(Dix heures)
Le Président (M. Provençal)
: Alors, bon matin. Je déclare la
séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'interpellation de la députée de Robert-Baldwin au ministre responsable des
Services sociaux sur le sujet suivant : L'absence de leadership du
gouvernement caquiste en matière de protection de la jeunesse au Québec.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Alors, Mme Abou-Khalil (Fabre) est remplacée par Mme Bogemans
(Iberville); M. Chassin (Saint-Jérôme) est remplacé par M. Gagnon (Jonquière); et
Mme Caron (La Pinière) et remplacée par Mme Garceau
(Robert-Baldwin).
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Sur ce, Mme la
députée de Robert-Baldwin, vous avez la parole pour les 10 prochaines
minutes. Je vous la donne. Merci.
Mme Garceau : Je commence?
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
Exposé du sujet
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup. Merci,
M. le ministre, d'être ici pour cette interpellation. Merci à mes collègues,
également, qui sont dans la Chambre. Et je crois que ça va être un beau moment
d'avoir un échange face à face, comme on
dit, entre nous, sur des sujets que je dois vous admettre, M. le ministre, que
nous sommes tous préoccupés. Nous
sommes tous préoccupés par la situation du système de la protection de la
jeunesse. Nous comprenons qu'on a un système, malgré... et on va se le
dire, là, je pense qu'il faut être transparent aujourd'hui parce qu'on est
ici...
Mon interpellation que je fais aujourd'hui,
c'est ma première aussi en tant que députée de cette Chambre, elle est des plus
importantes parce que... on a vu dans les récents, les récents reportages...
Depuis la 43e... le début de la 43e législature, depuis que je suis
porte-parole en matière de protection de la jeunesse, et j'ai fait des
interventions dans cette Chambre concernant
des enjeux préoccupants en matière de protection de la jeunesse... et malgré
les recommandations du... dans le rapport de la commission Laurent,
déposé en 2021, et on va y revenir, M. le ministre, malgré les amendements à la Loi sur la protection de la jeunesse, qui
ont été adoptés au mois de juin 2022, malgré les plaintes des parents, des procureurs, qu'il y a un système défaillant,
malgré, comme j'ai mentionné, de nombreux reportages dans les derniers
mois, où on est dans des situations qui sont divulguées au public, des enjeux
qui sont extrêmement préoccupants, les droits des enfants qui sont brimés, et
on va y revenir, des parents qui se sentent complètement impuissants,
impuissants dans ce système parce qu'ils sont en train de perdre leurs enfants.
Ils sont en train de perdre la garde de leurs enfants. Et pourquoi? Parce
que... et je ne le dis pas à la légère non plus, et vous le savez très bien, qu'il y a des intervenants, des intervenantes dans
le système qui n'ont pas la compétence, qui n'ont pas la formation pour
évaluer des situations complexes de violence conjugale.
Et nous avons ce matin... et je dois vous dire,
ça m'a beaucoup affectée, M. le ministre, ce matin. Je ne pensais pas que j'étais pour commencer cette
interpellation avec l'article qui est paru dans Le Soleil, par la
journaliste Mylène Moisan, qui avait aussi fait un rapport... un article
concernant la décision du juge Rioux qui avait été rendue au mois de mars, et
on va y revenir. Mais je ne sais pas si vous êtes au courant de l'article de ce
matin, où Julie, une adolescente, elle a
15 ans, Julie a été retirée de chez son père de toute urgence par la DPJ
parce que son père était violent, un agresseur, qui a fait en sorte que
la mère avait porté plainte à multiples reprises, et on a retiré Julie.
Elle était
avec... et elle était avec... elle voulait être avec sa mère. Sa mère avait
déjà la garde de son autre fille, mais
l'intervenante de la DPJ a évalué le dossier et elle a conclu, malgré les
allégations, malgré... et on fait face aussi à un enfant, là, pas de
deux, trois ans, 15 ans, une adolescente qui voulait rester avec sa mère.
Et on a une intervenante qui a évalué le
dossier et, encore une fois... et ça, là, c'est symptomatique, si je peux le
dire ainsi, du malaise que nous avons en
ce moment dans le système de la protection de la jeunesse, parce que des cas
comme Julie, là... et je sais personnellement, en raison de ma pratique
en droit de la famille de 30 ans, il y en a des milliers de cas, de Julie,
puis je vais vous dire pourquoi. Parce que, là, on a une intervenante, malgré
les propos de l'enfant, les allégations de la mère de violence... Qu'est-ce que
l'intervenante vient dire? Conflit de séparation, conflit de parents. Et donc
Julie ne s'en va pas habiter chez sa mère, on la retire. Julie a l'opinion...
exprime son opinion, elle a 15 ans.
Je ne sais pas si je dois
parler de la convention internationale sur les droits des enfants qui
protège... qui devrait. Le Québec, là, on
l'a ratifiée, cette convention-là, en 1991. On doit appliquer... on doit
protéger nos enfants. Leur opinion est primordiale dans des situations
comme celle-ci, où la mère a perdu la garde et là a des droits... je pense qu'elle peut la voir, c'est des droits supervisés,
en plus. Elle a la garde de l'autre enfant, mais là, celle de 15 ans,
c'est des droits supervisés. Et où le
bât blesse, là, où je suis complètement estomaquée, c'est que l'intervenante,
le plan de match de la DPJ, on veut
que la fille renoue avec son père, même si elle refuse catégoriquement de le
voir et sous aucune considération.
Résultat : depuis plus d'un an, cette jeune
fille vit dans un endroit qui n'est pas du tout adapté pour elle, et la situation n'a pas changé. Elle ne veut toujours
rien savoir de son père et elle supplie d'aller vivre avec sa mère. Sa mère... et
semble-t-il qu'elle va être retirée probablement jusqu'à l'âge de 18 ans,
mais sa mère la voit sous supervision. On parle, encore une fois, de droits...
de lésions de droits d'enfants. Puis j'espère, M. le ministre, que vous le
voyez, que vous êtes aussi estomaqué que moi
ce matin pour entendre ce genre de situation là. Parce que des Julie, là, au
Québec, il y en a des milliers, puis
des cas de Ève, de l'agression sexuelle en centre de réadaptation, puis que les
intervenantes... pas d'impact, pas de conséquences psychologiques sur
l'enfant. Donc, pas de suivi, ce n'est pas nécessaire, on ferme notre dossier.
La santé et le bien-être de l'enfant n'est pas compromis. On a un sérieux
problème, M. le ministre.
• (10 h 10) •
Et j'ai été inondée, depuis le fait que j'ai le
mandat d'être porte-parole en matière de la protection de la jeunesse, de
courriels, d'appels de parents, mais aussi de procureurs. Parce qu'on est
rendus, puis on va y revenir, là, où des
procureurs, en raison des détentions illégales d'enfants dans des centres de
réadaptation... doit se pointer devant un tribunal pour aller chercher
un habeas corpus pour que l'enfant sorte.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup pour cette première
partie, Mme la députée. M. le ministre.
Réponse du ministre
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, merci, M. le
Président. Moi, je vais dévier un petit peu de mon discours, là, parce que moi,
je venais parler de leadership. J'espère qu'on ne va pas présenter des cas
citoyens toute la matinée, là. Tu sais, c'est
sûr, c'est consternant, ce que vous dites, je suis tout à fait d'accord, mais,
tu sais, il faut voir aussi qu'on n'a qu'un côté de la médaille, puis
c'est ça, l'enjeu, souvent, dans ces publications, là. Il faut faire attention
avant de... qui a appelé la DPJ, quel est le
milieu familial chez la mère. Tu sais, il y a beaucoup d'enjeux qui ne sont pas
répondus dans l'article. Faisons attention aux cas citoyens.
Mais quand même, M. le Président, là, revenons à
ce que je voulais dire ce matin. Moi, je veux remercier la députée de Robert-Baldwin, là, qui m'a conduit ce
matin à parler de la DPJ. Ça va me permettre d'expliquer à tous les Québécois, là, où est-ce que moi, je veux aller
puis où est-ce que notre gouvernement, on veut aller, mais aux services offerts
aux enfants. Je comprends qu'avec tous les éléments mis en place les dernières
années... puis souvent on a des enjeux très spécifiques, on a des situations où on est... où je suis interpelé
dernière minute, c'est difficile d'avoir la chance d'expliquer où est-ce qu'on
s'en va au niveau de nos mesures avec la DPJ. Donc, aujourd'hui, j'ai la chance
d'en parler avec plus de détails puis je vais prendre le temps de le
faire, M. le Président.
Moi, ce que
j'aimerais, M. le Président, là, puis vous le savez, là, c'est... La raison
pourquoi je suis là, là, c'est pour les enfants, puis pourtant, il y a
peu de gens qui m'interpellent pour parler des enfants. Ils me parlent de la
DPJ, ils me parlent des avocats, ils me parlent des juges, ils me parlent du
ministre, mais il n'y a personne qui me parle des enfants. Puis nous, on est tous là pour parler des enfants, aujourd'hui,
là. Pour être le plus transparent du monde, moi, après 24 ans de pratique à
Sainte-Justine, huit ans de résidence, 32 ans à soigner des enfants à
Sherbrooke, Boston, Montréal... en
plus de la médecine, moi, j'ai été entraîneur d'équipes sportives pendant une
quinzaine d'années, j'ai fait des camps
avec des enfants handicapés, qui étaient atteints d'épilepsie. Je pense que je
suis très bien placé, M. le Président, pour savoir comment on prend soin
de nos enfants puis quels sont les droits de nos enfants.
Le Larousse définit un enfant, outre son
âge, comme étant quelqu'un de naïf, de candide et au comportement spontané, donc, on s'entend là-dessus, quelqu'un
de très vulnérable. Et moi, quand je parle aux enfants, M. le Président,
tout ce qu'ils me demandent, là, c'est
d'être aimés et d'être respectés. C'est tout ce qu'ils me demandent, M. le
Président. La question que j'ai amenée au ministère de la Santé quand je
suis arrivé, en 2018 : Qu'est-ce que ça nous prend pour assurer que nos enfants, au Québec, grandissent en se sentant aimés
et en sécurité? On s'est toujours vantés d'être fous de nos enfants, mais
qu'avons-nous fait pour nous assurer que nos enfants grandissent aimés et en
sécurité? Puis c'est là que mon travail de ministre commence, M. le
Président.
Un enfant, là, ça veut naître dans une famille
stable et aimante. Je pense que tout le monde ici sera d'accord avec ça. C'est pour cela que nous avons mis, en
2018, des mesures structurantes pour mieux préparer les enfants, surtout
ceux des milieux vulnérables, à accueillir un nouveau-né. Tel que demandé par
la commission sur le bien-être et la protection de la jeunesse, aussi connue
sous le nom de la commission Laurent, on a rehaussé l'avis de grossesse, on l'a informatisé pour permettre que tous les
intervenants puissent s'inscrire lors de la grossesse et s'assurer que, quand
une maman a besoin d'aide, on puisse venir intervenir avant qu'elle ait... que
l'accouchement et le bébé arrivent.
Depuis
février 2022 jusqu'à tout récemment, c'est plus de 60 000 avis de grossesse
qui ont été traités via notre nouveau service informatisé. De plus, avec un
investissement de 3 millions de dollars récurrent dans ce service, nous
avons réussi d'embaucher des intervenantes additionnelles dans toutes les
régions du Québec pour prendre soin de nos mamans en
devenir, M. le Président. Ça, ce que ça a fait, ça a augmenté les services pour
les soins intégrés en petite enfance et en
périnatalité de 6 %, puis le service Olo, pour l'alimentation de nos
mamans enceintes, de 36 %. Voilà quelque chose de concret, M. le
Président.
Pour être en mesure
de rejoindre encore plus de familles, M. le Président, on a lancé un nouveau
programme, cette année, qui va s'appeler La
santé mentale des nouveaux parents. Trop souvent, les parents vivent avec de la
difficulté pendant la grossesse, une
grossesse qui souvent est dépeinte comme quelque chose d'heureux, facile et
simple, mais qui, en réalité, est souvent vécu avec détresse, anxiété, d'après
ce que plusieurs couples me disent, tant les mères que les pères.
La première mesure
que nous allons mettre en place, M. le Président, c'est la gratuité et
l'universalité des cours prénataux. Vous
savez, les cours prénataux ont dû être cessés à cause de la COVID et on veut
les ramener. Puis non seulement on veut les ramener, mais on veut qu'ils soient
disponibles pour tout le monde, pour que chacun soit prêt à accueillir un enfant, M. le Président. Parce qu'il
faut se le dire, il y a beaucoup de parents qui ne sont pas prêts à accueillir leurs
enfants, et nous, on veut que tout le monde soit prêt à le faire.
La deuxième mesure
qui va débuter, ça va être un projet pilote avec une formation de préparation à
la parentalité, M. le Président. Beaucoup des signalements à la DPJ, là, sont
faits parce qu'il y a des difficultés à... pour les parents, avec le comportement de leurs enfants, avec la gestion des
activités de la vie quotidienne de leurs enfants. Puis est-ce que c'est de la
DPJ qu'on a besoin? Non, M. le Président. Ce qu'on a besoin, là, c'est d'apprendre
aux gens comment être des bons parents. Moi, c'est pour ça que je suis ici,
pour aider les gens à être des bons parents.
On
a pris l'appui de chercheurs comme George Tarabulsy, Delphine Collin-Vézina
pour développer une formation québécoise qui pourra être partagée avec
toutes les intervenantes du réseau, qui va nous aider à mieux outiller nos
nouveaux parents, surtout les plus vulnérables. Ça, pour moi, c'est tellement
important.
