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Camionnage en vrac au Québec
(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des transports est à nouveau
réunie pour entendre les mémoires eu égard aux auditions
publiques sur le camionnage en vrac.
Les membres de cette commission sont: M. Baril (Arthabaska), M. de
Belleval (Charlesbourg), M. Goulet (Bellechasse), M. Gratton (Gatineau), M.
Grégoire (Frontenac) est remplacé par M. Bertrand (Vanier); M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. O'Neill (Chauveau), M.
Proulx (Saint-Jean), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Verreault (Shefford).
Les intervenants sont: M. Beauséjour (Iberville), M. Bordeleau
(Abitibi-Est), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Mailloux (Charlevoix), M.
Mathieu (Beauce-Sud), M. Michaud (Laprairie), M. Ouellette (Beauce-Nord).
Le rapporteur de cette commission est toujours M. Bertrand (Vanier).
Lors de l'ajournement, hier, à 24 heures, nous en étions
rendus au Poste d'affectation de la région 09 Inc.
Pour les besoins des gens qui sont dans cette salle, je vais nommer
l'ordre de la journée: le Poste d'affectation de la région 09
Inc., M. Ulysse Miller; le Poste d'affectation de la région 09 Inc., M.
Serge Robichaud; le Poste d'affectation de la région 09 Inc., sous-poste
de Sept-lles Inc., M. Paul Lapierre; la Scierie des Outardes Enr.; le Poste
d'affectation de la région 03 Inc.; le Poste de courtage
Montréal-Laval, région 10 Inc.; le Groupe des produits chimiques
Domtar; l'Association des camionneurs en vrac de Dubuc-Sud Inc.; la
Coopérative de camionneurs du Québec; l'Association des
transporteurs en vrac région 03 Inc.; M. Clément Ruel, comme
onzième intervenant; les transporteurs en vrac du Trois-Rivières
métropolitain Inc.; l'Association des camionneurs artisans du
comté de Rouville; certains entrepreneurs spécialisés dans
le domaine du transport en vrac pour la région de Montréal; la
ville de Laval, sa région périphérique, la région
06 et la région de l'Abitibi, la région 08; l'Association du
camionnage du Québec Inc. Le dernier intervenant ce soir, ou cet
après-midi cela dépendra des intervenants et des gens
à cette table Delangis Inc., les Entreprises Bourget Inc., et
Kildair Service Ltée.
Comme on le sait, nous avons près de huit autres mémoires
à entendre demain et, possiblement, selon les besoins et les
circonstances, un retour de l'Association nationale des camionneurs artisans
Inc., qui pourrait revenir à la fin de la journée demain. On
demanderait donc aux gens qui présentent les mémoires et à
ceux qui posent des questions, compte tenu des répétitions qui
pourraient survenir en cours de route, sans vouloir brusquer personne, d'y
aller le plus rapidement possible pour en faire le plus possible aujourd'hui et
en avoir le moins possible à faire demain, si on en est capable. Je ne
sais pas si les gens s'entendent aujourd'hui, le maximum de temps étant
toujours d'une heure; il n'est pas défendu d'utiliser moins de temps, si
on a moins de problèmes, moins de questions. Nous devons essayer d'en
faire le plus possible pour terminer dans le délai prévu de trois
jours.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, est-ce qu'on va donner suite
à l'entente qui semblait être intervenue hier pour que la
commission siège ce soir, par exception?
Le Président (M. Jolivet): C'est cela. Normalement, on
essaiera de terminer le travail aujourd'hui en essayant de faire le plus
rapidement possible en cours de route.
Je fais appel au Poste d'affectation de la région 09 Inc.,
représenté par M. Ulysse Miller.
Poste d'affectation de la région 09 Inc.
M. Miller (Ulysse): Bonjour, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Bonjour.
M. Miller: Bonjour, M. le ministre et les membres de
l'Opposition. Je remercie la commission parlementaire de nous avoir
invité à se faire entendre. A partir de là, je cède
la parole à Me Ramsay, qui est l'avocat du Poste d'affectation de la
région 09.
Le Président (M. Jolivet): Allez.
M. Ramsay (Richard): M. le Président, avant d'entreprendre
l'exposé du court mémoire qui vous est soumis aujourd'hui,
j'aimerais ouvrir une parenthèse pour vous signaler toute la confusion
qui règne dans la région 09 actuellement.
Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a quelque trois
mémoires qui vous sont soumis ce matin, les uns à la suite des
autres, le premier étant celui que je vais vous exposer dans quelques
minutes. Deux de ces mémoires émanent du même organisme, le
Poste d'affectation de la région 09. Il y a donc lieu de se demander
est-ce que ça émane des mêmes individus, est-ce qu'il y a
deux postes d'affectation de la région 09?
A tout événement, l'organisme que je représente est
un organisme qui a été créé en juin 1978, qui a
obtenu un permis de poste d'affectation en juin 1978 et dont les
administrateurs sont élus en vertu d'un règlement
général qui a été adopté à cette
époque-là. Ce règlement général de compagnie
n'a pas été modifié depuis ce temps-là. Il y a un
conseil d'administration qui fait un mémoire et qui vous le soumet
actuellement. Tout de suite après vous allez avoir un deuxième
mémoire qui vient lui aussi du Poste d'affectation de la
région
09, qui sera présenté par M. Serge Robichaud qui est le
directeur général du poste. Il y a donc lieu de se demander
est-ce que le directeur du poste suit les ordres du conseil d'administration
que je représente? Est-ce qu'il y a un autre conseil d'administration?
Je pense que, pour la commission, il y a là source de confusion, un
imbroglio qui vous démontre le caractère épineux du
problème du camionnage en vrac et ce problème particulier qui
existe dans la région 09.
Le troisième mémoire est celui qui émane du
sous-poste d'affectation de la région de Sept-lles. Ce sous-poste
d'affectation, malgré qu'il semble faire bande à part, ceux qui
les présentent ont appuyé le mémoire que nous allons vous
présenter. C'est un mémoire distinct, alors il n'y a pas de
confusion ou de contradiction avec le mémoire du sous-poste
d'affectation, mais il y a quand même un problème qui se
soulève à ce niveau.
Je ferme la parenthèse sur ce problème. Si j'étais
devant un tribunal de la Cour supérieure, je demanderais peut-être
un jugement déclaratoire pour savoir qui est le bon conseil
d'administration qui devrait présenter le mémoire, mais je suis
devant une commission parlementaire et je vais simplement m'en aller à
la présentation du mémoire.
Avec votre permission, M. le Président, je vais me dispenser ou
vous dispenser d'une lecture exhaustive du mémoire. Il est très
court. Je ferai simplement un exposé en bref, pour vous dire qu'il y a
déjà trois ministres qui se sont penchés sur le
problème. Il y a quatre réglementations qui ont touché au
camionnage en vrac. Le premier règlement, qui est le règlement no
12, émanait du ministère de M. Mailloux, à
l'époque. Il y a eu le règlement qui a été
présenté pour trois divisions territoriales par M. Lessard en
juin 1977, et il y a eu finalement le règlement de juin 1978 et,
finalement, les amendements relativement au courtage, présentés
par M. de Belleval en novembre dernier. (10 h 15)
En plus de ça, il y a eu la commission parlementaire
présidée par M. Mailloux à l'époque. Il y a eu le
comité 112, qui a été présidé par M. Pierre
Angers et qui a fait un tour d'horizon à l'époque, consultation
exhaustive, vaste. Les procureurs de toutes les parties avaient
été consultés. Les parties avaient été vues
à travers la province. Cela a donné lieu à un
règlement qui semblait, à cette époque-là,
satisfaire tout le monde. Finalement, on se retrouve encore devant une
commission parlementaire. Cela fait trois commissions ou comités, quatre
lois, trois ministres.
Tout ça pour vous dire que dans la région 09, le voeu des
camionneurs est le suivant: On est tanné. On veut que ça cesse.
On veut qu'il y ait une loi, une fois pour toutes, qui sera, elle, applicable
et respectée. Il faut qu'elle soit applicable et respectée. Il ne
faut pas chercher de solution miracle, de loi particulière avec des
formules miracles qui, je pense, satisferaient tous les organismes, mais bien
plutôt peut-être d'avoir une loi qui semble saine, qui semble
répondre, qui semble fonctionner et qu'on applique et qu'on fasse
respecter.
Dans la région 09, le fond du problème se reflète
sous cinq aspects. Il y a d'abord l'aspect de la division des camionneurs. Le
règlement no 12 créait une distinction juridique entre
camionneurs artisans et camionneurs entrepreneurs. Cela a donné lieu
à la création de deux organismes qui s'appelaient, dans la
région 09 aussi, l'ANCAl région 09 et la Coopérative des
camionneurs de la Côte-Nord. Cela a été une rivalité
entre ces deux associations pendant nombre d'années. Cette
rivalité existe encore aujourd'hui. Simplement comme exemple, un appel
téléphonique que j'ai eu lundi, en revenant de vacances, d'un
camionneur de la Côte-Nord, de la région de Sept-lles, pour me
dire: Je ne suis pas prêt à sortir le fusil pour commencer
à travailler et je ne suis pas prêt à me joindre à
l'autre association. Il dit: Je préfère serrer mon fusil et
vendre mon camion.
C'est pour vous dire qu'il existe actuellement, au niveau de la
région 09, encore une division profonde entre les camionneurs,
malgré que la distinction entre artisans et entrepreneurs soit
disparue.
Le deuxième problème a cristallisé cette division
entre camionneurs et est venu de la clause 75-25 qui était autrefois
accordée aux seuls membres artisans. Cela a cristallisé cette
division entre camionneurs, qui existe encore aujourd'hui. Même si avec
la nouvelle réglementation, on accorde la clause 75-25 au poste
d'affectation, il serait bien de savoir qui contrôle le poste
d'affectation, qui pourra avoir la meilleure répartition de travail en
fonction de cette clause 75-25.
Il y a un troisième problème qui se pose au niveau de la
région 09, et je ne pense pas que ce soit limitatif à la
région 09. On a entendu hier le mémoire de la région 02.
C'est le problème des transporteurs forestiers. J'entérine
à ce moment, j'accepte presque globalement ce qui a été
dit au niveau des transporteurs forestiers par la région 02.
Effectivement, les camionneurs qui travaillent pour ces compagnies sont
à la merci de ces compagnies; ils sont à la merci des taux qui
sont fixés. Ces gens travaillent selon un régime
d'ancienneté. Si on n'observe pas les règles qui sont
fixées, on perd l'ancienneté ou on perd le travail. Je pense
qu'il y a lieu au niveau de la commission parlementaire de se pencher sur le
secteur forestier. C'est un secteur qui est aussi important en lui-même
que tout le secteur du vrac. Cela prendrait une commission parlementaire sur le
secteur forêt simplement pour faire la lumière là-dessus et
voir quelles sont les solutions qui pourraient y être apportées.
Une solution qu'on peut envisager, c'est la création d'un permis
spécialisé de transport en forêt pour les transporteurs
qui, effectivement, sont munis des équipements spécialisés
pour travailler pour ces compagnies, leur donner un permis et limiter le
travail pour les compagnies forestières à ces seuls
détenteurs de permis. Cela placerait peut-être le camionneur dans
une position de négociation beaucoup plus équitable
qu'actuellement.
Un quatrième problème qui existe au niveau de la
région 09 c'est celui que j'ai présenté entre
parenthèses ou en aparté avant de faire
l'exposé du mémoire c'est le non-fonctionnement du
poste d'affectation. Le non-fonctionnement du poste d'affectation dans la
région 09, je ne crois pas qu'il soit le fait de la législation
principalement, mais plutôt le fait de la division des camionneurs et le
fait de la recherche de contrôle du poste d'affectation. Effectivement,
le problème présenté en aparté démontre
qu'il existe actuellement deux conseils d'administration qui veulent
gérer le poste d'affectation. C'est inutile de chercher longtemps pour
voir le problème que cela peut causer avec plusieurs chefs: qui
reçoit les ordres, qui signe les chèques. C'est un
problème majeur qui existe actuellement dans la région 09 au
niveau du poste d'affectation. Ce n'est pas relié directement à
la loi.
Un cinquième problème, qui est, je pense,
généralisé à travers la province, c'est celui de
l'absence de travail. Il y a lieu de nuancer cette affirmation parce que,
lorsqu'on parle d'absence de travail, ça peut être aussi, à
certaines périodes de l'année, une absence de planification du
travail qui provient des sources gouvernementales. Il y a là un
problème assez important. On peut dire que, dans la région 09,
entre mai, juin et juillet, il y a à peine 40% à 50% des
camionneurs qui travaillaient. Tout à coup, au mois d'août,
plusieurs contrats gouvernementaux sont arrivés et, aujourd'hui, on
manque de camions. Alors, c'est pour vous illustrer qu'il y a peut-être
un manque de planification, malgré les difficultés que ça
peut poser, des travaux émanant de sources gouvernementales.
Relié et en corollaire avec ce problème d'absence de
travail, il y a le problème du trop grand nombre de camionneurs. Pour
citer M. Miller qui en parlait hier, il y a trois catégories de
camionneurs existant dans la province ou dans la région 09. Il y a les
camionneurs de profession, ceux qui font profession de conduire un camion ou
d'avoir une entreprise de camionnage en vrac, et les camionneurs d'occasion.
C'est une deuxième sorte de camionneurs; ce sont ceux qui
possèdent leur propre entreprise. Ils possèdent des permis VR et
font du camionnage en vrac en "side line", lorsqu'il y a une belle "job,",
lorsqu'il y a quelque chose d'intéressant. Finalement, il y a la
troisième catégorie de camionneurs, ceux que M. Miller appelait
les camionneurs de choix. C'est celui qui va seulement sur les belles "jobs",
qui trouve le moyen de se faire reporter sur la répartition en fonction
des belles "jobs" seulement. Il ne prend jamais les "jobs" qui ne sont pas
intéressantes, l'asphalte, la grosse pierre, etc.
Vous avez ces trois sortes de camionneurs et je pense que les
camionneurs en trop, lorsqu'on dit qu'il y a trop de camionneurs, ce sont les
deux dernières catégories: le camionneur d'occasion et le
camionneur de choix. Je pense que, si on limitait le nombre de camionneurs en
vrac dans la province aux camionneurs de profession, le problème
d'absence de travail serait en partie réglé à ce
moment-là.
Ce sont les cinq problèmes qui se présentent dans la
région 09. Essentiellement, le fond du problème peut se limiter
au dernier mentionné, à savoir l'absence de travail ou l'absence
de planification de travail émanant de sources gouvernementales et le
trop grand nombre de camionneurs.
Les camionneurs de la région 09 se posent la question suivante:
Quand le gouvernement du Québec va-t-il adopter une
réglementation du camionnage en vrac qu'il sera capable d'appliquer et
de respecter? Parce qu'au fond ce que le camionneur recherche dans la
région 09, comme partout ailleurs, c'est la stabilité. Ce n'est
pas un règlement qui change tous les six ou sept mois, une commission
parlementaire qui siège tous les deux ou trois ans et un changement de
législation suivant le changement de ministre.
Finalement, je le répète, ce que le camionneur en vrac
recherche, c'est la stabilité dans son secteur d'activité. Pour y
arriver, il faut nécessairement une législation applicable, non
comme les dernières modifications qui, à plusieurs égards,
étaient impossibles d'application dans les faits. Pour la région
09, c'est un peu vrai. La norme de deux tiers n'est pas facile. D'autre part,
dans la région 09, l'exigence d'une corporation sans but lucratif exige
qu'il y ait trois administrateurs. Or, les administrateurs doivent être
délégués des sous-postes et, dans la région 09, il
y a un problème au niveau des sous-postes. Suivant les normes qui sont
fixées actuellement, il n'y aurait qu'un comté municipal
d'où pourrait émaner un délégué ou un
administrateur.
Il y a un problème de surveillance de la réglementation
sur le camionnage en vrac de façon à assurer une
continuité ou, tout au moins, est-ce que c'est la Commission des
Transports qui devrait assurer cette surveillance au niveau des permis de
camionnage en vrac? Il y a des permis de trop, il y a des permis qui ne sont
pas exploités, des permis qui devraient être retirés. Il y
a des permis qui sont transférés et ce sont des permis qui, en
fait, ne sont pas tellement exploités. Ce sont des camionneurs qui,
à un moment donné, se rendent compte qu'ils ne sont pas capables
de faire leur gagne-pain avec ce permis-là et décident de le
transférer. Or, c'est un permis qui n'était pas exploité
ou pas suffisamment exploité. C'est un permis qui pouvait être
retiré. C'est un deuxième aspect qui est à envisager.
Un troisième aspect pour la région 09, évidemment,
c'est de faire disparaître à tout jamais les formes d'associations
de camionneurs, ce qui est une source de discorde et la source du
problème qui existe actuellement.
Le problème du transport en forêt, il y aura lieu de
l'envisager. La seule recommandation qu'on peut faire à ce moment-ci,
évidemment, parce que c'est un problème assez épineux,
assez complexe, c'est celui de l'émission d'un permis de transporteur
forestier aux seuls détenteurs d'équipement
spécialisé pour le transport pour ces compagnies
forestières, et, finalement, la juste répartition des travaux
gouvernementaux par la voie d'un poste d'affectation.
En bref, c'est ce qu'on avait à exposer. Ce n'est pas tant une
série de recommandations que
de vous signaler quel est le problème dans la région 09,
comment on le perçoit. C'est ce qui vous est soumis. Nous sommes
disposés à répondre aux questions qui peuvent être
formulées.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre.
M. de Belleval: Au fond, ce que je retiens de votre
mémoire, justement, surtout après celui de la région 06,
c'est que, finalement, quand on laisse à la législation et
à la réglementation la chance de faire leurs preuves, elles font
leurs preuves et ça fonctionne. Mais quand, justement les conflits
internes et, comme vous venez de le dire, le problème des associations
parallèles vient perturber l'application normale de cette
réglementation. C'est là que, finalement, cela ne marche pas. La
région 09, c'est le plus bel exemple. Alors, au fond, si on laissait la
chance au coureur, cela fonctionnerait. Je voudrais vous lire un
télégramme que j'ai reçu qui illustre bien ce point, je
pense. Il vient de M. Porlier, président de Québec Labrador
Construction: "Nous avons obtenu un contrat du ministère des Transports
dans lequel une somme de $1 000 000 est affectée au camionnage en vrac.
Nous avons fait appel au Poste d'affectation 09, à Baie-Comeau, et il
semble que ce secteur est contrôlé par l'ANCAI. Nous leur avons
offert du travail de transport au taux offert par la Commission des transports
du Québec. Les camionneurs nous imposent des exigences non
prévues dans le tarif. Les camionneurs en vrac du sous-poste
d'affectation du secteur de Sept-lles sont consentants à faire du
transport aux conditions offertes qui sont les conditions de la Commission des
transports. Les camionneurs du secteur de Baie-Comeau et de Hauterive sont-ils
dans l'obligation de donner le service autorisé par leur permis? Nous
vous demandons, M. le ministre, d'intervenir de manière à ne pas
retarder le début des travaux prévu pour le 11 août
courant."
Encore une fois, on vient remettre le problème sur les genoux du
ministre, alors qu'en fait il y a une réglementation qui est en vigueur,
des camionneurs sont prêts à respecter cette
réglementation, à fournir le travail, mais ceux qui devraient
normalement fournir le travail mettent des bâtons dans les roues. On dit
que c'est une association contrôlée par l'ANCAI. Qu'est-ce que
vous en pensez?
M. Miller: Notre but, on est ici pour représenter le
camionneur en vrac de la région 09. Nous nous en sommes tenus au nouveau
règlement qui éliminait les associations pour réussir
à enlever des préjudices envers les deux organisations. On
était d'accord là-dessus. Ce n'est pas la raison... Je vais
prendre un exemple: la coopérative a fermé ses bureaux pour
s'unir, pour n'avoir qu'un... pour unir les camionneurs en vrac, point, c'est
tout.
M. Ramsay: Essentiellement, je pense que ce que vous posez,
évidemment, c'est exactement le cas... Il a été dit en
juin 1978 par M. Prévost lorsqu'il tenait les audiences sur les permis
de poste d'affectation qu'il faut donner une chance à la loi. Le
problème que vous soulevez, au 09, ils tentent de le régler.
C'est par une forme où on regroupe tous les camionneurs dans une
corporation où il n'y a pas d'associations qui contrôlent ces
camionneurs. Je pense que le problème peut être solutionné
de cette façon.
M. de Belleval: Au fond, le pattern qui se développe,
depuis deux jours, et qu'on retrouve à travers tous les postes
d'affectation, c'est que là où les gens jouent le jeu et
n'essaient pas de court-circuiter les mécanismes normaux on l'a
vu dans la région 09, dans la région 06 cela fonctionne.
Là où ça ne fonctionne pas, on retrouve toujours la
même association qui, d'une façon parallèle, essaie
d'empêcher la réglementation de fonctionner. C'est le cas
concernant le télégramme que j'ai où on dit que
l'entrepreneur est prêt à commencer et il n'est pas capable de
trouver de camion, même au taux de la commission, parce qu'on veut
imposer de nouvelles restrictions. Cependant, le poste à
côté qui, lui, est prêt à jouer le jeu, se voit
empêché de fournir le travail. C'est ce qui se passe dans la
région 09, entre autres, et dans le cas de Labrador construction.
M. Ramsay: Vous avez le cas de Sept-lles et le cas de
Hauterive.
M. de Belleval: C'est cela. (10 h 30)
M. Ramsay: C'est illustré de cette façon. Je ne
jetterai pas tout le blâme sur une association, il y a une division chez
les camionneurs qui existe et qui origine d'une loi antérieure; c'est
vrai, c'est un aspect du problème, c'est l'aspect, à notre avis,
important du problème. A côté de cela, évidemment,
on a illustré aussi le trop grand nombre de permis, ce qui doit
être épuré à un moment donné, mais
essentiellement, quant à la loi, à la répartition du
travail, il y a un problème qui se situe au niveau des associations.
Vous avez raison là-dessus.
M. de Belleval: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je suis content qu'on ait
apporté cette dernière précision parce que, effectivement,
le ministre voulait bien, depuis deux jours, en arriver à une
conclusion, c'est que tous les torts, tous les blâmes sont attribuables
à une association et que, si on pouvait donc faire disparaître
cette association, les problèmes disparaîtraient
d'eux-mêmes. Mais ce n'est pas le cas. Que l'ANCAI ait des torts
je conviens qu'elle en a, peut-être plus dans certaines régions
que dans d'autres cela n'a aucune espèce d'importance quand on
pense au facteur auquel vous faites allusion, le manque de travail. Ce n'est
pas l'ANCAI
qu'il faut blâmer parce qu'il n'y a pas de travail; ce n'est pas
l'ANCAl non plus qu'il faut blâmer s'il y a trop de permis, s'il y a trop
de camionneurs dans votre région ou dans d'autres régions. Ce
n'est pas l'ANCAl qu'il faut blâmer s'il y a du transport illégal
qui se fait; ce n'est pas l'ANCAl qu'il faut blâmer, en fait, pour
l'ensemble des situations qui nous ont été décrites tant
par vous, ce matin, ce que par d'autres organismes qui soutiennent un point de
vue contraire à certains égards.
Il y a un consensus, en effet, qui se dégage, ou, en tout cas, un
portrait d'ensemble qui se dégage de nos travaux à cette
commission parlementaire. Contrairement à ce que dit le ministre, cette
situation n'est pas unique aux problèmes que constitue l'ANCAl et
peut-être bien d'autres associations de camionneurs; ce sont aussi tous
ces facteurs dont on parle.
Je suis tout à fait d'accord avec votre conclusion, à
savoir qu'on a eu un règlement 12 qui n'a pas été
appliqué, donc qui n'a pas fonctionné. On a maintenant un
règlement 112 qui n'a pas été appliqué
convenablement et qu'on n'a pas fait respecter et, donc, qui crée des
problèmes dans certaines régions. Il n'y a pas de formule
miracle, si ce n'est, pour le ministre, de faire disparaître l'ANCAl,
mais je prédis qu'une fois qu'elle aurait disparu, il manquerait encore
de travail, il y aurait encore trop de camionneurs pour le peu de travail qu'il
y a à effectuer et il faudrait encore que le gouvernement, la Commission
des transports prennent des mesures.
Je n'ai rien à ajouter à cela, sauf de vous remercier
d'avoir très bien dit ce que vous aviez à dire. J'accepte les
conclusions que vous tirez et j'espère qu'on ne se laissera pas
entraîner à tirer des conclusions trop faciles et à vous
faire dire, par exemple, que s'il n'y avait plus d'association de camionneurs,
tout le reste se règlerait. Cela réglerait une partie du
problème, mais cela ne règlerait pas l'ensemble du
problème, ni chez vous, ni ailleurs.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Combien y a-t-il de
permis dans la région 09?
M. Miller: Environ 300.
M. Goulet: Combien de membres y a-t-il au poste?
M. Miller: II y en a environ 300 inscrits au poste. Je ne peux
pas donner le chiffre exact, il y en a qui sortent, il y en a qui entrent, mais
c'est autour de 300.
M. Goulet: Tous les permis de vrac chez vous seraient inscrits au
poste d'affectation?
M. Miller: Oui.
M. Goulet: C'est assez particulier à votre
région.
M. Miller: Ce n'est pas tellement particulier. Les camionneurs
veulent le bien, ils sont inscrits au poste, ils veulent suivre le
règlement. Sauf que le règlement ne se suit pas, comme on l'a
mentionné.
M. Goulet: II me semble que quelqu'un de Sept-lles ou de votre
région qui m'a dit hier qu'au niveau du pourcentage de travail... Quel
est le pourcentage de travail chez vous pour vos camionneurs? Quel est le
nombre de jours travaillés, par exemple, cette année.
M. Miller: Monsieur, je ne sais pas votre nom... M. Goulet:
Goulet, ça ne change rien.
M. Miller: Notre région est séparée en
quatre secteurs. Chacun est autonome. Je vais vous parler du secteur B comme
Hauterive. Il y a environ 100 camionneurs. C'est pourquoi on a demandé
depuis plusieurs années, si c'était possible on sait que
c'est dur pour le gouvernement de sortir les budgets plus à bonne
heure pour donner une période de travail aux camionneurs de six ou sept
mois. Parce qu'on vit un problème actuellement. Pour juin, juillet et
août on avait 40% des camions qui travaillaient. Aujourd'hui, on manque
de camions, parce que tout arrive ensemble. C'est le sel,
Québec-Labrador, c'est le 135, c'est Terres et Forêts, Gagnon.
C'est pourquoi Me Ramsay a demandé tout à l'heure, on sait que
c'est difficile parce qu'on l'a demandé déjà depuis sept
ou huit ans, si le gouvernement pouvait sortir les subventions plus vite,
ça pourrait améliorer le fonctionnement du camionneur.
M. Goulet: La personne qui vous accompagne, Me Ramsay, a dit
à un moment donné que faire disparaître les associations de
camionneurs serait la solution. Les associations de camionneurs ou autres, sont
peut être pour ou contre les syndicats et toutes ces choses-là,
mais dans certains domaines, cela a rendu des services. J'aimerais savoir si,
par exemple, demain matin, toutes les associations de camionneurs
disparaissent, en quoi cela pourrait améliorer les problèmes que
vous avez dans votre région?
La planification justement de ces travaux qui arrivent tous en
même temps. A un autre moment donné au cours de l'année,
vous n'avez pas de travail. Est-ce qu'on aurait plus de travail à cause
de ça? Est-ce que les règlements seraient suivis davantage? Par
exemple, est-ce qu'il n'y aurait pas de location? Est-ce qu'au niveau du
travail en forêt ça irait mieux? En quoi la disparition de toutes
les associations, sans en nommer, il peut y avoir différentes
associations... Me Ramsay a semblé dire que si on faisait
disparaître les associations, cela réglerait une partie du
problème.
J'aimerais savoir en quoi ça réglerait le
problème?
M. Ramsay: Cela réglerait une partie du problème de
la façon suivante. Vous avez une division de camionneurs, il n'y a pas
d'unité en tout. Cela ne créerait pas plus de travail, c'est
clair et net. Il est certain que le fait de faire disparaître les
asso-
dations ne procurera pas plus de travail dans la région 09.
Une chose est certaine, c'est qu'au niveau du poste d'affectation, si
tous les camionneurs sont unis et qu'il n'y a pas cette division de camionneurs
entre deux associations qui sont rivales et qui sont d'égale force
c'est là qu'est le problème aussi, elles sont
d'égale force vous allez avoir un poste d'affectation qui va
fonctionner, vous allez avoir un poste qui va pouvoir aller négocier,
vous allez avoir un poste d'affectation où il n'y aura pas de
tiraillements constants de lutte de contrôle. Il va s'occuper de jouer le
rôle d'un poste d'affectation.
C'est dans ce sens-là que ça va améliorer la
situation C'est dans ce sens-là aussi que vous allez éviter
beaucoup de problèmes entre les deux associations. Quand on passe notre
temps à se surveiller, on ne passe pas notre temps à chercher du
travail. On ne passe pas son temps à améliorer les conditions de
travail du camionneur dans la région. On ne fait pas fonctionner le
poste. C'est dans ce sens-là strictement. Cela ne règle pas
l'autre aspect du problème qui est l'absence de travail. Cela ne le
règle pas. S'il n'y a pas de travail, il n'y a pas de travail même
s'il n'y a pas d'association de camionneurs. Ce n'est pas l'association de
camionneurs qui va créer le travail non plus.
M. Goulet: Mais si je possède un camion et suis membre du
poste d'affectation no 9, qu'il y ait une association ou qu'il n'y en ait pas,
d'accord, on n'a peut-être pas de chicane au niveau des structures,
concrètement, est-ce que je peux m'attendre à avoir plus de
travail? Je ne peux pas m'attendre à avoir plus de travail, à
avoir de meilleures conditions. Ce n'est pas de votre faute, ni de leur
faute.
Si j'ai bien compris, vous avez dit: Cela nous permettrait de
négocier. Là, vous avez touché un point qui m'amène
à une question. J'aimerais savoir négocier quoi? Est-ce que je
peux comprendre, par ces propos, que vous seriez favorables au principe que
chaque région pourrait négocier ses propres taux et s'assurer,
par exemple, avec le consentement, bien sûr, de la Commission des
transports, de la rentabilité, même si, parfois, il faudrait aller
en bas du taux fixé par la Commission des transports? Je parle d'aller
négocier certains contrats qui pourraient être avantageux et
satisfaisants pour les camionneurs, surtout dans le temps où ils n'ont
pas de travail, comme on l'a fait hier dans une autre région, soit des
contrats pour des routes ou ces choses-là. Quand vous parlez de
négocier, est-ce que c'est ce genre de contrats que ça vous
permettrait d'aller négocier? Parce que si vous allez négocier,
bien souvent, le manque de travail est dû au fait que l'entrepreneur dit:
Vos taux sont trop hauts et nous, on est prêt à négocier,
mais à tel taux. D'accord, il ne faut pas faire travailler les
camionneurs pour rien, mais à un taux acceptable par la Commission des
transports. On a vu hier, dans la région sauf erreur 06,
qu'on a négocié des taux qui étaient rentables; tout le
monde était content, mais, quand même, on était en bas des
taux de la commission. Quand vous parlez de négocier, est-ce ce genre de
contrats que vous pourriez négocier?
M. Ramsay: C'est dans ce sens-là, sur le principe,
à titre exceptionnel, évidemment, parce que, dans la
région 06 je pense qu'ils t'ont mentionné vers la fin de
leur mémoire c'est à titre exceptionnel. Dans certains
cas, il est intéressant de ne pas perdre un contrat qui est d'envergure
pour une question de taux. S'il n'y a pas d'association et pas de
problème à ce niveau-là, c'est clair et net que les
camionneurs peuvent s'unir au niveau d'un des quatre secteurs et aller
négocier un contrat particulier pour un secteur sans brimer personne.
Dans la mesure où ça respecte les normes de la commission et
où c'est accepté par la commission qui va assurer la
rentabilité au niveau du camionneur, il n'y a pas de problème.
C'est dans ce sens-là.
M. Goulet: Mais au niveau du principe que chaque région
pourrait négocier ses taux, vous seriez favorables à
ça?
M. Ramsay: Oui, en principe et à titre exceptionnel dans
des cas similaires à ceux mentionnés par la région 06 hier
et pas de façon générale.
M. Goulet: Pourquoi pas?
M. Ramsay: Pas créer le libre marché. Si on
crée le libre marché, je pense qu'on laisse, comme vous l'avez
mentionné vous-même hier, la porte ouverte à une
véritable loi de la jungle au niveau des taux. C'est clair.
M. Goulet: Mais non, il faut s'entendre. Une loi de la jungle. Ce
n'est pas n'importe qui qui négocierait; une association ou un poste
d'affectation, un ou l'autre ou les deux. Mais la région de Sept-lles,
de Baie-Comeau ou la Côte-Nord au complet pourrait négocier ses
propres taux, tous les taux et les faire accepter par la Commission des
transports et que ce soit rentable pour les camionneurs.
Ce n'est pas chaque camionneur ou chaque sous-poste d'affectation qui va
négocier les taux, mais au niveau du principe comme tel... Ce que je
veux dire par là, c'est qu'un camionneur qui travaille au taux
fixé par la commission et qui le fait à Sept-lles, fait
peut-être moins d'argent qu'un camionneur de Québec ou d'une
région rurale près de Québec, parce que le coût de
la vie est plus cher là-bas, le transport de tout, et ainsi de suite. La
région de Sept-lles pourrait peut-être négocier ses propres
taux et qu'ils soient satisfaisants. Sans ouvrir une porte à la jungle,
est-ce que c'est possible que Montréal négocie ses propres taux
et que le Bas-du-Fleuve fasse la même chose?
M. Ramsay: Je ne pense pas qu'il y ait d'empêchement. Je ne
peux pas vous donner une
position claire et nette, parce que je n'ai pas de position claire et
nette à ce niveau, comme procureur, mais je ne pense pas qu'il y ait
d'empêchement. M. Miller peut-il ajouter un mot là-dessus?
M. Miller: C'est sûr, M. Goulet, que les taux de la
région 09 et les taux de Montréal ne peuvent pas être les
mêmes, parce qu'on a une région extrêmement montagneuse. A
ce moment, on ne peut pas se comparer à d'autres régions à
terrain beaucoup plus plat. C'est sûr que chaque région a son
problème individuel. Nous, on a une région qui est loin, et on a
des travaux qui sont éloignés. C'est sûr qu'il faut avoir
des taux élevés. Souvent, on demande à la Commission des
transports d'avoir des taux plus élevés. Je peux même vous
confirmer aujourd'hui qu'à Gagnonville, on a eu 10% de plus parce que
l'accès aux chantiers était difficile; on a eu 10% de plus pour
toutes ces raisons.
M. Goulet: Une dernière question, si vous permettez. Tout
à l'heure, vous et le ministre avez parlé d'un dossier concernant
le cas de Labrador Mining, où les gens de Sept-lles étaient
prêts à aller travailler, et où les gens de Baie-Comeau
n'étaient pas prêts à aller travailler, pour
différentes raisons. A ce moment, est-ce que la vraie raison
était que justement le fait que le poste de Baie-Comeau avait
négocié pour ses membres une espèce de montant
forfaitaire, une espèce de prime d'éloignement pour le logement
et que le poste de Sept-lles a dit: Nous autres, on va y aller, et les gars
paieront leur coucher, les gars s'organiseront avec la prime
d'éloignement, on ne la négocie pas. Est-ce que ce n'était
pas là le vrai fond du problème, à ce moment?
M. Miller: M. Goulet, ce n'est pas le poste qui a
négocié le contrat, c'est le sous-poste.
M. Goulet: Appelez cela le sous-poste, si vous voulez, est-ce
qu'il n'était pas question d'une prime d'éloignement qu'on
voulait négocier pour ces membres, à l'avantage de ces membres?
Est-ce que c'était le fond du problème?
M. Miller: Sur le fond du problème, moi-même comme
président du poste, je n'ai rien négocié avec
Québec Labrador, c'est le sous-poste. Tout à l'heure, vous aurez
la chance de vous le faire expliquer par le président du sous-poste, M.
Benoît Gagné, et M. Serge Robichaud.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. Ramsay, j'ai écouté attentivement
le commentaire que vous avez fait au début de vos remarques. Je pense
qu'il reflète quand même assez bien la situation qu'on
connaît dans le domaine du vrac depuis assez longtemps. J'ai
moi-même pris connaissance des premières auditions de la
commission Lippé, c'était en 1965. On est rendu en 1980 et,
après quinze ans de démarches ou de tentatives gouvernementales
et de la part des intervenants pour améliorer la situation, je pense
qu'au lieu de leur gagner des points, on en perd. C'est un aveu qu'on doit
accepter de faire. (10 h 45)
A la décharge des politiciens de tous les partis politiques, je
pourrais peut-être dire ceci; je pense qu'aucun parti politique n'a
jamais cru, pas plus celui qui est là aujourd'hui que nous autres dans
le temps, gagner des votes en posant des gestes dans le domaine du camionnage.
Si on pense autrement, on fait erreur lamentablement. Je suis de ceux qui
croient qu'à travers les réglementations, les lois qu'on a
adoptées on espérait sortir des coutumes qu'on connaissait
auparavant dans un secteur d'activités où il y avait des malaises
profonds.
Bien sûr, on a fait, je pense, des erreurs en cours de route, dans
l'espoir que ça réglerait des problèmes; on a
protégé des gens qui s'appellent les artisans ou les soi-disant
artisans, parce qu'ils étaient trop nombreux, ils n'étaient pas
capables de se défendre dans la société. C'est un fait que
c'était une action sociale qu'on entreprenait et pas dans tous les
secteurs d'activité.
J'ai dû moi-même... Tous les partis savaient, d'abord, en
1965, qu'il y avait déjà trop d'unités de camionnage pour
le volume de travail. Parce que le fond du problème est toujours
là, c'est le volume qui ne correspond pas à la demande. On a eu
des périodes paisibles. C'est au moment où il y a eu des travaux
d'une extrême importance qu'on a pu satisfaire à peu près
les exigences de tout le monde. A ce moment-là, les animosités
qu'il y avait entre une association ou une autre, cela s'amenuisait un peu
devant le volume de travail. Mais, principalement sur le réseau routier
ou pour les grands travaux d'Hydro-Québec, il diminue et le
problème devient plus important.
Je voudrais, avant la fin de la commission malgré qu'elle
sera longue, semble-t-il que le ministre nous dise s'il ne serait pas
possible, à travers l'intention qu'avait le législateur dans le
temps ou aujourd'hui, que la commission vienne nous expliquer ce qui s'est
passé en cours de route. Le législateur savait qu'il y avait trop
de camionneurs et on concédait qu'il fallait respecter les droits
acquis; cela en ajoutait immédiatement. Est-ce que le règlement
ou la loi qui régit la Commission des transports a fait en sorte qu'en
cours de route, par le biais de toutes sortes de dénonciations qu'on
entend dans les mémoires, tout le monde a réussi à avoir
des permis et qu'on a gonflé sans arrêt? On voulait qu'ils
diminuent et c'est l'inverse qui s'est produit.
Est-ce que c'est l'erreur de la réglementation? Je voudrais que
la commission, avant la fin de cet exercice, nous dise pourquoi ce
phénomène s'est produit. Le ministère lui-même
pourra nous dire pourquoi, forcément, tout le transport illégal
se fait.
En revenant au problème plus particulier qui vous
préoccupe, vous aviez, dans la région 09, si
ma mémoire est fidèle, en 1965, une coopérative
très forte, née de la construction des barrages Manicouagan
où il y avait une importance de travail assez colossale, et une autre
association en cours de route est venue évidemment sur le territoire
également.
Tantôt, vous avez mentionné que, dans un contrat pour
lequel le ministre avait eu une plainte, votre sous-poste de la région
Hauterive-Baie-Comeau... Vous avez dit d'abord au début que la
coopérative, pour le bien de la cause, avait fermé son bureau et
s'était regroupée pour le bienfait des camionneurs de la
région Hauterive-Baie-Comeau.
M. Miller: C'est la raison pour laquelle la coopérative a
fermé ses bureaux pour s'unir, mais au nom des camionneurs en vrac.
M. Mailloux: Comment se fait-il, s'il y a eu unité, qu'au
moment où un entrepreneur a un contrat et qu'il fait appel à vos
services on refuse à ce moment-là, à ce sous-poste,
d'accepter les conditions que fixe la commission pour l'exécution d'un
travail donné?
M. Miller: M. Mailloux, vous allez avoir la chance, tout à
l'heure, de le demander à M. Benoît Gagné et au directeur
du poste, ce sont eux qui ont négocié le contrat. Moi, je n'ai
pas négocié le contrat avec Québec Labrador.
M. Mailloux: Vous voulez dire que l'autorité qui devait
négocier le contrat était le poste et non pas le sous-poste?
M. Miller: C'est le sous-poste qui a négocié le
contrat, ce n'est pas le poste.
M. Mailloux: Ce n'est pas le poste.
Tantôt, le ministre a parlé abondamment que quantité
de malaises existaient parce que l'ANCAl était majoritaire dans la
plupart des régions du Québec. On peut supposer qu'étant
majoritaire, elle favorise de manière outrancière ses membres
plutôt que les autres, évidemment, qui ont eu l'obligation de se
joindre à des postes ou des sous-postes. J'ai entendu dire que si
disparaissait une telle association, les problèmes se
résoudraient d'eux-mêmes. Après ces quinze
années-là, je ne suis pas sûr que ça donnerait de
tels résultats.
Il y a deux problèmes qu'il faut cerner. Dans les postes
d'affectation, que ce soit le poste principal ou des sous-postes, même si
on nommait des fonctionnaires pour qu'à travers un nombre de camionneurs
donné, justice soit faite, il est possible que ces fonctionnaires soient
très vite contaminés. On est rendu à se demander si
ça ne prendrait pas un genre d'ombudsman qui ferait le partage au
prorata des membres à quelque association qu'ils appartiennent. On est
rendu à penser ça, que ça prendrait un genre d'ombudsman
partout. Je ne pense pas que le gouvernement soit prêt à se rendre
là.
Il n'y aura pas de solution miracle pour aucun parti politique parce que
s'il y a trop de camions, je crois bien que ça va être hasardeux
pour le gouvernement. Mais, comme il y a quand même une
responsabilité, venant du gouvernement ou de la commission, à
cause du trop grand nombre d'unités, pour crever une partie de
l'abcès, il ne faudra peut-être pas agir de la manière dont
le gouvernement agit dans les métiers de la construction parce que je
l'ai contesté moi-même. On faisait perdre, à ce
moment-là, sans droit de rémunération ou sans
compensation, le permis des travailleurs qui avaient fait le nécessaire
pour apprendre un métier et l'exercer. Il va peut-être falloir que
le gouvernement pose le geste qui s'impose et retire un nombre de permis
considérable en les dédommageant. Je pense que ça va
être une partie de la solution du problème. S'il y a 50% de
camionneurs en vrac de trop dans le Québec, il va falloir que ceux qui
sont désireux d'en sortir soient compensés. Cela coûterait
peut-être moins cher, les quelques millions que ça
entraînerait, que l'assurance-chômage ou l'assistance sociale ou
toutes les conséquences qui vont en résulter.
Je voudrais passer à un autre point. A travers les
mémoires, on a constaté que le gouvernement, d'un
côté... Je pense qu'il ne l'a pas dit, mais je suis de ceux qui
croient, qui pensent en fonction d'une école de pensée qui
voudrait que la déréglementation commence à s'accentuer.
Je pense que ça commence à se faire jour assez valablement. Hier
soir, un poste d'affectation ou un sous-poste, je pense que c'est celui de la
région 06 ou 09.
M. de Belleval: Région 06, oui, Montréal.
M. Mailloux: ... nous a dit qu'au lieu de taux fixés, il
faudrait absolument avoir des taux minimums qui permettraient une meilleure
concurrence avec d'autres entreprises. Au moment où on nous parle de
déréglementation, vous accentuez, dans une de vos suggestions, la
réglementation parce que vous voulez créer une autre division
dans le secteur forestier. Je voudrais vous entendre à ce
sujet-là. Je conviens que les unités de camions pour le transport
en forêt, si c'est dans le "chip" ou ces choses-là, c'est un
équipement très spécialisé. Celui qui transporte
excusez l'expression de la "pitoune", il est rendu
également avec des chargeurs ou ces choses-là. Est-ce qu'on va
amenuiser le problème en créant une autre division ou si on ne va
pas simplement l'accentuer parce que si on crée des camionneurs
spécialisés essentiellement dans un secteur donné ils ne
feront pas d'autre chose. Mais, de tout temps, on a remarqué que la
plupart ou la très grande majorité de ces camionneurs en vrac
faisaient du forestier et faisaient également tout autre transport
d'agrégat. J'aimerais bien que vous me disiez, au moment où on
parle de déréglementation, pourquoi une autre division devrait
être créée et quelles conséquences cela
entraînerait.
M. Miller: M. Mailloux, quand on parle du forestier, il va
falloir faire une distinction. Quand
on parle d'équipement spécialisé, c'est un
camionneur qui a un "trailer" ou un "semi-trailer" en arrière, de douze
pieds de large. Il a un équipement de $100 000 ou de $125 000. Le poste
d'affectation de la région 09 n'a pas l'équipement voulu pour
fournir. Que ce soit à la Scierie des Outardes ou Québec North
Shore, on sort complètement en dehors du petit camionneur en vrac.
Quand on parle d'un équipement spécialisé, ce ne
sont pas tous les camionneurs qui l'ont. C'est là qu'il faudra faire une
distinction, entre faire le camionnage en vrac et l'équipement
spécialisé. Quand on parle de forêts, on a beaucoup de
misère à s'ajuster là-dessus, à trouver une
solution. Quand on tombe dans l'équipement spécialisé, on
l'a laissé tomber parce qu'on a vu que c'était un gros
problème. On n'a pas touché à l'équipement
spécialisé, on n'en a pas, ou, c'est très minime. Ceux qui
sont organisés pour faire le transport du bois en longueur, comme vous
le savez, c'est là, du gros équipement. Mais, seulement un
cinquième des camionneurs, dans notre région, sont
organisés pour cela. On a préféré ne pas toucher
à cela. C'est sûr, le jour où on va entrer dans la
forêt, il faudra y voir... Mais nous ne sommes pas prêts à
entrer dans la forêt.
M. Ramsay: Au problème que vous avez soulevé,
évidemment, entre la déréglementation et la
réglementation, on suggère d'augmenter la réglementation.
C'est clair... Le gouvernement a le choix, ou bien, il continue à
réglementer le camionnage en vrac ou il cesse de réglementer le
camionnage en vrac. S'il est pour le réglementer, qu'il le
réglemente avec toutes ses facettes. A ce moment-là, il devra
toucher au secteur forêt. Il ne peut pas se limiter et dire: que le
secteur forêt est trop gros, que ce sont de trop grosses compagnies,
qu'il y a trop d'influences... je n'y touche pas. Ou bien, il réglemente
le camionnage en vrac, ou bien, il ne le réglemente pas. D'ailleurs,
quand on lit le mémoire, là un moment donné, on pose deux
questions: On dit: quand est-ce que le gouvernement va faire une
réglementation qui va être applicable et respectée, et
qu'est-ce qu'il fait dans le camionnage en vrac? Cela suppose deux
possibilités. Le gouvernement a deux choix: ou bien, il
réglemente, ou bien, il déréglemente. Actuellement le voeu
des camionneurs est encore favorable à une réglementation. Je ne
pense pas que le voeu des camionneurs, du moins dans la région 09, est
à l'effet qu'on se dirige vers une déréglementation, qu'on
retourne à ce qui existait avant: le régime du patronage, le
régime de payer le divisionnaire, et toutes ces choses dont vous
connaissez certainement beaucoup mieux que moi l'historique. Alors, si le
gouvernement réglemente, il devra toucher le secteur forêt
à un moment donné. Quand on a parlé du Règlement
qui est actuellement en vigueur, en juin 1978, le secteur forêt a
été soulevé. Un groupe de la région 02 avait fait
des protestations à ce moment-là. Il avait demandé qu 'on
étudie la question forêt. M. Chevrette, je pense, avait
été saisi du problème, alors. C'est clair: ou bien, on
réglemente, ou bien, on déréglemente. Le voeu actuel des
camionneurs, au moins dans la région 09, c'est qu'on maintienne une
réglementation. Si on maintient la réglementation, on va la
maintenir et il va falloir aussi régler les problèmes qui
existent au niveau de la forêt. Cela implique donc, une
réglementation au niveau de la forêt.
M. Mailloux: M. Miller, de l'expérience que vous avez
connue dans le camionnage, je voudrais vous poser une question. La Commission
des transports à moins que je ne m'abuse fixe des taux
pour le transport en forêt. On constate d'après les
doléances qui nous sont faites venant de toutes les régions
forestières, que plutôt que requérir les services du poste
d'affectation, on préfère aller vers des spécialistes de
transport en forêt que ce soit dans les copeaux ou autrement.
On constate également que les compagnies forestières, dans
plusieurs régions, ont gardé leur flotte de camions; ou font
transporter elles-mêmes par des compagnies qui sont habiles en la
matière ou qui font cela depuis longtemps. Ce que je voudrais vous
demander, c'est ce qui suit: il y a une raison pour laquelle les compagnies
cherchent à transporter elles-mêmes, ou qu'elles cherchent
à faire transporter par des travailleurs spécialisés,
lesquels semblent faire des profits en allant, semble-t-il, en bas des prix de
la commission. La question que je veux poser, c'est la suivante: est-ce que les
prix fixés par la commission après une étude de la
commission des différents intervenants où elle fixe un prix juste
et raisonnable est-ce que je peux penser que ces prix sont trop
élevés et que même l'artisan pourrait vivre en bas de ces
prix?
M. Miller: Quand vous parlez de la forêt?
M. Mailloux: Oui. Essentiellement. (11 heures)
M. Miller: Vous touchez un problème qui est très
sensible. Je vais vous répondre quand même: la Scierie des
Outardes, l'année passée, payait plus que les taux fixés
par la commission. Cela a été difficile pour nous de demander
plus à la scierie après avoir fait la comparaison.
Je vais en revenir aux règlements où il était
très bien écrit que ça prendrait un sous-poste. Le jour
où on a parlé d'un sous-poste forêt, on a trouvé que
c'était assez compliqué et que ça coûterait cher
d'établir un sous-poste forêt parce que, vous l'avez dit
vous-même, ça prendrait des hommes spécialisés
étant donné qu'on tombe dans un domaine qui est un peu en dehors
du petit camionneur en vrac. Les compagnies ont recours à des
camionneurs qui sont organisés, ce n'est pas pour épargner de
l'argent, mais ils doivent donner le transport à des camionneurs qui
sont capables de le faire. Le travail doit se faire. A certains endroits, c'est
difficile, à d'autres, ça ne l'est pas. Ce ne sont pas tous les
camionneurs qui sont capables de s'organiser.
C'est pour toutes ces raisons qu'on en est arrivé à la
conclusion qu'établir un sous-poste forêt, ce serait très
délicat.
M. Mailloux: Est-ce que vous me dites, avec l'exemple que vous
mentionnez, que contrairement aux prix de la commission qui n'ont pas
été jugés assez importants par la Scierie des Outardes,
elle a payé davantage que le prix fixé par la commission dans le
cas que vous avez mentionné?
M. Miller: Oui.
M. Mailloux: J'avais cru déceler un peu partout dans la
province que c'était l'inverse qui se produisait et que c'était
en bas des prix de la commission, par des moyens détournés,
évidemment, que des gens pouvaient obtenir des contrats assez importants
pour le transport en forêt, et vivre à ces conditions.
M. Miller: On a fait une estimation là-dessus et on n'a
pas été capable d'aller plus loin parce que les taux de la
scierie étaient plus élevés que les taux de la
commission.
M. Mailloux: Vous en déduisez que les compagnies, quand
elles font affaires avec des spécialistes en la matière, ce n'est
pas tellement le prix qui les intéresse, mais la qualité du
service donné.
M. Miller: C'est cela.
M. Mailloux: Est-ce que vous allez jusqu'à dire que quand
elles font cela, c'est parce qu'elles ne trouvent pas les mêmes
spécialistes à l'intérieur des associations ou des postes
d'affectation?
M. Miller: Je parle toujours de l'équipement
spécialisé, il ne faudrait pas se mêler, je parle de
l'équipement spécialisé, le bois à la longueur.
M. Mailloux: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je ne veux pas qu'on
s'attarde trop longtemps, mais le ministre disait tantôt, avec raison,
qu'il y a certaines choses qui deviennent de plus en plus évidentes
à mesure qu'on avance dans le dossier depuis hier. Forcément, les
camionneurs artisans, dans la grande majorité de ceux qui sont venus
nous rencontrer à ce jour, ont une perception de la situation et ont des
éléments de solution qu'eux entrevoient comme étant
peut-être les seules valables. Le ministre disait tantôt que,
effectivement, quelque soit le gouvernement, le problème va toujours
exister. Me Ramsay disait, avec beaucoup d'à-propos, qu'il n'y a pas de
formule miracle de réglementation. Si on veut réglementer, il
faut réglementer d'une façon complète et, ensuite, faire
respecter la réglementation.
Chaque fois qu'une association de camionneurs, un poste d'affectation,
nous parle du transport illégal, des sanctions trop
légères, du non-respect de la réglementation, le
problème de la pseudo-location, la présence de différentes
associations qui entretiennent très souvent les problèmes, tout
cela, ce sont les effets d'une situation, ce ne sont pas les causes. La cause
fondamentale j'y reviens à mon avis, c'est qu'il y a trop
de camionneurs pour effectuer trop peu de travail. Si on veut simplifier, on
dit: II y a deux éléments de solution, une alternative:
réduire le nombre de ceux qui vont faire le travail, qui sont
disponibles pour faire le travail ou augmenter le volume. La plupart des
camionneurs artisans sont venus nous dire: II faut augmenter le volume; il
n'est pas question de prôner la disparition d'un certain nombre de nos
membres. Ce serait bien épouvantable s'ils venaient nous dire cela.
Donc, il faut augmenter le volume. Ils nous disent: la solution, c'est
d'augmenter les champs d'activités qui sont exclusifs à une
catégorie de camionneurs. Et le ministre nous dit: on ne peut pas le
faire au profit d'une catégorie et au détriment d'un certain
nombre d'autres catégories de camionneurs. Et je le suis
là-dessus aussi.
Alors, je lance cette remarque pour ce qu'elle vaut; parce que je ne
voudrais pas qu'on passe les trois jours à ne parler que si les amendes
étaient donc plus sévères on réglerait la question
du camionnage illégal. Peut-être bien, mais on la réglerait
seulement dans la mesure où on ferait respecter le règlement et
on sait déjà que si ce n'est pas impossible, c'est mauditement
difficile de le faire respecter. Et plus la réglementation sera
complète, plus elle couvrira tous les aspects, plus elle sera difficile
à faire appliquer et à faire respecter.
Je me demande donc si la solution ne passe pas par les deux
alternatives. D'une part, réduire le nombre de camionneurs. Et
sûrement que la façon n'est pas, comme je le disais hier, de
prendre un critère artificiel comme le nombre d'heures
travaillées l'année précédente ou quelque autre
chose. Et je ne fais même pas de critique de quoi que ce soit, j'essaie
d'être aussi objectif que possible.
C'est de trouver une façon de dédommager ceux qui
préférablement, de façon volontaire, vont dire: moi, le
camionnage en vrac, ça ne m'intéresse plus. Et créer une
situation selon laquelle n'étant plus intéressés au
camionnage en vrac, ils vont y retrouver une rémunération pour
les droits acquis, si on peut parler ainsi, et ils vont se retrouver de
façon volontaire à venir libérer graduellement le
marché au point de vue de l'offre.
D'une part, c'est bien entendu, de créer un climat susceptible de
relancer le développement économique et de faire en sorte qu'il y
ait plus de construction et là, le gouvernement peut agir. Je suis
sûr qu'il n'y a pas de gouvernement, incluant l'actuel, qui va faire
exprès pour freiner le développement économique. Au
contraire, on peut involontairement poser des gestes législatifs ou
autres qui ont ce résultat-là, qui ont cette
conséquence-là, mais je reconnais que même le gouvernement
que je combats, pour diverses raisons, ne le fait pas sciemment et
volontairement.
Je fais cette remarque à ce moment-ci parce que j'aimerais que
les intervenants, autant vous que les prochains qui vous suivront, nous
disent
s'ils sont prêts à envisager les éléments de
solution dans cette perspective-là.
Je demandais hier au représentant de l'ANCAl s'il était
prêt à discuter avec les autres intervenants de la
possibilité d'un fonds de compensation, d'un fonds d'indemnisation
appelez-le comme vous voudrez qui serait disponible avec la
participation non seulement du gouvernement, mais aussi d'autres intervenants.
Il ne faut pas demander au gouvernement d'agir seul; dire: donnez les millions
et mettez-ça à la disposition des camionneurs. Il faudrait qu'il
y ait participation des premiers intéressés eux-mêmes,
c'est-à-dire les camionneurs, qu'ils soient artisans ou autres.
S'il y avait moyen de trouver une telle formule d'indemnisation pour
ceux qui volontairement voudraient libérer le champ d'activité,
et qu'en même temps il y avait une volonté politique là,
quel que soit le gouvernement, de faire en sorte qu'il y ait plus de
développement économique, donc plus d'activités dans le
domaine de la construction, on aurait peut-être un commencement
d'ébauche de solution. Cela ne réglerait sûrement pas par
le fait même la question du transport illégal. Mais au moment
où le volume de travail disponible correspondra au nombre de
travailleurs disponibles d'ailleurs c'est l'offre et la demande dont
parle le ministre et à laquelle je souscris les problèmes
engendrés par la présence d'un trop grand nombre d'associations
de camionneurs dans les régions n'existera plus. Les camionneurs
artisans ou entrepreneurs, dans le fond, entretiennent leur membership et
posent les gestes qu'ils posent, pourquoi? Il y a peut-être des individus
qui ont intérêt à alimenter la controverse, mais en
général les camionneurs eux-mêmes, ce qu'ils veulent, c'est
travailler. Et au moment où ils trouveront des façons de
travailler, ils vont laisser tomber les querelles d'associations, ils vont
arrêter de réclamer qu'on impose des amendes plus
sévères à ceux qui font du transport illégal, parce
que, qui est-ce qui le fait le transport illégal? Ce sont encore les
camionneurs. Ce ne sont pas des ingénieurs ou des médecins, ce
sont encore des camionneurs à part entière qui sont
"pognés" dans le même problème.
Je ne veux pas m'éterniser là-dessus, mais j'aimerais,
s'il y avait moyen, qu'au cours de cette commission parlementaire, on parle de
cette possibilité d'en arriver à réduire le nombre des
camionneurs. Parce que si on continue, tous ensemble, nous, de l'Opposition,
aussi bien que les autres, à se mettre le bandeau sur les yeux et
à dire: Nous, on est dans l'Opposition, on va dire n'importe quoi avant
les élections et, une fois élus, on verra à trouver une
solution, dans ce cas, malheureusement, on va continuer à faire ce que
les gouvernements ont toujours fait. Je le dis sans aucune partisanerie. On va
remettre à demain la solution. Au fur et à mesure que ça
va prendre du temps, pour des facteurs qui sont complètement
étrangers au domaine, la situation économique va possiblement se
détériorer, et les problèmes vont empirer.
J'ai compris, en tout cas, que c'est un peu à ça que vous
vouliez en venir. J'apporte cet élé- ment et je le fais avec
toute l'ouverture d'esprit possible. N'y a-t-il pas moyen que les intervenants
finissent par s'entendre pour dire que c'est ça, le problème
fondamental? Il y a trop de camionneurs; il n'y a pas assez d'ouvrage, et la
solution ne passe pas uniquement par le ministre des Transports qui va dire:
Dorénavant, c'est 75%-25%, en bas de l'infrastructure. Cela peut
régler le problème de façon temporaire pour un certain
nombre de camionneurs, mais ça va en créer un autre, justement.
Et, en plus, ça va remettre à la prochaine manifestation de
trouver encore un autre champ exclusif. Cela va être 80%-20%. Cela va
être 85%-25%, mais, finalement, le gouvernement...
M. de Belleval: 85%-15%.
Le Président (M. Jolivet): 85%-15%.
M. Gratton: Oui, je ne suis pas fort en mathématiques.
Cela prouve bien que je ne suis pas camionneur, parce que je pense que les
camionneurs comptent mieux que ça.
Donc, je lance ça... D'ailleurs, mon collègue de
Charlevoix y a fait allusion. Je pense qu'il faut oublier si on pense
qu'on est tous d'accord qu'il faut réduire le nombre de camionneurs
la possibilité de dire: On les fait disparaître sans aucune
rémunération, sans aucun remboursement pour droits acquis, entre
parenthèses, ou on les fait disparaître à partir de
critères. Cela, c'est très important. Il ne faut pas aller
chercher un critère artificiel. Dire, par exemple, ceux qui ont des dix
roues peuvent rester, ceux qui ont des six roues ne resteront pas.
J'exagère, mais on pourrait en trouver d'autres. On pourrait dire: Tous
ceux qui ont fait un certain nombre d'heures l'an dernier peuvent demeurer; ce
sont de vrais camionneurs. On va les protéger, eux. Alors que ceux qui
n'ont pas fait ce nombre d'heures l'an dernier, eux, ce sont des occasionnels
et ils seront les premiers à partir. Si on adopte ça comme
attitude, on va avoir des manifestations. On va avoir des dix roues partout,
devant le Parlement surtout et ni le gouvernement actuel, ni un gouvernement
éventuel qui ne serait pas péquiste ne va pouvoir faire mieux
qu'essayer au bout de la table d'inscrire des clauses dans un protocole
d'entente, pour devoir constater, au lendemain de ça ou au cours des
mois suivants, que les bonnes intentions traduites dans un protocole d'entente
ne s'appliquent pas, ne peuvent pas être respectées. On ne peut
pas les faire respecter et c'est à recommencer d'une année
à l'autre, si ce n'est pas d'un mois à l'autre.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: M. le Président, j'endosse
entièrement l'analyse du député de Gatineau, celle aussi
du député de Charlevoix. Je pense que vous devez vous rendre
compte que, de ce côté-ci de la table, en tout cas, on s'en va
vers une certaine perspective commune. Je suis d'accord, d'ailleurs, que ce
n'est finalement pas un problème politique partisan. C'est un
problème qui a été fait au fil des
années. Et on est tous pris, au fond, dans le même bateau,
comme législateurs, dans ce cas-là.
Il faut trouver des solutions dans le sens qu'on a dit, je pense, soit
avoir un meilleur ajustement entre les forces économiques fondamentales
qui ferait que les problèmes ancillaires, les problèmes
secondaires, comme vous le disiez, M. le député de Gatineau, vont
s'amoindrir d'eux-mêmes. Parce que ce sont plutôt les effets de
causes fondamentales que les causes comme telles du malaise. Je suis d'accord
avec vous sur le fait que s'il y a des rivalités entre associations,
c'est justement parce que chacun veut accaparer le peu de tarte qui reste pour
tout le monde. C'est une réaction normale pour tout le monde. Dans tous
les domaines, quand les gouvernements y sont confrontés, ils sont aussi
mal pris les uns que les autres, parce que, par définition, on n'est pas
comme Salomon, on ne peut pas trancher les bébés en deux, cela ne
fait pas des enfants forts. (11 h 15)
Je voudrais répondre rapidement à ce que vous me
demandiez, M. le député de Charlevoix: comment il se fait qu'il y
a eu plus de permis, qu'il y a eu un accroissement de permis et qu'on se
retrouve aujourd'hui dans la situation où on est. Avant 1972, le
transport en vrac n'était pas réglementé. Evidemment,
chacun entrait dans l'industrie comme il voulait. Cela ne sert à rien de
remonter aux causes avant 1972. Les causes avant 1972, c'est tout simplement
l'initiative de chacun. Les Québécois, on le sait, sont bons
là-dedans, ce sont de bons "patenteux", ils se trouvent des
occasions.
On a dit qu'on n'avait pas le sens des affaires, mais je pense qu'on a
le sens des affaires. Il y a des hommes d'affaires, de petits entrepreneurs,
des artisans, qui ont décidé de se lancer là-dedans. Avant
1972, c'était la cause. Après 1972, il faut bien voir qu'à
la suite des pressions des associations, et en particulier de l'ANCAl, il y a
d'autres matières que les matières traditionnelles qui ont
été réglementées.
Vous vous souvenez qu'au début, c'était finalement la
"garnotte", comme on dit, le gravier et le sable; le reste n'était pas
réglementé. A la suite des pressions, on a ajouté d'autres
matières, ce qui a voulu dire d'autres permis pour faire le transport de
ces matières, parce que, souvent, les gens qui étaient dans des
matières traditionnelles ne transféraient pas
nécessairement ou ne prenaient pas nécessairement le
marché des nouvelles matières. On le voit, par exemple, dans le
cas des équipements spécialisés pour le transport en
forêt. Quelqu'un qui fait du gravier en dix roues, demain matin, c'est un
permis en vrac; celui qui transporte du bois en longueur, c'est un permis en
vrac aussi, mais ce n'est vraiment pas le même genre de vrac. Ce ne sont
pas du tout les mêmes genres d'entrepreneurs, ni de matériaux.
Ensuite, dans la foulée de cela, chaque fois qu'on ajoutait des
matières, il y avait les droits acquis de ceux qui n'avaient pas
nécessairement des permis en vrac, mais qui faisaient cet effort et qui,
maintenant, se voyant obligés de prendre un permis en vrac, disaient:
Vous allez me donner un permis, puisque c'est ce que je faisais avant. C'est le
cas, entre autres, du fait que vous-même, quand vous étiez
là et que moi-même ensuite, quand je vous ai suivi, et M. Lessard,
entre les deux, nous avons garanti ces fameux droits acquis.
C'est là qu'on se retrouve avec des gens qui disent: J'avais des
droits acquis. Est-ce qu'il y en avait, est-ce qu'il n'y en avait pas? Il y a
peut-être un abus dans la reconnaissance des droits acquis, mais la
Commission des transports a fait de son mieux et elle essaie de
reconnaître ces droits acquis. On l'a vu hier dans les différents
mémoires.
