Journal des débats de la Commission de la santé et des services sociaux
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mardi 8 avril 2025
-
Vol. 47 N° 90
Étude détaillée du projet de loi n° 83, Loi favorisant l’exercice de la médecine au sein du réseau public de la santé et des services sociaux
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures vingt-neuf minutes)
Le Président (M. Provençal)
:Alors, bon après-midi à tous. Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé des
services sociaux ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue et je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La Commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 83, Loi...
Le Président (M. Provençal)
:...en favorisant l'exercice de la
médecine au sein du réseau public de la santé et des services sociaux.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Abou-Khalil (Fabre) est remplacée par M. Martel
(Nicolet-Bécancour) ou M. Cliche-Rivard (Saint-Henri—Sainte-Anne) par
M. Marissal (Rosemont).
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Lors de l'ajournement
de nos travaux, jeudi dernier, nous en étions à l'étude du sujet II,
régime d'autorisation d'exercer la médecine en dehors des cadres du régime
public d'assurance-maladie. Nous poursuivons l'étude de l'amendement proposé
par le ministre, introduisant l'intitulé du chapitre I ainsi que
l'article 0.1. Alors, je suis prêt à recevoir des interventions concernant
ce point. J'avais compris la semaine dernière qu'il n'y avait pas trop de
questionnements sur l'intitulé, c'était plus, là, sur le 0.1. Est-ce qu'il y a
des interventions de la part des gens? Oui, Mme la députée de La Pinière.
• (15 h 30) •
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Si vous permettez, comme jeudi dernier, durant la dernière séance,
j'étais à la commission des finances publiques et qu'il y a eu des...
évidemment des discussions et c'était... en tout cas de ce que j'ai entendu, ce
qui avait été dit jeudi n'était peut-être pas exactement ce qui avait été dit à
la séance précédente à propos du moment où le compteur s'arrêtait lorsque...
pour les cinq années. Est-ce que c'est possible à ce stade-ci, juste de
demander clarification pour m'assurer que je comprends bien ce qu'on a... où on
en est là-dessus, afin de mieux aborder les amendements?
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre, est-ce qu'on demande
au Dr Bergeron de faire un... allez-y.
M. Dubé : Bien,
peut-être, je veux juste bien comprendre votre question, parce
qu'effectivement... Est-ce que c'est sur l'article 5 ou sur
l'article 6? Parce que, rappelez-vous qu'on a... Je ne sais pas... Puis je
m'excuse, je n'ai pas noté quand est-ce que vous n'étiez pas là à ce moment-là.
Puis ce n'est pas un commentaire négatif. Vous avez été très participante ça
fait que ce n'est pas mon point. Je veux juste comprendre l'objet de votre
interrogation, parce qu'on a... À la fin de la session la semaine dernière, si
on se rappelle bien, j'avais demandé quand est-ce qu'on pourrait revenir sur
l'article 6 parce qu'on avait une question de terminologie. Puis on a
dit : Bien, on ne le fera pas tout de suite. Je pense qu'il y avait un
consensus de dire : O.K., on va commencer... votre collègue député de
Pontiac a dit : Bien, on va commencer sur l'autre partie. Alors là, c'est
pour ça que je veux savoir un peu qu'est ce que vous avez en tête, là, pour que
je puisse peut-être demander une précision au Dr Bergeron, si vous permettez,
là.
Mme Caron : Oui, tout à
fait. Alors, en fait, je ne voulais pas lancer une discussion pour des
amendements ou quoi que ce soit, ce qui a déjà été fait, je voulais simplement
préciser pour ma propre compréhension. Par exemple, quand on étudie... La
personne, le résident qui doit faire son cinq ans, il y a... on a appelé ça entre
nous quand le compteur commence, quand il doit et doit faire...
M. Dubé : ...parce qu'on
parle d'un résident, O.K., c'est correct.
Mme Caron : Donc, il
doit faire ses cinq ans. Puis on a dit qu'il y avait, dans certains cas, des
contingents, par exemple, s'il allait dans... pratiquer la médecine dans
l'armée, s'il était en congé parental ou... que le 5 ans continuait de
courir. Donc, quand il finissait soit le temps dans l'armée, soit le temps de
congé parental ou d'autres types de contingents comme ça, que s'il revenait...
que s'il arrêtait... il finissait ça, mettons, au bout de trois ans, mais il
restait juste deux ans à venir faire dans le secteur public. Alors, ça, je
voulais vérifier si ça, je le comprenais bien, si c'est bien ça. Et puis, par
contre, si la personne... le compteur commence aussi, mais s'il n'est pas apte
ni disponible et qu'il n'a pas de pratique au Québec, là, le compteur s'arrête
puis il va recommencer juste quand il va revenir au Québec. Par exemple, s'il
va faire sa résidence... Là, je vois un non, alors peut-être que ce n'est pas
ça. S'il va faire sa résidence à l'extérieur du Québec ou s'il va travailler
dans une... pour un... dans un contexte humanitaire, par exemple, à l'extérieur
du Québec, donc, où il pratique la médecine, qu'à ce moment-là il ne pratique
pas au...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Caron : ...donc, ce n'est
pas... ça n'est pas compté, comptabilisé et que quand il va revenir au Québec,
il va devoir faire son cinq ans.
Le Président (M. Provençal)
: Juste avant que le Dr Bergeron vous donne la réponse,
je veux spécifier que c'est exceptionnel que je vous permette ce type de
question là parce qu'elle n'a aucun lien...
Mme Caron : Avec l'amendement.
Le Président (M. Provençal)
: ...avec l'amendement. Mais si ça peut faciliter nos
travaux par la suite, je vais demander maintenant au Dr Bergeron de s'identifier
et le consentement pour que le Dr Bergeron puisse répondre à la question.
Consentement. Alors, consentement?
Une voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Oui? Merci beaucoup. Dr Bergeron, s'il vous plaît.
M. Bergeron (Stéphane) : Merci,
M. le Président. Stéphane Bergeron, sous-ministre adjoint au ministère de la
Santé et des Services sociaux dans le secteur de la santé physique et du
pharmaceutique. La notion qui a été votée, c'est la notion d'après la fin de la
formation médicale postdoctorale. Je rappelle ici, donc, que lorsqu'on fait
notre cours de médecine pour devenir médecin, il y a d'abord une formation qu'on
appelle doctorale, Faculté de médecine. On obtient le titre de M.D. mais sans
avoir le droit de pratique de plein exercice. Et ça, c'est complété... on le
complète par une formation postdoctorale, soit en médecine spécialisée comme la
médecine de famille ou dans les autres spécialités. Les deux principes qui sont
importants ici à comprendre et pour lesquels on a toujours été clairs, en tout
cas à mon point de vue, c'est, de un, que cette clause-là, ce n'est pas une, ou
cet article-là, ce n'est pas un article lié à l'intensité du travail. Donc, d'où
ce que vous dites, quelqu'un qui décide de ne pas travailler pendant trois mois,
pendant six mois pour quelque raison que ce soit, puis décider, là, ça peut
être que la vie lui a imposé parce qu'il est invalide, parce qu'il y a une grossesse,
mais aussi par choix d'aller prendre du temps et de ne pas faire de pratique
médicale du tout. Le compteur se continue à ce moment-là parce que ce n'est pas
quelque chose où on veut imposer une cadence ou un rythme. L'esprit dans lequel
c'est, c'est que s'il y a une pratique médicale, elle doit se faire au Québec,
par rapport à une pratique médicale à l'extérieur du Québec? Ceci étant, il y a
une petite notion supplémentaire qu'il faut ajouter qui a amené les précisions
auxquelles, je crois, vous faites référence. Il a toujours été mentionné dans
notre vision qu'en aucun moment ce projet de loi là ne doit réduire la capacité
de formation de nos médecins et le goût de se faire former de nos médecins et
donc la compétence de nos médecins. Dans la formation médicale postdoctorale, certains,
après avoir complété leur résidence, vont faire ce qu'on appelle un fellowship,
donc six mois, un an, deux ans supplémentaires. La plupart du temps, ça tourne
autour d'un an supplémentaire ailleurs. Bon, on comprend que le compteur
commence après cette formation postdoctorale là, lorsqu'on peut recommencer l'exercice
de pleine pratique. Puis on a apporté une précision pour dire : Admettons
que j'ai terminé ma résidence dans la spécialité y, elle n'a pas d'importance,
que pour toutes sortes de raisons volontaires ou de disponibilité, bien, mon
fellowship, je ne le commence pas immédiatement, j'ai une pratique pendant ce
temps-là. Je débute donc ma pratique, puis je vais partir en fellowship dans
six mois, ou dans neuf mois, ou... On ne veut pas empêcher le fellowship. Donc,
pour cette condition particulière là, bien, ces gens-là vont faire un exercice
de la médecine. Dans le fellowship, on exerce la médecine, on pose des gestes,
on apprend des chirurgies plus compliquées ou des diagnostics plus compliqués,
on apprend à lire des images radiologiques ou autres ailleurs, parfois à l'extérieur
du Québec, parfois à l'extérieur du Canada. Bien, on ne veut certainement pas
entraver cela. Et on dit que, pour cette condition-là, là, on n'autorise par...
On autorise ce type de pratique là dans un cadre de fellowship, puis on arrête
le chronomètre pendant cette période-là.
Mme Caron : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
:Ça va? Maintenant, on revient. Merci
beaucoup, Dr Bergeron. Alors, maintenant, on en revient à l'amendement qui
introduit le chapitre I et l'article 0.1...
Le Président (M. Provençal)
:...maintenant, y a-t-il des
interventions sur cet amendement? Non. S'il n'y a pas d'intervention, est-ce
que l'amendement est adopté, ainsi que l'intitulé?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
:Adopté. Merci beaucoup. Alors, M. le
ministre, 0.2.
M. Dubé : Je vais prendre à
l'ancienne méthode, c'est-à-dire en papier. Et je veux juste m'assurer que tous
les collègues de la commission les a en main. Oui. C'est bon. Alors, on peut y
aller avec la lecture. Puis merci beaucoup, madame, d'être à l'écran pour nous
suivre. Merci beaucoup.
L'article 0.2. Insérer, après l'article
0.1 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
«0.2. Le médecin qui désire devenir un
professionnel non participant doit y être autorisé par Santé Québec
«Le médecin présente, dans la demande
d'autorisation transmise à Santé Québec, les renseignements suivants :
«1° son nom, son numéro de membres du
Collège des médecins du Québec, son champ d'expertise et ses coordonnées;
«2° son statut actuel au regard du régime
public d'assurance maladie;
«3° le lieu où il entend exercer à titre
de professionnel non participant; et
«4° les motifs qui soutiennent sa demande,
le cas échéant.».
Le commentaire que je vous lis. Cet
amendement prescrit qu'un médecin qui désire devenir un professionnel non
participant doit obtenir l'autorisation de Santé Québec. La demande
d'autorisation du médecin doit être transmise à Santé Québec et inclure
certains renseignements, comme les coordonnées du médecin et son statut au moment
de la demande, en l'occurrence, s'il est un professionnel participant ou
désengagé. S'il le souhaite, le médecin peut également soumettre les motifs au
soutien de sa demande.
Voilà, M. le Président.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, je suis prêt à
recevoir une première intervention sur l'amendement 0.2. Oui, M. le député de
Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Bon après-midi. Pourquoi, pourquoi, au quatrième paragraphe, «le
cas échéant»? Puis je fais le lien avec les commentaires, la dernière phrase du
commentaire : S'il le souhaite, le médecin peut également soumettre des
motifs au soutien de sa demande. Moi, ça ne me semble pas être accessoire, là,
ça devrait être... ça va de soi, même.
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
:Dr Bergeron.
M. Bergeron (Stéphane) : M.
le Président, donc, ici, je pense que, un, je rejoins l'esprit de ce qui est
demandé, en disant : Il me semble que si tu veux changer ta pratique pour
aller devenir un médecin non participant, tu devrais soumettre les bons motifs,
à défaut de quoi tu as de hauts risques d'être refusé. Il me semble que c'est
de bon aloi. Maintenant, on laisse la souplesse au médecin qui veut le faire de
décider et de choisir la longueur de ce qu'il veut donner comme argumentaire,
qui devra être jugé par Santé Québec, ou pris en considération par Santé
Québec.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député.
M. Marissal : Bien, merci, M.
le Président. Là, vous me dites, docteur Bergeron, il aurait intérêt à plaider
sa cause et à le faire plus tôt de façon complète, que juste de cocher les
cases minimales puis de risquer une réponse négative. Je comprends ça, sauf que
si je fais le miroir avec l'article suivant, là, parce qu'ils sont liés, ces
articles-là, on ne peut pas les lire indépendamment les uns des autres. On
parle, «dans l'exercice de sa discrétion», donc, Santé Québec a l'exercice de
sa discrétion. Il me semble que le miroir de ça, c'est que le médecin donne ses
raisons, notamment parce que le médecin pourrait dire : Moi, je ne suis
pas capable de travailler dans mon secteur, parce que la salle d'op est fermée
trois quarts du temps.
Puis là, comprenez-moi bien, là, moi, je
ne veux pas envoyer les médecins vers le privé, c'est plutôt le contraire que
je souhaiterais de faire. Mais, en toute transparence, qu'on soit capable,
après un certain temps x, de passer ça dans le tamis, de retenir les gros
morceaux puis de se dire : Bien, la majorité des médecins qui demandent à
quitter, c'est parce qu'ils ne sont pas capables d'opérer plus 50 % du
temps dans leur région. Bien, on le saura, on le saura...
M. Marissal : C'est une
information qui me paraît importante, là.
M. Dubé : Moi, j'aime beaucoup
ce que le député vient de dire. Puis je voudrais peut-être, M. le Président,
vous reposer une question parce que vous l'avez bien dit, il y a un lien direct
avec l'article 3, là, qu'on va faire dans... tout à l'heure. C'est quoi
qui vous dérange dans la terminologie? Est-ce que c'est «le cas échéant»? Parce
que, si vous me dites... Moi, en tout cas, là, je vais demander au légiste.
Moi, je pense qu'il n'y a pas le choix de donner ses motifs, parce que, tout à
l'heure, quand on va regarder les trois critères qu'on a demandés Santé Québec
de prévoir, je pense qu'il n'a pas le choix de donner ses motifs. Alors, si
c'est le mot «le cas échéant» qui vous dérange, puis qu'on est mieux de
l'enlever, je ne sais pas, là, je demande à notre légiste, mais moi, je...
M. Marissal : Vous lisez dans
mes pensées.
M. Dubé : Voilà. Mais si
c'est ça qui vous préoccupe, puis qu'on n'a pas besoin de ça, mais je le
demanderais peut-être à notre légiste de voir si... Parce que souvent j'entends
la réponse : Mais, écoutez, c'est habituellement ce qu'on met puis...
Alors, sans prévoir votre réponse, M. le Président, j'aimerais peut-être
demander conseil à notre légiste.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, maître, je vais vous demander
de vous nommer, votre fonction et, pas par la suite, de nous donner votre
opinion.
Mme Gagnon (Maude) : Bonjour.
Merci, M. le Président. Donc, Maude Gagnon, je suis avocate à la direction des
affaires juridiques au ministère de la Santé et des Services sociaux. Donc, en
ce moment, en mettant «le cas échéant», ça laisse la discrétion au médecin
simplement de mettre des motifs s'il le souhaite. Si on l'enlève, on va obliger
le médecin dans sa demande à devoir inscrire des motifs au soutien de sa
demande. Donc, c'est simplement une discrétion. Est-ce qu'il a intérêt à le
faire? Probablement, mais on lui donne la discrétion de le faire. Et également,
si je peux me permettre, là, s'il ne le fait pas ou s'il transmet des motifs
qui sont par exemple incomplets ou qui pourraient avoir... nécessiter des
renseignements supplémentaires, et on y arrivera après, là, mais à 0.4, Santé
Québec pourra exiger, là, d'avoir des renseignements ou des documents
supplémentaires de la part du médecin pour compléter sa demande.
M. Marissal : Je comprends
votre argument, il est valable, mais prenons-le a contrario, que le médecin
sciemment ne mette pas de motif puis qu'il se fait refuser, il va y avoir un
mécanisme d'appel, là, j'imagine, il y a toujours d'appel. Il ira et il
dira : Santé Québec m'a refusé par pure discrétion, ne m'a pas vraiment
donné de raison valable. Le médecin pourrait même avoir avantage à ne pas
donner, parce que si le médecin, il dit : C'est parce que je ne peux pas
opérer dans les... dans mon établissement, puis que ce n'est pas vrai, Santé
Québec va lui dire : ce n'est pas vrai, tu peux opérer. Si le médecin
dit : Ah, ça ne me tente plus, moi, d'opérer à Maisonneuve-Rosemont, je
vais aller opérer ailleurs. Ça se peut que Santé Québec dise : Bien, tough
luck, on a besoin de toi à Maisonneuve-Rosemont. Tu sais, ça se peut. Mais s'il
ne met rien, qu'il se fait refuser, il y a une base pour aller dire : on
m'a refusé sur rien.
M. Dubé : Je vous dis, là, on
s'entend sur le principe, le... Si on regarde qu'est ce qu'on corrige à la loi
en ce moment ou qu'est ce qu'on ajoute, c'est qu'en ce moment le médecin, pour
les Québécois qui nous suivent, là, peut-être, on revient un peu en arrière, en
ce moment, un médecin qui veut partir du public puis s'en aller au privé, c'est
un avis qu'il donne, il ne demande pas de permission. Ça, c'est un gros
changement, on est en train de dire : Maintenant, vous allez devoir
demander une autorisation. Moi, je suis d'accord avec vous que si c'est le mot
«le cas échéant» qui vous dérange, moi, il me dérange un peu aussi, mais je n'y
voyais pas de problème parce qu'on sait qu'à l'article 3 on va dire :
voici les critères sur lesquels on va évaluer votre autorisation. Ce n'est plus
un avis, là, ce n'est plus juste un avis que vous nous faites. Alors, moi c'est
pour ça, tantôt, que je demandais à Mme Gagnon, notre légiste, si elle me
dit qu'on est capables de vivre sans ça, puis vous, ça vous inquiète, moi, je
pense, en tout cas, je demande au Dr Bergeron. C'est assez facile d'enlever les
mots puis... Non, je vous le dis, M. le député, là, je suis très flexible sur
celui-là, là.
M. Marissal : Je ne sais pas
si j'ai besoin de déposer un amendement ou si on s'entend autrement pour
l'enlever. Je pense que ça prend un amendement, là, à la fin, là, pour modifier
le texte, là.
Le Président (M. Provençal)
:Bien, de toute manière, si on décide
d'enlever «le cas échéant», là, M. le député, on demande simplement au ministre
s'il est d'accord pour retirer l'amendement. Puis si oui, on va déposer un
nouvel amendement dans lequel on va avoir le même libellé, sauf «le cas
échéant».
M. Dubé : ...je n'ai aucun
problème avec ça.
M. Marissal : Bien, on
peut... puis on peut prendre ce chemin-là aussi. Tout à l'heure, je me suis
peut-être mal exprimé, là, mais si le médecin, il est devant sa... son...
M. Marissal : ...puis qu'on
lui dit : Veuillez donner les motifs qui soutiennent votre demande. Là, le
médecin s'arrête pendant deux minutes puis il dit : Oh! je n'en ai pas
bien, bien, à part que c'est plus payant ou que je n'aime pas mon lieu de
travail. Ça se peut qu'à la fin il se dise : Je n'ai pas grand chance de
l'avoir, je suis peut-être mieux de passer un tour. Ça se peut.
Auquel cas, après ça, il y a des médecins
qui sont légitimés de dire : Ça ne me tente plus puis je ne peux pas
opérer. Puis on le sait, que les médecins, ils ne peuvent pas toujours opérer
au volume qu'ils voudraient. Puis tu n'étudies pas 10, 12 ans juste pour
attendre à ton bureau, remplir de la paperasse. Je les comprends. Je trouve ça
malheureux, mais je les comprends. Tu as été formé comme ortho pour changer des
hanches, tu veux jouer de la scie dans les hanches du monde, là, c'est... puis
remplacer les hanches, idéalement. Je les comprends. Alors, moi, je pense qu'on
devrait enlever ça, «le cas échéant», comme ça, ça rend l'affaire obligatoire.
M. Dubé : M. le Président, si
vous me demandez, je retire mon article... mon amendement puis je le dépose
dans les secondes qui suivent en ayant enlevé «le cas échéant». Je n'ai
aucun... je n'ai aucun problème avec ça.
Le Président (M. Provençal)
:Ça va? Ça me prend le consentement
pour retirer l'amendement qui est présentement traité. Consentement. Alors, on
retire votre amendement, et là je comprends que vous allez transmettre au
secrétariat une nouvelle version, dans laquelle on va avoir biffé «le cas
échéant».
• (15 h 50) •
M. Dubé : Oui, parce que la
discussion se fera sur l'article 3, tout à l'heure, quand on parlera des
critères, selon moi.
Le Président (M. Provençal)
:C'est clair. M. le député de
Saint-Jérôme.
M. Chassin :...c'est juste qu'avant qu'on procède, là, parce que c'est
peut-être mineur, mais il y a, dans «le cas échéant», dans le fond, on se...
cette discrétion qu'on laisse, c'est aussi parce que... Je comprends que c'est
positif, là, s'il veut soutenir sa demande, mais, en même temps, ça laisse
comprendre que c'est possible, si, par exemple, là, il n'y a pas un besoin
impérieux d'avoir ces services puis que lui ne souhaite pas soutenir sa demande
d'arguments, ou elle, la médecin ne souhaite pas soutenir avec des arguments,
bien, elle peut ne pas le mettre, plutôt que d'avoir à mettre... bien, par
choix. Moi, je trouve que c'est comme un peu un... enfin, c'est un peu naturel
de laisser un peu cette discrétion-là.
Ça fait que c'est pour ça que je ne suis
pas certain de voir, là, si du côté du député de Rosemont, c'est... tu sais...
la volonté, c'est vraiment d'obliger d'avoir, dans le fond, cette réflexion-là,
ou est-ce que c'est plus l'obligation qui est sur ce formulaire, pour sortir,
pour obtenir l'approbation, d'avoir un argumentaire à chaque fois?
Le Président (M. Provençal)
:De toute manière, M. le député, si
vous me permettez un commentaire, parce que je ne voudrais pas qu'on se ramasse
avec un dialogue, là, on l'a bien dit avant, c'était un simple avis.
Maintenant, il y a une demande formelle qui va être formulée par le médecin. En
lien avec cette demande-là, dans les articles qui vont... les amendements qui
vont suivre, on va avoir une grille un petit peu sommaire des critères sur
lesquels Santé Québec va se baser pour autoriser cet élément-là. Et on va en
retrouver aussi, de mémoire... à 0.4 ou 0.5, là, il va y avoir d'autres
éléments. Alors, qu'on conserve «le cas échéant» ou non, il y a quand même un
filet de sécurité dans les autres articles qui vont baliser les éléments... je
dirais baiser les éléments de base sur lesquels Santé Québec va se baser pour
dire oui ou non à la demande. Alors... Et je pense qu'il y avait...
majoritairement, ici, les gens semblaient être en accord pour retirer «le cas
échéant».
M. Chassin :...moi, M. le Président, je fais juste poser la question,
mais c'est le seul qui parle des obligations du médecin par rapport à la
demande. C'est pour ça que...
Le Président (M. Provençal)
:Vos commentaires sont notés, M. le
député. Alors, on va reprojeter le nouvel amendement, M. le ministre.
M. Dubé : Alors, M. le député
de Rosemont, vous savez que c'est le paragraphe dont on parle, là, ce n'est pas
l'alinéa, hein, c'est le paragraphe 4, c'est ça. Alors, dans le paragraphe 4...
M. Marissal : Ça m'a pris six
ans et demi, mais j'y suis arrivé...
M. Dubé : C'est pour ça...
M. Dubé : ...je le dis un peu
avec humour. Alors, le paragraphe quatre. Alors, on a enlevé le mot, «le
cas»... les mots «le cas échéant», et ça se lit maintenant : «les motifs
qui soutiennent sa demande.» Voilà. Je pense que ça répond à votre
interrogation.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, maintenant, je suis prêt à
recevoir les interventions en lien avec l'amendement 0.2. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Juste pour
appuyer ce nouvel amendement, cette modification-là qui, selon ce que j'en
comprends, rend obligatoire la rédaction de motifs pour soutenir la demande.
C'est bien ça? C'est comme ça qu'on conclut la discussion. C'est une excellente
proposition de la part de nos collègues.