Puis ce qui me touche
également en particulier, c'est de la prévention au niveau de la santé mentale
des mères. On a vu ça dans le journal aussi
ce matin, quand le nombre de signalements pour négligence sont souvent arrivés dans
un contexte où la mère vit une dépression post-partum. Est-ce qu'on a besoin de
retirer son enfant? Non, M. le Président. Ce qu'on a besoin de faire, c'est
d'aider ces mamans-là.
Alors,
nous avons décidé d'amorcer la conversation et de parler, pendant les visites
de la grossesse, d'anxiété, de dépression pour mieux les préparer. Parce
qu'en parler c'est commencer à aller mieux, M. le Président.
Puis on veut ajouter
également la visite des infirmières postnatales. Au Québec, on les a retirées
après la... On les a maintenues après la
première naissance, mais après la deuxième, c'est juste un appel. Il faut
retourner... On a une association
avec les services de périnatalité à travers le Québec pour s'assurer que la
deuxième... que la visite postnatale soit également faite, M. le
Président.
Puis
un autre enjeu, c'est souvent la négligence éducative, les retards de
développement. Souvent, on demande la DPJ pour un enfant qui a un retard de
langage, qui a des troubles de comportement associés à un retard de langage.
Est-ce que c'est la DPJ qu'on a besoin, M.
le Président? Non. Ces enfants-là, ils ont besoin d'orthophonie, ils ont besoin
de soutien, ils ont besoin de soutien
psychosocial. Puis nous, notre réponse, ça a été de développer Agir tôt, un des
meilleurs programmes que notre gouvernement a mis en place. Je le dis
sincèrement, M. le Président, puis on n'a pas encore
vu le... tout l'impact que ça va avoir, parce qu'on a commencé globalement en
2021 avec le dépistage à 18 mois. L'intervention la plus payante,
M. le Président, je le répète encore une fois, c'est celle qui est faite dans
les premières années de vie et c'est celle-là qui va pouvoir changer la
trajectoire scolaire et sociale de nos enfants.
Puis une autre chose
qu'on entend beaucoup, M. le Président, quand on parle de protection de la
jeunesse et des jeunesses en général, c'est le manque de ressources. Puis on
parle beaucoup de pénurie de main-d'oeuvre, mais la réalité, puis je l'ai dit aux crédits l'an dernier, c'est que c'est
7 000 techniciens et professionnels en services sociaux que nous avons ajoutés au réseau de la santé, M. le
Président. C'est vraiment impressionnant. Tu sais, quand on est arrivés, on
était à 32 000, on est rendus à 37 000 employés de
catégorie 4, des techniciens en service social. Même chose au niveau de la jeunesse. Quand on est arrivés, on
était à 12 000, on est rendus à près de 15 000 techniciens
professionnels en services sociaux pour les services de jeunesse, M. le
Président.
Une hausse de
20 % dans les services sociaux, une hausse de 30 % en jeunesse, moi,
je pense que c'est pas mal de leadership,
ça, M. le Président, surtout dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre.
Alors que tout le monde disent qu'ils ont de la difficulté à recruter,
nous, en service social, on continue à augmenter notre force de travail. Mais
je l'avoue, M. le Président, on a encore beaucoup de travail à faire. Il faut
s'assurer d'offrir des conditions de travail optimales à nos intervenantes en
protection de la jeunesse et diminuer le roulement.
Mais
le point que je veux faire dans cette introduction, là, c'est que le but, là,
c'est que la porte d'entrée, ça ne doit pas être la protection de la jeunesse.
C'est comme ça qu'on va éviter les histoires que la députée de Robert-Baldwin
nous partage ce matin, tu sais, des parents
qui sont estomaqués de voir la protection de la jeunesse arriver à leur porte,
alors que c'est eux qui demandent de l'aide. Ce qu'il faut faire, c'est
renforcer les services de première ligne.
• (10 h 20) •
Puis moi, depuis que
je suis arrivé, en 2018, là, c'est à ça que je m'efforce tous les jours, M. le
Président, améliorer les services, apprendre aux gens que ce n'est pas la DPJ
qu'il faut appeler. Un tiers des signalements vient des écoles, un tiers des signalements vient des employés de première
ligne, puis un quart vient de la police, M. le Président. C'est des
employés du gouvernement, ça. Il faut leur montrer quand est-ce qu'il faut
appeler la DPJ : quand on a des cas d'abus sexuel, d'abus physique, de
risque sévère de négligence, mais le reste du temps, il faut que ça passe par
la première ligne. Effectivement, il faut que la première ligne soit au
rendez-vous, M. le Président. Mais moi, mon premier
rôle, c'est de rendre les services de première ligne disponibles pour tous les
Québécois puis pour tous nos enfants. Merci, M. le Président.
Argumentation
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Alors, nous allons débuter la
période d'échange. Mme la députée de Robert-Baldwin, je vous recède la
parole pour les prochains cinq minutes.
Mme
Garceau : Merci, M. le Président. Nous sommes tous ici pour
les enfants, et c'est pour ça que je comprends le ministre... que, oui,
il n'avait pas le choix d'augmenter le nombre de personnel parce qu'il y avait
un manque de personnel, et il y a
probablement encore un manque de personnel. Et donc, moi, je sais qu'en période
de crédits j'avais posé la question au ministre : Il en manque combien?
Parce que la pénurie de main-d'oeuvre, on en parle. Robert Comeau d'APTS en discute. On en a parlé, le rapport du
Protecteur du citoyen, le grand exode du personnel, des intervenants de la DPJ,
et surtout, et je l'avais mentionné en fin de séance, il y a quelques
semaines, surtout le personnel, les intervenants qui ont beaucoup d'expérience.
Et ça, c'est difficile à remplacer, parce que ça, ça prend des années, parce
que, là, on a perdu des superviseurs pour les jeunes intervenants et
intervenantes qui, je vais vous le présenter de
la façon suivante, et le Protecteur du citoyen l'a mentionné, doivent être
supervisés parce qu'on a des jeunes intervenants et des intervenantes
qui font des évaluations de situations complexes.
Moi, je veux... Je suis ici pour parler des
signalements, de l'explosion de signalements, dans la dernière année, 136 000, et là, ça, c'était... ça fait
donc... je présume que c'est encore plus élevé que ça, 43 000 qui ont été
retenus. Et donc, compte tenu des besoins, des besoins et aussi la
liste... la liste d'évaluation, je sais qu'elle a diminué, la liste
d'évaluation, le nombre d'enfants à 3 100, mais là on arrive peut-être...
Il va y avoir une augmentation, vous l'avez mentionné, je crois, lors d'une
entrevue le 29 septembre. Et on est dans une situation où, oui, il y a des
programmes en place, mais là où le bât blesse, c'est qu'en raison de tous ces
signalements et les évaluations qui sont faites et qui vont devant le
tribunal... puis ça, c'est un autre élément, les délais indus pour passer
devant un tribunal.
Et vous savez très bien, suite à la lettre de la
bâtonnière du Barreau du Québec, le 21 juillet dernier, ça aussi, il y a des enjeux, une problématique assez
importante concernant les délais indus pour aller devant un tribunal. Et donc,
encore une fois, les enfants demeurent dans des centres de réadaptation ou dans
des familles d'accueil beaucoup trop longtemps, parce qu'on n'a pas... on ne
peut pas aller devant un tribunal, les causes sont reportées, manque de juges.
Mais je reviens au point qui est très, très
important, et ça, c'est lié au rapport des intervenants, des intervenantes et
de la formation qui manque et qui a été retardée. Avec grand respect, M. le
ministre, là, on avait... La loi a été adoptée. On a amendé la loi pour inclure
le concept de la violence conjugale et, même à l'article 38.c.1, concernant une nouvelle disposition où
l'exposition d'un enfant... l'exposition d'un enfant à la violence conjugale
est, en soi, un motif de signalement.
Et donc je reviens à mon point en crédits concernant la nomination d'un
commissaire aux droits, au bien-être des enfants. Je sais que vous avez
mentionné, lors d'un... le 29 septembre, que...
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci, madame. Vous poursuivrez.
Alors, M. le ministre, vous avez cinq minutes.
M. Carmant : D'accord.
Merci, M. le Président. Puis je... On aurait... On tient, jusqu'à présent
encore, à passer le projet de loi du
commissaire au... à la commission de la santé. En fait, on adorerait être
entendu par vous, M. le Président, mais j'entends la demande de la
collègue de Robert-Baldwin. J'entends la demande.
Là, ce qui me surprend, par exemple, un petit
peu, là, c'est... Je suis tout à fait d'accord avec vous à propos de l'expérience, là, puis de la perte d'expérience
au niveau de la protection de la jeunesse. Puis je n'étais pas au courant
que... Je savais que vous étiez avocate, mais pas en droit de la famille. Donc,
je respecte votre grande expertise, mais là, c'est... Il faut dire qu'un
des grands problèmes, ça a été la réforme de 2015. Je suis sûr qu'en tant
qu'avocate de droit de la famille, vous avez vu les changements qui se sont
produits dans la réforme de la santé du Parti libéral du Québec, là. Je veux
dire, on avait sorti quelques titres, là : La réforme a aggravé le sort
des enfants vulnérables. Les promesses brisées
aux enfants de la DPJ. La réforme a mis à mal les services de protection des
enfants, selon un rapport. Ça,
c'est tout, suite à la création des CISSS et des CIUSSS.
Et ça, ça a fait extrêmement mal. Un, ça a
ouvert la mobilité des intervenantes qui, il faut se le dire, faisaient un travail extrêmement difficile dans un contexte
extrêmement difficile. Ça reste, selon moi, le travail le plus difficile du
réseau. Mais plusieurs ont décidé, à salaire égal, parce qu'à cette époque là
on n'a pas ajusté les salaires quand on a
créé les CISSS et les CIUSSS, à salaire égal, nos intervenantes les plus
expérimentées ont quitté vers le CLSC ou vers d'autres directions.
Donc, ça, c'est super fondamental à la situation
que l'on vit aujourd'hui. Et moi, je vous dirais que... Quelles sont les pistes de solution? Bien, nous, ce qu'on
a essayé de faire, ça a été de rehausser le salaire de ces intervenantes. Et
on a été le premier gouvernement qui a instauré une prime en lien avec la
protection de la jeunesse lors des dernières négociations. Puis je remercie la
présidente du Conseil du trésor qui a réussi à avoir cette réaction, ce salaire
différencié pour nos intervenantes à la DPJ. Mais, tu sais, c'est... Mais c'est
clair que... Je veux dire, quelqu'un que vous connaissez très bien, là, Me
Philippe-André Tessier, qui dit dans le rapport de la CDPDJ : On ne
peut... On peut conclure que la réforme n'a pas amélioré la capacité du système
de répondre aux besoins des enfants visés par la Loi sur la protection de la
jeunesse. Au contraire, la situation s'est détériorée sur plusieurs points.
Donc, moi, je suis arrivé en 2018 avec cette
situation là et j'ai dû me réadapter et me réajuster avec cette conséquence que
la mobilité était une réalité, M. le Président. Donc, on a fait plusieurs
changements. La première chose que j'ai
faite, en fait, c'est que je me suis assis avec nos intervenants, avec nos DPJ
du Québec en janvier 2019. Et ce que
les DPJ m'ont dit, c'est que c'était la première fois que les DPJ avaient la
chance de s'asseoir avec un ministre, M. le Président, la première fois. Et
qu'est-ce qu'ils m'ont demandé à ce moment-là? Ils m'ont demandé,
effectivement, d'ajouter
de la supervision clinique. Donc, le premier budget qu'on a déposé, on a ajouté
de l'argent pour la supervision clinique. Mais ils m'avaient... Ils ne
m'avaient pas parlé d'ajouter des ressources à ce moment-là.
• (10 h 30) •
Et
c'est par la suite, qu'à force de discuter, qu'on s'est rendu compte que le
nombre de signalements augmentant sans
cesse, comme l'a dit la députée de Robert-Baldwin, il fallait ajouter des
ressources également. Mais moi, ma prémisse,
ce n'était pas d'ajouter des ressources à la protection de la jeunesse. Sur
1,5 milliard de dollars, M. le Président, il y a 1 milliard en protection de la
jeunesse, 300 millions en première ligne, 200 millions en organismes
communautaires. La pyramide a été construite à l'envers. Ça, il faut que
les gens le comprennent. Si on veut que les gens rentrent par les services de
première ligne, c'est en première ligne qu'il faut investir. Pourtant, tous les
gouvernements avant nous ont mis tout
l'argent dans la protection de la jeunesse. Chaque fois qu'il y avait une
problématique, il fallait qu'elle soit réglée par la protection de la
jeunesse. Nous, depuis qu'on est là, quand une problématique apparaît, on
développe des services de première ligne pour y répondre, puis moi, je pense
que c'est la bonne façon de faire.
Alors, M. le
Président, je pense qu'on va continuer nos efforts à améliorer la première
ligne. On va s'assurer que les trajectoires
soient plus claires, puis je vais vous parler un petit peu plus tard des liens
qu'on est en train de créer entre la protection de la jeunesse puis la
première ligne pour consolider ces trajectoires cliniques.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le
ministre. Je vais maintenant céder la parole au député de Jonquière pour
cinq minutes.
M. Gagnon : Merci,
M. le Président. C'est un plaisir d'être dirigé par Beauce-Nord aujourd'hui, ce
matin. C'est un plaisir pour moi d'être ici,
particulièrement. Je tiens à saluer le ministre de la Santé et Services
sociaux. Cette semaine, je sais qu'on a beaucoup parlé, là, je
fais mon petit côté chauvin, de ce que vous avez annoncé, M. le ministre,
à Alma et Roberval et puis toute la belle
synergie que ça a fait, la maison des sans-abri, à Chicoutimi, qui vient donner
un coup de main au Lac-Saint-Jean. En tout cas, des fois, quand on dit donner
un élan à quelque chose, ça crée toute une synergie.