Certaines associations trouvent qu'on y va trop libéralement avec
la reconnaissance des droits acquis, mais, là-dessus, je dois remarquer
que même des gens de l'ANCAl ont été favorisés par
cette reconnaissance de droits acquis. Eux-mêmes, des gens de l'ANCAl,
ont obtenu des permis par ce mécanisme de respect des droits acquis.
Comme vous l'avez dit tantôt, M. le député de Gatineau,
tout le monde fait pas mal la même chose, y compris ceux qui
dénoncent le camionnage illégal; ils en font eux-mêmes
souvent. Ce sont en gros les causes.
Pour terminer là-dessus, il faut quand même trouver un
moyen d'assainir le système, trouver un moyen de réduire les
permis. Je suis d'accord avec vous que cela va peut-être être
difficile, qu'il ne faut pas s'embarquer dans des voies qui, dans d'autres
domaines, ont donné des difficultés qu'aujourd'hui tout le monde
reconnaît. Il va falloir s'asseoir. Si on pouvait s'asseoir et faire
marcher notre imagination, à partir du moment où on
reconnaît, par exemple, que c'est le problème fondamental,
peut-être que là, on trouverait des solutions tous ensemble.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, devant la nomenclature que
vient de faire le ministre, je diffère quand même un peu
d'opinion. En 1972, on constate forcément qu'il y a un malaise politique
qui dure depuis trop longtemps, et on tente d'apporter certains
éléments de solution. Arrive le premier règlement en 1973.
Quand je parle de l'incompréhension que j'ai du trop grand nombre de
permis qui sont émis, on constatait en 1972 qu'il fallait respecter des
droits acquis de transporteurs publics généraux ou versés
dans d'autres activités; je sais qu'ils ont critiqué violemment
les privilèges qu'on a accordés au vrac. Mais constatant qu'il
nous fallait respecter les droits acquis et que ça prenait un volume
d'ouvrage plus grand, on enlève aux transporteurs publics le sel, 700
000 tonnes, qu'on confie aux transporteurs en vrac, étant donné
qu'il faut respecter ces droits acquis et que ça augmente le nombre, et
on accorde la clause 75-25 au-delà de la ligne d'infrastructure.
Ce sont des années où, malgré qu'il y ait eu des
problèmes, le volume de travaux a été assez
important dans le réseau routier ou ailleurs. Je constate que,
vers 1974 ou au début de 1975, il y a des problèmes avec
l'asphalte. J'enlève forcément la clause de l'asphalte qui
protégeait le vrac parce que le volume étant assez fort, c'est
vers l'asphalte qu'on se dirige en dernier lieu. Il y avait d'autres raisons
également où les entrepreneurs d'asphalte gardaient les artisans
en attente, quelquefois pendant des heures, dans des conditions
inacceptables.
De toute façon, cela n'a pas créé un remous
considérable, parce que le volume était assez fort à ce
moment-là; ils étaient occupés ailleurs. C'est bien que,
depuis, on ait permis qu'ils puissent retourner à cette activité.
Ce que je ne comprends pas du phénomène, en 1972, on dit qu'on va
respecter les droits acquis. Cela ajoute des permis et on repousse jusqu'en
juillet...
M. Gratton: 31 juillet 1976.
M. Mailloux: ... 31 juillet 1976, pour leur permettre de prendre
l'option vrac ou autre. Mais après ça, il n'y a plus de droits
acquis. Comment cela se fait-il que, par toutes sortes de biais... J'ai
constaté à la lecture de certains mémoires hier, par des
exemples qu'on a donnés, que des gens, sous toutes sortes de couvertures
ou de raisons, sont venus s'ajouter après ces droits acquis. Je voudrais
que la commission vienne me dire comment, depuis qu'on a fini d'accepter les
droits acquis, on a réussi à augmenter tellement le nombre de
camionneurs, rendant le problème d'autant plus aigu. Les hommes
politiques constataient, en 1972, qu'il y avait trop de camions. Il faut
respecter les droits acquis. On arrête, en 1976, mais malgré
ça, ça continue presque sans cesse. C'est cette partie que je
voudrais qu'on vienne nous expliquer. Si des gens ont obtenu des permis de
manière complètement anormale, je me demande comment, si jamais
il y avait un retrait de camions, on va protéger ces gens. Quelle
protection doit-on leur accorder?
M. de Belleval: Je suis d'accord avec vous, M. le
député de Charlevoix, qu'il y a eu des extensions et comme je
l'ai dit tantôt, il y a peut-être eu une émission trop
libérale, par la Commission des transports, de permis de vrac pour des
pseudo droits acquis. Si vous voulez, nous allons faire la recherche sur le
nombre de permis exacts qui ont été émis depuis ces
derniers mois ou ces dernières années, au titre de ces droits
acquis et on verra après l'influence de cette partie du
phénomène. Mais les chiffres préliminaires que j'ai vus
démontrent qu'il s'agit de 300 ou 400 permis, je pense, sur 12 000. Vous
allez me dire: quand ça va mal, ce n'est pas le temps d'en ajouter 300
ou 400. Mais il ne faudrait pas non plus s'imaginer que ce sont peut-être
des milliers. Ceci étant dit, si on s'entend qu'il y a trop de permis,
un de plus fait quand même un de trop en supplément.
M. Mailloux: Est-ce qu'on pourrait dans la même recherche,
nous dire, comment la location a amené de véhicules sur le
marché?
M. de Belleval: La location de véhicules en vrac?
M. Mailloux: Oui.
M. de Belleval: Là encore, on va essayer de voir si on est
capable, à la commission, d'obtenir ce genre de renseignements. Juste un
dernier mot, M. le Président, du côté de l'offre de
travaux, le député de Gatineau et vous-même y avez fait
allusion. Il y a eu des années de vaches grasses où il y a eu
beaucoup de travaux. Je pense aussi que malgré un certain tassement des
budgets qui correspond d'ailleurs au fait que justement on a
réalisé des grands travaux, c'est normal qu'ensuite on passe
à d'autres priorités. Il faut bien voir, malgré tout, que
quand on fait beaucoup de travaux autoroutiers dans les villes, ça ne
donne pas autant d'ouvrage, en dollars, aux camionneurs en vrac que le
même ordre de dollars dépensés en rase campagne.
C'est évident que l'autoroute Dufferin-Mont-morency coûte
plusieurs millions du mille et il n'y a presque pas de travail là-dedans
pour les camionneurs en vrac, parce que c'est du béton, c'est de
l'acier, des choses comme ça. L'expropriation aussi est très
dispendieuse. Tandis que si je fais les mêmes $20 000 000 du mille en
rase campagne, pour l'autoroute de la Beauce, par exemple, ça donne
plus...
M. Mailloux: Ce sont des agrégats.
M. de Belleval: ... plus de choses. Par rapport même
à l'autoroute de la Beauce, par rapport à un chemin rural, c'est
encore plus de transport pour les camionneurs en vrac parce que là, il y
a encore moins de structure que sur une autoroute. Même s'il y a eu un
réajustement des budgets, souvent, dans certaines régions,
ça ne s'est pas nécessairement fait au détriment des
camionneurs en vrac. Tout ça pour dire qu'il y a des limites aussi...
Même si je suis d'accord avec le député de Gatineau que
tous les gouvernements veulent le développement économique et
nous, comme les autres, on veut aussi faire des chemins le plus possible, il
reste que, dans l'état actuel des choses, on ne peut pas s'attendre,
d'aucun gouvernement, qu'il va y avoir de nouveau des explosions comme on a
connues dans le transport routier dans les années soixante ou au
début des années soixante-dix.
Maintenant, pour la planification des travaux routiers, j'avais
déjà déclaré que cette année nous
accélérerions les travaux dès le début de la
saison, là où les camions sont disponibles pour améliorer
cette espèce de répartition des travaux à travers
l'année.
Je veux juste faire une comparaison entre 1976 et 1977 et 1980 et 1981.
Je ne veux pas jeter le blâme sur ce qui s'est fait avant moi. La
question n'est pas là. C'est un vieux problème et il n'est pas
facile à résoudre. Quand même, je pense qu'on a fait un
effort. En 1976-1977, au mois d'avril pour prendre cette
année-là nous avions onze contrats pour $2 700 000
d'accordés.
Cette année, en 1980-1981, 49 contrats pour $14 000 000. Au mois
de mai, 36 contrats pour $11 000 000. Cette année, au mois de mai, 140
contrats pour $53 000 000. Au mois de juin, 92 contrats en 1976-1977 pour $27
000 000. Cette année, 232 contrats pour $76 000 000. Juillet, 115
contrats en 1976-1977 pour $37 000 000. Cette année, 309 contrats pour
$124 000 000.
Alors, on voit qu'il y a eu une accélération des travaux
en début de période cette année. Cependant et je
suis d'accord malheureusement avec vous cet effort n'est pas
nécessairement réparti également à travers toutes
les régions et effectivement dans votre région, les efforts
d'accélération n'ont pas été aussi probants que
ceux que je présente pour l'ensemble des régions. Mais il reste
que l'effort a été fait quand même.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse sur le même sujet.
M. Goulet: Très rapidement, M. le Président, je
sais que le temps est dépassé. On a touché à un
principe important depuis une demi-heure. D'accord ce serait peut-être
facile de contingenter, même de faire disparaître des camions. A ce
moment-là, on réglerait bien des problèmes et on n'aurait
pas besoin d'être ici. Quand il n'y aura plus de camionneurs ou à
peu près plus de camionneurs, je pense qu'on n'aura même plus
besoin des associations et des postes d'affectation. Les gars vont se trouver
du travail eux-mêmes et à des conditions acceptables.
La solution, quant à moi, c'est de faire respecter d'abord les
règlements. Avant de faire disparaître des camionneurs, qu'on
fasse donc respecter ces règlements-là. Nos gars de camion vont
trouver du travail, une partie du travail qui est censé leur appartenir
et qui leur échappe parce que les règlements ne sont pas
respectés. Le but d'une association, c'est d'aller chercher le plus de
travail possible pour ses membres, aux meilleures conditions possible et de
défendre les intérêts de ses membres après des
négociations ardues. C'est un principe fondamental au niveau des
associations. Ou on croit au principe, ou on n'y croit pas. Si c'est bon dans
d'autres domaines, je ne peux pas voir qu'on défend pendant des
années et des heures des principes et, à un moment donné,
pour un autre problème semblable, ce principe, on le rejette. Le
principe, c'est de défendre l'intérêt des membres. Les
postes d'affectation sont là d'abord et avant tout comme "dispatcher" et
aussi pour aller chercher du travail pour ses membres. Je suis bien d'accord.
Mais, d'un autre côté, si on reconnaît que les associations
peuvent donner de bons services dans d'autres régions, elles peuvent
également donner des bons services dans le camionnage en vrac. Si les
camionneurs, demain matin, se donnaient vraiment la main et avaient une
association forte que ce soit une association au niveau des postes
d'affectation ou pas, ce n'est pas sur cela que j'en suis ils pourraient
aller se négocier du travail à des meilleures conditions qu'ils
ont actuellement. Ils pourraient aussi faire en sorte que si le
ministère ou le gouvernement n'est pas capable de faire respecter les
règlements, eux prendraient ça en main et les feraient respecter,
les règlements.
Cela fait deux jours, M. le Président, qu'on se fait dire ici que
tout le monde outrepasse les règlements et que personne ne s'en occupe.
Si on arrêtait ça à un moment donné et qu'on les
respectait, qu'on respectait l'entente que le ministre Lessard a signé
on ne parlerait pas, ce matin, de faire disparaître des camionneurs parce
qu'on récupérerait peut-être 25%, 30% ou 40% du travail qui
est censé leur appartenir et qu'aujourd'hui ils n'ont pas parce que ces
règlements ne sont pas respectés. C'est ça le
problème. (11 h 30)
Si vous m'arrivez, un matin, avec comme solution au problème des
camionneurs, la même qu'on a proposée pour les petits abattoirs,
c'est bien facile. Pour régler le problème des petits abattoirs,
on les a fait disparaître. On n'a pas besoin de commission parlementaire
pour cela. Voyez-vous? C'est là qu'est le problème.
Quand vous dites: on va les contingenter. Je suis bien d'accord! Si vous
voulez les contingenter, dites-le tout de suite, on n'a pas besoin d'attendre
à demain soir pour cela et passer la journée ici. Faire
disparaître les camionneurs, je ne suis pas d'accord avec cela. Je ne
suis pas d'accord avec cela! A un moment donné, les camionneurs pourront
décider de s'unir dans une association forte et de faire en sorte que si
le gouvernement n'est pas capable de faire respecter les règlements,
l'association fera comme d'autres associations font au Québec, comme on
a fait dans le domaine professoral, comme on a fait dans d'autres domaines, ils
les feront respecter. On est d'accord avec un principe ou on ne l'est pas! Si
le principe d'association est bon dans d'autres domaines, je ne vois pas
pourquoi on dit à ces gens, ce matin, que le principe n'est plus bon et
qu'on va les faire disparaître. Quand ils seront tous morts, ils n'auront
plus besoin, ni du ministre des Transports, ni des postes d'affectation, ni
même des syndicats, des associations pour leur fournir du travail. Ceux
qui resteront, quand il n'y en aura pas beaucoup, seront capables de s'en
trouver seuls et à des bonnes conditions. Je pense que ce n'est pas la
solution. La solution, c'est qu'on vous dit, depuis hier, que les
règlements ne sont pas respectés. Nous autres, on voudrait savoir
comment le ministre des Transports ou le gouvernement, ou ceux qui ont
l'autorité, la Commission des transports, d'ici quelques jours ou d'ici
quelques semaines, va faire pour qu'au moins les règlements qui existent
soient respectés. C'est cela qu'on veut.
M. de Belleval: Juste un dernier mot là-dessus, M. le
Président. Je comprends bien vos préoccupations, M. le
député de Bellechasse, mais cela ne sert à rien non plus
de se mettre la tête dans le sable. Ou bien on suit les voies qu'ont
suivies d'autres provinces, d'autres Etats américains, et on laisse les
forces brutales du marché
jouer. Il va y en avoir des faillites, comme dans ces provinces, c'est
de même qu'ils ont régularisé le marché. Ou bien on
prend une autre voie qui est plus conforme, je pense, à nos traditions,
ici, au Québec, et au fait qu'il y a eu des règlements
déjà dans le passé, et on essaie de
réaménager ce marché d'une façon ordonnée.
De ce point de vue, je suis d'accord avec le député de Gatineau.
Il faut trouver une façon ordonnée de faire cela qui ne nous
amène pas, d'une part, dans le jeu brutal des forces du marché
mais, d'autre part, qui ne nous amène pas non plus dans un labyrinthe
administratif réglementaire qui va nous créer encore plus de
problèmes que nous en avons déjà. C'est cette voie
étroite qu'il faut chercher ensemble et qui n'est pas facile. C'est pour
cela qu'il n'y a pas de solution facile, c'est que la voie justement est
étroite.
Poste d'affectation région 09 Inc.
Le Président (M. Jolivet): Merci. J'inviterais le Poste
d'affectation, région numéro 09 Inc., M. Serge Robichaud.
J'aimerais faire remarquer au député de Bellechasse une parole
qu'il a prononcée, hier, à l'effet que les petits mémoires
prendraient moins de temps.
Une Voix: Touché!
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. Robichaud.
M. Robichaud (Serge): M. le ministre, j'aimerais d'abord, avant
de faire la présentation de mon mémoire, vous présenter Me
Bernard Piuze, conseiller juridique du nouveau conseil d'administration du
poste d'affectation 09.
Le Président (M. Jolivet): M. Piuze.
M. Piuze (Bernard): M. le Président, si vous me le
permettez, j'aurais juste une remarque. On a parlé, tout à
l'heure, du poste d'affectation, on en reparle encore actuellement, c'est qu'en
vertu du nouveau règlement qui est en vigueur depuis le 5
décembre, ce sont les camionneurs inscrits au poste qui doivent
élire les administrateurs alors que, dans l'ancien règlement,
c'étaient les associations qui les élisait. Je représente
donc le nouveau conseil qui a été élu par tous les
titulaires de permis inscrits au poste, indépendamment des associations.
Ceux qui vous parlaient tout à l'heure avaient été
nommés par les associations.
Le ministre a parlé tout à l'heure du problème de
Québec Labrador et a lu un document qui concernait Québec
Labrador. Dans la région 09, depuis maintenant au-delà d'un an,
l'ancien conseil d'administration de même que le nouveau ont
délégué, M. le ministre, au sous-poste qui a
été créé, des pouvoirs de négociations
lorsque les contrats ont lieu à l'intérieur d'un sous-poste.
C'est la raison pour laquelle c'est le sous-poste qui a négocié
avec Québec Labrador. Si les camionneurs de Duplessis, de Sept-lles ont
offert leurs services, c'est peut-être parce qu'ils ont été
appelés dans les années précédentes à donner
des services à des compagnies dans le nord du Québec, tout
près du Labrador, et ils étaient peut-être
déjà équipés ils nous le diront
peut-être tout à l'heure de citernes et de
différents équipements qu'ils n'avaient pas besoin de demander
à la compagnie de leur fournir puisque les contrats de Québec
Labrador avaient lieu à 90 milles au moins dans le bois, d'une part.
D'autre part, M. le Président, je voudrais peut-être
signaler que le fait pour des camionneurs d'être membres de l'ANCAl ne
les empêche peut-être pas d'avoir certains points de vue des
différences d'opinions au niveau des travaux, comme celui de
Québec Labrador.
Il ne faudrait pas non plus penser que c'est l'Association des
camionneurs artisans qui cause ce problème; il est possible... il n'est
pas seulement possible, d'ailleurs, tous ces gens sont membres de l'Association
des camionneurs artisans, autant à Sept-lles qu'à Baie-Comeau, et
ce n'est pas à cause de l'Association des camionneurs artisans que le
problème de Québec Labrador ou quelque problème que ce
soit a surgi. C'est que les camionneurs ont des divergences entre eux, c'est
peut-être normal. Ce qui est anormal, c'est de le faire supporter
à une association; ces gens sont tous membres de la même
association, il peut y avoir des divergences quant aux travaux.
C'étaient les remarques que je voulais vous faire.
M. Robichaud: Je vais procéder à la
présentation de mon mémoire.
M. le Président, messieurs les membres de la commission
parlementaire, nous tenons d'abord à vous remercier de l'invitation qui
nous a été adressée de comparaître à cette
commission parlementaire. Nous pouvons enfin, sans aucune hésitation,
étaler les problèmes auxquels les camionneurs de vrac de la
région 09, comme ceux d'ailleurs, doivent faire face afin de subsister
actuellement. Bien des litiges principalement causés par le manque de
stabilisation du travail que procure le camionnage en vrac font régner,
de la part de tous les propriétaires de permis, une atmosphère
antipathique vis-à-vis pratiquement tous les requérants de
services.
Les principaux problèmes que nous connaissons sont les suivants:
Premièrement, beaucoup trop de transport illégal est
exécuté dans la région sans que le gouvernement
intervienne efficacement pour mettre fin à cet état de choses.
Trop souvent, nous voyons passer un camion portant une immatriculation autre
que celle réservée pour le vrac, transportant du matériel
en vrac et possédant un soi-disant contrat certifiant la possession du
matériel pour le propriétaire du camion. Quand on examine ce
contrat affirmant la propriété, il n'est pas difficile de
s'apercevoir que ce n'est qu'un bout de papier démontrant qu'il y a eu
manigance entre requérant et camionneur. S'il n'y a pas de papier
douteux, une amende minime ne représentant que le quart, peut-être
moins, de la valeur du chargement sera imposée aux camion-
neurs et le même procédé recommence de plus
belle.
Deuxièmement, la location de camion est aussi un problème
qui fait que nous, propriétaires d'équipement de grande valeur,
devons rester stationnés dans notre cour pendant que les compagnies ou
les requérants de services se gavent du gâteau qui leur est
offert. Que ce soit pour un contrat de gravier, de béton bitumineux ou
même forestier, beaucoup de requérants de services louent des
camions afin de retirer le plus grand profit possible de ces contrats qui leur
sont alloués et, après que le meilleur du travail est accompli,
ils mettent leur camion de côté pour enfin demander nos services
afin que nous, camionneurs des postes d'affectation, contribuions aux travaux
les plus désagréables et les moins rentables.
Troisièmement, la Commission des transports devrait
élargir les pouvoirs de ses agents de surveillance. Dans un premier
temps, quand les camionneurs font du transport illégal, ces agents de
surveillance devraient avoir le pouvoir d'arrêter ces transporteurs afin
de mettre fin à cet état de choses en leur imposant une amende
plus élevée que celle actuellement établie. Dans un
deuxième temps, il arrive très souvent que les requérants
de services exigent des camionneurs de transporter des charges beaucoup plus
élevées que celles exigées par le ministère des
Transports et ce, surtout pour des travaux exécutés au taux
horaire. Il peut arriver que les camionneurs soient fautifs, mais, très
souvent, ce sont les requérants qui le sont. Une amende devrait leur
être imposée afin que ces requérants de services soient
aussi obligés de travailler en fonction de la loi de la pesanteur et
ainsi éliminer les charges excessives de nos routes. Les agents de
surveillance devraient avoir aussi le pouvoir de geler un camion lorsque,
après une vérification, lesdits agents constatent que le
camionneur n'a pas fait la demande de permis spéciaux lorsqu'il
travaille dans une région autre que la sienne. Cela permettrait aux
camionneurs locaux de travailler et de pouvoir maintenir un contrôle
efficace sur les camions venant d'autres régions.
Une autre responsabilité des agents de surveillance sur laquelle
un accent spécial doit être mis, c'est celle du respect des taux
de la Commission des transports du Québec. Pour ce faire, il devrait
avoir le droit de vérifier auprès de qui de droit si la
facturation des paiements est faite en conformité des exigences de la
Commission des transports. Toutes les compagnies forestières doivent
passer par les postes d'affectation et les sous-postes à 80% du
transport de produits forestiers. Il y a présentement la compagnie Reed
dans un de mes secteurs qui passe à 100% par le sous-poste de ce secteur
et par le poste de la région 09 et elle se dit satisfaite des services
que le sous-poste et que le poste lui apportent.
De notre côté, les camionneurs peuvent s'équiper
adéquatement afin de satisfaire à toutes les réquisitions
de quelque nature qu'elles soient venant de cette compagnie. Une meilleure
planification et une meilleure répartition peuvent être exer-
cées par le sous-poste et le poste pour l'évaluation de
l'équipement et du nombre de camions disponibles pour cette compagnie.
De plus, cela empêche les camionneurs pratiquant
l'illégalité de s'infiltrer et de prendre le travail des
camionneurs locaux. Si une compagnie est satisfaite des services des
sous-postes et du poste d'affectation, pourquoi d'autres compagnies ne
pourraient-elles pas l'être elles aussi?
Le fait de ne pas faire effectuer 75% du transport de matière en
vrac sur les contrats donnés par le ministère des Transports par
le poste et les sous-postes a des retombées néfastes non
seulement pour les camionneurs inscrits au poste mais aussi pour
l'économie de la région. Très souvent le
propriétaire d'une flotte de camions reçoit un contrat de
transport aux mêmes taux (supposés) que ceux demandés par
les camionneurs inscrits au poste, soient ceux de la Commission des
transports.
Ce propriétaire, retirant tous les bénéfices locaux
que ces contrats lui apportent, ne contribue pas à l'économie de
la région car il va s'approvisionner chez les concessionnaires des
grands centres alors que les mêmes services de la région sont
ignorés.
De plus, le ministère des Transports nous fait lui-même
concurrence en ce qui concerne le camionnage en vrac. Il arrive souvent que
pour un travail requérant les services de quatre à cinq camions,
nous soyons au nombre d'un à deux camions du poste et qu'il y en ait
trois à quatre du ministère. Nous devons spécifier que ces
travaux sont à courtes distances, donc, rentables. Mais lorsque
surviennent les travaux de longues distances, de ce fait non rentables, ils
demandent toujours les services des camionneurs du poste d'affectation et des
sous-postes. S'il est normal de faire des travaux de longues distances, il
serait donc aussi normal que les travaux de courtes distances soient
effectués à 100% par les postes et les sous-postes comme le
stipule l'entente signée le 23 juin 1977 par l'ex-ministre des
Transports, M. Lucien Lessard.
Il y a un autre facteur que nous qualifierons de manque de planification
de la part du ministère des Transports et ayant pour effet que les
camionneurs ne travaillent pas beaucoup.
Comme vous le savez, les subventions octroyées par le
ministère des Transports ne sortent que vers la fin de juin et
même au début de juillet. Ce phénomène a pour effet
de ne faire débuter tous les travaux que vers la mi-août, ce qui
fait que la demande est beaucoup trop forte pour l'offre, mais seulement pour
une période de deux mois au plus. Pour cette période, il nous
faut demander des camions de l'extérieur quand il est possible, sinon
les requérants de service en profitent pour se servir de camions sans
permis ou immatriculés F. De ce fait, le transport illégal refait
de nouveau surface. Mais pour le reste de l'année, soit une
période de huit à neuf mois, les camions des postes et des
sous-postes sont stationnés, puisqu'il n'y a pas de travail à
leur répartir.
Il est donc nécessaire que le ministère des
Transports s'occupe de planifier ces travaux afin que, dès le
début de mai, ceux-ci puissent commencer et ce pour une période
pouvant aller jusqu'à la fin d'octobre, début novembre. De cette
façon, le poste et les sous-postes pourront préparer l'agenda des
réquisitions à venir afin que l'offre puisse répondre
adéquatement à la demande.
Une autre situation qui pourrait facilement être corrigée
est le transport du sel pour le ministère des Transports. Chaque fois
qu'il y a du sel à transporter, c'est toujours lorsque la période
de deux mois de travail pour le poste et les sous-postes arrive. N'ayant pas de
camions disponibles, il faut donc transporter le matériel soit de nuit
ou par monsieur tout le monde. Avec une supervision des travaux à faire
et une étroite collaboration entre le poste et les sous-postes et le
ministère des Transports, il serait facile de prévoir que,
lorsqu'une période tranquille survient, le transport de sel
s'effectuerait. De cette façon, il n'y aurait pas de sel
transporté sur des chemins glacés durant la nuit ou dans la
courte période surchargée de travail.
Avant cette entente signée en 1977 par M. Lucien Lessard, il y
avait déjà un règlement qui stipulait que, pour faire
partie de l'association reconnue, il fallait n'être propriétaire
que d'un seul camion. Beaucoup d'insatisfaction amène des membres
à se former une nouvelle association.
En 1977, le règlement 112 devait permettre de rétablir la
paix entre les parties dans l'unification des postes d'affectation. Mais par
toutes sortes de manipulations trop souvent au détriment des camionneurs
des postes et des sous-postes, dû au manque de travail qui leur est
alloué par les ministères et les compagnies, les camionneurs
membres ou non-membres actuellement mettent en doute la rentabilité de
faire partie de cette organisation, puisque pour l'instant il est plus facile
à un camionneur indépendant d'avoir du travail que pour ceux
affiliés aux postes d'affectation.
Ne serait-il pas vrai de penser que les compagnies
préfèrent négocier avec un seul camionneur que de le faire
avec le ou les représentants des postes et des sous-postes qui, eux,
pourraient mieux planifier le travail à venir et ce, pour l'ensemble des
camionneurs et du camionnage en vrac? (11 h 45)
C'est pourquoi, M. le Président, MM. les membres de la commission
parlementaire, nous vous demandons de prendre en considération une fois
pour toutes les attentes des membres des postes d'affectation,
c'est-à-dire soit que l'entente signée le 23 juin 1977 par M.
Lucien Lessard et les représentants de l'ANCAl et que toutes les
clauses, sans exception, soient respectées du commencement
jusqu'à la fin et ainsi l'harmonie régnera dans le domaine du
camionnage en vrac.
L'application et le respect du règlement 112 donneront
satisfaction à tous les camionneurs et aideront au développement
des compagnies en répondant efficacement à leurs besoins de
camionnage en vrac.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. M. de
Belleval: Je n'ai pas de questions.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau. M. le député de Charlevoix.
M. Mailloux: Comme le temps presse, j'ai pris connaissance
attentivement de votre mémoire. Je voudrais vous poser une question.
Vous revenez forcément avec des doléances dont on entend parler
depuis le début. Au premier paragraphe de votre mémoire, à
la page 2, il est question de transport pour compte propre, c'est quand
même un volume extrêmement important sous le couvert du compte
propre qui se transporte au Québec au détriment des transporteurs
en vrac.
Voici un entrepreneur qui prend un contrat du ministère des
Transports, à des conditions souvent trop basses et il cherche tous les
moyens par lesquels il pourrait évidemment passer à travers son
contrat sans avoir de difficultés financières. Il peut passer un
sous-contrat avec un propriétaire de carrière de gravier qui,
immédiatement, peut faire le transport.
Ce que je voudrais que vous me disiez, ça se fait au vu et au su
de tout le monde. Mais comment un législateur, à moins
d'arrêter tout transport de compte propre, peut-il empêcher
ça? Je vous pose la question, ainsi qu'à votre procureur. Comment
est-ce possible d'arrêter un tel transport, à moins de bannir tout
compte propre? Je pense que là, on va loin en maudit.
M. Piuze: M. le Président, si vous permettez.
Effectivement, M. le député de Charlevoix, c'est assez difficile
de contrôler cela, mais il y aurait peut-être un moyen. Ce serait
d'assurer un volume qui passerait pour le transport par les titulaires de
permis de courtage.
M. Mailloux: Oui, quand vous faites référence
à la supposée promesse que vous avait faite M. Lessard, à
savoir de vous donner 75% de tout un contrat.
M. Piuze: Vous seriez assuré que les transporteurs publics
effectueraient le transport à 75% du volume.
M. de Belleval: Là-dessus, on a vu que sur les contrats du
ministère des Transports, c'est déjà le cas.
M. Piuze: A 75-25 au-dessus de la ligne?
M. de Belleval: Non. Les chiffres que j'ai donnés hier
concernaient les travaux tant au-dessus qu'en dessous de la ligne. On se rend
compte que, déjà, 77% du transport en vrac fait pour les contrats
du ministère sont faits par les camionneurs artisans. Les chiffres sont
dans ce document-ci ou dans un addenda que j'ai déposé hier.
C'est déjà le cas. Vous avez déjà 77% des travaux
du ministère des Transports.
M. Piuze: M. le ministre, lorsque vos chiffres parlent de 75% ou
de 77%...
M. de Belleval: 77%.
M. Piuze: 77%, disons, il reste une chose. Peut-être que
vous ne faites pas la distinction entre ceux inscrits dans les postes et ceux
qui ne le sont pas et, parmi ces gens-là qui transportent, vous faites
référence à ceux qui sont titulaires de permis VR et
peut-être que parmi ceux qui sont titulaires de permis VR, vous avez
justement les constructeurs de routes.
M. de Belleval: C'est-à-dire que la répartition que
je fais, c'est entre les camions qui sont des camions de camionneurs artisans
et ceux qui sont des camionneurs entrepreneurs. Par exemple, les constructeurs
de routes actuellement assurent 22% environ du transport, tandis que les
camionneurs artisans, c'est-à-dire des camionneurs qui possèdent
moins de quatre camions, assurent 77% du transport, tant au-dessus qu'en
dessous de la ligne.
M. Piuze: C'est ce que je vous dis, M. le ministre. C'est que
parmi ces gens-là, vous venez de nous le dire, ce sont des titulaires de
quatre permis et moins, d'après vos informations, et moi, je vous dis
que, dans ce volume, vous avez une grande quantité qui provient des
constructeurs de routes eux-mêmes qui utilisent entre eux leurs camions.
Ils ne passent pas par le poste, ils s'appellent les uns, les autres.
M. de Belleval: Non, on a fait la différence: partage du
travail entre les camions des artisans et ceux des entrepreneurs actuellement
au-dessous de l'infrastructure de travaux à contrat. Nous avons 216
entrepreneurs qui opèrent pour nous actuellement. Ces entrepreneurs
actuellement utilisent 510 camions et les artisans utilisent 1682 camions, soit
une répartition de 23-77. Cela ne peut pas être plus clair.
M. Piuze: M. le ministre, c'est ce que je vous dis. Lorsque vous
me parlez des camions des entrepreneurs, des constructeurs de routes, ce sont
les véhicules immatriculés avec des F. Lorsque vous me parlez des
camions de ce que vous appelez les camionneurs artisans, ce sont des VR. Or,
vous avez, parmi ces VR, des VR qui appartiennent à des constructeurs de
routes et je vous dis qu'ils s'appellent les uns les autres, qu'ils utilisent
leur flotte les uns les autres.
M. de Belleval: Je regrette de vous contredire, mais j'ai fait
les vérifications et, effectivement, les camions artisans, ce sont des
camions qui nous sont fournis par les postes d'affectation. Il y en a 1682
actuellement. Les entrepreneurs utilisent actuellement 510 camions; ce sont les
chiffres de cet été.
M. Piuze: M. le ministre, est-ce que vos chiffres proviennent des
constructeurs de routes ou des postes d'affectation?
M. de Belleval: C'est évident que les 1682 camions
proviennent des postes d'affectation.
M. Piuze: Je vous demande si vos sources, les chiffres que vous
me citez...
M. de Belleval: Oui, ils viennent des postes d'affectation.
M. Piuze: Ce sont les postes d'affectation qui vous ont dit que
les camions qui étaient envoyés étaient là? M. le
directeur du poste, ici...
M. Robichaud: Je ne suis pas au courant, parce qu'à
Godbout j'ai eu l'occasion d'aller rencontrer... Je m'en allais dans le secteur
de Port-Cartier. J'ai passé sur le chemin, il y avait des travaux
effectués par le ministère des Transports. J'en ai fait mention,
d'ailleurs, dans mon mémoire. Sur les cinq camions qui travaillaient au
chantier, j'avais un camion qui venait du sous-poste de Hauterive.
M. de Belleval: Je parle des travaux à contrat. Quant aux
travaux en régie, la proportion est encore plus grande. Pour les travaux
en régie, vous devez faire actuellement 96% du transport.
M. Piuze: M. le Président, si vous me le permettez, M. le
ministre me confirme que ces données, ces chiffres lui proviennent des
postes d'affectation. Le directeur du poste de la région 09 me dit qu'il
n'en a jamais donné.
M. de Belleval: Je viens de recevoir une note qui me dit que ces
chiffres proviennent de statistiques recueillies par chacun de nos bureaux de
district auprès de ceux qui leur donnent les renseignements,
c'est-à-dire à la fois les postes d'affectation et les
entrepreneurs, en ce qui concerne les entrepreneurs. Je pense que le chef de
district qui fait faire des travaux dans sa région est certainement le
mieux placé pour savoir d'où proviennent les camionneurs qui
travaillent pour lui.
M. Piuze: Le chef du district sait très bien, en bas de la
clause, que ce sont des VR ou pas des VR, parce que c'est lui qui reçoit
les factures. Il sait très bien si ce sont des VR ou non. Seulement, ce
qu'il ne peut pas dire, c'est si ce sont des VR inscrits au poste ou pas, si ce
sont des VR qui appartiennent à des compagnies. Il pourrait vous le dire
dans ses compilations, mais il ne vous l'a pas dit.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, de toute façon,
à des statistiques on peut faire dire ce qu'on veut. Mon
expérience m'a toujours prouvé, depuis une quinzaine
d'années, que, quand un entrepreneur a un contrat, s'il possède
sa propre flotte de camions et que c'est intéressant de faire le
transport, il le fait jusqu'à la ligne d'infrastructure tant qu'il est
capable de le faire. Il n'invite des artisans
que quand cela fait son affaire jusqu'à la ligne
d'infrastructure. S'il ne possède pas sa flotte de camions, il est bien
obligé de faire affaires avec les artisans.
Ma deuxième question, c'est au sujet d'une autre suggestion que
vous faites et qui a de l'allure. Cela ne coûterait quand même pas
une fortune en intérêts au ministère des Transports. Le
ministère des Transports fait transporter annuellement 700 000 tonnes de
sel pour ses besoins. Ils ont parfaitement raison de dire qu'on le fait
transporter dans la période de l'année où arrive le plus
gros volume de travaux de toutes sortes, que ce soit du ministère des
Transports, des compagnies ou autres. Je me demande pourquoi je me suis
posé la question dans les derniers moments, je regrette de ne pas
l'avoir fait, je pense que c'est faisable au moins 50% ou les deux tiers
du sel dont le ministère des Transports a besoin deux tiers, ce
ne serait pas possible, parce que forcément, en période
hivernale, on en ajoute ou une quantité assez importante de sel
ne serait-elle pas emmagasinée dans les mois de juin ou juillet pour
précéder la période où ils sont déjà
surchargés d'ouvrage, parce que c'est la seule période de
l'année où ils peuvent réellement gagner?
M. de Belleval: Cette année, on a fait mieux que cela, M.
le député de Charlevoix. On a rempli tous nos réservoirs
à sel au mois d'avril et au mois de mai dans le cadre, justement, du
programme spécial que j'ai annoncé. A l'avenir, c'est ce que nous
allons faire.
Non seulement ça, mais, avec le nouveau système
d'approvisionnement que nous aurons d'ici deux ans, avec SOQUEM et le sel des
Iles-de-la-Madeleine, nous allons contrôler entièrement tout le
système à la fois de production, de livraison et
d'épandage du sel et ce sera encore plus facile, à ce
moment-là, de régulariser l'approvisionnement en sel et donc le
transport du sel à longueur d'année.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, seulement une question
à la suite des propos du ministre concernant ses 77% du volume de vrac
que font les camionneurs artisans. Il y a 510 camions, dit-il, qui
appartiennent aux entrepreneurs sur à peu près 2100. J'imagine
que c'est là qu'il est allé chercher ses 77%. C'est de cette
façon que vous avez calculé?
M. de Belleval: Je vous ai donné les pourcentages en
termes de nombre de camions...
M. Goulet: De camions.
M. de Belleval: ... qui travaillent.
M. Goulet: Naturellement, sur 2100 camions, si vous en avez 500
qui appartiennent aux entrepreneurs et que vous en avez 1600 qui appartiennent
aux artisans, vous arrivez avec un chiffre de 77%, mais c'est vraiment fausser
la réalité, parce que si vous faites des tableaux comparatifs au
niveau du temps...
M. de Belleval: Non, on a...
M. Goulet: Si vous ma permettez de compléter.
M. de Belleval: Oui, mais je réponds tout de suite
à votre objection. Il y a une corrélation à peu
près parfaite à 1% ou 2% près entre les heures
travaillées et le nombre des camions sur les chantiers.
M. Goulet: Entre les heures travaillées, parce qu'il y a
des camions d'entrepreneurs qui vont travailler 20%, 30% ou 40% plus longtemps
que certains entrepreneurs artisans parce que l'entrepreneur prend d'abord ses
camions sur son chantier et, quand il en manque, il va chercher l'artisan.
Deuxièmement, au niveau du volume de vrac transporté,
beaucoup d'entrepreneurs ont de très gros camions, des semi-remorques,
je ne sais pas comment on les appelle, les Euclide, ces choses-là, leur
capacité de charge est beaucoup plus grosse. Si on fait un tableau
comparatif, le nombre de verges cubes, le volume transporté par les 500
camions qui appartiennent aux entrepreneurs et le volume transporté
à la fin de l'été par les 1600 camions qui appartiennent
aux artisans, vous êtes bien loin de la réalité avec
77%.
M. de Belleval: Bien non!
M. Goulet: Ecoutez, je vous invite à le calculer, à
prendre un cas particulier sur un chantier et votre chiffre de 77%
dépasse de beaucoup la réalité. Absolument. Si vous prenez
le nombre de camions, c'est entendu que si le gars a un pick-up et l'autre un
dix-roues et qu'un travaille une semaine et l'autre trois mois, au niveau des
camions, ils ont chacun un camion, ça fait 50-50. Au niveau du volume et
du travail effectués, vous n'êtes plus dans les chiffres. Les
chiffres ne mentent pas, voyons donc. Cela n'a pas de bons sens du tout de dire
ça, parce que, en lançant des chiffres comme ça à
la face du public, à 77%, vous faussez vraiment la
réalité.
Ecoutez, faites la comparaison, j'invite qui que ce soit à faire
la comparaison sur un chantier donné, prenez n'importe quel chantier au
Québec, et si vous arrivez à une moyenne de 77%, je serai le
premier à m'excuser, M. le Président, mais ce n'est pas du tout
la réalité.
Ce n'est pas au niveau du nombre de camions, c'est enfantin de calculer
comme ça, c'est au niveau du volume transporté et du temps de
travail, et vous arrivez bien loin de 77%.
Le Président (M. Jolivet): M. Piuze.
M. Piuze: M. le Président, tout à l'heure, on
parlait de la clause de la nécessité, ce serait peut-être
un moyen pour régler le problème du compte propre. Je me rappelle
qu'à Forestville, j'ai vu, il y a quinze jours, une compagnie qui a
obtenu du gouvernement un contrat de $1 250 000, sur lequel il n'y avait pas de
clause, qui a effectué tout son contrat avec de la main-d'oeuvre qui
venait de
Québec et de Montréal, qui a effectué tout son
transport avec ses "scrapers", qui prenait ses sandwiches, son lait, la
nourriture pour ses hommes à Québec, son essence à
Toronto. Sur les $1 250 000, il y a peut-être au plus $5000 qui sont
restés à Forestville.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? S'il n'y en a pas, j'inviterais le Poste d'affectation de la
région 09 Inc., sous-poste de Sept-lles Inc., représenté
par M. Paul Lapierre, mémoire no 5.
M. Lapierre (Paul): M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. Lapierre, oui.
Poste d'affectation de la région 09 Inc.,
sous-poste de Sept-lles
M. Lapierre: ... mon nom est Paul Lapierre, je suis le directeur
du sous-poste du secteur Sept-lles, région 09. M. le Président,
M. le ministre, MM. les députés, premièrement, je voudrais
apporter une petite correction à ce que Me Ramsay a dit tout à
l'heure, le coup de téléphone qu'il y a eu au sujet de
l'utilisation du fusil pour vendre son camion. Dans le secteur Sept-lles.
Présentement, il existe 64 permis de vrac. Il y en a 60 au sein du
sous-poste d'affectation de Sept-lles, il y en a 4 à l'extérieur.
(12 heures)
Les quatre camionneurs qui sont à l'extérieur du
sous-poste sont des camionneurs d'occasion; disons que ce ne sont pas des
artisans, ni des entrepreneurs, ce sont des gens qui ont du travail ailleurs et
qui travaillent sur leurs camions à temps partiel ou ont des chauffeurs
quand c'est requis. Ceci étant dit, il me fait maintenant plaisir de
vous présenter M. Lauréat Lessard qui est un camionneur de
Sept-lles, un administrateur au Poste d'affectation de la région 09 Inc.
et qui est un camionneur artisan qui va vous présenter le mémoire
du secteur Sept-lles.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. Lessard.
M. Lessard (Lauréat): M. le Président,
permettez-moi quelques remarques en passant. Si je ne réussis pas
à répondre aux questions du ministre de Belleval, si j'ai besoin
d'une aide juridique, je saurai où la prendre.
Une Voix: Cela va.
M. Lessard (Lauréat): M. le Président, M. le
ministre, MM. les députés, MM. les commissaires, d'abord, nous
tenons à remercier l'honorable ministre des Transports de nous accorder
cette commission qui, nous l'espérons, permettra aux camionneurs en vrac
d'exprimer leurs opinions quant à l'exploitation de leurs entreprises et
surtout contribuera à faire mieux connaître leurs revendications
afin de pouvoir mieux vivre dans un domaine qui devient de plus en plus
difficile.
Pour ce qui est du secteur Sept-lles, nous supportons les revendications
de l'ANCAl et nous expliquons notre position. Nous croyons que les ententes
signées le 23 juin 1977 par le ministre des Transports du temps
devraient être respectées et nous comprenons très mal un
revirement de position aussi abrupt de la part d'un homme public de la trempe
de Lucien Lessard. Nous croyons aussi que le gouvernement devrait se munir
d'outils nécessaires en formant un comité permanent des
transports avec des compétences dans le domaine du vrac afin que les
lois soient respectées et que les abus de non-respect des taux ainsi que
toute la gamme de transport illégal soient décelés et
arrêtés immédiatement.
Nous ne voulons pas jeter de blâme sur qui que ce soit et nous
n'avons pas la prétention de pouvoir remédier à toutes les
failles, mais nous sommes convaincus qu'avec une législation saine et
respectée de tous les problèmes vécus présentement
n'existeraient pas car seuls les camionneurs de vrac essaient de faire
respecter les lois et n'ont aucun appui de la part de tous ceux qui devraient
se faire un devoir de le faire. Il y a beaucoup trop de ces personnes qui sont
payées pour effectuer un travail qu'ils ne font pas ou qui s'efforcent
de multiplier les délais afin de donner aux-hors-la-loi le temps de
s'organiser pour trouver des solutions, ceci dans le but d'éviter de se
conformer aux lois. Nous croyons que beaucoup trop d'intervenants qui n'ont
rien ou à peu près rien à ajouter au dossier,
excepté noircir la réputation des camionneurs, sont
tolérés dans des commissions parlementaires comme celle-ci et
surtout soit trop souvent entendus comme étant les seuls à
pouvoir dire la vérité. La vérité la plus simple
demeure dans le fait que, si vous donnez assez de travail aux camionneurs de
vrac, ceux-ci seront plus heureux et, n'ayant pas trop de soucis financiers,
pourront donner un meilleur service.
Pour ce qui est des compagnies forestières, nous croyons que
l'arrogance de 95% de celles-ci est intolérable dans une
société comme la nôtre qui ose se dire démocratique.
Nous dénonçons hautement le concubinage des ministres des
Transports et des Ressources qui s'allient à ces compagnies afin de
pouvoir maintenir sous leur domination l'ensemble des camionneurs de vrac
forestiers du Québec comme ils l'ont toujours fait et continuent
à le faire dans leurs exploitations et pour une très grande
partie de leurs travailleurs, sinon tous leurs travailleurs de niveaux
secondaire et inférieur.
Pour se munir d'un outil de travail variant de $35 000 à $100
000, le camionneur de vrac doit être vaillant, honnête,
consciencieux et surtout très fier de ne jamais avoir à
quémander sa pitance et nous croyons que le malaise qui existe
actuellement se situe justement à ces niveaux. Les camionneurs, au lieu
de pouvoir négocier, doivent se plier aux exigences unilatérales
de ces exploiteurs. Tous ces sépulcres blanchis qui ont semblé
vouloir régler les problèmes des transporteurs de vrac ont
toujours laissé une porte de sortie aux compagnies. Il y a tous ceux, en
général, qui
s'acharnent à vouloir noircir celui qu'on appelle
communément le petit camionneur, qui est tout de même un
investisseur de l'ordre de $35 000 à $100 000.
Il serait grand temps que le gouvernement prenne les mesures qui
s'imposent afin de donner justice à ces gens qui ne demandent qu'une
chose, vivre dans une société où il y a une place pour
eux. Nous avons une demande qui, pour nous, est de la plus haute importance car
nous avons à souffrir une situation qui, à notre sens, ne peut
durer.
D'abord, permettez-nous de vous faire un historique de la région
09 en ce qui concerne le camionnage en vrac ainsi qu'un tableau
géographique de cette région.
Présentement, la région 09 s'étend de Tadoussac
à Blanc-Sablon, un territoire qui compte près de 14 000 milles
carrés incluant les villes nordiques dont un secteur, le comté de
Saguenay, est partiellement développé avec routes d'accès,
villages beaucoup plus nombreux et surtout une nouvelle route
Baie-Comeau-Gagnon, en passant par Manic 5 et quelque 400 milles de chemins
d'accès de la compagnie Reed, Scierie Outardes, etc., et le secteur du
comté de Duplessis qui n'est à peu près pas
développé et n'inclut que quelques villages
développés de Pentecôte à Havre-Saint-Pierre aux
deux villes comme Port-Cartier et Sept-lles.
Pour ce qui est de la Moyenne-Côte-Nord, Natashquan n'est pas
reliée au réseau routier mais compte tout de même quelques
milles de routes carrossables avec sept camionneurs de vrac
organisés.
Depuis nombre d'années, les camionneurs de la région 09
essaient de s'organiser au niveau régional mais se heurtent toujours aux
problèmes de distance, de disparité régionale, etc.
Après une multitude d'efforts, il semble impossible que les parties en
cause, soit l'ouest de la région, le comté de Saguenay, et l'est
de la région, le comté de Duplessis, puissent en venir à
une entente car, économiquement, l'aventure s'est avérée
très dispendieuse pour les parties concernées, dû à
l'aspect géographique et surtout aux distances beaucoup trop grandes par
rapport au nombre de camionneurs.
En conclusion, nous demandons à la commission parlementaire de
bien vouloir faire les recommandations nécessaires afin que la
région 09 soit divisée en deux régions bien distinctes,
soit la région 09 A, qui comprendrait le comté électoral
de Saguenay, et la région 09 B, qui comprendrait le comté
électoral de Duplessis avec toutes ses dépendances, et qu'une
autonomie totale, tant au niveau opérationnel qu'au niveau financier,
soit accordée aux deux régions.
Nous avons l'appui de M. Denis Perron, membre de l'Assemblée
nationale, ainsi que celui de notre conseil municipal pour nos revendications,
et nous espérons que celles-ci seront prises en
considération.
Nous vous remercions d'avoir bien voulu nous entendre. Sous-poste
d'affectation, Lauréat Lessard.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: Vous dites qu'une façon de régler
le problème serait la séparation de la région en deux.
M. Lapierre: M. le ministre, ce qui arrive présentement,
au niveau régional, c'est que, premièrement, les camionneurs ne
sont pas très nombreux pour les distances à parcourir. Il y a
approximativement 600 milles de littoral du fleuve Saint-Laurent avec juste une
route, la 138, et sur ces 600 milles il existe tout près de 300 milles
où il n'y a pratiquement aucun développement, il n'y a pas de
route du tout. C'est un peu la raison pour laquelle les cotisations, au niveau
régional, sont exorbitantes. Ce que cela coûte normalement dans
une région pour administrer le poste et le sous-poste, dans la
région 09, le budget requiert à peu près la même
cotisation par camionneur pour administrer strictement le poste.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je vous avouerai que je suis
un peu mal à l'aise de poser une question à M. Lessard.
M. Lessard: J'ai mon conseiller.
M. Mailloux: J'ai d'abord constaté, en vous
écoutant, que vous aviez des expressions très fortes, dans votre
mémoire. Vous nous dites d'abord, en connaissance de cause, que M.
Lessard aurait dû respecter l'entente qu'il a proposée.
Deuxièmement, si le ministre des Terres et Forêts avait
été ici, je pense que sa barbe aurait allongé quand vous
l'accusiez de concubinage. Quand on a écouté la partie des
sépulcres blanchis, je me suis quasiment reconnu. De toute façon,
à la seule question que je voudrais vous poser, je pense que vous
êtes en terrain solide pour me répondre. A travers les
mémoires, évidemment, on a toujours fait référence
à cette entente qu'a signée M. Lessard, votre frère, dans
laquelle il est bien dit qu'il vous accordait 75% des contrats gouvernementaux
et non pas 75% au-dessus de la ligne d'infrastructure. Malgré que vous
me considériez dans la catégorie des sépulcres blanchis,
je vous dis que j'étais en Chambre...
Une Voix: On le blanchit, là.
M. Mailloux:... lorsqu'il est venu, après la rencontre
avec les camionneurs, expliquer cela. Et quand j'ai entendu 75% d'un contrat
donné, j'ai moi-même sursauté parce que je savais que ce
n'était pas dans ce sens que le gouvernement voulait se diriger, mais
c'était bien écrit dans l'entente que c'était 75% de tous
les contrats et non pas au-dessus de la ligne d'infrastructure.
Vous avez droit de demander qu'il respecte ce qu'il a signé. Je
sais que c'est difficile pour le gouvernement d'aller dans ce sens, mais de
toute
façon, je vous sais mieux placé que moi pour avoir des
contacts pour faire respecter une telle entente à l'avantage de tous les
camionneurs. Je pense que cela règlerait beaucoup de problèmes de
volume. C'est dit sans malice.
M. Lessard (Lauréat): Je n'ai pas tout compris votre
question, mais tenons...
M. Mailloux: Vous n'avez pas besoin d'avocat pour me
répondre.
M. Lessard (Lauréat): ... pour acquis ce qui s'est dit
hier ici. Il s'est dit que l'entente du 23 juin 1977 ne s'est pas signée
devant deux jeunes enfants de 12 ans; par contre, il y en a un qui a agi plus
tard comme un enfant de 12 ans, d'après ce que je peux voir. Il a
signé une entente globale et après, il ne veut plus la
respecter.
M. Mailloux: Le lendemain, c'était la fête de la
Saint-Jean-Baptiste et il fallait que la colline parlementaire soit
libérée.
M. Lessard (Lauréat): Oui, mais on est capable d'en faire
une autre Saint-Jean-Baptiste.
M. Lapierre: Maintenant, M. Mailloux, pour répondre
à votre allusion aux sépulcres blanchis, vous n'avez certainement
pas à prendre une trop grande part des responsabilités
vous-même, parce que je crois que tout le monde, dans le secteur de
Sept-lles du moins, admet que M. Mailloux, dans le temps qu'il était au
ministère des Transports, a essayé de faire un très bon
travail. Je ne pense pas qu'il serait conforme à l'assentiment des gens
de Sept-lles de traiter surtout les ministres en place ou les ministres qui
sont passés par le camionnage en vrac de sépulcres blanchis.
M. Mailloux: De toute façon, je pense qu'on a dit
tantôt que l'ensemble des politiciens, peu importe leur parti, ont
tenté de se servir de moyens qui n'ont peut-être pas
réussi, le titulaire actuel également.
Je voudrais revenir à la recommandation que vous faites,
connaissant quand même le territoire dont vous parlez. Je pense que c'est
une suggestion que le ministre devrait approfondir, parce que c'est un
territoire plus vaste qu'une bonne partie du Québec. Il y a
peut-être une anomalie semblable en Abitibi, mais chez vous, je pense
qu'il serait heureux que ce soit divisé.
M. Lapierre: Là-dessus, disons...
M. Mailloux: II faudrait que ce soit étudié
attentivement.
M. Lapierre:... qu'au niveau de la région, c'est une
idée qui a été lancée il y a déjà un
assez bon bout de temps pour que cela se fasse le plus rapidement possible,
mais il arrive que dans les faits, cela a toujours été difficile.
On a pensé profiter de cette commission parlementaire pour essayer de
régler un problème très aigu. Vous le voyez d'ailleurs,
vous avez le poste d'affectation situé dans le secteur de
Baie-Comeau-Hauterive qui présente deux mémoires ce matin.
Sept-lles est un peu dans la situation du milieu de cette affaire-là. La
représentativité de Sept-lles au sein du poste d'affectation est
très minime, on a un représentant à l'ancien conseil qui
en compte sept ou huit et on en a un au nouveau conseil qui a
présenté un autre mémoire ce matin, au sein duquel on
compte quatre personnes. Sept-lles peut dire, par exemple, comme c'est
arrivé tout dernièrement: On croit qu'au poste d'affectation, une
cotisation de $5 par mois par membre serait assez en utilisant le poste
d'affectation comme un symbole, avec les quatre secteurs entièrement
autonomes. Il y a le secteur de Baie-Comeau-Hauterive et les autres secteurs,
même Port-Cartier qui disent: nous voulons un poste d'affectation fort. A
ce moment-là, la région comme telle est très difficile
à contrôler. Sept-lles passe pour avoir des gens qui travaillent
mal.
On a parlé, par exemple, du contrat de Québec-Labrador
tout à l'heure. On a une explication très simple. Lorsque
Québec Labrador a rempli la soumission du contrat de Manic 5, on a
appelé au sous-poste et on nous a demandé si on était
prêt à faire le contrat de Manic 5 aux mêmes conditions que
celui de Rivière Saint-Jean. Ce sont deux contrats à peu
près identiques. Rivière Saint-Jean est dans le milieu de
n'importe où, c'est un tout petit village et on a été
obligé de descendre nos réservoirs à carburant, les
roulottes de voyage pour les camionneurs, etc. On a répondu tout
bonnement à Québec Labrador qu'on pouvait faire le contrat
à Manic 5 aux mêmes conditions que Rivière Saint-Jean.
M. Mailloux: J'aurais peut-être une question
supplémentaire. Tantôt, M. Lessard a mentionné que dans la
région de Sept-lles il y en avait 64 au poste et 4 ou 5 à
l'extérieur.
M. Lapierre: II y a 60 camionneurs au sous-poste de Sept-lles. Le
sous-poste de Sept-lles fonctionne comme un sous-poste d'affectation doit le
faire. Sur 60 camionneurs au poste de Sept-lles, il y en a 58 qui font partie
de l'ANCAl, mais il y en a deux autres qui sont des gens, comme le disait Me
Ramsay tout à l'heure, qui n'ont pas voulu prendre le fusil et qui n'ont
pas voulu vendre leur camion. Ils font partie du sous-poste, ils sont
traités également, comme les 58 autres. (12 h 15)
II n'y a qu'une chose, c'est que, dans le sous-poste de Sept-lles,
l'administration de la bâtisse et du carburant est faite par l'ANCAl et
l'administration du camionnage, c'est une autre chose; c'est fait par le
sous-poste. Présentement, les statistiques disent qu'il y en a 58
à l'ANCAl et qu'il y a deux camionneurs indépendants. Cela
pourrait être vice versa.
M. Mailloux: Mais il y a environ 70 camionneurs dans la
région de Sept-lles, alors que dans
la région de Hauterive-Baie-Comeau, c'est quoi, le nombre de
camions?
M. Lapierre: On a dit tout à l'heure une centaine de
camions au secteur Baie-Comeau-Hauterive.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Bellechasse a-t-il des questions?
M. Goulet: Non, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Oui, M. Lessard.
M. Lessard (Lauréat): M. Mailloux, pour faire suite
à votre question de tout à l'heure, pour avoir une réponse
de la Commission des transports, quant aux permis qui sont sortis depuis 1972,
si on n'a pas de réponse de la Commission des transports, pourriez-vous
poser la question à M. Lucien Lessard?
M. de Belleval: Je vais vous donner la réponse, M.
Lessard. Vous auriez pu la demander à votre frère. Il aurait pu
vous la donner.
M. Lessard (Lauréat): Oui, mais il y a un ministre...
M. de Belleval: Vous avez l'air de ressembler à
l'autre.
M. Lessard (Lauréat): II y a un ministre
présentement qui a posé la question et, s'il n'a pas de
réponse, on le fera venir ici pour en avoir une. Si on n'a pas de
réponse de la Commission des transports, on le fera venir ici. On aura
peut-être une réponse.
M. de Belleval: Mais je vais vous la donner pour ne pas faire
tourner ça en une histoire de famille.
M. Lessard (Lauréat): Je ne lui parle plus de
camionnage.
M. de Belleval: Pardon?
M. Lessard (Lauréat): Parce que, si je continue à
faire comme il nous a administrés, je m'en vais à la faillite
aussi, moi.
M. de Belleval: II y a eu 800 permis d'émis depuis 1972 au
titre des droits acquis et on m'informe qu'à toutes fins pratiques la
liste est terminée, puisqu'il resterait 25 demandes en instance devant
la commission et le délai est maintenant expiré. Donc, ça
donne le résultat global de cette opération droits acquis, ce qui
nous laisse à peu près 800 camions sur environ 12 000.
M. Mailloux: Est-ce qu'on a donné une réponse en
même temps quant au nombre de camions qui, par le biais de la location,
ont été...
M. de Belleval: Non, on fait les recherches en ce qui concerne
les locations. C'est plus difficile à trouver.
Le Président (M. Jolivet): Merci. J'invite la Scierie des
Outardes Enr., représentée par M. Luc Palmer. Le mémoire
no 32.
Scierie des Outardes
M. Palmer (Luc): Je me présente, Luc Palmer, directeur des
opérations forestières de la Scierie des Outardes. A ma droite,
M. Jean-Marie Rodrigue, directeur général de la mise en
marché à la Scierie des Outardes.
Le Président (M. Jolivet): Merci, enchanté.
M. Palmer: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de la présente commission, permettez-moi, en premier lieu, de
vous remercier de l'opportunité que vous nous offrez ce matin de vous
présenter le point de vue de la Scierie des Outardes. Compte tenu de
l'importance du débat et des conséquences qu'il peut avoir sur le
fonctionnement et la rentabilité de son entreprise, la Scierie des
Outardes Enr., juge nécessaire d'exprimer son point de vue sur le
transport en vrac, tout en appuyant et en endossant, par le fait même, la
position de l'Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec, qui regroupe la majorité des industriels du sciage du
Québec.
La Scierie des Outardes est une société légalement
constituée et elle appartient à 60% à REXFOR et à
40% à la Compagnie de papier QNS Ltée. Elle est une entreprise de
sciage localisée à Pointe-aux-Outardes, tout près de
Hauterive dans le comté de Saguenay. La Scierie des Outardes
opère depuis le 1er novembre 1978, date à laquelle la
construction des usines a été complétée. En pleine
opération depuis cette date, elle emploie approximativement 750
personnes réparties comme suit: forêt, 500 personnes; usines, 250
personnes, incluant le personnel administratif.
La production annuelle de l'usine de sciage atteint déjà
198 100 mètres cubes, 137 000 tonnes métriques anhydres de
copeaux, 16 200 tonnes métriques anhydres de sciures et planures, 10 200
mètres cubes de bois à pulpe. La coupe en forêt totalise
donc 615 000 mètres cubes de sapin et d'épinette.
Son principal marché est orienté outre-mer, principalement
en Angleterre, en France, en Italie et au Moyen-Orient. La balance de sa
production, soit 85 000 mètres cubes, est écoulée sur le
marché nord-américain. Les copeaux, les sciures, les planures et
le bois à pâte sont vendus à la compagnie de papier QNS
Ltée, située à quelque 17 milles de la scierie. La mise en
place de la Scierie des Outardes Enr. aura nécessité des
investissements de l'ordre de $27 000 000 et son chiffre d'affaires,
budgétisé pour 1980 aurait atteint $40 000 000, n'eût
été de la grève qui sévit actuellement dans ses
opéra-
tions forestières depuis le 1er juillet dernier, cette
grève paralysant aussi ses usines de transformation. La
société verse approximativement $4 500 000 aux camionneurs et
davantage aux transporteurs maritimes.
La répartition prévue pour le transport de la
matière en vrac et du bois brut qui nous concerne dans le présent
cas se détaille comme suit. On l'a à partir de produits. Vous
avez un tableau. Pour ce qui est du bois en longueur transporté par ses
propres camions, 20%, par des camionneurs artisans et entrepreneurs artisans,
80%. En ce qui concerne le gravier, par ses propres camions, 3%; 97% par les
camionneurs artisans et entrepreneurs artisans, c'est-à-dire des
détenteurs de permis VR. Pour ce qui est du bois à pâte
100% par les camionneurs artisans et entrepreneurs artisans. Copeaux, sciures
et planures, 98% par les propres camions de la Scierie des Outardes; 2% par les
camionneurs artisans et entrepreneurs artisans. Bois brut, 100% par des
détenteurs de permis de catégorie générale soit des
L.
La Scierie des Outardes Enr. considère tous ces transporteurs de
matière en vrac, détenteurs de permis VR, comme faisant partie de
son organisation et agit comme telle. Consciente de l'importance de la
présente commission parlementaire et des conséquences que vos
décisions peuvent avoir sur son fonctionnement et, par le fait
même, sur sa rentabilité futur', la Scierie des Outardes Enr.
croit de son devoir de vous soumettre sa position sur les quatre points
suivants: 1) la réglementation au niveau des permis; 2) la fixation du
taux des transports; 3) la pertinence d'accorder des secteurs de travail
protégés et 4), le rôle du gouvernement à titre de
requérant de services de camionnage en vrac.
Pour ce qui est du premier point, soit la réglementation au
niveau des permis, le seul point que nous tenons à commenter concerne
l'octroi du permis relié au transport du bois brut, soit le bois
scié longitudinalement, non plané, le bardeau et la latte.
Considérant que le transport de ce type de cargaison a
déjà été réglementé, puis
déréglementé, considérant que le transport desdites
marchandises s'effectue actuellement dans plusieurs entreprises de sciage dont
la nôtre par les détenteurs de permis L; considérant que
cette pratique ne semble créer de préjudice à quiconque et
qu'elle permet d'optimiser l'utilisation des camions détenteurs de ces
permis, la Scierie des Outardes recommande que l'autorisation de transporter
ces marchandises soit maintenue et confirmée aux détenteurs de
permis L.
Le deuxième point porte sur la réglementation sur la
fixation des taux de transport. Considérant que les frais annuels de
fonctionnement d'un camion varient d'un propriétaire à l'autre,
et que ceci est dû à d'innombrables facteurs dont les plus
importants sont les facteurs d'utilisation, les conditions de terrain et
de'chemin, la nature des marchandises transportées, la distance,
l'habileté de l'opérateur, les conditions climatiques, le type de
terrain; considérant qu'une table de taux ne peut pas tenir compte de
tous ces facteurs en raison de leur complexité, qu'elle serait de plus
assujettie à des règles d'interprétation et, par le fait
même, serait la cause d'un plus grand mécontentement que celui que
l'on connaît aujourd'hui, nous ne souhaitons pas un arbitrage continuel.
Nous désirons plutôt discuter, à chaque occasion, avec
chacun de nos camionneurs et payer un taux convenable basé sur nos
propres opérations de transport du même genre.
Considérant que de plus en plus de transporteurs et d'entreprises
négocient entre eux des taux inférieurs à ceux
publiés par la Commission des transports qui sont déposés,
par la suite, devant ladite commission en conformité des
règlements; considérant que la fixation des taux et des prix
enlève, à long terme, toute initiative dans la recherche des
moyens pour augmenter la productivité et pour diminuer les coûts
de fonctionnement cette mesure irait à rencontre des objectifs du
ministère de l'Energie et des Ressources qui déploie beaucoup
d'efforts pour diminuer les coûts du bois rendu à l'usine de
façon que l'industrie forestière du Québec demeure
compétitive: considérant que des taux estimés trop
élevés par une industrie quelconque l'obligeraient à
acquérir ses propres camions pour assurer sa rentabilité
une réaction semblable d'ailleurs ne ferait qu'aggraver la situation
actuelle des camionneurs Scierie des Outardes recommande que la
commission se retire complètement du domaine de la fixation des taux de
transport des produits forestiers et que la commission laisse aux transporteurs
et aux entreprises la liberté de négocier leurs taux de
transport.
