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Camionnage en vrac au Québec
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des transports se réunit à nouveau
aujourd'hui pour entendre les mémoires concernant le camionnage en vrac.
Je fais la nomenclature des associations qui devront être appelées
une après l'autre: L'Association du camionnage du Québec Inc.;
Delangis Inc.; Les Entreprises Bourget Inc., et Kildair Service Ltée;
Nil Girard Transport Ltée; L'Association des industries
forestières du Québec Ltée; La Compagnie de transport
Canadien Pacifique Ltée; la ville de Montréal; L'Association des
camionneurs entrepreneurs en vrac de la région 01 Inc.; L'Association
des constructeurs de routes et de grands travaux du Québec; M. Claude
Bourque; le Poste de transport en vrac, région 08 Inc., en collaboration
avec les sous-postes de la région 08, en tenant compte qu'on a aussi,
selon l'entente intervenue au début de cette commission, un rappel si
nécessaire et utile, de la part de l'ANCAl, l'Association nationale des
camionneurs artisans Inc., qui aura à donner son opinion sur l'ensemble
des rapports déposés.
Les membres de cette commission sont: M. Baril (Arthabaska), M. de
Belleval (Charlesbourg), M. Goulet (Bellechasse), M. Gratton (Gatineau), M.
Grégoire (Frontenac) remplacé par M. Bertrand (Vanier); M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. O'Neill (Chauveau), M.
Proulx (Saint-Jean), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Verreault (Shefford).
Les intervenants sont: M. Beauséjour (Iberville), M. Bordeleau
(Abitibi-Est), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska) remplacé par M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe); M. Mailloux (Charlevoix), M. Mathieu (Beauce-Sud), M.
Michaud (Laprairie), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Perron (Duplessis).
Le rapporteur est toujours M. Bertrand (Vanier).
Au moment où nous nous sommes quittés hier, nous en
étions rendus à l'Association du camionnage du Québec
Inc., dont M. Claude Gosselin est le représentant. Avant de lui accorder
la oarole, j'aimerais faire mention d'un document qui à
été déposé et qui provient des Coopératives
de camionneurs, qui sera distribué à chacun des membres de cette
commission. La lettre est adressée au ministre des Transports et se lit
comme suit: "Lors de notre intervention devant la commission parlementaire sur
le camionnage en vrac le 27 août 1980, vers la fin de
l'après-midi, nous avions alors pris connaissance de la demande
formulée par le sous-poste d'affectation de Dubuc-Sud, région 02,
de placer le poste d'affectation de la région 02 sous tutelle. Comme
nous avons présenté notre mémoire en fin
d'après-midi et que l'heure d'ajournement arrivait, nous n'avons pu
indiquer notre entier appui à cette demande du poste d'affectation de
Dubuc-Sud. Nous espérons que la présente pourra suppléer
à la commission. Bien à vous, la Coopérative des
camionneurs, par Roland Fradet".
Donc, ces documents seront distribués à chacun des membres
de la commission.
M. Gosselin, vous présentez vos membres et vous faites la lecture
de votre document ou le résumé.
(10 h 15)
Association du camionnage du Québec
Inc.
M. Gosselin (Claude): M. le Président, M. le ministre,
distingués membres de la commission parlementaire. En premier, je vais
vous présenter, à ma droite, M. Jacques Alarie, qui est
vice-président exécutif de l'Association du camionnage du
Québec et à ma gauche, M. Gilles Bélanger, conseiller
juridique de l'Association du camionnage du Québec. Je suis
moi-même, Claude Gosselin, président de l'association du
camionnage.
Messieurs, l'Association du camionnage du Québec
Incorporée est heureuse de la décision du Parlement de confier
à une commission parlementaire le soin d'étudier la situation qui
prévaut dans le domaine du camionnage en vrac. Notre association est un
organisme sans but lucratif; elle représente plus de 1400 membres dont
70% ont cinq camions et moins. Ceux-ci génèrent un chiffre annuel
de plus de $1 000 000 000 et fournissent un emploi stable à plus de 60
000 collaborateurs. Parmi ceux-ci, un nombre important travaillent
régulièrement ou occasionnellement dans le secteur du camionnage
en vrac, et ceci, depuis que les camions existent.