M. Dubé : Très bonne...
Le Président (M. Provençal)
:Interventions? Oui, Mme la députée de
Lapinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Bien, je pense que l'important ici, c'est qu'on ait les motifs qui
soutiennent sa demande parce que, si on n'avait pas ce paragraphe, on aurait...
ce serait ni plus ni moins comme de donner un avis comme... presque comme
aujourd'hui. Personnellement, qu'on ait «le cas échéant» ou qu'on n'ait pas «le
cas échéant», ça me convient.
Le Président (M. Provençal)
:Vous êtes à l'aise dans les deux
versions?
Mme Caron : Oui.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Autres interventions? S'il n'y
a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement 0.2 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
:Adopté. Merci beaucoup.
M. Dubé : ...M. le député de
Rosemont. L'article trois.
Le Président (M. Provençal)
:0.3.
M. Dubé : 0.3, pardon,
excusez-moi : Insérer, après l'article 0.2 du projet de loi tel
qu'amendé, le suivant :
«0.3. Il appartient à Santé Québec de
statuer sur l'opportunité d'accorder une autorisation. Dans l'exercice de sa
discrétion, Santé Québec tient compte des orientations déterminées par le
ministre et de tout facteur qu'elle juge pertinent.
«En outre, elle évalue les éléments
suivants :
«1° le nombre de médecins qui sont des
professionnels non participants dans la région sociosanitaire où le médecin
entend exercer à titre de professionnel non participant, et si ce nombre est
trop considérable pour que les services médicaux assurés puissent continuer à
être rendus selon des conditions uniformes;
«2° les impacts que pourraient avoir
l'autorisation sur la qualité ou sur l'accessibilité des services médicaux
assurés offerts dans la région sociosanitaire où le médecin entend exercer à
titre de professionnel non participant;
«3° la capacité de mettre à contribution
le médecin pour accroître la qualité et l'accessibilité des services médicaux
assurés offerts dans la région sociosanitaire où il entend exercer à titre de
professionnel non participant.
«Lorsque le médecin entend exercer à titre
de professionnel non participant dans une région sociosanitaire autre que celle
où il exerce au moment où il présente sa demande d'autorisation, Santé Québec
évalue aussi les éléments prévus au deuxième alinéa à l'égard de cette dernière
région.
«Santé Québec doit refuser d'accorder une
autorisation lorsque le médecin qui présente sa demande est le seul médecin à
offrir un service médical assuré dans la région sociosanitaire où il exerce au
moment où il présente sa demande.»
Je vais vous lire les commentaires, M. le
Président, si vous le permettez.
Le Président (M. Provençal)
:Allez-y.
M. Dubé : L'article
introduit, donc, par cet amendement prévoit les critères dans Santé Québec doit
tenir compte dans sa décision d'accorder ou non une autorisation, en plus des
orientations du ministre et de tout facteur que Santé Québec juge pertinent.
Cependant, Santé Québec doit
nécessairement évaluer les éléments suivants :
premièrement, le critère quantitatif qui
vise à considérer, au regard de l'uniformité des services médicaux assurés qui
peuvent continuer d'être rendus, le nombre de médecins déjà non participants
dans la région où le médecin qui effectue la demande d'autorisation à exercer;
deuxièmement, le critère qualitatif qui
consiste à évaluer l'impact de l'autorisation sur la qualité ou l'accessibilité
des services assurés dans une telle région;
troisièmement, le dernier critère vise à
évaluer la capacité contribution du médecin en vue d'accroître la qualité et
l'accessibilité des services médicaux assurés dans la région.
Le troisième alinéa prévoit que les
critères doivent être évalués en fonction de la région sociosanitaire où le
médecin souhaite exercer et celle où il exerce au moment de sa demande, si
cette région est différente.
Enfin, le dernier alinéa oblige Santé
Québec à refuser une demande d'autorisation si elle constate que le médecin qui
présente la demande est le seul à offrir un service médical assuré particulier
dans sa région... dans la région...
M. Dubé : ...sociosanitaire
où il exerce au moment où il présente sa demande. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: ...M. le ministre. Alors, je suis prêt à recevoir une
première intervention. Mme la députée de La Pinière. Et, par la suite, j'ai
reconnu le député de... des Îles-de-la-Madeleine.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, ma première question serait au paragraphe un, lorsqu'on dit
qu'on évalue «le nombre de médecins qui sont des professionnels non
participants dans la région sociosanitaire où le médecin entend exercer à titre
de professionnel non participant, et si ce nombre est trop considérable pour
que les services médicaux assurés puissent continuer à être rendus selon des
conditions uniformes». Alors, ma première question : Qu'est-ce qu'on
considère comme un nombre trop considérable de professionnels non participants?
Et qu'est-ce qu'on veut dire exactement par des «conditions uniformes», des
services qui puissent être... continuer à être rendus dans des conditions
uniformes? C'est uniforme par rapport à quoi? Ce serait la première question
que j'aurais concernant le premier paragraphe.
Le Président (M. Provençal)
: Dr Bergeron.
• (16 heures) •
M. Bergeron (Stéphane) : M. le
Président, donc, évidemment, c'est clair pour tout le monde ici, là, donc, ici,
on est dans l'exercice du discrétionnaire et on donne des barèmes d'évaluation
et des considérations d'évaluation sans justement tracer une ligne claire pour
dire : Ça représente x ou y, mais on dit : Lorsque vous évaluez une
situation, voici des éléments qui sont des incontournables dans votre réflexion
pour en arriver à une décision. Ce grand chapitre là étant... étant dit,
votre question, c'est : Qu'est-ce qui amène le ministre à proposer une
rédaction basée sur la quantité? En fait, la pensée en arrière de cela, c'est
qu'on doit évaluer, hein... il y a... Rappelons-nous le titre, c'est une loi
favorisant l'exercice dans le service public. Donc, on dit ici, à Santé Québec,
dans leur exercice de leur discrétion : Regardez ce qui se passe sur le
terrain dans le secteur privé. On a... J'ai souvent entendu le ministre dire
que, le privé, sa place devait être en appui au système public et non pas s'y
substituer, au système public, dans le secteur privé. Donc, il faut regarder,
puis c'est là qu'on dit : Vous devez regarder, en quelque sorte, le nombre
de médecins qui pratiquent à l'intérieur du système public dans la région puis
dans la même spécialité, le nombre de médecins qui pratiquent dans le système
privé, pour être sûr que ça ne soit pas débalancé, on peut comprendre,
débalancé en défaveur du public dans un contexte d'une loi qui va favoriser le
service au public.
Donc, lorsque... à la dernière partie,
qu'est-ce que voudrait dire l'intention derrière des «conditions uniformes»,
bien, c'est un accès qui serait fortement impacté défavorablement dans le
secteur public pour plutôt être favorisé, rendu facilement accessible dans le
secteur privé. Donc, ce sont des conditions sans ligne définie en disant :
C'est 50 ou 52 ou deux, là, vous comprenez ce que je veux dire, donc un chiffre
précis, mais plutôt une balise de réflexion.
Mme Caron : Merci. Alors,
toujours sur le nombre de médecins non participants ou participants, au
dernier... au dernier alinéa, on dit : «Santé Québec doit refuser
d'accorder une autorisation lorsque le médecin qui présente la demande est le
seul médecin à offrir un service médical assuré dans la région sociosanitaire
où il exerce au moment où il présente la demande.» Alors, entre le nombre trop
considérable, par exemple, de médecins non participants, ce qui veut dire, pour
tout le monde, de médecins dans le privé... entre ça et dire que, s'il y en a
juste un, médecin, à offrir le service... là, il faut absolument, je comprends,
refuser la demande du médecin qui la présente, mais est-ce que d'être un seul
médecin à offrir un service dans une région... est-ce que c'est très répandu?
Puis, s'il y en a deux, est-ce qu'on peut se permettre d'accepter la demande?
Le Président (M. Provençal)
: Allez-y.
M. Bergeron (Stéphane) :
M.
le Président, donc, je comprends, puis je dois dire que je m'attendais à avoir
une telle question. Pour expliquer le processus réflexif... Parce qu'ici on a
quand même...
16 h (version non révisée)
M. Bergeron (Stéphane) : …on a
dit : Il y a un pouvoir discrétionnaire, mais on vient de fixer la limite
du «pensez-y même pas», dans ces situations-là, là, ne prenez même pas la peine
de l'évaluer parce que c'est une ligne rouge totalement infranchissable. Ça fait
qu'on n'est pas passé à une analyse, je le dis candidement, de dire par région
combien de personnes on voudrait viser. Pour nous autres, là, c'était une
limite, peu importe la situation, c'était une limite de l'infranchissable que de
dire que, dans des circonstances où le passage d'un médecin, de façon
volontaire, c'est un régime temporaire d'autorisation, pendant les deux
prochaines années après l'adoption… que le passage du service public vers le
service privé, qui amènerait une extinction de la capacité du service public de
répondre à un besoin, ça, c'est quelque chose qui est une ligne rouge
infranchissable. Donc, c'est la limite de l'extrême. Puis je vais dire
candidement que ce n'est pas… en arrivant là, on n'est pas arrivé avec une
analyse en disant : C'est telle, telle, telle situation. On a simplement
dit : Au travers de votre pouvoir discrétionnaire, il y a une balise qu'on
ne veut même pas que vous franchissiez.
Mme Caron : Merci. Bien, maintenant,
pourquoi un seul médecin? Parce que je me dis que si c'était deux médecins dans
la… dans cette ligne rouge, ce serait peut-être plus sûr de s'assurer qu'il n'y
aura pas, justement, une extinction des services. Parce que, s'il y a un seul
médecin qui offre un service médical assuré dans une région… que ce médecin
tombe malade ou part en vacances, il y a… il y aura bris de service à ce moment-là
pour ce type de services dans cette région. Alors, pourquoi avoir mis à un,
pour éviter ce genre de situation là, et pas à deux?
M. Bergeron (Stéphane) : M. le
Président, si je me permets, le fait qu'il y ait une ligne rouge qui est tracée
au niveau du numéro un fait en sorte que, de 1 à 0, là, tout le reste tombe
dans le domaine discrétionnaire. Puis évidemment il est attendu… Je dirais que…
et je suis sûr que… de la part de Québec et de notre part, que les situations
qui mettent à risque, donc les situations de petits nombres, justement, quand
on regarde la balance, vont être regardées avec encore plus de détails
microscopiques sur les impacts de tout ça. Donc là, on tombe dans le
discrétionnaire. Il appartient aux parlementaires de décider puis… et au
ministre de le proposer, dans certains cas, mais donc il ne faut pas saisir de
cela qu'on trouvait que deux était un chiffre totalement acceptable, ou trois,
ou quatre. On a dit : Voici la ligne de ce qui était infranchissable. Le
reste est à la discrétion de Santé Québec, mais avec le fait… qu'attendu de Santé
Québec que ces situations-là où il y a un potentiel plus grand, pour les
raisons que vous avez évoquées, on tente de deux à un, puis le un tombe
invalide. Ce doit être des situations qui sont regardées avec encore plus de
détails, il y a une décision qui va être plus mûrie. Puis là, bien, il y a… le
reste est dans du cas par cas. Puis le projet de loi donne les balises, mais ne
fixe pas d'autres… d'autres lignes rouges que celle qui était là, à moins que
les parlementaires décident de la changer.
Mme Caron : Merci et qu'est-ce
qui arrive… Par exemple, si je me place du point de vue du patient qui est déjà
suivi, pris en charge par un médecin dans le… qui est non participant et qui
peut-être attend une chirurgie. Il peut être pris en charge… peut être pris en
charge pour une chirurgie. Est-ce qu'il va y avoir une incidence sur ce patient-là?
Est-ce que... Est-ce qu'un médecin non participant peut devenir… Est-ce qu'on
peut lui enlever la possibilité d'être non participant? Et est-ce que ça peut,
d'une certaine manière, avoir un impact sur les… sur ses patients qu'il
traiterait déjà au privé? Est-ce qu'il va pouvoir quand même continuer de les
traiter ou…
Le Président (M. Provençal)
: Très bonne question.
M. Bergeron (Stéphane) : M. le
Président, effectivement, c'est une très bonne question, qui, à mon avis… deux
points, notamment dans le 0.4. Encore une fois, dans les attentes envers Santé
Québec et dans sa… dans l'usage de sa discrétion, moi, je m'attends... Puis c'était…
C'est ce que 0.4, dont on va discuter, de… ouvre là, c'est-à-dire Santé Québec
peut exiger tout autre renseignement, notamment, puis je ne suis pas Santé
Québec, vous comprenez, mais, si je me substituais puis j'étais là, je dirais :
Pouvez- vous m'expliquer le transfert de votre patientèle actuelle…
M. Bergeron (Stéphane) : ...au
public, c'est envers qui? Qui avez-vous contacté pour prendre charge de cela?
Parce que ces patients-là que vous suivez, ils ont besoin d'un suivi, d'un
suivi qui va être dans le système public parce qu'ils ont demandé à être suivis
dans le système public. Donc, ce sont des informations qui sont de très, très
grande importance. Ce sont des questions intelligentes, qui nécessitent d'être
posées. Puis, compte tenu de toutes les possibilités et cas d'espèce, c'est là
qu'on l'a amené dans un dans un article supplémentaire en disant que Santé
Québec avait le droit de demander. Puis, encore une fois, je vais dire, si
j'étais Santé Québec, c'est évident que je me poserais la même question puis ce
serait une question facile à poser. Vous voulez aller, soit, très bien. Nous
avons un intérêt dans les... dans le service public. Pouvez-vous m'expliquer
comment vous avez prévu la prise en charge de votre clientèle dans cette
période?
Puis pourquoi je dis, c'est un cas
d'espèce, quelqu'un pour nous demander d'aller dans un bloc opératoire privé
pour une semaine - on comprend que ce n'est pas la même chose - puis demander
que ça dure juste une semaine, que ce n'est pas la même chose si c'est une demande
qui est pour six mois, un an, deux ans ou ad vitam aeternam. Donc, c'est là
qu'on est allé, avec une certaine ouverture, demander à Santé Québec de juger
au cas par cas, mais étant... ayant la possibilité de requérir ces
informations-là du demandeur pour faire l'évaluation de la demande.
• (16 h 10) •
Mme Caron : Est-ce qu'on
pense que, dans l'état actuel des choses, il existe un médecin qui est dans le
public, qui n'a pas une patientèle à transférer? Donc, est-ce que... Ce que je
veux dire, c'est : Est-ce que, dans la pratique, Santé Québec va être en
mesure de donner une autorisation pour devenir non participant? Parce que je
vois mal comment un médecin qui a des... qui a une patientèle va être capable
lui-même de la placer auprès de confrères et de consœurs? Alors, est-ce que,
dans la pratique, c'est quelque chose qui se fait peut-être déjà aujourd'hui?
Je ne sais pas, mais la demande étant tellement grande que j'imagine que ça
doit être difficile à faire pour quelqu'un... pour un médecin qui demanderait
l'autorisation dorénavant de pratiquer... non pratiquant... non participant,
par exemple.
Le Président (M. Provençal)
:Allez-y.
M. Bergeron (Stéphane) : Je
vais décomposer votre question... Excusez, M. le Président. Donc, je vais
décomposer les questions de la députée en deux. Est-ce qu'il y a des médecins
aujourd'hui, dans le système public, qui n'ont pas une responsabilité de prise
en charge de population? Je vous dirais que le premier exemple qui me vient à
la tête sont les médecins d'urgence. Ils n'ont pas de patient à leur charge
dans leur contexte de médecine d'urgence. Donc, c'est certainement une
possibilité. On comprend que ça représente un groupe important. Il y a sûrement
d'autres circonstances, mais je veux simplement ouvrir à la discussion que
c'est une possibilité et que c'est une réalité en fait.
La deuxième chose, c'est que le critère,
quant à moi, ne doit pas être... Si vous suivez quelqu'un dans le système
public, nécessairement, vous ne pourrez pas aller dans le privé, mais bien de
nous expliquer comment ces patients-là seront suivis et pris en charge. À votre
question, puis ça correspond un peu à ce que je disais, parce que tous les cas
s'analysent différemment, quand un médecin s'absente pour des vacances
estivales, il y a quelqu'un qui assure le suivi, le suivi d'urgence de sa
clientèle et autres. Quand quelqu'un tombe invalide, quand quelqu'un a un congé
de maternité, donc, toutes ces situations-là, donc, il y a une équipe qui prend
en charge. Et donc c'est là qu'on doit regarder si l'absence de la personne est
temporaire d'une semaine, ce n'est pas la même lorgnette avec lequel on examine
que si c'est pour une durée à perpète ou si c'est pour six mois. Par ailleurs,
si c'est un médecin, parmi 28 gastroentérologues qui travaillent en groupe de
gastroentérologie dans un centre universitaire, il y en a 28 puis et on
tombe... 28, on tombe à 27, il y a probablement la capacité d'amortir cela.
Ce qu'il faut, c'est que cette
réflexion-là soit faite puis que cette considération-là pour :
Qu'arrive-t-il de l'usager, dont vous avez déjà la responsabilité, que ce soit
connu? Puis ça, les établissements de santé, notamment les directeurs médicaux
des services professionnels, notamment les chefs de départements et de
services, c'est des choses qu'ils gèrent au quotidien. Il y a des gens qui
prennent leur retraite, il y a des gens qui tombent malades, mais il faut
s'assurer du suivi, de la continuité de soins. Donc, c'est déjà quelque chose
qui est à l'intérieur des processus de réflexion habituels...
M. Bergeron (Stéphane) :
...des établissements de santé. Puis je suis persuadé que Santé Québec va
poursuivre dans ce même sens-là.
Mme Caron : Merci. C'est
tout pour l'instant.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député des Îles.
M. Arseneau : Merci, M.
le Président. J'ai des très nombreuses questions sur cet article-là, sur cet
amendement. Je vais commencer avec une question plus précise. N'existe-t-il pas
déjà dans les régions sociosanitaires, peut-être même pour les établissements,
une évaluation des besoins en matière de ressources professionnelles et de
médecins en particulier? Si je vous donne l'exemple du CISSS des Îles-de-la-Madeleine
qui gère l'Hôpital des Îles-de-la-Madeleine, on sait que l'effectif de médecins
est de l'ordre de 25, 28 médecins. Et, bien, si on veut fonctionner à
pleine capacité dans le réseau public qui est celui de l'archipel, bien, on
sait qu'on essaye d'avoir le maximum. Puis quand on en a moins parce qu'il y a
des congés de maternité, des congés de tout acabit, bien, qu'on est un petit
peu plus en découverture, en surcharge de travail pour ceux qui demeurent, je
ne connais pas, là, les façons de gérer de façon précise des autres CISSS, mais
j'imagine qu'on a des barèmes beaucoup plus précis que le dernier médecin.
M. Bergeron (Stéphane) :
M. le Président, je dirais que l'exemple du député est tout à fait véritable
et... mais on a saisi l'une des régions où la compréhension des besoins est la
plus facile, un espace limité, un seul établissement de santé. De façon
corollaire, si on va sur l'île de Montréal où, là, on a plusieurs
établissements de santé, jusqu'à maintenant, c'est-à-dire le maintenant, là, ce
n'est pas aujourd'hui, là, c'est juste qu'avant le projet de loi, la LGSSSS, il
y avait une demande de planification des besoins en médecine familiale au
niveau des DRMG, mais qui n'était pas toujours remplie à satisfaction, mais
dont les conditions ont été raffermies dans un contexte de responsabilité populationnelle,
de dire : dotez-vous d'une vision 360 sur les besoins de l'ensemble
de votre population, non seulement les besoins intraétablissements, mais aussi
les besoins extraétablissement. Et ne faites pas fi de ce qui existe à
l'extérieur des établissements dans l'élaboration de vos besoins. Un concept,
une avancée importante. Et cette même chose-là n'existait pas... Excusez, cette
même chose-là n'existait pas du tout en médecine spécialisée. En médecine
spécialisée, chaque établissement établissait individuellement ses besoins.
Mais il n'y avait pas de concertation et il n'y avait pas de regard de ce qu'il
y avait à l'extérieur. En gros, si dans une région on a, je dis n'importe quoi,
là, 25 dermatologues qui pratiquent dans des... dans le privé public à l'extérieur
de l'établissement, est-ce que l'établissement ne devrait pas en tenir compte
pour établir ses propres besoins? Là, j'ai besoin de tant de dermatologues pour
besoins, pour répondre aux besoins de mes centaines de milliers de gens dans la
population. Donc, il y a eu introduction dans la LGSSSS d'un... d'une direction
territoriale de médecine spécialisée qui a cette responsabilité-là pour un
territoire, de regarder les disponibilités et les besoins, tant ceux
intraétablissements que ceux présents et les besoins extraétablissements, et de
se doter d'une planification dans ce sens-là qu'elle va proposer. Donc, ça
permet... Cette création-là, d'un DTMS à l'intérieur de Santé Québec et
chapeauté par les P.D.G. de Santé Québec, permet de se doter d'une vision des
besoins du territoire qui était inexistante jusqu'à la LGSSSS.
M. Arseneau : Voilà qui
est fort bien. Et je pense que, ça, ça prouve un petit peu le point que je
voulais amener ici à la commission, c'est que je ne vois pas dans quelles conditions,
si on n'a pas évalué les ressources dont on a besoin pour que le système de
santé publique au Québec fonctionne, je ne vois pas comment on peut permettre à
des professionnels de la santé, nommément des médecins, de quitter le réseau,
de quitter le navire. Alors, soit qu'on est trop tôt dans cette avancée-là, là,
dans le projet de loi parce qu'on n'a pas encore défini les besoins ailleurs ou
qu'on risque de...
M. Arseneau : ...empirer la
situation avant de savoir quels étaient nos besoins. Parce que ce qu'on a
devant nous, ce sont des balises de réflexion, des éléments discrétionnaires
qui ne reposent en aucun temps sur des données réelles, des besoins réels des
établissements ou des régions, selon ce que j'en comprends, sauf pour les
Îles-de-la-Madeleine. Alors, je me dis : Bien, commençons par évaluer les
ressources dont on a besoin pour faire fonctionner le système de santé puis
ensuite on verra si on peut permettre aux gens de le quitter, ce réseau-là.
Moi, je vais vous dire franchement, là, je
suis atterré de voir de quelle façon on a développé cet article-là, puis en
entendant le dernier paragraphe, là, j'ai pensé à une chanson des Cowboys
fringants, là, puis... le dernier médecin en région au public : Il ne
reste que quelques minutes à ma vie, tout au plus quelques heures je sens que
je faiblis, le système de santé va maintenant disparaître, je suis au milieu du
désert, du désert médical, maintenant, je suis le dernier médecin sur la terre.
C'est quand même un élément qui ne me semble pas une balise, qui me semble
l'effondrement total du réseau de la santé. Une fois qu'on aura créé des
déserts médicaux, il restera juste un médecin, on dira non. Ça ne peut pas être
une balise sérieuse, M. le Président, en tout respect, là.
Je pense qu'il faut ramener ça à quelque
chose de beaucoup plus concret. On se bat, à toutes les semaines, M. le
Président, on a des rencontres de commission pour déposer des pétitions, pour
demander à la commission qu'elle s'en saisisse, parce qu'on ferme des cliniques
où il reste encore trois médecins, mais ça en prend huit. Où il reste huit, ça
en prend 12. On ferme des services d'obstétrique un peu partout à travers le
Québec parce qu'il y a juste un gynécologue, ça en prendrait trois. Puis là on
va dire que la balise pour empêcher les médecins de franchir la ligne vers le
privé, c'est le dernier médecin? Ça n'a aucune espèce de bon sens, M. le
Président. Je m'excuse, je deviens émotif parce que ce sont les régions qui
vont écoper.
• (16 h 20) •
Et je vais dire un dernier point de vue
là-dessus. C'est qu'on pose... on oppose le réseau local de santé des
Îles-de-la-Madeleine à Montréal. Je regrette, mais à Montréal aussi, il faut
répartir les ressources équitablement sur la base de données probantes, solides.
Et ça, je ne peux pas imaginer qu'on adopte une proposition comme celle-là. Je
ne sais même pas par quel bout proposer un amendement pour que ça fasse un
petit peu de sens dans l'objectif de préserver ce qui nous reste encore du
réseau public puis de le faire fonctionner. Mais je vais dire une dernière
chose, puis ça, ça va être ma question, parce qu'on est en période de questions
là-dessus : Comment se fait-il qu'on considère, après avoir créé Santé
Québec, dont on voulait qu'il ait une vue globale du réseau de la santé au
Québec, dont on disait qu'il pouvait répartir les ressources correctement pour
qu'on puisse maintenir les services à l'ensemble du Québec et qu'il était
absolument essentiel et crucial, nécessaire, au préalable, de pouvoir avoir des
conventions collectives, notamment avec les infirmières, pour mieux répartir
les ressources... quand ça va bien pour les médecins, on y va de façon
complètement obtuse, en disant : Si, dans votre région, tout va bien,
bien, on ne regardera pas les autres régions à côté, même si elles auraient
besoin de médecins mais on va vous permettre par contre d'aller au privé? Dans
quel monde, dans quel univers on pourrait permettre à des gens dans une région
sociosanitaire donnée, de dire : Nos effectifs au public, parfaitement
suffisants, allez au privé, alors que la région voisine est en manque de
médecins, à l'urgence de Fortierville, par exemple? Dans quel monde on pourrait
permettre aux médecins d'aller au réseau privé? Moi, je n'en reviens juste pas,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, suite à ce que vous venez de
nous énoncer, je vais demander au docteur Bergeron s'il a une soit réaction ou
une explication, et est-ce que vous avez la bonne perception ou le bon décodage
du libellé.
