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Commission permanente des Transports
Projet de loi no 23 Loi des transports
Séance du mercredi 25 août 1971
(Dix heures huit minutes)
M. KENNEDY (président de la commission permanente des
Transports): A l'ordre, messieurs !
Je souhaite la bienvenue aux délégations présentes,
ainsi que nous l'avons déjà fait aux auditions
précédentes. Nous sommes heureux de constater
l'intérêt suscité par les discussions engagées au
sujet du bill 23. Puisque l'on a déposé beaucoup de
mémoires, nous prions instamment les intervenants d'être brefs
dans l'expression de leurs suggestions en donnant les points essentiels de
leurs doléances. Certains de ces mémoires sont déjà
à l'étude et les autres seront étudiés avec soin.
Ceux qui seraient longs seraient injustes pour les autres; certaines
délégations nombreuses n'auraient pas le temps de passer leur
mot. Comme dans le passé, nous continuerons de prendre bonne note des
suggestions qui nous seront faites et je puis vous assurer que la commission
fera de son mieux pour la satisfaction des intérêts
légitimes de la population.
Nous allons commencer ce matin avec l'Association des transports
écoliers du Québec. Me Pierre Delorme.
Association des transports écoliers du
Québec
M. DELORME: M. le Président, MM. les ministres, MM. les
députés, je dois vous dire qu'au début de mon
exposé je parlerai aussi au nom de deux autres associations, soit le
Comité des propriétaires des autobus scolaires des régions
de Montréal, Hull et Québec, représenté ici par Me
François Perreault, et aussi le Front uni des transporteurs
d'écoliers, représenté ici par M. Labonne. MM. Perreault
et Labonne donneront des explications tantôt sur leur mémoire,
mais, avant de passer aux mémoires comme tels, nous aimerions vous faire
part de l'unanimité de ces trois groupes sur certaines de nos remarques
sur le bill 23. Nous avons adressé, le 11 août dernier, à
M. le ministre Tremblay une lettre indiquant les points sur lesquels nous
étions unanimes. Ces points sont pour les transporteurs
d'écoliers d'une très grande importance et nous aimerions que
vous y attachiez autant d'importance que nous.
Nous demandons d'abord l'abolition totale du régime des
soumissions publiques et la reconnaissance des droits acquis des transporteurs
d'écoliers. Ces transporteurs d'écoliers ont formé des
entreprises à la demande des commissions scolaires ou, à notre
point de vue, à la demande du gouvernement. Ces entreprises sont quinze
fois plus grosses aujourd'hui qu'il y a quinze ans; donc, une augmentation
moyenne de 100 p. c. par année. Je pense qu'aujourd'hui on doit
reconnaître à ces entrepreneurs des droits acquis.
Nous demandons aussi l'assurance d'être tous
représentés au conseil consultatif. Le transport scolaire, au
Québec, représente environ 12,000 autobus, 12,000 chauffeurs
d'autobus et près de 3,000 entrepreneurs. Dans le transport, c'est
quelque chose d'assez volumineux qui nous donne sûrement le droit
d'être représentés parmi les vingt membres du conseil
consultatif.
Nous demandons aussi que le conseil consultatif soit consulté
avant l'adoption des règlements. Si nous comprenons bien, le conseil
consultatif sera composé d'experts dans différents domaines de
transport et nous croyons qu'il serait du rôle de ces experts d'aviser le
ministre avant qu'il ne fasse ses règlements.
Si les transporteurs étaient dépossédés par
l'intégration au service de transport public, nous demandons que ces
transporteurs qui seront dépossédés puissent vendre leurs
actifs et, en fait, que ceux qui les déposséderont soient
obligés d'acheter leurs actifs et leur permis, maintenant que la
Commission des transports nous accorde un permis. Nous demandons aussi que
toute acquisition d'autobus par une commission scolaire soit soumise à
une audition publique devant la Commission des transports. Ceci est assez
important parce qu'actuellement il y a peut-être des gens qui
n'aimeront pas les mots il y a des commissions scolaires qui font du
chantage auprès de certains entrepreneurs en transport leur disant: Si
vous ne baissez pas vos prix, on achète nos autobus. Actuellement, il y
a des entrepreneurs en transport qui n'arrivent pas avec les normes qui ont
été établies par le ministère de l'Education, mais
les commissions scolaires les forcent presque à réduire aux
normes si ces gens-là veulent au moins avoir un peu de travail.
A l'article 96, paragraphe 5, nous demandons de préciser le
respect des droits acquis des transporteurs scolaires en ajoutant, après
les mots "nonobstant le paragraphe 3: "...sujets aux droits acquis des
transporteurs scolaires de la région donnée". Nous demandons
ensuite de restreindre les trop grands pouvoirs accordés dans le
passé aux commissions de transport. Les commissions de transport ont
été évidemment créées par les lois des
communautés urbaines ou aussi par les amendements aux chartes de
certaines villes, ce qui a conduit à des pratiques abusives de ces
commissions. Nous demandons donc le maintien intégral de l'article 132
du bill 23 qui modifie trois articles différents de la Loi des
communautés urbaines de Montréal, de Québec et de
l'Outaouais.
Nous demandons aussi que les détenteurs de permis ne soient
soumis qu'à la seule juridiction de la Commission des transports avec
droit d'appel au tribunal des transports, dans les poursuites pour infractions
à la présente loi, à l'exclusion de tout autre tribunal.
Nous deman-
dons l'abolition des recours civils. Il se produit actuellement
je pense que Me Perreault pourra vous en dire plus long que moi des
poursuites contre certains transporteurs devant environ cinq tribunaux pour une
même infraction. Nous croyons que c'est vraiment exagéré de
la part des gens qui ont poursuivi, et à chaque cas ce furent des
commissions de transport.
Enfin, que la Commission des transports soit seule habilitée
à reconnaître le droit à l'expropriation d'un service de
transport et à en établir le montant de l'indemnité;
évidemment, ce montant d'indemnité avec droit d'appel au tribunal
des transports.
Donc, en accord avec le principe du bill 23, M. le ministre, les
transporteurs scolaires sont heureux de vous le dire, ils sont d'accord sur le
principe de votre bill. Nous demandons toutefois que ces recommandations qui
nous semblent essentielles soient un complément à votre bill dont
nous souhaitons, à très brève échéance,
l'adoption.
Les autres paroles que j'ajouterai seront exclusivement au nom de
l'Association des transports écoliers du Québec. Mes deux
confrères parleront au nom de leur propre association. Dans le
mémoire que nous vous avons remis lors de la réunion du 30 juin,
l'Association des transports écoliers avait aussi insisté sur le
fait que nous sommes d'accord sur le principe du bill 23.
Depuis plusieurs années, les transporteurs d'écoliers
demandent au ministère de l'Education de créer soit une
régie autonome pour le transport scolaire, ou encore dans le
temps on parlait de régie, maintenant on parle de commissions
nous n'avons absolument pas d'objection à tomber sous la juridiction de
la Commission des transports qui sera crée par le bill 23.
Nous croyons que, dans le bill 23, il y a certaines politiques qui se
dégagent. Ces politiques devraient être aussi en conformité
dans tous les ministères. Que les ministères des Affaires
municipales, de l'Education ou des Transports, dès qu'il s'agit de
transport scolaire, soient au moins tous les trois consultés, ce qui ne
se fait pas actuellement, nous en avons eu la preuve dernièrement par
l'étude du bill 84 où nous nous sommes vraiment rendu compte que
le ministre des Transports n'avait pas été consulté au
sujet de la création d'une commission des transports.
Nous aimerions qu'à l'avenir, tout ceci soit vraiment
intégré au ministère des Transports, soit que le ministre
des Affaires municipales perde certains pouvoirs, ou qu'obligatoirement le
ministre des Affaires municipales consulte le ministre des Transports qui aura
maintenant des pouvoirs accrus avec le bill 23 et qui aura autorité sur
les transporteurs scolaires.
Le fait le plus important pour nous est d'insister sur
l'insécurité actuelle des transporteurs d'écoliers. Les
transporteurs d'écoliers ont toujours fait un excellent service aux
commissions scolaires. J'ai remarqué les mémoires qui ont
été déposés, soit par l'association des directeurs
de transport, soit par certaines commissions scolaires. Vous le remarquerez
aussi à leur lecture, ces gens-là sont fiers des transporteurs
d'écoliers actuels. Il y a eu dernièrement un projet de
planification préparé par la commission scolaire régionale
de Chambly. Dans ce projet, on dit aussi qu'on est fier des transporteurs
d'écoliers actuels, qu'on est fier du service. On sait que ce service
est sécuritaire, qu'il est efficace et que ces gens-là utilisent
du matériel adéquat pour le service demandé.
Il reste que, même avec ce service que nous fournissons, nous
demeurons dans l'insécurité.
A l'avenir, le transporteur d'écoliers devra être muni d'un
permis annuel expirant le dernier jour du mois de mars. Est-ce que les
transporteurs pourront vraiment investir pour l'avenir s'ils ont un permis
annuel? Nous demandons donc que ce permis soit automatiquement renouvelable, au
moins. Evidemment, il pourra être annulé pour les causes normales
d'annulation d'un tel permis. Mais si vous voulez avoir du transport scolaire
de plus en plus de sécurité, il est plus que temps que ces
transporteurs soient reconnus et qu'un permis automatiquement renouvelable leur
soit accordé.
Il est aussi question, dans le projet de loi 23, de l'intégration
du transport scolaire au transport public. Pour l'enfant qui utilise un autobus
de transport scolaire, que représente l'intégration du transport
scolaire au transport public? Cela représente l'abolition de toutes les
questions de sécurité qui ont été discutées
jusqu'à ce jour. Actuellement, la plupart des enfants prennent l'autobus
à la porte de leur domicile; ils ont des endroits fixes dans l'autobus,
ils sont assis, ils savent où les points de correspondance se font, s'il
y en a dans la plupart des cas, il n'y en a pas et aussi les
points d'arrêt dans les cours d'écoles, dans les points de
sécurité.
Est-ce que, à l'avenir, vous êtes intéressés
à ce que les enfants qui utiliseront le transport public, si jamais il y
a intégration, soient obligés de passer pour donner un
exemple par le métro sur la rive sud pour se rendre à une
école qui est trois milles plus loin? Est-ce que les adultes qui
utilisent le service de transport public sont intéressés à
passer par une école avant de se rendre au métro sur la rive sud?
C'est presque impossible d'intégrer les deux services.
Vous avez actuellement, en plus, un transport scolaire qui est le
transport le moins dispendieux dans la province de Québec; vous avez un
transport scolaire qui est fait en fonction des enfants, c'est-à-dire en
fonction des personnes transportées; pourquoi essayer d'abolir un
transport comme ça?
Nous demandons que ces questions d'intégration au transport
public ne soient utilisées qu'avec une très grande réserve
puisque dans
tous les cas ceux qui paieront, peut-être pas en argent, ce seront
quand même les enfants qui n'auront pas le service qu'ils ont
actuellement.
Enfin, concernant les soumissions publiques, j'ai dit au début de
mon exposé que nous demandions leur abolition. Le projet de loi 23
propose une solution qui est la soumission publique pour trois ans, avec un
contrat renouvelable pour trois autres années. Quand on étudie,
d'une façon assez approfondie, cette question du contrat, on peut dire
à peu près un contrat de six ans, pour les transporteurs
scolaires; c'est moins bien que ce qu'ils avaient avant. Avant, on savait qu'on
avait un contrat annuel. Donc, les gens qui veulent faire du transport
scolaire, qui veulent investir, savent qu'ils s'engagent pour un an et qu'ils
ont la possibilité, au bout d'un an, de perdre leur contrat.
Actuellement, si le projet de loi 23 est adopté tel quel, ils
s'engageront pour six ans. Donc, il y a des gens qui vont se dire: On peut
prendre le risque.
Les contrats pourraient être accordés, d'après le
bill 23, sans que le soumissionnaire soit propriétaire d'autobus. Donc,
une fois qu'il aurait son contrat, le soumissionnaire dirait: Bien, je vais
acheter des autobus usagés. On aurait donc une concurrence probablement
déloyale par rapport à ce qu'on a actuellement.
On préfère le principe de la soumission annuelle,
même si on n'en veut plus, parce qu'il reste que tous les ans, c'est
toujours à recommencer et tous les ans on est dans une période
d'insécurité. L'insécurité est quand même un
peu moins grande que si le contrat était de six ans, parce que,
évidemment, celui qui a déjà investi peut le faire
à un coût moindre que celui qui n'a pas encore investi. De toute
façon, nous croyons que la solution idéale, ce serait la
reconnaissance des droits acquis.
Il n'est pas question ici de parler de principes de droit, à
savoir si au point de vue juridique nous avons des droits acquis ou si nous
n'en avons pas. Il reste que nous n'avons peut-être pas des droits acquis
comme tels; certains conseillers juridiques du ministère vous diraient
ça. Nous avons, au moins, le droit acquis à la soumission. Alors,
il ne faudrait pas nous enlever la soumission, si on ne veut pas nous
reconnaître des droits acquis au transport.
J'ai cité, dans le mémoire que j'ai produit, un jugement
qui donne une définition de ce que sont les droits acquis. Ce jugement
est, à mon point de vue, très intéressant. La plupart des
tribunaux, actuellement du moins, vont citer ce jugement comme jurisprudence et
moi je peux au moins l'interpréter comme voulant dire que nous avons des
droits acquis à la soumission. Alors, si on veut abolir les soumissions,
on se trouve à abolir nos droits acquis. Ce serait bien plus simple pour
le gouvernement de nous reconnaître des droits acquis au transport, tel
qu'il est effectué actuellement, et, ensuite, si vous parlez
d'intégration, au moins, d'accorder aux transporteurs scolaires le droit
d'être expropriés.
J'espère que ces quelques remarques feront bien comprendre les
difficultés actuelles des transporteurs scolaires, difficultés
qui seront sûrement moins grandes avec la nouvelle Commission des
transports. C'est pourquoi nous tenons à répéter que nous
sommes d'accord sur le principe du bill 23. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des questions de la part des membres
de la commission, qui s'adresseraient à Me Delorme?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre, M. le Président, je
désirerais poser une question au ministre des Transports. D'abord,
est-ce qu'il est bien exact, ainsi que l'a affirmé l'autre jour le
ministre des Affaires municipales, que, dans le cas de la loi créant la
Commission de transport de la rive sud de Montréal, on n'a pas
consulté le ministre des Transports?
M. TREMBLAY (Bourassa): Quant à moi, pour répondre au
député de Chicoutimi, je n'ai pas été
consulté sur la Commission de transport de la rive sud.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci. C'est ce que je voulais savoir, parce
qu'à la même question que j'ai posée au ministre des
Affaires municipales il m'a répondu les rapports de la commission
parlementaire en font foi qu'il en avait causé avec vous. Il n'a
pas dit qu'il y avait eu consultation en bonne et due forme, mais que vous en
aviez parlé l'un et l'autre.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelles sont ses intentions en
ce qui concerne les propositions qui sont faites par les représentants
du transport d'écoliers du Québec?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je prends bonne note de tous les mémoires
qui sont présentés à la commission. Après avoir
pris note de tous ces mémoires, quand arrivera le temps d'adopter la
loi, s'il y a des changements à faire à certains articles, nous
les ferons. Le personnel du ministère des Transports et celui du
ministère de l'Education, de qui relève le transport des
écoliers, sont ici et ils prennent note des recommandations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense bien que la
réponse du ministre, pour être prudente, n'est pas à tous
les égards satisfaisante, il le comprendra. Voici que l'on nous fait des
propositions en bonne et due forme. On nous demande d'amender la loi dans tel
ou tel sens. Il est bien évident que le ministre peut toujours se
rabattre sur cet expédient et dire qu'il en prend bonne note. Mais il
n'est pas tout d'en prendre bonne note, encore faut-il connaître
l'opinion du gouvernement en ce qui concerne ce problème
extrêmement complexe et vital du transport d'écoliers. Il y a
là un problème de sécurité, d'abord, pour les
étudiants, pour les enfants qui sont transportés. Il y a aussi un
problème de sécurité pour les
gens qui effectuent ce transport et qui consentent des investissements
assez considérables. Il y a, d'autre part, ce problème des appels
d'offres, que Me Delorme a évoqué tout à l'heure. Il a
touché les points sensibles, ceux qui inquiètent
particulièrement les représentants du transport d'écoliers
du Québec. On comprendra que les membres de la commission ne peuvent
pas, ici, se satisfaire d'une réponse de la nature de celle qu'on vient
de nous servir en disant: Nous en prendrons bonne note.
Dans quel sens le ministère ou le gouvernement entend-il "prendre
bonne note, de ces représentations, c'est-à-dire dans quel sens
entend-il infléchir la politique du ministère des Transports de
façon à satisfaire aux exigences qui ont été
formulées tout à l'heure?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je crois que ce serait prématuré
de répondre à la question du député de Chicoutimi,
alors que Me Delorme vient de présenter son mémoire, quand il y
en a peut-être encore vingt ou cingt-cinq autres qui ont des
mémoires à présenter. Je verrais très mal le
ministre des Transports donner une décision sur un mémoire, quand
il y en a peut-être 25 ou 30 autres.
Alors, à la fin, après que tous les mémoires seront
entendus en commission, je crois que le ministre pourra répondre,
après avoir réfléchi, après avoir
étudié. Non pas prendre cela à la hâte et rendre une
mauvaise décision, mais prendre tous les mémoires, les
étudier et après, je pourrai répondre au
député de Chicoutimi. Mais répondre au
député de Chicoutimi après chaque mémoire, non. Je
pense que je ne tomberai pas dans le jeu du député de Chicoutimi
de vouloir me faire contredire à chaque mémoire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président. Je crois que
nous touchons là le problème que j'avais évoqué
lors de la première séance de cette commission parlementaire.
C'est que l'on nous a proposé un projet de loi. L'on a invité,
par la suite, les représentants de diverses associations à se
faire entendre, mais il reste quand même acquis, dans l'esprit des
citoyens, que ledit projet de loi a été pensé par le
gouvernement et qu'il fait partie d'une politique d'ensemble de
l'administration gouvernementale. Je ne demande pas au ministre de porter un
jugement de valeur sur chacune des propositions qui sont faites, mais je lui
demande tout au moins de nous donner une opinion, particulièrement
lorsqu'on parle du transport écolier qui, comme on le sait, fait partie
d'un ensemble de problèmes qui inquiètent tous les citoyens.
Le fait que le ministre se réserve de porter un jugement sur
l'ensemble des mémoires qui seront présentés me donne
raison lorsque j'ai affirmé, lors de la première séance de
cette commission, que nous avions devant nous, qu'on avait déposé
à la Chambre un projet de loi qui n'était qu'un squelette et que
le ministre devrait procéder à une refonte complète de la
loi qu'il nous propose. Nous avons déclaré alors que nous
étions d'accord sur certains principes du projet de loi, sur la
réforme générale du problème du transport dans le
Québec, mais voilà que, devant les associations, face aux
représentations qui nous sont faites, nous exigerions à tout le
moins que le ministre nous donne quelque indication sur les intentions du
gouvernement, particulièrement dans le cas qui a été
évoqué tout à l'heure par Me Delorme.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, j'ai répondu
à la question du député de Chicoutimi, il y a quelques
instants.
M. LE PRESIDENT: Le député est quelque peu hors du sujet.
Il pourra revenir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De quelle façon, M. le
Président? J'invoque le règlement pour que vous puissiez me dire
de quelle façon je puis être hors du sujet.
M. LE PRESIDENT: Il pourra revenir sur ces questions, sur des questions
spécifiques, lorsque le projet de loi sera étudié en
comité, article par article.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous demande pardon, M. le
Président. Je vous demande pardon.
M. LE PRESIDENT: Là, on étudie le principe de la chose,
alors...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous demande pardon, M. le
Président, la procédure en commission parlementaire est la
suivante...
M. LE PRESIDENT: Je le sais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous entendons des mémoires. Nous
interrogeons des témoins...
M. BERTHIAUME: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...et nous interrogeons les ministres qui sont
les répondants du gouvernement. Ce n'est pas lorsque le projet de loi
sera déposé devant la Chambre et que nous aurons l'occasion de
l'étudier article par article qu'il sera temps d'apporter des
amendements, parce que nous savons très bien que, par la force de sa
majorité parlementaire, le gouvernement fera fi de toutes les
représentations qui sont faites par les associations qui sont devant
nous.
Nous aurons à discuter particulièrement tout à
l'heure du problème des camionneurs artisans et l'on verra ce que cache
le gouvernement derrière le projet de loi qu'il veut nous faire adopter
à toute vapeur.
M. BERTHIAUME: M. le Président, nous ne sommes pas en
troisième lecture...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors j'exige du gouvernement qu'il nous donne
des explications sur ses intentions et sur les amendements...
M. BERTHIAUME: ... et la deuxième lecture est faite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président, j'ai la
parole.
M. BERTHIAUME : Nous sommes ici pour entendre, puis prendre les
responsabilités qui s'ensuivent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes ici pour entendre les
parties...
M. BERTHIAUME: C'est ça, c'est ce qu'on veut faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. Que les membres libéraux de
la commission ne s'alarment pas. Avant que ne vienne la troisième
lecture, nous entendons bien savoir exactement où va le ministère
des Transports et s'il a l'intention de faire disparaître le patronage
éhonté dont se plaignent toutes les associations qui viennent
devant nous.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors ceci étant mis de
côté, M. le Président, je demande au ministre des
Transports de nous dire au moins s'il a étudié les propositions
qui ont été faites tout à l'heure par les
représentants du transport d'écoliers.
M. LE PRESIDENT: Il a répondu à la question.
Le député de Dorion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président, j'invoque
le règlement. Vous n'allez pas quand même procéder de
façon "caporaliste" et dictatoriale. J'ai posé au ministre des
Transports une question bien précise. En ce qui concerne, par exemple,
la question des soumissions.
M. TREMBLAY (Bourassa): Cela fait longtemps que vous n'avez pas fait un
petit "show".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. TREMBLAY (Bourassa): Depuis que la Chambre est ajournée, vous
n'avez pas fait de petits "shows". Ce matin, vous avez ça dans le
goût. Au lieu d'entendre les gens qui s'y connaissent dans le transport,
vous seriez mieux d'aller prendre des cours à l'université Laval
et de laisser parler ceux qui s'y connaissent dans le transport.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis très
heureux de ce que vient de dire le ministre.
M. LACROIX: Sur un point de règlement, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends très bien...
M. TREMBLAY (Bourassa): Ecoutons ceux qui sont là, ils
connaissent le domaine du transport et ils peuvent donner leur opinion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je sais très bien que le ministre n'est
pas intéressé à faire connaître une politique qu'il
ne connaît pas lui-même n'ayant même pas pris part à
l'élaboration du projet de loi. C'est clair, ça?
M. LACROIX: M. le Président... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, je pose une question au ministre,
très simplement. Quelle est son opinion en ce qui concerne les
soumissions, les appels d'offres?
M. LACROIX: M. le Président, sur un point d'ordre. L'honorable
député de Chicoutimi sait très bien que les
règlements qui régissent les commissions parlementaires sont les
mêmes que ceux qui régissent les délibérations
à l'Assemblée nationale. Il est loisible au ministre de
répondre ou non, selon sa décision.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon! M. LACROIX: Certainement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LACROIX: Le député de Chicoutimi peut relire son
règlement et il verra...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LACROIX: ... que le ministre n'est pas obligé de
répondre à la question qui lui est posée par le
député de Chicoutimi. Je crois qu'on travaillerait beaucoup plus
efficacement... On est ici pour entendre des gens, pour interroger des
témoins afin d'essayer d'améliorer le projet de loi. Ce n'est pas
l'opinion du ministre dont nous avons besoin ce matin plus
particulièrement. Je crois que la question du député de
Chicoutimi est tout à fait prématurée et le ministre est
libre d'y donner suite ou non,
selon sa décision. Comme il a mentionné qu'il ne voulait
pas y répondre, la question doit être considérée
comme close, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur le rappel au
règlement fait par le député des Iles-de-la-Madeleine, je
vous ferai observer qu'en Chambre, à la période des questions, le
ministre a le loisir de répondre ou de ne pas répondre.
M. OSTIGUY: Quel article?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela, c'est à la période des
questions. Mais lorsque nous sommes en commission parlementaire, lorsque nous
sommes en comité plénier de la Chambre pour l'examen d'un projet
de loi, lorsque nous étudions les budgets, non seulement le ministre n'a
pas le loisir de se réserver des réponses, mais il est
obligé de répondre aux représentants élus du
peuple.
Autrement quelle serait la valeur des commissions que nous tenons et
quelle serait la valeur des discussions que nous tenons?
M. LACROIX: Le député de Chicoutimi... M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, pour régler le
problème de façon très rapide, nous prenons note du
silence, de l'abstention du ministre et de la crainte qu'il a de se prononcer
sur le problème vital du transport des écoliers.
M. GIASSON: ... par le ministre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorion.
M. BOSSE: M. le Président, j'aurais une question qui s'adresse
à M. Delorme. On a souvent tenté d'insinuer qu'il y avait des
investissements très importants lorsque les transporteurs
d'écoliers avaient un contrat. Alors j'aimerais avoir des explications.
Quand on sait que ces contrats ne sont que pour an, j'aimerais connaître
les modalités d'investissement et les sommes que ceux qui obtiennent des
soumissions sont appelés à investir à l'occasion d'un
contrat.
M. DELORME: J'ai remis dernièrement, lors de l'étude du
bill 84, certaines statistiques qu'il nous était plus facile d'obtenir
étant donné que cela concernait la commission scolaire
régionale de Chambly, soit un secteur assez restreint quand même.
Dans ces statistiques ayant rapport à quatre compagnies, ces quatre
compagnies avaient 240 autobus et employaient 269 hommes, soit au transport des
autobus, soit pour l'entretien de ces autobus. Les immobilisations de ces
compagnies, c'est-à-dire les garages, totalisaient $280,000;
l'équipement pour la réparation des autobus, $114,000;
l'entretien et l'essence coûtaient $588,000; il y avait aussi la valeur
des autobus. Un autobus de transport scolaire coûte, à l'achat,
actuellement environ $12,000. En incluant les frais de financement sur une
période de 5 ou 7 ans, cela peut monter à environ $16,000. Vous
avez dans une région 240 autobus à $16,000; vous avez à
peu près une idée de ce que cela peut coûter.
M. BOSSE: Qu'advient-it, par exemple, lorsque le contrat n'est pas
renouvelé au bout d'un an et que ces investissements sont faits? N'y
a-t-il pas une entente vis-à-vis du vendeur d'autobus au cas où
le contrat ne serait pas renouvelé l'année suivante?
M. DELORME: Il y a eu certains cas de faillite. 11 y a eu un autre cas
que je peux vous citer, dans la régionale de Chambly il y a
peut-être un certain manque de planification où on avait
demandé à l'entrepreneur d'acheter 28 autobus, seulement pour la
sortie des élèves le soir à quatre heures. Il avait son
transport régulier qui lui prenait, je pense, quelque chose comme 50
autobus qu'il avait acquis depuis quelques années. La commission
scolaire lui a demandé d'acheter 28 autres autobus. Ce gars-là,
cette année, a 28 autobus à vendre. Il n'y a aucune entente avec
les vendeurs d'autobus.
On avait déjà parlé ici en commission, c'est
peut-être un point que vous voulez soulever, de location d'autobus. On
pourrait dire qu'en ce qui concerne la location des autobus actuellement cela
ne représente même pas un demi de un pour cent des autobus qui
sont sur la route. Ce sont quelques cas rares où il y a la location des
autobus. Ces entrepreneurs achètent vraiment ces autobus et si, à
la fin de l'année ils n'ont pas d'autres contrats, ils seront
probablement obligés de faire faillite et d'essayer de revendre leurs
autobus avec la dépréciation normale d'un an.
M. BOSSE: Vous voulez dire que le climat et les modalités actuels
se prêtent bien à ce type de faillite possible advenant le cas de
non renouvellement de contrat.
M. DELORME: Il y a des faillites tous les ans dans le transport
scolaire.
M. BOSSE: Votre proposition, si j'ai bien compris, favorise des
modalités différentes, c'est-à-dire celles de six
ans...
M. DELORME: On favorise l'abolition du système des soumissions.
Pour la question des six ans ce serait favoriser de nouveaux entrepreneurs en
transport parce que, pour six ans, il y a peut-être moyen d'acheter des
autobus usagés. Il est peut-être possible d'organiser pour six ans
un investissement, alors que présentement l'investissement est pour un
an. Cela donne un certain avantage à ceux qui sont déjà
sur place.
C'est évident. Le type qui a 105 autobus dans sa région,
il peut en perdre cinq ou dix une année et en regagner cinq ou dix
autres l'année suivante. Le danger que cela représente c'est
surtout pour le type qui a un ou deux autobus. C'est plus facile de les
perdre.
M. BOSSE: Le gros problème c'est une question de
rentabilité, une question de difficultés à l'occasion de
l'investissement.
M. DELORME: C'est une question d'insécurité pour notre
investissement.
M. BOSSE: Merci.
M. PICARD: M. Delorme, sur le même sujet. Etant donné les
chiffres que vous nous avez donnés en rapport avec la Commission
scolaire de Chambly, est-ce que vous pourriez nous dire quel est le montant
global annuel des contrats octroyés par cette commission scolaire
à ces quatre transporteurs?
M. DELORME: Le montant global des contrats est de $1,693,000.
M. PICARD: Pour des investissements de l'ordre d'environ $3,600,000 qui
peuvent être amortis sur une période de six ou sept
années.
M. DELORME: Vous avez fait le calcul de 240 autobus à
$16,000?
M. PICARD: A peu près. Cela donne à peu près
$3,600,000 ou $3,700,000.
M. DELORME: C'est possible.
M. PICARD: Qui peuvent être amortis dans une période
d'environ sept années.
M. DELORME: On essaie d'amortir dans sept ans. Le calcul normal serait
cinq ans. Il y a déjà certaines commissions scolaires qui cette
année ont demandé des soumissions dans lesquelles c'est
indiqué: Votre véhicule ne devrait pas être plus vieux
qu'un modèle 1966. Alors là, on ne peut plus amortir dans sept
ans. Evidemment, cela ne tient compte que de l'investissement pour les quatre
compagnies. Il faut dire aussi que l'entretien et l'essence de ces
véhicules-là coûtaient environ $600,000 pour
l'année. Il y a aussi le salaire des chauffeurs qu'il faut ajouter.
C'est quand même assez dispendieux pour nous.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Dans votre mémoire, à la page 2, vous
mentionnez que ce service spécialisé fait en sorte que
l'intégration des services se fera d'abord au détriment de la
santé et de la sécurité des élèves. Est-ce
que vous pourriez expliciter votre pensée sur cette idée que vous
avez émise dans votre mémoire?
M. DELORMEî Quand on parle de santé et de
sécurité des élèves, il faut se souvenir qu'il y a
déjà eu une commission d'enquête sur le transport scolaire
formée par le gouvernement. Cette commission d'enquête a
donné certaines directives par la suite aux commissions scolaires, qui
les ont appliquées. C'est pourquoi aujourd'hui on arrive avec un service
de transport où les enfants prennent l'autobus à la porte de leur
résidence dans 95 p.c. des cas.
Là où il y a plus de construction, les enfants ont
peut-être un coin de rue à marcher.
Les enfants sont assurés d'une place assise à
l'intérieur du véhicule pour encore plus de
sécurité. Les chauffeurs sont obligés d'appliquer un
certain code d'éthique. Les enfants sont soumis à certains
règlements dans l'autobus, la durée du trajet est réduite
au minimum, les véhicules sont identifiés, les points de
correspondance, lorsqu'il y en a, se font à des endroits très
sécuritaires et aussi les enfants sont laissés dans les cours des
écoles, à des endroits où il n'y a absolument aucun
danger.
D'autres points sont soulevés: dans plusieurs cas, les autobus
scolaires sont obligés d'être sur le terrain de la commission
scolaire pour la sortie des enfants au moins quinze minutes avant la fin des
classes, afin qu'aucun véhicule ne circule dans la cour.
M. VEILLEUX: C'est ce qui existe présentement, donnant suite aux
recommandations de la commission Lachapelle, je crois.
M. DELORME: C'est ça.
M. VEILLEUX: Maintenant, quant à ce qui existe
présentement et advenant le cas de l'intégration, quel changement
peut-il y avoir dans le sens que vous mentionnez?
M. DELORME: En fait...
M. VEILLEUX: Comment l'intégration enlèverait-elle ces
choses-là?
M. DELORME: S'il y avait intégration, premièrement, les
enfants ne seraient pas certains d'avoir une place pour s'asseoir. Ils seraient
obligés d'attendre l'autobus au coin de la rue. Si l'autobus est plein,
ils sont obligés d'attendre le deuxième autobus.
Troisièmement, où se feront les points de correspondance? Je
donnais un exemple tantôt, dans la régionale de Chambly, le
métro de Longueuil est à au moins quatre milles de toute
école.
Est-ce que vous allez demander aux enfants de passer par le métro
pour s'en aller à l'école? Est-ce que vous allez faire monter des
enfants dans les autobus scolaires, au métro parce que ça
deviendra peut-être un point de correspondance à ce
moment-là? Un endroit où il y a une
circulation énorme. Nous, on pense que ça peut vouloir
dire à nos enfants: Allez donc jouer dans la circulation un peu. Nous
sommes tout à fait contre ça. En plus de ça, il y a toute
la question des sièges dans l'autobus, du chauffeur qui est
obligé de maintenir une discipline à bord de l'autobus, des
véhicules qui sont identifiés, aussi certains règlements
qui ne sont peut-être pas appliqués actuellement par la police et
qui devraient l'être, les arrêts lorsqu'un véhicule scolaire
est arrêté, les phares sur les véhicules scolaires.
Toutes choses qui ont été recommandées par la
commission Lachapelle, qui existent aujourd'hui et qui n'existeraient pas dans
les autobus de transport public.
M. VEILLEUX: Maintenant, à la page 4 de votre mémoire,
vous dites que la solution idéale serait de reconnaître les droits
acquis. Est-ce que vous pourriez nous donner un exemple concret de droits
acquis qui pourraient être préservés dans la solution
idéale?
M. DELORME: Ce serait de reconnaître aux transporteurs actuels le
droit de faire le transport, à l'avenir, comme cela se fait actuellement
dans le cas des transporteurs publics.
M. VEILLEUX: Pas de nouveaux venus, en d'autres mots.
M. DELORME: Pas de nouveaux venus. En fait, il y aura certains nouveaux
venus parce qu'il y a toujours des compagnies qui prennent, à un moment
donné, la décision de ne plus faire de transport. Il y a de la
place pour les nouveaux venus.
M. VEILLEUX: Mais vous ne croyez pas, M. Delorme, qu'en reconnaissant
ces droits acquis que vous mentionnez il y a un autre danger, c'est que
l'entrepreneur assuré d'avoir le contrat, je ne dis pas tous les
entrepreneurs même s'il n'y avait qu'un seul entrepreneur de
transport d'écoliers dans la province de Québec pourrait dire:
Moi je suis en sécurité, je suis le seul qui puisse avoir un
contrat avec la commission scolaire. Alors on néglige quelque peu, par
exemple, l'entretien de l'autobus ou quelque chose comme ça.
M. DELORME: Il y a des inspections, continuellement, par le
ministère des Transports et par le ministère de l'Education. Les
commissions scolaires ont des inspecteurs. Ils n'ont, tout simplement,
qu'à faire respecter leurs normes en imposant, probablement, certaines
amendes à ceux qui ne les respectent pas. Il y a moyen, facilement, de
contrevenir à cette situation.
M. VEILLEUX: Je sais un peu ce que c'est qu'un transport
d'écoliers et je peux vous dire qu'il est essentiel que les
transporteurs d'éco- liers entretiennent, conformément à
la loi, les autobus. Maintenant, est-ce que vous verriez une possibilité
qu'un entrepreneur qui ne se conformerait pas à ces directives perde ce
droit acquis?
M. DELORME: Oui, exactement, comme ça se fait actuellement. On
demande un permis automatiquement renouvelable, sauf pour cause. S'il y a une
cause suffisante pour annuler le permis, on l'annule.
M. VEILLEUX: Ce n'est pas la solution proposée par le projet de
loi 23, par exemple, à la page 4, lorsqu'on mentionne que le permis
émis par la Commission des transports est annuel. A ce moment-là,
je verrais mal la Commission des transports annuler un permis pour le plaisir
de l'annuler sans raison ou sans cause.
M. DELORME: J'espère que la Commission des transports ne le fera
pas. Je suis convaincu qu'elle le fera seulement pour cause.
M. VEILLEUX: Je regarde le projet de loi 23 et je crois qu'il donne
exactement ce que vous mentionnez.
M. DELORME: Le projet de loi 23, par contre, nous astreint à des
soumissions publiques pour un contrat de six ans. C'est ce que nous voulons
abolir. Qu'on ait un permis annuel, que, dans la loi, ce ne soit pas
expressément écrit qu'il est automatiquement renouvelable, mais
que ce soit un permis renouvelable quand même et aussi annulable pour
cause, on est entièrement d'accord.
M. VEILLEUX: Si on conservait le droit acquis, qui fixerait, à ce
moment-là, le taux tant du mille, par exemple, ou tant de
l'élève?
M. DELORME: La Commission des transports.
M. VEILLEUX: La Commission des transports.
M. GIASSON: La commission a des normes maximales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au sujet de ces droits acquis et de ces appels
d'offres, votre demande formelle est de faire disparaître les appels
d'offres afin que les transporteurs d'écoliers soient reconnus au
même titre que les transporteurs publics. La seule exigence que l'on
aurait à leur endroit, c'est qu'ils obtiennent, annuellement, un permis,
c'est-à-dire qu'on renouvelle leur permis s'ils se conforment aux
conditions normales du transport public. C'est là votre
requête?
M. DELORME: C'est exactement ce que nous demandons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est à propos de cette requête
que j'avais posé une question au ministre, à laquelle je n'ai pas
eu de réponse.
M. DELORME: Je comprends.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous prenons donc note de votre exigence pour
la faire valoir lorsque le ministre voudra bien répondre à nos
questions en comité plénier de la Chambre. Nous
considérons comme vous que les transporteurs d'écoliers se
trouvent dans une situation très instable, d'insécurité
étant donné qu'ils sont à la merci du bon vouloir de
certaines commissions scolaires et qu'ils ont à faire face à des
formes de concurrence assez sournoises. C'est ce qui se passe dans ma
région, comme ça se passe dans bien d'autres régions. Ce
permis sere évidemment octroyé par la Commission des
transports...
