(Dix heures)
Le Président (M.
Provençal)
: Bon matin à tous. Je déclare
la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte.
La commission est
réunie afin de procéder à l'interpellation du député de Rosemont au ministre de
la Santé sur le sujet suivant : Le véritable coût des soins de santé pour
les Québécoises et les Québécois.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Blouin (Bonaventure) est
remplacée par Mme Tremblay (Hull); M. Chassin
(Saint-Jérôme) est remplacé par M. Émond (Richelieu); et M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine) est remplacé
par M. Paradis (Jean-Talon).
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Alors,
conformément à l'entente prévue pour la 43e législature, l'opposition officielle interviendra lors des
deuxième, quatrième et sixième séries d'interventions, et le député de Jean-Talon,
lors de la cinquième série d'interventions.
Sur ce, M. le député
de Rosemont, vous avez la parole pour 10 minutes.
Exposé du sujet
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, M. le Président. Chers collègues, bon vendredi matin. Merci,
d'abord, M. le ministre, de vous prêter à
l'exercice ce matin, un vendredi. Je sais que, souvent, le vendredi, à ce
temps-ci de l'année, vous préférez être
dans votre érablière, mais... je ne connais rien là-dedans, mais il fait pas
mal froid ce matin. Ça fait que peut-être que ça ne coule pas puis que je ne vais pas vous faire gaspiller quelques
litres de bon sirop. Alors, on va pouvoir discuter en toute quiétude de
notre dossier ce matin.
C'est un... c'est un
dossier important. Puis là je voudrais qu'on règle tout de suite une affaire
entre vous et moi puis les collègues. Comme
ça, on va... on ne perdra pas de temps avec des épithètes. Des fois, à la
période de questions, vous nous reprochez, à nous, QS, d'être
dogmatiques, contre le privé. Je pourrais vous renvoyer le compliment puis vous dire que vous êtes dogmatiques sur... sur le
privé, vous aussi, à votre façon. Si être dogmatique, c'est avoir un parti
pris décomplexé en faveur du développement et de la pérennité de notre réseau
public, coupable, Votre Honneur, je suis dogmatique. Que ce soit dit, que ce
soit réglé.
Cela dit, je ne vis
pas sur la planète Mars. Je suis un citoyen du Québec. J'ai moi-même des
besoins en santé. J'ai des parents de
90 ans. J'ai quatre enfants. Et je suis député, comme vous, alors j'ai
beaucoup de contacts avec des gens
qui sont en interaction quotidiennement avec le réseau de la santé. Et puis
c'est important. Il n'y a pas grand-chose de plus important que ça. Il suffit
d'être malade quelques jours pour comprendre à quel point, à la fin, on n'a à
peu près que ça.
Il
est en train de se développer, au Québec, de façon insidieuse, je pense, un
réseau privé de plus en plus élargi au
Québec. Et on parle souvent des mini-hôpitaux privés parce que ça fait image,
c'est spectaculaire, c'est sensationnel. Vous avez confirmé, M. le ministre,
d'ailleurs, que les appels d'offres seront lancés incessamment pour deux
mini-hôpitaux privés. Il y a un projet en ce sens, au moins un que je
connais, un projet de 50 à 60 millions, à Mont-Tremblant aussi, avec des
gens qui font du lobby ici en ce moment pour que ça se fasse. Ça ressemblerait
pas mal aussi à un hôpital privé. Ça, c'est spectaculaire. Les CMS aussi, les
cliniques médicales spécialisées, c'est spectaculaire, parce que le
gouvernement a envoyé beaucoup de chirurgies vers les cliniques privées.
Mais ce qui est moins
spectaculaire puis ce dont on ne parle pas, et c'est pour ça que je vous ai
convoqué ce matin ici, c'est les cliniques
d'urgence mineure, la première ligne de la première ligne, là où on va quand la
petite pleure depuis deux jours puis qu'elle fait 39° de fièvre, que
maman n'est plus capable de se lever parce qu'elle a le dos barré puis
probablement un autre problème, qu'on y va aussi parce qu'on a une infection
urinaire et on craint que ça dégénère avec des problèmes beaucoup plus graves
avec les reins, vous savez, ce genre de problèmes qui... qui nous empoisonnent
la vie. Puis on nous dit de plus en plus : Bien, les urgences sont
débordées, il ne faudrait pas aller aux urgences, il y a d'autres façons de se
faire soigner. Et c'est vrai qu'il y a d'autres façons de se faire soigner,
sauf que, dans la réalité, il y a de moins en moins de médecins de famille au
Québec, et ça n'ira pas en s'améliorant. Regardez les statistiques. Regardez
les retraites qui s'en viennent.
Il y a une offre
privée qui se développe de plus en plus. Puis je ne parle pas des GMF qui sont
privés, je parle d'une offre privée privée.
On a, au Québec, un nombre record de médecins désaffiliés. C'est un phénomène
purement québécois. D'ailleurs, ça a
même intéressé le Globe and Mail, qui voulait chercher à comprendre
pourquoi, au Québec, c'est une des distinctions qu'on a ici.
Et il est faux de dire que cette offre privée
s'ajoute et donne un choix à la population. Quand la petite pleure depuis deux
jours, qu'elle fait 39° de fièvre, que vous ne savez pas ce qu'elle a, que vous
n'êtes pas capable d'avoir un rendez-vous avec votre
médecin de famille, si vous avez un médecin de famille, que vous n'êtes même
plus capable de parler à la réceptionniste de votre clinique parce que tout est
maintenant sur des services en ligne qui sont parfois assez complexes et
désespérants, que vous n'en avez même pas, de toute façon, de clinique, et que
le CLSC n'offre à peu près que des prises de sang avec des rendez-vous aux
trois semaines, ce n'est pas vrai que vous avez le choix. Vous n'avez pas le choix. Ce n'est pas un choix de faire soigner
un bébé qui braille ou quand vous avez un gros problème de santé qui
vous inquiète. Alors, de plus en plus, au Québec, les gens doivent se tourner
vers les cliniques privées privées pour des services qui, normalement,
devraient être assurés.
Alors,
évidemment, s'il y a 1 $ à faire avec ça, il y a du monde qui vont vouloir
en faire 1,50 $. C'est dans la nature de la bête, et on le voit. On a fait des recherches depuis quelques
mois. Je remercie d'ailleurs le service de recherche de l'aile
parlementaire. On n'a pas tant de moyens que ça, mais on travaille fort. Puis
on a fait beaucoup de recherches, on a fait
beaucoup de simulations pour se rendre compte que, je vais le dire comme ça,
là, c'est le far west, dans le domaine des
cliniques privées, pour ce qui est des tarifs, parce qu'il n'y a pas de
plafond, il n'y a pas de grille. Ils devraient, en principe... On nous
dit, par exemple, au Collège des médecins, que le patient doit évaluer les
tarifs proposés, comme si le patient était capable. On nous dit aussi que le
patient doit exercer sa vigilance, tout comme il le ferait lors de l'achat d'un
bien ou de tout autre service professionnel.
On ne parle pas d'un bien classique, là. Je
comprends que, si on va acheter des pneus parce que c'est le printemps, puis ça nous prend des pneus d'été, on
peut comparer assez facilement. Puis on n'est pas tant dans l'urgence
puis on n'est pas en détresse. Mais comment on fait, comment je fais, moi, pour
comparer les prix, être vigilant avec quelqu'un qui m'impose des tarifs qui me
paraissent, ma foi, exagérés, mais je n'ai pas de grille?
Et le gouvernement est en train de laisser se
développer ce réseau-là. On va se ramasser avec un maudit problème, là, de gens qui vont devoir payer de
plus en plus. De plus en plus de gens, au Québec, et on le sait, perdent leur
médecin de famille. Il y a des cas qui s'en viennent encore, là, puis des gens,
là, qui vont se retrouver, là, Gros-Jean comme
devant, plus de médecin de famille, qui, de guerre lasse... C'est arrivé dans
mon entourage, puis il y a encore une dame qui me racontait ça récemment
dans ma circonscription. De guerre lasse, elle s'est tournée vers une clinique privée avec membership. 1 500 $ pour
avoir le droit d'avoir ta carte de la clinique, puis tu n'as pas eu un seul
soin, tu n'as pas parlé à un seul médecin, tu n'as pas vu une infirmière
encore. 1 500 $. Ça, c'est comme ton abonnement au club de golf. Tu n'as pas... tu n'as pas tapé de balle
encore. Il va falloir que tu paies aussi pour tous les services après, et les services,
bien, ils sont facturés à la pièce. Si c'est à Boucherville, ça va être tant.
Si c'est à Varennes, c'est tant, mais, si
c'est à Saint-Jérôme, ça va être encore un autre prix. Et on s'est rendu
compte, en faisant des simulations, que, pour des soins de première ligne,
des urgences mineures ou des dépistages d'ITSS, par exemple, puis vous savez
que c'est en hausse, malheureusement, au Québec en ce moment, là, bien, ça peut
aller du simple au quadruple. Ça peut être 80 $ comme ça peut être
320 $. On les a faites, les simulations.
Alors, qu'on
me comprenne bien, là, puis je vais peut-être prendre les deux dernières
minutes qu'il me reste pour faire ça,
là, d'entrée de jeu, pour que ce soit très, très clair, là, je ne suis pas en
train de demander au gouvernement de standardiser
et de pérenniser les pratiques des cliniques privées. Ce n'est pas ça pantoute.
Et, honnêtement, si j'étais de l'autre côté puis que j'étais à la place du
ministre, ce n'est pas ça que je développerais. Ce n'est pas ça qu'on
développerait.
Puis, je leur
ai dit, on peut dire que je suis dogmatique... Pour fins de gagner du temps,
là, d'accord, très bien, je l'ai dit, là, coupable, Votre Honneur, je
suis dogmatique en la matière, parce que je suis de cette... de cette classe de
Québécois qui pensent qu'on a un deal au Québec. On paie des impôts, puis c'est
vrai qu'on en paie beaucoup. De toute façon,
les impôts, c'est toujours selon ce qu'on a en retour, là. On en paie, des
impôts, mais il y a un pacte au Québec. On paie des impôts, on a des services. Moi, c'est toujours comme ça que
je l'ai perçu. D'ailleurs, quand on fait notre rapport d'impôt, là, notre
déclaration de revenus, puis que reviennent les papiers avec l'avis de
cotisation, le ministère des Finances nous
écrit un petit mot disant : Merci d'avoir fait votre déclaration d'impôt
pour contribuer à la bonne marche de l'État québécois et aux services. Bon, à
chaque fois, ça... ça m'agace un peu, là, mais je me dis : Bien, O.K.,
j'ai fait ma part, puis c'est correct, puis on va continuer de le faire.
• (10 h 10) •
Alors, je ne
suis pas en train de dire qu'il faut pérenniser les services. Quant à moi, je
les abolirais puis je ramènerais ça dans un autre réseau, notamment les
CLSC, dont on a parlé, d'ailleurs, cette semaine dans un mandat d'initiative
avec la députée de Marie-Victorin. Puis elle me dit constamment qu'elle
travaille pour relancer les CLSC puis que les CLSC doivent avoir des services
de première ligne. C'est de la musique à mes oreilles. Mais, en attendant, sur
le terrain, ce n'est pas ça qui se
développe. Ce n'est pas ça. C'est des frais de plus en plus lourds,
incontrôlés, incontrôlables. Alors, en attendant, malheureusement, vu
qu'on est pris avec ça, et on est pris avec ça jusqu'à preuve du contraire et
jusqu'à ce qu'on choisisse une autre voie, est-ce qu'on peut au moins protéger
la population? Est-ce qu'on peut au moins protéger les gens qui n'ont pas le
choix et qui paient beaucoup trop cher?
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député. M. le ministre,
alors, vous avez un 10 minutes de réplique ou d'introduction.
Réponse du ministre
M. Christian Dubé
M. Dubé : Très bien. Alors, bonjour,
chers collègues. Puis merci pour cette invitation du vendredi matin. Et je veux
aussi saluer mes deux collègues qui sont avec moi aujourd'hui pour ce que je
trouve une discussion très importante. Puis je dois vous
dire que je n'ai aucun... aucun enjeu, là, d'être ici ce matin, au contraire,
parce que ce genre d'interpellation là, pour
moi, le fait que c'est deux heures, le fait qu'on a le temps d'avoir des
réactions, des fois, ça nous permet de faire le point sur des sujets qui sont
non seulement importants, mais qui méritent d'être creusés un petit peu. Puis je pense que d'avoir... Lorsqu'on
veut se faire une tête sur comment on évolue dans la... je donne l'exemple, là,
de la transformation du réseau qu'on est en train de faire, je suis très, très
à l'aise d'avoir ces discussions-là et de ne pas le faire dans des... dans des
périodes de questions de 1 min 15 s où on a... on a beaucoup
plus une réponse qu'une question à donner.
Alors, je suis très à l'aise avec ça ce matin. Puis, en plus, pour vous
rassurer, bien, ça ne coule pas ce matin. C'est bien gelé, là. Alors,
j'arriverai un petit peu plus tard, puis ce n'est pas grave.
Alors,
j'aimerais... Maintenant que je comprends un petit peu plus la question...
Parce que, quand j'ai lu votre... votre
interpellation, le sujet était très large. C'étaient les coûts. Alors, tu sais,
j'ai dit : De quoi on veut parler? Maintenant que je comprends un petit peu plus, je suis
certain qu'on va avoir une bonne discussion, comme je viens de dire, parce
que je pense qu'on a tous le même objectif.
Peut-être, des fois, on veut y arriver d'une façon différente, là, mais l'objectif
qu'on a puis que je pense que vous avez, c'est de protéger notre système public
puis, en même temps, donner aux Québécois le meilleur service qu'ils peuvent
avoir.
On est très conscients, tout le monde est
conscient puis moi le premier, que la pandémie nous a fait très mal. Et on s'est rendu compte de certaines
exagérations. Puis je donne un exemple. Puis je pense que les trois députés qui
sont ici, les... Dans le temps où on a... Bien, j'exclus mes deux
collègues, parce que... Lorsqu'on a fait le projet de loi sur la main-d'oeuvre indépendante, là, puis vous allez
voir où je veux venir avec ça, on a dit : Il y a des exagérations qui se
font dans le privé avec les tarifs qui
étaient chargés. On s'est assis ensemble, les deux... les trois partis, incluant,
même, le Parti québécois. On a
dit : Comment on peut régler ça? Puis c'est long à régler, ces choses-là,
vous savez. On a fait un projet de loi. On a dit qu'il était important
d'avoir une transition, qu'il était important d'avoir des tarifs maximums. Il a
fallu faire des règlements. Les entreprises privées ont contesté nos appels
d'offres. Vous connaissez le processus. Mais
on est quand même arrivés à nos fins puis là, dans les prochaines semaines, on
aura l'impact. Mais c'est long, faire ça.
Le point que je veux faire ici... C'est pour ça
que je vous disais : J'ai beaucoup d'ouverture à vous écouter puis à entendre ce que vous avez à dire, parce
qu'à la fin je vous dirais qu'on va probablement bien s'entendre sur comment
on peut régler ces problèmes-là. Il s'agit juste d'avoir une bonne discussion.
Puis je pense que c'est un bon forum, avec
une interpellation, pour... même si, des fois, nos approches sont différentes.
Puis je ne parlerai pas de dogme ce matin, c'est promis. Alors, je... En
autant qu'on le fasse des deux côtés, c'est correct. Mais je n'en parlerai pas.
Ça fait que je voulais... Ça, c'est ma petite introduction de deux minutes.
Bon, maintenant, ce que j'aimerais qu'on
fasse... Puis je pense qu'on connaît tous les... les enjeux, là. Vous me parlez
de vieillissement de la population. On peut parler de... Je veux mettre les
enjeux de côté parce que je pense qu'on les connaît. On les connaît : le
vieillissement de la population, les médecins qui s'en vont à la retraite, puis
tout ça. On le sait, comment c'est
difficile. Ça fait que je pense que, si on focusse plus sur les solutions, on
va peut-être être capables, pendant le deux heures, d'avoir cette bonne
discussion là. Ça ne veut pas dire qu'on... Je pense que tout le monde les
réalise ou les... en est conscient, de tous ces enjeux-là. Ça fait que je veux
juste dire... Étant donné qu'on connaît bien les gens qui sont assis dans la
salle ici, profitons du focus sur ce qu'on pourrait discuter plutôt que
d'essayer de débattre les enjeux. Je pense que, les enjeux, on les reconnaît.
