(Douze heures trente minutes)
Le Président (M. Provençal)
: Alors, bonjour à tous. Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des services
sociaux ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Services sociaux des crédits budgétaires du portefeuille Santé et Services sociaux pour
l'exercice financier 2025‑2026. Une enveloppe de quatre heures a été
allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Caron (La Pinière) est remplacée par Mme Prass (D'Arcy-McGee) et M. Fortin (Pontiac), par Mme Garceau
(Robert-Baldwin).
Services sociaux
Discussion générale
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Nous allons procéder
à une discussion d'ordre général par blocs, incluant les questions et les
réponses.
Alors, je
suis maintenant prêt à reconnaître une première intervention et je vais céder
la parole à Mme la députée de... Robert-Baldwin, excusez-moi.
Mme Garceau : Elle
va venir plus tard. Merci beaucoup, M. le Président. Évidemment,
bienvenue, M. le ministre, et la banquette, évidemment, du gouvernement,
du ministère également, je crois. Mme Hill, bienvenue, Mme Biron, Santé Québec. Donc, on est bien entourés cet après-midi pour réviser
ensemble, évidemment, les crédits en Services sociaux.
Moi, ma partie, c'est la protection de la
jeunesse. Je voulais d'abord, M. le Président, évidemment, souligner le
sixième anniversaire du décès de la fillette de Granby, c'est aujourd'hui.
Donc, un peu émue, je dois vous dire. Aujourd'hui,
j'ai fait une déclaration, parce qu'on continue notre travail, en mémoire de
cette petite fillette là. Oui, il y a eu des progrès, il y a eu des avancées, mais il y a beaucoup de travail à
faire, et j'espère qu'on va pouvoir le faire ensemble, dans son intérêt, mais
dans, évidemment, l'intérêt... dans sa mémoire, mais dans l'intérêt de tous les
enfants.
La commission Laurent, comme nous le savons
tous, et Mme Hill étant une ancienne commissaire, dans son rapport de
2021, avait, évidemment, identifié maintes lacunes dans le réseau de la
protection de la jeunesse, incluant les
dossiers de lésion de droits dans le réseau de la protection de la jeunesse,
une culture systémique ancrée — et
on en a parlé, on en a discuté, moi et M. le ministre — qui
mine la crédibilité du système de la protection de la jeunesse.
Et nous
savons que, dans les deux dernières années, il y a eu beaucoup de crises,
scandales. Je ne veux pas aller dans les détails aujourd'hui, mais nous
les connaissons tous, et ça a fait en sorte qu'il y a quand même une perte de
confiance de la population québécoise au niveau du système. Elle est palpable.
Et maintenant, c'est de rétablir cette confiance-là.
Et c'est regrettable que... on tente d'avancer, et là on a le dépôt d'un
rapport accablant, le rapport d'enquête de la CDPDJ, la semaine
dernière.
Et je
commence avec ça, M. le ministre, parce que je dois vous dire qu'en lisant le
rapport, l'enquête, et on parle d'une
période, quand même, de deux ans d'enquête concernant la Mauricie et le Centre-du-Québec, et les 140 dossiers qui ont été évalués concernant le placement
des enfants en adoption, en famille d'accueil, et on parle de jeunes enfants
de zéro à six ans... Il y avait eu,
évidemment, des reportages qui datent... qui dataient d'avant même le
déclenchement de l'enquête par la
CDPDJ en février 2023. Et là, M. le ministre, non seulement est-ce qu'on
parle... on confirme, dans ce rapport, la culture organisationnelle à la
Mauricie—Centre-du-Québec,
la protection de la jeunesse, mais qu'elle a aussi mené à occasionner de
nombreuses lésions de droits.
Et ma question, en ce moment, c'est en lisant le
rapport, et aussi le fait que vous avez reçu une lettre — je ne
sais pas si c'est standard que les ministres reçoivent des lettres suite à des
enquêtes de la CDPDJ — où
on émet également des recommandations que vous devez respecter et que vous avez
trois mois à respecter ces conditions-là, ces
recommandations-là, non seulement il y a des recommandations concernant le
centre... la Mauricie et Centre-du-Québec, mais aussi à la grandeur du
Québec en ce qui a trait à la formation des intervenants, des intervenantes et
aussi en ce qui a trait aux outils cliniques, les tables de concertation que
vous devez mettre en place, et tout ça. Je voulais avoir votre réaction
générale à ce rapport.
M. Carmant : D'accord. Merci,
M. le Président. Moi aussi, je tiens à accueillir... bonjour... dire bonjour à tout le monde qui est présent aujourd'hui, là, les
gens du ministère, les gens de Santé Québec, Mme Caroline De Pokomandy-Morin, Mme Hill,
M. Paré, et toute mon équipe, qui travaillons très fort tous les jours sur
les différents dossiers.
Mme la députée, moi aussi,
j'ai été... Bien, vous le savez, hein, on... Premièrement, il faut dire que,
dans le rapport qui est sorti la semaine dernière, c'était presque
copie-coller, là, de ce qu'on avait eu cet automne quand l'exposé factuel était
sorti. Donc, je pense qu'à l'époque on avait pris la bonne décision, là, de
mettre l'institution sous tutelle. Par la suite, quand on a commencé à
travailler avec l'institution, on s'est rendu compte que les pratiques étaient,
comme vous dites, là, un peu dépassées, donc on a changé la directrice de la
protection de la jeunesse et la directrice jeunesse.
Moi, je pense que ça fait longtemps que vous
m'en parlez, de la formation à la protection de la jeunesse, puis ça fait
longtemps qu'on est... qu'on travaille là-dessus. Puis bientôt on va pouvoir
annoncer, en fait, que ce qu'on va mettre sur pied, c'est un programme, là,
qu'on appelle accueil, orientation, intégration, qui va être un programme de
formation sur une période de deux ans pour tous les intervenants à la
protection de la jeunesse, avec un genre de tronc commun, puis ensuite des
directions plus... plus spécifiques, là, pour les différents sous-groupes, là,
évaluation, orientation, éducateurs en centre jeunesse, etc., pour s'assurer de
cette amélioration-là.
Je pense que
Mme Hill aussi s'est entourée, là, de... de plusieurs groupes, là, que ce
soient citoyens, chercheurs, experts pour recréer un petit peu ce qui
était là auparavant, là, avec la situation des tables jeunesse du Québec et
pour faire avancer les... tous les dossiers
au niveau de ce que le rapport Laurent nous demandait de faire et
spécifiquement, je pense que c'est très important de le dire, au niveau
de la formation aussi, là, on est 100 % là-dessus.
Mme Garceau : O.K. En lisant,
en prenant connaissance, évidemment, du rapport de l'enquête, et on parle
notamment de fausses informations qui ont été mises dans les rapports
d'évaluation, on a écarté des membres de la famille qui auraient pu
probablement prendre soin de l'enfant. Il y a des dossiers aussi où il n'y a
pas eu d'évaluation du tout, défaut d'aider
les parents pour les outiller afin qu'ils puissent prendre soin de leurs
enfants. Et où le bât blesse dans
tout ça, c'est... Je n'ai pas entendu, est-ce qu'il y a une reconnaissance, M.
le ministre, de l'ampleur de la gravité de qu'est-ce qui s'est passé à la Mauricie—Centre-du-Québec? Parce qu'il y a des parents qui ont perdu leurs enfants parce
qu'il y a des intervenantes et des intervenants ou des intervenantes qui ont
mis de fausses informations dans des
rapports, qui sont allés devant les tribunaux pour en témoigner. On est rendus
dans l'outrage au tribunal. C'est grave, qu'est-ce qui s'est passé.
Et il y a aussi le fait que, là,
Mme Mailloux, qui est la directrice par intérim, qui a sorti dans les
médias le lendemain du dépôt du rapport avec... J'étais étonnée par ses
déclarations parce qu'elle est en train de remettre en question les conclusions de l'enquête de la CDPDJ, qui a pris deux ans.
Donc, lorsque j'ai une déclaration de la directrice qui est en train de dire : Bien là, nous, on
a fait des audits, puis je ne le sais pas, là, question de fausses informations
dans les rapports, c'est comme si
elle ne reconnaît pas que ça a été fait. Et donc il y a eu plusieurs
déclarations comme ça qui sont sorties publiquement.
Et donc il y a deux choses pour moi. Un, où sont
les excuses à ces parents? Parce que, là, on peut... Puis vous devez revoir
tous les dossiers, non seulement tous les dossiers qui ont été sous étude, mais
aussi les dossiers depuis janvier 2023,
parce que la tutelle a juste commencé en février... je veux dire en
octobre 2024, donc ça a continué après le déclenchement de l'enquête en
février 2023, toute cette situation-là. Donc, je voulais vous entendre, M.
le ministre, sur ces constats.
• (12 h 40) •
M. Carmant : Bien,
plusieurs points, là. Je pense que la première chose que j'ai demandée, c'est
de m'assurer que les décisions qui
seront prises soient toutes prises pour le bien-être des enfants, là, parce que
c'est sûr qu'il y en a qui vont être devant une situation difficile, ayant été
sortis de leur milieu familial et s'étant probablement attachés à des nouveaux... des nouveaux représentants de parents,
là, familles d'accueil, ou autres, là, donc, c'est quelque chose, là, donc,
et on veut également qu'il y ait du soutien
psychosocial pour les familles qui ont été affectées par tout ça. Et ça, c'est
la première chose.
Deuxième chose, c'est les commentaires de la DPJ
par intérim. Elle va être en contact avec la CDPDJ, là, pour ce qu'elle a
affirmé, là. Je pense que c'est... elle a... c'est son... c'est sa décision, et
elle va en discuter avec eux. Mais je pense
que le plus important, c'est vraiment de s'assurer que les pratiques changent
une fois pour toutes en Mauricie—Centre-du-Québec.
Puis là où moi aussi, j'ai été particulièrement
fâché, puis je pense que vous allez être d'accord avec moi, on a donné aux gens
de la protection de la jeunesse tous les outils pour ne pas avoir ce type de
pratiques. On a rehaussé tous les programmes, là, pour les jeunes, en amont de
la protection de la jeunesse, le programme SIPPE, Agir tôt, programmes en
négligence. Donc, on a fait beaucoup d'efforts, là, pour s'assurer que ça n'en
vienne pas là. On a même changé la loi pour
que l'enfant soit au centre de celle-ci et que... pour la... et que la famille
élargie soit en premier la ressource qui aide pour... qui vienne en
soutien aux familles dans le... quand il y a un enjeu de sortir la famille de
son milieu familial en urgence, par exemple.
Donc, oui, on n'est pas... on est en désaccord
avec ce qui a été fait. Je pense qu'on a pris des... on a rendu imputable la
directrice de la protection de la jeunesse, la directrice jeunesse et, oui, on
va s'assurer que les choses suivent bien leur cours à partir de maintenant,
incluant la révision des dossiers additionnels, là.
Mme Garceau : Mais, M. le
ministre, est-ce que vous avez confiance aujourd'hui avec ce... le rapport est
une chose, mais les déclarations de la nouvelle directrice que vous aviez mis
en place, avec ce genre de déclaration où elle remet en question les
conclusions mêmes de la CDPDJ, après une enquête de deux ans... et on le voit,
que... Mme la vice-présidente de la CDPDJ le dit elle-même, on voit qu'il y a
un manque de confiance, même de la vice-présidente, parce qu'elle-même
dit : Si, les mesures correctrices, on ne les met pas en oeuvre, je vais
aller chercher une
ordonnance de la cour. Pour moi, ça démontre clairement un manque de confiance.
Et moi, je regarde ça de façon... objectivement parlant, avec ce genre
de déclaration là, qu'elle n'a aucune objectivité de continuer le travail et le
travail... le grand travail qui est
nécessaire à faire, surtout quand elle dit : Bien, nous, on a fait des
audits, puis il n'y a rien qui a été rapporté concernant de fausses
informations.
Moi,
je ne veux pas qu'on retourne, là, dans Cité-des-Prairies avec des enquêtes. On
va se rappeler, M. le ministre, là, les enquêtes administratives pendant
un an et demi de temps, qu'il y a des mineurs, des enfants, des mineurs qui sont en train d'être agressés sexuellement, puis
c'est vous qui déclenchez l'enquête policière quand c'est sorti dans les
médias. Je ne veux pas qu'on rejoue
Cité-des-Prairies, et donc, pour moi, j'aimerais un engagement que vous allez
mettre une personne en place, une
personne complètement indépendante, remplacer Mme Mailloux, pour faire le
travail, le grand travail qui est nécessaire, de grande réforme au
centre jeunesse de Mauricie—Centre-du-Québec.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la députée.
Votre temps est écoulé. Et vous réfléchirez à la réponse pour cet
après-midi, M. le ministre.
Je vais céder la
parole, maintenant, au député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci beaucoup, M. le
Président. Merci aux collègues. Merci, M. le ministre, d'être présent. Merci
aux équipes un petit peu partout.
Je vais y aller
direct, M. le ministre. Vous vous doutez, là, on a un article dans Le Devoir
ce matin, j'aimerais ça vous en parler. J'ai
vu, notamment, un début de réponse de la directrice nationale sur LinkedIn,
donc on va pouvoir bénéficier de vos enlignements. C'est un dossier qui
est sensible, hein, c'est un dossier qui est important, le dossier des fouilles à nu puis de l'encadrement,
notamment, de balises nationales claires, parce que, là, on a une situation qui
est un petit peu éparpillée, là, dans l'ensemble de nos régions du
Québec.
Moi, j'ai parlé avec
beaucoup de jeunes dans les dernières années, beaucoup de jeunes qui sont
passés en centre jeunesse, d'autres qui y
sont encore, qui me parlent que l'élément le plus traumatisant... un des plus
traumatisants de leur période puis de leur passage en centre jeunesse,
c'est le moment de la fouille à nu, des moments où on leur a demandé d'enlever leurs vêtements, de mettre, là, un genre
de robe de chambre — ça
dépend des lieux, ça dépend des
moments — de
se mettre soit à genoux, à quatre pattes, en grenouille, en crapaud, là — on
parle de mineurs, là, 14,
15 ans, là — de
sautiller, là, faire le crapaud, ce qu'ils me disent, des fois dans leur propre
chambre, cinq mètres carrés, à peu près, avec deux hommes, pas toujours
un travailleur social, des fois un agent de sécurité qu'ils ne connaissent pas, pour des raisons parfois légitimes, j'en
conviens, d'autres fois dont la légitimité pourrait clairement laisser à
désirer.
Il y a deux ans, la
CDPDJ vous a demandé... en fait, il y avait un article clair sur la hausse des
fouilles, ça, c'est une autre affaire, mais le cadre... un cadre national avec
des directives claires pour que les jeunes, de un, connaissent leurs droits, de
savoir : Attends une minute, là, ce n'est pas comme ça que la procédure
est prévue, puissent faire référence, donc, à un cadre, qu'ils soient informés
de ce qui va se passer pour qu'on établisse des pratiques saines qui soient le
moins humiliantes possible puis pour que la fouille soit, comme la loi le dit,
le vrai dernier recours, pas parce qu'on a une allégation à l'effet que x,
alors qu'il pourrait y avoir d'autres solutions que la fouille à nu qui est, on va se le dire entre nous, là, ici présents,
là... je ne sais pas si quelqu'un... moi, je n'ai jamais vécu ça, mais, je veux
dire, c'est assez horrible, puis, de surcroît, quand on est un enfant puis
quand on a vécu des choses, là, qui nous ont amenés à la DPJ, là, on
peut penser à l'élément retraumatisant de cette affaire-là.
Donc, je vous sais
quand même sensible et proactif. Ma question est très précise, là : Quand
est-ce qu'on va pouvoir avoir un cadre
national, avec des balises claires, qui va s'appliquer à l'ensemble du Québec
pour les fouilles?
M. Carmant :
O.K., bien, plusieurs points, là, mais je pense que la première chose,
c'est les indications. Puis, si les indications sont comme dans l'article qu'on
a lu ce matin, là, pour chercher un truc de vapotage, là, bien, on va envoyer une directive claire immédiatement.
Ça, on est... ça, soyons très clairs là-dessus, là. Puis même, s'il le faut, on va réviser le cadre de référence, mais il y a
un cadre de référence. Le cadre de référence, en plus, indique clairement,
là, que les superviseurs doivent être
avisés. Si c'est une fouille, c'est une fouille... pas partielle, mais j'oublie
le terme approprié, là...
Une voix :
Complète.
M. Carmant :
...mais il y a la fouille complète, mais il y a l'autre...
Une voix :
Sommaire.
M. Carmant : ...sommaire, là, si c'est une fouille sommaire,
c'est la cheffe de service, puis, si c'est une fouille complète, la
plupart du temps, c'est la DPJ elle-même qui donne le O.K., donc ça devrait
être exceptionnel.
Deuxièmement,
quand on parle de l'aspect technique, là, qui a été décrit puis que... Tu sais,
je suis d'accord, là, c'est des
vieilles pratiques, là. Nous, l'exemple qu'on suit, c'est l'exemple Capitale-Nationale, où, à Capitale-Nationale, ils utilisent le... ça
s'appelle le Garrett, là, l'espèce de bâton, là, qu'on utilisait avant à
l'aéroport et qu'on n'a pas de... on ne
touche pas à l'individu, on ne va pas fouiller ou on ne lui demande pas de
sauter ou de s'accroupir. Puis c'est une des principales raisons
pourquoi, comme vous le savez, on a nommé la Capitale-Nationale comme étant le
centre qui allait prendre en charge la
révision des pratiques en centre jeunesse, là, un dossier qui avance rondement
puis dont ça va me faire plaisir de vous parler.
• (12 h 50) •
M. Cliche-Rivard :
J'entends votre ouverture, puis je vais la saisir, la main tendue, puis je
vais vous demander de le faire, la directive claire, parce que, là, ce n'est
pas clair. Puis la CDPDJ, elle nous confirme que le cadre, là, dont vous parlez, de février 2012, je ne sais pas si on
parle de la même chose, mais l'organisme qui l'apportait, l'asso des
centres jeunesse du Québec, elle n'existe plus.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci
beaucoup, M. le député.
M. Cliche-Rivard :
Donc, faisons-le, M. Carmant.
Le Président
(M. Provençal)
: Votre temps est
écoulé.
Et je vais céder,
maintenant, la parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. le ministre. Je salue vos
équipes également.
Écoutez, j'ai été
appelé par des familles, en fin de semaine dernière, aux Îles-de-la-Madeleine,
dans ma circonscription, alertées sur le fait que les sommes qui leur étaient
versées dans le cadre du Programme de soutien aux familles des personnes ayant
une déficience physique, une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre
de l'autisme, donc, que les montants avaient été coupés de l'ordre de 26 %
à 75 %. Ils m'ont préparé un petit tableau didactique, là : on parle
de 26 % à 75 %, des montants de 1 800 $, de 800 $,
de... jusqu'à 4 000 $ par rapport aux sommes qu'ils recevaient depuis
des années.
Ils ne comprennent
pas. Je ne comprends pas. J'ai posé des questions au CISSS des Îles-de-la-Madeleine.
Je me suis engagé à vous poser les questions, à savoir si, premièrement, là...
Puis il faut quand même comprendre que ces familles-là, dans certains cas, des
familles monoparentales avec deux enfants TSA qui recevaient 5 000 $,
vont recevoir 1 334 $ du jour au lendemain. On leur dit que ce sont
les nouvelles normes du cadre de gestion qui imposent ces coupes-là. Elles veulent comprendre pourquoi, si l'évaluation qui a
été faite il y a 10 ans, il y a cinq ans, cette année sont les
mêmes, les besoins, dans bien des cas, augmentent, pourquoi les sommes qui leur
sont dévolues pour un peu de répit, pour du gardiennage, pour de la
surveillance, pour du soutien, pourquoi ces sommes-là sont coupées.
Ma première
question : Est-ce que le montant dévolu dans le programme, sur le plan
national, a été réduit?
M. Carmant :
Non, au contraire, puis c'est... nous, on l'a bonifié deux fois, le soutien
aux familles, depuis qu'on est au
gouvernement. Et en fait ce qu'on a fait l'an dernier, c'est, comme les sommes
n'étaient pas toutes utilisées, on a
simplifié le cadre pour qu'il n'y ait plus de reddition de comptes à donner
et que l'argent soit versé automatiquement.
Mais là on me dit
qu'aux Îles-de-la-Madeleine, quand ils ont révisé ce fonctionnement-là, ils se
sont rendu compte que, dans le passé, les sommes allouées étaient supérieures à
ce qui était permis, donc ils ont corrigé, à ce moment-là. Et c'est aujourd'hui, là, que j'apprends la situation, donc
je ne pourrais pas vous donner de solution, mais c'est clair que les
sommes versées n'ont pas été réduites, là.
M. Arseneau : Mais c'est ce qu'on
essaie de comprendre. Si les sommes n'ont pas été réduites, qu'elles étaient
disponibles au cours des dernières années et qu'elles étaient hautement
nécessaires pour ces familles-là, est-ce qu'on peut savoir si maintenant ces sommes-là sont toujours disponibles et
versées au CISSS des Îles mais utilisées à d'autres fins que celles pour lesquelles elles ont été
dévolues au cours des dernières années, ce qui serait, selon moi, absolument
une mauvaise décision?
M. Carmant : Bien, écoutez, moi, il va
falloir qu'on regarde ça, là. Je vais vous demander, là, de me donner un
peu de temps pour régler ce problème-là, là.
M. Arseneau :
Mais je le sais, puis je ne voulais vraiment pas vous prendre au piège ou
vous prendre par surprise avec ça, mais la
pression est très forte. Ces gens-là, je pense, se dévouent corps et âme,
voient que la situation ne s'améliore
pas, les sommes, souvent, n'ont pas été indexées ces dernières années, et là,
du jour au lendemain, on voit les chèques coupés de façon importante, et
une somme qui leur permettait parfois d'avoir deux, trois heures de répit par
semaine tout au plus, et là ils se disent : Comment on va arriver? C'est
impossible.
Donc, je voulais
vraiment vous parler de la détresse que ces gens-là vivent. Ils sont souvent,
et comme partout au Québec, au bord de
l'épuisement, fatigués, stressés. La charge mentale est supérieure aujourd'hui.
Donc, je comprends que vous vous engagez à nous offrir votre
collaboration, peut-être des réponses pour ces gens-là.
M. Carmant :
Bien, en fait, l'intention était d'augmenter les sommes, et ça a été fait
au niveau national. Voyant que les sommes ajoutées n'étaient pas toutes
dépensées dans le programme, on a simplifié les règles, puis, localement, il y
a ça qui est arrivé. Donc, moi, je m'engage à regarder qu'est-ce qu'on peut
faire pour les aider...
M. Arseneau :
Parce que, moi, c'est surtout si ces sommes-là...
M. Carmant :
...mais je n'ai pas de solution ce matin.
M. Arseneau : D'accord. Parce que ce
qu'on nous dit, c'est : Le nouveau cadre de gestion interdit aux CISSS
d'aller au-delà d'un certain montant. Moi, je vous dis que ces montants-là,
s'ils sont disponibles, doivent être versés à ces familles-là qui en ont
besoin. Merci, M. le Président.
M. Carmant :
On va regarder ce qu'on peut faire.
Le Président
(M. Provençal)
: Le
temps est écoulé.
Alors, je vais céder,
maintenant, la parole à la députée de Marie-Victorin.
Mme Dorismond :
Merci beaucoup, M. le Président. Salutations de même à mes collègues
parlementaires et salutations aux équipes.
Salutations à M. Boileau, M. Paré. M. Boileau, bonjour. Et
bienvenue aussi à Mme Biron, pour la première fois, merci, merci
d'être là.
M. le ministre,
j'aimerais vous parler d'un dossier qui me tient vraiment à coeur, vous vous
doutez sûrement, c'est le mécanisme d'accès en santé mentale qu'on a instauré
et mis en place en CLSC afin d'améliorer l'accès aux soins en première ligne, mais surtout pour le volet zéro à 100 ans,
donc, jeunesse-aînés. Il y a aussi le plan interministériel, le Plan d'action interministériel en santé mentale
de 2022‑2026, qui réitère que l'accès à la première ligne doit
se faire peu importe où la personne se présente, briser les silos. Les
professionnels de la santé sont aptes d'évaluer le bon service qui est nécessaire
en complément, au bon moment et par une autre professionnelle qui a la
compétence aussi pour répondre au complément jugé nécessaire.
Donc,
pour moi, c'est super important d'accélérer puis de poursuivre les travaux pour
améliorer l'accès aux soins et surtout des travaux de révision de la
trajectoire afin de répondre le plus rapidement aux besoins particuliers de la
population vulnérable et des milieux éloignés.
Le mécanisme d'accès,
aussi, facilite l'accès à la population, puis ça constitue principalement une
voie de convergence et de pertinence des
demandes de services. Et on a... on l'a vu aussi pendant la pandémie, l'accès
se faisait beaucoup par la voie téléphonique, le 8-1-1, option 2,
hein, on se rappelle. Depuis, une demande... depuis le temps passé, pandémie
finie, il y a une demande criante de la population qui veulent venir en
présentiel parler à quelqu'un, donc on a
instauré les sans rendez-vous en CLSC, qui vient jouer un rôle important dans
l'accès aux services en santé mentale
et en santé physique de la première ligne. Les besoins sont bien présents, et
les services de proximité sont de plus en plus essentiels pour de nombreuses
personnes.
Les CLSC sont une
ressource tout indiquée pour accueillir et offrir des services appropriés, les
accompagner aussi dans les rétablissements,
sans compter qu'il y a une équipe multidisciplinaire qui est sur place, à un
seul endroit. Les intervenants nous
le disent aussi, ils continuent de faire des suivis même si la personne est sur
une liste d'attente pour un autre service.
Donc, ma question
particulière, c'est que j'aimerais m'entretenir avec vous pour vérifier tout
qu'est-ce qu'on a fait, la rencontre avec les équipes en CLSC, avec les
gestionnaires en CLSC pour le mécanisme d'accès en santé mentale, j'aimerais vraiment savoir comment le
renforcement de la trajectoire va améliorer l'accès à la population à la première
ligne. Et est-ce que vous pouvez nous expliquer comment cela va se traduire
concrètement sur le terrain?
M. Carmant : Oui. Bien, merci beaucoup
pour la question, puis merci beaucoup pour votre travail également dans
ce dossier-là, là, je dois le reconnaître, là, devant tout le monde, là. Je
pense que ce qu'il est important de noter, c'est
effectivement... puis ça, il faut que les Québécois le sachent, là, quand on a
ouvert l'accès au 8-1-1 Info-Social, on a vu un bond phénoménal de la demande en lien avec la pandémie, mais qui
persiste depuis, où les appels, le nombre d'appels ont plus que doublé à
travers le Québec. Puis je pense qu'on voulait faire du 8-1-1 Info-Social la
porte d'accès pour tout le monde, mais, effectivement, plusieurs personnes
maintenant nous demandent d'avoir un accès en personne.
Et
la chose qu'on sait, c'est que, quand ils se présentent aux urgences,
malheureusement, les problèmes de santé mentale, à cause de la classification des... du triage aux urgences,
font que souvent ces individus-là sont classés P4, P5 et doivent
attendre de très longues périodes de temps dans nos salles d'urgence pour rien.
On a eu d'autres
mesures, que je pourrais reparler un peu plus tard, là, comme les mesures...
les équipes ABC qu'on a installées dans les urgences pour rediriger. Mais
le gros effort qu'on a fait avec vous, c'est vraiment
d'aller voir dans les CLSC et comment réouvrir l'accès pour ceux qui ont de la
détresse psychologique ou des problèmes de santé mentale au CLSC.
Puis ça, ça passait
par trois grands points. Je pense qu'il fallait que l'accueil psychosocial soit
ouvert en personne dans beaucoup de CLSC. Et ça, ça a permis, par exemple, à
une région comme Montérégie-Centre de gérer tous leurs problèmes de santé
mentale en CLSC en moins d'une heure, là, comme ils nous l'ont montré...
démontré clairement, ce qui est fantastique, plutôt qu'attendre 12 heures
à la salle...
Ah! j'étais sur une
lancée, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, M. le ministre, je
suis obligé de vous interrompre parce que votre temps est écoulé, et je
veux être vraiment équitable envers tout le monde.
Alors, compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 15 heures)
Le Président
(M. Provençal)
: Alors,
bonjour à tous. Nous allons reprendre nos travaux.
Je vous rappelle que la commission est réunie
afin de poursuivre l'étude du volet Services sociaux des crédits budgétaires du
portefeuille Santé et Services sociaux pour l'exercice financier 2025‑2026.
Nous
en sommes maintenant à un bloc d'intervention de l'opposition officielle.
Alors, je vais céder immédiatement la parole à Mme la députée de
Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
M. le Président. Donc, je reviens sur ma question, M. le ministre, très importante, en termes du remplacement de
Mme Mailloux. J'aimerais avoir votre confirmation qu'elle va être
remplacée par une personne complètement indépendante pour la suite des
choses, compte tenu du rapport de la CDPDJ.
M. Carmant : Bien, deux choses.
Un, le rapport... la révision des dossiers va être faite également par les instituts de jeunesse. Donc, la révision des
dossiers, oui. Mais, si vous accepteriez... on en a discuté longtemps avec la
directrice nationale, puis il y a une raison, aussi, derrière le choix de
Mme Mailloux, ça fait que, si vous accepteriez, je lui passerais la parole à madame... à la directrice nationale de la
protection de la jeunesse pour qu'on explique son choix.
Le Président (M. Provençal)
: Ça prend le consentement.
M. Carmant : M. le Président,
permettez-vous que je passe la parole à la directrice nationale?
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Consentement?
Des voix : Consentement.
M. Carmant : Consentement.
D'accord.
Mme Hill (Lesley) : Alors,
bonjour. Donc, merci...
Le Président (M. Provençal)
: Vous allez être obligée de vous
nommer, puis votre fonction, s'il vous plaît.
Mme Hill (Lesley) : Oui. Je
suis Lesley Hill, directrice nationale de la protection de la jeunesse.
Donc, je
voudrais, dans cette situation-là, commencer par reconnaître la peine de toutes
les familles impactées par la situation. Je trouve que c'est important
de faire ça. C'est une situation grave et malheureuse avec des impacts
importants, et il n'y a pas de solution miracle, ici.
Donc, personnellement, je suis impliquée dans
cette situation depuis, bien, presque mon arrivée, je dirais. C'est un des
premiers dossiers que j'ai commencé à traiter. Je peux vous assurer que,
personnellement, je suis en suivi avec cet établissement, Mauricie—Centre-du-Québec,
depuis octobre, et Sonia Mailloux a été désignée par le ministère pour
accompagner l'établissement. À ce moment-là, elle était accompagnatrice à la
DPJ, qui s'appelait Martine Scarlett. Donc,
je faisais quand même le suivi hebdomadaire de cette situation. Et vous savez
comme moi que Mme Scarlett a
quitté, et Mme Mailloux a accepté la fonction de directeur... ou
directrice de la protection de la jeunesse intérimaire. Donc, j'ai continué le suivi, et ça va être
continué encore, parce que, comme vous disiez plus tôt aujourd'hui, nous avons reçu une lettre de la commission des
droits de la personne et de la jeunesse demandant que je maintienne ce
suivi, avec un certain nombre d'objets demandés à l'établissement, dont la
révision des dossiers.
Donc, je les ai vues la semaine passée, je les
revois demain — je
dis «les» parce que je vois la directrice et la présidente-directrice générale — pour
faire le suivi de la situation. Ils prennent très au sérieux cette situation.
Et j'ai envie de vous dire que
Mme Mailloux a déjà fait des changements importants, parce que c'est un
changement de culture à opérer, c'est
clair, c'est dit dans le rapport et c'est su et connu. Donc, un changement de
culture prend un peu de stabilité. Et,
Mme Mailloux, depuis son arrivée, ce que je constate, c'est vraiment
qu'elle arrive à solidariser les équipes autour d'un changement important de structure. C'est une femme qui a beaucoup
d'expérience en adoption, ce n'est pas pour rien qu'on l'a choisie pour aller occuper... pas la fonction de DPJ, ça,
ce n'est pas de notre ressort, mais accompagnatrice. Au départ, on l'a
choisie pour cette raison-là. Elle connaît très bien les processus qui doivent
être mis en place pour assurer une prise de
décision objective et une documentation correcte d'un dossier et des pratiques
cliniques exemplaires, et c'est la première qui est capable de nommer à
moi que les pratiques ne sont pas exemplaires.
