Journal des débats de la Commission de la santé et des services sociaux
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mercredi 10 mai 2023
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Vol. 47 N° 14
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace
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Intervenants par tranches d'heure
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Provençal, Luc
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Dubé, Christian
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Fortin, André
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Setlakwe, Michelle
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Provençal, Luc
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Marissal, Vincent
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Arseneau, Joël
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Dubé, Christian
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Dubé, Christian
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Provençal, Luc
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Fortin, André
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Setlakwe, Michelle
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Marissal, Vincent
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Arseneau, Joël
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Provençal, Luc
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Dubé, Christian
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Blouin, Catherine
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Dubé, Christian
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Provençal, Luc
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Fortin, André
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Setlakwe, Michelle
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Marissal, Vincent
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Arseneau, Joël
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Nichols, Marie-Claude
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Provençal, Luc
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Dubé, Christian
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Dorismond, Shirley
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Setlakwe, Michelle
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Marissal, Vincent
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Arseneau, Joël
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Provençal, Luc
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Nichols, Marie-Claude
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Dubé, Christian
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Dubé, Christian
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Provençal, Luc
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Blouin, Catherine
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Dorismond, Shirley
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Lachance, Stéphanie
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Abou-Khalil, Alice
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Fortin, André
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Marissal, Vincent
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Arseneau, Joël
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Nichols, Marie-Claude
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Nichols, Marie-Claude
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Provençal, Luc
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Dubé, Christian
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Lachance, Stéphanie
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Lachance, Stéphanie
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Provençal, Luc
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Dorismond, Shirley
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Dubé, Christian
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Fortin, André
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Setlakwe, Michelle
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Marissal, Vincent
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Arseneau, Joël
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Nichols, Marie-Claude
11 h (version révisée)
(Onze heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des
services sociaux ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services
sociaux plus efficace.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Caron (La Pinière) est remplacée par Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont).
Auditions (suite)
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Nous entendrons ce
matin la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
et, conjointement, la Centrale des syndicats du Québec et la Fédération de la Santé
du Québec.
Je souhaite maintenant la bienvenue à la
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec. Vous avez 10 minutes
pour nous présenter votre exposé, et par la suite nous procéderons aux
échanges. Alors, je vous cède immédiatement la parole. Merci beaucoup.
Fédération interprofessionnelle de la santé du
Québec (FIQ)
Mme Bouchard (Julie) : Alors,
mesdames, messieurs, membres de la commission, je tiens d'abord à vous
remercier de nous recevoir aujourd'hui afin d'entendre notre analyse et nos
recommandations sur cet important projet de loi. Je suis Julie Bouchard,
présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, la FIQ.
Je suis accompagnée de Françoise Ramel, vice-présidente, responsable des
secteurs sociopolitique et juridique, de Johnathan Denis, conseiller au secteur
juridique, ainsi que de Vanessa Bevilacqua, conseillère au secteur
sociopolitique.
Nous sommes ici aujourd'hui au nom de nos
80 000 membres, des infirmières, des infirmières auxiliaires,
inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques qui oeuvrent dans le réseau de
la santé. C'est également dans un esprit de collaboration que l'on retrouve...
que l'on se retrouve devant vous. Nous sommes ici pour formuler des
propositions concrètes pour améliorer le projet de loi n° 15. Nos
recommandations visent, évidemment, le bien des professionnels en soins mais
également celui des patients, avec, comme trame de fond, la défense du réseau
public de la santé.
D'entrée de jeu, soyons bien clairs, pour
la FIQ, le statu quo est intenable. Nous devons trouver des solutions pour
rendre le réseau de la santé plus efficace, plus accessible, mais également
pour rapprocher les gestionnaires du terrain et améliorer la qualité et la
sécurité des soins. Ce sont donc 30 recommandations que nous proposons
dans notre mémoire. Si nous rejoignons l'objectif d'améliorer le réseau de la
santé, nos recommandations apportent des nuances sur la façon de parvenir à sa
réalisation.
Débutons par un aspect qui nous semble
avoir été passablement occulté du débat public jusqu'à maintenant, soit l'intensification
de la présence du secteur privé, largement favorisé dans le projet de loi. Au
second article du projet de loi, il est précisé que les services de santé
seraient dorénavant fournis par les établissements publics et privés, sans
distinction et sans priorisation. Intégrer aussi frontalement le privé met en
péril le réseau public. Nous sommes entièrement d'accord que les choses doivent
changer, mais laisser tomber le réseau public, ce n'est pas une <option...
Mme Bouchard (Julie) :
...met
en péril le réseau public. Nous sommes entièrement d'accord que les choses
doivent changer, mais laisser tomber le réseau public, ce n'est pas une >option.
Ainsi, la FIQ recommande que les articles 1, 2 et 346 du projet de loi
n° 15 soient reformulés de façon à ce que la prépondérance du réseau
public soit clairement identifiée par rapport au rôle du secteur privé.
Autrement, le coût de cette orientation coûtera cher à la population et
menacera la capacité du réseau à fournir l'ensemble des soins et services
prévus au panier de services couverts par le réseau public.
Nous l'avons constaté récemment avec les
résultats des projets pilotes des chirurgies d'un jour en clinique privée, le
secteur privé n'est ni rentable ni efficace. La solution à une plus grande
efficacité devrait résider dans des mesures d'attraction et de rétention du
personnel dans le réseau public plutôt qu'une délocalisation pure et simple des
soins vers le privé. D'ailleurs, rien dans le projet de loi ne spécifie que la
mission de Santé Québec sera à but non lucratif, contrairement à d'autres
sociétés d'État, comme Héma-Québec, par exemple. Pour nous, cela représente un
danger important pour le maintien d'un système de santé public gratuit,
accessible et universel. Ainsi, nous recommandons que soit ajouté au texte de
loi un article précisant que le recours au privé en matière de chirurgies d'un
jour soit utilisé en dernier recours, et uniquement lors de circonstances
exceptionnelles. Nous recommandons également que le but de Santé Québec soit
précisé comme étant à but non lucratif.
L'autre élément essentiel sur lequel la
FIQ s'est attardée dans son analyse du projet de loi est l'impact sur
l'expérience des patients. Étonnamment, la notion de qualité des soins n'est
pas mentionnée, ni dans les responsabilités du ministère ni dans celles de
Santé Québec. Il aurait donc été souhaitable que la notion de soins apparaisse
plus clairement dans la mission de l'agence Santé Québec, et ce, dès
l'article 1 du projet de loi, comme... comme c'était le cas de la Loi sur
la santé et les services sociaux.
De plus, pour faire l'analyse de la
qualité des soins dispensés, il faut aller au-delà des sondages de satisfaction
des usagers et des indicateurs de performance traditionnels. Cela n'expose
qu'un point de vue, qui sera partiel et potentiellement biaisé. Il est
essentiel de prévoir l'inclusion d'indicateurs sensibles aux soins infirmiers
dans l'analyse de la qualité. On peut penser, par exemple, au nombre de chutes,
de plaies de pression, d'infections acquises lors de soins ou d'erreurs dans
l'administration des médicaments. De plus, la mesure de la satisfaction des
patients devrait inclure des indicateurs propres aux patients en attente de
traitement et de prise en charge pour connaître leur expérience. Si la parole
du patient est utile pour évaluer la qualité des soins, elle devrait l'être
tout autant pour apprécier l'accès aux soins.
• (11 h 30) •
Il faut maintenant aborder l'impact du
projet de loi sur l'expérience des employés du réseau. Ce qui préoccupe particulièrement
la FIQ, c'est que la centralisation des véritables pouvoirs au... au sein,
pardon, de l'agence Santé Québec fera vraisemblablement perdre aux
établissements de santé toute autonomie au profit de cette gigantesque nouvelle
société d'État. Quelle sera la marge de manœuvre des établissements dans la
mise en place de l'organisation des soins et la gestion des ressources
humaines? Plusieurs questions demeurent sans réponse dans la forme actuelle du
projet de loi.
Bien que le gouvernement prétende déléguer
des pouvoirs à d'autres paliers, la centralisation du pouvoir au sein d'un
employeur national unique fait craindre une standardisation des pratiques de
gestion néfaste pour le réseau. En effet, Santé Québec aurait, selon le projet
de loi n° 15, le pouvoir de dicter à chaque région et aux établissements
subordonnés leur fonctionnement plutôt que de laisser aux différentes instances
locales le réel pouvoir de décider en fonction de leurs réalités locales. La
FIQ recommande donc que le projet de loi prévoie explicitement les droits et
les pouvoirs décisionnels des unités administratives regroupées sous l'égide de
Santé Québec. Ceux-ci devraient notamment inclure des responsabilités et une
réelle autonomie en termes de ressources humaines et de relations de travail.
Elles doivent pouvoir agir, entre autres, sur l'organisation du travail,
l'autogestion des horaires, le règlement des griefs et permettre une plus
grande agilité des <gestionnaires...
>
11 h 30 (version révisée)
< Mme Bouchard (Julie) :
...ressources
humaines et de relations de travail. Elles doivent pouvoir agir, entre autres,
sur l'organisation du travail, l'autogestion des horaires, le règlement des
griefs et permettre une plus grande agilité des >gestionnaires. Les
unités administratives devraient également être imputables de leurs décisions.
La même logique s'applique pour les
gestionnaires de proximité. Actuellement, rien ne laisse croire que les
gestionnaires d'installation auront le rôle d'administrer le budget, d'aménager
des cadres de gestion adaptés ou encore de faire preuve d'initiatives locales
au niveau de la gouvernance clinique. Pour la FIQ, ces rôles et responsabilités
doivent être précisés d'emblée dans le projet de loi n° 15
pour que se concrétise réellement une gestion de proximité.
En créant un employeur unique, une grande
partie des relations entre les employeurs et les employés sera centralisée au
niveau national. Pourtant, des relations de travail locales, efficaces permettent
à la fois d'éviter la judiciarisation de bien des conflits et de trouver des
solutions terrain efficaces mais surtout rapides. Considérant l'importance d'une
structure de relations de travail, la FIQ recommande le maintien, dans l'organisation
de Santé Québec, d'une structure de relations de travail locale, et ce, autant
au niveau administratif que décisionnel.
Nous sommes également préoccupés par l'absence
de prise en compte des conséquences de la création d'un employeur unique...
pourrait avoir sur les femmes, et plus particulièrement sur les femmes racisées
et marginalisées travaillant dans le réseau de la santé. Quels choix s'offriront
à elles en cas de situation discriminatoire, de harcèlement ou de congédiement
injuste? Une analyse qui tient compte des particularités des groupes
historiquement marginalisés devrait être faite pour assurer une équité réelle
pour l'ensemble des employés.
En dernier lieu, notre analyse nous permet
de constater que la mise sur pied d'un employeur unique pour le réseau de la
santé a également une répercussion importante dans le processus de négociation
des conventions collectives. Depuis 2003, 26 matières identifiées à la loi sont
négociées au niveau local. Or, cela ne serait plus possible avec l'adoption du
projet de loi n° 15 puisqu'un seul employeur sera le
vis-à-vis d'un syndicat unique pour chacune des catégories d'emploi. Ceci fait
en sorte que les négociations dites locales se feront, dans les faits, au
niveau national, en parallèle du processus de négociation national. Pour
remédier à cette situation incohérente...
Le Président (M. Provençal)
:Mme la présidente, Mme la présidente,
votre temps est écoulé pour votre exposé. Je m'excuse. Alors, M. le ministre,
on va débuter les échanges.
M. Dubé : Merci beaucoup, M.
le Président. Puis, Mme Bouchard, désolé qu'on ait juste 10 minutes,
parce que je pense qu'on en parlerait longtemps. Puis je vois que vous avez
fait quand même un mémoire avec votre équipe, assez costaud, que... que j'apprécie
beaucoup, là. Moi, depuis hier, là, c'est... c'est vraiment en rafale qu'on
passe chacun des commentaires, puis je dois vous dire que j'apprécie
énormément, là, et particulièrement votre texte, là, que j'aimerais être
capable de lire à tête reposée. Je dois dire, je suis impressionné de votre
présentation ce matin et de la profondeur de vos recommandations.
Je vais aller avec... Peut-être sur la
question... Juste pour une précision, parce que, vous avez raison, je peux
comprendre de votre rôle... Puis je vais commencer par celui-là parce que c'est
celui-là qui a peut-être le moins d'impact à court terme, c'est tout ce qu'on
appelle la fusion des accréditations syndicales, l'employeur unique, tout ça.
Puis je pense que c'est important, je l'ai dit en... dans quelques commissions
hier, il faut bien comprendre que le projet de loi... Puis je sais que, ça,
vous le savez, mais c'est important, des fois, de l'expliquer à tout le monde,
que ces mesures-là ne viendraient qu'en place que dans trois ans ou, de façon
applicable, avec les prochaines conventions collectives, pas celles que vous
êtes en train de négocier pour vos syndiqués. Et je pense que les... Je vous
dirais, de l'ensemble de vos préoccupations, on aura le temps de les discuter.
Puis c'est pour ça que, ce matin, j'aimerais ça regarder peut-être plus des
choses à court terme, parce que ça, ça me préoccupe un petit peu plus dans... quand
vous me parlez, entre autres, des changements au niveau des CLSC. Ça fait que
je voudrais vous entendre là-dessus.
Mais je veux juste revenir sur l'employeur
unique. J'ai posé la même question à tout le monde. Parce que je veux que les
Québécois, là, qui nous écoutent fassent la différence entre ce qui est
important pour vous, pour vos... je vais dire, pour vos syndiqués, là, nos
employés, et ce qui est important pour le <syndicat...
M. Dubé :
...important pour vous, pour vos... je vais dire, pour vos
syndiqués, là, nos employés, et ce qui est important pour le >syndicat,
puis j'essaie de faire cette différence-là. Sur l'employeur unique... J'ai posé
la question à tout le monde, ça fait que sentez-vous pas visés, là. Ce n'est
pas négatif. Mais on me pose souvent le nombre de personnes qui sont en
libération syndicale à l'intérieur de votre syndicat. Et ça, je voudrais savoir...
Puis, si vous ne pouvez pas me le dire tout de suite, ce n'est pas grave, on
pourra en reparler, mais est-ce que, quand vous regardez, là, cette notion-là
d'employeur unique, qui ferait qu'on aurait une convention, une convention par
catégorie d'emploi, donc, exemple, catégorie 1 pour les infirmières... Est-ce
que ça, ça vous préoccupe, ça? Puis c'est... Vous n'avez peut-être pas eu le
temps d'en... d'en parler dans votre mémoire, mais je voudrais juste vous
entendre là-dessus, sur comment vous en avez puis comment ça vous préoccupe, si
ça vous préoccupe.
Le Président (M. Provençal)
:Mme Bouchard.
Mme Bouchard (Julie) : Alors,
M. le Président, concernant les libérations syndicales, dans un premier temps,
il va y avoir un arrimage à faire, évidemment, avec la table de négociation
actuelle puisque, dans notre convention, c'est 4 000. Au-delà de ça,
lorsqu'il y a 4 000 membres et plus, il n'y a rien qui est spécifié
dans la convention collective. Mais maintenant cette discussion-là doit être
faite, inévitablement, à la table de négociation, puisque, dans le projet de
loi actuel, en... à aucun endroit on ne retrouve les libérations syndicales.
Alors, ce genre de discussion là, c'est vraiment à la table de négociation. Mais...
M. Dubé : OK. Donc... Mais
vous ne pouvez pas me dire aujourd'hui vous avez combien de personnes qui sont
en libération syndicale en ce moment, là.
Mme Bouchard (Julie) : C'est
beaucoup moins que le nombre de personnes qui sont dans les agences de
placement présentement.
M. Dubé : OK. Mais... OK. Ça,
c'est une bonne réponse politique, là, mais... Alors, si vous ne voulez pas me
le dire aujourd'hui, on trouvera une façon de... d'en reparler. C'est correct.
L'employeur unique, puis je finis, c'est
mon deuxième point, c'est toute la question de... du local versus national.
Puis je vais le dire... je vais le dire le mieux possible, parce qu'aujourd'hui
je suis là pour écouter puis poser des questions, je ne suis pas là pour
prendre des décisions, je pense que tout le monde est bien conscient qu'il nous
reste pas mal de travail à faire. En ce moment, vous l'avez bien dit, depuis
2003, il y a 23 matières locales qui sont là. Puis ça, c'est le principe
de négociation actuel. En allant vers l'employeur unique, on peut changer ça de
façon... sans même en parler dans le projet de loi, parce que, la journée qu'il
y a juste un employeur, bien, il va y avoir quatre conventions collectives, je
le répète, et il n'y aura plus de matière locale comme celles qu'on connaît
aujourd'hui. Il va y avoir une convention collective nationale, puis ce serait
de trouver des mécanismes, au niveau local, pour être capables de garder une
gestion... une discussion locale de... entre autres, de vos personnes qui sont
en libération syndicale.
Vous voyez ça comment, là... Selon moi... Comment
on pourrait faire pour respecter des objectifs, par exemple, de gestion des
horaires si on avait une convention nationale qui serait pour toutes les
infirmières, une autre convention qui serait, par exemple, pour les préposés
aux bénéficiaires, une autre convention pour les techniciens, nos quatre
grandes catégories que vous connaissez? Vous voyez ça... Comment on pourrait
être capables de garder cette saveur locale là? Nous, on en... on va pouvoir en
discuter quand on va faire le plan de transition, parce qu'encore une fois
c'est quelque chose qui s'appliquerait dans trois ans, mais vous, vous voyez ça
comment aujourd'hui? Avez-vous de l'ouverture envers ça?
Mme Bouchard (Julie) : Bien,
pour répondre à la question, M. le Président, comme je l'ai mentionné déjà dans
mon mot, que je n'ai pas eu le temps de terminer, mais, bref, c'est déjà
quelque chose que l'on a connu en... en 2003, où la première réforme a vraiment
été adoptée sous le bâillon. Alors, ce n'est pas quelque chose qu'on avait
demandé.
M. Dubé : Vous parlez de celle
de 2015, là, Mme Bouchard.
• (11 h 40) •
Mme Bouchard (Julie) : 2003,
où...
M. Dubé : Celle de 2003. OK.
Puis ça, c'est celle de M. Couillard, à moins que je me trompe, là.
Mme Bouchard (Julie) : Exactement,
exact, donc, lors de cette réforme-là. C'était ce qui se faisait déjà, donc,
une convention collective au national, et c'était accompagné de centaines, et
centaines, et centaines ententes qui pouvaient se coller plus à la réalité.
Maintenant, pour nous, c'est quelque chose
à laquelle il n'y aurait pas nécessairement d'enjeu actuellement, mais ce qu'il
est important de comprendre, c'est l'importance des responsabilités et des
rôles que les directions qui vont être nommées, qui seront nommées dans les
différentes installations auront, du moment où est-ce que ces gens-là puissent
garder un pouvoir décisionnel mais surtout aussi un pouvoir sur comment nous
pouvons organiser l'ensemble de l'organisation du travail pour nos
travailleuses et nos travailleurs à nous. Et c'est là où tout va prendre son sens.
M. Dubé : OK. Vous avez
raison. Donc, en termes de principe, en termes de principe... Puis, encore une
fois, là, je... pas que je veux aller vite, mais c'est tellement important que...
qu'on ait cette discussion-là rapidement. Donc, vous n'avez pas de problème
majeur, en autant qu'on puisse garder une certaine façon d'avoir une gestion
locale pour tenir compte de particularités locales. Je peux-tu dire ça comme...
Que ça se fasse par <lettre...
M. Dubé :
...puisse
garder une certaine façon d'avoir une gestion locale pour tenir compte de
particularités locales. Je peux-tu dire ça comme... Que ça se fasse par >lettre
d'entente, on va déjà à un niveau de détail.
Mais donnez... Moi, ce qui me préoccupe
beaucoup... Puis pourquoi je pense qu'on peut profiter de l'employeur unique, puis
je l'ai posé peut-être pas de la bonne façon dans les dernières semaines, puis
là la commission nous permet de clarifier ça, c'est qu'en ce moment, de la
façon dont c'est fait, il y a quand même beaucoup d'arbitrage qui peut se faire
local, de dire : Moi, je ne suis pas prêt à rouvrir ma convention locale
pour faire de la gestion d'horaires. Puis ça, je pense que, malheureusement... Puis
ça, c'est mon opinion, comme je dis souvent, et je la partage, c'est :
Comment ça se fait qu'on n'est pas capables d'ouvrir une convention locale pour
permettre des choix individuels aux gens? Alors... Puis vous m'avez entendu
souvent, je l'ai dit, comment ça se fait, lorsqu'un certain nombre d'individus
veulent, par exemple, aller vers une gestion de leurs 12 heures pour être
capables d'éviter le TSO, si le syndicat local dit : Moi, je ne suis pas
d'accord à ouvrir ça, ils ne peuvent pas le faire? Et ça, pour moi, ça me
préoccupe beaucoup.
Puis je ne dis pas que c'est vous, au
national, ou quoi que ce soit, là. Je ne suis pas en train... Mais vous savez
de quels cas je parle. On en a plusieurs comme ça. Si la direction du syndicat
local dit : Moi, je ne rouvre pas la convention locale, je ne pourrai pas
permettre à des gens, sur un choix individuel, de choisir le type d'horaire
qu'ils voulaient. C'est ça qu'on essaie de changer aussi par l'employeur
unique, par une convention nationale qui ferait ça. Qu'est-ce que vous pensez
de ça?
Mme Bouchard (Julie) : Bien,
dans un premier temps, les conventions collectives ont toujours permis ce qu'on
appelle les horaires atypiques, et, dans ce genre de chose là, ce n'est pas
vrai que c'est le milieu syndical qui met des bâtons dans les roues, puisque c'est
une négociation qui se fait entre l'employeur actuel et les représentants
syndicaux. Et il doit y avoir une adhésion qui se fait par l'ensemble des gens
qui sont sur l'unité de soins.
M. Dubé : Oui, mais là... Bien,
je ne veux pas... je ne veux pas jouer sur les mots, là, mais je veux juste
qu'on se comprenne bien que, quand le syndicat local dit : Moi, je ne veux
pas rouvrir la convention locale, ce n'est pas juste une question de
négociation. C'est : Si c'est non, c'est fermé.
Mme Bouchard (Julie) : Il n'y
a pas de syndicat local qui ne veut pas ouvrir. Au contraire, on appelle ça des
ententes. Qu'elles soient particulières ou autres, des ententes, il y en a à
tous les jours.
M. Dubé : Bien, écoutez,
entendons-nous qu'on ne s'entend pas là-dessus, parce que moi, j'en ai, des
cas, là, très spécifiques, puis je pense que... Je veux juste vous dire que... Qu'on
s'entende aujourd'hui, là... Quand on... quand on ne s'entend pas, il faut le
dire, qu'on ne s'entend pas. Mais moi, je... On en a, des cas où c'est arrivé.
Mme Bouchard (Julie) : Bien,
effectivement.
M. Dubé : Mais je veux juste
que... qu'on se comprenne. Pourquoi... Je suis content de l'ouverture que vous
avez mentionnée, parce que, si on passe à une convention nationale avec des
ententes régionales et que ça permettrait des choix individuels plutôt que des
choix syndicaux, je pense que c'est... de bien comprendre que notre objectif,
c'est ça.
Mme Bouchard (Julie) : Mais,
là-dessus, on ne s'entend pas nécessairement très bien.
M. Dubé :
OK. C'est correct.
Mme
Bouchard (Julie) : Parce que le choix individuel a nécessairement
aussi un impact sur le choix collectif, et c'est là où c'est important de
prendre le temps d'analyser correctement, de présenter les bonnes choses.
M. Dubé : OK. Mais ça, ça, c'est
un autre débat. Mais... OK. Mais, des fois, c'est bon juste de s'entendre sur
quoi qu'on ne s'entend pas, puis je pense que c'est...
Vous dites, dans votre recommandation, puis
là, encore une fois, on n'a pas beaucoup de temps, puis je ne sais pas comment
il me reste de temps, monsieur....
Le Président (M. Provençal)
:...
M. Dubé : J'aime beaucoup...
Vous revenez, puis vous n'êtes pas les seuls à revenir, sur l'importance des
CLSC, puis j'aimerais ça... Parce que les infirmières ont un rôle très
important, puis je pense qu'on a mis un peu de côté nos CLSC avec les années.
J'aimerais beaucoup ça vous entendre là-dessus, parce que, quand je dis qu'on a
de l'ouverture... Puis d'ailleurs c'est... Peut-être que... Je ne veux pas
enlever une question à mon collègue le député de Rosemont, mais je sais que,
pour lui, les CLSC, c'est bien important, mais, comme, des fois, il n'a pas...
il a moins de temps que moi, j'en ai, bien, je vais commencer, puis, s'il veut
finir là-dessus... Mais, comme c'est une recommandation importante, j'aimerais
ça vous entendre là-dessus, s'il vous plaît.
Mme Ramel (Françoise) : Bien,
comme on vous l'a... on l'a expliqué à plusieurs reprises, M. le Président,
lors des rencontres qu'on a faites au plan santé, on souhaite vraiment, nous,
la fédération, que les CLSC soient la porte d'entrée des soins, parce que les
CLSC ont été créés pour ces structures-là, pour la prévention, pour l'éducation
et pour qu'il y ait tout au même endroit. Donc, c'est vraiment notre souhait.
M. Dubé : ...parce que, comme
on n'a pas beaucoup de temps... Puis les gens... Qu'est-ce que ça ferait de
plus que ce qui est fait en ce moment? Parce que, si on prend un CLSC typique,
là, qui fait, des fois, de la vaccination, etc., selon vous, là, si on mettait,
là... C'est quoi, les deux ou trois choses plus importantes qui feraient que
vos infirmières auraient un meilleur environnement dans un CLSC? Je veux juste
être un petit peu concret, si vous pouvez me...
Mme Ramel (Françoise) : Il
faut juste travailler le rôle et l'expertise qu'ont ces professionnels dans les
CLSC pour une population donnée. C'est ça qu'il faut, redonner le pouvoir aux
professionnels en soins sur le <terrain...
Mme Ramel (Françoise) :
...dans
les CLSC pour une population donnée. C'est ça qu'il faut, redonner le pouvoir
aux professionnels en soins sur le >terrain.
M. Dubé : Donc, pas juste les
infirmières, là. Vous parlez des...
Mme Ramel (Françoise) : Non,
tous les professionnels en santé.
M. Dubé : C'est... c'est
quoi, les gros enjeux? C'est-tu le...
Mme Ramel (Françoise) : Les
gros enjeux ont été que les GMF ont été créés là-dedans et que beaucoup sont
partis du côté des GMF, qui est, donc, du privé. Et donc il faut ramener dans
le... dans le public tous ces... tout... tout cet argent-là que... qui a été
mis dans le... dans les GMF. Il faut ramener les professionnels en soins, il
faut ramener l'argent dans le public, et c'est comme ça qu'on aura un système
de santé fort sur le terrain, avec des CLSC, qui sont dans la communauté.
M. Dubé : Puis est-ce que...
C'est parce que, là, vous... vous parlez des GMF. On est rendus à plus de
600 GMF au Québec. Est-ce que ça peut se faire de façon complémentaire
avec les GMF?
Mme Ramel (Françoise) : De
travailler en complémentaire, bien, il faudrait déjà restructurer les CLSC. Je
viens d'un CLSC, des SAD. J'ai travaillé là, je travaille là. Il faut déjà
redonner du pouvoir à tous ces gens qui l'ont perdu, tous ces professionnels
qui l'ont perdu.
M. Dubé : Mais parlez-moi
de... Quand vous dites «redonner du pouvoir», là... C'est un mot que j'ai
entendu beaucoup, entre autres, avec les médecins hier. C'est quoi, les
pouvoirs qu'on devrait redonner aux CLSC?
Mme Ramel (Françoise) : Le
jugement clinique, c'est-à-dire faire confiance au jugement clinique du
terrain, c'est-à-dire les écouter et trouver les solutions avec le terrain.
M. Dubé : Alors, dans un... c'est
ça, dans un plan de... Je le dis, parce qu'une des choses que j'ai entendues
beaucoup dans les derniers jours, les dernières sessions, ce serait qu'il
faudrait qu'on ait une espèce de plan de transition pour expliquer. Puis, je le
répète, hein, Mme Bouchard, c'est qu'entre le moment où on va voter le projet
de loi et le moment où il va devenir applicable, que ce soit pour l'employeur
unique ou pour... que ce soit pour différentes fonctions, on va avoir le temps
de se parler puis faire un plan de transition.
Alors, je reviens pour la question des
CLSC. Est-ce que vous pourriez participer à ce plan de transition là, vous, en
tant que représentantes, par exemple, de la FIQ, pour voir comment... Parce que
ça m'a l'air d'être... On en a déjà parlé. Vous seriez ouvertes à ça, à être
dans cette transition-là. OK.
Mme Ramel (Françoise) : Dans
la transition de reprendre... que les CLSC reprennent leur réel rôle dans la
société et que ça devienne vraiment un service universel et pour tous, dans ces
cas-là, oui, on est... C'est sûr qu'on est... qu'on est dans les CLSC. C'est ce
qu'on veut. C'est... On veut du communautaire. On veut de la prévention. On
veut que...
M. Dubé : Oui. Quand vous
dites «communautaire», là, ça, ça vient me chercher. Je pense que c'est
peut-être là qu'on peut faire certaines améliorations. On pourra y revenir dans
nos discussions futures.
J'ai beaucoup aimé votre commentaire sur
les indicateurs, vous ne serez pas surprise, mais de leur donner une saveur
de... je dirais, du côté de l'employé, hein, les accidents de travail, puis
etc. Je n'ai pas eu le temps de voir dans vos recommandations. Est-ce que vous
allez un peu en détail de ça sur ces indicateurs-là?
Mme Ramel (Françoise) : Oui.
Non seulement on va en détail, mais vous les avez déjà reçues lors de... lors
des rencontres du plan santé, que l'on fait régulièrement avec votre... votre
entourage.
M. Dubé : OK. Avec
M. Kobrynsky.
Mme Ramel (Françoise) : Avec
M. Kobrynsky. On a déjà fait toutes les lettres.
M. Dubé : Alors, si je
demandais... si je remettais ça sur le dessus de la pile de M. Kobrynsky...
Mme Ramel (Françoise) : Tout
à fait.
M. Dubé : Ça fait que je vais
passer le message indirectement à ma voisine de gauche, qui est le grand patron
de M. Kobrynsky.
Mme Ramel (Françoise) : Parce
que c'est les indicateurs... On a besoin d'indicateurs de soins, pas juste des
indicateurs de gestion. Il faut connaître qu'est-ce qui se passe réellement.
M. Dubé : Non, mais je trouve
ça... En tout cas, je vous écoutais tantôt, là, puis... Je sais que je vais
manquer de temps. Je ne sais pas comment il me reste de temps.
Le Président (M. Provençal)
:Oui, parce qu'il vous reste moins
d'une minute, M. le ministre.
M. Dubé : Parce que ces
discussions-là avec M. Kobrynsky... En tout cas, ceux qui ne le
connaissent pas, là, c'est notre... notre M. Tableau de bord, là, qui... Alors,
j'apprécie beaucoup que vous l'avez suggéré. On va s'assurer qu'on peut...
qu'on peut faire un suivi là-dessus. Il me reste-tu... Non?
Le Président (M. Provençal)
:Moins de 30 secondes.
M. Dubé : Bien, je vais
écouter avec beaucoup d'intérêt mes collègues ici, puis on va continuer nos
discussions. Mais merci pour votre présentation, encore une fois.
• (11 h 50) •
Mme Bouchard (Julie) : Juste
peut-être pour faire... juste peut-être pour faire du pouce quelques secondes
sur ma collègue, tout ce qu'il y a dans le mémoire a pratiquement déjà été
discuté et proposé par nous lors de ces rencontres-là. Alors, force est de
constater que le message ne s'est pas rendu, malheureusement.
M. Dubé : ...il y en a un qui
a... qui a passé très fort, je dirais, c'est ce qu'on s'est entendus pour les
agences privées. Il y en a plusieurs autres qui ont passé. Mais on pourra faire
la liste des 30 puis dire qu'il y en a quand même plusieurs qui non seulement
ont été acceptées, mais mises en œuvre. Mais il en reste encore, puis on n'a
pas fini.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Alors, nous allons procéder
maintenant avec un échange avec le député de Pontiac, qui représente
l'opposition officielle.
M. Fortin :Merci. Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Bouchard, mesdames,
monsieur. Merci d'être là. Je vais... je vais continuer dans cette lignée-là,
là, de, justement, la consultation du ministre. Vous n'avez pas été consultés
spécifiquement sur le projet de loi, mais ce que vous dites, c'est que vous
avez fait des recommandations par le passé, à travers d'autres instances, là,
les... sur le plan santé, notamment, puis qu'il n'y en a aucune que vous <retrouvez...
M. Fortin :
...par le passé, à travers d'autres instances, là,
les... sur le plan santé notamment, puis qu'il n'y en a aucune que vous >retrouvez
là-dedans. C'est ce que je comprends.
Mme Bouchard (Julie) : Exactement.
Donc, ça fait plus d'un an qu'on s'assoit à une table, là, pour le plan santé,
donc, qu'on passe chaque grand titre. Et, au niveau de la gouvernance, il y
avait déjà eu une ou deux rencontres au préalable, et par la suite on en a eu
peut-être une en janvier dernier, mais en aucun moment ce n'était spécifié que
c'était pour le projet de loi n° 15, et encore moins avec les objectifs
qui suivaient à ça. C'était : Comment vous voyez une gouvernance
intéressante? Et c'était tout. Alors... Et, dans le projet de loi, on ne
retrouve rien de ce que nous avions proposé à ce moment-là.
M. Fortin :Mais, les 30 recommandations que vous avez aujourd'hui,
vous les avez toutes déjà formulées. Ce n'est rien de nouveau. Alors, quand le
ministre dit : Bien, le message s'est peut-être rendu... S'il s'est rendu,
c'est qu'ils ont fait un choix de ne pas l'inclure dans le projet de loi. S'il
ne s'est pas rendu, c'est une autre chose, là.
Mme Bouchard (Julie) : Définitivement.
Et, dans les recommandations, évidemment qu'il y en a qui touchent plus au
niveau de la LSSSS, puisqu'on n'en... on n'en parlait jamais, là, dans ces
rencontres-là. Alors... Mais tout ce qui est de plus structurel, et tout ça,
faisait déjà partie de nos... de nos recommandations et de nos propositions à
ces tables.
M. Fortin :OK. Très bien. Je vais avoir une question générale, mais
j'aimerais ça avoir votre perspective, là. Le ministre fait souvent le lien en
disant : Bien, ce projet de loi là va permettre une amélioration des
soins. Est-ce que c'est votre analyse? Est-ce que vous voyez qu'à travers le
changement de la gouvernance, à travers la structure qui est proposée il va y
avoir une amélioration claire et nette des soins qui sont offerts à la population?
Mme Ramel (Françoise) : Non.
Non, parce qu'on ne voit pas le mot «soins» arriver. On voit plutôt le mot
«services». On est... On représente des professionnels en soins. On travaille
sur le terrain. On est infirmières, inhalothérapeutes, infirmières auxiliaires,
perfusionnistes cliniques et on fait des soins à la population. Et, dans
cette... dans le projet de loi actuel, on ne retrouve pas le mot «soins». C'est
pour ça qu'on demande qu'il soit intégré, pour prendre en compte le patient
dans sa globalité et pour prendre en compte le soin, pas juste le service.
M. Fortin :OK. Très bien. Je vais y aller de façon un peu plus
précise, là, maintenant. Vous avez parlé d'enjeu avec la mobilité du personnel.
Et on a eu une discussion avec un des syndicats hier. Si je ne m'abuse, c'était
la FTQ, là, qui avait préparé une espèce de sondage de ses membres pour savoir
si c'était quelque chose de souhaité, mais également s'ils allaient en prendre
avantage, c'est-à-dire peut-être se déplacer d'une région à l'autre. Vous, vous
faites le constat que ce n'est pas juste à Montréal, l'enjeu, qu'il y a des
plus petites régions ou des endroits en région qui pourraient être affectés.
J'aimerais ça vous entendre là-dessus, parce qu'on a beaucoup parlé de Montréal,
hier, où les gens pourraient se déplacer vers la banlieue parce que les
appartements, les loyers, les... sont... sont dispendieux. Mais, quand vous me
parlez de régions éloignées, je trouve ça intéressant. J'aimerais ça en savoir
un petit peu plus là-dessus.
Mme Bouchard (Julie) : Oui,
bien, tout à fait, puisque c'est ce qui s'est passé, en majorité, avec la
dernière réforme. Alors, lorsqu'on est devenus des CISSS et des CIUSSS,
l'ancienneté s'est donc fusionnée à ce moment-là, et on pouvait se déplacer
d'un endroit à l'autre. Et ce qu'on a constaté au fil du temps, c'est que, les
plus petits centres où il y avait des professionnels en soins, eh bien, les
gens ont eu tendance à se virer vers les plus grands centres de la même région.
Alors, ce qu'on a vécu à ce moment-là ne sera pas nécessairement différent au
moment où est-ce qu'on sera avec un employeur unique. Et c'est là où c'est
inquiétant, parce que la mobilité, eh bien, ne vient pas ajouter de
professionnels en soins pour donner des soins au quotidien. Au contraire, on
affaiblit certains centres pour en améliorer d'autres. Mais on le sait, que
c'est vraiment très éphémère, comme amélioration, puisque c'est... Avec les
conditions de travail actuelles, c'est très difficile de faire de la rétention.
M. Fortin :C'est ce qu'on se disait hier, là. Ce n'est pas... Prendre
à Pierre pour donner à Paul, ce n'est pas un avantage pour le réseau de la
santé ou pour les patients, de façon générale.
Mme Bouchard (Julie) : Définitivement,
non.
M. Fortin :Mais, dans ce... dans ce pan-là de votre réflexion par
rapport au projet de loi, vous avez également mentionné, et là je vais vous
citer, là : Est-ce que... «Est-ce raisonnable de croire qu'une infirmière
en santé scolaire puisse travailler avec des personnes aînées ou aux soins
intensifs du jour au lendemain?» Ça, c'est... c'est votre perspective de ce qui
va se passer. Moi, je reconnais la débâcle, là, qui se passe en Mauricie, au Centre-du-Québec,
à travers ces propos-là, que le ministre semble vouloir exporter à la grandeur
du Québec. Mais est-ce que... J'aimerais que vous me disiez qu'est-ce que vous
voyez dans ce projet de loi qui pourrait mener à cette situation-là spécifique.
Mme Bouchard (Julie) : Bien,
dans le projet de loi, on le voit en faisant en sorte que ce sera un employeur
unique. Donc, tout devient fusionné automatiquement. Mais maintenant, là où
l'inquiétude est très importante, c'est comme si la mobilité, qui a été
utilisée à outrance lors de la pandémie, avait été mise de côté, malgré
l'ensemble des <impacts...
Mme Bouchard (Julie) :
...a été utilisée à outrance lors de la pandémie, avait été
mise de côté, malgré l'ensemble des >impacts que ça a eus autant sur
la qualité des soins que sur les professionnelles en soins elles- mêmes, qui se
sont dit, pour une raison de sécurité : Je ne veux pas être bougée d'un
endroit à l'autre puisque c'est dangereux pour moi en tant que professionnelle
mais aussi dans l'exercice de mes fonctions. Alors, pour cette raison, elles
ont soit quitté en maladie, ou tout simplement retourné, ou encore allé vers
une agence de placement de main-d'oeuvre indépendante.
M. Fortin :Alors, vous voyez, en matière de... Puis je pense que vous
avez utilisé les termes «attraction et rétention du personnel», là, ce qui est
le nerf de la guerre en santé, là. On pourrait travailler uniquement sur cet
enjeu-là éternellement, presque, là, parce que c'est l'enjeu principal, de
l'aveu de beaucoup de monde, en matière d'offrir des soins de santé à la
population. C'est l'attraction et la rétention du personnel. Dans le projet de
loi, vous ne voyez aucune vraie mesure d'attraction et de rétention du
personnel. En fait, si je comprends votre propos, il y a des gens qui risquent
de fuir le réseau de la santé.
Mme Bouchard (Julie) : Dans
le projet de loi actuel, c'est uniquement au niveau de la gouvernance. En aucun
temps on ne voit «attraction», «rétention». Mais, en même temps, c'est là où la
négociation nationale prend tout son sens, et l'urgence d'agir aussi prend tout
son sens, puisque c'est là où les conditions de travail doivent être négociées
pour l'ensemble des professionnels en soins. Et ce n'est pas avec une
gouvernance unique que nous allons créer de l'attraction et de la rétention.
M. Fortin :Alors, quand je regarde vos... vos recommandations, entre
autres, à la recommandation 7, là, qui traite, justement, de la démocratie
syndicale, vous dites que ce sera plus difficile, avec le régime proposé par le
ministre, de demander des congés et de se prévaloir d'un aménagement
particulier de leurs horaires, de faire rectifier la paie en cas d'erreur, et
plusieurs autres instances, là. Le ministre, souvent, il a le point de vue
complètement contraire de ce qu'on entend des groupes, puis, là-dessus, ça...
ça en fait partie. Hier, il s'est obstiné gentiment, pendant un bout de temps,
avec un groupe, à savoir : Ça va être bien plus facile, voyons, d'avoir...
de pouvoir modifier son horaire particulier pour une infirmière ou un
professionnel de la santé. Vous avez la lecture complètement inverse de celle
du ministre, là, si je comprends bien.
