(Onze
heures trente et une minutes)
Le Président
(M. Provençal)
: Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des
services sociaux ouverte.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 38, loi
modifiant la loi concernant les soins de vie et d'autres dispositions
législatives.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Tremblay (Dubuc) est remplacé par Mme Dorismond (Marie-Victorin); M. Derraji (Nelligan),
par Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis); Mme Sauvé (Fabre), par M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee); et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine), par Mme Hivon
(Joliette).
Étude détaillée (suite)
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
Lors de l'ajournement de nos travaux hier, nous étions rendus à l'étude de
l'article 29.4 amendé, à l'article 16 du projet de loi, et, de mémoire, il y
avait eu une intervention qui avait été faite par la députée de Joliette où
elle avait signifié qu'elle voulait proposer un ajustement ou une modification.
Alors, sur ce, je céderais la parole à la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Bien, merci, M. le Président. Bonjour, tout le monde.
Je pense... En fait,
c'était tout simple, puis je l'avais exposé, ça fait que je peux le dire à
nouveau, c'était que ce ne soit pas le deuxième tiers de confiance qui juge
s'il a des motifs de croire que le premier est empêché, mais que ce soit une
formulation qui est neutre et objective pour que ce puisse être interprété plus
globalement et que d'autres personnes puissent constater cela. Le ministre, de
mémoire, avait dit qu'il avait une ouverture par rapport à ça. Donc, c'était
l'élément que j'avais soulevé.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée, on a
projeté l'article 29.4. Bien entendu, il y a eu un amendement, que
vous connaissez. Est-ce que vous pourriez nous signifier l'endroit précis où
vous voulez... vous aimeriez obtenir une modification, s'il vous plaît?
Mme Hivon :
C'est 29.4, deuxième alinéa. On dit : «La personne peut également
désigner dans sa demande un second tiers de confiance qui, s'il a des motifs de
croire que le premier est empêché d'agir, refuse ou néglige de le faire, le
remplace.» J'avais suggéré quelque chose comme : «La personne peut
également désigner dans sa demande un second tiers de confiance qui, en cas
d'empêchement d'agir, de refus, de négligence du premier tiers de confiance, le
remplace.» C'est une forme de... le but étant d'avoir une formulation plus
neutre. Si mon souvenir est bon, le ministre, je ne veux pas lui mettre des
mots dans la bouche, mais il m'avait dit qu'il considérait ça. Donc, voilà,
c'était une humble suggestion.
Le Président
(M. Provençal)
: Je
vous confirme... Sans vouloir mettre dans le pétrin M. le ministre, M. le
ministre avait signifié qu'il avait une écoute à votre demande. M. le ministre.
M. Dubé :
...puis je pense que, si c'est le seul amendement, on pourrait peut-être le
corriger puis resoumettre l'amendement tel que suggéré par la députée.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va. Est-ce que...
En attendant qu'on soumette la correction, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le 29.4 amendé? M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
...affirmer que c'est une préoccupation qui est importante parce que la
formulation actuelle risque de compromettre l'autonomie et les voeux de la
première personne, de la personne concernée, et, dans un deuxième temps,
compromettre, en quelque part, l'objectivité de l'équipe médicale, dans un
deuxième temps, en les... imposant le rôle, en quelque part, d'arbitre entre
les tiers. Alors, une correction s'impose, c'est sûr.
Le Président
(M. Provençal)
: Alors,
je conçois qu'on est en train de faire la correction. Écoutez, avec votre
consentement — je
pense que la correction va se faire — est-ce qu'on pourrait aller à
29.5, traiter le 29.5, et aussitôt que... Vous venez de le recevoir? Ah!
excusez, parce que je voulais vraiment qu'on...
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: On va aller à 29.5, M. le ministre, puis, aussitôt qu'au
niveau du secrétariat on sera disposés à traiter le 29.4 avec la modification,
on le fera faire. Alors, 29.5.
M. Dubé : C'est bon?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y.
M. Dubé : Très bien.
Alors, M. le Président : «29.5. Après
signature du formulaire par la personne qui formule la demande anticipée ou, le cas échéant, par le tiers visé à
l'article 27, le professionnel compétent qui prête assistance à la
personne le date et le contresigne afin d'y attester le respect des
dispositions des articles 29.2 et 29.3.
«Le tiers de confiance qui consent à sa
désignation appose sa signature sur le formulaire et le date.»
Le Président (M. Provençal)
: Votre commentaire, M. le ministre.
M. Dubé : J'y arrive, M. le
Président, ça ne sera pas très long. Alors, le commentaire, c'est :
L'article 29.5 proposé par l'article 16 du projet de loi fournit
quelques indications eu égard aux différentes signatures devant se trouver sur
le formulaire de demande anticipée. Il précise la fonction même de la
signature, notamment de celle du professionnel compétent qui assiste la
personne et celle du tiers de confiance.
Le Président (M. Provençal)
: Et vous avez un amendement?
M. Dubé : Oui, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous invite à en faire lecture.
M. Dubé : Certainement.
Alors, l'amendement c'est : Remplacer, dans
le premier alinéa de l'article 29.5 de la Loi concernant les soins de fin de vie proposé par l'article 16 du
projet de loi, «à l'article 27» et «des articles 29.2 et 29.3» par,
respectivement, «au deuxième alinéa de l'article 29.1» et «des
articles 29.2 à 29.3.1».
L'amendement vise à apporter une modification de
concordance afin de tenir compte de l'insertion du nouvel article 29.0.1.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Y a-t-il des interventions
concernant l'amendement de 29.5, qui est un élément de concordance? Oui, Mme la
députée de Joliette.
Mme Hivon : ...donner 15
secondes, je veux juste aller relire un petit truc.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Quand le
professionnel compétent contresigne, il doit s'assurer du respect de l'article 29.2.
Là, je veux juste être sûre que j'ai la bonne... L'article 29.2, c'est
bien celui qui parle de la... «doit s'assurer que les souffrances décrites dans la demande remplissent les conditions
suivantes : [...]elles sont médicalement reconnues — bon, tout
ça — [...]elles
sont objectivables».
Donc, je ne veux pas rouvrir ce qu'on a discuté
hier, je veux juste le clarifier. Puisque, avant de pouvoir signer, il doit s'assurer de tout ça, ça veut dire
que, théoriquement, il devrait s'assurer que tout ce qui est décrit
comme souffrances par la personne
remplissent les critères qui sont énoncés, ce qui, je pense, renforce le point
que quelqu'un ne pourrait pas écrire n'importe quoi comme description de
souffrances puisque le médecin a l'obligation, quand il signe, de s'assurer que
29.2 est respecté, et donc que ce sont des souffrances médicalement reconnues,
blablabla.
Donc, je veux juste qu'on boucle la boucle, là.
Je ne veux pas rouvrir tout d'hier, mais, puisque, là, le médecin doit poser un
regard contresigné, moi, je pense que ça va dans le sens de dire qu'il doit
s'assurer que ce que la personne a décrit, c'est bien objectivable, c'est bien
lié à la maladie. Donc, ça ne permettrait pas à quelqu'un d'écrire tout ce qui
lui passe par la tête au nom de son autonomie.
Le Président (M. Provençal)
: Bien là, j'ai la même lecture que
vous, mais ce n'est pas à moi de vous répondre. Est-ce que, M. le ministre,
vous voulez répondre à la lecture que la députée de Joliette vient d'en faire?
• (11 h 40) •
M. Dubé : Oui, bien, moi, je ne
veux pas refaire la discussion d'hier, ça, c'est sûr, mais je veux juste dire
qu'on va avoir un enjeu qui va être important entre... puis je l'ai dit hier,
ça aussi, au micro, là, entre ce qui est dans le projet de loi, ce qui va être
dans le guide... puis du jugement professionnel des médecins, parce que, si on
essaie d'être trop toujours restrictifs, on va finir par avoir un problème
qu'il n'y aura pas personne qui va être applicable à cette loi-là. Ça fait que
je veux juste qu'on se comprenne bien. Oui, on a eu une discussion hier, mais
là j'ai cet enjeu-là, moi, quand je... vous me reposez la question. Il y a
quand même un jugement médical. Je l'ai dit hier quand on a eu cette
discussion-là, le médecin qui est dans l'équipe doit traduire ce que la
personne dit. Tu sais, quand vous me dites : Elle ne
peut pas dire ce qu'elle veut, elle ne peut pas dire n'importe quoi, je
comprends très bien ce que vous me dites, mais elle a quand même le droit de
dire ce qu'elle ressent, et c'est au personnel compétent, lui, de dire :
Voici comment ça se traduit dans un langage médical. Mais il faut avoir
absolument l'apport, la valeur ajoutée, je dirais, du médecin pour s'assurer
que c'est bien traduit dans une demande anticipée, parce que...
Puis j'en profite... Là, comme je vous dis, je
ne veux pas refaire la discussion d'hier, mais, si on se retrouve toujours à
dire : Bien, le médecin, vous n'avez pas le droit de dire ça parce que ce
n'est pas exactement ce qu'elle a dit, bien là, je pense qu'on est en train de
réduire l'objectif qu'on voulait avoir de rendre un service à des personnes qui
ont besoin de l'aide médicale à mourir.
Alors, je comprends très bien votre question,
mais je pense que, jusqu'à maintenant, on a été excessivement précis, bien
souvent, dans le projet de loi puis on n'est même pas encore rendus à définir
ce qu'on va faire dans le guide. On en a parlé hier, du guide, aussi. Ça fait
que je ne sais pas si je réponds à votre question, mais il faut s'assurer que
notre objectif, comme législateurs, c'est de donner aussi une marge de
manoeuvre d'avoir la valeur ajoutée du médecin, voilà.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Roberval.
Mme Guillemette : On a mis que
«le professionnel compétent qui prête assistance à la personne le date et le
contresigne afin d'y attester le respect des dispositions des
articles 29.2 [et] 29.3.1», mais je pense qu'il faut, rendus là, laisser
le médecin faire son travail. Il y aura les guides, comme l'a dit M. le ministre,
mais je pense que, là, il faut... On encadre le médecin pour qu'il soit
confortable, mais je pense que, le reste, on se doit de faire confiance à
l'équipe médicale, parce que, oui, il y aura une équipe médicale, mais au
médecin, également, qui sera là et contresignera, et il n'y a pas un médecin
qui va laisser contresigner... qui va contresigner un document qui est, à son
avis... bon, qui ne correspond pas aux articles 29.2 et 29.3.1, dont on a
longuement discuté, là, dans les derniers jours. Donc, c'est mon point, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Mme la députée de
Joliette.
Mme Hivon : Juste pour qu'on
soit clairs, je ne remets pas du tout en cause le jugement du médecin, au
contraire, c'est que, là, on charge le médecin que, quand il va contresigner la
demande anticipée, il s'assure que 29.2 soit respecté. 29.2, ça dit qu'il faut
que les souffrances soient objectivables. Moi, au contraire, je veux lui
faciliter la vie. Je ne veux pas lui rajouter de la pression de dire :
Bien, ma patiente, elle peut écrire ce qu'elle veut, mais, quand je vais venir
à contresigner, je ne pourrai pas parce que ça ne répond pas à 29.2, parce que
ce n'est pas objectivable.
Ça fait que je voulais juste qu'on clarifie ça.
Puis je suis bien consciente qu'il va y avoir des guides de pratique qui vont
être très importants puis je ne propose pas d'amendement pour préciser
davantage. Je veux juste qu'on dise dans le micro qu'effectivement ça veut dire
qu'une personne ne pourrait pas décrire des souffrances non objectivables,
parce que, si c'était le cas, le médecin ne pourrait pas contresigner le
formulaire et accepter la demande anticipée, puisque c'est une condition de
fond de 29.2 qu'elles sont objectivables. Ça fait que c'est juste ce que je
voulais souligner puisque, hier, on a eu une discussion là-dessus, et je pense
que ça va dans le même sens que ce qu'on... que ce que j'essayais d'amener hier
comme point, tout simplement.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Dubé : Écoutez, tant qu'on
est dans cette discussion-là, parce que c'est important, là, je pense que c'est
le coeur du projet de loi, j'aimerais vous demander, puis, s'il y a des experts
qui peuvent le compléter... qu'est-ce que c'est, «objectivable» versus «non
objectivable», pour vous ,
juste pour que les gens nous entendent là-dessus, là.
Mme Hivon : ...c'est qu'on est
capables, un peu comme Mme Lewis disait la semaine dernière... qu'un
professionnel raisonnable ou qu'une personne constaterait qu'on est face à des
souffrances qui se manifestent, que ce soit par des gémissements, que ce soit
par une agressivité incontrôlable, par une sensibilité extrême lorsqu'on touche
quelqu'un, que ce soit par des hallucinations, et donc qu'on voit que, dans le
temps, elles demeurent parce qu'elles sont constantes, versus quelque chose qui
n'est juste pas accessible parce que ce ne serait pas objectivable du tout, là.
Donc, un enfant pourrait dire...
M. Dubé : O.K., je vais me
faire l'avocat du diable. Est-ce que ça peut être des souffrances psychiques?
Mme Hivon : Psychiques, tout à
fait. Si vous êtes archiagressif parce que vous êtes anxieux à longueur de
journée parce que vous stressez à chaque fois qu'il y a une nouvelle personne
qui rentre dans votre chambre, parce que vous avez l'impression que vous êtes
attaqué, puis on ne réussit pas à contrôler ça, d'après moi, c'est psychique et
c'est admissible, c'est une vraie souffrance, mais on revient au même exemple.
Si vous aviez dit : Si je ne reconnais plus mes enfants, ou si je ne reste
plus chez nous, ou si on m'aide à me laver, mais vous n'avez aucun inconfort en
temps réel, que vous ne souffrez pas de ça, ce n'est pas objectivable, selon
moi. Vous n'avez aucune manifestation objective d'une souffrance. C'est là où
je trace la ligne.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Roberval.
Mme Guillemette :
Merci, M. le Président. Bien, quelqu'un qui n'est plus capable de prendre
soin de lui, qui ne se lave plus... parce que je pense que ça va nous aider à
bien comprendre, quelqu'un qui ne se lave plus, qui n'est plus capable de
prendre soin de lui, qui n'a plus d'autonomie, mais qui ne veut pas se faire
toucher, bien, c'est une souffrance objectivable.
Mme Hivon :
Tout à fait.
Mme Guillemette :
Donc, ce n'est pas parce qu'elle n'est plus capable de prendre soin d'elle,
c'est plus parce qu'elle est réfractaire au traitement qu'on veut lui donner.
Mme Hivon : Exactement. Si, à chaque
fois qu'on l'approche pour la laver, elle crie, elle s'enfuit, elle a
peur...
Mme Guillemette :
Elle se débat.
Mme Hivon :
...elle n'est pas capable de dormir, ça, c'est une souffrance psychique et
même, peut-être, physique, mais, si la
souffrance était décrite comme simplement le fait de ne pas pouvoir me laver,
ce n'est pas, en soi, objectivable dans le moment réel, mais, si elle a
des conséquences du fait qu'on doit lui donner des soins d'hygiène, ça la
traumatise, voir de l'eau l'inquiète, on se comprend, là, dans la nuance, ça
fait que c'est tout simplement ça...
Mme Guillemette :
Et je pense qu'elle est là, la nuance, justement, qu'il faut laisser au
médecin un certain jugement clinique, parce
que quelqu'un peut dire : Bien, moi, écoutez, quand je ne serai plus
autonome, bien, je vais vouloir qu'on
m'administre l'aide médicale à mourir. Bien là, c'est dans le jugement de
dire : Oui, vous n'êtes plus... quand vous ne serez plus autonome,
mais il faudra qu'il y ait plus que ça. Il faudra qu'il y ait une... être
réfractaire à l'approche, être réfractaire... C'est là que moi, je pense qu'on
se doit de laisser un jugement clinique à l'équipe et au médecin, là.
Mme Hivon :
Ça, il n'y a aucun doute là-dessus. Moi, je veux que le jugement clinique
s'exerce, je veux juste que le médecin sache ce qui est attendu de lui. Et
donc, si une personne écrivait dans sa demande : Quand je ne serai plus autonome, je veux l'aide médicale à
mourir... Moi, de la manière que je lis 29.2, «objectivables», et
l'obligation du ministre à... du ministre, il y en a plein, mais du
professionnel compétent, à 29.5, de venir contresigner en attestant que 29.2 est respecté, il ne pourrait
pas dire à Mme Tremblay, par exemple : Vous pouvez effectivement
écrire «quand je ne serai plus autonome». Moi, je veux qu'on simplifie la vie
du professionnel compétent et des guides de pratique. Donc, je ne suis pas en train de préciser la nature du guide de
pratique, mais, quand ce beau monde là va écrire les guides de pratique, je pense, ça va être important qu'ils
sachent ce qu'on veut dire. Ça fait que, quand on les oblige à faire ça,
ça veut dire qu'ils ne peuvent pas juste écrire «quand je ne serai plus
autonome» ou... c'est les souffrances reliées à ça.
M. Dubé :
Et, si je peux me permettre, c'est pour ça, tout à l'heure... Puis je suis
content qu'on... sans refaire la conversation d'hier, là, mais qu'on précise,
parce que, là, on regarde comment c'est applicable, hein, c'est ça, puis vous
avez dit : Notre préoccupation, c'est qu'on est partis d'une commission,
on a fait un projet de loi puis on veut qu'il soit applicable sur le terrain.
Là, on est rendus là, là, hein, on dit : Est-ce que notre projet de loi,
tel que dessiné, va être applicable sur le
terrain? Je pense... Puis c'est pour ça que j'insiste pour les questions des
médecins, puis il y en a beaucoup qui nous écoutent puis qui suivent,
hein, parce qu'on les a avertis, puis ils nous parlent, hein?
Mme Hivon :
On reçoit des messages.
• (11 h 50) •
M. Dubé :
Pas juste sur les réseaux sociaux, là, ils nous parlent. Moi, je veux juste
être certain que cette définition-là de la souffrance, qui, pour moi, moi, là,
moi qui vous parle, est difficile à exprimer parce que je n'ai jamais vécu ça...
je veux juste être certain que, dans les prochains mois qui vont suivre la...
si on se rendait jusqu'à l'application de la loi, que les médecins vont avoir
aussi leur mot à dire dans ça, et c'est ça, parce que... C'est pour ça que,
tout à l'heure, je vous demandais : Est-ce que ça peut inclure une
souffrance psychique?, puis une souffrance psychique qui est encore plus
difficile à définir, mais que des... là, je vais dire que des gériatres
d'expérience, que des médecins qui vivent ça tous les jours soient capables de
dire, dans le fond : Madame ou monsieur, c'est ça que vous voulez me dire.
Et c'est juste ça que je veux dire.
Alors, je pense que,
si aujourd'hui, quand vous me posez la question à 29.5... c'est pour ça que
j'essaie de répondre en disant : Laissons aux gens le droit de dire... pas
ce qu'ils veulent, mais, dans leurs mots à eux, ce qu'ils veulent nous dire,
mais que le médecin l'interprète avec sa connaissance médicale. Moi, c'est
juste ça que je veux qu'on s'entende bien...
puis là, à ce moment-là, je pense qu'on va être capables de... Je pense que le
député de Rosemont l'a bien dit, le défi d'une commission, c'était de
dire : On vous a fait des suggestions, et là on arrive au moment... C'est
très difficile, là, d'écrire ça en mots parce qu'on joue entre le médical, le
légal, le social. C'est ça qui est difficile, en ce moment, là, on s'entend
bien. Alors, moi, je me dis : Si on se donne... on donne le rôle correct à
chacun de faire son travail, je pense que, dans le projet de loi, c'est le plus
loin qu'on peut aller, parce qu'on établit un principe, puis ça, je pense que
29.5, par rapport à tout le temps qu'on a mis dans 29.0.1 puis 29.2, ça fait la
job, mais je voulais juste... peut-être, j'ai pris trop de temps à répondre,
là, mais je voulais juste qu'on se comprenne bien là-dessus.
Mme Hivon : De toute façon, M.
le Président, je ne proposais pas d'amendement. Je ne voulais pas détailler davantage. Je veux juste qu'on soit clairs, puis
peut-être que, pour le ministre, tout ça est parfaitement limpide. La
raison, je pense, pourquoi certains d'entre nous sommes
un peu plus obsédés par ça, c'est qu'on a eu des témoignages contradictoires
devant la commission. Il y a des médecins qui pensent qu'une souffrance
anticipée, qui ne sera pas contemporaine au moment deux, devrait être admissible.
C'est pour ça que je pense que, comme législateurs, il faut qu'on soit clairs
que la souffrance anticipée... puis on ne revient pas sur tout ce débat-là,
qu'elle n'est pas admissible, puis on a mis «objectivables».
Ça fait que je voulais juste ramener que ça
enlève tout ce champ-là parce qu'une demande anticipée qui ne se concrétise pas
n'est pas objectivable au moment de l'administration, et tout est basé sur
«objectivables», et que le... Là, ça me frappe juste qu'à 29.5 le médecin, il a
l'obligation, quand il contresigne la demande anticipée, de s'assurer que 29.2
est respecté, donc, que tout ce qui a été décrit par la personne est
objectivable. Ça fait que c'est pour ça que je pense que ça valait la peine de
dire que ça veut dire qu'il doit porter un droit de regard et, minimalement,
aviser : Mme Tremblay, vous avez écrit ça, c'est correct, mais, je
veux juste vous dire, ça, ce n'est pas objectivable, donc on ne pourra pas
l'appliquer.
Moi, c'est pour simplifier un peu la vie des
médecins... Effectivement, certains nous écrivent puis ils disent : Oui,
mais là... mais, oui, mais là... Puis, je pense, vous êtes en lien avec eux,
puis ça serait très intéressant d'entendre ce qu'ils vous disent aussi, là. Ça
fait que c'est ça, le but, puis le but, c'est que, quand ils vont faire le
code, ce soit clair dans leur code de pratique, ce que le législateur a voulu
dire, pour ne pas qu'il y ait tout un flou.
M. Dubé : Peut-être qu'on est
en train de refaire la discussion, là, mais c'est correct parce que c'est le
temps de la faire. Quand vous dites : Objectivables par rapport au moment
où elle est faite, la demande, versus où elle est administrée, expliquez-moi ce
que vous voulez dire, parce que le médecin... un médecin... un bon gériatre,
là, un bon médecin qui connaît ça... Pourquoi vous faites une différence entre
objectivables au moment de la demande versus objectivables au moment de
l'administration?
Mme Hivon : ...la différence
entre la souffrance anticipée puis la souffrance réellement vécue au moment où
on déclenche l'évaluation et qu'on pourrait procéder à l'administration.
Exemple, comme on a dit hier, la personne qui dit : Quand je ne
reconnaîtrai plus mes proches... elle est apte, elle a eu son diagnostic il y a
six mois, elle fait sa demande : Quand je ne reconnaîtrai plus mes
proches, je veux l'aide médicale à mourir, quand je ne pourrai plus me laver
par moi-même, je veux l'aide médicale à mourir. Donc, ça, au moment deux, là,
ce n'est pas une souffrance qui va se vivre nécessairement, parce que la
personne, elle ne souffrira pas nécessairement. C'est toute notre histoire
qu'on a répétée mille fois, O.K.?
Donc, ce n'est pas... Je pense que c'est utile.
Ça revient à ce que je suggérais hier. Vous avez pris ça en délibéré, vous
n'avez pas retenu ça, c'est tout à fait correct. Après, on s'est entendus dans
le micro, c'est parfait. Je pense juste que ça, c'est important, parce qu'il y
avait deux écoles de pensée, puis il y a des gens qui pensaient que de juste
dire à l'avance qu'il y a quelque chose qui te dérange quand tu es apte... que,
si ça se matérialise plus tard, ça va donner droit... puis on a tous fait
ressortir que ça donnerait plus de droits à une personne inapte qu'une personne
apte, parce que, une personne apte, il faut que les souffrances soient là
maintenant, objectivables, contemporaines.
M. Dubé : C'est pour ça que,
tout à l'heure, je vous ai demandé, quand je vous ai parlé d'un trouble ou
d'une souffrance psychique...
Mme Hivon : Psychique, oui.
M. Dubé : ...là, je... pas
pour... Je vais le dire dans mes mots. Moi, pour... En tout cas, pour ceux qui
suivent ça de près, la souffrance psychique, au moment où elle est décrite par
la personne au moment où elle fait une demande anticipée, pourrait être
différente pour la personne et même pour le médecin, parce que lui pourrait
dire qu'une différence psychique est importante. Vous me suivez? Elle est...
Elle pourrait être même assez importante pour justifier... Alors, c'est ça que
je veux...
Mme Hivon : Psychique, il n'y a
aucun enjeu. Elle peut être psychique et objectivable.
M. Dubé : O.K. Alors... Mais ce
que je veux dire, c'est que la... Prenons... Revenons, je vais le dire, à la
démence, parce qu'on a pris souvent cet exemple-là, est-ce qu'il pourrait,
selon vous... Puis là, après ça, c'est là que les médecins, moi, je pense
qu'ils vont apporter une valeur au cours des prochains mois, de dire que cette
souffrance psychique là, de démence, pourrait être un problème, alors que, là,
on dit que... Selon vous, c'est... d'être capable de ne pas, par exemple... de
reconnaître les enfants, ce n'est pas assez fort comme souffrance pour le
justifier. C'est ça qui est délicat, parce que...
Est-ce qu'un médecin, un très bon médecin,
pourrait arriver puis de dire : Moi, je pense que ce qui m'est décrit peut
être vu comme observable au moment de la demande? Vous voyez un peu où je veux
aller, là, puis c'est ça qu'il faut faire attention, parce que je pense que,
dans l'objectif que vous aviez — parce que moi, je n'étais pas là, à la
commission — c'était
de confier le rôle à chacun, le patient qui dit : Voici c'est quoi que je
veux, et le médecin qui vient traduire ça.
Alors, je veux juste vous entendre là-dessus
parce que, vous avez raison, il y a beaucoup de gens qui nous écrivent puis qui
disent : Assurez-vous que vous n'êtes pas en train de faire quelque chose
qui ne sera pas applicable. C'est ça qui est la crainte, en ce moment, là.
Le
Président (M. Provençal)
: Avez-vous
terminé, Mme la députée de Joliette? Député de Rosemont.
M. Marissal :
Bien, tout est là, là. On dit depuis tantôt qu'on ne veut pas refaire la
discussion — je
ne sais pas pourquoi on s'en priverait, d'ailleurs — mais il y a une
différence... il ne faut pas confondre l'expression d'une douleur psychique
anticipée et la manifestation dans le temps réel d'une souffrance qui est
peut-être liée au psyché ou au physique. Et la barre, après des mois et des
mois de débats, on l'a mise sur la souffrance, c'est ça qui détermine, parce
qu'autrement... Puis là je ne veux pas qu'on retourne, là, dans nos vieux
sillons, là, mais autrement la seule question, c'est : Quand est-ce qu'on
applique ou pas l'aide médicale à mourir? Et de ce que je comprends, vous êtes
en train d'ouvrir la porte à l'application de l'aide médicale à mourir en cas
de démence heureuse. Bien, si ce n'est pas ça, il va falloir qu'on soit très,
très clairs, là, parce que...
M. Dubé :
Je veux juste préciser ce que je dis, puis la question m'a été posée hier, puis
je vais redire la même chose, ce n'est pas à moi à faire le jugement médical,
c'est au médecin à faire le jugement médical, qu'est-ce qui est une souffrance,
O.K.? C'est ça que je veux dire. Alors... Puis c'est pour ça... Quand on me
demandait : Est-ce que la démence heureuse est une souffrance qui devrait
être applicable?, ce n'est pas à moi de dire ça. Ce n'est pas moi, c'est au
médecin à le dire. Et c'est là que je veux que le projet de loi respecte ce
principe-là de dire que le patient dit ce qu'il veut et le médecin doit le
traduire dans son langage pour être sûr que ça reflète l'objectif de la loi.
Mais il se peut que, dans certains cas, la démence... Puis là je prends ce
mauvais exemple là, M. le député, pour dire : Ça se pourrait que, dans un cas, un médecin dise : Ça, c'est
applicable pour tel cas, parce que je ne pense pas qu'il y ait un cas
qui est... On n'est pas en train de faire une check-list, là, on est en train
de répondre à... Et c'est juste ça que je veux... Je ne veux pas refaire le débat,
mais...
M. Marissal :
Non, mais 29.1, 29.2 ne font pas une check-list, mais ils nous rapprochent
quand même de quelque chose à suivre, là, en termes de séquence, parce que,
sinon, là, on va se retrouver dans un cas, là, où il y a quelques médecins au
Québec, là, qui vont être assez libéraux, dans le sens «petit l», là, qui vont
être prêts, eux autres, là, à y aller, là, dès qu'il y a la moindre
manifestation contenue dans la déclaration, puis ces gens-là vont se retrouver,
là, à être appelés, dans plein, plein, plein de cas, à aller administrer l'aide
médicale à mourir parce que leurs collègues ne veulent pas le faire.
M. Dubé :
Mais je pense qu'avec ce qu'on a là, c'est... les balises sont assez
fortes. Moi, je suis plus de l'autre côté, pour qu'il y ait un jugement médical
correct, approprié, avec les bons médecins, qui vont être capables d'avoir un
peu de marge de manoeuvre pour dire : C'est vraiment ça que la personne
voulait dire. Moi, c'est juste ça que je dis aujourd'hui. Je ne sais s'il y a
d'autres commentaires, mais...
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
la députée de Maurice-Richard avait demandé la parole puis, après ça, Mme la
députée de Mille-Îles.
• (12 heures) •
Mme Montpetit :
Bien, c'est juste pour être certaine... Puis tant mieux si on arrive à
s'entendre, là. Je ne sais pas si ça peut mettre de l'eau au moulin sur les
questions que le ministre posait, mais aussi ça soulève un questionnement dans
ma tête, la façon que la discussion avance. Puis, quand on a eu les
consultations, c'est vrai que ce qui nous a... qui a été porté à notre
attention beaucoup, c'était par rapport aux appréhensions par rapport aux
demandes anticipées, par rapport à l'anticipation de la souffrance. On peut
avoir une appréhension, que ce soit par rapport au vieillissement, mais
n'importe quoi, là. Je vais donner un exemple banal, j'ai quelqu'un qui apprend
à faire du vélo, qui se dit : Si je tombe, je vais me faire mal, mais ce
qui est important, c'est, quand il est tombé, est-ce qu'il s'est fait mal ou pas. C'est toute la différence entre une
anticipation d'une souffrance et une souffrance contemporaine.
Donc, c'est un peu la
même chose, quelqu'un peut effectivement dire, avec son... Puis, tu sais, je
veux dire, c'est certainement un choc
immense d'avoir un diagnostic d'une maladie qui va mener à un déclin
irréversible, je pense qu'on peut
avoir toutes sortes d'appréhensions sur la souffrance qu'on anticipe, mais, à
mon avis, le déclencheur, le noeud, l'évaluation,
puis c'est ce dont on parle depuis le début, c'est que ça doit se faire de
façon contemporaine et objectivable.
Donc, la personne,
effectivement, elle peut évoquer des souffrances qu'elle anticipe. Mais, une
fois qu'on a dit ça, c'est au moment x, plusieurs années plus tard, que le
médecin devra évaluer, à ce moment-ci, si elle souffre ou pas par rapport à ce
qu'elle avait anticipé, parce que ça se peut qu'elle ait anticipé quelque chose
et que, finalement, ça ne se traduise pas par une souffrance. On le souhaite,
là.
M. Dubé :
...si je peux me permettre, M. le Président, c'est un excellent exemple que
vous venez de donner, avec un problème physique, hein? Vous me dites : Si
je tombe puis je me fais mal, je voudrais être opérée. Et la journée que vous
tombez puis que vous voulez être opérée, le médecin vous touche, puis, oui, ça
fait mal. Ça, pour moi, c'est physique. C'est quand on arrive dans le
psychique, c'est là que ça devient complexe. Moi, je pense que c'est beaucoup
plus complexe, et c'est là que l'expertise médicale...
Puis je pense que
c'est juste ça qu'on est en train de se dire ce matin. Puis on me faisait
remarquer, puis, je pense, c'est un excellent point, on a même dit que ça
devait être deux opinions médicales. Ça fait que je pense que, si on s'entend
entre nous, dans un sujet aussi délicat, que c'est ça, notre objectif, de
laisser la place au médecin de traduire ce que la personne veut, mais en autant
que ça respecte les objectifs qu'on a mis ici, je pense qu'on va être corrects. Mais j'aime beaucoup votre exemple,
parce qu'il est beaucoup plus facile de définir une souffrance physique
qu'une souffrance psychique qu'on n'a jamais vécue.
Mme Montpetit : Bien,
je pense que, si ça peut vous aider dans votre réflexion, je parle de
souffrance psychique, là, je vais vous donner un... Puis je pense qu'il
y a plein d'exemples, on peut... On est... On appréhende toujours des choses,
qu'on soit apte ou inapte, je veux dire. Est-ce que, la journée où on va se
faire laisser par son conjoint, on appréhende que ça nous fera mal? Est-ce que
ça va nous faire mal ce jour-là? On ne le sait pas.
M. Dubé : Mais peut-être ça
fait du bien, aussi. Ça dépend.
Mme Montpetit : Voilà. Est-ce
qu'on appréhende qu'un proche décède? Je ne sais pas si c'est... Est-ce qu'on
pense que notre vie va être terminée? Est-ce que, finalement, le deuil va se
faire de façon sereine? Je pense qu'on... La douleur émotionnelle, c'est
quelque chose que, tant qu'on ne la vit pas, c'est un peu difficile de savoir
exactement comment on va la subir, là. Donc, je pense, c'est tout ça où il faut
s'assurer que c'est contemporain, l'évaluation qui est faite, et non sur des
appréhensions ou des projections d'une souffrance anticipée.
Le
Président (M. Provençal)
:
Puis je vais céder la parole à la
députée de Mille-Îles et, par la suite, à la députée de Roberval. Mais il ne faut jamais avoir... il ne
faut pas oublier, aussi, notre toile de fond qui, selon moi, était le
29.0.1, dans lequel il y avait quand même des éléments bien précis qu'on a
adoptés. Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci, M. le
Président.
Je veux qu'on... Je vais reprendre un sillon
d'hier, parce que la députée de Joliette disait : Il ne faut pas vendre un faux rêve aux gens qui, en ce moment,
nous écoutent puis disent : J'ai peut-être une porte de sortie, parce
que j'appréhende. Donc, quand on dit «une souffrance physique», effectivement,
c'est concret; psychique, bien, il faut que
ça soit accompagné avec des signes concrets, sinon la personne va remplir son
formulaire avec un sentiment qu'on va la libérer d'une peur qui lui
appartient, mais qui n'est pas décrite comme une souffrance notable ou
observable.
Donc, je reviens à hier, mais en même temps je
me lève un drapeau jaune pour dire : Il ne faut pas vendre de rêves, il
faut être concrets puis il faut que ça soit, comme vous le disiez, applicable,
sinon, bien, on est en train de passer à côté d'une belle occasion, des gens
qui nous ont interpelés pour dire qu'ils avaient besoin d'être rassurés puis
d'avoir accès à quelque chose. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Roberval.
Mme Guillemette : Merci, M. le
Président.
Hier, on était dans l'article, là... je crois,
c'est 29.2, qui dit que le médecin doit aviser la personne qui va signer son
formulaire que, seul, un trouble psychique, cognitif ne donnerait pas
nécessairement accès à l'aide médicale à mourir. On le dit déjà, là, le médecin
va déjà aviser la personne, et là on est au moment de la signature du
formulaire. On peut bien penser puis ressentir quelque chose, mais, rendu au
bout, c'est la responsabilité du médecin, qui a un ordre professionnel, à dire
si, oui... Bien, puis ils sont deux médecins, en plus, puis le tiers de
confiance aussi, qui lèvent le drapeau, et puis il y a l'équipe médicale tout
autour. Ça fait que je pense qu'on a plein de pare-feux en s'en allant.
Là, on est au moment de la signature du
formulaire, mais je pense qu'au moment de l'administration on a beaucoup de pare-feux
qui viennent protéger et le patient, mais aussi le médecin, parce qu'on ne veut
pas qu'il y ait de poursuite après un médecin qui a donné trop tôt l'aide
médicale à mourir, une équipe. Donc, je pense qu'en cours de route on a
beaucoup de pare-feux qui vont nous mener au moment de...
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'amendement à l'article 29.5 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté.
Maintenant, est-ce qu'il y a des interventions
sur l'article 29.5 amendé? Oui, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Juste ma remarque
de conclusion là-dessus. On a choisi de mettre le mot «objectivables», je pense
que c'est un bon choix. Il faut être conscients que ça veut dire que ça donne
un grand rôle au médecin. Il a, oui, son libre arbitre, son jugement
professionnel, mais ça limite ce que la personne peut inscrire comme type de
souffrance, parce qu'elle est guidée par le médecin, qui, lui, dit que ça doit
être objectivable, et, pour qu'il contresigne, il faut que ce soit
objectivable. C'est ce que je voulais souligner.
Et puis, hier, peut-être que j'ai mal lu
l'amendement, mais l'amendement qui a été fait à la suite de ma demande, ça n'a
pas repris ce que j'avais suggéré, là, Mme la députée de Roberval, donc ça n'a
pas parlé de perte d'autonomie ou cognitive,
ça a plus été quelque chose avec des situations. Donc, juste pour qu'on soit
clairs, là, s'il y a des gens qui nous suivent, ça ne fait pas partie du
projet de loi.
Le Président (M. Provençal)
: S'il n'y a pas d'autre intervention
sur le 29.5 amendé, je vais avoir besoin de votre consentement pour qu'on
revienne au 29.4, parce qu'on avait un amendement qui va être déposé par M. le
ministre. Consentement?
Des
voix : Consentement.
Le Président
(M. Provençal)
: Et,
au 29.4, M. le ministre, compte tenu que vous modifiez l'amendement que vous
aviez déjà déposé, ça prend un consentement pour retirer l'amendement qui était
déjà... Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président
(M. Provençal)
: Et
là, M. le ministre, on va y aller avec l'amendement — on va
le projeter à l'écran — qui
a été refait suite aux remarques que la députée de Joliette...
M. Dubé :
Il faut juste que je me rappelle l'objectif de l'amendement, là. C'était
quoi? C'était sur le rôle du tiers de confiance?
Une voix :
...
M. Dubé :
Ah! O.K. C'est là qu'on avait eu une suggestion de terminologie.
Le Président
(M. Provençal)
: De
la députée de Joliette.
M. Dubé :
O.K., c'est bon. Alors, ce que je dis là... Je vais juste le lire, avant,
là.
Le Président
(M. Provençal)
: Regardez, pour mieux
vous situer...
Des
voix : ...
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce que ça va, M.
le ministre?
M. Dubé :
Oui, ça va. Je voulais juste savoir ce que je lisais, avant, là.
Le Président
(M. Provençal)
: O.K.
Alors, pourriez-vous nous faire la lecture?
• (12 h 10) •
M. Dubé :
Avec plaisir, puis, s'il y a des explications, on pourra les donner. Très
bien, merci.
Alors :
Remplacer le premier alinéa de l'article 29.4 de la Loi concernant les
soins de fin de vie, proposé par l'article 16 du projet de loi, par
l'alinéa suivant :
«La personne peut
désigner dans sa demande anticipée un tiers de confiance auquel elle confie les
responsabilités suivantes :
«1°
aviser un professionnel de la santé ou des services sociaux qui dispense à la
personne des soins en raison de sa maladie lorsqu'il croira qu'elle
éprouve[...] :
«a) les
souffrances décrites dans sa demande;
«b) des
souffrances physiques ou psychiques constantes, insupportables et qui ne
peuvent être apaisées dans des conditions jugées tolérables;
«2° lorsque la
personne est devenue inapte à consentir aux soins, aviser de l'existence de la
demande tout professionnel de la santé ou des services sociaux qui dispense des
soins à la personne en raison de sa maladie ou en rappeler l'existence à un tel
professionnel.»
L'amendement a pour
but de clarifier le rôle du tiers de confiance dans le cadre de la demande
anticipée d'aide à mourir.
Le Président
(M. Provençal)
: Y
a-t-il des interventions sur l'amendement?
Mme Hivon :
...
M. Dubé : ...je peux-tu faire une
suggestion? C'est que, si vous allez en bas, où on a le combiné avec
l'ancien projet de loi, vous allez voir
qu'on continue de parler du deuxième tiers. Alors, si vous allez... Est-ce que
vous l'avez en...
Mme Hivon :
...j'étais bloquée sur mon Greffier, ça fait que, là, je viens d'y avoir
accès.
M. Dubé :
Ah! O.K. Bien, regardez...
Mme Hivon :
C'est pour ça que je demandais 10 secondes.
M. Dubé :
Bien, c'est ça, j'ai pensé que c'était ça, votre question, là. Puis je pense
qu'on le voit à l'écran, là.
Le Président
(M. Provençal)
: On
a projeté à l'écran, si ça peut vous aider, Mme la députée.
M. Dubé : Ça fait que le
deuxième tiers, il était déjà traité dans le projet de loi tel que déposé.
Mme Hivon : Ce
n'est pas écrit la même chose qu'avant? «La personne peut également désigner
dans sa demande un second tiers de confiance qui, s'il a des motifs de croire
que [la personne] est [empêchée] d'agir...» Moi, c'était exactement mon point,
que je ne voulais pas que ça soit le deuxième tiers qui fasse l'évaluation,
mais que ça soit écrit «objectivement».
M. Dubé : O.K. Alors, je
comprends. Est-ce que...
Mme Hivon : J'essaie juste de
voir la...
Le
Président (M. Provençal)
:
Auriez-vous un commentaire à
formuler, maître... Je demanderais le consentement pour donner la
permission à Me Lavoie de s'exprimer. Consentement? Merci. Me Lavoie.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui.
C'est ça, comme le ministre l'a mentionné, on revient à ce qui était initialement
prévu dans le projet de loi, qui dit qu'une personne peut désigner un deuxième
tiers de confiance, qui est un tiers substitut, qui va agir si le premier est
empêché d'agir, ou si le premier refuse d'agir, ou s'il néglige de le faire.
Donc, il remplace, là, momentanément, là.
Mme Hivon : O.K. Je pense, je
ne dois pas être claire dans mes... parce qu'en fait mon point, c'était que le
deuxième tiers, ce ne soit pas lui qui ait le fardeau de juger si le premier
est empêché, refuse, que ce soit une obligation plus objective, parce que, là,
le deuxième, il se ramasse dans une position où c'est lui qui a le fardeau de
dire : On doit enlever le premier tiers, ça fait que je trouvais que ça
pouvait mener à de drôles de situations.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de D'Arcy-McGee, puis
après ça...
M. Birnbaum : Mais, justement,
on peut avoir une discussion pour voir si on aurait réglé le problème, si c'est
une faute d'orthographe, si ça devrait se lire comme ça : «La personne
peut également désigner dans sa demande un second tiers de confiance qui, si
elle a des motifs...» On donne un pouvoir à ce tiers, comme j'ai dit avant,
deux choses : premièrement, de trancher et dire au deuxième tiers :
Ce premier-là, il n'est plus apte, il n'est pas présent, ça devra être moi;
deuxièmement, un autre effet, j'espère, non voulu, on invite le médecin
traitant, à ce point-là, d'être arbitre et de dire : Oui, oui, oui, ça me
convient qu'on passe à un deuxième tiers au lieu du premier. Alors, je n'ai aucunement
l'impression que ces deux choses-là refléteraient l'intention du législateur.
Alors, on a un amendement à apporter. Comment ça
se fait que c'est un deuxième tiers qui va trancher sur la pertinence et les
qualités du premier tiers? Et, devant la personne qui est rendue inapte,
possiblement, ou... oui, rendue inapte, donc, le médecin va avoir à présider
sur le choix d'un tiers, ça n'a aucun sens. Alors, il faut clarifier les
intentions, si... dans un premier temps, et proposer un amendement selon ces
intentions-là, de mon avis.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Je vous
remercie. Bien, pour rejoindre ma voix à celle de mes collègues, ce qui a été
discuté hier, moi, j'étais bien confortable avec ça, puis ça ne demande pas une
grosse modification. Ce serait à la... Je le propose comme ça, mais ce que
je... si je comprends bien ce qui est soulevé, ce serait d'enlever «s'il a des
motifs de croire», donc, et le remplacer par «si le premier est empêché d'agir,
refuse ou néglige de le faire, le remplace». En fait, c'est pour enlever une
situation où le tiers fait cette évaluation-là, alors qu'on ne souhaite pas
qu'il fasse une évaluation. On souhaite que le premier tiers de confiance soit
dans un empêchement, soit dans une incapacité d'agir, il faut que ce soit objectif. On va revenir au mot «objectif», mais je
pense qu'en faisant simplement cette modification-là, ce serait clair et
limpide comme compréhension, là.
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
M. Dubé : ...faciliter la
discussion, est-ce...
Une voix : ...
M. Dubé : Pardon?
Une voix : ...
M. Dubé : Bon, je pense que...
si votre suggestion, Mme la députée, reflète la demande de la députée de
Joliette et que ça reflète aussi la vôtre, je pense qu'on peut faire une
suggestion de correction d'amendement. Est-ce que ça va?
Mme Lavoie (Térésa) : Oui. On
n'avait juste pas compris le point, hier, là.
M. Dubé : O.K.
Le Président
(M. Provençal)
: Afin
de... Moi, je comprends qu'il y a un consentement de la part... informel, qu'on
a une bonne compréhension de la volonté. Je vous suggère, un peu comme on l'a
fait tout à l'heure, qu'on aille à 29.6 et qu'on revienne, pendant qu'on est en
train de préparer la modification. Ça vous va-tu?
M. le ministre, 29.6, s'il vous plaît. Et on va
retirer ou suspendre l'amendement, là, parce qu'on va en avoir un nouveau, mais
on pourrait le faire immédiatement.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Alors, on va retirer
l'amendement. Oui, M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Je
n'ai pas capté, tantôt, là. Est-ce qu'on a voté 29.5? On a voté l'amendement,
on n'a pas voté 29.5.
Le Président (M. Provençal)
: On n'a pas besoin de voter, on a...
Moi, j'ai demandé s'il y avait d'autres interventions sur le 29.5 amendé. Il
n'y avait aucun commentaire. Je suis revenu au 29.4 parce qu'il y avait un
amendement qui était en préparation. On constate, de façon commune, que
l'amendement ne traduisait pas la volonté des parlementaires, et là on va
refaire un nouvel amendement qui va vraiment traduire...
M. Marissal : Là, vous parlez
de 29.4, là?
Le Président (M. Provençal)
: Hein? À 29.4.
M. Marissal : O.K. Mais l'amendement
à 29.5 remplaçait 29.5, c'est ça que vous me dites?
Le Président (M. Provençal)
: Non, non. Il y a eu un amendement à
29.5 qui venait...
M. Marissal : Oui, on l'a voté,
oui.
Le Président (M. Provençal)
: Parce que c'était... on insérait
quelque chose.
M. Marissal : Oui, on l'a voté,
on l'a adopté.
Le Président (M. Provençal)
: C'est ça. On n'a jamais besoin
d'adopter les différents points qu'on fait, présentement, M. le député, parce
qu'ils font... ils sont à l'intérieur d'un article, l'article 16.
Lorsqu'on aura traité l'ensemble...
M. Marissal : O.K., c'est bon.
Le Président (M. Provençal)
: ...là je demanderai s'il y a des
interventions sur l'article 16, et, s'il y a des éléments, on pourra y
revenir. Est-ce que mes explications sont correctes?
M. Marissal : Oui, oui, oui.
Le Président (M. Provençal)
: Bon. Donc, je réitère ma demande,
compte tenu que le 29.4 est retiré, on laisse travailler nos légistes et on
irait traiter le 29.6.
29.6, M. le ministre.
M. Dubé : Avec plaisir — merci,
M. le Président :
«29.6. La demande anticipée doit être faite par
acte notarié en minute ou devant témoins au moyen du formulaire visé au
deuxième alinéa de l'article 29.1.
«Lorsque la demande est faite par acte notarié
en minute, le formulaire dûment rempli doit être joint à l'acte notarié.»
Je
continue : «Lorsque la demande est faite devant témoins, la personne
déclare, en présence de deux témoins, qu'il s'agit de sa demande
anticipée, mais sans être tenue d'en divulguer le contenu.
«Les témoins datent et contresignent le
formulaire.
«Le troisième alinéa de l'article 27
s'applique à un témoin contresignataire comme s'il était un tiers. Un tel
témoin ne peut être désigné à titre de tiers de confiance dans la demande. Il
ne peut non plus agir à titre de professionnel compétent aux fins de
l'administration de l'aide médicale à mourir à la personne.»
Commentaires?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, s'il vous plaît. Et vous avez un
amendement, M. le ministre.
M. Dubé : Oui, tout à fait.
Merci beaucoup. 29.7, j'y arrive, excusez-moi...
Le Président (M. Provençal)
: 29.6.
M. Dubé : 29.6.
C'est juste que... O.K., j'ai la bonne page.
L'article 29.6
proposé par l'article 16 du projet de loi énonce le formalisme nécessaire
aux fins de la finalisation de la
formulation de la demande anticipée d'aide médicale à mourir, notamment pour en
assurer l'authenticité et l'intégrité. Il prévoit également certaines règles eu égard aux qualités que les témoins
agissant dans le cadre d'une demande anticipée doivent présenter.
• (12 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: Et là je vais vous inviter à nous
faire lecture de votre amendement à 29... C'est 29 point...
Des voix : 29.6.
M. Dubé : 29.6.
Le Président (M. Provençal)
: ...6, excusez.
M. Dubé : Très bien, pas de
problème. Je peux lire l'amendement à 29.6, oui?
À l'article 29.6 de la Loi concernant les
soins de fin de vie proposé par l'article 16 du projet de loi :
1° remplacer, dans le
premier alinéa, «deuxième» par «premier»;
2° remplacer le cinquième alinéa par le
suivant :
«Un tel témoin ne peut être un mineur ou un
majeur inapte. Il ne peut non plus être désigné à titre de tiers de confiance
dans la demande ou agir à titre de professionnel compétent aux fins de
l'administration de l'aide médicale à mourir à la personne.»
Cet amendement modifie l'article 29.6 de la
Loi concernant les soins de vie par concordance avec un amendement apporté à
l'article 29.1 de cette loi.
Le
Président (M. Provençal)
: Y a-t-il des interventions concernant l'amendement?
Oui, M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Bien,
sur le fond de ce qu'il y a là, ça m'a l'air respecter ce dont on a discuté.
Par contre, est-ce que ce n'est pas là qu'on devrait avoir une
discussion sur la question de la vidéo ou le support vidéo ou on a décidé qu'on
mettait ça de côté? Qu'est-ce qu'on fait avec ça? Parce que, là, on parle
d'acte notarié en minute par un notaire. Ça,
c'est déjà une chose, là, les notaires nous ont mis en garde sur certains
trucs, notamment les tarifs puis peut-être un encadrement de ça, là. Et
le formulaire... bon, le formulaire, ce sera tel que tel, là. Puis il y avait
aussi toute la question de témoignages vidéo, au moment de l'aptitude,
évidemment, là. Dites-moi, si je ne suis pas à la bonne place, on ira de
l'avant, mais je pense que c'est là que ça irait si on a une discussion à avoir
là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
: Je veux juste nous rappeler qu'hier
on a fait référence à la notion du vidéo quand on a soulevé des éléments en
lien avec le formulaire. Dans le formulaire, on disait qu'il y avait trois
sections, là, de mémoire, possibles, puis qui nous avaient été expliquées, je
pense, par Mme Lewis. Maintenant, il avait été convenu — et là
je peux me tromper — que
le vidéo n'était pas une option nécessaire. C'était le formulaire, et le vidéo
pourrait être une preuve additionnelle, si les gens voulaient la joindre. C'est
dans ce sens-là que moi, j'avais compris les échanges, M. le député.