Ça fait que je dis ça comme ça.
Je vous donne un exemple. Maintenant que je
comprends plus votre question, vous voulez focusser sur la place du privé, moi,
j'aimerais... Puis j'ai pris connaissance, là, de l'article qu'il y avait dans La Presse
ce matin, là, bon, puis ce que ça m'a donné
à réfléchir... La première chose que j'aimerais... Parce que vous dites que
vous avez fait de la recherche. Puis nous, on a fait pas mal de
recherche aussi, là, dans la préparation du plan santé, puis on s'est donné des
étapes. Tantôt, je vous ai dit... On a vu qu'il était important de bouger sur
la MOI, hein, la main-d'oeuvre indépendante
des agences. C'est fait. On l'a fait puis on en aura les bénéfices dans les
prochaines semaines, prochains mois.
D'ailleurs, ils ont déjà commencé. Je vous en ai parlé un peu. Il y a des
infirmières qui commencent à revenir. Ça, c'est très bon signe.
J'aimerais que l'approche qu'on va discuter...
Je vous donne un exemple, là. Quand j'ai vu l'article ce matin, j'ai dit : Est-ce que tout le monde a les
mêmes définitions? Puis je vais m'expliquer, là. Je vais donner les définitions
des médecins puis les définitions des cliniques. Je veux qu'on fasse une
différence pour qu'on se comprenne bien. Puis, je pense, ça pourra alimenter
nos prochains blocs de cinq ou 10 minutes, là, qu'on fait.
Je vous donne un exemple. Dans les définitions
des médecins au Québec en ce moment, on a les médecins qui sont participants. «Participant», ça veut dire que c'est le médecin
qui peut être dans une clinique privée. Donc, un GMF, il y a un propriétaire privé. Ça peut être un
médecin, ça peut être une entreprise. Mais, lorsque les patients y vont, bien, ils
présentent leur carte RAMQ, puis les tarifs sont fixés par la RAMQ. Mais c'est
quand même une clinique privée, un GMF, mais on a un médecin qui est
participant.
Il y a une catégorie qui est très peu utilisée,
qui s'appelle les médecins désengagés, c'est-à-dire qu'ils ne... qu'ils ne chargent pas directement à la RAMQ, mais
ils sont obligés de charger le tarif de la RAMQ. Alors, le client qui...
Mais il y en a deux au Québec. Donc, on n'en
parlera pas longtemps. Mais des désengagés, là, c'est une de nos trois options.
Celle dont je pense que vous parlez, c'est ce qu'on
appelle les non-participants. Les non-participants, ça, c'est une catégorie qui a été mise en place au début des
années 2000, là, par un gouvernement libéral. Puis là je ne fais pas de politique, mais je veux juste le
positionner. Et les non-participants, ça, c'est une caractéristique propre au
Québec, qui est là depuis les années 2000. Et il faut bien dire que
c'est le médecin qu'on qualifie de non participant, là. Je ne parle pas de la clinique ici. J'y reviendrai. Et
ça, vu qu'on a commencé déjà à faire le débat... Puis, je vous le dis, je n'ai
pas de surprise. On a même dit en Chambre, ici, qu'on est en train de
regarder : Est-ce que les allers-retours de gens qui passent de participants à non-participants, vous savez, qui donnent
le délai de six semaines, etc., là... On a dit qu'on avait
une réflexion là-dessus. Ça fait que ça, ça... Cette réflexion-là, elle est
déjà commencée. Mais, je veux juste dire, cette catégorie-là est particulière
au Québec. Ça, c'est pour ceux qui peuvent charger, comme vous dites, sans maximum. Je lisais bien l'article ce matin. C'est
quelqu'un qui se... Il est plus que désengagé, là. Il est... Il peut charger
le tarif qu'il veut.
Je veux juste parler des cliniques, maintenant,
juste pour qu'on ait la discussion, puis vous verrez dans quel bloc vous voulez
qu'on la mette. Les cliniques, maintenant.
Une clinique qui est participante, ça, c'est
l'exemple de la clinique Rockland, Dix30, appelez-la comme vous voulez, qui, elle, dit : Moi, j'ai une
clinique privée, un peu comme un GMF, là, je fais le... Mais... Puis, on l'a
vu, ça, ça nous a beaucoup aidés.
C'est qu'elle est participante, parce qu'on s'est entendus sur les tarifs. On
s'est entendus, puis c'est là qu'on a
fait 200 000 chirurgies. Est-ce qu'on s'est entendus par appel
d'offres? Est-ce qu'on s'est entendus parce qu'ils prennent le tarif de la
RAMQ? Elles sont participantes. Puis le Québécois s'en va là pour sa cataracte,
pour... peu importe la chirurgie, donne sa carte RAMQ puis... Alors,
elle est participante au système. Ça va-tu?
Les cliniques
non participantes, bien, à ce moment-là, ça, c'est l'autre, et ça, bien, ça
s'applique particulièrement aux chirurgies. Et c'est là qu'une des
questions que je vais avoir plus tard pour vous, quand on le mettra dans un bloc spécifique, là, je vous laisserai décider, c'est
d'être capable de dire, puis là je vois le temps qui file : Où
est-ce que vous voulez qu'on mette l'énergie? Parce que, pour moi, je fais une
différence entre les cliniques chirurgicales puis les cliniques de rendez-vous
dont vous parliez. Parce que, si vous me dites, en ce moment : On est à
l'aise avec la partie chirurgie puis on veut
travailler plus sur la première ligne, bien, on va avoir une discussion plus
focussée, je ne sais pas si ça se dit, là, mais plus ciblée. Ça va-tu?
• (10 h 20) •
Bon, je terminerais en disant : Il faut
faire attention. Puis peut-être que j'y reviendrai. En ce moment, sur les
20 000 médecins, là, omnis et spécialistes, il y en a 97 % qui
fonctionnent au public. Je pense, votre préoccupation, c'est : Est-ce qu'on est dans une tendance qui va
augmenter? C'est peut-être ça qu'il faut discuter. Parce qu'en ce moment
moi, je suis plus dans protéger le système public pendant qu'on fait la
transition de notre système.
Alors, j'arrête
là-dessus. M. le député, je comprends très bien votre question. Je pense qu'on
peut avoir les mêmes objectifs. On ne parlera pas de dogme ce matin. Je
suis très ouvert à...
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
M. Dubé : ...les bonnes questions.
Argumentation
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, on va
débuter les différents blocs d'intervention
avec le député de Rosemont. Je vous rappelle que c'est toujours des blocs de
cinq minutes par personne. Alors,
M. le député.
M. Marissal : Merci. Bien, on
s'entend sur les définitions. Et merci pour l'exercice didactique, là. Pour les
gens qui nous suivent, là, ce n'est pas
toujours aussi clair. Mais on s'entend sur les définitions. Et on parle
effectivement, ici, des médecins non
participants dans les cliniques de première ligne. J'ai volontairement mis de
côté les chirurgies, pas que je suis parfaitement d'accord avec le
passage au privé, vous le savez, là, mais ça, on a déjà discuté de ça, la
nuance étant que, et je suis bien placé pour le savoir, là... Vous voulez vous
faire remplacer les hanches, vous avez le temps
d'y penser. Ça ne se fait pas du jour au lendemain. Même chose pour les genoux,
à la limite pour la cataracte, même si c'est un peu plus urgent. Vous
avez quand même le temps d'y penser.
Quand le bébé braille depuis 36 heures,
vous n'avez pas le temps d'y penser puis vous n'êtes pas capable de penser non
plus. C'est ça, le problème aussi. Même chose pour des maux de ventre, là, les
trucs classiques qui nous amènent, là,
normalement chez le médecin, où on désespère parce qu'on n'est pas capables
d'avoir une consultation puis on
craint que l'affaire qui nous afflige, ce n'est pas juste un petit rhume. Ça
peut être pire que ça, là. C'est de ça dont on parle. C'est vraiment de
ça dont on parle.
Et, quand je vous disais, là, qu'on a fait des
recherches... D'ailleurs, je vais pouvoir déposer ça de façon virtuelle, là. C'est... c'est public, de toute
façon. C'est des choses qu'on a faites dans l'univers de l'offre en médecine au
Québec, là. C'est public. Par exemple, consultation pour un nouveau-né, si vous
allez à Montréal, Centre de santé Collège Canada, ce sera 225 $ juste pour une consultation. Si vous allez,
par contre, chez ELNA, E-L-N-A, médecine privée, 250 $ pour une
urgence mineure en pédiatrie. D'autres n'ont pas de service, d'autres vont
charger 25 $, et il y va ainsi.
Consultation
pour ITSS, ça, là, c'est le... c'est le... pardonnez l'anglicisme, là, c'est le
«free-for-all». Les ITSS, là, en ce moment, là, pour le dépistage, et Dieu sait
que c'est important, puis il faut le faire vite, là, puis on a des problèmes
en ce moment au Québec avec ça, c'est... une
chatte n'y retrouve pas ses petits, là. C'est... c'est une panoplie de prix. Ça
part dans toutes les directions. Inutile de dire que les gens qui consultent
pour ça, ils ont besoin d'un service rapidement.
Les urgences
mineures aussi, là. Les urgences mineures, si vous allez chez Créa-MeD, par
exemple, à Montréal, on... il vous en
coûtera 175 $. Ça, c'est pour votre mal de ventre, votre mal de tête, une
épine dans l'oeil ou que sais-je encore. Et là il en va ainsi. Ça peut
varier de... Je vois ici 125 $, mais ça peut varier jusqu'à 250 $.
Autrement dit, là... On le sait, combien ça
coûte, les interventions au Québec, parce qu'on paie les médecins à l'acte, mais est-ce qu'il est normal que l'on
tolère une telle variation de prix en sachant que les gens n'ont pas un réel choix? Il y a des histoires qui sont sorties dans
les médias, notamment, rappelez-vous, la clinique Praxis à Terrebonne. Je les nomme parce que c'est sorti dans les médias.
C'était, justement, le cas d'un couple avec un jeune bébé, et ils en étaient
rendus à payer 1 200 $, parce que c'était 250 $ de la visite de
suivi avec le poupon. Le poupon avait des problèmes. Il fallait payer en plus.
Et le papa disait cette phrase... Puis c'est pour ces gens-là qu'on travaille.
Le papa disait cette phrase : La santé de ma fille, elle n'a pas de prix,
je ne suis pas capable de voir un médecin, je vais payer, moi, je vais sauter dans mon auto puis je vais y
aller, chez Praxis, puis ça coûtera ce que ça coûtera. C'est terrible, là, de
forcer les gens à faire ça, parce qu'on est capables de contrôler le prix.
Et moi, je pense même qu'en contrôlant les prix
on enverrait le message, justement, aux médecins non participants que ce n'est
pas le far west, que vous ne pouvez pas charger tout ce que vous voulez. On est
intervenus, d'ailleurs, dans les frais
accessoires. Ce n'est pas parfait, là. Il reste des trucs, là. On reçoit des
informations, notamment en
ophtalmologie. La majorité des ophtalmologistes continuent de charger des frais
accessoires aux patients dans le cadre de
chirurgies de la cataracte, pourtant couvertes par la RAMQ, sous prétexte que,
puisque le choix de lentilles... Il y a toutes sortes... il y a toutes
sortes de façons et d'avenues. Vous les connaissez.
Mais, ce
matin, là, je me concentre davantage sur les soins de première ligne, sur les
urgences mineures, vous savez, quand on a un bobo puis qu'on se
dit : Il faudrait vraiment que j'aille voir un médecin, il faudrait
vraiment que j'aille voir un médecin, puis
que, là, le dilemme, c'est toujours le même : Je vais-tu à l'urgence ou je
vais-tu voir un médecin? Puis là on cherche, là, dans toutes nos
ramifications de contacts : Il y a-tu quelqu'un qui peut me trouver un
médecin? Puis là on panique parce que ça ne va pas. On panique, à plus forte
raison si c'est un de nos proches qui ne va
pas. Et là on se retrouve dans une clinique où on dit : Bien, on va
peut-être vous prendre, mais, d'abord, ça va vous prendre un membership, comme mon club de golf, là,
ou la Marina de Valleyfield, là, il faut mettre son bateau, là. Ce n'est pas de la plaisance, là. C'est une urgence.
Alors, est-ce qu'on peut contrôler ces prix-là? Est-ce qu'on a la volonté de
le faire?
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. M. le ministre.
M.
Dubé : O.K. Bien, on va continuer. Maintenant que je
comprends mieux la question, on va... on va se concentrer sur... je vais
l'appeler les cliniques de consultation plutôt que de chirurgie. Allons
là-dessus.
Deux... deux
choses que j'aimerais préciser. Nous, dans les derniers mois, là, qui nous
préparent pour les autres gestes
qu'on va... qu'on va poser, j'ai... j'ai fait une analyse assez claire de ce
qui se passe dans le reste du Canada, parce qu'on est même... on a les mêmes
limitations du fédéral dans toutes les provinces, hein? C'est le même fédéral
qui nous met les exigences privé versus public. Je ne vous apprends rien
là-dessus. Je veux juste... Tout à l'heure, quand j'ai parlé des participants, désengagés, non-participants... Je ne reviendrai
pas là-dessus. On les comprend bien. Mais, en plus, au Canada, je regarde l'exemple de l'Ontario, vous
pouvez être dans une clinique privée, être un médecin privé, mais, en
plus, le tarif est fixé, et le tarif est fixé par l'équivalent de leur RAMQ.
Alors, il y a
plusieurs façons d'arriver où vous voulez aller, parce qu'on pourrait décider
qu'on laisse les médecins pratiquer au privé, mais avec des tarifs
maximums. Je dis ça comme ça, là. Je ne dis pas que c'est ça qu'on veut faire.
Mais, en comparant... Puis l'approche en Alberta est différente de l'Ontario.
Alors, je veux juste dire que, la question que
vous posez, je pense que c'est la bonne question si notre objectif est : Est-ce qu'on veut augmenter
l'offre? Puis je vous donne un exemple. Dans les choix qu'on a faits au cours
des dernières années puis qui avaient été, entre autres, commencés par le
gouvernement libéral, que je trouve qui est une approche qui a donné des bons
résultats, très bons résultats, je vais vous prendre la clinique UP en
pédiatrie, clinique UP en pédiatrie, à
Brossard, clinique privée, les médecins qui sont participants, parce que la
façon de travailler, c'est de respecter, en pédiatrie, les tarifs de la
RAMQ. Alors, vous allez là avec votre enfant, vous avez une urgence. Les gens le savent puis ils sont bien traités, et
rapidement. Les commentaires qu'on a de cette clinique-là, des parents, sont excellents, spécialisée en pédiatrie.
Tellement qu'on a aimé ça qu'on a décidé de faire la même chose à Saint-Eustache
avec le même groupe. Ça fait que... Mais par contre l'entente, c'est : Ne
chargez pas plus que les tarifs de la RAMQ. Ça fait qu'il n'y a pas... Les
gens...
Alors, je veux juste dire qu'il faut trouver
quel est le... Puis un des enjeux que je... en tout cas, que j'ai lu ce matin
dans l'article, c'est les tarifs far west, que vous avez appelés. On se
comprend bien, là. Ça fait que c'est pour ça
que je veux faire... Puis c'est pour ça que je ne parle pas de dogme, là, ce
matin, parce qu'il y a une façon, des fois, d'y arriver avec la même...
en autant qu'on s'entende sur les définitions. Mais je pense qu'on... Puis je
compare avec l'Ontario puis l'Alberta, qui sont dans le même pays, là, hein, on
est tous au Canada, puis ils ont des approches très différentes. Puis, des
fois, on se demande comment ça se fait que ça, ça passe dans le régime fédéral,
puis que ça, ça ne passe pas. On ne rentrera pas là-dedans ce matin. Et je veux
juste dire que ce n'est pas facile de trouver notre voie là-dedans, O.K.?