Troisièmement, la pertinence d'accorder des secteurs de travail.
Considérant la nature des travaux de la société et la
durée de l'emploi offert aux camionneurs; considérant que la
stabilité des effectifs d'une entreprise a un impact considérable
sur son efficacité et sa rentabilité; considérant que le
propriétaire de camion a tout intérêt à obtenir du
travail sur une base continue afin d'avoir la capacité d'entretenir
adéquatement son équipement, de l'échanger le moment venu
et de réaliser le profit auquel il a droit; considérant que
Scierie des Outardes Enr, comme la majorité des entreprises similaires,
a déjà recruté sa propre équipe de transporteurs
dont la plupart ont adhéré au Poste d'affectation de la
région 09 et que tout changement ne ferait que porter préjudice
à ceux déjà en place qui ont investi de fortes sommes dans
de l'équipement spécialisé; considérant que le
poste d'affectation peut rendre des services appréciables aux
camionneurs et aux entreprises sans pour cela leur accorder des pouvoirs
extraordinaires sur le choix des camionneurs et sur la rotation en cours
d'exécution d'un contrat leur accorder autant de pouvoirs serait
encore une fois nuisible à la saine administration d'une entreprise qui
en défrayerait la note en raison d'un manque d'intérêt et
de motivation de son personnel et du transporteur, considérant que tous
les exploitants de camions à l'emploi de Scierie des Outardes sont
syndiqués comme c'est le cas dans plusieurs autres entreprises du genre
et que l'introduction
d'un tiers risquerait de soulever de nouveaux problèmes
syndicaux; Scierie dés Outardes recommande donc fortement le statu quo
dans les domaines du transport des produits forestiers avant une
première transformation et du gravier sur les routes
forestières.
Quatrièmement, rôle du gouvernement à titre de
requérant de services de camionnage en vrac. Considérant qu'il
est loisible à l'Etat d'imposer certaines conditions aux
récipiendaires d'une subvention; considérant qu'il est de
l'intérêt de l'Etat comme des entreprises de diminuer leurs
dépenses; considérant que la décision du ministère
de l'Energie et des Ressources de partager avec l'entreprise privée sur
une base égale les coûts de construction de certains chemins de
pénétration a été prise dans le but de diminuer ses
déboursés tout en rendant accessible un plus grand territoire et
de diminuer les coûts du bois; considérant qu'une contribution
gouvernementale assortie de contraintes quant au choix et à la rotation
des camionneurs ne fera que résulter à long terme en une
augmentation des coûts de construction de chemins; considérant
qu'un tel système de protection enlèverait, comme
déjà mentionné, aux camionneurs eux-mêmes et au
personnel des entreprises l'esprit d'initiative, la fierté et
l'ambition; en conséquence, Scierie des Outardes recommande de ne pas
modifier les ententes déjà prises par le ministère de
l'Energie et des Ressources avec les entreprises forestières et de les
laisser libres de recourir aux services du poste d'affectation. (12 h 30)
En conclusion, Scierie des Outardes Enr., malgré les
difficultés d'un démarrage récent, s'accommode très
bien de la situation actuelle et elle a réussi à grouper une
équipe de camionneurs qui donnent satisfaction.
Elle discute de bon gré des problèmes qu'ils rencontrent,
et son secteur témoin lui permet de juger du bien-fondé des
requêtes de ceux-ci. Nos camionneurs ont une garantie morale et syndicale
de trouver chez nous un emploi stable qui leur permettrait, normalement, de
rentabiliser leur investissement. Vous comprendrez, M. le Président, que
nous voulons conserver cette équipe qui est maintenant familière
avec nos opérations. Nous ne sous-estimons pas les pressions que vous
subissez de certains qui veulent remplacer ou partager le travail et les
revenus que nous offrons principalement à nos camionneurs dans le
secteur de Hauterive.
Scierie des Outardes Enr. est convaincue, M. le Président, que
vous tiendrez compte de ces commentaires dans la décision que vous aurez
à prendre dans ce dossier, et elle vous remercie de l'occasion que vous
lui avez offerte de se faire entendre dans ce débat. Merci.
M. de Belleval: J'ai une question. Je comprends la
démonstration que vous faites en ce qui concerne l'utilisation d'une
équipe stable, etc. pour le transport du bois, mais quand vient le temps
du gravier sur les routes forestières, je ne comprends pas pourquoi,
à ce moment-là, vous vous opposez à l'utilisation du poste
d'affectation. Quels sont les désavantages d'utiliser le poste
d'affectation?
M. Palmer: Comme je vous l'ai souligné, M. le ministre,
dans le présent document, nous avons, à Scierie des Outardes,
dans le moment, une convention collective. Cette convention collective couvre
tous les chauffeurs de camions, même ceux qui transportent du gravier. Et
on est en désaccord avec le système ou le principe, si vous
voulez, de rotation que les postes d'affectation veulent mettre sur pied. Cela
entrerait en contradiction.
M. de Belleval: 97% de votre gravier est fait par des camionneurs
artisans et entrepreneurs artisans, comme vous dites. C'est quoi, d'abord, un
entrepreneur artisan? Je ne comprends pas.
M. Palmer: Vous avez vu tantôt, au cours des
démonstrations antérieures, que chez nous, il y a une division
entre les coopératives; d'une part, et les artisans qui appartenaient
à l'ANCAI. Les artisans qui sont chez nous appartiennent, je pense,
à l'ANCAI je ne saurais vous le dire et les entrepreneurs
artisans sont les anciens membres de l'ancienne coopérative.
M. de Belleval: De l'ancienne coopérative. Maintenant, 97%
de votre gravier est transporté par ces camionneurs?
M. Palmer: Oui.
M. de Belleval: Et ce sont des contrats à long terme que
vous leur donnez pour le transport de ce gravier?
M. Palmer: Ce ne sont pas des contrats à long terme. Dans
le cadre de nos exploitations, on les rappelle le printemps.
M. de Belleval: Ils sont syndiqués?
M. Palmer: Les chauffeurs sont syndiqués et les
propriétaires qui conduisent leur camion.
M. de Belleval: De ces camions-là que vous rappelez de
temps en temps?
M. Palmer: Oui. On ne les rappelle pas de temps en temps. C'est
là, probablement, qu'est le problème qu'on vit aujourd'hui. C'est
que, chez nous, il y a une stabilité d'emploi. La personne qui commence
au printemps termine à l'automne.
M. de Belleval: Autrement dit, vous avez un programme de
rechargement ou d'ouverture de nouveaux chemins qui est régulier. Vous
avez une main-d'oeuvre régulière pour faire ça.
M. Palmer: Exactement. Il pourrait arriver, peut-être
à l'occasion, qu'on ait à ajouter certains camions. A ce
moment-là, s'il y avait un poste
d'affectation qui pouvait donner un service adéquat, je pense
qu'on pourrait étudier cette alternative.
M. de Belleval: Mais ces gens-là sont payés au taux
de la commission?
M. Palmer: Pas nécessairement. Il y a un intervenant qui
nous a mentionné que, dans certains cas, on payait un taux
supérieur. Alors, on tient compte des conditions de terrain.
M. de Belleval: Vous tenez compte des conditions de terrain, mais
vous n'allez pas en dessous des taux minimums de la commission?
M. Palmer: Je ne saurais pas vous le dire exactement parce que de
la façon dont on procède chez nous, on tient compte de secteurs
donnés pour établir les taux.
M. de Belleval: Oui, les taux. Les endroits qui sont plus
difficiles, évidemment, vous payez plus et ceux qui sont plus faciles,
vous payez moins?
M. Palmer: En moyenne, les taux sont supérieurs,
d'après ce qu'on me dit, à la commission.
M. de Belleval: Au taux de la commission?
M. Palmer: Oui.
M. de Belleval: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, très
brièvement, je dirai à M. Palmer que les recommandations que vous
faites méritent d'autant plus d'être considérées
sérieusement qu'il semble, à la lumière des chiffres que
vous fournissez, que vous avez su vous accommoder assez bien de la
présence des divers intervenants dans le domaine du camionnage et que
sûrement votre performance est de loin supérieure à celle
de certains de vos concurrents ou de certaines autres entreprises du même
genre.
Une question seulement. Justement au sujet des taux, lorsque vous
recommandez que la commission se retire complètement du domaine de la
fixation des taux. Ne voyez-vous pas là sûrement pas chez
vous, il ne semble pas exister de problèmes la possibilité
de priver les camionneurs d'ailleurs d'une certaine protection. Est-ce que vous
ne considéreriez pas plutôt préférable que, tout au
moins, la commission fixe des taux minimaux, quitte à laisser les
camionneurs et l'entreprise négocier des taux qui pourraient être
supérieurs selon leurs conditions locales?
M. Palmer: Si on parle de taux minimaux, je pense qu'on va
être d'accord. Hier soir, il y a un intervenant qui a mentionné
que certains taux ont été soumis à la commission, comme
des taux inférieurs, et la raison était le fait que les charges
étaient quand même supérieures à ce qu'on trouve
chez le public. Dans le cas des produits forestiers, on n'est pas limité
au niveau des charges. On a un problème de ce
côté-là.
Il y a peut-être autre chose que je voudrais vous souligner, M. le
député de Gatineau, c'est que vous avez mentionné qu'on
s'accommode bien. Je pense qu on s'accorde bien avec nos gens. Il y a au niveau
du poste d'affectation des requêtes par lesquelles ils voudraient qu'on
passe par eux; je pense avoir exprimé la raison pour laquelle,
jusqu'à aujourd'hui, en tout cas, on n'a pas passé par eux.
M. Gratton: Je respecte votre point de vue et les raisons qui
motivent votre façon d'agir, mais je retiens de la réponse que
vous m'avez fournie que vous n'auriez pas d'objection de principe à ce
que la commission demeure présente dans le champ de la fixation des taux
à la condition que ce soit pour fixer des taux minimaux et non pas des
taux comme...
M. Palmer: A la condition qu'il y ait une certaine
élasticité.
M. Gratton: Oui. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Oui, M. le Président. Deux questions. Vous
demandez, bien sûr, comme vos collègues d'hier, au niveau de
l'Association des scieries, que la commission se retire du champ pour fixer les
taux de transport. Je vous repose la même question que j'ai posée
hier. Est-ce qu'à un moment donné c'est arrivé que
justement les scieries demandent à la commission de fixer les taux de
transport en vrac?
M. Palmer: A ma connaissance, non, mais j'ai l'impression que ce
que à quoi vous vous référez, ce sont les taux des copeaux
qui étaient vendus à des entreprises de pâte et papier.
M. Goulet: Oui, c'est cela, le "chip"?
M. Palmer: Oui, les copeaux, mais ce n'est pas le taux du
transport.
M. Goulet: Les copeaux de bois? Je m'excuse, mais est-ce que j'ai
dit autre chose? Il était bien question je m'excuse, M. le
Président du "chip", des copeaux de bois, hier soir. Les scieries
ont déjà demandé, il n'y a pas tellement longtemps,
à la Commission des transports de fixer les taux pour le transport des
copeaux, qui, pour moi, est du vrac. Je ne sais pas si je me trompe?
M. Palmer: Pas le transport.
M. Rodrigue (Jean-Marie): A notre connaissance, ce ne serait pas
le transport, ce serait plutôt le prix de vente des copeaux aux usines de
pâtes et papiers. Il y a peut-être eu un mémoire...
M. Goulet: Sur le transport, il n'y a jamais rien eu.
M. Rodrigue: A ma connaissance, il n'y en avait pas.
M. Goulet: Parfait. Un autre point sur lequel vous insistez
énormément dans votre mémoire. Vous dites que chez vous,
vous négociez vous-mêmes avec les camionneurs, cela semble aller
très bien, vous dites qu'il n'y a aucun problème. Est-ce que vous
pourriez nous décrire, en quelques secondes, comment se déroulent
ces négociations avec les camionneurs? Vous avez donné des
raisons, tout à l'heure, mais quand vous négociez avec un
camionneur et que c'est satisfaisant pour lui et que c'est satisfaisant pour la
compagnie, vous n'avez pas besoin de passer par le poste d'affectation, comment
cela peut-il se passer une négociation, brièvement, est-ce que
cela se passe bien? Il n'y a pas de heurts, il n'y a pas de...
M. Palmer: II n'y a pas une négociation à une table
où il y a deux intervenants. De la façon dont ça se passe
chez nous, lorsque des problèmes ou des pressions surviennent, les gens
viennent nous rencontrer. On les écoute, on leur dit qu'on va
étudier le problème et on leur donne une réponse par la
suite. S'ils ne sont pas satisfaits, ils reviennent à la charge pour
trouver un compromis raisonnable entre les deux parties.
M. Goulet: Je vous pose une question au niveau d'un principe.
Est-ce que vous croyez qu'un employé, qu'il soit camionneur,
propriétaire de camion ou n'importe quoi, peut avoir une vraie
liberté de revendication ou même un vrai pouvoir de
négociation avec son employeur quand son employeur le cautionne, par
exemple, pour l'achat de quelque chose ou pour un emprunt à la banque,
ces choses-là? Est-ce que vous croyez, au niveau du principe, qu'un
employé ou un camionneur peut avoir une liberté de
négociation et dire: Je me tiens avec l'entrepreneur, je me tiens avec
la compagnie, on va se négocier des avantages ici, ce matin?
M. Palmer: Je peux difficilement répondre, mais ce que je
peux vous dire, c'est que, à l'heure actuelle, on a souligné
qu'on a 20% de camions qui appartiennent à la Scierie des Outardes. Ces
20%, je l'ai mentionné, servent de secteur témoin. A partir des
revendications de nos gens, je pense que cela nous permet de voir si oui ou non
nos gens sont à même d'arriver avec les taux qu'on leur donne.
M. Goulet: Si vous me le permettez, M. le Président,
à la page 6 de votre mémoire, vous dites: "Considérant que
de plus en plus de transporteurs et d'entreprises négocient entre eux
des taux inférieurs à ceux publiés par la Commission des
transports qui sont déposés par la suite devant ladite commission
en conformité avec les règlements"... Vous dites également
à la page 7: "Que la commission laisse aux transporteurs et aux
entreprises la liberté de négocier leurs taux de transport". A la
page 8, vous dites: "Considérant que tous les chauffeurs de camions
à l'emploi de la Scierie des Outardes sont syndiqués", il n'y a
pas de problème.
Je me demande s'il se peut que la Scierie des Outardes soit
allée, à un moment donné, chercher des camionneurs en vrac
pour leur dire: Viens-t'en travailler pour nous, tu vas t'acheter un camion
spécialisé. On va aller à la banque et on va tout
simplement cautionner ton prêt à la banque, on va t'endosser et tu
vas travailler pour nous. Si cette pratique existe, je voudrais savoir comment
on peut affirmer, à ce moment-là, qu'un camionneur pourrait
négocier d'égal à égal, comme on aime bien le dire,
avec l'entrepreneur plutôt que se voir imposer des taux. Quel "bargaining
power", s'il est dans une telle situation, aurait-il? Quel outil de marchandage
aurait-il pour dire que la commission laisse aux transporteurs et aux
entreprises la liberté de négocier leur taux plutôt que
s'en voir imposer un par la compagnie qui serait inférieur au taux
fixé par la Commission des transports?
Je voudrais d'abord savoir si cela existe chez vous et quelle
liberté d'action, de négociation je n'aime pas cela dire
syndicale, parce que c'est une association quel outil de marchandage on
peut avoir pour le taux d'un camion si, justement, l'employeur a
prêté l'argent, a cautionné à la banque pour que le
camionneur puisse acheter son camion.
Je me demande à ce moment-là s'il ne serait pas dangereux
que l'employeur fasse venir le camionneur pour lui dire: Ecoute, demain matin,
tu transporteras à tel taux qui est inférieur au taux de la
commission. Je me dis qu'à ce moment-là, s'il est vrai qu'une
telle pratique puisse exister, naturellement, ça peut être
avantageux pour vous de ne pas passer par le poste d'affectation comme vous le
faites. Vous n'avez pas passé par le poste d'affectation. Vous avez
donné de bonnes raisons tout à l'heure; je les accepte, mais
est-ce que ce ne serait pas aussi une raison de cette façon d'agir de la
Scierie des Outardes?
M. Palmer: M. le Président, d'abord, non, ce type de chose
n'existe pas dans le moment chez nous. S'il existait, qu'est-ce que je pourrais
répondre à cela?
Ce que je pourrais répondre à ça, c'est qu'on a
parlé de caractère de permanence, et qu'on n'est pas
intéressé à voir nos gens crever. La Scierie des Outardes
veut vivre, mais, pour vivre, elle a besoin que ses gens vivent aussi.
Quand on parle de stabilité, quand on parle de long terme, je
pense qu'on a intérêt à ce que nos gens vivent.
M. Goulet: Si vous permettez, M. le Président, je ne veux
pas être désagréable, vous avez bien dit qu'il n'est jamais
arrivé chez vous que vous alliez chercher un camionneur qui pourrait
faire partie d'un poste d'affectation pour en tirer des avan-
tages et lui dire: Ecoute, viens avec nous, on va aller à une
telle compagnie, tu vas t'acheter un camion spécialisé, on te
garantit du travail, mais tu vas travailler à tel taux. Le gars dit: je
n'ai pas une maudite cenne, je n'ai pas une mosus de cenne, je m'excuse, M. le
Président, pour acheter mon camion. Vous dites: ce n'est pas grave, on
va aller à la banque avec toi et on va se porter caution. N'aie pas
peur, on va te trouver un camion, mais, par contre, tu vas travailler à
tel taux. Vous soutenez devant la commission que cette pratique n'a jamais
existé, que la compagnie n'a jamais endossé des camionneurs qui
travaillent pour vous.
M. Palmer: On n'a pas endossé l'achat de camions au niveau
de la Scierie des Outardes.
M. Goulet: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Merci. S'il n'y a pas d'autres
questions, nous vous remercions de votre présentation. Nous appelons le
Poste d'affectation de la région 03 Inc., représenté par
M. Michel Paquet... A moins que vous n'ayez quelque chose à ajouter?
M. Palmer: On remercie tout simplement cette commission de nous
avoir entendus.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Je ne sais pas si les
membres de la commission, compte tenu que les gens n'auraient que le temps de
lire leur mémoire, accepteraient de revenir à 14 heures 45?
D'accord, nous suspendons les travaux jusqu'à 14 heures 45.
Suspension de la séance à 12 h 46
Reprise de la séance à 15 h 6
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des transports reprend ses travaux en regard du
camionnage en vrac et nous en étions rendus, au moment où nous
nous sommes quittés, au Poste d'affectation de la région 03 Inc.,
dont M. Michel Paquet est le représentant. J'aimerais qu'il se
présente et qu'il présente les personnes avec lui.
Oui?
Poste d'affectation de la région 03 Inc.
M. Paquet (Michel): M. le Président, pour l'introduction,
permettez-moi de vous présenter le président de la corporation
Poste d'affectation de la région 03 Inc., M. Yvan McKinley.
M. McKinley (Yvan): M. le Président, M. le ministre et
membres de cette commission parlementaire, au nom de l'administration du Poste
d'affectation 03 Inc. et en mon nom personnel, je voudrais premièrement
vous remercier tous pour nous avoir accordé la possibilité de
vous présenter les problèmes qu'on vit à
l'intérieur de notre sous-poste, ainsi que quelques suggestions qu'on
pense pouvoir améliorer de beaucoup notre situation.
Sans plus de formalités, je veux vous présenter mes
collègues qui sont ici avec moi aujourd'hui pour représenter
notre organisation.
A ma gauche, Me Jacques Morin, Me Bernard Piuze, que vous connaissez
déjà, et M. Michel Paquet, qui occupe, de façon
très compétente, la fonction de directeur de notre poste
d'affectation. C'est lui qui va faire la lecture de notre mémoire. Je
lui passe donc la parole.
M. Paquet (Michel): M. le Président, membres de la
commission, le 16 juin 1978, la Commission des transports du Québec, par
sa décision QCV-11227, accordait un permis de poste d'affectation pour
la région 03 à la corporation Poste d'affectation de la
région 03 Inc., cette corporation étant constituée en
vertu de la troisième partie de la Loi des compagnies.
Ce permis de poste d'affectation, qui est un permis de courtage en
camionnage en vrac, fut délivré en accord avec
l'arrêté en conseil 1379-78 du 26 avril 1978, section IV, articles
37 et suivants, sur le courtage du camionnage en vrac et le permis de poste
d'affectation et les modalités d'application.
La corporation Poste d'affectation de la région 03 Inc., dont le
siège social est situé à Sainte-Foy, fonctionne depuis le
19 juin 1978. Les principaux buts de la corporation sont la répartition
et l'affectation des camionneurs en vrac abonnés à la
corporation.
Pour une meilleure planification et un meilleur service, la corporation
a subdivisé le territoire de la région 03 en sous-postes et la
corporation leur a accordé l'autonomie administrative et l'autonomie
décisionnelle en accord avec les règlements de la corporation et
les règlements régissant le camionnage en vrac.
Le Poste d'affectation de la région 03 Inc. et ses sous-postes
ont donc oeuvré depuis au-delà de deux ans dans le courtage et
l'affectation du camionnage en vrac, à l'intérieur d'une
réglementation qui se voulait ferme, tout en étant assez flexible
pour permettre à l'industrie du camionnage en vrac d'atteindre un
certain équilibre entre tous les détenteurs de permis de
camionnage en vrac.
En acceptant le principe des postes d'affectation uniques par
région, le ministère des Transports du Québec, par la
signature de son ministre du temps, M. Lucien Lessard, s'engageait, le 23 juin
1977, par un document de 16 points, à faire en sorte que les postes
d'affectation deviennent les principaux canaliseurs entre les donneurs
d'ouvrage et les fournisseurs de services, soit les camionneurs en vrac.
Analysons donc ce qui s'est fait depuis la signature de ce document. A
l'article 2 de ce document, il est écrit que toutes les
réquisitions venant de différents ministères passent par
le poste
d'affectation. Le transport effectué en régie par les
différents ministères sera confié à 100% aux postes
d'affectation. Par cet article, le ministère des Transports demande aux
autres ministères d'orienter leurs réquisitions de camionnage en
vrac vers le poste d'affectation, alors que lui-même n'a respecté
aucunement sa propre directive car, même s'il dit lui-même que le
transport effectué en régie sera confié à 100% aux
postes d'affectation, il ne respecte pas cette directive pour ses propres
travaux effectués en régie. En effet, nous devons déplorer
continuellement la présence des camions du ministère des
Transports lors de l'exécution de ses propres travaux.
L'article 3, deuxième paragraphe, dit ceci: Le ministre s'engage
à ce que 75% du transport de matières en vrac sur les contrats
donnés par le ministère des Transports soient effectués
via le poste d'affectation.
Cet article ne fut jamais respecté dans son contexte car est
apparu dans le cahier des charges du ministère des Transports la clause
G, intitulée Transport en vrac, clause 75-25, qui accorde 75% en nombre
de camions, le volume de transport effectué au-dessus de la ligne
d'infrastructure et formant la sous-fondation et les fondations à
l'exclusion des mélanges bitumineux et des granulats pour accotement et
correction avant revêtement.
Cette précision de la clause 75-25 au-dessus de la ligne
d'infrastructure ne figure aucunement dans le document du 23 juin 1977. Il
n'était alors question que de 75% du transport de matières en
vrac.
Le troisième paragraphe de l'article 3 dit ceci: Dans tous les
cas où, à la suite d'une contribution financière du
ministère des Transports, un protocole d'entente pour l'accomplissement
de travaux de construction est signé avec un organisme public ou
privé, celui-ci devra utiliser les services du poste d'affectation.
Cette clause ne fut pas respectée, surtout au niveau des
municipalités qui recevaient des contributions financières du
ministère des Transports. En effet, pour obtenir un peu de transport en
vrac sur les contrats accordés par les municipalités, nous avons
dû rencontrer individuellement la plupart des municipalités pour
leur faire accepter d'inclure à leur cahier de charges la clause 75-25.
La plupart des municipalités d'importance ont accordé au poste
d'affectation la clause 75-25 protégeant de ce fait les camionneurs en
vrac résidents desdites municipalités.
Par contre, la plupart des petites municipalités ne veulent pas
nous accorder cette clause 75-25 sous différents prétextes. Le
ministère devrait donc obliger les municipalités qui
reçoivent une contribution financière du ministère
à inclure dans leur cahier de charges ladite clause 75-25.
Toujours dans le document du 23 juin 1977, à l'article 5, on dit:
Que la définition du compte propre sera modifiée de façon
à éliminer du compte propre le transport des matières en
vrac achetées, pour être transportées et revendues à
des tiers. De cette façon, on veut éliminer
l'illégalité du transport pour compte propre.
Cette intention était très louable, mais nous
déplorons le fait que nous devons continuellement faire face à
des transporteurs munis de plaque d'immatriculation commençant par la
lettre F, qui font du transport en vrac sans détenir de permis pour ce
faire. Ces derniers achètent du matériel en vrac de
différentes carrières ou de différents
propriétaires de carrière de gravier, terre ou sable et revendent
ce matériel à des tiers.
L'article 7 traite des taux de transport. Nous devons, en effet,
déplorer le non-respect des taux décrétés par la
Commission des transports du Québec, tant par le donneur d'ouvrage que
par certains camionneurs. Nous souhaiterions une plus grande rigidité de
la part des autorités compétentes dont le but est de faire
respecter ces taux.
L'article 9 concerne la location de camions. Ce que nous constatons,
c'est que de plus en plus de compagnies qui obtiennent des contrats vont louer
des camions de certaines firmes spécialisées ou de certains
garages, au lieu de s'adresser au poste d'affectation qui est en mesure de
fournir les camions requis. Cette pratique est de plus en plus courante, et
nous la vivons plus précisément sur les gros chantiers, exemple:
Baie James.
L'article 10 dit ceci: Le ministre des Transports s'engage à ne
pas concurrencer les camionneurs en vrac et ne grossira pas indûment sa
flotte de camions. Nous voulons ici répéter ce que nous avons
soulevé plus haut, savoir que le ministère des Transports devrait
lui aussi respecter la clause 75-25, lorsqu'il exécute ses propres
travaux. Comme le ministère commence ses travaux d'entretien à
bonne heure le printemps, il pourrait alors respecter cette clause, ce qui
aurait pour effet de donner du travail plus à bonne heure dans la saison
aux camionneurs en vrac. Aussi nous déplorons le fait que le
ministère s'achète des camions en grande quantité, ce qui
a pour effet d'enlever une partie du travail aux camionneurs en vrac.
Faisant suite à l'analyse de ce document du 23 juin 1977, nous
aimerions apporter d'autres commentaires sur certains problèmes
rencontrés dans l'application de la réglementation et dans le
rouage en général de notre poste d'affectation. (15 h 15)
Nous devons déplorer le fait que les agents d'inspection du
ministère des Transports soient en nombre insuffisant pour assurer
adéquatement le respect de la réglementation tant au niveau du
transport illégal que de la loi de la pesanteur et de l'application des
taux. Aussi, le mécanisme d'application des infractions est trop lent et
lourd et les pénalités sont trop minimes, ce qui a pour effet
d'encourager les transporteurs qui ne respectent pas la réglementation
à poursuivre dans cette veine.
Maintenant, nous aimerions parler quelque peu des travaux
effectués à la Baie James. Le territoire de la Baie James est
sous la responsabilité du Poste d'affectation de la région 08 en
ce qui regarde l'affectation et la répartition des camionneurs en vrac
sur le territoire. Lorsque les travaux débutent au printemps, les
réquisitions sont orien-
tées au Poste d'affectation de la région 08 qui voit
à remplir ces commandes par des camionneurs de la région 08.
Lorsque, plus tard en saison, la région 08 ne peut plus fournir
de camions, elle s'adresse alors aux autres régions de la province, ce
qui a pour effet de faire monter ces camionneurs venant de l'extérieur
de la région 08 beaucoup plus tard à l'été pour une
période de temps assez courte.
Vu que ces travaux sont en chantier depuis plusieurs années et
ce, pour encore quelques années et que la région 08 fut amplement
favorisée et vu que l'argent dépensé sur le territoire de
la Baie James est celui des "payeurs de taxes" de la province et, de ce fait,
de l'ensemble des camionneurs en vrac, nous préconisons que la
répartition des camionneurs en vrac sur le territoire de la Baie James
se fasse équitablement et à part égale parmi tous les
postes d'affectation de la province.
Le Poste d'affectation de la région 03 Inc., regroupe
au-delà de 1100 abonnés pour une disponibilité d'environ
1200 camions répartis à l'intérieur de douze
sous-postes.
Du 1er janvier au 31 juillet 1980, la moyenne générale de
journées travaillées par camion pour l'ensemble de la
région 03 est de 24,43 jours répartis de la façon suivante
parmi nos sous-postes: sous-poste Charlevoix, 26 jours; sous-poste Montmorency,
77,1; sous-poste Québec-Métro, 28; sous-poste Chauveau, 19,3;
sous-poste Portneuf, 5,2; sous-poste rive-sud qui comprend Lotbinière,
38,4, une partie de Bellechasse, 21,2, une partie de Dorchester, 23 et
Lévis, 33,9; sous-poste Chaudière, 9,4; sous-poste Appalaches, 23
jours; sous-poste Montmagny-L'Islet qui comprend Montmagny, 15,5, L'Islet,
20,5; sous-poste Rivière-du-Loup, 18,6; sous-poste Kamouraska, 10,4;
sous-poste Témiscouata, 21,4.
En terminant ce document, nous désirons faire part au
ministère des Transports et à cette commission de nos
revendications:
Que 75% du transport de matières en vrac, en nombre de camions et
en volume sur les contrats donnés par le ministère des Transports
soient effectués en passant par le poste d'affectation;
Que 75% du transport de matières en vrac, en nombre de camions et
en volume sur les travaux en régie du ministère des Transports
soient effectués en passant par le poste d'affectation;
Que la clause de 75-25 s'applique sur tout contrat accordé par
tous les ministères lorsqu'il y a du transport de matières en
vrac et que cette clause soit accordée au poste d'affectation;
Que, sur tous contrats et/ou travaux subventionnés en tout ou en
partie par différents ministères, la clause 75-25 s'applique au
prorata de la subvention, que ce soit municipal, privé ou
autrement...;
Que chaque municipalité accorde au poste d'affectation la clause
de 75% dans l'octroi de ses contrats;
Que la notion de transport pour compte propre soit clairement
définie;
Que le mécanisme d'application de sanctions pour le transport
illégal soit accéléré et devienne plus dissuasif
par l'imposition de sanctions plus fortes;
Que le contrôle du respect des taux décrétés
par la Commission des transports soit plus sévère;
Que le ministère des Transports intervienne et contrôle
l'émission de permis de location de camions afin que les
concessionnaires de camions ne compétitionnent pas les détenteurs
de permis de camionnage en vrac;
Que le ministère des Transports ne compétitionne pas les
transporteurs en vrac avec sa propre flotte de camions et qu'il cesse l'achat
de camions neufs;
Que le transport de matières en vrac effectué sur les
chantiers de la Baie James soit réparti également entre tous les
postes d'affectation;
Que l'émission de permis de postes et de sous-postes soit
accélérée;
Que le ministère des Transports s'assure de la solvabilité
des compagnies avant de leur donner des contrats;
Que la rémunération des transporteurs en vrac soit
garantie lorsqu'une compagnie devient dans l'insolvabilité;
Que le transfert de permis inter-sous-poste soit interdit;
Que, lorsqu'un transfert de permis est refusé, ledit permis soit
annulé.
Voilà, MM. les membres de la commission, le document que nous
vous soumettons respectueusement à votre bonne attention.
M. le Président, vous avez en annexe le document du 23 juin 1977,
le journal des Débats du 23 juin 1977, et la clause G du
ministère des Transports du Québec.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre.
M. de Belteval: M. le directeur, il y a un autre mémoire
qui nous sera présenté tantôt pour les transporteurs en
vrac de la région 03. Je ne sais pas si vous en avez pris connaissance.
Il y a une suggestion dans ce rapport sur laquelle j'aimerais avoir votre
opinion, tout simplement. Il dit que tous les camionneurs désirent les
postes d'affectation il parle des camionneurs de votre région
...Ils désirent la présence d'un commissaire de la
commission, lors des réunions du poste d'affectation, au lieu d'un
avocat de l'ANCAl afin d'éviter le renvoi du directeur du poste
d'affectation, s'il ne parle pas très bien le langage de l'ANCAl, ce qui
pourrait permettre au directeur du poste de travailler librement. Qu'est-ce que
vous en pensez?
M. Paquet (Michel): M. le ministre, c'est une chose que vous
m'apprenez.
M. de Belleval: Pardon?
M. Paquet (Michel): C'est une chose que vous m'apprenez. Est-ce
qu'il y aurait des combines
contre moi? Je ne le sais pas.
M. de Belleval: Je vous pose la question.
M. Paquet (Michel): De toute façon, je n'ai pas pris
connaissance du mémoire des entrepreneurs, je vais en prendre
connaissance tout à l'heure. Je ne sais pas si ce sont des allusions
à des malaises qui ont déjà existé, c'est possible
que des malaises aient existé il y a deux ans. De toute façon,
dans la région 03, je crois que ça se résorbe. J'essaie,
au niveau du poste d'affectation, tout comme mes chefs de sous-postes
l'essaient également, de recevoir au bureau les détenteurs de
permis de camionnage en vrac sans distinction de couleur. L'individu qui paie
une cotisation, qui est en règle avec son poste d'affectation ou son
sous-poste, la porte lui est ouverte chez nous comme dans nos sous-postes.
C'est possible qu'il y ait eu des frictions antérieurement, mais je
crois que ça se résorbe.
M. de Belleval: Vous ne vous sentez pas menacé, vous
personnellement, de toute façon.
M. Paquet (Michel): On ne sait jamais ce qui nous pend au bout du
nez. Antérieurement, peut-être, mais, aujourd'hui, c'est
peut-être dépassé; je le souhaite, en tout cas. J'ai un
travail à faire et j'essaie de le faire consciencieusement, sans parti
pris et mon président pourra vous confirmer mon nouveau
président depuis quelques mois seulement que nous essayons
d'être tout à fait impartiaux, de laisser de côté les
couleurs politiques à l'intérieur du poste d'affectation. Sans
doute qu'avec douze sous-postes il peut se créer des frictions, ce que
nous essayons de régler au fur et à mesure. Je ne nie pas qu'il y
ait eu des frictions, mais je crois que ça s'en va.
M. de Belleval: Tant mieux. Je vous remercie pour votre
déclaration là-dessus.
M. Paquet (Michel): Notre nouveau conseil d'administration est
formé en vertu de la nouvelle réglementation. Nous avons seize
comtés municipaux à l'intérieur de la région 03 et
je dois manoeuvrer avec un conseil d'administration de seize administrateurs
qui ont été élus en assemblée
générale de comté municipal lors d'une tournée que
nous avons effectuée il y a deux mois.
M. de Belleval: Je trouve qu'il y a beaucoup de suggestions
intéressantes dans votre mémoire, entre autres du
côté des municipalités, et nous allons certainement
fouiller davantage ces recommandations parce qu'il est évident que, si
on veut avoir des postes, il faut leur donner une crédibilité.
Tout ce qui peut renforcer la crédibilité du poste, je pense,
doit être examiné en profondeur.
Evidemment, je ne suis pas toujours en mesure de me faire une
idée sur chacune des plaintes que vous formulez, etc., mais j'ai
toujours une espèce de doute à l'esprit sur l'ensemble. Parfois,
sur un point précis, je suis en mesure de porter un témoignage,
et je me rends compte que là-dessus votre cause est très faible
et que vous faites des affirmations gratuites. Quand vous faites ça,
c'est de nature à mettre en cause la crédibilité souvent
de l'ensemble parce que, sur ce point-là, je suis en mesure de
répondre.
Vous dites, par exemple, que le ministère des Transports grossit
exagérément sa flotte de camions, que, quand il fait des travaux
en régie, il ne respecte pas la clause 75-25, alors que les statistiques
au ministère me démontrent que 96% des travaux en régie
sont faits par vos camionneurs et que la flotte du ministère n'a pas
bougé d'un iota depuis 1972 et que tout ce qu'on fait c'est remplacer le
matériel de base absolument nécessaire dont on a besoin.
J'aimerais que vous me citiez des faits qui prouvent le contraire de ce que
j'avance là. Vous faites une affirmation, mais vous n'avez pas de
preuve, vous n'arrivez avec aucun fait.
M. Paquet (Michel): D'accord, M. le ministre. Il fut porté
à ma connaissance, il y a à peu près deux mois, qu'un
concessionnaire de camions de la rive sud, de Lévis plus
précisément, avait vendu à votre ministère 45
camions neufs. Vous pouvez peut-être me dire que c'est pour du
remplacement. C'est possible que ce soit pour du remplacement, mais, à
première vue, nous considérons que c'est une augmentation. Si
vous remplacez des effectifs qui sont vieux et que vous les rénovez tout
en laissant en circulation ces vieilles voitures-là, ces vieux
équipements-là et que vous achetez des camions neufs, à ce
moment-là j'interprète ça comme une augmentation
d'équipement. Est-ce que vous portez au rebus vos vieux
équipements?
M. de Belleval: Vous pouvez être certain que M. Parizeau ne
me laisserait pas acheter de nouveaux camions si je n'avais pas une bonne
raison pour me débarasser des anciens. Il dirait: Tu continues encore
avec tes anciens. Dans les périodes de restrictions budgétaires
actuelles, on ne remplace pas de vieux camions par des camions neufs pour
garder l'ancien camion.
Je vous ai expliqué hier, et j'ai des chiffres là-dessus
qui le prouvent très bien, que notre flotte n'a pas grandi en importance
depuis 1972. Je poursuis en fait les mêmes politiques qui avaient
été inaugurées par M. Mailloux de ce
côté-là, à l'effet de favoriser l'entreprise
privée le plus possible et de maintenir chez nous le minimum de
matériel pour nos besoins minimums. Quand on a besoin d'un camion pour
une heure, c'est évident qu'on ne s'adresse pas au poste d'affectation
pour envoyer chercher un demi-voyage, à un quart de mille de distance.
Pour réparer des ponceaux défoncés, on décharge une
demi-tonne à tous les coins de rues pendant toute une journée
avec une dizaine d'hommes qui pelletent à côté. C'est
ça qu'on fait avec ce matériel.
Quand vous m'arrivez avec de telles affaires, non seulement ce n'est pas
prouvé, mais c'est faux, je dis que vous affaiblissez votre cause
peut-être sur d'autres points sur lesquels vous avez
raison, mais je me pose des questions. Je me dis: S'ils font des
affirmations gratuites là-dessus, qu'est-ce que c'est sur le reste?
Est-ce que cela a du bon sens, leur affaire? C'est le problème que j'ai
parfois quand je discute avec certains d'entre vous. Vous m'arrivez avec 100
points, tous différents les uns des autres. Je vous dis qu'on se demande
par quel bord on prend ça, surtout quand on se rend compte que sur
certains points, ce sont des mythes qu'on charrie.
M. Paquet (Michel): M. le ministre, peut-être que vos vieux
camions n'étaient pas affectés spécifiquement au transport
en vrac, alors qu'aujourd'hui, avec les dix roues que vous achetez, c'est
facile de concevoir que ces dix roues vont oeuvrer au transport en vrac, et
même les six roues que vous achetez avec des bennes basculantes...
M. de Belleval: C'est évident qu'on ne transporte pas des
téléviseurs. C'est évident qu'on transporte du gravier.
Cela, c'est sûr que nos camions servent pour le vrac. J'ai donné
les statistiques pour le vrac. On a quelque 100 camions à dix roues et
ce sont les mêmes camions qu'on a toujours depuis 1972. C'est le
même genre de flotte. Cela ne grossit pas.
M. Paquet (Michel): Maintenant, au niveau de vos travaux, M. le
ministre, ce que je veux souligner, ce que nous souhaiterions c'est, lorsque
vous prenez vos propres camions en quantité pour faire vos propres
travaux, la possibilité d'avoir la clause 75-25, c'est-à-dire un
pour trois. C'est ça que nous voulons démontrer dans notre
mémoire.
M. de Belleval: On ne peut pas faire ça pour de petits
travaux qui durent une demi-journée ou une journée. En
général, comme je l'ai dit, vous transportez 96% du
matériel transporté en régie, c'est-à-dire ce qui
n'est pas donné à contrat, parce qu'à ce qui est
donné à contrat, c'est la clause 75-25 qui s'applique. Ce qui
n'est pas donné à contrat, vous en transportez 96%.
Moi-même, quand je suis arrivé au ministère, à la
suite des représentations que m'avait faites l'ANCAl, j'ai fait un
branle-bas de combat, j'ai tout revu le dossier pour me rendre compte que,
finalement, je ne pouvais pas améliorer la situation que mes
prédécesseurs, c'est-à-dire M. Lessard et M. Mailloux,
avaient implantée avant moi. Quand j'arrive à 96%, je ne peux
toujours même pas aller à 100%. Je suis rendu au bout.
I! y a un autre point aussi dont vous devez être conscients.
Depuis deux ans, au ministère des Transports, comme dans les autres
ministères du gouvernement, on a une réduction d'effectifs de 2%.
On a décidé de réduire le nombre de fonctionnaires dans
nos ministères. On a réduit de 2% il y a deux ans, 2% cette
année et ce genre de politique va se poursuivre. Vous vous imaginez bien
que cela affecte grandement nos effectifs dans les régions, dans les
districts. Il y a 8000 fonctionnaires du ministère des Transports qui
sont répartis partout à travers le Québec. Je n'ai pas
intérêt à avoir des camions si je n'ai pas de chauf- feurs
pour les conduire. Alors, qu'est-ce qui se passe actuellement dans nos
districts? Les fonctionnaires prennent leur retraite, démissionnent et
on ne les remplace pas. Pour les remplacer, parce qu'il faut effectivement les
remplacer, on va du côté de l'entreprise privée, du
côté des entrepreneurs ou du côté de vos membres.
C'est ça, la réalité actuellement.
Quant à moi, je me dis: Arrêtons de charrier des mythes,
parce que si on met les mythes de côté, là, on va pouvoir
s'attaquer aux vrais problèmes. (15 h 30)
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je ne sais qui de M. Paquet
ou du ministre a raison par rapport à la flotte des camions du
ministère. Je dois prendre la parole du ministre qu'on n'augmente pas le
nombre de camions qui font du camionnage en vrac au ministère du
Transport. Quoi qu'il en soit, il me semble que c'est le droit le plus strict
de votre poste d'affectation d'exprimer les prétentions qu'il croit
justifiées. Forcément, j'imagine que, pour le ministre, si vous
l'aviez félicité de ce qu'il a bien fait, plutôt que de le
blâmer pour ce qu'il a peut-être moins bien fait, vous auriez
été félicité et semble-t-il que vos recommandations
auraient été mieux accueillies.
Je veux simplement vous dire que, quant à nous, vos constatations
aussi bien que vos recommandations rejoignent celles qui ont été
exprimées par d'autres postes d'affectation avant vous. Si on ne vous
pose pas de questions additionnelles là-dessus, c'est que nous
reconnaissons le bien-fondé de vos constatations et l'appoint d'un bon
nombre de vos recommandations, sinon de toutes. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Très rapidement, M. le Président. Le
ministre nous dit souvent que la clause 75-25 est respectée. Etant
donné que vous représentez une partie de Bellechasse, j'aimerais
vous poser une question sur deux contrats précis. J'aimerais savoir si
toutes les normes ont été respectées dans le contrat du
contournement de la route 279; deuxièmement, j'aurais aimé
posé la question mais probablement que vous pourrez me
répondre à votre directeur du sous-poste de Lévis,
concernant le contrat de Saint-Nérée Saint-Damien. Est-ce
que toutes ces clauses sont respectées? Est-ce qu'il y a des
accrochages? Est-ce que cela va bien? Le ministre vous demande des exemples
précis pour étayer vos demandes. Est-ce que dans ces deux cas,
c'est respecté et que tout va très bien, dans le meilleur des
mondes?
J'avais dit, hier 20%, je ne voulais pas induire la commission en
erreur, c'est un peu plus de 21% de jours qu'ils ont travaillé. Quand
vous avez donné ces chiffres, j'ai surveillé la physionomie du
ministre. Il a failli avaler sa pipe. Ce n'est pas
croyable qu'il y ait des personnes, des pères de famille, qui ont
des camions de $60 000 ou de $70 000 et qui travaillent 20 jours. C'est
vraiment inconcevable. Il y a sûrement des causes à cela dans
Bellechasse.
Je vous parle de deux chantiers précis, on pourrait faire le tour
de quelques autres chantiers, mais je pense que ce sont les deux seuls qu'il y
a dans le comté. On n'est pas tellement favorisé. Pour ces deux,
est-ce que cela va pour le mieux dans le meilleur des mondes?
M. Paquet (Michel): M. le député, effectivement,
j'ai pris connaissance, à midi, du contrat en cause,
Saint-Nérée Saint-Damien, Bellechasse. Un entrepreneur qui
a obtenu un contrat du ministère des Transports n'a aucun
équipement pour faire le travail, aucune machinerie...
M. de Belleval: Saint-Nérée Saint-Damien,
c'est le rang 7?
M. Paquet (Michel): Rang 8. M. de Belleval: Rang 8.
M. Paquet (Michel): Saint-Nérée
Saint-Damien, entrepreneur JEG.
M. de Belleval: Voulez-vous répéter le nom?
M. Paquet (Michel): JEG. C'est un nommé Bois-vert. Vous le
connaissez, M. le ministre? Cet entrepreneur, pour effectuer son contrat, doit
engager par sous-contrats des équipements. Il a effectivement
engagé un individu de Sainte-Claire qui, lui, possède une
pépine et un camion immatriculé F. Il a aussi
réquisitionné deux camions de Honfleur, dont un VR et un F, sans
passer par notre sous-poste. De plus, il a engagé deux camions VR
directement d'individus de Saint-Damien, qui sont résidents de
Saint-Damien, qui sont au sous-poste. D'après ce que j'ai pu savoir,
dans la soumission générale de l'entrepreneur, n'apparaît
aucune mention qu'il donne des sous-contrats. A ce moment, on se pose la
question. Le gars n'a pas d'équipement. Il redonne à
sous-contrats à n'importe qui, dont des détenteurs de license F,
qui ne sont certainement pas habilités pour faire le transport public
sur ce contrat. On se demande pourquoi le ministre peut accepter un tel
entrepreneur sur ces soumissions. C'est le contrat précis, M. le
député?
M. Goulet: Est-ce que vous avez avisé la Commission des
transports de ces faits?
M. Paquet (Michel): J'ai pris connaissance de cela à midi
seulement.
M. Goulet: Seulement à midi. Mais il y a d'autres
personnes en autorité...
M. Paquet (Michel): Une suite sera certainement
donnée.
M. Goulet: Pardon?
M. Paquet (Michel): On y donnera suite, certainement, de notre
part.
M. de Belleval: M. le député de Bellechasse, si
vous me le permettez, à votre avis, ce que fait cet entrepreneur est
illégal? Ou bien est-ce légal et que cela ne devrait quand
même pas se faire?
M. Paquet (Michel): C'est un contournement que nous ne pouvons
pas accepter. Nous avons des mécanismes et nous devons appliquer une
réglementation et cet entrepreneur, en particulier, contourne la
réglementation comme telle. A ce moment-là, avec l'utilisation
d'un permis F, on calcule que l'individu qui est immatriculé F ne peut
pas faire le transport parce qu'il n'est pas propriétaire du
matériel et l'entrepreneur lui-même, dans les mécanismes
d'application des entreprises générales, soumissionne sans
posséder aucun équipement et redonne le travail à
sous-contrat, en contournant la réglementation du courtage,
premièrement, et des immatriculations de camions.
M. de Belleval: Pourrais-je poser une question
supplémentaire, M. le député de Bellechasse, à Me
Piuze qui est votre conseiller juridique? Premièrement, à votre
avis, Me Piuze, le fait d'utiliser un F dans ces circonstances, quand ce n'est
pas pour du compte propre, constitue une violation de la
réglementation.
M. Piuze: Certainement. Cela prend un permis de camionnage en
vrac.
M. de Belleval: Deuxièmement, donner des sous-contrats
est-ce aussi illégal, à votre avis?
M. Piuze: Ils peuvent donner des sous-contrats, mais je crois
que, dans vos demandes de soumissions, c'est prévu qu'ils ne peuvent le
faire qu'avec l'autorisation du ministère.
M. de Belleval: On ne peut pas présumer qu'il n'y a pas eu
d'autorisation. Il pourrait y avoir eu une autorisation.
M. Piuze: II pourrait y en avoir eu une. Peut-être lui en
avez-vous donné une.
M. de Belleval: En ce qui concerne ce contrat aussi, s'agit-il de
travaux d'infrastructure ou de superstructure?
M. Paquet (Michel): Je m'excuse, M. le ministre, je n'ai pas
assez de données là-dessus présentement.
M. de Belleval: Vous n'avez pas assez de données.
Evidemment, s'il s'agit d'infrastructure, il n'est pas obligé de passer
par le poste d'affectation et, s'il s'agit de superstructure, il est
obligé
de donner 75% des travaux au poste d'affectation. On se comprend
bien?
M. Piuze: Oui, mais il est obligé quand même
d'utiliser les services de titulaires de permis de camionnage en vrac.
M. de Belleval: Oui, cela a été établi tout
à l'heure.
M. Piuze: II est obligé aussi de s'adresser au poste de
courtage dans le cas où celui qui offre ses services n'a pas les
unités pour les donner.
M. de Belleval: Pardon?
M. Piuze: II est obligé de s'adresser au poste de
courtage. S'il donne un sous-contrat pour faire du transport à un
individu qui n'a qu'un camion VR, cet individu, s'il veut avoir d'autres
camions, sans quoi il devient courtier en transport, doit s'adresser au
titulaire de permis de courtage.
M. de Belleval: Oui, on se comprend bien. M. le
député de Bellechasse, avec tous ces renseignements, nous allons
vérifier ce cas en particulier. Je pense bien que nous aurons des
réponses là-dessus d'ici la fin des travaux de la commission.
M. Goulet: Ce que je voulais souligner, M. le ministre, c'est un
exemple parmi tant d'autres. Cela se présente peut-être dans le
comté, mais, depuis hier, on se fait dire que des exemples comme cela,
apparemment il y en a en quantité à peu près dans tous les
comtés. Justement, si vous pouvez vérifier ce cas, ne pourrait-on
pas mettre une équipe qui vérifierait les autres cas? On pourrait
régler immédiatement certains problèmes.
Ma dernière question...
M. de Belleval: C'est ce qu'on fait effectivement quand on a des
plaintes. On a une équipe pour enquêter. Je suis d'accord avec le
mémoire là-dessus. On a dit que les amendes ne sont pas assez
importantes et que le processus judiciaire est tellement lourd qu'on a de la
difficulté à faire appliquer notre règlement à
partir de ce système et qu'il faut le changer.
M. Goulet: Une dernière question, parce que moi aussi, je
voudrais que cela s'accélère un peu. A votre recommandation L),
vous dites: "Que l'émission des permis de poste et de sous-postes soit
accélérée." Pourriez-vous nous donner une bonne raison
pour laquelle vous demandez cela?
M. Paquet (Michel): M. le député, ce serait surtout
au niveau des sous-postes. Vous savez, membres de cette commission, que le
Poste d'affectation de la région 03 Inc., est toujours l'ancien permis
de poste. Il y eut, avec la nouvelle réglementation, une demande
introduite à la Commission des transports pour l'obtention d'un permis
de poste, demande faite par une association.
Cette demande fut rejetée et, par après, la corporation
actuelle du poste d'affectation a demandé la conversion d'un permis de
poste d'affectation à un permis de poste. Lors de la journée de
l'audition à la Commission des transports, cette audience n'a pu
procéder du fait que le rejet de la demande de l'association avait
été porté en appel. A ce moment-là, tout est
gelé. Cela fait qu'on demande à la commission
d'accélérer au niveau des sous-postes, de peut-être faire
en sorte de ne pas retarder nos permis de sous-poste qui font des demandes
à la Commission des Transports, demandes qui sont aussi gelées
évidemment.
M. Piuze: M. le Président, pour répondre clairement
à votre question, c'est qu'en vertu du règlement actuel, les
permis de sous-poste qui sont prévus et que les camionneurs veulent ne
peuvent être émis que s'il y a eu un permis de poste
d'émis, d'accord? Alors, on a demandé que le règlement
soit modifié étant donné qu'il y a déjà des
permis de poste d'affectation qui existent; que le règlement soit
modifié pour que la Commission des transports du Québec puisse
immédiatement entendre les requêtes sur les sous-postes et qu'on
procède. C'est ça que les camionneurs veulent. Ils veulent, les
camionneurs en vrac, avoir leurs sous-postes et avoir leur administration au
niveau local. On ne pourra le faire que dans la mesure où le
règlement actuel sera changé afin de permettre
indépendamment du permis de poste ou du poste d'affectation, il est
déjà là de toute manière que la commission
entende les causes au plus vite et émette les permis s'il y a lieu.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Chauveau.
M. O'Neill: M. le Président, je voudrais d'abord
féliciter les auteurs du rapport. Je ne suis pas un spécialiste
du camionnage, mais j'ai beaucoup aimé lire ce rapport et j'ai
aimé cette façon d'y aller directement et de faire des
propositions qui me semblent très concrètes. Je me réjouis
d'ailleurs de constater que le ministre lui-même a exprimé son
intention de retenir plusieurs de ces propositions.
J'aurais quelques brèves questions à poser, M. le
Président. La première porte sur la question du nombre des permis
et je la pose à partir de la documentation qui nous est fournie avec le
rapport et en pensant au débat qui a eu lieu ce matin où il y a
eu une intervention, entre autres, de M. le député de Charlevoix.
Quand on regarde l'étendue de cette région 03, qu'on regarde
aussi le nombre de gens qui travaillent, le nombre de permis, de camions en
oeuvre, est-ce que, premièrement, à votre avis, il y aurait dans
cette région le nombre de permis qu'il convient d'avoir, ou y en
aurait-il trop? Deuxièmement, est-ce que vous avez le sentiment que si
on mettait en pratique vos recommandations, on pourrait en arriver à
occuper de façon décente ceux qui sont actuellement
engagés dans ce travail de camionnage, par exemple, faire en sorte que
les chiffres qu'on voit ici,
l'énumération des journées travaillées,
deviennent absolument différents et en arriver finalement à un
résultat qui pourrait permettre vraiment aux camionneurs de vivre
convenablement? Ce serait ma première question.
M. Paquet (Michel): M. le Président, M. le
député, bien entendu, notre région, qui est une des plus
grandes de la province, compte 1200 camions au poste d'affectation sur une
possibilité de tout près de 2000. Nous avons 1200 individus
abonnés au poste d'affectation. Nous avons un roulement d'environ 1100
individus, d'aucuns se sont retirés, d'autres font exclusivement du
transport forestier. Bien entendu, dans le contexte actuel, dans la
région 03, nous ne pouvons satisfaire 1200 camions au poste
d'affectation avec l'ouvrage qu'il y a. Dans nos recommandations, entre autres,
nous soulevons le problème du transport illégal. Si la
définition du compte propre était clairement établie et
que les individus dont le principal revenu n'est pas le transport public mais
qui font du transport public avec les licences F, étaient tout
simplement mis au pas, ça donnerait, de ce fait, plus d'ouvrage aux
camionneurs détenteurs de permis de vrac.
Il y a aussi la location, comme je l'ai soulevé dans mon
mémoire, et la pesanteur. Nous rencontrons ici dans la région et
plus précisément dans la région métropolitaine de
Québec, des camions qui sont "overload", ils sont trop chargés. A
la fin d'une semaine, à la fin d'une année, ça
représente plusieurs voyages de camion additionnels. (15 h 45)
Nous souhaiterions que le ministère soit plus
sévère au niveau de la pesanteur, de la charge des camions,
surtout dans le Québec métropolitain. C'est peut-être
difficile pour les officiers du ministère d'arrêter les camions
sur les boulevards achalandés, mais il y aurait peut-être des
endroits où ils pourraient se tenir pour, justement, prévenir ce
genre de surplus de charge qui pourrait, à la fin de l'année,
donner peut-être des chiffres assez appréciables en nombre de
camions, en nombre de voyages additionnels de camions.
C'est une façon de présenter une solution. Il est
évident qu'il y aura un peu plus d'ouvrage dans notre région. M.
le ministre des Transports a accordé des soumissions dernièrement
dans différents sous-postes: l'autoroute 40, entre autres; la
dernière ouverture de soumissions a eu lieu hier. Bien entendu, cela
s'adresse à notre sous-poste de Portneuf. Si on remarque, il y avait 5,2
jours; il y a 122 camions dans le sous-poste de Portneuf. Cela va leur donner
un coup de pouce! C'est peut-être un coup de pouce qui vient tard, cette
année, mais, en tout cas, cela va aider. Le ministère des
Transports à débloqué des crédits ce printemps. On
remarque dans mon mémoire que le sous-poste de Montmorency fait cavalier
seul à 77,1 jours. Cela, c'est le fameux tas de terre du boulevard
Pierre-Bertrand qui a été transporté dans Montmorency. Vu
qu'au poste d'affectation nous avons comme principe que le lieu
d'exécution des travaux c'est où le camion décharge le
voyage, la priorité a été exclusive aux camionneurs
abonnés au sous-poste de Montmorency. C'est un petit sous-poste. Alors,
cela a fait du bien dans ce sous-poste. Maintenant, il y aurait de la place
pour l'amélioration pour d'autres sous-postes dans notre région,
entre autres l'autoroute de la Beauce...
M. de Belleval: C'est parti.
M. Paquet: C'est parti?...
M. Goulet: C'est de savoir quel bout!
M. O'Neill: Ce n'est pas fini. Ce ne sera pas long! M. Paquet,
quel serait le chiffre idéal... Je vois Montmorency, ici; cela a l'air
qu'eux autres ils semblent bien se porter à cause d'un gros tas de
terre, paraît-il. Qu'est-ce que c'est qu'au fond on souhaiterait, qui
serait quelque chose qui conviendrait aux gens, qui ferait que les gens
auraient l'impression vraiment de travailler pour la peine?
M. Paquet (Michel): Avec les recherches qui ont été
effectuées, soit par le poste ou par d'autres organismes avec lesquels
nous collaborons, il semblerait qu'un minimum de 125 jours serait requis pour
manoeuvrer avec de tels équipements, à l'intérieur de
chaque région, de notre région plus particulièrement. Un
minimum viable de 125 jours de travail par année.
M. O'Neill: Le tout ayant rapport à des travaux de ce
genre-ci, les travaux publics, vous voulez dire, ou incluant l'ensemble des
travaux qui peuvent être faits?
M. Paquet (Michel): Non, seulement l'ensemble des travaux
répartis par le poste d'affectation.
M. O'Neill: Maintenant, la question des petites
municipalités. Si la réglementation, n'est-ce pas, était
un peu plus rigoureuse à leur égard, est-ce que cela
constituerait un apport important ou plutôt marginal? Vous avez
soulevé cela également dans votre rapport, à la page
3.
M. Paquet (Michel): Vous n'êtes pas sans savoir, M. le
député, que les petites municipalités sont appelées
à se développer, à modifier leur système d'aqueduc
et d'égout, ce qui va apporter beaucoup de travaux de voirie municipale,
ce qui va susciter un apport sans doute certain de crédits de
différents ministères. Bien entendu, nous envisageons un
accroissement de transport dans ces petites municipalités. Nous avons
dans certaines municipalités la clause 75-25, laquelle nous sommes
allés chercher individuellement, puisque aucune réglementation
obligeait une municipalité à nous accorder 75-25. Nous avons
dû nous battre avec les conseils de ville, rencontrer souvent ces
derniers, faire du marketing, y retourner et leur vendre l'idée
d'accorder cette clause de protection au poste d'affectation, via ses
sous-postes territoriaux, qui, lui, en retour, évidemment, s'engage
à
répartir les contrats de ces municipalités parmi les
camionneurs, les résidents et "payeurs de taxes" de ces
municipalités. Cela va de soi, d'abord. S'il en manquait après
cela, c'était au niveau général du sous-poste. Les grosses
municipalités nous ont accordé leur appui avec plus ou moins de
facilité, je pense ici à Sainte-Foy, qui a été la
première à nous donner cette clause de 75-25 sur tous ses
contrats.
Il n'est pas question de ligne d'infrastructure, c'est tout le travail.
Vous rencontrez aussi toutes les villes du Québec métropolitain,
entre autres Beauport, Ancienne-Lorette, Ville Vanier, Sainte-Foy,
Charlesbourg, Saint-Augustin, Sainte-Catherine, Saint-Joseph-de-Beauce, etc.,
excluant la ville de Québec. Pour la ville de Québec, on a un peu
de difficulté, c'est une grosse bibitte, c'est plus gros que d'autres
municipalités. De toute façon, on a de bons contacts, on a des
documents sur la table, on a des rencontres prévues, on en a fait et on
en a de prévues encore avec les hautes autorités de cette ville
pour aller chercher cette clause.
Au niveau des petites municipalités, on rencontre des objections
qui vont de la possibilité d'augmentation de coût de contrats, ce
qui, d'après moi, est assez difficile à prouver, compte tenu du
jeu des soumissions. En fin de compte, eux ne peuvent pas me prouver que cela
va augmenter; moi non plus, je ne peux pas leur prouver que ça va rester
comme tel. De toute façon, c'est le jeu des soumissions. Nous vendons
l'idée aux petites municipalités qu'il n'est pas
intéressant pour un camionneur contribuable dans sa municipalité,
ou pour une dizaine de camionneurs de voir arriver un entrepreneur, qui vient
de 100 milles ou 200 milles plus loin, faire les travaux d'aqueduc avec ses
équipements, ses employés, ses camions, ses citernes, ces
choses-là, et qui repart avec de l'argent des contribuables, tout
simplement, alors qu'eux-mêmes sont chez eux avec des moyennes de
journée difficiles à avaler et qu'ils voient justement cette
possibilité de gain s'en aller à l'extérieur.
Dans les grosses municipalités, on comprend, mais on a un peu de
difficulté avec les petites municipalités. Peut-être que le
ministre des Transports pourrait en parler à son collègue des
Affaires municipales. Ce n'est peut-être pas une obligation, mais une
incitation à regarder ce dossier de plus près au niveau de chaque
municipalité. Compte tenu, comme je le disais tout à l'heure, que
les municipalités sont de plus en plus subventionnées et le
seront de plus en plus pour, justement, donner des services à la
population au niveau des réseaux d'aqueduc et d'égout, ce seront
des sommes qui viendront de différents ministères.
M. O'Neill: Ce que vous dites au sujet de Sainte-Foy, ça
veut dire, par exemple, que le contrat d'élargissement et de
réfection de la route de l'aéroport deviendrait pour vous quelque
chose d'assez intéressant si on applique la clause d'une façon
aussi stricte que cela?
M. Paquet: Oui, ce n'est pas seulement cela, c'est que dans le
cahier des charges du ministère des Transports, étant
donné que ce sont des sommes du ministère des Transports sous la
régie de la ville de Sainte-Foy, c'est la clause de la ville de
Sainte-Foy qui est dans le cahier des charges avec l'argent du ministère
des Transports. Je vais avoir un petit problème tantôt.
M. O'Neill: Dans quel sens?
M. Paquet (Michel): Je vais avoir un petit problème avec
les contribuables de Sainte-Foy et avec l'ensemble des camionneurs du
sous-poste concerné qui vont me dire que ce sont des sommes du
ministère des Transports. Donc, lorsque c'est l'argent du
ministère, on a comme politique que ça appartient à tout
le monde, et les camionneurs à l'intérieur d'un sous-poste
doivent participer à l'assiette. Lorsque c'est l'argent d'une
municipalité et que la clause est à l'intérieur des
contrats, ça va bien, ce sont les contribuables qui passent en
priorité; étant donné que c'est la clause de la ville qui
est là-dedans et l'argent du ministère, je vais avoir un
problème tantôt.
M. de Belleval: Si vous ne vous entendez pas, on mettra l'argent
d'ailleurs.
M. O'Neill: Etes-vous satisfait de la façon dont les
choses se déroulent, dans le cas de l'élargissement et la
réfection du boulevard Pie XI, à Val-Bélair, et de tous
les travaux qu se font actuellement dans cette région?
M. Paquet (Michel): J'ai eu un petit problème avec
Val-Bélair. Ce qui arrivait, c'est que certains camionneurs disaient que
c'était exécuté dans la ville de Val-Bélair et que
ça devait être fait, en exclusivité par des camionneurs de
Val-Bélair. Nous avons tout simplement appliqué ce que nous
préconisons, c'est-à-dire les contribuables, lorsque ce sont des
sommes des municipalités, et l'ensemble des abonnés aux
sous-postes lorsque ce sont des sommes du ministère. J'ai
rencontré les autorités de la municipalité pour avoir les
chiffres, les contrats, et ce sont des sommes du ministère des
Transports jusqu'à l'assiette des trottoirs, si vous voulez, la base des
trottoirs. Donc, ce sont les camionneurs abonnés au sous-poste qui
peuvent participer à ces travaux. La municipalité contribue pour
$285 000, je crois, mais c'est simplement pour faire les trottoirs à
partir des formes et de la coulée du béton.
M. O'Neill: Une dernière question, M. le Président,
et j'en aurai une toute dernière ensuite pour M. le ministre. Cela va?
La dernière concerne ces fameux permis F, donc des gens qui ont
habituellement un camion pour faire le transport de leur propre marchandise, je
pense peut-être à des paysagistes, etc. Est-ce vraiment un
problème considérable pour vous? Est-ce que ça changerait
beaucoup les statistiques que nous avons sous les
yeux si la réglementation était aussi rigoureuse que vous
le souhaitez?