Donc, elle est en train de mettre en place ces
pratiques-là, ce qu'on appelle notre trajectoire projet de vie, parce qu'au final c'est un projet de vie pour
chaque enfant, hein, puis il faut prendre des décisions basées sur des données
objectives pour être capables de faire démonstration devant un tribunal qu'un
enfant a besoin d'être sorti de son environnement familial, c'est quand même
une décision grave, lourde de conséquences. Donc, c'est très clair que ces pratiques-là n'étaient pas en place, et
Mme Mailloux est en train de les mettre en place. Donc, personnellement,
je ne la changerais pas, je ne la sortirais pas de là parce qu'elle est
en train de faire le ménage dans les processus.
Donc, maintenant, ce que la CDPDJ demande de
plus, c'est de regarder chaque situation de chaque enfant, d'essayer de voir comment l'accompagnement des
parents peut être fait ou offert avec le plus d'humanisme possible dans
les circonstances, sachant que toutes ces révisions de dossiers là ne donneront
pas lieu à des remises en question du projet
de vie. C'est important qu'on se dise ça, je pense, aujourd'hui. Donc, on ne
peut pas faire le lien que 140 enfants ont été adoptés qui
n'auraient pas dû l'être, on ne peut pas faire ce lien-là, mais on peut certainement
se dire que, quand les choses ne sont pas
faites dans les règles de l'art, ça fait des parents qui vont vivre avec cette
crainte-là toute leur vie que peut-être ils ont été lésés, hein, et
leurs droits sont lésés, selon notre commission, CDPDJ aussi.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée.
Mme Garceau :
...question proportionnalité de temps, là...
Mme Hill
(Lesley) : Parfait. Je suis désolée.
Mme Garceau :
...question et réponse. J'apprécie votre réponse, Mme Hill. Moi, mon
point, à ce stade-ci, c'est aussi en lien
avec les préoccupations de la vice-présidente de la CDPDJ, que, malgré ces
constats, ce que vous nous expliquez,
il y a quand même environ 30 % des mesures correctrices qui ont été mises
en place, et ce que la vice-présidente dit,
c'est... elle a un doute, elle a un doute en termes de la confiance, en termes
de la confiance qu'elle a, actuellement, en ce qui a trait à Mme Mailloux
pour la suite des choses, et c'est pour ça qu'elle dit que peut-être que, si
elle a besoin d'aller devant un tribunal pour s'assurer que toutes les
mesures soient exécutées, elle va le faire.
Donc, pour moi, je
regarde ça objectivement parlant, j'ai une grande préoccupation. Je vous le
dis, j'ai une grande préoccupation, je ne suis pas la seule. Et vous avez quand
même, oui, des recommandations, vous allez être impliquée, Mme Hill,
compte tenu du fait que les recommandations que je vois... à la lettre qui a
été transmise au ministre des Services
sociaux, mais aussi au ministre de la Justice. Oui, il y a Mauricie—Centre-du-Québec, mais à l'échelle, aussi, du Québec, il va y avoir un plan de
formation continue que vous allez devoir tous ensemble mettre de l'avant. On verra pour la suite des choses, Mme Hill,
mais je voulais vous soulever ma préoccupation suite aux déclarations de
Mme Mailloux, des déclarations quand
même, je vais dire, alarmantes, compte tenu du contexte et aussi compte tenu de
l'enquête étoffée qui a été exécutée ou menée par la CDPDJ.
J'aimerais
passer à d'autres choses. Parlons de formation. M. le ministre, on a déjà eu
des discussions concernant la formation en violence conjugale, vous
savez que je m'en vais là aujourd'hui...
M. Carmant :
On fait des progrès.
Mme Garceau :
...en termes de... Simon Lapierre, l'institut PEVC, on a eu plusieurs échanges
à cet égard et aussi compte tenu de
l'augmentation de la violence conjugale, abus sexuels, abus physiques, mais
surtout l'aspect conjugal. Et il y a même eu un article, récemment,
préoccupant, là, en ce qui a trait à l'augmentation de 67 % des
accusations criminelles, abus physiques, et ça découle aussi de la violence
conjugale. On parle de la violence conjugale et des instances de violence conjugale en matière de protection de la jeunesse,
évidemment, avec le facteur, le critère d'exposition à la violence conjugale concernant nos enfants et
l'évaluation de ces dossiers-là que, nous savons très bien, sont de plus en
plus complexes et demandent une expertise.
J'ai
été pas mal, si je peux dire... Je l'ai mentionné à plusieurs reprises, que la
formation en violence conjugale, de la protection de la jeunesse n'est pas
suffisante, compte tenu de la complexité, maintenant, des dossiers en
violence conjugale. Et je reviens à la
charge, M. le ministre, concernant une directive ministérielle à l'égard de
l'imposition, dans tous les réseaux de la protection de la jeunesse au
Québec, de... que tous les intervenantes, les intervenants suivent la formation de Simon Lapierre et la formation de
quatre jours, la formation complète. J'ai eu des échanges avec M. Lapierre, je sais qu'il a eu des échanges,
aussi, avec le ministère, il est prêt à... il a des options, il est prêt à le
faire. On a juste... on a besoin de
votre feu vert, M. le ministre. Donc, j'aimerais bien avoir l'engagement,
aujourd'hui, de votre part, que ça sera fait.
• (15 h 10) •
M. Carmant :
Bien, M. Lapierre, on continue à travailler avec lui, il est sur le
comité, là, qui accompagne notre directrice nationale sur la violence
conjugale, et on travaille également sur l'enjeu de la formation. Il nous a
envoyé, récemment, une nouvelle cédule, là, parce qu'en fait l'enjeu est
vraiment, aussi, au niveau des ressources humaines,
là, puis libérer les gens quatre jours pour la formation. Plusieurs régions
demandent la formation, puis lui-même n'est pas disponible. Donc, on
travaille toujours à trouver une piste de solution, là, pour assouplir la façon
dont la formation est donnée pour qu'on arrive à avoir la formation complète
dans chacune des régions. Il vient de nous faire...
il vient de nous partager un document, récemment, qu'on est en train d'étudier,
parce qu'on a une région de plus, là, maintenant, qui a reçu la
formation. Mais on continue à travailler là-dessus, là, je peux vous en
assurer.
Mme Garceau :
J'aimerais, aujourd'hui... Ça fait à quelques reprises qu'on en parle, M.
le ministre, et vous savez qu'il y a eu des
motions, il y a eu une pétition, il y a des femmes... et il faut le dire, là,
il y a des femmes qui sont victimes de violence conjugale, qui ont peur
de dénoncer la violence conjugale parce que la protection de la jeunesse va
enlever leurs enfants en raison du manque d'expertise, de manque de formation
lorsqu'ils évaluent ces dossiers-là. C'est... il y a une grande frustration, et
on ne peut pas laisser la situation telle quelle.
Il y a eu des...
l'amendement à la Loi sur la protection de la jeunesse. Malheureusement,
lorsqu'on a commencé il y a deux ans,
c'était juste une heure en ligne de formation. Je vous l'avais dit à ce
moment-là : Simon Lapierre, il a la formation, est-ce qu'on peut
commencer? Il a commencé dans certaines régions, mais là, M. le ministre, c'est
trop important, c'est trop important. On parle aussi de l'augmentation de
violence conjugale au Québec, c'est dans toutes sortes de reportages. Il faut
faire quelque chose pour protéger nos enfants, et la meilleure façon de faire
ça... Et aussi tout l'aspect de l'aliénation parentale qui continue à ressortir
dans les rapports de la protection de la jeunesse et qui continuent, ces
rapports-là, à être déposés devant les tribunaux. Et donc il y a une injustice
qui demeure, il y a un préjudice qui demeure aux mères qui sont en train de
perdre leurs enfants en raison de la violence conjugale qui est mal évaluée par
les intervenantes à la protection de la jeunesse, quand c'est le contraire, ils
sont en train de protéger leurs enfants.
Donc, j'aimerais vraiment... Je peux comprendre
qu'avec M. Lapierre il va y avoir des enjeux en termes de... le personnel,
et tout ça, puis les journées, mais j'aimerais avoir votre engagement
aujourd'hui, au nom des enfants et des mères, que cette
formation-là va être imposée, peut-être que ça ne sera pas le mois prochain,
mais qu'il y a une directive ministérielle
qui fait en sorte que, dans tous les centres jeunesse, dans tous les centres de
réadaptation au Québec, il va y avoir cette formation-là de quatre jours
qui va être donnée pour que les évaluations des enfants, de la violence
conjugale soient bien faites.
M. Carmant : Bien, on est
rendus à huit centres sur 16, là, qui sont... qui ont reçu la formation, puis
on travaille à trouver une solution avec M. Lapierre pour que tous les
centres reçoivent la formation.
Mme Garceau : Donc, est-ce que
c'est un engagement de votre part, M. le ministre, qu'on va...
M. Carmant : On y travaille.
Mme Garceau : ...ça va être
dans tout, ça va être dans tout? C'est important, M. le ministre, là, vraiment,
parce que je sais qu'il y a des mères qui
écoutent, c'est important, des maisons d'hébergement, et tout ça, qui
accompagnent, là, les mères, en ce
moment, lors de processus très, très litigieux, parce que ça, c'est un enjeu.
Le rapport qui est déposé par la DPJ devient un enjeu critique parce que
les juges se fient sur ces rapports-là, donc j'aimerais bien avoir l'engagement. Je sais que ce ne sera pas fait dans
le mois prochain, mais au moins que : Oui, Mme la députée, nous allons
avoir, dans tous les centres jeunesse... on va s'assurer, dans tous les centres
de réadaptation, que cette formation soit suivie par tous les intervenantes et
les intervenants.
M. Carmant : Ce que je peux
vous dire, le plus loin que je peux aller, là, c'est que j'ai demandé au
ministère, à la DNPJ, à Santé Québec de s'asseoir avec PEVC et de trouver une
piste de solution. Je vais me rendre jusque-là.
On s'assoit également avec les juges pour s'assurer qu'eux aussi soient
sensibilisés à la violence conjugale. Je peux vous dire que, cette
année, encore une fois, les signalements sont relativement stables, mais les
signalements pour violence conjugale, comme vous avez mentionné, ont augmenté.
Donc, c'est une priorité pour moi, là, sincèrement, c'est une priorité pour
moi, puis on va tout faire pour que tout le monde soit formé de façon adéquate.
Mme Garceau : Savez-vous,
parlant des juges et la table de justice, il n'y a pas... les juges... il n'y a
pas d'imposition pour que les juges suivent une formation en violence conjugale
à la Cour du Québec, n'est-ce pas?
M. Carmant : On
va rencontrer 12 juges pour, justement, les sensibiliser à la... à
l'importance de la formation en violence conjugale.
Mme Garceau : L'importance en
termes de suivre la formation de PEVC?
M. Carmant : Je ne sais pas si
ça va être, encore une fois, le modèle PEVC, là, mais à la formation en
violence conjugale.
Mme Garceau : O.K.
Parlons, M. le ministre, du déclenchement du multisectoriel dans des causes,
surtout, là, d'agression sexuelle. Il y en a eu beaucoup, de dossiers
où, on dirait, il n'y a pas de règle standard dans tous les réseaux concernant quand est-ce qu'on déclenche,
parce qu'on l'a vu avec Cité-des-Prairies, qu'est-ce qui s'est passé.
Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus, M. le ministre.
M. Carmant : Bien là, la
directive est claire. Je ne sais pas si vous vous souvenez l'incident, là,
où... bien, c'est un incident passé, là, où une famille d'accueil avait reçu un
enfant, dans la région de Québec, là, puis il y avait eu de l'abus sexuel
pendant une longue période de temps. Donc, avec la directrice nationale, on...
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le ministre.
M. Carmant : Mais on a envoyé
une...
Le Président (M. Provençal)
: J'ai compris que la directive était
claire.
Alors, nous
allons maintenant avec la deuxième opposition, et c'est le député de Saint-Henri—Sainte-Anne qui prend le relais.
M. Cliche-Rivard : Merci, M. le
Président. Il y aura d'autres blocs, M. le ministre.
Tout à l'heure, on s'est parlé, on s'est laissés
sur la question des fouilles. J'aurais peut-être juste voulu qu'on clarifie, là. Est-ce que vous vous engagez à ce
qu'on ait des règles nationales, un cadre national? Parce que, là, on voit
que c'est un peu épars un peu partout, les droits ne sont pas exactement les
mêmes, l'information n'est pas la même. Je pense que vous étiez assez ouvert et
réceptif. J'aimerais ça qu'on s'entende on va avoir ça quand, à peu près, puis
vers où on s'en va.
M. Carmant : Bien, comme j'ai
demandé, ça va se travailler rapidement, et, d'ici la fin de l'année ou de la
session, même, je vous dirais qu'on va...
M. Cliche-Rivard :
De la session?
M. Carmant : Oui, on va essayer
d'envoyer des...
M. Cliche-Rivard : O.K. Ça fait
qu'un cadre national sur les fouilles, sur l'encadrement des fouilles d'ici la
fin de la session?
M. Carmant : Des directives
vont être envoyées, oui.
M. Cliche-Rivard : Puis on va pouvoir
en avoir copie?
M. Carmant : Ça devrait être
public?
Des voix : ...
M. Carmant : Oui.
M. Cliche-Rivard : Excellent.
Je vous remercie beaucoup là-dessus.
Je vous amène sur un autre sujet, les délais
d'évaluation, notamment en DPJ, évaluation et question d'application des mesures. On a comparé les statistiques 2024‑2025.
En fait, alors que la cible nationale est de 21 jours pour l'éval
d'un jeune suivant un signalement, on sait que plusieurs régions du Québec n'y
arrivent tout simplement plus et que la
situation est particulièrement dramatique. Je pense à la Côte-Nord, où les
délais sont passés, de 2024 à 2025, de 26,6 jours à
49,7 jours, en 2025, une hausse de 87 % dans les délais pour les
évaluations; à Saguenay, c'était 39,8 jours
en 2024, on est rendus à 56,6 jours, en hausse de 42 %; et au
Bas-Saint-Laurent on passe de 20,6 jours d'attente à 28,8, en hausse de 37 %. Donc, on a des
hausses dans, je pense, une dizaine de régions, d'augmentations de délai avant
des évaluations.
Ça, vous le savez, M. le ministre, ce sont des
enfants précaires qui attendent plus longtemps avant d'être évalués, peut-être
même avant que des mesures soient appliquées, parce que c'est la première
étape. C'est ça, le bilan, là. Donc, je vous
demande simplement : Est-ce que vous jugez que ces délais-là qui explosent
dans ces régions-là sont acceptables? Puis c'est quoi, votre plan pour
améliorer le tout?
• (15 h 20) •
M. Carmant : O.K.
Je pense que la première chose qu'il faut dire, là, pour... il faut rassurer
tout le monde, là, les P1, P2, là, les urgences, semi-urgences, abus sexuels,
abus physiques, négligences sévères sont tous pris à l'intérieur du
temps qui est requis, de 24 à 48 heures. Maintenant, ce que je dis depuis
plusieurs années, là, c'est qu'on a... parmi
les P3, qui sont maintenant divisés en 3A, 3B, là, dépendamment du... pour
donner un peu plus de temps aux 3B, là, qu'ils soient évalués, c'est là qu'on a un enjeu, puis c'est pour ça que
beaucoup des initiatives que l'on fait, c'est pour diminuer le nombre de
signalements en amont de la DPJ.
Puis en fait ce qu'on a réussi, puis je vais
vous le montrer, c'est qu'on a quand même diminué de façon significative la
liste d'attente, là. À la même époque l'an passé, on avait au-dessus de
4 000 enfants sur nos listes d'attente, on a diminué de 600. Puis la
chose qui m'encourage beaucoup, là, c'est un graphe un peu compliqué, mais vous voyez, on est monté très haut ici et on est
redescendu, là, de 5 000 personnes en attente à autour de 3 600.
Mais ce qui est encourageant, c'est
que, pour la première fois depuis que je suis au gouvernement, on voit que,
malgré la reprise des classes, on a une certaine stabilité, là, et non
pas une augmentation des signalements avec le retour en classe, sachant que nos
plus grands signalants sont les gens de l'école.
Donc... O.K., je vais accélérer. Donc, mon plan,
là, c'est vraiment de continuer à travailler en amont, de faire que les écoles
s'assoient avec les... la première ligne jeunesse, la protection de la jeunesse
dans un projet qu'on appelle Agir ensemble pour faire de la concertation
clinique et éviter les signalements, et évidemment, aussi, grâce à l'arrivée de
Santé Québec dans le jeu, c'est d'améliorer nos régions qui ont plus de
difficultés en transposant les meilleures pratiques, parce qu'on a des régions
aussi, il faut le dire, qui n'ont plus de liste d'attente.
Le Président (M. Provençal)
: Question suivante.
M. Carmant : J'essaie d'aller
aussi vite...
M. Cliche-Rivard : M. le
ministre, merci. Écoutez, je vais vous demander peut-être de déposer les
tableaux, évidemment, puis on va les consulter.
Ce que je
vois, par contre, puis les chiffres ne mentent pas, là, c'est... dans vos
crédits, là, on a des augmentations claires dans les délais
d'évaluation, mais on les a aussi dans l'application des mesures, puis ça,
c'est quand même assez dramatique. Dans
l'application des mesures, en Gaspésie, les délais ont augmenté de 34 %;
en Abitibi, les délais ont augmenté de 43 %; en
Chaudière-Appalaches, 152 d'augmentation de délais... 152 %; et
Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, là, où on a connu quand même des épisodes
assez dramatiques, c'est 920 % d'augmentation de délais. Ce sont vos chiffres, dans vos cahiers. Je vous vois
avoir l'air dubitatif, là, mais on passe, dans l'application des mesures,
en 2024, à... 4,4 jours à 40,5 jours, c'est 920 % d'augmentation
de délais pour l'application des mesures. Ça, c'est les données que vous nous
donnez. Donc, je veux bien croire qu'on diminue les chiffres dans la liste de
gens qui attendent pour une éval, mais là c'est de bord
en bord dans le réseau, là, M. le ministre, là, ce n'est pas seulement de
diminuer la liste d'attente, c'est de diminuer la liste d'évaluation puis c'est
de diminuer puis d'arriver à des chiffres qui
ont du bon sens pour l'application des mesures. On est rendus à 920 %
d'augmentation dans le CIUSSS du Centre-de-l'Île, donc, quand même.
Donc, c'est
quoi, votre plan pour qu'on arrive à ces chiffres-là? Puis là, si vous n'êtes
pas d'accord avec le CIUSSS, ce sont vos chiffres. Chaudière-Appalaches,
c'est 152 %. Je veux dire, il y a plein de données, là.
M. Carmant : Bien,
clairement, pour l'application de mesures, on est, en fait, en train de changer
la procédure. Ce qu'on veut... puis la meilleure pratique en protection de la
jeunesse, c'est que l'application de la mesure se fait au moment de la table d'orientation, et là, tout de
suite, l'enfant est pris en charge au niveau de l'application des mesures. Ça
fait longtemps qu'on travaille là-dessus, et je pense qu'on est proche de
trouver une solution qui va être déployable dans toutes les régions du Québec pour, justement, qu'on arrête d'avoir
des listes d'attente à l'application des mesures.
On a également des délais au niveau judiciaire,
là, il faut... plusieurs des DPJ nous le mentionnent, mais ça, on travaille également avec la Table Justice jeunesse, dont les rencontres... la prochaine rencontre
est au mois de mai, et qui devrait nous aider grandement, également, à
diminuer les délais au niveau de l'application des mesures.
M. Cliche-Rivard : Merci, M. le
ministre. Quand même, je veux dire, j'entends, là, puis, pour moi, ce n'est pas suffisant, puis je suis obligé de vous en
reparler aujourd'hui, il y a un jugement de la Cour d'appel qui est venu vous
le rappeler aussi, là, 56 jours pour
une question d'un enfant qui était victime d'abus physique, ce n'est pas une
fabulation, là, ce sont des chiffres, là, ce sont des faits. Ça fait que
moi, je pense qu'il faut qu'on se ressaisisse, ça doit aller plus vite. Je comprends qu'il y a un changement de
structure, je ne m'opposerai pas, mais il faut que les résultats soient là, il faut
que les résultats soient probants sur le terrain.
Moi, il y a quelque chose d'autre qui m'inquiète
aussi. On a parlé des services, mais il faut qu'on parle de la main-d'oeuvre
aussi. La main-d'oeuvre, les gens qui travaillent, malheureusement, on l'a vu
aussi dans vos cahiers, ils souffrent, c'est difficile de travailler dans le
réseau. On voit que les heures rémunérées en assurance salariale ont explosé de
10 % en une année, M. le ministre, on est rendus à près de
700 000 heures, en DPJ, par année payées en assurance salariale.
C'est l'équivalent de 336 travailleuses temps plein qui ne sont pas au
travail parce qu'elles sont usées, brisées, démolies par la charge de travail.
Moi, ce qu'on me dit sur le terrain puis ce que les travailleuses me partagent,
c'est des burn-out, des blessures, des gens qui n'en peuvent plus de porter le
réseau à bout de bras.
Donc, je veux dire, les délais augmentent, puis
ce n'est pas pour rien, là, c'est parce que nos travailleuses sont à bout de leurs capacités, à bout de leur
réseau. Est-ce qu'on a un plan pour remédier à ça puis s'assurer que, bien,
nos travailleuses sont capables de rester en emploi, sont capables de rester en
santé puis sont capables de maintenir notre réseau?
M. Carmant : Bien, encore une
fois, je pense que c'est tout le travail de diminution de la charge en amont et
en s'assurant que la DPJ n'est plus la salle d'urgence, mais bien les soins
intensifs. On fait un travail important, également,
au niveau des recrutements. Juste pour vous mentionner, le nombre d'ETC, entre
l'an dernier et cette année, a encore
une fois augmenté : de 13 633 à 14 784. Ça, c'est le nombre
d'heures travaillées, qui inclut une augmentation de 2 027 employés dans les programmes
jeunesse, incluant la protection de la jeunesse. En plus, on a fait un
investissement spécifique en centres de réadaptation, où on a ajouté
500 personnes dans nos centres de réadaptation. L'an dernier et cette année, notre plus grand investissement en
services sociaux, c'est au niveau de la jeunesse :
108 millions de dollars l'an
dernier, 145 millions de dollars cette année. On continue à
travailler très fort pour améliorer la situation de toutes nos
intervenantes à travers le réseau.
M. Cliche-Rivard : J'entends ce
que vous dites, mais les faits sont là, là, il y a une explosion de 10 %,
quand même, dans vos cahiers de crédits, de travailleuses qui devraient être
capables de continuer leur emploi puis qui
sont usées, qui sont absolument brisées, puis ça, ça m'inquiète, là, sur l'état
des forces sur le terrain, puis elles m'en parlent. Donc, j'en suis
qu'il faut respecter une charge de travail possible pour elles, parce que, là,
elles se sentent complètement débordées.
Je voudrais vous parler de la qualité des
infrastructures aussi, on en a glissé quelques mots cette année. On a parlé de Mont-Saint-Antoine, hein, ça a fait
beaucoup couler d'encre, il y a aussi Val-du-Lac, il y a le centre de réadaptation
de Lanaudière, à Joliette, il y en a d'autres. La CDPDJ, là, je... nous a parlé
d'infestations de rats, elle nous a parlé d'expositions potentielles à
l'amiante, elle nous a parlé d'enjeux d'intimité et de salubrité dans les
salles de bain, quand même. L'année
dernière, il y avait 7 % de vos infrastructures qui étaient cotées D ou E;
cette année, c'est 15 %, dans vos cahiers de crédits. On a doublé la cote
D ou E dans vos infrastructures, et ça va aller en s'empirant, ça ne va
pas aller dans le bon sens. Qu'est-ce qu'on fait? Comment on va s'en sortir, M.
le ministre?
M. Carmant : Bien, je pense
qu'on priorise les projets des centres jeunesse au niveau de notre PQI. Puis vous savez tous les enjeux qu'on a au niveau du
PQI. On vient de terminer le nouveau Centre jeunesse des Laurentides, à
Sainte-Thérèse. Je vous invite vraiment à aller le visiter, quelque chose de
très intéressant.
M. Cliche-Rivard : On va
pouvoir y aller, c'est ça?
M. Carmant : Bien...
M. Cliche-Rivard :
J'ai une invitation formelle, ici, hein?
M. Carmant :
Deuxièmement, on est en train de rénover Dominique-Savio, également, pour
aider les jeunes filles qui sont installées là. Et aussi on a celui de
Beaconsfield qui était... qui est en sujet d'évaluation. On veut continuer à
prioriser les rénovations de centres jeunesse.
Puis l'avantage, un
autre avantage, je pense, là, je vais profiter de la présence de Santé Québec
pour en parler, c'est que, maintenant, on va pouvoir... auparavant, les
établissements décidaient quelles étaient leurs priorités à l'intérieur même de
l'établissement, maintenant on va avoir une vision beaucoup plus globale sur
l'état des infrastructures et prioriser dans tout le réseau. Parce que, par
exemple, pour les Laurentides, le centre jeunesse, c'était leur priorité n° 7, ça a pris beaucoup d'années avant qu'on se
rende au centre jeunesse, c'est la même chose à Laval. Donc, maintenant,
on va pouvoir les prioriser.
Et on a fait une
évaluation, la directrice nationale vient de faire une tournée générale, là,
des centres jeunesse, la Direction des infrastructures aussi. On va les
classifier entre elles également pour pouvoir les prioriser sans s'occuper des
urgences et des salles d'opération.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
Question suivante.
M. Cliche-Rivard :
Merci.
M. Carmant :
C'est une course contre la montre!
M. Cliche-Rivard : Quand elle sera
complétée, cette liste d'infrastructures, on pourra la rendre publique, M. le
ministre, avec la cote?
M. Carmant : Ça,
je vais... je vous reviens là-dessus.
M. Cliche-Rivard :
Parfait. Parce qu'on a... nous, on a des choses avec D ou E, mais, si vous
avez autre chose avec les différents centres jeunesse, ça va être pertinent
pour le public. Il y a beaucoup de fonds publics qui vont être investis là-dedans, puis tant mieux, là, je veux dire, on en
est. Moi, je dresse quand même le constat, là. On a parlé des délais d'évaluation qui ont explosé dans
différentes régions, on a l'application des mesures, on a une main-d'oeuvre,
quand même, à bout de souffle, on a des
infrastructures qui dépérissent, là, moi, je ne fais pas un constat
particulièrement positif, actuellement.
Mais, fort
heureusement, on a nominé une commissaire au bien-être des droits de l'enfant,
là, qui va avoir pour mission première d'être le chien de garde des droits de
l'enfant au Québec, là. Moi, j'ai très hâte qu'elle prenne fonction. Je me demandais justement c'est quoi, les
budgets qui lui sont alloués pour commencer son travail, à la Commissaire
au bien-être, pour mettre en... son équipe en place? Puis c'est quoi, son
budget pour les trois prochaines années, là?
• (15 h 30) •
M. Carmant :
Bien, elle est autonome, elle est indépendante, donc elle va avoir un
budget qui va être voté par le Bureau de l'Assemblée nationale, et ça, ça, un peu, la protège contre les enjeux
financiers gouvernementaux, donc, ça,
c'est une très bonne chose. Et on a pour elle un budget de démarrage pour
qu'elle commence à recruter une équipe autour d'elle.
M. Cliche-Rivard :
Combien?
M. Carmant : Je pense, ça lui... ça va
lui permettre d'avoir une équipe suffisamment grande pour commencer ses
travaux.
M. Cliche-Rivard :
Bien là, on est aux crédits, M. le ministre, je pose une question précise,
là, son budget de démarrage.
M. Carmant :
C'est 2 millions de dollars.
M. Cliche-Rivard :
2 millions. C'est, je pense, ce qu'avait reçu aussi le Protecteur
national de l'élève, c'est l'information que
j'avais, 2 millions de dollars comme budget de démarrage, puis on
était sur un budget fixe annuel qui tourne autour du 5 millions.
J'imagine qu'on pourrait s'attendre à des choses similaires?
M. Carmant : Moi, je vais... Oui,
c'est ça, le protecteur de l'élève, il est... il n'est pas désigné par
l'Assemblée nationale. Sincèrement,
je pense que c'est minimum 5 millions. Tu sais, je pense que j'aurais
tendance à dire que... parce qu'on veut qu'elle soit représentée partout
à travers le Québec...
M. Cliche-Rivard :
Exactement.
M. Carmant :
...puis les activités des jeunes partout à travers le Québec, donc c'est un
peu plus large que le Protecteur national de l'élève.
M. Cliche-Rivard : Donc,
on entend de votre part, du côté gouvernemental, qu'elle va avoir les moyens de
ses ambitions, là, c'est ce que j'entends.
M. Carmant : Mais tout ça
dépend du Bureau de l'Assemblée nationale, donc je vous encourage également à
encourager vos collègues.
M. Cliche-Rivard : Je le ferai.
Journée spéciale, aujourd'hui, évidemment, la
collègue l'a souligné tout à l'heure, c'est le jour-phare de l'anniversaire, le triste anniversaire, de la mort
ou du décès de la jeune fillette de Granby. Ça me permet de faire le suivi sur
le rapport Laurent, et j'aimerais ça vous entendre. Le 1er mai dernier,
là, ça va faire un an bientôt, il y a eu un rapport
du Comité de suivi qui nous a dit qu'au rythme actuel ça allait prendre
20 ans — c'est ce
qu'ils ont dit — pour mettre
en place les recommandations du rapport, vous vous en souvenez,
65 recommandations du rapport, 251 sous-recommandations, qui sont des
pistes d'action, là, c'est pour ça que ça s'appelle comme ça. À l'époque, vous
aviez dit, l'année dernière : 42 % des sous-recommandations sont
complétées; le comité était plutôt d'avis que ça tournait autour de 30 %.
Il y a eu un débat là-dessus. Là, aujourd'hui, là, ça fait un an, où est-ce
qu'on est, en termes de pourcentage, là, suivant votre 42 % de l'an passé?
Vous êtes rendu où sur l'application des sous-recommandations?
M. Carmant : Bien, je pense
qu'on approche de, tu sais... ou la moitié, mais je pense que ce qui est
important de savoir, c'est que le Comité de suivi, maintenant, a été, je
dirais, intégré, là, dans une... dans des groupes de collaboration qui vont nous accompagner au niveau de la directrice
nationale. Je parlais, tantôt, de groupes d'experts, de groupes citoyens et de
groupes... de consultatifs, donc, on va travailler avec eux. On s'est entendus
avec eux sur les objectifs, et je pense que ça, c'est une très, très
bonne chose pour s'assurer de la suite des choses. Je vais être transparent, je pense que la phase 2, avec
tout ce qu'on a vécu, là, au niveau de la nomination du commissaire, nous a peut-être
ralentis un peu, là, ces derniers mois, mais je pense qu'on vise toujours de
compléter la phase 2 le plus rapidement
possible. On s'était donné deux ans par phase. Là, on a pris un peu de retard,
mais on va travailler très fort pour essayer de rattraper ce retard-là.
M. Cliche-Rivard : Il y aura
une publication, quand vous serez prêt, là, de la mise à jour, de votre côté? Parce que, là, vous dites qu'il est intégré, ça
fait qu'on peut s'attendre, d'ici la fin de la session, aussi à avoir une mise
à jour de l'application des recommandations?
M. Carmant : Bien, peut-être un
peu plus longtemps parce qu'on veut intégrer la commissaire, également, dans
ces travaux-là, donc, mais, d'ici la fin de l'année, je vous dirais qu'il va y
avoir une nouvelle publication.
M. Cliche-Rivard : Et
vous visez donc... Puisque, là, on nous avait dit... puis la commission, avant
d'être intégrée, nous avait dit... le suivi de commission nous avait
dit : À ce rythme-là, ça va prendre 20 ans. Vous avez dit : Non,
non, non, ça ne prendra pas 20 ans. Et
là on est à 6 %, 7 % d'application par année, à peu près, de plus. Ça
va quand même prendre encore cinq, six, huit ans?
