, je pense. Parce que ce n'est pas vrai que les
enjeux en Gaspésie, ou au Lac-Saint-Jean, ou dans Rosemont—Petite-Patrie, ce
seront les mêmes enjeux, dans l'utilisation de l'écran, les problématiques que
ces écrans-là vont créer chez leurs jeunes. Donc, c'est à eux, qui seront à
même d'identifier quelles sont nos problématiques, qu'est-ce qu'on fait ici,
quel sera le type d'utilisation. Ça fait qu'on est tout à fait en accord avec
ça.
Mme Tremblay : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Je passe maintenant la parole à M. le député de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je fais un bout de chemin sur ce que vous venez d'échanger.
Donc, tantôt, j'ai aussi posé la question : C'est quoi, la bonne échelle?
Là, je comprends que vous dites, si on est pour faire des politiques publiques
d'interdiction, par exemple, ce n'est pas tant la classe, ou la commission
scolaire, ou le Québec, mais plutôt l'école qui est le bon dénominateur commun
à choisir?
M. Lapointe (Léandre) : Bien,
moi, je pense qu'il devra y avoir des encadrements à tous les niveaux. Je pense
que l'éducation, par exemple, c'est pour tous, c'est pour tout le monde, dans
le sens que...
Tu sais, je nous entendais discuter tout à
l'heure sur, bien, c'est quoi, le rôle, là, pour limiter les GAFA ou les
plateformes. Qu'est-ce que... C'est quoi, notre... Bien, je pense que, derrière
tout ça, il faut outiller nos jeunes à se protéger, à comprendre puis à
manipuler eux-mêmes les algorithmes qui essaient de les manipuler, se sortir
des chambres d'écho de leurs réseaux sociaux puis devenir intelligents à l'utilisation.
J'entendais, ce matin, une dame dire :
Bien, je ne suis pas capable... une jeune dire : Je ne suis pas capable...
Je veux arrêter de voir des vidéos de guerre. Bien, quelqu'un qui comprend l'algorithme
de TikTok est capable de le manipuler, puis il n'y en aura plus, de vidéo. C'est
très simple. Il s'agit de savoir, puis on manipule l'algorithme puis on devient
maîtres du réseau social. Donc, ça, ça passe par l'éducation. Donc, une fois
que j'ai dit ça, je pense qu'il doit y avoir des règles, là, générales, mais,
ensuite, localement, il doit y avoir une latitude où...
Par exemple, à Montréal-Nord, on
souhaiterait intervenir sur telle utilisation, telle problématique versus une
région. Donc là, je pense que les milieux, les réseaux et les acteurs locaux
devront avoir la latitude de pouvoir aller sur quelque chose de plus pointu qu'une
autre personne. Donc, il y a une espèce d'encadrement qui peut... qui est
souple, je vais utiliser le mot.
M. Leduc : Est-ce que j'en
déduis, donc, que vous n'êtes pas tellement dans l'interdiction, par exemple,
le <cellulaire...
M. Leduc :
...que
j'en déduis, donc, que vous n'êtes pas tellement dans l'interdiction, par
exemple, le >cellulaire en classe?
M. Lapointe (Léandre) : Bien,
oui, on pense qu'il doit y avoir quand même des règles qui aident certains
milieux, mais tout ça doit passer par l'éducation.
M. Leduc : Je comprends.
M. Lapointe (Léandre) : Tu
sais, avant d'interdire, on doit expliquer pourquoi on interdit.
M. Leduc : Bien sûr.
Mais donc pas de fermeture non plus à l'interdiction en classe?
M. Lapointe (Léandre) : Bien
sûr que non.
M. Leduc : Puis là, dans...
mettons, l'interdiction totale dans une école, là est-ce que ça va un peu trop
loin? Tantôt, il y avait peut-être une piste de réflexion là-dessus?
M. Brun (Frédéric) : Non.
Bien, ce n'est pas tant l'interdiction totale, c'est comment on le fait. Puis
peut-être que, pour ce milieu-là, c'était la bonne chose à faire puis c'était
le bon choix.