M. DELORME: C'est ce que nous demandons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...en vertu de la loi et d'une
réglementation très précise. Vous voudriez, d'autre part,
que les transporteurs d'écoliers aient un membre à ce
comité.
M. DELORME: Au conseil consultatif.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au conseil consultatif.
M. DELORME: Je pense que j'insisterais pour que ce soit plus qu'un
membre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Plus qu'un membre.
M. DELORME". Parce que le transport scolaire comprend actuellement
12,000 autobus. C'est quand même assez volumineux et il y a
sûrement plus qu'une personne qui devrait être
représentée à ce conseil pour être
considérée comme un expert en transport scolaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A tout le moins, un membre.
M. DELORME: Un gros minimum.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous demandez plus pour peut-être avoir
moins. En tout cas, il faut absolument au moins un membre.
M. DELORME: Disons que la question d'un membre n'a jamais
effleuré mon esprit; c'était plus que ça dans mon
esprit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Plus que ça. Nous imaginons que le
ministre en a pris également bonne note, que ses fonctionnaires en ont
pris bonne note afin qu'on règle une fois pour toutes ce problème
du transport d'écoliers.
M. DELORME: Je l'espère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, Me Delorme, en ce qui me concerne, je
suis très heureux de ce que vous nous proposez. Je veux bien m'en faire
le défenseur auprès du ministre, s'il veut bien m'écouter.
Il est très sympathique, le ministre. Il ne répond pas beaucoup,
il est prudent. J'avais écrit, il y a quelques jours, au ministre lui
demandant s'il avait l'intention, à l'occasion de la reprise des
auditions de cette commission, de nous proposer des amendements concernant le
transport d'écoliers. Je n'ai pas eu de réponse; enfin, j'imagine
que le ministre était très occupé. Mais est-ce que le
ministre a l'intention de nous proposer des amendements au sujet du transport
d'écoliers?
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai pris bonne note de la lettre du
député de Chicoutimi hier...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Seulement hier? Il y a plusieurs jours qu'elle
a été envoyée.
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai pris, sans doute comme le
député de Chicoutimi, quelques jours de vacances.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je n'en ai pas pris.
M. TREMBLAY (Bourassa): Vous n'en avez pas pris. C'est vrai, vous
êtes seulement fiancé, vous n'êtes pas marié.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je me suis occupé de la loi des
Transports, du syndicalisme agricole. Je me suis intéressé au
patronage de M. Pinard. C'est une occupation à temps plein,
ça.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je ne comprends pas le député de
Chicoutimi, ce matin, de parler de patronage, etc., quand on discute du projet
de loi 23.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre n'a pas le sens de l'humour.
M. TREMBLAY (Bourassa): S'il veut parler de patronage, on va retourner
à la Chambre, le 29 octobre, et on en reparlera. On pourra
répondre au député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va en parler ici.
M. TREMBLAY (Bourassa); Avec le passé du député de
Chicoutimi pendant ses quatre ans à Ottawa et ses cinq ans ici à
Québec, je crois qu'on pourrait discuter ensemble et que je pourrais
répondre au député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous allez avoir de quoi écrire un
roman vierge.
M. TREMBLAY (Bourassa): Lui qui n'a pas été capable
d'enlever la mousse sur les...
M. LEDUC: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, je comprends, M. le Président,
que le ministre accepte?
M. LEDUC: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. TREMBLAY (Bourassa): Au comité consultatif, on prendra la
moyenne. S'il y a 12,000 autobus scolaires, s'il y a 15,000 transporteurs
artisans, l'Association du transport, ça sera divisé. Il y en
aura deux, trois, quatre ou cinq. Je ne peux pas dire le nombre; seulement vous
pouvez être sûrs que tous les corps vont être
représentés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, c'est une affirmation du ministre que
les transporteurs d'écoliers auront au moins un membre.
M. TREMBLAY (Bourassa): Tous les transports vont être
représentés. Je n'ai pas dit tous les membres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au moins un.
M. TREMBLAY (Bourassa): Il y en a 20, mais il n'y a pas 20 secteurs dans
le transport.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, il n'est pas acquis que des
transporteurs d'écoliers auront un membre au sein du comité
consultatif.
M. TREMBLAY (Bourassa): Cela ne veut pas dire qu'ils vont en avoir
seulement un; ils peuvent en avoir plus qu'un.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il va y en avoir au moins un?
M. TREMBLAY (Bourassa): Certainement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que je voulais savoir. Cela prend du
temps, mais on le sait.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, Me Delorme, je pense
que, dans votre mémoire, il y a deux gros problèmes: la question
des permis et celle du régime de soumissions publiques. Pour ce qui est
des permis, est-ce que, dans le passé, il est arrivé souvent que
des compagnies ont vu le renouvellement de leur permis refusé au bout
d'une année, par exemple, après avoir investi des sommes d'argent
assez considérables?
M. DELORME: Nous n'avons pas de permis actuellement. Tout fonctionne par
le mode de soumissions.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Par le mode de soumissions, excusez-moi; je
me suis ma! exprimé. Est-ce que des gens, après avoir investi une
somme d'argent assez considérable dans le transport d'écoliers,
ont été, par un régime de soumissions, obligés
d'abandonner les affaires parce que c'était un autre qui avait obtenu le
contrat par des soumissions publiques?
M. DELORME. C'est arrivé à plusieurs reprises. En
consultant les transporteurs actuels, je pourrais même vous citer des
noms.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Sans que ça soit une faillite.
M. DELORME: Bien, il y a eu des faillites. Il y a eu des entrepreneurs
qui ont cessé tout transport parce que, dans leur région, il n'y
avait plus possibilité de soumissionner. Les contrats avaient
été accordés ailleurs. Le contrat auquel ils tenaient
avait été accordé à un plus bas soumissionnaire
qu'eux. Ils se sont retrouvés avec, souvent six ou dix autobus dans la
cour à ne rien faire.
M. GIASSON: Sans que ça soit des faillites, il y a des pertes
d'argent assez considérables.
M. DELORME: Ah oui! Il y a des cas où ça n'a pas
été des faillites. Les gens ont essayé de tenir une
année pour pouvoir resoumissionner l'année suivante. Alors,
là, vous avez eu peut-être aussi des problèmes de
véhicules. Bien souvent, des gens du ministère des Transports
disent que certains véhicules ne respectent pas les normes. Cela peut
souvent être causé par le fait que des véhicules ont
passé une année dans une cour à ne rien faire.
M. LACROIX: Dans bien des cas, le nouveau soumissionnaire perdrait de
l'argent, comme celui qui n'avait pas soumissionné.
M. DELORME: Exactement.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît. Je demanderais aux
membres de la commission, lorsqu'ils veulent prendre la parole, de se servir du
micro. Pour les fins d'enregistrement, si vous ne parlez pas devant le micro,
c'est très difficile pour les transcripteurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Me Delorme, vous me répondrez si vous
le voulez. Quand il arrive, comme ça, que par le système de
soumissions publiques une compagnie soit remplacée par une autre,
est-ce qu'à votre connaissance il se fait du patronage?
M. LACROIX: Avec la commission scolaire.
M, TREMBLAY(Sainte-Marie): Ecoutez, vous me répondrez ce que vous
voudrez.
M. DELORME: Disons que je ne qualifierai pas ça de patronage; on
peut appeler ça de l'esprit de clocher peut-être ou encore des
questions de chantage quelquefois. C'est une méthode de chantage,
disons, pour faire réduire des prix en demandant de nouvelles
soumissions. Vous avez, à un moment donné, un entrepreneur qui
est le plus bas soumissionnaire, mais les commissions scolaires ne sont pas
satisfaites de son prix. On demande de nouvelles soumissions, puis, à ce
moment-là, il y en a un autre qui arrive et qui va plus bas que lui. Ce
sont des méthodes de pression, beaucoup plus.
M. GIASSON: Cette politique s'est appliquée depuis l'installation
des normes?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de l'Islet n'a pas
demandé la parole.
M. DELORME: C'était appliqué même avant. Cela
continue.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je voudrais poser une question au ministre.
J'ai peur qu'il refuse de répondre. Dans le système de
soumissions publiques, est-ce que le ministre et ses fonctionnaires ont
étudié ou ont l'intention d'étudier une autre façon
d'émettre les permis? Est-ce que vous avez envisagé cette
éventualité?
M. TREMBLAY (Bourassa): Actuellement, il n'a aucun permis.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, mais on parle...
M. TREMBLAY (Bourassa): Si vous avez...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Excusez. Dans leur mémoire, ils
demandent d'abolir le régime de soumissions publiques; pensez-vous que
c'est possible?
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai pris bonne note des mémoires qu'ont
présentés les représentants des associations, mais par
contre, si vous avez lu le bill...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, je l'ai lu.
M. TREMBLAY (Bourassa): .. vous avez vu que, si un entrepreneur a un
contrat pour deux ans, la Commission des transports peut, d'année en
année pendant trois ans, redonner à la compagnie de transport,
qui peut être du transport d'écoliers si vous voulez, ledit
contrat suivant les taux. S'il y a augmentation ou réduction des
coûts, s'il y a augmentation des salaires ou de l'essence ou s'il y a un
rabais, à ce moment-là, la commission pourrait étudier les
taux et donner le contrat d'année en année pour que ces
compagnies-là ne fassent pas faillite. C'est cela qui est dans le bill,
si vous l'avez bien lu. Là...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre...
M. TREMBLAY (Bourassa): ... je tiens à vous dire qu'il y a des
gens ici qui sont dans ce domaine-là. Ils pourraient donner une
leçon au député de Chicoutimi et montrer que l'on peut
écouter sans parler. On pourrait écouter ceux qui sont dans le
transport, pour commencer, et après, on pourra en venir à une
conclusion. S'il y a certains changements à y apporter, on pourra les
apporter.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous permettez, M. le ministre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je dois, M. le Président, invoquer le
règlement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... vous m'avez demandé si j'avais lu
le bill. Le bill actuel...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je dois invoquer le règlement pour
faire observer au ministre des Transports que je pense que dans ce
domaine-là, j'en sais autant que lui, étant beaucoup plus
informé qu'il ne le pense du petit patronage qui se fait.
M. TREMBLAY (Bourassa): Le député de Chicoutimi ne devrait
pas parler de patronage.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas dans le bill 23.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On n'en parlera pas.
M. LE PRESIDENT: Il faudrait revenir au bill 23.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On en parlera tous les deux.
M. TREMBLAY (Bourassa): Pendant ces quatre ans, il n'y avait pas de
murale...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous voulez...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah non! Ce n'est pas moi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... on va arrêter de parler de
patronage. On sait que cela existe dans les deux partis. Cela a existé
dans l'autre gouvernement et cela existe encore.
M. LACROIX: Cela existait dans le temps de votre chef aussi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Attendez au moins que l'on soit...
M. LACROIX: Il était plus hypocrite que les autres, c'est
tout.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... au pouvoir pour faire ces
réflexions-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous demanderez à votre chef de vous
parler de la mine Campbell.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je lui en ai déjà
parlé.
M. LACROIX: Le contrat de Checo aussi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Bon!
M. LACROIX: C'est une vierge pure offen- sée.
M. LE PRESIDENT: Revenons au bill 23.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous avez parlé de mon chef, je ne
parlerai pas du vôtre.
M. le ministre, vous m'avez demandé si j'avais lu le bill. Oui,
je l'ai lu et je l'ai étudié. Vous savez que le bill actuel
n'abolit pas le régime des soumissions publiques tel qu'il est
rédigé. Tout simplement, je vous ai demandé si vous pensez
qu'il y aurait une autre formule pour octroyer des contrats sans soumissions
publiques.
Est-ce que ce problème-là a été
étudié par le ministère? Quand on va revenir en
comité plénier, on va parler de cette question. Je demande si le
ministère, actuellement, étudie un autre moyen de protéger
les transporteurs d'écoliers du patronage, du système de
soumissions publiques tel que cela se passe dans certaines commissions
scolaires. Ici, je ne le pourrais pas, mais personnellement, je pourrais vous
en nommer, vous donner des exemples de patronage qui ont eu lieu dans ce
système de soumissions.
M. TREMBLAY (Bourassa): Par qui?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je pourrais vous les faire parvenir à
votre bureau.
M. VEILLEUX: Donnez des noms. M. LACROIX: Par qui cela se fait-il?
M. VEILLEUX: C'est facile d'accuser tout le monde et de ne rien
dire.
M. LACROIX: M. le Président, on a entendu...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'accuse pas tout le monde, je n'ai
nommé personne.
M. LACROIX: ... par Me Delorme, un mémoire présenté
par l'Association des transports écoliers. Si on écoutait les
autres, ils ont certainement, eux aussi, des suggestions à faire. A la
lumière des suggestions qui seront faites, peut-être qu'à
ce moment-là il y aura lieu de réviser certaines prises de
positions ou certaines dispositions de la loi.
Pour cela, il faudrait permettre aux personnes ici présentes de
se faire entendre pour qu'elles puissent éclairer la lanterne des
honorables membres de cette commission. A la suite de cela, on pourra discuter
plus facilement et peut-être avec une meilleure connaissance des
faits.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, voudriez-vous me
préciser une chose: Est-ce que le ministre des Transports est le
député de Bourassa ou celui des Iles-de-la-Madeleine? Je pose des
questions au ministre et c'est le député des Iles-de-la-Madeleine
qui me donne les réponses.
M. LACROIX: Vos questions sont tellement insignifiantes.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je pourrais vous répondre très
facilement. Le transport scolaire relevait du ministère de l'Education.
Ce n'est pas à moi à porter un jugement sur ce qui a
été fait auparavant à savoir si de telles soumissions ont
été faites, oui ou non.
Le bill 23 prévoit des soumissions au début et
après, d'année en année pour trois ans, on peut redonner
les contrats négociés par la Commission des transports suivant
les taux afin que les transporteurs d'écoliers ne fassent pas faillitte;
c'est le but du bill 23.
Maintenant, j'aimerais entendre les gens qui sont dans le domaine, qui
peuvent nous éclairer peut-être davantage et, après, on
pourra en venir à une conclusion.
Mais pour le passé, ce n'est pas à moi à porter un
jugement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non, je ne vous ai pas accusé de
ce qui est arrivé dans le passé non plus.
M. LE PRESIDENT: Me Delorme.
M. DELORME: M. le Président, si le ministre me le permet, on
m'apprend que, la semaine dernière, il y a eu des soumissions dans la
région
de Sept-Iles et qu'un transporteur, propriétaire de 40 autobus, a
perdu tous ses contrats.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Delorme. Nous passons maintenant au
Comité des propriétaires des autobus scolaires des régions
de Montréal, Hull et Québec. Me Adrien Paquette.
Comité des propriétaires des autobus
scolaires
M. PERREAULT: M. le Président, je suis François Perreault,
du bureau de Me Adrien Paquette.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous approcher votre micro, monsieur, s'il vous
plaît.
M. PERREAULT: Je suis François Perreault du bureau de Me Adrien
Paquette à Montréal.
Nous représentons le Comité des propriétaires des
autobus scolaires des régions de Montréal, Hull et Québec.
A titre de représentants de ce comité, permettez-nous de vous
souligner l'agréable surprise que suscite pour nous le bill 23.
En accord avec l'esprit même de la loi, nous appuyons les
réformes depuis si longtemps souhaitées. C'est pourquoi, M. le
Président, nous espérons que nos doléances, les injustices
subies, les suggestions proposées seront reçues dans un but
constructif.
Vous constaterez, lors de cet exposé, les injustices flagrantes,
le manque d'équité totale dont nous avons été
victimes, dans le passé. C'est dû aux trop grands pouvoirs
donnés à certaines corporations, ces dernières ayant fait
en sorte d'adopter des lois plus qu'accessoires à leur objet principal
qui leur permettent des droits au-delà de leur espérance et ce,
aux dépens des transporteurs d'écoliers.
Vous serez également en mesure d'apprécier le climat
d'insécurité dans lequel nous devons bâtir et
développer notre entreprise, encore sans lendemain, sauf pour quelque
quatre exceptions.
M. le Président, vous aurez compris que nous désirons
parler des pouvoirs de la Commission de transport des communautés
urbaines de Montréal, d'Ottawa et de Québec. Elles se sont
donné ces pouvoirs en faisant adopter l'article 313 du bill 84,
l'article 247 de la Loi de la Communauté régionale de l'Outaouais
et l'article 251 de la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
Ces articles adoptés, hors la connaissance de messieurs les
régisseurs de l'actuelle régie, sont sources de malaises pour ces
derniers qui ne peuvent aujourd'hui, à cause de l'existence de ces
mêmes articles, que sanctionner des abus aux droits fondamentaux,
à savoir le droit à l'existence de l'entreprise privée et
le droit qu'a l'individu de choisir et d'exercer l'activité commerciale
de son choix.
Ici, cependant, permettez-nous d'ouvrir une parenthèse et de
préciser que les faits qui vont être énumérés
ci-bas se rapportent surtout à la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, c'est-à-dire à la
région de Montréal. Cependant, les articles pour la commission de
l'Outaouais et celle de Québec étant identiques, on imagine que,
dans le futur, les mêmes abus peuvent être commis. C'est dans le
but d'éviter tout cela que nous vous relatons les faits qui suivent.
Ici, nous passons à la demande de permis pour les voyages
parascolaires. Certains membres du groupe représenté ici exercent
le commerce de transport d'écoliers depuis plus de dix ans. Certains ont
débuté avec un autobus et en possèdent maintenant plus de
50. Ils sont, dans leur domaine, des spécialistes dont on ne saurait
nier la compétence et encore moins le service qu'ils rendent à la
population scolaire et ce, dans des conditions particulièrement
difficiles.
En effet, aux dires de certains juges, ces transporteurs, aptes à
transporter les enfants d'âge scolaire, matin, midi et soir, n'auraient
pas le droit de transporter ces mêmes étudiants pour des
activités parascolaires, lesquelles s'inscrivent pourtant parmi les
impératifs pédagogiques du ministère de l'Education et
sont couverts par l'arrêté en conseil 2348, autorisant un tel
transport d'écoliers.
Je cite: "Que les véhicules décrits à l'article 5,
paragraphe 7, sous-paragraphes a), b) et c) du code de la route, Statuts
refondus du Québec 1941, chapitre 142 et amendements, soient
autorisés à effectuer le transport d'écoliers pour toute
activité de caractère éducatif, culturel ou
récréatif."
Cette position prise par certains de ces juges, bien
qu'incompréhensible pour les commissions scolaires, n'en demeure pas
moins excusable puisque alors ces deniers s'appuient sur le fameux article 313
de la Loi de la Communauté urbaine de Montréal: "Aucun permis ne
peut être accordé à un transporteur par la Régie des
transports pour l'accomplissement de voyages spéciaux à
charte-partie par autobus d'un point à un autre à
l'intérieur du territoire de la commission si le requérant ne
produit pas, avec sa demande de permis, le consentement du président
directeur général de la commission ou d'un autre commissaire ou
fonctionnaire de la commission spécialement autorisé à cet
effet par le président directeur général, à moins
que la régie ne soit d'opinion que la commission n'est pas en mesure de
donner le service couvert par la demande de permis."
Il y a également le paragraphe 3 de l'article 313 dont nous
discuterons plus tard.
Lorsqu'un transporteur d'autobus scolaire dépose à la
régie des demandes de permis pour conduire les mêmes
élèves durant les heures scolaires seulement, pour fins
athlétiques, culturelles et sportives, il est assuré de recevoir
une opposition de la CTCUM et d'avoir une audition publique.
Lors de cette audition, la CTCUM vient, par ses représentants,
déposer qu'elle peut donner
le service quand on le lui demande et quand on lui demande si elle le
donne, elle répond: Oui. A qui? La réponse ne se fait pas
attendre: Pensez-vous qu'on se rappelle tout cela? Elle en a tellement du
transport parascolaire qu'elle ne peut vous en citer un.
Peut-elle effectivement donner le transport, donner le même
service? Bien entendu, si l'on regarde le nombre d'autobus disponibles,
peut-elle le donner dans les mêmes conditions? Elle vous répondra
également: Oui. Mais ce ne sera jamais aux mêmes taux, son taux
étant toujours supérieur à celui déposé par
le transporteur scolaire. Si elle donne le service, son chauffeur attendra-t-il
le retour des étudiants? Certes pas, à moins évidemment
qu'on ne paie un léger supplément. Qu'importe si l'autobus arrive
une quinzaine de minutes en retard pour reprendre les élèves.
Est-ce là donner le même service?
Même si l'on supposait, par pure hypothèse, que la CTCUM
puisse donner le même service aux mêmes conditions, pourquoi
faudrait-il qu'elle ramasse la crème pour délaisser la partie
plus aride du gâteau? Ne serait-il pas plus logique, M. le
Président, d'inclure dans la loi le droit du transporteur
d'écoliers, de faire tout transport scolaire à but
éducatif, culturel ou autre pour l'école dont il détient
déjà le contrat?
Allons-nous donner raison au faux prétexte des deniers publics
pour lui permettre de faire des voyages parascolaires à des taux plus
élevés? L'argent que versent les commissions scolaires ne
provient-il pas aussi des deniers publics? Si les commissions scolaires doivent
être pénalisées et payer plus cher pour combler les
déficits de la CTCUM, les taxes vont-elles diminuer pour autant?
Ne croyez-vous pas, M. le Président, que le transporteur AE,
autorisé en vertu d'un contrat à desservir une école,
pourrait faire tout le transport que cette école requiert à
meilleur taux, tout en donnant un meilleur service? Le transport parascolaire
n'est-il pas plus près du transport scolaire que le transport scolaire
l'est du transport en commun?
Nous référant à l'article 313 et au consentement
que doit donner la Commission des transports de la communauté urbaine,
nous disons ceci: Ce consentement que nous devons obtenir avant d'effectuer
tout transport parascolaire, quelle en est l'application pratique? Aucune, si
ce n'est arrêter et empêcher toute émission de permis
temporaire et ce, bien qu'elle ne puisse donner le service aux mêmes
conditions.
Deux solutions se présentent alors aux transporteurs scolaires:
ou les enfants ne profitent pas de ces voyages éducatifs, car les fonds
des commissions scolaires ne leur permettent pas de payer les taux
déposés par la CTCUM, ou alors, et c'est un aveu, le transport
est fait par l'autobus AE sans permis.
Plaçons-nous un seul instant dans la condition du transporteur
détenteur d'un contrat avec la commission scolaire, et demandons-nous
comment nous pourrions refuser de transporter des étudiants pour des
activités parascolaires, alors que c'est cette même école,
cette même commission qui sollicite vos services, quelquefois même
en vous soulignant l'existence de ce fameux arrêté
ministériel 2348 et en oubliant les conséquences que cela
entraîne.
Que fait la CTCUM si vous avez eu le malheur de faire un voyage
parascolaire sans l'autoraisation ou le consentement de la CTCUM? Elle
poursuivra pour la même offense le transporteur scolaire devant la cour
des Sessions, en vertu de l'article 40 de la Loi de la régie des
transports, où les amendes varient de $40 à $500 selon qu'il
s'agit d'une première ou d'une troisième offense. A notre
connaissance l'article 313 ne va pas jusqu'à la coiffer du titre de
procureur général.
Elle assignera ensuite le détenteur d'un permis A devant la
Régie des transports où le type sera alors condamné
à des frais d'enquête variant de $25 à $250, voire
même $500 et ce, même si le transport a été
effectué avec les AE qui ne tombent pas sous la juridiction actuelle de
la Régie des transports.
Je dis, elle assignera, car elle sait que la régie refuse de
reconnaître l'existence de l'arrêté ministériel 2348
et ce, bien que le ministère des Transports, lui, se refuse à
porter plainte sur de telles offenses, justement à cause de l'existence
de cet arrêté ministériel.
Elle clôturera le tout par une action civile en allant
jusqu'à réclamer des dommages de l'ordre de $10,000 devant la
cour Supérieure et en joignant une demande d'injonction exposant ainsi
le transporteur aux amendes que l'on sait.
Fière du succès obtenu dans le passé avec cet
article passe-partout et inopérant, elle atteint maintenant le stage du
raffinement. Elle dédouble les chefs d'accusation. Une infraction
à l'aller et une au retour. Pour 19 voyages effectués, on
répond à 38 chefs d'accusation. Si cette position est maintenue
devant les tribunaux, pouvez-vous, M. le Président, imaginer la somme
que paiera le transporteur pour un transport fait au coût de $25 ou $35,
et parce qu'il ne savait pas dire non à une commission scolaire?
Quand vous aurez imaginé le montant représenté par
ces amendes, essayez maintenant de concilier le service que ces transporteurs
peuvent vous donner. Peuvent-ils améliorer leur service, leur
équipement? Peuvent-ils déposer de meilleurs taux? Je pense que
répondre à la question de savoir s'ils seront en affaires
longtemps, c'est y répondre entièrement.
Quant on lit le rapport de la CTCUM, on ne peut s'empêcher de
sourire lorsqu'elle parle de discrimination à son égard et des
conséquences financières néfastes pour elle
qu'entraîne le bill 23.
Le problème est au point tel, M. le Président,
qu'actuellement au moins une autre compagnie d'autobus détenant des
permis de la régie prend exemple sur l'abus créé par la
CTCUM pour réclamer des dommages civils pour tout trans-
port illégal fait dans le secteur qu'elle est autorisée
à desservir.
Notre société, votre gouvernement, votre commission
permettront-ils qu'un individu soit condamné trois, quatre et même
plusieurs fois, si l'on se sert du mépris de cour attaché
à l'injonction, pour une même offense? Dans notre loi, je ne sache
pas qu'on permette de condamner trois fois le même individu pour la
même offense.
Vous comprendrez, M. le Président, pourquoi nous vous
suggérons ce qui suit :
Que les transporteurs d'écoliers soient autorisés, en
vertu du contrat qu'ils détiennent avec la commission scolaire, à
effectuer tout transport d'écoliers pour activités parascolaires
et ce, sans consentement de la CTCUM;
Que les détenteurs de permis A ou AE ne soient astreints à
répondre de leur illégalité que devant la Commission des
transports à l'exclusion de tout autre tribunal;
Que de telles illégalités ne créent aucun droit et
aucun recours civil à toute autre compagnie exerçant le commerce
d'autobus quelle qu'elle soit.
Objet de l'article 269 de la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
Bien qu'elle affirme tout à fait gratuitement être le seul
spécialiste au Québec à être apte à porter un
jugement d'ordre technique ou scientifique sur le transport, permettez-nous, M.
le Président, de la replacer dans l'objet qu'elle s'est donné
à l'article 269 de la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal, qui se lit comme suit : "La commission a pour objet
d'organiser, posséder, développer et administrer un réseau
général de transport en commun de passagers en surface, en
sous-sol, au-dessus du sol ou au-dessous du sol dans son territoire".
Nous référant à cet article, nous comprenons que
l'élément essentiel de son existence n'est autre que le transport
en commun. Nous soumettons, M. le Président, qu'un transport
d'écoliers n'est pas un transport en commun ordinaire au sens de
l'article 269.
Les autres pouvoirs qu'elle s'est donnés par l'article 313 sont
superflus et à tout le moins des accessoires sur lesquels cette
dernière ne peut avoir plus de droits que ceux dont l'objet principal et
la raison d'existence sont justement ces accessoires et ce, avant qu'elle
manifeste l'intention qu'elle pourrait avoir dans de tels transports,
c'est-à-dire avant l'adoption de cet article. Nous comprenons que
l'accessoire suive le principal, mais nous n'acceptons pas qu'il soit à
l'origine des atteintes portées à nos droits.
Reconnaissance de nos droits.
Depuis nombre d'années, nous avons dirigé un commerce en
accord avec toutes les lois de ce pays. Nous avons comme tout individu le droit
à exercer l'entreprise de notre choix: celui du transport scolaire. Et
partant, il n'est que juste de vous demander cette reconnaissance de nos droits
qui, si l'on se refuse à les qualifier de droits acquis, peuvent
s'appeler privilèges ou autres. Mais notre opinion est à l'effet
que nos droits sont des droits acquis. Ils l'ont été par une
situation de fait qu'on nous a laissé créer et que l'essor
donné à l'éducation avec les années 1960 n'a que
favorisé.
M. le Président, un gouvernement peut-il nier une telle situation
de fait? Peut-il omettre de faire en sorte de veiller à la protection de
nos droits? Peut-il permettre le développement et la progression d'une
entreprise pour ensuite la mettre à l'écart sans que celle-ci,
fût-ce pour une raison d'intérêt public, ait droit à
un dédommagement pour son matériel et la clientèle qu'elle
dessert? C'est pourtant ce que l'article 313 permet de faire aux entreprises
privées que nous représentons.
Toutes ces permissions à demander, toutes ces restrictions sur le
permis dans le cas des autobus scolaires, toutes ces négations de droit
à l'existence contenues à l'article 313, est-ce conforme à
la doctrine du libéralisme économique? Un individu peut-il
valablement planifier dans de telles circonstances? Peut-on lui reprocher de ne
pas insister autant sur la sécurité et la qualité du
service, si on le place lui-même dans l'insécurité et dans
l'incertitude? Peut-on seulement lui reprocher de ne pas progresser et
croître? Qui investirait dans de telles conditions? Mais que lui
arriverait-il si demain la CTCUM décide d'envahir son champ
d'activité? Rien. Ce mot n'a jamais si bien dit ce qu'il veut dire.
En effet, actuellement, le transporteur ne recevra aucun
dédommagement et que fera-t-il avec ses autobus? Nous demeurons
intéressés à connaître la réponse, puisque
nous en sommes encore au stade du constat de l'injustice et du manque total
d'équité.
Que dirait le gouvernement québécois s'il apprenait qu'un
gouvernement étranger vote des lois qui permettent au secteur public
d'envahir l'entreprise privée sans dédommagement? Actuellement,
la lecture de l'article 313 laisse supposer que seule la CTCUM fait de la
charte-partie, des voyages spéciaux. Actuellement elle a un droit qui,
bien que ne l'exerçant pas ou très peu, lui est reconnu en
exclusivité et ce droit d'exercer ses activités n'est même
pas conforme à l'objet qu'elle s'est donné.
Cet article, M. le Président, consacre non pas une situation de
fait mais donne ouverture uniquement à des abus et à des
négations de droits qui, franchement, ont assez duré. Aussi,
votre commission comprendra que, sur ces points, nos recommandations soient les
suivantes: d) Reconnaissance de notre droit à l'existence. e) Abrogation
totale de l'article 313 de la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal, ou, à tout le moins, que les paragraphes 2 et 3 soient
dans le même sens que le paragraphe 1 de l'article 132 du bill 23. f)
Qu'advenant le cas où la CTCUM désire
envahir le champ que nous occupons, qu'elle le fasse proprement, par
expropriation, avec dédommagement pour notre matériel roulant et
notre clientèle. g) Que dans le cas de conflit en matière
d'expropriation, la Commission des transports soit appelée à
trancher le débat. h) Que la CTCUM n'ait pas plus de droits que nous
devant la Commission des transports, tant en matière scolaire que pour
les voyages à charte-partie ou spéciaux. i) Qu'elle soit soumise
aux mêmes exigences que le transporteur d'écoliers lors d'une
ouverture de soumissions.
Problème des soumissions. Autre problème sur lequel nous
désirons attirer votre attention, celui des soumissions. Nous savons
qu'un autre groupe, le Front uni, en a fait une étude approfondie, aussi
nous proposons-nous de le traiter très brièvement.
Astreindre le transporteur d'écoliers à soumissionner pour
l'obtention d'un contrat scolaire pouvait, il y a cinq ans, se comprendre et
paraître raisonnable. Le domaine était encore jeune et
méritait que tous tentent leur chance.
Depuis, ce champ d'activités a tellement progressé que les
autobus se sont multipliés par dizaines pour un même
propriétaire. Seuls ceux vraiment intéressés ont
survécu à la concurrence. De plus, ce laps de temps pendant
lequel les soumissions publiques furent ouvertes à tout
intéressé a permis au ministère de l'Education
d'établir des normes de rentabilité. On sait maintenant combien
coûte le transport d'élèves pour l'année scolaire.
On connaît le coût et le profit du transporteur. Avec ces
données, est-il encore besoin de soumissions?
Notre prétention est à l'effet que ce système est
maintenant dépassé et devrait être mis au rencart. En
effet, l'occupation de ce champ étant maintenant saturée, les
soumissions ne peuvent qu'entraîner une concurrence malhonnête et
empêcher tout progrès.
Pour obtenir un contrat par soumission, il suffit de déposer des
taux moindres, "couper les taux", c'est là une expression bien connue en
transport. "Couper les taux" signifie, en transport scolaire, un service
inadéquat, un manque de sécurité certain, une augmentation
du danger pour les élèves transportés, des transporteurs
expérimentés laissés au rencart, acculés à
une faillite certaine à moins qu'ils ne se décident eux aussi
à jouer ce jeu dangereux.
Pourquoi, M. le Président, ne pas reconnaître les contrats
existants à l'aide de permis, avec possibilité, à chaque
année, de réviser le taux déposé. Cette
révision serait évidemment proportionnelle à
l'augmentation du coût de la vie, tels: nouvelle convention collective,
augmentation du coût de l'essence et autres. Au cas de différends,
tous auront compris que la Commission des transports trancherait le
débat.
La reconnaissance des contrats existants se ferait pour le plus grand
bien de tous. Le propriétaire assurerait sa stabilité et il
progresse- rait normalement, il développerait des normes de rendement,
il investirait dans son entreprise afin d'avoir l'équipement le plus
moderne et le mieux adapté, d'où il s'ensuivrait un meilleur
service et une plus grande sécurité.
Ici encore, M. le Président, nous répétons que le
transport scolaire n'est pas le but fixé par la loi de la CTCUM, mais
s'il faut qu'elle garde ce droit, qu'elle envahisse ce champ et que nous soyons
obligés de faire face aux demandes de soumissions publiques, alors nous
recommandons qu'elle soit forcée de soumissionner avec nous, et ce, aux
mêmes conditions que nous, transporteurs d'écoliers, devons
remplir.
S'il nous faut justifier nos taux, il faudra qu'elle fasse de
même. Et cette justification ne devra porter que sur le service en cause
et non sur la réduction de son annuel déficit.
Advenant le fait que, pour des raisons économiques ou des raisons
de planification d'une politique gouvernementale, le transporteur
d'écoliers doive passer entre les mains de la CTCUM ou toute autre
communauté urbaine tant présente que future, nous vous demandons
humblement qu'il soit prévu dans le projet de loi 23 un article
obligeant toute communauté urbaine de transport de procéder de
gré à gré ou par mode d'expropriation. Advenant les
difficultés, que les différends soient tranchés à
la Commission des transports.
M. le Président, en terminant, je voudrais vous remercier de nous
avoir fourni l'occasion de nous faire entendre, tout en vous félicitant
pour ce projet de loi 23, dont nous souhaitons l'adoption prochaine, et en
espérant que ces quelques recommandations mettront un frein à
l'abus éhonté de pouvoir dont nous avons été
victimes. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Perreault. Est-ce qu'il y a des questions des
membres de la commission? Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Perreault, comme dirait le ministre des
Transports, nous avons pris bonne note de vos observations et recommandations,
qui recoupent celles qui ont été faites par Me Delorme.
Le problème que vous avez soulevé est évidemment le
problème spécifique de la concurrence avec la CTCUM. Votre
mémoire est assez clair, assez explicite sauf qu'il y a
évidemment des affirmations au sujet desquelles je me sens obligé
de vous interroger. A votre connaissance, à combien de reprises la CTCUM
s'est-elle opposée, comme vous l'indiquez, à ce que les
transporteurs d'écoliers effectuent des voyages dits parascolaires?
M. PERREAULT: Je m'excuse, M. le Président, M. le
député, je n'ai pas bien compris la fin de votre question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excusez-moi. Je reprends, je vous demande
ceci: A votre
connaissance, combien de fois la CTCUM a-t-elle fait objection à
ce que vous effectuiez des voyages dits parascolaires?
M. PERREAULT: M. le député, pour répondre à
votre question, je ne peux citer de chiffre mais je peux vous citer un cas.
C'est up transporteur d'écoliers qui transportait les écoliers
pour le collège Grasset depuis environ sept ans, je crois. Il a fait,
après la période des Fêtes, l'an passé, vers
janvier, une demande à la régie pour pouvoir faire le transport
de ces mêmes étudiants à un terrain pour joueurs de
football ainsi qu'à une piscine, ce qui était une activité
parascolaire. A ce moment-là, nous avions une opposition de la CTCUM.
Remarquez que le même transporteur faisait ce transport depuis environ un
an ou deux mais cette preuve était illégale puisque, tout en
étant de bonne foi, il n'avait pas le droit de le faire, selon,
toujours, la version de messieurs les régisseurs. La CTCUM s'opposant
à sa demande de permis, le permis a été refusé et
il ne peut pas faire de voyages parascolaires pour les étudiants du
collège Grasset.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Perreault, lorsque vous parlez des taux,
à la page 4 de votre mémoire, vous dites: "Son taux étant
toujours supérieur à celui déposé par le
transporteur scolaire." Est-ce que vous avez un tableau de ces taux?
M. PERREAULT: Egalement sur ça, je n'ai pas de tableau, sauf ma
petite expérience. Par exemple, hier, nous étions à la
cour des Sessions, pour des accusations concernant des voyages à
charte-partie. Il s'agit en grande partie de transport scolaire, ce que nous
reproche la CTCUM à Montréal. Le taux qu'entendait déposer
la CTCUM, à ce moment-là, était $11.65 l'heure. Le voyage
pouvait durer environ trois heures trente, si on calcule le temps d'attente,
lequel est compté par la CTCUM, évidemment. Nous avions fait le
transport pour $25, ce qui faisait environ un taux de $35 à $45.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Me Perreault, à votre
connaissance, combien de plaintes la CTCUM a-t-elle déposées
contre les transporteurs d'écoliers?
M. PERREAULT: Je ne vous dirai pas le nombre non plus, non pas parce que
je ne le sais pas, mais parce qu'elles ne se comptent plus. Hier, nous avions
38 plaintes dans une cause et 15 dans l'autre. Pour les 38 plaintes, les deux
chefs étaient divisés, cependant, ce qui fait 19 voyages
spéciaux. Cependant, la dernière plainte comptait 7 autobus, de
sorte qu'on doit en ajouter 14, à ce moment-là. Il faut
comprendre que le transporteur répond devant les Sessions à ces
accusations. S'il est condamné et que les Sessions n'acceptent pas
l'arrêté en conseil 2348, il paiera. Ensuite, il ira, sur
sommation, devant la Régie des transports où on ne le condamnera
pas à une amende, mais à des frais qui varient de $25 à
$500. Les plus récents que nous avons reçus à notre bureau
étaient de l'ordre de $500 avec annulation de permis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans les recommandations que vous faites, qui
sont résumées, vous parlez de ceci. Dans le cas de conflits en
matière d'expropriation, la Commission des transports sera
appelée à trancher le débat. Vous demandez que la CTCUM
n'ait pas plus de droits que vous devant la Commission des transports et
qu'elle soit soumise aux mêmes exigences que le transporteur
d'écoliers lors d'une ouverture de soumissions. Abolition du
système de soumissions. D'un côté, vous revendiquez, si
j'ai bien compris, l'exclusivité du transport d'écoliers et,
d'autre part, vous suggérez que peut-être, si la Commission des
transports devait être investie du pouvoir de transporter des
écoliers, elle devrait se porter acquéreur des entreprises que
vous représentez par voie d'expropriation, afin que ces gens soient
dûment remboursés pour le capital qu'ils ont investi.