Puis je n'ai pas eu
la chance de vous le dire, mais, dans mes fonctions de papa, je suis allé à
l'aréna, il y a deux semaines, puis deux intervenantes sont venues me voir. Il
y a eu un congrès ou de la formation à Québec, puis vous y avez été, M. le ministre, puis vous y avez été longtemps, puis
vous avez discuté avec les gens, puis vous avez montré de l'intérêt.
Alors, moi, qui était assis dans les estrades, il y a deux intervenantes qui
viennent me voir puis qui me disent :
Yannick, M. le ministre est venu. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu un
ministre qui n'était pas longtemps... qui
n'était pas venu longtemps, comme ça, engager, discuter avec les gens. Et je
pense que votre visite, dans le fin fond d'un aréna du haut du Lac-Saint-Jean,
a laissé des traces, M. le ministre, puis je vous envoie de l'énergie pour
continuer.
À ma collègue députée
de Robert-Baldwin, je vous salue et puis je sens... on est tous en politique
pour des engagements, puis je vous vois vous lever... ça fait maintenant un an
en Chambre... puis assurément que, dans votre «packsack»
de pourquoi vous êtes au salon bleu, on sent qu'il y a le souci de la jeunesse,
puis je viens d'en apprendre, avec vos fonctions professionnelles.
Alors, c'est un plaisir de collaborer avec vous.
Ce que je trouve
intéressant... Effectivement, moi aussi, j'avais lu sur la réforme de 2015,
mais je ne veux pas aller là, le ministre en a parlé tout à l'heure. Souvent,
dans le salon bleu, il y a des divergences d'opinions, il y a des débats, M. le Président, on échange. Des fois,
c'est costaud, des fois, bien, il faut que le président ou la présidente
intervienne. Mais il y a une chose qu'on est unanimes ce matin... puis il y a
des mots forts qui ont été dits : aimés, respectés
et en sécurité. Je pense que tout le monde s'entend sur l'importance de la
génération de demain, ceux qui seront assis, probablement, à nos
chaises, c'est-à-dire l'importance de la jeunesse, puis ça, je pense que c'est
unanime, au salon bleu, et on le sent.
Maintenant que tout
le monde est d'accord qu'il faut prendre soin de nos jeunes Québécois, avec les
services de première ligne, comme
mentionnait le ministre, on a parlé, tout à l'heure... on a effleuré la réforme
de 2015. Arrive le ministre en place, puis avoir le courage... Puis la
première chose qui est dans la vision de notre gouvernement, ça s'appelle le changement de culture. Le changement
de culture, ce n'est pas facile. Il y a des cours, à l'université,
45 heures sur la réticence au changement, et c'est ce que notre
ministre tente de faire et c'est ce que notre ministre... Je vais le démontrer tout à l'heure, ça fonctionne, un
changement de culture. Ça prend du courage, mais ça fonctionne. Et on y va
comment? C'est important, de la manière de comment on apporte le changement. On
y va par le renforcement du filet social autour, et j'aurais le goût de dire,
au centre, en mettant le jeune et sa famille au centre. Et ce n'est pas seulement... ça ne repose pas seulement sur les
aptitudes parentales. Qu'est-ce que le ministre mentionne, avec son changement
de culture, c'est mettre le jeune et sa famille au centre, et les
communautés... Notre communauté a une responsabilité, et c'est un mot fort,
devenir des communautés bienveillantes.
Un exemple de
changement, parce qu'il y en a quelques-uns... j'ai cinq minutes... oh! avoir
le temps... un exemple de ce changement-là, c'est agir ensemble. Agir ensemble,
c'est deux choses, M. le Président, c'est basé sur deux choses, et la première me parle énormément. C'est un projet issu du
terrain, aller voir ce qui se passe, consulter notre expertise, bâtir alentour, d'agir ensemble, et ça
fonctionne. C'est un projet issu du terrain pour accompagner. Accompagner,
ça fonctionne, parce que 85 enfants, depuis
janvier 2023, en Haute-Yamaska, se sont mobilisés, et ce n'est pas seul,
se sont mobilisés avec la communauté.
Et il ne me reste pas beaucoup de temps, je dois
mentionner quelqu'un qui m'inspire énormément, outre que le ministre bien entendu, c'est le Dr Julien.
Dr Julien, j'ai eu la chance de travailler avec lui davantage en
psychomotricité, en développement
moteur au Patro Roc-Amadour... a dit une phrase, une phrase qui me guide, puis
on le voit dans les programmes : La
négligence, ça ne se règle pas par la protection de la jeunesse, ça se règle
dans la communauté. C'est une phrase qu'il faut se rappeler.
Avec le programme
Agir ensemble... tout à l'heure, je reviendrai également avec ma communauté, ma
famille.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je vais recéder
maintenant la parole à Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Merci, cher collègue,
pour vos mots.
M. le ministre, avec grand respect, très facile
de dire : Tous les problèmes aujourd'hui sont liés à la loi n° 15, mais ça fait six ans. Vous êtes dans votre sixième
année, M. le ministre, en tant que ministre de la Santé et des Services
sociaux et on... Il y a une raison pour laquelle il y a eu la commission
Laurent. On avait besoin d'un changement de culture,
il y avait des cas... l'augmentation aussi, l'explosion des cas devant la DPJ,
et on voulait un meilleur encadrement pour
les enfants et pour les parents. Mais là, malgré les recommandations, et on va
revenir peut-être dans un autre bloc, mais
malgré les recommandations et la décision... votre décision, la décision du
gouvernement de mettre la nomination du commissaire des... les deux
recommandations-phares, et on en avait discuté lors des crédits, le chien de
garde... puis il y a une raison pour
laquelle Mme Régine Laurent voulait un chien de garde, pas juste une
directrice nationale, un chien de
garde comme protecteur du citoyen, comme vérificateur également, qui est
indépendante pour exactement évaluer les situations où les droits des
enfants sont brimés.
Et la situation ne peut pas être pire qu'elle
est aujourd'hui. Nous avons les reportages continus, le système de protection
de la jeunesse est au bord du précipice. On a le cri du coeur de la bâtonnière
du Barreau du Québec que c'est une crise sans précédent, c'est une crise
gravissime, que c'est urgent d'agir en matière de protection de la jeunesse. Quand la bâtonnière du Barreau du Québec
lance son cri du coeur, c'est parce qu'il y a un problème sérieux, et le
problème est lié... On a juste à regarder les faits, on a encore... et je
reviens, que ce soit le dossier d'Ève, où les intervenantes font des constats,
il y a des conclusions dans des rapports, et les juges, les tribunaux se fient
sur ces rapports-là, sur ces recommandations-là, qui font en sorte que, si les
intervenants n'ont pas la formation adéquate pour évaluer des situations
d'enfants et de familles, au bout du compte, les familles et les enfants
subissent les graves conséquences, et c'est des séquelles, là, qui vont durer
le restant de leur vie, parce qu'il y a des parents, là, qui sont complètement... qui ne voient plus leurs enfants,
ou qui ont des droits supervisés, ou qui reçoivent trois photos par année
de leur enfant. C'est complètement aberrant. Il faut faire mieux. On doit faire
mieux. Nos enfants le méritent.
• (10 h 40) •
Et je regarde
le rapport du Protecteur du citoyen qui le mentionne, qui le dit, la formation
en violence conjugale et... Pourquoi est-ce que ça, ça a été retardé également?
Parce que, là, je comprends qu'il va y avoir une grande formation en novembre. Quand on sait très bien que les
amendements, au niveau de la violence conjugale, ont été adoptés au mois de juin 2022, et donc ça fait... le retardement de
tout ça fait en sorte qu'on a des rapports qui ne reflètent pas la réalité et
qui font en sorte que les enfants et les
parents subissent des conséquences en raison de ces évaluations-là. Et je n'ai
même pas encore parlé du dossier devant le juge Jacques Rioux.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je suis obligé de
vous interrompre. M. le ministre.
M. Carmant : Merci beaucoup, M. le
Président. Je sens l'empressement de la députée de Robert-Baldwin et je le
comprends, mais la Loi de la protection de la jeunesse, M. le Président, ça
fait 40 ans qu'elle existe et plus. On a eu
le courage de la changer et de l'améliorer de façon significative. Puis je
pense que les lésions de droit, on a quand même un organisme qui s'appelle la Commission des droits de la personne et
droits de la jeunesse, qui a un rôle à jouer là-dessus aussi. Mais je
l'ai dit plusieurs fois en Chambre, M. le Président, le rapport Laurent ne sera
pas tabletté. Vous pouvez me faire
confiance. Au contraire, j'ai même affirmé haut et fort qu'on allait livrer la
marchandise en six ans, alors que Mme Laurent parlait d'un travail de
10 ans, M. le Président, un travail de 10 ans.
D'ailleurs, la... on a proposé une mise en phase
des changements proposés par le rapport Laurent, puis c'est très bien avancé.
On a dit que la phase un a été complétée et qu'on entrait dans la phase deux,
et ça, c'est important de le rappeler. Et
nous, on va faire ça en trois phrases, M. le Président, puis ce qu'on veut,
c'est mettre en oeuvre tout... de tout transformer les services offerts
aux jeunes et aux familles en mettant un accent sur le continuum de services et de soins, donc, plus de prévention, plus de
promotion et également d'une participation des acteurs clés de la communauté
des différents secteurs.
Donc, on veut
réformer en profondeur le système, M. le Président, mais aussi s'assurer que
les droits des enfants ne soient pas lésés, que les services soient au rendez-vous.
On est dans une situation où il faut s'assurer que les changements qu'on
met améliorent la situation de nos jeunes. Donc, pour moi, c'était clair que la
chose la plus importante, puis je l'ai dit en Chambre, déjà, de la phase un,
c'était de modifier la Loi sur la protection de la jeunesse puis venir ancrer ce principe que tout doit être
fait pour le mieux de l'enfant, que l'enfant doit être au centre de cette
loi-là.
Et on a mis sur pied un programme de formation
qui a été suivi par les intervenantes. Il faut... Je pense qu'au ministère, ils
ont fait tout leur possible, M. le Président, puis je les remercie des efforts
qui ont été faits pour mettre cette formation en ligne, que j'ai moi-même
suivie, d'ailleurs, M. le Président, là. Donc, je sais qu'il y avait déjà un volet sur la violence conjugale, mais je suis bien
conscient que c'est extrêmement complexe. On a eu des grands débats lors
de la commission parlementaire, puis j'aurais aimé que la députée de
Robert-Baldwin soit là pour nous éclairer là-dessus. Ça aurait été très
intéressant de l'entendre là-dessus, tu sais, les différences de types de
violence conjugale, comment on... comment ça affecte les enfants. Je pense
qu'on a grandement progressé avec ces changements qu'on a faits
à la loi, mais c'est sûr qu'on doit améliorer la formation de nos intervenantes
et on est en train de le faire. Puis je vais y revenir tantôt.
Ce qui est important
aussi de dire, M. le Président, c'est que ce qu'on veut, là, c'est s'assurer
que les enfants soient bien représentés et que les travaux soient faits
conjointement avec les différents ministères. Oui, c'est bon, ce qu'on fait au
niveau des services sociaux, mais elle a mentionné à plusieurs reprises, il y a
la justice, il y a la famille, il y a
l'éducation, l'emploi. Tout le monde doit être impliqué dans ces différentes...
dans ces changements-là. Et c'est ça, là, que représente la phase deux,
M. le Président, les changements interministériels, intersectoriels qui vont
venir consolider les acquis pour nos enfants.
Mais on a quand même
fait de grandes avancées, M. le Président, tu sais, sur l'interprétation et
l'application de la Loi sur la protection de la jeunesse. Je pense que
maintenant les avocats, puis peut-être que la députée de Robert-Baldwin
pourrait nous le confirmer, mais on nous disait que, des fois, ce n'était pas
clair, si l'intérêt de l'enfant primait versus le retourner dans sa famille.
Là, c'est clair, il faut que ce soit l'intérêt de l'enfant qui prime. Venir harmoniser les pratiques cliniques aussi,
c'est ça, le rôle de la directrice nationale de la protection de la jeunesse.
Les règles étaient suivies de façon trop variable, M. le Président. C'était
important pour nous d'amener cet élément à la table qu'est la directrice
nationale.
Les règles en matière
de confidentialité et d'échange de renseignements... L'information va être
transmise de façon beaucoup plus fluide, et ça, les intervenantes sont les
premières à nous remercier de ça, M. le Président.
Aussi, s'assurer que
la transition à la vie adulte soit mieux faite. Nos jeunes, on ne veut plus
qu'ils soient... qu'ils aillent dans la rue,
qu'ils deviennent des itinérants. On veut qu'ils soient des citoyens à part
entière à la sortie de la protection de la jeunesse. Ça aussi, M. le
Président, on l'a amélioré dans le projet de loi.
Ça
fait que je pense qu'on a fait des grands changements. Il en reste encore
beaucoup à faire. Je suis très à l'écoute de la demande de la députée de
Robert-Baldwin pour le commissaire. On en reparlera, M. le Président.
Le Président (M.
Provençal)
: Oui. Je
vais maintenant céder la parole à Mme la députée d'Iberville.
