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Commission permanente des Transports
Projet de loi no 23 Loi des transports
Séance du mardi 31 août 1971
(Dix heures huit minutes)
M. George Kennedy
M. KENNEDY (président de la commission parlementaire des
Transports): A l'ordre, messieurs! Encore une fois, bienvenue à la
commission parlementaire des Transports. Nous allons commencer, ce matin, par
entendre l'Association nationale des camionneurs artisans indépendants
Inc.
Je veux répéter les remarques que j'ai faites à
chacune des autres séances de la commission. Je demanderais à
ceux qui présentent des mémoires d'être aussi brefs que
possible dans leur préambule. Je pense que nous allons vous donner toute
la latitude possible pour discuter des points spécifiques de la loi,
mais dans la présentation de votre préambule, je vous demanderais
d'être le plus bref possible pour que nous puissions entendre le plus de
gens possible aujourd'hui. Alors, Me Béliveau.
Association nationale des camionneurs artisans
indépendants Inc.
Me Jean-Marc Béliveau
M. BELIVEAU: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de l'Assemblée nationale, je représente avec
fierté, à titre de conseiller juridique, 5,000 petits camionneurs
qui, pour la première fois dans leur histoire, ont cru bon de faire
l'unité et ce, autour de l'Association nationale des camionneurs
artisans. M. Alphonse Dufour, le président de cet organisme est ici et
se déclare prêt à répondre à chacune des
questions que vous jugerez bon de lui poser.
M. le Président, de façon à bien vous faire
comprendre nos problèmes et la dimension exacte de nos
difficultés, je devrai vous brosser un bref tableau de ce qu'est
véritablement le camionneur artisan et vous aurez tôt fait d'en
venir à la conclusion qu'il est le citoyen le plus mal foutu que l'on
puisse trouver sur le territoire québécois.
M. le Président, le camionneur artisan, c'est lui qui, depuis 35
ou 40 ans, avec ses collègues a investi quelques milliards de dollars
dans l'industrie du petit camionnage au Québec et ce, dans des
conditions extrêmement difficiles et pénibles. L'achat des
camions, de la gazoline, des pneus, l'entretien des camions, voilà sa
contribution à la roue économique du Québec. C'est lui qui
a hypothéqué son passé, son présent, son avenir
dans un instrument de travail qui s'appelle un camion, se
dépréciant à vue d'oeil et cela malgré le fait
qu'en 1971, au moment où je vous parle, il ne possède encore
aucune garantie légale de quelque nature qu'elle soit. A l'heure
actuelle, alors que la plupart des membres de notre société
québécoise sont organisés, c'est lui qui a encore peur des
élections, peur des hommes politiques, peur des divisionnaires, des
cantonniers, peur des entrepreneurs, bref, peur de toute force ou de toute
puissance quelconque parce que, chaque fois qu'il s'y est frotté, cela a
toujours été à son détriment. Bref, M. le
Président, le camionneur artisan et M. le ministre le sait
très bien, j'en suis convaincu c'est le citoyen le plus mal foutu
au Québec.
Nulle part, encore une fois, dans quelque loi que ce soit, on ne trouve
à son égard une protection qui puisse lui permettre de respirer
un peu comme respirent des gens qui sont organisés dans d'autres
secteurs de la société.
Alors, quelle est son attitude à ce camionneur artisan, M. le
Président, devant cette nouvelle Commission des transports que le
gouvernement du Québec a l'intention de former?
Il est à la fois très heureux et très inquiet;
heureux parce qu'enfin on semble considérer qu'il existe puisqu'on nous
avertit que désormais nous serons coiffés par cet organisme qu'on
appelle la Commission des transports, mais il est aussi très inquiet
parce que, comme homme juridique, je dois lui dire, à mon camionneur
artisan, que pas un seul article dans cette loi, ou dans ce bill 23, n'est de
nature à le calmer ou à lui permettre d'avoir quelque espoir que
ce soit.
J'ai beau éplucher la loi de A à Z et de tous ses
articles, dans tous ses contours, que je ne trouve rien qui puisse lui
permettre, au camionneur artisan, justement de regarder l'avenir avec un peu
plus d'optimisme. Evidemment, M. le Président, nos partenaires dans
cette future commission n'ont pas cet inconvénient parce qu'ils ont au
moins la conviction que les droits qu'ils possèdent dans la
présente régie seront transférés dans la future
commission. Nous n'étions pas dans la future commission. Nous devons
faire confiance au gouvernement qui nous dit: des règlements s'en
viennent qui vous donneront un certain nombre de garanties, mais dans la loi
elle-même, je ne trouve rien et je dois le dire purement et
simplement.
Maintenant, M. le Président, il faudrait très peu de chose
pour que nos camionneurs artisans soient calmés et pour qu'ils puissent
avoir un certain espoir dans l'avenir. D'abord, nous remarquons que la
Commission des transports va fonctionner et qu'elle va créer un certain
nombre de postes très importants dont celui des commissaires et celui
qu'on retrouve à ce fameux conseil consultatif. Il y aura
également, qui se greffera à cela, un comité
d'enquête qui verra au bon fonctionnement de la Commission des
transports. Si nous avions la certitude à ce moment-ci de retrouver
à chacun de ces paliers des gens qui comprennent bien le problème
du camionneur artisan, qui savent que chaque fois que nous avons des
doléances à présenter, nous avons aussi un problème
humain immédiat à soumettre, bien, nous serions, sur ce plan,
très calmés; mais notre expérience
devant les divers ministères ou devant les diverses commissions
parlementaires, c'est qu'on a devant nous une foule de gens de bonne foi, mais
à qui nous devons toujours faire l'historique de nos problèmes,
à qui nous devons toujours décrire parfaitement bien ce que nous
sommes avant qu'on puisse finir par comprendre notre problème.
Parfois il se passe des mois et nos gars attendent toujours, ils
attendent dans tous les points du Québec.
Il y a également une autre chose qui nous tient à coeur,
M. le Président, et c'est la plus importante, c'est que dans la loi ou
dans les règlements, on nous dise que les règlements vont
consacrer le principe de la limitation des permis d'après les besoins du
Québec. Nous remarquons dans la loi que le ministre a l'intention de
faire un inventaire des véhicules qui se trouvent actuellement dans le
Québec; c'est sûrement parce que la Commission des transports a
l'intention d'émettre des permis dans la mesure des besoins du
Québec.
Quand je parle des besoins du Québec, M. le Président, je
ne parle pas de ses besoins temporaires, je parle de besoins véritables
qui sont à longue durée. Or, nous sommes convaincus qu'il y a
actuellement au Québec peut-être 30 p.c. ou 40 p.c. de petits
camions de trop. Nous voyons que dans les comtés, les gens
s'achètent des camions. Nous voyons que des événements ont
favorisé l'achat de certains camions, et c'est normal. Nous ne nous
scandalisons pas de cela.
Mais nous préconisons que dans une société bien
organisée, où des gens, pendant 35 ans, ont enduré une
situation extrêmement pénible, soit celle qui a été
le sort des camionneurs artisans, nous nous disons que si, enfin, le
gouvernement a l'intention de donner des taux et des conditions de travail qui
sont assez intéressants, on doit limiter ça à ceux qui ont
fait profession d'être camionneurs artisans et qui peuvent très
bien, d'après leur équipement actuel, répondre à
tous les besoins actuels du Québec. Nous préconisons le principe
de la limitation des permis d'abord, le principe de la limitation dans le
secteur parce qu'il nous apparaît certain qu'un secteur devrait nous
être donné exclusivement, où, désormais, personne ne
pourrait nous faire chanter, où personne ne pourrait nous dire: Ecoutez
les gars, ne vous énervez pas parce que si vous vous énervez,
vous allez perdre ce que vous avez, mais un secteur qui nous est
assigné.
Je remarque dans l'article 26 paragraphe 3 qu'on parle d'un secteur
particulier pour ceux qui ont des bennes basculantes, c'est-à-dire qu'on
nous confine à l'article 26 paragraphe 3 mais on ne nous dit pas,
évidemment, que ce secteur-là va nous être
réservé exclusivement. C'est pourquoi nos gars qui transportent
du bois, du gravier, des marchandises en vrac se disent: On serait bien heureux
si le gouvernement du Québec nous disait, vous êtes dans le
paragraphe 3 de l'article 26, mais on vous donne ça exclusivement. Et
â partir du moment où on dira: On vous donne ça
exclusivement, nous aurions le pouvoir, une assiette légale qui nous
permettrait de repousser les injonctions quand, dans un comté, par
exemple, on voit venir des gens qui viennent d'un peu partout faire les jobs de
nos gars et qu'on veut justement défendre nos droits. Actuellement, des
droits on n'en a pas.
Limitation quant à la personne également.
Nous souhaiterions, M. le Président, que ceux qui ont fait leurs
preuves dans un domaine, encore une fois, pénible pendant 35 ou 40 ans,
qui ont justement enduré une situation, une atmosphère
irrespirable dans l'espoir qu'un jour on aurait à leur donner des
conditions de vie et de travail plus intéressantes, on voudrait que ce
secteur dans lequel ils ont travaillé, qui n'était pas
intéressant et qui peut le devenir évidemment, leur soit
réservé à eux. En d'autres termes, nous voudrions que le
petit camionnage au Québec soit réservé aux camionneurs
artisans, c'est-à-dire aux gens qui font profession de gagner leur vie
avec un camion et qui à ce jour ont, je pense, très bien fait et
donné un excellent service au Québec.
Je remarque dans la loi juste quelques remarques bien courtes que
je ferai que quand on a formé cette Commission des transports on
a pensé, on a planifié grand et j'en félicite le ministre
des Transports. Seulement, quand on arrive au chapitre des procédures,
par exemple, pour les griefs ou les doléances et en fait les
délais et tout cela, s'il est vrai qu'une grosse compagnie de transport
peut très bien s'accommoder de telles procédures, comment
voulez-vous que le camionneur artisan, qui dépend de son camion
directement c'est-à-dire que si le camion reste
arrêté deux jours il est directement et immédiatement
compromis avec sa famille se sente à l'aise, devant un tribunal
de la commission ainsi constitué, à côté de
très gros intérêts où l'humain a peut-être
moins d'importance que chez nous?
Deuxièmement, on s'aperçoit que la loi réserve des
appels sur les questions de droit seulement. Ma courte expérience devant
les tribunaux démontre que lorsqu'un juge est habile il peut toujours
s'organiser, sur des questions de droit j'ai bien dit lorsqu'un juge est
habile pour qu'il n'y ait pas d'appel.
Nous souhaiterions évidemment que dans l'optique qui nous
concerne nous puissions en appeler également sur des questions de fait
et je rejoins là le voeu exprimé par l'Association du camionnage
du Québec.
On s'aperçoit également qu'il y a des tribunaux où
des frais seront prévus pour être entendu. Comment pouvoir
évaluer cette échelle de frais quand nous ne l'avons pas devant
nous et comment ne pas souhaiter finalement, tenant compte de nos moyens, quand
on sait que nos gars n'ont pas d'argent, que le tribunal des transports soit un
tribunal sans frais? L'optique actuelle du ministère de la Justice, par
exemple, à un niveau supérieur, est qu'on dote le Québec
d'un certain nombre de tribu-
naux d'équité où le justiciable peut se
présenter devant le tribunal sans frais et faire entendre sa cause.
Alors, je voudrais qu'on tienne compte, dans la Commission des transports, que
nos membres, étant pauvres par définition, on leur permette de se
faire entendre sans qu'il y ait de frais.
Les frais, si petits qu'on puisse les imaginer, seraient je le sais,
dans bien des cas, toujours prohibitifs pour certains de nos membres qui n'en
ont pas les moyens.
En outre, on parle de tarif uniforme dans tout le Québec. M. le
ministre, je vous félicite pour cette disposition. Je dois vous dire,
cependant, que je souhaite que la commission tienne compte du fait que le
coût de revient de nos camions n'est pas le même nulle part dans le
Québec. Je vous donne un exemple en passant : à Shawinigan, le
prix d'un gallon d'essence est actuellement de $0.39, tandis qu'à
Rouyn-Noranda c'est $0.60. Il y a une différence appréciable. Je
suis sûr que la commission pense à cela.
M. le Président et messieurs les membres de la commission, quelle
que soit votre couleur politique, je vous présente aujourd'hui non pas
les doléances de gens qui n'ont pas pensé à leur affaire,
mais un problème très humain, très impérieux. Je
représente, encore une fois, avec fierté, 5,000 petits
camionneurs qui, je vous le dis, sont en colère actuellement parce
qu'ils n'ont aucune espèce de protection légale. Je dois dire une
autre fois que, dans le projet de loi no 23, je ne vois rien qui puisse les
calmer.
Je souhaite de tout mon coeur que dans les règlements, au moins,
on prévoie justement quelque chose pour les camionneurs artisans. Je
souhaite surtout que, chaque fois que l'on vote un règlement, on
s'interroge sur les incidences de ce règlement sur les infiniment petits
que nous serons, parce que nous serons les plus petits en termes de piastres et
de cents de toute cette immense Commission des transports. Nous avons
demandé au ministère du Travail qu'il nous reconnaisse
juridiquement comme unité de négociation. Evidemment, nous
voudrions arriver dans la commission avec une dimension juridique, ce que nous
n'avons pas actuellement. Nous ne voudrions pas qu'un de nos membres se
présente devant la commission comme Jean-Baptiste Mathieu, par exemple,
qui vient de Saint-Tite et qui est tout seul à défendre ses
droits, mais nous souhaiterions être là pour défendre ses
intérêts au nom d'une association qui comporte, tout de
même, à ce jour, 5,000 membres.
Four peu, M. le Président, que le gouvernement du Québec
nous donne l'assurance qu'il n'y aura pas de permis accordés à
n'importe qui; pour peu qu'on soit convaincu que ça ne peut pas bien
marcher si on n'a pas une limitation des permis et une limitation quant
à la qualité, parce que nous avons au moins gagné le
droit, à l'heure actuelle, en ayant supporté pendant 36 ans une
situation irrespirable, de nous faire entendre et de partager le gâteau,
enfin, si gâteau il y a à partager, que ce ne soit pas quelqu'un
d'autre qui vienne le chercher, alors que des conditions de vie plus normales
seront accordées au petit camionnage.
Pour peu que tout cela soit accordé et c'est bien à
mon point de vue, M. le Président je vous assure que
l'Association nationale des camionneurs artisans se fera un plaisir de
collaborer à 100 p.c. avec le gouvernement, avec la commission.
J'exprime évidemment le souhait que ce que je vous ai dit ce matin sera
bien entendu et qu'on apportera immédiatement les correctifs voulus pour
les 5,000 membres que je représente. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Béliveau, je vous remercie de la
présentation que vous avez faite du problème des camionneurs
artisans. Ce problème est en effet crucial, il est extrêmement
dramatique dans certains cas. J'aurais un certain nombres de questions à
vous poser sur la situation générale des camionneurs artisans de
même que sur les modifications que vous voudriez voir apportées
à la loi.
D'abord, M. Béliveau, pourriez-vous préciser la situation
juridique de l'association dont vous êtes le procureur, sa situation
juridique comme association?
M. BELIVEAU: L'Association des camionneurs artisans du Québec a
une charte provinciale en vertu de la Loi des syndicats professionnels. Vous et
moi savons très bien que cela ne veut absolument rien dire, cela ne nous
confère aucun droit. Les droits que nous avons actuellement sont ceux
que nous avons pu obtenir dans divers ministères, miette par miette,
humiliation par-dessus humiliation.
Je dois vous dire qu'en outre de cela, nous avions obtenu, par exemple,
du ministère de la Voirie une certaine reconnaissance de fait qui vient
d'être désavouée purement et simplement parce qu'on a dit:
Ecoutez, vous n'avez pas de loi. Nous constatons que le problème
fondamental est que nous n'avons aucune dimension juridique actuelle qui soit
valable devant qui que ce soit, qui nous permette d'exiger de qui que ce soit
des conditions de travail normales. Je dois dire, entre parenthèses,
qu'un très grand nombre de députés ont accepté
notre association, la voit d'un bon oeil et collabore à 100 p.c. et ce
dans tous les partis politiques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Béliveau, vous faisiez état,
tout à l'heure, de certains griefs en disant que vous êtes un
groupe assez mal traité et que vous êtes encore ce groupe qui
craint les répercussions que peuvent entramer des élections
générales. Est-ce que, à votre connaissance, il y a des
faits qui vous indiquent
que l'Association des camionneurs artisans n'est pas
agréée dans certaines circonscriptions?
M. BELIVEAU: Il est évident, M. le député de
Chicoutimi, que nous ne sommes pas agréés dans certaines
circonscriptions, et je dois vous dire que même dans les comtés
où cela va bien, en fait, ça va mal. Comment voulez-vous que
j'assure mes membres qu'ils ont cette garantie pour laquelle ils travaillent
depuis si longtemps, quand je sais que, demain matin, il peut se produire des
événements qui peuvent leur faire perdre ces droits? Et on ne
manque pas de leur dire à un moment donné: Ne vous énervez
pas les gars, parce que le peu que vous avez on peut vous l'enlever.
Je vous cite un cas en particulier. Nous sommes allés au
ministère de la Voirie pour tenter de régler un problème
dans un comté de la rive sud. Nous avons là une association
légalement constituée, bien organisée et,
évidemment, le député du comté ne veut pas
l'accepter. Il nous a dit qu'il ne voulait pas l'accepter tout simplement parce
qu'il était normal que des gens qui avaient jeûné pendant
quatre ans fassent jeûner les autres pendant quatre ans. C'est aussi
simple que cela. C'est ça le problème que nous vivons. Nous le
vivons dans plusieurs comtés, et je regrette d'avoir à le dire.
J'ai passé, cette semaine, à cause de cela, pour un
contestataire, un gars dangereux, parce que, enfin après un an je le
dis, il arrive, M. le député de Chicoutimi, que depuis un an je
déploie tous les efforts voulus pour calmer les gars et non pas pour
susciter quoi que ce soit. Le député de Charlevoix, qui assistait
à notre congrès, l'autre jour, a été témoin
du fait qu'alors que des gars voulaient absolument faire des manifestations,
partir en guerre j'ai dû intervenir à maintes reprises pour les
calmer. Les gars réalisent qu'ils n'ont rien actuellement et ils
demandent au ministre des Transports, justement, qu'on nous donne au moins des
principes, dès aujourd'hui, de ces règlements qui n'apparaissent
pas dans la loi et qui vont nous donner, au moins à celui qui vous
parle, la possibilité de calmer nos gars.
Moi, je fais le tour du Québec actuellement et je ne peux plus
faire les mêmes discours en disant: Les gars, on va l'avoir. Ça va
bien aller. On va discuter, on va dialoguer. On va nous comprendre. Je ne peux
plus faire cela. Parce que les gars vont me mettre à la porte. Remarquez
que cela, ce n'est pas grave, mais il reste que l'autre qui arrivera par la
suite ne pourra non plus donner ce genre de discours. Ce n'est plus possible
maintenant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, Me Béliveau, vous faites
état de situations de fait. Vous avez mentionné notamment
certaines circonscriptions de la rive sud où l'on vous aurait dit que
des gens qui ont jeûné pendant quatre ans ont le droit de se
reprendre. Qu'est-ce que cela signifie dans les faits? Cela signi- fie-t-il que
l'on a écarté les camionneurs artisans au profit d'autres
camionneurs qui ne font pas partie de votre association?
M. BELIVEAU: Cela signifie, M. le député de Chicoutimi,
par exemple, que dans un comté comme Arthabaska, depuis au-delà
d'un an, il y a eu 40 camionneurs qui n'ont pas eu droit, qui n'ont pas eu
accès à un sou des travaux de voirie parce qu'ils n'avaient pas
voté du bon côté. C'est aussi brutal que ça; je
n'accuse personne, mais c'est ça.
Dans le comté de Drummondville actuellement, c'est un
comté où le problème est loin d'être
réglé, ça se fait encore que des camionneurs soient mis de
côté, à qui on a fait gagner quelque $100, mais justement
pour pouvoir dire qu'ils ont gagné, eux aussi. Mais si par comparaison
on fait des chiffres avec ceux qui participent au gâteau, c'est
extraordinaire. Et dans Drummondville en particulier, je dois vous dire que le
président de notre organisme est le président politique du parti
au pouvoir dans une section de Drummondville. Lui, il aurait pu participer au
gâteau, lui, il aurait pu dire: Je suis bon pour quatre ans. Mais
lui-même a compris que le problème de quatre ans, ça ne
règle rien. Ce qu'il faut, en 1971, c'est que, de même qu'on a
trouvé une solution à la Régie des alcools ou à la
Ponction publique, il faut en trouver une où les gars, avec un
investissement de $25,000, $30,000 ou $35,000 qui est l'investissement du
camionneur artisan, puissent dormir sur leurs oreilles, quel que soit le
gouvernement au pouvoir, quel que soit le parti politique qui puisse prendre le
pouvoir. C'est une protection syndicale qu'il nous faut et c'est une protection
syndicale spéciale parce que nous ne sommes ni employeur ni
employé et que nous ne pouvons pas épouser les troubles de
celui-ci ou celui-là.
On a demandé au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre qu'il nous reconnaisse juridiquement pour pouvoir justement
négocier. Je sais bien que le ministre des Transports, même s'il
voulait éviter toutes ces choses qui peuvent arriver au Québec
actuellement, il ne le peut pas parce que c'est la situation qui est
bâtarde, qui n'a aucun bon sens pour des gens qui, pendant 35 ou 40 ans,
ont enduré une situation irrespirable et puis qui, en 1971, ne peuvent
pas dire à qui que ce soit, ni à l'entrepreneur ni au
divisionnaire. Ecoute, on a des droits. Ils n'ont pas de droits. En toute
sincérité, je dois le leur dire, et dans le bill 23, il n'y a
rien non plus. Je dois le leur dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Me Béliveau, revenant
à la question de fait, est-ce que l'affirmation que vous avez faite tout
à l'heure, savoir que l'on aurait déclaré qu'il y a des
gens qui ont jeûné et qu'il est temps qu'ils aient leur part du
gâteau, cette affirmation a été faite par des personnes qui
ne sont pas investies
d'autorité ou si cette affirmation a été faite par
des personnes en place?
M. BELIVEAU: Cette affirmation a été faite par M. Bernard
Pinard...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Par le ministre Bernard Pinard.
M. BELIVEAU: ...que j'estime beaucoup à plus d'un égard.
Mais cette fois-là, franchement, le président de l'association,
M. Alphonse Dufour, M. Bernard Gagnon, M. Oscar Tellier, nous sommes sortis de
là complètement découragés parce que son
ministère, qui avait donné une reconnaissance de fait,
désavouait cette reconnaissance de fait. En tout cas, il y a une
reconnaissance de fait qui a été donnée par le
sous-ministre de la Voirie, M. Blais, par une lettre dans laquelle il dit, dans
le dernier paragraphe: "A l'avenir, en autant que nous sommes concernés,
le seul...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Béliveau, s'agit-il d'une lettre du
28 mai...
M. BOSSE: J'aimerais entendre le contenu de la lettre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président, j'ai la
parole et je pose une question à Me Béliveau.
M. BOSSE: Il est en train de nous donner le contenu de la lettre,
j'aimerais l'entendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais justement, c'est là-dessus
que je l'interroge. Il s'agit d'une lettre, semble-t-il, que vous auriez
reçue vers le 28 mai...
M. BELIVEAU: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...une lettre de M. Blais...
M. BELIVEAU: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dans laquelle on vous indiquait que les
camionneurs artisans seraient reconnus...
M. BELIVEAU: Exclusivement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...et pourraient exécuter exclusivement
des travaux. Cette reconnaissance de fait a été, par la suite,
démentie ou récusée par Me Pinard lui-même.
M. BELIVEAU: C'est cela, puisque dans le comté de Drummondville,
qui est le comté de M. Pinard, on ne respecte pas cette lettre et on
dit: Ecoutez, il est normal que des gens qui ont jeûné pendant
quatre ans fassent jeûner les autres pendant quatre ans. Ce sont les
paroles exactes; j'étais là. Il n'y a pas plus exact que cela. Je
comprends les difficultés je ne suis pas un enfant, tout de
même de M. Pinard qui a affaire à des gens qui veulent
avoir le camionnage chez eux, c'est clair. Mais, j'imagine, que ce genre
d'argument a été donné à tous les
députés dans tout le Québec et tous les
députés ont dû avoir la tentation de dire: D'accord, on va
agir comme ça. Par ailleurs, je dois dire qu'au gouvernement actuel,
comme chez les députés de l'Opposition, on a reçu
l'assentiment de plusieurs députés, dont celui de M. le
Président de la commission, M. Kennedy où cela fonctionne
très bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Béliveau, les personnes dont on
requiert les services pour faire du camionnage dans le comté de
Drummondville, notamment, et qui ne passent pas, comme vous venez de
l'indiquer, par votre association, ont-elles une organisation? Font-elles
partie d'une association parallèle ou d'une association de comté
et qui en est le porte-parole?
M. BELIVEAU: C'est un M. Joyal qui est le président de
l'Association nationale des camionneurs artisans dans le comté de
Drummondville et qui a suivi toutes les procédures voulues pour qu'il y
ait là une association affiliée à la nôtre, ici
à Québec. M. Joyal jeûne justement avec ses membres; ils
sont 40 et ils ont leur voyage!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas tout à fait faisi le
sens de ma question.
M. BELIVEAU: J'ai peut-être mal saisi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je parle des autres.
M. BELIVEAU: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous me dites que ces gens qui font partie de
l'Association des camionneurs artisans ont été
écartés. Il y a donc d'autres camionneurs qui ne font pas partie
de votre association et qui, eux, peuvent travailler.
M. BELIVEAU: Oui, c'est cela, monsieur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En vertu de quoi? Sont-ils
intégrés dans une autre association et qui peut-être le
porte-parole de ces gens qui ne font pas partie de votre association?
M. BELIVEAU: Je dois vous dire qu'il y a, évidemment, une
association autre dans Drummondville. Si je tiens compte du principe
émis par M. Pinard, c'est une association qui est coiffée
juridiquement par le principe qu'ils ont jeûné pendant quatre ans
et donc que les autres doivent jeûner.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que
cette association, qui se situe en dehors de la vôtre, a un
porte-parole?
M. BELIVEAU: Elle a un porte-parole justement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que c'est M. Mercure?
M. BELIVEAU: M. Mercure et M. Sigouin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les organisateurs de M. Pinard.
M. BELIVEAU: Et M. Côté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Me Béliveau, dans d'autres
circonscriptions, est-ce que le même problème se pose?
M. BELIVEAU: Evidemment, cela existe, M. le député de
Chicoutimi, dans plusieurs autres circonscriptions, mais pas à ce point
chronique. On n'a jamais eu, jusqu'à maintenant,
l'honnêteté de nous dire aussi clairement que le principe qui
prévalait, c'est celui que j'ai énoncé, mais cela existe,
évidemment. Matane, par exemple, est un comté qui a des
difficultés énormes justement à cause de ce principe qui
n'a pas été énoncé, mais qui existe.
M. HARVEY (Chauveau): Voulez-vous nous dire ce qui se passe dans Wolfe
et dans Gaspé-Nord?
M. BELIVEAU : Dans Wolfe et dans Gaspé-Nord? Dans Wolfe, nous
avons un embryon, nous avons une association qui va très bien...
M. LACROIX: Est-ce qu'il y a un libéral qui est capable d'entrer
un camion présentement?
M. LE PRESIDENT: Messieurs, chacun son tour.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai la parole.
M. LE PRESIDENT: C'est cela, c'est vous qui avez la parole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Béliveau, pour revenir aux questions
de principe puisque les faits que vous venez d'évoquer sont d'un ordre
un peu particulier, je ne voudrais pas insister trop longuement
là-dessus, nous avons tous pris note des observations que vous avez
faites. Le ministre, pour sa part, les a enregistrées et nous nous
attendons bien à ce qu'il consulte son collègue pour mettre fin
à cette situation.
Dans l'ordre des principes, lorsque vous parlez d'une limitation du
nombre des camionneurs artisans, voulez-vous expliciter exactement ce que vous
entendez parce que, Me
Béliveau, j'ai longuement étudié votre
mémoire d'ailleurs j'étudie cette situation depuis
déjà plusieurs mois et je suis tout à fait d'accord
avec vous pour reconnaître d'abord l'existence légale de
l'Association des camionneurs artisans et que, d'autre part, par le projet de
loi no 23 on ne lui donne pas seulement une assurance d'intention, mais on lui
donne légalement l'assurance que ses membres seront reconnus au
même titre que n'importe quel transporteur, ou n'importe quelle
entreprise qui effectue des travaux identiques, similaires ou analogues
à ceux qu'effectuent les membres de votre association.
Lorsque vous parlez de la limitation, vous y pensez naturellement en
termes de sécurité d'emploi pour vos gens, vous y pensez aussi
dans l'optique des investissements qu'ils ont consentis et dans l'optique,
évidemment, de la poursuite d'une entreprise normale qui se situe dans
le cadre de l'entreprise privée et qui doit être
protégée par une disposition législative.
M. BELIVEAU: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cette limitation, quelle est-elle exactement
dans votre esprit? Vous avez 5,000 membres, vous avez dit par ailleurs qu'il y
avait de 30 p. c. à 40 p. c. de camions de trop. Pourriez-vous
m'expliquer cette situation?
M. BELIVEAU: Le principe lui-même a été repris par
M. Bossé lorsqu'il a fait une enquête sur le taxi dans l'île
de Montréal. Il m'apparaît évident, sans même que
nous ayons à faire un plaidoyer très long, que si on veut
permettre à des gens qui font un investissement de $25,000 à
$30,000, dans le domaine du petit camionnage, que le nombre de camions doit
être proportionnel au besoin que l'on trouve dans un certain territoire.
Si on multiplie les camions, si c'est un "free for all", il est évident
que des gens vont travailler à 50 p. c, à 25 p. c. et qui vont se
retrouver dans le statut dans lequel nous sommes actuellement puisque la
moyenne de travail de nos gens j'ai oublié de vous dire cela tout
à l'heure est d'à peu près quatre mois et demi ou
cinq mois par année. Nous remarquons dans le projet de loi no 23 que le
ministre veut faire un inventaire des véhicules. Cet inventaire est
sûrement fait dans un but précis. Nous aimons à penser que
c'est justement pour tenir compte des besoins actuels et lorsque viendra le
temps d'émettre des permis, on tiendra compte de ces besoins.
M. le député de Chicoutimi, nous souhaitons justement, si
nous avons une dimension légale de quelque nature qu'elle soit, nous
pourrons à ce moment-là, avec l'autorité concernée,
apporter nos doléances. Nous pourrons dire, par exemple, qu'à
notre point de vue il y a suffisamment de camions et nous pourrons
tâcher, par tous les moyens légaux voulus, de bloquer
l'émission de nouveaux permis.
Si le principe de la limitation n'était pas reconnu dans le
domaine du petit camionnage comme dans le domaine du taxi sur l'île de
Montréal, il est évident que tout ce qu'on pourra faire dans la
Commission des transports n'aura aucun effet bénéfique pour les
petits camionneurs, c'est clair. Parce que nous sentons bien que le ministre a
l'intention de forcer la main à celui-ci et celui-là pour donner
des taux convenables.
Un secteur de la société québécoise qui
était pourri jusqu'ici va devenir intéressant, et
immédiatement on va voir des groupes de gens, des groupes de notaires,
d'avocats, de médecins, d'hommes d'affaires qui vont s'acheter, devant
un projet comme la baie James, peut-être 1,500 camions et qui vont
prendre le plus beau du gâteau alors qu'il y a des gars qui veulent
travailler et dont les camions restent dans la cour.
Je vous cite une autre anomalie. Les usines de pâtes et papier,
actuellement, ont des subventions gouvernementales, vous le savez. Or, il
arrive que nos camionneurs qui sont prêts, par exemple dans l'Abitibi,
à transporter le bois d'un point A à un point B, voient leur
camions dans la cour pendant qu'on se sert des subventions gouvernementales
pour s'acheter une série de camions. Est-ce que c'est normal? C'est
ça qu'on veut éviter. On veut qu'il y ait une limitation et que
ce petit camionnage on a souffert pendant 35 ans et c'est sur le point
de devenir intéressant soit fermé à ceux qui ne
sont pas de la profession et qu'enfin on puisse vivre comme tout le monde.
Nos gars, vous le savez, M. le député de Chicoutimi, ont
renoncé depuis bien longtemps et je parle de l'ensemble des
camionneurs du Québec à envoyer leurs fils à
l'université, faire instruire leurs filles, se donner un certain luxe
qu'on retrouve chez tous les travailleurs aujourd'hui. Ils ont renoncé
à cela parce que leur condition est épouvantable, et c'est celle
que j'essaie de vous décrire aussi bien que possible aujourd'hui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Béliveau, la Commission des
transports qui sera créée va évidemment établir des
normes et tout cela. Quelles sont, selon vous, les normes qui
décriraient le mieux la situation du camionneur artisan pour que vous
soyez protégé de la façon dont vous l'indiquez?
M. BELIVEAU: Il faudrait que la première norme soit que la
Commission des transports accepte le principe de la limitation, qui est
d'ailleurs reconnu à un niveau plus élevé. Dans le
transport important, là où on trouve un grand nombre de camions,
il y a des permis pour certains secteurs et n'entre pas là-dedans qui
veut. M. le député de Chicoutimi, si on ne reconnaît pas ce
principe à la base, avant même que la loi ne soit votée,
nous sommes convaincus que l'effet à court terme de la Commission des
transports sera de faire disparaître les petits camionneurs. Si le
ministre pouvait nous dire dès aujourd'hui qu'il croit à ce
principe et qu'il mettra à sa disposition son talent pour qu'il soit
appliqué, nous serions déjà bien satisfaits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 26, dans les recommandations
précises que vous faites relatives aux dispositions du projet de loi,
vous parlez de votre association en disant: "L'association nationale des
camionneurs artisans sait qu'elle se situe au numéro 3, transport de
matières en vrac."
M. BELIVEAU: C'est ça, monsieur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "Elle sait aussi que le transport
général réclame l'exclusivité dans le domaine du
bois et de ses rebuts ainsi que dans celui du ciment, de pierre à chaux
broyée ou de marne pouvant servir à l'amélioration des
sols. "L'association est prête à céder le transport du bois
fini et celui du ciment de pierre à chaux broyée ou de marne
devant servir à l'amélioration des sols, pourvu que tout ce qui
reste au numéro trois lui soit accordé sans réserve."
Ne pensez-vous pas, dans l'optique de la protection et de l'expansion de
votre association, que vos exigences ici sont limitatives?
M. BELIVEAU: Je le pense davantage depuis que j'ai entendu le
mémoire très bien préparé de l'Association du
camionnage du Québec. M. Archambault a déclaré j'en
suis très fier que ses camionneurs se portent très bien et
que, financièrement, ils vont bien. Alors, je me reporte en
arrière et je dis que, si nous pouvions avoir tout ce qui est
prévu exclusivement, au paragraphe 3 de l'article 26, à ce
moment-là, tout notre problème serait réglé et je
vous assure que vous seriez bien longtemps sans entendre parler de nous.
Evidemment, nous souhaiterions avoir tout ce qui est dans le paragraphe 3, mais
nous partions avec le principe que c'était trop beau pour être
vrai. Maintenant, nous avons peut-être commis la faute d'avoir fait une
concession, ce qui est mauvais en matière de négociations,
apparemment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je reviens là-dessus justement; c'est
qu'à l'article 26 je trouve que vos exigences sont limitées. Que
restera-t-il vraiment aux camionneurs artisans à faire si vous excluez
ce que vous indiquez dans l'article 26? Vous êtes prêts à
céder le transport du bois fini, de ciment de pierre à chaux, de
marne et vous demanderiez simplement qu'on retienne ce qui se trouve
indiqué au paragraphe 3 de l'article 26.
M. BELIVEAU: M. le Président, que la commission retienne que les
camionneurs artisans souhaitent pouvoir transporter toute matière en
vrac, évidemment, surtout en tenant
compte de ce que nous avons entendu ici, et, nous serions très
satisfaits. Si nous avions cela exclusivement, avec le transport des billots et
tout ce que l'on voit dans le bois, ça voudrait dire qu'avez une
planification aussi humaine que possible, un jour ou l'autre, nos camionneurs
transporteraient tout ce qu'il y a de bois au Québec, tout ce qu'il y a
de "chips"(les chips ce sont des petites pièces de bois que l'on fait
sur place) dans des secteurs où ils n'ont jamais été admis
ou à peu près.
On voit très bien le phénomène suivant lorsqu'ils
sont admis; ils sont l'objet de chantage de la part de ceux qui les admettent :
Si tu ne veux pas transporter à tel prix, va-t'en chez toi et on prendra
quelqu'un d'autre. On se fait dire ça tous les jours. Si tu ne veux pas
faire telle chose à telle condition, fous-nous la paix. N'ayant aucune
dimension juridique, nous sommes obligés de nous en aller. Quand les
gars font un blocage à un moment donné, il leur rebondit dans la
figure une injonction contre laquelle nous ne pouvons pas nous battre parce que
nous n'avons pas de droits. C'est toujours le même cercle vicieux qui
revient et notre position aujourd'hui, c'est que nous sommes
complètement démunis. Nous sommes les nouveau-nés de cette
future commission et, dans la loi, nous cherchons quelque chose pour nous
habiller car nous sommes tout nus. C'est ça le problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Selon vous, Me Béliveau, il n'y a pas,
dans la loi, de disposition qui couvrirait le cas des camionneurs artisans.
M. BELIVEAU: Non, dans la loi, nous sommes confinés au paragraphe
3 de l'article 26. Cela ne veut pas dire que ça nous appartient en
propre. Si on nous disait ça nous appartient en propre, si la
formulation ou si l'intention du ministère des Transports était
celle-là, je voudrais bien le savoir, mais je dois, comme avocat, voir
que nous sommes confinés là. Qui sera avec nous dans ce transport
en vrac? Est-ce que n'importe qui qui achète un permis lorsque la
commission décide qu'un permis doit être émis pourra
entrer? N'importe qui peut l'acheter. A ce moment-là, nous
côtoyons des gens qui n'ont pas d'intérêt commun avec nous,
évidemment, qui arriveront avec des grosses sommes et qui prendront un
secteur que nous avons supporté pendant si longtemps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Me Béliveau, à
l'heure actuelle, vos 5,000 camionneurs travaillent dans quel secteur
particulier, à part le transport qu'exigent les chantiers de voirie?
M. BELIVEAU: Les camionneurs transportent un peu de bois, lorsqu'ils
sont admis, après des négociations pénibles où ils
coupent les prix, et c'est un secteur limité; il n'y a pas autre chose.
La semaine passée, je dois vous dire, cependant, qu'on a annoncé
une bonne nouvelle. A titre d'expérience, nous allons transporter cette
année le sel qui arrive par bateaux, ici au quai, et qui est
transporté à certains points du Québec.
Mais on dit: vous transportez le sel cette année mais qu'est-ce
qui arrivera l'an prochain? Qu'est-ce qui arrivera dans six mois? C'est
toujours quelque chose où je ne peux pas dire à nos membres
qu'ils ont le droit, maintenant, de transporter le sel. Ils n'ont pas de droit.
Et nous exigeons des droits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour l'instant, M. Béliveau, je laisse
la parole à un autre collègue, mais je reviendrai sur certaines
de vos propositions.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Béliveau, dans votre
mémoire, il ressort quatre problèmes qui préoccupent les
camionneurs artisans qui sont quand même quatre revendications, à
savoir: la reconnaissance légale de votre association; l'abolition du
patronage dans l'octroi des permis ça, nous savons qu'il y en a,
il y en avait avant l'administration actuelle et il y en a encore...
M. BELIVEAU: Je n'ai pas dit dans l'octroi des permis, M. le
député.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans l'octroi des contrats, excusez-moi.
Vous demandez aussi le gel des permis, c'est-à-dire un contrôle
sur les permis ce qui est normal et puis, que le transport du
bois soit confié aux petits camionneurs, c'est-à-dire aux
camionneurs artisans.
Lorsque vous parlez de la reconnaissance syndicale, cela veut dire que
votre association deviendrait un syndicat en vertu du code du travail...
M. BELIVEAU: C'est ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... et vous permettrait de négocier
avec qui?
M. BELIVEAU: Avec la Commission des transports, avec celui qui peut
être notre employeur éventuel. Si la Commission des transports,
après négociation, vient à la conclusion qu'on doit payer
tel taux pour le transport de telle et telle chose, ce taux sera uniforme dans
tout le Québec, j'imagine, et, à ce moment-là, on aura eu
le droit de négocier des taux, on n'aura pas à les subir.
Lorsque, dans un comté aussi reculé qu'on puisse l'imaginer, un
entrepreneur ne voudra pas payer les taux que nous aurons
négociés légalement, évidemment il aura à
subir les foudres de la Commission des transports ou de l'autorité
compétente.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): En somme, votre association deviendrait un
syndicat, une unité de négociation et vous donnerait une force de
revendication.
M. BELIVEAU: Exactement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Remarquez bien, en passant, que je vous
approuve là-dessus parce que je suis pour le syndicalisme quand c'est
normal. Et, étant donné que les petits camionneurs artisans,
individuellement, n'ont pas tellement de force économique pour
revendiquer des droits ou quoi que ce soit, c'est entendu que ça
deviendrait un syndicat assez fort, assez puissant, cela vous permettrait de
négocier avec la Commission des transports, et ainsi de suite.
M. BELIVEAU: Cela permettrait surtout, M. le député,
d'arriver devant la Commission des transports toujours avec une dimension de
5,000 membres, ou 6,000, ou 7,000, si on se rend là, plutôt que
d'amener un pauvre diable, qui vient de Saint-Tite ou d'ailleurs, tout seul
avec son camion, qui arrive tout perdu dans cette immense commission. C'est
aussi un problème.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous parlez du gel des permis. Actuellement,
il y a environ 5,000 permis de camionneurs artisans?
M. BELIVEAU: Il y en a plus que ça. Nous ne touchons pas du tout
à l'île de Montréal actuellement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous ne touchez pas à l'île de
Montréal.
M. BELIVEAU: Il faut dire que les gens de Montréal, à
cause de la présence de grandes centrales syndicales, sont beaucoup
mieux organisés que bien des gens reculés dans le Québec.
Nous avons commencé par organiser tout ce qu'il y avait en dehors du
Québec et puis, pour être réalistes, disons que notre
syndicat pourrait contenir, en dehors de Montréal, peut-être 6,000
membres. Si Montréal était inclus un jour ou l'autre, ça
pourrait monter à 10,000 membres.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est donc dire qu'actuellement les
camionneurs artisans de l'île de Montréal ne font pas partie de
votre association?
M. BELIVEAU: Pas encore, mais je peux vous dire à l'heure
actuelle qu'ils souhaitent ardemment en faire partie, surtout si nous obtenons
des conditions de vie normales et une dimension juridique qui est à la
base de tout.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans le bill 23, tel qu'il est
rédigé vous l'avez étudié naturellement
aucun article ne limite le nombre de permis; rien dans la loi ne dit que
les permis seraient contrôlés?
M. BELIVEAU: On dit dans la loi que les permis vont être
contrôlés, je dois vous l'avouer. Mais on ne dit pas, par exemple,
que les camionneurs artisans sont les seuls dans leur secteur. Je me souviens
de paroles dites par des gens en place, disant: Au nom de la liberté, on
ne peut pas bloquer l'arrivée dans votre domaine de gens, par exemple,
de notaires, d'avocats, d'hommes d'affaires qui décideraient de
s'acheter 25 camions et qui décideraient à un moment donné
de marcher.
Nous sommes convaincus, actuellement, que nous avons suffisamment
d'effectifs pour répondre à tous les besoins du Québec et
ce pour quelques années. Nous sommes certains de cela. Nous voulons que
si un besoin est créé dans le comté de Wolfe, pour donner
un exemple, on passe par notre association parce que nous savons que des gens
de Québec, de Lotbinière ou d'ailleurs seraient
intéressés d'aller travailler dans Wolfe au même prix
qu'accorderait la Commission des transports. Cela ne sert à rien, dans
ce cas-là, d'émettre de nouveaux permis qui vont empoisonner
l'existence, dans quelques mois, d'un secteur qui est déjà
empoisonné par un trop grand nombre de véhicules.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans une déclaration
antérieure, vous avez dit que des compagnies de papier,
subventionnées par le gouvernement, profiteraient de ces subventions
pour monter leur propre service de camions pendant que le camionneur artisan
est réduit au chômage.
M. BELIVEAU: Je ne dis pas que la subvention du gouvernement est
donnée pour monter des services de camions. Je dis que des manufactures
de pâtes et de papier, ayant des subventions du gouvernement, à un
moment donné, subitement, décident de s'acheter un groupe de
camions alors que les camions de la place sont dans la cour. Cela est
véritable. Il y a une anomalie là. Nos gars sont là, tous
prêts à travailler avec des véhicules très bien
organisés. Il est évident que c'est anormal, à notre point
de vue.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous voudriez que ce transport du bois soit
confié aux camionneurs artisans?
M. BELIVEAU: Eventuellement. Nous savons que cela ne peut se faire du
jour au lendemain, mais nous savons que si les compagnies de pâtes et de
papier savaient, par exemple, que dans un délai d'un, deux ou trois ans,
elles doivent se débarrasser de leurs camions, ce secteur-là nous
appartiendrait et nous en serions très heureux. Nous pourrions monter la
moyenne de travail de nos camions qui est de
quatre mois et demi ou cinq mois par année actuellement.
Ce qu'il y a de pire, à l'heure actuelle, c'est que vous avez des
camions loués, par d'immenses compagnies de location, qui viennent
empoisonner l'existence de ce secteur des petits camionneurs artisans.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous avez dit des camions loués?
M. BELIVEAU: Oui, il y a des camions loués.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ils prennent la place, en somme...
M. BELIVEAU: C'est cela.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... de ceux qui sont propriétaires.
Me Béliveau, vous avez parlé, à plusieurs reprises
tantôt, de la déclaration du ministre de la Voirie qui disait que
lorsqu'on a jeûné pendant quatre ans, il est normal que l'autre
"gang" jeûne également.
Vous aviez mentionné aussi une déclaration du ministre des
Transports.
M. BELIVEAU: Le journal a rapporté que j'avais accusé le
ministre des Transports de patronage; c'est faux. Je corrige
immédiatement. Un journal a rapporté cela.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je veux tout simplement préciser que
j'ai lu cela dans un journal.
M. BELIVEAU: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne dis pas que vous avez
répété cela, je ne dis pas que le ministre l'a dit. Dans
un journal...
M. BELIVEAU: Moi, je dis qu'il ne l'a pas fait.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... le ministre des Transports aurait dit
à des camionneurs attablés dans le Café du parlement:
"Prenez-vous pas pour d'autres, on va vous mater." Est-ce vrai que le ministre
aurait dit cela, lui qui est un ancien camionneur artisan? Je ne le sais
pas.
M. BELIVEAU: Il s'est passé, dans le Café du Parlement, un
incident que l'on considère isolé...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ecoutez, s'il y a des affaires strictement
personnelles vous n'êtes pas obligé...
M. BELIVEAU: ... qui ne représente sûrement pas l'opinion
du ministre des Transports, j'en suis convaincu et je le souhaite, alors que le
ministre des Transports, avec sa fougue habituelle c'est un homme
très chaud et évidemment, tous les hommes chauds explosent
facilement aurait dit, à des camionneurs artisans, alors que je
n'étais pas là je dois vous dire que c'est du oui'-dire:
"Prenez-vous pas pour d'autres. Si vous vous énervez, on va vous mater."
Les gens qui étaient là sont présents aujourd'hui.
Je ne pense pas que ce soit l'opinion du ministre des Transports. On a
rapporté que je l'avais accusé de patronage, c'est faux. Le
ministre des Transports n'a pas fait de patronage. Je sais bien qu'il ne
pourrait pas en faire non plus.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui...
M. LE PRESIDENT: Je voudrais que l'on revienne au bill 23.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... je comprends.
M. LE PRESIDENT: On prend des tangentes qui vont nous mener loin.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, vous admettrez que
si le ministre des Transports avait dit cela, cela aurait des
conséquences néfastes pour les camionneurs artisans.
M. LE PRESIDENT: Cela ne change rien au bill 23.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Bon!
M. LE PRESIDENT: Cela n'ajoute et ne retranche quoi que ce soit au
bill.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je voudrais tout simplement poser une
question au ministre des Transports. J'ai déjà causé avec
lui, et je sais que c'est un ancien camionneur artisan, n'est-ce pas?
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est vrai.
M. BELIVEAU: Il est possible que le ministre des Transports n'ait pas eu
cette idée au moment où il a dit ces choses.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, je prends la parole...
M. BELIVEAU: Nos camionneurs prennent peur facilement; ils ont
été exploités pendant tellement longtemps
qu'évidemment la moindre parole... Vous connaissez le
phénomène.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous dites que cela a été mal
rapporté, et je prends votre parole. Le ministre dit qu'il n'a pas dit
cela et je prends sa parole.
M. BELIVEAU: Je dis que cela a été dit.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela a été dit?
M. BELIVEAU: Oui. Je dis que le ministre l'a dit, mais je ne pense pas
que cela représente l'opinion du ministre.
Je dis plutôt...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ...qu'il a dépassé sa
pensée.
M. BELIVEAU: ...que ses paroles ont dépassé sa
pensée.
M. TREMBLAY (Bourassa): Mes paroles étaient de vous donner, dans
le bill 23, ce que vous n'avez jamais eu auparavant. C'était cela mes
paroles, je crois. Jusqu'à 1954, les transporteurs de camions à
bascule possédaient des permis pour le transport de la pierre, etc. En
1954, cela a été annulé. A ce moment-là,
c'était la bagarre dans tous les comtés. Je l'ai vécue
moi-même. Je crois que mes paroles ont été pour vous dire
que, maintenant vous aurez un statut, disons, vous aurez des taux, des
pesanteurs. D'ailleurs, on a adopté les arrêtés en conseil
pour les pesanteurs. Je crois que personne n'est contre cela qu'on ait des
pesanteurs pour ne pas détruire les routes. Maintenant, on va vous
donner des taux et des permis. Alors, c'était plutôt de cette
façon-là que je vous ai répondu, de ne pas vous en faire
de ce côté-là, parce que je connais votre problème.
S'il y a un problème que je connais, c'est bien celui-là.
M. BELIVEAU: Oui.
M. TREMBLAY (Bourassa): C'était plutôt de cette
façon-là que je vous ai répondu, de ne pas avoir peur.
Seulement, il y en a qui ont peut-être eu peur de ma façon de
répondre. J'ai peut-être répondu un peu vite, mais,
naturellement, on n'a pas toujours le temps de prendre trois heures pour donner
une explication.
M. BELIVEAU: C'est évident.
M. TREMBLAY (Bourassa): Mais, ce matin, nous sommes en commission. J'ai
accepté d'y venir. J'ai accepté de répondre, de vous
rencontrer et d'écouter ce que vous avez à dire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Maintenant, une autre question...
M. TREMBLAY (Bourassa): Excusez-moi, je ne veux pas vous enlever la
parole.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, non, je prends la parole du ministre.
Cela m'aurait surpris que le ministre dise cela, qu'il pense cela. Il l'a
peut-être dit, mais il ne l'a peut-être pas pensé. En tout
cas. Je reviens un peu à la reconnaissance syndicale. Je ne sais pas, je
vous demande plutôt votre opinion. Vous êtes conseiller juridique.
La reconnaissance légale de l'Association des camionneurs ne peut pas
être incluse dans le bill 23?
M. BELIVEAU: Non, ce n'est pas possible.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que cela a déjà
été demandé auparavant?
M. BELIVEAU: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce qu'il y a déjà eu des
demandes?
M. BELIVEAU: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela a abouti à quoi?
M. BELIVEAU: La reconnaissance syndicale ne peut pas être incluse
dans le bill 23, c'est clair. Seulement, la Commission des transports pourrait
nous dire tout de suite qu'en autant qu'elle est concernée elle
considérera l'Association des camionneurs artisans comme interlocutrice
valable pour les 5,000 membres. Déjà, ce serait une
reconnaissance dans les faits.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans les faits, mais ce ne serait pas une
reconnaissance syndicale légale.
M. BELIVEAU: Oui, mais ce serait une reconnaissance dans les faits qui
nous permettrait au moins d'avoir un simulacre d'outil pour travailler.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors, j'ai terminé. Maintenant,
j'aurais juste une question à poser au ministre des Transports. Quatre
problèmes ont été mentionnés dans le
mémoire, à savoir la reconnaissance syndicale, l'abolition du
patronage dans les contrats, le gel des permis et que le transport du bois soit
confié aux camionneurs artisans. M. le ministre, est-ce que vous voyez
un moyen de remédier à ces quatre problèmes par des
amendements au bill 23? Est-ce que vous prenez cela en
considération?
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai déjà eu une entrevue avec le
président de l'association, M. Dufour, sur le transport du bois. A ce
moment-là, mon idée était de ne pas inclure le transport
du bois dans le bill 23. Mais, après étude et après des
rencontres avec des personnes qui font du transport dans les forêts,
c'est qu'il y a plusieurs compagnies qui prenaient le meilleur transport,
disons, du haut des montagnes ou des côtes qu'on peut appeler et le
mauvais transport, bien on le donnait au camionneur artisan. Alors, à ce
moment-là, j'ai dit: La Voirie, c'est 75 p.c. du transport qu'elle donne
à l'artisan et 25 p.c. aux compagnies. Supposons que vous
êtes entrepreneur, vous faites 25 p.c. du transport, si vous
voulez, mais, par contre, vous êtes obligé de donner 75 p.c.
à l'artisan. Alors, je me suis dit: Je vais l'inclure dans la nouvelle
loi.
Quant à la reconnaissance syndicale, cela ne relève pas du
ministère des Transports, cela relève du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre. Je ne peux pas dicter de ligne de conduite au
ministre du Travail. C'est à l'association de se faire
reconnaître. J'ai déjà siégé à une
commission du ministère du Travail en remplacement du
député de Charlevoix, en 1968, si ma mémoire est
fidèle, et il y a eu une négociation. Il y avait les
entrepreneurs, les artisans, M. Dufour était présent. Il y a eu
discussion à ce moment-là. Le député de Charlevoix
pourrait donner plus de détails, c'est lui qui a siégé
à cette commission.
Mais sur la question de la reconnaissance syndicale, cela relève
uniquement du ministère du Travail.
Je ne peux pas répondre à cette question.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Excusez-moi, je suis d'accord, mais j'ai
posé la question à Me Béliveau.
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre qui prendra la décision.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela ne peut pas être inclus dans la
loi.
M. TREMBLAY (Bourassa): Alors, dans les autres domaines, transport en
vrac, etc., je donne aux camionneurs artisans des permis de transport, chose
qu'ils n'ont jamais eue. Maintenant, évaluer dans chaque comté ou
chaque région on ne devrait pas prendre chaque comté;
j'aimerais mieux prendre les régions comme Me Béliveau le
disait, il y a quelques instants, pour voir si, dans Lotbinière, on
manque de camions et s'il y en a dans Bellechasse à ne rien faire, eh
bien, cela devrait être fait pour qu'à chaque élection,
s'il y a changement de gouvernement, il n'y ait pas l'achat de 25, 30 ou 40
camions dans chaque comté.
Je crois que le bill est très clair; on veut limiter les permis
de transport pour camions à bascule afin qu'il n'y en ait pas trop dans
la province. Mais si dans telle et telle région il y a tellement de
travail qu'il y a une demande, à ce moment, il faudra que la demande
soit faite à la Commission des transports, qu'il y ait enquête,
étude et, ensuite, on pourra se permettre de donner de nouveaux
permis.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je voudrais juste ajouter quelque chose.
Tous les membres de la commission sont au courant qu'actuellement il y a des
camionneurs artisans qui sont en chômage pour toutes sortes de raisons de
surplus de permis ou de patronage, qu'importe, passons là-dessus.
M. TREMBLAY (Bourassa): Il n'y a pas de patronage là-dedans.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Bien, écoutez...
M. TREMBLAY (Bourassa): Pourquoi amener le mot "patronage"
là-dedans? Je ne vois pas le mot "patronage" dans le bill 23.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, mais les camionneurs artisans demandent
l'abolition du patronage dans l'octroi des contrats. Bon, on sait qu'il y en
a.
M. TREMBLAY (Bourassa): Si le ministère de la Voirie donne des
contrats sans soumission...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne dis pas que, vous, vous en faites. On
sait qu'il y en a, et cela depuis 25 ans.
M. TREMBLAY (Bourassa): Ah ça, c'est une vieille histoire. Je
pense que vous avez ça dans la tête depuis le début.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, mais j'ai dit que je passais
par-dessus.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, revenons au bill 23.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
député de Sainte-Marie se souvient très bien du temps
où René Lévesque exigeait que ce soit les
camionneurs...
M. LEGER: M. le Président, qui a la parole?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de son choix qui soient engagés
à l'Hydro-Québec
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai dit, à la dernière
séance de la commission et je le répète ce matin, que je
ne parlerais pas du patronage du nouveau chef de l'Union nationale. Je vais
être délicat, il est absent. S'il était ici, j'en
parlerais, mais, étant donné qu'il est absent, je vais le
ménager là-dessus et je ne me permettrai pas de faire allusion au
patronage du chef actuel de l'Union nationale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, parce qu'à ce
moment-là...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je vous prie de revenir au bill 23.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement puisqu'on a mis en cause le chef de l'Union nationale.
M. LE PRESIDENT: Les règlements, on va laisser ça aux
avocats, puis on va essayer de s'en tenir au bill 23.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux dire au député de
Sainte-Marie que, le jour où il voudra faire un inventaire du patronage,
je lui parlerai des tractations de M. René Lévesque auprès
de l'Hydro-Québec pour l'engagement de camionneurs à l'Hydro, au
détriment des camionneurs artisans. C'est clair!
M. LE PRESIDENT: Bon! Le député de Chicoutimi a fait son
point, je le remercie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas fait mon
point, c'est un anglicisme. J'ai fait valoir mon argument.
M. LE PRESIDENT: Vous avez fait valoir votre argument.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Passons là-dessus, mais je tiens
à faire remarquer aux membres de la commission et à l'assistance
que chaque fois que je parle de patronage, c'est le député de
Chicoutimi qui prend le feu. Alors, il y a quelque chose de louche
là-dedans. Il se sent attaqué. Passons. Maintenant, je veux tout
simplement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Sainte-Marie pourrait donner des faits?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne me permettrai pas d'en donner ici; je
n'ai pas le temps.
M. LE PRESIDENT: Revenons au bill 23, parce que je vais susprendre la
commission.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je connais très bien la région
de Chicoutimi et j'ai oui dire toutes sortes de choses en ce qui regarde le
patronage du député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas entendu parler de la mine
Campbell quand René Lévesque intervenait?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le ministre, je sais que les camionneurs
artisans ont des droits acquis et je pense que vous allez prendre en
considération qu'il faut que ces droits acquis soient sauvegardés
dans le bill 23. Pour notre part, quand le projet de loi reviendra à
l'Assemblée nationale en comité plénier, attendez-vous
à avoir des amendements sur bien des articles parce que j'aime bien la
sauvegarde des droits acquis, que ce soit pour n'importe quel groupe de la
société, même pour le député de Chicoutimi.
Quand il a des droits acquis, j'aime bien qu'on les lui laisse.
Alors, j'ai terminé, M. le ministre.
M. BELIVEAU: Me permettez-vous juste une observation, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. BELIVEAU: C'est qu'à l'article 26, paragraphe 3, nous sommes
confinés, encore une fois, à un secteur. Nous voudrions nous voir
assigner un secteur. Nous sommes confinés à un secteur et il
n'est nulle part dit que nous aurons ce secteur à nous seuls. Il est dit
que nous allons nous retrouver là-dedans. Alors, le point fondamental
que j'ai voulu souligner ce matin, c'est que nous souhaitons que la Commission
des transports nous assigne un secteur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Charlevoix.
M. Raymond Mailloux
M. MAILLOUX: M. le Président, après les observations qui
ont été faites par M. Béliveau ce matin et les questions
qui ont été posées par le député de
Chicoutimi, comme le ministère de la Voirie a été
passablement mis en cause, vous me permettrez d'apporter quelques
éclaircissements et, si nécessaire, de poser quelques questions
à M. Béliveau également.
On a fait référence tantôt d'abord au dernier
congrès de l'Association des camionneurs artisans où il avait
été largement question de reconnaissance de fait s'il n'y avait
pas de reconnaissance syndicale. Je me rappelle qu'à ce moment-là
il y avait eu un "gentleman's agreement", une convention verbale, à
l'effet que l'Association des camionneurs artisans, qui était à
ce moment organisée si ma mémoire m'est fidèle
dans environ 53 comtés du Québec, serait reconnue par des
hauts fonctionnaires du ministère de la Voirie. La demande était
faite au même moment aux camionneurs artisans de ne pas faire d'action
syndicale dans les autres comtés où il y avait de multiples
associations, où il y avait divergence de vues, tant et aussi longtemps
que le gouvernement, que les ministères concernés, soit les
ministères du Travail, des Transports, des Terres et Forêts, de la
Voirie n'auraient pas discuté entre eux et apporté une
législation qui permette, d'abord, de définir le terme de
camionneur artisan, de savoir si les clauses de protection qui étaient
à ce moment accordées seraient logiques, et d'apporter toute
autre législation nécessaire afin que l'action syndicale puisse
se terminer.
Je pense que tous les membres de cette commission conviendront qu'il
n'appartient pas au ministère de la Voirie de faire lui-même de
l'action syndicale. Comme l'ANCAI était à ce moment bien
organisée dans 53 comtés, dans les jours qui ont suivi ce
congrès, après avoir fait rapport au ministre de la Voirie,
celui-ci a demandé à M. René Blais, sous-ministre
suppléant, d'envoyer un télégramme demandant à
chaque divisionnaire de reconnaître comme seules unités de
négociation, pour la partie des contrats qui concernait la clause de
protection des camionneurs artisans, où il y a la clause 7525, et pour
tous les autres travaux en régie, les associations reconnues dans ces 53
comtés. Le télégramme a été envoyé
par M. René Blais.
Malheureusement, une erreur a été faite à ce moment
par ce fonctionnaire, sans qu'il le veuille, et le télégramme a
été envoyé dans tous les comtés du Québec,
même dans la région de Montréal où les routiers
(teamsters) sont organisés.
Je me rappelle qu'à ce moment-là, même M. Dufour, le
président des camionneurs artisans, avait demandé que ce
télégramme ne soit pas envoyé ailleurs. Je mentionne un
cas en particulier: le comté de Saguenay où, depuis la
construction du barrage Manic 5, il y a là-bas une association qui
s'appelle la Coopérative des camionneurs artisans et qui détient
un privilège exclusif des travaux de Manic 3 actuellement, jusqu'au 1er
mars 1972. C'est ce télégramme qui a un peu amené la
confusion dans certains comtés. Je dois dire devant M. Béliveau
que la convention verbale que nous avions concernant des comtés, comme
Drummond ou d'autres comtés où il n'y avait pas d'associations
reconnues, où il y avait litige, l'action syndicale s'est
continuée et cela nous a amené des problèmes
particuliers.
Je pense que M. Béliveau admettra que dans les 53 comtés
où il y avait unité d'action il n'y a pas eu tellement de
problèmes. Je dois affirmer également que jamais, sous aucun
régime politique, tant et autant n'a été fait pour les
camionneurs artisans. Je ne mentionnerai qu'un cas en particulier sur la rive
sud, dans les comtés de Rivière-du-Loup, Kamouraska,
Témiscouata. Je pense que les gens savent que sur les contrats de la
Transcanadienne il n'y a jamais eu de clause 7525; le gouvernement
fédéral ne l'a jamais permis. Afin de permettre que les
camionneurs qui étaient en congé qui n'avaient pas de
travail puissent avoir accès aux travaux, le ministère de
la Voirie a accordé une subvention de $500,000 en ouvrant quatre
contrats permettant à tous les camionneurs artisans de ces
comtés, qui étaient sans travail, de pouvoir participer à
quelques-uns de ces contrats où il n'y avait pas de clause 7525.
M. Béliveau a mentionné également ce matin que sur
les routes de la province, pour la première fois, une tentative est
faite où 100,000 tonnes de sel sont transportées par les
camionneurs artisans dans certains districts en aval de Québec, sur la
rive sud ou sur la rive nord. C'est également la première fois
qu'un gouvernement donne $400,000 de transport pour permettre à des
artisans qui sont sans travail d'avoir accès aux travaux.
Cette mesure, je dois l'avouer, est faite contre d'autres camionneurs
qui ne sont pas artisans, mais qui, possiblement, ont également le droit
de gagner leur vie.
Dans la discussion, M. Béliveau a mentionné souvent
tantôt le chiffre de 5,000 camionneurs artisans. Je pense qu'on doit
quand même rétablir ici les faits. Si on faisait le
dénombrement de ces 5,000 camionneurs artisans, on a souvent
accusé les députés d'être propriétaires de
camions on trouverait des gens qui possèdent des postes
d'essence, d'autres qui possè- dent des garages, d'autres qui
possèdent sept camions, d'autres qui possèdent des camions et des
machines, d'autres qui possèdent des terres. Il y en a de toutes sortes
là-dedans, à telle fin que l'on est assuré que si l'on
fait le dénombrement de ces 5,000 camionneurs artisans, si, comme je le
suppose, le terme artisan signifie le propriétaire qui conduit son
propre camion et qui vit principalement du camionnage, ce chiffre sera
réduit de moitié.
Je voudrais que les gens de la commission comprennent que, malgré
toute la hâte qu'apporte l'actuel gouvernement à tenter de
régler ce problème du camionneur artisan, que nous savons
explosif, jamais il n'a été fait autant dans le but d'apporter
une aide appréciable à ces artisans. Je n'ai pas à revenir
sur tout le travail que je fais depuis 1964 dans le but de les faire
reconnaître par les différents ministères
concernés.
On a mentionné tantôt que le ministère de la Voirie
était le principal concerné; je dois malheureusement affirmer que
moins de 30 p.c. du travail qui est fait par les artisans vient du
ministère de la Voirie. C'est principalement la forêt qui fait
vivre les camionneurs artisans. Je me rappelle des discussions
précédentes; quand nous en venons à pouvoir fixer des taux
protégeant les camionneurs artisans, soit dans les chantiers actuels,
20.6 p.c. ou 20.5 p.c, nous savons fort bien que lorsque nous passons une
mesure comme la Loi des pesanteurs, qui sera d'ailleurs mise
complètement en vigueur à compter du mois de mars 1972, nous
devons réduire les charges de 90,000 à 64,000 livres. Nous
devrons, à ce moment-là, réduire les charges qui seront
conduites vers les moulins de papier de onze à sept cordes,
entraînant du fait une augmentation considérable du prix de la
tonne de papier. Quand on sait qu'actuellement, en raison de la concurrence
avec les marchés étrangers des. provinces voisines, les
compagnies de papier ont des difficultés extraordinaires, les
ministères concernés sont donc soucieux de ne pas apporter de
législations qui mettent en danger également des compagnies qui
font vivre d'autres Canadiens.
Il a été discuté avec le ministère des
Forêts à savoir s'il serait nécessaire d'apporter des
politiques de soutien, étant donné que nous devrons faire
respecter les pesanteurs sur les routes. Je pense que la commission comme les
camionneurs artisans doivent prendre conscience du fait que le ministère
du Travail devra d'abord définir quel est le véritable artisan
dans le camionneur. Nous devrons connaître l'inventaire complet des
artisans qu'il y a dans la province. Il sera nécessaire que tous
ceux-là soient effectivement reconnus. Les ministères, tel celui
de la Voirie, qui accordent des clauses de protection, devront redéfinir
les clauses qui actuellement accordent souvent 75/25. Les ministères
doivent également considérer que dans tout le camionnage, s'il y
a 3,000, 4,000 ou 5,000 camionneurs artisans, il y a également 7,000,
8,000 ou 10,000 autres camionneurs qui
ont deux, trois, quatre ou cinq camions et qui désirent vivre
également. Devant tous ces problèmes, les ministères
concernés sont actuellement à tenter de préparer des lois
qui viendront à donner justice à peu près à tous.
Mais si les camionneurs artisans, dans une hâte effrénée,
veulent faire en sorte que le gouvernement apporte des lois qui ne sont pas le
reflet des besoins, je crois que ce serait une erreur grave du gouvernement.
Tous savent évidemment quelle sympathie j'ai accordée aux
camionneurs artisans.
Je dis donc actuellement que les ministères concernés
et j'ai assisté à la dernière réunion avec
le ministre du Travail vendredi matin à Montréal font un
effort colossal dans le but d'arriver à quelque chose de valable pour
tous les intéressés, mais le gouvernement donnera, je crois, les
réponses qu'attendent les artisans et d'autres camionneurs quand tous
les à-côtés du problème et des problèmes
auront été étudiés. M. le Président, je vous
remercie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je veux demander à Me
Béliveau, combien il y a selon ses statistiques, de camionneurs artisans
dans le Québec et combien, parmi ceux-là, sont membres de cette
association.
M. BELIVEAU: A mon point de vue, il y a à peu près 10,000
camionneurs artisans au Québec. Il y en a 5,000 qui sont chez nous et
les 5,000 autres sont dans l'île de Montréal et dans les quelques
comtés qui ne sont pas encore organisés.
Concernant les camionneurs artisans répondant à la
définition de celui qui a un camion, qui gagne sa vie avec, qui le
conduit lui-même, 90 p.c. de nos effectifs actuellement sont vraiment des
artisans. Les autres 10 p.c., ce sont des gens qui ont un, deux ou trois
camions, qui nous disent: nous voulons être dans l'association, mais
faites-nous la preuve que nous pourrons avoir des garanties de gagner notre vie
avec un camion nous nous ferons un plaisir de nous débarrasser du
deuxième et du troisième.
Donc, à mon point de vue, il y a deux définitions du
camionneur artisan, il y a celle de maintenant qui doit comporter et accepter
des distinctions ou des exceptions, il y a celle qu'on vise évidemment,
à court terme, pour dans deux ou trois ans où on retrouvera dans
le secteur seulement des gens qui gagnent leur vie avec un camion parce qu'ils
auront eu la preuve qu'ils peuvent gagner leur vie avec un camion. Et ceci ne
peut pas se faire sans reconnaissance légale.
M. MAILLOUX: Me Béliveau, est-ce que vous pensez que le
gouvernement, à même les taxes des contribuables, est en mesure
d'accorder à d'autres qui ne sont pas artisans, qui sont actuellement
dans des associations, une mesure d'assistance que le gouvernement refuse, pour
en nommer une catégorie, à tous les navigateurs du Saint-Laurent
qui, comme les camionneurs, se sont acheté ou fait construire un bateau
dans le but de vivre et qui n'ont aucune mesure d'assistance? Est-ce que vous
croyez qu'à tous ceux qui ne sont pas de véritables artisans, le
gouvernement doit apporter des mesures d'assistance pour faire vivre deux,
trois, quatre et cinq camions et faire respecter la cédule des justes
salaires?
M. BELIVEAU: Non, nous sommes convaincus que s'il y avait reconnaissance
syndicale, et si, pour un temps, on accepterait comme notion de camionneur
artisan celui qui peut ne pas l'être parfaitement, pour le moment, nous
sommes convaincus que, d'après les besoins du Québec et le nombre
de camions qu'il y a, tout le monde pourrait y trouver son profit. Il est
évident qu'à l'heure actuelle, il y a des gens qui ne sont pas
artisans et c'est un problème que vous avez soulevé et qui
existe, mais ce sont des gens qui, après consultation, nous ont
démontré qu'ils souhaitaient devenir artisans mais pour peu
qu'ils puissent gagner leur vie et qu'on cesse justement de jouer avec eux.
J'ouvre une parenthèse, M. le député, pour vous dire que
vous avez souligné tout à l'heure les efforts
déployés pour le camionneur artisan, je dois dire devant la
commission que c'est bien vrai. Il est bien évident que si on avait eu
davantage de gens comme vous, qui ont compris le problème si vite, le
problème serait réglé à l'heure actuelle.
Mais il y en a qui ne sont pas artisans et qui souhaitent le devenir et
qui souhaitent gagner leur vie là-dedans, cela prend une reconnaissance
syndicale. J'ai remarqué que vous avez dit: le jour où les
artisans nous auront donné l'inventaire de ci, ou l'inventaire de
ça. Mais avez-vous songé que ça va prendre encore des
mois? Avez-vous songé qu'il y a 5,000 gars en colère qui nous
poussent dans le dos? Et vous en avez été témoin. Ils nous
poussent dans le dos, je ne peux plus les contenir, ils disent: Cela nous prend
au moins une reconnaissance syndicale. Qu'on cesse d'être l'objet de
chantage de la part d'un entrepreneur, d'un cantonnier, de celui-ci ou de
celui-là.
Si tous les comtés fonctionnaient comme le vôtre, M. le
député de Charlevoix, il n'y en aurait pas de problème.
Mais ce que je souligne actuellement, c'est que je représente 5,000
camionneurs qui, malheureusement, ne demeurent pas tous dans Charlevoix.
M. LEGER: M. le Président...
M. MAILLOUX: M. le Président, je pense que...
M. LEGER: M. le Président, je m'excuse, mais je pense que j'ai la
parole...
M. MAILLOUX: ... M. Béliveau, il n'y a pas
seulement le comté de Charlevoix, il y a près de 50
comtés et ça ne s'est jamais vu dans le Québec.
M. BELIVEAU: Cela ne s'est jamais vu dans le Québec.
M. MAILLOUX: Cela ne s'est jamais vu. Vous avez fait un tableau
plutôt noir au début, ce n'est pas le tableau qu'on constate dans
le Québec actuellement, il n'y a jamais eu autant de gain pour les
camionneurs artisans que depuis que ce gouvernement est en place. Jamais, en
aucun temps.
M. BELIVEAU: Je peux vous dire, M. le député de
Charlevoix, que le camionneur artisan en 1971, au moment où je vous
parle, n'a aucune espèce de protection légale de quelque nature
qu'elle soit, et c'est justement ça qu'il réclame. Qu'il gagne
plus qu'en 1921, c'est clair. Qu'il gagne plus qu'en 1945, c'est
également clair. Mais il gagne encore bien moins que bien des gens qui
n'ont pas à faire cet investissement de $25,000 ou $30,000, et c'est
ça qui n'est pas normal.
Que nos camionneurs artisans ne peuvent pas planifier pour envoyer leurs
gars à l'université ou à l'école, qu'ils ne peuvent
pas voir un avenir plus prometteur pour leurs fils que pour eux-mêmes,
c'est un problème existant en 1971 et je suis obligé de le
souligner. C'est clair qu'il s'est fait des efforts, mais à l'heure
actuelle, nos gars exigent qu'on les reconnaisse légalement. Ce n'est
pas compliqué. Les cultivateurs et les gens de tous les secteurs de la
société réclament ça.
C'est ça qu'on demande justement, qu'au moins la Commission des
transports qui n'a pas le pouvoir de nous faire une reconnaissance
légale, nous considère entre-temps comme un porte-parole valable
qui représente 5,000 camionneurs. En attendant, on ira frapper à
la porte qu'il faut et, justement, en attendant, on ne voudrait pas non plus
que des politiciens en place ou des gens en place nous disent: Votre
sécurité syndicale, vous ne l'aurez jamais; on a parlé
avec celui-ci, avec celui-là, vous êtes un problème pour
tout le monde, vous allez crever, etc.
Ce qu'on veut actuellement, ce sont des faits précis et
immédiats.
J'ai le regret de vous le dire immédiatement parce que moi, par
nature, je n'ai pas l'habitude d'exiger des gens. Je crois encore à la
négociation, mais je dois bien en venir à l'évidence
qu'à l'heure actuelle la négociation est rompue et il n'y a pas
possibilité d'aller plus avant. Il faut des gestes concrets, et ces
gestes-là nous ne pouvons pas les avoir autrement que par
l'autorité en place; nous le demandons bien respectueusement.
M. LEGER: M. le Président, Me Béliveau, je pense que vous
avez parfaitement raison de demander une reconnaissance légale, un gel
des permis pour corriger une situation qui dure depuis de nombreuses
années. Ce matin, vous avez mentionné les problèmes dans
les comtés où il y a de la discrimination concernant l'octroi de
contrats pour les camionneurs artisans. Ce matin même à la table,
devant les accusations que vous apportiez pour certains comtés, la
première riposte que vous avez eue fut : Avez-vous regardé dans
le comté de Wolfe? Avez-vous regardé dans le comté de
Gaspé-Nord? Alors, on se renvoie la balle en disant: Si c'est mal
là, n'oubliez pas que c'est encore mal là-bas. S'il n'y a pas de
loi qui règle tout ça, on sera encore en train de se
chicaner...
M. BELIVEAU: C'est clair.
M. LEGER: ... mettre en évidence les situations anachroniques qui
existent dans différents comtés. Ne pas procéder par une
loi, je pense que c'est illogique, c'est une perte de temps.
M. BELIVEAU: On a parlé, M. le Président, de la clause 75
p.c. 25 p.c. effective dans la plupart des contrats de la Voirie mais
cette clause c'est 75 p.c. 25 p.c. de ce qui n'est pas l'infrastructure.
Alors, dans les comtés actuellement, les entrepreneurs parlent de la
notion d'infrastructure. Ils disent aux camionneurs artisans: Vous avez droit
à 75 p.c. 25 p.c. de ce qui n'est pas l'infrastructure. Alors, le
gros problème se discute sur une question de pouces, qu'est-ce que
l'infrastructure? Ce que nous voudrions avoir c'est 75 p.c. 25 p.c, pour
le moment, de tout ce qui se transporte pour faire un chemin. Qu'on ne vienne
pas nous bombarder de notions de mots où nos gars sont
complètement perdus et où l'entrepreneur a beau jeu pour finasser
avec les petits camionneurs.
M. LEGER: De plus, M. le Président, je pourrais quand même
affirmer, en voyant la situation, qu'on peut corriger par certaines lois des
anomalies; mais tant qu'une population au Québec n'a pas un
contrôle de sa politique nationale pour régler les vrais
problèmes, pour avoir une solution collective, pour avoir une politique
et ne pas être absente de cette politique nécessaire, soit dans le
domaine forestier, dans le domaine de l'industrie et du commerce, on se
retrouve dans des petites politiques locales, partisanes, où les
intérêts privés...
M. LE PRESIDENT: Je rapelle l'honorable député de
Lafontaine à l'ordre; ça n'a pas de rapport au bill
présentement en discussion.
M. LEGER: M. le Président, j'ai la parole et je tiens à
parler sur le bill 23...
M. LE PRESIDENT: Vous avez la parole parce que je vous l'ai
accordée.
M. LEGER: Ce n'est qu'une solution temporaire et ça ne
règle pas le problème en entier. Je pense que c'est mon droit de
le dire. Si ça fait mal à quelqu'un, tant pis, mais la solution
est là.
Alors, M. le Président, Me Béliveau disait tantôt
que certaines compagnies recevaient des subventions gouvernementales, qu'avec
ces sommes d'argent on s'achetait des camions et qu'on entrait directement en
conflit avec les camionneurs locaux. Etes-vous au courant si ces subventions
avaient été données à ces compagnies dans un but
bien précis pour telle ou telle partie de leurs activités ou si
c'était seulement une subvention générale qui leur
laissait le loisir de faire ce qu'elles voulaient?
M. BELIVEAU: Je pense que c'étaient des subventions
générales. Je ne dis pas qu'on s'est servi de ces sommes
d'argent, je dis qu'on retrouve le phénomène suivant: Une
compagnie de pâtes et papier reçoit des subventions du
gouvernement et en même temps s'achète des camions pour
transporter le bois alors qu'à Macamic, par exemple, pour ne citer qu'un
cas, vous avez peut-être 35 ou 40 camions très bien
équipés qui sont dans les cours et qui ne transportent rien
justement à cause de cela et c'est anormal.
M. LEGER: Vous avez parlé, si vous permettez, après, j'ai
deux questions seulement.
M. MAILLOUX: Ce ne sera pas long. M. LEGER: Allez-y.
M. MAILLOUX: C'est sur l'observation que le député de
Sainte-Marie a faite. M. Béliveau, ne voulez-vous pas dire par là
que les compagnies forestières qui oeuvrent sur les territoires de la
couronne, qui exploitent nos richesses naturelles ne reçoivent pas de
subvention? Vous voulez dire évidemment que les compagnies
forestières qui exploitent les richesses naturelles emploient leurs
propres camions? Vous n'avez pas parlé de subventions.
M. BELIVEAU: Je parle du cas suivant, M. le Président; c'est que
plusieurs usines de pâtes et papier, reçoivent des subventions du
gouvernement et en même temps font le transport de leur bois.
M. MAILLOUX: Quel type de subvention?
M. BELIVEAU: Je vais vous donner comme exemple un cas précis: les
Perron en Abitibi. A un moment donné, ils ont demandé aux
camionneurs de la place de faire le transport du bois; à un autre
moment, ils ont reçu des subventions du gouvernement et maintenant ils
font le transport du bois.
M. MAILLOUX: Des subventions du gouver- nement pour des constructions de
chemins de pénétration?
M. BELIVEAU: Non, pour des usines de pâtes et papier, du moins,
d'après les renseignements que nous avons.
M. LEGER: M. Béliveau, actuellement, est-ce que vous êtes
protégés contre le fait que des personnes peuvent louer des
camions et faire un travail en concurrence avec vos camionneurs? Du fait,
justement, que ces compagnies peuvent louer des camions et se permettre de
déduire de leur impôt la totalité de la location de ces
camions, après trois années ou deux de location, elles peuvent
acheter ces camions pour une valeur de je ne sais pas 10 p.c. A
ce moment-là, c'est exactement une concurrence déloyale pour un
camionneur qui n'a pas les possibilités de le faire.
M. BELIVEAU: C'est un cas qui existe. Il y a un autre cas qui existe que
nous étudions présentement, c'est que des compagnies, par
exemple, de pâtes et papier peuvent fort bien avoir une entreprise de
camionnage qui, en soi, est déficitaire, mais, à cause des lois
de dégrèvement d'impôt et des privilèges qu'elles
ont à certains chapitres pour l'impôt, cette entreprise, en soi
déficitaire, devient rentable. Vous comprenez ce que je veux dire?
Alors, notre étude là-dessus n'est pas encore terminée,
mais nous arrivons déjà à cette conclusion.
M. LEGER: M. Béliveau, si vous aviez une loi qui vous donnait une
reconnaissance légale et un gel des permis, en pratique, cela voudrait
dire quoi concernant le fait qu'il n'y aurait pas de discrimination par la
suite? Des faits précis? Comment se donne un contrat
précisément? Même si vous avez un gel des permis, cela ne
veut pas nécessairement dire que la distribution des contrats sera faite
d'une façon égale. Est-ce que vous avez des méthodes
à proposer?
M. BELIVEAU: La méthode à proposer est la suivante: la
Commission des transports qui sera créée sera dotée, tout
de même, de mécanismes qui auront, je pense, les bras assez longs
pour vérifier sur place des anomalies à certains principes qui
auront été reconnus à la suite de négociations.
Disons qu'un taux est octroyé pour tel genre de transport; disons
qu'un secteur est accordé à tel genre de camionneur, disons
à un camionneur artisan. Si, à Macamic, dans le Lac-Saint-Jean ou
ailleurs, il y a des entrepreneurs ou des divisionnaires qui ne suivent pas la
politique, immédiatement, on aurait le droit de porter une plainte.
Actuellement, on n'a pas le droit de porter une plainte.
Une cause a été plaidée récemment où,
à un moment donné, on a tenté d'organiser des camionneurs
d'un comté qui voulaient s'organiser. On a fait une plainte parce que
des
entrepreneurs ont fouté à la porte les camionneurs en
question et ont dit: Il n'y aura pas de syndicat de camionneurs ici. On est
allé devant le tribunal pour se faire dire ceci: Ecoutez, vous avez
raison, mais cette disposition qu'on retrouve dans le code du travail qui
empêche un patron de mettre à la porte celui qui veut s'organiser
syndicalement, étant donné que vous n'êtes nulle part,
vous, les camionneurs artisans, vous n'êtes pas dans le code du travail,
vous n'êtes nulle part, on ne peut pas vous l'appliquer, on ne peut pas
vous en faire bénéficier.
C'est tout de même tragique de se faire dire ça. C'est un
point que je souligne même si, à ce jour, je dois
reconnaître qu'il s'est fait des améliorations dans notre domaine.