Bon, moi, je crois, je crois que, dans les
mini-hôpitaux, pour revenir à votre question, parce qu'on va aller en appel d'offres, il y a un objectif que je veux
être très, très clair, c'est que... Puis, que ça s'appelle mini-urgence,
mini-hôpital, là, on clarifiera ça
quand on ira en appel d'offres, mais on va avoir une chose qui va être très
claire, ça va être des tarifs de la
RAMQ avec accès avec la carte. On se comprend bien. Ça fait que c'est pour ça
que, ce matin, j'aime mieux essayer de s'entendre sur votre objectif.
• (10 h 30) •
Alors, moi, mon objectif... Puis vous pourrez me
le dire tantôt. Si vous me dites que c'est s'assurer qu'on plafonne les tarifs,
bien, je veux dire, on va regarder comment ça pourrait être fait, parce que
c'est fait dans d'autres provinces. On est
encore à 97 % où on est public. C'est peut-être le temps de prendre ces
décisions-là. Puis on a montré de
l'ouverture, pas juste comme gouvernement mais comme Parlement, à trouver des
façons de le faire, et la main-d'oeuvre indépendante,
c'en est une. Ça fait que, si l'objectif, c'est de maximiser les prix, les
tarifs... Mais, en même temps, ce que je
veux faire attention, puis je voudrais entendre les autres partis là-dessus,
c'est que je ne veux pas non plus limiter l'offre, parce qu'en ce moment on a
un problème d'offre, c'est-à-dire que les gens ne sont pas capables de prendre
rendez-vous avec le médecin. Alors, pendant
qu'on a un problème de se sortir de la... des effets négatifs de la pandémie,
entre autres sur les chirurgies, comment on fait ça?
Alors,
j'arrête ça là parce que je vois que mon cinq minutes est terminé, mais je suis
très ouvert à préciser nos questions, en comparaison aussi de ce qui se
fait ailleurs, dans les autres provinces. Ça va?
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Merci beaucoup. Je vais
maintenant céder la parole à M. le député de Richelieu.
M. Émond : Oui. Merci beaucoup, M.
le Président. Bon matin. Content de vous retrouver. Salutations, M. le ministre, ma collègue de Hull, les collègues de
Rosemont, de Pontiac, de Jean-Talon qui sont avec nous ce matin, et toutes
les équipes qui vous et nous accompagnent,
qui, je suis certain, tout comme moi, participent, M. le Président, avec une
joie à peine dissimulée à cette interpellation du vendredi matin, en ce beau
vendredi matin un peu glacial, hein, sur la colline Parlementaire.
Et, M. le
ministre l'a dit tantôt, une interpellation, M. le Président, c'est une
occasion d'une durée de deux heures qui
nous permet de prendre un peu plus notre temps pour parler de sujets
importants. Et je suis convaincu que vous ne m'en tiendrez pas rigueur,
M. le Président, dans mon premier bloc d'intervention, probablement, mon rôle
d'adjoint en éducation qui ressort, de faire un peu de pédagogie pour mon
premier bloc.
Vous parlez
un peu du public mais également de la place du privé dans notre système de
santé au Québec. Je ne vous apprends rien, M. le Président, c'est dans
les années 60 que le gouvernement québécois a entrepris une réforme majeure pour se doter d'un système de santé public
et universel, accessible à tous les citoyens, et ça a conduit, comme on
le sait, à la nationalisation des hôpitaux et la création de la RAMQ.
M. le
Président, le système de santé du Québec incarne des valeurs de solidarité,
d'égalité et d'accès universel aux soins. Et on peut, on doit être fiers de
notre système de santé public, parce que, M. le Président, il garantit à
chacun, sans égard à sa situation
socioéconomique, l'accès aux soins. C'est un système qui repose sur une
solidarité collective. Bon, ceci dit,
malgré les défis et les critiques, M. le Président, le système public doit
continuer d'être considéré pour ce qu'il est véritablement, un pilier
essentiel au bien-être de la population.
Maintenant, cette fierté envers le réseau
public, ça ne doit pas exclure la reconnaissance, M. le Président, des
contributions du secteur privé. La place du privé, je ne vous apprends rien,
encore une fois, ce n'est pas une nouvelle donnée,
M. le Président, dans l'équation du réseau de la santé au Québec. Ça fait une
quarantaine d'années que le secteur privé est mis à contribution dans le
réseau de la santé et des services sociaux. Et je vous amène dans des chiffres.
Le financement du privé, M. le Président, a augmenté de 52 %, notez bien
les années, de 1979 à 2019. Donc, on peut voir que, durant toute cette période,
il y a des gouvernements, avant nous, qui ont également pensé, qui ont trouvé qu'une partie de la solution pouvait se trouver
dans cette importante collaboration entre le public et le privé. Donc, c'est
une tendance, M. le Président, qui est
internationale, que de se tourner vers le privé pour améliorer l'efficience du
système de santé public.
Le mot magique, je pense, c'est complémentarité.
Le système privé est souvent sollicité en complémentarité pour les services, et réduire les temps d'attente,
et offrir des options supplémentaires. Donc, la finalité, M. le Président,
elle est plus nuancée qu'une facture salée.
Les PPP sont souvent mis sur pied pour pallier à certaines lacunes qu'on peut
parfois retrouver dans le système public. Et qu'est-ce que font les
gouvernements responsables? Bien, ils envisagent tous les outils qui sont à leur disposition pour améliorer
l'accessibilité et la qualité des soins pour chaque citoyen. Et c'est justement
ce que le ministre de la Santé a souvent mis l'accent, l'accès aux soins, comme
étant un enjeu primordial.
Et c'est
souvent un des secteurs qui s'est amélioré grâce aux partenariats public-privé.
Les collaborations positives sont nombreuses, M. le Président, et
contribuent à une meilleure efficience du réseau. Par exemple, en ayant délégué
une liste de chirurgies mineures au privé, on assiste à une diminution des
listes d'attente. Les partenariats avec le privé
peuvent permettre au RSSS de se concentrer sur des domaines d'expertise qui sont
plus spécifiques. Alors, ça nous permet, M. le Président, entre autres,
de libérer des ressources et se concentrer sur la prestation des soins de santé
essentiels. Alors, ce n'est pas une diminution qui est artificielle, M. le
Président. On préfère en faire un élément qui est positif.
Et je terminerais mon intervention en disant
que... Je pense, sur plusieurs fronts, en éducation, en santé, en habitation, je pense que c'est important de parler
de ce qui va bien, M. le Président, hein, entre autres en éducation, mais
également en santé, parce que c'est comme ça
qu'on va se permettre collectivement d'attirer des jeunes dans le réseau,
de leur indiquer que c'est un endroit où il
est difficile, mais il est agréable de travailler, donc, autant en éducation qu'en
santé. Et, dans mes prochains blocs, M. le
Président, j'aurai l'occasion de m'entretenir avec vous sur d'autres sujets. Je
vous remercie.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député. On va procéder
maintenant à notre deuxième bloc d'intervention, et la parole appartient
maintenant au député de Pontiac.
M. Fortin : Oui. Merci, M. le Président. Bon matin à tout le monde. Je
suis content d'être ici, moi aussi, effectivement,
surtout du fait que, comme le ministre l'a dit, il n'y a rien qui coule ce
matin. Donc, ça me fait grand plaisir d'être ici. Mais, ce week-end, je
vais aller m'occuper des vraies affaires ailleurs.
La
dernière fois, M. le ministre, juste pour le petit rappel, la dernière fois
qu'on a eu une interpellation, souvenez-vous,
vous m'avez dit : Ah! bien, c'est de valeur, on est pris en
interpellation, j'aurais aimé ça être dans votre comté. J'attends encore
votre visite. Je pense, ça fait un an de ça.
Mais, bon, sur la
proposition qui est faite par mon collègue, juste d'entrée de jeu, parce que
je... c'est un collègue que je respecte
beaucoup, et je pense qu'on lui doit... on doit reconnaître le travail qu'il a
fait, là, je vous avoue, j'ai quand même fait le saut un peu ce matin.
Je ne m'attendais pas à ça de la part de Québec solidaire. La première réaction
qu'on a eue, c'est que ça nous apparaissait bien peu solidaire comme... comme
proposition. Cependant, à entendre son
argument, je comprends où il veut aller. Et on va... on va prendre le temps
d'étudier sa proposition, même si, de
prime abord, il semble y avoir un risque quand même existant à ce qu'il
propose, c'est-à-dire d'augmenter la demande pour le privé non affilié,
on parle vraiment du privé non affilié, alors qu'on se demande si on devrait se
concentrer, ici, collectivement, sur
améliorer l'offre du public. Alors, je comprends où il veut en venir, parce
qu'effectivement il y a des familles
qui n'ont pas le choix, qui se tournent vers là parce qu'ils ne savent pas où
d'autre aller. Alors, elle vaut la peine d'être... d'être étudiée de la
part des parlementaires.
Ceci
étant, ça, c'est sa proposition. Moi, je veux utiliser le temps qui est à notre
disposition pour vous parler... pour vous parler de l'endroit où encore
beaucoup de gens, même s'ils ne le souhaitent pas, se tournent, et ça, c'est
les urgences. Et je ne ferai pas le procès de l'ensemble de l'oeuvre sur les
urgences. Je veux m'attarder à quelques... quelques endroits bien spécifiques,
parce que... Le collègue m'a rejoint tantôt en parlant des impôts qu'on paie
tous et du petit remerciement qu'on reçoit
tous. Mais, vous le savez comme moi, les gens, à Châteauguay, qui ont les pires
taux d'attente aux urgences, paient les
mêmes impôts que les gens... que les gens à... en Minganie, qui ont la meilleure
urgence au Québec en matière de temps d'attente. Alors, il y a quelque chose
qu'on doit regarder.
Et là je ne vous
parle pas de la tendance globale. L'Institut économique de Montréal a fait
l'analyse de la tendance globale, qui semble au mieux stagner, au pire
augmenter en termes de temps d'attente partout au Québec. Mais, dans leur analyse, il y a quelques chiffres
qui nous ont frappés et pour lesquels j'aimerais entendre les explications et
le plan de match du ministre.
Quand
on... Et je suis content que la députée de Hull soit ici, parce que sa région,
la mienne également, est identifiée très clairement dans l'analyse de
l'Institut économique de Montréal, qui nous dit : «La région de Gatineau, incluse dans le CISSS de l'Outaouais, a vu sa
situation se détériorer. La durée médiane du séjour à l'Hôpital de Hull a augmenté
de 1 h 54 min en un an, et la durée médiane à l'Hôpital de
Gatineau a augmenté de 1 h 29 min.» Ça, c'est des bonds quand même spectaculaires, là, parce
qu'on... On parle de temps d'attente médians qui se situent, pour ces deux... ces deux établissements-là... qui se situaient
vers 5 heures, 6 heures et qui, aujourd'hui, se situent à
7 h 30 min d'attente.
• (10 h 40) •
J'aimerais
comprendre pour ces deux hôpitaux-là. Et je demanderais au ministre de ne pas
simplement nous dire : Ah! mais
on va construire un autre hôpital à Gatineau, là, parce qu'il y a quand même
des années, et des années, et des années avant qu'on y arrive.
J'aimerais comprendre comment la situation s'est détériorée à ce point dans la
dernière année, et c'est quoi, son plan de match à court terme, là, pour
s'assurer qu'on reprend le contrôle. Parce que, si la situation s'est
détériorée à ce point-là, je ne suis pas convaincu qu'elle va s'améliorer juste
comme ça au cours des prochaines semaines et
des prochains mois. Alors, pour ces deux hôpitaux, les hôpitaux de Hull et de
Gatineau, j'aimerais comprendre son... ses raisons pour cette détérioration et
ses suggestions ou ses... ce qu'il prévoit pour la prochaine année.
Et je lui demanderais
la même chose pour l'Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay. J'ai eu la discussion
hier avec la ministre déléguée de la Santé,
qui a travaillé à l'Hôpital Anna-Laberge et qui nous a simplement dit :
Oui, mais on a changé la direction à l'Hôpital Anna-Laberge. D'accord,
mais, les gens de Châteauguay, là, le temps moyen d'attente, il est de 13 heures, 13 heures. Et je vous rappelle
que votre engagement à tous les Québécois, c'était 90 minutes. Alors, 13 heures, là, ce n'est même pas dans
le même monde que tous les autres hôpitaux du Québec. Je crois qu'on leur
doit des explications, aux gens de Châteauguay, et je les attends de la part du
ministre.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci
beaucoup, M. le député. M. le ministre.
M. Dubé : ...M.
le Président, M. le député, je pense que c'est... Je vais me servir de votre...
de votre question sur les urgences pour,
après ça, revenir sur la discussion qu'on est en train d'avoir, parce que, vous
l'avez dit, vous aussi, vous avez
été... pas un peu surpris, mais, tu sais, on... Il faut avoir le temps de se
préparer, puis je pense qu'on va avoir bien d'autres discussions
là-dessus, mais je veux revenir sur l'urgence.
C'est drôle, parce
qu'hier, bon, bien, vu que j'étais encore à Québec... Vous savez, j'aime ça
aller faire des petites visites surprises
dans les urgences. Hier, je suis allé à Saint-François d'Assise, juste ici, là,
dans Limoilou, puis c'est ma deuxième
fois que j'y vais. Et puis je veux saluer une dame, 94 ans, que j'ai vue
hier soir. C'était sa fête. Elle fêtait
sa fête à l'urgence, 94 ans. Notre population vieillit à l'urgence. Puis
je veux juste qu'on se comprenne bien, puis je vais publier un petit graphique,
là, parce que vous savez que j'aime comprendre les faits, la population
vieillit, la population augmente. Ça fait
que j'ai deux facteurs qui travaillent contre nous, là : plus de monde,
plus âgé. Puis, si c'est plus âgé, ils vont plus à l'urgence, parce
qu'ils sont... ils ont des maladies chroniques.
Malgré ça, vous avez
dit tantôt : Soit stabiliser ou améliorer nos taux. Nos P.D.G. sont... nos
P.D.G. sont pris avec ça, là, augmentation
de volume, augmentation d'âge. Ça fait que qu'est-ce qu'il faut faire? Alors,
vous me dites : C'est quoi, le plan de match? Parce que je les
sais, vous les savez, les statistiques. Je les connais, puis on s'en parle assez souvent. Je fais le lien avec ce qu'on
discute aujourd'hui, M. le député. C'est comment on travaille sur l'amont,
qu'est-ce qui est en amont de l'urgence.
Puis, hier,
il y a un excellent médecin qui me disait, à la visite... Il dit :
M. Dubé, moi... Il dit : J'ai un problème particulier ici, à Limoilou, c'est que j'ai une
clientèle vulnérable très forte, très, très intense, clientèle vulnérable qui
n'est pas juste la clientèle âgée, clientèle
vulnérable qui arrive ici, j'ai beau leur donner une prescription, je ne sais
même pas s'ils vont être capables d'aller à
une pharmacie, je ne sais même pas s'ils ont un domicile, c'est très difficile
de faire un suivi. Ça fait que ces gens-là ne devraient jamais aller à
l'urgence, on est d'accord, puis ils devraient être pris par un médecin. Et c'est les gens dont je pense que
notre député, Rosemont, parle aujourd'hui. C'est ces gens-là qui n'ont même pas les moyens de payer 200 $, même si,
pour certains Québécois, dire : C'est tellement important, je vais le payer
parce que... Bon, je pense qu'on se comprend bien.
Ça
fait que... Où vous avez raison... Puis, moi, c'est ça, mon plan de match.
C'est que, là, en ce moment, on le sait,
qu'on a fait des améliorations — je
ne dis pas «tout amélioré» — mais
là il faut travailler en haut de l'urgence. Puis c'est comme ça, que ce soit à Anna-Laberge... C'est ma Montérégie, là,
on se comprend bien. Ça fait que j'en suis très conscient. Puis je
parlais, hier, avec M. Gribeauval, là, qui est le P.D.G. de
Montérégie-Ouest. Il faut avoir des gestes concrets sur l'amont. La discussion
qu'on est en train d'avoir ce matin ensemble, c'est justement ça.
