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Commission spéciale sur le problème de
la
liberté de la presse
Séance du mardi 24 août 1971.
(Quatorze heures dix-neuf minutes)
M. VEILLEUX (président de la commission spéciale sur le
problème de la liberté de la presse): A l'ordre, messieurs!
Pour peut-être replacer les membres dans le contexte de la
commission parlementaire, disons que le comité directeur s'est
réuni quatre ou cinq fois depuis la dernière réunion de la
présente commission parlementaire et a décidé ou a
établi un plan de travail pour les gens intéressés
à déposer un mémoire devant la commission.
Ce plan de travail de même qu'une invitation formelle ont
été envoyés à tous ceux, personnes ou organismes,
qui avaient déjà témoigné devant la commission
parlementaire de la liberté de la presse, lorsque le
député de Montmagny en était le président.
Depuis, le directeur de la recherche a rencontré
différents organismes afin de faire faire des études
préliminaires qui pourraient aider les membres de la présente
commission.
Enquête sur la diffusion de l'information au
Québec
M. LE PRESIDENT: CROP, le Centre de la recherche sur l'opinion publique
a présenté un projet de recherche sur la diffusion de
l'information au Québec qui n'a pas été retenu par le
comité directeur parce que incomplet. Cependant, Sorecom a produit un
document intitulé "Enquête sur la diffusion de l'information au
Québec", lequel document est proposé par le comité
directeur aux membres de la présente commission. On pourrait
peut-être permettre à M. Beausoleil de donner des détails
sur ce plan de travail.
M. LAURIN: M. le Président, juste une petite correction; vous
avez dit, au sujet du projet de CROP, qu'il n'a pas été retenu
parce qu'il était incomplet. C'est vrai, mais c'est surtout parce qu'il
était axé sur un sondage d'opinions, je pense.
UNE VOIX: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Disons, quand je disais incomplet, je voulais...
M. LAURIN : Oui, c'est pour clarifier davantage.
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Cela peut être utile. J'ajoute qu'il ne
nous a pas paru correspondre aux besoins de la commission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et au mandat que nous avons reçu.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Et au mandat que nous avons.
M. BEAUSOLEIL: Le projet de travail de la société Sorecom,
qui porte le titre d"'Enquête sur la diffusion de l'information au
Québec" sera effectué en deux parties. Une première partie
serait une analyse statistique de tous les media qui existent au
Québec.
Analyse statistique ayant pour but de générer trois types
d'information relativement à la structure des différents
réseaux d'information qui existent au Québec, c'est-à-dire
une espèce de typologie de la propriété des media selon
les régions, relativement aux zones de pénétration des
différents media, c'est-à-dire une analyse de la couverture par
les media, par la presse électronique aussi bien que par la presse
écrite, de l'ensemble du territoire québécois et aussi une
mesure de l'intensité de cette couverture par l'analyse très
détaillée, selon un découpage du Québec en
régions, des cotes d'écoute, des tirages et des réseaux de
distribution.
Ces trois types de données: structure des réseaux, zones
de pénétration et intensité de la
pénétration, regroupées ensemble permettraient de
répondre à des questions du type: Dans quelle région du
Québec, par exemple, est-ce qu'il y a ou qu'il n'y a pas monopole de
l'information? Est-ce que cette région est desservie également
aux autres, compte tenu de sa population, par des media électroniques et
par des media écrits? Est-ce qu'il y a des media d'information qui n'y
pénètrent pas? Et, le résultat de cette partie statistique
de l'analyse de la Sorecom prendrait la forme d'une série de cartes
dressant en quelque sorte l'inventaire des media au Québec.
La deuxième partie de leur travail serait non pas un sondage,
mais une enquête auprès d'un échantillon
représentant l'ensemble de la population du Québec, enquête
qui porterait sur l'accès des citoyens à l'information,
l'utilisation que les citoyens font des moyens dont ils disposent et une
certaine mesure psycho-sociale de leur degré de satisfaction des
media.
L'enquête de la Sorecom serait préparée de telle
sorte que le découpage du Québec serait fait de la même
façon pour la partie statistique et pour l'enquête sur le terrain,
de telle sorte qu'il y aurait possibilité de recoupements
mécanographiques au niveau de l'analyse entre toutes les données
recueillies, celles relevant d'une analyse statistique et celles relevant du
sondage auprès de la population. Le résultat global d'une
enquête comme celle-là serait un rapport, une espèce de
somme nous donnant, sans doute pour la première fois, une image globale
du monde de l'information au Québec, tant du point de vue de ses
structures que de l'utilisation qui en est faite par les citoyens. Evidemment,
sans que ça aille jusqu'à des raffinements trop poussés,
cela nous donnerait le degré de
satisfaction qu'a la population vis-à-vis de l'ensemble des
médias, satisfaction non pas simplement quant au contenu, mais quant
à l'accès à l'information des citoyens. Voilà, en
gros, en quoi consiste le projet de la Sorecom. Je suis prêt à
répondre à toutes les questions, s'il y en a.
M. LACROIX: Est-ce que ça irait, par exemple, jusqu'à se
rendre compte, ou à étudier l'influence des syndicats sur les
media d'information, alors que toujours on projette l'image des
propriétaires des journaux qui n'ont presque rien à dire dans
leurs propres journaux, dans leurs propriétés, car ce sont les
syndicats et certains chefs syndicaux irresponsables qui, la plupart du temps,
dictent ce qui est rapporté par les journaux?