Mme
Bogemans : Merci beaucoup, M. le Président. Premièrement, je voulais
remercier M. le ministre délégué à la Santé
et aux Services sociaux de l'invitation pour venir débattre de la jeunesse. Je
pense qu'on est tous touchés profondément, mais personnellement, moi, ça
fait partie des raisons pour lesquelles je me suis lancée en politique l'année dernière. C'est essentiel et c'est le futur de
toute notre communauté qui en dépend, particulièrement la défense des
plus vulnérables, et M. Carmant, comme étant un des fondateurs du parti, je
pense, est arrivé, puis c'est vraiment central, au sein de notre gouvernement,
ce qui a été fait. Puis je pense que toute l'écoute qu'il a eue par rapport au
rapport Laurent dépeint vraiment son implication et à quel point c'est
important parmi l'ensemble des députés de notre
gouvernement. À chaque fois qu'on prend la parole sur ce sujet-là, je pense que
tout le monde se serre les coudes et on est tous derrière le ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux en ce sens-là.
Ensuite,
je voulais saluer le député de Jonquière, avec son vibrant témoignage, tout à
l'heure, là, tout à fait inspirant, et
la députée de Robert-Baldwin aussi, pour nous donner la chance de débattre sur
ce sujet-là aujourd'hui. C'est, en fait, carrément notre futur.
Donc,
premièrement, je voulais parler de notre belle jeunesse, parce qu'elle
contribue à développer la résilience, contribue à stimuler le progrès au
sein de notre société, puis ces derniers-là, on sait, ont une compréhension qui
est très différente des problèmes de
société... en fait, qui est différente. Ils questionnent continuellement sur la
façon dont notre société doit
fonctionner. Ils sont en phase avec leur époque. C'est des innovateurs en
devenir et définitivement, déjà, actuellement, des acteurs de changement. Mais
cette jeunesse-là, on doit en prendre soin. C'est notre devoir de s'assurer
qu'ils s'épanouissent, qu'ils réussissent à la hauteur de leurs rêves.
Certains n'ont pas
tous la chance de vivre dans des conditions aussi favorables que nous, et ça
leur demande beaucoup plus de résilience que les autres. Ces jeunes-là
approchent de la vie adulte et passent par une multitude de bouleversements, de défis, et le passage à l'âge
adulte peut être beaucoup plus complexe et... plus difficile de s'adapter
à la réalité d'aujourd'hui. Pour réussir cette belle transition là, les jeunes
plus vulnérables ont des besoins importants. Ils
ne sont pas nécessairement prêts à le vivre de manière autonome. Ils n'ont pas
non plus la possibilité, dans tous les cas, de compter sur un milieu familial
stable, rassurant, bienveillant. Donc, on compte... et on assure ce suivi-là
par un milieu de vie de substitut.
Avec l'étude du
projet de loi n° 15, tous étaient d'accord à
l'importance du soutien lors de la transition vers le passage de la vie adulte
pour venir bonifier ce milieu de vie de substitut là. D'ailleurs, mon collègue
le ministre responsable des Services sociaux
a rencontré des anciens de la DPJ pour les écouter sur les enjeux plus
qu'importants pour eux. Je pense que ça démontre une énorme ouverture
et, encore une fois, à quel point ça fait partie des choses principales pour lui. Je tiens à mentionner que le
plan de transition est une première au Québec, que jamais auparavant ça
n'avait été étudié et que c'est grâce à nos efforts qui découlent du vaste
chantier du p.l. n° 15 qu'on a réussi à tenir cette
consultation-là.
• (10 h 50) •
Et les jeunes qui
vont quitter le réseau de la protection de la jeunesse vont avoir un plan de
transition. Donc, un des points majeurs sur
lequel il faut travailler, c'est de les soutenir davantage pour l'emploi et
l'éducation, pour qu'ils arrivent à développer leur plein potentiel,
avoir le rôle qu'ils désirent dans la société de demain. En ce moment,
malheureusement, il arrive que ces jeunes-là soient seuls et démunis face au
nouveau quotidien que représente la vie adulte.
Notre volonté comme gouvernement, c'est venir les soutenir, par contre... par
exemple, en trouvant un logement, en
les soutenant avec des trousses de départ, par exemple, pouvoir les aider et
bien comprendre ce qu'implique l'achat d'un forfait de téléphone
cellulaire, et ainsi de suite.
On
veut garantir une forme de stabilité, on veut devenir les... tout
l'environnement de ces jeunes-là, leur phare, et être aussi bienveillant qu'une
famille pourrait l'être pour eux. Plusieurs organismes travaillent très fort,
avec énormément de coeur, pour assurer une transition vers la vie
adulte, avec le plus d'outils possible dans leur coffre, que ce soit en hébergement transitoire, en
insertion socioprofessionnelle, le programme de qualification des jeunes pour les 16 à 19 ans. Plusieurs de ces acteurs de
soutien là comptent sur de plus en plus de financement de la part du gouvernement, et puis je peux en
témoigner. Chez nous, L'Étoile pédiatrie sociale a eu un rehaussement, s'est
fait reconnaître aussi, plus de fonds pour tout ce qu'ils avaient développé au
courant des 14 dernières années et puis ainsi peuvent former même d'autres
centres à faire comme eux. Je vais m'arrêter là pour le moment. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Mme la députée, pour
la suite.
Mme Garceau : Merci. Je vais revenir
à un certain point concernant la formation en violence conjugale et les
conséquences aux parents et aux enfants, parce qu'au bout du compte c'est les
enfants qui subissent certainement les conséquences d'un manque de formation
des intervenants qui sont en train d'évaluer leur situation.
Et il y a
deux dossiers, le cas d'Ève au niveau de l'agression sexuelle... Puis
j'aimerais vous entendre là-dessus, M.
le ministre, parce que, quand on parle de changement de culture, là, il est là,
le changement de culture dans le sens qu'on a... et je vais vous référer...
c'était la décision du juge Jacques Rioux, où carrément une intervenante n'a
pas dit la vérité, n'a pas été transparente lorsqu'elle a fait une
recommandation, devant le tribunal, que la jeune fille devrait être placée en famille d'accueil quand il n'y
avait pas de famille d'accueil disponible, et qu'elle avait dit... sa chef
l'appuie, l'avait appuyée dans cette
recommandation là, on sait très, très bien, et ça, c'est devant un tribunal. Et
je cite l'intervenante, elle déclare que sa chef l'appuie dans cette
décision et qu'elle préfère que les droits de l'enfant soient lésés plutôt que de respecter le jugement de la cour. Le juge
qui entend cette cause est complètement... il n'en revient pas, c'est sûr et
certain, insensé et, devant cette position
irrationnelle, il confie l'enfant à la mère, et le message qu'il exprime est
fondamental parce qu'il est au coeur, et je le dis avec grand respect,
d'un système défaillant. Et une ordonnance, ce n'est pas une suggestion, mais aussi que la DPJ n'est pas
au-dessus des lois. Et ça, c'est un juge de la Cour du Québec qui l'a exprimé,
qu'il y avait un manque de transparence.
Ce manque de transparence, ce n'est pas ce
cas-ci. Il y en a beaucoup, de manques de transparence et c'est ce changement
de culture... Il y a eu une enquête portée contre le Centre de jeunesse Mauricie—Centre-du-Québec
concernant ce genre de, on va dire,
manigance. C'est assez grave et c'est la raison pour laquelle, quand les parents
ont des échanges avec les
intervenants, ils se fient à des recommandations qui sont faites par les
intervenantes, mais les intervenantes,
devant le tribunal, disent une autre chose. Et des enfants qui... des parents
qui pensent qu'ils vont avoir ou reprendre, comme on dit, reprendre, là,
la possession de leurs enfants, l'enfant ne retourne pas à la maison.
Et donc c'est pour ça que je reviens... et ce
n'est pas à la commission. Là, on ne peut pas toujours se fier... Ah! brimer, on brime les droits des enfants, ça
s'en va en commission. Je m'excuse, là, M. le ministre, mais ce n'est pas ça,
la solution, parce que je pense qu'ils sont assez surchargés comme commission.
C'est pour ça que le système a besoin d'un
chien de garde, c'est pour ça que c'était une recommandation-phare de la
commission Laurent et c'est pour ça qu'on doit avoir également une
charte des droits.
Et j'aimerais savoir, M. le ministre, parce que
vous avez dit, le 29 septembre, que le projet de loi est prêt : Est-ce qu'il est prêt au niveau de la nomination
d'un commissaire et est-ce qu'il est prêt concernant la création d'une charte?
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. M. le ministre, pour
la suite.
M. Carmant : D'accord. Je vais
éviter d'avoir... d'être en mode période de questions, mais je suis tout à fait
d'accord avec le cas que ma collègue
rapporte, là. Et moi, mon rôle comme ministre, ça a été de confirmer qu'il y
avait effectivement une enquête de la CDPDJ en Mauricie—Centre-du-Québec
et, pour cette intervenante-là, s'assurer que...
m'assurer que la directrice nationale soit intervenue auprès du P.D.G. et de la
DPJ de la Mauricie—Centre-du-Québec, non seulement pour intervenir individuellement, mais pour voir si
c'était une pratique habituelle que... ce qui a été rapporté dans le journal. On n'en veut pas de ça. Soyons
bien clairs là-dessus. Puis, tu sais, on est, comme vous dites, estomaqués
quand on lit des rapports comme ça, mais on a mis en place, sincèrement, je
crois, tous les mécanismes de contrôle puis de surveillance et d'intervention
qui doivent être mis en place.
Bon, parlons de violence conjugale. Je pense que
c'est quand même un grand avancement qu'on a fait, l'exposition à la violence
conjugale comme motif de signalement distinct, alors que ce n'est pas... ce
n'était pas considéré comme tel avant. Je sais que ma collègue est très
sensible aux enjeux reliés à la violence conjugale puis je pense que nos intervenantes sont quand même mieux
outillées maintenant afin de faire face à cette problématique qu'ils ne
l'étaient auparavant.
Puis on a eu, en plus, de la formation qui était
disponible en ligne, M. le Président. On a eu une très belle rencontre, le
29 septembre, où il y a eu un atelier dédié à la violence conjugale. Puis,
à la fin de la journée, j'ai dit à toutes les intervenantes qui étaient là que
j'étais très content, parce que, des fois, l'intention du législateur qui... je
vais le dire clairement, là, c'est la
non-tolérance à la violence conjugale, ne se rend pas nécessairement aux
directives sur le terrain, mais les représentants, là, des CISSS, et des
CIUSSS, et du ministère qui ont fait la présentation, bien, ils avaient exactement le même point de vue que moi,
M. le Président : la violence conjugale, le problème, c'est le parent
violent, puis c'est là qu'il faut intervenir, M. le Président.
Et il ne faut pas blâmer la personne qui est
victime de violence conjugale d'aucune façon. Moi, je suis clair là-dessus, puis là le message est clair dans tout
le réseau. Est-ce qu'il faut continuer à mieux former nos intervenantes?
Est-ce que certaines
intervenantes, à cause de leur vécu personnel, ont des biais différents? Bien,
ça se peut, hein? On vient tous avec notre sac à dos, comme disait mon
collègue de Jonquière, mais il faut, par la formation et l'éducation, briser ce
biais-là puis que les gens comprennent qu'on ne veut pas que les enfants soient
exposés directement ou indirectement à la violence conjugale. Moi, je porte la
même voix que la députée de Robert-Baldwin là-dessus, là. Ce n'est pas bon pour
le développement des enfants, point à la ligne.
Donc, on va continuer
à former nos intervenantes là-dessus, on va continuer à insister là-dessus, et
je crois que... tu sais, ils ont même parlé,
là, du contrôle coercitif, comme, tu sais, insister pour que les intervenantes
comprennent qu'ils doivent aller chercher cette information-là lors de
leurs entrevues. Donc, ça, ça va prendre des... tu sais, il faut frapper plusieurs fois sur le clou, M. le
Président, avant que ça rentre, mais je pense que nos intervenantes vont finir
par acquérir toutes ces connaissances-là. J'en suis bien convaincu.
• (11 heures) •
Puis,
si vous regardez le tableau initial qu'on a déposé pour le suivi de la
commission Laurent, dans la phase 3, on va vouloir instaurer
également des... une formation particulière. On a comme déjà entamé certaines
discussions pour les intervenants de la
protection de la jeunesse. Je pense que c'est quelque chose qui... tu sais, qui
s'en vient, là. Lors de la journée du
29 septembre, on a parlé de la compréhension de qu'est-ce que c'est que le
trauma complexe, comme ça doit être
diffusé à... encore mieux diffusé à tous nos intervenants, M. le Président,
parce que c'est... les enfants qu'ils soignent en centre jeunesse, c'est
des enfants qui ont vécu du trauma complexe : abus sexuels, perte de
confiance à la personne qui est supposée prendre soin de nous.
Donc, il faut
continuer à améliorer notre formation. Éventuellement, on pourrait développer
d'autres... de la formation plus spécifique
pour les intervenants à la protection de la jeunesse, mais il faut se rendre
compte que l'intérêt actuel, maintenant, c'est de prendre soin de nos
jeunes, puis, oui, on veut mieux les former, mais on veut qu'elles soient
également sur le terrain en train d'évaluer puis de prendre soin de nos jeunes.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le
ministre. Je vais redonner la parole au député de Jonquière.
M. Gagnon : Merci,
M. le Président. J'écoutais l'ensemble des intervenants, en particulier M. le
ministre, puis, je pense que tout le monde
l'a mentionné, les problèmes sont sérieux. Les problèmes sont sérieux, mais ça
serait terrible, si on disait que les
problèmes sont sérieux et on ne bougerait pas. Et on bouge, M. le Président.
Les problèmes sont sérieux, on bouge, et j'en rajoute : les
problèmes sont sérieux, on bouge, et ça fonctionne.