Mme Bouchard (Julie) : Totalement,
puisque, nous, la lecture que l'on a, c'est ce que les professionnelles en
soins elles-mêmes nous mentionnent. Et c'est là où tout prend son sens et où
l'importance de conserver des relations de travail locales est vraiment, mais
vraiment importante. Ce n'est pas vrai qu'en centralisant tout ça on va y
arriver. Juste pour les primes qui proviennent de la convention collective, qui
est échue depuis le 31 mars, certains établissements n'ont pas fait encore
le paiement, alors qu'on parle de 2021. Alors, imaginez, s'il faut que ce soit
au niveau national, à quel point les professionnels en soins vont devoir faire
des démarches et attendre encore plus longtemps pour recevoir leur dû, alors
que, si c'était si facile, le lendemain de la mise en place de la convention,
tout aurait été facilement payé.
M. Fortin :Je vous remercie.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
• (12 heures) •
Mme Setlakwe : Merci. Bonjour.
Merci d'être là. Merci pour votre travail. Moi, j'ai été interpelée
particulièrement par votre... votre commentaire puis le passage de votre
mémoire sur l'impact sur les femmes. J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Vous parlez des femmes, des femmes racisées, immigrantes... immigrantes et
autochtones. Les paroles à vous, là, pour vraiment nous... nous sensibiliser
davantage à l'enjeu. Qu'est-ce que vous constatez? Et en quoi le projet de loi
ne contribuera pas à améliorer la situation?
Mme Ramel (Françoise) : Bien,
on représente, donc, 80 000 membres, dont près de 90 % de femmes.
Donc, la question des femmes est vraiment quelque chose qui est vraiment très
important dans notre groupe. Ce qu'il y a de dommage avec ce projet de loi,
c'est qu'il n'y a aucune analyse qui a été faite sur l'impact, justement, que
peut avoir ce... ce grand bouleversement sur les femmes, dont les femmes
racisées, les femmes autochtones et les femmes en minorité, que... S'il arrive
quelque chose dans son... dans son processus de travail, qu'elle se retrouve à
devoir déclarer... à devoir déclarer un harcèlement, ou quelque chose,
qu'est-ce qu'elle va faire? Comment elle va le faire dans cette grande
structure? Donc, on précarise encore et on favorise l'omerta de toute... de
tout le réseau de la santé qui est actuellement en place. Donc, on ne
favorisera pas la parole.
Et ce qu'il manque vraiment, c'est cette
analyse... analyse...
Une voix : ...
Mme Ramel (Françoise) : ...différenciée
des sexes, qui est superimportante pour voir l'impact que ça va avoir sur ces
femmes. Est-ce qu'on va les reprécariser, avec toutes ces femmes qui viennent
aussi de... comment dire, des pays en voie de... qu'on a été chercher dans les
autres pays, qui ont des permis fermés? Comment elles vont pouvoir gérer, dans cette
grande structure, leurs permis fermés? Quelle écoute elles vont avoir auprès des
gestionnaires qui sont en place? Et ça, c'est vraiment quelque chose qui n'a
pas du tout été fait, de l'impact que ça peut <avoir sur elles...
>
12 h (version révisée)
< Mme Ramel (Françoise) :
...écoute
elles vont avoir auprès des gestionnaires qui sont en place? Et ça, c'est
vraiment quelque chose qui n'a pas du tout été fait, de l'impact que ça peut >avoir
sur elles.
Le Président (M. Provençal)
:...le temps est terminé, Mme la
députée. Alors, nous allons poursuivre avec M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M.
le Président. J'ai combien de temps?
Le Président (M. Provençal)
:...
M. Marissal : 3 min 18 s.
Bonjour. Je vous salue rapidement, vous comprendrez pourquoi. Ce n'est pas par
impolitesse, c'est par manque de temps.
Vous avez été visée, Mme Bouchard,
récemment, directement par le premier ministre. Je le dis «on the record», j'ai
trouvé ça inélégant, là. Je ne pense pas qu'un premier ministre devrait faire
ça. Je ne pense pas qu'on devrait faire ça, point, comme élus. Vous avez été
visée plusieurs fois, d'ailleurs, par le ministre de la Santé actuel dans les
derniers temps. Bon, on peut mettre ça sur le dos de la pandémie. Tout le monde
était à cran un peu, là. Je peux comprendre, là. Mais comment ça... ça interfère
dans vos relations? Parce que, tu sais, il y a des humains ici, autour de la
table, là, puis, à un moment donné, se faire viser directement par le premier
ministre dans un tweet, je ne sais pas, moi, je trouve ça ordinaire, là.
Comment vous, vous avez vécu ça? Puis qu'est-ce que ça fait, comme relation,
après ça? Parce que vous êtes quand même pognés pour travailler ensemble, là.
Mme Bouchard (Julie) : Bien
honnêtement, je... j'ai soit un défaut ou une qualité qui s'appelle le
détachement de tout ça. C'est une stratégie qui a été clairement utilisée mais
qui ne m'a pas atteinte du tout. Pourquoi? Parce que, du moment où je sais que
ce qui... que le message que j'ai à livrer provient de la voix des 80 000 professionnels
en soins, alors, pour moi, mon travail est fait.
Maintenant, des attaques, ou encore des tweets,
ou n'importe quoi, ce n'est définitivement pas le premier et ce ne sera pas le
dernier. Mais jamais je n'embarquerai dans ce genre de stratégie là de
provocation. Je ne suis pas une femme comme ça.
Là, ils ont un travail à faire. J'ai un
travail à faire. Et moi, je suis la voix de 80 000 infirmières,
infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques. Et,
quand c'est bon, je le mentionne. Quand c'est mauvais, je le mentionne.
M. Marissal : Bien, vous
êtes très sage et résiliente, là. Cela dit, je ne peux pas m'empêcher de penser
que ce ne doit pas être bien, bien bon pour vos relations, parce que vous avez
quand même une négociation à faire ici, là.
Mme Bouchard (Julie) : C'est
de faire tout simplement la part des choses. La négociation est une chose.
Maintenant, j'ai été attaquée personnellement sur le projet de loi n° 15 sous
prétexte que nous étions le seul syndicat à s'imposer, alors que force est de
constater que, depuis le début de la commission parlementaire, l'ensemble des
éléments que nous avons mentionnés à ce moment-là ressortent, entre autres la
centralisation des pouvoirs, le ci, le ça. Alors, on ne devait pas être tant
dans le champ à ce moment précis.
M. Marissal : Je vous
remercie pour la réponse rapide. Le nerf de la guerre, là, loi n° 15 ou
pas, là, c'est l'attraction puis la rétention du personnel. Je pourrais vous
parler de Maisonneuve-Rosemont, là, que vous connaissez, là, aussi bien que
moi. Y a-tu quelque chose dans le projet de loi n° 15, dans sa forme
actuelle ou modifiable, parce qu'on est ici pour ça aussi, là, peut-être, là,
qui permettrait d'être plus attractifs? Je parle du public, là. Le privé n'a
pas de tellement de problème de... d'attraction puis de rétention. Ils s'organiseront
avec leurs affaires, là. Mais, dans le public, là, y a-tu quelque chose, là-dedans,
qui peut nous permettre de croire qu'on sera plus attractifs puis qu'on va
garder notre monde?
Mme Bouchard (Julie) : Pas
du tout. C'est à la table de négociation où l'on doit mettre l'ensemble de nos
efforts et de nos énergies pour s'assurer que les conditions de travail des
professionnels en soins soient nettement améliorées. Alors, du moment où est-ce
que ça, ce sera fait, il y aura probablement une certaine adhésion et une
certaine... un sentiment d'appartenance qui se fera, par la suite, à la
gouvernance unique. Mais à aucun moment, dans l'histoire du réseau de la santé,
la gouvernance a fait en sorte que les professionnelles en soins étaient heureuses
dans leur milieu de travail. Au contraire, c'était lorsqu'il y avait des conditions
de travail qui étaient acceptables, avec une charge de travail acceptable.
M. Marissal : OK. Vous
faites...
Le Président (M. Provençal)
:M. le député, j'ai...
M. Marissal : Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Vous avez dépassé votre temps pour la
question, mais je voulais vraiment que Mme la présidente puisse au moins vous
donner des pistes de réflexion dans... au niveau réponse.
M. Marissal : ...abuser
de votre...
Le Président (M. Provençal)
:Vous êtes bien gentil. Alors, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine, s'il vous plaît.
M. Arseneau : Pour...
Le Président (M. Provençal)
:3 min 18 s.
M. Arseneau : Merci, M.
le Président. Alors, moi aussi, j'ai... j'ai peu de temps. Je vous remercie
beaucoup de votre présence, de votre éclairage aussi sur le projet de loi
n° 15, un rapport très étoffé, des recommandations précises qu'il faudra
étudier de plus près, là.
Donc, je vais y aller de façon plus générale
en continuant un peu sur le thème de la rétention puis de l'attraction des
professionnels en soins. Vous avez parlé des conditions de travail. Bien, les
conditions de travail et le contexte de travail, les relations de travail, le pouvoir
des gestionnaires, ça a quand même un... c'est quand même un élément clé. Vous
parliez tout à l'heure du jugement <clinique...
M. Arseneau :
...de
travail, les relations de travail, le pouvoir des gestionnaires, ça a quand
même un... c'est quand même un élément clé. Vous parliez tout à l'heure du
jugement >clinique. Est-ce qu'il y a... En fait, c'est quoi, pour vous, le...
justement, le plus grand risque, avec l'adoption d'un projet de loi comme...
comme celui-là, pour, justement, aller à l'encontre de ce qu'on veut,
c'est-à-dire de rendre le milieu public attractif pour ceux que vous
représentez, ceux et celles que vous représentez?
Mme Bouchard (Julie) : Bien,
l'enjeu majeur, nous croyons que c'est réellement l'éloignement décisionnel de...
des gens, là, qui auront à... qui auront le pouvoir, alors... et le non-respect
aussi des réalités régionales, qui sont vraiment très différentes d'un endroit
à l'autre. Alors, cet éloignement-là du pouvoir est quand même très inquiétant
pour nous.
M. Arseneau : Vous parlez de
définir explicitement les responsabilités, les rôles des établissements, là, le...
les pouvoirs locaux, puis vous parlez d'agilité, d'imputabilité. J'imagine que
ça doit rejoindre les préoccupations du ministre, parce qu'on a souvent entendu
ce vocabulaire-là. Mais, malgré l'utilisation du même vocabulaire, on ne semble
pas se comprendre sur ce que ça veut dire. Pour vous, l'agilité puis
l'imputabilité, ça veut dire quoi, là, en lien avec ce que... vos membres?
Mme Bouchard (Julie) : Bien,
pour ce qui est de l'agilité puis l'imputabilité, c'est vraiment au niveau de
la gestion locale. On doit absolument s'assurer que les décisions qui sont
prises au niveau local... que les personnes qui les prennent sont imputables de
ce qu'elles vont décider de mettre en place. Et maintenant, leurs responsabilités,
on doit s'assurer qu'elles reflètent aussi la réalité régionale, et non que ce
soit l'ensemble du national qui prenne toutes les décisions et que, par la
suite, on fasse fi de plusieurs constats.
M. Arseneau : Bien, on a déjà
un enjeu à l'heure actuelle. Puis ce que vous dites, si je comprends bien,
c'est que le projet de loi n° 15 va accentuer ou exacerber, là, le... les
problèmes. C'est ça?
Mme Bouchard (Julie) : Voilà.
M. Arseneau : Merci d'avoir
parlé de la qualité des soins, qu'on ne trouve nulle part dans le projet de loi.
C'est très, très intéressant. Les indicateurs de soins, est-ce que vous pensez
que c'est dans des règlements ou vraiment dans le projet de loi qu'on pourrait
les glisser? Ceux que vous disiez, pas seulement les indicateurs de gestion.
Mme Ramel (Françoise) : On
souhaite vraiment que ce soit dans le projet de loi. Il faut que ce soit écrit,
et pas juste dans un règlement. Les règlements, on ne peut rien faire derrière,
une fois que c'est fait. On veut vraiment que ce soit dans un projet de loi. Et
c'est quelque chose, vraiment, qui... qui tient à cœur les professionnels, qui
tiennent, justement, tout ce réseau à bout de bras et qui veulent vraiment que
leur expertise soit reconnue.
M. Arseneau : Le fait qu'on
ne reconnaisse pas — ma dernière question — la
prépondérance du public, ça vous inquiète.
Mme Bouchard (Julie) : Tout à
fait, tout à fait. Très inquiétant.
M. Arseneau : Et le fait de
simplement le mentionner, est-ce que ça va être suffisant?
Mme Bouchard (Julie) : Il ne
faut pas seulement le mentionner. Il faut le prendre en compte et s'assurer que
les décisions et...
M. Arseneau : Le dernier
recours. C'est ce que vous dites.
Mme Bouchard (Julie) : Voilà,
exactement, que ce soit vraiment en dernier recours uniquement.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:...M. le député. Je tiens à remercier
les représentantes et le représentant de la Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec pour leur contribution à nos
travaux et la qualité des échanges qu'on vient d'avoir. Merci beaucoup.
On suspend pour pouvoir faire place au
prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 09)
(Reprise à 12 h 12)
Le Président (M. Provençal)
:Nous allons poursuivre nos travaux.
Je souhaite la bienvenue à la Centrale des syndicats du Québec et à la Fédération
de la Santé du Québec. Vous avez 10 minutes pour votre exposé, et par la
suite nous procéderons aux échanges. Alors, vous avez immédiatement la parole.
Merci.
Centrale des syndicats
du Québec (CSQ) et Fédération de la Santé du Québec (FSQ)
M. Beauregard (Luc) : Merci.
Bonjour, M. le Président, M. le ministre, Mmes, MM. les députés. Je tiens à
remercier les membres de la Commission de la santé et des services sociaux
d'entendre la Centrale des syndicats du Québec et, par le fait même, les
215 000 membres et citoyennes et citoyens qu'elle représente dans
toutes les régions du Québec.
Je suis Luc Beauregard. Je suis le
secrétaire-trésorier de la Centrale des syndicats du Québec et responsable du
dossier santé. Je suis accompagné par Mme Isabelle Dumaine, présidente de la Fédération
de la Santé du Québec, FSQ, qui regroupe, notamment, les syndicats du Nord-du-Québec,
de la Côte-Nord, de la Gaspésie, de Laval et de Montréal. Elle partagera la
présentation avec moi. M'accompagne aussi Mme Lise Goulet, conseillère à
l'action professionnelle en santé et services sociaux de la CSQ, qui pourra
répondre au besoin à des questions un peu plus pointues, je vous dirais.
Nous vous remercions de nous donner
l'opportunité de nous exprimer au sujet de ce projet de loi imposant comportant
plusieurs mesures qui nous concernent. Les délais très courts entre la
publication du projet de loi et la tenue des auditions publiques ne nous a pas
permis d'en analyser pleinement la portée. C'est pourquoi nous avons fait le
choix de mettre l'emphase sur nos valeurs collectives et sur ce qui nous
apparaît essentiel, c'est-à-dire la gouvernance démocratique, la privatisation
accrue et la démocratie syndicale. Je vais laisser Mme Dumaine sur la
gouvernance.
Mme Dumaine (Isabelle) : Au
sujet de la gouvernance, nous le savons tous, le statu quo n'est pas
souhaitable et n'est plus possible. Nous reconnaissons qu'il faut tirer les
bonnes leçons de la pandémie, qui a mis en lumière les vulnérabilités de notre
système. La grave pénurie qui accentue la pression déjà très élevée sur le
personnel surchargé et épuisé est loin de se résorber. Le gouvernement doit
agir prioritairement sur cet enjeu en améliorant notamment les conditions de
travail et d'exercice du personnel, sans quoi tout projet de réforme est voué à
l'échec.
À la lumière de ces défis qui font
largement consensus, tout comme le gouvernement, nous estimons qu'il est
essentiel de mieux définir les rôles et les responsabilités de chacun des
paliers de gouvernance.
Pour obtenir l'adhésion et la mobilisation
des différents partenaires dans un tel projet de réforme des modes de
gouvernance, il faut s'assurer d'établir et de préserver un authentique rapport
de confiance et un véritable dialogue social. À ce titre, nous jugeons
essentiel que le gouvernement préserve une structure de gouvernance publique.
Ainsi, nous recommandons au gouvernement d'inscrire les principes de
gouvernance publique responsable et transparente dans le libellé de la mission
et du mandat de la nouvelle structure de gouvernance, de soumettre Santé Québec
à la Loi sur l'administration publique afin de garantir la mise en place des
processus d'information et de consultation publique. De plus, nous recommandons
que le plan stratégique Santé Québec soit déposé à l'Assemblée nationale.
M. Beauregard (Luc) : Quant
au volet de la privatisation, précisons qu'assurer à toutes et à tous un accès
équitable à des services publics de qualité s'inscrit directement dans la
mission et les valeurs de la CSQ. L'intention ministérielle de confier la
gouvernance de Santé Québec et, par le fait même, une bonne partie du budget
provincial à des gestionnaires du privé nous apparaît contraire au principe
de... et à l'esprit d'une saine gouvernance publique.
Des décennies de réformes centralistes,
bureaucratiques, des années de privatisation et d'austérité ont laissé nos
établissements de santé publics sous-financés et en <sous-effectifs...
M. Beauregard (Luc) :
...des
années de privatisation et d'austérité ont laissé nos établissements de santé
publics sous-financés et en >sous-effectifs. Cela explique en très bonne
partie le problème d'accès croissant que nous connaissons aujourd'hui et auquel
il faut remédier. Selon nous, le privé n'est pas la solution. Ses dérives sont
connues. Sa logique marchande occasionne de nombreuses difficultés qui
réduisent d'autant l'efficacité de notre système public, notamment,
l'optimisation de la facturation, une reddition de comptes ardue, des... la
sélection des interventions plus lucratives, la non-prise en charge des cas
complexes et des complications postopératoires par le privé.
Pour améliorer l'accès et assurer la
qualité et la... et la sécurité des soins offerts par les prestataires privés,
une multitude de dispositions sont jugées nécessaires. On le voit dans le...
dans le projet de loi. Soyons-en certains, la complexité des règles à mettre en
œuvre entraînera inévitablement une hausse des coûts pour l'État.
Enfin, on ne peut faire abstraction des risques
de judiciarisation croissante. En effet, la multiplication des prestataires
privés de services pourrait entraîner une hausse des contestations de décision
devant le Tribunal administratif du Québec, comme laissent présager plusieurs dispositions
législatives. Qu'on se comprenne bien, faire des changements et donner un coup
de barre au réseau de la santé, c'est nécessaire; fragiliser encore plus le
réseau public, ce ne l'est vraiment pas, nécessaire.
Afin d'assurer l'intérêt public et de
garantir le contrôle parlementaire sur l'utilisation de fonds publics, nous
recommandons, notamment, de désigner le Vérificateur général du Québec comme
seul auditeur des livres et comptes de Santé Québec et de lui donner tous les
leviers nécessaires pour vérifier adéquatement l'utilisation des fonds publics
par ses établissements, recommandons aussi de lui confier l'évaluation et
l'efficacité de la performance de Santé Québec.
Finalement, un autre aspect soulevé par le
projet de loi est celui de la démocratie syndicale. La liberté d'association
est un droit fondamental de la société démocratique. Elle permet aux
travailleuses et travailleurs de revendiquer ensemble de meilleures conditions
de travail et d'exercer un rapport de force juste et équitable dans la négociation
de ces conditions. Après une succession de mesures restrictives pour les
organisations depuis 2003, soit le projet de loi n° 10 et le projet de loi
n° 30, ce projet de loi fait craindre raisonnablement qu'il pourrait
s'agir d'une volonté affirmée du gouvernement de réduire le rapport de force
des travailleuses et travailleurs de la santé tant dans leurs droits collectifs
qu'individuels.
Le gouvernement employeur ne doit pas
changer les règles du jeu durant la partie afin d'obtenir, par l'effet de la
loi, ce qu'il ne pouvait pas obtenir par l'effet de la négociation. Nous
pensons que la création d'un immense employeur national ne doit pas avoir pour
conséquence d'anéantir les pratiques locales et régionales en forçant les
fusions d'unités d'accréditation. Sinon, comment les travailleurs d'une région
donnée ayant leur propre communauté d'intérêts peuvent-ils avoir une liberté
réelle de décision ou d'influence quant à leurs conditions de travail?
Dans cette commission siègent des élus de
différents partis qui représentent tous, au meilleur de leurs capacités, les
intérêts de la population en général mais aussi de leur région et de leur
comté. Le syndicalisme, c'est un peu à l'image des différentes couleurs
politiques cohabitant ici. Les électeurs sont représentés par un élu, mais
ceux-ci doivent choisir celui ou celle qui incarne le mieux leurs aspirations
et leurs valeurs. Il ne s'agit pas seulement d'avoir un représentant, quel
qu'il soit. Il s'agit de choisir un représentant qu'on estime être à même le
mieux de nous représenter.
Au nom du respect des droits et libertés,
nous recommandations... nous recommandons au gouvernement que le projet de loi
n° 15 ne porte pas atteinte aux unités de négociation actuelles,
permettant ainsi aux travailleuses et travailleurs de s'associer selon les communautés
d'intérêts qui leur est propre, et préservant leurs droits collectifs et
individuels.
• (12 h 20) •
En terminant, je le répète, si les façons
de faire actuelles ne peuvent perdurer pour les gens que nous représentons,
l'ampleur des changements proposés nécessite que nous prenions le temps
nécessaire, collectivement, pour bien réfléchir et pour débattre sereinement
des diverses propositions mises au jeu. L'importance des défis à relever pour
assurer le droit à la santé pour tous nous impose cette responsabilité. Peu
importe leur âge ou leur localité, qu'ils soient des patients en mal de soins
ou du personnel qui porte le réseau à bout de bras, les besoins de la
population sont trop grands pour se précipiter et faire fausse route encore une
fois.
Je le répète, nous voulons la même chose,
des employés heureux qui accompagnent des patients avec les meilleurs soins.
Nous voulons aussi un <réseau...
M. Beauregard (Luc) :
...qui
accompagnent des patients avec les meilleurs soins. Nous voulons aussi un >réseau...
On veut aussi que le réseau soit efficace. On pense que, pour y arriver, nous
devrons avoir plus qu'une commission parlementaire, car c'est tout un défi qui
est devant nous. Et, vitement, je dirais ça : Moi aussi, j'aime les
chiffres. Présentement, si on prend le nombre d'articles versus le temps qu'on
a de présentation, c'est deux articles par seconde qu'il faut travailler. Donc,
je pense que c'est... De là pour démontrer l'ampleur colossale du projet de loi
qui est devant nous et que le travail devra se continuer, particulièrement par
un dialogue social qui devra avoir lieu en parallèle mais, je dirais, en
priorité. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. Beauregard et Mme Duhaime,
pour votre exposé. M. le ministre, nous débutons la période d'échange.
M. Dubé : Très bien. Très
bien, M. le Président. Merci beaucoup. M. Beauregard et vos deux
collègues, merci beaucoup, parce que je sais, effectivement, que ça a été un temps
quand même assez limité, mais vous avez fait un projet... un mémoire, pardon,
qui... dont on va prendre note, là. Je... Il y a quand même quelques éléments
que je veux faire ressortir, puis on aura le temps de réfléchir, entre autres
avec mes collègues de l'opposition, là, comment on peut en tenir compte.
Deux choses. Peut-être juste pour que les
gens comprennent bien... Je pose la même question à tout le monde, aux
représentants syndicaux. Vous m'avez dit : La CSQ, c'est environ
230 000 membres, mais, au niveau de la santé, c'est combien?
M. Beauregard (Luc) : 5 000.
M. Dubé : Combien?
M. Beauregard (Luc) : 5 000.
M. Dubé : 5 000. OK.
Donc, des 230 000 que vous...
M. Beauregard (Luc) : 215 000
membres, citoyennes et citoyens, comme j'ai précisé, hein, qui vont...
M. Dubé : Oui, c'est ça, mais
il y en a 5 000 en santé.
M. Beauregard (Luc) : Il y a
en a 5 000 en santé.
M. Dubé : OK. Et
principalement où, en santé?
M. Beauregard (Luc) : ...catégorie 1.
M. Dubé : Catégorie 1,
avec les infirmières. Parfait. Je voudrais juste préciser deux choses, parce
que, des fois, c'est peut-être... Soit que nous l'avons mal expliqué, là, puis,
quand c'est le temps de... C'est parce que, là, vous avez dit que de... on est
en train de transférer le budget de la santé au privé. Je vais juste... juste
clarifier quelques éléments. Ce n'est pas le cas du tout, parce que la création
de Santé Québec, c'est vraiment la création d'une société d'État qui va
répondre aux mêmes règles que toutes les sociétés... sociétés d'État, avec ce
qu'on appelle, nous... dans la section des organismes autres que budgétaires. Le
ministre reste responsable du budget. Moi, je vais m'asseoir... peu importe que
ce soit moi ou le prochain, la prochaine ministre de la Santé va s'asseoir avec
le Conseil du trésor, le ministre des Finances, vont donner un budget, etc., au
ministre, qui va, lui, se retourner de bord puis le faire exécuter par Santé
Québec. Mais on est très loin de transférer 50 milliards de budget au
privé. Je veux juste clarifier ça pour qu'on se comprenne bien. Ce que je
trouve intéressant... Puis je l'ai mentionné. Donc, ce n'est pas... ce n'est
pas contre vous, là.
Puis, encore une fois, je... vous êtes un élément
important de l'organisation syndicale au Québec, là. Quand vous parlez de
démocratie syndicale, qui est un des deux thèmes de votre présentation ce
matin, là, puis c'est... c'est très clair, moi, je veux revenir sur notre désir
de... je dirais, de simplification de l'organisation syndicale. Puis je pense
que... Quand vous dites que ce n'est pas clairement mentionné, là, puis je
pense qu'on dit : PL n° 15 ne touche pas spécifiquement, bien, il
faut bien comprendre... Puis, peut-être, encore une fois, là, c'est... c'est à
nous de mieux l'expliquer, là, puis je voudrais vous entendre là-dessus, la
journée qu'on part d'un principe qu'on transfère des opérations à une entité,
qui va être une société d'État, qui va devenir un organisme autre que
budgétaire du gouvernement du Québec, bien là, c'est sûr qu'on prend un
employeur unique, un employeur unique qui, lui, dit : Pour respecter la loi
n° 30 — la loi n° 30, c'est l'organisation du travail,
incluant toute la question... syndicats — ...vont dire : Il va y
avoir une catégorie, une accréditation syndicale par catégorie, alors qu'en ce
moment vous comprenez bien... Puis, je pense, vous le comprenez bien aussi,
qu'en ce moment, dans la catégorie 1, il y a principalement la FIQ et,
entre autres, il y a vous.
Bon, moi, ce que je veux savoir de votre
part : Est-ce que... Je peux comprendre que ça fait un changement majeur
pour vous si on se retrouve dans trois ans — ça, ce n'est pas là, là,
ce n'est pas demain matin, mais ce serait pour la prochaine convention
collective — avec un syndicat par catégorie. Est-ce qu'il y a des
recommandations? Parce que, là, vous dites : On n'est pas d'accord avec
ça. Je comprends, mais y a-tu <d'autres...
M. Dubé :
...par
catégorie. Est-ce qu'il y a des recommandations? Parce que, là, vous
dites : On n'est pas d'accord avec ça. Je comprends, mais y a-tu >d'autres...
Y a-tu des suggestions par rapport à ça? Puis, si ce n'est pas le bon forum
pour parler, je le ferai ou on pourra le faire plus tard, mais je veux juste
dire que... Je veux que les Québécois comprennent que c'est quand même un
élément important, mais il faut comprendre ce qui est en dessous de ça. C'est...
Mon point, c'est... Si vous voulez en parler ou pas...
Mais, avant que vous répondiez à ça, je
veux vous parler de libération syndicale, parce que je l'ai demandé à tout le
monde. Alors donc, je ne fais pas d'effort spécifique sur un groupe ou pas. Je
me suis fait souvent dire, quand on a des problèmes de personnel... Puis
peut-être que c'est moins important dans votre cas parce que vous avez
5 000 employés dans un réseau qui en a plus de 330 000, mais,
quand les gens comprennent comment la... fonctionnent les libérations
syndicales... Vous en avez combien, vous, de libérations syndicales pour vos
membres? Puis, peut-être, vous pouvez le faire à l'échelle de la CSQ au
complet, là. Mais est-ce que vous êtes prêts à partager ces données-là?
M. Beauregard (Luc) : Bien, on
n'a pas le chiffre, parce qu'à la CSQ l'avantage qu'ils ont, les syndicats,
c'est... C'est des... Ils sont autonomes, hein? Donc, à partir... Ils décident
de voir combien qu'ils libèrent de personnes selon la convention qui est émise,
etc., donc, que ce soit... peu importe le milieu. Donc, on n'a pas les
chiffres.
M. Dubé : OK. Vous n'avez pas
ces chiffres-là. OK. Juste pour continuer sur la gestion syndicale, pour bien
comprendre ça, le nombre de... Tantôt, j'avais une discussion avec la... Mme Bouchard,
là, que je respecte beaucoup, à la FIQ, là, malgré ce que j'ai entendu ce matin.
Je la respecte beaucoup. Et je lui demandais si une convention collective
nationale... Puis là je ne suis pas en train de négocier la convention. Ça, je
laisse ça à ma collègue du Trésor. Mais je dis : Dans trois ans, si on
avait une convention collective pour la catégorie 1, peu importe, que... la
FIQ ou la CSQ, là, moi, c'est... ça, c'est de votre côté à vous, est-ce que...
est-ce qu'on serait mieux équipés pour mieux répondre aux besoins de nos
employés? Puis, si on n'est pas d'accord, on ne sera pas d'accord, mais je
voudrais le comprendre, parce que ce qui m'inquiète beaucoup...
Ce que j'ai entendu tantôt : Non, ce
n'est pas vrai, on peut... on a une certaine flexibilité de refuser ou pas,
moi, ce n'est pas ça que je vis dans mon quotidien, là, lorsqu'un syndicat
local peut dire : Moi, si je ne veux pas ouvrir l'entente locale, on ne
l'ouvrira pas, puis ça, malgré des choix individuels de gens qui voudraient,
sur une base individuelle, je me reprends, être capables de dire : Moi, je
voudrais une gestion locale puis je voudrais être capable d'en faire, des
12 heures. Bien, il y a des syndicats qui refusent de faire cette
ouverture-là localement.
Alors, moi, je voudrais vous entendre, là.
Est-ce que vous, vous seriez d'accord avec cette approche-là d'une convention
nationale qui donne les règles, contrairement à ce qui est en cours depuis
2003, depuis la réforme Couillard, pour être capables de permettre des choix individuels
plutôt que d'être obligés, souvent, d'avoir un choix syndical?
M. Beauregard (Luc) : Je peux
y aller?
M. Dubé : Ah! avec plaisir,
avec plaisir.
M. Beauregard (Luc) : Vous me
laissez tout le temps qu'il vous reste, parce que vous en avez posé, des
questions, hein?
M. Dubé : Ça va me faire
plaisir que vous preniez... C'est tellement... Non, mais c'est tellement une
discussion importante, parce qu'il faut être capables de dire : Est-ce que
vous voulez protéger l'organisation syndicale ou l'intérêt des employés?
M. Beauregard (Luc) : OK. On
va commencer par la première chose. Le budget santé, je vous ai dit tantôt, j'ai
fait attention de ne pas utiliser les termes que vous avez utilisés dans les
journaux et dans les médias en parlant de «top guns». J'ai fait attention de ne
pas jouer avec ça.
M. Dubé : Bien non, vous ne
l'avez pas dit, là. C'est correct, là. Je... Vous ne l'avez pas dit, bien non.
M. Beauregard (Luc) : Je ne l'ai
pas dit, non, mais j'ai fait attention avec ça. Mais qu'est-ce que je voulais
dire...
M. Dubé : Il y a des grands
comédiens qui disent : Ah! je n'en parle pas, mais c'est de ça que je
parle. C'est correct.
• (12 h 30) •
M. Beauregard (Luc) : Non,
mais ce que je veux dire... C'est parce que vous me parlez de budget santé au
privé.
M. Dubé : C'est correct. Je
m'assume.
M. Beauregard (Luc) : Je vous
ai parlé d'un budget qui serait géré par des gestionnaires du privé que vous
voulez recruter. C'est ça que j'ai dit tantôt. Donc, c'est vrai que c'est dans...
c'est... Tout ce que vous avez dit, j'en suis certain. Mais les gestionnaires
qui arriveront arriveront du privé, et c'est là, la crainte qu'on a. Vous me
reviendrez après. Je vous vois.
M. Dubé : Bien, si... Non, bien,
s'il me reste du temps. Mais allez-y, là. Je veux vous laisser parler.
M. Beauregard (Luc) : OK. Pour
ce qui est de la démocratie syndicale, pour ce qui est de l'accréditation,
changement, choix, est-ce qu'on est d'accord avec une accréditation unique,
est-ce qu'on est d'accord avec une convention unique, je pense qu'il y a
beaucoup de discussions à y avoir avant. Vous l'avez dit, ce n'est pas pour la
prochaine convention. Si ça arrivait, c'est pour l'autre. La grande partie
qui... Parce que vous le dites, vous l'avez annoncé.
Vous le savez, on est
5 000 infirmières, ça fait que pensez-y vraiment. Le choix de ces
groupes-là n'a pas été fait pour dire : Heille! ce serait une excellente
idée de donner notre argent juste de même à la CSQ. Moi, je pense que la
décision a été prise pour dire : Ces gens-là, de la façon qu'ils font du
syndicalisme, de la façon qu'ils représentent leurs membres, c'est ça qu'on <veut...
>
12 h 30 (version révisée)
< M. Beauregard (Luc) :
...pour
dire : Ces gens-là, de la façon qu'ils font du syndicalisme, de la façon
qu'ils représentent leurs membres, c'est ça qu'on >veut. Qu'ils soient 5 000,
peut-être, mais c'est 5 000 qui ont choisi d'être avec une façon de faire
du syndicalisme. Et je suis certain que vous le savez, que c'est différent d'un
syndicat à l'autre, d'une centrale à l'autre, de la façon qu'on fait de la
gestion. Donc, de là, il y a une perte de démocratie importante qui aura lieu
dans le milieu du travail. Et, s'il y a une brèche qui est là, bien, il
pourrait y en avoir d'autres ailleurs. Et ça, c'est une des craintes qu'on a
qui est grande.
Et, quand vous me parlez... Je veux juste
terminer.
M. Dubé : Non, non, allez-y,
allez-y.
M. Beauregard (Luc) : Quand
vous me parlez de l'individualisme versus... l'individualisme versus le
collectif, est-ce que je veux protéger... Moi, ce que je veux, c'est que les
gens que je représente soient le mieux représentés et qu'ils aient le choix de
le faire.
M. Dubé : Bien, ça... Vu qu'on
me dit qu'il reste six minutes, je veux... Moi, là, c'est ça que je veux
entendre ce matin. Si vous, vous pensez que c'est important d'aller... qu'on
considère, avec les gens de l'opposition, là, quand on ira dans les choix qu'on
aura à faire, de garder cet aspect-là du plurisyndicalisme... Vous me dites
aujourd'hui, ça, c'est important pour vous.
M. Beauregard (Luc) : Bien,
je vous le dis, c'est important. C'est une des raisons principales.
M. Dubé : Bon, moi, c'est ça
que je veux savoir.
M. Beauregard (Luc) : Ça,
pour nous, c'est d'une importance...
M. Dubé : Puis on aura l'occasion
d'en... OK.
M. Beauregard (Luc) : Je ne
pense pas que ça va être ici qu'on va le régler, comme vous avez dit.
M. Dubé : Non, effectivement.
M. Beauregard (Luc) : Bien, ce
sera peut-être à une autre place, à une autre table ou ailleurs, mais, pour
nous, il y a une importance, là, du choix. Et, comme je l'ai dit, une brèche là
pourrait se répercuter ailleurs, ce qu'on ne veut pas pour les travailleurs et
travailleuses du Québec.
M. Dubé : Parce que ce qui
est important ici, M. Beauregard, là... Puis je vais vous redonner le temps de
répondre à mes autres questions, mais, dans le cas de la construction, les gens
ont demandé à faire une exception à la loi n° 30 pour avoir du
plurisyndicalisme par catégories. Ça fait que ça se fait si on veut le faire.
M. Beauregard (Luc) : Oui.
M. Dubé : Bien, en ce moment,
ce qui est proposé, c'est quatre catégories puis un syndicat par catégorie. La
loi n° 30 est comme ça. Vous, vous dites... Est-ce que c'est quelque
chose que vous pourriez considérer? C'est un peu ça que j'entends.
M. Beauregard (Luc) : Moi, je
pense que c'est quelque chose qu'on pourrait considérer...
M. Dubé : OK, pour qu'on soit
clairs.
M. Beauregard (Luc) : ...de
regarder sous la forme de ça, sans être nécessairement cette façon de faire là
exacte, mais, sous cette forme-là, on pourrait regarder.
M. Dubé : OK. Revenons aux
éléments de la réforme Couillard 2003, une négociation, une convention
collective avec des aménagements locaux pour permettre des choix individuels.
Je veux vous entendre là-dessus.
M. Beauregard (Luc) : Pour ce
qui est d'une convention collective, le danger, c'est une centralisation
extrême. Il y a des façons de faire qui se passent de façon différente dans les
milieux, dans les régions. Est-ce que... est-ce que la négociation locale par
les matières locales est la meilleure façon? Je pense qu'on pourrait en
discuter ailleurs. Est-ce que ça peut être par des arrangements locaux? Parce
qu'il y a une différence entre les matières et les arrangements locaux. Parce
que, quand vous parlez que, une matière locale, le syndicat peut bloquer, je
veux juste dire aussi que le patron aussi peut bloquer, hein? Ça va dans les
deux sens, cette partie-là.
M. Dubé : Les deux peuvent le
faire.
M. Beauregard (Luc) : C'est
ça, les deux peuvent le faire.
M. Dubé : Vous avez
absolument raison.
M. Beauregard (Luc) : Il peut
y avoir... il peut y avoir une problématique qui a été amenée par le personnel,
puis que le patron peut vouloir le bloquer. Ça, c'est une chose. Pour ce qui
est des arrangements locaux...
M. Dubé : Non, mais c'est
parce que, tantôt, ce n'était pas reconnu, que ça pouvait être bloqué. Là, vous
dites... Vous le reconnaissez, que ça peut être bloqué.
M. Beauregard (Luc) : Oui.
Pour ce qui est des arrangements locaux, la problématique qu'on voit, c'est qu'un
arrangement local, à la fin d'une convention nationale, tombe, et il y a un
pouvoir d'employeur de dire : Moi, je ne veux pas le renégocier parce qu'il
y a une partie dans la convention. Et là on ajoute aussi qu'il pourrait y avoir
entente si, par exemple, il y a un autre modèle qu'il existe des ententes.
Moi, je pense qu'il va falloir qu'il y ait...
Si jamais on s'en allait vers ça, je pense qu'on va... il va y avoir besoin de
bonnes discussions, parce que ça va prendre des crans de sûreté pour ne pas
que... je vais faire attention puis je vais aller dans les deux sens, pour
ne pas qu'un côté ou l'autre lève la barricade et empêche le mouvement, parce
que, je l'ai dit, il est dans les deux sens. Je ne sais pas si tu veux ajouter.
M. Dubé : Écoutez, si on
continue la... Voulez-vous faire un commentaire? Ah non! Allez-y, allez-y. Excusez-moi.
Mme Dumaine (Isabelle) : Bien,
tout ce que je voulais ajouter, c'est que ce qui est... les 26 matières
locales, c'est qu'elles représentent bien les réalités des gens sur le terrain,
parce que l'on comprend très bien que ce qui se passe dans la grande région de
Montréal ou ce qui pourrait se passer en région, Gaspésie, tout ça, ce n'est
pas la même chose, d'où l'importance de conserver ces matières-là qu'on... qu'elles
s'appellent 26 matières locales, arrangements locaux, mais...
M. Dubé : Qu'ils soient dans
une convention ou pas, là, c'est ça. OK.
Mme Dumaine (Isabelle) : On
doit... on doit vraiment tenir compte des réalités régionales dans l'organisation
du travail de chaque réseau.
M. Dubé : Bien, moi, en tout
cas, je vais vous dire, M. le Président... Il me reste combien de temps, là?
Le Président (M. Provençal)
:Un peu plus de deux minutes.
M. Dubé : OK. Je veux juste
continuer là-dessus parce que... Je suis certain que mes collègues vont trouver
d'autres sujets, là, mais moi... Parce que vous avez... vous avez raison, mais
je veux juste vous rassurer aussi que, lorsqu'on parle d'un processus
d'employeur <unique...
M. Dubé :
...lorsqu'on
parle d'un processus d'employeur >unique, qu'il y ait quatre conventions
ou qu'il y en ait huit, là, s'il y en avait, par exemple, deux par catégorie,
c'est quand même une grande différence avec 136 aujourd'hui, là. C'est ça que
je pense que je veux que les gens réalisent. Sauf que, peu importe le genre de
convention qu'on ferait pour dans trois ans, elles vont devoir être
négociées, et c'est là-dessus que je veux vous référer, parce que le principe
de la loi sur les négociations dit ça. Ça fait que, je veux vous rassurer, ça
ne pourra pas être imposé. On peut s'entendre que le projet...
Une voix : ...