M. Bergeron (Stéphane) : M.
le Président, donc, si la perception qui résulte des propos que j'ai tenus est
celle qui a été énoncée, je m'en excuse, ça veut dire que de l'émetteur a fait
une faute dans l'expression de son message.
Je veux réitérer, parce qu'il y a quand
même eu beaucoup de choses qui ont été dites, que la ligne infranchissable
était... a été indiquée à... Il ne faudrait surtout pas que la migration de
quelqu'un du privé vers... du public vers le secteur...
M. Bergeron (Stéphane) : ...privé
entraîne l'extinction des services sur le territoire. Il ne faut pas associer
cela à une caution que toute autre situation est acceptable. Les autres
situations, puis je pense avoir parlé, notamment, tout à l'heure, de qu'est-ce
qui arrive s'il y a deux ou trois en disant qu'il était certainement attendu
que ces... les situations soient regardées au cas par cas puis que plus les
nombres sont petits, plus le jugement doit... doit être... et la réflexion doit
être prise au sérieux et les conséquences doivent être prises au sérieux. Mais
ce n'est absolument pas une caution de dire que c'est acceptable ou pas
acceptable, c'est de dire que ce doit être jugé par des gens intelligents qui
sont... ou qui ont une connaissance du milieu.
Par ailleurs, il y a plusieurs situations
dans lesquelles les établissements de santé ont un portrait quasi complet. De
la neurochirurgie, ça se fait principalement en établissement de santé.
L'orthopédie, sans être complètement, aussi, ça se voit beaucoup en... dans les
secteurs de santé. Donc, il y a plusieurs situations dans lesquelles la
connaissance, là... Il ne faut pas croire que les établissements de santé et
Santé Québec n'ont aucune connaissance de ce qui se passe à l'extérieur de leur
milieu, là, ils en ont une. Il y a une responsabilité qui a été donnée dans la
LGSSSS au DTMS de se... excusez pour mes acronymes, au département territorial
de médecine spécialisée de produire un plan, de se projeter à... pour le futur.
C'est une bonification par rapport à la situation actuelle, parce que personne
n'avait cette responsabilité, cette imputabilité-là propre avant la création
de... du département territorial de médecine spécialisée, ce qui ne veut pas
dire que les gens n'avaient aucune connaissance de ce qui se passait comme activités
sur leur territoire.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député.
M. Arseneau : M. le
Président, je reviens quand même sur le principe qu'on ne peut pas donner, à
mon point de vue, un pouvoir discrétionnaire de juger des motifs du médecin si
on n'a pas un cadre d'analyse qui soit beaucoup plus costaud que ce qu'on a
devant nous. Vous allez peut-être me dire qu'ils auront à développer ce...
cette grille-là d'analyse, mais je trouve sincèrement que les barèmes sont
extrêmement vagues et nébuleux. Et je ne vois pas, par exemple, là, comment on
peut faire ce calcul-là des besoins ou non en ressources si on n'a pas des
données fiables.
Et je vous fais une suggestion, je n'en
fais pas un amendement, mais, pour moi, sachant que les services sont déjà...
sont déjà sous-performants dans bien des régions, dans bien des établissements
et sur à peu près tous les plateaux en matière de chirurgie, que le premier
critère, ce serait de dire : On ne peut pas aller en deçà des services
qu'on offre déjà, essentiellement. Si c'est un critère qui dit : Bien, si
je perds un médecin, j'offre moins de services, bien, je ne vais pas vous
permettre d'aller au privé. Ça me semble être un critère beaucoup plus logique
de dire : Actuellement, on n'a pas la capacité de rendre suffisamment de
services ou de les rendre suffisamment rapidement, on n'a pas réussi à
optimiser le réseau public, et on nous promet depuis le début de la commission
que, d'ici deux ans, ce sera le cas. Bien, je pense que le critère premier,
c'est : Il ne faut pas qu'on soit moins performant si on perd un médecin,
non pas : Si c'est le dernier médecin de la région, on l'empêchera de
partir. Mais il me semble que le critère... Parce que moi, je fais confiance,
mais jusqu'à un certain point, à des gestionnaires de Santé Québec, à partir du
moment où ils ont les bons critères. Et, si Santé Québec considère que réduire
les services qu'on offre dans une région sociosanitaire donnée au public, parce
qu'ils sont compensés par le privé puis que ce serait leur façon de voir les
choses... bien, moi, je regrette, là, mais je m'y oppose farouchement parce que
c'est exactement le contraire du principe du projet de loi actuel. Si on veut
retenir les médecins les plus jeunes pour qu'ils fassent quelques années dans
le réseau, on ne va pas, pendant ce temps-là, permettre aux autres d'y aller en
affaiblissant le réseau. Ça ne fonctionne pas, là, il y a un bris de logique. Alors,
moi, c'est l'élément que je voulais mettre au jeu, là, à savoir qu'on ne peut
pas accepter qu'un médecin quitte si on sait que ça va dégarnir...
M. Arseneau : …les ressources
déjà insuffisantes dans la livraison des services publics. Puis j'ai une
question, un corollaire à ça. Le point trois, là, la capacité de mettre à
contribution le médecin pour accroître la qualité et l'accessibilité des
services médicaux. Comment on calcule ça, cette capacité-là? C'est comme si on
disait : Si je ne suis pas capable de te fournir les équipes médicales
pour, par exemple, procéder à des chirurgies… est-ce que c'est ça que ça veut
dire? J'essaie de comprendre. Puis, à ce moment-là, ce serait Santé Québec qui
dit : Va donc au privé, parce que moi, je ne peux pas te donner les
conditions adéquates pour que tu puisses nous rendre service ici, dans le
système public. Est-ce que c'est ça que je dois comprendre pour le
paragraphe 3?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Dubé : Je vais commencer
par votre premier point, là, parce que je veux apporter une précision assez
importante, M. le Président, là. Premièrement, si je lis le premier alinéa, là,
on dit : Santé Québec tient compte des orientations qui ont été
déterminées par le ministre. Ça, c'est la première chose qui est dite dans le
premier alinéa. Et moi, je vais vous dire clairement, puis je pense que tout le
monde l'a entendu, qu'est-ce qu'on demande à Santé Québec, c'est d'améliorer
l'accès. Je veux juste qu'on soit clair, là, s'il y a une commande claire au
niveau de Santé Québec, depuis qu'ils sont créés, c'est d'améliorer l'accès.
Qu'est-ce que ça veut dire? Les chirurgies, les listes d'attente, l'accès à un
médecin de famille, qu'est-ce qu'on fait avec nos négociations, avec les
ententes avec les médecins, tout est orienté vers l'accès. On s'entend que
c'est ça, l'orientation du ministère en ce moment.
• (16 h 30) •
Bon. Deuxièmement, quand vous me dites
qu'il n'y a pas d'orientation claire, prenez le deuxième alinéa. On dit :
En outre… puis là, on parle de Santé Québec, «en outre, elle évalue les
éléments suivants : les impacts que pourrait avoir l'autorisation sur la
qualité ou l'accessibilité des services médicaux offerts dans la région
sanitaire où le médecin entend exercer à titre professionnel non participant».
Je ne vois pas comment Santé Québec peut autoriser un médecin à partir d'une
région sociosanitaire si ça détériore l'accès. Expliquez-moi ça, là? Alors, je
ne comprends pas votre point, parce que, quand je lis ça, c'est très clair.
L'orientation du ministre et du ministère, c'est d'améliorer l'accès. On ne
laissera pas partir un médecin en vertu du deuxième alinéa si l'impact que
pourrait avoir cette autorisation-là, c'est de diminuer l'accès.
Alors, moi, je pense que… Puis j'aime
beaucoup ce que le docteur Bergeron a dit, il y a quelques minutes, on a passé
presque un an à faire p.l. no 15, vous vous en souvenez, là, on était tous
là. Puis, dans p.l. no 15, on parle souvent de Santé Québec, mais, dans
Santé Québec, il y a eu la gouvernance médicale. Il n'y a pas juste la création
de l'entité. Qu'est-ce qui a été un élément important de nos discussions, c'est
la gouvernance médicale. Puis, dans la gouvernance médicale, un des grands
changements, c'est qu'on a donné au P.D.G. la responsabilité face au DRMG, qui
maintenant on a changé le nom, mais c'est toujours la même chose, c'est le
directeur médical territorial pour les médecins de famille… Puis on a même
ajouté un directeur médical pour les spécialistes, parce que ça n'existait pas
avant. C'est exactement ce que le Dr Bergeron vient de dire. Pourquoi on a fait
ça? Puis on a dit que ces gens-là, entre le… outre le fait qu'ils se rapportent
à leur fédération médicale… rappelez-vous, ils ont une responsabilité, ils se
rapportent envers le P.D.G. Alors, qu'est-ce que le P.D.G. leur demande suite à
la commande du ministère? C'est de dire : Améliorer l'accès.
Alors, quand Santé Québec va décider de ce
processus-là, puis c'est à eux qu'on demande de s'organiser pour le faire,
bien, moi, je pense, la première chose qu'ils vont regarder, ils vont regarder
sur une base régionale, sur une base sociosanitaire, pour justement s'assurer
que le service, que l'accès n'est pas détérioré, mais amélioré.
Puis je veux juste vous donner un exemple.
On a fait un exercice, en tout cas, moi, je m'en souviens parce que ça a été un
beau succès, puis on oublie de le dire, après le projet de loi n° 11, on
a… on s'est fait dire : Écoutez, ce n'est pas juste un médecin qui devrait
prendre en charge. Rappelez-vous, on a dit : Un professionnel. Puis c'est
là qu'on a créé le GAP, puis le GAP, ça a été quoi? Ça a été de dire : Par
région sociosanitaire, qu'est-ce qu'on a demandé au DRMG de l'époque? Parce
que, là, on travaillait uniquement avec les omnis. On a dit : Regardez
dans votre région sociosanitaire combien de personnes…
16 h 30 (version non révisée)
M. Dubé : ...combien de
patients vous pourriez rajouter aux médecins? Vous vous souvenez de ça? Puis le
premier objectif qu'on avait donné, c'était 350 000 personnes, 350 000 patients
qui devaient être pris en charge. Puis on avait dit : Ça, c'est pour la
fin septembre. Après ça, on a dit telle date, on a dit que c'est 500 000 personnes.
Puis, à la fin de l'exercice, un an et demi plus tard, on a battu ces chiffres-là
puis on est rendu à 1 million de patients. Mais ça s'est fait RLS par RLS.
C'est les DRMG, là, ce n'est pas... ce n'est pas quelqu'un au ministère qui a
fait ça, là. C'est les DRMG qui ont dit : Moi, je connais ma région. Je
sais que, dans ma région, j'ai une population de 30 000 personnes. J'ai
10 médecins puis je leur demande à chacun de prendre 200 patients de
plus. Tel GMF peut faire tel patient. C'est ça, la réalité du terrain, là, M.
le député, en ce moment, là. Puis ça va être aux mêmes personnes qu'on va
demander à Santé Québec d'évaluer, parce que ces gens-là sont responsables sur
le terrain d'assurer un meilleur accès aux patients. Alors moi, je vous demande,
s'il vous plaît, de bien comprendre, de bien lire ce qui est là. L'orientation
du ministère, elle est très claire. La commande à Santé Québec, elle est très
claire. La commande aux employés de Santé Québec et aux médecins qui
travaillent là, elle est très claire. C'est : Améliorez l'accès. Et la
minute que quelqu'un va dire : Bien moi, j'ai une autorisation qui m'est
demandée, bien, qu'il va falloir que je sois très clair que, si c'est pour
détériorer l'accès alors qu'on est en train d'améliorer l'accès, je pense qu'on
ne se comprend pas, là.
M. Arseneau : Oui. Moi,
je voudrais vous amener le fait qu'on regarde les impacts de donner cet accès-là
ou cette permission-là, si on veut, à un médecin, de quitter le réseau public d'une
région sociosanitaire donnée vers le privé, regarder, c'est quoi l'impact sur l'accès,
ce que vous venez de mentionner. Mais s'il décide, s'il propose... Par exemple,
il exerce actuellement dans les Laurentides. Il dit : Moi, je voudrais
quitter pour aller au privé, pour exercer dans la région de Montréal. On nous
dit qu'on va regarder dans la région des Laurentides, l'impact, on va regarder,
et aussi dans la région où il entend pratiquer, à Montréal. Ma question, c'est
celle que j'ai posée tout à l'heure, pourquoi ne regarde-t-on pas, si on a
décidé de créer Santé Québec, qui avait une vision globale des choses, pourquoi
on ne regarde pas les besoins dans Lanaudière, qui pourraient être extrêmement
importants également?
Une voix : ...
M. Arseneau : Au public,
on s'entend.
M. Bergeron (Stéphane) : En
fait... M. le Président, merci. En fait, ce que M. le député vient de dire est
tout à fait correct dans sa lecture qu'il y a une obligation de regarder quand
le médecin décide de... S'il décide de transformer sa pratique du public vers
le privé à l'intérieur de la même région, il y a l'obligation, c'est le minimum,
de regarder les conséquences à l'intérieur de sa propre région. M. le député a
dit avec justesse : Si le médecin change de région pour aller établir une
pratique, il était dans le public à un endroit et il s'en va dans le privé dans
une autre région, que l'obligation minimale, l'obligation minimale attendue, c'est
de regarder la conséquence pour chacune des deux régions pour ces trois critères-là.
Ceci étant, j'insiste sur le fait que c'est
l'obligation minimale, parce que dans le premier paragraphe de 0.3, on dit :
«Santé Québec tient compte... de tout facteur qu'elle juge pertinent». Pourquoi
est-ce que nous ne sommes pas allés plus loin? C'est parce qu'il est évident
que les territoires et les situations sont différents de l'un à l'autre. Que la
conséquence de, je suis dans le nord des Laurentides, puis j'établis ma
pratique dans le nord des Laurentides, ça a moins de conséquences sur
Lanaudière et autres, mais que si on est dans des régions plus limitrophes où on
sait que, là-dessus, il n'y a certainement pas d'interdiction, puis il y a une
incitation à regarder grand et voir les conséquences dans leur ensemble. Et
Santé Québec est habilitée à le faire. Donc, on a tracé la ligne, encore une
fois, minimale en disant : Vous avez l'obligation de le regarder pour la
région dans laquelle le médecin était établi, dans la région dans laquelle il
veut s'établir, parfois c'est la même, puis il n'y a rien qui interdit qu'il regarde
dans les autres régions. Par la suite, on a... on a laissé, encore une fois, le
jugement pour dire admettons que...
M. Bergeron (Stéphane) : ...je
suis dans le Grand Nord, je vais prendre l'exemple extrême, là, je suis dans le
Grand Nord puis je vais aller dans le privé dans le Grand Nord, les régions
limitrophes sont relativement loin, là, donc on a laissé de la discrétion
là-dessus.
• (16 h 40) •
M. Arseneau : Mais moi, ce
que j'essaie de comprendre puis, bon, je vois l'ouverture à ce qu'on regarde
d'autres facteurs puis qu'on regarde plus largement que les deux régions, mais
en fait ça me semble plutôt, disons, discrétionnaire, alors que moi, j'estime
que ça devrait être obligatoire de regarder de façon plus large l'impact et les
besoins des régions avoisinantes, là, ça me semble être la mission de Santé
Québec et celle du ministère. Mais j'essaie de comprendre parce que si on applique
ces critères-là de façon serrée, de la façon dont le ministre vient de les
présenter, disant qu'on veut améliorer l'accès puis qu'à tous égards, bien, on
est loin des cibles, donc je comprends que c'est dans le réseau public.
J'essaie de voir un cas de figure où, au cours des deux prochaines années, si
on se donne deux ans pour améliorer les réseaux, dans quelles conditions on
pourrait permettre à ce médecin de quitter le réseau de la santé publique, les
besoins étant grand partout et les ressources insuffisantes partout.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Bergeron (Stéphane) : Oui,
M. le Président. Donc, M. le député pose une question judicieuse ici, parce
qu'effectivement, moi, ce que j'ai entendu puis j'ai eu d'autres tribunes pour
les entendre, des orientations du ministre envers Santé Québec notamment, c'est
d'améliorer l'accès. Puis, à prime abord, là, ce n'est certainement pas la
détériorer. Donc, dans le contexte, est ce qu'un médecin peut quitter du public
vers le privé sans qu'il y ait une détérioration de l'accès? La réponse, c'est
oui. La réponse, c'est oui. Pas dans tous les cas puis justement c'est pour ça
qu'il y a une nécessité de regarder avec circonspection. Par exemple, donnons
un exemple, on a... on est un été dans lequel on sait que pour donner des repos
à nos employés, souvent, les blocs opératoires et les cliniques externes
travaillent... il y a... sont à moins grande capacité ou à moins grande cadence
et qu'il y a un nombre suffisant déjà pour assurer la liste de garde, pour
combler les... Ça fait que plutôt que de dire à 10 médecins : Bien,
vous allez travailler quatre jours par semaine parce qu'on n'en a pas assez
pour vous, on n'a pas suffisamment de capacité, bien, pourrait décider, le groupe
ensemble, de dire : Je vais... on va se coopter, il y a un groupe qui va
travailler cinq jours puis, pendant ce temps là, il y a un d'entre nous qui le
désire, qui va faire une demande pour aller au privé, pendant une semaine ou
deux, travailler dans un bloc opératoire privé. Ce pourrait être un cas comme
cela qui peut être là, qui entraînerait à mon jugement à moi, mais le jugement,
c'est Santé Québec qui l'a, une non-détérioration de l'accès et une visée
également contrebalancée par une : Êtes vous capable d'utiliser les
médecins qui sont en place dans leurs compétences pour que justement on n'est
pas des gens qui aient l'impression de se tourner les pouces et que les
compétences si chèrement développées pendant des années ne soient pas utilisées
à pleine capacité sans détérioration de l'accès dans le public.
M. Arseneau : M. le
Président, on a entendu le Dr Bergeron s'exprimer là-dessus. Moi, j'aimerais
entendre le ministre se prononcer là-dessus également. Est-ce qu'il corrobore
les propos du sous-ministre à cet effet? Parce que... Puis je vais reposer la
question autrement, là : Est ce que l'accès, l'amélioration de l'accès aux
soins, qu'il soit via le système public ou via le service privé, c'est la même
chose, l'équivalence, et c'est ça le mot d'ordre qu'on lance à Santé Québec?
M. Dubé : La... Puis je veux
juste faire attention de ne pas être... puis je ne pense pas que c'est votre
intention, là, mais d'être piégé dans une question, puis je ne pense pas que
c'est votre intention. Quand on parle d'accès, on parle d'accès universel.
Alors, pour moi, quand je dis qu'il faut améliorer l'accès universel, je veux
qu'on s'entende, là, c'est ça notre objectif. Une des raisons pour lesquelles
on est très à l'aise avec cette partie-là du projet de loi, de l'avoir mis sur
deux ans et non sur une période permanente, c'est qu'on a tous vu qui était
possible en ce moment...
M. Dubé : ...d'aider le
système public pendant qu'on fait la transformation du réseau.
Alors, moi, je souscris aux paroles du
docteur Bergeron parce qu'on en a parlé énormément, de ça, lorsqu'on a préparé
ce projet de loi là. Puis demandez aux Québécois, aujourd'hui, si, par exemple,
ils sont contents d'être opérés ou d'être traités dans une clinique qui est de
nature privée, puis je veux faire attention à mes mots, là, privée, mais où ils
peuvent utiliser leur carte soleil. On est encore dans l'accès universel, on
est dans l'accès universel. Rappelez-vous juste... juste pour... parce que je
veux faire attention aux mots qui sont utilisés, là, durant la commission
parlementaire... puis on a rencontré... rappelez-vous la présentation qu'on a
eue de la clinique... le docteur Dubrowsky, il y a maintenant plus de
160000Québécois qui... des patients qui rencontrent des pédiatres, puis ces
pédiatres-là oeuvrent dans une clinique privée, mais où ils présentent leur
carte soleil. Puis ça, c'est grâce à des gens comme ça, qui font maintenant
qu'on est capable d'améliorer l'accès sur une base universelle.
Alors, moi, ce que je dis aujourd'hui,
c'est que c'est pour ça que ça semble trop simple, mais ce qu'on demande dans
cette période de transition là, puis c'est ça qu'on demande aux Québécois,
c'est de dire : Est-ce qu'on peut favoriser l'accès? Des fois, ça va se
faire du côté privé, pendant cette période de transition là, en autant que ce
soit... puis le bon mot, c'est «complémentaire» au réseau public.
Alors, moi, je me dis on a passé beaucoup
de temps, beaucoup, beaucoup de temps à faire p.l. no 15, qui était pour donner
des leviers aux gestionnaires en gouvernance clinique. C'est ça qu'on a donné
aux gestionnaires. Et là on est en train de dire, ici, un des leviers qui leur
manque, c'est d'être capable de dire : Bien, nous, on veut, comme
gestionnaires, avoir notre mot à dire sur le nombre de médecins qui peuvent
s'en aller du réseau. Parce qu'en ce moment, Santé Québec regarde un médecin
qui, juste, donne son avis, son avis de dire : Je m'en vais au privé,
Santé Québec dit : Je viens de perdre un médecin puis vous m'avez enlevé
un levier, un droit de gestion sur des gens qui se rapportaient à moi avant.
Alors, moi, ce que je vous dis aujourd'hui... Donnons un levier additionnel à
Santé Québec, qu'on a commencé à leur donner, pour être capables de mieux
traiter l'accès. Je vous dis, est-ce qu'on... Où on sera, dans deux ans, si on
commence à faire ces pas-là? Mais je vous donne... puis je vais finir là-dessus
parce que je suis certain que votre question n'était pas tendancieuse, parce
que je vous connais assez, mais regardez à... quelle vitesse ça a pris pour
ramener des infirmières du réseau privé, des agences, au réseau public. Là, là,
si je compte les infirmières, les préposés aux bénéficiaires, on en a ramené
5000. 5000. Il y a un an et demi, il n'y a personne qui croyait ça. Là, on l'a
fait, puis ce n'est pas fini, il reste encore deux régions à faire. Moi, ce que
je vous dis... Ça ne s'est pas fait comme ça. Et plus ces gens-là reviennent
dans le réseau... qu'est-ce que ça veut dire? On va être capable de rouvrir des
salles d'opération. On va être capable d'être plus efficace dans nos urgences,
dans notre réseau public, parce qu'on ramène des gens. En fait, là, on en a
ramené 5000 des agences, mais on en a engagé 10 000 en tout.
Alors, moi, ce que je vous dis, et c'est
pour ça qu'on met cette période-là, temporaire, on donne un levier nécessaire à
nos gestionnaires de Santé Québec pour dire : Votre focus, c'est
l'accent... l'accès, pardon, puis l'accès, c'est autant dans les chirurgies que
l'accès à un médecin de famille. On parle autant des omnis que des
spécialistes. Alors, moi, je vous dirais, ce que le docteur Bergeron, puis il a
été bien plus simple que moi, là, bien plus rapide que moi... je souscris
totalement à ce qu'il vient de dire, parce que ce que les Québécois veulent,
c'est un accès, un accès à un professionnel de la santé.
Le Président (M. Provençal)
:Député des Îles.
M. Arseneau : Je veux
savoir... Je remercie le ministre d'avoir corroboré les propos du Dr Bergeron,
qui dit essentiellement que, oui, on peut améliorer l'accès tout en permettant
à des médecins de quitter le réseau public pour aller pratiquer au privé.
Est-ce que j'ai compris? Pour les prochaines années.
M. Dubé : Mais ce que vous
oubliez de dire, quand vous reprenez sa terminologie, quand vous prenez son
commentaire, je veux juste le préciser... Il y a une grande différence, en ce
moment, entre un médecin qui ne fait que donner un avis, et, aujourd'hui, qu'on
dise on va vous donner cette...