Agir ensemble, c'est
important de le mentionner, on a réussi à limiter la hausse, mais c'est sûr
qu'on n'arrête pas là, M. le Président. Je viens de le dire, on bouge, on n'arrêtera
pas là. Le gouvernement, M. le ministre, on veut renverser la tendance. Mais c'est important pour moi de terminer, je n'ai
pas eu la chance tout à l'heure, de mentionner que ça fonctionne, Agir
ensemble.
Et
là j'ai encore quelques minutes pour vous parler de mon chouchou, c'est-à-dire
de la toile d'araignée... la toile d'araignée, c'est-à-dire un des programmes
qu'a mis en place M. le ministre, qu'a mis en place le gouvernement,
c'est une vision... la toile d'araignée,
c'est tisser un filet social pour nos enfants à risque. La toile d'araignée de
prévention, ça s'appelle Ma famille, ma communauté. Ma famille, ma
communauté, c'est un programme dédié, M. le Président, aux jeunes en
difficulté, les jeunes qui sont à risque, à risque de placement ou à risque
d'être déplacés de leur famille.
Le programme est basé... et
c'est là que je veux revenir quand je l'appelle, le programme Ma famille, ma communauté, moi, je l'appelle, dans mon jargon, la
toile d'araignée de prévention. Le programme est basé sur une chose
primordiale : la collaboration de toute la communauté. La collaboration de
toute la communauté est essentielle à la réussite
du jeune. Tout ça part du filet qu'on va tisser ensemble, puis, c'est important
de le mentionner, souvent, quand on parle de problèmes en lien avec nos
jeunes, on va avoir une étiquette sur la famille, on va avoir une étiquette sur
l'entourage. Dans le programme Ma famille,
ma communauté, oui, la famille, oui, l'entourage, l'intervenant, le professeur,
l'éducateur, le travailleur social, le membre du réseau de la santé — un
travail extraordinaire — les
organisateurs communautaires, tous, tous les acteurs impliqués dans la vie du
jeune, il faut rassembler tout ce beau monde là pour créer une seule
chose : mettre l'enfant au centre, sa famille, pour créer un réseau
significatif, impliquer tout le monde que
j'ai mentionné avec un objectif : le jeune au centre, et ouvert,
l'ouverture, l'ouverture à collaborer. Pourquoi? Aimer, respecter,
sécuriser au nom de l'enfant. Et ça, ça me parle énormément.
Il
fallait absolument que je parle de la toile d'araignée qu'a mis en place le
ministre, quelque chose d'extraordinaire, quelque chose qui, des fois, je le vois sur mes médias sociaux, c'est
encore flou pour les gens, mais, dans le domaine dans lequel on est
aujourd'hui, il faut en parler : la prévention.
La
prévention, c'est avoir le courage d'aller en amont. La prévention, il faut en
parler ce matin. La prévention, particulièrement avec nos tout-petits,
parce que la période est charnière... il y a un moment charnière dans la vie,
c'est les 0-5 ans. La prévention, dans le programme qu'on parle
aujourd'hui, ça pourrait s'appeler Agir tôt. Agir tôt, c'est gratuit, mais Agir tôt, c'est moins de paperasse, et ça, ça me
parle, M. le Président, permettre de détecter, le plus rapidement possible, en amont, les indices de
difficulté dans le développement d'un enfant afin de l'orienter vers le bon
service, ouvrir les portes, et ça, sans avoir le diagnostic, être rapide, être
en amont.
On le sait, souvent,
c'était le professeur de maternelle qui pouvait lever un petit drapeau. C'est
le professeur de maternelle qui faisait part qu'il y avait peut-être quelque
chose qu'il avait détecté avec l'enfant. Mais, quand on est à la maternelle, on a peut-être perdu quatre puis cinq ans.
Aujourd'hui, Agir tôt, c'est l'inverse. C'est l'inverse, c'est le milieu qui se mobilise dès l'âge de zéro. Et
j'espère avoir le temps de parler du vaccin de 18 mois, qui est un élément
majeur, à 18 mois. Alors, pour les sceptiques,
les sceptiques de la prévention, c'est simple, c'est dans la première année
de la vie de l'enfant qu'il a fait son plan de développement. Pour ceux qui
sont contre la prévention, c'est important, le cerveau est une éponge à cet
âge-là.
Et
il me reste quelques secondes. Il faut parler de ce qui se passe grâce à Agir
tôt, au vaccin de 18 mois. Ça permet au
personnel de CLSC... c'est un moment phare, de détecter les problèmes généraux
au besoin et de les diriger, M. le
Président. Alors, Agir tôt, c'est de la naissance jusqu'à la rentrée scolaire,
et c'est ça, la différence, ce n'est pas le professeur.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci
beaucoup. Mme la députée de Robert-Baldwin, pour la suite.
Mme Garceau :
Merci beaucoup, M. le Président.
Je veux revenir à l'objet de cette interpellation, concernant l'absence de
leadership, le manque de leadership du ministre, et je vais vous dire pourquoi.
Parce qu'on a, dans le rapport du Protecteur du citoyen, qui parle des
plaintes... parce qu'il y a des plaintes, maintenant, concernant la DPJ, qui
s'en vont au Protecteur du citoyen. Il y en a plusieurs qui sont liées à des
interventions de violence, où il y a de la violence
conjugale, et on ne donne pas le bon, comme on dit, diagnostic à la situation,
les intervenants, parce qu'il y a un manque de formation, il y a un manque
d'expérience. Tout de suite, quand on évalue une situation qui peut être très complexe,
on saute tout de suite à, ah, aliénation parentale, ah, conflit de séparation.
Et juste ces éléments-là, là, vous n'avez aucune idée combien de parents qui
m'en parlent et des avocats qui se sentent complètement impuissants dans des
situations où c'est ça qu'on voit dans les rapports. Et les mères, la plupart
du temps, sont en train de perdre la garde de leurs enfants en raison d'un faux
diagnostic de la situation, M. le ministre.
Et ça, ça ne date pas
d'hier, et c'est pour ça que j'ai de la difficulté... Je sais que vous avancez
au niveau des formations, mais les amendements à la Loi sur la protection de la
jeunesse ont été adoptés au mois de juin 2022. La formation en violence conjugale, que vous aviez mentionné, lors de la
période des crédits, que c'était pour être une heure en virtuel, et que
je vous avais dit, avec respect, que ce n'est pas suffisant parce que c'est
devenu de plus en plus complexe, et on le sait très bien...
Et
je vous remercie pour l'invitation d'assister au colloque du 29 septembre,
parce que j'ai entendu les deux
conférencières, et surtout celle... je pense que c'était Mme Forget, concernant
que la DPJ, dans leurs évaluations, doit absolument changer le paradigme, le paradigme
d'évaluation, et donc la formation pour décortiquer les composantes de la violence conjugale et comment la dépister.
Et aussi, tout l'aspect du contrôle coercitif, vous étiez là, je sais que ça a
été très bien expliqué par la conférencière, et l'importance, maintenant, de le
considérer parce qu'on en voit de plus en plus, de dossiers comme ça.
• (11 h 10) •
Et même le
gouvernement fédéral a adopté, il y a quelques mois, la loi Keira. Je ne sais
pas si vous êtes au courant, mais ça, c'était suite à un décès de Keira, une
petite fille, et que son père exerçait un contrôle coercitif. Et là on a décidé d'imposer, au niveau du gouvernement
fédéral, pour les juges, même au niveau de la Cour supérieure, cette
formation en violence conjugale, incluant le contrôle coercitif, et toute cette
question-là de formation ne date pas d'hier
non plus. C'était avant le Protecteur du citoyen, c'était dans la commission
Laurent, mais aussi le rapport du coroner du mois de novembre 2022. On a parlé d'infanticide et on a parlé de
féminicide, mais les infanticides, là, M. le ministre, il y avait des
recommandations, une quinzaine de recommandations du Bureau du coroner liées
exactement à ça. Les acteurs, ceux qui
interviennent auprès des familles, auprès des enfants lorsqu'il y a de la
violence conjugale, il faut absolument avoir des formations en violence
conjugale incluant le contrôle coercitif. Et donc, je ne comprends pas pourquoi, malgré tout ça, on est en train de faire
vraiment la formation clé en novembre 2023. Ça, je ne la comprends pas.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci.
M. le ministre.
M. Carmant : Merci,
M. le Président. Bien, on dit la même chose, puis je suis content de savoir que
les messages qui ont été passés également étaient les bons pour la députée de
Robert-Baldwin. Ça ne se fait pas dans un tour
de main. C'est beaucoup de travail qui a été fait par le ministère pour faire
cette formation pour toutes les intervenantes. Et vous l'avez entendu, le 29 septembre, là, les deux formatrices
vont faire le tour des différentes régions. On a une trentaine de CISSS,
d'établissements à travers le Québec, et elles vont faire le tour pour former
toutes les intervenantes. Puis effectivement il faudrait que ce soit diffusé à
tout le monde, cette formation-là.
Elle
a parlé de l'aliénation parentale. Nous, on... en tout cas, j'essaie de trouver
le nom de la personne qui était venue, mais je pense que c'est quelqu'un
qui est très connu, là, je me souviens d'un prénom, Sébastien, puis... parce que moi, j'avais même pensé, dans le projet de loi
qu'on avait fait, là, sur la jeunesse, de toucher ce concept-là, mais on
nous avait averti de ne pas l'inclure, vous
vous souvenez, M. le Président, parce que ce n'est pas quelque chose qui existe
vraiment ou qui existe dans les lois. Donc, c'est pour ça qu'on n'avait pas
pu...
Une voix : ...
M. Carmant : Non, c'est vrai, c'est vraiment ce qu'on nous
avait dit à l'époque. Les juristes nous avaient dit ça. Donc, tu sais, moi, je
l'entends puis moi, je n'accepte pas ça non plus, là, et je pense qu'il faut,
justement... je pense que le message
a été porté par nos formatrices qu'il ne faut pas blâmer les personnes qui sont
victimes de violence conjugale.
Mais là je voulais
utiliser ce segment, M. le Président, pour parler des changements, là, qu'on
fait pour rapprocher la première ligne de la protection de la jeunesse. Là, il
faut que je reste sur mon plan de match. Donc, ce qu'on a fait, on a changé la
réception de traitement des signalements. Quand on reçoit un signalement puis
qu'on est à l'étape, là, de réception
traitement, auparavant, ça se faisait de façon unilatérale par les intervenants
de la protection de la jeunesse.
Maintenant, ce qu'on fait, à part quand c'est un code 1 ou 2, là, abus
sexuel, abus physique, risque sévère de négligence, on essaie de faire
ce qu'on appelle une approche en duo.
Donc, quand on pense que la première
ligne aurait dû être impliquée ou aurait pu prendre soin de cet enfant-là,
M. le Président, nos intervenantes de la DPJ, elles vont faire de la
vérification terrain avec la première ligne. Puis ce qui arrive, c'est que là
on explique aux parents : Bien, écoutez, vous êtes... Prenons un exemple,
un parent qui n'est pas venu à son
rendez-vous puis le juge décide que la protection de la jeunesse doit être
impliquée, ou quelqu'un fait un signalement parce que les parents ne
sont pas venus à leur rendez-vous. Bien là, on explique aux parents :
Écoutez, soit vous collaborez avec la
première ligne, puis on se... puis la DPJ ferme le dossier ou, si vous ne
voulez pas collaborer, bien là, la protection de la jeunesse va faire le
suivi.
Et là, au moins, les
parents ont le sentiment d'être impliqués dans cette décision-là. Parce que
moi, ce que les parents nous disent, la plus grande frustration, c'est de
demander de l'aide puis voir que c'est quelqu'un de la DPJ qui arrive tout seul. Là, les parents, ils
comprennent que, bien, excusez-moi, mais vous avez raté vos rendez-vous, on se demande
pourquoi, est-ce que c'est parce que vous ne voulez pas apporter le soutien à
votre enfant? Et là, vraiment, on peut fermer les dossiers à l'étape rétention
traitement du signalement. C'est la première ligne qui prend en charge ces
dossiers-là.
Une deuxième collaboration qui est fascinante puis
qui a été même un peu critiquée dans les médias, mais moi, c'est exactement ce
que je veux... à l'étape de l'application des mesures, ce que les gens doivent
comprendre, c'est que la protection de la jeunesse, là, il n'y a pas
d'orthophonistes, d'ergothérapeutes qui travaillent à la protection de la
jeunesse. La protection de la jeunesse accompagne les parents vers les
services, mais les services, ils sont en première ligne.
Donc,
ce qu'on a demandé, c'est que quand les intervenantes de première ligne sont
volontaires, bien, qu'elles prennent en charge les dossiers qui auraient
dû être pris en charge par elles. Puis on est chanceux, dans plusieurs régions du Québec, pour diminuer la lourdeur de
cas des intervenantes à l'application des mesures, on a des intervenantes
de première ligne qui disent : Oui, moi, je lève la main. Tu sais, je vais
prendre cet enfant-là en charge, je vais lui offrir
les services, puis, si jamais il y a quelque chose, bien, on reviendra à la
protection de la jeunesse. Mais on n'est pas obligé d'offrir des
services à la protection de la jeunesse quand les parents collaborent, M. le
Président. Ça fait que moi, je dis à tous
les parents du Québec, là, si vous voulez recevoir des services en première
ligne, vous allez pouvoir éviter les signalements, vous allez pouvoir
éviter la protection de la jeunesse.
Puis un dernier point
superimportant qu'on a développé, M. le Président, c'est que, quand on a des
problèmes de santé mentale ou de toxicomanie chez les parents, puis souvent les
listes d'attente sont extrêmement longues,
bien, j'ai demandé à toutes les régions du Québec de prioriser ces demandes-là
quand les enfants sont signalés à la DPJ. Parce qu'encore une fois, la
meilleure façon d'aider ces familles-là, ce n'est pas de leur retirer les
enfants, c'est d'offrir des services à leurs parents, M. le Président.