De plus, nous voulons, d'emblée, attirer votre attention sur le
fait que le camionnage en vrac ne se fait pas qu'au moyen de camions à
bennes basculantes. Pratiquement tous les types de camions ou remorques peuvent
être utilisés pour faire du transport en vrac. Or, le
problème auquel vous êtes confrontés concerne surtout le
transport des matières décrites au règlement 12, pour
lesquelles, après 13 arrêtés en conseil successifs en six
ans, on cherche toujours une solution. Nos membres qui font du transport en
vrac le font non seulement avec des permis émis en vertu du
règlement 12, mais aussi en vertu de l'ordonnance sur le camionnage
4995.
A vrai dire, ce n'est pas le transport de matières
décrites au règlement 12 qui cause un problème, mais
l'existence d'un excédent de camionneurs détenant des permis en
vertu de ce règlement.
Quant au règlement 12, il diffère, entre autres, de
l'ordonnance 4995 sur les points suivants: premièrement, permis
délivré au nom d'une personne pour un camion
désigné. Deuxièmement, courtage réservé
exclusivement à des postes ou des sous-postes d'affectation
constitués en corporations sans but lucratif ou coopératives
composées exclusivement d'un certain nombre de titulaires de permis
d'une région donnée, possédant
quatre camions ou moins. Ces postes d'affectation ont, de plus, le
privilège d'obtenir, pour fins de répartition de leurs
abonnés, 75% de certains types de transport. Ce privilège, connu
dans le milieu sous le nom de "clause 75-25", a, du reste, été
jugé illégal, le 10 décembre 1979, lorsque la ville de
Sept-lles a voulu l'utiliser.
En résumé, vous faites face à deux genres de
camionneurs, soumis, dans bien des cas, aux mêmes lois et
règlements. Les uns fonctionnent en hommes d'affaires,
c'est-à-dire dans un contexte de libre entreprise et de concurrence
réglementée. Les autres font le même travail avec une
certaine aide et protection de l'Etat qu'ils estiment insuffisantes. Vous aurez
donc, distingués membres de la commission parlementaire, à juger
des mérites du protectionnisme comparés à ceux de la libre
entreprise dans le cadre d'une réglementation générale du
transport routier.
L'idée sous-jacente et maîtresse du présent
mémoire est de représenter qu'en libéralisant l'industrie
du camionnage en vrac afin de lui permettre d'évoluer normalement dans
un cadre réglementaire plus souple, on permettra à cette
industrie de s'adapter par elle-même au marché de l'offre et de la
demande sans qu'il soit nécessaire à l'Etat d'intervenir par des
mesures incitatives ou coercitives pour maintenir artificiellement cette
industrie quelque part en-deçà ou au-delà du point
d'équilibre.
Ici, aux pages 3 à 9, considérant que la plupart des gens
connaissent l'historique du règlement en vrac, je pense qu'il est de
mise qu'on ne reprenne pas tous les règlements et les
arrêtés en conseil.
Aussi, je m'excuse de ne pas vous l'avoir mentionné au
début, il y a certains changements on pensait passer hier soir
afin d'abréger le texte, suite à la demande du
président. Si, des fois, vous ne suivez pas, on va se retrouver,
à un moment donné, dans le texte.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, on avait compris, d'ailleurs avec le texte que vous lisiez, on
était content de voir que vous en faisiez un résumé.
M. Gosselin: D'accord, merci.
Si en 1972, le législateur a voulu régler les
problèmes du transport en vrac en le réglementant et en
réservant certaines catégories ou certaines proportions de ces
transports au profit exclusif d'une nouvelle classe de camionneurs, qu'il
créait du même coup, le moins qu'on puisse dire après sept
ans d'expérience, c'est que l'objectif n'a pas été
atteint.
Il n'est pas exagéré d'affirmer que ce qui paraissait une
solution idéale en 1972 a réussi le tour de force de
mécontenter tout le monde, du ministre des Transports jusqu'au simple
automobiliste paralysé sur nos routes.
Face à une pareille situation, le législateur est
placé devant l'alternative de corriger encore une fois le système
en place ou de le remplacer.
Le système actuel est basé sur l'idée,
généreuse en apparence, qu'en réservant une certaine part
de marché aux petits camionneurs, on allait permettre à ceux-ci
d'entrer dans la ligue mineure du camionnage, avec une certaine protection de
l'Etat qui les mettrait au moins partiellement à l'abri des grands de
ligues majeures jusqu'à ce qu'ils se sentent, à leur tour, de
taille à y entrer.