M. BEAUSOLEIL: Je ne crois pas qu'une enquête comme celle de la
Sorecom donne des résultats sur une question comme celle-là. En
tant que directeur des recherches, je ne peux pas préjuger de ce que la
commission étudiera. Je crois qu'une question comme celle-là sera
plutôt étudiée en commission par ceux qui viendront
témoigner. Cependant, dans l'enquête qui sera faite auprès
de la population, il est bien sûr que le questionnaire de la Sorecom peut
comporter un certain nombre de questions relativement je le disais tout
à l'heure à la satisfaction que les gens ont des moyens
d'information dont ils disposent. Il y a déjà là un indice
global au niveau du moyen d'information. Disons qu'il n'était pas
prévu de le faire au niveau de ce que pensent les gens des syndicats ou
les patrons de la presse. Non, ce n'était pas prévu comme
ça.
Je crois que c'est plutôt quelque chose qui sera analysé en
commission par les témoignages de ceux qui viendront dire: Les syndicats
ne sont pas bons, ou: Les patrons ne sont pas bons.
M. LACROIX: A l'heure actuelle, les media d'information rejettent le
blâme sur les propriétaires, et si vous voulez que la population
sache quelle sorte d'information elle reçoit, je crois qu'il est
essentiel de savoir quel rôle jouent dans l'ombre les syndicats et
certains chefs syndicaux qui sont pires que la mafia dans bien des cas.
M. LE PRESIDENT: Pour répondre à votre question, nous
avons invité différents organismes, tant sur le plan syndical que
patronal ou professionnel, à déposer un mémoire avant la
reprise des séances de la commission, c'est-à-dire d'ici le 26
octobre prochain. Donc, s'il y a différents malaises à
déceler, des malaises dans le sens que vous mentionnez, ce ne sont que
ces organismes qui doivent faire les représentations à cet effet
devant la commission. Ce n'est pas à la commission elle-même
d'engager des gens pour faire une enquête ou même un genre
d'inquisition à l'intérieur des différents journaux ou des
différents media d'information. Je verrais très mal la commission
jouer ce rôle. C'est aux gens qui viennent déposer devant la
commission à déposer selon la connaissance qu'ils ont du
problème. Si les patrons trouvent que les syndicats contrôlent
trop le journal, ils viendront nous le dire. Si les syndicats trouvent que ce
sont les patrons qui contrôlent trop le journal, ils viendront nous le
dire. Ce n'est pas à nous à aller faire de l'inquisition de cet
ordre à l'intérieur des media d'information.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je crois que le
député des Iles-de-la-Madeleine a posé une question
importante. Maintenant, il faut dégager ce problème qu'il pose de
celui que nous posons actuellement. Nous demandons à une
société, la Société de recherche en communications,
de faire un inventaire et d'étudier le problème des entreprises
de presse, la façon dont elles pénètrent dans les divers
milieux du Québec. Le but de cette recherche, c'est d'étudier
également les réactions du public, d'étudier le
problème du service que la presse rend au public, de savoir si les gens
sont satisfaits ou s'ils ne le sont pas, selon les milieux, etc. Ce sont des
données factuelles que nous voulons recueillir en même temps
qu'une approche, si vous voulez, psychosociale du problème de la
presse.
En ce qui concerne le problème que soulève le
député des Iles-de-la-Madeleine, ce problème sera
évidemment étudié ici même à la commission
au cours des séances de la commission lorsque les
organismes invités et ceux qui voudront venir comparaître seront
interrogés par les membres de la commission parlementaire.
C'est à ce moment-là qu'il sera possible de poser le
problème qu'à évoqué tout à l'heure le
député des Iles-de-la-Madeleine. Il est à remarquer aussi
que l'enquête que nous vous proposons de confier à Sorecom va
quand même prendre un certain temps, certainement quatre ou cinq mois de
travail, ce qui n'empêchera pas, entre-temps, la commission de tenir ses
séances et d'entendre les témoins.
Nous avons une liste qui n'est pas limitative, qui comprend les noms de
chefs syndicaux, représentant de grandes centrales syndicales et de
propriétaires d'entreprises de presse. C'est au cours de ces auditions
qu'il nous sera possible de voir quels sont les problèmes, de part et
d'autre, soit du côté des syndicats, soit du côté des
entreprises de presse elles-mêmes.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, est-ce qu'on va
s'enquérir aussi de l'importance de l'information qui entre dans les
régions, dans certains secteurs? Il y a l'information politique,
évidemment, qui peut trouver
plus facilement plus d'intérêt dans la population que des
secteurs scientifiques ou plus spécialisés. Est-ce qu'on va aussi
tenir compte de la quantité ou de l'absence d'informations dans un
secteur donné?
M. BEAUSOLEIL: Oui. Pour répondre à votre question, dans
l'enquête auprès du public, il y aura des questions relatives
à la qualité de l'information que reçoivent les citoyens,
de leur point de vue évidemment. Il ne s'agit pas de juger du travail
des journalistes, mais de juger de ce que les gens pensent de l'information
qu'ils reçoivent. Dans ce problème de la qualité de
l'information, il y aura différentes rubriques concernant une
espèce d'indice de satisfaction vis-à-vis de l'information
locale, de l'information québécoise, de l'information canadienne,
de l'information internationale, etc. Le questionnaire n'est pas encore
discuté avec la société de recherche, mais il y aura
éventuellement d'autres rubriques sur certains types d'informations plus
sociales, informations culturelles, par exemple, informations sportives,
l'information concernant la justice, information judiciaire, etc.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Trois-Rivières.
M. BACON: Je voudrais juste savoir une chose, M. le Président.
Etant donné que nous avons une chance presque unique d'avoir un
recherchiste à la commission, n'y aurait-il pas moyen que les documents
qui semblent être entre les mains du comité directeur soient aussi
distribués aux membres de la commission? Je veux bien comprendre que le
comité directeur fait un excellent travail, se réunit assez
souvent, mais pour le bénéfice des membres de la commission il
serait peut-être commode que nous puissions avoir de la documentation
pour pouvoir lorsque nous arrivons ici, nous prononcer.