M. PERREAULT: Exactement. En fait, ce sont des conclusions subsidiaires.
Nous vous demandons de reconnaître nos droits et, advenant le cas
où la CTCUM ou le gouvernement, à la suite d'une politique,
désirent envahir ce champ, et en faire un service public, à ce
moment-là, qu'on nous exproprie.
Dans la loi de la CTCUM actuellement, il y a quatre exceptions qui sont
prévues à l'article 87 où eux seront
dédommagés, mais les autres?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, en priorité, est-ce que
vous demanderiez au gouvernement d'exclure la CTCUM de ce domaine du transport
d'écoliers?
M. PERREAULT: Je crois que ce qu'on devrait avoir en priorité,
c'est la reconnaissance de nos droits. Donc, exclusion de la CTCUM et, si
jamais la CTCUM doit envahir ce champ, alors qu'elle le fasse selon les
propositions que nous soumettons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je retiens ce que vous venez de dire.
Maintenant, quand vous dites, dans votre mémoire, que le transport
d'écoliers n'est pas de la même nature que celui que l'on effectue
ordinairement dans le domaine du transport en commun, n'est-ce pas là
une demande implicite faite au gouvernement de vous conserver ou de vous donner
priorité dans le domaine du transport d'écoliers, étant
donné que ce transport est d'une nature particulière?
M. PERREAULT: Si l'on veut.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En fait, vous
rejoignez, sauf pour le cas spécifique de vos relations avec la
CTCUM, les propositions qui ont été faites par Me Delorme qui
vous a précédé: abolition des soumissions...
M. PERREAULT: Exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...reconnaissance des droits acquis, etc.
Merci, Me Perreault.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions? Le
député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Est-ce qu'à l'heure actuelle la CTCUM a envahi votre
champ de juridiction dans certains cas précis?
M. PERREAULT: Non, elle ne l'a pas envahi encore.
M. VEILLEUX: Vous avez peur qu'elle vous envahisse.
M. PERREAULT: La question ne se pose pas là, elle devient
celle-ci: Les commissions scolaires, à chaque fois qu'elles demandent un
contrat pour le transport scolaire, doivent s'adresser d'abord à la
CTCUM et lui demander si elle est prête à prendre le transport
scolaire. Si la CTCUM, qui doit répondre dans les quinze jours, dit non,
nous n'avons pas de problème. Si la CTCUM disait oui, où
irions-nous avec notre flotte d'autobus?
M. VEILLEUX: On est obligé de faire cela au renouvellement de
chaque contrat?
M. PERREAULT: Exactement. M. VEILLEUX: Présentement?
M. PERREAULT: Oui, c'est l'article 313, paragraphe 3, chapitre 84.
M. VEILLEUX: Vous mentionnez aussi, dans une autre de vos
recommandations, un appel à la Commission des transports au sujet du
taux afin que celle-ci joue le rôle d'arbitre. Est-ce un arbitrage
obligatoire ou volontaire des deux parties, dans votre esprit?
M. PERREAULT: Ce ne serait pas volontaire des deux parties, ce serait
forcé.
M. VEILLEUX: Forcé.
M. PERREAULT: Comme actuellement, quand il y a opposition à une
demande de permis, il y a audition publique. Les deux parties se font entendre
pour justifier leur demande ou leur opposition, selon le cas.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions? Je vous remercie,
Me Perreault.
Nous passons maintenant au Front uni des transports écoliers du
Québec. M. Labonne.
Front uni des transports écoliers du
Québec
M. LABONNE: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés, nous vous remercions d'avoir eu l'amabilité de
nous inviter. Pour exposer les points saillants de notre mémoire, Me
Roger Chouinard, notre conseiller juridique, va le faire avec grand plaisir.
Merci, messieurs.
M. CHOUINARD: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: M. Chouinard, approchez-vous s'il vous plaît,
pour que vos remarques puissent passer à la postérité.
M. CHOUINARD: Nous n'en espérons pas tant. M. le
Président, M. le ministre, messieurs les membres de la commission, nous
n'avons pas l'intention, évidemment, étant en face de gens
très instruits, de vous lire le mémoire, ce que vous pouvez
très bien faire vous-mêmes. Je tenterai brièvement de le
résumer.
Disons, au début, que le Front uni des transports
représente un grand nombre de transporteurs d'écoliers
répartis dans toutes les régions administratives de la province.
Ces gens-là sont propriétaires d'environ 3,000 autobus, ce qui
représente un investissement d'environ $35 millions. Evidemment,
à ce titre-là, ils sont fortement intéressés par ce
projet de loi.
Dans l'ensemble, l'association que je représente est d'accord sur
le projet de loi et souhaite son adoption le plus rapidement possible pour le
plus grand bien des transporteurs d'écoliers. Dans cette veine, nous
voudrions signaler notre accord total, dans la plupart des cas, et partiel,
dans certains cas, sur cinq objectifs principaux que comporte le projet de loi.
Nous sommes d'accord sur la division des pouvoirs de ce projet de loi, ce que
nous croyons préférable aux anciennes lois qu'il remplace. Il
nous semble que le pouvoir accru du ministre est une excellente chose,
étant donné la responsabilité des élus. Etablir la
politique des transports nous semble, en effet, être un rôle et un
devoir du ministre des Transports et de ses conseillers, devoir dont il rend
compte devant un Parlement.
Que le projet de loi ait prévu un conseil consultatif, cela nous
semble également une heureuse initiative. Ce conseil, composé de
fonctionnaires et de technocrates compétents de même que des gens
avisés dans le transport, permettra ainsi de peut-être garder
toujours actuel ce projet de loi lorsqu'il sera adopté. Le rôle de
la Commission des transports, moins grand que par le passé, moins grand
que celui qu'avait la Régie des transports, nous semble également
excellent. Je voudrais me référer à un mémoire
présenté l'an dernier par le comité d'administration de la
justice du Barreau de la province. Ce mémoire nous parlait de la
division des pouvoirs.
Si vous me le permettez, je vous ferai une courte citation de ce
mémoire du comité d'administration de la justice de la province
au chapitre de la division des pouvoirs, qui est une partie où il semble
y avoir une certaine contestation. "Le principe de la séparation des
pouvoirs, dans une optique réaliste et progressive là, je
cite le mémoire du Barreau ne signifie plus nécessairement
que le Parlement doit avoir le monopole de la fonction législative et
que les tribunaux traditionnels doivent avoir celui de la fonction judiciaire.
Il signifie plutôt qu'il faille éviter la confusion des fonctions
sur la tête d'un même organisme, de telle sorte que cet organisme a
le pouvoir de résoudre le litige en regard des lois ou règlements
qu'il a lui-même édictés." Cela nous semble,
évidemment, s'appliquer assez bien à l'ancienne Régie des
transports. "Ceci signifie qu'un tribunal administratif ne devrait pas
être investi d'un vaste pouvoir réglementaire, comme cela se
produit actuellement dans un certain nombre de cas, ce qui rend le tribunal
administratif à la fois juge et partie. Il peut arriver, cependant,
qu'il y ait avantage à ce que les règlements à
caractère essentiellement technique soient faits par l'organisme
lui-même. "Le principe de la responsabilité ministérielle,
dans notre démocratie, exige que le gouvernement réponde devant
les élus du peuple des pouvoirs que lui confère la loi. Or, comme
le gouvernement n'est pas considéré comme responsable devant le
Parlement des organismes qualifiés de tribunaux administratifs, il
importe que ceux-ci ne soient pas investis de pouvoirs de nature politique ou
de trop vastes pouvoirs discrétionnaires dont ils ne rendent compte
à personne. Cela signifie qu'un législateur devrait restreindre
l'octroi de pouvoirs discrétionnaires de la façon suivante:
conformément à l'intérêt public, suivant ce qui est
juste et raisonnable, suivant l'équité et la bonne conscience.
Dans la mesure du possible, les tribunaux ne devraient agir que
conformément à la loi et aux règlements." C'est le
comité d'administration de la justice du Barreau qui parle. Nous sommes
d'accord sur ce qui est dit là, évidemment. J'avais le plaisir de
faire partie de ce comité-là et je pense que le projet de loi
respecte davantage le principe de la division des pouvoirs que ne le
respectaient les lois qu'il remplace.
C'est un des points où nous désirions manifester notre
accord. De même, une amélioration qui nous semble
appréciable, c'est celle du tribunal des transports. Le tribunal des
transports qui jugera en appel, dans certains cas, des décisions de la
commission, est une garantie pour tous de justice. C'est également une
sauvegarde pour la Commission des transports. C'est toujours rassurant et je
pense que c'est bienfaisant pour un organisme qui agit adminis-trativement de
sentir qu'il y a un droit d'appel. C'est rassurant des deux côtés.
C'est rassurant pour ceux qui pourraient rendre des décisions
peut-être imbues d'autoritarisme. C'est également rassurant pour
les justiciables.
Nous sommes également d'accord sur le principe qui nous semble le
plus important de cette loi, qui est de soumettre le transport scolaire au
ministère des Transports plutôt qu'au ministère de
l'Education et partiellement à d'autres également, comme il
l'était autrefois. On sait que l'autorité était
fragmentée à ce chapitre-là. On pouvait comprendre,
autrefois, historiquement, si on se reporte à il y a vingt ans, les lois
en ce qu'elles régissaient le transport scolaire, du fait du petit
nombre d'autobus et du petit nombre d'écoliers transportés.
Ainsi, en 1953-1954, on sait qu'il y avait seulement 20,000
élèves transportés. Mais, aujourd'hui, on sait qu'il y en
a 650,000 qui sont transportés. On sait aussi que le transport scolaire
compte deux fois plus de véhicules que tous les autres transports dans
la province.
A ce chapitre-là, il demeurait inadmissible que le transport
scolaire ne soit pas soumis au ministère des Transports. Alors, en ce
qui concerne ce principe, si on peut dire, nous sommes entièrement
d'accord et nous pensons que le contrôle de la Commission des transports
et du ministère des Transports va contribuer à rendre le
transport scolaire plus efficace. Il va contribuer à rendre les
entreprises mieux planifiées. Il va contribuer également à
permettre aux transporteurs d'avoir un personnel plus qualifié et,
ainsi, de donner un meilleur service.
Nous pensons que c'est vraiment important. Nous sommes également
d'accord sur un troisième objectif de la loi, c'est la
régionalisation du transport scolaire. On sait que dans le passé,
il y avait environ 2,000 entrepreneurs scolaires pour la province, il y avait
1,500 commissions scolaires et que, théoriquement au moins, il y avait
un contrat par circuit, ce qui faisait une décentralisation, presque un
marasme.
Dans cette optique-là, il était impossible que les
entreprises prennent une certaine envergure nécessaire au bon
fonctionnement de l'entreprise, à la planification et à
l'organisation. Il était également difficile, et peut-être
un peu encombrant pour les commissions scolaires, qui ont tellement d'autres
occupations plus précises, de s'occuper de ce domaine du transport
scolaire.
Cette trop grande division nous semblera se corriger dans l'avenir par
la régionalisation, s'il y a lieu. De même que dans l'enseignement
il y a eu la régionalisation des commissions scolaires, il y a de plus
en plus de centralisation, ce qui, je pense, donne de meilleurs services. Il
est souhaitable également que, dans le transport scolaire, les
unités correspondent mieux à la régionalisation. Et
déjà, la commission d'enquête sur le transport qui a
siégé en 1968 sous la présidence de M. Lachapelle
suggérait la régionalisation du transport scolaire sur la base
non pas des régions administratives, mais des régionales
scolaires, pour mieux faire coïncider le transport aux gens qu'il
dessert.
Alors, encore là, sur la régionalisation, nous
sommes d'accord. Restent les soumissions publiques. Quant aux
soumissions publiques, nous sommes d'accord sur les améliorations
qu'apporte la loi par rapport au système qui existait autrefois. Nous
pensons, par exemple, qu'il y a amélioration dans le fait que les
contrats soient pour une durée de trois ans et renouvelables pour trois
autres années avec des conditions prévues à l'avance. Il
s'agit là sûrement d'une amélioration.
L'autre amélioration, c'est de soumettre les contrats à
l'approbation de la Commission des transports. Ce sont certainement deux
améliorations très notables. Cependant, dans ce domaine,
l'association que nous représentons aurait préféré
que le gouvernement aille plus loin, que le ministre aille plus loin et
abolisse totalement les soumissions publiques. Cela principalement pour deux
raisons: D'abord, il nous semble que le principe des soumissions publiques, qui
est excellent en lui-même, s'adapte mal au système du transport
scolaire. Les soumissions publiques existent généralement dans
des entreprises pour des contrats de durée limitée où les
normes d'exécution sont strictement prévues à l'avance et
où la surveillance est relativement facile.
Le transport scolaire, on sait que c'est une organisation complexe avec
des circuits, avec surtout une durée illimitée. On sait qu'il y a
du transport scolaire actuellement, qu'il y en aura dans dix ans, dans vingt
ans et même plus. Alors, il est difficile de comprendre que les
entreprises qui ont investi considérablement, l'investissement
total dépasse sûrement $100 millions dans les transporteurs
scolaires il est difficile de prévoir que ces gens-là
soient soumis périodiquement aux éventualités et au hasard
de soumissions où de nouveaux arrivants peuvent, en mesquinant de
diverses façons, en présentant un coût plus bas, obtenir un
contrat et se présenter avec un nouveau personnel, de nouvelles
voitures, en épargnant sur toutes sortes de détails, pour
remplacer un service existant qui a de l'expérience, qui a un personnel
qualifié et qui a des véhicules propres à circuler dans
ces conditions-là.
Cela nous semble être une cause d'insécurité pour
les transporteurs et d'administration plus douteuse, le fait des soumissions,
même améliorées. Et ici, je citerai, si vous permettez, le
commissaire Martin toujours, à la page 9 de mon mémoire, je
rappellerai une citation rapidement. Il nous disait, et ça, c'est
dans le rapport de l'enquête sur les transports de 1968 toujours, ce
n'est pas nous qui le disons: "Idéalement, le système des
demandes de soumissions a pour but de permettre aux commissions scolaires de
choisir parmi plusieurs entrepreneurs compétents en vue de mettre sur
pied le meilleur service de transport possible au plus bas coût possible,
compte tenu de la santé et de la sécurité des
élèves transportés ainsi que de l'intérêt des
contribuables. Selon les directives du ministère de l'Education, les
commissions scolaires doivent habituellement accorder le contrat au plus bas
soumissionnaire. Notre enquête et c'est toujours le commissaire
Martin qui parle a démontré que nul autre facteur est plus
responsable de l'état insécuritaire du service de transport
scolaire et de sa mauvaise administration."
Je voudrais vous faire remarquer également que le principe des
soumissions publiques, dans le cas des transports scolaires, s'occupe
exagérément du coût et néglige les services, alors
qu'il nous semble que c'est un domaine où les services sont essentiels.
Evidemment, nous savons qu'il y aurait sans doute des modalités à
apporter. Il faudrait peut-être prévoir des formalités mais
nous en reparlerons dans quelques secondes.
Le deuxième grand désavantage qui nous semble venir du
principe des soumissions publiques, même si la loi les améliore,
c'est quand même de faire une deuxième catégorie de
transporteurs des transporteurs scolaires. Les voituriers ordinaires, les
transporteurs publics seront soumis à la Commission des transports, avec
des permis de durée indéfinie, renouvelables annuellement.
Pourquoi créer une deuxième catégorie de transporteurs
tout aussi publics que les premiers, qui eux auront probablement besoin, je le
présume par les règlements, d'un permis de la Commission des
transports, mais qui devront, comme étant de deuxième classe,
être soumis à des soumissions publiques? Il nous semble que le
coût, c'est justement le rôle de la Commission des transports que
de le surveiller de même que les services. Si donc le coût et les
services sont surveillés, pourquoi le principe des soumissions
publiques? Nous n'en voyons pas la nécessité dans ce cas. Il nous
semble qu'il y aurait grand avantage à ce que le principe des
soumissions publiques disparaisse complètement.
Evidemment, ce deuxième désavantage nous semble se situer
également au niveau des droits acquis des transporteurs scolaires. Ici
j'emploie les mots "droits acquis" dans le sens d'équité, au sens
large. Je sais que juridiquement nous pourrions nous battre longtemps sur ce
qui constitue les droits acquis. Disons que, lorsque je parle de droits acquis,
je pense à l'expérience acquise par un transporteur scolaire qui
fait ce transport depuis 10 ou 15 ans ou même 18 ans dans certains cas.
Il y a quand même une expérience acquise dans des conditions
pénibles. Il y a également investi des centaines de milliers et
dans certains cas des millions de dollars dans des véhicules très
spécialisés qui ne peuvent servir à rien d'autre
qu'à transporter des écoliers ou qui ne serviront à peu
près pas. Cela me semble également un actif, quelque chose
d'acquis péniblement et qui devrait être reconnu.
Il y a également et c'est un facteur non
négligeable tout le personnel de ces transporteurs. Si un des
transporteurs d'écoliers a, par exemple, 100 employés, il y a 100
gars qui depuis 5 ou 10 ans travaillent à une fonction,
qui se sont entraînés, qui sont devenus plus aptes, qui
dans certains cas ont suivi des cours; d'autres se sont entraînés
par la pratique. Ce personnel dont il bénéficie, pourquoi
serait-il périodiquement remis en cause? Pourquoi ces 100 gars
risqueraient-ils d'aller sur le pavé le lendemain matin, parce qu'un
nouveau, qui lui peut-être, n'ayant pas de syndicat, paierait des taux
inférieurs et pourrait enlever les contrats du premier? Cela nous semble
un désavantage également marquant. Cela nous semble une absence
de reconnaissance des droits acquis au sens large des transporteurs
scolaires.
Il y a aussi le fait que les soumissions publiques ne permettent pas aux
entreprises scolaires de planifier leurs opérations. Comment avec des
contrats annuels, comme cela existait dans le passé, ou parfois de trois
ans, mais enfin de courte durée, pouvait-on planifier une entreprise et
en faire une entreprise avec des vues à long terme, avec un
équipement renouvelé périodiquement, avec des accessoires
nécessaires sur les autobus? Comment un gars pouvait-il investir et
planifier son investissement sur de courtes périodes de contrat
où il risquait chaque année de se retrouver devant rien?
Nous pensons qu'il y aurait des solutions possibles par la loi. Il nous
semble que la loi pourrait peut-être être amendée à
cet effet. Il y aurait aussi possibilité, par les règlements dont
nous reparlerons dans quelques minutes, d'atténuer les soumissions
publiques et de les rendre, si on veut, plus acceptables.
Ainsi, par exemple, à titre de suggestion et pour ce qu'elle vaut
seulement, il nous semble que la Commission des transports pourrait donner
à ceux qui font le transport scolaire actuellement des permis comme on
en donne aux transporteurs ordinaires. Il faudrait également
prévoir que ceux qui auraient pu être évincés au
cours des dernières années, qui seraient encore
équipés et qui désireraient faire du transport scolaire,
pourraient demander à la commission un permis. Premièrement,
permis automatique à ceux qui font du transport scolaire à
l'heure actuelle; deuxièmement, permis possible, après
enquête de la commission, pour ceux qui auraient été
évincés ou encore qui se sentiraient une vocation dans le
transport scolaire et qui pourraient justifier devant la régie leur
solvabilité grâce à un équipement raisonnable et
à un personnel suffisamment entraîné.
Si les règlements limitaient les soumissionnaires à ceux
qui détiennent des permis, avec renouvellement automatique, dans ce cas
et possibilité pour ceux qui désirent y entrer, il nous semble
que cela respecterait suffisamment le principe de l'égalité des
chances pour tout le monde et que cela améliorerait grandement le
système. Cela est possible par règlement même sans amender
la loi, bien que peut-être ce n'est pas mon domaine il
serait avantageux d'amender la loi à ce sujet.
Quant aux règlements c'est le dernier des cinq objectifs
que nous soumettions dans la première partie évidemment,
je pense que s'ils n'étaient pas faits par la même équipe
qui a présenté le projet de loi, par le ministre et par son
personnel, et dans le même esprit également, il y aurait
certainement un danger. Nous ne les connaissons pas encore. En ce qui nous
concerne, nous sommes portés à faire confiance à la
même équipe qui a présenté le projet de loi en
supposant que les règlements seront dans le même esprit. Nous
disons qu'ils pourraient compléter la loi d'une façon
valable.
Ainsi, par exemple, un deuxième point qui pourrait être
contenu dans ces règlements toujours en supposant que les
soumissions resteraient et même si les soumissions étaient encore
améliorées par le projet de règlements dont je parlais
tout à l'heure ce serait de prévoir qu'au cas
d'évincement d'un transporteur scolaire, son équipement doit
être acheté par celui qui l'a évincé. A ce
moment-là, le ministère doit être arbitre en dernier
ressort de la valeur de l'équipement, parce qu'on sait que c'est une
question d'offre et de demande. Cela pourrait devenir difficile si celui qui
est évincé reste avec un équipement qui ne peut pas servir
à autre chose; il serait fort mal pris. A ce moment-là,
peut-être aurait-il lieu de prévoir dans les règlements, si
les soumissions publiques subsistaient, qu'il y ait une telle disposition qui
permette cela.
Le dernier point, si vous me le permettez, c'est d'attirer l'attention
sur certains points de loi qui pourraient être améliorés.
Nous terminerons avec cette partie qui est brève. L'article 96,
paragraphe 5, modifiant l'article 475 de la Loi de l'instruction publique,
prévoit qu'une exception au régime des soumissions publiques peut
exister. Elle doit être considérée à la demande du
ministre des Transports, dans le cas où un détenteur d'un permis
de transport en commun négocie avec une commission scolaire un contrat
concernant le transport scolaire.
Cela nous semble bien, en principe, mais nous pensons qu'il s'agit
là d'un article large qui peut être susceptible
d'interprétations qui dépasseraient, selon nous, l'esprit de cet
article. Il nous semble que celui-ci devrait être plus précis de
façon à limiter, par exemple, ce qu'on entend par celui qui a un
permis de transport en commun et aussi à fermer la porte que peut
constituer cet article, toujours dans le but de ne pas faire évincer
inutilement des gens qui seraient dans le transport depuis longtemps par
quelqu'un qui n'aurait toujours été que dans le transport en
commun, mais qui, tout à coup, se sentirait une vocation dans le
transport scolaire.
Il y a également l'article 93 de la loi qui amende l'article 206
de la Loi de l'instruction publique au sujet des pouvoirs d'une commission
scolaire quant à l'acquisition d'autobus. Il nous semble que, dans le
cas d'acquisition d'autobus par les commissions scolaires, celles-ci devraient
être soumises à une audition publique devant la Régie des
transports parce
que c'est une autre façon d'évincer
catégoriquement, définitivement certaines personnes et
même, d'une certaine façon, d'exercer un chantage par rapport aux
entrepreneurs dans le transport scolaire.
Il y a également l'article 66 de la loi qui permet l'appel des
décisions du directeur du Bureau des véhicules automobiles,
lorsque ces décisions suspendent, annulent, refusent de suspendre,
d'annuler, d'accorder un permis ou un certificat d'immatriculation.
Cet article ne prévoit pas que la décision du directeur
soit suspendue par l'appel. Il nous semble qu'il y aurait intérêt
à ce que la décision du directeur, dans ce cas-là, qui
suspend un permis, ce qui est grave dans ses effets, soit suspendue par
l'appel. Peut-être pourrait-on soumettre l'appel à une
requête pour permission d'appeler, ainsi qu'on le fait d'ailleurs dans
l'article 76.
Mon dernier point est l'article 68. Dans les matières
susceptibles d'appel, on limite ces matières-là à l'appel
devant le tribunal du transport aux questions de droit. Il me semble qu'il y
aurait peut-être avantage à ce qu'on ajoute les questions de fait
et de droit.
Alors pour nous résumer, M. le Président, M. le ministre,
MM. les membres de la commission, nous désirons renouveler notre accord
vis-à-vis du projet de loi que nous estimons être une étape
importante dans l'histoire du transport et une amélioration
considérable, même tel quel, en ce qui concerne le transport
scolaire.
Nous sommes d'accord, comme nous l'avons dit, sur cinq des objectifs,
soit la nouvelle division des pouvoirs qui est meilleure que l'ancienne; nous
sommes d'accord sur le transfert du transport scolaire du domaine du
ministère de l'Education au ministère des Transports où il
aurait dû être depuis longtemps, nous pensons. Nous sommes d'accord
aussi sur la régionalisation du transport scolaire, qui nous semble
sous-jacente à la loi.
Nous sommes d'accord sur l'amélioration des soumissions publiques
que représente le projet de loi tel quel parce qu'il améliore les
soumissions publiques en les rendant moins néfastes qu'elles
n'étaient. Cependant, sur ce point, nous souhaiterions que la loi aille
plus loin et abolisse totalement les soumissions publiques, ou, du moins,
qu'elle les améliore par ses règlements, qu'elle les rende plus
rigides en les soumettant à un permis pour soumissionner, un permis
donné par la Commission des transports.
Enfin, quant aux règlements, nous sommes portés à
faire confiance à la même équipe, moyennant qu'ils soient
dans le même esprit de la loi. Le tout soumis respectueusement. Nous vous
remercions de nous avoir permis d'exprimer les points de vue de notre
association. Maintenant, M. le Président, s'il y a des questions, je me
ferai un plaisir d'y répondre.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Chouinard. Est-ce qu'il y a des questions de
la part des membres de la commission?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui M. le Président. Me Chouinard, vous
nous avez exposé, de façon très claire, le point de vue de
votre organisme en indiquant quels étaient les cinq points sur lesquels
vous avez cru bon d'insister. La division des pouvoirs, le transfert des
responsabilités du ministère de l'Education à celui des
Transports, la régionalisation, le problème des soumissions et la
question des règlements.
Vous me permettrez de différer d'opinion avec vous en ce qui
concerne les pouvoirs accordés au ministre qui, à bien des
égards, nous paraissent exagérés, mais cela fera l'objet
d'une discussion en comité plénier lorsque le ministre, ayant
pris bonne note de tout ce qui a été dit, nous soumettra la
version finale ou la version refondue de son projet de loi, comme nous le lui
avions demandé et ce qu'il semble décidé à
faire.
Maintenant, Me Chouinard, je voulais vous poser une question. Lorsque
vous parlez de ce transfert de responsabilités du ministère de
l'Education à celui des Transports, vous tenez compte évidemment
des exigences pédagogiques, de l'existence des commissions scolaires, et
vous avez parlé du problème du coût en regard de la
question du service que doivent rendre les transporteurs d'écoliers.
En ce qui concerne ce problème de coût, j'aimerais
connaître votre avis. Est-ce que vous ne pensez pas que la
régionalisation, par exemple, que ce nouveau schème
d'organisation du transport écolier sous la responsabilité du
ministère des Transports, pourrait entraîner des coûts
accrus dans le domaine du transport écolier?
M. CHOUINARD: Voici, M. Tremblay, si vous permettez. Ma réponse
va peut-être prendre quelques secondes, je m'excuse. Il y a 1,500
commission scolaires, environ, dans la province de Québec. 80 p.c. de
ces commissions-là comptent 600 élèves et moins.
De ce nombre, il y en a la moitié qui sont transportés.
Donc, actuellement, de ces 300 élèves de chaque commission, on
est soumis généralement à deux autorités: la
commission scolaire locale et la commission scolaire régionale. Cela
fait donc un très grand morcellement d'entreprises, de territoires et de
services, une duplication de services à beaucoup d'endroits.
Nous pensons que le système régional permettra d'utiliser
au maximum les véhicules en fonctionnement. Comme, par exemple, un
autobus scolaire peut très bien servir à plusieurs voyages dans
une journée; si les services sont cumulés cela coûtera
moins cher que si une compagnie ne fait que le transport du matin et du soir,
qu'une autre ne fait que le transport du midi et qu'une autre, enfin, ne fait
que le transport parascolaire.
Nous pensons que ces services réunis peuvent coûter moins
cher. Mais, comme M. Tremblay le sait, en matière de coût,
évidemment, il y a aussi les salaires. Une entreprise bien
organisée paie de meilleurs salaires a un personnel meilleur et donne de
meilleurs services. Il arrive
cependant que, payant de meilleurs salaires, le coût soit un peu
supérieur à celui qui paie mal ses employés. On sait que
dans le transport scolaire, les salaires varient de $50 à $120 ou $125
par semaine. C'est évident que celui qui paie $50 par semaine a un peu
plus de chances d'arriver un peu meilleur marché que celui qui paie
$120. Mais pas entièrement, étant donné le début de
ma réponse, du fait de la systématisation, de l'organisation.
Nous pensons que, même en faisant des conditions humaines à
leurs employés, il y a quand même moyen d'arriver avec des
coûts qui ne dépassent pas, je pense, ceux existant actuellement.
Bien qu'il soit difficile dans ce domaine d'être absolu.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Me Choui-nard, j'ai noté l'insistance
que vous avez mise sur le problème de la sécurité des
entreprises de transport et leur stabilité, ce qui, du même coup,
assure la sécurité d'emploi et des salaires raisonnables aux
employés de ces entreprises de transport.
Il y a toutefois dans la réglementation du ministère de
l'Education cette prescription des dépenses inadmissibles. Alors,
j'imagine que le ministre voudra bien, non seulement en prendre note, mais
examiner cette question en fonction du coût de revient que comporterait
cette régionalisation, cette réorganisation pour les
contribuables. Parce que j'imagine que les commissions scolaires vont nous
faire connaître leur point de vue. En ce qui me concerne, je suis
évidemment d'accord avec Me Chouinard et ceux qui l'ont
précédé pour demander que soit assurée la
stabilité de ces entreprises de transport, qu'il y ait
sécurité d'emploi pour les employés de ces entreprises, de
même que des salaires raisonnables.
Il faut quand même examiner ce problème aussi dans
l'optique générale du coût que représente
l'administration scolaire dans le Québec. Je pose tout de suite une
question au ministre ici, à savoir si on a commencé des
négociations, si on a entrepris des consultations avec le
ministère de l'Education en vue de ce réaménagement du
transport d'écoliers et de ce transfert de la responsabilité du
transport d'écoliers du ministère de l'Education à celui
des Transports.
M. TREMBLAY (Bourassa): Le transport d'écoliers a
été... Le projet de loi 23 a été
préparé conjointement avec des membres, c'est-à-dire des
représentants du ministère de l'Education pour les coûts.
Nous sommes prêts, après l'adoption de la loi, dans certaines
régions, à prévoir que les coûts de
régionalisation ne soient pas plus hauts. C'est pour cette raision
qu'avec le projet de loi 23, d'après notre étude, les coûts
seront plus bas qu'ils le sont à l'heure actuelle.
Maintenant, je vais, si ça complète...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous me le permettez, M. le
Président...
M. TREMBLAY (Bourassa): ... je voudrais aller un peu plus loin que ce
que disait Me Chouinard. J'ai pris bonne note de ses recommandations...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ...j'aimerais reprendre s'il vous plaît,
si le ministre me le permet, et lui poser une autre question.
Est-ce qu'il y a eu aussi consultation avec les commissions scolaires
via, par exemple, la Fédération des commissions scolaires? Est-ce
qu'il y a eu consultation avec des représentants des commissions
scolaires du Québec au sujet de ces coûts et de ce
réaménagement du transport écolier?
M. TREMBLAY (Bourassa): Oui, il y en a eu. On s'est même
réuni, aux bureaux du ministère de l'Education, avec...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec les représentants.
M. TREMBLAY (Bourassa): ...c'est cela, les représentants des
commissions scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci.
M.TREMBLAY (Bourassa): Maintenant, j'avais une remarque...
M. LE PRESIDENT: Le ministre va compléter sa réponse et on
reviendra à vous après.
M. TREMBLAY (Bourassa): ...à faire ici, Me Chouinard. Vous parlez
de changements et d'aller plus loin dans la loi au point de vue des
soumissions. Disons que vous soumissionnez pour trois ans; on peut,
d'année en année, pour trois ans, suivant l'échelle des
coûts, etc., comme je l'ai expliqué il y a quelques instants...
Vous dites, à un moment donné, que cela va contrairement...
Prenez le transport général par lui-même, ils sont en
compétition, ces gens-là aussi; ils sont obligés de
déposer des prix. Il arrive que certaines compagnies perdent leur
transport.
Je ne voudrais pas que vous pensiez être
désavantagés. Si on regarde les gens du transport
général, ils sont aussi à soumissions, ils déposent
des prix à la Régie des transports. Si leur service n'est pas
adéquat... Ici, nous donnons trois ans; s'il y a augmentation ou
réduction de taux, cela sera déterminé par les
enquêtes et les ententes qu'il y aura entre la commission, les
transporteurs et les régionales. Je crois que vous n'êtes pas
désavantagés.
M. CHOUINARD: Est-ce que le ministre me permettrait? Je le remercie de
ses explications. D'ailleurs, j'ai souligné dans mon mémoire
que
le projet de loi améliore grandement le système existant.
Cela est incontestable sur deux points, je les mentionnais tout à
l'heure. Mais il nous semble qu'il y ait peut-être quelque chose
susceptible d'amélioration, c'est que les transporteurs scolaires ont
des clients en nombre limité. Dans les entreprises
générales de transport, une entreprise qui n'est pas
compétitive si on peut employer ce mot vulgaire, qui est
discutable une entreprise qui a une mauvaise administration ou qui ne
peut avoir des prix concurrentiels est punie de sa mauvaise administration,
mais elle ne risque pas, du jour au lendemain, d'être devant rien.
Par ailleurs, le principe des soumissions, même s'il est
amélioré et même si cela prend six ans avant de revenir,
fait en sorte qu'à cause du seul coût et de la seule
clientèle d'une ou de deux commissions scolaires, l'entrepreneur risque
de tout perdre d'un seul coup. C'est uniquement sous cet aspect-là que
nous soulignons le problème. Nous pensons que l'élément
"coût" peut très bien être surveillé de même
que l'élément "service" par la Commission des transports. Cela
peut très bien être surveillé. Donc, pourquoi, pour des
raisons d'économies, alors qu'il peut très bien être
surveillé par la Commission des transports, remettre ces gens-là
devant le péril de tout perdre tous les six ans, disons, même si
c'est mieux qu'à tous les ans?
Il nous semble qu'au point de vue du principe, c'est quand même
les placer dans une situation périlleuse quant à
l'investissement, quant au personnel et quant à tout, surtout que le
service...
En somme, qu'aurait-on à leur reprocher? Si le service et le
coût sont surveillés et réglementés, il nous semble
qu'à ce moment-là les soumissions deviendraient superflues. C'est
uniquement le point de vue de mon association, M. le ministre. Nous comprenons
qu'il y a d'autres points de vue qui peuvent être meilleurs.
M. LABONNE: M. le Président, M. le ministre, si vous me
permettez, pour compléter ce que Me Chouinard vient de donner,
actuellement, il y a de l'infiltration, dont justement, une des causes est
peut-être, par ricochet, le dépôt du projet de loi 23. Ce
qui arrive avec le régime des soumissions, la semaine dernière,
on a vu et je vais nommer l'endroit, Sept-Iles, et j'ai deux personnes
ici qui peuvent en témoigner des industriels, manufacturiers
d'autobus, qui ont rencontré des personnes et qui les ont, comme on dit
communément, "backés", qui les ont appuyés
financièrement et qui leur ont fait des soumissions.
Alors, c'est un danger réel. Les droits acquis, on n'en tient pas
compte avec le régime actuel. Il y aurait une grande amélioration
à apporter. On parle de la sécurité d'emploi. Il y a la
sécurité d'emploi d'environ 12,000 artisans à travers la
province, qui ont des familles. Si on parlait, au point de vue
économique, du facteur générateur, "c'est un facteur
extrêmement im- portant, parce qu'il y a environ 78,000 personnes qui
dépendent directement du transport des écoliers. C'est ce que
nous désirons avoir. Non seulement de la sécurité d'emploi
pour le propriétaire d'autobus mais aussi la sécurité
d'emploi pour l'artisan qui travaille à son compte, soit comme
chauffeur, soit comme homme de service ou, encore, soit comme
mécanicien. On désire que les spéculateurs ne prennent pas
part aux soumissions. On ne veut pas de spéculateurs dans le transport
d'humains, comme les écoliers.
M. CHOUINARD: M. le ministre, est-ce que je pourrais ajouter juste une
citation, qui est à la page 11 de mon mémoire? C'est un extrait
du mémoire du ministère des Transports présenté
à la commission, en 1968, qui étudiait le transport. Je lis le
rapport du ministère des Transports: "La nécessité
pratique d'accepter le plus bas soumissionnaire ne permet pas de rejeter celui
qui se présente pour obtenir un contrat de transport des écoliers
et qui, par suite d'un désir de gain facile, d'un manque de
connaissances techniques ou d'une incompétence administrative, a
préparé une soumission trop basse. C'est souvent ce qui arrive
dans les cas de transporteurs de peu d'importance. Le soumissionnaire sera
alors obligé, s'il veut réaliser quelques gains ou même
joindre les deux bouts, de sacrifier la qualité des véhicules, de
négliger de les équiper conformément à la ioi, de
réduire leur entretien au strict minimum et de se contenter de
véhicules qui ont pour seule qualité une aptitude à
rouler." C'est le rapport du ministère des Transports, en 1968.
M. LABONNE: J'aurais dû préciser tout à l'heure que
le fabricant d'autobus était un fabricant d'autobus de l'Ontario. Alors,
imaginez la concurrence. C'est ce qu'on appelle exactement une concurrence
déloyale, une infiltration qui n'a pas de raison d'être.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. Chouinard, avant de vous poser la question, je vois
moi-même d'un bon oeil la disparition possible des soumissions publiques,
mais advenant...
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous parler dans le micro, s'il vous
plaît?
M. AUDET: ... la disparition des soumissions publiques, d'après
vous, quelle serait la meilleure façon de fixer les taux pour ne pas
risquer de tomber dans l'exagération et aussi dans une certaine
monopolisation du transport des écoliers?