Or, c'est exactement l'inverse qui se produit. Considérant cette
aide gouvernementale, qui se voulait un appoint pour stimuler l'esprit
d'initiative et d'entreprise de jeunes camionneurs, comme un droit acquis et
une protection permanente, le système a attiré par centaines et
peut-être par milliers des chauffeurs qui, sans ça, n'auraient
même pas rêvé d'acheter un camion. Comme le "droit
d'entrée" dans cette ligue mineure n'était rien de plus que la
simple possession d'un camion, nous nous retrouvons, d'une part, avec des
milliers de camionneurs artisans en trop par rapport aux besoins du
marché et, d'autre part, avec des individus qui n'ont pas la formation
requise pour développer une entreprise de camionnage viable.
En conséquence, les plus vulnérables de ces camionneurs
artisans se sont regroupés pour chercher une planche de salut qu'ils
croient avoir trouvée en biaisant la volonté originale du
législateur. Ainsi, selon eux, le gouvernement ne devrait pas seulement
leur fournir du travail, mais aussi, au moyen d'une loi, "garantir la paie aux
camionneurs". Ceci, on trouve ça dans la résolution no 2.19 de
l'ANCAl, datée du 13 avril 1980.
Dans cette optique, les camionneurs artisans semblent avoir choisi
d'abandonner le désir de développer des entreprises en fonction
des besoins du marché. Ils demandent au gouvernement de suppléer
aux besoins du marché par des mesures d'assistance basées sur les
besoins financiers des camionneurs artisans. En outre, comme les mesures
d'agitation sociale et les mesures coercitives à l'égard des
fournisseurs de travail arrivent de plus en plus fréquemment et de
façon imprévisible sur un chantier ou l'autre, le manque de
fiabilité dont font preuve ces artisans incite tous ceux qui le peuvent
à se passer de leurs services en se procurant leurs propres camions, ce
qui ne fait qu'aggraver le problème de ces artisans. Leur inaptitude
à s'adapter aux règles du jeu du marché les a
amenés à ne voir d'autre solution à leurs maux que leur
prise en charge par le gouvernement.
Comment en sommes-nous arrivés là? En faisant abstraction
de la réglementation des taux et tarifs dont l'analyse
détaillée, ici, deviendrait fastidieuse, mais dont l'incident sur
l'échec auquel nous faisons face est loin d'être
négligeable.
Voici, résumée à grands traits, la genèse du
problème. Vers 1935, débute un certain contrôle
gouvernemental des rouliers publics. En 1949, constitution de la Régie
des transports. Le 8 juillet 1972, création de la Commission des
transports du Québec. Selon le premier rapport de cette commission, au
31 mars 1973, il y avait à cette date 3775 transporteurs routiers
enregistrés avec 85 755 unités, alors qu'il y avait 620 327
camions et véhicules commerciaux de tous genres immatriculés au
BVA.
En ce qui concerne le vrac, ces permis n'apparaissent dans les
statistiques qu'à partir de 1975. Ils sont émis au rythme de 6596
en 1975 et 6102 en 1976, ce qui donne un total d'environ 12 000, puis 13 000 en
1977. Ensuite, baisse régulière du total jusqu'à ce jour
où le chiffre est de 11 494 en date du 31 mars.
Il ressort donc de ces chiffres que le nombre de camionneurs artisans
et/ou entrepreneurs la distinction importe peu ne pouvait
qu'être estimé très approximativement au moment où
se débattait la législation en 1972. Or, il est de
notoriété publique que les années 1973-1976 furent des
années fastes pour les vendeurs de camions à benne
basculante.
Même si la construction du stade olympique se situe à cette
période, le gros de la demande vint surtout de la décision
gouvernementale de réserver aux camionneurs artisans un premier choix
dans le gâteau de ses besoins en transport. Si, à l'origine, la
manne gouvernementale pouvait paraître suffisante pour assurer le
développement ou au moins la prospérité de quelques
milliers de camionneurs artisans, la soudaine multiplication de ceux-ci a
vidé la mesure de toute la substance.
En d'autres mots, il aurait fallu connaître le nombre de
bénéficiaires avant de mettre le programme en vigueur et
contrôler la croissance de ces derniers. Ce ne fut pas fait car
c'était quasi impossible à faire et, conséquemment, ce qui
est apparu comme une solution n'a pas corrigé le malaise. Le moment est
venu de voir la réalité en face et de tenter de sauvegarder cette
industrie avant qu'elle ne s'effrite complètement.
Afin de mieux comprendre pourquoi le législateur a pu s'engager
sur une voie qui, aujourd'hui, paraît sans issue, nous croyons utile de
rappeler dans quel climat ces décisions furent prises au début de
1972.