Moi, j'y crois fortement. Puis d'ailleurs, pour l'alerte bébé, je suis très
fier de dire que la députée de Robert-Baldwin m'a appuyé, même si je suis hors
micro.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je vais céder maintenant la
parole à la députée d'Iberville.
Mme Bogemans :
Merci, M. le Président. Je reprends mon discours où je l'avais laissé en
parlant d'une des fiertés du comté
d'Iberville et de Saint-Jean, notre organisme de pédiatrie sociale, qui est
L'Étoile, que notre gouvernement soutient
depuis des années. Je parlais précédemment d'innovation, bien, voilà un
exemple, ils ont mis sur pie le Vaisseau de L'Étoile qui est, en bref, un
autobus scolaire qu'ils ont complètement revampé pour le transformer en centre
mobile d'intervention sociale. Ils vont soutenir les familles directement où
ils en ont besoin quand la distance, là, à cause des ruralités, ne le
permet pas ou serait un frein pour aller offrir les services. C'est au moins
une centaine de familles qui est desservie par le Vaisseau à tout... de tout
acabit et sur un long terme.
L'Étoile, c'est le
premier OSBL qui est affilié au Dr Julien en Montérégie. C'est le fier
récipiendaire aussi d'un... l'organisme à vocation
sociale 2022 qui a été remis au Gala de l'Excellence de la chambre de
commerce. Donc, on peut dire qu'ils ont su construire autour d'eux, oui,
des relations avec le gouvernement, des relations aussi avec les divers ministères pour pouvoir vraiment faire
le tour des besoins de l'enfant, mais aussi avec toute la communauté, tous les acteurs de changement possibles pour
créer un réseau fort autour des jeunes. Le centre agit comme un outil de
prévention qui peut aider à détecter les besoins des enfants, des familles pour
trouver la bonne solution pour le jeune concerné avec tous les acteurs du
milieu.
Je
vais me permettre maintenant de survoler les services qui sont offerts, comme
une équipe multidisciplinaire composée de médecins et d'infirmières pour
détecter et traiter les jeunes. Ensuite, il y a les travailleurs sociaux, les éducateurs spécialisés pour accompagner, pour
surmonter, pour aussi monter les dossiers, être en lien, comme je disais,
avec tous les intervenants des autres ministères, les zoothérapeutes pour créer
une expérience positive et aussi initier la notion de prendre soin chez les
jeunes, de prendre soin de la bonne façon. La zoothérapie... pardon. Je voulais
dire la massothérapie pour apprendre le toucher positif, pour les renforcir, pour
apprendre aussi la confiance en eux, et les indispensables bénévoles
partenaires du réseau qui forment un cercle bienveillant autour de l'enfant et
qui sont prêts toujours à aider, et, outre
les services médicaux d'un centre de pédiatrie sociale, les services
psychosociaux ou juridiques.
Tant et aussi
longtemps que l'enfant en aura besoin, il y a des activités de soutien à la
jeunesse. On commence avec le 0-3 ans pour renforcer les liens
d'attachement et renforcer les rôles d'habiletés parentales chez les familles
qui en ont besoin, créer un lien de confiance avec les intervenants de
L'Étoile, mais aussi avec les autres intervenants du réseau. La confiance des
jeunes est essentielle pour qu'ils puissent se sentir bien, et c'est seulement
là qu'ils peuvent s'ouvrir, dévoiler, grandir, accepter et s'épanouir. Si on
prend, par exemple, la période d'aide aux devoirs, on offre une collation, on
offre aussi des services adaptés à l'enfant pour permettre, oui, la réussite de
l'élève, mais surtout pour offrir un milieu
calme après l'école, rassurant, dans lequel ils vont pouvoir s'ouvrir, partager
comment la journée a été et, encore là, pouvoir faire un lien adapté avec le
milieu scolaire de l'enfant.
• (11 h 20) •
Vous
savez, aider un enfant, ça ne se fait pas nécessairement par des grands moments
extraordinaires, sensationnels ou les jalons marquants d'un parcours,
par exemple. C'est généralement au travers le quotidien. Et c'est là que la pédiatrie sociale vient s'attacher fièrement, je
crois, avec le réseau du ministre. Ensuite, on a le programme des Grands Amis qui est un service offert aux enfants qui ont le
désir ou le besoin d'établir un lien positif et stable, de bâtir une relation de
confiance avec un adulte autre que son parent. Ce type de programme là a fait
ses preuves dans plusieurs sphères de l'intervention, dont la santé mentale, la
toxicomanie, auparavant. Il est démontré que les gens qui vivent ou ont vécu des situations similaires représentent des
modèles plus crédibles pour favoriser un changement positif. Puis quand
on y pense, enfant, adolescent, on est tous très influençable. Donc, c'est à
nous de présenter des modèles exemplaires à ces enfants-là.
Ensuite, bien, il y a une aide des achats les
plus coûteux pour la famille, donc l'habillement pour la saison hivernale, l'inscription à des camps de famille
aussi estivaux. Parfois aussi, la maman peut accoucher plus rapidement,
puis la communauté se mobilise pour s'assurer que l'appartement est prêt pour
le nouveau-né.
Donc, en
terminant, avec le dernier 30 secondes, je voulais simplement mentionner
que l'Union des municipalités du Québec, en lien avec M. le ministre,
ont mis sur pied Un pont pour demain. Puis c'est vraiment une transition harmonieuse vers l'autonomie puis que les jeunes
puissent initier un lien d'appartenance à l'endroit d'où ils sont issus,
qui est bienveillant et positif.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la députée.
Mme la députée de Robert-Baldwin, s'il vous plaît.
Mme Garceau : Merci, M. le
Président. Donc, en réponse à quelques points, M. le ministre, je vais dire
tout simplement à M. le ministre que la loi sur... les amendements à la Loi sur
la protection de la jeunesse ont été adoptés au
mois de juin 2022. La question concernant la formation de violence conjugale et
l'importance de la... de bien évaluer les situations, parce que
plusieurs mères, des milliers de mères ont perdu la garde de leurs enfants,
sur... d'après vous, un concept qui n'existe
pas, qui est l'aliénation parentale. Mais, pour ces mères-là, il existe, parce
que c'est dans des milliers de jugements. Puis on retrouve l'aliénation
parentale, des références, des... des références dans les rapports des intervenantes. Et savez-vous, Julie, qui a
15 ans, elle voit sa mère sous supervision parce qu'on les... on l'a
étiquetée comme une mère aliénante.
Donc, je crois, avec grand respect... et je sais très bien qu'il y a des
milliers de revendications de mères concernant ce concept d'aliénation
parentale et que votre formation, au niveau des intervenantes, où vous allez
devoir la bonifier afin d'inclure cet aspect de... ça, il faut le faire,
d'aliénation parentale.
Mais je ne comprends pas encore que tout
l'aspect de formation, compte tenu que la loi a été adoptée il y a 18 mois, qu'on est en train de la faire
maintenant, sachant pertinemment que le 26 avril on avait en vigueur... on
mettait en vigueur l'article
concernant, là, l'exposition d'un enfant à la violence conjugale. Et, pour moi,
c'est incompréhensible qu'on n'a pas fait... on avait quand même, là,
au-delà d'un an pour le faire, que ça n'a pas été fait en termes de bien former
les intervenants dans le système afin de pouvoir bien évaluer des situations de
violence conjugale qui ne sont pas souvent très faciles à évaluer.
J'aimerais parler quelques instants concernant
la pénurie de main-d'oeuvre et de recrutement du personnel, parce que le Protecteur du citoyen en a discuté,
et je reviens... on en avait parlé, lors des crédits, du plan d'action nationale
que Mme Lemay avait... s'était engagée à mettre en place, et ça, ça date depuis
avril 2021. Et donc, oui, il y a eu des avancements,
il y a eu des embauches, mais, si on compare les embauches aux besoins... Et
vous avez même mentionné, le 29 septembre, qu'il va y avoir un 800,
900, peut-être 1 000 enfants qui vont être ajoutés, là, à la liste
d'ici le mois de décembre, parce qu'il va y avoir un autre pic, au mois de
décembre, pour les enfants qui vont devoir être évalués. Et donc, tout ça, ça fait en sorte qu'on retourne
à la pénurie de main-d'oeuvre et le plan d'action, parce que, semble-t-il,
il n'y en avait pas, un plan d'action qui a été mis en place, que ça soit en
2022, que ce soit cette année.
Et là il y a... Mme Lemay a une
disposition, il y a une obligation légale, maintenant, à la directrice
nationale, en vertu de l'article 30.8
de la Loi sur la protection de la jeunesse, qu'elle doit rendre un rapport dans
les six mois de la fin de l'année
financière. Et donc, ça veut dire que Mme Lemay aurait dû déposer un
rapport concernant ses responsabilités de
rendre compte de l'exercice, de qu'est-ce qu'elle a fait. Est-ce qu'elle en a
mis un en place, un plan de recrutement? Parce que c'est fort important, parce que c'est un des problèmes que nous
avons en ce moment, c'est... Il n'y a pas assez de gens pour évaluer les
enfants, compte tenu qu'on a retenu 43 000 signalements. Donc, ça,
c'est évidemment...
Et j'aimerais
voir, parce que la phase 1, vous aviez mentionné, la phase 1 du... des
recommandations, vous aviez mentionné, le 29 septembre, que tout...
Le Président (M. Provençal)
: On va poursuivre. Je suis obligé de
vous interrompre. M. le ministre.
M. Carmant : Bien, écoutez, M.
le Président, j'entends le point sur la formation, puis, comme je dis, on va
s'y activer. Je pense, je n'ai pas besoin de revenir là-dessus.
Moi, j'aimerais aussi revenir sur plusieurs
changements qui vont suivre dans les prochaines années et qui sont en cours également, qui étaient vraiment au
niveau de la création de services sociaux forts, M. le Président. Quand
on est arrivés en 2018, là, les services sociaux, c'était vraiment le parent
pauvre du ministère de la Santé et des Services sociaux. C'était vraiment très difficile à accepter, le déséquilibre
entre le système de santé et les systèmes de services sociaux.
Et je pense qu'on a profité de cette réforme
du... de la Loi de la protection de la jeunesse pour, un, créer une direction
générale des services sociaux, parce que la directrice nationale de la
protection de la jeunesse est également sous-ministre. Donc, en plus de ça, on
a une direction générale des services sociaux, et évidemment, le poste en soi de directrice nationale
de la protection de la jeunesse, qui, elle, peut intervenir dans les cas, alors
que moi, comme ministre, en raison de
la confidentialité, j'ai les mains attachées, M. le Président. Donc, c'est
important de mentionner ça et c'est quelque chose qui est très important.
Là, je vais faire un petit bout sur le projet de
loi n° 15, qui garde un peu le... un frein sur le
projet de loi du commissaire, mais je sais que vous travaillez très fort, M. le
Président, pour le faire avancer. Je pense que ce qui est important de dire, c'est que, dans la nouvelle
élaboration du réseau, de l'agence qui va survenir après le projet de loi n° 15, il va y avoir une
direction au niveau de la... des services sociaux en tant que tels et qui va
être présente également dans tous les établissements.
Puis ce qui est important aussi, c'est qu'avant,
vous savez, dans l'ancien modèle, il y avait le CMDP, la commission... la direction des médecins, dentistes
et pharmaciens, il y avait la direction des soins infirmiers, puis ensuite
il y avait ce qui s'appelait la direction
des services multi, qui englobait tout le monde. Mais nous, on vient positionner
les services sociaux dans chacun des établissements pour que ce soit une
direction distincte, M. le Président. Puis même
au niveau de l'agence, bien, il va y avoir la santé physique, la santé mentale
et les services sociaux, M. le Président. Donc, ça aussi, c'est très important comme reconnaissance et comme
leadership. Je pense que c'est quelque chose que la commission Laurent nous
demandait de faire et qui, clairement, est en train de renaître sous notre gouvernement,
M. le Président.
• (11 h 30) •
Une autre chose que la réforme de 2015 avait
fait, c'est l'abolition des centres jeunesse du Québec, de l'Association des
centres jeunesse du Québec, M. le Président. Puis c'est là que se faisait la
formation avant, dont parle la députée de Robert-Baldwin, c'est au congrès
annuel de l'Association des centres jeunesse du Québec. Et je suis très fier de dire que c'est moi qui ai
insisté pour que, cette année, on réunisse les intervenantes, les directrices
et les gestionnaires du... des centres jeunesse à travers le Québec pour
la formation qui a été vécue.
M. le
Président, c'est plus de 500 intervenantes qui sont venues de partout au
Québec, à Québec, pour prendre, pour suivre cette journée de formation. Et, en
plus, il y avait 200 intervenantes qui étaient en ligne, qui ont suivi
ces... les différents ateliers et les
séances plénières. C'était vraiment un moment fort, M. le Président, où les gens
ont finalement, là, après plus de huit ans, senti qu'ils faisaient
partie d'un groupe, d'une équipe qui travaillait pour la protection de la
jeunesse et pour le mieux-être de nos jeunes.
Moi, quand je suis arrivé en 2018, là, ce qu'ils
me disaient, c'est que la protection de la jeunesse, c'était rendu au troisième
sous-sol des bâtiments, là. Tu sais, personne ne s'en occupait, personne ne
savait qu'est-ce que c'était. Je vous le dis, quand j'ai rencontré, en
janvier 2019, les directrices, elles m'ont dit que c'est la première fois
qu'elles rencontraient un ministre. Pouvez-vous croire ça? Première fois
qu'elles rencontraient un ministre. Mais là, M.
le Président, la protection de la jeunesse dépend directement du P.D.G. et du
P.D.G.A. On va leur créer... on va créer une direction des services
sociaux, on va s'assurer que, pour toujours, les services sociaux vont garder
leur place, une place prédominante au
ministère de la Santé et des Services sociaux, puis ça, M. le Président, j'en
suis très, très fier.