M. LE PRESIDENT: Pour répondre à votre question, pour ce
qui est du plan de travail que nous avons soumis aux différents
organismes, nous pouvons facilement l'envoyer à tous les membres. Cela
répondra à bien des questions, notamment à celles du
député des Iles-de-la-Madeleine lorsqu'il mentionnait tout
à l'heure: Qu'est-ce que Sorecom pouvait demander dans son enquête
et si ce plan de travail donnera... Nous pouvons facilement le remettre avec la
liste des personnes qui ont été invitées. Maintenant,
cette liste-là n'est quand même pas limitative. Toute personne
intéressée a produire un mémoire pourra tout simplement le
faire savoir et le déposer en temps voulu.
M. LACROIX: C'est un premier jalon dans le travail.
M. LE PRESIDENT: La documentation en général, je peux
demander au directeur des recherches qu'il la fasse parvenir aux membres de la
commission.
M. LEDUC: M. le Président, je suis bien heureux d'apprendre que
le comité directeur peut faire parvenir la documentation. A mon sens, je
pense que le comité directeur doit faire parvenir la documentation. Que
je sache, le comité directeur a été un mécanisme
qu'on a crée pour simplifier un peu le travail, la tâche mais,
devant l'Assemblée nationale, c'est la commission qui est responsable,
ce n'est pas le comité directeur. En tant que membre de cette
commission, autant je fais confiance au comité directeur autant je suis
heureux qu'il existe autant j'insiste pour que la documentation nous parvienne
non pas parce que ça peut se faire mais bien parce que ça doit se
faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense bien que le président, s'il a
employé le mot "peut" s'est mal exprimé. Il a été
décidé tout à l'heure que nous devions informer les
membres de la commission et leur faire tenir tous documents utiles parce que
c'est la commission...
M. LEDUC: Connaissant le président, je sais qu'il avait
l'idée de dire "doit", il a eu un lapsus mais au cas où
peut-être...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme il ne s'exprime pas toujours bien, vous
avez mieux fait de le corriger.
UNE VOIX: Il peut dire "doit".
M. LE PRESIDENT: Disons que le député de Chicoutimi est
mieux de ne pas s'aventurer sur un terrain où on pourrait...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne passeriez pas votre examen.
UNE VOIX: Un autre Saint-Jean-Vianney. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Continuons.
M. LE PRESIDENT: Alors, avant de demander aux membres de la commission
nécessairement d'accepter...
L'honorable député de Saint-Jacques.
M. LAURIN: Dans l'élaboration du questionnaire de recherche,
est-ce que le directeur de la recherche sera consulté ou est-ce qu'il
participera à l'élaboration du questionnaire?
M. BEAUSOLEIL: Sans présumer de mes talents ou de mes ressources
personnelles, je compte quand même consacrer beaucoup de temps à
la préparation de l'enquête. Il n'était pas dans mon
intention, en proposant une recherche comme celle-là, de la confier
à un organisme et d'attendre simplement un rapport
final. La proposition qui est faite indique que tout au cours de la
recherche, la commission, sans doute par la voix de son directeur de recherche,
sera présente et pourra modifier, selon les besoins, le
déroulement de l'enquête. L'enquête elle-même se
faisant par étapes, il est bien évident que des rapports partiels
seront soumis au fur et à mesure. Ainsi, par exemple, avant que
l'enquête soit faite à l'échelle du Québec, il y
aura un prétest. Sur la base des résultats du prétest, qui
me sera soumis et qui sera soumis à la commission, si on le veut bien,
tout ou partie du projet pourrait être modifié et cela, la
société Sorecom s'engage, bien sûr, à ce qu'il en
soit ainsi et à ce que je travaille, jusqu'à un certain point, en
étroite collaboration avec elle tout au long du déroulement du
projet et même au niveau de l'analyse finale.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, puisque M. Beausoleil vient de
confirmer qu'il allait suivre les travaux de Sorecom de façon
très attentive, est-ce qu'il est dans votre intention, M. Beausoleil, de
donner suite un tant soit peu à la suggestion que je faisais lors de la
réunion du comité directeur de fin juillet, où je
remplaçais le député de Bourget pour mon parti, qui vise
la possibilité d'inclure dans le questionnaire une vérification
de l'opinion publique actuelle, avant même qu'elle ne soit plus
informée sur le phénomène de concentration de la presse et
de la liberté de la presse en général?
Est-ce que les gens croient d'ores et déjà, avant
même les premières statistiques qui devraient suivre
l'enquête de Sorecom... quelle est leur opinion actuelle sur un certain
nombre de préjugés comme celui auquel faisait allusion le
député des Iles-de-la-Madeleine tout à l'heure. Est-ce que
dans leur idée une chose comme la concentration de la presse est bonne
ou mauvaise? Est-ce que dans leur idée déjà ils croient
que les journalistes sont libres ou non d'écrire ce qu'ils veulent afin
de savoir si nous travaillons véritablement sur quelque chose qui porte
un souci à la population ou si c'est encore un objet
éloigné de leurs préoccupations?
M. LE PRESIDENT: Pour répondre au député de
Saint-Jacques, disons que le comité directeur, à ce
moment-là, avait demandé à M. Beausoleil d'en tenir
compte. Je verrais très mal M. Beausoleil ne pas en tenir compte et je
douterais que M. Beausoleil n'en tienne pas compte.
M. CHARRON: Cela avait été accepté, si je me le
rappelle bien.