Maintenant, je vous demanderais de préciser votre position, s'il vous plaît.
M. Marissal : Est-ce que c'est
bel et bien ça qu'on a... ce sur quoi on s'est arrêtés hier?
M. Dubé : Puis
on a même ajouté qu'il fallait s'assurer que, s'il y avait un texte ou la vidéo
qui devait primer, c'est le texte plutôt que la vidéo. Alors, je pense
que ce sera... Puis même il y a eu une suggestion, je ne me souviens pas de qui,
mais que ça pourrait être indiqué dans le formulaire qu'une vidéo accompagne ou
un lien accompagne...
M. Marissal : Qui est versée,
oui.
M. Dubé : Je pense qu'on peut
laisser ça à la préparation du guide qu'on va faire par la suite.
Mme Guillemette : Si je peux me
permettre, M. le Président...
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
Mme Guillemette : ...en fait, bien, on l'a eu beaucoup en
commentaire à la commission, on avait eu un drapeau rouge, un peu, là, de ce côté-là. Mais les
médecins sont venus nous dire, puis, bon, le Barreau, la Chambre des
notaires aussi, que ça pourrait peut-être
être une bonne idée, sauf que le vidéo seul n'est pas accepté, ça prend un
écrit, et ceux qui veulent ajouter un
vidéo ajouteront un vidéo, mais que c'est l'écrit qui fait foi et qui prime sur
la vidéo. C'est nos discussions d'hier.
M. Marissal : ...dans nos
discussions, il y a deux semaines, avec les médecins de terrain, c'est quelque
chose qui est revenu. Et je comprends aussi qu'il y a une difficulté
d'archivage d'une telle chose, là.
Le
Président (M. Provençal)
: C'est
ça.
M. Marissal :
Ce n'est peut-être pas prévu ainsi, je comprends ça, là. Très bien.
Mme Guillemette :
Mais l'idée, c'est qu'un vidéo seul ne serait pas admissible.
M. Marissal :
C'est ça, on s'entend.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme
la députée de Mille-Îles, je pense que vous avez demandé la parole?
Mme Charbonneau :
Oui. Merci, M. le Président.
Je vais vous exprimer
mon inquiétude, puis probablement que vous allez être capable de me rassurer.
Si j'ai une lettre, dans mon tiroir de bas, qui est signée par deux témoins
puis qui parle de mes demandes, elle est facilement accessible. Si elle est
chez un notaire, est-ce que mes délais d'accès aux documents... est plus
difficile?
Je vous pose la
question parce que j'ai cet âge où j'ai des collègues ou des amis que leurs
parents décèdent, puis l'acte notarié, tu sais, tout le dédale que ça crée pour
la personne qui s'occupe du testament, et tout, et tout. Donc là, on parle
d'une tierce personne qui est encore en vie, qui est inapte, mais qui a notarié
son document. Donc, est-ce que je suis dans des délais déraisonnables pour
cette personne-là ou si je suis encore dans des délais... Parce qu'on va
demander au notaire d'avoir une vitesse de croisière plus rapide, parce qu'il y
a quelqu'un qui vient de lever un drapeau jaune pour dire : Voici où je
suis rendu, c'est là que je devrais avoir les soins de fin de vie, et là le
notaire dit : Bien, pas cette semaine parce que j'en ai plein mes baskets,
ça fait que je vais vous rencontrer juste...
Comprenez-vous ce que
je veux dire? C'est l'accès au document qui est notarié dans la vitesse de
croisière que je peux avoir. Je vous le dis, je vous soumets une inquiétude. Ce
n'est pas dans le projet de loi, là, mais je vous soumets cette inquiétude-là.
Je demande juste d'être rassurée.
Une voix :
...
Le Président (M. Provençal)
: C'est comme vous voulez.
Consentement pour que Mme Lewis puisse s'exprimer? Vous pouvez
venir vous asseoir ici, Mme Lewis.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Bonjour. Marie-Josée Lewis, experte-conseil, au
ministère de la Santé et des Services sociaux, en aide médicale à mourir et en
éthique.
En fait, peut-être,
Mme la députée de Mille-Îles, à quoi vous référez, c'est l'accès... en fait, la
lettre qui pourrait être écrite, là, mais la
lettre qui pourrait être écrite dans notre tiroir ne sera pas un document qui
va être reconnu comme le formulaire des demandes anticipées. Il va bel
et bien y avoir... à avoir un formulaire de demande dûment complété avec le
professionnel de la santé, puis la personne, après... le professionnel
compétent, pardon, puis après la personne, soit qu'elle va avoir le choix de faire
signer par deux témoins indépendants ou de prendre le formulaire, d'aller chez
le notaire puis de joindre le formulaire avec un acte notarié. Puis comment ça
pourrait fonctionner puis ça va sûrement fonctionner, c'est que ça va être
calqué sur qu'est-ce qu'on fait pour le Registre des directives médicales
anticipées. Donc, tout est prévu, à la RAMQ, qui ont le support puis qui gèrent
ça, c'est que le notaire envoie l'acte notarié en minute, il l'envoie à la
RAMQ, puis le professionnel qui va accéder au registre va avoir l'acte notarié
en minute avec le formulaire. Ça va être la même chose si le professionnel
compétent envoie le formulaire dûment rempli avec les témoins. Ça fait que les
deux vont être aussi vite accessibles. Je ne sais pas si c'était ça, votre
question.
Mme Charbonneau :
C'était exactement ça. Merci, Mme Lewis.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Parfait.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
va?
Mme Charbonneau :
Oui.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui. Hier, quand on a
discuté du vidéo, on s'est tous entendus, donc, que ce serait une
possibilité, qu'on ne voulait pas être trop formels autour de ça. Moi, j'ai
juste une question pour le ministre ou l'équipe. Là, on s'est tous entendus que
c'était l'écrit qui devait avoir préséance s'il y avait discordance entre les deux, mais est-ce que ça ne prend pas une base
légale pour que ce soit le cas pour ne pas, justement, que les médecins
se cassent la tête, dans la pratique? J'imagine, dans un guide de pratique des
médecins, eux autres, ils ne peuvent pas venir établir la règle légale que le
formulaire a préséance sur la vidéo. Donc, c'est la seule question qui me reste
par rapport à ça : Est-ce qu'il faudrait l'inscrire quelque part pour
qu'il y ait une assise juridique claire par rapport à ça pour ne pas que les
gens sur le terrain soient mal pris?
M. Dubé : Je vais reposer la
question autrement, parce que j'apprécie... Je peux aller?
Le Président
(M. Provençal)
: ...
M. Dubé : J'apprécie la
question. Est-ce que, lorsque vous demandez ça... Est-ce que ça devrait être
dans la loi, ou ça devrait être précisé dans le formulaire puis ça serait aussi
valide? Vous me suivez? Parce que...
Mme Hivon : Oui, c'est ça, ou
on peut l'écrire pour ne pas qu'il y ait d'ambiguïté puis que les médecins se
disent : C'est clairement écrit, là, j'ai l'obligation légale de
respecter.
M. Dubé : Non, non, c'est pour
ça que je vous le demande, en fait, parce que c'est une chose... on peut
l'écrire dans la loi, dans le cas d'une vidéo, ça serait ça, ou on peut
l'écrire dans le guide. Et moi, en fait, je vais reposer la question, c'est par
ce que c'est ça que vous me demandez, là : Est-ce qu'on a besoin de le
préciser?
Mme Hivon : Je me demande s'il
faut une assise légale pour être sûrs, c'est ça.
M. Dubé : O.K.
Est-ce que ça vous dérangerait qu'on pose la question à nos experts? Qu'est-ce
qui est le mieux?
Le Président (M. Provençal)
: Pas de problème. Mme Lewis.
M. Dubé : Restez donc pas loin,
Mme Lewis.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que... Mme Lavoie,
voulez-vous répondre, oui?
• (12 h 30) •
Mme Lavoie (Térésa) : Oui. Pour
le fondement légal, là, dans le formulaire prescrit, je suis assez rassurée,
parce que le formulaire prescrit, il est prescrit par le ministre. Donc, on va
pouvoir le mentionner dans le formulaire prescrit. Puis ce n'est pas impossible
qu'il y ait deux formulaires aussi, là, dans le sens qu'on pourrait avoir un
formulaire avec vidéo puis un formulaire sans vidéo, puis à ce moment-là on va
pouvoir faire la mention dans le formulaire, puis ça va avoir valeur légale,
là, pas de problème.
Mme Hivon :
Parfait. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Ça vous va? M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Oui, mais je veux
réitérer ma préoccupation, qui était peut-être partagée ou non, de l'équité.
Moi, je ne veux pas voir ça dans la loi. Moi, j'ai mes réticences un tout petit
peu dans la forme, alors j'aimerais... même dans le formulaire, j'aimerais que
ça soit très clair dans le formulaire aussi qu'on parle de quelque chose de
facultatif. Il y a du monde partout qui n'aurait pas accès à une vidéo qui
serait cohérente, ou utilisable, ou aidante pour le médecin, alors qu'on...
Le Président (M. Provençal)
: Je m'excuse, mais je veux vous
rappeler qu'on a vraiment redit tous ces points-là hier, quand on a parlé du
formulaire, et vous l'avez bien spécifié, et on nous a bien expliqué qu'au niveau
du formulaire il va y avoir des éléments très précis pour ne pas qu'il y ait
d'ambiguïté. Puis je comprends que vous, vous ne voulez pas d'ambiguïté, pour
bien comprendre que le formulaire va être la pièce maîtresse.
Ceci étant dit, est-ce qu'il y a des
commentaires concernant... des interventions concernant l'amendement déposé à
29.6?
S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: O.K. Maintenant, sur le 29.6 amendé, y a-t-il
des interventions? Est-ce qu'il y a des interventions? Parce que je veux être
sûr, là, que c'est correct.
S'il n'y a pas d'intervention, je vous demande
de...
Mme Hivon : ...intervention. Je
veux juste qu'on soit sûrs, les deux témoins, là, nous, on avait recommandé,
dans le rapport, effectivement, deux témoins, acte notarié ou avec deux
témoins. Et puis je ne veux pas... Ma seule préoccupation, c'est qu'après, dans
la loi, on dit que tout ce beau monde là va devoir être réuni en même temps avec
le médecin, le patient, les deux témoins. On sait la réalité de la vie, donc
c'est quand même costaud. Vous allez nous préciser pour le notaire. Vous m'avez
dit, l'autre jour : Le notaire n'a pas besoin d'être là en même temps que
le médecin. Je veux juste que vous me spécifiiez où c'est clair que le notaire
n'est pas obligé d'être là en même temps que le médecin. Mais j'avais juste...
je voulais juste soumettre ça. Puis, si le ministre dit : C'est clair,
puis tous mes collègues disent : On veut deux témoins... Moi, j'avais
juste la réflexion de me dire : La personne est apte, est-ce qu'un seul
témoin plus le médecin qui va contresigner puis tout ce beau monde là dans le
cabinet, c'est suffisant, ou on veut vraiment deux témoins? Là, on ne parle pas
des tiers, puis tout ça. Mais là, vous comprenez, ça prend la personne, le
médecin, les témoins, le tiers de confiance, puis, s'il y en a un deuxième, le
deuxième tiers de confiance. Peut-être, c'est les mêmes que les témoins. Ça
peut-tu être les mêmes que les témoins, les tiers de confiance?
Une voix :
Non.
Mme Hivon : Non.
Donc, six personnes réunies dans le bureau du médecin pour faire la demande, je
pense qu'on a une petite réflexion à faire : Est-ce bien réaliste? Et
est-ce qu'on devrait limiter à un témoin? La personne est apte. En tout cas,
quand j'ai vu que tout le monde devait être réuni, là, j'ai eu cette
préoccupation-là.
M. Dubé : Je pense que
Mme Lewis...
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Vous n'êtes pas sans
savoir que... Puis vous l'avez nommé, Mme la députée de Joliette, là, c'est
dans votre rapport de la commission spéciale.
Mme Hivon : Oui, tout à fait.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Puis ça, même, c'est dans
le rapport du groupe d'experts à l'inaptitude de Jocelyn Maclure puis Nicole Filion. Donc, c'est une recommandation, je
l'ai devant les yeux, c'est la recommandation n° 4,
qui est deux témoins.
Mme Hivon : Oui. Moi, je...
mais ils n'avaient pas dit que tout ce monde-là devait être réuni. Donc, c'est
ça qui... Moi, je veux juste, dans la... Je
veux juste qu'on soit conscients de ce que ça représente. Tu sais, j'ai
toujours ce souci-là sur le terrain, là, que c'est... à quoi ça va
ressembler. Donc là, ça veut dire : personne qui veut faire sa demande, le
médecin, ses deux témoins puis potentiellement ses deux tiers de confiance.
C'est beaucoup de monde, dans le cabinet du
médecin, qu'il faut réunir en même temps. Peut-être c'est possible. Peut-être
qu'on va prévoir, j'imagine, à la
RAMQ, tout ce que ça va impliquer, là, pour le médecin, qui devient presque un
notaire, là, dans ces circonstances-là.
Ça fait que je voulais juste le soulever. Je me
demande si ce n'est pas, dans les circonstances... si on veut maintenir le fait
que tout le monde est ensemble... Nous, on n'avait pas écrit dans le rapport
qu'absolument tout le monde devait être ensemble. Donc, on se laissait cette
marge de manoeuvre là que, je veux dire, le témoin peut signer, puis après tu
vas chez ton médecin, puis là lui, il contresigne. Mais là, dans la mesure où,
dans la loi, si on pense, c'est le bon
alignement d'avoir tout le monde ensemble, je veux juste qu'on soit conscients
de ce que ça implique.
Donc, deux choses l'une, soit qu'on garde cette
rigueur-là plus tous dans le bureau du médecin, ou on dit : On peut
peut-être alléger puis avoir juste un témoin, tous dans le bureau du médecin,
ou peut-être on peut se dire : peut-être pas tous en même temps dans le
bureau du médecin puis que c'est correct. Donc, c'est... je voulais voir si
vous aviez fait une réflexion là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que... par rapport à tout ce
que vous venez de mentionner, est-ce que c'est parce que vous... vous anticipez
une discussion au 29.7?
Mme Hivon : Bien, en fait, je
le souligne ici parce que c'est là qu'on dit qu'il faut deux témoins, mais
évidemment on peut faire la discussion plus tard puis on y reviendra.
Le Président (M. Provençal)
: Non, non, non, mais... Puis je ne
veux pas limiter la discussion, là, mais je trouvais que vous touchiez quand
même beaucoup, beaucoup le 29.7.
Mme Hivon : Tout à fait. La
raison pourquoi je le soulève ici, c'est parce que c'est la... c'est l'endroit
où on dit que ça prend deux témoins.
Le Président (M. Provençal)
: Puis je suis d'accord avec vous.
Mme Hivon : Mais vu
qu'effectivement on n'adopte pas les articles, on pourra revenir à cette
discussion-là quand on parlera de réunir tout ce monde-là, là, mais je le
soulève ici pour ça.
Le Président (M. Provençal)
: Mais votre préoccupation est quand
même... je la partage.
M. Dubé : Peut-être,
Mme Lewis, voulez-vous commenter, s'il vous plaît?
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Mme Lewis.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Oui. Le témoin n'a pas à
être présent au moment qu'on complète le formulaire, le... il doit témoigner à
la fin, quand tout le monde signe. Donc, le professionnel compétent peut
remplir avec le tiers de confiance, parce que l'objectif que le tiers de
confiance soit là, c'est qu'il entende la discussion puis qu'il comprenne bien.
Donc, s'il y a un tiers autorisé, parce que... la personne, bien là, il va y
avoir une autre personne. Puis après, une fois que tout le formulaire est
complété avec le professionnel compétent, bien là, le témoin n'a pas à savoir le
contenu de la demande non plus. Donc, ils peuvent sortir dans le corridor,
aller chercher la secrétaire, par exemple, pour donner cet exemple-là, puis la
secrétaire va témoigner que c'est bel et bien Marie-Josée Lewis, le
6 juin, qui a signé le formulaire en présence de telle et telle personne.
Ça, c'est le devoir du témoin.
Mme Hivon : La
secrétaire plus le concierge, par exemple.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Oui, oui. Exactement.
Mme Hivon : O.K. Mais il faut
quand même avoir six personnes. Je comprends qu'ils ne seront pas là pendant
l'heure ou les deux heures qu'on va rédiger, puis tout ça, mais il faut qu'ils
viennent, au bout du processus, signer comme témoins.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Il y a plusieurs cas d'espèce. Il pourrait aussi y
avoir simplement un professionnel compétent avec la personne qui fait
ses demandes, si la personne décide de ne pas avoir de tiers puis elle fait son
acte en minute chez le notaire. Évidemment, si la personne choisit deux tiers,
a besoin d'un tiers autorisé, a besoin de deux témoins, là c'est sûr que ça
fait plus de monde, mais il y a plusieurs cas d'espèce qui sont... qui sont
permis pour que toutes les obligations soient rencontrées.
Le Président (M. Provençal)
: Mais il reste que la députée de Joliette
a soulevé un concept qui est... qui va arriver, assurément, là, au niveau du
nombre de personnes qui seraient nécessaires. Moi, je trouve que sa réflexion
était très, très, très pertinente, personnellement.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Effectivement.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée, est-ce que vous
voulez renchérir?
Mme Hivon : Bien, écoutez, moi,
je demanderais juste qu'on ait une petite ouverture, éventuellement, quand on
va discuter l'autre point...
Le Président (M. Provençal)
: 29.7.
Mme Hivon : ...de revenir ici,
si on se rend compte que c'est peut-être trop formaliste.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va, oui.
Maintenant, je reviens, est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le 29.6 amendé? Pas d'intervention.
Maintenant, nous allons, avec votre
consentement, revenir au 29.4, et, M. le ministre, je vous demande de nous
lire l'amendement que vous déposez.
M. Dubé : Ça ne sera pas long.
Ça ne sera pas long.
Des voix : ...
M. Dubé : O.K., merci.
Alors :
Remplacer les premier et deuxième alinéas de l'article 29.4 de la loi
concernant les soins de vie proposé par l'article 16 du projet de
loi par les alinéas suivants :
«La personne
peut désigner dans sa demande anticipée un tiers de confiance auquel elle
confie les responsabilités suivantes :
«1° aviser un professionnel de la santé ou des
services sociaux qui dispense à la personne des soins en raison de sa maladie
lorsqu'il croira qu'elle éprouve :
«a) les souffrances décrites dans sa demande; et
«b) des souffrances physiques ou psychiques
constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions
jugées tolérables;
«2° lorsque la personne est devenue inapte à
consentir aux soins, aviser de l'existence de la demande tout professionnel de
la santé ou des services sociaux qui dispense des soins à la personne en raison
de sa maladie ou en rappeler l'existence à un tel professionnel.
«La personne peut également désigner dans sa
demande un second tiers de confiance qui, lorsque le premier est empêché
d'agir, refuse ou néglige de le faire, le remplace.»
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a des...
M. Dubé : Commentaires... Je
veux juste bien faire les choses.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y.
M. Dubé : L'amendement a pour
but de clarifier le rôle du tiers de confiance dans le cadre de la demande
anticipée d'aide à mourir et du deuxième tiers de confiance aussi.
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il des interventions concernant
l'amendement de 29.4?
Mme Hivon :
Ça répond exactement à l'enjeu que j'avais soulevé. Merci beaucoup.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
traduit votre volonté?
Mme Hivon :
Tout à fait. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. S'il n'y a pas d'autre
intervention sur l'amendement de 29.4, est-ce que l'amendement est adopté?
• (12 h 40) •
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté.
Maintenant, est-ce
qu'il y a des interventions sur le 29.4 amendé? Ça va?
À ce moment-là, M. le
ministre, 29.7, s'il vous plaît.
M. Dubé :
Avec plaisir : «29.7. Tous les signataires du formulaire de demande
anticipée doivent être en présence les uns des autres lorsqu'ils y apposent
leur signature.»
Alors, on est rendus
exactement où vous nous disiez qu'il fallait être, et il y a un commentaire — attendez,
excusez-moi — bon :
L'article 29.7 proposé par l'article 16 du projet de loi apporte une
précision quant à la présence des différents intervenants possibles au moment
de la formulation de la demande anticipée. Il exige ainsi que tous les
signataires du formulaire de demande anticipée doivent être en présence les uns
des autres lorsqu'ils y apposent leur signature. À noter que cette règle ne
s'applique pas au notaire instrumentant puisque ce notaire ne signe pas le formulaire de demande anticipée, mais bien l'acte
notarié en minute qui scellera la demande anticipée, si l'acte notarié
est la forme retenue par la personne aux fins de finaliser la formulation de sa
demande anticipée.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci,
M. le ministre.
Maintenant, Mme la
députée de Joliette.
Mme Hivon :
Ma première question, c'est : Comment ça marche, concrètement,
quand c'est le notaire? On est venus dire
que le notaire, évidemment, il fait son acte notarié en minute, mais il faut
qu'il joigne le formulaire à son acte
notarié, donc il n'est pas dispensé d'avoir le formulaire parce qu'il y a un
acte notarié en minute. Donc, il faut quand même que tout le formalisme du formulaire avec les deux témoins... Non?
Parce que, là, il n'y a pas les deux témoins. Avec les tiers, avec le
médecin puis avec la personne, ça, ça se fait, puis après on va chez le
notaire?
Le Président
(M. Provençal)
: Me Lavoie.
Mme Lavoie
(Térésa) : Dans le fond, le formulaire, on se trouve un petit peu
contraints de garder le formalisme, parce
que, par ailleurs, dans la loi, pour les... quand il les remplit, on exige
l'assistance d'un professionnel compétent, donc on a comme deux étapes
différées dans le temps. Ça fait que la meilleure manière qu'on a trouvée de le faire, c'est, oui, de... toutes les exigences
prévues pour que le formulaire soit complété demeurent, mais le notaire
n'aura pas nécessairement à être dans le bureau du médecin ou le médecin dans
le bureau du notaire. Puis on a validé avec les notaires du ministère de la
Justice, c'est des procédures qui sont possibles, c'est des façons de faire qui
sont connues, là. La personne va pouvoir prendre son formulaire rempli avec le
médecin puis prendre un rendez-vous avec le notaire pour compléter la démarche.
Ensuite, il peut...
il pourra y avoir des lignes directrices, là, qui vont être émises par la Chambre
des notaires pour encadrer la pratique,
comme il se fait dans d'autres procédures notariales, pour que les choses se
fassent correctement. Comme par exemple, vous pouvez tenter de
communiquer avec le médecin qui a complété la demande avec le consentement de
la personne, le délai raisonnable dans lequel le rendez-vous avec le notaire
peut être pris pour ne pas qu'il se soit
écoulé trop de temps entre le fait que le formulaire soit complété puis le fait
que le notaire vient sceller le tout. Il faut quand même... on parle
d'aptitude, donc il faut toujours que la personne soit apte tout le long. Donc,
ça, c'est des choses qui vont pouvoir être encadrées par la pratique pour
s'assurer que tout est correct, là, tout se fait en bonne et due forme.
Mme Hivon :
Ça fait que, concrètement, je vais chez mon médecin, par exemple, le
12 juin, puis là j'ai mon tiers, puis là on s'entend, je décris, on signe
tout ça, puis une semaine après, je vais chez le notaire, puis j'amène mon
document, puis lui complète ça. Évidemment, les notaires, dans leur pratique
professionnelle, pourraient dire : Si ça fait six mois que tu es allé chez
ton médecin... En fait, en théorie, il n'y aurait pas d'empêchement si la personne
est toujours apte puis que les conditions sont réunies.
Mme Lavoie
(Térésa) : Oui, c'est ça.
Mme Hivon :
O.K., parfait. Puis le notaire, bien, on va le voir plus tard, hein, il est
toujours obligé de verser au registre tout ce qui a été complété.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui,
absolument.
Mme Hivon :
Parfait.
Le Président (M. Provençal)
: C'est dans les articles qui suivent.
Mme Hivon : C'est ça. C'est
parce que... un peu, tantôt, la préoccupation de la collègue aussi, ça ne
restera pas juste dans les registres des notaires, mais évidemment il y a
l'obligation d'amener ça dans le registre central.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Exact. J'avais reconnu la députée de Maurice-Richard et, par la suite, le député de Rosemont.
Mme Montpetit : Merci. Juste
pour qu'on se récapitule, pouvez-vous nous lister, donc, toutes les personnes
qui doivent signer le formulaire?
Le Président (M. Provençal)
: Me Lavoie, les personnes qui
doivent signer le formulaire, pouvez-vous nous mentionner les personnes qui
seront requises pour la signature, s'il vous plaît?
Mme Lavoie (Térésa) : Oui,
absolument. Il va y avoir le professionnel compétent, la personne elle-même,
les deux témoins, le tiers de confiance. Il m'en manque-tu?
Le Président (M. Provençal)
: Et le deuxième tiers de confiance.
Mme Lavoie (Térésa) : Et le
deuxième tiers de... le deuxième tiers de confiance et peut-être le tiers
autorisé, si la personne ne peut pas physiquement le compléter elle-même.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça va, Mme la députée?
Mme Lavoie (Térésa) : Ça
pourrait faire une grande...
Mme Montpetit : Est-ce que
le... donc, le notaire ne signe pas?
Mme Lavoie (Térésa) : Ne signe
pas le formulaire. Le notaire, il va annexer le formulaire dûment signé à
l'acte notarié qui va faire office de demande anticipée, rendu là.
Mme Montpetit : O.K. C'était
juste pour clarifier quelque chose. Parfait. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va, Mme la députée?
Mme Montpetit : Oui, merci.
Le Président (M. Provençal)
: O.K. M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui. J'ai une
question très 2022, là. Tout le monde doit être en présence les uns et des
autres, là, ça, ça exclut toute forme de visio, ça exclut toute forme de Zoom?
Je pose la question... Et ça vaut aussi pour les notaires, puisque les
notaires, maintenant, vous savez, pour en voir un, il faut faire beaucoup
d'efforts, là. On peut tout faire, maintenant, par visio, et les notaires... Je
comprends qu'acheter une maison puis mourir ce n'est pas pareil, là, mais, cela
dit, pour les témoins, si la dame est en Gaspésie, puis sa famille est en
Outaouais, c'est compliqué d'être là. Est-ce qu'on est ouverts à ça?
Le Président (M. Provençal)
: Madame... Me Lavoie, excusez-moi.
Mme Lavoie (Térésa) : Bien, en
fait, on ne l'exclut pas totalement, là, parce qu'on le sait qu'avec la
télémédecine on a confirmé par loi récemment, on sait que la Loi sur le
notariat... ils ont déposé un projet de loi, là, pour revoir des modalités
technologiques, et tout ça. Donc, la loi ne l'exclut pas, là. Le «en présence»,
on n'a pas dit «en présence physique», là, on a dit «en présence».
M. Marissal : «En présence les
uns des autres», ce n'est pas physique, ça?
Mme Lavoie (Térésa) : Moi, je
pense qu'on ferait une lecture trop littérale, là, si on exigeait le physique
par «en présence». Pour autant qu'on est en présence, là, en même temps, au
même moment, c'est surtout ça, l'idée. Puis je pense qu'avant que la
télémédecine soit dans les lois, là, il y avait des pratiques, là, des guides
de pratiques qui avaient été aussi mis en place pour déterminer les modalités
d'accès. Donc, ça, il va falloir aussi s'assurer que tout est correct pour
assurer la confidentialité de la démarche, et tout ça. Ça fait que, moi, tout
ce que je peux dire, c'est que le projet de loi ne
l'exclut pas, la possibilité, là, d'avoir recours aux outils technologiques,
mais il va falloir que ce soit correctement encadré par des normes.
M. Marissal : Oui. Je comprends
que, quand on parle de période de mise en place de la loi, dont le ministre
parle souvent, c'est le genre de choses qu'on va «fine-tuner», passez-moi
l'anglicisme, là, c'est le genre de choses qu'on va pouvoir retravailler une
fois qu'on aura une date d'entrée en vigueur de... c'est ça.
M. Dubé : Oui, oui, parce qu'on
a déjà donné... c'est un bon point, là, parce qu'on a déjà donné, je peux-tu
dire, un ordre de grandeur, là, ou une indication, lorsqu'on a déposé le
document de lundi, en disant qu'on parle peut-être de mettre une date, comme
18 mois ou... on a mis 18 mois dans le document lorsqu'on a fait les
10 blocs, là, mais je peux vous dire que c'est ça, en ce moment, qui est
l'intention, 18 ou 24 mois, mais ça serait dans un délai de cette longueur-là.
Alors, non, mais votre question est très pertinente sur la présence, parce
qu'effectivement, moi, je suis très à l'aise qu'il faut s'ajuster à...
(Interruption)
M. Dubé : Bon, c'est mon Apple
qui me parle, excusez-moi, là.
M. Marissal : Elle vous dit qu'on
est le 8 juin 2022.
M. Dubé : Elle dit que je ne
bouge pas assez.
M. Marissal : Oui,
elle me dit ça aussi, la mienne, souvent, là. Vous pouvez l'envoyer promener,
hein, votre montre.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va, M. le député?
M. Marissal : C'est bon. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je reconnais la députée de Mille-Îles,
députée de Joliette et députée de... Maurice-Richard,
excusez-moi.
• (12 h 50) •
Mme Charbonneau : Merci, M. le Président.
Juste pour me rassurer, si je décide d'avoir
ceinture et bretelles, donc j'ai un tiers de confiance, mais je veux aussi
aller faire un acte notarié parce que, pour moi, ça vient me rassurer dans mes
inquiétudes de l'application, est-ce que mon tiers de confiance doit venir avec
moi chez le notaire? Parce que je sais que si je n'ai pas de tiers de
confiance, je peux passer chez le notaire, chez mon médecin, j'ai les témoins.
Si j'ai deux témoins, deux tiers de confiance, je ne suis pas obligée d'aller
chez le notaire. C'est toujours mieux, mais je ne suis pas obligée. Mais, si je
décide d'avoir ceinture et bretelles, donc
je vais chez le notaire, est-ce que mon tiers de confiance doit
m'accompagner pour les minutes qui seront faites puis qu'on consigne son nom au
document?
Le Président (M. Provençal)
: Madame...
Mme Lavoie
(Térésa) : Il ne doit pas vous accompagner, mais ce n'est pas
impossible qu'il vous accompagne.
Mme Charbonneau : O.K. Non,
non, c'est ça, mais ce n'est pas obligatoire, c'est surtout ça.
Mme Lavoie (Térésa) : Non.
C'est vraiment au moment où le formulaire est complété, pour qu'il bénéficie
des renseignements qui sont fournis par le médecin à la personne, qu'il soit
aussi éclairé sur la situation.
Mme Charbonneau : O.K.
Exactement. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Ça vous convient, Mme la députée?
Mme Charbonneau : Oui, merci.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Joliette et, par la
suite, la députée de Maurice-Richard.
Mme Hivon : Oui. Bien, c'est un
excellent point du collègue de Rosemont. Moi, ça me rassure beaucoup, si la
possibilité technologique est là, parce que j'avais une grosse crainte de
l'impossibilité. Puis donc vous nous dites, Me Lavoie :
Aucun stress, comme c'est écrit là, c'est sûr que c'est possible qu'il y ait
des gens à distance, puis il n'y a personne qui va venir dire qu'il faut
réunir tout le monde, puis on va le préciser dans les guides à venir.
Mme Lavoie (Térésa) : 100 %.
Mme Hivon : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Mon commentaire
allait dans le même sens, je voulais juste m'assurer qu'il n'y a aucune
ambiguïté par rapport à l'interprétation de «en présence» que moi aussi, je
lisais plutôt comme «physiquement en présence», mais c'est pour le mieux,
alors, merci.
Le
Président (M. Provençal)
:
Alors, ce que je comprends, là,
présentement, c'est hors de tout doute raisonnable.
Mme Lavoie (Térésa) : C'est ça.
Le Président (M. Provençal)
: Très bien. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le 29.7?
M. le ministre, s'il n'y a pas d'autre
intervention, je vous invite à nous lire le 29.8.
M. Dubé : Avec plaisir.
Alors : «29.8. Toute demande anticipée doit être versée au registre établi
en vertu de l'article 63 par le professionnel compétent qui prête
assistance à la personne qui formule la demande ou, le cas échéant, par le
notaire instrumentant.»
Le Président (M. Provençal)
: Votre commentaire, s'il vous plaît.
M. Dubé : Excusez-moi, ça
allait tellement bien que... excusez-moi.
L'article 29.8 proposé par
l'article 16 du projet de loi rend obligatoire le versement, par le
professionnel compétent qui a assisté la personne dans la formulation de sa
demande anticipée ou encore le notaire ayant instrumenté l'acte notarié lié à
sa demande anticipée, au registre établi en vertu de l'article 63. Il
s'agit plus précisément de l'actuel Registre des directives médicales anticipées.
Le projet de loi prévoit d'ailleurs d'autres dispositions modificatrices eu
égard au Registre des directives médicales anticipées pour tenir compte du
versement obligatoire des demandes anticipées à ce registre.
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il des interventions? Mme la
députée de Joliette.
Mme Hivon : Juste pour revenir
sur la possibilité d'une vidéo, qui va être inscrite dans le formulaire, donc,
vous pouvez joindre une vidéo, bon, est-ce qu'on va écrire... Je sais qu'il y a
des vérifications qui doivent se faire, là, mais hier on discutait... s'il y a
une vidéo, est-ce qu'elle va pouvoir être versée au registre en complément du
formulaire? Là, vous avez dit : Il faudrait voir la faisabilité. Moi, je
veux juste mentionner qu'on ait ça en tête quand le formulaire va être fait
pour que l'exigence de verser ou la recommandation de verser avec le formulaire
soit bien inscrite, si c'est possible de le faire, puis sinon qu'on pense à un
moyen d'avoir accès aux vidéos.
Ce qui me ramène à l'idée que, le tiers, là, on
ne lui fait pas l'obligation. Le tiers, lui, il n'a pas l'obligation, le tiers
de confiance, il n'a pas l'obligation d'avoir une copie de la demande anticipée
puis, potentiellement, une copie de la vidéo. Ça serait-tu une bonne idée de
prévoir que le tiers doit avoir une copie? Parce qu'admettons que l'équipe de
soins n'a pas eu le temps de la verser au dossier, ou tout ça, ou, en fait, si
elle dit juste : Consultez le registre, tout le monde va faire ça dans la
joie et l'allégresse, d'aller consulter le registre?
Le Président (M. Provençal)
: Me Lavoie.
Mme Lavoie (Térésa) : Moi, j'ai
toujours en tête le respect de la personne, à qui elle décide de dire qu'elle a
fait une demande anticipée puis à qui elle choisit de fournir une copie de sa
demande anticipée. Tu sais, le tiers de confiance va être présent, il va avoir
entendu, il va savoir c'est quoi, son rôle, il va être avisé sur son rôle, il
va probablement avoir des documents d'information qui vont exister en ce sens-là.
Une fois qu'on arrive à se demander : Est-ce qu'on oblige la remise d'une
copie?, moi, je pense qu'il faut laisser ça à la discrétion de la personne pour
s'assurer du respect des renseignements personnels aussi, là. La personne
pourrait décider que, oui, j'accepte que le tiers de confiance soit présent,
parce que c'est nécessaire pour qu'il entende toutes les discussions, mais
pourrait choisir de ne pas fournir de copie au tiers de confiance de peur que
ça se... l'information se traduise dans... se répand dans la famille, tu sais.
Donc, j'ai un malaise qui est juridique, là, qui
est de l'ordre du respect de l'autodétermination de la personne, puis de la
protection de ses renseignements personnels, puis de son dossier d'usager,
finalement, le respect de ses renseignements de santé. Donc, en ce sens-là, on
n'a pas prévu la remise d'une copie de la demande anticipée, mais je pense que,
dans les faits, si tu désignes ton tiers de confiance, j'espère que tu lui fais
assez confiance pour lui remettre une copie s'il te le demande, là, mais je
pense qu'on peut le laisser à la discrétion de la personne elle-même.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Mon souci, c'est
qu'admettons que ça fait sept ans et que, donc, le tiers de confiance, lui, il
est responsable d'agiter le drapeau, mais, s'il n'a pas de copie, est-ce qu'il
va vraiment avoir en tête encore, sept ans après avoir
été dans... tu sais, les nuances, puis ce qui a été écrit? Et lui, j'imagine,
le tiers de confiance, il n'a pas accès au registre, là, ça, c'est pour les
professionnels, évidemment. C'était un peu ça, mon souci, d'outiller le tiers
de confiance pour qu'il puisse exercer le rôle qu'on lui demande. Mais je
comprends ce que vous me dites, mais en même temps je me dis : S'il n'a
pas copie de l'affaire puis qu'on est sept, huit ans plus tard, ça va encore
augmenter son niveau, je dirais, de difficulté dans l'exercice de sa tâche.
C'était ça que je voulais porter à notre attention, là.
Le Président (M. Provençal)
: Madame... Me Lavoie, excusez.
Mme Lavoie (Térésa) : Vous avez
raison, dans un sens, ça peut faire partie aussi du conseil du médecin, là,
quand que le formulaire est complété, là, fait à la personne. Puis le tiers de
confiance aussi, là, tu sais, il peut expliquer à la personne pourquoi ce
serait important, utile, et tout ça, qu'il reçoive une copie. Mais en bout de
piste, un peu pour les... comme pour les directives médicales anticipées, c'est
vraiment à la discrétion de la personne de fournir une copie de ses intentions,
là, par rapport à ça, là.
Mme Hivon : Je comprends, mais
les DMA, il n'y a pas de tiers de confiance, là, ça n'implique pas une tierce
personne qui a une exigence, mais... matière...
Le Président (M. Provençal)
: J'avais reconnu la députée de Westmount—Saint-Louis
et, par la suite, la députée de Maurice-Richard.
Mme Maccarone : Oui, merci, M.
le Président.
Une question par rapport à les personnes qui
vont faire des demandes anticipées. Mettons, si c'est souhaité qu'ils font un
vidéo, est-ce que toutes les langues sont acceptées? Je comprends que,
probablement, évidemment, en français, c'est souhaité, mais, s'il y a quelqu'un
qui préfère s'exprimer en anglais ou même s'ils veulent s'exprimer dans leur
langue maternelle, qui n'est peut-être pas l'anglais ou le français, est-ce que
ce serait accepté et possible de se faire
comprendre dans cette langue, étant donné qu'on parle de quelque chose qui est
si sensible et on veut vraiment s'assurer qu'il y a vraiment une bonne
compréhension? Est-ce que ça, c'est prévu?
Le Président (M. Provençal)
: Maître.
Mme Lavoie (Térésa) : Ce n'est
pas prévu, mais je pense que ça va de soi, là, que la personne va pouvoir
compléter son formulaire de demande anticipée pour l'aide médicale à mourir à
elle dans la langue de son choix, là.
Mme Maccarone : Il y aura
peut-être des services de traduction, des gens qui vont accompagner, parce que,
si on souhaite aussi... Quand on dit que le personnel compétent qui prête
assistance, si la vidéo, peut-être, n'est pas faite dans une langue que...
mettons, c'est en chinois, par exemple, mais le professionnel, ça se peut qu'il
ne va pas comprendre, ça fait qu'on va prévoir un accompagnement pour ces
personnes qui doivent assister au processus?
Mme Lavoie (Térésa) : Oui.
Le Président (M. Provençal)
: En se rappelant, Mme la députée, que
c'est le formulaire qui va toujours être... qui va toujours avoir primauté,
mais votre commentaire est très pertinent.
Mme la députée de Maurice-Richard, une minute.
• (13 heures) •
Mme Montpetit : Oui, bien, je
vois qu'il ne reste pas beaucoup de temps, c'est ça, mais peut-être que je
pourrais offrir au ministre puis à son équipe de réfléchir à l'élément qui
était soulevé par la députée de Joliette, parce que... Puis j'entends l'inconfort de rendre obligatoire à la personne de
donner une copie, ça, je l'entends bien, mais il y a peut-être une autre
façon de réfléchir sur est-ce que la tierce... le tiers de confiance pourrait
avoir accès, parce que je n'ose même pas imaginer à quel point ça doit être
très stressant de se retrouver dans cette situation-là pour un tiers de
confiance, d'entendre, aussi, les volontés de la personne, les conditions dans
lesquelles... Donc, déjà, je ne sais pas à quel point on est présent et
disponible émotionnellement, ça doit être une grosse, grosse charge qui doit
venir troubler, aussi, la mémoire, et après
ça on parle d'une mémoire qui doit perdurer dans le temps, sur une durée qui
pourrait aller jusqu'à... tu sais, cinq ans, huit ans, 10 ans.
Moi, je serais très confortable qu'on trouve une
façon d'aider ce tiers de confiance là de jouer le rôle qu'on lui demande de
jouer.
Le Président (M. Provençal)
: Me Lavoie.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui. En
fait, pour rassurer... et la question est pertinente, puis on se prend des
notes à nous-mêmes pour le formulaire, là, mais ce ne serait pas impossible...
pour essayer de trouver un équilibre entre le respect de la protection des
renseignements personnels puis s'assurer que le tiers de confiance va pouvoir
jouer son rôle, ce ne serait pas impossible de prévoir dans le formulaire que
la personne donne son consentement à ce qu'un professionnel
de la santé qui a accès au registre lui donne une copie de sa demande anticipée
lorsqu'elle deviendra inapte à consentir aux soins, là, tu sais. Ça fait
que ça, tu sais, c'est des choses qu'on pourrait imaginer dans le formulaire, un consentement en ce
sens-là, je pense que c'est envisageable, effectivement. Il y a d'autres
leviers qu'on va pouvoir utiliser pour éviter des enjeux pratiques, là.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci,
Me Lavoie.
Considérant... Compte
tenu de l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 15 heures.
Merci beaucoup de
votre contribution puis de votre collaboration.
(Suspension de la séance à 13
h 01)
(Reprise à 15 h 08)
Le Président (M. Provençal)
: Rebonjour. La Commission de la santé et des services sociaux reprend ses travaux.
Nous poursuivons
l'étude détaillée du projet de loi n° 38, loi modifiant la loi concernant
les soins de vie et d'autres dispositions législatives.
Lors de la suspension
de nos travaux cet avant-midi, nous en étions rendus à l'étude de
l'article 29.8. Y a-t-il d'autres interventions concernant le 29.8? Il y a
des éléments qui avaient été clarifiés.
M. Dubé :
...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, bien, je peux le
répéter. Est-ce qu'il y a des interventions concernant le 29.8?
Une voix :
...
Le Président
(M. Provençal)
: Excusez-moi, Mme la
députée.
Une voix :
...
Le Président
(M. Provençal)
: Non, non, non. C'est
parce que...
Une voix :
...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, c'est un article pour lequel il n'y a pas d'amendement, je tiens à
le spécifier.
Une voix :
...
Le Président
(M. Provençal)
: Ça va?
Alors, étant donné
qu'il n'y a pas d'intervention, M. le ministre, vous avez un amendement pour
insérer, avant l'article 29.9, un élément, intitulé. Alors, pourriez-vous
nous faire la lecture de votre amendement?
M. Dubé :
Très bien. Est-ce que tout le monde a l'amendement? Oui? C'est bon?
Le Président
(M. Provençal)
: Bien,
on le projette à l'écran parce qu'il est... En fait, c'est un titre, là.
• (15 h 10) •
M. Dubé :
Excellent.
Ça fait qu'on
insère l'amendement qui va se lire comme suit :
Insérer, avant
l'article 29.9 de la Loi concernant les soins de fin de vie proposé par
l'article 16 du projet de loi, l'intitulé suivant :
«III»... Je ne sais
pas comment on le dit, 3? III?
Le Président
(M. Provençal)
: Oui.
M. Dubé :
«III. Retrait et modification de la demande anticipée».
Commentaires :
Dans un souci de clarté de la loi, l'amendement propose d'y introduire un
nouvel intitulé dans la sous-section 3 de la section II du
chapitre IV du titre II de la loi concernant les soins de vie, lequel
intitulé porte sur le retrait et la modification de la demande anticipée d'aide
médicale à mourir.
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce
que vous pourriez aller un petit peu plus... juste pour bien situer où va être
inséré l'intitulé?
Ça va? Y a-t-il des
interventions sur l'amendement introduisant l'intitulé?
S'il n'y a pas
d'intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Provençal)
: Adopté.
Merci.
29.9, M. le ministre.
M. Dubé :
Très bien, alors :
«29.9. Une personne
apte à consentir aux soins peut, en tout temps, retirer sa demande anticipée au
moyen du formulaire prescrit par le ministre. L'article 27 s'applique dans le
cadre du retrait d'une telle demande, avec les adaptations nécessaires.
«La personne qui
souhaite retirer sa demande doit être assistée par un professionnel compétent.
Après signature du formulaire, ce
professionnel le date et le contresigne afin d'y attester que la personne est
apte à consentir aux soins. Il doit s'assurer que la demande est radiée,
dans les plus brefs délais, du registre établi en vertu de l'article 63.
«Une
personne ne peut modifier une demande anticipée que par la rédaction d'une
nouvelle demande anticipée, suivant
l'une des formes prévues à l'article 29.6. Cette nouvelle demande anticipée
remplace celle rédigée antérieurement.»
Puis est-ce que j'ai
un amendement?
Une voix :
Un commentaire.
Le Président
(M. Provençal)
: S'il
vous plaît.
M. Dubé :
Je vais finir par apprendre, excusez-moi. Excusez-moi.
L'article 29.9
proposé par l'article 16 du présent projet de loi énonce les règles
applicables au retrait ou à la modification d'une demande anticipée d'aide
médicale à mourir. Concernant le retrait d'une demande anticipée, l'assistance
d'un médecin ou d'une infirmière praticienne spécialisée est nécessaire. Cette
exigence a pour but de s'assurer de l'aptitude de la personne à consentir aux
soins, puisqu'elle se trouve médicalement dans une trajectoire de maladie qui
mène à cette inaptitude. Le respect de ses volontés est au coeur de cette
exigence.
Cette disposition
prévoit également que la modification d'une demande anticipée ne peut être
effectuée que par la rédaction d'une nouvelle demande anticipée, à l'instar de
ce qui est prévu aux fins de la modification de directives médicales
anticipées.
Le Président
(M. Provençal)
: Et vous avez un
amendement.
M. Dubé :
O.K. Alors, un amendement à 29.9 qu'on vient de lire :
Remplacer,
dans le premier alinéa de l'article 29.9 de la loi concernant les soins de
vie proposé par l'article 16 du projet de loi, «L'article 27
s'applique» par «Les deuxième et troisième alinéas de l'article 29.1
s'appliquent».
Le
commentaire : L'amendement apporte à l'article 29.9 de la loi
concernant les soins de vie une modification par concordance avec un
amendement apporté à l'article 29.1.
Le Président
(M. Provençal)
: Alors,
pourriez-vous grossir un petit peu l'écran, s'il vous plaît? Merci.
Y
a-t-il des interventions concernant l'amendement de M. le ministre à 29.9? Oui,
Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau :
Merci, M. le Président.
Avant de poser ma
question plus pointue, je veux juste être sûre de ce que je m'apprête à
questionner. Si j'ai fait une demande et je veux retirer ma demande, je dois
remplir un document pour retirer ma demande.
Si je retire ma
demande par un document, je peux en remplir un nouveau pour changer la
perspective d'une... bien, je vais dire une nouvelle demande ou pour changer la
demande initiale, ce qui serait comme le dernier, là, «il doit s'assurer que la
demande est radiée, dans les plus brefs délais, du registre». Puis après ça, un
petit peu plus loin, on dit : Je dois en remplir un autre si jamais je
veux modifier une demande anticipée.
J'essaie de voir avec
vous, puis peut-être que je suis à côté de la plaque, mais, je vous le dis, là,
j'essaie de voir avec vous, j'ai encore toute mon aptitude quand je vais
refuser, quand je vais dire : Je suis... Je suis encore... Je suis mal à
l'aise. J'ai fait une demande, je n'ai plus le goût de la faire, je veux la retirer.
J'ai mon aptitude puis je dois écrire. Est-ce qu'à ce moment-là je suis
accompagnée par les mêmes personnes pour retirer ma demande, puisque mon
médecin devrait m'aviser de la conséquence de retirer ma demande, j'imagine, ou
quelles sont les alternatives qui se présentent à moi face à la maladie qui
m'est diagnostiquée?
Dans le fond, je vais
vous donner mon souci, là, comme ça, je vous dirais, ce qui m'inquiète, c'est
que ça soit tellement complexe, autant la faire que la retirer, que les gens ne
vont pas... je n'ose pas dire «adhérer», mais ils ne vont pas faire la
démarche. Donc, si je l'ai remplie, je suis passée à travers le processus, j'ai
mon tiers, mes deux tiers de confiance, j'ai notarié pour être sûre, sûre que
je suis correcte, puis là tout d'un coup j'ai une crainte, puis là je me
dis : Ah non, ça me tente plus, ça me tente plus. Là, il faut que je me
retape tout un processus de papiers, je le dis comme ça, mais de remplir des
documents plutôt que d'avoir peut-être une rencontre avec une des trois
personnes, mon médecin, une des deux personnes, mon médecin, mon notaire, parce
que le tiers de confiance, ce n'est pas un spécialiste, là, pour dire :
J'aimerais changer la date, j'aimerais retirer, je suis plus à l'aise avec ma
demande, j'ai peur. Je vous ai donné un peu mon questionnement puis ma crainte,
à savoir ça devient un peu...
M. Dubé :
Peut-être... J'ai une suggestion à faire, M. le Président. Peut-être que
soit Marie-Josée ou Térésa pourraient nous passer à travers le processus rapidement,
juste pour vous rassurer, c'est quoi, vraiment, les étapes. Je pense que ça
aiderait à...
Mme Lavoie
(Térésa) : Dans le fond, pour le retrait de la demande, effectivement,
vous l'avez noté, là, ça prend un formulaire prescrit par le ministre. Puis le
formalisme n'est pas aussi, je dirais, exigeant qu'au stade de la formulation
de la demande. Ce qu'on vient prévoir à l'alinéa deux, c'est que la
personne qui souhaite retirer sa demande doit être assistée par un
professionnel compétent. On a au moins prévu cette présence-là au moment du
retrait parce que la personne est dans une trajectoire, dans la trajectoire
d'une maladie qui va mener à son aptitude à consentir. Donc, pour être certains
qu'au moment où elle veut retirer sa demande elle le fait de façon libre et
éclairée avec les informations nécessaires, on a jugé opportun que c'était en
présence d'un professionnel compétent qu'elle devait retirer sa demande. Ce
n'est pas nécessairement le professionnel compétent qui l'a assistée au départ,
mais à tout le moins un professionnel compétent qui va pouvoir s'assurer
qu'elle est toujours apte puis qu'elle comprend bien la portée de son geste à
ce moment-là.
Le Président
(M. Provençal)
: ...Mme
la députée?
Mme Charbonneau : Ça répond à la question
puis effectivement de mieux comprendre la trajectoire. Je ne suis pas
rassurée sur comment on fait... mais on va jaser puis on va voir, là, comment
ça se dessine un peu dans ma tête.
Le Président
(M. Provençal)
: Mais
là, au moins, on connaît la trajectoire qui va être suivie.
Mme Charbonneau :
Tout à fait.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme
la députée de Westmount—Saint-Louis,
vous avez demandé la parole.
Mme Maccarone :
Oui, très brièvement, parce que je dois vous quitter, je vais revenir.
Mais, en ce qui concerne l'aptitude, puis je
ne sais pas si ça a déjà été abordé, mais j'aimerais que le ministre nous
explique c'est quoi, les accommodements qui seront mis en place en ce
qui concerne les personnes qui sont peut-être autistes, les personnes qui
souffrent d'une déficience intellectuelle, mais ils sont considérées aptes,
parce que ça existe, ces personnes.