M. Carmant : Non, non, comme je
vous dis, Mme Laurent nous avait donné 10 ans, on visait six ans. Je
pense qu'on va rester toujours autour de six, sept ans, là, pour réussir toutes
ces recommandations, et surtout le changement de culture qui est demandé, là,
au niveau de la protection de la jeunesse.
M. Cliche-Rivard : O.K. Je vais
vous la redemander tantôt, mais, plus précisément — je change un peu de sujet parce qu'il me reste juste une minute — vous avez parlé de vos... votre réalisation,
vous dites que vous avez sorti 3 000 personnes
de la rue cette année. J'aimerais ça que vous vous engagiez à déposer la
méthodologie puis les documents, là, comment que ça... on nous permet de
vérifier ça. Puis est-ce que vous acceptez de le déposer?
M. Carmant : Oui, oui, mais
c'est simple, hein, c'est des chiffres qui sont transmis par VCS.
M. Cliche-Rivard : Puis vous
les avez par organisme qui accompagne...
M. Carmant : Par région. On ne
les a pas déposés aux crédits provisoires.
M. Cliche-Rivard : On ne les a
pas?
M. Carmant : On va les
redéposer ou les déposer.
M. Cliche-Rivard : Le
plus vite possible. Puis qu'est-ce que vous considérez «avoir sorti quelqu'un
de la rue»? C'est quoi, votre méthodologie?
M. Carmant : Prendre un
itinérant puis le mettre dans un logement.
M. Cliche-Rivard : Puis il y a
une vérification après six mois?
M. Carmant :
Oui, oui...
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Merci, M. le député.
Alors, nous
allons poursuivre avec l'opposition officielle, et je cède maintenant la parole
à Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : ...excusez-moi,
dans le cadre du 50 millions de dollars que vous avez reçu du
fédéral, et, pour renchérir sur ce que mon
collègue vous a posé comme question, sortir quelqu'un de l'itinérance, le
mettre en appartement, est-ce qu'il y a un suivi qui se fait par la
suite pour voir, justement, après combien de temps... Ils doivent être logés pour combien de temps pour qu'ils soient
considérés plus en situation d'itinérance? Est-ce que c'est quelques semaines,
quelques mois, un an?
M. Carmant : Bien, je pense
que, pour des données... Les données, on est encore sous l'embargo, là, entre
guillemets, fédéral, là. Donc, ça s'en vient, là, les annonces. Je pense que
toutes les... Une des beautés des choses qu'on fait au Québec, c'est vraiment
que le suivi psychosocial, dans tous nos projets, est assuré, puis ce qu'on
nous dit, c'est qu'à un an 90 % des
gens restent en logement, jusqu'à présent. Je ne sais pas à quel moment on
décide de les... dire qu'ils sont sortis de la rue, là, officiellement,
là, ça, je ne peux pas... On va regarder ça, là, dans les statistiques avec
Vers un chez-soi, mais je peux vous assurer que tous les projets ont le suivi
psychosocial d'associé.
Mme Prass : Oui, je pense que
ce serait intéressant si on peut avoir...
M. Carmant : La définition?
Mme Prass : ...oui, la
définition, parce que ça nous permettrait d'avoir une meilleure idée de qui
cadre dans cette catégorie-là. Comme vous le
savez, dans les cas d'itinérance, à chaque année, quand on vient mettre en
place les mesures hivernales, il y a
plusieurs plaintes qui arrivent d'organismes, pour dire : Bien, on a
déposé notre demande en été.
Je vous donne l'exemple, dans mon comté, à
Côte-des-Neiges, où il y a eu une seule halte-chaleur qui a reçu leur confirmation en mi-octobre, ils ont fermé
avec 17... ils ont ouvert, excusez-moi, avec 17 jours de retard,
justement, parce qu'ils ont reçu la
réponse en retard, et le temps qu'ils aménagent leur espace... Également, Chez
Doris, cette année, avait fait une
demande pour un ajout de lits, et ils n'ont pas reçu de réponse jusqu'au
11 novembre, ce qui a fait en sorte qu'ils ne pouvaient pas mettre
ces choses-là en place.
Comme l'hiver arrive à chaque année au Québec,
avez-vous l'intention de donner une directive claire aux CISSS, aux CIUSSS que les réponses, les
confirmations de fonds, confirmations de projets arrivent, par exemple, au plus
tard au mois de septembre pour qu'ils puissent aller chercher le
personnel, faire la formation, trouver l'emplacement, l'aménager à la façon
dont ils doivent le faire? Parce que...
Je vous donne un autre exemple. Nous, on a parlé
avec un organisme, la semaine dernière, qui nous a dit : Bien oui, nous, on fait des demandes de projets,
on se fait accepter puis on reçoit l'argent après l'année financière, donc
nous devons le retourner. Je trouve... Je
pense que c'est énormément problématique. Je pense que vous serez d'accord.
Donc, est-ce que vous êtes prêt à donner une
directive aux CISSS, aux CIUSSS qu'au plus tard au mois de septembre les organismes qui auront fait leur
demande doivent avoir les confirmations... les confirmations de montants
pour qu'ils puissent bien monter leurs projets à temps pour qu'ils puissent
ouvrir comme prévu le 1er novembre?
M. Carmant : Bien, en fait,
dans le dernier cahier de charges, il y a une liste d'appels de projets de VCS,
là. On en a profité pour dire que... En
fait, j'ai été même un peu plus loin, je dis qu'à partir de maintenant je ne
voulais plus qu'il y ait d'appels d'offres qui se fassent pour les
haltes-chaleur, sauf s'il y a des haltes qui doivent fermer, comme ça peut arriver, ou de l'argent supplémentaire qui
est mis sur la table. Puis c'est vraiment un problème montréalais, là, cette
histoire-là, là, c'est de... il n'y a pas d'autre région où ce problème
survient. Pourtant, l'hiver est pareil partout, là, mais c'est un problème montréalais que je m'explique mal. Mais là on
a vraiment envoyé une directive claire que nous, on ne voulait plus d'appels
d'offres. Donc, tout ce qui était ouvert l'an passé devrait être... et devrait
être financé pour l'hiver prochain.
Mme Prass : Pouvez-vous nous
fournir la directive à ce sujet?
M. Carmant : Oui, oui.
Mme Prass : O.K.
Alors, vous vous engagez que, l'année prochaine, à Montréal, il n'y aura pas
d'organismes qui vont arriver et dire : Nous, on a reçu une réponse
mi-octobre, fin octobre puis on n'a pas ouvrir... on n'a pas pu ouvrir à temps
parce qu'on a dû attendre la confirmation d'un CISSS ou CIUSSS?
M. Carmant : Pas s'ils étaient
ouverts l'année dernière.
Mme Prass : D'accord. Dans
cette même lignée, évidemment, la prévention est un élément important pour tout ce qui est itinérance parce que d'année en
année on voit des augmentations quand même assez fulgurantes. Vous avez
fait une entrevue au mois de... à la fin de l'année, je pense, juste avant
Noël, avec votre collègue Jean... avec votre collègue
ministre de la Solidarité sociale pour, justement, parler de la prévention, et
vous avez mentionné, et je vous cite :
«Ce dernier accorderait un financement supplémentaire aux Auberges du coeur et
aux regroupements des ressources en prévention de l'itinérance afin que
des intervenants accompagnent les jeunes jusqu'à l'âge de 25 ans.»
Premièrement, comme vous devez le savoir, Les
Auberges du coeur doivent refuser... doivent faire 6 000 refus par année, donc, tellement la demande est grande,
et moi, j'ai parlé aux Auberges du coeur cet après-midi, et ils m'ont
dit... ils ne savent pas de quoi vous parlez. Donc, je vous demande, quand vous
dites : Un financement supplémentaire,
de quelle manière... quand est-ce qu'il va arriver? Est-ce que ça va être pour
toutes les Auberges du coeur? Et, si vous pouvez vous expliquer à ce
sujet...
• (15 h 40) •
M. Carmant : Bien,
ça, moi, j'ai été clair là-dessus avec toutes les équipes, là, on a reçu
500 PSL additionnels, puis ça,
c'est un projet que je suis extrêmement fier, là, qui change la donne à la
sortie de la DPJ. On a reçu du ministre des Finances 500 PSL additionnels, avec accompagnement, et ce que...
et on sait que, chaque année, il y a 2 000 personnes qui sortent des... 2 000 jeunes qui
sortent des centres jeunesse, et la statistique nous montre, là... de Martin
Goyette, etc., que c'est un quart de
ces jeunes-là qui sont... qui vivent un épisode d'itinérance dans les trois
années suivantes. Donc, sur ces
données-là, là, je suis allé voir le ministre des Finances, et il a accepté de
nous donner 500 PSL, et ces PSL là, ils vont...
Jusqu'à présent, une grosse partie du suivi
posthébergement DPJ était pris en charge par nos intervenants PQJ, là, programme qualification jeunesse. Là,
j'ai demandé qu'on crée des tables régionales, dans toutes les régions,
il va y avoir des centres jeunesse, où vont être assis à la table, oui, les
intervenants PQJ pour représenter la DPJ, mais également les gens de l'office
d'habitation, également les gens... des représentants des regroupements
jeunesse, dont Les Auberges du coeur. Les
municipalités sont au courant également, j'ai présenté le projet à l'Union des
municipalités. Et, le suivi
psychosocial qui vient avec le PSL, on s'attend que ce soit fait par les
organismes communautaires qui vont accompagner ces jeunes-là. Donc,
c'est ce financement additionnel là, qui, auparavant n'allait pas aux auberges
jeunesse... va leur être... c'est eux qui vont prendre en charge ce suivi
psychosocial post sortie de centre jeunesse, si, évidemment, ils s'occupent
d'héberger les jeunes, là.
Mme Prass : Parce que je pense
que leur interprétation était différente quand vous avez dit : On
accordera un financement supplémentaire aux
Auberges du coeur. Comme vous le savez, ils vous font une demande de financement
accru à chaque année. Là, on a compris que,
pour certaines Auberges du coeur, l'argent qui a été accordé par le ministère
n'est pas récurrent, donc, pour eux, c'est
de refaire la bataille à chaque année. Donc, quand ils ont entendu «un
financement supplémentaire aux Auberges du coeur», eux, leur
interprétation, c'était que ça allait être un financement additionnel à leur
mission plutôt que des PSL. Donc, est-ce que vous avez eu des conversations
avec Les Auberges du coeur, justement, pour avoir... pour faire cette précision
et avoir ces discussions-là?
M. Carmant : Ah! oui, oui, oui, j'ai parlé en long et en large
avec Mme Dalphond. C'est sûr qu'elle voudrait de la mission globale. On l'a fait une fois, puis,
je le répète, chaque fois qu'on fait quelque chose de dirigé à la mission
globale pour un sous-groupe d'organismes communautaires, bien, il y en a
4 000 qui m'appellent le lendemain pour dire que je n'aurais pas dû faire
ça, là. Ça fait que, des fois, on fait des choix qui sont difficiles et
importants par rapport aux programmes qu'on met sur pied, mais ce que je leur
explique, c'est qu'avec les ententes spécifiques, quand la reddition de comptes
se fait régulièrement et de façon adéquate, le programme du PSOC permet que ces
argents-là soient transférés, après trois ou quatre ans, de l'entente
spécifique vers la mission globale, puis ça, encore, il y a beaucoup d'endroits qui le font de façon très, très, très... qui
le font régulièrement et très bien, d'autres un peu moins, mais ça, on
travaille là-dessus, et, comme je vous dis, je pense que c'est la meilleure
façon de fonctionner avec un programme comme celui-là.
Mme Prass : Parce que,
justement, dans le cadre de la prévention, plutôt que de... est-ce que ça ne
serait pas plus utile... c'est moins cher...
c'est plus cher de sortir une personne d'une situation d'itinérance plutôt que
de les prévenir d'arriver à cette situation... dans cette situation-là.
Les Auberges du coeur, avec 6 000 refus par année... clairement, la demande a augmenté au cours des années et
continue d'augmenter... en année. Si on parle vraiment de la prévention,
l'argent que vous pourriez investir auprès des Auberges du coeur, ça serait des
économies à long terme pour tous ces jeunes-là qui ne se retrouveront pas en
situation d'itinérance. Donc, il faut faire le calcul, à un moment donné. Comme
on dit, en prévention, pour chaque dollar en santé investi, c'est 6 $ qui
sont économisés à long terme. Donc, je comprends
qu'il y a d'autres organismes... chaque organisme veut que le financement à sa
mission soit réhaussé. Mais, avec une
demande accrue et en sachant c'est quoi, les conséquences, vous ne voyez pas la
nécessité de devoir les soutenir davantage?
M. Carmant : Bien, lorsqu'ils
vont arriver... Par exemple, la première réunion est prévue, là, pour, comme, juillet, septembre, là, et pour... et ils vont
avoir les statistiques des jeunes à risque d'itinérance qui vont sortir des
centres jeunesse entre 16 et 18 ans. Donc, normalement, ils
devraient être capables d'ajuster l'offre et la demande. On a les municipalités
qui vont nous dire : Est-ce qu'il y a des choses qui sont disponibles au
niveau de l'office de l'habitation dans le
privé? Et le reste pourrait être pris en charge par les organismes
d'hébergement jeunesse, incluant surtout... Évidemment, notre partenaire
privilégié, c'est Les Auberges du coeur. Ça fait que... Puis, par rapport à
l'argent qui a été difficile à recevoir,
c'était pour deux auberges, qu'on a fini par régler, en bout de ligne, là,
mais, encore une fois, c'est... l'argent, c'est des sommes qui vont être
renouvelables.
Mme Prass : O.K. Là, on va passer... Vous avez annoncé,
dernièrement, que vous vous êtes donné un objectif de sortir 5 000 personnes de la rue
cette année et, dans l'article, vous avez parlé des différents logements, mais
c'était, premièrement, beaucoup de logements... ce qu'on a compris, des
logements sans accompagnement des personnes, ce qui était inscrit dans
l'article.
Donc, une couple de questions. Premièrement,
qu'est-ce que vous identifiez comme nouveaux espaces par opposition au simple fait de déplacer une personne
d'une ressource à une autre? Parce que c'est des exemples qui nous ont été donnés dans le passé, que c'est... pas
dire du recyclage, mais quelqu'un qui se trouvait déjà en logement de transition,
qu'on change leur adresse, par exemple.
Donc, dans le 5 000 que vous visez, combien seront un simple
déplacement d'une ressource à une autre?
M. Carmant : O.K.,
bien, quelqu'un qui est dans un... C'est sûr que, quand on ouvre des logements
de transition, on fait d'une pierre deux coups, là, parce qu'on sort
quelqu'un de la rue — mais
ça, ce n'est pas compté — qui
va dans un refuge, et on met quelqu'un dans un logement de transition. Donc,
ça, c'est une chose.
Dans les... parce que ce qu'on se dit, c'est
que, si en 2023‑2024 on a eu 3 144 personnes plus 900 des
Laurentides-Lanaudière qui ne sont pas inclus parce qu'ils ne rentraient pas
dans la mesure VCS, qui nous permet de calculer le nombre... on pense vraiment
que c'est atteignable d'aller à 5 000. Et ce n'est pas des déplacements,
c'est vraiment des gens qui rentrent en logement, mais, effectivement, là, ça
peut inclure le logement de transition et le logement supervisé. Les deux sont
inclus dans nos chiffres.
Mme Prass : Mais
vous faisez quand même la distinction entre quelqu'un que vous sortez de la
rue, disons, en logement pour la première fois...
M. Carmant : Ou du refuge.
Mme Prass : ...c'est
ça, du refuge pour la première fois, tandis que quelqu'un... c'est le
déménagement dans un logement de transition similaire, par exemple.
M. Carmant : Mais la personne
qui va du logement de transition au logement supervisé, ça, non, ça, ce n'est
pas comptabilisé une deuxième fois, là.
Mme Prass : Ce
n'est pas comptabilisé? O.K. Et, parmi les 5 000, combien d'entre eux
est-ce que vous voyez qui seront avec accompagnement, justement?
M. Carmant : Tous.
Mme Prass : Tous?
M. Carmant : Ils
sont tous, tous, tous accompagnés, sincèrement, là, soit dans des ressources
qu'on construit avec l'habitation,
soit dans des ressources privées où les organismes communautaires sont
partenaires, soit le programme Bienvenue, là, que vous savez...
connaissez bien, à Montréal, ou dans d'autres programmes, ou encore avec des
PSL, mais toujours avec accompagnement. Tu sais, c'est vraiment... Tu sais, la
beauté de ce qu'on a bâti au Québec, là, c'est que tout le monde est
accompagné.
Mme Prass : Quand
vous allez parler aux journalistes, la prochaine fois, juste peut-être le
préciser, parce que ce n'était pas du
tout ce qui était indiqué, c'était le contraire, c'étaient des gens qui
n'avaient pas d'enjeu de toxicomanie ni de santé mentale. Donc, c'était
ça aussi, la crainte du milieu. Bien, allez-y, si vous voulez ajouter quelque
chose.
M. Carmant : O.K., mais ça,
c'est un autre niveau d'accompagnement.
Mme Prass : Donc,
c'est ça, quand vous dites «ils auront tous de l'accompagnement», quelle est
votre définition d'«accompagnement»?
M. Carmant : C'est
l'accompagnement d'un organisme communautaire et d'un intervenant
communautaire.
Mme Prass : O.K., et ils vont
être présents en tout temps, ils vont... Quel va être leur niveau de présence?
M. Carmant : Alors,
le ratio qu'on attribue, puis ça, c'est clair aussi, c'est une personne pour 10
dans le logement de transition, un intervenant pour 10 personnes,
puis un intervenant pour 20 personnes dans le logement supervisé.
Mme Prass : Et
là vous voulez élaborer sur l'accompagnement pour des personnes avec des enjeux
de toxicomanie ou de santé mentale?
M. Carmant : Santé mentale, oui, ça
fait que santé mentale, on l'a mis en place l'an dernier... bien, dans la
dernière année, et c'est vraiment le... ça inclut deux blocs, un bloc de...
où ils sont... où ils ont une place dans un refuge, avec huit à 12 semaines de services — psychiatres, infirmières, santé mentale,
etc. — et par la
suite, là, ils ont un accompagnement en logement par soit un organisme
spécialisé comme Diogène, qui est spécialisé dans les équipes d'accompagnement
en santé mentale, ou, à Québec, c'est vraiment les équipes de proximité qui font
ça, un peu, en compagnie de — comment s'appelle l'organisme? La
Clé? — la
Clé, qui fait ça également, mais ça, c'est encore sur une période d'un an et plus. Donc, il y a l'accompagnement en refuge
puis il y a l'accompagnement en logement par la suite.
Puis là on devrait arriver, dans très peu de temps, avec un projet pilote pour
la toxicomanie qui ressemble également à ça.
• (15 h 50) •
Mme Prass : Et donc la répartition,
sur les 5 000, combien, par exemple, seront dédiés aux personnes avec des
enjeux de santé mentale, combien avec l'accompagnement pour la toxicomanie?
M. Carmant : Bien, pour toxicomanie,
je dirais, ce n'est personne de spécifique, mais, avec santé mentale, on en
a sorti une cinquantaine depuis le lancement du programme.
Mme Prass : Non, mais, des
5 000 que vous voulez sortir, combien seront dédiés pour les
personnes avec des enjeux de santé mentale?
M. Carmant : Donc, PRISM, on a
200 PSL pour Montréal, 100 pour Québec. Pour Sherbrooke, on a également
une somme de 1 million de dollars de réservée, je pense. Dépendamment
du modèle qu'ils utilisent, ça devrait leur donner une centaine de personnes également. Gatineau, on
regarde qu'est-ce qu'il est possible de faire, à Gatineau, également.
Pour le moment, c'est les quatre régions qui seraient visées.
Mme Prass :
O.K. Et, pour les 5 000, encore une fois, pouvez-vous nous fournir
votre base de référence, donc, combien de
places de logements accompagnés, différents types existant actuellement, pour
les personnes qui sortent de l'exclusion liée au logement, et combien de
nouvelles unités de logements accompagnés sont prévues, et le coût,
investissement par unité?
M. Carmant : Ah! bien, ça, non, les
logements supervisés que nous, on va construire via le programme PHAQ, sur les 500 portes qui ont été annoncées, il
y en a 240 qui vont être sorties, normalement, en 2025‑2026,
mais la vaste majorité, c'est des gens qui vont aller dans du logement
privé avec des PSL en accompagnement.
Mme Prass :
O.K. Je n'ai pas beaucoup...
Le Président
(M. Provençal)
: Vous
avez complété votre temps.
Avant
de poursuivre, je comprends qu'il y a consentement pour que la députée de
Terrebonne remplace le député des Îles-de-la-Madeleine pour ce bloc d'échange et que le député des Îles-de-la-Madeleine
reprenne ses fonctions à titre de membre par la suite. Alors,
consentement?
Des voix :
Consentement.
Le Président
(M. Provençal)
: Alors, je vais
céder... je vous cède la parole, Mme la députée de Terrebonne.
Mme Gentilcore : Merci, M. le Président.
Merci, les collègues. J'apprécie vraiment d'être ici. Comme vous le savez
peut-être, quand je suis arrivée en poste, on a décidé de prendre l'itinérance
et de la sortir carrément de l'enveloppe globale des services sociaux parce que
c'est un enjeu qui est très important pour nous, donc c'est pour ça que je suis
ici aujourd'hui pour parler d'itinérance avec vous. Alors, merci pour ce
consentement, chers collègues.
En novembre dernier,
il y a eu les états généraux sur l'itinérance, tout le milieu communautaire
était là, les municipalités, tous les paliers de gouvernement, tous les
acteurs, vraiment, qui sont concernés, puis de cet événement-là est née la
déclaration commune, donc, avec les partis d'opposition et le RSIQ. On
participe à un comité de suivi pour amener
cette déclaration-là à l'Assemblée nationale. Le gouvernement a décidé de
sortir de ce groupe. Pourquoi?
M. Carmant :
Bien, la sortie du groupe de la déclaration commune?
Mme Gentilcore :
Oui, oui, oui, la sortie du groupe de la déclaration commune.
M. Carmant : Bien, moi, je sais que
le... ma présentation à l'union des... à ce regroupement-là a été très bien...
très bien reçue. Maintenant, je vais m'informer de la décision qui a été prise,
là.
Mme Gentilcore : O.K. Parce que c'est un
groupe qui continue à se rassembler pour vraiment faire avancer cette
déclaration-là, donc j'étais juste curieuse de savoir...
M. Carmant : Est-ce que c'est
le ministère de la Santé qui est représenté à cette table-là?
Mme Gentilcore :
Bien, c'est un groupe de suivi où tous les partis sont représentés, tout
simplement. Donc, je voulais juste savoir si c'était...
M. Carmant :
Bien, je vais m'en informer.
Mme Gentilcore :
Donc, ce n'est pas volontaire de votre part d'avoir quitté ce groupe-là?
M. Carmant :
Absolument pas.
Mme Gentilcore :
C'est un groupe que vous trouvez important?
M. Carmant : Bien, absolument, puis
moi, j'ai... En tout cas, avec le RSIQ, on s'entend très bien, là. Boromir puis
son équipe, là, c'est des partenaires précieux, incluant M. Savoie, qui
est le fameux... la fameuse personne qui, à lui seul, a sorti 900 personnes de l'itinérance, là, dans Lanaudière et
les Laurentides, avec son équipe. Donc, oui, c'est des partenaires précieux qui
ont la même vision que nous, là, du logement d'abord, là, puis avec
accompagnement.
Mme Gentilcore : Donc, vous faites le
suivi là-dessus puis vous avez l'intention d'agir sur cette déclaration-là?
M. Carmant : Bien, écoutez, il faut
vraiment que je regarde, là, la raison qu'ils disent qu'on s'est retirés de ce
regroupement-là.
Mme Gentilcore : Mais, avec les derniers
détails que vous aviez, donc, des relations que vous avez eues et des contacts que vous aviez eus avec eux, vous avez
l'intention de prendre ces recommandations-là et cette déclaration-là au
sérieux et d'agir sur cette déclaration-là?
M. Carmant :
Bien, sur les points qui me concernent, absolument, on va continuer à les
appuyer.
Mme Gentilcore :
Très bien. Bien, on va suivre ça avec beaucoup d'intérêt.
Le
15 avril dernier, on le sait, il y a eu un dénombrement des personnes en
situation d'itinérance. Quand est-ce qu'on pense avoir les résultats?
Puis désolée si quelqu'un d'autre a posé la question. Quand est-ce qu'on aura
les résultats du dénombrement?
M. Carmant :
Ah! ça, c'est prévu sortir dans un an.
Mme Gentilcore :
Dans un an. Donc, pour l'instant, on vit encore avec...
M. Carmant : Dans un an, 12 à
18 mois, même. La dernière fois, c'est sorti dans un an, puis on me dit
que j'avais pressé le citron, là. Donc, c'est 12 à 18 mois.
Mme Gentilcore : Pas de résultat préliminaire
ou quoi que ce soit d'ici ce temps-là? C'est vraiment dans un an?
M. Carmant :
Oui, puis, encore une fois, je tiens à mentionner à tout le monde ici, là,
qu'on est la seule province qui a publié les résultats du dénombrement de 2022 parce
qu'on est vraiment très transparents.
Mme Gentilcore :
En attendant, on le sait, que les personnes tombent dans l'itinérance plus
rapidement qu'on arrive à les en sortir. On
en a parlé ensemble lors des crédits préliminaires... provisoires, vous m'aviez
d'ailleurs dit qu'on sait que les
chiffres du dernier dénombrement vont augmenter. On s'y attend. Inévitablement,
c'est ce qui va arriver. Vous aviez dit également que ça va prendre minimum
deux ans, selon vous, pour qu'on puisse aplanir la courbe puis commencer à penser à avoir vraiment une
réduction de l'itinérance. Ça démontre inévitablement qu'on doit agir en
prévention, ma collègue... mes collègues en ont parlé un petit peu.
Pourtant, dans votre
réforme de l'aide sociale, il n'y a aucune prestation qui a été augmentée. Vous
n'agissez pas non plus sur le contrôle des
loyers. Donc, ce fameux registre des loyers qu'on demande, aux partis
d'opposition, ici, vous n'agissez pas
là-dessus. Considérant qu'une des premières causes, sinon la première cause, de
l'itinérance, c'est la perte du logement, dans la crise qu'on vit actuellement,
bien, qu'est-ce que vous faites, en fait, pour agir en prévention là-dessus?
M. Carmant : Bien, on a mis un premier
programme sur pied, qui est la sortie carcérale, parce qu'auparavant toute la
réaffiliation après la sortie carcérale se faisait le jour du départ, et
souvent les prisonniers étaient renvoyés vers des refuges. Maintenant, on s'assure de les réaffilier en amont et de
les envoyer dans des ressources autres que les refuges. On vient de
parler de la sortie des centres jeunesse, qui va être un gros élément. On
travaille sur une solution pour la perte du logement. On veut s'arrimer avec le
Tribunal administratif du logement et voir comment on peut prévenir ces pertes de logements là, et je pense qu'il y a
une mesure où on peut intervenir en amont et s'assurer que les gens ne perdent
pas leur logement. Moi, je suis tout à fait d'accord avec vous, là, que c'est
dans la prévention qu'on va gagner. Il faut s'assurer que les gens
puissent être aidés avant de perdre leur logement, et en général le signalement
au Tribunal administratif du logement est
fait bien avant la perte du logement. Donc, on veut s'assurer de faire des
liens là et améliorer la situation. Ça devrait sortir bientôt, ça.
Mme Gentilcore :
O.K., bien, oui, est-ce qu'il y a une date ou...
M. Carmant :
Non, il n'y a pas de date.
Mme Gentilcore :
Vous ne savez pas quand? O.K. Je suis tout à fait d'accord avec vous que le
logement, c'est le nerf de la guerre. Là, évidemment, je pense qu'on ne peut
pas être contre la vertu. Cela dit, on ne voit pas une grande augmentation, une augmentation significative, là, dans votre
budget 2025, de l'enveloppe accordée au logement. Comment vous expliquez ça?
Puis comment on va faire si on voit que ça devrait s'accélérer au niveau du
logement?
M. Carmant : Bien, moi, je ne suis pas
tributaire du budget du ministère de l'Habitation, mais c'est clair que nous, on
fait tous les efforts possibles pour augmenter l'offre en logement. Je pense
que 2026, la ministre de l'Habitation le répète
souvent, ça va être l'année où on va avoir le plus de logements qui vont sortir
des différentes... dans les différentes régions du Québec, puis nous, on
va profiter de cette offre... cette hausse d'offre de logements, incluant du
logement abordable, pour leur permettre de
rentrer dans des logements avec des soutiens, avec des PSL, avec de
l'accompagnement en logement. Donc, c'est comme ça qu'on va agir par
rapport à l'offre en logement.
Mme Gentilcore : Bien là, si l'enveloppe
logement ne suit pas les besoins qu'on a pour loger ces personnes-là, qu'est-ce qu'on fait dans l'entremise? Parce qu'on
le sait, que c'est par le logement que ça passe puis par l'accompagnement,
mais là, dans l'entremise, qu'est-ce qu'on fait?
M. Carmant : Bien, il y a 28 000
logements qui ont été cédulés. L'année où il va y avoir le plus de logements,
j'oublie le chiffre qu'elle dit, je pense, c'est 9 000, là, mais c'est
l'an prochain, et nous, on va profiter de cette hausse dans l'offre de logements pour s'assurer de rentrer le plus de personnes
en situation d'itinérance en logement et de continuer à les accompagner.
Mme Gentilcore :
Est-ce que ce sont tous des logements... Est-ce que ce sont 9 000
logements abordables?
M. Carmant :
Ah! ça, je ne suis pas au courant de ça.
Mme Gentilcore :
Ça fait qu'on ne sait pas quelle proportion va vraiment aller...
M. Carmant :
Mais, avec un PSL, on rend le logement abordable, c'est le... Avec le PSL,
ils peuvent... ils paient maximum 25 %
de leur loyer. Évidemment, il y a des balises, là, dans le coût de chaque...
dans le coût de chaque... du loyer,
il y a des balises, mais la plupart de nos propriétaires travaillent avec ça.
Et la bonne chose que la ministre de l'Habitation a faite, puis si on
veut parler d'elle, bien, c'est vraiment d'assouplir les règles des PSL quant
aux risques d'endommager les locaux, quant aux risques de pouvoir signer un
bail à court terme, etc.
Mme Gentilcore : Je vais vous parler d'un
enjeu qui est vraiment important pour moi, l'itinérance au féminin. J'en
fais mon cheval de bataille. Je trouve ça extrêmement préoccupant comme
situation. On le sait, les femmes qui vivent
en situation d'itinérance sont extrêmement vulnérables. 70 % à 85 %
d'entre elles vont vivre de la violence à un moment ou à un autre quand elles vont être en situation d'itinérance.
Plusieurs organismes, évidemment, qui demandent plus de ressources, de financement pour cet enjeu spécifique là. Est-ce
que vous reconnaissez l'itinérance au féminin comme un enjeu qui est
spécifique, qui nécessite des solutions sur mesure?
• (16 heures) •
M. Carmant : Oui, tout à fait. Puis
d'ailleurs, dans le 7 millions qu'on a annoncé l'an dernier pour compléter
la trajectoire, il y avait une somme qui
était spécifiquement réservée pour les sites d'hébergement qui... pour femmes, spécifiquement.
Il y en a deux qui ont levé la main, Granby et Mirabel, qu'on est venus
financer. Dans nos projets de logements
supervisés, un de nos champions, c'est évidemment Le Chaînon, à qui on a... que
c'est moi-même, personnellement, qui a mis en contact Mme Côté avec la
ville de Montréal pour l'église Sainte-Bibiane. Je travaille également avec le député de l'Acadie pour un site
dans Ahuntsic, qui avait été refusé comme refuge, mais qui, je pense, pourrait
faire un beau site de logements de transition. Donc, moi, je suis 100 %
avec vous, là, pour soutenir en aide à la situation spécifique de
l'itinérance au féminin, qu'il faut... avec laquelle l'approche est différente.