M. Dubé : Non, mais, soyons
clairs, là. Le projet de loi n° 15 va dire : Il
va y avoir un employeur, ça, ça va être décidé, un employeur unique si on
accepte le projet de loi dans sa forme actuelle sur ça. Maintenant, combien? On
pourrait faire un amendement pour avoir plus qu'une... plus que quatre
catégories. Est-ce qu'on va au plurisyndical? C'est des choses qu'on peut
regarder. Puis c'est pour ça que je suis content de vous avoir entendus
là-dessus.
Je ne pense pas qu'il me reste beaucoup de
temps, mais allez-y. Vous avez l'air de vouloir faire un autre commentaire.
M. Beauregard (Luc) : Bien,
deux choses. Moi, je pense qu'il faut faire attention à ne pas perdre le
rapport de force équitable et juste entre les parties. Et j'espère, puis là je
le dis à la blague, j'espère qu'on aura l'enregistrement, parce qu'on vient de
se faire dire que ça ne pourra pas être imposé, les conditions de travail.
Donc, il ne pourra jamais... il n'y aura pas de décret sur une convention
collective qui serait négociée. Donc, je veux juste dire ça. Mais...
M. Dubé : Il faut respecter
la loi sur les négociations, puis c'est exactement ce que ma collègue a dit
lorsqu'on a déposé le projet de loi n° 15, lorsqu'on
a dit : On fait... on met les négociations en dehors de ça, on reporte
cette décision-là lorsque la convention qui est négociée actuellement sera
reportée. Voilà. Moi, c'est...
Le Président (M. Provençal)
:Et je vous confirme qu'il y a un
enregistrement et il y a une transcription. Alors, vous allez avoir deux éléments.
Sur ce, je cède la parole au député de Pontiac.
M. Fortin :Merci, M. le Président. D'abord, bonjour à vous. Merci
d'être là. J'étais content d'entendre le ministre dire qu'il respecte Mme Bouchard
qui est passée avant vous. On devrait peut-être passer le message au premier
ministre. Mais je dois vous dire, M. le ministre, que, quand vous faites ce que
vous avez fait à la période des questions ce matin, c'est-à-dire de répondre à une
question en affirmant qu'à peu près tout le monde qui est passé hier en
commission parlementaire était plus intéressé par leur structure syndicale qu'à
autre chose, c'est-à-dire à l'amélioration des soins à la population, ce n'est
pas une très grande marque de respect pour les gens qui viennent ici, en
commission parlementaire.
Est-ce que vous avez été consultés pour le
projet de loi qui est devant nous aujourd'hui? Est-ce qu'on vous a parlé avant?
Est-ce qu'on vous a dit : On va créer une agence? Qu'est-ce que vous en
pensez? On va changer l'organisation, la gouvernance. Est-ce qu'on vous a
consultés là-dessus?
M. Beauregard (Luc) : Bien, on
a été en table de concertation sur le plan santé général. On n'a pas tout vu
les blocs. Et il y a des choses... Puis le ministre est au courant. On lui a
déjà dit qu'il y avait parfois des annonces qui étaient faites en parallèle,
lorsqu'on est en réunion, et qu'on n'appréciait pas beaucoup. Mais est-ce qu'on
a été consultés sur tous les points qui sont là? Bien, je vous dirais non,
parce que... D'entrée de jeu, je disais qu'on a reçu le plan, que le temps pour
l'analyser... pas le plan, mais le projet de loi, puis le temps pour l'analyser
était très restreint entre le moment et là. Donc, on... Il y a des bribes qu'on
présumait, mais on... tant qu'on n'a pas l'écrit, hein, on ne sait jamais ce qu'il
en est.
• (12 h 40) •
M. Fortin :L'amélioration des soins à la population, là, vos
5 000 membres, là, vos 5 000 infirmières, infirmières auxiliaires
qui sont... que vous représentez, là, très clairement, ils ont à coeur les
soins à la population. Est-ce que... Là-dedans, là, dans le projet de loi n° 15, là, qu'est-ce que vous voyez qui va améliorer les
soins à la population?
Mme Dumaine (Isabelle) : Je
pense que je vais avoir la même réponse que tous ceux et celles qui sont passés
avant moi : Rien. Ce n'est pas un projet de loi qui parle d'amélioration
des soins offerts à la population. Donc, en fait d'attraction, rétention, ce
n'est pas ici qu'on va aller chercher des conditions.
M. Beauregard (Luc) : ...la
réponse qui était donnée tantôt : C'est en... c'est en négociation. Bien,
on pense que c'est là aussi. On apporte des choses à la table de négociation.
Je pense, il faut les écouter. C'est le terrain qui parle.
M. Fortin :Très bien. Je vais regarder votre mémoire de façon
spécifique, là. Vous demandez... Parce qu'on... Le ministre parle souvent de
décentralisation à travers son projet de loi et il essaie de... et il essaie de
dire, de vendre le message que c'est de la décentralisation, son projet de loi.
Vous, à la page 7, vous avez une recommandation 3.4 : «Retirer
du projet de loi n° 15 toutes les dispositions visant
à maintenir l'abolition des plans d'action locaux.» J'aimerais ça vous <entendre...
M. Fortin :
...visant à maintenir l'abolition des plans d'action
locaux.» J'aimerais ça vous >entendre là-dessus, sur votre... sur cette
recommandation-là, là. Qu'est-ce qui vous inquiète spécifiquement?
Mme Goulet (Lise) :Bien, notre prémisse, c'est que c'est la crise sanitaire
qui a mis en lumière les vulnérabilités au niveau de la santé publique. Et,
d'entrée de jeu, dans le plan santé, c'est l'enjeu qui est présenté. On s'est
dit : Partons avec l'enjeu des crises sanitaires. Il y en aura d'autres.
Il y a des lacunes majeures. Et on s'est rendu compte, dans tous les rapports
d'enquête, que ce soit la... pas la vérificatrice, mais la Protectrice du
citoyen, la Commissaire à la santé, tous les rapports d'enquête indépendants
dans les CHSLD ont mis en lumière les difficultés en termes de délais dans la
prise de décision et les confusions dans les directives ministérielles. Ça, c'est...
Je pense que le gouvernement l'a reconnu aussi.
Le problème, c'est qu'en matière de
gestion des risques, au niveau de la santé publique, c'est les principes de
précaution et de prévention qui doivent s'appliquer. La rapidité d'action,
c'est la clé pour se protéger des prochaines crises sanitaires, et on croit que
ça prend une planification de proximité. Donc, ce n'est pas d'avoir toutes les
données en santé publique centralisées pour que la meilleure prise de décision
soit prise en temps opportun et que ça redescende. Pour nous, c'est vraiment
s'assurer que les milieux soient bien formés, bien équipés, aient des plans
d'intervention bien définis pour pouvoir agir rapidement, dès que possible.
Alors, on croit sincèrement que ça doit être ramené au niveau local. Puis c'est
un enjeu de santé et sécurité pour l'ensemble des citoyens du Québec et aussi
pour nos travailleurs, qui ont grandement écopé lors de la pandémie.
M. Fortin :Page 14, recommandation 6, dans votre mémoire,
vous voulez qu'à travers un calcul public Santé Québec alloue aux différentes
régions, là, en fonction de leur population, en fonction de leur démographie
puis des particularités qu'elles pourraient avoir, les ressources qu'elles sont
nécessaires pour donner... qui sont nécessaires pour donner des soins à la
population. Moi, je n'ai pas de problème avec ça. On a déjà dit... Parce qu'il
y a beaucoup d'intervenants de ma région, entre autres, qui se sont prononcés
favorablement par rapport à quelque chose comme ça pour s'assurer que les
budgets sont au rendez-vous, qu'on porterait ce message-là puis qu'on
présenterait des amendements en ce sens-là. Mais ce que vous essayez de faire
ici, c'est de dire : Il faut que ce soit mis sur la place publique, la
façon que vous allouez des ressources, là, si je comprends bien. C'est plus...
c'est plus l'aspect de le mettre sur la place publique que de jouer dans le
calcul, là.
Mme Goulet (Lise) :Oui. Bien, c'est aussi de connaître quels sont les
indicateurs utilisés pour, justement, allouer les budgets. Donc... Puis nous,
on travaille en centrale. On travaille beaucoup en alliance sociale. On siège à
la Coalition Solidarité Santé. Il y a des coalitions d'organismes de citoyens
qui ont fait cette demande-là, et on en a fait nôtre, parce qu'on trouve
important que tous les gens, à la grandeur du Québec, soient informés des
décisions qui sont prises et comment elles sont prises, parce que tout le monde
a le droit d'avoir accès à la santé. Donc, le droit à la santé, c'est pour l'ensemble
des citoyens.
M. Fortin :OK. Bien d'accord avec vous. Je prends une dernière de vos
recommandations, là, la recommandation 8. Vous demandez à ce que, dans les
différents... À 8.2, là, vous dites, essentiellement, de prévoir des règles de
fonctionnement du conseil d'établissement pour qu'il y ait des mécanismes de
consultation, de concertation avec les différentes organisations de la
communauté. Dans le cadre... Si c'était le conseil d'administration actuel, là,
celui qu'on reconnaît aux CISSS et aux CIUSSS, là, qui ont des pouvoirs
décisionnels, des pouvoirs d'influence sur la direction d'un CISSS ou d'un
CIUSSS, ça ferait du sens, mais là le ministre nous dit que les conseils
d'établissement, ils ont surtout une vocation de reddition de comptes, ils ont
surtout une vocation de mesure de performance. Alors, à partir du moment où ils
n'ont pas vraiment de pouvoir décisionnel, ça donne-tu vraiment quelque chose
d'avoir cette consultation-là s'ils font juste faire de la reddition de comptes
puis de la mesure de performance?
Mme Goulet (Lise) :Bien, on pense que, minimalement... Quand il y a eu la
fusion des établissements en 2015, on a perdu beaucoup d'instances de
concertation locales qui permettaient de bien comprendre les besoins
particuliers et les défis des populations. Et on souhaite ramener des instances
démocratiques dans la gouvernance du réseau, parce que, pour nous, il y a une
différence entre la gestion décentralisée et la gouvernance décentralisée. Tu sais,
on joue sur les mots, mais il reste que plus il y aura de gens qui participent
à définir les priorités, les besoins de leur population, bien, plus les gens
pourront questionner, suivre les décisions qui seraient prises, que ce soit au
niveau local, régional ou national. Il faut donner accès aux processus de
consultation et de délibération pour...
M. Fortin :Je suis d'accord avec vous là-dessus, sauf que le CE, là,
le conseil d'établissement ne <participe plus lui-même...
M. Fortin :
...le conseil d'établissement ne >participe
plus lui-même à ces décisions-là. Alors, il faudra se trouver un autre endroit
pour le faire, je suis d'accord avec vous, mais malheureusement ce pouvoir-là a
été enlevé aux conseils d'administration tels qu'on les connaît. Ça va, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci.
Une voix : ...
M. Fortin :À peine.
Le Président (M. Provençal)
:À peine. Il reste 1 min 30 s.
Mme Setlakwe : Revenons sur
l'amélioration des soins, là. Ça, c'est capital. Évidemment, les conditions de
travail, c'est très important que les bonnes instances aient voix au chapitre,
mais vous, vous parlez aussi beaucoup du principe de précaution puis de
prévention. On le sait, que c'est important, et, de votre point de vue, ça ne
se trouve nulle part, c'est... ça ne prend pas une place assez importante dans
la législation.
Mme Dumaine (Isabelle) : En
fait, le principe de précaution, on l'a vu durant la pandémie, n'existe pas.
Vous savez que le principe de précaution, c'est qu'on doit s'assurer de tout
mettre en place, tant qu'on ne peut pas exclure hors de tout doute les
conséquences. Donc, durant la pandémie, on ne savait pas exactement le mode de
transmission, tout ça. Les syndicats demandaient les EPI, les N95, tout ça, en
se disant : On doit protéger. Quand on saura que ce n'est pas
transmissible par gouttelettes, bien, on pourra se contenter des masques de
procédure. Et, nous, ce qu'on demande, c'est que le principe de précaution soit
la base même. C'est... Pour nous, c'est fondamental, là. Lise, je ne sais pas
si tu veux ajouter.
Mme Goulet (Lise) :Oui. C'est la coroner Géhane Kamel elle-même qui a dit
que... après avoir entendu l'ensemble des témoignages, qui reconnaît que c'est
urgent que ces deux principes-là soient enchâssés dans les différents textes
législatifs et réglementaires.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, afin de
permettre à nos deux collègues de pouvoir procéder aux échanges, j'ai besoin
d'un consentement pour un sept minutes additionnel. Consentement? Merci. Alors,
M. le député de Rosemont.
M. Marissal : C'est une
question loadée. Je serais bien mal placé pour dire non. Non, déjà que je n'ai
pas beaucoup de temps, je ne vais pas m'en priver en plus. Merci, M. le
Président. Merci d'être là, à vous trois.
Peut-être une précision, d'abord, pour le
ministre. J'ai fait une petite recherche pour lui, parce qu'il parle depuis
hier des salariés dans le réseau qui sont en libération syndicale. Puis ça a
l'air bien important pour lui, là, parce qu'il demande à tout le monde. Il vous
l'a demandé aussi, là. Permettez l'aparté. J'ai même cru comprendre hier qu'il
y avait un lien entre les libérations syndicales puis la pénurie de
main-d'œuvre dans le réseau. Enfin, juste pour votre gouverne, M. le ministre,
là, dans l'est de Montréal, sur 5 000 membres de la FIQ, il y en a 20
qui sont en libération syndicale. Ça fait que je comprends qu'on a besoin de
tout le monde, là, mais 20 sur 5 000, ça fait 0,4 %. C'est un chiffre
qui est comparable à la moyenne québécoise. Je ne sais pas où est-ce qu'on s'en
va avec ça depuis hier, là.
Moi, je regarderais peut-être plutôt du
côté des cadres intermédiaires, qui sont assez nombreux aussi et qui sont
généralement prêts à fonctionner sur le terrain. Moi, je l'ai vu, de mes yeux
vu, notamment à Valleyfield... non, Sorel, Sorel, en pleine crise, qu'il y
avait deux déléguées syndicales qui avait remis leurs sarraus blancs puis qui
travaillaient comme infirmières, puis il y avait je ne sais pas combien de
cadres intermédiaires qui étaient dans des bureaux. Je suis sûr qu'elles
travaillaient, mais elles auraient pu aller donner un coup de main aussi. Ça
fait que je ne sais pas...
Si on cherche du monde, on peut en trouver,
là, mais ce n'est peut-être pas du côté des libérations syndicales. Et puis,
comme dit un ami qui travaille dans le réseau de la santé, vous savez, la
machine nourrit la machine. S'il y a des gens en libération syndicale, c'est
parce qu'ils ont du travail syndical à faire. Peut-être que c'est parce que ça
ne marche pas super rondement dans le réseau de la santé. Je dis ça de même,
là.
Alors, je reviens à vous. Pardonnez la
digression, mais, comme j'ai tellement de temps, je me suis permis.
• (12 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
:Il vous reste 1 min 30 s.
M. Marissal : Pourquoi vous
parliez de hausse de contestations au Tribunal administratif du travail? Je
n'ai pas très bien compris.
Mme Goulet (Lise) :Bien, à la lecture du projet de loi, on a constaté vraiment
beaucoup, beaucoup de mesures pour mieux encadrer les autorisations, les
certifications. Bref, on... Pour nous, ça a été frappant de constater le nombre
de dispositions nécessaires pour encadrer les prestataires privés. Et on a
répertorié tous les endroits où une décision pourrait faire l'objet soit d'une
demande soit de révision ou de contestation et on est allés voir, justement,
dans... au tribunal administratif... Tribunal administratif du Québec, la liste
des contestations. Il y en a plus d'une quarantaine, de motifs de contestation
qui touchent actuellement soit le ministère, la RAMQ, les CISSS, les CIUSSS. Et,
dans le bilan d'activité de ce tribunal-là, la très grande majorité des
poursuites ou des contestations viennent du secteur de la santé. C'est plus de
6 000 par année. Donc, on se dit : Bien, s'il y a plus de <partenaires...
Mme Goulet (Lise) :
...s'il y a plus de >partenaires privés qu'on
surveille, qu'on encadre, qu'on dirige, puis qu'on leur donne la possibilité de
contester, bien, forcément, pour nous, mathématiquement, il risque d'y avoir
davantage de contestations.
M. Beauregard (Luc) : Puis
plus il y a de groupes à vérifier puis à encadrer, plus il y a de chances
d'avoir des contestations juridiques. C'est une loi, hein, ça fait que...
Là, je veux juste revenir sur ce que vous
avez dit au début aussi par rapport aux libérés syndicaux versus... Parce que
j'ai entendu, moi aussi, hier. Je vous ai écoutés hier, hein, quand même.
M. Arseneau n'était pas là, mais je vous ai écoutés, et, quand vous
passiez le message en disant : Peut-être qu'ils auraient dû mettre le
sarrau pour aller travailler... Ce n'est pas comme ça que vous l'avez dit, là,
mais est-ce que ça aurait pu être ça? Moi, je présume qu'une chance qu'ils étaient
là, parce que peut-être que ça a empêché des problématiques beaucoup plus...
qui n'ont pas eu lieu parce qu'il y a eu des ententes, il y a eu des
discussions qui ont été faites entre les libérés syndicaux et les patrons pour
arriver à des solutions pour avancer dans le milieu.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup de cette précision. M.
le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Moi aussi, je suis surpris de voir ou de constater une certaine
obsession de la part du ministre sur les libérations syndicales. Puis ce à quoi
je pensais, c'est qu'il y a quand même un besoin d'au moins
1 100 omnipraticiens dans le réseau, puis je me demandais combien il
y avait de médecins dans l'administration du ministère ou des établissements
dans le réseau de la santé, parce qu'évidemment, là, on a aussi besoin de
médecins sur le terrain.
J'aimerais aborder trois questions
dans un peu moins de trois minutes avec vous. Vous parlez d'avoir des
objectifs locaux distincts pour faire, justement, une différence entre les
enjeux, disons, de l'ensemble du Québec puis les localités, les régions. Moi,
ça vient me toucher. Je viens des Îles-de-la-Madeleine. Pourquoi c'est
important pour vous?
Mme Dumaine (Isabelle) : Bien,
en fait, comme je disais, chaque région a ses enjeux, n'a pas la même
disponibilité de main-d'oeuvre, souvent des grands territoires, des immenses
territoires à couvrir. Et on l'a vu dans les dernières années, hein, les
fermetures de services, tout ça, pour toutes sortes de raisons, soit manque de
personnel soit manque de médecins. Et, pour nous, c'est important que chaque
région puisse pouvoir établir, justement, ses propres besoins, là, que ça ne
parte pas d'en haut et que, là, après ça, on dise : Bien, voilà, c'est ce
qu'on vous donne, débrouillez-vous avec ça, là.
M. Arseneau : Donc, c'est ça,
ça ne peut pas être juste une seule formule, une seule façon de faire pour
l'ensemble des régions. Je le comprends et j'y souscris. Puis, de cette
façon-là, on a besoin aussi de l'apport des communautés. Qu'est-ce que vous
pensez, par exemple, de la proposition de l'ancien ministre Michel Clair, qui a
dit : Il faudrait une espèce de conseil de surveillance composé de
représentants de la communauté, des milieux, même des maires, et ainsi de
suite, pour, justement, formuler leurs besoins puis agir comme un certain
contre-pouvoir? Est-ce que vous voyez ça comme une... d'un bon oeil ou de... une
autre structure, là, qui permettrait à la population de participer?
Mme Goulet (Lise) :Bien, encore une fois, le choix des mots est important,
parce qu'une structure de surveillance, ce n'est pas une structure de
planification, d'identification des besoins. Donc, on en revient à c'est quoi,
le mandat, c'est quoi, le rôle, qui prend les décisions. Donc, la structure de
vigie, de surveillance ou... Je veux dire, si les décisions ont été prises en
haut, puis ça ne répond pas aux besoins locaux, on surveille quoi, au juste? On
surveille l'atteinte de cibles nationales qui ne correspondent peut-être pas à
nos besoins régionaux.
M. Arseneau : Donc, même si
on pourrait y voir un pouvoir d'influence, vous en voulez davantage. Bien, je
souscris à ça.
Ma dernière question... Il me reste
quelques secondes. Il y a 33 minutes, M. le ministre, qui est omniprésent
non seulement à la commission, mais sur Twitter, vient de publier un carré Web
qui dit que, pour être un employeur de choix, là, Santé Québec va vraiment
permettre de miser sur une gestion locale de l'organisation du travail avec des
leviers innovants. Est-ce que ça vous convainc?
M. Beauregard (Luc) : Bien, est-ce
que ça me convainc? Je ne l'ai pas lu encore, ça fait que... Mais tout ça pour dire
que la partie importante, c'est qu'il faut qu'il y ait un réel pouvoir au
local. On parle de décentralisation en centralisant. J'ai un petit peu de
difficulté, là. Donc, ça, c'est une grosse problématique qu'on y voit. Il faut
redonner le pouvoir au local, parce que la gestion entre Montréal puis
Chandler, elle ne se fait pas de la même façon. Puis, même, je dis ça, mais RNicolet
et Montréal, j'ai eu besoin d'aller à l'urgence, je suis allé à Nicolet,
j'étais sûr de passer plus rapidement, mais leur gestion n'est pas la même.
Donc, il y a un besoin de retourner au local pour les décisions.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Donc, nous <venons...
M. Beauregard (Luc) :
...pour
les décisions.
M. Arseneau : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:
Merci beaucoup. Donc, nous >venons
de compléter l'échange avec les représentants de la Centrale des syndicats du
Québec et la Fédération de la Santé du Québec. Merci beaucoup pour votre
présence.
Je vais suspendre les travaux jusqu'à
15 heures. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 06)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
de la santé et des services sociaux reprend ses travaux. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 15, Loi visant à rendre
le système de santé et de services sociaux plus efficace.
Cet après-midi, nous entendrons les
témoins suivants : la Fédération médicale étudiante du Québec, l'Ordre des
infirmières et infirmiers du Québec, l'Ordre des psychologues du Québec et l'Association
des infirmières praticiennes spécialisées du Québec.
Compte tenu que notre séance a débuté six
minutes plus tard, je vous demande un consentement pour qu'on puisse
extensionner d'un six minutes notre... Ça va? Merci beaucoup.
Nous accueillons maintenant la Fédération
médicale étudiante du Québec. Alors, mesdames, vous avez un 10 minutes
pour votre exposé. Par la suite, nous allons procéder aux échanges. Et je vous
cède la parole.
Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ)
Mme Blouin (Victoria) : M. le
Président, M. le ministre, MM. et Mmes les députés, bonjour. Je m'appelle
Victoria Blouin. Je suis étudiante en médecine et je suis présidente de la
Fédération médicale étudiante du Québec. Je suis accompagnée de mes collègues
Isabelle Tapp, vice-présidente de la FMEQ, et Vanessa Bisson-Gervais, déléguée
aux affaires politiques de la FMEQ.
La FMEQ représente plus de 4 000 étudiants
et étudiantes en médecine répartis dans quatre facultés et 10 campus au
Québec. Depuis presque 50 ans, notre mission est de représenter et de
défendre leurs intérêts communs sur les plans académique, social, politique et
de bien-être.
Tout d'abord, nous tenons à remercier la commission
pour son invitation et aimerions souligner que nous sommes la seule organisation
d'étudiants en santé appelée à commenter le projet de loi. À ce titre, nous
voulons mettre de l'avant la perspective de la relève médicale quant à l'avenir
du système de santé dans lequel nous oeuvrerons. Nous discuterons de l'impact
du projet de loi sur l'organisation de l'éducation médicale, sur la
planification des effectifs médicaux et sur la qualité de l'enseignement reçu
par les futurs médecins dans un contexte de privatisation des services de
santé. Nous formulerons également nos propositions d'amendement aux articles 371,
392 et 393.
Nous souhaitons, premièrement, aborder l'impact
du projet de loi sur l'éducation médicale. Entre 2020 et 2024, le nombre d'admissions
en médecine connaîtra une augmentation impressionnante de 37 % pour
contrer la pénurie de médecins à laquelle fait face le Québec. Comme vous le
savez peut-être, les étudiants en médecine doivent compléter un doctorat en
médecine de quatre ou cinq ans avant de poursuivre leur formation à la
résidence. Les deux dernières années du doctorat sont entièrement dédiées à des
stages en milieu clinique. L'exposition clinique est clé pour assurer la
qualité de l'enseignement et devient rapidement un enjeu dans le contexte de la
hausse des admissions en médecine. Nous avons donc besoin de la collaboration
des établissements de santé pour assurer cette exposition clinique et permettre
la pérennité de la formation médicale.
Bien que le projet de loi mette fin aux
désignations de centre affilié universitaire et de CIUSSS, nous croyons qu'il
peut également agir comme levier pour assurer l'imputabilité de l'ensemble du
réseau. Nous suggérons donc d'amender l'article 371 du projet de loi afin
d'ajouter l'enseignement et la formation des futurs professionnels de la santé
dans la mission de tous les établissements qui composent les réseaux
universitaires intégrés de services de santé et de services sociaux, soit les
RUISSS. Nous pensons que cette mission ajoutée permettra de responsabiliser les
établissements face à l'enseignement et de donner la latitude pour développer
des milieux d'enseignement clinique à l'extérieur des grands centres, le tout
dans le but de faciliter l'accueil d'étudiants en stage sur l'ensemble du
territoire et de répondre aux défis d'exposition clinique dans un contexte de
hausse des admissions en médecine.
La relève médicale aimerait également
appeler à la prudence par rapport aux activités médicales particulières, ou AMP,
imposées aux médecins de famille et aux médecins spécialistes par le projet de
loi. Bien que nous reconnaissions la responsabilité collective des médecins d'offrir
des services à la population, nous craignons que ces AMP contribuent à la
dévalorisation du rôle d'enseignant des médecins, car elles divisent le temps
des médecins entre plusieurs responsabilités et ne reconnaissent pas
adéquatement le temps investi en enseignement. Considérant la hausse des
admissions décrites, nous suggérons de créer des AMP spécifiques à l'enseignement
afin de valoriser l'enseignement et d'assurer l'implication suffisante des
médecins dans la formation de la relève médicale, autant pour les médecins de
famille que pour les médecins spécialistes.
• (15 h 10) •
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : La
relève médicale souhaite ensuite attirer l'attention de la commission sur les
impacts du projet de loi sur la planification des effectifs médicaux aux
niveaux doctoral et postdoctoral. En ce moment, c'est la table de concertation
des effectifs médicaux, qui relève du ministère de la Santé et des Services
sociaux, qui a la responsabilité de déterminer le nombre de postes aux études
doctorales en médecine et aux études postdoctorales. Donc, on parle ici de la
résidence.
La relève étudiante médicale fait partie,
en ce moment, des discussions de la table de concertation, au même titre que le
collège, la FMOQ, la FMSQ, la FMRQ, les facultés de médecine, le MIFI et le
ministère de l'Enseignement supérieur. Pourtant, le projet de loi prévoit que
seulement le collège, les facultés de médecine et maintenant Santé Québec
seront responsables de planifier les effectifs en médecine. Nous émettons donc
la recommandation que la représentation de la relève médicale et des autres
acteurs <pertinents dans les...
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) :
...la recommandation que la représentation de la relève médicale et
des autres acteurs >pertinents dans les discussions entourant la
planification des effectifs médicaux soit enchâssée dans le projet de loi n° 15. La relève médicale est, de manière effective, la
plus concernée par la modification des places à la résidence, puisque
l'augmentation ou la réduction de certains postes auront des conséquences
directes sur le parcours de nos étudiants.
En poursuivant, la FMEQ milite depuis des
années pour la valorisation de la médecine en région auprès des étudiants en
médecine. On sait que les postes en région sont boudés par les étudiants et
qu'un grand travail d'attractivité doit être entrepris avec, notamment, des
mesures en amont dès l'admission en médecine. Bien que nous croyons à
l'importance d'assurer une distribution régionale des postes à travers le
Québec, on est d'avis que l'utilisation de mesures restrictives pour les
étudiants et les résidents, proposées dans l'article 392, est
contre-productive aux objectifs de recrutement et surtout de rétention des
futurs médecins en région. Cet article, qui est d'ailleurs présent dans la
LSSSS, est tout simplement désuet.
La résidence en médecine est une occasion
pour la relève d'explorer les diverses facettes de la pratique médicale, et
c'est aussi une période de grands changements, tant au niveau professionnel que
personnel. On est très inquiets, donc, à l'idée de rendre certains postes à la
résidence en spécialité conditionnels à la signature d'un contrat de retour de
services par des étudiants en médecine, et ce, quatre à sept ans avant le début
de leur pratique. À cet effet, on suggère donc d'abroger les mesures
restrictives. Et on pense que cela enverrait un message fort à la relève que la
distribution régionale ne doit pas reposer seulement sur les épaules des
médecins encore en formation.
Dans le même ordre d'idées, la FMEQ
demande d'abroger les articles qui prévoient des clauses pénales pour les
étudiants au niveau doctoral qui ne sont pas originaires du Québec mais qui
souhaitent pratiquer la médecine au Québec suite à leur formation.
Actuellement, un étudiant hors province, dès son admission en médecine, doit
signer une entente avec le ministère qui prévoit qu'il devra pratiquer dans une
région désignée par le ministre pendant quatre ans, sous peine de devoir
débourser une pénalité de 300 000 $. Cependant, les étudiants qui
décident de quitter le Québec et de pratiquer ailleurs au Canada sont exemptés
des clauses pénales prévues par le contrat. On préfère donc que nos médecins
formés ici pratiquent en Ontario plutôt qu'à Montréal, à Québec ou à
Sherbrooke. On suggère donc d'abroger l'article 393 afin d'assurer que les
étudiants hors province qui ont fait leurs études médicales au Québec, qui
connaissent le système de santé québécois et qui répondent aux normes de
maîtrise du français puissent, au terme de leurs études, pratiquer la médecine
au Québec sans condition restrictive. Dans un contexte de pénurie de
main-d'œuvre, le Québec ne peut se permettre de se priver de jeunes médecins
qui souhaitent travailler dans notre système de santé.
Mme Tapp (Isabelle) : La
FMEQ s'intéresse depuis longtemps aux questions portant sur la place du privé
en santé. On a d'ailleurs rédigé un mémoire cette année pour réfléchir à ce
phénomène en rassemblant les données probantes sur le sujet.
Donc, à la lecture du projet de loi n° 15, nous constatons que le recours au privé continue
d'être l'approche privilégiée pour améliorer l'accès aux soins pour la
population, notamment via l'article 542... 452, pardon. Nous croyons qu'il
s'agit d'un enjeu de société qui mérite d'être étudié avec diligence et en
tenant compte de la littérature scientifique. Pour cette raison, nous
recommandons, dans notre mémoire, la création d'une commission spéciale sur la
place du privé en santé au Québec. Cette initiative permettrait de réunir
l'ensemble des acteurs impliqués et d'établir des balises solides sur les
orientations d'avenir pour assurer un système de santé pérenne et efficace.
Également, nous sommes solidaires de
l'intention du projet de loi n° 15 de favoriser le
meilleur accès aux soins pour la population. Nous croyons toutefois que
l'occasion doit être saisie d'intégrer des facteurs de qualité des soins qui
vont au-delà des statistiques d'accès aux services déjà mentionnés dans le
projet de loi. Les données probantes démontrent qu'une évaluation rigoureuse et
juste de la qualité des soins doit inclure des facteurs qualitatifs tels que la
continuité, la globalité et l'intégralité des soins.
Enfin, l'ouverture à une plus grande place
au privé suscite des appréhensions en lien avec l'éducation médicale, en
particulier pour l'exposition clinique des étudiants en médecine. Les externes
en médecine ont un parcours académique qui se déroule presque exclusivement
dans les établissements publics. Ils ont donc accès à une exposition variée, à
des cas simples et complexes, en plus d'être mis en contact avec un
environnement d'interdisciplinarité qui les prépare à leur pratique future. Nous
redoutons le recours accru aux établissements privés puisqu'ils sont
historiquement peu impliqués dans la formation des futurs professionnels de la
santé. Un trop grand transfert de services ou un exode des cliniciens vers le
privé nous font craindre une atteinte aux standards de qualité de la formation
médicale. Nous souhaitons donc sensibiliser les membres de la commission aux
risques que pose le développement du privé en santé sur la formation des futurs
médecins. Nous n'accepterons pas de compromis sur la qualité de la formation,
particulièrement dans le contexte de hausse des admissions en médecine, qui
viendra mettre une pression accrue sur les milieux de stage.
Donc, en tant que relève médicale, nous
souhaitons ardemment que la réforme entreprise par le projet de loi n° 15 permette d'assurer la pérennité du système de santé
dans lequel nous sommes amenés à œuvrer plus tard. Étant aux premières loges
pour vivre l'expérience de formation médicale, nous sommes convaincus de
l'importance d'ajouter une mission d'enseignement à tous les établissements des
<RUISSS...
Mme Tapp (Isabelle) :
...nous
sommes convaincus de l'importance d'ajouter une mission d'enseignement à tous
les établissements des >RUISSS afin de générer l'imputabilité de
l'ensemble du réseau dans la formation des futurs professionnels de la santé.
Nous croyons aussi que des mesures coercitives ne devraient pas être imposées à
des étudiants et des médecins résidents qui en sont encore à développer leur
autonomie professionnelle. Plus encore, la fin des clauses pénales pour les
étudiants en médecine hors Québec aura un impact concret sur le recrutement et
la rétention des médecins, alors que le Québec connaît une pénurie importante
d'effectifs. Enfin, nous souhaitons insister sur les inquiétudes de la relève
concernant l'impact négatif de la privatisation sur la quantité et la qualité
de l'exposition clinique pour les étudiants, et qu'aucun compromis sur la
formation des futurs médecins n'est acceptable. Nous croyons à l'importance de
consulter la relève médicale dans l'élaboration des politiques de santé.
La FMEQ continuera de répondre présente
dans les consultations et les travaux qui découleront du projet de loi
n° 15, toujours dans la perspective de s'impliquer et de se mobiliser pour
un système de santé à la hauteur du potentiel et des ambitions du Québec. Merci
à tous.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, mesdames, pour votre
exposé. Nous allons maintenant procéder à la période d'échange. Alors, je vais
demander à M. le ministre d'initier cet échange.
M. Dubé : Très bien. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, mesdames, merci pour votre présentation. Je
voudrais juste, peut-être, faire une mention des excellents points que vous
avez soulevés, là. Je ferai, avec mes collègues, là, du gouvernement, peut-être
quelques questions spécifiques, mais une que je veux... je veux prendre comme
mise en situation, c'est le fait qu'effectivement PL n° 15
ne fait pas tout, hein? Je pense qu'on voudrait que ça fasse beaucoup de
choses, mais, à un moment donné, il faut se limiter dans nos... dans nos
objectifs.
Et la raison pour laquelle je veux me
concentrer sur peut-être deux points avant de tomber dans PL n° 15, c'est de dire que... Je l'ai vécu avec vous, parce
qu'on en a parlé, puis je dois vous remercier de nous avoir fait cette
suggestion-là, qui est en dehors du PL n° 15, c'est
que, dans la LSSSS, en ce moment, toute la question des AMP, entre autres, pour
les médecins de famille, vous nous avez demandé, puis à juste titre, de
simplifier, hein? Je pense qu'il n'y a personne qui est en désaccord avec le
principe des AMP, là. Puis on peut avoir... être plus ou moins d'accord avec ce
qu'il y a dedans, mais, pour que les Québécois qui nous écoutent... Je vous ai
entendus souvent dire : Oui, mais c'est très restrictif quand il faut
choisir l'AMP, qui n'est pas en même temps que le PREM, puis etc., là. Je pense
que les Québécois commencent à être un peu familiers avec nos expressions.
Et je veux vous remercier, parce que ce
changement-là qu'on est en train de faire... Vous avez vu l'annonce qu'on a
faite cette semaine à Rimouski, qu'on veut simplifier les PREM. Donc, on ne
change pas le principe des PREM ou des AMP qui sont dans le projet de loi, mais,
en même temps, je dirais que ce qui était difficile ou rendu très complexe
après 20 ans, c'était qu'à chaque fois on rajoutait une couche, un règlement supplémentaire,
puis, pour vous, jeunes médecins, c'était très compliqué. Alors, je veux juste
vous dire qu'on vous a écoutés là-dedans, parce que je pense que la réaction
qu'on a eue... Vous allez peut-être me dire : Bien, peut-être que ça ne va
pas encore assez loin, mais, déjà, on s'est entendus avec la fédération des
omnis qu'il y aurait peut-être d'autres annonces durant l'été sur... Puis là
vous avez parlé de certains ajustements au niveau des primes en région, etc. Ça
fait que je voulais vous remercier là-dessus, parce que... D'écouter ce que la
relève a à dire, je trouve ça important, mais ça n'a pas toujours besoin d'être
dans un projet de loi, parce que, des fois, c'est déjà là ou c'est des
règlements qu'on peut modifier.
Mon deuxième point... Puis je voulais
juste bien comprendre, parce que je demandais à Dr Bergeron, là, qui a pris la
place du Dr Opatrny, là, je ne sais pas si vous l'avez rencontré jusqu'à
maintenant, mais, sur la table de concertation, là, avec votre contribution à
la... On ne peut pas avoir mieux que ça pour la relève médicale. Vous êtes...
vous êtes là en ce moment-là. Ça va être vous, mon prochain docteur, parce que,
la dernière fois... Il y en a une qui est spécialiste. Il y en a une... Vous, à
droite, vous êtes une généraliste, vous allez vers omni?
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : ...résidence,
là. Donc...
M. Dubé : Oui, mais vous avez
dit que votre vision, c'était d'aller comme omni.
• (15 h 20) •
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : Oui,
oui, je m'en vais en médecine de famille, effectivement.
M. Dubé : En médecine de
famille. Est-ce qu'il faut dire médecine de famille ou médecine familiale?
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : Médecine
de famille est le terme à privilégier, des discussions générales qui ont eu
lieu dans les dernières... dans les derniers mois.
M. Dubé : Mais vous êtes
vraiment la relève. Vous êtes vraiment la relève.
Table de concertation, je n'ai pas compris
votre point. Qu'est-ce que vous dites? Est-ce qu'on va assez loin avec la
relève dans la table de... Parce que vous êtes déjà là, dans la table de
concertation.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : On
est là. En fait, historiquement, on est là. Je pense que c'est un travail qui
s'est fait un peu derrière... dans les coulisses, là, d'inclure différents
groupes. Mais nous, quand on lit la loi en ce moment... On dit que c'est le
collège qui va être là, les facultés de médecine et maintenant <Santé
Québec...
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) :
...on dit que c'est le collège qui va être là, les facultés de médecine et
maintenant >Santé Québec.
M. Dubé : Ce n'est pas
assez clair dans la loi. OK.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) :
Ce n'est pas assez clair que la relève va être là et que d'autres
organisations qui sont présentement sur la table vont être incluses. Donc,
nous, on veut que ce soit enchâssé dans la loi, que la relève va être présente
pour parler de ces enjeux-là.
M. Dubé : Je pense que
le Dr Bergeron vous entendue clairement, là.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) :
Parfait.
M. Dubé : Je ne veux pas
dire ce qu'il va faire, mais, en tout cas, il vous a entendue clairement. OK.
Vocation universitaire, j'ai un peu la
même... la même question. Pour moi, il y a... des fois, il y a des évidences qu'on
n'avait pas besoin de mettre dans la loi, mais ça vous inquiète, que ce ne soit
pas plus clair que ça dans la loi. Parce qu'il n'y a pas personne qui va
enlever une vocation universitaire aux CISSS et aux CIUSSS... bien, je devrais
dire aux CIUSSS, parce que c'est ça, le U, c'est la vocation universitaire. Ce
n'est pas clair puis ça vous inquiète.
Mme Blouin (Victoria) : Oui.
En fait, dans le projet de loi n° 15, ce qu'on voit,
c'est vraiment la définition des... des CHU, des centres hospitaliers universitaires,
puis des instituts universitaires, qui sont très, très peu sur le territoire du
Québec. Et, selon les informations que les facultés de médecine nous ont
données, beaucoup plus que 50 % de la formation des étudiants en médecine
et des résidents... médecins résidents se fait à l'extérieur de ces CHU,
instituts universitaires...
M. Dubé : Oui, c'est
vrai.
Mme Blouin (Victoria) : ...en
s'appuyant beaucoup sur les CIUSSS et sur les CISSS également, qui, de plus en
plus, accueillent des étudiants en médecine puis des médecins résidents.
M. Dubé : Qui ne sont
pas officiellement classés universitaires. Vous avez raison.
Mme Blouin (Victoria) : Mais
par contre...
M. Dubé : Alors, c'est
quoi, votre point là-dessus?
Mme Blouin (Victoria) : Donc,
comme on enlève des projets de loi la désignation de CIUSSS, on enlève le U des
établissements, et qu'on enlève les centres désignés universitaires...
M. Dubé : Je comprends.
Mme Blouin (Victoria) : ...on
craint que cette mission-là d'enseignement ne soit pas assez représentée dans
l'ensemble des territoires... l'ensemble du territoire, puisque... Au nombre
d'étudiants en médecine qu'on sera dans les prochaines années puis au nombre de
médecins résidents qu'on sera dans les prochaines années, on ne peut pas
seulement se fier sur les grands centres. On se doit d'utiliser les régions où
il y a des campus délocalisés et tous les hôpitaux communautaires autour.