Lors de l'étude du
projet de loi n° 18, qui est la réforme du Curateur public, on a parlé
beaucoup de l'autodétermination dans la
commission spéciale, on a parlé beaucoup de l'autodétermination. On peut citer
le chercheur et professeur reconnu M. Caouette, qui nous a aussi
beaucoup parlé en ce qui concerne les personnes qui se retrouvent dans cette
situation, que ça soit une personne qui souffre d'une trisomie ou, comme j'ai
dit, une personne autiste qui a de la
capacité de s'exprimer, et ils ont la capacité et l'aptitude de prendre une
décision en ce qui concerne leur vie s'ils se retrouvent dans une
situation très difficile où ils ont le droit de faire une demande d'avoir accès
à l'aide médicale à mourir parce qu'ils ont
malheureusement aussi atteints d'un problème neurodégénératif, par
exemple. Alors, ce serait quoi, les
accommodements pour s'assurer que cette personne en particulier va comprendre
le processus?
Puis on a aussi
entendu plusieurs experts nous dire qu'ils peuvent et nous devons aller vers
l'avant à les inclure dans un processus, mais comment le faire? Alors, est-ce
que ça, ça a été pensé? Puis ça va être quoi? Parce que c'est un sujet, je
sais, collègues, très sensible. Je vous partage mon point de vue, vous me
connaissez, mais je veux m'assurer qu'on respecte aussi leurs droits. Le droit
à l'autodétermination, c'est fondamental, très important, et on va être face à
des citoyens qui vont se retrouver dans cette situation, puis ils vont lever la
main, puis ils vont dire : Moi aussi,
je suis rendu là, et il n'y a pas une tierce personne qui va prendre une
décision pour moi. Mais ça va être fait de quelle façon? Parce que, là,
on parle des fins détails. Alors, de quelle façon allons-nous accommoder ces
personnes?
• (15 h 20) •
M. Dubé : Je ne sais pas combien
vous avez de temps. Est-ce que vous quittez puis vous allez revenir tout à
l'heure?
Mme Maccarone :
Oui, je suis désolée. Je vais être de retour, ça ne sera pas long.
M. Dubé :
Bon, bien, on pourra répondre lorsque vous revenez tout à l'heure, mais je
pense qu'on peut vous donner la réponse, là.
Mme Maccarone :
Merci, c'est gentil.
M. Dubé :
O.K. Il n'y a pas de problème. Est-ce que... On se rappellera qu'on doit donner
une réponse à madame, c'est ça?
Le Président
(M. Provençal)
: Oui.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? En ayant en mémoire que M. le ministre
donnera réponse à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Oui, on toujours sur l'amendement, là.
S'il n'y a pas
d'autre intervention sur l'amendement, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté.
Merci.
Maintenant, sur
l'article 29.9 tel qu'amendé, y a-t-il des interventions? Oui, M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Je crois que l'explication écrite et les commentaires du ministre me
satisfait, mais je veux juste revalider. En ce qui a trait à la retraite de la
demande anticipée, est-ce qu'on est, en quelque part, une autre fois, conformes
au libellé qui touche aux demandes contemporaines? Parce que le même enjeu peut
s'imposer. Parce qu'en quelque part je
prends pour acquis qu'on parle d'un retrait clair et éclairé, et là où les
commentaires me soulageaient, on parlait, en quelque part, du fait qu'on
est accompagné par un tiers ou par le professionnel. Est-ce qu'on est dans un
même genre de formulation, comme je dis, que la formulation existante pour les
demandes contemporaines?
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
madame... Me Lavoie. Excusez.
Mme Lavoie (Térésa) : Non,
on n'est pas dans la même forme. Dans les demandes contemporaines, on
n'exige pas un formulaire pour retirer la demande. 28 de la Loi concernant les
soins de fin de vie dit qu'«une personne peut, en tout temps et par tout moyen,
retirer sa demande d'aide médicale à mourir». Mais on n'est pas non plus dans
le même contexte, on n'est pas nécessairement dans le contexte d'une maladie
qui mène à l'inaptitude à consentir aux soins dans le cadre de laquelle la
personne...
Ici, dans les
demandes contemporaines, elle... on peut... elle n'est pas dans une
trajectoire, nécessairement, de l'inaptitude à consentir aux soins. Donc, pour
les demandes anticipées, on croit important de venir prévoir que la personne doit être assistée par un professionnel
compétent pour retirer sa demande. Et, comme les demandes anticipées sont versées dans le registre, il faut qu'il y ait
un acte officiel qui nous amène à retirer la demande anticipée du
registre. Donc, tout ça remplit plusieurs objectifs. Et il y a des raisons qui
font qu'on s'éloigne de ce qui est prévu pour les demandes contemporaines, on
n'est pas du tout non plus dans le même contexte de maladie, là, ici.
M. Birnbaum :
...on trouve qu'il y a une plus grande...
(Interruption)
M. Birnbaum :
... — je
m'excuse — une
plus grande rigueur qui s'impose parce que les circonstances, je peux
comprendre, sont assez différentes.
Mme Lavoie
(Térésa) : Oui
M. Birnbaum :
Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
va, M. le député?
M. Birnbaum :
Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: M. le député de
Rosemont.
M. Marissal : Oui, 29.9, là : «La
personne qui souhaite retirer sa demande doit être assistée par un
professionnel compétent. Après signature du formulaire, ce professionnel le
date et le contresigne afin d'y attester que la personne est apte à consentir
aux soins.» C'est parce que c'est comme ça qu'on détermine l'aptitude, c'est
qu'on est apte à consentir? Parce que c'est un peu bizarre comme formulation,
vu qu'on ne veut plus du soin. C'est juste qu'il faut s'assurer que la personne
est apte à consentir aux soins? C'est ça, le terme légal?
Mme Lavoie
(Térésa) : Exactement.
M. Marissal :
O.K. Mais vous comprenez où j'accrochais, là, dans la sémantique.
Mme Lavoie
(Térésa) : Oui, absolument.
M. Marissal :
Dans le fond, je ne le veux plus, le soin, donc je suis apte à refuser.
Mais je comprends que c'est comme ça qu'on doit l'écrire pour avoir...
Mme Lavoie
(Térésa) : Exactement.
M. Marissal :
O.K., c'est bon. Je comprends. Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
va, M. le député?
M. Marissal :
Oui, merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme
la députée de Joliette.
Mme Hivon : Au nom du principe
de l'autodétermination, je me questionne pourquoi il faut qu'elle soit assistée
par un médecin parce que, là, elle veut retirer sa demande. Je n'aurais pas
envie qu'il y ait des délais de semaines et de semaines
qui insécurisent une personne qui dit : Aïe! Moi, j'ai repensé à mon
affaire, je ne veux plus de demande, puis que le temps court, elle a des
aptitudes... elle a des périodes d'inaptitude. Donc, juste m'expliquer pourquoi
il faudrait qu'elle soit accompagnée par un professionnel pour retirer la
demande.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lewis.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Oui. Je vais rappeler,
encore une fois, que... vous le savez, là, mais la personne est dans un
diagnostic de maladie grave menant à l'inaptitude, donc dans une trajectoire
d'inaptitude. Quand elle a formulé sa demande, elle était jugée apte, le
médecin s'en est assuré. Puis on sait que l'aptitude... les problèmes cognitifs peuvent être parfois fluctuants, donc
que ça se peut qu'à certains moments elle soit apte, à certains moments
elle soit inapte. Donc, on a jugé
sécuritaire, pour la propre personne... pas pour brimer son autodétermination,
au contraire, pour protéger la volonté qu'elle avait manifestée quand
elle était... au moment où elle a pris le temps de regarder avec le médecin le diagnostic, le pronostic de sa
maladie, d'en parler avec ses proches, avoir un tiers de confiance... En
fait, tous les éléments étaient là pour
prendre sa réflexion, ça fait qu'il faut, en quelque sorte, s'assurer qu'elle a
complètement l'aptitude pour retirer sa
demande. Puis ce ne sera pas un grand formalisme, là, il faut qu'elle
rencontre un professionnel compétent, qui n'a pas à être celui qui a
contresigné sa demande, donc c'est tout professionnel, toute IPS ou médecin. Puis
les médecins... les IPS sont habilitées à juger assez rapidement de l'aptitude
à consentir aux soins. Puis on peut imaginer un formulaire qui va être
simplement à cocher puis à signer, mais, à notre sens, il faut qu'il y ait
quelqu'un. Puis on a validé cette proposition-là avec plusieurs experts, puis
eux-mêmes, ils disent : Pour protéger puis s'assurer que c'est vraiment la
volonté de la personne qu'elle a manifestée au départ, qu'on s'assure de son
aptitude, là, puis pour s'assurer qu'elle n'a pas de pression extérieure aussi.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui,
mais, justement, un cas de figure où la personne serait jugée pas clairement
apte à consentir, mais qu'elle demanderait au professionnel compétent de
retirer sa demande, situation éthique, que fait-on? Parce que cette personne-là
est peut-être l'objet de pressions extérieures, effectivement, mais là on parle
de vie ou de mort, puis elle nous manifeste qu'elle ne veut plus demander... ne
veut plus que sa demande anticipée d'aide médicale à mourir soit conservée. Là,
le professionnel qui dirait : Aïe! Oui, mais là je pense qu'elle n'est
plus apte, il dirait : Tant pis, on la garde? On garde la demande? Je veux
juste voir comment on traiterait un cas comme ça, là.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Est-ce que vous voulez que
je réponde, M. le ministre?
M. Dubé : ...certainement.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Il faut comprendre, là, que les... Puis vous le
savez, encore une fois, les professionnels compétents ont des codes de
déontologie, puis ce n'est pas, comment dire, je peux dire, un seul moment, là,
dans le sens que, si le médecin juge qu'à ce
moment-là elle a un moment d'inaptitude, mais il a conscience qu'elle lui
nomme puis ça... il comprend qu'elle est inapte, bien, il n'y a rien qui
empêche le médecin... puis je ne suis pas médecin ni infirmière praticienne
spécialisée, mais il n'y a rien qui empêche le médecin de la revoir dans une
semaine pour voir si c'est toujours sa volonté. Donc, les médecins nous
expliquent que le consentement, c'est un processus continu, là.
Mme Hivon : Moi, j'ai toujours
un souci pratico-pratique. C'est formidable de penser que les gens peuvent voir
un médecin à chaque semaine pour que leur évaluation de consentement puis
d'aptitude soit toujours faite. Je connais des gens assez malades qui n'ont pas
cet accès-là, donc c'est pour ça que j'ai toujours le souci de la réalité, du
réalisme de ce qu'on demande, là. Si vous me dites que ça va...
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il d'autres interventions? Oui,
M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Ça va, là? Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
• (15 h 30) •
M. Birnbaum : Ce n'est pas une
mince considération, là. Le médecin confronté par une telle situation a
besoin... Est-ce que son code déontologique va suffire? Il est devant quelqu'un
qui est apte, dans le grand sens du terme, mais peut-être pas apte à consentir.
Je comprends que, fort possiblement, un médecin, selon son code déontologique,
reviendrait évaluer l'affaire, mais, dans une première instance, est-ce qu'on
met un fardeau pas tout à fait balisé au médecin de juger de cette demande de
rétraction devant quelqu'un qui est peut-être apte, qui n'est pas peut-être
apte? Et, quand je parle du fardeau sur le médecin, évidemment, de façon
complémentaire, est-ce qu'on fait tout ce qui est nécessaire pour protéger le
bien-être de l'individu dans cette situation-là ou est-ce qu'il faut adresser
ça directement dans le libellé de cet article-là? C'est une dynamique réelle,
il me semble.
M. Dubé : Peut-être, M. le
Président, là, j'aimerais commenter. Ce matin, quand on a eu une très, très
bonne discussion, là, j'ai dit qu'il y a des fois qu'il faut avoir le cadre de
la loi, mais il faut aussi laisser les professionnels faire
leur jugement, et ici on a exactement un cas où je crois que c'est le jugement
du professionnel qui doit faire la différence. Pour moi, ces gens-là sont
confrontés à ce genre de décision là tous les jours. Alors, moi, je me
dis : Allez plus loin que ça dans la loi... je pense qu'on établit un
principe puis on dit : Ça prend quelqu'un pour le faire. Ça, je pense que
c'est le grand principe et je pense qu'on doit se fier à son jugement, et, si,
comme a dit Mme Lewis, il décide d'attendre une semaine pour revoir une
semaine plus tard, bien, je pense que ça doit être dans son code d'éthique, sa
façon de travailler. Puis ça, je pense que c'est ça, l'équilibre entre ce qu'on
dit dans la loi puis versus ce qui va se faire par le médecin pratiquant ou
le... Ça serait ma réponse, M. le député.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Merci, M. le
Président.
Deux choses. La première... Vous allez me dire,
probablement, que c'est cosmétique, là, mais, si je ne le dis pas je vais le
regretter. Dans le même... dans le 29.9, il y a deux aspects, il y a celle où
je réfute ma demande, je dis : Je ne veux plus le faire, puis il y a celle
où je pourrais modifier ma demande ou recommencer ma demande. Je me demandais
si... tu sais, pour une lecture, là... puis je vous le dis, c'est pour ça que
je dis que c'est cosmétique, mais n'y a-t-il pas lieu d'avoir un article pour
le dernier paragraphe, là, «une personne ne peut modifier une demande
anticipée», pour être... pour s'y rattacher rapidement? Ça, c'est mon premier
truc qui est cosmétique un peu.
La deuxième, c'est, à partir du moment où je ne
suis pas accompagnée du premier spécialiste ou du premier médecin avec qui j'ai
rempli ma demande... Puis je ne suis pas sûre que c'est la bonne affaire à dire
au micro puis à la caméra, mais je vais le dire pareil, parce que, depuis 2009,
on en a vu, des spécialistes, là, puis on a vu des médecins qui étaient contre
l'aide médicale à mourir, on a vu des médecins qui étaient pour. Si, au moment
où je fais ma demande, je suis accompagnée par quelqu'un qui est pour, puis qui
m'explique les conséquences, puis qui m'accompagne, puis je remplis mes
documents, puis ça va bien, ça va bien, je suis rassurée, je fais les choses
correctement, tout va bien, mais il arrive, deux ans plus tard, un doute dans
ma tête parce que, là, ma famille le sait, ils ont des inquiétudes, ils me
questionnent, ils... chez nous, on dit, ils picossent un peu, là, tu sais, pour
voir : Bien, tu sais, tu es-tu sûre?, puis, tu sais, peut-être que tu as
rempli trop vite, puis peut-être que ce n'est pas à ce moment-là que tu
devrais, puis là la personne, elle décide de réouvrir ou d'aller voir son
médecin puis de dire : Ça ne me tente plus, j'ai un peu... tu sais, je
pense que je peux vivre avec les souffrances qui me sont annoncées, je suis
prête à prendre le risque, j'aime autant retirer ma demande, l'enlever du registre
et, s'il y a lieu, je reviendrai, et là elle est devant le médecin qui est
contre l'aide médicale à mourir et qui prend position en la guidant, ce qui
m'inquiète, c'est l'influence que peut avoir le spécialiste.
Puis je vous le dis, je suis à la même place que
vous, je fais confiance, mais parce que j'ai vu des gens venir nous rencontrer
puis nous dire : Ce n'est pas une bonne idée, l'aide médicale à mourir et
d'autres nous dire : Bien, nous, on est
pour... Puis je reprends... bien, vous étiez là quand les médecins sont venus
nous dire... Bien, il y en avait qui étaient contre, puis maintenant ils
sont pour, hein, il y a un cheminement qui a été fait dans la société. Mais ce
qui m'inquiète, c'est qu'on guide de la mauvaise façon, je vais l'appeler le
patient, là, la personne qui fait une demande ou qui, tout d'un coup, avec ses
doutes, veut retirer sa demande puis il est accompagné pour les mauvaises
raisons. Je ne veux pas léguer de mauvaises intentions à personne, mais on gère
de l'humain, puis la conséquence de cette gestion-là, bien, c'est le droit
d'avoir un soin de fin de vie.
Le Président (M. Provençal)
: Me Térésa.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui. Dans
le fond, partout où il y a de l'humain, il y a une part de risque, c'est sûr,
là. Mais, cela dit, une personne qui aurait fait une demande d'aide médicale à
mourir, puis qui voudrait la retirer, puis qui ne se sent pas bien reçue, bien
écoutée, bon service, le centre intégré de santé et de services sociaux du
territoire, là, peut toujours être contacté pour voir s'il n'y aurait pas un
médecin qui pourrait donner suite à sa demande, là. Et la personne n'est pas
confrontée à rester avec le professionnel compétent qui va l'avoir vu une fois ou qui a complété avec elle la demande initiale,
donc je pense qu'elle va pouvoir se retourner vers un autre
professionnel compétent pour donner suite à sa demande de retrait, là, ou de
modification, là.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Mille-Îles, est-ce
que ça va? Est-ce que vous...
Mme Charbonneau : J'allais dire
oui puis non, mais je vais continuer à nous entendre, je vais le dire comme ça,
parce que je reste avec certaines inquiétudes, mais je comprends quand on me
dit... Puis, tu sais, il y a comme un circuit où on a une inquiétude parce
qu'on se dit : Vous avez raison de dire que le centre intégré peut accompagner, mais, partout, le temps du centre
intégré n'est pas le même, puis ce n'est pas de leur faute. Et je vous
dirais, tu sais, la tâche est grande sur tout ce qu'ils ont à faire, puis
quelquefois le délai de prescription peut être difficile.
M. Dubé : S'il y a quelque
chose où je peux vous rassurer, puis on en a parlé encore dans les derniers
jours, on a quand même une période où on va pouvoir former les médecins. Ils
nous l'ont dit : On n'est pas prêts à faire ça tout de suite. C'est ça
qu'ils nous ont dit il y a quelques semaines. Alors, il y a beaucoup de travail
pour former ces gens-là, pour être prêts dans... lorsqu'on aura convenu du...
Mme Charbonneau : Du délai, là.
M. Dubé : ...de
la mise en vigueur, puis ça, je pense que ça va nous aider parce qu'on l'a vu
dans les discussions la semaine passée, vous l'avez dit, il y a des gens qui
n'étaient pas pour au début, en 2015...
Mme Charbonneau : Qui ont
cheminé.
M. Dubé : ...qui ont cheminé,
puis tout ça, là. Alors, je pense qu'on a le temps de faire ça, et c'est pour
ça que je pense qu'on doit garder notre leadership aujourd'hui pour dire :
Ça, c'est un beau message, là, qu'on est en train de passer; voici comment on
va vouloir travailler, mais préparez-vous parce que la question va venir.
M. Marissal : Je vais le dire
maintenant, là, puis ça n'a rien à voir avec un amendement ou la loi ou que ce
soit, là, mais... puis je ne veux pas récrire une recommandation d'un rapport
qui est sorti il y a plus de six mois, là, mais je vous écoute, là, puis je
sais qu'il y aurait une période de transition dont on a parlé, 18 à
24 mois, là, je pense, ça serait une très bonne idée que d'avoir une ligne
d'écoute pour les familles puis une ligne de référence pour les familles pour
ce genre de questions là, parce que nous autres, là, ça fait deux ans qu'on
baigne là-dedans, là, j'imagine la famille qui est prise avec ça. En tout cas,
je vous en ai fait la recommandation formelle et je crois, pas juste à mon titre personnel, là, mais les gens
vont avoir besoin, des fois, de se raccrocher. Puis vous connaissez le
réseau de la santé un petit peu, ce n'est
pas super facile d'avoir accès toujours aux professionnels, puis le CIUSSS, le
CISSS...
M. Dubé : ...expérience un
appel, un rendez-vous depuis quelques semaines, là. Alors, je...
M. Marissal : On en reparlera,
mais...
Mme Hivon : ...
M. Marissal : Dans l'est de
Montréal non plus, apparemment, mais là n'est pas la question aujourd'hui, mais
je mets ça, là, dans...
M. Dubé : La réponse, c'est
oui. Je vais... on va... à moins qu'il y ait quelqu'un qui est contre ça, là,
je vous dis : C'est une excellente
suggestion, puis on va s'assurer que, dans le processus d'information des
Québécois, il y aurait une ligne d'appel. On va trouver la façon de le
faire. Je trouve ça trop important. Très bonne idée.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va, M. le député de Rosemont?
M. Marissal : Oui, merci.
Le Président (M. Provençal)
: J'avais reconnu...
M. Dubé : Il y a quelqu'un qui
a pris une note, hein?
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
M. Dubé : Oui? O.K.
Le Président (M. Provençal)
: J'avais reconnu la députée de
Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Je
vous remercie. Je vais en profiter pour poser... Le ministre faisait... vous
faisiez référence à une intention de
mettre en place une formation pour accompagner les professionnels de la santé.
Qu'est-ce que vous avez en tête, à ce
stade-ci, comme formation, dans le fond? Est-ce que vous avez déjà réfléchi à
ça? Qui va être responsable de faire cette formation-là?
M. Dubé : Bien, écoutez, je
n'ai pas le détail de ça, mais la semaine... puis je ne le sais pas si vous
étiez là ou pas, parce que vous avez eu peut-être... à un moment donné où on a
eu la discussion, justement quand on a parlé de la mise en vigueur, puis les
gens nous ont dit souvent : Profitez-en pour former les médecins. Alors,
si vous me demandez aujourd'hui : Est-ce que j'ai le détail de ça?, la
réponse, c'est non, mais je pense qu'il va falloir vraiment avoir un plan.
Puis, quand on aura décidé, là, je pense que, si on se rend là, puis ça va
bien, là, mais, si on se rend à mettre une date d'entrée, il va falloir
dire : Dans ce plan-là, voici comment on va former les médecins, comment
on va informer la population. Mais, si vous me demandez, Mme la députée,
aujourd'hui, là, je n'ai pas ça.
Mme Montpetit : Il n'y a pas de
discussion, par exemple, préalable avec le collège sur... C'est à discuter,
c'est ce que je comprends, là.
M. Dubé : Mais
je suis certain qu'ils vont être intéressés à participer, là. Vous pensez,
entre autres, au Collège des médecins? C'est ça que vous pensez, là?
• (15 h 40) •
Mme Montpetit :
Mais je vous pose la question. Vous parlez de formation, moi, je me
demandais si... O.K.
M. Dubé :
Bien, en ce moment, non. Il y a peut-être quelqu'un qui a déjà une idée
là-dessus, mais moi, je n'en ai pas entendu parler encore.
Mme Montpetit :
Autre question aussi, le député de Rosemont faisait référence à une ligne
d'écoute pour les familles, pour le grand public. Il a été soulevé, si je ne me
trompe pas, par David Lussier, le besoin aussi pour les professionnels d'avoir
une ligne de référence, où il nous disait : Il y a des situations,
justement, où la ligne sur l'admissibilité... de façon générale, là, pas
seulement pour les demandes, justement, anticipées, mais c'est déjà un besoin
pour les professionnels de la santé d'avoir un endroit où ils pourraient... je
pense qu'il avait nommé ça un téléphone rouge, là, d'avoir un endroit où on
peut appeler dans une situation précise...
Une voix : ...
Mme Montpetit :
C'est ça, c'est Dr Lussier. Est-ce qu'il est discuté aussi? Est-ce qu'il
serait possible de réfléchir à la possibilité de mettre ça? Parce que c'est sûr
que, si c'est déjà un besoin, ça en sera certainement encore un davantage
dans... suite à l'adoption de ce projet de loi, là.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Je ne me rappelle pas du
numéro de l'article qu'on va venir modifier ou renforcer, là. Il est déjà prévu
dans la Loi concernant les soins de fin de vie que l'établissement doit donner
les moyens de former un groupe interdisciplinaire. En tout cas, je ne sais pas
si c'est libellé comme ça, mais on vient renforcer
cette idée-là pour obliger tous les établissements, les CISSS et CIUSSS, à
former un groupe interdisciplinaire de soutien. Ça, c'est des groupes
qui existent déjà, mais pas de façon uniforme dans tous les établissements.
Donc, on vient en donner l'obligation pour s'assurer... parce qu'on avait bien
conscience, en montant le projet de loi, que les professionnels compétents, les
professionnels de la santé et les proches aidants, les tiers de confiance
auraient besoin d'accompagnement, là. Donc,
c'est déjà quelque chose qui existe, mais on vient le formaliser dans la loi
pour l'obliger en bonne et due forme, puis c'est quelque chose qui
fonctionne déjà très bien.
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce
que ça vous va, madame...
Mme Montpetit :
Bien, je vous invite peut-être à pousser la réflexion, parce que, de toute
évidence, si ça fonctionne très bien, il y a quand même un besoin qui a été
nommé par Dr Lussier. Si lui, il nomme ce besoin-là, j'ose imaginer qu'il doit
y avoir beaucoup d'autres professionnels qui sont peut-être moins bien... je ne
veux pas dire outillés, mais vous comprenez ce que je veux dire. Lui, il est
quand même confronté de façon très, très étroite avec ça, et, s'il dit : Il y a un besoin, peut-être, d'avoir une
référence, des fois, quand on a un questionnement sur l'admissibilité,
je pense que, de toute évidence, ça ne répond pas, à l'heure actuelle, à ce
besoin-là. Mais ça me rassure de savoir déjà qu'on le formalise un peu
davantage, là.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le ministre.
M. Dubé :
Vous avez tellement raison. Je vais aller rapidement. La semaine dernière,
la députée de Joliette nous avait suggéré d'avoir une espèce de petit comité
aviseur qui allait nous suivre pendant l'élaboration du projet de loi. On a
rencontré ces personnes-là, le Dr Lussier et une de ses... nos équipes, ici,
sont en contact avec eux. Je peux vous dire qu'ils nous écoutent, en ce moment.
Alors, votre suggestion, comme celle du député, va être prise en considération,
puis je pense que ça va avancer.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
...ma collègue a abordé rapidement la question de la formation. Moi, je
veux juste être certaine que le ministère a un rôle dans... que ce n'est pas
sous-traité complètement à un ordre. Parce qu'on voit les débats qu'on fait, on
voit l'équipe qui nous accompagne, je ne voudrais pas que cette expertise-là se
perde dans la traduction, mauvaise traduction d'une expression anglaise, et je
voudrais aussi que ce soit multidisciplinaire, donc qu'il y ait aussi un regard
de juriste, un regard social puis, oui, un regard médical.
M. Dubé :
Et d'éthique, hein?
Mme Hivon :
Et d'éthique, tout à fait. Mais ce que je veux dire, c'est que cette formation-là,
je comprends que, dans la première loi, le ministère avait eu un rôle quand
même très important. Ça fait que, puisque, là, c'est le moment de passer toutes
nos préoccupations et nos messages, je pense que ce serait vraiment important
que ce soit le cas. Je ne verrais pas qu'on délègue ça à un seul ordre, par
exemple, ou qu'ils s'organisent entre eux, là, parce que la complexité de la
chose...
Le Président
(M. Provençal)
: Votre
remarque est très judicieuse.
Mme Hivon : Merci.
Le
Président (M. Provençal)
: Parce
qu'on axe sur la multidisciplinarité.
Mme Hivon :
Exact.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, c'est vraiment ce que vous ciblez aussi lorsque ce sera le temps
de réfléchir.
Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le 29.9 amendé? S'il n'y a pas d'autre
intervention... Oui, vous... excusez. Il y avait une... Vous vous étiez engagé
à donner, peut-être, une réponse à la députée?
M. Dubé :
Bien, voulez-vous qu'on règle 29.9, puis on pourra revenir, si vous...
Est-ce qu'il y a d'autres choses sur 29.9? Je ne sais pas.
Mme Maccarone :
...la réponse à ma question.
M. Dubé :
Ah oui, la réponse à votre question, c'est bon. Encore une fois, je ne suis
pas un médecin, mais votre question... puis
je commence à vous connaître, alors je comprends la raison de la question, qui
est très légitime... Pour la question d'une personne qui est autiste, je
pense que la... et je voudrais me faire aider, mais, lorsqu'on a discuté... — pardon,
j'ai pesé sur un bouton — quand
on a discuté le 29.0.1, qui est un nouvel article, ce premier article-là parle
de l'admissibilité, et la première chose qu'il dit, 29.0.1, puis là je vais
demander au juriste de me corriger si je me trompe, mais je pense que je l'ai,
c'est qu'on va dire ici, puis je vous le lis, là, «de formuler une demande
conformément aux dispositions[...], satisfaire aux conditions suivantes :
[...]au moment où elle formule la demande : [...]elle est majeure et apte
à consentir aux soins». Ce que je comprends, puis vous connaissez l'autisme
beaucoup mieux que moi, il y a des gens qui peuvent être être autistiques et
être aptes et d'autres, non. Alors, moi, je pense que, je vous dirais,
dépendant des cas d'autisme, il y a des gens qui y seront admissibles parce
qu'ils sont aptes et d'autres, non. Alors, je ne sais pas si... Je ne veux pas
aller beaucoup plus loin que ça, mais, s'il y a des gens qui peuvent compléter
ma réponse, c'est ce que je comprends.
Mme Maccarone :
Bien, ma question, c'est moins sur l'éligibilité. Je comprends que... Oups!
Je comprends qu'évidemment ça prend une aptitude, mais en ce qui... Puis ce
n'est pas uniquement les personnes qui souffrent du spectre de l'autisme, ça
peut être aussi une personne qui souffre d'une déficience intellectuelle, par
exemple, ou une personne qui a un diagnostic de trisomie.
M. Dubé :
Vous parlez de l'aptitude en général.
Mme Maccarone :
Bien, l'aptitude en général. Ce que je veux m'assurer, c'est, un, je ne
veux pas exclure ces personnes s'ils sont désignés aptes, s'il y a quelqu'un
qui dit : Oui, cette personne est apte à prendre une décision. Mais ce
serait quoi, les accommodements? Comment on va accompagner ces personnes? Parce
que, malgré qu'ils sont aptes à prendre une décision pour eux-mêmes... parce
que l'autre chose qu'on a beaucoup entendue, c'est qu'on veut s'assurer qu'il
n'y a pas une tierce personne qui amène une influence indue, que ça soit des
deux bords, soit ne pas prendre la décision
ou de prendre la décision, parce que c'est une personne qui se retrouve... tout
dépendamment de votre définition d'une personne en situation de handicap. Mais
c'est quoi, les accommodements? Parce que ce n'est pas la même compréhension.
Si vous me...
M. Dubé :
...accommodement ou accompagnement?
Mme Maccarone :
Accompagnement, accommodement, pour la compréhension comme...
Le Président (M. Provençal)
: Je pense que ça va être
important que la légiste, ici, maître, vous donne certaines
clarifications, puis on pourra continuer après.
Mme Maccarone :
Oui, oui, c'est juste pour la mise en scène. C'est que, si vous demandez
une question, mettons, à mon fils, il va vous répondre en noir et blanc, il est
apte à prendre des décisions, mais il ne va pas nécessairement comprendre
peut-être toutes les consignes puis la façon que la question est posée. Puis on
a beaucoup jasé de ça en commission,
qu'est-ce que nous allons faire pour s'assurer que ces personnes vont avoir un
accompagnement à leur rythme, une compréhension spécifique pour eux.
Le Président
(M. Provençal)
: Me
Lavoie.
Mme Lavoie
(Térésa) : Oui. Bien, moi, je vous dirais que c'est un principe, déjà,
qui est consacré dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux
à l'article 11, là, «tout usager a le droit d'être accompagné et assisté
d'une personne de son choix». Donc, ça, c'est sacré, là, dans le réseau de la
santé, là, donc ça va s'appliquer aussi à une démarche dans le cadre de l'aide
médicale à mourir. Il va toujours pouvoir être accompagné de la personne de son
choix pour l'accompagner puis l'assister dans le cadre de sa démarche.
Mme Maccarone : Mais,
quand on dit «accompagné de la personne de leur choix», ce n'est pas
nécessairement ça que je veux dire, je parle de peut-être aussi est-ce qu'on
s'attend que les documents seront aussi adaptés pour eux, un
langage qui est peut-être simplifié pour qu'ils comprennent mieux, que
l'accompagnateur... Je comprends que ça serait un accompagnateur de leur choix,
mais est-ce qu'on s'attend qu'on va avoir des spécialistes, peut-être, qui vont
développer les documents en ce qui concerne cet accompagnement? Parce que je
pense que la crainte, c'est que, si l'accompagnateur en question, c'est
quelqu'un qui fait partie de leur vie... Parce que c'est clair, cette personne
va choisir... ils vont dire : Moi, je veux quelqu'un que je connais, c'est
normal, je pense que tout le monde va vouloir faire ce choix. Puis peut-être il
ne comprendra pas comment que c'est large, la magnitude, alors... Parce que
j'ai compris que... puis on parlait beaucoup
de formation, qu'évidemment... j'espère qu'on va prévoir une formation en
ce qui concerne ces personnes, qui se
retrouvent souvent en situation de vulnérabilité, mais aussi qui sont aptes,
puis on veut respecter leur autodétermination de faire leurs propres
choix. Ça fait que... pas nécessairement l'accompagnateur, mais aussi dans les
documents, est-ce que c'est prévu de moduler, de changer, d'avoir peut-être
quelque chose de spécifique pour eux?
Le Président (M. Provençal)
: Si vous nous laissez une petite
fenêtre, je pense qu'il y aurait une personne qui serait en mesure peut-être de
vous sécuriser, parce que vous avez besoin d'être sécurisée aussi.
Mme Maccarone : Bien,
sécurisée, puis je veux aussi m'assurer qu'on fait des choses aussi à leur
rythme.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, oui, définitif.
Mme Maccarone : Parce que je
veux que les gens qui nous écoutent comprennent que c'est aussi pour eux, ils
ne sont pas exclus, mais on a pensé à des accommodements puis la façon de faire
pour les inclure dans ce processus. Ça fait que ça existe, des personnes qui
ont des difficultés, mais ils sont aptes à prendre des décisions puis ils ne
devront pas être exclus d'avoir accès à l'aide médicale à mourir.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lewis.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Oui. On a bien entendu ça
en commission spéciale, je ne me rappelle plus de quel groupe, mais on a leur
mémoire, là, un groupe qui est dans l'est de Montréal qui fait des démarchages
puis qui sensibilise pour que les documents soient accessibles puis
compréhensibles pour, il me semble, des personnes sont non voyantes ou avec des
déficiences, on l'a bien senti. Mais je vais demander à Élizabeth Arpin, qui
est directrice nationale des soins infirmiers, de répondre à votre question.
Le Président (M. Provençal)
: Consentement pour que madame
puisse... Alors, je vais vous demander de vous nommer et donner votre fonction,
s'il vous plaît.
• (15 h 50) •
Mme Arpin (Élizabeth) : Oui.
Bonjour, Élizabeth Arpin, je suis directrice nationale des soins et services
infirmiers au ministère de la Santé et des Services sociaux. Bonjour.
Donc, évidemment, là, déjà, de base, au niveau
des professionnels de la santé, que ce soit un professionnel compétent en vertu
du projet de loi qu'on est en train d'étudier aujourd'hui ou les professionnels
de la santé de façon générale, c'est central à la profession, au champ
d'exercice et à la déontologie de s'assurer de la compréhension, peu importe la
situation du patient, et là qu'on parle de quelque chose d'aussi grave que
l'aide médicale à mourir, ou d'un vaccin, ou
d'un simple médicament à prendre, d'accord, et de les accompagner en ce sens.
Donc, déjà là, c'est ça.
Deuxièmement,
on parle d'une équipe de soins, ici, et ça, ça inclut, par exemple, les
psychologues, les travailleurs sociaux, les psychoéducateurs, les
travailleurs en éducation spécialisée, qui sont particulièrement impliqués dans
l'accompagnement de personnes avec des
conditions dont vous faites mention, donc l'autisme, la déficience
intellectuelle, et tout ça. Donc, ça, c'est déjà prévu, là, dans les groupes,
les équipes de soins, notamment dans les groupes de médecine familiale ou
autres types de cabinets, et ils ont déjà des services assez bien ficelés,
parfois difficiles d'accès, j'en conviens, je l'entends, mais qui sont là pour
ça.
Sinon, je trouve l'idée vraiment bonne, dans la
formation générale qui sera faite aux professionnels compétents et
professionnels de la santé, d'assurer un volet pour les personnes avec une
condition de vulnérabilité additionnelle.
Moi, j'en ai pris bonne note. Je pense que c'est tout à fait raisonnable de
voir quelque chose comme ça.
Mme Maccarone : J'espère qu'on
va faire appel à Pr Caouette, parce que lui, il a quand même amené une
certaine expertise que nous avons entendue en commission parlementaire. Il est
d'ici, alors je pense qu'il va pouvoir nous aider à élaborer quelque chose pour
faire un accompagnement à la rigueur puis à la hauteur des besoins de ces
personnes vulnérables. Merci beaucoup de l'écoute.
M. Dubé : Et, lorsque la
députée de Joliette parlait de la profondeur de l'équipe au ministère, de
toutes les sphères, je pense que Mme Arpin représente très bien les gens
qui vont faire partie de cette équipe-là.
Le Président
(M. Provençal)
: Y a-t-il d'autres interventions sur le 29.9
amendé? Il n'y a pas d'autre intervention.
M. le ministre, 29.10.
M. Dubé : Vous allez trop vite
pour moi, M. le Président. 29.10?
Le Président
(M. Provençal)
: S'il
vous plaît.
M. Dubé : Alors :
«Le professionnel compétent qui a prêté assistance à la personne ayant formulé
une demande anticipée doit, tant
qu'elle est apte à consentir aux soins, lui rappeler, à des moments différents
et espacés par un délai raisonnable
compte tenu de l'évolution de son état, qu'elle peut retirer ou modifier sa
demande conformément à l'article 29.9.»
Est-ce qu'on a un amendement pour celui-là?
Le Président (M. Provençal)
: Vous avez un commentaire, aussi, à
lire avant l'amendement.
M. Dubé : Oui, oui, c'est parce
que je voulais savoir avant si j'avais...
Le Président (M. Provençal)
: Je vous l'aurais spécifié, M. le
ministre.
M. Dubé : Merci, M. le
Président.
Alors, 29.10 : L'article 29.10 proposé
par l'article 16 du projet de loi prévoit l'obligation du professionnel
compétent ayant assisté la personne dans la formulation de sa demande anticipée
de l'informer, à des moments différents et espacés par un délai raisonnable
compte tenu de l'évolution de son état, qu'elle peut retirer ou modifier sa
demande conformément à l'article 29.9. Le fait qu'un certain délai puisse
s'écouler entre la formulation de la demande anticipée et le moment auquel la
personne devient inapte à consentir aux soins ainsi que les exigences prévues
pour le retrait et la modification d'une demande anticipée justifient que le
professionnel compétent fournisse à différents moments de l'information à la
personne.
Le Président (M. Provençal)
: Et votre amendement.
M. Dubé : Est-ce qu'il est à
l'écran?
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
M. Dubé : Alors,
l'article 29.10 avec son amendement :
Remplacer l'article 29.10 de la Loi
concernant les soins de fin de vie proposé par l'article 16 du projet de loi
par ce qui suit :
«29.10. Le professionnel compétent membre de
l'équipe de soins responsable de la personne qui a formulé une demande
anticipée doit, tant qu'elle est apte à consentir aux soins, lui rappeler, à
des moments différents et espacés par un délai raisonnable compte tenu de
l'évolution de son état, qu'elle peut retirer ou modifier sa demande
conformément à l'article 29.9.»
Des voix : ...
M. Dubé : O.K., alors,
«traitement de la demande anticipée», au point IV.
L'amendement vise à préciser la portée de
l'obligation faite à un professionnel de rappeler à une personne qui a formulé
une demande anticipée d'aide médicale à mourir qu'elle a la possibilité de
retirer ou de modifier sa demande anticipée. Il vise également à insérer un nouvel
intitulé dans la sous-section 3 de la section II du chapitre IV
du titre II de la loi concernant les soins de vie, lequel intitulé porte
sur le traitement de la demande anticipée.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Y a-t-il des commentaires? Oui,
M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Je
comprends bien l'idée qui est là, mais je trouve ça difficilement applicable.
D'abord, qu'est-ce que ça veut dire,
«délai raisonnable»... attends, «à des moments différents et espacés par un
délai raisonnable»? Où sera la personne?
Sera-t-elle chez elle? Elle viendra voir son médecin une fois de temps en
temps? Sera-t-elle déjà en institution? Aura-t-elle, des fois, des moments d'absence? Auquel cas, ça va être
difficile. Le professionnel compétent laissera-t-il des traces de ces
rappels réguliers? Puis, je ne sais pas, mais à chaque fois, mettons, que le
médecin revoit cette patiente — on l'a appelée Mme Tremblay depuis
le début, là — puis
mettons que c'est aux quatre mois, à chaque fois, vous lui redemandez :
Puis, Mme Tremblay, voulez-vous toujours mourir? Tu sais, j'ai évidemment
simplifié, là. Êtes-vous toujours d'accord avec votre... Je ne sais pas si ça
ne forme pas une... ça ne constitue pas une forme d'insistance indue à retirer
la demande. Je ne sais pas. En tout cas, de toute façon, je trouve ça assez
difficilement applicable. Dans le meilleur des mondes, ce serait probablement
très bien si, de fait, il y avait une ombre derrière nous qui est le professionnel compétent, mais ce n'est pas le cas. Puis,
même à ça, je ne suis pas sûr que c'est... Est-ce que ça ne défie pas le but visé — c'est
un bel anglicisme, ça — que
ça sert le but visé que de répéter à chaque fois : Êtes-vous sûre?
Êtes-vous sûre? Êtes-vous sûre?
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Je vais demander à
Élizabeth Arpin de venir répondre à la question.
M. Marissal : Je n'ai pas
entendu, excusez-moi.
M. Dubé : Mme Arpin.
M. Marissal : Ah!
Mme Arpin, d'accord.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Arpin.
Mme Arpin (Élizabeth) : Oui.
Bonjour.
Donc, votre question sur les délais, donc, à ce
niveau-là, dans le guide pratique, on va venir préciser «par délai raisonnable». Il y a des suivis réguliers,
hein, de ces patients-là dont moi, je pourrais avoir, en termes
d'applicabilité, là, la validation que la demande est toujours actuelle, que la
personne est toujours apte à faire cette décision là, aussi soit faite à
travers les suivis réguliers.
Et, deuxièmement, pour ce qui est de la
documentation, c'est normé, hein? Le Collège des médecins, l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec ont des normes de documentation assez
rigoureuses. On ne s'en sort pas, là, on doit documenter ce type d'intervention
auprès de la clientèle.
M. Marissal : Donc, il y aura
des traces.
Mme Arpin (Élizabeth) : Il y
aura des traces au dossier, oui.
M. Marissal : O.K. Puis,
mettons qu'il n'y en ait pas, de trace au dossier, puis qu'un membre de la
famille se revire en disant : Vous n'avez pas fait le suivi nécessaire,
vous n'avez pas redemandé à ma mère, à l'occasion, si elle était toujours
d'accord? C'est là où je dis que c'est parfois... c'est difficile à appliquer,
puis là on se retrouve avec un sacré problème si l'aide médicale a été
administrée.
Mme Arpin (Élizabeth) : Oui,
vous avez raison. Si je peux me permettre, à ce moment-là, c'est vraiment au Collège des médecins ou à l'Ordre des infirmières
et infirmiers d'appliquer leur droit d'aller inspecter
professionnellement ces gens-là parce que ce qui n'est pas documenté n'est pas
fait. Donc, si ça n'a pas été documenté et que les rappels, discussions ou quoi
que ce soit ont lieu, c'est présumé ne pas avoir été fait et, à ce moment-là,
c'est les ordres professionnels qui doivent faire leur travail.
M. Marissal : Et vous avez une bonne
confiance que les professionnels compétents, souvent des médecins puis des IPS,
là, vont être... sont à l'aise avec ça, ils sont d'accord avec ça puis ils
vont...
Mme Arpin (Élizabeth) : Avec la
discussion ou la documentation? Je m'excuse, juste pour préciser.
M. Marissal : Bien, avec les
deux, là, puisque l'un amène l'autre. Avec le fait de rappeler régulièrement et
de noter puis de laisser des traces, ça, ça va?
Mme Arpin (Élizabeth) : Oui,
moi, j'ai confiance en ça. Absolument, oui. La documentation, assurément, là...
Comme je vous dis, ça, on ne s'en sort pas, on doit documenter toutes les
interventions.
M. Marissal : O.K.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va, M. le député de Rosemont?
M. Marissal : Oui, merci.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, Mme la députée de Joliette.
• (16 heures) •
Mme Hivon : Moi, j'ai entendu
des ministres... des ministres! C'est ça, je suis mêlée. On est mêlés entre les
fonctionnaires, maîtres et non-maîtres puis entre les ministres et les
médecins. J'ai entendu des médecins qui sont venus nous dire, aux auditions,
que ça, ça leur faisait peur parce qu'ils trouvaient que c'était très lourd.
C'est un «doit», ça veut dire que c'est une obligation. Je m'imagine en CHSLD,
bien là, la personne, elle pourrait être encore apte ou pas encore complètement
inapte, puis on serait obligés, peut-être — le médecin ou l'IPS vient une
fois par mois — de
valider tout ça et que, là, quelqu'un pourrait lever la main en disant :
Vous ne l'avez pas revalidé, puis, dans la loi, ça dit qu'il faut que vous
revalidiez. Je sais qu'on nous a expliqué, l'autre fois, que ça s'inspirait de
quelque chose qui existe pour la demande contemporaine, où, évidemment, on dit
à la personne... Elle ne peut pas se lever un beau jour puis décider :
Aujourd'hui, je signe ma demande d'aide médicale à mourir, on veut s'assurer
qu'elle va le répéter. Évidemment, pour la demande anticipée, elle est
accompagnée, elle doit rédiger sa demande, il y a un professionnel, il y a des
témoins, elle désigne un tiers. On est ailleurs.
Moi, vous savez, je l'ai dit depuis longtemps,
moi, je retirerais ça aussi parce que je trouve qu'il peut y avoir une forme de
harcèlement, genre : Coudon, on me le demande à chaque trois mois ou à
chaque six mois si je veux encore ça, c'est-tu parce que ça n'a pas de bon
sens? C'est-tu parce qu'on doute que je fais la bonne affaire? Je trouve ça
particulier. Puis je veux juste vous rappeler que, dans la loi actuelle, à
l'article 2.3°, il y a un principe général qui
dit : «Les membres de l'équipe de soins responsable d'une personne — là,
ça dit — en
fin de vie doivent établir et maintenir avec elle une communication ouverte et
honnête.» Moi, je trouve qu'on a le principe général qu'évidemment tu dois
maintenir une communication ouverte. Si on sait qu'il y a ça dans le dossier,
on va voir si la personne a l'air d'avoir eu un changement radical, peut-être
que ça va inciter le professionnel compétent à dire : Je devrais peut-être
revalider parce qu'elle ne me dit pas pantoute la même chose qu'elle me disait
il y a six mois.
Mais sinon je trouve que, d'une part, c'est très
lourd comme obligation pour le professionnel compétent. Je trouve qu'on est
encore un peu dans l'utopie. Moi, je connais des gens qui ont la maladie
d'Alzheimer, ils n'ont pas des suivis à tous les mois ou à tous les deux mois
avec un médecin, là. Je ne sais pas si on pense que ça va de soi, là, mais ce
n'est pas exactement comme ça. Puis je trouve qu'il y a un risque que la
personne se sente questionnée dans ce qu'elle a déjà exprimé.
Le Président (M. Provençal)
: ...après ça, je pense que
Mme Arpin va peut-être avoir des éléments...
M. Dubé : J'avais une question
qui est peut-être entre les deux commentaires qu'on a entendus, là, c'est de
savoir, Mme Arpin, quelle est l'obligation professionnelle du médecin, en
ce moment, sans cet ajout-là. Qu'est-ce que cet ajout-là vient faire de plus?
Parce que, lorsque la personne est diagnostiquée, c'est là que, je comprends,
elle est prise en charge, parce que, si elle a un diagnostic, c'est la première
chose qui lui donne l'éligibilité à ça. Est-ce que... puis là je vais à
l'extrême, on n'aurait pas cet article-là, est-ce qu'on... la responsabilité du
médecin par rapport au diagnostic qui a été donné, est-ce qu'elle est
suffisante? Je pense que c'est un peu ça, la façon de poser la question, parce
qu'il y a une obligation du médecin, une fois qu'il y a un diagnostic de
quelqu'un qui a, par exemple, la maladie d'Alzheimer.
Mme Arpin
(Élizabeth) : Il y a une obligation de prise en charge et de
suivi appropriés, que ce soit par lui-même ou par un autre professionnel dans l'équipe de soins, selon le besoin.
Donc, ça peut être une infirmière, une psychologue, on les a toutes
nommées, là. Donc, le suivi est une obligation.
Pour ce qui est spécifiquement par rapport aux
rappels, là, peut-être que je passerais la parole à Me Lavoie pour l'expliquer,
mais en termes... une fois que le diagnostic est émis, il y a une obligation
pour le médecin ou l'IPS d'assurer un suivi dans les délais que... selon le
jugement clinique de l'évolution de l'état de la personne.
M. Dubé : C'est selon son
ordre, ce n'est pas selon la demande qu'on fait, ici.
Mme Arpin (Élizabeth) : Ce
n'est pas selon la loi, c'est selon ses obligations professionnelles, oui.
M. Dubé : C'est ça, et c'est un peu
ça ma question : Qu'est-ce que ça donne de plus, ici, d'avoir 29.10?
Mme Arpin (Élizabeth) : Là-dessus,
je pense qu'on est plus dans le juridique qu'autre chose. Je passerais
peut-être la parole à Me Lavoie, si ça vous convient.
M. Dubé : O.K. C'est ça que je
veux comprendre.
Le Président (M. Provençal)
: Me Lavoie.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui. En fait,
si on regarde la loi, actuellement, pour les demandes contemporaines, à
l'article 29, paragraphe 1°, sous-paragraphe c, on n'est pas dans la
même situation nécessairement, mais il y avait un souci qui avait été pensé de
dire aux médecins qu'ils devaient s'assurer de la «volonté réitérée d'obtenir
l'aide médicale à mourir, en menant avec [la
personne] des entretiens à des moments différents, espacés par un délai
raisonnable compte tenu de l'évolution de son état».
Donc, ici, dans la... pour les demandes d'aide
médicale à mourir anticipées dans le contexte d'une maladie menant à
l'inaptitude à consentir aux soins, on s'attend... on s'imagine qu'il va y
avoir un délai entre le moment où la demande est formulée puis un moment où
l'aide médicale va être administrée. On sait que, c'est ça, il y a un délai,
puis on sait aussi que la personne, elle va devenir inapte, là, à un certain
moment donné. On sait aussi qu'on a ajouté un certain formalisme lié au retrait
de la demande. Donc, on avait une préoccupation que la personne puisse... pas
revalider son consentement, mais être consciente que retirer sa demande, ça
implique une action de sa part.
Donc, après réflexion et analyse, on s'est dit
que les personnes les mieux placées pour être là au bon moment quand la
personne pourrait remettre en question sa décision ou vouloir la modifier,
c'était un membre de l'équipe de soins qui était responsable de cette
personne-là. C'est certain que ce qu'on lit ici, ça crée une obligation, mais
ce n'est pas une obligation de résultat, là. Il n'y a pas... Les guides vont
pouvoir mieux définir qu'est-ce qui est attendu de la part d'un médecin ou
d'une IPS dans ce contexte-là, mais ce n'est pas une obligation de résultat,
c'est une obligation de moyens, là. Donc, si on ne le mettait pas... Je me pose
plus la question à l'inverse : Si je me posais... si on ne le mettait pas,
quel rempart de sécurité on aurait pour s'assurer que la personne reste
consciente que... pour retirer ou modifier sa demande sur un espace-temps, qui
va s'assurer qu'on le lui rappelle, là, son droit?
Le Président (M. Provençal)
: ...le député de D'Arcy-McGee et, par
la suite, le député de Rosemont, qui ont signifié...
M. Birnbaum :
Je partage la préoccupation et je commence à me poser la question aussi de
la pertinence de ça sur deux optiques.