En 1968 éclatent un peu partout dans le monde des révoltes
et des grèves en réaction contre des injustices sociales. Des
quartiers entiers passent au feu dans nombre de villes.
En 1970 le Parti libéral promet la création de 100 000
emplois et est élu. Automne 1970, affaires Cross et Laporte, loi des
mesures de guerre. En conséquence, tout ce qui pouvait d'une
façon ou d'une autre contribuer à rétablir ou à
maintenir la paix sociale était prioritaire. On ne lésinait pas
sur les dépenses et on ne cherchait pas longtemps pour établir le
bien-fondé d'une mesure dès que celle-ci pouvait avoir des
répercussions sociales apaisantes.
Voilà le climat dans lequel furent adoptées les
règles du système auquel vous cherchez une solution de rechange.
Nous vous avons exposé tantôt quel climat a permis cette
génération spontanée de détenteurs de permis de
camionnage en vrac émis en 1974. Nous faisons face aujourd'hui à
un problème pire que celui qu'on croyait pouvoir résoudre au
moyen des permis VR et des postes d'affectation nantis de certains
privilèges. D'une part, nous avons des permis de camionnage en vrac en
surnombre, d'autre part, ces détenteurs de permis considèrent que
le gouvernement, parce qu'il leur a reconnu la nécessité de
détenir un permis, est par le fait même et en retour tenu de leur
fournir du travail ou, au moins, leur garantir un revenu minimum.
Cette notion de travail ou de revenu minimum garanti est une notion tout
à fait nouvelle qui s'insère dans le débat et nous
paraît totalement inadmissible tant sur le plan du principe qu'au plan
pratique.
Au plan du principe ça équivaudrait à créer
au Québec un précédent qu'on ne tarderait pas à
invoquer dans tous les milieux qui détiennent une forme quelconque de
permis provinciaux, en associant le permis à l'obligation pour l'Etat de
veiller à ce que ces détenteurs aient des revenus
adéquats, au plan pratique, ça reviendrait à demander
à l'Etat de prendre à sa charge quelques milliers de camionneurs
excédentaires.
Sur le sujet fort discuté de la réglementation,
l'Association du camionnage du Québec est en faveur d'une
réglementation applicable et surtout appliquée. (10 h 30)
Dans le cas du vrac, la réglementation actuelle aboutit
automatiquement à condamner la plupart des camionneurs artisans à
des périodes d'inaction plus ou moins prolongées simplement
à cause de notre climat et à cause de la spécialisation de
l'équipement nécessaire dans les divers secteurs du camionnage en
vrac. En conséquence, il n'est ni sage ni économique de limiter
à ce point leur droit de travailler et de rentabiliser leurs
véhicules.
La réglementation actuelle sur le camionnage en vrac est,
à nos yeux, un bel exemple de la réglementation limitative
à l'excès. Appliquée à la lettre, elle suppose: A)
Des prix gonflés durant les périodes de travail pour compenser
les pertes des périodes d'inaction. B) Une aide sociale de la part du
gouvernement pour combler le manque à gagner si le détenteur d'un
permis VR travaille au prix du marché. C) Un degré de
sainteté qu'on ne peut décemment exiger d'un camionneur artisan
pour résister à la tentation de violer un pareil
règlement.
Le problème consiste dès lors à trouver, tout en
respectant le principe de la réglementation, un moyen qu permettrait au
détenteur de permis VR de travailler douze mois par année.
Quant au contrôle de l'application de la réglementation, il
doit être fait vite et bien, sans délais interminables qui en
annulent tout l'effet. Nous n'en tondons pas par là que tout doit
être contrôlé tout le temps, mais nous demandons une
amélioration dans la qualité et la fréquence des
contrôles. De même, les sanctions ou amendes,
modérées pour une première offense, devraient être
sévères en cas de récidive dans les deux ans.
Contrôle complet, sanctions rapides, récidives coûteuses
sont la clé d'un contrôle efficace qui n'a finalement pas d'autre
raison d'être que de dissuader ceux qui seraient tentés de ne pas
respecter les règlements et les lois.