M. Dubé : OK. Bien,
écoutez, on prendra le détail de votre recommandation, là. C'est pour ça que je
posais la question à M. Bergeron. On va revenir là-dessus. Mais je pense
que des députés de l'opposition vous entendent aussi, puis ils sont très bons à
nous rappeler ce que vous avez dit.
Je veux passer la parole à mes collègues.
Valorisation en région, ça, on en a parlé beaucoup avec votre association dans
les deux dernières années. Prenons l'exemple... Encore une fois, on n'avait pas
besoin du projet de loi, mais on en a... on a... L'annonce qu'on a faite à Rimouski
cette semaine, où on a annoncé, là, qu'on ouvrait avec la faculté de
l'Université Laval, qui est une faculté reconnue en médecine, mais là qui va
avoir, disons, un pied-à-terre plus qu'important avec l'UQAR à Rimouski, est-ce
que c'est... c'est suffisant ou vous demandez qu'on aille plus loin? Je veux
juste comprendre pourquoi vous en parlez à l'intérieur du projet de loi... dans
le cadre du projet de loi.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) :
En fait, le... la valorisation de la médecine en région, nous, c'est...
vous le savez, c'est un dossier qu'on mène depuis longtemps. On trouvait que le
projet de loi n° 15, c'était une belle plateforme,
là, pour ramener cet enjeu-là. Nous, on a des propositions qui ne s'intègrent
pas nécessairement dans le cadre du projet de loi n° 15
mais qui touchent tout ce qui est rétention mais également recrutement, là, donc,
c'est des choses dont on a déjà discuté, mais tout ce qui est bonification de
la cote R durant le parcours en médecine. On veut également favoriser l'exposition
clinique. Puis, encore une fois, ça passe par l'amendement de
l'article 371, où on vient ajouter une mission d'enseignement à tous les
établissements. On pense que c'est ça qui...
M. Dubé : OK. Donc, on
revient au point de tantôt, là. OK.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) :
Oui, exactement. Donc, c'était ça, le lien à faire.
M. Dubé : Je vais
laisser mes collègues, puis, s'il nous reste un peu de temps, j'aimerais ça
comprendre votre point de vue sur les clauses pénales. Mais je ne sais pas, M.
le Président, lequel de mes collègues voudrait...
Le Président (M. Provençal)
:Marie-Belle?
M. Dubé : Peut-être
qu'avant elle va vouloir nous parler des régions.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, Mme la députée de Bonaventure.
Mme Blouin (Bonaventure)
:
Oui. Bien, en fait, à vous entendre, je pense que c'est... Bonjour. D'abord,
merci d'être là. C'est franchement intéressant de vous entendre. Je pense qu'on
comprend bien que vous saisissez... vous êtes conscients des défis auxquels le
système de la santé fait face. Mais, vous, en tant que futures médecins,
j'aimerais vous entendre. C'est quoi, le principal défi, à votre avis?
Mme Blouin (Victoria) : À
défaut de répéter ce que plusieurs autres groupes ont dit, je pense que c'est
vraiment la pénurie d'effectifs qui est le plus grand défi pour notre système
de santé, dans les autres professions mais en médecine également. Puis, nous,
c'est, entre autres, de cette optique-là qu'on arrive, la relève. On veut
vraiment insister sur la formation médicale, parce qu'il n'y a pas de pérennité
dans un système de santé si on n'a pas de relève médicale pour assurer le suivi
puis la relève. Donc, c'est pour ça que nous, on insiste aujourd'hui, là, sur
la formation pour assurer les effectifs médicaux à long terme qui vont offrir
des services à la population à long terme.
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre aurait...
M. Dubé : Peut-être
juste pour compléter, parce que... Juste pour donner une statistique, là, aux
Québécois, là, quand on est arrivés en 2018, il se formait à peu près
800 médecins par année. Alors, on a visé à... Avec la dernière campagne
électorale... On est rendus à 1 000. À la dernière campagne, on a dit
qu'on voulait monter à 1 300. Ça fait que c'est quand même...
Alors, le point que les médecins en
résidence... médecins étudiants font en ce moment, c'est de dire : Il faut
avoir la formation qui suit, parce que c'est beau de les former, mais il faut
que l'entraînement dans les... dans les établissements soit <fait...
M. Dubé :
...mais il
faut que l'entraînement dans les... dans les établissements soit >fait.
Alors, je voulais juste dire que c'est une croissance très importante qu'on a
faite sur cinq ans. OK. Continue. Excuse-moi.
Mme Blouin (Bonaventure) : ...on
peut aussi cheminer sur la valorisation de l'enseignement. Donc, je pense que
vous avez des craintes par rapport à ça. Vous l'avez abordé brièvement. Mais en
quoi, actuellement, vous considérez que la... la valorisation, pardon, n'est
pas faite? Et qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer ça? Je sais que vous
avez nommé de les ajouter aux activités médicales particulières, mais est-ce
qu'il y a d'autres options aussi? En quoi ce serait bénéfique?
Mme Blouin (Victoria) : Bien,
certainement, on a parlé de la mission des établissements, donc, que ça fasse
partie vraiment de la mission puis des orientations stratégiques des établissements
d'inclure l'enseignement. Je pense que c'est un bon point pour assurer une
certaine imputabilité de ces établissements-là.
On a parlé des activités médicales
particulières. En médecine familiale, ces activités médicales particulières là
sont appliquées depuis des années. Puis ce que les facultés nous ont soulevé à
plusieurs moments, c'est qu'ils ont de la difficulté à recruter des médecins
enseignants en médecine familiale parce qu'ils sont tout simplement trop
occupés et divisés dans leurs responsabilités, et l'enseignement n'est pas
nécessairement valorisé dans ces activités-là.
Puis je pense aussi que... Je peux
soulever un autre point qui a été soulevé, là, entre autres, par le collège, la
FMSQ puis les facultés de médecine également sur la représentation dans les
conseils d'établissement. Les CIUSSS, en ce moment, ont deux représentants de
l'enseignement ou de la recherche sur leurs conseils d'administration, mais par
contre, dans les conseils d'établissement dorénavant, on va avoir seulement un
représentant de l'enseignement et de la recherche. Donc, d'assurer qu'il y a
cette représentation-là pour amener la perspective de la formation puis de la
recherche directement au sein des établissements.
Mme Blouin (Bonaventure) : Merci.
Des voix : ...
M. Dubé : ...pensez-y encore.
Clauses pénales, parlez-moi des clauses pénales. Je voudrais vous entendre
là-dessus. Clauses pénales, vous parlez pour les personnes qui viendraient
étudier au Québec puis qui ne feraient pas leur pratique au Québec. Gardons ça
simple pour commencer. C'est quoi que vous recommandez?
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : On
recommande, en fait, d'abroger ces clauses pénales là. C'est des discussions
qui ont été tenues, d'ailleurs, à la table de concertation. La table de
concertation n'avait pas le pouvoir d'annuler ces clauses-là parce que c'était,
justement, enchâssé dans la LSSSS. Donc, sur ce point-là, je pense que c'est...
Il y a un consensus comme quoi on devrait essayer d'attirer les médecins au
Québec plutôt que de les laisser partir travailler dans d'autres provinces,
alors qu'ils ont été formés ici, qu'ils connaissent le système, qu'ils
connaissent le français et qu'ils sont prêts à travailler puis à redonner ici.
Si je peux... si je peux mettre un
exemple, là, puis on parle des clauses pénales au niveau doctoral, moi, j'ai
des collègues, je suis en dernière année de médecine, j'ai un collègue qui a
décidé de quitter le Québec pour aller faire sa résidence en spécialité ailleurs
au Canada tout simplement parce que les clauses pénales faisaient en sorte
qu'il ne pourrait pas avoir le type de pratique qu'il souhaite. On vient donc
de perdre un médecin. Mais, pire encore, cette personne-là s'était fait une
copine au Québec. Donc là, ce n'est pas juste un médecin qu'on perd, c'est une
future médecin de famille qui a décidé de quitter pour... en raison des clauses
pénales.
M. Dubé : Bien, quand vous
parlez de la clause pénale, là, parlez-vous, bien, je vais dire, au niveau, par
exemple, de la médecine de famille, qu'on dit, et non familiale, c'est ça que
vous m'avez dit tantôt, ça veut dire, vous parlez, par exemple, qu'il y aurait
la prime pénale... la pénalité en vertu des PREM parce qu'il ne pratiquerait
pas dans la région où on lui a indiqué d'aller pratiquer? Est-ce que c'est ça?
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : Exactement.
Donc, ce serait...
M. Dubé : Donc, la perte du
30 % des honoraires.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : Donc...
Exactement. Donc, si c'est... Bien, on ne parle pas du 30 % des honoraires.
On parle vraiment d'une clause pénale distincte, là, qui est un 300 000 $
sur quatre ans qui devrait être versé.
M. Dubé : OK. Ah! vous ne
parliez pas des PREM. OK. Je comprends.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : C'est...
Disons...
M. Dubé : Mais comment...
comment on le règle, ça? Là, je ne sais pas si... Il me reste-tu encore un
petit peu de temps?
Le Président (M. Provençal)
:Oui, quatre minutes.
• (15 h 30) •
M. Dubé : Parce qu'on avance
avec... Pour être transparent avec vous, on en parle beaucoup avec la FMOQ, en
passant, de ça. C'est pour ça, quand on a parlé de l'allègement des PREM cette
semaine, quand j'étais à Rimouski, on a dit qu'il nous restait des discussions
à faire avec la FMOQ. Bien, parlez-vous... Quel est l'objectif? C'est d'enlever
complètement ces pénalités-là? C'est ça que je veux... je veux comprendre.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : Je
veux juste faire la distinction. On ne parle vraiment pas des PREM. On parle de
l'article 393 du projet de loi qui prévoit des clauses pénales distinctes,
là, pour les étudiants hors Québec. Donc, nous, on demande d'abroger l'article
complètement.
M. Dubé : Ah! pour les… OK. OK.
Excusez-moi, là. Je n'avais pas fait le lien.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) :
Oui, oui. La question de PREM vient s'ingérer un peu parce que c'est un permis
de pratique que les médecins vont aller chercher, mais c'est vraiment
secondaire à la question principale, qui est celle de la clause pénale...
M. Dubé : Je comprends.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) :
...qui est une clause pénale distincte, là. C'est un contrat que les étudiants
signent à leur entrée en médecine. Donc, on a des étudiants de 18, 19 ans
qui signent ce contrat-là, là, à leur entrée en médecine, alors que ça va
s'appliquer 10 ans plus tard.
M. Dubé : OK. Bien, on
reviendra là-dessus, parce que, si vous dites, pour vous, que c'est un élément
important, on devrait le garder. Puis, s'il me reste encore un peu de temps...
Le Président (M. Provençal)
:2 min 53 s.
M. Dubé : Ah! c'est beaucoup.
Privé en santé, vous avez... vous avez dit, entre autres... Je voudrais vous
comprendre, être certain que je comprends votre point. C'est que les stages que
vous faites dans le privé ne seraient pas aussi valorisants que dans le <public...
>
15 h 30 (version révisée)
<12223
M.
Dubé :
...que les stages que vous faites dans le privé ne
seraient pas aussi valorisants que dans le >public. J'ai peut-être mal
compris, mais... Puis là, vous, je sais que vous allez dans une spécialité. Vous
m'avez dit ça l'autre fois, là. J'espère que je ne suis pas en train de révéler
des secrets professionnels. Mais, pour une spécialité, les chances vont être
que vous allez aller dans un hôpital, plus qu'un médecin qui va peut-être
aller, je dirais, dans une GMF. Une GMF, c'est quand même privé. Je veux juste
voir... Je veux comprendre le sens quand vous avez dit : Est-ce que je
vais être moins bien formée parce que j'ai fait un stage au privé? Je veux juste
comprendre pourquoi vous dites ça, là.
Mme Tapp (Isabelle) : Bien,
en fait, ça découle directement que les établissements publics, présentement,
ils ont une mission d'enseignement. Donc, ils sont là pour accueillir les
étudiants.
M. Dubé : Ah! OK. OK. Là, je
comprends.
Mme Tapp (Isabelle) : Puis ça
fait partie, en fait, des tâches attendues par les cliniciens dans les
hôpitaux, dans les différents départements, d'accueillir des étudiants, puis ça
prend du temps. En fait, accueillir un externe puis superviser quelqu'un, ça
demande... il faut réviser les cas.
M. Dubé : Oui, puis ça prend des
superviseurs puis... Là, je comprends votre...
Mme Tapp (Isabelle) : Exactement.
Donc, quand on regarde le principe de fonctionnement d'un établissement privé,
qui a une plus grande, en fait, nécessité de faire du roulement puis une nécessité
de rentabiliser les ressources, finalement, bien, le fait de prendre du temps
pour un externe, de prendre une...
M. Dubé : Je comprends.
Mme Tapp (Isabelle) : ...le
temps nécessaire pour la supervision, bien, déjà, d'emblée, on...
M. Dubé : Mais, si je prends
les GMF-U, eux ont quand même des ressources pour être capables de s'occuper de
la formation d'un étudiant. Je me trompe?
Mme Tapp (Isabelle) : Bien,
effectivement, puis... Mais c'est qu'en fait, justement, avec ce modèle U là,
ça vient avec toute une structure d'enseignement qui permet d'accueillir des
externes, qui permet de...
M. Dubé : Mais c'est
peut-être parce que ça en prend plus si on a 1 300 médecins à former.
Est-ce que c'est...
Mme Tapp (Isabelle) : Bien, c'est
que le défi présentement, c'est justement d'aller recruter des milieux de stage
puis de recruter des médecins qui vont avoir le temps puis la possibilité de
superviser des externes.
M. Dubé : Ah! OK. Je
comprends. D'avoir la même expertise qu'on a dans un établissement
universitaire, il faut l'avoir au privé, dans les GMF-U.
Mme Tapp (Isabelle) : Dans
tous les milieux qui vont être recrutés, finalement.
M. Dubé : Dans tous les
milieux qui vont être...
Mme Blouin (Victoria) : Si je
peux me permettre...
M. Dubé : C'est très clair.
Bien, peut-être que vous pourrez répondre aux questions de mes collègues.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, M. le député de Pontiac va
poursuivre.
M. Fortin :...votre réponse.
Mme Blouin (Victoria) : ...qu'on
fait quand même une distinction entre les GMF-U, qui ont vraiment une
structure, versus les CMS, les cabinets privés, où il n'y a vraiment pas de
structure d'enseignement, là. Donc, on fait quand même une certaine distinction
entre les deux.
M. Fortin :Bien, merci. À mon tour de vous dire merci d'être là, merci
d'être avec nous. Merci de votre implication aussi. Vous en avez déjà lourd sur
les épaules, mais de vous voir impliquées à la FMEQ, ça fait grand bien à la
FMEQ. Puis ça nous fait chaud au cœur d'avoir une relève comme vous.
Je voulais juste revenir sur le 393, là. Tantôt,
vous y avez touché. Parce que, le 393, ce qu'il fait, c'est qu'il vient dire,
essentiellement : Quelqu'un qui vient de l'extérieur du Québec, du Nouveau-Brunswick,
de l'Ontario, d'ailleurs, là, qui est formé ici doit passer quatre ans ici,
dans la région déterminée par le ministère, après la fin de ses études. Là, ce
que vous êtes en train de dire, c'est : Ils vont partir à cause de ça, ils
vont... ou il y en a une portion, là, qui va juste dire : Bien, je vais
venir, je vais faire ça, puis après ça je vais quitter, ou je vais juste faire
mon enseignement au complet, je vais rester en Ontario, sachant que ça, ça s'en
vient à la fin de mes études.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : En
fait, ils ne vont pas partir. Ils partent, tout simplement. C'est un contrat
qui est déjà en place, puis on voit les étudiants quitter, là. On est dans ces
cohortes-là. Les étudiants partent.
M. Fortin :Mais ils quittent déjà, sachant que la clause s'en vient,
ou ils...
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : Oui.
En fait, il y a deux types de départ. Il y a le départ qui se fait avant même
la résidence. Donc, des gens qui savent que la clause s'en vient, donc,
préfèrent aller, disons, faire leur résidence dans une province XYZ du reste du
Canada. Pourquoi? Parce que la résidence, c'est quand même un moment charnière
où on crée, justement, des liens avec nos enseignants, on apprend à connaître
le milieu où on va travailler. Donc, c'est mieux pour certains... En fait, ils
considèrent que c'est mieux de faire leur formation là où ils vont pratiquer.
Ils vont pratiquer dans d'autres provinces pourquoi? Parce que, quand vient à
terme leur résidence, s'ils décident de la faire au Québec, bien, il y a la
clause pénale. Donc, ils risquent de quitter à ce moment-là et de se retrouver
dans un nouveau réseau où... qu'ils connaissent moins parce qu'ils n'ont pas
fait leur résidence dans ce réseau-là.
M. Fortin :Puis ce que vous dites, c'est que ces clauses-là n'existent
pas dans les autres provinces. Un étudiant gatinois qui va étudier à l'Université
d'Ottawa n'est pas obligé de... Il n'y a aucune clause, là, pour le retenir en
Ontario, là. Lui, il peut revenir au Québec sans pénalité.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : Il
n'y a aucune clause.
M. Fortin :OK. OK. Je comprends.
Une voix : ...
M. Fortin :Oui, bien sûr. Sur votre recommandation, là, pour s'assurer
que vous faites partie du processus pour la table de concertation, quand vous
dites... Et je suis... on est d'accord. Il n'y a pas d'enjeu de notre côté. On
va l'appuyer, cette revendication-là, si le Dr Bergeron fait des... les
modifications nécessaires. Mais, quand vous dites «la relève», vous voulez que
ce soit la FMEQ, évidemment, là, qui soit à la table. Donc, c'est votre
organisation, là, que vous <souhaitez...
M. Fortin :
...vous voulez que ce soit la FMEQ, évidemment, là,
qui soit à la table. Donc, c'est votre organisation, là, que vous >souhaitez
qui soit à la table.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : En
fait, on va un petit peu plus large que ça. Nous, c'est sûr, on a beaucoup de
relations avec la FMRQ, là, la Fédération des médecins résidents du Québec,
mais je pense que la table, elle fonctionne très bien, en ce moment, avec les
acteurs qui y sont. Donc, je pense que ce ne serait pas une mauvaise chose
d'inclure les différents acteurs qui siègent déjà sur la table de concertation.
M. Fortin :OK. Donc, d'avoir les deux instances, là. C'est ce que vous
dites.
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : D'avoir
la FMEQ, FMRQ, FMOQ, FMSQ, les facultés, tout ce beau monde là.
M. Fortin :OK. Bien, quand vous dites «la relève», là, on parle
d'ajouter la FMEQ. OK.
Cette semaine, moi, j'ai rencontré un
médecin qui est, disons, entre deux étapes de sa vie, là, qui... Et je
comprends qu'il y a beaucoup de gens, quand ils sont... après leur résidence,
ils vont choisir de faire une surspécialisation s'ils sont spécialisés. Mais
là, avec les clauses du projet de loi, ce qui les inquiétait, c'est qu'ils
disent : Bien là, j'ai peut-être un an, un an et demi avant ma surspécialisation,
je vais aller pratiquer en clinique, je vais aller pratiquer... Si j'ai déjà
ma... je suis médecin spécialiste, donc, je peux faire ça, là. Mais, s'il y a
des obligations, pour lui, entre les deux, ça devient plus difficile. Il y a
des gens qui, peut-être, vont choisir de ne pas pratiquer du tout ou qui vont
peut-être quitter le Québec, aller faire leur surspécialisation ailleurs,
quitte à revenir, que ça complique la vie. Est-ce que vous partagez cette
perspective-là, ce manque de flexibilité là qui deviendrait évident à travers
le projet de loi?
Mme Blouin (Victoria) : M. le
Président, je répondrais que ce n'est pas une question qu'on a étudiée. Je
pense que ça relève un petit peu plus de la FMRQ, la Fédération des médecins
résidents. Ce n'est pas une question qu'on a étudiée, là.
M. Fortin :OK. C'est correct. Il n'y a pas de problème. On en parlera
avec les résidents.
Je veux revenir sur une dernière chose,
les AMP. Là, vous dites : Les médecins de famille... on a de la misère à recruter
des médecins de famille comme enseignants. Dans le fond, si je comprends bien
votre propos, parce que vous n'êtes pas contre les AMP, ce que vous dites,
c'est : Il faut juste s'assurer qu'on est capables de... et là je cherche
le mot en français, peut-être qu'un certain faucon peut m'aider, là, mais de
faire un «carve-out», dans le fond, de certaines spécificités que certains
médecins pourraient nécessiter. Donc, quelqu'un qui voudrait aller enseigner,
on ne peut pas lui imposer la même AMP que quelqu'un qui ne voudrait pas
enseigner. Donc, c'est votre propos. C'est juste de faire attention, lors de la
mise en place de ces AMP là, pour que ça reflète la réalité de chaque individu.
C'est bien ça?
Mme Blouin (Victoria) : Oui,
exactement. On pourrait même aller un peu plus loin puis avoir une AMP
d'enseignement comme tel. Si on pense à un médecin de famille en GMF
universitaire qui est responsable des résidents, par exemple, cette
personne-là, son AMP pourrait être d'être responsable des résidents et de faire
de l'enseignement au nombre d'heures qui est déterminé par les activités
médicales particulières des autres, à la place d'aller en urgence, au CHSLD ou
autre chose, là.
M. Fortin :OK. Je vous entends bien. Je vous remercie. Moi, ça va, M.
le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de...
Mme Setlakwe : ...
Le Président (M. Provençal)
:Oui. Il vous reste
2 min 30 s, Mme la députée de Mont-Royal...
Mme Setlakwe : Merci beaucoup
d'être là. Merci pour le travail que vous faites. Bravo de vous impliquer en
plus de vos études, vraiment.
Vous avez peut-être déjà répondu, parce
que vous avez touché plusieurs points, mais je m'inspire un peu de la question
de ma collègue de Bonaventure, je pense, qui demandait : À vos yeux, quel
est le plus grand défi? Moi, j'avais noté, dès le début : Quelle est votre
plus grande crainte par rapport à ce qui vous attend dans la pratique?
Puis, si vous sentez que vous avez déjà
touché tous les points, bien, on peut peut-être passer à ma deuxième question,
qui... Là, je déborde peut-être, mais c'est important qu'on ait des étudiants
en médecine qui vont bien, puis on entendait, dans les dernières années, qu'il
y avait de la détresse, de l'anxiété. On sait qu'on s'attend à beaucoup de
vous. Vous êtes performants, on le sait, mais comment ça se passe dans les
facultés? Qu'est-ce que vous entendez?
• (15 h 40) •
Mme Blouin (Victoria) : Bien,
effectivement, l'enjeu du bien-être puis de la santé psychologique de nos
collègues, c'est quelque chose qui nous touche énormément puis c'est une
priorité pour la fédération depuis des années puis pour chacune des
associations étudiantes locales. On travaille avec les facultés de médecine
pour voir comment on peut ajuster les politiques, comment on peut ajuster la
culture dans les facultés de médecine.
Mais l'autre élément qui vient, c'est la
culture dans les milieux d'enseignement, qui sont les établissements de santé,
et je pense que d'être capable de créer un système de santé qui est amélioré,
qui fonctionne bien, qui roule mieux, c'est un environnement plus propice pour
le développement de nos compétences professionnelles mais pour l'épanouissement
personnel également.
Donc, c'est une des raisons pourquoi on
est ici aujourd'hui. On veut que notre système, il fonctionne bien. On va être
dedans pendant des décennies. On a le temps de voir quelques réformes en santé
passer au cours de nos carrières. Mais on veut que ça se passe bien, puis je
pense que ça, c'est une des façons clés de favoriser le bien-être de nos
collègues mais des autres professionnels de la santé, j'imaginerais aussi, là.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Il vous reste une minute, si vous
avez une autre question.
Mme Setlakwe : Mais est-ce
que vous voyez déjà des améliorations?
Mme Blouin (Victoria) : Je
dirais qu'on voit certains pas dans la bonne direction, mais c'est quand même
difficile dans nos milieux.
Mme Setlakwe : Puis... Oui, <allez-y.
Vous avez...
Mme Blouin (Victoria) :
...c'est
quand même difficile dans nos milieux.
Mme Setlakwe :
Puis...Oui, >allez-y. Vous avez...
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : Je
pense qu'aussi la pandémie a été très difficile au niveau de l'enseignement. La
priorité, ce n'était pas l'enseignement. Donc, c'est pour ça qu'aujourd'hui
c'est un... c'est un point qu'on souhaite amener. On pense que c'est un peu
l'angle mort du projet de loi. Donc, on a été affectés par... l'enseignement a
été affecté par la pandémie. Donc, on sort de pandémie. On veut que ce soit... que
ce soit mis de l'avant, là.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, Mme la députée. M. le député
de Rosemont, la suite vous appartient.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Bonjour. Merci. Merci d'être là. Laquelle se dirige vers la médecine
de famille? Prenez-vous des noms tout de suite sur votre liste ou...
Des voix : ...
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : Je
pense que vos collègues vous ont déjà ramené à l'ordre, là, sur votre question.
Des voix : ...
M. Marissal : Oui, pas de
problème. On est habitués d'attendre, de toute façon. On va continuer
d'attendre.
Une voix : ...
M. Marissal : Bien non, bien
non. Je lis, dans certains de vos documents... Là, je passe de l'un à l'autre,
pas nécessairement dans votre mémoire, là. Est-ce que je comprends qu'au Québec
on retient 80 % des jeunes médecins qui se forment et qu'il y en a autour
de 20 % qui quittent?
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : Nous,
c'est des statistiques qu'on a vues passer dans certains rapports. Donc, je
pense que je peux le dire, là, c'est des informations de la table de
concertation, mais il y a une attrition au niveau... au niveau des médecins.
Donc, on a des médecins qui quittent le Québec. C'est des statistiques qu'on
voit à la résidence. Mais je vous dirais qu'il y a un manque de suivi après la
résidence, à savoir si les médecins reviennent ensuite pratiquer au Québec. Il
y a des gens qui peuvent s'exiler, faire une résidence ailleurs, mais ensuite
souhaitent revenir, là, dans leur milieu original.
M. Marissal : OK. Bien, c'est
parce que, si on augmente à 1 300 formés par année ou admis par année,
là, je pense qu'on commence par les admettre avant de les former, oui, ce n'est
pas une mauvaise nouvelle, au contraire, là, mais on ne peut pas présumer qu'il
y en a 1 300 qui vont sortir, là. Il y a une attrition normale. Il y a des
gens qui ne finissent pas, là. Mais, si on en perd autour de 20 % de ça,
ça veut dire qu'on en perd autour de 250 sur une cohorte de 1 300. Ça me
paraît énorme.
Mme Blouin (Victoria) : Je
n'ai pas les données exactes. Il faudrait probablement s'adresser, là, au
ministère ou aux facultés de médecine pour le savoir, mais je suspecte que
c'est moins que 20 % qu'on perd à chaque année, quand même.
M. Marissal : OK. C'est dans
un de vos documents. Je vous dis ça comme ça, mais... En fait, je vais
retourner aux sources.
Par ailleurs, dans un autre de vos
documents, vous dites que vous avez fait un sondage auprès des étudiants en
médecine concernant la privatisation. Pouvez-vous m'en dire un peu plus
là-dessus?
Mme Tapp (Isabelle) : Oui,
tout à fait. Donc, c'est un sondage qui a eu lieu dans le cadre de notre
mémoire qui a été... qui était, justement, sur la privatisation du système de
santé, puis ça a eu lieu au mois de janvier de cette année, justement. Puis on
a sondé... C'est des étudiants des quatre... 255 étudiants, là, des quatre
facultés de médecine. Puis ce qu'on en voit qui ressort, c'est qu'avec le
bagage de connaissances qu'ils ont actuellement ils ont une perception
généralement défavorable du privé en santé. Puis cette perception-là, elle est
beaucoup influencée par la nécessité d'avoir un enseignement de qualité.
Donc, on l'a mentionné dans le mémoire,
entre autres, mais il y a une appréhension, justement, qu'il y ait un exil des
cliniciens enseignants vers le privé qui va nuire, en fait, à la qualité de la
formation médicale. Donc, la majorité des étudiants, dans ce sondage-là, ont
également... se sont prononcés majoritairement en désaccord que la privatisation
permettait un meilleur accès et des meilleurs soins à la population. Donc,
c'est les données qu'on a récoltées chez nos membres.
M. Marissal : OK. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Merci, mesdames, d'être là. C'est très intéressant, toutes les
discussions qu'on a eues.
Bien, moi, je veux revenir sur la question
de la privatisation puisque vous demandez une commission parlementaire sur le
sujet. Je vais vous donner trois minutes de commission parlementaire sur le
sujet. Vous parlez d'inscrire le critère de qualité. Vous savez que la FIQ a
fait la même demande ce matin. Pouvez-vous nous expliquer, là, quand vous
parlez de facteurs qualitatifs, continuité, globalité, intégralité des soins?
Mme Tapp (Isabelle) : Oui,
tout à fait. Donc, en fait, c'est des... C'est que, nous, ce qu'on voit, c'est
que, pour évaluer la qualité des soins, on ne peut pas simplement tenir compte
des statistiques d'accès. Donc, je vais vous donner un exemple, en fait, pour
bien vous l'illustrer, là. On prend une dame de 80 ans, début de troubles
cognitifs, maladie chronique, qui a du diabète. Ça, c'est... je veux dire,
c'est une clientèle qui est extrêmement fréquente, là, dans les soins de
première ligne. Cette dame-là... Des soins de qualité, on va l'estimer en
termes d'intégralité, de continuité puis de globalité. Donc, est-ce que cette
patiente-là va être capable de revoir le même médecin ou quelqu'un de la même
équipe de pratique médicale pour faire le suivi de sa condition? Est-ce qu'elle
va être en mesure de voir quelqu'un qui va prendre en considération non seulement
sa maladie, mais également l'ensemble de ses aspects de santé? Puis ça inclut
aussi les aspects <biopsychosociaux...
Mme Tapp (Isabelle) :
...sa
maladie, mais également l'ensemble de ses aspects de santé? Puis ça inclut
aussi les aspects >biopsychosociaux. Donc, est-ce que... Est-ce qu'on va
être capables d'organiser une prise en charge qui va être sécuritaire pour que
cette dame-là reste à domicile le plus longtemps possible? Puis est-ce qu'également
l'inscription où elle se trouve va être en mesure de lui prodiguer tous les
soins dont elle a besoin? Puis est-ce qu'il va y avoir une communication entre
les professionnels qui assurent sa prise en charge?
Donc, ce n'est pas simplement de dire :
Est-ce que je peux voir un médecin dans un temps qui est limité? Parce que, quant
à ça, on dirait à tout le monde d'aller à l'urgence. Mais ce n'est pas quelque
chose de viable d'aller à l'urgence pour un aspect unique à chaque fois qu'on a
un problème de santé. On veut s'assurer que l'ensemble de la personne puis l'ensemble
de sa condition de santé soient pris en charge.
M. Arseneau : Et vous aviez
aussi, dans votre mémoire de l'hiver dernier, estimé qu'on avait besoin de
données probantes, parce qu'on semble avoir, du côté gouvernemental, un préjugé
favorable au privé, mais vous mettez en doute le fait que ce n'est pas
nécessairement plus performant à tous les niveaux. Vous avez des propositions à
cet égard, faire une étude, d'avoir les mêmes indicateurs, et tout ça. Vous
pouvez nous en parler un peu.
Mme Tapp (Isabelle) : Oui. Bien,
effectivement, nous, en fonction des données qu'on a pu colliger dans le
mémoire sur la privatisation, on émet des réserves, en fait, à une utilisation
plus extensive du privé. Puis, justement, si le privé, c'est un outil parmi
tant d'autres qui peut être utilisé pour améliorer la qualité et l'accès aux
soins, nous, ce qu'on se demande, c'est : Est-ce qu'il n'y a pas d'autres
outils qui peuvent être mis en place aussi? Puis il y a une nécessité, en fait,
d'observer la question puis d'y réfléchir avec toutes les personnes qui sont
impliquées, en fait, tous les gens qui ont recours au système puis les gens qui
en font partie aussi.
M. Arseneau : Je pense que le
ministre...
Le Président (M. Provençal)
:Je suis obligé de vous interrompre.
Merci beaucoup. Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Oui. Merci.
Merci beaucoup. Merci beaucoup, M. le Président. Merci. Merci d'être parmi
nous. Moi, je suis très impressionnée... bien, agréablement impressionnée de
voir... de voir la relève. Contrairement à mon collègue qui veut s'inscrire sur
la liste d'attente pour les médecins, moi, je fais du recrutage. L'Hôpital
Vaudreuil-Soulanges, le ministre le sait, ce n'est pas loin de
3 000 employés, là, qu'on cherche. Donc, sachez que ça va être un bel
hôpital prêt à vous accueillir.
En lien avec... Justement, en lien avec...
avec l'hôpital qui s'en vient, Vaudreuil-Soulanges, c'est considéré plus ou
moins comme une région, mais... Puis vous le mentionnez aussi dans la planification
des effectifs médicaux du Québec que vous avez faite, là. J'ai lu vos deux...
vos deux mémoires, tant pour la privatisation, en janvier dernier, puis celui
sur les effectifs. Qu'est-ce que vous voyez comme embûches? C'est quoi, la
principale embûche qui va... Et aussi qu'est-ce qui pourrait faire que vous...
ce serait un incitatif, pour vous, d'aller dans les régions? Puis je sais que
je n'ai pas grand temps, ça fait que je vous mets en partie en bouche une
partie des solutions. Vous avez mentionné : Établir des incitatifs
financiers pour les étudiants provenant des régions pour qu'ils effectuent
leurs études médicales en région. Est-ce que je peux vous entendre peut-être un
peu là-dessus?
• (15 h 50) •
Mme Bisson-Gervais (Vanessa) : Oui,
définitivement. Donc, ça, c'est une mesure, une mesure parmi tant d'autres, là,
qu'on a mise de l'avant dans différents mémoires, là. Depuis 2019, on s'est
penchés sur cette question-là. Donc, ça, ça veut dire, en fait, là... On a
plusieurs campus délocalisés en ce moment sur le territoire, plus d'une
dizaine. Il y en a beaucoup qui se sont développés dans les dernières années, d'ailleurs.
Nous, ce qu'on recommande, en fait, c'est que les étudiants qui proviennent des
régions où il y a, par exemple, un campus délocalisé... qu'on leur donne des
incitatifs à rester dans leur région non seulement pour faire leurs études
médicales, possiblement pour faire leur résidence.
Mais ce qu'on réalise, c'est que c'est
beaucoup... c'est très personnel, la décision d'aller en région ou de ne pas
aller en région. Souvent, c'est le support, donc, notre famille, nos amis.
Quand on expatrie des gens qui, initialement, viennent du Saguenay, qu'on les
amène à Montréal dans des années charnières, on s'entend, l'université, c'est
un moment où, justement, on rencontre beaucoup de gens, cette personne-là, qui
fait des rencontres, qui a maintenant un réseau à Montréal, va peut-être
hésiter à retourner au Saguenay. On sait qu'il y a un campus de médecine au
Saguenay. Donc, du moment que cette personne-là, elle est admise dans une
faculté de médecine, pourquoi ne pas l'inciter à rester dans sa région pour
éviter, justement, de perdre ce lien-là avec la région?
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, mesdames, pour la
qualité des échanges que nous avons eus, surtout pour votre collaboration et
votre contribution à nos travaux.
Sur ce, je vais suspendre les travaux pour
permettre aux prochaines personnes de venir se présenter.
(Suspension de la séance à 15 h 51)
(Reprise à 15 h 54)
Le Président (M. Provençal)
:Nous reprenons nos travaux. Nous
accueillons maintenant par visioconférence l'Ordre des infirmières et
infirmiers du Québec avec son président, M. Luc Mathieu, sa directrice
générale, Mme Marie-Claire Richer, et Me Bianca Roberge. Alors, bienvenue.
Vous avez 10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons
aux échanges. Alors, je vous cède immédiatement la parole.
Ordre des infirmières et infirmiers du Québec
(OIIQ)
M. Mathieu (Luc) :Alors, merci. Alors, M. le Président, M. le ministre, Mmes
et MM. les parlementaires, alors, on vous remercie de votre invitation à
émettre nos commentaires et recommandations sur le projet de loi n° 15
concernant la Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux
plus efficace.
Nous saluons les objectifs du projet de
loi, qui sont de faciliter l'accès à des services de santé et de services
sociaux qui soient sécuritaires et de qualité en tentant de renforcer la
coordination des différentes composantes du système et de rapprocher des
communautés les décisions liées à l'organisation et à la prestation de
services.
Nos recommandations portent sur la
gouvernance du réseau de la santé, sur les mécanismes des plaintes et
d'évaluation de la qualité des soins et services, sur la gestion des ressources
humaines et des ressources infirmières, et finalement sur les facteurs de
succès de la mise en œuvre de la loi qui sera adoptée.
La transformation substantielle du système
de santé et de services sociaux ne peut s'opérer avec succès sans la
perspective unique de la profession qui est la plus représentée, la profession
infirmière. La majorité des 83 000 membres de la profession travaillent
dans le réseau, et ce, dans tous les secteurs d'activité, dans tous les
domaines de soins. Nous voyons des opportunités dans ce projet de loi pour
favoriser le déploiement de l'expertise infirmière et la collaboration
interprofessionnelle. Toutefois, nous questionnons à savoir si les intentions
d'une orientation vers cette collaboration interprofessionnelle au sein de la
structure du système de santé et des services sociaux se reflètent
véritablement au projet de loi.
La solution structurante proposée dans le projet
de loi à l'étude devrait être une bougie d'allumage pour l'amélioration des
trajectoires de soins et de services, tout en évitant le piège d'être une
contrainte rigide qui ne <permettrait pas de s'adapter...
M. Mathieu (Luc) :
...d'allumage pour l'amélioration des trajectoires
de soins et de services, tout en évitant le piège d'être une contrainte rigide
qui ne >permettrait pas de s'adapter aux réalités locales ou régionales.
Le ministère devra donc s'assurer que les orientations prises permettent une
contribution optimale des infirmières et infirmiers, qui, comme la pandémie de
la COVID-19 nous l'a démontré, représentent une force vive des soins et des
services de santé. Pour ce faire, nous recommandons que le ministère instaure
une direction générale des affaires infirmières qui serait une fonction de
sous-ministre adjoint.
Une nouvelle distribution des orientations
et des opérations au sein du système de santé et de services sociaux par
l'institution de Santé Québec nous semble être une opportunité pour que
l'expertise infirmière en matière de qualité des soins et services, de
trajectoire et de gestion des ressources puisse être profitable au sein de ce
système. Toutefois, il s'avère nécessaire que le règlement intérieur de Santé
Québec évite de subordonner les soins et services infirmiers à d'autres
disciplines ou secteurs d'activité. Nous recommandons donc que Santé Québec
prévoie une direction propre aux soins et services infirmiers relevant du
président et chef de la direction.
Malheureusement, le projet de loi
reconduit avec peu de modifications les fonctions actuellement dévolues, dans
la loi actuelle, au directeur des soins infirmiers, le DSI, et au conseil des
infirmières et infirmiers, le CII. Cette reconduction des fonctions ne permettra
pas à ces deux instances d'utiliser les leviers décisionnels suffisants ni
égaux à ceux du corps médical pour améliorer l'offre et la qualité des soins et
services infirmiers au bénéfice des patients. À cet égard, nous avons soulevé
plusieurs questions au sein de notre mémoire, dont celle-ci : Pourquoi le
DSI n'a-t-il pas les mêmes fonctions que le directeur médical en matière de
gestion des ressources humaines et de développement des compétences des
professionnels? Nous faisons la recommandation que la gouvernance clinique
offre aux différentes directions et aux différents conseils des responsabilités
à portée égale.
Nous saluons le fait que le projet de loi
corrige une iniquité en rétablissant un lien hiérarchique direct entre le PDG
d'un établissement et le DSI, lien autrefois réservé au directeur des services
professionnels. Toutefois, cela s'avère insuffisant. Le projet de loi devrait,
de manière homologue aux instances médicales, formaliser des responsabilités
incontournables du DSI à l'égard de tous les milieux cliniques.
Parlons maintenant des CII. Leur fonction
devrait être centrale au sein d'un établissement pour s'assurer de la qualité
de l'acte infirmier. Nous constatons que ce conseil n'a malheureusement pas les
leviers réglementaires et organisationnels suffisants pour réaliser son mandat.
Le projet de loi n'établissant plus de lien entre le CII et la plus haute
instance décisionnelle de l'organisation, anciennement le conseil
d'administration, le pouvoir d'influence de ce conseil s'en trouve amoindri. En
donnant la responsabilité au DSI de traiter les avis et les recommandations du
CII, ces derniers seront amalgamés aux messages portés par le DSI et perdent
leur utilité, soit de faire entendre la voix de l'ensemble des infirmières et
infirmiers d'un établissement.
Enfin, nous ne pouvons passer sous silence
l'importance de prévoir des conditions favorables au partage d'expérience et
d'expertise des membres de l'exécutif du CII afin de réaliser leur mandat. En
raison de la nature particulière du travail des infirmières et infirmiers en
continu, jour, soir, nuit, avec une présence constante au chevet de la
clientèle, les membres de l'exécutif du CII devraient se voir assurer des
aménagements d'horaire ainsi qu'un budget.