Donc, on va continuer à travailler pour les
services sociaux, on va continuer pour améliorer les services de nos jeunes
puis on va continuer de s'assurer, M. le Président, que la première ligne
travaille avec la protection de la jeunesse, parce que nous, ce qu'on veut,
moins de signalements, plus de prévention. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. On poursuit
avec M. le député de Jonquière.
M. Gagnon : Merci, M. le Président.
Moins de signalements, plus de prévention, une phrase puissante. On a une vision puissante de notre ministre. M. le
Président, moi aussi, je suis... Il y a moins d'un an, j'étais issu du terrain,
de la fibre communautaire. J'ai été, pendant 17 ans, directeur général
d'un centre communautaire dans lequel on avait une vision intéressante,
particulièrement dédiée à la jeunesse, mais il y avait deux sphères. Quand on
dit qu'un centre communautaire c'est une ouverture, c'est un accueil
inconditionnel, il y avait la porte du loisir puis il y avait la porte de l'intervention. Parce qu'il y a des jeunes, au
Québec, en santé, qui ont le goût de faire du sport, chanter, aller faire du
canot à une base de plein air, puis il y en a d'autres, M. le Président, qui
sont dans une période de l'adolescence... je ne sais pas si j'ai le
droit de dire ça ici, mais qui n'en ont rien à foutre, un peu, de ces activités
sportives là dans lesquelles ils sont. C'est plus la consommation, pour x
raisons.
Alors, il y a
des organismes, qui sont reconnus par notre gouvernement, qui peuvent ouvrir
deux portes : la porte du loisir, la porte de l'intervention. Et, dans ma
carrière, j'ai vu des choses extraordinaires. J'ai vu des jeunes rentrer
par la porte de l'intervention et, une certaine journée, ils sont rentrés par
la porte du loisir, ont été moniteurs de camps de jour. Ils avaient une
expérience, ils avaient un bagage.
Si je m'adresse au secteur d'intervention qui
est mis en place chez nous, on a deux axes, deux axes très interreliés. On a
les travailleurs de rue et on a l'Alternative Café Jeunesse. Je veux faire une
parenthèse parce que, ce soir, à Saguenay, c'est la Nuit des sans-abri. C'est
toute une mobilisation des organismes du milieu, chez nous, pour comprendre et
sensibiliser la population aux préjugés, oui, et à l'itinérance. Alors, je veux
féliciter le travail de rue du service de
Jonquière, la maison Le Séjour et l'ensemble des intervenants pour ce qu'on va
vivre, ce soir, à Saguenay, pour ce qui est de la Nuit des sans-abri,
très fier de mon milieu.
Et quand je dis que c'est interrelié, je vous
explique. Le travail de rue... Notre travailleuse de rue sillonne ma
circonscription et voit des jeunes, comme je le disais, qui ne sont pas
nécessairement portés vers le sport, des jeunes qui sont plus portés vers la
consommation, et leur dit : Tu sais, il y a un endroit significatif, dans
Jonquière, où est-ce que tu peux aller, qui
s'appelle l'Alternative Café Jeunesse. Alors, le jeune répond : Non, non,
non, je n'irai pas, parce que je suis en consommation, moi, je veux
fumer un joint, puis on ne me fera pas rentrer. Elle dit : Non, on va te
faire rentrer. On va
te faire rentrer, parce que l'Alternative Café Jeunesse, c'est une alternative
à la rue. La travailleuse de rue, le travailleur de rue est dans la rue, dit à
un jeune qu'il y a un endroit significatif dans lequel on peut venir, même
si on est en consommation.
Et
où est-ce que ça devient intéressant,
on travaille avec quelque chose sur
lequel j'ai travaillé toute ma carrière, on laisse le jeune rentrer en consommation, mais on travaille avec la
réduction des méfaits. L'intervenant doit développer une relation significative
et la réduction des méfaits. La réduction des méfaits, c'est de t'amener à
diminuer et pas de faire la morale. C'est de t'amener, de manière
significative, à diminuer ta consommation. Et ça, c'est quelque chose que j'ai
vu, durant ma carrière, qui porte fruit, accueillir le jeune.
Et
aujourd'hui, je voudrais rendre hommage aux intervenants. Dans la dernière
année, puis je ne veux pas être sensationnaliste,
dans la dernière année où j'ai été directeur général, notre organisme avait
ramassé et distribué 19 000 seringues stériles à des utilisateurs
de drogues injectables. Quelqu'un qui s'injecte s'injecte plusieurs fois par jour. Ça ne veut pas nécessairement dire que, dans
ma circonscription, il y a 19 000 personnes qui s'injectent, mais ce
que je veux dire, de remettre une seringue
stérile et de reprendre une seringue qui a été utilisée, c'est basé sur la
confiance.
Alors, je voulais
parler de notre modèle, les travailleurs de rue, les... Alternative Café
Jeunesse, qui est basé souvent sur la réduction des méfaits et la confiance
qu'ils ont envers les intervenants, il faut le mentionner. Et on n'arrête pas là dans ma circonscription. Le
ministre, notre gouvernement a eu la vision de mettre 40 millions pour un
projet qui s'appelle les Aires
ouvertes. Les Aires ouvertes, c'est une place, quand tu as une problématique,
que tu peux y aller sans rencontrer ta matante, ton mononcle ou ton
père. Si tu vas à l'urgence pour ITSS ou si tu vas au CLSC, ça se peut que tu rencontres ta matante, puis elle se
dit : Qu'est-ce que tu fais là? Ça va-tu bien? J'ai vu ta fille. Et là ça
devient une situation embarrassante quand c'est pour une relation
sexuelle, exemple, non protégée, dans laquelle tu ne veux peut-être pas
nécessairement que ta matante ou ton mononcle soit au courant.
Les Aires ouvertes,
le ministre a fait un endroit, pour les 12-25 ans, avec des gens
significatifs, confidentialité, où est-ce que c'est moins gênant parce que tu
ne peux pas rencontrer mononcle, tu ne peux pas rencontrer papa, tu ne peux pas
rencontrer maman. Les Aires ouvertes, c'est dans un endroit stratégique au
coeur du centre-ville, et on n'est pas
arrêté là. Qu'est-ce qu'on fait pour les gens en périphérie comme ma collègue?
On a inventé la caravane...
Le Président (M.
Provençal)
: Merci.
Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau :
Merci. J'aimerais premièrement...
parce que je comprends que j'ai trois minutes dans ce bloc, donc je vais faire
ça vite. J'aimerais avoir une réponse claire, aujourd'hui, du ministre
concernant le projet de loi pour nommer un commissaire parce que ce n'est
pas clair pour moi aujourd'hui. Je sais que, le 29 septembre, lors d'une
entrevue avec François Carabin, Le Devoir, vous aviez mentionné que...
ou vous confirmez même que le projet de loi est prêt, vous attendez le feu vert
du ministre de la Justice. Donc, j'aimerais une confirmation que, oui, le
projet est prêt. Et donc, si le projet est prêt, est-ce que vous allez prendre
un engagement de vous assurer qu'il va être déposé la semaine prochaine, dans les prochaines semaines? Mais j'aimerais avoir
un engagement de votre part, s'il est bel et bien prêt, qu'il soit
déposé.
Deuxièmement,
concernant les recommandations de la phase 1, vous aviez mentionné, le
29 septembre, que toutes les recommandations, il y avait eu une mise en
oeuvre complète, que tout était fait, d'après... parce qu'on avait un bilan,
l'avancement, là, on avait un tableau qui datait seulement du 31 janvier.
Là, je comprends qu'on vient tout juste...
le ministère vient aujourd'hui, merci beaucoup, avant cette interpellation, on
l'a déposé. Mais là ce n'est pas clair que toutes les recommandations de
la phase 1 ont bel et bien été faites. Et sinon, qu'est-ce qu'il reste à
faire?
• (11 h 40) •
Donc, l'autre point,
c'est tout le programme concernant, et ma collègue l'a mentionné, la transition
à la vie adulte. Parce qu'on le sait que... Alexandre Duval avait fait un
reportage au mois de février 2022, parce que la mise en vigueur des dispositions légales concernant la transition venait en
vigueur le 26 avril 2023, et on savait que, deux mois avant la mise en oeuvre, les intervenantes
n'étaient même pas au courant du plan qui devait élaborer... pour ces jeunes,
d'une grande importance. Parce que l'on sait très bien, il y a eu un reportage
à cet effet il y a quelques mois, qu'un tiers
des jeunes qui sortent de la DPJ se retrouvent dans une situation d'itinérance,
et on sait très bien que, dans les derniers mois, l'itinérance a
augmenté, et ça a augmenté plus particulièrement dans les jeunes entre 18 et
25 ans. Et c'est une des raisons pour laquelle c'était important de mettre
ce programme en place de transition à la vie adulte afin de pouvoir... parce
que ça faisait partie...
Conclusions
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, madame.
Merci, Mme la députée. M. le ministre, conclusion de 10 minutes de
votre part.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : O.K., je conclus avant.
O.K., d'accord. Merci, M. le Président. Bien, en conclusion, j'aimerais
remercier la députée d'Iberville, le député de Jonquière pour leurs
interventions très à point. Puis je pense qu'une chose que vous avez beaucoup parlée, c'est la pédiatrie sociale, puis je
tiens à vous dire que c'est un élément tellement important, parce que
justement, nous, ce qu'on veut, c'est qu'au lieu d'appeler la... à la
protection de la jeunesse, on puisse appeler des intervenants qui sont sur le
terrain et auxquels les parents font confiance.
Donc,
notre gouvernement, cette année, a rehaussé, de façon significative, le
financement de la pédiatrie sociale. Puis moi, j'ai appuyé pour ma
collègue ministre de la Famille pour ça, également, et le ministre des
Finances, parce qu'on veut qu'elle prenne en charge encore plus de jeunes, la
pédiatrie sociale.
Dr Julien est un passionné, vous le savez. En
plus, maintenant, il a déménagé dans les Cantons de l'Est, donc il est encore
plus relax qu'avant. Et il travaille très fort à soutenir différents centres de
pédiatrie sociale et en aider d'autres à
ouvrir leurs portes. Donc, L'Étoile, c'est un modèle, ce qui se fait à
Jonquière également, puis nous, on en veut plus partout, de la pédiatrie
sociale. Puis le message que moi, j'envoie souvent dans nos écoles,
c'est : utilisez la pédiatrie sociale quand vous avez de
l'inquiétude au niveau de la négligence, tu sais, la négligence alimentaire, la
négligence vestimentaire, la négligence
éducative. Comme le député de Jonquière l'a dit, ce n'est pas de la protection
de la jeunesse qu'ils ont de besoin, ils ont besoin de leur communauté,
M. le Président, puis ça, c'est fondamental.
Écoutez,
depuis notre arrivée, là, en 2018, on en a fait du travail. Je pense qu'on...
La situation à la protection de la jeunesse était très, très, très difficile.
Elle avait été négligée par les gouvernements précédents. Les intervenantes,
suite à la fin des centres jeunesse, à l'ouverture des barrières du déplacement
de nos intervenantes, les intervenantes ont commencé à se déplacer vers les
CLSC, vers les... d'autres services. Et ça, je leur en ai parlé plusieurs fois
à nos intervenantes lors de mes visites de
terrain, est-ce qu'on recule? Est-ce qu'on recrée le centre jeunesse à
l'extérieur de... du CISSS et du
CIUSSS ou de l'établissement? Je ne suis pas sûr que ce serait juste, M. le
Président. Parce que nous, ce qu'on
veut, c'est valoriser leur travail puis s'assurer qu'elles aient une
reconnaissance à l'intérieur de ces établissements-là.
Puis j'entends ma collègue, on a eu une perte
d'expertise. Puis ça, je l'avoue, je l'ai toujours avoué, mais là il faut
rebâtir les équipes. Puis je pense que l'événement qu'on a fait le
29 septembre, c'est un premier pas vers ça, rebâtir l'équipe, rebâtir le
sentiment, là, que moi, je suis fier de ce que je fais puis je vais rester là
pour longtemps. Et je pense que nos... les
intervenantes avec plus d'expérience, qui sont venues, ont été très satisfaites
de leur journée, les plus jeunes également. Les collaborations et les
discussions ont été vraiment des plus intenses, et je pense que ça, c'est
vraiment un premier pas dans ce concept-là.
Puis, encore
une fois, je remercie également la députée de Robert-Baldwin, qui l'a
mentionné, puis elle y a assisté, à la formation en ligne, puis, tu
sais, c'est un beau témoignage, là, de son... de sa passion pour le sujet, là.
Puis, tu sais, puis elle peut... je lui dis
qu'elle aura toujours une bonne écoute de mon côté parce que je sais que ça la
touche beaucoup. Mais je pense qu'il faut quand même aussi rappeler
qu'on a investi pour cette cohésion entre la première ligne et la protection de
la jeunesse, puis c'est là qu'il faut continuer d'aller, M. le Président.
Le projet dont le député de Jonquière a parlé,
là, Agir ensemble, là, c'est une fierté pour la population de Granby. Tu sais, c'est... les gens à Granby ont été
marqués par les événements d'avril 2019, bien, les gens de Granby se
sont pris en main. La communauté s'est prise en main. C'est une travailleuse
communautaire, travailleuse de rue, là, qui a levé ce projet-là, M. le
Président. Elle a assis les centres de services scolaires, la maison de la
famille, le CLSC, la DPJ, tout le monde
autour de la table pour qu'au lieu d'attendre de signaler l'enfant, bien, dès
qu'ils ont la moindre inquiétude sur l'enfant, ils en parlent en groupe
puis ils disent qui peut soutenir cette famille-là, et en prendre soin, et
éviter les signalements.