Je ferais le parallèle avec quand on
recule de 25 ans. Les écoles n'étaient pas nécessairement dotées d'un plan
de lutte à l'intimidation comme qu'on vit aujourd'hui, hein? Ça a évolué. Aujourd'hui,
systématiquement, chaque école, centre de services scolaire, commission
scolaire développe son plan de lutte. C'est peut-être la même chose qu'il faut
réfléchir par rapport à tout ce qui est... si on prend l'exemple du cellulaire
ou de la tablette, les écrans, de voir où est-ce que c'est accessible, dans
quel moment qu'on peut s'en servir puis à quelle hauteur. Parce qu'on a
tendance à le réfléchir comme on parle de polyvalentes avec des élèves sans
difficulté particulière, mais on peut parler d'écoles où est-ce que c'est des
jeunes avec un trouble du spectre de l'autisme, avec une déficience
intellectuelle, puis l'utilisation qui est faite de ces écrans-là n'est
vraiment pas à la même place que dans une classe régulière avec même un élève
qui fait de la dyslexie ou de la dysorthographie.
Je vais vous donner l'exemple d'avoir été
dans une de ces écoles-là. Ils ont des animaux dans la classe, qu'ils font
venir, des lézards, entre autres. C'est des jeunes que les sensations sont
difficiles, hein, le chaud, le froid, la texture. L'intervenante prend la
tablette, met la tablette en avant du lézard, le jeune flatte la tablette;
enlève la tablette, puis il continue à flatter le lézard. C'est un outil de
travail. Pourtant, durant la journée, il se sert de cette tablette-là plus
qu'une fois. Il est devant un écran. Il regarde, il fait des actions, il fait
des gestes, il évolue au travers de ça, mais c'est un besoin. Dans cette
école-là, de dire : On ne peut pas s'en servir, c'est non mur à mur, ça ne
ferait pas de sens.
M. Leduc : Donc là, je
déduis que vous y allez plus au niveau d'une école. Si un ministre disait :
Moi, j'interdis ça à la grandeur du Québec, on n'irait pas dans la bonne
direction, là.
M. Brun (Frédéric) : Je
ne crois pas.
M. Leduc : O.K. Est-ce
qu'il y aurait encore un peu de temps? Oui?
La Présidente (Mme Dionne) :
Allez-y. Allez-y.
M. Lapointe (Léandre) : Si
je peux ajouter là-dessus...
M. Leduc : Allez-y donc.
M. Lapointe (Léandre) : ...je
pense que les interdictions actuelles, par exemple, il y a quand même... On dit :
Si c'est pour la pédagogie, tu sais... bon, je pense que c'est là...
M. Leduc : Oui, oui,
oui. C'est balisé quand même.
M. Lapointe (Léandre) : Exactement.
M. Leduc : O.K. Mais
plus que ça, on commence à aller peut-être un peu trop loin.
M. Lapointe (Léandre) : Mais
ce qui est important dans tout ça, là, c'est que n'importe quelle interdiction
doit s'accompagner d'une compréhension de l'interdiction. C'est hyperimportant.
Si on veut susciter l'adhésion d'une interdiction, on doit la comprendre. Donc,
si la science est derrière pour nous dire : Voici pourquoi, puis qu'on
place ça aux jeunes... Tu sais, dans nos écoles, on interdit les cellulaires,
mais les enseignants, ils ont un cellulaire sur leur bureau. Puis là il y a des
jeunes qui ne comprennent pas, mais il faut l'expliquer, ça. Bien, pourquoi?
Parce que, s'il y a une urgence, là, moi, j'ai le 911, là, au bout de mon... Je
peux... Si quelqu'un s'évanouit puis que j'ai besoin d'aide, j'ai besoin de ça.
Tu sais, il y a des raisons qui expliquent. Puis, quand le jeune comprend ça,
c'est fini, puis... Ça fait qu'il faut expliquer l'interdiction pour faire
susciter l'adhésion, tout simplement. Puis, ça, c'est pour tout.
M. Leduc : L'autre débat
qui est sous-jacent à ce thème-là, c'est la majorité numérique. Il y en a qui
disent 16 ans, 14 ans. Il y a des initiatives un peu partout dans le
monde. Avez-vous une position là-dessus?
Une voix : On a...