M. Paquet (Michel): Cela changerait, M. le député,
beaucoup les chiffres parce qu'effectivement ceux qui sont propriétaires
de licence F sont justement des paysagistes ou de petits entrepreneurs qui,
lorsqu'ils ont des contrats, possèdent des propriétés, des
droits d'exploitation de carrière ou des droits d'emphytéose ou
autres. A ce moment-là ils utilisent leur propre matériel. Mais
lorsqu'ils n'ont pas de contrat, ils se vendent, ils se prostituent tout
simplement à l'entrepreneur le plus offrant. Ils vont offrir leurs
services... Evidemment qu'ils ne sont pas régis par les taux de la
Commission des transports, ce sont des F.
M. O'Neill: A rabais.
M. Paquet (Michel): A rabais, ils se placent à rabais.
Donc, le temps qu'on perd à courir après...
M. O'Neill: Ce monde-là.
M. Paquet (Michel): ... ces licences, de faire rapport au
ministère... Dans le Québec métropolitain les inspecteurs
du ministère nous donnent une collaboration, je dirais à 100%; on
n'a pas de problème. L'effectif est ici sur le boulevard Hamel; le
bureau est là, ça va bien. Ils ont du personnel. Mais lorsqu'on
sort de la région métropolitaine de Québec et qu'on va
dans les campagnes, dans les comtés, c'est beaucoup plus difficile
d'avoir les inspecteurs du ministère; ça prend deux ou trois
jours. A ce moment-là ils arrivent, ils font une razzia dans le coin,
mais l'ouvrage est fini, les gars sont partis.
M. O'Neill: Ma dernière question s'adresse au ministre des
Transports et c'est la suivante. C'est concernant notre flotte, notre fameuse
flotte. Est-ce que des études ont été faites pour nous
permettre de savoir à partir de quel seuil cette flotte cesse
d'être rentable, c'est-à-dire qu'il devient vraiment en pratique
plus économique de faire appel à des fournisseurs
extérieurs. Est-ce que des études ont été faites
là-dessus parce que, étant donné que c'est un peu l'argent
de l'Etat, on a une flotte et on n'est pas pris avec le même
problème qu'un camionneur privé à savoir si son camion lui
rapporte tant par année, etc. Cela pourrait théoriquement
s'étendre presque in infinitum en ce sens-là. Est-ce qu'on a un
peu idée à peu près à quel moment, pour les fonds
publics mêmes, il cesse d'être rentable d'avoir cette
flotte-là ou du moins de la laisser grossir et si on a plutôt
intérêt à faire appel à des fournisseurs
extérieurs?
M. de Belleval: Des études ont été faites
dans le passé là-dessus et comme je l'ai dit, depuis 1972 en
particulier, les flottes ont été réduites à leur
plus simple expression justement en vertu du principe que...
M. O'Neill: C'était trop gros.
M. de Belleval: ... finalement c'est mieux, c'est plus efficace
d'utiliser les camionneurs indépendants. C'est ce qu'on fait. Notre
flotte est réduite à sa plus simple expression et elle n'augmente
pas depuis 1972. Au contraire.
M. O'Neill: Donc, vous estimez que pour une saine utilisation des
fonds publics...
M. de Belleval: Ah oui!
M. O'Neill: ... nous avons intérêt à ce que
cette flotte soit gelée...
M. de Belleval: Soit gardée au minimum.
M. O'Neill: ... et qu'on fasse appel à des fournisseurs
extérieurs dont les camionneurs.
M. de Belleval: C'est ce qu'on fait. M. O'Neill: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix, mais, avant, M. Piuze.
M. Piuze: Avec votre permission, M. le député. La
flotte du ministère en 1972 devait certainement se composer de beaucoup
plus de six roues et de beaucoup plus de ce qu'on appelle des pick-up qu'il n'y
en a aujourd'hui. Si ces pick-up là ont été
remplacés par des dix roues et ces six roues-là remplacés
aussi par des dix roues, il est évident que la masse de transport,
compte tenu du même nombre d'unités, la masse de transport, le
volume de transport des matériaux transportés a plus que
doublé.
Vous pourriez demain matin...
M. de Belleval: Arrêtez de revenir là-dessus
indéfiniment. Je vous ai dit que vous transportez 96% de mon
matériel. Hier, on a vu qu'il y avait 150 dix roues dans tout le
Québec. Bon! Arrêtons de "gosser" des pattes de mouches. C'est
ça qu'on est en train de faire là-dessus. Parlons des vrais
problèmes.
M. Piuze: Pour les camionneurs, il semblerait que c'en est
un.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Je ne pense pas qu'à la question que je
voulais poser je pourrais avoir une réponse de la part de celui qui
représente la région 03 mais, en regardant à sa face
même votre document, on constate que, dans la région 03, pour le
petit nombre de jours ouvrables qu'ont eus les camions, un malaise plus que
profond se fait sentir.
Vous faites référence dans ce document-là aux
travaux de la Baie James. C'est pour ça que je vous dis que ce n'est pas
à vous que j'adresserai ma question, mais je voudrais avoir une
réponse si
possible d'ici demain par ceux qui auront les chiffres en main. (16
heures)
On a toujours constaté qu'à chaque fois que naissait dans
la province de Québec un chantier extrêmement important, il y
avait de nombreuses naissances de camions également ou de
camionneurs.
Ce que je voudrais savoir, c'est ceci. La région 08, où
sont les travaux, a le privilège d'abord d'embaucher ses transporteurs.
Je pense que cela a dû être fait et, par la suite, on fait appel
à d'autres régions.
Je voudrais savoir d'abord si l'ensemble des camions de la région
08 ont été engagés sur les travaux de la Baie James,
qu'ils appartiennent à l'ANCAl, à d'autres associations ou
à d'autres propriétaires. Je voudrais savoir de quelle
façon on fait le partage parmi les régions où il y a des
lacunes profondes. Est-ce que justice est faite dans les régions? Qui
fait le partage du travail? Est-ce que, dans la région 08 en
particulier, à la naissance des travaux, au moment où on
était au pouvoir ou depuis, la flotte de camions VR ou ceux qui sont
affectés au vrac, a augmenté?
Le Président (M. Jolivet): La question est lancée
aux gens de la région 08.
M. Paquet (Michel): Effectivement, il me serait très
difficile de répondre à ces questions. Je souhaite fortement que
vous posiez ces questions à la région 08.
M. Mailloux: Est-ce que vous pourriez, par contre, vous, de la
région 03, me dire combien de camions ou de camionneurs de la
région 03 sont sur les travaux maintenant, sur les 1100 ou 1200 qu'on y
trouve?
M. Paquet (Michel): Aucun.
M. Mailloux: Pardon?
M. Paquet (Michel): Aucun.
M. Mailloux: Aucun ne travaille cette année à la
Baie James.
M. Paquet (Michel): J'en ai eu huit qui ont été
réquisitionnés par la région 08, il y a un mois et demi
pour la Caniapiscau. On m'a donné une réquisition de huit camions
avec chauffeurs additionnels, parce que c'était du 24 heures. C'est
évident que 24 heures, ça coupe des camions. Pourquoi pas 16
camions en douze heures? Cela donnerait plus de gains aux camionneurs de nos
régions.
Effectivement, j'ai rempli la commande du Poste d'affectation de la
région 08 pour envoyer huit camionneurs sur une disponibilité de
90 pour la Baie James n'importe quand. Ces camionneurs se sont rendus à
la Caniapiscau, mais vous savez qu'avec la fermeture de certains chantiers
à cause de la grève à la Baie James, certains chantiers
ont diminué leur intensité et les camionneurs des régions
extérieures de la région 08 ont été les premiers
à être libérés.
M. Mailloux: La question que je formulais supposait
évidemment que je voulais avoir une réponse avant le
déclenchement de la grève, ou les jours qui l'ont
précédée. Je voulais savoir ce qui s'était
passé l'an passé et au début de l'année. Mais vous
me dites qu'à ce moment-là, c'était zéro dans la
région 03. Merci.
M. Paquet (Michel): Cette année. L'an passé, je
crois que j'ai envoyé 38 camions.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, dans le même sens que la
question du député de Charlevoix, vous dites dans votre
recommandation K, à la page 8, que le transport de matières en
vrac effectué sur le chantier de la Baie James soit réparti
également entre tous les postes d'affectation.
Deux volets à cette question: d'abord, lorsque ces postes
d'affectation ont été créés des postes
d'affection à la Baie James, ce n'est pas le cas n'y avait-il pas
eu des recommandations de formulées voulant justement qu'il y ait un
poste spécialement à la Baie James qui ne soit pas
rattaché à aucune région, mais à toutes les
régions? C'est le premier élément de ma question. Est-ce
qu'il n'y avait pas eu une recommandation qui avait été
refusée par certaines personnes?
M. Piuze: M. le Président, effectivement je sais qu'il y
en a été question. Je ne sais pas si cela a été
formulé officiellement ou pas. Je sais qu'il en a été
question. Je ne peux pas vous dire si officiellement cela a été
formulé au ministre.
M. Goulet: Mais pourquoi cela aurait-il été
refusé? Est-ce qu'il y avait une bonne raison? Vous ne savez pas?
M. Piuze: Sur le coup, vous me posez la question, il faudrait que
je vérifie dans mes dossiers.
M. Goulet: D'accord. Deuxièmement, au niveau des camions
nécessaires à la Baie James, la région 08 passe d'abord.
Cela, c'est une question de principe, à savoir si ces grands travaux
doivent être répartis au niveau d'une province ou d'une
région. Maintenant, quand la région 08 a besoin d'un surplus de
camions, comment le travail est-il distribué?
Comment peut-on expliquer, par exemple, que la région 04 peut
envoyer une journée ou une semaine, cinq camions ou avoir quinze camions
à la Baie James, et la région 03 pas un ou ainsi de suite? Dans
le contexte actuel, quand la région 08 a besion de camions
supplémentaires pour la Baie James, vous dites qu'il y en a...
M. Paquet (Michel): 90 de disponibles dans la région
03.
M. Goulet:... 90 de disponibles dans la région 03. Il y en
a, j'imagine, dans d'autres régions. Comment est-ce réparti?
Supposons qu'il y ait dix régions. Demain matin, la Baie James demande
dix camions. Y en aura-t-il au moins un par région qui monte? Est-ce que
c'est comme cela que cela se passe ou si les dix peuvent venir de la même
région?
M. Paquet (Michel): M. le député, vous pourriez
peut-être retenir cette question pour la poser directement à la
région 08 lorsqu'elle se présentera devant cette commission. Ce
que je peux vous dire tout simplement au niveau de ma région, c'est que
je reçois tout simplement une réquisition sous forme d'appel
téléphonique et confirmé par télex, me demandant
tant de camions pour tel endroit, avec les détails.
M. Goulet: Si je comprends bien, c'est le poste d'affectation de
la région 08 qui décide: Demain matin, j'ai besoin de dix
camions, mais je les prends tous dans la région 02 ou dans la
région 09. C'est comme cela que cela se passe? Il y a vraiment un
malaise de ce côté. Ce n'est pas acceptable si c'est comme cela
que cela se passe. Qu'à la minute où on sort de la région,
qu'on fasse bénéficier également les autres
régions. Vous seriez pour cela? Vous seriez d'accord avec cela? Ce n'est
pas comme cela que cela se passe d'après ce que vous me dites.
M. Paquet (Michel): J'en demande plus. Je demande une
répartition égale et équitable entre tous les postes
d'affectation à partir du début des travaux. Il y a de mes
camionneurs qui vont monter au début de septembre pour aller faire cinq
semaines, alors que les travaux sont en opération depuis le mois d'avril
ou le mois de mai.
M. Goulet: Vous avez touché tout à l'heure
également un point que j'avais souligné hier soir, qui est une
des causes, à la location au niveau de la Baie James, la demande d'un
camion, deux chauffeurs. Est-ce possible que, quand on utilise ce
système, un camion, deux chauffeurs, au lieu de contenter seize
camionneurs, on en contente huit... Le problème qu'on crée, c'est
que le camionneur qui monte à la Baie James, fait, comme on dit en bon
français, une "run" de dix ou douze jours, il n'arrête pas, son
camion n'arrête pas. A un moment donné, il faut qu'il arrête
le camion. Un camion, c'est comme d'autre chose, il faut que cela se
répare, il faut que cela se huile. Est-ce qu'il est possible qu'un
entrepreneur qui a besoin de 40 camions, que dix camionneurs décident la
même semaine de réparer leurs camions, d'arrêter en
même temps? A ce moment, l'entrepreneur dit: J'ai de la machinerie ici
pour faire fonctionner 40 camions, j'en veux 40. Il appelle le poste
d'affectation et lui chante des bêtises. Le poste d'affectation envoie
huit camions supplémentaires là-bas; la semaine d'après,
les autres camions arrivent, la chicane prend. L'entrepreneur n'est pas
satisfait. A ce moment, il se loue des camions et il dit: Je ne veux plus rien
savoir de vous autres. Est-ce que ce n'est pas là une cause du malaise,
le fait des deux chauffeurs, si on peut appeler ainsi, la location? C'est
qu'indirectement on donne une arme ou une raison à l'entrepreneur
d'aller faire de la location. Est-ce une cause majeure?
M. Paquet (Michel): Cela peut être une cause. Maintenant,
la cause principale, l'effet principal, c'est entre autres, d'empêcher
une quantité appréciable d'autres camionneurs d'aller sur ses
chantiers. Quelles sont les raisons exactes, les exigences? Est-ce que les
compagnies ont des exigences? C'est très difficile pour nos
régions de savoir le pourquoi. J'ai eu, pour remplir cette commande de
huit camions, trois ou quatre versions différentes du pourquoi
c'était du 24 heures; pourquoi il voulait faire marcher durant 24 heures
les camions. Au lieu de faire monter 16 camions, en faire monter 8 et les faire
virer 24 heures. J'ai eu trois ou quatre versions différentes. On
parlait des dortoirs, on parlait de l'exigence de l'entrepreneur, de la non
disponibilité des stationnements pour les camions. Ecoutez, c'est
immense. Ce sont des choses comme cela. C'est une question qu'on se pose,
à savoir pourquoi cette année il arrive tant de demandes sur des
contrats qui fonctionnent à 24 heures. D'accord, les contrats
fonctionnent à 24 heures, mais cela pourrait fonctionner, par rotation,
au lieu que ce soit toujours le même camion qui soit en opération
24 heures, avec une petite période de temps pour changer de chauffeur et
le graisser. C'est là-dessus que je me suis posé des questions
cette année.
Il y avait du 24 heures l'année passée, mais
c'était pour fermer les chantiers. C'était du 24 heures par
rotation. Aujourd'hui, c'est le même camion qui vire 24 heures avec un
chauffeur additionnel. Cela nous enlève des camions. On a eu des lettres
de cette région disant que les travaux commenceraient au mois de mai, et
de se préparer.
J'ai eu des camionneurs qui ont dépensé $5000, $6000 ou
$7000 pour équiper leurs voitures pour la fin de mai, mais j'ai eu
l'appel deux mois après. Le gars s'était acheté des pneus.
Vous savez ce que coûte un ensemble de pneus, il y en a dix sous un
camion, sans compter les pneus supplémentaires et tout le reste de
l'équipement. Ces gars partent de nos régions, ils ne sont pas
à la porte, c'est 1400 milles, 1500 milles d'ici, ces chantiers. Les
gars partent avec des garages dans leurs camions, ils ont des
équipements terribles et ils font des dépenses
épouvantables pour aller faire quatre ou cinq semaines de travail.
L'année dernière, ils ont fait une semaine. Essayez d'envoyer des
gars pour une semaine.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Rapidement. D'abord, M. Paquet, j'ai suivi avec
intérêt la lecture du mémoire et je trouve que vous avez
des recommandations qui
semblent faites avec mesure. Je voudrais vous poser une question, me
référant à la page 6, quand on parle du nombre de
journées travaillées, j'ai été
désagréablement étonné de voir que le sous-poste de
Chaudière est presque en queue de liste. D'habitude, les Beaucerons
n'aiment pas passer à la fin de la liste. Il n'y a que Portneuf qui soit
après la Beauce, et dans Portneuf, d'après ce que vous venez de
dire, d'après les travaux qui s'en viennent, la situation va
s'améliorer. Est-ce que vous pourriez me dire combien il y a de camions
dans le secteur Chaudière, des sous-postes?
M. Paquet (Michel): 98.
M. Mathieu: Tout à l'heure, vous disiez qu'il y en avait
90 qui étaient libres dans le moment.
M. Paquet (Michel): II y en a 90 qui sont disponibles, dans ma
région, pour la Baie James. Cela comprend tous mes sous-postes.
M. Mathieu: Ah bon!
M. Paquet (Michel): Tous les camionneurs ne sont pas
équipés pour aller à la Baie James. Il y a des exigences.
En fin de compte, c'est du travail plus difficile. Cela prend certaines
spécifications.
M. Mathieu: D'après le poste que vous occupez, à
quoi attribuez-vous le fait qu'il n'y ait que 9,4 jours de travail au
sous-poste Chaudière? Est-ce parce qu'il n'y a pas du tout de travail ou
est-ce parce que le travail va à d'autres catégories?
M. Paquet (Michel): II peut y avoir moins de travaux ou peu de
travaux du ministère ou encore peut-être aussi du transport
illégal. Je le soulignais tout à l'heure, la Beauce, c'est un cas
type. Je suis résident moi-même à Saint-Georges, et, en
arrivant à la maison le soir, je reçois des appels
téléphoniques me disant qu'il y a des détenteurs de permis
F qui transportent du bois pour des moulins à scie ou des choses comme
cela ou encore qu'ils font du transport en vrac. Des paysagistes font du
transport public alors qu'ils sont immatriculés F. C'est peut-être
aussi une lacune. Si on pouvait régler ce problème, sans doute
que ces chiffres pourraient augmenter quelque chose au niveau du transport
illégal et au niveau de l'octroi de contrats additionnels. M. le
ministre a souligné tout à l'heure l'autoroute de la Beauce.
D'accord, pour l'autoroute de la Beauce, il y a $500 000 cette année,
mais ça va être pour abattre les épinettes dans
Sainte-Marie. L'an prochain, il y a $5 000 000. Mais, depuis deux ans,
ç'a été difficile dans le vrac, l'hiver a
été difficile, nous avons, ici à Québec le
transport de la neige, beaucoup de camionneurs en font, ce qui compense pour
des périodes d'été qui sont difficiles, mais il n'y a pas
eu de neige l'hiver passé.
M. Mathieu: Dans votre recommandation o), vous demandez qu'un
transfert de permis inter- sous-poste soit interdit. Quel est le principal
motif à l'appui de cette demande?
M. Paquet (Michel): C'est pour abolir les transporteurs à
la valise, ce sont des camionneurs qui suivent les travaux et qui se louent un
appartement. Dans Portneuf, il y a beaucoup de transferts qui se font depuis
l'an passé, on a eu vent du projet de l'année, à un moment
donné, dans Portneuf, il y avait eu un paquet de demandes de transfert
de gens venant d'autres comtés pour s en aller dans Portneuf.
Ce sont des camionneurs qui suivent les travaux, au détriment des
résidents qui sont là depuis nombre d'années. Nous les
appelons les commis-voyageurs. C'est pour ça que nous souhaiterions que
les transferts inter-sous-postes soient défendus, car il y a, surtout
cette année, plusieurs camionneurs qui pourraient peut-être
malheureusement vendre leur équipement à des individus
intéressés à acheter à l'intérieur
même d'un territoire, pour ne pas augmenter indûment la
quantité de camionneurs dans un territoire donné, mais, lorsque
les travaux sont terminés, ils s'en vont dans un autre secteur.
M. Mathieu: Si j'avais un voeu à émettre en
terminant, compte tenu de ce faible pourcentage de jours travaillés, je
crois que la Beauce devrait avoir encore plus de travaux, de manière
à redresser la situation, parce que j'ai l'impression que ça doit
faire mal à beaucoup d'endroits. Dailleurs, j'en ai eu des
témoignages personnels très éloquents à plusieurs
reprises. Je vous remercie, M. Paquet.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): M. le
Président, je ne répéterai pas les paroles de mon
collègue de Chauveau, le mémoire est très bien
présenté. Depuis hier qu on est ici et qu on entend des remarques
de différentes régions. (16 h 15)
Je me pose la question et je vais vous la poser. Pour vous, du poste 03
dont Kamouraska, Témiscouata et Rivière-du-Loup font partie,
c'est quoi un camionneur artisan? La définition d'un camionneur. Au
point de vue agricole, c'est quoi un agriculteur? Bien, c'est un gars qui fait
tant de revenu brut par année. Il est classé, il rentre dans
l'UPA. Un ouvrier de la construction, c'est pareil. Mais c'est quoi un
camionneur artisan pour vous?
M. McKinley: Si vous voulez, dans mon esprit, un camionneur
artisan, c'est un camionneur dont la principale source de revenu est le
camionnage et qui s'en occupe et qui mène le plus possible son
camion.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Dans ma région, dans Kamouraska, tout près de chez nous,
je connais plusieurs camionneurs artisans dont l'un a une grosse ferme
d'animaux à
boeuf et un camion. Je pense que le camionnage, présentement,
c'est un passe-temps pour lui; mais il fait partie des postes et il fait son
tour comme les autres. Beaucoup de mémoires nous disaient: II y a trop
d'artisans, le ministère n'a pas assez injecté d'argent, la
clause 75-25 n'est pas respectée, le camionnage se fait
illégalement. Il faudrait définir aussi c'est quoi un camionneur
artisan, définir un statut pour ça et faire une
sélection.
M. Piuze: M. le Président, si vous me permettez. Dans le
cadre du règlement qui est actuellement en vigueur, celui qui est
titulaire de moins de quatre permis a le droit de s'inscrire au poste
d'affectation et, s'il remplit les conditions prévues au
règlement, le poste doit l'accepter. Il est évident qu'il y a
peut-être des gens, comme M. le député vient de le
décrire, qui ont un camion, qui ont aussi des fermes, des
élevages. Il y en a d'autres aussi qui sont constructeurs de routes, qui
ont des permis de VR et qui s'inscrivent dans les postes et il y en a d'autres
qui ont d'autres choses. En tout cas, le règlement actuel, tel qu'il est
fait, leur donne le droit de s'inscrire au poste. Bien sûr, étant
donné que la priorité au premier camion s'applique, ces
gens-là ont droit, en toute équité, aux mêmes
avantages que les autres détenteurs qui y sont inscrits.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
II faudrait peut-être regarder ça et avoir des vrais
camionneurs artisans avec des camions bien équipés et qui gagnent
leur vie avec ça. J'achève.
J'ai eu des plaintes. Vous savez que le ministère de
l'Agriculture passe par les postes d'affectation pour le charriage de pierre.
Normalement, chez nous, dans mon comté, dans le Témiscouata, il
se fait beaucoup de charriage de pierre. Alors, il passe par les postes
d'affectation, demande un ou deux camions. Quand l'agriculteur se loue un "dump
loader", le matin, il aime bien avoir deux camions pour fournir la machine qu
il loue tant l'heure. Il passe par le poste d'affectation, ils lui en
promettent deux et, le matin, il y en a seulement un qui vient. Puis, à
dix heures ou onze heures ou après le midi, à une heure, il ne
vient plus, il va sur l'asphalte parce que ça brise moins la
boîte. Cela s'est fait, j'ai eu des plaintes des agriculteurs
là-dessus. L'agriculteur s'est viré de bord et il a pris des F et
il a fait charrier son voyage de pierre.
M. Paquet (Michel): M. le député... M. McKinley:
Dans quel comté, ça?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Kamouraska. J'ai eu des plaintes là-dessus.
M. Paquet (Michel): Ce que j'ai su, d'un autre côté,
c'est le contraire. C'est justement que le cultivateur est subventionné
pour son transport de pierre, pour déménager ses digues ou les
enterrer ou ces choses-là. Etant subventionné, c'est lui qui
engageait les camionneurs qu'il voulait bien engager et non via le
sous-poste.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Normalement, il faut qu'il passe par le sous-poste d affectation.
M. Paquet (Michel): Non. Ce qui m'a été
rapporté souvent par mon chef de sous-poste de votre territoire,
c'était que les cultivateurs réquisitionnaient des camionneurs du
coin qu'ils connaissaient, leurs "chums " et qu'ils les engageaient sans passer
par le sous-poste. C'est la version que j'ai eue.
M. Morin (Jacques): Si vous me le permettez, M. le
Président, nous avons...
Le Président (M. Jolivet): Juste pour les besoins du
journal des Débats...
M. Morin (Jacques): Pour éclairer la réponse.
Le Président (M. Jolivet): Oui, je le sais, parce que vous
n avez pas été identifié. Votre nom.
M. Morin (Jacques): Morin, Jacques. Le Président (M.
Jolivet): Merci.
M. Morin (Jacques): Si vous me permettez, M. le Président,
nous avons d'ailleurs rencontré le conseil d'administration de l'UPA de
votre région et également celui de la Gaspésie. Vous
êtes peut-être au courant, on vous en a peut-être
parlé. Pas le poste d affectation de la région 03, mais un autre
poste d'affectation. Il ne semble pas qu'a priori, comme vous dites, ils
passent par les postes d affectation dans tous les secteurs où ils
devraient passer, en fait.
Nous sommes bien contents d'apprendre qu'ils aimeraient davantage passer
par les postes d'affectation. Pas uniquement dans le secteur que vous avez
nommé, mais également dans d'autres secteurs qui les
régissent également via la Loi des marchés agricoles du
Québec.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Justement dans le domaine...
M. Morin (Jacques): On souhaite qu'ils passent davantage.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Justement, dans d'autres secteurs, dans le domaine de la forêt,
présentement, j'ai des entrepreneurs qui font la coupe et le transport
du bois dans mon comté et qui possèdent déjà des
flottes de 7 camions installés pour le transport du bois en longueur ou
bien du bois de pulpe. Si on leur enlève ce transport en vrac, qu'est-ce
qui va arriver à ces entrepreneurs?
M. Morin (Jacques): Je ne crois pas que les postes d'affectation
aient l'intention d'enlever ces camions, mais plutôt de les
représenter.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Qu'ils fassent partie d'un poste d'affectation, mais ne pas leur enlever
leur gagne-pain.
M. Morin (Jacques): Non. Je ne crois pas. D'ailleurs, je crois
que Me Piuze a déjà répondu à une question analogue
de la part de votre collègue, le ministre des Terres et Forêts, en
fait.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
C'est cela.
M. Piuze: Effectivement, M. le Président, les gens vous
parlaient des plans conjoints qui sont administrés par l'UPA...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Pas nécessairement les plans conjoints, mais l'industriel, en
forêt.
M. Piuze: L'industriel en forêt, advenant le cas, parce
qu'on...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
J'en connais dans mon comté...
M. Piuze: ... a une requête qui est déposée
ici au nom du poste d'affectation pour obtenir l'accréditation. Comme je
l'ai dit hier, même les gens qui ne sont pas dans le poste d'affectation
actuellement, advenant le cas où l'accréditation sera
accordée, et on le dit au ministre, on est prêt à faire
lever le voile des 4 camions, à la condition qu'ils inscrivent tous
leurs camions. Ils vont avoir les mêmes droits qu'ils ont actuellement,
mais ils vont avoir un avantage, c'est qu'ils vont être
protégés par une corporation qui va avoir un permis de courtage
pour défendre leurs intérêts.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: Une dernière question. Vous m'avez dit
tantôt qu'à l'intérieur de votre poste d'affectation, il
n'y a pas de discrimination entre les différents membres, peu importe
leur allégeance à une association ou pas. C'est vrai cela? Cela
vaut aussi pour les sous-postes, je suppose. C'est pour l'ensemble de la
région? On a eu le problème, hier, dans la région 04,
où lors des récentes démonstrations organisées par
l'ANCAl, des camionneurs qui n'avaient pas voulu participer aux manifestations
s'étaient trouvés pénalisés par les postes
d'affectation, ou les sous-postes, non pas en enlevant des jours, mais en
faisant un cadeau, comme on disait, de cinq jours de moins aux gens qui
manifestaient. Est-ce que cela s'est produit aussi dans votre
région?
M. Paquet (Michel): M. le Président, je vais laisser
répondre mon président de la corporation.
M. McKinley: II y a eu une assemblée avant la
manifestation, si vous voulez, et à la demande de la direction du poste
d'affectation, une résolution a été adoptée afin de
ne pas donner de pénalité à ceux qui ne venaient pas, mais
tout simplement...
M. de Belleval: En faisant un cadeau de cinq jours...
M. McKinley: Non. Non. M. de Belleval: Non?
M. McKinley: Laissant cela, si vous voulez, à la
discrétion des sous-postes. A ma connaissance, on n'a pas eu de troubles
avec cela. Je suis président du sous-poste et dans mon cas, je suis
peut-être chanceux, je n'ai pas eu affaire à m'oc-cuper de cela
parce que tout le monde est venu.
M. de Belleval: Autrement dit... M. McKinley: Tout le
monde...
M. de Belleval: Est-ce qu'il y a eu effectivement une
résolution pénalisant des...
M. McKinley: Une recommandation. M. de Belleval: Une
recommandation. M. McKinley: Une recommandation.
M. de Belleval: Votre recommandation, elle a été
suivie?
M. McKinley: M. le Président, chez nous...
M. de Belleval: Comment réconciliez-vous cette
recommandation avec ce que votre directeur vient de me dire à l'effet
que vous ne faites pas de discrimination?
M. Piuze: M. le Président, si vous me le permettez...
M. de Belleval: Pourriez-vous laisser votre président
répondre? Il était bien parti.
M. Piuze: Justement, c'est parce qu'il vous a répondu et
que vous semblez mal interpréter sa réponse. Il a dit qu'il avait
fait une recommandation, que lui, dans son sous-poste, il n'avait pas eu de
problèmes. Le directeur du poste vous a dit que c'étaient les
sous-postes qui administraient cela et il n'est pas au courant de ce qui se
passe dans les autres sous-postes. Il ne le sait pas.
M. de Belleval: C'est formidable, hein!
M. McKinley: A ma connaissance, il n'y a pas eu de sous-postes
qui ont eu affaire...
M. de Belleval: Donc, il ne s'est rien passé, il y a eu
juste une intention de discrimination. Une
intention de discrimination, mais pas de discrimination, à votre
connaissance?
M. McKinley: Pas de discrimination, si vous voulez, entre
associations. Tout simplement les camionneurs qui... Il y en a qui,
peut-être, voyaient cela d'un autre oeil, qui n'ont même pas le
temps, ou qui ont de quoi à faire cette journée-là. Tout
simplement pour cela. Vous pouvez nous informer auprès des camionneurs
de la région 03 et je pense que, sans exception, ils vont vous dire
que...
M. de Belleval: Je n'ai pas eu besoin de les questionner, ils
sont venus me voir et, effectivement, ils m'ont fait les mêmes plaintes
que celles de la région 04, à savoir qu'on a fait de la
discrimination contre eux parce qu'ils ont refusé de participer à
une manifestation de l'ANCAI. Je n'ai pas besoin de vous dire que c'est
extrêmement regrettable et que ça met en cause, justement, la
probité et l'impartialité des postes d'affectation et que ce
n'est pas de nature à améliorer les relations à
l'intérieur des postes et la crédibilité des postes. Je le
regrette profondément.
M. Piuze: M. le Président, si vous me le permettez, il y
aurait peut-être lieu de rajouter au mémoire que les subventions
accordées pour le transport aux agriculteurs, aux propriétaires
de terre, que 100% passent par les titulaires de permis de sous-postes
lorsqu'ils veulent avoir des camions pour faire du camionnage en vrac, puisque
M. le député nous a soulevé le problème. A ce
moment-là, on pourra être en mesure d'assurer un service, s'ils y
passent; parce que si on nous dit: On appelle là, je n'ai pas de camion,
et on apprend que c'est leurs "chums" qui sont rendus là, on ne peut pas
le vérifier, ils n'ont peut-être jamais appelé.
Si les subventions du ministère de l'Agriculture étaient
assorties de cette disposition, on réglerait peut-être le
problème.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Poste de courtage
Montréal-Laval région 10 Inc., représenté par M.
Yves Germain.
Juste un instant, s'il vous plaît, dans la salle. Merci. M.
Germain.
Poste de courtage Montréal-Laval région
10 Inc.
M. Germain (Yves): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les députés, on vous remercie infiniment, au nom du
Poste de courtage de la région 10 Inc., d'avoir été
invités en commission parlementaire. Tantôt, Mme Charlebois, la
directrice du poste va vous lire notre mémoire. En attendant, je
voudrais vous présenter plusieurs le connaissent notre
procureur, Me Chouinard. Maintenant, je vais vous présenter Mme
Charlebois, directrice du poste, qui va vous lire le mémoire.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Mme Charlebois.
Mme Charlebois (Henriette): M. le Président, M. le
ministre, messieurs les députés, nous tenons tout d'abord
à remercier les représentants du ministère des Transports
de nous permettre de participer à la commission parlementaire sur le
camionnage en vrac. D'autre part, étant donné que le
préambule de notre mémoire est un exposé de la situation
de la réglementation dans le Québec et dans la région 10
Montréal-Laval qui, soit dit en passant, fait partie du Québec,
étant donné que cette situation a été
relatée ces derniers mois, déjà entendue, et étant
donné que depuis une semaine seulement nous avons enfin obtenu notre
permis de poste de courtage grâce à la diligence et à la
bienveillance de la Commission des transports du Québec qui a bien voulu
répondre positivement à notre demande, nous aimerions, avec votre
autorisation, passer immédiatement à la section "Revendications
et recommandations" de notre mémoire, à la page 6.
Le Président (M. Jolivet): Nous vous l'accordons en
espéant que d'autres feront la même chose; c'est une invitation
pour les autres qui vont suivre.
M. Chouinard: La présence des femmes apporte souvent des
innovations.
Une Voix: D'heureuses innovations.
Le Président (M. Jolivet): Allez-y, à la page
6.
Mme Charlebois: La première revendication: le coupage et
le sabotage des taux qui ont été de tout temps le gros
problème dans la région 10, que ce soit par
l'intermédiaire de courtiers ou par les camionneurs entre eux. Nous
recommandons au gouvernement d'obliger tous les détenteurs de permis
à faire partie du poste de courtage de la région ou alors trouver
un organisme qui surveillera l'observance des taux. Si les membres d'un poste
doivent travailler au taux décrété par la commission
et ils sont surveillés qu'advient-il alors des camionneurs
qui n'en font pas partie? La grande majorité de cette dernière
catégorie fait le transport en bas des taux et, à notre avis,
cela devient une compétition déloyale envers les membres du
poste.
Quant à la clause 75-25 sur tous les contrats gouvernementaux
pour les travaux au-dessus de la ligne d'infrastructure, qu'advient-il alors de
tout le transport qui se fait lorsque cette fameuse ligne n'existe pas? Pour ne
citer que les travaux d'excavation, les travaux d'aqueduc et d'égout, le
transport de la pierre dans le métro, le drainage, les rues et
trottoirs, l'hydro, les voies ferrées, les immeubles, etc., les
camionneurs obtiennent alors 100% de rien du tout ou, alors, les miettes et le
plus souvent en bas des taux décrétés par la commission.
(16 h 30)
Sans égard pour la ligne d'infrastructure, nous réclamons
75% de tout le transport effectué sur tous les contrats gouvernementaux.
Et si l'entrepreneur ne possède pas de camions, alors
tout le transport devra se faire en passant au poste et non par
sous-contrat ou quelque autre manigance. 3. La difficulté de faire
vérifier ou de porter plainte, avec très peu de résultats,
d'ailleurs, pour les camions non lettrés. Une petite amende et le
dossier est laissé de côté sans suite.
Nous demandons une surveillance accrue dans l'observance de ce
règlement qui n'est pas appliqué ou très peu depuis 1973.
A notre avis, il serait plus que temps de s'y mettre. 4. Nous constatons que de
plus en plus plusieurs compagnies se sont organisées une
comptabilité truquée en ce qui a trait aux heures
travaillées par les camionneurs. Nous avons à ce sujet des
dossiers tout à fait précis que nous pourrons remettre en temps
et lieu. Si ceux-ci n'acceptent pas, ils sont remerciés et
remplacés par d'autres camionneurs plus compréhensifs. On ne
réussit normalement à connaître les taux payés que
lorsque le travail est terminé. Nous pourrons citer quelques exemples
lors de l'audition.
Nous réclamons du gouvernement qu'un organisme plus efficace et
ayant plus de pouvoirs puisse exercer une surveillance de tout instant dans ce
domaine. 5. Avant d'émettre tout nouveau permis, la commission devrait
faire enquête pour connaître la situation du transport en vrac dans
la région 10.
Lorsqu'un permis est transféré, la commission devrait en
rester à la matière pour laquelle le permis avait
été accordé et non l'extensionner à toutes
matières en vrac. 6. Nous demandons au gouvernement qu'il donne le
pouvoir à la Commission des transports de juger et pénaliser
toutes les infractions relatives au transport en vrac dans le but
d'accélérer le service lorsque des plaintes sont faites. 7. Nous
demandons au gouvernement d'obliger tous les requérants de services, sur
tous leurs contrats, à observer la loi de la charge ou, le cas
échéant, de pénaliser ces mêmes requérants
suffisamment pour leur enlever l'idée de forcer les camionneurs
travaillant pour eux à transgresser la loi. La loi est la même
pour tous. On exige la pesée. 8. Le manque de personnel et le manque de
pouvoirs qu'ont les agents du ministère des Transports on met
bleus ou jaunes parce que cela a changé de couleur dernièrement
quant à l'observance des lois relatives aux taux
décrétés et à la surcharge. Il semble
également que leur territoire soit limité aux routes
provinciales. Montréal serait-elle une province à part? Dans la
région 10, il y a seize agents, quatre sergents et un capitaine pour la
plus grosse flotte de transport au Québec.
Nous demandons au gouvernement de clarifier cette entente que nous ne
pouvons retracer à savoir que les "bleus" ne peuvent arrêter les
camionneurs pour vérification dans le territoire de la ville de
Montréal à moins d'en obtenir le consentement du
département de la circulation de la ville 9. La fameuse subvention
accordée par le ministère des Transports à la plupart des
régions de la province pour leur aider à former des postes de
courtage nous a été refusée sous prétexte que ce
dédommagement accordé par l'ancien ministre des Transports
était pour l'établissement d'un système que le
ministère modifie graduellement.
Nous demandons au gouvernement que la somme accordée aux autres
régions nous soit également accordée. Si le
ministère désire modifier ou changer certains termes, nous
n'avons pas à être pénalisés pour les changements ou
modifications de ce même ministère. Y aurait-il un système
biaisé ou non? 10. Nous constatons que dans la région 10
plusieurs requérants de services se permettent de signer des contrats
avec des camionneurs d'autres régions qui ne possèdent qu'un
camion et qu'un VR, mais autre que la région où ils
travaillent.
Nous demandons au gouvernement d'exiger du ministère des
Transports via son comité de surveillance de pénaliser et
d'exiger le renvoi immédiat dans leur région de ces camionneurs
qui essaient de contourner la loi avec la complexité des
requérants de services. C'est une coutume qui prend de plus en plus
d'ampleur. 11. Dans le décret des taux de la commission, il est fait
mention en page 4, article iii), de "toute autre matière à
l'exclusion des ordures ménagères, des déchets industriels
et commerciaux et du nitrate d'ammonium servant à la préparation
d'explosifs, lorsqu'elle est transportée non emballée par un
camion à benne basculante et déchargée à l'aide de
celle-ci sans l'aide d'un mécanisme de soufflerie."
Nous demandons au gouvernement une commission d'enquête sur tout
le vrac dans la région 10 et surtout l'abolition de cet article sous la
rubrique iii) dans le décret des taux de la commission. 12. Nous
demandons également au gouvernement qu'un avis soit envoyé au
Poste de courtage de la région 10 pour tout contrat octroyé
devant passer au poste. 13. Nous demandons également au gouvernement que
tout contrat subventionné de quelque façon que ce soit puisse
passer au Poste de courtage de la région 10. L'interprétation
variée et ambiguë fait que présentement l'information va un
peu partout sauf au poste, 90% du temps aux courtiers. Nous sommes assez
souvent les derniers avertis.
Que cette même ligne de conduite soit observée
rigoureusement en ce qui concerne les contrats paragouvernementaux (compagnies
de la couronne: Hydro-Québec, gaz naturel) les autres ministères,
les commissions scolaires et possiblement les entreprises relevant du
fédéral (CN, CP, port de Montréal, etc.). 14.Dans le cas
des enquêtes effectuées par le comité de surveillance du
ministère des Transports, le laps de temps de deux ans nous semble
beaucoup trop long, car après cette période le dossier est
prescrit et plusieurs pénalités sont effacées. Nous
demandons au gouvernement d'obliger le ministère à hâter
les procédures dans la période d'au plus six mois. 15. Nous
constatons la facilité avec laquelle
les municipalités et la ville de Montréal engagent et
octroient des contrats de transport de neige à des transporteurs
détenteurs de permis d'autres régions, sans tenir compte si les
camionneurs de la région 10 ont du travail et sans aucun contrôle
de la commission et du poste de courtage.
Nous demandons au gouvernement d'obliger tout requérant de
services, y compris la ville de Montréal et les municipalités,
à passer par le Poste de courtage de la région 10 pour s'assurer
que tous les camionneurs de la région 10 ont du travail avant que des
permis additionnels soient accordés. Une approbation écrite du
poste pourrait leur être remise à cet effet. 16. Un dernier point,
mais non le moindre, est une recommandation de toute importance, à
savoir celle de changer l'appellation licence VR en une autre appellation qui
pourrait être je ne sais pas, moi NV ou VM, dans le cas,
par exemple, des petits camionneurs possédant une licence de vrac et
travaillant exclusivement pour la ville de Montréal. La commission les
classe, d'ailleurs, dans une catégorie à part, puisqu'ils font
l'objet de taux spéciaux.
Nous demandons enfin au gouvernement d'obliger la commission à
faire annuler tous les permis qui sont sur les tablettes; à garder et
réviser la liste des détenteurs de permis de la région 10
constamment à jour; à exiger des camionneurs détenteurs de
permis une copie de leur rapport annuel, de même qu'une copie de leur
certificat d'enregistrement de camion avant de renouveller leur permis de vrac;
à faire annuler toute demande de suspension temporaire de permis,
puisque le service ne peut être donné par ces mêmes
camionneurs.
Nous espérons que ces demandes et recommandations
justifiées par une analyse succinte des faits sauront rencontrer les
désirs du gouvernement d'améliorer le sort des petits camionneurs
trop souvent laissés pour compte. Nous croyons fermement que l'avenir
des camionneurs est dans les postes et les sous-postes bien organisés et
nous espérons que le gouvernement nous prouvera son sérieux en
donnant suite, et le plus rapidement possible, à nos suppliques.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: II y a un certain nombre de recommandations qui
traitent du système de répression en cas d'infraction. Je pense
que j'ai déjà répondu que je vous donne entièrement
raison et qu'il faut réviser tout ce système. Par ailleurs, il y
a beaucoup d'autres propositions que vous faites qui vont certainement demander
une analyse spécifique, de façon à voir si effectivement
les solutions que vous proposez, souvent pour des problèmes
circonscrits, doivent être effectivement retenues.
Je m'engage à ce que votre document soit étudié
comme tel et à ce que nous vous fassions une réponse comme telle
aux points qui touchent particulièrement Montréal et Laval que
vous soulevez. Il y a des points généraux que vous soulevez qui
ont été repris dans d'autres mémoires. C'est
évident qu'il va falloir les étudier dans un contexte plus large.
Mais il y a un certain nombre de propositions que vous nous faites qui touchent
particulièrement Montréal. Je vais faire examiner ce
mémoire comme tel et vous aurez une réponse directement. Si on a
besoin de se rencontrer aussi, ça me fera plaisir de vous rencontrer
à l'avenir.
Je suis prêt à arrêter mes remarques pour
l'instant.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je pense qu'à
l'instar du ministre, étant donné l'importance et le nombre de
mémoires à soumettre à la commission, je bornerai
également mes questions à des faits nouveaux, tout en tenant
compte, pour l'Opposition officielle, de l'ensemble des remarques pertinentes
que vous faites à l'intérieur de votre mémoire.
Vous attirez l'attention de la commission sur un fait nouveau quand vous
parlez de la ligne d'infrastructure quant à certaines excavations
propres à Montréal. Dans l'esprit du législateur, au
moment où une clause de protection avait été
accordée au-delà de la ligne d'infrastructure, il est
indiscutable que l'ensemble des travaux auxquels s'appliquait cette clause
était surtout des travaux de construction de route. Je comprends que
c'est difficile de trouver une ligne d'infrastructure dans une structure de
béton et, dans la ville de Montréal, s'il y avait, comme
ça semble prévisible, construction du métro, la ligne
d'infrastructure n'est pas là, elle n'existe pas. Il appartiendra au
gouvernement de dire dans quel sens en aidant, par des subventions accrues, le
prolongement du métro, il obligerait peut-être celui qui sera
maître d'oeuvre, de la ville de Montréal, à agir à
votre endroit.
Par contre, je suis un peu perplexe quant à la possibilité
de les convaincre. Ayant déjà moi-même été
titulaire de ce ministère, je sais qu'à l'intérieur de la
ville de Montréal, faire respecter la loi de la pesanteur, vous avez
raison de dire que c'est une province à part, parce que si c'est bon
pour ailleurs dans la province, ce n'est pas bon pour Montréal pour
toutes sortes de raisons. Le même phénomène se produit
encore aujourd'hui. D'ailleurs, les Etats américains ont dû couper
toute subvention à ceux qui ne voulaient pas observer certaines
décisions du gouvernement central. Je pense bien que l'administration de
la ville de Montréal est là pour protéger ses concitoyens
d'abord. Il y a eu absence de neige l'hiver passé, mais il y en a eu
abondamment les hivers précédents et vous dites que la ville de
Montréal a donné ses contrats d'enlèvement de neige
à des gens à l'extérieur de la région. On ne se
pose pas beaucoup de questions. On est en mesure de penser si c'est parce que
la ville voulait tellement faire des économies ou si les prix offerts
étaient en bas des prix que vous êtes obligés d'observer.
Je pense qu'il serait très difficile de penser autre-
ment, à moins que vous ne soyez pas capable d'offrir le service
qu'exige la ville de Montréal.
Mme Charlebois: C'est-à-dire que les entrepreneurs
soumissionnaires peuvent venir de l'extérieur, on n'a pas d'objection.
Que la plupart des camionneurs utilisés pour le transport de la neige
soient presque exclusivement des camionneurs qui viennent de
l'extérieur, c'est difficile à prendre.
M. Mailloux: C'est un peu l'observation que je voulais faire.
Mme Charlebois: C'est cela. En fin de compte, personne n'est
consulté. Tout ce qu'on nous demande, c'est le nombre de permis additifs
à passer, c'est tout, alors que j'imagine qu'un bon nombre de
camionneurs de la région 10 n'ont même pas de travail pendant ce
temps. C'est donné aux autres.
M. Mailloux: Quant à moi, je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Oui, M. le ministre.
M. de Belleval: J'aurais seulement une dernière question,
sur l'histoire du transport de la neige, ce qui doit être très
important pour vous, je suppose.
Mme Charlebois: C'est très important.
M. de Belleval: C'est très important. Comment les taux
sont-ils établis entre le camionneur et l'entrepreneur dans le cas du
transport de la neige?
M. Chouinard: En ce qui concerne la ville de Montréal, en
particulier, d'abord, les taux sont établis. La ville fait des appels
d'offres concernant le transport de la neige. Il y a des appels d'offres pour
l'enlèvement, mais il y a aussi des appels d'offres pour le transport de
la neige. Généralement, ce sont des camionneurs d'à peu
près partout, sauf à Montréal même, où les
gars ne vont pas soumissionner, parce que les villes alentour paient plus cher
que Montréal. Les gars vont dans les villes alentour, mais ils ne vont
pas à Montréal. Il y a une chose qui est très curieuse
dans les taux de transport de la neige à Montréal. Les distances
établies pour le transport de la neige à Montréal, ce sont
des distances prises à vol d'oiseau. C'est comme si la neige remontait.
Quand on la transporte, on ne la transporte pas nécessairement dans les
camions, de telle sorte que vous avez, par exemple, sur des contrats des
distances qui apparaissent à vol d'oiseau à 1,5 kilomètre,
mais qui sont en réalité des distances de 8 kilomètres
réels que le gars parcourt pour aller vider son voyage de neige. La
ville est divisée en circuits. Il y a beaucoup de particularités
concernant le transport de la neige à Montréal.
Le gros du problème vient du fait que les gens de Montréal
comme tels travaillent actuellement, en particulier, dans les autres villes. On
aurait encore des camionneurs qui seraient prêts à aller
travailler. On est en train, effectivement, à ce temps-ci de
l'année, parce qu'on vient d'avoir le permis de poste d'affectation...
Dans ce dossier, d'ailleurs, on a fait parvenir un télégramme
à la ville de Montréal pour l'aviser qu'on avait l'intention de
bloquer tous les permis additifs des gens des autres régions pour
permettre aux camionneurs de Montréal d'aller transporter la neige.
Maintenant, on ne connaît pas les résultats. Cela va être
à la première tempête de neige qu'on va savoir ce qui
arrive dans le dossier probablement de ce côté.
M. de Belleval: Combien avez-vous de permis en vrac dans votre
région?
M. Chouinard: A Montréal même? M. de Belleval:
Montréal et Laval.
M. Chouinard: A Montréal et Laval, il y a 968 permis.
M. de Belleval: Là encore, à votre avis, est-ce
trop ou pas assez?
M. Germain: C'est trop.
M. de Belleval: C'est beaucoup trop?
Mme Charlebois: Sauf dans le transport de la neige, qui est une
matière donnée à un temps précis de l'année,
le reste du temps, il y en a beaucoup trop.
M. de Belleval: Une dernière question. On a vu hier le
mémoire de la région 06. On a vu comment, d'une façon
très dynamique, ces gens s'organisent, avec postes de radio, etc., ils
vont faire le tour des entrepreneurs, ils vont se chercher de l'ouvrage.
Qu'est-ce que vous en pensez? Est-ce applicable à Montréal et
Laval, ce genre de dynamisme?
Mme Charlebois: C'est sûrement applicable, M. le ministre.
(16 h 45)
M. de Belleval: C'est sûrement applicable.
Mme Charlebois: C'est applicable, oui.
D'ailleurs, nous avons déjà commencé à
vendre notre marchandise d'une façon très active. Nous avons
envoyé une formule de disponibilité à tous les
détenteurs de permis de la région 10, pour connaître
exactement le nombre de ceux qui sont prêts à travailler sur la
neige ou toute autre matière, avant que les permis additifs sortent.
Nous attendons les réponses. Nous leur avons demandé dix jours.
Je présume que d'ici 15 à 20 jours...
M. de Belleval: Vous avez des carrières, entre autres,
dans votre territoire?
Mme Charlebois: Egalement, oui.
M. Germain: M. le ministre, est-ce que je pourrais ajouter
quelque chose dans le moment? Vous avez fait allusion aux postes de la
région 06 qui sont équipés. On peut faire allusion au
nôtre aussi, comme tel. Nous avons 14 radios mobiles qui sont
installées sur l'île, reliées directement au poste. Nous
avons deux "dispatchers". Nous avons un gérant de projets qui s'occupe
des contrats actuellement. Si cela va mieux, nous allons engager d'autres
personnes. C'est complètement indépendant des camionneurs.
Produits chimiques Domtar
Le Président (M. Jolivet): Merci. Nous demandons au groupe
de Produits chimiques Domtar, M. René Maréchal, de se
présenter.
M. Maréchal (René): Je vais être très
bref. Je me pose la question à savoir si ce mémoire doit vous
être présenté ou présenté à la
Commission des transports. Nous aimerions attirer votre attention sur les
points suivants. Lorsque nous expédions du sel, partant de la
région 10, destiné à d'autres régions, par exemple
région 06, il peut y avoir cinq tarifs différents applicables.
L'exemple est relaté ici, du quai B-8 à Montréal,
livré au hangar de la voirie provinciale, soit une distance de 71
kilomètres, dont 26,8 kilomètres dans la région 10. Pour
les 20 premiers kilomètres dans la région 10, un montant de
$1.65,5 la tonne est alloué, pour les 5 kilomètres suivants qui
sont dans la région 10, un montant de $0.49 la tonne est applicable.
Pour les 3 kilomètres suivants, dans la région 06, un montant de
$0.26,4 est accordé; pour les 35 kilomètres suivants, un montant
de $2.10 est applicable et pour les 6 kilomètres suivants, dans la
région 06 toujours, un montant de $0.26,4 est applicable, pour un total
de $4.73,3. Comme vous voyez, ce système est extrêmement long et
compliqué. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu de le simplifier. Ma
question est ainsi.
Maintenant, j'ai figuré à un seul point
d'expédition. Nous avons un deuxième point d'expédition et
un troisième sur la rive sud. En partant de la rive sud, nous entrons
dans la région 10. Partant de la rive sud, le tarif de la région
06 s'applique, la portion dans la région 10 qui est voyagée dans
la région 10 s'applique et nous revenons dans la région 06, ce
qui veut dire que pour expédier du sel à Joliette, je peux avoir
15 figurations différentes de tarifs.
Deuxième question, les postes d'affectation et sous-postes
d'affectation. Je demande quelles sont leurs attributions, quelles sont leurs
responsabilités, par exemple, Commission des accidents du travail,
assurance-responsabilité, sont-ils des courtiers, qui détient
l'autorité dans un poste ou dans un sous-poste? J'aimerais avoir une
réponse à ces questions et j'aimerais que la commission se penche
sur ces deux problèmes.
C'est tout ce que j'avais à ajouter et je parle en tant que
requérant de service des postes d'affectation.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: En ce qui concerne vos questions précises,
la commission pourra effectivement vous aider. A la suite d'une bonne rencontre
avec des gens de la Commission des transports, vous aurez facilement
réponse à vos questions, d'autant plus que j'ai pris connaissance
d'un projet de réponses qui vous est adressé et je pense
qu'à ce moment-là, vous pourrez avoir des réponses
à ces questions.
J'aurais une question particulière. Vous dites que vous
requérez vous-même des services.
M. Maréchal: Exact, M. le ministre.
M. de Belleval: Est-ce que vous avez des difficultés
à obtenir des camions pour transporter votre sel?
M. Maréchal: Les difficultés sont très
minimes pour obtenir le camionnage.
M. de Belleval: Est-ce que vous passez par les postes
d'affectation?
M. Maréchal: Oui, je passe par les postes d'affectation ou
les sous-postes, mais parfois, vous savez qu'il y a des chicanes de clocher.
Est-ce que je dois passer au poste ou au sous-poste, c'est une chose qui n'est
pas claire pour moi.
M. de Belleval: Je pense qu'une bonne rencontre avec les
directeurs du poste 06 et du poste 10 permettra de clarifier ces
choses-là.
M. Maréchal: Dans le moment, je n'ai pas besoin du poste
d'affectation de la région 10, mais j'ai besoin du poste 06.
M. de Belleval: Ils sont ici. Je pense qu'une bonne conservation
entre vous permettrait de régler ces choses-là.
M. Maréchal: Oui. Il y a des sous-postes. Est-ce que c'est
le poste ou le sous-poste qui a autorité pour négocier avec
moi?
M. de Belleval: Je pense qu'en rencontrant la direction du poste,
qui est ici, vous allez obtenir les réponses à ces questions
particulières.
M. Maréchal: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? Merci.
L'Association des camionneurs en vrac de Dubuc-Sud Inc.,
représentée par M. Gilles Fillion. M. Fillion.
Association des camionneurs en vrac de Dubuc-Sud
Inc
M. Fillion (Gilles): M. le Président, l'honorable ministre
des Transports, distingués membres de
cette commission, j'ai à ma gauche M. Gérald Turbide,
gestionnaire de notre association des camionneurs en vrac.
Comme je puis le constater, en tant que représentant de
l'Association des camionneurs en vrac de Dubuc-Sud, nous serions les seuls
intervenants à présenter un mémoire dans le cadre d'une
requête en demande de permis de sous-poste. Contrairement à ce que
vous avez entendu jusqu'à maintenant, il ne sera pas question de chicane
entre les camionneurs en vrac et la Commission des transports du Québec,
mais bien d'un cas typique de la non-conformation de la nouvelle
réglementation de la part du poste d'affectation de la région 02
et de l'indifférence à outrance de la part du président
dudit poste. Notre cas étant à notre avis tellement simple pour
des personnes voulant démontrer de la bonne volonté, nous n'avons
pas jugé bon de s'approprier les services de procureurs, surtout que
l'expérience dans le passé ne s'est pas avérée
tellement bonne dans ce domaine.
Avec la permission de M. le président, je demanderais à
mon adjoint, M. Gérald Turbide, de procéder à la lecture
de notre mémoire. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Allez.
M. Turbide (Gérald): M. le Président, M. le
ministre des Transports, MM. les membres de cette commission. En premier lieu,
nous désirons exprimer notre gratitude à l'honorable ministre des
Transports pour avoir donné à ceux qui le désiraient
l'occasion d'exposer devant cette commission parlementaire leur conception de
ce que devrait être l'application de la réglementation sur le
camionnage en vrac à la suite de l'adoption du projet de loi no 112.
Aussi, en accord avec la nouvelle réglementation sur le courtage
en vrac qui permet la demande de sous-postes, nous nous sommes formés en
association sans but lucratif et incorporés selon la Loi des compagnies,
troisième partie, par lettres patentes en date du 8 mai 1980.
Notre requête en demande de permis de sous-poste fut
retardée indûment et ce n'est que le 8 juillet 1980, soit
exactement deux mois après l'obtention de nos lettres patentes et la
remise des documents préliminaires requis pour une telle demande, que
nous avons reçu un accusé de réception de la part de la
Commission des transports du Québec. Nous nous empressons cependant
d'ajouter que la CTQ n'est aucunement fautive de cette lenteur de la marche de
notre dossier.
Nous nous sommes donc prévalus des dispositions du
règlement no 112 pour appuyer notre demande de permis de sous-poste et
nous estimons que la décentralisation qui y est préconisée
sera de nature à éliminer les frictions et les carences
causées par l'ancienne réglementation. (17 heures)
Si les camionneurs en vrac de Dubuc-Sud ont jugé bon de demander
un permis de sous-poste, ce n'est certainement pas par égoïsme ou
caprice passager. Les membres faisant partie de l'Association des camionneurs
en vrac de Dubuc-Sud Inc. représentent la majorité des
vétérans dans ce domaine et ce sont eux qui furent les premiers
à s'organiser en association, il y a de cela plusieurs années.
Depuis l'avènement des postes et des sous-postes, les camionneurs de
Dubuc-Sud ont été constamment bafoués et
déniés de leurs droits les plus stricts, comme nous vous
l'expliquerons ci-après.
Considérations d'ordre général: D'abord, au niveau
de la délimitation du comté, ensuite au niveau de
l'opération du sous-poste, et sur l'utilité de l'existence des
postes.
Délimitation du comté. Géographiquement, c'est
reconnu de tous, l'étendue et la délimitation du comté de
Dubuc sont une aberration et vont à l'encontre de toute
délimitation naturelle. 1. Le comté de Dubuc chevauche la
rivière Saguenay, et le trait d'union avec le nord et le sud du
comté, en utilisant la route, se situe à Chicoutimi-Nord, et pour
ce faire, il faut passer par la ville de Chicoutimi pour s'y rendre. C'est donc
dire qu'un camionneur résidant du côté nord et étant
affecté à un travail sur le côté sud doit traverser
le comté de Chicoutimi pour se rendre au lieu de son travail. Il en est,
évidemment, de même pour un camionneur résidant sur le
côté sud qui se voit affecté à travailler sur le
côté nord. 2.Chicoutimi-Nord faisant partie intégrante de
la ville de Chicoutimi, c'est de cet endroit que fonctionne le sous-poste du
comté de Dubuc et les camionneurs qui y résident font partie de
ce sous-poste au lieu de celui de Chicoutimi, étant donné que
Chicoutimi-Nord est située dans le comté de Chicoutimi. 3. De ce
fait, il y a donc deux sous-postes dans le comté de Chicoutimi et aucun
dans le comté de Dubuc. Nous sommes d'avis qu'un sous-poste devrait
être ouvert à La Baie, qui est le chef-lieu du comté de
Dubuc.
Correctifs à apporter. 1. Une ligne naturelle, la rivière
Saguenay, sépare le côté nord du côté sud et
constitue une ligne de démarcation idéale. 2. La
délimitation de la zone projetée pour Dubuc sud s'apparente
à la superficie desservie par le Commissariat industriel et commercial
de la ville de La Baie, territoire partant de la limite du comté de
Chicoutimi, en passant par Ferland-Boi-leau et La Baie et se rendant jusqu'au
Bas-Saguenay, à la limite du comté de Charlevoix, soit à
Petit-Saguenay. 3. Le côté nord aurait une étendue de
territoire à peu près identique offrant les mêmes
possibilités économiques. 4. L'effectif du sous-poste actuel
serait donc réparti en deux groupes comprenant environ 45 membres
chacun, soit un nombre de membres facilitant le travail du chef de poste. Avec
une étendue de territoire moins imposante à couvrir, ceci serait
moins onéreux à opérer et plus facile à
contrôler. 5. Notre association aura été en marche depuis 4
mois, le 29 courant, et nous pouvons
faire la preuve qu'elle peut s'autogérer, s'autofinancer
aisément, sans augmentation de cotisation pour ses membres. 6. Un des
buts de la nouvelle réglementation, soit la décentralisation,
sera ainsi atteint.
Opération du sous-poste actuel. 1. La mainmise d'un groupe au
sein du sous-poste actuel, brimant les droits des autres membres en imposant un
code d'éthique, dont certains articles favorisent une catégorie
de camionneurs, même s'ils sont censés être tous sur le
même pied. 2. Aucune rotation parmi les membres en regard des travaux des
différents ministères. Basées sur les rapports quotidiens
pour la période du 28 avril, qui était le début des
travaux des ministères, au 18 juillet 1980, les statistiques
révèlent un écart important entre les camionneurs
résidant du côté nord et ceux du côté sud
(voir annexe A).
A l'annexe A, pour y aller rapidement, si l'on prend le secteur nord et
le secteur du Bas-Saguenay, qui totalisent 51 camionneurs qui auraient
travaillé pour le ministère, ils ont offert à ces 51
camionneurs 884 jours de travail. Ce qui donne une moyenne, par camionneur
inscrit au rapport journalier et mensuel du sous-poste, de 17.33 jours par
camionneur.
Le secteur sud, comprenant La Baie et Ferland-Boileau, totalisent 24
camionneurs qui ont travaillé 78 jours, ce qui donne une moyenne, par
camionneur inscrit au rapport journalier et mensuel, de 3.25 jours.
Dans les notes qui suivent cela, il est à noter que dans les
chiffres mentionnés ci-dessus, il n'a pas été tenu compte
de la moyenne de jours pour les camionneurs en forêt et ceux qui sont
à l'emploi des compagnies d'asphalte, sur une base quasi permanente, et
dont le travail d'une journée complète comptait pour une
demi-journée sur le tableau, à venir jusqu'à tout
récemment. Une bonne partie de ces travaux était effectuée
pour le compte de la voirie. La majorité des camionneurs oeuvrant dans
ce domaine résident dans le secteur nord.
Une deuxième note, qui valait la peine d'être
soulignée, c'est que pour le secteur nord, il y avait douze camionneurs
qui totalisaient 58% des travaux des journées travaillées pour
les ministères. (17 heures)
En ce qui concerne le Bas-Saguenay, il y avait seulement sept
camionneurs qui totalisaient 78% du grand total des jours travaillés
pour la même période de trois mois. Ce qui veut dire, du
côté affectation, l'équilibre n'était pas trop bien
tenu.
Toujours en fonction de l'opération du sous-poste actuel, nous en
sommes rendus à la page 3. Selon les règlements appliqués
par le sous-poste, les camionneurs travaillant pour le compte des compagnies,
d'asphalte étaient coupés d'une demi-journée, comme je
l'ai dit tout à l'heure, pour une journée de travail; et des
camionneurs à l'emploi des compagnies forestières et faisant du
sablage de chemins en forêt n'étaient coupés d'aucune
journée de travail, demeurant simplement dans la moyenne de jours, les
travaux forestiers terminés.
Déplacement éloigné, onéreux et inutile
d'une rive à l'autre pour les travaux de voirie. Procédure
d'assemblées délibérantes remplies
d'irrégularités et non conformes à la tenue
d'assemblée. Le conseil d'administration du sous-poste et celui du poste
également passent des résolutions en amendant au code
d'éthique, et les mettant en application sans entérination de la
part de leur assemblée générale et sans l'approbation de
la Commission des transports du Québec (voir annexes B et C).
Si on prend l'annexe B et l'annexe C, elles peuvent se combiner. Si on
prend d'abord connaissance de l'annexe C, je vous ferai grâce des
résolutions qui avaient été adoptées aux
paragraphes 9 et 10 pour aller au paragraphe 11. Il a été
résolu, au niveau du poste d'affectation de la région 02
d'amender ça, c'est toujours seulement par le conseil
d'administration de la région 02 les sanctions au code
d'éthique comme suit: Que pour l'article f) de la liste des infractions
qui se lit comme suit: "Acte nuisible à la bonne marche du poste ou des
sous-postes", les sanctions seront, pour une première infraction, quinze
jours de pénalité; pour une deuxième infraction, trois
mois de pénalité et, pour une troisième infraction, renvoi
du poste ou du sous-poste.
Nous, de l'Association des camionneurs en vrac de Dubuc-Sud, jugeons que
le poste d'affectation se substitue aux juges de la Commission des transports
et au ministère des Transports pour prendre de telles décisions.
D'ailleurs, quand on a présenté cela à nos membres, il y
en a qui ont failli mourir de rire. Imaginez-vous, pour une deuxième
infraction, trois mois de pénalité. Un membre a fait comme
remarque: trois mois de pénalité, je vais aller vendre mon camion
au poste et je ne pourrai plus jamais travailler de ma vie, je n'arriverai
pas.