Mme Gentilcore :
Exactement. Mais est-ce que vous avez des cibles, donc, déjà, qui sont en
place dans le nombre total de logements que vous allez mettre en place ou
d'hébergement que vous allez mettre en place? Est-ce qu'il y a une cible
spécifique, un pourcentage à atteindre pour les femmes spécifiquement?
M. Carmant :
Non, on n'a pas de cible parce que je suis tributaire un peu de la capacité
des organismes communautaires. Moi, je pense
qu'il y a ça. Il y a certaines régions où c'est plus difficile, justement,
parce qu'il y a peu d'organismes communautaires. Je pense que les
organismes communautaires en itinérance ont dû faire toute une adaptation, là, pour devenir également porteurs de
dossiers d'hébergement, puis de... les dossiers, puis de la fac, et tout ça,
là, puis mon équipe est rendue spécialisée en accompagnement d'organismes
communautaires. Donc, je pense que je n'ai pas de cible précise, mais, jusqu'à
présent, là, tous les projets qui lèvent la main, nous, on est présents.
Mme Gentilcore :
On l'a dit, les femmes vivent l'itinérance de manière beaucoup plus cachée.
Elles vont... Souvent, elles se retrouvent
en situation d'itinérance avec leurs enfants aussi, donc, pour se protéger,
protéger l'intégrité de leurs
enfants, errent de sofa en sofa chez des connaissances, vont vivre dans leur
voiture, par exemple. Est-ce que vous avez
déjà commencé une réflexion ou à poser des actions pour trouver une meilleure
façon de dénombrer ces femmes-là et d'avoir plus de données les
concernant?
M. Carmant : Non, on n'est pas encore
rendus là, là. On travaille vraiment sur l'itinérance visible, qui... Comme
vous avez dit, là, le but, c'est d'aplatir la courbe. Puis, tu sais, je le
répète, en Finlande, le pic, c'était 18 000 en 1987, puis ils ont
renversé la courbe en 2000, puis le 4 000 qu'ils appellent
l'itinérance zéro, c'est en 2022, là.
C'est
un long processus. Travaillons ensemble. Moi, je prends toutes les idées. Si
vous avez des bonnes idées, partagez-les-moi.
Mais, tu sais, on est vraiment... On a changé la façon dont on prend en charge
l'itinérance au Québec. Avant,
c'étaient juste des mesures hivernales. Maintenant, on fait du 24/7, on fait de
l'accompagnement, on fait du logement supervisé, on fait de la santé
mentale, on veut faire de la toxicomanie, et je pense qu'il faut continuer à
innover pour améliorer les choses. Mais améliorons l'itinérance visible,
ensuite on ira dans le plus complexe.
Mme Gentilcore :
Oui. Mais est-ce que c'est sur votre radar à moyen ou long terme, quand même...
M. Carmant :
Ah! c'est sûr.
Mme Gentilcore :
...de mettre en place un mécanisme qui va nous permettre de reconnaître ces
femmes-là, qui va nous permettre d'aller
vers elles? Parce qu'on sait qu'elles ne viendront pas vers nous tant qu'on
n'aura pas des solutions adaptées à elles. Donc, c'est un peu l'oeuf ou
la poule. Mais c'est sur votre radar, puis vous vous engagez à avancer dans ces
réflexions-là, puis à agir sur l'itinérance invisible des femmes.
M. Carmant :
Nous, on est... Un des plus grands thèmes de nos travaux, actuellement,
c'est la prévention, l'itinérance, que ce soit caché ou visible.
Mme Gentilcore :
Très bien. Bon, on en a parlé un petit peu, là, le manque de place dans les
hébergements pour femmes. 21 février 2025, il y a un article dans Le
Journal de Montréal qui titrait L'itinérance en hausse exponentielle
chez les femmes à Québec. Donc, ma collègue en a parlé un peu, mais en 2024
ce sont pas moins de 5 551 demandes
que les intervenantes de l'organisme ont dû refuser en hébergement d'urgence
faute de places dans les installations,
et ce chiffre a plus que doublé en cinq ans. Le YMCA nous disait que c'étaient
16 demandes par jour qu'elles devaient maintenant refuser. Il y a
plusieurs régions, comme Lanaudière, Laval, Saguenay, Chaudière-Appalaches, Laurentides, Bas-Saint-Laurent, qui ont peu
ou pas d'hébergement réservé aux femmes. Vous en avez parlé un petit peu tout
à l'heure, là, vous avez dit Granby puis une autre ville dont j'oublie...
M. Carmant :
Mirabel...
Mme Gentilcore : Mirabel. Merci. Donc, vous planifiez augmenter
cet hébergement-là. Là, vous dites qu'ils ont levé la main, mais est-ce que ces régions-là dont je parle, qui,
clairement, nous ont signifié qu'il manquait d'hébergement pour
femmes... Qu'est-ce qui sera fait dans ces régions-là, également, pour
augmenter?
M. Carmant :
Mais on a vraiment besoin de trois choses, là. Nous, on donne le
financement pour le soutien, mais on a
besoin des municipalités qui nous ont identifié un lieu puis on a besoin d'un
organisme communautaire qui est prêt
à prendre ça à leur charge. Puis, dans toutes ces régions-là, souvent, c'est le
premier refuge ou le premier logement de transition qui est mis sur
pied. Donc, il n'y a pas...
Mme Gentilcore :
Bien, c'est un nouveau besoin.
M. Carmant :
Exactement. Donc, on n'est pas encore rendus à des demandes spécifiques. Tu
sais, je n'en ai pas reçu, de demandes
spécifiques dans ces régions-là, mais, quand ça va venir, on va être prêts à
travailler avec eux sur leurs projets et les aider parce qu'on sait que
c'est un réel besoin.
Mme Gentilcore :
Très bien. Entre avril 2023, mars 2024, SOS Violence conjugale a reçu
16 327 appels de victimes qui
demandaient d'être dirigées vers une maison d'hébergement pour femmes victimes
de violence conjugale. Dans 50 % de ces cas-là, les intervenantes
de l'organisme n'ont pas trouvé de places disponibles dans les ressources.
Donc, on chiffre ça à environ 8 000 femmes qui se sont retrouvées
sans places dans des maisons d'hébergement.
En janvier dernier,
le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale a décrié
une augmentation des demandes de services, mais sans argent neuf depuis deux
ans. L'enveloppe octroyée aux maisons répond
actuellement à seulement 75 % des besoins des femmes et des enfants
victimes de violence conjugale. Le regroupement a fait valoir que le
taux d'occupation moyen en hébergement était de 98 % en 2023-2024. Dans le
cahier de crédits, on nous a dit :
Référez au ministère de la... parce qu'on a fait la demande, là, au ministère
de la Condition féminine, Secrétariat
de la condition féminine, on nous a dit de nous référer au ministère de la
Santé et des Services sociaux. Quand
on a regardé dans votre cahier, on a trouvé que les données n'étaient pas
disponibles. Est-ce que ces données-là sont disponibles? Et, si oui,
quelles sont-elles?
M. Carmant :
Bien, premièrement, le budget pour les maisons d'hébergement MH1, MH2, là,
nous, on a augmenté le budget de façon, tu
sais, très, très importante. Puis, dans le... la dernière fois, il y a deux
ans, avec l'augmentation du budget,
il y avait une augmentation progressive qui était cédulée sur plusieurs années.
Cette année, on augmente le budget d'à peu près 2,3 millions, comme
c'était prévu auparavant, là, mais on n'a pas de... on n'a pas approuvé de
demandes de fonds additionnels.
L'enjeu, c'est qu'il y a encore des maisons qui
sont à venir. Il y a encore des budgets qui sont disponibles. On a beaucoup de demandes. On a une situation
financière qui est également difficile. Nous, on a priorisé d'ajouter de
l'argent au PSOC général pour tous les organismes communautaires plutôt que
cibler une cause spécifique.
Mme Gentilcore : ...ces
chiffres-là? Parce que, moi, ma question, c'est...
M. Carmant : Oui. C'est dans
les budgets.
Mme Gentilcore : Bien, pourquoi
on n'y a pas accès? Est-ce qu'on peut y avoir accès? Parce que, quand on a demandé à la Condition féminine, on nous a
envoyés vers vous. Puis là, quand on est allés dans vos cahiers, c'était écrit
que la donnée n'était pas disponible.
Nous, ce
qu'on aimerait savoir, c'est le nombre de femmes qui ont été refusées dans une
maison d'hébergement de première
étape, puis, dans un deuxième temps, celles qui ont été refusées dans un
hébergement de deuxième étape.
M. Carmant : Maintenant, nous, on a le financement, mais je ne
peux pas vous dire si j'ai le nombre de dames... de femmes qui ont été
refusées.
Mme Gentilcore : Parce que, tu sais, comment on fait pour savoir
combien il manque de places si on ne sait pas combien de refus il y a
eu? C'est ça, ma question, aussi.
M. Carmant : Oui. Mais
effectivement... Mais, d'un autre côté, comme je vous dis, on est en attente,
là, de quatre maisons MH1, dont les
budgets sont disponibles, et qui doivent venir aider la situation dans un...
dans les plus brefs délais, on espère.
Mme Gentilcore : Mais est-ce
que... Quand? Est-ce qu'il y a un échéancier?
M. Carmant : Bien, pour 2025‑2026,
poursuite du financement de quatre MH1, Montréal, Outaouais, Abitibi-Témiscamingue
et Laval.
Mme Gentilcore : Mais est-ce
que c'est sur votre radar qu'on puisse avoir accès à cette donnée-là? Parce que
je trouve ça un peu difficile de savoir sur quel pied danser, comment se
diriger, comment prendre nos décisions si on ne sait pas il y a combien de
femmes qui sont refusées, si on ne sait pas combien de personnes n'ont pas pu
accéder à l'hébergement. Donc, est-ce qu'il y a un mécanisme que vous mettez en
place pour qu'on puisse le savoir?
M. Carmant : Bien, on va travailler là-dessus, là. Pour le
moment, je pense qu'on n'a pas ce type de mécanisme là en place. On va
travailler avec ma collègue à la Condition féminine pour... pour s'assurer que
c'est... qu'il y a un suivi de fait de ce côté-là.
Mme Gentilcore : O.K. Il y a peut-être une dernière question. Il
me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: 20 secondes.
Mme Gentilcore :
20 secondes. Je voulais vous parler des surdoses au Québec, en fait, mais
je pense que ça sera pour une autre fois. Mais je vous remercie pour vos
réponses, M. le ministre.
M. Carmant : Ça me fait
plaisir.
Mme Gentilcore : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la députée.
Alors, oui, ça va être la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci,
M. le Président. L'année passée, vous
nous avez fourni une liste... la ventilation du fonds de recherche sur le
cannabis. Cette année, on n'a pas reçu la ventilation. Est-ce que vous serez
prêt à nous le déposer?
M. Carmant : Oui, oui.
Absolument.
Mme Prass : O.K. Et est-ce que tout l'argent a été déposé...
dépensé cette année, ou est-ce qu'il y a de l'argent qui a été remis
dans le fonds consolidé du gouvernement?
M. Carmant :
Ah! non, non, tout est dépensé...
Mme Prass : Tout a été dépensé.
M. Carmant : ...année après
année.
Mme Prass : Pas l'année passée. Non, il y a eu de l'argent
qui était resté sur la table. D'accord. Mais vous me dites que cette
année ça a été dépensé, mais... et vous vous êtes engagé à déposer la
ventilation.
• (16 h 10) •
M. Carmant : Oui, oui, on l'a,
je l'ai revue avant les crédits.
Mme Prass : Parfait. Justement, parlant des surdoses, on sait
que, dans la dernière année, il y a une augmentation de 33 % des
personnes mortes de surdose, deux Québécois par jour qui décèdent, une
augmentation de 38 % dans les salles d'urgence entre janvier et septembre
2024. Donc, évidemment, l'enjeu s'accentue, devient de plus en plus problématique, de plus en plus présent. Par
contre, quand on parle aux organismes communautaires, aux organismes qui
oeuvrent dans la prévention, dans les
différents programmes en toxicomanie, on nous dit : Bien là, le
gouvernement... les choses n'ont jamais été aussi pire, et là le gouvernement
coupe nos budgets.
Je vous donne un exemple, et j'ai des lettres
pour le démontrer. Par exemple, donc, l'Association québécoise des centres d'intervention en dépendance, l'agence
que vous avez mandatée quand la Loi sur le cannabis a été adoptée, qui
est celle qui a été mandatée pour aller dans les écoles pour aller faire de la
prévention, premièrement, l'argent que vous
leur donnez, si je ne me trompe, c'est 25 millions, 25 millions par
année sur cinq ans, si je ne me trompe pas, qui n'est pas indexé, qui ne prend pas en considération qu'il y a plus
d'élèves ou qu'il y a plus d'écoles au Québec. Donc, on leur demande de faire
un travail ne pas prenant en compte les réalités d'année en année, qui font en
sorte qu'ils devront augmenter leur présence parce qu'il y a plus
d'écoles, il y a plus d'élèves, donc plus de classes, etc.
Et ils ont reçu une lettre leur confirmant, le 8
mai... excusez-moi, le 8 décembre 2023, leur confirmant, «suite à une
conversation avec le cabinet du Dr Carmant et notre équipe», qu'il allait
y avoir une subvention non récurrente de 275 000 $ qui allait leur
être octroyée pour 2023-2024. Le 7 mars 2025, donc là on est déjà presque
à deux ans... bien, un an et demi d'écart
entre décembre 2023 et mars 2025, ils reçoivent une lettre pour leur dire le
contraire, qu'on félicite la nouvelle
D.G., mais ensuite : «Malheureusement, il n'a pas été possible de tenir
des échanges fructueux menant à une entente commune.»
Donc, comment est-ce que vous expliquez,
premièrement, une lettre qui confirme un investissement, donc l'organisme a
déboursé, de ses propres... de son propre budget, l'argent nécessaire pour
aller faire un travail très, très important,
aller dans les écoles, faire de la prévention auprès des jeunes, et qu'ensuite,
presque un an et demi plus tard, après
que l'argent ait été dépensé, ils reçoivent une lettre pour leur dire : En
fin de compte, vous ne recevrez pas l'argent? Vous ne trouvez pas que
c'est extrêmement problématique?
M. Carmant : Bien oui. Mais je
vais juste clarifier la situation, là, 2023‑2024, ils ont reçu l'argent. Et le
rôle de l'AQCID, le 275 000 $, là,
c'était d'organiser le programme qu'on a mis sur pied avec tous les organismes.
C'est... L'AQCID, c'est un regroupement d'organismes, puis c'est leurs
membres qui vont dans les écoles.
Maintenant,
le programme de 15 millions de dollars de lutte à la dépendance dans
les écoles, ça, non seulement on continue, mais, après les discussions qu'on a
eues l'an dernier, on l'a même bonifié, cette année, à 20 millions
de dollars. Donc, on augmente le
financement, justement, pour rejoindre plus d'élèves. Et, encore une fois, l'an
dernier, les établissements ont été mandatés d'indexer les sommes.
Bon, maintenant, pour le 275 000 $, il
y a eu des enjeux avec l'AQCID l'an dernier, ils ont changé de directeur...
directrice. Il y a des enjeux au niveau de la reddition de comptes qui n'a pas
été faite, là, qui nous a causé problème. Et
aussi je pense qu'il y a un enjeu, là, puis je passerais... je pourrais passer
la parole au directeur de la santé publique,
mais entre... Ça fait comme quatre ans qu'on a lancé ce programme-là. Nous, on
aimerait que l'AQCID puisse évoluer un petit peu dans le programme. Puis
je pense que le programme est bien établi partout. On a peut-être moins besoin de ce qu'ils faisaient au début, puis on
aimerait faire évoluer leur rôle et continuer à travailler avec eux au niveau
de la santé publique, mais pas simplement dans l'organisation du programme, puisque,
tu sais, il est bien déployé dans toutes les écoles ou dans la plupart des
écoles, et celles qui ne le sont pas encore, bien, on a augmenté les fonds pour
s'assurer que plus de jeunes aient accès à ce programme-là. Puis aussi, comme
on avait... comme je vous avais mentionné l'an dernier, il y a peut-être un
travail à faire entre la présence dans les classes puis le repérage des jeunes
qui sont à risque de dépendance, puis ces sommes additionnelles là vont servir
à ce but-là aussi.
Donc, pour le 275 000 $, c'est plus un
enjeu, là, de rôle et responsabilités, là, qui est venu poser problème cette
année.
Mme Prass : Parce que vous
parlez de la reddition de comptes, mais, ce qu'ils nous disent, ils n'ont pas
pu faire la reddition de comptes, puisqu'ils n'ont jamais eu une entente ni
d'actions qui ont été ciblées et demandées par la DGSP pour l'année 2023‑2024.
Donc, vous leur reprochez de ne pas avoir fait la reddition de comptes, mais ce
n'était pas possible dans ce cas.
Et, pour la signature de l'entente, oui, il y a
eu un changement de directeur, mais eux, ils attendaient au mois de juin de se
faire contacter par le ministère de la Santé et Services sociaux, ça n'a pas eu
lieu. Donc, ils ont pris une décision collective de remettre ça à l'automne,
mais il n'y a jamais eu de suivi de la part du ministère de la Santé. Peut-être que 275 000 $, ça ne semble pas énorme,
mais, pour un organisme comme celui-là, ça l'est quand il faut qu'ils pigent
dans leur propre budget.
Dans les... le
cahier... les cahiers de crédits que vous nous avez remis, il y a la
confirmation qu'il y a trois... excusez-moi, il y a... non, ce n'est pas lui,
excusez-moi, qu'il y a eu trois... en fait, 54 lits, il y a eu trois fermetures
permanentes de centres de traitement, ce qui représente 52 lits. Ça, c'est dans
les crédits que vous nous avez fournis. D'autres organismes, dont le GRIP
Montréal, dont COCQ-SIDA, l'Association des intervenants en dépendance du
Québec, Maison Benoît-Labre, qui nous ont tous dit... puis ils nous ont fourni
de la documentation pour dire qu'il y a des engagements qui ont été pris par
votre cabinet, par votre gouvernement, et qui n'ont pas été respectés.
Encore
une fois, on est rendus à deux personnes qui décèdent par jour, au Québec, en
raison de surdose, et c'est une augmentation de 33 % par rapport à l'année
passée. Et, plutôt que d'ajouter de l'argent pour faire de la prévention
et pour s'assurer que ces personnes-là ont
accès aux ressources quand elles en ont besoin, on voit des coupures. Donc, moi,
j'ai de la... j'ai un problème avec le manque de cohérence de ces réalités-là.
M. Carmant : Bien, je pense qu'il y a... il faut vraiment le
dire, là, il n'y a pas eu de coupure. Il y a eu des enjeux de délais
dans les versements, là, ça, je le prends, là, sur moi, là, mais clairement les
sommes ont été versées.
Maintenant, avec
Maison Benoît-Labre, là, on est en négociation continue, là, sur quels sont les
besoins. Puis, tu sais, on prend un
organisme qui est passé de 1,2 million de financement à 2,6 millions
de financement en une année puis qui
nous dit qu'ils n'ont pas assez d'argent, tu sais... On a eu des discussions
récemment, puis je pense qu'on a réussi à trouver un terrain d'entente,
là.
Mais, avec les
regroupements, il y a eu des délais dans les versements, mais la somme a été...
ont été versées. Pour le... Il y en a qui
sont très inquiets, là, pour le début de cette année. Je pense qu'il faut
attendre que les crédits soient terminés, puis j'ai déjà demandé l'aide des
sous-ministres à la Santé publique et aux Services sociaux pour qu'ils
travaillent ensemble pour libérer les sommes le plus rapidement possible face à
leurs inquiétudes, là, de liquidités au début de l'année.
Mme Prass : Parce que, même avec les
retards administratifs, ça veut dire que des gens ont été mis à pied, des programmes qui ont été coupés ou qui ont dû être
réduits. Vous comprendrez que c'est des organismes communautaires, ils
n'ont pas... ils ne peuvent pas aller piger dans un budget d'une fondation, ou
quoi que ce soit. C'est des fonds que, s'ils
ne les reçoivent pas dans un délai raisonnable... font en sorte qu'ils vont
perdre des gens qui ont des expertises, qui travaillent avec eux depuis des
années. Donc, est-ce que vous allez rétablir les façons de faire du livrement
de ces... de ce financement-là? Parce que, clairement, ça a un impact
énorme sur eux.
Puis,
comme vous dites, ils craignent tous pour l'année à venir. Ils ne savent pas.
Puis, pas pour être malhonnête, mais ils ne vous... ils ne font plus confiance
au gouvernement. Donc, qu'est-ce que vous allez faire pour non seulement les
soutenir, pour... mais les rassurer qu'ils sont des partenaires importants et
que vous allez être là, justement, pour qu'ils puissent répondre à leur
mission, qui est d'aider des personnes qui ont des problèmes de toxicomanie?
M. Carmant :
Bien, premièrement, comme je viens de vous dire, j'ai déjà demandé aux
sous-ministres à la Santé publique et aux Services sociaux de travailler pour
s'assurer que les sommes vont être disponibles le plus rapidement possible pour
2025‑2026, une fois que les crédits seront votés. Puis est-ce que je peux
passer la parole au directeur de la santé publique?
Mme Prass :
Oui.
Le Président
(M. Provençal)
: Consentement?
Des voix : Consentement.
M. Carmant :
Je pense que c'est... Il mérite de donner sa version des faits.
Le Président
(M. Provençal)
: Alors,
s'il y a consentement, oui.
Alors, vous allez
vous nommer, Dr Boileau, puis votre fonction, s'il vous plaît.
• (16 h 20) •
M. Boileau (Luc) : Oui. Alors, c'est Luc
Boileau, je suis le directeur national de santé publique et sous-ministre
adjoint pour la Santé publique au ministère de la Santé et Services sociaux.
Il y a plusieurs
choses qui ont été dites. Je vais juste m'assurer, là, qu'on puisse aborder ça
très rapidement parce que je sais que le
temps est précieux. Mais, pour l'AQCID, moi-même, j'ai parlé plusieurs fois au
directeur général et à la présidente
du conseil d'administration en 2023 et 2024 sur le fameux 275 000 $,
puisqu'il n'y avait pas de convenance, il n'y avait pas de reddition de
comptes, et nous n'en avons pas reçu, c'était très clair, je leur ai tout
expliqué ça. On a même donné plus d'argent que prévu en 2023... là, je recule,
excusez-moi, 2023‑2024, parce que vous parliez de ça, et donc on a essayé
d'être le plus correct possible, à la demande, bien sûr, aussi de notre
ministre, pour qu'il y ait une voie de passage qui soit correcte de ce côté-là,
et ça a été fait.
Maintenant, ce ne sont pas eux qui vont dans les
écoles, c'est un regroupement d'autres organismes qui, eux, ont reçu des
budgets en 2022‑2023 qui ont été indexés, parce que ce sont des transferts
récurrents dans les bases budgétaires qu'on
transfère dans les régions qui donnent aux établissements. Donc, il y a une
indexation, il y a des capacités qui sont là. Un, deux, trois.
Il
y a effectivement des gens qui, malheureusement, décèdent... de surdose,
excusez-moi, de surdose au Québec. C'est une situation qui est préoccupante au
plan de la santé publique. Je pense que vous le savez bien et vous le situez,
on n'est pas dans le même spectre de ce qu'on voit dans l'Ouest canadien, bien
sûr, et on ne souhaite pas aller jusque-là, et les centres qui sont
subventionnés pour ce faire font un très bon travail.
Toutefois, ceux qui, malheureusement, décèdent,
des fois, ne sont pas toujours des gens qui fréquentent ces services-là. C'est
un groupe d'âge, des fois, un peu différent, puis ils décèdent le plus souvent
en dehors de ces centres-là. Mais justement ils sont là pour réduire les
risques avec les services qui sont offerts, et on en a beaucoup au Québec. D'ailleurs, il y a toujours des
réflexions de ce côté-là. Alors, c'est un problème qui est très important pour
les gens de Santé publique.
Concernant,
maintenant, d'autres organismes qui naviguent autour d'autres problématiques
comme celle qui touche, oui, les
enjeux de surdoses, mais aussi d'autres problèmes, bien, on est dans une
période de transition, aussi, administrative pour nous assurer que ce
qui est offert ou ce qui est fait le serait le plus convenablement avec les
modalités administratives. Et nous travaillons ardemment pour réduire tous les
délais de subventions à ces organismes-là. Mais il n'y a pas eu de coupure. En tout cas, moi, je... s'il y en a eu, là, je
ne sais pas, là, qui les a faites, là, parce que ce n'est pas nous
autres, là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Mme la députée.
Mme Prass : GRIP Montréal, que
vous connaissez bien, nous dit que le ministère de la Santé, Sociaux a déjà
prévenu que le financement sera inférieur...
pour 2025‑2026 sera inférieur à celui de 2024‑2025,
sans préciser la hauteur de la réduction. Donc, le GRIP a été invité à réduire
son niveau d'activités en prévention d'une coupe, ce qui pourrait affecter
leur portée ou la fréquence des actions menées. Comment est-ce que vous
répondez à cette réalité?
M. Carmant : Bien, ce n'est
clairement pas moi qui a envoyé cette directive-là.
Mme Prass : Est-ce que vous
êtes prêt, justement, si on... à faire des recherches pour voir et remédier à
la situation, plutôt que leur... qu'ils
s'attendent... qu'ils s'apprêtent à avoir des coupures, donc de réduire leurs
services, qu'ils soient à tout le moins maintenus, sinon pas augmentés?
M. Carmant : Bien, moi, je
m'engage à les rencontrer, là. J'aimerais clarifier la situation, là.
Mme Prass : O.K. Et un autre
exemple que... dont, j'imagine, vous êtes familier également, Portage, qui
existe depuis plus de... de 51 ans, qui a dû réduire, justement, en raison
de contraintes et de coupures, en raison de... excusez-moi, contraintes à faire des coupures importantes, a dû mettre
plusieurs... plusieurs dizaines d'employés à la porte, fermer 54 lits, ce
qui représente 24 % de leur capacité d'accueil au Québec. Leur entente est
échue depuis mars 2023, je sais qu'ils
sont en discussion avec vous, mais ce qui fait en sorte qu'entre-temps... ils
sont en renégociation, mais entre-temps ils vont devoir réduire leurs
services, leur offre de services dans les Laurentides de... ce qui représente
20 % de tous leurs services, des fermetures de lits destinés aux
adolescents, aux mères, enfants et ceux avec des enjeux de santé mentale. La
semaine dernière, justement, ils ont dit adieu à 25 employés, en plus
d'éliminer 19 postes vacants, ce qui représente environ 10 % de ses
effectifs québécois.
Est-ce que vous n'avez... Encore une fois,
l'enjeu des surdoses et de la toxicomanie sont à des niveaux qu'on n'a jamais
vus au Québec. Et, Portage, qui existe depuis 51 ans, on les connaît tous
un petit peu, qui ont des différentes installations à travers le Québec, est-ce
que vous ne voyez pas l'importance de les soutenir davantage plutôt qu'ils aient à couper des lits pour des
adolescents, pour des mères et leurs enfants, pour des gens avec des enjeux
de santé mentale? Ces personnes-là, très
probablement, peuvent se retrouver en situation d'itinérance, sinon pas... malheureusement décédées. Donc, comment est-ce que
vous adressez le fait qu'ils ont dû faire ces coupures-là, manque de
financement de la part de votre gouvernement?
M. Carmant : Mais on n'a pas
coupé... on n'a pas coupé Portage du tout, là. C'est... Portage, c'est comme la
pointe de la pyramide, là, c'est du privé,
c'est 16 millions de dollars, par année, de financement, et ils nous
en demandent plus. Moi, je ne peux
pas augmenter Portage puis regarder les autres membres du groupe des ressources
d'hébergement en dépendance dans les yeux après, là. Ce que je leur ai dit,
c'est : Trouvons ensemble d'autres sources de financement pour
garder vos lits actifs et maintenir le personnel. J'ai regardé avec eux une
piste de solution où...
Là où on
avait besoin d'aide dans la dernière année, c'étaient les personnes en
situation d'itinérance d'origine inuite
et Premières Nations. Ils ont une certaine expertise avec ça. Souvent,
ils demeurent trop longtemps dans les refuges. Il n'y a plus de place
dans nos sites d'hébergement de programme autochtones Québec. Donc, je leur ai
demandé s'ils voulaient nous aider à accueillir ces personnes-là.
Malheureusement, on n'a pas réussi à avoir une entente entre Portage et le CIUSSS—Centre-Sud. Donc, j'ai travaillé, je leur ai parlé
plusieurs fois, à l'ancien D.G. et à la nouvelle D.G., puis on continue à avoir des discussions avec eux.
Mais, encore une fois, la solution, ça ne peut pas être une augmentation
de leur budget global sans augmentation ou diversification de l'offre de
services. Ça ne peut pas être ça, la solution.
Mme Prass : Il me reste combien
de temps?
Le Président (M. Provençal)
: Il ne vous reste plus de temps.
Mme Prass : O.K.
Le
Président (M. Provençal)
:
Alors, nous en sommes... Avant de
passer la parole à M. le ministre, est-ce que vous vous engagez à transmettre
l'information ou le document au secrétariat de la commission? Tout à l'heure,
vous avez parlé d'une ventilation, je pense que c'était au député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Carmant : Fonds cannabis?
M. Cliche-Rivard : Il y en a eu
plusieurs en fait.
M. Carmant : Oui. Il me semble
que j'ai donné plein...
M. Cliche-Rivard : Il y a eu
la...
M. Carmant : Mais, fonds
cannabis, c'est bon.
M. Cliche-Rivard : ...la
directive pour le... pas par projet, là, pour les haltes-chaleur, puis le fonds
cannabis, puis les 3 000 itinérants...
Des voix : ...
Une voix : On les a tous.
M. Cliche-Rivard : Puis
3 000 personnes itinérantes. Engagement?
Le Président (M. Provençal)
: Oui. J'ai compris qu'il s'engageait.
M. Cliche-Rivard : Merci.
M. Carmant : Les 3 144.
Mme Prass : ...vous
vous étiez engagé aussi pour les projets qui avaient été retenus dans le
50 000 $. Je comprends que vous ne pouvez pas le faire tout de
suite, mais, une fois que c'est annoncé, si vous pouvez...
M. Carmant : Dès qu'on a fait
le... oui.
Mme Prass : Oui. D'accord.
M. Carmant : Ça, il n'y a pas
de problème.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Merci beaucoup.
M. Carmant : De toute façon, ça
va être une...
Le Président (M. Provençal)
: Je me suis introduit dans votre...
dans vos discussions, mais c'était juste pour clarifier les choses. Monsieur...
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Dorismond : Donc,
rebonjour, tout le monde. Moi, je vais repoursuivre la conversation en lien
avec les CLSC, parce que, pour moi, c'est
super important de savoir comment on va traduire ça sur le terrain pour
accélérer les choses, donc je vous laisse.
M. Carmant : Donc, c'est
important, d'ailleurs, d'en informer la population, que, dans plusieurs
régions, on a recommencé l'offre de santé... en santé mentale dans les CLSC.
Donc, ça, ça veut dire que quelqu'un peut se présenter
à l'accueil psychosocial pour des symptômes de détresse psychologique, même
s'il est déjà suivi, en attente de services, etc., être accueilli là et
être orienté rapidement, soit vers les services sociaux généraux, si le besoin
est à ce niveau-là, ou encore vers le mécanisme d'accès en santé mentale. Puis
le mécanisme d'accès en santé mentale, anciennement appelé guichet santé
mentale, là, on a vraiment retravaillé ce concept-là pour que soient assis à la
table plusieurs professionnels de la santé et qu'ils puissent discuter de la
meilleure personne pour voir les personnes avec un problème de santé mentale. Puis c'est comme ça qu'on a réussi à
diminuer nos listes d'attente en santé mentale, c'est vraiment en
ouvrant la porte à tous les professionnels qui peuvent contribuer aux problèmes
de santé mentale, de prendre en charge ces professionnels-là.