• (16 heures) •
Le projet de loi semble vouloir introduire
une perspective interdisciplinaire à la gouvernance clinique des établissements
de santé. Si le conseil interdisciplinaire d'évaluation des trajectoires et de
l'organisation clinique est un exemple concret de cette volonté, il n'en reste
pas moins que la perspective médicale est surreprésentée dans la structure
proposée par le projet de loi. Nous recommandons donc que des instances
interdisciplinaires et intersectorielles soient prévues à tous les niveaux de
gouvernance du système... du système de santé.
La deuxième partie de mon exposé portera
sur les mécanismes optimisés d'examen des plaintes et d'évaluation de la
qualité des soins et services. Ces mécanismes sont des éléments fondamentaux
pour permettre aux établissements d'assurer la protection du public. Nous
voyons donc dans le projet de loi une occasion unique d'optimiser ces
mécanismes. Nous vous invitons à prendre connaissance de nos recommandations à
ce sujet dans notre mémoire.
L'évaluation de la qualité des soins et
des services infirmiers par les DSI et les CII est une étape fondamentale pour
assurer la protection du public. L'ordre considère d'ailleurs les DSI et les
CII comme le premier filet de sécurité pour prévenir les pratiques non
sécuritaires de soins et de services. Comme mentionné au sujet de la
gouvernance clinique, puisque les responsabilités dévolues aux différents conseils
et directions ont été reconduites de la loi actuelle au projet de loi, des
écarts et des disparités non <souhaitables...
>
16 h (version révisée)
< M. Mathieu (Luc) :
...de soins et de services. Comme mentionné, au
sujet de la gouvernance clinique, puisque les responsabilités dévolues aux
différents conseils et directions ont été reconduites de la loi actuelle au
projet de loi, des écarts et des disparités non >souhaitables persistent
et alimentent une confusion dans les rôles et responsabilités en matière d'évaluation
de la qualité des soins et des services.
À titre d'exemple, rappelons que le projet
de loi ne devrait pas reconduire de responsabilités particulières au chef de
département clinique ou au directeur médical à l'égard des activités
professionnelles des infirmières et infirmiers, celles des IPS, des infirmières
praticiennes spécialisées, notamment. Il s'agit d'activités prévues à la Loi
sur les infirmières et infirmiers, et, en ce sens, elles font déjà l'objet d'une
surveillance, d'un contrôle et d'une appréciation soit par le DSI ou le CII.
Nous recommandons donc que soient harmonisés et dévolus aux instances
appropriées les rôles et les responsabilités en matière d'évaluation,
d'appréciation, de surveillance et de contrôle de la qualité des actes
professionnels.
La création d'un employeur unique en santé
et services sociaux sur le grand territoire du Québec pourrait avoir des impacts
positifs pour les professionnels y œuvrant. L'accès à une plus grande mobilité
d'un établissement à l'autre pourrait s'avérer favorable dans leur cheminement
de carrière en créant de nouvelles opportunités d'expériences professionnelles
auprès de diverses clientèles et dans différents milieux.
Toutefois, et c'est important, à
l'inverse, une mobilité imposée par l'employeur pourrait susciter certaines
préoccupations, notamment quant au développement de l'expertise infirmière et à
la réponse aux besoins de la population. Ces déplacements imposés, qui créent
de l'instabilité dans les équipes, peuvent avoir des conséquences importantes,
notamment chez les infirmières et les infirmiers de la relève. Les diverses
recherches effectuées au fil des ans démontrent qu'un changement de poste,
d'unité de soins et, à plus forte raison, d'hôpital se solde par une certaine
régression. L'ordre continuera à dénoncer la croyance voulant que les
infirmières et les infirmiers, entre eux et entre les secteurs, sont interchangeables.
Une planification de proximité des
ressources infirmières par les établissements et les gestionnaires infirmiers,
appuyée par une réflexion quant aux meilleures pratiques en matière de
distribution des soins et des services, comme proposé, est à privilégier pour
contrer les situations de pénurie ainsi qu'à améliorer la rétention et
l'attractivité des infirmières et infirmiers dans le système de santé et de
services sociaux. Nous faisons donc la recommandation que le PDG d'un
établissement de santé élabore un plan des effectifs infirmiers suivant les
recommandations du DSI et du CII.
Pour le sujet des stages, nous avons des
préoccupations à ce sujet et nous avons soumis une recommandation que nous vous
invitons à lire dans notre mémoire. De plus, nous avons rédigé des
recommandations concernant les RUISSS et les facteurs de succès du projet de
loi n° 15, qui sont présentés dans notre mémoire. Nous abordons notamment l'importance
d'évaluer la mise en œuvre de la loi et de ses impacts ainsi que la réalisation
d'autres chantiers qui ne sont pas l'objet du projet de loi. Nous sommes
maintenant prêts à répondre à vos questions. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le président. Nous
allons débuter cet échange avec M. le ministre. Alors, M. le ministre.
M. Dubé : Merci beaucoup, M.
le Président, M. Mathieu et à vos collègues, là, encore une fois. Je sais
que vous êtes... vous avez plusieurs feux... plusieurs marrons au feu ces
temps-ci. Alors donc, que vous preniez le temps de faire ce mémoire-là et de
nous parler aujourd'hui, je l'apprécie beaucoup.
Moi, je vais me concentrer peut-être sur
deux questions, puis ma collègue de Marie-Victorin, là, qui est elle-même
infirmière, va sûrement se faire plaisir et vous poser quelques questions. Je
voulais juste peut-être faire une correction ou je la fais à moi-même, là. Je
ne l'ai pas dit assez souvent, mais il y a plusieurs articles de loi du PL n° 15 qui reprennent textuellement des articles de la LSSSS,
et je sais que je l'ai dit à mes collègues de l'opposition, mais ce qui fait
souvent qu'on veut... on va... On prend pour acquis que c'est un nouvel article
qu'on rajoute dans la loi, mais il est déjà là.
Et, quand vous me parlez, puis là je ne
peux pas présupposer que c'est ça qui arrive dans le cas des IPS, par rapport
au lien avec les médecins, bien, je pense que, si c'est encore comme ça puis ça
devrait être changé, on n'a peut-être pas changé. Alors, ce sera le genre de
modification, puis je regarde mes collègues de l'opposition... Quand on
arrivera à l'article par article, il faudra avoir bien clarifié ça, parce qu'étant
donné tout ce qui est arrivé on peut avoir à modifier peut-être un petit peu l'article.
Mais ce n'est pas un nouvel article. Vous me suivez?
Alors... Et ça, je l'ai entendu. Je vous
fais juste part... Puis je m'excuse, M. Mathieu, de prendre un peu de
votre temps, mais tout à l'heure, quand on parlait de la fameuse pénalité de
393, vous vous souvenez, elle est déjà dans la LSSSS actuelle. On la reconduit.
Je n'ai pas eu le temps de... mais... Puis on ne la veut plus. Alors donc,
c'est... Mais on...
Une voix : ...
M. Dubé : Ah! bien, on prend
pas mal de notes en ce <moment...
M. Dubé :
...on la
reconduit. Je n'ai pas eu le temps de... mais... Puis on ne la veut plus. Alors
donc, c'est... Mais on...
Une voix :
...
M. Dubé :
Ah! bien,
on prend pas mal de notes en ce >moment. Puis d'ailleurs ça sert à ça,
la commission qu'on a en ce moment. Mais je voulais juste vous le dire, parce
qu'on parle toujours de 1 200 articles, mais il y en a peut-être plus
que la moitié qui sont parce qu'on a décidé de ne plus avoir deux lois puis on
veut avoir une loi. Ça fait que merci de me donner l'opportunité de faire cette
précision-là, parce que ce sera un gros travail qu'on peut faire, avant d'aller
à l'article par article, pour dire comment on peut aménager, de focusser sur ce
qui est vraiment nouveau plutôt que de reconduire des articles qui sont déjà
dans le ménage qu'on fait de la LSSSS.
Bon, je reviens à vous. Il y a une autre
chose que j'apprécie, que vous avez dit, M. Mathieu, puis ça fait
plusieurs personnes qui m'en parlent. Puis là j'espère que M. Kobrynsky
nous écoute, parce que, lorsqu'on a fait les tableaux de bord... Puis
j'apprécie beaucoup la recommandation, parce que je sais que c'est important
pour les infirmières. Quand on a fait les tableaux de bord, notre grande
préoccupation, c'était l'accès. Est-ce que... Les Québécois nous disaient :
Est-ce qu'on a accès au réseau de santé? Même, j'ai appris tout à l'heure,
confidentiellement, que notre député de Rosemont s'est trouvé un médecin de
famille. Alors donc, c'est une très, très bonne nouvelle. Ça veut dire qu'on
est en train de régler les accès. C'est peut-être une information privilégiée
que je n'aurais pas dû... Mais j'ai entendu votre... Vous cherchiez un médecin
de famille, alors donc c'est une bonne nouvelle.
Mais ce que je veux dire, c'est que ça
fait trois préoccupations... trois présentations que j'entends, dont la FIQ ce
matin, dont ici, l'Ordre des infirmières, de nous donner de plus en plus des
indicateurs sur la qualité des soins. Et ça, je veux juste dire, M. Mathieu,
que je suis très, très sensible à ça. Alors, ce n'est pas la première fois que
je l'entends. J'espère que M. Kobrynsky, dans l'équipe du Dr Bergeron,
prend de bonnes notes.
Une voix : ...
M. Dubé : Il écoute, hein, il
est là. Bon, bonjour, M. Kobrynsky.
Sur la question très importante, moi, je vais
insister, avant de passer la parole à ma collègue, sur le conseil
interdisciplinaire. M. Mathieu, je vous trouve exigeant, puis vous avez
raison de l'être. Mais, quand vous avez fait les états généraux, vous nous avez
demandé, hein, de dire : Écoutez, dans le projet de loi, assurez-vous que
les infirmières montent au même niveau que les médecins, OK? Ça, c'était très
clair qu'on voulait valoriser la profession des infirmières, puis il fallait en
profiter, entre autres avec le PL n° 15, pour le faire. Mais là je
vous trouve exigeant parce que vous dites : On ne va pas assez haut avec
le conseil interdisciplinaire. Là, je commence à dire : Comment haut vous
voulez qu'on aille, là? Parce que peut-être qu'on pourrait nommer comme
prochain président une infirmière. Ça, pour moi, ce serait peut-être une bonne
suggestion.
M. Mathieu (Luc) :Bien, juste pour rebondir sur votre propos, M. le ministre,
ce n'est pas tant par rapport au conseil interdisciplinaire. Oui, il relève, là,
ça... Ce n'est pas là, l'enjeu qu'on voit.
M. Dubé : Mais êtes-vous
satisfaits de ça, au moins, que maintenant il y a une place très claire...
M. Mathieu (Luc) :Oui, oui.
M. Dubé : Oui.
M. Mathieu (Luc) :Oui, oui. On l'avait dit même avant la commission, là,
quand on avait eu des échanges avec des gens de votre cabinet. Ça, c'est
intéressant, là. Ça, je trouve, c'est structurant, puis il y a un potentiel là.
Oui.
M. Dubé : Bien, je veux juste
mieux comprendre votre commentaire là-dessus, puis après ça j'irai avec la
députée de Marie-Victorin, là. Allez-y.
M. Mathieu (Luc) :Oui. Bien, le commentaire, c'est par rapport au CII. Comme
d'autres instances, vu qu'il n'y a plus de conseil d'administration, là,
dans... C'est... Il y a un employeur, donc, et là ça va relever du DSI, le CII,
puis il va y avoir... Bon, il va y avoir des gens du CII au niveau du conseil
interdisciplinaire, mais c'est que, là, toutes les recommandations, les avis
qui étaient apportés directement, des fois, au conseil d'administration, là, ce
ne sera plus possible. Ça va être filtré par le directeur des soins infirmiers.
Alors, c'est là, le bémol, là, qu'on met. Ce n'est pas par rapport à la
création du conseil intradisciplinaire.
• (16 h 10) •
M. Dubé : Bon, bien, je lirai
plus votre recommandation, parce que, là, je regarde mes collègues de
l'opposition... Ce que j'ai l'intention de faire quand on va discuter l'article
par article, c'est qu'on va avoir présenté une espèce d'organigramme de la
gouvernance clinique, je vais l'appeler comme ça, pour expliquer comment...
c'est quoi, les relations entre les différentes parties, là, ce qu'on appelle...
il y a beaucoup de jargon, le CII, le comité interdisciplinaire, comment
c'est... où est le DRMG là-dedans, là. Je voulais juste vous... vous le dire en
même temps. Ça fait que ce que je ferai, M. Mathieu, avant de l'expliquer
aux députés de l'opposition, je le ferai avec vous avant, parce qu'on n'a
peut-être pas eu la chance de présenter ça en raison, toujours, je l'explique,
là, je suis tannant avec ça, qu'on ne pouvait pas le faire. Mais là, maintenant
qu'on est sur la table... Je comprends votre point maintenant, puis on
s'assurera que c'est à la bonne place, là.
Alors, je vais... Merci pour cette
précision-là. Je vais laisser la parole à la députée de Marie-Victorin, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée.
Mme Dorismond : Bonjour à
vous. Ma première question, ce serait de savoir : Est-ce que vous avez
participé étroitement à la loi n° 90?
M. Mathieu (Luc) :C'est quoi... à l'adoption de la loi n° 90
ou...
Mme Dorismond : La loi n° 90, c'est la <délégation...
Mme Dorismond :
...
n° 90?
M. Mathieu (Luc) :
C'est quoi... à l'adoption de la loi
n° 90 ou...
Mme Dorismond :
La
loi
n° 90, c'est la >délégation de
certains actes aux préposés et aux infirmières auxiliaires.
M. Mathieu (Luc) :Oui. Bien, la loi n° 90 augmentait
le champ de pratique des infirmières aussi et, comme vous le mentionnez, des
infirmières auxiliaires. Et ça fait longtemps, à l'ordre, qu'on est préoccupés
de l'occupation du champ de pratique de tous ces gens-là, là. Nous, il y a des
études, au Québec, qui ont démontré que les infirmières occupaient à peu près
50 % de leur champ de pratique, puis, dans le 50 % qui est occupé, ce
n'est pas nécessairement les activités qui sont spécifiques aux soins
infirmiers, comme vous le savez probablement, l'évaluation de la condition de
santé, la surveillance clinique puis le suivi infirmier. Ça... Mais, une fois
qu'on a dit ça, puis nos collègues, là, pour avoir parlé avec Mme Grant,
la présidente de l'OIIAQ, l'ordre des infirmières auxiliaires... Elle dit :
Bien, nous aussi, il n'est pas occupé pleinement. Ça fait que, là, il y a comme
un...
Puis je termine une tournée des régions,
actuellement, du Québec, où les gens disent : Bien, il faudrait revoir,
là, quand on dit... Ça fait longtemps qu'on dit ça dans la profession. Puis,
dans le rapport des commissaires des états généraux, c'était mentionné. Il faut
revoir l'organisation du travail pour optimiser la contribution de chacun.
Bien, nous, on est conscients que, par...
dans nos membres, là, infirmières ou infirmiers, il y a des... Il y a plusieurs
de nos membres qui font des activités de soins qui pourraient être faites par
les infirmières auxiliaires pour optimiser la contribution de ces gens-là, pour
qu'elles... pour que les infirmières, elles, puissent se consacrer aux
activités qui sont spécifiques à la profession. Et là, moi, quand je
rencontrais, là, dans la tournée, les équipes de DSI, CII, le comité exécutif
des... conseil des infirmières et infirmiers, là, je leur disais : Bien,
travaillez ensemble. Puis il y a plusieurs établissements qui le font, là. Il y
a eu une publication dans la revue professionnelle, dernièrement, pour aller
dans ce sens-là, pour optimiser la contribution, là, de chacune des personnes,
mais dans le cadre de la fameuse loi n° 90 qui a été adoptée
en 2002.
Mme Dorismond : Exact. Donc,
votre recommandation que la DSI soit au même niveau que le directeur médical,
là, je vous ramène dans votre mémoire qui dit que... au niveau de la
gouvernance des établissements, est-ce que ça, ça réglerait le problème? Parce
qu'hier elles nous ont dit que son... leur champ de pratique, en lien avec la
loi n° 90, qu'ils ont obtenu... n'ont pas pu
être mis en place dans certains établissements. Donc, est-ce que vous faites le
lien avec ça? Est-ce que ça, ça va vraiment changer quelque chose en lien avec
la pratique? Parce que les DSI, dans les établissements, sont responsables des
infirmières auxiliaires autant que les infirmières.
M. Mathieu (Luc) :Tout à fait. Bien, je ne vois pas nécessairement le lien,
tu sais, dans la structure, là, qu'on mette la DSI au même niveau que le
directeur médical. Puis on fait un commentaire, dans notre mémoire, où on dit,
par exemple, que le directeur médical peut déterminer les orientations
cliniques en collaboration avec les autres directeurs, mais il est le seul
directeur de l'établissement, dans le projet de loi, à avoir ça. On ne retrouve
pas ça dans le... pour le directeur des soins infirmiers, le directeur
multidisciplinaire ou le directeur des services sociaux. Alors, c'est ça, notre
commentaire.
Mais là la direction des soins, après ça,
bien là, c'est de voir comment, dans l'organisation du travail, là... Puis ça,
ce n'est pas le projet de loi qui va le régler, que ça va s'actualiser, là,
cette optimisation-là de la contribution des infirmières, des infirmières
auxiliaires puis des préposés.
Mme Dorismond : Mais,
concrètement, sur le terrain, c'est quoi, la plus-value d'avoir la DSI au même
niveau que le directeur médical? C'est ça que je veux savoir.
M. Mathieu (Luc) :Bien, c'est une perspective interprofessionnelle, là, de
collaboration interprofessionnelle. C'est ça, le sens, à moins qu'on se trompe,
là, de l'intention du législateur, c'est s'assurer que l'organisation du
réseau, là... qu'on mette ensemble les différents... les différents
intervenants, les différentes professions pour déterminer les orientations
cliniques, les trajectoires de soins appréciées, là, comme on le confie, dans
le projet de loi, là, au comité intradisciplinaire. Alors, elle est là, la
valeur ajoutée. On verrait très mal que le directeur des soins ou les autres,
là, du conseil multi soient sous la gouverne, d'une certaine façon, du
directeur médical. Ça irait, à notre sens, là, à l'encontre de la volonté du
législateur.
Mme Dorismond : D'accord. Il
me reste combien de minutes, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
:Cinq minutes.
Mme Dorismond : Cinq minutes.
Bon, dans votre recommandation n° 8 à l'effet que les
commissaires aux plaintes et à la qualité des services aient juridiction sur
l'ensemble des droits de l'usager, y compris ceux relatifs à son dossier et à
la confidentialité des renseignements y étant contenus, pouvez-vous nous
élaborer sur cette recommandation-là?
M. Mathieu (Luc) :Oui. Je vais laisser ma collègue, là, maître... voyons...
Mme Roberge (Bianca) :
Me Roberge.
M. Mathieu (Luc) :
...Me Roberge répondre.
Mme Roberge (Bianca) : Oui. En
fait, le principe qu'on a voulu mettre dans cette recommandation-là, c'est
qu'on... On le sait, qu'il y a un régime distinct législatif qui a été créé en
lien avec les renseignements de santé et de services sociaux, donc, le PL n° 3 qui a été récemment sanctionné. Par contre, le
principe cardinal qui devrait mener véritablement le commissaire aux plaintes,
c'est de s'assurer que les usagers vont pouvoir être... avoir un mécanisme de
plainte à l'égard de l'ensemble de leurs droits par rapport aux services de
santé et services sociaux qu'ils reçoivent. La loi a apporté... le projet de
loi a apporté <certaines...
Mme Roberge (Bianca) :
...aux
services de santé et services sociaux qu'ils reçoivent. La loi a apporté... le
projet de loi a apporté >certaines modifications en lien avec le
libellé, mais on sait que c'est une clientèle quand même vulnérable, lorsqu'on
se rend au commissaire aux plaintes, et on ne veut pas ajouter des embûches
dans leur... dans leur mécanisme de plainte. Donc, en ayant évacué certains
articles du projet de loi n° 15, parce qu'ils sont maintenant dans la loi
spécifique aux renseignements de santé et services sociaux, on veut simplement
s'assurer que le commissaire a encore juridiction par rapport à l'ensemble des
droits de l'usager par rapport à ses soins de santé, services sociaux. Puis ça
va nécessairement, accessoirement, avec son dossier, la confidentialité de son
dossier.
Donc, l'objectif... C'est un souhait qu'on
émet, c'est-à-dire que les commissaires gardent la juridiction qu'ils ont actuellement
pour ne pas ajouter une autre instance à laquelle l'usager ou sa famille aurait
à se référer en cas d'atteinte à ses droits, à son dossier, la confidentialité,
que ce soit rectification, accès ou communication. Donc, c'est un souhait qu'on
émet. On souhaite que le législateur aille toujours dans ce sens-là et on a
perçu, dans certaines modifications de libellés, peut-être un changement
d'orientation qui n'était pas souhaité ou non souhaitable. Donc, c'est notre
propos.
Mme Dorismond : Hier aussi,
on en a discuté avec l'ordre des infirmières auxiliaires, dans plusieurs
provinces, les ordres infirmiers sont ensemble, infirmières auxiliaires et
infirmières. Est-ce que vous prévoyez ou vous envisagez cette avenue?
M. Mathieu (Luc) :Bien, on n'a pas envisagé, là, cette avenue-là, mais on se
fait questionner beaucoup là-dessus. Et puis on sait qu'ailleurs, dans d'autres
juridictions au Canada, là, il y a eu des fusions d'ordres, en Colombie-Britannique,
là, dernièrement ou en Ontario, je ne me souviens plus trop, un des deux, et il
y a eu ce type de fusion là. Alors... Mais là nous, on n'a pas ça à l'agenda
pour tout de suite. Je ne sais pas si, dans la révision du système
professionnel, là... si votre collègue Mme LeBel, elle a ça dans ses...
dans ses cartons, mais, si jamais c'est le cas, bien là, on va être... on va
être prêts à discuter de ces questions-là. Mais ce serait un gros... un gros
chantier.
Mme Dorismond : D'accord. Ma
dernière question, hein, c'est ça? Combien de temps?
Le Président (M. Provençal)
:Il vous en reste 2 min 30 s.
Mme Dorismond : Bon, c'est
bien. Dans votre mémoire, vous inscrivez beaucoup «interprofessionnel»,
«interdisciplinaire». Moi, je travaille constamment en interdisciplinaire,
souvent, surtout en première ligne. Mais est-ce que vous pouvez nous donner des
exemples où ça ne fonctionne pas très bien, où la collaboration se fait moins
bien dans... ou peut-être dans quelle mission? Parce qu'en première ligne c'est
inévitable de travailler ensemble, là. Il faut travailler ensemble. Avez-vous
des exemples où la collaboration ne fonctionne pas?
M. Mathieu (Luc) :Bien, je vais le prendre autrement, où elle peut être
améliorée, là, ou optimisée entre les différents conseils, là, CII, CMDP, CM,
là, puis éventuellement... Je ne sais pas s'il va y avoir un conseil pour les
services sociaux, mais, ça, il y a des... C'est à géométrie variable, hein,
dans le réseau de la santé. Comme je le disais tantôt, je suis en train de compléter
une tournée des régions, puis il y a des endroits qui disent oui, ils ont des
collaborations avec le CMDP, puis d'autres qui disent... ils essaient d'avoir
des collaborations, mais ce n'est pas facile. Des fois, ce n'est pas de la
résistance franche. C'est de la résistance passive un peu, parce que les
gens...
Avec les défis, là, que le réseau de la
santé a devant lui, bien, de travailler en collaboration professionnelle, c'est
un incontournable. On fait ça déjà un bout de temps, mais il va falloir
accentuer ça, accentuer la formation dans nos professions respectives, dans la
formation initiale, d'habiliter les gens à travailler en collaboration
professionnelle dans le respect des compétences de chacun. Mais les frontières
professionnelles sont de plus en plus perméables, si je peux dire ça comme ça.
Alors, c'est le sens de notre propos, là, quand on insiste à différents
endroits dans le mémoire là-dessus.
• (16 h 20) •
Mme Dorismond : Est-ce que
vous avez d'autres élargissements... au niveau des pratiques professionnelles?
Je sais que vous parlez beaucoup en lien avec l'augmentation des médicaments, mais
avez-vous d'autres choses que vous pouvez nous suggérer au niveau de la prise
en charge?
M. Mathieu (Luc) :Bien, la prise en charge, puis je pense qu'au ministère de
la Santé... Puis, le ministre l'a vu, là, la contribution des infirmières, les
infirmières cliniciennes, les IPS, là, pour améliorer l'accès à la première
ligne, dans les différents modèles de soins qui ont été mis en place depuis
les... je vais dire ça comme ça, les 18 derniers mois, on voit que ça a...
que ça a du succès, là. Et puis encore, pas seulement les IPS, mais, les
infirmières cliniciennes, notamment, de par leur formation, il y a plusieurs
des problèmes de santé courants qu'elles peuvent prendre en charge. Puis, même
dans les discussions que j'ai eues avec mon collègue du Collège des médecins,
le Dr Gaudreault, Mauril Gaudreault, bien, il disait, : Bien, si
une infirmière clinicienne qui reçoit quelqu'un, soit dans un GMF ou à
l'urgence, est capable de faire l'évaluation de la personne puis de dire :
Bien, moi, je peux m'occuper au complet ou en partie de cette personne-là, et,
si je ne peux pas le faire au complet, c'est soit une IPS, un médecin, un
pharmacien, une travailleuse sociale... Alors, c'est ça qu'il faut... C'est
là-dessus qu'il faut améliorer. Puis ça, c'est pour... à travailler à la
première ligne.
Puis, si on veut désengorger les <hôpitaux...
M. Mathieu (Luc) :
...améliorer, puis ça, c'est pour... à travailler à
la première ligne.
Puis, si on veut désengorger les >hôpitaux,
là, parce que je sais que c'est très... c'est une préoccupation qu'on a dans le
réseau, bien, c'est en amont, c'est investir dans les soins à domicile. On sait
que c'est une volonté de votre collègue, là, Mme Bélanger. Alors, on
parle, tu sais, d'augmenter les soins à domicile, les soins intensifs à
domicile, le concept d'hôpital à domicile. Alors, là encore, ça va prendre des
infirmières... les infirmières... (panne de son) ...mais un travail de
collaboration important. Puis ça va prendre une chose, là, quand on dit qu'il y
a d'autres chantiers, là, qui sont parallèles au projet de loi, ça va prendre
des technologies de l'information pour soutenir cette collaboration.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. Mathieu.
Mme Dorismond : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Je dois vous interrompre pour donner
la parole à la députée de Mont-Royal—Outremont. Alors, madame.
Mme Setlakwe : ...M. le
Président. Merci à vous pour votre présentation. On a beaucoup parlé d'enjeux
organisationnels, de changements de structure, mais ramenons-nous au titre du
projet de loi, là. C'est la loi visant à rendre le système de santé plus
efficace. Est-ce que vous êtes rassurés? Êtes-vous confiants que le projet de
loi va servir à cette fin, qu'on va y arriver, à un système plus efficace?
M. Mathieu (Luc) :Bien, je vais dire ça comme ça, on a de l'espoir, mais tout
va dépendre comment le projet de loi va atterrir, ce qui va être adopté, puis
après ça ce qui en découle, hein? Vous le savez, ce qui donne vie à un projet
de loi, c'est les règlements, puis après ça c'est comment les personnes, dans
les structures... Parce que, oui, les structures, c'est important, mais, à
notre sens, là, les personnes, ce l'est d'autant plus. Ça va dépendre, entre
autres, par exemple, dans les conseils d'établissement, quel rôle on va leur
faire jouer concrètement. Je sais qu'il y a certains objectifs, là, qu'on...
dans le projet de loi. Alors, ça, ça va être déterminant. Puis aussi les
directeurs de site, là, quel... Est-ce qu'ils vont avoir seulement un rôle de
transmission de l'information, «top-down», là, du PDG de l'agence vers les
sites, là, si je peux dire ça comme ça? Alors, ça, c'est des... C'est deux
exemples, on va dire. Ça va dépendre comment tout ça va s'opérationnaliser.
C'est un élément de culture à changer puis...
de culture, puis, en même temps, pour les soins infirmiers, on parle beaucoup,
tu sais... Bien, il faut attirer les gens, on fait du recrutement à l'international
puis tous azimuts, mais il faut axer beaucoup sur la rétention. Il va falloir...
en sorte, là, que les directions dans les milieux, au niveau de la proximité,
au niveau régional, local... que les gens puissent avoir du pouvoir pour
organiser ça, parce que, tu sais, la mobilité de tout le Québec que les
infirmières vont pouvoir avoir si le projet de loi est adopté, bien, ça va
mettre une... moi, j'appelle ça une saine pression sur les établissements pour
être innovateurs au niveau des mécanismes d'attraction mais surtout de
rétention, pour que les jeunes et moins jeunes infirmières demeurent dans le
réseau, soient satisfaites, là, de... puis aient du plaisir à travailler dans
l'environnement avec les collègues avec lesquels elles sont appelées à prendre
soin des gens.
Mme Setlakwe : Avant
d'enchaîner avec ma prochaine question, ça va être en lien avec ça, je vois
votre collègue, là, qui semblait vouloir ajouter quelque chose. Est-ce que... Allez-y,
hein, n'hésitez pas.
Mme Richer (Marie-Claire) : Bien,
en fait, oui, je voulais ajouter, justement, qu'il y a des grands domaines de
recherche qui regardent vraiment tout le volet de la rétention des infirmières,
particulièrement dans les hôpitaux magnétiques, qu'ils appellent «magnet
hospitals». Il y a vraiment, depuis les 20 dernières années au moins... Puis
tout le lien du leadership infirmier est extrêmement important. Donc, ça fait
partie des conditions, ça.
Puis je voulais ajouter un petit mot sur
la structure. La structure ne change pas la culture d'une organisation. Donc,
je pense qu'il va falloir se préoccuper aussi de ces éléments-là, qui sont les
éléments plus humains, dans cette transformation, là, que vous mettez de
l'avant.
Mme Setlakwe : Bien,
justement, parlons-en, de la culture puis de la qualité des soins. Est-ce que
vous pensez que le projet de loi va réussir... ou, en tout cas, les changements
qui vont être mis de l'avant suite à l'adoption du projet de loi, puis on
s'entend que ça va prendre un certain temps, vont contribuer à améliorer les
soins, la qualité des soins, à opérer un changement de la culture?
M. Mathieu (Luc) :Bien, il y a des ingrédients de la recette, là, au niveau
structurant, qui laissent croire que ça pourrait arriver. Je l'utilise au
conditionnel. Comme je viens de dire il y a quelques instants, ça va dépendre
comment ça va atterrir sur le terrain, qu'est-ce qui va être adopté, là, dans
la loi, puis quels sont les règlements aussi qui vont en découler, par exemple,
quel rôle, finalement, qui va être confié au directeur des soins ou au CII par
rapport aux autres directions. Est-ce qu'on va travailler vraiment en
collaboration interprofessionnelle? Tu sais, il y a de nos collègues, là... On
a entendu nos collègues, certains groupes médicaux qui ont dit : Ça prend
de la cogestion. Bien, la cogestion, comment elle est vue du niveau médical
puis comment nous, on la voit, ce n'est pas tout à fait la même chose. Tu sais,
ce n'est pas les médecins avec l'administration. C'est l'équipe soignante au
sens large du mot, avec les gestionnaires, là, de différents niveaux.
Alors, c'est... Mais c'est tout ça qui va
faire... dépendamment comment ça va s'actualiser, là, comment ça va atterrir
sur le terrain, qui va faire que ça va atteindre les objectifs auxquels vous
faites référence ou pas. Mais il y a... Nous, on est... c'est ça, on a de <l'espoir...
M. Mathieu (Luc) :
...va atteindre les objectifs auxquels vous faites
référence ou pas. Mais il y a... Nous, on est... c'est ça, on a de >l'espoir,
on va dire ça comme ça.
Mme Richer (Marie-Claire) : Puis
la notion d'intersectorialité aussi, je pense, est extrêmement intéressante,
hein, de dire qu'on va au-delà des hôpitaux. Il faut faire attention de ne pas
être toujours très hospitalocentriques. Donc, on le voit, là, dernièrement, on
en entend parler, de certaines... certaines initiatives, là, où on voit, par
exemple, le corps policier qui s'associe avec un CISSS ou un CIUSSS, qui font
des interventions en santé mentale. Tu sais, on voit... on voit des initiatives
comme ça qui sont intersectorielles. Ça, ça a... Ça, je pense que ça promet,
là, pour, justement, augmenter la qualité des soins, là.
M. Mathieu (Luc) :Oui. Avec les municipalités, là, bien, vous avez... vous
avez reçu M. Clair, Michel Clair, là, qui avait, à notre sens, là,
des interventions très intéressantes par rapport à ça.
Mme Setlakwe : Oui. Merci. Vous
donnez espoir, parce que, franchement, depuis hier, on est un peu... il y a un
certain découragement, parce qu'on a eu... on a eu des comptes rendus plutôt
négatifs, beaucoup de craintes. Tant mieux si on s'en va... s'il y a un pas ou
s'il y a de l'espoir... un pas dans la bonne direction puis s'il y a de
l'espoir. Est-ce que vous pensez...
M. Mathieu (Luc) :Excusez-moi, Mme Setlakwe. Une des choses, comme on le
dit à la fin de notre mémoire, qui va faire... puis d'autres l'ont dit, la Commissaire
à la santé et au bien-être, entre autres, là, il va falloir monitorer le
déploiement de la loi, pas après, là, cinq ans mais en cours de déploiement, se
donner certains indicateurs pour voir comment ça se passe, y a-tu des
ajustements à faire, parce que c'est structurant, là, c'est des gros
changements, et puis de voir... puis des indicateurs, pas seulement sur la
structure mais beaucoup sur... parce qu'on parle beaucoup de ça, sur la valeur,
qu'est-ce que ça apporte comme valeur aux citoyens, en tout cas, des
indicateurs sur la valeur.
Puis, dans la pratique infirmière, il y a
des indicateurs de résultat sensibles à la pratique des infirmières. Moi, je
rêve du jour où on aura un tableau de bord clinique infirmier avec ces grands
indicateurs là au niveau national, régional, local, par domaine de soins. Mais,
pour ça, ça nous prend des systèmes d'information qui sont... qui permettent de
faire ça.
Mme Setlakwe : Le ministre
vous écoute.
M. Mathieu (Luc) :Je le sais. Je suis sûr.
Mme Setlakwe : Revenons
sur... revenons sur la mobilité. Vous êtes relativement favorables. Vous dites,
en même temps, que, bon, la rétention, c'est clé. Mais nous, on a entendu
beaucoup, beaucoup de craintes à cet égard-là, que, surtout à Montréal, on
pourrait voir un exode, étant donné, tu sais... de gens qui habitent à
peut-être... qui font peut-être une heure de route le matin, le soir, et qui
vont peut-être vouloir quitter la pratique à Montréal. Ça peut aussi avoir des
incidences négatives en région, en région éloignée. Comment vous voyez tout ça?
M. Mathieu (Luc) :Bien, c'est possible que ça ait cet impact-là, mais ça a
des gros avantages... bien, des gros avantages en ce sens... pour ceux qui
étaient dans un établissement, puis ça fait 20 ans que tu travailles, puis
là tu déménages de région, puis là tu recommences à zéro, là, au niveau ton
ancienneté. Parce que c'est ça actuellement. Alors, ça, ça vient corriger ça.
Les préoccupations qui ont été émises par
d'autres groupes, oui, elles sont là. Mais moi, comme je le disais, là, si
j'étais... puis je l'ai déjà été, dans ma carrière, gestionnaire
d'établissement, bien là, je dirais : On a un beau défi, là, d'attraction
puis de rétention, travailler sur les facteurs de rétention.
Dans le rapport des états généraux auquel
le ministre a fait allusion régulièrement, c'est mentionné, ça. Il faut
travailler là-dessus, faire des... ce qui se fait dans d'autres domaines de la
vie économique, des plans de carrière pour les jeunes infirmières qui arrivent
dans les établissements. Nous, on appelle ça des plans de développement
professionnel continu. Parce que, si les gens, ils se sentent bien reçus, qu'on
en prend bien soin, là, là, je ne parle pas des patients, mais je parle des
infirmières puis des infirmiers, puis qu'on les accompagne dans leur
développement, quelqu'un qui dit : Bien, moi, ça me tente d'aller
travailler auprès des personnes âgées, bien, on ne t'enverra pas aux soins
intensifs pour les adultes, là, les jeunes adultes. On va t'accompagner,
comment... On te donne du feedback régulièrement. Si tu veux te spécialiser, on
va demander à notre fondation de développer des programmes de bourses pour
permettre aux gens de se spécialiser.
Il y a plein de choses comme ça qui se
font dans d'autres secteurs d'activité économique, qui, malheureusement, ne se
font pas suffisamment dans le réseau de la santé. Puis, à notre sens, ça, ce
n'est pas une question d'argent, c'est une question de vision, de posture de
gestion. On le voit, là, dans certains établissements, puis pas nécessairement
juste les établissements universitaires, il y en a qui ont vraiment compris ça
et puis qui mettent ça de l'avant. Puis, ces établissements-là, souvent, c'est
des gens qui ont moins de TSO, qui ont un bon taux de rétention.
Alors, oui, il y a des préoccupations, là,
ce que vous avez soulevé, qui sont légitimes, mais nous, on pense que... Puis
là on pense que... Puis ça va dépendre, encore une fois, comment tout ça va
s'articuler, mais on voit ça plus... on voit le verre à moitié plein et non pas
le verre à moitié vide, je vais dire ça comme ça.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, votre temps
est terminé.
Mme Setlakwe : C'est tout
déjà? Moi, j'en avais d'autres.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, je vais céder maintenant la
parole au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Bien, bonjour à vous trois. Je me sens presque chez moi, là, en vous
parlant, aux gens de l'ordre qui sont dans Rosemont, là. On est pratiquement
voisins. Alors, je vous salue.
Le principal problème en ce moment, là, je
pense... pas le principal, mais un des <principaux...
>
16 h 30 (version révisée)
<17 867
M. Marissal :
...alors, je vous salue.
Le principal problème en ce moment, là,
je pense... pas le principal, mais un des >principaux problèmes de la
profession, c'est la valorisation. Ça ne se bouscule pas au portillon pour être
formé. Je ne parle même pas, après ça, là, de la rétention. Mais, avant ça, il
faut quand même en accueillir, les former puis les faire graduer. Est-ce qu'il
y a quelque chose, dans le projet de loi n° 15, en ce
moment, que vous voyez, qui favoriserait la valorisation, même pas... Je dis «de
la profession»... Ce n'est pas tant de la profession, c'est de l'étude vers la
profession.
M. Mathieu (Luc) :Oui. Bien, le projet de loi, je pense, des fois, ça... son
objectif, là... Ça fait que la réponse courte, non, mais... Comment je dirais
ça? Je veux juste vous dire... Tu sais, vous dites : Il y a moins de gens,
mais, au tableau, là, à l'inscription, les gens avaient jusqu'au 15 mars
pour renouveler leur inscription au tableau, bien, on a encore une augmentation
de notre membership, là. L'année dernière, on était à 82 200. Là, on est à
83 400. Ça fait que, comme je disais à la blague, là, les gens, ils ne
désertent pas le tableau. S'ils désertent la profession, là, je ne sais pas où
ils vont.
Alors, ça, il y a encore une attraction dans
la profession puis dans les milieux d'enseignement aussi, là, de façon générale,
mais, oui, il faut... Mais, quand même, il faut travailler sur la valorisation.
Nous, à l'ordre, partout... C'est encore une profession, là... C'est une belle profession,
la profession infirmière, dans la mesure où il y a des conditions de travail et
des conditions d'exercice qui rendent ça attrayant pour qu'on puisse y venir
puis y rester.
Mme Richer (Marie-Claire) : C'est
la semaine des infirmières, M. Marissal, cette semaine.
17 867
M. Marissal :
Pardon?
Mme Richer (Marie-Claire) : C'est
la semaine des infirmières.
17 867
M. Marissal :
Ah bon! D'accord.
Mme Richer (Marie-Claire) : Donc,
c'est un bon moment, si vous connaissez une infirmière, de lui faire votre
appréciation... (panne de son) ...oui.
17 867
M. Marissal :
Bien oui, il y a ma mère, par exemple, oui, qui... Elle a 89 ans. Elle
ne travaille plus, là, mais... Oui, il y a Mme la députée de Marie-Victorin
aussi, mais elle m'aura permis de saluer ma mère d'abord, qui ne pratique plus
à 89 ans, mais elle a été infirmière toute sa vie.
M. Mathieu (Luc) :Oui, tout à fait.
17 867
M. Marissal :
Dites donc, recommandation 12, que le président-directeur général d'un
établissement de santé élabore un plan des effectifs infirmiers suivant les
recommandations du directeur des soins infirmiers, ça ne se faisait pas déjà,
ça?
M. Mathieu (Luc) :Pas tant, non, mais, dans la tournée que j'ai faite, il y a
plusieurs PDG, là, d'établissement qui nous disaient : Bien, les... par
rapport à la majorité des membres qui travaillent dans le réseau, il y a des
iniquités au niveau de la répartition des effectifs, là, à travers le Québec.
Alors, c'est pour ça que, des fois, il y a des établissements qui ont un pôle d'attraction.