Puis ça, là, on veut déployer ça à travers le
Québec. Le CIUSSS de l'Estrie va le déployer dans toutes les régions dès cette année, mais ça, on veut que ça
aille partout au Québec. Puis ma famille, ma communauté, c'est comme le premier niveau, puis Agir ensemble, c'est le
deuxième niveau. Parce que, oui, le placement d'enfants, c'est important,
mais on ne veut même pas se rendre là, M. le
Président. On veut se rendre à... dès qu'il y a un enfant qui nous inquiète,
dès qu'un enfant n'a pas de quoi à se mettre dans le ventre, là, le matin, en
allant à l'école, qu'est-ce qu'on peut faire pour
éviter qu'on ne signale pas l'enfant puis qu'on ne retire pas l'enfant à sa
famille. Parce que ce n'est pas vrai que c'est des gens qui n'aiment pas
leurs enfants. Ces gens-là, ils veulent garder leurs enfants. Il faut juste les
accompagner.
Un autre bel
exemple, M. le Président, de situation où il faut qu'on s'améliore, c'est avec
les demandeurs d'asile. Les
demandeurs d'asile, là, ils ont besoin d'aide. Il faut qu'on travaille
ensemble, puis on travaille avec la ministre de l'Immigration, avec la ministre de la Sécurité sociale pour s'assurer...
Je veux dire, pouvez-vous croire que des enfants qui ont traversé l'Amérique du sud au nord avec leurs parents arrivent
au Québec et sont dans une situation où quelqu'un pourrait penser les
signaler? C'est ça qu'il faut changer. C'est ça, le changement de culture.
Tu sais, la bienveillance, là, ce n'est pas
appeler la DPJ. La bienveillance, c'est se demander : Qu'est-ce que je peux
faire pour aider cette famille? Puis moi, c'est ça, ma mission, M. le
Président. C'est vers là que je veux aller, puis
c'est vers là qu'on travaille, puis je suis chanceux d'avoir un gouvernement
puis un premier ministre qui m'appuient dans ce sens-là, M. le
Président. Puis merci à tous mes collègues, parce que je vois qu'on vient de la
même gang, puis on a le communautaire à
coeur, M. le Président, puis eux aussi. C'est une partie importante, là, des
services qui sont rendus à nos jeunes.
Puis, pour le rapport de la commission Laurent,
bien, je tiens à rassurer ma collègue, il ne sera pas tabletté. On va continuer à y travailler fort. Ça fait deux
ans... Elle nous avait donné 10 ans, Mme Laurent. On est en mode accéléré
parce que je veux qu'on y arrive. Je veux
qu'on travaille là-dessus. Je veux que tous les points qui ont été soulevés
puissent être envisagés et mis en place, M. le Président.
Oui, on a commencé par le projet de loi, notre
projet de loi n° 15... en fait, ça porte le même numéro que celui de cette
année, notre projet de loi n° 15 qui a changé la loi et qui a mis l'enfant
au centre de la loi. Oui, on a commencé par la directrice nationale de la
protection de la jeunesse, qui était un élément phare et important pour moi pour venir nous aider à harmoniser la qualité des
services, pour venir intervenir dans des dossiers où le ministre ne peut pas se
mettre les mains, M. le Président. C'est important, la confidentialité. Moi
aussi, là, je... Je ne peux pas dire aux gens d'ouvrir des dossiers confidentiels, là. C'est fondamental, il faut
que je me garde une distance, et c'est pour ça que c'était important
pour nous d'avoir une directrice nationale.
Donc, comme on a dit à Mme
Laurent et à tous les commissaires... eux aussi, je les remercie pour le
travail incroyable qu'ils ont fait. On va continuer à travailler, à déployer
les différentes mesures de la commission Laurent et on va s'assurer d'améliorer
nos services. Puis je sais que ça va être important de compter sur la
collaboration des collègues puis je remercie
la députée de Robert-Baldwin, là, pour cette collaboration qu'elle va nous apporter
au cours des futures semaines ou
mois. Parce que, oui, le projet de loi sur le commissaire, c'est quelque chose
qui est important. Comme j'ai déjà mentionné au début, nous, c'était...
l'intention est de la déposer à la Commission de la santé, mais on sait qu'il y a encore beaucoup de travail à
faire au niveau du projet de loi n° 15 et de mon collègue ministre de la Santé.
Mais on travaille à trouver une solution, M. le Président, pour faire
avancer le dossier le plus rapidement possible, puis je l'encourage à dire à ses collègues qui travaillent avec mon
collègue ministre de la Santé de peut-être nous aider de ce côté-là
également.
Ce qui est important également, c'est
d'améliorer les services au niveau de tous les différents programmes de première ligne, M. le Président. On a parlé de Ma
famille, ma communauté, ce matin, on a parlé d'Agir tôt, on a parlé
d'Agir ensemble. Tout ça, ça va être important de continuer à les bonifier.
Donc, on en a fait beaucoup. Il reste encore
beaucoup de travail à faire, M. le Président. Je pense que la clé, dans la phase 2, que je vois, en plus du
travail interministériel, va être le travail sur le projet de loi du
commissaire, puis je peux... on va
travailler très fort pour le déposer d'ici la fin de la session, M. le
Président. Ça, je peux m'avancer là-dessus. Merci.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le ministre. La
conclusion de cette interpellation vous appartient, Mme la députée de
Robert-Baldwin.
Mme Brigitte B.
Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup, M. le
Président. Merci beaucoup, M. le ministre, et je vois que vous êtes accompagné, merci à vos collègues d'être ici un
vendredi. C'est très apprécié qu'on ait cet échange parce que c'est des enjeux
très, très importants qui affectent nos enfants, qui affectent des milliers de
parents.
Mais je dois
revenir à certains aspects parce que j'aimerais avoir confirmation de certaines
choses aujourd'hui. C'était aussi l'objectif de l'interpellation. Et donc le
reportage, qu'est-ce que vous avez dit à M. Carabin, le
29 septembre, que le projet de loi était prêt, il n'est pas prêt. Donc,
c'est ça, il n'est pas prêt, et donc vous ne pouvez pas le déposer, comme, la semaine prochaine. Ça pourrait être à la
fin de la session. Donc, c'est une chose. Numéro un, je m'attendais, quand on dit à un journaliste que le projet de loi
est prêt... et je peux comprendre, parce que vous me l'avez mentionné lors des crédits, que le ministère travaillait sur
Santé Québec. Cependant, vous venez de déposer, là, un projet de loi sur les
opioïdes, et tout ça. Il va y avoir une commission parlementaire.
Donc, il y a
des priorités au niveau du dépôt de projets de loi et il me semble, là, que la
commissaire au bien-être des enfants et au droit des enfants, qui est tellement
attendue du milieu, pour être ce chien de garde, compte tenu des failles que nous voyons dans le système... et ça
fait six ans, M. le... c'est votre sixième année, M. le ministre, que vous
êtes ministre de la Santé et des Services sociaux.
Et ce n'est pas pour rien que la bâtonnière, Me
Claveau, vous écrit pour dire qu'il y a une urgence. Il faut agir en protection de la jeunesse, parce qu'il y a
des manques de ressources, c'est criant. Il y a le manque de personnel,
c'est criant, et la liste continue, les délais indus devant les tribunaux pour
que les parents puissent être entendus, et la lésion de droit en raison de
manque de ressources. C'est ça que ça fait, ça crée des situations de cette
nature et c'est pour ça que je reviens... puis
je n'ai pas eu la réponse non plus, à deux choses. Le plan d'action du... le
recrutement que Mme Lemay devait mettre en place, à date, je n'ai pas
entendu du ministre qu'il a été déposé, qu'il va être déposé, qu'il y a un plan de recrutement et aussi de
rétention. Parce que ça, ça a été un élément très important, qui date depuis un
certain temps également. C'est... et la
raison pour laquelle, au début de l'année, on avait 5 100 enfants qui
attendaient sur une liste d'attente
pour être évalués, c'est parce qu'on n'avait pas le personnel. On n'avait pas
les ressources pour faire ces évaluations-là. Et donc, le plan de recrutement,
qui était la priorité de la directrice nationale en... mois d'avril 2021,
je ne peux pas comprendre comment se fait-il qu'on n'a pas un plan en place.
Deuxième
chose, il y a une obligation légale. Elle a une obligation légale, maintenant,
la directrice nationale de la protection de la jeunesse de déposer un
rapport au niveau de l'évolution, qu'est-ce qu'elle a fait, ses responsabilités
et tout depuis la dernière année. On est même à la fin de la date et elle
devait le faire à la fin du mois de septembre. Elle avait six mois de la date, et c'est l'article 38... Je l'avais
cité tout à l'heure. L'article 30.8 : «Le directeur national
de la protection de la jeunesse rend compte annuellement de l'exercice de ses
responsabilités et de celles de la table des directeurs au ministre de la Santé
et des Services sociaux au plus tard dans les six mois de la fin de l'année financière.» Mais la fin de l'année financière,
c'était mars 2023. On est rendu octobre 2023. Donc, elle aurait dû... et je vois
qu'il n'a pas été déposé, peut-être qu'on devrait avoir du ministre quand
est-ce qu'on va recevoir le rapport, parce que j'ai très... bien hâte d'en
prendre connaissance.
Et je voulais revenir sur certains aspects
concernant les failles dans le système, parce que les reportages continuent.
Ils continuent, et on dirait qu'il n'y a pas de fin au niveau des failles dans
le système. Et c'est des... à part de la formation, et j'ai entendu
l'engagement du ministre de s'assurer qu'il va y avoir une continuité au niveau
de la formation en violence conjugale, et je sais qu'il y a une grille qui s'en
vient, là, avec une grande formation cet automne, en novembre. Donc, j'espère
qu'il va m'inviter à assister à cette formation. Ça va être très, très
intéressant parce que ça va inclure, évidemment, toute la question du contrôle
coercitif qui est un élément, là, très, très important dans les dossiers de
violence conjugale.
Mais compte tenu de tous
les reportages depuis... surtout la dernière année que vous êtes... et aussi
cette nouvelle session, et je n'ai pas entendu vraiment de plan d'action pour
rectifier tous ces problèmes que nous avons dans
le système, incluant la détention illégale d'enfants dans les centres de
réadaptation. Ça, c'est aussi très important parce qu'on le sait... et même il y a eu un témoignage très éloquent de
l'avocate, Me Mylène Leblanc, que ça existe. Et on ne voit pas... il n'y a
pas, en ce moment, de solution pour rectifier ce problème-là. J'espère que le
ministre va porter une enquête sur la situation des centres de
réadaptation.
Comment se
fait-il que des enfants sont laissés dans des centres beaucoup plus longtemps
qu'il est nécessaire? Oui, il y a
faute de familles d'accueil, et ça, c'est un autre enjeu. L'accréditation...
peut-être de faciliter l'accréditation de familles d'accueil, parce
qu'il y a un manque aussi de familles d'accueil. Et donc c'est pour ça que ça
serait intéressant de voir le rapport de la directrice nationale parce qu'on ne
sait pas, en ce moment, qu'est-ce qu'elle fait, pour être bien honnête avec
vous, au niveau de... Compte tenu de tout ce qui se passe dans le système, je
crois que c'est sa responsabilité et son
devoir de nous mettre, dans un rapport, tout le travail qu'elle a fait au
niveau du système de la protection de la jeunesse.
Et donc — j'espère
que je suis dans mon temps — il
y a beaucoup de travail à faire, M. le ministre, beaucoup de travail à
faire pour... On a, en condition féminine... on a eu Rebâtir la confiance
concernant les victimes de violence conjugale,
et là, peut-être, c'est regagner ou rebâtir la confiance des parents, des
Québécoises et des Québécois et même des procureurs qui oeuvrent dans le
domaine de la protection de la jeunesse, parce qu'ils questionnent sérieusement
le système, parce qu'ils voient les failles dans le système. Ils voient les
rapports des intervenants, des intervenantes qui sont déposés, qui ne reflètent
pas la réalité de la situation de la famille et des enfants. Et, au bout du
compte, c'est les enfants qui paient le prix de manque de compétences, de
manque de formation. Et on a des juges qui se fient... on ne se le cache pas,
là, quand on est devant un tribunal, on va se le dire, 99 % du temps, les
juges vont se fier sur les recommandations des intervenants de la DPJ pour
rendre des décisions, pour rendre des décisions qui pourraient avoir, au bout
du compte, des effets néfastes aux enfants.
Et donc, j'espère que, pour la suite des
choses... et c'est sûr que je suis prête à collaborer avec vous. On est ici
pour... comme vous avez dit, l'intérêt des enfants doit être au coeur de toutes
les décisions. Il y a, en ce moment, une convention internationale qui fait en
sorte... puis je ne la trouve pas, mais cependant, on le dit, le droit des
enfants, la voix des enfants, et vous avez une conférence qui l'a mentionné,
doit être entendu et respecté.
Le Président (M. Provençal)
: Je tiens à remercier l'ensemble des
intervenants pour la qualité de vos interventions. Pour moi, c'était
extrêmement intéressant, mais, compte tenu de l'heure, je vais lever la séance.
Et la commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux au mardi 24 octobre, 9 h 45, où elle
poursuivra un autre mandat. Merci beaucoup. Bon retour dans vos
circonscriptions et, surtout, soyez prudents.
(Fin de la séance à 12 heures)