Puis là où je dois,
encore une fois, vous remercier pour votre rôle, là, c'est qu'en plus, ce qui
arrivait dans les CLSC, c'est que... M. le
Président, c'est que, quand les patients avaient un problème de santé mentale,
mais des symptômes physiques — hypertension, tu sais, mal de
dos, en général, souvent les problèmes psychologiques se présentent avec des symptômes physiques — on
les envoyait à l'urgence même s'ils se présentaient au CLSC. Puis ce que la députée
de Marie-Victorin a réussi à mettre en place, c'est de s'assurer que ce
qu'on appelle les services courants, les services de santé physique par les infirmières, IPS, etc., puissent également
prendre du sans rendez-vous. Alors, c'est une procédure qu'on avait... à
laquelle... qui avait comme un peu disparu depuis la pandémie et qu'on a
réactivée cette année. Donc, maintenant, tous les professionnels qui
travaillent dans le CLSC travaillent ensemble pour s'assurer que le patient
peut être pris en charge de 8 heures le matin, idéalement jusqu'à
8 heures le soir. Certains endroits, c'est 5 heures du soir, mais on
essaie de les pousser vers 8 heures du soir parce qu'ils sont payés pour
du 40 heures-semaine, 37,5, 40 heures-semaine, et on veut s'assurer
que ce soit fait dans chaque région du Québec. C'est sûr qu'on n'est pas encore
au point de demander que tous les points de services CLSC soient disponibles,
mais ce qu'on essaie de faire, c'est de
s'assurer que, dans chaque région, on puisse identifier un point de service qui
va le faire. Et d'ailleurs on est en train de demander à la Direction des
communications du ministère de la Santé, sur le site web
Québec.ca/santé-mentale, qu'est le... qu'est le site qui est
probablement le plus visité au niveau gouvernemental, de s'assurer que ces
sites CLSC là soient clairement identifiés
pour que les patients puissent aller directement dans ces points de services là
et recevoir tous les services qu'ils vont avoir besoin.
Encore une fois, je
pense que la meilleure citation, c'était l'infirmière de Montérégie-Centre, qui
dit : Nous, ça nous prend une heure, régler ces problèmes-là. Sincèrement,
quand on va à l'urgence puis qu'on attend 11 heures, je pense que le choix
est vraiment facile.
Puis on est très,
très fiers de ce programme-là. On en a à Montréal, on en a en
Montérégie-Centre, on va... on en a en Montérégie-Est et on va continuer à
travailler avec différents... On en a un à Laval également, en face de l'hôpital Cité de la santé. Donc, on essaie de
choisir des points stratégiques, mais on va continuer le déploiement de ce
programme-là partout à travers le Québec.
• (16 h 30) •
Mme Dorismond :
Merci. Puis, en parlant de différents professionnels, ça a fonctionné, on a
brisé les silos. Il y a un autre modèle, aussi, que j'aimerais discuter avec
vous, c'est les Aire ouverte, les Aire ouverte, une clientèle de 12 à 25 ans, où est-ce qu'on offre aussi
des services multidisciplinaires, que ce soit santé physique, psychosociaux,
surtout le volet santé sexuelle et en sans
rendez-vous. Donc, c'est un service que les jeunes adorent, incluant les parents
aussi, même s'ils ont de la difficulté à savoir où aller, ils savent qu'ils
peuvent se référer en Aire ouverte. On en a visité plusieurs ensembles, que ce soit au Saguenay, que ce soit aux
Îles-de-la-Madeleine, que ce soit Montérégie-Centre. En tout cas, peu
importent les endroits, on sent que les jeunes et les parents adorent ce
volet-là.
Maintenant, on est
rendus à 24 sur les 25 établissements qui ont des Aire ouverte,
29 sites et 18 sites satellites qui offrent ce service-là. Les
équipes sont dédiées envers le jeune. Ce que les jeunes répètent souvent, c'est
de dire : On traite notre problème
directement. Donc, c'est une approche à solution. Pour le jeune, c'est
important pour lui parce que ça
répond vraiment à sa demande. C'est une clientèle qui est vulnérable aussi. On
peut faire du référencement avec les Aire ouverte, donc, le jeune, il
n'a pas à répéter son histoire. Puis ça, on tape sur le clou, souvent, pour que
les jeunes puissent répondre à ce modèle-là puis aller aussi vers ce modèle-là.
Pouvez-vous nous dire
pourquoi ce modèle-là approche... d'approche, là, en clinique sans rendez-vous,
est si important à mettre de l'avant pour les jeunes?
M. Carmant :
Bien, merci pour la question. Je pense que la plus belle partie du Aire
ouverte, c'est pour les jeunes puis par les
jeunes. Je pense que c'est... il faut vraiment en parler avec eux pour voir
tous les bénéfices que ça a pu apporter
à nos jeunes qui ont des problèmes de santé mentale. Tu sais, on recule en
arrière, 2019, forum santé mentale, les jeunes, ils sont venus nous dire une chose, là, ils nous ont dit :
Quand on a besoin d'aide au niveau de la santé mentale puis on frappe à
une porte close, bien, la plupart des chances, c'est qu'on ne reviendra pas.
Puis la beauté d'Aire
ouverte, c'est que l'horaire de chacune des Aire ouverte est déterminé par les
jeunes qui fréquentent cette Aire ouverte là. Ils se présentent sans
rendez-vous quand ils veulent. Ils ont le... ils ont accès à leurs
intervenantes par téléphone, par cellulaire. Les intervenantes se déplacent
pour les rencontrer dans les écoles, dans les cafés. C'est vraiment un...
quelque chose qui a changé la donne pour la santé mentale de nos jeunes et qui
a contribué à faire fondre nos listes d'attente en santé mentale jeunesse, là.
Ce qu'il faut
comprendre, c'est que, comme les... le problème est pris en charge très tôt, le
problème se règle en moyenne en cinq visites dans les Aire ouverte, 75 %
n'ont pas besoin de référencement en santé mentale première ligne ou en services spécialisés. Et je pense que
c'est quelque chose qu'on devrait développer dans toutes les localités. Donc, ce serait... idéalement, là, on est rendus
à, combien, 47, 48, puis on en voudrait 90, là. Il faut y aller progressivement,
il faut respecter nos budgets, mais on veut continuer le déploiement de ce
modèle-là.
Ce qui est clair
aussi, c'est que certaines localités où... ce qu'ils ont utilisé comme modèle,
c'est l'Aire ouverte mobile. Puis, ça aussi, j'encourage certains sites qui ont
des régions rurales autour d'eux à développer, c'est quelque chose qui a été très efficace, là, dans plusieurs régions du
Québec puis qui permet d'offrir des services aux jeunes dans toutes les
circonstances.
Donc,
moi, je pense, l'approche sans rendez-vous, là, c'est la plus efficace pour les
problèmes de santé mentale pour nos jeunes, puis, je pense, il faut même
le considérer pour nos moins jeunes. Puis c'est un peu de ça que s'est
s'inspiré le modèle du retour du... de la santé mentale dans les CLSC.
Mme Dorismond :
Effectivement. Puis je pense qu'aussi... que c'est une façon de faire qui a
demandé de changer un petit peu la culture. On a permis aussi à... les
professionnels de la santé d'avoir plus d'autonomie, puis ça répond à tout le
monde, donc ça donne espoir pour la suite. Donc, je vais passer la parole à ma
collègue de Laporte, M. le Président.
Mme Poulet : Alors,
M. le Président...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y, Mme la députée de Laporte.
Mme Poulet : Alors, M. le
ministre, chers collègues, bonjour, tout le monde.
M. le ministre,
vous êtes neuropédiatre spécialisé en épilepsie et chercheur. Outre le
Dr Bleau et le Dr Boileau, ici présents, je ne sais pas s'il y a
d'autres médecins dans la salle, mais je pense que vous savez plus que tout
le monde ici, scientifiquement parlant, que chaque enfant, peu importent les
circonstances et les milieux de vie dans lesquels il naît et grandit, doit
pouvoir se développer pleinement, apprendre et évoluer dans un environnement
favorable et inclusif.
Les
vulnérabilités observées dans le développement de l'enfant durant la période
préscolaire suscitent beaucoup de
préoccupations. Il est démontré que les difficultés d'adaptation, de
développement pendant la petite enfance influent... influencent la santé, la réussite éducative et la trajectoire
de l'enfant vers l'adulte, donc, dans le fond, toute la trajectoire de
sa vie.
J'aimerais
aborder le programme Agir tôt avec vous, ce grand projet national qui vise
à intervenir précocement dans la vie
des enfants qui présentent des difficultés ou des retards de développement. Des
actions préventives ont été mises de l'avant pour agir en amont de façon
concertée sur le développement des enfants.
Ma question
est : Alors que l'offre de services doit être centrée sur les besoins de
l'enfant et de sa famille, et ce, dans une perspective de collaboration
interprofessionnelle et intersectorielle, comment se déploie l'écosystème
d'Agir tôt dans le système de la santé, incluant avec les cliniques
d'urgences pédiatriques UP situées à Brossard et à Saint-Eustache?
M. Carmant : O.K.
Bien, c'est un autre programme, là, que je suis très fier, c'est Agir tôt,
effectivement, puis ça, c'est un peu pour ça que j'ai fait de la politique, là,
où on voyait que, trop souvent, les enfants qui avaient des retards de développement
ou des troubles d'apprentissage étaient seulement identifiés quand ils
arrivaient en maternelle ou à l'école. Et,
bien qu'une intervention à l'âge scolaire est importante, elle a peu de chances
de normaliser la trajectoire scolaire à long terme de l'enfant. Donc,
ça, c'est... on a des tonnes de données scientifiques là-dessus. L'intervention
la plus importante se fait avant l'âge de quatre ans, encore plus significatif
avant l'âge de trois ans.
Quand on a débuté le programme, on avait des cibles
qui étaient très modestes, là, je vous dirais, on parlait de
9 000 enfants, en bout de ligne, qui seraient dépistés par le
programme Agir tôt. Là, on est rendus en haut de 18 000 par année
d'enfants dépistés par le programme Agir tôt, là. C'est vraiment un gros
succès à ce niveau-là.
Puis il y a une couple d'années, je ne sais pas
si vous vous souvenez, on a eu un enjeu, là, de... que les intervenantes nous
disaient qu'elles étaient débordées par l'afflux de jeunes avec des problèmes
identifiés puis on disait : Ah! bien, c'est un programme de... ce n'est
pas un programme d'intervention précoce, c'est un programme de dépistage. Mais
ça, c'était dû au fait qu'à un moment donné, comme les enfants étaient référés
autour de l'âge de quatre ans, malgré l'ajout
de professionnels — puis
c'est 800 professionnels — ergos,
physios, psychologues, etc., qu'on a ajoutés dans le réseau, là, pour ce
programme-là, 0-5 ans — on
s'est rendu compte qu'il fallait faire quelque chose de courageux pour diminuer l'âge de référence. Puis là on a implanté
le... on a implanté, à la vaccination de 18 mois, un repérage
systématique par l'infirmière de vaccination. Ça fait qu'en CLSC... Puis
malheureusement ce n'est pas tout le monde qui en profite, je dirais, à peu
près 40 000 enfants par année, alors qu'il y a
80 000 naissances au Québec, donc,
la moitié des enfants. J'encourage tous les enfants à en profiter, toutes les
familles. À l'âge de 18 mois, il y a une rencontre avec
l'infirmière qui dure une heure et qui permet un repérage de tous les problèmes
développementaux, oui, le retard à la marche, retard du langage, mais également
psychosociaux, qui est tellement important. Puis depuis qu'on a mis ce repérage-là de 18 mois, bien, on a vu une
augmentation du nombre d'enfants qui sont repérés et qui sont transférés
vers le dépistage, mais également une diminution de l'âge des enfants qui sont
pris en charge.
• (16 h 40) •
Là, au Québec, en CLSC, là, pour des problèmes
légers à modérés, la prise en charge est à deux ans, deux ans
9 mois, donc, on est en bas de l'âge de trois ans pour les problèmes de
développement. Donc, l'intervention précoce
commence avant l'âge de trois ans, puis ça, ça augmente les chances de rentrer
en maternelle régulière, là, incluant pour des enfants qui ont des troubles du
spectre de l'autisme, avec l'intervention de l'orthophoniste précocement,
l'intervention de l'ergothérapeute, on peut
le... on peut espérer qu'ils aillent dans une classe régulière, puis ça, ça
change la vie de l'enfant et de la famille.
Je vous
dirais qu'on a peut-être quelques défis encore avec les cas plus sévères qui
doivent aller vers les centres de
réadaptation. L'âge de l'intervention initiale est encore en haut de l'âge de
trois ans, mais on travaille sur la fluidité des services pour qu'un
enfant qui est repéré d'emblée avec un problème complexe... Je vais vous donner
l'exemple d'un enfant qui a manqué d'oxygène
à la naissance, là, tu sais, on devrait savoir qu'il n'a pas besoin de passer
par le CLSC, qu'il peut aller directement en centre de réadaptation,
bien ça, ça... on a encore certains enjeux, là, puis on y travaille pour
améliorer la trajectoire des enfants qui ont des formes plus sévères.
Puis ça, on appelle ça la gamme de services. Ça fait
que le concept derrière la gamme de services, c'est que tous les enfants qui
ont un problème de neurodéveloppement, sauf ceux qui ont besoin d'équipements
spécialisés, là, soit une chaise roulante ou
de l'équipement de ce genre-là, devraient pouvoir obtenir les services en
proximité. Et, oui, il y a
l'intervenante du CLSC qui donne l'intervention, mais, quand il y a des besoins
plus sévères, le centre de
réadaptation... au lieu de référer l'enfant vers le centre de réadaptation pour
un bloc de services — on
entend souvent ce mot-là, là, des «blocs de services» — et
ensuite retourner vers la première ligne, qui peut avoir une autre interruption
des services, bien, la personne en centre de réadaptation vient donner des
services spécialisés en proximité pour accompagner l'intervenant pivot et
ensuite se retire quand les choses se sont régularisées.
Et
ça, je pense que c'est vraiment la... ce qui va nous aider à améliorer la
fluidité des services puis s'assurer que les parents soient toujours
accompagnés. Tu sais, le TSA, là, ça ne se guérit pas, là, on a besoin d'être
accompagné jusqu'à l'âge de 18 ans et
souvent même après, là, donc c'est important de donner ces services-là et que
l'intervenant pivot, l'intervenant de proximité reste dans le dossier.
Donc là, je
vous dirais qu'on est rendu à plus... l'année dernière, on a eu plus de
66 000 interventions en CLSC, donc usagers qui ont bénéficié
d'interventions en CLSC, puis près de 30 000 en centre de réadaptation.
Donc, on approche vraiment d'un nombre très important de nos jeunes qui
bénéficient du programme, et on va continuer à développer le programme.
C'est sûr
qu'on a des enjeux de... ça fait... tu sais, chaque année, j'aimerais rehausser
le programme Agir tôt, mais on a d'autres priorités qui nous sont mises à
l'avant. Mais c'est sûr que c'est un programme, là, qu'on veut continuer
à bonifier puis surtout dans les régions éloignées. Je vous dirais que
l'endroit où il nous reste un peu de travail à faire, puis ça, on a été... Ce qui nous a permis de créer un nouveau programme,
c'est qu'on a été capables d'ajouter des équipes complètes. Tu sais, on
a fait un investissement dans telle région, là, c'est 10 intervenants
qu'on ajoute d'un coup pour venir aider...
pour venir gérer ce... les retards de développement, parce que, souvent, nos
investissements en santé sont sur une base populationnelle, et, dans les
régions éloignées peu densément peuplées, ça donne des investissements
qui sont bien inférieurs aux régions urbaines. Donc, ça prenait une
intervention spécifique dans les régions éloignées. Je pense que les gens obtiennent le service dans les régions éloignées,
mais je pense qu'on pourrait bonifier leur aide dans certaines de nos
régions éloignées pour renforcer les équipes.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Alors, nous allons
poursuivre avec Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Merci, M. le
Président.
M. le ministre, lors de notre dernier échange,
est-ce que vous pourriez prendre un engagement pour déposer la directive
ministérielle concernant le multisectoriel, s'il vous plaît?
M. Carmant : Oui.
Mme Garceau : O.K.
Et j'aimerais savoir aussi comment est-ce que vous allez vous assurer que cette
entente, cette directive soit respectée dans le réseau de la protection
de la jeunesse.
M. Carmant : Bien, je pense
qu'on travaille avec la directrice nationale de la protection de la jeunesse,
qui travaille de façon régulière avec les
DPJ. J'ai rencontré les DPJ, également, déjà deux fois cette année. Donc, on continue à travailler ensemble pour s'assurer que
la directive soit claire maintenant, puis c'est la... on a vraiment insisté pour
que ce soit un automatisme quand il y a une évidence d'abus sexuel, là.
Mme Garceau : Donc, on se fie à
la directrice nationale pour le suivi et l'exécution.
M. Carmant : Il
va y avoir la formation qui s'en vient, il va y avoir de la formation continue.
On est vraiment en train de changer le portrait, là.
Mme Garceau : O.K., c'est bien.
J'ai été surprise, M. le ministre, il y a eu des reportages, au mois de février
de cette année, concernant les CISSS et les
CIUSSS qui... On n'était pas en train de répertorier les décès des enfants dans
notre système de protection de la jeunesse. Il y en a plusieurs... Le reportage
parlait : depuis cinq ans, au moins 69 enfants sont morts au
Québec alors qu'ils étaient sous la responsabilité des services sociaux, mais
évidemment on ignore le vrai total, car
certains établissements ne le fait pas. Vous êtes d'accord avec moi qu'on
devrait le faire, comme société, il faut absolument répertorier les
décès de nos enfants.
M. Carmant : Absolument. Bien,
les coroners, en général, ont les données, mais c'est pour ça qu'on a donné ce rôle, cette fonction-là à la Commissaire santé
bien-être, donc, absolument... à la commissaire à la... au bien-être et aux droits
des jeunes. Donc, elle, elle va vraiment répertorier, sur une base annuelle,
tous les décès, et même on a fait quelques amendements, là, pour inclure ceux
qui avaient un passé à la DPJ jusqu'à l'âge de 25 ans.
Mme Garceau : Oui, c'est ça,
pas seulement ceux qui... il y a une enquête...
M. Carmant : Exact.
Mme Garceau : ...au Bureau du
coroner, et tout ça, là, c'est comme... tous les décès. O.K. Donc, vous allez m'expliquer, parce que, M. le ministre, j'ai été
un peu surprise de voir, en réponse à une de nos questions, réponse 546,
que toute la question de répertorier les
décès d'enfants, cette question-là n'était pas pertinente en ce qui a trait à
l'exercice d'étude des crédits. J'ai
été quand même surprise par cette réponse. Donc, peut-être, pour la prochaine
fois, je crois que ce serait important de nous donner les données.
M. Carmant : Ce n'est pas ma
réponse.
Mme Garceau : Oui.
Je voulais aussi voir avec vous concernant la table de justice... justice
jeunesse, on avait eu des échanges
lors du p.l. n° 37 concernant le manque d'intervention de la CDPDJ
devant les tribunaux lorsqu'il y avait toute la question de lésion de
droits d'un enfant, d'individus. Il y a plusieurs organismes, des avocates qui
avaient dénoncé le fait que la CDPDJ n'était pas là. Est-ce qu'il y a eu des
rencontres à cet effet? Vous aviez dit que vous étiez pour le rectifier, ce
problème-là d'interprétation, donc je voulais vous entendre là-dessus.
M. Carmant : Oui. Il y a eu
plusieurs rencontres, et même moi, j'ai eu des solutions qui m'ont été
proposées que je trouvais qui ne réglaient pas le problème qu'on avait entendu,
donc c'est une des raisons pourquoi la table continue ses rencontres. La
prochaine est prévue le 13 mai, et on veut vraiment avoir une piste de
solution pérenne pour cet enjeu-là, là, de
lésion de droits, rôle de la CDPDJ, est-ce qu'ils sont là, est-ce qu'ils se
retirent, tout ça. Non, non, vous avez été très bien entendue.
Mme Garceau : Oui, bien, merci
beaucoup. Cependant, ça fait un an qu'on attend que ce soit réglé, cet enjeu-là. Et aussi on a posé une question en ce
qui a trait, bien, des recommandations, les rencontres, et tout ça, de cette
table justice jeunesse, parce qu'elle est
importante, puis vous l'aviez mentionné il y a un an, comment elle était
importante, et on se fait dire «données non disponibles». Vous ne
m'écoutez pas, là, données...
M. Carmant : Je demande
conseil.
Mme Garceau : Vous
allez me donner une minute de plus. Les données ne sont pas disponibles
concernant les recommandations qui sont sorties de la table justice
jeunesse. Donc, comme engagement, est-ce qu'on pourrait avoir, dans la dernière
année, les dates de rencontre, s'il y a eu des décisions prises, et surtout en
ce qui a trait au rôle de la CDPDJ? Parce
que ça, vous le savez, c'était fondamental en ce qui a trait, là, à leurs
interventions devant les tribunaux. Donc, j'aimerais, comme engagement,
M. le ministre... je sais qu'il y en a une au mois de mai, mais, si on pourrait
avoir le suivi de toutes les rencontres,
s'il y a des p.-v., des procès-verbaux, en termes de suivi, les
recommandations, ce genre de choses, ce serait très apprécié.
• (16 h 50) •
M. Carmant : Bien,
définitivement, les dates, là, on va vous les remettre, mais, tu sais, je pense
que...
Mme Garceau : Les décisions,
les décisions.
M. Carmant : Mais il n'y a pas
encore de changements qui ont été faits. Donc, quand le rapport va sortir... Moi, tu sais, je les ai retournés à la table, le
ministre de la Justice les a retournés à la table, puis la CDPDJ est assise à
la table, tu sais, il y a la magistrature, il y a la... tu sais, la Cour
du Québec, tu sais, ce n'est pas un processus, je dirais, entre guillemets, facile, là. Mais, quand vous
allez avoir les conclusions, il va y avoir toutes les prises... toutes les
décisions qui vont nous permettre de diminuer les délais judiciaires et
d'améliorer la...
Mme Garceau : Délais
judiciaires, absolument...
M. Carmant : Et les lésions de
droits.
Mme Garceau : ...et lésions de
droits. Et donc, là, je vais m'assurer, le rapport, ça va être quand?
M. Carmant : Le plus tôt
possible. Moi, je l'attends, moi aussi.
Mme Garceau : Le plus tôt
possible. Donc, le rapport va être déposé, M. le ministre.
M. Carmant : Le plus tôt
possible.
Mme Garceau : Le plus tôt possible.
O.K. Et vous allez... Est-ce qu'on peut dire...
M. Carmant : Ça va être un plan
d'action.
Mme Garceau : O.K. Et est-ce
qu'on peut dire que ça va être une priorité, la question de... Parce que ça
fait un an qu'on attend, là, M. le ministre, concernant le rôle de la CDPJD...
M. Carmant : Ah! oui, moi, je
vous dis que c'est une priorité.
Mme Garceau : ...puis on a des
avocates qui attendent, là, puis vous savez lesquelles.
M. Carmant : Et des DPJ aussi
qui attendent.
Mme Garceau : Et les DPJ aussi,
exactement. Je voulais... J'ai regardé... J'ai eu des échanges avec plusieurs personnes, et là qu'est-ce qui s'est passé à
Cité-des-Prairies, et Mme Hill, peut-être aussi... parce que je pense que
ça va être un
enjeu qui doit absolument être discuté, et ça, c'est les qualifications des
éducateurs et les éducatrices, c'est fondamental.
Est-ce que vous êtes ouvert à la création d'un ordre professionnel pour
encadrer cette profession d'éducateur et éducatrice au Québec?
M. Carmant : Bien, on en a eu,
des discussions avec le Conseil du trésor, là, je ne veux pas m'avancer tellement parce qu'il y a tout un enjeu, puis on
m'a expliqué aussi que la création d'un ordre, ça prendrait des années. Ce qu'on est en train de faire... puis le plan,
là, pour le travail sur la réadaptation est bien amorcé, là, je tiens à vous
rassurer, on est en train de travailler sur les critères d'embauche, qui
est une première chose sur laquelle on va travailler. On est en train de travailler
aussi... Je pense qu'il faut réaliser, là, que le jeune contrevenant d'il y a
20 ans puis le jeune contrevenant d'aujourd'hui, c'est deux individus
différents. Donc, on travaille très fort aussi avec le ministère de la Santé publique... de la Sécurité publique,
excusez-moi, pour rehausser les pratiques auprès de nos jeunes contrevenants
dans les unités fermées. Puis également on est en train de regarder, tu sais,
tout l'aspect multidisciplinaire, là, pas juste
avoir des éducateurs, mais également des équipes santé mentale ou d'autres
professionnels qui viennent aider dans la prise en charge de ces
jeunes-là. Donc, il y a des travaux très importants qui sont en cours qui
devraient mener à des projets pilotes
également, Chaudière-Appalaches et Cité-des-Prairies sont les premiers ciblés,
pour modifier les pratiques.
Mme Garceau : Oui, et je vais
vous dire... C'est intéressant que vous le dites, parce qu'on a regardé sur le
site... le site Web du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, et une
exigence pour embaucher un éducateur ou éducatrice,
diplôme d'études collégiales, un D.E.C. en éducation spécialisée ou en
intervention en délinquance terminé à 50 %. On pourrait embaucher
une éducatrice à Cité-des-Prairies, aujourd'hui, avec seulement 50 % d'un
D.E.C.
M. Carmant : O.K. Mais depuis
hier les...
Mme Garceau : J'espère que ça
va changer, M. le ministre, là, ça ne peut pas continuer.
M. Carmant : Oui, on va
définitivement rehausser les critères d'embauche.
Mme Garceau : Donc, pas d'ordre
professionnel pour le moment, c'est ça que je comprends?
M. Carmant : Je ne peux pas
m'avancer là-dessus.
Mme Garceau : Peut-être plus
tard. On va continuer nos échanges.
M. Carmant : On me dit que ça
prend des années.
Mme Garceau : On va continuer
nos échanges.
M. Carmant : Mais on a besoin
d'agir rapidement.
Mme Garceau : Oui, oui. Je veux
revenir sur l'échange que vous avez eu avec ma collègue du troisième groupe
d'opposition, parce que j'étais en crédits avec la ministre responsable de la
Condition féminine. Le comité de manque de places en hébergement, M. le
ministre. C'est sous votre gouverne, c'est le MSSS. Et là j'ai vu, avec la ministre, hier, que, nonobstant — je
vais corriger ma collègue — 10 000 refus
dans la dernière année de SOS Violence conjugale,
vous avez eu la rencontre avec le Regroupement des maisons le 11 février
2025 avec votre collègue. Je crois que
vous êtes complètement... Il y a une grande mise à jour qui a été faite en
termes des besoins des maisons d'hébergement, en termes de
l'augmentation des demandes d'hébergement, l'augmentation de la violence
conjugale, l'augmentation fulgurante dans
les quatre dernières années, on parle de 92 % pour les demandes de
services externes dans les centres... dans
les maisons d'hébergement, et pour les jeunes, M. le ministre, parce que je
sais que vous misez beaucoup là-dessus aussi, 103 % d'augmentation
pour les services externes. Ça, ça tombe dans votre cour.
Et là il n'y a pas eu d'augmentation du PSOC
depuis 2023 pour les maisons d'hébergement en termes de services. Le 2,3 millions de dollars, c'était prévu dans les
budgets antérieurs, vous le savez. Donc, c'est pour ça que les maisons voulaient... surtout le regroupement, ça
faisait un an qu'ils voulaient vous rencontrer, parce que c'était important,
ils sont à bout de souffle.
Là, il y a trois projets de loi qui viennent
d'être annoncés, qui... bien, adoptés, qui va faire en sorte que,
juin 2025, là, ça vient d'augmenter des couches de responsabilités à ces
intervenantes-là dans toutes les maisons d'hébergement
au Québec. Et donc j'aimerais savoir, M. le ministre, est-ce que vous avez
révisé? Parce qu'ils demandaient... Là, ils sont en déficit, là, cette
année, de 57 millions. Ils demandaient, sur quatre ans...
57,7 millions sur quatre ans parce que
les besoins sont criants, et vous le savez, et ils ont été énormément déçus
parce que ça a été zéro. Et quel message est-ce que ça, ça envoie de notre gouvernement aux femmes qui sont
victimes? Et aussi, il y a de plus en plus de jeunes, d'adolescents qui
appellent les maisons d'hébergement, qui ont besoin d'aide.
M. Carmant : Écoutez, bien,
j'apprécie beaucoup Mme Riendeau, là, puis la demande de 57 millions
d'augmentation au PSOC cette année... ça fait deux ans de suite, là, que, dans
le contexte budgétaire qu'on a, c'est de 10 millions
qu'on a pu augmenter le PSOC par année. Puis, tu sais, je suis vraiment...
tu sais, on veut améliorer le PSOC, mais, si on donne 57 millions aux organismes
pour... le regroupement pour les femmes, qu'est-ce que vont dire les milliers d'autres organismes, là, qui n'y ont pas droit?
Surtout qu'on a augmenté le financement de plus de 100 %, là, dans les
dernières années au niveau des regroupements.
Moi, ce que je... ce
qu'on a parlé, avec Mme Riendeau, puis ça, je m'engage à travailler
là-dessus, c'est un peu comme je parlais
avec les autres organismes tout à l'heure, c'est, si on peut trouver des
projets plus spécifiques sur lesquels on peut travailler ensemble, avec
des clientèles vulnérables ou particulières, bien là, on pourrait voir ce qu'on peut développer comme programme en ententes
spécifiques, éventuellement on pourrait aller vers de la mission globale. Mais me demander 57 millions de
rehaussement de la mission globale, c'est juste impossible, actuellement, dans
le contexte qu'on vit.
Mme Garceau : Bien, je vais faire le
point, parce que, j'ai une dernière question, c'était 57 sur quatre ans, parce
que, là, il y a eu zéro depuis 2023. Ça, c'est une chose... vous le
reconnaissez, que ça a été zéro depuis 2023.
M. Carmant :
Sauf ce qui était prévu. Il y avait des augmentations prévues.
• (17 heures) •
Mme Garceau : Oui, oui, dans les
budgets antérieurs, dans les budgets, mais il y a quand même un déficit, en fonction
de ça, de 55 millions.
Là,
je veux retourner en termes de... parce qu'il faut régler cet enjeu-là, là. Là,
on ne peut pas, au Québec, ne pas avoir un plan global de combien d'unités ou
de places qu'on doit construire en maisons d'hébergement. Ça, c'est... On a des
milliers de refus, on est en train de faire des projets, puis il n'y a
personne... même le comité MSSS, ils n'ont même pas encore analysé les données
de 2023 en termes de manque de places.
Donc là, comment
est-ce qu'on peut avancer? Comment est-ce qu'on peut protéger toutes les femmes
et les enfants si on n'a pas de plan global en termes de : voici le manque
d'hébergement qu'on a, là, on a analysé les données,
donc voici combien d'unités qu'on doit construire dans les trois, quatre
prochaines années? Il me semble que c'est pour protéger nos femmes, nos
enfants et pour, aussi... Parce que c'est de la responsabilité qui est ajoutée
sur les épaules des maisons d'hébergement, il faut que ce soit une priorité, M.
le ministre, de se...
Puis
j'espère que je peux avoir votre engagement là-dessus, que ce comité-là doit
être priorisé afin de pouvoir déterminer un plan d'action, un vrai plan
d'action afin de pouvoir combler les 10 000 refus d'hébergement, parce que, quand une femme appelle puis doit
quitter un environnement toxique, violent, on ne peut pas être sur une liste d'attente
de quatre mois, puis ça ne peut pas continuer comme ça, M. le ministre.
M. Carmant : Comme j'ai mentionné à la députée de
Terrebonne, là, on va regarder ça avec ma collègue
à la Condition féminine puis on va
essayer d'établir un plan de match. C'est sûr que, tu sais, à ma défense, moi,
je me basais sur le fait qu'il y avait quatre... qu'on me disait toujours
qu'il y avait quatre maisons de MH1 qui étaient en attente, qu'il y avait deux MH2 en attente. Donc, tu sais,
on attend, on attend, mais je m'engage à regarder ça à plus long terme.
Mme Garceau :
Ce n'est pas assez. Je vais vous dire...
Le Président
(M. Provençal)
: Merci
beaucoup.
Mme Garceau :
O.K. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je cède maintenant
la parole au député de Saint-Henri—Sainte-Anne pour le prochain bloc.