Cette même résolution a été
entérinée au niveau du sous-poste, quelques jours après,
et encore dans la même veine.
Toujours à la page 3, on passe maintenant au sixièmement.
Certains permis de VR furent obtenus pour du travail exclusif en forêt,
mais on trouve ces détenteurs de permis au travail hors de la
forêt.
Septièmement, augmentation récente de la cotisation
mensuelle des membres de la part du sous-poste sans avoir au préalable
soumis des prévisions budgétaires et cette augmentation à
l'approbation de la CTQ, comme le veut la loi 112.
Huitièmement, les états financiers du Poste de la
région 02 Inc., dont l'année financière se termine le 30
avril de chaque année, n'ont pas encore été
présentés aux membres. Neuvièmement, le directeur du
sous-poste actuel n'est pas un résident du comté de Dubuc, comme
le veut également la loi 112. Dixièmement, le directeur du poste
de la région 02 a récemment été remplacé
sans appel d'offres dans les journaux. Cette décision a
été prise uniquement au niveau du conseil d'administration, sans
faire l'unanimité.
Il y aurait d'autres anomalies à formuler car les administrations
du poste et du sous-poste jouent sur deux tableaux étant donné la
situation présente, dû au fait que le poste de la région 02
s'est vu refuser le renouvellement de son permis.
Le sous-poste s'inspire de l'ancienne réglementation ou de la
nouvelle, dépendamment si l'une ou l'autre fait l'affaire.
Aussi faut-il déduire de cette situation que le poste, en
principe, n'existe même plus tant et aussi longtemps que son permis n'est
pas renouvelé et que la situation du sous-poste en est une de
tolérance seulement.
L'utilité des postes: Dans l'optique actuelle nous, de
l'Association des camionneurs en vrac de Dubuc-Sud Inc., prenons conscience que
la nécessité de l'opération d'un Poste d'affectation dans
la région 02 est très discutable. On mentionne région 02
parce qu'on ne s'occupe pas des autres régions.
Nous croyons plutôt à l'implantation de sous-postes
opérationnels là où les membres désirent un chef de
sous-poste qualifié et que le nombre de membres le justifie. Lorsque les
membres jugent qu'un sous-poste opérationnel partiel leur offrirait les
services voulus, c'est ce genre de sous-poste qui serait instauré.
Dans la région 02 des sous-postes très bien
structurés sont déjà en fonction dans le comté de
Chicoutimi, Lapointe, Lac-Saint-Jean, Roberval. Le sous-poste actuel de Dubuc
pourrait être au service des membres résidant sur le
côté Nord du comté et quant à nous de l'Association
de Dubuc-Sud, les structures sont en place et un sous-poste opérationnel
à l'année est prêt à entrer en fonction en tout
temps.
Comme les différents rapports requis par la CTQ doivent
être préparés et rédigés aux sous-postes en
vertu de la nouvelle réglementation, les dits rapports pourraient
être transmis directement à la CTQ pour compilation. Cette
dernière ayant les ordinateurs nécessaires, elle serait donc en
mesure de fournir à chacune des zones concernées dans une
région donnée, des rapports et statistiques sur une base
mensuelle ou, du moins, trimestrielle, ce qui serait une grande
amélioration à comparer à ce qui se faisait jusqu'à
maintenant.
Finalement, une compilation globale donnerait un rapport couvrant toute
une région. Cette façon de procéder éliminerait la
duplication, tout en rendant des services que nous n'obtenons pas
présentement.
Dans le cas des zones où les facilités d'organisation
seraient plus ardues, une aide tangible pourrait être requise de la part
d'un chef de sous-poste voisin pour poser les bases inhérentes à
une saine administration et un suivi à intervalles réguliers
moyennant une rémunération en relation avec la somme de travail
fourni pourrait être versé au sous-poste qui accorderait ainsi son
aide.
Lorsque toutes les zones seront efficacement opérationnelles, il
y aura toujours lieu de former un conseil d'administration régional
composé du président et d'un directeur de chacun des sous-postes
d'une région donnée et avec comme conseiller technique les chefs
de chacun des sous-postes de la dite région.
A notre avis, cette formule serait de nature à donner un
rendement supérieur à celui qu'offrent les postes actuels, tout
en réduisant les coûts, ce qui serait tout à l'avantage des
intéressés, soit les camionneurs en vrac eux-mêmes.
En guise de conclusion, le présent mémoire aurait
été voulu plus élaboré et plus complet, mais comme
nos ressources financières sont des plus modestes, nous ne pouvions nous
permettre l'engagement d'un spécialiste dans ce domaine.
Depus trois mois nos membres paient double cotisation mensuelle, soit
celle pour le sous-poste et l'autre pour le maintien de notre association dont
toutes les structures sont en place. Ce fut donc un effort financier des plus
lourds pour notre association que d'avoir mandaté les
représentants qui sont devant vous à venir présenter ce
mémoire.
En terminant, nous joignons copie de la résolution 023-80 de
l'Association des camionneurs en vrac de Dubuc-Sud Inc. qui fut
expédiée au Poste d'affectation de la région 02 Inc.,
relativement à notre demande de permis de sous-poste pour la zone qui
nous concerne. Voir annexe D.
La résolution en question se lisait ainsi: "Considérant
les amendements apportés au règlement 112 tel que publié
dans la Gazette officielle du Québec en date du 12 décembre 1979
modifiant le courtage dans le camionnage en vrac;
Considérant que ces amendements permettent la création de
sous-postes avec conseils d'administration composés de camionneurs
élus;
Considérant que des permis de sous-postes ont été
accordés dans des régions telles la 03 et la 04;
Considérant que l'Association des camionneurs en vrac de
Dubuc-Sud Inc. a transmis à la CTQ tous les documents requis pour une
telle demande de permis;
Considérant que l'Association des camionneurs en vrac de
Dubuc-Sud Inc. est en opération depuis le 29 avril 1980 et que des
lettres patentes ont été enregistrées au ministère
des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières,
direction des compagnies, au libro 71606, folio 57;
Considérant que les requérants du permis de sous-poste
pour la zone de Dubuc-Sud peuvent faire la preuve qu'ils sont en droit
d'obtenir un tel permis et qu'ils peuvent également faire la preuve
qu'ils sont en mesure de s'autogérer et de s'autofinancer.
Considérant que la présente demande ne brime aucun
détenteur de permis de camionneur en vrac et qu'elle n'a pour but que le
mieux-être des camionneurs pour une répartition plus juste et
équitable du travail dans la zone concernée.
Considérant que, géographiquement, le comté de
Dubuc est un non-sens et que la zone sélectionnée est des plus
rationnelles;
Considérant qu'une couverture du territoire immense du
comté de Dubuc serait grandement facilitée par la coordination de
deux sous-postes dans ledit comté et conduire à une plus grande
efficacité dans la distribution du travail, tout en étant plus
équitable pour les zones concernées;
Considérant que les deux tiers des détenteurs de permis
dans la zone désignée sont inscrits au poste de la région
02 Inc.;
Considérant que le climat de mésentente qui règne
au sein du sous-poste d'affectation du comté de Dubuc depuis plusieurs
mois, et pour toutes les raisons énumérées ci-haut et pour
ramener la paix et l'ordre:
II est proposé par Jacques Simard, VR 3829, appuyé par
Eric Tremblay, VR 3867, et adopté à l'unanimité, que
l'Association des camionneurs en vrac de Dubuc-Sud Inc., pour et au nom de ses
membres, demande au poste de la région 02 Inc. de leur accorder un
permis de sous-poste pour la zone désignée en annexe, qu'en cas
de refus de la part du poste, le conseil d'administration de l'Association des
camionneurs en vrac de Dubuc-Sud Inc. soit autorité à recourir
à tous les moyens légaux à leur disposition pour obtenir
gain de cause; que la Commission des Transports du Québec soit mise au
courant de la présente requête.
Vraie copie de la résolution 023-80 des minutes de
l'assemblée du 23 juin 1980, assemblée générale
tenue au 951 de l'avenue Mathieu à ville de La Baie.
Les administrateurs du poste n'ont pu ou ne voulaient pas nous accorder
le permis désiré en donnant comme seule raison que les
camionneurs du côté nord leur en tiendraient rancune. Quelle
différence y a-t-il que ce soient les camionneurs du côté
sud ou du côté nord qui soient offusqués? Dans les
circonstances actuelles, personne n'est content et le climat est des plus
malsains. Nous estimons que les administrateurs du poste n'ont pas pris leurs
responsabilités et qu'ils se sont dégagés de toute
intervention en faisant une demande tout récemment à la
Commission des transports du Québec pour un règlement du litige.
Voir copie en annexe E.
La lettre en question, qui a été adressée au
commissaire Jean-Guy Alain, est datée du 11 juillet 1980, pas
très longtemps après que notre dossier eut été
transmis justement à la Commission des transports du Québec et
elle se lit comme suit: "M. le commissaire, "Pour faire suite à notre
entretien téléphonique d'hier concernant le sujet en titre et
suite à une rencontre entre des représentants de l'Association
des camionneurs en vrac de Dubuc-Sud Inc. et le conseil d'administration du
Poste d'affectation de la région 02, lors d'une assemblée
régulière en date du 9 juillet 1980, le conseil d'administration,
après discussion entre les deux parties, a résolu unanimement de
demander à la Commission des transports du Québec, étant
donné que le conseil d'administration du poste croit qu'en donnant
l'autonomie au côté sud, ce seront les camionneurs du
côté nord qui se tourneront vers eux, de tenir une enquête
de la commission, et ceci, dans le plus bref délai possible, afin
d'étudier les implications d'une telle séparation pour tous les
camionneurs du sous-poste actuel du comté de Dubuc.
Espérant, M. le commissaire, recevoir une réponse dans les
plus brefs délais, veuillez agréer l'expression de nos sentiments
les plus distingués."
Finalement, nous pensons que notre résolution 023-80 se passe de
commentaires et qu'il serait juste et équitable qu'un permis ou du moins
une tolérance nous soit accordé dans le plus bref délai,
afin que nous puissions effectivement prendre nos affaires en main.
Nous remercions M. le Président et les membres de cette
commission parlementaire sur le camionnage en vrac d'avoir su écouter
patiemment notre exposé et veuillez accepter l'expression de nos
sentiments les plus distingués.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: Vous dites que...
M. Turbide: Nous avons un addenda à ça.
Le Président (M. Jolivet): Vous avez... D'accord, 6
MA.
M. Turbide: M. le Président, est-ce que je peux
procéder à la lecture de l'addenda? (17 h 15)
Le Président (M. Jolivet): Allez!
M. Turbide: Complément au mémoire
présenté par l'Association des camionneurs en vrac de Dubuc-Sud
Inc., à la commission parlementaire sur le camionnage en vrac, les 26,
27 et 28 août 1980.
Pour confirmer le caractère autoritaire et abusif du Poste
d'affectation à la région 02 Inc., sur les sous-postes et, par
ricochet, sur les camionneurs eux-mêmes, permettez-nous d'apporter
quelques exemples typiques vécus récemment: 1- Lors d'une
assemblée du sous-poste d'affectation du comté de Dubuc,
l'assemblée générale des membres tenue le 17 juillet 1980,
une proposition de Marcellin Tremblay, de Dubuc-Sud, dûment
appuyée par Roland Morissette, de Dubuc-Nord, relativement à une
abstention de participer à la manifestation prévue pour les 20 et
21 juillet 1980, fut débattue et après prise du vote, le
résultat fut de 22 pour la proposition et 12 contre. Donc, une
décision majoritaire contre la manifestation. 2-Le conseil
d'administration de l'Association des camionneurs en vrac de Dubuc-Sud Inc.,
dès le 9 juillet, à l'occasion d'une rencontre avec le conseil
d'administration du Poste de la région 02 Inc., avait avisé ces
derniers que leurs membres, par un vote unanime, en assemblée
générale, avaient décidé de ne pas participer
à ladite démonstration, jugeant ce moyen de pression
inefficace.
La seule réaction de la part du poste face à ces deux
décisions de ne pas manifester fut qu'il n'y avait pas lieu de prendre
un vote à ce sujet et qu'une décision démocratique pour ou
contre était du ressort du poste, et qu'en d'autres mots, ceci revenait
à dire que les camionneurs en vrac, en tant qu'individus,
n'étaient pas assez intelligents pour émettre leur idée
sur cette question.
II faut donc déduire que dans ces deux cas, le vote
prépondérant d'une assemblée délibérante ne
pesait pas lourd dans la balance et qu'au niveau du poste, on s'en fichait
éperdument. Pour eux, il s'agissait de faire bonne figure au niveau de
la nationale. Lorsqu'un vote fut pris dans un contexte identique, concernant
notre demande de permis de sous-poste, vote pris à la grandeur du
comté, plutôt que parmi les membres de la zone concernée,
le vote était significatif et le président du poste
s'évertuait à dire à qui voulait l'entendre qu'il ne
pouvait aller à rencontre des voeux sacrés de la majorité,
tout en invoquant cette unique raison pour refuser notre demande
légitime. Cependant, dans l'optique d'organisateur d'une manifestation,
M. le président et ceux qui le suivent servilement interprètent
le jeu de la démocratie en fonction d'intérêts personnels
et sectoriels, et non par esprit de mieux-être collectif et de
justice.
Avant et après les manifestations préconisées par
l'Association nationale des camionneurs artisans Inc., dans la région
02, les points suivants méritent d'être portés à
l'attention de cette commission.
Primes pro-manifestation. Appels téléphoniques
répétés des organisateurs requérant notre
participation, moyennant les compensations qui suivent: Deux à cinq
jours de crédit sur le tableau par journée de manifestation; $15
par camionneur pour défrayer une partie du coût de l'essence ou du
carburant; promesse que notre demande de permis de sous-poste sera prise en
considération immédiatement après la manifestation; en cas
de refus de se joindre aux manifestants, le président du poste a fait
allusion que notre demande serait ignorée pour un temps
indéterminé.
Autres considérations: Camionneurs avec quatre camions ou moins,
avec statut d'entrepreneur. Nous pensons que ce genre de camionneurs profitent
énormément de la loi 112, et ceci, au détriment des vrais
camionneurs dont le seul gagne-pain est le camionnage en vrac. En effet, ces
camionneurs ayant le statut d'entrepreneur, enregistrent ordinairement un seul
camion avec VR et une seule inscription au poste. Ils profitent donc de
l'affectation effectuée par le sous-poste et contrairement au camionneur
ordinaire, la disponibilité du camion inscrit est plus grande du fait
que le sous-poste n'a aucun contrôle sur ses travaux d'entrepreneur.
C'est une situation que nous avons remarquée dans notre zone. Nous
croyons que cette pratique se fait également ailleurs. Ces
entrepreneurs, avec quatre camions ou moins, devraient faire rapport au
sous-poste de leurs travaux en cours et de l'affectation de tous leurs camions
pour une période donnée. Pour le sous-poste, ce n'est pas une
question d'une cotisation en plus ou en moins qui entre en ligne de compte.
Administration discutable du poste de la région 02 Inc. a)
Effectivement, une somme de $2000, en provenance du poste de la région
02 Inc., fut versée aux manifestants. Cette façon de dilapider
les fonds n'est pas des plus orthodoxes et nous estimons que les membres
auraient dû être au moins consultés pour autoriser un tel
déboursé. b) Le poste a versé une somme d'au-delà
de $18 000, comme l'affirmait le président hier, pour une seule cause
à titre d'honoraires professionnels, et en tant que requérant. Le
poste a eu gain de cause. Nous n osons penser ce qu'il en aurait
coûté, s'il eut perdu ladite cause. Nous croyons que cette somme
est exagérée. Si tel n est pas le cas, des
éclaircissements devraient être fournis aux membres dans le plus
bref délai, c) Nous avons appris que le président du poste de la
région 02 Inc., s'est fait verser des émoluments en raison de
$200 par semaine, de même que le salaire du chauffeur de son camion. A
notre avis, ceci va à rencontre de la sous-section 6, article 44h du
règlement 112. d) Coût prohibitif du maintien du poste.
Finalement, un poste comme celui de la région 02, qui commande un budget
annuel d'administration d'au-delà de $70 000, s'avère, à
notre avis, une dépense non justifiable considérant les services
rendus. Selon les dispositions de la loi 112 et les pouvoirs transmis aux
sous-postes, nous estimons qu'il y aura duplication pure et simple et que des
modalités plus économiques pourraient être mises de l'avant
pour rencontrer les exigences du ministère des Transports, tout en
allégeant le fardeau des cotisations pour les camionneurs en vrac.
Vos tout dévoués, Gilles Fillion.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Fillion: M. le Président, s'il vous plaît.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Fillion: Suite aux informations contenues dans l'addenda de
notre mémoire, nous pensons qu'il y aurait lieu que cette commission
prenne en considération la possibilité de mettre le poste de la
région 02 sous tutelle. Merci.
M. de Belleval: Ecoutez, j'ai lu votre mémoire, bien
sûr, attentivement, j'ai écouté. Je me rends compte que les
problèmes qu'on a soulevés hier dans certains postes se
répètent chez vous. Manifestement, il y a l'ANCAl, d'un
côté, qui poursuit des objectifs qui lui sont propres et les
postes d'affectation, par ailleurs, qui sont censés poursuivre des
objectifs autres et qui doivent respecter tous les artisans,
indépendamment de leur allégeance particulière.
Evidemment, tout cela m'a l'air pas mal mêlé.
Je pense que, pour ma part, je vais réserver mes questions
peut-être auprès des procureurs de l'ANCAl quand ils reviendront
de nouveau devant cette commission, sans doute à la fin de nos travaux,
s'ils désirent toujours revenir devant la commission à ce
moment-là. Au début, on pensait que c'était quelque chose
de particulier à une région, d'accidentel, mais on se rend compte
que c'est un système. Alors, ça me paraît très grave
pour l'avenir des postes d'affectation si on conti-
nue à mêler des intérêts, qui sont
peut-être légitimes par ailleurs, mais qui sont les
intérêts de groupes en particulier et le fonctionnement en vertu
d'une réglementation, qui doit être impartial à
l'intérieur des postes d'affectation.
J'aurai des explications à demander à ce moment-là.
Pour l'instant, j'avoue que je prends connaissance de votre mémoire. On
va voir quelle sera la réponse de la Commission des transports aux
différentes demandes à la fois du poste et de vous-même, de
façon à éclaircir la situation dont vous parlez pour voir
si, effectivement, il ne serait pas de nature à rétablir la paix
de suivre les recommandations que vous nous faites. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je ne voudrais pas revenir
sur l'aspect dont vient de parler le ministre des Transports, parce que
j'imagine que vous avez fait des affirmations qui ont été
entendues par ceux qui auront à prendre des décisions. Je ne
pense pas qu'il m'appartienne de me prononcer, dans un sens ou dans un autre,
sur les faits que vous mentionnez.
Je voudrais, par contre, revenir sur la demande que vous faites d'un
sous-poste. Vous avez mentionné, dans votre mémoire, les
anomalies du comté de Dubuc comme division électorale. Quand vous
parlez de Dubuc-Sud et de Dubuc-Nord, dans la partie de Dubuc-Sud, est-ce que
vous mentionnez la région Tadoussac, Sacré-Coeur? C'est
l'inverse?
M. Fillion: De la limite de la ville La Baie entre Chicoutimi et
La Baie comprenant Ferland, Boileau, qui va à la limite du comté
de Charlevoix, et qui se dirige vers Saint-Félix-d'Otis,
Rivière-Eternité, Anse-Saint-Jean, Petit-Saguenay, à
l'autre limite à la limite de Charlevoix, l'autre côté du
Saguenay, du côté nord du Saguenay. Il fait partie du
côté nord, si vous voulez.
M. Mailloux: Elles sont situées dans quel bassin en
particulier? Des deux côtés?
M. Fillion: Non, dans le côté qu'on vient de vous
nommer.
M. Mailloux: Dans le coin de La Baie.
M. Fillion: La Baie, Ferland-Boileau, Saint-Félix,
Anse-Saint-Jean.
M. Mailloux: C'est parce que...
M. de Belleval: Le poste actuel comprend à la fois
Dubuc-Nord et Dubuc-Sud?
M. Fillion: C'est ça.
M. de Belleval: Mais vous, vous représentez ceux de
Dubuc-Sud?
M. Fillion: Seulement.
M. de Belleval: Vous êtes un groupe dissident, si je puis
dire.
M. Fillion: II y a une chose, dans Dubuc-Sud,
présentement, ceux qui font partie de notre association
présentement et pour qui on demande un sous-poste, on n'a pas les gars
de L'Anse-Saint-Jean, Rivière-Eternité et Saint-Félix
parce que, dès le début de l'année, ils étaient
d'accord, mais, étant donné que les travaux du ministère
allaient passer par le sous-poste actuel, qui est à Chicoutimi-Nord
présentement, ils ne voulaient pas nous suivre, ils ne voulaient...
M. de Belleval: Perdre le travail.
M. Fillion: Mais nous avons dit: Nous, on ne lâche pas, on
continue à payer et on continue à demander notre... Actuellement,
ils ne paient pas chez nous, excepté qu'ils sont appelés à
venir avec nous et, le mois de septembre qui s'en vient, ils ne sont plus
intéressés à payer comme ils payaient là. Ils ont
décidé de faire comme nous. En tout cas, ce sont des petits
détails.
M. Mailloux: De toute façon, ça n'arrange pas mon
raisonnement parce que, quand ils font une demande pour rétablissement
d'un sous-poste, je voulais savoir où étaient situés ceux
qui sont dans la région de Sacré-Coeur et Tadoussac et je me
demandais si ceux-là ne devraient pas être rattachés. Il a
été question aujourd'hui d'une division nouvelle pour les
comtés de Saguenay et Duplessis et je me demandais si ceux-là...
Je fais erreur, j'imagine.
M. Fillion: Oui, parce que Sacré-Coeur et Tadoussac, je
pense, font partie du comté de Saguenay.
M. Mailloux: Ils y sont déjà? M. Fillion:
Oui.
M. Mailloux: Je trouvais anormal, évidemment, que vous
parliez de l'ensemble du comté de Dubuc et que ceux de
Sacré-Coeur, Tadoussac et peut-être Bergeronnes...
M. Fillion: Cela, ça restait dans ce secteur-là. Le
secteur Dubuc commençait, si vous voulez, à Sainte-Rose-du-Nord,
en montant, Saint-Fulgence et Chicoutimi-Nord et les villages environnants,
Saint-Honoré, Falardeau, Saint-Ambroise.
M. Mailloux: C'est le comté de Saguenay qui ramasse les
paroisses de Sacré-Coeur, Tadoussac, etc.
M. Fillion: C'est ça.
M. Mailloux: Je n'ai pas d'autres questions, merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Rapidement, M. le Président. Devant les
accusations que vous portez, en écoutant votre mémoire, je me
demande si vous demandez tout simplement l'abolition du poste. Il y a une
différence entre l'abolition du poste et peut-être je ne
sais pas tenir des propos contre certains individus qui auraient
monopolisé le poste. Vous demandez, si je comprends bien un sous-poste
et vous dites que le poste lui-même n'a plus d'importance. Est-ce que
j'ai bien compris vos propos? Il y a une différence entre dire: Le
poste, on n'en veut plus ou on voudrait changer certains administrateurs qui
sont dans le poste et qui ne font pas l'affaire. Est-ce que c'est
ça?
M. Turbide: Vous me permettez, M. le Président. Notre
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean ce n'est pas une région comme
les autres, tout comme on dit assez souvent que le Québec n'est pas une
province comme les autres. Dans les circonstances, on ne peut pas comparer un
poste de la région de Montréal ou de la région de
Québec à ce qu'on vit dans notre région où
l'effectif du sous-poste peut totaliser 350 camionneurs, par exemple. C'est
pour ça qu'on préconise, nous, d'instaurer tout simplement de
bons sous-postes. Les gars sont au courant des zones concernées et ils
sont capables de prendre des décisions réfléchies. Ce ne
sera pas seulement une question d'intérêt personnel.
M. Goulet: Ce que je veux savoir, c'est si, au lieu, par exemple,
d'avoir dix postes au Québec avec des sous-postes, vous aimeriez mieux
que les sous-postes deviennent des postes? C'est ce que vous demandez?
M. Turbide: Pour notre région... (17 h 30)
M. Goulet: Votre région et toutes les régions sont
particulières. Je vais prendre Bellechasse, c'est un exemple, où
le sous-poste couvre Lévis, Bellechasse, Dorchester et même va
beaucoup plus loin que ça. Il y a peut-être 100 milles de
distance. Alors, ça se compare à peu près. Je me demande
si, chaque fois que quelqu'un à l'intérieur d'un poste ne fait
pas l'affaire et si on exige de s'en départir et de former un
sous-poste, on ne va pas tantôt se réveiller avec 300 ou 400
sous-postes au Québec. Si ça va toujours en descendant comme
ça, c'est une pyramide. C'est de cela que j'ai peur.
Chez vous, vous voudriez avoir un sous-poste. Qui me dit que, tout
à l'heure, les camionneurs de la ville de La Baie, par exemple,
exclusivement, ne demanderont pas un sous-poste? Ainsi de suite. A ce
moment-là, les camionneurs de Bellechasse peuvent demander un
sous-poste, ceux de Dorchester, ceux de Lotbinière, le sous-poste de
Lévis va devenir... Le sous-poste de la rive sud va devenir 4, 5 ou 6...
A un moment donné, cela n'arrêtera plus cette affaire-là
juste parce qu'on n'aime pas le visage... On peut avoir des raisons, mais qu'on
n'aime pas le visage du gars qui est au poste! Est-ce que le poste
actuellement, c'est utile oui ou non?
M. Turbide: Dans les circonstances, M. le député de
Bellechasse, je calcule qu'un sous-poste bien structuré, dans la
région où l'on se trouve, a les outils pour donner un rendement
supérieur à un poste.
M. Goulet: Donc, les postes, on devrait les abolir et les
sous-postes deviendraient des postes?
M. Turbide: C'est cela.
M. Goulet: Au lieu d'en avoir dix, on aurait
peut-être...
M. Turbide: Justement, le côté rentabilité,
par exemple, il ne faudrait pas qu'il y ait des sous-postes de dix ou quinze
camionneurs qui soient instaurés. Si on veut une certaine
rentabilité, cela prend au moins une quarantaine de camionneurs.
M. Goulet: Je suis bien d'accord, mais...
M. Turbide: Vous preniez comme exemple tantôt que les
camionneurs du secteur de La Baie, une bonne journée,
décideraient de former un sous-poste. S'ils veulent avoir quelque chose
qui marche, qui est rentable, et avoir un bureau qui est représentatif
en même temps, ils ne peuvent pas faire cela à 20 ou 25 membres;
il faut nécessairement qu'il y ait un minimum de membres dans le
sous-poste pour que cela travaille bien.
M. Fillion: Le sous-poste, comme nous le désirons, a 80
milles de long, cela commence à être assez d'ouvrage pour une
personne ou deux. On détient environ 45 membres détenteurs de VR,
cela fait assez d'ouvrage pour un sous-poste et qu'il soit bien suivi, si vous
voulez.
M. Goulet: Ce que je voulais vous dire, c'est que ce n'est pas
seulement particulier, comme vous le dites, à votre région.
Prenons la région de Gaspé, Rimouski jusqu'à Gaspé;
j'ai donné l'exemple du sous-poste de la rive sud qui fait autant que 80
milles. D'accord, si on prend le sous-poste de l'île de Montréal.
Mais à part l'île de Montréal, si je prends ceux de
l'Abitibi et de ces coins-là, à peu près toutes les
régions, sauf peut-être celles de Montréal ou de
Montréal métro, les sous-postes à 80, 90, 100 milles, s'il
fallait qu'on regroupe à chaque fois 35, 40 camionneurs, on en aurait
quantité. Moi, ce que je veux savoir, c'est si vous dites aux membres de
la commission: Abolissez les postes et que les sous-postes deviennent des
postes avec pleine autorité. Vous dites: Oui, c'est cela qu'on veut.
M. Fillion: Dans notre région, c'est... D'après les
résultats qu'on a eus, c'est ce qu'on jugerait qui...
M. Goulet: Ce serait toute une décentralisation!
Le Président (M. Jolivet): Merci beaucoup! Nous allons
passer à la Coopérative des camionneurs du Québec,
représentée par M. Roland Fradet. Mémoire 9.
M. Fradet, vous allez nous présenter les membres qui sont avec
vous.
Coopérative des camionneurs du
Québec
M. Fradet (Roland): Me Michel Lapointe, à ma droite, et
Jean-Marie Carrier, conseiller technique, à ma gauche.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Vous pouvez y aller.
M. Fradet: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, les membres de cette commission parlementaire.
Le Président (M. Jolivet): Voulez-vous approcher le micro,
si c'est possible?
M. Fradet: Au cours des années les coopératives de
camionneurs en vrac ont fréquemment apporté des propositions de
solution aux problèmes présents dans ce secteur. Les
expériences vécues ont occasionné, malgré la
volonté des camionneurs, des situations de conflits, de confrontation.
Les interventions répétées des dirigeants des
coopératives de camionneurs, du Conseil de la coopération du
Québec, d'organismes directement impliqués dans le
problème du vrac n'auront pas permis aux camionneurs, les principaux
intéressés, d'entrevoir la possibilité de prendre en main
leur destinée, d'apporter une solution juste et équitable
à la réalisation de leur profession.
Néanmoins, convaincus que la présente commission est
convoquée afin de solutionner les problèmes actuels, tant des
requérants de services que des détenteurs de permis de vrac,
c'est de bonne foi que nous répondons à l'invitation qui nous est
faite.
Le document que nous déposons démontre que, malgré
la volonté du législateur, la mise en place d'un processus
démocratique de solution véritable et permanent aux multiples
problèmes du camionnage en vrac accuse un sérieux retard. La
dissociation de la distribution du travail et de l'appartenance à une
association si vous le permettez, on pourra déposer des documents
pour expliquer ce paragraphe l'assurance d'une répartition
équitable du travail disponible n'auront, selon nous, nullement
été atteintes.
La partie la plus importante de ce document demeure encore les
recommandations que nous y insérons. Ces dernières, sans
être la solution parfaite, pourront contribuer de façon
significative à la mise en place de mécanismes de solution
équitables pour l'ensemble des parties.
Lors de l'adoption du règlement 112, les dirigeants des
associations coopératives croyaient être arrivés à
la solution permettant de régler les discordes entre les
catégories des camionneurs en vrac. Nous entrevoyions également,
par l'application du règlement, l'instauration d'un processus juste et
équitable de distribution de travail à chaque camionneur,
permettant ainsi une stabilité dans la provenance des revenus.
Le ministre des Transports avait fortement insisté à cette
occasion sur la représentativité de l'ensemble des associations
et le rôle de négociateur auprès des utilisateurs que
devait jouer le poste d'affectation. Je me souviens que, lorsque le ministre
des Transports, M. Lessard, nous avait convoqués sur la Côte-Nord,
il avait bien insisté sur cet aspect en disant qu'il donnait les outils
aux camionneurs pour régler leurs problèmes, que c'était
aux camionneurs de se servir des outils, qu'ils devaient savoir en profiter en
nommant des personnes qualifiées pour administrer leurs affaires et
qu'ils pourraient aller chercher eux-mêmes tous les secteurs de
travail.
La mise en place des postes d'affectation s'amorça, les conseils
d'administration furent formés sans trop d'anomalies, suivant le
déroulement normal, respectant la nouvelle réglementation.
Lorsque vint la formation des sous-postes d'affectation, les espoirs de
respect de la réglementation et de l'application intégrale de
celle-ci se sont vite envolés. Les dirigeants des associations
coopératives se rendirent compte que la nouvelle réglementation,
malgré la volonté de neutralité du législateur, ne
pouvait passer cette étape. On aura encore à la fin, si vous le
permettez, des documents pour s'expliquer.
La réglementation ne contenant aucun modèle de
fonctionnement d'un sous-poste, les personnes appelées à le faire
fonctionner y ont transporté la façon d'agir de leur association.
Les associations étant essentiellement des regroupements de personnes,
l'équité s'est manifestée en accordant l'importance
à l'individu.
Un sous-poste étant une banque d'équipement mise à
la disposition d'une région, il va de soi que la gestion de cet
équipement doit être faite en fonction des besoins exprimés
par les requérants. Les adhérents aux sous-postes ne disposant
pas d'équipement identique, il devenait impossible d'utiliser le type de
fonctionnement basé presque exclusivement sur l'individu.
Cette déviation, par rapport à l'orientation
prévue, fut la cause principale de l'insatisfaction marquée tant
des camionneurs que des utilisateurs. Si nous réussissons à faire
en sorte que l'administration du sous-poste fonctionne selon les besoins
exprimés et les équipements disponibles, nous serons alors en
mesure d'éviter la rotation des équipements sur un même
chantier pour d'autres raisons que le bris; d'établir des listes d'appel
d'équipements, non d'individus; de ne pas pénaliser le camionneur
injustement; d'établir les coûts réels d'opération
des sous-postes; de fixer des cotisations proportionnelles; de conseiller en
connaissance de cause le législateur face à la politique
d'émission des permis; d'augmenter l'intérêt du camionneur
à être membre du sous-poste:
de répondre adéquatement et avec diligence à toute
réquisition de service, pour gérer rationnellement une ressource
complexe, dispendieuse et indispensable au développement
économique du Québec.
Nous venons de décrire brièvement notre point de vue sur
le malaise vécu par le camionneur dans ses relations avec le sous-poste
d'affectation.
Quant aux relations coopératives-gouvernement, la qualité
de ces relations avec les organismes gouvernementaux a connu elle aussi des
périodes difficiles.
Nous avons constaté que le gouvernement, dans un souci de
non-ingérence nous ne savons pas si c'est à l'égard
de la Commission des transports ou des camionneurs a agi trop
discrètement. Son seul rôle d'observateur n'a pas permis de
trouver les solutions aux nombreux litiges soulevés.
Le gouvernement, tant au ministère des Transports qu'à la
Commission des transports, semble vivre la même situation qui
prévaut aux sous-postes. Il est urgent de définir
précisément et de faire connaître aux
intéressés les rôles respectifs du législateur et de
l'organisme régulateur, de fournir à cette dernière un
mandat clair et précis avec tous les pouvoirs s'y rattachant.
Contrairement à son habitude, le gouvernement, dans le secteur du
vrac, a jalousement gardé le rôle de supervision qui, selon nous,
aurait pu être dévolu à la Commission des transports.
Le gouvernement fait des lois pour régir le fonctionnement de
notre société. Pour l'application de ces lois, il y a des
ministères et, dans certains cas, il crée des organismes à
qui il confie la responsabilité d'un secteur donné. C'est cet
organisme qui habituellement fait les règlements et voit à leur
application. Prenons comme exemples la Société d'habitation du
Québec, la Société des loteries et courses. Dans ces cas,
les ministères n'interviennent qu'au niveau de la modification de la
législation et souvent sur demande de l'organisme lui-même.
Dans le cas du transport et plus particulièrement du vrac, il y a
le ministère des Transports et la Commission des transports du
Québec. Le problème vient du fait que la Commission des
transports du Québec, malgré les apparences, ne possède
pas les mêmes pouvoirs que les autres organismes semblables.
Le ministère fait la loi, les règlements, voit à
leur application par les officiers de la route, etc. La commission pour sa
part, émet des permis, entend certains cas litigieux, se prononce
parfois, puis attend. Voilà une autre cause du malaise. La commission
doit-elle continuer d'exister ou disparaître? Si le gouvernement
décide qu'elle demeure en place, il devrait en faire un organisme aussi
respectable et respecté tant par le gouvernement que par le public en
général. (17 h 45)
Si l'on désire vraiment voir sortir le camionneur en vrac de la
piètre situation où il se trouve actuellement, nous recommandons
instamment au gouvernement qu'il ne s'attaque pas en premier lieu à
modifier le règlement 112; qu'il définisse clairement le
rôle du ministère des Transports et de la Commission des
transports; que la Commission des transports du Québec ou l'organisme
mandaté se préoccupe en priorité de concevoir un
modèle d'organisation d'une entreprise responsable de la gestion
d'équipement; que la fixation des taux se fasse suite à des
consultations des parties intéressées et soit supportée
par des études économiques sérieuses; que l'organisme
responsable mette en place des moyens de contrôle et d'application des
règlements et tarifs efficaces et en nombre suffisant, personnes et
fréquences; qu'un comité consultatif permanent, composé de
représentants des camionneurs, des utilisateurs de services, du
ministère des Transports, de la Commission des transports et des
organismes directement reliés par le camionnage en vrac soit
constitué.
Nous considérons que la mise en application de ces
recommandations donnera à tous les camionneurs le même droit au
travail, au développement, indépendamment de leur appartenance
à telle association. Ceci permettra également la reconnaissance
de la neutralité des postes et sous-postes d'affectation, un meilleur
contrôle d'application des taux, facilitera le respect de la
réglementation et accroîtra la satisfaction des utilisateurs et
des camionneurs.
Enfin, un tel climat ne pourra que contribuer à une meilleure
collaboration de toutes les parties, préoccupées qu'elles sont du
développement économique de toutes les régions du
Québec.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. M. de
Belleval: Oui...
M. Fradet: J'aurais à vous remettre une lettre qui vous
est adressée.
Le Président (M. Jolivet): D'accord, on va envoyer
quelqu'un. M. le ministre.
M. de Belleval: Un mot d'abord pour dire que j'accueille avec
intérêt votre demande voulant que nous clarifiions les rôles
respectifs du ministère des Transports et de la Commission des
transports. Je peux vous assurer qu'actuellement, au sein du ministère
et, en collaboration avec la Commission des transports, c'est exactement ce que
nous faisons actuellement. Il y aura certainement une loi à proposer,
d'autant plus que la commission CEGIR a fait un certain nombre de
recommandations là-dessus. Nous allons agir dans ce sens.
Maintenant, vous aviez aussi des précisions à nous
apporter, avez-vous dit, sur certains points que vous avez soulevés
dès le début. Si vous voulez les apporter...
Oui. Je demanderais à Me Lapointe de les produire.
Le Président (M. Jolivet): Pendant que vous vous
préparez, je vais lire la lettre, simplement pour le besoin des membres
de la commission.
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Jolivet): C'est envoyé par le
Comité consultatif des coopératives forestières du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, signé par Bertin Côté,
président, et c'est la Fédération de l'UPA du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. On dit: "M. le Président, après avoir
pris connaissance du mémoire des coopératives de camionneurs
déposé à la commission parlementaire sur le camionnage en
vrac, nous tenons à vous informer que nous supportons entièrement
les recommandations incluses dans ce mémoire.
Comme toutes les entreprises intéressées par ce secteur
économique, nous sommes vivement intéressés à ce
qu'une solution définitive et efficace soit apportée dans les
plus brefs délais.
M. Fradet: J'ai ici des documents pour confirmer et
éclaircir un peu les points. Du sous-poste d'affectation du comté
de Roberval, avec l'adresse du bureau de direction de l'Association des
camionneurs artisans, 39, Principale, Saint-Méthode, comté de
Roberval en même temps, sous-poste d'affectation région 02, 39
Principale, Saint-Méthode, Roberval. Par la suite, je vais vous faire
grâce des commentaires qui pourraient aller avec cela. Vous pourrez les
constater par vous-mêmes.
J'ai une lettre ici, pour démontrer que le même personnel
sert pour les deux, lettre adressée aux artisans du comté de
Roberval, les convoquant à une assemblée d'élection, qui
est signée au bas:
Bien à vous, M. Arthur Bernard, président, par Mme
Irène Beaulieu, secrétaire.
J'ai ici du sous-poste d'affectation, comté de Roberval, une
lettre qui m'est adressée, et qui est signée au bas: Mme
Irène Beaulieu, secrétaire: J'ai ici une copie tirée d'un
bottin téléphonique, qui relate encore les adresses des deux;
vous pourrez le constater. J'ai ici des documents du sous-poste d'affectation
de Roberval, pour la convocation d'une réunion pour les $150 pour les
services dispensés par les avocats de l'ANCAl; vous en avez entendu
parler.
J'ai un autre document qui confirme qu'on va percevoir ces $150, avec
les services qui sont offerts par l'ANCAl. J'ai une lettre du poste
d'affectation de la région 02, qui est bien inscrit dans le haut, et qui
est signée au bas: Association nationale des camionneurs artisans Inc.,
par M. Gérard Dubé, président. J'ai encore un autre
document à propos des $150. J'ai un document qui démontre que les
camionneurs autres qu'artisans, qui faisaient partie du poste d'affectation,
servaient à défrayer des coûts qui pouvaient servir... vous
pourrez juger à quoi ils servaient par la lettre.
C'est du poste d'affectation de la région 02: "II est
proposé et appuyé que M. Magella Simard assiste comme
témoin pour l'ANCAl lors de l'audience des taux du mois de
décembre 1978, surtout pour le secteur forêt et que les
dépenses seront payées par le poste d'affectation".
J'ai un autre document qui dit que les postes vont s'enquérir des
services de l'ANCAl. J'ai ici une photocopie d'un reçu d'un camionneur
qui a payé $150, qui ne ferait pas partie de l'ANCAl; en payant $150,
avec son reçu, on lui a envoyé une carte, demande de l'ANCAl.
Quand on parle de majorité et de tant de membres, vous allez
constater par vous-mêmes de quelle façon on peut parler de
majorité et comment on recrute des membres.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que vous nous remettrez
ces documents?
M. Fradet: Oui, on peut vous les déposer.
M. de Belleval: Hier, le Président du Poste d'affectation
02 s'étonnait qu'une lettre à l'en-tête du poste
d'affectation soit signée par le président de l'ANCAl, mais on se
rend compte qu'il y avait bien d'autres documents qui démontrent que la
distinction entre les affaires du poste d'affectation et les affaires de
l'ANCAl est plutôt difficile à faire à l'intérieur
de la région 02.
M. Fradet: Je n'ai pas voulu commenter ça, parce que cela
a ressorti pas mal durant toutes les réunions chez ceux qui ont
passé avant nous. Il reste que les membres de la commission ont dû
remarquer que, quand le Poste d'affectation de la région 02 s'est
ouvert, il y avait environ 500 camionneurs qui s'étaient inscrits au
poste d'affectation et que les chiffres avaient baissé pas mal par la
suite. La commission a dû se demander pourquoi une telle chose arrivait.
Je pense que vous allez avoir pas mal les réponses avec ça.
J'ai ici encore des documents: sous-poste d'affectation de Chicoutimi,
région 02, qui donnent des noms de membres qui n'ont pas assisté
à l'assemblée générale du 9 janvier 1979 et qui ont
reçu deux jours de pénalité. "Que les membres qui ne
viendront pas à l'assemblée du conseil de Chicoutimi du 9 janvier
auront deux jours de pénalité", il y a tout ça. J'en ai
d'autres ici, encore, du sous-poste d'affectation de Chicoutimi. On parle de
sept jours et demi de pénalité pour les membres qui n'ont pas
assisté à la manifestation qui a eu lieu les 15 et 16
décembre 1978, sur la rue Racine, et ceux qui y ont assisté, une
journée.
On a différentes pénalités; on a sept jours et
demi, trois jours, quinze jours. Ces trois membres qui ont eu quinze jours
n'ont pas assisté à la manifestation du tout. Je pense
qu'à partir de ces documents, quand on se posait la question: Comment se
fait-il que le poste d'affectation existe encore dans la région 02, on a
les réponses avec ça.
J'ai un autre document assez important. Ce sont des chiffres qui donnent
le nombre des camions qui étaient inscrits au poste d'affectation en
1978, je pense, avec chaque sous-poste ou chaque comté, Chicoutimi,
Jonquière, Dubuc, Lac-Saint-Jean, Roberval. On voit par là qu'il
y avait des sous-postes qui n'avaient pas assez de membres pour former un
sous-poste et qui l'ont été. Ce sont les sous-postes de Roberval
et de Dubuc qui font vivre les autres et, je pense, par une bonne
marge. Prenez Roberval, dont les revenus étaient de $98 990. Il y
a eu un surplus de $43 014 qui a servi pour les autres sous-postes. Je ne
voudrais pas l'expliciter plus, vous allez pouvoir l'étudier. Je serai
à votre disposition si, à un moment donné, vous avez
d'autres questions ou si vous voulez vous faire expliciter la situation.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, seulement pour mon
information, est-ce que les coopératives de camionneurs... Vous
représentez combien de coopératives et sur quel territoire?
M. Fradet: Disons que ce que je vous ai donné là,
ce sont les chiffres pour la région 02.
M. Gratton: C'est pour la région 02 seulement?
M. Fradet: C'est pour la région 02, ces
documents-là.
M. Gratton: D'accord. Mais, vous, en tant qu'organisme, vous
représentez des coopératives qui sont situées un peu
partout en province?
M. Fradet: Oui.
M. Carrier (Jean-Marie): M. le député, M. le
Président, si vous permettez, de fait, nous représentons quatre
coopératives, dont deux sont en activité, c'est-à-dire
celle de la Côte-Nord et celle du Lac-Saint-Jean. Les deux autres ne sont
pas effectivement en opération, mais leur conseil d'administration
existe toujours et c'est un organisme, en fait, par un consensus bona fide qui
a voulu présenter un mémoire au nom des coopératives.
M. Gratton: D'ailleurs, vous apportez là un
éclairage qui mérite sûrement d'être retenu. Je suis
sûr que tant le ministère que les membres de la commission y
accorderont toute l'attention voulue. Je vous remercie de votre
témoignage.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président. J'aimerais que vous soyez plus
explicite au niveau du nombre de membres. On nous dit: Coopérative de
camionneurs en vrac du Québec. A vous entendre, vous nous parlez de cas
de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, vous nous dites qu'il y a
également la Coopérative de la Côte-Nord. Somme toute, par
votre mémoire, vous représentez combien de membres qui font
partie de vos quatre coopératives, dont deux sont
inopérantes?
M. Fradet: Environ 500.
M. Goulet: Sur une possibilité deux régions
cela veut dire à peu près 2000 permis, 2500 permis?
M. Fradet: 887 dans la région 02.
M. Goulet: II y a quatre coopératives, il y en a deux
opérantes: La Côte-Nord et la Saguenay-Lac-Saint-Jean. Cela veut
dire que, dans ces deux coopératives opérantes, il y a environ
2000 ou 2500 permis de la région 09 et de la région 02?
M. Fradet: Je ne peux pas vous donner des chiffres exacts
là-dessus. Il y aurait une question qu'on pourrait se poser: Comment se
fait-il que les coopératives sont encore là aujourd'hui?
M. Goulet: Non, mais...
M. Fradet: On a toujours été en état
d'infériorité comme les documents qu'on a l'ont prouvé, on
a fait des représentations auprès des ministères pour que
justement se corrige cette situation, c'est presque un miracle si les
coopératives existent encore aujourd'hui, de la façon dont on
nous a menés.
M. Goulet: Je ne mets pas du tout en cause le bien-fondé
des coopératives, ce n'est pas cela. Ce que je voudrais savoir, c'est
si, par votre mémoire, vous êtes les représentants d'une
coopérative en particulier ou des coopératives de camionnage en
vrac au Québec. C'est cela que je voudrais savoir, parce que, dans le
mémoire, vous ne l'avez pas dit. Est-ce que vous représentez
vraiment seulement la Coopérative du Saguenay-Lac-Saint-Jean ou si,
lorsque vous me parlez de 400 à 500 membres, c'est pour la
totalité de la province, sur les 8 000 détenteurs, c'est cela que
je voudrais savoir. Au niveau des coopératives, combien de
détenteurs de permis sont regroupés dans des coopératives,
sous le chapitre des coopératives au Québec?
M. Fradet: On vous a dit tantôt qu'il y avait eu un
consensus sur le mémoire avec les autres régions qui avaient des
coopératives.
M. Goulet: Lorsque vous parlez de 500 membres, est-ce que c est
concentré seulement dans les deux régions que vous avez
mentionnées? Vous me dites qu'il y a environ 500 membres, cela veut dire
le Saguenay-Lac Saint-Jean ou si ces 500 membres sont répartis dans ces
deux coopératives?
M. Fradet: Ce sont 500 membres répartis dans les
régions.
M. Goulet: Les deux qui sont inopérantes, c'est parce
que... Je veux dire que cela commence tranquillement ou si c'est parce qu'elles
ont fermé, ou parce que...
M. Fradet: C'est parce qu'elles n'ont pas pu survivre. (18
heures)
M. Goulet: Elles n'ont pas pu survivre. Est-ce qu'il y a d'autres
régions où on tente de s'organiser en coopérative? Est-ce
que vous connaissez d'autres régions qui, actuellement, tentent de
s'organiser ou d'autres coopératives qui vont naître sous
peu, au niveau du transport en vrac?
M. Carrier: Si vous me le permettez, M. le Président. Les
coopératives, à l'heure actuelle, vous savez très bien que
ce sont des entreprises, et on est tout de même assez prudent avant
d'amorcer ces coopératives. On veut s'assurer que le secteur
d'activité économique dans lequel elles sont pourra être
pour ces coopérateurs une garantie de bon fonctionnement et de revenus
stables. Dans les conditions actuelles, il est difficile de lancer des
coopératives seulement pour lancer des coopoératives. Il y a des
projets qui sont en train de se discuter et on ne pourrait pas s'avancer plus
avant sur le type ou l'endroit de ces coopératives. Mais il y a des
projets qui sont en évolution. Surtout pour ces raisons, les
coopératives, à l'heure actuelle, ne pousseront pas au
Québec.
M. Goulet: Etes-vous d'accord avec le système des postes
d'affectation? Oublions ceux qui peuvent les diriger ou, comme certains nous
disent, les monopoliser, si ça existe, mais est-ce que, tels qu'on les
connaît aujourd'hui, vous êtes en faveur de ce système des
postes d'affectation?
M. Fradet: Je pense que, dans notre mémoire, on le dit
clairement. On pensait que c'était la formule idéale, le
règlement 112, avec ses postes d'affectation. On le croit encore, mais
à une condition, et on le dit dans notre mémoire: Si le
gouvernement ne réussit pas à les neutraliser, qu'il arrête
tout cela. Cela fait assez longtemps qu'on patine, ça fait quatre ans
qu'on perd du temps avec cela. On pensait vraiment qu'avec nos efforts, ce
serait rentable, mais on s'aperçoit aujourd'hui qu'on est au même
point qu'on l'était en 1976. Aujourd'hui, on va se ficher des postes
d'affectation, le gouvernement ne pourra plus compter sur notre appui pour se
défendre. Ce qui va arriver, c'est qu'on va s'orienter, si on ne rend
pas les postes d'affectation neutres, vers les services. Notre
coopérative, ce n'est pas une coopérative pour le fonctionnement
des postes d'affectation, on voit là le rôle du poste
d'affectation, pour autant qu'il sera neutre et qu'il aura des
mécanismes pour fonctionner.
Les coopératives et les associations, on les voit là pour
donner des services à leurs membres. Plutôt que les camionneurs
soient au service des associations, que ce soit l'association qui soit au
service des camionneurs.
M. Goulet: En terminant, M. le Président, on se rappelle
que le ministre hier, à plusieurs reprises, a souligné le fait
que certains procureurs auraient de la difficulté à travailler
pour une association et peut-être même à avoir un mandat
d'un poste d'affectation. Je ne pouvais pas comprendre comment ils pouvaient
s'en sortir.
Vous, dans votre mémoire, et de façon non
équivoque, vous faites allusion au fait que le ministre lui-même
nage constamment dans le même dilemme, et cela en permanence. Vous dites,
à la page 6: "Le ministre fait la loi, les règlements et voit
à leur application par ses officiers de la route." Autrement dit, le
ministre a presque la mainmise sur la Commission des transports. Vous, dans
votre mémoire, dites de façon non équivoque qu'une telle
situation est intolérable. Le ministre est également aux prises
avec le même dilemme. Voyez-vous une solution à court terme pour
en sortir ou si ça va prendre un projet de loi seulement dans un an ou
deux?
M. Fradet: Je ne sais pas, mais je pense que la solution, on la
donne dans notre document, à savoir que le gouvernement définisse
vraiment le rôle que chacun a à jouer. Et quand quelqu'un a un
rôle à jouer, que ce rôle soit bien déterminé
et qu'il ait les pouvoirs de remplir son rôle. Jusqu'à maintenant,
chacun pouvait regarder ce qui se passait, mais personne n'avait le pouvoir de
régler les situations.
Je pense qu'on a une suggestion aussi pour former un comité qui
serait un comité de consultation et où toutes les parties
seraient autour de la table et qu'il y aurait une discussion. On pense du moins
qu'il pourrait sortir de bonnes idées de là.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: J'ai lu avec intérêt cette
suggestion. Je pense que la commission parlementaire est déjà un
premier exercice où on obtient plusieurs sons de cloche, mais, si je
comprends bien votre crainte, c'est que si on ne réussit pas à
établir véritablement la neutralité des postes
d'affectation, si les chicanes qui sont en cours dans certaines régions
ne se terminent pas, le danger, c'est que les postes d'affectation
eux-mêmes, les sous-postes sautent.
M. Fradet: Ils vont tomber, c'est certain; ça ne peut pas
continuer de cette façon. Si ça continue de cette façon,
on va voir à protéger nos membres...
M. de Belleval: C'est ça.
M. Fradet: ... à ce qu'il y ait
équité...
M. de Belleval: Et là, on va retomber dans la jungle.
M. Fradet: C'est ce qui va arriver. M. de Belleval: Cela
va être beau.
M. Fradet: II n'y a pas de choix, ça doit fonctionner ou
non.
Le Président (M. Jolivet): Merci beaucoup. Avant de clore
cette séance qui reprendra à 20 heures ce soir... Oui?
M. Fradet: J'aurais encore des...
Le Président (M. Jolivet): Des documents?
M. Fradet: Non, pas des documents, mais à
répondre... On nous a demandé hier je pense que c'est le
député de Gatineau d'amener des éléments de
solution et il a soulevé aussi la question des permis entre autres pour
essayer d'y amener une solution. La région 02, c'est une région
à vocation forestière pour la majorité, ce n'est pas la
question des permis en trop qui amène tous les problèmes.
D'après les analyses que j'ai pu faire de tout ce qui s'est passé
et justement c'est la région 06 surtout qui a attiré mon
attention et qui confirme un peu mes analyses c'est que, même si
on retirait les permis de quelque façon que ce soit, soit en
défrayant les permis qu'on va retirer, on va dépenser de l'argent
pour devoir au bout d'un an ou deux remettre les permis. Ce n'est pas une
question de permis en trop. Je peux me tromper au niveau des autres
régions, mais, d'après ce que j'ai pu comprendre moi-même,
ça me paraissait être un peu le même problème. C'est
un manque de planification et d'organisation dans le transport. Les postes ont
justement été organisés pour faire de la planification et
agir en entreprises responsables, pour faire de la planification et de
l'organisation.
Si l'on faisait des études économiques justement pour
essayer de régler cette situation, c'est qu'on a vu souvent que les
postes d'affectation ont de l'équipement et qu'ils voudraient avoir des
secteurs protégés. Par contre, on nous dit qu'ils ont des
secteurs qu'ils ne peuvent pas desservir parce qu'ils n'ont pas
l'équipement voulu. Je pense donc que c'est un peu ce que j'ai
analysé, cela répondait un peu à mon analyse. Ce que je
voudrais retirer de cela, c'est que si d'abord le gouvernement
commençait des études économiques sérieuses, sur
une base de cinq ans, il pourrait orienter un peu les camionneurs. A un moment
donné, il se développe un secteur d'activités dans un
coin, c'est prévu un peu d'avance. S'il y avait des études faites
pour pouvoir dire aux camionneurs quand il va devoir acheter un
équipement que, dans un an, deux ans, cela va prendre telle sorte
d'équipement, souvent, aujourd'hui le gars achète un
équipement et, au bout d'un an ou deux son équipement ne sert
plus; alors qu'il aurait pu en acheter une autre sorte, s'il l'avait su. Et
cela fait des camions qui restent dans la cour.
Même du côté des postes, on pourrait travailler aussi
à prévoir cela. Je pense qu'il y aurait lieu que des
études soient faites. Au lieu de chercher à ôter des
permis, il faudrait faire une planification et une coordination des travaux.
Aujourd'hui, justement, avec les changements à la Loi des pesanteurs qui
ont été apportés par le ministère, cela pourrait
permettre de combler les demandes l'hiver, parce que je sais que, dans notre
coin, c'est surtout l'hiver qu'il y a des demandes. Les compagnies ne sont pas
capables de trouver des camions dans la région, alors elles sont
obligées d'aller chercher des camions en dehors, tandis qu'il y a des
camions qui ne travaillent pas. S'il y avait une planification et que
c'était organisé un peu d'avance, les gros ca- mions,
aujourd'hui, qui peuvent charrier pour les contrats de voirie seraient capables
après cela d'aller dans le bois pour charrier l'hiver et je pense qu'on
pourrait remplir les demandes quand les compagnies en ont besoin. L'hiver,
elles sont obligées de s'adresser ailleurs. On a pu voir que si les
compagnies sont si réticentes au poste d'affectation
d'après ce qu'elles nous ont dit c'est dû à la
pénurie de service. Qu'on leur garantisse un bon service, le bois va
sortir, et je calcule qu'il n'y aurait pas de problème de ce
côté. C'est à partir des expériences qu'elles ont
vécues qu'elles sont réticentes vis-à-vis les postes
d'affectation. Je pense que c'est toute une image qu'il va falloir que les
postes d'affectation essaient de changer pour se faire un nom là-dedans
et aller chercher les marchés du travail.
On a parlé aussi d'un paquet de problèmes qui,
d'après mon point de vue, ne devraient même pas revenir au
gouvernement. Ils relèvent de la régie interne dans les
régions et dans les postes d'affectation. Quand on parle de location, de
transport illégal, pourquoi cela existe-t-il? S'est-on demandé
pourquoi cela existait.
Il y a des gars qui ne font rien; il y a beaucouo de camionneurs qui
disent qu'ils ne font rien. A côté d'eux, vous en avez qui font du
transport illégalement. Je pense que plus on va réglementer et
qu'on va accorder des secteurs de travail protégés, plus on va
augmenter l'illégalité et tout ce qui va s'en venir
là-dedans. Plus on va augmenter ça même si on augmentait
les amendes, c'est d'autres camionneurs qui font ce transport-là, plus
on va détruire d'autres organismes. Ces gens n'attendent pas le coup de
téléphone pour aller à l'ouvrage, ils s'organisent et ils
vont faire l'ouvrage.
S'il y avait une bonne étude de faite pour étudier toutes
les causes de ça, on arriverait à la conclusion que c'est un
manque de coordination et de planification. C'est la jungle, le camionnage. On
a toujours cherché à donner de l'ouvrage à nos membres,
mais sans planifier et développer l'industrie du camionnage. Je pense
que c'est là le problème.
M. de Belleval: Je vous ai écouté avec attention.
Je peux vous dire que je vais considérer sérieusement les
remarques que vous nous avez faites.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Avant de nous quitter
pour revenir vers 20 heures, j'aimerais rappeler aux autres organismes que si
nous voulons avoir la chance de vous entendre ce soir il reste encore
sept autres organismes il serait bon de résumer vos
mémoires, d'éviter de les lire au complet. Sans vouloir vous
brimer, sachez bien, cependant, que votre mémoire est toujours
disponible à la Bibliothèque nationale, pour ceux qui voudraient
en prendre connaissance. Vous pourriez nous rendre ce service puisque, demain,
nous avons encore huit autres groupes à recevoir et à entendre.
Donc, c'est un voeu que j'exprime au nom des membres de la commission. Merci.
Suspension de la séance à 18 h 10
Reprise de la séance à 20 h 17
Le Président (M. Jolivet): La commission est prête
à reprendre ses travaux. Nous en étions rendus à
l'Association des transporteurs en vrac région 03 Inc.,
représentée par M. Raymond Blouin.
Sans vouloir, encore une fois, brusquer personne, tout en essayant de
faire comprendre aux gens qu'il reste encore plusieurs mémoires et que
nous travaillerons jusqu'à demain soir, on vous demanderait, s'il y en a
qui ont eu le temps d'en faire un, de nous présenter un
résumé, mais d'une façon ou d'une autre on vous laisse
libres de présenter vos mémoires comme vous le voulez.
M. Raymond Blouin, vous présentez les membres qui vous
entourent.
Association des transporteurs en vrac de la
région 03 Inc
M. Blouin (Raymond): M. le ministre, je vais vous
présenter, à ma gauche, M. André Vien directeur de
l'association, M. Serge Lafleur et, à ma droite, M. Yvon Chouinard,
avocat, et M. Gérard Savard directeur de l'association.
Commission parlementaire sur le tansport en vrac.
Messieurs les membres du gouvernement, je vous remercie de nous avoir
donné l'occasion de vous adresser un mémoire sur le vrac. Depuis
l'entrée en vigueur du règlement no 112 sur le vrac, on
remarquait sur ce règlement la chance aux associations d'être
représentées. Notre association dans la région 03
était représentée par un membre seulement, ce qui nous a
créé des problèmes extraordinaires pour l'administration
du poste d'affectation et nous en citons seulement quelques-uns. Lorsque les
postes d'affectation et les sous-postes ont été mis en place,
nous avons vu des sous-postes prendre les directives suivantes: on
plaçait les camionneurs qui faisaient partie de l'ANCAl en premier et
ceux des autres associations par la suite, en prenant bien la précaution
que tous les camionneurs de l'ANCAl soient au travail. Dans ces sous-postes on
avait deux listes: une pour l'ANCAl et une autre pour les transporteurs en
vrac.
Une résolution fut votée à l'ANCAl et je la cite:
"II est proposé par André Ouellet, secondé par
Gérald Dumont, que l'Association nationale des camionneurs artisans
Inc., soit reconnue comme le porte-parole provincial de la corporation du Poste
d'affectation de la région 03 Inc., pour les services juridiques
représentatifs et les taux et que tous et chacun des membres du poste
d'affectation paient une cotisation de $150 pour la période du 1er
septembre 1978 au 31 août 1979 exigée par l'Association nationale
des camionneurs artisans Inc., pour être considéré comme
membre en règle du poste d'affectation. Le camionneur qui aura
payé directement recevra un crédit sur ses cotisations et les
autres pourront payer un montant de $12.50 par mois et ce, rétroactif au
1er septembre 1978. "On entend, comme membres du poste d'affectation ceux qui
ont inscrit un ou des permis au poste d'affectation ainsi que les cinq membres
administrateurs du poste d'affectation." Adopté à
l'unanimité.
Une autre résolution est adoptée au poste d'affectation
pour charger à chaque membre un montant de $150 et je cite cette
résolution: "II fut proposé par Fabien Roy, secondé par
Julien Robichaud...
Le Président (M. Jolivet): ... et là maintenant
Fabien Roy.
M. Gratton: C'est une belle collection de bibi-tes.
M. Blouin:... et résolu à la majorité des
membres, en inscrivant la dissidence de M. André Vien, que le Poste
d'affectation de la région 03 Inc. collecte une cotisation de $150 par
année pour la période du 1er septembre 1978 au 31 août 1979
pour les services juridiques et les services représentatifs de
l'Association nationale des camionneurs artisans Inc. au bénéfice
des membres et de la corporation du Poste d'affectation de la région 03
Inc. et intervienne au nom du Poste d'affectation de la région 03 Inc.
lors des audiences des taux."
De plus, ce montant était remis à l'Association de l'ANCAl
pour frais d'avocat. Ceux qui ne payaient pas ces $150 immédiatement
étaient mis sur une liste noire sans ouvrage. Notre association a
demandé une injonction à la Cour supérieure et une fois
rendu devant la cour, on retira cette résolution pour avoir gain de
cause. Quelques jours plus tard, on inscrivait une autre résolution pour
cotiser encore tous les membres du poste au montant de $150 et je cite cette
résolution: 63-79 "II fut proposé par M. Fabien Roy,
secondé par Yvan McKinley et adopté à la majorité
des voix, en inscrivant la dissidence de M. André Vien, que le Poste
d'affectation de la région 03 Inc. charge une cotisation spéciale
de $150 par usager au poste d'affectation en ajustement sur son budget
1978-1979 pour s'adjoindre les services juridiques et représentatifs de
la firme Beaudet, Piuze et Associés. Cette résolution couvre la
période du 1er septembre 1978 au 31 août 1979." "Il fut
proposé par Yvan McKinley, secondé par Fabien Roy et
adopté à la majorité des voix, en inscrivant la dissidence
de M. André Vien, que le poste d'affectation de la région 03
mandate la firme Beaudet, Piuze et Associés pour représenter le
Poste d'affectation de la région 03 Inc., ses membres et ses usagers
pour ce qui a trait au camionnage en vrac."
Un compte fut envoyé à chaque camionneur le 29 mars
1979.
Que le Poste d'affectation de la région 03 Inc. reconnaît
l'Association des camionneurs artisans Inc. comme son porte-parole provincial
au niveau des taux et des négociations de travail avec le gouvernement
du Québec.
"De plus, par cette affiliation, chaque détenteur de permis
inscrit au poste d'affectation bénéficiera de tous les services
offerts par l'Association nationale des camionneurs artisans Inc. Comme
l'Association nationale des camionneurs artisans Inc. a
représenté le Poste d'affectation de la région 03 Inc.
depuis le mois de juin 1978. Cette affiliation couvrira la période du
1er septembre 1978 au 31 août 1979.
Que la corporation du Poste d'affectation de la région 03 Inc.
versera à l'Association nationale des camionneurs artisans inc. un
montant équivalent à $150 par détenteur de permis inscrit
au poste d'affectation. Cependant, l'Association nationale des camionneurs
artisans Inc. devra donner un crédit à la corporation du Poste
d'affectation de la région 03 Inc. pour les montants qui ont
été payés pour l'année 1978-1979 directement
à l'Association nationale des camionneurs artisans Inc., par les
détenteurs de permis inscrits au Poste d'affectation de la région
03 Inc. Montant dû, $150. Si vous avez déjà payé ce
montant de $150 à l'Association nationale des camionneurs artisans,
veuillez ignorer cette facture".