M. Dubé : ...autorisation-là,
mais elle va être encadrée. Vous pouvez le faire pendant deux semaines, vous
pouvez le faire. C'est ce qu'il a donné comme exemple, là. Il y a un pool de
médecins... excusez-moi, il y a un groupe de médecins qui travaillent ensemble
puis qui dit : O.K. On arrive avec un problème durant l'été, il manque
soit d'infirmières ou il manque de personnel. Mais ils vont aller voir Santé
Québec puis ils vont dire : Nous, là, on veut pratiquer, on veut donner de
l'accès aux gens, mais ce n'est pas pour les deux prochaines années qu'on veut
partir. Puis d'ailleurs, on l'a bien dit, ça va être pour une période
déterminée que l'accès va être... que le transfert va être possible.
• (16 h 50) •
Alors, est-ce que on aime mieux avoir des
médecins qui restent sur le banc, parce qu'il n'y a pas de personnel, ou on
aime mieux leur donner la possibilité d'aller traiter des gens pendant une
période donnée, exemple, pendant la période des vacances? Moi, je pense que
c'est ça que les Québécois s'attendent de nous, d'avoir du jugement.
M. Arseneau : Alors, si le
jugement s'exerce par Santé Québec pour permettre un meilleur accès en
accordant la permission à certains médecins, pour une certaine période, d'aller
pratiquer au privé, parce que l'accès s'améliore, les services s'améliorent, et
vous parlez de services universels qui vont coûter plus cher à l'État, mais qui
vont être rendus, on s'entend là-dessus. Pourquoi l'interdire aux médecins qui
ont moins de cinq ans de pratique si on suit la logique d'amélioration de l'accès?
M. Dubé : Bien, je vous ai
toujours dit, puis on peut revenir sur la première partie, mais je pense qu'on
l'a discuté amplement la semaine dernière, M. le Président, je veux traiter et
voter, mais on a bien dit qu'on voulait envoyer un message très clair. Là, ici,
on parle de mesures temporaires de deux ans. On l'a dit, c'est temporaire, ici,
ce deux-ans là, puis peut-être qu'on n'en aura plus besoin du tout dans deux
ans. Mais on voulait envoyer un message très clair que ce qu'on veut, nous,
c'est renforcer le système public, puis que nos médecins, comme ça se fait en
Ontario, comme ça se fait ailleurs, doivent pratiquer au public.
M. Arseneau : Je reviendrai
éventuellement, je vais laisser mes collègues, mais j'ai une dernière question.
Santé Québec, qui tient compte des orientations déterminées par le ministre et
qui ensuite qui va évaluer les besoins ou, en tout cas, l'impact d'une demande
sur la région où le médecin pratique et éventuellement l'impact sur les régions
limitrophes ou la région où ils voudraient pratiquer, à quel échelon de Santé
Québec est-ce que cette analyse-là sera effectuée?
M. Dubé : C'est drôle, M. le
Président, j'étais sûr que j'allais avoir cette question-là. Et, je vais vous
dire, M. le député, que, des fois, vous nous dites que Santé Québec n'en fait
pas assez, des fois, vous nous dites que Santé Québec en fait en trop. Moi, ce
que je vous dirais aujourd'hui, on va donner à Santé Québec... Pour toutes les
raisons, je ne répéterai pas ce que j'ai dit tout à l'heure, nous, on leur a
donné une responsabilité à partir de la P.D.G., aller jusqu'aux différents
P.D.G. des 35 établissements, on leur a donné une responsabilité d'améliorer
l'accès. Est-ce qu'ils décideront de regarder ça de façon granulaire d'une RLS,
chacune des régions sociosanitaires? Est-ce qu'ils vont décider de le regarder
par établissement? Est-ce qu'ils vont décider de le regarder de façon
consolidée? Moi, je pense qu'il faut les laisser, de dire : Écoutez, de la
même façon que vous regardez l'ensemble... C'est des opérations, ce dont on
parle, ça, c'est des opérations. Nous, notre job, c'est de dire :
L'orientation, c'est améliorer l'accès.
Maintenant, moi, je m'attends, Santé
Québec, qu'on leur dise : Vous avez une orientation très claire.
Maintenant, comment vous allez opérer ça? Je vous. Je vous rappelle que,
lorsque le docteur Bergeron vous a présenté au début, de dire : Le nombre
de médecins qui font cet... je vais l'appeler le va-et-vient en ce moment, je
ne parle pas des 800 qui sont déjà partis, mais les 150 qui font le
va-et-vient, en ce moment, pour ramener ça à quelques régions. Santé Québec ne
mettront pas 150 personnes là-dessus, là, ils vont regarder ça dans les régions
où ça arrive, dans les régions où on est à risque pour tout ce qu'on vient de
discuter.
Alors, moi, je me fie beaucoup... C'est
pour ça qu'on a engagé ces gestionnaires-là qui sont déjà bien souvent dans les
35 établissements, puis on leur demande de coordonner ça pour que ça soit le
plus efficace possible. On leur en a parlé, ils sont d'accord avec cette
approche-là, puis surtout, je répète ce que j'ai dit tantôt, on leur donne un
levier de plus, on leur donne un levier qui leur permet de dire : Bien,
moi, je suis désolé, je ne peux pas faire la job que le ministre m'a demandé si
je vous laisse aller dans le public.
M. Arseneau : Mais la raison
pour laquelle je pose la question, c'est dans la logique de tout le
questionnement que j'ai fait depuis le début de mon intervention...
M. Arseneau : ...c'est sur la
base des besoins qui peuvent être évalués, comme l'a dit le docteur Bergeron,
par le DRMG, il y a un processus qui est inclus dans la LGSSSS puis qui n'est
pas complété, et ainsi de suite. Mais cette évaluation-là, on a fait référence
au DRMG, on a fait référence aussi au P.D.G. Le P.D.G., par définition, puis
c'est pour ça que c'est important, la question que je pose, il ne regardera pas
nécessairement les gains ou les désavantages, les impacts sur la région
voisine, ce n'est pas dans son carré de sable, d'où l'idée de s'assurer qu'on
mesure les impacts de façon plus élargie.
M. Dubé : ...répondu que c'est
prévu. Je m'excuse, là.
M. Arseneau : Et... Mais moi,
je veux juste mentionner, j'ai compris la réponse du ministre. On va confier à
Santé Québec le soin de prendre la décision. Moi, je fais juste mentionner que
Santé Québec doit avoir un regard global sur l'impact de ses décisions sur
l'ensemble du territoire, sur les différentes régions et pas nécessairement ramener
une décision au P.D.G. d'une région donnée où la personne déciderait d'aller au
privé alors que l'autre région est en besoin criant au public.
Le Président (M. Provençal)
: Dr Bergeron.
M. Bergeron (Stéphane) : M.
le Président, nous sommes en accord avec l'esprit de ce que M. le député vient
d'affirmer, à savoir qu'il va falloir se doter de cette vision globale là.
Comprenons la façon dont ça a été orchestré et la manière dont on veut établir
les relations entre le ministère, notamment, et Santé Québec, la responsabilité
opérationnelle de Santé Québec. Ici, il y a des balises de réflexion avec une
ligne rouge tracée pour dire : Ça, vous le... vous ne pouvez même pas le
considérer. Par la suite, comment Santé Québec va l'opérationnaliser? Hein, ils
ont cette responsabilité-là. La PCD peut la déléguer et va certainement choisir
de ne pas faire l'analyse elle-même et de faire... de faire faire cette
analyse-là ailleurs.
Maintenant, la façon opérationnelle dans
ma compréhension de ce qu'on... Santé Québec, on veut des experts de... des
opérations efficientes. Il va y avoir, M. le ministre en rappelait, donc, un
certain nombre, quelques centaines de demandes par année, probablement
concentrées dans certaines régions plus que d'autres. Vont-ils décider de
centraliser le tout ou vont-ils décider de ne pas le centraliser? Mais il est
évident que, les attentes, on les a exprimées tout à l'heure, là, qu'il faut
regarder les considérations. Si on décide de déléguer cette responsabilité-là à
un P.D.G. pour se prononcer, bien, ça ne sera pas dans son rôle strict de
P.D.G., puis je regarde juste ce qui est là. Il est évident que la
responsabilité vient avec l'obligation de regarder l'ensemble des critères qui
ont été discutés puis pour laquelle vous avez été très clair en disant :
Il nous faut que ce soit vu dans un... dans une collaboration puis dans un...
l'impact sur les régions limitrophes le plus possible, et donc telle délégation
de pouvoir, il n'y a rien qui interdit, à mon avis, à Sainté Québec, qui reçoit
ça, à Mme la PCD, de déléguer ça à quelqu'un avec ses obligations et ses
attentes.
M. Arseneau : ...M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui.Merci,
M. le Président. Là, je veux juste être sûr d'un truc, là, parce qu'on parle
beaucoup de ce qui permettrait de retenir les médecins, là, sauf que, là, vous
me donnez l'exemple des vacances où les médecins pourraient voir venir des
plages vides dans l'établissement public puis dire : Bon, moi, je vais
aller quand même faire une semaine, deux semaines, trois semaines, un mois. Ça,
ça va. Mais est-ce qu'on s'entend qu'il ne sera plus permis, possible pour un
médecin de quitter complètement, de devenir complètement non participatif et
d'aller rejoindre les 800 qui sont déjà non participatifs, les défroqués, là?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Dubé : Moi, c'est... je
pense, c'est une très bonne question, M. le député de Rosemont. Puis, M. le
Président, ce que je voudrais faire, c'est... Quand on a réfléchi à ça, c'est
pour ça qu'on a mis une période temporaire de deux ans, parce que je pense
qu'il faut... Dans mon livre à moi, je me fie beaucoup au jugement... D'abord,
premièrement, de passer d'un simple avis comme... comme c'est présentement,
avant qu'on vote ça ensemble, à un cadre d'une demande formelle, avec des
justifications, je vais le dire comme ça, là, c'est un gros changement, on est
d'accord? Moi, ce que j'aimerais penser, c'est que, pendant cette période-là...
Est-ce qu'à l'extrême quelqu'un pourrait l'avoir pour une certaine période?
Mais je ne pense pas que d'une période globale...
M. Dubé : ...de deux ans, ça
va être très difficile à justifier, pour être honnête avec vous, mais je ne
veux pas prendre pour acquis le jugement que Santé Québec pourrait avoir dans
un cas particulier.
M. Marissal : Mais il n'y a
rien, textuellement, là-dedans, qui empêche un médecin de défroquer
complètement. Surtout sachant que ça va être plus compliqué.
• (17 heures) •
M. Dubé : Non non, mais c'est
correct, vous avez le droit de le poser comme ça, là.
M. Marissal : Surtout que ça
va être plus compliqué. Il y a des médecins qui pourraient dire : Ouf!
Moi, je me barre, je m'en vais puis je m'en vais chercher mon autorisation,
mais je ne reviens jamais. Je n'ai pas l'intention de revenir.
M. Dubé : Mais ce que je veux
dire, c'est qu'ici le maximum il serait deux ans. Comprenons-nous bien, là.
M. Marissal : À supposer
qu'on reconduise le régime après deux ans.
M. Dubé : C'est ça. Alors,
mais en ce moment, là, en ce moment, là, ce qu'on va voter, là, c'est que si
quelqu'un... si Santé Québec, pour x raison, puis encore une fois, il va
falloir qu'ils nous prouvent qu'ils sont en train d'améliorer l'accès en
faisant ça, là, on se comprend, là? Moi c'est pour ça que je vous... on a mis
ça très clair au début, ce serait pour un maximum de deux ans, moi, je pense...
je ne sais pas, Dr Bergeron, comment... Mais c'est parce que vous me posez une
question qui est assez hypothétique. Parce que moi, je crois que la situation
actuelle, en ce moment, nous permet d'avoir le meilleur des deux mondes. C'est
qu'on aurait pu aller comme l'Ontario puis dire : On arrête ça demain
matin. On a décidé de ne pas faire ça, pour un ensemble de raisons. Est-ce que,
par exemple, pour quelques semaines, ou tout ce qu'on vient de discuter, on est
mieux d'avoir des médecins qui pratiquent à l'extérieur du public, pour les
raisons qu'on a longuement discutées tout à l'heure? Mais moi, je pense que
c'est pour un maximum de deux ans, ça fait que je laisserais mon collègue...
M. Bergeron (Stéphane) : M.
le Président, donc, je vais répondre avec un a et un b. La première question
était : Y a-t-il des conditions qui pourraient justifier que Santé Québec
autorise le passage du public vers le service privé à la demande d'un médecin
qui demande un tel passage? Évidemment, on est dans les... puis là c'est un
pouvoir discrétionnaire, ça veut dire que, dans ces situations-là, ce n'est pas
blanc ou noir. On est allé dans les exemples les plus faciles, là, de
dire : Bien, dans ces circonstances-là, ça nous apparaît que la décision
devrait probablement être celle-là.
Par la suite, je ne suis pas en mesure de
me substituer et de saisir toutes les situations pour dire : Est-ce que la
limite va être d'une semaine, d'un mois, de six mois, de deux ans, d'un an et
demi? En toute humilité, j'ai... chaque... et c'est ce qui est à l'intérieur de
ça, chaque cas doit être évalué au cas par cas. M. le ministre a mentionné ce
qu'il en... sa réflexion là-dessus.
Dans tous les cas, quand on regarde la
limite possible, là, on tombe dans l'article 0.8. L'article 0.8 nous
dit que l'autorisation, donc l'autorisation d'aller vers le privé si Santé
Québec l'autorise, prend fin le... puis indiquer ici la date qui suit de deux
ans celle de la sanction de la présente loi. Donc, le maximum, si c'était
demandé au jour 1, ce serait 24 mois. Si c'est demandé au jour... six
mois après l'adoption de la loi, ce serait maintenant 18 mois parce que la
date... elle ne change pas, la date. Donc, le maximum est de 24 mois.
Et il est prévu, également, à l'intérieur
de ça, que Santé Québec peut prévoir qu'elle prend fin à une date antérieure
qu'elle indique dans le document. Donc, Santé Québec a un pouvoir
discrétionnaire de dire : Moi, je l'autorise, mais jusqu'à tel moment, le
jusqu'à tel moment ne pouvant excéder le 24 mois, qui est l'hypothèse de…
on fait ça à la journée un, là, c'est le maximum possible. Survient ensuite…
puis on va le voir dans des articles. Qu'est-ce qui arrive au bout de… à cette
date-là du 24e mois? Le médecin retrouve son statut qu'il avait avant la
demande ou au moment de la demande. Donc, admettons qu'on accorde 24 mois,
après 24 mois, il redevient un participant s'il était dans un statut de
participant auparavant?
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Marissal : O.K. Bien, on
fera ça à 8, là, à point 8, là, mais je me demande qu'est-ce qui arrive
après, à ce moment-là, dans deux ans. Si ce médecin-là refait une demande, quel
régime s'applique?
M. Bergeron (Stéphane) :
Voulez-vous qu'on… Bon, M. le Président, donc, cette loi est un régime
temporaire d'autorisation. Après deux ans, le régime temporaire s'éteint, et on
tombe au régime actuel d'autorisation. En fait, il n'y a pas une…
17 h (version non révisée)
M. Bergeron (Stéphane) : ...mais
bien une simple demande, un avis.
M. Marissal : On revient à
ce que... ce qu'on est...
M. Bergeron (Stéphane) : La
loi présente, effectivement, prévoit un régime temporaire d'autorisation pour
deux ans, puis après deux ans, donc, ce régime temporaire là s'éteint. Et c'est
la loi et les articles de loi en cours qui reprennent vigueur.
M. Marissal : À moins que
le prochain gouvernement en décide autrement. Bien, parce qu'on veut...
M. Dubé : Ou qu'il ait d'autres
conditions qui favorisent de rester au public dans ce temps-là. Je comprends ce
qui va arriver.
M. Marissal : Ce n'est
pas simple. Il y a une partie un peu de pari dans votre affaire, là, que je
souhaite se réaliser.
M. Dubé : Comme on le
souhaite tous, je pense, M. le député.
M. Marissal : Mais il y a
une partie de pari un peu là-dedans, là. Puis ça, ça répond à la question pour
les médecins non partisans... non participants de façon permanente, ce que
j'appelais non méchamment les défroqués, là, pour qu'on se comprenne bien.
M. Dubé : ...pas la religion
là-dedans si vous permettez, là, c'est...
Le Président (M. Provençal)
:...
M. Dubé : Ouais. Ouais.
M. Marissal : Oui. Ça
parle, là, tu sais. On comprend. On comprend de quoi il s'agit, ici. Et là, après,
vous dites : Oui, mais ça, tout ça va être appliqué par pouvoir
discrétionnaire de Santé Québec, mais selon les orientations du ministre. Donc,
le ministre étant un terme générique, là, par le gouvernement. Mais vous avez
envoyé des directives assez claires puis vous avez même donné certaines
possibilités maintenant d'envoyer des patients vers le privé, y compris le
privé privé, payé par l'État. Dans votre décret, c'est écrit «par le ministre»,
là, mais on comprend que ce n'est pas vous qui payez de votre poche, là, tu
sais, c'est l'État qui paie. Comment Santé Québec, dans ce dilemme-là, va
devoir se gouverner entre, il faut que je réduise les listes d'attente, parce
que ça, c'est non seulement une orientation, mais c'est le discours politique
que vous tenez, et on comprend que c'est un discours politique parce que des
listes attentes qui débordent, ce n'est pas bon, ce n'est pas bon pour les
patients et ce n'est pas bon pour le gouvernement. Ce n'est bon pour personne.
Comment Santé Québec va se gouverner alors qu'il y a cette obligation de faire
baisser les attentes, y compris en recourant au privé, notamment le privé
privé, mais qu'en même temps il faut garder un minimum de médecins qui vont
pouvoir opérer dans notre réseau public, opérer ou pratiquer. Vous voyez un peu
le dilemme où, par exemple, dans les grands centres, là... Je présume que le
cas se posera moins dans certaines régions, là.
M. Dubé : Je vais
commencer par le... Parce que je reviens souvent sur cette période de
transition, là. Puis quand vous me dites, des fois, qu'il y a un pari, je vous
dirais que, pour moi, il est tout à fait normal, dans une transition qu'on veut
faire d'une si grosse organisation, d'avoir une période qui est raisonnable. Ça
fait qu'alors parlons de ça. Il y a un règlement qui est en préparation, qu'on
pourrait appeler communément l'arrêt Jordan de la santé, là, qui est pour les
cas où le délai est jugé comme déraisonnable. On l'a voté ensemble, cet article-là,
vous souvenez, là, quand on a fait le p.l. no° 15. Moi, je pense que cet
équilibre-là, donc, que vous demandez, il est important. Puis je suis déçu
qu'on ne l'ait pas eu avant, je l'ai dit publiquement. Puis là j'ai vu que Santé
Québec a fait des efforts, là, avec les nouvelles personnes qui sont arrivées.
On va avoir ce règlement-là qui va nous être présenté incessamment, là. J'ai vu
une première version. Pourquoi je vous parle de ça? C'est que Santé Québec a
justement cet équilibre-là à faire. C'est de dire... Je ne sais pas si on...
Est-ce qu'on l'appliquera seulement aux chirurgies ou à quelles... On est en
train de regarder. Parce que c'est beau, faire un règlement, mais il faut qu'il
soit applicable sur le terrain, tu sais. Alors donc, ça, c'est ma préoccupation.
C'est que la journée qu'on va dire, c'est le règlement, il s'applique à partir
de telle date, puis c'est sur combien d'opérations ou listes d'attente que ça
s'applique. D'accord? Je veux juste dire ça.
Moi, je pense que c'est ça qu'on demande à
la Santé Québec comme équilibre. Puis vous l'avez dit parce que... Je vais
essayer de vous donner une réponse courte, mais les Québécois vont sentir que
l'accès s'améliore la journée que les listes d'attente vont baisser. Parce
qu'en ce moment, les Québécois, quand vous leur demandez, puis je sais qu'on
répète souvent ça, est-ce qu'ils sont bien traités une fois qu'ils sont rentrés
dans le réseau? La réponse est oui. Mais ils m'ont dit qu'il y en a qui ont de
la difficulté à rentrer dans le réseau. Puis ceux qui sont sur la liste
d'attente, c'est les premiers qu'on vise de baisser la liste d'attente. Je ne pense
pas que les Québécois vont nous reprocher de dire : Bien, parce qu'on a maintenant
l'arrêt Jordan dans le règlement, de dire qu'il les...
M. Dubé : ...au privé parce
que ça baisse ma liste d'attente. Je voulais... Je ne pense pas que c'est ça
que vous me demandez, mais cet équilibre-là...
Puis je vous donne un exemple très clair.
On a fait des milliers de cataractes dans les deux dernières années. Il y a eu
des choix opérationnels qui se sont faits, que le système privé le faisait très
bien, très rapidement, à bon coût, alors qu'on n'était peut-être pas aussi
efficace dans le réseau public à faire les cataractes. Il y en a qui sont plus
faciles à faire puis il y en a qui sont moins faciles à faire, je ne veux pas
rentrer dans ce débat-là, mais je pense qu'au niveau des cataractes, on a été
capable de baisser énormément les listes d'attente, beaucoup.
• (17 h 10) •
Alors, moi, l'équilibre que vous me
demandez... C'est pour ça qu'on pense que, sur deux ans... Pourquoi qu'on a été
capable de réduire nos listes d'attente pour les chirurgies de plus qu'un an,
là, on les a réduites de 23 000 à 7 000? Moi, je vous dirais, je
pense qu'il nous reste un certain temps où il faut garder cet équilibre-là
entre les CMS privés, remboursés par le gouvernement, que celles qui sont
faites dans le public. Mais où on sera dans deux ans, là? Moi, je pense, c'est
plus qu'un pari, en tout cas, je vous réponds ça comme ça, et c'est... et
c'est... mais je pense que Santé Québec le fait déjà très bien, de trouver cet
équilibre-là. Laissons-leur les leviers pour le faire. Moi, c'est juste ça que
je vous réponds aujourd'hui.
M. Marissal : Oui. Parce que
moi, je vois très bien le point de bascule où Santé Québec va se dire :
J'ai besoin de ces médecins-là au privé puis je vais leur donner une
autorisation, notamment parce qu'ils contribuent à baisser une certaine partie
des listes d'attente. Mais, ce faisant, il n'y a qu'un bassin de personnel
soignant, de professionnels de la santé. Il n'y a qu'un bassin. Il n'y a pas un
bassin privé puis un bassin public. Il y en a juste un, bassin, puis il se
divise dans deux... dans deux...
M. Dubé : Mais ça, on est
d'accord puis on en a déjà beaucoup parlé. C'est pour ça que c'est important
d'arrêter l'hémorragie aujourd'hui. Je l'ai dit l'autre fois, M. le député,
vous avez raison. Quand il y a des... surtout des médecins... les deux, là, les
omnis, mais particulièrement quand ils partent, ils partent souvent avec du
personnel. Ça fait que c'est pour ça que je pense que c'est important d'arrêter
cette hémorragie-là.
M. Marissal : Je vais prendre
votre réponse pour tout de suite, mais je maintiens qu'il va y avoir une zone
d'équilibre assez complexe pour Santé Québec entre l'opération puis les
objectifs politiques qui sont donnés puisque, puis c'est là où je finis mon
truc, là, de bassin de professionnels de la santé, si tu fais la... si tu
arrives à la conclusion que tu en as besoin de tant au privé dans une région
pour être capable de continuer tes... de baisser tes listes d'attente, ils ne
sont pas au public. À partir de quand tu dis : O.K., non, là, je veux les
envoyer au public? Ça me paraît plus facile de les garder au privé, parce que
le privé va prendre un beat, elle va prendre une cadence...
M. Dubé : Je ne sais pas à
qui j'ai répondu ça l'autre fois, je ne me souviens pas, honnêtement, parce
qu'on en parle beaucoup, là, puis pas uniquement en commission, mais quelqu'un
me demandait c'était quoi, le niveau qui était visé... je me demande si c'était
avec vous, mais j'ai dit : Moi, pour moi, avec du recul, surtout avoir
connu le prépandémie, la pandémie puis le postpandémie, le niveau, au niveau
des chirurgies, c'est 100 000, je vous ai dit ça l'autre fois, mais c'est
un chiffre qui est un peu arbitraire parce qu'on peut avoir
100 000 chirurgies en attente, mais il y en a peut-être encore trop
en Outaouais ou il y en a peut-être encore trop à tel endroit. Ça fait qu'il
faut faire attention. Et c'est là que je pense que la connaissance de Santé
Québec, par rapport à la granularité des régions, est importante. Moi, je vais
vous dire, c'est un chiffre magique dans ma tête, mais il faut le regarder
aussi par région.