M. Cliche-Rivard :
Merci beaucoup, M. le Président.
Un élément, M. le
ministre, qu'on a discuté tantôt pour le financement à AIDQ, GRIP, AQCID,
AQPSUD, juste être clair, là, ils vont recevoir des lettres de confirmation?
Parce que c'est ça, l'enjeu, il y a du monde, ils ne savent pas trop, avec le
budget... ils n'ont pas de lettre de confirmation. Je veux juste être comme
limpide puis savoir quand ces lettres-là
vont partir, parce que, là, les lettres sont arrivées à la dernière minute. Le
transfert des fonds, c'est une
affaire, là, mais les lettres de confirmation sont importantes. Quand est-ce
que les lettres de confirmation 2025‑2026 vont sortir?
M. Carmant :
Bien, le plan, c'est vraiment de... une fois que les crédits vont être
approuvés, que la Santé publique et les
sous-ministres de Santé publique et Services sociaux s'assoient ensemble et
puissent envoyer ces lettres confirmant... et également des sommes pour qu'ils
puissent débuter l'année, parce que j'ai... Ils m'ont même dit qu'ils avaient une inquiétude de ne pas pouvoir continuer
leurs activités, là, passé septembre. Donc, on les a entendus, on va trouver une piste de solution. Les choses sont...
Il y a eu des changements au niveau administratif, mais on va s'arranger
pour que les choses se passent bien en 2025‑2026.
M. Cliche-Rivard :
Donc, avant juin, on s'entend?
M. Carmant :
Le plus rapidement possible.
M. Cliche-Rivard : Le
plus rapidement possible, donc, pas avant juin, mais vous n'allez pas... En
septembre, on n'aura pas cette conversation-là?
M. Carmant :
On n'attendra pas septembre.
M. Cliche-Rivard :
On n'aura pas cette conversation-là en septembre, on est d'accord?
M. Carmant :
D'accord.
M. Cliche-Rivard :
Non, mais c'est vous qui décidez, finalement.
M. Carmant :
Non, non, c'est la volonté.
M. Cliche-Rivard : Parfait. Le fonds
surdoses était... arrivait à échéance le 31 mars. Qu'est-ce qui se passe
avec le fonds surdoses? Il y avait 15 millions là-dedans.
M. Carmant :
Non, non, c'est reconduit.
M. Cliche-Rivard :
C'est reconduit? Les 15 millions, il n'y a pas d'enjeu?
M. Carmant :
Oui, oui. Il n'y a pas d'enjeu.
M. Cliche-Rivard :
Ce n'est pas englobé...
M. Carmant :
Prévention?
M. Cliche-Rivard : ...au fonds de surdoses,
là, sur la prévention, c'est juste le fonds surdoses qui reste, de
15 millions?
M. Carmant :
Là, peut-être que je confonds les fonds surdoses, là.
M. Cliche-Rivard :
Il y a la stratégie nationale pour la prévention des surdoses. Il y a aussi
le fonds surdoses qui, lui, était... Son 15 millions autonome, lui, il
reste là?
M. Carmant :
Dans les écoles, là?
M. Cliche-Rivard :
Exact.
M. Carmant :
Oui.
M. Cliche-Rivard :
Parfait. Ça, ça ne bouge pas?
M. Carmant :
Oui, ça, ça continue. Même que je... Ce que je disais tantôt, c'est, que
suite à une discussion de l'année dernière,
on rehaussait à 20 millions pour atteindre plus d'écoles puis faire non
seulement de la formation dans les écoles, mais également du repérage
pour référer les jeunes qui en ont besoin vers des services.
M. Cliche-Rivard :
En surdoses, il y a une augmentation du financement? Ça, c'est une bonne
nouvelle.
M. Carmant :
Oui, tout à fait.
M. Cliche-Rivard :
Vous avez vu comme moi la déclaration de la coroner suite à ce qui s'est
passé, malheureusement, avec le jeune
Boivin. Donc, je pense que c'est important pour que nos écoles soient davantage
protégées. Je vais sur un autre... nos jeunes soient davantage protégés.
Je vais sur un autre
sujet, la crise dans le métro. On a discuté beaucoup de ça cette année dans...
avec l'itinérance. La décision de la STM d'expulser les personnes en situation
d'itinérance était troublante, mais c'était le seul choix qu'ils avaient, seul
choix parce qu'on ne peut pas considérer que le métro est un refuge à ciel
ouvert, ça ne fonctionne pas comme ça. Mais, en même temps, qu'est-ce qui va se
passer, là? C'est arrivé en même temps que l'arrivée,
à peu près, du temps chaud, là, au printemps. Là, l'hiver va arriver. Vous
savez, puis on en a parlé, des chiffres, là, on avait presque
2 000 lits en refuge cet hiver, pas tout à fait, là, ils étaient à
pleine capacité. Il y a eu plusieurs articles là-dessus, 15 % de hausse de l'itinérance, c'est ce que les
dernières données nous ont donné. Qu'est-ce qu'on va faire, là, à
l'hiver prochain, avec un métro qui n'a pas de tolérance, les refuges qui sont
pleins, puis une hausse de 15 % de l'itinérance? C'est quoi, le plan?
M. Carmant : O.K.
Ça fait que ce qui est intéressant, quand vous allez voir la liste des données,
là, de placement en logement, ce qui frappe puis ce qui fait que le
commentaire est souvent fait qu'il n'y a rien qui bouge, là, c'est que, Montréal, il y a 4 000 personnes en situation d'itinérance au
dernier dénombrement, mais c'est eux qui ont... Ils ont placé, dans
la... autour de 400 personnes en logement seulement dans la dernière
année, en 2023‑2024.
Donc, il faut vraiment travailler avec les
tables régionales d'itinérance. Ce qui fait la grande différence, là, entre des régions qui placent beaucoup de gens en
logement versus ceux qui ont de la difficulté, c'est vraiment cette table
régionale d'itinérance. Puis je pense qu'il y a un manque de coordination à la
table de Montréal. D'un côté, la municipalité me dit que c'est le CIUSSS qui
n'envoie pas de personne décisionnelle à la table; de l'autre côté, les
établissements me disent que c'est la ville qui n'envoie pas de personne
décisionnelle à la table.
Donc, moi, je me suis invité à la prochaine
table régionale d'itinérance de Montréal. On va inviter la STM à cette table-là. On va inviter tous les CISSS, tous
les CIUSSS de l'île de Montréal. Et là on va s'assurer qu'il y a un modèle qui
soit fonctionnel et qui permette aux gens de trouver des logements. Il y a des
PSL qui sont...
M. Cliche-Rivard : Bien, je
suis d'accord avec vous, mais, si on fait 10 %... Vous dites : Il y a
400... En fait, il y a 400 personnes,
vous dites, sur les 4 000... ça fait 10 %. Mais, si ça a augmenté de
15 %, on arrive à une somme nulle, là, il y avait
2 000 lits.
M. Carmant : Oui, mais...
M. Cliche-Rivard : Là, il va y
avoir encore 2 000 personnes, puis là il n'y a aucune tolérance dans
le métro. Nos quartiers, là, vous en êtes, là. On est allés ensemble à
Saint-Henri. On est allés ensemble un petit peu partout. Qu'est-ce qu'on va
faire?
M. Carmant : Bien, il faut
qu'ils deviennent plus performants, là. Si Joliette, Saint-Jérôme et Terrebonne
sont capables de sortir 900 personnes
de l'itinérance en une année, à un moment donné, il faut que Montréal augmente
la cadence. Puis moi, je vais travailler avec les organismes, et les
établissements, et l'office d'habitation pour s'assurer que les choses
soient rehaussées, puis ça, c'est sans compter... Bien, la ville commence à...
ont entendu mon discours. Il va y avoir des
modulaires, pour du logement de transition, qui vont se déployer. Bon Accueil a
50 chambres en logement de transition. Old Brewery va faire la même
chose, etc.
M. Cliche-Rivard : 2 000
places en refuge, là, c'était votre objectif. C'est-tu le maximum, ou, vu que
le métro ferme, il peut y avoir un plan d'urgence? On peut-tu monter à
2 500 ou vous êtes fermé...
M. Carmant : Moi, le refuge, ce
n'est vraiment pas la solution.
M. Cliche-Rivard : Ce
n'est pas mon souhait non plus, mais vous... la ville comme moi, là. Je veux
dire, je n'ai pas de solution miracle demain matin. Je souhaite le
logement...
M. Carmant : Il faut vraiment
rehausser les places de transition. Travaillons ensemble, j'ai... On travaille avec un projet avec le député de Rosemont. On va
travailler ensemble avec un projet avec le député d'Ahuntsic. Il y a de
la possibilité puis il y a de la capacité, là, d'augmenter les places de
transition.
M. Cliche-Rivard : O.K.,
mais, en refuge, votre décision est claire. On ne va pas augmenter, pour
l'hiver prochain...
M. Carmant : Je pense que ce
n'est pas la priorité.
M. Cliche-Rivard : Moi,
je partage avec vous la logique, là, mais je pense que les courbes doivent
s'inverser. Puis effectivement il faut qu'à terme on soit capables
d'investir beaucoup plus en logement qu'en urgence, mais là, l'offre, je ne la vois pas tout de suite, là. Je
veux dire, on va y travailler pour que vous y arriviez, mais, en ce moment, moi, ce que je vois, c'est qu'il y a 4 000 personnes
en situation d'itinérance, on est plus 15 %, vous en sortez 10 %,
bon, «fair», mais il en reste encore 2 000, 4 000... en fait,
4 000, il y en a 2 000 qu'on envoie en refuge chaque nuit. Malheureusement, ça ne fait pas mon bonheur, là,
mais là il en reste un autre 2 000, puis le métro n'est plus une option,
ça fait que je suis quand même stressé. Là,
vous me dites : Oui, ce n'est pas 4 000 en situation d'itinérance
chronique, etc., mais c'est plusieurs centaines, quand même,
plusieurs... en tout cas, plusieurs personnes.
Ça fait que moi, j'ai une inquiétude pour nos
quartiers, pour mes quartiers. Puis ce n'est pas mon rêve, d'envoyer... Il n'y a personne qui rêve d'un
refuge à temps plein, là. Je veux dire, ce n'est pas le rêve de personne, mais,
a contrario, si on ne le fait pas, bien, il y a des campements qui s'installent
autour de nos métros, autour des écoles, puis etc., puis là on n'améliore pas
non plus la cohabitation sociale. Ça fait que je vous partage ça à réfléchir.
Mon rêve, ce n'est pas le refuge, là, ce
n'est le rêve de personne, mais en attendant, face à rien, c'est peut-être
mieux que rien, vu que le métro est fermé.
Je change de sujet, mais je reste sur l'élément
d'itinérance. PRISM, mais volet toxico, c'est quelque chose que vous
travaillez, je pense. J'aimerais ça avoir des nouvelles, parce que, là,
malheureusement, les gens à qui on parle me
disent : Oui, je me destinais à PRISM, j'ai des enjeux de santé mentale,
mais là la majeure est en toxico, je ne fittais pas dans le programme, mais malheureusement de plus en plus de
monde ont des enjeux de dépendance puis de consommation. Où est-ce que
vous vous en allez avec un programme PRISM, mais dédié à la toxico?
• (17 h 10) •
M. Carmant : O.K.,
oui, dépendance. Ça fait que, dans le programme, dont je ne peux pas parler
tellement en attendant les annonces officielles, il y a une piste de solution
qui est située là. Nous, ce qu'on veut faire, c'est vraiment travailler avec
une trajectoire de services, parce que, là, il y a deux groupes : il y a
ceux qui travaillent sur la réduction des
méfaits puis il y a ceux qui travaillent sur le traitement, puis il n'y a pas
vraiment de cohésion entre les deux équipes.
Nous, ce qu'on veut, c'est que, vraiment, il y
ait une trajectoire claire, puis je pense que Montréal, c'est vraiment
l'endroit où on peut vraiment commencer avec un projet pilote — bien
que Québec travaille déjà vers sa solution — où on peut avoir une sortie
de l'urgence pour ceux qui ont des... pour ceux qui sont amenés vers les
urgences en toxicomanie et qui ne retourneront pas à la rue, un rôle clairement
défini des CRD, là, des ressources en réadaptation
dépendance, pour qu'ils prennent en charge les patients à la sortie ou dans la
trajectoire qui leur est attribuée, et un rôle additionnel également
pour les ressources d'hébergement en dépendance.
Donc, on aurait les quatre groupes qui
travailleraient ensemble, refuges, RHD, CRD et le réseau hospitalier. Principalement, je me suis assis avec les
établissements du Centre-Sud et le CHUM, donc, les urgences de Notre-Dame et du
CHUM, et je leur ai demandé de travailler avec les gens du ministère pour créer
une trajectoire claire que... dont on va pouvoir... qu'on va pouvoir
partager avec nos services policiers, avec les équipes EMMIS, avec tout le
monde pour que les choses puissent se faire et nous aider à sortir les gens
avec toxicomanie...
M. Cliche-Rivard : Et on parle
de juin, là? On parle de maintenant? On parle de rapidement?
M. Carmant : Ça,
je ne peux pas m'avancer sur un... Tu sais, c'est des choses qui n'existaient
pas, là, mais la volonté est là de faire ça le plus rapidement possible.
M. Cliche-Rivard : J'aimerais
ça vous entendre sur le 175 millions sur cinq ans pour l'hébergement
communautaire. On en a discuté aux crédits provisoires. À l'époque, vous
n'étiez pas capable de me dire la ventilation, là. J'aimerais ça être quand
même un petit peu plus avancé, puis ce n'est pas aujourd'hui que vous vous engagez à le faire, mais il y a plusieurs... il y
a DPJ là-dedans, il y a des DI-TSA-DP, il y a plusieurs volets. C'est combien
qui va où... combien va en DI-TSA, combien va en itinérance, combien va en DPJ
pour l'hébergement communautaire?
M. Carmant : Bien, nous... Je
peux vous dire que le tiers va aller à... est prévu pour l'itinérance.
M. Cliche-Rivard : Le tiers à
l'itinérance?
M. Carmant : Oui, et le reste n'est pas encore... parce qu'on
ne veut pas... Les projets ne sortent pas nécessairement au temps où les gens
nous disent que les projets vont sortir. Donc, il y a des projets clés qui sont
prévus de sortir dès cette année.
Nous, on veut s'assurer que tous les projets qui sortent puissent être financés
avec le soutien adéquat, quelle que soit la condition, mais on s'engage
pour qu'au moins le tiers soit pour la condition de l'itinérance.
M. Cliche-Rivard : Au moins le
tiers en itinérance? Parfait. Puis ça, c'est ce qui s'ajoute à ce qu'il y a déjà,
ça fait que c'est des nouvelles sources de fonds. C'est quand même important.
M. Carmant : Oui, puis on est passés, tu sais, de... Le PAI
initial, c'était 247 millions sur cinq ans. On est rendus à
470 millions sur cinq ans, puis on continue d'investir.
M. Cliche-Rivard : Vous avez aussi un 145 millions, à la
page C.13 du budget, pour le volet jeunesse, là, DPJ. Vous avez parlé
aussi de la valorisation, puis moi, j'en suis, des familles d'accueil
là-dedans. Qu'est-ce qui attend les familles d'accueil? Là, vous avez
dit : Il va y avoir quelque chose, il va y avoir des nouvelles. On peut-tu
avoir un petit peu plus de détails sur ce
qui attend les familles d'accueil, puisque nous, on leur parle au quotidien,
puis c'est de plus en plus difficile pour eux d'arriver?
M. Carmant : Bien, deux choses.
On est en train de regarder les critères du ministre pour les ressources de
type familial pour alléger les choses.
M. Cliche-Rivard : Comme les
critères, là?
M. Carmant : Les critères,
alléger la bureaucratie aussi, et aussi s'assurer, là, que les familles
d'accueil de proximité... les familles d'accueil soient financées de façon
adéquate, là, parce que c'est un enjeu avec les différents établissements, qui, souvent, doivent prendre de
leurs marges pour payer les familles d'accueil. Donc, on ne veut plus que ce
soit un enjeu de ce côté-là.
M. Cliche-Rivard : Parce que
vous le voyez positivement comme moi. Je veux dire, le plus d'enfants qui pourront aller en PFAP ou en famille d'accueil de
proximité puis de ne pas aller en centre jeunesse, le plus qu'on aura
réussi notre mission, comme société. On est d'accord là-dessus, on partage
l'objectif?
M. Carmant : Absolument, plan
de vie.
M. Cliche-Rivard :
Maintenant, il reste à voir les sommes. Puis, dans ce 145 millions là,
est-ce que, là aussi, il y a au moins l'engagement que la moitié, le tiers,
c'est-tu...
M. Carmant :
Ah! la vaste majorité.
M. Cliche-Rivard : La vaste majorité du
nouveau 145 millions? Parfait. Donc, il n'ira pas dans le réseau de
la jeunesse, spécifiquement, mais il va descendre jusqu'aux familles
d'accueil?
M. Carmant :
Il va servir à payer les familles d'accueil.
M. Cliche-Rivard :
La vaste majorité du 145 millions?
M. Carmant :
Oui.
M. Cliche-Rivard :
Excellent. Merci de cette précision-là aussi.
J'aimerais
ça vous parler du PSOC, beaucoup de gens parlent du PSOC. 10 millions
additionnels, ça fait quoi, ça, comme rehaussement moyen par organisme
cette année?
M. Carmant :
Ce n'est pas des sommes extraordinaires. Il faut ajouter à ça le... une
vingtaine de millions d'indexation qui vient s'ajouter à ça. Mais, moi, ce que
je suis le plus fier, là, par rapport au PSOC, c'est, un, l'augmentation qu'on
a fait au cours des années, mais surtout le fait qu'on a... chaque année, on a
rehaussé le PSOC à la mission globale au
Québec, là, même dans des années où le... budgétairement difficiles. Donc, on va
continuer à les appuyer cette année aussi. C'est sûr que ce n'est pas... c'est
en deçà de ce qu'on aurait aimé... souhaité pouvoir investir, mais,
comme je dis, on est au rendez-vous, encore une fois, cette année.
M. Cliche-Rivard : Vous faites les maths avec moi, là,
10 millions, 3 000 organismes, c'est 3 000 $ par
organisme, là, on s'entend. C'est ça, le rehaussement au PSOC,
3 000 $?
M. Carmant :
En moyenne.
M. Cliche-Rivard :
En moyenne?
M. Carmant :
Si on calcule en moyenne plus l'indexation.
M. Cliche-Rivard : Oui. Est-ce que tout ça va être distribué dans le
pot commun de rehaussement à la mission globale, ou si c'est des
montants que vous vous gardez puis que vous allez saupoudrer ou annoncer à
différents moments de l'année?
M. Carmant :
Bien, l'an dernier, on a quand même mis 9 millions sur 10 millions en
mission globale, puis je m'engage à mettre autant au moins cette année.
M. Cliche-Rivard :
Ça fait que vous vous gardez... Il y a 1 million qui, lui, sera plus pour
des annonces ponctuelles, mettons?
M. Carmant :
Bien, en fait, on a... c'est pour des urgences d'organismes à risque...
M. Cliche-Rivard :
De fermeture?
M. Carmant :
...de fermeture.
M. Cliche-Rivard :
Donc, quand — puis
là je le note, là — on
va vous faire des appels à intervenir, des organismes
nous appellent, nous disent : Oui, nous, si on n'a pas 100 000 $
d'ici la fin de l'année, on va fermer, là, il s'est passé la même chose avec, j'ai envie de dire,
l'Accueil Bonneau il y a un an — c'est-tu
ça? En tout cas, un organisme comme ça — puis
là vous avez fait un fonds d'urgence, c'est à peu près ça, puis il y a donc
1 million qui sera prévu pour ces scénarios-là, on pourra vous interpeler
là-dessus avec ce million-là, oui?
M. Carmant :
On va analyser toutes les demandes.
M. Cliche-Rivard :
Bon, tantôt, vous nous parliez de l'importance de la petite enfance, de la
prévention, puis de ce qui peut être fait en amont avec le réseau de la santé,
notamment, puis des suivis nécessaires, là, dans la petite enfance. On a déposé
un projet de loi, conjointement avec Médecins du Monde et SABSA, pour couvrir
les soins de santé pour les femmes enceintes
qui n'ont pas de statut d'immigration. J'aimerais ça vous entendre, vous, parce
qu'on a entendu le ministre de la Santé, mais on n'a pas entendu celui qui va,
finalement, les prendre en charge dans les services sociaux, ces enfants-là,
s'ils n'ont pas le suivi nécessaire. Tous les études... toutes les études nous
disent qu'on
économiserait de l'argent à faire les suivis appropriés en amont, en prévention
et non pas à faire en sorte... parce que ces enfants-là vont être suivis, comme
Canadiens, comme Québécois, toute leur vie par les services sociaux
parce qu'ils naissent Québécois de
naissance. Est-ce qu'on n'aurait pas avantage, comme société, à encadrer puis à
permettre la prévention en amont pour ces femmes-là en situation de
précarité?
M. Carmant : Bien, moi, je pense que
j'appuie ce qui a été dit par mon collègue ministre de la Santé. Tu sais, il faut offrir des services le plus rapidement
possible, mais c'est... il y a des enjeux de logistique qui, parfois,
surviennent. Puis, comme je dis, moi, j'appuie mon collègue à la Santé.
M. Cliche-Rivard :
Une dernière question, plateaux de travail, on a discuté de ça cette année,
j'aimerais ça vous entendre sur ce qui s'en vient, ce qui est fait. Cette
année, on voit encore que c'est 17,6 millions au MSSS et 15 millions à l'Emploi. On essaie de changer
ça vers l'intégration en emploi le plus possible. Avez-vous des choses à nous
dire? Est-ce que ça se travaille, ça? Est-ce qu'on a quelque chose devant nous,
là, comme espoir?
M. Carmant :
Bien oui. Bien, je pense que nos attachés travaillent ensemble sur un cas
individuel, mais, plus globalement, ce qu'on a décidé de faire pour essayer
d'améliorer la fluidité, c'est de les... ce qu'on appelle les ateliers puis les
plateaux, de les définir comme des étapes transitoires dans le parcours des
individus, parce que ce qu'on... Ce que je
me suis rendu compte, là, c'est que, quand ils entrent dans une de ces deux
étapes-là, même ceux qui ont des capacités supérieures de fonctionnement
restent coincés dans ces deux étapes-là, et le lien entre nos ministères
du Travail et de la Santé ne se faisait pas. Donc là, on est en train de
définir que ces deux étapes vont être des étapes transitoires et que les gens devront être réévalués, à date on parle
d'un an ou deux, pour s'assurer que la transition puisse se faire par la
suite.
M. Cliche-Rivard :
Merci, M. le ministre.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci,
M. le ministre.
Alors, nous allons
poursuivre, maintenant, avec Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass :
Merci, M. le Président. Là, je voudrais vous parler de santé mentale et un
projet qui est très important pour nous, les Aire ouverte. Premièrement, je
vous demanderais... L'année passée, vous nous avez donné également... On avait
demandé une ventilation de la composition du personnel par Aire ouverte, que
vous nous avez fournie. Ça ne nous a pas été fourni cette année. Seriez-vous...
Est-ce que vous vous engagez à en déposer...
M. Carmant :
Oui, oui, il n'y a pas de problème.
• (17 h 20) •
Mme Prass : Oui? O.K. Et, comme vous
le savez, c'était dans les médias, récemment, qu'il y avait une question de
couper dans les Aire ouverte, et, justement, vous êtes sorti pour dire :
On ne touchera pas à l'aide aux ados. On sait qu'il y a eu... il y avait un déploiement de nouvelles Aire ouverte qui
devait se faire et qu'on a mis les freins là-dessus, mais vous avez
dit : Ceux qui existent, on ne les touche pas.
Par contre, nous
avons appris qu'il y a eu des coupures dans les Aire ouverte dernièrement, que,
par exemple, en Abitibi, il y a un intervenant qui a été mis à la porte, qu'en
Montérégie ils sont amputés de trois postes qui ont été abolis, avec un ajustement des plages horaires également. Dans celui de
l'ouest de l'île de Montréal, donc, dans mon coin, dans mon comté, ils
ont dû fermer des sites satellites.
Donc, ma question à
vous... Et Mme Biron est là également. Vous avez justement dit... Vous
êtes le ministre, vous avez entendu qu'il y aurait potentiellement des
compressions dans les Aire ouverte. Vous êtes sorti pour dire : On ne touche pas à ça. Il y a des coupures qui ont
été faites. Ma question est : Entre Santé Québec et le ministre, qui dit vrai?
C'est qui qui est le patron?
M. Carmant :
O.K. Il n'y a pas de dualité, ici, du tout, là. L'an dernier, dans le contexte
budgétaire, on avait 5 millions de dollars qui n'étaient pas engagés
dans le budget des Aire ouverte et de pleines... Tu sais, j'ai... On a dit que,
dans le contexte budgétaire, on acceptait que les développements nouveaux ne se
fassent pas. Donc, c'est cette Aire ouverte
là qui commençait à être réfléchie. En général, le budget moyen est de
700 000 $ par Aire ouverte. Cette année, on va travailler
ensemble pour repartir ces différents projets-là.
Maintenant, s'il y a
des endroits où, individuellement, là, ils ont coupé un individu, ça, c'est...
je n'étais pas au courant, là, puis c'est un
peu hors de mon contrôle, mais, par exemple, pour l'ouest de l'île, j'ai
contacté les équipes, dont le directeur santé mentale, Amine, que
j'appelle affectueusement, et il m'a dit qu'il y avait... que les Aire ouverte
étaient actuellement ouvertes, les deux sites sont actifs. Donc, je l'ai
contacté hier, puis il m'a assuré que les deux
sites étaient actifs. Il dit qu'il y en avait un qui était moins occupé,
achalandé, mais les deux autres sites semblaient actifs, là, que... de
ce qu'il m'a dit hier, LaSalle puis Pointe-Claire, je pense, là, qui sont
encore actifs.
Donc, ça, c'est... Je
pense que, l'an prochain, on va travailler ensemble, avec les équipes de Santé
Québec, pour voir qu'est-ce qui peut être
fait pour poursuivre le déploiement du programme, mais l'an dernier ça s'est
réglé vraiment au niveau du ministère, là. Mme Biron n'a pas du
tout intervenu là-dedans.
Mme Prass : Parce
que l'information que j'ai à propos du site satellite à Montréal-Ouest, qui a
fermé, je l'ai eue hier, également, de quelqu'un qui siège sur le comité
national. Donc...
M. Carmant :
O.K., mais je...
Mme Prass : Et, en Mauricie, c'est trois postes qui ont été
abolis, et vous dites que c'est hors de votre contrôle.
M. Carmant : En Montérégie.
Mme Prass : En Mauricie, excusez-moi. Encore une fois, vous
êtes le ministre, comment est-ce que ça peut être hors de votre contrôle quand vous dites : Ne
touchez pas à ce qui existe, ce qui est en place, et que trois postes sont abolis
dans la même Aire ouverte?
M. Carmant : Bien, écoutez, ce
qu'on a eu cette année au niveau de jeunesse, c'est qu'il y a eu certains
postes en surcroît qui ont été abolis, mais, nous, la directive était claire,
il n'y avait pas de coupure au niveau des programmes jeunesse. Donc, encore une
fois, on va voir qu'est-ce qui s'est passé spécifiquement en Mauricie—Centre-du-Québec,
mais, tu sais, nous, ce qu'on voulait, c'est que les services soient maintenus
dans toutes les Aire ouverte qui étaient ouvertes... qui étaient déjà ouvertes,
puis c'est ce qui... c'est ce qu'on a réussi à faire.
Mme Prass : Est-ce que vous vous
engagez, pour l'année à venir, qu'il n'y aura pas de poste aboli dans les Aire
ouverte existantes?
M. Carmant : Bien, moi, je
m'engage à travailler avec Santé Québec pour voir qu'est-ce qu'on peut faire
pour repartir ce qui était prévu.
Mme Prass : Mais, pour ce qui
existe, ce qui est déjà en place, est-ce que vous vous engagez qu'il n'y ait
pas de postes qui vont être abolis dans la prochaine année?
M. Carmant : Bien,
les postes individuels, là, je ne veux pas m'engager à 100 %, mais ce que
je peux vous dire, c'est que tout ce qui est existe déjà va être
maintenu.
Mme Prass : Donc,
par exemple, si on vous confirme que le site satellite dans l'ouest de l'île
de... dans l'ouest de Montréal a bien été fermé, qu'allez-vous faire?
M. Carmant : Bien,
moi, ce qu'ils m'ont dit, c'est qu'il
y a... sur les trois sites, il y en
avait deux qui étaient... moi, on m'avait dit qu'il y avait deux sites qui
étaient fermés. Ils m'ont dit qu'il y a deux sites qui sont ouverts et
qui fonctionnent à plein régime, puis il y en a un où c'est peu achalandé.
Donc, s'ils ont des données qui démontrent qu'effectivement il y a un site qui
ne fonctionne pas, bien là, je pense qu'il faut aller avec la gestion locale,
là.
Mme Prass : Et justement, dans
des articles qui sont sortis, une partie de la justification pour vouloir
mettre les freins sur les Aire ouverte, c'est que la fréquentation n'est pas à...
disons, là. Et qu'est-ce que vous avez prévu, justement, soit pour faire de la
sensibilisation, soit pour s'assurer... la promotion? Parce que, je ne sais pas
si vous vous rappelez, l'année passée, nous étions dans une activité, c'était
interjeunes, si je ne me trompe pas, nous étions dans une salle avec près de
30 jeunes, vous avez demandé : Connaissez-vous les Aire ouverte?,
puis il y a un jeune qui a levé la main.
Qu'est-ce que vous comptez faire, justement, pour, compte tenu que vous ne
voulez pas toucher aux Aire ouverte qui existent, éventuellement,
continuer le déploiement? Qu'est-ce que vous avez l'intention de faire,
justement, pour essayer d'augmenter la fréquentation, pour que les jeunes
soient plus au courant, que ce soit de la promotion ou de la sensibilisation?
Parce que, comme, là, vous parlez du site satellite dans Montréal-Ouest... dans
l'ouest de Montréal qui n'est pas très
fréquenté. Vous connaissez ce coin, M. le ministre, c'est Côte-des-Neiges, où
il y a beaucoup de... justement, si
j'ai bien compris, c'était ça, où il
y a beaucoup d'enjeux par rapport...
les adolescents, par exemple. Alors,
c'est... question de connaître que la ressource est là également. Qu'est-ce
que... Quelle est votre intention, justement, pour faire la promotion
des Aire ouverte auprès des jeunes?
M. Carmant : Bien, chaque
année, année après année, les données de fréquentation augmentent de façon
significative, là, puis je vais vous les sortir. On a fait un premier congrès
aussi, pour les Aire ouverte, pour regrouper les jeunes, les sensibiliser, en
parler de façon plus globale. Moi, ce qui m'a touché le plus, là, en fait,
c'est une lettre ouverte que deux de nos
jeunes ont écrite pour défendre le modèle des Aire ouverte. Moi, je pense que,
tu sais, il n'y a pas grand-chose de plus... qui peut me rendre plus
fier, comme politicien, là, de voir un modèle qu'on défend, qu'il soit défendu
par les jeunes par la suite. Donc, nous, on veut s'assurer, évidemment, que la
fréquentation va continuer à augmenter et que les services vont être de plus en
plus connus.
Mme Prass : Et comment
allez-vous y arriver?
M. Carmant : Bien, c'est ça, en
sensibilisation puis en discussion avec tout le monde, puis le modèle de, tu sais, par les jeunes pour les jeunes. C'est à eux
à faire leur... à en parler avec leurs collègues dans les écoles. Le fait que les intervenants vont dans les écoles, le fait que
les intervenants vont dans les sites les plus... où il y a des jeunes, ça
aussi, c'est une autre façon de mieux faire connaître le programme.
Mme Prass : Mais
ce sont des choses qui se font déjà, les relations avec... La collaboration
avec les écoles, les organismes communautaires sur le terrain, ça se fait déjà.