M. Lapointe (Léandre) : Bien,
nous, on a une expérience empirique, là. Je vous dirais qu'on s'en remet à la
science pour ces réponses-là. Je vous dirais que, nous, c'est ce qu'on veut. On
a besoin de savoir, parce qu'on les voit, les impacts, puis on les voit, que,
pour un... d'un jeune à l'autre, il n'y a pas le même impact. Ça fait que la
science, elle est hyperimportante pour nous guider dans tout ça, puis on va la
suivre.
M. Leduc : Il faut faire
attention à des solutions mur à mur appliquées, là, pour tout le monde. Il faut
de la nuance, il faut des zones grises. Merci.
Mme Lelièvre (Katia) : Puis,
si je peux me permettre, il en va de même aussi avec l'IA, hein? L'IA, le
développement est très, très rapide, puis il n'y a pas d'encadrement. Puis là
ça amène aussi la question de nos jeunes, à qui on essaie de donner un sens
critique, de dire... une capacité de penser par eux autres mêmes, puis de
réflexion, qui sont... Puis là on n'a pas tant que ça parlé de ça dans notre
mémoire parce qu'on s'est cantonnés à l'école, mais ça amène toute la
réflexion. L'école a le rôle de former des citoyens, des gens qui sont capables
de réfléchir. Et, si on ne balise pas l'ensemble de l'IA, bien, ces gens-là
sont exposés à toutes sortes de faussetés, d'informations qui ne sont
absolument pas vraies et qui remettent en cause la pensée critique puis
possiblement, même, beaucoup plus de choses que ça.
• (16 h 10) •
Donc, je voulais juste prendre le temps de
dire qu'il y a la technologie numérique, là, mais, l'IA, il faut trouver une
façon aussi de l'encadrer parce que ça va très, très vite, puis actuellement
c'est... c'est ça, l'encadrement est très limité, malgré que tout le secteur de
l'éducation et de l'enseignement supérieur lève la <main...
Mme Lelièvre (Katia) :
...tout
le secteur de l'éducation et de l'enseignement supérieur lève la >main depuis
deux ans pour dire : Ça nous prend des balises rapidement, des balises
rapidement.
M. Leduc : Peut-être une
petite dernière, rapide, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
allez-y.
M. Leduc : Est-ce que l'arrivée
des tablettes, téléphones et autres a eu des impacts sur le droit du travail
pour les gens que vous représentez? Il y a-tu des nouveaux... nouvelles sortes
de griefs qui sont déposés ou... Qu'est-ce que ça peut avoir comme impact?
Peut-être qu'il n'y en a pas, là. Je vous pose la question.
M. Lapointe (Léandre) : Bien
oui. C'est parce qu'on reçoit maintenant... Donc, vous ne serez pas surpris d'entendre
que, dans les conventions collectives, on veut faire rentrer des principes
comme le droit à la déconnexion. Donc, maintenant, avec la messagerie... Avant,
c'étaient les courriels. Maintenant, on a la messagerie instantanée, où les
jeunes peuvent entrer en contact avec leur enseignante et enseignant un samedi
matin, puis tu as une notification, donc... Puis est-ce que je réponds? Est-ce
que je réponds maintenant? Si je ne réponds pas, si je réponds à un autre, tu
sais? Alors, il y a ce principe-là, où est-ce que, bien, il faut se protéger. Il
y a une question de santé et sécurité derrière où est-ce que, oui, on a besoin
aussi de se déconnecter, puis pour l'élève aussi. Donc, le jeune, là, qui est
stressé, un samedi matin, puis qui écrit à son enseignante pour avoir une
réponse immédiatement, là, qu'est-ce qui se passe, tu sais? Donc, il y a tout
ça. Ça fait que, oui, il y a des inquiétudes et des griefs sur l'hyperconnectivité
et l'hypertravail qui est lié à l'entrée massive des technologies dans notre
travail.