Ça fait que je vous donne cet exemple-là,
parce que moi, j'ai parlé... je pense, je vous l'avais dit, j'ai parlé au Dre
Opatrny, qui était là avant le Dr Bergeron, oui, c'est effectivement ici que je
vous ai dit ça, elle m'a dit : Christian, la journée... puis elle est
rendue maintenant la grande... la personne en charge du CUSM, elle m'a
dit : La journée que vous allez être revenus à 100 000, tu vas voir
que ça va être complètement différent, parce qu'on en fait 500 000 par
année. Ça, ça veut dire qu'on roule à peu près aux trois mois, ce qui serait
souhaité pour tout le monde, mais en tout cas, voilà. Mais ça vous donne une
espèce d'ordre de grandeur. Je n'aime pas ça être juste quantitatif, parce
qu'il faut que ça soit qualitatif aussi, mais ça vous donne un ordre de
grandeur de cet équilibre-là qu'on recherche.
M. Marissal : Deux ou trois
autres questions, là, en vrac, là. Jusqu'à quel point un médecin peut changer
de région?
M. Dubé : Pardon?
M. Marissal : Jusqu'à quel
point un médecin peut changer de région? Et comment ça se fait? C'est facile?
Ce n'est pas facile?
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Dr Bergeron, s'il vous plaît.
M. Dubé : Je vais laisser Dr
Bergeron commencer.
M. Bergeron (Stéphane) : M. le
Président, donc, un, il faut distinguer actuellement les médecins de famille
des médecins...
M. Bergeron (Stéphane) : ...spécialistes
où les régimes sont différents à l'heure actuelle parce qu'on entend parler des
PREM au niveau des médecins de famille qui touchent des gens qui ont jusqu'à un
certain niveau de pratique. Ça fait que votre question pourrait se décliner
dans : Est-ce que je suis un médecin de famille avec moins de 15 ans
de pratique, avec 25 ans de pratique? Donc, il y a des niveaux.
Du côté des médecins spécialistes, ce qui
est actuellement régi, ce sont les postes en établissement. Le hors
établissement ne fait pas l'objet d'une quelconque régulation, à savoir, donc,
par exemple qu'un médecin infectiologue, gastroentérologue, cardiologue
déciderait de partir d'un hôpital universitaire, l'Institut de cardiologie de
Montréal pour dire quelque chose, aller s'établir en Montérégie, Lanaudière ou
autre, dans un cabinet privé public, là. C'est la libre circulation
présentement, là. De la même chose, quelqu'un pourrait travailler dans un
hôpital à Trois-Rivières puis décider d'aller s'établir au centre-ville de
Québec ou de Montréal, à l'extérieur, et ne pas requérir un poste en
établissement, il peut demander à être transféré dans un autre établissement
s'il y a des postes disponibles, mais s'il n'y en a pas, il pourrait établir
son bureau, sa pratique privée, avec castonguette ou sans castonguette, donc,
dans les deux cas, sans qu'il y ait d'autorisation à demander.
M. Marissal : Cela dit, je
pense que les statistiques de rétention à l'Institut de cardiologie sont
excellentes. C'est une excellente institution de Rosemont d'ailleurs qu'on aime
beaucoup. Mais la question subséquente, c'est un médecin qui s'est fait refuser
dans une région x de passer au privé, peut-il juste déménager puis obtenir son
autorisation ou faire une autre demande pour avoir une autorisation dans la
région y? Mettons qu'il se fait dire non en Outaouais parce qu'il y a des
sacrés problèmes d'accessibilité puis qu'il se dit : Bon, bien, tant pis,
je vais aller à Outremont, ça va être pas mal plus facile d'avoir mon
autorisation. Est-ce que c'est possible? Je parle d'un médecin spécialiste.
M. Bergeron (Stéphane) : Oui,
M. le Président, en vertu des actuelles, ce ne serait pas impossible.
Maintenant, on va rappeler que c'est le même organisme qui a à juger de la
situation, que ce soit dans un cas comme dans l'autre, parce que le jugement de
la situation, il n'est pas demandé au P.D.G. de la région, il est demandé à
Santé Québec, puis on en a parlé, à plusieurs reprises, de se doter d'une
vision globale. Donc, c'est le même organisme qui va devoir évaluer les gens.
M. Marissal : Oui, mais,
selon vos critères, là, le médecin qui part de l'Outaouais, là, parce qu'il se
fait dire non, puis qu'il est tanné de pratiquer, là, puis qui s'en va à
Outremont, Santé Québec ne peut pas le punir juste parce qu'il y a le même nom
puis c'est le même gars, là, ça ne fait pas partie des critères, ça. En tout
cas, je ne pense pas. On ne va pas mettre une étiquette rouge sur cette
personne là en disant : on le suit jusqu'à la fin de sa pratique parce
qu'on lui a dit non une fois, puis il va s'essayer ailleurs. S'il remplit les
critères à Outremont puis qu'il peut partir au privé, je ne vois pas pourquoi
on le punirait.
M. Bergeron (Stéphane) : M.
le Président, jamais dans les moments où j'ai participé à la rédaction de ça,
j'ai été dans une logique punitive, mais dans une logique d'accès au privé,
puis je suis sûr qu'on a la même. Mais donc, ce que vous... ce que mentionne M.
le député est correct, à savoir que l'organisme va devoir refaire l'évaluation
si le médecin change et fait une deuxième demande en appliquant les mêmes
critères, les critères obligatoires de ce... de regarder la situation, puis
également son pouvoir discrétionnaire étendu, c'est-à-dire qu'il peut demander
et considérer tout autre facteur qu'il désire. Mais la logique est toujours la
même. Je pense que l'esprit est quand même... c'est la balance entre : il
ne faut certainement pas compromettre l'accès au système public puis, en même
temps, il faut être en mesure d'utiliser à bon escient le potentiel de ce
médecin-là.
M. Marissal : C'est bon pour
ça. Une dernière question. Dans l'article précédent, on a enlevé «le cas
échéant», vous vous en souviendrez, pour que le médecin remplisse une
justification de sa demande. Je ne vois pas la contrepartie qui est demandée à
Santé Québec. On lui dit : Tu vas évaluer telle, telle, telle chose, mais
je ne vois pas, puis peut-être que je ne regarde pas à la bonne place, je ne
vois pas l'endroit où on dit qu'il doit y avoir une réponse écrite et
justifiée.
Des voix : ...
M. Dubé : Ce ne sera pas là,
on va...
Des voix : ...
M. Dubé : C'est 0.6. Je ne
l'ai pas devant moi, là, parce que je n'ai pas la... mais attendez...
M. Dubé : …je vous laisse en
prendre connaissance, M. le député, là.
M. Bergeron (Stéphane) :
0.6 se lit… 0.6 proposé : «Lorsque Santé Québec refuse d'accorder une
autorisation, elle en avise par écrit le médecin concerné.»
M. Marissal : On va y arriver
à 0.6.
• (17 h 20) •
M. Bergeron (Stéphane) : C'est
ça, on va y arriver.
M. Marissal : Mais ça me
paraît assez minimaliste comme formulation, parce que tu peux envoyer une
réponse qui est non. Tu viens d'aviser la personne.
M. Dubé : Mais on en discutera
à 0,6. O.K.
M. Marissal : Vous êtes
prévenus.
Le Président (M. Provençal)
: Vous êtes en préparation.
M. Marissal : C'est ça?
Allez-y. C'est bon pour moi. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Pinière. Et après ça le député de Saint-Jérôme.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, tout ce régime-là est temporaire. Santé Québec a la
responsabilité de l'appliquer en suivant les orientations du ministre, peu
importe, là, quel que soit le niveau hiérarchique de la personne qui va
l'appliquer, peu importe si la personne va regarder, je dirais, d'en haut pour
l'ensemble du territoire, ou juste pour une région sociosanitaire, ou pour le
RLS. Alors, quelle que soit la façon dont l'évaluation va être faite et peu
importe qui fait l'évaluation à Santé Québec, on s'attend à ce que ça prenne
combien de temps faire une évaluation comme ça d'une telle demande?
Des voix : …
Le Président (M. Provençal)
: Dr Bergeron.
M. Bergeron (Stéphane) : M. le
Président. Donc, il n'y a pas de délai de réponse qui a été inscrit à
l'intérieur de cette loi-là. Puis je pense que… la question de Mme la députée
est celle-là. Le délai attendu pour une telle situation… on se rappelle
qu'initialement, quand on fait un simple avis à la Régie de l'assurance
maladie, c'est 30 jours que l'on se donne. Donc, on voit que généralement
ça tourne autour de quelques semaines. Donc, il m'apparaît qu'un délai de quelques
semaines est celui attendu, et pas que ça prenne plusieurs mois à traiter cela,
là.
Mme Caron : Et, bien, en fait,
je posais la question…
M. Bergeron (Stéphane) :
Surtout dans un cadre de régime temporaire de 24 mois, là.
Mme Caron : Bien, exactement.
C'est pour ça que je posais la question parce que c'est un régime temporaire de
24 mois, au maximum, et parce qu'on a dit tantôt que, dans un exemple que
vous avez donné… que ça pouvait être pour une semaine pendant les vacances d'été,
ou… puis je me dis c'est… Et je comprends qu'on veut resserrer, mais c'est
peut-être beaucoup d'efforts longtemps pour une semaine de temps en temps, ou…
Tu sais, si c'était pour quelqu'un qui veut sortir… qui veut être non
participant pour trois mois, six mois, un an, bien, il y a toute cette
évaluation qui se fait. Mais est-ce que… En fait, le but de ma question,
c'est : Est-ce qu'on ne vient pas créer une grosse affaire pour quelqu'un
qui va sortir peut-être une semaine du réseau public pendant l'été ou à un
autre moment de l'année, ou… Est-ce que ça va être efficient?
M. Dubé : Bien, je ne sais
pas, Docteur Bergeron, mais moi… Oui, la responsabilité est à Santé Québec,
mais je pense que le principe de délégation puis que la décision se prenne le
plus proche possible du terrain… elle va être répartie entre tous les
établissements, puis même les régions sociosanitaires. Ça fait que, dans une
région, quand vous allez avoir eu deux, trois, quatre demandes, tu sais, qu'on…
Tout à l'heure, je disais qu'on… du va-et-viens, on en a à peu près 150 dans la
dernière année, là, c'est ça qu'on a présenté, ça fait que ramener ça sur une
base de région sociosanitaire, ça ne fait pas un grand nombre, là.
Mme Caron : Je comprends que
ça ne fait pas un grand nombre. Puis, dans ma question en premier, je
disais : Peu importe l'échelon hiérarchique de la personne qui va gérer
cette demande-là, qui va répondre à cette demande-là, qui va procéder à
l'évaluation, ou peu importe que ce soit au niveau très proche ou plus haut,
c'est la durée de l'évaluation, même s'il n'y a pas de délai de dire : On…
ce n'est pas… pas une question, là, de… on vous donne deux semaines ou quatre
semaines pour répondre, mais c'est juste que je me dis : Il y a quand même
un travail sérieux à faire pour faire cette évaluation-là. Est-ce qu'on va
traiter de la même manière quelqu'un qui veut sortir, qui veut être non
participant pour une semaine en été pour pouvoir continuer de travailler à
temps plein?
M. Dubé : Versus une absence
de deux ans, là…
Mme Caron : C'est ça, si
quelqu'un… tu sais, on passe à travers tout ce processus-là pour s'absenter
trois mois, six mois, ça m'apparaît tout à fait raisonnable, mais, pour
quelqu'un qui veut sortir juste pour une semaine, il me semble que ça fait…
c'est un gros… un gros processus pour...
M. Dubé : Je vais laisser le
docteur Bergeron, s'il vous plaît, mais une…
M. Dubé : ...chose que je
vous dirais : N'oubliez pas qu'ici un des objectifs de cette partie-là du
projet de loi, c'est d'éviter le va-et-vient. Ça fait que, pour moi, je pense
qu'il y avait... il y a un grand irritant de la façon dont, des fois, certains
faisaient le va-et-vient pour aller chercher de la clientèle, etc. Ça fait que,
des fois, la période est courte, mais elle peut avoir beaucoup d'impact sur les
listes d'attente. Ça fait que c'est pour ça qu'aujourd'hui vous dire :
Est-ce que ça doit se faire dans 30 jours ou dans 60 jours?... Ça va dépendre
des demandes puis ça va dépendre des régions. C'est peut-être plus ça que
j'aimerais vous répondre aujourd'hui.
Mme Caron : Oui, je
comprends. Mais peu m'importe, personnellement, le temps que ça prend pour
faire l'évaluation, je pense, du côté efficience du réseau de Santé Québec, de passer
deux semaines, trois semaines à faire l'évaluation pour quelqu'un qui va sortir
du réseau pendant une semaine, est-ce qu'il y a... est-ce qu'il y a vraiment un
gain d'efficacité, là?
M. Dubé : Docteur... vous
voulez peut-être compléter?
Une voix : ...
Mme Caron : C'est l'agilité...
C'est ça, c'est l'agilité du processus. C'est ça... C'est ça, la question que
j'ai.
M. Dubé : Avec l'impact. Avec
l'impact aussi...
Le Président (M. Provençal)
:Je vais demander au Dr Bergeron de
répondre et, par la suite, je vous propose une suspension pour un cinq minutes
de pause pour qu'on puisse se dégourdir. Ça vous va?
Mme Caron : Parfaitement.
Le Président (M. Provençal)
:Puis je vous redonneraila
parole par la suite, Mme la députée. Monsieur... M. Bergeron.
M. Bergeron (Stéphane) : M. le
Président, donc, effectivement, il va falloir le vivre pour savoir combien de
temps ça va prendre, traiter chacun des cas, puis cette responsabilité-là appartient
à Santé Québec de le faire. Dans des discussions que nous avons eues avec eux
en... si on modélise en disant : Bien, vous pensez que, le processus de
traitement... puis là je ne parle pas du délai de traitement, parce que, vous
savez, ça veut dire cueillette d'information et autres, ça fait que ça peut
s'échelonner sur plusieurs jours, appeler le directeur médical ou le directeur
territorial de médecine de famille ou de médecine spécialisée, il n'est pas
là... Ça fait qu'il y a un temps, mais l'intensité administrative d'évaluation
a été évaluée à quelques heures, en termes de quelques heures, là, pas... Et
donc... Mais je ne veux pas dire que vous recevez la demande à 8 heures le
matin puis qu'à 14 heures elle va être remplie. Il y a des... Il y a des
informations à aller rechercher, il y a quelque chose, mais ce n'est pas
quelque... ce n'est pas un processus dans lequel il est envisagé qu'un groupe
de 12 personnes se penche à temps plein pendant quatre semaines pour donner une
décision. C'était un processus dans lequel, lorsqu'il a été discuté...
l'efficience pour avoir une décision en considération de : voici les
éléments d'information, parfois je vais demander une cueillette d'informations
supplémentaires, et tout ça, ça se traitait en dedans de quelques
heures-personnes, là. Donc, vous comprenez le calcul, là, c'est nombre d'heures
fois le nombre de personnes, là.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. On va suspendre les
travaux un cinq minutes pour pouvoir permettre aux gens de se dégourdir un
petit peu. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 28)
17 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 17 h 41)
Le Président (M. Provençal)
:Alors, on reprend nos travaux. Lorsqu'on
a suspendu, la parole était à Mme la députée de La Pinière. Alors, je vous recède
la parole, Mme la députée.
Mme Caron : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, ma question suivante, c'est… bon, on a dit depuis tout à l'heure
que c'est une responsabilité qui est confiée à Santé Québec. On fait confiance
à Santé Québec de suivre les orientations du ministre, faire les évaluations,
etc. Puis donner sa décision au médecin qui veut devenir non participant pour
un certain temps. Est-ce qu'il y a un mécanisme d'appel qu'on prévoit ou est-ce
que l'article 18.4, je crois, de la Loi sur l'assurance maladie va s'appliquer
dans le cas où Santé Québec dirait non et que ce n'est pas un motif clair,
comme il reste juste un médecin dans votre… qui peut offrir le service médical
assuré dans votre région? Là, ça, c'est clair que Santé Québec doit refuser, mais,
si c'était pour un autre motif, est-ce qu'il y a un mécanisme d'appel pour le
médecin pour faire valoir peut-être d'autres points qui pourraient lui
permettre d'avoir une acceptation plutôt qu'un refus?
M. Dubé : On va demander, si
vous permettez, à Mme… Mme Gagnon, c'est Maude, maintenant, je savais que c'était
Maude, mais... M. le Président, si vous permettez.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, Maître, on va vous demander de
répondre, s'il vous plaît.
Mme Gagnon (Maude) : Merci, M.
le Président. En fait, ta réponse, on va l'avoir plutôt à… plus tard, à 0.6, c'est-à-dire,
donc, en cas de réponse négative, donc d'un refus d'autorisation, avant de
transmettre ce refus-là, Santé Québec va devoir présenter des observations au
médecin, donc de présenter les motifs de son refus. Et, suite à ça, le médecin
va avoir au moins 10 jours pour présenter des observations
supplémentaires. Suite à quoi, Santé Québec va prendre sa décision finale, si
je peux dire.
Mme Caron : Merci. Donc, on
pourra peut-être y revenir à 0.6. Merci pour cette réponse. Un autre point dont
je voulais parler… parce que, tout à l'heure, le ministre a dit : L'accessibilité,
on parle d'accès universel aux soins, donc on se comprend que ça veut dire que
le citoyen, mon voisin, ma voisine qui a besoin de soins, de chirurgie, va y
avoir accès de manière universelle, que ce soit au public ou bien même au privé
payé par l'État, utiliser la carte soleil ou la castonguette. C'est ce que j'ai
compris que vous définissiez comme l'accès universel, c'est-à-dire l'accessibilité
fait référence à l'accès universel.
Je me mets dans la peau de monsieur et Mme
Tout-le-Monde, puis dans ma tête, je pense que l'accessibilité, c'est aussi la
rapidité avec laquelle je peux voir un médecin. Alors, est-ce que… est-ce que c'est
possible de penser qu'il pourrait ne pas y avoir d'impact sur l'accessibilité?
Je parle… et là je réfère au paragraphe numéro deux, quand on dit qu'il faut
évaluer les… les impacts que pourrait avoir l'autorisation sur la qualité ou l'accessibilité
des services médicaux assurés offerts dans la région sociosanitaire.
Dans le contexte actuel, est-ce que c'est
vraiment plausible de penser que le fait de… pour un médecin de se retirer du
régime, d'être… de devenir non participant, que ce soit pour une courte durée
ou une plus longue durée n'excédant pas deux ans… Est-ce que vraiment il peut
ne pas y avoir d'impact sur l'accessibilité? Parce que, tantôt, on a fait… on a
donné un exemple avec 28 gastro-entérologues, est-ce qu'il y a des régions
où il y a vraiment, comme beaucoup de spécialistes pour… dans une spécialité
qui fait qu'il n'y aurait vraiment pas d'impact sur l'accès, la… puis je…
Mme Caron : ...insiste pour
dire sur la rapidité de l'accès pour pouvoir voir un médecin de famille ou un
médecin spécialiste.
Le Président (M. Provençal)
:Docteur Bergeron.
M. Bergeron (Stéphane) : Oui,
M. le Président. Donc, M. le Président, donc, la question ramène à la nécessité
du jugement discrétionnaire puis de l'évaluation au cas par cas. De la même
façon qu'on a donné un exemple qui était, je dirai, facile de dire «une absence
pendant une semaine», il y a le même genre de situation, par exemple, dans une
clinique externe. J'avais identifié même, lors de ma réponse, en disant, par
exemple, en période d'été, pour donner des congés estivaux à certains membres
du personnel par rotation, il y a souvent une réduction de la présence ou du
support clérical dans les cliniques externes de la même façon qu'on le voit au
niveau des salles d'opération. Donc, on pourrait faire la même analogie, dire
que, dans certains groupes...
Puis à votre question : Est-ce que
c'est du théorique ou, dans le concret, ça existe dans certaines régions? Je
vous répondrai, dans le concret, ça existe dans certaines régions, où les
médecins disent : Nous autres, on serait prêts, mais on n'a pas accès aux
locaux parce que on n'a pas le personnel nécessaire. Donc, le même genre de
situation pourrait très bien se vivre en clinique externe que celle qui a été
donnée en image pour la chirurgie.
Mme Caron : Alors, on pense
que, vraiment, il pourrait ne pas avoir d'impact sur l'accessibilité.
Le Président (M. Provençal)
:Dr Bergeron.
M. Bergeron (Stéphane) : M.
le Président, évidemment, oui, parce qu'il y a le critère d'impact, j'essaie de
nuancer correctement, c'est-à-dire que dans le genre de circonstance qui est
mentionné, il n'y a pas de diminution d'impact parce qu'à ce moment-là l'impact
et l'accessibilité et... Il n'y a pas de diminution d'accessibilité, donc, dans
les circonstances, parce que cette accessibilité-là, qui est rendue disponible
pour des plateaux techniques, endoscopie, la radiologie ou autres, est
compensée par un reste du groupe qui est capable de le prendre puis qui est
d'accord pour en faire plus à ce moment-là.
Mme Caron : O.K. Bon, je
pense que ça va. Ah oui! L'autre question que j'avais. Est-ce que c'est...
parce que le dernier alinéa dit que «Santé Québec doit refuser s'il reste... si
le médecin est seul à offrir un service médical assuré dans sa région
sociosanitaire». Est-ce que si, après avoir rendu... après avoir accordé,
autorisé une sortie pour x temps à un médecin, il arrive autre chose qui fait
que le ratio de médecin jugé nécessaire dans cette région, dans cette
spécialité-là, on se rend compte que, oups, là, ça ne fonctionne plus, est-ce
que ça va être possible pour Santé Québec de forcer quelqu'un à revenir ou ce
n'est pas couvert dans ce régime temporaire?
M. Bergeron (Stéphane) : M.
le Président, si je comprends bien la question de Mme la députée, c'est de
dire : Admettons qu'il arrive une condition adverse durant ce temps-là,
est-ce qu'on a le pouvoir de contraindre et de ramener?
Mme Caron : Exact.
M. Bergeron (Stéphane) : Le
projet de loi traite les médecins qui sont non participants de la même façon
qu'ils soient sous le régime temporaire que s'ils étaient avant, pour les 800
autres, en quelque sorte, là, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de contrainte à
revenir, il n'y a pas de levier. Il y en a certains qui n'appartiennent pas à
Santé Québec, là, mais des situations vraiment exceptionnelles qui pourraient
être évoquées, mais, dans le projet de loi, il n'y a pas de contrainte à
revenir.
La question qui pourrait être posée serait
le pourquoi. On comprend que quelqu'un qui va aller dans ce contexte-là, dans
quelque chose dans lequel Santé Québec va avoir accepté, le médecin lui-même va
avoir pris des engagements envers du personnel, envers un opérateur, envers un
bloc opératoire, envers des patients du privé aussi que mon... J'ai le souci,
j'ai le souci aussi de considérer toutes ces clientèles-là de façon... comme
elles sont importantes. Donc, c'est dans le respect de cet engagement-là envers
cela qu'il n'y a pas de mécanisme pour forcer le retour. Les discussions sont
toujours possibles, mais, si vous demandez, à l'intérieur du projet de loi
actuel, est-ce qu'il y a un mécanisme qui permet de forcer le retour? Pas à
l'intérieur...
M. Bergeron (Stéphane) :
...projet de loi.
Mme Caron : D'accord.
M. Dubé : ...je voudrais
juste rajouter un point si vous permettez, rapidement. Il faut quand même voir
que mettons que cette situation-là non souhaitée arrivait, bien, il y a quand
même une population qui est réévaluée à chaque année. Parce qu'on s'entend,
quand on alloue les nouveaux facturants qui viennent à chaque année, là, dans
le système actuel des PREM, qui sera modifié au cours des prochains mois, il y
a quand même des nouveaux médecins qui arrivent puis il y a des transferts qui
sont possibles. Alors, la première partie de la réponse est excellente, mais il
faut juste dire que la réévaluation va se faire de chaque région. Ça va?
Mme Caron : Oui, parce
que... Oui, puis c'est important aussi de considérer, pardon, les engagements
justement envers les patients aussi parce que les patients au privé ou ceux qui
ont été dirigés vers le privé pour des chirurgies, par exemple, qui sont payées
par l'État ou qu'ils aient décidé, parce qu'ils n'avaient pas de médecin de
famille, d'être suivi par un médecin de famille au privé, il ne faut pas qu'ils
se retrouvent en plan finalement et que, bien là, là, leur médecin est obligé
de retourner... est forcé de retourner dans le réseau public alors qu'eux,
peut-être, devaient avoir une chirurgie ou bien ont une maladie chronique et
sont pris en charge par un médecin dans le privé. Donc, il ne faut pas non plus
les laisser en plan parce qu'on n'est pas plus avancé, et que, donc, ce projet
de loi là ne risque pas de faire... d'avoir cet effet-là. O.K., merci.