C'est le point le plus tragique. On n'a pas de droits. Nous n'avons absolument
rien qui puisse nous permettre de dire: L'année prochaine, c'est
sûr, parce qu'on a un droit acquis. On a tout simplement de la bonne
volonté, on a du coeur au ventre, on a une foule de gars qui refusent
d'aller à l'assistance sociale où ils seraient beaucoup mieux
parce qu'en répondant à certaines normes ils auraient au moins un
chèque.
Mais nous n'avons pas de loi et nos gars veulent travailler quand
même. M. le Président, je me suis posé la question pendant
six mois: Comment se fait-il que, le secteur étant aussi pourri, il y
ait des gars qui veulent encore y demeurer et y travailler? J'ai fini par
comprendre que le gars de "truck", comme on l'appelle, c'est un gars qui a la
vocation de conduire son camion. Il lui faut un volant dans les mains.
Même dans les périodes où il travaille très fort,
disons sept jours par semaine, le dimanche, il va trouver le moyen d'astiquer,
de frotter son camion pour qu'il soit beau et propre le lundi matin. Disons que
son premier amour est probablement sa femme, mais le second, qui vient tout
près, c'est son camion. C'est un plaisir presque sexuel qu'il a à
conduire son camion.
M. LEGER: Me Béliveau, prenons un cas pratique. On disait
tantôt qu'on faisait jeûner un groupe quatre ans et, les autres
quatre ans, c'est un autre groupe. Prenons un cas hypothétique: si vous
avez dans une région, disons 25 camionneurs de telle couleur et 25
camionneurs d'une autre couleur politique, qu'est-ce que la loi pourrait faire
étant donné qu'il y aurait un taux fixe pour dire que tout le
monde aurait une chance égale?
M. BELIVEAU: D'abord, le problème que vous soulevez, celui du
patronage, n'est pas généralisé. C'est dans quelques
comtés localisés parce que, grâce aux efforts
déployés par certains membres, on a pu installer quelque chose
qui fonctionne très bien.
Comment pourrait fonctionner cette loi-là par rapport à du
patronage éventuel dans dix ou quinze ans? Si celui qui est camionneur
artisan doit répondre à certaines qualités pour le
devenir, évidemment, il a un permis émis par la commission et,
à ce moment-là, il est protégé, parce qu'il est
coiffé par une loi. A quiconque voudrait lui enlever quelque droit, il
pourrait tout de même, devant un tribunal compétent, dire:
Ecoutez, j'ai des droits, voici la loi. On plaide ce matin.
Actuellement, quand j'ai une cause à plaider devant quelque
tribunal que ce soit, je ne peux jamais répondre, quand le juge me
demande où est la loi qui me permet de prétendre à tel
droit, car je n'en ai pas de loi, je n'ai absolument rien.
M. LEGER: Dans vos études, vous parlez de gel de permis.
Avez-vous fait des études pour déterminer du moment que la loi
serait effective, combien de permis devraient exister? Y a-t-il eu une
étude de faite là-dessus?
M. BELIVEAU: L'étude provient de l'expérience. Tenant
compte de ce que nous disent nos camionneurs dans chaque comté, tenant
compte du fait que la moyenne de travail est d'environ quatre mois ou quatre
mois et demi, on vient vite à la conclusion qu'il y a trop de camions
par rapport au secteur qui nous est accordé ou par rapport aux besoins
du Québec. C'est en partant de ces faits concrets que nous venons tout
de suite à la conclusion qu'il y a trop de camions.
A un moment donné, devant des travaux importants ou
intéressants qui se situent n'importe où au Québec, on
voit arriver une suite de camions qui vient de Montréal ou d'ailleurs et
qui prend les emplois de nos gars pendant que les camions sont dans la cour.
Cela, c'est tragique. Les gars réussissent quand même à
faire leurs paiements à la finance en faisant des contorsions
spirituelles et physiques épouvantables. Moi, je me pose encore des
questions.
Ce sont tous de braves garçons qui veulent gagner leur vie au
Québec et qui sont un apport important pour le Québec.
M. LEGER: Vous dites qu'il y a environ 10,000 camionneurs artisans, dont
5,000 sont membres de votre association. Vous n'avez pas de chiffres
approximatifs pour dire qu'il en faudrait 6,000 ou 7,000?
M. BELIVEAU: Non, mais je peux vous dire que nos camionneurs travaillent
quatre mois par année. Cela, c'est un fait brutal; de là, je
pense que l'on peut tirer les conclusions que j'affirme.
M. LEGER: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. Béliveau, votre mémoire contient certaines
demandes auxquelles vous aimeriez avoir des réponses positives dans la
réglementation qui s'en vient, probablement.
De toute façon, une de ces demandes disait, entre autres, par
exemple, que vous aimeriez voir la participation des camionneurs artisans
à 75-25 dans le transport des compagnies privées, par exemple,
qui transportent du bois et des compagnies surtout forestières.
Dans mon comté, en Abitibi ce sont des compagnies
forestières. De quelle façon prétendez-vous établir
une certaine justice pour les compagnies forestières existantes qui sont
déjà organisées et qui maintiennent probablement, elles,
75 p.c. de leur camionnage actuellement? Si la loi était adoptée
demain matin, de quelle façon pourrait-on être juste envers ces
compagnies qui détiennent ce moyen de transport?
M. BELIVEAU: C'est un problème qui se retrouve dans chaque
secteur où il y a des gens de trop. Les solutions doivent venir de
l'autorité en place. Je sais bien qu'il y a des gens dont cela ne ferait
pas l'affaire de se faire dire, demain matin, que le transport du bois va se
faire par les artisans. C'est pourquoi nous sommes tellement sensibles à
cet argument-là que nous disons qu'il pourrait y avoir un délai
d'un certain nombre de mois ou d'années pour permettre à chacune
des parties de s'enligner là-dessus.
J'ai oublié, M. le Président, de vous citer tout à
l'heure le chapitre des pénalités, pour vous montrer que le bill
23 ne pense pas tellement à nous. Au chapitre des
pénalités, quand on regarde les montants pour les première
et deuxième pénalités, je pourrais vous citer plus d'un
cas où ce serait la faillite complète pour des camionneurs que de
payer disons $500 ou $1,000 d'amende. Il faudrait que l'on prévoie, pour
le camionneur artisan qui possède un camion et qui vit avec, des
pénalités beaucoup moins grandes, qui pourraient être de
$50 pour la première amende, de $100 pour la seconde et de $150 pour la
troisième. Là encore, on voit que pour le camionneur artisan il
n'y a rien de spécial, parce que ce serait la faillite dans bien des
cas.
M. AUDET: M. Béliveau, au sujet du surplus de camions que nous
avons au Québec, comme vous dites, peut-être viendra-t-il un jour
où nous aurons besoin d'une augmentation de l'effectif du camionnage.
Ceci est peut-être pour un avenir assez lointain, mais, de toute
façon, dans l'obtention de nouveaux permis, si vous aviez, par exemple,
votre reconnaissance syndicale, de quelle façon verriez-vous l'obtention
nouvelle de permis? Est-ce que vous faciliteriez l'obtention de permis aux
camionneurs artisans existants, pour un deuxième ou un troisième
camion, ou de nouveaux membres dans votre syndicat?
M. BELIVEAU: De nombreux membres, parce que le point de vue que nous
avons, c'est qu'un jour ou l'autre la définition du camionneur artisan
réponde parfaitement au caractère suivant: un type
possédant un camion. H le conduit et vit avec lui. Comment
prévoir le mécanisme de l'émission de nouveaux permis?
C'est bien simple. Moi je fais confiance à l'autorité en place,
la Commission des transports, qui, devant l'évidence qu'il faut d'autres
permis pour répondre à des besoins accrus au Québec, ou
l'évidence qu'il ne faut pas d'autres permis, va sûrement rendre
une décision qui a du bon sens. Mais comment pourrions-nous nous faire
entendre si nous n'avons pas de dimension juridique? Là, c'est une
absence complète, de notre point de vue. Tandis que je crois encore
à la négociation qui pourra se faire au niveau de la Commission
des transports.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Me permettriez-vous une question dans le
même ordre d'idée. Me Béliveau, pour votre reconnaissance
syndicale, est-ce qu'en vertu du code du travail actuel on pourrait le faire ou
pensez-vous que ça prendrait une loi spéciale comme le
syndicalisme agricole, par exemple?
M. BELIVEAU: Cela prendrait une loi spéciale parce qu'en vertu du
code du travail actuel, je ne vois aucune possibilité.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela prendrait une loi spéciale. Bon.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Transports.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. Béliveau, premièrement, je
voudrais vous remercier de votre plaidoyer. Maintenant, vous parlez des
camionneurs en colère. Je peux vous dire que les camionneurs artisans
sont en colère, à ma connaissance, depuis 1946. J'ai vécu
dans ce domaine jusqu'en 1962. Je crois qu'à l'heure actuelle, c'est une
étape, un pas en avant que le bill 23; prenez l'article 26, paragraphes
3, 3 a) et b), je crois que cela indique déjà, à l'heure
actuelle, que l'artisan camionneur fait un pas en avant.
Vous avez parlé d'inventaire. C'est sûr que c'est assez
coûteux et je verrais difficilement une association faire l'inventaire
des camions à bascule de la province de Québec quand le
ministère des Transports peut le faire par le Bureau des
véhicules automobiles, enfin, faire une recherche rapidement et à
un coût très minime. Alors, je comprends très bien que
c'est assez difficile, dans votre cas, de faire cet inventaire. Mais nous, nous
pouvons le faire et assez rapidement. Malgré que, quelquefois, il y a
des personnes qui vont enregistrer leur camion, si vous voulez, avec des
"bunks" qu'on peut appeler, de transport pour le bois et, deux mois
après, ils ont une boîte pour transporter du gravier. Je crois
qu'il peut y avoir une petite différence de 5 p.c. à 10 p.c, mais
par les enquêteurs, on peut retrouver cela assez facilement.
Maintenant, la différence entre l'artisan et celui qui a deux,
trois, quatre, cinq ou dix camions, c'est cette définition qui est assez
difficile, parce que celui qui a cinq camions, il fait vivre quatre familles.
Dans ces quatre familles, vous avez des pères de famille qui n'ont
peut-être pas les moyens de s'acheter un camion. Ils n'ont pas les moyens
de la banque ou ils ne sont peut-être pas acceptés par les
compagnies de finance. Alors, ces gens-là, disons, dans la région
de Montréal ou dans la région de Québec, gagnent $4
l'heure ou $3.85 l'heure, et gagnent $200 par semaine. Alors ces gens-là
n'ont pas les moyens de s'acheter de camion. Est-ce qu'on va pénaliser
ceux qui ont cinq camions ou dix camions ou quinze camions? Il faudrait se
comprendre. Il ne faudrait pas non plus détruire l'artisan qui a dix,
douze, quinze ou même vingt camions, si vous voulez, mais qu'il fasse
seulement du transport par camion à bascule.
Vous allez prendre des compagnies ou des villes qui, à un moment
donné, à cause de la neige ou s'il y a une grosse construction,
vont appeler les artisans, mais elles vont appeler aussi celui qui a dix
camions. Elles ont un appel à faire au lieu d'en faire dix. Ce sont des
choses, je crois, sans diminuer ce que vous avez dit, qu'il faut aussi
comprendre dans nos règlements. Parmi ces gens-là, il y a des
pères de famille qui travaillent pour ces gars. Alors ces pères
de famille n'ont pas les moyens de s'acheter un camion, à ce
moment-là, ils gagnent leur vie comme ça. Ce sont des artisans
quand même. Alors c'est cette façon qu'il faudrait comprendre dans
nos règlements.
Maintenant, la reconnaissance syndicale, vous savez comme moi que cela
relève du ministère du Travail. Comme disait mon collègue
de Charlevoix, il y a quelques instants, je crois que tous les
ministères ensemble et tous les députés vont faire en
sorte qu'on en vienne, disons, à une moyenne je ne dis pas 100
p.c., parce que 100 p.c, ça n'existe pas pour que le camionneur
artisan appelez-le comme vous voulez, celui qui détient les
camions à bascule puisse gagner sa vie et travailler plus que
quatre mois par année.
Alors, en émettant des permis, des règlements, à ce
moment-là, avec la progression la province de Québec
s'agrandit d'année en année je crois que d'ici un an ou
deux, ceux qui possèdent des camions pourront gagner très bien
leur vie. Je comprends le problème. Je sais que tous les ans, les
caisses populaires perdent de l'argent, et c'est le beau-père ou un
endosseur qui est obligé de payer la caisse populaire; je suis au
courant de tous ces problèmes. Je sais que réellement on met des
gens dans la misère, je comprends le problème.
Mais le problème n'est pas de rayer ceux, entre l'artisan, celui
qui a un camion et celui qui en a cinq ou dix. Je crois qu'il faut bien
s'entendre, ce gars fait vivre neuf ou dix familles. Ce n'est pas de
l'entrepreneur que je parle, je parle toujours du gars qui fait du transport
avec un camion à bascule. Bon!
Maintenant, dans le bill 23, vous avez des taux qui vont être mis
en vigueur dans les régions. Vous savez comme moi que depuis 1945 il n'y
a pas eu de changement de taux. Je crois que tout le monde est au courant de
ça, les taux sont demeurés les mêmes dans le transport. Il
y a des régions où c'est $0.20 le premier mille, 19 milles
à $0.05 et après 20 milles, ça tombe à $0.04 le
mille par tonne. A ce moment, je suis bien d'accord avec vous que personne ne
peut vivre à ces taux-là. Même il y a des compagnies de
sable à Joliette qui font encore du transport à Montréal
pour $0.03 1/2 le mille par tonne. Alors, au bout de deux ou trois ans,
l'artisan n'est plus capable, il est venu à bout de payer son camion, il
n'est plus bon, mais il ne peut pas le changer. Il n'est pas en faillite, mais
il ne peut plus fonctionner.
Alors, ce sont des choses qu'on prévoit ici, quand on dit
à l'article 26, paragraphe 3: "Transport de matières en vrac". Je
crois qu'à ce moment-là le camionneur artisan a réellement
une ouverture qu'il n'a jamaie eue dans sa vie. Alors, on lui ouvre la porte.
S'il arrive un bateau dans un port et le camionneur transporte des marchandises
de Montréal à Valleyfield. Il y a eu un temps où le taux
était de $1.75 la tonne. Aujourd'hui, par suite de la concurrence, il
est rendu à $1.35 la tonne. Cela n'a aucun sens. C'est même de
mettre les compagnies en faillite, même les compagnies de transport par
camion à bascule.
Alors, le gouvernement doit intervenir par une loi. Maintenant, la
reconnaissance syndicale, j'y reviens tout le temps, cela appartient au
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Je n'ai siégé
qu'une fois à la commission du Travail et de la Main-d'Oeuvre, mais M.
Mailloux y a siégé plus souvent et il pourra vous donner plus de
détails.
Maintenant, quant à l'investissement des camionneurs artisans, il
faut conserver dans le Québec les camionneurs artisans, il faut qu'ils
demeurent parce que le camionneur artisan comparé au gros entrepreneur,
il y a une grosse différence. Le camionneur artisan fait vivre la
quincaillerie, la station d'essence, il fait vivre beaucoup de gens dans son
entourage, tandis que le gros entrepreneur, lui, achète directement. A
ce moment-là, ce qui arrive, c'est que le petit transporteur n'est plus
dans la compétition, mais par contre les gens de la place ne peuvent pas
vivre. Le petit garagiste qui emploie huit employés, bien, à ce
moment-là il n'en emploie seulement trois. Alors je comprends
très bien la situation du camionneur artisan et c'est pour cette raison
que le bill 23, par les règlements qui vont être apportés
à l'article 26, je crois qu'il va être éclairci. Les
règlements, nous sommes en 1971, en 1972 ça peut être
différent et je ne voudrais pas non plus qu'on en fasse un cartel, qu'on
dise, à un moment donné... Prenons le cas d'un homme que je
connais très bien, M. Dufour. Son fils veut s'acheter un camion
dans le comté de Charlevoix, il y a un manque de camions dans cette
région-là et on dit: Bien, c'est gelé, les camions. Il y a
un manque de camions dans toute cette région de la Côte-Nord.
Est-ce que son fils, un gars de 22 ans, n'aurait pas une chance de partir en
affaire et de pouvoir grossir ou est-ce qu'un autre camionneur n'aurait pas une
chance? Pourquoi empêcher l'investisseur de pouvoir
s'éDanouir?
Il faut faire attention également à un certain cartel qui
peut s'introduire là-dedans.
M. BELIVEAU: Notre but, M. le ministre, est justement celui que vous
soulignez; s'il y a un besoin de camions, il va de soi qu'il y a
émission de nouveaux permis. Mais si, par fantaisie, un homme veut
devenir camionneur alors que déjà, dans une région, il y a
beaucoup trop de camions, on crée là un problème; on force
les autres et tout le mode à vivoter. Le problème que vous
soulevez, c'est un des points pour lequel nous nous battons. S'il y a un
besoin, cela va de soi qu'il y ait un permis d'émis.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je suis bien d'accord qu'il faut émettre
des permis, mais qu'il faut faire l'inventaire avant d'en émettre de
nouveaux.
M. BELIVEAU: Dois-je comprendre, M. le ministre, qu'en attendant que cet
inventaire soit fait, il y aurait un certain contrôle d'ici ce temps pour
que des gens, par exemple, qui voient la baie James ou d'autres projets
importants ne puissent acheter 100, 150, 200 camions?
M. TREMBLAY (Bourassa): Ils ne pourront pas le faire, parce qu'ils
devront avoir un permis de la Commission des transports. Si la région de
l'Abitibi, qui a une route en contruction, peut fournir les camions à la
baie James, à ce moment, la commission n'émettra pas de
permis.
M. BELIVEAU: Mais aujourd'hui, en 1971...
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est un non-sens; s'il n'y a pas de travail
dans la région de l'Abitibi, alors que la baie James est à 90,
120 ou 140 milles, ces camions peuvent aller travailler là. Je comprends
bien votre point de vue, mais ce serait un non-sens d'émettre de
nouveaux permis ou d'envoyer des gens de Montréal travailler
là.
M. BELIVEAU: Oui, mais aujourd'hui, par exemple, on sait qu'on n'a pas
besoin de permis pour avoir un camion. Qu'est-ce qui empêche un groupe
d'hommes d'affaires de Montréal de s'acheter aujourd'hui même 50
camions pour dire, à un moment donné, quand le bill sera
adopté: On était sur la carte, nous autres, il nous faut une part
du gâteau. Etant convaincus qu'il y a déjà trop de camions,
est-ce qu'il n'y aurait pas un mécanisme quelconque pour bloquer
dès aujourd'hui l'achat de nouveaux camions ou avertir très
sérieusement que si on achète ce camion c'est à son
risque, de façon à ne pas empoisonner l'existence de camionneurs
qui sont déjà peut-être trop nombreux pour les besoins du
Québec, y compris ceux qui se préparent là-bas?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je ne crois pas qu'il y ait de compagnies ou de
personnes qui soient tentées d'acheter 40 ou 50 camions. Je ne vous dis
pas qu'il n'est pas temps que cette loi soit adoptée le plus tôt
possible, mais je ne crois pas que personne compagnie ou individus
achète 40 ou 50 camions au cas où le projet de la baie
James fonctionnerait d'ici 2, 3 ou 6 mois. A ce moment-là, c'est assez
difficile pour moi de dire aux compagnies de camions: Vous ne vendrez plus de
camions. Vous allez comprendre avec moi qu'après que le bill sera
adopté et en vigueur, là, on pourra contrôler les permis;
mais d'ici ce temps, je ne pense pas que je puisse dire à la compagnie
Mack: Vous ne vendrez pas de camions à M. Cloutier ou vous ne vendrez
pas de camions à M. Tremblay. C'est une chose que je ne peux pas
faire.
M. BELIVEAU: Mais la compagnie Mack sait fort bien que le bill s'en
vient et qu'il y aura...
M. TREMBLAY (Bourassa): Il faut comprendre un peu la situation. C'est
assez difficile, tant que la loi n'est pas adoptée, de dire: Vous ne
vendrez pas de camions à M. Tremblay, de Chicoutimi, s'il veut en
acheter deux, trois ou quatre. Je pense qu'il faut adopter cette loi d'abord.
En tout cas, disons que je vais répondre à votre question...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le ministre me permettrait-il d'ajouter
quelque chose? Je comprends que la société Mack ne me vendra pas
de camion à moi mais...
M. TREMBLAY (Bourassa): Elle peut vous en vendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, elle ne le fera pas maintenant, parce que
plusieurs entreprises se constituent actuellement à Montréal et
qui ont requis des soumissions de certaines sociétés qui vendent
de gros transporteurs en vue des travaux qui seront effectués à
la baie James. Le ministre devrait être au courant de cela. S'il appelait
M. Paul Desrochers, il saurait tout cela.
M. TREMBLAY (Bourassa): Si le député de Chicoutimi est au
courant de ces choses-là, moi, je ne le suis pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est dommage.
M. MAILLOUX: M. Béliveau.
M. TREMBLAY (Bourassa): On a parlé du bois; j'en ai dit quelques
mots il y a un moment. Je trouve pénible de voir que les compagnies
prennent les meilleurs secteurs du transport du bois alors que les mauvais
secteurs sont donnés à l'artisan. Je crois qu'à ce moment,
de concert avec le ministère des Terres et Forêts, on peut en
venir à une entente à 75 25, etc., mais que ce ne soit pas
seulement la grosse entreprise qui en bénéficie. Il faut tenir
compte aussi des paroles de M. Mailloux, que malgré qu'il y ait
compétition, il pourrait se faire un travail de concert, de façon
que l'on soit en compétition avec les autres pays ou les autres
provinces dans le domaine de nos richesses forestières. Le bois est une
de nos ressources naturelles.
On peut toujours demander à ces compagnies, même plus,
invoquer, comme le fait le ministère de la Voirie, 75 p.c-25 p.c. je
crois qu'on peut en venir à une entente avec ces Compagnies, mais avant
de m'engager plus loin j'aimerais avoir d'autres ententes...
M. BELIVEAU: D'accord.
M. TREMBLAY (Bourassa): ... avec le ministre titulaire des Terres et
Forêts. M. Béliveau, vous avez parlé des amendes.. A
l'article 85, vous avez parlé du taux des amendes pour les particuliers
et les compagnies. Le maximum pour les particuliers est de $500 et, pour les
compagnies, il est de $1,000.
M. BELIVEAU: Si on regarde la deuxième amende, M. le ministre,
cela veut dire la faillite.
M. TREMBLAY (Bourassa): Si vous parlez des amendes pour ceux qui
vont...
M. BELIVEAU: Pour les particuliers.
M.TREMBLAY (Bourassa): ... à l'encontre de la loi, elle est de
$500 au maximum pour les particuliers et de $1,000 pour les compagnies. Je
crois que là nous n'avons pas oublié le camionneur artisan. Il y
a une différence de 50 p.c.
M. BELIVEAU: J'ai peut-être mal compris, mais, quand il s'agit
d'une deuxième offense, l'amende du particulier peut aller
jusqu'à $1,000, si j'ai bien lu l'article. Pour un grand nombre de nos
membres ce serait évidemment le drame le plus épouvantable que
d'avoir à payer $1,000 d'amende.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je ne peux pas encourager les transporteurs
à aller à l'encontre de la loi. Si on a mis $500, c'est que je
crois que le transporteur va s'y conformer autant que la compagnie va se
conformer à $1,000. Si on n'impose pas d'amende ou si on n'impose
que
$50, on se fera dire, même par des membres de votre association:
Vous n'avez pas mis une amende assez élevée, les gars
transportent et ils n'ont pas de permis pour faire du transport à telle
place. On a $50 ou $100 ou $150, un maximum de $500, pour la compagnie un
maximum de $1,000. Les compagnies ne sont pas tellement heureuses de payer
$1,000. Même, à l'heure actuelle, je me fais dire, concernant les
nouveaux poids établis à Montréal, par des camionneurs
artisans: Telle compagnie n'a pas eu de billet et nous, nous avons des billets
de pesanteur. J'ai vérifié moi-même et les mêmes
compagnies ont jusqu'à 100 ou 120 billets d'infraction parce que la
charge était trop pesante et pas permise par la loi, par exemple, sur le
boulevard Métropolitain à Montréal. Ce sont des
renseignements que j'ai pris hier afin de savoir si cela était vrai ou
non. Les compagnies sont autant pénalisées que les artisans afin
qu'elles se conforment à la loi. Je ne peux pas dire de baisser l'amende
car, vous le savez autant que moi, s'il n'y a aucune amende les gars vont s'en
fouter et la loi ne sera pas, respectée. Vous êtes le premier, je
crois, à être contre cela. Vous voulez que la loi soit
respectée.
M. BELIVEAU: Je suis le premier, M. le ministre, à souhaiter
qu'il y ait des amendes. Cependant, ce que je voudrais c'est que dans le bill
23 on tienne compte des proportions. Il est évident que la compagnie
Smith Transport pour ne citer qu'un exemple qui paierait $1,000
d'amende dans un cas peut quand même y trouver son profit; je vous dis
que pour le camionneur artisan qui par malheur serait obligé de payer
$1,000 d'amende c'est la faillite complète parce que déjà
il est endetté pardessus la tête et pour des années. C'est
seulement le point que je voulais soulever, c'est la très grande
différence qui existe entre le moyen des uns et le moyen des autres
à l'intérieur de la même commission.
M. LEGER: Est-ce que le ministre ne trouve pas qu'il y a une
disproportion entre l'amende imposée aux compagnies et celle
imposée aux individus? C'est là la question. Est-ce que le
ministre peut y répondre? Ne trouve-t-il pas disproportionnée
l'amende à une compagnie comparativement à celle imposée
à un individu, de $500 à $1,000?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je trouve qu'elle est pas mal
proportionnée. Ce ne sont pas toutes les compagnies qui sont grosses et
surtout Smith Transport n'est pas dans le domaine dont on parle.
M. BELIVEAU: Ce n'est qu'un exemple. La compagnie, à la fin de
l'année, peut lout de même présenter un rapport
financier; elle peut même payer moins d'impôt si elle
paie beau-
coup d'amendes, M. le ministre. Tandis que chez nous ce serait un drame
je vous le dis encore une fois que de payer $1,000 d'amende. Une
grande compagnie de transport qui paierait $10,000 d'amende aurait $10,000 de
profit de moins à présenter dans son rapport financier à
la fin de l'année. Elle paierait moins d'impôt. Chez nous, $1,000
d'amende pour un individu, un camionneur artisan, qui vient de plusieurs coins
que je pourrais vous citer, ce serait un drame à la fois individuel,
familial et tout ce que vous voulez. Le gars ne peut pas s'en sortir. Il n'y a
pas de proportion, à mon point de vue, entre les amendes imposées
à ceux qui sont très puissants et qui feront partie de la
commission et le camionneur artisan, qui, par définition, à
l'heure actuelle, est pauvre.
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est pour cette raison que dans la loi
si vous la lisez bien c'est au plus $500 à l'artisan.
M. BELIVEAU: Non. Le deuxième délit, $1,000, M. le
ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour le second. Il y a quand même,
M. le Président, une disproportion entre l'amende imposée
à un individu et celle imposée à une société
puisque, si on reprend l'article 85, on voit très bien: $200 et d'au
plus $1,000 lorsqu'il s'agit d'un individu, d'au moins $800 et d'au plus $5,000
lorsqu'il s'agit d'une corporation ou d'une société à
fonds social, pour chaque infraction subséquente dans les douze mois qui
suivent une infraction. Ceci est le deuxième délit. Il y a
déjà une disproportion dans le cas de la première
infraction; il y a une disproportion beaucoup plus marquée dans le cas
de la seconde. Je pense que le ministre devrait...
M. TREMBLAY (Bourassa): Le ministre prend bonne note de cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... reconnaître que c'est une
considération importante.
M. TREMBLAY (Bourassa): J'enregistre de très bonnes notes sur
cette suggestion.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais revenir
sur certains points soulevés par M. Mailloux.
M. Mailloux je le remercie des renseignements qu'il nous a
donnés nous a dit qu'il y avait des associations des camionneurs
artisans dans environ 53 circonscriptions et qu'on avait demandé, lors
de cette réunion qui s'est tenue, qu'on suspende l'agitation, si je puis
appeler cela ainsi, et qu'on ne poursuive pas d'action syndicale dans les
endroits où les associations ne sont pas encore constituées.
C'est compréhensible, étant donné les
difficultés d'aménagement de tout ce complexe de l'organisation
des camionneurs artisans. Maintenant, le député de Charlevoix, a
dit qu'après l'inventaire, après avoir dénombré les
camions, il resterait environ la moitié des camionneurs artisans dont Me
Béliveau nous a dit qu'ils étaient actuellement 5,000. Me
Béliveau, est-ce que, selon vous, après inventaire, le nombre des
camionneurs artisans pourrait être réduit de moitié?
M. BELIVEAU: Après inventaire, le nombre des camionneurs artisans
pourrait être réduit de 10 p.c, mais ces 10 p.c. désirent
se qualifier pour devenir des camionneurs artisans pour peu que nous ayons des
conditions de vie qui nous permettent de vivre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon.
M. BELIVEAU: Ce sont des gens qui sont mentalement des camionneurs
artisans. Si nous avons accepté dans les rangs de nos membres des gens
qui ont un, deux ou trois camions, c'est parce que les autorités
concernées nous ont demandé de les accepter également, et
pour une question strictement humaine: il est facile à comprendre qu'on
ne peut pas dire à un type qui a deux ou trois camions: Mets en deux sur
le tas de ferraille et fous-nous la paix, tu n'a pas le droit de vivre. S'il y
avait un délai de prévu et si on avait des conditions de vie
normales, il est évident que ces gens-là se qualifieraient
et très vite et avec plaisir avec un seul camion.
M. MAILLOUX: Est-ce que le député de Chicoutimi me
permettrait une observation?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Certainement.
M. MAILLOUX: Entre les chiffres de 10 p.c. que M. Béliveau
avance, qui ne seraient pas de véritables artisans, et ma
prétention à l'effet que pas tellement plus de 50 p.c. seraient
de véritables artisans, dans mon esprit, je considère qu'au
moment où le ministère du travail aura défini le terme
artisan, ce sera un propriétaire de camion qui le conduira
lui-même et qui, forcément, devra nous dire que c'est son
principal revenu. Les définitions du terme artisan, selon les
nomenclatures que j'ai entendues tantôt, semblent assez variables
à chacun des participants. Mais j'imagine mal que le gouvernement
veuille accorder un taux de protection, le taux de la cédule des justes
salaires, soit 20.6 p.c. ou 20.5 p.c, à des gens qui ne seraient pas
effectivement de véritables artisans, des gens qui sont
désavantagés et qu'il faut aider par une mesure d'assistance.
Dans mon esprit, c'est clair et net, et au moment où le terme artisan
sera défini, il y aura, je le pense, beaucoup moins d'artisans qu'on en
avance actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je remercie le député de
Charlevoix de ces précisions et je reviens à Me Béliveau.
Il est bien entendu que tout le monde, et je l'ai dit dès le
départ quand j'ai fait ma première intervention, nous
étions évidemment pour cette reconnaissance syndicale de votre
association. Cela relève évidemment d'un autre ministère
et ne peut pas faire ici l'objet de l'étude du projet de loi 23.
Lorsque l'on procédera à l'examen de ce problème en
vue de la reconnaissance syndicale, on devra définir l'artisan de la
même façon qu'actuellement, dans la Loi du syndicalisme agricole,
on devra définir ce que c'est qu'un producteur agricole, un agriculteur
ou un cultivateur. Mais, M. Béliveau, selon vous, un camionneur artisan
est celui qui possède un véhicule et qui en tire son principal
revenu, qui le conduit lui-même et qui en tire son principal revenu.
M. BELIVEAU: C'est la définition que nous souhaitons voir
appliquer, pas immédiatement, parce que ça créerait
tellement d'injustice, mais dans quelques mois, alors que les types qui ne sont
pas tout à fait artisans pourraient se qualifier pour le devenir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans ces conditions-là, si on acceptait
par hypothèse cette définition, est-ce que vous croyez
qu'après inventaire, une fois reconnue votre association, il resterait
encore 5,000 camionneurs artisans, étant donné que d'autres
viendraient se joindre à l'association.
M. BELIVEAU: J'en suis tout à fait convaincu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Béliveau, évidemment, ce que
vous demandez, outre la reconnaissance syndicale qui est un problème
spécifique comme je viens de le mentionner, c'est que l'on reconnaisse
dans la loi, d'une façon explicite, votre association et qu'on
délimite le champ de son activité...
M. BELIVEAU: Absolument.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...ce qui, à votre avis, n'est pas
actuellement indiqué à l'article 26.
M. BELIVEAU: Si je lis l'article 26, je suis forcé d'en venir
à la conclusion que nous sommes confinés à cet article,
mais qu'on ne nous assigne pas un secteur. C'est là tout le
problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, il est bien évident
c'est une observation que j'avais faite au ministre et il me pardonnera de la
refaire encore une fois que nous avons la loi actuellement; nous n'avons
pas la réglementation. Or, la délimitation de ce secteur, de ce
champ d'activité, serait faite, à ce moment-là, par voie
de réglementation. Me Béliveau, croyez-vous que la
réglementation, dans ce cas-là, serait suffisante pour vous
donner cette garantie que vous exigez ou si vous préféreriez
qu'il y ait une disposition dans la loi qui détermine le champ
d'activité que vous revendiquez?
M. BELIVEAU: Vous me demandez, M. le député, si j'aime
mieux que ce soit maintenant que peut-être plus tard. J'aimerais mieux
voir dans la loi une disposition, évidemment, qui consacre ce principe;
c'est clair.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, vous préféreriez que la
loi consacre le principe.
M. BELIVEAU: Evidemment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez, comme moi, l'expérience de
la réglementation; une loi peut être fort bonne, mais on peut
l'altérer, en changer même les principes lorsqu'on rédige
la réglementation afférente à la loi. Alors, pour ma part,
sous réserve évidemment d'un examen plus approfondi des
difficultés que cela pourrait entraîner, je serais, avec vous,
d'avis que le ministère doive inscrire dans la loi une disposition
déterminant le champ d'activité qui doit être celui des
camionneurs artisans.
Maintenant, Me Béliveau, vous vous inquiétez à
raison de la question de l'inventaire des véhicules dont nous a
parlé le ministre à plusieurs reprises. Je crois que cet
inventaire est nécessaire, mais vous vous posez la question suivante:
Entre-temps, qu'est-ce qui peut se produire? Selon vous, qu'est-ce qui se
produit actuellement qui pourrait laisser croire que cet inventaire,
étant assez long, vous soyez, à cause de cela, privés des
droits que vous réclamez ce matin?
M. BELIVEAU: C'est que nous avons des informations précises
à l'effet que des gens se préparent à acheter des camions
pour les envoyer dans des endroits où vraiment il y a un dollar à
faire et très vite, alors que, disons dans le secteur de la baie James,
il y a des gens qui chôment actuellement. Il s'agit de camionneurs
artisans qui ne demandent pas mieux qu'à travailler et qui sont
prêts à travailler. Alors, le danger est imminent, il existe. Il y
a des gens qui planifient à long terme; ils font bien, je ne les
méprise pas pour tout cela, mais il reste que, si on ne prévoit
pas une sorte de mécanisme qui les prévient d'avance qu'ils
achètent à leurs risques, évidemment, les compagnies qui
fabriquent les camions ont avantage à vendre et à vendre le plus
possible, et je pense qu'il y a des gens qui vont s'organiser pour s'acheter
des camions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Me Béliveau, dans votre
mémoire, à la page trois, sous l'article 5 f), vous dites ceci:
"La Commission des transports devrait étendre sa juridiction aux
véhicules du ministère de l'Equipement de façon à
ce que les unités soient marginales et jamais compétitives avec
les inté-
rêts des sujets de la commission." Que voulez-vous dire exactement
ici?
M. BELIVEAU: Le ministère de l'Equipement qui possédera
les véhicules c'est bien normal ne devrait pas, en fin de
compte, être en position de prendre les emplois de ceux qui attendent
actuellement. Il ne devrait jamais être dans une position
concurrentielle. Dieu sait que, si on étendait la politique de lui
permettre d'acheter des véhicules pour faire des travaux, il serait
drôlement concurrentiel parce qu'il dispose, en fin de compte, de
pouvoirs que nous n'avons pas.
Le ministère de l'Equipement, à notre point de vue, doit
avoir des véhicules dans la mesure où ces véhicules font
des travaux tout à fait marginaux, exceptionnels, accidentels, mais
jamais des véhicules qui s'installeront à la place de ceux qui
ont espoir de gagner leur vie dans le secteur un jour ou l'autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A la page 5, Me Béliveau... Oui, sur le
même sujet?
M. MAILLOUX: Vous parlez de ce qui sera probablement le futur
ministère de l'Equipement. Le ministère de la Voirie
possède ses propres véhicules qui sont affectés
spécialement à l'entretien des routes et il ne concurrence en
aucune façon les camionneurs artisans.
M. BELIVEAU: Pas à l'heure actuelle, mais si on regarde la loi
telle qu'elle est, disons que nous pourrions nous retrouver dans une situation
anormale où le ministère de l'Equipement pourrait avoir des
véhicules qui prendraient nos places.
M. MAILLOUX: Ce que j'ai pensé en lisant votre mémoire,
c'est que vous suggériez que le ministère de la Voirie retire ses
véhicules qui sont à l'entretien actuellement. Cela aurait
entraîné un problème particulier.
M. BELIVEAU: Non, ce n'est pas cela, M. le député.
M. MAILLOUX: D'accord, merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A la page 5 de votre mémoire, M.
Béliveau, à l'article 51 du projet de loi, vous dites:
"L'association se réjouit du contenu de cet article pour peu que la
commission prenne les dispositions pour que le coût de revient soit le
même partout. Elle devra faire légiférer les
ministères concernés pour que la gazoline ou l'essence
se vende le même prix dans tout le territoire
québécois. Comment le coût de revient serait-il le
même quand on vend la gazoline $0.60 le gallon à Rouyn alors qu'on
l'obtient à $0.36 à Shawini-gan? "
Vous demandez que la commission tienne compte de ces facteurs dans la
fixation des taux? Comment, mécaniquement, cela pourrait-il se faire,
à votre avis?
M. BELIVEAU: Mécaniquement, on sait que les cultivateurs du
Québec, par exemple, pour la plupart, ont des réserves de
gazoline pour leur usage personnel et que, pour autant qu'ils sont cultivateurs
et qu'ils répondent à certaines normes, ils ont un taux qui est
uniforme partout au Québec. Ou bien on prévoirait un
mécanisme comme celui-là ou bien, quand viendrait le temps de
fixer les taux dans l'Abitibi, par exemple, on tiendrait compte du fait que la
gazoline là-bas est beaucoup plus chère qu'à
Shawinigan.
Je vous dirais, M. le député, qu'il y a des camionneurs
qui dépensent 100 gallons de gazoline par jour, quand ils travaillent.
Alors, s'ils sont payés le même taux à Shawinigan
qu'à Rouyn-Noranda, toute la différence du monde se retrouve dans
le profit net, évidemment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, l'alternative c'est: ou des mesures
analogues à celles dont jouissent les cultivateurs...
M. BELIVEAU: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ou, dans la fixation des taux, enfin, un
examen des conditions particulières dans chaque région
étant donné que, dans diverses régions, le prix de
l'essence n'est pas le même.
Me Béliveau, en ce qui me concerne, je n'ai pas d'autres
questions, pour le moment, à vous poser. Nous en poserons au ministre le
cas échéant.
Mais, soyez assuré vous savez d'expérience, en ce
qui concerne Chicoutimi que nous avons non seulement pris bonne note de
vos demandes, de la requête générale que vous avez soumise,
mais nous sommes d'accord avec vous sur le principe de la reconnaissance
syndicale, sur l'inventaire, la limitation dont vous avez parlé
je ne veux pas vous réinterroger là-dessus parce que ce serait
peut-être un peu long et surtout sur la reconnaissance de
l'artisan et sur la délimitation de son champ d'activité.
Je vous ferai observer nous allons entendre d'autres
mémoires, d'autres organismes qui peuvent, à un moment
donné, se trouver dans une situation de concurrence avec le vôtre
qu'à l'article 26, les recommandations que vous faites me
paraissent toujours limitatives.
M. BELIVEAU: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous essaierons d'exiger du ministre qu'il
vous reconnaisse un champ d'activité peut-être plus grand, compte
tenu toutefois des représentations qui nous seront faites par d'autres
entreprises qui effectuent des travaux qui sont de même nature que ceux
qu'effectuent vos camionneurs artisans.
Je sais que mon collègue, M. Cloutier, a des questions à
vous poser. Je ne veux pas prendre le temps de la commission. Je vous
remercie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Me Béliveau, j'ai rencontré,
dimanche, comme plusieurs de mes collègues, l'association de
comté. Cela s'est déroulé dans l'ordre et je les en
félicite. J'ai remarqué que sur la cinquantaine de transporteurs
qui sont venus à la rencontre, la plupart et c'est normal, je
crois étaient équipés pour transporter des
matériaux de construction de chemins.
Il y en avait quelques-uns qui étaient équipés pour
le transport du bois. Je voudrais toucher le point particulier de
l'exclusivité que vous demandez, c'est-à-dire qu'un champ
spécifique vous soit assigné en ce qui concerne le transport du
bois. Etant donné que cela ne prend pas exactement le même
équipement et pour transporter les matériaux de construction de
chemins et du bois, que ce soit des billots ou du bois à pâte,
est-ce que les transporteurs actuellement, ceux qui font partie des camionneurs
artisans, sont en majorité équipés pour ces deux sortes de
transport important? Et ceux qui ne le sont pas, est-ce que, dans
l'éventualité d'une reconnaissance ou de l'assignation d'un
secteur en particulier, ils sont intéressés à faire les
dépenses d'équipement nécessaire? Et qu'est-ce que cela
pourrait représenter en investissement?
M. BELIVEAU: Actuellement, il y a beaucoup de camionneurs artisans qui
sont prêts, au point de vue matériel, à transporter le
bois.
Pour répondre à la deuxième tranche de votre
question, si les camionneurs artisans se voyaient attribuer le secteur du
transport du bois, pour une fois ils investiraient avec grand plaisir dans ce
secteur-là parce que la preuve est faite qu'ils ont investi
jusqu'à présent sans avoir aucune protection. Là, ils
auraient justement la certitude qu'avec leur investissement, cela va leur
rapporter quelque chose. Disons que si, demain matin, ce secteur nous
était accordé, je puis vous certifier qu'en l'espace d'une
semaine nos camionneurs artisans pourraient faire tout le transport du bois
qu'il y a au Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je parle d'un secteur que je connais bien: le
transport du bois dans la partie sud de Montmagny où il entre du
côté canadien, à partir du côté
américain, des forêts du Maine, environ 100 millions de pieds de
bois par saison d'hiver. Cela prend un équipement assez dispendieux.
Actuellement, il n'y a pas de problème, étant donné qu'il
vient des transporteurs de bois de plusieurs régions, à partir
des Cantons de l'Est jusqu'aussi loin que Témiscouata ou la
Gaspésie même. Ils viennent dans la section sud de Montmagny et de
L'Islet pour assurer le transport du bois.
Mais il reste que c'est un investissement assez dispendieux puisque,
dans ce secteur de transport, il y a une évolution aussi, il y a un
changement d'équipement qui entraîne un investissement assez
considérable. Vous nous dites que les camionneurs artisans, moyennant
une certaine assurance, une certaine sécurité, pourraient faire
l'investissement, mais vous n'avez pas d'idée actuellement sur ce que
cela pourrait représenter pour les camionneurs artisans.
M. BELIVEAU: Avec l'équipement qu'ils ont actuellement pour
transporter le gravier, disons qu'en ajoutant $6,000 ou $7,000 ils seraient
vraiment bien équipés pour transporter le bois. Ils seraient
très heureux de le faire pour transporter le bois. Mais je dois
mentionner que, déjà, il y en a beaucoup qui sont
équipés matériellement pour le transporter, mais qui sont
dans les cours et qui attendent d'avoir à faire le transport.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour les entrepreneurs forestiers importants de
ce territoire, que ce soit en Abitibi ou dans le secteur que je viens de
décrire, il y a un point extrêmement important, c'est qu'il y a un
temps limité pour ce transport du bois.
M. BELIVEAU: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a une saison, un nombre de semaines
limité, conditionné par la température. Alors,
l'entrepreneur forestier ne peut pas prendre le risque que son bois reste en
forêt. Il faudrait nécessairement qu'il y ait des ressources
suffisantes en équipement pour assurer le transport.
M. BELIVEAU: C'est clair.
M. CLOUTIER (Montmagny): Advenant la possibilité que la
réglementation prévoie que le camionneur artisan puisse avoir
accès exclusif ou accès en majorité à ce transport
du bois, quelle serait la période de transition que vous verriez afin
d'assurer aussi un équilibre entre les équipements actuels et les
équipements à venir?
M. BELIVEAU: Il se vend des équipements convertibles, si je peux
m'exprimer ainsi. En l'espace d'une matinée, il est possible de faire
d'un camion qui transporte du gravier un camion qui peut transporter du bois et
inversement. C'est un problème que nous réalisons, mais que nous
sommes prêts à assumer n'importe quand.
M. CLOUTIER (Montmagny): Très bien.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Béliveau,
dans votre mémoire, vous parlez de l'article 44. Vous dites que
l'association a peur de cet article, car la commission pourrait contourner le
principe de la limitation. Est-ce que vous voulez dire par là que,
même si le nombre des permis était limité, en vertu de
l'article 44, on pourrait toujours contourner la limitation des permis? Cela
irait-il jusqu'à dire que vous seriez en faveur que cet article soit
amendé, quoi? De quelle manière?
M. BELIVEAU: Nous souhaiterions que ce pouvoir ne soit pas
accordé au lieutenant-gouverneur en conseil.
Evidemment, si le principe de la limitation est accepté, si,
d'une part, on a la dimension juridique pour négocier et si, d'autre
part, ce pouvoir n'est pas accordé au lieutenant-gouverneur en conseil,
nous sommes prêts à assumer tout ce que ça
représente de danger.
Il est évident qu'il faut prévoir dans la loi des
mécanismes pour équilibrer le nombre de permis par rapport au
besoin et nous ne nous scandalisons pas de voir que certains articles le
prévoient et l'article 44 en est un.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que vous voulez dire par là
que ce pouvoir devrait être accordé à la Commission des
transports?
M. BELIVEAU: C'est ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Maintenant, une autre question, l'article
72, l'association s'oppose à la requête pour permission d'appeler.
Elle veut que cet appel existe de plein droit et également sur les
questions de fait. Voudriez-vous expliciter un peu votre pensée
là-dessus?
M. BELIVEAU: C'est parce que la permission d'appeler... Evidemment si le
principe de la permission d'appeler est consacré dans une loi, on
consacre en même temps le principe qu'on peut nous refuser la permission
d'appeler. On est d'accord là-dessus, je pense bien.
Nous voudrions pouvoir aller en appel de toute décision qui nous
serait défavorable sans avoir à prendre tous les corridors que la
loi prévoit pour demander à Pierre, à Jean ou à
Jacques la permission d'appeler. Le problème fondamental est le suivant,
c'est qu'être sûr qu'il y aura dans tous les paliers de cette
commission des gens qui comprennent le problème du camionneur artisan,
nous n'aurions même pas besoin de faire de remarque sur cet article. Mais
notre expérience nous démontre qu'à chaque fois qu'on
parle de notre problème à quelqu'un, il faut recommencer à
faire tout l'historique et j'imagine que la commission va avoir autre chose
à faire que d'entendre des historiques.
Alors, évidemment, on souhaiterait que la permission d'appeler
soit automatique. Si un citoyen qui est devant la commission désire en
appeler d'une décision, qu'il puisse le faire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci.
M. BELIVEAU: J'insiste surtout pour que le tribunal de la Commission des
transports soit un tribunal sans frais parce qu'on a parlé tout à
l'heure de pénalités, d'amendes qui, pour nous, peuvent
être nettement prohibitives eu égard à nos moyens.
Imaginez-vous combien pourraient être prohibitifs les frais qu'on
pourrait retrouver à différents paliers du tribunal de la
Commission des transports pour le camionneur artisan.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous étiez reconnus
légalement comme un syndicat, ce sont des choses que vous pourriez
négocier avec la commission.
M. BELIVEAU: C'est ça, quoique le principe des dépens pour
le tribunal de la Commission des transports, c'est tout de même un
problème qui regarde la Commission des transports. Cela pourrait
être un tribunal sans frais comme celui qu'on retrouve à la
Régie des alcools et qui donne l'exemple sur ce plan-là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur le même sujet, Me Béliveau,
concernant l'article 44, dont a parlé le député de
Sainte-Marie, vous dites que l'association a peur de cet article car la
commission pourrait contourner le principe de la limitation. Vous
suggéreriez que ce soit la commission qui décide et non pas le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. BELIVEAU: C'est cela. Partout où on trouve dans la loi, M. le
député, des pouvoirs qui sont accordés au
lieutenant-gouverneur en conseil, nous souhaiterions que ces pouvoirs soient
donnés à la commission. Nous rejoignons là le voeu
émis par l'Association du camionnage Inc., par mon confrère qui
a...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Béliveau, c'est une observation que
nous avons faite au ministre en lui indiquant que le ministre, en vertu de
cette loi, avait beaucoup trop de pouvoirs, mais nous y reviendrons lors de
l'examen en seconde lecture.
A l'article 72, dont a parlé le député de
Sainte-Marie, vous voulez que l'appel existe de plein droit et également
sur les questions de fait. Vous voulez qu'on reconnaisse l'appel juris et de
jure.
M. BELIVEAU: C'est cela. Evidemment on nous dira que n'importe qui peut
aller en appel et n'importe quand. C'est un danger qui existe, bien sûr.
Le danger est moins grave, à mon point de vue, que la personne qui
pourrait être privée d'un droit d'appel si, par fantaisie ou pour
d'autres motifs ou parce qu'on n'a pas bien compris son problème, on
refusait de lui
permettre ce droit d'appel. Il y a toujours des inconvénients de
part et d'autre, évidemment. Mais le droit d'appel, il faudrait qu'il
soit consacré de plein droit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, Me Béliveau.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. Béliveau, je vous remercie d'avoir fait la
lumière sur la concurrence déloyale que certaines compagnies
privées font par le ricochet de subventions gouvernementales
accordées à des entreprises supposément créatrices
d'emplois, pour s'équiper d'un ensemble de camions pour effectuer
pratiquement tout leur camionnage et souvent pour laisser la part non rentable
au petit camionneur dans des conditions impossibles. Je crois qu'à la
lumière de vos arguments et de vos remarques, la réglementation
sur le transport comprendra les changements souhaitables.
M. BELIVEAU: Le principe que nous voulons, en fait, c'est que si une
usine veut être une usine de pâte et papier, qu'elle ne soit pas en
même temps un transporteur. Qu'on mette de l'ordre là-dedans, tout
simplement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: J'aurais une question à poser au ministre. Par ses
déclarations tout à l'heure, j'ai cru comprendre qu'il avait un
penchant favorable. Toutefois, la position prise par son ministère me
semble encore quelque peu ambiguë.
J'aimerais savoir si son ministère entend appuyer les
revendications, de se donner une dimension juridique pour les camionneurs
artisans, d'appuyer le syndicalisme pour les camionneurs artisans, s'il entend
également faire les pressions voulues auprès du ministère
du Travail et s'il espère des développements prochains dans ce
domaine? Est-ce que son ministère serait même prêt à
établir un échéancier justement en vue d'amener une
politique du transport favorable de plus en plus à l'artisan dans la
province de Québec? C'est un cas de principe.
M. TREMBLAY (Bourassa): Pour répondre à l'honorable
député, il est question de dialoguer avec lui et de le tenir au
courant des problèmes de transport du camionneur artisan, mais de
là à lui dicter ce qu'il doit faire, je crois que M.
Béliveau peut faire les représentations au ministère du
Travail pour obtenir sa reconnaissance. Il n'appartient pas au ministre des
Transports d'intervenir auprès de l'autre ministère et de lui
dire: "... Tu vas faire ceci ou cela." Je vais en discuter avec le ministre
concerné, mais je crois que Me Béliveau va faire ses
représentations. Après cela, le ministre du Travail pourra
prendre ses décisions au point de vue de la reconnaissance du camionneur
artisan afin de savoir s'il va le reconnaître, de quelle façon il
va le reconnaître, etc., les normes... Cela relève uniquement du
ministère du Travail.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Béliveau, est-ce que
excusez-moi, M. le ministre vous avez bien dit tout à l'heure
je crois avoir bien compris que, pour que vous soyez reconnus,
pour que vous obteniez cette reconnaissance syndicale, les dispositions
actuelles du code ne permettent pas qu'on vous reconnaisse et qu'il faudrait un
projet de loi?
M. BELIVEAU: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci.
M. LATULIPPE: Est-ce que, M. le ministre et vos officiers vous
êtes favorables à ce principe de reconnaissance syndicale pour les
camionneurs artisans ou si c'est encore à l'étude?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je suis favorable à donner une loi, des
pesanteurs et des taux aux camionneurs, mais quant à la reconnaissance
syndicale, cela relève uniquement je l'ai dit il y a quelques
instants du ministère du Travail.
M. BELIVEAU: Est-ce que j'ai bien compris, M. le ministre, quand j'ai
décelé chez vous, ce matin, un penchant naturel d'appui pour
cette reconnaissance syndicale?
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai répondu que cela relevait du
ministère du Travail.
M. BELIVEAU: J'avais donc mal compris.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, comme le ministre est
membre du cabinet et qu'il peut rencontrer à loisir son collègue,
le ministre du Travail...
M. TREMBLAY (Bourassa): Je l'ai dit il y a quelques instants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... nous imaginons bien que, très
bientôt, le cabinet se réunira et étudiera cette question
afin de faire droit à la requête des camionneurs artisans...
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai répondu à cette question il y
a quelques instants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et que l'on présentera dans les
délais les plus brefs un projet de loi à cet effet, si le code du
travail ne permet pas à l'heure actuelle aux camionneurs artisans
d'être reconnus.
C'est une suggestion que nous faisons, M. le ministre.
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai dit tantôt que j'allais rencontrer le
ministre du Travail mais que Me Béliveau était capable de faire
valoir ses droits...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. TREMBLAY (Bourassa): ... auprès du ministre du Travail. Je
vais discuter avec le ministre du Travail, mais ce n'est pas à moi
à dicter une ligne de conduite au ministre du Travail.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne demande pas au
ministre des Transports de dicter au ministre du Travail ce qu'il doit faire,
mais, étant donné les incidences de ce projet de loi sur le
domaine du ministre du Travail, j'imagine que le ministre ne voudra pas faire
adopter une loi qui ne permettrait pas aux camionneurs artisans de s'en
prévaloir si entre-temps on ne prépare pas une loi qui leur
donnera le droit d'être reconnus comme association syndicale.
Il y a une question de collaboration et d'efficacité. Il faut que
la loi que vous présentez soit fonctionnelle et qu'on puisse
l'interpréter en regard des autres lois. Donc, il me paraît que,
dans votre esprit, ce doit être une priorité que celle de faire
auprès du ministre du Travail toute représentation utile, et cela
dans les plus brefs délais.
M.TREMBLAY (Bourassa): J'enregistre les commentaires de l'honorable
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous ne nous voulons pas nous contenter de
cela, nous demandons instamment au ministre de faire des pressions
auprès du ministre du Travail pour que soit facilitée aux
camionneurs artisans la possibilité d'obtenir cette reconnaissance
syndicale.
M. TREMBLAY (Bourassa): Nous autres, ce n'est pas comme dans le temps de
l'Union Nationale, il n'y a pas de pressions, on discute. J'ai dit que
j'étais pour rencontrer le ministre du Travail, discuter avec lui et
parler du sujet. Il n'est pas question de pressions parce qu'on n'est plus sous
le régime de l'Union Nationale, c'est le régime
libéral.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je veux bien, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement pour faire observer au ministre que, sous le régime
libéral, il n'y a effectivement pas de pressions puisqu'on est
passé de 150,000 chômeurs à 250,000 et 60,000 bientôt
à l'automne.
M. TREMBLAY (Bourassa): On dialogue et on travaille.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cela fera 325,000.
M. LE PRESIDENT: Le député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: M. le Président, le ministre du Travail est bien
sensibilisé au problème que le comité discute ce matin. M.
Béliveau, au nom de l'Association des camionneurs artisans, a fait
lui-même ses propres représentations à M. Cour-noyer. Je
sais que le gouvernement prendra ses responsabilités découlant du
problème qu'on étudie présentement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous prenons note, M. le Président, de
l'affirmation...
M. MAILLOUX: Que le ministre du Travail est bien sensibilisé au
problème.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... de l'adjoint parlementaire.
M. MAILLOUX: Bien sensibilisé.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nous tenons pour acquis que le
député de Charlevoix parle au nom du gouvernement en l'absence
des ministres.
M. MAILLOUX: Le député de Charlevoix, M. le
Président, parle en son propre nom. Il a assisté, en compagnie du
ministre du Travail, à une réunion vendredi et...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, sa déclaration est nulle et non
avenue.
M. MAILLOUX: Je dis simplement que le ministre du Travail est bien
sensibilisé au problème que l'on discute ce matin et qu'en temps
et lieu le gouvernement prendra ses responsabilités, j'en suis
assuré.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, nous en prenons acte, mais la
déclaration du député de Charlevoix est nulle et non
avenue parce qu'elle n'est pas faite au nom du gouvernement.
M. MAILLOUX: En aucune façon, parce que je ne suis pas membre de
l'Exécutif, et le député de Chicoutimi le sait très
bien.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que je voulais savoir.
M. TREMBLAY (Bourassa): Une dernière
remarque au sujet des régions. Je voudrais rassurer Me
Béliveau en lui disant que, dans le cadre de la réglementation,
pour chaque région vous savez comme moi qu'il y a des
régions montagneuses et que les taux ne sont pas les mêmes; dans
la région de Shawinigan, le coût est moindre que dans d'autres
régions nous verrons à ce que les taux soient
équilibrés pour qu'il y ait justice envers tous les
camionneurs.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'espère que le ministre du Travail
comprendra que la reconnaissance syndicale des camionneurs artisans lui
rendrait la tâche beaucoup plus facile. J'écoutais le ministre
tantôt lorsque l'on se demandait: Qui est un camionneur artisan, quel
nombre de camions et combien de permis faut-il dans telle ou telle
région? La reconnaissance syndicale permettrait à la Commission
des transports et aux représentants des camionneurs artisans, qui
connaissent leurs problèmes, de s'asseoir à une table de
négociations et de définir tout ça, ce qui rendrait la
tâche du ministre beaucoup plus facile. Alors, je souhaite que le
ministre argumente un peu dans ce sens-là lorsqu'il rencontrera le
ministre du Travail, parce qu'il a tout intérêt à ce que
les camionneurs artisans soient membres d'un syndicat qui est reconnu.
M. LE PRESIDENT: Alors, il n'y a pas d'autres questions sur le
mémoire de Me Béliveau?
M. TREMBLAY (Bourassa): Pour répondre au député de
Sainte-Marie, je voudrais lui dire qu'il y a un comité consultatif de
vingt personnes qui va être formé en attendant les amendements que
le ministère du Travail pourra apporter dans l'avenir. Il y aura une
consultation et vingt personnes seront choisies dans toute la province de
Québec, dans toutes les régions, pour nous exposer les
problèmes de chaque région...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce qu'il va y avoir des camionneurs
artisans à ce comité-là?
M. TREMBLAY (Bourassa): ... et pour éclaircir certains points que
nous ne connaissons pas. Nous sommes ici à la commission, ce matin, pour
entendre les gens, mais un comité consultatif de vingt personnes sera
appelé à siéger assez souvent pour connaître les
problèmes de telle ou telle région, problèmes que nous ne
connaissons pas. Peut-être que nous ne connaissons pas les
problèmes dans le fond de la Gaspésie, ceux qui existent dans le
comté de Montmagny, près du Maine.
Il y a peut-être des problèmes, il y a certaines gens... A
ce moment-là, il y a toujours une garantie qu'il y a vingt personnes qui
seront prises dans toutes les régions du Québec, qui seront
présentes à la Commission des transports c'est-à-dire au
ministère des Transports. A ce moment-là, je crois que ça
va rendre la tâche plus facile au ministre parce qu'on va pouvoir
être sensibilisés aux problèmes de chaque région. Il
ne faudrait pas que vous oubliez que c'est dans la loi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si votre conseil...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y aura des camionneurs artisans
membres de ce comité consultatif?
M. TREMBLAY (Bourassa): Certainement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y en a de nommés
actuellement?
M. TREMBLAY (Bourassa): Non, il n'y en a pas de nommés mais il va
y en avoir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand vous allez...
M. BERTHIAUME : La loi n'est pas votée encore.
M. TREMBLAY (Bourassa): Il va y en avoir, la loi n'est pas
votée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voulais savoir une chose du ministre. Il
parle d'un groupe de travail qui va faire de la consultation. S'agit-il,
à l'heure actuelle, au moment où nous siégeons, d'un
comité interministériel ou s'il parle de ce comité
consultatif qui sera créé en vertu de la loi?
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est en vertu de la loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans ce comité consultatif, est-ce
qu'il y aura un représentant des camionneurs artisans?
M. TREMBLAY (Bourassa): Certainement. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Merci.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est une parole de ministre!
M. LE PRESIDENT: Me Béliveau, nous vous remercions de votre
représentation. Maintenant, nous allons suspendre la commission
jusqu'à 2 h 30 et nous reprendrons avec M. Pierre Thomas parce que c'est
Thomas Transport... à moins que vous ayez autre chose à
ajouter.
M. BELIVEAU: Non, mais M. Alphonse Dufour, le président de
l'organisme, est ici. Il aurait un mot à dire à 2 heures, si vous
suspendez jusqu'à 2 heures...
M. LE PRESIDENT: A 2 h 30.
M. BELIVEAU: Je tiens à vous remercier infiniment pour m'avoir
écouté. Merci.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
Reprise de la séance à 14 h 36
M. KENNEDY (président de la commission parlementaire des
Transports): A l'ordre messieurs! La parole est à M. Dufour, de
l'Association nationale des camionneurs artisans indépendants Inc.
M. Alphonse Dufour
M. DUFOUR: Mon nom est Alphonse Dufour. Merci beaucoup, M. le
Président. M. le ministre, MM. les membres de la commission, il me fait
plaisir, aujourd'hui, de vous remercier d'avoir bien voulu écouter
l'Association nationale des camionneurs artisans, par l'entremise de notre
conseiller juridique, Me Béliveau.
Après l'exposé de M. Béliveau, je vous assure que
nous n'avons pas grand-chose à ajouter. On pourrait en ajouter beaucoup,
mais par contre, cela se résume dans son exposé.
J'aurais un seul point à souligner à titre de
représentant des artisans. Ce que nous réclamons dans l'ensemble
est un droit acquis. Les matériaux que nous réclamons,
étant exclus de l'article 33 de la Régie des transports il y a
une quinzaine d'années, ne l'étaient pas, dû à la
mécanisation. On l'a fait à la main, comme le transport du bois,
par exemple ; le bois transporté avec le petit crochet et le gravier
transporté à la petite pelle. Aujourd'hui, si beaucoup de gros
organismes de transport sont intéressés à
récupérer ces matériaux, c'est que la mécanisation
a amélioré la situation.
Nous, les camionneurs artisans, voudrions que ces transports-là
nous appartiennent parce que l'on considère que c'est un droit acquis.
Si on l'a acquis à la main-d'oeuvre jusqu'à présent, c'est
qu'on voudrait continuer à y vivre en suivant la mécanisation et
en donnant le meilleur service possible. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des questions adressées
à M. Dufour?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais reprendre
brièvement ce qu'a dit M. Dufour. L'argumentation de M. Dufour est
basée sur le fait que, si j'ai bien compris, ils ont des droits acquis
du fait qu'au moment où ils sont entrés dans ce domaine du
transport par camion, il n'y avait pas de mécanisation. Ils ont donc
bâti, au prix de leur sueur et de leurs sacrifices, une entreprise qu'ils
veulent garder.
Ils s'inquiètent aujourd'hui du fait que, de la
mécanisation, d'autres entreprises beaucoup plus fortes voudraient
s'emparer d'un domaine que les camionneurs artisans considèrent comme
étant le leur et cela en vertu de droits acquis. C'est là votre
plaidoyer, M. Dufour?
M. DUFOUR: Oui. D'ailleurs, M. Roy si vous me permettez, M.
Tremblay qui était président d'un comité devant
lequel nous avons eu l'honneur de venir faire des exposés, a toujours
été un des premiers à citer le droit acquis. C'est une
chose qui ne devrait pas s'enlever. Nous l'avons acquis en commençant
par des miettes et en réussissant à passer au travers.
Je pourrais vous citer, par exemple, un cas de 32 jours de travail pour
des compagnies forestières comme à 1'Anglo, avec un homme et deux
jeunes hommes de 17 à 20 ans, qui transportaient 2200 cordes de bois.
Cela se faisait au crochet dans le temps. Je n'ai pas besoin de vous dire tout
ce qui a coulé de sueur. Aujourd'hui, maintenant que cela se fait de
façon mécanisée, on serait très
intéressé à venir chercher de l'or qui s'apporte avec plus
de facilité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends très bien votre
argumentation, M. Dufour. Elle m'est très sympathique, d'autant plus
que, quand je vivais sur la ferme de mon père et que j'étais
étudiant, je travaillais et je charroyais de la pitoune qu'on
manoeuvrait au crochet à ce moment-là. Alors, je comprends
très bien et j'imagine que le ministre qui a travaillé de la
même façon en a pris bonne note.
M. OSTIGUY: Cela ne l'a pas développé.
M. LEGER: Vous êtes passé de l'agriculture à la
culture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon?
M. LEGER: Vous êtes passé de l'agriculture à la
culture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça, parce que nous, nous sommes
polyvalents.
M. BERTHIAUME: Et c'est moins pesant que la pitoune.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais c'est souvent plus embarrassant.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Alors, M. Dufour, nous vous
remercions de votre exposé. Je dois aussi remercier l'association qui,
par l'entremise de votre procureur, ce matin, nous a exposé les
doléances des camionneurs artisans. Je vous en remercie.
M. DUFOUR: Je profite de l'occasion pour remercier M. Béliveau,
parce qu'il nous a fait un très bel exposé. J'avais toujours
prétendu que les conseillers juridiques ne connaissaient pas le
métier...
M. LE PRESIDENT: Ah! Mais son compte peut varier d'un moment à
l'autre.
M. DUFOUR: Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Pierre Thomas, qui représente Thomas
Transport Inc. Est-ce que M. Thomas est présent?
Thomas Transport Inc. M. Pierre
Thomas
M. THOMAS : Mon nom est Pierre Thomas. M. le Président, à
titre de propriétaire d'une entreprise de transport visée par le
bill 23, Loi des transports, je vous remercie de me fournir l'occasion de faire
entendre la voix d'une entreprise indépendante spécialisée
dans le transport de matières en vrac par camion à bascule.
Thomas Transport Inc. est une entreprise familiale qui opère dans
la région de Montréal depuis 35 ans. Cette entreprise emploie 50
personnes et possède aujourd'hui plus de 40 camions agencés pour
le transport de matières en vrac. Il s'agit d'un investissement de
l'ordre de $1 million.
M. le Président, je veux m'associer à tous les camionneurs
artisans pour féliciter le ministre des Transports, l'honorable Georges
Tremblay, d'avoir présenté un projet de loi qui va
conférer le statut du camionnage public à tout un secteur
important du transport qui est ignoré par l'actuelle Régie des
transports.
Le ministre des Transports connaît bien tous les problèmes
et les graves difficultés qui sont notre lot, et j'ai confiance que le
ministère et la nouvelle Commission des transports verront à
contrôler et à réglementer cette division de l'industrie du
transport de façon à assurer aux quelque 10,000 camionneurs
concernés un minimum décent de sécurité et de
stabilité.
Avec l'Association des camionneurs artisans, je souhaite que le
transport des matières en vrac soit réservé exclusivement
à ceux qui se sont spécialisés dans ce genre de transport
et qui en tirent leur principale, sinon leur seule source de revenu. Je veux
cependant me dissocier de la position de l'Association des camionneurs artisans
qui veut que cette division du transport en vrac lui soit
réservée en exclusivité.
Je reconnais que le camionneur artisan, celui qui possède un seul
camion qu'il conduit lui-même, remplit un rôle non seulement utile,
mais nécessaire. Je suis d'accord pour qu'il soit protégé
contre l'exploitation et les abus dont il est trop souvent victime par suite de
l'absence totale de protection légale. Mais il ne faudrait pas
protéger le camionneur artisan aux dépens de
l'intérêt public.
La principale raison de ma présence ici est
précisément d'attirer l'attention des membres de la commission
parlementaire des Transports sur le rôle utile et nécessaire que
remplit l'entrepreneur en transport au service de l'industrie et en particulier
des entrepreneurs.
L'entrepreneur qui a besoin de 30 ou 40 camions de façon
régulière et permanente aura toujours intérêt
à confier la responsabilité de son transport à un
entrepreneur expérimenté et responsable qui peut lui fournir les
garanties et assurances nécessaires contre les pertes dues aux
délais de livraison, aux accidents ainsi qu'aux dommages causés
aux matériaux transportés.
La disponibilité en tout temps d'un équipe- ment
approprié aux besoins est une autre garantie indispensable à
l'entrepreneur qui doit exécuter ses contrats dans le contexte de la
concurrence. L'entrepreneur en transport peut lui assurer cette
disponibilité d'équipement beaucoup plus efficacement que le
camionneur artisan dont le camion fait défaut par suite de bris ou
d'accident.
L'entrepreneur en transport répond à un besoin réel
des entrepreneurs, et je crois qu'il est urgent et d'intérêt
public que le gouvernement contrôle et réglemente tout le secteur
du transport des matières en vrac en fonction des besoins et du
développement économique. A titre de mesure d'urgence et avant
que le nombre sans cesse croissant de camions à bascule rende le
problème quasi insoluble, je crois qu'il est essentiel et urgent de
geler le nombre de permis en fonction du nombre de camions à bascule
actuellement enregistrés, et je soumets respectueusement que la loi
devrait contenir une prescription dans ce sens.
Je vous remercie, M. le Président, de m'avoir fourni l'occasion
de me faire entendre devant les membres de cette commission.
Je souhaite que le projet de loi no 23 soit adopté sans
délai afin de redresser la situation lamentable dans laquelle notre
industrie se débat depuis trop longtemps. Je crains que ceux qui
insistent tellement pour que la loi soit parfaite et rencontre les vues de
chacun sont précisément ceux qui souhaitent que la situation
actuelle ne change pas. Pour ma part, M. le Président, je crois que le
bill 23 est urgent et nécessaire et j'ai confiance que le ministre
actuel des Transports va apporter à l'industrie du transport la
stabilité dont elle a besoin pour contribuer efficacement au
développement économique de notre province. Merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des questions à adresser
à M. Thomas? Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question à M. Thomas, simplement pour qu'il me renseigne sur
l'activité qui est la sienne. Lorsque vous parlez de transport en vrac,
M. Thomas, d'abord, quel genre de matière transportez-vous et dans quel
territoire?
M. THOMAS: Je suis dans le territoire de Montréal. Je transporte
surtout des matériaux provenant de carrières. J'aimerais pouvoir
transporter le sel, par exemple, et tout ce qui peut se transporter par camion
à bascule.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question au ministre qui connaît ce problème dans la
région de Montréal. Quelle est l'opinion du ministre concernant
ce problème du transport en vrac par des entreprises de la nature de
celle de M. Thomas?
M. TREMBLAY (Bourassa): La situation c'est une des raisons
d'être du bill pour celui qui possède des camions à
bascule à Montréal, que ce soit M. Thomas ou un autre, c'est
qu'il y a beaucoup de chargement ou plutôt de déchargement de
bateaux qui se fait à Montréal. Actuellement, il existe un cartel
qui fait que le camionneur qui a un, deux, dix ou vingt camions ne peut pas
aller au port de Montréal pour transporter le sel. Il y a beaucoup de
matériaux qui peuvent être transportés par camions à
bascule, mais les camionneurs sont limités à transporter
seulement de la pierre ou du sable. A Montréal, cela crée un
préjudice aux personnes qui emploient des chauffeurs. Combien payez-vous
les chauffeurs actuellement sur l'île de Montréal?
M. THOMAS : Mes employés sont rémunérés au
taux de $3.47 l'heure, actuellement.
M. TREMBLAY (Bourassa): Alors, vous voyez ce qui arrive pour ces
gens-là. Le sel arrive l'automne et ce sont toujours les mêmes
compagnies qui ont le transport. Je ne dis pas qu'ils ne peuvent pas
concurrencer...
Cela ne dit pas qu'on peut concurrencer parce qu'il va y avoir des taux,
mais ils peuvent concurrencer dans le service. Comme cela existe
présentement, ils ne peuvent même pas concurrencer dans le
service. C'est ce qui arrive à Montréal à l'heure
actuelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Thomas, est-ce qu'il existe beaucoup,
à votre connaissance, d'entreprises de l'importance de la vôtre
dans la région de Montréal?
M. THOMAS: A ma connaissance, il y en a quatre.
M. TREMBLAY Chicoutimi): Cela regroupe 200 camionneurs...
M. THOMAS: A peu près 200 camionneurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que ces camionneurs font partie
d'associations syndicales?
M. THOMAS: Non. Nous n'appartenons à aucune association.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont des entreprises...
M. THOMAS: ... privées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dites familiales ou...
M. THOMAS: Privées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... privées. Il n'y a pas de syndicats
qui régissent les employés qui sont à votre service?
M. THOMAS: Les employés sont sous le régime de
comités paritaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Régime de comités paritaires.
Les salaires que vous payez sont établis à partir des normes des
comités paritaires?
M. THOMAS: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Votre mémoire est très bien
présenté. Vous défendez très bien votre cause. Je
vous félicite. Il y a, cependant, un paragraphe dans votre
mémoire qui m'intrigue et j'aimerais vous demander des
précisions. Je pense que le but du gouvernement en l'occurrence
le ministre des Transports, quand il a présenté le projet de loi
numéro 23 est de rendre cette loi la plus parfaite possible et
aussi que cette loi rencontre les vues de chacun. Vous dites je me
demande pourquoi à la page 3, deuxième article: "Je crains
que ceux qui insistent tellement pour que la loi soit parfaite et rencontre les
vues de chacun sont précisément ceux qui souhaitent que la
situation actuelle ne change pas." Il est possible que je comprenne mal votre
texte, mais je ne suis pas du tout d'accord quand vous déclarez que le
fait de rendre une loi parfaite, de faire en sorte qu'une loi rencontre les
vues donne satisfaction à tout le monde, que ceux qui préconisent
cela souhaitent que la situation actuelle ne change pas. Je ne suis pas
d'accord avec cela. Je ne sais pas si vous voulez expliquer ce passage, mais
c'est très contradictoire et paradoxal, ce que vous dites là.
M. THOMAS: Jusqu'à aujourd'hui, cela fait déjà
quatre fois que je viens de Montréal pour assister à la
commission. J'ai hâte que cela se règle parce que je ne peux pas
toujours perdre mon temps à venir ici.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous voulez dire qu'il ne faut pas
naturellement éterniser les débats...
M. THOMAS: C'est surtout mon idée, oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il y a quand même des fois où
c'est nécessaire qu'une loi ne frustre personne et qu'elle rende justice
à tous les groupes concernés.
M. THOMAS: D'accord, mais en plus je trouve que c'est pressant pour
nous, surtout qu'une autre augmentation s'en vient.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si c'est dans ce sens-là que vous
l'avez dit, il ne faut pas trop étirer le temps, c'est parfait. Il n'y a
pas autre chose.
M. TREMBLAY (Bourassa): Cela fait combien d'années que les taux
de transport de la pierre n'ont pas changé? Sur l'île de
Montréal, vous n'êtes pas régis par le ministère de
la Voirie, vous n'avez pas les taux de voirie. Est-ce qu'à votre
mémoire...
M. THOMAS: Je crois que c'est depuis 1939. M. LE PRESIDENT: Le
député de Rouville.
M. OSTIGUY: M. Thomas, actuellement vous faites du transport en vrac
pour des carrières. Est-ce que vous allez à l'extérieur de
Montréal ou si vous êtes actuellement limité à la
ville de Montréal?
M. THOMAS: La région métropolitaine. Aux alentours de
Montréal seulement.
M. OSTIGUY: Et lorsque vous mentionnez que vous aimeriez faire le
transport du sel, évidemment ce serait d'aller dans nos comtés
ruraux?
M. THOMAS: Justement.
M. OSTIGUY: Vous seriez en concurrence directe avec les camionneurs
artisans à ce moment-là.
M. THOMAS: Ils prennent le matériel à Montréal.
M. OSTIGUY: Oui, mais quand même.
M. THOMAS: Montréal est la place où j'ai mon commerce.
J'ai autant le droit que l'artisan, je crois.
M. OSTIGUY: Oui d'accord, mais vous iriez quand même livrer ou
délivrer le matériel dans les campagnes.
M. THOMAS: Oui.
M. OSTIGUY: Alors, vous ne voulez pas faire partie de l'Association des
camionneurs artisans?
M. THOMAS: Non.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. Thomas, je crois qu'il serait assez difficile de vous
demander de limiter vos intérêts à autre chose que le
camionnage à cause de vos revendications. Mais est-ce que les
carrières dont vous transportez le matériel ne sont pas votre
propriété?
M. THOMAS: Elles ne sont pas ma propriété.
M. AUDET: C'est seulement le camionnage.
M. THOMAS: Je leur donne du service en leur louant mes camions.
M. AUDET: Je crois que vos demandes sont très légitimes,
mais c'est là que je posais une question cet avant-midi à un
monsieur des artisans sur la façon dont on parviendrait à donner
justice à ceux qu'on veut mettre à 7 5 p.c. aux compagnies de
transports, 75 p.c-25 p.c. On demandait justement de transporter 75 p.c. des
intérêts du camionnage aux artisans et 25 p.c. aux compagnies.
Vous êtes une compagnie de transport à 100 p.c,
nécessairement, il va falloir vous conserver à vous aussi des
droits acquis.
M. THOMAS: Mais le nombre de camions que j'ai ne suffit pas aux
compagnies, aux carrières. Beaucoup d'artisans travaillent avec
nous.
M. AUDET: Vous louez des camions des artisans aussi?
M. THOMAS: Je loue des camions des artisans aussi.
M. AUDET: Merci.
M. OSTIGUY: Les artisans qui viennent des comtés ruraux?
M. THOMAS: N'importe où.
M. OSTIGUY: Il n'y en a pas dans Montréal.
M. THOMAS: Il n'y a pas d'artisans dans Montréal? Il y en a
beaucoup.
M. OSTIGUY: C'est ce que monsieur...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ils ne sont pas membres de
l'association.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans sa question, le député
d'Abitibi-Ouest, a confondu et, je crois, n'a pas compris que M. Thomas
exploite une entreprise et a pour cela des rapports avec des entreprises
privées, soit ceux qui exploitent des carrières. Lorsqu'on parle
de 75-25, il s'agit des entreprises d'Etat, soit de la Voirie, soit des Terres
et Forêts. Cela n'a donc aucun rapport avec ce que vous faites
actuellement.
M. THOMAS: Non, aucun.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: J'aurais juste une question à poser à la suite
de certaines interventions que j'ai mal saisies. En somme, ce que vous exigez,
c'est que pour ce qui est transporté à partir de Montréal
vers l'extérieur, vous puissiez avoir quand même une certaine
protection, c'est-à-
dire qu'on ne soit pas obligé de faire venir des gens de 50
milles de Montréal pour transporter ce matériel-là. C'est
ce que vous demandez?
M. THOMAS: Je demande de transporter ce qui appartient à
Montréal...
M. PEARSON: C'est ce que j'ai cru comprendre, mais à la suite de
certaines interventions, j'ai cru comprendre qu'il y en a qui auraient
exigé ou demandé qu'on fasse appel à des gens d'un certain
nombre de milles à l'extérieur de Montréal pour venir
chercher les produits de Montréal et les transporter ailleurs.
M. THOMAS: Si nous, de Montréal, ne fournissons pas, pourquoi ne
viendraient-ils pas de l'extérieur? Justement, il y a trop de camions.
Si nous avons besoin d'aide, nous irons la chercher à
l'extérieur, comme si l'extérieur a besoin d'aide, nous irons
l'aider.
M. PEARSON: D'accord, mais en premier lieu la protection devrait
être accordée, supposons, dans le comté de Charlevoix, aux
artisans du comté de Charlevoix s'il y a de la marchandise à
transporter dans Charlevoix. Dans Montréal, la protection ou la
priorité serait donnée aux gens de Montréal. Dans
Québec, ce serait donné aux gens de la région de
Québec. C'est ça?
M. THOMAS: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je voudrais apporter un éclaircissement
à la question du député de Saint-Laurent. Montréal
métropolitain comprend les camions de Laval, les camions de Longueuil,
les camions de Pointe-aux-Trembles, les camions de Beaconsfield ou de
Sainte-Anne-de-Bellevue qui, dans les carrières, travaillent tous
ensemble. A un moment donné, si on veut parler de sel, il se peut qu'un
transporteur de Montréal puisse transporter à Boucherville car le
Montréal métropolitain est une zone qui comprend tous ces
endroits. Cela ne veut pas dire que le transporteur de Montréal va
transporter dans le comté de Labelle, mais il faut établir des
régions, et la région de Montréal comprend les
transporteurs de Longueuil, de Boucherville et d'ailleurs qui viennent
transporter à Montréal.
Alors, si les gens de Montréal peuvent obtenir des contrats aux
mêmes taux, par le service, qu'ils ne soient pas bloqués. Or, ils
n'ont pas de permis à l'heure actuelle.
M. PEARSON : Je suis d'accord avec vous; c'est ce que j'ai voulu dire.
C'est pour ça que j'ai mentionné comme exemple des régions
de 50,000 à 75,000 habitants.
Je comprends que Montréal est une région; ce n'est pas
seulement la ville de Montréal. Cela peut comprendre des villes comme
Laval et un certain nombre de milles autour.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Excepté le comté de
Bourassa.
M. TREMBLAY (Bourassa): Il n'y a pas de carrières dans le
comté de Bourassa; c'est un comté domiciliaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le ministre qui fait la
carrière.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions, nous vous
remercions, M. Thomas, de votre mémoire et des remarques que vous avez
faites.
M. BOSSE: Il a fait sa carrière politique. M. THOMAS: Je vous
remercie.
Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec
M. LE PRESIDENT: Nous allons maintenant entendre le représentant
de la Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec,
Me Charles Stein.
M. Charles Stein
M. STEIN: M. le Président, je crois qu'on vous a distribué
le mémoire de la Commission de transport. Je ne me propose pas de vous
en faire la lecture, mais seulement de vous le résumer et
peut-être de vous en lire quelques passages.
Nous rappelons d'abord à votre commission l'opportunité
pour les gouvernants et les législateurs de respecter une certaine
continuité dans les politiques législatives, surtout les
dernières. En d'autres termes, surtout quand les gouvernants ont pris
position sur des options fondamentales, comme, par exemple, celle dont il
s'agit, la municipalisation du transport en commun, sauf circonstances
extraordinaires dont il n'est pas question ici, je crois, nous sommes d'avis
que les intéressés ont droit de s'attendre qu'on ne mette pas de
côté brusquement ou qu'on ne change pas radicalement un
régime qu'on vient d'instituer, dans le cas présent, il y a moins
de deux ans.
A ce sujet, je précise il est à peine
nécessaire de le rappeler que les trois lois de 1969, instituant
les communautés urbaines de Montréal, de l'Outaouais et de
Québec et créant une commission de transport dans chacune de ces
communautés urbaines, datent de moins de deux ans et qu'elles ont
été modifiées tout récemment encore. On a
même calqué une nouvelle loi au moins sur ces lois de 1969
dans
le cas de la ville de Laval où on a encore créé une
commission de transport du même genre. Enfin, on a déposé
plus récemment le projet de loi no 84, créant encore une
commission de transport pour la rive sud de la région de
Montréal.
Nous rappelons, enfin, que la législation de 1969 si je ne
fais erreur a rallié tous les suffrages à
l'Assemblée nationale.
Cette législation qui, dans le cas de Montréal,
évidemment, perpétuait seulement un régime qui existait
depuis une vingtaine d'années, puisque la Commission de transport de la
ville de Montréal existe depuis 1950, confiait à ces organismes
municipaux la mise sur pied, l'exploitation du transport en commun dans chacune
de ces régions urbaines, dans chacune de ces communautés, dans le
cas de la ville de Laval, avec pouvoirs d'acquisition forcée au besoin,
c'est-à-dire par expropriation, des entreprises existantes, des
entreprises privées de transport en commun.