M. Brun (Frédéric) : On fait
juste prendre l'évolution dans les 10 dernières années. Quand on regarde,
souvent... Tantôt, on parlait d'intervenants, là, des techniciennes en
éducation spécialisée, techniciennes en travail social qui, voilà environ 10 ans,
s'ouvraient un compte Facebook intervenant pour, avec les élèves, être en
contact avec les parents. Il n'y a plus de limite là non plus, à un moment
donné, parce que, s'il est arrivé quelque chose, le jeune arrive à la maison,
le parent écrit le soir, le jeune veut écrire le soir, il va avoir : Je
vis de l'anxiété, j'ai des difficultés. C'est en continu. Donc, où est-ce que
je l'ai vu, ça exerce une pression sur nos membres, sur les travailleuses puis
les travailleurs, de dire : Bien, il m'a écrit, est-ce que je réponds, je
ne réponds pas? On est samedi, on est jeudi soir, qu'est-ce qu'on en fait, avec
ça?
Je pense que ces balises-là... Puis se
donner les bons outils. Puis, les bons outils, il faut aussi faire attention, plutôt
que de se dire, par rapport à l'intelligence artificielle, de ne pas juste se
servir de plateformes d'intelligence artificielle parce qu'on n'est plus
dans... Je l'ai dit au début, là, on n'est plus dans la prévention, dans l'observation
pour faire en sorte d'amener un élève... de le faire cheminer. Il y a une
nuance entre quelqu'un qui voit qu'il a des difficultés, puis je veux aller me
chercher de l'aide, puis là il y a plein de types d'aide qui arrivent, puis
versus l'humain qui observe, qui dit : Cette personne-là a besoin d'aide,
je vais l'approcher, je vais créer un contact, créer une relation de confiance,
puis, à partir de là, être capables d'évoluer.
Donc, il faut garder... Je pense que l'important,
puis Léandre l'a placé, là... mais de garder l'humain au milieu de ça. Oui, il
y a les temps d'écran, le temps qu'on accorde à la technologie, mais, l'humain,
qu'est-ce qu'on fait, les relations sociales? Ces personnes-là, ces humains-là,
là, quand ils vont arriver dans la société, bien, il faut qu'ils soient
capables d'interagir avec les autres. Puis je pense que le milieu scolaire, le
milieu de l'éducation sert à ça, à créer les citoyens de demain, là.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a d'autres questions de la part des membres? Oui, Mme la députée.
Mme Prass : Moi, j'aurais
deux questions. Dans les suggestions que vous avez faites, les principes
directeurs, vous parlez de mettre en place un processus d'évaluation. C'est
quoi, au juste, que vous voudriez évaluer? Est-ce que c'est l'aspect positif,
par exemple, des outils, des écrans, etc.? Je voudrais juste savoir c'est sur
quoi que vous voulez vraiment vous concentrer à cet égard-là.
Mme Audet (Julie) : Oui.
Mme Prass : C'est le dernier?
Mme Audet (Julie) : Oui, c'est
le dernier, parce que ça vient un peu... Quand... Lorsqu'on met en place un
processus ou un projet pilote où on utilise... on l'a vu même avec les
tablettes numériques dans les écoles privées, à un moment donné, on s'est rendu
compte que... les écoles privées se rendent compte que ça ne fonctionne plus,
et ils reculent maintenant, il y en a qui ont arrêté de l'utiliser.
Donc, avoir un processus d'évaluation, c'est
dire : On a pris une nouvelle application. Est-ce que ça fonctionne? Est-ce
que ça ne fonctionne pas? Est-ce qu'on l'a bien encadrée? Est-ce qu'on a donné
les outils nécessaires? Donc, le processus d'évaluation doit se faire pendant
la mise en œuvre, mais aussi après pour voir une rétroaction. Donc, est-ce qu'on
continue, est-ce qu'on améliore ou on arrête parce que ce n'était pas un bon
choix numérique qu'on vient de faire? Donc, c'est ça, l'idée d'avoir un
processus d'évaluation.
Il va se faire aussi selon : Est-ce
que ça s'est fait... le choix s'est fait au niveau de la classe, s'est fait au
niveau de l'école, du centre de services scolaire ou au national? Puis c'était
un peu ça, les principes directeurs, c'est : peu importe où on met nos
lignes directrices, parce je crois qu'il peut... selon l'ampleur, ça peut être
au niveau national... il va y avoir certains enjeux qu'on va vouloir baliser d'une
manière même légale. Des fois, ça peut être des grandes lignes ministérielles
ou de centres de services scolaires, d'autres, des applications qui deviennent vraiment
plus ponctuelles, puis là on se dit : Bien, ces lignes <directrices...