M. BEAUSOLEIL: J'ajouterai à cela que je n'ai pas le
questionnaire puisqu'il n'est pas formulé encore. Il s'agit de
décider d'accorder à la Sorecom un contrat, en somme, pour faire
cette enquête. Dans l'élaboration du questionnaire, il sera
éminemment question d'un problème que je trouve capital qui est
celui de tous les phénomènes de rétroaction. Je pense que
le problème que vous soulevez en fait partie, c'est-à-dire de
quelle façon le public réagit vis-à-vis de l'ensemble des
informations qu'il reçoit. Il les reçoit par des canaux bien
précis qui sont les structures actuelles des media d'information. Il est
bien évident qu'une question comme celle-là peut et sera, bien
sûr, présente dans le questionnaire.
M. CHARRON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions relatives au projet
de Sorecom? L'honorable député de Taillon.
M. LEDUC: Nous allons engager une compagnie qui s'appelle Sorecom, la
Société de recherche en communications. Qui sont les
propriétaires de Sorecom? Tout à coup que ce serait Power
Corporation.
UNE VOIX: Ou le PQ.
M. LEDUC: Alors, qui sont les propriétaires de Sorecom?
M. LE PRESIDENT: Sorecom est née de gens qui avaient
travaillé précédemment à CROP. Nous connaissons le
nom du président. J'avais omis, tout à l'heure, de le mentionner,
mais le comité directeur nécessairement suggérait la firme
Sorecom à condition que la firme elle-même fasse parvenir les noms
des gens qui y travaillent ou qui sont propriétaires de Sorecom, ainsi
que leur curriculum vitae.
M. LEDUC: Ce qui veut dire qu'à ce jour vous connaissez le nom du
président, mais que vous n'avez pas les noms des gens qui y sont aussi
associés. Cependant, avant d'octroyer le contrat officiellement,
même si nous votions par hasard les crédits à cette fin
aujourd'hui, le comité directeur et les membres de la commission sauront
qui sont les gens qui sont derrière cette société?
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. CLOUTIER: M. le Président, nous voulons nous assurer que la
société, qui vous a présenté un projet de recherche
intéressant et qui rejoint les objectifs de la commission, puisse tout
de même le mener à bonne fin. Nous avons toutes les raisons de le
croire, mais nous préférons avoir un dossier complet à cet
égard.
M. LE PRESIDENT: Alors, ce serait conditionné au dossier que
pourrait nous remettre la firme Sorecom, nous permettant de mieux
connaître ce qu'elle est.
M. LEDUC: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Pas que pourra, mais que devra nous remettre la
société Sorecom, pour faire plaisir au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas pour faire plaisir au
député de Chicoutimi, mais c'est pour répondre à
une prescription impérative de la loi qui régit les commissions
parlementaires.
M. LEDUC: Très bien. Je suis pleinement d'accord avec vous.
M. LE PRESIDENT: Alors, ce serait une dépense de l'ordre de $38,
050.
M. LACROIX: Les $50 pour la gomme, je suppose?
M. LE PRESIDENT: Les $50, c'est parce que la firme va faire un
découpage territorial et c'est probablement pour inclure les
Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Pour que ça soit au moins en appendice.
M. LEDUC: D'accord, M. le Président. UNE VOIX: Cela doit
être désinfecté. M. LACROIX: Surtout si vous y venez.
M. LE PRESIDENT: Alors, est-ce qu'il y a quelqu'un qui proposerait que
l'on retienne la firme Sorecom, à la condition qu'elle doit fournir le
curriculum vitae des membres de la compagnie?
M. BACON: Si on vote l'acceptation, qu'elle nous fournisse son
curriculum vitae et, si nous ne sommes pas satisfaits, qu'est-ce qui va
arriver?
M. LACROIX: Cela va marcher quand même.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, pour des raisons
d'efficacité, le comité directeur a fait cette recommandation,
mais il est évident que si, pour une raison ou pour une autre, il
s'avérait qu'il n'était satisfait non seulement du curriculum
vitae, parce que le problème est beaucoup plus vaste, mais des
possibilités d'exécution de cette société, il
reviendrait devant la commission parlementaire.
M. LEDUC: Alors, M. le Président, suite aux remarques du
député d'Ahuntsic, je pense que, pour ma part, je suis prêt
à suggérer ou à proposer qu'une somme de $38,050 soit mise
de côté pour un travail de recherche. Mais quant à
l'engagement de la société, je pense qu'on devrait
peut-être réserver cette proposition lorsque tout le monde sera
satisfait de la documentation qui nous parviendra, quitte à laisser au
comité directeur l'initiative de l'engager si nécessaire, mais
qu'au moins on ait les crédits pour ce travail.
Maintenant, je suis ouvert à toute suggestion.
M. LE PRESIDENT: Non, je suis d'accord, mais...
M. BACON: Si le comité directeur est pour diriger tous les
travaux de la commission, on est aussi bien de le laisser faire et de lui
donner un mandat; puis il viendra nous voir après qu'il aura tout
fait.
M. LE PRESIDENT: Non, je pose la question. Est-ce que les membres
tiennent absolument à ce qu'on revienne en commission
parlementaire...
M. BACON: On a nommé le comité directeur...
M. LE PRESIDENT: ...pour décider si Sorecom, après avoir
produit les papiers dont on parlait tout à l'heure, doit être
engagée ou non? Quant à moi, je veux bien le savoir parce que si
on se réunit aujourd'hui, c'est uniquement à cause de raisons
purement administratives désuètes qui existent encore et je ne
voudrais quand même pas qu'on fasse des dépenses de commissions
parlementaires uniquement pour accepter ou non une firme plutôt qu'une
autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, là-dessus, M. le
Président, vous comprendrez que, même si c'est à vos yeux
désuet, il reste qu'il y a des organismes de contrôle dans le
gouvernement et qu'avant d'engager des fonds, il nous faut les soumettre
à l'approbation de l'Assemblée nationale qui est
représentée ici par les membres de l'Assemblée nationale.