Dans un premier temps, la loi actuelle fait le
constat, avec des conséquences, que l'aide médicale à mourir, dans des
circonstances circonscrites, est sur le continuum de soins, et là j'ai un petit
peu... Donc, un médecin de l'équipe médicale aurait l'obligation de continuer à
veiller à un cheminement de traitements, ou d'enlèvement de traitements, ou interventions actives, comme
l'aide médicale à mourir... soit surveillé de façon normale. Alors, j'entends, en quelque part, l'obligation qui est
déjà là. Je partage l'inquiétude que... telle qu'écrite, où on dit que
l'obligation de passer voir, ici et là, est surtout en optique de rappeler la
personne qui avait une demande de faite : Est-ce qu'on continue? Y a-t-il
un risque d'une pression quelconque? Ça, c'est une deuxième chose.
Troisième chose, sur le plan équité et
faisabilité sur le terrain, est-ce qu'on n'est pas en train peut-être de créer
une certaine hiérarchie? Les médecins font leur travail très professionnel et
sont conscients, j'imagine, et on a entendu ça souvent, très conscients de
leurs obligations envers la loi et des choses prescrites très claires. Est-ce
que les médecins risquent de se donner dans leur tête deux sortes d'individus
atteints des maladies neurodégénératives dans leur charge, celles qui auraient
déclaré leur demande d'aide médicale à mourir et il faut vérifier à plusieurs
reprises, et d'autres, atteints des mêmes symptômes très graves et incurables,
qui n'auraient pas déclaré leur intention de se prévaloir de l'aide médicale à
mourir?
Tout cela pour dire : Est-ce qu'on n'est
pas, en quelque part, mieux balisés et est-ce qu'on équipe, en quelque part,
mieux les médecins... de nous fier à leur code déontologique et de ne pas faire
une telle précision?
M. Dubé : ...intervenir tout de
suite ou, peut-être, le député de Rosemont.
Le Président (M. Provençal)
: Bien, le député de Rosemont, parce
qu'il avait demandé la parole, puis après ça je vous la cède, M. le ministre.
M. Dubé : Puis on a peut-être
la solution.
Le Président (M. Provençal)
: O.K.
• (16 h 10) •
M. Marissal : ...mais, avec la
demande contemporaine de quelqu'un qui est apte quand il fait sa demande,
évidemment, et qui va être apte au moment de l'administration, il y a un jour,
une date, une heure de déterminés, alors il serait assez curieux de ne pas lui
redemander quand même avant : Êtes-vous toujours d'accord? Là, ça, je
comprends ça, mais ce n'est pas le cas de quelqu'un qui va devenir inapte. Ce
qu'on nous a beaucoup dit, là, et je pense que c'est sous-jacent, là, à l'idée
de permettre aux gens qui vont éventuellement devenir inaptes, ce qu'on nous a beaucoup dit, c'est : Je veux être capable
de me donner cette tranquillité d'esprit pour ne pas tout le temps penser à
ça puis ne pas tout le temps me... Ça fait que, là, tu as quelqu'un qui va te
le redemander quand même... puis quelqu'un en autorité, l'autorité du sarrau
blanc, là, qui est réelle dans la vie, là, qui va tout le temps te le
redemander. Je peux comprendre que tu peux, à un moment donné, être tourmenté.
La personne peut toujours, par ailleurs, puis on
vient d'en parler à l'article précédent, refuser ou décider de ne plus vouloir
ce traitement de fin de vie, elle peut le faire. Puis, en principe, elle est
entourée — je
termine tout de suite, M. le ministre — elle est entourée de gens à
qui elle peut en parler : Tu sais, coudon, j'ai des doutes, je ne suis
plus sûre. O.K., mais, tu sais, maman, papa, tu peux toujours retirer ta
demande. Je ne voudrais pas qu'on tombe, là, dans le syndrome du sarrau blanc,
là, avec quelqu'un qui te pousse constamment là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Dubé : Bien, écoutez, j'ai
peut-être une solution à proposer, parce qu'une des choses, en vous écoutant,
là, que je me disais : On a quand même augmenté un peu le rôle du tiers de
confiance qui doit lever la main si c'est plus clair au début. Puis, moi,
maintenant que je comprends que l'engagement de la corporation professionnelle...
C'est déjà prévu, de suivre le monde, les
personnes, lorsqu'il y a un diagnostic. C'est ça que vous avez dit,
Mme Arpin. Moi, on m'a dit plusieurs fois depuis hier qu'on veut laisser
aux médecins leur jugement puis leur façon de travailler. Bien, je pense qu'on
a un bel exemple, ici, que je ne suis pas sûr que ça ajoute beaucoup de valeur,
surtout avec les arguments que vous venez d'amener.
Alors, moi, je vous dis... puis je consulte les
légistes, mais, s'ils n'ont pas d'objection, je pense qu'on pourrait le
retirer, si ça fait consensus, parce que, basé sur la discussion qu'on vient
d'avoir, moi, je ne pense pas... non
seulement je ne pense pas que ça ajoute de la valeur, mais je ne suis pas sûr
que ce n'est pas négatif, avec ce que vous venez de dire. Je serais assez confortable à l'enlever, si on me dit...
puis là je ne veux pas vous mettre «on the spot», là.
Une voix : ...
M. Dubé : Vous êtes confortable
avec ça? Bon, bien...
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Oui...
M. Dubé : Nancy,
voulais-tu dire quelque chose?
Une voix : ...
M. Dubé : En privé? O.K.
Mme Charbonneau : Ça va?
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
Mme Charbonneau : Je me ferai
avocate du diable. Si ce n'est pas écrit nulle part puis que la question ne
vient jamais parce que la démence arrive plus vite, parce que le temps se
faufile, les rendez-vous sont annulés et repris, il ne fait pas beau, il a neigé,
et je ne mets aucunement en doute la volonté du médecin, mais, si ce n'est pas
écrit, il n'y a pas d'obligation. Puis je comprends, quand vous nous
dites : Faisons confiance, puis j'en suis, mais, quand on écrit une loi,
on l'écrit pour pouvoir avoir un regard objectif sur tout ce qui peut se
passer. Puis ce n'est pas obligé d'être aux quatre semaines, là, je dis juste
que, si on laisse une trace, qu'il est obligé d'avoir cette conversation-là
avec son patient ou avec la personne, ça laisse une trace de ce qu'on aimerait,
comme législateurs, avoir comme relation entre le patient et le médecin. Je
fais juste le dire comme ça. Mais je comprends l'autorité du sarrau blanc. Je
viens d'une génération où ma mère... le curé, le prof puis le médecin avaient
raison. Donc, je veux juste être... Je vire un peu le syndrome de l'autre côté
en disant : Je fais confiance, mais en même temps, si on n'écrit pas qu'on
veut que la question se pose, on n'oblige personne à la poser.
Le Président (M. Provençal)
: De ce que je sais, par exemple, il y
a des obligations déontologiques, et, au niveau médical, un médecin qui
rencontre un patient a une obligation de mettre des notes au dossier.
Mme Charbonneau : Je vous
arrête tout de suite, M. le Président, ce n'est pas parce que je n'y crois pas,
je vous crois sincèrement, sauf que je n'écris pas cette loi-là que pour les
médecins.
M. Dubé : ...parce qu'on peut
en parler longtemps, mais le deuxième point que j'ai ajouté, quand ça a été
écrit, on n'avait pas fait les modifications au tiers de confiance, et le tiers
de confiance a un beaucoup plus grand rôle qu'initialement dans le projet.
Mme Charbonneau : ...ce
que vous venez de dire me fait bien plus peur, là, parce que mon tiers de
confiance, là, ce n'est pas le médecin, mon tiers de confiance, c'est quelqu'un
qui va m'accompagner dans ma démarche.
M. Dubé : Je dis juste que
c'est un travail de groupe.
Mme Charbonneau : Vous avez
raison.
M. Dubé : Donc, c'est juste ça.
Mme Charbonneau : Vous avez
raison, mais, si vous nous dites : On n'a pas besoin de l'avoir dans la
loi, qu'il faut... que le médecin doit interpeler la personne, ça m'inquiète.
Je comprends, par contre, le principe qui veut que c'est dans leur code
déontologique, c'est dans la relation patient-médecin, c'est dans la volonté de
faire les suivis, mais une loi, c'est écrit pour s'assurer que tout se passe...
M. Marissal : Mais on va faire
le débat dans ce sens-là, là.
Mme Charbonneau : Il n'y a pas
de souci.
M. Marissal : Ça ne vous exclut
pas du tout, M. le ministre, je veux juste dire que... Reprenons l'exemple de
Mme Tremblay, là, elle est suivie par un médecin, on ne dit pas... je ne
dis pas qu'il faut interdire au médecin d'en parler, je ne souhaite pas qu'on
lui... qu'on formalise son obligation d'en parler, parce que le médecin qui
voit Mme Tremblay, il la connaît puis il décèle dans son comportement,
puis même parfois dans son «body language», dans ses yeux, qu'elle n'est plus à
l'aise avec son affaire, bien, bon sang, ce n'est pas des plantes, là, il va
lui en parler, tu sais. Et je ne dis pas
qu'il ne doit pas... Je dis... On ne fait pas interdiction au médecin de faire
un suivi adéquat avec ses patients,
ce serait un peu contre-productif, mais l'obligation de le faire, moi, je pense
que ça devient une forme de harcèlement, à la limite, et, je pense, ça
va rebuter des médecins qui vont dire : Ouf! C'est encore de la paperasse,
encore des trucs, encore... ça ne me tente pas, je ne m'embarque pas là-dedans,
et ce n'est peut-être pas nécessaire.
Mme Charbonneau : Je finirai
mon argumentaire en disant : Et, si Mme Tremblay change de médecin et
si la vie de Mme Tremblay change et elle a besoin de se refaire questionner...
J'entends ce que vous me dites puis j'adhère, mais je reste avec cette crainte
que ce qui n'est écrit ne s'applique pas. Puis j'entends, quand vous me
dites : Ça se peut que le médecin trouve ça trop lourd puis ça ne lui
tente pas. J'avais le même argument pour : si je ne
veux pas avoir le traitement, si je ne veux pas avoir le soin, je suis obligée
d'écrire un paquet de papiers puis recommencer toute ma démarche. Je comprends
le principe où ça peut devenir lourd. Mais, si je ne laisse pas une trace dans
le projet de loi qui dit qu'une forme d'obligation — puis je dis le mot
puis je le sens lourd en même temps, là — de cette relation qui, une
fois, deux fois... Peut-être, même, c'est une fois par année, à chaque fois
qu'elle voit son médecin, il va lui demander, là : Comment ça va? Mais
est-ce qu'il va aller jusqu'à : Ça va encore bien, donc on ne remet pas en
question rien par rapport à la suite des choses? Je ne le sais pas. Je vous dis
juste que, si ce n'est pas écrit, j'ai des
inquiétudes. Mais je vous entends, quand vous me dites : C'est dans le
code déontologique, puis qu'il ne faut pas que ça devienne du
harcèlement, puis il ne faut pas que ça soit une relation de méfiance envers la
personne qui le demande pour la suite des choses.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Soulanges.
Mme Picard : ...un petit
témoignage personnel, parce qu'avec ma fille, moi, j'ai un papier de niveau de
soins, puis l'équipe médicale, à chaque fois qu'on les voit, ils viennent
vraiment nous dire que notre décision a été telle, ou telle, ou telle. C'est
vraiment... Pour moi, je le vois... Je ne le traiterais peut-être pas de
harcèlement, mais je sens, à chaque fois, un jugement, je sens une pression,
là. Ça fait que je trouve que de le mettre dans la loi... Si nos légistes nous
disent que ce n'est peut-être pas nécessaire à ce moment-ci parce qu'on a
changé d'autres choses dans la loi, moi, j'aurais tendance à l'enlever, parce
que la pression que ça va faire aux patients n'est pas à négliger.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, Mme la députée de Joliette. Vous
m'excuserez...
Mme Hivon : Moi, je suis
100 % d'accord. Je veux dire, ça me dérange depuis le début, ça. Je trouve
que le jugement a l'air d'être posé puis... Est-ce que, dans le formulaire...
Il va y avoir tout un travail sur le formulaire, là, mais être sûr que la
personne a été avisée qu'évidemment en tout temps elle peut retirer, puis que
ça soit vraiment dans le formulaire... Donc, quand elle va le signer, elle va
voir ça, puis qu'on va lui dire comment le faire, donc, ça enlève peut-être ce
stress-là de dire... Elle va le savoir, là, on va lui avoir dit au jour 1
de sa demande : Si vous voulez retirer, c'est comme ça. On espère que le
professionnel va l'avoir fait verbalement, mais que ça soit aussi inscrit dans
le formulaire, tu sais, je pense que c'est une garantie qu'on se donnerait puis
qui pourrait nous donner la paix d'esprit d'enlever ça aussi.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Ça va. Si vous me permettez, moi, je
pense que, majoritairement — je
vais bien m'exprimer — on
est en accord pour retirer le 29.10, ce qui veut dire que, dans un premier
temps, il faut nécessairement retirer l'amendement, et il faudra déposer un
petit amendement qui dit «l'article 29.10 est retiré du projet de loi». Ça
va?
Alors, dans un premier temps, on va... je vais
demander votre consentement pour retirer l'amendement.
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
Dans un deuxième temps, je vais vous demander de
laisser quelques minutes aux légistes d'écrire le nouvel amendement qui va nous
permettre de retirer le 29.10 et je demanderais, pendant ce temps, à M. le
ministre de nous lire le 29.11.
• (16 h 20) •
M. Dubé : ...de temps en temps.
J'apprécie beaucoup la qualité de la discussion qu'on vient d'avoir sur un
point aussi important, incluant vos commentaires, Mme la députée.
Alors : «29.11. Un professionnel compétent
qui constate l'inaptitude à consentir aux soins d'une personne ayant obtenu un
diagnostic de maladie grave et incurable menant à une telle inaptitude consulte
le registre établi en vertu de l'article 63.
«Si une demande anticipée formulée par cette
personne s'y trouve, il en prend connaissance et la verse à son dossier, à
moins qu'elle ne l'ait déjà été. De plus, il avise tout tiers de confiance
désigné dans la demande du fait qu'il a constaté l'inaptitude de la personne.
«Si la personne ne paraît pas éprouver les
souffrances décrites dans la demande, mais qu'une équipe de soins en est
responsable, le professionnel informe de l'existence de la demande les autres
professionnels de la santé [et] membres de cette équipe.»
Laissez-moi juste trouver le commentaire
rapidement, ici.
L'article 29.12 proposé par...
Une voix : ...
M. Dubé : Ah oui, excusez-moi.
Oui, merci, Gabrielle.
L'article 29.11 proposé par
l'article 16 du projet de loi prévoit l'obligation pour un professionnel
compétent qui constate l'inaptitude à
consentir aux soins d'une personne ayant obtenu un diagnostic de maladie grave
et incurable menant
à une telle inaptitude de consulter le registre établi en vertu de
l'article 63 de la loi afin de voir si une demande anticipée
formulée par cette personne s'y trouve et, le cas échéant, d'informer tout
tiers de confiance désigné dans la demande de constatation de cette inaptitude.
Cette obligation permet d'assurer une certaine vigie des demandes anticipées
pour éviter qu'elles ne tombent dans l'oubli et de débuter, en quelque sorte,
le processus d'examen des souffrances décrites dans la demande prévu aux
articles 29.12 et suivants proposés par l'article 16 du projet de
loi.
À cet égard, l'article 29.11 prévoit l'obligation
pour le professionnel compétent d'informer de l'existence d'une demande
anticipée les professionnels de la santé membres de l'équipe de soins
responsable ou de la personne si celle-ci ne paraît pas éprouver des
souffrances décrites dans la demande. Ainsi, une surveillance attentive de
l'état de la personne pourra se faire. Notons enfin que les obligations prévues
par l'article 29.11 n'incombent pas nécessairement au professionnel
compétent qui a prêté assistance à la personne pour la formulation de sa
demande anticipée et ne limite pas le rôle du tiers de confiance prévu à
l'article 29.4.
Le Président (M. Provençal)
: ...à l'article 29.11.
M. Dubé : Merci, M. le
Président.
Alors, à l'article 29.11 de la loi
concernant les soins de vie proposé par l'article 16 du projet de
loi :
1° remplacer le premier alinéa par le
suivant :
«Un professionnel de la santé ou des services
sociaux qui dispense des soins à une personne ayant obtenu un diagnostic de
maladie grave et incurable menant à l'inaptitude à consentir aux soins doit,
lorsqu'il prend connaissance de cette inaptitude, consulter le registre établi
en vertu de l'article 63.»;
2° remplacer, dans le deuxième alinéa, «avise
tout tiers de confiance désigné du fait qu'il a constaté» par «doit s'assurer
que tout tiers de confiance désigné dans la demande ait été avisé de la
survenance de»;
3° remplacer, dans le troisième alinéa, «les
autres professionnels de la santé» par «les professionnels de la santé ou des
services sociaux».
Alors, le commentaire : L'amendement vise à
étendre l'obligation de consulter le registre établi en vertu de
l'article 63 de la loi concernant les soins de vie à tout professionnel de
la santé ou des services sociaux qui dispense des soins à une personne ayant
obtenu un diagnostic de maladie grave et incurable menant à l'inaptitude à
consentir aux soins et non seulement à un professionnel compétent. Il prévoit
également une modification pour qu'un tel professionnel ait l'obligation
d'informer les professionnels de la santé ou des services sociaux membres de
l'équipe de soins responsable de la personne ayant formulé une demande
anticipée de l'existence de cette demande.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a des interventions?
Oui.
Mme Hivon : ...le texte modifié
à l'écran. J'ai de la misère avec Greffier.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, c'est ce que j'ai demandé, Mme
la députée.
Mme Hivon : O.K., super.
Le Président (M. Provençal)
: C'est pour ça que j'ai demandé qu'on
remonte le texte pour qu'il soit visible. Vous pouvez le grossir un petit peu,
il n'y a pas de problème, parce que ça va me faire... Merci, c'est bien pour
ma...
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, oui, oui. Alors, je pense que le
député de Rosemont, dans un premier temps, a demandé la parole.
M. Marissal : Oui, j'ai deux
points à mon intervention, et le deuxième permettra peut-être de liquider un
sujet qui traîne dans le décor depuis le début.
Le premier point, par contre, concerne le
registre. On nous a dit, pendant les consultations de la commission spéciale,
que ce registre-là fonctionne... ce n'est pas optimal, la façon dont il
fonctionne. Est-ce qu'on peut s'assurer, si c'est dans la loi puis que c'est un
outil, là, je pense, très utile, qu'il soit effectivement bien utilisé et que
c'en soit, probablement, une obligation? Parce que ça avait l'air un peu
facultatif, là, de ce qu'on nous a dit, mais évidemment on parlait des codes de
demandes contemporaines, là.
Puis, la deuxième question — je
pense que vous me voyez venir — pourquoi ce n'est pas possible de mettre ça sur la carte d'assurance maladie? Parce que ça a
été... c'était une recommandation. Ça a été exclu. On nous a dit, en
toute transparence, là, dans les briefings, que ce n'était techniquement pas
possible. Enfin, à la fin, rien n'est impossible
qui n'est pas possible, là, parfois, mais je comprends mal pourquoi une affaire
comme ça, qui n'est quand même pas de la physique nucléaire, là, de...
une petite indication sur la carte... Alors, j'aimerais ça qu'on m'explique
pourquoi.
M. Dubé : Vous voulez y aller?
Oui, c'est peut-être mieux.
Le Président (M. Provençal)
: Me Lavoie, s'il vous plaît.
Mme Lavoie
(Térésa) : Dans le fond...
M. Dubé : Faites-moi pas dire
des choses que je ne voudrais pas dire.
Mme Lavoie (Térésa) : Laissez-moi
aller. Dans le fond, c'est que le registre, actuellement, c'est le Registre des
directives médicales anticipées. Donc, il n'y a pas de demande d'aide médicale
à mourir dedans en ce moment, là, première affaire.
Deuxième
affaire, actuellement, ce n'est pas obligatoire de verser une directive
médicale anticipée dans le registre, ça
fait que peut-être que ça contribue à sa méconnaissance puis à son utilisation
sous-optimale, là, mais ça peut être ça.
Troisième affaire, la carte d'assurance maladie,
c'était une recommandation du rapport puis c'est la seule qu'on n'a pas donné
suite, là, d'une manière ou d'une autre, parce qu'après discussion la carte
d'assurance maladie, son endos, ce n'est pas... il n'y a aucune règle juridique
à cet égard-là. C'est des décisions qui sont prises sur le plan administratif,
quant à savoir qu'est-ce qui est à l'endos de la carte d'assurance maladie.
Donc, comme il n'y a pas d'encadrement, de carcan juridique, on n'a pas été,
dans la loi, l'écrire. C'est vraiment des questions d'opportunité, là, qui se
font entre la RAMQ puis d'autres intéressés qui pourraient vouloir avoir
quelque chose derrière la carte d'assurance maladie. Donc, c'est purement
administratif. Puis je pense que vous avez eu aussi, au ministère, des
discussions avec la RAMQ à cet égard-là, là. Puis, bon, je ne veux pas rentrer
dans les détails, là, mais il y a des défis... je dis toujours
«cartographiques», mais ce n'est pas ça, c'est des défis graphiques, là, à
savoir qu'est-ce qu'on met puis... mais, bon, je ne veux pas rentrer dans ce
détail-là. Mais on n'a pas d'empêchement juridique à prévoir quelque chose à
l'arrière de la carte d'assurance maladie, c'est juste des discussions et des
décisions qui peuvent se prendre à d'autres niveaux.
M. Marissal : O.K. Si on n'a
pas d'empêchement juridique, pourquoi on ne le fait pas?
Le Président (M. Provençal)
: Maître, on vient de vous
demander : S'il n'y a pas d'empêchement juridique, pourquoi on ne le fait
pas?
Mme Lavoie (Térésa) : Bien, si
je le prévois dans la loi, il faut que ce soit possible dans les faits, là,
technologiquement, là, et là, pour l'instant, ce n'est pas quelque chose qui
est faisable sur le plan matériel. Donc, il faudrait faire des travaux avec la
RAMQ pour s'assurer que c'est possible, puis, une fois que c'est possible, là,
on pourrait le prévoir.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Rosemont, puis je
cède la parole, après ça, à Mme la députée de Joliette.
M. Dubé : Je peux-tu...
M. Marissal : Je vous en prie.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y, M. le ministre.
• (16 h 30) •
M. Dubé : Bien, premièrement,
moi, je pense qu'on devrait aller là, premièrement.
Deuxièmement, on a déjà demandé pour faire la
même chose pour le don d'organes puis on s'est fait répondre la même chose.
Alors, je vais continuer de le demander puis je vais m'y engager ici, parce
que, pour moi, il faut moderniser.
Bon, maintenant, le temps d'application, je
reviens toujours à ça, vous savez qu'on a déposé un projet de loi sur toute la
numérisation, puis une des premières applications qui va se faire, c'est la
carte d'assurance maladie. Ça fait que moi...
Si vous voulez qu'on... Je ne suis pas sûr qu'on a besoin de mettre ça dans le
projet de loi, mais on devrait avoir... un peu comme on va discuter du
guide, là, mais moi, je pense, dans le processus administratif, autant pour la
demande anticipée que pour le don d'organes, pour moi, ça devrait être sur la
carte d'assurance maladie. Si on décide d'aller soit dans un «opting in» ou
«opting out», parce qu'on pourrait décider, dans le don d'organes... mais ça,
c'est une autre décision... mais je pense que ça devrait... on devrait se
mettre la pression que ça devrait être là, ça, pour moi, c'est très clair.
M. Marissal : ...c'est plus un
engagement.
M. Dubé : Ah! moi, je pense que
oui.
M. Marissal : Considérant
toutes les incertitudes liées à notre emploi et à la suite des choses, c'est
quelque chose que vous voudriez faire?
M. Dubé : Bien, moi, disons que
j'ai bon espoir pour vous, là, parce que... Mais ce que j'aimerais dire, ce que
j'aimerais dire, c'est que je pense qu'on a dit clairement qu'il y avait...
qu'il pourrait y avoir un engagement du gouvernement sur une base
administrative. M. Marco Thibault, là, il en a fait, des ajustements
depuis qu'il est là, là, je le connais bien, puis il
avance très bien, et il est très à l'aise avec la numérisation. Mais ça doit
faire partie d'un processus administratif, puis je pense que c'est... C'est-tu
dans le p.l. n° 64, que le ministre Caire a fait ça, là, pour dire qu'il
va y avoir une première numérisation de l'identité? Je ne sais pas. L'identité
numérique, là, c'est p.l. n° 64, ça? Mais je pense que la carte
d'assurance maladie est une des premières, avec le permis de conduire, puis
moi, je pense que c'est là que ça devrait aller.
M. Marissal : O.K.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui. J'ai plusieurs
questions sur cet article-là. Mais, juste sur la question de la carte
d'assurance maladie, je veux qu'on soit clairs que ça ne remplace pas, là, le
registre. C'est juste pour dire... c'est vraiment juste pour...
M. Dubé : ...
Mme Hivon : Exact, c'est ça,
qui rassurerait tout le monde, là.
M. Dubé : À moins que vous me
disiez le contraire, là.
Mme Hivon : Je pense ça serait
vraiment une belle avancée. On voulait le faire pour les DMA, puis, pour les
directives médicales anticipées, même chose. Je veux dire, tu arrives à
l'urgence, tu ne veux pas être réanimé, tu l'as écrit, mais ils sont en train
de te réanimer. Si c'était écrit sur ta carte d'assurance maladie que tu as des
DMA...
M. Dubé : Vous l'avez déjà
demandé pour la DMA?
Mme Hivon : Oui, on l'avait
demandé. Mais, comme je vous dis, je n'ai pas pu faire le suivi, il y a eu un
changement de gouvernement, donc...
M. Dubé : Ah!vous
pouvez encore décider de rester, hein, c'est juste le 3 octobre.
Mme Hivon : Non, mais là je ne
suis pas sur cet enjeu-là, je suis sur un enjeu rétroactif de ce qui s'est vécu
en 2014, donc... Ça fait que je ne sais pas pourquoi, mais ça ne s'est pas
fait.
M. Dubé : Bien, écoutez, pour
moi...
Mme Hivon : Puis
je trouve que, pour les deux, c'est pertinent.
M. Dubé : Bien, autant pour le
DMA que pour...
Mme Hivon : Oui.
M. Dubé : O.K.
Le Président (M. Provençal)
: Vos questions? Parce que vous avez
dit que vous...
Mme Hivon : Vous voulez mes
questions?
Le Président (M. Provençal)
: Bien, on est toujours sur
l'amendement du 29.11.
Mme Hivon : Sur l'amendement, O.K., oui. Ça
fait que mes questions, c'est : Est-ce que vous avez en tête que le
registre pour les demandes anticipées va
être le même registre que les directives médicales anticipées, avec deux
volets?
La deuxième question, c'est que, là, vous
inscrivez que tous les professionnels de l'équipe de soins vont pouvoir
consulter le registre, ce que je trouve qui est une très bonne idée. Est-ce que
c'est la même chose pour les directives médicales anticipées? Parce qu'il me
semble que c'est restreint aux, peut-être, médecins ou... en tout cas, je
voudrais juste que vous me clarifiiez ça parce que je serais portée à dire
qu'on devrait changer ça.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lewis ou... Oui, je pense
que vous avez noté...
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Oui. Bien, je vais vous
répondre, oui, j'ai renoté les questions. Est-ce que ça va être le même
registre? On a déjà entamé les discussions, mais on n'a pas fait de commande
formelle parce que ça aurait été un conflit d'intention de faire... parce que
le projet de loi n'est pas adopté, là. On en a déjà parlé avec les personnes
responsables à la RAMQ, ça serait comme une annexe du Registre des directives
médicales anticipées, donc. Puis c'est un registre qui est déjà... qui est
sécuritaire et diligent puis qui est accessible dans tous les lieux où on offre des soins, même
à domicile. Ça, je me suis bien assuré, là, si un professionnel va donner des
soins à domicile, est-ce qu'avec sa tablette du CIUSSS il a accès, puis
ils m'ont dit oui, il n'y a pas du tout de problème.
Vous avez raison de noter que cet outil-là n'est
pas suffisamment connu. On l'a entendu, la Chambre des notaires, en commission
spéciale, est venue nous le dire. Le Collège des médecins est venu nous le
dire, il a même fait un sondage, en septembre, puis, dans son document de
réflexion, il a noté aussi que c'était peu connu. L'association des retraités
de la fonction publique québécoise, qui avait fait un immense sondage, en
commission spéciale, est venue nous le dire aussi. Donc, on l'a bien entendu
puis on... Bien, parce qu'on... Le truc, c'est un devoir d'information sans
promotion, là, c'est toujours des enjeux qui sont sensibles, par rapport aux
directives médicales anticipées puis aux demandes anticipées d'aide médicale à
mourir. Donc, ces enjeux-là sont connus, puis ça va être pris en charge, là.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Donc, c'est le même
registre, comme deux sections, dans le fond?
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Exactement. Puis, pour...
Mme Hivon : On ne réinvente pas
la roue.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Pardon?
Mme Hivon : On ne réinvente pas
la roue, là.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Exactement. Bien, parce
que c'est déjà implanté dans les CISSS et CIUSSS, les droits d'accès sont donnés,
on a une mécanique avec les notaires, donc c'est déjà tout... c'est diligent,
comme outil. C'est juste qu'il faut qu'il soit plus connu et mieux utilisé, si
on peut dire ça comme ça, si je me permets.
Puis, pour votre seconde question, vous avez
tout à fait raison, pour les directives médicales anticipées, c'est prévu que
les médecins, les infirmières et infirmiers, les résidents en médecine ou le
personnel de soutien qui accompagnent ces professionnels-là, ils ont accès.
Donc, il y a un souci de sécurité et de confidentialité pour donner l'accès
pour les directives médicales anticipées. Puis là on l'a bien réfléchi puis,
par rapport au parcours de la personne qui va être en situation d'inaptitude,
on s'est dit : Il faut l'ouvrir davantage qu'aux professionnels
compétents, parce qu'entre professionnels compétents, l'infirmière n'est pas
incluse. Donc, on a imaginé la situation où quelqu'un rentrait dans un CHSLD
puis qu'elle était était admise par une infirmière, ils n'auraient pas accès
puis ils ne pourraient pas le consigner au dossier. Donc, on a fait, comme, le
parcours type du patient puis on s'est dit : Ça serait plus opportun de
laisser tous les professionnels de la santé et des services sociaux y avoir
accès.
Mme Hivon : Donc,
ça, ça inclut le médecin, l'IPS, l'infirmière, l'infirmière auxiliaire, la
travailleuse sociale, le préposé...
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Toutes les personnes qui
ont un ordre professionnel dans les services de la santé et des services
sociaux.
Mme Hivon :
Parfait.
Le Président (M. Provençal)
: Maître... excusez, Mme la députée,
parce que Me Lavoie voudrait vous ajouter un complément d'information.
Mme Lavoie
(Térésa) : Oui, juste... je me permettrais de vous référer
aux articles 55 à 57 de la Loi concernant les soins de fin de vie,
actuellement. 55 dit qui peut verser au dossier de la personne les directives
médicales anticipées, 56 donne l'obligation à un médecin de consulter.
M. Dubé : ...
Mme Hivon : ...je vais sortir
ma loi.
Mme Lavoie (Térésa) : O.K.,
c'est bon.
56 donne l'obligation au médecin de consulter
quand il voit un changement significatif de l'état de santé. 57, c'est la même
chose, c'est l'obligation du médecin qui consulte le registre dans une
situation x.
Puis juste, aussi, attirer votre attention sur
64 de la Loi concernant les soins de fin de vie, qui est l'article qui habilite
le ministre de la Santé à prescrire par règlement les modalités d'accès au
registre, et les modalités peuvent prévoir les personnes qui peuvent verser des
directives médicales anticipées et qui pourront consulter le registre. Donc,
probablement que, dans les faits, ce sont les professionnels que Mme Lewis
vous a nommés, mais c'est le ministre qui, par règlement, vient établir. Donc,
s'il y avait quelqu'un qui manque dans la chaîne de commandement, c'est par
règlement qu'on vient l'établir.
Mme Hivon : Ça
fait que, mettons que je trouverais qu'à la lumière de l'expérience, les
directives médicales anticipées, on devrait
élargir le groupe de personnes, parce que le médecin est en train de réanimer,
mais il dit peut-être à l'infirmière : Vous devriez aller voir, ou à la...
parce que moi, je... s'il y a une DMA. Ça fait que je dis au ministre
que, peut-être, il devrait se pencher là-dessus pour éventuellement, dans le
règlement, élargir pour les directives médicales anticipées puis que ça soit
conforme à la demande anticipée. Même si je comprends la nuance, là, je pense
qu'il y aurait peut-être une réflexion à faire, parce qu'on nous a parlé de ça
aussi.
Mme Lavoie (Térésa) : Voilà.
Mme Hivon : O.K.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça complète les questions
que vous aviez, Mme la députée?
Mme Hivon : Là, je suis sur
l'amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, c'est ça.
Mme Hivon : Puis
je dois dire que l'amendement, en fait, il réécrit... En tout cas, je peux être
sur l'amendement, mais c'est sûr que, sur le fond de l'article, je vais
avoir des questions, mais sur l'amendement, ça va.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'amendement à l'article 29.11?
S'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Provençal)
:
Donc, l'amendement à
l'article 29.11, à l'article 16 du projet de loi, est adopté.
Maintenant, y
a-t-il des interventions — je
pense que vous l'avez déjà signifié, Mme la députée de Joliette — sur
l'article 29.11 amendé?
• (16 h 40) •
Mme Hivon : Oui. Donc, dans le
concret, ça veut dire que, dès lors que, donc, un professionnel constate...
qu'on constate qu'il y a inaptitude, on est obligés d'aller... J'essaie de
faire le cheminement, là. On constate qu'il y a inaptitude; soit qu'on suit la
personne à domicile, puis elle allait bien, mais là, mon Dieu! je pense qu'elle
est pas mal rendue inapte, c'est une obligation à tout professionnel, même
chose en CHSLD, dans l'évolution, tout ça. Donc là, il s'en va voir au
registre. Au registre, il y a demande anticipée. Je ne le savais pas, moi, je
viens de commencer à m'occuper de cette personne-là en CHSLD. Donc là, il va
verser, si ce n'est pas déjà fait, parce que, par exemple, ça aurait été déjà
constaté par quelqu'un d'autre... il va verser la demande anticipée d'aide
médicale à mourir au dossier. Là, il va aviser le tiers de confiance qu'il a
constaté l'inaptitude, donc qu'en théorie on est dans un univers où, si les
conditions prévues se matérialisent, on pourrait lever la main pour dire :
On pense que vous devriez évaluer. Là, on suit... Ça m'aide de faire ça parce
que je veux qu'on soit dans le très concret.
Une voix : ...
Mme Hivon : Parfait. Là, c'est
le troisième alinéa qui me pose un problème : «Si la personne ne paraît
pas éprouver les souffrances décrites dans la demande, mais qu'une équipe de
soins en est responsable, le professionnel informe de l'existence de la demande — on
parle bien de la demande médicale anticipée d'aide à mourir, pas la demande
d'activer l'affaire, là — les
professionnels de la santé ou des services sociaux membres de cette équipe.» Je
ne comprends pas pourquoi on vient parler «si elle ne paraît pas éprouver les
souffrances». Parce que je comprends qu'à l'origine vous vous disiez peut-être :
Si on constate l'inaptitude puis qu'au même moment on voit qu'elle se tord de
douleur puis qu'elle souffre, bien, on va tout de suite partir l'évaluation,
mais il me semble que, là, on manque une étape, parce que, de toute façon,
l'article d'après, on vient expliquer ce qui va déclencher l'évaluation de la
demande, puis tout ça. Puis en même temps je me dis : Si elle ne paraît
pas éprouver les souffrances, je veux quand même qu'on informe de l'existence
de la demande tous les professionnels. Si elle va bien, la personne, c'est
quand même pertinent que tous les membres de l'équipe de soins soient au
courant de cette demande-là qui existe.
Ça fait que je ne comprends pas pourquoi on
n'enlève pas puis qu'on ne commence pas juste à «le professionnel informe de
l'existence de la demande les professionnels de la santé ou des services
sociaux membres de l'équipe».
M. Dubé : ...réfléchir à la
réponse. On les a sollicités beaucoup depuis plusieurs jours.
Mme Hivon : C'est parce que je
pense, des fois, qu'on a changé des choses, puis il y a des choses qui sont
restées de l'ancien projet de loi.
M. Dubé : C'est juste ça qu'il
faut s'assurer.
Mme Hivon :
C'est ça.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Est-ce que je peux
demander... Est-ce qu'on peut demander de suspendre?
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
M. Dubé : Moi, j'aurais un
petit goût de quelque chose, là.
Le Président (M. Provençal)
: Suspension.
(Suspension de la séance à 16 h 42)
(Reprise à 16 h 59)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux.
Nos légistes avaient demandé une suspension pour
faire des validations. Alors, Me Lavoie.
M. Dubé : ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, j'ai demandé la permission, j'ai
validé. Me Lavoie.
• (17 heures) •
Mme Lavoie (Térésa) : Oui. Dans
le fond, j'ai demandé une pause juste pour me rafraîchir la mémoire sur les
amendements à venir, parce que, quand on... on va être dans la section qui
traite du traitement de la demande anticipée, puis, à première vue, quand on
regarde le troisième alinéa de façon isolée, on ne comprend pas trop son
emplacement, pourquoi il arrive après deux autres alinéas qui parlent plus du
versement de la demande dans le registre puis de la consultation du registre,
puis je vous soumets que, dans les articles qui vont venir, là, que... là, ça
ne saute pas aux yeux, mais que, dans les articles qui vont venir, on va voir
la raison d'être plus évidente du troisième alinéa. En fait, c'est qu'on va
présenter un amendement qui va amener l'article 29.12.1 — je
pense qu'il était dans la documentation quand on vous a fait la
présentation — où
on vient dire qu'«un professionnel de la santé ou des services sociaux membre
de l'équipe de soins responsable de la personne qui a formulé une demande [...]
doit, [...]aviser un professionnel compétent s'il croit qu'elle éprouve les
souffrances visées au [deuxième] alinéa de l'article [29.12]».
Donc, c'est un peu la manière, finalement, à
29.11, alinéa trois, que la personne... que le professionnel de la santé
apprend qu'une demande existe donc, puis, quand le professionnel de la santé
consulte, s'il y a une demande qui est formulée par la personne, il en prend
connaissance et il la verse à son dossier. Puis, s'il constate l'inaptitude à
consentir aux soins puis qu'il y a d'autres souffrances qui sont décrites,
c'est les autres articles aussi qui vont venir établir c'est quoi, la suite des
choses pour ce professionnel de la santé ou des services sociaux là.
Donc, c'est pour ça que, lu seul, 29.11, on ne
voit pas les ponts qui doivent se faire avec les autres articles suivants. Donc
là, je les ai bien en tête, là, mais 29.12, qu'on va voir après, c'est pour
l'exigence qu'il y ait un examen qui soit procédé pour... sur la personne par
un professionnel compétent dans certains cas, puis on parle, dans ces cas-là,
qu'un professionnel compétent est informé par un tiers... par un tiers autre
que le tiers de confiance, donc, par un professionnel de la santé. Donc, c'est
là qu'on voit que 29.12 complète 29.11, là, ça fait que c'est pour ça qu'il ne
faut pas lire 29.11 tout seul, en ce moment.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, Mme la députée.
Mme Hivon : Bien, vous allez me
démêler, là, mais moi, j'avais compris que 29.11, c'était... on constate qu'il
y a une demande anticipée, il y a une inaptitude, obligation automatique :
y a-t-il une demande anticipée qui a déjà été formulée par cette personne-là et
qui est au registre? Donc, on se tourne vers le registre, et il me semble, qu'importe
qu'il y ait souffrance ou non, que le professionnel qui constate ça informe les
ordres professionnels qu'elle existe. En théorie, elle existe. On n'est pas en
train de l'enclencher, on n'est pas en train de se dire : Il y a des
souffrances, elle existe, puis on veut que tout le monde dans l'équipe le
sache.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui,
exactement.
Mme Hivon : O.K., on s'entend.
Mme Lavoie (Térésa) : Exactement,
puis c'est dans les autres articles qu'on va voir la pertinence qu'eux autres
soient au courant qu'il y ait une demande qui existe, parce qu'eux, s'ils
constatent des souffrances, ils vont avoir une obligation après d'informer un
professionnel compétent.
Mme Hivon : Tout à fait, mais
est-ce que le bout «si la personne ne paraît pas éprouver les souffrances», il
peut sauter? Parce que moi, je ne comprends pas pourquoi il est nécessaire,
parce que, quand on arrive au 29.12.1, auquel vous avez
fait référence, qui est effectivement un ajout, là, on n'est pas dans l'idée
théorique, on est dans : Il y a des souffrances, donc là, on se pose la
question. Mais, dans l'alinéa dont on discute, là, dans le 29.11, on n'est pas
rendus aux souffrances, c'est juste qu'on veut que tout le monde sache qu'il y
en a une, demande anticipée, donc soyez vigilants, sachez-le tous, parce que,
si on se rend compte, compte tenu des autres obligations qu'on va avoir après,
qu'il y a de la souffrance, bien là, vous le savez tous, ou si le tiers vous
parle... le tiers de confiance parle de ça,
vous allez être au courant. C'est pour ça que je ne comprends pas pourquoi on
se limite à dire «si la personne ne paraît pas éprouver les souffrances». Je comprends que, si elle éprouve les
souffrances, c'est sûr qu'il y a un autre processus qui s'enclenche,
mais, qu'elle les éprouve ou non, il me semble que c'est pertinent que tous les
membres de l'équipe sachent qu'il en existe une, demande anticipée pour
Mme Tremblay, alors que Mme Caron, elle, elle n'en a pas.
Le Président (M. Provençal)
: Maître.
Mme Lavoie (Térésa) : C'est un
bon point. C'est un bon point.
Mme Hivon : Je vous remercie de
l'encouragement.
Mme Lavoie (Térésa) : C'est un
bon point. Je pense que les... C'est parce que je pense que les liens sont
après, ça fait que peut-être que les liens après sont suffisants pour atteindre
les objectifs qu'on a.
Mme Hivon : C'est ça.
Mme Lavoie (Térésa) : Ça fait
que je vais juste le prendre en délibéré puis...
M. Dubé : Est-ce
qu'on... Je ne sais pas, M. le Président, je vous demande conseil. Est-ce qu'on
pourrait suspendre 29.11, aller faire, admettons, 29.12, ceux que vous
trouvez qui sont reliés, et revenir après? Ça donnerait peut-être...
Le Président (M. Provençal)
: Ce quipermettrait de
clarifier vos interrogations. Alors, on suspend le 29.11. Consentement?
M. Dubé : Est-ce que ça va?
Le Président (M. Provençal)
: C'est beau.
M. Dubé : Ça fait qu'on irait...
Le Président (M. Provençal)
: Ce qui veut dire 29.12 et suivants.
M. Dubé : Pendant ce temps-là,
vous réfléchissez avec votre rigueur habituelle...
Mme Lavoie (Térésa) : Absolument.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que vous... Excusez, là, vous
aviez un 29.12.1. Est-ce qu'on le fait immédiatement?
M. Dubé : Il y a 29.12 qu'on
pourrait peut-être faire avant.
Le
Président (M. Provençal)
:
J'y reviendrai. Je reviendrai à
29.10, compte tenu que c'est pour enlever l'article.
Mme Hivon : ...29.10, où il va
falloir un amendement pour le retirer au complet, on va y revenir. Ça, c'est
normal, c'est suspendu?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, oui, oui, c'est parce que je
voulais m'assurer que vous allez pouvoir avoir réponse à votre questionnement
en allant traiter les articles qui suivent parce que, selon Me Lavoie, il y
aurait des éléments de réponse pour vous sécuriser.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Non, pour 29.11, ça va-tu?
Mme Hivon : C'est beau, mais,
si on... C'est beau. Ça fait que faites-le comme vous voulez, mais, si 29.10,
il est prêt à voter, on aurait pu le voter.
Le Président (M. Provençal)
: Écoutez, je peux bien revenir à
29.10, je n'ai pas de problème avec ça, là. De toute façon, on enlève le
paragraphe, ça sera fait.
Alors, consentement pour
revenir à l'article 29.10? Consentement.
On se rappelle que l'amendement avait été
retiré. Donc, il y a un nouvel amendement qui est déposé par M. le ministre. M.
le ministre.
M. Dubé : Cet amendement-là va
retirer... C'est ça?
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Il est projeté à l'écran.
M. Dubé : Remplacer
l'article 29.10 de la loi concernant les soins de vie proposé par
l'article 16 du projet de loi par ce qui suit...
Le Président (M. Provençal)
: C'est un titre.
M. Dubé : ...voilà : «IV.
Traitement de la demande anticipée».
Le Président (M. Provençal)
: C'est ça.
M. Dubé : O.K., mais c'est par
ça qu'on enlève 29.10? Oui? O.K., parfait.
L'amendement
vient supprimer... Excusez-moi, bon, je vais le dire ici, ça va aller mieux.
Excuse-moi, où est-ce que c'est?
L'amendement vise à supprimer
l'article 29.10 de la loi concernant les soins de vie proposé par
l'article 16 du projet de loi et à insérer l'intitulé de la sous-section
regroupant les articles 29.11 à 29.15 de cette loi portant sur le
traitement de la demande anticipée. C'est bon.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va?
M. Dubé : Ça fait qu'on a
enlevé le fameux...
Le Président (M. Provençal)
: C'est qui avait été convenu?
M. Dubé : Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Maintenant, on va revenir au
29.12.1.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, 29.12.
M. Dubé : C'est bon?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, 29.12, M. le ministre.
M. Dubé : Allons-y. Alors,
l'article...
Une voix : ...
M. Dubé : O.K., oui, Gabrielle,
je t'écoute.
Alors : «29.12. Lorsque la personne qui a
formulé une demande anticipée paraît éprouver des souffrances décrites dans sa
demande, elle doit faire l'objet d'un examen par un professionnel compétent
afin de déterminer si elle éprouve bel et bien ces souffrances.
«Un professionnel de la santé membre de l'équipe
de soins responsable de la personne, s'il est informé de l'existence de la demande, doit, lorsqu'il
constate qu'elle paraît éprouver de telles souffrances, en aviser un
professionnel compétent.»
Avant que vous me le disiez, le commentaire :
L'article 29.12 proposé par l'article 16 du projet de loi prévoit
qu'une personne ayant formulé une demande anticipée et qui paraît éprouver les
souffrances décrites dans sa demande doit faire l'objet d'un examen par un
professionnel compétent pour vérifier si elle éprouve bel et bien ces
souffrances. Cet examen peut être initié par un tiers de confiance qui croit
que la personne éprouve ces souffrances, par un professionnel de la santé
membre de l'équipe de soins responsable de la personne ou par le professionnel
compétent visé à l'article 29.11 qui a constaté l'inaptitude à consentir
aux soins de la personne.
• (17 h 10) •
Le Président
(M. Provençal)
: Et
là on va aller à votre amendement.
M. Dubé : On va aller lire
l'amendement qui est là, 29.12 tel qu'amendé :
«La personne qui a formulé une demande anticipée
doit faire l'objet d'un examen par un professionnel compétent dans chacun des
cas suivants :
«1° lorsque le
tiers de confiance avise, en vertu du paragraphe 1° du premier alinéa de
l'article 29.4, un professionnel de la santé ou des services
sociaux qu'il croit que la personne éprouve des souffrances visées au
sous-paragraphe a ou b de ce paragraphe;
«2° lorsqu'un professionnel compétent, selon le
cas :
«a) constate à première vue que la personne
paraît objectivement éprouver de telles souffrances;
«b) est avisé par une personne, autre que le
tiers de confiance, qu'elle croit que la personne éprouve de telles
souffrances.
«Lorsque les souffrances sont celles visées au sous-paragraphe
a du paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 29.4, l'examen vise à
déterminer si la personne éprouve bel et bien les souffrances anticipées
décrites dans sa demande; lorsqu'elles sont visées au sous-paragraphe b de ce
paragraphe, l'examen vise plutôt à déterminer si la personne paraît bel et bien
objectivement éprouvée, en raison de sa maladie, des souffrances physiques ou
psychiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des
conditions jugées tolérables.»
Le commentaire : L'amendement vise à
clarifier les situations dans lesquelles une personne ayant formulé une demande
anticipée d'aide à mourir doit faire l'objet d'un examen par un professionnel
compétent.
Le
Président (M. Provençal)
:
Y a-t-il des interventions
concernant l'amendement à l'article 12? Oui, Mme la députée de
Joliette.
Mme Hivon : Moi, je l'ai déjà
soulevé. Je trouvais ça drôle, à première vue, qu'on mette sur le même pied le
tiers de confiance qui a accompagné la personne, qui a signé la demande
anticipée, en qui la personne a mis toute sa confiance, c'est le cas de le
dire, sur le même pied que tout professionnel compétent qui constate la
souffrance et même qu'une personne autre que le tiers de confiance qui croit
qu'elle éprouve de telles souffrances.
J'ai bien entendu... Bien, c'est-à-dire qu'il
n'y a pas de hiérarchie, dans l'article. Premièrement, c'est lorsque le tiers de confiance avise qu'il pense que les
souffrances sont vécues. Deuxièmement, ça peut être «lorsqu'un professionnel
compétent, selon le cas : [...]constate à première vue que la personne
paraît éprouver objectivement de telles souffrances» ou, b, «est avisé par une
personne, autre que le tiers de confiance, qu'elle croit que la personne
éprouve de telles souffrances».
Donc, en gros, pour déclencher, ça peut être le
tiers de confiance, le professionnel compétent lui-même ou toute autre personne
qui avise le tiers de confiance. Puis là l'équipe nous a bien expliqué que
c'était comme une garantie supplémentaire, parce qu'on a tous ce souci-là que
ça ne tombera pas dans les craques, que ça va... qu'on va agiter le drapeau,
puis qu'il y a quelqu'un qui va se préoccuper de la personne qui souffre, puis
qu'on va enclencher le processus.
Je trouve ça intéressant, parce qu'on a tous le
même objectif, mais ce que je trouve étrange, c'est qu'il n'y ait pas de
hiérarchisation, c'est-à-dire que ce n'est pas... Si tu as fait la démarche
d'en avoir un, tiers de confiance, là, moi, là, je n'aurais pas envie qu'on me
dise : O.K., ça va être le tiers de confiance, mais ça peut peut-être
aussi être ta deuxième cousine qui vient te voir une fois par trois mois qui va
tirer la manche du médecin pour dire : Aïe! Elle n'a pas l'air bien, ma
cousine, puis elle, elle s'improvise, là, elle arrive dans le décor, puis là
elle aussi, elle peut alerter. Je comprends que ça fait juste enclencher le
processus, ça ne fait pas que, les souffrances, on va constater qu'elles sont
là, mais je me dis : Mettons que le tiers de confiance, cette semaine-là,
il ne vient pas, là...
Je caricature, là, mais je veux juste qu'on...
C'est que moi, j'aurais fait un... j'aurais consacré le rôle puis j'aurais
plutôt dit : En l'absence de tiers de confiance, de désignation de tiers
de confiance, ou d'empêchement, ou d'inaptitude de celui-ci, là on va aller
vers les autres puis... parce qu'il me semble que, si tu donnes la peine
d'avoir un tiers de confiance, il devrait avoir un petit peu un rôle, mais
évidemment, s'il est empêché, s'il est inapte, si on constate... comme on l'a
constaté l'autre fois puis qu'on l'a bien désigné pour que le deuxième tiers
embarque, là, je trouve que ça devrait être un peu la même logique, il me
semble qu'il devrait avoir un rôle prépondérant. Mais, si tu n'en as pas
désigné, c'est bien évident que ça va être le professionnel ou toute autre
personne, puis tu es à l'aise avec ça, tu n'as pas fait la démarche d'en
désigner.