M. Carmant : Mais il faut le
rehausser. Il faut continuer à le rehausser, et surtout... Tu sais, on a fait
un premier congrès, un premier forum. Je
pense qu'il faut continuer à en faire d'autres. Ça valorise les jeunes, ça
leur... ça les valorise à en parler
aussi. Donc, ça, c'est très important. Tu sais, on veut déstigmatiser la
maladie mentale, les problèmes de santé mentale. Donc, je pense que les
jeunes sont les meilleurs porte-parole pour les Aire ouverte.
Mme Prass : O.K. En passant des
jeunes aux enjeux de deuil périnatal, dans le budget, peut-être que mon collègue l'a évoqué, il y a 50 millions sur
cinq ans qui ont été annoncés pour rehausser le financement des organismes
communautaires liés à la santé et les services sociaux. Est-ce qu'à l'intérieur
de ce 50 millions là vous prévoyez une partie
qui serait réservée ou qui irait spécifiquement pour les enjeux de... pour les
groupes qui oeuvrent en santé mentale périnatale, incluant le soutien
spécifique au deuil périnatal et la prévention de la dépression postpartum?
M. Carmant : Oui, bien, ce
dossier-là, bien que c'est moi qui l'ai amorcé dans l'ancien mandat, c'est mon
collègue à la... le docteur... le ministre de la Santé qui fait le suivi,
actuellement. J'en ai parlé avec votre collègue députée de NDG, qui... pour lui expliquer la situation. C'est sûr que,
moi personnellement, c'est quelque chose que je... tu sais, qui me
touche beaucoup, là, la situation du deuil périnatal, dans laquelle on a
investi puis qu'on va continuer à investir, mais les prochaines décisions vont
être prises par mon collègue, là, qui s'occupe de la santé mère-enfant.
• (17 h 30) •
Mme Prass : Eh bien, justement,
parce que vous avez entamé... en février 2023, vous avez tenu une journée sur
la santé mentale des nouveaux parents et vous aviez annoncé, en mars de la même
année, un investissement de 25 millions sur cinq ans pour la mise en
oeuvre de mesures pour aider les parents à faire face aux difficultés en contexte de périnatalité. Où est-ce que nous en
sommes? Est-ce que vous êtes toujours préoccupé par cet enjeu et... Bien, c'est
ça, où sommes-nous avec ce 25 millions qui avait été annoncé?
M. Carmant : C'était en 2023,
la santé mentale des nouveaux parents?
Mme Prass : Oui,
vous avez fait l'annonce, mars 2023, des investissements de 25 millions
sur cinq ans pour la mise en oeuvre de mesures pour aider les parents à
faire face aux difficultés en contexte de périnatalité.
M. Carmant : O.K., bien, les
sommes ont été déployées dans le réseau. Ce qu'on a ajouté, c'est vraiment des techniciennes en travail social dans les
centres de périnatalité. On a rehaussé les services de conseils prénataux dans le
réseau au complet et on a investi également pour, justement, le deuil
périnatal, pour la sensibilisation des équipes, la formation à propos du deuil
périnatal. Donc, c'est les sommes qui ont...
Mme Prass : Vous avez
l'intention de continuer dans ce sens-là?
M. Carmant : Oui.
Mme Prass : O.K., parfait.
Mme Prass : Là, je voudrais
vous parler des coupures en santé mentale. Comme on le sait, et on l'a vu,
malheureusement, par exemple, ce qui est arrivé à Vancouver la semaine
dernière, un jeune homme qui a des enjeux de
santé mentale, qui n'a pas eu accès à l'aide dont il avait besoin. Et il y a
plusieurs craintes, parce qu'on voit des annonces de fermetures, par
exemple, à Montréal, à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal,
la fermeture d'une dizaine de lits d'hospitalisation.
À
Chaudière-Appalaches, l'abolition de postes d'intervenant première ligne en
santé mentale et dans le programme jeunesse, des postes d'éducateur
spécialisé, de travailleur social, d'agent relations humaines et de psychologue
sont appelés à disparaître, chaque
intervenant s'occupait habituellement d'au moins une dizaine de familles. Donc,
ces familles-là, où vont-ils pouvoir se tourner pour avoir cette aide?
En
Abitibi-Témiscamingue, les lits dédiés aux traitements en santé mentale et pour
l'Abitibi et pour le Nord-du-Québec,
les soins de réadaptation active en santé mentale, c'est le troisième service
qui a été coupé à 100 %. Et, on se comprend, là on est en région,
où il n'y a pas beaucoup d'alternatives pour aller trouver de... chercher de
l'aide.
Récemment, un
projet pilote novateur mis en place en Montérégie, à l'automne 2023, qui a
permis de faire baisser de 95 %
les hospitalisations forcées grâce à l'ajout d'un intervenant pour les familles
durant une crise a été coupé, une initiative qui a fait ses preuves,
mais dont le financement a pourtant été coupé par Santé Québec.
Dans mon coin, dans le comté de D'Arcy-McGee,
dans le CIUSSS—Centre-Ouest-de-l'Île,
coupures, le gel d'embauche et la
suppression de postes de travailleuse sociale au programme
Crise-Ado-Famille-Enfance, deux postes de psychologue au programme
Jeunes en difficulté au CLSC Côte-des-Neiges, un poste de TS en JED à... au
CLSC de Benny Farm, un poste de
psychoéducatrice Jeunes en difficulté au CLSC Benny Farm ainsi qu'un poste
d'orthophoniste au CLSC de Côte-des-Neiges. Ça, c'est un comté... c'est
des postes très importants qui sont névralgiques pour des jeunes qui ont besoin d'aide, pour qu'ils ne se
retrouvent pas, justement, en situation de crise ou qu'ils ne... leur situation
de détresse ne se dégrade pas.
Je viens de vous
mentionner quatre régions différentes, quatre coupures différentes dans le
cadre de la santé mentale. Comment est-ce
que vous... Comment est-ce que vous justifiez ces coupures, en connaissant la
réalité dans laquelle nous vivons aujourd'hui, avec les jeunes qui sont
dans une situation de détresse qu'on n'a jamais vue auparavant?
M. Carmant : O.K.,
bien, je pense qu'on est en train de changer la façon dont on offre les
services en santé mentale. Je pense que la figure qui est la plus impressionnante,
là, c'est les listes d'attente en santé mentale dans la dernière année — puis,
oui, je vais le déposer — qui
ont baissé de 16 500 à 12 500 dans la dernière année. Et, encore plus
impressionnant, c'est que ceux qui sont hors délais, là, plus de 30 jours
d'attente, continuent à baisser aussi de façon significative de semaine en
semaine.
On a lancé beaucoup de programmes spéciaux avec
l'aide de l'Institut de la pertinence, qui transforment les services en services de proximité. Ça fait que, nous,
ce qu'on est en train de faire, c'est... on est en train de ramener la santé
mentale dans la communauté, on est en train de cesser l'approche
hospitalocentrée puis amener les services dans la communauté.
Oui, à Malartic, le centre de réadaptation a été...
en Abitibi, le centre de réadaptation a été fermé, mais on a ouvert un centre de crise à Malartic pour prendre
en charge les gens qui ont des besoins aigus. On a ouvert des centres de
crise à Sherbrooke, on a ouvert des centres de crise... un troisième centre de
crise également, là, dont j'oublie la localisation, là, mais on est venus
rehausser la prise en charge des centres de crise. On a développé les équipes
ABC dans les urgences pour accompagnement
bref en communauté, qui... au lieu d'hospitaliser les gens dans les salles
d'urgence, on les réfère, on fait le suivi en communauté, en CLSC, avec
eux, des unités d'interventions brèves pour limiter les hospitalisations à
72 heures plutôt que les 40 jours habituels.
On a
développé un programme d'hospitalisation à domicile, là, qui change la donne,
là, et qui a permis, en fait, à l'est de Montréal, de fermer un lit
d'hôpital... une... des lits d'hôpitaux. Moi, je pense que c'est le futur de la
santé mentale, là, ce qu'on est en
train de voir. À Québec, ils ont trois équipes d'hospitalisation à domicile,
là, c'est incroyable, c'est une expérience qu'il faut vivre, là, aller
voir chez les... les gens avec le psychiatre, l'infirmière, la travailleuse sociale, l'ergothérapeute, tous ces gens-là se
rendent tous les jours. Puis moi, je n'aurais jamais cru que l'enthousiasme
aurait été autant... si important, puis je remercie les médecins psychiatres de
collaborer, puis tout le personnel, mais on est vraiment en train de changer la
façon dont s'offrent les services. Donc, on veut que la santé mentale devienne
un service de proximité, un service communautaire et que l'accès soit facilité
le plus rapidement possible partout. Donc,
c'est pour ça qu'il y a certains postes qui, clairement, ont dû être changés
dans différentes régions, puis, oui, il y a peut-être eu des... de
l'optimisation, mais clairement, là, les services en santé mentale se donnent
mieux maintenant qu'ils n'ont jamais été donnés, au Québec.
Le
Président (M. Provençal)
:
...alors, je vais passer, maintenant,
le relais à notre collègue des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président.
On a 17 minutes quelques secondes, je
crois. J'aimerais aborder la question du tableau de bord. Je ne sais pas si vous me voyez venir, mais, à chaque année,
j'aime essayer de regarder le tableau de bord pour voir si on progresse, mais
pas seulement si on progresse par rapport aux mois précédents ou à l'année
précédente, mais peut-être aussi au cycle
précédent. Et je vous ai posé la question, pendant les crédits provisoires, sur
l'attente en santé mentale et comment réconcilier les chiffres qui sont
présentés dans le tableau de bord avec la cible du plan stratégique, qui, elle,
parle de tout... d'un tout autre ordre de
choses. C'est-à-dire que, dans le tableau de bord... vous venez de mentionner,
d'ailleurs, que la liste d'attente
pour les services de première ligne avait diminué, effectivement, par rapport à
l'année passée, à 12 228; selon
le tableau de bord, actuellement, c'était 15 890 il y a un an. À cela
s'ajoutent ceux qui sont en attente hors délai, on parle de 6 400.
Donc, grosso modo, il y a 18 000 personnes qui sont en attente...
M. Carmant : ...
M. Arseneau : Pardon?
M. Carmant : Les 6 000
sont inclus dans le 12 000.
M. Arseneau : Ils sont inclus
dans le 12 000?
M. Carmant : Oui, oui.
M. Arseneau : Donc, les... Ils sont inclus dans le 12 000?
Ce n'est pas la compréhension que j'en avais, mais, si vous me le dites,
je vais le prendre pour acquis. C'est vraiment le cas?
M. Carmant : Je vais vérifier.
M. Arseneau : Parce qu'on a
deux tableaux différents. Aidez-moi à comprendre, si vous voulez bien. Parce
que moi, j'avais l'impression qu'il y avait des gens qui étaient en attente de
services de première ligne dans les délais et
il y avait un autre groupe qui était en attente, mais hors délai. Donc,
12 228 plus 6 458, ça faisait 18 000 personnes
qui étaient en attente. Ce n'est pas le cas?
M. Carmant :
Bien, je vais vérifier puis je vous reviens.
M. Arseneau :
D'accord. Mais, de toute façon, je veux quand même soulever le fait qu'on a
un tableau de bord avec des indicateurs, mais pas de cibles à atteindre, alors
que, dans le cycle précédent, c'est-à-dire dans le plan
stratégique 2019-2023, on avait des cibles. Puis je veux quand même les
rappeler, parce qu'à l'époque on avait quelque chose comme
15 000 personnes en attente, 15 300, on parle de 2019. La cible
était 1 500 personnes, c'était la
cible qu'on se fixait. Là, on a abandonné toutes les cibles, on est à
10 000, 12 000, 16 000, et puis c'est comme si on avait
banalisé le fait qu'il y avait des gens qui étaient en attente, alors qu'à
l'époque on voulait réduire cette liste-là pour
avoir des services courants qui soient accessibles. Là, maintenant, on a
essentiellement accepté que ça fluctue, mais on n'a pas de point de
repère à savoir si on améliore vraiment les choses ou pas.
Et, si on faisait un
parallèle avec, par exemple, le domaine de la santé élargi, avec les
interventions chirurgicales, les listes de gens qui sont en attente et celles
qui sont en attente de plus de six mois, bien, on a des chiffres puis on voit
si ça fluctue. Il y a même des cibles qui sont fixées par votre collègue le
ministre de la Santé. Pourquoi avoir abandonné ces cibles-là en attente en
santé mentale?
• (17 h 40) •
M. Carmant :
Bien, je pense qu'effectivement c'est 12 000 usagers en attente,
dont 5 975 usagers
en attente dans le délai et
6 163 usagers en attente hors délai.Donc, ça, c'est la
première chose. Il faut voir que, postpandémie, là, on a eu une
explosion de la demande en santé mentale, et ça, ça a eu un impact majeur, là,
sur les listes d'attente. On a modifié un
peu, comme je racontais plus tôt, avec notre approche première ligne, avec
notre approche en CLSC, avec notre rehaussement des services sociaux,
les délais d'attente et le nombre de personnes en attente. Nous, ce qu'on vise, c'est vraiment de diminuer le plus possible
ceux qui sont en attente hors délai, les hors-délai étant 30 jours d'accès.
Donc, c'est vraiment ça, notre cible. Mais écoutez, là, il y aura toujours des
gens...
M. Arseneau :
Mais «le plus possible», c'est une cible qui n'est pas particulièrement, si
vous permettez, ambitieuse. C'est-à-dire,
comment mesurer l'atteinte des objectifs, si on dit : On veut le faire le
mieux possible? Donc, on est sûrs d'atteindre l'objectif, c'est «on a
fait de notre mieux».
M. Carmant :
Bien, c'est sûr que nous, on veut... Idéalement, ce serait qu'il n'y aurait
personne en attente hors délai, mais il y aura toujours des gens en attente,
puisque les demandes de consultation se génèrent de façon quotidienne, à l'heure, là. Donc, vraiment, si on
avait une cible à établir, puis ça, on peut regarder ça avec les équipes,
ce serait une cible hors délai, et ça, on peut travailler là-dessus, là, ça, je
n'ai pas d'enjeu.
M. Arseneau :
Mais moi, j'aimerais quand même faire ce souhait-là. Si, comme vous le
dites, l'objectif, c'est qu'il n'y ait pas des gens qui soient en attente hors
délai, mais qu'on se dise non seulement que c'est l'objectif à atteindre,
d'éliminer cette liste-là, bien, ensuite qu'on mette les moyens en place pour
atteindre cet objectif-là, qu'on partagerait tous les deux, évidemment.
M. Carmant :
Puis, bien, je vais vous parler des initiatives qu'on est en train de
travailler avec le ministère et Santé
Québec, justement, c'est... Beaucoup des gens qui sont en attente hors délai,
puis ça, tout le monde le sait, là, c'est
ceux qui sont en attente pour des services de psychologue. Et, dans notre
approche multidisciplinaire au mécanisme d'accès, la personne qui
n'est... le professionnel qu'on n'a pas encore impliqué, c'est le psychologue
répondant. Donc, on veut que le psychologue soit autour de la table pour,
justement, travailler avec les équipes et décider : Bien, peut-être, ce
patient-là, moi, je dois le voir avant tout le monde et non pas à la file.
M. Arseneau :
Parfait. Maintenant, la cible qui est inscrite au plan stratégique, c'est
la cible du pourcentage de personnes qui obtiennent des services...
M. Carmant :
Dans les délais, dans les délais.
M. Arseneau :
...dans les délais. L'objectif était de 65 %. Ça n'est pas indiqué
dans les tableaux de bord, l'évolution de la situation. Est-ce que vous pouvez
nous expliquer, une bonne fois pour toutes, quel est le corpus à partir duquel
on va extraire un 65 % ou un 60 % qui sont... Quel est le chiffre...
enfin, le chiffre comme tel, duquel on peut extraire un pourcentage? Et est-ce
qu'on va atteindre l'objectif pour l'année, l'objectif qui était fixé?
M. Carmant :
Bien, on s'y... on y tend vraiment beaucoup cette année. Là, alors,
c'est... on a les données sur une base hebdomadaire, là, de nombre de patients
vus dans les délais hors délai, puis on a également le nombre de patients en
attente de services dans les délais hors délai. Donc, ça, on a ces données-là.
Puis d'ailleurs on est en train de réviser
le tableau de bord, là, actuellement. On n'a pas encore les données pour
2025-2026, mais je pense qu'on peut leur demander de nous donner
l'information sur...
M. Arseneau :
Pour 2025‑2026, vous voulez dire...
M. Carmant :
Pour le début de l'année, là.
M. Arseneau : Le début de
l'année.
M. Carmant :
Depuis avril, là, on n'a pas de nouvelles sorties de...
M. Arseneau :
Oui, mais l'objectif pour la fin mars, donc, pour le 1er avril ou pour
la fin mars, c'était 65 %. Est-ce qu'on l'a...
M. Carmant :
On est à 62 %.
M. Arseneau :
O.K., 62 %, donc on est en deçà de l'objectif fixé. Mais 62 % de
combien de personnes qui demandaient des services? Est-ce qu'on a ce
chiffre-là?
M. Carmant :
Ah! oui, oui, absolument. Je peux vous le donner, là.
M. Arseneau :
Eh bien, j'aimerais, si vous pouvez nous le donner, mais j'aimerais aussi
faire le souhait, la suggestion que ces chiffres-là soient disponibles dans le
tableau de bord éventuellement.
M. Carmant :
Oui. Alors, on a vu 80 000 personnes en santé mentale au Québec.
Si on inclut les services sociaux généraux, là, incluant le 8-1-1, là, on parle
de plus de 700 000 personnes qui ont eu accès à des services.
M. Arseneau :
C'est impressionnant.
M. Carmant :
C'est vraiment... Comme je vous disais, l'explosion de la demande a été
très, très importante. Mais en santé mentale, première ligne, il y a eu
80 000 personnes qui ont été vues dans la dernière année.
M. Arseneau :
D'accord. Et est-ce que ma suggestion reçoit une écoute et une réception
favorables?
M. Carmant :
Oui, oui.
M. Arseneau :
Est-ce que vous vous engagez, en quelque sorte, à modifier les indicateurs
pour qu'on puisse suivre, justement, l'évolution du pourcentage des personnes
qui sont traitées dans les délais?
M. Carmant :
On a des indicateurs stratégiques, mais je pense que, pour le tableau de
bord, on peut regarder ce qui peut être fait, là.
M. Arseneau :
D'accord. Je vous en remercie. L'année passée — je vais accélérer un
petit peu, mais merci pour les informations — vous aviez parlé du travail
sur un projet pilote en cours en Montérégie, sur des démarches faites auprès de
la CNESST pour, justement, sensibiliser les gens aux services de première
ligne. Vous aviez vanté le service 8-1-1 Info-Social et dit qu'essentiellement
vous travailliez sur une espèce de mécanisme d'accès en santé mentale qui nous
permettrait d'améliorer les choses. Où en est-on, là, sur la question de
l'espèce de guichet — c'est
comme ça que vous l'avez présenté — mécanisme d'accès ou guichet?
M. Carmant :
Donc, avec ma collègue adjointe parlementaire, députée de Marie-Victorin,
on est à peu près à sept CLSC qui offrent
les services qu'on appelle CLSC Santé mentale, parce que, oui, il y a le 8-1-1
Info-Social, mais, comme j'avais mentionné, il y a des gens qui
demandent d'être vus en personne par l'accès psychosocial et d'être référés
rapidement aux mécanismes d'accès.
Donc, on est... dans
chacune de ces régions-là, on est en train d'identifier les CLSC qui offrent
les services, puis on continue vers le
déploiement national de... Chaque région devrait au moins avoir un CLSC pour
éviter aux gens d'avoir à aller à l'urgence et d'attendre des heures et
des heures pour des problèmes de santé mentale qui peuvent être pris en charge entièrement par le CLSC. Puis,
ma collègue de Marie-Victorin, ce qu'elle nous a permis de faire avec son
expérience comme infirmière clinicienne, c'est d'attacher les services de santé
physique également, donc la personne qui
va au CLSC peut non seulement avoir accès aux services psychosociaux, mais
également aux services en santé physique.
M. Arseneau : Vous avez parlé, tout à
l'heure, des psychologues, que vous vouliez inclure, là, dans la boucle.
L'année dernière, on s'était posé la question à savoir si les psychologues
continuaient de quitter le réseau public, vous nous aviez dit avoir besoin de
2 340 psychologues dans le réseau puis que vous aviez mis en place
des mesures, notamment, là, de recrutement
auprès des jeunes qui sont aux études. Où en est-on aujourd'hui? Quels sont les
chiffres, à savoir si on a pu atteindre l'objectif ou si on s'en
rapproche? Parce qu'on nous disait, l'an dernier, qu'il y avait
2 261 psychologues dans le réseau, l'objectif à atteindre était de
2 340.
M. Carmant :
Bien, le manque à gagner a diminué cette année — on est en train de
vous chercher les chiffres — et
notre prédiction d'équilibre et même de surplus, là, demeure, selon les
recrutements qu'on a vus dans le réseau dans la dernière année.
M. Arseneau :
Donc, vous allez me donner les chiffres, là, incessamment?
M. Carmant : Oui, je les ai vu
passer, là, mais je ne m'en souviens pas par coeur.
M. Arseneau : Parce
que, de la même façon, ce serait bien de savoir quelle est la proportion des
psychologues au Québec, là, sur les
quelque 7 000 psychologues, ou à peu près, là, quel est le
pourcentage de ceux qui sont membres de l'ordre et qui sont dans le
réseau de la santé. Est-ce que ça, ça évolue positivement pour le réseau public
de santé?
M. Carmant :
On demeure autour du tiers, là...
M. Arseneau :
Autour du tiers?
M. Carmant :
...qui sont dans le réseau de la santé. Ça, ça n'a pas beaucoup changé, là.
Quand on parle de recrutement, c'est plus une centaine, là, gros maximum. Je
vais vous donner les chiffres exactement, là.
M. Arseneau :
Quand vous avez vu votre collègue ministre de la Santé proposer un projet
de loi pour obliger les jeunes diplômés
médecins à pratiquer dans le système de santé pendant cinq ans, est-ce que ça
ne vous a pas donné l'idée qu'on pourrait peut-être faire la même chose
avec les psychologues?
M. Carmant :
Non, je n'ai pas réfléchi à ce sujet-là, mais je prends note de la
suggestion.
M. Arseneau : Bien, en fait, c'est
qu'on peut se demander. Les psychologues sont quand même des professionnels
dont on a urgemment besoin, là, dans le réseau,
et, compte tenu de l'orientation du ministre pour consolider le réseau, pour
éviter l'exode vers le privé, on se posait la question, tout simplement, si on
voulait atteindre ces objectifs-là. Ce n'est pas nécessairement une suggestion
qu'on fait, je voulais savoir si ça a été discuté au sein de votre ministère.
M. Carmant : Mais la ressource dont on
a le plus besoin, il faut le mentionner ici, c'est les travailleuses sociales,
au niveau des services psychosociaux.
M. Arseneau :
D'accord. Est-ce qu'on va avoir les chiffres d'ici la fin de l'échange ou
bien...
Une voix : ...
M. Arseneau : Bien, on va continuer
parce que le temps file à vive allure. Je ne voudrais pas ne pas mentionner
qu'on a une certaine inquiétude concernant la suspension, là, du Programme
d'adaptation de domicile au cours de la dernière année. Et, ce qu'on constate, dites-moi si je me trompe, on a
essentiellement le même budget que l'an dernier, 38 millions, mais
le budget, l'an dernier, ne suffisait pas, on a dû suspendre le programme à
trois mois de l'échéance de l'année fiscale.
Comment peut-on imaginer que, cette année, on réponde aux besoins, si, l'année
passée, on n'a pas pu le faire?
• (17 h 50) •
M. Carmant : Bien, c'est un sujet que
je discute régulièrement avec ma collègue, mais... au niveau de l'Habitation,
c'est elle qui a obtenu les budgets. Et nous, on veut reprendre le... on veut
reprendre les services le plus rapidement possible pour ceux qui sont en
attente de l'an dernier.
M. Arseneau : Mais donc vous me référez
à votre collègue, j'imagine, là-dessus, parce que vous le souhaitez,
mais c'est elle qui a les cordons de la bourse, c'est ce que je comprends, et
les budgets n'ont pas évolué?
M. Carmant :
Sur ce budget-là, exactement.
M. Arseneau :
D'accord. Je continue avec mes sujets, en attendant la réponse pour les
questions sur les psychologues?
M. Carmant :
Oui, absolument.
M. Arseneau : Un dossier local de la
circonscription des Îles-de-la-Madeleine, M. le ministre. Vous connaissez
très bien le projet Le Phare des Îles, c'est
un projet d'appartements supervisés pour adultes vivant avec une déficience
intellectuelle, ou une déficience physique, ou un TSA. La construction va bon
train, on pense pouvoir compléter d'ici les prochains mois. Évidemment,
il y a une demande qui a été faite pour un financement des opérations par le
ministère. Est-ce que vous vous engagez
aujourd'hui à financer le fonctionnement, une partie du fonctionnement, à tout
le moins, de l'organisme? Puisqu'on parle de crédits, est-ce qu'il y a
des crédits au budget pour ce faire?
M. Carmant :
C'est dans notre liste des projets qu'on... à financer. On parlait, tantôt,
d'un 35 millions, 38 millions pour l'accompagnement en logement qui
incluait du logement en itinérance, du logement adapté pour les personnes en
situation de handicap et des... et de l'accompagnement pour les jeunes en
difficulté. Donc, c'est un des projets qui
est sur notre liste. Votons rapidement les crédits, adoptons nos crédits, on va
travailler avec eux pour s'assurer que l'accompagnement soit fourni.
M. Arseneau : Donc,
une fois... Justement, quel est l'échéancier réaliste dans lequel on peut
imaginer avoir un chiffre sur le financement qui pourrait être accordé à
l'organisme comme à tous les autres organismes en attente?
M. Carmant : Donc,
nous, ce qu'on dit, c'est qu'on débute le financement trois mois avant
l'ouverture du projet pour que, évidemment, ils puissent recruter leurs
premiers intervenants. L'enjeu, c'est que les demandes nous arrivent, là, comme, un an, deux ans, trois ans
avant le début du projet, là, puis ça, c'est impossible d'assurer le
financement, à ce moment-là. Nous, on
demande de faire les attaches avec l'établissement et ensuite, quand c'est dans
nos prévisions, on fournit le financement trois mois avant l'épisode.
M. Arseneau : D'accord. Est-ce
qu'on a les chiffres?
M. Carmant : Oui.
Alors, je... j'ai peut-être un peu exagéré, là, mais, au cours de la dernière
année, nous avons recruté 156 psychologues, 165 départs, donc
on a un peu diminué.
M. Arseneau : Donc, on a
diminué?
M. Carmant : Mais
nos cibles de recrutement sont toujours les mêmes, là... qu'on devrait arriver
à un équilibre.
M. Arseneau : Pour quand?
M. Carmant : 2026‑2027.
M. Arseneau : Donc, malgré le
recul de cette année, on garde l'objectif d'arriver au 2 300?
M. Carmant : Absolument,
absolument, puisque les cohortes, incluant ceux qui ont pris le programme de
psychothérapie, ont augmenté.
M. Arseneau : Les cohortes
d'étudiants?
M. Carmant : D'étudiants, oui.
M. Arseneau : D'accord.
M. Carmant : Puis
ceux qui ont pris le programme de psychothérapie ont un lien avec le réseau de
la santé, là, pour offrir des services pendant plusieurs années.
M. Arseneau : On vous le souhaite,
d'atteindre cet objectif-là dans... au bénéfice de tous. Oui?
M. Carmant : Puis une chose que
je voulais mentionner aussi, c'est que, dans le p.l. n° 15,
il y a aussi la capacité que, quand les services ne sont pas... ne peuvent pas
être prescrits dans les délais, on puisse avoir l'option d'aller vers le privé, remboursé par la RAMQ, là,
puis ça, c'est une des possibilités également qu'on doit envisager pour
les psychologues.
M. Arseneau : M. le Président,
je n'ai pas de secondes du tout?
Le Président (M. Provençal)
: Non, il ne vous reste plus de
secondes, M. le député. Alors...
M. Arseneau : Un gars s'essaie,
comme on dit. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Ça fait plaisir.
Nous poursuivons avec notre opposition
officielle. Mme la députée.
Mme Prass : Merci, M. le
Président.
M. le
ministre, quand est-ce que cette mesure va être mise en place, celle dont vous
parlez, où, si le gouvernement ne
peut pas offrir le service dans un certain délai, ça sera couvert par la RAMQ?
Quand est-ce que ça va prendre... Quand est-ce que ça va débuter?
M. Carmant : Oui, c'est mon
ministre... c'est mon ministre de la Santé, qui travaille le dossier. Alors, je
vais laisser mon sous-ministre vous partager les faits, si vous acceptez.
Mme Prass : Oui.
M. Carmant : Merci.
M. Paré (Daniel) : Oui,
bonjour, Daniel Paré... Ah! j'en avais un.
Des voix : ...
M. Paré
(Daniel) : Je ne savais pas ce que ça faisait d'être ministre, c'est pour
ça.
Mais, plus sérieusement, mon nom est Daniel
Paré, je suis sous-ministre à la Santé, Services sociaux...
Le
Président (M. Provençal)
:
Alors, ça nous prend le
consentement, vous savez, la procédure, M. Paré. Alors, consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Et là vous pouvez y aller.
M. Paré (Daniel) : Merci, M. le
Président. Bien, le sujet que Dr Carmant amène, c'est dans la loi, la nouvelle loi sur la gouvernance, santé et services
sociaux, c'est la possibilité de Santé Québec de créer un règlement sur
le mécanisme d'accès. Donc, cette notion-là, pour les psychologues, pourrait
être introduite, là, dans le cadre de ce règlement-là.
Et je sais pertinemment, là, que Santé Québec est à l'oeuvre, là, présentement.
Donc, dans la procédure, c'est : adoption d'un règlement et après
ça de... l'exécution, là, pour la suite des choses.
Mme Prass : O.K.
Merci. Et, M. le ministre, on avait eu une rencontre avec un organisme il y a
quelques mois, et vous avez mentionné
que le même mécanisme serait mis en place pour les parents d'enfants autistes
qui avaient besoin de recevoir des services. Est-ce que c'est toujours
en... ça se travaille toujours?
M. Carmant : Ça va s'adapter
pour tout le monde, effectivement.
Mme Prass : O.K.,
parfait. Et vous nous ferez signe quand ça va être mis en place. Là, je sais
que vous êtes... je vais vous parler de programmes dont vous n'êtes pas
nécessairement responsable, mais vous êtes ministre à titre... titré pour les personnes vivant avec un handicap et vous
avez une responsabilité, auprès de vos collègues, de les représenter, de
faire des revendications. Dans la dernière année, ça a été très difficile pour
plusieurs personnes. Mon collègue a mentionné le PAD, et on comprend, l'argent
qui a été... le budget de cette année va à peine pouvoir remplir la liste
d'attente des années antérieures, donc les nouvelles demandes ne seront pas
vraiment traitées.
Les chèques emploi-service. Votre collègue, je
l'ai questionnée à plusieurs reprises, qui a donné... qui s'est assise avec
Santé Québec, justement, pour leur demander de rétablir les heures qui avaient
été coupées, ce qui n'a pas été fait dans tous les CISSS et les CIUSSS, les
heures... chèques emploi-service. Bien, et c'est une question, peut-être, que
j'aurai par la suite, parce que, si la ministre a demandé que ce soit rétabli,
ça n'a pas été rétabli dans tout le territoire. On se demande, encore une fois,
c'est qui qui est le patron.
Mais là je
vais vous parler de la possibilité qui a été évoquée pour la tarification du
soutien au domicile. Et là, dans les derniers mois, j'ai une lettre de
la Commissaire à la santé — ah
non, excusez-moi, mauvaise lettre — qui spécifie... oui, la
Commissaire à la santé et au bien-être spécifie : «Il est vrai que le
rapport du commissaire [de santé, bien-être] — quand elle a évoqué la
possibilité d'une tarification — ne précisait pas que cette recommandation
ne s'appliquait pas aux personnes handicapées. Je tiens toutefois à clarifier
qu'il n'a jamais été question qu'elle les concerne.