M. CHOUINARD: H y a déjà, au ministère de
l'Education, des normes quant au coût et au service. La Commission des
transports serait
très bien placée pour étudier les coûts, pour
que les coûts soient raisonnables.
S'il n'y avait pas de soumissions publiques et, dans
l'éventualité de l'autre solution que je proposais, ou si les
règlements limitaient les soumissions publiques à ceux qui ont
des permis de transport que la commission pourrait accorder, dans une de ces
deux éventualités, il me semble que les coûts deviendraient
l'affaire de la Commission des transports qui serait un organisme
sérieux avec tout le personnel voulu, qui pourrait calculer, qui
pourrait même faire des enquêtes sur l'administration d'une
compagnie et voir à ce que les coûts soient raisonnables, laissant
une marge de profit normal, mais prévoyant également qu'il n'y
ait pas d'abus du côté des coûts. Cela nous semble plus
efficace même que les soumissions publiques qui permettent à de
nouveaux arrivants peut-être ils ne sont pas tous de même
acabit qui ont l'intention de mal payer leurs employés,
d'employer un équipement démodé ou désuet ou de
donner un mauvais service, pas volontairement mais dans le but de
ménager, de s'accaparer le contrat.
Je ne sais pas si ça répond à la question.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Chouinard, une question. Dans votre
mémoire, vous parlez de l'article 66 de la loi qui permet l'appel des
décisions du directeur de suspendre et ainsi de suite et vous dites: "Il
nous semble que le contraire serait plus normal". Pourriez-vous expliciter
votre pensée là-dessus? Pourquoi le contraire serait-il plus
normal que ce qui est dit dans la loi actuellement?
M. CHOUINARD: Je disais ceci: L'article 66 prévoit que les
décisions du directeur des véhicules, lorsqu'elles sont en appel,
ne soient pas suspendues. Autrement dit, même si elle est
contestée, la décision continue de s'appliquer et le gars qui a
un permis suspendu demeure suspendu. Cela nous semble contraire à tous
les principes de droit qui veulent que l'appel suspende la décision dont
il y a appel. Même en limitant ça pour éviter les appels
abusifs à une permission d'appeler où le sérieux de
l'appelant se prouve avant que la permission d'appeler lui soit donnée,
cet appel suspendrait la décision pendant le temps que dure l'appel.
Là, en somme, une fois la décision rendue, juste ou injuste, le
type qui a subi la décision en est pénalisé de toute
façon, même si l'appel lui donne raison deux ans plus tard. Durant
deux ans il a payé. C'est irréparable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Chouinard, à la page 17 de votre
mémoire vous parlez de l'article 93 de la loi au sujet des pouvoirs des
commissions scolaires d'acquérir des autobus. Est-ce qu'à votre
avis je ne vous demande pas de porter un jugement global ou de vous
compromettre définitivement vous pensez qu'il n'est pas implicite
du fait de la présence de cette observation dans votre mémoire
que vous souhaiteriez que les commissions scolaires ne soient pas des
transporteurs d'écoliers.
M. CHOUINARD: Si on me le permet, M. le député, c'est
exactement ce que je crois et pour diverses raisons. D'abord, je ne crois pas
que les commissions scolaires puissent, avec l'organisation
spécialisée qu'elles ont destinée spécialement
à s'occuper de choses scolaires, s'occuper de transport est un domaine
très particulier. Les véhicules, on le sait, sont des
véhicules très particuliers qui demandent beaucoup d'entretien,
qui demandent même des spécialistes dans le transport, non pas
dans le domaine scolaire. Je pense aussi, je n'ai pas les chiffres en main,
mais je crois que si on prenait... il y a actuellement des commissions
scolaires qui ont un nombre limité d'autobus. Si on étudiait le
coût de ces véhicules comparé au prix qu'elles paient pour
les soumissionnaires, on verrait que ces coûts sont de beaucoup
supérieurs aux coûts qu'on paie à l'entreprise
privée à cause de la manutention et de toutes les exigences
particulières de ce mode de transport qui demande beaucoup de
surveillance, qui demande, autrement dit, une spécialisation dans le
transport et non pas nécessairement dans le domaine scolaire. Je ne sais
pas si cela répond à votre question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui et je voudrais compléter en vous
posant la question suivante. A votre connaissance, est-ce qu'il vous
paraît qu'il y a, à l'heure actuelle, un mouvement du
côté des commissions scolaires qui irait dans le sens d'une
organisation du transport écolier par les commissions scolaires, ce qui
serait une des causes de l'insécurité et des difficultés
qu'éprouvent les transporteurs d'écoliers?
M. LABONNE: M. le député, si vous le permettez, on
pourrait faire parvenir à la commission quelque chose d'écrit,
signé par la commission scolaire régionale de l'Estrie, dont le
siège social est à Sherbrooke, comme tout le monde le sait. Le
directeur des transports, de même que le trésorier, recommandait
aux commissaires de redemander des soumissions à trois reprises, et je
cite textuellement: "sans exercer de pression sur le soumissionnaire, et
après, si les soumissionnaires ne baissent pas leurs prix à
l'intérieur du tableau des coûts normalisés ce qui,
soit dit en passant, était injuste en l'occurrence que la
commission scolaire s'achète des autobus." C'est du chantage pur et
simple.
J'irai plus loin, je soumettrai à la commission par écrit,
si elle le désire, avec preuve à l'appui, un bilan d'exploitation
des autobus scolaires de certaines commissions scolaires. Je ne dis pas qu'il y
a quelque chose d'illégal, mais le coût est
prohibitif. Les commissions scolaires choisissent les circuits
scolaires, les meilleurs. C'est humain, c'est naturel et on ferait la
même chose si on avait le même avantage. Après on essaie
d'établir un parallèle. On dit: Nous, à la commission
scolaire, ça coûte x par autobus. L'entreprise privée
coûte x par autobus. Bien, cela coûte 2x parce qu'ils ont, dans
certains cas, des chemins prohibitifs, mais tout de même, un bilan
était soumis récemment, ça coûte à la
régionale de l'Estrie $11,000 par autobus scolaire. Ils ont environ
au-delà de 250 autobus scolaires donnés par contrat. Les autobus
de la régionale de l'Estrie sont de $11,000 et pas un seul des
soumissionnaires n'a donné un prix aussi élevé. Alors le
coût, $11,000 à la commission scolaire régionale de
l'Estrie, et le coût moyen et je vous prie de l'accepter avec
réserve parce qu'on est à le faire dans le moment pour les
contracteurs est d'environ $6,000.
Alors, on prétend qu'il y aurait une économie
considérable dans les fonds publics si les commissions scolaires, du
moins dans le domaine de transport d'écoliers pouvaient exercer une
surveillance, d'accord. Cependant, nous croyons qu'elles devraient retourner
à leur vocation qui est l'enseignement et laisser faire les manufactures
de crayons et de cahiers où elles veulent s'infiltrer. Elles veulent
faire des manuels scolaires, fabriquer ou avoir des autobus, etc.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, on vient de nous faire
une suggestion. J'espère que la commission est d'accord pour recevoir le
document que voudra bien préparer l'association qui est devant nous,
parce que cela nous serait très utile pour savoir exactement ce qui se
passe dans les commissions scolaires en ce qui concerne le transport
d'écoliers.
M. CHOUINARD: Je me permettrais d'ajouter un mot à ce sujet. Je
pense qu'il y a deux dangers principaux dans cette possibilité qu'offre
l'article 93 aux commissions scolaires. Le premier danger, c'est d'abord qu'une
commission scolaire prenne pour elle les meilleures routes, ne laissant aux
entrepreneurs que les mauvaises. Je n'ai pas besoin de vous dire que cela
pourrait être une économie apparente, mais non réelle. En
effet, avec les routes seulement déficitaires, les coûts
augmentant, le total des deux serait supérieur à ce qu'aurait
été une seule soumission. C'est un premier danger, autrement dit,
que la commission scolaire taille dans le domaine les routes les plus
avantageuses pour ne donner que les moins bonnes aux entreprises.
Le deuxième danger, c'est que, lors de la discussion des
coûts de soumissions, cela constitue un chantage, qu'on le veuille ou
non. Le soumissionnaire qui a un certain nombre d'autobus en face d'une
commission scolaire ne discute pas de coûts; il discute, à ce
moment-là, de vivre ou de ne pas vivre. Avec cette arme-là, en
supposant que la permission soit accordée à une commission
soclaire d'acheter les autobus qu'elle veut, le soumissionnaire est toujours
dans la situation illogique de soumissionner en concurrence avec celui qui lui
donne son travail, ce qui est inadmissible.
Cela me semble être les deux dangers principaux des commissions
scolaires. Il y a à ajouter à cela que, je sais par
expérience que les autobus scolaires dans les mains des commissions
scolaires coûtent plus cher que dans les mains de l'entreprises
privée, je pense.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... Vous venez de nous dire ce que vous pensez
du droit qui est accordé aux communautés urbaines d'organiser des
transports d'écoliers. Cela vient en contradiction avec les
mémoires qui nous ont été soumis. D'ailleurs, nous en
avons eu des échos l'autre jour, quand nous avons étudié
la Loi de la Commission de transport de la rive sud.
M. TREMBLAY (Bourassa): Ce que nous avons entendu ce matin, c'est qu'il
y a du transport écolier qui est fait par la CTCUM et d'autre qui est
fait par des propriétaires particuliers.
Je crois que, pour le moment, il n'y a pas lieu d'enlever à ceux
qui en ont. Si la Communauté urbaine de Montréal, la Compagnie de
transport de Montréal a un transport qui est compétitif à
d'autres, il n'est pas question de l'enlever. Il est question de voir les prix
et de savoir si ce n'est pas plus cher. Si c'est plus cher, on verra en temps
et lieu à l'étude qu'on pourra faire de tout ça. Mais il
n'est pas question d'en enlever à un pour le donner à l'autre.
Est-ce que ça répond à votre question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais...
M. TREMBLAY (Bourassa): Votre question est pour savoir s'il faut enlever
du transport à la Commission des transports de Montréal. Mais
s'il y a des régions disons à Montréal-Nord, qui font du
transport scolaire et que c'est la Commission des transports de Montréal
qui fait le transport, je ne crois que, si elles sont dans les prix, il faille
arriver et l'enlever. Si elles sont aux mêmes taux, ont les mêmes
normes que les autres et donnent le même service, je ne crois pas que ce
soit ça, le but du bill 23.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je comprends le ministre...
M. TREMBLAY (Bourassa): Le but n'est pas non plus de l'enlever à
l'entreprise privée pour le redonner à la Commission des
transports.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends très bien ce que le
ministre veut dire, mais est-ce qu'à un moment donné le
gouvernement ne sera pas mis dans la situation de faire un choix,
c'est-à-dire de soustraire des communautés urbaines et des
commissions scolaires tout
ce domaine du transport écolier? Je ne porte pas de jugement, je
ne dis pas que je suis pour ou contre cela, mais, compte tenu des coûts,
après un examen très poussé de la question, il
m'apparaît à moi en tout cas que le gouvernement va se trouver
dans l'obligation de faire un choix.
M. TREMBLAY (Bourassa): Il y a 300 autobus scolaires qui appartiennent
aux commissions scolaires...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. TREMBLAY (Bourassa): Sur 11,000. Je crois que ce n'est pas un choix
difficile à faire, et si le service est bien donné, je ne vois
pas pourquoi on ferait le changement. Si le service n'est pas donné
adéquatement, la sécurité de l'enfant, la santé,
etc., à ce moment-là, ça sera au ministère, c'est
aux enquêteurs d'y voir et de faire rapport à la Commission des
transports. Mais il n'y a que 300 autobus qui appartiennent aux commissions
scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Aux commissions scolaires.
M. TREMBLAY (Bourassa): Sur 11,000. M. LE PRESIDENT: Le
député de Dorion.
M. BOSSE: M. le Président, je voudrais d'abord féliciter
Me Chouinard de la façon qu'il est intervenu.
Je pense qu'il a bien mis en évidence les avantages de la loi
présentée par le ministre des Transports. Sur un point
particulier, qui est la question des soumissions, je voudrais savoir si le
groupe qu'il représente préférerait c'est du moins
ce qu'il a laissé entendre être considéré au
même niveau et au même titre que les autres secteurs à
savoir, se présenter devant la Commission des transports, obtenir un
permis et être régi mutatis mutandis par des
règlements?
M. CHOUINARD: Catégoriquement oui. M. BOSSE: Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Chouinard. Nous allons suspendre...
M. BOSSE: Avant de suspendre, M. le Président, pourrais-je
soulever la question des groupes représentatifs, qui sont assez nombreux
ici, qui aimeraient savoir si, ce soir, il y aura audition? Ils ont dû se
déplacer à deux reprises déjà, un certain nombre,
et ils souhaiteraient être entendus ce soir, si possible, évitant
par là des dépenses nombreuses. J'en fais la suggestion.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Nous suspendons les travaux jusqu'à 2
heures.
Reprise de la séance à 14 h 15
M. KENNEDY (président de la commission permanente des
Transports): A l'ordre, messieurs!
Nous continuons d'entendre les mémoires. Je vais
répéter ce que j'ai dit ce matin. Je demanderais à ceux
qui se présentent d'être le plus bref possible dans leur
préambule et d'éviter, autant que possible, de nous faire une
longue lecture d'un mémoire. Je leur demanderais plutôt de faire
des suggestions sur les articles du bill qui les concernent et dont le
mémoire fait état.
D'ailleurs, c'est ce qui sera l'essence de la discussion par la suite
s'il y a lieu. Je vous demanderais votre coopération. Nous avons encore
une longue liste de gens qui veulent se faire entendre et nous voudrions tous
les entendre. Si tout le monde collabore, je pense que nous pourrons rendre
justice à tous ceux qui se sont déplacés pour venir
à Québec aujourd'hui.
Nous commençons avec les Autobus Boulais ltée. M. Jean-Guy
Boulais.
Autobus Boulais
M. BOULAIS: M. le Président, nous serons très brefs. Le
mémoire est court et j'espère qu'il sera pris en bonne part par
tous les partis. Je dois premièrement féliciter le gouvernement
qui, pour la première fois dans la province de Québec, nous
fournit l'occasion, par le bill 23, de structurer une industrie d'envergure
provinciale, le transport.
Je veux ici parler de façon toute spéciale du transport
scolaire. Le transport scolaire, tel que nous le connaissons actuellement, est
l'orphelin des différents ministères: le ministère de
l'Education, d'une part, et le ministère des Transports, d'autre part.
Depuis de nombreuses années, nous devons rendre compte aux
différents ministères de la gestion de ce transport. Nous avons
été jusqu'ici, nous les transporteurs d'écoliers, à
la merci des soumissions publiques. Cela veut dire que le propriétaire
d'une compagnie d'autobus, ayant investi un demi ou un million de dollars pour
effectuer un contrat scolaire, pouvait se retrouver, au bout de dix mois de
loyaux services, en faillite.
Ces mêmes transporteurs devaient, de plus, se plier aux conditions
établies par le ministère de l'Education, d'une part, aux normes
que tout le monde connaît, et d'autre part, aux conditions variables des
contrats scolaires, aux conditions du ministère des Transports, pour la
partie sécuritaire, soit les qualifications des chauffeurs et les normes
d'entretien des autobus.
Les contrats terminés, l'opérateur n'avait aucun permis
d'acquis et retombait d'année en année à la merci de
nouvelles soumissions. Ceci n'est pas une pure illusion, même ce matin,
on a cité des cas. Suffisamment d'entrepreneurs res-
ponsables ont déjà dû se retrouver sur le
pavé. Le bill no 23 a largement reconnu le danger du système des
soumissions et le péril qu'elles comportaient.
Ici, j'ouvre une parenthèse pour appuyer même mes
confrères de ce matin pour l'abolition des soumissions, surtout
l'abolition des soumissions publiques scolaires. Les commissions scolaires,
lors de l'ouverture de soumissions, comme on le sait très bien, ne
regardaient pas seulement le prix le meilleur marché. On ne s'occupait
pas de la qualité et de l'efficacité du transporteur en cause. On
prenait toujours le meilleur marché.
J'endosse donc, après étude sérieuse, avec grande
satisfaction, le bill no 23. Ce bill prévoit la structure du transport.
Il respecte les transporteurs au point de vue des normes et des permis aussi,
à condition que ces normes soient humanitaires quand elles seront
faites. Actuellement, on connaît les normes. Les normes ne sont pas
humanitaires. Quant aux catégories de permis, tel que fait mention
à l'article 8, alinéa b) et j'insiste sur cette modification que
je considère comme capitale pour éviter les confusions futures,
je soumettrais, après le mot "catégorie", qu'il soit fait mention
de façon très claire entre a) "transport urbain public et, ou
scolaire "et b) "transport interurbain public et, ou scolaire" avec normes
adéquates à chaque catégorie.
Nous voyons clairement ici que le transport, économiquement, se
divise en deux grandes sections: le transport urbain et le transport
interurbain.
Le transport urbain. Catégorie de transporteurs, que tout le
monde connaît, spécialisés dans le transport à
l'intérieur des cités et villes et équipés
d'autobus urbains conçus pour un tel travail. Ces véhicules sont
pourvus, la plupart du temps, de systèmes de
radio-téléphone pour harmoniser de façon adéquate
les différents circuits à l'intérieur des services
urbains, a) dans la section du transport urbain public, b) dans la section du
transport urbain scolaire. La même chose.
Les parcours de cette catégorie sont beaucoup plus complexes dans
les villes que sur les parcours interurbains en facteur de milles et de temps,
chose que les normes ne prévoient pas actuellement.
Je n'ai pas besoin d'énoncer ici que dans une ville, le facteur
de milles ne compte pas en regard du temps dispensé pour accomplir un
circuit, à cause de la densité de la circulation et de la lenteur
de cette même circulation.
Deuxième catégorie, le transport interurbain. Cette
catégorie de transport est aussi dispensée par des transporteurs
reconnus en économie comme des spécialistes circulant de ville en
ville.
L'équipement nécessaire pour ce genre de travail
diffère grandement de l'équipement des cités et villes,
que ce soit pour le transport public scolaire ou le transport public
ordinaire.
Ce genre de transport est soumis à différents autres
facteurs: l'unité de temps et de milles de parcours diffère
grandement.
On sait qu'un autobus sur un parcours de transport interurbain peut
facilement effectuer un voyage de 25 milles en une heure, alors qu'un trajet
urbain de 25 milles se fait en deux heures, ce qui fait que nous sommes
obligés de regarder les normes pour l'avenir avec le facteur de milles
et de temps, chose qui n'avait jamais été prévue.
Le transport interurbain est aussi influencé en hiver, soit
environ six mois, par les tempêtes et le verglas; il est soumis aux
températures, ce qui, du même coup, fait varier ses horaires.
Le moyen de communication des "chauffeurs-dispatchers" est réduit
énormément à cause des distances parcourues.
Les catégories de chauffeurs en spécialités ne sont
pas identiques: le chauffeur urbain et le chauffeur interurbain sont
classés différemment.
Je crois que cette façon de concevoir le transport des adultes ou
des écoliers, en mélangeant les systèmes de transport au
point de vue scolaire soit urbain ou interurbain, sera néfaste aussi
bien aux transporteurs d'une catégorie que de l'autre et il s'ensuivra,
à brève échéance, la ruine des deux systèmes
s'il n'y a pas catégorie.
Il se créera un certain monopole de transport scolaire par une
seule et même compagnie qui, à la longue, dictera la ligne de
conduite à suivre. Les élèves seront assujettis à
des horaires impossibles à réaliser efficacement dans leur
système routier et, de plus, contestables pédagogiquement.
Je recommande donc qu'il n'y ait pas de mélange de circuits
urbains et interurbains par le même transporteur avec le même genre
de véhicules, surtout au point de vue scolaire. Avant de terminer, je
désirerais avoir certains éclaircissements à propos de
projets de régionalisation de transport. Je désirerais savoir
quelle politique de planification "Projet: Le programme d'organisation
rationnelle de transport scolaire" le ministère entend suivre au niveau
régional pour le transporteur scolaire urbain et pour le transporteur
scolaire interurbain. Quelqu'un peut-il m'apporter une réponse claire
à cette question? Si oui, messieurs, après modification quant aux
catégories, j'approuve et je demande l'adoption immédiate du bill
23. J'en félicite la province de Québec et tout
spécialement le ministre qui en a eu la bonne idée. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Boulais. Est-ce qu'il y a des questions de la
part des membres de la commission? Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Boulais, vous parlez d'une distinction
qu'il faudrait faire entre transport urbain et transport dit interurbain.
Est-ce qu'à votre avis les commissions
scolaires devraient se retirer du domaine du transport
d'écoliers?
M. BOULAIS: Votre question est: Est-ce que les commissions scolaires
devraient se retirer du transport d'écoliers?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici pourquoi, si vous le permettez, M.
Boulais. C'est qu'à la dernière page de votre mémoire vous
posez une question au ministre qui en a pris note, j'imagine. Vous dites: Je
désirerais savoir quelle politique de planification, "Projet: Le
programme d'organisation rationnelle de transport scolaire", le
ministère entend suivre au niveau scolaire régional pour le
transporteur scolaire urbain et pour le transporteur interurbain. Cela pose le
problème, évidemment, de la présence des commissions
scolaires dans le domaine du transport d'écoliers.
M. BOULAIS: Actuellement, les commissions scolaires, tel que cela a
été cité ce matin, possèdent environ 300 autobus
pour le transport. Ce ne sont pas ces problèmes actuellement qui sont
une cause peut-être directe du mélange urbain ou interurbain.
Mais dans le système rationnel dirigé par le gouvernement
ou qui sera peut-être dirigé par lui, serait-il question à
ce moment-là de prendre des secteurs interurbains fusionnés avec
des secteurs urbains?
J'explique mon idée plus clairement en disant que nos autobus
sont conçus de façon interurbaine de façon qu'ils puissent
travailler à l'extérieur. A l'intérieur d'une ville, on
connaît actuellement la position d'un autre genre d'autobus qui n'est pas
fabriqué de la même façon au point de vue mécanique,
au point de vue des transports. A ce moment-là, on a un genre de
fabrication différente pour la vitesse. On sait bien qu'un autobus de
ville est fabriqué pour des vitesses allant environ de 38 à 40
milles à l'heure, fabriqué avec deux portes et un système
harmonisé pour pouvoir, même si je me rapproche un peu de
l'idée de ce matin, rabattre le coût du transport qui peut
être exigé dans une commission scolaire par fusion. Si on fait des
fusions ville-ville, à ce moment-là, nous aurons une même
catégorie de transporteurs qui seront fusionnés à
l'intérieur d'une même ville. Ils pourront effectuer deux, trois,
cinq, dix ou douze voyages, mais ils seront fusionnés avec le même
genre de transport de catégorie. Le même transporteur de
l'interurbain pourrait exister, quitte à être catalogué
dans son genre de transport qui vient de l'extérieur vers une ville. De
la même façon pour l'élémentaire et le secondaire,
les CEGEP et toutes les catégories des transports existants. Pour
l'autre question que vous me posiez, si les commissions scolaires doivent se
retirer du transport, d'après les chiffres que j'ai entendus ce matin,
si c'est $11,000 pour le transport actuellement par les commissions scolaires
en comparaison des nor- mes déjà établies à $6,000,
$7,000 ou $8,000, je suis catégorique en disant: Qu'est-ce que le
gouvernement fait là-dedans? On fait perdre de l'argent aux
contribuables ou est-ce qu'on n'en fait pas perdre? Je ne le sais pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La question que vous posez s'adressait bien
entendu au ministre. J'imagine qu'il pourra y répondre; je souhaiterais
qu'il y réponde afin qu'on sache qu'elle est exactement la planification
du gouvernement, si on a l'intention d'appliquer un programme de
régionalisation du transport scolaire. Alors, j'imagine que le ministre
est déjà en mesure de nous dire ce qu'il en est.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je voudrais poser une question à M.
Boulais, tout en répondant à la vôtre. Je comprends
très bien concernant le transport public, mais disons que, pour le
transport scolaire d'une régionale, il serait assez difficile
d'après moi de séparer Chicoutimi-Nord de Chicoutimi ou
Jonquière de Chicoutimi. S'il y a une régionale à tel
endroit, je crois qu'à ce moment-là il y a certainement des
études à faire, mais je pense qu'il serait assez difficile sur le
plan scolaire de faire une séparation.
Je crois que ce serait assez difficile d'arriver à en faire une
séparation sur le plan économique d'une régionale. Si je
prends votre comté, il y a des paroisses qui viennent à la
régionale à Saint-Jean. Ces gens-là, vous êtes
obligés de les transporter. Alors, il se peut que le même autobus
fasse du transport durant la journée dans Saint-Jean. C'est assez
difficile de séparer les deux, de dire: On ne peut pas faire tel ou tel
transport.
Sur le plan économique, je vous pose la question: Est-ce
faisable? D'après moi, ça ne l'est pas. Vous êtes de
Saint-Jean. C'est un comté que je connais assez bien et je vois
moi-même immédiatement qu'il serait assez difficile de
séparer l'Acadie, d'y transporter les personnes par les mêmes
autobus que les personnes de Saint-Jean. Je me pose la question: Sur le plan
économique, qu'arriverait-il?
M. BOULAIS : Disons que, sur le plan économique, les
régions populeuses, en temps normal, sont situées à
l'intérieur d'une ville. Une planification qui est faite sur un prix
normatif actuellement, avec plusieurs voyages, ne coûte pas plus cher que
si on fait un voyage de l'extérieur vers l'intérieur avec un
mélange des systèmes urbain et interubain. Maintenant, que la
population soit assez élevée vers l'extérieur, si je m'en
tiens actuellement au district dans lequel je travaille, à ce
moment-là, les autobus fonctionnent déjà à pleine
capacité avec le système régional. Il y a quand même
une régionalisation de faite.
La régionalisation, actuellement, est-ce qu'elle peut être
faite dans le point de vue du gouvernement, même si c'est aussi
économique
urbainement ou interurbainement? Je pense bien qu'après
études, il faudrait regarder cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Boulais, la distinction que vous faites
entre le transport urbain et le transport interurbain, est-ce que vous n'auriez
pas dû la faire plutôt en ces termes: transport public et transport
scolaire proprement dits? Là, vous distinguez entre les autobus qui font
du transport d'écoliers à l'intérieur d'une ville et ceux
qui font du transport d'écoliers à l'extérieur des villes,
soit sur les grandes routes, les routes régionales, etc. Si le
gouvernement acceptait de faire une distinction entre le transport
d'écoliers et le transport public en général, est-ce que
cela satisferait vos exigences?
M. BOULAIS: Il est clair que ce serait satisfaisant s'il y avait une
division de faite au point de vue scolaire seulement entre le système
urbain et le système interurbain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas tout à fait clair dans mon
esprit. Je vois très bien le problème du transport
urbain-transport interurbain. Maintenant, reste à savoir comment ces
autobus qui font du transport urbain et ces autobus qui font du transport
interurbain peuvent être séparés en deux catégories:
les uns transportant des gens à l'intérieur d'une ville et les
autres transportant des écoliers à l'extérieur de la
ville. La meilleure distinction à faire serait de distinguer entre le
transport public en général et le transport scolaire.
M. BOULAIS: C'est justement pourquoi j'ai mentionné dans mon
mémoire: ou/et scolaire, ou/et urbain, ou/et urbain public et urbain
scolaire. Il y a quand même la description urbaine et la description
interurbaine, que ce soit du transport scolaire ou public. La distinction est
quand même la même pour le système urbain ou le
système interurbain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce matin, M. Boulais, vous étiez ici,
vous avez assisté aux séances de la commission. Est-ce que, dans
l'ensemble, vous êtes d'accord avec les propositions qui ont
été faites par les différents représentants des
associations de transporteurs d'écoliers?
M. BOULAIS: Oui, monsieur, entièrement. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent. Un instant,
M. Boulais.
M. PEARSON: Est-ce que dans la distinction que vous apportez justement
entre le transport urbain et interurbain, le seul but ou le principal but c'est
d'avoir une plus juste évaluation des coûts?
M. BOULAIS: Nécessairement, dans l'évaluation des
coûts, un autobus qui travaille "urbainement" peut facilement procurer
pour le transport scolaire deux, trois et même quatre circuits le matin
et la même chose le soir et pour la période du midi.
M. PEARSON: D'accord.
M. BOULAIS: Maintenant, si on prend un autobus qui circule
"interurbainement", est-ce qu'on pourra le fabriquer de la même
façon? On a quand même certaines expériences qui
n'apportent peut-être pas une satisfaction à 100 p.c. dans la
section de l'Estrie où les enfants sont obligés de se lever de
très bonne heure le matin pour qu'on puisse accommoder la section
urbaine avec un deuxième voyage. Tandis que dans la section urbaine
seule on peut faire des voyages plus courts.
M. PEARSON: Je suis d'accord avec vous que ce ne sont pas tout à
fait les mêmes coûts. Ce que je ne saisis pas, c'est le pourquoi de
cette proposition de distinction s'il y a autre chose que simplement une
meilleure évaluation des coûts, parce qu'il me semble que c'est le
transporteur lui-même qui doit calculer cela, lorsqu'il présente
sa soumission, s'il fait les deux transports.
M. BOULAIS: 11 y a quand même le fait que si on est un
transporteur urbain et que des soumissions sont demandées pour du
transport interurbain et urbain, nos autobus sont conçus de façon
à travailler "urbainement". Ce qui veut dire que notre véhicule
ne va pas à plus de 38 ou 40 milles à l'heure tandis que
l'interurbain est un autobus fabriqué pour aller peut-être
à 55 ou 60 milles à l'heure. Le temps qui nous serait
demandé ne serait pas possible dans les prix des conditions qu'on
pourrait donner.
M. PEARSON: Je ne saisis pas votre intention dans cette proposition des
divisions.
M. BOULAIS: C'est assez clair qu'à ce moment-là, du
côté des coûts, c'est meilleur marché.
M. PEARSON: Oui, d'accord.
M. BOULAIS: Du côté de la construction, d'achat d'autobus,
à ce moment-là il nous faudrait voir le même entrepreneur,
acheter deux genres d'autobus, un genre d'autobus urbain et un autre
interurbain.
M. PEARSON: Je suis d'accord, mais à ce moment-là, c'est
votre problème à vous. Je ne comprends pas de quelle façon
cela pourrait entrer dans une loi.
M. BOULAIS: C'est peut-être qu'il existe des catégories non
reconnues actuellement dans
toute la province. Qu'on prenne la Commission de transport de
Montréal ou les compagnies d'autobus urbains de Québec, ce n'est
pas le même genre de fabrication d'autobus que celui des autobus
interurbains.
Si on regarde la fabrication, ce ne sont pas les mêmes normes de
construction.
M. PEARSON: Oui.
M. LE PRESIDENT: Il n'y a pas d'autres questions? On vous remercie, M.
Boulais.
M. Gilles-André Grégoire, représentant de
l'Association des institutions d'enseignement secondaire.
Association des institutions d'enseignement
secondaire
M. GREGOIRE: Gilles-André Grégoire, secrétaire
général de l'Association des institutions d'enseignement
secondaire. Notre association regroupe environ 75 ou 80 institutions
d'enseignement secondaire. Les unes dépendent encore d'un bill qui
s'appelle le bill 37 qui permettait aux commissions scolaires d'associer des
institutions privées d'enseignement. Les autres dépendent du bill
56 qui qualifie les institutions, d'intérêt public, les
reconnaissant pour fins de subventions.
Le problème qui m'amène ici aujourd'hui est tout à
fait circonscrit au fait d'un malheureux oubli, à mon sens en tout cas,
de ceux qui ont rédigé le projet de loi voulant justement qu'en
amendant l'article 475 de la Loi de l'instruction publique par l'addition du
paragraphe 2 b), on se trouvait, dans l'actuel projet de loi, à enlever
la gratuité du transport scolaire des enfants qui fréquentent les
institutions privées de niveau secondaire, qu'elles soient
associées aux commissions scolaires ou déclarées
d'intérêt public.
J'ai cru reconnaître, dans une intervention de M. Berthiaume, le
secrétaire parlementaire du ministre, qui a précédé
l'adoption en deuxième lecture de la loi, qu'il n'y avait pas là
de manifestation d'intention de la part du ministre des Transports et qu'au
contraire, l'attitude du ministre était, un jour ou l'autre même,
de financer, si la province le pouvait, le transport scolaire des
élèves des CEGEP. J'en conclus donc, puisqu'on était
déjà dans une situation de fait, le transport scolaire des
élèves dont je viens de parler étant jadis payé, y
compris pour cette année, qu'il s'agit là d'un oubli que je
demanderais, au nom de mon association, au ministre de corriger de concert avec
son collègue du ministère de l'Education.
Mon intervention est brève, je l'ai finie ici. J'ai fait 1,000
milles pour la faire et c'est la troisième fois que je me
présente à la commission parlementaire, sur convocation,
d'ailleurs.
Cela a l'air d'un petit problème, mais c'est toujours un gros
problème pour les intéressés, étant donné
que les parents, qui envoient leurs enfants dans des institutions
associées ou dans des institutions privées, avaient
déjà la gratuité du transport scolaire et qu'en le
perdant, les parents seront obligés de l'assumer, si on s'en tient au
paragraphe 2 b) que vous ajoutez à l'article 96, en amendant l'article
475 de la Loi de l'instruction publique.
Fin de mon intervention, M. le Président. Si ces messieurs ont
des questions à me poser, j'y répondrai dans le cadre que j'ai
justement appelé circonscrit de mon intervention; sinon, je disposerai.
J'ai une réunion à cinq heures à Montréal.
M. LE PRESIDENT: Le député de L'Islet.
M. GIASSON: Quand vous dites que le ministre devrait prévoir dans
le projet de loi actuel le transport des étudiants qui vont vers les
institutions privées ou vers les CEGEP, est-ce que vous...
M. GREGOIRE: Je parle des institutions privées, celles qui
avaient la gratuité du transport jusqu'à présent.
M. GIASSON: Mais cette attitude de la plupart des commissions scolaires
de ne pas organiser ou de ne pas payer le transport des élèves
vers les institutions privées n'est pas conditionnée par le fait
que le ministère de l'Education n'acceptait pas ces coûts de
transport comme dépenses admissibles. Autrement dit, c'étaient
les commissions scolaires qui devaient absorber à même leurs fonds
personnels le coût de ce transport sans compensation venant du
ministère de l'Education.
M. GREGOIRE : Au contraire, l'an dernier et cette année,
d'après les directives que le ministère a envoyées aux
commissions scolaires, les dépenses encourues par les commissions
scolaires, pour voyager les enfants des institutions privées sises sur
le territoire de la commission scolaire en question, seront justement
considérées comme des dépenses admissibles aux fins des
subventions d'équilibre budgétaire.
M. GIASSON: Au cours du présent exercice, mais dans le
passé?
M. GREGOIRE: Dans le passé, les élèves des
institutions associées étaient voyagés par la commission
scolaire et c'était admissible aux fins des subventions
d'équilibre budgétaire. En 1968, le bill 56 a été
adopté. Il déclarait les meilleures institutions
d'intérêt public et, pour les rendre accessibles, il permettait
aux commissions scolaires l'organisation du transport. Les frais encourus
étaient considérés comme des dépenses admissibles.
Nous avons eu des directives à ce sujet dès que le bill 56 a
été adopté. M. Lachapelle, qui est ici d'ailleurs, peut en
témoigner.
M. GIASSON: Je suis extrêmement surpris
de votre affirmation qui est aussi catégorique, car, au cours de
l'année 1970, j'ai eu à intervenir auprès du
ministère de l'Education pour ce qui était des dépenses de
transport d'étudiants allant à des institutions privées et
on m'a affirmé qu'il s'agissait là de dépenses non
admissibles.
M. GREGOIRE: J'ai le texte ici. Je peux vous le lire. Le texte est
très clair. Dans le cas d'une institution déclarée
d'intérêt public, la commission scolaire peut organiser le
transport et, à condition que cela entre dans les normes prévues,
les dépenses encourues sont réputées admissibles aux uns
des subventions d'équilibre budgétaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. BERTHIAUME: Pour expliquer...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. J'ai demandé la
parole...
M. BERTHIAUME: Sur le même sujet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est sur le même sujet
également. M. Grégoire, est-ce que vous faites allusion à
une maison d'enseignement en particulier qui aurait été
privée de ses droits ou si vous regardez le problème
général de la loi?
M. GREGOIRE: Non, je regarde le problème général.
Jadis, on l'avait. Maintenant, on le perd. J'estime que c'est à cause
d'un oubli, puisque la manifestation d'intentions présentée par
M. Berthiaume indiquait le contraire. On voulait, à l'avenir, même
organiser le transport dans les CEGEP, l'empêchement étant, pour
le moment, les conditions financières de la province. Or, les
coûts étaient déjà là. On nous dit, depuis le
matin, que la centralisation du transport va permettre de réaliser des
économies. Il ne s'agit donc pas d'ajouter quelque chose, mais de
continuer une chose qui avait été acquise ou admise par le
ministère de l'Education. Donc, il n'y a pas de frais
supplémentaires dans ce cas-ci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Grégoire, la réponse à
votre question appartient au ministre de l'Education, parce qu'il me
paraît extrêmement important que les enfants qui fréquentent
des institutions privées jouissent des mêmes avantages que ceux
qui fréquentent les maisons d'enseignement publiques. Alors, j'imagine
que le ministre est capable de nous donner la réponse, de nous faire
connaître l'intention du législateur au sujet du problème
qu'a évoqué tout à l'heure M. Grégoire.
M. TREMBLAY (Bourassa): Pour autant qu'elles sont reconnues
d'intérêt public.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord. A condition que ce soit reconnu
comme une maison d'intérêt public, aux termes de la loi.
M. TREMBLAY (Bourassa): Aux termes de la loi et...
M. TREMBLAY (Bourassa): Aux termes de la loi et ce qui est au budget de
cette année. J'ai répondu à cette question à la
séance précédente; si vous vous rappelez, une question du
même genre a été posée et dans certaines
régions où il n'y avait pas d'argent au budget qui a
été voté. Alors j'ai dit que dorénavant on
était pour étudier davantage et essayer d'améliorer le
sort, si vous voulez, du secondaire. Ce qui se fait à l'heure actuelle
va se continuer, mais j'ai dit qu'on était pour étudier
davantage. Maintenant, si c'était au budget de 1971, si la loi passait
au mois de novembre, on va l'étudier. J'ai répondu à cette
question à la séance précédente, je vous dis la
même chose, aujourd'hui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, M. le Président, on admettra que
c'est une réponse qui n'en est pas une et qui ne peut pas donner
satisfaction au requérant. Il demande qu'on reconnaisse le droit des
enfants qui fréquentent des maisons d'enseignement privé à
jouir des avantages du transport public. Alors on se rend très bien
compte qu'il y a, à l'heure actuelle, dans le Québec, un
mouvement qui ne va pas du tout dans le sens des intérêts des
maisons d'enseignement privées. Alors est-ce que, par une prescription
de la loi, on rendrait leur situation encore plus difficile?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je dois dire au député de
Chicoutimi que j'ai répondu oui pourvu qu'elles soient reconnues par la
loi, par le ministère de l'Education. Celles qui ne sont pas reconnues,
j'ai dit qu'on ferait une étude et si on peut, on le fera. Mais celles
qui sont reconnues d'intérêt public, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une question budgétaire.