Par conséquent, ce n'est pas une question de courtoisie ni une question
de désuétude des procédures, mais elles sont telles
qu'elles sont et nous sommes obligés de demander à nos
collègues de la commission d'approuver ou de désapprouver cette
dépense.
M. LE PRESIDENT: C'est pour cela que je demandais aux membres de la
commission...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et tout cela est sujet à l'approbation
par le comité directeur, ou éventuellement par la commission, de
la société lorsque nous aurons les documents qui nous indiqueront
qui sont les membres de cette société.
M. LE PRESIDENT: C'est ce que je demandais aux membres de la commission,
s'ils voulaient qu'on revienne en commission parlementaire pour décider
de la firme ou non, ou si on laissait au comité directeur le soin de
décider
de la firme, compte tenu des documents produits.
M. BACON: M. le Président...
M. LAURIN: Juste une question. Est-ce qu'il serait possible d'envoyer
les noms ainsi que le curriculum vitae dont vous parliez tout à l'heure
à tous les membres de la commission et, si vous n'entendez pas de
représentations contraires, la décision de la commission qui
pourrait être prise aujourd'hui pourrait entrer en vigueur, pourrait
être effective?
M. LE PRESIDENT: Nous devrons les faire parvenir aux membres de la
commission.
M. BACON: M. le Président, si ma mémoire est
fidèle, il me semble que, lorsqu'on avait formé un comité
directeur, le mandat qu'on lui avait donné consistait à faire une
espèce de déblayage de terrain, à amorcer un calendrier de
travail et à contacter peut-être les groupes qui seraient
intéressés à venir devant la commission.
Mais je ne me rappelle pas qu'on avait donné mandat au
comité directeur de faire tout le processus que vous semblez vouloir
faire ou le mandat que vous semblez vouloir donner au comité directeur.
Autrement, dans les circonstances, je pense qu'il est préférable,
pour nous de la commission, de confier le mandat au comité directeur, de
transposer le mandat de la commission pour qu'il vienne nous voir au moment
où nous aurons fini. Si le comité directeur veut élargir
son mandat, qu'il nous le dise. Il me semble que cela devrait se terminer au
moment du déblayage de terrain, au moment où on aura fait un
calendrier de travail et où on aura contacté les groupes qui
devront venir rencontrer la commission. Je me demande pourquoi on a
formé la commission parlementaire telle quelle.
M. CHARRON: J'ajouterais, M. le Président, à la suggestion
que mon collègue de Bourget vient de faire, qu'advenant le cas où
des membres de la commission auraient des réserves à faire, il
serait important que la commission siège pour que le débat soit
publié et ne soit pas réservé à l'intérieur
du comité directeur qui lui, habituellement, se réunit à
huis clos. Si pour faciliter les travaux, les quatre partis de la Chambre
étaient d'accord pour confier le contrat à la compagnie Sorecom
sans faire de débats outre mesure, je ne vois pas pourquoi on
réunirait la commission. Mais je dirais que la moindre réserve ou
la moindre volonté d'éclaircissement encore plus prononcée
de la part d'un membre de la commission devrait suffire pour...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous pourriez me fixer un délai
après la réception des documents que vous mentionnez, me dire au
bout de combien de jours, s'il n'y a pas eu...?
M. CHARRON: Huit jours.
M. LE PRESIDENT: Huit jours.
M. BACON: La question que je me pose, M. le Président, c'est que
si on a déjà engagé des pourparlers avec la compagnie en
question, comment se fait-il qu'on n'ait pas tous les documents qu'on
demande?
M. LE PRESIDENT: La seule chose que nous avons demandé à
Sorecom c'est de nous faire une proposition de travail sur une enquête
relative à la liberté de presse, et c'est ce que la compagnie a
fait. Il n'y a eu aucune démarche auprès de la compagnie pour
dire que c'est telle et telle chose, etc., etc.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): A la lumière de cette discussion, M. le
Président, on peut se demander s'il ne faut pas s'interroger sur le
mandat du comité directeur. Parce qu'en somme les remarques actuelles et
parfaitement légitimes du député de Trois-Rivières
tendent à remettre son existence en cause.
En tant que membre du comité directeur, j'ai toujours compris que
le mandat consistait justement à déblayer le travail et en vous
faisant une recommandation touchant la présente recherche, je crois que
nous entrons tout à fait dans ce mandat. Qu'avons-nous fait? Nous nous
sommes penchés sur un certain nombre de mémoires qui ont
été proposés dans certains secteurs relatifs à
l'échéancier des recherches proposé par notre directeur
des recherches. Ce sont là des appréciations techniques et il
semblait difficile que la commission en soit saisie, la commission se
réservant surtout l'aspect politique de la question. A ce stade-ci, si
on doit constamment revenir sur le rôle du comité directeur il
vaudrait peut-être mieux se demander carrément si on en conserve
un ou si on n'en conserve pas. Les deux possibilités existent. Si on
n'en conserve pas, cela signifie que la machinerie étant plus lourde
tout sera soumis à la commission qui prendra ses responsabilités.
Si on conserve le comité directeur, il va de soi que le comité
directeur viendra devant la commission chaque fois qu'il y aura une
décision à prendre.
Comme je l'ai moi-même dit, si par hasard il était
accepté de confier ce contrat à la société Sorecom,
compte tenu du fait que certains renseignements supplémentaires doivent
nous parvenir, à ce moment-là il va de soi que le comité
directeur viendrait devant la commission s'il subsiste le moindre doute
touchant la possibilité pour cette société de mener
à bonne fin les travaux. Autrement le comité directeur devrait
pouvoir statuer, sinon il perd à mon sens sa raison d'être.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour cela que la proposition du
député de Saint-Jacques devrait être retenue. S'il y a des
doutes au sujet de certains membres de cette société, qu'un
délai soit imparti pour que les membres de la commission fassent
connaître leur opi-
nion, se déclarent d'accord ou non et, dans un délai de
huit à dix jours, le comité directeur saura que la commission est
d'accord ou ne l'est pas. Si la commission n'est pas d'accord, à ce
moment-là, on convoquera la commission.