Puis c'est juste que, peut-être, c'est
théorique, là, mais je trouve quand même qu'il y a des risques de conflits là-dedans,
parce qu'admettons que le tiers de confiance qui est toujours là, il dit :
Bien non, je le sais, mais moi, je la vois, là, depuis des mois, puis ça, ça
peut avoir l'air... mais elle ne souffre pas de ça, mais là il y a quelqu'un
qui vient, qui connaît moins la personne, ça la fait paniquer, elle sait qu'il
y a une demande anticipée, puis que, là, elle alerte l'équipe, je me dis
juste : Le tiers, là-dedans, comment il se sent? Puis comment l'équipe se
sent, par exemple, de dire : Bien, nous, on sait qu'il a un tiers de
confiance, c'est sa fille, qui vient à toutes les semaines, là, puis il s'avère
qu'elle n'est pas là ces jours-ci, puis là on a une autre personne, puis là il
faut enclencher le processus?
Légalement, il faudrait qu'ils enclenchent le processus
parce que la personne tire la manche pour dire : Il me semble qu'elle vit
des souffrances en ce moment. Puis là tu aurais un tiers de confiance dans le
décor qui, lui, n'aurait pas signifié la même chose. Il me semble qu'on met les
professionnels dans une situation pas évidente, et les familles aussi. Ça fait
que je ne sais pas... Ce n'est pas que je ne trouve pas que c'est une bonne
idée d'avoir la sécurité supplémentaire, mais je pense que je donnerais quand
même un rôle prépondérant au tiers.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le ministre.
M. Dubé : J'ai-tu le droit de
poser une question? Est-ce que le fait que... O.K., je comprends l'ordre. Maintenant, supposons que le tiers de confiance
dit : Non, moi, je ne vois pas de changement, est-ce qu'il a un droit
de veto?
Mme Hivon : Mais je pense que
c'est une question à y avoir, c'est de savoir pourquoi on en a désigné un.
M. Dubé : Bien là, on dit «pour
enclencher la démarche».
Mme Hivon : Pour enclencher,
exact.
M. Dubé : On est là, là. Mais
en fait c'est enclencher l'examen, ce n'est pas enclencher la demande.
Mme Hivon : Exact, c'est
enclencher l'évaluation.
M. Dubé : O.K.,
c'est... O.K., excusez-moi, c'est moins sensible que je
pensais, là, O.K., O.K. Je veux juste...
Mme Hivon : Oui, oui, oui,
c'est juste de dire : Elle souffre, pouvez-vous commencer à l'évaluer?
Bien, on sait qu'une fois que tu évalues ça se peut que tu viennes à la
conclusion que c'est le temps.
M. Dubé : Non, non, mais je
voulais juste me le remettre en tête, là.
Mme Hivon : Ça fait que, si...
Je vois juste un conflit, en théorie, en tout cas, mais peut-être qu'il n'y en
a pas, puis que je m'en fais trop.
M. Dubé : Bien, je vois qu'ils
sont en train de réfléchir. Êtes-vous capables de réfléchir à deux questions en
même temps? Parce qu'on vous a... Oui? O.K. Bon, bien...
Une voix : ...
M. Dubé : Ah! bien,
certainement, allez-y.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Il y a plusieurs, comme
vous le savez, choses à réfléchir en même temps, puis, notre souci principal,
on reconnaît... puis on est venus à votre demande aussi, renforcer le rôle du
tiers de confiance, puis bien marquer son rôle dans la loi, puis le définir,
puis bien le positionner, mais notre premier intérêt était de s'assurer que la
personne n'ait pas des souffrances trop longues pour rien, si on peut le dire
comme ça, là, parce qu'on se dit qu'un tiers de confiance peut être déterminé,
exemple, en 2022, puis elle va éprouver les souffrances... quelques jours en
2027, mais le tiers de confiance peut avoir déménagé puis n'être plus près de
la personne. Il peut éprouver un malaise par rapport à son rôle puis ne pas
avoir été capable de dire, puis la personne peut ne pas avoir modifié sa
demande.
Donc, il peut y avoir beaucoup de cas d'espèce,
puis ce n'est pas pour amoindrir le rôle du tiers de confiance. Puis, exemple, si moi, j'ai déterminé mon mari
comme tiers de confiance, puis mon mari est comme inconfortable, puis
j'ai mon fils qui vient me voir, bien là, si mon mari a priorité pour lever le
drapeau, bien, c'est comme une omerta pour mon fils aussi de ne pas signifier
que sa mère souffre. Donc, il y avait ce souci-là, aussi, de l'objectif, c'est
que la personne, elle ait le bon soin au bon
moment, puis ce n'est pas une question de droit de veto, pour reprendre
certains termes, ou des choses comme ça, c'est plutôt... La personne, elle a le
rôle de témoigner que la personne souffre.
Donc, on s'est dit, il peut y avoir différents
empêchements dans la vie ou différentes émotions par rapport à une personne
proche qui va souffrir, même si on t'a conféré un rôle, puis tu es engagé à le
faire, mais ça se peut que tu «backtrack» à un certain moment, ça fait qu'on a
voulu s'assurer que la volonté de la personne soit rencontrée. Puis l'objectif
de tout ça, c'est qu'un professionnel compétent soit saisi de ça pour
dire : O.K., elle a rencontré les critères de sa demande, O.K., elle a
rencontré les souffrances constantes et insupportables. Donc, c'est la
réflexion qu'il y a eu derrière ça, puis on pense que c'est la bonne, puis
après ça on peut en débattre, ou on peut en discuter, ou la représenter de
façon...
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée.
Mme Hivon : Bien, je vais
laisser mon collègue aller. Je me demande... J'ai la question philosophique d'à
quoi sert le tiers de confiance, c'est juste
ça, puis peut-être que, dans le fond, il ne sert pas à grand-chose, mais
c'est...
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je pense que le député de
D'Arcy-McGee avait demandé la parole, et je vous cède, après ça, M. le député
de Rosemont, la parole. M. le député de D'Arcy-McGee.
• (17 h 20) •
M. Birnbaum : Une autre fois,
est-ce qu'on n'est pas couverts par les règles déontologiques? Quelqu'un, une
personne inapte, où il n'y a aucune question d'une possible demande d'aide
médicale à mourir qui aurait été déposée, une personne
inapte, et il y un traitement pour x raison, même devant une maladie grave et
incurable qui risque d'amener... bon, cette personne-là, le médecin ne répond
pas à n'importe qui qui passe les visiter et qui dit : Aïe! Il me semble
qu'il faut faire un examen, et là soudainement...
Je comprends la préoccupation, et on ne veut pas
que la personne reste non traitée si le tiers de confiance n'est pas présent,
mais, dans toutes les autres circonstances actuelles, quelqu'un qu'on dit
inapte, un patient devant des situations assez graves, il n'y a pas de... pas
le mari, ou le conjoint, ou un nom dans la charte médicale qui est indiqué comme proche aidant, mais une cousine qui
l'adore, qui dit au médecin : Il faut faire un examen,
actuellement, j'imagine, selon le code
déontologique, le médecin n'a aucune obligation d'agir à une telle
signalisation, alors comment ça se fait qu'ici oui?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, Me Lavoie.
Mme Lavoie (Térésa) : Alors,
bien, dans le fond, dans toutes les discussions qu'on a entendues, tous les
experts qui nous ont parlé, tout ce qu'on est en train d'introduire, il a
toujours été question beaucoup du respect de la volonté de la personne, parce
que c'est une personne qui est malade, qui a une trajectoire de maladie qui va
l'amener vers une inaptitude à consentir aux soins, qu'il ne faut pas qu'elle
tombe dans l'oubli, sa demande.
Donc, les articles qu'on vous présente, c'est
des articles qui cherchent à soutenir le respect de la personne et de ses
volontés comme elle les a exprimées. L'objet du... l'objectif des articles, ce
n'est pas d'accélérer le processus, contraindre des gens à procéder au
processus, c'est de s'assurer que la personne, quand elle va devenir inapte
puis qu'elle va avoir des souffrances... qu'on s'en occupe encore. Donc, on
crée des obligations d'aviser. On crée des obligations de procéder à un examen
pour s'assurer qu'elle ne reste pas dans ses souffrances parce qu'elle est
inapte puis que certains pourraient penser, dire que, bien, ce n'est pas grave,
elle est inapte. Donc, ses souffrances... On va prioriser un autre patient
versus cette personne qui attend son aide médicale à mourir.
Donc, on a accordé une importance au traitement
de la demande. C'est pour ça qu'on a regroupé les articles dans une section qui
porte sur le traitement de la demande puis qu'on... La dernière fois qu'on
s'est... Bien, l'autre jour, quand on se parlait, j'avais exposé que ça va un
peu refléter comment ça va se passer dans la pratique pour s'assurer que ça...
tout... cette personne-là, elle ait le droit à l'aide médicale à mourir
concrètement, dans les faits, puis que tous les joueurs autour assument leurs
fonctions. S'il y a un tiers de confiance... Si le tiers de confiance est là et
qu'il joue son rôle, son rôle est superimportant, mais, si on a un tiers de
confiance qui ne joue pas son rôle, on a d'autres personnes qui vont avoir
certaines fonctions, puis, si elles jouent leur rôle, ces personnes-là, le
professionnel compétent va intervenir, il va s'assurer que, la personne, on ne
l'a pas oubliée puis qu'elle a reçu le soin au bon moment, quand elle a eu les
souffrances décrites dans sa demande puis si elle a aussi des souffrances
constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions...
Donc, ça peut paraître très procédural, très...
mais les préoccupations qui sous-tendent ces articles-là sont très concrètes,
là, parce que c'est des cas très malheureux, finalement, des personnes qui
deviennent inaptes à consentir aux soins puis qui ont des souffrances. Donc,
c'est un peu des pare-feux, des pare-feux, encore une fois, là, une sécurité
qu'on se donne pour ne pas qu'il y ait de personnes qui abandonnent le
processus pour différentes raisons qui peuvent être des raisons légitimes
aussi, de dire : Oh! j'ai signé pour être tiers de confiance, mais finalement
le moment approche, puis je ne suis plus certain de pouvoir jouer ce rôle-là,
donc il va y avoir d'autres individus, d'autres personnes autour qui vont
pouvoir aller informer un professionnel compétent qui va devoir parler au tiers
de confiance. Donc, il va y avoir plein de démarches, plein de services, aussi,
qui vont pouvoir être offerts. C'est toute qu'une situation qui implique
beaucoup d'humanité et d'émotion. Donc, je pense que c'est l'esprit de ces
dispositions-là qu'on vous présente.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme Lewis voudrait... être complémentaire
avant que vous alliez à votre prochaine question. Mme Lewis.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Pour s'assurer du respect
puis... du respect dans... les personnes en situation d'inaptitude, le projet
de loi a été évalué et revu par le Curateur public. Donc, on a leur expertise
aussi sur ça pour voir les pare-feux, la question de la confidentialité, des
droits et libertés — je
vous épargne tout ça — puis
on n'a pas eu ce type de commentaire là, donc, ça, je suis assez rassurée.
Puis une
question de précision. Aussi, tout à l'heure, vous mentionniez, quand quelqu'un
est en inaptitude, puis la cousine vient, puis elle va voir le médecin,
puis elle dit : Ma cousine souffre. Bien, le professionnel de la santé et
des services sociaux qui est sollicité par
toute personne... d'un patient qui est sous sa charge, qui souffre a
l'obligation de venir... s'il a un doute raisonnable dans son esprit, au
professionnel, il a l'obligation d'intervenir pour évaluer la personne.
M. Birnbaum : O.K., ça me
rassure, c'est surtout que vous parlez de toutes ces validations en même temps,
puis c'est normal qu'il n'y a aucun descriptif après une personne, n'importe
qui passe devant la chambre, et on ne risque pas de compromettre les intérêts,
justement, de la personne qui aurait confié à un tiers de confiance... parce
que, là, comme a mentionné la députée de Joliette, on ne parle pas... on ne
qualifie aucunement ça. Ça se peut que le tiers de confiance est très présent,
est là trois fois par semaine. Selon le libellé là, même si c'est un tiers de
confiance, de grande bienveillance et
qualité, cette autre personne, aucunement décrite, ses intérêts pour la
personne aucunement identifiés, quand même peut signaler au médecin le
besoin d'intervenir et... En tout cas, en connaissance de cause de tout ça,
vous êtes à l'aise avec le libellé. O.K., merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
va? Le député de Rosemont, je pense, vous aviez demandé la parole.
M. Marissal : Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Par la suite, Mme la députée de
Joliette.
M. Marissal : Il me semble que
2°b, là, il s'applique dans le cas où il n'y a pas de tiers de confiance, parce
qu'on a dit que ça pouvait arriver, mais, cela dit, il est superfétatoire parce
que, dans le 1°, c'est là, il y a quelqu'un de l'équipe de soins. Quand on...
Je reprends. On a dit : Quelqu'un qui n'a
pas de tiers de confiance — donc
il n'y en a pas deux, il n'y en a pas du tout — s'il n'en a pas, c'est
l'équipe de soins qui veille au grain, qui fait la vigie. Ça, c'est compris, je
pense, dans 29.2.1°, je pense que c'est là, «un professionnel de la santé ou
des services sociaux qu'il croit que la personne éprouve». Quoique je comprends
mal la formulation, là : «La personne qui a formulé une demande anticipée
doit faire l'objet d'un examen par un professionnel compétent dans chacun des
cas suivants :
«1° lorsque le tiers de confiance avise, en
vertu du paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 29.4, un
professionnel de la santé ou des services...»
Alors là, on est toujours sur le tiers de
confiance. Donc, ce qu'on retrouve là, c'est que n'importe qui, à la limite quidam, peut agiter le drapeau — je suis plus ou moins d'accord avec ça — mais ce qu'on ne retrouve pas là-dedans,
à moins que vous me disiez que je me trompe, là, c'est l'aspect où, en cas où
il n'y a pas de tiers de confiance, c'est l'équipe de soins qui fait la vigie
et qui, à ce moment-là, agite le drapeau en disant : Je pense que
Mme Tremblay, elle dépérit rapidement, ça semble être le moment de faire
un examen. Je pense qu'on serait plus là. Dites-moi si je me trompe, ça se
peut.
Et par ailleurs, «la personne qui a formulé une
demande anticipée doit faire l'objet d'un examen par un professionnel», on n'a
pas mis de délai. C'est voulu, c'est entendu que ce sera dans un délai
raisonnable? Qu'est-ce qu'un délai raisonnable?
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que c'est Me Lavoie? Me
Lavoie.
Mme Lavoie (Térésa) : En fait,
par rapport à votre commentaire sur 29.12.2°b, ça peut effectivement être
n'importe qui, mais c'est certain que c'est dans la mesure où elle sait qu'il y
a une demande anticipée qui existe, là. Sinon, dans les faits, elle ne pourra
pas aviser n'importe qui, un professionnel compétent. C'est qu'il y a un tiers
de confiance ou non, là. Donc, ça peut être toute personne en toutes
circonstances, pourvu qu'elle sait qu'il y a une demande anticipée, là. Donc,
2°b, c'est ça.
Pour le professionnel de la santé et des
services sociaux, le membre de l'équipe, la vigie, je pense que votre
interrogation, on va la voir à 29.12.1, où on va mentionner qu'«un
professionnel de la santé ou des services sociaux [qui est] membre de l'équipe
de soins responsable [...] qui a formulé une demande anticipée doit [...]
aviser un professionnel compétent s'il croit qu'elle éprouve les souffrances
visées au [deuxième] alinéa de [29.12]». Ça fait que, là, c'est pour ça que je
reviens à 29.12.
Puis, au deuxième alinéa, dans le fond, les
souffrances visées, c'est n'importe quelle souffrance, là, les souffrances
décrites dans la demande ou les souffrances insupportables, et tout ça, là.
Donc, à 29.12.1, on est encore venus... plus
clairs sur l'obligation. Ce n'est pas un... C'est une personne autre qu'un
tiers de confiance, mais, au-delà de ça, on a mis un 29.12.1 précisément
sur les obligations du professionnel de la santé ou des services sociaux qui va
agir un peu aussi comme un alerteur, là, une vigie, là.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça va, M. le député?
M. Marissal : Je ne suis pas...
Le Président (M. Provençal)
: Vous n'êtes pas rassuré?
M. Marissal : Bien...
Le Président (M. Provençal)
: Éclairé?
M. Marissal : Je ne parlerais
pas de mon niveau d'assurance, plus de compréhension, à ce stade-ci. Quant au
délai d'examen pour un examen médical, vous n'avez pas répondu à cette
question-ci.
Mme Lavoie
(Térésa) : ...effectivement, là, c'est une question
d'opportunité, à ce moment-là. Il faudrait voir, là, avec les équipes,
avec diligence, peut-être.
M. Dubé : ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y.
• (17 h 30) •
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Pour le délai, on n'a pas
mis de temps, parce qu'en fonction de l'intensité de la souffrance ou de qu'est-ce que le professionnel de la santé voit, ça,
c'est pour toutes formes de soins. Le professionnel juge si c'est urgent, très urgent, il doit «pager»
le médecin. Donc, c'est toujours comme ça pour toutes les formes de
soins.
Je comprends votre souci, on ne voudrait pas que
la personne soit oubliée entre ce moment où elle semble... le travailleur
social passe puis il voit qu'elle éprouve des souffrances, puis là finalement
le médecin vient juste une semaine plus tard. Ça fait que, ça, il faut s'en
remettre aux codes de déontologie des professionnels, puis il y a des mécanismes qui sont déjà là, dans les dossiers, ou
dans les façons d'interagir, qui est déjà dans les coutumes des équipes.
Ça fait que c'est à vous de voir si vous voulez
qualifier le délai, à mon sens, je vais... avec Élizabeth Arpin, puis les
experts qui nous ont aidés à concevoir la trajectoire puis le projet de loi,
puis il n'y avait pas nécessité de mettre un délai.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, M. le ministre.
M. Dubé : Pendant que le député
de Rosemont réfléchit, je ne sais pas si la députée de Joliette a fini sa
question, peut-être pas encore...
Le Président (M. Provençal)
: ...elle avait signifié que...
M. Dubé : Bien, moi, je
voudrais juste revenir sur le point que vous avez soulevé, là, parce que je
reviens toujours... je pense qu'on a voulu donner un rôle plus important au
tiers de confiance. Puis je reviens à sa question, peut-être, je ne comprends
pas ce qu'elle a posé, mais moi, je suis en train de me dire : Pourquoi,
dans 2°b, on ne dit pas que cette autre personne là, qui n'est pas qualifiée...
part, dans le cas d'absence d'un tiers de confiance? Parce que, là, je trouve
que c'est presque un quidam qui vient dire...
Moi, je pense que j'aimerais ça qu'il y ait un
examen, je pense que c'est peut-être la protection que vous cherchez, mais, je
dirais, dans le cas où il n'y a pas un tiers de confiance, est-ce qu'on
s'enlève... est-ce qu'on s'enlève un pare-feu dont vous parlez? Mais il me
semble, ça donnerait un rôle plus prépondérant au tiers de confiance, mais je
pose la question, mais peut-être que la députée de Joliette va la poser plus
clairement que moi, là.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui, bien, c'est un
peu ça que je soulevais, puis c'est parce que je pense que ça nous ramène au
rôle qu'on voit pour le tiers de confiance. Je comprends, quand on dit :
On veut avoir toutes les possibilités; moi, j'ai peur que toutes les
possibilités fassent que personne ne lève la main, ça fait que personne ne va
avoir le goût. Mais le tiers de confiance, ce n'est pas rien, je veux dire, je
sais que c'est lourd. Mais, moi, ça m'inquiète un peu quand j'entends :
Oui, mais, si le tiers de confiance, ça ne lui tente plus. Bien, on lui a donné
le rôle, la personne apte lui a confié le rôle, il a signé, il s'est engagé,
puis on peut désigner un deuxième tiers de confiance en plus. Ça fait que, là,
ça veut dire, on ne se fie pas au premier, on ne se fie pas au deuxième.
Mais moi, j'ai quand même envie de dire :
La personne, elle a fait ces choix-là. Là, sinon, ce qui m'inquiète beaucoup,
c'est que tout le monde va se sentir... même le tiers de confiance va
dire : Ah! bien moi, j'avais pris ce rôle-là, mais ça ne me tente plus le
moment venu, mais, de toute façon, ça prévoit que ça peut être n'importe qui
puis ça prévoit que ça peut être quelqu'un de l'équipe médicale, ça fait que je
ne m'occuperai pas de ça. Mais là, si personne ne s'occupe de ça, la pauvre
personne qui a pris le temps, elle, elle les a faites... sa demande anticipée,
elle l'a désigné, son tiers puis son deuxième tiers, mais eux autres, là, ils
trouvent ça bien lourd, cinq, six ans plus tard, puis ils ne veulent plus.
Moi, c'est ça qui m'insécurise, c'est qu'être
trop diffus, c'est qu'il n'y a plus personne qui va lever la main, alors que,
pour moi, c'était sacré. Le tiers de confiance, il accepte le rôle. Donc, si tu
as choisi, dans toute ton autonomie, de nommer cette personne-là puis qu'elle
ne le fait pas, j'ai peur qu'il n'y ait plus personne. Puis là il faut juste se
rappeler, ce n'est pas banal que ce soit un quidam. Là, qu'est-ce qui
s'enclenche à partir du moment où tu évalues la souffrance puis que tu
constates qu'il y en a? C'est le traitement de la demande à mourir, à mourir.
Ça fait que ce n'est pas juste : Est-ce qu'elle souffre? Quel traitement
elle aurait besoin? C'est assez sérieux et solennel, merci. Moi, je ne suis pas
à l'aise que ce soit n'importe qui, là, ça fait que, minimalement, je mettrais
une hiérarchie. Puis, si le tiers puis le deuxième tiers ne sont pas là,
empêchés d'agir, inaptes, bien là, on peut passer au reste, mais sinon moi, j'ai vraiment peur que tout ce beau
monde-là se déresponsabilise puis qu'on n'atteigne pas notre
objectif, là.
Le Président (M. Provençal)
: ...votre intervention. Vous
considérez ça comme une zone de dégagement de responsabilité.
Mme Hivon : Bien oui. En fait,
ça peut avoir l'effet inverse de ce qu'on veut, s'il n'y a plus personne de
responsable, là.
Le Président (M. Provençal)
: En tout cas, moi, j'ai saisi ça dans
votre intervention.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : J'ai une intervention,
puis après je vais demander de suspendre pour discuter avec M. le ministre.
Notre
préoccupation aussi... comme je suis sociologue, puis on a la chance d'avoir...
au ministère, on peut parler de dossiers confidentiels entre membres, puis on a
fait l'exercice de demander qui pourrait être un tiers de confiance :
Est-ce que vous seriez confortables d'être tiers de confiance?, puis on a
rapidement compris que, si les obligations étaient trop fortes pour le tiers de
confiance, il y a beaucoup de monde qui vont dire : Moi, je ne veux pas
jouer ce rôle-là, c'est trop lourd.
Mme Hivon :
Mais il n'y en aura pas, dans ce temps-là. La personne, elle va faire ses
demandes puis elle n'en désignera pas parce qu'elle n'en trouvera pas dans son
entourage, ça fait que, là, le reste doit s'appliquer, un médecin, un
professionnel ou n'importe qui, c'est ça qu'on veut. Mais, quand elle fait le
choix, puis que la personne, elle signe puis elle accepte, là...
Mme Demontigny, elle a déjà choisi son tiers de confiance. On va voir dans
la vraie vie, mais je donne cet exemple-là. Elle nous en parle puis elle est
convaincue que son amie, elle a tout compris. Mais si tu fais la démarche puis
que le tiers, il accepte, je trouve que ça serait fou après de se dire :
On se prive de ça, parce que c'est une garantie puis c'est une sécurité pour la
personne quand elle devient inapte.
Mme Lewis (Marie-Josée) : J'entends bien, mais je vais demander de suspendre pour discuter avec le
ministre.
Le Président
(M. Provençal)
: On
suspend, s'il vous plaît. Merci.
(Suspension de la séance à 17
h 37)
(Reprise à 17 h 42)
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
on reprend nos travaux.
Alors,
M. le ministre, vos légistes se sont consultés. Je vous cède la parole.
Par la suite, vos légistes vont pouvoir...
M. Dubé :
En fait, la réponse évolue, mais je pense qu'ils voulaient poser d'autres
questions à la députée de Joliette parce qu'on voulait avoir des précisions,
parce qu'il y a d'autres éléments qui viennent dans 29.13 ou 29.12... Alors, je
vous laisse peut-être discuter ce qui est répondu par 29.12.1, puis on
reviendra...
Mme Hivon :
Moi, je veux juste dire que j'apprécie énormément avoir des échanges avec
les légistes, mais j'ai juste besoin de dire que des fois ça me rend
inconfortable. Ça fait que je veux juste le dire, parce que j'apprécie beaucoup
quand le ministre, comme... intervient, puis parle, puis il renchérit, parce
que des fois je trouve ça drôle de, comme, avoir le sentiment que je suis en
échange avec les légistes puis l'équipe, puis je sais qu'eux autres, ils n'ont
pas de rôle politique là-dedans puis ils essaient de préserver tout.
M. Dubé :
C'est ça, mais moi, je me suis fait une idée. Ce que je veux vous dire, là,
soyons très clairs, là, sur ça, je me suis fait une idée, mais ils me
disent : On n'a peut-être pas besoin de ça parce qu'on a 29.12. Alors, je
peux vous le dire, 29.12.1, ça règlerait un des points.
Le deuxième point,
j'ai la même interrogation que vous par rapport à une autre personne, puis je
pense qu'on doit donner un rôle prépondérant au tiers, ça, je crois ça.
Alors... Mais, comme je vous ai dit, on a ajusté le rôle du tiers prépondérant
depuis plusieurs modifications, ça fait que, là, on est pris avec ça.
Réglons... Je vais suggérer qu'on aille voir 29.12.1 pour discuter du
professionnel compétent parce que c'est un des éléments de la réponse,
d'accord, puis après ça on reviendra sur comment on peut donner une
prépondérance au tiers. Mais j'aimerais ça que vous l'expliquiez la partie
légale de ce que vous voulez dire.
Le Président (M. Provençal)
: Juste une question, parce
qu'il faut vraiment être conforme à nos règles. Est-ce que, là, vous
voulez discuter de 29.12.1, madame... maître?
Mme Lavoie
(Térésa) : En fait, je pense que nos discussions sont sur 29.12, puis,
pour donner des éclairages sur 29.12, je vais me référer à 29.13 et 29.14.
Le Président
(M. Provençal)
: O.K.
Je vous cède la parole.
Mme Lavoie
(Térésa) : Dans le fond, moi, je comprends la préoccupation, là, puis,
oui, dans le fond, je comprends que le tiers de confiance, la personne l'a
désigné puis elle lui a donné, comme, sa confiance, hein, sa confiance, puis on
l'avait entendu quand on en avait discuté, là, parce qu'au début le rôle du
tiers confiance était un petit peu... à
29.4, puis là on a bonifié 29.4, puis on a bonifié les autres articles qu'on
étudie en ce moment. Puis, dans le fond, à 29.12, le 2°b, on dit «autre
que le tiers de confiance», mais ce n'est pas pour évacuer le tiers de
confiance du processus, puis, pour vous en... pour vous le confirmer sur le
plan juridique, quand on a écrit les dispositions, on a prévu... Parce que
29.12, c'est ce qui déclenche l'examen fait par un professionnel compétent.
Après, on est venu mentionner, à 29.13, que le professionnel compétent a
l'obligation, dans le cadre de l'examen qu'il effectue en vertu de 29.12, de
discuter avec le tiers de confiance, quand il y en a un. Donc, on va le
rechercher, le tiers de confiance, là. On ne dit pas de quoi il discute, mais
il faut qu'il discute avec lui, là. Il ne peut pas passer outre au tiers de
confiance. Ça fait qu'on a ramené le tiers de confiance dans la démarche, dans
la discussion.
Puis aussi, à 29.14, on
est à une petite coche de plus encore, c'est qu'après son examen le
professionnel compétent, lui, il va tirer des conclusions, là. Donc, à partir
des conclusions qu'il va avoir, il va devoir informer les membres de l'équipe
de soins, mais tout tiers de confiance est remis dans la demande, là. Donc,
qu'il y en ait un ou deux, là, il va devoir tous les informer.
Ça fait que je voulais juste mentionner que, sur
le plan juridique, avec les articles qu'on a, on n'évacue pas le tiers de
confiance. Ce n'est pas l'objectif qu'on a.
Mme Hivon : J'apprécie ça. Je
pense que c'est bien que le tiers de confiance soit renseigné. Mais, en
théorie, c'est les volontés de la personne, on se comprend, là, c'est les
volontés de la personne qui priment. C'est sa demande anticipée qu'on va
regarder. C'est sûr qu'on va l'impliquer pour ne pas le mettre devant le fait
accompli. Je veux dire, normalement, c'est lui ou elle qui est la personne la
plus importante. Donc, on va y revenir, on va dire : O.K., voici, on
constate les souffrances, donc, voici, on donnerait droit à l'aide médicale à
mourir au même titre où on peut impliquer les proches dans la demande
contemporaine si la personne le souhaite. Et normalement le tiers de confiance,
il n'a comme plus grand-chose à dire, sauf peut-être de conforter l'équipe puis
de dire : Oui, je pense vraiment que ma mère, elle souffre atrocement, je
suis vraiment heureuse que vous arriviez à la même conclusion que moi, ç'est ça
qu'elle voudrait, puis tout ça. Ça fait que je comprends que ça peut-être une
sécurité, puis c'est un élément supplémentaire, mais je...
Ça fait que j'apprécie ça, je pense juste...
C'est une question de perspective, j'imagine, puis on pourrait faire un débat.
Moi, ma perspective, c'est que le tiers de confiance, tant qu'il est dans le
décor puis qu'il a accepté la charge, il devrait avoir un rôle prépondérant
pour agiter le drapeau, juste... parce que, comme je vous l'ai expliqué... je
ne veux pas recommencer, mais juste parce que je trouve que ça... Moi, ça me
rassurerait si j'ai fait une demande anticipée, puis j'ai décidé d'en désigner
un. Je peux décider de ne pas en désigner, là, parce que ça me fait trop peur.
Je ne suis pas assez sûre qu'ils sont fiables, j'ai peur qu'à la fin ils
lâchent puis ils ne veuillent pas. Mais si je l'ai fait, j'aimerais mieux être
sûre qu'il y a au moins une personne qui va vraiment le faire que ne pas être
sûre, puis... Ça fait que c'est ça un peu, le sens.
Puis moi, je ne dirais pas que... C'est juste
dans les cas où il n'y en aurait pas. Je veux dire, quand il n'y en a pas,
c'est sûr que le reste s'applique. Quand la personne est empêchée d'agir, on
n'a plus de nouvelles, elle est partie dans la brume depuis deux ans, au sens
du Code civil, elle va être réputée empêchée d'agir. Si elle est morte, elle
est empêchée d'agir. Mais moi, tu sais, je ne ferai pas une bataille ad vitam
aeternam, je voulais soulever ça. Je comprends que mon collègue de Rosemont est
un peu à la même place, parce qu'on a beaucoup discuté du tiers de confiance
pendant nos travaux puis ça voulait dire quelque chose. Ça fait qu'il y a le
fait, un peu, d'avoir peur que c'est tellement diffus qu'il n'y a plus personne
qui va lever la main.
Puis je comprends qu'on va dire : Ah! bien,
dans le monde idéal, le professionnel, il va la lever la main, là. Moi, je continue à me dire que je ne suis pas sûre
que le professionnel, sachant tout ce qui s'en vient, de son propre
chef, va toujours avoir le goût de lever la
main pour partir l'évaluation, c'est pour ça que je crois que le tiers, il est
intéressant.
M. Dubé : ...M. le Président,
si vous me permettez, je vous comprends très bien, c'est pour ça que je voulais
qu'on regarde 29.13 et 29.14 pour qu'on comprenne qu'il va être...
Mme Hivon : Il va être dans le
décor, c'est sûr.
M. Dubé : ...il
va être dans le décor, ça, on s'entend très bien. Si vous trouvez que ce n'est
pas suffisant parce que vous voulez vraiment qu'il y ait un
ordonnancement, je ne sais pas si on a le... qu'il y ait une prépondérance,
est-ce que c'est... C'est-tu que, dans l'article premier, on dise d'abord le
tiers, ou est-ce qu'il y aurait...
Mme Hivon : Moi, j'aurais
mis... au 2°, j'aurais dit «en l'absence de désignation de tiers», ça, ça veut
dire : pour la personne qui n'en a pas choisi, de tiers.
M. Dubé : Dans le 2°.
Mme Hivon : Oui, au début, là,
«en l'absence de désignation de tiers». Donc, toi, tu n'en as pas désigné ou,
en tout cas, toute notre formulation de l'autre fois, là...
M. Dubé : Oui, oui.
Mme Hivon : ...d'empêchement,
d'inaptitude.
M. Dubé : Puis vous le mettrez
au début 2°.
Mme Hivon : Oui.
Ça fait que, là, c'est... là, c'est «lorsque»... puis là on aurait «lorsqu'un
professionnel, selon le cas»... Bien là, il faudrait le reformuler, mais...
Mais je ne veux pas porter ça toute seule, là, honnêtement...
M. Dubé : Non, non, non.
• (17 h 50) •
Mme Hivon :
...je ne l'amène pas comme une obsession ou un amendement que j'aurais
écrit puis que je me battrais à la vie, à la mort. Je veux qu'on fasse la
meilleure chose, là.
M. Dubé :
Je ne sens pas ça du tout. Non, mais je ne sens pas ça du tout, non,
aucunement.
Mme Hivon :
O.K. Je veux juste qu'on ait la discussion, puis, si vous trouvez que c'est
une bonne idée puis si les collèges trouvent que c'est une bonne idée, on va
vers là.
M. Dubé :
Moi, je trouve que c'est une bonne idée parce que, je vous dis, de la façon
dont on a évolué depuis plusieurs jours, c'est qu'il y a besoin de spécifier
une prépondérance. Je comprends les arguments des légistes qui disent :
S'il n'est pas là, il faut être sûrs qu'il y a des pare-feux, mais je pense
que... en tout cas, je pense... à moins qu'ils me tapent sur les doigts, là, je
pense que ce que vous êtes en train de suggérer, pour moi, ça va être clair,
puis on n'enlève pas de pare-feux. Ça, c'était sur la question de le faire agir
en premier. C'est sûr que ça rend son rôle encore plus important, là, puis il y
en a qui vont y penser comme il faut. Parce que ce qu'on me disait tout à
l'heure à l'oreille...
Mme Hivon :
Tout à fait.
M. Dubé :
...il y a des gens qui sont... qui deviennent... vous le savez, qui
deviennent très émus quand la maladie est là, puis ils vont dire : Mon
Dieu! Je ne pensais pas que ça serait difficile comme ça, comme décision, là.
Mme Hivon :
Tout à fait.
M. Dubé :
On se comprend bien, c'est ça qui va arriver, là. Moi, j'ai vu ma soeur,
là, puis c'est ça qui arrive, à un moment donné, qui est capable... tu sais,
qui la prend, la décision, dans la famille, hein?
Mme Hivon :
Mais on se comprend que c'est toujours d'enclencher le processus.
M. Dubé :
Non, mais je comprends, mais...
Mme Hivon :
Ça fait que c'est sûr que c'est sérieux parce que ça mène à quelque chose
de sérieux.
M. Dubé :
Oui, mais l'avez dit tantôt, parce que ça amène un processus sérieux.
Mme Hivon :
Tout à fait.
M. Dubé :
Moi, je pense qu'on doit respecter ce principe-là de prépondérance. Je suis
d'accord avec vous.
L'autre point qu'on
discutera tout à l'heure, c'est l'autre personne, parce que c'est pour ça, il y
avait deux... Est-ce que... C'est-tu correct? J'ai-tu dit...
Mme Hivon :
Oui, c'est juste que c'est ma collègue, là.
M. Dubé :
Nancy, voulez-vous dire quelque chose?
Mme Hivon :
Non, c'est moi.
Mme Guillemette :
Non, non, je suis d'accord avec ça, je suis d'accord avec les propos...
M. Dubé :
O.K. Alors, c'est pour ça, là... Je ne trouve pas que vous insistez, au
contraire, là, je pense qu'on partage ça.
Alors, Térésa, j'ai
besoin de vos lumières légales. Est-ce que la... Si on s'en va vers... Comment
vous avez écrit ça, là? «En l'absence de désignation de tiers, lorsqu'un
personnel»... Bon, maintenant, l'autre personne, ça serait toujours dans
l'absence... Parce que le 2°a, c'est le professionnel compétent, ça, il n'y a pas
de problème, mais «est avisé par une personne autre que le tiers de confiance»,
O.K., il faudrait aussi rajouter «autre que le tiers de confiance», à ce
moment-là.
Mme Hivon :
Comme c'est écrit là, je présume, là.
M. Dubé :
O.K.
Mme Hivon :
Là, évidemment, c'est de le qualifier, là.
M. Dubé :
Comment?
Mme Hivon : On
se disait : Est-ce que c'est n'importe qui? Mais c'est un bon point de
dire : Évidemment, l'autre, il faut qu'il sache qu'il y a une demande
anticipée aussi, là, sinon...
M. Dubé : Oui, c'est ça. Mais
c'est parce que, tout à l'heure, on me donnait l'exemple où est-ce que le
docteur... Mme Arpin, c'était de dire que ça peut être une infirmière qui
est sur le plancher...
Mme Hivon : Tout à fait.
M. Dubé : ...qui constate ça
aussi, là, ce n'est pas... Il ne faut pas penser que c'est un quidam, mais une
infirmière qui soigne, qui dit : Moi, je vais lever la main, parce que je
pense qu'on est rendus là. Et, à ce moment-là, là, on arrive à 29.13 puis à
29.14, c'est ça?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : C'est juste
spécifiquement sur ce point, parce qu'on vient de terminer le débat sur la
réforme du droit de la famille, puis on a utilisé la terminologie dans le Code
civil, «une personne qui lui est significative». Alors, je questionnais
pourquoi qu'on n'utilisait pas la même terminologie, quand c'est déjà dans le Code civil, au lieu de juste dire «est avisé par
une personne», mais quelque chose qui a un petit peu plus de substance,
parce que... exactement, votre point, M. le ministre, c'est...
M. Dubé : C'est quoi, le terme
que vous dites?
Mme Maccarone : «Une personne
qui lui est significative».
M. Dubé : Bien,
ce n'est pas nécessairement ça, ce que je vous dis, ça peut être une infirmière
sur le plancher...
Mme Maccarone : Mais c'est une
personne significative dans la vie de la personne concernée, parce que ce n'est
pas nécessairement une personne qui habite en CHSLD, nécessairement, qui va
avoir besoin d'avoir un déclenchement du processus, ça peut être une personne
qui a des soins à domicile, puis on ne veut pas que ça soit juste n'importe
qui, mais une personne significative dans la vie d'une telle personne, ça peut
être la personne qui vient donner des soins par semaine.
M. Dubé : Là, je m'éloigne de
ma zone de confort, là, mais je...
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lewis.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : On nous a beaucoup parlé,
dans l'équipe multidisciplinaire, de l'importance de la préposée ou du préposé
aux bénéficiaires. Cette personne-là peut être la préposée aux bénéficiaires
qui est presque tout le temps avec la personne qui est inapte. Donc, on s'est
dit : Le préposé ou la préposée aux bénéficiaires, c'est peut-être la
personne qui constate le plus la souffrance de la personne, puis, comme elle
n'a pas... elle n'est pas dans un ordre professionnel, elle n'a pas
l'obligation, elle ne peut pas témoigner ou... Ça fait que, par «personne», on
désignait aussi ces personnes-là.
Mme Maccarone : Je ne suis pas
en désaccord avec vous, c'est plus une question de la terminologie...
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Oui, oui, oui. Bien oui,
bien oui.
Mme Maccarone : ...parce qu'en
dehors de votre exemple, il y a beaucoup de gens qui vont avoir besoin d'avoir
accès ou de déclencher le processus, mais ils n'habitent pas dans un hôpital ou
dans un CHSLD, ça fait qu'ils n'ont pas accès à un préposé aux bénéficiaires ou
à une infirmière. Ce serait la personne, peut-être, qui vient à chaque semaine
pour faire le ménage, ça peut être la personne qui vient à chaque jour pour
faire les repas, ça peut être la personne proche... Je connais quelqu'un qui
habite chez elle, elle souffre d'alzheimer, puis elle a une ressource, une
personne qui vient une fois par jour, c'est une personne significative dans sa
vie. Ce n'est pas la personne qui livre le journal, c'est une personne
significative dans sa vie. Ça fait que ce n'est pas n'importe qui qui va
dire : Ah! je pense que la personne n'est pas bien.
M. Dubé : O.K. Mais est-ce
qu'on peut régler, M. le Président? Parce que je vois...
Mme Maccarone : C'est juste une
détermination, puis c'est plus clair pour moi. Moi, je serais plus à l'aise
d'utiliser ce type de terminologie, étant donné aussi que nous savons que c'est
utilisé ailleurs dans d'autres lois, dans le Code civil, ça fait que ce n'est
pas quelque chose qui est nouveau comme concept.
M. Dubé : Moi, ce que je
suggérerais, là, étant donné l'heure, parce que mon sucre à la crème commence à
être loin un peu, là...
Une voix : ...
M. Dubé : Oui.
Est-ce que... Pour que nos légistes puissent nous suggérer une modification ou
un amendement, on devrait peut-être... on pourrait peut-être suspendre,
puis, quand on reviendrait, on reviendrait avec le 29.12 qui serait... qu'on
retirerait puis on mettrait un 29.12 amendé avec ces deux éléments-là,
l'élément de... Bien, en tout cas, on va regarder s'ils peuvent faire la... Je
ne sais pas, là.
Le Président (M. Provençal)
: Moi, ce que je vais vous suggérer,
c'est que... Il reste très peu de temps, donc je vous suggère qu'on ferme notre
séance de travail. Mais, si les gens peuvent donner quelques orientations à nos
légistes pour qu'ils peuvent bien travailler, ils vont le faire, puis, à ce moment-là,
quand on va revenir à 19 h 30, bien, on aura... on pourra remettre la
table pour débuter. Ça va?
Alors, compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 19 h 39)
Le Président (M. Provençal)
: Alors, bonsoir à tous. Nous reprenons nos travaux.
Lorsque nous avons terminé, à 18 heures,
nous étions à traiter l'amendement de l'article 29.12 de l'article 16
du projet de loi. Alors, M. le ministre, je vous cède la parole.
La Secrétaire : ...
• (19 h 40) •
Le
Président (M. Provençal)
:
Oui, mais il faut que ce soit M. le ministre qui le retire, c'est lui qui l'a
déposé.
M. Dubé : Alors, on va demander
à retirer le dernier amendement qu'on avait fait, qui était 29.12, et qu'on
resoumettra un nouvel amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, consentement pour le retrait?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
Maintenant, vous pouvez déposer votre nouvel
amendement. Alors, je vais vous demander simplement d'en faire la lecture, dans
un premier temps, M. le ministre.
M. Dubé : Est-ce que ça va pour
tout le monde? On se souvient où on était rendus? C'est bon. Alors, merci.
«29.12. La personne qui a formulé une demande
anticipée doit faire l'objet d'un examen par un professionnel compétent lorsque
le tiers de confiance avise, en vertu du paragraphe 1° du premier alinéa de
l'article 29.4, un professionnel de la santé ou des services sociaux qu'il
croit que la personne éprouve, selon le cas :
«1° les souffrances décrites dans sa demande;
«2° des souffrances physiques ou psychiques
constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions
jugées tolérables.
«L'examen vise à déterminer si la personne
paraît bel et bien objectivement éprouver, en raison de sa maladie, les
souffrances dont est avisé le professionnel compétent en vertu du premier
alinéa.»
Le commentaire se lit comme suit :
L'amendement vise à clarifier les situations suivantes, lesquelles... suivant
lesquelles, pardon, une personne ayant formulé une demande anticipée... doit
faire l'objet d'un professionnel compétent après l'avis d'un tiers de
confiance.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, dans un premier temps, si vous
voulez, si vous êtes d'accord, je céderais la parole à Me Lavoie, qui ont pris
les commentaires, pour vous traduire ce qu'on vient de lire. Me Lavoie, s'il
vous plaît, puis ça va donner à nos... aux gens le temps de relire le texte
pour être sûrs que c'est... Allez-y.
Mme Lavoie
(Térésa): Absolument. Alors, pour 29.12, dans la version
qu'on vous avait présentée, là, il y avait plus qu'une idée, là, je vais dire ça comme ça. Là, 29.12, c'est certain
qu'à sa seule lecture vous ne pouvez pas constater qu'on a apporté
d'autres améliorations parce que les améliorations sont répercutées dans
d'autres... deux nouveaux articles qu'on va vous proposer d'introduire. Donc,
29.12 met vraiment l'emphase sur l'avis que le tiers de confiance doit transmettre,
et sur le fait qu'un examen doit être fait de la personne, et l'objet de
l'examen aussi, là, «vise à déterminer si la personne paraît bel et bien
objectivement éprouver, en raison de sa maladie, les souffrances dont est avisé
le professionnel compétent en vertu du premier alinéa».
Donc, ce qu'on a fait, je pense que ça va aussi
simplifier ces dispositions-là de la loi, on va vous proposer un
article 29.12.0.1. Puis là je ne veux pas devancer les discussions, mais
juste pour vous situer, 29.12.0.1, ça réglerait la situation du tiers de
confiance qui a été désigné dans une demande anticipée, mais s'il est empêché
d'agir, refuse ou néglige de le faire. Donc, on s'est
inspirés de ce qu'on avait prévu à 29.4 pour le tiers substitut, et là aussi on
vient camper, là, son obligation d'aviser un
professionnel compétent... ou plutôt de... les situations dans lesquelles il
y a un examen qui est requis, là, quand il n'y a pas de tiers de confiance.
Donc, on revient reprendre un peu les idées
qu'on avait dans l'article de départ, que le professionnel compétent, quand il constate que la personne
paraît objectivement éprouvée ou quand il est avisé par une personne
qu'elle croit que la personne éprouve de telles souffrances, et on a ajouté un
alinéa, qui faisait partie de vos préoccupations, qui va être à
29.12.0.1 : «Un professionnel compétent doit, avant d'effectuer un examen
en vertu du premier alinéa, prendre les moyens raisonnables pour aviser de la
situation tout tiers de confiance désigné dans la demande.» Donc, peut-être
qu'il y a un empêchement d'agir, il refuse ou néglige, mais n'empêche qu'il
faut que le professionnel compétent prenne les moyens raisonnables pour le
rejoindre, le tiers de confiance.
Puis on ajouterait un troisième article,
29.12.0.2, dans lequel on dirait que le premier alinéa, donc l'article dont je
viens de vous parler, là, quand il y a... les tiers sont empêchés ou d'agir, ou
tout ça, qu'il «s'applique, avec les adaptations nécessaires, à la personne qui
n'a désigné aucun tiers de confiance dans sa demande anticipée».
Donc, avec les articles, la première situation,
c'est la situation où il y a un tiers de confiance; la deuxième, c'est si le
tiers de confiance est empêché, refuse, néglige; le troisième, c'est s'il n'y a
aucun tiers de confiance. Donc, on vient quand même couvrir toutes les
situations possibles, les cas de figure possibles, puis on s'assure que le
tiers de confiance joue son rôle, là, en quelque sorte.
Là, je vous ai exposé ça, ce n'est peut-être pas
évident à... mais les articles à venir vont amener à ça.
Le Président (M. Provençal)
: Commentaires?
Mme Hivon : A priori ça semble
répondre à la préoccupation qu'on avait exprimée. Je vous remercie. J'imagine
que vous n'avez pas eu une grande pause pendant l'heure du souper, donc merci
beaucoup. Donc, on va le voir quand on va voir le détail, mais, de ce que je
comprends, vous avez comme créé trois situations : il y en a un, il y en a
un mais il est empêché d'agir, voilà, puis il n'y en a pas du tout, une autre
situation. Donc, on va voir le détail, puis là vous avez distingué les deux
idées, parce que, dans l'ancien, on avait toute la question de qui va aviser
puis ce que ça... les souffrances qui doivent être vues. Moi, ça, ça me va.
J'ai juste...
ça me souligne... ça me soulève juste la dernière chose. Vous dites «doit faire
l'objet d'un examen lorsque le tiers de confiance avise», O.K.? La
députée de Roberval et présidente de notre commission spéciale avait souligné
qu'on avait dit, dans nos remarques finales, que ça pourrait être pertinent
d'aviser par écrit pour qu'il y ait un certain formalisme puis qu'on ne dise
pas à tout bout de champ, à tous les jours : Ah! elle a l'air de souffrir,
puis que, là, l'équipe de soins dise : Oui, bien là, il faudrait... Et
donc elle avait eu cette bonne idée de dire : Peut-être que, dans le
formulaire, il devrait tout de suite y avoir la partie Requête — c'est-à-dire
pour enclencher — du
tiers. Puis je me demande juste si vous avez réfléchi à ça, si vous trouvez que
c'est trop formaliste, si c'est complexe. Je voulais juste vous entendre
là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
: Me Lavoie.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui. Dans
le fond... Puis juste avant de vous répondre, je voudrais dire merci à mes collègues aussi, mes deux collègues légistes, là.
Je ne suis pas toute seule puis j'apprécie beaucoup leur aide entre les
pauses.
En fait, pour l'avis, on y a réfléchi, puis
j'avais déjà exposé que, sur le plan juridique, un avis écrit, c'est très
formel. Puis, déjà que le tiers a des responsabilités assez importantes, on
s'est dit : On va se garder une petite réserve d'aller l'écrire
systématiquement dans la loi. Puis, dans le projet de loi, plus loin, on donne
un pouvoir réglementaire au ministre. Si, à l'usage, la pratique nous laisse
voir que l'écrit est vraiment important, on va pouvoir le prescrire par
règlement, et sa forme, sa teneur. Donc, on s'est gardé le pouvoir, ce
levier-là pour le faire, si on constate qu'on a des enjeux.
Mme Hivon : C'est bon.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça va? Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Oui, Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau : Juste
pour me... On a dit qu'on pouvait avoir deux personnes comme tiers. Le
deuxième, je ne le cible pas, mais je l'ai
réglé un petit peu plus tôt dans mon projet de loi. Ça fait que je n'ai pas
besoin de le nommer?
Mme Lavoie (Térésa) : À 29.4,
tout est là, tout est réglé, oui.
Mme Charbonneau : Parfait, je
voulais juste être sûre. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement de l'article 29.12?
S'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Merci.
Maintenant, sur
l'article 29.12 adopté, y a-t-il d'autres interventions? Oui, Mme la
députée de Mille-Îles. Non? Ah! excusez. J'avais cru que vous m'aviez fait
signe. Oui, c'est beau.
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons revenir à l'article 29.11, qui avait été amendé, mais sur lequel on avait dit qu'on reviendrait parce qu'il
semblait y avoir des interrogations ou des précisions qui voulaient être
demandées, à moins que j'aie fait erreur, là, dans ma mémoire. Alors, est-ce
qu'il y a des interventions concernant le 29.11 amendé?
Des voix : ...
Le
Président (M. Provençal)
: Ah
bon, on me signale... les juristes me signalent qu'il y avait eu des
éléments qui avaient été soulevés et qu'il va y avoir un nouvel amendement.
Alors, compte
tenu qu'il y a un nouvel amendement, on avait un amendement qui avait été
adopté, M. le ministre, consentez-vous à retirer votre amendement?
M. Dubé : Tout à fait.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, l'amendement... consentement
pour le retrait?
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Maintenant...
Mme Lavoie (Térésa) : ...