M. TREMBLAY (Bourassa): Celles qui sont reconnues à l'heure
actuelle d'intérêt public, oui. Elles sont au budget. Disons que
si la loi passe au mois de novembre, on prend le budget du mois de novembre
pour finir l'année. On va étudier, si on peut; après, si
on peut en accepter d'autres, on le fera, je ne peux en dire davantage. J'aime
mieux étudier les cas, mais celles qui à l'heure actuelle sont
d'intérêt public le demeurent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En dépit de ce qui est inscrit dans la
loi.
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai dit oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En dépit de ce qui est inscrit dans la
loi et de ce que vient de dire M. Grégoire?
M. BERTHIAUME: Il est évident que ça prend un
amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce qu'e je voulais qu'on me dise, qu'il
était nécessaire qu'il y ait un amendement.
M. BERTHIAUME: Vous ne le saviez pas?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je le savais, mais je voulais que ce fût
dit officiellement. D'office, je ne sais rien, je tiens à le savoir du
ministre qui, lui, d'office, doit le savoir. Or, il vient de le dire, donc il y
aura amendement.
M. BERTHIAUME: C'est moi qui l'ai dit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous vous considérons comme le
porte-parole du ministre.
M. TREMBLAY (Bourassa): Le ministre est ici et le ministre est capable
de répondre à ces questions-là. Si l'adjoint veut
répondre à des questions, c'est son privilège.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a dit oui.
M. TREMBLAY (Bourassa): Moi, j'ai donné ma réponse
à M. Grégoire, alors c'est une question à laquelle j'ai
déjà répondu à une séance
précédente. Il y a beaucoup d'autres cas qui seront
peut-être aussi à étudier, il y a beaucoup d'autres choses
à étudier et ceci sera une de ces choses. Je vous demande de
continuer votre travail et de continuer vos représentations. Même
si la préparation de la loi est terminée, s'il y a lieu,
communiquez avec le ministère et nous ferons tout en notre possible pour
accomplir, disons, le travail qu'on doit accomplir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. le Président, cela
m'incite à revenir sur une question que j'ai déjà
posée au ministre, à savoir pourquoi le projet de loi que nous
avons ici devant nous, lorsqu'il a été déposé, n'a
pas été assorti de la réglementation afférente
à la loi, de sorte que des cas comme celui qu'évoque M.
Grégoire ne prêtent pas à équivoque. C'est là
tout le problème de ce projet de loi, c'est que nous avons un squelette,
nous n'avons pas la réglementation...
M. TREMBLAY (Bourassa): Quand je vois le député de
Chicoutimi, je vois que j'ai un squelette devant moi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez bien raison. Alors, M. le
Président, c'est que par générosité...
M. TREMBLAY (Bourassa): Quand je regarde le bill 23, je vois que c'est
tout un bill qui a 173 articles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le nombre d'articles
d'un projet de loi ne signifie absolument rien. Le ministre a raison de dire
que quand il me regarde il pense voir un squelette. C'est que je lui fais peur
et que c'est par générosité que je lui ai passé mon
surplus de graisse. Mais, revenons aux choses sérieuses.
Il reste qu'un grand nombre de questions qui nous sont posées par
les témoins qui sont devant nous viennent du fait qu'on ne sait rien de
la réglementation Je n'en fais pas un débat. Ce n'est pas un
sujet de guerre...
M. BOSSE: Cette question a déjà été
débattue en Chambre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...mais je dis au ministre que, si l'on avait
assorti la loi au moins d'un squelette de réglementation, nous
connaîtrions les orientations générales du ministère
en ce qui concerne des cas particuliers. C'est tout simplement ce que je fais
observer au ministre encore une fois en passant.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, j'ai déjà
répondu à cette question.
M. LE PRESIDENT: On remercie le député de ses
observations. Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Toujours pertinentes.
M. LE PRESIDENT: C'est discutable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous n'avez pas le
droit d'avoir d'opinion.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Juste une observation à faire au
ministre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'elle est pertinente?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous me le direz. Ce n'est pas à moi
de le juger, ce n'est pas moi qui préside les débats. Je tiens
compte de la réponse du ministre et soyez sûrs qu'en comité
plénier on va revenir sur cette question parce qu'un amendement a
été promis par votre adjoint. Est-ce qu'on peut prendre sa
parole?
M. BERTHIAUME: Je n'engage pas le gouvernement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il n'engage pas le ministre.
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai répondu à cette question.
UNE VOIX: Il est membre de la commission, il a droit.
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai répondu à cette question,
alors quelle est votre préoccupation?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): La promesse de votre adjoint est comme
membre de la commission et non pas comme adjoint parlementaire du ministre.
M. TREMBLAY (Bourassa): L'adjoint parlementaire peut donner son
idée. Si le ministre est là, c'est le ministre qui répond.
Je crois que je n'accuse pas l'adjoint parlementaire qui a travaillé
avec moi à ce projet de loi.
UNE VOIX: Vous n'osez pas.
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai dit que s'il était là et que
nous avions une étude à faire, nous la ferions. Alors j'ai
répondu à la question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si le ministre a un
adjoint parlementaire c'est que le premier ministre prépare cet adjoint
à devenir ministre. Alors il faut qu'il prépare son
successeur.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! Revenons au bill 23.
Est-ce qu'il y a d'autres questions à l'intention de M. Grégoire?
S'il n'y a pas lieu d'en avoir, je vous remercie M. Grégoire de vos
remarques. Je pense que vous êtes comblé.
M. GREGOIRE: Merci, M. le Président. Sans acrimonie, je vous
ferai remarquer que les députés ont parlé beaucoup plus
longtemps que moi. J'avais promis une intervention brève et j'ai tenu
promesse.
M. LE PRESIDENT: Vous avez tenu promesse, je vous en suis
reconnaissant.
M. TREMBLAY (Bourassa): La réponse du ministre a
été brève aussi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle a tardé à venir. H a
accouché difficilement.
M. LE PRESIDENT: La Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec, représentée par M. Fernand
Lefebvre, président général. Est-ce que M. Lefebvre est
ici?
Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec
M. GAGNON: Je représente M. Fernand Lefebvre parce qu'il est pris
ailleurs. Je suis
Louis Gagnon, du bureau de direction de la fédération. Je
tiens d'abord à mentionner que nous avons eu une réunion, que le
ministre Saint-Pierre avait organisée pour la Fédération
des commissions scolaires durant laquelle le bill 23 a été
exposé, devant le ministre des Transports et plusieurs de ses adjoints.
Par la suite, la fédération et je parle au nom de la
fédération s'est déclarée favorable au
principe du bill qui va assurer une politique globale du transport.
Toutefois, elle a tenu à présenter un mémoire que
je vous lirai aussi rapidement que possible.
A l'examen des lois de l'éducation, en regard des
responsabilités de la commission scolaire, il se dégage que,
quelle que soit la nature du système de transport, les commissaires
d'écoles en demeurent les responsables. Il est à noter que
beaucoup de contrats avec l'entreprise privée contiennent une
stipulation à l'effet que l'entreprise de transport doit rester sous les
directives de la commission scolaire. Ceci a pour effet de créer un lien
de subordination entre les commissaires d'écoles et l'entreprise de
transport. La commission scolaire garde donc la responsabilité du
transport et en assume ainsi tous les risques. La commission scolaire n'est pas
un voiturier ordinaire. Son transport est tout à fait particulier et
restreint à des fins spécifiques. Elle remplace en quelque sorte
le père de famille qui chaque matin conduirait ses enfants à
l'école et les ramènerait à la maison le soir. La
commission scolaire a donc l'obligation d'enseigner et d'éduquer les
enfants. Si pour ce faire elle doit véhiculer les élèves
de leur demeure à l'école et vice versa, ce devoir s'ajoute
à ses autres devoirs et doit être accompli avec toute la prudence
nécessaire.
Consciente de l'importance de ses services auxiliaires à
l'éducation, la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec désire porter à l'attention de la
commission parlementaire les amendements suivants au bill 23: Ajouter, à
l'article 5 g), "pour le transport des écoliers, les subventions doivent
être suffisantes pour couvrir le résultat ou les coûts
résultants de l'application de tarifs établis conformément
au projet de loi 23." Cet amendement devra couvrir tout le territoire du
Québec incluant celui des communautés urbaines.
Motivation de ce projet d'amendement. La commission scolaire n'ayant
plus le droit d'adjuger ses contrats de transport, suivant les dispositions du
bill 23, doit de se protéger contre la possibilité de
dépenses inadmissibles aux subventions d'équilibre
budgétaire. Toute dépense inadmissible aux subventions
apporterait nécessairement l'imposition d'une surtaxe foncière
dans le cas où la subvention ne couvrirait pas les dépenses
déterminées par les tarifs.
Amendement deux: "Une corporation ou une commission scolaire
régionale peut donner à une commission scolaire régionale
ou à une
association de corporations scolaires locales et/ou régionales ou
une fédération des commissions scolaires un mandat exclusif pour
faire toute représentation à quelque autorité que ce soit
en matière de transport écolier."
Une communauté urbaine ou municipale, comme vous le savez, peut
couvrir un territoire qui ne respecte pas nécessairement celui d'une
corporation scolaire ou d'une commission scolaire régionale. De plus, le
territoire d'une communauté peut couvrir celui de plusieurs commissions
scolaires régionales ou locales. La commission de transport aura donc
à effectuer le transport à travers tout son territoire. Tout
groupe de corporations scolaires et/ou commissions scolaires régionales
a besoin d'un interlocuteur valable légalement reconnu en vue de
présenter leurs opinions et leurs revendications de façon
à lier chacune des parties aux accords réalisés en
matière de transport écolier. De plus, en cas d'appel, le
mandataire doit être en mesure de défendre efficacement les
intérêts de ses mandats. Le ministère de l'Education, le
ministre des Transports et leurs responsables ont intérêt à
discuter en face d'un interlocuteur valable légalement
accrédité.
Conclusion. Pour assurer l'efficacité complète de ce
service auxiliaire de l'enseignement, les responsables du transport
écolier quels qu'ils soient doivent respecter toutes les contraintes que
peut imposer l'organisation pédagogique. Par ses exigences et ses
contraintes, le transport scolaire doit donc tenir compte de plusieurs
conditions, entre autres le calendrier scolaire, le nombre de jours de classe,
les congés fixes et mobiles, le nombre d'heures d'enseignement par jour
et par semaine, aussi l'organisation scolaire: horaire institutionnel, simple,
double ou triple, horaire individuel parascolaire, intramural,
interécole.
Diversité de la clientèle. Classe maternelle, cours
élémentaire, cours secondaire, enfance inadaptée,
éducation permanente.
Le transport scolaire est mis à la disposition des
étudiants pour leur permettre d'accéder plus facilement à
l'éducation. Il doit donc être assez souple pour répondre
aux besoins des élèves, autrement les étudiants se
verraient privés de services pédagogiques auxquels ils ont
droit.
Merci, M. le Président, merci M. le ministre et MM. les
députés. S'il y a des questions, il me fera plaisir d'y
répondre moi-même ou avec l'aide d'un employé de la
fédération.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Gagnon, dans l'ensemble, est-ce que... je
ne sais pas si vous étiez ici ce matin...
M. GAGNON: Oui, j'y étais, M. le ministre. Pardon M.
Tremblay.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dans l'en- semble oh, ne perdez pas
la bonne habitude M. Gagnon, est-ce que vous êtes d'accord sur les
représentations qui ont été faites par les transporteurs
d'écoliers à condition, bien entendu, que les commissions
scolaires que vous représentez puissent avoir une personne
déléguée auprès des organismes qui s'occupent de
transport d'écoliers.
M. GAGNON: Je crois cela d'une importance première, tout le monde
le sait d'ailleurs. Cela a été répété par
plusieurs personnes ici qui ont traité du transport d'écoliers.
C'est un transport tout à fait spécial, c'est un peu le
prolongement de l'éducation et de la formation des enfants après
l'école jusqu'à la maison. Du moins, c'est ce que les
commissaires d'écoles, comme moi du moins, et plusieurs commissions
scolaires pensent, parce que ç'a été le sujet de nos
discussions.
De cela, on déduit qu'étant donné cette
spécialité du transport, on voudrait avoir un droit de regard,
c'est-à-dire être assis à la commission du transport
d'écoliers s'il y en avait une et être l'interlocuteur valable, ou
la fédération, ou les associations quand il s'agit de
communautés urbaines, de façon à pouvoir défendre
de façon plus valable les désirs et les besoins des commissions
scolaires de nos territoires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'une représentation au
comité consultatif, en ce qui vous concerne, serait suffisante?
M. GAGNON: Pourriez-vous expliciter? Voulez-vous dire que nous
prendrions la place du gouvernement ou...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, pas nécessairement, mais dans ce
comité consultatif, il y aura des représentants de divers
organismes, de diverses entreprises, etc. Est-ce qu'une représentation
de votre fédération...
M. GAGNON: Cela va plus loin que ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Plus loin que ça.
M. GAGNON: On veut être un peu comme un agent négociateur
qui peut engager des parties...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah bon!
M. GAGNON: ... de façon à bien protéger les
intérêts de tout le monde, de tous nos membres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. Gagnon, quant à
l'amendement no 1 que vous proposez pour le transport des écoliers,
lesdites subventions doivent être suffisantes pour couvrir le
résultat de l'application, le tarif établi conformément au
projet de loi 23. Vous
présumez que le réaménagement du transport
d'écoliers va évidemment impliquer des dépenses
supérieures à celles qui existent actuellement...
M. GAGNON: Pas nécessairement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... mais au cas où cela se
produirait...
M. GAGNON: Au cas où, et comme la Commission des transports sera
celle qui fera l'adjudication des contrats, ce ne sera plus nous, et les tarifs
étant fixés par la Commission des transports de façon
à nous protéger contre les dépenses inadmissibles
vis-à-vis des contribuables qui nous élisent et qui nous sont
reprochées ou sont acceptées suivant les circonstances qu'on les
accepte, comme nous n'aurions pas de contrôle sur ces dépenses
inadmissibles possibles, nous voudrions un engagement, du moins par un
amendement au bill indiquant que le transport soit entièrement
payé par le ministère des Transports...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah bon!
M. GAGNON: ... qui en aura le contrôle absolu en somme, au point
de vue des contrats et au point de vue des tarifs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une demande que vous formulez...
M. GAGNON: C'est une demande que nous formulons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et au sujet de laquelle j'imagine, le
ministre fera des commentaires en vous donnant une réponse,
croyons-nous, affirmative.
M. GAGNON: Oui, nous la soumettrons...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je demande à M. le ministre si...
M. TREMBLAY (Bourassa): En principe, M. Gagnon...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... s'il est d'accord.
M. TREMBLAY (Bourassa): ... je suis d'accord qu'il y ait une
délégation, seulement, il y aura peut-être à votre
amendement quelques changements. Mais en principe, j'accepte votre amendement
mais il y aura peut-être quelques changements que...
M. GAGNON: Vous seriez bien aimable de...
M. TREMBLAY (Bourassa): Cela n'aura peut-être pas lieu de la
même façon mais, par contre, vous aurez le droit de regard, de
pouvoir négocier et rencontrer la Commission de transport...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que ce serait l'amendement
numéro 2 ou 1?
M. GAGNON: Est-ce que ce serait trop demander que les modifications nous
soient soumises avant que le bill soit adopté afin que nous
puissions...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre vient de
répondre au sujet de l'amendement numéro 2, soit le principe de
délégation de pouvoir. Maintenant, en ce qui concerne
l'amendement numéro 1 qui implique, évidemment, des
dépenses, est-ce que le ministre pourrait nous dire, sans se prononcer
peut-être catégoriquement, s'il est de l'intention du gouvernement
de pourvoir à couvrir les frais qu'entraînerait la
régionalisation du transport scolaire?
M. TREMBLAY (Bourassa): On l'indique spécifiquement dans la loi.
Quant à l'amendement no 1, comme le dirait le député de
Chicoutimi, j'enregistre. On pourra l'étudier et en discuter davantage
avec vous.
M. GAGNON: Nous serions très heureux d'ouvrir une discussion
là-dessus.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): J'espère que c'est
enregistré.
M. TREMBLAY (Bourassa): J'enregistre, comme le député de
Chicoutimi, dans la première partie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux bien préciser: avec une caisse
enregistreuse. Ce qui veut dire que vous considérez déjà
que ça va coûter quelque chose.
M. TREMBLAY (Bourassa): Au lieu d'en prendre bonne note,
j'enregistre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous enregistrez.
M. TREMBLAY (Bourassa): Comme le député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est mieux; ça va rester dans les
annales.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions pour M. Gagnon?
Nous vous remercions beaucoup, M. Gagnon, de votre mémoire et de vos
suggestions. Maintenant, nous pourrions entendre l'Association des directeurs
de transport aux commissions scolaires du Québec; M. Gérard
Beaudoin, président.
Association des directeurs de transport aux commissions scolaires du
Québec
M. TREMPE: En l'absence de M. Gérard Beaudoin, je suis Gilbert
Trempe, secrétaire de l'Association des directeurs de transport de la
province de Québec.
M. le Président, M. le ministre, notre association
représente les responsables de transport dans les commissions scolaires
régionales de la province. Nos membres ont, depuis cinq ou six ans,
organisé et supervisé le transport d'environ les deux tiers des
6,000 élèves transportés aux niveaux
élémentaire et secondaire.
Aspects positifs de la loi. Nous sommes d'accord sur la
régionalisation du transport d'écoliers puisque notre
association, lors d'un mémoire présenté à la
commission d'enquête sur le transport en 1967, recommandait
déjà la régionalisation. La formation d'un conseil
consultatif au ministère des Transports est aussi, à notre avis,
un aspect intéressant de la loi à la condition que, dans la
pratique, on le consulte et que les personnes siégeant à ce
conseil aient réellement une compétence pratique.
Nos remarques concernant le projet de loi 23 toucheront exclusivement le
transport d'écoliers et seront celles de praticiens, puisque nous ne
sommes ni des théoriciens, ni des légalistes. Nous nous
contenterons de souligner les articles où nos membres ont des
inquiétudes dans l'application future de cette loi.
A l'article 5, ne serait-il pas valable d'ajouter, à la fin de ce
paragraphe, "... et à la commission scolaire"? Quel organisme peut
connaître mieux le système du transport d'écoliers
nécessaire pour répondre aux besoins pédagogiques d'un
territoire donné que la commission scolaire?
A l'article 40 c) on dit: "Statuer sur l'adjudication ou le prix des
contrats de transport d'écoliers." Pourquoi des soumissions dans les
commissions scolaires si la Commission de transport peut décider par qui
sera exécuté le transport et en fixer le coût?
A l'article 45, dans une commission scolaire propriétaire
d'autobus, "une personne physique" devra détenir le permis. A ce
moment-là, quelle sera la responsabilité de cet individu que ce
soit un employé, un commissaire ou un président de commission
scolaire? Si ça prend une personne physique pour avoir le contrat,
quelle sera sa responsabilité, si la commission scolaire possède
des autobus?
A l'article 96, nous sommes d'accord que la loi permette à une
commission scolaire de transiger avec un service public si elle juge que le
service peut répondre aux besoins à un coût comparable
à d'autres systèmes. Notre inquiétude provient de la ligne
où il est dit: "à la demande du ministre des Transports, doit..."
Si cette demande nécessite un coût supérieur au coût
normalisé ou un autre contrôle dans un territoire de la commission
scolaire régionale, qui va payer: le ministère ou les
contribuables?
Par exemple, normalement, le service public dessert les centres les plus
populeux, donc les plus rentables. Il accepte rarement de desservir les centres
éloignés. Si, à la demande du ministre, tout transport
d'écoliers du centre est fait par le service public, il est possible que
cela apporte une augmentation des coûts dans les milieux
éloignés, à un point tel que cela devienne des
dépenses inadmissibles et non subventionnables.
Normalement, une taxe spéciale devrait être imposée.
Ce sera à la grandeur du territoire.
Cela deviendrait une subvention indirecte d'une population rurale pour
un service public qu'elle ne peut utiliser et ne désire pas se donner.
Si, lors de la présentation des devis ou cahiers de charges pour
approbation au ministère des Transports, il y avait refus ou
modifications assez substantielles, qui pourrait décider, à la
suite des modifications, si ces devis continuent de répondre aux besoins
ou aux impératifs pédagogiques d'un territoire d'une
régionale?
A l'article 97, il nous semble, à la lecture de cet article, que
toute dépense inadmissible dans un territoire donné sera
répartie selon le rôle d'évaluation et la dernière
ligne peut peut-être permettre d'autres arrangements. Exemple d'une
situation hypothétique: Une commission scolaire
élémentaire demande le service du transport du midi; donc,
inadmissible. La commission scolaire voisine ne désire pas avoir le
transport du midi. Le coût de ces dépenses inadmissibles sera-t-il
réparti selon les évaluations? Si c'est réparti selon les
évaluations, les citoyens de l'autre commission scolaire paieraient pour
une partie d'un service qu'ils n'ont pas requis donné dans une autre
commission scolaire. Nous croyons que ce texte de loi devrait être plus
précis.
A l'article 98, nous croyons absolument nécessaire que les
règlements établissant les normes, conditions, modalités
et subventions concernant toutes les activités prévues dans ce
paragraphe soient publiés le plus tôt possible, avant le
début de l'année scolaire pour pouvoir répondre et faire
une sélection des priorités dans ce domaine ou dans un territoire
donné. Nous croyons aussi que les modalités de calcul, pour
établir les coûts des différentes activités qui
pourraient être inadmissibles, tels le transport du midi, les
activités parascolaires, doivent être publiées au moins
plusieurs mois à l'avance pour permettre aux commissions scolaires de
prendre les décisions en connaissant, le plus précisément
possible, ce que cela peut coûter.
A l'article 120, selon notre perception de cet article, les
collèges d'enseignement obtiendront le pouvoir d'organiser le transport
de leurs élèves avec leur propre système ou par
arrangement avec une commission scolaire. Nous nous posons une question
concernant le principe de régionalisation du transport. Par cette loi,
on nie le droit aux commissions scolaires locales à
l'élémentaire d'organiser leur transport, qui doit
être spécialisé, et on permet aux collèges
d'enseignement d'organiser leur propre système de transport.
Intégration du service public au transport d'écoliers.
Nous avons beaucoup de réticence à accepter que des
élèves, surtout du niveau élémentaire et du premier
cycle secondaire, aient à voyager avec des adultes de toutes
catégories. Est-ce que le chauffeur aura toute liberté d'action
pour appliquer les règlements du transport d'écoliers? Les jours
où la clientèle adulte sera plus nombreuse le long du parcours,
laquelle resterait à attendre sur le bord de la rue ou serait debout
dans le véhicule?
Question de délais de procédure avec l'approbation des
cahiers de charges, les adjudications de contrats, les permis d'exploitation.
Nous avons essayé d'évaluer, en tenant compte des textes de loi,
de la procédure habituelle des commissions du même genre, ce que
pourraient être les délais en les plaçant à un
minimum, une moyenne, un maximum. Nous sommes arrivés à des
résultats inquiétants. L'approbation des devis par la Commission
des transports: Un minimum de cinq jours, une moyenne de quinze jours et un
maximum de trente jours, pour un total, en tout et partout, d'un minimum de 90
jours, une moyenne de 175 jours et un maximum de 255 jours.
Nous croyons avoir été réalistes dans ces
estimations. Nous constatons que les procédures, tout en fonctionnant
normalement, prennent en moyenne six mois. Cela signifie qu'il faudra
préparer des cahiers de charges en janvier pour être prêt
pour l'ouverture des classes en septembre. Dans un système
d'éducation à changement continuel depuis 1960, nous vous
signalons les dangers d'un manquement d'efficacité dans un service
indispensable comme le transport des élèves.
Comme conclusion, nous sommes conscients que les règlements qui
seront promulgués peuvent répondre à plusieurs de nos
questions. Le seul but que nous poursuivons, en présentant ces
remarques, est de pouvoir continuer à assurer à cette masse
d'usagers un service valable, confortable et sûr qui réponde aux
besoins de nos écoles, à un coût raisonnable. Avec la
permission de nos patrons, les commissions scolaires, nous sommes à
votre disposition pour compléter notre pensée sur les articles
que vous voudrez.
Nous terminons par une pensée d'un directeur de polyvalente qui
souligne l'importance d'un bon service de transport pour une école. Le
service du transport conditionne nos étudiants pour au moins la
moitié d'une journée d'école. Si le service est bon, les
élèves arrivent frais et dispos. Si le service est pauvre et
qu'on a attendu l'autobus à la pluie, les élèves arrivent
furieux et distraits et cela demande une période ou deux pour les
calmer.
Nous espérons que les conseillers juridiques et techniques du
gouvernement pourront appor- ter à ce projet de loi quelques petites
modifications pour diminuer nos inquiétudes et permettre
d'améliorer l'efficacité de ce service.
Nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion d'être
entendus.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Trempe. Maintenant, le député
de Chicoutimi aurait des questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Trempe, à la page 4 de votre
mémoire, vous nous dites: "Nous nous posons de sérieuses
questions concernant le principe de régionalisation du transport. Par
cette loi on nie le droit aux commissions scolaires élémentaires
d'organiser leur transport qui doit être très
spécialisé et on permet aux collèges d'avoir leur propre
système de transport, etc."
Lorsque vous avez inséré ce paragraphe dans votre
mémoire, est-ce qu'il était dans votre idée de demander
que le gouvernement accepte que les commissions scolaires organisent leur
système de transport en achetant des autobus, etc., ou si vous exprimez
simplement par là le désir de voir à ce que le transport
des écoliers, qu'il soit fait par les commissions scolaires ou par des
entreprises de transport privées, soit dans une certaine mesure sous
votre surveillance?
M. TREMPE: C'est exact, parce que notre association a déjà
manifesté son appui à la régionalisation du transport.
S'il y a un contrôle du transport, nous voudrions que le contrôle
du transport s'étende jusqu'au niveau des CEGEP, si on doit transporter
des élèves du CEGEP.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous voudriez que soient inclus les deux
niveaux.
M. TREMPE: Exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Peu importe que ce soit fait par une
commission scolaire qui achèterait des autobus ou par des
transporteurs...
M. TREMPE: Sous la surveillance d'une régionale dans un
territoire donné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, vous pourriez peut-être faire
vôtres les observations de M. Gagnon qui demandait tout à l'heure
d'être associé à la surveillance de ce système de
transport écolier...
M. TREMPE: Evidemment...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le principe de participation, c'est une
demande qu'a faite M. Gagnon et que vous approuveriez?
M. TREMPE: Oui. Il est normal que nous approuvions la
Fédération des commissions scolaires parce que ce sont nos
patrons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voulais que vous le disiez. Maintenant,
lorsque vous parlez d'intégration de services publics et de transport
écolier, est-ce que vous pourriez expliciter un peu et nous dire ce que
vous craignez là-dedans, compte tenu des faits que vous connaissez?
M. TREMPE: Si le transport public s'accapare du transport
écolier, surtout dans les villes, est-ce que le transport va se faire
aussi efficacement et de façon aussi sûre? On se pose surtout des
points d'interrogation sur ce qui arrivera lorsqu'il y aura tempête ou
affluence. A qui la priorité sera-t-elle donnée? Aux adultes ou
aux élèves à transporter?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela reviendrait à dire que vous
pourriez suggérer que l'on fasse une distinction bien nette en vertu de
cette nouvelle loi entre ce qu'on appelle le transport public et le transport
scolaire à quelque niveau que ce soit?
M. TREMPE: Exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'il y ait une catégorie bien à
part et que des permis soient donnés pour la catégorie des
transporteurs d'écoliers?
M. TREMPE: Exactement. C'est notre pensée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et vos préoccupations,
évidemment, en ce qui concerne les dépenses inadmissibles, sont
les mêmes que celles que M. Gagnon a exprimées tout à
l'heure?
M. TREMPE: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et vous attendez du ministre,
évidemment, qu'il enregistre votre requête?
M. TREMPE: Qu'il en prenne note.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. Trempe.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. Trempe, j'ai suivi attentivement tout votre
exposé. Il y a beaucoup de choses techniques dans votre rapport;
beaucoup de réglementation. Avec mes collaborateurs, nous pourrons
prendre votre rapport, le réétudier et apporter certains
changements, comme on le disait dans le cas de M. Gagnon, il y a quelques
instants.
Mais c'est plutôt dans la réglementation qu'on pourra faire
certains changements, peut-être, pour inclure des choses qui sont dans
votre rapport.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Si j'ai bien compris, je crois que vous êtes un peu
favorable à ce que les commissions scolaires en viennent à
transporter elles-mêmes des élèves.
M. TREMPE: Non, pour que les commissions scolaires conservent le
contrôle et un droit de regard sur le transport des écoliers.
M. AUDET: Sans en faire le transport. M. TREMPE: Sans en faire le
transport.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je voudrais poser la question suivante: Quels sont les
désavantages que vous voyez à ce que le transport
d'écoliers soit fait par un organisme public plutôt que
donné à contrat à une compagnie privée?
M. TREMPE: Je viens de répondre à cette question. Ce n'est
pas la question que le contrat soit donné à un organisme public;
c'est la question de transporter des élèves en même temps
que le public. Là-dessus, j'ai répondu et c'est écrit dans
le mémoire aussi. Lorsqu'il y aura affluence dans le transport ou qu'il
y aura pluie et que l'autobus sera plein, quelle catégorie attendra: les
adultes ou les élèves? Quelle sorte de discipline le chauffeur
aura-t-il avec des adultes et des élèves dans l'autobus?
M. LEGER: J'avais bien compris la réponse tantôt, mais je
voulais vous faire expliciter que vous n'avez pas d'objection de principe
à ce que ce soit un organisme public ou un organisme privé. C'est
simplement au niveau du meilleur service possible à l'enfant?
M. TREMPE: C'est cela.
M. LEGER: Mais vous n'avez pas d'objection de principe à ce que
ce soit un organisme privé ou public?
M. TREMPE: Il faut bien s'entendre. Je n'ai pas d'objection à ce
que le transport se fasse par un organisme public, mais j'ai objection à
ce qu'il se fasse en même temps que son service régulier. Notre
association recommande que le transport d'écoliers soit
véritablement un transport d'écoliers.
M. LEGER: Autrement dit, si un organisme public s'occupait de ce
travail, il faudrait que ce soit absolument séparé du transport
des adultes.
M. TREMPE: Exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais vous n'avez pas objection, M. Trempe,
à ce que les entreprises de transport privées continuent
d'exister? J'imagine qu'au contraire vous êtes disposé à
les encourager, comme nous le sommes tous.
M. TREMPE: Exactement, c'est ce qu'on a mentionné tout à
l'heure. Il y a plusieurs points dans notre rapport qui réjoignent ce
que les transporteurs d'écoliers ont dit dans leurs mémoires ce
matin.
M. LEDUC: M. Trempe, vous représentez un groupe de directeurs
responsables du transport d'écoliers. Après avoir lu et entendu
votre mémoire, j'ai l'impression répondez si vous le
voulez que, bien qu'en principe vous n'ayez pas d'objection à ce
qu'un transporteur public ait son propre système de transport
d'écoliers ce qui veut dire pas avec le public voyageur, mais
strictement pour les étudiants vous favoriseriez, si vous aviez
un choix, le transport d'écoliers tel qu'il se fait actuellement,
complètement en dehors d'une commission de transport d'une
communauté urbaine, par exemple. C'est, du moins, l'impression que
ça me donne.
M. TREMPE: Je me garderai de répondre pour mon association, mais,
quant à moi, dans notre territoire, je considère que le transport
d'écoliers, tel qu'il est fait présentement est mieux que
n'importe quel transport public. Dans les autres parties de la province, cela
peut être différent.
M. LEDUC: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Lorsque vous dites que vous voudriez voir la commission
scolaire conserver un droit de regard sur le transport d'écoliers,
voulez-vous également dire que vous aimeriez que la commission scolaire
négocie les taux ou les soumissions, comme cela se fait
actuellement?
M. TREMPE: Je ne pense pas. De toute façon, si, dans l'esprit du
bill 23, c'est la commission scolaire qui prépare les cahiers de charge
et si c'est encore la commission scolaire qui s'occupe des devis
pédagogiques, il n'y aura pas de problème à ce que ce soit
la Commission de transport qui octroie les contrats. Ce qui nous
inquiète c'est le temps de procédure que cela va prendre.
Maintenant, M. le ministre nous a assurés, tout à l'heure que la
réglementation de ce système va permettre que cela aille beaucoup
plus vite.
M. LE PRESIDENT: Il n'y a pas d'autres questions? Alors, M. Trempe, nous
vous remercions de vos remarques et de vos suggestions. Je n'ai aucun doute
qu'elles sont bien enregistrées.
M. TREMPE: Merci.
M. LE PRESIDENT (Pilote): M. Roger Charbonneau, représentant Les
Tours d'observation Maisonneuve, enregistrée.
Les Tours d'observation Maisonneuve
M. CHARBONNEAU: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés, messieurs les commissaires. Si je me présente
sans avocat aujourd'hui, c'est tout simplement que je n'en ai pas les moyens,
malheureusement. Vous excuserez la façon dont je présente mon
mémoire. C'est assez direct, mais je pense que j'ai plusieurs faits,
tirés de la réalité de celui qui est propriétaire
d'une petite entreprise de visites touristiques, qui peuvent être assez
intéressants.
Je ne suis pas le seul à être dans la situation que
décrit le rapport. Si les autres représentants d'entreprises de
visites touristiques de Montréal ne sont pas venus je parle des
deux autres qui sont mentionnés c'est parce qu'ils sont, et nous
le sommes tous, au plus fort de notre saison touristique et qu'ils n'ont pas pu
venir aujourd'hui à Québec.
Il y a d'autres compagnies importantes qui font des visites touristiques
à Montréal et elles ont soumis des rapports qui seront
présentés ou qui ont déjà été
présentés à d'autres organismes à d'autres
occasions.
La situation que je décris aujourd'hui découle de
l'adoption, naturellement, du bill 7 5. J'ai fondé mon entreprise en
1964, et le 6 janvier 1970 j'ai commencé à avoir de
sérieux problèmes, principalement lorsque je faisais des demandes
à la Régie des transports du Québec. Je ne crois pas me
faire d'illusions puisque j'ai eu des avocats de la Communauté urbaine
de Montréal. Je me réfère en particulier à
l'audience du 6 janvier 1970 et à celle du mois d'octobre dernier,
où les avocats de la Communauté urbaine de Montréal, en
s'opposant à toutes nos demandes de permis, nous ont
déclaré que non seulement nous devions craindre de
disparaître de la carte, mais que nous devions le prévoir. Je me
réfère à l'intervention de Me Létourneau en octobre
l'an dernier.
Je vais essayer d'établir devant vous la façon dont,
légalement, en toute tranquillité, simplement en utilisant les
ressources que lui donne le bill 75, la Communauté urbaine de
Montréal peut faire disparaître, du jour au lendemain, les
différents organisateurs privés de visites touristiques.
Je vais d'abord présenter mon entreprise qui dessert 37
hôtels et motels de la région métropolitaine de
Montréal avec une dizaine d'autobus. D'un côté il y a notre
entreprise et deux autres petites entreprises en particulier qui sont
menacées, et de l'autre côté il y a la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal qui vient affirmer
que non seulement il faut craindre, mais il faut se préparer à ce
que tout le transport des entreprises de visites touristiques soit
monopolisé par elle. D'un côté
on a l'entreprise privée qui représente à peu
près, dans le cas des motels, une quinzaine d'autobus, et de l'autre
côté la Commission de transport de Montréal avec 2,000
autobus. L'article auquel je me réfère d'abord c'est l'article
287 du bill 75. Le bill 23 actuellement modifie le bill 75 mais ne touche pas
aux entreprises de visites touristiques qui sont une spécialité,
comme la chirurgie est une spécialité de la médecine.
L'article 287, comme vous le savez, oblige la commission, lorsqu'elle
étend ses services, à acquérir de gré à
gré ou par expropriation quatre compagnies, c'est-à-dire les
compagnies qui font du transport en commun. Nous, nous ne faisons pas de
transport en commun; nous faisons des excursions touristiques, mais nous en
subissons aussi les contrecoups. Nous sommes également menacés et
je ne vois pas notre nom à l'article 287. D'ailleurs, lorsque le bill 75
a été adopté, tout le monde a été pris par
sa surprise, y compris la Régie des transports. Je peux vous en dire
quelque chose. J'ai assisté à la première séance
après que le bill est entré en vigueur.
Je voudrais d'abord que l'on ajoute le nom des sociétés
privées de visites touristiques. Si la commission me dit que,
malheureusement, il faut se résigner à ce que les excursions
touristiques relèvent du domaine de l'entreprise publique, je n'ai pas
d'objection à céder ma place, mais je voudrais être
dédommagé pour ce que l'on peut légalement m'enlever.
Le jeu qu'a joué la Commission de transport de la
Communauté urbaine a été rendu possible par l'article
313-2) du bill 75 qui dit "qu'aucun permis nouveau ne peut être
émis à moins que la Régie des transports ne soit d'avis,
après lui avoir fait les représentations qu'elle juge à
propos, que la Commission de transport ne donne pas le service ou qu'elle n'est
pas sur le point de donner le service". La première année, en
janvier 1970, nous avions une demande de permis qui couvrait treize
hôtels et motels de Montréal et nous fonctionnions en vertu d'un
permis temporaire. La Commission de transport a demandé de remettre
d'une année la décision de la régie disant qu'elle avait
un comité qui se préparait à étudier
l'utilité ou le bien-fondé pour la Commission de transport de
donner un service de visites touristiques dans les hôtels et motels que
nous desservons. Alors, la régie nous a émis un autre permis
temporaire pour une autre année consécutive et nous avons
fonctionné pendant l'été 1970 avec un permis
temporaire.