Fonctionnement des postes d'affectation. Sur ce point, la position de
notre association ne varie
pas: Ils ne devraient pas exister de façon monopolistique. Ces
postes qui étaient censés fournir l'appoint ou le
complément de travail aux camionneurs artisans pour leur permettre de
travailler lorsque, par leurs propres moyens, ils n'arrivaient pas à
obtenir suffisamment de travail, n'ont pas réussi à remplir ce
rôle. En tentant d'imposer un monopole régional pour la
distribution du travail dans certains secteurs de l'activité
touchés par le camionnage en vrac, l'Etat ne peut faire autrement que se
diriger vers un échec, puisqu'il brime ainsi les libertés de tout
le monde. En effet, les camionneurs artisans seront, dans la pratique, plus ou
moins limités au travail que pourra ou voudra bien leur founir les
postes d'affectation.
Les postes ne cesseront jamais de réclamer de nouveaux secteurs
exclusifs. Les entrepreneurs en camionnage en vrac verront leur marché
s'éro-der en faveur des artisans. Les usagers des services de camionnage
en vrac se verront frustrés dans leur liberté de commerce.
Lorsque les revendications seront de nouveau devenues suffisamment
incontrôlables, que restera-t-il? Peut-être une autre commission
parlementaire.
La rentabilité de l'industrie: Sur ce point, toutes les
études, statistiques et analyses concordent. Le camionnage est une des
industries les moins rentables au Québec. Dans le domaine du vrac, sujet
de la présente commission, la question de rentabilité se rapporte
à la fois à des données économiques et à des
considérations sociales. Il n'est donc pas possible d'obtenir une
réponse mathématique tant que l'offre et la demande n'auront pas
atteint un certain équilibre. Le Québec a été
bâti dans le cadre des lois de la libre entreprise, et donc des
marchés. Bien que tout ne soit pas parfait, ces lois ont fait leur
preuve en nous permettant d'atteindre le haut degré de
développement que nous connaissons. Il n'y a aucune raison valable pour
les abandonner. En conséquence, la rentabilité dans le camionnage
en vrac doit également être recherchée sur ces mêmes
bases. En attendant, parler de la rentabilité d'un système qui
impose trois camions là où deux suffisent à la
tâche, n'est qu'une farce tragique pour ceux qui y ont cru, et
inutilement coûteuse pour le contribuable. Car aux dépenses
superflues occasionnées par l'assistance et le soutien d'une flotte de
milliers de camions inutiles, il faut aussi ajouter les impôts non
perçus chez ces artisans.
Perspectives d'avenir: Si les Etats meurent rarement à la suite
de leurs erreurs, il n'en est pas de même pour les entreprises. En
conséquence, il est normal qu'elles perçoivent avec beaucoup plus
d'acuité tous les dangers réels et potentiels qui les menacent.
C'est pourquoi le cas du camionnage en vrac touche même les entreprises
de camionnage qui n'en font pas. Cette afirmation peut paraître
paradoxale, mais elle s'explique par la perception, qu'ont ces
dernières, de l'enjeu du débat actuel. C'est surtout la
création d'une classe de camionneurs qui, de plus en plus ouvertement,
aspirent à former une caste intouchable et plus ou moins à l'abri
des lois qui régissent les normes économiques au Québec
qui leur paraît dange- reuse, donc inacceptable. C'est un nouveau cheval
de Troie qui, loin d'assainir le climat socio-économique du
Québec, risque plutôt de l'infecter en officialisant l'existence
d'une classe d'entrepreneurs, en leur accordant la sécurité
d'emploi que connaissent les salariés du gouvernement.
Hormis l'assistance directe du gouvernement à ces camionneurs, il
n'y a pas d'autre solution qu'un retour à un équilibre entre
l'offre et la demande. Nous estimons à environ 4000 ce nombre
excédentaire de camionneurs artisans. Les statistiques de la CPQ nous
révèlent une diminution d'environ 500 permis par an depuis 1977.
A ce rythme, nous avons encore pour huit ans, malgré les
privilèges et une infusion de fonds gouvernementaux, avant d'en arriver
à un nécessaire équilibre. Cette réduction est
causée par l'inutilisation de permis qui sont annulés par un
défaut de renouvellement.
D'ici là, l'Etat doit prendre des mesures qui limiteront les
incidences sociales d'une inévitable réduction des effectifs. La
première est évidemment de maintenir le gel du nombre de
titulaires de permis tant que le nombre visé n'aura pas
été atteint. Il devrait également prendre des mesures
incitatives assorties aux besoins de certaines compensations pour favoriser la
réduction des permis VR.