Voilà pour certaines observations d'ordre général.
J'en arrive immédiatement à nos commentaires sur certaines
dispositions du projet de loi no 23. D'abord, nous suggérons que les
pouvoirs très étendus du ministre et du conseil des ministres,
prévus à l'article 5 et à l'article 8 du projet, ne soient
pas applicables à ces commissions de transport dont nous parlons,
particulièrement, évidemment, à la Commission de transport
de Québec. Nous donnons des exemples dans le mémoire, par
exemple, à l'article 5, le pouvoir du ministre de prendre l'initiative
de mesures destinées à améliorer les moyens et les
systèmes de transport en fonction des besoins
socio-économiques.
Encore à l'article 5, le projet confère au ministre le
pouvoir d'exploiter ou de mettre sur pied un service de transport pour
l'ensemble des ministères du gouvernement. Dans ce deuxième cas,
nous vous soulignons que cela créerait une concurrence qui pourrait
être plus ou moins néfaste à la Commission de transport,
plus particulièrement à Québec, où se trouve,
évidemment, le gros de l'administration provinciale. Qu'il s'agisse de
l'un ou l'autre de ces pouvoirs que j'ai mentionnés, nous invoquons
encore les considérations générales du début.
Pour ce qui est des pouvoirs du conseil des ministres, pouvoirs de
réglementation très étendus, nous mentionnons la
détermination de la nature des catégories et du nombre des permis
de transport, l'établissement de normes, de tarifs, de taux ou de
coûts de transport, l'imposition d'exigences relatives aux devis, aux
appels d'offres, aux contrats, à l'équipement, au financement et
à la gestion des moyens ou systèmes de transport ainsi
qu'à l'établissement ou à la modification des circuits ou
parcours. Enfin, vous avez cette clause finale que les Anglais appellent
"a catch all", on peut y mettre n'importe quoi toute autre mesure en vue
de l'application de la présente loi.
Toujours à la lumière de nos considérations
générales et des contrôles qui existent déjà,
qui s'appliquent aux commissions de transport municipales, nous disons que ce
pouvoir de règlementation ne devrait pas s'appliquer à nous. Nous
résumons les contrôles auxquels nous sommes déjà
assujettis. Vous en avez de trois ordres: Vous avez d'abord le contrôle
de la communauté urbaine et de son conseil ou de son comité
exécutif, par délégation.
Vous avez ensuite la commission municipale du Québec dans le
secteur financier, le déficit, les emprunts, les ratifications du
budget, l'acquisition d'entreprises et, enfin, la Régie des transports
qui deviendrait, en vertu du projet de loi, la Commission des transports du
Québec, pour ce qui est des circuits, des modifications, des
prolongements, de la révision des tarifs, etc., et l'octroi de permis
à des concurrents.
Maintenant, si la commission et l'Assemblée nationale, nonobstant
nos objections, en venaient à la conclusion qu'il faut quand même
assujettir les commissions de transport à ces pouvoirs de
réglementation, bien au moins, comme compromis, pourquoi, nous
demandons-nous, ne pas tout simplement réserver au gouvernement le
droit, le pouvoir d'assujettir la Commission des transports sans qu'elle le
soit automatiquement en vertu de la loi? Il suffirait, comme nous le disons
à la page 7 de notre mémoire, de dire tout simplement au
début de l'article 24 qui se réfère à l'article 8:
"S'ils y pourvoient, les règlements adoptés par le
lieutenant-gouverneur en conseil en vertu de l'article 8... s'appliquent
à la Commission des transports, etc..." Mais nous espérons qu'on
jugera bon d'exempter complètement les commissions de transport
municipales de l'application de ces pouvoirs de réglementation.
Un autre sujet, c'est celui des rapports au ministre et à la
Commission des transports du Québec, l'article 125 du projet. Nous
demandons simplement de prolonger, comme l'a demandé aussi la Commission
de transport de Montréal, le délai d'un mois. D'après le
projet, le délai se terminerait le 30 mars, ce qui, incidemment, devrait
être, je suppose, le 31 mars. Ce doit être par distraction qu'on a
dit le 30, parce qu'il y a 31 jours en mars. Nous demandons que ce soit le 30
avril. Les raisons, c'est que, déjà, pour ce qui est des rapports
des vérificateurs... Par exemple, les vérificateurs, eux, ont
trois mois pour présenter leur rapport et nous avons déjà,
en vertu de notre législation, jusqu'au 30 avril pour présenter
certains rapports.
A ce moment-là, si on décide d'étendre le
délai au 30 avril, bien, il faudrait faire la même chose. Ce
serait plus pratique pour l'obligation de la Commission des transports de
transmettre une copie certifiée de son budget de l'année
courante. Ce qui veut dire que les rapports et les budgets de l'année
courante devraient tous être transmis au plus tard le 30 avril.
J'en arrive à la question de la priorité des commissions
de transport au sujet des voyages
spéciaux et du service à charte-partie. C'est l'article
126 du projet. L'article 126 propose un nouveau texte du paragraphe 1 de
l'article 251 de la Loi de la Communauté urbaine de Québec.
Evidemment, il y a toujours des dispositions identiques pour les deux autres
communautés urbaines. Mais je parle des articles qui visent la
Communauté urbaine de Québec ou la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec.
Le texte actuel de notre loi empêche la Régie des
transports d'accorder un permis à un concurrent pour faire concurrence
à la commission à l'intérieur de son territoire au moyen
de voyages spéciaux ou à charte-partie. Si la Commission des
transports s'y oppose, il y a une réserve, à moins que la
régie ne soit d'avis que la Commission des transports ne peut pas donner
le service dont il s'agit.
Alors, cette priorité, le projet de loi l'éliminerait. Il
est bon de rappeler que cette priorité existe et existerait sans la
disposition de la loi actuelle de la Communauté urbaine de
Québec, la même chose pour Montréal et l'Outaouais en vertu
de l'ordonnance 17 de la régie.
Pour ce qui est de Québec, nous signalons enfin sur ce point que
nous avons acheté ou exproprié ou nous devrons le faire
parce que ce n'est pas tout terminé encore les biens et les
actions d'entreprises privées, et ces biens ou actifs comprenaient des
droits exclusifs ou prioritaires dans ce domaine des voyages spéciaux et
à charte-partie. Alors, si on élimine ce droit prioritaire, on
privera les usagers des services de la commission et les contribuables d'un
droit, d'un privilège, d'un monopole, si vous voulez, d'une
priorité dont le prix se trouverait avoir été payé
inutilement.
Il n'est pas hors de propos d'ajouter que l'Assemblée nationale,
comme je l'ai rappelé tout à l'heure, vient d'accorder ce
même régime, d'ailleurs, à la Commission de transport de
Laval et qu'en modifiant notre loi par le bill 147, elle a maintenu aussi ce
régime prioritaire.
Quant au deuxième alinéa proposé de ce paragraphe 1
de l'article 251 de notre loi, l'article 126 toujours du projet, son seul but,
semble-t-il, est de préciser que certains articles de la loi actuelle,
qui régissent l'acquisition d'entreprises de transport en commun
exploitées totalement ou pour la plus grande partie à
l'intérieur du territoire de la Commission de transport, s'appliquent
à l'acquisition d'entreprises de transport à charte-partie.
Il nous semble que c'est absolument inutile vu la définition des
entreprises de transport en commun que contient la loi actuelle. Je cite, au
mémoire à la page 10, la définition telle que
modifiée par le bill 147 il y a deux mois: "Entreprise ou service de
transport en commun: toute entreprise ou service de transport en commun de
passagers, utilisant quelque moyen de transport autre que le véhicule
taxi, en vertu de quelque modalité contractuelle que ce soit."
Alors il n'y a aucun doute que ça couvre tout, la charte-partie
et tout ce que vous voudrez.
Avant de laisser le sujet de l'article 251, je vous signale, M. le
Président, une question de simple concordance, que nous ayons gain de
cause ou non sur l'article 126 dont je viens de parler et sur le paragraphe 1
de l'article 251 de la Loi de la Communauté urbaine de Québec. Si
les articles 94 et 96 du projet de loi 23 sont adoptés, il faudra
modifier le paragraphe 3 de l'article 251 de la Loi de la Communauté
urbaine de Québec pour remplacer le renvoi à l'article 207 de la
Loi de l'instruction publique par un renvoi à l'article 475 de la Loi de
l'instruction publique. Et la même correction devrait être
apportée pour les articles visant la Communauté urbaine de
Montréal et la Communauté régionale de l'Outaouais, ce
sont les articles 128 et 140 du projet pour ce qui est de ces deux autres
communautés.
Enfin, M. le Président, un mot seulement du transport des
écoliers. Nous demandons tout simplement qu'on nous conserve la
priorité actuelle, surtout celle que nous accorde le paragraphe 3 de
l'article 251 de notre loi dont je viens de parler, et nous rappelons que le
transport des écoliers, c'est tout simplement du transport en commun, au
moins au sens de la définition législative que j'ai citée
tout à l'heure.
Sur la question du transport des écoliers, je me
réfère à l'annexe C du mémoire qui est
intitulée "Politique globale de transport en commun".
Il y a deux autres annexes M. le Président, vous l'aurez
remarqué l'une qui donne ce que je pourrais appeler un
précis de l'évolution du transport en commun, surtout en
Amérique du Nord, et l'autre, l'annexe B, qui traite des
priorités et des droits acquis des entreprises de transport en commun.
L'annexe C, politique globale de transport en commun.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Vous demandez, en conclusion de votre rapport, qu'on donne
priorité à la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec pour ce qui touche le domaine public. Vous amenez
comme argument de poids que vous avez déjà acheté des
droits acquis de quatre compagnies sur sept dont vous avez acheté les
trajets, les autobus, etc. C'est donc dire que vous craindriez que les droits
acquis que vous avez achetés en plus des trajets vous soient
enlevés par l'article 126 du bill 23.
M. STEIN: Oui. Nous avons ces droits et nous ne voulons pas qu'on nous
les enlève. C'est ce que l'article 126 fait en remplaçant le
paragraphe 1 de l'article 251 de notre loi, si on réfère au
texte.
M. LEGER: Contrairement à la Communauté urbaine de
Montréal, vous aviez acheté des droits acquis d'autobus qui
allaient en dehors de votre territoire et qui pouvaient donner des services
à charte-partie ou des services spéciaux en dehors du territoire
de la Communauté urbaine de Québec. C'est exact?
M. STEIN: Oui.
M. LEGER: Je vois que vous êtes en train de faire des
études. Ne pouvez-vous pas, selon la loi actuelle, donner un service en
dehors de la Communauté urbaine de Québec?
M. STEIN: Il y a un seul cas...
M. LEGER: Ma question était simplement pour vérifier si
actuellement la loi vous permettait d'user de ce droit que vous avez obtenu en
achetant des trajets ainsi que des services d'autobus.
M. STEIN: Voici l'article que je cherchais et qui a été
remplacé par le bill 147. C'est l'article 211. Je vous le lis au
complet, mais il y a seulement les deux derniers alinéas qui sont
pertinents: "La commission de transport a pour objet l'exploitation
d'entreprises de transport en commun dans son territoire. Elle peut
également tant qu'elle le juge opportun continuer l'exploitation
à l'extérieur de son territoire de tout réseau de
transport en commun, de toute franchise et de tout permis que comprenait ou
possédait une entreprise de transport en commun dont elle a acquis les
actifs ou le capital-actions." Le dernier alinéa ajoute: "Pour les fins
de l'alinéa précédent, la commission est soumise à
la juridiction de la Régie des transports."
M. LEGER: C'est cet alinéa qui fait que vous êtes
maintenant à la merci du bill 23 qui peut vous enlever cette
priorité que vous désirez pour continuer à fournir cette
partie de services que vous donnez.
M. STEIN: Non, cela va plus loin que cela. Dans le moment, l'article
251, paragraphe 1 se lit comme suit: "Aucun permis ne peut être
accordé à un transporteur par la Régie des transports pour
l'accomplissement de voyages spéciaux à charte-partie ce
devrait être "ou à charte-partie", j'ai oublié de vous
signaler cela par autobus d'un point à un autre à
l'intérieur du territoire de la commission de transport, si le
requérant ne produit pas, avec sa demande de permis, le consentement du
président directeur général de la commission de transport
ou d'un autre commissaire ou fonctionnaire de la commission de transport
spécialement autorisé à cet effet par le président
directeur général, à moins que la régie ne soit
d'opinion que la commission de transport n'est pas en mesure de donner le
service couvert par la demande de permis." C'est l'article d'ailleurs, que j'ai
résumé tout à l'heure. On le remplace par cette
disposition ici, à l'article 126, qui se lirait comme suit: "La
commission ou tout autre transporteur peut effectuer du transport, etc., s'il
détient un permis."
Cela permet à la commission, qui s'appelle la régie dans
le moment, d'accorder un permis à n'importe qui sans que la Commission
de transport de la communauté urbaine puisse s'y opposer, sans qu'elle
ait un droit prioritaire quelconque.
M. LEGER: Ni plus ni moins, vous avez les mêmes revendications que
la Communauté urbaine de Montréal. La seule nuance que je voyais,
c'est que vous aviez quand même un certain droit en dehors du territoire,
chose que la Communauté urbaine de Montréal n'avait pas.
M. STEIN: Oui.
M. LEGER: Vous semblez dire plus loin que vous craignez l'exploitation
par l'entreprise privée des routes les plus rentables. A la page 1 de
l'annexe C, vous dites: "... il est cependant possible que des entreprises
rivales tentent de s'accaparer l'exploitation de certains parcours parmi les
plus profitables du transport en commun régulier, ce que la loi devrait
de toute façon interdire." Voulez-vous expliquer ce que cela veut dire?
De quelle façon un autre organisme pourrait-il prendre les routes les
plus rentables?
M. STEIN: Si vous voulez, je vais demander à M. Poisson de
répondre à cette question.
M. POISSON: Il s'agit tout simplement d'un service local, par exemple,
sous forme d'express ou de semi-express, qui pourrait être donné
d'un point à l'autre à l'intérieur de notre territoire
pour desservir des groupes précis de population. C'est ce que vise la
phrase.
M. BLANK: ... un service...
M. POISSON: Non, pas du tout. Cela peut devenir un service
régulier d'année en année.
M. BLANK: Oui, mais à un groupe fixe. M. POISSON: Pas
nécessairement.
M. BLANK: Si ce n'est pas à un groupe fixe...
M. POISSON: Je dis que c'est une chose qui est possible.
M. BLANK: ... si on contourne la loi, c'est possible...
M. LEGER: Ma dernière question, c'est qu'à
la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Québec, vous réclamez aussi cette priorité dans le
transport à charte-partie et dans les transports spéciaux comme
un besoin pour combler les déficits éventuels de la commission et
vous donnez comme chiffre que cela touche à un revenu possible d'environ
$340,000.
M. POISSON: Pour cette année, oui. Dans nos estimations,
justement, à partir de l'expérience acquise des compagnies dont
nous avons pris possession, nous arrivons à ce chiffre approximatif de
$340,000 pour les deux services: charte-partie, voyages spéciaux et
visites touristiques, ce qui représente environ 4 p. c. du budget
global.
M. LEGER: Vous avez besoin de ces revenus pour diminuer le
déficit possible de l'exploitation de votre service.
M. POISSON: C'est exact. Nous considérons justement que, dans le
contexte d'une commission de transport, il est essentiel d'établir une
politique globale de transport en commun dans son territoire parce que si nous
partons des prémisses que c'est en définitive le contribuable qui
a payé les entreprises acquises, y compris les droits les
franchises, en d'autres ternies que ces compagnies exploitaient, il est
juste que les revenus provenant de cette partie du capital public continuent de
revenir au public pour augmenter les revenus de la Commission de transport.
C'est le point de vue que nous exposons.
M. BLANK: Ces compagnies que vous avez achetées, vous avez
payé pour...
M. POISSON: C'est cela.
M. BLANK: ... vous n'avez pris personne à la gorge, vous n'avez
fermé les portes à personne pour rien. Vous avez payé
pour...
M. POISSON: D'accord.
M. BLANK: ... et maintenant vous avez ces routes-là?
M. POISSON: C'est cela.
M. BLANK: Vous avez le droit, comme tout autre citoyen, d'aller devant
la Régie des transports vous opposer à une nouvelle demande d'une
autre personne pour les mêmes routes que vous avez.
M. POISSON: C'est sûr.
M. BLANK: Cela veut dire que si vous pouvez montrer à la
Régie des transports que vous donnez un service assez bon, elle ne
donnera pas un permis...
M. POISSON: Avez notre loi telle qu'elle existe, c'est juste.
M. BLANK: C'est cela, mais pourquoi est-il nécessaire d'avoir la
priorité? Pourquoi n'avez-yous pas les mêmes droits que tous les
autres citoyens?
M. LEGER: Oui, ils les ont déjà eus.
M. BLANK: Oui, ils ont des droits acquis, mais ils peuvent dire à
la Régie des transports: "Nous avons des droits acquis pour tel et tel
territoire ou pour telle ou telle chose; nous n'avons pas besoin des autres, ce
n'est pas rentable si on donne un autre permis. Cela veut dire qu'ils auront
les mêmes droits que n'importe quel citoyen.
M. LEGER: Il y a deux points différents.
M. BLANK: Il n'est pas nécessaire d'avoir de priorité.
M. LEGER: Il y a deux points différents. Il y a le niveau du
transport en commun et le niveau des services à charte-partie et
spéciaux.
M. BLANK: Je suis d'accord pour le service en commun. C'est un service
public et ce doit être une compagnie publique, pas une entreprise
privée... Mais quand on arrive aux chartes-parties, s'il y a des
compagnies privées qui sont dans ce domaine, comme on l'a
suggéré à la Commission de transport de Montréal
l'autre jour, on dit: Si vous voulez cette compagnie, payez. On ne peut pas
prendre ses droits sans payer.
C'est ça qu'ils ont fait. Maintenant ils sont dans ces
affaires-là, s'il y en a d'autres qui veulent entrer dans leur affaire,
dans le même service, dans le même district, il peut s'opposer
à la régie. C'est certain que la régie n'accordera pas un
nouveau permis pour détruire les affaires de la commission.
M. LEGER: Est-ce que M. le président de la Commission de
transport de Québec peut me dire quelle est la portion si vous
avez des chiffres là-dessus du service touristique et des voyages
à charte-partie ou spéciaux que la Commission de transport de
Québec détient comparativement à l'ensemble de tous les
services touristiques de la ville?
M. POISSON: Justement, nous avons commencé l'étude de
cette question-là, M. le député, mais, depuis 1967, il y a
eu 32 permis accordés par la Régie des transports à de
petits transporteurs, propriétaires de minibus. Nous n'avons
malheureusement pas encore en main les documents pour établir les
proportions exactes. Mais c'est à notre programme de le faire au cours
des prochaines semaines ou des
prochains mois. Malheureusement, je ne peux pas répondre à
votre question aujourd'hui même.
M. LEGER: Est-ce que vous pourriez affirmer, M. Poisson, que le service
de la Commission de transport de la communauté urbaine de Québec
est mieux ou aussi bien équipé que l'entreprise privée?
Indépendamment des considérations financières qu'on
donnait tantôt, soit le besoin de revenus additionnels pour éviter
des déficits aux contribuables, est-ce que, d'après vous, vous
êtes aussi bien équipés et que ça devrait revenir en
priorité à l'institution publique?
M. POISSON: C'est justement ce que nous prétendons. Il faut
d'abord prendre pour acquis que nous avons, en acquérant Québec
Autobus, pris possession du meilleur équipement de visite touristique
qui existe dans la région. Dès le départ, nous sommes dans
une situation privilégiée à ce point de vue. Ces droits
acquis ont une valeur relative importante dans ce qu'on appelle le
système de visite touristique. Nous y tenons d'autant plus que nous
sommes...
M. BLANK: Avez-vous des minibus aussi?
M. POISSON: Pas dans le moment, ce qui ne veut pas dire que nous n'en
aurons pas.
M. LEGER: Merci, M. Poisson.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. STEIN: M. le Président, je voulais simplement ajouter quelque
chose en réponse à M. Blank, par votre entremise, au sujet des
droits prioritaires. En pratique, quelle que soit l'interprétation
juridique, je me rappelle la discussion que vous avez eue hier avec mon
confrère, ça n'est appliqué qu'aux nouveaux permis. On ne
dérange aucun droit acquis. Ce n'est pas nécessairement tout de
suite, mais je voudrais ajouter deux mots tout à l'heure sur une
question de rédaction. Je peux attendre, ça ne presse pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Stein ou M. Poisson, je pense que, dans le
cas du mémoire qui est devant nous, il faudrait prendre le
problème d'un peu plus haut dans une autre perspective qu'une
perspective fragmentaire dans laquelle on a commencé l'étude de
votre mémoire. Il ressort de votre mémoire et des annexes qui s'y
trouvent que vous mettez en cause d'une certaine façon la philosophie
générale de cette loi, en ce sens que vous considérez, et
vous le dites au départ, que le législateur a, par la
création de communautés urbaines et de commissions de transport
desdites communautés urbaines, établi en principe et en fait
l'existence d'un système de transport en commun dans les
agglomérations urbaines. C'est le point de départ de votre
démarche au moment où vous vous présentez devant nous pour
critiquer le projet de loi ou nous faire des suggestions d'amendements.
Il y a donc ce fait bien clair, bien net, c'est que le
législateur s'est déjà prononcé, que
l'Assemblée nationale a voté les projets de loi qui ont
créé des communautés urbaines et qui ont constitué
des commissions de transport dans les agglomérations urbaines.
Or, par l'article 126 du projet de loi qui fait l'objet de
l'étude de cette commission, ces pouvoirs qui vous avaient
été impartis sont remis en cause. Ce qui, évidemment,
change complètement l'économie générale des lois
qui régissent ces communautés et ont des incidences
extrêmement importantes sur le présent projet de loi puisqu'on
s'apprêterait, par l'article 126, en fait, à fragmenter
l'autorité ou des droits que vous possédez déjà en
vertu d'un acte législatif.
Donc, la base de votre plaidoyer est la suivante: c'est que vous
voudriez que le gouvernement, à tout le moins, respecte les droits que
l'on vous a déjà reconnus.
Je ne sais pas si j'ai bien compris le point de départ de votre
mémoire, M. Stein.
M. STEIN: C'est bien ça, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est, d'ailleurs, un reproche que j'avais
fait au ministre lorsque nous avons commencé l'étude de ce projet
de loi. Je le lui rappelle amicalement parce que je sais qu'il s'est
penché sur la question et qu'il va la revoir.
Maintenant, à cet égard, je suis d'accord avec vous, le
gouvernement a considéré que, dans des régions
données à forte densité de population, il était
devenu nécessaire de créer des organismes qui s'occupassent du
transport en commun.
L'article 126 vise, en fait, à vous priver ou
éventuellement pourra vous priver d'un ensemble de droits ou de
privilèges qui vous avaient été reconnus par la loi. Ce
qui chambarde complètement l'organisation que vous avez mise sur pied et
que vous poursuivez d'ailleurs en vue d'établir ces services en commun
que l'Etat vous a non seulement donné le pouvoir de créer mais
que l'Etat vous a obligés à donner aux citoyens.
Alors, partant de là, c'est le principe même de la loi,
l'économie générale du projet de loi 23 que vous remettez
en cause. Le législateur s'étant prononcé une fois, il
vous apparaît qu'il se dédit maintenant. C'est bien ça, M.
Stein?
M. STEIN: Je n'ai qu'une objection, c'est que je crains que la prochaine
fois la commission de Transports ne retienne les services de Me Tremblay comme
avocat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci. Je ne chargerai pas cher.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela ne vaudra pas cher non plus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. Stein, il reste que nous avons
entendu l'autre jour des représentants de la Communauté urbaine
de Montréal, nous entendrons des représentants d'autres
commissions de transport, lorsque je dis communauté urbaine je
confonds, je parle toujours de la Commission de transport de la
communauté, urbaine de... Alors, nous avons entendu l'autre jour
Me Raymond nous exposer des problèmes à peu près
identiques à ceux que vous venez de nous exposer.
Vous avez parlé tout à l'heure des voyages
spéciaux, charte-partie, etc. Nous avons longuement interrogé
l'autre jour Me Raymond à ce sujet-là de même que les
transporteurs d'écoliers et les gens qui font du transport, enfin, qui
organisent des voyages touristiques.
En ce qui concerne le transport écolier, Me Stein ou M. Poisson,
le cas échéant, quelle est exactement la situation à
Québec, c'est-à-dire dans le territoire qui est soumis à
l'activité de la Commission de transport de la communauté urbaine
de Québec?
M. POISSON: La question que vous nous posez est assez vaste, mais pour
résumer le plus brièvement possible, partons des services que
nous donnons déjà. Cette année, nous allons renouveler des
laissez-passer à environ 20,000 écoliers qui pourront utiliser,
au taux préférentiel des écoliers de $0.12 1/2, nos moyens
de transport réguliers. Nous allons également recevoir dans nos
autobus un certain nombre d'écoliers à des conditions un peu
différentes parce que nous n'avons pu, à cause des circonstances,
aller plus loin encore dans le domaine du transport des écoliers.
Dans le domaine du transport des écoliers subventionné,
nous n'y sommes pas encore entrés. Le transport de 47,500
écoliers environ dans la région de Québec est actuellement
effectué par des entreprises privées différentes et
ça représente une somme totale qui dépasse $4 millions.
Cela couvre les quatre commissions scolaires régionales qui touchent
à notre territoire. Cela comprend une partie seulement sur la rive sud
de la régionale de Tilly. Cela ne comprend pas du tout la rive sud du
côté est.
Sur le territoire même de la Commission de transport, il doit y
avoir environ de 26,000 à 29,000 écoliers transportés
aussi par les mêmes moyens, les mêmes transporteurs, à un
coût approximatif de $3 millions, et à un taux moyen par
écolier par année d'un petit peu plus que $100.
Nous, la Commission de transport, d'ailleurs ce n'est pas une
idée nouvelle, c'est une idée qui remonte même à
l'étude des projets de loi, à l'étude que le comité
Lacasse avait entreprise en 1968 nous préconisons une politique
globale de transport qui englobe précisément le transport des
écoliers, afin d'as- surer à la Commission de transport tous les
revenus provenant du transport en commun et, sur le plan financier,
l'application d'une telle politique nous permet ensuite de dire aux
contribuables que l'entreprise il faut prendre pour acquise au
départ cette chose-là étant normalement
administrée, nous avons bénéficié, avant de vous
taxer pour combler nos déficits, de tous les moyens possibles du
transport de la région.
Et pour y arriver concrètement, nous préconisons la
subdivision en quatre catégories distinctes des écoliers dont le
transport est subventionné par l'Etat. La première
catégorie serait constituée d'environ un tiers, d'après
une étude préliminaire que nous avons faite, des enfants qui
pourraient utiliser nos véhicules réguliers sur leur parcours
régulier, quitte au besoin, à la commission, à ajouter
quelques véhicules additionnels pour répondre à la demande
accrue.
Une autre proportion que nous n'avons pas encore pu établir
exactement, mais qui est quand même sûrement assez
considérable, serait constituée d'écoliers qui
utiliseraient nos véhicules réguliers dans des parcours
légèrement différents des parcours réguliers. Et on
peut combiner à ce moment-là ce que l'on appelle les services
additionnels avec ce genre de parcours particulier pour des
écoliers.
Et enfin, la troisième catégorie utiliserait des autobus
jaunes comme ça se fait actuellement, parce que nos services
réguliers ordinaires ne pourraient pas répondre à leurs
besoins.
Du point de vue économique, les enfants qui utiliseraient nos
services réguliers au taux d'écolier de $0.12 1/2,
c'est-à-dire $0.25 par jour aller et retour je parle uniquement
de la partie subventionnée pourraient donc durant toute
l'année se rendre à l'école et en revenir pour une somme
de moins de $50.
L'autre proportion, qu'on pourrait, à première vue,
estimer sûrement à 15 p. c. ou 20 p. c, utiliserait un service
légèrement plus coûteux, et enfin, la troisième
partie, les autobus jaunes, à un coût qu'on peut espérer
comparable à celui qui est actuellement utilisé.
Avec le résultat que, comme politique globale, le transport
d'écoliers, nous sommes convaincus de pouvoir l'offrir à un
coût moyen qui ne sera pas supérieur à celui que les
transporteurs privés sont obligés d'exiger en ce moment.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Poisson, sur ce sujet des coûts, vous
nous dites qu'à l'heure actuelle le coût moyen annuel par
élève serait de $100 lorsque le transport est effectué par
l'entreprise privée.
M. POISSON: C'est juste.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): S'il advenait que la Commission des transports
de Québec exploite ce service, vous pourriez réduire le
coût à environ $50 annuellement par élève.
M. POISSON: Il y a une précision là-dessus. Pas le
coût moyen, le coût de ceux qui utiliseraient...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ceux qui utiliseraient vos
véhicules.
M. POISSON: ...nos véhicules réguliers,
c'est-à-dire que nous aurions...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans les catégories que vous avez
indiquées.
M. POISSON: C'est cela. Nous aurions un coût moyen
constiuté de trois éléments différents,
c'est-à-dire un pourcentage, au plus bas coût, qui ne
dépasserait pas $50; un autre pourcentage nous
l'établissons approximativement au tiers, ce premier pourcentage
qui peut peut-être varier entre 15 p.c. et 20 p.c, à
première vue, sur celui-là il nous faudrait des
précisions additionnelles avant de pouvoir donner un chiffre plus exact;
à cause du fait que celui-là sortirait un peu des parcours
réguliers, il coûterait légèrement plus cher
et le troisième qui continuerait d'utiliser les véhicules
spéciaux, les autobus jaunes comme il y en a maintenant et qui serait
évidemment supérieur.
Nous savons que le coût moyen de tous les élèves
transportés, en tenant compte des trois catégories, ne
dépasserait sûrement pas et serait peut-être même
inférieur au coût actuel pour les enfants qui ne voyagent que dans
des autobus jaunes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Poisson, pour établir ces
services-là, il y a l'utilisation des services réguliers actuels,
l'utilisation de véhicules de transport en commun assignés
à des services spéciaux ou à des parcours
légèrement différents. Est-ce qu'il serait
nécessaire, à la Commission de transport de Québec, de se
porter acquéreur d'un plus grand nombre de véhicules ou si vous
disposez présentement d'un nombre de véhicules suffisant,
à quelques unités près, si vous voulez?
M. POISSON: Dans la situation actuelle, je ne suis pas en mesure de vous
donner une réponse catégorique parce que, comme vous le savez,
nous sommes en voie d'acquérir les entreprises et notre tâche
d'acquisition et d'intégration de nos services réguliers n'est
pas encore terminée. Il semble que, pour les deux premières
catégories d'élèves, il y aurait moyen de répondre
à la demande avec un très petit nombre additionnel de
véhicules. Par contre, dans le domaine des autobus jaunes, il faudrait
évidemment soit acquérir ceux qui sont actuellement la
propriété des transporteurs privés ou d'autres pour
répondre à cette partie des besoins parce que, dans le moment,
nous n'aurions pas l'équipement pour cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il vous est possible de nous dire
combien il y a de véhicules, que vous appelez les autobus jaunes, qui
sont exploités par l'entreprise privée actuellement dans le
territoire de la Commission de transport de Québec?
M. POISSON: Je pourrais vous donner un chiffre approximatif; il doit se
situer aux environs de 350 véhicules dans le territoire même. Dans
la région avoisinante, il y en a davantage et le chiffre, très
probablement, doit dépasser sensiblement 400 véhicules.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans l'hypothèse où vous vous
porteriez acquéreur d'un certain nombre de ces véhicules, de ces
autobus jaunes, il s'agirait évidemment d'une immobilisation. En
fonction des coûts que vous indiquiez tout à l'heure, quelle
pourrait être la fluctuation du coût dans le sens d'une hausse
plutôt que d'une diminution du coût?
M. POISSON: Voici, il y a le côté de capitalisation. C'est
le point que vous soulevez, n'est-ce pas? C'est inclus dans les frais
d'exploitation ordinaires de l'entreprise de la Commission de transport comme
de n'importe quelle autre entreprise.
Nous avons déjà fait des travaux assez
considérables sur ce point-là et, justement, l'immobilisation de
l'équipement ne représente pas le facteur majeur dans
l'entreprise. C'est plutôt la rémunération des
employés qui constitue le facteur majeur. Il se situe, en
général, dans les commissions de transport, entre 60 p.c. et 70
p.c. du budget des dépenses. Alors, la partie de capitalisation pour la
charte d'autobus jaunes à un prix normal ne constituerait nullement,
à notre sens, un empêchement pour nous d'arriver à des
conditions acceptables.
M. TREMBLAY ( Chicoutimi ): Maintenant, M. Poisson, dans votre
mémoire, au chapitre du transport d'écoliers, vous dites: "Sous
cette rubrique, nous ne demandons que le maintien des dispositions actuelles
qui nous régissent dans ce secteur du transport en commun, plus
particulièrement de la priorité que nous accorde le paragraphe 3
de l'article 251 de la Loi de la CUQ et que, selon nous, le projet laisse
intacte. "Un point qu'il nous paraît opportun de souligner au
départ, c'est que le transport en question des écoliers, comme
celui des touristes, constitue sans aucun doute du transport en commun, au
moins au sens de la définition législative que nous venons de
citer."
Quelles sont, si je puis m'exprimer ainsi, vos intentions en ce qui
concerne le transport d'écoliers sur le territoire de la Commission de
transport de Québec? Qu'est-ce que vous pourriez prendre actuellement,
au détriment appelons cela ainsi des transporteurs
privés et qui ferait partie, selon vous, de ce à quoi vous avez
droit en vertu de la loi qui vous régit?
M. POISSON: Voici, cette année, par exemple, nous aurions pu, si
les circonstances nous avaient été légèrement plus
favorables, entreprendre, pour le mois de septembre qui commence, le transport
d'un nombre suffisant d'élèves je m'excuse de ne pas avoir
le chiffre en mémoire pour utiliser l'équivalent d'une
centaine d'autobus jaunes. Il s'agissait en l'occurrence des contrats de
transport qui devenaient échus à la fin de la dernière
année scolaire, c'est-à-dire en juin dernier. Nous avions,
d'ailleurs, pris les dispositions nécessaires pour, si les circonstances
le permettaient, être prêts à le faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. Poisson, est-ce que vous
êtes au courant de l'attitude de la Commission des écoles
catholiques de Québec au sujet du transport des écoliers?
M. POISSON: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce qui se passe dans ce
domaine-là par rapport à votre commission?
M. POISSON: Dans le cas de la Commission des écoles catholiques
de Québec, les subventions gouvernementales, pour les
élèves qui sont situés à plus d'un mille de
l'école, ne s'appliquent pas actuellement. Nous transportons les
écoliers de la Commission des écoles catholiques; je crois que
nous allons émettre environ 6,000 laissez-passer pour eux. Ce sont les
parents qui paient le transport au taux régulier.
Il est question, actuellement, que ce transport puisse être
subventionné par le ministère de l'Education, mais la
décision, évidemment, ne relève pas de nous. Je ne sais
pas ce qu'elle sera. De toute façon, nous avons déjà une
proposition qui a été soumise, à la demande de la
commission scolaire, d'ailleurs, pour le transport de ces élèves
dans nos véhicules réguliers. La réponse n'est pas venue
encore.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, je change un peu de sujet, si vous
voulez, mais c'est une façon de faire un détour. Vous vous
êtes, assez récemment, portés acquéreurs
d'entreprises de transport. Qu'en est-il du sort des personnes qui
étaient à l'emploi de ces entreprises de transport?
M. POISSON: L'article 228 de notre loi, au dernier paragraphe, je crois,
nous impose l'obligation de respecter l'article 36 du code du travail, ce que
nous avons fait.
Nous l'aurions fait peut-être différemment, mais nous
n'avons jamais eu l'intention de renvoyer les employés des compagnies
que nous avons acquises. En résumé, dans le cas de Québec
Autobus qui avait une semaine normale de 40 heures de travail, le
problème ne s'est pratiquement pas posé. Dans le cas des trois
autres entreprises que nous avons acquises, les heures de travail
étaient beaucoup plus longues et dans un cas, je crois que ça se
chiffrait jusqu'à 48 heures comme semaine de base.
Alors, pour réduire aux normes de la convention collective que
nous venons de signer avec tous les employés des compagnies acquises,
nous avons dû évidemment non seulement garder les employés
déjà à l'emploi de ces entreprises, mais en engager
quelques-uns de plus à cause justement de ce décalage d'heures.
Alors, il n'y a pas eu de problème d'emploi, au contraire, nous en avons
créé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il en sera de même si vous vous portiez
acquéreur d'un certain nombre de véhicules qui font du transport
d'écoliers par le truchement de l'entreprise privée.
M. POISSON: La situation est un peu différente dans le domaine du
transport des écoliers à cet égard. Il y a très peu
d'employés à temps plein dans les entreprises privées de
transport des écoliers, du moins dans la région de Québec.
Alors nous serions sûrement en mesure de garder à notre emploi les
quelques chauffeurs surtout et quelques mécaniciens qui sont là
à temps plein. Nous devrions également engager un nombre
considérable de chauffeurs à temps partiel. Il est difficile de
déterminer le nombre exact, mais justement les chauffeurs à temps
partiel qui sont dans les entreprises actuelles ont déjà d'autres
emplois principaux pour gagner leur vie. Et même si dans ce secteur il
nous arrivait de ne pas être en mesure d'engager tout le monde, les
dommages seraient très minimes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. Poisson, en ce qui concerne les
voyages touristiques, les tours de ville, etc, quels sont les services que
votre commission met à la disposition des citoyens?
M. POISSON: En fait, actuellement, nous avons limité notre
activité dans ce domaine aux mêmes services que la compagnie
Québec Autobus fournissait déjà à sa
clientèle. Nous faisons des visites de villes, nous avons la visite de
Québec même, la visite de ce que nous appelons la région
métropolitaine, une visite de l'île d'Orléans et une visite
à Sainte-Anne-de-Beaupré. C'est la base de nos services
touristiques actuellement.
Mais justement, comme nous ne faisons que notre première saison
dans ce domaine, il ne nous a pas encore été possible, sauf dans
le cas de l'île d'Orléans qui est un cas particulier, de modifier
ce qui existait déjà antérieurement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous le faites avec des véhicules
ordinaires?
M. POISSON: Actuellement, oui, parce que nous n'en avons pas
d'autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, est-ce votre intention
d'équiper la Commission des transports de minibus pour les visites
touristiques dont les itinéraires seraient plus précis ou plus
spécialisés?
M. POISSON: C'est une possibilité que nous envisageons, mais
là-dessus nous n'avons pris aucune décision encore. Nous
préférerions plutôt nous équiper de véhicules
plus considérables, mais plus spécialement aménagés
pour les visites touristiques d'abord, quitte à compléter ce
service de base éventuellement par des services de minibus. Mais sur la
question des minibus, nous ne sommes pas très avancés encore.
D'ailleurs quant à l'ensemble du tourisme, nous commençons
à peine vraiment à étudier à fond la question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Poisson, vous savez comme moi qu'il existe
à Québec et dans la région métropolitaine un
ensemble de services de cette nature. Il y a des minibus qui font faire des
tours de ville, qui vont même à l'extérieur de
Québec. Est-ce qu'en vertu des pouvoirs que vous détenez
déjà il est dans l'intention de la Commission des transports de
la communauté urbaine de Québec de s'équiper de
façon telle que cela mette en péril les entreprises qui existent
déjà ne leur laissant, par exemple, que des parcours plus au
moins intéressants du point de vue de la rentabilité.
M. POISSON: La question est à l'étude actuellement. Nous
avons justement, dernièrement, eu l'occasion, malheureusement, de
refuser certaines émissions de nouveaux permis en attendant que nous
ayons eu le temps d'étudier notre problème plus à fond. Je
crois que, quelque part dans le mémoire, nous mentionnons, incidemment,
que nous ne croyons pas pouvoir arriver à des conclusions finales
satisfaisantes avant la fin de 1972. Avant cela, je l'espère, nous
pourrons établir une politique définie, mais, dans le cas
où nous jugerions d'intérêt commun d'augmenter nos services
touristiques aux dépens des petites entreprises dont vous parlez, nous
n'hésiterions pas à les acquérir à des conditions
qui seraient satisfaisantes pour les propriétaires actuels, comme nous
le faisons dans le cas du transport en commun.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a eu des négociations
à ce sujet? Est-ce que vous avez fait des démarches auprès
de ces entreprises? Est-ce que vous leur avez laissé entendre
qu'éventuellement elles pourraient être expropriées par
votre commission?
M. POISSON: Dans des cas particuliers, oui, mais nous n'avons pas eu de
contacts généralisés avec les petits entrepreneurs
à ce sujet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ces transpor- teurs qui font des visites
touristiques à l'heure actuelle au moyen de minibus ont-ils des permis
temporaires ou des permis permanents?
M. POISSON: Je crois que la plupart ont des permis permanents
renouvelables, comme les entrepreneurs d'autres formes de transport,
d'ailleurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et vous vous êtes opposés,
avez-vous dit, tout à l'heure, à ce que certains permis nouveaux
soient accordés cette année?
M. POISSON: Des permis nouveaux et aussi l'extension de permis
existants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Extension, cela veut dire sur des
itinéraires plus longs?
M. POISSON: C'est cela. Ou le service à des endroits qui ne sont
pas actuellement desservis par eux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah bon! Et vous vous êtes opposés
à cela sans, pour autant, donner des services vous-mêmes?
M. POISSON: Oui, nous les donnons, mais, au lieu de les donner avec de
petits autobus, nous les donnons avec de gros autobus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous occupez la place en vertu de la loi qui
vous autorise à le faire.
M. POISSON: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, je reviens au transport
d'écoliers, M. Poisson. Il y a quelques jours, la
Fédération des commissions scolaires a demandé à la
commission parlementaire et, évidemment, via la commission, au
ministre de déléguer un représentant qui serait
partie, je ne dirais pas à la direction, mais tout au moins à la
surveillance du transport d'écoliers. Est-ce que vous consentiriez
à ce que des représentants des commissions scolaires aient partie
liée avec la Commission des transports pour l'organisation du transport
d'écoliers?
M. POISSON: Je vous avoue que je n'ai pas très bien compris la
portée de cette recommandation. Dans la mesure où il s'agit de
discuter autour d'une table avec des représentants des commissions
scolaires auxquelles nous avons l'intention d'offrir nos services, il n'y a
jamais eu de problème. Nous les avons rencontrés à
plusieurs reprises déjà dans le passé. Mais s'il
s'agissait de nommer un mandataire qui obligerait automatiquement, de sa propre
autorité, l'ensemble des commissions scolaires avec lesquelles nous
aurions à traiter, je pense que nous nous y opposerions fermement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si j'ai bien compris, l'autre jour, le
représentant de la Fédération des commissions scolaires
et on me corrigera en lisant les procès-verbaux de cette
commission parlait de la consécration du principe de
participation à l'organisation dudit transport des écoliers.
Est-ce que vous accepteriez ce principe?
M. POISSON: Nous l'avons déjà accepté de fait parce
que nous transigeons justement avec les directeurs de transport des commissions
scolaires. Sur ce plan, il n'y a pas de difficultés. Là où
la difficulté pourrait surgir c'est au moment où un mandataire
unique lierait par ses décisions un ensemble de parties dont les besoins
peuvent être tout à fait différents les uns des autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Poisson, toujours au sujet du transport des
écoliers, on nous a fait des représentations en nous disant que
les écoliers ne doivent pas voyager dans les mêmes
véhicules que les adultes, il y a là danger physique, moral, etc.
Quelle est votre opinion?
M. POISSON: Nous l'exprimons dans le texte que vous avez devant vous. Je
qualifie cette opinion de mythe le mot n'est pas trop fort parce
que d'abord nous partons du fait suivant: cette année, sans même
que nous ayons eu à entrer d'emblée dans le transport scolaire
subventionné, nous allons émettre une vingtaine de mille
laissez-passer pour des écoliers qui vont voyager dans nos
véhicules en compagnie des adultes.
Deuxièmement, parmi les gens qui s'opposent à ce qu'ils
appellent la promiscuité entre les adultes et les écoliers, il y
a entre autres ceux qui demandent précisément à la
Commission de transport, à nous, d'émettre ces laissez-passer
pour permettre aux écoliers de voyager dans nos véhicules avec
les adultes en dehors de l'heure d'entrée ou de sortie de
l'école. Donc, pour eux, c'est dangereux pour un écolier de
voyager avec des adultes à l'heure d'entrée et de sortie de la
classe, mais c'est à recommander en dehors de ces heures-là. Cela
me parait tout à fait exorbitant comme affirmation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La seule chose qu'on pourrait retenir de ces
arguments, M. Poisson, ce serait peut-être le fait qu'il faille tenir
compte de certaines catégories d'écoliers, par exemple, les tout
jeunes enfants...
M. POISSON: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui fréquentent les maternelles,
les enfants handicapés, etc.
M. POISSON: Là-dessus, tout le monde est d'accord. Je pense qu'il
n'y a pas de problème.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne considérez pas cet argument
comme sérieux?
M. POISSON: Pas du tout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si on vous disait, comme nous l'avons entendu
en Chambre, que de faire voyager quatre enfants sur la même banquette ce
n'est pas moral, vous trouveriez cela un peu ridicule?
M. POISSON: Cela va de soi. Ah! Ah! Ah!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Poisson, pour l'instant, je vous remercie.
J'y reviendrai peut-être.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Vous avez dit tout à l'heure, M. Poisson, que la
Commission de transport était nettement prête à absorber le
transport des écoliers et que vous aviez les instruments
nécessaires pour effectuer ce service. Quel avantage précis
voyez-vous pour la population de faire transporter des écoliers par la
Commission de transport plutôt que par les transporteurs actuels?
M. POISSON: Tout le problème vient du fait que ce sont les
contribuables qui paient actuellement pour des services parallèles qui
se font concurrence. Si une commission publique est en mesure d'assurer un
service à un coût comparable, il y a une foule de dépenses
et de dédoublements qu'on élimine. Les économies dans ce
domaine-là ne peuvent se réaliser que si on fait un transport sur
une échelle assez vaste. En définitive, cela va soulager le
contribuable d'autant. Si, par exemple, nos services administratifs peuvent
absorber des services additionnels sans entraîner des dépenses
comparatives, si vous voulez, si on ménageait, par exemple cela a
été le calcul que nous avons fait dans un cas bien précis,
le cas que je signalais tout à l'heure 20 p.c, qui est la partie
de nos coûts administratifs, si 20 p.c. de ce coût est
économisé parce qu'on intègre les services, tant mieux
pour tout le monde.
Dans la mesure où on peut répondre aux besoins des
écoles, ce ne peut être, à mon point de vue, qu'une chose
favorable à encourager. Je ne sais pas si je réponds à
votre question d'une façon satisfaisante.
M. AUDET: A ce que je peux voir, c'est du point de vue de
l'économie qui sont les avantages.
M. POISSON: C'est ça.
M. AUDET: Maintenant, vous disiez tout à l'heure que vous aviez
trois catégories de
normes, que le premier tiers se transporterait probablement pour
$50.
M. POISSON: C'est-à-dire que ceux qui seraient dans les
véhicules réguliers voyageraient pour nous au taux
régulier.
M. AUDET: Et une autre partie avec vos véhicules
réguliers, additionnés peut-être...
M. POISSON: Un coût additionnel, un coût un peu
supérieur.
M. AUDET: Mais le troisième, vous n'avez pas mentionné
exactement quel coût supérieur. Cela dépasserait
peut-être les $100 actuels.
M. POISSON: C'est possible. C'est sur le coût moyen qu'il y a
possibilité de réaliser une économie d'échelle.
C'est pour ça qu'on ne peut pas travailler sur un tout petit nombre,
dans ce domaine.
M. AUDET: Mais dans ce troisième secteur, s'il dépassait
passablement les $100 actuels, si ce n'est pas défini, peut-être
englobera-t-il l'économie que vous prévoyez.
M. POISSON: Si on part du principe et nous croyons,
d'après les chiffres préliminaires que nous avons faits, que
c'est non seulement réalisable mais à peu près sûr
déjà que même si le coût de la main-d'oeuvre
était légèrement plus élevé dans la partie
du transport spécial d'autobus jaune, il serait largement
compensé par les économies qu'on réalise dans l'autre
partie. C'est pour ça que nous préconisons l'intégration
pour arriver à un coût qui ne nous parait pas devoir être
supérieur, bien au contraire, à ce que ça peut être
maintenant.
M. AUDET: Merci.
M. POISSON: On pourra fournir des chiffres plus précis dans peu
de temps, je ne peux pas vous dire exactement quand, nos études sont en
cours. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas été
déçus par les résultats de nos travaux.
M. AUDET: Ce serait certainement intéressant d'avoir ces
chiffres-là avant de prendre la décision d'abolir le transport
par les transporteurs actuels.
M. POISSON: Vous pouvez être certains d'une chose, c'est que nous
ne le ferions pas nous-mêmes dans des conditions différentes.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions à
l'égard des représentants de la CTUQ?
M. STEIN : M. le Président, je voudrais seulement faire une
observation au sujet d'une question de rédaction. Toujours à
l'article 126 du projet et à l'article 251 de la Loi de la
communauté urbaine de Québec, si, contrairement à nos
demandes et représentations, le premier alinéa proposé de
l'article 251 proposé à l'article 126 du projet était
adopté, il faudrait au moins insérer le mot "ou" après le
mot "spéciaux". Le premier alinéa en question se lit: "La
Commission ou tout autre transporteur peut effectuer du transport pour
l'accomplissement de voyages spéciaux à charte-partie..." Il
faudrait dire: "ou à charte-partie." Il s'agit de deux modes
différents, deux espèces différentes de transport en
commun. Justement, à notre suggestion, l'Assemblée nationale a
apporté cet amendement au texte actuel du paragraphe 1 de l'article 251
dans le bill 147 qui a été sanctionné le 29 juin dernier,
à l'article 44 du bill 147.
A l'article 102 du bill 124, charte modifiant la charte de la ville de
Laval, sanctionné le 30 juin, on trouve également: voyages
spéciaux ou à charte-partie. L'autre point est au sujet du
même alinéa. Dans la troisième ligne, on a: "... peut
effectuer du transport pour l'accomplissement de voyages spéciaux
à charte-partie." Je crois qu'on devrait dire effectuer du transport en
commun par voyages spéciaux ou à charte-partie, et non pas:
effectuer du transport pour l'accomplissement. On devrait effectuer du
transport en commun par voyages spéciaux ou l'effectuer à
charte-partie.
Je reprends tout ce que je viens de dire en suggérant tout
simplement qu'on remplace les mots "pour l'accomplissement de voyages
spéciaux à charte partie" par les mots "en commun par voyages
spéciaux ou à charte partie". Pour le deuxième
alinéa du paragraphe 1 en question, toujours à l'article 126 du
projet, si on l'adoptait il faudrait, là encore, insérer le mot
"ou" et dire dans le cas d'une entreprise de transport "par voyages
spéciaux ou à charte partie".
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Stein, pour résumer vos
propositions, en fait, l'objectif de votre mémoire, dans l'idéal,
serait le suivant: que le projet de loi no 23 ne touche pas à l'article
qui vous permet d'occuper le champ du transport en commun. L'idéal, si
le ministre acceptait, ce serait qu'on supprime cet article 126 du projet de
loi en ce qui concerne les commissions de transport, celle de Québec et
les autres parce que toujours et j'y reviens parce que c'est très
important cet article vient à toutes fins utiles abolir ce qui
est fondamentalement la base des droits qui vous ont été reconnus
lors de la création des communautés urbaines et des commissions
de transport qui ont suivi la création desdites communautés.
Dans l'idéal, il ne faudrait pas que cet article 126 touche
à quelque privilège ou à quelque droit que ce soit des
commissions de transport.
M. STEIN: C'est bien ça, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, qu'est-ce que le ministre pourrait nous
dire là-dessus?
M. TREMBLAY (Bourassa): Ce que le ministre pourrait vous
répondre, c'est que je ne vois pas comment nous pourrions avoir une Loi
du transport du Québec sans avoir ces paragraphes, sans avoir l'article
251 et l'article 132, l'article de la ville de Montréal ou l'article de
Hull qui deviennent ici un autre article dans le bill. J'ai cependant pris
bonne note des représentations de ces deux messieurs, comme j'ai pris
bonne note des représentations des gens de Montréal.
Maintenant, j'aurais une question à poser: Gombien le transport
à charte-partie peut-il rapporter à la Commission de transport de
Québec en revenu brut?
M. POISSON: Dans le moment, je pense que c'est une somme de $190,000.
Les chiffres sont quelque part dans le mémoire ici. Pouvoirs
spéciaux et charte-partie, $190,000; visites touristiques, $150,000; les
deux ensemble, $340,000, actuellement, pour l'année en cours.
M. TREMBLAY (Bourassa): Une somme de $340,000.
M. POISSON: Les deux ensemble.
Tourisme et voyages spéciaux à charte-partie. Ce qui
représente à peu près 4 p.c. du budget de la commission
actuellement.
M. TREMBLAY (Bourassa): Est-ce que ce montant est net ou brut?
M. POISSON: C'est brut.
M. TREMBLAY (Bourassa): Combien cela peut-il rapporter comme revenu net
à la commission?
M. POISSON: Il faudrait que je fasse le calcul. Vous savez très
bien, pour avoir été vous-même dans le transport...
M. TREMBLAY (Bourassa): Brièvement, là.
Approximativement.
M. POISSON: J'aime mieux ne pas vous donner de chiffres. Ce qui arrive,
c'est que lorsque, l'été, nous faisons des voyages touristiques,
particulièrement, et à charte-partie, nous utilisons des
véhicules qui ne seraient pas utilisés parce que la demande dans
le transport en commun l'été est moins forte que durant les
autres saisons, comme vous le savez. Le complément de $190,000 ou
$340,000 qui est là représente donc, toutes proportions
gardées, beaucoup plus qu'un revenu régulier du transport en
commun parce que cela nous permet une optimisation de l'utilisation de nos
véhicules.
J'aimerais mieux vous faire un calcul et vous transmettre les chiffres
personnellement, si vous le permettez.
M. TREMBLAY (Bourassa): Est-ce que par le transport à
charte-partie et le transport touristique, ça vous porte l'hiver
à avoir des autobus qui sont stationnés parce qu'ils n'ont pas de
travail l'hiver ou si ces mêmes autobus ont du travail douze mois par
année?
M. POISSON: Justement, ça nous permet parce qu'il s'en fait plus
en été...
M. TREMBLAY (Bourassa): Le surplus de travail ne vous incommode pas,
vous pouvez le remplir avec le même nombre d'autobus?
M. POISSON: En principe oui. Il est très rare que nous soyons
obligés de recourir à l'extérieur pour remplir des
contrats de ce genre-là, parce que l'été il s'en fait plus
que durant les autres saisons, et c'est précisément
l'été que nos véhicules de transport en commun sont le
moins utilisés. C'est à ce moment-là qu'il nous reste
souvent dans le garage, malgré les voyages à charte-partie et les
visites touristiques, encore un petit nombre de véhicules qui ne sont
pas utilisés, parce que la demande est moins forte.
M. TREMBLAY (Bourassa): Si j'ai bien compris c'était
Québec Transport?
M. POISSON: Québec Autobus.
M. TREMBLAY (Bourassa): Et vous en avez fait l'achat?
M. POISSON: C'est ça.
M. TREMBLAY (Bourassa): Vous ne vous en êtes pas emparé,
vous en avez fait l'achat.
M. POISSON: Nous avons fait l'expropriation, effectivement.
Nous avons payé pour l'ensemble.
M. TREMBLAY (Bourassa): Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais poser une autre question au
ministre là-dessus. Compte tenu des représentations qui nous ont
été faites par la Communauté urbaine de Montréal,
enfin la Commission de transport de Montréal et celle de Québec,
quelles sont les raisons qui expliquent la présence de cet article 126
dans la loi? Le ministre ne se rend-il pas compte qu'il y a une sorte de
contradiction ici dans la volonté d'un législateur qui a
accordé des droits à des communautés urbaines pour
créer des commissions de transport et que maintenant le
législateur vient changer l'économie de ces lois en essayant de
chapeauter tout cela et en se donnant des pouvoirs qui mettent en cause ceux
que le législateur avait déjà reconnus à ces
institutions crées par le gouvernement?
M. TREMBLAY (Bourassa): Pour répondre à l'honorable
député de Chicoutimi, je crois qu'il se rappelle au moment de
l'adoption à la vapeur de ces trois bills, c'était la veille de
Noël ou l'avant-veille de Noël, nous avons siégé une
journée en commission. Nous avons eu le temps d'entendre les compagnies,
les villes ou les communautés urbaines, tous les gens
intéressés.
A ce moment-là, le bill 75 pour une politique globale de
transport n'était pas complet. Si nous avons l'article 251, l'article
132, c'est pour que le ministère des Transports ce n'est pas pour
dicter des lignes de conduite ait une politique globale de transport. On
me dit ici: le 30 mars. Que ce soit le 30 avril au lieu du 30 mars, je ne dis
pas que ce ne sont pas des choses auxquelles on ne peut pas remédier,
mais pour avoir une politique globale de transport, si le député
de Chicoutimi veut savoir dans telle région ce qui se passe, comment
voulez-vous que le législateur réponde si ce n'est pas dans la
loi?
C'est la même chose pour la Régie des transports à
l'heure actuelle. Vous me poserez une question sur la Régie des
transports, je ne peux pas vous répondre. C'est une régie. Je n'y
sais rien. Ces gens-là sont plus au courant de ce qui se passe à
la Régie des transports que moi qui suis le ministre qui en
répond à la Chambre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est dommage.
M. TREMBLAY (Bourassa): Ce n'est pas dommage, c'est une loi qui est
comme ça, c'est une loi qui...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est dommage et c'est surprenant.
M. TREMBLAY (Bourassa): Le ministre des Transports n'a aucune
juridiction sur la Régie des transports.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre peut quand même se
renseigner et s'informer. C'est le moins qu'on puisse lui demander.
M. TREMBLAY (Bourassa): Si le ministre s'informe trop, on dit qu'il
s'ingère dans les affaires des autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non! le ministre a droit de regard en
vertu de la loi. Il a droit de savoir ce qui se passe.
M. TREMBLAY (Bourassa): La Régie des transports donne ses permis,
des permis temporaires, de n'importe quelle sorte, sans demander au ministre
son avis. Le ministre n'est même pas au courant. Il apprend les
augmentations de tarif par les journaux, comme tous les citoyens. C'est pour
avoir une politique globale de transport, ce n'est pas pour arriver et dicter
à telle communauté: Vous allez passer dans telle rue. C'est
d'avoir des rapports et de savoir où on s'en va avec le transport,
d'avoir une politique globale de transport.
Et je ne comprends pas le député de Chicoutimi, parce que
le premier ministre de 1966 à 1968 préconisait cette politique du
transport. Je sais bien que ç'a été accepté
après, mais disons que celui du temps préconisait une politique
globale de transport.
Je ne comprends pas le député de Chicoutimi. Que ce soit
la ville de Montréal ou la ville de Saint-Hyacinthe, la question est de
savoir de quelle façon le transport est fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre du temps comme dirait le
ministre actuel des Transports le gouvernement du temps préparait
aussi une politique globale, mais, dans cette politique globale, il eût
certainement tenu compte de l'existence d'organismes qu'il avait lui-même
créés. Or...
M. TREMBLAY (Bourassa): Je n'ai jamais vu...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le ministre actuel ne semble pas tenir
compte de l'existence de ces organismes-là.
M. TREMBLAY (Bourassa): ... de préparation à part les
paroles du premier ministre du temps. Je n'ai jamais vu de préparation
au ministère des Transports et je puis vous dire qu'on a fouillé
dans tous les papiers.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'en suis d'autant plus sûr, M. le
Président, que le ministre n'a probablement pas vu le texte de la loi ni
celui qui fait les communautés urbaines parce qu'il y avait à
l'époque...
M. TREMBLAY (Bourassa): Les communautés urbaines, je les ai
suivies.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... au moment où ces lois ont
été adoptées en Chambre...
M. TREMBLAY (Bourassa): Oui, je les ai suivies.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...l'absentéisme
généralisé des députés libéraux que
nous avons constaté lors de l'étude du projet de la baie James.
Ce que vous ignorez, vous l'ignorez d'ignorance crasse.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je les ai suivies et je n'ai pas voté,
à part cela. Est-ce assez pour vous? Je n'ai pas voté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas voté...
M. TREMBLAY (Bourassa): Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... parce que vous n'avez pas eu le courage
d'être en Chambre pour dire non.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je trouvais que le gouvernement se cachait
derrière des paravents.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M.TREMBLAY (Bourassa): C'était au gouvernement de prendre ses
responsabilités.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Bourassa): Vous avez eu peur de prendre vos
responsabilités, vous les avez données à d'autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre sait très bien comment ont
été conçus les projets des communautés urbaines,
comment les gens ont eu le loisir de se faire entendre et comment l'Opposition
avait le loisir de se faire entendre.
M. TREMBLAY (Bourassa): Une journée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous aviez le droit de convoquer la commission
parlementaire des Transports si vous n'aviez pas été satisfait,
mais il y avait un absentéisme généralisé à
ce moment-là. C'est tout ce que je veux dire sur la question. Nous y
reviendrons lors...
M.TREMBLAY (Bourassa): Vous avez adopté cela à onze heures
et demie du soir, à part cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A onze heures et demie du soir...
M. TREMBLAY (Bourassa): A onze heures et demie du soir, à la
vapeur.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... comme vous nous avez fait voter le projet
de la baie James...
M. TREMBLAY (Bourassa): A la vapeur.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour enrichir vos amis politiques à
cinq heures de la matinée.
M. TREMBLAY (Bourassa): Pendant trois semaines.
M. BERTHIAUME: Pendant trois semaines.
M. TREMBLAY (Bourassa): Pendant trois semaines.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Trois semaines de temps à cinq heures
de la matinée.
M. BERTHIAUME: A partir de dix heures de la matinée
jusqu'à cinq heures de la matinée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sous la dictée de M. Paul
Desrochers.
M.TREMBLAY (Bourassa): Trois semaines de temps.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Revenons aux travaux de la commission.
M. LEGER: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: ...à la suite de l'intervention du ministre, qui posait
des questions à M. Poisson, je voudrais demander à celui-ci de
faire une comparaison avec les demandes de la Communauté urbaine de
Montréal, qui disait que, si elle n'avait pas une priorité pour
les services à charte-partie et spéciaux, elle avait des
dépenses inhérentes quand même.
Autrement dit, si elle n'avait pas une possibilité de revenu par
des services à charte-partie, il y avait des autobus qui étaient
là quand même, du personnel payé quand même et elle
avait des dépenses qu'elle n'a pas à charger au service de la
charte-partie. Est-ce la même chose à la Communauté urbaine
de Québec?
M. POISSON: En principe, c'est dans la même situation que nous
allons nous trouver. Il y a une différence entre la commission de
Montréal et la nôtre, c'est que la nôtre est en pleine voie
d'organisation. Nous traversons une période qui ne sera sûrement
pas stabilisée avant au moins la fin de 1972. La situation normale que
la Commission de transport de Montréal décrivait dans ce domaine,
si nous ne la vivons pas exactement maintenant, nous savons très bien
que, les données du problème étant les mêmes, nous
allons la vivre l'an prochain au plus tard.
Si nous avions un recul de trois, quatre ou cinq ans d'administration,
nous serions déjà dans cette situation depuis un certain temps,
mais parce que nous pouvons en été, comme je le disais tout
à l'heure, utiliser des véhicules qui seraient autrement
inutilisés, le revenu est d'autant plus important, relativement. Je ne
sais pas si cela répond suffisamment bien à votre question.
M. LEGER: Oui. Vous allez vivre bientôt le même
problème que la Communauté urbaine de Montréal vit
actuellement.
M. POISSON: C'est cela.
M. LEGER: M. le ministre, tantôt vous disiez que dans le bill 75,
qui était un amendement à la Loi de la Communauté urbaine
de Montréal, dans le projet de la Commission de transport de la ville de
Laval, pour la rive sud, de même que dans le projet de loi de la
Communauté urbaine de Québec, dans ces quatre projets de
commission de transport vous avez le même problème.
Vous avez affirmé, M. le ministre je veux voir si vous
êtes encore d'accord là-dessus que les privilèges
que vous donniez, à la fin de la dernière session qui a
été ajournée, à ces commissions de transport sont
annulés par le bill 23.
M. TREMBLAY (Bourassa): Pour avoir une politique globale des transports,
il ne s'agit pas de faire des tracés à la ville de
Montréal ou à la ville de Québec et de leur enlever ce
qu'elles possèdent à l'heure actuelle. La Commission de transport
de Québec a acheté quatre compagnies d'autobus. Elle fait le
transport. Il y aurait peut-être lieu de se poser la question suivante si
elle décidait de s'amener dans le transport scolaire: Est-ce qu'elle va
acheter les compagnies de transport scolaire ou bien si elle va s'en emparer?
Il y a là une différence. La différence, c'est mettre
l'entreprise privée dans le chemin, disons, sans contrat, sans rien,
sans qu'elle soit dédommagée et que les commissions
achètent des autobus. J'ai même demandé à M. Poisson
si, durant la saison touristique ou pour faire du transport à
charte-partie, il était obligé d'avoir plus d'autobus et si ces
autobus servaient l'hiver ou bien s'ils étaient stationnés tout
l'hiver.
M. LEGER: Mais le ministre ne répond pas à ma
question.
M. TREMBLAY (Bourassa): Alors, j'ai éclairci la question pas
mal.
M. LEGER: Mais vous n'avez pas saisi ma question, M. le ministre. Je
m'excuse, mais la question que je vous posais, c'est ceci: Vous donnez des
droits ou des privilèges à des commissions de transport. Je vais
en nommer quatre: Communauté urbaine de Montréal,
Communauté urbaine de Québec, ville de Laval et la Commission de
transport de la rive sud. Elles doivent planifier les services. Elles doivent
savoir combien d'autobus elles doivent acquérir. Si vous leur enlevez,
par l'article 126, cette priorité dans le transport à
charte-partie ou à services spéciaux, cela dérange toute
leur planification. Elles doivent tenir compte du fait qu'elles auront la
priorité et doivent donner le service en conséquence, quitte, si
elles ne peuvent pas le donner, à le laisser à l'entreprise
privée.
Je pense bien qu'il n'a pas été question de ne pas
dédommager les entreprises privées qui donnent un service et qui
n'auraient peut-être pas le même nombre de contrats du fait que la
Commission de transport se réserve le droit de le faire parce qu'elle a
la priorité. Alors, ma question est la suivante: Vous avez donné
des priorités à une commission de transport par le bill 75 et par
les autres bills que vous avez adoptés et, maintenant, la Loi des
transports, le bill 23, leur enlève ces droits-là. C'est
là que je dis qu'il y a de l'incohérence: vous leur demandez de
planifier leur administration en leur donnant des droits et, par la suite, le
bill 23 leur enlève cette priorité.
M. TREMBLAY (Bourassa): On ne la leur enlève pas au complet. On
demande, pour le transport à charte-partie, qu'elles obtiennent des
permis de la Commission des transports. C'est la seule façon de
planifier le transport au Québec.
M. LEGER: Un instant! Ce n'était pas comme ça avant.
M. TREMBLAY (Bourassa): Si le bill 75 ou le bill de l'Outaouais ou le
bill de Québec ont été adoptés à la vapeur
du temps de l'autre gouvernement, eh bien, les lois sont là pour
être changées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Bourassa): Les lois sont là pour être
changées quand elles sont mal faites.
M. LEGER: Mais la ville de Laval, cela n'a pas été
à l'autre session; c'était dernièrement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Revenons au bill 23, s'il vous
plaît.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président. Je vais, comme vous le disiez ce matin, faire le point.
M. BLANK: Quel article?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tous les articles du règlement.
M. LEGER: Le ministre a déjà fait tout ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En particulier, celui qui dit que personne ne
doit imputer de motif à qui que ce soit et faire des affirmations
fausses. Le ministre vient de déclarer que lesdites lois créant
les communautés urbaines ont été adoptées à
la vapeur. Où était le ministre à ce moment-là? En
voyage!
M. TREMBLAY (Bourassa): Pas vrai! M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est faux!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'étiez même pas là
!
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est faux! M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Absent!
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est faux! J'étais ici. J'étais
à la commission. Vous parlez à travers votre chapeau. Si vous
n'avez pas de chapeau, vous n'avez pas de tête, vous parlez à
travers rien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous disiez quoi à la commission?
M. TREMBLAY (Bourassa): J'ai parlé à la commission et
même...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans quelle langue?
M. TREMBLAY (Bourassa): ... avant la troisième lecture, j'ai fait
un discours, à part ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans quelle langue?
M. TREMBLAY (Bourassa): J'étais le seul à faire un
discours.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Revenons au bill 23.
M. TREMBLAY (Bourassa): Ce n'était pas la langue du
député de Chicoutimi parce que personne ne le comprend.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non! C'est justement parce que le projet
de loi est rédigé dans une excellente langue que le ministre ne
le comprend pas.
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est ça; vous ne comprenez rien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il ne voit pas qu'il détruit les
pouvoirs donnés aux commissions des transports.
M. TREMBLAY (Bourassa): Il y a seulement le député de
Chicoutimi qui ne comprend pas.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. Poisson, nous nous demandons un peu pourquoi vous exigeriez
de la Commission des transports une forme de statut particulier pour la
Commission de transport de la communauté urbaine de Québec parce
que vous pourriez de toute façon, autant que n'importe quel
détenteur de permis de voyages à charte-partie, aller devant la
Commission des transports et revendiquer vos droits ou expliquer de quelle
façon vous pouvez donner le service, et la Commission des transports
vous entendrait comme n'importe qui.
M. POISSON: Pourquoi remettrait-on en cause des droits que nous
possédons déjà et pour lesquels nous avons payé?
C'est ça notre point de vue. C'est ça le point de vue. Nous
demandons une seule chose, c'est de garder les droits que nous possédons
déjà et que nous avons acquis lorsque nous avons payé les
entreprises acquises.
M. AUDET: Le fait que vous ayez payé ces entreprises ne veut pas
nécessairement dire que d'autres les reprendront. Ce sera toujours
laissé à la discrétion de la Commission des transports.
Si, par exemple, votre service laissait à désirer, probablement
que la Commission des transports pourrait émettre d'autres permis. Ne
serait-ce pas justement un facteur qui serait de nature à apporter une
saine concurrence vis-à-vis du service des transports?
M. POISSON: Jusqu'à maintenant, l'ordonnance 17 de la
Régie des transports a accordé aux entreprises privées que
nous avons acquises une protection dont nous jouissons encore nous-mêmes
après les avoir acquises, et nous voudrions pouvoir compter sur cette
même protection qui existait au moment où nous avons acquis ces
droits. Cela résume la question.
M. BLANK: Je pense que vous avez la protection. La loi vous donne le
privilège de continuer votre exploitation, et s'il y en a d'autres qui
veulent vous empêcher, vous avez le droit d'aller à la
Régie des transports pour vous opposer. Si vous avez raison, elle
n'accordera pas d'autres permis.
M. STEIN: M. le Président, il semble y avoir un malentendu sur
l'interprétation de l'article, je pensais l'avoir bien expliqué.
L'article actuel me paraît clair, l'article 251, paragraphe 1 de notre
loi donne clairement un droit prioritaire à la Commission de transport.
La Régie des transports n'a pas le droit d'accorder des permis si la
Commission de transport de la communauté urbaine s'y oppose, à
moins qu'elle ne soit pas en mesure de donner le service. C'est la seule
condition. C'est ça qu'on veut supprimer, ce droit prioritaire, ce droit
de veto de la Commission de transport de la communauté urbaine de
Québec. Cela, c'est clair, on l'enlève. On vient de le donner il
y a moins de deux ans et on l'enlève.
M. BLANK: Pourquoi avez-vous besoin de cette priorité? Pourquoi
avez-vous besoin de ce droit de veto? Pourquoi?
M. LEGER: Pour planifier tous leurs services, voyons!
M. BLANK: Pour quelle raison? Parce que si vous avez un très bon
argument aujourd'hui pour demander cette priorité, vous avez le droit de
plaider la même chose devant chaque cas à la Régie des
transports quand une personne fait une demande de permis.
M. STEIN: Non, parce que là, c'est la régie qui
décidera dans chaque cas. Là, le législateur a dit: Il
importe de donner à cette entreprise municipalisée une
priorité, un monopole, si vous voulez, mais restreint.
M. BLANK: Mais, M. Stein, ne pensez-vous pas que la Régie des
transports est plus au courant des faits que le législateur dans les cas
particuliers?
M. STEIN: Cela, je pourrais vous renvoyer la balle. La
Législature vient de décider cela, c'est tout ce que j'ai
dit.
M. BLANK: On a pris la copie et on a mis... C'est ça qui est
arrivé.
M. LEGER: M. le Président, pour répondre au
député de Saint-Louis, il y a deux raisons pour lesquelles le
député de Saint-Louis...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une loi du gouvernement.
M. BLANK: Pas du gouvernement. Cela a été
préparé par les avocats de la ville de Laval. C'est un bill
privé, celui de Laval.
M. LEGER: Pour répondre au député de Saint-Louis,
deux raisons pour lesquelles nous-mêmes nous appuyons le retrait de
l'article 126 du projet de loi, premièrement, c'est pour permettre
à un organisme public de planifier entièrement le service qu'il
doit donner avec la quantité d'autobus et l'immobilisation qu'il doit
mettre en ligne de compte. Deuxièmement, c'est aussi bien de le dire
clairement, c'est pour éviter un patronage possible, parce
qu'actuellement...
M, BLANK: Patronage possible par un tribunal qui n'est pas formé
encore!
M. LEGER: ... la compagnie Murray Hill n'a jamais accepté cette
priorité. Et présentement, du fait qu'on consacre, par l'article
126, la charte de la Communauté urbaine de Montréal, en
permettant à tout autre transporteur de le faire, et comme la compagnie
Murray Hill est en appel pour ne pas admettre cette priorité que la
Commission de transport de Montréal avait, c'est pour lui donner
à elle un privilège qu'il pourrait avoir. Et c'est pour
arrêter ce patronage-là que nous votons contre cet article.
M. BLANK: Une minute. Ce qui est devant le tribunal n'a rien à
faire avec ce bill. Quand le bill sera adopté, la nouvelle loi
commencera à être en vigueur.
Selon l'ancienne loi, Murray Hill peut gagner ou peut perdre, c'est la
cour qui va décider. Ce n'est pas rétroactif, cette
chose-là. Cela vient quand le bill est sanctionné, si c'est
sanctionné dans les termes suggérés aujourd'hui. On ne
sait pas ce que la Législature va décider en haut.
M. LEGER: M. le Président, si la compagnie Murray Hill gagne son
point, elle doit admettre qu'elle a une priorité que Montréal n'a
pas.
M. BLANK: Non, elle est sur un pied d'égalité avec tout le
monde.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Nous ne sommes pas ici pour défendre
la cause de Murray Hill.
M. LEGER: Non, mais le bill 23 défend actuellement, tel quel, la
cause de Murray Hill.
M. BLANK: Que pensez-vous de toutes les autres entreprises
privées dans la province? Peut-être y en a-t-il deux cents.
Pourquoi ne parle-t-on pas de celles-là? Pourquoi seulement de Murray
Hill? Parce que Murray Hill est allé en cour?
M. LEGER: Parce que Murray Hill n'a jamais accepté le principe
de...
M. BLANK: Elle a le droit d'aller en cour pour avoir une
interprétation, comme n'importe quel autre citoyen!
M. LEGER: D'accord.
M. BLANK: C'est ce qu'elle a fait.
M. LEGER: D'accord, mais la conséquence de cela, par
exemple...
M. BLANK: Si elle gagne sa cause...
M. LEGER: ...que Murray Hill gagne sa cause, c'est la Commission de
transport de Montréal qui n'a pas la priorité.
M. BLANK: Alors ce serait du patronage au tribunal aussi c'est ce
qu'on dirait si elle gagne sa cause?
M. LEGER: Le patronage viendra par la suite quand on octroiera des
contrats à Murray Hill plutôt qu'à la Commission de
transport de Montréal parce qu'elle à le choix entre les deux,
à ce moment-là.
M. BLANK: Je pense que la Régie des transports, qui est un
tribunal autonome, peut juger s'il peut donner un permis à telle ou
telle personne, que ce soit Murray Hill, la compagnie Métropolitaine, la
compagnie de transport provincial ou d'autres compagnies de la ville de
Montréal ou de Québec. Ce sont eux les juges de l'affaire.
M. LEGER: Le député sait fort bien tous les efforts et les
coûts que cela occasionnera à la Commission de transport de
Montréal pour prouver chaque fois qu'elle doit avoir priorité,
alors que si c'est inscrit dans la loi, il n'y a pas de problème, la
Régie des transports, qui deviendra la Commission de transport...
M. BLANK: Si...
M. LEGER: ... doit directement donner le service à la Commission
de transport de Montréal, si la Commission de transport de
Montréal peut donner le service.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Les études en comité doivent
se faire en Chambre. On est ici pour interroger des témoins qui viennent
faire entendre leur mémoire.
M. BLANK: M. Léger, si on va jusqu'au bout de votre
pensée, cela veut dire que les gens n'ont pas le droit d'aller devant un
tribunal pour faire interpréter la loi.
M. LEGER: Non.
M. BLANK: C'est ce que vous avez dit.
M. LEGER: Vous faites des conclusions que je n'ai pas faites.
M. LE PRESIDENT: Je crois qu'il n'y a plus de questions qui s'adressent
aux membres de la Communauté urbaine de Québec. J'appelle M.
Gustave Lafontaine, secrétaire général de la Commission
scolaire régionale de l'Estrie.
Commission scolaire régionale de
l'Estrie
M. TOUSIGNANT: M. le Président, il faudrait apporter une
correction au nom du porte-parole. Je suis Gérard Tousignant, directeur
général de la Commission scolaire régionale de l'Estrie.
Pour répondre à votre voeu de ce matin, je vais essayer
d'être bref.
M. le Président, M. le ministre, messieurs de l'Assemblée
nationale, je voudrais apporter le point de vue du client, soit la Commission
scolaire régionale de l'Estrie. La Commission scolaire régionale
de l'Estrie considère le projet de loi no 23 comme un effort louable
pour améliorer les transports dans le Québec. Cependant, comme ce
projet de loi contient des articles qui peuvent amener l'intégration du
transport scolaire aux différents services du transport public, elle
tient à exprimer son opposition à une intégration totale
et complète, tout en reconnaissant que, dans certains cas
spécifiques, il puisse y avoir avantage à intégrer ces
deux genres de transport, mais à certaines conditions.
Raisons contre l'intégration complète: Nous nous opposons
à l'intégration totale parce que nous jugeons que les services
publics ne sont pas en état de desservir adéquatement à la
fois le public en général et les élèves des
différentes écoles. Et voici ce que nous entendons par service
adéquat pour les élèves: un transport qui effectue des
départs de la résidence des élèves le matin et qui
effectue les retours le soir à des heures convenables; un transport
où les élèves sont tous assis pour permettre au chauffeur
de surveiller et de faire respecter le règlement par les
élèves transportés; un transport qui réduit au
minimum la longueur et la durée du trajet entre le domicile de
l'élève et l'école fréquentée, un transport
non subordonné à l'impondérable des services publics; un
transport effectué avec des véhicules dûment
identifiés avec feux clignotants, peints en jaune pour protéger
la sécurité et la santé des élèves
transportés; un transport dont les raccordements et les transferts sont
effectués dans des zones particulières qui sont souvent dans les
cours d'école; un transport dont les chauffeurs sont
préparés à cette fin; un transport dont la qualité
et les coûts sont contrôlés par la commission scolaire
régionale; un transport qui peut être vérifié par la
commission scolaire régionale en tout temps à des points
stratégiques localisés aux abords des cours d'écoles.
Nous sommes d'avis qu'un service qui transporte le public en
général ne peut fournir ce service adéquat et continuer
à bien servir ce public. Ou il sert bien le public et mal les
élèves, ou il sert bien les élèves et mal le
public.
Actuellement, nous avons dans le Québec un grand nombre
d'entrepreneurs privés de transport d'écoliers qui ne font que ce
genre de transport et qui donnent satisfaction aux commissions scolaires tout
en réalisant de bons revenus. Les commissions scolaires possèdent
même leurs propres autobus et ont su se donner un service adéquat
à un coût peu élevé. Il serait tout aussi maladroit
d'intégrer le public en général à ce genre de
transport que d'intégrer le transport scolaire au transport public.
Conditions de l'intégration dans certains cas. La preuve devrait
être faite qu'il y aurait avantage à réaliser cette
intégration, la qualité du service devrait être maintenue,
les coûts ne devraient pas être augmentés.
Recommandations. Compte tenu du fait que le transport scolaire constitue
une partie très importante du système de transport du
Québec, nous recommandons qu'il y ait un représentant du domaine
scolaire au conseil consultatif prévu à l'article 17 du bill 23
et à la Commission des transports prévue à l'article
22.
Nous recommandons le maintien du système de soumissions publiques
parce qu'il nous apparaît un élément stabilisateur des
coûts et une incitation au développement de la qualité des
services.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aurais quelques
questions à poser à M. Tousignant.
M. Tousignant, dans votre mémoire, vous faites un certain nombre
d'affirmations. Evidemment, vous parlez au départ de service
adéquat pour les élèves. Je pense que sur l'ensemble des
propositions qu'il y a là, il n'y a pas grand-chose de contentieux et on
s'entend tous pour dire que le transport doit s'effectuer à des heures
convenables, que les étudiants soient autant que possible assis, que les
chauffeurs les surveillent, qu'on réduise au minimum la longueur et la
durée du trajet cela ne se discute pas, cela va de soi "un
transport non subordonné à l'impondérable des services
publics."
Est-ce que vous pourriez expliquer cette quatrième condition?
M. TOUSIGNANT: Par exemple, il peut arriver à des journées
données dû à une affluence des adultes qu'à ce
moment-là il y ait... ou encore de la circulation comme telle, que le
circuit soit plus lent. A ce moment-là, il pourrait même arriver
aussi, compte tenu de la clientèle, qu'un certain nombre
d'élèves ne pourraient pas avoir accès à l'autobus.
La question se poserait à ce moment-là à savoir qui va
rester sur le trottoir, l'adulte ou l'élève?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Tousignant, justement à ce
propos-là, on nous a déjà fait ce genre d'observation. A
supposer que l'on utilise les transports publics, je ne connais pas
exactement l'organisation du transport dans la région de l'Estrie
mais est-ce que, à votre connaissance, les transporteurs publics
disposent d'un nombre suffisant de véhicules pour parer à ces
inconvénients, pour pallier ces inconvénients d'une
clientèle tout à coup accrue à certaines heures, aux
heures de pointe, par exemple?
M. TOUSIGNANT: Il faudrait se référer un peu à
l'organisation actuelle du système de transport d'une commission
scolaire où vous avez des circuits qui sont planifiés...
Rapidement, disons que tout d'abord nous faisons remplir une fiche de
renseignements scolaires par tous les élèves. A partir de cela,
nous établissons sur des cartes la position où se situent les
élèves, ensuite nous établissons les circuits et nous
déterminons, par exemple, qu'il y a une vingtaine
d'élèves... disons qu'il y a trente élèves à
tel endroit, nous envoyons un autobus pour trente élèves. En
termes de temps, à ce moment-là, le problème ne se pose
pas, puisque nous savons pertinemment que pour tel circuit cela va prendre tant
de temps. Notre interrogation il ne s'agit pas pour nous de s'opposer
carrément au principe global est la suivante: Comment sera-t-il
possible matériellement de prévoir dans le temps ces
impondérables? Nous pouvons dire qu'on va mettre cinq minutes de
délai, mais si au lieu d'avoir cinq arrêts pour adultes, il y en a
une vingtaine, pour le début des classes, cela peut changer bien des
choses. Quant au nombre de véhicules, je ne pense pas que le
problème se situe là. Je pense bien que les transporteurs vont se
doter des équipements requis, mais on se demande comment cela va
être planifié.
C'est pour cette raison que nous souhaitons, du moins dans nos milieux,
une organisation de transport spécifique pour les étudiants. Nous
avons fait des expériences qui nous démontrent que ça
représente quand même des avantages de procéder ainsi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Tousignant, est-ce que je me trompe en
disant que, dans la région de l'Estrie, les transports publics ne vous
paraissent pas suffisamment organisés, à telle enseigne qu'on
puisse faire face à ces situations que vous décrivez? Prenons la
ville de Sherbrooke par exemple.