Par exemple, les établissements universitaires, c'est très attractif pour une
infirmière, là, une jeune infirmière, notamment. Il y a toute la... tout ce qui
va avec le volet universitaire, comme au CHUM ou au CUSM. Et, au CHUM, en plus,
c'est un superbel... superbeaux établissements à la fine pointe des technologies,
puis tout ça. Il y a d'autres endroits où on n'est pas là du tout. Ça fait qu'il
y a des gens...
On dit : On a des contraintes qui
font que, des fois, on fait appel à plus de main-d'œuvre indépendante, puis
tout ça, parce qu'au niveau de la répartition des effectifs sur le territoire
il y a des enjeux. Et ça, lors des états généraux de la profession, ça a été
discuté. Les commissaires avaient soulevé le fait. Est-ce qu'il devrait y avoir
quelque chose comme des PREM au niveau médical, là, des plans régionals d'effectifs
infirmiers? Bon, les gens disent : Il faudrait voir, puis tout ça. Mais on
entend, nous autres, de plusieurs directions d'établissement actuellement, là,
qu'on devrait prévoir une mécanique comme ça pour ne pas que tout le monde
veuille s'installer et aller travailler dans une même région puis qu'il y a d'autres
régions, pour toutes sortes de raisons, là, qui sont plus dépourvues que d'autres.
C'est ça que...
17 867
M. Marissal :
Merci.
17 829
Le
Président (M. Provençal)
:Merci
beaucoup, M. le président. Alors, M. le député des Îles-de-la-Madeleine, vous
prenez la suite.
17 947
M. Arseneau :
Oui. Et j'en profiterais pour exprimer toute ma reconnaissance envers
toutes les infirmières qui nous écoutent aujourd'hui. Et la représentante de la
FIQ, ce matin, nous a parlé de la notion de qualité, qu'elle trouvait peu
présente dans le projet de loi. Est-ce que vous avez remarqué la même chose?
Vous avez un élément à mentionner, sur le plan de la qualité des soins et des
indicateurs, qui devrait peut-être être présent?
M. Mathieu (Luc) :Bien, je ne suis pas sûr que c'est dans le projet de loi
que ça doit se trouver. Peut-être qu'il y a des choses qui devraient être
précisées dans le règlement, là, ou ailleurs, parce que, si on identifie, par
exemple, des indicateurs, puis la pratique se modifiant, puis là, woups! il
faudrait changer la loi... Vous le savez, c'est... Modifier la loi, la LSSSS,
là, ce n'est pas... on ne fait pas ça tous les jeudis après-midi. Ça fait que
soit dans le règlement ou dans d'autres lignes directrices, là, mais, dans le
projet de loi, on en a parlé tantôt, il y a des mécanismes au niveau de la
qualité, de l'appréciation de la qualité. Ça fait qu'au niveau de la structure,
oui, il y a déjà des choses à l'intérieur de ça, mais, nous, ce n'est pas là qu'on
voit que ça va se jouer, là. Par exemple, tantôt, je parlais qu'on se donne le
tableau de bord clinique dans le réseau de la santé, où on intègre les
indicateurs de résultat sensibles aux soins. Ça, il faut aller vers ça, mais je
ne pense pas que ça doit être intégré à l'intérieur du <projet de loi...
M. Mathieu (Luc) :
...vers ça, mais je ne pense pas que ça doit être
intégré à l'intérieur du >projet de loi.
M. Arseneau : Oui. Je pense
qu'on voulait intégrer le principe à l'article 1. C'était plutôt là-dedans
qu'on allait. Mais vous avez vraisemblablement raison sur la question des
indicateurs qui peuvent évoluer dans le temps.
Public versus privé, j'imagine que
l'ordre, vous avez une réflexion là-dessus. Je ne suis pas sûr de savoir, là,
quel est votre point de vue à cet égard, concernant l'ouverture plus grande
qu'on veut faire au secteur privé.
M. Mathieu (Luc) :Ça dépend. Quand on dit «secteur privé», que le secteur
privé... Tu sais, comme les GMF, c'est des structures privées, tu sais, il faut
dire... appeler un chat un chat, mais qu'il y a des mécanismes... Les patients,
quand ils vont dans cette structure-là, ils ne paient pas de leurs poches. Tu
sais, c'est la Régie de l'assurance maladie. Il y a quelqu'un qui paie, là. C'est
nos taxes. Mais, dans...
M. Arseneau : Les cliniques
médicales spécialisées, par exemple.
M. Mathieu (Luc) :Oui, bien, ce serait la même chose. Si on met des modalités
de service pour optimiser la contribution du réseau, mais que les patients
n'ont pas à débourser... Même chose, éventuellement, on le voit, ça, de plus en
plus, là, les gens voient des cliniques d'IPS, par exemple. Les cliniques
d'IPS, il y en a, de nos membres, là, qui veulent, de plus en plus, se partir
ça, parce que, oui, ça répond... Ça peut favoriser l'accès, mais il faudrait
qu'au niveau de la façon de payer les coûts de ça... bien, qu'il y ait des
ententes avec la RAMQ, par exemple, pour s'assurer que ce n'est pas le patient
qui a à débourser ça de sa poche, si on améliore l'accès.
M. Arseneau : J'aurais aimé poser
une question sur la gouvernance interdisciplinaire, mais c'est tout le temps
qu'on a. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le député. Mme la députée
de Vaudreuil, vous terminez cet échange.
Mme Nichols : Oui. Merci, M.
le Président. Merci. Merci d'être parmi nous en virtuel. Une petite question. Hier,
les infirmières auxiliaires nous disaient que la relève... la relève était au
rendez-vous. Est-ce que... Puis ils nous parlaient même qu'il y a 2 000 membres
de plus par année. Vous avez parlé que le... à l'ordre, là, il y en avait, des
supplémentaires, mais est-ce que la relève est là aussi au niveau des
infirmières?
M. Mathieu (Luc) :Au niveau des infirmières, il y a eu une augmentation, là,
au niveau de notre membership, mais... Ça augmente encore, mais moins vite que
ça a déjà augmenté, tu sais, puis on le sait aussi.
Puis il n'y a pas... À notre sens, là, il
n'y a pas une grosse proportion de nos membres qui quittent le réseau. Il y a
certains... Là, on voit une petite tendance de gens qui s'en vont vers le
privé. En termes de pourcentage, des fois, ça paraît gros. Là, par exemple, il
y a deux ans, on avait une augmentation de 19 %, mais ça reste encore des
petits nombres. Bien, c'est des signaux qui nous sont envoyés, que, si on
n'améliore pas les mécanismes de rétention, entre autres, améliorer les
conditions de travail et d'exercice des infirmières... Il faut suivre ça de
proche, parce qu'il risquerait de... peut-être qu'éventuellement... d'avoir un
désintérêt aussi envers la profession.
Alors, d'agir sur la valorisation, comme M.
Marissal l'a mentionné tantôt, je pense, bien, il faut agir là-dessus, pas
seulement nous, à l'ordre, mais dans les établissements de santé, au ministère
de la Santé et Services sociaux, parce que c'est une superprofession quand elle
a les conditions qu'il faut pour exercer.
Mme Nichols : Puis, au niveau
de la formation, est-ce qu'il y a un... est-ce que les inscriptions sont en
augmentation ou...
M. Mathieu (Luc) :Oui. Au niveau collégial, des fois, dans certains collèges,
il y a une certaine diminution, mais, dans les universités, il y a une certaine
augmentation, là, si je ne mets pas tous les bémols puis dièses qu'il faut, là.
Mais, en termes de tendance, ces dernières années, c'est ça qu'on observe.
Mme Nichols : Merci. Quelques
secondes, peut-être?
Le Président (M. Provençal)
:30 secondes.
Mme Nichols : Ah!
30 secondes. J'avais remarqué... Dans votre mémoire, là, vous parlez
beaucoup du respect de l'ensemble des droits de la personne, le droit des
usagers. Il y a une recommandation n° 8 à cet
effet-là, là, qui demeure... que vous souhaitez que ça demeure le principe
cardinal du régime d'examen des plaintes. Un commentaire en quelques secondes?
• (16 h 40) •
M. Mathieu (Luc) :Bien, le commentaire, oui, il faut que les... Le RPCU, là,
le regroupement professionnel des usagers, là, s'est fait entendre, là, auprès
de la commission, puis on est tout à fait d'accord à aller dans ce sens-là. Il
faut de plus en plus donner une place au public, là, aux citoyens dans
l'organisation du réseau puis même au sein des ordres professionnels. Nous, on
fait des travaux dans ce sens-là ici.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup aux représentants de
l'ordre des infirmiers et infirmières du Québec pour leur contribution et leur
participation. Ça a été très agréable comme échange. Merci beaucoup.
On va suspendre les travaux brièvement
pour faire place au prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 41)
(Reprise à 16 h 47)
Le Président (M. Provençal)
:Je souhaite maintenant la bienvenue à
l'Ordre des psychologues du Québec. Alors, mesdames, je vous invite à faire
votre exposé. Vous avez 10 minutes. Par la suite, on procédera aux
échanges. Et je vais me permettre de saluer une bonne amie, Mme Bernard, puis on
est... une ancienne citoyenne de Beauceville. Je me permets cette petite
prérogative.
M. Dubé : ...
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le ministre. Ouf! Je ne me
ferai pas chicaner. Madame.
Ordre des psychologues du Québec (OPQ)
Mme Grou (Christine) :Alors, M. le Président, M. le ministre, membres de la commission,
l'Ordre des psychologues du Québec apprécie énormément cette occasion, cette
opportunité que lui offre la Commission de la santé et des services sociaux de
réagir au projet de loi n° 15 qui vise à rendre le système de santé et les
services sociaux plus efficaces.
Je suis Dre Christine Grou. Je suis
psychologue et neuropsychologue clinicienne. J'ai fait carrière d'une trentaine
d'années dans le réseau public de la santé, et ensuite comme cheffe de la
discipline de psychologie, avant d'être présidente de l'ordre. Et m'accompagne
ici Mme Andrée Bernard, donc, qui est administratrice de l'ordre, qui est
psychologue spécialisée dans la psychologie du travail et des organisations,
qui est une faction de la psychologie qu'on connaît peu dans le réseau public
de la santé, qui n'est pas dans le réseau public de la santé, mais Mme Bernard
a travaillé sept ans au ministère de la Santé et des Services sociaux et elle a
une expertise en gestion de changement et gestion de proximité, raison pour
laquelle je lui ai demandé de m'accompagner.
Alors, notre objectif aujourd'hui, c'est
de soulever quelques enjeux qui nous semblaient essentiels à l'amélioration de
l'efficacité du système de santé parce qu'on y croit puis parce qu'on tient à
collaborer. Deux enjeux principaux que je vais soulever ici : d'abord, le
traitement de la santé mentale dans le projet de loi et le rattachement des
psychologues, donc, dans la structure de gouvernance.
D'abord, sur la structure de gouvernance,
parce que c'est un élément qui est très important pour nous, le projet de loi
prévoit la création d'un conseil interdisciplinaire d'évaluation des
trajectoires et de l'organisation clinique, donc, amicalement baptisé le
CIETOC, sous lequel on retrouve quatre conseils, alors, le conseil des
médecins, dentistes, pharmaciens et sages-femmes, qu'on connaît bien, la
direction des soins infirmiers, qui a toujours été, le conseil
multidisciplinaire, qui s'est scindé, c'est-à-dire, on a maintenant un conseil
multidisciplinaire des services de santé qu'on comprend comme étant un conseil
multi des services de santé physique et un conseil multidisciplinaire des
services sociaux.
Alors donc, on est tout à fait favorables,
donc, à cette scission. Toutefois, on a rattaché les psychologues, dans
l'organigramme, au conseil multidisciplinaire des services sociaux, ce qui,
pour nous, est une erreur, parce que les psychologues ne sont pas, dans le
réseau public de la santé, des dispensateurs de services sociaux, et ce ne... Ils
ne seront pas, dans cette structure, contributifs dans l'évaluation des
trajectoires de l'organisation clinique ni, évidemment, dans les pratiques du
domaine social puisque ce n'est pas leur domaine de pratique.
• (16 h 50) •
Alors, la proposition, évidemment, qu'on
fait, c'est un rattachement au conseil des médecins, dentistes, et pharmaciens,
et sages-femmes pour les raisons suivantes, c'est-à-dire, d'abord, dans le
réseau public de la santé et des services sociaux, comme je l'ai mentionné, les
psychologues ne pratiquent pas dans le domaine social ni n'offrent des services
sociaux d'aucune façon. Ils offrent des services de santé, principalement des
services de santé mentale. Ils travaillent dans l'organisation des trajectoires
de services de santé mentale et ils font quasi exclusivement des activités
cliniques de diagnostic et de traitement en santé. Et leur pratique est intimement
liée à celle des médecins ou médecins spécialistes, et c'est avec eux qu'ils
élaborent généralement les trajectoires de services et l'organisation des soins
et services, bien sûr, avec les équipes multi.
Si je fais un portrait de l'effectif des
psychologues au Québec, vous savez qu'on en a plus de 9 000. Cependant,
dans le réseau public de la santé et des services sociaux, il y en a 2 069,
et ces 2 069 personnes sont rattachées aux CISSS et aux CIUSSS. Donc,
la répartition, elle est essentiellement dans les centres hospitaliers — il
y en a un quart dans les centres hospitaliers — centres hospitaliers
psychiatriques — donc, il y en a environ 300 — dans les
centres de réadaptation en <déficience physique, dans les CLSC...
Mme Grou (Christine) :
...environ 300 dans les centres de réadaptation en >déficience physique,
dans les CLSC. Alors donc, ils ne sont pas dans les centres jeunesse. Ils ne
sont pas dans les services communautaires. Ils sont vraiment, donc, rattachés
dans les services de santé et services de santé spécialisés.
Maintenant, les exemples de rattachement,
juste pour donner une illustration, parce que je ne suis pas certaine que ce
soit si connu que ça, bien, j'ai regardé deux exemples avant de venir. J'ai
regardé l'exemple de Sainte-Justine, à Montréal, puis j'ai regardé l'exemple du
CHUM. Et, si vous regardez le CHUM, où il y a un gros service de psychologie,
alors, ils sont rattachés en neurologie, en oncologie, en transplantation, en
cardiologie, en psychiatrie, en gériatrie et en douleur chronique. Si vous
regardez en pédiatrie à l'hôpital Sainte-Justine, vous les retrouvez en
médecine des adolescents, dans la clinique de grossesses à risque, procréation
assistée, gynéco-obstétrique, en gastro-hépatologie. Il y en a sept en
psychiatrie, trois en neurologie, six en hémato-oncologie, six dans le
programme CIRENE. Il y en a cardiologie et en douleur. Il y en a en chirurgie
traumatique. Il y en a un en néphrologie puis il y en a un en fibrose kystique.
Alors, tout ça pour vous dire que le rattachement logique est vraiment avec les
services de santé.
Je voudrais, évidemment, parler de la
formation, parce qu'on a entendu beaucoup de choses sur la durée de la
formation, sur la formation des psychologues. Alors, je pense que la majorité
des gens savent que ça prend un doctorat pour porter le titre de psychologue.
Depuis 2006, le doctorat est obligatoire, mais ce n'est pas un doctorat
professionnel, donc, qu'on fait à partir de l'entrée à l'université. Il y a
d'abord un baccalauréat de trois ans, qui est théorique, où on apprend des
connaissances générales, donc, en comportement humain et en santé mentale, après
quoi ceux qui sont admis feront un doctorat qui dure en moyenne six ou sept ans,
pour une durée totale d'études de neuf ou 10 ans.
Alors, quelques exemples de ce que font
les psychologues dans le réseau : diagnostic des troubles
neurodéveloppementaux, diagnostic des troubles neurocognitifs dégénératifs, les
fameuses démences, diagnostic des problèmes de santé mentale, troubles
dépressifs, troubles anxieux, troubles de personnalité, troubles psychotiques,
diagnostic différentiel en santé mentale.
Le diagnostic différentiel, c'est quand on
a quelque chose de très compliqué en santé mentale, puis que la symptomatologie
ne nous permet pas de départager, puis qu'on est obligés d'aller plus loin dans
la structure psychique, et là on est obligés de référer à une instrumentation
puis à des cadres conceptuels autres, et là les psychologues sont extrêmement
contributifs.
Diagnostic des troubles cognitifs, pour
les neuropsychologues, évidemment, évaluer l'impact d'un traumatisme crânien
sur les comportements, par exemple sur les fonctions mentales supérieures,
évaluer la pertinence d'un traitement médical ou d'une transplantation, traiter
la dépression, traiter l'anxiété, traiter un trouble mental, évaluer le type de
traitement qui peut être pertinent pour un patient qui pose des problèmes de
santé mentale, parce que ça prend une gamme de services en santé mentale, ça
prend une gamme de traitements à offrir aux personnes, mais il faut être
capable d'évaluer quel est le bon traitement et de quoi la personne est capable
en termes de traitement.
Alors, en conclusion, je tiens à saluer
les orientations du projet de loi. Et je pense que les grandes orientations
sont fort bénéfiques, mais l'Ordre des psychologues ne pouvait pas rester
silencieux devant le fait que les mots «santé mentale» sont absents des pages
du projet de loi, de chacune des pages du projet de loi. Et, sans y voir aucune
intentionnalité, c'est peut-être juste symptomatique de la place de la santé
mentale et de la place qu'elle occupe par rapport à la santé physique, et c'est
peut-être aussi une méconnaissance d'à quel point la santé mentale puis la
santé physique sont difficilement séparables parfois et à quel point on a
avantage à avoir une perspective de santé globale.
Il serait bien triste, à notre avis, de
voir que la santé mentale soit reléguée à tort dans les services sociaux. Et
là, j'insiste, les services sociaux sont des services extrêmement importants et
ce sont des services qui sont extrêmement importants en santé, mais ce ne sont
pas des services de santé mentale. Et il faudrait vraiment éviter cette confusion-là,
qui est déjà très grande, à mon avis. Et, sans disposition expresse, donc,
concernant la santé mentale, malheureusement, elle va encore rester la
responsabilité de tout le monde mais surtout la responsabilité de personne,
parce qu'il n'y aura pas d'instance qui va être imputable des services à
offrir.
Le projet de loi n° 15,
c'est une occasion en or. C'est une occasion en or pour redonner à la santé
mentale la place qu'elle mérite, pour lui donner la considération qu'elle
mérite, pas juste pour éviter que les médias en parlent quand il y a des
tragédies, pas juste pour éviter qu'on en parle parce qu'on ne s'en occupe pas
comme il faut. C'est vraiment pour pallier à la souffrance muette, à la
souffrance des gens qui n'ont pas de tribune pour s'exprimer, au parcours du
combattant, aussi, des gens qui tombent avant la fin du combat puis, des fois,
avant d'obtenir des services, et au désespoir des familles qui se retrouvent
complètement <impuissantes aussi...
Mme Grou (Christine) :
...et au désespoir des familles qui se retrouvent
complètement >impuissantes aussi, et particulièrement devant des gens
qui sont difficiles à traiter, difficiles à soigner. Alors, c'est une occasion
en or d'offrir aux Québécois, dont nous sommes, des soins à la hauteur de ce
qu'ils méritent en santé mentale comme dans le reste de la santé. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Mme la présidente.
Alors, M. le ministre, on va initier cette période d'échange avec vous.
M. Dubé : Merci beaucoup, M.
le Président. Je vous écoute, là, puis c'est probablement une des raisons pour
lesquelles on a des commissions parlementaires quand on fait des projets de
loi, pour, justement, avoir un peu de recul, une fois qu'on a écrit la loi puis
qu'on pense qu'on a couvert tous les angles. Puis on se dit : Ah mon Dieu!
quand je vous entends aujourd'hui, c'est tellement clair, puis toute la...
Avec ce qu'on a vécu en pandémie, je ne
pense pas qu'il n'y a personne, dans toute l'équipe de législateurs qui a
travaillé sur ce projet de loi là, qui s'est dit : On va oublier la santé
mentale. Vous l'avez bien dit. Par contre, le recul que vous me donnez
aujourd'hui, c'est dire : Hum! ça, là, il faut... On a une occasion en or
d'en profiter puis faire cette correction-là. Puis je parle à mon collègue ici,
là, Dr Bergeron. Je pense que c'est assez clair, ce que vous avez dit.
Je veux juste vous relire puis je voulais
vous dire... Moi, j'ai la chance... Je ne connaissais pas ça, la psychologie, beaucoup,
avant mon rôle en santé. Puis je travaille avec une psychologue tous les jours puis
j'en profite pour la saluer, parce que, Mme Savoie, elle ne le dit pas, mais
elle est psychologue.
Mme Grou (Christine) :Bonjour, Mme Savoie.
M. Dubé : Alors, notre
sous-ministre en Santé est psychologue et elle est très bonne. Je fais juste le
mentionner quand on parle de psychologues.
Écoutez, il y a une recommandation de la commission
Laurent, puis je vais vous la lire, parce que, si on l'a mal interprétée, je
pense, c'est l'occasion idéale. Parce que moi, j'aimerais me concentrer sur le
point, puis après ça il y aura peut-être de mes collègues qui voudraient
intervenir. Mais la commission Laurent, là, qui a fait... sur la DPJ, elle
avait de nombreuses... Puis je vous la lis parce que peut-être qu'on... Ça vous
dit sûrement quelque chose. Elle a dit : «Scinder, au sein des CISSS et
des CIUSSS, le conseil...» Puis, dans ce temps-là, elle ne savait pas qu'on
avait le projet de loi n° 15, là, mais elle dit : «Scinder, au sein
des CISSS et des CIUSSS, le conseil multidisciplinaire — qui existe
encore aujourd'hui — par la création d'un conseil professionnel des
intervenants psychosociaux.» Ça fait qu'au moins elle était d'accord qu'il y ait
une place spécifique. Ça, c'est vous. Mais, moi, de la façon dont je le comprends,
où on le mettait, en tout cas, jusqu'à vous entendre aujourd'hui, on le mettait
du côté des services sociaux. Ce qu'elle recommande, dites-nous qu'est-ce qu'on
n'a pas compris ou qu'est-ce qu'il faudrait ajuster.
Mme Grou (Christine) :Bien, je pense que de redonner une place aux services
sociaux puis de reconnaître qu'il y a une place importante, c'est un bon coup.
M. Dubé : ...je peux vous
dire qu'il est très content de ça. Un peu comme les infirmières trouvaient
qu'elles n'étaient pas au bon niveau, les services sociaux viennent de monter
aussi au même rang que les autres.
Mme Grou (Christine) :Absolument.
M. Dubé : OK. Ça, on est
d'accord.
Mme Grou (Christine) :On est d'accord avec ça.
M. Dubé : Mais c'est
l'endroit où on le met que vous êtes moins d'accord. C'est ça que je veux...
Non?
Mme Grou (Christine) :Non. C'est l'endroit où on met les psychologues. C'est de
confondre la santé mentale avec les services sociaux qui est une erreur, c'est-à-dire
que les services de santé mentale sont vraiment des services de santé. Donc, on
diagnostique, on traite, on soigne.
M. Dubé : ...des exemples où
ils sont à Sainte-Justine ou...
• (17 heures) •
Mme Grou (Christine) :Exactement, et de ce qu'ils font. Je vous donnais des
exemples de ce qu'ils font, qu'est-ce que ça fait, au quotidien, un psychologue
qui travaille dans le réseau public de la santé tous les jours.
Moi, la majorité des requêtes que j'avais,
c'était souvent pour clarifier le diagnostic en santé mentale, ou encore pour
me prononcer, par exemple, sur l'aptitude de quelqu'un, ou encore pour me
prononcer sur le traitement ou la pertinence d'un traitement, puis je
travaillais en collaboration avec des médecins spécialistes puis avec des
équipes multis tous les jours, mais c'est la raison pour laquelle on faisait
appel à moi. Dans l'hôpital où je travaillais, les psychologues avaient monté,
avec les médecins, qui étaient des chefs cliniques à ce moment-là, des
programmations pour traiter les troubles anxieux et de l'humeur. Donc, c'est ça
qu'ils font.
Alors, moi, ce que je dis, c'est :
Les services sociaux sont importants, puis bravo de leur avoir donné une place,
mais, quand on parle de services sociaux, on ne parle pas de la même chose.
M. Dubé : ...ce que vous
dites, mais vous le verriez où, à ce moment-là? Sans vous suggérer quoi que ce
soit, vous le verriez où?
Mme Grou (Christine) :Vous parlez de la santé mentale?
M. Dubé : Oui.
Mme Grou (Christine) :Bien, écoutez, nous, on propose de le mettre au conseil des
médecins, dentistes et pharmaciens parce que...
M. Dubé : ...
Mme Grou (Christine) :...oui, parce que ce qu'on fait est relativement près de ce
que peut faire, par exemple, un médecin psychiatre. La différence, c'est que,
dans les deux cas où on va faire du diagnostic de troubles mentaux, diagnostic
de troubles neuropsychologiques, le traitement qu'on fait est un traitement
psychothérapeutique. Le traitement que le psychiatre fait, généralement...
parfois, il est psychothérapeutique, souvent, il est pharmacologique. C'est des
traitements <complémentaires...
>
17 h (version révisée)
< Mme Grou (Christine) :
...traitement que le psychiatrique fait, généralement...
parfois, il est psychothérapeutique, souvent, il est pharmacologique. C'est des
traitements >complémentaires. Mais, cela dit... Puis on était d'accord
sur le fait que le conseil multi, c'est une entité qui s'est créée, je vous
dirais, bon, assez récemment, quand même, quand on a aboli les services
professionnels. Et il y avait beaucoup trop de professions dans les conseils
multis, ce qui fait qu'il y avait un...
M. Dubé : ...noyé un peu, là.
Mme Grou (Christine) :Il y avait un mélange des genres. Donc, d'avoir scindé les
deux, c'est très bien, mais il n'y a pas de direction des services de santé
mentale. Alors, je me dis : Où est-ce qu'elle va se faire, l'organisation
de la trajectoire de services en santé mentale? Bien, probablement que le plus
logique, c'est au conseil des médecins et dentistes.
M. Dubé : Puis je vais passer
rapidement la parole, mais, dans les intervenants qu'on a entendus il y a deux
semaines, on parlait du patient partenaire. Si on demandait au patient
partenaire, là, quand on regarde le continuum de soins, parce qu'on a dit qu'on
était intéressés à le mettre, justement, sur le comité interdisciplinaire pour
que le patient partenaire puisse... Ils diraient quoi, eux, s'ils vous
écoutaient aujourd'hui. Ils vous mettraient où? Dans le CMDP ou dans le comité
multidisciplinaire, selon vous?
Mme Grou (Christine) :Je ne sais pas où est-ce qu'ils nous mettraient, mais je
pense qu'ils nous associeraient probablement...
M. Dubé : Plus à l'hôpital,
plus dans... plus, je vais dire, clinique, excusez, quand...
Mme Grou (Christine) :...davantage à l'hôpital, aux médecins spécialistes. Oui,
davantage à la clinique, ça, c'est très, très, très clair. Ça me fait sourire,
parce que les patients partenaires, comme nous, d'ailleurs, ne sont pas
toujours des experts en structures, puis, souvent, ce qu'ils vont dire, c'est
que, bien... puis c'est ce que vous essayez de faire, M. le ministre : Donnez-nous
des structures qui font du sens pour nous. Donc, c'est exactement leur demande,
alors...
M. Dubé : ...qu'on est ici
aujourd'hui, là. C'est... Quand je dis qu'on écoute avant de décider, quand j'entends
des présentations comme la vôtre... Mais je vais laisser mes collègues qui ont
des questions, mais merci beaucoup pour votre présentation.
Mme Grou (Christine) :Merci de votre écoute.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Bonaventure.
Mme Blouin (Bonaventure) : Oui.
Bonjour. Bonjour, tout le monde. Merci d'être là aussi. J'aimerais revenir,
justement, sur le fait de vous ajouter sur le CMDP, maintenant SF aussi. Donc,
sur cette action-là, je ne sais pas si vous avez des choses à ajouter, sur les
bénéfices que ça peut avoir sur votre profession, mais j'aimerais aussi vous
entendre sur les bénéfices que ça peut apporter sur l'expérience patient, et si
ce serait suffisant aussi, cette action-là, pour éviter cette confusion-là dont
vous parlez au sein de la population.
Mme Grou (Christine) :Je vais vous dire honnêtement, quand on l'a regardé, on s'est
vraiment... Tu sais, la mission d'un ordre, c'est vraiment de protéger le
public. Je le sais, que ça a l'air cliché, là, mais c'est d'assurer la qualité
des services des psychologues puis d'assurer l'accès aux services des
psychologues. Et on s'est demandé où est-ce que les psychologues vont être le
mieux positionnés pour travailler les trajectoires de services en santé
mentale. Et ça a été ça, notre logique. Ça a été ça parce que l'accès aux
services de santé mentale, actuellement, ça reste encore le parcours du
combattant. Et il y a énormément de travail qui se fait pour être capables de
déployer plus de services, mais on est encore loin du compte quand on veut
avoir le bon service par le bon professionnel au moment opportun. Donc, il faut
travailler sur les trajectoires de services. Il faut travailler sur l'organisation
des soins et services. Puis où est-ce qu'on va être le mieux positionnés pour
le faire, bien, c'est probablement là.
Mais je vous avoue que c'était difficile
de voir la place de la santé mentale. Ce qui était triste, c'est de voir non
pas qu'il y avait une direction aux Services sociaux, c'était de voir qu'on
confondait les deux. Et, pour moi, c'est encore une non-reconnaissance de la
place de la santé mentale et de la nécessité de la traiter comme un aspect de
la santé.
Mme Blouin (Bonaventure) : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Dorismond : Sur une
partie, je suis pas mal d'accord avec vous, pour être infirmière clinicienne de
profession, sur santé physique et santé mentale, ça va ensemble. Moi, je suis
totalement d'accord là-dessus. En première ligne, on travaille étroitement en
collaboration... bien, surtout en multidisciplinaire.
Et comment on peut améliorer cette
pratique-là, surtout en première ligne? En première ligne, moi, je trouve qu'il
n'y en a pas assez, de psychologues. Comment on peut faire pour faire en sorte
qu'ils viennent plus en première ligne? Là, vous avez parlé beaucoup au niveau
des hôpitaux, mais, en première ligne, ils auraient leur place, parce que la
santé mentale, c'est de travailler en amont pour prévenir l'hospitalisation.
Mme Grou (Christine) :Je ne peux pas être plus d'accord, là. Je vais essayer de
faire une réponse concise, mais ça va être vraiment toffe. Écoutez, je pense qu'en
en santé mentale il faut travailler... il faut travailler sur la prévention, il
faut travailler au départ. Donc, ça fait longtemps que je dis : Quand il y
a un problème de santé mentale, si on ne le traite pas, il risque de s'aggraver
puis il risque de se complexifier. Puis il faut travailler sur l'accessibilité
du continuum de services puis sur la qualité du continuum de services, puis il
faut travailler sur la <continuité...
Mme Grou (Christine) :
...puis il faut travailler sur l'accessibilité du
continuum de services puis sur la qualité du continuum de services, puis il
faut travailler sur la >continuité des soins aussi. Donc, il faut en
faire un enjeu, à mon avis, là, global de santé.
Maintenant, évidemment que, quand on
regarde l'ancien plan d'action en santé mentale, on parlait beaucoup du tandem
médecin-psychologue. Ça fait un bon moment qu'on dit qu'on aurait pu vraiment
contribuer à désengorger les cliniques de médecine familiale, parce que la
proportion de gens qui y vont pour des problèmes de santé mentale, elle est
énorme. Alors, quand on considère que les psychologues... Les IPS peuvent le
faire aussi, cela dit, maintenant, mais elles sont quand même beaucoup moins
nombreuses. Quand on considère que les psychologues peuvent à la fois
diagnostiquer puis à la fois traiter en psychothérapie, puis, quand on
considère que la majorité des problèmes de santé mentaux courants, c'est
troubles dépressifs, troubles anxieux, puis que le traitement de choix, c'est
pharmacopsychothérapie, bien, si on pouvait l'offrir, la psychothérapie,
d'emblée, tu sais, si on avait un psychologue qui pouvait diagnostiquer,
traiter, référer au médecin lorsque requis, je pense qu'on désengorgerait
beaucoup et qu'on aurait fait un bon coup. Puis, si on reconnaissait,
effectivement, cette place-là, ça aiderait.
Mme Dorismond : Avec qui vous
devez travailler pour avoir ça?
Mme Grou (Christine) :On offre toute notre collaboration, toute notre
collaboration au ministère pour...
Mme Dorismond : ...plus avec
le Collège des médecins pour avoir cette reconnaissance?
Mme Grou (Christine) :Bien, je vous dirais que, la Fédération des médecins
omnipraticiens, tu sais, quand j'avais déjà posé la question il y a quelques
années, c'est sûr que c'était leur souhait d'avoir des psychologues dans les
groupes de médecine familiale, justement, pour aider à prendre en charge, parce
que, comme je vous dis, la proportion de troubles mentaux courants qui se
présentent dans les cliniques de médecine familiale, elle est énorme. Alors
donc, s'il y avait des psychologues pour diagnostiquer, traiter, je pense que
ça les aurait aidés.
Mme Dorismond : Et est-ce que
vous pratiquez aussi au niveau... chez les jeunes en première ligne au niveau
du dépistage, que ce soit TSA ou TDAH, par exemple?
Mme Grou (Christine) :Écoutez, dans les GMF, il y en a très peu, de psychologues.
Il y en a très peu. Il y en a dans les CLSC, il y en a environ 500 quelques
dans les CLSC, mais, en majeure partie, dans le réseau public de la santé, ils
sont beaucoup plus en deuxième, troisième ligne, dans les CISSS et les CIUSSS.
Mme Dorismond : Est-ce que
vous pouvez dépister pour cette clientèle ou pas?
Mme Grou (Christine) :En fait, c'est plus que du dépistage, c'est-à-dire qu'ils
peuvent diagnostiquer.
Mme Dorismond : Ah!
Mme Grou
(Christine) :On n'a pas besoin d'un
psychologue pour dépister, mais donc ils peuvent vraiment évaluer et
diagnostiquer.
Mme Dorismond : Très bien.
Mme Lachance : ...d'abord,
bonjour, mesdames. Merci d'être là. Je vais prendre au bond un peu ce que ma
collègue disait. Bon, vous pouvez diagnostiquer, et actuellement, donc, il n'y
a pas de restriction, là. Vous avez un rôle diagnostique qui est étendu. Et
vous mentionniez que vous n'êtes pas vraiment dans la première ligne ou très
rarement. Le frein, il est où?
Mme Grou (Christine) :Écoutez, c'est une bonne question. On a décidé de mettre
les psychologues davantage, donc, dans les cliniques de médecine spécialisée, d'où
notre proposition, mais, cela dit... Puis je pense, honnêtement, qu'en... dans
les factions dont je vous parlais, c'est-à-dire en oncologie, en cardiologie,
en douleur chronique, honnêtement, ça en prend, des psychologues. En
psychiatrie, ça en prend, des psychologues. Alors donc, il ne faut pas
déshabiller saint Pierre pour déshabiller saint Paul non plus.
Puis je voudrais apporter une précision.
Quand on a réservé l'activité de l'évaluation des troubles mentaux, qui est
l'équivalent du diagnostic, on a fait un compromis sémantique, c'est-à-dire que
le terme «diagnostic» est réservé dans la Loi médicale. On a fait énormément de
représentations, donc, dans le PL n° 43, auprès de l'Office des
professions, auprès du ministère, pour qu'on puisse utiliser le terme «diagnostic»
pour les professionnels habilités, parce que la confusion sémantique fait en
sorte que les gens, ils n'ont pas accès aux services, ils n'ont pas accès aux
prestations. Donc, c'est dans le mémoire. Ils n'ont pas accès...
• (17 h 10) •
Une voix : ...
Mme Grou (Christine) :Exactement. Et donc ils doivent... Puis, écoutez, j'ai,
honnêtement, toute la documentation, là. On a été appuyés par l'Ordre des
infirmières et infirmiers, par le Collège des médecins. Tout le monde s'entend
sur le fait qu'évaluation des troubles mentaux, diagnostic, c'est la même
chose. Il faudrait juste pouvoir utiliser le terme puis régler la confusion
sémantique. Mais l'activité est là. Elle demeure là.
Mme Lachance : Donc, c'est,
selon vous, un frein à être dans les cliniques en première ligne.
Mme Grou (Christine) :Non. Le frein à être dans les cliniques en première ligne,
c'est vraiment une décision de réseau, c'est-à-dire qu'on a préféré mettre les
psychologues en deuxième, troisième ligne. Maintenant, quelles sont les
raisons? Je n'en sais rien.
Il y a deux façons de voir la chose, hein,
puis c'est vrai ici, mais c'est vrai aux États-Unis aussi. On peut considérer,
dans le fond, que la psychologie, c'est une pratique de spécialisation en santé
mentale, OK, puis on peut considérer qu'on devrait en avoir un peu partout. Puis
<moi...
Mme Grou (Christine) :
...santé mentale, OK, puis on peut considérer qu'on
devrait en avoir un peu partout. Puis >moi, je vous dirais, ça commence
dans les écoles, OK, ça commence dans les écoles, parce qu'il y en a, des
troubles à traiter, puis ils ne s'aggraveront pas si on les prend à temps.
Mais, cela dit, si on en avait en première
ligne... Vous savez, moi, quand je travaillais dans un hôpital psychiatrique,
dans le programme des troubles anxieux et de l'humeur, les gens qui arrivaient
pour dépression, il fallait qu'ils aient deux échecs de traitement. Et la
question que je me posais, c'est : Pourquoi on attend qu'il y ait deux
échecs de traitement avant qu'ils puissent être traités en psychothérapie? Parce
qu'on sait que c'est ça, le traitement qui fonctionne, avec la médication. Alors...
Le Président (M. Provençal)
:Il reste une minute.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
:Oui, bien, Mme la députée de Fabre.
Mme Abou-Khalil : Oui. Bonjour.
Merci d'être là. Moi, j'ai une question pour vous par rapport au projet de loi.
Qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer l'accès aux soins de santé, si on
peut, dans ce projet de loi, et comment?
Mme Grou (Christine) :Bien, je pense que c'est l'objectif...
Mme Abou-Khalil : En santé
mentale, évidemment, oui, évidemment.
Mme Grou (Christine) :Je pense que c'est vraiment l'objectif du projet de loi.
Donc, je pense qu'il faut revoir les trajectoires de services. Je pense qu'il
faut... Il faut, en fait, s'assurer... Puis c'est parce que ça fait 20 ans
qu'on le dit. C'est pour ça que ça fait drôle de le répéter. Puis on n'y est
pas encore, au bon professionnel au moment opportun. Mais il faut être capable
de bien évaluer le besoin. Il faut être capable de bien évaluer de quoi la
personne a besoin pour bien l'orienter plutôt que de lui offrir une offre de
services qui n'est pas faite pour lui. Ça, je pense que c'est fondamental. Et
il faut regarder les trajectoires de services puis il faut qu'il y ait une
continuité de soins. Ça, c'est vraiment fondamental, c'est-à-dire qu'il faut
vraiment... Et ça, je pense que, malheureusement, ça s'est perdu, cette
continuité, mais il faut vraiment y revenir.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, M. le député
de Pontiac, c'est à vous.
M. Fortin :Merci. Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Grou. Bonjour, Mme
Bernard. Toujours... toujours heureux de vous avoir en commission parlementaire.
Vous avez toujours une perspective... une perspective intéressante. Et
d'ailleurs vous êtes pas mal le seul groupe qui se concentre, disons... ou votre
pain puis votre beurre, c'est vraiment la santé mentale, là. Il y a... Vous
avez mentionné les IPS, tantôt, qui viennent après vous et qu'il y en a une
partie, de leur pratique, c'est de la santé mentale, il y a une spécialité
santé mentale, mais, vous, là, c'est vraiment le cœur de votre pratique. Alors,
ça fait du bien d'entendre votre perspective. Puis, comme le ministre le
disait, on ne l'a pas entendue encore, donc, la... ce que vous nous amenez par
rapport au fait que la santé mentale n'est pas mise de l'avant, disons, dans le
projet de loi. Puis vous dites : Ce n'est pas... ce n'est pas un reproche,
c'est juste un constat de la façon qu'on pense à la santé mentale, que ce soit
au ministère, que ce soit... que ce soit au gouvernement ou de façon générale,
même, dans la société, là, ça en fait partie.
Dans votre recommandation par rapport au
CMDP, et là CMDP sages-femmes, là, parce qu'on ajoute les sages-femmes, qui,
eux, veulent sortir du CMDP sages-femmes, mais vous, qui voulez entrer dans le
CMDP sans sage-femme...
Une voix : ...
M. Fortin :...faire un échange, oui. Mais est-ce que vous voyez... De
votre point de vue, là, est-ce qu'il y a d'autres professionnels en santé
mentale qui devraient être inclus là-dedans ou est-ce que c'est seulement les
psychologues? Je comprends que vous êtes là pour parler pour les psychologues,
mais, de votre perspective de soignants en santé mentale, est-ce qu'il y a d'autres
groupes qui devraient être inclus là-dedans plutôt que dans services sociaux,
disons?
Mme Grou (Christine) :C'est toujours gênant de parler pour les autres, mais la
perspective que j'ai eue en faisant cette proposition-là puis qu'on a
réfléchie, c'est une perspective de qui sont ceux, en dehors des
psychiatres, là, qui s'occupent de la santé mentale, qui sont ceux qui, à peu
près exclusivement, dans le réseau public, diagnostiquent et traitent, puis je
vous dirais que... Parce qu'il y en a d'autres, notamment, par exemple, les
orthophonistes, mais ils sont déjà, donc, dans les services physiques, dans...