Le Président (M. Provençal)
: Ah! à 29.10, tout avait été fait, on
en avait déposé un, on l'a retiré, puis on a fait un nouvel amendement qui nous
a permis d'enlever le 29.10 et de garder simplement un titre. Ça a été fait,
madame... O.K. Mais vous faites bien de le rappeler, ça me permet de dire... en
tout cas, j'essaie de suivre, là, je vais vous le dire.
Donc, je
reviens à 29.11. Ce que je comprends, c'est qu'il y a un nouvel amendement qui
est déposé par M. le ministre. Est-ce que, madame...
• (19 h 50) •
La Secrétaire : ...
Le Président (M. Provençal)
: Il vient d'arriver. O.K. On a de la
misère avec le nuage.
M. Dubé : ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y, M. le ministre.
M. Dubé : Merci beaucoup.
Alors...
Le Président (M. Provençal)
: On peut-tu le... On peut-tu le
grossir un petit peu? Parce que...
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Je suis content de voir qu'il n'y a pas juste mes foyers
qui sont un petit peu problématiques.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: S'il vous plaît, on ne parle pas
d'âge, là.
M. Dubé : O.K., on ne rentre
pas là-dedans. On y va pour l'amendement à 29.11, c'est ça? O.K. Alors...
Merci, Gabrielle.
À l'article 29.11 de la Loi concernant les
soins de fin de vie proposé par l'article 16 du projet de loi :
1° remplacer le premier alinéa par le
suivant :
«Un professionnel de la santé ou des services
sociaux qui dispense des soins à une personne ayant obtenu un diagnostic de
maladie grave et incurable menant à l'inaptitude à consentir aux soins doit,
lorsqu'il prend connaissance de cette inaptitude, consulter le registre établi
en vertu de l'article 63.»;
2° remplacer, dans le deuxième alinéa, «avise
tout tiers de confiance désigné dans la demande du fait qu'il a constaté» par
«doit s'assurer que tout tiers de confiance désigné dans la demande ait été
avisé de la survenance de»;
3° remplacer le troisième alinéa par le
suivant :
«Le professionnel informe également les
professionnels de la santé ou des services sociaux de l'équipe de soins
responsable de cette personne de l'existence de la demande.»
Commentaires :
L'amendement vise à étendre l'obligation de consulter le registre établi en
vertu de l'article 63 de la loi concernant les soins de vie à tout
professionnel de la santé ou des services sociaux qui dispense des soins à une
personne ayant obtenu un diagnostic de maladie grave et incurable menant à
l'inaptitude à consentir aux soins et non seulement à un professionnel
compétent.
Il prévoit
également une modification pour qu'un tel professionnel ait l'obligation
d'informer les professionnels de la
santé ou des services sociaux membres de l'équipe de soins responsable de la
personne ayant formulé une demande anticipée de l'existence de cette
demande.
Puis
êtes-vous capable de faire les deux, peut-être de montrer qu'est-ce que
l'article combiné ou révisé a de l'air?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, où ça s'intègre, exact.
M. Dubé : Oui, parce que je
pense que ça aide beaucoup les gens à voir qu'est-ce qu'on a fait, là.
Le
Président (M. Provençal)
:
Parce que c'était vraiment dans
cette section-là, je pense, ce qui avait été soulevé.
M. Dubé : Bien, ce qu'on
voulait, c'est... C'est pour ça qu'on a fait 29.12 avant, parce qu'on y
référait, puis c'était le dernier paragraphe
qui était... qui avait posé des questions, rappelez-vous. Puis là on dit que
«le professionnel informe également les professionnels de la santé».
Une voix : ...
M. Dubé : C'est ça.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui. Alors, je
pense que c'est ça, vous avez enlevé le premier bout que je soulignais, «si la personne ne paraît pas éprouver les souffrances».
Donc, ça, ça va pour le troisième alinéa. Mais, dans les deux autres,
est-ce que c'est essentiellement notre ancien amendement ou vous avez reformulé
des éléments? Parce que, il me semble, ce n'est pas exactement pareil.
Mme Lavoie (Térésa) : ...
Mme Hivon : Oui. Parfait.
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Ça a été reformulé.
Mme Lavoie (Térésa) : ...
Le Président (M. Provençal)
: C'est ça.
Mme Hivon : ...il va voir s'il
y a une demande anticipée, il y en a une, il avise le tiers ou les tiers puis
il avise l'ensemble de l'équipe de soins, qu'importe la situation de la
personne. Parfait.
M. Dubé : ...
Mme Hivon : Tout tiers, le
premier ou le deuxième.
M. Dubé : ...le premier ou le
deuxième. Je pense que vous avez trouvé la bonne formule.
Mme Hivon : C'est bon. Merci
de... Je pense qu'on avance.
M. Dubé : On avance bien.
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il... Pardon? Oui, oui, oui, je
vous avais vu, M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Le troisième
paragraphe, là, «le professionnel informe également les professionnels de la
santé ou des services sociaux ou de l'équipe de soins responsable de cette
personne de l'existence de la demande», à ce stade-là, on ne peut pas présumer
qu'elle va flasher, de toute façon, dans le dossier? Si elle a été versée au
dossier, normalement... Tant mieux si on ajoute ceinture, bretelles, pour
prendre une expression qu'on utilise beaucoup ici, là, depuis trois jours, mais
j'aurais cru que...
M. Dubé : Oui?
Le
Président (M. Provençal)
: Validation,
ce ne sera pas long. Madame... Me Lavoie, vous avez entendu le commentaire du
député de Rosemont?
Mme Lavoie
(Térésa) : Oui.
Le Président
(M. Provençal)
: Voulez-vous
qu'il le reformule?
Mme Lavoie
(Térésa) : Oui.
Le Président
(M. Provençal)
: S'il vous plaît.
Mme Lavoie
(Térésa) : Oui, s'il vous plaît. Excusez.
M. Marissal :
Ne stressez pas, Me Lavoie, on n'est pas pressés. Quand je lis, là, «le
professionnel informe également les professionnels de la santé ou des services
sociaux de l'équipe de soins responsable de cette personne de l'existence de la
demande», j'avais présumé, peut-être à tort, qu'à ce stade-là la demande, elle
flashait déjà en rouge dans le dossier.
Mme Lavoie (Térésa) : Moi,
je ne suis pas sur le terrain pratique, donc peut-être qu'Élizabeth, si vous
voulez, pourrait peut-être répondre.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme Arpin.
Mme Arpin
(Élizabeth) : Ce n'est pas parce qu'on est un professionnel de la
santé qu'on a le droit d'aller regarder tout ce qui est écrit dans un dossier.
Donc, si on n'a pas d'affaire dans le dossier, qu'on n'est pas activement dans
les soins de la personne, on ne peut pas aller consulter un dossier, il y a
quand même des règles de confidentialité qui s'appliquent. Donc, on doit être
actif dans ce dossier-là pour aller voir, on pourrait être blâmé, sinon,
d'aller fouiner dans des dossiers qui ne nous concernent pas. Donc, même si
c'est noté au dossier, si on veut s'assurer qu'un professionnel x a
l'information, il faut l'en aviser autrement. Il ne faut pas présumer qu'il va
aller regarder dans le dossier.
M. Marissal :
C'est clair. Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
vous va?
M. Marissal :
Oui.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement?
S'il n'y a pas
d'autre intervention, on procède à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement
est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté. Merci.
Maintenant, est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article 19.11 tel qu'amendé?
Une voix : ...
Le Président
(M. Provençal)
: J'ai dit «19», hein?
29.11, excusez. Merci. Il n'y en a pas. Ça va.
Alors, s'il n'y a pas
d'autre intervention, nous...
Une voix :
...
Le Président
(M. Provençal)
: Oui, c'était sur
29.11, avec l'amendement.
Mme Hivon :
Oui, c'est beau. On a 29.12.
Le Président
(M. Provençal)
: O.K.
29.12 a été traité, on irait à 29.13... Non, excusez. On va, après l'adoption
du 29.11... excusez-moi, Me Lavoie nous avait informés qu'elle
introduisait deux nouveaux articles, l'article 29.12.0.1... qui viennent
faire une liaison.
Alors, dans un
premier temps, M. le ministre, pouvez-vous nous faire lecture de l'amendement
qui introduit ce nouvel article, s'il vous plaît?
M. Dubé :
Très bien, M. le Président.
Alors : Insérer, après l'article 29.12
de la loi concernant les soins de vie proposé par l'article 16 du projet
de loi tel qu'amendé, l'article suivant :
«29.12.0.1. Si tout tiers
de confiance désigné dans une demande anticipée est empêché d'agir, refuse ou
néglige de le faire, la personne qui a formulé la demande doit faire l'objet de
l'examen prévu à l'article 29.12 relatif aux souffrances qu'elle paraît
éprouver, lorsqu'un professionnel compétent, selon le cas :
«1° constate à première vue que la personne
paraît objectivement éprouver [...] :
«a) les souffrances décrites dans la demande;
«b) des souffrances physiques ou psychiques
constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions
jugées tolérables;
«2° est avisé par une personne qu'elle croit que
la personne éprouve de telles souffrances.
«Un professionnel compétent doit, avant
d'effectuer un examen en vertu du premier alinéa, prendre les moyens
raisonnables pour aviser de la situation tout tiers de confiance désigné dans
la demande.»
Alors, les
commentaires : L'amendement propose d'ajouter un nouvel
article 29.12.0.1 pour prévoir les situations suivant lesquelles une personne qui a formulé une
demande anticipée doit faire l'objet d'un examen par un professionnel
compétent lorsque le ou les tiers de confiance désignés dans la demande sont
empêchés d'agir, refusent ou négligent de le faire.
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il des interventions concernant
l'amendement qui introduit le nouvel article 29.12.0.1 de
l'article 16 du projet du projet de loi? Oui, madame...
Mme Charbonneau : ...la députée
de Mille-Îles.
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
Mme Charbonneau : Bien, c'est
ça, parce que, là, c'était juste «madame».
Le Président (M. Provençal)
: Non, c'est parce que votre autre
collègue avait levé la main.
Mme Charbonneau : Ah! bien,
vas-y. Non, non, vas-y, vas-y.
Mme Hivon : ...
• (20 heures) •
Mme Charbonneau : Je voulais
juste me faire rassurer, parce que ça fait deux fois que je le vois passer,
puis le souci reste toujours, donc faites juste me rassurer, si c'est moi qui
est à côté de la plaque. Dans le 1°, il «constate [en]
première vue que la personne paraît objectivement éprouver soit : [...]les
souffrances décrites dans sa demande», donc c'est ce qu'il a décrit dans sa
demande, le médecin est venu compléter, puis après ça on dit, b, «des
souffrances physiques ou psychiques constantes, insupportables», bon, vous le
voyez comme moi. Est-ce que c'est un ou l'autre ou c'est un et l'autre?
Mme Lavoie (Térésa) : C'est un
ou l'autre, parce que, si on avait voulu que ça soit un «et», on aurait mis un
«et» à la fin du a. Donc, c'est soit ça, soit ça, c'est un ou l'autre.
Mme Charbonneau : Alors, je
vous amène mon inquiétude. Plus tôt, dans notre projet de loi, on s'est
dit : Si ce n'est pas décrit, ce n'est pas considéré. C'est ce que j'ai
compris, si ce n'est pas décrit, ce n'est pas considéré. Donc, on amène une
inquiétude, en groupe, en se disant : Mais là, si la personne, elle décrit
des principes de démence, mais c'est un cancer, puis elle ne l'avait pas prévu,
on a peut-être un petit souci de concordance dans la volonté qu'on a de la
soulager de ses souffrances. Puis je me suis fait répondre — puis
peut-être que, encore là, ça peut être moi, il est tard, la semaine est longue — que,
non, si ce n'était pas décrit dans la demande, on ne pouvait pas avoir accès,
parce que c'était sous le principe de la description. Donc, je veux juste être
sûre, parce que, là, ce n'est pas un et l'autre, c'est un ou l'autre.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Me Lavoie, pouvez-vous amener
une précision par rapport à ce qui a été formulé par la députée de Mille-Îles?
Mme Lavoie
(Térésa) : Oui. C'est vraiment un article qui permet... qui
donne l'obligation de procéder à l'examen de la personne. Donc,
l'examen, il est pertinent dans le cas où les souffrances décrites dans la
demande apparaissent ou si la personne éprouve «des souffrances physiques ou
psychiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des
conditions jugées tolérables». Donc, c'est vraiment un «ou», puis ça ne fait
juste que déclencher l'examen et non pas les vérifications qui doivent précéder
l'administration de l'aide médicale à mourir, là.
Mme Charbonneau : Donc, c'est
pour ça qu'on complète en disant «un professionnel compétent doit, avant
d'effectuer l'examen en vertu du premier alinéa, prendre les moyens
raisonnables pour aviser de la situation tout tiers de confiance désigné dans
la demande», parce que, vous comprenez l'inquiétude, hein, au début, on se
disait des choses, puis là, bien, ça peut...
M. Dubé : Vous auriez eu raison
si on était dans exécuter la demande. Là, on est...
Mme Charbonneau :
Oui, tout à fait, j'ai compris la réponse.
M. Dubé : Non, mais c'est
parfait...
Mme Charbonneau :
Je ne m'amuse pas à étirer ma réflexion, mais je la fais parce que, si je ne le
fais pas...
M. Dubé : Non, mais vous faites
bien.
Mme Charbonneau :
...quand on va arriver au bon moment, je ne l'aurai plus. Ça fait que j'ai
mieux compris. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui. Je comprends
qu'ici, dans le fond, c'est qu'on veut être le plus large possible pour
s'assurer que toutes les souffrances vont être considérées, mais qu'évidemment,
à l'autre moment, il va falloir que ce soient les souffrances décrites. Ça fait
qu'on ne veut pas en échapper, dans le fond.
Moi, ma question, c'est : Le médecin qui
va, donc, prendre la relève, si le tiers est empêché d'agir, comment il va le
savoir que le tiers est empêché d'agir et que, donc, il est maintenant
responsable? Puis, pendant que vous réfléchissez, je veux juste souligner, j'ai
vu que nous avons des auditeurs, et je trouve qu'ils ont l'air fort
sympathiques, et donc je voulais les saluer de leur intérêt d'être parmi nous
ce soir.
M. Dubé : ...
Mme Hivon : Aux dernières
nouvelles, ils s'appellent Jacques et Iris. C'est de très bonnes personnes,
oui. Ils connaissent très bien le dossier, presque aussi bien que moi.
Le Président (M. Provençal)
: Ça nous fait plaisir d'avoir votre
présence aux travaux de la commission. Merci beaucoup d'être présents, à vous
deux.
M. Dubé : Merci de nous
partager, Mme la députée. Merci beaucoup.
Mme Hivon : Donc, oui, c'est
ça, en fait, mon questionnement, c'est : Comment il le sait, le
professionnel compétent, que, là, c'est sur lui que repose ça?
Le Président (M. Provençal)
: Me Lavoie.
Mme Lavoie (Térésa) : Bien,
moi, je ne peux pas vous donner une réponse juridique là, mais c'est sûr que
c'est en fonction des faits, là, qui sont devant lui, là. S'il connaît la
personne depuis longtemps, peut-être qu'il... Mais je ne peux pas m'avancer,
parce que ce n'est pas tant une question juridique qu'une question de qu'est-ce
qui va se passer dans les faits. Mais ça va être à son jugement de dire :
il considère que la personne... que le tiers est empêché d'agir, refuse ou
néglige de le faire, là, tu sais, c'est ça, ça va être un jugement de fait, là,
ici, je pense.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Bien, c'est vrai
que la séquence est curieuse, là. Moi, j'ai l'impression que le 1°
va se produire en raison du 2°, c'est qu'il y a quelqu'un
qui va lever le flag, il y a quelqu'un qui va dire : Ça ne va pas, et ce
n'est pas le tiers de confiance n° 1, à supposer
qu'il y en ait deux, ce n'est pas le tiers de confiance n° 1,
puisqu'il a été... il refuse, il est empêché ou il néglige de le faire. Donc,
il y a quelqu'un, là, soit dans l'équipe médicale... On parlait, tout à
l'heure, des préposés aux bénéficiaires, puis c'est vrai que ces gens-là sont
souvent très, très, très près des gens en fin de vie, comme ça, puis qu'ils
peuvent effectivement le faire, mais je me demande si le 1° et le
2° ne sont pas tout simplement
inversables, là.
M. Dubé : C'est deux questions
que vous posez, là. La première question, c'est : Qu'est-ce qui arrive si
le tiers n'agit pas? Qui agit? Puis, la deuxième, vous dites : Est-ce que
ça devrait être inversé? C'est deux questions.
M. Marissal : Bien, je ne veux
pas mettre des mots dans la bouche de ma collègue de Joliette, mais ce qu'elle
dit, elle, c'est : Comment le médecin, il sait que ça lui retombe sur les
épaules, tout d'un coup, parce que le tiers n'est pas responsable et il ne le
fait pas ou n'est pas capable de le faire?
M. Dubé : Bien là, je ne veux
pas répondre pour nos... tout ce qu'on a discuté tout à l'heure, mais c'était
pour ça qu'ils étaient mis les trois ensemble, parce qu'à ce moment-là tu avais
une responsabilité qui était partagée. Mais on a bien dit qu'une responsabilité
partagée, des fois, ce n'est pas mieux que... Là, je pense qu'il faut se fier
au principe, vous n'aimerez peut-être pas la réponse, mais que le médecin,
parce que le diagnostic a été donné, il a une responsabilité de s'en occuper.
Mais de la façon dont on a mis ces trois-là un à la suite de l'autre plutôt que
combinés, il y a ce risque-là que, si, par exemple, le
tiers n'était pas là ou qu'il n'avait pas averti, bien là, il faut que ça soit
le médecin qui prenne en charge.
M. Marissal : Oui, je comprends
qu'on... hiérarchiser puis prioriser le tiers, mais, si le tiers est aux
abonnés absents, il y a quelqu'un qui va alerter.
M. Dubé : Bien là, ici, c'est
le médecin. Si le premier... j'allais dire «premier répondant», là, si le tiers
n'est pas là pour x raison, c'est le médecin qui doit le faire. Mais la
question que vous posez ou qui était posée tantôt par la députée de Joliette,
c'est que, si le tiers n'informe pas parce que soit qu'il n'est pas là ou peu
importe, là, ça devient la responsabilité du médecin.
M. Marissal : Je pense comme
vous que, pratico-pratique, c'est comme ça que ça va se passer.
M. Dubé : Bien, c'est comme ça
que ça va se faire parce que je pense qu'on n'a pas le choix, sans ça... Là,
puis il faut se fier à ce que Mme Arpin nous appelait tantôt... nous rappelait
au début. C'est parce que, dans la façon dont un diagnostic est donné, la
journée que quelqu'un a le diagnostic, ça devient la responsabilité du médecin,
ça fait que je pense qu'on n'a pas le choix de le faire comme ça. Mais, en tout
cas, ça, c'est ma première réponse.
Ma deuxième réponse, c'est : Dans l'ordre — c'est
ça qu'est votre deuxième question — est-ce qu'on est mieux de
faire passer 2° avant 1°?
M. Marissal : Bien, c'est parce
que, si le médecin est avisé — le médecin ou quelqu'un dans le corps
médical, là, mais le médecin, pour fin de discours, ici, là — le
médecin, il est avisé par une personne. Une personne, c'est quelqu'un, là, hein, c'est quelqu'un, ça peut être quelqu'un de
proche ou médicalement proche, dans l'équipe, soit. Mais après ça on lui dit, à ce
professionnel : Tu dois quand même, avant, prendre tous les moyens
raisonnables — les
moyens raisonnables — pour
aviser de la situation tout tiers de confiance, mais le tiers de confiance ne
s'est pas manifesté. C'est là où moi, je...
M. Dubé : ...
• (20 h 10) •
M. Marissal : ...je me mets
dans la peau des médecins, là. Il y a une patiente qui dépérit, là, clairement,
il y a quelqu'un qui lève le drapeau en disant : Ça ne va pas, là, notre
Mme Tremblay, là, fictive, depuis trois jours. Le médecin prend acte,
effectivement, puis là on enclenche au moins l'examen, parce qu'on n'a pas le
choix, de toute façon, on ne va pas laisser quelqu'un dans cette situation-là,
j'ose croire. Mais là, après ça, il faut quand même que le médecin et son
équipe essaient de joindre la personne qui, au départ, aurait dû être là puis
qui, visiblement, n'est pas là. Je ne sais pas.
M. Dubé : ...savoir est-ce que
ça aiderait de l'inverser, 1° et 2°?
Mme Lavoie (Térésa) : Bien, en
fait, c'est que, peu importe l'ordonnancement, là, ce qui va arriver, c'est que
le professionnel compétent, il va constater les souffrances ou il va être avisé
par une personne puis là il va chercher à entrer en contact avec le tiers de
confiance, puis là c'est là qu'il va constater que le tiers de confiance est
empêché d'agir, refuse ou néglige. Puis là, après, là, il va faire l'examen,
puis ça, après ça, tu sais, il peut se passer plein
de choses. Il peut faire l'examen puis déterminer que, bon, bien, on n'est pas
rendus au processus d'administration de l'aide médicale à mourir. Puis
là il va l'avoir acquis, l'information que le tiers est peut-être empêché
d'agir, refuse de le faire ou néglige de le faire, ça fait que la condition va
revenir en premier. Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire, là.
M. Marissal : Oui. Je pense que
c'est le libellé, là, «si tout tiers de confiance désigné dans une demande
anticipée est empêché d'agir, refuse». En fait, c'est qu'il n'y a personne qui
appelle pour dire : Je ne le ferai pas, là, c'est quelqu'un qui ne le fera
pas. Ça fait que, là, à un moment donné, l'équipe médicale va avoir cette
patiente-là sur les bras, puis là, de fil en aiguille, bien, on va, de toute
façon, prendre acte et agir. C'est ce que je comprends.
Le
Président (M. Provençal)
:
Y a-t-il d'autres interventions?
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis. Par la suite, ce sera le
député de D'Arcy-McGee.
Mme Maccarone : Merci.
Je reviens toujours à la question de «avisé par une personne», parce que, si,
mettons, on est toujours dans la situation
d'une personne qui ne vit pas nécessairement dans un CHSLD ou dans une
résidence privée pour aînés mais reçoit des soins à domicile, puis je me
mets aussi dans la position, mettons, du médecin traitant ou le professionnel compétent, je ne veux pas
nécessairement d'entendre de n'importe qui que cette personne rejoint les
critères, alors pourquoi le choix de libellé
d'utiliser uniquement «est avisé par une personne» et non... Comme je viens de
dire juste avant que nous avons suspendu nos
travaux pour la pause, dans la réforme du droit de la famille, on utilise
maintenant la terminologie qui va paraître
dans le Code civil, «une personne qui lui est significative», puis c'est une
définition qui peut être large, parce que ça dépend de la personne. Pour
vous et pour moi, ce n'est peut-être pas nécessairement la même personne. Puis
je peux imaginer aussi, pour une personne qui fait une demande anticipée, ça
peut vraiment varier.
M. Dubé : ...vous
interrompre, mais je pense qu'on va le voir dans l'autre, parce que, là, ici,
on parle uniquement du tiers et du
médecin; là, on est rendus au médecin, et le troisième, tantôt, ça va être la
personne. Est-ce que c'est bien ça? Ça fait que votre commentaire
s'applique au prochain. Là, on fait 29.12.01 puis, dans le prochain, on va
faire 29.12...
Mme Maccarone : ...peut-être
parce que c'est moi qui comprends mal, mais là on parle de «si tout tiers de confiance désigné». Dans le fond, ils ne sont pas
disponibles. Là, c'est parce que le médecin doit être avisé autrement.
Alors, ma question, c'est parce que, là, c'est une autre personne qui veut
peut-être déclencher un processus. Alors, quand on regarde le numéro 2°, «est avisé par une personne»... C'est ça, la question. Alors,
pourquoi ce choix est...
M. Dubé : ...pas bien compris
votre point.
Le Président (M. Provençal)
: ...
Mme Maccarone : Exactement.
M. Dubé : Dans le deuxième.
Le Président (M. Provençal)
: «Est avisé par une personne qu'elle croit que la personne
éprouve de telles souffrances.»
Mme Maccarone : Oui. Puis,
comme je le dis, le choix de libellé comme... juste pour répéter, dans le
projet de loi n° 2, réforme du droit de la famille...
M. Dubé : Non, non, excusez. Je
comprends, là. Excusez-moi, je ne voyais pas où ça allait. Je pensais que
c'était dans un autre article, mais ça réfère à ça.
Mme Maccarone : Me semble que
ce serait...
M. Dubé : Est-ce que vous
l'avez considéré, Me Lavoie?
Mme Lavoie (Térésa) : Bien, en
fait, tu sais, c'est... Ce que je comprends, c'est... Ce qu'on a prévu au
premier alinéa, «empêché d'agir, refuse ou néglige», ce n'est pas incompatible
avec le deuxième alinéa, parce que, même s'il est empêché d'agir, qu'il refuse
ou qu'il néglige, ce n'est pas qu'il n'existe pas, le tiers, là, c'est qu'il
est empêché d'agir, refuse ou néglige...
Le Président (M. Provençal)
: ...la question de... puis vous me
permettrez de reformuler votre... avec votre permission, c'est qu'elle
mentionne : Est-ce qu'on ne devrait pas inscrire «est avisé par une
personne significative»?
Mme Maccarone : ...utilisé
dans la réforme du droit de la famille, c'est «une personne qui lui est
significative», et ça, ça va paraître, maintenant, dans le Code civil. Et,
comme j'ai mentionné, ça peut varier pour chaque personne, chacune de nos vies.
La personne significative, ce n'est pas nécessairement un membre de notre
famille, ça peut être quelqu'un qui nous offre des soins, ça peut être
quelqu'un qui nous accompagne régulièrement, semi-régulièrement. Mais je
présume, si je me mets dans les souliers du professionnel de la santé qui doit
recevoir cette information, bien, j'aimerais savoir que c'est une personne
significative dans la vie de la personne qui souhaite commencer un processus et
pas juste la personne qui lit le journal ou une personne qui voit le patient
irrégulièrement, qui ne connaît pas nécessairement la vie de la personne concernée.
Le Président (M. Provençal)
: Et ici c'est vraiment d'aviser...
d'être avisé par une personne. Est-ce que la personne
est obligée d'être significative pour vraiment aviser qu'elle croit que la
personne éprouve de telles souffrances? Je pense que c'est là, la
nuance.
Mme Maccarone : Oui. Puis on a
eu beaucoup de débats là-dessus dans le p.l. n° 2,
parce que la définition de «significative», quand on parle, mettons, de la vie
d'un enfant, bien, ça peut aussi varier. Ça fait que, dans le fond, c'est pour
le bien-être de la personne concernée. Ça fait que c'est la précision que je
cherche pour s'assurer que la personne concernée est là pour le bien-être de
cette personne.
M. Dubé : ...Mme
la députée, pas que la demande n'est pas importante, là, je veux juste
préciser, mais allez-y donc, Me Lavoie, là, juste pour expliquer votre
propos.
Le Président (M. Provençal)
: Me Lavoie.
Mme Lavoie
(Térésa) : Oui. En fait, c'est qu'en utilisant l'expression
«personne significative» ou «personne démontrant un intérêt particulier
pour la personne», on risque d'exclure des personnes qui pourraient être à même
de constater les souffrances puis être
capables d'aviser un professionnel compétent. On pense, par exemple, à un
préposé aux bénéficiaires. C'est difficile de... Il y en
a certains, préposés aux bénéficiaires, quand ça fait un certain temps qu'ils
travaillent avec la personne, qui peuvent devenir une personne significative ou
qui peuvent démontrer un intérêt particulier pour la personne. Mais, si on
vient le préciser, on peut exclure des personnes qui auraient toute la capacité
pour venir aviser un professionnel compétent mais qui, à cause de la manière
dont ces expressions-là ont été interprétées
par les tribunaux, «personne significative», «personne démontrant un intérêt
particulier», ils ne rentreraient pas dans cette définition-là.
Donc, ici, c'est mieux de conserver une
rédaction qui est plus large, en termes généraux, pour éviter ce genre
d'ambiguïté là d'interprétation, de dire : Toi, tu es-tu une personne qui
démontre un intérêt particulier? Toi, tu es-tu une personne significative? Ça
nous apparaît beaucoup plus prudent de désigner une personne, tout simplement,
puis je pense que ça va s'autoréguler, là, sur le terrain, parce que ça va
être, probablement, des personnes qui sont en contact, par exemple, régulier
avec la personne qui vont faire ce genre de démarche là auprès d'un
professionnel compétent, mais qui ne sont pas nécessairement des personnes qui ont
un intérêt ou qui sont des personnes significatives pour ces personnes.
Mme Maccarone : Puis est-ce
qu'il y aura une définition de ça plus tard, si ce n'est pas élaboré dans la
loi? Mais, pratico-pratique, sur le terrain, dans le guide, est-ce qu'il y aura
une définition ou des exemples de ceci? Parce que ce que je souhaite éviter,
évidemment, c'est que ça peut être juste n'importe quelle personne qui va
pouvoir le faire. Ça fait que, deuxième étape...
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lewis.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Actuellement, là, on donne
des formations continues partagées pour les professionnels de la santé puis on
va développer une formation en aide médicale à mourir pour les proches aidants.
Donc, ça pourrait être facilement une formation qu'on pourrait donner, exemple,
dans les deux ans suivants, si le projet de loi est adopté, pour expliquer ça,
puis c'est des trucs très dynamiques puis qui pourraient aussi être proposés
aux préposés aux bénéficiaires, là.
Le Président (M. Provençal)
: Ça vous va?
Mme Maccarone : Oui. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de D'Arcy-McGee, vous
aviez demandé la parole.
• (20 h 20) •
M. Birnbaum : Merci. Là, on
décrit des situations et des circonstances qui devraient déclencher un examen
comme... tel que prévu, signalé par une personne ou une autre. Est-ce que c'est
fait exprès qu'on fait abstraction de la possibilité des examens répétés? Je le
signale pour deux raisons. Premièrement, ça se peut qu'une fois ça serait
inconclusif, et, durant toute cette période qu'il peut prolonger, il y a
nécessité d'un autre examen. En même temps, à l'autre, où est-ce qu'on risque
de mettre un fardeau sur ce tiers de confiance, si, en quelque part, il ou elle
est exigé de signaler à plusieurs fois la nécessité d'un examen. Je note qu'on
fait abstraction, je veux juste m'assurer que c'est fait avec réflexion, qu'on
n'élimine pas, on n'écarte pas la possibilité et on n'énumère pas non plus le
nombre de fois qu'on peut passer à cet examen.
M. Dubé : ...là, on revient...
Si je peux intervenir, c'est vraiment la responsabilité du professionnel.
Encore une fois, on revient à ça, là. Moi, je pense qu'à moins d'avis
contraire, là, c'est...
Le Président (M. Provençal)
: Non, non, c'est ça.
M. Dubé : ...c'est carrément
ça, là. Ça va?
Le
Président (M. Provençal)
: Y a-t-il d'autres interventions concernant
l'amendement qui introduit l'article 29.12.0.1?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Merci.
Maintenant, vous avez un amendement, M. le
ministre, qui introduit... hein?
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: 29.12.0.1, vous voulez que... O.K., je peux faire la
correction.
Simplement
pour vous signaler que l'amendement qui a été adopté par l'ensemble des membres
à l'article 29.11, je dois vous faire une correction de forme au
premier alinéa du troisième paragraphe, en ajoutant le mot «membres» après «des
services sociaux», ce qui fait que le paragraphe se dira de la façon
suivante :
«Le
professionnel informe également les professionnels de la santé ou des services
sociaux membres de l'équipe de soins responsable de cette personne de
l'existence de la demande.»
Il nous manquait un
mot, alors je viens de vous le mentionner, plutôt que reprendre tout. Ça va?
Maintenant, Mme la
secrétaire, vous me permettez que je puisse procéder? Merci beaucoup.
Alors, M. le ministre,
pouvez-vous maintenant nous présenter votre amendement 19.12.0.2 à
l'article 16 du projet de loi...
Des voix : ...
Le Président
(M. Provençal)
: J'ai
dit «19» encore? 29.
M. Dubé :
Mais vous voulez juste voir si on suit.
Le Président
(M. Provençal)
: Un moment donné,
j'avais une fixation sur le mot «maître», mais là c'est sur le «19».
Excusez-moi.
Alors,
M. le ministre, pouvez-vous en faire la lecture, s'il vous plaît?
M. Dubé :
Avec plaisir.
Article 16 : Insérer,
après l'article 29.12.0.1 de la loi concernant les soins de vie proposé
par l'article 16 du projet de loi tel qu'amendé, l'article suivant :
«29.12.0.2. Le
premier alinéa de l'article 29.2.0.1 s'applique, avec les adaptations
nécessaires, à la personne qui n'a désigné aucun tiers de confiance dans sa
demande anticipée.»
Commentaires :
L'amendement propose d'ajouter un nouvel article 29.12.0.2 afin de rendre
applicable, avec les adaptations nécessaires, le premier alinéa de
l'article 29.12.0.1, étudié précédemment, au cas où la personne ayant
formulé une demande anticipée n'a désigné aucun tiers de confiance dans sa
demande.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va, M. le ministre?
Alors, est-ce qu'il y a des... Oui, M. le député de Rosemont.
M. Marissal :
Oui, j'y vais, là. On a peut-être parlé de ça, ça se peut, là, je commence
à mêler des articles, là, mais «à la personne qui n'a désigné aucun tiers de
confiance dans sa demande anticipée», qu'en est-il de la personne qui en a
désigné un, mais cette personne est décédée ou cette personne s'est désistée,
puis là il n'y en a plus ou la personne est devenue inapte?
Mme Lavoie
(Térésa) : ...
Le Président
(M. Provençal)
: Pourriez-vous
parler un petit peu plus fort?
Mme Lavoie (Térésa) :
Oui. Il va tomber dans la catégorie que le tiers est empêché d'agir.
Des voix :
...
M. Dubé :
Vous parlez trop vite.
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce
que ça va? Y a-t-il d'autres interventions? Oui, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Juste une question en ce qui concerne l'application pour les personnes qui sont
sous la responsabilité du curateur. Comment est-ce que cela fonctionnera,
pratico-pratique, sur le terrain?
Une voix :
...
Le Président (M. Provençal)
: Elle a demandé en lien
avec les personnes qui sont sous la tutelle du curateur. C'est bien ça?
Mme Maccarone :
Oui, exact, parce que je m'en souviens, de nos échanges avec le Curateur
public lors de la commission spéciale, mais l'application de... je présume, où
ça tombe? Est-ce que ça tombe... Mettons, une personne qui est sous les
responsabilités du Curateur public, parce qu'on sait que ça peut être délicat,
on sait que ce n'est pas une personne nécessairement impliquée au quotidien
dans la vie de cette personne, comment est-ce que s'appliquera? Est-ce c'est
cet article qui s'appliquera ou est-ce que ce serait un autre article? Comment
ça fonctionnera sur le terrain? Il y a quand même des personnes sous la
responsabilité du Curateur public, alors ce serait quoi, l'application pour
cette personne?
Le Président
(M. Provençal)
: Me
Lavoie.
Mme Lavoie
(Térésa) : En fait, cette personne-là qui va avoir fait une demande
anticipée, qui serait sous curatelle, quand elle va avoir fait sa demande
anticipée, elle va l'avoir faite quand elle sera apte à consentir aux soins.Donc, les articles vont s'appliquer à sa situation comme à toute autre
personne, en fonction de si elle a eu un... si
elle a eu un tiers de confiance, ou si elle n'a pas de tiers de confiance ou si
son tiers de confiance est empêché d'agir.
Mme Maccarone : Mais, si la
personne n'a pas un tiers de confiance et est sous la responsabilité du
curateur, est-ce que c'est le curateur qui agit comme tiers de confiance?
Mme Lavoie (Térésa) : Non, ça
va être l'équipe médicale, comme pour toute autre personne, puis... Bien, je
peux laisser... Bien, vas-y, Marie-Josée, complète.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lewis.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Oui. On a communiqué avec
le Curateur public, puis le Curateur public est d'accord pour agir comme tiers
de confiance pour la personne, si elle le désigne dans sa demande.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va?
Mme Maccarone : C'est une
grande responsabilité. Ça me surprend.
Une voix : ...
Mme Maccarone : Oui.
Je n'étais pas au courant de ceci. Ça, c'est un échange qui a été fait juste
dernièrement?
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Non, on a fait ça avec...
avant, en avril.
Mme Maccarone : En avril, O.K.
Il me semble que ça ne fait pas partie des échanges que nous avons eus lors de
la commission spéciale. Parce qu'on a parlé beaucoup d'aptitude, mais on n'a
pas nécessairement parlé de leur rôle et leur implication en ce qui concerne
eux, comme avoir le pouvoir décisionnel d'agir en nom de ces personnes. Souvent, juste pour la gouverne des
membres de la commission... Car on a parlé aussi du rapport du Curateur
public, qui est une excellente réforme qui était très bienvenue sur le terrain,
parce qu'on parle de l'autodétermination de la personne concernée, parce que
l'aptitude, ça peut vraiment...
Une voix : ...
Mme Maccarone : Oui, oui, ça
peut vraiment varier. J'avais soulevé la question de si, mettons, c'est une
personne qui est dans une situation de fin de vie, avant même qu'on avait
ouvert la discussion ici, et il y avait la préoccupation que cette personne qui
n'est pas rejoignable... Ces personnes, souvent, ne sont pas disponibles ou ne
se sentent pas à l'aise de prendre cette décision, ça fait que souvent ils ne
vont pas agir. Alors, ça me surprend de savoir que, maintenant, on a eu une
évolution. Ce n'est pas une question de blâme, ce n'est pas une question de
dire que ce n'est pas une bonne chose, mais je suis surprise, parce qu'ils ont
vraiment une grande en charge, chaque personne a beaucoup de dossiers. Puis je
peux imaginer, pour eux, de prendre cette décision, ça... c'est substantiel. Ça
me rendrait mal à l'aise, moi, à être à leur place et de...
M. Dubé : ...et ils ont demandé
d'avoir du personnel supplémentaire pour être capables de faire ça. Ça, je peux
vous dire que la demande...
Le Président (M. Provençal)
: ...de pouvoir vraiment accompagner
les gens, là.
M. Dubé : Tout à fait. En tout
cas, c'est une bonne nouvelle, ça.
Mme Maccarone : Tout à fait,
message reçu, puis je le souhaite, parce que maintenant c'est une réforme pour
le grand territoire, puis on va ouvrir des bureaux partout. On a beaucoup de
demandes, surtout qu'on va respecter l'autodétermination de ces personnes...
M. Dubé : On va revenir à notre
amendement, s'il vous plaît.
Le Président (M. Provençal)
: Je pense que la députée de Joliette
avait un commentaire à formuler ou un...
Mme Hivon : Mais je trouve ça
vraiment... Moi aussi, je suis surprise, agréablement surprise, j'espère juste... Puis, s'ils ont demandé des ressources
supplémentaires, ça me rassure. Peut-être que ça rassure moins le
ministre, mais, moi, ça me rassure, dans le
sens que c'est comme si ce n'est pas juste une vue de l'esprit, là, ça veut
dire que ce seraient les
représentants de la curatelle publique qui s'assureraient que les personnes,
cliniquement, dans leur vie quotidienne, ont des souffrances et voudraient agiter le drapeau. Je trouve juste que
c'est une énorme responsabilité, parce qu'en général ils ne sont pas dans le quotidien des gens à ce point-là, comme
on peut imaginer un tiers de confiance. Ça fait que j'ai du mal à imaginer
comment ils vont opérationnaliser ça avec des vrais humains qui vont vraiment
attirer l'attention.
M. Dubé : D'où l'importance de
l'équipe dont on parle.
• (20 h 30) •
Mme Hivon : Oui, bien, en fait,
dans un cas comme ça, c'est parce que... Qu'il soit une personne, comme dirait
ma collègue, significative ou personne tout court qui va agiter le drapeau,
mais être désigné tiers de confiance, c'est comme si la responsabilité leur
échoit en premier lieu, puis tout ça. Donc, moi, s'ils sont prêts à l'assumer,
tant mieux, mais j'espère qu'ils ont bien compris l'ampleur de ce que ça veut
dire.
Le Président (M. Provençal)
: Moi, je considère qu'on a un filet de
sécurité.
Mme Hivon : Parfait.
M. Dubé : ...merci d'avoir posé
la question, Mme la députée.
Le Président
(M. Provençal)
: S'il n'y a pas d'autre... Est-ce qu'il y a
d'autres... Oui, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Il y a deux
choses. Le petit ajout à 29.12.0.2, «avec les adaptations nécessaires», ça
signifie quoi? Et ce qui m'amène à ma... à une première question : Y
a-t-il une raison — et
je veux m'assurer que j'ai bien compris le sens de cet article-là — pourquoi
on n'a pas tout simplement ajouté à 29.12.0.1 que... soit si le tiers de
confiance refuse, etc., ou si un tiers de confiance n'aurait pas... n'avait pas
été désigné, tout s'applique? En tout cas, je me demande pourquoi ce n'était
pas incorporé dans 29.12.0.1.
Et ce qui m'amène à ma deuxième question :
«Adaptations nécessaires» ajoute quoi à tout ce qui est dans 29.12.0.1?
«Adaptations nécessaires», c'est quoi, le sens de ces mots-là?
Le Président (M. Provençal)
: M. le député, à votre premier volet,
c'est une demande qui avait été formulée pour qu'on dissocie, là, que ça ne
soit pas dans un trio qui était au départ. Ça, c'est la première chose.
Pour la deuxième chose, bien là, je vais laisser
répondre Me Lavoie.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui. En
fait, les mots «avec les adaptations nécessaires», ici, c'est simplement parce
que 29.12.0.1 commence avec l'idée qu'il y a un tiers de confiance désigné,
alors qu'ici c'est la situation où il n'y a aucun tiers. Donc, c'est simplement
pour dire... d'adapter l'article 29.12.0.1, dans sa lecture, dans le
contexte où il n'y a aucun tiers de confiance qui est désigné.
M. Birnbaum : O.K., mais tout
ce qui est dans...
Mme Lavoie (Térésa) : Tout le
reste s'applique.
M. Birnbaum : ...dans 29.12.0.1
s'applique sans adaptation.
Mme Lavoie
(Térésa) : Exactement, exactement, exactement. Puis là, comme
vous voyez, on vise uniquement le premier alinéa de 12... de 29.12.0.1,
parce que 29.12.0.1, alinéa deux, ne s'applique, de toute façon, pas parce
qu'il n'y a pas de tiers de confiance. Donc, c'était juste pour venir annuler
les mots «si tout tiers de confiance désigné dans une demande est empêché
d'agir».
M. Birnbaum : C'est ça,
l'adaptation.
Mme Lavoie (Térésa) : C'est
juste pour ça.
M. Birnbaum :
O.K., merci. Là, je comprends.
Merci.
Mme Lavoie (Térésa) : Exactement.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça va, M. le député? Oui.
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Écoutez, je
réfléchis, puis ce n'est pas dans notre article, là, le Curateur public, mais,
puisqu'il risque d'y avoir des personnes sous curatelle qui sont concernées,
pour la suite du monde, moi, j'aimerais juste dire que je pense que ça ne
marchera pas parce que les curateurs délégués, ils ne visitent jamais, de ce
que je comprends, les gens en institution, là. Ce n'est pas ça, leur rôle,
d'être cliniques et auprès des gens. Et donc ils vont quand même toujours
exister, ils ne seront jamais reconnus comme étant empêchés d'agir, ou inaptes,
ou plus dans le décor, parce que la curatelle publique va toujours exister. Et
donc on risque de se retrouver avec une illusion d'un tiers désigné, mais qui,
dans les faits, n'agitera jamais le drapeau, et, dans un cas comme celui-là, le
reste ne s'enclencherait pas, parce qu'il ne serait pas
empêché d'agir, c'est juste que, dans les faits... Ça fait que, bref, on n'est
pas dans ce niveau de détail là, mais je
vous invite juste, peut-être, à refaire les choses avec le Curateur public. Peut-être que ça procédait vraiment d'une bonne intention,
mais, dans le terrain...
M. Dubé : Vous avez raison,
mais la loi ne va pas jusque-là, là.
Mme Hivon : Exact. C'est pour
ça que je dis «dans la réflexion».
M. Dubé : O.K. Je comprends
très bien ce que vous...
Le Président (M. Provençal)
: ...
Mme Hivon : C'est juste...
Exact, ça n'a pas rapport au détail de la loi.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Rosemont. Excusez,
Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : J'ai
fini.
M. Marissal : Non,
non, mais c'est parce que c'est un peu une surprise, hein, c'est la nouvelle...
c'est la manchette du soir qui nous a un petit peu pris de... par
surprise. Je ne sais pas, Mme Lewis, rapidement, si vous pouvez juste nous en dire un peu plus sur... Vous avez dit,
tout à l'heure : On les a appelés, je comprends, au mois d'avril. Vous
avez échangé, en tout cas, là, puis ils se sont dits d'accord. Pouvez-vous nous
en dire un peu plus sur le niveau de détail?
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lewis.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Oui, ils nous ont dit qu'ils étaient ouverts à
représenter les personnes qui étaient sous leur responsabilité, si je
m'exprime correctement, là. Donc, ils nous ont dit... la curatrice nous a
dit : On est ouverts à les représenter.
M. Marissal : Est-ce
qu'ils savaient dans le menu détail ce que ça voulait dire? Je présume que non,
puisqu'on est en train d'écrire le projet de loi live, là, je ne pense pas
qu'ils savaient tout ça, là.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Non, mais dans le sens que
le curateur... on savait... on avait nommé avec eux, puis c'était leur souci
aussi, que les personnes les plus vulnérables de notre société, où qu'il y
avait des incapacités juridiques, soient représentées puis aient accès aux
mêmes... aux mêmes droits que les autres personnes dans notre société. Puis le
curateur a lu le mémoire du projet de loi, a lu le projet de loi, nous a fait
des commentaires, donc il comprend bien l'implication du tiers de confiance,
là. Donc, s'il nous a signifié qu'il était ouvert à jouer ce rôle-là, ça veut
dire qu'il mesure toute la portée de ce rôle-là.
M. Marissal : O.K. À suivre.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va?
M. Dubé : ...qu'on aura à
faire.
Le
Président (M. Provençal)
:
Y a-t-il d'autres interventions
sur l'amendement introduisant l'article 29.12.0.2? Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Juste,
dernière information, s'il y a une formation à faire pour s'assurer que
l'information serait précisée pour les personnes concernées, maintenant que
nous sommes en plein milieu d'une réforme, et on va lancer la réforme de le programme du Curateur public en novembre,
je pense que ce serait bien. S'ils nous écoutent, si on est là, en ondes, là, si... qu'eux aussi, ils
adaptent leur programme puis ils font des changements sur leur site Web
puis toutes les informations qui seront destinées au grand public pour que les
gens qui nous écoutent et eux aussi comprennent c'est quoi, le rôle puis
comment ça va fonctionner maintenant, parce que c'est vraiment une grande
nouvelle puis ça va être important pour eux aussi de préciser le
pratico-pratique dans toute la documentation qui sera préparée.
Le
Président (M. Provençal)
: Très bien. S'il n'y a pas d'autre intervention,
est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Merci beaucoup.
Maintenant, M. le ministre, vous avez un autre
amendement qui introduit, maintenant, l'article 29.12.1 à
l'article 16 du projet de loi. Ça va?
M. Dubé :
Est-ce que... On est rendus là? Oui, c'est bon.
Alors, pour
29.12.1 : Insérer, après l'article 29.12.0.2 de la Loi concernant les
soins de fin de vie proposé par l'article 16 du projet de loi tel
qu'amendé, l'article suivant :
«29.12.1. Un
professionnel de la santé ou des services sociaux membre de l'équipe de soins
responsable de la personne qui a formulé une demande anticipée doit, dans les
cas visés à l'article 29.12.0.1 ou [...] l'article 29.12.0.2, aviser
un professionnel compétent s'il croit qu'elle éprouve les souffrances visées au
premier alinéa [...] 29.12.0.1.
«De
même, un professionnel de la santé ou des services sociaux doit transmettre à
un professionnel compétent tout avis que lui a transmis un tiers de
confiance en vertu du paragraphe 1° du premier alinéa de l'article 29.4.» Le commentaire : L'amendement propose
d'ajouter un nouvel article 29.12.1 pour prévoir certaines
situations où un professionnel de la santé
ou des services sociaux doit transmettre à un professionnel compétent un avis
concernant les souffrances éprouvées par une personne ayant formulé une demande
anticipée.
Des voix : ...
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
Excusez, c'est parce que je voulais m'assurer que j'étais dans la bonne
séquence.
Y a-t-il des
interventions sur cet amendement, qui est un nouvel article? Est-ce que...
Possibilité, oui? Merci.
Des voix : ...
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
Mme la députée de Joliette.
• (20 h 40) •
Mme Hivon :
Deuxième alinéa, ça dit «doit transmettre [au] professionnel compétent», on
imagine, par exemple, que, si le travailleur social qui se fait dire : Je
pense que Mme Tremblay souffre et qu'on devrait considérer ses souffrances
pour enclencher le processus d'évaluation... Je veux juste être sûre que je
comprends bien. Donc, c'est le travailleur social qui le reçoit. Lui, il doit
le transmettre au médecin ou à l'IPS pour que cette personne-là amorce le
processus d'évaluation, O.K.? Puis dites-moi juste pourquoi vous avez formulé
«doit transmettre à un professionnel [...] tout avis que lui a transmis».
Est-ce qu'un avis verbal, on transmet ça? Oui. On ne donne pas ça, on transmet
ça. Parfait. Ça ne sous-entend pas quelque chose de plus formel?
Mme Lavoie
(Térésa) : Non.
Mme Hivon :
D'accord.
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce
qu'il y a d'autres interrogations, interventions sur cet amendement ?
S'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté.
Merci.
Maintenant, ça nous
amène à l'article 29.13. M. le ministre.
M. Dubé :
Oui. 29.13? Très bien. Il y a-tu quelque chose de spécial? Non. O.K.,
allons-y.
Alors : «Le
professionnel compétent...»
29.13, pardon :
«Le professionnel compétent doit, dans le cadre de l'examen qu'il effectue en
vertu de 29.12, discuter, le cas échéant, avec le tiers de confiance, les
membres de l'équipe de soins responsable de la personne et le professionnel
compétent contresignataire du formulaire de demande anticipée.
«Il consigne par
écrit les souffrances qu'il a observées et les conclusions de l'examen.»
Donnez-moi quelques
secondes, je vais vous lire le commentaire sur 29.13 :
L'article 29.13 proposé par l'article 16 du projet de loi précise ce
que le professionnel compétent doit accomplir dans le cadre de l'examen de la
personne requis par la loi lorsque celle-ci semble éprouver des souffrances
décrites dans sa demande anticipée. Il doit ainsi avoir certaines discussions
en lien avec la situation, et ce, avec le tiers de confiance de la personne,
avec les membres de l'équipe de soins qui en est responsable et avec le
professionnel compétent qui a contresigné le formulaire de demande anticipée.
Au terme de son examen, le médecin ou l'infirmière praticienne spécialisée doit
consigner par écrit les souffrances qu'il a observées et les conclusions de son
examen.
Le Président
(M. Provençal)
: Et
vous avez un amendement à 29.13.
M. Dubé :
Certainement.
Le Président
(M. Provençal)
: Votre amendement, M.
le ministre.
M. Dubé :
Allons-y.
Alors, l'article 16, 29.13 :
Remplacer, dans le premier alinéa de l'article 29.13 de la Loi concernant
les soins de fin de vie proposé par l'article 16
du projet de loi, «discuter, le cas échéant, avec le tiers de confiance, les
membres de l'équipe de
soins responsable de la personne et le professionnel compétent contresignataire
du formulaire de demande anticipée» par «29.12.0.1 ou 29.12.0.2, discuter,
le cas échéant, avec le tiers de confiance et les membres de l'équipe de soins
responsable de la personne».