M. TOUSIGNANT: Dans la ville de Sherbrooke, nous ne voyons pas qu'avec
le système de transport, le service en commun si on veut
les élèves soient intégrés à ce
système. D'ailleurs, nous l'avons déjà
expérimenté sans aller de façon aussi
intégrée et ça posait un certain nombre de
problèmes. L'année dernière, nous avons opté pour
un transport spécialisé pour les étudiants et les
problèmes ont été moindres; sur le plan des horaires et
sur le plan du fonctionnement, ç'a été plus efficace. Je
pourrais vous parler de l'aspect des coûts aussi à cette
dimension-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, reprenant les conditions dont vous
parlez, cinquièmement, sixièmement, septièmement,
huitièmement: ce sont là toutes des conditions que l'on peut
accepter, qui sont non seulement désirables mais qui devraient
être obligatoires. Est-ce que vous ne croyez pas qu'un transport public
bien organisé, sous toute réserve que, dans la région de
l'Estrie, un tel transport existe, est-ce vous ne croyez pas, dis-je, qu'un
service de transport public ne pourrait pas répondre à ces
exigences que vous formulez, de cinq à neuf?
M. TOUSIGNANT: Théoriquement, bien sûr.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Théoriquement, sûr. Dans les
faits, évidemment, il faudrait tenir compte de la situation actuelle du
transport public dans la région de l'Estrie.
M. TOUSIGNANT: Mais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. TOUSIGNANT: Si vous me permettez, personnellement, je ne fais pas de
restrictions,
sur le principe, à notre territoire. La question que l'on se pose
est celle-ci: Même si c'est un transport public qui transporte les
élèves, pourquoi ne peut-il pas y avoir un transport
spécialisé? Je ne parle pas de Montréal et Québec,
je parle de l'ensemble de la province. Il nous semble qu'en termes de
coûts, il n'est pas prouvé que ce serait plus dispendieux. Nous
avons quand même de l'expérience là-dessus et nous ne
sommes pas non plus sûrs que cette formule va répondre aux besoins
de la population en général, du moins dans toutes les villes en
dehors de Montréal et de Québec que je connais ou pas, au point
de vue de l'organisation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En principe, M. Tousignant, est-ce que vous
vous opposez catégoriquement à ce que le transport des
écoliers soit effectué par le transport public? En principe,
mettons de côté les cas de Québec et de Montréal,
est-ce que vous vous opposez à ce qu'on utilise les transporteurs
publics pour transporter les écoliers?
M. TOUSIGNANT: Présentement, avec les garanties ou avec ce que
l'on voit, vous comprendrez qu'on ait une certaine réticence,
puisqu'à notre sens, nous n'avons pas les garanties. C'est une question
qui appellerait une réponse. Dans le fond si vous pouviez me fournir la
réponse en même temps que la question, je pourrais vous dire oui
ou non, puisqu'on nous dit: quelle est la garantie, et nous avons des
réserves, compte tenu des expériences passées
quelles sont les garanties que ce système-là nous assurera les
neuf points que nous préconisons? Présentement, nous
prétendons que cette garantie n'est nullement prouvée, alors
qu'il est clairement démontré que le système actuel est
valable et efficace. Disons qu'en résumé, nous ne voudrions pas
que le transport écolier, dans toute la réorganisation et la
planification du transport au Québec, nous fasse perdre dans
l'échange.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, maintenant, c'est une preuve par
l'absurde que vous nous fournissez là vous nous dites: Nous avons
des réticences et nous voudrions que le transport réponde aux
conditions que nous formulons ici.
Vous ne nous dites pas, par ailleurs, si dans les faits, compte tenu de
la situation particulière de l'Estrie, par exemple, que vous avez les
garanties suffisantes qui vous permettraient de croire que les transporteurs
publics pourraient vous donner des services qui répondent exactement aux
exigences que vous avez formulées dans votre mémoire.
M. TOUSIGNANT: En 1969, le transport des élèves dans la
ville de Sherbrooke était fait par la compagnie qui détient le
permis de transport pour Sherbrooke. Comme situation, à ce
moment-là, nous avions de multiples retards aux écoles, nous
avions beaucoup d'élèves qui étaient debout et nous avions
continuellement des représentations puisqu'il se passait toutes sortes
de choses dans les autobus. Pas sur le plan moral au sens qu'on peut souvent
l'entendre, mais sur le plan d'un élève qui va prendre un
couteau, briser des sièges, provoquer des disputes, et ainsi de suite,
parce qu'il n'y avait aucun contrôle.
En cours d'année la compagnie a demandé à la
Régie des transports une majoration des taux, ce qu'elle a obtenu. Nous
avons fait des représentations qui n'ont pas eu de suite. Comme
résultat, nous avons eu une majoration de $45,000 pour 4,000
étudiants. La régie a accordé une somme de $45,000 pour
4,000 étudiants.
Nous nous trouvions devant le problème de faire accepter ce
montant par le ministère de l'Education. Voici ce que nous avons fait.
En 1970, nous avons intégré les circuits de l'extérieur de
Sherbrooke avec ceux de Sherbrooke et nous avons demandé des soumissions
publiques. Nous avons obtenu un coût global moindre de $80,000 avec, sur
le plan des services, des retards moindres puisqu'on savait exactement que les
élèves partaient à telle heure et étaient rendus
à telle heure à l'école, et tous les élèves
étaient assis. Sur le plan de la sécurité, c'était
maximal. Alors, vous comprendrez que face à cela nous avons des
réserves. Nous disons que nous avons un système qui a fait ses
preuves et nous ne voyons pas pourquoi nous ne pourrions pas le conserver sur
la base de soumissions publiques avec la possibilité aussi que d'autres
entrepreneurs, qui actuellement nous desservent bien, puissent continuer. C'est
exactement le fond de la situation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. Tousignant, au sujet justement,
des conditions de l'intégration dans certains cas vous dites: "Nous
accepterions l'intégration dans certains cas exceptionnels mais selon
les conditions suivantes: La preuve devrait être faite qu'il y aurait
avantage à réaliser cette intégration; la qualité
du service devrait être maintenue et les coûts ne devraient pas
être augmentés." Pourriez-vous nous fournir peut-être
pas verbalement aujourd'hui, à moins que vous n'ayez les documents
des tableaux qui pourraient nous donner une idée des coûts
comparatifs du transport effectué par des transporteurs privés et
du transport effectué par des transporteurs publics?
M. TOUSIGNANT: Vous avez le jeu des soumissions et vous avez, au
ministère de l'Education actuellement, ce que nous appelons le tableau
des coûts normalisés. La situation ne peut donc pas se produire
comme vous la décrivez puisque le jeu des appels d'offres étant
ce qu'il est, ayant aussi un maximum par le tableau des coûts
normalisés qui sont les nor-
mes du ministère de l'Education, nous n'avons pas le moyen de
comparer puisqu'à toutes fins utiles la compagnie qui détient le
permis pour la ville de Sherbrooke soumissionne au même titre que les
entrepreneurs privés. C'est le jeu de la concurrence qui intervient
alors et c'est là que nous prétendons que voilà un
élément qui peut stabiliser les coûts.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, dans votre mémoire, vous
recommandez le maintien du système des soumissions. S'agit-il de
soumissions annuelles ou des soumissions qui sont prévues par le projet
de loi no 23?
M. TOUSIGNANT: Des soumissions annuelles, nous considérons que
c'est trop court. Sur une période de trois ans, nous sommes d'accord,
mais renouvelable. Sur ce principe, évidemment, trouver le seuil de la
rentabilité et dire, par exemple, combien de temps il faut permettre le
contrat... Il faut quand même que ce soit rentable pour celui qui fait
l'offre et que cela l'incite aussi à augmenter la qualité de ses
services parce qu'il est clair que si nous demandons des périodes
très courtes, il n'aura pas intérêt à
améliorer les services ou encore à investir beaucoup. Nous
n'avons donc pas relevé ce point parce qu'il nous apparaissait qu'il
relevait de l'aspect bien technique d'évaluer en terme de temps. Mais,
en terme de principe, par contre, nous y tenons, à savoir qu'il doit y
avoir, après un certain temps, une soumission. Quoique cela pose tout le
problème à savoir si au bout de six ans la concurrence deviendra
possible parce que ceux qui n'auront pas eu de contrat seront-ils en dehors du
marché à ce moment-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voyez-vous, M. Tousignant, c'est justement
là où je voulais vous amener; vous parlez de coût, de
rentabilité, de qualité, de service et d'une rationalisation
d'une politique générale des transports, soit les écoliers
ou d'autres types de transport.
De toute façon, que ce soient les transports publics ou les
transports privés, ce sont les contribuables qui vont payer. Moi,
personnellement, je suis d'avis et je l'ai dit l'autre jour à la
commission qu'il faut protéger les transporteurs privés
qui ont consenti des investissements importants et qui se retrouveraient dans
la rue si tout à coup on décidait de changer de système ou
de les écarter lors des appels d'offres, etc.
Seulement, en collaboration avec le ministère de l'Education, le
ministère des Transports semble décidé à
rationaliser la politique du transport, de l'organisation du transport dans le
Québec. Il est donc important qu'une régionale comme celle que
vous représentez fasse un examen des coûts à partir des
soumissions qui vous ont été présentées
l'année passée, l'année d'avant, etc. et en fonction des
services que vous exigez.
Pour obtenir un service de qualité, le meilleur qui soit,
à un coût normal, ne pensez-vous pas que le système d'appel
d'offres, de soumissions que l'on a actuellement ne permet pas, ni aux
transporteurs d'écoliers, entreprise privée ou publique, ni
même à la commission scolaire, de rationaliser ou de normaliser
ces dépenses dans ce domaine-là?
M. TOUSIGNANT: Sur une courte période, je suis parfaitement
d'accord que ça peut avoir une influence négative. Par exemple,
avec une soumission annuelle, à mon point de vue, il est clair que,
même si on apportait le jeu de la concurrence, la qualité des
services interviendrait.
Il faut que ce soit plus qu'annuel. De là à dire que
ça serait pour tout le temps, je pense qu'il y a probablement une
commune mesure qui va permettre d'atteindre à la fois
l'efficacité des services et une politique de moindre coût. Qu'ils
ne se chicanent pas sur les 3, 4, 5 ou 6. Je pense qu'il faut maintenir le
principe.
Par la force des choses, dans nos milieux, je pense bien que
l'entrepreneur privé va continuer à vivre, parce que dans tous
les petits milieux il n'est absolument pas question d'un transport offert par
une communauté urbaine. Il n'en reste pas moins que, dans la loi, dans
le mécanisme, il faut que ce soit prévu tout ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Tousignant, dans le cas de la Commission
scolaire régionale de l'Estrie, est-ce que celle-ci ou les commissions
scolaires constituantes ont des services de transport qui leur appartiennent,
qu'elles ont organisés?
M. TOUSIGNANT: Lorsque vous parlez de services de transport, vous voulez
dire posséder des autobus?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'écoliers. Est-ce que certaines
commissions scolaires possèdent des autobus scolaires?
M. TOUSIGNANT: Disons que la Commission scolaire régionale de
l'Estrie possède six autobus. La commission scolaire protestante en
possède au-delà d'une centaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au-delà d'une centaine d'autobus, la
commission scolaire protestante?
M. TOUSIGNANT: Du côté francophone, il y en a six pour
l'ensemble du territoire. Du côté anglophone, il y en a plus de
cent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il s'agit donc d'un transport public
déjà, pas pour le grand public en général mais d'un
transport public au sens de la loi, puisque c'est une institution publique qui
exploite cette entreprise de transport. Cent autobus dans le cas de la
population anglophone?
Vous avez déjà, en somme, la base d'une organisation de
transport scolaire public qui est entre les mains d'une entreprise que l'on
peut déclarer publique. A côté de cela, vous avez six
autobus de la régionale de l'Estrie qui transportent des
étudiants francophones. D'où vient cette distinction, cette
séparation? Pourquoi y a-t-il des transporteurs pour les anglophones et
des transporteurs pour les francophones?
M. TOUSIGNANT: Ecoutez, je peux vous répondre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que ces véhicules sont
catholiques ou protestants, français ou anglais?
M. TOUSIGNANT: Ils sont neutres, ils sont jaunes. Je peux vous
répondre en ce qui nous concerne. Je ne peux évidemment pas vous
expliquer pourquoi telle commission scolaire s'est dotée de tant
d'autobus. Je peux vous dire que nous nous sommes dotés de six autobus
et pas plus puisqu'il nous apparaissait rentable de se doter de six autobus.
Pour l'ensemble de l'organisation, nous devions, à ce moment-là,
recourir au transport existant dans Sherbrooke même ou aux transporteurs
privés pour l'extérieur de Sherbrooke.
Pour ce qui est du côté anglophone, il est sûr que
l'on doit accommoder des élèves éparpillés sur un
grand territoire. Je ne peux pas m'avancer là-dedans, je ne connais pas
du tout le pourquoi fondamental. Pour nous, il nous apparaissait rentable
d'utiliser six autobus qui sont surtout utilisés pour
l'interécole et pour quelques circuits plus difficiles. Il peut arriver
aussi et c'était notre idée que des circuits soient
trop dispendieux et qu'on doive demander des soumissions publiques à
cause des conditions particulières, mais il devenait plus rentable pour
nous d'utiliser un autobus qui nous appartenait pour faire ce trajet. C'est
uniquement dans cet aspect-là parce que notre principe est que c'est
plus rentable d'aller en entreprise privée que d'administrer
nous-mêmes tout un ensemble comme tel, en autant que nous ayons un
contrôle sur les autobus qui transportent nos élèves, par
un règlement d'élèves, par des circuits planifiés
qui disent aux transporteurs: Vous devez partir à telle heure et vous
devez arriver à telle heure. C'est la situation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que votre commission scolaire, la
régionale de l'Estrie, a l'intention d'accroître son propre
service de transport d'écoliers?
M. TOUSIGNANT: Pas nécessairement. Les conditions que nous posons
étant respectées, avec le système actuel, je ne vois pas
pourquoi on devrait se porter acquéreur de plus d'autobus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Depuis X années, une période de
cinq ans au moins, est-ce que les transporteurs de l'entreprise privée
ont toujours été les mêmes ou si, par le jeu des appels
d'offres, vous avez changé de transporteurs?
M. TOUSIGNANT: Pour ce qui est des transporteurs que nous appelons "plus
importants", à toutes fins pratiques, cela n'a pas varié. La
variation va se retrouver parmi les petits transporteurs qui vont surtout
desservir les rangs, par exemple, qui font le ramassage dans les rangs pour
conduire ces élèves à des centres plus importants.
Là, évidemment, la variation est plus considérable, mais
en général, on ne peut pas dire que cela ait tellement
varié.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que dans le cas de la régionale
de l'Estrie vous avez des autobus qui transportent des francophones et
des autobus qui transportent des anglophones il arrive que ces
transporteurs suivent le même itinéraire, fassent le même
périple pour cueillir à un endroit un anglophone et qu'un autre
autobus vienne cueillir au même endroit un francophone?
M. TOUSIGNANT: Selon les règles budgétaires du
ministère de l'Education, on se doit d'éviter de multiplier les
circuits. Depuis l'année dernière, nous avons des ententes pour
éviter justement la situation que vous décrivez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cette situation existait-elle ou existe-t-elle
encore?
M. TOUSIGNANT: Actuellement, dans la province, je pense qu'on peut dire
qu'une situation comme celle-là existe certainement. Cependant, avec le
principe de la régionalisation du transport, la multiplication des
circuits sera automatiquement éliminée. Je peux vous dire aussi
qu'à cause, justement, des normes administratives des commissions
scolaires sont incitées à collaborer pour ne pas multiplier les
circuits.
Maintenant, à votre question bien précise: Est-ce que cela
existe? Moi, je prétends que cela doit exister.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que cela existe dans le cas de la
régionale de l'Estrie?
M. TOUSIGNANT: A cause des horaires, il peut exister encore quelques
multiplications de circuits. Actuellement, la participation ou la collaboration
sont, quand même, sur une base de volontariat. Alors, pour toutes sortes
de raisons, il pourrait arriver qu'à un moment donné il soit
moins possible d'assurer complètement, disons, cette collaboration, mais
je peux dire qu'à 95 p.c. nous avons éliminé la
multiplication des circuits. Je peux vous répon-
dre pour la régionale de l'Estrie et pour les commissions
scolaires locales de notre territoire. Je ne peux pas m'engager pour l'ensemble
de la province.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, votre intention à la
régionale de l'Estrie, c'est de faire disparaître ces doubles
circuits.
M. TOUSIGNANT: Exactement. C'est parce qu'à cause des horaires et
tout il faut aussi planifier l'aspect pédagogique. De plus en plus,
actuellement, c'est accepté. Lorsque je vous parle de 95 p.c. des
circuits où, à notre sens, il n'y a aucune multiplication, je ne
fais pas entrer là-dedans les éléments, par exemple,
d'horaires différents qu'il faut modifier, d'organisations
différentes du côté anglophone et francophone, quoique,
l'année dernière, certains autobus appartenant à la
commission scolaire anglophone transportaient de nos élèves et,
ensuite, leurs propres élèves pour les diriger vers leur
école polyvalente qui est à 5 milles de Sherbrooke.
De ce côté-là, à notre sens, il n'y a pas de
problème crucial. La régionalisation du transport a pour effet
d'éliminer cela complètement. C'est pour ça qu'au
début on reconnaît comme un effort louable cette tentative de
régionaliser le transport.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a quelques jours, on nous a parlé
de ce problème de la présence des commissions scolaires dans les
entreprises de transport, certains s'élevant contre ça; d'autres
nous disant: D'accord, nous sommes bien prêts à faire
disparaître les transports d'écoliers par les commissions
scolaires, mais il y a le problème des normes, enfin, des conditions
posées par le ministère de l'Education. Dans le cas où le
ministère de l'Education accepterait de couvrir ce qu'on appelle les
dépenses inadmissibles, est-ce que vous considérez que les
commissions scolaires devraient se retirer du transport scolaire, puisqu'il
s'agit là d'une question qui n'est ni pédagogique ni quoi que ce
soit du genre?
M. TOUSIGNANT: Si se retirer du transport scolaire implique, par
exemple, que ce n'est plus maintenant de nos préoccupations, je pense
qu'on aurait un réveil brutal, puisque, sur le plan de l'organisation,
cela poserait des problèmes. Maintenant, est-ce que les commissions
scolaires doivent être propriétaires d'autobus scolaires?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça que je veux dire, M.
Tousignant. Comprenez-moi bien. Je ne dis pas que les commissions scolaires
doivent se désintéresser du transport scolaire. Cela va de soi.
Je veux dire: Est-ce qu'à votre avis les commissions scolaires ne
devraient pas se retirer du transport scolaire, en ce sens qu'elles devraient
cesser d'acheter des autobus et d'organiser matériellement le transport
des écoliers, quitte à surveiller, évidemment, ce
transport lorsqu'elles accordent des contrats à ceux qui
présentent des soumissions.
M. TOUSIGNANT: Notre point de vue est que le fait d'avoir des autobus
qui sont notre propriété présente des avantages de
souplesse, entre autres ce que nous appelons les déplacements
interécoles; à un moment donné, les élèves
vont se déplacer et tout cela. Le fait d'avoir nos propres autobus est
beaucoup plus souple. Actuellement, il semble aussi que ce soit moins
dispendieux pour la commission scolaire.
Ce que je soulignais tout à l'heure, c'est que là
où est le seuil de la rentabilité entre... Nous, nous avons
20,000 étudiants, nous avons six autobus. Nous avons une commission
scolaire qui a 4,000 ou 5,000 étudiants et qui a 100 autobus. Alors, sur
le principe, moi, je considère qu'il serait rentable que les commissions
scolaires puissent être propriétaires d'un nombre limité
d'autobus scolaires pour ces fins qui sont spécifiques et qui demandent
une souplesse de fonctionnement et tout ça.
Cela peut être nécessaire aussi pour l'organisation de
certains transports pour lesquels il serait peut-être assez difficile
d'obtenir des soumissions, ou, si on en obtient, ce serait possiblement plus
dispendieux. Alors, sur le principe, je soutiens qu'on devrait être
propriétaire de quelques autobus; à mon sens, ce serait pour des
fins marginales et il faudrait bien spécifier ces fins.
Evidemment, lorsqu'on répond globalement, je sais que la
situation d'un grand centre urbain ne se présente pas de la même
façon, mais enfin, en ce qui nous concerne, puisque vous posez la
question en regard de l'Estrie, notre prétention est qu'on devrait
pouvoir rester propriétaire d'un certain nombre d'autobus scolaires.
M. LACROIX: Y a-t-il des désavantages à ce qu'une
commission scolaire soit propriétaire de tous ses autobus scolaires? Si
vous croyez que c'est avantageux d'avoir un certain nombre d'autobus pour la
planification, pour un meilleur service à tout point de vue, quels
désavantages voyez-vous à ce que la commission scolaire soit
elle-même propriétaire des autobus?
M. TOUSIGNANT: Bien, écoutez, je pense que ça peut
être bien aléatoire où on va tirer la ligne dans le fond,
mais nous avons expérimenté la situation et la situation que nous
vivons actuellement répond â nos besoins. La commission scolaire
voisine a une centaine d'autobus et elle prétend que c'est son meilleur
système, que c'est le meilleur système qu'il y ait pour ses fins
propres.
Sur le plan des commissions scolaires, il est possible en s'organisant,
en se dotant de ces équipements, que ça pourrait ne
représenter que des avantages. Cependant, nous ne voulons pas
demeurer en vase clos, on veut bien regarder à côté
de nous et on constate qu'il y a des équipements disponibles. On pense
qu'il faut les utiliser, mais pour autant que ça réponde à
nos impératifs. Je pense que s'il fallait demain matin doter tout le
système scolaire, je ne sais pas, d'une centaine d'autobus, d'accord,
ça ferait vendre des autobus, mais, par contre, cela aurait des
répercussions sur tout le réseau du transport.
M. LACROIX: Si les commissions scolaires achetaient les autobus qui sont
actuellement en service il ne s'agit pas d'acheter des autobus neufs et
de laisser de côté les autobus qui sont actuellement la
propriété d'individus, de particuliers ou de compagnies
est-ce que les propriétaires d'autobus auraient des objections à
les vendre à la commission, parce qu'ils ne sont pas là sans but
lucratif? Les administrateurs se prennent des salaires, en fait, il y a bien
des revenus qui pourraient aller aux commissions scolaires plutôt que
d'aller à des individus. Il ne s'agit pas de laisser de
côté des actifs qui seraient inopérants, mais, par la
commission scolaire, les exproprier de façon raisonnable.
M. TOUSIGNANT: Il se poserait certainement un problème.
Actuellement, nous avons 200 autobus qui, par soumissions publiques, sont
impliqués dans des contrats de transport. Il apparaît
évident que si on voulait acheter ces 200 autobus les autobus
transportent les élèves le matin et les transportent le soir
alors, considérant le laps de temps qui s'écoule entre le
matin et le soir, vous auriez là un investissement qui dormirait sur
place.
M. LACROIX: Qu'est-ce qu'on en fait à l'heure actuelle?
M. TOUSIGNANT: Pour un certain nombre, ils demeurent sur place, mais
pour d'autres, ils sont utilisés dans la journée, je
présume.
Si je réfère à Sherbrooke, par exemple, ces autobus
sont certainement utilisés dans la journée pour le transport
public. C'est une supposition que je fais. Je ne suis pas allé voir
comment ils organisaient leur affaire. La question que je me pose est celle-ci:
A partir de normes avec les systèmes qu'on a, on entre dedans et on est
satisfait des services. On n'a pas analysé si une commission scolaire
pourrait devenir propriétaire de tout un réseau. En partant
j'aurais certainement des réserves sur la rentabilité.
M. LACROIX: Je voudrais bien savoir où les autobus scolaires
peuvent nuire, ou faire concurrence aux transporteurs publics qui ont
déjà des permis pour le transport public. On a déjà
des difficultés même pour le transport des élèves
pour les fins sportives d'un point à l'autre, alors que les
transporteurs publics désirent qu'on utilise leurs autobus plutôt
que d'utiliser les autobus scolaires. S'ils apparte- naient ,à la
commission scolaire, est-ce qu'on ne pourrait pas obvier jusqu'à un
certain point à une difficulté que l'on connaît un peu
partout dans la province de Québec actuellement?
M. TOUSIGNANT: Possiblement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je voudrais revenir
sur ceci: Combien d'autobus avez-vous? La Commission scolaire régionale
de l'Estrie a six autobus. Est-ce que les chauffeurs y sont à temps
partiel? Il y en a trois, je crois, à temps plein et trois à
temps partiel. Combien utilisez-vous d'autobus pour le reste du transport des
écoliers?
M. TOUSIGNANT: Deux cents.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a deux cents autobus qui appartiennent
à l'entreprise privée et six autobus qui appartiennent à
la commission scolaire, plus les cent autobus de la partie anglophone?
M. TOUSIGNANT: Oui, pour la commission scolaire régionale
anglophone.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela fait trois cent six. Je pose une
dernière question, M. Tousignant. Je n'ai pas fini. Vous maintenez le
principe des soumissions...
M. TOUSIGNANT: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour la qualité de service, le
coût et tout cela. Et pour la sécurité des entreprises de
transport, est-ce que vous ne croyez pas que la recommandation qui a
été faite de supprimer les soumissions de quelque forme que ce
soit, les appels d'offres, serait préférable, si vous tenez
à la sécurité de cette entreprise privée que sont
les transporteurs d'écoliers?
M. TOUSIGNANT: Tout d'abord, je dois vous dire que notre objectif n'est
pas de garantir toute sécurité possible aux transporteurs
d'écoliers; ce n'est pas tout à fait notre problème. Qui,
dans toute organisation d'affaire a la sécurité maximale? Je
pense que les députés ne l'ont pas; les ministres non plus; les
administrateurs de commissions scolaires non plus n'ont pas cette garantie pour
le restant de leurs jours. A un moment donné, ils seront assurés
d'avoir des contrats pour organiser des transports. Je pense qu'il y a un jeu
qui se joue. Nous maintenons le principe de la soumission publique, justement
parce que nous considérons que si le transporteur sait que son permis
pourrait être révoqué, s'il sait qu'au bout de X
années il pourrait faire face à une concurrence, cela va
être certainement incitatif à améliorer ses services ou, du
moins, à garder la qualité de ses services. Pour ce qui est de la
sécurité, il y a une question de seuil à un moment
donné. C'est
comme la sécurité d'emploi. C'est valable jusqu'à
un certain point, mais il arrive que si ça va trop loin en termes
de motivation cela peut jouer à l'inverse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Tousignant, je comprends mal votre
raisonnement. Vous dites que si les transporteurs qui obtiennent les contrats
par voie de soumissions avaient une certaine sécurité,
peut-être que cela les inciterait à se négliger et que le
transport s'en trouverait diminué en qualité.
Mais, lorsque vous engagez des transporteurs, vous leur imposez toutes
les conditions qui sont là dans votre mémoire. Vous demandez,
d'autre part, que les commissions scolaires soient associées à la
surveillance dans le domaine du transport d'écoliers. Je crois que,
toutes ces conditions étant remplies, il n'y a aucun danger que ces
gens-là se négligent et donnent un service de moindre
qualité.
M. TOUSIGNANT: Présentement, nous sommes juges. Nous
contrôlons, si on veut, la qualité du service. Avec le bill 23, ce
qui ferait, en fin de compte, que le contrat pourrait être
prolongé, ce serait une décision de la Commission des transports.
Nous référant peut-être à tort
à notre expérience vécue avec la Régie des
transports, nous devenons plus ou moins perplexes et nous nous disons qu'il
faudra certainement qu'il y ait des incitations. Sur le principe aussi, je
pense que c'est assez embêtant de décréter que jamais
personne ne pourra se lancer dans le transport pour vingt-cinq ou cinquante ans
à venir. Encore là, nous référant à notre
expérience personnelle, il nous a semblé que le fait d'accorder
une certaine sécurité que l'on peut fixer dans le temps aux
transporteurs leur permet de planifier leurs investissements. Devant
l'éventualité d'une nouvelle soumission, nous n'avons pas
l'impression que c'est le jeu de la concurrence qui va intervenir. C'est
là qu'on parle d'élément stabilisateur des coûts et
d'incitation aux services.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Croyez-vous que six ans, dans la planification
générale d'entreprises de transport, c'est suffisant pour
prévoir les amortissements d'une immobilisation très importante,
d'une capitalisation énorme, en fait?
M. TOUSIGNANT: Je crois qu'actuellement c'est une base de cinq ans pour
amortir le coût d'un autobus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Huit ans.
M. TOUSIGNANT: Comme je l'ai dit au début, sur la question du
nombre d'années, à savoir si ce serait six ou sept ans, j'imagine
que les transporteurs eux-mêmes pourraient avec force arguments faire
valoir qu'il faut sept ans plutôt que six.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. Tousignant.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre des Transports. Dans le mémoire de la commission
scolaire régionale de l'Estrie, on demande qu'un représentant du
domaine scolaire soit nommé au conseil consultatif en vertu de l'article
17 et aussi qu'un représentant soit nommé à la Commission
des transports. Est-ce que le ministre a l'intention de faire suite à
ces demandes?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je me suis déjà prononcé
là-dessus en disant qu'il y aurait des représentants des
transporteurs et qu'il y aurait collaboration entre les commissions scolaires
et le ministère des Transports. Je me suis déjà
prononcé là-dessus.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce matin, vous vous êtes
prononcé pour les camionneurs artisans...
M. TREMBLAY (Bourassa): Je m'excuse ce n'est pas la commission, mais le
conseil consultatif.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce qu'il y en aura un aussi qui sera
nommé à la Commission des transports, formée de sept
membres? On demande ici qu'il y en ait un à chacun des deux
organismes.
M. TREMBLAY (Bourassa): Dans la Commission des transports même, il
y a quatre sections. Il est certain que, dans ces quatre sections, ce seront
des gens qui vont connaître le transport. Vous avez encore le
ministère de l'Education, vous avez M. Lachapelle, qui, avec ses proches
collaborateurs, sera muté au ministère des Transports pour
continuer à coordonner le transport d'écoliers et le transport
public.
Là-dessus, j'avais une question à poser à M.
Tousignant: Verrait-il d'un mauvais oeil, disons, que dans un circuit où
il y a vingt écoliers, s'il y a cinq ou six pères de famille ou
des filles ou des mères qui vont travailler à tel village ou
à telle ville et s'il y a de la place dans l'autobus, que ces gens
puissent y monter? A ce moment-là, on peut éviter un double
transport public. Je crois que c'est cela un peu. Je me demande si vous voyez
une objection dans ce sens-là.
M. TOUSIGNANT: Si la situation générale était aussi
nette que vous la posez comme hypothèse, il est sûr que nous
n'aurions aucune objection.
Si l'on dit par exemple, sur le circuit cinq, il y a une vingtaine
d'étudiants et cinq adultes et qu'en termes de départ et de
retour ça ne pose aucun problème, à ce moment-là,
dans une
situation bien identifiée comme celle-là, il n'y a aucun
problème, ça irait bien.
M. TREMBLAY (Bourassa): Ma question est de ne pas allonger le temps des
enfants dans l'autobus, etc. mais je pose la question, s'il y a 20
écoliers et dix adultes. Cela peut peut-être être une
question de cinq minutes, mais, par contre, on sauve un circuit de transport
public. Alors, je vous demande si vous seriez contre une formule semblable dans
des circuits. Cela ne veut pas dire tous les circuits parce qu'il y a des
circuits écoliers pour lesquels ça prend deux autobus
chargés à plein. A ce moment-là, il n'en est pas question
mais vous savez comme moi que, dans certaines régions, les autobus sont
à moitié ou aux trois quart remplis. A ce moment-là, on
peut épargner un minimum d'argent sur ce circuit-là. Est-ce que
vous seriez contre une chose semblable?
M. TOUSIGNANT: Telle que vous la décrivez, pas du tout. Au
contraire, je ne serais pas contre, je serais en faveur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Seulement une ou deux petites questions. D'abord, je
félicite M. Tousignant pour avoir présenté les neuf
conditions pour un service adéquat; ça veut réellement
dire que, si un service remplit les neuf conditions, l'élève est
réellement bien protégé. Il y a quand même sept ou
huit de ces conditions-là qui pourraient et je pose la question
à M. Tousignant être remplies par un service public aussi.
Mais je ferais peut-être abstraction de l'article 1 ou de l'article 4.
Est-ce que vous êtes d'accord que la plupart de ces conditions-là
pourraient être aussi remplies par un service public, sauf
peut-être les articles 1 et 4?
M. TOUSIGNANT: En tant qu'hypothèse, je peux dire oui; en tant
que fait pratique, notre expérience nous amène à
être beaucoup plus prudents avant de dire oui. Nous avons vécu une
situation mitoyenne et ça ne répondait pas à cela. Nous
avons un système spécialisé qui répond à nos
critères.
M. LEGER: Vous parlez à l'article 1 de ce qui serait pour vous
une des conditions essentielles vous l'avez mise en premier c'est
que le départ se fait à partir de la résidence de
l'élève jusqu'à l'école et vice versa. Est-ce que
vous pensez qu'un service public pourrait, le matin et le soir, avoir des
autobus en plus grand nombre et spécialisés pour le faire? Est-ce
que vous pensez qu'un service public peut aussi avoir des autobus
supplémentaires ou si vous pensez que ces deux conditions-là ne
peuvent pas s'y intégrer?
M. TOUSIGNANT: Si j'ai bien compris votre question, vous me demandez
s'il serait possible qu'un service public...
M. LEGER: Aux heures de pointe.
M. TOUSIGNANT: ... aux heures de pointe, ait des autobus
spécifiquement pour les écoliers. C'est ça?
M. LEGER: Oui.
M. TOUSIGNANT: Je pense que, s'il y a des autobus spécifiquement
pour les écoliers, ils vont être en mesure de respecter les neuf
points que nous avons énoncés. Le principe qui a
été mis de l'avant, lorsqu'il a été question de
l'intégration, ce n'est pas clairement indiqué. On parle
d'intégration en termes d'organisation mais, dans les faits il n'est
indiqué à nulle part que les étudiants auront de
façon spécifique un transport spécialisé.
M. LEGER: Avec ces conditions-là.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. Tousignant, vous disiez tout à l'heure que vous
étiez en faveur de la soumission publique pour conserver certaines
qualités de service. En quoi le maintien d'un bon service pourrait-il
garantir à un transporteur de conserver son transport en face de l'appel
d'offres? Croyez-vous qu'en maintenant un meilleur service, en
améliorant ce service ceci pourrait garantir au transporteur de garder
son transport devant la soumission publique?
M. TOUSIGNANT: Il y a d'abord un premier point, c'est que pour pouvoir
soumissionner, il devra répondre à des conditions. Evidemment,
ces conditions, il voudra les remplir; il voudra aussi, en cours de contrat,
donner un service pour demeurer accrédité comme étant un
soumissionnaire valable.
M. AUDET: Mais n'aurait-il pas les mêmes obligations si, par
exemple, un taux était fixé par la Commission des transports? La
Commission des transports pourrait facilement fixer des taux. Le transporteur
serait quand même obligé de donner une qualité de service
suivant les normes que vous demandez.
M. TOUSIGNANT: Je pense que si nous l'abordons dans le sens que vous
soulignez, si on en fait un système global, à savoir que le
ministère des Transports lui-même assure un contrôle de tout
l'ensemble des détails et qu'il fixe non seulement les conditions, mais
qu'il établit aussi les critères qui devront être
respectés pendant tout le temps du parcours et que lui-même
décrète les variations des montants à être
payés, c'est une façon de concevoir l'orga-
nisation sur une base plus centralisée. Ce que nous soulevons,
nous, c'est qu'à toutes fins utiles, avec la disparition des
soumissions, il deviendrait à peu près impossible à
d'autres, au bout d'un certain temps, d'entrer à leur tour dans la
concurrence, si c'était sur cette base.
M. AUDET: Peut-être, dans ces nouveaux transporteurs
éventuels voit-on souvent des transporteurs non
expérimentés qui veulent tenter une aventure, qui soumissionnent
trop bas et qui ne sont justement pas capables de donner le service que celui
d'avant donnait.
Maintenant, nous considérons la commission scolaire comme un
intermédiaire valable et impartial pour le choix du meilleur mode de
transport entre le transport par les transporteurs privés et le
transport par les commissions de transport. Je crois que votre exposé
est très clair là-dessus. Votre choix est passablement clair et
je crois, le croyez-vous vous-même? que vous avez une
certaine impartialité dans le choix du transport.
M. TOUSIGNANT: Ecoutez, je pourrais vous répondre à
travers ma subjectivité, ma partialité. C'est que
présentement nous considérons... Vous savez, nous, il faut
répondre face aux étudiants, aux parents, et nous devons leur
présenter un système de transport qui est valable. Actuellement,
nous disons: Dans tout cela, demain, avec le bill 23, est-ce qu'à toutes
fins utiles la commission scolaire va continuer à jouer ce rôle
face aux besoins, à savoir est-ce qu'elle pourra doter le système
scolaire d'une bonne organisation de transport sans se trouver dans des
complications? Une chose est certaine, lorsqu'il y aura des problèmes de
transport cela va encore revenir à la commission scolaire. Alors, nous
nous disons que c'est d'accord, que nous allons en assumer la
responsabilité, mais il nous faut aussi un droit de parole quelque part.
Il faudrait quand même que, dans le système, on tienne compte de
nos besoins. C'est dans ce sens-là parce que lorsqu'il y aura des
problèmes dans les autobus, si jamais les élèves
n'arrivent pas, on va toujours communiquer avec la commission scolaire pour
voir ce qui ne va pas.
M. AUDET: C'est là que nous voyons votre impartialité et
votre justesse de jugement lorsque vous commandez un certain service.
Maintenant, lorsque vous avez choisi de vous approprier six autobus,
poursuiviez-vous une meilleure rentabilité ou si vous poursuiviez une
meilleure planification des services?
M. TOUSIGNANT: Ce que j'ai énoncé tout à l'heure,
c'est que pour un certain nombre de services que nous devions nous donner, il
nous apparaissait qu'il nous fallait nous doter de véhicules nous
appartenant puisque cela représentait plus de souplesse. Je pense, par
exemple, aux déplacements interécoles pour les activités
sportives. Dans le réseau, aujourd'hui, avec le système à
options, il peut arriver qu'un élève doive se déplacer
d'une école à l'autre pour aller chercher des options
professionnelles. Nos autobus nous permettent cette souplesse et nous
permettent aussi... Il serait assez difficile de pouvoir planifier au
début d'une année avec un transporteur l'ensemble des
déplacements qui devront se faire entre les écoles, sur le plan
des activités, etc.
Nous ne cachons pas non plus que nous nous sommes dotés d'autobus
parce que nous considérions que ça pouvait être un tableau
indicateur pour les transporteurs, en disant: Nous, nous sommes capables de
donner tel service, nous vous demandons tel autre. Nous produisons chaque
année des rapports financiers sur l'utilisation, sur le nombre de
voyages que nous faisons. Et si les transporteurs publics peuvent nous dire que
ce n'est pas rentable, nous pourrions le réétudier, mais
actuellement, avec les chiffres que nous avons à l'appui, ils ne peuvent
pas nous le démontrer, pour ce nombre-là.
C'est un souhait que j'émets, je ne voudrais pas qu'à
partir de ce fait, on en déduise un principe ou autre chose, je traduis
tout simplement une situation.
M. LACROIX: L'honorable député de Chicoutimi a posé
une question, et je crois que vous avez manqué d'y répondre,
parce qu'il y avait deux ou trois questions de greffées à la
sienne. Il parlait des six autobus qui étaient la
propriété de la commission scolaire et il vous a demandé
si les six conducteurs étaient à l'emploi partiel ou en
permanence de la commission scolaire de l'Estrie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excusez-moi, M. le Président, je
désire indiquer au député des Iles-de-la-Madeleine que je
n'ai pas insisté, parce que ça apparaît ici.
M. LACROIX: Je n'ai pas ce...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a un tableau qui indique qu'il y en a
trois à temps plein et trois à temps partiel.
M. TOUSIGNANT: C'est ça.
M. LACROIX: C'est parce que nous ne sommes pas comme le
député de Sainte-Marie, nous. Des fois, nous avons des
obligations à nos bureaux, nous n'avons pas que ça à
faire.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions...
M. LACROIX: Si vous permettez, vos six autobus servent-ils aussi pour
des cas spéciaux, par exemple pour les handicapés, etc?
M. TOUSIGNANT: Oui.
M. LE PRESIDENT: Alors, il n'y a pas d'autres questions?
M. OSTIGUY: Est-ce que vous vous servez de vos autobus pour faire du
transport en dehors des heures des classes, par exemple lorsqu'il y a des
joutes de hockey à l'extérieur, etc?
M. TOUSIGNANT: Dans le document, vous avez une indication, 213
voyages.
M. OSTIGUY: En dehors des heures d'école?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour des fins?
M. TOUSIGNANT: Pour des fins sportives, pastorales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont des écoliers qui utilisent les
autobus, ce qui apparaît dans votre tableau?
M. TOUSIGNANT: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voyages de septembre à juin: 95. Ce
sont ces voyages-là?
M. TOUSIGNANT: Oui, ce sont des activités qui prolongent
l'enseignement. Il y a par exemple la pastorale, ou bien les étudiants
vont aller en fin de semaine dans un camp pour les compétitions
sportives. C'est le genre de déplacements.
M. OSTIGUY: Vous détenez un permis spécial pour ce genre
de transport?
M. TOUSIGNANT: Non, ce n'est pas nécessaire, c'est pour les
activités d'enseignement comme telles.
M. TREMBLAY (Bourassa): Est-ce que vous avez déjà fait
l'estimation des coûts de ces voyages-là disons pour des
tournées sportives? Quel taux vous chargerait l'entreprise
privée? Quel est le coût, pour l'autobus, le chauffeur, le temps,
etc.? Avez-vous déjà fait la comparaison des coûts? Cela
devient du transport à charte-partie ce n'est plus du transport
d'écoliers.
M. TOUSIGNANT: Pas dans notre sens...
M. TREMBLAY (Bourassa): Si vous les prenez pour aller jouer au hockey
dans mon beau comté de Bourassa, à l'aréna de
Montréal-Nord, à partir de Sherbrooke, ce n'est plus du transport
d'écoliers. C'est pour des fins sportives. A ce moment-là,
avez-vous évalué les coûts je ne parle pas de permis
de la Régie des transports, elle n'a rien à faire là, je
vous parle des coûts si ça vous coûterait moins cher
de le faire vous-mêmes? Vous dites que vous avez trois chauffeurs.
Ont-ils de l'ouvrage à longueur de journée? Quand ils n'ont rien
à faire, que font-ils? Ils lavent les autobus? Ils ne sont pas
professeurs en même temps?
M. TOUSIGNANT: Non. Si vous voyiez le nombre de voyages qui ont
été faits, je m'en souvenais tantôt. Il y a
évidemment aussi l'entretien des autobus, il y a du transport pour
l'enfance inadaptée.
Pourquoi trois? Parce que nous pouvons, selon notre évaluation,
en employer trois à temps plein. Nous pouvons les utiliser. J'aimerais,
si vous me le permettez, expliquer un peu ce que j'ai dit tout à
l'heure: lorsqu'on parle de voyages pour les étudiants c'est dans le
cadre des activités parascolaires. A toutes fins pratiques, c'est pour
des fins d'enseignement. Il ne s'agit pas d'un club en dehors de l'école
que nous allons transporter. Il s'agit d'activités qui prolongent tout
simplement l'enseignement. Les jeunes, au lieu de faire l'activité
à telle école, vont aller dans tel camp, ils vont aller à
tel endroit pour une compétition, mais c'est pour des activités
sportives.
C'est pour des fins d'enseignement, ce n'est pas un pèlerinage,
ce n'est pas une tournée touristique.
M. TREMBLAY (Bourassa): Quand vous venez jouer au hockey à
l'aréna de Montréal-Nord, dans le comté de Bourassa, ce
sont des activités sportives, ce n'est pas de l'éducation.
M. TOUSIGNANT: Oui, mais selon le règlement no 7, lorsqu'on parle
maintenant d'enseignement, on parle de cours et d'activités. C'est la
nouvelle loi, le règlement no 7. Cela fait partie du cadre de
l'enseignement.
M. LACROIX: C'est refusé par la Communauté urbaine de
Montréal, de Québec et de l'Outaouais. Il y a eu des
représentations de faites ici à l'effet que ces choses-là
sont refusées. Comment cela se fait-il que, dans votre commission
scolaire régionale, cela peut se faire sans permis spécial?
M. TOUSIGNANT: J'ai l'impression qu'on ne parle pas du même type
d'activités.
M. LACROIX: Pour le transport, par exemple, de vos élèves
de Sherbrooke à Montréal-Nord pour aller jouer une partie de
hockey, vous ne nous ferez pas croire que c'est parascolaire, cela.
M. TOUSIGNANT: Je vais illustrer. Vous avez, par exemple, une quizaine
d'étudiants je vais prendre un domaine qui illustre bien, prenez
la question de la pastorale qui s'organisent avec l'animateur de la
pastorale pour aller en fin de semaine à un endroit donné pour
des sessions d'animation en pastorale. A ce moment-là, nous
évidemment, nous pouvons
faire erreur nous interprétons cela comme étant
tout simplement un prolongement de l'enseignement.
Ils ne vont pas concurrencer, ils vont continuer, tout simplement, dans
un autre lieu, l'enseignement. Vous avez la même chose avec les classes
vertes alors que des jeunes s'en vont dans un lieu pour des activités
d'enseignement, c'est la même chose.
M. TREMBLAY (Bourassa): Mais si vous allez jouer contre un autre
club...
M. TOUSIGNANT: Cela, c'est une autre chose.
M. TREMBLAY (Bourassa) ... il y a toujours une compétition quand
même.
M. TOUSIGNANT: Cela, c'est une autre chose.
M. TREMBLAY (Bourassa): Faites attention, parce que la Communauté
urbaine de Montréal...
M. TOUSIGNANT: Va nous surveiller.
M. TREMBLAY (Bourassa): ... va vous envoyer des frais, va vous faire des
arrêts. Vous avez le droit de les amener, mais pas de les reprendre.
M. TOUSIGNANT: Ce que vous traduisez comme une concurrence, cela ne
réfère pas à nos activités. Il est sûr qu'en
dehors, lorsqu'il y a concurrence, il faut demander au transport public de nous
fournir un autobus et il nous produit le compte, c'est la situation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans ces activités dites sportives,
supposons que vous preniez un groupe d'étudiants de votre
régionale et que vous les ameniez voir jouer les Remparts à
Québec, est-ce que ce genre de choses se fait?
M. TOUSIGNANT: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce qui explique le nombre d'autobus que
l'on voit au Colisée le soir, à la sortie des parties de hockey,
et qui viennent de partout au Québec? C'est la popularité de Guy
Lafleur qui fait cela?
M. LACROIX: C'est pour la pastorale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La pastorale...
M. TOUSIGNANT: Vous donnez beaucoup d'extension à la pastorale.
Nous ne lui donnons pas tout à fait...
M. LACROIX: Mens sana in corpore sano.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Nous allons revenir au bill 23 et
laisser faire la pastorale, si vous voulez bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais nous en profitons, nous, de la
pastorale.
M. TREMBLAY (Bourassa): On pourrait se demander si ces autobus peuvent
servir pour les synagogues aussi.
UNE VOIX: Pourquoi?
M. TREMBLAY (Bourassa): ... pour les synagogues. Bon, on ne posera pas
la question.
M. TOUSIGNANT: Pour répondre à M. Tremblay, disons qu'il
est possible que les autobus demandent un permis. Je dis bien, il est possible,
mais vous savez ce qui se passe à Québec. Il faudrait
peut-être demander à ceux qui sont de Québec d'apporter
plus de précision. Je ne m'aventurerai pas là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans votre cas, on demandera un permis. Si
vous aviez à faire ce genre de voyage avec un autobus scolaire, vous
devriez requérir un permis.
M. TOUSIGNANT: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Alors, s'il n'y a pas d'autres questions à
l'endroit de M. Tousignant, je le remercie infiniment de la
représentation qu'il nous a faite. Je crois qu'il a fait valoir son
point d'une façon très brillante. Je l'en remercie.
M. TOUSIGNANT: C'est moi qui vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, j'appellerais la Fédération
des employés de services publics, M. Léon Lepage. Maintenant, je
voudrais vous aviser immédiatement que si vous préférez
présenter votre mémoire demain, nous allons ajourner à
demain matin, 10 heures. Alors si c'est assez long et que vous pensez avoir
besoin de plus temps que ce qu'il nous reste avant l'ajournement...
M. LEPAGE: Nous aimerions ne procéder que demain, si
c'était possible.
M. LE PRESIDENT: Certainement, je vous donne le choix, l'option. Alors,
la commission ajourne ses travaux à demain matin, dix heures.
M. LEGER: M. le Président, une question. M. LE PRESIDENT:
Oui.
M. LEGER: Est-ce qu'il y aurait possibilité, pour permettre
à toutes les personnes qui viennent présenter des
mémoires, que le prési-
dent de la commission établisse, au début d'une
séance de la commission, l'ordre dans lequel les mémoires seront
présentés? Il y a des gens qui viennent ici et qui se demandent:
Est-ce qu'on passe ou non? S'ils savaient qu'ils sont les troisièmes ou
les quatrièmes sur la liste, ils pourraient dire, c'est d'accord, on
sera là. Mais il y a des gens qu'on fait venir ici d'une façon
régulière et ils ne savent même pas s'ils doivent passer ou
non. Je pense qu'un peu plus de compréhension pour les gens qui n'ont
peut-être pas les fonds voulus à dépenser...
M. PRENOVEAU: M. le Président, peut-être que je pourrais
ajouter qu'une fois que nous avons été convoqués par
télégramme, il serait de mise de nous aviser si oui ou non nous
allons passer. J'ai fait des appels téléphoniques ici à
Québec. J'ai demandé: A quelle heure allons-nous passer? Nous ne
savons pas. On fait un ordre du jour et on ne le suit pas, selon toute
apparence.
M. LE PRESIDENT: Ecoutez, je comprends vos problèmes. Je suis
sensible à vos problèmes, mais je ne peux pas faire autrement. Il
faut quand même tenter de grouper les gens qui présentent le
même point de vue.
Ce matin, on a passé deux heures et demie avec les camionneurs
artisans; cet après-midi, la commission scolaire et l'Estrie a pris
au-delà d'une heure et la Communauté urbaine a pris
au-delà d'une heure aussi, presque deux heures.
M. PRENOVEAU: M. le Président, ce serait votre
responsabilité de voir à écourter les débats qui se
répètent. C'est une vraie farce d'assister à ces
commissions parlementaires. C'est une répétition continuelle.
Nous avons écouté la Communauté urbaine de Montréal
et ainsi de suite.
M. LE PRESIDENT: Je ne peux pas empêcher personne de parler tant
qu'on reste dans le sujet. Alors, malheureusement...
M. PRENOVOST: C'est la quatrième fois qu'on nous convoque.
M. LE PRESIDENT: ... il y en a qui répètent les
mêmes questions; je le sais, je m'en rends compte.
M. LEGER : Ce serait une bonne chose au départ que les gens
sachent à quelle heure ils vont être entendus.
M. LE PRESIDENT: Demain, on sait qu'on commence avec la
Fédération des employés de services publics.
M. LEGER : Est-ce que vous pourriez nommer les autres qui vont
suivre?
M. LE PRESIDENT: Bien, après, il y aura l'Association
métropolitaine des propriétaires de taxi, l'Association des
propriétaires de taxi, Me Boucher, et puis l'Association des chauffeurs
de taxi de Québec, le Syndicat professionnel des propriétaires de
taxi unis du Québec métropolitain qui vient de remettre son
mémoire; ensuite, il y a le Syndicat des chauffeurs de taxi de la
province de Québec.
M. LEGER: Cela, c'est dans l'ordre.
M. LE PRESIDENT: Demain, on va entendre tous les gens de taxi.
M. LEGER: Dans cet ordre-là? M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LEGER: Alors, on est sûr d'entendre parler de taxi demain.
M. LE PRESIDENT: Demain, vous allez entendre parler de taxi. On pensait
bien les passer aujourd'hui et même à la dernière
séance.
(Fin de la séance: 17 h 49)
Séance du mercredi 1er septembre 1971
(Dix heures six minutes)
M. KENNEDY (président de la commission parlementaire des
Transports): A l'ordre, messieurs! Nous reprenons où nous avons suspendu
hier avec la Fédération des employés de services publics
Inc. M. Léon Lepage, conseiller technique.
Fédération des employés des
services publics Inc. M. Léon Lepage
M. LEPAGE: M. le Président, M. le Ministre, messieurs les
députés. D'abord, je tiens à remercier les membres de la
commission parlementaire qui nous permettent par la voie de cette commission de
nous faire entendre.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous parler plus près du micro? On a de
la difficulté à vous entendre.
M. LEPAGE: J'ai des difficultés avec la table; je m'excuse.
Disons tout d'abord que la fédération que nous
représentons compte 8,000 travailleurs syndiqués qui, plus
particulièrement dans le domaine du transport public, oeuvrent à
l'intérieur de leurs fonctions, c'est-à-dire à
l'intérieur des commissions de transport local et chez certains
transporteurs privés. Notre intervention, nous croyons la justifier par
le fait que, par suite de la syndicalisation de ces groupes, les conditions de
travail dans le transport public ont subi des transformations assez radicales
ces dernières années et que ces transformations ont
amélioré de façon très marquée les
conditions dans lesquelles travaillent les chauffeurs d'autobus et ceux qui
sont affectés au service d'entretien, au travail de bureau et autres
fonctions similaires.
Nous tenons à faire remarquer aussi que notre intervention se
veut très sérieuse. Il s'agit de se référer
à l'historique des négociations dans le secteur du transport
public. On peut tenir compte des conflits à Montréal,
Québec, Shawinigan, Laval qui ont amené les conditions de travail
existantes pour ces travailleurs. Ces conditions de travail que nous
considérons comme des droits acquis nous semblent être mises en
cause et en danger par certaines introductions et modifications à des
législations existantes ou par l'introduction de nouveaux
éléments dans le projet de loi no 23.
Il y a deux parties à notre intervention, si vous permettez. La
première traite d'éléments ou d'articles du projet de loi
no 23 qui pourraient être modifiés à notre sens et qui
permettraient des solutions aux problèmes que l'on va vous
présenter. Il y a aussi la deuxième partie, les articles 126, 132
et 140 du projet de loi no 23 qui à notre sens affectent les droits
acquis des travailleurs que nous représentons.
L'article 41 traite de la juridiction de la nouvelle Commission des
transports. Cet article lui donne le pouvoir à la suite d'une
information de retirer les plaques et les certificats d'immatriculation
de véhicules qui mettent en danger la santé et la
sécurité publiques.
Il est évident que les informateurs, à la lecture de
l'article, ne peuvent être entendus au moment où l'on discute et
où on décide au mérite de la plainte qui a
été portée par un informateur quelconque, un organisme ou
un individu. Or, nous croyons que cela devrait être possible pour
permettre une meilleure participation des individus et des groupes
concernés et plus particulièrement des organismes oeuvrant dans
ce milieu qui désirent que le public soit protégé et que
l'application des normes de sécurité se fasse de façon
uniforme et équitable pour tout le monde.
Notre fédération compte parmi ses membres, les 8,000 que
j'ai cités tout à l'heure, ce que nous considérons, nous,
comme des professionnels dans le domaine du transport public,
spécialement les chauffeurs d'autobus et ceux qui sont affectés
au service de l'entretien. Nous préconisons une sécurité
maximale. Il est bien évident que les normes de sécurité,
quand elles rendent le service pour lequel elles ont été
introduites, ne peuvent recevoir de notre fédération et des
syndicats qui y sont affiliés qu'un appui total. Seulement, ces normes
de sécurité, nous croyons qu'elles devraient être
appliquées de façon plus uniforme. Nous croyons que les
différents transporteurs ne sont sûrement pas, actuellement,
à la hauteur de la situation dans l'application des normes de
sécurité, surtout dans le domaine du transport des
écoliers.
Un autre des aspects du projet de loi no 23 que nous aimerions discuter
est la mise en place d'un tribunal des transports et sa juridiction. Le
tribunal des transports peut en appel, selon le texte du projet de loi no 23,
annuler et disposer de toute décision prise par le directeur du Bureau
des véhicules automobiles dans le cas d'émission, de suspension,
d'annulation ou de refus d'accorder un permis ou certificat d'immatriculation.
Un aspect important du contrôle est accompli par l'introduction de ce
texte, mais il y a une autre partie qui n'est pas couverte. Il faudrait qu'on
se penche sur le problème des permis de chauffeurs d'autobus.
En effet, l'article 26 du code de la route refuse l'émission d'un
permis de conduire ou en réduit les effets. Pour des raisons connues ou
inconnues, l'article 26 du code de la route stipule que le directeur peut
refuser l'émission d'un permis ou en restreindre les effets. Il peut
annuler un permis ou en suspendre les effets et exiger la remise au bureau des
certificats. Evidemment, les raisons ne sont pas spécifiées dans
cet article. Dans les cas où un chauffeur d'autobus perd son permis ou
qu'on en réduit les effets, nous tenons à souligner que ces
personnes se voient privées de leur gagne-pain et souvent, par la
même occasion, une foule de droits acquis en vertu des conventions
collectives disparaissent.
Les pertes en résultant sont considérables et l'on doit
prévoir un canal rapide, efficace et équitable pour entendre ces
cas. La procédure actuelle en vertu du code de la route est inexistante,
inopérante et dilatoire.
On pourrait vous donner des cas où, par exemple, quand un
chauffeur d'autobus s'est vu refuser ou enlever son permis, après toutes
sortes d'interventions de la part des syndicats et des individus, et
après des interventions individuelles parlementaires,
c'est-à-dire des députés et autres, on a réussi
à établir que les raisons de la suspension des permis
étaient inexistantes ou inconnues.
Et on a des cas très spécifiques où des gens ont
perdu leur permis de chauffeur d'autobus pour une durée de 18 mois pour
se rendre compte qu'il n'y avait pas de raison à la suspension de
permis, et effectivement, cet individu-là a été
affecté pendant 18 mois par la perte des salaires. Certains ont dû
vivre de l'aide du bien-être social pour des raisons inconnues et tout
à fait fausses en vertu de la décision du directeur du Bureau des
véhicules automobiles.
Nous croyons qu'une modification à l'article 66 du projet de loi
no 23 pourrait permettre aux individus ou aux organismes concernés de
procéder avec diligence en appel dans les cas où des individus se
croiraient lésés. L'autre aspect du projet no 23 que nous
contestons fortement concerne les articles 126, 132 et 140 qui traitent des
voyages spéciaux à charte-partie et qui affectent les commissions
de transport locales, c'est-à-dire les commissions de transport de
Montréal, de la région de l'Outaouais et de Québec.
Les articles 126, 132 et 140, sans les lire, ont tous la même
portée. Ils modifient les projets de loi créant les
communautés urbaines et introduisent par le projet de loi no 23 la
possibilité, pour d'autres transporteurs que les commissions de
transport locales, d'oeuvrer dans le domaine du transport. Par ce biais, ils
affectent les conditions de travail de nos membres dans ces régions
particulières, étant donné, et après explication
ce que je veux faire plus tard des luttes acharnées qui
ont dû être faites et entreprises par ces différents
syndiqués pour arriver à la conclusion de conventions collectives
qui prévoient des salaires plus élevés que la concurrence
que nous considérons déloyale dans le domaine du transport
public, et qui a amené des conditions, des clauses de
sécurité d'emploi ou qui a déterminé des conditions
de travail, plus particulièrement dans certaines conventions pour le
voyage touristique ou pour le transport en charte-partie.
Si nous utilisons l'exemple de l'article 132, modifiant la juridiction
de la Commission de transport de la communauté urbaine de
Montréal, on se rend compte que l'article 313 de la loi 75,
créant la Communauté urbaine de Montréal, a
été modifié pour permettre, selon l'expression du ministre
des Transports, à tout le monde de vivre. Elle permettrait à des
transporteurs privés la possibilité d'oeuvrer dans le domaine de
la charte-partie.
Nous avons, chez nous, dans notre syndicat, le Syndicat du transport de
Montréal, une quantité approximative de 1,100 à 1,200
chauffeurs d'autobus qui possèdent, de façon contractuelle, des
clauses de sécurité d'emploi et des conditions de travail y
incluant les bénéfices marginaux extrêmement
supérieurs à ce qui est versé par les exploitants actuels
à Montréal, le transport public, ou tout autre exploitant
existant mais qui, actuellement, n'oeuvre pas dans le domaine de la
charte-partie, étant donné le droit de veto de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal.
Ces conditions de travail selon nous, pourraient être et sont
effectivement en danger s'il y a compression des postes disponibles à la
Commission de transport, ce qui pourrait priver effectivement d'emploi les
employés de la Communauté urbaine de Montréal, membres du
Syndicat du transport, ou pourrait, dans le cadre de la négociation
collective d'une prochaine convention, créer des difficultés
importantes au niveau de la négociation, dû à la
concurrence de transporteurs ou au fait que les conditions de travail ne sont
pas déterminées. Et ceux qu'on connaît actuellement, les
conditions de travail permettent certainement à peine aux chauffeurs
d'autobus de vivre. J'entends, par exemple, les transporteurs d'écoliers
où le travail est temporaire et où les normes de
sécurité ne sont pas toujours suivies. Par exemple, à la
Commission de transport de la communauté urbaine de Montréal, nos
membres doivent, pour se qualifier comme chauffeurs d'autobus, satisfaire
à des normes de sécurité et des normes professionnelles
très élevées. Et plusieurs postulants pour des emplois
à la Commission de transport de Montréal se dirigent vers les
transporteurs que nous mentionnons et se trouvent très facilement des
emplois. Nous avons d'autres exemples où, souvent, des chauffeurs
d'autobus de transport d'écoliers sont embauchés dans des
tavernes.
Et, avant d'introduire une législation comme celle-là, on
aurait dû faire une enquête dans le domaine et peut-être que
la loi aurait une autre saveur que celle qu'elle a actuellement.
Le projet de loi no 23 enlève à nos syndiqués
organisés, selon nous, et met en danger certaines clauses
contractuelles. Pourtant, par l'introduction du bill no 84, qui crée la
Commission de transport de la rive sud, l'article 313 de la loi no 75 est
répété dans sa totalité. Il permet ou permettra
à la Commission de transport de la rive sud d'exercer les mêmes
droits qu'exerce actuellement la Commission de transport de
Montréal.
Par la création de la Commission de transport de la cité
urbaine de Laval aussi, on permet ces mêmes privilèges qu'on
enlève actuellement à la Commission de transport urbaine de
Montréal, et par ricochet on affecte les conditions de travail de nos
membres. Et pour cette raison,
nous croyons que ces articles 126, 132 et 140 doivent être
biffés du projet de loi no 23.
Nous considérons que le projet de loi no 23 affecte directement
uniquement les travailleurs syndiqués et qu'à moins de la preuve
du contraire, nous pourrions considérer que les travailleurs
organisés pourraient être visés par l'adoption d'un projet
de loi de cette nature.
Nous sommes évidemment d'accord pour que le législateur
mette de l'ordre dans le domaine du transport en général et dans
le domaine du transport public en particulier. Si le législateur pouvait
tenir compte des objections ou des remarques de notre intervention, surtout au
niveau de l'incidence très directe qu'a sur les droits acquis des
travailleurs organisés une législation de cette nature, si elle
ne permettait pas l'élargissement du secteur privé dans le
domaine du transport public car selon nous elle crée une
concurrence tout à fait déloyale elle aurait une
répercussion sur les possibilités de correctifs à apporter
aux conditions existantes que nous considérons qui doivent être
modifiées.
Si le projet de loi no 23 ne crée pas des déficits aux
commissions de transport avec lesquelles nous sommes habilités
légalement à négocier, si ces montants qui sont
enlevés dans le cadre des juridictions des commissions de transport ne
servent pas à subventionner les transporteurs privés d'une
façon ou d'une autre, nous considérons que c'est de la subvention
indirecte à l'entreprise privée, qui devrait être
conservée dans les cadres actuels pour éviter évidemment
des déficits accrus qui finalement seront payés par les deniers
publics, soit à l'un ou l'autre palier des gouvernements.
Nous croyons que, par l'introduction des articles 132, 136 et 140, nous
aurons effectivement étant dans le domaine syndical depuis un
certain nombre d'années, je puis vous en avertir dès maintenant
au niveau des prochaines négociations le potentiel et tous les
éléments de ce qu'on appelle une recette à
problèmes. Nous croyons que les parlementaires devront voir, parce qu'on
en a l'occasion, à ce que ces situations n'arrivent pas pour qu'on ne
soit pas pris avec des mises à pied massives où tout le monde
s'arrache les cheveux parce qu'effectivement on a voulu permettre à
l'entreprise privée de vivre dans le domaine du transport public.
Nous croyons que l'article qui accorde la juridiction à la
commission de suspendre des permis devrait permettre à l'informateur
d'être entendu. Nous croyons que le tribunal des transports devrait
permettre à un chauffeur d'autobus qui a été privé
de son gagne-pain l'utilisation du processus pour aller en appel. Nous croyons
que, par l'abolition des articles 132, 136 et 140, le projet de loi no 23, tel
que présenté, pourrait régler un certain nombre de
problèmes dans le transport en général et dans le
transport public en particulier.
M. le Président, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Lepage. Maintenant, si vous me permettez
d'ouvrir une parenthèse, Me Stein m'a demandé la parole pour une
minute. Il veut simplement corriger une suggestion qu'il a faite hier. Je
voulais que ce soit inscrit dans les registres et c'est pourquoi je lui ai
demandé de le faire publiquement.
M. Charles Stein
M. STEIN: Merci, M. le Président. Il s'agit de l'article 126 du
projet et du paragraphe 1 de l'article 251 de la Loi de la Communauté
urbaine de Québec. L'une des propositions conditionnelles d'amendement
de rédaction que j'ai faites hier était celle-ci: Insérer
le mot "ou" après le mot "spéciaux" pour que cela se lise "voyage
spéciaux ou à charte-partie".
Au cas où on adopterait ce nouveau texte, en dépit de
notre opposition j'espère que l'hypothèse ne se
réalisera pas à tout événement, je retire
cette proposition conditionnelle d'amendement de pure rédaction. Merci,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie M. Lepage
de la présentation de son mémoire. Je crois qu'il a très
nettement mis l'accent sur certains aspects fondamentaux du projet de loi. M.
Lepage a assisté, hier, aux auditions de la commission.
Il a dû se rendre compte, non seulement de l'intérêt,
mais de l'insistance que nous avons manifestée en ce qui concerne cette
distinction qu'il faut faire entre le transport en commun dans les transports
publics tel qu'il existe et tel qu'il est organisé par les
Communautés urbaines de Montréal, de Hull ou de Québec,
etc. M. Lepage a dû aussi voir jusqu'à quel point nous avons
insisté pour que soient reconnus et protégés tous les
droits acquis: sécurité d'emploi, normes de
sécurité maximale, conditions de travail. Alors, je ne crois pas
nécessaire, pour ma part, d'insister longuement sur ce que nous avons
déjà dit. Le mémoire que vous avez présenté,
M. Lepage, est excellent et précise certains points qui sont pour vous
et votre association sujets d'inquiétude.
Nous avons, hier, en interrogeant la Commission des transports de la
Communauté urbaine de Québec, mis l'accent sur les droits et
pouvoirs qui ont été reconnus à cette communauté
urbaine et à sa commission de transport, comme dans le cas des autres
que je mentionnais tout à l'heure. Il existe toutefois un
problème, soit dans le domaine du transport d'écoliers, dans le
domaine du transport à charte-partie, voyages touristiques, etc., c'est
qu'il y a des entreprises privées qui exploitent des services et si dans
l'idéal et conformément aux dispositions qui régissent les
lois des communautés urbaines et de leurs commissions des
transports, on pouvait souhaiter que ces commissions de transport
occupent tout le champ, on doit quand même, sur une certaine
période de temps, tenir compte de l'existence de l'entreprise
privée. Nous vivons en régime d'entreprises privées,
là où l'Etat a reconnu à l'entreprise publique une
priorité, nous avons demandé au ministre de maintenir cette
priorité.
Mais on ne peut quand même pas disposer du revers de la main des
entreprises privées qui ont consenti des investissements importants et
qui assurent des services dont, dans bien des cas, on nous dit qu'ils sont
adéquats. Nous avons, nous, de cette commission parlementaire, en notre
qualité de législateurs, à tenir compte aussi des
particularités régionales. Il y a des cas bien
déterminés et beaucoup plus clairs, là où existent
des communautés urbaines et des commissions de transport. Mais il y a
tout le reste du Québec, toutes ces régions où n'existent
pas de tels services publics.
Par conséquent, il nous faut concilier les exigences de
l'entreprise publique créée par l'Etat et les exigences de
l'entreprise privée puisque, à moins que je ne m'abuse, nous ne
vivons pas encore en régime socialiste, mais nous vivons en
régime d'entreprise libre. Par conséquent, M. Lepage, je ne puis
qu'abonder dans votre sens lorsque vous demandez, par des suggestions
très nettes, que soient protégés les droits des
travailleurs que vous représentez, que ces droits soient élargis
et que disparaisse de la loi ce qui pourrait mettre en cause ces droits et
constituer un danger.
Quant au reste, l'entreprise privée nous avons
déjà fait connaître notre avis à ce sujet
nous n'avons pas l'intention de demander au gouvernement de prendre des
dispositions qui mettraient en péril des entreprises privées
rentables qui donnent aux citoyens des services qui sont adéquats et qui
permettent aussi à un grand nombre de citoyens du Québec de vivre
avec des conditions de salaire, des conditions de travail,
sécurité d'emploi, etc., convenables là où cela
existe.
Il faut donc que le ministre et le gouvernement fassent un
sérieux examen de la situation afin que le projet de loi no 23 couvre
tous ces secteurs et tienne compte des représentations que vous faites
en même temps que de celles qui nous ont été faites par les
transporteurs privés.
M. le Président, je ne veux pas pour l'instant aller plus avant,
mais je tiens à rassurer M. Lepage sur les propositions qu'il nous a
faites. J'en admets le principe sous toutes réserves, évidemment,
des conditions particulières dont nous devons tenir compte dans diverses
régions du territoire du Québec.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEPAGE: Est-ce que vous me permettriez de faire une remarque au
député de
Chicoutimi? Notre mémoire n'est pas une contestation globale de
l'entreprise privée; nous le faisons par d'autres canaux normaux. C'est
à l'intérieur du transport public. Nous considérons que
l'entreprise privée, sous sa forme actuelle, qui exploite des services,
exploite aussi les travailleurs, qu'à cause du réservoir de
chômeurs on puise là-dedans, tant et aussi longtemps qu'on en a
besoin, à des salaires ridicules et à des conditions de travail
inacceptables. Cela crée pour les syndiqués, les travailleurs
organisés, une concurrence déloyale.
Nous ne tenons pas à condamner les chauffeurs d'autobus
d'écoliers et les autres. Ils n'ont pas le choix. Le législateur
a à prendre une décision. Il doit, selon nous, créer des
législations pour ne pas élargir ce secteur, mais plutôt
qui auraient tendance à le faire disparaître. Si on veut
normaliser par le haut plutôt que par le bas, on a l'occasion de le
faire.
Deuxièmement, notre mémoire ne conteste pas les
transporteurs privés là où n'existe pas de commission de
transport local. Il est évident que le transport doit se faire quand
même et l'organisation sociale ne le permettant pas, peut-être, on
n'est pas arrivé à créer de ces commissions. Notre propos,
à l'intérieur de notre intervention, se situe uniquement
où existe cette situation. Pour ce qui est de la contestation globale de
l'entreprise privée, c'est bien sûr que ce n'est pas ici qu'on va
la faire. Seulement, je tiens à souligner que le projet de loi no 23, en
comparaison avec la loi no 75, le projet de loi no 84 et les règlements
créant la ville de Laval, il y a un paradoxe et peut-être que les
politiques de partis devraient être plus continues pour avoir une
politique économico-sociale plus rationelle. C'est notre propos dans le
mémoire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Lepage, je vous remercie de ces
précisions. Ce que vous venez de dire n'ajoute rien à ce qui a
déjà été dit, à ce que nous avons dit
nous-mêmes. Nous avons tenu compte de cela; nous l'avons notamment
longuement discuté, hier, lors de l'interrogatoire que nous avons fait
subir aux représentants de la Commission de transport de la
communauté urbaine de Québec. Vous parlez de cas
spécifiques où des transporteurs privés exploiteraient une
main-d'oeuvre qui est disponible. Il appartient au gouvernement et il
appartient ensuite aux législateurs lorsqu'ils ont à examiner les
propositions de loi du gouvernement de voir que ces situations soient
corrigées à partir d'un examen des faits, d'un examen qui nous
donne un tableau précis de la situation. Nous aurons, j'imagine,
l'occasion d'entendre à nouveau votre organisme en d'autres
circonstances et nous aurons l'occasion de vous interroger sur des situations
de fait qui pourraient exister et qui correspondraient à la description
que vous faites. Et si telle chose existe je sais que cela existe en
certains cas il nous appartient, il appartient au gouvernement d'abord
de pren-
dre toute disposition pour corriger cette situation d'injustice
sociale.
M. LEPAGE: Si vous me permettez, je sais que ce que j'ai dit à la
fin n'ajoute rien, mais je ne voulais pas que la commission ajoute quelque
chose.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je voudrais féliciter M. Lepage pour son mémoire
qui ajoute une dimension supplémentaire à l'argumentation qui
voudrait, depuis les débuts de ces audiences publiques, donner la
priorité aux services publics dans le domaine des transports en commun.
Je ne pense pas que M. Lepage dans son mémoire veuille présenter
quelque chose qui pourrait nuire à l'entreprise privée.
Je ne pense pas que ce soit son but principal. Je vois tout simplement
que le gouvernement a un choix à faire. Est-ce que, par cette loi, il
doit protéger d'abord les intérêts de l'entreprise
privée et, ensuite, le travailleur et la population, ou s'il doit
d'abord protéger le travailleur et la population en
général, qui paie des taxes, et par la suite protéger
aussi l'entreprise privée? L'une ne va pas sans l'autre, il y a une
question de priorité entre les deux. Je ne pense pas qu'on puisse dire
que le fait qu'on veut protéger d'abord les intérêts des
travailleurs signifie qu'on va enlever une certaine liberté à
l'entreprise. Sur ce, M. le Président, je vais poser quelques questions
à M. Lepage.
A la page 2, vous dites que l'informateur devrait être entendu
pour exposer les raisons et la preuve justifiant ses interventions.
Pourriez-vous nous donner quelques explications là-dessus? Est-ce que
vous voulez dire par là qu'un de vos employés en fonction aurait
pu commettre quelques erreurs? Il y a une certaine déficience et il y a
eu une dénonciation quelconque et il est appelé à
comparaître devant un comité de discipline, mais vous voudriez que
l'informateur aussi vienne dire pourquoi... est-ce que c'est dans ce
sens-là?
M. LEPAGE: Cela dépend des conditions de travail
intérieures qui régissent les individus qui, eux, travaillent
sous les directives des commissions de transport et des exploitants
privés. Quand, par exemple, un concurrent au niveau de l'exploitation ou
un organisme qui est habilité à vérifier certains faits
dans ce domaine, quand ces gens considèrent que les normes
sécuritaires ou pédagogiques dans le domaine du transport des
écoliers ne sont pas suivies, quand une plainte est faite par un
organisme ou un individu la commission, avant de prendre des décisions,
quand elle décide au mérite, doit entendre cet informateur, que
ce soit un groupe, un individu ou un concurrent, établir le fondement de
sa plainte. C'est dans ce sens-là que l'on considère que
l'article 41 pourrait être modifié.
M. LEGER: Vous avez mentionné que vous représentez environ
8,000 employés. Est-ce exact?
M. LEPAGE: C'est exact.
M. LEGER: Vous dites que le bill 23 tel que présenté, s'il
n'y a pas d'amendement, peut enlever une certaine sécurité
d'emploi. Est-ce que vous pourriez expliquer ce que vous...
M. LEPAGE: On sait, pour l'avoir vérifié dans la mesure
où c'est possible on n'est pas dans l'administration des
différentes commissions scolaires ou des transporteurs privés
qu'un certain nombre de nos chauffeurs et les gens du service de
l'entretien sont affectés à la réparation et à la
conduite de ce matériel roulant que sont les autobus. Effectivement, on
arrive à la conclusion que, dans certains cas, il pourrait y avoir une
compression suffisante des postes disponibles pour qu'on procède
à des mises à pied massives. Ce sont ces choses que l'on veut
éviter. Evidemment, si en comprimant ces postes, on crée des
ouvertures chez les concurrents, vous comprendrez notre position.
M. LEGER: Vous avez dit, un peu plus loin, que vous aviez du personnel
qui avait été entrafné et qualifié, je n'ai pas
tellement saisi quand vous avez dit: " ... ils sont engagés dans une
taverne."
M. LEPAGE: Chez les chauffeurs d'autobus affectés au transport
des écoliers, nous avons, après vérification,
constaté que l'embauchage de ces chauffeurs se fait de façon tout
à fait irrationnelle par opposition ou en parallèle si vous
voulez avec ce qui se fait dans les cas que je connais dans les commissions de
transport locales. Les critères d'embauchage dans les commissions de
transport sont très rigides au niveau sécuritaire. Au niveau
pédagogique, c'est assez difficile, cela n'apparaît pas dans le
genre d'examen qu'ils ont fait subir aux chauffeurs d'autobus. Pour ce qui est
des normes sécuritaires, il est évident que ce qui est
imposé aux travailleurs syndiqués, ou pour ceux qui
s'introduisent dans ces groupes, on devrait utiliser également les
mêmes critères partout où un individu a à conduire
un véhicule public, que ce soit pour les écoliers, pour une
clientèle privée je parle de charte-partie ou pour
le transport public connu de façon générale,
c'est-à-dire les lignes courantes et le transport du public en
général.
M. LEGER: Est-ce que vous avez des chiffres concernant le nombre
d'employés qui seraient engagés par les entreprises
privées comparativement au nombre que vous avez dans l'entreprise
publique?
M. LEPAGE: La rotation du personnel chez les transporteurs qui
exploitent des services de cette nature est tellement élevée
qu'il est
presque impossible de déterminer un nombre fixe d'employés
qui exerceraient plus de 40 p.c. de leur temps à transporter des
écoliers. C'est presque impossible. En tout cas, nous n'avons pas les
moyens à la fédération et dans nos syndicats de faire ces
vérifications.
Je pense que l'embauchage se faisant rapidement et les mises à
pied aussi, il serait difficile pour n'importe qui, à moins
d'établir un canal de vérification, d'examens et d'embauchage
universel, de corriger la situation dans ce domaine.
M. LEGER: Est-ce que vous êtes au courant si la plupart des
employés des entreprises privées sont syndiqués ou
pas?
M. LEPAGE: Ils ne sont pas syndiqués généralement
parlant, sauf que les transporteurs privés à long cours,
certaines grosses unités, sont syndiqués. Les commissions de
transport locales sont toutes syndiquées.
M. LEGER: Est-ce que vous auriez des noms de certaines entreprises qui
sont syndiquées, dans les grosses?
M. LEPAGE: Des noms... Des entreprises comme "Voyageur" et tout
ça. Evidemment, au niveau de la Commission urbaine de Montréal,
le problème ne se pose pas, sauf pour les voyages à
charte-partie, en particulier, dans une entreprise antisyndicale qui s'appelle
Murray Hill.
M. LEGER: La Murray Hill n'est pas syndiquée. Maintenant, vous
avez dit tantôt que le bill 23, tel qu'adopté, amènerait
une concurrence déloyale pour le service public. Pourriez-vous
expliciter comment ça peut être une concurrence
déloyale?
M. LEPAGE: Après avoir entendu les différents rapports des
commissions de transport locales qui font état de la rentabilité
du service commercial qui est à charte-partie, je ne crois pas que
personne d'autre soit arrivé à la conclusion que, si on enlevait
ces sommes d'argent des budgets des commissions de transport locales pour les
verser à l'entreprise privée, on créerait un
déficit et, indirectement, on subventionnerait les entrepreneurs
privés dans le même domaine.
Il y a aussi la concurrence déloyale au niveau de notre
préoccupation qui est celle d'être obligés de
négocier dans un contexte où on paye à peine le salaire
minimum, alors que nos gens ont déjà $4.00 l'heure. Il est bien
évident que, si on est obligé de négocier dans ces
conditions-là, on va nous traiter d'irrationnels parce qu'on va faire
des comparaisons avec des entreprises où il n'existe pas de syndicat et
où, parce que l'on peut soumissionner à toutes sortes de prix, on
ne peut pas payer et aussi où on empêche la syndicalisation des
gens.
M. LEGER: Je voudrais tout simplement terminer en faisant remarquer au
ministre qu'on accumule depuis quelques jours des arguments. J'espère
que le ministre est conscient de toutes ces demandes et des conséquences
qu'entraînerait le fait que les articles 126, 251 et 313 ne seraient pas
corrigés. Je voudrais simplement de nouveau noter ici les
différents arguments, au cas où le ministre les aurait
oubliés. D'abord des droits ont été reconnus aux
communautés urbaines de Montréal, de Québec, de
l'Outaouais, de la ville de Laval, de la rive sud, que le bill 23 leur
enlèverait. Il y a aussi le cas, comme à la Communauté
urbaine de Québec, des achats de droits acquis d'entreprises
privées qui sont maintenant utilisés par les entreprises
publiques. Les commissions de transport des communautés urbaines ont
besoin de ces revenus-là pour combler leur déficit. Il y a une
question de planification générale pour les communautés
urbaines si elles ont une priorité ou non dans le domaine des services
spéciaux, de charte-partie et de commissions de transport.
Eviter aussi, comme je le disais hier, le jeu de coulisses, le patronage
possible, si ce n'est pas clairement mis dans la loi que ce sont les
commissions de transport public qui ont la priorité dans ce
domaine-là. Le problème aussi que soulevait la Communauté
urbaine de Québec hier que des meilleures routes soient données
aux entreprises privées et qu'on laisse le reste aux entreprises
publiques. Il y a aussi les conditions de travail des employés, comme M.
Lepage vient de le mentionner ce matin; il y a un problème de
sécurité d'emploi, un problème de négociation pour
les syndiqués des commissions de transport du domaine public face
à la concurrence d'organismes privés qui n'ont pas
d'employés syndiqués. Il y a aussi le fait que les
dépenses sont déjà prévues au budget pour ces
services à charte-partie dans les commissions de transport et que ce
n'est pas tellement ajouter une dépense de rendre le service; c'est
plutôt comprimer les dépenses qu'elles ont déjà.
J'espère que le ministre en prend non seulement bonne note, parce qu'il
nous le dit régulièrement qu'il en prend bonne note, mais qu'il
repense ces amendements aux articles que j'ai mentionnés
tantôt.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je prends très bonne note, comme le
député de Lafontaine vient de le mentionner, et même
j'enregistre, comme dirait le député de Chicoutimi. Ces questions
que vous me posez ce matin ont reçu réponse à plusieurs
reprises. J'aurais une question à poser à M. Lepage, mais, avant,
j'aimerais vous remercier pour votre mémoire. Dans les catégories
de chauffeur, je ne sais pas si vous avez été mis au courant mais
mon prédécesseur, le Dr Lizotte, qui était ministre sous
le règne de l'Union Nationale, c'est que, maintenant, les
catégories de chauffeurs sont différentes. Si vous regardez sur
votre permis de conduire, un chauffeur d'autobus est dans la catégorie
A; un
chauffeur comme moi, j'ai un permis de chauffeur, c'est dans la
catégorie B; et un conducteur est dans la catégorie E maintenant.
Alors, il y a des catégories différentes.
Le ministère des Transports fait passer des examens à ces
gens de la catégorie A, pour savoir s'ils peuvent conduire un autobus
scolaire ou tout autre autobus. Vous étiez au courant que ça se
faisait?
M. LEPAGE: Je suis tout à fait au courant, c'est justement ces
éléments qui ont amené notre intervention. Si un gars qui
a détenu un permis de catégorie A est disqualifié pour
toutes sortes de raisons, il devient de catégorie B, son gagne-pain
prend le bord. Et il y a un problème à ce moment-là.
On a vérifié, on a eu des cas patents, on peut vous donner
les noms et les adresses des individus en cause qui ont été
suspendus ou à qui on a donné un B plutôt qu'un A, ce qui
les empêchait de conduire un autobus. Après 18 mois
d'interventions ardues, on a fait la preuve que les raisons n'existaient pas ou
étaient inconnues et on a remis les permis de chauffeurs aux individus
concernés sans qu'il y ait dédommagement. Pendant 18 mois, les
travailleurs concernés ont dû vivre d'expédients et du
bien-être social.