Mme Audet (Julie) :
...deviennent
vraiment plus ponctuelles, puis là on se dit : Bien, ces lignes >directrices
là, on va les appliquer à l'école. Donc, l'évaluation, elle se fait à chacun
des niveaux.
Mme Prass : Et est-ce que,
par exemple, dans le cas... Vous avez dit : Il y a des écoles qui ont
reculé. Est-ce que c'était, par exemple, qu'on ne voyait pas une progression
des notes? Ma question, c'est plus : Concrètement, qu'est-ce que vous
allez regarder dans le cadre de l'évaluation pour juger si c'est réussi ou non?
Mme Audet (Julie) : Bien, en
fait, l'objectif qu'on disait, lorsqu'on y recourt, c'est le bien-être puis
c'est la réussite éducative. Donc, est-ce qu'on a vu que, les jeunes, ça les
aidait? Puis la réussite éducative, ce n'est pas juste la réussite scolaire,
donc ce n'est pas juste une question de notes, mais c'est aussi un autre impact
sur la socialisation, sur l'anxiété, tout ça. Donc, c'est ce qu'on va évaluer,
est-ce que, vraiment, on voit que, les jeunes dans la classe, ça les aide ou
pas, puis on revient un peu à l'essence, c'était quoi, notre objectif. Si
l'objectif, au début, n'était pas le bon, puis c'était faire de l'argent, bien,
peut-être que ça sera un autre processus d'évaluation, mais ce n'est pas là où
on veut aller, là. Donc, c'est reprendre la base des choses.
Mme Prass : O.K., merci.
M. Lapointe (Léandre) : Peut-être
vous donner un exemple concret. Dans le fond, c'est d'avoir des boucles de
rétroaction, hein, l'évaluation. C'est qu'une technologie on pense qu'elle va
être utile, et elle l'est, puis, à force de l'utiliser, on s'aperçoit qu'elle
amène des dérives qu'on n'avait pas prévues. Donc, ces évaluations le
permettent.
Je vous donne un exemple, l'agenda
électronique qu'il y a dans certaines écoles, où, par exemple, moi, je suis un
prof de sciences puis je donne un devoir à mes élèves. Ils n'ont pas à l'écrire.
Je publie mon devoir dans tous les agendas de tous les jeunes. Ça fait que
c'est magnifique, ça va vite. Il n'y a plus un jeune qui peut me dire :
Ah! je ne l'ai pas écrit dans mon agenda, c'est pour ça que je n'ai pas fait
mon devoir. Ça fait que c'est magnifique. Les gens aiment ça. Ça accélère, on
avance, bon.
On s'aperçoit avec les années que, oh! il
y a des gens qui se désinvestissent, qui planifient moins bien leurs
apprentissages, qui... L'agenda est rendu quelque chose... Ils ne sont plus...
Quand tu planifies, quand tu prends... tu fais le geste d'écrire dans ton
agenda, tu vois ce qui s'en vient, et ça forge la planification des
apprentissages, ce qu'on perd avec l'agenda électronique.
Ça fait que ces évaluations-là, ces boucles
de rétroaction, nous permettent d'ajuster, justement, comme Julie l'a très bien
dit.
Mme Prass : Parfait. Puis mon
autre question... On discutait un petit peu avant avec un autre groupe le
concept des écrans comme récompense, et ma question, c'était : Est-ce que,
justement, on ne renforce pas cette idée que l'écran, c'est l'ultime
récompense, justement, et donc on donne le mauvais exemple? Ça devrait plutôt
être aller au... peut-être dans la gymnastique, au gymnase, aller à
l'extérieur, quoi que ce soit, donc, parce que... Dans les écoles, est-ce que,
vous, vous serez contre l'idée des écrans comme récompense?