La difficulté consiste à éviter de commettre une
injustice sociale pour réparer une erreur de parcours, tout en
évitant également d'instaurer un système de camionnage
social parallèle, ce qui constituerait une hérésie
économique. Il n'est ni socialement acceptable, ni financièrement
supportable de consacrer l'existence d'une catégorie de camionneurs qui
ne travaillent que la moitié du temps. Ni l'économie, ni la paix
sociale n'ont à gagner avec une solution de ce genre. Félix
Leclerc n'a-t-il pas dit que le plus sûr moyen de tuer un homme est de le
payer à ne rien faire?
A l'inverse, si ces camionneurs artisans continuent à
végéter, nous aurons, en permanence, un groupe de
mécontents manifestant ici et là à tout moment. Il n'y a
qu'une solution viable et juste à long terme, c'est que les camionneurs
artisans deviennent tout simplement des camionneurs avec les mêmes droits
et devoirs que tout autre entrepreneur.
Les recommandations de l'association. Le vice fondamental qui nous vaut
la présente commission parlementaire réside dans le fait d'avoir
deux poids et deux mesures pour réglementer le transport. En premier,
que toute personne ou entreprise désireuse de faire du transport contre
rémunération, après avoir fait sa preuve des
nécessités à la Commission des transports, puisse le faire
sans être limitée à une seule spécialité.
Nous référons au règlement 12 qui précise
tantôt quelles matières peuvent être transportées,
tantôt quel type de véhicule doit être utilisé pour
le transport de tel type de matières.
Il en résulte une difficulté d'interprétation dans
tous les cas et parfois des contradictions. Ce qui est plus grave encore, nous
avons là un cloisonnement excessif qui empêche pratique-
ment toute possibilité de rationaliser l'exploitation de
l'équipement. Cette limitation excessive ignore la réalité
du transport routier au Québec. C'est pourquoi nous recommandons une
réglementation des matières seulement et non des types de
véhicules autorisés à transporter tel ou tel type de
matière, exception faite pour les produits comportant certains
dangers.
De plus, empêcher un détenteur de permis de transport en
vrac de transporter d'autres marchandises ou vice versa est contraire aux
principes les plus élémentaires d'une saine gestion. De
là, vient aujourd'hui que nous avons des camionneurs qui n'arrivent pas
et n'arriveront jamais à rentabiliser leur entreprise. C'est pourquoi
nous recommandons que, sous réserve de preuves des
nécessités, le transport en vrac, aussi bien que le transport
général, soit accessible à tous les détenteurs de
permis, compte tenu de notre recommandation de ne pas augmenter le nombre de
titulaires. 2e Que le monopole du courtage en faveur des postes d'affectation
soit aboli. 3°, Que les permis soient délivrés à
l'entreprise et non au véhicule. 4°, Que la clause 75-25,
déjà jugée illégale, soit abolie. 5°, Que la
structure tarifaire régissant le transport en vrac soit assouplie.
6°, Que la réglementation du transport en vrac soit applicable et
appliquée. 7°, Que le gouvernement prenne les mesures qui s'imposent
pour réduire à un niveau économiquement justifiable le
nombre de permis de camionnage en vrac. 8°, Que ces changements soient
faits dans les plus brefs délais.
Nous espérons, M. le ministre et distingués membres de la
commission parlementaire, avoir réussi à exposer clairement notre
point de vue sur les problèmes du camionnage en vrac.
Notre intervention est inspirée par l'expérience et les
solutions que nous proposons, si elles ne sont pas particulièrement
originales, elles ont cependant fait leur preuve dans d'autres secteurs.
Je tiens à remercier tout le monde de nous avoir
écoutés, d'avoir porté une si bonne attention et
j'espère que ça a été aussi clair que possible.
Nous sommes prêts à répondre à toutes vos
questions.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre.
M. de Belleval: Merci messieurs. Vous prétendez qu'il y
aurait 4000 camions en vrac de trop, compte tenu du marché. Comment
êtes-vous arrivés à ce chiffre de 4000.
M. Alarie: M. le ministre, si on regarde un peu les
mémoires qui ont été présentés, on
s'aperçoit que les postes d'affectation sont utilisés à
environ 60% de leur capacité. On regarde aussi certaines études
qui ont été publiées par le ministère de
l'Industrie et du Commerce, lorsqu'il y a eu l'émission de ces permis en
vrac, et on s'aperçoit qu'il y avait un certain marché. Tout d'un
coup, on a vu l'arrivée d'une vente de bennes basculantes et de tout
équipement semblable. On conclut, selon les chiffres qui nous ont
été donnés, selon ce que nos membres nous disent, qu'il y
a environ 4000, soit à peu près 40% de permis ou de camions en
vrac de trop.