• (17 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :
Merci, M. le Président. Alors, je vais essayer de mettre un petit peu d'ordre
dans mes questions, mais j'en ai plusieurs. Je veux juste essayer de comprendre
d'abord quand il est question... Dans le fond, le troisième alinéa, si je ne
m'abuse, quand il est question d'une région sociosanitaire différente où il
compte pratiquer comme non participant versus là où il pratique, on applique
les critères, là, prévus au deuxième alinéa pour celle où il pratique et celle
où il compte pratiquer. Puis là, à la fin, peut-être, de l'alinéa, on dit
«cette dernière région», mais juste pour être clair, quand on parle de région,
on parle de RLS.
Des voix : ...
M. Chassin :
C'est ça. Dans les Laurentides, il y en a sept RLS.
M. Dubé : Alors, la question
qu'on comprend ici, dans cette région,
c'est l'établissement, c'est la région 06.
Des voix : ...
M. Bergeron (Stéphane) :
La région sanitaire se réfère, M. le Président, excusez.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y.
M. Bergeron (Stéphane) :
La région sociosanitaire réfère à l'article 30, là, pour...
Une voix : La LGSSSS.
M. Bergeron (Stéphane) :
...la LGSSSS. Pour l'application de la présente loi, le ministre découpe le
territoire du Québec en régions sociosanitaires contiguës. Et les régions
sociosanitaires, quand on consulte, il y en a 18, là, présentement. Donc, c'est...
M. Chassin :D'accord. Grosso modo les régions...
M. Bergeron (Stéphane) :
C'est 03, 12, 06, là, pour Montréal, par exemple, l'île de Montréal.
M. Chassin :
D'accord. Bien, c'est ça. C'est peut-être juste une question de compréhension,
mais je voulais quand même que ça soit mis au clair. Donc, parce que, dans le
fond, si par exemple, là, puis c'est très complémentaire, vous allez probablement
me dire que c'est la même, mais si on part de Trois-Rivières pour aller à
Québec, je comprends. On change de région. Si on part du RLS de Drummond pour
aller au RLS Nicolet-Bécancour, on reste dans la même région sociosanitaire. Parce
que c'est des RLS distincts mais de la même région. C'est bien ça? C'est juste
pour être certain qu'on comprend parce que sinon, ça peut compliquer les
choses.
Est-ce que... Est-ce que je comprends,
toujours dans le même alinéa, qu'on est un peu plus limitatif? Donc... Puis
moi, je ne trouve pas ça nécessairement négatif, là. Comprenez-moi bien,
contrairement à d'autres collègues, j'ai peut-être une perspective un peu
différente. Moi, je trouve que, si on se donne un mécanisme qui rend plus
difficile le va-et-vient, ce n'est pas nécessairement tout le temps positif. Ça
fait que, moi, je souhaite qu'il soit le plus...
M. Chassin :...le plus flexible et agile possible. Là, dans ce cas-ci,
on se dit : Si on change de région, Santé Québec évalue aussi les éléments
prévus au deuxième alinéa, donc pas nécessairement les orientations déterminées
par le ministre, pas nécessairement tout autre facteur qu'elle juge pertinent,
seulement les trois paragraphes du deuxième alinéa.
M. Dubé : ...de répéter votre
question? Puis je vous ai perdu à un moment donné entre les deux...
M. Chassin :Oui. Je vais peut-être... en fait, je vais... la lecture
serait peut-être utile. Donc : «Lorsqu'un médecin entend exercer à titre
de non participant dans une région sociosanitaire autre que celle où il exerce
au moment où il présente la demande d'autorisation.» Donc, sa demande,
c'est : On change de région. Santé Québec va aussi évaluer les éléments
prévus au deuxième alinéa pour la région de départ, finalement, la région où il
exerce en ce moment, potentiellement comme participant, puis il va aller dans
une région autre pour... comme non participant. On va évaluer sa demande pour
la région où il s'en va selon les orientations déterminées par le ministre,
tous les facteurs que Santé Québec juge pertinent et aussi, en outre, hein,
d'autres éléments. Mais là, pour l'origine, ça serait juste les éléments du
deuxième alinéa. Ce n'est pas nécessairement restrictif, là.
M. Dubé : Est-ce qu'on peut
demander à Me Gagnon de...
Le Président (M. Provençal)
:Oui, oui. C'est déjà fait, c'est déjà
fait.
Mme Gagnon (Maude) : M. le
Président, donc, le premier alinéa va également s'appliquer pour... dans les considérants
qui doivent être pris en compte. Quand on lit les trois paragraphes, on parle
d'un médecin qui entend exercer la... pardon, la région sociosanitaire où il
entend exercer. Donc, ce que vient faire, là, le troisième alinéa, c'est de
vraiment s'assurer qu'on... si la région sociosanitaire où il exerce et celle
où il n'exerce... où il l'entend exercer n'est pas la même, on doit tenir
compte de ces deux régions-là, mais on doit aussi... Il faut lire l'article
dans un tout également, il faut lire... il faut prendre en considération
également, là, le premier alinéa.
M. Chassin :O.K. Donc, en fait... puis là je suis... C'est peut-être
une question de clarification sur le texte, mais pourquoi ne pas dire à ce
moment-là : Santé Québec évalue aussi l'impact à l'égard de cette dernière
région ou évalue aussi l'opportunité d'accorder une autorisation à l'égard de
cette dernière région, ce qui serait plus englobant? Pourquoi on précise juste
«éléments prévus au deuxième alinéa»?
Le Président (M. Provençal)
:Maître ou Dr Bergeron?
M. Bergeron (Simon) : M. le
Président, donc, dans la discussion sur cet article-là, à plusieurs reprises,
on a indiqué qu'on indiquait les... on donnait les barèmes minimums qui doivent
être considérés, mais que ce n'est en aucunement restrictif. Et c'est ça qu'il
faut comprendre de lorsqu'on va travailler dans une seconde région, de... le
paragraphe ou l'alinéa, je ne me souviens jamais, là... l'alinéa auquel vous
faites référence : «Lorsque le médecin entend exercer à titre de
professionnel non participant dans une région sociosanitaire autre... Santé
Québec évalue aussi». Là aussi, ce n'est pas seulement, ce n'est pas
restrictif, là, ça doit être vu inclusif. Ça veut peut-être dire que les
éléments minimums qui ont été déjà mentionnés avant s'appliquent aussi à cette
situation-là, mais on n'en est pas restreint à ces éléments minimums là.
M. Chassin :O.K. Effectivement. En fait, moi, je le... j'interprétais
le «aussi», comme on l'évalue pour la région de destination, on l'évalue aussi
pour celle d'origine, mais je comprends que c'est... De toute façon, le
deuxième alinéa, c'est : En outre tels critères, donc l'«en outre»
étant... Moi, ça aurait été plus clair, parce que j'ai eu un peu la crainte de dire :
Le législateur ne parle pas pour ne rien dire. Puis, dans ce cas-là, on
spécifie le deuxième alinéa, alors que ce n'est peut-être pas nécessaire de le
spécifier, en fait. C'est une petite remarque. Je vous la laisse, après ça vous
verrez. Est-ce que... Je comprends, puis là c'est un petit peu... là, je pars
un peu à la fin, là, mais le dernier alinéa, quand on parle... puis là je n'ai
pas de chanson contrairement à ma collègue des Îles de la Madeleine, mais,
lorsqu'on parle du dernier médecin, là, le seul médecin à offrir un service
médical assuré, est-ce qu'on... est-ce qu'on... Dans le fond, est-ce qu'on
réfère ici seulement aux médecins spécialistes ou c'est tous les médecins, là?
M. Bergeron (Simon) : M. le
Président, donc, le médecin ici n'est pas qualifié de spécialiste ou de médecin
de famille...
M. Bergeron (Stéphane) : ...tous
les médecins.
M. Chassin :Est-ce que... Puis c'est vraiment une évaluation dynamique,
là, c'est sûr que c'est un régime temporaire, ça ne dure que deux ans. Mais
est-ce que d'avoir la préoccupation, dans le fond, de qu'est-ce que ça va avoir
comme impact sur une région sociosanitaire d'avoir ce médecin-là qui passe
comme étant non participant, est-ce que ça n'encourage pas, dans le fond, les
jeunes médecins à vouloir davantage travailler dans des régions où il y a
beaucoup de médecins participants pour être certain que, si jamais, là, on fait
une demande, bien, on va être finalement considéré comme étant non seulement
pas le dernier, mais ça n'aura pas un gros impact, ça fait qu'on va vouloir
travailler davantage à Montréal, on va vouloir travailler davantage dans la
Capitale-Nationale que dans les Laurentides, par exemple?
Le Président (M. Provençal)
:Dr Bergeron.
• (18 heures) •
M. Bergeron (Stéphane) : M.
le Président, on se souvient qu'à l'article 1, si le projet de loi est adopté,
il y a une obligation de pratique de cinq ans au... dans le système public pour
les les nouveaux facturants. Donc, ce champ-là est couvert par la suite. La
question qui relève du domaine de l'hypothétique dans le sens où je n'ai pas de
cas de figure, mais c'est une question tout à fait judicieuse, on est devant un
régime temporaire. Je dirai que déménager, vendre sa maison, déménager sa
famille dans le cadre d'un régime temporaire, les bénéfices sont... ne
m'apparaissent pas importants compte tenu des inconvénients que cela entraîne.
Et donc je n'ai pas l'impression que la situation va se présenter, mais c'est
mon opinion, puis d'autres vont en avoir d'autres.
M. Chassin :Puis effectivement, moi, je soulève des petits points, là,
mais c'est effectivement un régime temporaire, donc, on pense que ça peut
rester marginal durant cette période-là. Moi, c'est ce que je comprends, puis
ça se conçoit bien.
Puis là j'ai une question, je ne sais pas
si c'est de la légistique, si c'est stratégique, de quel niveau ça se situe,
mais pourquoi est-ce que j'ai l'impression qu'on formule des critères... bien,
enfin, par la négative, c'est-à-dire qu'on évalue le nombre de médecins non
participants dans la région sociosanitaire où le médecin entend exercer à titre
de professionnel non participant, puis pour voir s'il y a trop de médecins
participants pour que les services médicaux assurés puissent continuer à être
rendus selon les conditions uniformes? Moi, ce que je trouve spécial, c'est
qu'on trace une espèce de lien causal entre combien il y a de médecins non
participants puis est-ce qu'on est capable de donner les services assurés au
public avec les médecins participants.
Pourquoi est-ce qu'on ne dit pas le nombre
de médecins qui sont des professionnels participants dans la région
sociosanitaire où le médecin va exercer pour être certain qu'on en a
suffisamment puis qu'on puisse, donc, autoriser un médecin non participant?
Est-ce que je suis clair? On évalue combien il y a de privé en quelque sorte,
au lieu de dire : Est-ce que le public marche?
Le Président (M. Provençal)
:Dr Bergeron.
M. Bergeron (Stéphane) : M.
le Président, j'entends la suggestion et la recommandation qui pourrait être
considérée valable. Il y a eu un choix ici d'exiger de Santé Québec qui, à
l'intérieur de ses barèmes, parce que Santé Québec, c'est un organisme qui
travaille avec le système de santé public et beaucoup moins avec le système de
santé privé. Donc, il y a eu une obligation de dire, dans votre considération,
là, et dans vos barèmes, analyser également de quoi a l'air un système privé
sur votre territoire. Donc, il ne faut pas voir de cela un choix - bien,
heureusement ou malheureusement, le statut s'appelle non participant, le «non»,
ce n'est pas de la négative, là, c'est le titre du statut - et il ne faut pas
voir une indication de ne pas considérer ce qui se passe dans le système
public, mais bien une obligation de regarder ce qui se passe dans le système
privé.
M. Chassin :Mettons, d'une part, on dit que le minimum, pour donner une
autorisation, c'est de s'assurer qu'on ait assez de médecins participants...
18 h (version non révisée)
M. Chassin :…pour faire fonctionner le système public dans une région
donnée. Moi, c'est ça qui me fascine, là, on est… à part le dernier alinéa, là.
Le Président (M. Provençal)
: Dr Bergeron.
M. Bergeron (Stéphane) : M. le
Président, je crois que cela est capté, justement, c'est-à-dire de façon juste,
là, par le… par le deuxième paragraphe, les impacts que pourrait avoir l'autorisation
sur la qualité ou l'accessibilité des services médicaux, à ce moment-là, on …
assurés, dont là on est dans le système public. Donc, la deuxième… le deuxième
volet est un peu la contrepartie pour dire : Bien là, fiez… ne regardez
pas juste ce qui se passe dans le privé privé, regardez l'accessibilité et la
qualité dans le système public. Donc, c'est la contrepartie que vous pouvez
voir. Il est libellé différemment, mais il y a le souci. Donc, je pense que,
dans les trois barèmes, on a un premier qui nous dit : Regardez ce qui se
passe dans le privé. Dans le deuxième, on dit : Regardez, puis c'est ça,
votre premier objectif, la qualité, l'accessibilité à l'intérieur du système
public. Puis, ensuite de ça, le troisième élément, le troisième paragraphe, c'est :
Regardez votre capacité à mettre à contribution les talents et l'expertise de
ce médecin dans le système public.
M. Chassin :Même s'il est non participant, en quelque sorte, pour le
troisième.
M. Bergeron (Stéphane) : M. le
Président, donc, la condition de départ, c'est… c'est la demande d'un médecin
qui est à l'intérieur d'un statut, soit de participant ou de désengagé. Et donc,
ici, on étudie la conséquence de la demande d'un médecin participant ou
désengagé.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Chassin :Il y a pas mal… c'est ça, c'est comme un échafaudage qui dépend
de beaucoup de cas de figure. Je trouve assez complexe, là. Je ne vous le cacherai
pas, c'est formulé pas toujours de la façon dont on s'y attend. On se demande
un peu pourquoi, mais c'est clair que, quand je regarde tout ça, je me dis :
O.K. La capacité, par exemple, de mettre à contribution un médecin dans le
public à titre de participant, va déterminer en partie l'autorisation qu'on va
lui donner. Parce que peut-être qu'effectivement on n'a pas, par exemple, pour
un chirurgien… on n'a pas la capacité de l'employer dans le public, mais s'il
est non participant et puis qu'il rend des services, vu qu'on n'était pas
capable de l'intégrer au public, pour toutes sortes de raisons, présence de
salles opératoires, présence d'équipes, etc., bien, on va peut-être lui donner
cette autorisation-là, parce que, de toute façon, on n'aurait pas eu la
capacité d'augmenter l'accès ou la qualité des services médicaux assurés. Moi, ça
me… Ça me paraît faire un certain sens, là. Je vois, en tout cas, la logique
dans ce cadre-ci, puis là, bien, en fait, c'est aussi qu'on se dit : Bien,
est-ce qu'on peut le mettre à contribution en tant que non-participant à l'intérieur
de l'ensemble des services assurés offerts par la castonguette, là, en quelque
sorte? Est-ce que ça prend les deux sens?
Le Président (M. Provençal)
:Je veux juste vous rappeler, M. le
député, que, dans les critères qui ont été énoncés dans l'amendement, il y a
quand même une mesure des impacts qui vont se faire globalement sur les
demandes. M. le sous-ministre.
M. Bergeron (Stéphane) : M.
le Président, donc, je pense que ce que ça indique, c'est que, justement, on a
voulu… le projet de loi propose une balance plutôt qu'un dogmatisme, de dire
que tout est bon ou tout est mauvais d'un côté comme de l'autre, et de les
évaluer, cependant, à la lorgnette de la contribution au service public et l'accès
dans le service public. La seule différence que je dirais à partir de… des dernières
phrases que vous avez dites, c'est que Santé Québec n'a pas l'obligation, à l'intérieur
de ce projet de loi là, de regarder la contribution dans le cadre du système
privé. Donc, ne doit pas regarder l'effet sur le système privé. Santé Québec
doit se concentrer en disant : Voici quel est l'effet sur l'accessibilité,
sur la qualité. Et puis-je le mettre à contribution dans le système public
après ça? Et, si la conclusion de cette analyse-là, c'est : Bien non, je
ne peux pas le mettre, puis ça n'enfreint pas la qualité et l'accessibilité, après
ça, Santé Québec n'a pas à regarder comment le système privé va mettre à
contribution ce médecin-là. Le médecin est libre d'y aller et de pratiquer
comme il l'entend à ce moment-là…
M. Bergeron (Stéphane) : ...ce
n'est pas la responsabilité de Santé Québec.
M. Chassin :Puis c'est là où on fait, je pense, le «full circle», vous
permettez l'expression anglaise, là, mais c'est à ce moment-là que je reviens
au un. Comment ça qu'on se dit : Bien là, il y a trop de non-participants,
là, ils vont se faire concurrence? Je ne sais pas. Il n'y a pas de lien entre
ce qui se passe au privé, s'il y en a beaucoup qui sont non participants au
privé, alors qu'on dit ici : «...si ce nombre — de
non-participants — est trop considérable pour que les services
médicaux assurés puissent continuer à être rendus selon les conditions
uniformes». Moi, c'est là, là, où on revient à : Mais oui, on considère ce
qui se passe dans le privé parce qu'on trouve que le nombre est trop
considérable dans le privé, puis c'est formulé par la négative, mais ça ne fait
pas de sens si c'est vraiment ce que vous voulez dire dans ce cas-là.
M. Dubé : Oui, mais, M. le
député, on peut en parler longtemps, mais c'est binaire. Vous êtes participant
ou non participant. Alors...
Le Président (M. Provençal)
: C'est ça.
M. Dubé : ...à un moment
donné... Je m'excuse, là, mais on peut bien changer toute la terminologie, mais
il y a deux catégories.
M. Chassin :Mais la logique reste importante, là.
• (18 h 10) •
M. Dubé : Bien, la logique,
elle ne changera pas si on...
M. Chassin :
Il faut que ça veuille dire ce qu'on veut lui faire dire.
M. Dubé : ...si on la regarde
de l'autre côté, là. Le médecin, il est participant ou non participant. Ça fait
qu'on dit... Je comprends ce que vous voulez dire, mais, en partant, ça
s'appelle un non-participant, alors...
M. Chassin :Alors, évidemment, c'est défini par la négative, mais...
M. Dubé : En tout cas, moi,
je n'ai pas vraiment d'autre commentaire à rajouter, là.
Le Président (M. Provençal)
:Et nos articles présentement, ce
bloc-là est en lien avec les non-participants, et il y a une notion de deux
ans.
M. Dubé : C'est ça, puis c'est
une notion transitoire, vous faites bien de le rappeler, là.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député.
M. Chassin :Bien, en fait, moi, je n'ai pas l'impression d'avoir
vraiment eu une réponse dans le sens où on considère finalement si les
non-participants sont en nombre trop considérable puis là... pour avoir, donc,
un impact sur ce qui se passe au public. Moi, c'est ça que je... je ne le vois
pas, le lien, comprenez-vous? Alors, c'est sûr qu'il y a un problème quelque
part dans la construction, puis c'est peut-être un défi légistique, là. Moi, je
ne suis pas légiste, je n'ai pas étudié en droit pour écrire, là, mais je le
lis, je le relis, je le rerelis, je vous le dis, il y a quelque chose qui
bloque. Puis, un peu comme on vient de le dire, là, on a passé les trois, on
s'est dit : Oui, on ne lui demande pas nécessairement de regarder ce qui
se passe au privé, peut-être que Santé Québec va juger que c'est intéressant,
mais oui, on lui demande. Et puis c'est ça aussi, là, c'est qu'à un moment
donné il faut que ça... cette construction-là réponde à l'objectif. Puis là je
vais... je vais dire quelque chose, peut-être, qu'il est important de dire de
façon générale : Je préfère nettement un régime où Santé Québec est appelée
à autoriser un changement de statut qu'un régime qui, par exemple, ferait du
mur-à-mur, qui dirait : Il n'y en a pas, de changement, ou, pour tout
changement, il y a un délai de carence de six mois. Tu sais, c'est sûr que moi,
je préfère qu'on ait une certaine flexibilité à pas du tout de flexibilité.
J'aurais préféré qu'on en ait beaucoup plus puis qu'on ne tranche pas dans une
espèce d'opposition binaire, justement, entre le privé puis le public, mais,
puisqu'on fait ce choix-là, je regarde comment c'est rédigé, je regarde ce
qu'on cherche à lui faire dire puis je me dis qu'il y a une distinction entre
ce qu'on dit dans ces... dans le libellé versus ce qu'on cherche à lui faire
dire dans les explications qu'on reçoit ici. Moi, je vous soumets ça puis je vous
suggérerais, bien humblement, de peut-être le revoir, à la limite, en dehors
des travaux de la commission, mais c'est, pour moi, une grande inconnue, là, de
voter un article... tu sais, libellé ainsi. Il me semble qu'il y a vraiment des
imprécisions.
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Dubé : C'est noté.
Le Président (M. Provençal)
: C'est noté?
M. Dubé : Oui.
M. Chassin :Et il y a... peut-être une question en... là, j'y vais dans
mes questions plus générales, mais il y a peut-être une question, pour moi, tu
sais, plus fondamentale. Évidemment, vous comprendrez que c'est comme toujours
tentant pour moi de présenter un amendement quand je vois une
phrase comme : «Il appartient à Santé Québec de statuer sur
l'opportunité d'accorder une autorisation.» Moi, j'ai comme un peu l'impression
de... Attendez, là, on lui donne un pouvoir énorme, à Santé Québec. Mais comme
je le dis, c'est... tu sais, c'est très pragmatique, là, dans le sens où ce
n'est pas idéal pour moi, c'est préférable à une interdiction pure et simple.
Est-ce que... puis là c'est un peu dans le sens de...
M. Chassin :...l'opposition entre le privé puis le public, on peut être
participant ou non participant. On ne peut pas faire les deux. Dans tous les
pays, dans le fond, qui sont plus performants pour nous, il y a de la pratique
mixte. On a un cabinet privé, on fait du public. Généralement, ceux qui sont en
pratique mixte, justement, c'est ceux qui donnent le plus d'heures parce qu'ils
donnent des heures au public à peu près autant que ceux qui sont juste au
public. Ils rajoutent au-dessus des heures pour complémenter leurs revenus.
C'est des incitations économiques un peu de base, là, mais c'est... La pratique
mixte, c'est comme une évidence, mais pas ici, puis... puis, je ne sais pas
pourquoi, on... J'imagine, on regarde les modèles ailleurs, pourquoi au Québec,
on ne fait pas le choix d'ouvrir une pratique mixte?
M. Dubé : Bien, je pense que
c'est tout un autre débat. M. le Président, je... je... On a toujours dit, puis
je vais répéter que chaque projet de loi en soi est un levier de plus qu'on
donne à nos gestionnaires. Il y a d'autres discussions qui ont cours sur notre
réseau de la santé. Ceci ne permet pas de régler tous les problèmes, mais c'est
un élément où on veut éviter l'exode. Je l'ai dit en tout début de... en tout
début de discussion sur ce projet de loi là, puis je pense qu'il y en aura
d'autres... il y aura d'autres éléments qui sont apportés au cours des
prochains mois, prochaines années, mais je pense qu'il faut essayer de se
concentrer sur ce qui est ici., puis ce qu'on veut, c'est encadrer le départ de
certains médecins. Alors donc, voilà, M. le Président.
M. Chassin :Puis donc, moi, ça, c'est... tu sais, ça, ça m'inquiète un
peu, dans le fond, parce que je me dis : On y va dans une approche plus
coercitive qu'ailleurs qui ont des bons systèmes qui fonctionnent, puis je ne
suis pas certain de... de ce que ça implique, puis là, je vous le dis très
franchement, là, mais en termes notamment de bureaucratie, pour faire les
études chez Santé Québec, pour octroyer des autorisations, on se donne un
système d'appel potentiellement. Donc, là, sapristi, on s'en rajoute une couche,
là, où je me trompe peut-être.
M. Dubé : Moi, je n'ai pas
d'autre commentaire, M. le Président. Je n'ai pas de commentaire.
Le Président (M. Provençal)
:Pas de commentaire, merci.