Si le problème, c'est
un problème d'offre de première ligne, comment on fait? Comme d'autres
provinces ont peut-être fait... Puis là, tantôt, je donnais l'exemple de
l'Ontario. Est-ce que c'est de dire : Oui, vous pouvez aller au privé, mais avec un tarif maximum? Je ne dis pas
que c'est la solution, là, mais je pense que votre question est très bonne,
parce que, là, on s'est rendu compte que, même après tous les efforts qu'on a
faits depuis deux ans, j'ai encore 50 % et plus de mes visites à l'urgence
qui sont des P3, P4, P5 et qui, en grande partie, ne devraient pas venir à
l'urgence. Ça fait que, dans ce cadre-là, c'est ça qu'on est en train de
regarder, c'est comment améliorer ça. Est-ce que c'est par des cliniques GMF qui sont... où on va s'entendre
dans la prochaine négociation qui commence avec les omnis, de dire : Là, c'est beau, vous avez pris
900 000 personnes en charge au cours de la dernière année, mais les
voyez-vous dans un délai raisonnable,
pour qu'ils soient capables de dire : Bien, je n'irai pas à l'urgence
parce que, oui, j'ai un rendez-vous demain? Là, je pense qu'on est
rendus à la phase II de ça, là. Vous me suivez? On a...
Alors là, je vois le
temps qui file, mais vous avez tellement raison de revenir sur les urgences,
parce que, là, maintenant qu'on a travaillé sur des éléments... On a travaillé
avec les omnis, avec les cliniques, avec la prise en charge, on a fait la cellule de crise dans les urgences, mais là il faut
connecter tout ça puis d'être capables de dire : Bien, est-ce que
c'est des tarifs maximums? Est-ce que c'est de limiter le nombre de personnes
qui peuvent aller au privé? Mais vous avez
raison de revenir avec l'urgence, parce qu'il est là, le bobo, puis il faut
trouver une solution en avant du bobo. D'accord avec votre question.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Je
vais maintenant céder la parole à Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay :
Parfait. Alors, merci, M. le
Président. Bonjour, chers collègues. Donc, très heureuse, moi aussi
également, d'être ici ce matin pour parler de la santé.
Alors,
on a abordé, là, différents sujets. Puis on est préoccupés par l'accès, puis
l'accès, notamment, aux médecins de famille, qui n'est pas toujours facile, qui
est difficile. Et ça, ça préoccupe mon ministre, ça préoccupe le gouvernement, puis c'est en ce sens-là qu'on pose des actions
concrètes, des actions, M. le Président, pour valoriser la médecine familiale.
Je pense que ça, c'est important.
Il faut augmenter le
nombre de médecins de famille. Par ça... Il y a différentes actions qu'on pose,
qui sont là présentement, puis d'autres qui seront à venir. D'ailleurs, le
chiffre, présentement, est en augmentation au niveau des médecins de famille. Il y a 987 médecins, là.
On veut augmenter le nombre de médecins. Présentement, il y en a 987 en date
d'aujourd'hui. On en forme 51 de plus par année présentement qu'en 2021‑2022.
Parmi ceux-ci, là, il y en a 31 de plus qui vont choisir, parmi les 51,
qui vont choisir la médecine familiale. C'est donc un pas qui est encourageant.
C'est sûr que, parmi
les autres mesures aussi, il faut les soutenir, les médecins de famille qui
sont déjà en exercice. Ça, ça passe aussi par la prise en charge collective des
patients, dans les GMF, par d'autres professionnels pour venir soutenir nos médecins de famille — ça,
c'est important — puis
libérer de l'espace pour qu'ils puissent voir plus de patients.
D'autres mesures,
puis celle-là, elle est importante, parce qu'on parle souvent de la lourdeur
administrative, la fameuse paperasse, bien, il y a des actions qui ont été
posées, notamment par le ministre de la Santé dernièrement, pour la réduction de la paperasse, le dédoublement
de celle-ci. Ça va libérer, de mémoire, 138 000 rendez-vous. Ça aussi,
c'est plus de temps pour voir des patients. Donc, ça bonifie l'offre et
ça bonifie notre réseau public.
Également, on
investit 900 millions pour le virage numérique. Ça, c'est important d'être
plus efficaces, plus performants. Donc là, on
va parler du dossier numérique, donc, qui va permettre d'avoir accès, à un seul
endroit, à l'ensemble du dossier médical d'un patient.
Puis
je vais parler aussi des PREM, là, les fameux plans régionaux d'effectifs
médicaux pour attirer, justement, les
jeunes médecins dans nos régions, parce que c'est important, puis on l'a nommé,
de bonifier. Puis on est en Outaouais. On veut avoir plus de médecins,
d'avoir accès aux médecins de famille.
Donc,
évidemment qu'il reste du travail à faire de ce côté-là, parce qu'on... Bon, la
hausse d'étudiants en médecine de
famille, elle est là, mais elle doit être encore plus significative. Ça nous
préoccupe. Mais on pose des actions qui sont concrètes parce qu'on veut
la rendre plus attrayante, la médecine de famille, évidemment.
Aussi, on est
responsables d'attirer puis de recruter dans notre système de santé. Puis là ça
va m'amener... Parce qu'on veut bonifier
l'offre, les soutenir, et, pour ça, ça prend plus d'infirmières, plus de
préposés aux bénéficiaires. Et, ça
aussi, on travaille sur ce front-là, évidemment. De quelle façon? Bien, on va
chercher à l'étranger du... des infirmières. On parle de
1 000 infirmières qui vont venir de l'étranger. On est en bonne voie
de le réaliser.
• (10 h 50) •
On a mis en place, là, puis moi, je suis à
l'Éducation, là, des programmes de formation accélérés. Ça aussi, ça amène du
personnel dans notre réseau. Ça vient bonifier l'offre. Donc, on a ramené
1 000 infirmières auxiliaires supplémentaires
puis on parle d'en ajouter 650 de plus pour venir soutenir le réseau. Aussi,
les programmes accélérés de formation aux préposés, puis on a même annoncé
dernièrement qu'on va avoir un nouveau programme pour les préposés à domicile, parce que venir soutenir les gens qui ont
besoin de soins à domicile, ça aussi, c'est important, parce que c'est une autre façon de venir
désengorger notre système de santé en améliorant les soins à domicile. Donc,
on agit, évidemment, sur plusieurs fronts.
On a aussi parlé... Mon collègue a parlé aussi,
là, de toutes les conditions de travail. Ça aussi, c'est important pour moi,
puis je sais à quel point c'est important pour le ministre de la Santé.
Donc, ce qui est clair aujourd'hui, c'est qu'on
est en action, comme gouvernement. Est-ce que la situation, elle est facile?
Est-ce que le portrait est rose en tout temps? Non, mais on est en action puis
on se parle aujourd'hui, tout le monde ensemble. Puis ça, je pense que c'est
important de le faire, de s'entendre, de se parler mais de surtout rester dans l'action. Puis c'est de ça que je
viens de vous parler, des actions, des gestes concrets, des mesures que l'on
pose, puis surtout des mesures que l'on va continuer de poser pour bonifier
l'offre, pour désengorger nos urgences et pour rendre toujours plus accessible
notre... nos médecins de famille. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la députée. Nous poursuivons
nos échanges. Et, cette fois-ci, je redonne la parole au député de
Rosemont.
M. Marissal : Oui. Merci. Merci, M. le Président. Là, ça va
être mon dernier bloc de cinq minutes avant... avant de repasser la parole aux collègues, puis j'aurai
le mot de la fin. C'est le privilège d'un interpellateur. C'est un beau mot,
ça, «interpellateur».
Que ce soit clair, là, que ce soit très
clairement dit, là, mon point, ici, n'est pas de développer, de favoriser et de
pérenniser une forme d'offre privée en santé. Je comprends, je comprends...
Une voix : ...
M. Marissal : ...oui, qui s'est...
qui s'est muté en interrogation, je pense. Je ne veux pas parler pour lui. Mais
mon point n'est pas celui-là, et c'est très,
très clair. De toute façon, je pense, je suis assez transparent là-dessus. Je
suis décomplexé quant à cette chose, alors...
Non, mais on est pris avec ça. Puis je vous les
ai donnés, les chiffres, là. J'en ai plein d'autres que je peux partager avec
vous. Il y a, en ce moment, ce que j'appelle de l'exagération. Il y a une
glissade. Puis regardez ce qui s'est passé
avec la dentisterie. Avec la dentisterie, en principe, il y a une grille, hein?
Tu sais, l'Ordre des dentistes... Mais ce
n'est pas suivi. Puis, selon que vous êtes dans un endroit ou un autre, ça ne
va pas vous coûter la même chose. Puis c'est un petit peu... c'est un petit
peu, je dirais, à la tête du client ou à la tête du dentiste, là, selon ce
qu'on va charger.
Et, je l'ai
dit, s'il y a quelqu'un qui peut faire 1 $, quelqu'un va penser qu'il peut
faire 1,20 $, il va faire 1,20 $. C'est... c'est dans la nature de la bête. Tous les gens, en santé, ne
sont pas tous des apôtres de la médecine communautaire. Puis il y a beaucoup d'argent à faire en santé.
C'est un immense marché, au Québec, là, la santé, là. Déjà, en santé, en
privé au Québec, là, il se dépense autour de 20 milliards par année. Je ne
me souviens plus le chiffre astronomique parce que je ne suis absolument pas
capable de compter jusque-là, là, mais l'argent qui est offert en santé dans le
monde, là... C'est le plus gros marché possible et imaginable, et on le voit
tous les jours.
Alors, que ce
soit dit, là, je ne suis pas là pour trouver une façon de pérenniser l'offre
privée. Je suis là pour, dans un premier temps, éteindre un feu. Dans le
pire monde qu'on est en train de vivre là, c'est-à-dire le développement du privé, j'essaie de trouver la moins pire des
solutions, c'est-à-dire au moins protéger notre monde, au moins protéger notre
monde. Je n'ai pas eu d'engagement de la part du ministre là-dessus, si ce
n'est celui, et je ne suis pas sûr que c'est
un engagement, je vais lui laisser le dire, au moins de regarder ça, de penser
à une façon de le faire. Le Manitoba l'a fait. Il m'a parlé de
l'Alberta, de l'Ontario. Je peux vous parler de la Nouvelle-Écosse aussi parce
qu'on a fait nos devoirs. C'est possible.
Puis, en
passant, c'est la même logique que pour les agences de placement. Le ministre
l'a dit, il l'a dit, qu'il y a des
abus. Puis on les a vus, les abus, là, jusqu'à 450 $ de l'heure en Abitibi-Témiscamingue à une certaine époque. Je veux dire, là, c'était... ce n'était même plus de
l'abus, là. Je ne sais pas, l'autre bord de l'abus, c'est quoi, là. C'est...
c'est de l'outrecuidance ou que sais-je encore. En tout cas, c'est
certainement du côté de l'indécence, là.
Moi, je pense
que, s'il y a moins d'argent à faire et qu'on passe le message que l'argent
n'est pas facile à faire en santé, il va y avoir moins d'intérêt pour ouvrir
des cliniques à gogo, là, hein, les cliniques qui s'ouvrent partout.
Et il y a un autre front, puis je pense qu'on
s'approche d'une tempête parfaite au Québec, les médecins omnis vieillissent.
Et ce n'est pas vrai qu'on les recrute. Il en manque. C'est encore sorti dans
les journaux ce matin. Il en manque, puis on
rate systématiquement nos cibles de recrutement. Alors, il en manque, des
médecins. Ils vieillissent. Moi, on me dit, là, à la FMOQ, là, qu'il y a
trois, quatre demandes d'information sur la retraite chaque semaine. Regardez
les statistiques des ministres, des... pas des ministres, mais des médecins.
Ils vont partir à la retraite, ces gens-là.
Et là il y a
autre chose qui se développe. Ce sont les IPS qui, aussi, se mettent à ouvrir
des cliniques. Elles s'incorporent, elles ouvrent des cliniques privées,
et, là non plus, il n'y a pas de tarif. Puis c'est vrai que c'est une offre qui
est intéressante, parce qu'on n'a pas toujours besoin d'un médecin. Puis les
IPS, qui sont bien formées, sont extraordinaires, font un travail valable.
Mais moi, je
pense que, s'il y a moins d'argent à faire, il va y avoir moins de monde qui
vont ouvrir de ce genre de nouvelles cliniques là, et, au moins, on
passerait le message, mais surtout, surtout, et c'est ça que je veux que vous reteniez, là, protéger notre monde, protéger notre
monde, qui peuvent être dans des situations vulnérables, qui vont devoir payer, alors qu'ils ont déjà payé leurs impôts toute leur
vie puis qu'on leur a dit qu'il y aurait un système de santé. Parce qu'en ce moment il y a clairement de l'abus, et ça
n'ira pas en s'améliorant, justement parce qu'il y a une offre qui est
beaucoup trop grande.
Il y a un
gouvernement, en ce moment, c'est celui de la CAQ, on respecte ça, c'est la
démocratie, un gouvernement majoritaire, et ce gouvernement-là prend ses
décisions. Je l'ai dit, si j'étais de l'autre côté, je prendrais d'autres décisions. Mais, en attendant, je pense
qu'on peut travailler ensemble pour protéger notre monde, mettre un plafond.
C'est le moins qu'on puisse faire en ce moment.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci
beaucoup, M. le député. M. le ministre.
M. Dubé : Merci beaucoup, M. le Président. Puis je pense, M.
le député, que cette conversation-là permet, là, par les questions qui ont...
qui ont été échangées, de préciser votre question puis votre position. Ça fait
que ça a déjà ça de très bon, parce qu'on peut s'entendre ici, dans les
quatre partis, à voir comment la discussion pourrait continuer.
Puis c'est pour ça,
tantôt, j'ai ouvert le parallèle avec la main-d'oeuvre indépendante puis le
projet de loi qu'on a fait ensemble, parce qu'on a travaillé sur deux aspects.
Je le rappelle, on a dit : C'est quoi, notre objectif à moyen, long terme?
On s'est donné un horizon de trois ans parce qu'on a dit : On ne peut pas,
en criant ciseau, enlever le pansement, puis boum! on arrête tout ça. On était
conscients que ce n'était pas possible de faire ça. Ça fait qu'on a trouvé une période de transition. Mais,
deux, on s'est entendus que les tarifs étaient problématiques, hein? Votre
expression du far west... On l'a vu,
effectivement, dans les agences privées. Ça fait que je pense qu'on s'entend
sur le parallèle.
Moi,
ce que je dis aujourd'hui, quand vous me demandez un engagement... Je l'ai déjà
dit, cet engagement-là, puis c'est
pour ça, tout à l'heure, que j'ai pris la peine de dire : On a déjà
commencé à discuter. Oui, il y a la question des tarifs qu'on va
regarder, qu'on est en train de regarder, parce que moi, j'ai fait l'analyse
non seulement de ce qui se faisait au Canada pour bien comprendre... C'est pour
ça, tantôt, que je vous disais : Assurons-nous qu'on comprend. C'est-tu le
médecin qu'on vise? C'est-tu la clinique? Toute la discussion qu'on a eue dans
la première période.
Mais je pense qu'il y
a d'autres méthodes pour améliorer l'offre, tu sais. Alors, améliorer l'offre,
pour moi, puis j'ai des discussions avec le Dr Amyot, c'est comment on
augmente les médecins. Parce que, tout à l'heure, ma collègue l'a bien dit, on a travaillé beaucoup, mais ce n'est pas encore
parfait. Il y a encore des médecins qui n'appliquent pas. Oui, on a
augmenté le nombre. En absolu, on a augmenté le nombre, puis ça, c'est déjà
bon, parce qu'on forme plus de médecins, mais il y a encore des gens qui n'y
vont pas. Alors, il faut absolument améliorer ça aussi.
Bon, alors, les
tarifs, c'est une chose, la formation des médecins, c'est une chose, mais je
pense que... Où on s'entend, c'est que le
problème, il est urgent. Et, quand... Puis vous êtes prêts à faire un peu
des... je vais dire, des compromis dans... puis là je ne veux pas dire
le dogme, mais dans... philosophiques, tiens, je vais le dire comme ça. Bien,
c'est parce qu'au moins vous réalisez, puis
c'est tout à votre honneur, que ce qui est urgent, c'est de donner l'accès au
public, de façon universelle, à des tarifs corrects. C'est là-dessus
qu'il faut trouver... Puis c'est là, moi, que je dis : On a déjà commencé
cette analyse-là.
La
chance qu'on a... Bien, avant de dire «la chance qu'on a», je veux juste...
Moi, ce que je suis en train de faire avec mon équipe depuis quelques mois, là,
depuis qu'on a réglé la MOI puis qu'on s'est sortis de la contestation de ça, moi,
je me dis : Quel est le meilleur moyen ou les moyens pour accomplir ça?