Si on se fie également à ce que nos membres nous
rapportent, ceux qui travaillent à 60%, on voit que les camions sont
dans la cour ou des choses du genre. Mais on s'aperçoit, même,
avec le fonctionnement des postes d'affectation, qu'on est obligé d'y
aller par priorité et on regarde le nombre de jours travaillés et
on voit... Disons que le chiffre 4000, ce n'est pas un chiffre qui est
fondé sur des statistiques approfondies, mais c'est à peu
près l'évaluation la plus valable possible.
M. de Belleval: Cela voudrait dire qu'il y aurait le tiers de
trop de camions?
M. Alarie: De camions ou de permis, selon la façon de
voir.
M. de Belleval: En tout cas, vous savez que ce point de
vue-là, à savoir qu'il y a trop de camions, a été
contesté hier en particulier par les gens des coopératives de la
Côte-Nord et du Saguenay-Lac-Saint-Jean, certains disant que ce n'est pas
tellement qu'il y a trop de camions, mais que le marché est mal
organisé, est mal réparti. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas
oublier non plus que tout le marché du camionnage, y compris pour les
artisans, ne passe par les postes de courtage, les postes d'affectation. Cela
ne veut pas dire qu'un camionneur prend tout son travail du poste
d'affectation. Plusieurs camionneurs, y compris les membres des postes
d'affectation, réussissent à se trouver du travail directement
par leurs propres efforts. Il faudrait faire attention aussi quand on
interprète les chiffres qu'on trouve dans les postes d'affectation. Je
pense que c'est bien connu que les camionneurs se trouvent du travail par
eux-mêmes aussi, du travail légal, d'ailleurs. (10 h 45)
M. Alarie: M. le Président, M. le ministre, si vous me le
permettez, chez nous, ce n'est pas seulement bien connu; c'est la
méthode de travailler. On trouve nous-mêmes notre travail. On a
des flottes de camions qui font du transport en vrac, qui ont des permis VR et
qui grandissent. Ce n'est pas tout le monde qui perd des camions. Il y en a
d'autres qui cherchent à en acheter, parce qu'il y a un marché.
Ils vont chercher le marché là où il est. Le chiffre de
4000 qu'on avance, c'est un chiffre d'ensemble. C'est certain que celui qui est
entrepreneur et qui veut réussir en affaires, qui veut grossir sa
compagnie, va trouver les moyens de trouver du travail et d'agrandir sa flotte.
Donc, pour lui, il manque de permis, dans son cas.
M. de Belleval: Par ailleurs, votre recommandation d'enlever
l'exclusivité du courtage aux postes d'affectation, ça veut dire,
à toutes fins pratiques, qu'on retourne à un système
où le
marché se désorganise davantage au lieu de s'organiser. Je
veux bien croire qu'on doit laisser à chacun le sens de l'initiative,
etc. On a vu dans le cas du poste 06 que c'est exactement ce qu'ils font. Ils
s'organisent et ils essayent d'aller chercher des marchés. L'Association
des camionneurs en vrac, hier, n'avait rien contre ce genre de concurrence.
Mais vous ne trouvez pas que, de la même façon que si on
abolissait la réglementation dans le transport général on
se retrouverait devant une désorganisation du marché, au moins
à court terme, jusqu'à ce que les plus forts réussissent
à survivre et réorganisent le marché, peut-être
même avec des forces monopolistiques dangereuses, la même chose se
produirait dans le camionnage en vrac? Si on leur enlève le courtage
exclusif, on va se retrouver encore une fois avec des bureaux de courtage comme
ceux qu'on avait autrefois: les bureaux de courtage de l'ANCAl, ceux des
coopératives, ceux de certains entrepreneurs ou associations de
camionneurs, les battes de baseball qui rassortent ou, enfin, l'intimidation
d'un poste de courtage à l'autre.
Dans l'état actuel du surplus d'offre par rapport à la
demande, ça ne vous apparaît pas dangereux. Si je suivais vos
recommandations en ce qui concerne le vrac entièrement et que
j'appliquais cela au général, je pense que vos membres ne
trouveraient pas la solution bien agréable en ce qui concerne le
transport général, en tout cas. Avez-vous pensé à
ça?
M. Alarie: Oui. Je ne sais pas sur quel point vous dites que nos
membres ne trouveraient peut-être pas ça agréable. Mais,
lorsqu'on parle de la clause 75-25, on prend deux classes de transporteurs.