M. TREMBLAY (Bourassa): Il y a peut-être je prends bien
votre parole sur...
M. LEPAGE: On peut vous fournir les noms et les adresses des gens
intervenus. D'ailleurs, votre adjoint parlementaire, le député de
Na-pierville, a eu à participer et il nous a aussi suggéré
de faire des recommandations de cette nature.
M. TREMBLAY (Bourassa): Ce sont peut-être des choses qui sont
arrivées mais, par contre, je trouve que c'est une
sécurité pour le public aussi de voir que ces gens, les
chauffeurs d'autobus, sont dans une catégorie A, alors qu'ils sont
responsables du transport d'écoliers ou du transport public. Je crois
que, déjà, c'est un pas en avant.
Peut-être il y a eu des droits qui ont été
violés, ou peut-être des gens n'ont pas pu se faire entendre assez
vite. Cela a pris un certain temps. Par contre, il y a la question de la
sécurité aussi. Je crois que, sur ce côté, il y a
peut-être une modification à apporter pour que ça passe
plus vite. Par contre, je crois que c'est une sécurité pour le
public.
M. LEPAGE: Nous voulons souligner ici que des gens viennent chez nous
avec un permis émis par le directeur du Bureau des véhicules
automobiles et ne réussissent pas à obtenir un emploi à
l'intérieur des groupes que je représente. C'est dans ce sens que
je désire soulever le problème. Et aussi quand on leur
enlève le permis, c'est la question de l'appel pour faire la preuve que
les raisons invoquées étaient justifiées et si elles
étaient justifiées. On ne conteste pas les normes de
sécurité qui sont établies, on dit tout simplement que si,
par exemple, pour des raisons basées sur les normes qui sont
établies par le ministère, on suspend un permis l'individu ait
droit d'appel devant le tribunal du transport.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je m'excuse, depuis mon accession comme ministre
du Transport, j'ai demandé que les commissaires siègent toutes
les semaines pour entendre toutes ces causes sur les changements de
catégorie. C'est une chose qui se fait. Je ne conteste pas que ça
peut arriver que, peut-être, quelqu'un ait été
lésé dans ses droits. Cela peut prendre plus de temps. Mais, de
toute façon, je crois que c'est une sécurité pour le
transport public d'avoir des catégories différentes pour le
chauffeur d'autobus. On ne peut pas nier cela, un chauffeur d'autobus a une
responsabilité plus grande que celui qui conduit une automobile dans
laquelle il y a deux personnes.
Sur le retrait des permis de conduite, vous en avez parlé, vous
savez comme moi que, depuis le mois de mai 1970, le ministère des
Transports n'enlève pas de permis si un chauffeur est
arrêté et jugé par un juge et qu'il doit garder son permis
de conduire; le ministère n'enlève pas le permis. S'il y a eu
accident, on demande un V-2-C d'une compagnie d'assurances. Mais on
n'enlève pas le permis si le juge a décidé de laisser le
permis au chauffeur.
Par contre, s'il y a eu accident, si c'était un cas d'ivresse au
volant le soir après son travail ça peut toucher un de vos
chauffeurs à ce moment-là, s'il a besoin de son permis
pour travailler, le juge en décide, non pas le ministère.
Nous croyons que si un juge a rendu un jugement ce n'est pas au
ministère d'aller chercher le permis dans la poche du chauffeur. Au mois
de mai 1970 la décision a été prise qu'après qu'un
juge a rendu un jugement, la seule chose que nous demandons en cas d'accident
ou en cas d'ivresse c'est un V-2-C d'une compagnie d'assurance.
C'était la remarque que je voulais faire au sujet des changements
qui ont été apportés.
M. LEPAGE: Nous sommes au courant. Nous savons qu'il y a de la
jurisprudence et qu'il y a des décisions rendues en vertu du code
criminel, violation aux règlements...
M. TREMBLAY (Bourassa): Je voulais être très honnête,
je ne veux pas m'attribuer toutes ces bonnes choses. Il y en a qui avaient
été préparées. Quand je suis arrivé au
ministère, elles sont arrivées sur mon bureau, la décision
avait été prise. Je ne veux pas me lancer des fleurs. Ce sont des
choses qui avaient été faites avant. Par contre, j'ai
trouvé qu'elles avaient du bon sens, qu'après qu'un juge avait
décidé que
quelqu'un garde son permis de conduire, ce n'était pas au
ministère à l'enlever.
M. LEPAGE: Nous savons qu'une certaine jurisprudence a fait que le
ministère des Transports a modifié son attitude. C'est qu'il y a
eu contestation en appel d'une décision du bureau et qu'effectivement le
bureau a été obligé de remettre le permis à un
individu, parce que le juge avait décidé dans sa sentence que le
permis pouvait être maintenu. C'est à partir de cela qu'on a
établi un règlement différent, selon les informations que
j'ai du service de la Régie des transports.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Lorsque vous parlez des chauffeurs de l'entreprise
privée qui peuvent être de seconde classe, à l'effet que ce
seraient des gens engagés dans des tavernes, etc., est-ce que vous
voulez dire par le fait même que ces chauffeurs ont échappé
à l'examen de la Commission des transports qui les aurait classés
dans la catégorie A, par exemple?
M. LEPAGE: Cela n'a aucune relation avec le permis qu'ils
détiennent. J'ai expliqué au ministre tout à l'heure que
chez nous les gens passent les examens. Ils sont habilités à
faire le travail ou pas, et les gens qui ne réussissent pas travaillent
ailleurs. C'était une référence à la qualité
professionnelle des gens qui travaillent à l'intérieur de nos
cadres, c'est-à- dire des commissions de transport locales ou des
transporteurs privés qui exploitent actuellement certains trajets
à long cours, par opposition à du transport urbain ou local.
M. LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'autres questions, nous vous
remercions, M. Lepage, de la façon dont vous avez présenté
votre mémoire. Je crois que vous avez bien fait valoir vos arguments et
je vous remercie.
M. LEPAGE: Je remercie la commission parlementaire de nous avoir
entendu.
Association métropolitaine des
propriétaires de taxis
M. LE PRESIDENT: M. Henri Paquette, représentant de l'Association
métropolitaine des propriétaires de taxis.
M. Paul Prénoveau
M. PRENOVEAU: J'aimerais apporter une légère correction.
Mon nom est Paul Prénoveau, président de l'Association
métropolitaine des propriétaires de taxi.
M. le Président, MM. les membres de la commission parlementaire,
l'Association métropolitaine des propriétaires de taxi est un
corps légalement constitué en vertu de la Loi des syndicats
professionnels, chapitre 146, et 13-14, Elizabeth Il, chapitre 51.
Il serait de première importance d'avancer que l'industrie du
taxi injecte dans l'économie montréalaise une somme d'environ
$110 millions par an, tant en investissements, entretien, consommation et les
salaires de ceux qui en retirent leur subsistance puisque l'industrie du taxi
procure de l'emploi à plus de 16,000 personnes.
Nous désirons rappeler à la commission que le rôle
joué par l'industrie du taxi comme moyen de transport de passagers ne se
limite pas à un service de luxe, mais bien à un service
d'utilité publique qui comble les déficiences des autres
transports en commun.
L'industrie du taxi, comme roulier public, a toujours été
ignorée dans l'orientation de son commerce et des règlements qui
la régissent; voilà une des raisons pour laquelle elle est, plus
souvent qu'à son tour, plongée dans une multiplicité de
problèmes. Qu'il nous suffise de mentionner, comme preuve
récente, la législation apportée par le comité des
bills privés en confiant pleine juridiction à la ville de Dorval
sur toute l'industrie de l'île de Montréal pour le service de
l'aérogare de Dorval. Nous croyons qu'il aurait été plus
sage de confier ce pouvoir à la Commission urbaine de
Montréal.
Au sujet du présent projet de loi, nous partageons l'opinion de
certains organismes sur les doutes qui peuvent se dégager de certains
articles du bill 23. L'industrie du taxi ne voudrait pas se retrouver dans une
situation qui menacerait davantage son existence par un manque de
précision, ou encore par une trop grande autorité du
ministère des Transports en certains domaines, plus
précisément en pouvoir de réglementation et pour en
déterminer le nombre.
Dans le texte de la présente loi, nous croyons que le paragraphe
a) de l'article 5, qui laisse au ministre le soin de déterminer le
nombre, la nature et la qualité des systèmes de transport et au
paragraphe b), d'intégrer et de coordonner tels services en
matière de transport de passagers, laisse l'industrie du taxi
inquiète par la possibilité de fusion d'autres transports
connexes dont nous avons à déplorer l'existence. Puisqu'avec
l'adoption de la présente loi, par l'article 154, la Loi de la
Régie des transports, chapitre 228, sera abrogée, ce qui fait
disparaître automatiquement l'article 29 a) de la Loi de la régie
qui limite le nombre de permis et que cette limitation du nombre se retrouve
entre les mains du ministre des Transports tel que défini au paragraphe
a) de l'article 5.
Article 8: Au paragraphe a), nous sommes d'avis que divers moyens de
transport peuvent nécessiter des normes de construction, mais nous
croyons que dans l'industrie du taxi, celle-ci rencontre toutes les exigences
de sécurité et que des normes de construction spécifiques
entraîneraient la formation d'un cartel.
Nous sommes d'avis que le paragraphe d), qui donne au
lieutenant-gouverneur en conseil le droit de décréter des tarifs,
taux ou coûts de transport, devrait être de la juridiction de la
Commission des transports du Québec qui pourrait étudier les
demandes en séance publique.
Article 17: Notre association accepte l'idée d'un comité
consultatif lorsqu'il est dit, au paragraphe b) "de personnes
spécialisées dans le domaine des transports"; notre industrie a
toujours été ignorée dans les réformes ou
règlements. Nous voulons participer à l'élaboration de
notre avenir.
Article 26: A la lecture du paragraphe 1: "Transport public", il est
mentionné "ainsi que le transport de personnes, moyennant
rémunération, par des véhicules automobiles au sens du
code de la route". L'industrie du taxi aimerait bien obtenir du
ministère plus de précisions sur le texte de ce paragraphe.
En nous référant au code de la route, chapitre 231,
section 1, dans les déclarations déclaratoires et
interprétatoires, à l'article 1, paragraphe 7, il est dit: "Taxi:
Le taxi est agencé pour le transport de personnes, au plus sept à
la fois, et fait ce transport moyennant considération pécuniaire.
Il inclut entre autres le taxicab, l'ambulance et le corbillard." L'industrie
du taxi a toujours considéré que le transport de personnes,
moyennant considération, était du taxi. Nous aimerions que le
ministre des Transports précise sa pensée sur le texte du
présent paragraphe.
Article 43: Nous sommes d'avis que le permis de taxi devrait être
émis en permanence et devrait faire partie intégrante du
commerce, ce que nous croyons plus juste que ce qui existe présentement
à savoir qu'à l'heure actuelle une personne peut vendre son
permis sans vendre son commerce, chose illogique.
Nous convenons qu'il peut être sujet à révocation
pour cause par le tribunal des transports.
Article 44: Nous sommes d'avis que des permis spéciaux ne
devraient être émis qu'après avoir avisé les
organismes de transport qui font l'objet du permis spécial et de plus,
établir la preuve de la nécessité d'un tel permis. Cette
audition devrait se faire publiquement devant la Commission des transports du
Québec.
Articles 57, 58, 59, 70 et 76: A la lecture de ces articles, l'industrie
du taxi ne peut que se réjouir, car, dans le passé, elle n'a
jamais été avisée, sauf en de rares cas, des choses qui la
concernaient, en matière de transport des passagers. Nous sommes d'avis
que les publications de la Gazette officielle du Québec font suite
à un besoin trop longtemps attendu.
Article 63: L'industrie du taxi se doit d'acclamer avec joie la
création d'un tribunal du transport où enfin elle pourra se faire
entendre et obtenir justice, ce qu'elle n'a jamais eu auparavant.
Article 76: Nous partageons l'idée émise par d'autres
organismes concernant les délais entre la publication et la
déposition des dossiers, ce qui, à notre sens, n'est pas
suffisant, puisque la Gazette officielle, étant publiée le
samedi, ne nous parvient que le lundi ou le mardi. Alors, nous croyons juste et
raisonnable de porter le délai à quinze jours de la
publication.
Article 85: Nous partageons l'idée lorsqu'il est dit: "Quiconque
enfreint l'une des dispositions de la présente loi ou des
règlements ou refuse de se conformer à un ordre donné en
vertu de cette loi ou des règlements ou fait sciemment une fausse
déclaration relativement à une affaire devant la commission ou le
tribunal, commet une infraction."
Mais il faudrait tenir compte du contrevenant. Si celui-ci est le
conducteur, nous ne voyons pas comment le propriétaire, en l'occurrence
le patron, verrait son permis révoqué pour une infraction qu'il
n'a pas commise, et se verrait privé de son droit ou permis.
Le présent article devrait préciser de pénaliser le
contrevenant, plutôt que le détenteur du permis, ce qui, à
notre sens, serait plus juste, hormis que le détenteur du permis fasse
partie de l'accusation comme complice.
Article 89: Nous serions d'avis que les poursuites puissent être
intentées par une personne intéressée, avec l'autorisation
du ministère des Transports, ou encore le procureur
général ou, à défaut, par la personne
autorisée à cette fin.
Article 154 : A la lecture de cet article, nous admettons la disparition
de la Loi de la Régie des transports, chapitre 228. Alors, nous
demandons que la limitation du nombre des permis de taxi, tel que
stipulé au paragraphe 29 a) de la Loi de la régie, soit maintenue
et incluse dans la présente loi, afin de sauvegarder les droits acquis
en conformité avec les lois existantes.
Article 155: Nous partageons le point de vue du texte du présent
article, à l'effet que les permis délivrés en vertu de la
Loi de la Régie des transports demeurent en vigueur jusqu'à la
date à laquelle il aurait expiré en vertu de ladite loi, mais en
autant que le présent article ne vient pas en conflit avec l'article 26,
paragraphe 1 de la présente loi.
Nous savons que, dans le passé, des ordonnances ont
été émises par la Régie des transports concernant
le transport de personnes et décrits comme taxis alors que la
Régie des transports n'a jamais avisé l'industrie du taxi d'un
nouveau genre de transport pour passagers. Par ce geste, la Régie des
transports faisait indirectement ce que la ville de Montréal ne pouvait
faire directement: augmenter le nombre de permis. Nombre limité par une
loi sanctionnée le 11 juillet 1963, chapitre 16, Loi concernant les
permis de taxi dans l'île de Montréal.
Nous tenons à faire remarquer qu'une documentation
complète traitant de ce sujet fut remise au premier ministre ainsi
qu'à M. Alfred
Bossé. Donc, il vous sera facile d'en prendre connaissance.
L'article 156: A la lecture du présent article, l'industrie du
taxi n'est assurée que d'une faible garantie de protection en ce qui
concerne la rivalité de commerce qui existe entre le service de taxi et
l'automobile de promenade. Nous sommes d'avis que le permis accordé par
ordonnance de la Régie des transports pour le transport de passagers par
véhicules de promenade non enregistrés comme taxis soit
abrogé. S'il y à lieu de coordonner ou d'intégrer de tels
services, le tout devrait faire le sujet d'une audience devant la Commission
des transports du Québec.
Ce qui nous étonne le plus dans le présent projet de loi,
c'est que rien n'apparaît au sujet des courtiers en transport
communément appelés "associations de services". De plus, de
telles associations de services actuelles échappent à tout
contrôle de la part d'un corps public, ce qui nous semble une
sérieuse anomalie.
Il apparaîtrait de bonne politique que de telles associations de
services fussent obligées d'obtenir un permis d'une autorité
provinciale et d'être assujetties à une surveillance de la part de
la Commission des transports du Québec. Il est à propos
d'observer que ces associations jouent un rôle important dans l'industrie
du taxi en ce qu'elles constituent la liaison directe entre le détenteur
de permis et le public. Leur rôle devrait se limiter à recevoir
les appels téléphoniques et les répartir entre leurs
membres.
Leur ingérence dans les relations patronales-ouvrières
devrait être éliminée, de même que l'obligation de
leurs membres de souscrire à une assurance de leur choix. Si les
détenteurs de permis de taxi doivent être soumis à des lois
et des règlements, nous sommes d'avis que les associations dites de
services, qui retirent tout leur revenu de détenteurs de permis, soient
soumises à des lois et à des règlements et qu'un
contrôle de surveillance se doit d'exister.
Comme il est à prévoir, dès l'adoption de la
présente loi, que des règlements doivent régir l'industrie
du taxi, nous croyons qu'il serait sage de consulter les organismes
légalement constitués tels que déterminés à
l'article 17 de la présente loi.
Nous croyons avoir accompli notre devoir vis-à-vis l'industrie du
taxi en vous faisant part de notre attitude sur le bill 23 et nous
espérons que les remarques concernant certains articles ne feront
qu'éclairer cette commission parlementaire sur le transport qui a pour
fonction de préserver notre industrie et d'en assurer la permanence
d'une manière équitable.
Après avoir étudié à fond nos
mémoires et les documents qui y sont joints, il vous sera possible de
nous donner justice. Nous admettons qu'il doit exister un contrôle sur le
transport de passagers par véhicules automobiles, mais il faut aussi
tenir compte de nos besoins, et ils sont nombreux. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorion.
M. BOSSE: Tout d'abord, je voudrais féliciter M.
Prénoveau, représentant de l'Association métropolitaine
des propriétaires de taxi. Comme bien d'autres, il a dû venir ici
à la commission au moins quatre fois avant de se faire entendre, ce qui
est déjà un indice de l'intérêt qu'il porte à
la question du taxi.
On sait que cette question est beaucoup plus difficile dans la
région de Montréal.
Certains problèmes qui se rencontrent à Montréal ne
se retrouvent pas dans d'autres villes. Je voudrais donc le féliciter de
son beau travail et je peux l'assurer, pour ma part, que les
représentations qu'il avait faites lors de l'enquête que j'ai
menée ont été prises en bonne considération et
qu'elles devraient normalement se transformer, à la suite de l'adoption
de la loi, en règlements qui devraient corriger un bon nombre, en tout
cas, des difficultés qui sont soulevées ici.
Cependant, je voudrais revenir à quelques points particuliers,
comme la remarque que l'on retrouve à la page 2 en ce qui a trait
à la juridiction accordée à la ville de Dorval sur
l'aéroport de Dorval. Il est important, d'abord, de préciser que
cette juridiction n'a été accordée, dans l'esprit du
législateur, que pour une période temporaire, c'est-à-dire
jusqu'à ce que la loi ait été adoptée et que les
règlements s'appliquent. Là, normalement, la communauté
urbaine, dans un délai raisonnable, devrait avoir l'autorité. Je
veux souhaiter, en tout cas, que, dans les plus brefs délais, on ait
dans la région de Montréal, comme dans les autres
communautés urbaines, un permis de taxi qui couvre l'ensemble du
territoire, de telle sorte qu'il y ait pour les uns et pour les autres moins de
gaspillage de temps et d'argent. Si la juridiction a dû être
accordée à la ville de Dorval, c'était qu'il y avait
à Dorval une situation assez difficile où les chauffeurs de taxis
eux-mêmes avaient pris en main une espèce d'autorité non
existante ou qui ne s'appliquait pas. Comme ces voitures venaient d'un peu
partout dans l'île de Montréal et que personne n'était
là pour assurer l'ordre ou la réglementation, il fallait bien
nommer une autorité. Oui, allez-y.
M. PRENOVEAU: Me permettriez-vous de vous interrompre un instant...
M. BOSSE: Certainement.
M. PRENOVEAU: ...pour prouver notre point? A plusieurs rencontres, nous
vous avons consulté. Malheureusement, le règlement de Dorval est
une des raisons pour lesquelles on dit que l'industrie du taxi n'a jamais
été consultée.
C'est malheureux, mais si, à ce moment-là, vous nous aviez
consultés probablement que la règlementation ou ce qui s'est
produit à Dorval ne serait pas arrivé.
M. BOSSE: Je pense que vous soulevez un point extrêmement
important: la question de la représentativité ou de la
non-représentativité, phénomène plus
particulièrement difficile dans la région de Montréal.
Alors que, dans d'autres villes, telles Sherbrooke, Québec, par exemple,
les chauffeurs ou les propriétaires de taxis ont su s'organiser pour
constituer des associations extrêmement représentatives, dans la
région de Montréal, on retrouve, encore une fois, ce
phénomène de la grande difficulté qu'ont les diverses
associations, soit de chauffeurs ou de propriétaires de taxis de se
regrouper dans une seule association ou dans deux associations
représentatives. Evidemment, c'est là, d'ailleurs, une des
difficultés que l'on rencontrera lors de la formation des comités
consultatifs au niveau des communautés urbaines de déceler quel
est l'élément représentatif.
J'ai souhaité souvent que les gens qui oeuvrent dans l'industrie
du taxi dans la région de Montréal, une fois pour toutes,
essaient de trouver un mécanisme pour se former en groupes
représentatifs. Que ce soit la formule syndicale ou une autre de type
professionnel, pour moi, c'est secondaire. Il importe que les gens qui oeuvrent
dans l'industrie du taxi se regroupent et cela, c'est assez particulier
à la ville de Montréal ou à la région de
Montréal.
Pour terminer, en ce qui a trait à la ville de Dorval, il fallait
donner cette autorité à quelqu'un et la plus appropriée,
en l'occurrence, c'était l'autorité municipale de Dorval. Dans
mon esprit et, je pense, dans l'esprit des législateurs, ce
n'était que pour une période temporaire, jusqu'à ce que
l'intégration des permis de toutes les villes de la Communauté
urbaine se fasse à la suite de l'adoption de cette loi.
En ce qui a trait à vos remarques de la page 2 concernant les
paragraphes a) et b) de l'article 5, je crois que ces articles, comme l'article
8, sont des mécanismes qu'on retrouve d'ailleurs tout au long de la loi
et qui vont permettre, pour ma part, d'appliquer les recommandations que
j'avais faites dans le rapport que j'ai présenté au premier
ministre et qui a semblé satisfaire un bon nombre de gens oeuvrant dans
l'industrie du taxi dans la province, mais plus particulièrement dans la
région de Montréal. Evidemment, là comme ailleurs, il y a
toujours des imperfections. Il est évident qu'on n'arrivera
peut-être pas à satisfaire tout le monde du premier coup, mais il
est possible, avec les mécanismes existants dans le présent
projet de loi, en y apportant évidemment les corrections
nécessaires à la suite des remarques faites devant cette
commission par divers organismes, d'y apporter des améliorations afin
que lorsqu'on reviendra en Chambre le député de
Chicoutimi soit satisfait ainsi que les corps représentatifs qui
ont fait ici des représentations fort pertinentes. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je remercie d'abord M. Bossé, mon
collègue de Dorion, des explications qu'il nous a fournies. Je voudrais
remercier du même coup M. Prénoveau de son mémoire. Je dois
vous dire tout de suite, M. Prénoveau, que le problème du taxi
à Montréal est pour le représentant de Chicoutimi, un
problème assez complexe. J'en connais passablement sur ce
problème. Il y a le rapport de la commission Bossé. Je m'incline
devant le président qui nous en a fait connaître les principaux
éléments, mais, évidemment, dans notre esprit, nous qui ne
vivons pas à Montréal tous les jours le quotidien du chauffeur de
taxi, du propriétaire de taxi, nous ne pouvons pas prendre toute la
dimension de cet immense problème. C'est pourquoi je ne voudrais pas
vous interroger trop longuement avant d'avoir entendu les autres
représentants de cette profession du taxi.
Il y a quand même un document de base sur lequel nous sommes en
principe d'accord, c'est le rapport de la commission Bossé. Ce document
a été longuement étudié. Il a été
discuté et je sais que des organismes en font état, qu'ils
apporteront des modifications, des suggestions additionnelles, etc. C'est
à la lumière de ce document que nous voulons examiner votre
problème. Votre mémoire est assez spécifique puisqu'il
formule des propositions relatives à certains articles du projet de loi
qui est devant nous. C'est sur ces sujets que je voudrais vous interroger
brièvement, M. Prénoveau, en m'excusant au nom de tous mes
collègues de n'avoir pu hier vous donner la possibilité de vous
faire entendre. Je sais que vous êtes venu à plusieurs reprises et
il est malheureux que l'on ne vous ait pas entendu tout de suite. Comme il y a
un grand nombre de gens qui se présentent devant nous, nous devons
examiner chacun des mémoires avec attention. C'est ce qui explique le
délai que l'on a apporté à vous entendre.
A la page 3 de votre mémoire, au premier paragraphe, au sujet de
l'article 8, vous faites une observation. J'aimerais que vous me
précisiez cela pour ma gouverne personnelle. C'est une question assez
naive que je vous pose, j'en suis conscient. Vous dites: " ... nous sommes
d'avis que divers moyens de transport peuvent nécessiter des normes de
construction mais nous croyons que dans l'industrie du taxi celles-ci
rencontrent toutes les exigences de sécurité et que des normes de
construction spécifiques entraîneraient la formation d'un cartel."
Est-ce que vous voulez dire par là que le véhicule dont se sert
le chauffeur de taxi, le propriétaire de taxi, est de soi un
véhicule apte au transport des gens que vous devez transporter? Que
c'est une voiture automobile et qu'on
n'a pas besoin d'ajouter ceci et cela sauf vos radios pour la
communication avec vos postes qu'on n'a pas besoin d'y ajouter quoi que
ce soit, dis-je, pour que cela soit un véhicule qui convienne aux
chauffeurs de taxi, à la différence, par exemple, d'un autobus
qui transporte des écoliers où il faut faire des modifications?
Lorsque vous parlez de cartel, vous suggérez peut-être que si on
exigeait que la voiture-taxi soit munie de tel ou tel dispositif, il pourrait
se former...
M. PRENOVEAU: Si vous me permettez, M. le député...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous en prie, M. Prénoveau.
M. PRENOVEAU: Ce n'est pas dans ce sens-là, ce n'est pas tel et
tel équipement, mais si on allait nous suggérer une marque de
voiture spécifique...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que j'entendais dire.
M. PRENOVEAU: Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand je parlais de tel ou tel dispositif, je
voulais dire tel type de voiture comportant tel équipement.
M. PRENOVEAU: Exactement, c'est dans ce sens-là que nous faisons
cette observation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai très bien compris, je n'insiste
pas, ce que...
M. BOSSE: M. le Président, à moins de faire erreur, je ne
crois pas que ce soit là le sens du paragraphe a).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi non plus.
M. BOSSE: Je pense que c'est peut-être fendre les cheveux en
quatre, je vois l'intention de l'opinant mais je n'ai pas l'impression que ce
soit là ce que la loi ait eu l'intention d'exprimer. Il appartient
maintenant au ministre de l'exprimer. Je ne crois pas que ce soit là,
cependant, le sens de cet article. Ces craintes m'apparaissent plutôt
injustifiées.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, à l'article 26, M.
Prénoveau, toujours à la page 3 de votre mémoire, vous
demandez au ministre des précisions sur une partie de ce paragraphe qui
se lit comme suit: Ainsi que le transport de personnes moyennant
rémunération par des véhicules automobiles au sens du code
de la route. Quelles sont vos craintes à ce sujet-là?
M. PRENOVEAU: Voici, ça concerne l'automobile de louage, M. le
député de Chicoutimi, et nous avons deux sortes de permis de taxi
à la ville de Montréal: un émis par la ville de
Montréal, qui est limité, et un permis émis par la
Régie des transports, qui est sans limitation. Pour ce qui s'appelle
l'automobile de louage, en l'occurrence le permis donné à Murray
Hill, le permis émis par la ville de Montréal est limité
par une loi sanctionnée le 11 juillet 1963, tandis que le permis
émis par la Régie des transports ne date que du 3 février
1967, et ce transport se fait par véhicules non enregistrés comme
taxis. Mais il faut admettre que c'est tout de même du taxi que Murray
Hill fait. Il ne faut pas se leurrer, elle ne loue pas d'automobiles. La loi
stipule que le détenteur est autorisé à exploiter le
service de taxi ci-dessous décrit : Transport de passagers par
véhicules de promenade non-enregistrés comme taxis.
Ce permis fait suite à une ordonnance rendue sur le banc en date
du 23 décembre 1966. Ce que l'industrie du taxi ne peut admettre, c'est
que la Régie des transports, qui a un droit de regard sur le maintien du
nombre de permis de taxi, n'excède pas le nombre fixé par la loi.
C'est cette même régie qui émet un permis de taxi, ce qui
est, à notre point de vue, illégal puisque, par l'émission
de ce permis, elle favorise des gens qui avaient fait le transport de passagers
illégalement depuis au-delà de trente ans.
Vous savez, la rengaine de Murray Hill, de prendre toutes sortes de
procédures judiciaires, d'aller en appel et de perpétuer son
commerce et de s'enrichir au détriment des chauffeurs et des petits
propriétaires de taxi. Tout est permis à Murray Hill et non aux
chauffeurs de taxi. Murray Hill peut solliciter à l'intérieur des
hôtels, ce que nous ne pouvons pas faire. La police de Montréal va
donner des billets de circulation aux chauffeurs et aux petits
propriétaires artisans de taxis, par contre laisse les autobus de Murray
Hill en poste.
On a même vu, et M. Bossé se rappellera l'intervention d'un
artisan du taxi qui lui avait montré une photographie lors d'une
séance publique, que le policier ouvrait la porte de la voiture de
Murray Hill pour y faire entrer le client. On trouve ça un petit peu
fort comme on dit dans notre langage de taxi. C'est vrai, M. Bossé?
M. BOSSE: Si vous me permettez, là-dessus, M. Prénoveau,
comme je l'ai fréquemment communiqué aux chauffeurs de taxi ou
aux gens de l'industrie du taxi, lors de l'enquête, je n'ai pas voulu
pousser plus loin ni fouiller en profondeur ce problème. Cependant, je
suis bien d'accord avec vous que des constatations comme celles dont vous venez
de nous faire image sont typiques à Montréal. J'ajouterai
même que, pendant qu'il ouvre la portière de la voiture, il donne
un billet au chauffeur de taxi qui est à côté.
C'est donc donner ici la dimension du problème et cette
espèce d'injustice qui règne. Evidemment, je n'ai pas voulu
pousser en
profondeur, laissant le soin au ministère des Transports
d'examiner très sérieusement le problème. C'est
évident qu'à Montréal, par exemple, le président du
comité exécutif, à l'occasion de la discussion de ces
problèmes, renvoyait la balle au ministère et, de part et
d'autre, on s'est renvoyé la balle.
Je pense, comme vous, qu'on le fait depuis assez longtemps maintenant
pour qu'on puisse étudier à fond cette question et s'assurer que
les personnes qui détiennent un permis de taxi puissent jouir du plus
grand nombre de possibilités de donner des services au public.
M. LEGER: Est-ce que le député de Dorion me permettrait
une courte question?
M. BOSSE: C'est évident.
M. LEGER: Est-ce que vous pourriez me dire pourquoi, dans votre
enquête, vous avez décidé de ne pas pousser plus loin le
problème de Murray Hill?
M. BOSSE: Oui. Non seulement je n'ai pas poussé le
problème de Murray Hill, quant à moi je l'ai
réglé,...
M. LEGER: C'est le problème...
M. BOSSE: ...le vrai problème de Murray Hill, celui pourquoi bon
nombre de gens à Montréal avaient procédé à
des actes de violence ou des actes de représentation pacifique;
c'était le problème de l'accès des chauffeurs de taxi
à l'aéroport de Dorval. Celui-là a été
réglé. Il en reste un autre évidemment, celui du transport
des passagers à l'intérieur des divers terrtoires de la
communauté urbaine. C'est un problème, évidemment, que je
n'ai pas voulu aborder volontairement, non pas parce que je suis
mêlé de près ou de loin à des intérêts,
mais parce que je n'en serais pas sorti. Autant que le problème que vous
avez soulevé, celui des associations de services, autant que celui de
l'assurance-automobile. Je n'en serais certainement jamais sorti. Je veux bien
qu'on m'appelle M. Taxi, cependant je ne veux pas être M. Taxi toute ma
vie.
Ceci étant dit, je crois que le problème principal de
Murray Hill a été réglé, celui de l'accès,
comme celui d'ailleurs de Sept-Iles, dont on n'a pas tellement fait mention
dans les journaux. C'est aussi un problème qu'il y avait à
Sept-Iles: l'accès des taxis à l'aéroport de Sepd-Iles.
Ces deux problèmes ont été réglés: un,
c'était Murray Hill qui était concerné et l'autre,
c'était Autobus Sept-Iles. Il me semblerait qu'ici, à
Québec, il se soit réglé à l'amiable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Préno-veau, je passe à la
page 6 de votre mémoire, à l'article 154. Ce n'est pas que je
néglige les autres considérations que vous avez faites, mais on
aura l'occasion d'y revenir.
Vous dites: A la lecture de cet article, nous admettons la disparition
de la Loi de la Régie des transports. Alors, nous demandons que la
limitation du nombre de permis de taxi, tel que stipulé au paragraphe 29
a) de la loi de la régie, soit maintenue et incluse dans la
présente loi afin de sauvegarder les droits acquis en conformité
avec les lois existantes.
Evidemment, tout le monde sait ce qu'est un droit acquis. Mais est-ce
que vous pourriez nous expliquer exactement quelle est, à cet
égard, la situation du taxi à Montréal, dans la
région que vous représentez, le nombre de taxis et pourquoi vous
voulez que soit maintenue cette disposition qui existait dans la Loi de la
Régie des transports?
M. PRENOVEAU: C'était la limitation du nombre de permis. Il y a
eu le gel des permis vous êtes au courant, M. le
député de Chicoutimi et nous voulons que ce gel soit
respecté. Egalement, avec l'article 29 a), nous ne voulons pas une
prolifération de permis d'automobiles de louage concernant Murray
Hill.
Quand le député de Dorion avance qu'il a
réglé le problème de Dorval, il a réglé le
miniproblème de Dorval. Le problème fondamental, c'est Murray
Hill dans les hôtels.
Vous voyez des lignes aux postes d'attente. Nous n'avons même pas
la chance de solliciter le client; il est sollicité à
l'intérieur par Murray Hill. Il est de connivence... Il a établi
des postes à l'intérieur de chaque hôtel.
M. LEGER: Vous aviez le bon mot "connivence".
M. PRENOVEAU: Oui, de connivence avec les hôtels. Il ne faut pas
se leurrer sur les mots; nous sommes ici pour dire la vérité et
c'est ce qui va sortir.
Le député de Dorion dit dans son enquête qu'il y a
beaucoup trop de taxis à Montréal. Nous voyons là une
occasion heureuse de dire à Murray Hill: Vous avez beaucoup trop de
permis, premièrement, et vous allez vous conformer à la loi,
parce que Murray Hill, contrairement à tout le monde, veut être
au-dessus des lois.
Nous disons comme le député de Dorion l'avance dans
son rapport que Murray Hill peut racheter l'excédent de permis de
taxis qu'il y a à Montréal. Si l'on fait l'historique de Murray
Hill, on peut reculer très loin et voir que Murray Hill, un jour, avait
40 voitures, dont 21 sans permis et 19 avec un permis de la ville de
Montréal. Vous connaissez toutes ces histoires qui se sont
enchaînées, tous ces débats juridiques que je n'ai pas la
compétence de contester, mais qui nous font très mal, parce que,
comme le disait hier l'avocat Béliveau des camionneurs artisans,
nous sommes à peu près dans la même condition nous
sommes les gens les plus mal foutus de la société
montréa-
laise, exploités de A à Z. Qu'on nous donne ce qui nous
revient; c'est tout ce que nous demandons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous le permettez, je vais vous poser une
question. Lorsque vous parlez de limitation, est-ce que vous avez un ordre de
grandeur en ce qui concerne le nombre de permis qui pourraient être
accordés?
M. PRENOVEAU: A la suite du rapport Bossé, nous sommes en partie
d'accord avec M. Bossé, mais il faudrait réduire
considérablement le nombre de permis, tout en respectant les droits
acquis. M. Bossé a suggéré de réduire le nombre de
permis avec compensation. Nous nous y opposons si c'est le propriétaire
artisan qui doit payer la compensation. Si nous sommes ici aujourd'hui, si le
problème de Murray Hill n'est pas réglé et si le
problème du taxi montréalais n'est pas réglé,
à la base, c'est à cause de Murray Hill. Ces gens-là
devraient racheter nos permis.
Il y a eu un manque de responsabilités de la part des
gouvernements tant au niveau provincial que municipal. J'espère que le
député de Chicoutimi sera d'accord avec moi, parce qu'avant moi
d'autres ont fait des représentations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Prénoveau, je suis heureux de ce que
vous nous dites là, parce que les législateurs ne peuvent pas
tout connaître. Il faut que des gens comme vous, qui êtes dans le
métier, nous expliquent clairement les choses.
Le cas de Murray Hill est une chose publique. Je pense qu'il y a peu de
gens qui savent exactement comment ça fonctionne tout ça dans la
pratique. Vous parliez tout à l'heure des voitures de louage qui font
concurrence aux voitures-taxis.
Combien de voitures de louage prenons le cas de Murray Hill,
sont en service et se trouvent ainsi à concurrencer vos
entreprises? A quels postes stratégiques se trouvent-elles
situées? Je veux que vous nous répétiez des faits qui sont
connus de la plupart des gens qui sont ici. Je voudrais que vous nous les
répétiez afin que ça soit inscrit et qu'on sache, une fois
pour toutes, de quoi il retourne.
M. PRENOVEAU: D'accord, M. le député de Chicoutimi.
J'avancerais le nombre d'au moins 400 véhicules et ces gens oeuvrent
dans les hôtels du centre-ville de Montréal et, également,
dans les maisons d'appartements distinguées du centre-ville; il y en a
plusieurs à Montréal, comme vous le savez. Ces gens
reçoivent des appels d'un peu partout, comme je viens de le mentionner,
des maisons d'appartements et des maisons privées.
Il y a des gens qui se servent strictement de Murray Hill à des
taux qu'ils sont capables de payer. Il y aurait une information ici que
j'aimerais vous donner. Le 16 juillet 1955, une cause a été
entendue devant le juge E. Simard et a été rejetée sans
frais. La compagnie Murray Hill a avoué sa culpabilité sur
quantité de choses pour lesquelles la ville de Montréal la
poursuivait, mais avec notre système juridique, elle s'est toujours
prévalue de toutes sortes d'appels, etc.
La Murray Hill a aussi profité de la vente des permis de taxi
qu'elle détenait de la ville de Montréal ainsi que des taxis sans
permis pour se procurer des automobiles de louage. La Régie des
transports a fait le jeu de la Murray Hill en ce sens que la ville de
Montréal ne voulait pas émettre d'autres permis, le nombre de
permis étant gelé, et on a, par le biais de la Régie des
transports, laissé proliférer le nombre d'automobiles de louage
qui, en somme, sont des taxis.
Nous voudrions aussi que la Murray Hill respecte les ordonnances de la
Régie des transports. La Régie des transports disait à la
Murray Hill, selon l'ordonnance 602-ATL, qu'elle devrait avoir un terminus sous
la bâtisse de l'OACI (aviation internationale) à l'angle des rues
University et Dorchester pour entrer vers la Gare centrale ou le Reine
Elizabeth. Or, la Murray Hill ne respecte rien, aucune loi. Nous voudrions que
le législateur mette la Murray Hill à sa place afin qu'elle
respecte les lois tout comme nous.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Prénoveau, cette explication est
importante. Je ne suis pas un citoyen résidant dans la ville de
Montréal, mais quand je vais à Montréal, je descends
évidemment dans des hôtels, dont le Reine Elizabeth, etc. Il
arrive assez souvent que, alors que j'ai besoin d'une voiture pour sortir, un
garçon de l'hôtel me dise: Monsieur, vous cherchez un taxi? Je
dis: Oui, j'ai besoin d'une voiture. On me fait monter dans une voiture et je
ne sais pas si c'est un taxi de Montréal.
M. PRENOVEAU: Justement, M. le député de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne le sais absolument pas.
M. BOSSE: Un instant, s'il vous plaît. C'est assez facile à
identifier parce que la voiture de louage n'a pas de taximètre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord. Mais une fois que je suis
monté, je me rends compte qu'il n'y a pas de taximètre. Je ne
m'en rends compte que quand je suis dedans. Comme je suis toujours un peu
pressé à Montréal il faut toujours courir je
n'ai pas...
M. LEGER: Vous n'osez pas sortir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le loisir d'en attendre un autre. C'est ce
genre de chose
qui se produit. Pour revenir à la question de l'accès des
voitures-taxi à l'aérogare de Dorval, M. Bossé indiquait
tout à l'heure qu'on avait apporté une solution partielle et
temporaire à ce problème.
A votre avis, comment ce problème pourrait-il être
réglé à la satisfaction des propriétaires de taxi
de Montréal?
M. PRENOVEAU: Il devrait être clairement indiqué que seuls
les taxis de l'île de Montréal je dis bien de l'île
de Montréal aient accès à l'aérogare
internationale de Dorval avec permis de la ville de Montréal ou de la
communauté urbaine, si vous désirez. Nous respecterons les permis
de Westmount, de Côte-Saint-Luc, etc. Dans toutes les villes qui font
partie de la communauté urbaine, que chaque individu ait son
numéro de poche, communément appelé un "pocket
number."
Que chaque association, ou chaque indépendant soit clairement
identifié. C'est une partie du problème. Qu'on affiche des tarifs
qui soient pour tout le monde dans les postes d'arrivée, pour les
clients éventuels, à l'aérogare internationale, aux
arrivées domestiques et aux arrivées internationales.
Il y a eu un problème sur la question du compteur. Nous voulons
un taux fixe. Il est illogique, à mon sens, de partir de Montréal
à un taux fixe et de revenir de Dorval avec un compteur. Ne le
croyez-vous pas? A notre avis, il devrait y avoir un tarif fixe de
Montréal à l'aérogare et de l'aérogare à
n'importe quelle destination où le client éventuel voudrait se
rendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Prénoveau, toujours à la page
6 de votre mémoire, vous dites: Nous savons que dans le passé des
ordonnances ont été émises par la Régie des
transports concernant le transport de personnes et décrits comme taxis,
alors que la Régie des transports n'a jamais avisé l'industrie du
taxi d'une nouveau genre de permis pour le transport de passagers.
Par ce geste, la Régie des transports faisait indirectement ce
que la ville de Montréal ne pouvait faire directement. C'est ce que vous
avez mentionné tout à l'heure?
M. PRONOVEAU: Exactement, M. le ministre. Excusez-moi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ne perdez pas les bonnes habitudes.
M. LEGER: Vous rappelez des souvenirs douloureux.
M. PRENOVEAU: Vous vous souvenez, M. le député de
Chicoutimi, du gel des permis qui a été sanctionné par une
loi en 1963. A ce moment-là ou précédemment à cela,
en 1958, Murray Hill a liquidé ses voitures-taxis et a fait une demande
pour avoir un permis d'automobiles de louage de la Régie des transports.
Or, il n'y a pas de limitation en ce qui concerne le nombre de permis
d'automobiles de louage distribués dans la région de
Montréal. Alors, ce sont eux qui nous font une concurrence
déloyale. On parle du cas de Murray Hill; il y a aussi les entrepreneurs
de pompes funèbres qui agissent de la même façon,
Silverdale Parking, Outremont Limousines et quelques autres. Alors, ces
gens-là prennent la crème du taxi et nous laissent le petit
lait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cas des entrepreneurs de pompes
funèbres, comment cela fonctionne-t-il? Ils louent cela aux
familles...
UNE VOIX: Aux morts.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour transporter...
M. PRENOVEAU: D'après les informations que nous avons, si, par
malheur, quelqu'un meurt dans votre famille, c'est inclus dans le prix du
service funèbre, selon la catégorie de cercueil, que vous devez
payer, disons, $800, $1,000. Bien, vous riez, mais, comme on dit en bon
français, c'est un "package deal".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je le sais très bien.
M. PRENOVEAU: Les voitures sont incluses selon la qualité du
cercueil que vous allez prendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Prénoveau, je suis bien au courant
de cela. Ayant eu, d'ailleurs, à ramener une de mes soeurs qui
était décédée dans un hôpital de
Montréal, j'ai su ce que cela pouvait coûter.
Alors, à la page 7 de votre mémoire, au sujet de l'article
156, vous dites: "Nous sommes d'avis que le permis accordé par
ordonnance de la Régie des transports pour le transport de passagers par
véhicules de promenade non enregistrés comme taxis soit
abrogé". Alors, quel est ce problème exactement?
M. PRENOVEAU: C'est encore le fameux problème d'automobiles de
louage de Murray Hill, de Phoenix, de Silverdale Parking, etc., qui se
répète. C'est notre pire concurrent; il va chercher la
crème du taxi. Alors, nous voulons que ces gens-là disparaissent
de la carte ou à peu près, parce que M. Bossé nous dit
qu'il y avait beaucoup trop de taxis à Montréal. Pour atteindre
un seuil de rentabilité, il nous faudrait avoir un permis de taxi par au
moins 800 personnes. Alors, il est grandement temps que les législateurs
se penchent sur ce problème qui date de 30 ans, qui se renouvelle
enquête après enquête. Si ma mémoire est
fidèle, Murray Hill a fait le
sujet de sept enquêtes sur le taxi. Alors, en 1971, il est
grandement temps qu'on prenne ses responsabilités et qu'on dise: On
règle le problème du taxi une fois pour toutes.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cas de ces véhicules de
promenade non enregistrés comme taxis, ils n'ont pas ce qu'on appelle un
permis de taxi comme ceux que vous avez.
M. PRENOVEAU: Non, monsieur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Leurs véhicules sont identifiés
toutefois.
M. PRENOVEAU: Juste par le numéro de série de permis 028.
On le sait par coeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est tout?
M. PRENOVEAU: Cette année, mais il change continuellement, chaque
année.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et, extérieurement, il n'y a pas
d'identification?
M. PRENOVEAU: Aucune. Une autre chose: Si on est pour en conserver un
certain nombre, très restreint d'ailleurs, parce qu'il existe une
clientèle pour ce genre de commerce, on devrait clairement identifier
cette automobile de louage. Alors, si quelqu'on contrevient à la loi, il
sera facilement repérable. On a déjà eu, je me souviens,
il y a quelques années, une petite plaque qui étaient à
l'avant et à l'arrière de la voiture et qui identifiait
"automobile de louage". Nous sommes encore plus exigeants que cela.
Nous voudrions voir Murray Hill, si elle se sert de limousines pour le
service entre les hôtels, entre un point donné, disons, nous
allons prendre l'hôtel Mont-Royal, son fief, et le Reine-Elisabeth, et
tous les hôtels du centre-ville de Montréal,nous voulons qu'ils
soient clairement identifiés. C'est facile ça, probablement que
ça viendra au moment de la réglementation, mais nous voulons que
ces gens soient clairement identifiés pour enlever tous les doutes que
peuvent avoir les petits propriétaires et les chauffeurs de taxi. Ils
subissent la concurrence déloyale de ces gens et ils veulent voir si
c'est un Murray Hill, si c'est lui, bon, on va le suivre et on va voir ce qu'il
fait. C'est de cette façon que nous chassons Murray Hill, Silverdale
Parking, Phoenix, Outremont, tous ces gens qui détiennent des
permis.
M. BOSSE: M. le Président, j'imagine que M. Prénoveau ne
verrait pas d'inconvénient à ce que Murray Hill ait son propre
drapeau sur ses voitures.
M. PRENOVEAU: Peut-être pas un drapeau, M. Bossé, mais
j'aimerais que Murray Hill soit clairement identifiée avec une
lumière de toit comme nous en avons, par exemple.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. Prénoveau, à la
page 7 de votre mémoire, un peu plus bas, j'aimerais avoir une
explication. Vous dites ceci: Ce qui nous étonne le plus, c'est que,
dans le présent projet de loi, rien n'apparaît au sujet de
courtiers en transport communément appelés associations de
services.
Voudriez-vous m'expliquer, en ce qui concerne Montréal et votre
association, ce qu'est l'association de services et de quelle façon cela
fait concurrence à l'entreprise de transport par taxi?
M. PRENOVEAU: Ce n'est pas une concurrence comme une dictature. Ce qui
nous étonne le plus, c'est qu'on n'a pas touché aux associations
dites de services. Ces gens sont strictement l'intermédiaire entre le
détenteur de permis et l'opérateur du taxi. Il y a eu une
enquête en 1962, si vous vous rappelez bien, de la Régie des
transports, qui trouvait que c'était une grande anomalie que de ne pas
régir ces associations dites de services.
Si vous êtes pour régir le détenteur d'un permis de
taxi et les opérateurs de taxi, il serait logique que chaque association
de services soit elle aussi réglementée et régie par une
autorité provinciale. Il y a là-dedans la dictature des
assurances et un peu plus bas, je dis, leur ingérence dans les relations
patronales-ouvrières. Nous ne pouvons pas, dans notre commerce, engager
qui nous voulons. Les associations de services peuvent dire: M.
Prénoveau, en l'occurrence et ça m'est arrivé
vous ne pouvez pas engager ce monsieur, il est "barré", comme on
dit communément, par les assurances, malgré que le type n'ait eu
que deux accidents mineurs.
De plus, ces gens nous imposent par la dictature une compagnie
d'assurance de leur choix. Nous voudrions qu'à l'avenir, dans la
réglementation, nous ayons le libre choix de nous assurer où nous
voulons. On nous leurre et on nous dore la pilule en nous disant qu'une fois en
association de telle sorte, on bénéficie d'un taux réduit,
ce qui est absolument faux parce que, depuis 1965, nous avons subi des
augmentations continuelles et, dans certains cas, le double de la prime de
1965-1966.
Alors, il est grandement temps de voir à réglementer et
à superviser les associations de services. On nous impose ce que l'on
veut et on nous exploite de A à Z.
M. BOSSE: Pour ajouter aux explications de M. Prénoveau et pour
la satisfaction du député de Chicoutimi, il faudrait
peut-être dire que ce problème des associations de services,
les plus connues sont évidemment Diamond et LaSalle
n'existe pas dans le reste de la province, dans les autres villes, soit
à Québec ou ailleurs. Il semble s'être formée une
association du type coopératif ou d'un autre genre, mais elle n'est pas
contrôlée par quelques individus comme cela semble être le
cas à Montréal.
Il est évident qu'il y a eu de nombreuses plaintes quant aux
conditions ou à cette forme de dictature. En fait, on semblait imposer
des conditions plus particulièrement au niveau des assurances. La
régie interne semble assez rigide. Il semble à première
vue qu'il y aurait un contrôle limité par un certain nombre
d'individus à Montréal, alors que dans les autres villes du reste
de la province, c'est la formule coopérative qui semble dominer, qui
apporte en tout cas de nombreuses satisfactions à ses membres et qui les
fait bénéficier.
On peut déplorer le fait. Cependant cela demeure des associations
de services et, par des moyens très démocratiques, les membres de
ces associations pourraient après brève échéance
résoudre leurs propres problèmes. C'est là peut-être
une des raisons pour laquelle je n'ai pas voulu m'immiscer dans ce
problème, tout en connaissant et en prenant connaissance des diverses
plaintes qui ont été faites. C'est évident, cependant,
qu'il y a une satisfaction extrêmement grande et qu'il y a aussi une
forme de dictature ou du moins d'imposition de conditions sinon directement,
indirectement. Il y a là de nombreux abus. Cependant, je croyais
qu'à Montréal ou dans la région de Montréal, les
personnes oeuvrant dans l'industrie du taxi trouveraient, comme ailleurs dans
la province ou se modelant sur le reste de la province pour une fois, un moyen
de prendre en main leurs propres difficultés et de les résoudre,
parce que les moyens démocratiques existent. Je pense qu'en principe
l'Etat doit autant que possible essayer de ne pas s'immiscer dans les affaires
que les individus peuvent régler entre eux. Je ne pense pas que le
fardeau de l'organisation des associations de services incombe à un
ministère quelconque si la preuve est faite qu'il est possible que ces
situations soient réglées par les personnes impliquées
elles-mêmes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Bossé, je voudrais savoir de M.
Prénoveau si ce que vous dites, ce que vous proposez est possible, parce
que j'aimerais bien savoir comment fonctionne cette histoire d'association de
services. Cela n'existe pas, du moins sous cette forme, dans la région
que je représente. Quant à celle de Québec, nous
entendrons les représentants des taxis et ils nous diront ce qui en est.
Comment cela fonctionne? Est-ce que ce sont des gens qui ont des
intérêts dans la propriété de l'entreprise? Comment
vous sont imposés ces services qu'on vous propose? Je voudrais avoir un
tableau complet de cela.
M. PRENOVEAU: Si on regarde les concessions, le tarif, pour appartenir
à une association, dépend des concessions que cette même
association détient pour ne nommer que la Gare centrale, Jean-Talon, les
hôpitaux et certains hôtels. Le prix, les loyers, que l'Association
de services paie à ces gens-là nous sont chargés au
prorata du nombre de personnes dans l'association.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me permettez-vous de vous interrompre un
moment? Qui détermine les lieux?
M. PRENOVEAU: Chaque association, M. le député de
Chicoutimi, possède ses agents qui vont solliciter à gauche et
à droite des clients éventuels. Prenez comme la compagnie Bell
Téléphone, IBM, les hôpitaux. On est obligé de
payer. A ce que je sache, les hôpitaux sont des propriétés
publiques maintenant.
M. BOSSE: Mon collègue de Chicoutimi voudrait-il me permettre
d'ouvrir une parenthèse pour dire que dans la réglementation nous
entendons mettre un terme à toutes les formes de concessions.
M. PRENOVEAU: M. Bossé, dans votre rapport il y a une
recommandation à laquelle nous nous opposons et je pense vous en avoir
fait part lors d'une rencontre.
Il s'agit, si ma mémoire est fidèle, de ce que vous dites
à la page 43 de votre rapport, qu'une concession sera accordée
avec l'autorisation de la Régie des transports. N'ouvrez-vous pas
là, M. Bossé, la porte à du beau chantage et à
peut-être du patronage?
M. BOSSE: C'est là une interprétation que je
réprime avec beaucoup de vigueur. Je dois dire que la formulation qui
est exprimée ici n'enlève absolument rien au principe et à
l'expression de l'intention que nous entendons appliquer en ce qui a trait aux
concessions. La seule petite ouverture qui demeure, sous réserve
d'approbation de la Commission des transports, c'est évidemment pour
empêcher qu'il y ait de fausses interprétations sur le plan
juridique. J'entends par là, par exemple, que s'il y avait un terrain
qui appartenait à une association de services, on pourrait, au
pis-aller, le considérer comme une concession. Pour empêcher cette
équivoque, précisément, nous avons voulu réserver
à la Commission des transports le soin de déterminer ce
qu'était une concession. Dans notre esprit, une concession c'est
exactement ce qui existe, par exemple, à la gare de chemin de fer,
c'est-à-dire le CNR où il y a une exclusivité de services
de passagers à un édifice public appartenant à un
gouvernement ou à une entreprise privée.
M. PRENOVEAU: Ils sont obligés de payer une location d'à
peu près $45,000 par année.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie mon
collègue de Dorion des explications qu'il nous donne et de l'expression
d'intention du gouvernement.
M. PRENOVEAU: Dans les faits, c'est dangereux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, si vous le permettez, M.
Prénoveau. Le député de Dorion, ou M. le ministre, aura
l'occasion d'exprimer les intentions du gouvernement et l'interprétation
de certains textes qui sont contestés par les gens qui sont devant nous.
Ce que je suis à expliquer à M. Prénoveau c'est la
façon dont fonctionne ces associations de services et je voudrais savoir
le court et le long de cette histoire...
M. PRENOVEAU: Très bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour me prononcer lorsque le gouvernement
formulera des propositions pratiques qui se traduiront en termes
législatifs.
M. PRENOVEAU: Certaines associations, M. le député de
Chicoutimi, ont des terrains privés qu'elles exploitent comme postes de
taxi. D'autres également toutes les associaitons devrais-je dire
font aussi de la location ce qu'on appelle, sauf dans le cas de certains
hôtels, les hôpitaux, les cliniques médicales, etc., avec
lesquels elles ont des lignes directes.
Les associations profitent de leurs terrains et souventefois les
revendent avec un profit, mais ce profit ne fait jamais baisser le taux de la
cotisation de l'abonné. C'est toujours, en somme, le petit
propriétaire artisan, qui appartient à une association, qui paie
un montant x, disons d'environ $31.50 par mois, pour enrichir ces
gens-là, dans un sens, parce que leurs services doivent se limiter
à la répartition d'appels, point. Certaines associations nous
donnent également le privilège d'acheter de l'essence à
bon marché avec escompte comme on dit communément. Elles
détiennent diverses stations d'essence à travers la ville.
Diamond en possède 7 et LaSalle en a 5.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Des stations de service?
M. PRENOVEAU: Des stations de service. Nous n'entrerons pas dans ce
détail, mais si vous voulez connaître leurs opérations,
c'est ce qu'elles font. Il y a aussi les "charges" les charge accounts
qui forcent certains clients... dont les clients ont été
sollicités par les associations et dont nous acceptons les charges. Nous
nous servons de ces billets de charge pour payer notre essence.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Prénoveau,...
M. PRENOVEAU: Un instant, si vous permettez, je vais ajouter...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je vous en prie.
M. PRENOVEAU: Ce sont les contrats de service, je pense, que vous
cherchez à me faire dévoiler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. PRENOVEAU: Voici, nous en avons une copie entre l'Association des
taxis Vétérans et aujourd'hui c'est aussi l'Association Diamond.
Ces gens-là ne permettent pas aux membres, disons comme nous,...
si je fais partie, moi, du Diamond ou du LaSalle, strictement dans le cas du
Diamond de relations patronales-ouvrières.
Ils interviennent là-dedans.
Comme je vous disais tout à l'heure, lorsqu'on veut
empêcher quelqu'un de travailler pour moi, on fait du chantage et on dit:
Ce monsieur est condamné et rayé par les assurances et vous ne
pouvez pas l'engager. Alors, moi je détiens un permis, et le type qui
s'en vient travailler pour moi ne travaille pas pour l'association en fait. Il
travaille pour moi, c'est moi le détenteur du permis, tandis que
l'association de services est strictement le lien entre le détenteur du
permis et le public.
C'est pour ça qu'on mentionnait tout à l'heure à M.
Bossé que l'on régisse ces gens-là, qu'ils
détientent un permis d'une autorité provinciale, pour que, si
nous avons des revendications à faire, nous sachions où nous
adresser. C'est grave, ces choses-là et c'est écrit. Droits de
l'association, obligations des membres: Le membre sera soumis aux obligations
suivantes: De payer à l'association, lors de la signature de ce contrat,
un droit d'entrée non remboursable, tel que déterminé par
le règlement de l'association et de payer les dus mensuellement, tel
qu'aussi déterminé par les règlements de l'association
entre le premier et le cinquième jour de chaque mois.
Le défaut de se conformer à cette obligation
résultera en la résiliation ou l'annulation immédiate de
ce contrat sans avis, et le membre renonce par les présentes à
tout recours de ce fait. Vous qui êtes avocat, si je ne me trompe, vous
connaissez la portée de ces choses-là?
M. BOSSE: M. Prénoveau, me permettriez-vous une petite question?
Est-ce que vous avez l'obligation d'appartenir à l'une quelconque de ces
associations de services ou avez-vous le loisir d'appartenir à l'une
quelconque de ces nombreuses associations de services? Est-ce que vous
êtes dans l'obligation d'appartenir...
M. PRENOVEAU: M. Bossé, nous ne sommes pas dans l'obligation mais
forcément, par la force des choses, si nous voulons avoir des
employés, des chauffeurs, c'est là que nous allons puiser, c'est
le réservoir. Les associations ont un fichier de chauffeurs et c'est
là qu'on va fouiller pour avoir des chauffeurs.
M. BOSSE: Oui, c'est après avoir pris la décision
d'appartenir à l'une quelconque d'entre elles que vous vous plaignez de
certaines conditions que vous font certaines associations de services.
Cependant, vous avez le loisir d'appartenir à Beaubien Service Taxis ou
à une autre association.
M. PRENOVEAU: Ce qui est malheureux, M. Bossé, et je pense que
c'est la nature humaine qui veut ça, c'est que chaque personne qui dit:
Moi, je choisis le Lasalle parce qu'au Lasalle, en majorité, les
voitures sont plus propres, nous, on fait la même chose. Et 90 p.c. des
gens qui s'engagent dans une association ne lisent pas ces contrats et n'ont
aucune connaissance juridique pour évaluer ces contrats. Que voulez-vous
faire à ce moment-là?
M. BOSSE: S'il y a des choses irrégulières dans ces
contrats, je crois comprendre que ça pourrait relever du
ministère des Institutions financières. Cependant, je vois mal
que vous nous demandiez à nous d'aller lire les contrats pour les
chauffeurs de taxi avant de les signer. Je comprends qu'il y a quelque chose
d'abusif là-dedans.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici M. Bossé, le problème
n'est pas d'examiner tout l'aspect juridique de cette question-là. Ce
qui m'intéresse de savoir, c'est comment ça se passe, comment
vous requérez les services d'une telle association, quelles sont les
conditions qu'elle vous impose. Cela me paraît mettre en péril vos
entreprises et vous imposer des charges très onéreuses,
même si vous avez le choix de vous adresser à l'une ou l'autre de
ces associations de services.
M. LEGER: M. le Président, je crois que M. Prénoveau
pourra répondre à la question du député de
Chicoutimi. Dans le contrat, je pense qu'il y a une clause qui vous oblige
à prendre telle compagnie d'assurance, et c'est là le
problème, je pense...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est là que j'allais en venir pour la
question des assurances.
M. PRENOVEAU: Exactement. C'est là que nous disons qu'il y a
dictature de la part des associations de services en nous suggérant
telle et telle compagnie d'assurance, par contrat.
Et nous ne voyons jamais la police originale. On nous dit: Vous pouvez
être assurés pour $100,000 ou $500,000, mais nous ne voyons jamais
ces chiffres sur une police écrite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous êtes, à ce moment-là,
assuré personnellement et vous n'êtes pas détenteur, par
ailleurs, de la police?
M. PRENOVEAU: Non, c'est une assurance-groupe, monsieur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une assurance-groupe.
M. PRENOVEAU: Il y a une police-maîtresse et on nous remet une
copie comme quoi nous sommes assurés, mais sans aucun détail
spécifique quant à la couverture que nous pouvons obtenir de
cette assurance.
Maintenant, si vous voulez...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous en prie.
M. PRENOVEAU: ...des éclaircissements concernant le contrat de
services de la Diamond Taxi-cab Association, à l'article 9 on dit: "Le
membre devra souscrire à un tel nombre d'actions de $100 chacune de la
classe A, "membership", du capital-actions de l'association, qui pourront
être déterminées de fois à autre par le bureau
d'administration et devra payer le montant de cette souscription au pair par
tel versement mensuel, conjointement avec les cotisations mensuelles et les
primes d'assurance qui pourront être déterminées de fois
à autre par le bureau d'administration de l'association. Les certificats
d'actions représentant le nombre d'actions entièrement
payées seront émis sur paiement d'icelles, seront
déposés à l'association et seront attachés au
duplicata du contrat de services détenu par l'association. Les
numéros de tels certificats pour actions entièrement
payées seront inscrits sur ledit duplicata du contrat. Si le membre omet
de payer à l'association les cotisations mensuelles mentionnées
au paragraphe 6, ou les primes d'assurance mentionnées aux paragraphes 7
et 8, ou ledit versement partiel périodique mentionné au
paragraphe 9 des présentes, à la fin de chaque mois que ces
montants deviennent payables respectivement, son contrat sera
résilié ipso facto sans préavis, pourvu, cependant, que
ledit membre dispose d'un laps de temps de dix jours pendant lesquels il pourra
céder ou transférer le présent contrat
subordonnément et conformément aux conditions et à la
tenure générale 14 des présentes." La part, il ne l'a
jamais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Prénoveau, comme c'est une
association de services, on fait de vous, quand vous requérez les
services de ces organismes, des associés.
M. PRENOVEAU: Non, pas des associés parce qu'ils exploitent un
commerce...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez seulement des obligations, mais vous
n'avez pas de droits là-dedans.
M. PRENOVEAU: Absolument pas, nous n'avons pas de droits...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas de participation aux profits.
M. PRENOVEAU: Nulle part. Eux, font des profits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce que cela peut représenter
annuellement, en moyenne, dans le cas d'une association que vous avez
mentionnée, comme charge?
M. PRENOVEAU: Pour nous, cela représente une charge mensuelle de
$31.50. Si on multiplie par douze, cela fait à peu près $336.
M. LEGER: Ce n'est pas pour la part, cela.
M. PRENOVEAU: Non, c'est juste pour le service d'appel. En plus, nous
payons notre prime d'assurance. Si on revient sur le fameux problème des
assurances, ils combinent les deux: l'association de services et le service de
l'assurance. Il y a des propriétaires de taxis qui, cette année,
selon leurs opérations, ont subi des augmentations de primes d'assurance
variant de $3 à $55 par mois, et ce par voiture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous parliez tout à l'heure des
relations patronales-ouvrières. J'aimerais que vous explicitiez
davantage ce point de vue en regard des associations de services. Elles
s'opposent à ce qu'il y ait des relations
patronales-ouvrières?
M. PRENOVEAU: Presque, parce que la majorité de ces associations
n'ont pas de syndicat d'employés et ne voient pas souvent d'un bon oeil
les petits propriétaires s'organiser en syndicat professionnel, ou les
chauffeurs, peu importe, l'un ou l'autre. A chaque fois qu'il a
été question de syndicalisme dans le taxi, ça a
été une guerre et souventefois les associations ont tué le
syndicalisme qui voulait s'intégrer.
On a voulu expulser quantité de membres. A la Diamond Taxicab
Association entre autres, vous n'avez pas le droit de faire partie d'une
association. C'est dangereux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais vous poser une dernière
question, parce qu'il y a d'autres membres qui veulent vous interroger. Il faut
vider la question, c'est important. Ce que vous nous dites va nous servir
lorsque nous entendrons d'autres témoins.
Vous parliez tout à l'heure des endroits où se trouvent
situés les principaux postes d'appel. Est-ce que ces associations
s'occupent de la distribution des voitures à des stands?
M. PRENOVEAU: Non, chaque individu est libre de travailler au poste
qu'il veut. Nécessairement, si vous connaissez le fonctionnement de la
répartition des appels, on appelle un poste et, s'il n'y a personne, on
envoie l'appel au vol ou on va combiner certains postes qui sont
rapprochés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je laisse la parole à un
collègue, en vous remerciant, M. Prénoveau ; vous m'avez
instruit.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Transports.
M. TREMBLAY (Bourassa): A la compagnie à laquelle vous
participez, vous payez $31.50 par mois; est-ce que c'est un système
coopératif, avez-vous des dividendes quelconques qui vous reviennent
à la fin de l'année?
M. PRENOVEAU: Non, si je ne fais pas erreur, je crois que seule Diamond
est censée verser un dividende, mais pas sur les dus que nous payons
mensuellement.
M. TREMBLAY (Bourassa): Vous recevez des dividendes?
M. PRENOVEAU: Non, nous ne recevons pas... Seule, je crois, Diamond
Taxicab Association, qui vend une action à ses membres, paie un
dividende annuel, 1 p.c; il est ridicule et le membre ne le reçoit
jamais. Nous ne participons pas non plus aux profits que peut faire la
compagnie par notre versement de cotisation mensuelle.
Probablement, le problème que vous voulez soulever s'applique aux
assurances mensuelles que nous payons. Je vais finir ma pensée...
M. TREMBLAY (Bourassa): Nous allons revenir sur les assurances, mais je
voudrais vider cette question. Cela veut dire que cet argent-là ne va
pas aux travailleurs du taxi, il va à d'autres personnes inconnues?
M. PRENOVEAU: L'argent va aux propriétaires de l'association de
services.
M. TREMBLAY (Bourassa): Qui ne font pas le taxi?
M. PRENOVEAU: Non.
M. TREMBLAY (Bourassa): Ils louent les terrains, ils les
achètent, ils vous donnent les appels, etc., mais par contre vous n'avez
pas de dividende, ce n'est pas un système coopératif.
M. PRENOVEAU: Non.
M. TREMBLAY (Bourassa): Deuxièmement sur les assurances je
n'avais que ça à ajouter ce n'est pas de faire des
pressions comme j'ai dit hier, mais de rencontrer mon collègue. Je ne
sais pas si vous vous rappelez, mais l'hiver dernier j'ai même fait
certaines déclarations au sujet des assurances, que les bons payaient
pour les mauvais, c'est-à-dire que celui qui n'avait pas d'accident
pendant X années payait le même prix que celui qui avait cinq ou
six accidents. J'en ai déjà parlé avec le ministre des
Institu-
tions financières, duquel les assurances relèvent, et je
lui ai donné beaucoup de normes que nous avons au ministère des
Transports.
C'est une chose qui me préoccupe, pas seulement dans le domaine
du taxi, mais dans le domaine aussi des personnes en bas de 25 ans qui sont
obligées de payer $600 et $700 par année.
L'autre, qui a une auto sport, qui a des accidents, paie le même
taux. Là-dessus, je suis bien d'accord non pas pour faire des pressions,
mais pour rencontrer mon collègue pour lui faire part du fait que si un
chauffeur n'a pas d'accident, il ne doit pas payer pour celui qui en a.
Je voudrais ajouter autre chose. Si vous faites partie d'une association
et que vous n'avez pas le duplicata du certificat d'assurance, que vous ne
savez pas si c'est pour $100,000, $200,000 ou $300,000 que vous êtes
assuré, à ce moment-là, vous allez vers quoi, si vous ne
savez même pas pour combien vous êtes assuré?
M. PRENOVEAU: Au point de vue juridique...
M. TREMBLAY (Bourassa): Sur ce point-là...
M. PRENOVEAU: ... c'est inquiétant.
M. TREMBLAY (Bourassa): Vous n'avez aucune police d'assurance qui vous
renseigne?
M. PRENOVEAU: Concernant la responsabilité des assurances...
M. TREMBLAY (Bourassa): Est-ce que cela voudrait dire que la compagnie
même dont vous faites partie pourrait faire un profit avec la compagnie
d'assurance?
M. PRENOVEAU: Définitivement. Il m'a même été
proposé, M. le ministre des Transports, que si je pouvais réunir
450 personnes, je pourrais faire un beau petit bénéfice de
$25,000 par année strictement sur les primes d'assurance. C'est grave!
Si on continue dans le domaine des assurances, je crois que l'avocat
Bhérer, je ne me souviens pas qui il représentait... Il y a une
chose qui, probablement, s'adresserait au ministère du Transport.
Actuellement, c'est le propriétaire du véhicule qui est
responsable en tout temps de sa voiture et même de son opérateur.
Nous aimerions savoir s'il y aurait possibilité, à l'avenir, que
le contrevenant soit pénalisé et non le détenteur de
permis; autrement, c'est illogique. Nos voitures changent de mains. Si
quelqu'un possède, disons, cinq voitures; il ne peut pas les
opérer toutes lui-même, alors, il doit avoir des employés.
On ne peut pas donner une ligne de conduite aux employés. Nous ne
pouvons dire: Ne faites pas de virage à gauche, ne brûlez pas de
feu rouge. Il devrait être spécifié, dans une loi
quelconque, probablement que cela s'adresse au ministère des Transports
de ne pas révoquer le permis de taxi, si c'est
l'employé... C'est toujours le propriétaire qui est
pénalisé, c'est une guerre devant les tribunaux pour des voitures
sales que nous louons.
On va expliquer la location d'une voiture à la semaine. La
voiture est enregistrée à notre nom. A ce moment-là, la
police donne une contravention au type qui opère la voiture. Nous ne
sommes pas l'opérateur, souvent, de la voiture, mais nous sommes
pénalisés et nous devons payer des fois, pour un lavage qui
aurait peut-être coûté $1.50 au maximum ou $2, des
contraventions qui vont parfois jusqu'à $20 à la cour
Municipale.
M. TREMBLAY (Bourassa): A la cour Municipale de Montréal?
M. PRENOVEAU: Le stationnement aussi entre quatre heures et six heures
trente, $10.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. Prénoveau, vous connaissez très bien le
problème du taxi, on le voit par votre rapport et la facilité des
réponses que vous donnez aux questions qui vous sont posées.
Est-ce que, d'après vous, l'industrie du taxi a déjà
participé à la rédaction des règlements qui la
régissent?
M. PRENOVEAU: Non, jamais à ce que je sache, M. le
député de Lafontaine. Après avoir assisté à
quantité de séances en cette salle, je commence à
connaître les députés qui y siègent.
Malheureusement, jamais l'industrie du taxi n'a été
invitée à prendre part à sa réglementation, parce
qu'on nous a toujours ignorés. On a reconnu les associations dites de
services parce que ces gens-là étaient gros. Il y a des gens,
à Montréal, qui se font les porte-parole de tout le monde. Mais
une association de services n'a pas de mandat pour représenter les
petits propriétaires ou les chauffeurs qui travaillent à
l'intérieur de cette association. Ils n'ont aucun mandat pour ce
faire.
M. BOSSE: Pour ajouter un mot, si le député de Lafontaine
me le permet, dans la recommandation no 14, que je fais au premier ministre
dans mon rapport, est-ce qu'il n'est pas tenu compte, précisément
dans cette recommandation, de la formation d'un comité consultatif?
Est-ce qu'il n'est pas tenu compte précisément du fait que les
associations ne sont pas des représentants de l'industrie du taxi? Parce
que, précisément, les associations me font le reproche de ne pas
les avoir incluses dans le comité consultatif et les
éléments qu'on retrouve dans ce comité consultatif qu'on
veut former au niveau de chaque communauté urbaine ou
municipalité, comprennent les autorités de la
communauté ou de la ville, les représentants de chauffeurs, les
représentants de propriétaires artisans et les
représentants de groupes. Mais il n'est nullement fait mention à
nulle part de représentants de l'association de services,
précisément parce que nous ne croyons pas qu'ils sont les
éléments les plus représentatifs.
M. PRENOVEAU: Nous espérons, M. le député, que vous
allez tenir parole sous ce rapport.
M. BOSSE: Sous tous les rapports y compris le rapport Bossé.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre à ce sujet-là. Si le ministre des Transports peut
m'écouter... Est-ce que le ministre des Transports pourrait être
attentif? J'ai une question à lui poser. Est-ce que le
député de Bourassa pourrait écouter la question que j'ai
à lui poser? J'ai une question à poser au ministre des
Transports. Vous êtes toujours avec nous autres, M. le ministre?
UNE VOIX: Arrivez en ville!
M. LEGER : Voici la question que je voulais poser au ministre des
Transports. Dernièrement, le premier ministre, M. Bourassa, dans un
article d'un journal, disait qu'il voulait innover dans la façon de
présenter des lois, en permettant que les règlements, avant
qu'ils soient promulgués, soient présentés à des
commissions parlementaires pour étude. Alors, je vais demander au
ministre des Transports s'il accepterait, avant que les règlements qui
vont régir le bill 23 soient appliqués de le présenter
à une commission parlementaire, tel que le souhaite le premier ministre,
pour que nous puissions participer à l'élaboration de ces
règlements et aussi, peut-être, avoir comme témoins, les
personnes qui sont concernées dans le domaine, comme pour le bill 45
dont l'étude aura lieu la semaine prochaine.
M. TREMBLAY (Bourassa): Disons que cette question, si le premier
ministre... Je n'ai pas lu cet article-là. Si le député de
Lafontaine l'a lu, j'aimerais mieux qu'il pose sa question à l'honorable
premier ministre au lieu de la poser au ministre des Transports, car je ne suis
pas au courant de cette déclaration.
M. LEGER: Bon, alors, oublions la déclaration du premier
ministre. Est-ce que le ministre ne pourrait pas, aujourd'hui, nous assurer que
les règlements qui vont être présentés, étant
donné leur importance et leurs implications, seront
présentés à la commission parlementaire?
Est-ce que ce ne serait pas une bonne chose, M. le ministre?
M. TREMBLAY (Bourassa): En ce qui regarde les taxis, le premier
ministre...
M. LEGER: Pas seulement les taxis.
M. TREMBLAY (Bourassa): ... a donné un mandat au
député de Dorion, M. Bossé, pour faire enquête dans
la province. Alors, si le premier ministre a fait une déclaration sur la
réglementation qui doit les régir...
M. LEGER: M. le ministre, vous n'avez pas saisi ma question.
M. TREMBLAY (Bourassa): Sur les règlements du bill 23, je n'ai
pas l'intention de convoquer la commission parlementaire.
M. BOSSE: Si vous me permettez, sur la question très
spécifique du taxi, je voudrais ajouter ici que nous allons un peu plus
loin, c'est-à-dire que non seulement il est question de commission
parlementaire, mais nous dépassons ça pour rejoindre vraiment les
représentants de l'industrie du taxi en mettant sur pied des
comités consultatifs permanents. Evidemment, comment fonctionnent ces
comités consultatifs? Bien, ça dépend un peu des
participants, de ceux qui sont à l'intérieur. Leur dynamisme fera
peut-être en sorte que des améliorations pourront être
apportées, surtout si on tient compte des articles 5 et 8 ici qui
donnent énormément de pouvoirs au ministre, en tout cas
suffisamment pour améliorer les règlements au fur et à
mesure que les comités consultatifs auront produit des
résolutions ou des recommandations.
M. LEGER: Alors le ministre n'a aucunement l'intention de
présenter ces règlements à la commission parlementaire
comme l'a fait le ministre Tetley pour les institutions financières?
Vous n'avez aucunement l'intention de le faire?
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est le premier ministre qui a fait la
déclaration, posez-lui la question, à lui.
M. LEGER: Non, je parle au ministre des Transports...
M. TREMBLAY (Bourassa): Mais tous les règlements, c'est le
premier ministre qui en décide, alors vous poserez la question au
premier ministre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Lafontaine me permettrait de poser une question très importante? Il a
parlé de consultation en ce qui concerne la réglementation des
taxis.
M. LEGER: Je ne parle pas de la réglementation du taxi. Le projet
de loi 23, comme
plusieurs projets, a comme conséquence une série de
règlements, et c'est à ces règlements-là que je me
réfère, pas uniquement aux taxis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Auparavant, quand vous avez interrogé
M. Prénoveau, vous lui avez demandé si les gens du taxi avaient
été consultés lorsqu'il s'agissait de
réglementation. Moi, je voudrais greffer une question, si vous le
permettez, à la vôtre, parce que M. Prénoveau nous a dit
qu'on avait fait des tentatives d'organisation syndicale du taxi dans
Montréal, que ce n'était pas encore organisé parfaitement.
Est-ce que, justement, le fait de l'inexistence d'organismes du taxi
très représentatifs n'a pas été une des raisons
pour lesquelles on n'a pas pu consulter ceux qui étaient vraiment
intéressés à l'industrie du taxi?
M. PRENOVEAU: Dans un sens, c'est exact ce que vous affirmez, mais il ne
faut pas oublier que les associations de services, à chaque fois
qu'elles savent qu'il y a en formation soit un syndicat comme le nôtre ou
soit un syndicat de chauffeurs, s'organisent pour infiltrer quelqu'un à
l'intérieur et pour acheter tous les gars.
Nous représentons peut-être seulement 550 permis de taxi
à Montréal; c'est très minime. Nous n'avons d'attache avec
aucune association. Nous faisons face à un lion et nous n'avons pas peur
même si nous devons y perdre nos permis de taxi ou être
expulsés d'une association quelconque. Nous n'avons pas peur de
ça. Nous sommes décidés à régler le
problème du taxi. M. Bossé a jeté les jalons; il a
commencé. Le premier ministre lui-même, quand il était dans
l'Opposition, faisait une priorité de Murray Hill. Qu'il tienne à
cette priorité; nous sommes derrière lui pour l'appuyer de A
jusqu'à Z. Nous voulons avoir satisfaction.
M. LEGER: M. le Président, seulement une seconde. Sur ce
problème, je pense qu'il y a quelque chose d'anormal actuellement. Nous
écoutons des mémoires depuis l'ouverture de la commission
parlementaire. Jusqu'à maintenant, peut-être 15 ou 20 groupes sont
venus présenter des mémoires. Pratiquement, chaque fois que nous
avons entendu quelqu'un, il y avait un problème avec Murray Hill. Nous
l'avons vu avec les commissions de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, de la Communauté urbaine de Québec, avec les
taxis, avec des représentants des transports provinciaux. Jusqu'à
maintenant, nous n'avons pas eu l'occasion d'entendre la compagnie Murray Hill.
Je me demande comment il se fait qu'on ne peut pas les entendre. Je pose une
question bien directe au ministre j'ai entendu dire cela et je voudrais
qu'il l'infirme ou le confirme . Est-il vrai ou faux que Murray Hill a
demandé d'être entendue privément?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je n'ai jamais entendu parler de cela.
M. LE PRESIDENT: Un instant, M. Prénoveau. M. le
député de Lafontaine, pour votre information, le
représentant de Murray Hill sera ici cet après-midi pour
présenter son mémoire. Il m'a fait savoir que, ce matin, il ne
pourrait pas être présent parce que sa présence
était requise en cour. Il sera ici cet après-midi.
M. LEGER: Un autre procès?
M. BOSSE: Si vous le permettez, M. le Président, à la
suite des remarques de M. Prénoveau, je voudrais quand même
ajouter que les difficultés qu'il rencontre à l'occasion de la
formation d'un syndicat ou d'une association ne sont pas propres à son
secteur. Les méthodes d'intimidation font généralement
leur apparition à l'occasion d'une campagne d'organisation syndicale.
Cela n'est pas propre au secteur du taxi. Violence pour violence, cela n'est
pas différent dans un secteur plus que dans l'autre.
Evidemment, ça ne justifie pas ceux qui prennent des mesures
d'intimidation vis-à-vis les gens qui essaient de se syndiquer.
Cependant il reste que c'est un fait qui est une tradition dans l'ensemble du
secteur dans la province de Québec.
M. LEGER: M. le Président, quand on voit les problèmes qui
pourrissent, qu'il y a des personnes qui subissent des préjudices depuis
de nombreuses années, quand on voit que, depuis tellement longtemps, le
système a permis qu'il y ait des privilèges qui soient
donnés à certaines associations très puissantes qui
contrôlent le domaine du transport, le domaine du taxi, M. le
Président, je veux vous dire qu'on dit souvent que le bras de la justice
est long, mais je tiens à dire que si on ne règle pas le
problème, le bras de la justice peut être plus long, et à
ce moment-là on paie des pots cassés qu'on aurait pu
régler avant. Alors, M. le Président, je pense que cette loi
devrait prévenir ces abus et corriger les privilèges qui ont
été donnés à des associations qui, pas parce
qu'elles sont représentatives, mais parce qu'elles sont puissantes et
qu'elles ont des échos chez ceux qui font des lois, permettent des
situations qui peuvent être explosives.
Alors, M. le Président, je pense qu'il faut de plus en plus que
le ministre tienne compte des gens qui sont exploités et qui ne peuvent
plus attendre. Je pense qu'il faut régler au plus tôt non
seulement le problème du taxi, mais le problème du transport en
général. Je ne comprends pas pourquoi le ministre, qui est bien
disposé, ne voudrait pas, quand les règlements vont être
édictés, entendre au moins les sons de cloches des partis
d'opposition. S'il ne veut pas que la population vienne se présenter
ici, au moins que les représentants de l'opposition puissent faire
entendre les autres sons de cloches.
M. TREMBLAY (Bourassa): Pour répondre à la question du
député de Lafontaine, M. le
Président, je crois que le ministère des Transports, pour
une fois, pour la première fois, donne la chance aux artisans
propriétaires de taxi ou aux artisans camionneurs ou à d'autres
organismes de se faire entendre et d'amener un projet de loi. Si on a
accepté de venir en commission, c'est pour les entendre et essayer
d'améliorer, s'il y a lieu, certains paragraphes de la loi...
M. LEGER: Evidemment...
M. TREMBLAY (Bourassa): ... d'accord, seulement il faut être aussi
logique dans nos pensées. On parle toujours de droits acquis. J'admets
que ces gens-là sont peut-être exploités. J'ai
demandé, il y a quelques instants, s'il pouvait se faire un profit sur
les assurances entre les compagnies, les compagnies pour lesquelles ils
travaillent et les compagnies d'assurance, alors j'ai pris bonne note de ces
choses-là. Maintenant, après qu'on les aura entendus, c'est de
les étudier et de faire les règlements en conséquence.
Alors je crois que je réponds à votre question. Quant à
revenir en commission sur ces choses-là, c'est le premier ministre qui
en décidera.
Moi, je suis ici depuis cinq ans; je prends ma sixième
année bientôt. Or, on a siégé en commission et,
après, le gouvernement a fait les règlements pour la loi.