M. Lapointe (Léandre) : Bien,
nous, comme la réponse que vous avez eue tantôt, on va s'en remettre à la
science. Mais, maintenant, ce qu'on réfléchit, c'est qu'on se dit : Quand
on fait une récompense, quelle est-elle, cette récompense-là? S'il faut la
mettre au divertissement, bien, il doit y avoir plusieurs sortes de
divertissement qui peut appartenir à un jeune, si c'est de l'activité physique,
si c'est des arts. Peut-être que la tablette peut rentrer là-dedans, mais il va
falloir que la tablette soit... Bien, c'est quoi... combien d'heures il a eu
dans la journée? Est-ce que les... Tu sais, il faudrait que ce soit balisé si
c'est un des divertissements. Mais, si la science nous dit que ça valorise une
utilisation qui devient peut-être... qui projette vers la dépendance ou vers
des... nous, on n'embarquera pas. Ça fait que c'est pour ça que... Voilà.
Mme Prass : O.K. Merci. Allez-y,
je vous en prie.
M. Brun (Frédéric) : Il y a
quand même une... Il y a quand même une évolution, là. Quand on regarde, là, ça
a été... si on revient dans le passé, des locaux d'informatique ouverts à
l'heure du dîner comme activité, ça n'existe plus, hein, des périodes
récompenses, ou cadeaux, ou mérites du vendredi qui étaient les quatre
ordinateurs dans la classe à gérer, 12 minutes chaque pour être sûr que
tout le monde a pu aller y toucher, puis tout ça. Ça a évolué.
Après ça, Léandre l'a placé, là,
l'accessibilité aussi autour à qu'est-ce qu'on donne comme activités, puis tout
ça. Est-ce qu'on a du personnel en loisir qui est là pour l'heure du dîner pour
mettre des activités aussi diverses qu'elles peuvent être pour rejoindre plein
de jeunes? Bien, c'est un peu la même chose quand on arrive... Peut-être que
l'évolution va faire en sorte que la période de récompense ne sera pas pour
tout le monde la dernière période le vendredi parce que le gymnase, il risque
de ne pas être accessible à beaucoup d'élèves. Donc, tu sais, c'est ça aussi,
des fois. C'est de réinventer un peu puis de le réfléchir autrement, là.
Mme Prass : Merci.
M. Brun (Frédéric) : De rien.
La Présidente (Mme Dionne) : Mme
la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous d'être avec nous aujourd'hui. Justement sur la
question d'écrans récompenses, juste pour continuer, est-ce que vous avez une
idée, un peu, donc, de la prévalence du phénomène? Je pense que, ce matin, donc,
le groupe qui est venu nous en parler, donc... donc, semblait dire, donc,
parfois qu'on utilisait, donc, l'écran comme une gardienne ou qu'on n'était
plus dans la notion de récompense comme élément, donc, de... donc plus
ponctuel, mais qu'il y avait une mécanique plus prépondérante. Est-ce que c'est
votre analyse dans le réseau?
• (16 h 20) •
M. Brun (Frédéric) : Ce
serait dur, là, de dire comment c'est... Je reprendrais des mots qu'on a dits
tantôt, de dire : <Chaque...
M. Brun (Frédéric) :
...comment c'est... Je reprendrais des mots qu'on a dits tantôt, de dire :
>Chaque école a une expertise puis un fonctionnement dans chacune des
écoles, là. Donc, c'est dur de faire un portrait qui est général un petit peu
partout à comment que les écrans sont utilisés en termes de récompense, là, si
on parle de récompense, là.
Puis je ferais un parallèle avec nos
milieux de service de garde scolaire, qu'à l'époque, c'était commun d'écouter
un film une fois par semaine puis d'avoir accès à ça. C'était une récompense
service de garde. Aujourd'hui, nos milieux de service de garde éducatif, du
temps d'ordinateur, du... un film, ça n'existe peu ou pas, où on va jouer dans
des occasions, Noël, Pâques, la fin de l'année, une fête. Donc, ça serait dur
de se prononcer sur vraiment comment que c'est géré, là.
Mme Cadet : Et, dans ce
cadre-là, puisque plus tôt, donc, on nous disait, donc... évidemment, on se disait :
Est-ce que le gouvernement du Québec devrait émettre une directive? Est-ce que
c'est quelque chose qui devrait être déployé et être à la discrétion des
conseils d'établissement? Est-ce que vous avez une opinion sur le rôle que
l'État, donc, devrait jouer dans l'établissement de balises pour les écrans
récompenses?