Puis je vous explique. Si on considère de jouer dans les tarifs, est-ce que je
suis dans la Loi de la RAMQ, dans les règlements de la RAMQ? Est-ce que je suis avec l'entente des médecins? On l'a vu, là,
on peut même faire un projet de loi, on peut même faire des règlements,
puis ça va être contesté en cour, ce qui est arrivé avec l'appel d'offres. Ça
fait que, si on décide qu'on prend la route des tarifs, puis je ne dis pas que c'est ça qu'on va faire, là, mais je veux
juste qu'on se comprenne bien qu'il va y avoir, parce qu'on va inciter
des gens à changer de comportement... Quelle est la meilleure voie pour arriver
là?
• (11 heures) •
Alors, je me dis que,
quand ça fonctionne en Ontario, où ils ont dit : O.K., vous pouvez être au
privé, mais avec des tarifs acceptables...
Puis là je ne parle pas des cliniques chirurgicales, là. Je parle vraiment
des... ce que vous voulez faire. Et je vous rappellerais, juste à titre
de comparaison... Pour ça que je vous dis : On n'invente pas ça ce matin. Mais je suis content de savoir qu'on peut
se rejoindre à quelque part dans l'urgence de le régler, ce que vous venez
de dire. Si... J'ai regardé en Europe. 50 % des hôpitaux, en Europe, et
des consultations sont privés, mais avec une tarification
aussi. Ça fait que je pense qu'on... Ma mère dirait : On n'est pas en
train d'inventer le bouton à quatre trous. C'est important de regarder
tout ce qui... tout ce qui se fait ailleurs.
Mais moi, je veux
juste être sûr que la route qu'on va prendre, qu'elle soit une route de
négociation avec les fédérations, si on a besoin d'aller là, la route avec la
RAMQ, la route avec des projets de loi ou des règlements... Mais la chose qui
m'encourage ce matin, là, dans ce bloc-là avec vous, c'est qu'on s'est déjà
entendus ensemble sur un autre qui s'est
appelé la MOI. S'il fallait aller par projet de loi, puis on s'entend qu'il
faut faire ça, bien, moi, ce que j'entends ce matin, c'est que j'aurais
votre collaboration là-dessus, parce que, on le sait, ça a bien été dans ce
projet de loi là.
Ça fait que j'arrête
là pour vous dire : Je pense qu'on peut prendre nos engagements de
continuer à travailler et à bien s'entendre sur ce qu'on veut accomplir,
c'est-à-dire protéger le public. C'est ça, notre objectif.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci. Merci beaucoup, M. le
ministre. Je vais recéder la parole au député de Richelieu.
M.
Émond : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Je vous
parlais tantôt de rattrapage en chirurgie. Mon deuxième bloc va être
là-dessus.
Mais je me permets... J'ai été en communication
avec mon équipe, M. le Président. J'ouvre une petite parenthèse. Puis là je les vois... je les vois, à distance, avoir des
sueurs, là. Quand j'ouvre des parenthèses, ils n'aiment pas ça. Mais
tout ça pour vous dire que je planifiais mon retour dans la région, à
Sorel-Tracy, puis je leur disais que j'étais
pour emprunter la 40 pour prendre le traversier, M. le Président, Berthier vers
Sorel. Pourquoi je vous parle de ça? Parce
que, peut-être un peu nostalgique en ce vendredi matin, c'est à la sortie de ce
même traversier que j'ai rencontré pour
la première fois notre ministre de l'Éducation en 2012, à la première campagne
électorale. Et, lors de ma première discussion avec l'actuel ministre
des... de la Santé, rapidement, M. le ministre m'a parlé de données. On parlait
de nos passés respectifs, là, puis, dans le
domaine privé, là, c'est connu de tous, M. le ministre est un fervent des
données. Et je consultais, avant de
préparer mon deuxième bloc d'intervention, les tableaux de bord mis de l'avant
par M. le ministre et son équipe, et ils sont assez éloquents quand on
parle de rattrapage en chirurgie.
Je vous donne des exemples, M. le Président.
Bien, ma parenthèse est refermée, là, vous l'aurez remarqué. J'ai terminé de parler du traversier de
Sorel-Berthier. Concernant le rattrapage en chirurgie, les chiffres, à la fin
février, démontrent un inversement de tendance, M. le Président, baisse
du nombre de patients en attente de plus d'un an. On est passés de 13 000 à 12 000... le chiffre exact, attendez un
petit peu que je regarde dans les tableaux, 13 399 à 12 221. Chaque
chiffre compte, parce que c'est une personne, M. le Président, derrière ces
chiffres-là. Baisse dans le nombre total de
chirurgies en attente de 4 700 chirurgies. On est passés de
166 000 à 161 000. Je vous donne, encore une fois, à l'aide des tableaux de bord, les chiffres exacts.
166 502, on est passés à 161 760. C'est une variation de moins
2,85 % avec la période précédente. Baisse du nombre de chirurgies
oncologiques en attente de plus de 56 jours, passé de 702 à
485 jours. C'est quand même une baisse, M. le Président, je vous vois
faire votre calcul mental, de 30 %.
Et tout ça pour dire qu'il ne faut absolument
pas baisser les bras, parce que, on le voit depuis janvier, il y a une tendance à l'amélioration dans nos chirurgies.
Rappelons-nous qu'il y en avait à peu près 100 000 avant la pandémie. Et c'est à ces chiffres-là qu'on veut revenir, et
même mieux. On sait que ce sont des objectifs qui sont ambitieux, mais c'est
exactement ça qu'on a besoin de faire pour nos patients et nos patientes.
Le MSSS doit s'assurer, M. le Président, que les
établissements gardent leurs salles ouvertes jusqu'à la fin du programme. On
doit s'assurer de faire mieux connaître le programme de volontariat au
personnel de la santé pour des blitz. C'est
important de faire suivre le nombre de fermetures de salles d'opération...
prématurées, pardon, quotidiennes, 150
par jour, pour éviter les annulations de chirurgies. On demande aux
établissements d'optimiser tout le temps opératoire disponible. On est
déjà passés de 7 % à 6 % dans les chirurgies repoussées. Et, du côté
des médecins de la FMSQ, il faut s'assurer que les patients qui attendent
depuis le plus longtemps soient la priorité des chirurgies pour toutes les spécialités à l'échelle du Québec. Alors, il faut
pouvoir rattraper, M. le Président, le retard par spécialité et par région,
et c'est pour cette raison qu'a été mise en
place une équipe dédiée aux chirurgies, comme on l'a fait pour les urgences.
Ça m'amène à vous parler de l'équilibre, M. le
Président, entre les chirurgies et les urgences, parce que c'est une situation qui est similaire à ce qu'on vit
dans nos urgences. Quand on manque de personnel, ça a un impact sur les étages
de chirurgie, bien entendu. Alors, c'est aussi le défi de l'équipe... dédiée,
pardon, de trouver cet équilibre pour atteindre nos objectifs à
l'urgence et en chirurgie. Ce sont des objectifs que nous souhaitons atteindre
à travers nos négociations, bien entendu, dans les ententes-cadres avec les
médecins. Et, pour ce qui est de la main-d'oeuvre et des conditions de travail,
on doit faire en sorte d'attirer et de retenir le personnel.
Et ça me
rappelle... ça me ramène, M. le Président, à ma conclusion du premier bloc,
mais que je réitère, encore une fois, l'importance de mettre de l'avant, de
discuter de ce qui se fait de bien dans notre réseau de la santé. Les gens,
les femmes et les hommes qui y sont travaillent d'arrache-pied, font de belles
choses, comme en éducation, comme partout
dans le secteur public, et c'est important de mentionner les bons coups. C'est
comme ça qu'on va se permettre d'attirer davantage de gens dans notre
réseau. Et je vous remercie. M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Pontiac, vous prenez
la relève.
M. Fortin : Sur le même sujet, M. le Président. Ça tombe bien. Quand on
a commencé la discussion sur les chirurgies,
là, au début du... au début du mandat, on a vraiment mis un effort soutenu
pour, de notre côté, là, mettre de la pression sur le gouvernement,
notamment pour des chirurgies oncologiques qui étaient hors délai et pour des
patients qui attendaient depuis plus d'un an leurs chirurgies. Pour nous, ce
sont des... ce sont des gens qui ont attendu assez longtemps, là, ou qui ne
peuvent pas se permettre d'attendre. Quand on parle des chirurgies oncologiques
hors délai, l'objectif du ministre, c'est
d'en avoir zéro, là, des chirurgies oncologiques hors délai, mais il y en a. Il
y en a encore, et ça demeure impensable, inacceptable de faire vivre ce
délai-là aux patients et à leurs familles.
Mais le ministre met souvent de l'avant le fait
que, ah! il y a moins de gens. Les derniers mois, disons, ce mois-ci, là, dans les nouvelles données qu'il
publie, il y a moins de gens qui attendent depuis plus d'un an, il y a moins
de gens qui attendent en chirurgie
oncologique. On lui avait demandé de se concentrer là-dessus. Il nous arrive
avec ces données-là. On a fouillé un
peu, par exemple, M. le Président, et là j'ai le tableau de bord devant moi.
Alors, je sais que le ministre aime ça parler de chiffres. Je vais lui... je
vais lui présenter des chiffres puis lui demander qu'est-ce qui se passe.
Si je compare
à l'an dernier au niveau des chirurgies réalisées, hein, parce que c'est un
plan de rattrapage — plan
de rattrapage, ça veut dire essentiellement, on en fait plus, on fait
plus de chirurgies — total
des chirurgies réalisées : P10 l'an
passé, 27 249, P10 cette année, 26 800; P11 l'année passée,
31 400, P11 cette année, 31 700. Total des chirurgies
réalisées... Bien, vous allez me dire : P12, ça ne compte pas, il y a eu
des jours de grève, là. Je l'enlève, là. Mais vous comprenez qu'on est à peu
près... On fait à peu près le même nombre de chirurgies cette année qu'on en a
fait l'an passé. Quand
je regarde les patients de plus d'un an, M. le Président, P10 l'an dernier,
1 600, P10 cette année, 1 400. On regarde P11 l'an dernier, 1 900, P11, période 11, cette année,
1 700. On n'en fait pas plus, que ce soit... Puis je pourrais ressortir la
même analyse pour l'oncologique, là. C'est la même chose, O.K.? Donc, peu
importe, que ce soit au niveau du total des chirurgies réalisées, au
total des chirurgies réalisées pour des patients qui attendent depuis plus d'un
an ou au total des chirurgies réalisées pour des patients oncologiques, on ne
fait pas plus de chirurgies cette année qu'on en a fait l'an dernier.
Mais les chiffres du ministre, c'est-à-dire
qu'il y a moins de gens sur la liste, là, à part le total des gens qui attendent pour une chirurgie, le chiffre, ça
s'améliore. Alors, quand on pose la question aux gens du réseau, ils nous
disent, essentiellement, deux choses : On ne fait pas plus de
chirurgies qu'avant. Alors, pourquoi ces chiffres-là changent? Parce qu'il y a des patients qui vont se faire
opérer au privé privé — là,
on ne parle pas du privé subventionné par l'État ou remboursé par l'État, on parle du privé privé — ou
encore on a nettoyé les listes. Il y a des gens qui sont décédés sur ces listes-là. Il y a des gens qui n'ont peut-être
plus besoin de la chirurgie, ou peu importe, là. Mais on ne fait pas plus
de chirurgies que l'an dernier.
• (11 h 10) •
Alors, à la
lueur de tout ce que le député de Sorel... j'oublie le nom officiel...
Richelieu vient de nous présenter, c'est-à-dire les initiatives du
gouvernement, le groupe... le groupe tactique, là, je ne me souviens plus
comment il a appelé ça, là, l'équipe dédiée
chirurgie, bien, on ne fait pas plus de chirurgies. À la lueur de tous les
contrats qui sont donnés aux CMS pour faire des chirurgies remboursées
par l'état, on ne fait pas plus de chirurgies.
Je veux que le ministre nous explique, là. Et il
nous a dit tantôt, là, il y a... il y a un vieillissement de la population. Donc, les besoins vont continuer de
grandir. Mais on ne fait pas plus de chirurgies aujourd'hui que l'an dernier.
La tendance, elle est exactement pareille.
Alors, est-ce qu'il peut nous expliquer... Puis j'abdique le dernier
30 secondes, M. le Président.
Est-ce qu'il peut nous expliquer pourquoi on est incapables, même avec tout ce
que le député de Sorel nous a présenté, même avec le recours aux CMS,
d'opérer plus de Québécois?
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Dubé : Bien, écoutez, M. le
Président, là, la question du député de Pontiac est très pertinente, parce que,
quand on a les... quand on a les bons chiffres, on peut avoir la bonne
discussion. Ça fait que je suis content de voir que maintenant on peut au moins s'entendre sur les chiffres. Puis
on peut avoir des discussions, effectivement, plus constructives quand
on fait ça.
Quand on a
fait le plan de rattrapage, puis vous l'avez bien dit, avec le focus sur plus
qu'un an puis oncologique, ça fait deux fois qu'on s'ajuste, là, parce que,
lorsqu'on voit des avancées... Moi, j'étais content de voir qu'on est passés
de 22 000 chirurgies en retard de plus qu'un an... Et, après ça, j'ai
dit : Comment ça se fait qu'on n'est pas capables d'atteindre le 7 600, qui était l'objectif intérimaire? Parce que,
moi, ce qui est... Puis vous n'êtes peut-être pas tous d'accord avec ça, mais, quand on donne des objectifs
intérimaires, ça met encore plus de pression, vous le savez. Mais l'objectif,
c'est de revenir au niveau prépandémique à la fin de 2024, mais on a pris le
risque d'en mettre un intérimaire.
Et là, en
faisant les analyses que vous êtes en train de... Là, vous... Je ne veux pas
rentrer dans ce détail-là ce matin. Parce que, là, vous les regardez
globalement. Vous le regardez à l'échelle du Québec. Puis vous avez... Vous
êtes capable, même, de cliquer puis de
dire : Est-ce que cette tendance-là, stable, elle est la même partout?
Puis là vous allez voir qu'il y en a,
des régions qui ont mieux fait que d'autres, puis il y a des régions qui ont
moins bien fait que d'autres.
Puis, sans trop rentrer dans le détail, je vous
donne l'exemple. Les chirurgiens, à raison, ils ont dit : Nous, on veut opérer, hein, on veut opérer. Parce qu'eux
autres sont payés à l'acte. Ils sont payés à la chirurgie. Et là ils nous ont dit : Bien, c'est vos heures d'ouverture, les
problèmes, entre autres. Puis ils ont raison. Parce que moi, je voulais qu'on passe,
par exemple, de 6 % des chirurgies en retard à 10 % de nos
chirurgies. Si... Admettons qu'on est pris à faire le même nombre de chirurgies
parce qu'on n'a pas plus de personnel, on peut-tu s'entendre qu'on met plus
encore que pour les
30 000 chirurgies que vous m'avez montrées tantôt? J'en ferais plus
de plus qu'un an. Mais là ils disent : On ne peut pas parce que, le bloc opératoire, il y a des
endroits qui ferment avant 4 heures. Vous vous souvenez, on a eu ces
discussions-là.
Bien, j'ai
dit : Comment ça se fait que, dans certaines régions, on n'a pas ce
problème-là ou moins ce problème-là? Ça fait que, là, on a demandé à tous les P.D.G. de suivre combien de
cancellations de chirurgies se fait tous les jours, tous les jours. En
moyenne, c'est 150. Je dois dire que, sur à peu près 1 200 chirurgies
par jour, donc 37 000 chirurgies, 150, c'est beaucoup, là. C'est plus
que 10 % de toutes les chirurgies qui sont cancellées à tous les jours.
Puis ça, c'est encore pire. C'est un...
c'est un Québécois qui s'est présenté à l'hôpital, puis on lui dit, à la
dernière minute : Bien, désolé, la... on ne peut pas garder la
salle ouverte jusqu'à 4 heures puis on va vous donner un autre
rendez-vous. Moi, je dis : C'est totalement inacceptable. C'est plus que
10 %.