Pendant ce temps, la Commission de transport de Montréal postait
ses inspecteurs à l'église Notre-Dame et comptait avec soin le
nombre de passagers qui descendaient de nos véhicules. L'automne
suivant, nous refaisons la même demande. La Commission de transport de
Montréal dit que, malheureusement, elle n'a pas encore pris de
décision à savoir si elle donnerait ou non le service que nous
deman- dions. La régie, malgré elle, dût nous donner un
autre permis temporaire. Cela fait trois ans que nous fonctionnons en vertu
d'un permis temporaire. Pendant ce temps-là, nous avons
été obligés d'acheter de l'équipement et tout cela.
Pendant combien d'années encore la Commission de transport va-t-elle se
servir de l'article 313-2) pour remettre indéfiniment sa décision
quant à ce service qu'elle n'est pas intéressée à
donner dans le fond? Nous desservons trois grandes lignes de motels. Si je
dessers aujourd'hui dix motels et qu'il s'en construit un onzième au
bout, qui représente huit personnes par semaine, la Commission de
transport dit: Ah! Nous sommes sur le point de le donner ou nous
étudions la possibilité de le donner. Si, dans cinq ans, dans dix
ans, la Commission de transport, après avoir vu notre entreprise
grossir, décide que c'est rentable pour elle de donner le service, elle
pourra dire à la Régie des transports et nous dire:
Malheureusement, vous n'avez fonctionné pendant tout ce temps qu'avec un
permis temporaire. Par conséquent, vous n'avez aucun droit acquis.
Voilà la façon dont on peut retarder, en vertu de cet
article, l'émission de tout nouveau permis que nous demandons. Il y a
aussi la possibilité pour la Commission de transport, tout simplement,
de donner un service parallèle au nôtre comme elle a
déjà commencé à le faire dans le centre-ville de
Montréal avec son "Mont-réalité". Cela n'est pas nouveau,
c'est la deuxième fois que la Commission de transport essaie
d'établir un système de visites touristiques qui soit rentable,
ou du moins qui ne soit pas tellement déficitaire, qu'il soit acceptable
à l'opinion publique.
Je me réfère à l'expérience de la promenade.
La promenade a été commencée pendant l'Expo en 1967. Tout
a bien marché pendant l'Expo. L'année suivante, la promenade
était abandonnée, elle était lourdement
déficitaire. L'an dernier, à la fin de juin, la Commission de
transport s'essaie à nouveau. Cette fois, au lieu d'avoir un
système original, cette promenade copie ce que l'entreprise
privée fait déjà, elle s'installe au carré Dominion
et elle coupe les prix d'environ 30 p.c. Enfin, elle demande $2.50 au lieu de
$3.00.
La Commission de transport a déjà commencé à
donner un service parallèle et ses représentants sont venus dire
sous serment, à la Régie des transports, qu'il n'était pas
du tout impossible qu'elle le donne également dans les motels, alors que
les motels, vous avez non pas affaire à de grandes compagnies de visites
touristiques mais à de petits exploitants qui, naturellement, ne peuvent
pas supporter la concurrence des 2,000 autobus de la Commission de transport et
de l'argent des contribuables.
Essentiellement, l'entreprise privée de visites touristiques
à Montréal a été obligée c'est le cas
pour nous et pour tous les exploitants de motels que je représente
aujourd'hui pour
vivre, pour nous établir, pour croître, de
développer des marchés nouveaux. En 1964, lorsque nous avons
commencé, la Commission de transport et les grands exploitants de
visites touristiques n'étaient pas intéressés aux motels.
Ce n'était pas rentable.
Nous avons coupé les dépenses d'administration, nous avons
équipé notre compagnie de petits autobus et nous avons fait des
miettes qui avaient été laissées par les autres
exploitants, une entreprise qui, aujourd'hui, dessert adéquatement tous
les motels de la région métropolitaine. L'entreprise
privée puisque si je comprends bien, il s'agit d'une part, de
l'entreprise privée qui a des droits acquis ou qu'elle a un service
acquis, et de l'entreprise publique a été obligée de
développer des marchés nouveaux, et, pour faire la même
chose, la Commission de transport de la communauté urbaine a
été obligée de se faire adopter un bill pour
réussir, sans développer des marchés nouveaux, à
enlever à l'entreprise privée, les marchés qu'elle avait
déjà développés.
Je voudrais terminer en décrivant un peu le domaine du tourisme.
Les visites touristiques de Montréal constituent, sont
l'équivalent de l'exportation, puisque tous les visiteurs que nous
transportons sont des étrangers. C'est de l'argent qui arrive au
Québec, des Etats-Unis et des autres provinces canadiennes. Cette saison
touristique dure trois mois, un peu plus, peut-être quatre. Elle dure
essentiellement trois mois durant lesquels nous avons comme tâche de
montrer aux étrangers que notre ville a des attraits, qu'elle est digne
d'être visitée et qu'elle est digne que l'on y passe plus d'une
seule nuit pour la traverser. Pour ce faire, l'entreprise privée, je me
réfère en particulier aux deux principaux exploitants du
centre-ville, a plusieurs visites touristiques de Montréal dont les
étrangers peuvent se prévaloir.
Elle a le tour de Montréal; elle a un tour de la Voie maritime ;
elle a des tours de cabarets et des tours des Laurentides.
Je voudrais vous faire remarquer que, à chaque tour additionnel,
chaque journée que le touriste passe dans notre ville, c'est autant de
revenus non seulement pour les entreprises de visites touristiques mais ce sont
également des revenus pour les hôtels, pour les restaurants, pour
les cabarets, tout ce dont vit notre communauté.
Et j'affirme que le monopole que la Commission de transport de
Montréal essaie d'établir sur les visites touristiques constitue
de deux façons un appauvrissement pour toute la communauté.
D'abord, un appauvrissement de la visite touristique elle-même puisque la
Commission de transport, par définition, n'a le droit de se promener
qu'à Montréal. Elle n'a qu'un seul tour de ville à offrir
et par conséquent c'est d'autant moins de temps que les touristes
passent en ville. Egalement, la Commission de transport ne donne des tours de
Montréal que dans le centre-ville.
Je voudrais aussi parler des véhicules que la commission urbaine
de transport a le droit d'avoir et qu'elle a effectivement. La Commission de
transport a été mandatée pour nous offrir un service
adéquat de transport en commun. Elle n'a donc, par conséquent,
par définition, pas les véhicules pour faire les visites
touristiques. Mais puisque le projet de loi 75 lui donnait l'initiative
et même plus que l'initiative du tourisme, puisqu'il lui donnait un droit
de veto effectif sur toute demande de permis et qu'elle pouvait, à son
gré, bloquer toutes les demandes de permis des sociétés
privées il fallait bien qu'elle s'équipe de
véhicules.
Je me demande si quelqu'un a déjà pris le
"Montréalité", par exemple. Je voudrais vous dire que ces
véhicules, qui coûtent entre $40,000 et $50,000 chacun et qui
servent trois mois par année, ne peuvent pas servir l'hiver. Vous pouvez
les voir, ils sont stationnés au garage de la rue Du Havre, à
Montréal. S'il me plaît, à moi, de laisser la moitié
ou toute ma flotte, ou une partie de ma flotte d'autobus inoccupée
pendant la saison morte de l'hiver, ça me regarde, c'est mon argent.
Mais lorsque je vois près d'un quart de million de l'argent des
contribuables qui reste inutilisé pendant les longs mois de la morte
saison d'hiver, puisque, à cause des transformations qu'ils ont subies,
ils ne peuvent pas servir à autre chose, ne peuvent plus servir au
transport en commun, je n'ai pas les chiffres, je n'ai pas l'exercice
financier de la communauté urbaine ça me fait mal au coeur
de voir tous ces véhicules qui sont inutilisés pendant les mois
d'hiver.
Ces véhicules, que sont-ils? Ils sont des véhicules qui
servent pour le transport en commun, que l'on a peints en blanc, on leur a mis
des tapis. Et je ne sais pas si vous saviez que quatorze places sur 52 font
face à l'allée. Ces autobus n'ont pas de toit panoramique. Il y a
une raison pour laquelle l'entreprise privée dépense des milliers
et des milliers de dollars par année pour équiper ces autobus de
toits panoramiques. Je vous mets au défi, assis sur les bancs des
autobus de la Commission de transport de la communauté urbaine, devant
la Place Ville-Marie, de voir plus haut que le deuxième étage et,
devant l'hôtel de ville de Montréal, de voir plus haut que la
porte d'entrée. Surtout si vous avez payé $3.50 et que vous
êtes assis, comme ça, avec la barre et que vous faites face
à l'allée.
Et c'est avec ce genre d'équipement que l'on veut prendre le
monopole du tourisme à Montréal et que l'on veut nous
déposséder de notre entreprise, de notre gagne-pain.
Je voudrais tout simplement parler du service que nous avons
donné. Je voudrais simplement relater le bien-fondé des tours
à partir des motels ou de différents hotels du centre-ville par
rapport aux services centralisés. Je vous raconterai tout simplement,
pour terminer, mon dernier voyage à Toronto alors que j'ai
demandé, moi qui étais habitué à avoir des
tours à partir des motels, où je pouvais prendre un tour
de ville pour visiter Toronto.
On m'a dit: C'est très simple. Vous prenez la 401, vous sortez
à la sortie Young, vous descendez pendant trois milles, vous tournez
à droite sur la rue King, vous tournez à gauche à deux
coins de rue et là, vous y êtes. Malheureusement, il y avait un
embouteillage sur la 401, de la circulation en ville et j'ai raté le
premier virage; je suis arrivé trois minutes après le
départ et j'ai raté le tour. Je suis retourné chez moi
enragé. Je suis remonté dans ma voiture et je suis revenu tout de
suite.
Je voudrais tout simplement vous dire que l'entreprise privée
à Montréal a quand même développé ses
marchés puisqu'à Montréal il y a, comme à
Québec d'ailleurs, des départs de chaque motel et de chaque
hôtel; il y a un autobus qui vient prendre les gens, qui leur fait faire
un tour de ville, qui leur donne non seulement un tour de ville, mais qui leur
en offre deux ou trois selon les moyens de l'entreprise. Je voudrais, pour
terminer, vous demander ce que fait la Commission de transport dans le domaine
du tourisme, des visites touristiques. Dans les grandes capitales d'Europe et
d'Amérique, ce domaine est une spécialité qui n'a rien
à voir avec le transport en commun, comme la chirurgie n'a rien à
voir avec la médecine générale. Je voudrais vous demander
ce que fait la Commission de transport dans le domaine des excursions
touristiques.
Je voudrais tout simplement qu'on lui retire ce droit de veto qu'elle a
et cette capacité que lui donne le bill 75 de déloger
l'entreprise privée du domaine qu'elle a développé au
meilleur de ses moyens. Si nous ne réussissons pas à obtenir
l'élimination de l'article 313 qui nous cause tant de préjudices,
je voudrais qu'au minimum on enlève, de la deuxième partie de
l'article 313, les mots "et n'est pas sur le point d'exploiter". Nous ne
voulons rien enlever à la Commission de transport; si elle dessert le
centre-ville, si elle y est déjà, qu'on le lui laisse, mais ce
qu'elle sera sur le point d'exploiter dans deux, trois ou cinq ans, je voudrais
qu'on le laisse à ceux qui l'exploitent déjà.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais d'abord
remercier et féliciter M. Charbonneau de son exposé
extrêmement serein et en même temps très réaliste,
qui pose, en fait, un problème capital, celui des rapports entre
l'entreprise privée et l'entreprise publique. Sans me prononcer sur la
valeur de l'entreprise que vous représentez, M. Charbonneau, et les
autres également, n'ayant pas eu besoin de faire de tour de
Montréal, je crois que vous apportez à la commission
parlementaire un point de vue extrêmement important.
Il y a évidemment le problème de l'existence de la
Communauté urbaine de Montréal et de la
Commission de transport de ladite Communauté urbaine de
Montréal. Cette Commission de transport a été nantie de
certains pouvoirs; l'on peut voir maintenant à l'usage quelles sont les
conséquences des pouvoirs qui lui ont été impartis ou
dévolus par la loi qui l'a créée.
Si la situation est telle que vous l'avez décrite et je ne
doute pas de votre parole il est temps que l'on révise cette loi
qui a créé la Communauté urbaine de Montréal et que
l'on tienne compte des représentations extrêmement sereines et en
même temps très explicites que vous nous avez faites.
Pour ma part, je suggère avec instance au ministre de prendre en
très sérieuse considération la demande que vous
présentez au nom de votre association et au nom des deux autres dont les
noms apparaissent à la fin de ce mémoire.
Il est évident que parler d'entreprise privée et indiquer
que l'on cherche à promouvoir l'entreprise privée, ou tout au
moins à la maintenir, peut faire sourciller certaines gens. Mais comme
nous vivons en régime d'entreprise privée, j'estime que les
observations que vous avez faites et les propositions que vous avez soumises
méritent plus qu'une considération attentive, mais, à mon
sens, un acte de la part du gouvernement.
Dans les demandes que vous faites à la fin du mémoire,
vous dites ceci: "Nous demandons à la commission gouvernementale
d'ajouter à l'article 287 du bill 75 le nom des opérateurs des
visites touristiques de Montréal à ceux des transporteurs
déjà mentionnés. Nous demandons également à
la commission d'enlever, à la deuxième partie de l'article 313,
les mots "et n'est pas sur le point d'exploiter".
Evidemment, on met en cause deux projets de loi, mais dans la loi no 23
qui nous occupe, je crois que le ministre est capable d'inscrire des
dispositions qui pourraient vous donner satisfaction, quitte par la suite
à revoir également la loi no 75 qui a donné les pouvoirs
que vous avez décrits à la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal.
Il n'est pas dans mon intention de demander au gouvernement de priver la
Communauté urbaine de Montréal de certains droits qu'elle doit
posséder pour jouer le rôle qu'elle a été
appelée à jouer. Mais dans le cas qui nous occupe et compte tenu
de votre plaidoyer, qui est presque un réquisitoire, il serait
extrêmement important que l'on examine cette question et que l'on fasse
droit dans toute la mesure du possible à ce que je crois être
sous réserve d'un examen ultérieur des
représentations fondées et des demandes légitimes.
Evidemment, il s'agit d'une question d'entreprise privée. Pour ma part,
j'estime que les services que vous rendez sont éminemment importants. Si
la situation que vous décrivez est telle que vous l'avez dite, bien, et
les contribuables et les visiteurs et tous les citoyens qui sont appelés
à se prévaloir de vos services s'en trouveraient
privés et vous seriez vous-même, ainsi que vos
collaborateurs qui travaillent dans le même domaine, à un moment
donné, acculés à une faillite ou à une disparition
totale. Il y a peut-être là matière à
négociation. Vous avez présenté un plaidoyer qui, comme je
le disais tantôt, est presque un réquisitoire et nous attendrons
naturellement, avant de faire des propositions fermes au ministre des
Transports, d'entendre la contrepartie, c'est-à-dire la défense
de la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, afin de voir les deux côtés de la
médaille. Mais, compte tenu de ce que vous nous avez dit et, je le
répète, sous réserve d'un examen ultérieur ou d'une
connaissance plus approfondie des faits, je serais porté à
suggérer au ministre d'obtempérer aux demandes que vous nous avez
soumises.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, comme l'a bien dit tantôt le
député de Chicoutimi, je pense qu'on est en face d'un principe de
base et je comprends les préoccupations du représentant des Tours
d'observation Maisonneuve qui doit voir à ce que son commerce ne soit
pas lésé. Mais c'est quand même le problème de base
que dans un service public qui touche la population et dont la population doit
demander des comptes, est-ce que, dans un service de transport à
charte-partie ou à services spéciaux, un organisme public, avec
la même qualité, doit avoir la priorité de ce service,
quitte à être complété par un service privé,
d'une part, ou si c'est le contraire, si c'est l'entreprise privée qui
devrait avoir la priorité et être complétée ensuite
par un service public?
Je pense que c'est le noeud du problème dans ce domaine et tant
que le gouvernement n'aura pas pris sa décision là-dessus, c'est
à lui de la prendre, de prendre ses responsabilités, quitte
à être jugé par la suite de ce geste heureux ou malheureux.
Mais je me demande, quand on voit la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal qui nous a affirmé lors de
séances précédentes que ce service à charte-partie
était pour elle une nécessité pour équilibrer son
budget à même les fonds de la population, est-ce qu'en plus de
ça la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal est mieux placée pour protéger
l'intérêt public? Est-ce que le besoin de ces revenus
supplémentaires est essentiel pour équilibrer son budget et aussi
au niveau même d'une politique touristique, est-ce qu'un organisme
privé peut réellement, actuellement, être
contrôlé pour être certain que c'est pour les meilleurs
intérêts de l'image que Québec ou Montréal peuvent
donner aux gens qui viennent de l'extérieur pour les visiter?
Je voudrais poser quelques questions, entre autres: Qui détermine
vos itinéraires? Autrement dit, est-ce vous seul qui déterminez
quels sont les endroits où vous devez amener les visiteurs ou si c'est
le gouvernement ou un autre organisme public qui détermine quels sont
les endroits qui doivent être visités? Juste pour terminer, je me
rappelle, il y a quelque temps, qu'on avait blâmé un organisme
public qui amenait ses visiteurs dans des quartiers chic du côté
anglophone de Montréal et qui visitait les quartiers pauvres du
côté francophone de Montréal. Cela a fait la manchette des
journaux en donnant une fausse impression d'une communauté francophone
pauvre, démunie et d'une communauté anglophone riche. Alors je me
demande si le choix des itinéraires est fait d'abord par vous uniquement
ou s'il y a un certain contrôle de ce côté-là?
M. CHARBONNEAU: C'est parce qu'ils oubliaient de passer par
Outremont.
M. LEGER: Mais ça ne répond pas à ma question.
M. CHARBONNEAU: Non, je vais répondre à votre question en
disant que les itinéraires touristiques sont déterminés
d'abord par l'Ecole de tourisme de la Commission des écoles catholiques
de Montréal. Ils sont proposés aux guides, ils sont
dessinés, puis ils sont distribués. En plus de ça,
l'Office municipal du tourisme de Montréal imprime à l'intention
des guides touristiques qui font ces tournées un aide-mémoire
dactylographié où tout le commentaire est déjà
mâché.
Si, par le passé, certaines entreprises de visites touristiques
ont négligé certains aspects de la ville de Montréal, il
reste que l'itinéraire donné aux guides doit être suivi
officiellement, il indique les quartiers les plus défavorisés.
J'ai déjà eu l'occasion d'avoir des plaintes, parce que j'ai fait
plusieurs tours de Montréal moi-même, de m'être fait
demander: Vous n'avez pas de taudis à Montréal? On en a vu
partout ailleurs, vous n'avez pas de taudis ici? Montrez-nous aussi les
quartiers défavorisés pas seulement les plus beaux quartiers.
Alors si le guide ne suit pas son itinéraire, l'itinéraire qui
lui est donné et qui est approuvé d'ailleurs par la Régie
des transports.
Il faut se soumettre. Lorsqu'on établit une nouvelle route pour
des excursions touristiques quelles qu'elles soient, si elles s'effectuent par
autobus, elle doit être fournie et approuvée par la Régie
des transports du Québec. Copie en est fournie aux municipalités
qu'elle traverse qui sont invitées à soumettre leurs
recommandations ou leurs objections. Il arrive que certaines
municipalités, en particulier la ville de Westmount, nous fournissent un
itinéraire très précis qu'il faut suivre sous peine
d'amende. Je peux vous dire que des amendes, on en a eu tout simplement pour
avoir pris une rue plutôt qu'une autre. Cedar plutôt que The
Boulevard, par exemple. On a déjà eu des amendes, comme
ça; c'est la rue d'à côté. Si le guide ne suit
pas
l'itinéraire qui lui est donné, qui est officiel et qu'il
doit suivre, dans certains cas, il le paye de sa poche parce qu'on lui impose
des amendes.
M. LEGER: Dans votre mémoire, vous faites certaines affirmations
auxquelles la Commission de transport de Montréal pourrait
répondre. Vous dites, entre autres". Donner le monopole du tourisme
à la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal qui n'a qu'un seul tour de ville à offrir aux
touristes... Vous affirmez qu'elle n'a qu'un seul tour. Vous avez bien
vérifié?
M. CHARBONNEAU: Le tour de Montréal. M. LEGER: Ils n'ont pas le
choix?
M. CHARBONNEAU: Ils n'ont pas le droit de sortir de leurs limites, tout
simplement. Les tours qui vont dans les Laurentides, le tour de la Voie
maritime sortent des limites de la Communauté urbaine. Nous n'avons pas
le droit de nous y rendre. Ce sont les tours, souvent, les plus populaires, les
tours qui font justement que le touriste va rester une journée de plus.
C'est là que je dis qu'il y a un appauvrissement, non seulement dans
l'équipement et dans ce qui existe déjà, mais dans la
gamme d'excursions et des attraits que la ville peut offrir. Si, d'un
côté, vous avez la publicité, le dépliant de la
Communauté urbaine qui n'annonce qu'un tour de Montréal et que
vous avez le dépliant de l'entreprise privée qui en annonce cinq,
je pense que c'est assez évident.
M. LEGER: Je pense que, sur ce point, vous avez raison. Mais vous
semblez dire que le monopole du tourisme de la Communauté urbaine de
Montréal s'étend sur l'île de Montréal et non pas
à d'autres tours qui sortent de la Communauté urbaine de
Montréal. C'est sûr que la Communauté urbaine n'offre pas
d'autres tours en dehors de Montréal.
M. CHARBONNEAU: Non, mais, si elle prend le tour de Montréal,
l'entreprise privée qui le donne déjà fait faillite et ne
peut plus donner les autres tours, parce que le tour principal, c'est quand
même le tour de Montréal. Les gens viennent pour visiter
Montréal. Ils ont bien raison, d'ailleurs; Montréal et l'Expo,
c'est pour ça qu'ils viennent. Si on enlève à
l'entrepreneur qui fait les motels son tour principal et qu'on lui dit:
D'accord, on vous laisse les tours qu'on ne peut pas donner, naturellement,
c'est lui enlever 60 p.c. ou 70 p.c. de ses revenus.
M. LEGER: D'accord. Vous affirmez un peu plus loin que nulle part, dans
aucune capitale d'Europe ou d'Amérique, on ne voit des transports
publics se mêler de tourisme. Vous avez vérifié un peu
partout et ça n'existe pas?
M. CHARBONNEAU: Je vous concède peut-être une exception. Je
pense à Toronto en particulier, avec les résultats que ça
donne!
M. VEILLEUX: Ce n'est pas un pays étranger, Toronto.
M. LEGER: Vous affirmez un peu plus loin que ces véhicules ne
sont pas des autobus de tourisme. Est-ce que vous voulez dire par là que
la Communauté urbaine de Montréal ne s'est pas
préoccupée d'acheter des autobus spécialisés pour
ce domaine?
M. CHARBONNEAU: Cela irait contre son mandat qui est de nous donner un
service de transport en commun.
M. LEGER: Vous affirmez un peu plus loin que l'entreprise privée
a des droits acquis. Je me pose la question suivante: Dans un service qui a
affaire avec le public, l'entreprise privée peut-elle réellement
avoir des droits acquis? N'est-ce pas plutôt l'inverse? Dans un domaine
public, c'est plutôt l'entreprise publique qui devrait avoir des droits
acquis. Vous semblez penser le contraire.
M. CHARBONNEAU: Si vous avez passé huit ans de votre vie à
dépenser toutes vos énergies, toutes vos ressources et tout pour
donner un service en vertu de permis que vous aviez légalement et qu'un
bon jour on vous dit: Monsieur, vous savez, votre équipement, on ne peut
pas le prendre parce que, de toute façon, il ne nous intéresse
pas. Nous ne fonctionnons pas de cette façon-là. Votre permis,
bien, il ne vaut plus rien. Vos véhicules, vous pouvez toujours les
vendre ailleurs, je ne sais pas moi, les vendre à Toronto,
peut-être.
M. LEGER: Nous leur avons déjà vendu nos poubelles.
Merci.
M. BLANK: Vous voulez avoir une compensation?
M. CHARBONNEAU: Exactement, nous savons très bien que la
Commission de transport n'utiliserait pas, n'achèterait pas nos
véhicules parce qu'ils ne fonctionnent pas avec le même genre
d'équipement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Charbon-neau, on a parlé tout
à l'heure de cette opposition entre service public et entreprise
privée. Vous parlez de droits acquis; personnellement je ne crois pas
qu'on puisse poser le problème en termes de droits acquis lorsqu'il
s'agit d'entreprises publiques comme dans le cas d'entreprises privées.
Nous sommes dans un régime d'entreprises libres. L'Etat peut consentir
des droits à un organisme collectif. Cet organisme a des droits,
à ce moment-là, qui lui sont reconnus par la loi. Il est reconnu
par la loi aussi que tout citoyen ici dans le Québec a le droit
d'exploiter tout genre de commerce con-
formément aux lois qui nous régissent. Par
conséquent, le problème des droits acquis ne se pose pas. Le
problème qui se pose c'est un problème de concurrence. La
question que je voulais vous poser est la suivante: J'imagine que vous n'avez
pas objection à ce que, parallèlement à ces entreprises
que vous exploitez, puissent exister également des entreprises publiques
comme celles que pourrait organiser la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, à condition, cependant,
que ces entreprises dans le domaine du tourisme n'entraînent pas de
charges extrêmement lourdes pour les contribuables.
M. CHARBONNEAU: Pour répondre directement à votre
question, je dirais que c'est un problème posé quotidiennement
à la Régie des transports, qui jusqu'au 1er janvier 1970
décidait si un ou plusieurs exploitants pouvaient vivre au même
endroit. Nous avons vu depuis 1970 une situation inouie jusqu'à
maintenant, nouvelle et inattendue. C'est une chose absolument incroyable qu'un
exploitant public, en l'occurrence la Commission de transport, puisse s'opposer
à un permis qui est demandé alors qu'elle même ne le donne
pas. C'est cela en fait. C'est ce qui rend la Régie des transports
inopérante dans notre cas. Cela crée une situation impossible au
point de vue légal dans les faits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La concurrence à ce moment-là
vous apparaît comme déloyale du fait qu'on s'oppose, mais que par
ailleurs on ne s'occupe pas d'organiser d'autres services qui remplaceraient
les vôtres.
M. CHARBONNEAU: Ce n'est pas tout à fait comme cela que ça
se présente. C'est que la Commission de transport, qui compte le nombre
des passagers dans nos autobus et qui nous voit développer notre
affaire, attend le moment où ce sera rentable pour elle, ou du moins
où son déficit ne sera pas tellement grand; là elle va
pouvoir nous l'enlever. C'est cela, dans le fond, le jeu. C'est que, si ce
n'est pas payant, on le leur laisse, si c'est payant on le leur prend. C'est
cela le jeu que la Commission de transport joue actuellement.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Je vous remercie beaucoup du bel exposé que vous avez
fait pour la défense de l'entreprise privée, le tremplin de
services efficaces et de qualité qui, je crois, devraient demeurer. Vous
devriez continuer à défendre de cette façon l'entreprise
privée. Vous faites la comparaison avec la chirurgie, qui est une
spécialité qui n'a rien à faire avec la médecine
générale. Mais, vous savez, à toutes fins pratiques, elle
a quand même été étatisée. Il y a un danger
de ce côté-là. J'inviterais le ministre à prendre
les bonne notes que vous avez données en faveur de l'entreprise
privée pour la conserver.
M. CHARBONNEAU: Je voudrais terminer en disant que je n'ai absolument
pas objection à ce qu'on nous étatise, mais je voudrais qu'on
nous dédommage.
M. LEGER: Il fallait le dire.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. Charbonneau, je voudrais vous remercier pour
le mémoire que vous avez présenté et la façon dont
vous l'avez fait. Vous avez dit que vous le faisiez vous-même sans
avocat; sans enlever quoi que ce soit aux avocats, je crois que vous avez fait
aussi bien qu'un avocat comme exposé...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Beaucoup mieux.
M. TREMBLAY (Bourassa): Sans biffer le bill 75, je crois que vous avez
vu dans le bill 23 que l'article 132 touche à l'article 313. Maintenant,
tout ce que j'ai à ajouter, c'est que j'ai tout enregistré ce que
vous avez dit, et c'est enregistré ici, en plus de votre mémoire,
vos paroles. Je crois que l'entreprise privée, comme vous pouvez le voir
à l'article 132, n'a pas été mise de côté, et
je suis très heureux de voir qu'elle est représentée ici,
à la commission. L'honorable député de Chicoutimi nous
disait qu'il n'y avait pas de droits acquis. Il n'y a peut-être pas de
droits acquis, mais celui qui donne un service depuis x années, et qui
se voit un jour enlever son commerce, je crois que ce n'est pas la façon
de faire dans la province de Québec. La première des choses, je
suis très heureux de votre mémoire et vous pouvez être
sûr qu'il sera étudié. Comme dirait le député
de Chicoutimi, j'ai très bien enregistré, et je demande à
mon sous-ministre et à mes collaborateurs de bien en prendre note. S'il
y a un amendement à ajouter au bill, on le fera. Cela ne nuira pas
à la communauté urbaine que vous puissiez gagner votre vie sans
perdre votre commerce.
M. CHARBONNEAU: Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Laurier.
M. MARCHAND: M. Charbonneau, comparativement aux itinéraires que
vous avez, quelle est la différence entre votre itinéraire et
ceux de la Commission urbaine de Montréal?
M. CHARBONNEAU: L'itinéraire que suit la Commission de transport
de la Communauté urbaine, c'est l'itinéraire que j'ai
enseigné moi-même à ses chauffeurs qui étaient mes
élèves à l'école de tourisme.
M. MARCHAND: Ce qui veut dire...
M. CHARBONNEAU: Sauf que la Commission de transport de la
Communauté urbaine fait un tour de deux heures ou de deux heures et
demie, alors que le nôtre est de trois heures et demie et qu'il a, en
plus, un arrêt au Musée de cire on peut être pour ou
contre, il faut quand même prendre soin des souvenirs et à
l'Oratoire Saint-Joseph il faut aussi prendre soin de la dévotion
des gens et des souvenirs aussi. Cela nous fait rire parce que c'est quelque
chose qui est assez près de nous, on dit l'Oratoire, mais vous seriez
surpris de voir le nombre de touristes qui nous arrivent, surtout des
Etats-Unis, qui ont connu l'Oratoire Saint-Joseph à l'époque du
frère André, qui ont gardé de bons souvenirs, qui sont
abonnés et qui veulent l'avoir sur le tour de ville.
Alors, seule notre entreprise, l'entreprise des tours à partir
des motels, le donne.
M. MARCHAND: Maintenant, dans votre exposé, vous avez dit que
vous demandiez $3. pour votre itinéraire...
M. CHARBONNEAU: $4.
M. MARCHAND: ... et que la communauté urbaine en demande $2.
M. CHARBONNEAU: $3.50
M. MARCHAND: $3.50, alors $0.50 de différence.
M. CHARBONNEAU: A partir du centre-ville.
M. MARCHAND: Maintenant, dans votre mémoire, vous dites que vous
êtes quand même souvent prêts à prolonger le temps que
vous donnez à vos itinéraires pour améliorer le tour et
faire plaisir davantage aux visiteurs, aux touristes dont nous avons besoin. Je
pense que les $0.50 sont facilement comblés par le temps que vous
donnez, et qu'encore là, l'entreprise privée a
priorité.
M. CHARBONNEAU: Oui, je crois que...
M. MARCHAND: J'aimerais mieux que vous ne parliez pas d'expropriation
mais que vous soyiez plus décidé à garder votre commerce
qu'à vous laisser faire.
M. CHARBONNEAU: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorion.
M. BOSSE: M. Charbonneau, si j'ai bien saisi le noeud du
problème, ce serait que vous voudriez être soustrait à
l'autorité de la Commission de transport de la Communauté urbaine
afin d'être soumis à la Commission des transports, de telle sorte
que vous ne soyez pas jugé par quelqu'un qui est à la fois juge
et partie.
M. CHARBONNEAU: C'est peut-être vrai, mais c'est surtout le fait
que la Commission de transport de la Communauté urbaine peut intervenir
à la régie. Je parle d'un état de fait actuel, ce que je
connais, c'est qu'ils peuvent intervenir et que nous, nous ne pouvons rien
faire, nous ne pouvons pas changer un iota aux opérations de la
Commission de transport. Ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent, ils peuvent
donner le service, cesser de le donner. Ils peuvent faire absolument tout ce
qu'ils veulent et ils sont au-dessus de l'actuelle Régie des transports
puisqu'ils ont un bill spécial.
M. BOSSE: Vous avez mal saisi ma question parce que, justement, je
demandais si votre intérêt n'était pas d'être
soustrait à l'autorité de la Commission de transport de la
Communauté urbaine dans l'obtention de permis pour être soumis
à la Commission des transports dépendant du ministère des
Transports.
M. CHARBONNEAU: C'est très vrai, ce que vous dites, parce que
l'article 313, pour l'octroi d'un permis, donne en fait un droit de veto au
directeur de la Commission de transport alors que ce droit de veto, ou ce
pouvoir de décision devrait être donné à la
régie actuelle, comme il l'a toujours été. Que cela ait
été un transporteur ou un autre, nous étions toujours sous
la même juridiction. Nous étions sur un pied
d'égalité, petits ou gros.
Je voudrais que la Commission de transport soit placée sur un
pied d'égalité vis-à-vis de la Commission de transport du
Québec. Je suis tout à fait d'accord avec vous.
M. BOSSE: Ce que je disais, en fait, c'est que vous considérez
que présentement la Commission de transport de la Commuanuté
urbaine est à la fois juge et partie alors qu'elle rend des
décisions concernant ses propres intérêts.
M. CHARBONNEAU: Absolument. Et son permis, un opérateur
privé est obligé de le demander au directeur de la Commission de
transport, ce qui, par définition, ne se donne jamais. La Commission de
transport ne réduira pas ses propres prérogatives de son propre
gré.
M. BOSSE : Vous voulez donc, devant la Commission de transport
dépendant de l'autorité provinciale, que la Commission de
transport de la Communauté urbaine ait le même fardeau de preuve
que vous?
M. CHARBONNEAU: Oui, absolument, que tout le monde soit sur un pied
d'égalité.
M. TREMBLAY (Bourassa): Une question seulement: Vous fonctionnez,
à l'heure actuelle, avec un permis temporaire?
M. CHARBONNEAU: Le tiers de nos opérations se fait avec un permis
temporaire depuis trois ans.
M. TREMBLAY (Bourassa): Un permis temporaire depuis trois ans, qui est
octroyé par la Régie des transports?
M. CHARBONNEAU: Oui.
M. TREMBLAY (Bourassa): Merci beaucoup. J'ai le plus beau comté
de la province, le comté de Bourassa. Peut-être pourriez-vous le
mettre sur votre trajet, à l'avenir pour le visiter.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faut traverser le bois dans les deux
sens.
M. VEILLEUX: M. Charbonneau, vous mentionnez qu'à
l'intérieur des limites de Montréal vous excuserez mon
retard, peut-être en avez-vous parlé avant que j'arrive
vous-même, les Tours d'Observation Maisonneuve Enrg., avez un circuit
touristique et que la CTCUM a un ou des circuits touristiques. Est-ce qu'il y
aurait d'autres organismes à l'intérieur de Montréal qui
auraient de tels circuits touristiques?
M. CHARBONNEAU: Vous voulez parler des autres entreprises de
"sight-seeing"? Oui, il y a les deux autres partenaires qui se sont joints
à moi pour la présentation du mémoire; il y a le
Metropolitan Sight-Seeing Tour, Madame Hétu; le Motel
Belvédère Inc; le Motel Lucerne; le Métropolitain
Provincial; Murray Hill. Il y a différentes entreprises.
M. VEILLEUX: Vous êtes plusieurs organismes à
caractère privé, autres que la CTCUM, qui font des circuits
touristiques?
M. CHARBONNEAU: Oui.
M. VEILLEUX: Est-ce que les autres organismes privés font les
mêmes tours, les mêmes circuits?
M. CHARBONNEAU: Ce sont sensiblement les mêmes circuits.
M. VEILLEUX: Est-ce que le prix est concurrentiel ou identique?
M. CHARBONNEAU: Le prix est concurrentiel. Franchement, les seuls qui
coupent les prix, c'est la Commission de transport.
M. MARCHAND: Est-ce qu'elle réussit à faire de l'argent
quand même?
M. CHARBONNEAU: Quand il s'agit de faire de l'argent, cela dépend
de quel côté vous passez les dépenses d'amortissement.
M. VEILLEUX: Si tous les organismes privés ont le même
taux, il n'y a plus de concurrence, c'est du monopole.
M. CHARBONNEAU: C'est un oligopole.
M. VEILLEUX: C'est une entente qu'il y a entre les différentes
parties pour monopoliser tel secteur plutôt que tel autre.
M. CHARBONNEAU: Il n'y a pas d'entente précise. J'avais
pensé, cette année, demander à la régie d'augmenter
notre prix de $0.50 mais on s'est aperçu que cette année, aux
Etats-Unis, il y a une récession et on s'est dit: Si on monte le prix
à $0.50, on va peut-être perdre 10 p.c. de notre clientèle.
Au lieu de prendre un tour en autobus, on va peut-être dire: On n'a pas
les moyens. C'est la situation...
M. VEILLEUX: S'il y a cinq ou six organismes privés qui fixent le
même taux, il n'y a plus de concurrence.
M. CHARBONNEAU: Là, vous êtes dans le transport; vous
n'êtes pas dans l'épicerie.
M. VEILLEUX: Je suis d'accord avec vous qu'on ne vend pas du cidre, mais
quand même.
M. CHARBONNEAU: Vous n'avez pas le choix de faire
Montréal-Francfort avec le Pacifique canadien, vous le faites avec Air
Canada.
M. VEILLEUX: Oui, mais des gens qui font les mêmes circuits et qui
s'entendent pour fixer un même taux...
M. BOSSE: Comment se fait-il que la Commission de transport, elle,
puisse effectuer le même tour à $3.50?
M. CHARBONNEAU: Il faut bien qu'elle demande moins, son tour est moins
bon. Elle ne peut pas demander le même prix; enfin, je ne sais pas.
M. BOSSE: C'est votre opinion. Il n'y a personne de la Commission de
transport ici?
M. VEILLEUX: Tout à l'heure, on entendra la commission.
M. MARCHAND: Est-ce que cela veut dire que lorsque de Gaulle est venu on
ne lui aurait pas vu la tête?
M. CHARBONNEAU: Il n'aurait pas vu grand-chose.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je voudrais simplement, étant donné qu'il y a eu
des affirmations concernant la qualité du service de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal, demander à
un représentant de la Commission de transport d'infirmer ou de confirmer
ces dires. Est-ce qu'il y aurait quelqu'un de la
Commission de transport de Montréal qui pourrait
répondre?
UNE VOIX: Tout à l'heure, ils vont se présenter.