M. LEDUC: C'était d'ailleurs, M. le Président, un peu le
but que je visais, en faisant ma proposition tantôt, que l'on accepte le
budget et c'est complété par ce que le député de
Saint-Jacques dit. S'il y a des protestations ou des inquiétudes
sérieuses au sujet de Sorecom, qu'on revienne devant la commission
parlementaire, sinon que le comité directeur agisse en
conséquence, Je crois que les deux suggestions, celle du
député de Saint-Jacques et la mienne, se complètent. Ainsi
nous ne serions pas obligés de revenir, même si c'est Sorecom qui
est acceptée par tout le monde, pour approuver un budget. On pourrait
l'approuver aujourd'hui avec le proviso que mentionnait tantôt le
député de Saint-Jacques.
Je propose cette chose-là, j'espère que le
député de Saint-Jacques va l'appuyer.
M. CHARRON: Je l'appuie. UNE VOIX: Une équipe formidable! UNE
VOIX: C'est le duc de l'équipe! M. LACROIX: "Taillons" Leduc!
M. LE PRESIDENT: Vous avez aussi une proposition du centre de recherche
en législation de la faculté de droit de l'université
Laval, recherche juridique consistant dans l'approfondissement du secret
professionnel et de ses implications. Je pourrais peut-être demander
à M. Beausoleil de donner un peu plus de détails concernant cette
proposition du centre de recherche en législation de la faculé de
droit de l'université Laval.
M. BEAUSOLEIL: Je vais commencer par dire qui ferait le projet. Le
projet serait exécuté par le doyen de la faculté de droit
de l'université Laval, M. Hubert Reid. Il serait assisté d'un
professeur adjoint à la faculté de droit, Mme Kathleen D.
Beausoleil. Je tiens à préciser qu'il n'y a aucun lien de
parenté. C'est purement accidentel.
UNE VOIX: Entre mari et femme ce n'est pas une parenté!
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. BEAUSOLEIL: L'idée de ce projet sur le secret professionnel et
ses implications pour les journalistes c'est d'amorcer par là, si on
veut, la discussion de tous les problèmes juridiques que
soulèvent la normalisation et l'amélioration des rapports entre
la presse et les pouvoirs publics de façon très
générale et l'amélioration jusqu'à un certain point
de la profession elle-même.
Je pense qu'il est important de s'interroger sur un sujet comme
celui-là parce qu'il est au coeur de tout le problème de la
profession du journaliste sur le plan strictement professionnel.
C'est-à-dire que, par le biais d'une analyse sur le secret professionnel
du journaliste, on touche en même temps au problème de la
définition du statut des journalistes; on touche en même temps au
problème de la normalisation des rapports entre la presse et le pouvoir
judiciaire. Avoir, sur un sujet comme celui-là, des notions venant
d'experts sur le plan juridique, qui sont des professeurs d'université,
serait une base sur laquelle les discussions de la commission pourraient
s'appuyer très sérieusement en prévision des audiences
publiques que la commission tiendra et des discussions qu'elle aura avec tous
ceux qui viendront devant elle.
Eventuellement, à la suite de cette analyse que ferait la
faculté de droit de l'université Laval sur le secret
professionnel des journalistes et les questions connexes, il y aura lieu, bien
sûr et là, c'est la commission qui en est juge de
continuer à s'interroger sur d'autres aspects juridiques des
problèmes de l'information. Mais il a été
suggéré que ce serait une excellente chose de commencer par ce
problème-là qui est au fond d'un bon nombre de questions qu'on
peut se poser à l'heure actuelle sur les fonctions du journaliste dans
la société, en particulier sur ses rapports, comme je le disais
tantôt, avec le pouvoir judiciaire, avec le pouvoir politique. C'est pour
cela que cette proposition est faite. Elle permettrait de clarifier les aspects
juridiques de la question et de recevoir les avis ou les suggestions d'experts,
à la fois en procédure et sur les aspects juridiques du secret
professionnel lui-même.
M. Reid s'intéresse, je crois, à ces questions depuis un
certain nombre de temps. Il y a d'ailleurs un cours qui est donné par
lui et par Mme Kathleen Beausoleil sur le secret professionnel des professions.
Ils ont déjà pas mal de documentation d'accumulée sur je
sujet et leur rapport, qui serait très bref, de même que
l'ensemble de la documentation qu'ils pourraient fournir sur la situation
juridique des journalistes ailleurs au Canada, dans différents Etats
américains et même dans différents pays européens,
seraient de nature à assurer sur une base relativement solide les
discussions que la commission pourrait ensuite avoir avec le public au cours de
ses audiences.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions relatives à
cette proposition du Centre de recherches en législation de la
faculté de droit de l'université Laval?
M. BACON: Combien?
M. LE PRESIDENT: C'est $6,400.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Etant donné l'importance, M. le
Président, des décisions qu'aura à prendre la commission
ou le gouvernement sur le plan législatif, je crois que cette
étude est absolument essentielle. Personnellement, j'en propose
l'adoption à la commission...
M. LAURIN: J'appuie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... appuyé par le Dr Laurin.
M. LE PRESIDENT: Cet été, nous avons eu une
étudiante comme assistante de recherches. Il s'agirait de remplacer
l'actuelle assistante de recherches par quelqu'un qui, à temps partiel,
effectuerait des travaux de documentation et préparerait une
synthèse sous forme de résumé de plusieurs centaines de
pages de documentation.