Pourquoi je vous dis ça? C'est que, là, on est
en train de vérifier puis là on le suit, là. J'ai dit : O.K., on va renvoyer une directive à tout le monde. On a fait
ça, là, il y a une semaine, il y a 10 jours, je ne me souviens plus, là,
puis on a dit : Là, là, je veux
le voir, à chaque réunion de P.D.G., lesquels ont encore le 10 % de
cancellations. Puis ça, je n'ai pas parlé d'augmentation, là. J'ai
juste... dire de régler notre problème interne. Ça, là, c'est le ministère,
c'est nos opérateurs qui doivent faire ça.
Deuxième
question, j'ai dit : Maintenant, comment se fait-il... Puis là je ne veux
pas insulter le député de Rosemont, là,
mais on a des chirurgies au privé avec les CMS. On a des ententes. La façon
dont on travaille en silo en ce moment, c'est que, mettons, les Laurentides vont me dire ou Gatineau va me
dire : Bien, moi, je n'en ai pas, d'entente de CMS, ça fait que je
ne peux pas. Bien, c'est quoi, cette affaire-là? Y a-tu des ententes avec des
CMS qu'on a faites, qui seraient
disponibles pour prendre du temps, peu importe la région? Puis la réponse,
c'est qu'ils nous disent, les CMS : J'en ai, du temps de disponible. Ça fait que, là, on a renvoyé une autre
directive puis on a dit à ces gens-là : Bien là, vous allez vous
arranger entre vous autres pour baisser la liste puis augmenter la production.
Parce que, vous avez raison, baisser la
liste, c'est une chose, mais augmenter la production pour qu'on aille à
38 000, à 39 000... Puis c'est comme ça qu'on va baisser
nos...
Je le dis souvent, M.
le député, ça ne va pas assez vite à mon goût. Mais, quand, au moins, on met
des cibles intérimaires puis qu'on dit à nos
gens : Bien, regardez, là, moi, je n'attendrai pas à la fin de 2024 pour
prendre d'autres mesures, là, je vois qu'on va arriver pas mal serrés
dans cet objectif-là... Vous pouvez bien parler de la grève. Je n'en parle pas, là, O.K.? Mais ce que je vous dis,
c'est qu'à chaque fois qu'on met des cibles intérimaires puis qu'on voit qu'on
a besoin de retravailler... Ça fait que vous avez raison, mais...
Le Président (M.
Provençal)
: Merci.
M.
Dubé : Vous allez continuer
de me questionner là-dessus, puis je vais vous... je vais continuer de vous
dire : Voici comment on va travailler là-dessus.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci,
M. le ministre. Mme la députée de Hull, vous prenez la suite?
M. Marissal :
C'est un point d'ordre. C'est que le ministre vient de parler d'une
directive. Je me demandais seulement s'il était possible pour lui de la déposer
pour fins de discussion.
M. Dubé : Il
y a deux directives. Alors, je n'ai aucun problème.
Le Président (M.
Provençal)
: Ce sera
fait.
M. Dubé :
Je vais... Il y a des gens qui nous écoutent, là. Je vais m'assurer que je vous
en donne une copie. C'est... Je vous dirais que ça date d'une dizaine de
jours, là. Je peux me tromper de...
M. Marissal :
Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci
beaucoup. Mme la députée.
Mme
Tremblay : Alors, M. le Président, donc, à nouveau, je vous reviens,
parce que... Bon, tantôt j'ai parlé de
bonifier l'offre, mais ce qui est important aussi, toujours pour permettre...
désengorger nos urgences puis toujours dans l'esprit de l'accès, d'un meilleur accès à la première ligne, c'est
aussi de diversifier l'offre puis c'est en ce sens que le gouvernement
travaille. Puis, quand le gouvernement travaille, aussi, c'est toujours dans le
sens d'avoir un système qui est plus performant, plus efficace puis plus
humain.
Mais, diversifier
l'offre, on a annoncé une mesure qui est prometteuse dernièrement, en mai
dernier. Ça a été annoncé par ma collègue qui est ministre déléguée à la Santé
et aux Aînés et le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec,
le Dr Vincent Oliva, et là je parle de l'hospitalisation à domicile. Ce
que ça veut dire, ça veut dire qu'on
va prendre des patients et qu'on va les amener... on va les soigner chez eux,
dans le confort de leur foyer. C'est
ce qu'on va faire. C'est une mesure qui est prometteuse. C'est... Il y a déjà
des projets pilotes. Je vais y revenir un petit peu plus tard.
Mais je vais me
permettre de citer la ministre, justement, qu'est-ce qu'elle a dit en mai
dernier : «Cette approche contribuera à améliorer l'expérience patient, à
désengorger les urgences — puis
ça, c'est important, libérer, désengorger les urgences, c'est l'accès aux
médecins — et
à améliorer la qualité et la performance de notre réseau. Notre gouvernement
est en action afin d'offrir un meilleur accès aux soins et une organisation du
travail améliorée.» Parce que c'est important de regarder ça dans son ensemble
puis d'avoir une meilleure organisation du travail.
Oui, M. le Président,
cette mesure, bien, ça va viser, justement, le rétablissement d'un patient,
comme je l'ai dit, dans le confort de son
foyer, mais ça va permettre de libérer des lits dans nos hôpitaux, donc, créer
de l'espace pour ceux qui en ont
besoin, les amener sur les étages. Amener des patients sur les étages, ça veut
dire directement désengorger nos urgences, moins de temps aux urgences.
Donc, on parle ici, là, de libérer jusqu'à 800 lits. On a huit projets pilotes, comme je l'ai mentionné, présentement.
C'est déjà en cours dans la grande région de Montréal, dans la région de
Québec également. Puis l'objectif, c'est de déployer l'hospitalisation à
domicile, donc, la première... d'ici 2026.
Évidemment que ça va
être sur une base volontaire. On n'enverra pas quelqu'un qui n'est pas prêt,
qui ne le souhaite pas chez lui. Mais, ceci
dit, on pense que c'est une bonne façon, hein? On dit : On veut un système
plus humain. C'est une façon de traiter... différente mais plus humaine
de traiter les patients. Évidemment, quand on les envoie chez eux, c'est avec un service, hein, il va y
avoir un service. Il y a un service 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Il y
a toujours une infirmière de disponible.
Puis
ça m'amène aussi à vous dire qu'on est rendus là. Puis pourquoi qu'on est
rendus de plus en plus vers là? Bien, il y a aussi toute l'intelligence
artificielle, d'être capables d'avoir des données à distance, en temps réel,
d'un patient qui est chez lui. Ça veut dire
quoi, ça? Ça veut dire... On est capables de mesurer en tout temps sa pression
artérielle, elle peut être surveillée
en tout temps, électrocardiogramme, son taux de sucre dans le sang, son taux
d'oxygène, donc, en temps réel. Et,
s'il y a un problème, on peut appeler directement le patient puis lui
dire : Vous devez vous rendre à l'hôpital.
• (11 h 20) •
Évidemment, il y a
plusieurs services qui peuvent être offerts dans l'hospitalisation à domicile,
qu'on parle de réadaptation, des personnes
qui souffrent de maladies chroniques, qui séjournent parfois plusieurs semaines
à l'hôpital, ceux qui sont en... qu'on doit suivre à la suite d'une
chirurgie. Donc, l'hospitalisation classique, telle qu'on la connaissait, elle
sera modifiée par ça, puis je pense que c'est bon. Puis je l'ai dit, pourquoi,
ça va libérer des lits dans nos hôpitaux.
Les médecins
spécialistes... Le Dr Oliva est heureux de ça, je l'ai dit. Les médecins
spécialistes croient fortement à l'hospitalisation à domicile. Ils ont
engagé des efforts et des investissements importants pour la mise en oeuvre de ce projet-là. Donc, c'est une façon qui va
diversifier. Puis ça nous amène, justement, à avoir toujours ce système public
là puis cette première ligne là toujours
plus accessibles. Et, je l'ai dit, notre gouvernement, je l'ai dit tantôt, mais
je le répète, est dans l'action, dans
l'action pour que le système de santé soit, oui, plus attrayant, qu'il soit
plus humain et plus performant.
Je pense qu'en... En terminant, puis il me reste
quelques minutes, je tiens à souligner aussi le travail qui se fait dans nos... dans l'ensemble du réseau par les
professionnels, les médecins, l'ensemble du personnel de la santé. Ce n'est
pas toujours facile, mais on est là, on est en action, on se parle. Le
gouvernement pose des actions. Puis c'est pour ça, je pense, qu'on est réunis,
tout le monde ici ce matin, ensemble, avec les oppositions, parce qu'on
souhaite l'amélioration du système. On pose
des actions concrètes. C'est important pour le personnel, je l'ai dit, du
réseau de la santé, mais c'est important pour l'ensemble des Québécois
puis des Québécoises. Merci.
Le
Président (M. Provençal)
: ...Mme la députée. On va
maintenant céder la parole au député de Jean-Talon.
M. Paradis : M. le ministre, chers
collègues. Merci au député de Rosemont de nous permettre de parler du privé en
santé.
Il y a quelques semaines, une citoyenne de la
circonscription de Jean-Talon se présente à l'urgence le matin avec un cas
vraiment grave. Elle attend des heures et des heures, incapable de voir qui que
ce soit. Elle rentre à la maison, fait appel à la télémédecine, 300 $.
Munie de son diagnostic, elle retourne. Elle entre aux soins intensifs, où elle est restée une semaine. Le nombre de personnes
qui viennent me voir et me disent : Bien oui, mais on se fait dire ça
partout dans le système de santé : Allez au privé, vous voulez des
services, allez au privé.
Alors, on a
entendu le premier ministre parler en Chambre hier d'idéologie contre le privé.
Moi, j'aimerais parler des mythes sur les coûts et les impacts du privé, que
c'est moins cher, c'est plus efficace, et que parfois on célèbre ça.
Le fait
est que le privé prend de plus en plus de place et que ça coûte cher. Les... Le
nombre de chirurgies pratiquées par le privé dans le service public, là, ou à
la demande du service public, sans frais pour les patients, entre guillemets, c'est plus de 61 000 en 2022‑2023.
Le gouvernement s'en vante presque. 20 % des soins de santé sont donnés
par le privé.
Et là on dit : Les patients paient avec
leur carte d'assurance maladie, comme si ça ne coûtait rien. Mais il y a quelqu'un qui paie la facture, là, derrière ça.
C'est les Québécois qui paient le recours aux cliniques médicales spécialisées,
500 millions sur cinq ans. Une
opération au privé, ça peut coûter jusqu'à deux fois et demie plus cher qu'une
opération dans le public. C'est évident, c'est des gens qui sont là pour
faire de l'argent. Inversement, il y a des médecins qui travaillent au public
qui ont gagné en efficacité. La facture pour les chirurgies d'un jour a diminué
de 11 % pour les opérations de la cataracte, 38 % pour les
coloscopies longues et 13 % pour les coloscopies courtes.
Dans l'état actuel des choses, voir un médecin
spécialiste au public, 341 jours, au privé, 10 jours. Donc là, les gens qui peuvent se le permettre vont au
privé. Le public envoie même les gens au privé. Ça, ça accentue le drainage
de la main-d'oeuvre par le privé et la désaffiliation des médecins du système public.
En fait, on est devenus le champion canadien
des soins de santé privés. 17 janvier, 720 médecins non participants
à la RAMQ, hausse de 57 % en cinq ans. C'est aujourd'hui
3,27 % de l'ensemble des médecins. C'était environ 2 % en janvier
2019.
Les agences de placement maintenant. Le recours
aux agences privées, c'est aussi un enjeu. On apprenait que... récemment, que
certains employés de ces agences-là gagneraient jusqu'à trois fois plus cher
que les employés dans le réseau. Donc, c'est
important de régler, là, le bout qu'il reste à régler avec les infirmières. Je
sais qu'on a adopté la loi n° 10, mais, en
janvier 2023, on était à 8 % du taux de main-d'oeuvre indépendante,
et ça coûtait 1 milliard. Aujourd'hui,
14,4 %, et ça coûte combien, ce recours-là aux agences? 1,8 milliard
de dollars. C'est nous qui payons ça.
L'incorporation des médecins, c'en est une
autre, forme de privatisation, ça. On fait comme si les médecins sont des
corporations, avec des avantages fiscaux très coûteux pour l'État québécois qui
viennent avec ça. Puis c'est une fiction,
là. On le sait très bien, là. Ce n'est pas véritablement des corporations. Ce
n'est pas véritablement le privé. Ils ont un employeur, c'est... c'est
l'État du Québec.
La Coalition avenir Québec, lorsqu'elle était
dans l'opposition, avait promis de mettre fin à l'incorporation. C'est ce qu'elle demandait quand elle était dans
l'opposition. C'est 220 millions par année qu'on pourrait aller chercher
et qu'on pourrait investir ailleurs. Est-ce
que ça aide? On est rendus à 2,3 millions de Québécois qui n'ont pas de
médecin de famille puis on en a 500 000 qui sont sur les listes
d'attente.
Alors, si le privé était tellement meilleur que
le public pour servir le monde, s'il améliorait tant que ça l'accès aux services de santé, si ça nous coûtait
vraiment moins cher, si c'était tellement plus efficace, on le saurait. Mais, au
Québec, en réalité, on n'a aucune donnée
probante qui démontre réellement ça. C'est plutôt le contraire. Et là le
problème, c'est que le loup, il est dans la bergerie et que le
gouvernement nourrit le loup plutôt que de s'occuper de la bergerie. Et c'est
sur ce problème-là essentiel des gens qui veulent avoir accès à des soins, et
que le public lui-même et que les intervenants du public ramènent vers le
privé... C'est là-dessus que j'aimerais entendre le ministre. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Dubé : Oui.
Je vais répondre, mais je voudrais juste rajouter un document que je vais
rendre disponible tout à l'heure, parce que
je regardais... Quand vous dites qu'on a le même nombre de chirurgies, là, à
date, après 11 mois, on a à peu
près 10 000 chirurgies de plus. Vous allez me dire que ce n'est pas
assez, mais vous allez voir la progression. Moi, mon objectif, c'est de
revenir au niveau d'opération qu'on avait avant la pandémie, pas juste en
termes de liste d'attente mais en termes de
volume. Ça fait que je vous enverrais un petit document qui est dans nos
tableaux de bord internes puis que je pourrais mettre public, parce que,
je pense, ça va aider à la discussion du volume et non juste de la liste d'attente. Je voulais juste dire ça. Je
m'excuse, là, mais c'est dans la continuité de ce qu'on disait tantôt. Je vais rendre
ça disponible.
Bon,
maintenant, M. le député Jean-Talon... excusez-moi, M. le Président, là, il y a
beaucoup de choses dans ce que vous
avez dit en cinq minutes, puis je vais essayer de me concentrer sur... Parce
qu'il y a plusieurs messages. Bon, je vais en prendre quelques-uns, là,
parce que je vais me concentrer sur des...
Moi, quand vous me dites, là : Pourquoi
qu'on va au privé, c'est-tu parce que ça coûte moins cher ou ça coûte plus cher? Je ne pense pas que c'est ça, la
discussion ce matin. Je vais m'expliquer mais... Parce qu'il y a des fois
que le privé, il est plus cher, puis il y a
des fois que le privé, il est moins cher. Puis, dépendamment des types de
chirurgie, des types de
consultation... Puis, on l'a vu, il y a des opérations qui sont moins complexes,
qui sont moins chères dans le privé. Puis le public est très bon dans
des opérations complexes. Je veux juste dire que le débat du coût, c'est un
débat en soi.
Mais, lorsqu'on parle de philosophie, là, c'est
là que vous m'amenez, là, par exemple, où je suis d'accord avec vous, puis on a travaillé ensemble, puis
peut-être que vous n'étiez pas là à ce moment-là, mais ce sera peut-être avec
vous qu'on fera ces discussions-là dans les
prochaines fois, sur les agences privées, on s'est entendus très rapidement,
les quatre partis, que, je vais dire, la
tarification, je vais l'appeler far west, là, que le député de Rosemont a
référée, qu'on peut voir en ce moment
dans certaines consultations au privé, est totalement non acceptable...
totalement inacceptable, pardon. Et
donc on a décidé d'agir là-dessus. Et là c'est... Je pense que c'est un peu ça,
la question ce matin : Qu'est-ce qu'on fait, entre autres, avec de
la tarification privée pour des tarifs qui sont non acceptables, qui ne sont
pas dans le principe d'universalité?