Mais les seuls autres qui pourraient s'y apparenter, ce sont probablement les
sexologues, mais ils sont très peu nombreux dans le réseau public de la santé,
cela dit. Mais eux aussi, en fait, ils diagnostiquent le trouble sexuel et ils
le traitent.
M. Fortin :Bien, ça demeure... ça demeure, pour nous, une piste à
explorer d'ici l'étude article par article, là, à voir avec eux si c'est une
avenue qu'ils veulent envisager, là.
Mme Grou (Christine) :Mais je pense que la façon de se poser la question, c'est :
Qui sont les gens qui diagnostiquent et qui traitent, puis sur quelle
trajectoire de services on va travailler? Nous, on ne peut pas travailler sur
une trajectoire de service social puis on ne veut juste pas... Puis c'est
important, les services sociaux, croyez-moi, puis c'est important en santé
mentale, mais on ne veut juste pas que ce soit confondu comme étant la même
chose, parce qu'on n'aura pas des bonnes trajectoires de services en santé
mentale.
M. Fortin :Très bien. Là, vous nous dites : Les psychologues ne
sont peut-être pas à la bonne place dans l'organisation du conseil <interdisciplinaire...
M. Fortin :
...les psychologues ne sont peut-être pas à la bonne
place dans l'organisation du conseil >interdisciplinaire, là. Je prends
un pas de recul. Les psychologues, de façon générale, puis vous en avez parlé
tantôt à travers... est-ce qu'ils pratiquent à la bonne place, à travers les
GMF et autres? Une des choses que le projet de loi vient faire, c'est
donner plus d'importance pour certains professionnels, pas vous, mais aux PREM,
aux AMP. Est-ce que, pour la profession de psychologue, ça doit être quelque
chose qui est regardé, qui est étudié, à savoir : Est-ce qu'on a des
psychologues dans le réseau aux bons endroits en ce moment?
Mme Grou (Christine) :Je pense que... Quand je regarde juste la répartition, par
exemple, là, des centres de réadaptation en déficience physique, OK, ou des
centres de réadaptation, point barre, ou encore le CHUM, ou Sainte-Justine,
bien, je vous dirais, c'est sûr que je sais pourquoi il y a des psychologues
là, parce que moi, j'ai fait des internats un peu partout puis j'ai travaillé
dans ces endroits-là. Tu sais, quand vous avez quelqu'un qui est polytraumatisé
puis qui est en réadaptation pendant deux ans, honnêtement, ça va lui prendre
des services de santé mentale, puis ça va lui prendre un psychologue, puis ça
va lui prendre un neuropsychologue aussi s'il a un trauma crânien. Quand vous
avez quelqu'un qui est suivi en oncologie puis qui appréhende la mort ou quelqu'un,
par exemple, qui vit avec des douleurs chroniques, tu sais, l'interaction, l'influence
des douleurs chroniques sur la dépression, sur le trouble anxieux, sur le
psychisme de la personne, vous n'avez pas idée comment c'est important. Puis
demandez à peu près... Puis, encore là, je ne veux pas présumer, mais c'est
parce que je le sais, demandez à peu près à n'importe quel médecin spécialiste
qui va faire une chirurgie ou une transplantation : Quand il y a un
patient qui ne veut pas vivre, tu sais, qu'est-ce qui se passe? Donc, c'est un
défi.
Alors, est-ce que les psychologues sont à
la bonne place? J'aurais tendance à vous dire : Si on en a placé là, en
oncologie, en cardiologie... Parce qu'il y a énormément d'études qui
démontrent, par exemple, qu'après un incident cardiaque, puis ça, c'est les
études de François Lespérance, là, c'est-à-dire, il y a un lien avec la
dépression. Alors, je pense que oui. Cela dit, est-ce qu'on doit réorganiser
les services de santé mentale? Parce que c'est vrai qu'il n'y en a pas beaucoup
en première ligne. C'est vrai que ce n'est pas facile d'avoir accès à un
psychologue ou à quelqu'un qui va offrir un traitement psychothérapeutique en
première ligne.
Alors, cela dit, c'est sûr que, vous le
savez, on a des psychologues qui travaillent en cabinet privé puis on en a qui
travaillent dans le réseau public, puis ceux qui travaillent dans le réseau
public sont de moins en moins nombreux. Pour moi, c'est inquiétant, parce qu'on
ne traite pas le même monde puis on ne traite pas de la même façon.
M. Fortin :Là, je vais sortir un petit peu du projet de loi, là, pour
quelques instants, parce que le ministre met beaucoup... je ne veux pas dire qu'il
met tous ses œufs dans le même panier, là, mais il met beaucoup de ses oeufs
dans le panier du Guichet d'accès à la première ligne puis il aime nous dire
que c'est un succès. On peut en débattre à longueur de journée. Mais, dans ce
guichet-là, essentiellement, là... Puis, si je le comprends bien, M. le
ministre, là, les gens peuvent appeler, quand ça fonctionne bien, ils peuvent
appeler, puis là il y a quelqu'un qui les réfère au bon professionnel, comme
vous avez dit tantôt, là, au bon professionnel au bon moment, sauf que, moi, de
ce que je comprends, on ne peut pas être référé à un psychologue à travers le Guichet
d'accès à la première ligne. Est-ce que vous devriez être inclus dans ce groupe
de professionnels là qui peut être référé par le GAP?
• (17 h 20) •
Mme Grou (Christine) :Bien, c'est-à-dire qu'on dit depuis longtemps que ça prend
une gamme de services en santé mentale. Puis le défi, effectivement, c'est de
bien évaluer, c'est-à-dire qu'il faut que l'évaluation... Puis, vous savez,
quand quelqu'un arrive en santé mentale... À l'époque, on avait des modules d'évaluation-liaison.
Quand quelqu'un rentre au guichet, il y a une première évaluation qui se fait,
mais souvent l'évaluation en santé mentale, elle va se faire en continu aussi.
Donc, il ne faut pas arrêter ça à la première évaluation du guichet, mais la
personne va voir un autre professionnel, après, qui peut réévaluer puis dire :
Bien, finalement, je pense que peut-être que c'est ça que ça prendrait. Et,
nous, ce qu'on dit, c'est : Tous les gens qui demandent des services en
santé mentale n'ont pas nécessairement besoin de voir un psychologue, donc, mais
par contre, ceux qui ont besoin d'en voir un, il faudrait qu'ils soient
capables de le voir, parce qu'encore là... Tu sais, c'est un peu comme de dire :
Est-ce qu'on veut offrir le bon service pour le bon problème?
Puis le défi, bien, c'est dans... c'est,
un, dans l'évaluation puis, deux, dans l'offre de soins et services qu'on
dessine, donc, dans la trajectoire de soins. J'y reviens beaucoup, mais, tu
sais, au cours des dernières années, je caricature un peu, mais ce n'est pas
tant le service dont la personne a besoin qu'on donnait, c'est le service qu'on
offrait. Puis je pense que c'est ça que le ministre veut changer, tu sais, c'est-à-dire
que ce qu'on veut changer, c'est... On veut offrir un service... On veut s'assurer
d'offrir un service dont la personne a besoin puis, en plus, on veut s'assurer...
on veut s'assurer de l'efficacité de ce service-là. Donc, je ne sais pas si je
réponds adéquatement à votre question, mais je <pense...
Mme Grou (Christine) :
...je ne sais pas si je réponds adéquatement à votre
question, mais je >pense que c'est un petit peu dans la responsabilité
de chacun.
C'est sûr que, tu sais, dans le meilleur
des mondes... Quand... Moi, quand je travaillais dans une équipe de santé
mentale, puis qu'on était tout le monde autour de la table une fois par semaine,
puis qu'on faisait en revue tous les patients, c'était clair entre nous : Moi,
je pense que, oui, lui, il aurait besoin de ça, lui, peut-être éventuellement
mais pas nécessairement maintenant, tu sais, etc. Donc, quand ça se discutait,
c'est facile quand tu as les professionnels autour d'une table, avec les
histoires de patients.
Dans les guichets d'accès, on n'a pas
toujours ça. Donc, il faut vraiment aller chercher la bonne information. Puis,
en plus, le défi, c'est qu'en santé mentale, des fois, elle est difficile à
aller chercher, l'information. C'est pour ça qu'on ne l'a pas toujours tout de
suite à l'entrée.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, nous allons
poursuivre avec le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Bien, bonsoir, j'ai envie de vous dire, oui, à cette heure-ci. Merci.
Merci d'être là. Je vais y aller rapidement parce que je n'ai pas beaucoup de
temps. Alors, vous pardonnerez le manque de civilité.
Vous dites que ce n'est pas judicieux de
vous inclure là où on vous a mis, c'est-à-dire via les services sociaux, hein,
je comprends. Vous avez même dit verbalement : C'est une erreur. Ma
question est peut-être philosophique, là, mais pas tant, là : C'est une
erreur ou c'est un préjugé?
Mme Grou (Christine) :Je ne suis pas certaine de comprendre votre question.
M. Marissal : Bien, pourquoi
vous n'êtes pas dans la santé, point, vu que vous faites de la santé? Moi, ça
me paraît évident, là. Vous dites : C'est une erreur puis ce n'est pas
judicieux. Est-ce que c'est un préjugé, c'est une méconnaissance? Comment ça se
fait que vous vous êtes retrouvés là?
Mme Grou (Christine) :Je pense qu'on a tendance à associer, historiquement, puis
je vous dirais que ça date des années 60, 70, certainement, puis, ma
collègue, j'aimerais ça qu'elle complète si elle le souhaite, mais... Tu sais,
je pense que cette idée qu'il y a des intervenants psychosociaux qui font des
interventions psychosociales sans qu'on sache trop c'est quoi, bien, c'est un
petit peu toute la même chose, elle est révolue, c'est-à-dire qu'elle est
révolue parce qu'on est un demi-siècle plus tard puis on a des activités
beaucoup plus précises, on a des champs d'études plus précis, les définitions,
je vous dirais.
J'ai essayé de faire la démonstration de
ce qu'ils font, les psychologues, puis où est-ce qu'ils sont placés. Moi, je
n'y vois pas d'intentionnalité, parce que je pense qu'il y a vraiment une
intention de s'occuper de la santé mentale puis je pense qu'on a vraiment pensé
qu'on le faisait. Mais peut-être qu'il y a encore une tendance à confondre les
deux, parce que, vous savez, quand on... Il y a une... il y a quand même une...
Pour les patients qui ont des troubles mentaux graves, puis là je ne parle pas
de ceux qui ont des troubles mentaux courants, parce que ceux qui ont des
troubles mentaux courants, je veux dire, c'est tout le monde autour de la
table, potentiellement, vous comprenez, donc, ceux qui ont des troubles mentaux
graves, c'est sûr qu'au niveau des déterminants sociaux ils sont plus
vulnérables. C'est sûr qu'ils ont des difficultés d'accès au logement, ils ont
des difficultés à trouver un emploi, à garder un emploi, bon, etc. Mais il
reste que les services sociaux ne sont pas qu'en santé mentale. Ils sont là
quand même chez les jeunes, ils sont là en gériatrie, ils sont là en...
Alors, je pense qu'il faut départager les
services sociaux puis les services de santé, redonner les lettres de noblesse.
Et c'est ce qu'on a voulu faire aux services sociaux, puis bravo, mais ne pas
oublier que, dans les services de santé, il y a des services de santé mentale
qui ne sont pas des services sociaux.
M. Marissal : OK. Mais c'est
parce que vous notez aussi qu'il n'y a pas les mots «santé mentale» dans le
projet de loi, là. On l'avait noté aussi, là, ça va de soi. Vous dites, par
ailleurs, que c'est une occasion en or, là, de donner sa place à la santé
mentale, mais, outre le fait de, mettons, vous mettre, là, dans le CMDP... On
enlèvera SF puis on mettra «psychologues», là, si les sages-femmes ne veulent
pas y être, là. Mais, outre ça, où est-ce que vous voyez l'occasion en or de
revaloriser votre profession puis de l'utiliser aussi, comme ça devrait être le
cas, là? Outre que l'acronyme puis l'endroit technique où vous allez aboutir,
là, comment on fait ça?
Le Président (M. Provençal)
:Une réponse rapide, s'il vous plaît,
parce que le temps était échu.
Mme Grou (Christine) :Réponse très rapide, je pense que la profession, elle n'a
pas tant besoin d'être valorisée, parce que je pense que la population
québécoise sait ce que ça fait, un psychologue, puis ils en demandent, des
services psychologiques. Je pense que la profession a juste besoin d'être bien
positionnée puis d'avoir une reconnaissance, je vous dirais, de l'exercice du
jugement professionnel dans le positionnement. Ça, c'est un élément important.
Le Président (M. Provençal)
:Merci.
Mme Bernard (Andrée) : ...dans
la loi, on ne nomme pas la santé mentale. Historiquement, la santé était
physique et mentale, mais, quand on regarde toutes les équipes, il y a beaucoup
plus de monde dans le physique que dans le mental. Et là je pense que, comme
disait le ministre tantôt, si on donne cet espace-là dans la loi aussi pour
commencer à la positionner... Puis la population va être contente, parce qu'on
les voit, là, tous les problèmes qui découlent des problèmes de santé mentale.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Merci beaucoup. M. le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Bonjour, Dres Grou et Bernard. Je vais continuer sur ce que vous disiez
concernant la valorisation. En fait, vous dites : Peut-être qu'on n'a pas
à valoriser le rôle du <psychologue...
M. Arseneau :
...je
vais continuer sur ce que vous disiez concernant la valorisation. En fait, vous
dites : Peut-être qu'on n'a pas à valoriser le rôle du >psychologue,
si j'ai bien... je comprends bien, mais par contre, dans le réseau public, vous
avez des tableaux à l'appui pour démontrer qu'il y a un exode des psychologues.
En fait, on parle d'un besoin de 860 psychologues dans le réseau public
d'ici les cinq prochaines années. Vous dites que ce n'est peut-être pas
étranger au fait qu'on a des listes d'attente à 20 694 personnes. En
quoi est-ce que ce projet de loi là ou le brassage de structures qu'on fait
actuellement pourrait nous permettre de changer cette tendance-là qu'on
observe?
Mme Grou (Christine) :D'abord, ce que j'ai dit, c'est que la profession de
psychologue n'a pas tant besoin de valorisation. Je pense que, socialement,
elle l'est, valorisée, mais, dans le réseau de la santé, le positionnement
n'est peut-être pas nécessairement celui qui est idéal.
M. Arseneau : Qu'est-ce que
vous voulez dire?
Mme Grou (Christine) :Bien, ce que je veux dire, c'est qu'en fait on a tendance à
confondre, justement, puis je pense que la confusion entre les services
sociaux, les services de santé mentale, qu'est-ce qu'ils font, les
psychologues, dans... Tu sais, je pense qu'on a des gestionnaires de proximité
qui se sont retrouvés avec des professions toutes catégories confondues puis
qui se sont retrouvés avec des impératifs aussi. Donc, je ne peux pas les
blâmer. Mais c'était difficile, à un moment donné, de savoir qui positionner
où, puis comment traiter, puis comment regarder les trajectoires de services.
Est-ce que, cette fois-ci, on va y
arriver? Écoutez, c'est sûr que moi, si je n'y croyais pas, je ne serais pas
ici. Donc, je crois qu'il y a vraiment une intention. Je pense que tout est
dans l'opérationnalisation. Puis là j'aurais tendance à laisser la parole à ma
collègue, mais tout est dans l'opérationnalisation, dans comment l'intention va
atterrir sur le terrain. Puis je ne peux pas... Tout ce que je peux dire, c'est
qu'on va offrir notre collaboration pleine et entière, comme on l'a fait
jusqu'ici, mais il y aurait moyen de soigner différemment. Les 20 000
quelques patients qui attendent n'attendent pas nécessairement tous pour un
psychologue, mais ceux qui en ont besoin devraient en avoir un, puis, les
autres, il faudrait bien évaluer le besoin. Mais j'aimerais ça peut-être...
Mme Bernard (Andrée) : Oui,
c'est ça. Si je regardais par rapport à... Quand vous parlez... La gestion de
la proximité, là, on a accueilli... Les psychologues du travail puis les
experts dans... au niveau de la psychologie du travail puis du management sont
unanimes à dire qu'on doit revenir vers une proximité, ça fait que c'est pour
ça qu'on l'accueille bien. Parce qu'il y a eu un peu une tendance à dire :
On va sortir des gestionnaires de première ligne, le monde sont autonomes puis ils
peuvent se gérer, mais on est arrivés avec des gens qui avaient beaucoup
d'administratif à faire, avec des gens qui étaient laissés à eux-mêmes. Ça fait
qu'en introduisant la proximité on le voit de façon positive.
Et, par rapport au travail du gestionnaire
de proximité, ça va être important aussi qu'il soit un porteur de sens mais
aussi un faiseur de sens. Pourquoi je vous dis ça? C'est parce qu'un porteur de
sens va porter la voix du ministère, des orientations. Il va porter la voix de
Santé Québec : Voici c'est quoi, les orientations. Mais, pour être un
faiseur de sens, il faut qu'à ce moment-là ses actions puissent être plus
collées à la réalité. Et, pour ça, à ce moment-là, ça va par la prise de
décision, par l'écoute, la compréhension de ses gens.
Et, si je reviens par rapport aux
psychologues, une des choses, le fait aussi que les psychologues ont un peu
quitté, c'était cette impression-là d'être noyés avec tout le monde, puis les
besoins qui étaient spécifiques pour bien faire ta job de psychologue. Ça fait
que je pense qu'avec l'arrivée des gestionnaires de... retour des gestionnaires
de proximité puis une bonne marge de manœuvre...
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. On va aller avec la
députée de Vaudreuil. Merci. Merci de votre réponse.
Mme Nichols : Merci. Merci,
M. le Président. Voulez-vous fermer vite, vite la dernière question?
• (17 h 30) •
Mme Grou (Christine) :...les psychologues, puis on les a sondés, là-dessus, là,
largement, les griefs qu'ils ont par rapport à la gestion de proximité, c'est
qu'ils ont eu, dans les dernières années, une gestion exclusivement
administrative, et non pas une gestion clinique.
Mme Nichols : Merci. Dans
votre mémoire, vous parlez de la confusion sémantique entre les termes
«évaluation» et «diagnostic». Vous disiez qu'il y a une... Vous mentionniez,
là, qu'il y a une possibilité, là, de mettre un terme à cette confusion-là d'ordre
sémantique. Vous êtes d'avis que la population va être mieux desservie si on
met un terme à cette confusion-là. Je veux vous entendre.
Mme Grou (Christine) :Bien, écoutez, je pense que, pour le Collège des médecins,
pour l'Ordre des infirmières, pour l'Ordre des psychologues, pour les
professions en santé mentale et en relations humaines, c'est très clair. C'est
dans notre guide explicatif. Je peux vous montrer les communiqués du Collège
des médecins là-dessus, de l'Ordre des infirmières. Tout le monde s'entend pour
dire que l'évaluation des troubles mentaux et le diagnostic des troubles
mentaux, c'est la même chose, mais l'utilisation du terme «diagnostic» était
réservé dans la Loi <médicale...
>
17 h 30 (version révisée)
< Mme Grou
(Christine) :
...du terme
«diagnostic» était réservé dans la Loi >médicale. Moi, ce que je dis, c'est
que les compagnies d'assurance, les gens qui donnent des services, les gens qui
travaillent au gouvernement puis qui donnent des prestations pour des
handicaps, ils ne le savent pas, ça. Ils ne le savent pas. Ça fait que, si on
veut régler la patente, là...
Tu sais, ce n'est pas normal que quelqu'un,
par exemple, qui va voir un psychologue, qui a un diagnostic de dépression,
bien, il arrive à sa compagnie d'assurance, puis là on lui dit : Bien là,
ça prend un diagnostic médical parce que ça, ce n'est pas un diagnostic. Ce n'est
pas normal. Ça engorge. Ça engorge puis, pour la personne, bien, c'est le
parcours du combattant. Puis il y a des coûts humains, il y a des coûts
humains, financiers puis socials, parce que, là, on paie deux professionnels
pour faire la même chose.
Même chose, je pourrais vous donner l'exemple
de l'orthophoniste à l'école, là, qui va faire une évaluation du trouble de langage
puis à qui la compagnie d'assurance ou le gouvernement, pour avoir une
prestation pour enfant handicapé, va dire : Va chercher une certification
médicale.
Mme Nichols : Bien, ça a un
impact directement, là, auprès de la population, juste de mieux déterminer. J'espère
qu'on a pris des notes... bien, en fait, je suis certaine qu'on a pris des
notes, là, à cet effet-là.
Mme Grou
(Christine) :Écoutez, je peux vous
redéposer le mémoire qu'on avait fait là-dessus. Je pense que c'est impératif. Il
y en a, des solutions, puis on veut aider. Mais je pense qu'il y en a. Puis,
cela dit, je pense que... Le chantier sur l'élargissement des pratiques, j'espère
que ça va nous amener à ça.
Mme Nichols : Merci. Merci de
la clarification.
Le Président (M. Provençal)
:...une des clés, selon moi. Alors,
écoutez, mesdames, je vous remercie beaucoup d'avoir participé à notre
commission, pour votre présentation, les échanges. Merci beaucoup.
On va suspendre momentanément pour
permettre au prochain groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 33)
(Reprise à 17 h 40)
Le Président (M. Provençal)
:...notre journée de travail en
recevant l'Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec. Alors,
je vous rappelle que vous aurez 10 minutes pour votre présentation, et par
la suite nous aurons nos échanges. Alors, Mme Laliberté, je vous invite à
initier votre plaidoyer.
Association des infirmières praticiennes
spécialisées du Québec (AIPSQ)
Mme Laliberté (Christine) : Merci
beaucoup, M. le Président. M. le ministre, Mmes et MM. les députés, on est
contents de vous rencontrer aujourd'hui. On vous remercie de votre invitation à
venir commenter le projet de loi. On voit ça vraiment comme un honneur de
pouvoir participer à ces changements-là du réseau de la santé.
Alors, mon nom est Christine Laliberté. Je
suis infirmière praticienne en soins de première ligne, présidente de l'Association
des infirmières praticiennes spécialisées du Québec. Et aujourd'hui je suis
accompagnée de Jean-Daniel Cyr, qui est infirmier praticien en soins de
première ligne et vice-président de l'association, et de Claudie Roussy,
qui est IPS en soins aux adultes du domaine de la cardiologie et qui est ici
pour représenter toutes les infirmières praticiennes qui sont en centre
hospitalier.
Alors, notre association a été fondée en
2005 pour assurer le développement, la mise en valeur et l'uniformité du rôle
des infirmières praticiennes au Québec. Et actuellement on représente plus de
1 013 infirmières praticiennes de chaque classe de spécialité, que je
vous rappelle, donc, il existe la néonatalogie, la santé mentale, les <soins
aux adultes...
Mme Laliberté
(Christine) :
... que je vous rappelle, donc, il existe la
néonatalogie, la santé mentale, les >soins aux adultes, les soins
pédiatriques et les soins de première ligne.
Donc, un petit rappel, les infirmières
praticiennes sont formées au deuxième niveau universitaire, maîtrise et diplôme
d'études supérieures spécialisées. Elles ont toutes travaillé au moins deux
ans, si ce n'est pas jusqu'à 20 ans, avant de faire la formation pour être
infirmière praticienne. La formation est en pratique infirmière avancée. Une
des forces que ça nous donne, c'est d'enrichir nos compétences pour mieux
accompagner les patients dans l'autogestion des soins, pour les amener à mieux
comprendre leur réalité et les accompagner à ce niveau-là.
En plus des activités prévues au champ
d'exercice des infirmières, on a huit activités supplémentaires, qu'on parlait
d'activités médicales anciennement, actuellement des activités d'infirmière
praticienne. Bien, ça veut dire poser des diagnostics, établir des plans de
traitement, prescrire de l'imagerie, des analyses de laboratoire, etc., donc,
et faire des plans de traitement, donc, de façon autonome, en collaboration
avec une équipe interprofessionnelle. Donc, vous m'entendez, le mot «collaboration»,
pour nous, est essentiel avec une équipe interprofessionnelle.
Donc, au niveau de la formation,
évidemment, on est là pour la relève infirmière. On supervise, on enseigne, on
fait du coaching, préceptorat, mentorat pour la relève infirmière. Et, depuis
l'intégration des infirmières praticiennes dans le réseau de la santé, on a
créé un déséquilibre temporaire, comme quand il y a un changement, comme un
changement que nous propose le projet de loi n° 15. Ça
crée un déséquilibre, mais essentiel à l'avancement. Donc, nous, on l'a vécu,
et je pense qu'on a comme une facilité à dire : OK, ça va changer, comment
on peut faire? On embarque comment pour aider à ça? Donc, pour nous, c'est s'asseoir,
parler, échanger pour le faire.
Donc, les années ont démontré que les
changements de l'arrivée du nouveau rôle des praticiennes ont été bénéfiques
pour les équipes de soins. Et, à partir de là, on a aussi mis de l'avant le
leadership qu'on a consolidé aussi dans notre formation de deuxième cycle, mais
qui nous a permis d'amener aussi les nouveaux modèles de soins au Québec. On
pense, entre autres, à SABSA, dans la région de Québec, à la Clinique Le Lien,
à l'Hôpital Notre-Dame, où des infirmières praticiennes en soins aux adultes
donnent des services de médecine interne à des patients qui n'ont pas de
médecin de famille. Il y a des infirmières en cardiologie à l'IUCPQ, ici, à
Québec, qui coordonnent et améliorent l'accès aux soins aux usagers qui ont des
problèmes de cardiologie. Il y a le modèle Archimède et il y a les nouvelles
techniques des infirmières praticiennes qui sont présentes, là, dans le réseau
de la santé actuellement.
Donc, l'évolution de la profession a été
importante dans les dernières années, parce que la population, aussi, est
vieillissante, les besoins de santé sont plus complexes. Puis c'est quand on
travaille ensemble qu'on donne des meilleurs services. On ne peut pas s'isoler.
On ne peut pas travailler à deux. Il faut vraiment diversifier l'approche avec
plusieurs professionnels de disciplines différentes. Donc, le Québec, les
professionnels de la santé doivent se mobiliser pour offrir un nouveau
paradigme de soins et de services. Et nous pensons qu'on est rendus à honorer,
justement, le fait qu'il faut s'assurer d'avoir le meilleur professionnel au
meilleur moment, au meilleur endroit pour répondre aux besoins des patients.
Vous avez entendu quelques exemples
aujourd'hui. Je l'entendais. Vous les avez questionnés aussi. On a des
infirmières cliniciennes qui peuvent aider et rencontrer une personne qui a une
infection urinaire au sans rendez-vous, prescrire et libérer la personne. On a
aussi des physiothérapeutes, on n'en entend pas souvent parler, qui peuvent
voir un patient qui s'est blessé, qui n'a pas d'accident de travail ou de
papier, là, à remplir, administratif, qui aurait besoin de rencontrer un
médecin ou une infirmière praticienne au sans rendez-vous mais qui va plutôt
rencontrer un physiothérapeute. Donc, on s'en va là actuellement. On a parlé
des psychologues, travailleurs sociaux, etc. Donc, c'est vraiment là où on s'en
va. Les infirmières praticiennes, évidemment, on peut aussi contribuer
énormément dans cette approche-là, de par le niveau d'autonomie qu'on a au
niveau de la pratique, et référer à des médecins collaborateurs au besoin.
Donc, l'AIPSQ souscrit aux objectifs du
projet de loi pour faciliter l'accès, renforcer la coordination des différentes
composantes du système de santé et rapprocher des communautés les décisions
liées à l'organisation et la prestation des services. Et c'est pour ça qu'on
accueille positivement le projet de loi n° 15. Nous
sommes particulièrement satisfaits du fait que l'interdisciplinarité soit au
cœur même du projet de loi. Pour nous, c'est le cheval de bataille puis c'est
vraiment là où on doit s'en aller.
En ce sens, il y a un élément qu'on
aimerait que vous reteniez de la présentation, c'est qu'on pense que c'est
fondamental que l'expertise, je précise, de tous les professionnels soit
reconnue à toutes les étapes dans la gestion du réseau, qu'on parle du
ministère, Santé Québec, en descendant à tous les niveaux, qu'il y ait une
forme d'équité et un moment où on s'assoit ensemble pour finaliser les
décisions, comme dans le conseil interdisciplinaire.
Non seulement l'expertise infirmière doit
avoir sa place dans l'organisation des soins de santé... de Santé Québec et du
ministère... Puis, quand nous, on nomme le groupe des infirmières, entendez
aussi tous les autres groupes professionnels. Ce qu'on souhaite, c'est tout le
monde au même niveau pour que, justement, on se concerte pour prendre des
décisions pour la suite des services. Donc, il est important de rehausser les
directions qui représentent les infirmières, les professions
multidisciplinaires, tant au niveau des services de santé que des services
sociaux, et les médecins, tous au même niveau de responsabilité et de pouvoir
décisionnel équivalent. La direction nationale des infirmiers doit occuper une
place, dans <l'organisation, plus...
Mme Laliberté (Christine) :
...la
direction nationale des infirmiers doit occuper une place, dans >l'organisation,
plus proportionnelle à ses responsabilités, le but n'étant pas de prendre la
place ou de devenir plus haute que les autres directions, mais bien à égalité
avec les autres.
On pense... On accueille aussi
favorablement, donc, la place du conseil interdisciplinaire. On le voit comme
une instance neutre qui permettrait à toutes les professionnelles de se
regrouper pour mettre en commun les expertises, les échanges, coordonner et
arrimer les divers avis et recommandations qui viendraient des quatre conseils,
infirmières, les conseils multidisciplinaires, les médecins, et que personne ne
travaille en silo de son côté ou ne joue au plus fort. C'est nous tous,
ensemble. Et, s'il y a des choses qu'on a besoin de discuter pour voir quel
sens on va prendre au niveau de l'accès puis des trajectoires de services,
bien, ça se fait au conseil interdisciplinaire.
On pense aussi essentiel qu'il y ait un
représentant de chacun de ces quatre conseils-là sur le conseil
interdisciplinaire. Il faut qu'il y ait une continuité dans les discussions de
chacun des conseils avec le conseil interdisciplinaire. On souhaite éviter,
comme je vous le mentionnais, le travail en silo. Et ça permettrait, donc,
d'harmoniser les prises de décision en équilibrant les pratiques cliniques
parmi les divers professionnels.
Nous croyons que la loi devrait prévoir
que le conseil des infirmières et infirmiers soit soutenu aussi par un comité
spécifique d'infirmières praticiennes spécialisées, comme pour les infirmières
auxiliaires. C'est que la réalité clinique qu'amènent les huit activités supplémentaires
de l'infirmière praticienne amène une approche qui est différente en pratique
clinique, et on pense qu'on pourrait remettre les enjeux qui se lient à cette
pratique-là au CII afin que lui porte le message au conseil interdisciplinaire.
Avec ces éléments, nous croyons que nous pourrions améliorer considérablement
la culture d'interdisciplinarité en s'assurant que ce qui passe dans le réseau
se reflète dans les décisions en plus haut lieu.
Dans notre mémoire, on a souligné aussi
d'autres éléments qui peuvent être pertinents pour le projet, qu'on pourra
discuter avec vous selon vos questions, je ne vais pas l'aborder davantage,
pour vous amener à parler aussi de la reconnaissance qu'on a sentie, en
soulignant la confiance du réseau de la santé et des responsabilités des
infirmières praticiennes par la création des cliniques d'infirmières
praticiennes mais aussi pour les 23 à venir, et comment ces cliniques-là vont
se déployer.
Là, nous, on va vous parler de cliniques
de proximité. Pourquoi? Parce que, si on reste dans un terme
d'interdisciplinarité, on a des groupes de médecine, puis là on parlerait de
cliniques d'infirmières praticiennes. Nous, ce qu'on aimerait, c'est de dire
qu'on a des cliniques — on pourra changer le terme — de
proximité qui intègrent des infirmières praticiennes dans une équipe
interprofessionnelle pour offrir des soins à la population. Notre objectif,
c'est de souligner, donc, l'apport de l'interdisciplinarité dans les cliniques
qui vont intégrer ces infirmières praticiennes là.
Nous croyons que le Québec et les
professionnels de la santé sont arrivés à un point tournant de l'histoire où
les patients peuvent accéder aux professionnels le mieux habilités pour
répondre à leurs besoins. Ainsi, nous suggérons que ces cliniques de proximité
prévoient des trajectoires de soins et services qui sont basées sur les raisons
de consultation et dirigées vers le bon professionnel en temps opportun — donc,
chacun des professionnels qu'on a rencontrés ou qu'on a pu entendre, que ce
soit la psychologue, la travailleuse sociale, l'inhalothérapeute ou autres, on
s'en va vers la bonne personne — donc, aussi, un lieu d'échange et de
concertation où la collaboration interprofessionnelle est optimisée, parce que
plus on s'assoit ensemble pour parler, meilleur on va trouver des solutions
pour faciliter l'accessibilité.
Il est primordial d'avoir votre appui pour
nous assurer que le déploiement qui se poursuivra dans les prochaines semaines
se fasse harmonieusement. On doit donc laisser le temps aux cliniques de se
déployer et d'être bien connues et reconnues, connues par le grand public,
reconnues par l'ensemble, aussi, du réseau de la santé, pour pouvoir apprécier
les résultats. Les IPS ne sont pas la seule solution, mais elles font
certainement partie des solutions complémentaires.
• (17 h 50) •
En somme, nous retenons du projet de loi n° 15 des mots importants qui apportent leur part du
changement : c'est la présence marquée de l'interdisciplinarité, des
décisions, des trajectoires, des soins et services centrés sur des besoins
populationnels. Donc, le changement fait peur mais est nécessaire, voire même
essentiel. Les infirmières praticiennes, étant près du terrain, en pratique
clinique et à proximité des usagers, ont à cœur que le projet de loi n° 15 se déploie tel qu'il est annoncé, en offrant des
soins plus accessibles, plus humains et centrés sur les besoins populationnels.
Donc, on vous remercie de la confiance
manifestée en nous sollicitant comme groupe afin d'émettre nos recommandations.
Vous pouvez compter aussi sur notre apport dans la poursuite des réflexions qui
vont permettre de concrétiser une transformation unique du réseau de la santé
pour le bien du Québec. Et, au nom des infirmières praticiennes spécialisées,
je vous remercie de votre écoute.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Mme Laliberté, pour
votre exposé. Alors, M. le ministre.
M. Dubé : M. le Président,
merci. Mme Laliberté, vous êtes notre dessert aujourd'hui, puis je pense que
tout le monde va être content de pouvoir avoir cette dernière présentation-là. Mais
merci pour ces bons mots là. Moi, peut-être... Je le fais souvent quand les
organismes sont peut-être un peu moins connus, mais vous devenez de plus en
plus connus, juste, peut-être, dire aux Québécois qui nous écoutent, là, il y a
<combien...
M. Dubé :
... en
plus connus, juste, peut-être, dire aux Québécois qui nous écoutent, là, il y a
>combien d'IPS au Québec, combien on en forme, juste pour... Prenez une
petite minute pour me donner quelques statistiques, là, parce que vous êtes en
croissance, puis tout ça. Mais allez-y donc.
Mme Laliberté (Christine) : Oui,
bien, en fait, il y en a 1 300 qui sont certifiés. Ça veut dire que les
études sont terminées. La certification est faite. Ils travaillent.
M. Dubé : 1 300.
Mme Laliberté (Christine) : 1 300,
puis environ 1 650 si on ajoute les étudiantes ou les candidates, qui sont
celles qui ont terminé la formation et qui attendent l'examen de certification.
M. Dubé : OK. Moi, j'ai eu la
chance, là, d'aller visiter la clinique qu'on appelle Archimède, à Québec, ici,
là, et c'est vraiment, à mon sens, le plus bel exemple d'interdisciplinarité.
Puis je le dis parce que... J'en profite, peut-être... J'ai fait ça avec les
députés de l'opposition l'autre fois, aller voir le Jeffery-Hale ensemble, puis
je pense que, si ça les intéressait, j'aimerais ça que vous les invitiez.
Mme Laliberté (Christine) : Avec
grand plaisir.
M. Dubé : Parce qu'on parle
d'interdiscipliner, puis le comité interdisciplinaire, puis tout ça, mais, sur
le terrain, là, ce que vous avez mis en place, puis c'est vous qui l'avez
fondée, cette clinique-là, c'est quand même... en tout cas, vous êtes une des
fondatrices, si je me souviens bien, je pense que ce serait bon qu'on puisse
montrer qu'est-ce que c'est qu'un médecin qui travaille avec une IPS. Et ce que
vous venez de dire, c'est ça que vous voulez voir au conseil
interdisciplinaire. En tout cas, si vous êtes assez... Là, je vous mets mal à
l'aise un peu de les inviter, mais ils sont quand même gentils. Mais on a fait
cette visite-là, l'autre fois, au Jeffery-Hale ensemble, puis c'était vraiment
très pertinent. Ça fait que, si jamais vous les invitez, ce serait intéressant.
Mme Laliberté (Christine) : On
vous invite. Ça va nous faire plaisir.
M. Dubé : Merci beaucoup.
C'est très gentil.
Mme Laliberté (Christine) : Je
vais le dire à l'équipe qui travaille avec moi.
M. Dubé : OK. Mais ça
m'amène... Est-ce que vous voyez... Vous êtes... Parce qu'on a parlé tantôt de
votre... de la place, par exemple, de la santé mentale sur les nouveaux comités
qu'on... Vous êtes à l'aise, l'IPS, à l'intérieur des infirmières, dans ce
bloc-là. Vous êtes à l'aise dans ça. On n'a pas...
Mme Laliberté (Christine) : Oui,
on est à l'aise. On pense que ce qui est important, c'est qu'il y ait une
section d'infirmières praticiennes, tout de même, pour pouvoir faire ressortir
les enjeux, là, spécifiques à la pratique.
M. Dubé : Qu'est-ce que vous
voulez dire, «une section»? Vous voulez dire quoi?
Mme Laliberté (Christine) : C'est-à-dire
que le CI a actuellement un sous-comité d'infirmières auxiliaires, puis on en
mettrait un d'infirmières praticiennes aussi.
M. Dubé : Ah oui! OK. M.
Bergeron, il a l'air d'accord avec ça, ça fait que c'est bon.J'aimerais
ça, avant de passer la parole à mes collègues, parler un peu de santé mentale.
Expliquez-moi, parce que, des fois, j'en oublie quelques bouts, là, où vous en
êtes rendus dans votre demande de pouvoir avoir une pratique spécifique en
santé mentale, après ce que je viens d'entendre des psychologues, là.
Mme Laliberté (Christine) : Tout
à fait. En fait, actuellement, les seules infirmières praticiennes qui peuvent
évaluer les troubles mentaux et poser les diagnostics sont les infirmières
praticiennes spécialisées en santé mentale.
M. Dubé : Puis ça veut dire
quoi, une spécialité en santé mentale? Qu'est-ce que ça vous demande de plus,
en plus de vos deux années, là?
Mme Laliberté (Christine) : C'est
le même nombre d'années. Toutes les classes de spécialité ont le même nombre et
niveau d'années de formation. Par contre, celles qui sont en santé mentale ont
fait une formation très spécifique, uniquement en santé mentale, pour pouvoir
travailler autant en première ligne qu'en deuxième et troisième ligne.
M. Dubé : Ah! OK.
Mme Laliberté (Christine) : Donc,
c'est la distinction pour elles. Et les autres classes de spécialité... Néonatalogie,
bon, c'est des petits bébés nés prématurément. Ils ne font pas d'évaluation de
troubles mentaux. Mais les infirmières praticiennes en soins de première ligne,
soins aux adultes, soins pédiatriques, on est un premier accès à la population
dans l'évaluation des troubles mentaux, mais on n'a pas encore le droit de le
faire. Il y a des belles discussions qui ont eu lieu jusqu'à maintenant, puis,
si vous avez lu notre mémoire, vous avez dû voir qu'on vous a dit : Portez
attention éventuellement.
M. Dubé : Bien oui, c'est
pour ça que je reviens là-dessus.
Mme Laliberté (Christine) : Mais,
pour l'instant, on n'a pas le droit d'évaluer les troubles mentaux. Donc, c'est
sûr qu'il y a encore des délais par rapport à ces patients, surtout si je
prends, notamment, les infirmières praticiennes de la première ligne qui font
du sans rendez-vous ou qui font...
M. Dubé : Il y en a combien,
des 1 300, Mme Laliberté, qui...
Mme Laliberté (Christine) : Il
y en a environ 900 en première ligne.
M. Dubé : Qui ont fait la
formation déjà.
Mme Laliberté (Christine) : En
première ligne.
M. Dubé : En première ligne.
Mme Laliberté (Christine) : Vous
voulez dire en santé mentale?
M. Dubé : Oui.
Mme Laliberté (Christine) : En
santé mentale, une centaine environ, spécifique.
M. Dubé : Qui n'ont pas le
droit de pratiquer encore, mais qui ont fait la formation.
Mme Laliberté (Christine) : Non.
Elles ont le droit de pratiquer, celles-là. Ça, ce sont nos infirmières
praticiennes spécialisées en santé mentale. Puis les infirmières praticiennes
des autres classes de spécialité qui pratiquent déjà peuvent évaluer la
condition de santé.