A ce moment-ci, je crois que ces gens-là s'expriment très
bien, clairement. Tout est enregistré; c'est à nous, après
de faire les règlements en conséquence. Vous parlez toujours de
droits acquis, mais il faut aussi donner justice à ces gens-là et
faire attention aux droits acquis. Il faut être honnête aussi. Il
ne faut pas les bercer d'un côté à l'autre. Je veux
être honnête pour tout le monde. Si ces gens-là n'ont pas de
police d'assurance, de duplicata dans leurs poches et qu'ils payent $800, $900
ou $1,200 par année, je trouve que c'est un non-sens. Je ne dis pas que
je vais faire des pressions, mais je dis que je vais dialoguer avec le ministre
des Institutions financières. C'est assez difficile d'être plus
ouvert que ça.
M. LEGER: Dans votre dialogue avec le ministre des Institutions
financières, est-ce que vous ne trouvez pas qu'une des solutions au
problème de l'assurance des taxis, comme aussi de l'assurance automobile
en général serait d'obtenir un résultat concernant une
politique d'assurance-Etat pour les automobiles?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je n'ai jamais parlé de police d'Etat,
pas du tout. L'hiver dernier, j'ai fait une déclaration je peux
le dire ici ce matin au sujet des compagnies d'assurance; j'ai dit que
les gens ne doivent pas payer pour les pots cassés des autres. C'est
ça que j'ai dit; je n'ai pas parlé d'assurance d'Etat pour les
automobiles.
M. LEGER: Mais vous n'avez aucunement l'intention...
M. LE PRESIDENT: Je rappelle le député de Lafontaine au
bill 23.
M. LEGER: M. le Président, je pense que ça a une incidence
directe sur le bill 23 puisqu'il y a un problème d'assurance dans le
domaine du taxi qui est relié au bill 23. Je demande au ministre s'il a
l'intention de se pencher sur le problème d'une assurance automobile
d'Etat.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. Prénoveau n'a pas demandé une
assurance d'Etat. Il a demandé d'avoir le privilège d'aller
s'assurer où il le veut à des taux raisonnables.
M. PRENOVEAU: Nous avons fait parvenir des représentations
à M. Tetley, le ministre des Institutions financières, en ce
sens-là. Nous aimerions avoir une enquête publique sur toutes les
assurances-automobiles au Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous permettez
ici...
M. LEGER: M. le Président, je n'ai pas terminé. Est-ce que
ça a rapport à cette question-là?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est en rapport avec l'observation de M.
Prénoveau, justement, à la suite des représentations que
vous avez faites. J'ai demandé moi-même à M. Tetley, le
ministre des Institutions financières plus précisément,
quelles étaient ses intentions en ce qui concerne
l'assurance-automobile, parce que je suis d'accord avec vous, M.
Prénoveau, qu'il doit y avoir une enquête là-dessus,
étant donné les problèmes très graves que ça
pose. Mais ici, à la commission parlementaire, ce matin, nous
étudions le projet de loi 23.
Je comprends qu'il y a une incidence de l'assurance dans le domaine du
taxi mais ce problème de l'assurance, en ce qui vous concerne, pour
l'instant peut être réglé par voie de négociations
avec vos associations, mais, dans le projet de loi 23, nous voulons
régler le problème du taxi comme tous les problèmes du
transport.
M. PRENOVEAU: En ce qui concerne les assurances, vous dites que
ça peut être négocié. J'ai essayé de
négocier, je vais vous relater juste un fait. A la suite d'une
augmentation d'assurance que je devais subir personnellement, parce que
j'exploite cinq voitures, j'ai sollicité quelqu'un d'autre, une
association rivale pour ne pas la nommer, la Beaubien que M.
Bossé mentionnait tout à l'heure j'ai pris tous les
renseignements à savoir: changement de fréquence pour les radios
et les lumières de toit. Parfait jusque là, très bien,
vous êtes le bienvenu, M. Prénoveau.
Maintenant, j'ai dit: En ce qui concerne les assurances. On me dit:
Monsieur, allez voir M. Legault à la Canadian Universal Insurance. Je
vous relate brièvement ce qui m'arrive. J'entre là, je me
présente, le monsieur ne veut même pas m'entendre parler vu que je
suis du taxi. Je dis: M. Legault, je posséderai, dans quelques jours,
une voiture privée, de promenade. Vous serez le bienvenu, monsieur.
Il y a dictature et connivence, à n'en pas douter. C'est pour
ça que nous avons fait des représentations auprès du
ministère des Institutions financières pour obtenir une
enquête publique sur les assurances.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Prénoveau, je suis tout à
fait d'accord avec vous là-dessus. Mais tout simplement, ce que je veux
vous faire observer ainsi qu'aux membres de la commission, c'est que ce matin
nous étudions le projet de loi 23...
M. PRENOVEAU: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour régler le problème
général du transport y compris celui du taxi. Le problème
des assurances, en général, relève d'un autre
ministère, celui des Institutions financières. Ce qui ne nous
empêche pas toutefois de vous entendre lorsque vous évoquez des
faits...
M. PRENOVEAU: Parce que ça fait partie intégrante de notre
commerce.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... aussi dramatiques que ceux que vous venez
de mentionner dans le cadre de votre entreprise de transport.
M. BOSSE: M. le Président, pour répondre au
député de Lafontaine, précisément, et
peut-être ajouter aux remarques du député de Chicoutimi,
dans mon rapport, à la page 49, les considérations
générales, il y a un petit paragraphe concernant les assurances.
Vous permettez, M. le Président, pour l'information des membres de cette
commission, que je le lise: Un grand nombre de gens rencontrés ont
réclamé la prise en charge, par l'Etat, de tout le champ de
l'assurance-automobile.
Les arguments à l'appui de cette suggestion sont des plus
valables et justifient une étude de cette question par des
compétences gouvernementales. Je comprends que je n'étais pas
dans l'ordre, c'était uniquement pour répondre...
M. LEGER: Pour rester dans le désert.
M. BOSSE: ... aux inquiétudes de l'honorable député
de Lafontaine.
M. LEGER: Je vais poser une autre question au ministre. Comment se
fait-il qu'une situation comme celle-ci existe, que la ville de Montréal
ne donne pas de permis de taxi et que la régie puisse donner des permis
pour un commerce analogue? Comment se fait-il que quelqu'un puisse dire: Je
n'ai pas de permis de la ville, je peux en avoir de la régie?
Qui en définitive a le mot final ou la juridiction finale pour
l'émission des permis? Est-ce la régie ou la ville de
Montréal?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je vais vous faire parvenir l'adresse de la
Régie des transports sur la rue Dorchester. Vous pourrez demander
ça au président de la Régie des transports. Elle est une
régie indépendante et elle pourra vous donner les raisons pour
lesquelles elle a attribué des permis de transport...
M. LEGER: A quoi sert un ministre des Transports s'il n'est pas au
courant de ce qui se passe dans son ministère? La Régie des
transports relève quand même de votre ministère, M. le
ministre.
M. TREMBLAY (Bourassa): Vous poserez la question...
M. LEGER: S'il faut que je fasse le tour de la province pour avoir des
renseignements alors qu'on a un ministre, ne mettons pas de ministre
là.
M. TREMBLAY (Bourassa): ... au président de la Régie des
transports. Elle est une régie autonome.
M. LEGER: Imaginez-vous quand un député ne peut même
pas avoir de renseignements à une commission parlementaire, comment des
gens du taxi peuvent-ils régler leurs problèmes, alors qu'ils ne
sont même pas outillés pour régler les
problèmes?
M. TREMBLAY (Bourassa): La Régie des transports est autonome et
elle a donné ces permis-là en 1965.
M. LEGER: Quand est-ce que la Régie des transports comparait
devant une commission parlementaire pour donner des renseignements?
M. BOSSE: Mais ça tramait depuis 1958.
M. LEGER: M. le ministre, quand est-ce que la Régie des
transports comparaît devant une commission parlementaire pour qu'on
puisse en obtenir des renseignements? Jamais.
M. TREMBLAY (Bourassa): On peut la convoquer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut la convoquer.
Je crois toutefois que la question du député de Lafontaine
est sérieuse. Il s'agit de savoir
et c'est très confus aussi dans mon esprit qui en
fait a autorité pour donner les permis. Est-ce que c'est la ville de
Montréal ou si c'est la Régie des transports?
Le ministre tout à l'heure a donné une réponse
mais, à mon sens, elle n'est pas non plus satisfaisante, parce que
là on se dit: La ville de Montréal donne des permis, la
Régie des transports en donne, qui a l'autorité finalement?
M. LEGER: C'est ça.
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est pour ça qu'on amène le bill
23, c'est parce que...
M. LEGER: Comment voulez-vous faire un bill 23 qui sera clair si vous
n'êtes pas au courant de qui a la juridiction?
M. TREMBLAY (Bourassa): C'est pour cette raison-là que nous
amenons le bill 23, parce que nous reconnaissons que le législateur
n'est pas au courant de certaines choses dont il devrait être au courant.
C'est pour ça qu'avec le bill 23 le législateur, vous comme moi,
sera au courant de ce qui se passera.
M. BOSSE: La Loi des transports va clarifier nettement les juridictions.
Il semblerait que le ministre des Transports aura juridiction sur
l'émission des permis, en tout cas en ce qui a trait à la
commission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce qui justifie la question qui a
été posée.
M. LEGER: Je demande au ministre, qui aura beaucoup de pouvoirs
après l'adoption de cette loi, de voir à ce que l'on
définisse qui a juridiction finale pour l'émission des
permis.
M. LAURIN: Une remarque additionnelle. Est-ce qu'on peut penser, M. le
ministre, que c'est l'une des raisons pour lesquelles certains organismes,
mieux instruits des subtilités et des échappatoires de la loi,
jouaient entre les deux paliers de juridiction? Quand ils n'étaient pas
satisfaits de la réponse de la juridiction municipale, ils allaient
à la juridiction de la Régie des transports.
Ceux qui n'étaient pas au courant de la loi, eux, étaient
obligés de subir les inconvénients de leur ignorance ou de leur
manque d'approche, leur manque de pouvoirs auprès de la régie ou
auprès de l'autorité municipale. Il est permis de s'instruire des
leçons du passé quand on examine une nouvelle loi.
M. TREMBLAY (Bourassa): La Régie des transports est autonome et
peut donner des permis. Le juge en chef peut autoriser, après audition
et avec ses régisseurs, les permis qu'il croit devoir autoriser pour
donner le service du transport dans le Québec et ce sans aucune
autorisation de la part du gouvernement, quel qu'il soit. C'est de cette
façon qu'agit la Régie des transports.
On m'a posé la question hier. Si j'interviens, on va me dire
qu'il y a ingérence politique. La Régie des transports a
émis des permis en 1967 et je suis convaincu que l'honorable ministre
des Affaires culturelles du temps n'était même pas au courant de
ce qui s'est passé à la Régie des transports et même
pas le ministre du temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. Je
pourrais corriger...
M. TREMBLAY (Bourassa): Ils n'étaient même pas au
courant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le ministre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Sinon, nous allons ajourner
immédiatement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il y a une présomption. Je suis tout
à fait d'accord avec le ministre lorsqu'il dit qu'il n'a pas à
dicter, à une régie autonome, ce qu'elle doit faire, mais le
gouvernement, quel qu'il soit, a l'obligation stricte de surveiller les actes
des sociétés qu'il constitue, des régies qu'il crée
et de voir à ce qu'elles rendent les services pour lesquels elles ont
été constituées.
M. TREMBLAY (Bourassa): On va la convoquer, la régie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Toutes les commissions, toutes les
régies indépendantes qui relevaient du ministère que
j'administrais et c'était le cas des autres ministres avec
lesquels je travaillais étaient surveillées.
M. TREMBLAY (Bourassa): Ce n'était pas difficile, dans votre cas,
parce que vous...
UNE VOIX: Vous êtes pas écoeurés, bandes de
caves?
M. TREMBLAY (Bourassa): Ce n'était pas difficile, dans votre
cas.
M. LEGER : M. le Président, avant d'ajourner et étant
donné que, malheureusement, je ne pourrai pas être ici
après-midi, j'avais plusieurs questions à poser mais j'aimerais
n'en poser que deux dernières, si vous voulez me permettre.
M. Prénoveau, tantôt, vous avez parlé d'un cas
précis. Il y a une personne que vous ne pouvez pas engager parce qu'il y
a le problème de l'assurance. D'une façon pratique, comment se
fait-il que, vous qui avez une assurance dans l'association où vous
travaillez, cette assurance puisse être une occasion de bloquer
l'engagement d'une personne? Est-ce que l'assurance est pour vous ou pour la
personne que vous engagez?
M. PRENOVEAU: C'est pour moi, nécessairement, parce qu'on assure
mon véhicule. Mais il faut comprendre que c'est simplement du chantage.
Nous avons pris nos informations auprès du service des permis de la
ville de Montréal à savoir que moi on appelle cela du
"booking" chez nous si j'engage quelqu'un, il doit être
enregistré à la ville de Montréal. La ville de
Montréal reconnaît légalement que Paul Prénoveau
détient un permis et il peut engager qui il veut. Par contre, les
associations de services se servent de cela pour jouer avec nous. Alors, c'est
du chantage et c'est une dictature. Parce que légalement, à
l'encontre des idées de l'association de services, nous pourrions
même engager la personne en question, et s'il survenait un accident, nous
ne serions pas responsables parce qu'il y aurait eu ingérence quelque
part.
Si vous me permettez, M. le ministre, pour ajouter à ce que
demandait tantôt le député, le 25 avril 1966, M. Henri
Paquette, qui est mon adjoint et le directeur des relations extérieures
de notre organisme, faisait parvenir une lettre à M. Maurice Lacroix,
chef du contentieux de la Régie des transports. Voici le texte de la
réponse de M. Lacroix: "Je regrette de n'avoir pu répondre plus
tôt à votre lettre, reçue le mois dernier, me demandant
quelques renseignements. "D'après les informations reçues, les
véhicules de la compagnie Murray Hill portent maintenant une
série spéciale pour les différencier d'avec les taxis. Ces
véhicules nécessitent un permis de la régie et, comme les
"drive-yourself", ils ne peuvent pas avoir de compteur. "C'est donc dire qu'en
plus de payer le coût d'immatriculation qui est de $1 par 100 livres,
comme les taxis, leurs propriétaires doivent payer des droits de
régie. "Quant à la définition de l'automobile de louage,
je ne puis que vous référer à l'article 27 du code de la
route où il est mentionné que celui qui conduit un
véhicule possédé en vue de le louer doit être soit
un chauffeur, soit un locataire de véhicule. "Nous sommes d'avis que le
prochain code de la route révisé devrait contenir une
définition de l'automobile de louage, mais il est encore trop tôt
pour vous dire quels en seraient les termes exacts."
J'ajouterai si je le peux, qu'en 1962, la Régie des transports
faisait une enquête sur le taxi à Montréal. On
déplorait le fait qu'il y avait trop de taxis encore à
Montréal, la même constatation que M. Bossé a faite et
publiée.
Mais par contre, quelques années plus tard, six ans plus tard
ce rapport d'ailleurs n'a jamais été rendu public
il a été déposé à l'Assemblée
nationale le 11 mai 1964, si ma mémoire est fidèle. De toute
façon, un an et trois mois plus tard, on a donné la
réponse et, par la suite, on a continué à laisser
augmenter le nombre d'automobiles de louage. C'est là que nous venons en
accord avec vous, parce que je crois que la ville de Montréal doit
s'adresser à la
Régie des transports en vue de l'augmentation du nombre de
permis. Mais depuis que les permis ont été gelés, on ne
permet pas l'émission additionnelle de permis de taxi.
Donc, de quelle façon pouvez-vous voir à régler le
problème, sinon en vous infiltrant, M. le ministre, dans la Régie
des transports?
M. BOSSE: Il n'aura pas besoin de s'infiltrer, parce que la nouvelle loi
donne juridiction. C'est là un des aspects bénéfiques de
cette loi.
M. LEGER: Vous avez dit tantôt, M. Prénoveau, que le
problème de Dorval n'est pas tout à fait réglé.
Comment ça fonctionne actuellement à Dorval pour les taxis en
général?
M. PRENOVEAU: Est-ce que le député de Dorion veut
répondre à ma place?
M. BOSSE: Non, allez, la question vous est posée.
M. PRENOVEAU: Disons qu'il y a une ligne d'attente pour Murray Hill et
une ligne d'attente pour tous les taxis. Vous avez deux lumières... Non,
pas 50-50.
M. LEGER: Vous avez dit une ligne pour Murray Hill seulement et une
ligne pour les autres taxis de Montréal?
M. PRENOVEAU: Oui, c'est ça. M. LEGER: Un cheval, un lapin.
M. PRENOVEAU: C'est ça. Nous avons un maximum, je crois...
M. BOSSE: Je regrette, un cheval, un lapin, il y a des choses, il faut
quand même avoir un minimum d'honnêteté quand on
interprète les situations. Alors, à Dorval, présentement,
je crois qu'il y a toujours une filée de taxis, je ne sais pas
exactement le nombre de voyages qu'ils prennent, mais proportionnellement, les
chauffeurs de taxi bénéficient largement de l'utilisation des
passagers comme source de revenu.
M. LEGER: Le député de Dorion va quand même admettre
que Murray Hill a environ 10 p. c. des taxis et la balance des taxis, c'est 90
p. c. Alors il y a une ligne spéciale pour 10 p. c. et une ligne
spéciale pour 90 p. c.
M. BOSSE: Je regrette, ce n'est pas exact, selon les chiffres que m'ont
donnés les autorités de l'aéroport de Dorval. S'il y a
deux lignes en fait il y a même trois postes il y en a un
spécialement pour les taxis des environs immédiats de
l'aéroport. Beaucoup de chauffeurs de taxi se plaignaient qu'ils
devaient faire de longs voyages de Montréal pour se rendre là et
par la suite prendre un petit voyage à $0.50 ou $0.75.
On a obvié à cette difficulté en accordant un poste
particulier aux chauffeurs de taxis des environs immédiats de Dorval, ce
qui permet aux chauffeurs de taxis de la ville de Montréal ou d'ailleurs
de faire exclusivement de longs voyages, c'est-à-dire au moins, en tout
cas, à l'extérieur des limites de la ville de Dorval.
Il y a, d'autre part, à côté, une autre
rangée de voitures et celles-là, ce sont les limousines de Murray
Hill. Le passager qui arrive a un triple choix, à savoir l'autobus, la
limousine ou le taxi. La disposition physique des voitures cela, je l'ai
vu personnellement est nettement favorable aux voitures-taxis avec
taximètre. La preuve qu'il doit y avoir là des sources de revenus
additionnels intéressantes, c'est que les taxis s'y rendent en grand
nombre. On fait toujours la queue à ce poste en commun. D'après
les chiffres que j'ai, les chauffeurs de taxis avec taximètre font
autant de voyages, sinon plus que les voitures de Murray Hill Limousines.
Cependant, je voudrais apporter une autre petite correction. On a beau
vouloir utiliser Murray Hill à toutes les sauces d'autres partis
ont fait des représentations mais il faut aussi avoir
l'honnêteté de dire que, lorsque Murray Hill détenait un
permis exclusif avec ses limousines à l'aéroport de Dorval, elle
ne commettait pas d'infraction à la loi. Elle n'avait rien de
particulier comme privilège. C'était comparable au
privilège que pourrait avoir Provincial Transport de faire le transport
des passagers de Montréal à Québec ou D'Anjou Transport de
transporter en vrac ou non de Montréal à Rimouski. Il n'y avait
rien de particulier; ce n'était pas un privilège. Peut-être
qu'à cause du contexte social, c'est moins acceptable. Ce n'était
pas plus particulier ou différent du droit exclusif qu'ont d'autres
compagnies dans d'autres secteurs.
M. LEGER: Il avait été question qu'il n'y avait qu'une
sonnette pour aviser les taxis d'avancer. Est-ce que cette situation a
été corrigée?
M. PRENOVEAU: Oui, il y a maintenant deux lumières. Si vous le
permettez, M. le Président, pour ne pas m'éterniser j'ai
reproché hier qu'on s'était éternisé le
vice-président de notre association, M. Brouillard, serait beaucoup
mieux qualifié que moi pour répondre à ces questions. Il
le fera immédiatement, si vous voulez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va l'entendre cet après-midi.
M. LE PRESIDENT: Je vais vous donner cinq minutes, pas plus.
M. BROUILLARD: M. le député, pour répondre à
votre question, il se produit ceci à l'aéroport de Dorval. Il y a
une voie bien définie pour les taxis de Montréal qui sont
présents et une voie qui est sans limite pour la Murray Hill Limousine.
Puis West Island Taxi et Dorval Taxi ont leur voie propre à eux avec un
nombre de voitures défini, restreint. Alors lorsque nous arrivons dans
la voie, il faut que les taxis passent par une barrière et
déposent $0.25 pour avoir accès à la porte avant. Rendus
à la porte avant, nous avons accès aux voyages qui arrivent,
à ce moment-là; au début, nous n'avions pas de
solliciteurs, maintenant nous avons des solliciteurs et il faut leur donner un
autre $0.25 pour avoir droit aux voyages. Ce qui nous fait $0.50 à
chaque voyage qu'on prend à Dorval.
Maintenant, ce qui se produit, faisant partie d'une association de
service, je paie déjà un service, un droit pour avoir le
privilège de prendre des voyages, et en plus on exige encore là
$0.50 à chaque voyage, ce que d'autres n'ont pas besoin de faire. Je
crois que si on veut discuter, dans un district, là on s'en va
maintenant vers un règlement métropolitain, d'ensemble
métropolitain, je ne voudrais pas discuter sur le passé mais sur
l'avenir, que ces choses-là soient réglées pour l'avenir.
Dans le présent, je n'ai pas d'objection qu'on continue comme ça,
mais pour l'avenir, que ces choses-là soient corrigées et qu'on
ne continue pas, nous...
M. LEGER: Murray Hill ne paie pas les $0.25?
M. BROUILLARD: Non.
M. BOSSE: M. Brouillard, pourriez-vous me dire qui est à
l'origine de ces ententes à l'effet, par exemple, de placer un
solliciteur et de demander $0.25 additionnel? Est-ce que ç'a
été imposé par quelqu'un, soit au niveau municipal ou au
niveau provincial?
M. BROUILLARD: Je pourrais vous dire que beaucoup de chauffeurs de taxi
étaient d'accord pour payer $0.25 pour prendre un voyage, mais de
là à payer une autre fois $0.25, il y a beaucoup de chauffeurs
qui ne sont pas arrêtés...
M. BOSSE: Ma question est: Qui a décidé d'ajouter un autre
$0.25? Remarquez que ce n'est pas un reproche que je vous fais, seulement, je
ne voudrais pas non plus qu'on laisse entendre que c'est quelqu'un d'autre que
les chauffeurs de taxi qui ont décidé ça. Ce sont les
chauffeurs de taxi.
M. BROUILLARD: Je ne le crois pas, M. Bossé.
M. BOSSE: Bien, qui a décidé?
M. BROUILLARD: Je n'étais pas présent, mais...
M. BOSSE: Bien, moi non plus je n'étais pas présent.
M. BROUILLARD: ... je puis vous dire que beaucoup de chauffeurs, avant
l'obtention du stand, ont proposé $0.25 du voyage. J'en suis un, je l'ai
proposé moi-même à la commission, je ne m'en cache pas,
j'ai proposé $0.25. Mais de là, j'ai bien dit à la
commission que les $0.25 pouvaient rapporter assez pour nous payer des
commissionnaires là qui pourraient nous aider. Mais ce n'est pas ce
qu'on a fait. D'autres chauffeurs ont demandé à payer $0.25 de
surplus pour avoir un solliciteur parce que l'autre compagnie avait des
solliciteurs.
M. BOSSE: C'est une décision provenant des chauffeurs de taxi
intéressés à avoir un meilleur service.
M. BROUILLARD: Oui, mais ces mêmes gens n'ont pas pensé
à l'avance à ce qui leur arriverait.
M. BOSSE: Bien, écoutez là...
M. BROUILLARD: Ils ont été jetés dans l'eau
bouillante et puis les propriétaires de taxi ont été
jetés dans l'eau bouillante par la police de Dorval. Cela devient
très dispendieux pour moi d'aller chercher un voyage à Dorval et
c'est là la rancune.
Je l'ai dit, M. Bossé, lorsque je vous ai rencontré, que
les gens ne voient pas assez loin dans le taxi, c'est malheureux. Mes
chauffeurs ont des billets de stationnement et la loi dit: Vous stationnez
votre auto, le chauffeur n'est pas dedans lorsque l'auto est stationnée,
si le chauffeur est dedans, l'auto n'est pas stationnaire.
On prend le numéro de plaque, on envoie le billet au
propriétaire cinq ou six mois après la date de l'infraction.
M. BOSSE : Mais quand je me stationne ici à Québec, quand
je vais au restaurant, on m'envoie le billet chez moi, aussi...
M. BROUILLARD: Mais vous n'êtes pas dans l'auto à ce
moment-là, vous êtes dans le restaurant.
M. BOSSE: ... et je ne suis pas chauffeur de taxi.
M. BROUILLARD: Un instant, M. le député. Vous n'êtes
pas dans votre auto, vous êtes dans le restaurant. Mais la chose est
différente autrement, le chauffeur est dans l'auto.
M. BOSSE : Sur les 30 places accessibles aux voitures, quand vous
êtes là, que vous soyez à l'intérieur ou à
l'extérieur, on ne vous donne pas de billet.
M. BROUILLARD : C'est la même chose pour les cas du restaurant.
Quand vous allez manger au restaurant, si vous êtes sur le terrain de
stationnement, vous payez votre cotisation, vous n'aurez pas de billet non
plus. C'est le même problème pour moi.
M. BOSSE: Vous parlez de location lorsque vous êtes à
l'extérieur du poste en commun.
M. BROUILLARD : A l'extérieur, c'est le danger qu'il y a. Il faut
qu'il y ait correction. Un chauffeur peut abuser d'un propriétaire. Un
chauffeur qui en veut à un propriétaire, c'est facile d'aller
à Dorval...
M. BOSSE: L'inverse est vrai aussi.
M. BROUILLARD: ... vous parliez tout à l'heure de location par
jour, remarquez bien, il paye $10 de location par jour pour une auto, il a deux
billets dans la journée. Six mois après, le propriétaire
reçoit deux billets, deux contraventions de $5. Que lui reste-t-il
sur...?
M. BOSSE: Vous touchez un autre point, vous n'êtes pas du
tout...
M. BROUILLARD : Moi, je veux que la commission soit prévenue de
la chose, et qu'on voit à régler ça au même moment
et non pas attendre dans cinq ans.
M. BOSSE: ... prendre des notes, j'étais bien conscient des
difficultés que vous rencontriez. Maintenant, le grand pas à
faire à Dorval allez-vous l'admettre? c'était
d'abord de faire en sorte que les chauffeurs de taxi aient accès
à l'aéroport et non pas exclusivement la compagnie Murray Hill
avec ses limousines et ses autobus.
M. BROUILLARD: Je suis d'accord, M. le député, mais je
n'aurais jamais pensé qu'on nous aurait lancé comme ça,
à Dorval: Arrangez-vous avec vos problèmes.
M. BOSSE: C'est justement pourquoi nous avons une loi qui va donner
autorité et juridiction sur l'ensemble du territoire et
éventuellement, je l'espère, la communauté urbaine.
M. BROUILLARD : Je le souhaite aussi et dans le plus bref délai
possible.
M. LEGER: Vous dites, M. Brouillard, que les taxis ont trente places
accessibles et la Murray Hill a une ligne sans limite.
M. BROUILLARD: Exactement.
M. LEGER: Alors, ils peuvent se placer n'importe où et...
M. BROUILLARD: N'importe où, même on les voit
stationnés en double et la RCMP passe et ne donne pas de billet. Si le
taxi de la ville de Montréal ou des banlieues est stationné
en
dehors d'une ligne qui est marquée "fin du stand" ou "fin du
stationnement", si il y a une de ces voitures qui est stationnée ou cinq
ou dix, on arrive deux voitures en trombe, on bloque la première et la
dernière voiture de façon à ce qu'aucun chauffeur ne
puisse partir, on prend les numéros de plaque et on envoie ça par
la poste au propriétaire de taxi. J'ai trois causes qui passent
actuellement à la ville de Dorval, et j'en aurai quinze que j'ai
reçues je reçois les billets de stationnement quatre
à la fois.
M. BOSSE: Vous touchez un autre problème, celui de la
responsabilité du chauffeur vis-à-vis du propriétaire de
la voiture. C'est un problème dont on a été saisi
évidemment...
M. BROUILLARD: Personne n'avait prévu cela au début.
M. LE PRESIDENT: Je crois bien que les représentants de
l'Association métropolitaine des taxis ne peuvent pas me faire le
reproche de les avoir empêchés de s'exprimer sur des sujets
même qui ont été assez vastes. On a couvert pas mal tous
les problèmes du taxi.
Nous allons suspendre nos travaux jusqu'à 3 heures cet
après-midi.
M. BROUILLARD: Je vous remercie et je laisse le dernier mot à mon
directeur.
M. PRENOVEAU: Je vous remercie, M. le Président, et je remercie
tout le monde d'avoir été aussi indulgent à nous
écouter. Espérons que l'on va passer à l'action
maintenant.
Reprise de la séance à 15 h 11
Le Service de sécurité et protection sur
la route
M. KENNEDY (président de la commission parlementaire des
Transports): A l'ordre, messieurs! Nous allons entendre M. Léandre
Proteau, qui représente le Service de sécurité et
protection sur la route. Je vais répéter ce que j'ai dit
antérieurement, je demanderais à ceux qui présentent des
mémoires d'être aussi brefs que possible dans leur
préambule, quitte à discuter plus longuement sur des points
spécifiques du projet de loi no 23.
Nous avons encore plusieurs associations qui ont demandé à
se faire entendre et nous aimerions bien donner une chance égale
à tout le monde. M. Proteau.
M. Léandre Proteau
M. PROTEAU: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de la commission, messieurs, je suis Léandre Proteau, de
Longueuil. Je suis président du SSPR Ltée, le plus jeune
mouvement en Amérique du Nord, de sécurité et de
protection sur la route et le seul du genre en Amérique du Nord.
Le SSPR soumet les quelques considérations qui suivent, conscient
de la nécessité d'une sensibilisation plus poussée de
l'automobiliste face à son comportement sur la route et, partant, de
toute la population routière devant les conséquences sociales de
son comportement. Bien que n'étant pas directement concerné par
le bill 23, Loi des transports, le présent mémoire se veut bien
sûr un encouragement et un appui à une refonte complète de
la Loi du ministère des Transports et de la Loi de la Régie des
transports de la province de Québec.
Il se veut avant tout, en ce qui le concerne, la voie d'une
réflexion plus intense, d'une prise de conscience personnelle, puis d'un
exemple et, collectivement, d'une éducation progressive.
Il est relativement facile, pour un automobiliste, d'imputer, en dernier
ressort, la totale responsabilité au gouvernement en matière de
sécurité et de protection sur la route. Les lois existent, elles
changent, elles évoluent. Malheureusement, trop souvent l'automobiliste
ne suit pas le mouvement. Le moment serait mal choisi de vouloir porter
atteinte à la liberté individuelle. Devant son comportement,
n'est-il pas plus sage d'en connaître à fond les causes? N'est-il
pas plus impérieux de chercher comment diriger le développement
anarchique des tendances que de lutter directement contre ce qui semble une
faute?
Le Service de sécurité et protection sur la route a
été conçu et créé dans cette optique.
Connaissant les fautes des automobilistes, comme le disait Hubert Renard dans
son livre intitulé "L'automobiliste et la morale chrétienne", il
s'agit de remonter à leur origine pour qu'il soit possible de
déterminer comment et à quel moment purifier la volonté du
conducteur.
Tout en adressant des voeux de succès et des félicitations
au ministre des Transports, M. Georges Tremblay, à son ministère
de même qu'aux membres de l'Assemblée nationale qui siègent
à cette commission, nous désirons également remercier
messieurs les journalistes, les dirigeants d'associations qui contribuent
activement à semer et à faire grandir l'éducation positive
des automobilistes sur la route.
Au nom du SSPR, qu'il nous soit permis d'exposer de façon plus
détaillée, dans les pages qui suivent, la philosophie comme telle
de l'entreprise, son orientation et ses structures, de même que les
modalités avec lesquelles nous entendons contribuer à
l'élaboration d'un service de sécurité et de protection
sur la route.
Nous sommes tous d'accord que l'automobiliste est un des types
caractéristiques évoquant un monde en pleine expansion et en
plein désarroi. Nous vivons dans un siècle qui devient
résolument celui du mouvement. La modalité est en train de
devenir une valeur clé dont nos décisions devront permettre un
meilleur développement.
Mais pour en arriver là, va-t-il falloir sacrifier les valeurs de
base qui font les grandes civilisations: le respect de la personne, de la vie,
la coopération, le civisme? "Par imprudence, fatigue, par vanité,
par hâte excessive, par maladresse, nous sommes des assassins, et chaque
lundi nous apporte le bilan de l'hécatombe. Mais la journée
même nous apporte son lot de préoccupations et nous oublions, pour
reprendre la route bientôt au risque d'être à notre tour,
des victimes. Personne ne peut accepter qu'il en soit durablement ainsi car,
à ne rien faire, on laisse le danger s'accroître alors qu'il est
déjà intolérable."
Ce cri d'alarme a été lancé par M. Edgard Pisani,
ministre de l'Equipement en France. Il dit de façon nette et
précise qu'il est temps que chaque automobiliste prenne ses
responsabilités dans le but de faire de la route non plus un tombeau
mais un moyen de structurer pour l'avenir une société plus
humaine, plus fraternelle.
En effet, les problèmes de la route, de l'automobile, prennent
une ampleur qui ne doit plus nous laisser indifférents. L'automobile
n'est plus seulement qu'un moyen de transport mais un facteur essentiel dans
les transformations sociales de l'économie mondiale. Nous sommes les
citoyens, les membres vivants de cette société. Il nous
appartient, à ce titre, de jouer notre rôle social partout
où notre action personnelle peut venir en aide à la
communauté.
L'automobile est un facteur essentiel dans les transformations sociales,
avons-nous dit. Doit-elle être un facteur de transformation
négative ou positive? Si on en juge par l'irresponsabilité de
certains conducteurs, par l'accroissement des morts violentes, des accidents
graves, on est porté à croire que la route est devenue un facteur
de destruction.
Il est vrai que notre civilisation automobile a moins de 50 ans... Or,
ce qui fait une civilisation, ce sont les rapports qu'ont, entre eux, les
membres d'une société, des rapports basés sur le respect
de l'homme, sa liberté, sa responsabilité.
Peut-on dire actuellement que l'automobile redonne à la personne
sa grandeur, sa noblesse et son épanouissement? Il est permis d'en
douter. Pourtant, l'homme du 20e siècle retrouve sur la route une
compensation aux frustrations que la société actuelle lui
apporte: dépersonnalisation, irresponsabilité, manque de civisme,
de courtoisie.
Ce qui nous fait croire que l'automobile doit être un facteur de
transformation positive, c'est justement ce besoin inné qu'a l'homme
d'établir des rapports avec les autres. C'est ce besoin profond qu'a
l'homme de rechercher chez les autres leur acceptation, leur approbation. C'est
ce besoin naturel qu'ont les hommes de fraterniser, de vivre en
société.
Le SSPR s'inscrit dans cette perspective d'avenir car l'automobile n'est
définitivement pas antisociale comme on est porté à le
croire.
En effet, ce n'est pas simplement en marchant que l'on fait attention
à son voisin, mais c'est surtout au volant que l'on ne doit jamais
cesser d'y penser.
Comment donc faire en sorte que le comportement des conducteurs
s'améliore, comment faire en sorte que cette crise de croissance
aboutisse vers une société meilleure?
Si vous me permettez, M. le Président, je vais vous donner les
trois points principaux et je termine.
Constitué en vertu de la partie 1 de la Loi sur les corporations
canadiennes, le SSPR est un organisme privé ayant comme but de grouper
dans un même mouvement tous les automobilistes de choix en
Amérique du Nord qui, volontairement, veulent prôner de
façon active les objectifs qu'il poursuit:
Premièrement, devenir participant d'un groupe distinctif
d'automobilistes où l'on pratique la fraternité, la
collaboration, la coopération, le civisme, la courtoisie et la conduite
préventive;
Deuxièmement, devenir membre d'un immense mouvement où les
participants volontaires désirent s'identifier comme des automobilistes
de choix et semer par leur attitude, leur conduite et le symbole visible de
leur groupement signal d'identification et de détresse en forme
de triangle l'éducation positive et continuelle à la
sécurité routière.
De la même façon, ils veulent protéger leur vie et
celle des autres. Par ce même signal ils désirent se venir en aide
en cas de panne sur la route, à titre d'automobilistes honnêtes,
serviables et courtois;
Troisièmement, devenir participant d'un immense mouvement
où les membres sortant de la majorité silencieuse veulent,
à titre de consommateurs, se protéger de façon active
auprès de tous les services publics identifiés à ce
mouvement: garages, hôtels, motels, restaurants, terrains de camping.
Je vous remercie de votre bonne attention. Etant le mouvement le plus
jeune, notre service n'étant qu'à l'état d'embryon, nous
aurons certainement l'occasion de vous rencontrer, ayant permis
d'améliorer, par notre travail qui se fera parallèlement à
celui des gouvernements, la sécurité et la protection de
l'automobiliste sur les routes. Je vous remercie.
M. BOSSE: M. Proteau, dans votre cas, étant le mouvement le plus
jeune, je pense que vous n'aurez pas à faire de demande de maintien de
droits acquis.
M. PROTEAU: Non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Proteau, je vous remercie de ce
mémoire qui est l'esquisse d'un code d'éthique de l'automobiliste
et je suis assuré que votre mouvement pourra s'épanouir. Je
souhaite que le plus grand nombre d'adhérents possible joignent vos
rangs.
M. PROTEAU: Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: M. Proteau, est-ce que, dans votre mouvement qui est à
ses débuts, vous avez déjà fait des études sur le
nombre d'accidents mortels sur les autoroutes comparativement aux routes
secondaires? Avez-vous des données quelconques?
M. PROTEAU: Je dois vous dire, bien franchement, que nous ne nous sommes
pas arrêtés à faire tellement d'études. Nous avons
pris les statistiques du ministère des Transports, de l'Office des
autoroutes, en considérant, par exemple, le nombre de pannes et les
circonstances de détresse qu'il y a sur la route. Nous sommes partis de
cette idée, considérant qu'il était grand temps que nous
reconnaissions sur nos routes quelqu'un qui était dans le besoin.
Aujourd'hui, vous voyagez sur les routes et pratiquement personne n'ose venir
en aide à son voisin, ayant des doutes sur la personne qui est en
détresse. Je ne voudrais pas m'attarder.
En passant, si M. le Président me le permet, il y a
déjà un certain temps que nous avons présenté ce
mémoire. Des personnes qui étaient présentes à ce
moment-là l'ont eu; d'autres qui sont présentes aujourd'hui ne
l'ont pas. S'il y a des personnes ici qui désireraient recevoir ce
mémoire, il nous fera plaisir de leur faire parvenir. Vous n'avez
qu'à vous adresser à case postale 158, Longueuil, Québec,
Canada, et nous vous ferons parvenir le mémoire en question.
M. LE PRESIDENT: Merci. Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Proteau, une simple question. Votre
mémoire est très intéressant, c'est un appel à la
prudence. On n'en fait jamais trop; il y a tellement d'accidents. Nous sommes
ici pour étudier le bill 23. Est-ce qu'on pourrait avoir votre avis sur
le bill 23? Vous n'en parlez pas dans votre mémoire.
M. PROTEAU: M. le député, il y en a suffisamment qui en
ont parlé. Je laisse à toutes ces personnes la discrétion
de l'améliorer. J'ai confiance aux membres de la commission, de
même qu'au ministre, que ce bill sera le plus perfectionné au
point de vue des lois ou des droits acquis des personnes dans la province de
Québec.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je suis obligé de vous donner
raison.
M. PROTEAU: Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Proteau. Si vous me le permettez, je vais
faire une remar- que. Je crois que votre mémoire aurait
été plutôt de mise lors d'une étude qui sera
peut-être faite sur la refonte du code de la route.
M. PROTEAU: Possiblement. On l'avait présenté au
ministère et quelques fonctionnaires du ministère m'avaient dit
que j'aurais avantage à le présenter de façon très
brève lors de l'étude du bill 23. Nous nous en sommes tenus
à cette idée et nous sommes venus le présenter.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Merci beaucoup, M. Proteau.
Association professionnelle des chauffeurs de
taxis
M. LE PRESIDENT: Maintenant, j'appellerai Me Mathieu, qui
représente l'Association professionnelle des chauffeurs de taxis.
Mémoire M-9.
M. MATHIEU: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, nous avons un court mémoire qui est
déjà, je crois, déposé ou qui sera distribué
par les préposés au service, mémoire signé par
notre président, M. Raymond Roberge, ici présent. Dans notre
mémoire nous notons que, suite à la parution du rapport
Bossé concernant le taxi, notre association n'est pas demeurée
indifférente aux recommandations de cette commission, consciente que
tous nos problèmes ne sont pas solutionnés même si on
appliquait toutes les suggestions contenues dans ce rapport. Il demeure que ce
document est grandement valable et doit servir de base à une
législation dans le domaine de l'industrie du taxi. Lors d'une
assemblée générale, ce document fut soumis aux membres de
notre association. L'unanimité des membres présents s'est faite
pour approuver les conclusions et l'esprit de ce rapport et pour
féliciter M. Alfred Bossé du travail qu'il avait accompli. Au
mois d'avril dernier, peut-être pour la première fois au
Québec, nos membres se sont rendus devant le Parlement provincial pour
dire merci aux autorités gouvernementales. Je dois vous noter que nous
avions profité de l'occasion pour discuter du problème des
assurances dans le domaine du taxi, problème qui demeure toujours une
grande préoccupation pour nos membres car ce problème est aussi
lié à la rentabilité du taxi et, de là, à la
rémunération de nos membres.
Cependant, la présentation du bill 23, Loi des transports, nous
intéresse et vous le comprenez sûrement. L'article 122 de ce
projet de loi retient particulièrement notre attention. Cette
façon de procéder, soit une réglementation adoptée
par le lieutenant-gouverneur en conseil, nous semble acceptable. Dans le
passé, il a été facile pour nous de faire nos
représentations aux autorités gouvernementales, lesquelles ne
sont pas demeurées insensibles à nos revendications.
Pour l'avenir, nous leur faisons confiance, espérant qu'elles
tiendront compte des quelques suggestions que nous désirons retrouver
dans la réglementation qui ne saurait tarder, suivant notre opinion.
Parmi les recommandations que nous aimerions discuter avec vous, vous avez la
recommandation no 1, à la page 52 du rapport Bossé. Elle dit
ceci: Que pour toute municipalité de 25,000 habitants et plus, la limite
pour l'émission des permis de voitures de taxi soit fixée
à un permis par 800 personnes. Nous croyons que la limitation devrait
être d'un taxi pour 800 personnes pour la ville de Québec, et un
permis pour 1,300 personnes pour les villes de banlieue.
Nous croyons que ce rapport avait été
particulièrement rédigé pour un problème qui se
situait dans la ville de Montréal, et nous notons qu'ici, dans la
région de Québec, un permis par 800 personnes, par exemple dans
des régions comme Sainte-Foy ou Charlesbourg, serait
exagéré. Nous en arriverions à un nombre trop
élevé.
Surtout du fait que depuis quelques jours, un événement
nouveau s'est produit, c'est-à-dire que, lors de l'arrivée d'un
bateau ici au quai, nous avons remarqué que la clientèle qui,
normalement, était desservie par les taxis, a été à
cette occasion desservie par un autobus de la Commission de transport de la
communauté urbaine de Québec.
A ce moment-là, ils ont quand même perdu une
clientèle assez sérieuse et lorsque vous arriverez à
déterminer le nombre de taxis dans la ville de Québec, il faudra
savoir si cette partie de clientèle continuera d'appartenir au taxi ou
si ces gens-là vont être servis par la Commission de
transport.
Il est évident qu'un taxi pour 800 personnes, c'est raisonnable,
si nous avons la clientèle que nous avions l'an dernier et cette
année pour la ville de Québec. Cependant, si la Commission de
transport empiète et accapare notre clientèle, ça devient
trop élevé comme nombre de taxis possible.
Aux recommandations nos 3, 4, 5 et 8, on note: l'annulation
immédiate de tous les permis pour lesquels aucune voiture n'est en
circulation et ceci sans compensation aux détenteurs; le décret
immédiat de la non-transférabilité des permis et la mise
au point de mécanismes de contrôle de cette
non-transférabilité; le retrait automatique et définitif
de tout permis dont le détenteur fait l'objet d'une condamnation en
vertu du code criminel, n'a pas comme occupation principale l'industrie du
taxi, abandonne le commerce ou décède; l'interdiction du doublage
dans l'utilisation des voitures de taxi.
Il nous apparaît évident et nécessaire de prendre
des mesures immédiates pour couvrir ces recommandations. Plus nous
attendons, plus il est dangereux que des émissions massives
même si des recommandations étaient faites aux autorités
municipales des différentes municipalités dans tout le
Québec de permis soient faites et à ce moment-là il
en coûtera d'autant plus au gouvernement ou aux autorités pour
aller chercher de nouveau ces permis.
Nous notons cependant, nous de l'Association des chauffeurs de taxi, la
recommandation no 5: on parle de retrait automatique pour une personne faisant
l'objet d'une condamnation en vertu du code criminel. C'est un point qui serait
peut-être discutable si nous pensons, au plan social, à la
réhabilitation qui est favorisée par les différents
gouvernements. On se demande si un chauffeur de taxi n'est pas
réhabilitable, lui aussi. Nous notons bien que cette recommandation
devait s'inscrire pour éviter que ce soit l'endroit où tous les
criminels se ramassent. Dans le passé, je crois que les chauffeurs de
taxi ont été dignes du travail qu'ils ont dû faire et nous
notons qu'il serait possible de corriger cette recommandation en apportant la
suggestion suivante: c'est-à-dire que celui qui aurait eu une
condamnation en vertu du code criminel pourrait se faire enlever son permis
sans, pour cela, qu'il lui soit enlevé d'une façon
automatique.
La recommandation no 6 invite, avec insistance, les propriétaires
de plus de vingt voitures à se départir volontairement du plus
grand nombre possible de leurs permis excédentaires. Dans la ville de
Québec, il y a une compagnie qui possède 61 taxis. Nous
favorisons une diminution immédiate de ce nombre afin d'atteindre le
nombre indiqué de vingt permis au maximum. Nous croyons que la nouvelle
réglementation devrait s'inspirer d'un règlement que l'on
retrouve à la ville de Québec et qui veut qu'un
propriétaire n'ait droit qu'à un permis et qu'à un
taxi.
La recommandation no 14, à la page 55, demande que soit mis sur
pied un comité consultatif du taxi, composé de deux
représentants des autorités de la communauté urbaine, de
deux représentants des chauffeurs de taxi, choisis et
délégués par ces derniers, de deux représentants
des propriétaires artisans et de deux représentants des
propriétaires de systèmes de taxis. Nous croyons que ce
comité consultatif devrait être ainsi formé. Nous aimerions
voir siéger un représentant de la Commission des transports du
Québec et des représentants de la Communauté urbaine, vu
qu'elle aura à voir à l'application des règlements du
taxi. Nous aimerions aussi voir représentés les chauffeurs de
taxi, ainsi que les artisans. Cependant, nous nous opposons à ce que les
propriétaires de systèmes soient doublement
représentés, du fait qu'ils le sont déjà par le
biais de leur association. Faisant déjà partie de l'Association
des propriétaires, ils le seraient de par ces représentants et de
part leurs propres représentants. Nous croyons que cette recommandation
se dirige surtout vers le secteur de Montréal et nous notons que, pour
la ville de Québec, cela ne devrait pas s'appliquer.
Dans cette réglementation éventuelle, il serait
nécessaire de prévoir un processus à suivre
pour obtenir l'émission d'un permis d'exploitation. Parmi les
critères à fixer, nous pensons que vous ne pouvez ignorer
ceux-ci, c'est-à-dire donner préférence à un ancien
chauffeur de taxi ayant pratiqué sa profession durant deux ans depuis
les cinq dernières années et exiger que le candidat passe, avec
succès, un examen portant sur la réglementation du taxi dans le
territoire à desservir afin d'avoir une certaine uniformité dans
les services offerts au public.
Dans le but de protéger les chauffeurs de taxi contre la
faillite, il serait nécessaire d'obliger le propriétaire du
véhicule à maintenir en vigueur une police d'assurance couvrant
la responsabilité du chauffeur pour une somme jamais inférieure
à $100,000. Il se pose un problème dans la région de
Québec j'imagine que cela se pose ailleurs c'est que, dans
les conditions de travail du chauffeur de taxi, il doit travailler souvent pour
un artisan, lequel prend une assurance de responsabilité qui ne couvre
pas son propre véhicule.
Lorsque surviennent des accidents et que cela est imputable au
conducteur, à cause d'une erreur de sa part, le propriétaire se
retourne vers son propre conducteur pour se dédommager des pertes
encourues lors de cet accident. Durant une année, il est assez rare
qu'un conducteur ne fasse pas un ou deux accidents, parce qu'il est toujours
sur la route.
Alors, chaque année, généralement, arrive la
période des vacances et on échange les vacances pour cette partie
de responsabilités ou de montants encourus pour un accident pour lequel
le propriétaire n'était pas assuré.
Donc, le conducteur est constamment en dette envers son
propriétaire. Nous croyons qu'il serait important d'exiger que le
propriétaire couvre la responsabilité du conducteur.
Nous espérons, messieurs, que ces quelques suggestions pourront
être retenues et serviront à l'élaboration de la
réglementation pour l'industrie du taxi dans la région de
Québec.
Voilà notre mémoire. Nous demeurons à votre
disposition si vous avez quelques questions à poser.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorion.
M. BOSSE: Félicitations, Me Mathieu, pour le travail que vous
avez accompli ainsi que votre association. Je voudrais d'abord apporter
quelques explications en ce qui a trait aux remarques que vous faites dans
votre représentation. Dans la recommandation no 1, qui a trait au nombre
de permis dans les villes de 25,000 habitants et plus, il est exact que c'est
un permis par 800 habitants. Par la suite, après diverses rencontres
dans de multiples villes de la province, il nous est apparu assez
évident que nous devions aussi considérer les villes de moins de
25,000 habitants et nous en étions venus à l'intention, en ce qui
a trait aux règlements, de permettre l'émission d'un permis par
1,200 de population dans les villes de moins de 25,000 habitants et de demeurer
ailleurs à un permis par 800. C'est là, évidemment un
objectif. Il faut considérer un peu les difficultés qu'on peut
avoir à l'atteindre dans la région de Montréal quand vous
avez dans la ville de Montréal, présentement, un permis par 326
de population.
A Québec, ici, c'est déjà beaucoup moins grave.
Cependant, il faut tenir compte dans les exemples que vous nous avez
donnés, qu'il est possible que les villes de banlieue, ici, soient
intégrées à l'intérieur de la communauté
urbaine. En conséquence, évidemment, avec la
règlementation à venir, ces villes de banlieue seraient
considérées comme partie intégrante de la
communauté urbaine et, conséquemment, tomberaient sous le coup de
la réglementation des villes de 25,000 et plus.
En ce qui a trait à la petite remarque concernant les services
publics, à savoir les services d'autobus dans des endroits
habituellement desservis par les chauffeurs de taxi, vous comprendrez qu'il est
assez difficile de s'opposer à l'établissement d'un service
d'autobus, si on prend aussi en ligne de compte l'intérêt du
client qui est, lui, le citoyen.
En principe, même si je n'ai pas à me prononcer
là-dessus, il m'apparaît bien clair que c'est un argument
difficilement défendable dans le but de favoriser spécifiquement
des chauffeurs de taxi. Même si la cause nous apparaît
extrêmement sympathique, on ne peut quand même pas empêcher
le citoyen qui peut bénéficier d'un service public à
meilleur marché d'avoir ce choix, cette possibilité.
M. MATHIEU: Si vous me permettez... M. BOSSE: Je vous en prie.
M. MATHIEU: ... à cet article, nous croyons que vu que la
Commission de transport de Québec est un organisme qui est,
jusqu'à un certain point, parallèle à la Communauté
urbaine de Québec, c'est-à-dire qu'ils sont reliés, mais
aussi indépendants sur le plan opérationnel, il semblerait que
lorsqu'un comité sera formé à la Communauté urbaine
de Québec pour régir les taxis, si vous avez, d'une part, la
Commission de transport qui est jusqu'à un certain point
indépendante relativement à la Communauté urbaine et si
vous avez le service de taxis qui est sous la juridiction de la
Communauté urbaine, eh bien, dans les zones grises, c'est-à-dire
dans les cas limites, il y aura toujours des conflits, à savoir à
qui appartient cette clientèle.
Dans le passé, avec les compagnies privées, il ne
s'était pas posé de question. Il y avait eu, il semblerait, une
entente assez facile. Il se peut que la Commission de transport de
Québec n'ait pas eu à vivre ces problèmes et qu'à
l'avenir une politique soit établie à cet effet.
Mais ce que nous croyons, c'est qu'on devrait centraliser les pouvoirs
entre les mains de la Communauté urbaine de Québec pour
qu'elle devienne le maître de la situation et qu'elle puisse faire
l'arbitrage, à savoir qui dessert telle ou telle clientèle.
M. BOSSE: Il m'apparaît que c'est une question
d'intérêt pour le public. Ce n'est pas une question
d'intérêt soit pour la Commission de transport, soit pour les
taxis. C'est une question d'intérêt pour la population qui a le
droit d'être desservie aux taux les plus bas, il me semble.
M. MATHIEU: Oui, mais c'est sur ce point qu'on note... si on devait se
diriger vers une exploitation de cette clientèle, c'est-à-dire en
desservant cette clientèle par un système d'autobus, un transport
en commun, au lieu d'émettre un permis par 800, il faudrait en
émettre un par 1,000 ou 1,200 suivant la clientèle qu'on va
enlever.
M. BOSSE: Je suis d'accord. Si ça devait avoir une
répercussion aussi importante, il devrait y avoir évidemment
reconsidération du nombre. Comme on le sait cependant, même dans
Québec, ici, on n'a pas atteint encore cet objectif d'un par 800. Je
crois que c'est un par 500 ou 600 ici.
Alors, c'est déjà une situation nettement
supérieure à la région de Montréal, cependant ce
n'est pas égal à la région de Sherbrooke, par exemple,
où il y en a un par 1,200, je crois, de population. Alors, là,
c'est idéal et on sent que le climat est meilleur, beaucoup plus
sain.
Je suis d'accord avec vous qu'à ce moment-là il pourrait y
avoir reconsidération, il n'y a rien qui empêche de modifier
ultérieurement ce nombre. Cependant, je pense que jusqu'à ce que
l'on ait atteint le nombre d'un par 800, il y a lieu... De toute façon,
vous avez les mécanismes pour vous permettre la discussion par les
comités consultatifs.
Je voudrais passer à la recommandation no 2 où, à
un moment donné, il est question de retrait automatique et
définitif de tout permis où le détenteur a fait l'objet
d'une condamnation en vertu du code criminel. Je suis d'accord avec vous. Suite
aux diverses rencontres, encore une fois, dans la province, il a
été convenu de spécifier en fait le type de condamnation
et aussi de le relier avec le travail.
Il est évident qu'ici, il ne s'agit pas de pénaliser,
d'enlever un permis de taxi au détenteur qui a été
condamné parce qu'il agissait comme bootlegger, ce qui est un acte
criminel. Il ne s'agit pas de ça. Il s'agit de spécifier, je
pense, et cela a déjà été convenu. Vos remarques
sont donc extrêmement pertinentes dans le cas.
En ce qui a trait maintenant au décret immédiat de la
non-transférabilité des permis, de la mise au point des
mécanismes de contrôle de cette non-transférabilité,
on peut affirmer que le premier ministre a fait parvenir, peu de temps
après avoir rendu le rapport public, une lettre à chacune des
municipalités de la provin- ce de Québec. Nous sommes très
fiers de dire que nous avons eu l'entière collaboration des diverses
autorités municipales sur ce point et qu'on a cessé
d'émettre de nouveaux permis. En ce qui a trait à la
non-transférabilité, on a aussi respecté cette mesure de
contrôle et elle a sûrement permis, jusqu'à ce qu'on puisse
recommencer de nouveau, s'il y a lieu, de mettre un peu d'ordre dans
l'industrie.
M. MATHIEU: M. le député, est-ce que nous pourrions savoir
si cette demande de gel des permis a été envoyée à
toutes les municipalités ou seulement à certaines?
M. BOSSE: Cela a été envoyé à toutes les
municipalités de 25,000 habitants et plus. Par la suite, on l'a
envoyée à un certain nombre de municipalités qui, se
prévalant peut-être de cet élément d'ignorance,
voulaient jouer le jeu de la spéculation ou de l'exploitation dont vous
avez parlé tout à l'heure, c'est-à-dire émettre un
certain nombre de permis. Je peux vous affirmer de ce
côté-là qu'il y a eu même des retraits de permis
après émission ou il y a eu cessation d'émission.
Maintenant, la situation m'apparaît sous contrôle dans l'ensemble
de la province, y compris dans les petits villages en banlieue immédiate
de villes de 25,000 de population. C'était là qu'on trouvait les
émissions de permis en vue de les exploiter dans la grande
cité.
En ce qui a trait à votre recommandation no 3, qui traite du
retrait volontaire d'un certain nombre de voitures pour les flottes, c'est
évident que la ville de Québec présente un problème
nettement différent de celui de Montréal. C'est aussi vrai que
Montréal présente un problème très particulier en
ce qui a trait à la province de Québec. Il y a des flottes
bien qu'elles ne soient pas tellement nombreuses si on pense aux grandes villes
comme New York, Paris, Londres, où il y a des systèmes de 200,
300 et 400 voitures à Montréal où le maximum
atteint, à l'heure actuelle, semblerait à peu près de 75
ou 80 voitures. C'est assez récent; c'est à la suite de nouvelles
acquisitions que des personnes ont faites, mais le nombre de 60 nous
apparaissait, au moment de l'enquête, en tout cas, le maximum, alors que
partout ailleurs on retrouve des systèmes...
Les systèmes, quoiqu'on en dise, apparaissent être un
service nécessaire aussi. Les jours où il y a mauvaise
température, nos artisans, pour ne pas être victimes d'accidents
et être pénalisés par les compagnies d'assurance, prennent
moins de risques, tandis qu'un système, c'est une entreprise d'affaires
et elle prend tous les risques pour faire de l'argent, évidemment. C'est
là d'ailleurs l'objet de ses investissements. Je suis d'accord que la
ville de Québec et on a pris cela en considération
pourrait ajuster sa réglementation pour qu'il y ait peut-être des
particularités concernant la Communauté urbaine de
Montréal.
En ce qui a trait au comité consultatif, nous savons et nous
tenons à féliciter d'ailleurs la région de Québec
qui avait déjà pris cette initiative. On peut même dire que
l'idée de l'inclure dans le rapport provient précisément
de la rencontre de votre comité consultatif que vous avez à
Québec et qui fonctionne très bien, à ce qu'on sait
évidemment des négociations habituelles entre les diverses
parties. Il y a ici une collaboration et nous l'avons constatée par
votre présence à ces comités. Cela fonctionne très
bien et c'est là d'ailleurs qu'est née l'idée d'y apporter
des modifications pour satisfaire aux besoins réels d'ici, de
Québec, ou d'autres villes. Je pense que ce serait opportun.
Le principe de la représentativité étant
respecté, les divers éléments composant l'industrie du
taxi, je ne crois pas qu'il soit tellement important que ce soit un groupe
plutôt que l'autre, dans la mesure où ce ne sont pas les
associations comme telles mais les individus comme tels qui soient les
représentants, pour bien assurer la représentation des groupes et
non, comme on le disait ce matin, comme à Montréal où
certaines associations l'ont réclamé, d'être les
représentants de l'industrie du taxi. Cela nous apparaît
plutôt faux. Conséquemment, en respectant les critères de
base, on n'a aucun inconvénient à les modifier pour les adapter
à l'ensemble de la province et faire s'il le faut pour Montréal,
une particularité.
En ce qui a trait aux critères à prévoir, il est
évident que, pour la réglementation future, on s'est
inspiré un peu de la réglementation qu'on a retrouvée
ailleurs, et cela ressemble fort à votre première proposition a),
donner préférence à un ancien chauffeur de taxi, ce qui
existe présentement à Toronto et à Paris. A Toronto, on
exige que la préférence soit donnée au chauffeur de taxi
qui a oeuvré au moins trois ans dans l'industrie à titre de
chauffeur de taxi depuis les cinq dernières années, alors
qu'à Paris on exige plus déjà, on exige d'avoir
été chauffeur pendant cinq années. Il y a une
préférence et on a tenu compte de cela pour la préparation
de la réglementation et, évidemment, il faut exiger que le
candidat passe avec succès un examen; cela va de soi, cela
m'apparaît même de toute évidence une
nécessité. Or, ici, en ce qui a trait aux assurances, je ne sais
pas de quelle façon on peut inclure cela, mais je suis d'accord sur le
principe; d'ailleurs, dans le rapport, j'en fais mention. Il n'y a pas
tellement une grosse différence non plus dans le prix des assurances
même si, à Montréal, présentement, la
réglementation exige, je pense, $35,000. D'accord, parce que la
différence de prix n'est pas tellement élevée et c'est une
plus grande protection. C'étaient des remarques peut-être de
nature à apporter des clarifications à votre mémoire, qui,
en passant, est bien fait. La collaboration de votre groupe jusqu'à
présent a été des plus réconfortantes.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le député de Chicoutimi,
est-ce que vous me permettriez juste une question dans le même ordre
d'idée?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Certainement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est une question au député
de Dorion, étant donné qu'il était président de la
commission qui porte son nom. Vous recommandez un taxi par 800 personnes, c'est
bien cela?
M. BOSSE: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quelle est la proportion actuellement dans
la ville de Montréal?
M. BOSSE: A Montréal présentement, dans la ville, c'est un
par 326 de population et, si on prend l'ensemble de la communauté
urbaine, c'est un par 386.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela veut dire que, si on applique cette
recommandation, à peu près la moitié des permis
disparaît?
M. BOSSE: Oui, mais, par exemple, à la ville de Saint-Pierre,
vous avez un taxi par 225 de population. Il y a beaucoup de villes, cependant,
qui ont déjà un taxi par 800 ou par 750. Il y a Lachine, entre
autres. Il y a quelques villes de banlieue qui ont déjà le quota.
Cependant, le pire, c'est vraiment la ville de Montréal, soit un par
325, et, présentement, on sait que le nombre de permis est gelé.
Or, ici à Québec par comparaison, je l'ai dit tout à
l'heure, c'est un par 600 habitants; à Sherbrooke, c'est une situation
déjà stabilisée, un par 1,200, je crois.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie et
félicite Me Mathieu. Je pense que, sur l'ensemble des propositions qu'il
a faites, la commission est d'accord et disposée à recommander au
ministre l'application des dispositions que vous exigez. Maintenant, il y a
quelques problèmes qui ont éveillé mon attention. Je
voudrais vous poser une première question, Me Mathieu. Vous avez
parlé de la Commission de transport de la communauté urbaine de
Québec et des relations que vous serez obligés d'avoir ou que
vous avez déjà eues avec cette commission. Est-ce que vous avez
poursuivi des consultations ou engagé des pourparlers avec la CTCUQ au
sujet des taxis et de cette clientèle dont vous parliez tout à
l'heure?
M. MATHIEU: M. le député, le problème que j'ai
soulevé est apparu il y a trois jours pour
un navire qui avait abordé à Québec. Depuis ce
temps, j'ai pu consulter M. Poisson même ce midi, je lui en ai
parlé, mais le problème n'a pas été discuté
au niveau de l'association et de la commission. Il se peut qu'il soit possible
d'en arriver à un règlement à ce niveau-là, je
l'imagine, mais cependant il demeurera toujours que peut-être il y aura
d'autres problèmes qui vont se poser parce que ce sera en fait deux
pouvoirs parallèles jusqu'à un certain point et il y aura
peut-être une concurrence entre les deux. Si une seule autorité
avait à décider de cette limite où l'un doit agir et
où l'autre doit agir, ce serait peut-être plus facile.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Mathieu, dans la ville de Québec,
comment s'effectue le transport des passagers qui doivent se rendre à
l'aéroport de l'Ancienne-Lorette? Est-ce que ces voitures, dites
aéroporteurs, sont la propriété de gens qui font
déjà du taxi?
M. MATHIEU: Si vous me le permettez, je vais consulter mon
président, qui est plus informé que moi.
M. BOSSE: Ici, à l'aéroport, il y a une exclusivité
pour la cueillette des passagers, c'est une Mme Breton.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux avoir la réponse du
représentant.
M. MATHIEU: Je vais demander au président de vous répondre
directement.
M. ROBERGE: Ici, à Québec, c'est une compagnie qui est
détenue par une dame Breton. Elle a un service de limousines, mais on se
sert plus des taxis que des limousines. Il y a Airlines Taxis, qui appartient
à Mme Breton. A ce moment-là, au lieu de charger les limousines
les premières, ils chargent les voitures-taxis qui viennent en
concurrence avec nous, toujours. Dernièrement, ils ont donné la
préférence aux taxis de Sainte-Foy et nous chargeons seulement
à la dernière rangée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, ça pose un problème de
concurrence dans votre cas...
M. ROBERGE: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dont se plaignent les gens que vous
représentez.
M. BOSSE: J'ai déjà prévenu le ministère
fédéral des Transports que, tôt ou tard, le dernier des cas
importants au Québec en ce qui a trait à l'accès à
l'aérogare reviendrait sur le tapis. Il y a déjà une
présomption qui vous est favorable. Je croyais de bonne foi que ce
problème avait été réglé entre les parties.
Cependant, si les taxis de Québec désirent avoir les mêmes
avantages que Dorval et Sept-Iles, je pense qu'il ne dépend que d'eux de
faire des représentations.
M. ROBERGE: Nous ne sommes pas contre le fait qu'il y ait un service de
limousines parce qu'à ce moment-là ça revient meilleur
marché au client. Mais il y a une chose certaine, c'est qu'au lieu de
charger les limousines les premières, on utilise le service de taxis
à $2 par tête.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, voyez-vous, je
comprends les interventions de mon collègue, M. Bossé, qui veut
courir au devant des coups, mais je connaissais l'existence de ce
problème et c'est la raison pour laquelle j'ai posé la question
à Me Mathieu. M. Roberge nous a donné la réponse. Il y a
un problème qui pourrait peut-être s'aggraver. Par
conséquent, le gouvernement aurait à en tenir compte et à
se pencher sur cette question.
M. BOSSE: M. le Président, le gouvernement n'a pas
hésité à prendre ses responsabilités, même si
ce n'était pas de son ressort.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aimerais bien que M.
Bossé, mon ami et collègue, ne m'interrompe pas constamment pour
venir à la rescousse du gouvernement dont il devrait être
ministre, à mon avis.
M. BERTHIAUME: Ne t'en fais pas, il dit ça à tout le
monde.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je dis ça à tout le monde, mais
je choisis les circonstances. Me Mathieu, dans votre mémoire, à
la recommandation no 6, vous parlez de ces propriétaires de
systèmes qui devraient se départir volontairement des permis
excédentaires. Vous mentionnez le cas d'une société qui
posséderait 61 voitures. Qu'est-ce qui justifierait que cette
société en particulier, qui a 61 voitures-taxis, diminue le
nombre de ses voitures?
M. MATHIEU: On prétend qu'il y a trop de permis en circulation
à Québec. Cette compagnie qui possède 61 permis n'utilise
en pratique qu'environ 27 permis. Dans le but de régulariser la
situation dans l'esprit du rapport Bossé, nous suggérons que les
permis soient retirés avant que la réglementation intervienne et
qu'on soit obligé d'indemniser ces corporations pour ce faire.
Comme ils ne sont pas utilisés, on demande qu'ils soient tout
simplement retirés.
M. BOSSE: D'ailleurs, si on remarque la recommandation no 3, elle se lit
comme suit: L'annulation immédiate de tous les permis pour lesquels
aucune voiture n'est en circulation, et ceci sans compensation au
détenteur. Cela fait l'objet, évidemment, d'une de nos
résolutions. Il est évident que si ces permis ne sont pas
rattachés à une voiture, ils doivent disparaître.
J'avais pensé, d'autre part, subsidiairement si l'on veut, que
c'était pour faire diminuer au prorata le nombre de permis des
systèmes, de telle sorte que les artisans conservent toujours le
même pourcentage par rapport aux systèmes. J'ai bien dit
subsidiairement.
M. MATHIEU: Peut-être. Les 61 permis sont peut-être
utilisés dans l'ensemble mais il demeure qu'en réalité on
n'utilise qu'environ 27 voitures par jour. C'est-à-dire qu'en rotation
il se peut qu'on passe les 61 voitures dans la semaine.
M. BOSSE: Ces permis sont rattachés à des voitures
présentement?
M. MATHIEU: C'est ça, en rotation. Les besoins sont
justifiés pour 27 permis.
M. BOSSE: Je m'excuse, mais je voudrais ajouter encore que dans l'esprit
du retrait d'un certain nombre de permis afin d'atteindre le 1 par 800, nous
songions toujours à maintenir les mêmes pourcentages c'est
pourquoi j'ajoutais tout à l'heure cette explication additionnelle
à réduire proportionnellement entre les deux groupes pour
ne pas créer plus d'injustice pour l'un ou l'autre des groupes.
M. MATHIEU: Tenant compte de la proportion des deux groupes.
M. BOSSE: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que ce retrait volontaire des permis
peut se faire vraiment volontairement par entente?
M. BOSSE: Si Me Mathieu ne le sait pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'excuse, je vais poser la question
à M. Mathieu et M. Bossé pourra ensuite parler au nom du
gouvernement.
M. Mathieu, est-ce que vous pensez que cela puisse se faire
volontairement, sur la base d'un "gentlemen's agreement", avec les gens qui
possèdent plus de voitures que vous voudriez les voir
posséder?
M. MATHIEU: Sur le plan juridique, à part une expropriation de
permis, il semblerait impossible d'effectuer ces retraits. Cependant, il
apparaît dans les recommandations qu'il faudra procéder de
façon progressive: par les décès d'abord, en ne permettant
pas le transfert de certains permis. Le retrait directement, à notre
avis, à moins d'une expropriation, il est impossible de le faire.
M. BOSSE: Si vous me permettez, sur la même question, je voudrais
ajouter...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, je vais poser mes questions
à M. Mathieu et le gouvernement s'exprimera après.
M. BOSSE: J'ai une réponse satisfaisante, je crois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'interroge le
témoin et le ministre me répondra lui-même tout à
l'heure.
M. Mathieu, vous parliez d'une société qui a 61 taxis.
Mécaniquement, comment peut se faire ce retrait volontaire? Est-ce que
vous avez l'impression que ce groupe qui a 61 voitures accepterait de se
départir de ses permis ou s'il faudrait procéder par voie
législative ou par voie de réglementation pour que cela se
fasse?
M. MATHIEU: Je crois qu'il faudrait peut-être commencer par
inviter les gens, c'est-à-dire négocier avec ces groupes autant
que possible pour retirer les permis dont ils ne se servent pas. Par la suite,
si c'est inefficace comme moyen, il serait peut-être nécessaire de
légiférer dans un sens semblable. Il n'y aurait pas d'autre moyen
à notre avis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Mathieu, à la toute fin de votre
mémoire, lorsque vous parlez de la protection des chauffeurs contre la
faillite, vous dites: Il serait nécessaire d'obliger le
propriétaire...
M. BOSSE: Sur ce point même, je voudrais ajouter ici une
information...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous pourriez revenir... M. le
Président, je regrette infiniment...
M. LE PRESIDENT: Je donne la parole au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... mais le député de
Dorion...
M. BOSSE: ... éclairer les questions une par une, au fur et
à mesure qu'elles nous arrivent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
député de Dorion, ayant été président de la
commission dite Bossé, a une vue de synthèse des
problèmes.
Même si on pose des questions qui portent sur des sujets
différents, il est capable, à la fin, de ramasser tout cela, de
nous faire une synthèse et d'exposer le point de vue du
gouvernement.
M. BOSSE: Il m'apparaît, M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pose une dernière question à
M. Mathieu.
M. BOSSE: ... que, dans la procédure habituelle, lorsqu'il
était question d'un point bien particulier, chaque membre de la
commission pouvait intervenir. En saine démocratie, il m'apparaît
que c'est là un bon procédé qu'habituellement les membres
de la commission n'hésitent pas à utiliser...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis tout à fait d'accord, M. le
Président.
M. BOSSE: ... pour être bien informés, évidemment,
alors que la question est encore claire à l'esprit de chacun.
Conséquemment, ce que je voulais dire sur cette question...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président; je n'ai
pas donné la permission à mon collègue de parler. Je la
lui accorde.
M. BOSSE: Je vous remercie, cher confrère. Cela étant dit,
sur la question de la réduction du nombre de permis, l'expérience
a déjà été faite. Je peux vous affirmer que, dans
la ville de Chicago, des compagnies ont convenu de retirer volontairement des
groupes de 500 à 600 permis.
Evidemment, il faut immédiatement conclure qu'il y avait un
intérêt. Par voie de négociations, les approches ayant
déjà...
M. DEMERS: La population était de combien?
M. BOSSE: Si vous me permettez d'aller jusqu'au bout.
M. DEMERS: Vous voulez répondre à notre question.
M. BOSSE: ... été faites, il apparaît que, lorsqu'il
y a un intérêt, les gens sont prêts à s'en
départir. Des chauffeurs de taxi ou des personnes dans l'industrie du
taxi admettront qu'avec la diminution d'un certain nombre de permis vous
augmentez la valeur commerciale des permis demeurant sur le marché. Vous
augmentez, de plus, le revenu, tout en diminuant le nombre d'heures de travail
parce que vous mettez à la disposition d'un groupe de voitures plus
limité une plus grande quantité de clients. Conséquemment,
vous augmentez le revenu et la valeur commerciale du permis.
C'est un raisonnement que tout bon capitaliste qui a fait de
l'investissement dans n'importe quel secteur sait comprendre. C'est pourquoi je
dis que c'est possible par voie de négociations et par voie de
volontariat de retirer un certain nombre de permis, plus
particulièrement pour les systèmes de taxis qui auront moins de
dépenses et moins d'investissements à faire pour retirer les
mêmes revenus ou peut-être plus de revenus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je...
M. BOSSE: Je remercie le député de Chicoutimi de m'avoir
permis de parler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... remercie le député de Dorion
de nous avoir donné cet exemple de la ville de Chicago, mais nous sommes
ici à Québec. C'est pour cela que je demandais à Me
Mathieu si...
M. BOSSE: Les hommes, à Chicago comme à Québec, se
ressemblent.
M. DEMERS: Quelle était la proportion à Chicago? Vous avec
l'air ferré sur Chicago.
M. BOSSE: C'était à peu près 10 p. c. du nombre de
voitures qu'il y avait. Il y avait eu, là aussi, l'émission d'un
excédent de permis. Je ne sais pas dans quel contexte.
M. DEMERS: Un taxi par 300 ou 500?
M. BOSSE: Je ne me rappelle pas les chiffres, très
honnêtement.
M. DEMERS: Vous croyez que, par bonne volonté et en
négociant...
M. BOSSE: Par le volontariat.
M. DEMERS: ... les gens de Québec vont embarquer
là-dedans?
M. BOSSE: Je demeure convaincu, par le volontariat, que n'importe quel
bonhomme qui a investi de l'argent dans un secteur donné et à qui
on donne l'occasion de faire autant d'argent en investissant moins de capital,
va accepter à n'importe quel moment, logiquement, de retirer un certain
nombre de permis.
M. DEMERS: Il n'y a aucun problème dans ce cas-là.
M. BOSSE: A première vue, il ne paraît pas y avoir de
problème.
M. DEMERS: Il n'y a aucun problème, c'est fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Mathieu, évidemment, c'est parce que
nous sommes à Québec...
M. BOSSE: Nous n'en serions pas au règlement d'un premier
problème.
M. DEMERS: Non, il n'y en a pas; c'est payant. Il n'y a personne ici qui
ne sauterait pas là-dessus.
M. BOSSE: Voilà.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voulais demander à Me Mathieu
n'embrouillons pas les
questions en utilisant des exemples que l'on pourrait aller puiser
à Chicago ou à Tokyo; le problème est à
Québec si, compte tenu de l'expérience qu'il a et de
l'expérience qu'ont les personnes qu'il représente, ce
volontariat semble possible.
M. MATHIEU: C'est une opinion très personnelle. Je crois que
c'est peut-être possible, mais il y aura certainement des
réticences. Les gens de Québec ont souvent compté sur leur
permis comme rente viagère. Quant aux compagnies, je ne pourrais pas
parler en leur nom.
Je pense que Me Boucher va me succéder au micro et il pourra
sûrement le faire mieux que moi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Me Mathieu, une dernière
question sur le problème de la protection des chauffeurs. Je devais en
parler tout à l'heure. Vous dites: "Dans le but de protéger les
chauffeurs de taxi contre les faillites, il sera nécessaire d'obliger le
propriétaire de véhicule à maintenir en vigueur une police
d'assurance couvrant la responsabilité du chauffeur pour une somme
jamais inférieure à $100,000."
Supposons qu'il y ait un propriétaire qui a dix véhicules.
Qu'est-ce que cela peut représenter comme coût d'assurance pour
les dix personnes qui conduiraient ces véhicules?
M. MATHIEU: Cela peut représenter peut-être, je ne sais
pas, $75 par personne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Environ $75. Je voulais le savoir, enfin, pour
les implications financières.
Alors, M. Mathieu, quant à moi, je suis heureux de vous avoir
entendu et je suis d'accord avec l'ensemble de vos recommandations. J'imagine
que mon collègue, le député de Dorion, voudra bien les
actualiser dans des textes législatifs ou dans une réglementation
formelle.
M. MATHIEU: M. le député de Chicoutimi, pour votre
information, il est arrivé dans le passé que des individus aient
un accident. Il y a une coopérative, une espèce de compagnie de
services, comme on disait ce matin, à Québec, la Co-Op, comme on
l'appelle, qui a des règlements, et malheureusement, ces
règlements, qui sont envoyés aux institutions coopératives
ou dans les ministères, semblent passer sans trop avoir
été examinés. Il y avait un règlement, entre
autres, qui empêchait un autre employeur d'engager un conducteur s'il
était en dette avec un autre propriétaire. Or, au moment
où il y avait un accident, le propriétaire jugeait que son
conducteur était en faute, il le notait à la direction, et
à ce moment-là, si le conducteur voulait s'engager ailleurs que
chez lui, eh bien, on lui disait: C'est impossible, tu es en dette avec un
autre, alors qu'il n'avait pas encore été jugé par les
tribunaux du Québec. C'est un règlement qui était
passé inaperçu, j'imagine, aux autorités. Cela date,
d'ailleurs, de peut-être quatre, cinq, dix ans, je ne sais pas. C'est un
règlement qui, définitivement, est excessif dans sa teneur.
M. BOSSE: Municipal?
M. MATHIEU: Non, c'est un règlement de la Co-Op.
M. BOSSE: De régie interne.
M. MATHIEU: De régie interne. Mais quand même, ces
règlements sont soumis aux institutions financières pour
approbation. Alors, à ce moment-là, notre association, les
conducteurs, les chauffeurs sont grandement pénalisés par
l'attitude des propriétaires qui contrôlent d'ailleurs cette
coopérative, qui en édictent les règlements,
c'est-à-dire qui votent les règlements et qui, à ce
moment-là, mettent souvent le conducteur entre le choix d'abandonner ses
vacances d'été pour payer cette faute ou bien de se retirer de la
circulation.
M. BOSSE: Avez-vous encore...
M. MATHIEU: Alors, c'est pour ça qu'on dit, nous, qu'il devrait y
avoir une protection. C'est pour ça que nous étions venus en
délégation, ce printemps nous étions environs 200,
je pense pour demander qu'on étudie le problème des
assurances dans le domaine du taxi, quitte à ce que les taux soient
fixés par une régie des prix sur le plan de
l'assurance-automobile. Qu'il y ait une régie, ou que l'on
étatise ce secteur en particulier, ce qui pourrait servir de stimulant
au reste du domaine de l'assurance. Mais on ne prône pas de politique
d'étatisation, cependant. Simplement, on recherche une solution à
ce problème qui apparaît être lié au sort des
conducteurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A Québec, Me Mathieu, est-ce que vous
avez de ces associations de services?
M. MATHIEU: La Co-Op. Le numéro est 525-5191.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la seule qui existe?
M. MATHIEU: Diamond aussi. Il apparaît que c'est une compagnie qui
donne le service. C'est une corporation privée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'à votre avis, à votre
connaissance, les conditions d'appartenance à cette association de
services ou à ces associations de services sont à peu près
semblables à celles que l'on a décrites, ce matin, en
écoutant les associations de Montréal?
M. MATHIEU: A mon avis, je ne croirais pas. Elles sont, en
général, beaucoup plus humaines. Cependant, il y a quelques
règlements qui sont excessifs par leur teneur.
M. BOSSE: Concernant le règlement dont vous avez fait mention
tout à l'heure, y a-t-il eu de votre part des représentations qui
ont été faites auprès du ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives?
M. MATHIEU: Nous sommes depuis quelques mois à essayer de
rejoindre qui décide dans tout ça. Nous avons certaines
difficultés dans le sens qu'il y a des administrateurs ou des
surveillants qui s'occupent des coopératives entre autres, qui voient
à l'administration et eux, ils ne voient que l'aspect pratique. Disons
qu'ils donnent des conseils administratifs, ça devrait fonctionner de
telle et telle façon, mais cependant, il y a l'aspect légal qui
ne les préoccupe pas ou du moins pas tellement.
M. BOSSE: Mais en faisant des représentations au ministre
concerné lui-même et non à ses fonctionnaires, n'y
aurait-il pas plus de chance pour vous de connaître des résultats,
c'est-à-dire, si j'ai bien compris, vous désirez faire rescinder
cette résolution?
M. MATHIEU: Celle-là et d'autres résolutions qui sont
sûrement inacceptables. Nous avons envoyé des mises en demeure,
nous avons discuté et il apparaît que nous serons peut-être
obligés d'aller devant les tribunaux pour faire casser certains
règlements.
Je note que nous avons fait des démarches pour avoir une entrevue
avec le sous-ministre et nous espérons beaucoup de cette entrevue.
Nous avons apporté cet aspect du problème pour noter
l'importance des assurances, qui sont grandement liées au sort du
propriétaire, j'imagine, mais surtout au sort qui nous préoccupe,
le sort des conducteurs, des chauffeurs. Si un chauffeur n'a pas eu la
prévoyance d'avoir une assurance pour se couvrir, s'il a un accident, il
est dans la rue, on le saisit. Il y a actuellement des actions en cour que je
devrai débattre à cet effet, une erreur du conducteur, et il est
assez rare qu'il n'en fasse pas une dans l'année. A ce moment-là,
soit qu'il vende, c'est-à-dire échange ses vacances ou il doit y
laisser sa fortune. Voilà.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Transports.
M. TREMBLAY (Bourassa): M. Mathieu, je veux vous remercier de vos bonnes
paroles. Maintenant, quel est le nombre de taxis en trop dans le Québec
métropolitain, disons ce que couvre la Commission de transport de
Québec? Est-ce que vous avez un inventaire bref qui nous dirait combien
il peut y avoir de taxis en trop, 50, 60, 100? Quel est le nombre qui serait
convenable?
M. ROBERGE: Dans le moment, il y a un taxi pour 400 de population; il y
a 400 taxis dans la ville de Québec et il y a 200,000 de population.
Alors vous pouvez juger par vous-même.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je vous pose la question parce que les secteurs
ne sont pas tous les mêmes. D'après le travail qu'il y a ici
à Québec, vous êtes dans le métier, combien
prévoyez-vous de taxis en trop?
M. ROBERGE: Il y en a de 175 à 200 en trop.
M. MATHIEU: Nous avons fait un mémoire il y a environ un an dans
lequel j'avais étudié ce problème, avant la parution du
rapport Bossé, et nous en étions arrivés à
prétendre que la solution était sur le plan métropolitain.
Cependant, le problème qui se pose, c'est que souvent il y a
concentration des taxis. Si les taxis étaient bien répartis sur
le territoire avec des secteurs, il se pourrait que le nombre actuel, moins
peut-être 100 ou 75, soit suffisant.