M. LEGER: Est-ce qu'ils doivent passer aujourd'hui?
M. LE PRESIDENT: Ils vont passer à leur tour. Nous continuons
avec M. Charbonneau.
M. LEGER: Un instant, M. le Président. M. LE PRESIDENT: Son tour
s'en vient.
M. LEGER: Je voudrais vous demander quelque chose. Voulez-vous dire
aujourd'hui ou demain?
M. LE PRESIDENT: Aujourd'hui. Ils seront appelés incessamment.
Ils ont été suffisamment attaqués aujourd'hui; ils auront
l'occasion de se défendre.
M. LEGER: Parfait, merci.
M. LE PRESIDENT: Il n'y a pas d'autres questions? On vous remercie
beaucoup M. Charbonneau.
M. BOSSE: Je voudrais simplement faire remarquer, M. le
Président, que sa critique est quand même conforme à celle
du Comité des propriétaires des autobus scolaires des
régions de Montréal, Hull et Québec en ce qui a trait
à l'autorité des commissions de transport de communautés
urbaines.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Charbonneau, pour vos remarques et vos
suggestions. La Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, Me Gaétan Raymond.
Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal
M. RAYMOND: M. le Président, M. le ministre, les
députés, j'ai déjà eu l'occasion d'intervenir lors
d'auditions antérieures. Ce matin, il y a eu des interventions
concernant la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal relativement au transport d'écoliers. Il y en a eu cet
après-midi concernant les excursions touristiques. Je crois comprendre
que d'autres orateurs doivent venir faire valoir leur point de vue concernant
soit des voyages à charte-partie, soit le transport d'écoliers,
soit les visites touristiques.
Je me demande s'il ne serait pas plus opportun que je garde mon
intervention pour une réfutation globale des points de vue qu'on aura
fait valoir devant cette assemblée. A l'heure actuelle, si je
réponds uniquement à l'intervention de M. Charbonneau et à
celle de
M. Perreault, ce matin, j'aurai peut-être à revenir
ultérieurement si l'on tient compte des interventions, par exemple, de
Murray Hill qui, je crois, a un point de vue à faire valoir concernant
les visites touristiques. Ce sont les représentations que j'avais
à vous faire, pour le moment. Il y a une question de moments
psychologiques où intervenir.
UNE VOIX: C'est effrayant!
M. VEILLEUX: M. le Président, je ne sais pas s'il faut prendre
une commission parlementaire comme un endroit où l'on doit
répondre aux autres qui viennent avant ou après. Je crois que le
but de la présente commission est qu'un organisme, comme la Commission
de transport de la Communauté urbaine de Montréal,
présente tout simplement son mémoire en regard du projet de loi
no 23.
M. LE PRESIDENT: Je crois, Me Raymond, qu'il serait très
opportun, à ce moment-ci, que vous fassiez valoir votre point de vue. Je
présume que ce seront sensiblement les mêmes arguments qui seront
avancés par ceux qui pourront venir par la suite, sur les mêmes
sujets. A ce moment-là, on aura eu le point de vue de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal.
M. RAYMOND: M. le Président, je voudrais vous signaler qu'en ce
qui concerne la dernière intervention il n'y avait rien, dans le bill
23, concernant les visites ou les excursions touristiques. Je ne pouvais pas,
dans mes interventions antérieures, prendre l'initiative de parler des
visites touristiques, alors qu'il n'en était pas question dans le bill
que vous étudiez.
C'est une question nouvelle qui est apportée par un intervenant
et, si Murray Hill doit intervenir après, comme je le crois, sur la
question des visites touristiques, je ne peux d'avance prendre la
responsabilité de tenter de réfuter l'intervention de Murray Hill
sans savoir exactement ce que Murray Hill va dire.
Alors, si vous me permettez deux interventions, une pour réfuter
celle de M. Charbonneau et une autre pour réfuter celle de Murray Hill,
je n'y ai pas d'objection. Mais je pense qu'à ce moment-là, l'on
doublera le temps de mon intervention. C'est pourquoi je suggérais en
toute logique que je puisse répondre, puisqu'on m'a invité
à répondre, globalement à toutes les interventions de
même nature.
M. LE PRESIDENT: M. Raymond, on fait des reproches à la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal,
alors est-ce que ces reproches sont fondés ou est-ce qu'ils ne le sont
pas?
M. RAYMOND: Non.
M. LE PRESIDENT: Il y a eu, ce matin, une association, le Comité
de propriétaires des autobus scolaires de la région de
Montréal, Hull
et Québec qui a adressé des reproches à la
Commission de transport. Il y a eu M. Charbon- neau aussi qui a adressé
des reproches à la Commission de transport. C'est quelque chose qui est
relié au bill 23 puisque cela leur prend un permis de la Régie
des transports actuelle qui deviendra l'éventuelle Commission des
transports.
M. RAYMOND: M. le Président, je ne dis pas que cela ne touche pas
au bill 23. C'est manifeste, cela touche au bill 23. Si vous
préférez que j'intervienne immédiatement, je vais
intervenir immédiatement.
M. LE PRESIDENT: Vous avez été convoqué, alors on
vous donne la chance d'intervenir immédiatement.
M. LEGER: M. le Président, tantôt, je vous avais
demandé la possibilité de demander aux représentants de la
Commission de transport de répondre. Maintenant, vous m'avez dit: Il
viendra à son tour. Vous savez d'une façon directe...
DES VOIX: C'est son tour.
M. LEGER: Alors, c'est normal qu'il vienne à son tour.
Maintenant, est-ce que si, par la suite, d'autres organismes qui ont des
objections à présenter contre la Commission de transport,
à ce moment-là, vous ne répondrez pas qu'il a passé
son tour? Est-ce que vous allez permettre à la Commission de transport
de revenir?
M. LE PRESIDENT: Qu'elle nous dise ce qu'elle peut offrir.
M. LEGER: M. le Président, je vous pose une question
précise. Est-ce que vous permettrez, à ce moment-là, qu'on
pose des questions à la Commission de transport de Montréal pour
réfuter les arguments qu'un autre organisme peut présenter?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne peux pas permettre qu'on fasse revenir
continuellement la Commission de transport, parce qu'à ce
moment-là il faudrait permettre aux autres associations aussi qui ont
adressé des reproches à la Commission de transport et dont, je
présume, le représentant, s'il veut les réfuter, de
revenir et de faire valoir d'autres points à nouveau.
M. LEGER: M. le Président, je trouve que vous placez très
mal la Commission de transport de Montréal en étant un organisme
contre lequel plusieurs organismes privés ont des objections et vous la
placez en plein milieu des intervenants. Je pense que c'est la placer d'une
façon très discriminatoire. Je ne vois pas pourquoi vous
empêcheriez la Commission de transport, organisme public, de donner une
réponse aux attaques qu'il peut y avoir par la suite.
M. VEILLEUX: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous me permettez.
Je crois que, pour suivre l'ordre normal des témoignages devant cette
commission, les organismes sont appelés les uns après les autres.
Lorsqu'un organisme se prépare à venir témoigner devant
une commission parlementaire à propos d'un projet de loi, comme celui
qui nous occupe, on imagine que cet organisme s'est préparé et
qu'il a déjà eu vent des objections qui lui ont été
faites, ou qui sont faites de l'extérieur, contre lui. Par
conséquent, si je prends le mémoire que nous avons, qui
émane de la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, j'y vois les noms d'une dizaine d'avocats. Me Raymond est
avocat. Il est devant nous. Il est habitué de plaider avec beaucoup
d'éloquence. Nous l'avons entendu assez souvent. J'imagine qu'il a
déjà prévu toutes ces objections et que ce serait
embrouiller les questions que de faire de cette commission un tribunal. La
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal a
l'occasion de faire valoir son point de vue et en discutant, en faisant ses
observations, elle peut réfuter certaines objections qui ont
été faites, clarifier certaines situations, rétablir les
faits, faire des mises au point, comme n'importe quel organisme qui aurait pu
être mis en cause à l'occasion d'un témoignage d'un autre
intervenant.
Je demande donc, M. le Président, que nous entendions Me Raymond
immédiatement.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais quand même vous
faire remarquer que, si, au cours des prochaines journées où
cette commission parlementaire va siéger, je vois qu'il y a des
questions ou des remarques ou des affirmations faites par d'autres organismes
qui resteraient sans réponse, je ferai valoir mon privilège de
député de cette commission parlementaire pour demander à
la Commission de transport de Montréal de venir réfuter ou
répondre à ces questions qui n'auraient pas été
suffisamment éclaircies.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: On décidera ça dans le temps comme dans
le temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... cette demande du député de
Lafontaine n'a absolument rien d'inédit puisqu'il est coutume aux
commissions parlementaires de procéder ainsi. Si vraiment il arrive que
l'on ait besoin d'entendre à nouveau un organisme qui s'est
présenté devant nous, on le reconvoque puis instanter on lui
demande de nous donner son avis.
Alors, je suggérerais qu'on entende Me Raymond.
M. RAYMOND: Je remercie M. Tremblay.
M. TREMBLAY (Bourassa): Me Raymond, je ne veux pas que vous vous sentiez
lésé dans vos droits. M. Raymond est venu ici pour le tourisme,
on n'en a pas parlé, pour les tours touristiques. Je crois que vous
êtes renseigné et que vous pouvez nous dire ce que votre
commission de transport peut offrir à la population. Alors, nous sommes
ici pour vous entendre. Ce n'est pas un tribunal, nous sommes ici pour savoir
ce que vous pouvez offrir. Dans le passé, vous n'avez pas donné
le service et eux, ils l'ont donné. On veut vous entendre afin que vous
nous disiez ce que vous pouvez offrir; ce n'est pas de répondre à
l'un et à l'autre. Après on étudiera ça pour voir
ce qu'on peut en tirer.
M. RAYMOND: Je vous remercie, M. le ministre, de votre intervention de
même que le député de Chicoutimi pour la sienne,
étant donné que je sens maintenant que mes droits futurs seront
sauvegardés s'il y a des interventions concernant la Commission de
transport de Montréal et que j'aie des points de vue nouveaux à
vous faire valoir. Je suis prêt à répondre
immédiatement aux interventions qui ont eu lieu cet après-midi et
ce matin.
Pour commencer par la plus fraîche en date, celle de M.
Charbonneau, je voudrais tout d'abord verser un pleur sympathique sur un
plaidoyer très touchant, mais je le trouve, pour ma part,
extrêmement tendancieux et je voudrais faire valoir mes mises au
point.
En ce qui concerne la Commission de transport, son droit aux visites
touristiques n'est pas né avec le bill 75 qui est entré en
vigueur le 1er janvier 1970. Dans ce domaine de la charte-partie, la Commission
de transport de Montréal exerçait ses activités depuis une
quinzaine d'années et, dans le domaine des visites touristiques, elle
exerçait ses activités depuis 1966.
Alors quand dans le bill 75, au sous-paragraphe 2 de l'article 313, on
lui a reconnu le droit de visites touristiques, on ne lui a accordé rien
de neuf, rien de nouveau. Quand M. Charbonneau vient dire qu'il est sous
l'empire de permis temporaires depuis trois ans, je vous ferai remarquer que la
loi concernant la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal n'est en vigueur que depuis le 1er janvier 1970, ce qui fait
une année et demie. Cela veut dire qu'avant l'entrée en vigueur
de cette loi déjà le transporteur concerné agissait en
vertu de permis temporaires qui lui avaient été octroyés
par la Régie des transports.
Lorsqu'en janvier 1970 et ultérieurement devant la régie
il y eut des interventions de la part de l'intervenant de tout à l'heure
ainsi que de la Commission de transport de Montréal, nous avons fait
valoir uniquement les prescriptions qui étaient stipulées dans la
Loi de la Communauté urbaine de Montréal au chapitre concernant
la Commission de transport.
A l'article 287, il était dit, par exemple, que nous ne pouvions
procéder à aucune expropriation avant le 1er septembre 1970;
c'était une stipulation du législateur. Notre intervention en
janvier 1970, lorsque les Tours d'Observation Maisonneuve se sont
présentés avec leur requête pour obtenir un permis
permanent alors qu'auparavant ils n'avaient qu'un permis temporaire, ce fut
pour faire observer à la Régie des transports que nous
étions liés par l'article 287 de la loi et que, dans les
circonstances, nous n'avions pas d'objection au renouvellement du permis
temporaire des Tours d'Observation Maisonneuve afin de sauvegarder les droits
éventuels de la Commission de transport et qu'on ne donne pas de droits
acquis aux Tours d'Observation Maisonneuve dans l'intervalle.
Ces observations ont été agréées par la
Régie des transports et M. Charbonneau a vu ses permis temporaires
renouvelés de nouveau sur une base temporaire. Lorsque,
ultérieurement, à l'automne 1970, il est revenu devant la
Régie des transports pour demander encore le renouvellement de ses
permis, mais cette fois sur une base permanente, nous avons fait valoir de
nouveau devant la Régie des transports les observations suivantes:
Tout d'abord, la Loi concernant la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal n'était entrée en
vigueur que quelques mois auparavant. Il y avait une prise de conscience
à faire à la Commission de transport de Montréal
concernant les nouvelles obligations que la loi lui imposait. La Commission de
transport avait alors créé un comité d'étude
spécial sur la question des voyages à charte-partie. Nous avons
donc fait valoir en toute justice auprès des membres de la Régie
des transports que ce comité était à l'étude et que
nous attendions son rapport incessamment. Dans les circonstances et sur la foi
de nos observations la Régie des transports a renouvelé le permis
sur une base temporaire.
Il est bien certain que ce n'est pas l'intention de la Commission de
transport de Montréal de revenir indéfiniment avec des
observations à l'effet que le permis temporaire doit toujours être
renouvelé sur une base temporaire. Je crois que les deux étapes
très logiques traversées par la Commission de transport de
Montréal s'imposaient et qu'il est à peu près moralement
certain que, si M. Charbonneau renouvelle sa demande devant la Régie des
transports et que le comité d'étude de la Commission de transport
de Montréal arrive avec une réponse qui ne satisfait pas la
régie, les membres de la régie sont assez intelligents pour faire
valoir les droits de M. Charbonneau et le lui accorder. Il n'a subi aucun
préjudice. Contrairement à ce qu'il a affirmé, je soumets
qu'il n'a subi aucun préjudice puisque auparavant, avant le 1er janvier
1970, depuis 18 mois, il n'avait que des permis temporaires. Il a eu des permis
temporaires pour une période, je dirais, temporaire qui achève,
qui finit au point de vue pratique. De ce côté je pense que c'est
un plaidoyer inutilement touchant et qui ne justifiera pas les membres de cette
commission d'intervenir sur le paragraphe 2 de l'article 313 de la Loi de la
Commission de transport de Montréal.
Quand on parle de visites touristiques, je pourrais vous signaler, par
exemple, que le "char doré" de la Commission de transport fait des
visites touristiques depuis 1908. Ce n'est absolument rien de neuf.
On a suggéré que la Commission de transport étant
une entreprise de transport en commun publique, elle n'aurait rien à
faire dans le domaine des visites touristiques. Je me demande comment l'on peut
décemment soumettre qu'un organisme de transport public n'aurait rien
à faire dans le domaine des visites touristiques. On a parlé des
droits acquis. Si on parle des droits acquis, on pourrait remonter
jusqu'à 1908. Si nous avons eu des activités touristiques un peu
plus accrues depuis 1966, c'est à la demande des autorités
municipales elles-mêmes.
On a parlé du tarif, des prix coupés. Je pense que les
prix coupés restent absolument justifiés puisque tout à
l'heure l'orateur a pris la peine de souligner que l'excursion touristique de
la Commission de transport de Montréal durait moins longtemps que la
sienne ou que celle de ses concurrents. Alors en quoi y a-t-il quelque chose
d'anormal à ce que le prix pour un voyage plus court soit meilleur
marché que pour un autre voyage plus long?
En ce qui concerne la politique des visites touristiques, nous aurons
incessamment un rapport soit favorable, soit défavorable de la part du
comité d'étude et la Commission de transport de Montréal
prendra ses responsabilités à ce moment. Ce n'est pas l'intention
de la Commission de transport d'empêcher les visites touristiques pour
répondre aux besoins de la population locale ou touristique simplement
en faisant valoir un droit théorique ou académique. Les droits
qu'elle a, elle s'en prévaudra, et si elle ne peut pas s'en
prévaloir, ce sera la Régie des transports qui les appliquera au
bénéfice des autres transporteurs.
Je crois que la période transitoire que nous avons
traversée depuis janvier 1970 était absolument essentielle et
qu'à l'automne de cette année nous serons en état de
prendre nos responsabilités dans un sens ou dans l'autre. Je ne vois pas
en quoi on a pu faire valoir tout à l'heure des interventions si
dramatiques à l'encontre des activités de la Commission de
transport de Montréal. On dit que ce n'est pas du transport en commun.
Je le regrette, mais dans la loi même de la Commission de transport de
Montréal, à l'article 269, on dit que les objets de la
commission, c'est de faire du transport en commun et, dans le chapitre
où commence l'article 313, on parle de services spéciaux et de
services réguliers.
Dans le transport en commun, il y a des services spéciaux et des
services réguliers. Tout le monde connaît ce que sont les services
réguliers. La loi définit ce qu'étaient les services
spéciaux, à savoir, d'une part, les voyages à
charte-partie, d'autre part, les voyages pour visites touristiques et,
troisièmement, le transport d'écoliers. Sur cette question qui
fait suite à l'intervention de M. Charbonneau, je crois avoir
terminé mon plaidoyer sous réserve, après vos questions,
si vous en avez, de répondre au plaidoyer fait ce matin par M. Perreault
concernant le transport d'écoliers.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des questions?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirais
poser une question à Me Raymond. Vous nous avez dit, tout à
l'heure, que ce n'est pas la loi 75 qui vous a donné certains droits que
vous avez actuellement et que vous exercez. Pour la question des voyages
à charte-partie, il y a un article que vous utilisez depuis quinze ans
et vous vous êtes lancés dans l'entreprise touristique depuis
1966. Vous dites qu'il n'y a rien de nouveau, mais est-ce que je vous
pose la question bien naïvement ; vous êtes l'avocat et vous
connaissez très bien les lois qui régissent l'organisme que vous
représentez en vertu de la loi 75, vous n'avez pas des pouvoirs
accrus et une sorte de droit de veto en ce qui concerne, par exemple, le cas
qui nous a été soumis par M. Charbonneau?
M. RAYMOND: M. le député, je dois évidemment vous
dire que le bill 75 a confirmé les droits que nous exercions
antérieurement et que, dans un certain sens, il faut reconnaître
que nous avons un certain droit de veto, mais un veto conditionnel. Dans
l'exercice de ce veto, c'est la Régie des transports qui est juge; c'est
la Régie des transports qui doit décider si c'est vrai que la
Commission de transport de Montréal donne le service ou est capable de
le donner ou est sur le point de le donner. Quand on dit sur le point de le
donner, cela ne veut pas dire si on est capable de le donner dans cinq ans. Je
pense que les membres de la Régie des transports sont des gens assez
raisonnables. Quand on dit sur le point, ceci veut dire dans un état
prochain, relativement assez prochain. Ce droit de veto n'est pas absolu, mais
nous devons l'exercer à certaines conditions.
Si nous faisons du transport touristique, à un moment
donné, et que la régie est d'avis que ce service touristique
répond adéquatement aux besoins du public ou du tourisme, je ne
vois pas pourquoi on devrait l'enlever à la Commission de transport pour
le donner à une entreprise privée qui peut-être ne l'a pas,
parce qu'on ne peut pas prétendre que le champ des visites touristiques
est entièrement couvert dans la ville de Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Raymond, en ce qui concerne
l'équipement, enfin les voitures qui servent à des visites
touristiques à Montréal via la Commission de transport de la
communauté urbaine, quelle est exactement la situation? Combien de
véhicules avez-vous qui seraient affectés à ce travail et
quelle peut être l'immobilisation?
M. RAYMOND: M. le député, il faut tenu-compte de la
situation actuelle et de la situation qui peut survenir. Si ce domaine doit
être un champ soumis à une concurrence effrénée,
à ce moment-là, il devient très aléatoire pour une
entreprise publique comme la Commission de transport de Montréal de
faire des investissements que l'entreprise privée peut se permettre. Il
est exact que ce sont des véhicules de transport en commun que nous
transformons momentanément pour la saison touristique, mais je ne crois
pas que ce soient des véhicules qui sont rangés au garage pour
les neuf autres mois.
Avec votre permission, je vais consulter mon conseiller.
On me dit que ces véhicules qui sont spécialement
aménagés pour la saison d'été sont employés
durant l'hiver pour des visites touristiques à charte-partie. Donc, ce
n'est pas de l'immobilisation perdue. Je pense que les administrateurs de la
Commission de transport sont des hommes suffisamment avertis qui ont
déjà fait leurs preuves. Ce n'est pas leur habitude de faire des
investissements où ils opèrent à perte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Raymond, est-il exact qu'on aurait
laissé entendre, que quelqu'un de l'organisme que vous
représentez aurait laissé entendre que les tours touristiques,
les Tours d'observation Maisonneuve, ou d'autres entreprises semblables,
devaient se préparer à disparaître ou enfin...
M. RAYMOND : Ecoutez, à ce moment-là, on
réfère à l'intervention qui n'était pas la mienne.
Je n'étais pas présent lors de cette intervention. Je
présume qu'il se peut qu'en analysant l'article tel qu'il est
rédigé, on ait pu conclure en théorie que ça
pourrait aller jusque-là. Mais nous sommes en dehors de la
théorie, nous sommes dans un domaine pratique. Je parle au nom de la
Commission de transport de Montréal et je vous dis, aujourd'hui,
messieurs, devant vous, et vous pouvez prendre le texte et l'analyser, que ce
n'est pas l'intention de la Commission de transport de Montréal de se
retrancher derrière une autorisation que la loi lui donnerait sans
l'exercer en pratique, parce qu'à ce moment-là, la régie
va intervenir et elle a le droit de dire à la Commission de transport:
Si vous n'exercez pas votre droit, je le donne à un autre.
Ce n'est pas le veto de la Commission de transport à ce
moment-là qui va faire loi, c'est la décision de la
régie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais quant aux circuits, aux
itinéraires touristiques, est-ce que vous pourriez nous donner des
détails en ce qui concerne la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal?
M. RAYMOND: Dois-je comprendre votre question dans le sens que vous
voulez que je précise quel est le circuit actuel du tour?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Actuel, oui.
M. RAYMOND : A ce moment-là, je serai obligé de passer la
parole à un des membres de la délégation qui m'accompagne
parce que je ne serai pas en état de vous répondre
personnellement. Avec votre permission, je vais consulter pour savoir s'il y a
quelqu'un qui peut répondre exactement à votre question.
Voici, on me dit qu'il serait très difficile de vous dire
à l'heure actuelle, d'après les membres qui sont ici, quel est le
parcours actuel, parce qu'il s'agit d'un parcours qui est modifié chaque
année, tenant compte de différents facteurs touristiques ou de
facteurs locaux. Ceux qui sont ici ne seraient pas en état de vous
décrire le parcours exact de la visite touristique organisée par
la Commission de transport.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Raymond, il n'a jamais été
exprimé de façon publique et très claire que vous auriez
l'intention en utilisant certains droits que vous accorde la loi, de
créer votre organisme, de faire disparaître les entreprises
privées de visites touristiques.
M. RAYMOND: Il n'a jamais été dans les intentions
même spéculatives de la Commission de transport de faire
disparaître des entreprises de visites touristiques parce que si tel
était le cas, personnellement, pour autant qu'on me consulterait, je
donnerais l'avis qu'on doit procéder à l'expropriation, ça
va de soi, quand on occupe le territoire d'un autre, on devrait procéder
à l'expropriation. Je ne vois pas pourquoi tantôt on a
poussé les hauts cris en prétendant qu'on serait exproprié
sans indemnité.
M. BLANK: Parce que la loi parle seulement de l'expropriation de trois
compagnies. Elle ne parle pas de...
M. RAYMOND: Je regrette, la loi ne parle pas uniquement de quelques
compagnies, la loi parle d'expropriation sur un plan général,
sauf qu'elle a précisé que, dans le cas de quatre compagnies
déterminées, cette expropriation- là ne pourrait pas
survenir avant le 1er septembre 1970. Ce qui voulait dire, quand on analyse
bien l'article, que pour les autres compagnies, pn pouvait exproprier avant le
1er septembre 1970. De toute façon, l'échéance du 1er
septembre 1970 étant passée, ceci veut dire, si on applique
l'article 287, que nous pouvons exproprier non seulement les compagnies qui
sont énumérées dans un paragraphe de l'article mais que
nous pouvons exproprier toute entreprise de transport en commun.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Me Ray-
mond, une dernière question là-dessus. Vous acceptez,
j'imagine, le principe et la réalité de la concurrence en ce
domaine des visites touristiques et vous assurez qu'il n'est pas dans
l'intention de votre organisme de se prévaloir d'une disposition de la
loi qui ferait disparaître les organismes déjà existants et
qui ont plaidé devant nous tout à l'heure.
M. RAYMOND: Pour vous donner une réponse que j'espère
suffisamment adéquate, M. le député, prenons l'exemple
où il y a des départs pour visites touristiques de certains
motels et qu'il y a peut-être huit ou dix personnes.
Pensez-vous que ce sera rentable pour la Commission de transport d'y
aller avec un autobus de la dimension de ceux qu'elle emploie? Il est
manifeste, à ce moment-là, qu'il s'agira d'une route qui ne
pourra pas intéresser la Commission de transport parce qu'elle ne fera
pas ses frais
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que ça veut dire que la
Commission de transport a l'intention d'aménager ses services, de leur
donner une expansion qui lui permette d'occuper le champ qui soit le plus
rentable, laissant à l'entreprise privée ce qui le serait
moins?
M. RAYMOND: Ceci, à ce moment-là, M. le
député, suggère des intentions calculées, avec une
étude méthodique, de prendre uniquement les routes rentables et
de laisser les autres qui ne sont pas rentables. Or, quand on parle de routes
non rentables, nous faisons allusion à quelque chose qui ne peut pas
exister, du point de vue de la Régie des transports, parce que la
Régie des transports n'accorde des autorisations que lorsqu'on lui fait
la démonstration que le circuit où l'on veut exercer est rentable
en lui-même.
Alors, lorsqu'on vient dire qu'il y a des routes non rentables, je dis:
Comment peut-on réconcilier cela avec des témoignages qui ont
été donnés sous serment devant la Régie des
transports à l'effet que les routes que l'on veut avoir sont rentables?
Autrement, si elles ne sont pas rentables, la Régie des transports
n'accordera pas l'autorisation. Ce n'est pas dans l'intérêt public
d'accorder des routes qui ne sont pas rentables.
Alors, quand on parle de routes non rentables, personnellement je me
refuse à croire qu'il y ait des routes non rentables, à moins
qu'on n'ait pas dit la vérité devant la Régie des
transports.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, Me Raymond.
M. TREMBLAY (Bourassa): Me Raymond, vous dites que les routes sont
toutes rentables; dans votre pensée et le projet de loi 75, si la
Commission de transport de Montréal décide de s'emparer de tous
les coins que vous dites rentables, qu'il n'y a pas de routes non rentables,
cela veut dire que vous pouvez prendre tout le champ d'action.
M. RAYMOND: M. le ministre, je voudrais vous interpréter le
paragraphe 2 de l'article 313 tel que je le comprends. Quand on dit qu'aucun
permis ne peut être accordé, je pense que ça présume
que, s'il y a des permis qui ont déjà été
accordés et qu'il s'agit de renouvellement annuel, ces permis ne sont
pas périmés automatiquement, et que nous serions obligés
de respecter les permis déjà en existence. L'article
suivant l'interprétation que je lui donne ne concerne que les
demandes qui sont faites depuis l'introduction de la loi, pour de nouvelles
routes.
A ce moment-là, il s'agirait d'un territoire non occupé
par l'entreprise privée, et avant que l'entreprise privée puisse
en avoir le privilège, la Commission de transport est appelée,
devant la régie, à faire valoir ses représentations
à savoir si elle est prête à occuper ce territoire, oui ou
non. Si elle n'est pas prête, la régie le donnera au transporteur
qui en fera la demande. Je ne pense pas qu'on puisse interpréter
l'article de façon à lui faire dire qu'on aurait annulé
définitivement tous les permis déjà existants.
M. TREMBLAY (Bourassa): Vous ne croyez pas qu'il y a un certain danger
que vous preniez ce qui est rentable, et que, où ce n'est pas rentable
prenez l'est de Montréal, s'il y a des motels au bout de la rue
Sherbrooke, sur la "Broadway", où il y a seulement dix personnes ou
quinze personnes, ce n'est pas rentable vous ne vous y rendrez pas.
L'entreprise privée sera obligée de le faire.
M. RAYMOND: Pour répondre à votre question, M. le
Ministre, je veux être certain que je vous ai bien compris. D'abord, je
voudrais qu'il soit bien clair qu'en ce qui concerne le passé, nous
avons réglé nos problèmes. En ce qui concerne le futur,
lorsqu'un requérant s'adresse à la Régie des transports
pour avoir une autorisation, il doit faire la preuve que la route qu'il demande
ou le service qu'il demande à exercer, est rentable. S'il n'est pas
rentable, la régie ne le lui accordera pas. S'il fait la preuve qu'il
est rentable, je ne vois pas pourquoi on accepterait ici la preuve qu'il n'est
pas rentable alors que, devant la régie, on aurait fait la preuve qu'il
est rentable.
Si l'exploitation n'est pas rentable, le requérant n'obtiendra
pas son permis. Cela ne veut pas dire, à ce moment-là, que la
Commission de transport va prendre uniquement les routes rentables et va
négliger les autres.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorion.
M. BOSSE: Sur la question de la rentabilité et sur la question de
la concurrence loyale ou égale, par exemple, est-ce que la Commission
de
transport peut concurrencer également l'entreprise privée?
J'indique ici des éléments, peut-être, qui font que la
Commission de transport peut exploiter un service à un coût plus
élevé. Je pense à la main-d'oeuvre syndiquée, je
pense à ce facteur en particulier.
M. RAYMOND: On a donné l'exemple tantôt d'un voyage fait
par la Commission de transport de Montréal qui dure, j'ai cru
comprendre, deux heures et demie et pour lequel on demande $3.50, et le voyage
exécuté par les autres entreprises, qui est de nature
différente.
On vous a représenté que leur voyage était plus
étendu que le nôtre. C'est déjà une manifestation de
concurrence. Automatiquement, du fait qu'ils couvrent une route plus
étendue, leurs frais sont accrus et il est normal qu'ils demandent
à ce moment-là $4.00 plutôt que $3.50. Je ne vois pas en
quoi il y a concurrence déloyale à charger $3.50 pour une route
qui est plus courte qu'une autre.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je pense qu'il y a quand même
une différence à noter entre une route rentable et une route qui
intéresse la Commission de transport de Montréal. Il se peut
qu'il y ait des routes rentables que la Commission de transport de
Montréal n'ait pas l'intention d'utiliser.
M. RAYMOND: Cela demeure dans le domaine du possible. Je vous ai dit
tantôt que nous attendions le rapport d'un comité d'étude.
Il est impossible, aux membres de la Commission de transport qui sont ici, de
se prononcer cet après-midi, nous n'avons pas encore reçu ce
rapport. Je pense que, pour un organisme public, il était prudent de
faire comme les députés le font, de demander un rapport à
un comité d'étude.
M. LEGER: M. le Président, on affirmait tantôt que la
Commission de transport de Montréal n'avait qu'un seul tour de ville
à offrir; est-ce le cas?
M. RAYMOND: A l'heure actuelle, il est exact que nous n'avons qu'un seul
tour touristique à offrir au public.
M. LEGER: Est-ce que vous avez des chiffres pour déterminer la
proportion du commerce du transport à charte-partie que la Commission de
transport de Montréal prend?
M. RAYMOND: Ma réponse est négative et je vais vous
expliquer pourquoi. Comme dans le bill 23 il n'était pas question de
visite touristique, évidemment, nous ne nous sommes pas
préparés à répondre à un sujet qui
n'était pas traité dans la loi. Nous nous sommes
préparés à répondre aux sujets qui sont
traités dans la loi. Tout à l'heure, je pourrai répondre,
par exemple, à l'intervention de ce matin.
Cet après-midi, si j'avais su que la question serait
discutée, j'aurais pu me munir de statistiques ou amener avec moi
l'expert dans le domaine des visites touristiques à la Commission de
transport.
M. BLANK: M. Raymond, au sujet de votre interprétation de
l'article 313, vous parlez de nouveaux permis. Vous donnez une
définition d'un nouveau permis mais la présente loi ne parle par
de nouveaux permis. Elle dit qu'aucun permis ne peut être accordé.
C'est-à-dire que, quand M. Charbonneau vient pour renouveler, cela tombe
dans l'article 313, section Il.
M. RAYMOND: A ce moment-là, je vous signalerai qu'au sens de la
Loi de la Régie des transports M. Charbonneau n'avait pas encore de
permis permanent.
M. BLANK: C'est complètement différent de ce que vous avez
dit auparavant.
M. RAYMOND: Il n'avait qu'un permis temporaire. Cela veut dire...
M. BLANK: Maintenant, vous pouvez l'empêcher d'avoir un permis, un
renouvellement.
M. RAYMOND: Pour autant que M. Charbonneau est concerné, si nous
étions intéressés aux routes qu'ils exploitent, ceci reste
à vérifier, il n'est pas dit que nous sommes
intéressés à ces routes. Notre intervention auprès
de la régie a été une intervention de principe. Nous
n'avons pas discuté, avec la régie, le trajet de ces routes ou si
nous étions pour le faire.
Nous avons dit: Ecoutez, il s'agit d'une nouvelle loi, donnez-nous
l'occasion d'étudier la question du transport des visites touristiques;
nous arriverons avec une politique globale et nous serons en état,
à ce moment-là, de faire valoir nos représentations. Nous
avons ajouté: Dans l'intervalle, nous n'avons pas d'objection que le
permis temporaire soit renouvelé, quitte à ce qu'on fasse valoir
nos représentations une fois que nous aurons eu le rapport de notre
comité d'étude. C'était simplement un ajournement de
l'étude du problème, ce n'était pas une prise de position
définitive.
M. BLANK: Me Raymond, si l'année prochaine vous décidez de
prendre toutes les routes touristiques à Montréal, vous pouvez
empêcher tous ces gens-là d'avoir leur permis, selon l'article
313. Cela, ce serait de l'expropriation sans compensation.
M. RAYMOND: Je regrette, cher confrère, à ce
moment-là de n'être pas d'accord avec vous. Il faut
connaître la façon dont on procède devant la
régie.
M. BLANK: J'ai la loi ici.
M. RAYMOND: Quand un permis est émis, la procédure de
renouvellement, annuellement, n'est pas par une nouvelle requête et une
nouvelle audition. On procède par une tout autre méthode qui se
fait automatiquement. En ce qui concerne quelqu'un qui a un permis temporaire,
je dois vous dire, par exemple, qu'avant que M. Charbonneau obtienne son permis
permanent, si nous voulions, par exemple, exproprier, nous n'aurions pas
à prendre en considération son permis temporaire parce que le
permis temporaire ne lui a donné aucun droit acquis.
Il n'y a que le permis permanent qui pourrait lui donner des droits
acquis. C'était pour prévenir la question de droits acquis, alors
que nous étions à étudier et la loi et la question des
visites touristiques, que nous avons dit à la régie: Suspendez
votre adjudication et, dans l'intervalle, renouvelez le permis temporaire.
M. LEGER: M. le Président, excusez-moi. J'avais la parole, quand
le député de Saint-Louis m'a interrompu. Je vous ai permis une
digression, mais...
M. BLANK: C'est parce que M. Raymond a parlé d'un nouveau permis.
Or, la loi ne parle aucunement des nouveaux permis. Cela veut dire que, si la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal veut
empêcher tous les gens qui ont déjà des permis, d'obtenir
des nouveaux permis, parce qu'ils ont tous des permis temporaires, elle peut le
faire. Cela arrive, au bout, à l'expropriation sans compensation. Cela
veut dire que la Commission de transport a le droit d'empêcher tous les
autres d'avoir des permis, suivant ce que dit l'article.
M. LEGER: Le député de Saint-Louis me permettrait-il ceci?
Je connais l'habileté du député de Saint-Louis à
présider les commissions parlementaires de l'Assemblée nationale.
On en a eu l'expérience. Mais j'avais la parole et vous deviez juste
poser une question. Je m'attendais à une petite question, mais une
dizaine ont suivi. Alors, je n'avais pas terminé mon intervention.
Je voulais simplement poser la question suivante. J'en adresse deux
à Me Raymond. On a affirmé tantôt que, sauf à
Toronto, nulle part dans les grandes capitales le transport public ne se
mêlait de tourisme. Est-ce que vous êtes en mesure de
répondre si c'est exact ou si c'est faux?
M. RAYMOND: Personnellement, je ne suis pas en mesure de répondre
parce que je n'ai pas eu le loisir de visiter d'autres capitales, mais on me
signale qu'à Paris la chose existe, à Québec aussi.
M. LEGER: Maintenant, on vous a aussi dit, tantôt, que les
véhicules qui ne sont pas des autobus...
M. VEILLEUX: Paris, c'est un pays étranger.
M. RAYMOND: Je vous ai dit aussi la ville de Québec.
M. VEILLEUX: Oui, oui. Tout à l'heure, on disait que Toronto
était un pays étranger. On dit que Paris, c'est réellement
un pays étranger. Et le Québec?
M. RAYMOND : J'espère que Québec n'est pas une ville
étrangère.
M. VEILLEUX: Non, ni Toronto.
M. LEGER: On disait tantôt que les véhicules qui servaient
pour le transport des touristes ne pouvaient plus être utilisés,
après ça, pour le transport en commun. Est-ce exact?
M. RAYMOND: J'ai donné ma réponse tantôt à
l'effet que c'était une affirmation gratuite et dénuée de
tout fondement. J'ai dit ce que l'on faisait avec ces véhicules durant
la saison d'hiver, enfin, après les trois mois intenses
d'été.
M. LEGER: Maintenant, ma dernière question concerne le budget de
la Commission de transport de Montréal. Du fait que vous avez des
autobus et une main-d'oeuvre qui est payée et qui n'aurait pas de
travail à faire parce qu'il n'y aurait pas ce transport à
charte-partie à occuper, est-ce que vous pouvez dire que les revenus
provenant de ce commerce sont très importants dans le budget de la
Commission de transport de Montréal?
M. RAYMOND: Ecoutez, encore tout à l'heure, je vous ai dit qu'il
s'agit d'un domaine qui nous prend totalement par surprise. Il n'y a aucune
référence dans la loi à cette question. Nous sommes venus
préparés sur le texte de loi et non pas sur les interventions qui
excéderaient le texte de loi.