Une autre résolution fut passée au poste d'affectation. Il
fut proposé par M. Julien Robichaud, secondé par M. Fabien Roy,
que chaque camionneur soit en règle à tous les niveaux au 21 mai
1979, avant d'être "dispatché", soit le poste, le sous-poste et
son association. La dernière facture envoyée par le poste au
montant de $150 fait partie intégrante de la cotisation du poste.
Dissidence de M. Serge Lafleur sur la dernière phrase.
Donc, notre association s'est adressée à nouveau à
la Cour supérieure pour avoir gain de cause. L'ANCAI, se voyant perdue
dans ces deux causes, a demandé une révision devant trois juges,
qui nous donnaient encore gain de cause; je vous ferais remarquer que ces
démarches ont coûté beaucoup d'argent pour avoir
justice.
Selon le règlement no 112, il était censé avoir un
nombre de sous-postes d'affectation normal. Nous avons vu vite la
création et la multiplication de sous-postes. Dans bien des cas, on
créait des sous-postes selon l'ouvrage ou les contrats qui existaient et
toujours dans le but de donner de l'ouvrage, premièrement, à ceux
qui faisaient partie de l'ANCAI. Je vous cite un cas flagrant où un
membre de l'ANCAI qui était membre du bureau d'administration du poste
d'affectation a été démis de ses fonctions parce qu'il ne
parlait pas le langage de l'ANCAI.
Nous avons vu par la suite s'ajouter des personnes au bureau de
direction du poste d'affectation, beaucoup plus que le Règlement no 112
le permettait, pour avoir un plus grand contrôle du poste, et tout cela
sans que nous puissions intervenir.
Des sous-postes d'affectation ont mis les listes de "dispatch" à
zéro à la fin de l'année parce que des camionneurs avaient
des journées de travail deux fois plus nombreuses que bien des
camionneurs. La raison de ceci, c'est qu'on recommençait en neuf pour ne
pas pénaliser ceux qui avaient travaillé trop de jours; ces
camion- neurs qui avaient plus de jours de travail que les autres parlaient
très bien le langage de l'ANCAI.
Nous voici rendus au moment où on doit renouveler le poste
d'affectation. L'ANCAI fait une demande à la Commission des transports
pour avoir le poste d'affectation au nom de l'ANCAI et tous les camionneurs
sont convoqués; cela, devant le commissaire M. Jean-Guy Alain. Notre
association est intervenue afin que l'ANCAI ne s'approprie pas le poste
d'affectation. Le commissaire, M. Jean-Guy Alain a bien expliqué que le
poste pouvait être renouvelé à son nom actuel et non au nom
d'une association.
Le poste d'affectation a fait une nouvelle demande à son nom
actuel par l'entremise de M. Bernard Piuze. Au moment où le commissaire,
M. Jean-Guy Alain, devait rendre sa décision, un autre avocat
apparaît dans ce dossier pour demander au commissaire, M. Jean-Guy Alain,
de ne pas rendre de décision sur ce dossier parce qu'on venait à
peine de lui remettre le dossier et qu'il ne le reconnaissait pas. Le
commissaire, M. Jean-Guy Alain, lui fit remarquer que le dossier était
très bien. Il lui a même offert deux heures pour le regarder, et
l'avocat en question refusa.
Me Beaudet arriva dans le jeu en disant qu'une nouvelle demande lui
serait présentée pour réviser la première demande
du poste au nom de l'ANCAI. La révision a été transmise
à la commission le lendemain et le dossier a été transmis
au juge, M. Prévost. C'est là que nous avons vu le gros "show" de
l'ANCAl qui disait au juge, M. Adolphe Prévost, qu'il n'était pas
apte à rendre une telle décision, parce qu'il ne parlait pas le
langage de l'ANCAI, et qu'elle demanderait à la Cour supérieure
que le juge Adolphe Prévost ne soit pas juge dans cette cause.
Pendant ce temps, les camionneurs se disputent, se divisent et c'est la
bataille générale. C'est à ce moment-là qu'on dit
aux camionneurs: Venez parader pour que le gouvernement vous donne du
travail.
On ne met pas les camionneurs au courant du gros "show" qui se passe
à la Commission des transports. On fait parader les camionneurs par
petits groupes pour ne pas avoir les mêmes reproches que lors de la
parade de l'année 1977 qui n'a rien donné aux camionneurs et ces
parades de 1980 qui ne donneront également rien aux camionneurs. Mais,
pour cacher la face, on annonce aux camionneurs que le gouvernement a sortf des
contrats. On demande aux dirigeants à quel endroit sont ces nouveaux
contrats et à ce moment-là, pour comprendre, il faut parler le
langage de l'ANCAI et ceux qui ne paradent pas sont punis de cinq jours de
travail par jour de parade et voici une résolution: (20 h 30) "II fut
proposé par Roland Jacques, secondé par Roméo Drouin
qu'une annulation de deux jours et demi soit faite au tableau de "dispatcha-ge"
pour tous les camionneurs qui ont participé à la manifestation
des 15 et 16 juillet 1980 afin de protéger le sous-poste tel que
recommandé par le Poste d'affectation de la région 03.
Accepté par la
majorité des membres. Présences: Normand Jacques, Emile
Nadeau, Laurent Poulin, Roland Jacques, Roméo Drouin, Michel Thibodeau.
Dissidence de M. Patrick Gagné."
Je voudrais vous faire remarquer que ce n'était pas une punition
qu'on donnait parce qu'on annulait des jours travaillés. Au lieu de
donner une punition c'était une récompense. On avait
changé notre attitude.
Et on oublie les contrats que le gouvernement a donnés au
printemps 1980 pour donner une chance aux camionneurs, alors que les
camionneurs transportaient à des charges moindres pour le dégel
du printemps. Je veux vous mentionner encore que seulement une partie des
camionneurs en ont transporté à cause des divisions des
sous-postes qui ont été faites. Nous avons vu des camionneurs
avoir 80 jours de travail alors que le poste il manque un mot, vous
m'excuserez voisin avait une accumulation de 30 jours.
Je voudrais vous faire ici un résumé du camionnage en vrac
depuis quelques années.
Depuis que le gouvernement a donné une clause de protection sur
les contrats de voirie, cela a divisé les camionneurs en deux.
Vu la clause de protection que l'ANCAl avait, les autres camionneurs ont
formé une association qu'on appela Les Entrepreneurs en vrac. Je
voudrais vous faire remarquer qu'à ce moment-là il y avait
plusieurs camionneurs entrepreneurs dans l'ANCAl qui avaient plusieurs camions,
tracteurs, pépines et autres, mais l'ANCAl prenait les membres qu'elle
voulait.
Lors de la venue du règlement no 112 avec les postes
d'affectation qui a donné la clause de protection à tous les
camionneurs, notre association, avec son bureau de direction, a
décidé dans l'intérêt des camionneurs de fermer son
bureau parce que l'on croyait à l'administration du poste
d'affectation.
L'ANCAl a fait le contraire, elle est restée avec ses
dépenses d'administration énormes, grosses cotisations et depuis
l'ouverture des postes, l'ANCAl n'a qu'une chose en tête: sauver la
grosse administration.
Je voudrais ouvrir une parenthèse. Avez-vous déjà
vu autant de dépenses, de frais juridiques dans le camionnage? Je suis
persuadé que ces gens se croient dans l'administration des pays comme le
Canada et les Etats-Unis ensemble. Je voudrais ici vous faire quelques
suggestions. Tous les camionneurs désirent les postes d'affectation, la
présence d'un commissaire de la commission, lors des réunions du
poste d'affectation, au lieu d'un avocat de l'ANCAl afin d'éviter le
renvoi du directeur du poste d'affectation s'il ne parle pas très bien
le langage de l'ANCAl, ce qui pourrait permettre au directeur du poste de
travailler librement. Le camionneur qui se sent lésé dans ses
droits pourrait porter plainte à la Commission des transports et la
commission devrait rendre sa décision dans les trois jours maximum, afin
que le camionneur qui est lésé soit remis dans l'ordre. Une
nouvelle structure aux postes et aux sous-postes; en mentionnant que personne
ne pourrait occuper un poste qu'il a déjà occupé dans les
cinq dernières années et toujours sous le contrôle de la
Commission des transports.
L'ANCAl a prouvé qu'elle n'était pas apte à
diriger. Il faudrait élire de nouveaux bureaux de direction en tenant
compte des deux associations. Soit 50-50, des grands territoires des
sous-postes avec des expéditeurs qui n'ont pas d'intérêt
dans le camionnage. Nous pensons que l'idéal dans les circonstances
vu les grandes injustices qui ont régné depuis quelques
années au niveau des postes et des sous-postes, serait la tutelle des
postes et des sous-postes pour un temps indéterminé. Que la
Commission des transports ouvre des sous-postes d'affectation sur de grands
territoires avec la surveillance de deux policiers des transports par
sous-poste pour quelques mois, pour le départ, et par la suite, la
Commission des transports pourrait voir à l'organisation des structures
afin que l'on puisse, une fois pour toutes, avoir une administration saine.
Nous demandons au gouvernement où les montants d'argent ont
été dépensés et s'il a donné plus de travail
de voirie en 1979-1980, alors que les camionneurs ont travaillé moins
que jamais. Nous demandons au gouvernement pour tous les travaux des autres
ministères gouvernementaux qu'une partie de 75% soit donnée aux
postes d'affectation et que ceci soit inclus dans tous les contrats."
Poste d'affectation des transporteurs en vrac, région 03, Raymond
Blouin.
Je voudrais vous transmettre aussi un autre document. Il est tellement
long, mais je ne lirai qu'un paragraphe ici, pour vous prouver que les avocats
de l'ANCAl ont des conflits d'intérêts dans le domaine des
associations. C'est une lettre ici, signée par Pierre Beaudet, avocat,
envoyée à notre avocat de l'association, Paul Routhier. Dans ce
paragraphe, M. Pierre Beaudet dit ceci: "De plus, étant donné que
je suis l'avocat de l'Association nationale des camionneurs artisans Inc., et
de l'Association des camionneurs artisans de la région 03 Inc., je me
demande s'il ne peut pas y avoir un conflit d'intérêts à ce
que j'occupe pour le Poste d'affectation de la région 03 Inc." Je vous
transmets ce document.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le ministre.
M. de Belleval: Le document dont vous parlez est signé par
qui?
M. Blouin: Me Pierre Beaudet.
M. de Belleval: Autrement dit, Me Beaudet avait des doutes
lui-même sur sa capacité à représenter le poste
d'affectation, compte tenu de ses fonctions auprès de l'ANCAl, c'est
ça?
M. Blouin: En plein ça, M. le ministre.
M. de Belleval: Est-ce que je pourrais avoir ça? En tout
cas, cette lettre qui est signée de la main même de Me Beaudet
démontre bien que les
questions que je posais hier étaient assez pertinentes,
puisqu'à cette époque, lui-même se les posait. C'est tout
à l'honneur, en tout cas, de Me Beaudet.
M. Beaudet (Pierre): Me permettriez-vous de répondre?
Le Président (M. Jolivet): Vous aurez l'occasion de
répondre, puisque votre droit de réplique est...
M. Beaudet: ...
Le Président (M. Jolivet): Ce que je veux dire, c'est que
vous aurez le droit lors de la comparution possible, comme prévue, de
l'ANCAl, à la fin des séances, de rectifier, si vous pensez que
vous devez le faire.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je ne veux surtout pas
devenir le procureur du procureur de l'ANCAl ou de personne d'autre, mais il me
semble qu'en toute justice, si des individus, qu'ils soient professionnels ou
non, sont mis en cause par des témoignages qui sont
présentés devant la commission, et qui sont même
commentés par des membres de la commission, il me semble que le minimum,
au point de vue strictement de la procédure normale, serait de donner la
chance à ceux qui sont visés par ces témoignages de donner
leur version des faits. Autrement, on va tout simplement dire ici à la
commission: Venez nous dire ce que vous voudrez bien et, ensuite, on va
référer cela à qui? Aux tribunaux? On n'est pas une
commission d'enquête, c'est bien sûr, mais il me semble que si des
individus sont attaqués dans leur intégrité ou dans les
intentions qu'ils ont pu avoir... Je comprends bien votre décision ou
votre intention de permettre aux procureurs de l'ANCAl de se justifier au
moment où l'ANCAl elle-même sera appelée à venir
témoigner, mais il me semble que l'ANCAl et ses procureurs, sauf erreur,
sont deux choses différentes.
Le Président (M. Jolivet): Le règlement ne permet
pas que toute personne qui se sent visée dans la salle puisse intervenir
au moment où une audition est en cours. J'ai simplement dit que Me
Beaudet aura l'occasion de rectifier les faits à un autre moment, droit
que je ne lui ai pas enlevé. Je ne lui enlève aucunement le droit
de se défendre, de faire les contre-preuves qu'il voudra, mais au moment
où il reviendra devant nous. Je maintiens ma décision: S'il veut,
à ce moment-là, réfuter ce qui a été dit, il
aura tout le loisir de le faire.
M. le ministre.
M. de Belleval: II y a une chose qui me frappe effectivement dans
les faits que vous citez. Un certain nombre de gestes qui ont été
posés l'ont été dans un contexte où on était
prêt, en tout cas, à changer des décisions pour obtenir le
même résultat. Par exemple, à un moment donné, on
vous charge des frais, à toutes fins pratiques, illégaux qui ne
sont pas permis par le règlement pour une cotisation à une
association particulière et, ensuite, quand vous allez en cour pour
contester ce droit, on revient en arrière, on fait une autre
résolution, mais cette fois-là pour retenir un bureau d'avocats
qui est, à toutes fins pratiques, le bureau d'avocats de l'ANCAl. Ceci
démontre bien, je pense, l'intention qui est derrière toutes ces
choses, à savoir qu'au fond on veut mettre la main sur le poste
d'affectation alors que le poste d'affectation est censé
représenter tous les camionneurs indépendamment de leur
adhésion à une association ou à une autre, est-ce bien
cela qui s'est passé?
M. Blouin: C'est cela qui s'est passé. On y a cru au poste
d'affectation et on y croit encore, mais on ne croyait pas que l'ANCAl
s'infiltrerait en entier si vite que cela. On a même vu à la
Commission des transports, à un moment donné, que
l'administration de l'ANCAl était rendue au poste d'affectation:
l'adresse, les documents et tout. On a essayé de prouver que
c'était des erreurs, mais quand trois avocats se trompent dans un
dossier, je n'appelle plus cela des erreurs. On sent que l'ANCAl est au poste
d'affectation, aux sous-postes. Je suis convaincu que, si on ôte les
avocats dans les postes d'affectation et qu'on change l'administration un peu,
on règle 99,9% de nos problèmes. Il y a quelques mauvaises
têtes dirigeantes, mais dans l'ensemble les camionneurs, même s'ils
font partie de l'ANCAl, sont de très bons camionneurs, malgré que
pendant des années j'ai vu des conflits extraordinaires, mais
c'était toujours avec les mêmes personnes. Si vous me le
permettez, je pourrais vous en mentionner quelques-uns.
A un moment donné, parce qu'on était divisé en deux
associations, je vais vous dire bien franchement, j'ai fait une erreur
peut-être comme l'ANCAl a fait une erreur elle aussi, on est allé
chercher de nouveaux permis, on a multiplié les nouveaux permis chez les
deux associations, c'est à qui aurait été le plus gros
parce que, lorsque l'ANCAl avait la clause de protection 75-25, au lieu de
prendre des camionneurs entrepreneurs, on prenait des entrepreneurs artisans et
on émettait de nouveaux permis. Lorsque la route 20 s'est faite de
Québec à Rivière-du-Loup, il y a plusieurs camionneurs qui
n'avaient pas de camion et qui en ont acheté.
Lorsque l'ANCAl s'est formée, pour qu'elle soit plus forte, on
prenait un entrepreneur qui avait deux ou trois camions, on en vendait un
à madame, un ou deux à ses fils, cela faisait trois artisans.
Ceux-là devenaient trois bons membres. Mais si un entrepreneur ne
faisait pas le même jeu pour devenir membre de l'ANCAl, il était
mis de côté, il ne travaillait jamais.
C'est là qu'ont doublé les nouveaux permis. C'est cela qui
fait qu'aujourd'hui il y a trop de
camionneurs. Je ne suis peut-être pas prêt à dire
qu'il y a trop de camionneurs. C'est l'administration qui est mauvaise.
Changeons la tête de l'administration. Moi, je me dis comme on a dit ce
matin: Enlevons des camions et le gouvernement pourra défrayer le
coût des camions ou des permis qu'on est prêt à enlever. Je
ne suis pas prêt à dire que cela va régler le
problème. Je me dis que, dans une famille où il y a dix enfants
qui sont mal élevés par le père et la mère, quand
même on en enlèverait cinq, les cinq autres vont quand même
être mal élevés. C'est la même tête qui reste
là. C'est la même structure et c'est la même famille. On ne
peut pas me faire accroire des choses semblables. Cela fait des années
que je me bats avec l'ANCAI. Cela fait des années que je me bats avec
l'administration.
J'ai vu un cas spécifique dans Portneuf où, une
année, un entrepreneur, M. Papillon, a commandé trois camions. Je
dis: Le lendemain matin, M. Papillon, vos trois camions vont être
là. Je prends deux camions de Portneuf, ils étaient à rien
faire, ils étaient là, il m'en manquait un, je l'emprunte de
Québec. Il avait quand même son permis pour aller travailler dans
Portneuf. A 10 heures, le matin, le chantier était bloqué. On ne
voulait pas voir le gars de Québec. La région de Portneuf est
structurée, c'est fermé. Un seul homme a tout fait cela. Lucien
Blouin, qui est président du comté; avec les autres, on en est
venu à une entente. J'ai dit: Laissez finir la journée de mon
gars qui est rendu dans Portneuf, il a fait 25 milles pour venir travailler
ici. Aucune considération, on a bloqué le chantier.
J'ai vu dans Kamouraska un homme de 54 ans, avec un six-roues, qui
travaillait pour le gouvernement. Il n'était pas membre de l'ANCAI. A un
moment donné, on l'avise, on lui dit: Vous n'êtes pas membre de
l'ANCAI. Demain matin, vous allez être obligé de
disparaître. A ce moment, je me rends au bureau de l'administration de
l'ANCAI rencontrer M. Gérard Dubé, j'ai dit: C'est un homme de 54
ans, on ne peut quand même pas lui ôter son gagne-pain. La seule
besogne qu'il a, c'est le gouvernement. Vous savez, quand on parle avec
l'ANCAI, à un moment donné, il y a 50 parapluies. Ils sont tous
en dessous du parapluie et on n'est jamais sûr de "poigner" la bonne
tête en dessous du parapluie. Il me dit: Là, c'est le
président de comté. C'est le président de la
région. A un moment, bien, écoute donc, on a ôté le
vieux bonhomme de 54 ans et on est allé en chercher un 52 milles plus
loin avec un six-roues. (20 h 45)
A un moment donné, je vous cite La Malbaie. Notre association ne
travaillait pas. Je négocie un contrat avec la Donohue, on signe un
contrat en bonne et due forme pour X cordes transportées tant de
l'Association des entrepreneurs, dix camions, après cela, l'Association
de l'ANCAI. L'ANCAI n'est pas satisfaite de cela, elle nous bloque dans le bois
un bon matin. A 7 heures du matin, on est bloqué dans le bois avec tous
les camionneurs. J'appelle la police. L'ANCAI, par ses influences, force la
police à ne pas trop s'en mêler, parce que c'est un conflit
d'associations. On a réussi à sortir mes ouvriers du bois
à 18 heures. Il a fallu que je monte, il a fallu que je réunisse
les bleus, le provincial, pour réussir à sortir. Cela a fait
encore un procès. Elle a encore fait des conflits. On a encore eu gain
de cause, mais cela a fait des chicanes.
Quand je vous dis qu'on multiplie les permis, je vous parle de La
Malbaie. Il y aura encore trois nouveaux camions à La Malbaie, alors
qu'il y a des camionneurs qui crèvent, qui ont des "dompeurs", qui ne
sont pas capables de transporter. Mais là il faut faire attention parce
que le président de la région 03, c'est un vendeur de camions.
Ces permis, pour lui, sont bons. Il va créer des nouveaux permis. Je
vous cite les faits d'une enquête. M. le ministre, vous attachez de
l'importance à cela. Il y a entre autres un permis sur les trois dont la
plaque a été attachée à un "pick-up" tout
l'été de 1980. Cette semaine, elle a dû être
attachée à un "truck" flambant neuf, un dix-roues, un nouveau
permis. On va lui trouver de l'ouvrage parce que le président de la
région 03 est directeur au poste d'affectation de La Malbaie. A La
Malbaie, si on regarde mes membres qui font partie du poste d'affectation, il y
en a un qui a sept jours de travail, un autre en a 23, et la moyenne est de 75.
Il y en a juste 10, encore là parce que c'est administré par
l'ANCAI à 100%. On a beau intervenir; il faudrait toujours avoir un
juge, la police et trois avocats derrière nous pour avoir justice.
Dans la Beauce, à un moment donné, le gouvernement a pris
une entente avec un entrepreneur. Il a dit: J'ai besoin de ton tracteur.
L'entrepreneur a dit: Si tu prends mon tracteur, prends donc mon camion. Il a
dit: C'est correct. Il a dit: II n'y a pas de tracteur à
Sainte-Marie-de-Beauce, il n'y en a pas aux alentours. L'ANCAI arrive
là, il faut que le camion sorte. Je me suis rendu là un matin. On
s'est débattu, il n'y a jamais eu moyen de négocier rien. Il a
fallu que le camion de l'entrepreneur débarque. Il n'y a jamais moyen
d'en venir à une entente avec l'ANCAI. A un moment donné, quand
j'ai commencé, j'y croyais un peu et j'ai dit: L'ANCAI, ce ne sont pas
des fous, et il y a moyen de négocier avec eux autres; c'est du monde
intelligent. J'y crois encore même en 1980 parce que ce n'est qu'un petit
groupe qui mène la bagarre. En arrivant à une assemblée
dans la Beauce, je me rends compte qu'il y avait une assemblée de
l'ANCAI. J'ai dit: Tiens, je vais aller les rencontrer. Je vais rencontrer M.
Fabien Roy et je lui dis: Vous êtes en assemblée; est-ce que cela
vous intéresserait de recevoir les camionneurs de la Beauce? On va
pouvoir former un caucus et venir à une entente, à un moment
donné, à l'unanimité. Mon cher ami, on a été
reçu comme un chien dans un jeu de quilles. J'ai voulu prendre la porte
poliment et vite. Le même type, M. Fabien Roy, s'en vient à la
Commission des transports dernièrement, l'autre jour, et il a
demandé à M. Jean-Guy Alain: Faites-moi confiance, faites
confiance à l'ANCAI; nous sommes des humbles camionneurs corrects. Qu'on
vienne me faire croire cela.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions, M. le
ministre?
M. de Belleval: Je pense que le portrait est clair.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, pourrais-je poser une
question à M. Blouin? A la page 5 de votre mémoire, vous dites
qu'après la venue du règlement no 112 et du poste d'affectation
votre association avec son bureau de direction a décidé, dans
l'intérêt des camionneurs, de fermer son bureau parce que l'on
croyait à l'administration des postes d'affectation. Dois-je comprendre
par là que votre association n'existe plus depuis ce temps-là ou
si c'est simplement le bureau physique que vous avez fermé? Est-ce que
votre association existe encore présentement?
M. Blouin: Notre association existe. Autrefois, nous existions
comme l'ANCAI. Nous avions un bureau et nous placions des camionneurs. Nous
nous chargions de leur trouver de l'ouvrage et nous les placions où on
pouvait. On a toujours donné un bon service de ce
côté-là. Mais lorsqu'on a créé le poste
d'affectation on demandait à nos membres un montant de $375 par
année on a dit: Cela ne sert à rien, le poste
d'affectation va leur rendre le même service. On a baissé notre
cotisation à $10 par membre. Notre association vit encore. On a perdu
quelques membres l'autre jour avec le montant de $150 que l'ANCAI a
envoyé parce qu'il y en a qui, pour avoir de l'ouvrage, n'avaient pas le
choix; sans cela, ils étaient sur la liste noire et ils ne travaillaient
pas.
M. Gratton: Combien avez-vous de membres présentement?
M. Blouin: On avait 280 membres l'année
dernière.
M. Gratton: Et maintenant?
M. Blouin: Maintenant, on n'a pas de statistique, on n'a pas fait
d'assemblée, on se bat encore et on va se battre jusqu'à la
dernière goutte de sang.
M. Gratton: A quelle date les cotisations sont-elles
payables?
M. Blouin: Normalement, ce serait dû le mois prochain, au
mois de septembre ou au mois d'octobre. On tient nos réunions en
septembre ou en octobre.
M. Gratton: C'est seulement à ce moment-là que vous
allez savoir combien il vous reste de membres.
M. Blouin: Normalement, on aurait dû envoyer une lettre
à chaque membre il y a trois semaines concernant les activités
qui se sont déroulées au cours des derniers six mois, mais
étant donné qu'on avait annoncé une commission
parlementaire, nous avons attendu avant d'envoyer la lettre; nous l'enverrons
après la commission parlementaire.
M. Gratton: A qui allez-vous envoyer cette lettre?
M. Blouin: Aux 280 membres.
M. Gratton: Aux 280 membres que vous aviez.
M. Blouin: On n'est pas regardant, on voulait même
l'envoyer à tous les artisans. On envoie cette lettre à tous nos
membres, concernant nos activités, notre structure honnête.
M. Gratton: Est-ce que vous êtes vous-même
camionneur, M. Blouin?
M. Blouin: Je l'ai été, mais j'ai abandonné.
M. Gratton: Vous ne l'êtes plus maintenant. M. Blouin:
Non.
M. Gratton: Combien de vos membres évidemment, si
vous ne savez pas combien vous en avez, c'est assez difficile pour vous de
répondre à la question sont abonnés au Poste
d'affectation de la région 03?
M. Blouin: Nos membres sont tous abonnés au poste et aux
sous-postes de la région 03. On avait 280 membres qui ont fourni $125 au
poste d'affectation.
M. Gratton: Est-ce que votre association, mises à part les
cotisations de $10 qui n'ont pas été payées par personne
depuis septembre dernier, a quelque autre source de revenu?
M. Blouin: Aucun autre revenu.
M. Gratton: Elle n'a jamais obtenu de subvention de personne,
d'aucun...
M. Blouin: Aucune subvention. Tout le temps que je consacre, et
je peux vous dire que j'y passe plusieurs heures, les directeurs aussi, je les
remercie, c'est gratuit; on travaille gratuitement dans l'intérêt
de nos camionneurs.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. M. Blouin, tout
à l'heure, vous avez soulevé une interrogation et je pense avoir
un élément de réponse. Vous avez dit, à un moment
donné: II semblerait qu'il y ait eu des travaux au ministère des
Transports plus qu'au cours des autres années, et on ne sait pas
où l'argent est allé. On a démontré clairement hier
qu'en chiffres nets, en termes de travaux
réalisés au niveau de la province, il y aura une
diminution minimum de 8% des travaux par rapport à l'année
passée. Cela, c'est une première cause.
Deuxièmement, il y a des règlements et des gens en place
qui n'ont pu faire respecter ces règlements, ils n'ont pu respecter les
ententes qui existent. Il y a énormément de transport qui aurait
dû aller aux camionneurs artisans et ce transport a été
effectué par les détenteurs de permis F, de FZ, un peu tout le
monde, sauf vous, les camionneurs artisans. Vous vous demandiez tantôt
où sont allés les contrats. Ils sont allés un peu partout,
sauf chez vous. Il ne faudrait pas accuser personne, mais les gens en place,
j'aurais aimé que vous leur posiez des questions, entre autres au
ministre des Transports, à savoir comment il se fait que les ententes
n'ont pas été respectées et que personne ne les fait
respecter.
C'est un premier point. Vous savez qu'il y a un pourcentage de vos
travaux, que vous cherchez, qui est passé dans ce coin parce que le
gouvernement, d'abord, n'a pas respecté les ententes qu'il a
signées et, deuxièmement, il n'a pas été capable de
faire respecter les règlements existants.
M. Blouin, j'ai pris connaissance de votre mémoire, j'ai
trouvé des choses intéressantes; naturellement, il y a des
associations que vous aimez, des associations que vous n'aimez pas. Remarquez,
chacun a droit à ses opinions et vous amenez des accusations assez
sérieuses et j'imagine que, justement, les gens en place, que ce soit la
Commission des transports ou le ministère des Transports, pourront faire
enquête et faire en sorte, si c'est vrai, que des sanctions soient
prises, je n'ai rien contre cela.
Lorsqu'on parle de l'Association des transporteurs en vrac région
03 Inc. et c'est signé Raymond Blouin vous êtes
là, M. Blouin, à quel titre?
M. Blouin: Directeur.
M. Goulet: A titre de directeur.
M. Blouin: Ancien président du...
M. Goulet: Qui est président de cette association?
M. Blouin: M. Léandre Chabot.
M. Goulet: Est-ce qu'il est ici actuellement?
M. Blouin: Non, son garçon a eu un accident de moto.
M. Goulet: II a été nommé
président... Je demeure dans la région 03 et je n'ai pas ces
informations. M. Chabot a été nommé président
à quel moment?
M. Blouin: Léandre Chabot, si vous demeurez dans ce coin,
il est de Montmagny, c'est un type assez connu, c'est un entrepreneur.
M. Goulet: II a été nommé
président... M. Blouin: II y a un an.
M. Goulet: II y a un an, lors d'une réunion
convoquée dûment...
M. Blouin: Lors d'une réunion de tous les membres.
M. Goulet: D'accord. Je vais vous dire pourquoi je vous pose la
question, M. Blouin. C'est parce que pendant une demi-heure vous nous avez
amené des faits précis, des dates, des noms, des montants
d'argent. C'était précis comme ça et, au moment où
mon collègue de Gatineau vous pose la question à savoir combien
il y a de membres dans votre association, vous ne le savez pas. Je trouve
ça... Franchement, les dernières deux minutes de vos
réponses, je ne veux pas vous blesser en disant ça, mais
ça m'a déçu parce que pendant une demi-heure vous avez
été précis sur des faits concrets et à la
dernière minute on vous demande combien vous avez de membres, vous
dites: je ne le sais pas trop. Quand aurez-vous une prochaine réunion?
Vous nous répondez: je ne le sais pas trop non plus.
Ce que je veux dire poliment c'est que vous semblez être beaucoup
plus au courant de l'autre association que de la vôtre. C'est... Je ne
veux pas vous blesser, mais je veux vous le dire parce que cela m'a vraiment
surpris, les deux bras m'ont tombé.
Vous me dites en plus, c'est ça qui m'a surpris: je ne suis pas
détenteur de permis. On n'a pas besoin d'être détenteur de
permis pour venir revendiquer pour les camionneurs en vrac. Moi-même je
tente de trouver des éléments de solution, je ne suis pas
détenteur de permis. Ce qui veut dire probablement que vous n'êtes
pas membre non plus ni d'un poste d'affectation ni d'un sous-poste
d'affectation.
M. Blouin: Si vous permettez, je vais répondre à
quelques questions parce que vous allez m'en avoir tellement posé qu'on
va en oublier.
D'abord je me dis que même si le gouvernement je vais
répondre sur la réglementation introduisait encore 268
pages aux règlements déjà passés, on ne changerait
rien, parce que lorsqu'on veut détourner les règlements, on les
détourne.
Si j'ai hésité pour dire combien j'avais de membres c'est
parce que je n'ai pas fait de réunion dernièrement. Je suis un
gars très honnête. Quand je vous ai dit que j'avais 280 membres
c'est parce que j'avais 280 membres.
Je ne suis pas payé par une association, je ne reçois
aucun salaire. Je n'ai pas la structure de l'ANCAl, je n'ai pas besoin d'exiger
de cotisation à aucun membre parce que je ne retire pas de salaire.
Je pense que même si je vous avais amené ici une liste de
signatures de 271 membres, ça n'aurait pas changé mes
problèmes et ça n'aurait pas changé mon attitude. Elle
serait la même. J'ai
peut-être 300 membres aussi. L'ANCAI dit bien qu'elle en a 4000.
Comme vous dites que je suis bien au courant de l'ANCAl, je suis bien
persuadé qu'elle n'en a pas 4000 parce que je la connais.
M. Goulet: C'est fort possible. Je vous pose la question pour
avoir la réponse.
M. Blouin: Je réponds aussi à vos questions, j'aime
ça.
M. Goulet: Ce que je veux dire, c'est qu'en tant que directeur de
l'Association des transporteurs en vrac, actuellement vous ne faites pas partie
d'un poste d'affectation...
M. Blouin: Je fais partie du poste d'affectation, mon argent est
déposé. Je ne paie pas de cotisation parce que quand je dis dans
mon mémoire que j'ai été mis sur la liste noire...
Ecoutez, je suis un homme d'affaires, je brasse $2 500 000 par année. Si
vous voulez savoir mon envergure, je vais vous la citer, mais j'ai toujours dit
que j'ai vécu pendant plusieurs années avec les camionneurs et
j'ai toujours dit que jamais je ne les abandonnerais parce qu'ils m'ont
rémunéré. Même si aujourd'hui je n'en retire rien,
je vais aller au bout gratuitement.
M. Goulet: M. Blouin, si M. le Président me le permet,
est-ce qu'on peut être membre d'un poste d'affectation ou d'un sous-poste
et ne pas détenir de permis de transport en vrac. Je deviens
mêlé...
M. Blouin: Je vais vous dire franchement, il me faudrait vous
retourner la question parce que lorsque le règlement 112 est sorti
chaque détenteur de permis déposait $125. J'ai
déposé $125, j'ai toujours été membre, je viens de
libérer mes permis. Je viens de les vendre tout récemment.
Même en 1980 j'aurai des rapports à faire parce que j'ai fait du
transport en vrac...
M. Goulet: Vous êtes quand même membre en
règle.
M. Blouin: On parle de quelques jours. M. Goulet:
D'accord!
M. Blouin: Mais j'ai abandonné d'être au sous-poste
parce qu'on ne me "dispatchait" pas, parce que je ne payais pas l'association
l'ANCAl. Autrement dit, j'étais sur la liste noire.
M. Goulet: C'est parce que vous aviez répondu à mon
collègue de Gatineau que vous n'étiez pas détenteur de
permis. Je me demandais comment on pouvait être membre d'un poste
d'affectation et ne pas être détenteur de permis.
Ma dernière question est la suivante: II y a actuellement un
règlement qui dit à peu près ceci: le "dispatch" du
travail doit passer par des postes qui ont des permis de courtage. Bon!
L'Association des transporteurs en vrac, région 03 Inc.
détient-elle un permis de courtage?
M. Blouin: Bien non, on ne peut pas.
M. Goulet: Elle n'en détient pas. Ce qui veut dire que
tant que le règlement existe, normalement si tout était conforme,
ça devrait passer par le poste qui a le permis de courtage qu'on aime
les gars qui sont là ou qu'on ne les aime pas.
Comme moi, il y a peut-être un policier qui va m'arrêter au
coin de la rue pour diriger la circulation. Je n'aime peut-être pas sa
face, mais le règlement dit qu'il a autorité pour me faire
circuler; pour me faire passer à gauche ou à droite. Bien
souvent, il y en a que je n'aime pas dans la "gang", mais je suis obligé
d'arrêter quand même. Comprenez-vous ce que je veux dire? Je
défends vraiment le principe et je me dis que quand une loi existe, on
doit la respecter. Et si on ne l'aime pas, on doit amener toutes ses
énergies pour la changer; mais tant et aussi longtemps qu'elle existe,
tout citoyen doit la respecter. Si je comprends bien, il y a un genre
d'association qui est sûrement valable, mais il faudrait qu'elle tente de
se faire reconnaître et d'obtenir un permis de courtage pour pouvoir
faire du courtage. Si on accepte des choses comme ça, bientôt, ce
sera le "free for all". Après-midi, des gens de Dubuc sont venus. Ils
ont sûrement raison, mais ils nous ont dit: "On n'aime pas les gens qui
sont au poste d'affectation, donc, on demande un permis de courtage pour le
sous-poste." Si, demain matin, des gens au sous-poste n'aiment pas le visage
des gens qui sont responsables du sous-poste, ils vont demander un autre permis
de courtage. A un moment donné, chaque camionneur va avoir son propre
permis de courtage, si on descend jusqu'à la base. N'avez-vous pas peur
qu'à ce moment-là, ce soit vraiment la jungle et le "free for
all" à n'en plus finir?
M. Blouin: Je pense qu'il vous manque peut-être quelques
renseignements.
M. Goulet: Eh bien, donnez-les moi.
M. Blouin: Je ne demande pas que l'association ait un permis de
courtage. Je n'en veux pas. Je ne veux pas que l'ANCAl ait un permis de
courtage non plus. Je veux que ce soit le poste d'affectation qui ait un permis
de courtage, mais que le poste d'affectation soit admisnistré par des
camionneurs et non par une association. Je comprends bien l'ANCAl. Il faut la
comprendre aussi. Pendant des années, on lui a donné
bébés après bébés, on lui a donné dix
bébés... Et à un moment donné, on lui ôte un
bébé. Puis, on veut lui ôter ses dix bébés.
C'est ce qui arrive: l'ANCAl ne veut pas perdre ses dix bébés.
Elles les a eus, mais il faut qu'elle les partage. Il faut qu'elle se rende
compte, maintenant, qu'il faut qu'elle partage ses travaux. Il faut qu'elle
partage son administration. Il faut qu'elle comprenne les autres camionneurs.
Elle ne peut pas garder son administration et l'affectation des travaux
à quelques-uns des camionneurs, par sous-poste d'affectation. C'est
là qu'est le problème. La réglementation est là,
mais on la contourne par tous les moyens qu'on peut mettre à sa
disposition.
M. Goulet: M. Blouin, je ne veux pas... Vous m'amenez toujours
vers l'ANCAI. La question que je vous pose...
M. Blouin: Je ne peux pas vous parler d'autre chose. C'est
l'ANCAI qui est là. Si c'était une autre, on parlerait d'une
autre.
M. Goulet: Bon! D'accord. Vous voulez me donner des
renseignements. Je vais vous en demander un. C'est fort possible. On n'est pas
des experts. Justement, on est ici pour se renseigner et tenter, tous ensemble,
de trouver une solution. Qui nomme les membres du bureau de direction d'un
poste d'affectation?
M. Blouin: Le règlement 112 disait à un moment
donné qu'il était nommé par pourcentage d'associations.
(21 heures)
M. Goulet: Ces gars-là ne sont pas nommés en
permanence?
M. Blouin: L'ANCAI a fait amender le règlement. Elle a
fait des démarches pour qu'à un moment donné, ça
soit contrôlé à 100% par l'ANCAI. On n'aura même plus
un mot à dire.
M. Goulet: A l'heure actuelle, qui nomme les directeurs des
postes d'affectation?
M. Blouin: A l'heure actuelle je vous l'explique bien
le nouveau règlement dit et l'ANCAI a déjà
fait son travail, elle a fait des assemblées dans chaque comté et
elle a réuni tous les camionneurs artisans et entrepreneurs... Elle a
dit: Nommez un gars qui va aller au poste d'affectation. Comme l'ANCAI est
majoritaire, on se rend compte que c'est l'ANCAI qui s'en vient au poste
d'affectation.
M. Goulet: Non, non. M. le Président...
M. Blouin: Je ne sais pas si je ne me comprends pas. Pourtant, je
ne suis pas dur de comprenure.
M. Goulet: ... j'aimerais avoir l'information du ministre. Dans
un poste d'affectation, par exemple, de n'importe quelle région, qui
nomme les directeurs de ce poste d'affectation?
M. de Belleval: C'est comme M. Blouin vient de vous le dire. Ce
sont les camionneurs artisans du poste d'affectation qui, en assemblée
générale ou en assemblée de secteur...
M. Goulet: Ce sont les membres en règle du poste
d'affectation. Est-ce ça ou si ce n'est pas ça?
M. de Belleval: C'est ce que M. Blouin vient de vous dire.
M. Goulet: Non, non! Ce n'est pas ce qu'il m'a dit. Il m'a dit:
Ce sont les membres...
M. Blouin: Ce sont les membres en règle du poste
d'affectation, artisans et entrepreneurs ou transporteurs en vrac.
M. Goulet: Partait.
M. Blouin: Les deux associations réunies nomment un gars
pour aller au poste d'affectation.
M. Goulet: C'est ça. Je voulais vous le faire dire et je
connais ce bout-là. Les gens qui nomment les membres du bureau de
direction, ce sont les membres en règle du poste d'affectation. Vrai ou
pas vrai?
M. Blouin: Vrai.
M. Goulet: II n'est jamais dit que ce sont les membres de
l'ANCAI. A ce moment-là, quand il y a une élection, il s'agit
simplement de vous organiser pour avoir la majorité et faire
élire vos hommes. C'est de la démocratie. Demain matin, si je
fonde un club de golf et que je m'aperçois que sur 200 membres du club
de golf, il y en a 190 qui sont Chevaliers de Colomb, les gars vont dire:
Tiens! Les membres du club de golf sont des Chevaliers de Colomb. Donc, le club
de golf appartient aux Chevaliers de Colomb. A ce moment-là...
M. de Belleval: M. le député, si seulement les
Chevaliers de Colomb pouvaient aller jouer au golf, et que les autres pouvaient
jouer au golf mais seulement à 20 heures...
M. Goulet: Non, mais qu'ils changent le bureau de direction s'ils
ne l'aiment pas. Les membres, les gars qui ont voté, il faudrait qu'ils
prennent leurs responsabilités. On est en démocratie. Il y a une
élection au bureau de direction. Cela va? Il y a une élection au
bureau de direction d'un poste d'affectation. Qu'on la fasse
démocratiquement, comme dans un syndicat, comme la nouvelle loi permet
de le faire, en tout cas, dans les syndicats et qu'on élise notre bureau
de direction. Maintenant, si le gars qui est au bureau de direction dit: Ah!
Cela ne marche pas, c'est un gars qui fait partie d'une telle association. Il
faut croire que ce n'est pas si pire que ça, mais ils ont toujours la
majorité. C'est comme si je disais: Ah! Une élection, le PQ a
été élu, c'est de me reprendre, et au prochain coup,
essayer de les battre.
M. Blouin: Ce n'est pas la même chose. Je vais vous
expliquer, je vais essayer de m'y prendre pour qu'on se comprenne très
bien. C'est l'ancienne structure de l'ANCAI, par rapport à la clause de
protection 75-25. Qu'on ait, par comté, fait une structure de l'ANCAI
dans chaque comté, il n'y avait aucun autre camionneur qui pouvait faire
partie de cette structure-là. Les seuls gars qui faisaient partie de
cette structure travaillaient aux travaux gouvernementaux.
Cela a existé pendant des années. Le gouvernement a bien
agi et j'y crois encore. Il a dit: On va démantibuler cette structure et
on va mettre les autres camionneurs ensemble. Mais on veut tou-
jours revenir à l'ancienne structure. C'est ça qu'il faut
ôter et qu'on ne veut pas enlever de la tête de ces dirigeants.
C'est là, le problème. C'est l'ancienne structure à
laquelle on veut revenir et qu'on veut garder. On ne veut pas revenir à
la nouvelle structure. Même si vous me disiez: Si j'ai élu un
gouvernement démocratiquement, je vais avoir la chance de venir
chiâler au gouvernement qui est au pouvoir. Mais avec les lois, je vais
avoir la chance d'avoir la même chose qu'à côté,
même si le gars n'est pas de mon parti. Mais, là, je n'ai pas
cette chance, parce qu'on s'en va sur l'ancienne structure et on dit: Toi, tu
ne fais pas partie de la bonne association. Tu ne travailles pas, ote-toi de
là.
M. Goulet: Ma dernière question. Vous avez des noms,
vraiment des exemples, des membres en règle du poste d'affectation ou
sous-poste qui ont été vraiment brimés dans leurs droits
et à qui on a dit: Tu es membre en règle du poste d'affectation
ou du sous-poste, mais parce qu'on ne t'aime pas la face, tu n'auras pas de
travail.
M. Blouin: Oui.
M. Goulet: Des membres en règle.
M. Blouin: Oui, je pense bien. Voulez-vous que je vous en
nomme?
M. Goulet: Vous en avez plusieurs?
M. Blouin: II y a Gérard Savard, ici, à
côté de moi.
M. Goulet: Membre en règle d'un sous-poste
d'affectation.
M. Blouin: Membre en règle de partout. Ton "chum", comment
s'appelle-t-il?
Une Voix: Emmanuel Simard.
M. Blouin: Emmanuel Simard. Il a sept jours de travail.
M. de Belleval: Allez-y.
M. Blouin: Seulement à La Malbaie, on avait, à un
moment donné, onze membres en règle au poste d'affectation, je
pense. Tant qu'ils n'ont pas été "dispatcheé", ils ont
arrêté d'être en règle et ils n'ont pas
été "dispatchés", non plus. Ils ne l'ont pas
été.
M. de Belleval: Est-ce que vous avez fini...
M. Goulet: Parce qu'ils n'ont pas été
"dispatchés", ils ont arrêté d'être en règle.
Ils ne sont plus en règle.
M. Blouin: Ils n'ont pas payé, parce qu'ils n'ont pas
été "dispatchés".
M. Goulet: Bon, d'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: Je pense que la situation que vous
décrivez est assez claire, M. Blouin. Cela me rend assez inquiet et
assez perplexe aussi, parce qu'au fond, on se rend compte que cette commission
parlementaire est obligée, par la force des choses, de prendre une
tournure à laquelle on ne pensait peut-être pas ou qui n'est pas
propre à une commission parlementaire. Mais j'ai l'impression de me
retrouver au début de la commission Cliche, parce qu'un poste
d'affectation, c'est un bureau de placement. On se rend compte que dans le
bureau de placement, un peu comme ce qui existait avant la commission Cliche,
tu ne pouvais pas travailler. Tu ne pouvais pas avoir ton tour sur le chantier
de construction, si tu n'étais pas je ne dirais même pas du
bon syndicat; ce n'était même pas une question de syndicat, d'une
certaine façon du bon groupe qui contrôlait les affaires.
On utilisait de l'intimidation et des punitions comme celles qu'on a vues et
qui ont été admises. On n'a même pas besoin de faire la
preuve. Cela a été admis. On se rend compte qu'un bureau de
placement qui est censé mettre tout le monde sur le même pied, ne
met pas tout le monde sur le même pied. Je pense que c'est clair.
M. Blouin: C'est clair.
M. de Belleval: II n'y a rien qui empêche effectivement des
camionneurs d'appartenir à quelque association qu'ils veulent. C'est
leur droit d'association. C'est reconnu dans notre démocratie. Mais ce
qui n'est pas conforme à la réglementation, c'est que des membres
d'une association soient privilégiés par rapport aux membres
d'une autre association dans un bureau de placement qui est un bureau de
placement public, à toutes fins pratiques, qui relève de loi et
qui doit mettre tout le monde sur le même pied. Cela me parait clair.
M. Blouin: C'est clair.
M. de Belleval: La situation dans laquelle on s'en va, si on la
laisse dégénérer, risque d'aboutir au même
phénomène qu'on a vu, je pense, dans le cas de la commission
Cliche, c'est-à-dire de l'intimidation, de la discrimination et d'autre
chose. Est-ce qu'il y a eu, dans votre cas, des menaces ou des violences
physiques? Est-ce qu'on en est arrivé là ou si au moins on n'en
est pas encore arrivé là?
M. Blouin: On est venu proche, très très
très proche. Je peux vous dire que, dans un cas à La Malbaie, les
barres de fer ont sorti. Personne n'a été frappé, mais
elles ont sorti. C'est grave.
M. le ministre, si vous me le permettez, pour vous prouver que tout ce
que j'avance est vrai lorsque je dis que ce sont quelques têtes à
la tête
de l'ANCAl je mentionne encore l'ANCAl parce que ce sont eux qui
sont là dans une autre association Bernard Piuze est
avocat de l'ANCAl et avocat de l'autre association devant un groupe de
camionneurs qu'on appelle les "tireurs de floats", on disait à chaque
camionneur: "Donnez-nous $150 chacun et on va vous sortir un permis de tireur",
alors qu'il n'y a aucune réglementation sur cela. Chaque camionneur l'a
cru. Ils ont versé $150 et le règlement n'est jamais sorti, le
gouvernement n'a jamais fait de réglementation sur cela. Moi, M. le
ministre, c'est de la justice que je veux avoir à un moment
donné.
M. de Belleval: Au fond, il y a une question que je me pose: Si
l'ANCAl est si majoritaire, pourquoi ne laisse-t-elle pas fonctionner le poste
d'affectation d'une façon normale conformément aux
règlements? A ce moment-là, elle pourra toujours continuer
à exister par ailleurs parallèlement au poste.
M. Blouin: II n'y aurait pas de problèmes, tout irait
bien.
M. de Belleval: Ou bien ne craint-elle pas que, le poste
fonctionnant correctement, à ce moment-là, peut-être, les
gens n'auraient pas besoin de l'ANCAl et elle perdrait ses cotisations et les
avocats qui travaillent pour l'ANCAl n'auraient plus de causes?
M. Blouin: C'est exactement la décision que j'ai prise.
Quand j'ai laissé mon emploi, j'étais quand même
rémunéré à un bon salaire. J'aurais pu chanter la
pomme aux camionneurs, leur dire n'importe quoi, mais j'ai quand même
été assez honnête de dire: Je ne peux plus être
à votre emploi, le poste d'affectation s'en vient. J'ai assez
négocié cela avec Pierre Angers qu'il a été de
bonne foi dans cette réglementation. J'ai dit: Vous allez être
corrects, les camionneurs, allez-vous-en en paix. On a fait des efforts et on a
travaillé avec le gouvernement du temps. On a tenu des réunions
parce qu'on y croyait sincèrement.
M. de Belleval: Et là on se retrouve dans la situation
où, si cela continue comme cela, les chicanes risquent de s'amplifier ou
vous allez peut-être même perdre le permis temporaire en sursis que
vous avez actuellement dans la région 03.
M. Blouin: C'est pire qu'avant. M. de Belleval: Oui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, le ministre nous rappelle les
débuts de la commission Cliche, sauf qu'il oublie de mentionner
qu'à la commission Cliche on a attendu d'avoir terminé
l'enquête on avait, d'ailleurs, beaucoup plus de moyens techniques
qu'on n'en a ici à la commission parlementaire pour tirer des
conclusions. Ses conclusions, le ministre les a déjà
tirées avant le début de cette commission parlementaire.
M. Blouin, tantôt vous avez dit une chose. Vous avez dit
qu'à un moment donné vous vous êtes fait prendre dans le
bois avec vos camionneurs, que vous avez appelé la police et que
l'ANCAl, avec son influence, a réussi à faire en sorte que la
police n'intervienne pas. Vous avez fait une affirmation qu'on peut qualifier
pour le moins de gratuite. Moi, je commence à penser que l'ANCAl, ce
sont de bien gros méchants et leurs procureurs aussi. Je dis que je
commence à le penser parce qu'il y a beaucoup de gens qui viennent nous
dire cela. Mais je n'ai pas l'intention de me prendre pour le juge Cliche ou
pour le juge Dutil et de juger de ma hauteur alors que tout ce que j'entends,
ce sont des témoignages que je considère comme sincères.
Je ne vous accuse pas de dire des choses que vous ne pensez pas. Vous pensez
sûrement que l'ANCAl a assez d'influence pour empêcher la police de
faire son travail. C'est ce que vous avez dit tantôt, en tout cas.
M. Blouin: Je vais vous le prouver, monsieur.
M. Gratton: Un instant! Laissez-moi finir, vous me prouverez ce
que vous voudrez après. Je trouve que là c'est une accusation
très grave que vous faites. C'est une allégation très
grave. C'est bien de valeur, je ne peux pas accepter cela et je ne peux
sûrement pas accepter de porter jugement sur tout ce que vous avez dit.
Comme le disait le ministre à quelqu'un ce matin ou hier, le fait que
vous fassiez cette affirmation, que je considère tout à fait
gratuite, me fait douter de la véracité de certaines autres que
vous avez pu faire. (21 h 15)
M. le Président, je reviens à ce que je disais hier. Quant
à moi je suis sûr que c'est le cas de mes collègues
de l'Opposition officielle qui m'ont accompagné je dis que nous
sommes ici pour essayer de voir clair dans la situation. Je vois très
clairement qu'il y a des problèmes entre différentes associations
au sein des postes d'affectation, la vôtre et l'ANCAl et cela s'est
répété ailleurs. Mais si le ministre veut juger
immédiatement que tous les torts sont attribuables à l'ANCAl
d'ailleurs, sa procédure, tantôt, en posant des questions
sur ce que les intentions de l'ANCAl peuvent être, en les posant à
vous plutôt que d'attendre à demain quand l'ANCAl sera là
pour les poser à eux qui sont les premiers intéressés, je
trouve cela un peu difficile à comprendre de la part d'un ministre
responsable. Quant à moi, en tout cas, je suis prêt à
écouter très attentivement toutes les allégations,
même toutes les accusations que n'importe qui voudra bien venir faire ici
à la commission. Mais ne me demandez pas de juger que c'est vous M.
Blouin qui avez raison ce soir et que tous les autres qui ont pu dire le
contraire de ce que vous nous dites ce soir, ou qui n'ont tout simplement pas
touché ces sujets, eux ont tort. Je regrette et
je ne pense pas que la commission parlementaire va faire quelque travail
utile que ce soit sinon d'avoir donné satisfaction au ministre en
voulant démontrer que l'ANCAl serait responsable de tous les
problèmes. A ce moment, quelle va être sa solution à lui
pour régler le problème du camionnage en vrac? Est-ce qu'il pense
que l'ANCAl va tout simplement disparaître du fait que lui aura
décidé qu'elle devrait disparaître? Moi, il me semble qu'on
s'en va dans un cul-de-sac avec notre commission parlementaire et je regrette
de devoir blâmer le ministre, l'attitude du ministre pour cela. Si on
veut que la commission parlementaire tire ses conclusions avant qu'on ait
entendu tout le monde, que le ministre le fasse, mais qu'il ne nous prenne pas
comme partenaires dans cette manoeuvre.
M. Blouin: M. le ministre, pour répondre à votre
question, lorsque j'ai appelé les bleus en parlant du conflit qu'il y
avait à La Malbaie... Il dit: appelle immédiatement le bleu de ce
coin. Je pourrais vous citer son nom en le demandant à mon copain. Le
bleu a rappelé parce que je suis demeuré dans le bureau.
J'étais présent dans le bureau des bleus sur le boulevard Hamel.
Il dit: Je ne m'en mêle pas. C'est un conflit d'associations. Il dit: II
va falloir que vous alliez voir le provincial. Dans ce cas, je suis
monté à La Malbaie, c'est avec le provincial et les bleus qu'on
s'est rendu et on n'est sorti qu'à 18 heures. Maintenant...
M. Gratton:... preuve que c'était l'influence de l'ANCAl
qui a agi sur...
M. Blouin: Excusez, j'ai oublié un bout. Je suis content
que vous me posiez cette question...
M. Gratton:... le monsieur. Il s'est servi de son jugement.
M. Blouin: ... parce que le bleu de La Malbaie a dit: J'ai
rencontré Yvan Dufour et il m'a dit que c'était un conflit
d'intérêts entre deux associations et je ne m'en mêle pas.
Ce sont les paroles qu'il m'a dites, la parole des bleus. Maintenant, pour vous
dire, à un moment donné, que vous ne trancherez pas la question,
je vous fais simplement une suggestion à titre de député
de l'Opposition: Agissez simplement pendant trois mois à une des
associations du Poste d'affectation de la région 03 et au bout de trois
mois vous viendrez ici vous asseoir à ma place et ce que j'ai dit ce
soir, ce sera vous qui le direz.
M. Gratton: Le moins qu'on puisse dire, c'est une autre
affirmation passablement gratuite que vous venez de faire.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: Ecoutez, M. le Président, d'abord je veux
féliciter M. Blouin pour son courage et sa franchise. Je pense qu'on n'a
pas besoin de faire beaucoup de dessins et de regarder long- temps l'ensemble
des faits qui nous ont été présentés, en
particulier les admissions qui ont été faites hier et aujourd'hui
encore par des postes d'affectation, pour savoir qu'effectivement ils
exerçaient une certaine discrimination. Je n'ai pas à faire de
procès et à porter de jugement. Cela a été admis
hier. Cela a été encore admis aujourd'hui. On a les
résolutions officielles et on voit toutes les manoeuvres. Quand je vois
un oiseau qui a un bec de canard, un plumage de canard, des pattes de canard,
qui crie comme un canard, je dis que c'est un canard. Je n'ai pas besoin d'une
commission d'enquête pour me prouver cela.
Je respecte par ailleurs votre point de vue. D'une certaine
façon, dans une certaine mesure, je le partage, M. le
député de Gatineau, dans le sens qu'il est évident qu'on
n'a pas à juger ici des gens et à déclarer coupables des
gens. Ce n'est pas notre rôle. Mais, ceci étant dit, on ne doit
non plus se boucher complètement les yeux et se mettre la tête
dans le sable.
On se rend compte qu'un certain nombre de postes d'affectation ne
réussissent pas à obtenir leurs permis d'affectation, ne
satisfont pas aux règlements et, dans ces mêmes postes, on se rend
compte qu'il y a de la discrimination contre des gens qui ne sont pas membres
d'une certaine association. Je pense que c'est clair. J'en tire cependant une
conclusion qui ne m'apparaît pas prématurée: C'est que, si
cela continue comme cela, on va se retrouver peut-être dans des
situations qui s'apparentent à celles qu'on a vues dans la commission
Cliche. On voit le début de cela. Je pense que cela apparaît
évident. Et ce qui risque de se passer, c'est que tout l'ensemble des
camionneurs soit pénalisé, que ces postes ne fonctionnent pas et
que tout le système s'écroule.
J'aurais beau avoir les plus beaux règlements, si on ne s'y
conforme pas! Si la Commission des transports n'est pas capable
d'émettre des permis parce qu'on ne se conforme pas à ces
règlements, des règlements qui ont été
approuvés d'ailleurs par l'ensemble des camionneurs, y compris ceux de
l'ANCAl, les camionneurs à la base comme leurs représentants au
sommet je me dis: Au fond, ce qu'on essaie de faire, c'est beaucoup plus
de sauver des $150 et des honoraires d'avocats que de prendre
l'intérêt des camionneurs à la base. Si l'ANCAl, comme elle
le dit, est majoritaire, pourquoi ne fait-elle pas fonctionner le poste avec
ses camionneurs à elle, à cette association, et en respectant les
règlements qui disent qu'il ne doit pas y avoir de discrimination? Cela
m'apparaît, je pense, suffisamment clair pour qu'on puisse au moins
porter ces observations préliminaires. Je suis d'accord avec vous, M. le
député de Gatineau. Il n'est pas question, cependant, de porter
des jugements. Nous ne sommes pas des juges. Je ne me prendrai certainement pas
pour un juge.
M. Gratton: M. le Président, que le ministre permette que
je lui dise tout simplement qu'on est ici pour essayer de trouver une solution
à la situation du camionnage en vrac. Tout le monde reconnaît,
incluant l'ANCAl, que cela ne fonctionne pas.
C'est au ministre à finir par formuler une solution quelconque.
Je crains fort que son attitude à cette présente commission
parlementaire vis-à-vis d'un intervenant qui est quand même assez
important, l'ANCAl, risque fort de l'amener dans un cul-de-sac. Si je peux
être partisan pour un instant, ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre si
le ministre est dans un cul-de-sac, mais je l'aurai prévenu.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Nous allons demander
à M. Clément Ruel, camionneur, de s'approcher.
Une Voix: ...
Le Président (M. Jolivet): Oui, excusez-moi.
M. Lafleur (Serge): J'aurais quelques questions à poser au
ministre des Transports.
Une Voix: Là, il est pas mal...
M. Lafleur: Est-ce que je peux les poser?
Le Président (M. Jolivet): Rapidement, si possible.
M. Lafleur: Disons que c'est dans le sens d'orienter le
système qui est présentement en marche. C'est au sujet des
nouveaux règlements que vous avez sortis dernièrement, ce
printemps, qui permettent à une association ou à une
coopérative de faire la demande d'un permis de poste ou même
d'avoir un permis de poste. Cela ne vous vient-il pas à l'idée,
à un moment donné, que cela a permis des choses qui se
présentent aujourd'hui et qu'une association qui est forte il
faut l'admettre puisse vouloir contrôler un permis de poste et
même demander un permis de poste? il me semble que si vous aviez
changé les permis de poste qui existaient en permis de poste simplement
et sans inclure dans votre règlement qu'une association ou une
coopérative pouvait demander un permis de poste, cela aurait
réglé pas mal de choses à ce sujet.
M. de Belleval: On va laisser la Commission des transports et les
tribunaux décider. Comme vous le savez, c'est rendu maintenant devant
les tribunaux cette histoire.
M. Clément Ruel
Le Président (M. Jolivet): M. Ruel. M. Ruel:
Bonsoir.
M. Chouinard: Je suis Yvon Chouinard. Je voudrais simplement,
pour cadrer un peu le témoignage de M. Ruel devant la commission
parlementaire, mentionner que M. Ruel a peut-être une situation un peu
particulière à présenter dans le transport, dans le sens
qu'il possède un équipement pour faire ce qu'on appelle des gros
travaux. Ce que M. Ruel veut exposer à la commission par- lementaire,
c'est que le système actuel ne favorise peut-être pas
l'accès au travail de camionneurs possédant de tel
équipement.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. Ruel.
M. Ruel: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, bonsoir. M. le ministre, je vous remercie de l'occasion
que vous donnez aux camionneurs de venir s'exprimer sur les problèmes du
camionnage en vrac. A vous et aux membres du gouvernement, je voudrais donner
mon idée sur la question.
Je possède un camion depuis le 26 mai 1960 et, depuis 1971, je
possède un camion qui est hors route pour le transport en vrac où
la pesanteur totale est limitée sur chemin public. Ce camion est
recommandé et recherché par les compagnies forestières ou
pour les gros travaux spéciaux comme à la Baie James ou autres
où la loi de la pesanteur n'est pas appliquée. Donc, ce camion a
une capacité de chargement de 40 tonnes métriques ou de 90 000
à 100 000 livres, pèse à vide 38 000 livres avec une
charge utile de 85 000 livres garantie par le fabricant.
Depuis 1973, la Commission des transports du Québec a
réglementé le transport en vrac au Québec. A
l'arrivée des postes d'affectation et des sous-postes en 1978,
étant en règle depuis leur formation, j'ai le droit d'être
sélectionné pour ces travaux qui demandent des camions par
d'autres régions où ces travaux sont exécutés.
Lorsqu'une région comme la région 03 reçoit une
demande de camions pour une région où il y a du transport en vrac
hors route à offrir et que moi, avec ce camion que je possédais
avant tous ces règlements, j'ai une famille à faire vivre de ces
revenus, je suis surpris de n'avoir jamais été sollicité
pour aucune verge de vrac ou une heure d'ouvrage. L'on envoie des camions qui
sont capables de transporter et de donner le service demandé où
la pesanteur est appliquée sur le chemin public. Le camion que je
possède à la Baie James, ou d'autres travaux semblables où
la pesanteur totale n'est pas appliquée sont accomplis, plusieurs
compagnies ou propriétaires artisans de la région 08 en
possèdent un semblable dans une proportion d'environ 40%.
C'est ce genre de véhicule que toutes les compagnies recherchent.
Je me demande pourquoi on exige que ceux qui ont été
sollicités pour aller travailler avec des camions qui ont
déjà fourni le service dans la région 03, et qui au moment
même de leur départ étaient au travail ou faisaient du
transport en vrac depuis le temps, de monter un deuxième
opérateur, car on travaille 22 heures par jour. Avec cela, un camionneur
gagne de $100 000 à $140 000 par année et plus pour certains
travaillant douze ou treize jours par deux semaines.
Un camionneur devrait fonctionner 24 heures par jour seulement quand il
n'y a plus de camion disponible pour le service de onze heures par jour au
Québec. Je veux savoir d'où vient cette politique, si elle fait
partie des règlements. Par exemple, une demande de dix camions pour la
région
08 avec deux chauffeurs. Je pense que 20 camionneurs
propriétaires artisans, avec toutes leurs responsabilités au
travail, sécurité, surtout pour le service qui se rattache
à l'expérience de l'opérateur, entretien du camion, je me
demande si ce n'est pas de la discrimination.
Par exemple, les dix camionneurs artisans à deux
opérateurs accumulent des gains en double, contre les dix autres
camionneurs laissés sans travail qui désirent pratiquer. Etant
propriétaires de camion, ils ont payé la taxe de vente comme tout
autre, plus licence, permis de la Commission des transports du Québec,
au poste ou sous-poste de la région. Tout camionneur est
sélectionné par son sous-poste qui doit appliquer un
système de rotation à part égale pour chaque jour
travaillé.
Je n'ai pas été sélectionné depuis
l'ouverture du poste ou du sous-poste de ma région qui prétend ne
pas avoir de travail pour ce genre de camion dans la région... Pourtant,
les services de ce camion ultra robuste sont en grande demande où il y a
du transport en vrac et ce n'est pas limité pour la charge totale. Il y
a certains camionneurs qui n'ont pas le camion ou le deuxième
opérateur, les pièces de réparation, pneus de rechange,
pour donner un bon service et ils ont été
sélectionnés. D'autres ont dit non car ils devraient changer leur
camion pour satisfaire à la demande.
Un camion comme celui que je possède a une valeur au
Québec, en 1980, de $120 000 à $130 000, équipé.
Après m'être conformé à toutes les exigences,
démarches, documents, possession de cet outil de travail qui est
présentement ma propriété, j'espérais gagner
honnêtement ma vie. En maintenant le poste et le sous-poste en
opération par les cotisations annuelles qui nous sont
sollicitées, on devient un bureau de placement ou un petit centre de
main-d'oeuvre du Québec pour opérateurs de camions qui, pour
opérer le camion d'un camionneur artisan n'est pas soumis à
l'Office de la construction du Québec pour tous travaux de transport en
vrac au Québec.