Deuxièmement, j'aimerais dire que... Parce que,
là, vous dites : Le pourcentage a augmenté. Mais il y a encore 97 %
de nos médecins, qu'ils soient des omnis — des médecins de famille — ou
des praticiens spécialistes, qui sont au public, 97 %. Je veux bien
regarder le verre à moitié vide ou à moitié plein, mais là il est plein à
97 %. La question, c'est : Que
font les 3 %? C'est ça, la question : Que font les 3 %? Et c'est
ça que je pense qui est la question, ici, du député de Rosemont.
Bon, maintenant, je vais parler de transition.
Puis la transition, pour moi, c'est ça qu'il est important de voir. Quand on a fait la main-d'oeuvre... Puis je me
répète là-dessus, là, parce que, quand on s'entend, des fois, on travaille
mieux ensemble sur l'objectif. L'objectif, là, puis on l'a vu avec la
main-d'oeuvre indépendante, c'est : Quelle est la transition raisonnable pour se sortir d'un problème? Parce qu'à tout
casser ça ne marche pas. Moi, je suis en amélioration continue. C'est un
principe de gestion que je veux respecter.
• (11 h 30) •
Comment on s'améliore rapidement? La transition,
ici, comme pour la main-d'oeuvre indépendante, c'est : Comment on peut
faire cette transition-là? Est-ce que la transition peut se faire sur des
tarifs maximums, sur une augmentation de l'offre? Vous me suivez? On a très
bien fait ça avec la MOI. L'enjeu, puis je le répète, c'est : Quelle est la voie réglementaire ou légale, vous
êtes un bon avocat, qu'on va prendre, qui va nous permettre d'aller là le
plus rapidement possible? On l'a vu à la MOI. On a passé le projet de loi,
printemps 2022. C'est-tu ça? Printemps 2022. On... C'est long, là,
arriver, après ça, avec des règlements, avoir une contestation judiciaire des
joueurs privés, des propriétaires d'agence, puis d'être capables d'avoir nos
tarifs maximums qui vont être implantés dans les prochaines semaines.
Si on décide
qu'on fait une transition pour certaines des discussions qu'on a aujourd'hui,
assurons-nous, M. le député, qu'on va
prendre la bonne méthode pour arriver où on veut tous arriver, c'est protéger
notre système public, puis que les
tarifs universels qui sont corrects pour les Québécois soient chargés par les
bonnes personnes, incluant le 3 %, incluant le 3 %. C'est ça,
je pense, qu'on doit discuter. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Je vais
recéder la parole au député de Richelieu.
M. Émond : Merci beaucoup, M. le
Président. Tantôt, je vous parlais des retards de... sur les interventions en chirurgie durant la pandémie, après la pandémie,
puis ça m'amène à vous parler, M. le Président, d'un bon coup durant la pandémie,
quand même, qui... qui est adapté à la réalité d'aujourd'hui. Je veux vous
parler un peu de prévention, de dépistage
surtout, M. le Président. Et, comme on dit, prévenir, c'est mieux que guérir
pour... C'est important de prévenir. Je dis maladroitement, je fais la
promotion de la prévention.
Et, en
dépistant plus particulièrement les cancers, M. le Président, on a plusieurs
avantages notables. Les tests de dépistage peuvent nous rassurer afin de
voir si les résultats sont normaux. Les tests de dépistage peuvent nous aider à prévenir certains cancers, en révélant des
changements qui deviendraient cancéreux en l'absence de traitement. Ils peuvent nous aider à détecter un cancer avant
l'apparition des symptômes, M. le Président, avant qu'il se propage, hein, alors qu'il est beaucoup plus facile à traiter. La
détection précoce peut permettre de diminuer la durée de traitement, la convalescence.
Et plus le cancer est traité, détecté rapidement, meilleures sont les chances
de guérison.
Et je
revenais dans notre... dans l'état d'esprit de 2020, durant la pandémie de la
COVID-19. Au fil des mois, des avancées,
on a mis sur pied des centres de dépistage et par la suite des centres de
vaccination, rappelez-vous, M. le Président, qui se sont avérés des éléments clés dans la
réussite pour passer au travers de cette période qui nous a tous marqués. Et, dans
le budget de l'an dernier, 2023‑2024, le ministre des Finances a annoncé une
mesure de l'ordre de 1,36 milliard de
dollars sur cinq ans pour pérenniser la nouvelle approche développée pour la
vaccination et le dépistage en élargissant, M. le Président, la portée
vers d'autres services de première ligne.
Donc, rappelez-vous, le 5 février dernier,
depuis le 5 février, pour les personnes de 50 à 74 ans, il est possible de prendre rendez-vous en ligne pour le
dépistage du cancer colorectal avec un PSL, un point de service local.
Il s'agit du deuxième cancer le plus fréquent au Québec, M. le Président, je
vous le rappelle. Et les PSL offrent une multitude de services, dont la vaccination, le dépistage et des services de
prélèvement, entre autres. Et, comme le test de... pour le cancer colorectal est simple et rapide à
effectuer, le gouvernement ne voyait plus la pertinence, M. le Président,
d'obliger les patients à obtenir une ordonnance ou une requête de la
part d'un médecin de famille. Donc, à la suite de leur inscription sur Clic
Santé, c'est très simple, les patients reçoivent une enveloppe qui contient le
test lors de leur rendez-vous avec une
infirmière du centre de vaccination, et ensuite au patient d'effectuer le
prélèvement et le ramener au centre dans les 48 heures, et
l'infirmière va faire le suivi pour ensuite annoncer le résultat.
Je cite Mme Prince, du journal La Presse,en février dernier, qui disait... et qui citait le ministre de la
Santé : «On veut...» J'ouvre les
guillemets, M. le Président, pardon : «On veut désengorger les hôpitaux,
et, en ce moment, ça vous prend un
médecin qui vous dit d'aller passer le test. On sait qu'il y a des gens qui n'ont
pas encore de médecin de famille ou qui sont incapables de le voir.»
Donc, on vient d'enlever cette étape-là, M. le Président.
Le ministre affirmait aussi désirer mettre en
place le dépistage d'autres types de cancer lorsque les tests similaires seront disponibles. Donc, ça m'amène à
vous parler de prendre quelques instants pour souligner la mesure de mammographie sans ordonnance, qui s'est élargie
aux femmes de 70 à 74 ans depuis 2024, une mesure qui s'appliquait
auparavant uniquement aux femmes de 50 à 69 ans, M. le Président. Et les
femmes admissibles ont commencé à recevoir des invitations à prendre
rendez-vous. Le gouvernement va s'assurer que les ressources sont disponibles pour accueillir cet afflux, cette demande
supplémentaire qui pourrait amener les spécialistes à effectuer 90 000,
quand même, 90 000 nouvelles mammographies par année.
Je vous rappelle le mandat qui a été confié à
l'Institut national d'excellence en santé et services sociaux, le mandat d'évaluer l'élargissement potentiel du test
de dépistage dès l'âge de 40 ans. Les recommandations, M. le Président,
seront transmises au ministère de la Santé
d'ici l'automne, et il s'ensuivra la décision, à savoir si on va de l'avant ou
pas, dans le même sens que d'autres provinces canadiennes qui élargissent cette
mesure aux femmes dans la quarantaine.
Donc, en terminant, M. le Président, simplement
un petit bloc pour rappeler l'importance de la prévention ou du dépistage et
les bons coups qu'on a su tirer de la pandémie pour les actualiser aujourd'hui.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. Alors, M. le député de
Pontiac, à peu près un 2 min 30 s max.
M.
Fortin : 2 min 30 s. Parfait. Juste... Je
vais prendre 15 secondes de ça pour répondre au député de Richelieu
que c'est une bonne mesure, le dépistage
additionnel en mammographie, mais, quand il dit qu'il va y avoir les ressources
pour s'assurer que les femmes puissent se faire dépister, je lui rappelle que
le temps d'attente, en Outaouais, pour une
mammographie, c'est plus que 30 semaines. Est-ce que c'est 35, 40, 45, 50?
On ne le sait pas. On est tellement hors délai qu'on n'a même plus de
mesure de c'est combien de semaines. Alors, on est loin du... on est loin du
compte.
Je veux
prendre les dernières deux minutes pour parler de préhospitalier avec le
ministre, là. Il a déposé son plan préhospitalier.
Il y a des mesures qu'il a choisi de mettre en place, très bien, des très
bonnes mesures. Il y en a d'autres qu'il a choisi de ne pas mettre en place,
hein, c'est-à-dire, par exemple, on va continuer, au Québec, d'utiliser nos
ambulances pour faire du transport entre hôpitaux de patients qui sont stables.
Je demanderais au ministre de nous expliquer
pourquoi il fait ça, parce que, les patients qui sont stables qui appellent le
9-1-1, là, on leur dit : On ne vous enverra pas d'ambulance, là,
rendez-vous vous-mêmes à votre clinique ou ailleurs. On demande aux gens de ne
pas le faire, mais le réseau de la santé le fait et, en faisant ça, il crée des
découvertures partout dans son... dans son réseau.
J'explique ce
qui arrive chez nous, là. S'il y a un patient qui se fait transférer de
Shawville à l'Hôpital de Hull, bien,
c'est une ambulance de moins — un
patient stable, là — sur
le territoire du Pontiac. Puis, cette ambulance-là, ça lui prend beaucoup,
beaucoup de temps à retourner dans le Pontiac parce qu'elle se fait appeler...
pendant qu'elle est en ville, elle se fait appeler sur d'autres appels
urgents.
Alors,
dernière chose, je veux... Je ne voulais pas le faire à la période de questions
parce que je voulais une vraie bonne réponse de la part du ministre puis
lui expliquer ce qui s'est passé, là. Vendredi et samedi soir, à Maniwaki, il y
avait une ambulance sur deux. Il y en avait juste une pour tout le territoire
de la Haute-Gatineau. Et le centre de trauma, en même temps, était fermé à
l'Hôpital de Maniwaki. Il n'y avait pas de chirurgien. Ça, ça veut dire que, si
une ambulance avait un patient traumatique, là, traumatisé, elle allait à
Mont-Laurier, qui est à peu près l'urgence la plus occupée au Québec, à
55 kilomètres, ou elle allait à Hull, à 131 kilomètres. Ça, comment
on peut permettre des situations comme ça, où on a un centre de trauma fermé et
on a juste une des deux ambulances de disponible? C'est mettre la population à
risque, un dossier comme celui-là, une situation comme celle-là, et je ne peux
pas accepter, je ne peux pas penser qu'il n'y a pas une meilleure coordination
que ça dans des situations comme ce qui s'est passé à Maniwaki en fin de semaine.
Conclusions
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. Alors, M. le
ministre, les 10 prochaines minutes vous appartiennent.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Juste
pour être certain qu'on a une très bonne discussion ce matin, là... Puis je
vais en profiter pour... Je vais vous revenir, M. le député, sur la question du
préhos, parce que j'ai rencontré, pas plus tard qu'hier, le Dr Bergeron,
qui était avec son équipe du préhospitalier, là, Paul Lévesque puis des gens
que vous connaissez, là, de votre ancienne
vie, là, et il y a... il y a à peu près 60 actions dans... Tu sais,
c'était... On a fait une stratégie il y a deux ans, vous savez. Après ça, on
fait un plan d'action. Puis le plan d'action que les gens ont déposé, il a été
salué, parce qu'il y a des actions très ciblées. Mais, en même temps,
dans ces actions-là, il y a... ça prend toujours des dollars.
• (11 h 40) •
Puis
je sais qu'en Outaouais, là, on a fait, je pense, la moitié des gens... Puis on
a... Il reste une autre partie à faire. Ça fait que j'aimerais ça vous revenir spécifiquement sur ce cas-là,
parce que c'est exactement ce que j'ai dit, c'est où est-ce qu'on est à
risque, parce qu'on met quand même, là, je pense, 600 millions sur cinq
ans dans le préhospitalier. Vous l'avez vu
quand on l'a annoncé. On met des... on mes des héliports. On fait des choses
pour les régions, parce que c'est ça, le problème, souvent, les temps
de...
Ça fait que
j'aimerais ça vous revenir spécifiquement sur les cas où vous m'avez parlé puis
la fermeture du trauma, là. Ça, ça me
préoccupe un peu. Mais je ne voudrais pas aller trop dans le détail parce que
je ne le connais pas. Mais je vous
reviendrai là-dessus. Ça fait que n'hésitez pas à me reposer la question.
Entre-temps, j'aurai des réponses plus précises. Mais vous savez que ça,
ça me préoccupe.
Étant
donné... Là, là, c'est mon dernier bloc de 10 minutes, c'est ça? Puis
après ça c'est le député de Rosemont.
Le Président (M.
Provençal)
: Oui. Là,
il vous en reste huit.
M.
Dubé :
O.K.
Pardon?
Le Président (M.
Provençal)
: Il vous
en reste huit.
M. Dubé : C'est
tellement intéressant qu'on dirait que ça passe trop vite. C'est... Ça doit
être bon signe. Peut-être, ce que... mes
idées, là, mais... Je veux juste être certain que les gens qui nous écoutent...
Puis je... C'est tout à votre honneur, M. le député de Rosemont, d'avoir
amené le questionnement de cette façon-là. Je veux vous le dire, O.K.? Mais je
voudrais bien aussi que les gens qui nous écoutent... Puis, je l'ai dit
quelques fois, cette question-là du privé versus le public, on l'a commencée
avec p.l. n° 15, entre autres, hein, parce qu'on a eu
ces débats-là. Et, moi, c'est pour ça, tout à l'heure, que je vous disais,
là : Ce n'est pas... ce n'est pas nouveau, ce qu'on discute là, ce matin, puis, la réflexion, on l'a déjà commencée, parce
que... Entre autres, regardez, là, les... la question du «in and out», là, avec
les médecins qui se promènent. Je vous ai dit, il y a quelques semaines ou il y
a un mois, publiquement : Écoutez, on est en train de le regarder.
Mais
ce que j'aimerais dire comme première, je dirais, conclusion... ou engagement,
là, je ne sais pas c'est quoi, le bon mot à utiliser, mais qu'il y a une
chose qui est claire ce matin, les quatre partis qui sont ici, là, c'est qu'on
a le même objectif. C'est de protéger notre
système public puis que les Québécois soient capables d'être soignés
gratuitement.
Bon,
maintenant, on est en période de transition. On a tous compris ça. Est-ce que
le privé nous a aidés beaucoup durant la pandémie? La réponse, c'est
oui, beaucoup. Est-ce qu'en ce moment il y a des gens qui exagèrent dans le réseau parce qu'il y a eu des ouvertures qui se
sont faites? Je vous le dis, des non-participants, ça n'existait pas il y a
20 ans. Il n'y en avait pas
beaucoup. Il y a eu une augmentation. Il y a des gens, maintenant, qui en
profitent. Est-ce que c'est une question de tarifs maximums? Est-ce que
c'est une question de pratique au privé?
Ce
que j'aimerais qu'on retienne de ce matin, c'est que moi, je suis très ouvert à
regarder les meilleures solutions. Je
veux juste... C'est ça que je veux qu'on regarde. Et, si on a la même
collaboration qu'on a eue dans la MOI, la main-d'oeuvre indépendante, s'entendre sur l'objectif, discuter les
moyens puis faire la meilleure transition, moi, je suis certain que les
quatre partis qui sont ici, là, on va trouver une façon de s'entendre.
Moi, ce que je vous
dis, très transparent avec ça, je l'ai dit... Je veux revenir juste deux... Il
me reste un peu de temps. Je veux revenir
sur le plan santé, parce que, là, vous allez voir comment on peut insérer ça
là-dedans. Je le dis souvent ces temps-ci, mes priorités de 2024, là, l'année
en cours, parce que j'ai mon horizon de 2025... Mais, en 2024, je vais
continuer à travailler sur les améliorations de l'accès, mais je vais
travailler sur les changements de fond.
Les changements de
fond, je veux juste les... Nos conventions collectives, je ne peux pas en
parler, mais on a fait beaucoup de chemin,
là, depuis quelques mois sur les conventions collectives. Parce que les
changements de fond, c'est ce qu'on a appelé les fondations du réseau en
2022 quand on a déposé le plan. C'est les ressources humaines, donc, les conventions collectives. C'est
l'informatique, ma collègue parlait du Dossier
de santé numérique, l'accès aux
données, les... p.l. n° 5 qu'on a fait ensemble, puis
tout ça. 2024, les changements de fond, c'est principalement... Une fois que nos infirmières auront voté sur la
présentation qui a été faite par leurs entités syndicales hier, on pourra en
reparler pour voir quel genre
d'améliorations qu'on a dans le réseau, parce que ça, c'est un changement de
fond important, on s'entend.