Si on laisse la liberté de travail, il y a une concentration au
centre de la ville au détriment de certaines régions comme
Charlesbourg ou autres. D'ailleurs, avec les annexions qui ont
été faites à Québec, les taxis des Saules et Vanier
sont venus travailler à Québec laissant la population
là-bas sans service.
Comme je !e notais dès le début, il faut tenir compte de
cette politique par secteur. Est-ce que la communauté urbaine va arriver
avec des règlements émettant des permis pour un secteur
donné ou si elle va laisser une liberté de travail dans tout le
territoire? A ce moment-là, il y aura toujours des problèmes.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Excusez-moi un moment. C'est sur le nombre des
taxis. Quand M. Roberge dit qu'il y a 400 taxis à Québec
actuellement...
M. ROBERGE: Dans la ville de Québec même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... cela ne comprend pas Sillery et
Sainte-Foy? C'est seulement dans la ville de Québec.
M. ROBERGE: Je pense qu'il y a 676 permis dans le Québec
métropolitain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon!
M. TREMBLAY (Bourassa): Il y a deux spécialistes ici: le
député de Chicoutimi et le député de Dorion. Comme
ministre, j'ai quelques questions à poser, mais je ne veux pas vous
poivrer de questions. J'aimerais savoir si, depuis la formation de la nouvelle
Commission de transport de Québec, cela vous a enlevé du travail,
si cela vous a causé préjudice.
M. ROBERGE: Dans le moment, on ne peut pas dire que cela nous a
affectés gravement parce que le système de transport n'est pas
encore organisé complètement. D'après ce que je peux voir,
il n'y a que quatre compagnies d'autobus d'achetées. Quand il sera
organisé au complet, cela va certainement nous nuire c'est officiel.
M. MATHIEU: M. le ministre, nous sommes la seule association au
Québec à être, je crois, accréditée et
syndiquée; nous avons pris de l'avance. Nous avons des conventions
collectives qui vont se terminer au mois de février prochain. Nous avons
l'intention de négocier la prochaine convention collective. Si on ne
peut pas régler le problème du conflit de juridictions ou
d'intérêts entre la Commission de transport et les chauffeurs de
taxis, l'Association des chauffeurs n'a pas d'objection à ce que la
Commission de transport accapare les permis et qu'elle donne le service,
sachant que les conditions de travail seront peut-être supérieures
à ce qu'elles sont actuellement et les salaires aussi. On ne met pas en
doute, actuellement, la valeur de l'entreprise privée, mais notre
désir d'améliorer nos conditions de travail est plus
important.
M. BOSSE: Est-ce que vous faites allusion au fait que la Commission de
transport de la communauté urbaine pourrait exproprier le service de
taxis? Est-ce à cela que vous faites allusion?
M. MATHIEU: Ce que nous disons, c'est que nous n'aurions pas
d'objection, nous, l'Association des chauffeurs.
M. BOSSE: Je crois que la communauté urbaine comme telle
au sens du projet de loi, je dis bien n'aurait pas cette juridiction,
d'abord, ni cette autorité. Je ne tiens pas compte des
représentations qui ont été faites par les diverses
communautés urbaines.
M. MATHIEU: Il se pourrait, M. le député, que cette zone
grise donne lieu à un conflit interminable, parce qu'en fait le profit
se situe dans cette zone. Si on améliore le service et qu'on fait en
sorte, durant le carnaval, de donner des services privés ou des services
additionnels, à ce moment-là, cela rend le taxi plus ou moins
rentable. L'Association des chauffeurs se dit bien prête à
travailler pour la Communauté urbaine de Québec ou la Commission
de transport. Remarquez que ce n'est là qu'une suggestion, au cas
où on n'arriverait pas à une entente.
M. TREMBLAY (Bourassa): J'avais une question à poser. Prenez la
ville de Vanier ou Québec même. S'il y a beaucoup de travail
à Québec même, la population de la ville de Vanier n'a pas
de services. Ce qui arrive, c'est que les chauffeurs je ne les
blâme pas vont où il y a le plus d'ouvrage et ce sont les
personnes de la ville de Vanier qui en souffrent. Si c'est une dame qui est
malade et qu'il faut qu'elle soit à l'hôpital en dedans d'une
heure, alors il n'y a pas de taxi. Alors, c'est assez difficile de fixer une
norme. J'ai pris la parole de M. Roberge qui a dit, tout à l'heure,
qu'il y avait 200 taxis de trop, mais c'est assez difficile d'avoir le nombre
juste, parce qu'il arrive assez souvent qu'ils s'en vont où il y a
beaucoup d'ouvrage et il y a des zones où les gens se trouvent à
ne pas avoir de services. Il faudrait, à ce moment-là, qu'il y
ait un équilibre.
M. MATHIEU: Voilà pourquoi on va suggérer que la
communauté urbaine applique des règlements ou donne des permis
limitatifs pour certains secteurs afin de desservir des secteurs
particuliers.
M. BOSSE: Sur ce point, Me Mathieu, l'expérience vécue de
l'intégration des divers services de taxis de plusieurs
municipalités dans la communauté urbaine ou ce qui lui ressemble,
la Commission métropolitaine de Toronto, il s'avère qu'à
l'occasion de l'intégration, il y a eu une concentration des services
pour une couple de semaines au centre-ville. Par la suite, chacun semble
s'être stabilisé, un certain nombre de voitures s'est
stabilisé dans les banlieues et d'autres au centre-ville. De la sorte,
après une petite période d'essayage, le service se retrouve assez
complet quand même dans les banlieues et dans les autres endroits.
Evidemment, la solution ultime pourrait peut-être se trouver dans la
proposition que vous faites. Cependant, en toute honnêteté, il
serait peut-être opportun préalablement de faire
l'expérience et la tentative de la proposition qu'on a faite,
c'est-à-dire faire l'intégration à l'intérieur d'un
territoire d'une communauté urbaine et, par la suite, si c'était
nécessaire, réviser cela, mais les expériences de Toronto,
Paris et New York semblent démontrer plutôt le contraire. La plus
près de nous évidemment, c'est Toronto.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Mathieu, dans votre mémoire, vous
parlez d'une compagnie dans la ville de Québec qui possède 61
taxis et vous recommandez que ce nombre soit réduit à vingt. Plus
bas, vous dites: "... nous croyons que la nouvelle réglementation
devrait s'inspirer d'un règlement que l'on retrouve à la ville de
Québec et qui veut qu'un propriétaire n'ait droit qu'à un
permis, qu'à un taxi." Est-ce que cela voudrait dire que c'est une loi
qui existe à la ville de Québec et que cette loi n'est pas
observée?
M. MATHIEU: D'après nos renseignements...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que cette loi existe
réellement?
M. MATHIEU: D'après nos informations, la compagnie avait des
droits acquis avant que le règlement soit passé.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Elle avait des droits acquis avant.
M. MATHIEU: C'est-à-dire qu'elle existait avant que ce
règlement soit adopté et mis en vigueur.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que c'est la seule qui ait plus qu'un
permis?
M. MATHEU: Non, il y a un propriétaire...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'étaient des droits acquis avant le
règlement?
M. MATHIEU: Exactement.
M. AUDET: M. Mathieu, vous parliez tout à l'heure au sujet de la
protection des propriétaires pour assurer les chauffeurs dans
l'éventualité d'accidents. Seriez-vous d'accord à reporter
sur la responsabilité du chauffeur les infractions possibles faites par
lui, soit la perte de son permis plutôt que la perte du permis du
propriétaire de l'automobile?
M. MATHIEU: C'est assez global comme jugement, ce que vous me demandez.
Je crois que c'est chacun sa faute. Il demeure que si le propriétaire
oblige le conducteur à conduire dans des conditions impossibles, il est
peut-être difficile de lui demander d'assumer la responsabilité
des infractions qu'il commettra, parce qu'il le fait dans des conditions
pénibles. Cependant, s'il le fait dans des conditions normales et qu'il
devient fautif, ayant une assurance pour couvrir sa responsabilité
civile, nous n'avons pas d'objection à ce qu'il assume sa
responsabilité. Sur le plan pénal, encore là, c'est sa
responsabilité et c'est sa faute, dans des conditions normales.
M. AUDET: Ce matin, je déplorais le fait que souvent l'infraction
du chauffeur retombait sur le dos du propriétaire, que celui-ci perdait
les permis de son véhicule, que c'est souvent...
M. BOSSE: On a fait allusion, je pense...
M. AUDET: ... trop onéreux pour le propriétaire, et on
demandait que la responsabilité retombe sur les épaules du
chauffeur.
M. MATHIEU: Globalement, c'est peut-être un jugement trop
sévère, mais je pense qu'il faudrait nuancer et faire un
partage.
M. BOSSE: Ce à quoi on faisait allusion, je crois, pour allumer
la lanterne de mon confrère, c'était surtout le cas d'infractions
à la circulation, la question des billets de stationnement, par exemple,
ou de vitesse. Cela n'est pas de même nature. Ce à quoi vous
faisiez allusion dans votre question avait plutôt trait aux assurances,
si j'ai bien compris, à la responsabilité à l'occasion
d'un accident. Cela n'est pas de même nature. Je pense que dans la
question, par exemple, des infractions, il est assez pertinent d'analyser
très sérieusement la responsabilité du conducteur, du
chauffeur, parce que le propriétaire, dans certains endroits à
Montréal où fréquemment on va changer de
propriétaire, reçoit cinq ou six semaines, quelquefois deux mois
après, des billets de stationnement dont il doit faire les frais. Cela
diminue de beaucoup le revenu ou le bénéfice ou augmente le
coût de l'exploitation. Sur ce point, je pense qu'il est important
d'analyser la possibilité de pénaliser le chauffeur. Mais sur les
questions d'accident, je pense que Me Mathieu nous a bien répondu qu'il
ne faut pas non plus rendre les conditions de vie difficiles pour le chauffeur.
Chacun ses responsabilités. Si le propriétaire réalise des
bénéfices, il lui incombe d'autre part d'accepter un certain
nombre d'obligations, entre autres l'assurance-automobile.
M. MATHIEU: C'est cela. Même sur le plan pénal, si on
oblige le conducteur à aller travailleur sur la Place d'Armes ou
ailleurs alors qu'on sait qu'il y a beaucoup de clientèle mais qu'il y a
un risque d'avoir des billets, ou durant une période d'hiver où
il y a un danger parce qu'il fait mauvais et qu'il doit stationner dans la rue
et peut écoper d'une contravention, on imagine qu'à ce
moment-là il devrait y avoir un partage de coût parce qu'il y a un
partage de profits aussi. Il travaille alors sous les ordres du
propriétaire.
M. LE PRESIDENT: Il n'y a pas d'autres questions? On vous remercie, Me
Mathieu, de la façon dont vous avez présenté votre
mémoire. Je crois que vous avez fait valoir vos points et je vous
remercie au nom des membres de la commission.
M. MATHIEU: C'est nous qui vous remercions.
M. LE PRESIDENT: Maintenant...
M. PRENOVEAU: M. le Président, est-ce que je pourrais...
M. LE PRESIDENT: M. Prénoveau, je ne veux pas vous enlever votre
droit de parole, mais je vais vous donner la permission d'être
très bref, une où deux minutes.
M. PRENOVEAU: M. Bossé vient de déposer entre les mains
des députés un éditorial de M. Pierre Pascau. Je trouve un
peu étrange qu'on ait attendu après notre témoignage pour
produire ce document. Est-ce que M. Bossé...
M. BOSSE: M. le Président, c'est justement sur ce point que je
demandais la parole. Si j'ai fait distribuer cette copie d'un éditorial
de Pierre Pascau, datant du mois d'avril, ce n'est sûrement pas pour
discréditer les chauffeurs de taxis comme tels dans la région de
Montréal. Au contraire, c'est pour mettre en évidence les
difficultés devant lesquelles se trouvaient les autorités
à quelque niveau qu'elles soient à l'occasion, par exemple, de
l'ouverture de l'aérogare à l'aéroport de Dorval.
Il est bien connu que M. Pierre Pascau, commentateur, avait pris fait et
cause pour les chauffeurs de taxis et s'était engagé assez
à fond dans cette sorte de bataille verbale. Il n'avait pas
hésité à démontrer sa sympathie pour les chauffeurs
de taxis vis-à-vis de qui on avait exercé un grand nombre
d'injustices, etc. Je voulais mettre en lumière ici le bien-fondé
de la remise entre les mains des autorités de Dorval de l'application de
certaines mesures de nature à assurer un minimum de surveillance
vis-à-vis des chauffeurs de taxi qui, indéniablement, tel que
l'affirmait le journal Montréal Star et tel que le répète
ici le commentateur Pierre Pascau, avaient nettement exagéré et
abusé à tous les points de vue vis-à-vis de la
clientèle.
Il ne s'agit pas, évidemment, de discréditer l'ensemble
des chauffeurs de taxi pour des gestes répréhensibles
posés par certains d'entre eux. Cependant, il faut faire la
lumière sur tous les événements et tous les aspects d'un
problème et avoir l'honnêteté, à mon avis, d'exposer
les choses telles qu'elles sont et non de favoriser seulement une partie
à l'occasion.
C'est uniquement ce que j'ai voulu faire, mettre en lumière les
difficultés devant lesquelles ont peut se trouver et ne pas voir
seulement un côté de la médaille. M. Pascau dit justement
cela. Ce n'était que pour justifier notre prise de position à
l'égard de la ville de Dorval.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, permettez-moi
là-dessus de dire un mot très bref pour déplorer cette
procédure. Voici que, après l'audition du témoignage de M.
Prénoveau, l'on nous fait distribuer un texte qui est simplement un
éditorial d'un journaliste au sujet duquel je n'ai pas à porter
jugement. Je ne veux ni commenter ni porter jugement sur le texte que l'on nous
a remis.
Je trouve cette procédure indélicate, surtout qu'il s'agit
simplement d'un éditorial qui fait état de certaines choses qui
existeraient peut-être mais qui ne sont pas prouvées. Par
conséquent, M. le Président, pour être très bref, je
déclare que le geste que l'on a posé est inusité dans les
circonstances, que l'on ne devrait pas répéter pareil geste et
que cet éditorial, même si les faits qui sont
évoqués étaient vrais, dans les circonstances,
étant donné que les gens que nous avons entendus ce matin ne sont
pas en mesure immédiatement de réfuter tout cela, est de nature
à abuser les membres de cette commission et pourrait laisser entendre
que les personnes que nous avons entendues ce matin, par la voix de M.
Prénoveau, nous auraient trompés.
Alors, jusqu'à preuve du contraire, je prends la version qui nous
a été donnée ce matin jusqu'à ce que
l'éditorialiste en question et le journal le Star nous donnent des
preuves très nettes que la situation que commente l'éditorialiste
est bien celle qu'il essaie de décrire sans pour autant apporter les
éléments de preuve qui nous permettraient de lui accorder une
certaine crédibilité.
M. BOSSE: M. le Président, si vous me permettez, il est
peut-être déplorable que cela ait été
déposé après-midi. Malheureusement, je ne l'avais pas en
main, je n'ai mis la main dessus que cet après-midi,
premièrement, et, deuxièmement, les faits qui sont relatés
dans cet éditorial se rapportent à des événements
passés, jugés et décidés.
Conséquemment, il n'ont aucunement comme effet d'affecter de
quelque façon que ce soit le ou les groupes concernés qui sont
ici, les porte-parole. Cet éditorial fait tout simplement l'image d'une
situation difficile et répond à un argument dans le rapport,
à la page 2, qui déplore le fait qu'on ait confié à
la ville de Dorval la surveillance et la juridiction. Ce n'est tout simplement
que pour mettre en lumière les difficultés et la
nécessité qu'avait le gouvernement en place de faire voter une
législation qui soit de nature à corriger de telles
situations.
Les faits relatés, évidemment, portent sur des articles
parus dans le Star; je ne suis pas non plus personnellement en mesure de les
prouver mais, d'autre part, ils ne semblent pas avoir été
contestés. Quoi qu'il en soit, ces faits et ces événements
sont dépassés. J'ai d'abord pris comme mesure d'aviser que ce
n'était pas dans un but de discréditer qui que ce soit.
D'autre part, le groupe concerné qui s'adresse à nous est
un groupe de propriétaires, alors que cet éditorial s'adresse
à des chauffeurs de taxi. C'était strictement pour mettre en
lumière la situation et, évidemment, si le fait est
inusité en soi, il faut aussi se rappeler que le fait de Murray Hill
à Dorval est inusité en soi. Il faudrait se rappeler que
ça ne se produit pas tous les jours dans la province de
Québec.
Il y a, de par les temps qui courent, des choses assez inusitées
qui se produisent dans cette province. Conséquemment, pour ma part, je
ne me scandalise pas de déposer des documents de telle nature, qui
permettent précisément à cette commission de voir un peu
plus clair dans le problème difficile et les difficultés qui
existent dans l'industrie du taxi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Psychologiquement, M. le Président, ne
pensez-vous pas que ce document est de nature à créer une
impression défavorable et qu'étant donné qu'il s'agit de
faits passés on n'avait pas raison de
déposer pareil document? Je comprends, avec le
député de Dorion, qu'il se passe bien des choses dans le
Québec. Il y a le problème de Murray Hill. Nous aurons,
d'ailleurs, l'occasion d'interroger les représentants de Murray Hill
tout à l'heure, mais il reste que ce document est déposé
sans explication.
Je remercie le député de Dorion de nous les avoir
maintenant fournis.
M. BOSSE: J'ai justement demandé la parole au président
dans le but de donner des explications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais nous ne les avions pas
tantôt.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je ne permettrai pas qu'on
éternise le débat. D'ailleurs, cela ne touche nullement le bill
23.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous le permettez,
il s'agit d'une question de procédure en commission parlementaire. Je
répète que cela est inusité. Je ne prête aucune
mauvaise intention à mon collègue. Il s'est expliqué,
mais, s'il ne nous avait pas fourni les explications qu'il vient de nous
fournir, je serais obligé de demander qu'on le condamne pour avoir
posé un tel geste.
M. BOSSE: J'espère qu'on ne me condamnera pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas en prison.
M. BOSSE: Juste une dernière remarque. Encore une fois,
l'intention n'est sûrement pas venant de quelqu'un qui
désire, du moins, améliorer les conditions de travail et qui n'a
pas hésité à prendre tous les risques afin que les
conditions qu'il recommande soient appliquées de
discréditer l'industrie du taxi dans Montréal, au contraire.
M. PRENOVEAU: M. le Président, juste deux minutes très
courtes. Nous avons déploré ce fait parce que les
propriétaires artisans et les chauffeurs étaient impliqués
là-dedans. Nous sommes allés plus vite que le gouvernement. Nous
avons pris l'initiative d'employer quelqu'un, à raison de $0.25 par
voyage, qu'il nous remettait, pour faire concurrence à Murray Hill. Le
répartiteur que nous avons engagé dit le prix au client et au
chauffeur; c'est entendu comme cela. Je vous remercie de m'avoir donné
l'occasion d'apporter un éclaircissement.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je voudrais juste rassurer ces messieurs.
Même si cela nous a été remis après le lunch, ce
n'est pas cet éditorial qui va changer le projet de loi ou ce qui a
été dit ici ce matin en commission.
M. PRENOVEAU: Non, mais nous le prenions comme une giffle à notre
égard.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je veux vous rassurer à l'avance...
M. PRENOVEAU: Très bien, merci.
M. TREMBLAY (Bourassa): ... et vous dire que ce qui compte, c'est ce que
vous avez dit ce matin et qui a été enregistré. Nous en
avons pris bonne note, comme le dirait le député de Chicoutimi,
et cela a été très bien enregistré.
M. BOSSE: M. le Président, pour rectifier certaines choses, je ne
vois pas d'inconvénient à ce que des citoyens, de quelque secteur
qu'ils soient, prennent des initiatives de nature à corriger des
situations. Cependant, ce qui est inadmissible, c'est qu'un groupe, quel qu'il
soit et quelle que soit sa bonne foi, prenne en main la réglementation
dans quelque secteur que ce soit. Ce serait nier tout la
nécessité d'une autorité à quelque niveau que ce
soit, au municipal, au provincial ou au fédéral.
M. PRENOVEAU: Je suis d'accord avec vous, M. Bossé, mais, vu la
lenteur de votre rapport à devenir loi vous savez comme moi que
le problème était très grave nous ne voulions pas
perdre ce sur quoi vous aviez travaillé. C'est pour cette raison que le
groupe de chauffeurs a pris l'initiative d'engager un répartiteur pour
avoir un peu plus de travail.
M. LE PRESIDENT: Je vous remercie beaucoup, M. Prénoveau.
J'appelle l'Association des propriétaires de taxi. Me Côme
Boucher.
Association des propriétaires de taxis
Me Côme Boucher
M. BOUCHER: M. le Président, M. le ministre, Messieurs les
députés, l'association que je représente a
été formée en 1944, ici à Québec. C'est une
association formée en vertu de la Loi des syndicats professionnels et
elle a toujours fonctionné depuis. Jusqu'à l'hiver 1970, elle
comptait presque tous les propriétaires de taxi de la ville de
Québec, sauf la compagnie dont on a fait mention jusqu'à
présent, à savoir la compagnie qui a 61 véhicules. Au
cours de l'hiver 1971, une autre association de propriétaires s'est
formée, après l'assemblée annuelle au cours de laquelle
une élection avait eu lieu. Alors, aujourd'hui, il y a deux associations
de propriétaires, à savoir celle que je représente et une
autre. Enfin, il y a l'Association des chauffeurs que Me Mathieu a
représentée et qui est maintenant accréditée
auprès de la Commission des relations du travail.
On pourrait ajouter également que l'association que je
représente compte environ, dans le moment, 250 propriétaires
artisans.
En ce qui concerne le bill 23 comme tel, nous n'avons à peu
près rien à redire. Nous constatons dans ce bill que la
juridiction est transférée à la communauté urbaine
au lieu d'être, comme elle l'a été jusqu'à
présent, à la ville de Québec.
Ce que nous ne savons pas, naturellement, c'est la réglementation
qui interviendra à la suite de cette loi. Il y a des principes
fondamentaux qui entrent en ligne de compte dans la réglementation qui
interviendra.
Tout cela, naturellement, part du principe qu'il y aurait trop de taxis
dans la ville de Québec et dans la plupart des villes. Alors, acceptons,
pour fins de l'argumentation, qu'il y a trop de propriétaires de taxis,
trop de véhicules. Il faut se demander comment faire pour les
réduire. C'est à ce point-là que les recommandations du
rapport Bossé sont justes, et nous sommes d'accord avec la
majorité de ces recommandations. Seulement il y en a une que nous ne
croyons pas très juste, à savoir celle qui prévoit que les
propriétaires de taxis ne devraient avoir qu'une seule occupation. On
procéderait à réduire le nombre de propriétaires de
taxis, premièrement, en enlevant ceux qui ont été
condamnés par les cours, une condamnation criminelle. Alors, nous sommes
d'accord sur cette première recommandation, sauf qu'il y ait des
modifications, qu'il y ait des restrictions, comme il y en a toujours eu,
d'ailleurs, dans le règlement de la ville de Québec. On
n'enlève pas un permis de taxi dans la ville de Québec parce que
quelqu'un a été trouvé coupable d'un vol à
l'étalage. C'est bien évident. Alors, cela a toujours
existé et, dans le règlement de la ville de Québec, il y a
une bonne division des crimes pour lesquels un chauffeur ou un
propriétaire doit perdre son permis. Je vous donne celui qui saute le
plus aux yeux, celui qui est condamné pour facultés affaiblies
à deux ou trois reprises. C'est bien évident et logique
qu'à un moment donné on dise qu'il ne peut plus faire de
taxi.
La deuxième recommandation est celle à l'effet qu'il n'y
ait pas de transférabilité de permis. A venir jusqu'à
aujourd'hui, les propriétaires de taxis ont toujours pu vendre leur
permis, pas officiellement, mais les propriétaires ont toujours vendu
leur automobile, le taximètre et l'équipement, et, toujours, le
permis de taxi avait une valeur marchande beaucoup plus élevée
que celle qui représentait la valeur de l'automobile et de
l'équipement.
Je suis heureux de constater que le rapport Bossé met cela
ouvertement sur la table, qu'il y a une valeur marchande au permis de
propriétaires de taxis. Nous sommes d'accord sur le fait qu'il n'y ait
plus de transfert de permis pour éviter le marchandage. J'ajoute
cependant que, dans la ville de Québec , il y a toujours eu une
restriction à ces transfers de permis, vu qu'une personne, une fois
qu'elle avait vendu, ne pouvait en acheter un nouveau avant cinq ans. Nous
sommes d'accord sur ce point-là.
Nous ne sommes pas d'accord sur la troisième recommandation,
à savoir que les permis devraient être retranchés à
ceux qui ont une double occupation ou dont l'occupation principale n'est pas
celle du taxi. Voici pourquoi. Naturellement, nous ne savons pas exactement de
quelle façon cela va se présenter ou de quelle façon cela
va se produire. Aujourd'hui, dans la ville de Québec, il y a environ 100
à 125 personnes qui sont propriétaires d'un permis de taxis pour
lequel elles ont payé une somme de $5,000 à $6,000. Si, du jour
au lendemain, on le leur enlève parce qu'elles ont une occupation
secondaire ou une autre occupation, je crois qu'il y a là une injustice
inacceptable. Si on nous garantissait, dans la loi ou dans les
règlements, que ces règlements n'auront aucun effet
rétroactif, je suis absolument satisfait. Si c'était dit, pour
l'avenir: "Les propriétaires de taxis n'auront plus le droit d'avoir une
double occupation," quoique ce soit un peu exorbitant. Je ne connais pas
beaucoup de domaines dans lesquels les gens ne peuvent pas ou bien où la
loi défend à une personne d'avoir différentes
activités.
Je crois que ça va un peu à l'encontre des droits de
l'homme. Quoi qu'il en soit, nous serions d'accord pour que ça se fasse,
parce qu'il faut que ce soit réduit.
Alors, on en vient là à l'indemnité. A venir
jusqu'à présent, personne ne nous a dit: D'accord, il faut
réduire les permis, on va vous enlever vos permis, messieurs, mais qui
va payer? M. Bossé nous a dit, j'espère respecter l'idée,
on nous a dit, lors d'une assemblée d'information aux chauffeurs,
à laquelle nous avons assisté, parce que nous l'avons su d'une
autre manière, que les permis seraient payés par ceux qui
resteraient en place.
Alors, ceux qui resteraient en place, naturellement ce seront encore les
propriétaires de taxis qui paieront. D'abord, nous ne voyons pas trop
comment cela pourrait se faire. Est-ce qu'on va exiger une cotisation des
propriétaires qui resteront en place pour payer les anciens
propriétaires qui sont partis? On ne le sait pas trop. On aimerait avoir
des éclaircissements sur ça.
Je dois ajouter cependant que, lors d'une entrevue avec M. Frigon, qui
m'a semblé très au courant de la question et qui travaille en
étroite collaboration avec M. Bossé, on nous a dit qu'il y a
possibilité qu'une partie soit payée par la communauté
urbaine, une partie par le gouvernement provincial, une partie par les
propriétaires. C'est une suggestion qui a été faite.
Bon.
Alors, nous aimerions savoir qui va payer ces permis qu'on va enlever
aux propriétaires, s'il faut en enlever 100, 150 ou 200. C'est un point
très important. Il me semble qu'il y a là une question
très importante de droit, et pour les gens qui font du taxi depuis de
très nombreuses années, qui ont une occupation secondaire, je ne
crois pas qu'on puisse le leur enlever du jour au lendemain.
Nous disons que si on nous propose un mode de rachat de ces permis, il y
a lieu de discuter, parce qu'il y a plusieurs personnes qui seraient
disposées à s'en départir si on leur offrait quelque chose
pour leur permis. Mais je ne peux pas me mettre dans la tête que les gens
vont se départir volontairement de leur permis.
J'en viens maintenant au cas de la compagnie dont on a parlé tout
à l'heure, qui a 61 permis. Cette compagnie a 61 permis de taxi, 61
véhicules automobiles. Alors si cette compagnie garde 61
véhicules automobiles dans le moment, si elle trouve que c'est rentable
dans le moment de les garder, je vois assez mal qu'elle va s'en départir
volontairement. Et je vois plus mal qu'elle va s'en départir, parce
qu'elle réalise que la réduction se fera chez les
propriétaires artisans au prorata du nombre qu'elle a. Alors, de toute
façon, elle sait que si, dans une année, il y a dix
propriétaires artisans qui disparaissent, il y en aura au prorata chez
elle. Elle sait, de toute façon, que son nombre va être
réduit à un moment donné à 20, 30 ou 50, alors,
elle n'a pas intérêt à s'en départir
volontairement.
Nous sommes également d'accord avec M. Bossé sur la
question du seuil de rentabilité. C'est un objectif qu'il y ait un taxi
par 800 personnes, quoique, encore là, nous croyions que 800 personnes
dans la ville de Québec n'exigent pas nécessairement le
même nombre de taxis que 800 personnes dans la ville de Sherbrooke ou de
Trois-Rivières ou de Rimouski, parce que la ville de Québec a
certainement un caractère que d'autres villes n'ont pas, à
savoir: le gouvernement provincial est ici, beaucoup de touristes durant
l'été, il y a le carnaval durant l'hiver. Alors, je ne
conçois pas qu'une norme aussi rigide puisse être appliquée
de façon générale. C'est assez difficile à
déterminer si c'est un par 800 ou un par 900 ou un par 700. Un par 800
est probablement pas mal juste.
Je voudrais également parler un peu de la question des relations
patronales-ouvrières dans la ville de Québec. Sans faire de
reproche, bien évidemment, à M. Bossé, je crois que le
rapport est plutôt axé sur la question des relations entre patrons
et ouvriers, et essaie de donner de bonnes conditions de travail aux ouvriers.
Je suis entièrement d'accord sur ça.
Mais si on parle de l'industrie du taxi, je représente les
propriétaires et non pas les ouvriers. Alors, pour ce qui est de la
ville de Québec, mon confrère qui m'a
précédé représentait l'association des chauffeurs,
qui est accréditée, il y a eu une convention collective de
signée entre les deux parties.
C'est une chose unique. Comme mon confrère a dit, c'est exact,
c'est une chose unique qui existe dans la province de Québec.
Quand on parlait du paiement des accidents par les chauffeurs, tout
à l'heure, et qu'on semblait en faire une grosse affaire, il y a une
clause dans la convention collective qui prévoit cette chose. C'est une
chose qui doit se négo- cier, je crois, au plan de la convention
collective.
Au sujet des assurances, je crois également que c'est sujet
à négociations entre le patron et l'ouvrier, à savoir si
l'ouvrier va payer une partie de la prime supplémentaire, prime qui
serait de $480 pour une protection de $35,000 et de $580 pour $100,000. C'est
une différence de $100, pour quelqu'un qui n'a pas d'accident.
Nous croyons que ce n'est pas un sujet qui doit faire partie de la Loi
des transports. C'est une chose qui peut être couverte par la Loi des
relations ouvrières et par la convention collective.
J'ajoute également que nous avons toujours pu faire nos
représentations à la ville de Québec pour la
réglementation du taxi. Nous avons toujours surveillé et on nous
a toujours écoutés de façon raisonnable. C'est ainsi que
nous avons toujours vu également à ce qu'il n'y ait pas
augmentation excessive des permis. Il y a un article dans la charte de la
cité de Québec, 249a), qui prévoit qu'il ne pourra y avoir
plus de 375 permis, sauf à mesure qu'il arrive des annexions,
évidemment. Le nombre de taxis qui existe entre dans cela. C'est
l'association que je représente qui avait fait les
représentations nécessaires pour que cette chose soit dans la loi
de la ville de Québec. C'est la raison pour laquelle ce n'est pas la
faute des propriétaires de taxis s'il y a aujourd'hui trop de permis.
C'est qu'à un moment donné les villes émettaient des
permis sans aucune considération. L'association que je représente
s'est occupée de cela dans les années cinquante. Après la
guerre, il y avait une multitude de permis qui étaient émis.
L'association que je représente s'est occupée de faire
insérer cette clause dans la loi de la ville de Québec. Nous
sommes entièrement d'accord, il est bien évident que les permis
ne doivent pas se multiplier.
Je termine avec la question de diminuer les permis. Je suis presque
assuré à l'avance qu'on verra à protéger les droits
acquis des propriétaires artisans, mes clients, afin que, si on
décide de réduire le nombre, on le fasse de façon à
ne pas les brimer dans leur droits et qu'on nous dise de quelle façon et
par qui on sera payé. Je ne crois pas que cela devrait être
payé par ceux qui resteront puisqu'on veut améliorer leur sort.
Dans le mémoire que j'ai présenté, vous verrez l'impact
financier que cette question peut avoir, tant sur les compagnies que sur les
propriétaires. On peut prendre la compagnie Co-op, dans laquelle il y a
260 membres qui paient une cotisation actuellement d'environ $25 par mois et
qui devront payer ces permis qui ont une valeur marchande. Si vous l'avez en
main, vous pourrez constater. Ce ne sont pas des chiffres qui sont au cent
près, mais c'est environ ce qui se produirait. C'est une chose
très importante. Je vous remercie de nous avoir écoutés,
M. le Président, M. le ministre, M. le député Bossé
et MM. les députés.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorion.
M. BOSSE: Je remercie Me Côme Boucher ainsi que ses commettants
d'avoir fait des représentations. Evidemment, je suis d'accord avec eux,
lorsqu'ils sont d'accord avec moi, sur la majorité des recommandations.
Là où il y a quelques difficultés, où l'on commence
à être moins d'accord on note que Me Boucher
représente des propriétaires c'est au moment où il
est question de retrait de permis. Je comprends très bien sa situation.
C'est assez pénible de se voir retirer un permis, surtout dans un
régime comme celui dans lequel on vit.
Cela va un peu à l'encontre des principes habituels. Il est
reconnu que tout individu a le droit d'investir son argent dans le secteur
qu'il choisit. Qu'à un moment donné on lui force la main et le
force à investir en dehors d'un secteur donné, cela
apparaît assez contradictoire et paradoxal par rapport au système
dans lequel on vit. D'autre part, il y a des intérêts publics
supérieurs dont il faut tenir compte. Evidemment, ici, il s'agit d'un
cas extrêmement temporaire, c'est-à-dire qu'après avoir
convenu, comme vous l'avez fait aussi, de la nécessité
d'atteindre un seuil de rentabilité et, pour ce faire, de réduire
un certain nombre de permis, vous avez admis au départ qu'il fallait
prendre des moyens pour les retirer. Or, nous nous trouvions devant la solution
suivante: ou attendre l'augmentation naturelle de la population ou
procéder rapidement à une réduction des permis. Dans les
divers moyens qui nous étaient offerts pour réduire les permis,
là encore il fallait procéder de façon peut-être un
peu draconienne pour une autorité supérieure, c'est-à-dire
forcer quelqu'un à remettre son permis, mais par contre tenir compte du
système et le rembourser. Et là vous devenez plus inquiet. Vous
vous posez la question: "Mais qui va rembourser et comment cela va se faire? "
C'est une question de modalité, c'est une question de mécanisme
à établir. Le principe à la base, le principe
énoncé, il est évident que ce serait une forme de taxation
additionnelle sur le nombre de permis restants.
Ce qu'il faut se rappeler aussi, c'est que, dans le rapport, à la
page 41, il est question des délais qui seront apportés pour
réduire le nombre de permis. Cela nous donne une idée quand on
dit, par exemple, "... dans les cas où les réformes
proposées n'engendreraient pas dans un temps suffisamment rapide (un an)
une diminution significative du nombre de permis, au moins 1 par 6,000. On voit
que c'est graduel. Ce n'est pas du jour au lendemain qu'il faut faire cela
parce qu'on se donne comme objectif d'atteindre 1 par 600 dans un an. Je
recommande que nous ayons recours à une mesure plus radicale et l'on
parle de l'interdiction du doublage.
Conséquemment, l'esprit du rapport est assez clair. Il s'agit de
procéder assez rapidement, mais par contre, aussi, de ne pas tout casser
parce que 1 par 600 à l'intérieur de douze mois, pour
Québec, c'est déjà moins grave que pour Montréal,
c'est-à-dire que vous y avez déjà 1 par 475, selon votre
rapport. Je ne connais pas assez l'évolution démographique pour
savoir s'il y a une augmentation de population. Il y a le fait de
l'intégration des diverses villes centrales et de banlieue à
l'intérieur d'une communauté urbaine. Il y a l'autre facteur de
l'augmentation naturelle de la population. Est-ce que ces facteurs suffiront
à l'intérieur de douze mois pour permettre de se retrouver avec 1
permis par 575 ou 600 de population, ce qui serait un quota déjà
atteint et, évidemment, d'être moins radical par la suite pour
permettre de ne pas émettre de permis, du moins jusqu'à ce qu'on
ait atteint l'objectif recherché, soit 1 par 800, qui nous
apparaît, comme vous l'avez dit, une situation plutôt
idéale?
Je ne sais pas si ces quelques réflexion," sont de nature
à amoindrir un peu ou diminuer vos inquiétudes. Cependant, c'est
là l'esprit du rapport. Il se peut que quelques propriétaires qui
ont un double emploi, c'est-à-dire des gens qui oeuvrent dans un autre
secteur mais qui ont un investissement dans le taxi, se voient à un
moment donné priés de remettre leur permis, ce qui est une forme
d'expropriation. C'est un principe accepté, qui nous a été
relaté ici devant cette commission, qui a été
utilisé par la Commission de transport de la Communauté urbaine
de Québec. Il y a eu des expropriations aussi à Montréal,
évidemment. Ces cas sont exceptionnels. Ce n'est pas un système,
ce n'est pas un principe, c'est une exception à un principe
général et c'est toujours dans l'intérêt d'un bien
supérieur. Dans ce cas-ci, c'est pour mettre de l'ordre dans l'industrie
du taxi. De deux choses l'une; ou on veut mettre de l'ordre et on prend les
moyens ou on ne veut pas mettre d'ordre et on prend les rapport pour les mettre
sur les tablettes.
A ce moment-là, on n'a pas de difficultés avec les
propriétaires de taxi, mais on n'a aussi rien réglé. Il
s'agit de savoir si on est prêt à faire l'effort et à
accepter que certaines choses doivent être faites, même si,
temporairement, ça lèse quelqu'un, pour atteindre un bien
supérieur. Ce sont là les quelques remarques que j'avais à
faire, Me Boucher.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que Me
Boucher a fait valoir les principaux points de vue de son association. Il a
insisté sur le problème du retrait volontaire des permis.
D'ailleurs, j'éprouvais le même inquiétude au sujet de ce
retrait volontaire quand j'ai interrogé tout à l'heure Me
Mathieu. Je me rends compte que ce n'est pas aussi facile qu'on pourrait le
penser.
Maintenant, Me Boucher, vous demandez, à un moment donné,
au gouvernement s'il acceptera d'indemniser lui-même ceux qui
encourraient des pertes par suite de ces retraits. C'est évidemment une
question qui s'adresse plus précisément au ministre.
M. BOSSE: J'aimerais, quand même, répéter, avant que
le ministre en parlât, des affirmations qui ont été faites
devant les diverses assemblées, soit à Québec, à
Montréal ou en province. Il n'a jamais été avancé
par qui que ce soit de responsable que le gouvernement donnerait sous quelque
forme que ce soit des indemnisations. Ce qui a été avancé,
c'est qu'un mécanisme serait mis en place, qui ferait en sorte que le
fardeau de ces expropriations serait porté par ceux qui demeurent dans
l'industrie. C'est le principe qui a été avancé
jusqu'à présent et rien d'autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce la réponse que pourrait donner
également le ministre? Dans le mémoire que nous a soumis Me
Boucher, il est fait état c'est une annexe au mémoire ou
un autre mémoire des charges qui résulteraient de ce genre
de transactions. Le député de Dorion, qui ne parle
évidemment pas au nom du cabinet, nous dit qu'il n'a jamais
été question pour le gouvernement d'indemniser lui-même
dans ces cas-là.
M. BOSSE: Evidemment, le député de Dorion parle pour la
représentation qu'il a faite lorsqu'on lui a confié le mandat de
faire une enquête.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes à étudier le projet
de loi 23. Ce problème-là vient d'être évoqué
par Me Boucher. Quelle est l'opinion du gouvernement à l'heure
actuelle?
M. TREMBLAY (Bourassa): Je vais répondre à cette
question-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur l'indication de Me Bossé qui vous
demande d'être prudent et de faire attention à cela.
M. TREMBLAY (Bourassa): Non, Me Bossé a mené son
enquête à bonne fin. Je crois qu'on en a eu la preuve ici,
aujourd'hui. Quand on fait un travail, il y a quelques paragraphes parfois qui
ne conviennent pas à certaines personnes, mais je crois que, s'il y a
achat pour enlever des permis de taxi, il faudra qu'il y ait négociation
entre les communautés urbaines ou les villes et le gouvernement pour
voir de quelle façon nous devons procéder.
Je ne vois pas le propriétaire de taxi, qu'il soit artisan ou
qu'il ait dix ou quinze taxis, être obligé de payer, si on lui en
enlève 25. Je verrais mal qu'il soit pénalisé et qu'il
paye pour ces taxis-là, parce qu'en fin de compte ce n'est pas lui qui
les achète. Si on arrive dans d'autres domaines de l'industrie,
peut-être qu'elle est subventionnée. Je ne dis pas que celle-ci
peut être subventionnée, mais je dis que cela peut être
discuté avec les communautés urbaines et les villes en question
qui émettent des permis.
Il y a des villes qui ont émis trop de permis. Je crois qu'il
faudra faire des rencontres avec les villes et les Affaires municipales pour
voir de quelle façon on pourra procéder.
Mais disons que, personnellement, je vois mal le petit
propriétaire ou celui qui en a cinq ou dix payer pour ces automobiles,
payer pour les taxis, s'il y a ici, dans le Québec, 60 ou 50 taxis en
trop. Il faudra faire un grand inventaire, comme on l'a dit ici. Je prends la
parole de tout le monde, seulement, il faut faire un inventaire aussi pour voir
si tel service est donné aussi dans toutes les régions du
Québec. Il faut faire l'inventaire de ça aussi à
Montréal, il faut le faire à Drummondville, à
Saint-Hyacinthe, il faut le faire partout. C'est une question, je crois,
à laquelle il est assez difficile de répondre directement. C'est
une entente qui peut se faire entre les villes. Premièrement,
peut-être, que les villes gèlent tous les permis. Je ne parle pas
seulement de Montréal, où c'est gelé, mais il y a d'autres
villes où ce n'est pas gelé. Dans la ville où je demeure,
une dizaine de permis de taxi ont été émis encore
l'automne dernier.
A ce moment-là, après l'adoption du bill 23, que les
villes soient averties de ne pas émettre de nouveaux permis.
Après, on pourra négocier quelques ententes avec les villes et
avec les communautés urbaines. Seulement, personnellement, je ne crois
pas qu'on puisse prendre aujourd'hui une décision immédiate sans
consultation avec les villes et les communautés urbaines.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord avec le ministre lorsqu'il
dit que le problème est difficile. Il ne faut quand même pas qu'il
noie le poisson. La question est formellement posée: savoir, dans le cas
de retrait de permis, qui dédommagera qui? Ce sera, ou bien le
propriétaire à qui on aura retiré le permis qui casquera,
ou le gouvernement, ou la communauté urbaine, ou la ville; de toute
façon, ce seront les contribuables ou le propriétaire
personnellement.
C'est pour ça que je demande au ministre de nous donner quelques
indications à ce sujet afin de rassurer...
M. TREMBLAY (Bourassa): Je viens de donner les indications.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que vous ne nous avez pas
donné d'indication. Vous avez dit...
M. TREMBLAY (Bourassa): ... indication que le seul...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président...
M. TREMBLAY (Bourassa): ... moyen c'est avec les villes, les
communautés urbaines, à discuter de quelle façon...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que ça ne revient pas
exactement...
M. TREMBLAY (Bourassa): La seule chose, c'est de les geler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre voudrait me laisser
poursuivre 1'argumentation que je suis en train de faire? C'est bien clair,
bon!
Il arrive ceci, le ministre me dit: D'accord, il va falloir s'entendre
avec les villes, avec les communautés urbaines, avec tous ceux qui sont
intéressés. Mais, à la fin de tout, il y aura une note
à solder. Est-ce que c'est le propriétaire qui va la solder, ou
si ça va être le gouvernement directement ou le gouvernement par
le truchement des communautés urbaines? De toute façon, à
ce moment-là, c'est le propriétaire qui paiera. Alors, il va
falloir que le gouvernement se branche et nous dise exactement quelle est son
intention.
Et même si le ministre n'est pas, à l'heure actuelle,
prêt à se prononcer, je lui souligne que le problème est
important et que ce que nous a dit tout à l'heure M. Boucher, et qui
fait l'objet de son inquiétude, mérite considération.
M. TREMBLAY (Bourassa): Certainement. C'est un cas que nous prenons en
considération et même, j'ai consulté des gens du taxi dans
ce cas. J'ai M. Bossé, ici, qui a son rapport et même,
personnellement, j'ai consulté des gens du taxi. Il y a certains moyens
qu'il faut prendre et je crois que le premier moyen c'est de négocier
avec les villes et avec les communautés urbaines pour celles qui
ne sont pas gelées les geler immédiatement, pour faire un
inventaire et voir ce qu'on a et de quelle façon on peut
procéder.
Je crois, immédiatement, que dire de quelle façon on peut
procéder ce serait d'avancer des faits qu'on ne pourrait poursuivre.
Alors, il faut étudier avant la question, de voir si on enlève
des permis à Québec et à quel taux. Est-ce que la ville
doit absorber un montant? Est-ce que la communauté urbaine doit absorber
un montant? Est-ce que le gouvernement doit absorber un montant? Est-ce que le
propriétaire de taxi doit voir son taux augmenter, s'il paie $80
devra-t-il payer $100 par année et, à longue
échéance, il paierait une certaine partie? C'est une discussion
qu'il faut prendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends tout cela, M. le
Président, mais il reste que, même après inventaire,
lorsque l'on aura passé par toutes les procédures que vient de
décrire le ministre, il va falloir présenter la note à
quelqu'un. Est-ce le contribuable qui va la payer, cette note, par le
gouvernement directement ou par les communautés urbaines ou les
commissions de transport, ou si ce sera le propriétaire ou si on
partagera les frais entre le propriétaire et les organismes
gouvernementaux ou paragouvernementaux? C'est simplement la question que j'ai
posée au ministre et je n'ai pas demandé de me donner
immédiatement une réponse extrêmement précise.
Je lui dis que l'inquiétude de M. Boucher c'est de savoir qui va
payer la note à la fin. Nous sommes obligés, nous,
législateurs, de nous occuper aussi de savoir si les contribuables
auront à payer dans ces circonstances-là.
M. BOSSE: Dans les représentations que j'ai faites devant divers
groupes, c'était évident que j'ai mis en valeur, à ce
moment-là, le fait, encore une fois, que celui qui se verrait
départir de son permis serait remboursé au taux du marché.
Actuellement, à Montréal c'est d'environ $4,500, et à
Québec, la valeur marchande d'un permis c'est quoi,
approximativement?
M. BOUCHER: $4,000.
M. BOSSE: Ils ont monté. $4,000...
M. BOUCHER: M. Bossé, si je puis ajouter quelque chose sur cela.
Vous avez pris la valeur marchande d'après les chauffeurs. Vous avez
demandé aux chauffeurs combien les permis valaient; je crois que
ç'aurait été mieux de le demander aux
propriétaires.
M. BOSSE : Le ministre était bien fondé tout à
l'heure lorsqu'il disait qu'il fallait faire l'inventaire, parce que cela a
légèrement monté depuis l'enquête.
Conséquemment...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Même après l'inventaire, cela va
être encore plus sérieux pour régler la note.
M. BOSSE: C'est bien possible. Par la suite, la communication
était à l'effet que les demeurants dans le commerce
augmenteraient leurs revenus et auraient à investir évidemment
moins d'argent, qu'ils se trouveraient à bénéficier des
avantages de la réduction du nombre de permis sur le marché. En
conséquence, il apparaissait très logique qu'ils fassent les
frais de ces expropriations. C'est là le sens des communications que
j'ai faites à tous les groupes et nul autre.
Même s'il y a eu quelques fois des demandes de la part de certains
individus, que le gouvernement participât, sous forme de subventions ou
autres, personnellement je n'ai jamais pris de tels engagements. Toujours dans
mon esprit, il était bien clair qu'il appartenait aux demeurants,
à ceux qui bénéficiaient de ces conditions, de faire les
frais. Cela m'apparaissait très logique dans le temps et mon idée
n'a pas tellement changé.
M. BOUCHER : M. le Président, je n'ai jamais dit que vous aviez
dit que le gouvernement ou les communautés urbaines participeraient.
Nous avons eu une entrevue, dont vous devez être au courant, avec M.
Frigon. C'est à ce moment-là que cette question a
été discutée, pour le moins, sans engagement,
évidemment, d'un fonctionnaire. C'est bien évident qu'il n'y a
pas eu d'engagement de sa part. Il semblait que c'était la chose la plus
logique.
Je considère illogique que l'on fasse payer la note par ceux qui
vont rester parce que leurs charges vont augmenter au lieu de diminuer. Elles
vont augmenter, et voici pourquoi: dans la compagnie Co-Op, je prends un
exemple, la cotisation est de $25 par mois. S'ils doivent payer ces permis,
leur cotisation va remonter. On va améliorer leur sort d'une main et on
va le reprendre de l'autre main. Je trouve cela illogique.
M. BOSSE: C'est un langage très approprié pour quelqu'un
qui défend les propriétaires de taxi, c'est très
évident, je ne conteste pas ce droit. Seulement, je continue de croire
que ceux qui bénéficient... Il est évident qu'avec des
chiffres, on peut faire des démonstrations. D'autre part, j'ai eu
l'occasion d'analyser les deux côtés de la médaille. Cela
demeure évidemment mon opinion, cela n'engage pas le gouvernement, comme
disait si bien tout à l'heure le digne représentant de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais le ministre a ajouté des
choses qui nous ont fait voir un autre aspect de la médaille et qui nous
ont déjà donné une indication sur ce qu'entend faire le
gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Vous disiez tout à l'heure que vous ne verriez pas la
Loi des transports inclure les clauses de responsabilité pour le
propriétaire et le chauffeur parce qu'elles devaient faire partie des
négociations entre patrons et chauffeurs.
Des propriétaires de taxi, ce matin, nous disaient que certaines
associations de services de Montréal n'acceptaient pas le syndicalisme
chez les propriétaires de taxi ou les chauffeurs de taxi. Dans ce
cas-là, je crois que ces représentants d'associations ont
demandé que la loi prévoie la couverture de la
responsabilité envers les chauffeurs ou les propriétaires.
M. BOUCHER: Sur la couverture de la responsabilité publique,
l'assurance-automobile, il faut dire qu'à la ville de Québec il y
a toujours eu une exigence. Si quelqu'un n'a pas d'assurance, la ville de
Québec lui enlève automatiquement son permis. Alors, je
présume qu'il y aura la même chose dans le règlement qui
sera adopté par la communauté urbaine qui aura juridiction dans
l'avenir.
Maintenant, à savoir s'il doit être inclus dans la loi que
le chauffeur doit avoir une responsabilité; d'abord, en vertu du droit
commun, il l'a. En vertu du droit commun, si le chauffeur a un accident dont il
est responsable, le propriétaire a toujours le droit de lui
réclamer les dommages causés à son véhicule
automobile par sa faute. J'ai plaidé une couple de causes comme
ça. C'est en vertu du droit commun. Quant aux infractions, je suis
entièrement d'accord que celui qui commet l'infraction devrait
être pénalisé et qu'on ne devrait pas rechercher le
chauffeur, d'autant plus qu'il arrive souvent que le chauffeur travaille deux
semaines ou trois semaines pour un propriétaire, qu'après cela il
va travailler à autre chose et qu'ensuite il revient. Alors, quand le
propriétaire reçoit une réclamation au bout de six mois,
bien, c'est lui qui la paie, parce qu'il n'est pas capable de retrouver le
chauffeur ou qu'il n'est plus là.
Alors, je suis entièrement d'accord que le chauffeur devrait
être recherché directement, parce que le propriétaire, en
vertu du droit commun, a un recours contre le chauffeur. S'il paie une
infraction, il a toujours son recours pour la faire repayer par son chauffeur.
C'est certain. Seulement, je serais d'accord pour qu'on modifie le code de la
route, parce que c'est le code de la route qui prévoit, actuellement,
que le propriétaire peut être recherché directement pour
les infractions commises par n'importe qui. Je crois que cela devrait
être le chauffeur.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Boucher. Il n'y a pas d'autre question? On
vous remercie de votre représentation.
Syndicat professionnel des propriétaires de
taxis unis de Québec
M. LE PRESIDENT: Alors, nous passons maintenant au Syndicat
professionnel des propriétaires de taxis unis du Québec
métropolitain. Me Louis Huot.
Me Louis Huot
M. HUOT: M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres
de la commission parlementaire, le Syndicat professionnel des
propriétaires de taxis unis du Québec métropolitain est
une nouvelle association de propriétaires de taxis des villes de la
Communauté urbaine de Québec.
Notre syndicat a été incorporé en vertu de la Loi
des syndicats professionnels. Le ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives en a autorisé la constitution le 15
avril 1971 et le syndicat a pu commencer officiellement ses activités
lors de la publication de l'avis prévu par la loi dans la Gazette
officielle du Québec du 29 mai 1971.
Comme je l'exposais il y a quelques minutes, le syndicat professionnel
est formé de proprié-
taires de taxis qui ont voulu se regrouper non plus sur une base
urbaine, mais en une structure qui s'étend à toute la
Communauté urbaine de Québec. Notre association compte
actuellement près de 150 membres, après seulement quelques mois
d'existence.
Nous croyons donc particulièrement important de faire valoir
devant vous, aujourd'hui, messieurs les membres de la commission parlementaire,
certains points de vue sur le bill 23, points de vue que nous avons
groupés en deux grands chapitres.
Nous ferons, en premier lieu, une critique rapide de l'ensemble du
projet de loi et de certaines de ses dispositions. En commission parlementaire
des Transports, il est évident que nous nous devons de nous pencher sur
le projet de loi lui-même et de scruter un peu certains de ses articles.
En une deuxième partie, nous donnerons notre opinion sur certains des
problèmes les plus urgents des propriétaires de taxis,
problèmes, évidemment, qui ont été un peu aussi
abordés par tous les représentants qui m'ont
précédé.
Le but premier de la nouvelle loi des transports, comme le faisait
savoir l'honorable Georges Tremblay, ministre des Transports, dans son discours
de présentation du 15 juin 1971, est de confier au ministre les pouvoirs
nécessaires pour élaborer des politiques coordonnées dans
le domaine, plutôt que de voir ces politiques édifiées par
un tribunal quasi judiciaire, dont les membres sont nommés et qui n'a
pas à répondre de ses actes devant l'Assemblée nationale.
Des copies de mon mémoire ont été déposées
sur le pupitre du secrétaire; je crois qu'il les a. Il y avait plusieurs
copies du mémoire. Je crois qu'il les a mises dans un tiroir hier; il me
les a montrées.
UNE VOIX: No 20.
M. BOSSE: Les membres de la commission n'en ont pas; je vous
écoutais attentivement, cependant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le no 20, monsieur.
M. HUOT: Nous souscrivons en général à ce principe
que je viens de vous exposer et qu'avait exposé le ministre, même
si nous croyons que le projet de loi nous amène à un autre
extrême, peut-être, qui est de confier trop de pouvoirs au
ministre.
Même si nous sommes d'accord avec le point fondamental du projet
de loi, qui est de voir confier à un ministre élu l'initiative
des grandes politiques du transport, nous croyons toutefois que la façon
que l'on a adoptée pour y parvenir n'atteindra pas les résultats
escomptés. Dans le passé, la majorité des pouvoirs de
décision concernant les transports étaient confiés
à la Régie des transports.
Nous sommes d'avis que le bill 23, plutôt que d'avoir des effets
de rationalisation et de simplification des juridictions, créera une
structure tripartite, c'est-à-dire le ministre des Transports, la
nouvelle Commission des transports et les communautés urbaines, ce qui
brouillera les cartes.
Dans cet ordre d'idées et comme exemple, si vous voulez, je vous
réfère à l'artice 8 du projet de loi, qui précise
les pouvoirs du ministre, et aux articles 39 et 40, qui établissent les
fonctions et les pouvoirs de la commission. Ces articles, croyons-nous,
amèneront certainement par leur formulation des imbroglios juridiques
qui ne feront qu'envenimer les choses.
Je donne plus de précisions. L'article 8 d), par exemple, et
l'article 40 b) parlent tous deux des taux et tarifs. Nous croyons que
là il va y avoir obscurité entre les juridictions du ministre et
les juridictions de la commission. De plus, en ce qui concerne le domaine du
taxi, des sphères de compétence sont confiées aux
communautés urbaines. Donc, il y a trois maîtres dans l'affaire,
si vous voulez, du moins dans certaines juridictions connexes.
Quand aux communautés urbaines, nous supposons que la
création de ce niveau de juridiction est basée sur le fait que
les communautés urbaines sont plus près des problèmes du
taxi et peuvent donc élaborer des politiques plus conformes et plus
adaptées aux situations locales.
Nous ne croyons donc pas, en conséquence, qu'on devrait les
assujettir alors aux règlements du ministre qui s'appliqueront, eux,
à toute la province, comme l'imposent les articles 123, 129 et 136 du
projet de loi.
L'article 8, qui nous semble un des articles fondamentaux du projet de
loi, nous semble aussi inacceptable pour quelques raisons que je vais vous
exprimer rapidement. L'article 8 nous semble, en premier lieu, inacceptable
parce qu'il confie trop de pouvoirs au lieutenant-gouverneur en conseil. Le
cabinet se voit en effet investi, surtout aux paragraphes a) et b) de l'article
en question, de pouvoirs qui lui permettront de créer de toutes
pièces et sans contrôle parlementaire tout l'édifice
juridique qui règlementera le transport, si bien que, par ce biais, le
but principal du projet de loi, qui était d'assurer un contrôle
des élus du peuple, se trouvera anéanti.
L'article est aussi inacceptable en ce que, au paragraphe f ), il donne
au cabinet le pouvoir de "modifier les divisions administratives de la
commission ou attribuer à une division une nouvelle catégorie de
transport". Il nous semble pour le moins étrange que l'on puisse, par un
arrêté en conseil, modifier les divisions de la commission alors
que lesdites divisions sont établies par l'article 26 du projet de loi.
Nous ne pouvons concevoir que si le gouvernement considère comme si
importante la constitution de la Commission des transports et sa structura-
tion en quatre divisions, il se réserve le pouvoir de tout
chambarder par un simple règlement.
Troisièmement, le paragraphe e) de l'article 8, qui stipule que
le lieutenant-gouverneur en conseil peut "édicter les règles de
pratique et de régie interne de la commission après consultation
de celle-ci", nous semble aussi inacceptable. Nous croyons que c'est la
commission elle-même, en tant que tribunal quasi judiciaire, qui devrait
édicter ses propres règles de pratique je signale bien les
règles de pratiques quitte à ce qu'elles soient
subordonnées à un veto éventuel de la part du ministre ou
du cabinet. Nous croyons de plus que la disposition précitée,
l'article 8, peut venir facilement en conflit avec l'article 33, qui
prévoit des pouvoirs très étendus pour le président
de la commission, entre autres en ce qui concerne "toute matière
d'administration." Je crois qu'il peut y avoir là un conflit de
juridiction. Donc, il peut y avoir situation de conflit.
Remarquez que ce sont évidemment des remarques négatives.
Dans l'ensemble nous soulignons les points sur lesquels nous ne sommes pas
d'accord. Il est évident que pour tout le reste et c'est
l'immense majorité nous sommes totalement d'accord.
Je continue. L'article 43 devrait être modifié pour faire
en sorte que les permis n'expirent pas le dernier jour de mars de chaque
année mais le dernier jour de janvier, si bien que les détenteurs
de plaques d'immatriculation qui veulent les renouveler puissent savoir si leur
permis sera renouvelé ou non, et ainsi éviter des investissements
inutiles si ledit permis ne leur était pas renouvelé.
Nous sommes d'accord aussi sur la formulation de l'article 45, qui
stipule que tout permis sera "délivré au nom d'une personne
physique". Nous sommes toutefois très surpris de constater que l'article
45 se trouve contredit par l'article 50 qui laisse entendre qu'une corporation
ou une société à fonds social pourrait détenir un
permis. Il y aurait certainement là matière à
clarification.
Enfin, à ce sujet, sans entretenir aucun doute sur la
compétence et l'intégrité des juges de la cour
Provinciale, nous ne croyons pas qu'il soit de bonne politique et je
pense qu'en droit administratif cela se fait très rarement
d'instituer un tribunal d'appel des décisions de la commission
formé de trois juges de la cour Provinciale, lesquels jugeront en appel
des décisions d'un tribunal de première instance qui est
lui-même présidé par un juge de la cour Provinciale.
Dernier point au sujet du conseil consultatif. Notre syndicat
espère que celui-ci ne restera pas lettre morte et que toute la
règlementation qui sera adoptée lui sera proposée pour
étude auparavant et que les organismes habilités puissent donner
leurs recommandations. Ceci est d'autant plus important si l'on
considère l'étendue des pouvoirs que la loi confie au cabinet et
au ministre.
Je ferai ensuite quelques remarques rapides, dans la deuxième
partie, sur certains sujets que nous estimons d'importance. Notre association,
par exemple, a été très surprise de constater que le bill
23 lui-même n'a édicté que très peu de dispositions
propres à assurer l'application des recommandations du rapport
Bossé. Nous croyons qu'il est manifeste qu'il s'est
révélé dans toute la province un concensus
général en faveur du rapport chez les propriétaires de
taxis, aussi bien à Montréal que dans les villes d'importance
moyenne comme Québec. Nous voulons d'ailleurs féliciter ici M.
Bossé pour l'excellent travail qu'il a fait.
Nous sommes d'opinion que les principales recommandations du rapport
Bossé, par exemple, un permis de taxi par 800 personnes, sont des
réformes de nature tellement fondamentale qu'elles auraient dû
être comprises immédiatement dans le projet de loi lui-même.
A ce sujet, je dois ajouter que nous avons quelques chiffres pour
informer la commission, je vais vous dire cela tout de suite sur la
proportion des permis par rapport à la population dans la région
de Québec. Ce seraient les chiffres les plus récents, si nos
informations sont bonnes. Dans la communauté urbaine de Québec,
qui comprend maintenant 23 municipalités, il y aurait 448,000 personnes
et 713 permis de taxi, ce qui donne, par un calcul rapide que j'ai fait tout
à l'heure, à peu près 628 personnes. On voit qu'il y a
déjà une marge avec ce que proposait la commission Bossé.
Ce sont les chiffres les plus récents, d'après mes
informations.
Deuxièmement, je dois vous dire qu'à Québec, les
propriétaires de taxis surtout dans la région de
Québec; cela vaut pour partout ailleurs et peut-être encore plus
pour Montréal d'après ce que l'on a dit ce matin sont
actuellement très divisés. Comme ils exercent une activité
autonome, une activité d'artisans, il leur est très difficile de
s'unir pour exercer un pouvoir de revendication aussi bien dans leurs relations
avec les différents corps publics qu'avec leurs employés, les
chauffeurs.
Dans l'état actuel des lois, telles que la Loi des syndicats
professionnels ou le code du travail, on ne permet pas de véritable
syndicalisme chez les propriétaires de taxis. Par exemple, je peux vous
dire que s'il a été fait mention d'une convention collective de
travail signée, c'était volontaire, évidemment, mais elle
ne regroupe actuellement qu'à peu près 125, peut-être au
maximum 150 des propriétaires de taxis de la ville de Québec qui
ont des chauffeurs, alors qu'il y en a à peu près 250,
c'est-à-dire au moins 100 de plus. Là encore, pour cette
démarcation, c'est la jungle.
Il nous semble donc très urgent d'ajouter au bill 23 les
dispositions législatives propres à assurer un véritable
syndicalisme chez les propriétaires de taxis. Nous croyons que leur
situation est assez semblable à celle des cultivateurs qui se voient,
par le bill 64, ce n'est pas
loin reconnaître ce droit. Le bill 23 nous aurait
semblé une occasion rêvée pour y inclure des dispositions
semblables.
Un dernier problème sur lequel nous voulons insister il en
a été longuement question c'est celui des
assurances-responsabilités. Nous croyons que, dans la région de
Québec, les taux, qui sont à peu près maintenant entre
$800 et $1,000, sont nettement exagérés et absolument
inacceptables. Il est certain à ce sujet que les voitures-taxis roulent
beaucoup plus longtemps en moyenne que les voitures ordinaires.
On doit, toutefois, prendre en considération le fait que leurs
propriétaires acquièrent quand même une expérience
et un savoir-faire dans la conduite d'un véhicule automobile que ne
possèdent pas la majorité des propriétaires de
véhicules de tourisme. Notre association recommande qu'une enquête
soit immédiatement faite par le surintendant des assurances du
Québec afin de recueillir toutes les données du problème
chez le propriétaire de taxis. Nous croyons de plus que la meilleure
solution serait en définitive, c'est sujet à étude, qu'il
ne faut pas écarter totalement l'étatisation dans le domaine des
assurances.
A ce chapitre, nous voulons ajouter que l'on devrait en profiter pour
interdire aux propriétaires de taxis de retenir les services de
chauffeurs temporaires et sur demande, lesquels ont presque toujours un autre
emploi. Il va de soi qu'un ouvrier qui sort de l'usine et qui est
fatigué de sa journée de travail n'aura pas au volant la
même concentration qu'un chauffeur de métier. Le même
principe nous amène d'ailleurs à réclamer
immédiatement l'interdiction de la possibilité qui existe
présentement pour une personne d'être propriétaire d'un
véhicule-taxi et d'exercer ce métier à temps partiel, soit
le soir, les fins de semaine ou lors de vacances, consacrant ses
journées à une autre activité. Nous croyons qu'il est
possible de faire cela et je pense, par exemple, aux lois constitutives de
certains corps professionnels qui interdisent cela. Je ne pense pas que ce soit
nécessairement ultra vires des pouvoirs de l'Assemblée nationale,
pas du tout.
Nous croyons qu'une régie étatisée de
l'assurance-responsabilité pour les propriétaires de taxis
travaillant en collaboration avec les comités de taxis des
communautés urbaines pourrait poser des jalons très utiles pour
résoudre tous ces problèmes.
En terminant, je veux vous remercier de nous avoir
écoutés.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Huot. Est-ce qu'il y a des questions?
M. BOSSE: Je veux tout simplement féliciter Me Huot de sa
représentation. Je pense que c'est bien fait. Nous avons dans la
nouvelle loi les moyens d'appliquer les diverses recommandations que j'ai
faites. Nous avons étudié de très près le
problème et le projet de loi, tel qu'il est présentement
édicté, pourrait permettre l'application de toutes ces
recommandations. Je vous remercie des chiffres plus récents, c'est
peut-être de nature à soulager Me Boucher. Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Poisson, de la Commission de transport de la
communauté urbaine de Québec, a une mise au point à faire
concernant une affirmation du représentant de l'Association
professionnelle des chauffeurs de taxis.
M. STEIN: M. le Président, M. Poisson a dû s'absenter pour
aller à une ouverture de soumissions. Il m'a demandé de faire la
mise au point dont vous venez de parler. Très brièvement, il
s'agit d'une déclaration que Me Mathieu a faite, je crois, au sujet d'un
incident qu'il aurait cité en exemple de ce qu'il a appelé la
concurrence déloyale de la Commission de transport de la
communauté urbaine de Québec. Voici les faits tels que me les a
communiqués tout à l'heure M. Poisson, qui, lui-même, s'est
renseigné parce qu'il n'avait pas encore entendu parler de la chose. La
Commission de transport, dans l'exercice normal des attributions et obligations
j'ai eu l'occasion de le dire que l'Assemblée nationale
vient de lui confier en sa qualité de gérante d'une entreprise de
transport en commun de la Communauté urbaine de Québec, mais dans
ce cas-ci au nom de la compagnie Québec Autobus, dont elle vient de
faire l'acquisition comme la loi l'y obligeait, a accepté le 26
février dernier cela remonte déjà au 26
février 1971 la commande de la Swedish American Line de faire le
transport d'un nombre assez considérable de personnes. Je ne suis pas
certain s'il s'agissait de passagers ou de marins, mais cela ne change rien
à l'histoire. Dans l'exécution de ce contrat, elle a fait un
certain nombre de voyages, une dizaine si je comprends bien le
lundi 30 août, cette semaine, et une huitaine de voyages le lendemain, le
mardi 31 août, entre le bateau et le Château Frontenac. Je crois
que c'était au moyen de deux autobus faisant la navette et les heures
si cela vous intéresse étaient de sept heures
à minuit, lundi, et d'une heure de l'après-midi à cinq
heures de l'après-midi, mardi. Ces deux autobus faisaient la navette et
on transportait ces gens-là au prix régulier si je
comprends bien de $20 le voyage; c'était en tout cas le prix
régulier convenu entre les deux parties.
Cela s'est fait aux risques et périls de la Commission de
transport, plus précisément au risque de dommages à sa
propriété et au risque de blessures, sinon de la vie de ses
chauffeurs, qui ont été attaqués par des chauffeurs de
taxi et qui ont dû faire appel à la police municipale.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Stein. Maintenant, M. Guy Vincent. Il n'est
pas ici. Nous entendrons Me Guy Gagnon, représentant de Murray Hill
Company.
Voilà le moment si longtemps attendu. UNE VOIX: Oui, c'est le no
12. Murray Hill Company
M. LE PRESIDENT: Entendu, on ajourne après avoir entendu Me
Gagnon.
Me Guy Gagnon
M. GAGNON: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, je représente en effet Murray Hill Limousine
Service Ltd.
M. BOSSE: Vous gagnez bien votre argent. M. GAGNON: C'est
certainement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): N'interrompez pas le témoin, ne
l'intimidez pas.
M. BOSSE: Il n'est surtout pas facile à intimider.
M. GAGNON: Les représentations que j'ai à faire ont trait
particulièrement aux dispositions de la loi qui auraient pour objet de
modifier l'article 133 du bill 75 qui était relatif à la
Communauté urbaine de Montréal. Je tiens à souligner tout
de suite que Murray Hill n'a aucune querelle avec la communauté urbaine
ou avec les autorités de la Commission de transport de la
communauté urbaine de Montréal.
S'il y a querelle, c'est une querelle qui a été
créée de toute pièce par certains des employés de
la CTCUM et c'est une querelle où Murray Hill a été
obligée de se défendre. Mais je pense que si vous analysez les
sources de cette querelle, vous allez vous rendre compte que c'est vraiment de
la fumée et qu'il n'y avait aucun intérêt de la part de la
Commission de transport de la communauté urbaine de Montréal de
s'engager dans ce dédale-là.
L'objet de mes représentations sera de faire valoir le point de
vue que l'article 313 de cette loi non seulement devrait être
modifié mais devrait être en fait biffé. Parce qu'il est
clair et je crois que déjà, les preuves que vous avez
devant vous le démontrent, dans son application et dans la position
quotidienne que la CTCUM a prise depuis l'adoption de ce texte de loi
que les conséquences pour toute l'industrie du transport sont devenues
très graves.
De fait, par les procédures qu'elle avait prises et par
l'attitude que je qualifierai de vous me pardonnerez le mot anglais
"unfair", il s'est créé un malaise social très
sérieux dans l'industrie du transport de passagers par autobus à
Montréal.
Vous en avez eu des illustrations. Murray Hill n'est qu'une illustration
peut-être un peu plus précise et un peu plus marquante du
même phénomène. Le phénomène est d'autant
plus étonnant qu'à l'analyse, dans à peu près tous
les cas, on se rend compte que la Commission de transport de la
communauté urbaine n'a absolument rien à gagner des gestes
qu'elle pose.
Le premier exemple qui me vient à l'esprit, c'est la
déclaration de M. Charbonneau, des Tours maisonneuve, qui vient dire
qu'il avait un permis temporaire. Il s'adresse à la régie pour
faire transformer ce permis temporaire en permis permanent et la CTCUM s'y
oppose. La raison ou le prétexte qui est utilisé pour le refus
est une espèce de comité qui aurait été
créé pour faire une étude approfondie sur un
problème inexistant.
N'importe qui, dans le transport de passagers et qui connaît
ça le moindrement je pense que les gens de la CTCUM connaissent
ça aurait su d'avance que la CTCUM ne fera jamais ce genre de
transport là. C'est évident, que la CTCUM n'a pas les
véhicules appropriés pour ce genre absolument
spécialisé de transport, parce que les Tours Maisonneuve passent
d'un motel à l'autre et prennent les passagers dans ces motels. Souvent
même, l'autobus qu'ils utilisent porte le nom du motel. C'est
évident que c'est un service tellement spécialisé qu'il
n'y avait aucun espoir pour la CTCUM de jamais considérer ce genre de
transport et de le faire. C'est cousu de fil blanc de dire: Nous avons un
comité d'enquête qui étudie la question et nous allons
éventuellement régler ce problème. C'est évident
que le geste posé avait pour but primordial d'empêcher
l'émission d'un permis permanent auquel cette personne avait un droit
clair.
J'ai d'autres exemples. Je pense que l'exemple particulier de Murray
Hill vous permettra de vous en rendre compte. Il y a une requête en
injonction qui est instituée contre Murray Hill, accompagnée
d'une action en dommages. L'action en dommages est pour une somme de $4,000. De
ces $4,000, il y avait $2,500 au minimum qui étaient pour les frais
d'enquête des enquêteurs de la CTCUM. Ce qui veut dire
qu'après six mois d'enquête parce que l'action a
été prise au mois de juin et la loi est entrée en vigueur
le 1er janvier 1970 qui ont coûté $2,500 et où les
véhicules de Murray Hill ont été suivis pas à pas
d'une façon absolument incroyable, tout ce qu'on a trouvé le
moyen de faire, c'est de réclamer $2,000, qu'on a été
obligé ensuite, en cour, d'abandonner parce qu'on s'est rendu compte
qu'on ne pouvait pas faire la preuve.
Franchement, quand on vient nous dire que la CTCUM a quelque chose
à perdre vis-à-vis la Murray Hill, en tout cas, c'est clair que
les faits le démentent d'une façon particulière.
J'aimerais, si vous me le permettez, décrire un peu quelles sont les
activités de Murray Hill en matière de charte-partie, quelles
sont ses fonctions à Montréal, quelle est l'importance de cette
entreprise et quelle est la nécessité qu'il y a d'avoir une
entreprise comme celle-là dans une ville de l'importance de
Montréal.
Murray Hill a été fondée par M. Samuels en 1919.
Depuis 1919 jusqu'à ce jour, sa fonction particulière a
été d'organiser des services spéciaux de transport dans la
région métropolitaine. Elle a toujours eu une orientation
très particulière, satisfaire à des besoins
spéciaux et essentiels à la région métropolitaine.
Vous avez, par exemple, l'organisation d'un service de transport à
l'aéroport qui est un service absolument spécial et qui requiert
un "know-how" spécial pour être exercé d'une façon
appropriée. Ces services ont été accompagnés et se
sont développés, au cours des années, avec des services
dits à charte-partie. Ce mot est peut-être un peu curieux, mais il
essaie de désigner un service où un autobus est loué
à un groupe de personnes et c'est ce groupe qui en détermine la
destination.
Autrement dit, ce véhicule ne voyage plus sur une route
régulière, il doit aller d'un point à un autre selon les
exigences du groupe qui l'a loué. Murray Hill, pendant 40 ans et plus,
60 ans ou pas loin, a donné ce service sans encombre et sans jamais
avoir à débattre ses droits de le donner à
Montréal. Elle a évidemment développé, dans ce
domaine-là, des services très hautement particularisés et
très importants pour la ville. Le service en question est orienté
vers le voyageur venant de l'étranger. C'est tout à fait normal,
pour une compagnie comme Murray Hill, de concevoir ce genre de service
puisqu'elle donne déjà le service de l'aéroport.
Murray Hill a un réseau extraordinaire de rapports avec un nombre
incalculable de compagnies, aux Etats-Unis et en Europe, où elle fait ce
qu'on appelle vous me passerez ces mots-là mais je ne pense pas
qu'il y ait d'équivalent en français du "merchandizing" et
où l'on vend littéralement la ville de Montréal à
ces gens-là pour les attirer vers Montréal. A ce
moment-là, le rôle particulier de Murray Hill est de prodiguer un
service de transport absolument spécialisé et organisé qui
soit de nature à attirer ces gens et à les garder ici une fois
qu'ils y sont rendus.
A cause de ce genre de service et de cette orientation, Murray Hill
dépense des sommes considérables chaque année non
seulement à aller chercher de la clientèle qui vient à
Montréal, mais, une fois à Montréal, à lui donner
des services absolument de luxe, des services qu'un étranger,
normalement, veut avoir. Ce sont des services qu'elle donne grâce
à des véhicules qu'elle a elle-même fait développer
ici dans la province de Québec.
En effet, vous allez constater j'invite d'ailleurs tous les
membres de la commission, dès qu'ils le voudront et qu'ils le pourront,
à venir visiter les garages de Murray Hill et à venir voir
eux-mêmes quel genre de travail se fait là et quel genre de
véhicules il y a qu'il y a un nombre très
considérable de véhicules qui portent la marque
Prévost.
C'est une compagnie qui est installée dans la province de
Québec, qui est locale et qui a développé avec Murray
Hill, au cours des dix dernières années particulièrement,
des véhicules absolument spécialisés qui sont le
résultat d'un "design" commun. Il y a eu une collaboration très
étroite. Murray Hill n'est pas allée chez GM ou chez Greyhound
chercher ses autobus. Elle est venue dans la province de Québec et elle
les a achetés là. Chacun de ces autobus j'ai des
photographies, si la commission est intéressée, que je pourrai
faire circuler est un autobus absolument extraordinaire, que vous ne
trouverez nulle part ailleurs et qui a pour objet de satisfaire les besoins
particuliers de la clientèle que Murray Hill a développée
et qui est une clientèle essentielle au bien-être et au
développement touristique à Montréal.
Ces véhicules, de plus, Murray Hill, évidemment, s'en sert
dans ses services à longue distance, particulièrement aux
Etats-Uris. Le résultat de la collaboration qu'il y a eu entre Murray
Hill et Prévost fait que Prévost a aujourd'hui, grâce aux
véhicules extraordinaires que Murray Hill promène à
travers les Etats-Unis, une clientèle très importante aux
Etats-Unis, qui provient de cette collaboration.
Je souligne ces faits, qui sont peut-être un peu au-delà du
débat particulier qui nous intéresse, pour vous indiquer que le
genre de service que donne Murray Hill est un service hautement
spécialisé et qui est intégré dans un
"merchandizing" que personne d'autre ne fait. Lorsque l'on considère les
activités de la CTCUM, évidemment, c'est un autre monde. L'objet
premier que vous avez fixé dans la loi de la communauté urbaine
à la Commission de transport, c'est que celle-ci organise un service
essentiel à la ville, qui est le service de transport en commun en
surface et par métro.
Ce genre de transport requiert également un véhicule
absolument spécialisé que vous connaissez tous sans doute et qui
est l'autobus que l'on prend tous les jours pour aller travailler. C'est un
autobus qui n'est pas orienté vers un service de luxe et un service
à une clientèle que l'on a attirée. C'est un
véhicule qui est orienté vers le plus grand nombre possible de
passagers. C'est tellement vrai que, par exemple, les bancs ne sont pas
orientés vers l'avant mais placés de côté de
manière qu'on puisse mettre le plus grand nombre possible de gens
debout. Les bancs ne sont pas conçus de manière qu'on y reste
plus que quinze minutes. Ce n'est pas nécessaire. Il est très
rare, sauf dans les périodes de pointe, que les gens vont être
appelés à être très confortables sur ces bancs. Les
fenêtres extérieures ne sont pas organisées pour qu'on
puisse voir à l'extérieur, parce que ce n'est pas
intéressant. On n'est pas là pour faire de la visite; on s'en va
chez soi après avoir travaillé ou on s'en va au travail et on est
plus intéressé à lire le journal ou à discuter avec
ses copains qu'à regarder le paysage. C'est une conception
complètement différente du problème qui,
évidemment, donne lieu à un véhicule complètement
différent.
La CTCUM, il y a environ quinze ans, donc à peu près 40
ans après Murray Hill, a décidé de commencer un service de
location d'autobus et de faire ce qu'on appelle de la charte-partie. Murray
Hill n'a jamais exprimé une objection quelconque à cet
état de choses. On pouvait chicaner l'idée, parce qu'à mon
point de vue c'est peut-être même contraire aux pouvoirs
fondamentaux que possédait la commission à ce moment.
En effet, le service de location d'autobus à un groupe ne peut
pas, quelles que soient les définitions qu'on veuille lui donner,
être apparenté à du transport en commun. C'est exactement
l'inverse du transport en commun. Ce n'est pas destiné à la
population en général; c'est destiné à un groupe en
particulier.
On pouvait peut-être se demander si la CTCUM, à ce
moment-là, avait le pouvoir de faire ça, mais il y avait un
besoin pour ce genre de services, pour la simple raison qu'il y a un niveau de
la population qui a besoin de se déplacer d'une façon massive
d'un endroit à l'autre et qu'il faut que quelqu'un puisse louer des
autobus à ces groupes. Or, un service comme Murray Hill, c'est trop
riche pour ce genre de "patentes" là. Cela ne peut pas fonctionner; ce
n'est pas du tout la même chose.
Si vous avez, par exemple, un groupe de parents qui se réunit
dans une école et qui veut, après, se rendre dans une autre
école pour une autre réunion, bien, il est tout à fait
normal que ces gens-là s'organisent avec la Commission de transport de
la communauté urbaine pour faire faire ce transport. D'abord, elle va le
faire à un prix modique et, en outre, elle le fait dans des
véhicules qui vont être utilisés sur une courte
distance.
Le service que Murray Hill donne à un étranger est tout
à fait différent. Il vient de l'aéroport, il entre en
ville, s'installe dans un hôtel. Il veut faire un tour de ville, il faut
ensuite aller dans un endroit particulier avec son groupe, par exemple à
la Place des Arts, les femmes peuvent être en robe longue, les hommes en
"tuxedo". Comment voulez-vous les placer dans un véhicule de transport
en commun? Il va y avoir des objections sérieuses. Il y a
également un problème d'air climatisé. Tous les autobus de
Murray Hill sont climatisés. Il y a des gens qui exigent ça.
Vous avez les joueurs de baseball qui arrivent à Montréal,
par exemple. Bien, ce sont des gens qui vont exiger ce genre de service et qui
ne voudraient pas, pour tout l'or du monde, prendre un service inférieur
à ça. Alors, il y a des niveaux de services qui sont essentiels,
qui doivent être rendus dans une ville de la dimension de Montréal
et qui sont donnés par des organismes diffiérents à cause
des orientations différentes. Pas plus que la Commission de transport de
la communauté urbaine ne peut donner les services que Murray Hill donne,
pas plus Murray Hill ne peut songer à donner les services que la
Communauté urbaine donne par sa commission de transport.
Cela se vérifie dans les faits d'une façon très
simple. On a, enfin, découvert le tarif que demandait la CTCUM. On ne
l'avait jamais su; il n'a jamais été publié. On s'est
rendu compte que ce tarif était de $13 l'heure. Le tarif de Murray Hill,
déposé à la Régie des transports et qu'elle doit
requérir de sa clientèle, est le double de ça, c'est au
moins $25 l'heure. Il est évident que les gens qui vont utiliser les
services de Murray Hill vont le faire parce qu'ils ont un besoin particulier
à satisfaire et qu'ils sont prêts à payer pour ce
service.
Si le service que donne la CTCUM est équivalent à celui de
Murray Hill, il va de soi que jamais les gens ne vont prendre les
véhicules de Murray Hill. Il est absolument évident qu'ils vont
prendre ceux de la CTCUM.
Tout ceci pour dire quoi? Pour dire que la CTCUM n'aurait absolument
aucun intérêt et n'a encore absolument aucun intérêt
à venir attaquer Murray Hill pour dire en cour qu'elle veut lui enlever
son commerce. C'est ce qu'elle a dit. C'est en toutes lettres dans les notes
des autorités que mon confrère a soumises à la cour.
L'objectif premier de sa demande était de dire à la cour
Supérieure qu'il fallait empêcher Murray Hill à l'avenir de
faire toute espèce de transport à charte-partie à
Montréal.