Cette clarification s'inscrit dans la continuité de la décision rendue par le
Conseil des ministres de M. Bourassa, en 1988, qui garantit
l'admissibilité aux programmes sans égard aux revenus pour les personnes
handicapées.» La commission des droits de la personne et de la jeunesse,
également, a émis un communiqué au mois de décembre, s'adressant à Santé
Québec, pour également protéger ces services auprès des personnes vivant avec
un... en situation de handicap.
Est-ce que vous avez fait des représentations
auprès de votre collègue responsable du soutien au domicile, qui est en train d'élaborer son prochain plan,
justement, pour s'assurer qu'il ne soit jamais question que les personnes
vivant avec un handicap soient demandées de faire une contribution financière
pour recevoir les services?
M. Carmant : Bien, en tout cas,
je m'engage à lui faire part de ce point-là, là, puis à le défendre également. Juste vous dire, par exemple, l'OPHQ a... si vous
me donnez un petit peu de temps, là, l'OPHQ a modifié son... en fait, a sorti
son nouveau plan d'action pour les cinq prochaines années. Puis justement, une
des choses que je leur ai demandées, c'est
que... Souvent, la problématique vient des sujets qui touchent plusieurs
ministères. On parle du soutien à domicile, mais on peut parler de l'aide au domicile, du transport adapté, etc.
Donc, j'ai demandé à l'OPHQ, puis c'est ce qu'ils ont fait, un travail
exceptionnel, de focusser sur les aspects interministériels.
Et, moi, ce que je me suis engagé auprès de
M. Jean et de ses équipes, c'est que non seulement on va avoir le volet
administratif à la table interministérielle, mais, un peu comme on a fait avec
un grand succès au niveau de l'itinérance,
je vais aller avec mes collègues ministres participer aux discussions et les
appuyer pour que les décisions soient prises, disons, plus rapidement et
faire avancer les dossiers plus rapidement.
Donc, tous ces dossiers-là, on va mettre sur
pied ensemble une table qui va inclure les ministres. Et j'ai déjà eu madame...
en tout cas, la ministre responsable des... Solidarité sociale, la ministre,
même, du Tourisme, qui a levé la main, la
ministre de l'Habitation. Donc, on a beaucoup de nos... de mes collègues qui
ont levé la main puis qui veulent contribuer,
justement, à faire avancer ces dossiers qui sont souvent très complexes et qui
nécessitent plusieurs ministères.
• (18 heures) •
Mme Prass : Et,
par curiosité, vos collègues, quand ils sont en train d'élaborer un programme
ou une politique qui, justement, aurait un effet sur la vie des personnes en
situation de handicap, est-ce qu'ils viennent vous consulter? Est-ce que... J'imagine que, quand vous le savez, vous allez
les voir, mais est-ce qu'ils viennent vous consulter pour s'assurer, justement,
que les droits de ces personnes sont toujours protégés?
M. Carmant : Oui, on a un règlement qui fait que chaque
processus est... passe par les différentes applications au niveau des
ministères et puis des... Et, oui, je révise toutes les procédures. Mais ce
qu'on veut vraiment, c'est travailler plus
en amont puis élaborer les procédures ensemble, élaborer les projets ensemble.
Donc, je pense qu'avec cet engagement de
mes collègues, on va pouvoir, je pense, faire avancer des dossiers qui, tu
sais, je l'avoue, reviennent de façon répétitive année après année, là.
Mme Prass : Alors,
par exemple, dans le cas du chèque emploi-service, où la majorité des CISSS et
CIUSSS ont écouté la ministre, semblent avoir rétabli des heures qui avaient
été coupées, mais ce n'est pas... ça n'a pas été façon... fait de façon
uniforme. Il y en a certains qui ont soit continué à couper ou, les coupures
qu'ils avaient mises en place, ils ont
maintenu. Qu'est-ce que vous avez à dire? Quand j'ai dit... Comme j'ai dit,
quand la ministre elle-même dit : Non, ça doit être rétabli partout à ce
que c'était, et c'est chaque CIUSSS qui le fait de façon variable, vous, en
tant que ministre, qu'est-ce que vous dites à Santé Québec? Qu'est-ce
que vous dites à cette clientèle?
M. Carmant : Bien, encore une fois,
quand la ministre est intervenue, les établissements lui ont dit que c'est les
réévaluations cliniques qui ont été faites et qui expliquent les changements.
Donc, qu'est-ce qu'on fait par rapport à ça?
Mme Prass :
Elle m'a même avoué que ce n'était pas nécessairement le cas, qu'il y avait
des CIUSSS qui étaient plus difficiles à
convaincre que d'autres. Donc, ils ont tous fait des évaluations, mais il y en
a qui se sont repris, il y en a d'autres qui ne l'ont pas fait.
M. Carmant : Je pense que je vais vous
laisser faire la discussion avec elle, alors. Elle est plus au courant que moi.
Mme Prass :
Alors là, on va parler du Répit, un dossier qui vous passionne, je le sais.
Et justement, donc, vous avez annoncé
50 millions sur cinq ans pour le Répit. Dans le cahier des crédits que
vous nous avez fourni cette année, justement, on a vu les montants qui
ont été annoncés pour chaque région et on voit que, sur 25 CISSS et CIUSSS qui
sont énumérés dans la liste, il y en a 11 qui n'ont reçu aucun financement la
première année, dont aucune place n'a été
créée la première année. On sait que l'argent est retourné dans le fonds
consolidé du gouvernement, mais ça ne vous dérange pas? Parce que, quand
même, vous avez fait l'annonce en avril 2023, si je ne me trompe pas, et de
l'argent n'a pas été dépensé au 31 décembre.
Est-ce que c'est... Est-ce que la directive n'a pas bien été établie pour les
CISSS et les CIUSSS? Est-ce que... J'essaie de comprendre, parce que, vous
comprendrez, c'est un service essentiel pour beaucoup, beaucoup de familles.
M. Carmant :
Non, je sais.
Mme
Prass : Et il y a des
régions, quand ils ont su qu'ils n'auraient pas... qu'il n'y avait pas d'appel
de projets qui allait faire... qui allait se faire dans la première année, ça a
été très, très... une réalité très difficile pour plusieurs d'entre eux. Comment est-ce que vous expliquez ou
vous justifiez que, sur 25 CISSS, et CIUSSS, et conseils, il y en a 11
qui ont reçu zéro argent la première année?
M. Carmant :
Bien, on va commencer par la bonne nouvelle, que, cette année, on me dit
que tout l'argent va être dépensé dans les
différentes régions. Je pense qu'on en a déjà parlé, de ça. Quand on a annoncé
le programme, puis c'est peut-être ma méconnaissance, mais je pensais que le
programme existait déjà partout, dans tous les établissements du Québec. Ce qu'on s'est rendu compte quand on a
lancé le programme, c'est que plusieurs des établissements... en fait, ce
qu'ils utilisaient, c'étaient des sommes résiduelles de leur budget pour les
personnes en situation de handicap qu'ils utilisaient pour du Répit par la suite. Donc, les ententes n'étaient pas
établies entre les établissements puis les organismes communautaires.
Puis, comme on s'est
déjà dit, bien, il y a des régions, comme la Capitale-Nationale, où la
collaboration se faisait très bien, où tout a pu être fait très rapidement,
puis y a des endroits où c'est plus difficile, comme en Estrie, où ça a pris
beaucoup plus de temps, et effectivement les sommes n'ont pas été dépensées.
Puis, tu sais, je... ce n'est pas une bonne
solution, mais malheureusement, tu sais, les sommes sont périmées, puis le
ministère des Finances ne va pas nous redonner les sommes non utilisées
la première année. Mais maintenant la bonne nouvelle, encore une fois, c'est
que toutes les sommes vont être utilisées pour 2024‑2025, d'après les
prédictions que j'ai reçues.
Mme Prass : Et également, si je ne me
trompe pas, lors du dernier... de la dernière élection, le gouvernement s'est
engagé à 100 millions pour le Répit, donc il y a un autre 50 millions
qui est attendu par le milieu. Avez-vous l'intention, prochainement,
d'annoncer ce 50 millions?
M. Carmant : Bien, je ne m'engagerais
pas là-dessus, mais c'est sûr que, vous avez effectivement raison, là, c'est
ce qui avait été dit.
Mme Prass : Et, bon, avez-vous
l'intention, d'ici la fin du mandat, d'être en mesure de pouvoir annoncer ce
nouveau 50 millions?
M. Carmant : Je
le rappelle à mes collègues, que c'est ce qu'on avait dit.
Mme Prass : Parce que ce qu'on
a entendu, ça revient un petit peu à ce que vous avez dit, des régions qui se
plaignent du fait qu'il y avait du Répit qui était financé par le CISSS, le
CIUSSS, et, depuis que vous avez annoncé votre
programme, bien, c'est les mêmes programmes qui sont maintenant financés par le
50 millions pour le Répit. Eux, ils
voient ça comme quatre vingt-cinq sous pour une piastre. Ils ont beaucoup de
difficulté parce qu'eux, ils avaient des services qu'ils ont développés, ils voulaient faire accroître l'offre de
services, pas la maintenir, et changer le financement. Est-ce que c'était votre intention, quand vous
avez annoncé le 50 millions, qu'une partie de ces sommes-là soit utilisée,
justement, pour...
M. Carmant : Pérenniser.
Mme Prass : ...exactement, des
services que les CIUSSS finançaient à eux-mêmes?
M. Carmant : Bien, comme je
vous ai dit, lors de la campagne électorale, là, on était convaincus que
c'était un programme qui existait déjà et
qu'on venait bonifier, et ce n'était pas le cas. Ce qu'on veut faire pour... je
ne dirais pas si c'est compenser qui est la bonne chose, mais on veut également
travailler sur des sommes pour le financement du répit pair-aidants
aussi, qui devrait pouvoir venir bénéficier à ces familles-là. On a des
montants qui sont disponibles pour ce type de répit là et on va travailler à
développer ce volet-là, sur lequel on a peu travaillé jusqu'à présent.
Mme Prass : Parce qu'il y a
même des régions qui avaient des services de répit qui les ont perdus depuis
que l'annonce a été faite. Par exemple, pour
La Haute-Gaspésie, il y avait un service de répit qui existait, et le financement
a été retiré. Ils ont dû fermer, ils ne pouvaient plus répondre aux besoins.
Autisme en
Gaspésie, il ne nous reste que le... il ne leur reste que le répit individuel à
la maison dans le secteur de Bonaventure. Il n'y a pas d'autre... Puis il y a
des projets qui ont été déposés. Alors, il y a une grande crainte.
Moi, j'ai parlé à Autisme de l'Est, dont le
territoire dont ils sont responsables est vraiment énorme, et qui ont vu des services qui ont été coupés plutôt que de
les voir maintenus ou accroître, ils ont été coupés. Alors, moi, j'ai beaucoup
de difficulté à comprendre comment un
programme qui est destiné, justement, pour financer ces services de répit là,
depuis qu'il a été annoncé, il y a des régions qui se trouvent avec plus
de Répit.
M. Carmant : Mais
c'est difficile à expliquer, effectivement, mais on va regarder la situation,
là. Je ne suis pas au courant du dossier précisément, mais je vous
promets que je vais... on va s'y attarder.
Mme Prass : Là, je vais passer
vite parce qu'il reste cinq minutes. Une couple de choses. Premièrement, vous
avez parlé des psychologues avec mon collègue plus tôt. On s'est fait informer
que les psychologues n'ont toujours pas reçu l'augmentation qui a été négociée
lors des dernières conventions collectives et ils n'ont pas reçu leurs primes
non plus. Comment est-ce... On est plus d'un an plus tard. On essaie de les
encourager à rester dans le système. On a
négocié une augmentation des primes, et ils n'ont toujours pas reçu. Comment
est-ce que vous expliquez cette réalité?
M. Carmant : Bien,
c'est spécifique au système de finance, là. Je pense qu'il y a deux systèmes,
là, dans le réseau. Il y en a un qui
a réussi à ajuster leurs primes de façon rapide, là, je pense que c'est 19...
la majorité des établissements. Malheureusement, on en a une dizaine chez qui
ceci n'a pas encore été fait. La situation devait être corrigée rapidement
la dernière fois qu'on s'en est parlé.
Mme Prass : O.K. J'ai déposé
une pétition plus tôt cette année, question d'hébergement pour les personnes vivant avec une DI ou un TSA, parce que ce qu'on
entend sur le terrain, c'est que c'est très difficile pour des organismes
communautaires, des groupes de parents, des groupes de familles de développer
des... bien, ils arrivent à la SHQ, et les programmes sont... les critères sont
très, très rigides, et ce qui fait en sorte qu'ils n'arrivent pas à avancer. À
part pour les différents milieux de vie dont... je vais vous en parler un petit
peu plus, il y a la question de la formation, par exemple, parce que, malheureusement... plusieurs cas de maltraitance qui
ont été dans les médias dans les dernières années pour des personnes
vivant avec DI ou TSA. Alors, allez-vous... avez-vous l'intention, par exemple,
de renforcer la formation du personnel et la surveillance des milieux de vie
substituts pour garantir des conditions de vie adéquates?
• (18 h 10) •
M. Carmant : Bien, on est en
train de travailler sur une de vos demandes, là, qui sont les caméras dans les RAC. Puis en fait ça va être plus élargi que juste
les RAC, là, ça va être dans toutes les ressources pour les adultes, dans
les chambres, installées par les parents, parce qu'on a des enjeux syndicaux,
évidemment, qu'il faut respecter.
La formation,
on n'a pas de projet spécifique, là, contrairement à ce que j'ai mentionné, là,
pour... au niveau de la protection de la jeunesse ou la violence conjugale, là.
Mais c'est sûr que nous, on est en train de négocier avec les RI et RTF pour s'assurer que toutes les ressources
soient disponibles et que le financement soit disponible pour continuer à
héberger nos jeunes, nos adultes dans ces ressources qui sont essentielles.
Mme
Prass : Parce que ce qu'on a vu à Jardin Laval, par
exemple, dans les dernières années, c'était... je pense qu'une chose qui
a été pointée du doigt, c'était le manque de formation, justement, de ces
personnes-là, qui a fait en sorte qu'il y a eu des cas de maltraitance. Donc, je pense que c'est
très important pour le milieu que les personnes qui vont être mandatées
pour accompagner ces personnes-là aient la formation requise pour s'assurer
qu'ils comprennent leur réalité et puissent bien s'occuper d'eux sans qu'il y
ait de question de... sécuritaire.
M. Carmant : O.K. Mais une des
choses sur lesquelles on s'engage dans le budget de cette année parmi les
sommes en adaptation résidentielle, c'est d'avoir un regard particulier pour
ceux qui ont des troubles graves du comportement.
Ils ont un besoin criant, là, dans le réseau, actuellement. Donc, ça, on veut
travailler vraiment là-dessus. Et
j'ai déjà mentionné aussi que je... on va travailler sur la sortie des centres
jeunesse de tous les jeunes DI-TSA qui ne devraient pas y être,
également.
Mme Prass : Dernière
question...
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée, votre temps est
terminé.
Mme Prass : O.K. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup.
Mme Prass : Merci.
Document déposé
Le Président (M. Provençal)
: Alors, avant de poursuivre, j'ai pris
connaissance des tableaux concernant les listes d'attente qui ont été
transmises par le ministre et j'autorise le dépôt de ces documents. Les
tableaux ont déjà été transmis aux membres sur Greffier et seront disponibles
prochainement sur le site Internet de l'Assemblée.
Maintenant, je vais céder la parole à la députée
d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. le ministre. Très heureuse de pouvoir échanger avec vous
aujourd'hui. Je voulais saluer vos équipes aussi. C'est toujours un exercice
assez fastidieux, hein, les études de crédits, donc je voulais saluer les
différents professionnels avec vous.
Plusieurs questions, en fait, mais je vais
d'abord commencer par l'itinérance. On en a parlé à maintes reprises. Moi, je
voulais juste souligner le fait que, ma région, comme toutes les autres, là, on
voit une hausse de plus en plus importante de ce phénomène-là depuis la
pandémie. Je suis personnellement préoccupée par l'itinérance au féminin. Moi,
je le sais, que, dans mes communautés, on en voit plusieurs, femmes qui dorment
dans leur voiture ou parfois même dans des tentes cachées dans le bois. Donc,
c'est quelque chose... Je sais que c'est de l'itinérance qui est... On va... On
s'attarde beaucoup à l'itinérance qui est plus visible, puis, à un moment
donné, il faut commencer en quelque part, là, mais, je voulais juste vous le
souligner, c'est quelque chose qui m'interpelle.
Je sais qu'on
a fait un dénombrement en 2022. Ma première question... Il y a plusieurs de mes
collègues, là, qui ont participé à cet exercice-là. Ma première question
est : Qui fait... Qui s'en occupe? Ça, c'est ma première question.
La deuxième concernant l'itinérance, c'est
que... Je le sais, là — vous
en avez discuté, on a échangé avec les collègues de l'opposition — qu'il
y a beaucoup de choses qui se font. Vous avez dit vous-même : Tous les
projets, je vais les regarder, tous ceux qui
lèvent la main. Vous avez des projets pilotes, peut-être toxicologie...
itinérance, toxicologie, en toxicomanie, mais qu'est-ce qu'on doit
faire, là, pour... Moi, je vois de plus en plus cette hausse-là. Est-ce que
vous avez espoir qu'on va changer la tendance? Donc, ça serait mes deux
premières questions.
M. Carmant : O.K. Je vais
commencer par la deuxième puis je reviendrais sur le dénombrement. La solution, elle est... Tu sais, je suis allé, là,
au congrès de l'Union des
municipalités du Québec, puis ils
ont... il y a une diapo qu'ils ont montrée qui m'a frappé, là, c'est
que, quel que soit l'argent qu'on investit en itinérance, tant qu'on n'investit
pas dans la prévention, la courbe continue à augmenter. C'est peut-être... Plus
on met d'argent, plus elle s'incline, plus elle diminue d'accélérer rapidement,
mais elle continue d'augmenter.
Donc, nous, je pense qu'on a fait les choses
dans l'ordre. Tu sais, on est arrivés après la pandémie, on avait des mesures
hivernales uniquement. On a ouvert des refuges, puis l'autre chose que
j'insiste beaucoup, on a ouvert des refuges partout à travers le Québec, là,
dans toutes les régions, alors qu'avant, l'itinérance, on en prenait soin à
Montréal, à Québec, dans quelques grandes villes. Mais vraiment, pour nous,
c'était important pour s'assurer que les gens
puissent récupérer puis se stabiliser dans leur milieu, et comme ça ils sont
capables de se rétablir plus rapidement. On a travaillé très fort pour
en ouvrir partout, des ressources. Donc, ça, c'est la première chose.
La deuxième chose, une fois qu'on a fait une...
l'augmentation des refuges, je pense qu'il fallait aller à la prochaine étape.
Puis c'est pour ça que j'ai beaucoup insisté, puis c'est pour ça que j'étais
hésitant, tantôt, à dire que je vais mettre plus de refuges dans les
municipalités, c'est que, un, il y a des gens qui sont dans nos refuges depuis
la pandémie. Tu sais, il y a des gens, ça fait un an, deux ans, ils sont prêts
à aller en logement, mais on n'a pas les logements
disponibles pour les aider. Donc, ce que j'ai demandé, et puis, tu sais, j'ai
insisté, là, c'est qu'on développe une formule, qui est l'hébergement de
transition, qui va les permettre de sortir des refuges, aller dans des endroits
où ils vont avoir plus d'autonomie avant
d'être dans un logement supervisé. Puis là ça commence à lever, là, ce
modèle-là. On a vu le premier avec les modulaires à Gatineau, puis ça,
c'est le privé qui nous a aidés, dans celui-là, autant si ce n'est
pas plus que la municipalité, à ouvrir 100 places, dont 40 sont déjà
ouvertes. On va avoir trois... trois unités... trois sites de modulaires à
Montréal, on va avoir des modulaires également dans la région de Québec.
Donc, ça, c'est des unités qui sont... qui se
montent rapidement, qui se branchent rapidement au réseau. Ça peut se faire...
Tu sais, les écoles le font depuis toujours, là. Donc, on peut développer ça
dans chacune de nos municipalités.
Et puis, il faut le mentionner, l'avantage... un
des avantages d'avoir de l'hébergement de transition, c'est qu'on peut en... on
peut desservir beaucoup plus d'individus, parce que, tantôt, je disais que le
ratio en transition, c'est un sur 10, en
logement supervisé, c'est un intervenant sur 20. Puis ça, on compare ça, là, au
soutien en logement communautaire, là, où c'est les gens... plus les
HLM, là, où on parle d'un sur 200, là, un sur 150, là. Donc, c'est quand même
un soutien qui est significatif. Mais, quand on est dans des refuges où on doit
accueillir des gens qui sont souvent intoxiqués, bien là, on parle d'un sur
quatre, là.
Puis on ne peut pas avoir des refuges qui sont
occupés en grand nombre par des gens qui sont prêts à aller en logement et qui
ont souvent l'avantage de... comme ils sont mieux organisés, d'aller travailler
le jour, ils arrivent le soir, ils prennent leur billet et réservent leur lit,
tandis que ceux qui ont des besoins en santé mentale ou au niveau toxico, ils
arrivent tard le soir, il n'y a plus de place, puis c'est eux qui se font
refuser et qui dorment dans les rues. Donc, il faut changer cette dynamique,
libérer les refuges des gens qui peuvent aller en hébergement, et là, ensuite,
on va pouvoir, je pense, améliorer la situation de façon importante.
Puis, oui, je suis... tu sais, l'itinérance
cachée, c'est quelque chose qui existe depuis toujours. C'est quelque chose,
effectivement, qui touche beaucoup plus les... qui touche beaucoup les femmes.
Et, oui, on a ça dans notre mire. Puis surtout, encore une fois, au niveau de
la prévention, il faut que les gens, dès qu'ils puissent... dès qu'ils ont
besoin d'aide, puissent trouver une solution. Puis on a fait la prévention au
niveau de la sortie carcérale, centres jeunesse, puis j'ai beaucoup d'espoir
sur le projet avec le Tribunal administratif du logement. Ça, je pense que
c'est quelque chose qui pourra faire une grande différence.
Mme Grondin : Donc, on voit
qu'il y a vraiment différentes clientèles, là, en termes de prévention.
M. Carmant : Exact.
Mme Grondin : Les services, le
continuum de services est différent ou est adapté en fonction du besoin ou de
l'enjeu.
M. Carmant : Exact. Puis on
cherche des pistes de solution pour les aînés. Souvent, un couple à faibles
revenus, quand un des deux décède, il y a un enjeu à ce niveau-là. Donc, si on
n'est pas capables de les capter par le tribunal du logement, il va falloir
trouver une solution autre. Même chose pour les dysphories de genre. Je pense qu'il y a un haut risque, à la sortie de centres
jeunesse, d'itinérance pour ceux de la... qui sont... LGBTQ2+, donc il faut
vraiment regarder ça.
Mme Grondin : Dernière petite
question.
Une voix : ...
Mme Grondin : Dénombrement,
c'est vrai.
• (18 h 20) •
M. Carmant : Dénombrement,
c'est les organismes communautaires qui font le travail avec les gens du réseau. C'est un travail monstre que nos équipes
font, là, pour... le soir du dénombrement, une opération, là, qui s'est faite
dans plusieurs régions du Québec cette année, encore plus que la dernière fois,
donc je les remercie. Idéalement, ce qu'on regarde, c'est une énumération, donc
les ressources d'hébergement qui vont être notées à chaque année, puis des
dénombrements aux trois ans. C'est la tendance, là, qu'on est en train de
discuter avec le gouvernement fédéral.
Mme Grondin : Merci. Parce que,
vous avez tout à fait raison, c'est important de mettre en valeur la
contribution des organismes ou des communautés. Ce n'est pas juste une
responsabilité de l'État, là, et donc, là, c'est une des façons de contribuer à
cet enjeu-là.
Je vous pose
la même question avec les enfants en situation de handicap, parce que, dans le
fond, des familles, pour en avoir
parlé avec plusieurs... tu sais, on a mis en place... depuis 2018, en fait, on
met en place... on est très sensibles à
cette question-là, donc, d'offrir plus de services, que ce soit du soutien à
domicile, des activités socioprofessionnelles, des activités de loisirs,
on parlait d'activités de répit, mais parfois, quand les parents vieillissent,
ce n'est pas toujours simple de pouvoir garder leurs enfants avec eux à la
maison, donc c'est des choix qui sont déchirants, difficiles. Puis parfois il faut être capable aussi de permettre ou
d'offrir la possibilité à ces parents-là de dire : Bien, quand il sera
adulte ou quand je serai disparu, qu'est-ce qui va arriver?
Donc, on en parlait... je pense que c'est avec
ma collègue, on en parlait, donc, des différents milieux de vie variés, et c'est là... Est-ce que c'est un peu la même
approche que pour l'itinérance, dans le sens où on va y aller avec des types d'hébergement? Vous en aviez parlé, que
ça soit des logements sociaux, communautaires, des appartements supervisés,
est-ce que c'est des milieux qui vont... ou, tu sais, des places d'hébergement
qui sont adaptées à la clientèle? On fait la même chose?
M. Carmant :
Absolument. Puis, tu sais, je tiens à rappeler que le projet de maisons des
aînés, maisons alternatives, quand ça
avait... quand ça a été présenté en 2018, c'était... sur les quatre... sur les
46 maisons, là, il y avait peut-être une centaine de places pour la
clientèle adulte en situation de handicap. Puis j'avais travaillé, à l'époque,
avec Mme Blais... Blais, c'est ça, pour rehausser ce nombre, puis là on a
plus de 800 places qui vont être offertes à ceux qui ont des besoins
particuliers. Donc, ça, un, ça, j'en suis très fier, de ce rehaussement-là au
niveau du nombre de places.
Le deuxième, c'est le
modèle de logement supervisé qu'on a vraiment développé puis mis de l'avant
partout à travers le Québec. On parlait du projet de Phare de l'Île, qui en est
un, de ces projets-là, mais, dans le comté de D'Arcy-McGee ou à Côte-des-Neiges,
on en avait ouvert un qui était particulier, avec Mme Aguiar, où là
c'était le premier projet qu'on ouvrait avec une clientèle déficience modérée,
déficience intellectuelle modérée, qui utilisait toutes sortes de technologies
innovantes pour garder ces gens dans une situation la plus autonome possible.
Puis je pense que
l'endroit où on a besoin de faire un petit effort, c'est au niveau de ceux qui
ont des troubles graves du comportement. Nous, on a mis de l'avant le modèle
des unités de réadaptation comportementale intensive, où ils viennent recevoir
de l'aide et retournent éventuellement à la maison, puis c'est très efficace.
Mais aussi il faut développer des modèles d'hébergement, aussi, parce qu'à long
terme les parents vieillissent et s'épuisent. Mais on est en train de travailler avec plusieurs fondations sur des modèles,
également, pour ceux qui ont des troubles graves du comportement.
Donc, je pense qu'on
a développé une palette, là, de services d'hébergement pour les personnes en
situation de handicap. Puis, encore une
fois, bien que les demandes sont importantes, à chaque fois qu'un groupe a levé
la main, on a travaillé avec eux pour que ça se réalise.
Mme Grondin :
Merci, M. le ministre.
M. Carmant :
Ça fait plaisir.
Le Président
(M. Provençal)
: Alors, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Dorismond :
Oui. Bien, pour faire suite à ma collègue, en discussion avec les jeunes, je
pense qu'ici, tout autour de la table, on est d'accord de dire que nos jeunes,
c'est notre relève, c'est notre fierté. C'est sûr, aussi, qu'on a des cas de
citoyens qui arrivent, souvent, avec les familles et on voit, des fois, les
familles désemparées, ils ne savent pas où donner... quels services prendre
pour leurs jeunes qui sont... qui vivent des difficultés. Et j'aimerais vous
parler du programme de services de Jeunes en difficulté, que j'ai pu rencontrer
certaines équipes. Je sais qu'il se passe de
belles choses dans des... certains CISSS, CIUSSS, je pense à la Capitale-Nationale, qui ont innové, qui ont intégré
des pharmaciens pour ajuster la médication des jeunes en difficulté auprès des
familles pour répondre rapidement et ne pas envoyer le jeune à l'urgence
et de régler la problématique immédiatement.
On voit aussi que,
pour le programme des Jeunes en difficulté, les bénéfices des ressources de
première ligne pour les jeunes et aussi
l'encadrement pour les parents à... qui permet aussi d'agir en amont, non
seulement, aussi, à la DPJ, puis ça aussi, à ce sujet, la Commission
spéciale des droits des enfants et protection de la jeunesse, commission
Laurent, qui recommandait, dans son rapport final, chapitre 2, de
«permettre, à l'intérieur du programme de services de Jeunes en difficulté du
CLSC, l'accès à des services efficaces et adaptés aux besoins des jeunes et de
leurs parents partout sur le territoire québécois : en assurant l'accès à
un temps opportun; en assurant l'intensité nécessaire; en dispensant des services dans les milieux de vie — comme
ma collègue discutait tout à l'heure — dans
les écoles, dans la communauté; en offrant aussi des programmes reconnus
efficaces et valides.»
Donc, ma
question : Pouvez-vous nous dire qu'est-ce qui a été fait, qu'est-ce qui a
été développé? Puis, en lien avec le service de première ligne, est-ce qu'on
est en prévention tertiaire? Trois petites questions.
Des voix :
...
Mme Dorismond :
Trois petites questions.
M. Carmant :
Bien, la première bonne nouvelle, c'est que nos listes d'attente en jeunes
en difficulté également sont en train de diminuer. Puis, là encore, comme je
l'ai expliqué, avec l'arrivée du programme Agir tôt, il y a eu une grosse
demande. On a passé cette vague un peu plus difficile, mais nos listes
d'attente sont en train de diminuer, là. On parle d'une diminution de
3 000 sur 15 000 en attente, là, dans la dernière année, puis ça
continue de diminuer. Moi, je pense que ceux
qui font bien les choses, c'est les guichets d'accès unique, puis ça, je pense
que c'est vraiment la meilleure façon d'approcher la problématique.
Une des choses que
nous, on parle, quand... notre vision de l'accès, faciliter l'accès, c'est
d'accompagner le jeune et sa famille vers le
bon service. Le réseau est très compliqué. Le réseau est même compliqué pour
nos intervenants. Ce qu'il faut,
c'est vraiment permettre à la famille d'avoir un point de contact et qu'elle
soit amenée vers le bon intervenant au bon moment. Puis moi... C'est la
beauté de travailler avec Santé Québec, on a des endroits qui font les choses
de façon fantastique, et ça, ça doit être répliqué partout à travers le Québec,
et, avec Santé Québec, on a la chance de déployer
ces meilleures pratiques partout. Puis il faut faire attention, là, tu sais, il
y a beaucoup de gens qui disent : Oui, mais c'est une entité, etc. Non, le but, là, c'est vraiment de déployer
les meilleures pratiques et que ce soit, évidemment, adapté aux
pratiques locales.
Puis moi, je
suis le... la personne qui est peut-être le mieux placé pour s'en rendre
compte. Avec le programme Agir tôt,
ça a été déployé de façon très variable d'un endroit à l'autre. Pourtant, la
recette, je la connaissais comme le... tu sais, par coeur, mais, d'un établissement à
l'autre, les règles ont été déterminées différentes pour des régions... pour des
raisons qui ne sont pas claires. Donc, il y
a des... certains fondamentaux qui doivent être respectés, puis on a la chance
de faire ça et d'évoluer vers ça avec Santé Québec.
Donc, moi, je
pense que le guichet d'accès unique jeunesse, c'est le futur, amener la famille
et l'enfant vers le bon service le plus rapidement possible, puis ça, ça
peut se faire partout au Québec avec succès.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le ministre.
Document déposé
En terminant,
j'ai pris connaissance du tableau concernant l'évolution du nombre de personnes
sur la liste d'attente en santé mentale qui a été transmis par le
ministre, et j'autorise le dépôt de ce document. Le tableau sera disponible
prochainement sur le site Internet de l'Assemblée.
Ceci dit, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mardi 6 mai, à 9 h 45, où elle
entreprendra l'étude du volet Santé des crédits budgétaires du portefeuille
Santé et Services sociaux.
Merci à tous de votre contribution puis votre
collaboration.
(Fin de la séance à 18 h 30)