Depuis 20 ans que je possède cet outil de travail, j'ai
travaillé dans ma région seulement 30 jours, sur le gravier ou la
neige, car j'ai toujours travaillé en forêt et je suis
équipé pour l'extérieur. Par exemple, un camionneur,
propriétaire de camion, qui travaille onze heures par jour, six jours
par semaine, sur des contrats qui sont bien contrôlés par la
sécurité, donne un meilleur service à un employeur, et non
pas parce que le deuxième opérateur n'est pas classé A. Le
propriétaire de camion seul vérifie l'entretien de son camion
plus régulièrement. Par exemple, il y a 30 camions à deux
opérateurs, pour une compagnie, qui transportent sans arrêt.
L'entretien régulier est souvent négligé. Il arrive que ce
sont de grosses réparations qui occasionnent plusieurs jours
d'arrêt, de quatre à huit jours. (21 h 30)
Ainsi, après six à huit semaines, le propriétaire
et le deuxième opérateur pensent aux vacances de cinq jours,
comme cela se pratique souvent.
Pour une semaine, le propriétaire travaillant de jour remplace
son opérateur de nuit jusqu'à 21 ou 23 heures environ. S'il y a
une réparation, il ne travaille pas. Même chose pour son
opérateur qui remplace le propriétaire. Exemple: sur 30 camions,
s'il y en a deux qui sont brisés, il n'y a pas de problème.
Après deux mois, de huit à dix hommes sont en vacances par
semaine, ou cinq à sept camions sont brisés ou ont de grosses
réparations, en même temps, cinq ou six camionneurs opèrent
seulement leur journée de dix ou onze heures, c'est leur droit pour
cause humanitaire et de sécurité. Ce qui arrive, c'est que le
propriétaire de camions passe pour ne pas être responsable du
service que l'employeur demande. Et avec raison.
L'employeur possédant beaucoup de machinerie et de personnes a
son salaire pour alimenter et recevoir le déchargement du transport que
les 30 camionneurs effectuent.
Sur ces chantiers de construction ouverts jour et nuit, le travail
devient une chaîne opérante au transport. S'il y a baisse de
production j'ai donné les chiffres, peut-être 20, 30 ou 40
l'employeur ne peut admettre cela parce que son travail est
planifié. Il arrive ainsi que toute sa production baisse. Il va exiger
huit ou dix camions additionnels pour ceux qui sont absents par occasion. S'ils
sont tous présents, ce sont les camionneurs qui se plaignent d'avoir en
abondance des camions qui ne sont pas opérés, ce qui n'est pas
rentable.
L'employeur va acheter ou louer des camions pour travailler jour et nuit
avec 30 camions pour 60 opérateurs. Il en engage 70, dix font la
rotation pour ceux qui sont en vacances. Il est équipé de garage
mécanisé avec pièces, il suit l'entretien de ses camions
et obtient ainsi une opération de transport égale à toutes
ces autres opérations.
Pour avoir calculé tout le coût d'immobilisation de
pièces, pneus capital à l'achat, les intérêts,
toutes les formalités comprises, les frais de déplacement, le
coût du déplacement et lorsqu'il manque des pièces, j'exige
que tous les citoyens du Québec propriétaires de camions
équipés pour donner un service exemplaire, sécuritaire,
qui donne satisfaction à l'employeur en construction de routes ou digues
hors route, soient sélectionnés les premiers ou remerciés
de leurs services les derniers. Sinon, ce sont des lois permettant la
discrimination ou l'injustice pour tout citoyen qui se trouve appelé
à disparaître avec tous ses droits acquis.
Sécurité: Qui mieux que le propriétaire peut
être responsable d'autrui et de ses biens? S'il sollicite tant ce
travail, ses droits acquis, c'est parce que c'est sa vie, son gagne-pain qu'il
pratique depuis l'âge de 18 ou 20 ans dans la majorité des cas,
qu'il aime à faire tant qu'il en sera capable.
Le propriétaire de camion artisan se trouvant catalogué de
cette manière, surtout, n'est pas intéressé à faire
application ou solliciter une demande au Bien-Etre social.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: Vous êtes membre de quel poste
d'affectation?
M. Ruel: Région 03, M. le ministre.
M. de Belleval: Dans un sous-poste en particulier?
M. Ruel: Un sous-poste, oui, M. le ministre. M. de Belleval:
Le sous-poste de... M. Ruel: Lévis.
M. de Belleval: Lévis. Vous êtes inscrit depuis
combien de temps?
M. Ruel: Depuis l'ouverture du poste.
M. de Belleval: Vous n'avez jamais eu de travail depuis
l'ouverture du poste.
M. Ruel: Dans ma région il n'y a pas de travail pour ce
genre de camion comme je le mentionnais, d'après les règlements
passés en 1973. En 1971, j'étais équipé avec ces
équipements-là... Il reste que partout en province il y a de
l'ouvrage pour ce genre de camion...
M. de Belleval: Oui.
M. Ruel: ... soit forestier ou soit des ouvertures comme celle de
la Baie James, ou n'importe où ailleurs.
M. de Belleval: Est-ce que vous trouvez de l'ouvrage pour votre
camion sans passer par les postes d'affectation?
M. Ruel: J'en ai déjà trouvé moi-même.
Mais quand je trouve de l'ouvrage moi-même, c'est justement, je ne fais
faire aucune démarche au sous-poste ou à mon poste. Si je me
trouve du travail je discute avec la région où je vais
travailler. Je fais des demandes par mon poste de la région 03 qui fait
mes demandes, on a toujours procédé comme ça. Quand
j'obtiens le travail je vais travailler.
M. de Belleval: Quelle solution voyez-vous à votre
problème?
M. Ruel: La solution que je vois. Quand il y a des demandes,
comme je le mentionne, par exemple, pour la Baie James ou ailleurs et qu'il n'y
a personne ici qui peut me donner du travail et que je paie comme les autres
mes droits, tout ce que ça prend pour faire fonctionner un camion,
pourquoi envoie-t-on un camion qui est capable de donner du service ici et qui
en a déjà donné?
M. de Belleval: On ne vous choisit jamais pour ce genre de
travail?
M. Ruel: Pardon?
M. de Belleval: On ne vous choisit jamais pour ce genre de
travail à la Baie James?
M. Ruel: Oui, je suis déjà allé à la
Baie James.
M. de Belleval: Oui. Par le poste d'affectation?
M. Ruel: Non. L'an dernier, je n'y suis pas allé. J'y suis
allé en 1978 par la coopérative des camionneurs.
M. Gratton: Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous
empêcherait d'obtenir du travail à la Baie James par le poste
d'affectation de la Baie James?
M. Ruel: Je ne vois pas ce qu'il y a. Le poste d'affectation de
la Baie James, s'il a une demande de camion à formuler dans une
région, que ce soit la région 03 ou une autre, il fait sa
demande. Il faut passer par le sous-poste. Je ne sais pas
précisément pour quelle raison, mais j'aimerais le savoir. Je ne
veux pas dire que c'est tout le poste qui est en cause, parce que les postes,
de toute façon, j'y tiens. J'aimerais être "dispatché"
équitablement par les postes. Je dois me poser la question: Qu'est-ce
qui s'est produit pour que... Je suis arrêté chez nous depuis le
10 mars. Je ne travaille pas. Je n'ai jamais fait aucun transport en vrac ici
dans la région. S'il y a du travail à faire dans la région
avec mon camion, je vais en faire, mais quand il y a une demande pour un camion
comme celui que je possède, comme les compagnies en ont plusieurs
semblables ou d'aucuns artisans comme moi dans d'autres régions et dans
la région 08 qui sont au travail à la Baie James par les temps
qui courent, je me demande pourquoi, dans la région, je ne suis pas
choisi pour aller là.
M. Gratton: Mais avant qu'il y ait des postes d'affectation, vous
placiez votre camion et vous travailliez avec votre camion en faisant des
ententes...
M. Ruel: A la Baie James...
M. Gratton: ... directement à la Baie James ou
ailleurs.
M. Ruel: Je suis allé à la Baie James dans le temps
par l'entremise de l'ANCAl avant qu'il y ait des postes d'affectation. L'ANCAl
était représentée et, dans ce temps-là, je n'ai pas
eu un mot à dire de l'ANCAl. J'étais placé par
l'ANCAl.
M. Gratton: C'est l'ANCAl qui vous plaçait à ce
moment-là?
M. Ruel: Oui.
M. Gratton: Qu'est-ce qui empêcherait l'ANCAl de vous
placer à nouveau à la Baie James?
M. Ruel: Ce n'est pas l'ANCAl qui nous place directement. C'est
le poste d'affectation qui nous envoie.
M. Gratton: Je comprends. Avez-vous une idée, combien
peut-il y avoir de camions de ce genre?
M. Ruel: Sur le territoire de la Baie James?
M. Gratton: Non, dans l'ensemble du territoire
québécois. Il ne doit pas y en avoir gros ailleurs.
M. Ruel: Dans l'ensemble du territoire du Québec,
justement, les compagnies forestières en ont plusieurs. Même pour
les compagnies forestières, si on veut je ne parlerai pas de la
règle générale suivre un peu le marché
où les compagnies forestières s'enlignent, elles se procurent
toutes de gros camions un peu semblables, celles qui font du transport
forestier.
M. Gratton: Connaissez-vous un autre individu, un artisan qui est
propriétaire d'un camion comme le vôtre?
M. Ruel: II y en a dans les régions où il y a du
bois, comme dans la région de Hauterive, Baie Comeau. J'ai un 65 000
livres, si on veut s'exprimer en ces termes. Eux, ils ont des 55 000. Il y en a
qui ont des 65 000 livres aussi. Même dans la région 08 comme je
le mentionne, il y en a plusieurs, des artisans comme moi, qui ont des camions
semblables. Ils ont du travail en forêt et la Baie James est leur
région, mais je crois que le camion qui est équipé pour
donner un service pour la route, il y a du travail. Je ne lui en ôte pas.
S'il y a une demande pour un camion semblable, je devrais... Je ne parle pas
d'être toujours choisi le premier, mais je devrais avoir mon tour, il me
semble.
M. Gratton: Voulez-vous dire qu'il y a une demande pour un camion
comme le vôtre ici dans la région 03?
M. Ruel: Non, il y a une demande pour des camions pour la Baie
James. On va dire 44 000 livres et plus, mais le fait que je ne donne pas de
travail ici... A la baie James, par exemple, si la région 03 essayait
d'envoyer un 34 000 ou un 38 000 livres, ils ne l'accepteraient pas
là-bas parce qu'il est trop petit pour ces travaux. Ils exigent 44 000
livres et plus. J'ai plus que 44 000 livres. En ayant plus que 44 000 livres,
j'ai un camion j'ai donné les chiffres tantôt qui ne
peut pas transporter ici à cause de la loi sur la pesanteur.
M. Gratton: Mais y a-t-il quelque chose qui vous empêche de
devenir membre du Poste d'affectation de la région 08?
M. Ruel: II faudrait que je sois résident de la
région pour faire partie du Poste de la région 08, et même
si je suis résident de la région je ne veux pas trop
m'avancer sans trop savoir, parce que je ne peux pas être au courant de
toutes les lois, vu que mon métier, c'est de mener mon camion et de
transporter je pense qu'il faut que je sois accepté, je ne suis
pas sûr, mais il faut que je passe, je ne sais pas... Par exemple, s'il
disait: Oui, on a besoin de trois camions additionnels dans la région
08, je ne sais pas s'il faut que je passe un vote au niveau de la région
là-bas pour qu'ils n'acceptent et que je déménage. Encore
là, je ne verrais pas l'utilité de déménager. Ce
que je trouve qui se pratique, si on recule au moins, je vais dire, à
partir de 1973 ou 1974, c'est que le nombre de camions a augmenté.
Si on avait tenu compte, au niveau provincial, d'un organisme comme les
postes d'affectation sembleraient l'être, qui s'en viennent pas mal
partout... Il y en a peut-être encore qui accrochent. Si un jour,
ça devenait bien planifié, bien structuré et que les
postes d'affectation d'une région à l'autre appellent, par
exemple... Là, on parle de la région 08 parce que ça fait
longtemps que c'est en marche, mais que ce soit de la région que
ça voudra, s'il y a un surplus de travail occasionnel... Je parle d'une
construction d'autoroute dans un coin ou ailleurs, parce que les gros travaux
qui demandent des camions additionnels à ceux déjà
existants, ils sont toujours en rotation au Québec; ils ne sont pas dans
toutes les régions. S'il y a un manque de camions pour une
région, s'il en manque 20, s'il y avait une chose provinciale qui
contrôlait les camions disponibles dans d'autres régions qui sont
prêts à donner du travail ailleurs, sans négliger leur
région...
Il y a plusieurs régions au Québec, à l'heure qu'il
est, qui affichent à leur poste d'affectation ou à leurs
sous-postes des rotations au travail. Alors, partout où il y a des
rotations au travail, partout il y a des camionneurs de reste, de "spare" on va
dire, qui ne travaillent pas. On devrait les engager avant d'émettre des
permis nouveaux ou des locations de camions ou des compagnies, même. Je
ne suis pas contre le fait que les compagnies aient des camions, mais si une
compagnie, par exemple, va prendre un travail pour trois ans dans une
région elle a un bon contrat et elle a déjà dix
camions elle en demande à la région 08 pour fournir le
reste. Quand il n'y en a plus dans cette région, au lieu de laisser
émettre des permis pour une période de trois, quatre ou cinq
ans... Dans la région 08, c'est peut-être dix ans; après
que ces gros travaux-là seront finis, si on laisse s'émettre des
permis pour des camions supplémentaires, il va y avoir trop de camions
dans cette région.
S'il y avait un contrôle provincial qui demandait
immédiatement dans les régions s'il y a des camions disponibles
prêts à aller faire le service, alors on rencontrerait les
demandes et on fournirait à la demande, la même chose.
M. Gratton: Vous avez tellement raison, M. Ruel, que c'est
ça, en théorie, qui est supposé se passer à la
Commission des transports.
M. Ruel: II me semble que ça pourrait
s'établir.
M. Gratton: Je m'excuse, M. Ruel. Cela pourrait
théoriquement s'établir. La réglementation est ainsi faite
que, dans le moment, la Commission
des transports n'est pas censée émettre plus qu'un certain
nombre de permis. Il y a un contingentement des régions. Mais à
part quelques régions je ne suis pas sûr qu'il y en ait
même une région au Québec dans le moment, il y a un
surplus de camions partout, dans toutes les régions.
Ce que je vous conseillerais, à titre bien personnel, c'est de ne
pas attendre que le camionnage en vrac et les postes d'affectation soient
organisés à ce point que vous allez pouvoir, vous, en
étant membre d'un sous-poste de Lévis, de la région 03,
avoir accès au travail qui peut être disponible dans la
région 08 ou dans n'importe quelle autre région, parce que vous
allez attendre passablement longtemps, assez longtemps pour perdre votre
camion, d'après moi.
M. Ruel: M. le député, je pourrai répondre.
Quand j'ai demandé qu'il y ait un contrôle au niveau provincial,
je pensais à une réglementation, si c'est possible, qui serait
adoptée à la Commission des transports. Moi, j'ai un camion. La
compagnie qui en a dix va prendre un contrat, comme je l'ai dit tantôt.
S'it manque des camions, pourquoi se loue-t-elle ou s'achète-t-elle cinq
ou six camions je comprends que c'est son contrat pour aller
faire un travail pour deux ou trois ans et laisser des types comme moi ou
d'autres sans travail? Il y en a plusieurs, je parle au nom de plusieurs, pas
seulement de moi, de tous ceux qui désireraient aller donner le service
partout où il y a du travail. Parce que notre premier but, c'est de
travailler. On a acheté ce camion-là pour travailler. Il faudrait
qu'il y ait une loi de passée pour que la région qui manque de
camions ou la compagnie qui manque de camions communique au poste central pour
savoir s'il y a des camions de disponibles. Un téléphone le matin
et dans l'après-midi ils sont capables de confirmer s'il y a une liste
d'attente. Dans la région 03, je pense qu'il y avait une liste pour
aller travailler à l'extérieur, que ce soit à la Baie
James ou ailleurs, de 92 camions. (21 h 45)
Alors, n'importe où dans la province, s'il y avait des
régions qui manquent de camions, ils appelleraient là. Ils
disent: Oui, dans trois jours, dans deux jours, vous allez avoir des camions.
Mais il faudrait qu'il y ait une loi provinciale pour la Commission des
transports qui ne pourrait pas émettre une location à un gars qui
a pris un transport, un F à un gars qui a une compagnie tant et aussi
longtemps qu'il y aurait un gars comme moi qui a des droits acquis, qui est
prêt à donner le service à cette compagnie-là; parce
qu'en allant donner le service à l'extérieur je suis
contrôlé par eux.
Par exemple: II y a du travail pour six ou sept mois dans une
région pour de grands travaux; ils manquent de camions pour trois mois.
C'est clair que ce serait favorable, il me semble, de prendre un gars comme moi
et le faire travailler trois mois et ensuite me remercier de mes services
quitte à ce que je puisse aller donner le service à une autre
région, parce que les travaux sont souvent saison- niers. Il peut y
avoir une demande du mois de juin au mois d'août dans une région
et qu'après ce soit du mois de septembre au mois d'octobre ou novembre
ailleurs. Alors, on remplirait les demandes quand même et on n'aurait pas
de région encombrée par la suite parce que quand on laisse monter
comme cela se pratique depuis au moins six ou sept ans pour en
revenir ensuite aux locations de camions... On se demandait hier pourquoi les
camionneurs avaient poussé comme... S'il pousse quatre, cinq, six ou
sept tabagies par exemple dans une rue, il faut qu'il y en ait qui fassent
faillite. Je suis honnête, j'ai greyé mon camion et je pensais
gagner équitablement ma vie avec cela à venir jusqu'à
à peu près quatre, cinq ou six ans mais je m'aperçois
qu'il va falloir se tasser tantôt même s'il y en a d'autres qui
sont déjà tassés. Je me demande pourquoi... Je vois une
ouverture. Je m'explique comme je peux et je verrais une étude. Si une
loi comme celle-là était applicable, il n'y aurait personne qui
pourrait louer des camions parce que ce qui arrive...
Si je me rappelle de on va peut-être reculer loin un peu
1950 à 1962, il n'y avait pas de grosses compagnies qui avaient
des flottes de camions. Le camionnage était difficile dans ce
temps-là. Tu pratiquais de misère souvent sans équipement,
la machinerie n'était pas trop avancée et il y en a plusieurs qui
sont dans mon cas. Je vais vous citer un petit exemple: Je charroyais de la
"pitoune" en haut de la montagne Saint-Ma-gloire; je sortais quatre voyages de
trois cordes pour en faire un de onze ou douze cordes. Je mettais neuf cordes
sur mon camion et j'en laissais une réserve de trois à quatre
cordes à terre. Il fallait que je charge quatre fois et décharge
trois fois pour rendre mon voyage à l'Anglo à $6.50 la corde
$65 pour faire cela et $7.50 à Beaupré. Dans ce
temps-là, M. le ministre, on n'avait pas de gars qui se promenaient pour
louer des camions et nous ôter notre travail. On n'avait pas des gars qui
avaient des P ou qui louaient des camions.
Pour ce qui est du fait que des fois on serait peut-être
tenté de choisir les belles "jobs", je dis que tant que les postes
d'affectation, en majorité comme ils le sont au Québec, font une
rotation de leurs membres... Une rotation, cela veut dire qu'il y a toujours
des camionneurs en suspens qui n'ont pas d'ouvrage. Quand on a des postes de
120 membres et qu'ils ont 30 ou 40 journées accumulées, vous
allez me dire que ce sont des journées contrôlées par le
poste, que les journées privées que le gars fait ne sont pas
souvent comptées mais ils ne peuvent pas tripler ou quadrupler ce qu'il
y a de fait au poste. Ils peuvent peut-être en venir à une
proportion de 15%, 20% ou 25%; cela dépend un peu de la face du gars,
comment il se comporte privément. Dans le temps, on ne se faisait pas
ôter notre travail. Si c'est devenu rentable pour qu'on puisse vivre un
peu comme la moyenne des autres individus au Québec dans les autres
métiers qui gagnent leur vie, c'est parce que c'est rentable pour vivre
avec notre famille. Alors, si c'est rentable, cela l'est devenu depuis
qu'on a commencé à se regrouper depuis une dizaine
d'années. On a pris les responsabilités de fournir plus de monde,
de fournir plus équitablement les entrepreneurs parce que avant, quand
on était libres, je vais vous avouer franchement que des gars comme moi
ne se souciaient pas de donner un service équitable; avec les quelques
droits acquis qu'on a, on se rend responsable aussi de donner un meilleur
service et, plus on sera en mesure de travailler et d'être mieux
équipé, mieux le service sera. Je le pense en tout cas.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse a des questions à vous poser.
M. Goulet: Merci M. le Président. D'abord, je voudrais
féliciter M. Ruel parce qu'il est venu à titre personnel. Il
parle, bien sûr, au nom des gens qui ont d'autres problèmes mais,
quant à moi, c'est la définition d'un vrai camionneur artisan qui
depuis plus de 20 ans gagne sa vie exclusivement avec le camionnage. Quant
à moi, ce serait la vraie définition d'un camionneur artisan.
M. Ruel, lorsque vous parlez du surplus de permis vous suggérez
qu'on ne devrait pas accorder de nouveau permis tant et aussi longtemps que
dans la région il y a des permis de disponibles qui sont à ne
rien faire. Vous soutenez cette...
M. Ruel: Admettons que je ne voudrais pas qu'il y ait des permis
d'émis dans la province tant qu'au Québec je ne parle pas
d'une région en particulier au Québec il y aurait des camions de
disponibles pour faire le même travail que ce type-là qui loue ou
achète des camions. Bon, je reviens, un exemple: II a été
dit, cet après-midi, je pense, vous me corrigerez si je fais erreur,
qu'il y avait 300 à 400 permis de plus, je ne sais pas, depuis quatre
ans, trois ans ou cinq ans, qui avaient été émis dans la
province.
Le Président (M. Jolivet): 800, je pense.
M. Ruel: 800? Alors, je voudrais savoir, ces 800 permis, est-ce
que ce sont à des camionneurs en vrac?
Le Président (M. Jolivet): On fait signe que oui.
M. Ruel: 800? Bon. Je voudrais savoir si ces 800, ce sont des
permis VR comme les miens ou des VR entrepreneurs ou si cela comprend les P,
parce qu'une compagnie qui opère sur son contrat peut avoir un P ou un F
ou un FZ...
Le Président (M. Jolivet): Ce sont des VR.
M. Ruel: Des VR. Alors, je veux en revenir à ce qui a
été dit, qu'on était des camionneurs en trop, que nous
autres, on s'était greyé de trop de camions. Moi, depuis 20 ans
j'en avais un et j'en ai encore un. Si les P, les F, les FZ ou les locations de
camionneurs sont en dehors de ces 800, moi je voudrais savoir, si on est
capable d'avoir des chif- fres, combien il y en a de cela en plus des 800. Cela
va donner un chiffre, je suis certain. Cela peut aller à 1200, 1500,
avec 800 cela va augmenter assez, après cela.
M. Goulet: Autrement dit, vous dites que la diminution du nombre
de permis au travail, si vous voulez, le nombre de camions qui manquent de
travail c'est dû en grande partie, d'abord à ce qu'on a permis la
location de camions. Deuxièmement, on a permis du transport avec des F,
avec des P, avec des FZ. On n'aurait pas dû permettre cela tant et aussi
longtemps qu'il y avait des VR, des camions dans le genre de ceux disponibles
dans la région?
M. Ruel: Je reviens à cela aussi. Je ne peux pas affirmer
de chiffres parce que je ne suis pas un enquêteur, mais les membres de la
commission sont en mesure, je pense, de prendre les moyens nécessaires
pour enquêter et trouver cela. Je leur demande. Moi, ma job, je vous l'ai
dit, mon ouvrage, excusez-moi, c'est de conduire un camion, de donner le
service qu'un employeur me demande, et cela j'y tiens à 120 sur 100. Et
il y en a d'autres comme moi, ceux qui prennent à coeur leur camion,
comme j'ai dit tantôt, pour gagner leur vie avec. Si on se débat
ici, c'est parce qu'on a à coeur notre travail. Si je ne le tenais pas
à coeur, j'aurais lâché mon camion et j'aurais fait autre
chose. Pour tout le monde dans la société, ce qui compte en
premier, c'est de faire le travail qu'on aime. M. le ministre, M. le
député ou un autre, il fait le travail qu'il aime, parce que si
M. le ministre n'aimait pas faire cela ce soir, je pense qu'il ne m'entendrait
pas, il serait ailleurs. Il serait pour une compagnie ou il serait ailleurs.
C'est parce qu'il aime cela. Moi j'aime le camion et je veux le garder.
Après cela, en plus, je veux dire que je ne suis pas contre que
les camions travaillent jour et nuit sur d'aucuns chantiers, mais après
que les camionneurs arrêtés travaillent au moins dix heures par
jour ou cinq jours par semaine. S'ils pouvaient travailler, je pense, six ou
sept mois par année, cinq jours par semaine, sept ou huit mois par
année, à cinq jours par semaine, dix heures par jour, il y en
aurait plusieurs qui ne seraient pas ici aujourd'hui. Si dans le Québec,
que ce soit en forêt ou à la Baie James, je ne sais pas combien il
peut y avoir de camions qui travaillent jour et nuit, mais s'il y en a 300 ou
400 par exemple, on va mettre un chiffre, ou même 500, mettez-en 500 qui
opèrent jour et nuit à la grandeur du Québec, avec les 800
de plus, avec les F, les Z ou les locations de plus parce que 500, jour
et nuit, c'est pareil comme créer 500 permis nouveaux cela a
créé un encombrement du marché. On se posait des questions
hier: D'où vient cela?
Moi, je vais citer un exemple dans les années où
j'étais jeune. Je regardais passer les camions et j'aimais cela;
j'allais de temps en temps faire un tour avec. Je pense que les
propriétaires de camions aujourd'hui ont tous commencé comme
cela. Je disais tantôt que c'était avec la "pitoune"
qu'on ne se faisait pas concurrencer dans le temps parce que le
transport était très difficile. C'est de là qu'on s'est
greyé des camions pour essayer de gagner notre vie parce qu'il n'y avait
pas d'ouverture ailleurs. Je me rappelle qu'à quinze ans, j'allais juste
en avoir seize dans un mois, on chargeait le gravier à la petite pelle.
On était trois, on chargeait trois voyages de six verges par jour. Dans
ce temps, on n'avait pas de compétiteur de location de vrac pour nous
ôter notre ouvrage.
Le Président (M. Jolivet): Cela va, M. le
député de Bellechasse?
M. Goulet: Oui. J'aurais deux ou trois questions, si vous le
permettez. M. Ruel, avez-vous toujours été en règle avec
les postes et sous-postes d'affectation depuis qu'ils existent?
M. Ruel: J'ai toujours été membre en règle
du poste de Québec, région 03, jusqu'à présent. Du
poste de Lévis, j'étais en règle, mais ce printemps,
j'étais en retard pour des raisons qui avaient été
discutées. Après cela, il n'y a pas de cachette, j'avais
réparé mon camion. C'étaient des demandes qui avaient
été formulées à la Baie James au début de
mai, vers la fin du mois d'avril plutôt, qui nous disaient que,
probablement vers le 15 mai, ils auraient des demandes de camions. Comme je me
voyais visé, j'ai fait des réparations nécessaires
à mon camion assez onéreuses pour qu'il soit
prêt à donner un bon service. Je n'avais pas d'argent pour me
mettre en règle immédiatement. Il m'a été dit:
Trouve-toi de l'ouvrage et on pourra te trouver et te faire prêter de
l'argent par une organisation bancaire; quand tu auras un "call" ou de
l'ouvrage, on t'en donnera. Mais le "call" est venu et je n'ai pas
été sollicité. Maintenant, je ne sais pas d'où
vient cette politique. Il me semble que j'aurais dû être
sollicité parce que, comme je le mentionne, ceux qui ont
été sollicités dans mon coin pouvaient donner le service
ici. Moi, je ne peux pas le donner.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Oui, très brièvement, M. le
Président. Ce qu'on retient du mémoire de M. Ruel, c'est qu'il a
été victime d'un règlement de la pesanteur. A un moment
donné, sans avertir personne, le gouvernement pas le gouvernement
actuel du temps a, sans avis, changé les règlements de la
pesanteur de façon qu'un propriétaire de camion comme M. Ruel,
qui pouvait transporter, sauf erreur, 65 000 livres, s'est
réveillé un matin et il ne pouvait plus aller sur les routes
publiques, sauf y aller avec son camion allège avec à peu
près rien dedans. Donc, il ne pouvait plus participer aux travaux de
transport en vrac de la région, que ce soient des travaux
gouvernementaux, des travaux municipaux ou autres. C'est un problème. Il
me semble on devrait le savoir pour l'avenir qu'on devrait,
lorsqu'on arrive avec un certain règlement, prendre en
considération qu'il y a des gens qui, du jour au lendemain, vont
être mal pris et qu'on devrait leur permettre ou leur donner un
délai raisonnable afin qu'ils puissent user leur camion ou le vendre,
mais ce n'est pas ce qui est arrivé: du jour au lendemain, on a
adopté un règlement. M. Ruel aurait dû, à ce
moment-là, se départir de son camion parce qu'il ne pouvait pas
faire le travail; il accusait une perte énorme. C'est un premier
fait.
Tenant compte de cela, je m'adresse à M. le ministre. Par
exemple, un des seuls endroits où on peut travailler, au Québec,
avec ce genre de camion, c'est à la Baie James. On sait qu'à la
Baie James les travaux sont payés à part entière par le
gouvernement ou des sociétés de la couronne. Lorsqu'on fait une
demande au niveau des postes d'affectation, on fait une demande à partir
d'un poids de 44 000 ou 45 000 livres et plus. Je me demande si on ne pourrait
pas commencer d'abord par ceux qui possèdent des camions, au niveau de
la province et qui ne sont pas dans la région 08, de 70 000 et 65 000
livres et moins, et ne pas prendre tout de suite les camions de 44 000 livres
parce que les propriétaires de ces derniers peuvent quand même
continuer à gagner leur vie ici dans la région, tandis que les
propriétaires des camions de 65 000 livres c'est le cas de M.
Ruel ne le peuvent pas. On devrait prendre cela en considération.
Je pense tout simplement que le ministère des Transports ou le
gouvernement émette un voeu aux postes d'affectation ou encore aux
sociétés qui administrent à la Baie James de façon
qu'on donne priorité à ces gens-là parce qu'ils sont
défavorisés du fait qu'ils ne peuvent pas travailler dans leur
région. Je pense qu'on devrait prendre cela en considération
parce que ces gens-là ont été victimes d'un
règlement du gouvernement. Je ne veux pas dire que le règlement
n'est pas bon; la loi de la pesanteur, je ne suis pas contre ça. Mais on
n'a pas tenu compte de ces gens-là et, du jour au lendemain, on accule
les gens à la faillite. Alors, je demande au ministre s'il peut
étudier cette possibilité de façon à faire des
recommandations aux compagnies, ou aux postes d'affectation pour qu'ils
commencent peut-être par prendre les camions de 65 000 livres, au lieu
des camions de 44 000 livres, qu'on descende aux camions de 60 000 livres et
qu'on descende aux camions de 55 000 livres, etc.
Une dernière question, M. Ruel. Vous avez parlé des postes
d'affectation tout à l'heure et vous avez dit: Bien, cela semble
satisfaisant en partie. Vous avez dit qu'il manque quelque chose. Je termine en
vous demandant: Qu'est-ce qu'il manque dans les postes d'affectation
actuellement?
M. Ruel: Je pense que les postes d'affectation devraient
fonctionner comme la technique qui est supposée être mise en
pratique. Je pense qu'il faudrait à la tête un poste provincial
spécial et que la personne détenant ce poste soit nommée
pour vérifier dans chaque poste ce qui se passe et que justement chaque
poste rende compte au camionneur disponible pour fournir le service. (22
heures)
N'importe quelle région qui voudrait avoir des camions en dehors
de sa région communiquerait là et dirait: C'est au tour de telle
région, et si une région n'a pas eu son tour, on dirait: Es-tu
prêt à en envoyer? C'est un exemple, je dis cela comme ça,
vous y penserez. Je remercie M. Goulet pour l'exposé qu'il a fait, M. le
ministre, M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Un instant, ce n'est pas fini.
M. le député de Saint-Hyacinthe a une question.
M. Ruel: Ah! Excusez-moi.
M. Cordeau: II semble c'est manifeste que vous
n'êtes pas satisfait de votre poste ou de votre sous-poste d'affectation
parce qu'on ne vous a jamais demandé de travailler, ou à peu
près pas.
M. Ruel: Non.
M. Cordeau: Par contre, est-ce que, actuellement vous vous
plaignez de ne pas avoir de travail existe-il des moyens de vous
plaindre, à un niveau supérieur, du traitement qu'on vous fait
actuellement, parce qu'on ne vous offre pas de travail? Est-ce qu'il existe
actuellement des possibilités pour vous...
M. Ruel: D'après moi, comme je vous l'ai dit, je ne le
pense pas; je ne suis pas renseigné là-dessus. Pour revenir
à ce que vous avez dit, je n'ai pas dit que je n'étais pas
content de mon poste et de mon sous-poste. Je suis content des postes et je
tiens à les avoir.
M. Cordeau: Oui, mais...
M. Ruel: Mais ils n'ont pas de travail pour moi. S'ils me
trouvent du travail, ici dans la région 03, que ce soit dans une
carrière ou n'importe où, je vais aller travailler. J'ai pour mon
dire: j'ai ce camion, peut-être que je me suis embarqué avec, mais
quand je l'ai acheté, il y avait du travail. Il y a encore du travail
disponible au Québec; je voudrais acquitter cela, je ne voudrais pas
faire une faillite demain et perdre mon nom. Je voudrais me rendre au bout,
quitte, plus tard, peut-être dans quelques années, à
prendre un camion pour travailler, si possible, dans ma région. Dans le
moment, je me suis embarqué avec de l'équipement. Il y a des
ouvertures dans le Québec.
M. Cordeau: Ce dont vous vous plaignez, c'est qu'il y a des
ouvertures et on ne vous demande pas.
M. Ruel: Dans le fond, j'ai raison parce que je n'ai pas
travaillé depuis longtemps.
M. Cordeau: Est-ce qu'il existe des moyens pour que vous puissiez
faire connaître votre point de vue à des autorités
supérieures?
M. Ruel: Le moyen que j'ai pris, c'est celui de décider
moi-même, comme camionneur, de me présenter ici, en commission
parlementaire. C'est ce à quoi j'ai pensé. D'ailleurs, j'ai
été à ne rien faire tout le printemps. Quand on a
parlé de cette commission, j'ai dit: Je vais prendre le temps pour
ça. Parce que ce mémoire, je l'ai fait moi-même. J'ai des
notes écrites à la main et j'ai une liste de pièces
disponibles pour aller à la Baie James; ce sont des pièces qui
sont demandées par les compagnies; c'est demandé par le Poste de
la région 08 et c'est normal d'avoir ces pièces pour donner un
bon service.
Le Président (M. Jolivet): M. Chouinard? Non? Je vous
remercie.
Les transporteurs en vrac du Trois-Rivières
métropolitain Inc.
Nous allons maintenant demander les Transporteurs en vrac du
Trois-Rivières métropolitain Inc., représentés par
M. Roger Duchaine, le mémoire no 8.
M. Duchaine.
M. Duchaine (Roger): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les membres de la commission, j'aimerais présenter celui qui
m'accompagne. C'est M. Jean-Luc Veillette qui a été
mandaté par le sous-poste de Trois-Rivières pour m'accompagner
à la commission.
Etant donné qu'il se fait tard, si vous n'avez pas d'objection,
M. le Président, je vais sauter des pages; je pense bien que tout le
monde peut consulter le dossier qu'on a remis.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, votre dossier compte tenu qu'il est ici à cette
assemblée il sera possible pour toute personne d'en prendre
connaissance à la Bibliothèque nationale.
M. Duchaine: Je commencerai par la page 4. Il fut tenu à
Montréal, le 15 janvier 1980 au bureau de la Commission des transports,
une réunion d'information sur la réglementation du camionnage en
vrac. Quelques détenteurs de permis de la région de
Trois-Rivières ont vu à travers le contenu du présent
règlement des possibilités d'organiser un sous-poste, où
le détenteur de permis, sans tenir compte de son allégeance
d'artisan ou d'entrepreneur, serait desservi dans son affectation avec
justice.
Mais voici qu'après sa formation et les sept premiers mois
d'opération, nous avons dû retenir beaucoup de difficultés
à fonctionner dans le cadre de ce même règlement. C'est
pourquoi nous nous inscrivons à cette commission, pensant que vous
pourrez faire des recommandations pour que ceux qui se conforment aux
règlements ne soient plus en conséquence considérés
comme les enfants pauvres de la situation.
Nous traiterons dans ce mémoire de l'importance de la
neutralité des postes et des sous-pos-
tes, du règlement sur le camionnage en vrac, du courtage
illégal, des taux et du transport illégal.
Depuis huit ans, nous assistons dans le camionnage en vrac à de
vieilles disputes entre camionneurs artisans et les autres. Le règlement
sur le camionnage en vrac tel qu'on peut le lire actuellement met fin à
ces disputes en disant que les postes d'affectation et les sous-postes doivent
baser leur organisation sur les détenteurs de permis et automatiquement
sans allégeance. Ces derniers paient tous les mêmes droits
à la Commission des transports au renouvellement des plaques
minéralogiques, donc, sont en mesure d'attendre les mêmes
services, ce qui, à notre sens, est juste et que nous défendons
depuis sept mois.
Or, il se trouve qu'au poste d'affectation, on ne partage pas cette
mesure et qu'on dépense plus d'énergie actuellement à
faire un poste artisan qu'à se conformer au règlement et d'en
faire un poste qui ferait la répartition de l'affectation in-ter-zone
entre détenteurs de permis.
De cette attitude du poste à vouloir s'identifier aux artisans
résulte que les vieilles guerres recommencent, les entrepreneurs se
regroupent pour court-circuiter le poste d'affectation et les sous-postes. Dans
cette guerre, toutes les manoeuvres sont permises allant du courtage
illégal au transport illégal, passant par les offres de travail
sous les taux.
Nous pensons donc qu'il est plus qu'important de s'en remettre au
règlement qui prévoit des postes et des sous-postes qui
reviennent aux détenteurs de permis tels que stipulés aux
articles 39.1 et 51.
Le règlement sur le camionage en vrac. La réglementation
qui régit actuellement le camionnage en vrac est bonne et comporte
beaucoup d'avantages pour le détenteur de permis. Elle permet une
répartition équitable de l'ouvrage pour tous les participants au
poste d'affectation.
Elle permet aussi au camionnage en vrac de se donner des structures pour
un meilleur contrôle de son transport.
Cela dit, il serait important que tous les détenteurs de permis
soient appelés obligatoirement à faire partie des postes. Nous
vivons actuellement l'époque où les détenteurs de permis
sont libres d'adhérer aux postes, ce qui a pour effet que certains
détenteurs se conforment au règlement volontairement alors que
d'autres font cavalier seul, d'où aucun contrôle ne peut s'exercer
sur eux.
Le règlement permettant que deux classes existent fait que la
plus désavantagée soit celle qui se conforme au règlement
parce que sous le contrôle des postes et des sous-postes, elle ne peut
accepter de transport qui soit en dehors du règlement et de taux
inférieurs.
C'est pourquoi nous demandons que tous les détenteurs de permis
passent par le même entonnoir.
Le courtage illégal. La Commission des transports n'ayant pas
rendu de décision sur la formation des nouveaux postes et sous-postes
empêche ces derniers d'être forts en structure pour combattre le
courtage illégal. Le règlement dit à l'arti- cle 38.2 que
le permis de vrac n'autorise pas son titulaire à fournir le service de
courtage.
Dans le territoire que nous couvrons, le courtage illégal a libre
cours et se pratique sur une grande échelle. Les firmes qui
détiennent des permis de vrac font fi du règlement et engagent
eux-mêmes leurs camions sans passer par le sous-poste.
Aucune mesure ne nous est donnée pour empêcher de telles
pratiques, sauf celle de faire une plainte au contrôleur de transport, ce
que nous avons fait à plusieurs reprises; mais jamais un dossier n'a vu
son aboutissement se solder par des mesures concrètes pour en
empêcher la prolifération.
Nous suggérons donc à la commission qu'un manquement
à cet article du règlement touche le détenteur lors de son
renouvellement de permis.
Les taux. Dans le recueil des tarifs du camionnage en vrac, il est
inscrit que les conditions et les prix de transport mentionnés aux
tarifs ont été fixés par la Commission des transports du
Québec et ont un caractère obligatoire à moins que des
conditions particulières incluses dans les tarifs n'y dérogent
explicitement.
Toutes conventions contraires à ces conditions sont nulles et de
nul effet. Seule la Commission des transports peut, par suite d'une
décision, modifier les conditions et les prix des transports du
présent recueil.
Dans nos vieilles chicanes entre groupements de camionneurs, vous voyez
là le caractère obligatoire le plus massacré du transport
en vrac. Les postes et les sous-postes sont obligés, de par les
structures ordonnées par le règlement, de s'en tenir aux taux
fixés par la commission, tandis que chez les autres qui se moquent de
ces structures, nous trouvons là le meilleur moyen de se faire pirate et
d'accaparer un marché d'une façon injuste. Là aussi,
l'application du règlement devrait prévoir des sanctions allant
jusqu'au non-renouvellement du permis.
Le transport illégal. Le fait de payer des droits à la
commission pour l'obtention d'un permis de transport de vrac devrait supposer
que ce secteur est protégé et que le transport de matières
en vrac appartient aux détenteurs de ce permis. Pendant que certains
détenteurs s'en tiennent scupuleusement à cette règle,
certains autres s'en moquent et transportent du vrac avec des "F", des "W" et
même des "P". La facilité avec laquelle on peut tricher dans les
moyens de contrôle actuels est sans doute la cause de ce non-respect du
règlement et, si pour certains transporteurs les moyens de
contrôle ne ferment pas les yeux, serait-ce que la grandeur des yeux est
inversement proportionnelle à la grosseur des intérêts?
Somme toute, messieurs de la commission, le camionnage en vrac ne fait
pas exception à la règle. C'est la loi de la jungle où le
gros mange le petit. Les grosses compagnies, avec leurs conseillers juridiques,
ont les moyens de retarder certaines procédures ou de contourner le
règlement, alors que le petit, lui, ne peut se protéger que par
des règlements qui lui feront justice.
En conclusion, nous sommes pour une application rigide du
règlement parce que nous croyons qu'il est bon pour le camionnage en
vrac. Cependant, il faudra se pencher sur des mesures de contrôle plus
sévères pour que son application soit respectée par tous
ceux qui détiennent des permis de vrac.
Parmi les moins intéressés à transiger avec les
postes et les sous-postes, on retrouve les municipalités et les
industries de pâtes et papiers pourtant très fortement
subventionnées par le gouvernement du Québec. Quand on sait
d'où vient l'argent des subventions, on ne peut qu'être
frustrés devant de telles situations et il ne faudrait tout de
même pas pousser la farce jusqu'à financer l'achat de camions avec
l'argent des subventions prises à même les impôts des
camionneurs et des contribuables québécois.
Le Président (M. Jolivet): Y a-t-il des personnes qui ont
des questions? Aucune observation?
M. Gratton: M. le Président... Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. Gratton: ... je dirai simplement à ces messieurs que le
fait qu'on ne pose pas de questions ne manifeste pas un manque
d'intérêt de notre part ni j'en suis sûr de la
part du ministre. C'est simplement que vous reprenez là plusieurs...
D'ailleurs, si vous avez été ici aujourd'hui et hier, vous
réaliserez que vos recommandations ont déjà
été touchées par d'autres, ont déjà fait
l'objet de plusieurs questions. Sans doute qu'elles retiendront l'attention de
tous de la même façon que les autres. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Dans votre conclusion, vous mentionnez que vous
reprochez aux municipalités certaines choses. Pouvez-vous
spécifier, s'il vous plaît?
M. Duchaine: On a fait des négociations avec la ville de
Trois-Rivières pour faire le transport de la neige et faire le transport
de tous les travaux qui étaient subventionnés. Dans le journal
local, on a eu une réponse du surintendant des travaux publics. Je me
permets de vous lire ce qu'il dit dans le journal, devant tout le monde.
Malheureusement, il n'y a pas que moi qui sait lire à
Trois-Rivières. "M. Léo Verreault du service des travaux publics
de la ville de Trois-Rivières a expliqué hier que c'est parce que
les deux groupes de camionneurs, les artisans et les entrepreneurs, ne
pouvaient s'entendre ensemble que la ville de Trois-Rivières avait
été amenée à agir comme cela, comme elle l'a fait
en matière de transport. Selon lui, le problème s'est posé
dans le mois de juin 1979, alors que les responsables municipaux ont eu des
rencontres avec des représentants des camionneurs pour tenter d'en venir
à une entente avec eux. Ils ont cependant réalisé
rapidement que la chicane était prise entre les deux groupes et qu'il
n'y aurait pas moyen de trouver une solution susceptible de plaire à
tous. (22 h 15) "De son côté, le gérant adjoint aux travaux
publics, M. Jean-Paul Dorion, a expliqué que la ville ne pouvait pas
passer par les postes d'affectation puisque ce faisant elle aurait privé
automatiquement des camionneurs entrepreneurs, d'où la fameuse chicane
entre les deux associations. "Nous avons plutôt opté pour une
solution qui permettrait à tout le monde de tirer son profit, a-t-il
dit, étant donné qu'aussi bien les membres d'un groupe comme de
l'autre paient des taxes à la ville. "C'est ainsi qu'à la
mi-novembre, à la veille de la saison hivernale, la ville de
Trois-Rivières a fait publier dans les journaux une annonce dans
laquelle elle invite les camionneurs, en général, résidant
à Trois-Rivières ou à Trois-Rivières-Ouest et qui
voudraient transporter de la neige au cours de l'hiver 1979-1980, à se
présenter à l'édifice des travaux publics, pour faire
mesurer la boîte de leurs camions. Elle fixait aussi des taux qui
étaient en bas de ceux établis par la Commission des transports.
Me Dorion avait alors indiqué que bien peu de villes paient ces tarifs
en réalité".
M. Cordeau: Mais quand vous dites des municipalités, c'est
surtout la municipalité de Trois-Rivières à laquelle vous
faites allusion?
M. Duchaine: De Trois-Rivières, oui.
Association des camionneurs artisans du comté
de Rouville
Le Président (M. Jolivet): Merci beaucoup. Nous demandons
à l'Association des camionneurs artisans du comté de Rouville,
représentée par M. Roland Ménard, président, de se
présenter.
M. Ménard, voulez-vous nous présenter votre
collègue?
M. Ménard: Je suis représenté par mon
avocat, Me Claude Gilbert, qui va faire la lecture du mémoire.
Le Président (M. Jolivet): Merci, j'ai bien compris M.
Gilbert.
M. Gilbert: Claude Gilbert. M. le Président, M.
l'honorable ministre des Transports, messieurs les députés, ce
mémoire est présenté par l'Association des camionneurs
artisans du comté de Rouville. Il a pour but de vous informer de la
situation qui prévaut dans la région 06 du camionnage en vrac et
plus particulièrement dans le comté de Rouville. Il fait
état des relations qui existent entre le Poste d'affectation de la
région 06 Inc. et l'Association des camionneurs artisans du comté
de Rouville.
Le taux d'insatisfaction des camionneurs envers ledit poste
d'affectation est très élevé et c'est
pour cette raison que nous avons décidé de vous exposer
notre problème, en espérant que vous pourriez apporter une
solution concrète et définitive.
Historique. Cette association, l'Association des camionneurs artisans du
comté de Rouville, a été reconnue syndicat professionnel
le 2 avril 1968 et agit à ce titre depuis cette date. Les buts et objets
de cette association sont de regrouper les propriétaires de camions qui
s'occupent de camionnage en général dans le comté de
Rouville, d'étudier, de promouvoir, de protéger et de
développer, de toutes manières, les intérêts
culturels, économiques et professionnels de ses membres.
Elle doit aussi voir à l'amélioration des conditions de
travail et représenter les intérêts de ses membres. Du 2
avril 1968 jusqu'à l'instauration du Poste d'affectation de la
région 06, l'Association des camionneurs artisans du comté de
Rouville voyait à l'affectation de ses membres et à la
répartition du transport en vrac entre ces derniers. Elle a toujours
été en mesure de répondre efficacement et rapidement aux
différents requérants de service qui s'adressaient à elles
pour faire effectuer du transport en vrac.
Le 1er mai 1978, la corporation du Poste d'affectation de la
région 06 Inc. recevait ses lettres patentes et devenait la seule
corporation autorisée à faire de l'affectation et du courtage
dans le camionnage en vrac sur le territoire de la région 06. En date du
1er juillet 1978, tous les camionneurs membres de l'Association des camionneurs
artisans du comté de Rouville signent un contrat d'adhésion pour
une durée d'une année au Poste d'affectation de la région
06 Inc.
Relations entre l'Association des camionneurs artisans du comté
de Rouville et le Poste d'affectation de la région 06 Inc. Du 2 juillet
1978 à mai 1979, les relations sont relativement bonnes. En effet, les
camionneurs paient une cotisation de $26.50 par mois au Poste d'affectation de
la région 06 Inc. et ce dernier permet à l'Association des
camionneurs artisans du comté de Rouville d'engager son agent d'affaires
et autorise l'agent d'affaires à agir comme courtier dans le camionnage
en vrac à l'intérieur du comté de Rouville. Ledit courtier
est payé à même les cotisations qui sont versées
à l'Association des camionneurs artisans du comté de
Rouville.
En mai 1979, le Poste d'affectation de la région 06, par
l'entremise de l'ex-président de l'Association des camionneurs artisans
du comté de Rouville, propose aux membres de ladite association
d'installer un bureau de courtage à l'intérieur du comté
de Rouville. Les membres de l'association étant pleinement satisfaits du
service de courtage et craignant de voir indûment augmenter leurs
cotisations sans pour autant avoir droit à une augmentation des services
refusent d'ouvrir ce bureau de courtage. La cotisation payable à
l'association pour les services de courtage était de $23.50 à
cette époque.
Le 14 juin 1979, le gouvernement du Québec dévoile, par
l'entremise de la Commission des transports du Québec, un projet de
modification au règlement sur le camionnage en vrac, plus
particulièrement en ce qui concerne le courtage en camionnage en vrac et
ce, en présence des directeurs de postes d'affectation.
Le 26 juin 1979, l'Association des camionneurs artisans du comté
de Rouville convoque ses membres à une assemblée d'information et
invite le directeur du Poste d'affectation de la région 06 pour leur
fournir des explications sur le projet de modification du règlement sur
le camionnage en vrac. Au cours de cette assemblée, le directeur du
poste d'affectation propose aux membres de l'association de signer une nouvelle
formule d'adhésion au Poste d'affectation de la région 06 pour
une période d'une année s'étendant du 1er juillet 1979 au
1er juillet 1980. Compte tenu du projet de modification du règlement sur
le camionnage en vrac, les membres de l'association proposent au directeur du
poste d'adhérer au poste d'affectation sur une base mensuelle et ce,
jusqu'à l'entrée en vigueur des modifications concernant le
courtage en camionnage en vrac.
Entre le 27 juin 1979 et le 6 août 1979, un certain nombre de
camionneurs en fait, 23 membres signent un contrat
d'adhésion avec le poste d'affectation avec la mention spéciale
que cette adhésion sera valide jusqu'à l'adoption des
modifications du règlement sur le camionnage en vrac.
En date du 6 août 1979, l'Association des camionneurs artisans du
comté de Rouville convoque une assemblée spéciale à
la demande du directeur du Poste d'affectation de la région 06. Le
directeur du poste d'affectation indique aux 23 membres qui ont
déjà signé leur formule d'adhésion qu'il les refuse
et il remet les formules d'adhésion signées à
l'association. Ce même directeur informe les membres de l'association
qu'il va mettre le comté en tutelle parce que les membres de
l'Association des camionneurs artisans du comté de Rouville ne veulent
pas, de façon unanime, signer la formule d'adhésion pour la
période du 1er juillet 1979 au 1er juillet 1980 et ce, malgré que
tous les membres de l'Association des camionneurs artisans du comté de
Rouville offrent de payer leur cotisation au poste d'affectation mensuellement
jusqu'à l'adoption des modifications du règlement sur le
camionnage en vrac.
En date du 15 août 1979, le Poste d'affectation de la
région 06 Inc., par l'entremise d'un directeur de sous-poste, fait
parvenir une lettre à chaque membre de l'Association des camionneurs
artisans du comté de Rouville, les informant que leur association est
maintenant sous la tutelle du Poste d'affectation de la région 06 Inc.,
et les enjoignant de signer une nouvelle formule d'adhésion pour une
période d'une année. De plus, cette lettre indique que,
dorénavant, le coût de la cotisation mensuelle sera de $75; donc,
une augmentation de $25 et une diminution de services. En outre, le poste
d'affectation retire l'autorisation de courtage qu'il avait donnée
à l'agent d'affaires engagé par l'Association des camionneurs
artisans du comté de Rouville en le qualifiant d'incompétent,
alors que ce dernier agissait à titre de courtier
depuis sept ans, et le remplace par une personne sans aucune
expérience. Quant aux preuves de l'incompétence, le directeur du
poste d'affectation a toujours refusé de les donner.
Le 30 août 1979, l'association convoque une nouvelle
assemblée pour demander au directeur de lever la tutelle. Le directeur
du poste d'affectation présent à cette réunion refuse de
lever la tutelle en prétextant que ce n'est pas dans ses pouvoirs
d'accepter une telle requête. Au cours de cette assemblée, 40
membres de l'Association des camionneurs artisans du comté de Rouville,
comparativement à 56 l'année précédente, signent la
formule d'adhésion et environ la moitié de ces signataires font
rajouter la mention sur le contrat d'adhésion que ce dernier se
terminera lors de l'entrée en vigueur des modifications du
règlement sur le camionnage en vrac. Quant aux 16 autres, ils informent
l'assemblée qu'ils ne veulent pas subir une semblable dictature.
Au cours de cette assemblée du 30 août 1979, les 40 membres
de l'Association des camionneurs artisans du comté de Rouville qui ont
signé une formule d'adhésion au Poste d'affectation de la
région 06 Inc., ne l'ont pas fait parce qu'ils acceptaient la
façon dont le Doste traitait ses adhérents, mais plutôt
parce qu'ils n'avaient pas le choix. En effet, le transport en vrac
s'échelonne sur une période de sept à huit mois dans
l'année; le poste d'affectation est la seule corporation à
détenir un permis de courtage dans la région 06 et aussi la seule
à détenir les quelques maigres clauses de protection pour les
ouvrages subventionnés par le ministère des Transports. Il ne
restait qu'environ deux mois et demi avant les grosses gelées, donc,
environ deux mois et demi de travail. Considérant l'investissement
énorme qui est requis pour l'achat d'un camion, environ $50 000, il
était absolument impensable pour un camionneur sérieux de refuser
de signer la formule d'adhésion, à défaut de quoi il
risquait la faillite dans les mois qui allaient suivre.
Les 7 et 12 décembre 1979, les modifications apportées au
règlement sur le camionnage en vrac étaient publiées dans
la Gazette officielle du Québec et entraient en vigueur. Le 17
février 1980, l'Association des camionneurs artisans du comté de
Rouville, par l'entremise de son exécutif, décidait d'entamer les
procédures pour l'obtention d'un permis de sous-poste,
c'est-à-dire un permis de courtage à l'intérieur du
comté de Rouville, ce qui était maintenant autorisé par le
règlement sur le camionnage en vrac.
Cependant, l'obtention d'un permis de sous-poste est soumise à la
condition sine qua non qu'un permis de poste régional soit émis.
Il fallait donc patienter jusqu'à ce que le Poste d'affectation de la
région 06 Inc. fasse sa demande ou qu'une autre corporation sans but
lucratif fasse une demande pour obtenir le permis de poste dans la
région 06.
La demande de conversion de permis de poste d'affectation en permis de
poste présentée par la corporation du Poste d'affectation de la
région 06 a été entendue par la Commission des transports
du Québec le 29 avril 1980.
La décision fut rendue le 27 mai 1980 par le commissaire Jean-Guy
Alain, celui-là même qui avait entendu la requête. Le permis
de poste d'affectation était converti en permis de poste. Cependant, la
corporation détentrice du permis devait remplir certaines conditions
d'ici au 31 août 1980.
Le 2 juin 1980, le président et le vice-président de
l'Association des camionneurs artisans du comté de Rouville rencontrent
le directeur du poste d'affectation pour l'informer que la trentaine de membres
dont le contrat d'adhésion avec le poste d'affectation était
terminé depuis décembre 1979 désirait adhérer
à nouveau au poste d'affectation et ils offraient de payer la cotisation
de $26.50 rétroactivement au 1er janvier 1980 et celle de $75 à
partir du mois de juin 1980 et ce jusqu'à ce que la corporation se soit
conformée aux conditions énumérées dans la
décision de la Commission des transports portant le numéro
M-CV-17093.
Le directeur du poste d'affectation refuse cette offre et exige le
paiement des cotisations de $75 rétroactivement au 1er janvier 1980, ce
qui représente une somme de $450 par camionneur désirant
s'inscrire. Considérant que ces derniers n'ont pas travaillé de
l'hiver et n'ont pas été "dispatchés" pendant les mois de
juillet et août 1979, c'était inacceptable. Il manque deux mots
"c'était inacceptable".
L'intervention de la Commission des transports du Québec.
Le 9 juin 1980, l'Association des camionneurs artisans du comté
de Rouville fait parvenir un mémoire à M. Jacques
Beauséjour, député du comté d'Iberville. Ce
mémoire tentait de faire le résumé des
événements qui s'étaient produits depuis le mois de juin
1979.
Le 12 juin 1980, le député du comté d'Iberville
accusait réception du document et indiquait qu'il transmettait ce
document à l'honorable ministre des Transports pour étude et
considération. Le 19 juin 1980, l'honorable ministre des Transports
répondait au député que la Commission des transports du
Québec, en la personne du commissaire Jean-Guy Alain, avait tous les
pouvoirs pour trancher la question et qu'il lui remettait le mémoire en
lui demandant de lui faire rapport.
Le 23 juillet 1980, le commissaire Jean-Guy Alain convoque le directeur
du poste d'affectation et le président de l'Association des camionneurs
artisans du comté de Rouville à une rencontre à huis clos
dans le but de résoudre le conflit. M. Ménard propose de
recommander à ses membres d'adhérer au poste immédiatement
et de payer des cotisations à partir du 1er juillet 1980, au montant de
$75 par mois.
Le directeur du poste d'affectation, pour sa part, exige le paiement des
cotisations rétroactivement au 1er janvier 1980. Le commissaire Jean-Guy
Alain, quant à lui, suggère la tenue d'une assemblée
générale des camionneurs résidant dans le comté de
Rouville.
Le 29 juillet 1980, l'assemblée générale a lieu
à Rougemont. Sont présents à cette assemblée les
membres de l'Association des camionneurs artisans du comté de Rouville,
le commissaire Jean-
Guy Alain, le directeur du poste d'affectation de même que deux
des employés du poste d'affectation, le directeur du secteur et le
répartiteur de travail; 41 membres de l'Association des camionneurs
artisans sont présents sur 54.
L'assemblée est tenue de façon très informelle. M.
Ménard expose que le désir de ses membres est que la paix sociale
revienne dans le comté et que le travail soit réparti
équitablement entre tous les camionneurs.
Le directeur du poste d'affectation, par la suite, s'adresse aux
camionneurs dont le contrat d'adhésion au poste se terminait en
décembre 1979, soit lors de l'entrée en vigueur des modifications
sur la section intitulée courtage dans le règlement sur le
camionnage en vrac; il les informe qu'il est prêt à faire des
arrangements pécuniaires sans en dévoiler la teneur.
Le commissaire Alain fait lecture de l'article 56.3 du règlement
sur le camionnage en vrac qui se lit comme suit: "Lorsque la commission
délivre un permis de poste, elle annule le permis de poste d'affectation
qu'il remplace; dans ce cas, le nouveau titulaire succède à tous
les droits et obligations de l'ancien et le code d'éthique en vigueur
continue de s'appliquer jusqu'à l'adoption d'un nouveau et son
approbation par la commission. La commission peut aussi convertir un permis de
poste d'affectation en un permis de poste."
Le commissaire recommande de signer la formule d'adhésion
attachée au code d'éthique alors que, dans la décision
portant le numéro M-CV-17093 de la Commission des transports du
Québec, celle-ci imposait comme condition de conversion du permis de
poste d'affectation en permis de poste que le code d'éthique soit
approuvé par une assemblée générale avant que les
formules d'adhésion soient signées. (22 h 30)
Les camionneurs ne s'expliquent pas comment ils étaient en mesure
de signer une formule d'adhésion au poste d'affectation alors que le
code d'éthique qui, en définitive, détermine et
définit les rapports entre le Poste d'affectation de la région 06
Inc. et ses abonnés n'avait pas encore reçu l'approbation de
l'assemblée générale et était sans aucune valeur.
On demandait donc aux camionneurs membres de l'association de signer un
chèque en blanc.
Au cours de l'assemblée, le commissaire prit à part les
camionneurs en trois groupes différents. En premier lieu, il rencontra
les camionneurs dont l'adhésion au poste d'affectation était
terminée depuis décembre 1979. Il proposa à ces derniers
un compromis, c'est-à-dire de déposer une nouvelle demande
d'adhésion au poste d'affectation, de payer la cotisation de base qui
est de $125 et de commencer à payer leur cotisation mensuelle à
compter du 1er août. Cette proposition satisfait l'ensemble de ces
camionneurs et ce malgré qu'ils aient tous déjà fait ce
dépôt de $125 en juillet 1978. Par la suite, le commissaire Alain
réunit à huis clos le directeur du poste d'affectation, le
directeur du sous-poste et le répartiteur. Nul ne sait ce qui s'y est
discuté. En troisième lieu, le commissaire Alain réunit
les autres camionneurs qui, eux, avaient signé une formule
d'adhésion pour la période d'une année au poste
d'affectation et qui avaient effectué tout le transport en vrac dans le
comté de Rouville depuis les huit derniers mois. Nul ne sait non plus ce
qui s'est discuté durant cet entretien.
Pour terminer l'assemblée, le directeur du poste d'affectation
fait l'offre suivante, soit de payer un montant de $406 pour chacun des membres
désirant se réinscrire au poste d'affectation. Le commissaire
Alain est présent lorsque cette proposition est faite et nous en
déduisons qu'il l'approuve puisqu'il ne manifeste pas son
désaccord.
Ce qui ressort de cette assemblée, c'est que la Commission des
transports, par l'entremise du commissaire Alain, semble être d'accord
avec les gestes posés par le directeur du poste d'affectation. En effet,
le commissaire Alain a laissé le directeur du poste d'affectation faire
des offres monétaires sans tenir compte que les camionneurs n'avaient
bénéficié d'aucun service pendant la période pour
laquelle on exigeait des cotisations rétroactivement. En second lieu, on
demande aux camionneurs de signer un code d'éthique alors que ce code
d'éthique n'a jamais été approuvé en
assemblée générale et que la décision M-CV-17093 de
la Commission des transports exige que le code d'éthique soit
approuvé par une assemblée générale. Les
camionneurs restent sous l'impression qu'ils n'ont qu'à payer et
à endurer sans mot dire.
Recommandations. Considérant que tous les problèmes
vécus par les membres de l'Association des camionneurs artisans du
comté de Rouville découlent d'une même source, le Poste
d'affectation de la région 06 Inc.; considérant que le courtage
en camionnage en vrac ne peut s'effectuer à partir d'un seul poste
régional; considérant que ledit courtage doit être fait par
une personne connaissant les différents requérants de service,
les contrats en voie d'être exécutés et la configuration
des lieux pour rentabiliser les petites entreprises de transport en vrac;
considérant que le permis de courtage unique émis à un
poste régional entraîne d'énormes problèmes de
communication et d'administration entre la corporation détentrice du
permis et ses abonnés; considérant que les services offerts par
une corporation détentrice d'un permis de courtage, de même que
les cotisations payables à ladite corporation, doivent être
proportionnels aux besoins des utilisateurs dans chaque comté;
considérant que les transporteurs en vrac ont toujours respecté,
comme territoire de travail, les comtés électoraux de 1969;
considérant le besoin et la nécessité de
réglementer le courtage en camionnage en vrac, nous vous soumettons
respectueusement que les permis de courtage devraient être émis
à des corporations sans but lucratif à l'intérieur de
chaque comté électoral selon la carte de division territoriale de
1969, que ces permis devraient être émis lorsque la
majorité, 50%, des détenteurs de quatre permis ou
moins de camionnage en vrac et résidents dans le comté en
font la demande, qu'une fois ces permis émis au niveau de chaque
comté, dans une région donnée, les présidents de
chaque corporation détentrice de permis pourraient se réunir pour
former un conseil régional. Le conseil régional n'aurait
compétence que pour faire du courtage intercomté. Nous croyons
que c'est là la seule façon d'administrer un service de courtage
rentable en camionnage en vrac.
Nous vous remercions de l'attention que vous portez à notre
mémoire et nous espérons que le rapport de cette commission
fournira à l'Assemblée nationale les outils nécessaires
pour ramener l'harmonie dans le camionnage en vrac.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: Est-il vrai que le poste vous offre maintenant de
vous considérer comme des nouveaux membres, donc de payer la cotisation
de base et de payer ensuite la cotisation mensuelle?
M. Ménard: Je pense que le mémoire en fait mention.
A la dernière assemblée qu'on a eue à Rougemont, dans le
comté de Rouville, le poste nous demandait une
rétroactivité de $406 pour payer des services qu'on n'avait pas
eus, les services de courtage qu'on n'avait pas eus.
M. de Belleval: Mais est-ce que je fais erreur si je pense que la
solution de compromis qui aurait été trouvée, ce serait de
vous considérer comme des nouveaux membres et que vous n'auriez
qu'à payer la cotisation de base?