M. Chassin :C'est pour ça que, la pratique mixe, M. le Président, en
tout respect, c'est un petit peu sortir de cette espèce de dichotomie où on a
besoin d'avoir un cerbère à la porte, là, qui va regarder qui va passer de quel
statut à quel autre. Ce qu'on a de besoin, c'est d'avoir une contribution au
public de la part des médecins, notamment dans les premières années de
pratique. Moi, je n'ai aucun problème avec ça puis, s'ils veulent avoir
d'autres expériences, mais grand bien nous en fasse en plus, parce qu'on a quand
même besoin d'un minimum au public. Ça m'apparaît tellement évident que
c'est... à la limite, c'est ça, hein, c'est que c'est un peu... on... on a
l'impression qu'on... on érige tout un mécanisme par rapport à la gestion des
transitions en statut au lieu de se dire mais comment on peut les concilier,
ces statuts-là. Puis, M. le ministre faisait référence de façon fort
appropriée, à mon avis, à la partie tout à fait innovante, là, qui est d'avoir
des médecins participants dans une formule qui contribue puissamment à l'accès
en ayant un... un... là, j'allais dire un établissement, en ayant un endroit,
un centre de soins comme le Centre Up, qui est finalement le résultat d'une
innovation immense, mais tu sais, réalisé par des gens qui n'ont pas eu à
demander des autorisations partout. C'est là où il me semble que l'addition est
vraiment plus intéressante que la segmentation, je vous dirais peut-être d'une
façon très respectueuse, que j'observe dans les mécanismes qu'on est en train
de mettre en place. Puis je comprends qu'on puisse demander de l'information
aux médecins, l'article 2... mais 0.2, pardon, ce n'est pas nécessairement
impensable. L'avis qui a été transmis avant pouvait comporter de toute façon
ces informations-là déjà. Mais l'autorisation, c'est donc qu'il y a un cerbère,
puis ce cerbère-à, moi je le... je le vois comme une compartimentation ou une
opposition un peu binaire, là, entre participants...
M. Chassin :...non participant, puis ça me... En tout cas, ça, me
soulève des questions de principe. Ce que je vois, c'est qu'il y a aussi, puis
je pense qu'on l'a reçu à la commission, là, une réflexion de la part d'une
nouvelle association des médecins au privé, puis eux -mêmes, c'est comme ça
qu'ils voient, c'est comme ça qu'ils défendent, là, on peut contribuer à
l'accès, on peut contribuer à la qualité des soins. Un peu comme le docteur
Bergeron le mentionnait, des fois ça, ce n'est pas mauvais d'avoir un peu de
compétition. Philosophiquement, je suis tout à fait d'accord et puis, en général,
c'est comme ça qu'on a une, disons, une incitation par émulation, une
incitation à s'améliorer.
Moi, je vois là, peut-être, une mécanique
autrement plus intéressante que... il y a vraiment une opposition des deux.
Puis là l'opposition est telle qu'on enlève de la compétition au public. Un peu
de compétition, ça peut permettre au public d'innover, on se dit : On va
le garder au public parce qu'ils n'ont pas d'autre choix. C'est un peu... Puis,
là aussi, c'est par la négative, M. le Président, en conclusion.
• (18 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
:Est-ce que ça va, le député de
Saint-Jérôme?
M. Chassin :Ah! moi, ça fait le tour.
Le Président (M. Provençal)
:Vous avez fait le tour. Il n'y a pas
de commentaire de ce côté-ci. Donc, ça va pour le moment. Alors, oui, c'est
parce que le député des Îles-de-la-Madeleine m'a mentionné... a mentionné à
notre... qu'il y aurait un sous-amendement à déposer, c'est ça?
M. Arseneau : Oui, exact.
Le Président (M. Provençal)
:On voit le projeter à l'écran.
M. Arseneau : Alors, M. le
Président...
Le Président (M. Provençal)
:Oui, allez-y.
M. Arseneau : ...oui, si vous
permettez, je reviens sur la question des balises ou des critères qui doivent
aider Santé Québec à prendre ses décisions concernant, évidemment, les demandes
que Santé Québec pourrait recevoir. Alors, j'aimerais inscrire une précision,
je vais vous la lire, puis ensuite je pourrai l'expliquer, si vous le
permettez, M. le Président.
Donc, au troisième alinéa de l'article 0.3
du projet de loi, remplacer les mots, «le médecin qui présente la demande est
le seul médecin...» Ah! ce n'est pas celle-là.
Le Président (M. Provençal)
:Non, c'est ça, c'est l'autre. Je
venais justement de faire un petit signe à ma secrétaire que ça ne
correspondait pas à ce que je pensais.
M. Arseneau : Merci. O.K. On
recommence. 0.3. Donc, au deuxième paragraphe de l'article 0.3 du projet de
loi :
1° insérer, après «professionnel non
participant», «ainsi que les besoins d'effectifs des régions sociosanitaires
limitrophes»;
2° au deuxième alinéa de l'article 0.3 du
projet de loi, insérer, après «de cette dernière région», «et des régions
sociosanitaires limitrophes.».
Donc, l'article modifié se lirait comme
suit... Vous allez comprendre la réflexion, je l'avais évoquée tout à l'heure,
là. Les impacts que... Donc : «En outre, elle évalue les éléments
suivants - on passe le premier paragraphe, le deuxième - les éléments suivants :
«2° les impacts que pourrait avoir
l'autorisation sur la qualité ou l'accessibilité des services médicaux assurés
offerts dans la région sociosanitaire où le médecin entend exercer à titre de
professionnel non participant, ainsi que les besoins d'effectifs des régions
sociosanitaires limitrophes»; - un peu plus loin, oui.
«Lorsque le médecin entend exercer à titre
de professionnel non participant dans une région sociosanitaire autre que celle
où il exerce au moment où il présente une demande d'autorisation, Santé Québec
évalue aussi les éléments prévus au deuxième alinéa à l'égard de cette dernière
région et des régions sociosanitaires limitrophes.».
Alors, si vous me permettez que j'explique
un peu, on nous a fait valoir tout à l'heure que, même si on considérait
important, dans les trois premiers paragraphes, de parler de l'impact,
d'accorder la permission à un médecin, de passer du public au privé, donc, des
impacts sur la région où il exerce son travail, on mesure...
M. Arseneau : ...cet
impact-là. S'il devait changer de région, bien, on mesure les impacts sur les
deux régions. Et on a dit que pour les régions avoisinantes, bien, qu'on
pourrait le faire si la chose est jugée pertinente, là, ce qui est dans le
premier alinéa, «tout facteur qu'il juge pertinent». Alors, en tout respect, M.
le Président, j'estime que s'il est important pour Santé Québec d'avoir une
vision plus globale de la situation, de l'impact du transfert des médecins du
public vers le privé pour la région où ils exercent et qu'on inscrit dans des
paragraphes bien particuliers le fait que ça peut avoir un impact sur la région
sociosanitaire où il entend exercer.
S'il quitte la région, bien, il faut
regarder c'est quoi l'impact sur la région qu'il quitte. Je pense qu'au même
niveau de préoccupation du ministère, en tout cas, mon niveau de préoccupation
comme législateur, c'est de regarder aussi les besoins des régions
avoisinantes, donc limitrophes, de sorte que vous aurez compris que si on dit
qu'il faut garder les médecins au privé, moi, je préfère les garder au privé,
même si les besoins de la région où il veut exercer sont comblés, même si la
région qu'il quitte, les besoins sont comblés, si les régions avoisinantes et
limitrophes, elles, ont des problèmes de recrutement, ont des problèmes à
livrer les services ont des problèmes d'accessibilité et de qualité de soins,
parce que c'est ça le critère qui nous permet actuellement de juger de la
validité de la demande, on l'a dit tout à l'heure, et qui découle des orientations
ministérielles, des orientations qui veulent améliorer l'accès. Mais si on ne
regarde la situation qu'en silo, en observant une région, celle où il est... où
il compte exercer ou celle où il compte exercer et celle qu'il aurait quittée
sans considérer les autres régions qui pourraient être à découvert, je pense
qu'on manque à notre devoir de rigueur.
Et pour s'assurer que Santé Québec, même
si on lui fait entièrement confiance, exerce ce devoir de rigueur là, bien, je
pense qu'on doit l'inscrire dans l'amendement par la voie du sous-amendement et
que ce ne soit pas considéré comme accessoire, si jamais on le jugeait
pertinent dans un autre facteur qui n'a rien à voir et qui n'a pas à voir
directement avec les effectifs dans les régions sociosanitaires visées et les
régions limitrophes.
Et la raison pour laquelle, M. le
Président, j'ai utilisé le terme «limitrophe», ça aurait pu être «contigu»,
c'est parce qu'on n'exigera pas, j'imagine, dans le projet de loi qu'un médecin
qui pratique en Montérégie, bien, s'il demande d'aller au privé, on lui
dise : Bien, on a des besoins en Abitibi ou aux Îles-de-la-Madeleine, et
tu vas devoir déménager si on juge que cette demande-là serait, ou cet
argument-là serait abusif. Je ne pense pas que ce soit abusif de refuser le
transfert au privé d'un médecin qui exerce à Montréal si on a des besoins
criants à Longueuil. Je pense que c'est tout à fait raisonnable de dire :
On veut te garder au privé. Et c'est la raison pour laquelle, malheureusement,
on a regardé l'impact sur Montréal, on a regardé l'impact où tu voulais aller
dans la région de Laval, mais nous, nos besoins, c'est à Longueuil. Alors, ou
bien tu restes où tu es, ou bien tu t'en vas là où on a des besoins. J'ose
espérer qu'on va avoir une réflexion comme celle-là dans les décideurs ou chez
les décideurs, les dirigeants de Santé Québec, sans quoi je pense qu'on passe à
côté de cette vision globale qu'on voulait donner à Santé Québec pour la
répartition des effectifs, non seulement les effectifs qui sont sous entente de
convention collective comme personnel de la santé, mais également avec une
approche similaire pour une saine et juste répartition des effectifs en matière
de médecins omnipraticiens ou spécialistes.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Dr Bergeron.
M. Bergeron (Stéphane) :
M. le Président, je crois bien comprendre les considérations et les motifs de
M. le député qui l'amènent à proposer cet amendement-là. Je vais le rejoindre.
Puis lorsqu'on a échangé tout à l'heure en disant que c'était une préoccupation
partagée que de ne pas... de voir... de voir grand à l'intérieur de ça. D'un
autre côté, à quelques reprises, j'ai été questionné sur l'efficience puis la
lourdeur du processus. Ça fait que, là, je vais admettre, je vais le mettre en
corollaire. Par exemple, j'ai mon chirurgien de Sherbrooke qui dit : Je
veux aller passer une semaine au privé dans un bloc opératoire...
M. Bergeron (Stéphane) : …de
Sherbrooke parce que, vous savez, il y a… il y a un… on est l'été, puis on… ils
ne pourront pas me donner assez de salles opératoires, puis mes confrères sont
prêts à faire cela. Est-ce qu'on n'alourdit pas le processus en obligeant, pour
cette demande-là d'une semaine à Sherbrooke, de regarder… les régions
limitrophes, là, c'est Chaudière-Appalaches, Mauricie, Centre-du-Québec, puis
Montérégie. Je pourrais dire la même chose sur d'autres qui touchent beaucoup,
ça fait que l'objectif, je crois qu'on le partage. L'objectif de dire : Il
ne faut pas se limiter, il faut garder ça dans un grand ensemble. Puis je pense
que ceux qui nous écoutent de Santé Québec le savent. Puis, ils ont… à
l'intérieur des articles de l'article actuel, dans le libellé de l'article
actuel, la possibilité puis même l'attente qu'ils agissent ainsi via le «tout
facteur qu'il juge pertinent» dans le premier paragraphe, qui a… qui leur donne
plein de possibilités, incluant celle-là, mais qui ne les contraint pas à le
faire dans des situations où il me semble que le fardeau administratif ou la…
puis on veut d'un Santé Québec qu'ils adoptent des processus efficients. Donc,
ils ne sont pas empêchés de le faire, mais ils ne sont pas contraints de le
faire dans des situations où il apparaît que, tu sais, si c'est quelqu'un qui
veut quitter pour une semaine, pour quelque chose comme ça, probablement que
l'étude d'impact sur les régions limitrophes est beaucoup moins pertinente. Ça
fait que c'est le contexte qui nous a animés là-dedans, dans lequel je pense
que, sur le… sur le grand objectif, je parle en mon nom personnel, je le… je le
partage complètement, mais un souci de ne pas alourdir les processus de Santé
Québec aussi.
• (18 h 30) •
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Arseneau : Oui, loin de moi
l'idée d'alourdir le processus, les processus décisionnels, mais, pour moi, la
priorité, c'est de s'assurer que les médecins ne quittent pas pour le privé
alors qu'on en a besoin en public un peu partout dans les régions du Québec. Et
je pense que c'est aussi la priorité du ministre avec le projet de loi, l'esprit
même du projet de loi, c'est empêcher les jeunes médecins, moins de cinq ans,
de quitter vers le privé, sans considération pour celui qui voudrait quitter
pour une semaine pour aller de Sherbrooke à Granby.
Alors, dans la même logique, si on veut les
garder au public, bien, je pense qu'on a le devoir de regarder là où sont les
besoins criants du public, parce qu'ils sont nombreux et ils sont un peu
partout dans les régions et ils peuvent être dans les régions limitrophes. Puis
je pense que l'exemple que le sous-ministre donne peut être, je dirais,
pratique dans la mesure où on parle d'une semaine. Mais, si on parle de tout
l'été et que, pendant cet été-là, à Fortierville, on ferme l'urgence pour
l'été, parce que dans la région voisine, on a décidé de permettre à des
médecins d'aller au privé, moi, je serais scandalisé. Je pense que la
population serait scandalisée. Et tous les intervenants qui défendent
aujourd'hui le maintien de l'urgence avec des services adéquats 24 heures
par jour, sept jours par semaine le seraient aussi.
Et c'est la raison pour laquelle je pense
que, si, dans l'esprit du projet de loi, on dit : On va regarder l'impact
du départ vers le privé d'un médecin qui est dans une région donnée, sur la
région, et sur la région qui… où il veut exercer, sur la région qu'il quitte,
ne pas exiger que Santé Québec aille au bout de l'exercice pour regarder les
trois régions limitrophes, ne sera pas une analyse d'impacts du type du BAPE,
qui ferait pendant huit mois que, de toute façon, bien souvent, on ne retient
pas… Je parle simplement de porter un regard sur les besoins d'effectifs pour
s'assurer que ce soit le meilleur geste pour Santé Québec de permettre le
départ vers le privé, alors qu'on a des besoins criants dans le CISSS voisin
dans la région voisine et qui n'auraient peut-être pas été considérés si on ne
l'inscrit pas, parce que ça semble une considération marginale, un facteur qui
est jugé pertinent. Moi, j'imagine qu'il y a d'autres facteurs qui pourraient
être jugés pertinents, là, c'est… bon, c'est peut-être la distance. On pourrait
dire : Oui, il y a un besoin, mais c'est à l'autre bout de la région,
c'est une autre région. Ça pourrait être un facteur qu'on considère ou pas.
Mais je pense que de laisser en plan les
régions qui pourraient être en besoin criant en ne se concentrant que sur deux
régions comme législateur qui veut d'abord et avant tout s'assurer que le
service public de santé au Québec soit plus robuste, je ne pense pas que
d'exiger ça de la part de nos gestionnaires, c'est un temps fou et je pense que
ça rapporte pas mal plus si, à l'évidence, puis si on avait des données
probantes pour dire : Bien, écoutez, on est à plein effectif dans toutes
les régions, c'est un coup de téléphone, trois courriels, puis c'est réglé. Bien,
j'ai fini mon plaidoyer. Je vois qu'il y a peu d'ouverture là-dessus, mais je
pense que c'est important de le mentionner…
18 h 30 (version non révisée)
M. Arseneau : ...il est
question ici de donner la capacité au réseau public d'offrir les services, et
que là on dit : Bien, soit on regarde les régions qu'on a besoin, soit qu'on
ne regarde pas puis on permet pour une semaine d'aller au privé. C'est ça qu'on
est en train de dire.
Donc, à l'intérieur d'un projet de loi où
on veut restreindre le passage au privé, on dit que, dans ce cas-là, mais on le
faciliterait. Moi, je pense qu'on est un petit peu à la limite de la
contradiction.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député, je vous cède la parole.
M. Marissal : Merci. Mais, je
suis sûrement d'accord avec le principe de base, là. Moi, j'aurais même
privilégié une façon plus drastique de régler cette affaire-là. Le ministre le sait,
là. Mais je me demande, en tout respect pour mon collègue des Îles, dans quelle
mesure le passage d'une région à l'autre est vraiment possible. L'Outaouais et
l'Abitibi-Témiscamingue sont limitrophes. Je ne sais pas combien il y a de
centaines de kilomètres qui séparent les deux extrémités, mais... je ne sais
pas, effectivement, il faudrait au moins y mettre une limite, là, ça, c'est
sûr. Mais par ailleurs la corollaire de ça serait de donner à Santé Québec le
pouvoir de déplacer un médecin. Si d'aventure l'idée est de protéger assurément
le système public puis de combler les postes par les médecins qui voudraient
aller au privé, il faudrait que Santé Québec ait le pouvoir de déplacer ces
médecins-là. Je ne pense pas que c'est souhaitable ni possible de le faire, là,
à moins que je comprenne mal l'idée ou qu'on se limite à la première partie de
la prémisse de mon collègue qui est, s'il y a des besoins à côté, tu n'es pas
obligé d'y aller, mais tu restes où tu es en ce moment. Je suis dubitatif par
rapport à ça, bien que je partage, effectivement, l'objectif de privilégier d'abord
et avant tout la rétention de notre personnel soignant au public. Je ne suis
pas convaincu de la faisabilité de ça, mais j'apprécie l'effort.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Saint-Jérôme.
M. Arseneau : J'apprécie votre
commentaire qui vous a demandé un certain effort de réflexion, mais je vais
quand même commenter. L'idée n'est pas... Pardon?
Le Président (M. Provençal)
: C'est parce que j'ai cédé la parole au député de
Saint-Jérôme puis après ça...
M. Arseneau : Ah! allez-y,
allez-y.
Le Président (M. Provençal)
:De toute façon, vous êtes porteur du
sous-amendement, alors il n'y a aucun problème pour que je vous redonne la
parole par la suite.
M. Chassin :...dans son élan. S'il veut commenter un peu, on peut... je
poserai ma question après.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député des Îles?
M. Arseneau : Non, non, l'idée
n'étant pas d'ajouter à ça une contrainte ou une capacité de... Santé Québec...
Je n'ai aucune idée si la chose serait possible, mais dans une perspective où les
besoins, il me semble, de ressources en matière de soins de santé que ce soit
pour le personnel l'infirmier ou que ce soit pour les médecins, les besoins
sont avérés dans la plupart des territoires, au point où on en vient à fermer
des services sur une base temporaire ou sur une base temporaire permanente. Je
trouve qu'il n'est pas logique pour un employeur unique de dire : Je vais
te libérer pour aller vers un autre employeur au privé, alors que mes besoins,
s'ils ne sont pas immédiats ici et si je suis en sureffectif au point que je
peux te libérer, mais j'aimerais mieux le faire en direction de ma région
voisine où je suis en sous-effectif. Simplement, en termes... D'où le... effectivement
l'idée qu'on ne se départisse pas des médecins qui sont au public alors qu'on
en a besoin. Et c'est exactement, j'imagine, la raison pour laquelle on veut
garder les médecins actuellement qui ont moins de cinq ans de pratique, qui eux
aussi... parce que si on suit la logique, on ne peut pas avoir les deux
logiques différentes, dire : il est tout à fait normal si on a des
capacités de libérer un médecin pour une semaine pour améliorer la qualité et l'accessibilité
via le privé, mais qu'on le fasse juste pour une catégorie de médecins, c'est-à-dire
ceux qui ont plus de cinq ans d'exercice. Si c'est vraiment l'objectif
poursuivi...
M. Arseneau : ...à travers
cet amendement-là, que les médecins dont on a absolument besoin pour une
semaine ou un mois, l'été, pendant les vacances, qui passent au privé dans la
même région, sans considérer les autres besoins, bien, qu'on le fasse pour tout
le monde, qu'on le fasse également pour les médecins de moins de cinq ans.
Pourquoi on s'en priverait si c'est ça, la priorité?
Le Président (M. Provençal)
: Alors, commentaires?
M. Dubé : ...je n'ai pas
d'autres commentaires. Je pense qu'on a déjà répondu, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Saint-Jérôme, vous avez demandé la parole.
M. Chassin :
Bien, puis là, en tout respect pour mon collègue des Îles-de-la-Madeleine, je
trouve que l'amendement, tu sais, remet en lumière la complexité de l'espèce de
structure qui est érigée dans cet article-là, parce que je comprends
l'intention du sous-amendement, mais il faut se rappeler qu'on est toujours
dans un chapitre, puis le chapitre, c'est préciser, dans le fond, dans notre
premier amendement, là, les dispositions du présent chapitre s'appliquent,
notamment, à un professionnel désengagé au sens de la loi qui désire devenir un
professionnel non participant au sens de la loi. Donc, tu sais, qu'il soit non
participant plutôt que désengagé, ce qui, à la limite, peut être positif dans
le sens du régime public, mais on va quand même rajouter l'étape de, bien, il
était désengagé dans telle région, puis là les régions limitrophes puis là les
régions limitrophes de l'autre. Ça fait que, moi, en tout cas, c'est l'article
qu'on sous-amende, c'est un article qui s'applique à plusieurs cas de figure.
C'est pour ça que, là, je me dis que, là, on est dans un sous-amendement aussi
qui s'applique surtout à quand on veut devenir... quand on est participant puis
qu'on veut devenir un non-participant. Je vous le dis, c'est toute une
architecture post-moderne comme article.
• (18 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
: Autres commentaires sur le sous-amendement? S'il n'y a pas
d'autre commentaire sur le sous-amendement, nous allons procéder à la mise aux
voix par appel nominal.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire
: M. Dubé
(La Prairie)?
M. Dubé : Contre.
La Secrétaire
: Mme Blouin
(Bonaventure)?
Mme Blouin : Contre.
La Secrétaire
: Mme Poulet
(Laporte)?
Mme Poulet : Contre.
La Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire
: Mme Dorismond
(Marie-Victorin)?
Mme Dorismond : Contre.
La Secrétaire
: Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Abstention.
La Secrétaire
: M. Marissal
(Rosemont)?
M. Marissal : Contre.
La Secrétaire
: M. Provençal
(Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
:Abstention. Alors, le sous-amendement
qui était déposé par le député des Îles-de-la-Madeleine à l'amendement à
l'article 0.3, est rejeté.
Alors, M. le député des Îles-de-la-Madeleine,
vous avez un deuxième sous-amendement que vous aviez mentionné.
M. Arseneau : Si vous me
permettez.
Le Président (M. Provençal)
: On va le...
M. Arseneau : On
travaille fort pour améliorer le projet de loi.
Le Président (M. Provençal)
: On va le projeter à l'écran.
M. Arseneau : C'est celui
qu'on avait commencé à lire tout à l'heure?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, c'est ça.
M. Arseneau : Donc, au
troisième alinéa de l'article 0,3... ou 0.3 du projet de loi, remplacer
les mots «le médecin qui présente la demande est le seul médecin à offrir un
service médical assuré dans la région sociosanitaire où il exerce au moment où
il présente la demande» par les mots «l'évaluation est effectuée conformément
au paragraphe 2° du présent article, conclut à une diminution de la qualité ou
de l'accessibilité des médecins médicaux assurés offerts dans la région
sociosanitaire où exerce le médecin et où il veut exercer dans les régions
sociosanitaires limitrophes».
On y allait évidemment en accord avec la
proposition précédente, là, mais je vous ai dit tout à l'heure que j'étais
dubitatif, c'est un euphémisme, sur l'idée qu'on dise qu'un des critères qu'on
vient nommer, et c'est le seul qui est indiqué, là, dans cet article, dans cet
amendement-là, qui est un critère de refus de la demande, c'est celui qui
repose sur le fait que le médecin qui présente la demande est le seul médecin à
offrir un service médical assuré dans la région sociosanitaire où il exerce au
moment où il présente la demande. C'est un critère qu'on a décrit comme étant
la ligne rouge, mais il me semble que ce critère-là, il est tellement minimal
qu'il ne veut pratiquement plus rien dire. Alors, en épousant autant que faire
se peut la logique du ministre qui, nous dit-il, repose sur l'amélioration de
l'accès et de la qualité des soins, il me semble que le barème, avant de
permettre à un médecin de...