Deuxièmement — changements
de fond, je l'ai dit — les
ententes avec les médecins. Nos deux fédérations, c'est des ententes de cinq
ans. Elles ont expiré en 2023. Elles étaient de 2018 à 2023. Là, on est en
train de finaliser les mandats qu'il va y
avoir entre la Santé et le Conseil du trésor. La discussion qu'on a ce matin
peut très bien en faire partie si c'est la bonne façon de faire. Je vous
ai dit tantôt : Est-ce que... Où on peut avoir ce genre de discussion là?
C'est-tu dans un projet de loi? C'est-tu dans des règlements avec la RAMQ?
C'est-tu, en partie, avec nos ententes avec les médecins? Ça, c'est un gros
élément de 2024, O.K.?
Alors, c'est pour ça que
ce que je dis ce matin, pour être très, très clair, ça s'insère très bien dans
où on est rendus dans l'exécution du plan santé, parce que, moi, l'engagement
que j'ai pris, c'est de dire : Jusqu'à 2025, je vais travailler en
parallèle sur les changements de fond — conventions collectives, c'en
était un — les
gros changements dans nos systèmes informatiques. Écoutez, on est en train de
l'implanter dans le Centre-du-Québec, là, le DSN, là. Ce n'est pas un rêve, là. C'est en train de se faire. Il y a des gens
qui sont allés se former. Ça fait que je veux juste dire que, la
discussion qu'on a ce matin, je veux la camper, la camper dans le plan santé,
trouver la meilleure façon d'y arriver pour qu'on respecte notre objectif.
Bon, maintenant, sur les améliorations de
l'accès, qui est l'autre chose, je veux juste dire qu'on va continuer à travailler. Puis je suis content parce que, là,
maintenant, on peut s'entendre. J'ai beaucoup aimé la question, comment le député de Pontiac l'a présentée. C'est
dire : Maintenant, on s'entend sur les chiffres. On sait où aller voir.
Puis, quand vous me posez des questions, je ne les vois pas comme une
attaque. Je veux vous donner des explications. Puis c'est pour ça que je vous... je vous donne comment on
est en train de travailler avec nos P.D.G. Donc, les directives, là, je vais
être très clair... J'ai demandé à Thomas
tout à l'heure. Aussitôt qu'on sort, je vais... On va revérifier avec Julie. Si
je peux vous les envoyer ce week-end,
je vais le faire. Moi, c'est le genre de discussion que j'aime avec vous, parce
qu'on veut tous que ça marche, cette affaire-là.
Bon, qu'est-ce qu'il me reste comme... comme
points que je voudrais trouver? Les autres changements que je pense qu'il faut faire pour les Québécois, c'est
d'être capables de... Je vais le dire, M. le député, je ne pense pas qu'on
est dans les dogmes du tout, pas du tout. Le privé, pour moi... Puis c'est...
Maintenant que j'ai compris votre question ce matin... Parce que je vous avoue
qu'hier, là, je me demandais encore, en préparant nos équipes, qu'est-ce qu'il
allait me demander. Moi, je pensais que vous me parliez plutôt des coûts comme
tels. Mais je voudrais juste vous rassurer
sur une chose. Le premier ministre nous a demandé... Ça fait que, tout ce que
j'avais préparé, je n'en ai pas parlé. C'est correct. La vie est comme
ça.
Mais je vais vous dire ce que j'avais préparé,
en 30 secondes qu'il me reste, là, à peu près une minute. On a un exercice très intéressant à faire avec
l'arrivée de Santé Québec. Là, on va prendre un budget qui, habituellement,
était discuté avec le ministère. Rappelez-vous, le p.l. n° 15,
on en a parlé. Puis, une fois que le budget est accepté, on va le donner à
Santé Québec, hein, puis là on va dire : Voici les objectifs que vous avez
à rencontrer. Le premier ministre, le
ministre des Finances nous ont dit : O.K., on vous a donné beaucoup de
sous, à la Santé, là, pour réaliser votre plan, mais pouvez-vous penser à la révision des programmes? C'est ça qu'il
nous a demandé de faire au cours de 2024‑2025.
Moi, j'aimerais ça qu'on... quand on va arriver
dans la période des crédits, qui est toujours un exercice très intéressant, la période des crédits, c'est qu'on ait cette
approche-là, aussi constructive qu'on a eue ce matin, de se poser des
questions de fond sur la place de la prévention, sur la place de la révision
des programmes, tout ça. Je ne vous dis pas...
Parce que, des fois, on profite des crédits pour faire des questions plus
politiques. Je fais juste dire : Je suis assez impressionné de la qualité de la discussion ce
matin. Ce serait le fun qu'on puisse continuer ça dans la période des crédits. C'est
mon souhait, M. le Président.
• (11 h 50) •
Le
Président (M. Provençal)
: Merci. Merci beaucoup, M. le ministre. Et la
conclusion de cette interpellation va appartenir au député de Rosemont.
M. Vincent
Marissal
M. Marissal : Bien,
je rassure le ministre tout de suite, nous parlerons intelligemment, je
l'espère bien, de plein de sujets lors des crédits, que j'attends
toujours avec impatience et mes collègues aussi, j'en suis sûr, mais on parlera
de Santé Québec.
J'ai trois
petits points rapides avant d'attaquer le vif du sujet. Puisque vous parlez de
Santé Québec, M. le ministre, moi, j'ai été assez surpris de vous
entendre dire, la semaine dernière, que la première année de Santé Québec
allait servir à faire le ménage dans les
programmes, tel que demandé, dans l'exercice, par le ministre des Finances.
J'ai hâte d'en savoir plus. Je l'ai dit...
M. Dubé : ...M. le Président. Je ne
veux pas être dans le club des...
M. Marissal : Non. Parce que c'est
mon temps. On en discutera après.
M. Dubé : Non. O.K. Excusez-moi. O.K.
M.
Marissal : Mais ce que j'ai
lu, notamment, dans Le Devoir, c'est que vous étiez heureux de
pouvoir faire le ménage dans la
première année et que ça allait bien... que Santé Québec allait servir.
Alors, tant mieux si j'ai mal compris. Parce que moi, je suis assez
vieux pour avoir connu pas mal de ministres de la Santé.
Une voix : ...
M. Marissal : On
y reviendra, on y reviendra. Mais je suis content de... Si je me suis trompé,
je suis vraiment heureux. Ce serait une bonne nouvelle, là.
Bien, je dois
remercier, d'abord, les collègues de s'être prêtés à l'exercice ce matin, un
vendredi matin. Merci d'avoir été là. Merci d'avoir participé, avec une
mention spéciale au député de Jean-Talon, qu'on connaît moins parce qu'il est nouveau, et il n'est pas, normalement,
critique en santé. Alors, pour... En toute transparence, j'ai écrit à son collègue des Îles pour lui dire de se méfier
parce qu'il est assez bon, le député de Jean-Talon. Et, tout ce qu'il a dit,
j'aurais pu le dire, et il l'a dit mieux que moi. Alors, merci d'avoir fait ça,
de... au collègue de Jean-Talon.
Un petit mot,
rapidement, avant d'attaquer le vif du sujet. M. le ministre, vous avez dit
tout à l'heure qu'il y a encore trop de P3, P4 aux urgences. Je répète que
c'est difficile pour les patients de savoir s'ils sont P3, P4. Et là j'en
profite pour souhaiter que nous... nous exprimions, tous et toutes ici, nos
plus profondes condoléances à la famille de Mme Boisclair,
qui est décédée à Joliette. Je ne voudrais pas tourner le fer dans la plaie,
mais elle était P4. Alors, pour... juste pour dire que ce n'est pas de la faute
du monde s'il se ramasse aux urgences. Puis moi, si j'ai mal quelque
part, je ne le sais pas, si je suis P3, P4.
Je pense que je sais si je suis P1, là, puis, normalement, on le sait trop
tard, mais je voulais juste dire ça. Puis exprimons solennellement, là,
nos condoléances à cette famille-là. Ça n'aurait jamais dû se passer, cette
affaire-là, et c'est très, très malheureux.
Alors,
je vais au vif du sujet. M. le ministre, moi non plus, je ne veux pas être dans
le club des mal cités. Ce serait... Ce ne serait vraiment pas chic pour
un ancien journaliste. Vous avez dit tout à l'heure : On s'entend sur le
fait que les patients doivent avoir accès
aux services en santé aux meilleurs tarifs. Fin de la citation. Précision, on
s'entend sur le début. C'est vrai
qu'il faut que les patients aient un accès universel aux meilleurs services. On
a fait des travaux là-dessus. Mais, pour moi, le meilleur tarif, c'est
pas de tarif, parce que les gens paient des impôts au Québec, puis, je l'ai
dit, on en paie pas mal. Puis on avait un
pacte... on a un pacte. J'espère que je ne suis pas au passé ici, là. J'espère
qu'on est encore au présent. On a un pacte. On paie nos impôts, on les fait, on
travaille puis on a un service, après, qui... qui nous est... qui ne nous est non pas dû, mais qu'on
s'est payé, hein, parce qu'on se l'est payé. Le système de santé, on se l'est payé.
C'est quelque chose dont on devrait être fiers, d'ailleurs.
Alors, le meilleur
tarif, là, c'est pas de tarif, puis ça revient au sujet de mon interpellation
aujourd'hui. Je suis heureux d'entendre l'ouverture du ministre, à
savoir : Est-ce qu'on peut voir comment s'assurer qu'il n'y ait pas
d'abus? Je l'ai entendu dire qu'il y a probablement des gens... puis là, encore
là, je ne veux pas le citer erronément, mais
je l'ai entendu dire, pas mal proche, qu'il y a peut-être des gens qui abusent,
comme ça a été le cas avec les agences de
placement. Puis, je le redis, là, ce n'est pas méchant, c'est dans la nature de
la bête. S'il y a 1 $ à faire, il y en a qui vont vouloir en faire
1,50 $. C'est comme ça parce qu'on a ouvert la porte à ça.
Et, je le répète, là,
que ce soit bien, bien clair, moi, ma position ce matin, ce n'est pas de faire
l'apologie de l'offre en privé. Le ministre me connaît, là. Ça fait presque
trois ans, là, qu'on est vis-à-vis. Il connaît mes positions là-dessus. Moi,
dans un monde idéal, là, on la ferait disparaître, l'offre au privé. Mais là on
a une urgence. On a une urgence à s'assurer
que, justement, on ne retombe pas, avec les soins en première ligne, dans les
mêmes abus que l'on a connus avec les agences de placement.
Il y a un chroniqueur
qui me posait la question, l'autre fois, qui me disait : Qui aurait
intérêt à se lancer dans les mini-hôpitaux
privés au Québec, au privé? Puis il y a eu des délais, là, dans les appels
d'offres. Il y a eu un nouvel appel
de propositions. Ça ne semblait pas se lancer, là, se bousculer au portillon,
là, pour avoir des appels d'offres privés pour les mini-hôpitaux. Puis la question était bonne. Pourquoi un
entrepreneur privé se lancerait dans une telle aventure? Parce que...
parce qu'à la fin le mot-clé ici, là, c'est un mot de six lettres qui commence
par p, «profit», et, le plus souvent, il y a
sept lettres, parce que «profit» vient souvent avec un s. C'est... c'est
souvent des profits. Alors, la question est bonne. Pourquoi un entrepreneur
privé se lancerait dans une telle aventure qu'avoir un hôpital, mini, même mini,
là, privé, s'il n'y a pas d'argent à faire?
Il n'y a pas d'intérêt. Ces gens-là font... font des affaires, puis, à la
limite, c'est correct.
Moi,
je pense que le mot «privé» devrait disparaître de notre discours en matière de
dispensation des soins, ce pourquoi je dis que je ne suis pas ici pour
faire l'apologie de l'offre au privé. Mais effectivement pourquoi quelqu'un se
lancerait là-dedans s'il n'y a pas de profit à faire? Il n'y a personne qui est
assez fou pour se lancer dans la construction d'un hôpital. Puis, on le sait,
là, on les gère, les hôpitaux, là. Le gouvernement, l'État gère les hôpitaux.
On le sait, que c'est un paquet de troubles. Mais c'est un service essentiel
puis c'est un service qu'on s'est donné. S'il
n'y a pas d'argent à faire, il n'y a personne qui va se lancer là-dedans, pas
un privé, en tout cas. On ne fait pas ça pour la beauté de la chose ou
pour, philosophiquement, donner des services. Alors, je veux insister
là-dessus, là.
La raison pour
laquelle j'ai fait cette interpellation ce matin et que je parle souvent du
risque, de la menace du privé, elle est double. De un, nécessairement, qui dit
privé dit profit. C'est pour ça que ces gens-là se lancent dans ces
aventures-là. Et l'autre aspect, évidemment, je le dis souvent ici, c'est qu'il
n'y a qu'un bassin de main-d'oeuvre au Québec. Si le privé est plus attrayant
pour le bassin de main-d'oeuvre, nécessairement, il y aura un effet de vases
communicants qui sera au désavantage du public. Et on le voit, d'ailleurs, puis
le ministre ne pourra jamais me contredire là-dessus.
Tous les efforts que
l'on fait pour ramener notre monde... Si on veut ramener notre monde, c'est
parce qu'ils sont partis. Alors, on essaie
de les ramener puis on n'est pas tout à fait à armes égales, parce que, quand
une belle grosse clinique privée ouvre... Je l'ai dit tantôt, là, petite
parenthèse, mais je suggère au ministre de regarder ça. Je pense qu'il le connaît, le projet de Mont-Tremblant,
grosse clinique de type mini-hôpital privé. Puis je ne suis pas sûr qu'il est si mini que ça, d'ailleurs. C'est avancé avec la
municipalité. Ça pousse là-bas, là. Alors, quand est-ce qu'on va s'arrêter?
Quand est-ce qu'on va s'arrêter de
développer, justement, cette offre de santé privée? En anglais, ils disent
«private for profit». C'est peut-être un pléonasme, là, mais disons-le
pareil, privé pour profit. Il est là, mon point.
Alors là,
aujourd'hui, je demande qu'on applique les freins sur une situation
particulière parce qu'elle fait mal à nos
familles, elle fait mal aux aînés, elle fait mal aux patients qui n'ont pas
d'autre choix que de se priver vers une offre florissante et rampante du privé. Alors, dans l'immédiat, moi, je
dis : Là, on a un problème, on risque de le développer encore plus.
Je vous ai parlé du nombre grandissant
d'infirmières praticiennes qui s'incorporent. Parce que, si c'est bon pour les
médecins, ça va être bon pour les infirmières. Elles vont s'incorporer. Elles
non plus n'ont pas de limite. Il est dit ici que les infirmières et infirmiers doivent demander et
accepter des honoraires justes et raisonnables. Qu'est-ce qui est un
honoraire juste et raisonnable pour le patient qui ne le sait pas? Et là, là,
on va... Là, on va creuser notre problème, là. On va creuser notre problème,
là, puis on va se revirer de bord, puis on va avoir la même situation sur les bras qu'on s'est bricolée avec les agences de
placement, parce qu'évidemment, et je le redis, le privé est là pour le profit.
Alors, en attendant de faire le vrai débat...
Puis il y aura une campagne électorale un jour, là, dans deux ans quelques. On aura nos propositions. Elles seront
débattues. C'est à ça que ça sert, les campagnes électorales. La CAQ aura
ses propositions. Les partis... Le Parti québécois, les libéraux aussi auront
leurs propositions. On en débattra à ce moment-là. Mais moi, pour le moment, je
demande au ministre d'appliquer le frein à main maintenant pour cesser les
abus. Merci.
• (12 heures) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député. Je
pense que le message est très clair.
Je tiens à vous remercier pour la qualité de vos
échanges et je vous remercie surtout de votre présence. Sur ce, je vais vous
souhaiter un bon retour en comté. Soyez prudents.
Alors, compte tenu de l'heure, je lève la
séance. Et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine
die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 12 h 01)