Puis j'entendais, justement, la présidente
de l'Ordre des psychologues mentionner : On ne peut pas dire qu'on évalue...
on ne peut pas dire qu'on pose un diagnostic, mais on évalue des troubles
mentaux. Donc, c'est un peu ce qu'on a, depuis de nombreuses années, les
infirmières praticiennes, nommé. C'est qu'on évalue des conditions, on évalue
des situations, mais on n'a pas le droit de dire qu'on pose des diagnostics.
Actuellement, donc, les IPS des classes de spécialité que je vous ai
mentionnées ne peuvent pas poser de diagnostic, et ce que ça signifie, c'est
qu'on doit rapidement créer des trajectoires à proximité pour les patients.
M. Dubé : OK. Bien, moi,
j'aimerais ça qu'on en parle, parce que... Ce n'est vraiment pas dans PL n° 15, là, mais je <regardais...
M. Dubé :
... ça
qu'on en parle parce que... Ce n'est vraiment pas dans PL
n° 15,
là, mais je >regardais le Dr Bergeron pour être sûr qu'on remet ça
sur les priorités.
Mme Laliberté (Christine) : Tout
à fait.
M. Dubé : Parce que, quand
j'entends tous nos enjeux de santé mentale... Puis c'est un peu pour ça, je
pense, que vous insistez là-dessus.
Mme Laliberté (Christine) : Tout
à fait.
M. Dubé : OK.Alors,
moi, je vais passer, si vous me permettez... Merci beaucoup.
Mme Laliberté (Christine) : Ça
fait plaisir.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Bellechasse.
Mme Lachance : ...ministre.
Je veux un peu continuer dans le même ordre d'idées. Merci, mesdames, merci,
monsieur.
Vous avez parlé, tout à l'heure... Là, on
a parlé d'évaluation clinique. Donc, évidemment, vous ne pouviez pas poser de
diagnostic. Mais, tout à l'heure, il me semble que j'ai entendu : On peut
poser un diagnostic, par exemple...
Mme Laliberté (Christine) : En
fait, les classes de spécialité autres que santé mentale, on peut poser tous
les diagnostics, sauf l'évaluation des troubles mentaux.
Mme Lachance : OK. Donc, ça
veut dire infections urinaires, streptocoques...
Mme Laliberté (Christine) : Ça,
il n'y a pas de problème. Mais, si on a, par exemple, quelqu'un qui fait une
dépression, de l'anxiété, un trouble de l'adaptation, TDAH, on ne peut pas.
Mme Lachance : OK. Et, pour
ces conditions-là, vous avez parlé de l'infection urinaire, vous pouvez
prescrire. Est-ce que c'est la même chose pour les autres conditions que vous
pouvez diagnostiquer?
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
On n'a pas de restriction dans la prescription. Quand on peut poser le
diagnostic, on a accès à la médication, à moins que ça ne sorte de notre classe
de spécialité, ça deviendrait quelque chose de trop... trop spécialisé. Par
exemple, je pense à une infirmière praticienne en première ligne qui aurait à
prescrire un médicament qu'on appelle de la Cordarone, que mon amie ici, en
soins aux adultes, cardiologie, pourrait allègrement prescrire dans son champ
d'exercice et son expertise. Nous, on ne le ferait pas. Par contre, on peut,
dans de nombreuses conditions, le prescrire. C'est vraiment... La limite... Il
n'y a pas de tableau. Il n'y a aucune restriction. La restriction, c'est la
classe de spécialité.
Mme Lachance : OK. Donc, vous
êtes quand même très importantes en première ligne, dans ces conditions-là.
Mme Laliberté (Christine) : Absolument.
Mme Lachance : Et, ce que
vous avez mentionné tantôt, vous avez mentionné, donc, que les cliniques IPS,
qui grandissent et qui se créent, sont un lieu où lequel vous pouvez, justement,
offrir des services, entre autres, de première ligne. Ces cliniques-là sont
réparties. Elles sont ouvertes comme les cliniques, là, le jour, le soir, la
fin de semaine?
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
Là, on a les cliniques qui ont été ouvertes en urgence, là, depuis l'automne. Les
cliniques à venir, on ne connaît pas tout encore le modèle et le... mais ce
qu'on suggère, c'est vraiment un modèle dans une approche interdisciplinaire.
Mme Lachance : Donc, d'où
votre demande de dire : On devrait être intégrés aux GMF ou aux cliniques
existantes. C'est ça?
Mme Laliberté (Christine) : Bien,
on peut être intégrés là, mais on pourrait aussi être ailleurs. On pourrait se
situer dans des endroits spécifiques, pignon sur rue ailleurs, ou dans des CLSC,
ou des endroits où il y a des locaux disponibles pour pouvoir ouvrir des
cliniques de proximité, peu importe, en fait, là, le lieu. Ça va dépendre aussi,
c'est sûr, du cadre de référence puis du financement. Mais on peut travailler
dans n'importe quel endroit, si on parle de première ligne, n'importe quel
endroit : cliniques, GMF, CLSC, dispensaires. Il y a différents endroits
où on peut se retrouver.
Mme Lachance : Donc, vous
misez sur l'interdisciplinarité et...
Mme Laliberté (Christine) : Absolument,
une priorité.
Mme Lachance : ...comme une
voie de passage et une priorité importante pour arriver à nos fins.
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
Je pourrais ajouter, peut-être... On vise l'interdisciplinarité, mais c'est
facile de dire ce mot-là puis de ne pas le faire vraiment. Ce qu'on pense,
c'est qu'il faut aussi miser sur c'est quoi, les raisons de consultation, puis
c'est qui, les meilleurs intervenants dans l'équipe. Donc, on change un peu la
fluidité des services. Au lieu de dire : J'ai six personnes qui vont
donner de l'accès potentiel dans cette clinique-là, ou on va dire : J'ai
six infirmières praticiennes, trois médecins, j'ai neuf personnes, alors qu'en
réalité on est 20... Puis, tous les autres professionnels, il faut les utiliser
aussi dans cet accès, selon le besoin du patient. Comme ça, ils ne passeront
pas toujours par un médecin ou une infirmière praticienne en priorité. Et là on
vient comme déployer. C'est comme si on ajoutait des portes d'entrée dans notre
système de santé.
• (18 heures) •
Mme Lachance : Bien, ça
m'amène à vous poser... Est-ce que j'ai encore un petit peu de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Provençal)
:Oui, il reste un petit peu de temps.
Mme Lachance : Ça m'amène à
vous poser la question... Parce que, quand on parle d'interdisciplinarité, vous
savez que, pour la plupart des gens, infirmiers et infirmières, c'est difficile
de faire la distinction. On a rencontré les... des infirmiers et infirmières
auxiliaires, puis là on vous rencontre, et, bon... Donc, comment vous voyez ça,
vous? Est-ce que vous ne voyez pas une place importante, au niveau de l'ordre,
pour maximiser l'interdisciplinarité au niveau des postes infirmiers? Parce
que, quand on parle d'interdisciplinarité, plusieurs disciplines confondues,
bien, on essaie de délimiter un rôle, mais là, si on restreint ça juste à votre
profession infirmière, qui est très large, là... Quand on parle de l'auxiliaire
jusqu'à l'IPS, comment vous voyez ça?
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
Bien, en fait, la même chose. Il faut qu'on pousse au maximum ce que chacune
d'entre elles peut faire. Je vais vous donner l'exemple infirmières cliniciennes,
praticiennes, en dyade, dans un sans rendez-vous, avec des droits... Les
infirmières cliniciennes ont des droits de prescripteur autonome. Elles en
ont... elles en ont quelques-uns autonomes et elles peuvent utiliser aussi des
ordonnances qu'on appelle soit collectives ou protocoles, peu <importe...
>
18 h (version révisée)
< Mme Laliberté (Christine) :
...quelques-uns
autonomes et elles peuvent utiliser aussi des ordonnances qu'on appelle soit
collectives ou protocoles, peu >importe. L'idée, c'est qu'on leur remet
un droit de prescrire certaines médications supplémentaires. Donc, ces
personnes-là, si on les outille au maximum, dans un sans rendez-vous, par
exemple, ils peuvent évaluer, libérer, prescrire. Quand c'est plus complexe, l'infirmière
praticienne peut le faire.
Mme Lachance : Mais ce que je
veux vous amener un peu à m'entretenir de, c'est, au niveau de l'ordre, est-ce
que ça devrait tous faire...
Mme Laliberté (Christine) : Faire
partie de la même ordre?
Mme Lachance : Oui.
Mme Laliberté (Christine) : Je
trouve que c'est difficile pour nous autres de se positionner pour répondre à
la question, parce qu'ils ont quand même deux ordres professionnels... bien, on
a et ils ont un ordre professionnel qui est fonctionnel. Je pense que ça relève
plus des ordres de faire cette décision-là.
Par contre, moi, de mon côté, nous, on est
des gens très terrain. C'est la clinique qui nous intéresse. Et comment on peut
les utiliser au maximum, au meilleur, ces gens-là, pour augmenter les services
à la population? Bien, c'est en occupant pleinement le champ d'exercice de
chacun d'entre eux. Donc, ça, c'est prioritaire pour nous.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Marie-Victorin voudrait...
Mme Dorismond : Si j'ai bien
compris, tout à l'heure, dans votre... Bien, bonsoir.
Mme Laliberté (Christine) : Allo.
Mme Dorismond : Ça va bien?
Mme Laliberté (Christine) : Ça
va bien.
Mme Dorismond : Bonne fête
des infirmières!
Mme Laliberté (Christine) : Merci.
Mme Dorismond : Entre
collègues, on peut se le dire.
Mme Laliberté (Christine) : Bien
oui!
Mme Dorismond : Tout à l'heure,
si j'ai bien compris, dans votre présentation, au niveau des DSI, là, le fait
que les DSI soient au même niveau et sous le PDG, au même niveau que les autres
directeurs, vous êtes d'accord avec ça.
Mme Laliberté (Christine) : Absolument.
Mme Dorismond : Absolument. Bien,
j'aimerais ça vous entendre pourquoi, sur quelle vision.
Mme Laliberté (Christine) : En
fait, chacun des groupes professionnels doit avoir son niveau de
responsabilité, doit être capable de donner ses... les orientations à son
groupe professionnel puis être tous au même niveau sur les décisions qui vont
se faire, sans influence qui pourrait nuire d'un groupe à l'autre. Tu sais,
quand on dit «occuper pleinement son champ d'exercice», c'est qu'il y a des
zones grises et des zones de partage. Il faut ouvrir ça au maximum. Donc, si
chaque directeur prend sa discipline et gère sa discipline... Puis après ça on
va mettre ça en commun puis là, s'il y a des choses qui ne fonctionnent pas, on
va se parler avec le directeur. Ils vont être au PDG, là. Mais, tu sais, quand
on revenait à nos conseils en tant que tels, bien là, ils vont arriver à un
conseil interdisciplinaire puis ils vont avoir une place pour s'asseoir
ensemble puis finaliser la discussion, s'il y a lieu, pour s'assurer qu'on est
capables vraiment de potentialiser.
Puis, M. Dubé l'a un peu dit tantôt, dans
le modèle de soins qu'on parlait, d'une certaine clinique où on le fait comme
ça, ce qui est essentiel, c'est, justement, les moments où on s'assoit pour en
parler puis on est capables de faire avancer les affaires. On va... on va avoir
des caucus. On va avoir des moments spécifiques pour parler de ce qui ne
fonctionne pas, trouver des solutions, puis changer ce qu'il y a à changer, puis
s'adapter continuellement. C'est un peu ce qu'on doit faire. Donc, chacun peut
avoir sa direction, amener au maximum de ce qu'ils peuvent faire pour leurs
propres professions, puis après ça aller se mettre en commun, sans
nécessairement, comme, s'influencer ou nuire de l'un à l'autre.
On doit être ensemble. C'est là qu'on est
rendus. Puis, en plus, ce qui est le fun, c'est que, dans les dernières années,
on l'entend de tous les groupes professionnels. Tout le monde veut s'en aller
là. On est rendus. Il faut le faire.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. M. le ministre voudrait
terminer l'échange.
M. Dubé : Il reste quoi?
Le Président (M. Provençal)
:Deux minutes.
M. Dubé : Deux minutes. Bien,
premièrement, moi, j'aimerais juste vous dire, après vous avoir entendus et...
vécu, là, ce qu'on a vécu dans les dernières semaines, l'idée dans le projet de
loi, c'était de vous donner plus de place, aux infirmières, de façon générale,
puis encore plus... Et je pense que vous en donnez aujourd'hui la démonstration,
que c'était une très bonne idée, parce que...
Mme Laliberté (Christine) : C'est
une bonne idée.
M. Dubé : Je pense qu'on est
tous d'accord avec ça.
Mme Laliberté (Christine) : On
est tous d'accord.
M. Dubé : Puis je le dis aux
autres...
Mme Laliberté (Christine) : Ce
qu'on voudrait... Oh! pardon.
M. Dubé : ...ce n'est pas
pour leur enlever des pouvoirs mais pour vous mettre au même endroit...
Mme Laliberté (Christine) :
Tout le monde à la même place.
M. Dubé : ...tout le monde à
la même place.
Mme Laliberté (Christine) : C'est
ça, exact.
M. Dubé : Et ça, je pense...
Mme Laliberté (Christine) : On
ne veut pas sortir par-dessus. On veut être à la même place.
M. Dubé : Mais je veux juste
le dire, parce qu'on a eu des présentations où, des fois, ça peut être
interprété comme : On veut enlever des pouvoirs. Mais ce n'est pas ça. Ce
qu'on veut, c'est que tout le monde ait les mêmes pouvoirs pour, justement,
avoir un continuum de soins. Je voulais juste le mentionner.
Deuxièmement, vous avez dit... Puis je
vais terminer là-dessus, là. Vous m'avez titillé un peu. Vous avez parlé de
cliniques de proximité. Ça veut-tu dire que, nos prochaines cliniques IPS, on
devrait peut-être sortir du mot IPS et de les appeler des cliniques de
proximité?
Mme Laliberté (Christine) : On
pourrait... on pourrait évaluer la situation et voir à proposer des noms qui
font ressortir... On est là. On n'arrête pas de parler d'interdisciplinarité. Ça
fait qu'on... Est-ce qu'on devrait vraiment dire : C'est une clinique d'infirmières,
clinique d'IPS, clinique de médecins, clinique de... ou on est plusieurs
professionnels ensemble? Est-ce qu'on est une clinique interdisciplinaire ou de
proximité, comment on l'appelle, mais qui fait vraiment...
M. Dubé : Je veux juste vous
dire, Dr Bergeron m'a tapé dans les côtes tantôt. Il dit : C'est une très
bonne idée. Ça fait que continuez à pousser le concept, là. On pourrait
peut-être être ouverts à parler de ça, OK?
Mme Laliberté (Christine) : Parfait.
M. Dubé : C'est beau. Mme
Laliberté...
Mme Laliberté (Christine) : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. M. le député de
Pontiac, vous avez la suite.
Mme Laliberté (Christine) : M.
Fortin.
M. Fortin : Bonjour.
Ça va bien?
Mme Laliberté (Christine) : Ça
va bien. Vous?
M. Fortin :J'aime ça entendre le ministre parler de choses qui... sur
lesquelles il travaille déjà, <quand même...
Mme Laliberté (Christine) :
...M. Fortin.
M. Fortin :
Bonjour.
Ça va bien?
Mme Laliberté
(Christine) :
Ça va bien. Vous?
M. Fortin :
J'aime ça entendre le ministre parler de choses
qui... sur lesquelles il travaille déjà, >quand même, hein, c'est
toujours le fun. Tu sais, c'est...
Une voix : ...
M. Fortin :Oui, c'est ça. Je vous remercie d'être là avec nous ce
soir. La dernière fois qu'on a collaboré en commission parlementaire, ça a
donné des bons résultats pour votre profession aussi, là.
Mme Laliberté (Christine) : Tout
à fait.
M. Fortin :Donc, espérons qu'on puisse arriver à quelque chose de similaire.
Bon, je commence par la fin de votre... de
votre mémoire. Vous faites des recommandations en lien avec les cliniques d'interruption
volontaire de grossesse.
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
M. Fortin :Je veux juste essayer de comprendre, parce que, là, dans le
projet de loi, là, il y a... on parle... on parle d'un médecin qui doit être
choisi comme directeur médical pour ces cliniques-là. Si je comprends votre
propos, vous nous dites : Regardez dans l'avenir, là, allez plus loin que
ça, un jour, il va y avoir un rôle plus important pour les IPS. Qu'est-ce que
vous entrevoyez dans ces cliniques-là?
Mme Laliberté (Christine) : Bien,
en fait, c'est que, comme on a plusieurs classes de spécialité, dont, entre
autres, les IPS en soins aux adultes peuvent aller dans différents domaines de
soins, donc, qu'est-ce qui dit que, dans deux ans, trois ans, cinq ans, on n'en
aura pas besoin, et qu'il n'y aura pas des IPS qui vont s'orienter dans ce
domaine de spécialité là, et que les équipes ne vont pas décider d'agrandir et
de travailler ensemble à ce niveau ou qu'il n'y aura pas des milieux du Québec
dépourvus de ce service qui voudraient l'avoir, et qu'il n'y aurait personne
pour y aller, et qu'on se dirait : Oh! les infirmières praticiennes... Puis
je ris quand je dis ça, là, à la blague, parce que ça arrive souvent qu'on dit :
On va mettre des infirmières praticiennes, mais on sait que c'est une
possibilité que ça puisse arriver, puis c'est pour ça qu'on le propose. Pour l'instant,
il n'y en a pas, mais, vu qu'on sait qu'un projet de loi, quand ça ouvre, ça
ouvre pour longtemps, donc, c'est pour ça qu'on s'est dit : Bien, regarde,
ayons-le en tête, c'est possible, prévoyons-le au cas où ça pourrait arriver.
M. Fortin :Quand on dit qu'il n'y en a pas, est-ce que c'est quelque
chose que vous souhaitez demander? Tu sais, je comprends que vous dites :
Ça pourrait arriver plus tard. On pourrait dire : OK, bien, on a besoin
d'une IPS dans ce rôle-là, alors, prévoyons-le. Mais, si on... Si, selon votre
lecture, on va se rendre là éventuellement, pourquoi ne pas juste le
demander...
Mme Laliberté (Christine) : Bien,
en fait...
M. Fortin :...de pousser pour ça maintenant?
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
En fait, c'est qu'on n'a pas encore d'infirmières praticiennes qui se sont
dirigées spécifiquement là, mais on pense que c'est possible. Actuellement, on
est en train de consolider l'intégration des infirmières praticiennes en soins
aux adultes, entre autres, soins pédiatriques, qui, auparavant, étaient formées
spécifiquement dans un domaine très précis dès le début de la formation. Mais,
depuis 2018, il y a un tronc commun, puis la spécialisation se poursuit après
la formation en pratique clinique. Donc, on pense que c'est vraiment possible
qu'il y ait des infirmières qui décident de se diriger dans ce secteur-là et on
pense qu'il faut absolument le prévoir. Comme je vous dis, je ne peux pas vous
dire oui parce que je ne le sais pas, les infirmières, où elles vont se
diriger, mais ça m'étonnerait qu'il n'y en aurait pas éventuellement.
M. Fortin :OK.
Mme Roussy (Claudie) : ...
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
C'est un besoin aussi, oui.
M. Fortin :Aviez-vous autre chose, Mme Roussy, ou ça... Non, ça
va?
Mme Roussy (Claudie) : Non.
C'est juste, si, un jour, la population en ont besoin, on va y aller. Voilà.
M. Fortin :Sur les conseils des infirmières et infirmiers, là... Il y
a beaucoup de comités, de commissions, de conseils dans le projet de loi. Là,
vous nous parlez, le conseil des infirmières, puis ce que... ce que je vous
entends dire, c'est qu'il doit y avoir un comité d'IPS, là, comme le comité
d'infirmières auxiliaires.
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
M. Fortin :Quand les infirmières auxiliaires sont venues en commission
parlementaire hier, je crois, hier, elles nous ont dit, essentiellement : C'est
parce qu'il y a beaucoup d'infirmières dans des rôles de leadership qui ne
comprennent pas nécessairement tout ce qu'une infirmière auxiliaire peut faire
à travers son rôle. Est-ce que... est-ce que vous demandez ça pour les mêmes raisons,
essentiellement?
• (18 h 10) •
Mme Laliberté (Christine) : C'est
des raisons qui sont similaires. En fait, ce qu'on a vu, c'est qu'initialement
il y avait une dilution, on va dire ça comme ça, et on s'est rendu compte, avec
le temps, que le rôle était méconnu. La pratique clinique est différente d'une
infirmière praticienne et d'une infirmière clinicienne, par exemple. Et, si on
regarde, même, au niveau de l'ordre, de la FIQ, de la direction des soins
infirmiers, au ministère, de tous les endroits décideurs et de nos directions,
ils ont intégré de plus en plus des infirmières praticiennes parce qu'ils se
rendaient compte, effectivement, qu'il y avait des moments où il y avait des
données qui manquaient, puis il fallait voir un peu qu'est-ce qu'il en était.
Ce qui distingue aussi, c'est que les
infirmières ont 17 activités réservées spécifiques. Nous autres, on en a huit
de plus, ce qui amène une autonomie à un autre niveau. Et c'est ce bout de
chemin là qui nous amène, dans notre quotidien, à avoir des enjeux ou des
éléments supplémentaires. Et on pourrait les partager.
Après, au conseil interdisciplinaire, que
ce soit une infirmière praticienne ou une autre infirmière, en autant que la
personne qui est là saisisse bien les enjeux. Puis, si on peut les amener au CII,
bien, on le sait, que ça va monter, puis que ça va se rendre, puis que ça va
être bien défendu aussi.
M. Fortin :OK. Mais donc vos recommandations 8 et 9, là... Parce
que vous demandez, essentiellement, qu'il y ait un comité d'IPS qui relève du
CII, mais, en même temps, qu'il y ait une IPS sur le CII. Alors, est-ce que les
<deux...
M. Fortin :
...vous demandez essentiellement qu'il y ait un
comité d'IPS qui relève du CII, mais, en même temps, qu'il y ait une IPS sur le
CII. Alors, est-ce que les >deux sont mutuellement exclusives, ces
recommandations-là? Est-ce que vous en voulez une ou l'autre, ou...
Mme Laliberté (Christine) : En
fait, c'est sur le comité exécutif, mais, dans les faits, c'est surtout le
comité... avec le CII qu'on veut qu'il y ait un groupe d'infirmières
praticiennes qui soit là pour émettre des recommandations. Sur le CII, à la
suite, on est capables de bien vivre avec le fait que ce n'est pas
nécessairement une IPS qui soit présente, en autant que c'est bien vulgarisé,
ce qui se passe dans notre quotidien. À moins qu'ad hoc ils décident d'inviter
parce qu'ils pensent que le sujet le nécessite, on pense que, là, ce sera
important, mais est-ce que ça doit être exclusivement une IPS? Pas
nécessairement, mais il faut s'assurer que le message va se rendre.
M. Fortin :OK. Très bien. Moi, ça va, M. le Président. Je pense,
peut-être, la députée de Mont-Royal a des questions.
Le Président (M. Provençal)
:Alors...
M. Fortin :Mais j'ajoute ma voix à... Bonne semaine des infirmières!
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée, c'est à vous.
Mme Setlakwe : Bonne semaine
des infirmières aussi!
Mme Laliberté (Christine) : Merci.
Mme Setlakwe : Je m'en
voudrais de ne pas le mentionner. Bien, mon collègue a posé une question qui
m'intéressait, moi, sur... mais je vais la poser de façon plus générale. Il a
parlé des interruptions de grossesse. Bien, généralement, là, votre... votre profession,
qui est très importante, puis vous faites clairement partie de la solution, on
est heureux de voir que le nombre est grandissant, tout ça, quel est l'avenir,
à part... tu sais, quels sont les gestes que vous voyez, là, qui vont... ou les
spécialités que vous voyez comme étant les prochaines étapes?
Mme Laliberté (Christine) : Bien,
vous voulez dire au-delà de la spécialité qui amènerait à faire des
interruptions de grossesse?
Mme Setlakwe : Oui.
Mme Laliberté (Christine) : Bien,
il y en a déjà à peu près une quinzaine. Il y a déjà de la pneumologie, de la
cardiologie, de l'hémato-oncologie, de la chirurgie orthopédique. Il y a de la
traumatologie, de l'urgence...
Mme Setlakwe : Vous êtes pas
mal partout.
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
Mme Roussy (Claudie) : C'est
les besoins populationnels qui vont guider, en fait, probablement, les
priorités pour ouvrir les spécialités IPS, parce que le... La création même des
IPS vient de répondre à un besoin de la population. Initialement, dans les
années 60, c'étaient, justement, les régions qui étaient moins bien desservies,
où il y avait moins d'effectifs pour donner des soins. Donc, c'est vraiment ça
qu'on... l'orientation qui sera privilégiée, probablement.
Mme Setlakwe : Merci. Puis
vous êtes surtout... Excusez-moi, je ne connais pas... je ne vous connais pas
superbien, mais vous êtes plus dans les grands centres?
Mme Laliberté (Christine) : Pas
nécessairement.
Mme Setlakwe : Pas
nécessairement. Puis... Non? En région aussi, très présents?
Mme Laliberté (Christine) : En
région, dans les grands centres. On est... En fait, on est dans la première
ligne, on en a assez parlé, mais, dans les centres hospitaliers... Toutes les
classes de spécialité, il y en a dans les grands centres. On peut en avoir, là,
à Rimouski, comme... On a donné un exemple. On a des IPS en soins aux adultes,
de médecine interne, dans la région de Rimouski, entre autres, pour des soins
intensifiés aux soins à domicile, qui sont présentes. Il y en a vraiment
partout, partout. Puis il n'y a pas de restriction tant que ça, en fait, sur
les milieux, là. On peut, si vous voulez... On n'a pas joint, cette fois-ci, à
notre mémoire tous les milieux où on se retrouve, mais on a fait des liens sur
d'anciens mémoires. Puis, vous pourriez voir, on...
Mme Setlakwe : Merci.
Mme Laliberté (Christine) : ...beaucoup,
beaucoup de milieux où on peut se retrouver.
Mme Setlakwe : La question de
la rétention, c'est tellement important. J'aimerais ça vous entendre là-dessus,
parce que, là, on ne veut pas que... on ne veut pas que vous en... vous en
perdiez au privé, pour toutes sortes de raisons. Mais comment on fait pour
garder la profession attrayante?
Mme Laliberté (Christine) : Attrayante?
Bien, en fait, on a parlé avec nos collègues, justement, qui sont parties
travailler dans les milieux privés pour voir un peu qu'est-ce qui les amène. Il
y en a que c'est... c'est légitime, sur le côté plus entrepreneurial. Ils ont
envie de diriger, de développer, de mettre de l'avant des choses sans
restriction. Donc, ça, c'est une partie des infirmières praticiennes. Il n'y a
pas un grand nombre non plus d'infirmières praticiennes au privé actuellement,
mais il y a quand même une croissance aussi.
Bien, il y a aussi tout le côté famille-travail,
conciliation famille-heures. On a des horaires permanents de 40 heures-semaine.
S'il y en a qui voulaient travailler moins d'heures par semaine, est-ce que
c'est possible? Comment on peut le faire, etc.? Donc, il y a des raisons comme
ça qui les a amenées à quitter.
Puis évidemment, chez nos jeunes, nos très
jeunes infirmières praticiennes qui débutent, qui ont peu d'années
d'expérience, qui ont un salaire plus faible, quand ils passent au niveau du
privé, c'est le double du salaire. Donc là, c'est comme une compétition
salariale, des bons joueurs qu'on pourrait garder avec nous pour travailler,
mais qui quittent vers le privé pour ces raisons-là.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Alors, M. le député de
Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Bonsoir.
Mme Laliberté (Christine) : Allo.
M. Marissal : Bien, bonne fête
des... bonne semaine des infirmières! Je vais vous le dire aussi, sinon je vais
avoir de l'air ingrat.
Mme Laliberté (Christine) : Merci
beaucoup.
M. Marissal : Mais je le
pense sincèrement, d'autant que vous avez vraiment l'air heureuses et heureux.
Puis ça, on n'est pas tant habitués de voir des gens du réseau de la santé si
heureux, ça fait que...
Mme Laliberté (Christine) : On
est des passionnés.
M. Marissal : ...ça finit...
ça finit bien ma journée. Dites donc, avant que je perde tout mon temps à dire
des niaiseries, votre association recommande aussi de créer des mécanismes pour
favoriser l'intégration des IPS au réseau public de la santé par des mesures
d'accompagnement soutenues tant dans les grands centres urbains qu'en région.
Pouvez-vous me dire rapidement, en une minute, qu'est-ce que vous voulez dire
par ça et qu'est-ce qu'il manque? Est-ce qu'il manque, d'abord, quelque chose?
Mme Laliberté (Christine) : En
fait, là, on est vraiment dans l'intégration. Tu aimerais-tu ça en parler?
Mme Roussy (Claudie) : Oui.
Mme Laliberté (Christine) : C'est
un dada de Claudie.
M. Marissal : Allez-y,
allez-y, je vous en prie.
Mme Roussy (Claudie) : Vous
parlez, par exemple, les deux spécialités au Québec... les soins aux adultes,
qui sont principalement les IPS <hospitalières...
Mme Roussy (Claudie) :
...va
parlez, par exemple, les deux spécialités au Québec... les soins aux adultes,
qui sont principalement les IPS >hospitalières, si vous voulez, auprès d'une
clientèle adulte, et les IPS en soins pédiatriques, donc jusqu'à 18 ans,
qui travaillent également en deuxième et troisième ligne.
Ce qu'il faut savoir, c'est que... Moi, je
suis IPS de cardiologie, de base. Donc, j'avais eu une formation de deux ans
vraiment en cardiologie. En 2018, on a tourné vers un cursus plus général un
peu. Donc, il y a vraiment une formation générale pour ces IPS là. Donc, elles
voyaient la néphrologie, la cardiologie, etc., donc, tronc commun plus général.
Lorsqu'elles arrivent sur le terrain, comme aux États-Unis ou dans le reste du
Canada, la recommandation, c'est d'avoir un programme de résidence, un
fellowship ou un programme d'intégration, peu importe le nom, mais, idéalement,
dans la littérature, c'est 12 mois pour, justement, les amener à se
spécialiser dans un domaine de soins. Par exemple, si moi, j'avais fait ma
formation en 2018, IPS en soins aux adultes, je serais arrivée dans mon milieu
à l'Institut de cardiologie de Montréal, j'aurais eu un programme de résidence
de 12 mois pour m'amener à me surspécialiser dans ce domaine-là, parce que,
par exemple, je pose des diagnostics d'infarctus, etc. Donc, vous comprenez que
ça prend cette spécialité-là. Un peu l'analogie avec le cardiologue qui fait
trois ans de médecine interne et qui, par la suite, va terminer ses deux
dernières années, et même peut-être des années de fellowship supplémentaires
pour se spécialiser en cardiologie, et peut-être même se surspécialiser en
insuffisance cardiaque avancée, en électrophysiologie, des domaines à la fine
pointe, là.
Mme Laliberté (Christine) : Ce
qu'on voit, c'est que l'intégration est un petit peu... Elle n'est pas égale...
Mme Roussy (Claudie) :
Hétérogène.
Mme Laliberté (Christine) :
...c'est ça, dans tous les milieux. Donc, nous, ce qu'on suggère...
M. Marissal : On parle du
réseau public, là, hein?
Mme Laliberté (Christine) : Comment
vous dites?
M. Marissal : On parle du
réseau public, là.
Mme Laliberté (Christine) : Du
réseau public.
M. Marissal : OK. C'est ça. Je
voulais juste...
Mme Laliberté (Christine) : Donc,
ce qu'on veut... Puis probablement que, si on parlait du réseau privé, ce
serait similaire. En fait, c'est que ce qu'on veut, c'est... puis on y
travaille aussi, on y contribue beaucoup, c'est d'amener un modèle, justement,
plus fixe qu'on pourrait répartir dans l'ensemble de la province, qu'on soit en
région ou dans les grands centres urbains, pour s'assurer que tout le monde va
être bien là-dedans. Puis on a des mentors, comme Claudie, qui est vraiment à
Montréal, pour les IPS qui sont, justement, mettons, en Gaspésie. On fait un
Teams, on parle ensemble. Tu veux plus un peu, tu sais, du mentorat à distance,
en plus d'en faire localement. Donc, on veut améliorer ça.
M. Marissal : OK. On me
disait... on me disait récemment qu'il y a un problème avec les infirmières
cliniciennes. C'est qu'il y a eu une directive du ministère qui a mis fin à ce
qu'on appelait une pratique non conforme, là, de rémunération, c'est-à-dire
que, pendant un certain temps, on ne donnait pas le premier échelon à une
infirmière, ce qu'on appelait les infirmières bachelières avant, là, qui
rentraient dans le réseau. On les mettait au six ou au septième, je crois. Mais,
depuis février, si je comprends bien, c'est retour à la case départ, puis
l'infirmière qui rentre, elle est payée au premier échelon, et ça semble causer
problème. Est-ce que j'ai bien compris ce qu'on m'a raconté?
Mme Laliberté (Christine) : En
fait, je vous dirais qu'on n'est pas superbien placés pour en parler, parce que
c'est plus syndical. On n'est pas dans tous les changements. Je me sentirais
mal à l'aise de vous donner l'information, de peur de vous induire en erreur.
Je ne connais pas assez le sujet pour vous dire ce qu'il en est. Mais,
clairement, ça se peut, c'est possible, surtout si ça a été mentionné. Il
faudrait juste voir plus, peut-être, avec les syndicats comment ça s'arrime,
tout ça.
M. Marissal : Ah! je comprends.
C'est une question plus syndicale. Mais, quand on parle de valorisation de la
profession, si ça causait un problème...
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup.
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
Bien, dans la reconnaissance, je suis d'accord avec vous, il y aurait peut-être
quelque chose à faire, mais je ne suis pas capable de vous préciser.
Le Président (M. Provençal)
:Député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Bon, à mon tour de vous souhaiter une bonne semaine des infirmières.
Je suis également content d'avoir l'occasion de discuter quelques minutes avec
vous, parce qu'enfin le ministère, le ministre, le réseau reconnaît votre
importance.
La création de cliniques d'IPS, nous, on
le souhaitait depuis au moins cinq ans. Ça commence. Il y en a 23 autres aussi
qui sont annoncées. C'est une excellente nouvelle. Mais ce qu'on nous dit à
l'heure actuelle, c'est qu'on n'a pas suffisamment d'IPS, justement, pour
prendre notre vitesse de croisière. On a parlé tout à l'heure des chiffres, là,
1 300. Il y en aurait 350 qui s'en viennent. L'objectif à atteindre, qui a
été fixé en 2017, à l'époque, de 2 000, est-ce que vous êtes optimistes
qu'on va y arriver dans les... J'ai l'impression que ça n'évolue pas au même
rythme qu'on le souhaiterait ou au rythme qu'on souhaiterait.
Mme Laliberté (Christine) : C'est
ça. Bien, c'était 2 000 d'ici 2024‑2025.
M. Arseneau : Exact. C'est
bientôt. C'est demain, ça.
• (18 h 20) •
Mme Laliberté (Christine) : Ça
fait qu'on est rendus à 1 650 avec les inscriptions. Est-ce qu'on les
aura, les 2 000, en 2024? Je ne sais pas. En 2025? Peut-être. Il va
falloir améliorer aussi tout le système en lien avec les stages. On en a parlé
aussi au niveau du mémoire. Mais on est optimistes qu'on va l'atteindre. Est-ce
qu'il y aura un an de retard? On ne le sait pas. Mais l'important, c'est qu'on
l'atteigne. Puis on pourrait même augmenter les cibles, n'est-ce pas? On ne
sait pas.
M. Arseneau : Bien, je pense
qu'on vous a tous entendus là-dessus, tout à fait, augmenter les cibles puis
valoriser davantage la profession.
Puis je me souviens qu'il y a trois ans on
discutait, autour du projet de loi n° 43, là, sur la question du... des
diagnostics en santé mentale. Vous mentionnez dans votre mémoire... bien, ce
dossier-là, vous dites qu'il progresse, mais vous en appelez au Conseil des
ministres pour qu'il traite ce dossier en priorité.
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
Vous voulez qu'on précise?
M. Arseneau : Comment peut-il
le faire? Par quels moyens, là? Parce que, là, on vous écoute, puis je sais que
le ministre vous écoute attentivement, là, qu'est-ce qu'il peut amener au Conseil
des ministres pour faire <débloquer...
M. Arseneau :
...je
sais que le ministre vous écoute attentivement, là, qu'est-ce qu'il peut amener
au Conseil des ministres pour faire >débloquer ce dossier-là?
Mme Laliberté (Christine) : En
fait, notre souhait, là, c'est que ça avance tellement assez bien qu'il va y
avoir des dépôts de projets de loi pour septembre, puis on voudrait que vous
les priorisiez pour l'accessibilité... bien, je pense qu'on était plusieurs à
le dire, l'accessibilité, justement, pour la clientèle qui bénéficierait, qui
ont des troubles mentaux. Puis on a vu tellement de choses arriver. On souhaite
que ça se passe rapidement.
M. Arseneau : Donc, c'est au
moyen d'un projet de loi.
Mme Laliberté (Christine) : Le
message est bien passé.
M. Arseneau : Parce qu'on
n'avait pas pu le faire en... à ce moment-là, en février. C'était juste avant
la pandémie. On a l'impression que c'est... c'est dans un autre siècle.
Mme Laliberté (Christine) : Exact.
Ça fait trois ans qu'on travaille là-dessus. On est vraiment contents de l'évolution
puis on souhaite que ça atterrisse rapidement.
M. Arseneau : Puis, en vertu
de l'interdisciplinarité, vous souhaitez que ce ne soient pas seulement les IPS
mais également les sexologues, conseillers en orientation, psychoéducateurs,
psychologues.
Mme Laliberté (Christine) : Tout
à fait, tout à fait. On ne s'est pas gênés pour mentionner l'importance qu'on
accorde... qu'on avance tous ensemble, donc, pas juste les IPS, les
psychologues aussi, les sexologues, les conseillers en orientation, etc., tous
ceux qui sont visés. On veut avancer ensemble là-dedans.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup.
M. Arseneau : Et puis je
voudrais vous entendre, un dernier mot, sur les cliniques. Ce que vous... Ce
que j'ai compris, c'est que non seulement on devrait les appeler les cliniques
de proximité, mais on devrait les identifier non pas selon les professionnels,
mais selon ce qu'ils peuvent faire pour les patients, selon leurs
spécialisations. C'est ça?
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
M. Arseneau : Leurs...
Une voix : ...
M. Arseneau : Oui. D'accord.
Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Vaudreuil. La
prochaine fois, je vous cède ma place, M. le député. Mme la députée de
Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci. Merci,
M. le Président. Merci d'être parmi nous. Définitivement, on sent la passion...
la passion quand vous parlez. C'est... c'est vraiment rassurant. En tout cas,
si les citoyens écoutent... Wow, là, un gros wow!
Dans votre projet de loi, vous parlez...
vous parlez que... je ne sais pas comment l'apporter, là, mais vous parlez du
débit. Vous dites que le débit, ce n'est pas la seule façon d'offrir
l'accessibilité.
Mme Laliberté (Christine) :
Oui, tout à fait.
Mme Nichols : J'aimerais ça
vous entendre. C'est important.
Mme Laliberté (Christine) : Oui.
Bien, en fait, tu sais, souvent, on dit : Il faut voir des patients, il
faut voir des patients, dépêchez-vous, 15 minutes, 15 minutes, puis
là on a des mesures pour savoir ça. Il y en a un qui s'appelle le taux
d'assiduité. Ce que ça veut dire, c'est que, si tu as un taux d'assiduité de
90 %, tes patients viennent te voir, toi, puis ils ont accès. 10 % du
temps, ils n'ont pas accès. Donc, il y a des milieux où on a expérimenté de
n'avoir aucun rendez-vous plus petit en temps que 30 minutes, et, dans ces
milieux-là, on réussit à garder des taux d'assiduité de 89 %, 90 %.
Donc, ça veut dire que peut-être qu'on doit se dire qu'il ne faut pas être dans
le débit nécessairement pour y arriver. Voilà. Puis on travaille en
interdisciplinarité, donc, accessibilité augmentée par d'autres moyens, et ça
donne des résultats qui font qu'on n'est pas obligés d'être dans le débit.
Mme Nichols : Quand vous
dites que vous l'avez travaillé dans certains milieux, c'est des projets
pilotes ou c'est des... Où ça a été...
Mme Laliberté (Christine) : Oui,
c'est des projets qui l'expérimentent actuellement. Ça fait six ans que le
projet est fonctionnel. Vous pourrez aller visiter le modèle en soi, si vous
voulez, pour voir un peu comment ça fonctionne.
Mme Nichols : Parfait. Merci
beaucoup.
Mme Laliberté (Christine) : Ça
fait plaisir.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Écoutez, on va
souhaiter une bonne semaine à l'ensemble des infirmières du Québec, et
infirmiers aussi, il ne faut pas l'oublier. Moi, je pense qu'on peut saluer
aussi le travail qui est fait au quotidien de l'ensemble des infirmiers, des infirmières
du Québec. On... Je pense qu'il faut saluer ce travail-là, les remercier. Sur
ce, je vous remercie.
Et la commission ajourne ses travaux au
jeudi 11 mai 2023, après les avis touchant les travaux des commissions,
vers 11 h 15. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 25)