M. Arseneau : ...le réseau
public, c'est de s'assurer que les impacts de son départ n'entraînent pas une
diminution de la qualité ou de l'accessibilité des services médicaux. Donc, si
le deuxième paragraphe a un sens, et qu'on mesure les impacts que pourrait
avoir l'autorisation de quitter le public sur la qualité ou l'accessibilité des
services médicaux, mais le corollaire, c'est qu'en conclusion on dise que
Québec... que Santé Québec doit refuser d'accorder une autorisation lorsque le
médecin... non pas lorsque le médecin, mais lorsque l'évaluation qu'on a
effectuée a conclu qu'il y aurait une diminution de la qualité ou de
l'accessibilité, et dans le cas contraire, bien là, on pourra reconsidérer de
lui accorder cet... ce privilège, cette permission ou ce droit, dépendamment
comment vous le... voulez, le définir, de passer au privé pour une semaine, un
mois ou un an. Donc, il me semble logique de présenter cette conclusion-là, de
refuser d'accorder qui inclus, là, parce que je ne veux pas détourner le sens,
M. le Président, de l'alinéa. Le sens de l'alinéa peut-on conclure, c'est, s'il
n'y reste qu'un seul médecin, là, avant de créer un désert médical, bien, on
interdit, on renonce, on refuse la demande. C'est aussi le cas, évidemment, si
c'est cette conclusion-là, bien, c'est de dire qu'on va baisser la qualité
minimale qui était offerte par le seul médecin ou l'accès minimal qui était
offert par le seul médecin. Donc, pour moi, il est beaucoup plus large,
beaucoup plus inclusif et beaucoup plus pertinent de s'accrocher aux
orientations qui sont déterminées par le ministre et qui sont traduites dans le
paragraphe numéro 2 concernant la qualité et l'accessibilité des services
médicaux, les impacts, et là on ne de mande pas de... de faire des analyses
supplémentaires. L'analyse ayant déjà été faite, si la conclusion, c'est qu'on
a une baisse, une diminution de l'accessibilité ou une diminution de la
qualité, mais c'est la raison qu'on doit inscrire à l'amendement de refuser
d'accorder l'autorisation. C'est ça le sens de la proposition que je vous fais.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Dubé : Bien, écoutez, j'ai
beaucoup de respect pour l'opinion du député, mais je pense qu'on a déjà
répondu à ça parce que l'ensemble de l'article au complet tient compte de
l'orientation du ministre ou du ministère, puis je pense que l'orientation a
été très claire puis est très bien couverte par les différents éléments de
l'article. Alors , je pense qu'on a déjà répondu à l'ensemble de ça.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. M. le député.
M. Arseneau : M. le Président.
Je suis un peu surpris et surtout déçu de la fermeture du ministre concernant
cette proposition qui se veut correspondre à plusieurs des principes qui ont
été évoqués et inscrits dans l'article en question et qui est une conclusion.
Il me semble logique à la présentation qu'on nous a faite. Et je veux juste
terminer en disant que ce que j'ai fait valoir tout à l'heure, c'était qu'après
avoir fait une étude ou enfin réaliser un travail pour évaluer les impacts que pourrait
avoir l'autorisation sur la qualité ou sur l'accessibilité des services
médicaux assurés dans la région en question. Que l'on arrive ensuite avec pour
conclusion que l'on doit refuser.L'autorisation sur la seule base que ça
pourrait être le dernier médecin. Ça me semble un peu particulier et une espèce
de bris de la logique qu'on veut nous présenter. Je comprends que selon sa
discrétion, Santé Québec tienne compte des orientations. Mais lorsqu'on fait
une évaluation, les éléments suivants les impacts, il me semble qu'on doit
conclure que si l'évaluation est négative, que c'est ça la raison principale
qui devrait nous permettre de refuser si accessoirement...
M. Arseneau : ...on veut
garder et que c'est le dernier médecin dans la région à offrir un service
médical, bof, peut-être, mais, si on a déjà conclu qu'il y aurait un impact sur
la qualité ou l'accessibilité, il me semble que ce serait suffisant pour... et
ce serait beaucoup plus clair que c'est la qualité et l'accessibilité qui est...
qui sont des critères primordiaux, au moins sur le même pied que le dernier...
le principe du dernier médecin à offrir un service dans une région
sociosanitaire, là, ça me semble... si c'est équivalent, qu'on le ramène. À mon
point de vue, ça le... ça couvre amplement la question du dernier médecin
puisque, si le dernier médecin quitte, bien, la qualité, évidemment, et
l'accessibilité en sont... en sont affectées. Donc, de facto, on refuserait
également pour les mêmes raisons. Mais je pense que c'est un amendement qui se
veut dans la logique, encore une fois, de... du ministre. Je ne crois pas que
ce soit non plus... parce que souvent le critère, c'est : Est-ce qu'on...
Est-ce que le législateur parle pour ne rien dire? Moi, je pense que le législateur
ne parle pas pour ne rien dire, mais je pense aussi qu'il doit être clair et
s'inscrire dans une logique qui l'est tout autant, et rigoureux. Et de demander
à Santé Québec qu'à travers son pouvoir discrétionnaire et les compétences
qu'elle... que l'organisation exerce, que si elle fait... si elle refuse
d'accorder l'autorisation à un médecin, ce n'est pas en fonction du fait...
bien, enfin, «exclusivement», non pas, mais ce n'est pas principalement parce
que c'est le dernier médecin, c'est parce que ça a un impact sur
l'accessibilité, c'est parce que ça a un impact sur la qualité. Et ça, ce n'est
pas parler pour ne rien dire, c'est réaffirmer les principes au cœur du projet
de loi et au cœur de la mission du réseau et de... du travail qu'on fait ici
aujourd'hui. Ça sera mon dernier commentaire.
• (18 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Dubé : ...
Le Président (M. Provençal)
: O.K. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :Bien, en fait, je suis plutôt d'accord avec celui-là, au
risque de surprendre le collègue, mais j'imagine qu'il y a certaines régions
sociosanitaires qui sont peut-être moins pourvues en matière de médecins,
notamment des médecins spécialistes, par exemple. Puis on sait qu'il y a de
l'innovation, on sait qu'il y a de la télémédecine, à la limite qu'il y a même
des possibilités maintenant d'opérer à distance avec des robots. Moi,
sérieusement, j'estime que, des fois, c'est peut-être plus intéressant de
retenir l'objectif, M. le Président, le résultat recherché plutôt que le moyen
ou le processus à suivre. Je pense que c'est aussi un peu, à la limite, là, la
distinction qu'on veut faire entre le ministère puis Santé Québec. Donc, dans
une perspective d'orientation, c'est ce qui devrait prévaloir, à mon sens, dans
la rédaction d'un projet de loi.
Justement, ce qu'on mentionne, c'est, en
des mots qui m'apparaissent très conséquents, là, l'explication qu'on nous a
fournie tout à l'heure par rapport à cet alinéa-là. Donc, autrement dit, si
l'objectif est, effectivement, de se dire : Bien, c'est la diminution de
la qualité, la diminution de l'accessibilité qui nous préoccupent mais que tel
chirurgien, quittant sa région sociosanitaire, pour toutes sortes de raisons,
par exemple pour aller au privé... même s'il est le dernier, bien, il y a des
gens qui proposent, par exemple, de venir déjà de façon... de façon, par
exemple, je ne sais pas, moi, tournante, tu sais, puis il y a une entente qui
va prendre effet ou il y a des possibilités technologiques autres, bien,
pourquoi pas?
Moi, sérieusement, c'est là où, à chaque
fois qu'on définit une procédure, à chaque fois qu'on définit des critères qui
ont à voir avec les moyens ou avec les états de fait, l'état des lieux plutôt
que les objectifs recherchés, je pense qu'on manque un petit peu le bateau. Là,
ici, on... vraiment, chapeau à... au collègue ou à ses recherchistes,
peut-être, mais la rédaction, c'est vraiment... en tout cas, ça porte vraiment
sur la finalité recherchée, sur l'objectif, la qualité, l'accessibilité des
services médicaux assurés, offerts. Moi, sérieusement, à partir de là, il me
semble que c'est même une amélioration notable, qui ne donnera peut-être pas
beaucoup de flexibilité, là, dans tous les sens, mais c'est... le but, c'est
d'avoir au moins une compréhension claire. Ça clarifie, à mon avis, mon
architecture un peu alambiquée, là, que je reprochais à l'article.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le député.Autres
interventions...
Le Président (M. Provençal)
: …sur le sous-amendement qui a été déposé par le député des
Îles-de-la-Madeleine. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : …j'avais dit, M.
le Président, que j'avais terminé, mais, en réalité, pour boucler la boucle,
c'est aussi la préoccupation, je pense, qui a été évoquée par certains des
parlementaires ici présents. C'est que, même si on parle d'une décision qui
est… ou un exercice qui est discrétionnaire, pour moi, il y a une différence
fondamentale entre une décision discrétionnaire et une décision arbitraire. Et
c'est la raison pour laquelle il me semble important de mentionner que,
lorsqu'on fait une évaluation… mais on doit s'en servir pour justifier la
décision. Et c'est exactement ce que le sous-amendement aurait comme objectif,
c'est que, si l'évaluation effectuée conclut à une diminution, c'est donc dire
qu'on a fait l'évaluation de façon rigoureuse de la demande et qu'il y a des
conclusions qui sont tirées et, j'imagine, qui sont également communiquées au
médecin, en tout respect, en lui disant : Bien, voilà, allez-y pendant
cette semaine-là, exercer dans la clinique privée, parce que ça va vraiment
nous aider beaucoup, parce que c'est vraiment ce qu'on souhaite, là, c'est
améliorer l'accessibilité et la qualité. Puis on a les deux dans le geste que
vous nous proposez de faire.
À contrario, si on refuse aux médecins
cette possibilité-là de traverser du côté du privé, parce qu'on a conclu que ce
serait au contraire une diminution de la qualité et de l'accessibilité, bien,
c'est parce qu'on a fait une analyse rigoureuse et qu'on conclut de cette
façon-là, et on peut le justifier et on peut le communiquer. C'est du moins ce
que je souhaite. Et ici, on ne fait aucune obligation à Santé Québec de
communiquer ses conclusions face à chacune des demandes.
On demande tout à l'heure, grâce à un
amendement de mon collègue de Rosemont, que toute demande soit motivée, soit
évidemment argumentée. C'est ce qu'on peut comprendre. Mais je pense que, du
côté de la partie qui prend la décision, donc, Santé Québec, bien, on peut
s'attendre, je crois, je l'espère, en tout respect pour ceux avec qui elle doit
faire ses… en fait, interagir, que Santé Québec fasse une évaluation et
communique les résultats de son évaluation et conclut que c'est une
amélioration de la qualité ou de l'accessibilité qui est recherchée et rende sa
décision sur la base de ces conclusions-là. Donc, pour moi, c'est la valeur
ajoutée.
C'est non seulement d'avoir des critères
qui sont beaucoup plus précis et, en toute logique, qui sont les corollaires de
ce qu'on a dit tout au long de cet article… cet amendement-là, mais c'est
aussi… quelque part entre les lignes, on peut y lire cette obligation que le
travail soit fait rigoureusement et qu'il y ait des conclusions, et osons-nous
espérer que ces conclusions-là soient rendues disponibles au demandeur. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: …M. le député. S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix du sous-amendement qui a été déposé par le
député des Îles-de-la-Madeleine, mais je vais demander à Mme la secrétaire par
appel nominal.
La Secrétaire
: Pour
contre abstention. M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour… j'ai
hésité… mais pour, vraiment. Vous m'avez surpris.
La Secrétaire
: M. Dubé
(La Prairie)?
M. Dubé : Moi, je n'hésiterai
pas : Contre.
La Secrétaire
: Mme Blouin
(Bonaventure)?
Mme Blouin : Contre.
La Secrétaire
: Mme Poulet
(Laporte)?
Mme Poulet : Contre.
La Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire
: Mme Dorismond
(Marie-Victorin)?
Mme Dorismond : Contre.
La Secrétaire
: Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Abstention.
La Secrétaire
: M. Marissal
(Rosemont)?
M. Marissal : Abstention.
La Secrétaire
: M. Provençal
(Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
: Abstention. Alors, le sous-amendement qui avait été déposé
par le député des Îles-de-la-Madeleine est rejeté. Nous revenons à
l'article 0.3, l'amendement qui introduit l'article 0.3. Y a-t-il
d'autres interventions? s'il n'y a pas d'autre… Oui, M. le député Saint-Jérôme.
M. Chassin :
C'est assez court, M. le Président, mais c'est… Est-ce que… parce que ce
n'était pas là dans l'article précédent, là, mais est-ce que le médecin qui
fait une demande peut, dans le fond, spécifier un délai par rapport à sa
demande? Par exemple, c'est seulement pour une période de trois semaines à tel
endroit. J'imagine que c'est peut-être dans les motifs, là, mais je ne sais
pas… parce que ça a l'air d'être juste la prérogative de Santé Québec de
prévoir la durée, là…
M. Dubé : ...je voudrais
répondre simplement, M. le député, c'est possible de le demander, mais ça
restera quand même la décision de Santé Québec.
M. Chassin :Sa prérogative d'accepter...
M. Dubé : Sur la période,
oui...
M. Chassin :Telle quelle, non.
M. Dubé : ...mais il peut le
faire dans sa demande. Ça, je pense que c'est une évidence.
M. Chassin :O.K. Bon, ça répond à ma question. Merci.
M. Dubé : Très bien. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix par appel nominal sur cet amendement.
Alors, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Dubé (La Prairie)?
M. Dubé : Pour.
La Secrétaire
: Mme Blouin
(Bonaventure)?
Mme Blouin : Pour.
La Secrétaire
: Mme Poulet
(Laporte)?
Mme Poulet : Pour.
La Secrétaire
: Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Pour.
La Secrétaire
: Mme Dorismond
(Marie-Victorin)?
Mme Dorismond : Pour.
La Secrétaire
: Mme Caron
(La Pinière)?
Mme Caron : Abstention.
La Secrétaire
: M. Marissal
(Rosemont)?
M. Marissal : Contre.
La Secrétaire
: M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Contre.
La Secrétaire
: M. Provençal
(Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
:Abstention. Alors, l'amendement qui
introduit l'article 0.3 est donc adopté à la majorité. Le nouvel article 0.3
est donc adopté. Article 0.4, M. le ministre.
• (19 heures) •
M. Dubé : Merci, M. le
Président Alors, l'article 0.4, insérer, après l'article 0.3 du projet de loi
tel qu'amendé, le suivant :
«0.4. Santé Québec peut exiger du médecin
qui présente la demande tout renseignement ou document qu'elle estime
nécessaire.».
Le commentaire. Cet article permet à Santé
Québec d'exiger de tout médecin qui présente une demande d'autorisation de lui
fournir les renseignements et les documents qu'elle estime nécessaires pour
évaluer cette demande.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Interventions sur l'amendement
qui introduit l'article 0.4? M. le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :Pourquoi «qu'elle estime nécessaire», tu sais, si on disait
«tout renseignement ou document nécessaire à l'évaluation de la demande»? Parce
que le médecin va peut-être dire : Mais à quoi ça sert ça? Puis, ah, on
estime que c'est nécessaire.
M. Dubé : C'est un langage un
peu légal. J'aimerais ça laisser...
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
:Est ce que c'est... Madame... Maître,
est-ce que vous allez...
Une voix : Oui.
Le Président (M. Provençal)
:Oui. Alors, maître va répondre à
votre question.
Mme Gagnon (Maude) : En fait,
c'est simplement pour permettre à Santé Québec d'exiger un document ou un
renseignement qu'elle va estimer nécessaire. Donc, elle ne va pas demander
n'importe quel document qu'elle n'estimerait pas nécessaire aux fins d'évaluer
la demande du médecin.
M. Chassin :Et si elle estime que c'est nécessaire, mais qu'on ne
comprend pas pourquoi, Santé Québec dit : Bien, moi, je pense que ça va
être nécessaire, je n'ai pas besoin de le prouver, j'estime. Puis, tu sais,
c'est comme étonnant comme formulation qu'on donne, cette espèce de
qualificatif subjectif, au lieu de dire «tout renseignement ou document
nécessaire à l'évaluation», ce qui m'apparaît, en fait, la forme usuelle dans
les textes, là.
Des voix : ...
M. Dubé : Si c'est Santé
Québec qui fait l'évaluation puis qu'elle juge nécessaire d'avoir telle
information, il faut qu'elle soit capable d'avoir l'information qu'elle a
besoin pour faire l'évaluation dont elle est responsable. Je pense que c'est
très logique ce que Mme vient de répondre.
M. Chassin :Évidemment, j'ai peut-être une certaine méfiance envers
certains corps publics, mais il me semble que, si on veut que Santé Québec
exige - moi je trouve que c'est logique - des documents nécessaires, pourquoi
pas? Si un médecin dit : Mais là attendez, vous me refuser la demande
d'autorisation, parce que vous me demandez quelque chose qui est hyperpointu...
personnel ou peu importe, puis je n'ai aucun moyen de contester, parce que, de
toute façon, si vous, vous dites que vous estimez que c'est nécessaire, vous
n'avez même pas de démonstration à faire. Tu sais, c'est comme l'ajout est
préoccupant, l'ajout de «qu'elle estime», au lieu de dire : Bien, pourquoi
pas ces renseignements, document nécessaire à l'évaluation à la demande? Si
c'est nécessaire à l'évaluation, je veux dire, personne ne va s'entêter, c'est
nécessaire. Moi, c'est le côté subjectif qui m'énerve.
Le Président (M. Provençal)
:Est-ce qu'il y a commentaires? Pas de
commentaire.
M. Bergeron (Stéphane) : Moi,
je vais me permettre, M. le Président. Je pense que l'ajout ici, la raison pour
laquelle c'es libellé...
19 h (version non révisée)
M. Bergeron (Stéphane) :
...c'est que si on dit «documents nécessaires», il pourrait y avoir, à la
limite, une contestation de... Nous autres, on considère que ce n'est pas un
document nécessaire. Ici, on vient préciser que celui qui est le juge de qui est
nécessaire ou pas, c'est Santé Québec. Donc, ça ferme la porte à une éventuelle
contestation de dire : Cette information ne vous était pas nécessaire. Je
considère qu'elle n'était pas nécessaire et donc je ne vous la fournis pas.
Ici, on vient fermer la porte pour dire: C'est Santé Québec qui juge ce qui est
nécessaire et qu'il est en droit de l'obtenir.
M. Chassin :
C'est un petit peu ça ma crainte, en fait. Ça, vous l'exprimez très bien. J'ai
un peu l'impression qu'en parlant on est dans... On vous donne plus de muscles
qu'il faut pour être coercitif, mais je ne sais pas. En tout cas, moi, ça m'étonne,
surtout parce que c'est surprenant comme libellé. Mais on a peut-être des
contestations, là. Mais bref, moi, je trouve que c'est plus préoccupant qu'autre
chose.
Le Président (M. Provençal)
:Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention sur l'article 0.4, nous
allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 0.4 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Provençal)
:Adopté. Merci. 0.5, M. le ministre.
M. Dubé : Merci beaucoup,
M. le Président. 0.5 : Insérer, après l'article 0.4 du projet de loi
tel qu'amendé, le suivant :
« 0.5. Lorsque Santé Québec accorde une autorisation,
elle délivre au médecin concerné un document qui atteste sa décision.
«Une reproduction de cette décision est
transmise sans délai à la Régie de l'assurance maladie du Québec, au ministre
et à l'organisme avec lequel le ministre a conclu une entente en vertu de
l'article 19 de la Loi sur l'assurance maladie, dont le médecin est
membre.
«Le médecin devient un professionnel non
participant à la date indiquée dans la décision de Santé Québec. Il n'est alors
plus obligé par une entente conclue en vertu de l'article 19 de la Loi sur
l'assurance maladie. ».
Commentaire. Il est proposé par cet
amendement que Santé Québec délivre au médecin à qui elle accord une
autorisation un document qui atteste cette décision. Il est également proposé
qu'une reproduction soit transmise à la Régie de l'assurance maladie du Québec,
au ministre et à l'organisme qui a conclu une entente au sens de la Loi sur
l'assurance maladie et dont le médecin est membre, afin que ceux-ci soient
informés du changement de statut du médecin. Santé Québec doit inscrire dans la
décision la date à laquelle le médecin est autorisé à devenir un professionnel
non participant.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le ministre. Y a-t-il des
interventions sur l'amendement 0.5? M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Bien, je
voulais savoir si cette décision, dans le premier article, c'est celui qu'on a
devant les yeux, le 0.5, c'est d'accorder une autorisation. La seule exigence
qu'on impose à Santé Québec, si je comprends bien, c'est de délivrer un
document qui atteste de sa décision. Est-ce que la décision doit être justifiée,
ou expliquée, ou argumentée?
Le Président (M. Provençal)
:M. le député... M. le sous-ministre.
M. Bergeron (Stéphane) : M.
le Président, donc, ici, on est dans un contexte où un médecin a demandé l'autorisation
de passer d'un statut de non-participant, la plupart du temps, vers un statut
de... de participant, excusez, vers un statut de non-participant pour lequel
Santé Québec a approuvé la demande. Est-ce qu'il doit y avoir une motivation
qui est donnée à l'approbation alors que les critères vont... pas les critères,
mais les motifs vont avoir été évoqués par le médecin. Je ne suis pas sûr de la
nécessité de motiver une décision de Santé Québec qui va dans le sens de ce que
le médecin a demandé.
M. Arseneau : Bien, en
fait, c'est la raison pour laquelle je pose la question, c'est dans la même
logique de ce qu'on débat depuis tout à l'heure. C'est que ce n'est pas pour les
seules considérations du vœu du médecin ou pas de rester au public ou d'aller
au privé que la décision est prise. On a parlé tout à l'heure d'une série de
considérations, de balises, de critères même, tout aussi discrétionnaires soient-ils,
qui, à un moment donné, doivent se traduire dans une décision. Alors, encore
une fois, je pense que si on veut...
M. Arseneau : ...au moins, à
défaut de le faire en amont, a posteriori, que le travail d'évaluation a été
fait rigoureusement, mais je pense que ce serait une bonne idée de documenter
cette décision-là, de développer un... un corpus, une certaine jurisprudence,
pour qu'on puisse aussi... bon, j'avoue que c'est pour les deux prochaines
années, mais on s'en reparlera dans deux ans, je pense que, dans deux ans, tous
les maux du système ne sont peut-être pas réglés puis qu'on pourra reparler de
ce dossier-là, mais toujours est-il que si j'étais ministre et que je donnais
ce pouvoir discrétionnaire là à Santé Québec, peut-être que je demanderais, à un
moment donné, des comptes à savoir si vous avez pris une douzaine, ou une
vingtaine, ou une cinquantaine de décisions favorables, quels sont les critères
que vous avez retenus comme étant pertinents pour prendre la décision. Et si on
devait justement rendre des comptes, et j'ose espérer que Santé Québec rendra
des comptes aux parlementaires de l'Assemblée nationale, mais de dire :
Vous avez pris un certain nombre de décisions, vous avez rendu des comptes aux
médecins, mais quels sont les critères que vous avez utilisés dans le volet,
là, un peu fourre-tout du autres facteurs que vous jugez pertinents? Sur quelle
base avez-vous rendu votre décision? Et ça, là, je pense que tout le monde le
fait. On dépose une motion, M. le Président, à l'Assemblée nationale, on a des
considérants, tous les C.A. qui prennent des décisions ont des considérants
pour prendre leur décision. Donc, la décision, si vous me dites que la
décision, ça va être «nous acceptons, bonne chance, Monsieur... docteur», je
trouve que ce serait insuffisant. Donc, à mon point de vue, l'article,
l'amendement devrait être sous-amendé pour inclure une justification de la
décision, aussi courte, aussi succincte, synthétisée mais aussi claire soit
elle, pour justement comprendre la décision que ce soit pour le médecin ou pour
ceux à qui Santé Québec doit rendre des comptes, c'est-à-dire, au premier chef,
ceux qu'elle soigne.
• (19 h 10) •
M. Dubé : ...commencé. Je
pense qu'encore une fois dans l'objectif, là, de rendre notre système plus
agile puis de... de fier au jugement de ce qui va être fait par le travail
rigoureux de la part de Santé Québec, j'aimerais dire que, pour moi, il y a une
très, très grande différence entre ce qu'on traite dans une acceptation à 0.5
versus lorsqu'il y a un refus que Santé Québec doit justifier au médecin. On
verra tantôt dans un cas de refus à l'article 0.6 qu'on parle à ce
moment-là d'un traitement qui est différent. Par contre, puis moi, j'aimerais
peut-être, là, je vois l'heure qui passe, puis on pourra peut-être donner la
chance à notre légiste de regarder ça demain matin quand on revient, mais dans
le projet de loi n° 15, je me rappelle très bien que le ministre peut
demander tout document à Santé Québec, il le juge pertinent. Alors, je ne vois
pas la nécessité, ici, M. le Président, d'ajouter encore une lourdeur dans un
article, alors que cette possibilité là pour le ministre d'exiger tout
document, mais on pourra peut-être en reparler demain matin quand on aura eu la
chance de réviser les documents.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, ce que je comprends, c'est que vous avez une
ouverture pour ne pas qu'on vote l'article...
M. Dubé : Mais moi, je serais
ouvert à le voter, mais je pense qu'on a déjà avancé beaucoup, peut-être pas toujours
à la vitesse où on veut, mais on a avancé. Alors, voilà.
Le Président (M. Provençal)
: Je faisais un clin d'oeil au député des Îles. Alors,
écoutez, je vous remercie de votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ces travaux au mercredi 9 avril à 8 h 30, où elle
se réunira en séance de travail. Merci à tous.
(Fin de la séance à 19 h 14)