Le commentaire : L'amendement vise à
retirer l'obligation, pour le professionnel compétent qui effectue un examen en
vertu de 29.12, 29.12.0.1 ou 29.12.0.2, de discuter avec le professionnel
compétent contresignataire du formulaire de demande anticipée. Cet amendement
répond donc à des préoccupations soulevées dans le cadre des consultations
particulières.
Le
Président (M. Provençal)
:
Non, le... pouvez-vous le
remonter, qu'on voie où est la modification ? Merci. Merci beaucoup.
Mme Hivon : Moi,
je me réjouis de ce changement, donc je le dis, je pense que c'était... On l'a...
Ça a ressorti beaucoup, là, c'était trop lourd puis peut-être que ça
aurait été extrêmement complexe que les deux médecins ou IPS soient en contact,
donc je salue ce changement.
J'aimerais juste, à ce moment-ci... Mais, s'il y
a des commentaires sur ça, je peux laisser mes collègues... Moi, c'est plus...
Je veux comprendre, pour la demande contemporaine, l'implication des proches,
pour discuter du bien-fondé de la demande, puis tout ça, avant
l'administration, c'est la personne qui décide si elle veut que ses proches
soient impliqués, donc, parce qu'il y a des gens qui pourraient dire : Oh
boy! Moi, il y a de la chicane dans ma famille, je n'ai surtout pas envie...
c'est mon autodétermination.
Là, c'est comme si on présume que, pour la
personne qui est inapte, on va le faire dans tous les cas, on va parler au
tiers de confiance puis on va... Je veux juste être sûre, là. On va parler au
tiers de confiance, on ne parle pas à d'autres proches, hein, à ce moment-ci?
Donc, c'est juste le tiers de confiance. Est-ce que... Quel est le but, en
fait? Je voudrais que vous nous l'expliquiez, là, qu'est-ce que ça va donner de
plus d'aller parler au tiers de confiance. J'ai une petite idée, là, j'imagine
que c'est parce que c'est complexe, des fois, d'évaluer les souffrances, puis
tout ça, puis ça va permettre à l'équipe d'avoir du feed-back d'une personne
qui, par exemple, est là tous les jours. Mais, si c'est ça, ce n'est pas
nécessairement le tiers de confiance qui est là le plus, c'est peut-être son
conjoint, c'est peut-être son enfant, mais ce n'est pas lui qui est désigné
tiers de confiance. Donc là, vous allez dire : Oui, mais vous vouliez que
le tiers de confiance ait un gros rôle, ça fait que, là, on l'a mis partout,
puis vous devriez être contents, mais je veux quand même me challenger.
M. Dubé : ...question, réponse,
j'aime ça, moi...
Mme Hivon : Oui, je fais mon
propre... oui, oui, on aime ça, je fais mon propre avocat du diable, c'est très
intense dans ma tête, mais...
Des voix : ...
Mme Hivon : O.K. Merci, ça
m'encourage.Ça fait que je comprends tout ça, mais je veux juste que
vous me disiez... Moi, je fais un peu le parallèle avec le... avec la demande
contemporaine, où les proches vont être impliqués quand la personne veut qu'ils
soient impliqués.
Ma première question, c'est : Est-ce que,
systématiquement, que ce soit le tiers de confiance ou les proches, ils
devraient être impliqués, ou la personne aurait dû le dire dans sa demande
anticipée si elle veut ou non qu'ils soient consultés, un peu pour avoir
l'effet miroir de la demande contemporaine où ce n'est pas un automatisme,
c'est si la personne le veut? Ça, c'est ma première question.
Puis ma deuxième question, c'est celle que je
viens de dire, c'est, si le but, c'est de se tourner vers quelqu'un qui connaît
bien la personne, qui est... je me demande... je le soulève, là, je me demande
si on ne devrait pas utiliser la même formulation que pour la demande
contemporaine, qui est les proches ou avec ses proches si la personne l'avait
demandé à l'avance.
Le Président (M. Provençal)
: Me Lavoie, vous avez deux questions
sur la table.
M. Dubé : ...
Mme Lavoie (Térésa) : C'est ça.
En fait, vous avez raison, le tiers de confiance, on l'a saupoudré, on va dire
ça comme ça, un peu pour que... Il est important, il joue son rôle, puis on ne
veut pas qu'il manque un bout de l'histoire. Puis, dans... O.K. Il ne faut pas
que je rie...
Mme Hivon : On voit qu'il y a
des choses qui vous ont marquée.
Mme Lavoie (Térésa) : Oui,
c'est ça. Puis, dans le fond, tu sais, dans le conseil du médecin, quand la
personne va compléter sa demande, il va... il y a certainement un bout de la rencontre
qui va porter sur le rôle du tiers de confiance, de dire : Votre tiers de
confiance, il va intervenir à telle, telle, telle étape. Ça fait que, s'il y a
un malaise de la personne à ce que le tiers de confiance soit aussi présent
dans le cheminement, bien là il aura peut-être un choix à faire, là, tu
sais : Finalement, je ne veux pas que mon tiers de... je n'en veux pas, de
tiers de confiance, finalement, tu sais. Si c'est trop
prenant pour lui, le tiers de confiance, peut-être que, là, il va se dire :
Bien là, je n'en veux pas, finalement, tu sais, c'est trop investissant pour
une tierce personne, puis moi, je veux faire ça plus en solo, finalement. Ça,
c'est une chose.
L'autre chose qu'on a
pensée, c'est que ça demeure quand même important pour le professionnel
compétent... puis là je laisserai Marie-Josée compléter, là, puis... Le tiers
de confiance, il peut aider aussi à éclairer le professionnel compétent dans la
suite des choses dans l'évaluation des souffrances. On n'a pas mis tous les
proches, parce qu'à un moment donné ça devenait peut-être trop, là, mais le
tiers de confiance, comme il est là à partir du début du processus, puis qu'on
s'imagine bien qu'il va suivre l'ensemble de la démarche, bien, au moment où il
y a un examen qui s'effectue, ça... on pense qu'il y a plus d'avantages que
d'inconvénients à ce que le tiers de confiance soit discuté, là, soit... je ne
sais pas comment dire ça... à ce que le professionnel compétent discute avec le
tiers de confiance de ce qui est en train de se passer, finalement.
Donc, je ne sais pas,
Marie-Josée, si tu veux ajouter quelque chose, là, sur le plan de
l'opportunité.
• (20 h 50) •
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Votre question, Mme la
députée de Joliette, portait sur les proches, si j'ai bien compris,
l'importance de les impliquer. Moi, je pense qu'il va y avoir un gros, gros
travail à faire avant la formulation de la demande anticipée, un devoir
d'information, qu'on est venus mettre à un article, puis ça va être à ce
moment-là que le professionnel compétent ou... puis les membres de l'équipe de
soins... je peux penser à un travail en amont, en fait, avec la travailleuse
sociale ou le travailleur... sociaux, d'expliquer à la personne qui va faire sa
demande l'importance d'en aviser ses proches puis de les impliquer dans le
processus pour qu'en quelque sorte ils soient aussi, là, porteurs, puis qu'ils
se sentent investis, puis que...
Parce qu'on avait un
souci de, si... par exemple, dans un cas extrême, une figure éthique extrême,
que la personne n'a pas avisé ses proches puis elle a juste désigné un tiers de
confiance, la personne a le droit à son autodétermination puis à la
confidentialité des soins qu'elle va recevoir. Puis là on s'est demandé, puis
ça nous a causé beaucoup de débats éthiques, là : Est-ce qu'un
professionnel compétent peut administrer un soin si les proches ne sont pas au
courant autour?
C'est quand même
intense, mais ça fait qu'on... il y a un grand travail qui est à faire en
amont, de dire : Regardez, là, vous demandez l'aide médicale à mourir, on
vous recommande fortement d'en aviser vos proches. C'est votre choix, c'est
pour ça qu'on a mis toujours «le cas échéant». Ça fait que c'est un travail qui
va être fait en amont. Puis, si la personne, en son âme et conscience puis dans
son choix libre et éclairé, dit : Non, je ne veux pas l'aviser, c'est sa
volonté.
Mme Hivon :
Tout à fait, mais je faisais juste le parallèle, parce que, pour la
personne apte, la demande contemporaine, ça dit, là... je suis en train de
chercher l'article.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Oui. Je peux vous le dire,
là.
Mme Hivon :
C'est ça. Donc, ça dit que, le cas échéant, si elle le souhaite, ses
proches vont être impliqués. Elle est apte, là. Puis en fait je trouve juste ça
drôle. Je pense, là, si je verbalise, que... pour la personne inapte, qu'on ne
prévoie pas que cette possibilité-là existe alors que c'est encore, peut-être,
plus important si elle, elle trouve ça important, au-delà du tiers de confiance
qui agite le drapeau... mais peut-être qu'ils viennent plus tard.
Mme Lewis (Marie-Josée) : Non... chercher la même chose que moi. On vient mentionner l'obligation
professionnelle avant qu'elle remplisse sa
demande, «le professionnel doit s'assurer qu'il s'est entretenu de sa
demande avec ses proches», c'est-tu ça, Térésa?
Mme Lavoie
(Térésa) : ...
Mme Hivon :
Ça, c'est où, ça?
Mme Lewis
(Marie-Josée) : 29.4... 29.3, oui,
29.3.d : «Le professionnel compétent qui prête assistance à la personne
doit : [...]être d'avis qu'elle satisfait aux conditions prévues au
paragraphe 1° du premier alinéa», là il y a un a, b, c, d. Si on s'en va au d,
«en s'entretenant de sa demande avec ses proches, si elle le souhaite». On est
venu reprendre le même... la même formulation.
Mme Hivon :
Ça, c'est quand elle fait la demande.
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Exact, quand elle formule
sa demande anticipée.
Mme Hivon :
Oui. Puis donc, là, au moment d'évaluer la souffrance puis tout ça... Là,
j'essaie juste, dans le... au moment d'évaluer, là, ils ne sont plus dans le
décor, même si elle le souhaite ou pas. Puis, dans la demande contemporaine, à
ce stade-là, est-ce qu'ils sont dans le décor?
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Bien, si elle le souhaite.
Mme Hivon : Non,
je comprends, mais j'essaie juste de voir... Je vais lire, là, puis je ne sais
pas si j'ai des collègues qui ont des questions, je vais aller lire puis je
vais revenir plus précisément.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, si vous me permettez, je
céderais la parole au député de Rosemont.
M. Marissal : Mais peut-être...
Vous ne nous avez pas dit la réponse formelle de votre grand débat éthique, à
savoir est-ce qu'un professionnel de la santé peut administrer l'aide médicale
à mourir à quelqu'un sans en avertir ses proches. Puis là on parle d'une
personne inapte. Je crois comprendre, à votre choix, de toute façon, de libellé
que vous avez choisi l'autodétermination pure de la personne, qui peut le
faire. C'est bien ça que je comprends?
Mme Lavoie (Térésa) : ...
Le Président (M. Provençal)
: Pourriez-vous le dire au micro, s'il
vous plaît?
Mme Lavoie (Térésa) : Oui,
c'est ça. Oui...
Le Président (M. Provençal)
: ...important de le dire au micro...
Mme Lavoie (Térésa) : Oui, en
fait, parce que ce n'est pas tant juridique, là, mais ça va être encadré, là,
cet... de donner suite à l'aide médicale à mourir en fonction de toute
l'information qui est à la disposition du professionnel compétent. Tu sais,
lui-même, il faut qu'il soit à l'aise de l'administrer, là. Donc, il va y avoir
des guides qui vont encadrer ça puis l'enligner, en quelque sorte, à savoir
dans quel contexte tu peux administrer l'aide médicale à mourir. Il y a
beaucoup d'humain, là, là-dedans puis de... le jugement éthique va s'appliquer,
puis c'est une grosse question qu'on ne peut pas...
M. Marissal : Oui, mais, à la
fin, là, au pied de la lettre, là, l'autodétermination dit ça, là, au même
titre qu'un enfant de 14 ans et plus peut très bien aller chez le médecin
puis ne jamais en parler à ses parents, même si, comme parent, je peux vous
dire que, des fois, je l'accepte, mais je trouve ça «rough», là, mais je peux
très bien imaginer. Puis, j'en fais un commentaire, je peux très bien imaginer
les circonstances, dans un contexte religieux, où quelqu'un, il décide que
c'est comme ça qu'elle veut en finir, mais que ce n'est pas vraiment permis ni
discuté. Donc, à tout prendre, moi, je suis
totalement d'accord, même si c'est, éthiquement, effectivement, un sacré
dilemme, là.
Mme Lavoie (Térésa) : Bien,
c'est vraiment des situations d'espèce, là, rendu là, là. C'est... il y a
tellement de variables possibles que, dans un cas, ça peut être bien, dans un
autre cas, ça peut être mal. Donc là, c'est vraiment en fonction de la
situation. Puis le médecin ou l'IPS vont s'appuyer sur l'équipe médicale aussi,
de... qu'est-ce qui se passe, puis ils verront à procéder en fonction des
différentes informations qui sont à leur disponibilité.
M. Marissal : C'est bon. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Ça répond, M. le député? Mme la députée de Joliette, vous
aviez demandé de...un temps de lecture pour pouvoir revenir?
Mme Hivon : Oui, en fait,
j'ai... C'est que... dans la demande contemporaine, là, à l'article 29,
c'est que, dans le fond, c'est comme si les deux moments sont un peu fusionnés,
parce que c'est... avant d'administrer l'aide médicale à mourir, on peut
s'entretenir avec les proches si la personne le souhaite. Ça fait qu'il y a le
moment d'avoir fait la demande puis c'est aussi pendant que tu évalues la
souffrance, ça fait que tout est comme fusionné.
Là, il y a
comme deux moments. Moi, je ne ferai pas un débat de trois heures
là-dessus, mais je vous soumets juste que... peut-être que ce serait un
plus que, dans le formulaire, la personne puisse dire qu'elle aimerait que ses
proches soient impliqués lors de l'évaluation de la souffrance au même titre
que le tiers de confiance, mais c'est libre à elle, évidemment. Puis ça m'amène à dire que, le tiers de confiance, moi, je
pense que ça devrait aussi être libre à la personne de savoir si elle
veut qu'il soit impliqué à ce moment-là. Mais je n'en ferai pas un gros débat,
là, mais c'est un peu...
M. Dubé : Vous verriez ça où,
dans la demande?
Mme Hivon : Oui, je le mettrai
dans la demande.
M. Dubé : Dans le formulaire.
O.K.
Mme Hivon : Mais moi, en même
temps, je ne suis pas convaincue de... Moi, je suis très... je veux dire,
l'autodétermination... puis, on le sait, là, il y a des cas, en ce moment, de
demandes d'aide médicale à mourir contemporaines où la famille n'est pas avisée
parce que la personne sait qu'ils s'opposeraient, exact. Ça fait que je pense
qu'il faut respecter ça, moi, je suis à la même place que vous.
La seule chose, c'est que... ce qui m'amène à
réfléchir aux proches. C'est parce que vous avez écrit que le tiers, lui, il va
être comme consulté, puis ça m'a amenée à me dire : Le tiers de confiance,
oui, mais, tu sais, pourquoi il n'y aurait pas la
possibilité des proches si, dans le fond, la personne veut ça? Puis a contrario
pourquoi ce serait automatique que le tiers de confiance soit consulté si la
personne, elle dit : Rendu là, là, moi, c'est le jugement du médecin, je
ne veux pas que le tiers de confiance... Lui, il a levé le drapeau, c'est
super, c'était ça, son rôle. Ça fait que c'est un peu ça que je voulais vous
soulever, là, pour qu'on respecte le plus possible la personne.
Le Président (M. Provençal)
: Madame... maître.
Mme Lavoie (Térésa) : Bon.
Bien, c'est sûr qu'on part du principe que, si la personne, elle a désigné un tiers de confiance, c'est qu'elle lui faisait
confiance. Tu sais, c'est sûr qu'il pourrait y avoir toujours des situations x,
y, z, là, mais on part... pour les... dans le contexte des régimes... des
demandes anticipées, on part du principe que, tiers de confiance, elle lui fait
confiance, ça fait qu'à l'étape de l'évaluation des souffrances le médecin doit
discuter, pas tant consulter, mais discuter avec le tiers de confiance.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre... Oui, excusez, député
de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Je veux
comprendre la portée. C'est dans l'amendement, c'était dans le libellé
original, la portée de qualification, «le cas échéant». Est-ce que c'est tout
simplement qu'il y aurait des cas où il n'y a pas un tiers de confiance
d'identifié? Ça, je comprends, mais y a-t-il un élément de discrétion? Si, oui,
pourquoi confier au professionnel compétent de décider qui il ou elle va
consulter? Est-ce que c'est difficile de rejoindre un membre de l'équipe? Y
a-t-il un élément de discrétion dans les mots «le cas échéant», ou, chaque fois
qu'il y a une personne qui comble toutes ces catégories, il faut à tout prix
consulter chacune de ces personnes, peu importent les circonstances?
Mme Lavoie (Térésa) : Bien, en
fait, l'article ne laisse pas beaucoup de place à l'interprétation, là, c'est
vraiment un «doit discuter». «Le cas échéant», c'est parce qu'il y a des
situations où il n'y aura pas de tiers de confiance, donc c'est... puis d'où
«le cas échéant». C'est juste ça.
M. Birnbaum : ...pas plus que
ça. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va, M. le député?
M. Birnbaum : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'amendement. Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté.
Maintenant, sur le 29.13 amendé, est-ce
qu'il y a des interventions? Pas d'intervention.
Alors, 29.14. M. le ministre.
M. Dubé : Très bien.
«29.14. Le
professionnel compétent qui, après avoir effectué l'examen prévu à 29.12,
conclut que la personne n'éprouve pas les souffrances décrites dans la
demande anticipée doit en informer cette personne, les membres de l'équipe de
soins qui en est responsable et tout tiers de confiance désigné dans la demande.
«Si le professionnel conclut toutefois que la
personne éprouve bel et bien les souffrances décrites dans la demande, il doit
s'assurer que le processus d'administration de l'aide médicale à mourir se
poursuive.»
Le commentaire, avant que vous me le demandiez.
Le Président (M. Provençal)
: ...vous procéderez à votre
amendement.
M. Dubé : Il n'y a pas
d'amendement.
Une voix : ...
• (21 heures) •
M. Dubé : Oui, il y a un
amendement? Mais je vais lire... vous vouliez juste voir si je suis, hein?
Alors, le commentaire sur 29.14 :
L'article 29.14 proposé par l'article 16 du projet de loi détermine
la suite à donner à la demande anticipée suivant les conclusions du
professionnel compétent lors de son examen. Ainsi, ce professionnel doit soit
informer les intervenants concernés du fait que la personne n'éprouve pas les
souffrances décrites dans sa demande anticipée, soit s'assurer que le processus
d'administration de l'aide médicale à mourir suive son cours.
Maintenant, l'amendement. Est-ce qu'on l'a à
l'écran?
Une
voix : ...
M. Dubé :
Gabrielle, vous êtes merveilleuse!
Le Président (M. Provençal)
: L'amendement à
l'article 29.14, vous nous en faites la lecture, M. le ministre.
M. Dubé :
Oui, M. le Président : Remplacer l'article 29.14 de la Loi
concernant les soins de fin de vie proposé par l'article 16 du projet de
loi par le suivant :
«29.14. Après avoir
effectué l'examen prévu à l'article 29.12, 29.12.0.1 ou 29.12.02, le
professionnel compétent doit informer de ses conclusions la personne qui a
formulé la demande anticipée, les membres de l'équipe de soins qui en est
responsable et, le cas échéant, tout tiers de confiance désigné dans la
demande.
«Le professionnel
doit s'assurer que le processus d'administration de l'aide médicale à mourir se
poursuive seulement lorsqu'il conclut que la personne paraît bel et bien
objectivement éprouver, en raison de sa maladie, des souffrances physiques ou
psychiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des
conditions jugées tolérables.»
Commentaires :
L'amendement vise à préciser les suites données à un examen effectué en vertu
de 29.12, 29.12.0.1 ou 29.12.02.
Le Président
(M. Provençal)
: C'est...
Une voix :
...
M. Dubé :
Oui, 0.2.
Le Président
(M. Provençal)
: 0.2. Il y a deux
endroits où, dans la formulation, on a écrit «29.12.02»...
M. Dubé :
Oui, il faudrait corriger.
Le Président (M. Provençal)
: ...mais on aurait dû
inscrire «29.12.0.2». C'est une correction de forme. Ça va?
Maintenant,
est-ce que vous avez eu le temps de lire vos commentaires, M. le ministre, sur
votre amendement?
M. Dubé :
Oui, oui.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui.
Excusez-moi, parce que... Alors, vous avez le texte modifié. Et, lorsque vous
serez... Oui, M. le député de Rosemont.
M. Marissal :
Je pense qu'on a parlé de ça hier, ou ce matin, ou lundi, là, je ne sais
plus, là, mais... attendez, je vais vous dire de quoi on a parlé, puis vous
allez pouvoir me dire quand on en a parlé : «Après avoir effectué l'examen
prévu [...] — je
ne vous relirai pas tous les articles, là — le professionnel compétent
doit informer de ses conclusions la personne qui a formulé la demande
anticipée...» On a parlé de ça hier, là. La personne est inapte, là, mais vous
teniez quand même à ce qu'on aille l'informer que...
M. Dubé :
S'il vous plaît, pouvez-vous répéter? Je n'ai pas compris ce que vous avez
dit.
M. Marissal :
Oui. On en train de dire que le professionnel compétent fait l'examen, il
conclut que ce n'est pas concluant puis il va le dire à la personne qui est
inapte.
M. Dubé :
Il va dire quoi?
M. Marissal :
À la personne qui est inapte.
M. Dubé :
Oui.
M. Marissal :
C'est ça, on maintient ça, là? La personne est inapte, là?
Une voix : Elle
pourrait...
M. Marissal :
O.K., on ne prend pas de chances. O.K.
M. Dubé :
Bien, je pense qu'on... Bien, je ne me souviens pas quand on a discuté
ça...
M. Marissal :
Oui, moi non plus.
M. Dubé : ...mais on a dit qu'il
fait... c'était de... éthique — je peux-tu le dire comme ça? — qu'il
était éthique de dire à la personne : Écoutez... C'est un peu comme...
peut-être que ma comparaison n'est pas bonne, mais c'est comme de parler à quelqu'un qui est dans le
coma, tu ne sais pas s'il comprend ou pas. C'est quand même éthique de
faire ça. Est-ce que je peux le dire comme ça?
M. Marissal : O.K. Donc, il
faut le dire à la personne qui a fait la demande, puis ensuite aux membres de
l'équipe, puis tiers, si tiers il y a. Ça me va.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va?
M. Marissal : Oui. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: J'avais reconnu la députée de
Mille-Îles, là, puis je vous cède la parole après ça, Mme la députée de
Joliette.
Mme Charbonneau : Merci,
M. le Président. Je vais essayer de finir mon bonbon le plus rapidement
possible, parce que j'ai mal à la gorge.
Dans le deuxième paragraphe, «le professionnel
doit s'assurer que le processus d'administration de l'aide médicale à mourir se
poursuive seulement lorsqu'il conclut que la personne paraît bel et bien
objectivement éprouver, en raison de sa
maladie, des souffrances physiques [...] psychiques», à aucun moment dans ce
paragraphe-là je mentionne que c'est
dans sa demande par écrit, je dis juste que ça relate «des souffrances
physiques [et] psychiques[...], insupportables et qui ne peuvent être
apaisées dans des conditions jugées», mais c'est en raison de sa maladie et non
en raison de sa demande. Je ne sais pas si je l'explique correctement, parce
que mon bonbon, puis ma gorge, puis mon cerveau sont pas mal embrouillés en ce
moment, mais tout le... tout ce qu'on fait en ce moment, c'est par rapport à
une demande objective d'une anticipation de souffrance. Puis on persiste, et on
signe, puis on dit : Bien, la personne doit décrire les souffrances
qu'elle ne veut pas vivre, ce qui lui est insupportable. Puis le médecin doit
lui expliquer ce qui est ou ce qui apparaît être une souffrance psychique
insupportable, là.
Je reprends l'exemple, qui est toujours un
mauvais exemple, là, mais souffrir d'incontinence, ça ne peut pas être une
raison de souffrir de façon... Mais, dans mon paragraphe ici, mon médecin fait
l'examen, il va avoir une relation avec le patient pour lui dire : Je
crois qu'à partir de maintenant je suis capable de conclure que vous êtes inapte, puis «le professionnel doit s'assurer que
le processus d'administration de l'aide médicale à mourir se poursuive
seulement lorsqu'il conclut que la personne paraît bel et bien objectivement
éprouver, en raison de sa maladie», et non par rapport à ce qu'elle a écrit
dans sa demande.
Peut-être que je suis mélangée, puis ça se peut,
Me Lavoie, là, vous êtes notre phare depuis un petit bout, là, ça fait que ça
se peut que je sois mélangée, mais, d'après moi, ce n'est pas par rapport à sa
maladie, mais par rapport aux craintes qu'elle avait, puis à la projection
qu'elle avait faite de ses douleurs, puis de ce qu'elle ne voulait pas vivre
comme souffrance.
Le Président (M. Provençal)
: Me Lavoie.
Mme Lavoie (Térésa) : Dans le
fond, les articles de loi se lisent les uns avec les autres, hein? Ça fait que
c'est sûr que, quand on parle, ici, des souffrances physiques ou psychiques
constantes, insupportables, c'est les mêmes souffrances qu'on parle qui sont
nécessaires aux fins d'administration de l'aide médicale à mourir.
Donc, ici, ce qu'on veut dire, c'est que, quand
la personne, elle est rendue au stade où elle souffre de souffrances physiques
ou psychiques constantes, insupportables qui ne peuvent être apaisées, si le
médecin qui a... ou l'IPS qui a fait l'examen arrive à ces conclusions-là,
bien, il faut aller un petit peu plus loin, là, il faut voir si, là, le moment est venu d'administrer l'aide médicale à
mourir, puis là c'est l'article suivant, qui reprend toutes les
conditions, qui va venir aussi exiger un avis sur l'existence des souffrances
décrites dans la demande et les souffrances physiques ou psychiques constantes,
insupportables. Donc...
Mme Charbonneau : Donc,
dans un début de phrase, quand ça dit «le professionnel doit s'assurer que le
processus d'administration de l'aide médicale à mourir se [poursuit]», on n'est
pas dans l'application, on est plus dans le cheminement avec le dossier.
Mme Lavoie (Térésa) : Non,
exact.
Mme Charbonneau : O.K., je vous
suis.
Mme Lavoie (Térésa) : Puis vous
allez être rassurée par le prochain article, qui vient vraiment dire :
Avant d'administrer l'aide médicale à mourir, il y a d'autres vérifications qui
arrivent.
Mme Charbonneau : Oui, je vous
suis. Parfait. O.K.
Le Président (M. Provençal)
: On est toujours dans la trajectoire,
si je peux m'exprimer ainsi, là.
Mme Charbonneau : ...
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
va? Oui, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Oui. Non, je
poursuis. Moi, je ne suis pas satisfait par l'explication. Je comprends qu'on
est dans un cheminement, mais j'ai deux préoccupations.
Dans un premier temps, dans le libellé qui
aurait été proposé avant l'amendement, on parle des souffrances décrites dans
la demande. Je comprends qu'on va arriver au déclenchement de l'acte, et le
tout doit être observable et vérifiable, comme le même genre de critères de
tout ce qui est actuellement là pour les demandes contemporaines, mais nous sommes en train de considérer le noeud
de notre affaire, qui est que les demandes anticipées sont admissibles.
On comprend, et les balises sont partout, que les souffrances décrites doivent
être validées par les souffrances actuelles et contemporaines, mais est-ce que
le législateur n'a pas l'obligation de démontrer que ces demandes anticipées
ont un poids et une valeur à faire valider lors du moment?
Ici, en 29.14 tel qu'amendé, et tout à fait
contrairement à ce qu'on a dans 29.14 actuellement, on fait abstraction totale
de la demande anticipée. Ce n'est pas une petite affaire à expliquer au public.
Je n'écarte pas toutes nos discussions,
tellement substantielles, sur le fait de décrire l'incontinence, je ne peux pas
me faire manger moi-même, je ne peux pas m'habiller, je ne reconnais pas
mes enfants, je n'écarte aucunement, et on a bien validé et balisé ça, que ce n'est pas suffisant pour
déclencher l'acte, j'en conviens. Mais là d'aller si loin où on fait
abstraction, ici, j'en conviens, M. le Président, au milieu de processus... On
n'est pas là en train de déclencher la chose, mais on fait l'abstraction totale
de la pertinence et la référence qu'on devrait avoir à faire à la demande
anticipée. Ça m'étonne, et là j'ai de la difficulté à articuler s'il y a des
grandes conséquences sur le plan implantation, j'ai peur que oui, mais même
sinon la loi est compréhensible pour le public aussi.
• (21 h 10) •
Le Président (M. Provençal)
: Je comprends très bien votre
préoccupation. Me permettez-vous un petit commentaire? Parce que je comprends
très, très bien votre préoccupation, parce que vous, vous faites référence à la
demande de départ, je pense, est-ce que c'est ça? Si vous me dites que vous
faites référence à la demande de départ, selon moi, lorsqu'on va arriver à
29.15, il y a une description. Je sais qu'il y a un amendement qui va référer
aussi à la base qui était le 29.0.1, où le point de départ, c'est le
formulaire. Mais ça serait peut-être... À moins que maître...
M. Dubé : Bien, peut-être
qu'ils ont une autre suggestion, parce que je pense qu'on comprend très bien
votre point, David.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, oui, oui. Moi, je partage votre
préoccupation, M. le député.
M. Dubé : Est-ce que... Tout le
monde est là?
Mme Charbonneau :
...ce paquet-là, pas celui qui est là, pas celui qui est là, celui qui est ici,
là.
M. Dubé : Bien, c'est parce
que, je résume, là, ce que j'ai compris du député de D'Arcy-McGee, c'est... à
un moment si important, là, même si ce n'est pas l'enclenchement, mais c'est...
de dire : Pourquoi qu'on ne réfère pas à la demande aussi? Puis je pense
que la suggestion que vous nous faites... Allez-y donc avant de tout écrire ça
parce que c'est peut-être juste un mot, là.
Mme Lavoie
(Térésa) : Oui. Puis, dans
le fond, je veux être bien sûre, aussi, qu'on comprend la préoccupation
pour bien y répondre, là. Mais je pense qu'effectivement, au deuxième alinéa,
on va s'assurer que le processus d'administration de l'aide médicale à mourir
suive son cours si la personne éprouve... bien, paraît bel et bien éprouver objectivement les souffrances décrites
dans sa demande et des souffrances physiques ou psychiques constantes.
Donc, on va rajouter la référence aux souffrances décrites dans la demande. Ça
répondrait à la préoccupation, ça?
M. Birnbaum : ...
M. Dubé : ...
Mme Hivon : Vous allez
l'ajouter nommément ou en faisant référence à un article?
Mme Lavoie (Térésa) :
Nommément.
Mme Hivon : Nommément. Parfait.
David, si tu veux continuer... Si vous voulez, M. le député de...
M. Birnbaum : Si j'ai bien
compris, ça répond à ma préoccupation. Il faut...
Des voix : ...
M. Dubé : Pour le rassurer, là,
même si on va le couvrir à 29.15, moi, je n'ai aucun problème à le rajouter
si... On n'est pas à notre premier amendement proche, là, ça fait que je pense
qu'on peut... Mais à moins qu'il y ait d'autres choses avant, là.
Mme Hivon :
Moi, j'ai une question. Là, écoutez, je ne trouve pas... c'est «qui paraît
éprouver», là, c'est ça... C'est quelle
ligne, ça? O.K., «personne paraît bel et bien objectivement éprouver». Je me
demande juste pourquoi... «Le professionnel doit s'assurer que le
processus d'administration de l'aide médicale à mourir se poursuive seulement
lorsqu'il conclut que la personne paraît bel et bien objectivement éprouver...»
Je me demande juste, là... Il a conclu, là, il a fait son examen, pourquoi on
parle encore de «paraît»? Pourquoi «qu'il conclut qu'elle éprouve bel et bien,
en raison de sa maladie, des souffrances»? Là, c'est sa conclusion, puis il
faut qu'elle éprouve des souffrances, tu sais, on n'a jamais dit : Il faut
qu'elle paraisse éprouver.
Donc, rendu là, il me
semble qu'il va avoir son degré de certitude, de dire : Je l'ai évalué,
ses crispations, son agressivité, ses hallucinations, ce sont tous des signes
qu'elle éprouve de la souffrance. Moi, je trouve que c'est comme un peu
insécurisant, rendu à ce stade-là, de juste lire qu'elle «paraît» les éprouver.
C'est comme s'il ne conclut pas qu'elle les éprouve.
Une voix : ...
Mme Hivon :
Oui, moi, je mettrais «éprouve».
Une voix : Éprouve,
oui.
Mme Hivon :
Vous devriez parler dans le micro, ce serait très intéressant.
Le Président
(M. Provençal)
: Vous,
vous reformuleriez la phrase...
Mme Hivon :
Bien, je soulève...
Le Président
(M. Provençal)
: ...pour faire
disparaître le «paraît».
Mme Hivon :
Exact, «éprouve bel et bien».
Le Président
(M. Provençal)
: ...pour
dire «éprouve bel et bien».
Des voix :
...
Mme Hivon :
J'ai une alliée, ici.
M. Dubé : ...sur un terrain glissant, là. Mais est-ce qu'il
y aura toujours la certitude à 100 % dans un diagnostic clinique
comme ça, là? Je vais attendre. Je voudrais de demander à Mme Arpin.
Mme Hivon :
Non, c'est parce que, maintenant, vous avez toujours mis «elle paraît
objectivement éprouver» comme critère. Là, je parle à maître... à maître et au
ministre, évidemment. En fait, je comprends que vous l'avez... vous avez
modifié la formulation. Puis, dans les critères puis dans notre 29.0.1, vous
avez dit, maintenant, «elle paraît objectivement éprouver», c'est ça. Donc là,
quand vous arrivez là, vous voulez garder la même expression, on ne peut
toujours pas dire «qu'elle éprouve».
Mme Lavoie
(Térésa) : C'est ça, parce que, dans le fond, en raison de sa maladie,
la personne ne sera jamais en mesure... Un médecin ne sera jamais capable ou
une personne ne sera jamais...
Mme Hivon :
Il ne peut pas être dans la personne.
Mme Lavoie
(Térésa) : C'est ça, puis c'est vous qui nous en avez convaincus, là,
à force de discuter, là.
Mme Hivon :
Oui, oui, tout à fait.
Mme Lavoie
(Térésa) : Mais c'est pour ça qu'on a mis le «paraît», mais il faut
que les souffrances semblent bien réelles,
mais on ne peut pas dire «elle éprouve», parce qu'on ne pourra jamais avoir la
confirmation et la certitude.
Mme Hivon :
C'est beau. Je comprends parce que, là, je retourne... c'est parce que je
retourne, puis on avait tout écrit ça comme ça, ça fait qu'il y a une
cohérence. J'avais peur qu'il y ait une incohérence. C'est beau.
Mme Lavoie
(Térésa) : C'est beau.
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce
que je dois comprendre que vous allez faire une correction à 29.14 pour
répondre à la préoccupation du député de D'Arcy-McGee? Est-ce que, pendant
qu'on rédige ça, on pourrait aller à 29.15, qui est la suite logique, de toute
manière, selon moi? Ça vous va? Consentement?
Des voix : ...
Le
Président (M. Provençal)
: Oui,
oui, il va falloir le retirer avant.
Des voix : ...
Le Président
(M. Provençal)
: Parce
que, de toute manière, il faudra retirer l'amendement qui est déjà sur la table
pour pouvoir déposer celui qui sera corrigé. Ça, je peux le faire tout de
suite. Est-ce que... M. le ministre.
M. Dubé : ...non, mais je veux
juste... À moins que vous n'ayez une question qui... que vous pensez qui
justifierait...
M. Marissal :
Je n'ai pas de question. Ce n'est pas tout à fait une suggestion, là, je
vais mettre des mots dans la machine, là, vu
que nos légistes s'en vont réfléchir et réécrire, là, comme ça, ça va nous
éviter de le refaire, là. Puis, comme
je l'ai déjà dit ici, là, on a parcouru ce sentier-là déjà, là, on a réécrit
tout ça déjà, là, trois, quatre, cinq, 10 fois, des fois, là, ça
fait que le... Moi, c'est vrai que «paraît» me bogue là-dedans parce que, rendu
là, «paraît» ou «ne paraît pas», là, puis là
on administre, là, c'est le terminus, là, c'est la fin. Alors, le professionnel
doit s'assurer que le processus d'administration de l'aide médicale à
mourir se poursuive lorsque... se poursuive seulement lorsqu'il conclut aux
manifestations objectives des souffrances physiques ou psychiques constantes,
insupportables et qui ne peuvent être apaisées, puis je pense qu'on a rajouté
«qui étaient sa demande anticipée». Là, il conclut à des manifestations
objectives de souffrances, ce n'est pas «il paraît apparaître quelque chose».
Puis d'ailleurs «paraître objectivement», là, moi, je ne suis pas juriste, là, mais
je pense que ça ne se dit pas en français, «paraître objectivement». Ça paraît
ou ça ne paraît pas, là. C'est objectif ou ça paraît, mais je ne pense même pas
que c'est français de dire ça.
Des voix : ...
Le Président
(M. Provençal)
: Moi,
je pense qu'on... M. le député de Rosemont, on va recueillir vos propos, comme
on l'a... Et à moins que... Si vous avez d'autres suggestions, on est prêts à
les recueillir, et on permettrait aux légistes
d'écrire ce que vous venez de mentionner et aussi la préoccupation du député de
D'Arcy-McGee. Et on retire... je vais demander au
ministre de retirer son amendement parce que... compte tenu qu'on va le
réécrire, et je vous suggère fortement qu'on
puisse aller directement à 29.15. Ça va? M. le ministre, pouvez-vous retirer
votre amendement?
M. Dubé :
Je le retire.
Le Président
(M. Provençal)
: Et,
avec votre consentement... Consentement pour le retirer? Oui?
Des voix :
Consentement.
Le Président
(M. Provençal)
: Et on va à 29.15. M.
le ministre.
• (21 h 20) •
M. Dubé :
Très bonne idée. Ça va? On y va? Merci beaucoup.
Je veux juste vous
faire une confidence, là, moi, je ne prends jamais d'aspirine de ma vie. Je
viens de prendre deux Advil, je ne sais pas ce que ça va faire comme effet. Je
vous avertis d'avance. Si je tombe ou... est-ce que je peux avoir l'aide
médicale ou support...
Une voix : On
va aller à la vitesse grand V.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le ministre, je vais vous demander d'opérer, de faire lecture du 29.15.
M. Dubé :
Excusez-moi d'avoir partagé ce moment personnel avec vous.
Bon, 29.15 :
«Avant d'administrer l'aide médicale à mourir suivant une demande anticipée, le
professionnel compétent doit :
«1° être d'avis que
la personne [qui] satisfait aux conditions suivantes :
«a) elle est inapte à
consentir aux soins en raison de la maladie grave et incurable menant à
l'inaptitude à consentir aux soins dont elle est atteinte;
«b) elle satisfait
toujours aux conditions prévues à l'article 29.1, à l'exception de celle
relative à son aptitude à consentir aux soins;
«c) sa situation
médicale se caractérise par un déclin avancé et irréversible de ses capacités;
«d) elle éprouve des
souffrances décrites dans sa demande en raison de sa maladie;
«2° obtenir l'avis
d'un second professionnel compétent confirmant le respect des conditions devant
faire l'objet d'un avis en application du paragraphe 1°.
«Le deuxième alinéa
de l'article 29 s'applique au professionnel consulté.
«Tout refus de recevoir
l'aide médicale à mourir manifesté par une personne doit être respecté et il ne
peut d'aucune manière y être passé outre.»
C'est sûr qu'il va y
avoir un amendement là-dessus parce qu'on va en discuter. Est-ce que je peux
déposer l'amendement?
Des voix : ...
M. Dubé : Le commentaire sur 29.15 :
L'article 29.15 proposé par l'article 16 du projet de loi est la
disposition, à l'instar de l'article 29 de la loi pour le régime des
demandes contemporaines, qui spécifie toutes les vérifications requises par le professionnel compétent avant
d'administrer l'aide médicale à mourir suivant une demande anticipée.
C'est aussi cette disposition qui prévoit l'exigence d'obtenir un avis d'un
second professionnel compétent.
Le Président (M. Provençal)
: Et sur le 29.15?
M. Dubé : On va lire
l'amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Vous avez un amendement,
effectivement. Excusez, je pense que la... Permettez-vous? Je pense que la
députée de Joliette veut...
Mme Hivon : Non, en fait, ça,
c'est l'amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Qui est projeté? Oui, mais qui n'a
pas été lu encore.
Mme Hivon : Il vient de lire le
commentaire.
Le Président (M. Provençal)
: Il a lu l'article 29.15 avec son
commentaire. Maintenant, je vous demande de nous faire lecture de son
amendement et de son commentaire. Ça vous va?
M. Dubé :
...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, il n'y a pas de problème.
Suspension, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 21 h 24)
(Reprise à 21 h 29)
Le Président (M. Provençal)
: Quand vous êtes disposé, M. le
ministre, je vous rappelle que vous devez nous faire part de votre amendement à
29.15, le commenter, et par la suite on ira aux interrogations.
M. Dubé : Merci, M. le
Président.
Alors, l'article 16, 29.15, concernant les
soins de fin de vie :
Remplacer le
premier alinéa de l'article 29.15 de la Loi concernant les soins de fin de vie proposé par l'article 16 du projet de loi par le
suivant :
«Avant
d'administrer l'aide médicale à mourir suivant une demande anticipée, le
professionnel compétent doit :
«1° être d'avis que la personne satisfait à
toutes les conditions prévues au paragraphe 2° du premier alinéa de
l'article 29.0.1 et au premier alinéa de l'article 29.1;
«2° obtenir
l'avis d'un second professionnel compétent confirmant le respect des conditions
devant faire l'objet d'un avis en application du paragraphe 1°.»
Commentaires :
L'amendement vise à formuler autrement le premier alinéa de l'article 29.15
de la Loi concernant les soins
de fin de vie compte tenu que les conditions à satisfaire avant
l'administration de l'aide médicale à mourir ont été énoncées, pour plus de
clarté dans la loi, à l'article 29.0.1.
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Mme la députée de Joliette a
une intervention.
• (21 h 30) •
Mme Hivon : Moi, j'aurais une
grande demande à vous faire, là, puis pour les gens qui nous écoutent, puis pour l'importance de cet article-là. Puis là moi,
je commente juste... Parce que, là, on fait référence à d'autres
articles, pouvez-vous nous énumérer... Le 29.0.1, je pense que j'ai le bon
devant moi, là, mais mes amendements sont très barbouillés. Est-ce que ce
serait possible, soit le ministre ou votre équipe, juste de nous lire ce que ça
veut dire comme conditions? O.K.
M. Dubé : Juste... je peux
l'avoir ici ou vous voulez l'avoir à l'écran? Là, c'est...
Mme Hivon : Non, bien...
Le Président (M. Provençal)
: En fait, vous voulez qu'on en fasse
la lecture pour que les gens entendent...
Mme Hivon : Je veux qu'on fasse
la lecture des articles auxquels on fait référence, parce que, là, c'est...
Le
Président (M. Provençal)
:
Oui, oui, j'ai bien compris, le
29.0.1 qui fait référence notamment à la demande, puis avec des
critères, puis la lecture du 29.1, c'est ça?
Mme Hivon : Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Le premier alinéa de
l'article 29.1.
M. Dubé : Voulez-vous que je
relise 29.15, ou c'est clair?
Le Président (M. Provençal)
: Non, non, non.
M. Dubé : O.K., 29.15, c'est
réglé. Je vais lire 29.0.1, auquel on réfère.
Mme Hivon : Oui, de la manière
dont on y réfère, là.
M. Dubé : Alors :
«29.0.1. Pour obtenir l'aide médicale à mourir suivant une demande anticipée
une personne doit, en plus de formuler une demande conformément aux
dispositions des articles 29.1, 29.2 et 29.5 à 29.7, satisfaire aux
conditions suivantes :
«1° au moment où elle formule la demande :
«a) elle est majeure et apte à consentir aux
soins;
«b) elle est une personne assurée au sens de la
Loi sur l'assurance maladie;
«c) elle est atteinte d'une maladie grave et
incurable menant à l'inaptitude à consentir aux soins;
«2° au moment de l'administration de l'aide
médicale à mourir :
«a) elle est inapte à consentir aux soins en
raison de sa maladie;
«b) elle satisfait toujours aux conditions
prévues aux sous-paragraphes b et c du paragraphe 1°;
«c) sa situation médicale se caractérise par un
déclin avancé et irréversible de ses capacités;
«d) elle paraît objectivement éprouver, en
raison de sa maladie :
«i. les souffrances qu'elle avait décrites dans
sa demande; et
«ii. des souffrances physiques ou psychiques
constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions
jugées tolérables.
«Pour l'application du sous-paragraphe c du
paragraphe 1° du premier alinéa, un trouble mental autre qu'un trouble neurocognitif n'est pas considéré comme
étant une maladie grave et incurable menant à l'inaptitude à consentir
aux soins.» Voilà.
Mme Hivon : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Et là vous voulez qu'on fasse lecture
du premier alinéa de l'article 29.1, qui est mentionné dans l'amendement?
Mme Hivon : Juste avant ça, le
ministre a tout lu l'article, mais je comprends que, pour l'application, c'est
vraiment le deuxième, c'est au moment de l'administration, c'est ça?
M. Dubé : Et voilà, et voilà.
Mme Hivon : Parfait.
M. Dubé : Non, je pense, c'est
une excellente idée pour faire le lien avec ce qu'on a monté maintenant
au-devant de l'article 29.
Mme Hivon : O.K. Puis l'autre,
oui, l'autre référence...
Le Président (M. Provençal)
: L'autre référence, M. le ministre,
premier alinéa de l'article 29.1.
M. Dubé : Je vais le
relire : «29.1. La personne doit, de manière libre et éclairée, formuler
[...] elle-même sa demande anticipée et la consigner dans le formulaire
prescrit par le ministre. Ce formulaire doit être daté et signé par cette
personne.
«Lorsque la
personne qui formule la demande ne peut la consigner dans ce formulaire ou le
dater et le signer parce qu'elle ne
sait pas écrire ou qu'elle en est incapable physiquement, un tiers peut le
faire en présence de cette personne.
«Le tiers ne peut faire partie de l'équipe de
soins responsable de la personne et ne peut être un mineur ou un majeur
inapte.»
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Ça va, Mme la députée?
Mme Hivon : Merci beaucoup.
Le Président
(M. Provençal)
: Y
a-t-il des interventions concernant l'amendement de l'article 29.15? Oui,
Mme la députée.
Mme Hivon : Juste une question.
On parle de l'avis... quand on parle du second médecin... là, je ne le vois
pas, là, il faut remonter un petit peu... O.K., «obtenir l'avis d'un second
professionnel compétent confirmant le respect des conditions devant faire
l'objet d'un avis en application du paragraphe 1°», quand on dit «devant
faire l'objet d'un avis en application du paragraphe 1°», ça, c'est le
premier avis du premier médecin, puis cet avis-là, il est toujours consigné par
écrit, tout ça. Et puis là on a notre deuxième, c'est exactement la même chose
que pour une demande contemporaine, hein, il n'y a aucune différence?
Une voix : ...
Mme Hivon :
Parfait.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mme Hivon : Là, évidemment, le
refus...
Le Président (M. Provençal)
: Oh! excusez.
Mme Hivon : ...il est dans cet
article-là, puis je comprends qu'il n'y a pas d'amendement sur le refus. Je
pense, ça va nécessiter tout un débat, là. Donc, on peut peut-être... En tout
cas, je... Parce que moi, je suis surprise qu'il n'y ait pas d'amendement sur
le refus, parce que ça a été...
M. Dubé : Il y avait eu une
discussion d'avoir peut-être un amendement, mais je pense qu'après toute la
longue discussion qu'on a eue, ça ne me fait rien d'y revenir, mais... on
pourrait l'avoir maintenant ou quand vous jugerez bon, là, mais, pour moi,
c'est très clair que ça devrait rester comme ça, puis on peut en discuter, là,
il est juste à la fin de... C'est parce qu'il n'est pas amendé, alors c'est
dans la version 29.15, là.
Le Président (M. Provençal)
: C'est le dernier paragraphe que vous
faites référence, Mme la députée, «tout refus de recevoir l'aide médicale»,
dans le 29.15, je dirais, standard, là, de base, c'est ça?
Mme Hivon : Bien,
en fait, moi, je pense qu'il y a tout un débat là, là. Tous les médecins sont
venus nous dire que ça ne marchait
pas, donc je vais être intéressée d'entendre pourquoi vous ne bougez pas
là-dessus. Mais peut-être qu'avant
d'embarquer dans le refus, je pense, ça va être un pas pire débat, j'imagine
qu'on ne peut pas voter l'amendement parce qu'éventuellement, s'il y
avait un autre amendement sur le refus, ça ne marcherait pas ou ça serait un...
M. Dubé : Mais, moi... on peut...
Le Président (M. Provençal)
: ...me permettez-vous? On a un
amendement. Dans cet amendement-là, vous conviendrez qu'on fait référence à des
articles. Moi, ce que je vous suggère... Est-ce qu'on peut voter l'amendement?
Une fois que l'amendement sera voté, quelles sont les interventions sur le
29.15 amendé, à ce moment-là, vous avez une ouverture pour votre notion de
refus.
Mme Hivon : En fait, si on vote
l'amendement, mais qu'après on s'entend sur un nouvel amendement sur le refus,
le ministre va déposer un nouvel amendement puis il va retirer l'ancien, même
s'il est voté?
Le Président (M. Provençal)
: Non, on n'aura même pas besoin de le
retirer parce que ça ne touche pas la même chose.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: C'est ça.
Mme Hivon : Ça fait que, dans
un article, on peut faire plusieurs amendements un après l'autre. Je pensais...
J'étais sous l'impression qu'il fallait que ça soit toujours un seul
amendement.
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Quand ça ne touche pas les mêmes
parties, il n'y a pas de problème.
Mme Hivon : Oui, c'est ça.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va?
Mme Hivon :
C'est parce que d'habitude on retire puis on...
Le Président
(M. Provençal)
: Alors,
je vais répéter, s'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que vous êtes
prêts à voter l'amendement à 29.15?
Mme Hivon : Mais là, évidemment, on
est tous conscients qu'on est avec le «paraît objectivement éprouver».
Le Président
(M. Provençal)
: Oui.
Mme Hivon :
Là, on vit avec ça, c'est la notion du début à la fin.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui.
Mme Hivon :
O.K.
Le Président
(M. Provençal)
: Et
c'est la raison pour laquelle vous vouliez vraiment qu'on prenne le temps de
relire le 29.0.1 et le premier alinéa du 29.1, parce que ça nous situait.
Mme Hivon :
Oui, tout à fait.
Le Président
(M. Provençal)
: S'il
n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté? Vous avez
une intervention, monsieur...
M. Marissal :
Bien, on va l'adopter, là, mais je veux juste quand même réitérer ma
position bancale par rapport à la formulation, là. Et je ne sais pas s'il y a
eu un peu de réflexion qui a été mise là-dessus, là, dans les dernières
minutes, j'avais compris que c'est ça qui serait fait. On avait suggéré deux,
trois formulations. Si elles ne sont pas recevables, juridiquement acceptables
ou encore plus bancales que celle-ci, vous me le dites, mais, avant de passer à
autre chose, là, je ne haïrais pas ça qu'on...
M. Dubé :
...s'il vous plaît.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je demanderais à
Mme Lewis, s'il vous plaît, de vous exprimer par rapport à la
préoccupation qui avait été soulevée par le député de Rosemont.