M. Lapointe (Léandre) : Bien,
on va répéter un peu ce qu'on a dit tantôt, on a des balises qui soit... puis
qu'on s'en remet au milieu, je pense, les activités...
Mme Cadet : Au milieu.
M. Lapointe (Léandre) : Au
milieu. Les activités récompense écran, ça a évolué beaucoup, on en voit de
moins en moins, là. Les jeunes, pour eux, ils sont tellement habitués aux
écrans... bon. Ce qu'on voit, c'est des Kahoot!, là, qui vont être faits. Je ne
sais pas si vous êtes... C'est que, dans le fond, c'est comme un sondage, là,
puis, bon, on fait des jeux avec ça des fois un vendredi pour... mais ce n'est
pas... le jeune, lancer... Puis on a eu ça, hein, 2014, 2013, quand les
tablettes sont rentrées en classe, là, puis là c'était... quand c'était permis
tous azimuts là, puis on se retrouvait avec des jeunes qui jouaient, sur
l'heure du midi, à Angry Birds puis à des affaires, puis tout de suite les
milieux ont réagi. Puis ça n'existe peu ou pas aujourd'hui. Ça fait que ces
dérives-là n'existent pas, pas celles-là, en tout cas.
Mme Cadet : O.K. Merci. Puis
sur... En fait, dans votre exposé, initialement, donc, vous avez pris la peine,
donc, de souligner qu'à l'inverse, en fait, du groupe précédent, donc, vous disiez
donc : Tout temps d'écran doit être comptabilisé. Donc, il n'y a pas,
donc, de distinction à faire entre du bon temps d'écran ou du mauvais temps
d'écran. J'aimerais que vous élaboriez là-dessus.
M. Lapointe (Léandre) : Oui.
Bien, écoutez, 2016‑2017, hein, quand on se référait aux experts pour connaître
la bonne utilisation, on nous parlait de ça. Quand c'était de la bonne
utilisation en classe, on n'avait pas à compter le nombre d'heures. Maintenant,
aujourd'hui, ce n'est plus ça. On additionne toutes les heures, que ce soit en
classe, pour une bonne utilisation, ou sur... à l'extérieur. Donc, ça a changé
la perspective, ce qui justifie encore plus, je vous dirais, que ce temps-là
doit être bien utilisé, donc qui justifie encore plus le fait que... bien,
qu'on soit informés de ça, puis que, bien, le temps qu'on aura, si les experts
nous disent que ça ne doit pas dépasser de telle heure à... tel nombre d'heures
pour tel groupe d'âge, bien, il va falloir que les équipes-écoles s'assurent
que ce temps-là soit bien utilisé puis à bon escient.
Mme Cadet : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : 20 secondes.
Alors, si quelqu'un veut conclure ou vous avez d'autres questions, Mme la
députée?
Mme Cadet : Ça va pour moi.
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
que vous aimeriez dire le mot de la fin?
Mme Lelièvre (Katia) : Bien,
en fait, quoi que ce soit... quelle que soit la technologie qu'on met dans nos
écoles, il faut se souvenir que ces jeunes-là qui arrivent, ils ont besoin des
humains pour les encadrer. On ne peut pas encadrer l'éducation avec des
tablettes, avec des technologies numériques. Puis, tout à l'heure, ça sera
peut-être des lunettes ou des... On ne sait pas où est-ce qu'on va être rendus.
D'ailleurs, on n'utilisait pas beaucoup le terme «écran» parce que, pour nous,
c'est des technologies numériques. L'écran, ce n'est qu'un support.
Ça fait que je pense qu'il faut garder
l'école à échelle humaine, et l'objectif... Puis il y a des choses qu'il n'y a
que les humains qui vont comprendre. Jamais une machine ne pourra arriver à
donner la même éducation qu'un être humain.
La Présidente (Mme Dionne) : Vous
avez bien raison. Alors, merci beaucoup pour votre contribution à cette
commission.
Pour notre part, bien, la commission ajourne
ces travaux jusqu'au lundi 16 septembre, 14 heures. Merci à tous
et bonne fin de journée.
(Fin de la séance à 16 h 24)