Alors, personnellement, je ne suis pas en état de répondre
à votre question, actuellement quoique je le regrette.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean
M. VEILLEUX: Même si on parle du tourisme, M. le Président,
je considère que cela fait partie du projet de loi 23, parce que c'est
quand même un transport. J'aurais deux questions à poser
relativement à cela. M. Raymond mentionnait, tout à l'heure, que
la Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal
n'avait pas de circuit touristique défini, que
cela pouvait varier d'une année à une autre. M.
Charbonneau mentionnait tout à l'heure que, pour avoir son permis de
circuit touristique, le circuit devait être approuvé, à
moins que je ne fasse erreur, par la ville de Montréal et par la
Régie des transports. Alors, est-ce que pour la CTCUM le circuit
touristique doit être approuvé par la ville de Montréal et
par la Régie des transports, comme on le fait pour un organisme
privé?
M. RAYMOND: Non, monsieur. Il y a un article de la loi qui dit et qui
confirme, d'ailleurs, une situation qui existait depuis 1951 à l'effet
que l'ancienne commission de transport et la nouvelle Commission de transport
de Montréal échappent à la juridiction de la Régie
des transports. Elle n'a donc pas à consulter la Régie des
transports pour déterminer son parcours. Il se peut qu'elle ait à
consulter les autorités municipales pour les questions de convenance au
point de vue de la circulation.
M. VEILLEUX: Personnellement, pour continuer dans la même veine,
je crois que, quand arrive le temps de déterminer les circuits pour le
transport en commun, c'est-à-dire prendre la population de
Montréal même et la transporter d'un endroit à l'autre, je
crois que c'est bon qu'on n'ait pas besoin d'aller devant la Régie des
transports.
Mais, lorsqu'on arrive dans un domaine où on concurrence quand
même l'industrie privée, quelle qu'elle soit, je vois très
mal, sous prétexte que c'est un organisme soit municipal ou
gouvernemental, que cet organisme ait un privilège que l'autre ne peut
pas avoir. Si, selon l'article 130 ou 132, on voulait imposer à la CTCUM
l'obligation d'aller chercher un permis lorsqu'elle excède le transport
en commun, comme n'importe quel autre, là, vous vous opposez. Je crois
qu'il serait bon que, justement, la CTCUM soit dans l'obligation, elle aussi,
d'avoir un permis pour un circuit touristique. Ainsi la Régie des
transports pourrait contrôler le circuit de la même façon
qu'elle contrôle un organisme privé.
M. RAYMOND: Vous avez bien dit que c'est votre opinion. Je ne la partage
pas, mais nous sommes libres tous les deux.
M. BLANK: Je voudrais répondre à une question du
député de Lafontaine. L'année passée, ma femme et
moi avons été très heureux de faire un voyage dans 22 pays
du monde. Il y a seulement dans un endroit où nous avons
été forcés de faire le tour de ville dans les autobus
publics et c'est à Moscou.
M. LEGER: Vous n'aviez pas le choix.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. Raymond, vous disiez tout à l'heure que vous
attendiez un rapport d'un comité d'étude.
M. RAYMOND: Oui, monsieur.
M. AUDET: Advenant que le rapport de ce comité d'étude
décide qu'il vaut mieux ne pas couvrir ce service de tours touristiques,
est-ce que vous seriez prêt à accepter qu'on accorde un permis
permanent à cet organisme?
M. RAYMOND: Lorsqu'une requête viendra devant la Régie des
transports, en toute loyauté intellectuelle, nous dirons à la
régie: Nous avons fait l'étude et nous en sommes venus à
la conclusion que nous n'occuperons pas ce domaine qui nous a été
accordé par la loi. Je pense que nous n'avons pas à aller plus
loin. Tout le domaine des visites touristiques appartiendra, à ce
moment-là, à la Régie des transports, la régie
sachant que la commission a pris la décision de ne pas occuper ce
domaine. Alors, ça ne peut pas être plus clair. La régie
sera libre d'accorder les permis suivant les barèmes qu'elle
établira et selon les requêtes qui lui seront faites.
A ce moment-là, aucun des requérants n'aura d'objection ou
d'obstruction de la part de la Commission de transport puisqu'elle aura pris
position en disant: Je n'occupe pas ce domaine.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans le rapport présenté par
M. Charbonneau, on parle du bill 75 créant la Communauté urbaine
de Montréal et qui permet à sa commission de transport
d'empêcher l'émission de nouveaux permis. Le député
de Saint-Louis dit que, dans la loi, il s'agit d'émission de permis et
non pas de nouveaux permis. Alors, c'est presque une consultation juridique que
je fais; j'espère que je ne recevrai pas de compte d'honoraires. Je vous
demande si au point de vue légal il y a une différence entre
l'émission d'un permis et le renouvellement d'un permis.
M. RAYMOND: M. le député, ce ne sera pas la
première fois que deux avocats ne seront pas d'accord.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, mais comment voulez-vous que je
comprenne, moi?
M. RAYMOND: Sans cela, il n'y aurait jamais de procès. Quand les
avocats plaident contradictoirement, il y a habituellement un troisième
personnage qui est le juge qui décide. Ce qui veut dire que, dans les
circonstances, normalement je pense que c'est un processus très
démocratique ce sera à la Régie des transports, qui
sera remplacée par la nouvelle Commission des transports, de prendre
ses
responsabilités et de déterminer quelle est
l'interprétation que l'on doit donner à l'article.
M. BLANK: Me Raymond, je pense que vraiment vous avez déjà
plaidé et gagné des causes exactement sur ce point-là.
Vous avez plaidé devant la cour Supérieure et la cour d'Appel,
disant que les mots "aucun permis" couvrent tous les permis pas les nouveaux
permis et vous avez gagné vos causes. Ils couvrent le renouvellement
aussi.
M. RAYMOND: M. le député, vous semblez très au
courant de la question de Murray Hill.
M. BLANK: Oui. Je lis chaque mois les rapports judiciaires.
M. RAYMOND: Je dois vous dire qu'il a été établi
lors de l'audition du 30 juin que cette question était sub judice. Alors
le tribunal est saisi de cette question; le tribunal rendra une ordonnance sur
la question de l'interprétation de la loi et, si messieurs les
députés ne sont pas satisfaits de la décision du tribunal,
ils auront le loisir d'amender la loi après. Il me semble que c'est
très décent.
M. BLANK: C'est votre opinion. Aucun permis couvre tous les permis,
même les renouvellements? C'est ce que vous avez plaidé.
M. RAYMOND: En ce qui concerne Murray Hill et non pas en ce qui
concernait la question des visites touristiques.
M. BLANK: Les articles 1 et 2 ne parlent d'aucun permis; c'est
exactement la même chose.
M. RAYMOND: En ce qui concerne Murray Hill, il y a des incidences qui
font que le problème est totalement différent. Je me souviens que
le 30 juin on m'a fait des observations très strictes d'éviter de
pénétrer dans le sub judice. Je pense que j'ai respecté
fidèlement les observations que l'on m'a faites.
M. VEILLEUX: M. le Président, M. Raymond disait tout à
l'heure que c'était mon opinion, que la sienne différait.
J'aimerais quand même formuler ce que je disais tout à l'heure
sous forme de question. Lorsque vous avez un organisme comme la CTCUM, qui n'a
pas à payer des droits de permis pour des circuits touristiques, qui n'a
pas à faire accepter ses circuits, ni par la ville de Montréal,
ni par la Régie des transports, que parallèlement à cela
vous avez des industries privées, quelles qu'elles soient, qui ont
à payer des droits de permis, qui ont à faire accepter par la
ville de Montréal et par la Régie des transports des circuits
touristiques, est-ce que d'après vous, M. Raymond, il s'agit d'une saine
concurrence entre ces deux groupes? Si oui, explicitez; si non, aussi, parce
que, moi, je trouve qu'il manque quelque chose là-dedans.
M. RAYMOND: A ce moment-là, monsieur, vous portez le
débat, non seulement sur la question du domaine des visites
touristiques, mais aussi sur la question du domaine du transport en commun
exercé par une entreprise publique. Il est manifeste qu'à ce
moment-là elle fait concurrence aux entreprises de transport en commun.
C'est le législateur qui a préféré donner le
domaine du transport en commun à l'entreprise publique. C'est la
décision de la Législature. Alors il était normal que,
dans l'exercice du pouvoir qu'on voulait lui voir exercer, on lui donne
certains privilèges. La discrétion qu'elle a, en ce qui concerne
le transport en commun, le législateur la lui a donnée dans le
domaine des voyages à charte-partie et dans le domaine des visites
touristiques. En ce qui concerne le trajet des visites touristiques, vous devez
bien savoir qu'il ne peut pas varier tant que cela. Lorsque nous disons qu'il
est rajusté chaque année, il est certain que l'église
Notre-Dame et la montagne n'ont pas changé de place. Il peut survenir
certaines occasions touristiques en raison du développement de la ville
de Montréal qui peut rendre souhaitable qu'à un moment
donné une route déjà existante soit
légèrement modifiée pour faire un crochet. En substance le
trajet n'est pas modifié puisqu'on a parlé de squelette tout
à l'heure, le squelette de la route reste toujours là.
M. VEILLEUX: Je sais, M. Raymond, que le frère André est
toujours à l'Oratoire Saint-Joseph, mais vous n'avez quand même
pas répondu à ma question. Est-ce que de fait cela peut permettre
une saine concurrence, si d'une part un organisme, quel qu'il soit, a ses
droits et que d'autre part d'autres organismes ne les ont pas? Peu importe
Notre-Dame-des-Victoires et les autres, pour ma part, je veux savoir si, dans
votre esprit, cela peut entraîner ou amener une saine concurrence.
M. RAYMOND: Dans l'esprit du législateur, la Commission de
transport de Montréal était un organisme responsable puisque le
législateur s'est réservé certains droits d'intervention
quant à la personnalité de ses administrateurs. En ce qui regarde
l'entreprise privée, le législateur a prévu des
mécanismes pour surveiller la discrétion de l'entreprise
privée. Je crois que la Commission de transport représente un
organisme suffisamment responsable aux yeux du législateur...
M. VEILLEUX: Cela n'a pas répondu à ma question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense bien,
à moins que d'autres collègues aient d'autres questions à
poser à Me
Raymond sur ce sujet précis du tourisme que nous avons entendu la
contrepartie. Naturellement, lorsque j'ai tout à l'heure porté un
jugement d'appréciation sur le plaidoyer de M. Charbonneau, j'ai bien
précisé que c'était sous toutes réserves d'un
examen ultérieur de la question.
Je reste quand même convaincu qu'il y a là un
problème. Un problème de principe sur la question de la
concurrence entre l'entreprise privée et l'entreprise publique. La
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal
ayant un droit de veto, il est important que le ministère surveille
l'affaire afin que l'on règle le problème à la
satisfaction des gens qui font partie de l'entreprise privée sans pour
autant porter atteinte aux droits et privilèges de la Communauté
urbaine de Montréal et à sa Commission de transport. En ce qui me
concerne, je vous dis, M. le Président, qu'il serait inutile de
poursuivre l'interrogatoire du témoin sur ce sujet précis du
tourisme, étant donné que Me Raymond nous a dit lui-même
qu'il n'avait peut-être pas tous les documents et tous les renseignements
qui lui eussent permis de présenter une défense plus
complète.
M. RAYMOND: J'attends la décision du Président. Si le
débat sur cette question des visites touristiques est terminé,
j'ai, évidemment, à répondre à l'intervention de ce
matin en ce qui concerne les voyages à charte-partie.
M. LE PRESIDENT: Les voyages à charte-partie dans le domaine du
transport écolier?
M. RAYMOND: C'est cela. M. LE PRESIDENT: Précisez.
M. RAYMOND: Tout d'abord, je voudrais signaler que ce matin on a
prétendu en somme que la Commission de transport de Montréal
avait entrepris une persécution systématique des transporteurs
scolaires. Je regrette d'avoir à faire une mise au point publique, mais
je dois dire ceci: Tout d'abord, on vous a représenté qu'il y
avait multiplication des poursuites de la part de la Commission de Transport au
niveau de la Régie des transports, au niveau de la cour des Sessions de
la paix et au niveau de la cour Supérieure.
Je vais répondre immédiatement en ce qui concerne la cour
Supérieure. Je dois vous dire qu'il n'y a eu que trois litiges
très caractérisés je vais vous les spécifier
en cour Supérieure. L'un concerne Murray Hill, laquestion de
Murray Hill, on l'a déjà vidée à l'audition du 30
juin. Les deux autres procès ont été faits contre des
transporteurs qui se disent scolaires, mais qui durant quatre ans et
illégalement ont doublé des services de transport d'adultes. Ils
ont doublé les services de la Commission de transport, en d'autres mots,
ils ont parcouru les mêmes rues que les autobus de la Commission de
transport de Montréal pour transporter des adultes, des ouvriers. Et
là, nous ne sommes plus dans le transport à charte-partie
scolaire, nous sommes littéralement dans du transport en commun
nettement illégal. La cour Supérieure, évidemment, a
adjugé des dommages dans les deux cas parce que ce transporteur, qui a
des permis pour faire du transport scolaire faisait autre chose que du
transport scolaire. Ce sont les seuls trois cas d'intervention au civil. Je
crois que le plaidoyer de ce matin était absolument mal fondé
à ce sujet.
Il reste les interventions de la Commission de transport auprès
de la Régie des transports et auprès de la cour des Sessions de
la paix. Je dois vous dire puisque je m'en suis occupé dès
le début que nous avons procédé avec
précaution. Nous avons commencé dans un cas par des poursuites
auprès de la cour des Sessions de la paix. Le transporteur a
récidivé et nous sommes retournés une deuxième fois
devant la cour des Sessions de la paix. Malgré qu'il ait
été condamné chaque fois à payer des amendes
substantielles, le transporteur a encore récidivé. A ce
moment-là, nous sommes intervenus auprès de la Régie des
transports. La Régie des transports a fait une admonestation publique
à ce transporteur, vu qu'il avait déjà été
condamné à deux reprises antérieures devant la cour des
Sessions de la paix.
Nonobstant cette admonestation publique, le même transporteur a
récidivé. Nous avons, à ce moment-là, fait une
requête devant la Régie des transports en demandant la
révocation pure et simple de tous les permis du transporteur qui,
manifestement, se foutait des tribunaux et se moquait impunément de la
loi, en dépit des amendes et des frais qu'il pouvait être
appelé à payer.
La Régie des transports, à ce moment, a donné une
ultime chance à ce transporteur en révoquant son permis permanent
pour lui en donner un temporaire, lui faisant savoir que c'était la
dernière chance qu'elle lui donnait. Ce transporteur a
récidivé et nous sommes retournés une ultime fois devant
la Régie des transports, et cette fois, elle a révoqué
définitivement le permis du transporteur.
Voici l'un des cas dont on a parlé ce matin, et je vous demande
s'il ne s'agit pas d'un cas où nous avions raison d'intervenir. Dans ce
cas-là, comme dans les autres qui sont passés devant la
Régie des transports et devant la cour des Sessions de la paix et
à ce sujet-là, je le dis à M. le ministre et j'attire son
attention, vu son intervention du 30 juin les poursuites qui ont
été portées devant la Régie des transports et
devant la cour des Sessions de la paix l'ont été, non pas pour
des violations à la Loi de la commission de transports de
Montréal mais pour des violations à la Loi de la Régie des
transports.
Et les condamnations qui ont été portées l'ont
été par ces deux tribunaux parce que les inculpés avaient
violé la Loi de la Régie des
transports. Ce qui veut dire que, comme poursuivant, il aurait pu s'agir
du ministère ou d'une autre personne intéressée qui aurait
pu prendre la place de la Commission de transport pour faire valoir ses
poursuites.
On a mentionné un cas de transporteur scolaire qui faisait du
transport régulier et j'entends par régulier, du domicile
à l'école, selon ce que la loi entend depuis une
année et qui s'est permis de faire du transport scolaire à
charte-partie, ce qui n'est pas du transport régulier. Je dois vous
signaler que, suivant la loi, pour effectuer du transport scolaire
régulier, il faut un contrat de la commission scolaire en vertu d'appels
d'offres.
Et lorsque ces appels d'offres sont faits, ceci n'inclut manifestement
pas les voyages à charte-partie. C'est pourquoi, suivant
l'interprétation de la loi, la Commission de transport en est venue
à la conclusion que les transporteurs scolaires n'avaient le droit, par
leur contrat, que de faire des voyages réguliers et qu'ils n'avaient pas
le droit de faire du transport à charte-partie sans l'autorisation de la
Régie des transports.
C'est aussi l'opinion de la Régie des transports, et quand nous
avons fait valoir nos représentations auprès de la Régie
des transports, les condamnations que nous avons obtenues l'ont
été pour violation de la Loi de la Régie des transports et
non pas parce que la Commission de transport avait un droit
privilégié en vertu de l'article 313 de la loi. Ce n'était
pas là l'assiette du litige.
J'en reviens au cas du transporteur de tout à l'heure qui faisait
du transport à charte-partie illégal. Il a fait une requête
à la Régie des transports et je dois vous signaler à ce
moment que c'est l'unique cas, il n'y a eu aucune autre requête de
transporteur scolaire devant la Régie des transports. Un seul a
tenté de faire valoir ses droits, et sa requête a
été rejetée à cause de l'insuffisance de
preuves.
Je ne vois pas en quoi on peut prétendre maintenant qu'il s'agit
de persécution systématique de la Commission de transport de
Montréal. La commission est consciente qu'elle ne peut pas absorber tout
le transport scolaire, soit régulier, soit à charte-partie
seulement. Elle insiste et je crois que vous avez entériné
mon opinion à ce sujet pour que ceux qui veulent le faire le
fassent légalement, c'est-à-dire en s'adressant à la
Régie des transports, qui est le tribunal qui doit en décider,
afin que, dans chaque cas, si la Commission de transport a des
représentations à faire, elle puisse les faire.
Autrement, ce n'est plus la Régie des transports qui
décide, c'est chaque transporteur qui se fait son propre juge. Alors, il
ne s'agit pas d'un abus de pouvoir, aucunement, de la part de la Commission de
transport.
Elle dit simplement ceci: Un mécanisme est prévu dans la
loi, non seulement pour la protection du public mais aussi pour la protection
de la Commission de transport de Montréal. Alors, adressez-vous aux
mécanismes qui sont prévus et là, publiquement, nous
débat- trons nos droits respectifs. Et je vous répète que,
de même que dans la question des visites touristiques, il est impossible
à la Commission de transport d'absorber tout le transport scolaire. Cela
va de soi. Il n'y a aucune intention diabolique de la part de la Commission de
transport en ce qui regarde le domaine du transport scolaire. Ceux qui se
plaignent d'avoir été tramés devant les tribunaux, en
fardant un peu la vérité, en disant qu'ils sont des victimes, je
crois que les jugements parlent par eux-mêmes: c'est parce qu'ils ont
violé la Loi de la Régie des transports et que, s'ils veulent
observer la loi, ils pourront faire valoir leurs représentations devant
la régie et celle-ci décidera à ce moment-là.
Ce matin, on a fait référence à un cas
pathétique où il y aurait eu 36 chefs d'accusation. Voici un
transporteur qui a été cité devant la Régie des
transports le 12 février. Son représentant est venu publiquement
déclarer devant le président et les autres membres de la
régie que sa compagnie ne ferait plus d'autres transports
illégaux. A peine rendu au 9 mars, alors que la régie n'avait pas
encore rendu sa décision, le transporteur était pris en flagrant
délit de récidive. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'avait pas fait
d'autres récidives entre le 12 février et le 9 mars. Les
enquêteurs de la commission l'ont surpris le 9 mars.
Nous avons attendu et, rendu à la fin de mai, soit donc plus de
trois mois après l'audition de la régie, comme nous n'avions pas
encore de décision de la régie, nous avons trouvé
et je regrette d'avoir à le dire que notre intervention
auprès de la régie à ce moment-là n'avait
guère été efficace puisque la cause était en
délibéré depuis trois mois et que nous n'avions pas encore
jugement. Nous nous sommes dit: Il faut une intervention efficace. Et c'est
pourquoi nous avons institué des poursuites judiciaires auprès de
la cour des Sessions de la paix. A ce moment-là, le transporteur en
question, suivant notre avis et suivant les précédents plaides
devant la régie des transports, avait commis au moins 18 infractions. La
question de savoir si c'est 18 ou 36, parce qu'il y a le voyage aller et le
voyage retour, est sub judice. Mon confrère le sait comme moi, nous
avons commencé à plaider cette cause hier et elle sera
continuée devant le juge demain. Le juge décidera s'il s'agit de
18 ou de 36 infractions. Mais s'il y a eu 36 infractions pour le
bénéfice de l'argument, pourquoi est-ce qu'il ne serait pas
poursuivi pour 36 infractions après qu'il est déjà
passé devant la Régie des transports, que la Régie des
transports a donné son opinion et que l'officier de la compagnie s'est
engagé publiquement à ne plus commettre de récidive? C'est
une question de justice que je livre à votre jugement.
Je pense, messieurs, avoir répondu à l'intervention de ce
matin.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des questions à Me Raymond sur
ce sujet?
M. VEILLEUX: M. le Président, j'aurais une question à
poser à Me Raymond. Dans le transport d'écoliers, est-ce que,
d'après vous, on excède les droits et privilèges
attachés au transport d'écoliers si, tout en transportant les
écoliers au début de la classe et après la classe, on fait
monter dans les autobus des professeurs qui vont à l'école et qui
retournent chez eux avant et après les heures de classe?
M. RAYMOND: Les problèmes qui se sont posés jusqu'à
maintenant ont toujours été des problèmes de transport
à charte-partie durant les heures scolaires. D'abord, les
soumissionnaires, les détenteurs de permis de transport
d'écoliers, s'ils ont soumissionné, j'imagine qu'ils ont
évalué que leur soumission était rentable.
L'interprétation de la loi c'est qu'à ce moment-là ils
n'ont pas le droit de faire des voyages à charte-partie puisqu'ils n'ont
pas soumissionné conformément à la Loi de l'instruction
publique. Alors, si leur route est déjà rentable, on ne leur
enlève rien en leur enlevant le voyage à charte-partie. La
Commission de transport fait ce qu'elle peut; ce qu'elle ne peut pas faire,
elle le laisse, évidemment, à ce moment-là. Et j'estime
que ce n'est pas empiéter sur les droits d'autrui quand autrui ne les a
pas, ces droits-là.
La Commission de transport de Montréal a tout de même 550
autobus, je l'ai déjà dit, à la disposition des voyages
à charte-partie. Je ne vois pas pourquoi, parce qu'un entrepreneur
privé n'aurait la seule distinction que d'être privé, alors
qu'il aurait cinq ou dix autobus disponibles pour les voyages à
charte-partie, on devrait le préférer à la Commission de
transport qui est soutenue par les deniers publics et qui, elle, a 550 autobus
à la disposition du transport à charte-partie, qu'il soit
scolaire ou autre; sans compter qu'au point de vue du transport à
charte-partie scolaire, il y a possibilité, à l'heure actuelle,
de combiner les voyages à charte-partie scolaire avec les routes
régulières, ce qui réduit les taux d'autant.
Au sujet du transport scolaire, qu'il me suffise de mentionner qu'en ce
qui concerne la régionale Le Royer, à la suite de
négociations faites par le ministère de l'Education avec la
Commission de transport de Montréal, le ministère
épargnera, pour la prochaine année, en faisant affaires avec la
Commission de transport de Montréal plutôt qu'avec l'entreprise
privée, plusieurs centaines de milliers de dollars, ceci confirmé
par un représentant du ministère lui-même. Je pense
qu'à ce moment-là, vous n'avez guère le choix entre
l'entreprise privée et le domaine public quand il s'agit, pour vous, de
savoir si vous allez soutenir une entreprise privée ou publique de vos
deniers.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Raymond, ce matin, le Comité des
propriétaires d'autobus scolaires de la région de
Montréal, de Hull et de Québec nous a fait des
représentations. Il a été notamment question de la CTCUM
et vous avez partiellement, je ne dirai pas répondu à certaines
objections, mais réfuté certaines allégations qui avaient
été faites. Je vous pose d'abord la question suivante sans vous
demander, naturellement, de me redonner tous les détails que vous venez
de donner au sujet des poursuites, des plaintes qui ont été
portées: Combien, à votre connaissance, si cela vous était
possible de le dire, y a-t-il eu vraiment de plaintes? Vous avez dit trois
devant la cour Supérieure. Devant la cour des Sessions de la paix,
combien?
M. RAYMOND: Devant la cour des Sessions de la paix, il y en a eu une en
1968, une autre en 1969 et ensuite, il y en a eu quatre, ce printemps,
auxquelles deux ont plaidé coupables et deux seules autres sont
contestées. L'audition a commencé hier et doit se continuer
demain. Je vous signale qu'en 1968 et en 1969 les prétentions que nous
avons fait valoir n'étaient pas en vertu du bill 75, qui est
entré en vigueur depuis le 1er janvier 1970, mais en vertu de l'ancienne
loi de la Commission de transport de Montréal. Je ne pense pas que
depuis 1968 jusqu'à aujourd'hui, en vertu de la loi actuelle, du bill
75, il y ait eu plus de quatre poursuites à la cour des Sessions de la
paix.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Raymond, on se plaignait ce matin des
pouvoirs que détient la CTCUM et de l'avantage qu'elle a de poursuivre
et d'être, en quelque façon, une sorte de tribunal qui surveille,
qui administre, qui juge, qui porte des plaintes, etc. A votre avis, n'y a-t-il
pas là danger d'abus? Je vous demande une opinion. Est-ce que les
pouvoirs impartis à la Commission de transport de la Communauté
urbaine ne sont pas trop grands et menaceraient ceux de l'entreprise
privée ou de tout autre transporteur?
M. RAYMOND: Je pense que vous faites une affirmation théorique,
vous parlez d'un danger possible. Je vous dis que la loi existe depuis 18 mois.
J'ai discuté avec vous des faits qui ont été
apportés par d'autres, devant vous. Je vous demande, à la suite
des représentations que je vous ai faites, s'il y a eu abus de pouvoir
de la part de la Commission de transport de Montréal. Humblement
représentée, je ne le pense pas. Je pense que la Commission de
transport est un organisme de bonne foi qui travaille dans
l'intérêt public. Quand je dis, dans l'intérêt
public, on pourrait en faire la démonstration puisqu'elle accepte de
faire du service régulier dans des endroits où c'est nettement
déficitaire, c'est toujours dans l'avantage du public.
Je vous ai répété, à quelques reprises,
quelles sont les intentions de la Commission de transport de Montréal en
ce qui concerne soit les voyages à charte-partie, soit le transport
scolaire, soit les visites touristiques.
Il s'agit de penser à l'intérêt du public. Les
hommes qui ont été choisis par des organismes publics, tels que
la Législature et les autres, je pense, ont manifesté leur
confiance en des hommes compétents qui avaient déjà fait
leurs preuves. Le danger que vous considérez demeure purement
théorique ou académique dans mon esprit, devant la
démonstration de la bonne foi de ceux qui administrent la Commission de
transport.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Raymond, je ne mets pas en doute, vous le
comprenez, la probité et l'honnêteté des gens qui
administrent cette Commission de transport. Vous nous dites, évidemment,
que l'on veut donner les meilleurs services possibles au public, à des
coûts avantageux. Il faudrait, toutefois, nous fournir des renseignements
précis sur ces coûts. Il faut, quand même, comprendre que
ces bons services, ces coûts avantageux et tout cela, ce sont les
contribuables qui en font les frais, comme ils font les frais aussi de
l'entreprise privée, le cas échéant.
Maintenant, on nous a fait des représentations, ce matin. En
particulier, on nous a demandé c'est une proposition du
Comité des propriétaires des autobus scolaires de la
région de Montréal, Hull et Québec que les
transporteurs d'écoliers soient autorisés, en vertu du contrat
qu'ils détiennent avec la commission scolaire, à effectuer tout
transport d'écoliers pour activités parascolaires et ce, sans le
consentement de la CTCUM. Je vous pose la question suivante, parce que je
présume que vous n'êtes pas d'accord sur cette proposition, mais,
si vous nous fournissiez des renseignements précis sur les coûts
comparatifs, cela nous permettrait de porter un jugement de valeur sur la
proposition qui nous a été faite ce matin.
M. RAYMOND: En ce qui concerne les activités parascolaires, ceci
fait partie, évidemment, du domaine de la charte-partie. A une
séance antérieure, je vous ai donné des chiffres. Je vous
ai dit que les voyages à charte-partie effectués par la
Commission de transport de Montréal évidemment, à
ce moment-là, je n'ai pas fait la distinction; je n'ai pas les
statistiques à ma disposition tant pour le compte du public en
général que pour les activités parascolaires rapportent un
revenu brut de $800,000 par année à la commission, ce qui, en
raison de l'amortissement effectué sur les lignes
régulières rapporte un revenu net à la Commission de
transport de $400,000.
Si vous lui enlevez une partie des voyages à charte-partie, parce
qu'ils sont faits au titre du transport scolaire, vous allez nettement
réduire ses revenus. Vous allez accroître son déficit
annuel et, en fin de compte, c'est le public qui sera appelé à
payer pour un avantage que vous aurez transféré d'un organisme
public à l'entreprise privée. Finalement, c'est le public qui
paiera pour le compte et pour le profit des entreprises privées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand on nous demande, Me Raymond, que les
détenteurs de permis A ou AE...
M. RAYMOND: Excusez-moi, M. le député, je ne vous entends
guère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oh, pardon! Je m'excuse. Quand on nous
demande, par exemple, que les détenteurs de permis A ou AE ne soient
astreints à répondre de leur illégalité que devant
la Commission des transports, à l'exclusion de tout autre tribunal et
qu'on ajoute que de telles illégalités ne créent aucun
droit et aucun recours civil à toute autre compagnie exerçant le
commerce de l'autobus quel qu'il soit, quelle est l'opinion de la CTCUM au
sujet de cette requête que l'on nous a soumise ce matin?
M. RAYMOND: J'estime, M. le député, que c'est une
proposition de nature à couvrir l'impénitence
invétérée de certains transporteurs. Je vous ai
donné des exemples tantôt où nous n'avons pas
accablé du même coup un transporteur devant les trois instances
judiciaires, comme nous aurions pu le faire. Nous avons procédé
étape par étape. Quand on en est rendu pratiquement à la
dixième chance, je pense qu'il est plus que temps d'intervenir. Alors,
dans la proposition que vous relatez, si vous ne laissez qu'à la
Régie des transports le soin de dire: Écoutez, c'est une
infraction ou ce n'en est pas une, sans recours civil, vous risquez qu'il y ait
une impénitence marquée pendant une période
indéterminée. Je vous ai donné un exemple tantôt
évidemment, c'était dans le domaine du transport en commun
où l'infraction a duré quatre ans.
Nous n'avons pu poursuivre légalement que pour deux ans. Vous
voyez l'impénitence. Alors, si nous sommes devant des membres à
la régie le moindrement un peu trop indulgents, eh bien, ça va
prendre combien d'admonestations publiques avant que le transporteur
obéisse à la loi? Je vous ai donné l'exemple d'un bonhomme
qui n'a cessé de répéter ses récidives au
mépris de la loi. Je pense donc que ce serait une caution que vous
donneriez aux violateurs de la loi, non pas au bénéfice de la
Commission de transport, mais au détriment du public.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Me Raymond, on nous a fait une
autre proposition qui est la suivante: Que la CTCUM n'ait pas plus de droits
devant la Commission des transports tant en matière scolaire que pour
les voyages à charte-partie ou spéciaux. Quelle est votre opinion
au sujet de cette proposition?
M. RAYMOND: Tout d'abord, je dois vous dire que ces pouvoirs, la
commission ne les a pas demandés. Ils lui ont été
donnés par le législateur, lequel, j'imagine, avant de les
accorder a pesé le problème. Nous avons aussi des droits acquis
dans certains domaines depuis au
moins 1950 si nous considérons la Commission de transport de
Montréal et nous revenons toujours sur la question du domaine public et
du domaine privé. Je m'excuse d'avoir à répéter une
observation que j'ai faite dans une audition antérieure, mais si vous
enlevez cette priorité à un organisme public je vous ai
fait la démonstration que, si vous lui enlevez des privilèges, en
fin de compte c'est le public qui va payer les bénéfices de
l'entreprise privée si vous enlevez, dis-je, la priorité
à la Commission de transport devant la Régie des transports, vous
risquez que les membres de la régie, à un moment donné,
soient d'avis de favoriser l'entreprise privée plutôt que
l'entreprise publique. Je dis que ce n'est pas à ce niveau
d'autorité que la responsabilité doit être prise quant
à savoir si vous devez favoriser l'entreprise publique ou l'entreprise
privée. C'est au niveau de la Législature, non pas au niveau de
la Régie des transports. C'est pourquoi je me suis opposé
à ce que nous donnions à la Régie des transports la
discrétion quant à savoir si on devrait favoriser l'entreprise
privée ou l'entreprise publique parce que je vous ai donné
l'exemple peut-être que durant un règne donné vous
aurez des gens qui favoriseront l'entreprise publique, mais peut-être
aussi qu'en raison des vacances ou autre chose vous aurez subséquemment
de nouvelles personnes qui, elles, favoriseront plutôt l'entreprise
privée. Où voyez-vous la continuité dans une politique du
transport de ce genre?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Raymond, on a parlé ce matin du
problème des appels d'offres, ce que les gens appellent
communément les soumissions. Il est possible que ces appels d'offres
soient supprimés. Mais dans les propositions qui nous ont
été faites, on dit ceci: Que la CTCUM soit soumise aux
mêmes exigences que le transporteur d'écoliers lors de l'ouverture
de soumissions. Je vous dis tout de suite que cette proposition, je ne l'ai pas
très bien comprise ne sachant pas exactement ce qui se passe dans le cas
de la CTCUM lorsqu'il y a appel d'offres pour le transport
d'écoliers.
Est-ce que vous pourriez me fournir des renseignements à ce
sujet?
M. RAYMOND: Je dois vous référer à ce
moment-là aux dispositions du troisième paragraphe de l'article
313 de la loi actuelle de la Commission de transport qui prescrit ceci: "Aucun
transport d'écoliers ne peut être octroyé par une
commission scolaire dont le territoire couvre en tout ou en partie le
territoire de la commission s'il n'a été d'abord offert par
écrit à la commission qui a quinze jours pour accepter ce contrat
au tarif prévu à l'article suivant ou pour refuser ce contrat. La
demande de soumissions publiques...
Donc, le premier pas, c'est l'offre du transport à la Commission
de transport. Si elle le refuse, c'est à ce moment que la demande de
soumissions publiques prévue à l'article 207 de la Loi de
l'instruction publique ne peut être faite qu'après le refus du
contrat par la commission. Evidemment, je ne peux pas me prononcer sur le
mérite des soumissions publiques ou des appels d'offres. C'est le
législateur qui les a prescrits dans l'intérêt public. Il
n'y a aucun intérêt de la part de la Commission de transport, pour
autant qu'elle est concernée, à ce que les contrats scolaires se
fassent par soumissions ou par un autre mode. La loi dit simplement qu'elle a
une priorité de les accepter ou de les refuser. Une fois qu'elle a pris
sa décision, si elle les a refusés, c'est au législateur
à déterminer quelle procédure devra être suivie pour
que l'intérêt public soit sauvegardé dans l'octroi des
transports scolaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Raymond, si je vous ai posé cette
question c'est que je connaissais très bien cet article auquel vous
venez de vous référer. Selon la formulation que je trouve ici
dans les propositions qui nous étaient soumises ce matin, je me
demandais si la CTCUM ne jouissait pas de certains avantages ou ne pouvait pas
utiliser certains mécanismes autres que ceux que prescrit la loi dans
ses transactions avec les commissions scolaires. Vous me dites qu'elle doit
s'en tenir uniquement à cela...
M. RAYMOND: M. le député, si j'ai bien compris votre
question, peut-être que je ne l'ai pas bien comprise, je m'en excuse. Si
vous vous référez à la discrétion possible de la
Commission de transport de Montréal dans la fixation de ses taux, je me
dois de vous renvoyer à l'article 314 de la loi qui dit qu'avant
d'exercer les pouvoirs prévus aux paragraphes 2 et 3 et c'est le
paragraphe 3 qui nous concerne la commission doit soumettre à la
Régie des transports pour approbation ses tarifs pour ses services. La
Régie des transports sera transformée en la nouvelle Commission
des transports et c'est la Commission des transports du ministre, qui est un
nouvel organisme public, qui aurait juridiction pour approuver ou
désapprouver les tarifs fixés par la Commission de transport.
Vous avez donc pour autant que vous représentez
l'intérêt public l'organisme tout prêt pour la
protection de l'intérêt du public et pour éviter tout abus
possible et théorique de la part de la Commission de transport.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Raymond, en ce qui me concerne, merci. Je
crois que vous nous avez fourni les renseignements que nous attendions de vous
sur ce sujet précis, transport écolier. Il restera,
évidemment, à faire la conciliation des points de vue, la
collation des textes et à formuler à l'intention du ministre des
propositions. Je vous remercie, Me Raymond.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions à l'endroit
de Me Raymond? Me Raymond, je vous remercie. Vous avez fait un excellent
plaidoyer.
M. RAYMOND: Je vous remercie, M. le Président et messieurs, de
m'avoir écouté si patiemment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était avec plaisir.
M. LE PRESIDENT: Il est six heures moins quart. C'est l'intention de la
commission d'ajourner à six heures pour reprendre ses travaux, le mardi
31 août 1971 à dix heures. J'avais l'intention d'appeler
l'Association des camionneurs artisans pour présenter le prochain
mémoire. Si vous croyez que la discussion peut être assez longue
et si vous préférez ne l'engager que mardi prochain, on pourrait
vous reporter au tout début de la séance pour vous donner
l'occasion de faire valoir vos points de vue.
Si vous préférez faire un bref exposé
immédiatement, je n'ai pas d'objection à vous entendre et
à vous écouter jusqu'à six heures. Je vous donne le
choix.
M. BELIVEAU: M. le Président, nous préférons
attendre à mardi.
M. LE PRESIDENT: A votre loisir. Voulez-vous vous identifier?
M. BELIVEAU: Me Jean-Marc Béliveau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous préférez attendre?
M. BELIVEAU: A mardi, parce que ça peut être assez
long.
M. LE PRESIDENT: Oui. Nous en sommes conscients. C'est pour cela que je
vous ai donné le choix.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que nous aurons le droit de convoquer
le ministre de la Voirie et des Travaux publics?
M. LE PRESIDENT: Il y aura un représentant, je crois, du
ministère de la Voirie.
(Fin de la séance: 17 h 49)