Mme Lewis (Marie-Josée) : On m'a bien expliqué, puis vous l'avez sûrement entendu dans les
consultations particulières puis la
commission spéciale, qu'on ne peut qu'objectivement... on a mis le
conditionnel, «paraît éprouver», parce qu'on ne peut pas dire hors de
tout doute qu'elle éprouve.
Une voix : ...
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Parfait. Mais c'est pour ça... c'est pour ça
qu'on a mis «paraît éprouver», puis on ne peut pas dire «elle éprouve». Je sais
que vous aviez... mais la formulation ne nous est jamais venue, vous aviez
parlé de «manifestation d'une souffrance».
Une voix : ...
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Oui. On a déjà testé le
terme «manifestation» avec les cliniciens, puis on nous a dit que
«manifestation», c'était un mot qui n'avait pas d'écho sur le terrain. Donc, on
nous a dit que, si on utilisait un terme comme ça...
Une voix : ...
Mme Lewis
(Marie-Josée) : Oui, oui, c'est ça, on l'a
considéré, mais en utilisant «manifestation», ça ne fait pas écho sur le
terrain.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le député de Rosemont.
• (21 h 40) •
M. Marissal :
Bien, je vais vivre avec mon malaise linguistique, ce ne sera pas la
première fois, là, mais je trouve cette formulation-là bizarre, mais, bon, si
on n'a pas trouvé mieux, on n'a pas trouvé mieux, là.
Le Président
(M. Provençal)
: Alors,
maintenant, est-ce que...
Mme Hivon : L'amendement, là, c'était
vraiment... on a un amendement, c'était essentiellement un changement de
forme, de formulation. Il n'y a pas d'idée nouvelle, il n'y a pas de précision.
C'est parce que, vu qu'on est venu lister
toutes nos... tous nos éléments au début, ça serait répétitif de garder la
formulation initiale, de toutes les énumérer.
Une
voix : ...
Mme Hivon :
O.K. Mais il n'y a absolument aucun changement pour le refus. O.K. Je suis
surprise, comme pour la curatelle tantôt. C'est deux surprises que j'ai. Ça
fait que je voulais juste m'en aviser.
Le Président
(M. Provençal)
: Maintenant,
est-ce qu'on peut se prononcer sur l'amendement?
Mme Hivon :
On peut se prononcer, oui.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté.
Maintenant, est-ce
qu'il y a des interventions concernant l'article 29.15 amendé? Mme la
députée de Joliette.
Mme Hivon :
Justement, je veux comprendre, je veux comprendre qu'est-ce qui explique
que le ministre, après toutes les
représentations qu'on a eues sur le refus, a décidé de ne pas changer ça. Je me
souviens que Dr Lussier est venu dire que, si on gardait ça tel
quel, la moitié, selon lui, des patients ne pourraient pas obtenir l'aide
médicale à mourir. Donc, ça m'apparaissait assez frappant, alors je veux
comprendre pourquoi on garde la même formulation.
M. Dubé :
Là, Mme Lewis, Me Lavoie, là, on va juste se concentrer sur la
question du refus.
Le Président
(M. Provençal)
: La
notion de refus.
M. Dubé :
Le refus, là, c'est important. Bon, on a eu de longues discussions déjà,
là, là-dessus, des représentations qui nous ont été faites. Il y avait... On se
demandait entre autres si... Il y a eu une discussion, tout d'abord, à savoir est-ce que c'était un refus ou
un refus catégorique, vous vous souvenez, parce que, lors des demandes
contemporaines, on parle de refus catégorique, vous vous souvenez, alors qu'ici
on... et on est très à l'aise pour cette partie-là,
ici. Puis là je ne rentrerai pas dans le lien avec le droit criminel, là, qui,
dans les demandes contemporaines, est en application, alors qu'ici on n'a pas cette notion-là, là. Donc, il y a
la question qui nous a été précisée qu'ici il n'y avait pas de nécessité
de recourir à la notion de catégorique, de refus catégorique, premièrement. J'y
vais globalement, là.
Maintenant, toute la
question de savoir si...
Mme Hivon :
Pourquoi pas le refus catégorique?
M. Dubé :
Pardon?
Mme Hivon :
Pourquoi pas le refus catégorique, par exemple?
M. Dubé :
Bien, peut-être que l'explication, je dirais, avec le lien avec le droit
criminel, mais peut-être...
Mme Hivon : Bien,
je ne veux pas vous interrompre, là, si vous voulez continuer toute votre
explication, puis après...
M. Dubé :
Bien, c'est ça, c'est parce que je pourrais peut-être aller sur l'autre
partie, que je trouve tout aussi importante, c'est le refus lui-même, oublions
la caractérisation de catégorique ou non. En supposant qu'on s'entend qu'ici on
n'a pas besoin de «catégorique», je pense que l'importance du débat, c'est de
savoir s'il ne peut passer outre ou non à ce refus, là. On s'entend? Bon. Moi,
ce que j'ai compris, puis je vais lui expliquer dans mes mots pour être clair,
c'est que, là, on se fie vraiment à l'expertise clinique du médecin. Il se
peut, il se peut... puis ça va arriver qu'au moment d'administrer l'aide
médicale à mourir il pourrait y avoir un refus qui est perçu comme un refus
mais qui n'en est pas un. Et ça, encore une fois, on revient à notre discussion
de ce matin où on va se fier à l'expérience du médecin qui dit : Ce n'est
pas vraiment un refus que je viens de recevoir, c'est une réaction ou... Voilà.
Alors donc, moi, je
pense qu'on peut en débattre très longtemps, très longtemps. Mais même après
avoir écouté le Dr Lussier, là, que j'apprécie beaucoup, je pense qu'il
faut revenir à notre principe puis dire qu'ici, comme on l'a dit sur les autres
éléments, bien, on va se fier au jugement médical du professionnel pour
dire : Bien, moi, j'interprète ça comme un refus important où je
dis : Je reviendrai dans quelques jours ou je reviendrai plus tard parce
que... ou non, ce n'est pas vraiment un refus, puis là on aura toute la
discussion, rappelez-vous, on en a parlé, est-ce qu'il y aurait une sédation
qui viendrait calmer. Alors, c'est pour ça qu'après toutes ces discussions-là
qu'on a eues, on est revenus peut-être à la base puis de dire que la version
qui est là, qui était là initialement, n'a pas changé, parce qu'on n'a pas
besoin d'aller du côté catégorique et on n'a pas besoin de mieux préciser ce refus-là.
Et, encore une fois, je reviens, notre grand principe, c'est de se fier au
jugement du professionnel.
Je ne sais pas si je
résume ça, là, mais c'est les deux... les deux... Mais on peut en débattre
longtemps, là, mais c'est ça qui nous a guidés depuis les consultations que
nous avons eues.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Bien, mon malaise vient du fait que c'est précisément les médecins qui nous
ont dit qu'ils n'étaient pas à l'aise avec la formulation. Si vous avez eu
plein d'autres échanges avec tous ces gens-là qui ont changé d'idée, bien
honnêtement, j'aimerais ça les réentendre parce qu'ils sont tous venus...
Dr Rivard, Dr Lussier, le collège, tout le monde nous a dit : On
est extrêmement mal à l'aise. Sur les réseaux... Jocelyn Maclure. Donc, ce
n'est pas... c'est tous des gens importants, tout le monde avait la même
lecture qu'il fallait retravailler ça parce que ça deviendrait théorique.
Donc
là, je comprends qu'on peut faire la nuance que ce n'est pas un refus parce que
c'est juste une manifestation, mais qui, je veux dire... Puis là je
comprends qu'on dit : On se fie au jugement clinique, mais, dans le Code
civil, la notion de refus catégorique existe, on a décidé qu'on... pour toutes
sortes de questions de soins, qu'on ne se fiait pas au jugement clinique,
point. Ça fait qu'on est venus prévoir le refus catégorique, prévoir, dans
certains cas, de pouvoir passer outre en allant devant le tribunal. On a tout
ça dans le Code civil, puis là, dans notre loi, on dirait : Bien, tout ça
qui est pertinent pour tout notre régime de soins dans le Code civil, là, ce
n'est plus pertinent, puis on se fie juste au jugement clinique
de : C'est-tu un refus ou c'est une réaction?
Puis, moi, ce qui
m'insécurise, c'est que les médecins ont tous interprété la réaction comme un
refus au sens de la loi, et c'est pour ça qu'ils se sont inquiétés. S'ils
avaient dit : Bien, ça ne sera pas un refus, c'est juste une réaction... mais ils nous ont tous dit :
C'est vraiment inquiétant parce que ça veut dire que la plupart des gens ne
pourront pas l'avoir ou ça va être extrêmement compliqué, clarifiez ça, s'il
vous plaît.
Ça fait que moi, je
me dis... je suis surprise, je suis vraiment surprise de l'orientation, compte
tenu de l'ampleur que ça a pris, de l'inconfort qui était manifesté par les
médecins et du fait que personne n'est venu nous dire : Oui, mais le
refus, vous savez, ce n'est pas inquiétant parce que ça ne sera pas un refus,
dans le fond, quand c'est une réaction. Au contraire, ils nous ont dit :
Une réaction, c'est un refus. Qu'est-ce qui est un refus?
M. Dubé :
...
Le Président
(M. Provençal)
: Allez-y,
M. le ministre.
M. Dubé :
Mais je pense qu'il faut tenir compte aussi des discussions qui ont eu
lieu. Alors, c'est pour ça, je pense que je vais laisser...
Le Président
(M. Provençal)
: Me Lavoie,
puis après ça vous aurez la parole, M. le député.
Une voix : ...
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
il n'y a pas de problème.
Une voix : ...
• (12 h 50) •
Mme Lavoie
(Térésa) : C'est bon. Dans le fond, je vais essayer de vous le faire
voir peut-être d'une autre façon, là, pour essayer de bien, bien établir notre
inconfort. Puis moi, j'ai entendu aussi, là, les médecins, là, mais, vous
savez, actuellement, dans notre... dans la Loi concernant les soins de fin de
vie, on en a, des situations où des personnes en fin de vie qui s'en vont
vers... qui ont... qui sont déclarées inaptes pourraient recevoir l'aide
médicale à mourir, puis la loi est venue, précisément dans ce cas-là,
mentionner que c'est «tout refus manifesté», là, on n'a pas exigé un refus
catégorique. Donc, par analogie, puis ce n'est pas par simple miroir, là, le
fait qu'on permette à la personne d'exprimer un refus qui ne serait pas un
refus catégorique accorde une plus grande protection aux personnes les plus vulnérables, parce qu'exiger un
refus catégorique d'une personne, c'est exiger un refus qui ne laisse
planer aucun doute, donc qui ne laisse place à aucune interprétation, qui ne
laisse place à aucun jugement clinique.
Donc, ce qu'on
soumet, c'est que c'est plus prudent de venir mentionner dans le régime
anticipé, comme c'est le cas dans le régime
des demandes contemporaines, que c'est un refus manifesté par une personne qui
va amener qu'elle ne recevra pas l'aide médicale à mourir. Par contre,
il y a une nuance superimportante, c'est que, dans l'analyse du geste, du son,
de la parole de la personne, il faut le qualifier. Si le médecin est en mesure
de qualifier le geste, le son, la parole comme une conséquence de sa maladie,
que c'est... sur le plan clinique, sur le plan médical, c'est nécessairement
ça, alors il n'aura pas à le considérer comme un refus, à ce moment-là, là. La
pente glissante en venant établir que ça exige un refus catégorique, c'est
qu'on est plus exigeants dans la manifestation du refus envers des personnes
qui pourtant sont plus vulnérables encore parce qu'elles sont inaptes puis
qu'elles ont une maladie.
Donc, c'est ça qui
nous fait pencher plus vers la prudence, puis on a aussi confiance dans le
jugement clinique des médecins. Puis je pense qu'il y a des explications qui
vont pouvoir être données aussi à cet égard-là dans les guides de pratique. Il
y a beaucoup de formation puis de sensibilisation qui vont être faites aussi à
cet égard-là. Donc, c'est pour ça qu'on n'a pas proposé d'amendement dans le
sens de prévoir un refus catégorique, c'est trop exigeant, trop risqué, à nos
yeux, sur le plan juridique.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme
la députée... Est-ce que la députée de Mille-Îles avait demandé la... vous
voulez prendre la parole avant... puis après ça le député de D'Arcy-McGee, et
je pourrai revenir aux autres qui voudront faire des interventions. Mme la
députée de Mille-Îles.
Mme Charbonneau :
On commence à avoir de la misère avec nos noms, puis il se fait tard. Je
vous soumets mon inquiétude. Puis je ne repars pas la discussion, je vous
soumets mon inquiétude. Pour moi, il y a dans cette phrase-là deux possibilités
de refus. Il y a celle où le patient manifeste. Cette journée-là, c'est une
mauvaise journée, il est agité, c'est la journée qu'on est supposé de poser les
gestes, le médecin en conclut que ce n'est pas la bonne journée. Je n'ai aucun
endroit, ici, qui me dit qu'il peut revenir à la charge. Je comprends, quand
vous me dites : Faites confiance, puis je vous entends, là, je fais juste...
je reviens toujours au principe que ce qui n'est pas écrit, ça reste toujours
un peu difficile.
Mon deuxième souci,
c'est qu'un petit peu plus tôt on a dit : Si la personne est encore apte
puis elle fait sa demande, elle peut réfuter
sa demande, hein, elle peut revenir sur sa décision puis dire : Non... je
le dis bêtement, là, mais, ça ne me tente plus, là, je pense que je suis
capable de tolérer mes souffrances puis je vais aller jusqu'au bout de ma maladie, ça fait que je veux retirer ma demande,
puis là il y a tout un processus qui se fait. Puis, si deux mois plus
tard elle commence à sentir quelque chose qui ne va pas puis elle décide de
revenir à la charge, bien, elle peut faire ça.
Si je suis
complètement inapte puis que j'ai fait des demandes spécifiques, je les ai
écrites, je les ai fait accompagner d'une demande de mon médecin, j'ai un tiers
de confiance, et là mon médecin dit : Elle ne veut plus, c'est fini, elle
ne veut plus, et là, tout d'un coup, le dossier se clôt, on retire le dossier
des registres, puis il n'y aura pas d'aide médicale à mourir à la personne, et
elle devra, si la tendance se maintient, passer à travers les souffrances
qu'elle ne voulait pas subir ou vivre.
Donc, pour moi, il y
a une inquiétude, dans la perspective où on l'a écrit, en disant «l'aide
médicale à mourir manifesté par une personne doit être respecté et il ne peut
[en] aucune manière y être passé outre», parce qu'à quelque part il y a comme
cette zone-là... puis vous avez bien utilisé la phrase, c'est-à-dire la pente
glissante entre... la personne, elle l'a demandé puis elle ne l'aura pas, parce
qu'elle a manifesté des signes au moment de mettre en place ou elle ne l'aura
pas du tout, du tout, parce qu'à partir du moment où elle a manifesté, dans une
mauvaise journée, bien là, on a dit : Bien, vis avec tes souffrances, ma
grande, parce que ta demande n'est plus bonne. Mais en même temps je ne veux
pas qu'il y ait d'exagération puis je ne veux pas qu'on entende là qu'il faut
absolument lui donner. Elle est où, la fine ligne entre le respect de la
personne, le principe médical puis la demande qu'elle a faite par écrit puis
qu'elle a... Parce qu'elle ne pourra pas la renouveler, cette demande-là, elle
est rendue inapte, là. Ça fait qu'il y a quelque chose qui me...
Puis
ma collègue, ici, à côté, elle m'a amenée à la page 41, à la page 41,
30.2, ça dit : «Lorsqu'un professionnel compétent conclut qu'il ne
peut administrer l'aide médicale à mourir à une personne qui a formulé une
demande anticipée en raison du refus de recevoir cette aide manifesté par la
personne, il doit s'assurer que la demande est radiée, dans les plus brefs délais, du registre établi en vertu de
l'article 63.» Ça fait que c'est un peu ce qui nous a fait réagir.
Une voix :
...
Le Président (M. Provençal)
: Avant, je céderais la
parole au député de D'Arcy-McGee. Par la suite, ce sera le député de
Rosemont, et, si la députée de Joliette veut s'exprimer... Non, ça va? Alors,
député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Je vous avoue, je sais à peine par où commencer. Dans un premier temps, ça
me déçoit, je le dis avec respect, que la question a été abordée par un constat
du ministre que, bien, on peut faire le débat, mais c'est pas mal tranché. Ça
m'étonne, dans un premier temps.
Dans un deuxième
temps, sur l'idée qu'on va fier à l'expertise du médecin, un principe qui peut
être défendu, comment on fie à l'expertise du médecin quand c'est marqué, sans
la moindre nuance ou qualification, «tout refus»? Alors, on bouge... on est inapte et on bouge, c'est un refus. C'est où,
la place, dans un premier temps, pour la discrétion d'un médecin, déjà?
Dans une deuxième
chose, la chose qui m'inquiète au plus haut point, est-ce qu'on peut être
conséquents avec le noeud du projet de loi devant nous, c'est de rendre
admissibles les demandes anticipées? Qui a dit que ce ne serait pas très
compliqué, à la fin, compte tenu qu'on ouvre un chantier qui n'aurait pas été
ouvert nulle part dans le monde, presque? Oui, c'est compliqué, évidemment,
c'est compliqué, mais soudainement les critères d'un refus ne soient pas nuancés
aux causes de ce grand fardeau, à notre honneur, qu'on assume, on va être
satisfaits par le fait qu'un refus, manifesté de quelque façon que ce soit,
soit absolu?
M. Dubé :
Ce n'est pas ça qu'on dit du tout.
M. Birnbaum :
Mais qu'est-ce que je lis?
M. Dubé :
On va s'expliquer, parce que...
M. Birnbaum :
Et je continue après.
M. Dubé :
Oui. Non, mais...
Le Président
(M. Provençal)
: Oui, allez-y.
M. Dubé : Je m'excuse, mais ce
n'est pas ça qu'on dit du tout, là, on n'est pas en train de dire que tout refus... J'ai bien expliqué, tout à l'heure,
M. le député, puis je vais le reprendre, là, puis c'est ça qu'il est
important de comprendre, puis, si ce n'est pas
clair, on va le réexpliquer, le jugement médical d'une personne qui serait sur
le point d'avoir l'application de l'aide médicale à mourir, qui aurait un geste
qui pourrait être vu comme un refus, c'est au jugement médical de dire, comme
votre collègue a dit tout à l'heure : Ce n'est pas la bonne journée, il
peut revenir quelques jours plus tard, c'est à lui d'apprécier ça. C'est à lui
d'apprécier ça, parce que comment voulez-vous qu'on définisse que... est-ce que
c'est un refus qui n'est qu'un réflexe, est-ce que c'est un... ça devient
excessivement difficile pour nous de tout expliquer ça, alors que je vous
dis : Ce qu'on a compris, c'est que, souvent, un refus peut être
interprété comme étant un refus, mais pas nécessairement un refus final. Et je
m'explique, j'ai dit, tout à l'heure, qu'on a même pensé, lorsqu'on a eu cette
discussion-là, que la sédation pouvait être expliquée dans la demande pour
dire : Si jamais je fais cette demande-là, je voudrais avoir droit à la
sédation pour éviter d'avoir, justement, cette incertitude-là ou cet imbroglio-là.
Alors, je veux juste qu'on se comprenne bien,
là, que c'est pour ça qu'on met l'impact de l'exigence du jugement médical.
Alors, je veux juste... Ce n'est pas parce qu'on ne veut pas... on ne veut pas
rendre ça restrictif, mais il y a un élément de jugement du médecin qui est
excessivement important, ici. C'est juste ça que je veux préciser, là, ce n'est pas... parce qu'on n'a pas
fait tout ce travail-là pour ne pas être capables de l'administrer, là,
soyons très clairs, là. Je veux juste...
Puis, quand vous dites... Je veux juste préciser
aussi, tout à l'heure, j'ai dit qu'on n'a pas changé d'idée, on a écouté tout le monde, puis j'ai dit : Voici
les raisons pour lesquelles on est là, mais on va le discuter, là, moi, je
n'impose pas... Je veux juste qu'on soit très clairs, là, je n'impose pas rien.
Je pense qu'on a montré, justement, dans les dernières journées, là, qu'on a
pris le temps de faire ça correctement. Alors là, je vous laisse le dire, mais,
pour moi, l'aspect du jugement médical, du jugement clinique est important,
pour le médecin de décider si lui interprète ça. Et, quand on ira voir
l'article 30 plus tard, quand on sera rendus là, l'article 30 vient
expliquer aussi que, si jamais il a décidé de l'appliquer, bien là, qu'est-ce
qu'il fait avec un... je vais l'appeler un refus formel. Mais, en ce moment, on
n'est pas en train de dire que c'est un refus formel tant que lui n'a pas
décidé que c'est un refus formel. Mais j'arrête ça là, là, parce que je vais
avoir besoin peut-être de l'aide de d'autres collègues, là.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Birnbaum : J'apprécie les
clarifications du ministre, mais je cherche, en quelque part, une référence
dans cet article où le refus n'est pas une porte fermée. Je ne vois aucune
nuance dans le...
M. Dubé : ...M. le député, là,
Mme Arpin...
Mme Charbonneau : ...laisser
terminer, M. le ministre.
M. Dubé : Pardon?
Mme Charbonneau : Laissez-le
juste terminer.
• (22 heures) •
M. Dubé : Ah!
excusez-moi, mais je voulais suggérer... Non, c'est parce qu'il demandait
d'avoir une explication. Moi, ce que je veux dire... Merci, vous avez
raison, mais j'aimerais ça peut-être que Mme Arpin explique pourquoi qu'on
a pris la décision de le laisser comme ça. Alors...
Le Président (M. Provençal)
: M. le député, terminé?
M. Birnbaum : Non. En tout cas,
c'est sûr que cette explication est très importante, parce que je ne vois
devant moi aucune ouverture à ce que la discrétion et l'expertise, justement,
du médecin soient imposées. Je vois un constat absolu et je vois... Il y a
d'autres articles qui s'en viennent, mais voilà un article qui chapeaute
l'affaire, qui... Je ne peux pas me fier qu'aux mots devant moi, «tout refus de
recevoir l'aide médicale à mourir manifesté [...] doit être respecté». Alors,
où est l'ouverture pour que le médecin tranche et dit : Voilà une action
réflexive, d'instinct, qui n'a rien à faire avec un refus substantiel? Où est
l'ouverture?
Et vous allez me dire si d'autres articles s'en
viennent, mais est-ce qu'il y a... ici, on facilite un article qui s'en vient
ou on rend possible un article qui s'en viendrait pour un deuxième examen lors
d'un refus que le médecin juge pertinent au moment... Les médecins nous ont posé
cette question. Y a-t-il une façon de revenir plus tard... où est l'ouverture pour le rôle d'un tiers? Le tiers
de confiance signale les voeux et ses constats des voeux de la personne
de toutes sortes d'autres façons, là, d'un éventuel déclenchement de l'acte. Où
est l'ouverture dans les refus possibles d'une intervention du tiers?
Alors, je dépose ces questions pour commencer et
je me donne la réserve d'avoir d'autres questions après.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'on peut accepter, maintenant, une explication de
Mme Arpin?
M. Dubé : ...M. le député, là,
je vous respecte beaucoup, là, puis je vais vous le dire pour que vous soyez
très à l'aise, nous, jusqu'à maintenant, on n'a pas trouvé mieux que ça, O.K.?
Si on peut le faire ensemble pour le préciser... Parce que je vous explique
c'est quoi, l'intention, l'intention et le principe, c'était de donner au
médecin ce jugement-là. Je vois votre
réaction puis je la comprends parce qu'on l'a eue des médecins, mais, jusqu'à
maintenant, on n'a pas trouvé la meilleure façon. Si,
ensemble, après l'avoir discutée, on trouve une meilleure façon, on va le
faire. Je veux juste que vous soyez très confortable avec ça. Mais je l'ai
expliqué du mieux que je peux, mais nos discussions avec les légistes, jusqu'à
maintenant, ne permettaient pas... Si, ensemble, on trouve une façon, comme on
l'a fait dans les 29.15 articles qui ont précédé, on le fera, mais je veux dire
que je suis très sensible à ça parce qu'on est rendus là, là, O.K.?
Le Président (M. Provençal)
: Mme Arpin, puis la députée de Roberval voudra ajouter
un point.
Mme Arpin (Élizabeth) :
J'aimerais vous l'expliquer de deux façons.
D'abord, les médecins et les IPS sont formés,
dans tout soin — l'aide
médicale à mourir est un soin, O.K.? — dans tout soin, à identifier
les manifestations cliniques attendues et reconnues en lien avec une maladie.
Là, on parle, ici, par exemple, d'une démence ou, en tout cas, d'une maladie
qui mène à l'inaptitude. Donc, les médecins, les professionnels compétents et
les IPS sont formés et habilités à reconnaître les manifestations cliniques
attendues et reconnues liées à cette maladie-là.
Maintenant, une fois qu'on a dit ça, dans tout
soin, ils doivent également reconnaître le refus. Donc, ce n'est pas seulement
l'aide médicale à mourir, ce n'est pas le seul soin qu'on peut refuser, on peut
refuser tout soin, d'accord? Et, dans... face à une personne inapte, on
pourrait refuser de prendre un médicament par la bouche, d'avoir une injection, d'avoir tout soin, un pansement,
O.K., tout soin. Donc, ils les vivent déjà au quotidien, les
manifestations de refus face à des soins, et donc ils ont l'expérience de
déterminer si les manifestations cliniques de refus sont en lien ou pas avec le
soin. C'est une expérience, une compétence qui s'acquiert.
Et là on vient aussi faire le lien avec la
demande contemporaine où le refus est également une option, et les
professionnels compétents doivent aussi déterminer avec eux le refus. Mais, si
je reviens à la personne inapte, ils sont vraiment, au quotidien, dans tout
soin, habilités à déterminer si la manifestation qu'ils ont devant eux est un
refus du soin ou s'il s'agit d'une manifestation clinique attendue et reconnue
liée à la maladie.
M. Birnbaum : Je m'excuse,
mais, si je peux... parce que c'est très important, une précision. Vous dites
que les médecins sont en mesure de distinguer entre ce premier cas et ce
deuxième cas par leur expertise?
Mme Arpin (Élizabeth) : Oui.
M. Birnbaum : Est-ce que je peux me permettre une
supplémentaire sur cette question spécifique, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: C'est vous qui avez la parole,
M. le député.
M. Birnbaum : Merci, donc, très
pertinente. N'y a-t-il pas pas... J'ai en tête, une autre fois, nos médecins,
dont plusieurs, avec tout le respect que je les accorde, qui ont une réticence
déjà. N'y a-t-il pas, suite à votre explication, déjà quelques mots... Je vais
tenter... Ce n'est probablement pas les bons mots, mais, déjà, de dire :
Tout refus jugé d'être en lien avec les soins proposés de la personne, oui,
inapte, déclenche une fermeture de dossier, genre, déjà, ça contextualise la
chose un tout petit peu. Actuellement, on est devant «tout refus», et, oui, la
chose est comprise qu'on va se fier à l'expertise du médecin, mais je trouve
qu'il y a une façon d'ajouter un libellé qui reflète l'explication très
pertinente que vous venez de donner.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Dubé : ...poser toutes les
questions que vous voulez. Expliquez-moi pourquoi dans... puis je ne sais pas
si on peut faire le parallèle, mais, dans la demande contemporaine, on a
exactement la même terminologie, parce qu'en ce moment le refus dont on parle,
ici, c'est la même terminologie pour la demande contemporaine. Alors, est-ce
qu'il y a une raison... Je vous vois grimacer, Mme la députée, mais...
Mme Hivon : ...à
la demande contemporaine.
M. Dubé : ...je voudrais juste
qu'on nous explique, parce que, quand je me suis fait expliquer, on m'a dit que
c'était la même terminologie. Alors, je voudrais juste voir qu'est-ce qui nous
justifierait qu'une fois que la personne est rendue inapte, parce qu'elle est
rendue là dans... Je veux juste bien comprendre, à moins que je n'aie pas bien
compris votre explication, mais on en a assez parlé que... Puis je comprends
votre question de dire pourquoi... Moi, je leur ai demandé, bien, cette
terminologie-là, elle vient d'où, et elle vient entre autres de...
Le Président (M. Provençal)
: Mme Arpin.
Mme Arpin
(Élizabeth) : C'est effectivement la même terminologie qui est
appliquée dans la demande contemporaine. Et je m'explique, même si, dans la
demande contemporaine, en principe, la personne, elle est apte, à la fin, elle
reçoit beaucoup de médicaments, et il est très possible qu'il y ait des
manifestations qui peuvent nous sembler comme étant un refus, même dans une
demande contemporaine, liée à de profondes sédations, ou à des douleurs, ou à
quelque chose comme ça. Encore une fois, je reviens à la compétence,
l'expertise du médecin et de l'IPS à juger des
manifestations cliniques attendues et reconnues en lien avec ce qui est en
train de se passer. Est-ce qu'on est dans une manifestation clinique de la situation
devant nous ou est-ce qu'on est dans une manifestation de refus? Et, en ce
sens, les langages sont équivalents dans les deux régimes. Je pense que le
terme, c'est «régime»? C'est ça, «régime».
Le Président
(M. Provençal)
: Mme
la députée de Roberval voudrait émettre un commentaire.
• (22 h 10) •
Mme Guillemette :
Bien, on a eu des médecins qui sont venus témoigner puis nous dire que
certaines manifestations physiques peuvent être un symptôme de l'alzheimer ou
d'un autre trouble cognitif. Donc, peut-être que les gens n'aiment pas ça être
touchés, peut-être aussi que, sur la fin de vie, ils ont l'épiderme puis la
peau fragile, puis, pour eux, c'est sensible, ça leur fait mal, ils peuvent
avoir des réflexes d'enlever leur bras. Les médecins seront capables de dire...
Comme le disait Mme Arpin tout à l'heure, les médecins sont capables de
dire, puis ils sont venus nous le dire, est-ce que c'est un refus catégorique
ou un refus manifesté. Un refus manifesté...
Et puis c'est là la
nuance, M. le député de D'Arcy-McGee. Vous dites : Ah! est-ce que c'est
possible de marquer quelques critères? Bien, il y a le refus manifesté et le
refus catégorique. Un refus catégorique, c'est : Je tasse mon bras, c'est
terminé, c'est fini, on arrête là. Et c'est pour ça que les légistes ont choisi
d'aller vers «le refus manifesté», parce que «le refus manifesté» implique
aussi, je dirais, le jugement clinique du médecin, et, si on met «le refus
manifesté», bien là, il y a le jugement clinique du médecin. Donc, je le sais,
je viens la voir, cette dame-là, elle n'aime
pas ça être touchée, elle n'aime pas... Moi, personnellement, j'ai peur des
injections. Je réagirais comment quand on va... Je vais peut-être voir
ça puis je vais, tu sais...
Donc, le refus manifesté
donne la place au jugement clinique alors que le refus catégorique, bien, c'est
terminé, ça s'arrête là, on n'en parle plus. Puis là, bien, c'est là qu'est le
danger de dire que les gens voulaient qu'il soit administré, puis il ne sera
jamais administré à cause de ça, puis c'est un drapeau que les médecins sont
venus nous lever il y a quelques jours en consultations particulières.
Le Président
(M. Provençal)
: ...aussi
que le député de Rosemont va ajouter des choses après vous, là.
M. Birnbaum :
Est-ce que je peux poursuivre pour une minute?
Le Président
(M. Provençal)
: Bien
oui, c'est vous qui avez la parole, M. le député.
M. Birnbaum :
Oui, merci. Mais, deux choses, ce n'était pas pour être dramatique que je
me suis permis de dire que nous nous sommes donné un fardeau énorme avec ce
projet de loi. Alors, tout au long de notre suivi cohérent, on a des défis
énormes devant nous. Et là je m'excuse, mais je trouve qu'on fait abstraction
du fait que, dans ces cas d'inaptitude, l'interprétation, l'implantation d'une
action qui suivrait un refus est compliquée davantage et par... et ça va de
soi, si je me... parce que je trouvais, si je peux, les explications très
pertinentes.
Si on parle des
demandes contemporaines où, peut-être, à la fin, il y a, en quelque part, une
espèce d'inaptitude qui s'exprime par le fait qu'il y a des médicaments qui
rendent la personne incohérente, j'aurais aimé ou j'aimerais voir le genre de
libellé dont je parle pour ces situations aussi. Et, comme je dis, comment ça
serait contraignant d'essayer de trouver une formation qui contextualise le
moindrement le refus, comme je dis, juger d'être en lien avec les soins
proposés par le médecin, par le professionnel désigné? N'y a-t-il pas une
précision qui va ouvrir l'ouverture aux autres articles qui vont s'en venir de
façon responsable? Et là je...
Le Président
(M. Provençal)
: Mme Arpin,
et après ça je vous informe que je vais céder la parole au député de Rosemont.
Mme Arpin
(Élizabeth) : Si je peux me permettre, dans ma lunette de clinicienne,
on est conscients des lois, mais... quand on applique un geste clinique, on est
conscients des lois, mais on va vérifier dans nos guides de pratique et
d'application de ces lois. On n'est pas des juristes et on ne peut pas toujours
appeler nos contentieux pour venir nous interpréter un article de loi. C'est
pour ça que, quand les lois sont adoptées, les organisations, les ordres
professionnels, et tout ça, s'appliquent à déterminer des guides de pratique et
d'application des lois pour que ce soit bien encadré, compris et appliqué dans
la pratique clinique.
Donc, pour nous, la
notion de refus, ici, est implicite et comprise dans le jugement clinique, tel
que je viens de vous l'expliquer, dans la compétence que les médecins et les
IPS ont de déterminer est-ce que c'est une manifestation clinique reconnue ou
est-ce qu'on est dans autre chose. Et là ce qui est intéressant, ici, c'est
qu'on a quand même un laps de temps qui est proposé entre l'éventuelle adoption
de la loi et sa mise en application qui nous permettra, un, de bien faire ces
guides de pratique et d'application qui sont essentiels et qui vont être
demandés par les cliniciens assurément, et, deux, d'établir les formations
rigoureuses dans tous les volets pour que ce soit bien enseigné et compris par
tous.
Donc, moi, je le...
bien humblement, dans ma lunette de clinicienne, je le verrais à ce niveau-là,
O.K.? Je laisse aux juristes et à vous, les parlementaires, de déterminer ce
qui doit absolument être écrit dans une loi, mais, pour moi, ici, c'est
implicite et c'est dans le guide de pratique et la formation associée qu'on va
venir donner aux cliniciens le langage nécessaire à leur pratique.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Rosemont.
M. Marissal :
Oui. J'aurais préféré finir ma journée sur une autre note, là, mais j'avoue
que je tombe un peu des nues, là, parce que je ne pensais pas qu'on reviendrait
à cette formulation-là. Puis, avant que j'aille plus loin, là, juste pour être
sûr, là, article 17, le 30.2, quand on dit qu'il faut radier une demande, là,
on va-tu garder ça juste pour prendre une
journée d'avance, là, sur ce qu'on va faire demain matin? Est-ce qu'on va
radier, est-ce qu'on va éliminer ça, amender ça ou si on repart avec ce
texte-là qu'en cas de refus on radie la demande?
Le Président
(M. Provençal)
: Là,
on fait référence à l'article 17...
M. Marissal :
30.2.
Le Président (M. Provençal)
: ...le 30.2 :
«Lorsqu'un professionnel compétent conclut qu'il ne peut administrer l'aide médicale à mourir à une personne qui a
formulé une demande anticipée en raison du refus de recevoir cette aide
manifesté par la personne, il doit s'assurer que la demande est radiée...» M.
le député...
M. Dubé :
Le député... Peut-être que le député de Rosemont n'aimera pas ma réponse,
mais je vais donner celle que j'ai en ce
moment parce c'est la bonne question. Si c'est un refus parce que... O.K., je
recommence. Ici, là, on parle d'une personne vulnérable à qui on dit...
Je m'excuse d'être aussi direct, on va enlever la vie, O.K.? Alors, il faut
protéger les personnes vulnérables parce qu'on est en train de prendre un geste
qui est excessivement important.
Bon, de la façon dont
c'est écrit en ce moment, est-ce que c'est perfectible? À nous entendre ce
soir, la réponse, c'est probablement oui, mais je veux juste aller à votre
question du 30. Si c'est vraiment un refus, comme le juge le médecin, oui,
l'entente doit être radiée, c'est ça, l'idée, parce que, si c'est un... Non,
mais, si c'est un refus puis qu'il a été...
Et, moi, ce que je comprenais, je vais le redire, ce n'est pas juste une fois,
là, qu'il y a eu un refus qui est vu
comme un geste de défense ou peu importe, c'est que la personne le ferait
quelques fois. Puis vous dites : Écoutez, il y a un problème, cette
personne-là ne veut... Selon le jugement, bien oui, il y avait une logique de
dire : L'entente sera radiée, mais c'est... On n'est pas en train de
parler, ici, d'un réflexe ou du...
Alors, je veux juste
que vous compreniez que c'était ça, la logique d'aller à 30, en disant :
Si vous, comme médecin, avez interprété selon ce que Mme Martin vient de
dire, bien oui, ça sera radié, parce qu'il n'y a pas un médecin qui va aller dire : Je vais continuer à essayer de lui
donner l'aide médicale à mourir parce qu'elle n'en veut pas.
M. Marissal :
À moins que l'on sache que sa réaction sera celle-ci et qu'on lui donne une
sédation avant, ce dont on n'a pas parlé. Et là vous venez de dire : Si,
quelques fois, donc, à quelques reprises, la personne manifeste...
M. Dubé :
C'est ce qu'on a parlé la semaine dernière, d'ailleurs.
M. Marissal :
Oui, mais c'est nulle part, ça.
M. Dubé :
Pardon?
M. Marissal :
C'est nulle part, là, ce qu'on étudie là.
M. Dubé :
Non, non, non, mais ce que je
veux dire, c'est que, quand on a discuté... Puis vous avez raison de...
Ce n'est pas juste à moi à donner l'explication, mais je vous donne ce que moi,
j'ai compris de tout ça, là, jusqu'à maintenant, c'est qu'on a bien dit qu'il y
aurait aussi dans la demande une référence à la sédation pour éviter que ça arrive, puis, on s'entend, c'est comme ça que ça
arrive, présentement. C'est comme ça que ça arrive, présentement. Les gens... Dans des situations de demande
contemporaine, cachons-nous pas, c'est ça qui arrive, les gens ont une
sédation pour les calmer. Alors, je veux juste... Je veux répondre clairement à
votre question. Oui, s'il y a un refus qui était vu comme un refus formel, oui,
il y aurait une radiation.
M. Marissal :
Bien, vous voyez pourquoi je tombe des nues, là, puis je pense que je ne
suis pas tout seul, c'est que c'est vrai, la députée de Roberval a raison, il y
a des médecins qui sont venus nous dire, dans les phases préalables, il y a
deux semaines, qu'il va y avoir des mouvements, presque des réflexes, presque
des réactions dues à la maladie. Ils ont dit ça. Mais les médecins nous ont
aussi dit en privé et en public : Regardez, la notion de refus telle qu'elle est là, là, on ne pourra pas
appliquer l'aide médicale à mourir, on ne voudra pas l'appliquer. Le Dr Lussier a dit que, dans les cas d'alzheimer en
stade 6, là, la moitié des patients risquent de réagir de façon
suffisamment violente pour que ça soit perçu comme un refus. Rappelez-vous, il
nous a dit : Ces gens-là, on ne peut même pas les toucher pour les
redresser, on ne peut même pas les laver parce que c'est une souffrance
permanente, ou c'est perçu comme une agression, ou que sais-je encore, puisque
ces gens-là ne sont plus capables de...
M. Dubé :
...ne pouvait pas être interprété comme un refus, il a dit ça. Vous
comprenez ce que je veux dire, c'est que c'est là qu'on... Je ne veux pas jouer
sur la sémantique, mais il dit que ça ne peut pas être interprété comme un
refus en raison de leur maladie. Alors, si ce n'est pas un refus, ce n'est pas
un refus.
• (22 h 20) •
M. Marissal :
C'est ce que les médecins nous ont dit, qu'ils n'appliqueraient pas l'aide
médicale à mourir parce qu'ils percevraient cela comme un refus, puis qu'il n'y
a pas personne qui va contentionner ces patients-là, puis on ne va pas les
tenir à trois non plus, là. Donc, c'était la question de la sédation.
Une voix : ...
M. Marissal : Non, mais je suis
désolé, là, on est un peu crus, là, mais là on parle vraiment, là, du...
M. Dubé : C'est de ça qu'on
parle.
M. Marissal : Regardez, là,
c'est parce que moi... Vous me confirmez qu'on maintient l'idée de radier en
cas de refus manifeste répété. C'est ce que
je comprends de ce que vous me dites. Je lis le dernier alinéa, là, de ce qu'on
a devant nous, «tout refus», c'est large, ça, «tout refus de recevoir l'aide
médicale à mourir manifesté par une personne doit être respecté», tout refus
doit être respecté. Respecter un refus, c'est ne pas procéder.
M. Dubé : M.
le député, là, vous êtes expert en sémantique, là, vous l'avez prouvé jusqu'à
maintenant. Je vous dis juste : Si on peut trouver, entre nous, une
amélioration de ça pour... On se comprend, je vous dis que, jusqu'à maintenant,
après avoir insisté plusieurs longues soirées, on ne l'a pas encore trouvée,
mais...
M. Marissal : O.K.
Alors, la sédation, on met ça où? On le donne aux médecins? Parce que c'est les
médecins qui sont venus nous dire : Mettez-nous pas cette patate chaude là
entre les mains, on ne sera pas capables de fonctionner. Puis là, apparemment,
ce sont les mêmes médecins, dans des conversations privées, qui disent :
Non, non, on va décider nous-mêmes de ce qu'on va faire avec ça, d'où ma
surprise. Où est la sédation? Combien de fois on recommence? Parce que, s'il y
a manifestation, il faut recommencer. Et je vous soumets que la personne, dans
sa demande, pourrait se trouver, de façon absurde, à décrire exactement les
symptômes qui va la priver de l'aide médicale à mourir puisque ça sera perçu
comme un refus. Parce qu'elle pourrait écrire ça, elle pourrait écrire :
Moi, le jour où je ne suis plus capable d'être touchée, où quelqu'un m'approche,
je deviens violente, que je ne suis plus capable d'être manipulée, je veux
l'aide médicale à mourir, et, précisément pour cela, on lui refusera l'aide
médicale à mourir. Avouez que c'est quand même «twist and turn», c'est quand
même assez tordu, là.
M. Dubé : On est vraiment... Je
m'excuse, là, on est dans la quadrature du cercle, ici, puis c'est l'ultime
rempart avant la mort, là, on s'entend bien, là. Alors, est-ce que c'est
difficile, comme vous avez dit tout à l'heure? La réponse est oui. Jusqu'à
maintenant, on est là, là. Alors...
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre, je pense que
Mme Arpin voudrait ajouter un point, si vous le permettez. Mme Arpin.
Mme Arpin (Élizabeth) : Juste
un point d'information additionnel pour tout le monde. Vous avez beaucoup fait
mention, justement, des manifestations de refus à la fin, possibilité ou pas de
donner une sédation préalable, des choses comme ça. J'en reviens toujours au
jugement clinique et à la compétence de déterminer une manifestation qui est
attendue et reconnue ou pas, mais j'en reviens également au fait que tout ce
dont vous venez de mentionner là, incluant la possibilité ou pas de donner une
sédation ou n'importe quel autre soin qui pourrait être utilisé dans le
contexte de l'administration, ce sont des éléments qui apparaissent dans les
guides d'exercice et de pratique, et les guides d'exercice et de pratique,
spécifiquement pour l'aide médicale à mourir, ils sont déjà en réflexion. Ils
ne sont, bien sûr, pas rédigés parce qu'on ne peut pas rédiger un guide de
pratique sur une loi qui n'existe pas encore, mais ils sont déjà en réflexion,
et les participants à la rédaction de ce guide d'exercice là se sont déjà
entendus entre eux, et c'est un bon regroupement, là, si vous me permettez :
Collège des médecins du Québec, Ordre des pharmaciens du Québec, Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec, Ordre des travailleurs sociaux et des
thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, Barreau du Québec et Chambre des
notaires du Québec. Ils sont tous déjà à la table ensemble pour réfléchir au
guide d'application de la loi, quelle sera-t-elle, une fois adoptée, si elle
est adoptée, et ils vont travailler ensemble, et je pense que, dans l'ensemble
de ces expertises-là, on va être en mesure, là, d'adresser toutes les
situations qui vous préoccupent aujourd'hui.
M. Marissal : ...de
législateur, moi, je préfèrerais leur donner quelque chose de plus complet avec
lequel ils vont pouvoir travailler puis avoir le sentiment d'avoir fait mon
travail, ici, non pas de leur lancer quelque chose en leur disant :
Arrangez-vous avec ça.
Là, le temps file. Permettez-moi de vous lire
deux paragraphes d'une chronique du Dr Alain Vadeboncoeur, qui est quand même
assez connu. Ça a été publié le 27 mai, ça ne fait pas très longtemps.
Laissez-moi juste revenir où j'étais : «J'imagine aussi...» Je le cite,
hein, c'est sa chronique, Alain Vadeboncoeur : «J'imagine aussi qu'il va
falloir annoncer à la personne qu'on veut lui injecter un médicament qui terminera
sa vie tel qu'elle en avait fait la demande 12 ou 15 ans plus tôt. On
comprend qu'il est probable qu'elle n'en aura aucun souvenir, voire qu'elle ne voudra plus, que c'est bien légitime, annulant des
démarches complexes réalisées 10 ou 15 ans auparavant. La question
du refus inscrit dans le projet de loi paraît ambiguë, surtout exprimé par une
personne qui n'est plus apte à décider.»
«Tout refus de recevoir l'aide médicale à mourir
manifesté...» Là, je cite le texte de loi, là : «Tout refus de recevoir
l'aide médicale à mourir manifesté par [un malade] doit être respecté et il ne
peut d'aucune manière y être passé outre.»
Je reprends la chronique de Vadeboncoeur :
«La nature même du refus pourrait être équivoque si la personne retire le bras
au moment de lui installer un soluté, comme cela arrive souvent quand on
souffre d'un trouble cognitif. Est-ce un refus selon la
loi, si elle se débat sans comprendre aussi, si elle fait non de la tête? Dans
le doute, est-ce qu'on lui met des contentions pour réaliser l'AMM? Assurément
pas. Je crains que les directives proposées, pourtant claires aujourd'hui, ne
mèneront pas concrètement à beaucoup d'AMM dans 12 ou 15 ans.»
Ce sera mon mot de la fin pour ce soir. Ce n'est
même pas les miens, en plus, mes mots. Je trouve qu'il y a matière à réflexion
là parce qu'on nous a dit, ici... Les médecins nous ont vraiment parlé de ça,
cette notion de refus, puis là on a dit : Finalement, on a revérifié avec
les médecins, puis ça va, puis... Mais je comprends que, dans le fond, les
médecins qui sont venus nous dire : Ne faites pas ça comme ça, aujourd'hui
semblent vouloir dire : Donnez-nous ça, là, puis on va s'arranger avec, on
va modeler ça selon la pratique ou selon ce qu'on veut faire dans notre guide
de pratique.
M. Dubé : ...qui vont faire le
guide de pratique, M. le député, là, ce n'est pas juste les médecins, c'est
toute cette équipe-là ici dont on a parlé longuement aujourd'hui, c'est des
gens comme Mme Arpin, c'est des gens qui vont être du ministère. Ce n'est pas
les médecins qui vont venir dire : C'est comme ça qu'on va le faire, je
pense qu'on va avoir ces discussions-là avec eux. Je veux juste faire cette
précision-là, et c'est pour ça... puis je reviens... si jamais on s'entendait,
là... Ce soir, ça n'a pas l'air de ça, là, on s'entend, mais admettons que la
nuit porte conseil puis que demain on trouvait une voie de passage, ce que
j'espère encore ce soir...
Le
Président (M. Provençal)
:
Mme la députée de Joliette, il
vous reste à peine trois minutes pour vous exprimer.
Mme Hivon : Non, en fait, ça va
être... Je n'entrerai pas dans le fond, puis tout ça, je veux juste exprimer le
malaise que j'ai, c'est que c'est des médecins... pas juste les médecins, la
société d'Alzheimer est venue nous dire ça, Jocelyn Maclure, qui est un
éthicien, ils ont tous soulevé la question du refus. Moi, au début, là, j'étais
vraiment surprise. Sur les réseaux sociaux, Maclure, en fin de semaine, Dr
Rivard, donc, ils sont... puis ils sont tous venus nous parler de ça. Puis là
c'est comme si on nous dit, une semaine après : Bien, ils se sont tous
énervés pour rien, dans le fond, c'est des médecins, ils savent ce qu'ils font,
ils ont le jugement clinique. Mais c'est eux qui sont venus nous dire ça, que
ça les inquiétait que ça soit écrit comme ça dans la loi, sinon ils nous
auraient tous dit : Vous avez écrit ça, mais ça ne m'énerve pas du tout,
j'ai le jugement clinique puis je vais dire : Ce n'est pas un refus. Ce
n'est pas ça qu'ils nous ont dit. Ils étaient tous : Écoutez, vous créez
une illusion, on ne pourra jamais le faire. Donc là, on a entendu Vadeboncoeur.
Dr Lussier a dit : 50 %... Donc, la société d'Alzheimer a dit :
Là, c'est mal comprendre tout ce qui peut être une manifestation de la personne.
Bon, je comprends ce que le ministre nous
explique, mais c'est parce qu'il y a une grande différence avec ce que les
experts sont venus nous dire il y a une semaine, qu'ils étaient très inquiets
de ça. Donc, moi, c'est juste ça que je veux exprimer et, je pense, c'est pour
ça que, ce soir, on est si surpris, parce c'est comme si on nous dit :
Bien, finalement, ce n'est pas grave parce que les médecins vont savoir quoi
faire. Mais c'est les médecins qui sont venus nous dire : Aidez-nous parce
que ça ne marche pas. Puis, quand ils nous disent comment ça les inquiète, ci,
puis ça, puis il faut être clairs dans la loi, puis tout d'un coup que... puis
on voudrait que le Procureur général... là, on disait : Aïe! Oui, c'est
vrai, on va être vraiment clairs pour eux autres. Puis là ils nous disent tout...
pour le refus, puis là on dirait : Ah! bien, dans le fond, ce n'est pas
grave, on va laisser ça à leur jugement. Donc...
M. Dubé : Mais je ne veux pas
qu'on se laisse là-dessus. Je m'excuse, M. le Président, là...
Le Président (M. Provençal)
: La conclusion vous appartient, M. le
ministre.
M. Dubé : ...parce que je ne
veux pas qu'on se laisse... qu'on dit qu'on laisse ça au jugement des médecins.
Ce n'est pas ça du tout qu'on dit. On a bien dit qu'il y aurait un travail de
toute une équipe, mais on va avoir de 18 à 24 mois pour faire tout cet
exercice-là. Là, je veux juste... Dormons là-dessus ce soir. Je suis très
conscient... puis la dernière chose qu'on dit... qu'on va aller imposer à des
médecins quelque chose qui n'est pas pratique. On n'a pas fait tout ce
travail-là pour arriver avec quelque chose qui n'est pas pratique, mais, en ce
moment, on a un noeud, là. On a un noeud entre ce qu'il faut faire en termes de
leur laisser le jugement clinique... Puis ça, c'est un principe que j'ai répété
ce matin, on a besoin de laisser les médecins appliquer leur expérience
clinique, leur valeur ajoutée. Il faut trouver quelque chose qui va nous faire
avancer, puis je pense que, demain matin, on essaiera... que la nuit nous a
porté conseil. Voilà, on est rendus là.
Le Président (M. Provençal)
: Compte tenu de l'heure, j'ajourne les
travaux sine die. Merci beaucoup de votre participation et de votre
contribution.
(Fin de la séance à 22 h 31)