Conditions d'engagement: vingt heures par semaine pendant environ cinq
mois, à raison de $50 par semaine, ce qui ferait une dépense
à inscrire de $1,000. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui propose?
M. LEDUC: Je propose.
M. LE PRESIDENT: Le député de Taillon propose. C'est M.
Jean Roberge qui serait assistant à la recherche.
M. LEDUC: M. le Président, j'ai cru comprendre tantôt que
c'était le dernier point à l'ordre du jour.
M. LE PRESIDENT: Il y en a un autre.
M. LEDUC: Aux affaires nouvelles, je voudrais vous ramener à une
affaire ancienne.
M. LE PRESIDENT: Le directeur à la recherche a eu à faire
quelques voyages à Montréal, il faut s'entendre, depuis qu'il est
à notre emploi. Or, nous n'avions pas prévu de voyages. M.
Archambault a dû aller à Toronto rencontrer le sénateur
Davey. Donc, il s'agirait ici d'autoriser un budget de dépenses
générales de l'ordre de $2,500 pour les frais divers, incluant
aussi la papeterie, les timbres, etc.
M. CHARRON: Agréé.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques propose et
agrée. Le député de Taillon.
M. LEDUC: M. le Président, tantôt, l'honorable ministre des
Affaires culturelles, à la suite d'une intervention du
député de Trois-Rivières, posait une question quant au
mandat du comité directeur. Je crois que ce serait peut-être une
bonne chose qu'on s'attarde un peu sur ce sujet. Pour ma part, j'ai la
même impression que le député de Trois-Rivières,
soit que le mandat que la commission avait confié au comité
directeur était plutôt un mandat de déblayage quant
à un calendrier de travail. On s'aperçoit, aujourd'hui, qu'il y
aura probablement beaucoup de travail qui pourra être confié au
comité directeur.
Je me demande si, à la prochaine réunion de la commission,
il ne serait pas avantageux pour tous et chacun d'entre nous d'avoir une
suggestion quant au mandat du comité directeur. Je crois qu'il doit
demeurer et que certaines responsabilités doivent lui être
attribuées. En conséquence, je me permets de demander aux membres
de la commission s'ils sont d'accord concernant cette suggestion qu'à
une prochaine réunion de la commission un nouveau mandat, si
nécessaire, soit donné au comité directeur, parce que je
crois à son utilité. Je crois qu'au point de vue de
l'efficacité cela pourra rendre service à la commission qu'on
définisse ce mandat bien clairement, de façon que l'on n'ait pas
cette question que quelques-uns d'entre nous se sont probablement posée
lorsque le député de Trois-Rivières a fait son
intervention. J'aimerais bien avoir l'opinion des membres de la commission
là-dessus, puisque c'est le ministre, tantôt, qui a soulevé
le point. Je pense que c'était valable et que, malheureusement, dans la
discussion, on a oublié de discuter plus à fond cette remarque du
ministre des Affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, la question que pose
le député de Taillon est une question importante. Il faut tenir
compte de la nature des commissions parlementaires qui siègent.
Lorsqu'une commission parlementaire siège afin d'étudier un
projet de loi spécifique, il n'est pas nécessaire d'avoir un
comité directeur, parce que le mandat est déjà
déterminé par l'Assemblée nationale qui, sur proposition,
déclare que tel projet est renvoyé à une commission
parlementaire pour étude et pour audition de témoins. Mais, la
commission de la liberté de la presse est, en fait, une commission
spéciale et le travail que nous faisons, nous en établissons le
calendrier au fur et à mesure que se déroulent les auditions et
que se posent des problèmes d'une nature particulière.
On a fait, au départ, un travail de déblayage. On en est
arrivé à certaines conclusions que la commission a
acceptées, mais, en cours de route, alors que se poursuivront les
auditions de la commission parlementaire, à tout instant se poseront des
problèmes qui exigeront qu'un petit groupe les examine et soumette des
propositions pratiques afin de ne pas retarder les travaux de la commission
chaque fois que nous siégerons, lorsqu'il s'agira de déterminer
si on doit prendre telle ou telle décision. Une fois ce travail fait,
nous faisons des propositions à la commission qui est libre d'en
discuter si elle le juge.
C'est à partir de cela que l'on peut ensuite préparer,
réviser, revoir le calendrier de travail. Dans ce sens, j'estime que le
comité directeur est non seulement utile, mais nécessaire compte
tenu de la nature de cette commission dont les travaux vont peut-être
nous amener beaucoup plus loin que nous ne l'avions prévu au
départ.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur ce
sujet?
M. BACON: M. le Président, à la suite d'une intervention
de tout à l'heure, puis-je poser une question? Etait-ce bien le mandat
du comité directeur de faire ce qu'on appelle le déblayage ou
était-il plus large?
M. LE PRESIDENT: Disons que le mandat qui a été
donné au comité directeur était sensiblement celui qui
avait été donné au comité directeur de la
commission parlementaire de la réforme électorale; ni plus ni
moins. Il est entendu que ce n'était pas le comité directeur qui
se substituait à la commission parlementaire ou aux membres de la
commission parlementaire, mais il devait faire un certain travail, il devait
faire des propositions comme celles qui ont été faites
aujourd'hui aux membres de la commission.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): En somme, M. le Président, le
comité n'a aucune autorité autre que celle que la commission peut
lui confier. Il en est l'émanation et doit constamment se
référer à la commission.
M. LE PRESIDENT: Il voyait à l'organisation et à la mise
en place du travail à faire à la présente commission.
M. BACON: Moi, j'endosse la suggestion du député de
Taillon à savoir qu'à la prochaine réunion on devrait
inscrire comme premier sujet à l'ordre du jour la discussion sur le
mandat qu'on doit confier au comité directeur. Le but de mon
intervention était surtout de souligner que si le comité
directeur je répète ce que je disais tantôt a
un recherchiste à la disposition de la commission, je comprends mal
qu'on ne soit pas capable d'obtenir des documents ou des choses
nécessaires pour les soumettre à la commission.