M. Ménard: Cela a été proposé par M.
le commissaire Jean-Guy Alain, cela a été accepté
d'emblée par des membres qui n'ont eu aucun courtage depuis huit mois.
Par contre, le directeur du sous-poste ne l'a pas accepté.
M. de Belleval: Le directeur du sous-poste n'est pas
d'accord.
M. Ménard: II ne l'a pas accepté.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, le moins qu'on puisse dire,
c'est que le ministre est moins loquace ce soir qu'il ne l'était hier
lorsqu'il encensait le directeur du Poste d'affectation de la région 06;
ils étaient au paradis terrestre, dans la région. On s'attendait
qu'on puisse citer le Poste d'affectation de la région 06 partout en
province en disant: Vous voyez, c'est comme cela qu'il faut faire, regardez
comme ça va bien, il n'y a pas de problèmes. Je me disais: Avant
de dire cela, il vaudrait peut-être mieux attendre d'avoir les deux
côtés de la médaille; je suis content de l'avoir fait.
M. Ménard:... quand on a parcouru un peu la région,
c'est un paquet de problèmes à peu près dans tous les
comtés. D'ailleurs, on a eu un résultat, il y a eu des
élections pour nommer des administrateurs et je pense que, sur 22, il y
en a 14 qui étaient contre l'administration du directeur du poste. Il
prend toutes les planches de salut possibles pour essayer de se sortir de ce
pétrin, mais on est à ce point. Jusqu'à certains
comtés où il y a eu des représentations, 60 contre 14, et
il faudra qu'on tienne d'autres élections dans ces comtés.
M. Gratton: Je vous avoue franchement, M. Ménard, que je
pense que vous aussi on doit vous féliciter parce que, d'abord, vous
avez su rétablir certains faits dans un mémoire sans accuser
personne de quoi que ce soit, sans mettre en cause l'intégrité,
l'honneur ou l'honnêteté de quelques personnes. Vous avez
réussi à me faire comprendre que, dans la région 06, ce
n'est pas l'éden, ce n'est pas le paradis terrestre, il reste encore un
bon paquet de problèmes à régler, et je vous en
remercie.
Je voudrais savoir c'est la seule question que je voudrais vous
poser à la suite de cette réunion à Rougemont et
à l'offre... Le ministre disait tantôt: Est-ce qu'on ne vous a pas
fait une autre offre? C'est le même ministre qui reprochait à
d'autres personnes, cet après-midi, le fait, que, lorsqu'on arrivait en
cour avec des choses on retirait l'offre. C'est comme cela la
négociation, malheureusement. Vous venez de nous admettre qu'il n'y a
pas eu d'offre de la part du poste d'affectation, il y a eu une proposition du
commissaire Jean-Guy Alain, que vous avez acceptée, mais qui n'a pas
été acceptée par le poste d'affectation.
M. Ménard: Moi-même, je l'ai acceptée, mais
les membres qui ne faisaient aucun transport depuis huit mois, qui ont
été bloqués depuis huit mois l'auraient acceptée
d'emblée ce soir-là, ça aurait réglé la
situation au niveau du comté de Rouville.
M. Gratton: Est-ce qu'il y a un certain nombre de vos membres
qui, parce qu'ils voulaient travailler, ont fini par payer les $406?
M. Ménard: Je crois que quand ça fait huit mois
qu'un camionneur ne travaille pas et qu'il a payé ses plaques et ses
assurances, il veut pas mal travailler.
M. Gratton: Combien ont finalement adhéré?
M. Ménard: Ce soir-là, il y en a seulement un qui a
décidé de payer ses $406 parce que c'était un jeune, il
avait une famille, et je ne pense pas qu'il était
intéressé de perdre son camion, il était rendu au bout.
Depuis ce temps, il y en a trois nouveaux qui y ont adhéré parce
que les types, il faut qu'ils travaillent. Il y en a seulement quatre qui y ont
adhéré depuis à peu près un mois.
M. Gratton: Encore une fois, M. Ménard, merci de votre
témoignage et espérons que ni l'ANCAl, ni quelque association que
ce soit, ni quelque individu que ce soit ne pensera que c'est par des pressions
semblables et en utilisant le gros bout
du bâton qu'une réglementation peut nous donner et que les
circonstances peuvent confier à quelqu'un qu'on va finir par
régler le problème du camionnage en vrac au Québec.
M. Ménard: Je pense que j'ai essayé de faire une
réplique la plus exacte possible de la situation dans le comté de
Rouville. Je ne crois pas avoir dévié beaucoup de ce qui
était présenté dans le mémoire.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. A la page 12 de votre
mémoire, vous faites allusion au code d'éthique. Est-ce que ce
code d'éthique a été approuvé en dernier lieu par
l'assemblée générale?
M. Ménard: Dans la région 06...
M. Gilbert: Si vous me permettez de répondre, dans la
région 06, présentement, à la suite d'une décision
du commissaire Jean-Guy Alain, des élections doivent être tenues
dans onze comtés. Elles doivent se faire par comtés municipaux
pour les délégués devenant administrateurs aux postes
d'affectation. Ces élections ont déjà eu lieu. Cependant,
le Poste d'affectation de la région 06 exige que la personne élue
dans le comté soit élue par 51, c'est-à-dire 50% plus un,
non pas des gens présents à une assemblée, mais des gens
abonnés au poste d'affectation ou qui ont déposé $125 en
1978.
Suite aux élections qui se tiendront du 6 au 13 septembre, je
présume qu'il y aura une assemblée générale et
qu'à ce moment-là on pourra approuver, j'espère, un code
d'éthique.
M. Cordeau: Est-ce que cette procédure est adoptée
dans toutes les régions ou est-ce seulement dans la région 06 que
cette procédure est exigée, de 51%?
M. Gilbert: De 50% plus un, à ma connaissance, il y a
uniquement dans la région 06 où cela existe.
M. Cordeau: M. le Président, je peux poser une question au
ministre?
Le Président (M. Jolivet): Certainement.
M. Cordeau: Est-ce que le dire qu'on vient d'entendre est exact
ou est-ce une directive du ministère ou de la Commission des transports
concernant l'élection des directeurs? Je fais allusion aux 51% dont on a
fait mention.
M. de Belleval: Je ne peux pas donner la réponse sur la
question particulière des 50% plus un des membres du poste plutôt
que des membres présents. C'est une procédure souvent
adoptée dans des associations volontaires, ce n'est pas une
procédure extraordinaire. Quoi qu'il en soit, le poste 06 a obtenu son
accréditation, son agrément, conformément au
règlement et fonctionne conformément au règlement. C'est
un des rares postes d'ailleurs qui est dans une situation
régulière.
M. Cordeau: A ce moment-là le directeur peut prendre les
attitudes qu'il veut concernant les élections. Rien ne...
M. de Belleval: Au contraire, il doit fonctionner selon le
règlement et c'est ce qui se passe.
M. Cordeau: Est-ce que les règlements stipulent 51% des
membres ou 51% des membres présents à l'assemblée?
M. de Belleval: Comme je vous dis, je suis informé que le
poste 06 se conforme au règlement. Est-ce que le règlement
prévoit nommément ce genre de choses, je pense que c'est permis
dans le cadre du règlement. Autrement dit, il n'y a rien
d'irrégulier là-dedans.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Si j'ai bien compris, M. le
Président...
M. Cordeau: ... à M. le ministre, peut-être que
l'intervenant aurait quelque chose à ajouter.
Le Président (M. Jolivet): Allez, M. Gilbert.
M. Gilbert: J'ai ici une lettre du commissaire Alain dont il m'a
fait parvenir copie...
M. de Belleval: Pour confirmer ce que je viens de dire, c'est une
matière de régie interne qui est prévue dans le cadre du
règlement général. C'est donc conforme au
règlement.
M. Cordeau: Mais une régie interne, il me semble que les
règlements doivent être adoptés par l'assemblée
générale tout au moins.
M. de Belleval: Effectivement, dans le cas du poste 06, les
règlements sont respectés en ce qui concerne l'autorité de
l'assemblée générale.
M. Gilbert: Quant à la résolution qui a
été adoptée par le Poste d'affectation de la région
06 Inc. concernant les 50% plus un, cela a été adopté par
l'ancien conseil d'administration qui regroupait uniquement quatre
administrateurs et non pas les 22 comme il se devait.
Cette résolution a été adoptée en date du 3
mai et la demande de conversion du permis de poste d'affectation a
été entendue par la Commission des transports le 29 avril, donc,
quelques jours auparavant. Si cette résolution avait été
connue au moment des audiences à la Commission des transports, il est
évident que les intervenants,
lors de cette demande de conversion de permis de poste d'affectation en
permis de postes, auraient fait des représentations à savoir que
c'était inacceptable d'avoir une telle représentation, de
demander un tel nombre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Iberville. (22 h 45)
M. Beauséjour: Oui, M. le Président. J'ai compris
dans le mémoire que l'Association du comté de Rouville
était habituée à fonctionner avec l'ancien comté
municipal qui existe encore actuellement...
M. Ménard: C'est ça, l'ancien comté
municipal.
M. Beauséjour: ... et à partir de juillet 1978,
elle a dû aller au niveau régional.
M. Ménard: Le secteur de travail est resté dans
l'ancien comté municipal, mais le travail était commandé
au niveau régional; le niveau municipal, l'ancien secteur municipal
n'avait plus aucun pouvoir de commander ces travaux.
M. Beauséjour: En tout cas, il semble que...
M. Ménard: Apparemment, ils nous auraient mis en tutelle.
Ils appelaient ça une tutelle.
M. Beauséjour: Etant donné que l'assemblée
de Rougemont semblait satisfaire vos camionneurs, elle ne semble pas avoir
fonctionné. A la page 6, vous avez pris des procédures pour
obtenir un sous-poste. Est-ce que ça vous semble que si ça se
réalisait, ça pourrait régler le problème?
M. Ménard: D'une manière ou de l'autre, il faut en
venir à une certaine entente. Il y avait une demande de sous-poste, mais
il faut en venir à une entente parce qu'on ne peut pas permettre que la
moitié des membres regardent travailler l'autre moitié
après avoir payé des permis et avoir fait des investissements de
$50 000. Cela dure depuis huit mois pour 50% des membres, mais ça ne
pourra pas durer indéfiniment.
M. Beauséjour: Mais est-ce que ça
satisferait...
M. Ménard: Cela semblerait satisfaire tout le monde.
M. Beauséjour: Quand avez-vous fait la demande pour
obtenir un sous-poste?
M. Ménard: Je pense qu'on l'a souligné dans le
mémoire tantôt. Il y a à peu près deux mois.
M. Beauséjour: Avez-vous été informés
de la date à laquelle votre demande devra être entendue?
M. Ménard: Non, pas encore.
Le Président (M. Jolivet): Pas d'autres questions?
M. Ménard: On n'en a eu aucune nouvelle.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Beauséjour: Je vous remercie.
Certains entrepreneurs spécialisés dans
le transport en vrac pour la région de Montréal
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Merci. Nous demandons
à certains entrepreneurs spécialisés dans le domaine du
transport en vrac de la région de Montréal, ville Laval, sa
région périphérique, la 06, et la région de
l'Abitibi, la région 08, représentée par Me Louis Lavoie,
de Pa-quette, Perreault, Rivest et Associés, de se présenter
à l'avant.
Est-ce que l'on peut demander votre collaboration pour en faire un
résumé ou bien si vous avez l'intention de le lire en entier?
M. Perreault (François): Non. C'est ce que j'allais tenter
de faire. Même s'il y a certains paragraphes sur lesquels je voudrais
revenir, je vais essayer de vous dispenser d'une lecture exhaustive.
Le Président (M. Jolivet): Pouvez-vous présenter
les membres qui sont avec vous?
M. Perreault: Oui, M. le Président. D'abord, je tiens
à vous remercier de la tribune que vous nous donnez et je vous
présente Me Louis Lavoie de notre bureau ainsi qu'un certain nombre
d'entrepreneurs, même s'ils sont des camionneurs en transport en vrac qui
cnt contribué au rapport. Nous avons préparé ce rapport.
Il n'y a aucune association de formée en vertu de la Loi des compagnies
ou autres, partie III. Ce sont tous des individus qui peuvent être
incorporés, toutefois, avec des incorporations à but lucratif, et
ils font, comme on dit, le transport de matières en vrac dans la
région de Montréal et dans les régions dont on a
soulevé le nom dans le rapport. Mon confrère va vous
présenter chacune des personnes, si vous le désirez.
M. Lavoie (Louis): M. Denis Perron, ici, M. Enoch Sbrega, M.
Henri Bergeron, M. Nick Badis-sa, M. Réal Lavoie et M. Roger
Gagnon...
Le Président (M. Jolivet): Merci.
M. Lavoie (Louis): ... et mon confrère. Me François
Perreault.
M. Perreault: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés. Tout le monde a parlé aujourd'hui des postes
d'affectation, les camionneurs
artisans détenant moins de quatre véhicules. Nous sommes
du groupe qui détient plus de quatre véhicules. Ce sont donc des
revendications que nous tentons auprès de votre comité afin que
nous puissions au moins conserver nos droits. Ces droits, il faut que vous
compreniez que nous les avions déjà et que nous étions
déjà dans le domaine bien avant la réglementation en vrac,
bien avant que les camionneurs artisans décident de s'organiser et de
demander au gouvernement qu'une réclamation soit adoptée. Parmi
nous, il y a des gens qui ont obtenu, lors de la réglementation en vrac,
quelque 145 permis de transport en vrac de la Commission des transports, un
autre en a obtenu 80. C'est pour vous dire que ces permis-là, ils ne les
ont pas volés. Ce ne sont pas des cadeaux que la Commission des
transports du Québec leur a faits, mais il a fallu prouver que nous
avions les véhicules au moment où nous avons fait les demandes
à la commission. Pour cette preuve de véhicules, il fallait
produire les enregistrements des années antérieures à la
réglementation ou antérieures à la date qui fixait la
réglementation. Nous avons produit des enregistrements pour 1972, 1971.
Essayez d'imaginer, M. le Président, si on vous demandait de produire
vos enregistrements d'auto pour 1971 et 1972, comment vous pourriez faire, si
on était en 1975, ou même en 1980, si on vous demandait de
produire ceux de 1975. Comment feriez-vous? Nous l'avons fait pour 145
véhicules. Nous l'avons fait pour 80 véhicules. De sorte que
lorsqu'on vient prétendre qu'il y a trop de permis de vrac, que nous
sommes des enfants qui mélangeons tout dans le transport en vrac quant
aux artisans, lorsqu'on vient prétendre cela, je soumets
respectueusement que nous avons, nous l'espérons, au moins autant de
droit que les camionneurs artisans, au moins autant qu'eux.
Nous désirons vous souligner à quel point nous voulons que
vous conserviez les droits qui nous restent parce que nous en avons perdu un
grand nombre. Pour ceux qui avaient 145 permis, il ne leur en reste que 20.
Donc, tous sont en suspens. Pour celui qui en avait 80, il ne lui en reste que
39 et, sur ces 39, 30 sont encore dans l'attente d'une décision à
la Commission des transports du Québec et, vraisemblablement, ils
pourraient être annulés.
Nous disons que l'un des buts du gouvernement est de sauvegarder le
bien-être de la collectivité. Nous soumettons que nous faisons,
nous l'espérons, partie de cette collectivité et nous
espérons que le gouvernement tiendra compte des revendications que nous
voulons vous exposer. Effectivement, lorsque le gouvernement a
créé la réglementation en vrac et lorsqu'on s'attarde un
peu sur les buts qu'avait la réglementation en vrac, pour nous, le
premier but c'était d'organiser les camionneurs artisans qui ne
détenaient qu'un seul véhicule. C'était aussi,
peut-être, leur permettre de consolider les travaux qui se faisaient dans
la région afin qu'ils n'aient pas, en même temps qu'ils
conduisaient leur véhicule, à se chercher de l'ouvrage pour le
lendemain. Nous concevons que c'était acceptable et nous ne voyons pas
comment nous pourrions contester une telle chose.
Nous ne sommes pas contre l'établissement de postes
d'affectation. Ce contre quoi nous sommes, c'est le fait que ce poste
d'affectation devienne, à un moment donné, un enfant
gâté, pourri qu'on ne finit pas de gaver. On va lui donner tous
les droits, tous les privilèges; non seulement va-t-on lui accorder ces
privilèges mais on va les consacrer dans une loi et un règlement.
On va même les lui donner dans une entente. C'est l'entente que nous
voulons dénoncer auprès de vous.
Cette entente du 23 juin 1977, vous me permettrez d'en lire quelques
paragraphes parce que après, je pense, par les questions que nous
poserons sur ces paragraphes, vous constaterez à quel point il ne nous
reste plus rien, rien de ce qu'on avait. Suite à des pressions que les
camionneurs artisans ont faites en montant sur la colline parlementaire, le
ministre a accepté... J'ouvre une parenthèse ici pour vous dire
que nous aussi nous avons des véhicules, il en reste; nous aussi pouvons
envahir la colline parlementaire, mais nous ne l'avons pas fait et nous
préférons nous prévaloir de cette tribune dans
l'espérance que vous donnerez raison à ce que nous
soumettons.
Dans l'entente le ministre acceptait que toutes les réquisitions
venant des différents ministères passent par le poste
d'affectation. "Le transport à faire effectuer en régie par les
différents ministères sera confié à 100% au poste
d'affectation". On recherche certainement via les postes d'affectation un
critère de perfection. Vous avez vu au cours de tous les mémoires
qui vous ont été présentés que tous les postes
d'affectation cherchaient ces 100%. Ils veulent tout avoir. "Le ministre
s'engage à recommander aux ministres responsables des
sociétés de la couronne d'utiliser les services du poste
d'affectation, etc., que 75% du transport de matières en vrac sur les
contrats donnés par le ministère des Transports soient
effectués par le poste d'affectation.
Dans tous les cas, ou à la suite d'une contribution
financière du ministre des Transports, un protocole d'entente pour
l'accomplissement de travaux ou de construction est signé avec un
organisme public ou privé, celui-ci devra utiliser les services du poste
d'affectation.
Le ministre s'engage à consulter son collègue des Affaires
municipales sur l'opportunité de prendre la même décision
dans le domaine des subventions du ministère des Transports aux
municipalités.
Ainsi, M. le Président, à partir du moment où le
gouvernement, les corporations de la couronne, les municipalités, les
organismes publics, les corps privés devront passer par le poste
d'affectation, je vous demande humblement: Qu'est-ce que vous allez nous donner
à transporter? Que nous restera-t-il? Nous sommes des entrepreneurs,
mais comprenons-nous bien, nous ne sommes pas des entrepreneurs au sens d'avoir
des pelles, des grues mécaniques, des bulldozers ou tout autre appareil,
nous avons surtout des
camions pour faire du transport de matières en vrac. C'est dans
ce sens-là que nous sommes entrepreneurs.
Parmi certains des signataires du mémoire que nous vous
soumettons, il y a des gens qui sont propriétaires de bulldozers, il y a
des gens qui détiennent une pelle mécanique, entre autres. Mais
la majorité d'entre eux ne fait que du transport de matières en
vrac. Ainsi, lorsque nous n'aurons plus rien, qu'allons-nous faire? Nous ne
pourrons plus obtenir de contrat. Nous ne sommes pas suffisamment importants
pour transiger directement avec le gouvernement. Nous sommes les
sous-entrepreneurs des gros entrepreneurs du gouvernement ou des
différents paliers gouvernementaux allant jusqu'au municipal. Exemple:
nous sommes les sous-entrepreneurs de Janin Construction, de Dùranleau,
à Montréal. Lorsqu'on trace des routes, quelle que soit la
construction qu'ils entreprennent, nous sommes de ceux-là. Si vous les
forcez à passer par le poste d'affectation, nous n'y sommes plus, parce
que même dans la réglementation, on nous dit, dans le poste
d'affectation, qu'il ne faut pas avoir plus de quatre véhicules et nous
en avons plus de quatre, nous en avons jusqu'à trente. Qu'allons-nous
faire? Qu'allons-nous devenir?
Notre plaidoyer a peut-être l'air égoïste, parce que
nous vous parlons de notre cas, mais dites-vous une chose: Nous sommes aussi
une PME, petite et moyenne entreprise. Quand nous avions 145 permis, nous
avions aussi au moins 145 employés. Cela prenait quelqu'un pour conduire
ces véhicules. Quand nous en avions 80, nous avions aussi 80
employés. Si vous imaginez qu'un entrepreneur qui possède dix
véhicules a absolument besoin d'un minimum de quinze personnes pour
manoeuvrer ces véhicules, que ce soient les chauffeurs, les commis de
bureau, la téléphoniste, le répartiteur, le
mécanicien, nous sommes donc directement des créateurs d'emplois,
veut veut pas. Si on n'a plus d'emploi, on n'engagera plus personne. Ces
gens-là, où vont-ils aller? Si vous ne voulez pas penser à
nous, pensez à eux.
Je voudrais revenir sur l'entente conclue avec le ministre d'alors,
lorsque le ministre s'engage à consulter son collègue des
Affaires municipales sur l'opportunité de prendre la même
décision dans le domaine des subventions du ministère des
Transports aux municipalités. M. le Président,
l'enlèvement de la neige, nous sommes là pour soumissionner.
C'est un de nos principaux revenus. Allez-vous nous l'enlever? On ne pourra
plus concurrencer le poste d'affectation. Mais pourquoi? Qu'a-t-il de si
merveilleux, ce poste d'affectation, pour être aussi choyé de
votre part? Est-ce parce qu'il braille tout le temps? Si c'est cela qu'il faut
qu'on fasse, on peut quand même apprendre assez vite, je croirais.
On ne vous demande pas grand-chose. On ne vous demande rien de plus. On
vous dit: Gardez-nous ce qu'on a. Ainsi, oubliez cette notion de 75-25. Quand
bien même ils ne veulent pas, oubliez-la. Oubliez les 100% surtout parce
que là il ne nous reste plus rien. Une fois que vous aurez oublié
cela, le poste d'affectation sera comme qui? Comme nous. Aïe va-t-il
être malheureux! Il va être notre égal. Il va être
obligé de concurrencer avec nous. Au lieu d'en faire une bête
passive dans son coin, les bras croisés, attendant que tout lui tombe du
ciel quand cela ne tombera pas assez vite, il va venir au gouvernement
avec ses camions, via ses artisans il va être obligé de
travailler comme nous pour trouver les contrats, décrocher des contrats,
essayer de gagner la vie de ses membres. C'est ce qu'on fait depuis qu'on
existe. (23 heures)
C'est là notre première revendication: que le poste
d'affectation que vous voulez créer, qu'on a déjà
créé, soit notre égal, mais pas plus dans la loi, ni dans
la réglementation, surtout.
Deuxième chose, quelle est l'idée de tout faire passer par
le poste d'affectation, de tout canaliser cela, tout ce qui se donnerait en
travaux de matières en vrac, par le poste d'affectation, comme un
entonnoir? Pourquoi faire cela? Est-ce que notre système
économique n'est pas basé sur la libre concurrence? Est-ce que
cela a fonctionné si mal que cela dans le passé? Pourquoi faire
cela si le système n'allait pas si mal? Pourquoi créer des
sous-postes entièrement dépendants du poste? Ils ne sont pas
capables d'être autonomes, ces gens-là, comme tout le monde?
Pourquoi ne pas faire, au lieu des sous-postes, douze postes d'affectation de
sorte que, entre eux également, ils soient en compétition et cela
nous fera encore plus de concurrence, ce à quoi nous n'avons pas
d'objection. Au moins, ils n'auront pas besoin de réclamer plus de
droits, ils ne pourront pas, à ce moment-là, vous en
réclamer plus et vous allez peut-être avoir une chance de ne pas
embarrasser votre colline parlementaire plus souvent qu'il ne le faut.
Dites-vous une chose, les employés que nous engageons, le
mécanicien, le répartiteur, le commis de bureau, la
téléphoniste, ne gagnent pas moins cher que le répartiteur
qui va aller travailler au poste d'affectation. Peut-être qu'ils
gagnaient plus, l'employé de bureau aussi, mais le mécanicien
qu'on avait, le poste d'affectation n'aurait pas de mécanicien, parce
que l'artisan, c'est lui qui répare son propre véhicule. A
supposer qu'un jour les artisans se regroupent, forment une espèce de
garage coopératif, quand ils auront engagé pour un poste
d'affectation d'une région, disons de la région de
Montréal, trois ou quatre mécaniciens, eu égard au nombre
de membres qu'ils sont, ils vont avoir atteint leur quota. Nous, grâce
à tous les petits entrepreneurs qu'on a ici, on a au moins une quinzaine
de mécaniciens qu'on fait travailler, qui gagnent leur vie chez nous, et
qui ne sont pas si malheureux que cela.
Grâce aux tarifs que nous payons, nos chauffeurs de camion gagnent
le même prix, le prix que vous adoptez souvent par réglementation;
on ne coupe pas les taux pour autant. Cela fait tellement longtemps, ils ont
une si grande expérience chez nous qu'ils ne doivent pas être si
malheureux que cela et ils doivent assez bien gagner leur vie. Ces
gens-là, demain matin, n'iront pas acheter des véhicules, ils ne
sont pas intéressés, ils n'en ont
peut-être pas les moyens, mais ils ne sont surtout pas
intéressés à cela. S'il n'y a pas de problèmes
à 4 heures, ils s'en vont, s'ils ont fini leur travail; s'ils finissent
à 8 heures, ils vont être payés en temps
supplémentaire.
Quand vous nous enlevez quelque chose, dites-vous une chose: cela fait
boule de neige et ça se multiplie à la fin, de sorte que les
travaux qu'on ne peut avoir, c'est autant d'emplois de moins, je ne dirai pas
de créés, mais de conservés. Ne nous faisons pas
d'illusion, l'adoption et l'acceptation par la réglementation du poste
d'affectation, ça ne créera pas d'emplois, ils n'iront pas
inventer les contrats. Les contrats sont déjà là; il
s'agit simplement d'agrandir le cercle des gens qui peuvent piger dedans. Il
n'y aura pas plus de travail, ils vont prendre le travail qu'on avait. Si vous
leur donnez le travail qu'on avait et qu'on n'en a plus, ça ne marche
pas.
Deuxième chose. Si vous canalisez tout par le poste
d'affectation, pensez-vous vraiment que le service que le public, le
requérant de services, le véritable requérant de services,
va recevoir va être plus grand? Quand vous n'avez pas à vous
déplacer, à faire d'efforts pour avoir une chose, vous n'en
faites pas. Par contre, si vous êtes sur un pied d'égalité
avec un concurrent, vous avez une chance ou enfin votre interlocuteur a une
chance d'aller chercher quelque chose de plus, ce que vous ne serez pas
intéressé à lui donner si vous donnez un monopole parce
que le poste d'affectation, tout ce qu'il veut, c'est ça qu'il veut
avoir, un monopole.
Assez curieusement je ne comprends pas bien non plus l'esprit de la
réglementation en vrac depuis sa création. Quand on regarde
l'historique de la réglementation en vrac, initialement qu'avions-nous?
On avait l'artisan, il y avait un camion. Pas dix, quatre, trois ou deux; un.
Et il y avait l'entrepreneur. Quand on déposait une demande à la
commission il fallait répondre sur la formule et se classifier
nous-mêmes. On était ou l'un ou l'autre, mais pas les deux, et on
n'était surtout pas artisan avec deux camions.
Cette notion de distinction n'existe plus entre entrepreneur et artisan.
Tout le monde est dans le même paquet et là, tu deviens artisan,
tu es artisan, même si tu as plus d'un véhicule, du moment que tu
n'en as pas plus de quatre.
Je trouve que la notion avance drôlement à ce
moment-là.
J'avais un deuxième point pour vous illustrer l'avancement de la
réglementation en vrac eu égard au but. Comme je ne suis pas trop
mon rapport, vous me permettrez s'il y a lieu d'y revenir un peu plus tard.
Je voudrais vous faire part des difficultés que nous avons
rencontrées. Les artisans vous ont dit: On n'a pas d'ouvrage et ils
laissent sous-entendre: Donnez-nous le poste d'affectation et on va être
au paradis. Voyons donc, voyons donc! Comme si eux, parce qu'ils n'ont pas
d'ouvrage, nous en avions. Nous n'en avons pas plus qu'eux autres. Les 143
permis qui sont tombés à 20 et qu'on a toutes les misères
du monde à conserver et les 80 à 30, qu'on peut vraisemblablement
perdre je ne dirai pas qu'on va probablement perdre, ça pourrait
être considéré comme une admission ces
permis-là on les avait. Les artisans ont eu de la difficulté
à payer leur cotisation, ils ont eu de la difficulté à
maintenir leurs permis par des achats de plaques et des renouvellements de
plaques. Mais nous, nos 143 et nos 80 on les a perdus. On n'a pas eu de
difficulté, on ne l'a pas eu.
Aujourd'hui tout le monde est dans le même bateau. Les artisans
ont des problèmes, il n'y a pas de travail, mais ce n'est pas le poste
d'affectation qui va résoudre ces problèmes. On n'en a pas
plus.
Tout à l'heure on est tous victimes du ralentissement
économique quand l'économie va reprendre, par exemple, on
va être encore là parce qu'on veut continuer à faire ce
qu'on a toujours fait. Comment va-t-on faire avec les permis qu'on n'a plus et
les camions qu'on n'a plus? Il va falloir racheter des permis parce qu'ils sont
gelés, il paraît. Tout le monde, un camion un permis. Dans ce
sens-là nous vous disons que la réglementation, quant à
nous, restreint inutilement les expansions qu'une compagnie pourrait prendre et
dans ce sens-là, seulement sous cet angle-là la révision
de la réglementation sur le camionnage en vrac devrait être
drôlement considérée au ministère.
Quelle est l'idée, au point de vue économique, dans notre
système, d'avoir une entreprise de transport ou d'avoir une entreprise
quelconque et lui dire: Tu vas être confinée à ça et
tu vas crever avec ça? Pas plus. D'où est-ce que ça
découle? Comment peut-on permettre à quelqu'un de combattre,
d'exercer son dynamisme et d'essayer de s'épanouir davantage, de
prospérer? Pourquoi empêcherait-on cette prospérité
par une réglementation comme ça?
Nous, entrepreneurs, on ne veut pas de ça. On n'a pas d'affaire
à avoir de permis de transport. On n'a pas d'affaire à être
dans la loi.
Quelle était l'idée de la réglementation en vrac,
comme on le disait tout à l'heure? C'était d'organiser les
artisans. M. le ministre, ils sont organisés, les artisans, maintenant,
ils ont tout. On les lâche. Ils sont égaux à nous et
là, ils sont prêts à venir jouer dans le grand monde. On va
se battre avec eux. On va se battre honorablement et équi-tablement,
comme on l'a toujours fait dans le passé.
Tout à l'heure, je vous disais: Lorsque l'économie va
reprendre, qu'allons-nous faire pour repartir notre entreprise ou la mousser
comme nous le faisions dans le passé? Il faudra acheter des permis. Des
143 et des 80 permis, on en a vendu quelques-uns. On a essayé d'en
vendre d'autres mais cela n'a pas toujours réussi. Plus souvent
qu'autrement, les ventes ont été rejetées. Pour quelle
raison? Parce qu'elles sont basées sur un critère
d'opération et c'est plus difficile d'opérer 140 véhicules
dans le temps d'un ralentissement économique que d'en opérer un.
En tout cas, la preuve est plus difficile à faire.
Deuxièmement, dans la réglementation en vrac, lors des
transferts, il faut que vous prouviez une nécessité publique.
Mais où est l'autre réglementation qui tombe sous la juridiction
du ministère des Transports et qui est reliée à la
Commission des transports du Québec où le cédant et le
cessionnaire, lorsqu'il y a transfert de permis, doivent faire une autre preuve
de nécessité. Pourquoi? Les permis que nous n'avons pu vendre,
dites-vous bien une chose, ce n'était pas nécessairement pour
faire de l'argent. Si nous avions 143 permis, on a dit qu'on avait 143
véhicules admettons qu'on en avait seulement 140 on en
avait autant avec les enregistrements à l'appui. S'ils disent qu'on
avait 143 véhicules, on ne les a plus parce qu'on les a vendus; on a
perdu le permis mais un permis doit être racheté par la suite. Si
on avait pu le vendre, on aurait pu, au moins, sauver cette somme d'argent
qu'on va avoir à réinvestir de nouveau et qui va retarder le
départ de la compagnie parce qu'il va falloir investir tant de dizaines
de milliers de dollars dans l'achat de permis et là, il va y avoir le
trouble du camion, à savoir s'il est suffisant ou si on le change, les
refinancements et tout ce que vous pouvez imaginer comme formules, c'est
incroyable.
Il ne faut pas partir en peur avec la vente des permis. Il n'y a rien
d'extraordinaire à ce que quelqu'un qui a obtenu une chose à
laquelle il avait droit et pour laquelle il a prouvé ce droit puisse un
jour s'en départir. Pourquoi ne pourrait-il pas le faire? Y a-t-il
d'autres industries dans lesquelles on les empêche de vendre? Dans le
camionnage en vrac, il semble que la réglementation ou les prescriptions
de la loi sont telles que cela équivaut à cela.
Pour vous montrer l'ampleur de nos difficultés, vous me
permettrez de vous citer des chiffres que vous pourriez retrouver dans les
dossiers de la commission. Je ne vous nommerai pas le camionneur, mais si
jamais vous vouliez savoir son nom, je vous le donnerai parce que je ne
voudrais pas que tout le monde sache de qui il s'agit. En 1975, un des
camionneurs ici présents avait, comme chiffres d'affaires, $1700 000; en
1979, suivant le bilan déposé, $33 000. C'en sont des
difficultés. Dans deux cas, quand on est venu pour transférer les
permis à la commission, on a fait valoir ces arguments. J'aurais cru que
cela pouvait peut-être influencer, mais non, il n'y a pas eu
d'écho là. On espère qu'ici il va y en avoir un plus
grand.
M. le Président, pourquoi une réglementation, qui a
été réclamée par certains individus, par un certain
groupe de personnes, ne s'appliquerait-elle pas qu'à eux? Pourquoi
mettre d'autres groupes de personnes dedans? Nous, les entrepreneurs, nous ne
voulons pas faire partie de la réglementation en vrac et on ne veut pas
que nos véhicules soient reliés à des permis de transport.
On veut juste continuer avec les droits acquis qu'on avait et comme on les
avait. Au fond, le problème que vous avez eu avec la
réglementation sur le vrac et les postes d'affectation est le suivant:
Si vous partez du but premier de la réglementation en vrac, vous allez
constater que, peut- être, cette réglementation n'aurait jamais
dû être faite comme elle l'a été, en tout cas, en ce
sens que vous n'auriez peut-être pas dû légiférer sur
les matières à transporter mais sur ceux qui voulaient les
transporter. Peut-être que pas mal plus de problèmes auraient
été réglés. (23 h 15)
Cette loi ne serait pas nécessairement faite par le
ministère des Transports. Par exemple, une fois que les artisans
auraient été organisés, une fois qu'ils auraient eu un
pivot sur lequel se fonder, lequel pivot aurait eu pour fonction principale
d'aller chercher de l'ouvrage, d'aller vendre leurs services, ils n'avaient
plus besoin de réglementation en vrac. Mais, lorsque vous avez fait la
réglementation en vrac, nous y avons perdu non seulement des plumes mais
on est en train de perdre notre "business" au complet.
L'autre problème auquel nous avons à faire face et qui est
immense, les camionneurs en vrac vous l'ont exposé un peu... M.
Clément Ruel, avec son véhicule pour la région 03, a un
problème majeur et c'est la même chose pour nous. Dans la
région 06 et la région 10 de Montréal, à titre
d'entrepreneurs, on allait prendre des sous-contrats partout autour de nous
dans un rayon raisonnable parce qu'il y a des routes, des voies
élevées et des voies rapides. A un moment donné, dans la
région 06, il y en a assez et vous n'en faites plus souvent et dans la
région 10 aussi. A ce moment-là, si on ne peut pas aller
ailleurs, qu'est-ce qu'on va faire? Partant de là, pourquoi ne pas avoir
prévu, au lieu de diviser et de décrire les régions comme
elles l'ont été, 10 et 06, que la région 10 de
Montréal soit le Montréal métropolitain de l'Ordonnance
générale sur le camionnage? Je n'ai jamais compris pourquoi cela
n'avait pas été ainsi parce que, de toute façon, le gars
de la région 06 peut obtenir un permis dans la région 10 et le
gars de la région 10 peut aller travailler dans la région 06 avec
son permis. C'est normal parce que, si tu travailles à Montréal
l'hiver pour la neige entre autres, tu peux facilement rester à
Saint-Bruno ou dans toutes les villes de banlieue ou les villes dortoirs, comme
on les appelle. A titre d'entrepreneur, on y allait et c'était une
affaire de rien, mais là on ne peut même plus y aller parce que
nos véhicules sont restreints à un permis par véhicule et
par région et le même véhicule n'est pas bon pour aller
travailler dans la région 06 de sorte que si on décroche un
contrat dans la région 06 qui nécessite six véhicules mais
qu'on en a juste quatre enregistrés dans la région 06, qu'est-ce
qu'on fait avec les deux autres? Est-ce qu'on va être obligé de
passer par le poste d'affectation pour leur demander deux autres camionneurs?
Pourquoi cela? Pourquoi ne pourrais-je pas garder mon libre choix et dire
à un tel qui est détenteur d'un permis de vrac: Viens travailler,
j'ai un job pour toi? Pourquoi ne pourrais-je pas le demander? Pourquoi
faudrait-il que je passe par le poste d'affectation? Aucune raison ne peut
expliquer cela.
Donc, la régionalisation de ces permis, dites-vous une chose, si
elle affecte les camionneurs en vrac, elle nous affecte drôlement.
L'autre aspect que je voudrais vous souligner, c'est la façon
dont les régions sont actuellement définies. Lorsqu'un type
habite la région frontalière, la région 06 et la
région 10, il ne peut pas aller travailler dans la région 10 s'il
reste dans... Les régions 06 et 10, oublions-les parce que ce sont des
exceptions; prenons les régions 04 et 05. Il ne peut pas aller
travailler dans la région 05 s'il est dans la région 04 et vice
versa. Vous savez comme moi que, si la région 04 commence l'autre bord
de la rue, il va aller là, il va aller l'autre bord de la rue, ce n'est
pas une frontière. Pourquoi les régions n'auraient pas au moins
été déterminées par un rayon à partir du
domicile de l'individu ou de la place d'affaires d'une compagnie? Pourquoi
cette chose ne pouvait pas se faire? On aurait réglé le
problème des artisans qui résident dans des régions
frontalières. J'imagine que les définitions de régions
telles qu'elles ont été faites ne l'ont pas été
sans tenir compte des gens qui habitent les régions frontalières.
J'imagine aussi qu'on ne les a pas simplement mis de côté en
disant: Après tout, il n'y en a pas tant que cela si on considère
la province; selon la loi de la moyenne, ils ne font pas le poids. Mais, ils
sont là et ils devraient avoir les mêmes droits qu'ils avaient
dans le temps.
Vous allez me dire: Oui, mais dans le vrac, il y a les permis additifs.
Oui, il y a les permis additifs. Quand vous êtes dans la rég.on 06
et que vous demandez un permis additif, quelle est l'idée d'avoir
à demander la permission, en fait, suivant la réglementation, le
consentement au poste d'affectation?
Pensez-vous vraiment que le poste d'affectation va consentir
aisément, à quelqu'un qui n'est pas membre, que la commission
puisse décider que, peut-être, elle pourrait lui émettre un
permis pour aller travailler dans une autre région. Ils vont passer
leurs membres avant et les membres des autres régions avant; je pense
que c'est assez normal. Quelle chance avons-nous? La commission nous
sommes d'accord a une juridition quasi judiciaire, elle entend des
demandes, elle émet des permis, elle les rejette. Alors pourquoi ne
pourrait-elle pas également, dans ce cas-là, agir seule, sans
intermédiaire? Pourquoi le poste? C'est encore, là, un
privilège additionnel qu'on a concédé tout à fait
gratuitement.
Un des derniers aspects c'est les distinctions que vous avez à
considérer, et que nous voulons vous soumettre, entre les transporteurs
de matières en vrac dans les régions rurales et les transporteurs
de matières en vrac dans les régions urbaines. A
l'extérieur de Montréal ou des grandes villes, vous n'avez pas de
construction immense, très élevée, ou très
rarement. Les constructions immenses nécessitent souvent des
équipements hautement spécialisés. Exemple: Vous aurez
rarement dans la région 04 des trous d'une profondeur de 50 pieds; par
contre, à Montréal, vous allez en avoir beaucoup. Ces trous,
d'une profondeur de 50 pieds, requièrent des véhicules aptes
à monter la rampe, comme ils disent. Selon nos informa- tions et
à moins d'erreurs ou de contradictions là-dessus, les camionneurs
artisans ont des véhicules pouvant travailler sur des rampes ayant au
maximum 14 degrés. Il y en a, parmi nous, qui peuvent travailler sur des
rampes de 18 degrés et un autre avait même des véhicules
aptes à rouler sur des rampes de 29 degrés. Si vous calculez
quatre pieds de hauteur par degré, cela vous donne une idée de la
profondeur et de la hauteur à franchir. Le poste d'affectation, une fois
qu'il aura le monopole qu'il veut arracher, pourra-t-il, via ses camionneurs
artisans, répondre à cela?
Deuxième chose à considérer dans l'octroi des
privilèges au poste d'affectation. A Montréal, lorsque vous avez
à construire le long du fleuve, vous êtes dans l'eau,
généralement. Lorsque vous êtes dans l'eau, cela veut dire
que vos essieux et vos freins sont également dans l'eau. Les camionneurs
artisans, que je sache, ne sont pas si friands que cela de voir leur
véhicule là-dedans. Par contre, nous, les entrepreneurs ou les
sous-entrepreneurs, l'acceptons et nous le faisons, nous l'avons toujours
fait.
Une troisième chose: Les boîtes spécialisées,
les boîtes d'acier, les boîtes plus courtes, les boîtes
chauffées pour ne pas que la glaise gèle l'hiver. Uniquement
cela, cela a l'air drôle à dire, ce sont des camions pour le
transport en vrac, mais ce sont des boîtes chauffées. Parmi nos
gens, les entrepreneurs, il y a des gens compétents, il n'y a aucun
doute là-dessus. L'un deux est celui qui a créé,
inventé le véhicule avec le "dumper" amovible sur sa plate-forme,
pour lui permettre de monter les rampes dans les trous profonds dont on parlait
tout à l'heure. Vous n'en verrez pas beaucoup de ces véhicules
à Montréal; je peux vous dire que je n'en ai jamais vu sauf les
siens, ceux de RNR Transport. Ces gens-là, à mon avis,
méritent de la considération, ils méritent de
l'attention.
Avant d'assurer au poste d'affectation la totalité de tout ce qui
peut se faire dans le camionnage en vrac, il faudrait d'abord s'assurer que ce
même poste d'affectation puisse répondre à toutes les
exigences que le requérant du service serait en droit de s'attendre pour
l'accomplissement du contrat qu'il a à effectuer.
Dernier point que je souligne: le transport de copeaux. L'un des
signataires du présent mémoire est un transporteur de copeaux; il
est uniquement un transporteur de copeaux depuis très longtemps. Vous
avez inscrit dans les matières en vrac quand je dis vous, je
parle de votre prédécesseur, évidemment le
transport de copeaux, A-t-on sérieusement pensé au type de
véhicules que ce transport nécessite? On sait que la remorque qui
sert au transport de copeaux est grillagée tout le tour, c'est une
espèce de cage métallique qui ne peut servir à aucune
autre matière. Quelle était l'idée de mettre les copeaux
dans le vrac et de faire en sorte que les détenteurs de permis de vrac
qui avaient des droits acquis dans le temps puissent, par leurs permis de
région, avec un camion "dompeur" six roues ou dix roues, se lancer dans
l'activité de transport de
copeaux. Je vous donne un exemple: avant la réglementation en
vrac, dans la région 08, ils étaient deux. Aujourd'hui, il y en a
60 de plus.
Nous demandons que le transport de copeaux soit enlevé de la
réglementation en vrac purement et simplement et ramené dans
l'ordonnance générale sur le camionnage. Pour vous montrer
à quel point la réglementation, telle que construite, eu
égard au genre d'entreprise que nous avons, dans le transport de
copeaux, cette même compagnie que nous représentons avait la
possibilité de décrocher un contrat qui nécessitait un
achat de dix véhicules de plus pour le transport de copeaux, parce qu'il
lui fallait obtenir des permis de vrac, parce que les permis de vrac dans la
région 08 sont rares et qu'il en manque, pour toutes ces raisons, on n'a
pas acheté les véhicules en question et vous nous comprendrez.
Qui les a achetés? L'expéditeur a acheté les
semi-remorques avec la cage et ce même expéditeur, que fait-il
maintenant? Il loue des tracteurs et engage du personnel pour conduire ces
tracteurs. Il les engage quand il en a besoin.
Nous, les chauffeurs que nous aurions engagés par cette
création d'emplois nouveaux auraient eu une chance d'être
permanents et d'avoir leur salaire à la semaine, comme les autres. On
n'a pas pu le faire à cause des restrictions actuelles de la
réglementation en vrac.
En conclusion, M. le Président, nous disons ceci: nous n'avons
pas d'objection. Les artisans veulent avoir un poste d'affectation, parfait,
donnez-le-leur. Ce que nous voulons, ce que nous souhaitons humblement mais
fortement, dirais-je, c'est qu'ils soient nos égaux, qu'ils ne soient
pas plus égaux que nous et qu'ils ne nous enlèvent pas, surtout
qu'on ne les leur consacre pas par la loi ou la réglementation, les
choses que nous pouvions faire dans le passé. Qu'on cherche une
possibilité de nous enlever de cette réglementation en vrac s'il
faut maintenir totalement cette réglementation en vrac, c'est notre
rêve le plus cher. Nous imaginons que ce n'est pas facile sauf dans le
cas que je vous mentionnais, c'est-à-dire les grouper ensemble
uniquement et oublier le transport des matières en vrac et la
réglementation sur le vrac. J'admets que c'est un retour en
arrière qui est possiblement très difficile à faire.
Nous voulons, autant que faire se peut, ne pas être
limités, quant à la flotte de véhicules que nous pouvons
acquérir, par l'obligation d'avoir à détenir ce permis et
de le maintenir en vigueur par l'achat de plaques inutiles lorsque
l'économie ne justifie pas une augmentation ou l'enregistrement des
véhicules. Qu'il soit suffisant d'enregistrer un véhicule pour
renouveler tous nos permis. Si on peut se rendre jusque-là, on sera
entièrement satisfait. Que la région de Montréal et la
région 06 soient reconsidérées pour qu'on tente d'inclure
une notion similaire ou que le territoire soit décrit de façon
similaire à l'arrêté 6319 du Montréal
métropolitain. Nous voulons que les copeaux soient exclus de la
réglementation en vrac et tombent sous l'ordonnance
générale sur le camionnage.
Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Avant de donner la
parole à M. le ministre, j'aimerais rencontrer ici, à
l'arrière, pendant quelques secondes M. Claude Gosselin et Me Pierre
Perreault. M. le ministre.
M. de Belleval: Votre mémoire illustre bien le fait que
quand je sortirai de cette commission, je serai au moins certain d'une chose:
Ce sera impossible de satisfaire tout le monde. (23 h 30)
En terminant, vous avez dit que, au fond, il serait difficile de
retourner en arrière, compte tenu de ce qui s'est déjà
fait. J'aurais aimé, d'ailleurs, que mon collègue de
l'Assemblée nationale, M. Mailloux, puisse être avec nous ce soir
pour avoir ses commentaires, son opinion et même ses avis sur certains
aspects des choses que vous avez dites, puisque, au fond, on se rend compte,
à la lecture de votre mémoire, que des gestes qui ont
été posés dans le passé ont affecté les
intérêts de vos membres et vos droits acquis, ce qui illustre bien
aussi le danger de bouger dans un domaine semblable pour satisfaire une partie
et, automatiquement, parfois en pénaliser une autre.
En tout cas, ça va m'éclairer sur certains points. Il est
certain que ça illustre d'autres aspects du dossier, d'autres
intérêts qui sont légitimes, bien sûr, et dont il
faudra tenir compte dans l'amélioration de ce qui existe, parce que,
comme je l'ai dit, il est évident qu'on ne peut pas retourner en
arrière, mais qu'il faut plutôt essayer d'améliorer ce
qu'on a déjà. Pour l'instant, en tout cas, je voudrais limiter
mes remarques à celles-ci.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que vous avez
des commentaires?
M. Perreault: Je n'ai pas de commentaires, mais je remercie
infiniment le ministre de l'attention qu'il va nous apporter en regard de notre
mémoire et de l'activité que nous voulons continuer à
exercer.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, Me Perreault s'excusait
presque de devoir être égoïste au nom de ses clients, en
venant prêcher à l'appui des intérêts de ses clients.
Heureusement que vous l'avez fait, parce que, effectivement je pense que
le ministre l'a dit aussi à sa façon peut-être bien
dans le passé il faut absolument être assez ouvert d'esprit
pour le constater certains des gestes qui ont été
posés, indépendamment de qui les a posés, l'ont souvent
été avec les meilleurs intentions du monde, mais pas toujours
avec toutes les possibilités de prévoir les conséquences
que ces gestes pouvaient avoir pour ceux qui n'étaient peut-être
pas aussi présents dans le processus de décision. Je pense que
vous auriez manqué à votre responsabilité, en tant
qu'entre-
preneurs, de ne pas avoir pris la peine de préparer le
mémoire que vous nous avez présenté je dois vous le
dire, à titre personnel de façon très
éloquente et très intéressante.
Malheureusement, si j'ai compris quelque chose depuis le début de
nos travaux hier, c'est que la solution au problème du camionnage en
vrac et plus particulièrement au problème du camionneur artisan
ne peut pas passer en tout cas, pas exclusivement par
l'augmentation des secteurs de travail privilégiés ou des
secteurs de travail où une catégorie de camionneurs peut avoir un
monopole, sans avoir un impact très important et malheureusement
très négatif pour d'autres catégories de camionneurs.
Vous l'avez souligné, comme je l'ai dit, très
éloquemment et votre mémoire le fait encore plus
complètement. Je suis convaincu le ministre l'a dit que
lui aussi bien que n'importe quel autre ministre des Transports surtout
un ministre des Transports qui, comme l'actuel, veut laisser, de plus en plus,
jouer la règle de l'offre et de la demande devra prendre en
très sérieuse considération les points que vous avez
soulevés ce soir.
A l'heure qu'il est, je pense bien qu'il serait inutile d'aborder chacun
des points que vous avez couverts. Il y aurait peut-être même des
questions dont vous n'avez pas traité dans votre résumé,
mais qui sont incluses dans le mémoire. Il y en a peut-être
même d'autres qui ne sont pas incluses dans le mémoire. Je pense
que le ministre et tous les intervenants à cette commission pourront
bénéficier de vos lumières sur ces sujets sans devoir vous
poser des questions à cette commission. Je vous remercie et tâchez
de continuer à faire valoir votre point de vue. Autrement, c'est bien
sûr que si vous ne le faites pas, ce ne sont pas vos concurrents et les
autres qui le feront pour vous.
M. Perreault: Je vous remercie, M. le député. J'ai
oublié une chose importante que je voudrais, si vous me le permettez,
vous souligner. Vous savez que le ministre du Travail avait adopté un
règlement permettant aux gens travaillant dans la construction et qui
avaient besoin de carte et d'un nombre d'heures de travail de réduire
les critères quant à ce nombre d'heures de travail. Vous savez
à quel point nous, les transporteurs de vrac, sommes reliés au
domaine de la construction. S'il n'y a rien dans la construction, nous n'avons
presque rien chez nous. Je déplore et je regrette infiniment qu'on n'ait
pas adopté cette réglementation ou qu'on ne l'ait pas rendue
applicable dans le domaine du transport, au moins pour les entrepreneurs, parce
qu'elle nous aurait servi et elle aurait empêché la perte de
permis que nous avons. N'oubliez pas que, sans permis, à $2000 chacun,
cela fait de l'argent et on n'a pas parlé de véhicules. C'est
avec ça qu'on est pris, ce à quoi on fait face actuellement. On
ne peut pas fonctionner, il n'y a rien. Mais si on avait eu une
réglementation similaire à celle-ci pas en nombre
d'heures, mais en tout cas, mutatis mutandis ma foi, on aurait
été sauvés, M. le ministre.
M. Gratton: Me Perreault, je m'excuse, mais là, vous allez
devoir me convaincre. Si on parle de la même chose, du règlement
du placement dans l'industrie de la construction, le seul critère qui
est retenu est le nombre d'heures travaillées dans une période de
temps donnée. Je l'ai dit et je le répète volontiers,
c'est tout à fait artificiel comme critère. Si un gars a 25 ans
d'expérience comme menuisier ou comme électricien, a sa carte de
compétence comme tel, mais est malade en 1979, pourquoi, en vertu du
règlement et c'est exactement ce qui arrive en vertu du
règlement du placement dans l'industrie de la construction
n'est-il plus tout à coup un charpentier ou un menuisier
compétent? Et il ne peut plus jamais le redevenir parce que, s'il n'a
pas fait ses heures, il n'a pas son "A" et s'il n'a pas son "A", il ne peut pas
travailler. Donc, il n'a pas ses heures. Je voudrais que vous m'expliquiez
comment vous, les entrepreneurs, auriez pu survivre. Ce qui serait
arrivé finalement, c'est que vous auriez éliminé
artificiellement des gens du domaine de la... mais au profit de qui?
M. Perreault: Je vais vous le dire, M. le député.
Je me souviens que, devant la commission, j'ai allégué ce
règlement. Malheureusement, je ne l'ai pas sous les yeux et
peut-être que... Je ne peux pas vous faire une citation précise,
en tout cas, de l'arrêté en conseil en question, mais il est dit
très clairement qu'à cause du ralenti économique, les
heures sont réduites. Celui qui avait 1000 heures à faire a 500
heures ou quelque chose comme ça. Il est dit aussi que celui qui n'a pas
pu faire ça peut faire un appel au ministre, mais nous n'avions pas
ça, on ne pouvait pas faire appel à la commission. Ce n'est pas
un blâme que j'adresse à la commission, puisque la commission y
allait avec la loi en tenant compte des opérations. Sans
opérations, le permis n'était pas bon. C'est ainsi que ça
fonctionnait. C'est malheureux qu'il n'y ait pas eu plus de possibilité
de compréhension. Il reste que la situation est là maintenant et
elle est au plus bas.
M. Gratton: Je vous comprends mieux. En fait, ce que vous dites,
c'est que, pire que dans le cas du règlement sur le placement dans
l'industrie de la construction, vous n'aviez même pas cette
possibilité, ayant travaillé 1000 heures, 500 heures ou un
chiffre quelconque, de le conserver. Si vous ne l'aviez pas utilisé,
c'était fini. Je vous comprends. Vous voudriez quelque chose de
semblable au règlement sur le placement, qui serait mitoyen entre ce qui
existe présentement et ce qui serait l'idéal, mais l'idéal
serait qu'il n'y en ait pas du tout.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Rapidement, M. le Président. Se peut-il, M.
Perreault, que vous disiez, à un moment donné: On n'est pas
contre les postes d'affectation? Par contre, on voudrait que ce soit le jeu de
l'offre et la demande.
On n'est pas contre les postes d'affectation, mais on ne veut pas y
avoir affaire. Ne pensez-vous pas que ça fait un peu drôle? C'est
un peu comme quelqu'un qui dirait: Je ne suis pas contre les feux de
circulation, mais je ne veux pas les respecter, par exemple!
M. Perreault: M. le député, ce n'est pas nous qui
nous nous sommes exclus, c'est la réglementation. Plus de quatre
véhicules, "out you go". On est à l'extérieur, on n'est
pas dedans. N'est-ce pas? Bon. Alors, si on ne peut pas être dedans, il
ne faudrait pas qu'ils puissent tout ramasser, ce n'est pas vrai!
M. Goulet: Au niveau du transport en vrac des copeaux, des
"chips", vous dites: On veut être exclu. Hier, on nous a donné une
raison. A la suite d'une de mes questions, on m'a donné hier comme
raison et j'ai trouvé valable cette explication que, quand
on envoie un camion avec du vrac, des copeaux, on voudrait qu'il revienne
chargé. S'il avait un permis général, il pourrait revenir
avec autre chose et ainsi diminuer le coût du transport. Y a-t-il
d'autres raisons que celle-là?
M. Perreautt: A mon avis, c'est impossible, avec une
semi-remorque spécialement équipée pour le transport de
copeaux, de transporter d'autres matières. Evidemment, vous pourriez
toujours transporter; dans un fardier, vous pourriez toujours transporter une
petite boîte de carton, mais ce n'est pas fait pour cela. C'est comme
ça.
M. Goulet: Hier, les entreprises de bois de sciage nous ont
donné ça comme réponse, elles ont dit: Quand on envoie un
camion, il pourrait revenir avec autre chose. Vous, dans votre recommandation,
quelle est la principale raison pour laquelle vous voudriez que les copeaux
aillent au général plutôt qu'au vrac?
M. Perreault: Premièrement, les artisans qui ne faisaient
pas de transport de copeaux ne pourront pas, demain matin, en faire;
actuellement, ils pourraient le faire avec leur permis de vrac parce qu'ils ne
sont pas limités et la matière, les copeaux, n'est pas
enlevée de leur permis de région comme tel. Deuxièmement,
les permis, au sens de l'ordonnance générale sur le camionnage,
à mon humble avis, sont plus logiques au point de vue du territoire
à couvrir que les permis de région comme tels. Ce n'est pas
drôle quand vous avez un type de la région 03 je vous jure,
quand vous êtes procureur en pratique privée et que vous avez le
problème à résoudre parce que le type demeure trop loin,
que ce n'est pas facile et que vous devez le faire travailler dans les
régions 05, 06 ou 08; il faut quémander un paquet de
consentements et de tout ce que vous voudrez. Vous arrivez au bout et, souvent,
c'est non!
Les permis de région comme tels, je regrette, mais ça n'a
pas de sens, alors que selon l'ordonnance générale sur le
camionnage, si vous voulez faire Montréal-Québec, pas de
problème! Si vous voulez travailler sur un territoire à 50 milles
de Trois-Rivières, pas de problème, ça se fait. Si vous
voulez avoir un "tout point, tout point" ils sont plus rares de ce
temps-ci, mais quand même c'est possible dans la province de
Québec. Un permis de vrac "tout point, tout point" dans la province de
Québec, vous n'en aurez jamais, pas comme la réglementation est
faite actuellement.
Le Président (M. Jolivet): Merci.
M. de Belleval: J'aurais juste...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le ministre.
M. de Belleval: II y a un point qui me paraît assez crucial
dans votre exposé, si je l'ai bien saisi, c'est qu'avec la
réglementation actuelle vos membres sont ni plus ni moins que
condamnés à disparaître à petit feu, quoi?
M. Perreault: C'est cela. Une Voix:
Complètement.
M. de Belleval: Au fond, ils perdent les permis graduellement, au
fil des années.
M. Perreault: Ils perdent les permis et, deuxièmement, ils
ne peuvent pas prendre de l'expansion. Troisièmement, si, par des
ententes, vous canalisez tout vers le poste d'affectation, on ne pourra plus,
tout à l'heure, soumissionner pour la ville de Montréal ou la
ville d'Outremont. Quand une subvention est donnée par le gouvernement
et cela arrive de plus en plus fréquemment l'organisme ne
pourra pas faire autrement que de passer par le poste d'affectation.
Sincèrement, M. le ministre, qu'est-ce qui va nous rester? Je vous
garantis que ce n'est pas facile de trouver ce qui reste. Ce qui reste, moi, je
peux vous le dire. C'est ce que les artisans, dans le temps, avaient et qu'ils
ne voulaient pas parce que ça ne marchait pas. Quand vous réglez
le problème des artisans, vous créez celui des entrepreneurs. Les
entrepreneurs ne peuvent pas se laisser faire comme ça!
M. de Belleval: Combien de permis représentez-vous, les
entrepreneurs?
M. Perreault: A la fin du mémoire, le nombre de permis est
indiqué. Il y en a 179 à ce jour. Là, vous n'avez pas 143
permis de "listés", vous n'en avez que 20 sur celui qui en avait 143 et,
sur celui qui en avait 80, vous en avez 38.
M. de Belleval: Vous ne représentez plus que 179
permis?
M. Perreault: C'est-à-dire que ceux qui sont ici ont 179
permis. (23 h 45)
M. de Belleval: Ceux qui sont ici devant nous ce soir.
M. Perreault: Excusez, ceux qui ont participé au
mémoire.
M. de Belleval: Au mémoire. Des permis
d'entrepreneurs...
M. Perreault: Je ne pourrais pas vous donner les chiffres, par
exemple.
M. de Belleval: Des permis d'entrepreneurs vous ne savez pas
combien. Je pense qu'on a le chiffre de toute façon.
M. Lavoie (Louis): C'est plus divisé. Cette notion
d'entrepreneur artisan n'existe plus. Parce que 179 permis, cela pourrait
être 179 permis qui ne pourraient pas être vendus, si vous voulez,
ou transférés entre 179 individus.
M. de Belleval: Je comprends bien cela, mais combien y a-t-il de
permis actuellement entre les mains d'entrepreneurs?
M. Perreault: II n'y aurait que la commission qui pourrait vous
donner ce renseignement.
M. de Belleval: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. de Belleval: Juste avant de... Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. de Belleval: 179 permis actuellement et vous en avez
déjà eu jusqu'à combien, disons il y a trois ou quatre ans
ou il y a cinq ans?
M. Perreault: Plus 160, cela veut dire 330 net.
M. de Belleval: Vous avez perdu à peu près la
moitié de vos permis. Vous les avez perdus parce que vous les avez
vendus, à un moment donné, parce qu'il n'y avait pas assez
d'ouvrage, vous avez préféré les vendre, ou vous les avez
perdus parce que la commission...
M. Perreault: Par défaut d'enregistrement. M. de Belleval:
Par défaut d'enregistrement.
M. Perreault: Par exemple, un des gros problèmes, si on
avait des véhicules qui travaillaient sur des territoires, disons sur le
chantier même de Domtar, qui ne vont jamais sur la route, on peut mettre
une plaque P qui coûte $27. Ce n'est pas cher, vous allez me dire, c'est
vrai. Il n'y a pas de droit de régie là-dedans. R N R Transport
s'en est fait brûler une quarantaine parce qu'ils n'avaient pas
payé les droits à la commission. Les véhicules, c'est
toujours des véhicules de vrac. Ce n'était pas correct. C'est
comme cela. Quand vous perdez vos permis, vous restez avec vos 40
véhicules, qu'est-ce que vous faites? Vous faites venir le type, il dit:
Tiens...
M. de Belleval: Est-ce qu'il y en a de vos membres qui ont
racheté d'autres permis?
M. Perreault: Jusqu'à maintenant, non, parce qu'on pense
que l'économie, jusqu'à maintenant, à moins qu'il y ait un
soubresault...
M. de Belleval: Cela ne s'est pas passé
récemment.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Je pense
qu'après avoir écouté attentivement, on peut constater
qu'actuellement, si cela continue comme cela, c'est la mort des entrepreneurs
en camionnage privé, l'entreprise privée, parce que les lois sont
ainsi faites, vous perdez automatiquement votre permis si vos camions ne sont
pas employés. Je pense qu'il y aurait peut-être là une
possibilité d'adoucir la loi.
M. Perreault: L'adoucissement de la loi est relativement simple,
à mon avis. C'est que si vous avez quelqu'un qui est classé comme
ayant plus de quatre camions... Celui qui a plus qu'un camion, à mon
avis, en toute justice, dès qu'il achète une plaque, qu'il paie
les droits à la commission chaque année par l'achat de sa plaque,
il devrait voir sa plaque renouvelée automatiquement. Pas l'affaire d'un
permis, un véhicule, une plaque et paie, paie et il reste dans la cour.
Cela n'a pas de sens. Aucune entreprise ne pourrait fonctionner ainsi. Il n'a
qu'à faire cela. Si tu as plus qu'un véhicule, tu enregistres ton
véhicule, la flotte au complet, tous tes permis. D'abord, maintenant ce
sont des certificats, 01 à 0 je ne sais pas combien.
Le Président (M. Jolivet): Cinq camions.
M. Perreault: Pas de problème. Tous tes certificats sont
conservés. Ton permis 601 000 est conservé. C'est tout. Et que
dans les rapports annuels, évidemment, on tienne compte de ce facteur
également.
Le Président (M. Jolivet): Merci.
M. de Belleval: Là-dessus, on se retrouverait avec le
problème qu'on a soulevé hier, à savoir qu'il y a trop de
permis. Là-dessus, il y a des gens qui nous ont dit, aujourd'hui, que ce
n'était pas si certain que cela qu'il y avait trop de permis.
Evidemment, la procédure que vous suggérez aurait pour effet de
maintenir indéfiniment un plus grand nombre de permis qu'il serait utile
d'en conserver.
M. Perreault: M. le ministre, j'admets que la première
pensée qu'on peut avoir c'est celle que vous avez maintenant. Mais en
toute justice, en toute équité, ces gens ont consacré
leurs droits acquis par l'émission des permis, ils les avaient dans le
temps. Supposons que vous avez un restaurant et qu'il passe au feu et que la
réglementation municipale dise: Ce n'est pas une zone commerciale
maintenant. Ils ne vous enlèveront pas votre pancarte de restaurant
parce que les clients ne viennent plus. Vous allez garder votre restaurant.
Mais nous, comme c'est là, si on n'a pas de travail, on n'a plus de
permis possible.
M. de Belleval: C'est la même chose pour un camionneur
artisan.
M. Perreault: Je ne fais pas de distinction, je dis plus qu'un
véhicule. Cela ne peut pas être plus juste.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Nous allons remettre
à demain, 10 heures, la présentation de l'Association du
camionnage du Québec Inc., et Delangis Inc., Les Entreprises Bourget
Inc., et Kildair Service Ltée. Donc, ajournement à 10 heures,
demain matin.
Fin de la séance à 23 h 51