Il est curieux que Murray Hill depuis 1919 et jusqu'à 1970 ait
rendu un service de qualité à des gens, à des usagers
d'autobus sans avoir aucune objection de la part de qui que ce soit, pas plus
la Montreal Tramways que la Commission de transport de Montréal qui a
suivi et que, le lendemain de l'adoption de l'article 313, Murray Hill se voie
acculée à la possibilité d'être ruinée et
à la possibilité légale de se voir
dépouillée de tous ses investissements, de voir ses
employés sans travail et je vous prie de me croire qu'il y en a
beaucoup, il y en a quand même 400, de voir ses relations avec des
compagnies importantes, comme Prévost, mises à néant. Et
pour quelles justifications? On n'est pas capable de les découvrir. On a
beau chercher dans le milieu, parmi les gens qui connaissent le transport. Mais
qu'est-ce qu'ils font là? Qu'est-ce que c'est que cette histoire?
Pourquoi cette attaque? Quels bénéfices et avantages va-t-on en
retirer? Il est évident qu'on n'en retirera aucun. Au contraire, le
travail que fait Murray Hill actuellement aux Etats-Unis et en Europe pour
attirer la clientèle ici, bénéficie à la CTCUM.
Lorsque les gens arrivent ici et qu'ils se rendent compte qu'il y a un service
qui coûte moins cher et qui fait leur affaire, ils ne prennent pas Murray
Hill. Ils prennent ce service-là. Murray Hill n'a jamais eu d'objection
à cela.
Nous avons été obligés, une fois attaqués,
de dire, évidemment: Ecoutez, vous n'avez même
pas le droit de donner les services que vous prétendez donner. Ne
poussez pas! En principe et de fait, Murray Hill n'a absolument jamais eu
d'objection à ce que la CTCUM donne les services de transport à
charte-partie qu'elle veut donner. Ce à quoi on s'oppose, c'est
d'être dépouillé de nos droits. Ce à quoi on
s'oppose, c'est de voir mis à néant les investissements
considérables faits par Murray Hill pour satisfaire ses besoins. Quand
vous pensez qu'un autobus Prévost coûte $80,000 et que Murray Hill
en a au moins 74 de ce nombre ce ne sont pas tous des Prévost, il
y en a, je dirais, au moins 60 il est temps d'y penser. Cela commence
à être grave.
Le problème pour Murray Hill n'est pas un problème de
guerre avec la CTCUM. Il y a peut-être des niveaux où les deux se
rencontrent, comme je vous ai dit. Selon le goût du client, il va prendre
la CTCUM ou Murray Hill, et là, il serait peut-être discutable que
le client exerce ce goût.
Admettons! Ce niveau-là est tellement petit que c'est ridicule.
Quand vous pensez, par exemple, que la CTCUM, qui s'occupe depuis quinze ans
c'est sa propre affirmation de charte-partie, vient vous dire que
son revenu est actuellement de l'ordre de $800,000 en matière de
charte-partie et qu'elle a 550 autobus pour donner ce service, un simple calcul
nous permet de déterminer que cela veut dire $1,500 par autobus. Ce
n'est même pas assez pour payer l'usure des pneus.
Je ne peux pas comprendre qu'il y ait une justification, à ce
moment-là, de faire une guerre aussi sérieuse et dont les
conséquences sont si terribles pas simplement pour Murray Hill, pour ses
employés et pour sa clientèle, mais pour Montréal
même, parce que les services que donne Murray Hill à la population
en faisant venir ici des quantités considérables de gens sont en
danger actuellement.
Vous avez vu vous-mêmes, d'ailleurs, l'attitude prise devant vous.
Pourquoi être si agressif et pour justifier quoi? Qu'est-ce qu'on veut
cacher? C'est une situation que personne ne comprend. A la lumière de
cela, il semble bien que la seule solution à Montréal, ce soit
l'abolition totale de l'article 313. Je suggère à la commission,
en même temps, de considérer la possibilité de dire
spécifiquement si vous croyez vraiment que c'est rentable. Ce n'est pas
prouvé. Quant on vient vous dire qu'on a un chiffre d'affaires de
$800,000 et qu'on en a retiré $400,000, je demanderais qu'il y ait des
vérifications faites, parce que n'importe qui, qui est dans le domaine,
se dit qu'on charrie un peu.
Je pense qu'une petite vérification comptable permettrait de
juger cette affirmation qui est certainement tirée par les cheveux.
Puisque la communauté urbaine, par sa Commission de transport, fait de
la charte-partie et qu'il y a un besoin véritable, puisqu'elle en fait
jusqu'à concurrence de $800,000 par année, il y aurait sans doute
lieu d'avoir dans la loi un texte qui permettrait à la Communauté
urbaine de fournir ce genre de service, mais sans exclure les autres. On en a
un besoin essentiel.
Je vous soumets respectueusement que la question de priorité
n'entre pas en ligne de compte du tout là-dedans. La question de venir
dire ici que c'est une guerre entre l'entreprise privée et l'entreprise
publique, qu'est-ce que c'est cela quand vous avez vous-même
adopté des lois qui disent que le transport, c'est du service public? La
seule différence entre Murray Hill et la CTCUM ce sont deux
services publics c'est que l'une est financée par des fonds
publics et l'autre par des fonds privés. Mais, dans les deux cas, ce
sont des services publics que vous avez déclarés tels dans vos
lois. C'est une affirmation qui encore ne tient pas à l'analyse et qui
ne correspond pas vraiment aux réalités du transport dans une
métropole comme Montréal.
Je tiens à vous souligner, en terminant, que le genre de services
que rend Murray Hill, vous allez les retrouver dans la plupart des grandes
métropoles, en tout cas certainement aux Etats-Unis et dans plusieurs
métropoles en Europe. Ce n'est pas pour d'autres motifs que celui-ci,
c'est que le service public l'exige.
Nous soumettons que l'objectif premier que doit poursuivre Murray Hill,
comme la CTCUM et tout autre organisme de transport, est d'assurer d'abord un
service public adéquat et conforme. Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Gagnon. Le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie Me Gagnon
de son plaidoyer, il l'a fait avec l'éloquence et
l'élégance qui le caractérisent. Je ne peux toutefois pas
lui dire que je suis parfaitement convaincu. Il s'attend d'ailleurs que nous
lui posions des questions et que nous nous opposions à certaines de ses
propositions. Il est bien évident qu'il se pose un problème,
c'est un problème de philosophie sociale et on ne peut pas
l'éviter.
C'est qu'on est en face de propositions de part et d'autre, je parle des
témoins que nous avons entendus, qui mettent en cause l'entreprise
publique versus l'entreprise privée. La société que vous
représentez, soit Murray Hill, appartient à la seconde
catégorie, soit l'entreprise privée. Vous avez, depuis 1919,
rendu aux citoyens des services de qualité, et j'imagine qu'on ne peut
pas contester la qualité de ces services; en tout cas, jusqu'à
plus ample informé, je prends votre parole, Me Gagnon.
Il reste toutefois que le législateur, même s'il admet que
peuvent exister en même temps des entreprises publiques et des
entreprises privées, a créé par la loi 75 une
communauté urbaine qui est assortie d'une commission de transport et que
cette commission de transport a reçu des pouvoirs dans le domaine du
transport en commun ou du transport public. Or, il arrive
que cette commission de transport s'oppose maintenant à ce que
certaines entreprises privées occupent un champ qui lui a
été dévolu par la loi, voyages à charte-partie par
exemple.
Vous nous dites que la CTCUM se propose à toutes fins utiles de
faire disparaître la société Murray Hill. Je ne suis pas en
mesure de me prononcer là-dessus et surtout d'interpréter les
intentions que pourrait avoir la CTCUM en ce qui concerne Murray Hill. Je
prends votre parole, votre témoignage qui s'appuie sur certaines
déclarations faites en cour.
C'est bien cela, Me Gagnon? Bon!
Disons, Me Gagnon, que, pour ma part, je considère que les
législateurs ont accordé à la CTCUM des droits, que cette
commission de transport se doit de les exercer en vue du bien commun et qu'elle
a l'obligation de les exercer. Cette commission de transport doit-elle pour
autant faire disparaître les entreprises privées, viables, de la
nature de celle que vous représentez? Je vous avoue que je me pose
sérieusement la question. Et je ne me pose pas la question parce que
vous avez plaidé pour Murray Hill. Je me la pose pour toutes les
entreprises privées qui se trouvent dans une situation analogue. Donc,
je mets de côté, dans ce cas particulier, le problème de
Murray Hill et je pose au gouvernement la question suivante: Est-ce que le
gouvernement entend garder à la CTCUM les droits qui lui ont
été accordés en vertu de la loi qui a créé
la communauté urbaine et la commission de transport de cette
communauté urbaine?
C'est un problème d'option, ici. C'est un problème
d'option politique et c'est aussi un problème de philosophie sociale et
économique. Il appartient au gouvernement de se prononcer sur ce
sujet.
Pour ma part, M. le Président, je suis inquiet: d'un
côté, la Communauté urbaine de Montréal existe et la
Commission de transport de cette communauté existe. Elle a des droits,
nous les lui avons donnés, et nous les lui avons donnés en
fonction des besoins et des exigences des citoyens. Par ailleurs, il y a, dans
tout le Québec, des entreprises privées que je me dois
également de défendre, quel que soit le nom qu'elles portent.
C'est le cas de Murray Hill, c'est le cas des transporteurs privés
d'écoliers, c'est le cas de toutes les entreprises de transport
privées.
Maintenant, Me Gagnon, j'en viens à un point peut-être un
peu plus délicat et qui a fait l'objet de certaines interventions ici
devant la commission: celui d'une concurrence que la société que
vous représentez ferait à l'entreprise du transport par taxi. Il
y a, à ce propos, énormément de commentaires. On a fait
à ce sujet beaucoup de démonstrations; il y a eu des
affrontements, non seulement désagréables mais dramatiques.
Je voudrais, Me Gagnon, vous poser quelques questions très
précises en ce qui concerne Murray Hill par rapport aux entreprises de
taxi.
M. GAGNON: M. le Président, M. le député, je vais
essayer de vous répondre au meilleur de ma connaissance. Je ne peux pas
prétendre être ignorant en la matière, mais vous
conviendrez que je n'ai pas nécessairement une connaissance quotidienne
des opérations de Murray Hill.
Comme je représente la compagnie depuis quinze ans ou plus,
j'essaierai, dans la mesure du possible, de vous satisfaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous remercie, Me Gagnon. Je ne doute pas
de vos connaissances en la matière. Surtout, je sais que vous connaissez
très bien la situation parce que vous n'avez pu, en votre qualité
de procureur de Murray Hill, rester indifférent à tous les
drames, appelons cela comme cela...
M. GAGNON: C'est sûr.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui ont défrayé la chronique
depuis des mois et même des années. En ce qui concerne les
voitures de louage, qu'en est-il, à Montréal, dans le cas de
Murray Hill et quelle est la situation de ces voitures de louage par rapport
aux entreprises de transport par taxi?
M. GAGNON: Sur le plan légal parce que c'est quand
même là qu'il faut d'abord situer le problème en
vertu du code de la route, l'article 7, paragraphe 2, sous-paragraphe c)
prévoit... Je crois que c'est l'article 7 mais c'est peut être
l'article 5; au cours des années, il y a eu des modifications, mais
autrefois c'était l'article 7.
D'ailleurs, ce problème de véhicules de louage et de taxi,
qui avait pris une certaine ampleur à une époque que l'on
connaît, n'avait pas tellement trait aux véhicules de louage comme
au service de transport que Murray Hill donnait à l'aéroport, est
disparu d'une façon très substantielle. Je n'ai pas entendu
parler d'un problème quelconque depuis qu'il y a eu l'arrangement que
vous connaissez à l'aéroport de Dorval. Je marche sur de vieux
souvenirs et je vous prie de croire que les souvenirs deviennent vite vieux au
rythme où vont les choses ces jours-ci. En vertu de cette disposition,
le législateur prévoit qu'il y a des véhicules
spécialisés qui n'ont pas l'apparence extérieure d'un
taxi, qui sont des véhicules de promenade possédés en vue
de les louer et qui ne doivent pas porter de plaques T. Par conséquent,
ils ne doivent avoir aucune marque commerciale et ne doivent en aucune
manière être identifiables.
C'est ce genre de véhicule qu'exploite Murray Hill. C'est un
véhicule qui est assujetti à la Régie des transports et
pour lequel la Régie des transports a émis un permis qui autorise
Murray Hill à donner des services de transport spécialisé
de ce genre pour baptêmes, funérailles, mariages et aussi pour du
service généralisé.
Si une personne de marque arrive à Montréal, et que vous
ayez besoin d'une Cadillac,
vous la louez et vous l'utilisez, elle n'a aucune espèce
d'identification. Il s'agit donc, encore là, d'un service
spécialisé et de luxe, assujetti à la Régie des
transports, qui est donné dans la région métropolitaine.
Le permis autorise tout service... En tout cas, la précision n'est
peut-être pas essentielle ici, mais il me semble que c'est dans toute
l'île de Montréal et une périphérie de quinze
milles. Il y a des taux déposés auprès de la régie.
Cela a été obtenu après une longue lutte devant la
Régie des transports. Je pense qu'il a fallu huit ans avant que le
permis définitif ne soit émis. Il y avait eu des permis
temporaires, mais il y avait de l'opposition, évidemment, des taxis et
d'autres genres de services qui disaient qu'ils n'étaient pas d'accord
avec cela. Nous avons été obligés de faire une preuve
vraiment considérable pour établir la nécessité
absolue de ce genre de services dans une ville comme la ville de
Montréal.
Alors, on a obtenu ce permis. Il y a des tarifs qui sont
déposés là, qui doivent être soumis à
l'examen de la Régie des transports, qui les approuve ou les refuse. Je
peux vous parler d'expériences particulières où des tarifs
déposés ont été refusés parce que la
régie les considérait excessifs ou pas assez
considérables.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Me Gagnon, me permettez-vous de
vous interrompre ici?
M. GAGNON: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au sujet de l'émission de ces permis.
Vous dites que les permis sont émis par la Régie des
transports.
M. GAGNON : Qui aurait la juridiction en la matière à mon
point de vue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La ville de Montréal où,
actuellement, la Communauté urbaine de Montréal n'a pas la
compétence en la matière.
M. GAGNON: Elle n'a aucune juridiction en la matière, parce qu'il
s'agit d'un véhicule privé par opposition au véhicule
public. La loi prévoit que le taxi est un véhicule public
agencé pour le transport de sept personnes à la fois, moyennant
considération pécuniaire. La loi prévoit que les permis
pour taxis sont émis par les municipalités. La loi prévoit
également qu'un véhicule de promenade, donc un véhicule
privé, qui n'est pas le véhicule public en question, peut
être possédé en vue de la louer. Dans la loi de la
Régie des transports, lorsqu'on définit un service de transport,
on prévoit, d'une façon toute particulière, le service de
transport par véhicule de promenade non enregistré comme taxi ou
comme véhicule de livraison. Il n'est pas exclu à l'article 33,
avec le résultat évident que seule la régie a une
juridiction exclusive en la matière, et seule la régie, peut
émettre des permis. Alors, c'est la raison. Nous avons été
obligés de prouver cette prétention. Nous avons été
obligés de faire une démonstration devant la régie qui
avait bel et bien juridiction. Cela n'a jamais été en appel.
Pourtant, les parties pouvaient, avec la permission du juge, porter cette
question en appel. Cela n'a jamais fait l'objet d'un appel et nous avons
toujours détenu ces permis de la régie. Nous avons toujours,
d'une façon absolue, résisté aux poursuites que nous avons
reçues de la ville de Montréal, parce que nous prétendons
que la ville de Montréal n'a pas de juridiction. Le jour où la
ville de Montréal aura juridiction, ce service va disparaître pour
la raison très simple que cela deviendrait économiquement non
rentable.
Cela voudrait dire que, du jour au lendemain, Murray Hill serait
appelée à payer des permis pour la ville de Montréal, pour
la ville de Westmount, pour la ville d'Outremont, pour la ville de
Saint-Laurent et pour toutes les municipalités dans un rayon de 15
milles de Montréal, ce qui rend la chose absolument impensable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Me Gagnon, vous avez ces permis
pour voitures de louage, je reviendrai sur ce sujet-là. Vous
détenez d'autres permis, vous détenez les permis de
limousine.
M. GAGNON: Non, le seul permis émis par la régie est ce
permis relatif aux véhicules de promenade non enregistrés comme
taxis, et il comprend tous les véhicules de promenade
possédés par Murray Hill.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Y compris les limousines?
M. GAGNON: Bien, c'en sont des limousines.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Bon, alors, tous ces permis que vous
détenez, est-ce qu'il vous est déjà arrivé d'en
vendre à d'autres?
M. GAGNON: Jamais. D'ailleurs, on ne peut pas, on n'a qu'un permis,
c'est une ordonnance de la régie qui autorise le service. Je pense que
je peux le trouver là-dedans, c'est dans le dossier conjoint, on l'a
produit en cour.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un permis global que vous avez.
M. GAGNON: Bien, voyez-vous, quand on arrive devant la Régie des
transports, on fait une demande pour autoriser un service de transport. La
demande que nous avons formulée à la régie était
pour être autorisés à donner des services de transport par
des véhicules de promenade non enregistrés comme taxi.
Après une audition publique et après avoir fait une
preuve substantielle, nous avons, à ce moment-là, obtenu
de la régie un jugement qui dit: Oui, vous êtes autorisés
à donner un service de transport par véhicules de promenade non
enregistrés comme taxis pour les fins suivantes, et sujet aux
restrictions et aux conditions suivantes. Il y a toute une série de
conditions, par exemple de n'avoir aucune identification commerciale, d'avoir
des chauffeurs toujours propres et des véhicules toujours propres
et je pense que la plupart d'entre vous connaissez la propreté des
véhicules de Murray Hill de ne pas avoir de poste d'attente
à l'extérieur, mais sur des terrains privés. Comme vous le
savez, Murray Hill est toujours dans son garage ou sur un terrain privé,
et ne sort que sur appel; elle n'est jamais dans les rues publiques, on n'a pas
de poste d'attente comme les taxis et puis on ne peut pas. On n'a pas le droit
de prendre des gens à la volée, c'est simplement sur appel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, Me Gagnon, je voudrais avoir une
explication au sujet d'un document que j'ai ici en ma possession...
M. LAURIN: Est-ce que le député de Chicoutimi me
permettrait d'ajouter une question à celle qu'il vient de poser?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, je vais, si vous voulez...
M. LAURIN: C'est juste pour savoir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je vous en prie, M. Laurin.
M. LAURIN: Ma question: Ce qui veut dire que lorsque la régie
vous accorde ce permis, elle vous permet d'exercer les pouvoirs que vous donne
ce permis avec une, cent ou mille voitures?
M. GAGNON: On enregistre le nombre de voitures que le besoin du
marché nous oblige à enregistrer.
Lorsque l'on parle de services publics il est important de se rappeler
cela, par rapport à une entreprise privée. C'est que, lorsque je
détiens un permis de la Régie des transports, non seulement je
suis autorisé à donner le service, mais je dois le donner et cela
veut dire que je dois le donner même si je perds de l'argent. C'est
extrêmement important. Je ne peux pas refuser la clientèle, et je
dois satisfaire à la demande. Evidemment, il n'y a pas de limitation, il
n'y en a jamais eu, ni sur les autobus de quelque détenteur de permis
que ce soit, ni sur les détenteurs d'aucun permis de la régie.
C'est la même chose dans le cas du "cartage", par exemple. Les gens qui
font du transport par vannes ou des choses du genre ne sont pas limités
dans le nombre de vannes qu'ils doivent mettre à la disposition du
public. C'est leur connaissance du marché et des besoins du public
qu'ils doivent desservir qui leur permet de déterminer le nombre de
vannes dont ils vont avoir besoin. Ceci implique également de la part de
la Régie des transports un contrôle sur le nombre de permis qui
sont émis. Lorsque quelqu'un fait une demande de permis, les autres
détenteurs de permis font une objection, parce qu'ils disent: Nous
pouvons, avec l'équipement dont nous disposons présentement,
donner ce service. Ce n'est pas nécessaire d'émettre un nouveau
permis qui va ruiner tout le monde. Si le demandeur ne fait pas la preuve du
besoin du service et de l'absence d'équipement, il n'aura pas son
permis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Gagnon, je voulais vous interroger au sujet
d'un document qui m'intrigue. Je veux avoir de vous des explications. C'est un
document de la ville de Montréal, en date du 12 juillet 1962, où
il est question des changements survenus dans les permis d'autos-taxis
détenus par Murray Hill Limousine Service Ltd. On y donne une
série de numéros de permis. J'en prends un au hasard, 2599. Date
du changement: 10 avril 1959. Nouveau détenteur: Electra Taxi Service
Co. Il y en a toute une série comme ça jusqu'à 1958 et
d'autres. Qu'est-ce que cela veut dire exactement? Qu'est-ce qui est
arrivé à ce moment-là?
M. GAGNON: Je l'ignore, parce que je n'ai pas eu connaissance de ces
événements. Je sais qu'il y a eu des périodes où
Murray Hill a détenu, en plus de ses véhicules de promenade non
enregistrés comme taxis, des taxis avec des plaques d'immatriculation T.
Ils étaient considérés comme véhicules de louage,
parce que je pense je ne sais pas vraiment qu'ils n'avaient pas
de taximètre; à ce moment-là, c'étaient ces
véhicules assujettis à la ville de Montréal. Il y avait
des permis d'émis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais cela n'existe plus.
M. GAGNON: Cela n'existe plus, à ma connaissance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A votre connaissance.
M. GAGNON: Je fais cette réserve; je ne crois pas. Je peux
m'informer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, j'en serais très heureux.
M. GAGNON: Nous n'en avons aucun. Je sais que jadis il y a eu un moment
où Murray Hill a même possédé des taxis avec
taximètre qui étaient exploités comme tels. Cela fait des
années; je n'ai pas eu connaissance de cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Gagnon, au sujet de ces voitures dites de
louage, il y a des points de chute. Est-il exact que vous avez des concessions
des grands hôtels, par exemple, et que la clientèle serait
dirigée vers ces voitures de louage plutôt que vers des taxis?
M. GAGNON: A ma connaissance, non. Encore une fois, je ne peux pas
témoigner vraiment pour la compagnie dans toutes ses activités.
Il faudrait que je sois là. Alors, c'est nécessairement du
oui-dire, mais, à ma connaissance, non. Ce qui est exact, c'est que la
compagnie a des bureaux dans la plupart des hôtels, parce qu'il lui faut,
à cause des permis qu'elle détient de la régie pour donner
ses services à l'aéroport, ce qu'on appelle encore
là, il n'y a pas vraiment de terme français des
"dispatchers", des coordonnateurs, qui déterminent le nombre de
passagers qui doivent se rendre à l'aéroport et qui appellent les
véhicules nécessaires pour assurer ces services. Cela n'a rien
à voir avec le genre d'entente que vous suggérez. Les services
que Murray Hill est autorisée à donner par son permis de
véhicules de louage ont trait à des choses tout à fait
différentes.
On a ici une liste de sa clientèle. Par exemple, American
Petroleum Institute peut avoir fait un contrat avec Murray Hill, par
écrit, disant: Pour la prochaine année, chaque fois que nous
aurons besoin d'une limousine ou d'une Cadillac pour aller chercher le
président à tel endroit et le transporter à tel autre,
vous nous la procurerez au tarif que vous avez déposé à la
Régie des transports.
Encore là, vous savez, quand on songe au tarif que Murray Hill a
déposé à la Régie des transports et qu'on le
compare au tarif des taxis, on n'est plus dans la même ligne, pour
utiliser une expression populaire. On ne parle plus du tout de la même
chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Gagnon, la raison pour laquelle je vous
pose cette question, c'est que nous avons entendu divers témoins qui
nous ont dit que le système de voitures de louage que vous avez à
l'heure actuelle se trouve à faire une concurrence très forte
à l'entreprise du taxi à Montréal, du fait que, dans les
endroits où vous avez des installations appelons cela ainsi
à défaut de dire des concessions et où vous
jouissez de certains privilèges que vous payez probablement
l'on dirigerait les clients vers ces voitures. Je dois vous dire, Me
Gagnon je l'ai dit ce matin à la commission et je le
répète que, demandant une voiture dans un hôtel, il
est arrivé que l'on m'indique une voiture qui ne portait pas
d'identification. Ce n'est qu'après coup que je me suis rendu compte que
ce n'était pas une voiture-taxi. En fait, ce que je désirais,
c'était, tout simplement, un taxi pour me rendre là où je
devais aller.
Remarquez que l'on nous a dit cela, on nous a affirmé cela. Je ne
porte pas d'accusation contre Murray Hill. Il reste qu'il y a un ensemble de
témoignages dans ce sens qui nous obligent, nous, les membres de la
commission, à vous poser des questions dans le style du
contre-interrogatoire en matière pénale.
M. GAGNON : Je vais vous répondre d'une façon
peut-être même naive. S'il y a des événements comme
celui que vous venez de relater qui se passent, ce n'est pas à la
commission parlementaire qu'on devrait le dire, mais à Murray Hill,
parce que c'est une règle d'or à la compagnie que ce genre de
choses ne se fait pas.
Si un chauffeur est pris, il est évident qu'il y a une entente
entre le chauffeur et quelqu'un à l'hôtel. C'est contraire
à notre permis. Nous n'allons quand même pas risquer un permis
pour une baliverne, ce serait ridicule.
Il est absolument interdit aux chauffeurs de prendre des passagers sans
une entente préalable avec la compagnie elle-même. Il est
absolument interdit à un chauffeur de prendre un passager sans qu'il
n'ait été "dispatché", ce qui veut dire que
déjà la compagnie a une commande, que cette commande est
enregistrée par écrit, que le taux de la commande a
été déterminé, que le prix a été dit
au client et que cette commande a été transmise à celui
qui est en charge de ce terminus particulier. Si de tels
événements ont lieu, on a qu'à se plaindre à Murray
Hill pour que la situation soit corrigée.
Il est évident qu'on ne peut pas empêcher qu'à
l'occasion un chauffeur veuille se faire un pécule sans que personne le
sache et on ne peut pas savoir quelle entente il peut y avoir entre lui et le
préposé à l'hôtel que voulez-vous! Mais
là-dessus, ce n'est pas seulement une question de faits
portés à ma connaissance je suis absolument sûr de
ce que j'affirme lorsque je dis que la politique et les règlements
très sévères de la compagnie, c'est qu'aucun
véhicule ne prend une commande sans y être autorisé par le
dispatcher central.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Gagnon, évidemment, il est assez
embarrassant de vous poser des questions sur ce sujet précis de Murray
Hill versus les propriétaires de taxis. Nous avons entendu diverses
versions, et tous les gens qui comparaissent ici témoignent de bonne
foi. Nous devons prendre leur parole, comme je prends la vôtre...
M. GAGNON: Est-ce que vous me permettez...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, Me Gagnon.
M. GAGNON: ... d'ajouter un petit mot? Il est évident dans les
circonstances que la soi-disant concurrence que nous leur faisons ne peut
qu'être très exceptionnelle. Chaque véhi-
cule est contrôlé; il y a un contrôle constant de
toutes les heures de travail, de toutes les heures d'attente. C'est presque
impossible. Il faut vraiment qu'il y ait un jeu qui se fasse à un moment
donné entre un groupe de chauffeurs et un dispatcher pour que cela
arrive. A ce moment-là, qu'on nous avertisse et nous allons
régler le problème. Il ne peut pas être question de
concurrence quand nos prix sont le double des leurs. Quand quelqu'un prend un
taxi dans un hôtel et se rend sur la rue X ou Y, il le fait au
taximètre. Le coût de ce voyage et le tarif que nous avons
déposé à la Régie des transports ne se comparent
pas, ce serait absurbe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais aborder un autre sujet rapidement avec
vous Me Gagnon; la question des visites touristiques, des tours de ville, etc.
Vous nous avez dit tout à l'heure que la Commission de transport de
Montréal n'était pas équipée et ne pouvait ou ne
pourrait pas l'être pour donner ce genre de service que donne Murray Hill
ou toute autre entreprise similaire.
Or, nous avons entendu, l'autre jour, des représentants de la
Commission de transport nous dire que tel n'était pas le cas, qu'ils
étaient capable d'équiper des voitures, de donner ce service.
Alors il est question, naturellement, d'itinéraires, de parcours, de
points de chute, etc. Est-ce que vous pourriez nous faire un tableau rapide de
ce qui se passe dans le cas de Murray Hill?
M. GAGNON: Là encore, Murray Hill donne, comme vous le savez, un
service touristique, des tours de ville multiples, à Montréal.
Ces services sont donnés depuis 1919. Là encore, il y a une
orientation particulière dans la façon de donner ces services.
D'abord, l'équipement particulier. Si vous me permettez, j'aimerais
faire circuler des photographies qui montrent certains des véhicules, au
cas où il y aurait des membres qui n'auraient pas vu ce genre de
véhicules utilisés par Murray Hill. Vous allez voir qu'ils sont
agencés spécialement pour quelqu'un qui vient visiter, qu'ils
sont construits... Ce ne sont pas tous les véhicules, mais quelques-uns;
je n'ai ici que quelques exemples d'une multiplicité de véhicules
parce que, dans ce genre de services, Murray Hill a développé des
conceptions extrêmement dynamiques, de "merchandising". Elle a
développé, d'une façon toute particulière, des
véhicules appropriés à ce genre de services et qui
attirent la clientèle.
Quand nous disons que la Commission de transport de la communauté
urbaine n'est pas en mesure de donner ces services, c'est pour une multitude et
une foule de raisons. Actuellement, il y a deux compagnies qui ont
énormément d'expérience en la matière et qui
donnent depuis des années et des années ces services touristiques
de tours de ville à Montréal: il y a Murray Hill et
Métropolitain provincial qui a l'agence ou la franchise Grey Line. Dans
les deux cas, vous pouvez facilement constater que ces gens sont
équipés avec des véhicules absolument appropriés et
spécialisés dans le domaine. Il est à noter de plus que
dans les deux cas, particulièrement dans celui de Murray Hill, le
service est donné douze mois par année. Ce n'est pas seulement la
question de donner le service du mois de juin au mois de septembre pour
écrémer au maximum la population mais il est donné
à longueur d'année pour tout visiteur, et c'est essentiel que
vous ayez ce genre de service.
Les véhicules de la Commission de transport de la
communauté urbaine sont les véhicules dont l'achat avait
été autorisé en vertu de sa loi. En effet, l'article 267
est absolument spécifique.
Je peux peut-être vous le citer au texte: Je m'excuse, la
mémoire a de ces lapsus; c'est l'article 271. Il dit ceci: "Tous les
revenus de la commission servent à acquitter ses obligations et à
exploiter, maintenir et améliorer son réseau de transport." Le
réseau de transport, je m'excuse, ce n'est pas du transport de
"sightseeing"; ce sont les autres transports qui sont prévus aux
articles de la loi qui disent que la commission doit publier les routes
où elle donne son service de transport en commun. C'est fort discutable
que l'on puisse prétendre qu'elle peut acheter des véhicules
spécialisés pour le service spécialisé de transport
par "sight-seeing".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Gagnon, si vous le permettez, disons que
nous pourrions différer d'opinion avec vous sur le plan juridique...
M. GAGNON: C'est strictement une question d'opinion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à savoir si la CTCUM a le droit de
faire des voyages touristiques ou non. Mon opinion est qu'elle a droit de le
faire. Enfin, ne nous chicanons point sur des questions de droit; venons-en aux
questions de fait. Vous avez affirmé que la CTCUM ne pouvait pas
s'équiper comme Murray Hill peut l'être.
Pour ma part, disons que je prends cette affirmation-là cum grano
salis, avec un grain de sel, parce que, peut-être, la Commission de
transport de Montréal n'est pas capable d'équiper des
véhicules d'une façon aussi luxueuse que ceux que je connais,
d'ailleurs, et dont vous nous avez montré des photos. Mais, ne
pensez-vous pas qu'elle peut équiper des voitures qui soient tout aussi
fonctionnelles, sans être nécessairement aussi luxueuses ou
attrayantes pour le visiteur qui aime le luxe?
M. GAGNON: Il va de soi que oui, dans le sens que, physiquement et
pécuniairement, évidemment, il n'y a aucun problème. De
fait, la Commission de transport a essayé, à deux
reprises, de donner un service de "sight-seeing" à
Montréal. Elle a commencé, en 1966, avec le service de promenade
qui était une idée extraordinaire. Tout le monde était
d'accord là-dessus, y compris Murray Hill. On n'était
peut-être pas d'accord sur les tarifs, mais on était d'accord sur
l'idée géniale qui, malheureusement, n'a pas fonctionné.
Elle n'a pas fonctionné sans doute à cause de l'équipement
utilisé et pour d'autres raisons aussi.
Il y a une question très difficile de personnel en la
matière. Je ne veux pas porter atteinte au personnel de la CTCUM qui,
dans l'exercice de ses fonctions, fait exactement ce qu'il a à faire et
d'une façon convenable. Personne ne s'en plaint et j'espère
qu'ils ne se plaignent pas de la façon dont les chauffeurs de Murray
Hill font leur service; en tout cas. Il y a une chose certaine, c'est que, pour
être capable d'organiser un service de transport adéquat en
service touristique de ce genre-là, cela demande un personnel absolument
spécialisé et une organisation de convention collective tout
à fait particulière.
J'ai négocié les conventions collectives, par exemple,
pour le groupe de Métropolitain provincial, avec la CSN qui
représentait les salariés. Il a été
extrêmement difficile de trouver, à cause de l'orientation de la
convention collective, les solutions appropriées qui permettraient
à cette compagnie de survivre en matière de transport de
"sight-seeing".
En effet, les services qu'elle donnait, qui sont, en fait jusqu'à
un certain point, très similaires à ceux de la CTCUM,
étaient des services, qu'on appelle des "bookings" encore
là, le mot anglais, mais il est connu dans le métier et
où les chauffeurs travaillaient le matin, attendaient toute la
journée et travaillaient le soir. Et essayez de les faire travailler
pendant la journée, sans que cela ne vous coûte beaucoup plus
cher. C'est très difficile, parce qu'ils ont une espèce de
système de rotation, où ils choisissent leur "booking", comme ils
l'appellent. Cela leur permet de dire: Moi, j'attends. Je fais autre chose
pendant la journée. Je ne dis pas que c'est toujours comme ça,
parce qu'il y a toutes sortes de paliers de négociations. C'est
très complexe, mais, précisément, ces complexités
rendent extrêmement difficile la possibilité de faire du
"sightseeing", d'une façon adéquate et d'une façon
rentable. Alors, il y a cette considération qui joue et qui n'est pas la
moindre.
Ensuite, il y a la considération sur la rentabilité d'un
véhicule qu'on va acheter dans un marché qui est
déjà saturé. Vous avez Murray Hill qui l'occupe, vous avez
Métropolitain Provincial qui l'occupe et vous avez les autres compagnies
qui l'occupent également. Alors, à moins d'exproprier tous ces
gens-là et de les déplacer, il va falloir les concurrencer. Si
vous les concurrencez, il va falloir vous équiper de la même
manière qu'eux. Mais il n'est pas garanti que vous allez
récupérer assez d'argent pour survivre. Peut-être que tout
le monde va disparaître à ce moment-là. Alors, il y a un
problème économique extrêmement sérieux pour la
CTCUM. C'est de savoir si elle va faire l'investissement de quelle $80,000 pour
un autobus pour faire un service comme ça, ou bien si elle va cesser de
prendre le risque. Elle a actuellement pris des véhicules qu'elle a
améliorés pour donner ce service, mais je ne voudrais pas
escompter les résultats pratiques. Ils sont inconnus évidemment.
La saison n'est pas finie. Elle va cesser de donner les services le 6
septembre. Elle n'en donne pas l'hiver. Peut-être que, grâce
à la période d'été qui a été
particulièrement excellente au point de vue du tourisme, cette
année, cela va s'avérer suffisant pour elle. Nous le souhaitons
pour elle, mais nous serions très étonnés, tout le monde,
qu'elle puisse justifier la dépense de véhicules qu'elle utilise
pendant l'été. Quand on vient nous dire qu'elle va les utiliser
pour de la charte-partie l'hiver et qu'on sait que cela représente ce
qu'on a vu tout à l'heure, bien, on est plus ou moins
impressionné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, Me Gagnon, ces dernières
réflexions me suggèrent de vous poser une question assez
précise. Combien de voitures, au total, avez-vous, et quels sont les
salaires payés aux chauffeurs des voitures de diverses
catégories, comparativement à ce qui se passe, par exemple,
à la CTCUM?
M. GAGNON: Là, je regrette. Je peux peut-être vous donner
le nombre de véhicules. Ils sont tous déposés d'ailleurs
à la Régie des transports, mais je pense que, actuellement...
juste un instant, s'il vous plaît.
Evidemment, je m'étais préparé
particulièrement sur la question de la charte-partie et des questions
connexes à cela. Je ne prévoyais pas que cela deviendrait une
enquête presque royale sur les activités de Murray Hill.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En bon procureur, je vous égare un
peu.
M. GAGNON: Je dois vous dire que sur le nombre de véhicules il y
a, d'après les renseignements que j'ai ici, 85 Meteor, 2 Princesse, 29
Cadillac, cinq Lincoln, un Quasar, c'est un type de voiture en verre, neuf
ambulances, 10 autobus Travelair, des petits autobus qui sont d'ailleurs un
dessin de M. Perry qui m'accompagne, 23 Prévost de 49 passagers, deux
Prévost de 45 passagers, quatre Prévost de 51 passagers, cinq
Prévost de 49 passagers avec toilette, huit Prévost, avec
toilette, de 47 passagers, un Prévost, avec toilette, de 39 passagers et
21 véhicules qui sont des "flexible couriers"; ce sont des
véhicules un peu plus âgés. Tous ces véhicules sont
enregistrés auprès de la Régie des transports.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous avez des chiffres concernant
les salaires moyens?
M. GAGNON: D'abord, je ne sais pas si cette question a été
soulevée auparavant, parce que je n'étais pas ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, Me Gagnon, pourquoi je vous la pose.
Lorsque nous avons interrogé la CTCUM, il a été question
de la rentabilité en fonction des coûts et naturellement les
salaires entrent en ligne de compte. J'aurais aimé connaître les
salaires moyens payés à vos chauffeurs, quelles sont leurs
conditions de travail, quelle est la sécurité d'emploi qu'ils ont
et enfin tout genre de questions connexes.
M. GAGNON: Il faut distinguer entre plusieurs activités. Les
chauffeurs eux-mêmes n'ont jamais voulu être organisés en
syndicat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'y pas de syndicat.
M. GAGNON: Et je puis vous assurer...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous voulez dire que ce sont les
chauffeurs eux-mêmes qui n'ont jamais voulu l'être?
M. GAGNON: Oui. Je peux vous donner l'exemple de la grève des
Teamsters qui a eu lieu en 1958 ou 1959 et qui avait commencé de la
façon suivante: H était deux heures du matin. Un des chauffeurs
quittait le garage de Murray Hill sur la rue Barré pour se rendre chez
lui et deux hommes ont sauté sur lui. Ils l'ont projeté par terre
et, pendant que l'un de ces hommes lui donnait des coups de pied, l'autre lui
déchirait les oreilles avec une paire de pinces. C'était le
début d'une organisation syndicale qui se faisait chez Murray Hill.
Le résultat pratique a été que les chauffeurs de
bloc ont dit: Jamais! Et, depuis cette période, jamais il n'a
été possible pour qui que ce soit de parler d'organisation
syndicale chez Murray Hill pour ces faits-là. Il y a eu de la violence
absolument inouïe à ce moment-là. Quand vous me parlez de la
sécurité d'emploi et que je pense à des chauffeurs qui
sont là depuis 30 ans et depuis 20 ans et depuis 15 ans, que je connais
personnellement et que j'ai vus passer à travers les violences que vous
connaissez, je me demande où est la sécurité d'emploi et
ce que ça signifie.
Je pense qu'il faudrait, dans le cas de Murray Hill, ne pas parler de
sécurité d'emploi mais de loyauté à l'employeur
parce que, vraiment, ces salariés ont manifesté une
loyauté qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer et ont
manifesté leur attachement à l'emploi qu'ils avaient et qu'ils
savaient "secured", comme on dit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Gagnon... M. GAGNON: Quant aux
salaires...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. Là-dessus, je voudrais vous
faire une petite réflexion. J'admire cette loyauté mais il reste
que...
M. GAGNON: Qui est réelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dans une période d'organisation
moderne où on parle de syndicalisme, d'organisation, de
sécurité d'emploi, etc., le fait qu'un homme ait passé 20
ans, 30 ans ou 15 ans au service d'une même entreprise ne signifie rien
de jure s'il n'y a pas une organisation qui l'assure que, quoi qu'il advienne,
il aura cette sécurité d'emploi. Est-ce qu'il existe au sein de
l'organisation de Murray Hill des ententes signées qui garantissent
à votre personnel cette sécurité d'emploi dont tout le
monde parle?
M. GAGNON: Comme je fais beaucoup de relations ouvrières, je suis
un peu au courant des conventions collectives, et s'il y a une chose qui
n'existe pas en pratique, ce sont bien les clauses de sécurité
d'emploi, sauf dans des cas exceptionnels. Pour vous donner un exemple
très particulier, j'avais négocié à un moment
donné un contrat qui avait commencé avec la demande suivante: On
veut avoir une clause de sécurité d'emploi. Nous avons
demandé ce que voulait dire leur sécurité d'emploi. Vous
ne nous mettez pas à la porte. Alors, nous disons: Très bien.
Nous n'avons plus de travail, qu'est-ce que nous faisons? Vous nous gardez.
Mais si nous continuons de vous garder, il va falloir payer vos salaires, nous
allons les payer avec quoi? Vous ne travaillez pas, vous ne produisez pas,
comment pouvons-nous le faire? Il est clair que l'entreprise totale va
disparaître. Le genre de sécurité d'emploi que nous pouvons
vous donner, c'est la sécurité qu'on retrouve dans toutes les
conventions collectives, c'est l'ancienneté, des règles
d'ancienneté qui seront raisonnables et qui assureront que si vous avez
20 ans ou 30 ans à l'emploi de la compagnie, on ne vous renverra pas sur
un coup de tête. Cela, nous sommes prêts à le faire. Je peux
vous affirmer que chez Murray Hill, la politique a toujours été
de respecter au moins les règles similaires d'ancienneté et de
respecter la productivité des gens. Mais comme il n'y a pas d'union, pas
de syndicalisation pour les raisons que vous voyez, c'est
extrêmement difficile à réaliser bien, il
résulte qu'il n'y a pas de convention collective particulière. On
ne peut pas négocier avec des gens qui ne sont pas organisés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais est-ce qu'il y a fonds de pension,
assurance-groupe, etc.?
M. GAGNON: Comme je n'ai jamais eu à négocier de
conditions de travail, vous entrez dans des détails qui me
dépassent. M. Perry, que j'ai amené avec moi, était venu
pour m'assister dans des questions de marketing ou des choses comme ça,
parce que c'est M. Perry qui connaît tout le monde aux Etats-Unis et qui
est la source d'un nombre considérable de conventions qui viennent
à Montréal. Evidemment, sur les questions de fonctionnement de
taux de salaire, de conditions de travail, il aurait fallu que j'aie quelqu'un
d'autre.
Tout ce que je sais, pour l'avoir, d'ailleurs, affirmé devant la
commission parlementaire fédérale lorsqu'il a été
question de l'aéroport, c'est que les revenus des chauffeurs d'autobus
varient entre quelque chose comme $125 et $200 par semaine. Il y a tout un
système de boni qui sont assurés à ces chauffeurs, selon
leur productivité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Gagnon, je ne veux pas vous embarrasser
avec des questions pour lesquelles vous n'êtes peut-être pas
préparé.
M. GAGNON: Je regrette, mais j'ai surtout représenté
Murray Hill sur le plan de ses relations avec la Régie des transports,
des permis et de ses activités extérieures. Le régime
interne ne m'a jamais été soumis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans ces circonstances, je me contenterais de
vous demander ceci: Est-ce qu'il vous serait possible de faire tenir aux
membres de la commission parlementaire des chiffres à ce sujet?
M. GAGNON: Sans doute, si vous croyez que c'est pertinent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est parce que cela nous permettrait
d'établir des comparaisons lorsque nous parlons de rentabilité en
fonction des coûts, etc.
M. GAGNON: Je ne sais pas jusqu'à quel point mes clients seront
d'accord. Si vous l'exigez, sans doute qu'ils devront faire face à cette
demande, mais, de fait, ce sont des renseignements qui leur sont strictement
privés et qui n'ont pas de conséquences particulières sur
l'étude de la loi que vous faites. Personnellement, je n'ai pas
d'objection, mais quelle va être la position de mes clients
là-dessus? J'aimerais avoir l'occasion de les consulter. Ce n'est pas
une question de se cacher derrière une objection. Vous comprenez qu'il
peut y avoir intérêt pour une compagnie à garder pour elle
les conditions de travail qu'elle donne à ses salariés. Ce n'est
pas facile d'avoir la convention collective même de la CTCUM, et pour
cause.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour la CTCUM, je pense bien qu'on est dans un
domaine très public.
M. GAGNON: Oui, mais ce n'est quand même pas facile.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Gagnon, vous savez que la plupart des
organismes qui passent devant nous établissent des taux et même
nous fournissent des tableaux comparatifs de coûts pour nous montrer
quelle est l'importance de leur entreprise et quels sont les avantages dont
jouissent leurs employés. Je n'insiste pas, encore que la commission a
certains pouvoirs que vous connaissez, d'exiger que vous déposiez tel
document.
M. GAGNON: J'ai simplement posé la question: Est-ce que c'est
vraiment nécessaire? Si vous exigez qu'ils soient déposés,
ils le seront avec plaisir. Il n'est pas question de refuser quoi que ce soit
à la commission. Je pose la question dans le but, tout simplement, de
savoir si vous exigez absolument qu'ils soient produits.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne peux pas l'exiger seul.
M. GAGNON: Vous savez, nous avons été l'objet je
parle de Murray Hill de tellement d'attaques, de la part de tant de
gens, et il est tellement facile de prendre des faits et de leur donner une
couleur qui ne correspond pas aux réalités que nous devenons un
peu prudents en la matière. Vous n'avez qu'à examiner, par
exemple, notre situation à l'aéroport, qui ne dépendait
absolument pas de nous, mais du gouvernement fédéral, parce que
ce n'est pas nous qui faisions la politique du gouvernement
fédéral. M. Bossé, d'ailleurs, pourrait vous en
témoigner. Lorsque son enquête a commencé, la
première chose que nous lui avons soulignée, c'est que nous
n'avions absolument aucune objection, et depuis des années, à ce
que les taxis entrent à l'aéroport.
Il en a été de même devant le comité
parlementaire fédéral sur cette même question. La
première déclaration que nous avons faite, parce que l'occasion
nous était donnée de le faire, était de dire: Messieurs,
enlevez-nous ce fardeau. On sert de paravent à tout le monde, on sert de
cible à tout le monde et ce n'est pas nous.
C'est pour ça que nous sommes extrêmement sensibles
actuellement et pour cause, nous avons la paix depuis un certain temps
à toute déclaration en public qui tomberait entre les
mains de quelqu'un qui veut encore déclencher une autre guerre. Vous
savez, le nom de Murray Hill, c'est utile.
C'est dans ce sens-là et c'est de là que vient
l'hésitation, non pas parce qu'on a quelque chose à cacher, non
pas parce que les revenus que font les chauffeurs ne sont pas bien suffisants;
autrement, c'est clair que vous n'auriez pas des chauffeurs qui ont 20 et 30
ans de travail chez nous. On aurait un turn-over impossible, il n'y aurait pas
moyen d'exploiter une compagnie comme ça, surtout avec les
difficultés à travers lesquelles elle est passée
à certaines époques et les violences auxquelles elle a fait
face.
Ce n'est pas une question d'avoir une crainte quelconque quant aux
conditions de travail qui sont faites aux chauffeurs, mais c'est une crainte
quant à l'interprétation qu'on donnera aux chiffres qui,
évidemment, sans explication, peuvent paraître, hors du contexte,
ne pas être conformes à leur point de vue. C'est dans ce
sens-là que je dis que je suis un peu hésitant, et je demande de
considérer cet aspect de la question que, moi, je n'ai jamais
oublié parce que j'en ai vu des vraies.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Gagnon, je prends note de ces
réserves qui sont normales. Naturellement, pour l'information de la
commission, il eût été utile que nous ayons ces chiffres.
Toutefois, je comprends que vous devez consulter votre société.
Pour le moment, Me Gagnon, je ne veux pas vous poser d'autres questions, je
pense que je vous ai tenu sur la sellette assez longtemps. Je ne veux pas
enlever de temps aux autres collègues, je vous remercie des
renseignements que vous m'avez fournis.
M. GAGNON: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Vous avez dit tout à l'heure que si le régime
était changé, si la Commission de transport de l'île de
Montréal avait gain de cause dans ses demandes, vous seriez
obligés d'avoir un permis et de la ville de Montréal, et de la
ville de Westmount, et de la ville de Saint-Laurent s'il y avait un permis
à obtenir. Vous avez dit ça tout à l'heure.
M. GAGNON: Pour les limousines.
M. LAURIN: C'est ça oui. Mais dans le cas où le permis
serait métropolitain, est-ce qu'un seul permis ne suffirait pas? Une de
vos objections...
M. GAGNON: A ce moment-là, on n'a pas d'objection. Quelle que
soit l'autorité, il y a un service à donner qui est essentiel.
Qu'on le donne en vertu d'un permis de la Régie des transports ou en
vertu d'un permis métropolitain, quelle objection pouvons-nous avoir? Il
y a une objection peut-être que tout le monde vous ferait, c'est
qu'à la Régie des transports, lorsqu'il y a un permis
d'émis, avant qu'un tiers puisse obtenir le même permis il faut
qu'il démontre qu'il y a un besoin additionnel qui n'est pas satisfait.
Alors que dans les permis métropolitains, ils sont émis par
véhicule.
La conception serait tellement différente qu'elle pourrait
affecter le service. A première vue, il n'y a peut-être pas une
objection majeure à ce que ce soit de cette façon-là.
Personnellement, j'ai toujours pensé qu'il valait mieux, dans les trois
quarts des cas, avoir une juridiction par une régie qui entend des
causes et qui détermine les besoins que par une émission de
permis numériques qui ne détermine pas les besoins. Je pense que
c'est un principe qui ne devrait pas être négligé.
M. LAURIN: A supposer que M. Perry qui est à côté de
vous, obtienne l'assurance que telle ou telle grande association
américaine tiendra son congrès dans un hôtel de
Montréal et qu'un contrat se passe entre l'exécutif de cette
association et Murray Hill en vertu duquel, pendant toute la durée du
congrès, Murray Hill se chargera du transport, dans Montréal, de
tous les congressistes, est-ce que le permis que vous obtenez de la
Régie des transports vous permet une pareille opération?
M. GAGNON: Est-ce que vous voulez dire par limousines, ou par
autobus?
M. LAURIN: En fait, les deux.
M. GAGNON: Je peux vous répondre tout de suite. L'autobus, cela
va être la charte-partie dans ce cas. Nous prétendons avoir le
droit de le faire, car nous le faisons depuis 1919. Quant à la
limousine, c'est au tarif déposé à la Régie des
transports. Autrement dit, le taux qui va être exigé dans un
contrat sera celui prévu et accepté par la Régie des
transports.
M. LAURIN: Est-ce que vous ne considérez pas, quand même,
que ceci constitue une concurrence pour l'industrie du taxi de la région
de Montréal?
M. GAGNON: Non, pour la simple raison que, si vous avez un directeur de
compagnie qui vient à Montréal, le président de Steel
Company of Canada, par exemple, il va de soi que, s'il veut avoir un
véhicule à sa disposition, il va vouloir un véhicule qui
n'a aucune identification commerciale, qui a un chauffeur propre et
stylé. Ce véhicule sera mis à sa disposition à tant
l'heure et à tant le mille. Le tarif qu'il va payer n'a rien à
voir avec un taxi, et encore là, avec un taxi avec taximètre. Il
ne voudra même pas utiliser ce service. Si vous lui dites qu'il n'y a pas
de véhicule comme ça, il va tout simplement aller dans un
"drive-yourself" et il va se louer une Cadillac. Après ça, il va
se trouver un chauffeur, il va l'engager et lui dire: Conduis l'automobile que
j'ai louée. Il va faire la même chose.
Il n'y a aucun moyen d'amener ce personnage à utiliser un taxi
avec taximètre.
M. LAURIN: Je comprends bien votre raisonnement en ce qui concerne, par
exemple, les "top brass" et les "executive people" qui ont plusieurs
rendez-vous importants. La question que je posais concernait plutôt les
congrès. On sait qu'il peut y avoir des congressistes qui, au
fond, ne sont pas tellement au courant de l'industrie du taxi d'une
région. Ils ne savent pas combien de voyages ils auront à faire
dans la ville, quelles courses ils auront à faire pour aller au
cinéma, au théâtre, le soir. Est-ce que ça comprend
quand même cet avantage?
M. GAGNON: Murray Hill, lorsqu'un congrès arrive à
Montréal, va donner un service d'autobus à charte-partie,
à tant l'heure, pour aller de tel endroit à tel endroit et en
revenir. C'est un autre problème que la CTCUM aurait et à quand
les congressistes viennent ici si, par exemple ils veulent faire un tour de
ville.
Ils peuvent vouloir aller à la Place des Arts, mais ils peuvent
également vouloir aller, par exemple, je ne sais pas, à
Sainte-Agathe. A ce moment-là, la CTCUM est limitée dans son
territoire, elle ne peut pas le faire. Il y a également ce
problème de limitation territoriale qui crée un problème
particulier.
M. LAURIN: Je voulais simplement m'assurer...
M. GAGNON: Permettez-moi d'ajouter ceci pour répondre plus
directement à votre question. Le transport que fait Murray Hill dans ce
cas-là est un contrat qui dit : Vous allez avoir un
déplacement... j'en ai un ici comme exemple, malheureusement, est en
anglais, mais il vous indique...
M. LAURIN: Je comprends l'anglais, vous pouvez le lire.
M. GAGNON: Vous avez: Friday, August 27th 1971 c'est tout
récent Approximately 120 people, gone at Wentworth Golf Club.
Pick up guests at Le Château Champlain and transfer to the Golf Club.
Following activity, return group to the Château Champlain, exact pick-up
times to be advised at a later date; type of transfer service to depend upon
number of participants.
A ce moment-là, il y a un taux, celui de la Régie des
transports, qui est payé pour ce voyage. Vous avez, ensuite de cela, le
même jour: A Man And His World. Pick up group at the Château
Champlain and transfer to A Man And His World. Following activity, return the
group to the Château Champlain, exact pick-up times to be advised at a
later date; type of transfer service to depend upon number of participants.
M. LAURIN: Disons que le contrat est limité aux activités
de groupe et non pas aux services individuels, aux congressistes.
M. GAGNON: Absolument. A ce moment-là, les limousines ne servent
pas si les gens veulent aller visiter leur tante sur la rue... Ils prennent un
taxi et c'est leur affaire; cela ne dépend plus du groupe, à ce
moment-là. C'est évident que le groupe ne sera pas
intéressé à faire des réservations de ce genre.
C'est clair qu'on n'entre pas en concurrence, absolument pas, avec le taxi ici.
Au contraire, on lui apporte du travail parce que c'est nous qui avons fait les
démarches nécessaires pour aller chercher ces gens et les amener
ici.
M. LAURIN : Dans un autre domaine, on a entendu à quelques
reprises, au cours des audiences de cette commission, des affirmations voulant
que Murray Hill et des compagnies du genre exerceraient une concurrence indue
à l'industrie du taxi, particulièrement en ce qui concerne les
points de chute dont on a parlé, c'est-à-dire les grands
hôtels. Vous avez dit tout à l'heure que si cela était
effectivement fait, cela serait contrevenir aux règlements de la
compagnie. Vous avez dû faire cette affirmation à plusieurs
reprises. Pourtant, les affirmations continuent d'être faites.
M. GAGNON: Elles ont une source. C'est encore le service que Murray Hill
donne et doit donner à l'aéroport, parce que nous avons un permis
de la Régie des transports qui nous oblige à donner un service
à l'aéroport. Pour faciliter ce service-là et le rendre
efficace, Murray Hill a établi un service, c'est-à-dire qu'un
autobus, aux quinze minutes, passe devant un certain nombre d'hôtels,
toujours avec l'approbation de la Régie des transports, selon des
trajets que la Régie des transports a acceptés. D'accord?
Il arrive que, de plus, Murray Hill, en vertu du même permis, est
obligée de donner un service par véhicule de promenade non
enregistré comme taxi et elle doit passer à ces
hôtels-là et prendre les passagers, avec leurs bagages, pour les
transporter à l'aéroport selon le tarif qu'elle a, encore une
fois, déposé à la Régie des transports.
Ce service, évidemment, se donne à la vue des taxis. Quand
ils voient un véhicule de promenade arriver devant l'hôtel et
quelqu'un arriver avec ses bagages et entrer dans le véhicule de Murray
Hill, bien, ils protestent. Mais en fait ce n'est pas une concurrence du taxi;
c'est l'exercice des obligations de Murray Hill. En vertu de son permis de la
Régie des transports, Murray Hill doit rendre ce service et c'est le
même service qu'elle rend à l'autre bout, à
l'aéroport. Il y a des taxis qui sont là, mais il y a
également les véhicules de promenade non enregistrés comme
taxis de Murray Hill qui rendent ce service selon le tarif qui est
déposé à la Régie des transports... Et aux deux
bouts de la chafne, c'est la même concurrence, si vous voulez, mais c'est
une concurrence qui est inévitable, parce que dans les deux cas c'est la
même destination et ce sont les taxis eux-mêmes qui ont
insisté sur cette concurrence.
M. LAURIN: Mais quelles sont les méthodes de concurrence au sein
même de ces grands
hôtels? Est-ce que les dispatchers comme vous les avez
appelés tout à l'heure, les coordonnateurs, font la chasse aux
clients comme les compagnies de taxi peuvent faire la chasse aux mêmes
clients de ces hôtels?
M. GAGNON: Les instructions que les dispatchers ont et la politique
ferme de Murray Hill, c'est qu'il n'y a aucune chasse. S'il s'en fait, il y a
des moyens de corriger la situation. Le problème, c'est qu'on n'en est
jamais informé. Cela sert toujours de manchettes dans les journaux; cela
ne sert jamais d'information là où cela devrait et où il y
aurait moyen de prendre des mesures efficaces. Evidemment, on monte cela en
épingle, les gens s'excitent, les chauffeurs de taxi s'imaginent qu'on
les dépouille alors qu'en réalité, c'est une goutte d'eau.
Cela ne représente rien. S'il y a une chasse qui se fait, il y a
toujours moyen de la régler.
Maintenant, j'aimerais souligner que par ailleurs on a parlé,
à un moment donné d'un système qui s'était
établi à l'aéroport pour les taxis. Ils ont eu leur
dispatcher. Si vous avez pris l'avion et si vous avez atterri à
l'aéroport de Dorval, vous avez peut-être été en
mesure de constater le genre de chasse qu'à l'occasion ces messieurs se
permettaient. J'espère que la situation est réglée. Cela
fait longtemps que je n'ai pas eu à me mêler de cette
question.
Il est bien normal que des gens qui travaillent et qui ont des revenus
par pourboires soient intéressés à les augmenter.
Evidemment, à ce moment, il se fait toujours certains gestes qui ne sont
pas nécessairement conformes à ceux que la compagnie voudrait
qu'ils posent. On essaie de remédier à cette chose au meilleur de
notre connaissance et avec tous les moyens et tous les règlements
possibles. Je pense que c'est tout ce qu'on peut faire.
M. LAURIN: Dans les conversations qu'on peut avoir avec ceux qui
émettent de telles affirmations, on parle parfois d'entente entre les
représentants de Murray Hill qui sont là, au fond, depuis
plusieurs années, et ceux qui ont un rôle important à jouer
auprès des clients d'un hôtel comme, par exemple, les portiers ou
ceux qui sont à la réception. Vous n'avez jamais entendu parler
de choses comme ça?
M. GAGNON: J'ai entendu parler de choses comme ça, il va de soi.
Les accusations ont été faites assez souvent pour que j'en
entende parler. Est-ce qu'elles se reflètent dans la
réalité? C'est une autre paire de manches. C'est moins sûr.
Les exigences de la compagnie sont très sévères à
ce sujet. De plus, la compagnie a des contrôles qu'elle exerce dans une
certaine mesure sur ces activités.
M. LAURIN: Vous avez suggéré tout à l'heure que, si
tels cas qui sont contraires aux règlements de la compagnie se
produisaient, vous suggéreriez à ceux qui les voient ou qui en
sont conscients de faire des plaintes à la compagnie. Avez-vous
effectivement reçu de temps à autre des plaintes de la part des
propriétaires indépendants ou d'autres associations de taxis, de
services?
M. GAGNON: J'en serais fort étonné. C'est beaucoup plus
utile dans les journaux que chez nous. Et je ne me souviens pas d'avoir eu des
plaintes directement. On en a eu par des commissions parlementaires, par la
Régie des transports. A un moment donné, quand on arrivait
à une audition, là, ça faisait chic, c'était utile.
Mais il faut dire que lorsque le cas arrivait et qu'il y avait moyen de le
contrôler, de vérifier les faits et de permettre à
l'employé accusé de se défendre parce qu'il a le
droit de se défendre là, c'est une autre paire de manches.
Nous n'avons pas vu de ces choses.
M. LAURIN: On a fait aussi une autre affirmation que, dans certains
quartiers plus huppés de la métropole, il pouvait s'être
développé un système analogue entre les
propriétaires de ces quartiers et les "agents recruteurs" de compagnies
telles que la vôtre.
M. GAGNON: Encore là, il faudrait d'abord analyser le soi-disant
système et la soi-disant entente pour voir si, premièrement, ils
sont véritablement répréhensibles ou si c'est simplement
l'exécution normale des obligations de la compagnie, parce que la
compagnie se doit d'offrir son service au public. Il faut qu'elle le fasse
connaître. Il y a cette réserve que je fais en partant.
Il y a de plus le fait qu'on n'en a jamais entendu parler sauf dans des
circonstances comme celle-ci et, à ce moment-là, ce n'est pas
contrôlable. Il n'y a aucun fait qui soit mis devant vous, il y a des
affirmations; mais les faits qu'à tel jour, à telle date M. Untel
a fait telle chose, ce qui nous permettrait à nous de mettre le doigt
sur cette situation et, si elle mérite des corrections, de la corriger,
on ne les voit jamais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dr Laurin, me permettriez-vous de poser une
question?
M. LAURIN: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Me Gagnon, pour faire suite aux observations
du Dr Laurin, on a affirmé que votre société, Murray Hill,
jouissait de certains privilèges de la part de la police en ce qui
concerne les billets d'infraction. On nous a même dit qu'on avait des
documents montrant un policier collant, comme on dit dans le langage populaire,
un "ticket" à quelqu'un puis ouvrant la porte d'une limousine de Murray
Hill. Qu'est-ce que vous pouvez nous répondre à des choses comme
ça?
M. GAGNON: Je dois vous dire, comme vous le savez, qu'il y a eu des
périodes où Murray Hill n'a pas gagné des concours de
popularité et où, grâce à des affirmations
plutôt générales et gratuites comme celles auxquelles on se
référait tout à l'heure, on a fait les grandes manchettes
dans les journaux, puis on a accusé cette compagnie de tous les
péchés. Le résultat pratique, évidemment, c'est que
les policiers qui se voyaient toujours accusés de ne pas jouer leur
rôle ont exercé un zèle inouï. Un autobus qui arrive
au coin de la rue et qui arrête à treize pouces du trottoir
reçoit un billet parce que le maximum est douze pouces, dit-on.
Mon bureau pourrait être tapissé de contraventions de ce
genre. Il y a un essuie-glace qui fonctionne mal parce que, entre le trajet du
garage où l'entretien est soigné d'une façon très
particulière et l'endroit où le véhicule se dirigeait, un
morceau de glace a frappé le pare-brise, l'essuie-glace est
tombé, ou il est arrivé quelque chose comme cela. Une
contravention, parce que le véhicule n'est pas conforme! On n'a pas
d'idée. Il y a eu des périodes où la persécution a
été absolument systématique et absolue. Alors, qu'on ne
vienne pas nous raconter que les policiers ont quelque chose à faire en
faveur de Murray Hill. C'est de l'aberration. C'est précisément
parce qu'on veut que cela continue! Ces affirmations ne sont pas faites...
M. BOSSE: N'est-ce pas l'ex-président du comité
exécutif de la ville de Montréal, M. Saulnier, qui disait
lui-même qu'après de telles constatations il avait pris des
mesures pour changer le plus fréquemment possible les agents qui se
trouvaient à proximité de ces hôtels parce qu'il avait,
après enquête, constaté lui-même que, de fait, il
semblait y avoir de ces espèces d'injustices? Evidemment, vous avez pu
être victime à l'occasion, comme vous le faites remarquer si
habilement...
M. GAGNON: Est-ce que...
M. BOSSE: La persécution, cependant, n'a pas toujours
été le cas. Ici, je ne cherche pas à vous accabler...
M. GAGNON: Non, non, je comprends. D'abord, j'ignore s'il y a eu une
enquête ou si c'est simplement à la suite des affirmations qui
étaient faites parce que, de notre côté, nous n'avons
jamais été avisés qu'il y avait une enquête. En tout
cas, moi, je n'en ai pas eu connaissance.
M. BOSSE: Si je me souviens, c'est à l'occasion d'une entrevue
radiophonique que donnait le président du comité exécutif
du temps. L'enquête ne portait pas évidemment sur les
activités de Murray Hill; elle portait surtout sur les activités
de certains policiers ayant un zèle très particulier, mais, cette
fois-là, pas contre les véhicules de Murray Hill.
M. GAGNON: Oui, mais encore là, quant à nous, quant
à Murray Hill...
M. BOSSE: Ah, ce n'est pas la même chose...
M. GAGNON: ... dans la mesure où je le sais, parce que, encore
une fois, je ne peux pas connaître tout ce qui se passe chez Murray Hill,
dans la mesure où moi, j'ai été informé des
circonstances, je ne connais pas de circonstances particulières qui
aient été portées à l'attention de la compagnie
où il y aurait eu quelque chose de ce genre parce que, là encore,
cela se corrige.
M. BOSSE: Je comprends qu'il serait difficile pour vous de vous plaindre
de ne pas avoir de contravention, ce n'est pas votre rôle surtout. A ce
moment-là, c'étaient des plaintes contre des taxis.
M. GAGNON: Oui, mais l'inconvénient c'est que nous en sommes
accusés, que nous sommes accusés d'avoir fait des ententes alors
que nous sommes innocents de cela. S'il y a eu une entente entre un chauffeur
et un détective, ce n'est pas ma faute, ce n'est pas la faute de la
compagnie. Il faudrait quand même rétablir le fait que ce n'est
pas la compagnie qui agit alors, mais que cela peut être l'individu qui,
lui, ne veut pas être pris avec la contravention et qui prend les moyens
parce que, quand il a une contravention, il y a des explications, car la
compagnie n'admet pas les contraventions, et pour cause. Alors, s'il y a des
ententes au niveau des employés à un moment donné parce
qu'ils veulent éviter...
M. BOSSE: Je ne voulais pas vous...
M. GAGNON: ... de se trouver dans une situation déplorable
vis-à- vis de leur employeur, il ne faudrait quand même pas
coiffer l'employeur ensuite de l'accusation, parce que ça ne marche
plus.
M. BOSSE: Ce que je voulais tout simplement mettre en lumière,
c'est qu'il y avait des faits là-dessous. Ce n'était pas
uniquement de la fumée, il y avait aussi des faits. Mais je n'essaie pas
de vous blâmer.
M. GAGNON: Ce que je tiens absolument à souligner, c'est que la
fumée et le feu, s'il y en a eu, n'avaient rien à voir avec la
compagnie. Que s'il y a eu de la fumée et du feu, cela n'a pas
été parce que la compagnie y avait participé.
C'était absolument contraire aux politiques précises de la
compagnie qui préfère cent fois plus recevoir une contravention
que de se voir accuser, après cela, d'avoir essayé de
l'éviter. Vous comprenez pourquoi. La compagnie est tellement consciente
des problèmes particuliers auxquels elle a fait face depuis dix ans que
ces problèmes, elle tient à les éclaircir. Je tiens
absolument à ce que cela ne laisse aucun doute
que, de la part de Murray Hill, il n'y a pas de ces histoires-là,
parce que c'est trop facile.
M. LE PRESIDENT: Me Gagnon, me per-metteriez-vous une question: Est-ce
que l'activité de votre service d'automobiles de location s'exerce
à l'intérieur des limites de la ville de Montréal?
Supposons que je demeure dans une belle maison d'appartements qui s'appelle Le
Cartier, au coin de Peel et Sherbrooke, et que je désire me rendre pour
affaires à Place Crémazie. Plutôt que de prendre un taxi,
je préfère avoir un chauffeur costumé dans une automobile
non identifiée comme étant un taxi. Est-ce que cela est compris
dans le service que vous offrez?
M. GAGNON: Je suis obligé de l'offrir, oui. Parce que le permis
exige un service dans l'île de Montréal et dans la
périphérie de quinze milles, si je me souviens bien.
M. CARON: A quel taux? M. GAGNON: Le double.
M. BOSSE: C'est là la subtilité qui fait que les taxis
vont prétendre qu'il y a effectivement des voitures qui font du taxi.
C'est le noeud du problème, au fond.
M. GAGNON: Non, parce que, voyez-vous...
M. BOSSE: Légalement, vous pouvez soutenir...
M. GAGNON: Non, je parle de faits.
M. BOSSE: ...très facilement que vous donnez suite à vos
obligations et personne ne vous en fera le reproche. Cependant, si quelqu'un
transporte des passagers de la rue Bellechasse à la rue Sherbrooke dans
l'ouest, qui est un trajet similaire ou, enfin, qui est dans son territoire,
quelles que soient les raisons qui motivent ce transport, effectivement, un
chauffeur de taxi peut s'imaginer qu'on transporte des passagers auxquels il a
droit en vertu aussi d'un permis qu'il détient dans une
communauté quelconque. C'est le noeud. Je ne cherche pas à
contester ou à exprimer un simple doute quant à la
légalité de vos activités.
Dans mon esprit, c'est très clair. Cela est légal par
rapport au permis que vous détenez.
M. GAGNON: J'aimerais placer la question sur un autre plan. La Loi de la
Régie des transports, comme la nouvelle loi, a comme objectif
fondamental le service public. La Régie des transports, après une
audition qui a duré de nombreuses années, a décidé
que ce genre de services était essentiel au public. Qu'il y ait des
chauffeurs de taxi qui se sentent psychologiquement mal placés ne change
rien à la nécessité de fournir le service au public.
Je regrette, mais il me semble que le critère du service public
est plus important que la psychologie du chauffeur. Le chauffeur qui est dans
le domaine et qui devrait en savoir plus long devrait comprendre qu'il n'y a
pas effectivement de concurrence, parce que le véhicule en question ne
fait pas de "cruising", pour utiliser un terme du métier; il ne fait pas
d'attente dans les postes d'attente; il fait son voyage après un
arrangement préalable qui est pris, non pas avec le chauffeur mais avec
la compagnie directement, pour un prix qui est au moins le double de celui
qu'il peut réclamer en vertu de son tarif de taximètre.
Par conséquent, il ne peut pas être question à ce
moment-là de concurrence. Il est évident que c'est parce que
l'usager du véhicule a préféré un autre genre de
service à celui que le chauffeur de taxi pouvait lui procurer. Vous
allez dire que c'est une concurrence entre genres de services, oui, comme il y
a une concurrence, entre les trains, les avions et les autobus. Mais ils ont
chacun leurs tarifs, ils ont chacun leurs avantages et leurs
désavantages et les gens doivent avoir le choix entre ces divers moyens
de transport. C'est essentiel.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: Juste une question là-dessus. Quand les règles
du jeu sont faussées, et ça arrive assez souvent
même si ce n'est pas votre responsabilité première, si le
fait vient à votre attention, est-ce qu'il n'y a pas quand même un
intérêt de la part de votre compagnie à aller au devant des
coups et à essayer d'élucider et de clarifier la situation?
M. GAGNON: Certainement. Je ne peux pas vous dire le nombre
d'enquêtes qui ont été faites parmi les salariés
pour vérifier les affirmations très générales qu'on
recevait, et qui, très rarement, étaient... Je vais vous
illustrer un peu plus la situation pour que vous voyiez jusqu'à quel
point le contrôle est exercé. Chaque véhicule est
contrôlé de telle sorte que, si vous perdez quelque chose dans ce
véhicule et que si vous appelez ensuite pour l'avoir, il y a au moins 95
p.c. des chances que l'objet soit retrouvé. On va identifier le
véhicule dans l'espace d'une heure. C'est quand même
fantastique.
Vous pouvez avoir le cas d'un chauffeur qui vous dit: Le tarif est $15,
alors que, en réalité, le tarif déposé à la
régie et autorisé, est de $10. Si vous êtes capable de
donner la destination précise, l'heure précise et l'endroit du
départ précis, le chauffeur sera identifié
immédiatement parce que le "dispatching" est fait de telle sorte qu'il y
a un contrôle absolu sur les allées et venues de chacun des
chauffeurs.
Sur ce plan-là, quand on vient nous affirmer qu'il y a eu quelque
chose qui s'est passé, on dit que c'est possible, parce que, quand
même,
aucun système humain n'est susceptible de ne pas
défaillir. Mais ce n'est pas possible assez souvent pour que ça
devienne un problème psychologique et encore moins un problème
social.
M. LAURIN: Est-ce que l'inverse peut être vrai, qu'un de vos
chauffeurs pourrait faire une course sans que votre coordonnateur le sache?
M. GAGNON: C'est ce qu'on dit. Si cela arrive, c'est tellement rare et
peu probable que c'est de minimis. Cela ne veut plus rien dire à ce
moment-là et ça ne peut pas servir de base au genre d'assauts
dont Murray Hill a été la victime dans le passé. C'est
clair qu'on a exagéré la chose hors de toute proportion.
M. LE PRESIDENT: Le député de Verdun.
M. CARON: Il faut admettre que si d'une intersection à l'autre
vous parliez de Météor tout à l'heure il y a
des chauffeurs de taxi qui ont de belles autos, à Montréal, il y
a des Chrysler, des Buick, même des Cadillac, qui voient une automobile
de Murray Hill collée à côté d'eux, prenant un
voyageur, qui s'en va, qui paie un permis municipal, c'est pas plaisant. Alors,
je pense bien que c'est une grosse partie des plaintes qu'on peut entendre des
chauffeurs.
M. GAGNON: Oui, il faut bien reconnaître qu'à ce
moment-là c'est un problème psychologique pour ces chauffeurs,
mais ce n'est pas comme ça qu'on peut régler un problème
relatif au transport. Le problème du transport, c'est
l'intérêt public, et l'intérêt public exige ce genre
de véhicules. Tant que l'intérêt public va l'exiger, il va
falloir l'avoir. Autrement dit, est-ce que le chauffeur de taxi va prendre le
pas sur le passager? Est-ce que c'est le chauffeur de taxi qui, à cause
de son problème psychologique, va déterminer pour le passager que
le seul genre de véhicule qu'il a le droit de prendre c'est le taxi? Il
semble que la réponse va de soi.
M. CARON: Non, d'accord, mais il devrait...
M. GAGNON: On comprend ça.
M. CARON: ... y avoir un équivalent du permis qui devrait
être payé aux municipalités où circule Murray Hill,
pour concurrencer le chauffeur de taxi.
M. GAGNON: Tout à fait d'accord, mais le permis payé par
Murray Hill est payé à la Régie des transports. C'est un
permis qui coûte cher. Je ne sais pas quel est le prix, mais il y a
certainement un prix substantiel.
M. CARON: Est-ce que c'est un prix global?
M. GAGNON: Franchement, c'est un aspect... quand le permis est
accordé, je ne m'occupe plus de ça. Il y aurait peut-être
moyen de savoir, je l'ignore totalement, pour être bien franc. Je ne me
suis jamais enquis de ça, mais je suis certain qu'on paie des droits
à la province qui sont assez substantiels quand même.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Me Gagnon, vous parliez tantôt de cas
très isolés, lorsqu'on parle de clients, par exemple, qui
demandent une voiture à l'hôtel pour se faire transporter dans un
endroit...
M. GAGNON: Qui n'est pas l'aéroport.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... qui n'est pas l'aéroport.
Laissez-moi vous dire que ça se fait très fréquemment. Je
ne mets pas en doute vos déclarations, remarquez bien, mais je suis
très surpris quand vous parlez de cas isolés, parce que, dans
certains hôtels du centre de la ville, il est reconnu que si un client
demande une voiture, sans spécifier que ce soit une voiture non
identifiée ou une voiture avec un chauffeur en livrée, il est
reconnu que c'est toujours une voiture de Murray Hill qui vient chercher le
client. Et ce ne sont pas des cas isolés.
M. GAGNON: Comme je l'ai dit plus tôt, si vous avez des cas
spécifiques à nous communiquer, vous êtes les bienvenus
parce que ce n'est absolument pas dans l'optique de la compagnie, et je ne
comprendrais pas d'ailleurs que le passager en question accepte de monter dans
le véhicule au prix qu'on lui demande.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Probablement que c'est au même
prix.
M. GAGNON: Non, ce n'est pas possible.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela se fait couramment.
M. GAGNON: A ce moment-là, il y aurait... je m'excuse, mais si
ça se fait fréquemment, veuillez nous soumettre les faits d'une
façon concrète.
Nous allons faire une enquête tout de suite, parce que cela veut
dire que la compagnie se fait voler tout rond, parce que cela veut dire que la
compagnie ne perçoit pas ces sommes d'argent et il est temps qu'on le
sache.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si je demande une voiture, alors que je suis
dans un hôtel, pour me rendre à l'aéroport de Dorval,
à ce moment-là, c'est une voiture de Murray Hill?
M. GAGNON: Absolument, parce qu'on doit vous donner le service.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): De par votre permis?
M. GAGNON: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Votre permis vous donne
l'exlusivité?
M. GAGNON: Pas l'exclusivité, il nous donne l'obligation de
donner le service et on le donne.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Alors, si je me rends au bureau de
réception et que je demande une voiture pour aller à
l'aéroport de Dorval, on ne peut pas faire venir un taxi ordinaire,
c'est toujours une voiture de Murray Hill.
M. GAGNON: Dans le concret des choses j'y vais dans ces
hôtels, moi aussi au Reine-Elisabeth, par exemple, les passagers
se dirigent vers une sortie sur le côté de l'hôtel et je
pense qu'il y a là quinze taxis. Croyez-vous que le portier va se mettre
ces quinze chauffeurs de taxi à dos? Ce n'est pas possible. Il ne
survivra pas une semaine, c'est impensable.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si je commande une voiture à la
direction de l'hôtel, à ce moment-là, c'est un
véhicule de Murray Hill.
M. GAGNON: Ce n'est pas à la direction. Vous allez au bureau.
Naturellement, on va vous dire: Murray Hill, parce que c'est le genre de
service que Murray Hill donne. Si vous demandez un taxi, on va vous dire:
Très bien, voici un taxi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous avez répondu pas mal à
toutes ces questions-là. D'ailleurs, le député de
Chicoutimi vous a posé des questions à peu près dans le
même sens, mais je voulais ces quelques éclaircissements. Je
descends de l'avion, à l'aéroport international de Dorval, et je
demande une voiture; est-ce que ce sera une voiture de Murray Hill?
M. GAGNON: Si vous demandez une voiture, vous allez avoir très
probablement une voiture...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne dis pas une voiture de Murray Hill, je
demande une voiture.
M. GAGNON: Si vous demandez une voiture, c'est très probable que
la voiture que vous allez avoir va être de Murray Hill. Si vous demandez
un taxi, vous allez certainement avoir un taxi. Vous avez le choix. Murray Hill
n'a pas de taxis, si vous demandez une voiture, vous allez l'avoir.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que les taxis ont le droit de
ramasser les clients à la sortie de l'aéroport de Dorval?
M. GAGNON: Assurément. Il y a d'ailleurs un poste d'attente.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, pas depuis très longtemps.
M. GAGNON: On n'entrera pas là-dedans.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Une simple question: Vous avez fait une
déclaration tantôt, si vous me permettez, disant que vous
choisissez vos clients et cela ne me regarde pas du tout.
Vous avez fait beaucoup de droit ouvrier et surtout pour la partie
patronale. Lorsque vous déclariez tantôt que vous donniez
l'exemple d'une demande de sécurité d'emploi, laissez-moi vous
dire que je n'ai jamais négocié comme conseiller juridique, je ne
suis pas avocat, mais j'ai négocié des conventions collectives de
travail et je dois vous dire que vous avez exagéré.
Une clause de sécurité d'emploi, ce n'est pas ce que vous
avez dit. C'est peut-être un cas que vous avez cité, mais vous
avez choisi l'extrême parce qu'une clause de sécurité
d'emploi, ce n'est pas cela du tout et j'en ai négocié plusieurs
fois.
M. GAGNON: D'accord.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'aimais à rétablir les faits.
Il ne faut pas faire croire que tous les syndiqués demandent des choses
dérisoires ou extravagantes. Je m'excuse, je...
M. GAGNON: Vous avez parfaitement raison. Si vous avez remarqué,
après avoir cité ce cas-là qui, il faut le
reconnaître, est assez spécial, je vous ai souligné que,
dans la grande majorité des conventions collectives, ce genre de clause
n'existe pas, que la sécurité d'emploi s'exerce par des moyens
indirects de clause d'ancienneté et de choses du genre. J'ai tout
simplement illustré que, quand on parle de sécurité
d'emploi et que l'on parle de Murray Hill, c'est facile de faire une
équation entre une sécurité d'emploi absolue et Murray
Hill, parce que c'est Murray Hill.
J'ai tenu à souligner que, dans les conventions collectives, il
n'y a pas une sécurité d'emploi si considérable que
cela.
C'est une sécurité qui vient de l'ancienneté
plutôt que de la garantie qu'on va travailler. En effet, la garantie du
travail ne provient pas des cadres de l'entreprise elle provient de son
travail. S'il n'y a pas de travail à faire, c'est clair que je n'ai pas
de sécurité d'emploi. Si j'ai du travail à faire, c'est
clair que j'ai une sécurité.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Me Gagnon, vous venez de donner la
définition de la plupart des clauses de sécurité d'emploi
qui sont de-
mandées par les syndicats. Là, je suis d'accord.
Tantôt, je ne l'étais pas.
M. GAGNON: Tout à fait d'accord. Je peux vous dire que chez
Murray Hill, les politiques générales d'emploi vous pouvez
le vérifier par l'ancienneté des chauffeurs indiquent
clairement que cette politique est généralement suivie, comme
elle l'est ailleurs. Ce sont les mêmes règles de base, parce que
ce sont des règles humaines. Ce sont des règles absolument
normales de relations humaines. Il n'y a aucune raison, parce qu'il n'y aurait
pas, à un moment donné, une union à un endroit, pour que
ces règles ne soient pas suivies.
M. AUDET: M. Gagnon, plusieurs témoins qui formulaient des
remarques sur votre entreprise reconnaissaient que vous aviez un permis de
limousine. Avec ce permis qui vous donne le droit de louer des automobiles, on
prétendait que les automobiles louées, qui sont utilisées,
n'étaient pas du tout des limousines. Elles devenaient des voitures
très ordinaires.
M. GAGNON: Le permis que nous détenons est un permis pour faire
du transport par véhicules de promenade non enregistrés comme
taxis. Un véhicule de promenade non enregistré comme taxi est
défini dans la loi comme étant un véhicule privé,
agencé pour le transport de sept personnes à la fois, y compris
le chauffeur.
Alors, ce n'est pas un permis de limousine. Le mot limousine a
été utilisé par abus. Il n'y a aucun permis que je
connaisse dans la province qui soit un permis de limousine. Cela n'existe pas.
Le mot limousine n'a aucune existence juridique où que ce soit.
Je dois dire que Murray Hill, en plus des véhicules Meteor
qu'elle utilise pour donner son service à l'aéroport,
possède des Cadillac j'ai énuméré la liste
tout à l'heure pour faire précisément ce qu'on peut
appeler communément un service de limousine. C'est un service ultra-chic
qui est utilisé dans Montréal à l'occasion.
M. LE PRESIDENT: Je ne crois pas qu'il y ait d'autres questions de la
part des membres de la commission pour M. Gagnon. Je le remercie infiniment de
ses représentations. Comme le dirait le député de
Chicoutimi, il a fait valoir ses arguments. Je l'en remercie infiniment.
M. Gagnon.
M. GAGNON: Je vous remercie et j'espère que les faits que nous
avons essayé de vous présenter étaient clairs. Je vous
assure que les représentations étaient sincères.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Gagnon. Alors, la commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance: 17 h 48)