Si le comité directeur veut procéder comme il semble
vouloir procéder, je pense que nous ferions bien mieux de lui
transférer notre mandat et à la fin de venir l'entériner.
Aujourd'hui, je n'ai pas l'impression d'avoir pu étudier d'une
façon intelligente les propositions qu'on nous a faites parce que je
pense qu'en dehors de vous entériner, nous n'avons pas tellement de
choix.
M. LE PRESIDENT: Quant à moi, personnellement, je n'y vois
aucun...
M. BACON: Si le mandat qu'on doit donner au comité directeur,
c'est le mandat de la commission, qu'on se retire tout simplement.
M. LE PRESIDENT: ... inconvénient, au contraire. Je suis
parfaitement d'accord sur ce que vous mentionnez. Il est juste et normal que
les membres de la commission soient en possession des documents qui leur
permettront de prendre une décision de façon plus
éclairée. Je suis parfaitement d'accord avec vous.
M. BACON: Depuis un certain temps on vous demande quels sont les
actionnaires du groupe en question et on n'a même pas de
réponse!
M. LE PRESIDENT: Vous pouvez être persuadés que je verrai
personnellement à ce que toute la documentation parvienne à tous
les membres de la commission.
M. BACON: Et que soit remis à l'ordre du jour de la prochaine
réunion le mandat du comité directeur?
M. LE PRESIDENT: Oui. Vous pouvez être persuadés de
cela.
M. BACON: Très bien.
UNE VOIX: Au contraire, je suis parfaitement du même avis.
M. LEDUC: M. le Président, je pense que nous devons quand
même féliciter le comité directeur pour l'excellent travail
qu'il a fait.
M. VINCENT: M. le Président, présentement, nous
siégeons à la commission de la liberté de presse. Est-ce
que chacune des commissions doit définir le mandat de son comité
directeur ou si cela ne serait pas le travail général de la
commission parlementaire de l'Assemblée nationale d'établir les
normes des comités directeurs des commissions parlementaires?
Dans d'autres Parlements, il y a une coutume peut-être que
les commissions parlementaires siègent depuis plusieurs années
qui veut qu'à chacune des commissions parlementaires il y ait ce
qu'on appelle en anglais un "steering committee" ou un comité directeur.
Son mandat a toujours été connu des membres de chacune des
commissions, et le comité directeur de telle ou telle commission on ne
peut jamais dépasser le mandat qui est défini par la commission
du Parlement ou la commission de l'Assemblée nationale.
Donc, n'y aurait-il pas lieu, aujourd'hui, de penser que la commission
de l'Assemblée nationale définisse, en plus du travail de chacune
des commissions, le mandat précis de chacun des comités
directeurs, pour ne pas qu'on ait à revenir sur cette question, pas
seulement à cette commission mais à d'autres commissions
également où le problème peut se poser?
M. LE PRESIDENT: A ma connaissance, il y a deux commissions qui ont un
comité directeur: vous avez la commission parlementaire qui
étudie la réforme électorale, et vous avez la
présente commission parlementaire.
M. VINCENT: Mais chacune des commissions peut avoir un comité
directeur. D'ailleurs, cela hâterait les procédures. Si on fait de
plus en plus de travaux en commission, cela hâterait la procédure
d'avoir des directeurs à chacune de ces commissions pour préparer
l'ordre du jour, pour préparer le travail, pour faire du
déblaiement. D'ailleurs, cela se fait dans d'autres Parlements.
M. LEDUC: Je pense bien, M. le Président, que la suggestion du
député de Nicolet est excellente, d'autant plus qu'à la
commission parlementaire spéciale sur le problème de la
liberté de la presse, nous vivons une expérience que d'autres
commissions n'ont pas vécue, c'est-à-dire que nous avons un
budget, ce que d'autres commissions n'ont pas, et j'espère
sincèrement que l'exemple que nous donnons, si vous voulez, ou que nous
nous donnons à nous, parlementaires, de donner un budget à une
commission parlementaire, sera suivi. Le comité directeur, c'est le
deuxième que nous avons à l'intérieur des commissions.
Dans la réforme de nos règlements de l'Assemblée
nationale, il faudrait peut-être revoir tout cet aspect des commissions
parlementaires et prévoir un peu ce que nous avons à cette
commission-ci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans toutes les commissions parlementaires, M.
le Président, que ce soit dans les autres Parlements, que ce soit en
Amérique ou en Europe, le mandat d'un comité directeur est
très clair: c'est de préparer le calendrier de travail et de
s'occuper de toute question qui lui est confiée par la commission
elle-même. Alors, c'est très simple, et le seul grief que l'on
pourrait faire aujourd'hui au comité directeur c'est de ne pas avoir
fourni à tous les membres les documents qui auraient permis à
certains d'obtenir des renseignements que nous n'avions même pas, nous
non plus, les membres du comité directeur. Les seuls renseignements que
nous n'avions pas, c'était la liste des gens qui sont membres de
Sorecom. C'est tout ce qui nous manquait et nous en étions à ce
point conscients que nous avons soumis la proposition, sous réserve du
dépôt de la liste des membres de Sorecom, pour agrément par
les membres de la commission.
Je crois qu'il n'y a pas lieu de faire une tempête dans un verre
d'eau! Un comité directeur, tout le monde sait ce que c'est. C'est un
organisme qui prépare le travail pour un organisme plus important. Qu'on
veuille le remettre en cause la prochaine fois, tant mieux!
M. LE PRESIDENT: La séance de la présente commission est
levée.
(Fin de la séance: 15 h 13)