M. de Belleval: Excusez-moi, je ne parlais pas de la clause 75-25
qui est un privilège effectivement consenti à une classe de
camionneurs. Mais l'exclusivité du courtage comme telle c'est un moyen
d'organiser l'industrie ce n'est pas nécessairement un
privilège de la même façon que l'organisation de
l'industrie par la Commission des transports ou la réglementation sur le
transport général, c'est une façon de civiliser et
d'organiser la concurrence. Alors, c'est ce que je veux dire. Si on appliquait
votre raisonnement en ce qui concerne le courtage exclusif je ne parle
pas de la clause 75-25 aussi au transport général, en
disant: On va laisser la concurrence jouer, plus besoin de permis, chacun
desservira où il le veut en allant chercher de la "business" où
il le veut, je pense que vous ne seriez pas d'accord avec une pareille
proposition. Alors, je me demande pourquoi vous faites cette proposition dans
le cas du camionnage en vrac.
M. Bélanger (Gilles): M. le Président, si vous me
permettez de tenter de répondre à la question du ministre...
M. de Belleval: A première vue, autrement dit, je trouve
votre suggestion un peu excessive. En tout cas, je vous laisse répondre.
Je m'excuse.
M. Bélanger: La suggestion n'est pas d'éliminer les
postes d'affectation comme courtiers ou entreprises de courtage.
M. de Belleval: J'ai compris cela.
M. Bélanger: Le courtier est quand même un
intermédiaire entre une entreprise réglementée et les
usagers de ce type de service. A notre avis, en enlevant l'exclusivité
du courtage, ça permettrait à ces entreprises, à ces
postes de courtage de compétitionner avec d'autres postes de courtage et
avec des entrepreneurs.
Nous sommes dans une réglementation à double palier; je
soutiens que la comparaison avec l'entreprise du camionnage ou l'association du
camionnage, les camionneurs généraux, est un peu boiteuse parce
qu'elle se réfère à la réglementation de base, tout
de même, qui continue et qui continuerait d'exister parce que les permis
sont là, les permis existent. Par les permis, on a voulu mettre de
l'ordre dans cette industrie, mais on a ici une réglementation au
deuxième palier où on veut forcer les entreprises à passer
par un même courtier. Le courtage existe dans plusieurs domaines, dans
plusieurs secteurs de l'industrie et il existe même dans le camionnage;
dans le camionnage, il n'y a pas d'exclusivité.
M. de Belleval: Oui, mais n'oubliez pas que, dans le cas du
camionnage général, même si c'est au premier palier, comme
vous le dites, que cela se passe, il n'en reste pas moins qu'au premier palier,
il y a une ordonnance de la concurrence. On ne permet pas à n'importe
qui de faire concurrence à n'importe qui, n'importe où.
M. Bélanger: On a cela aussi dans le règlement en
vrac.
M. de Belleval: Dans le cas du règlement en vrac, l'offre
de service est atomisée entre on l'a vu plusieurs milliers
de petits entrepreneurs, si l'on veut, d'entrepreneurs artisans ou petits
entrepreneurs. A ce moment-là, la façon qu'on a trouvée
pour organiser le marché, c'est de trouver des bureaux de courtage, ce
que sont les postes d'affectation, et de leur réserver cette
activité, compte tenu, justement, de l'atomisation de l'offre. Il ne
s'agit pas de trois ou quatre entreprises qui se font concurrence sur une route
donnée, comme c'est le cas dans le transport général; il
s'agit de centaines de petits entrepreneurs qui se font concurrence sur de
vastes territoires entre tous les points de ce territoire, et même entre
des points du territoire et d'autres territoires, comme on l'a vu.
Que ce soit au premier palier ou au deuxième palier, il me semble
que les principes qui valent pour le camionnage général doivent
valoir aussi pour le transport en vrac. Je vous le demande, est-ce que vous
accepteriez, justement, la même libéralisation du
côté du transport général que ce que vous demandez
pour le transport en vrac?
M. Alarie: M. le ministre, si vous me permettez, ceci revient
à dire qu'il faudrait instituer des
postes de courtage dans la ville de Montréal parce que, pour le
transport général, et ce qu'on appelle le transport local, cinq
milles/trente milles, on sait qu'à Montréal, il y a 900
détenteurs de permis alors qu'il y a un besoin d'à peu
près 600 et qu'on fait face à une industrie artisanale.
A ce moment, cela veut dire qu'on se revire de bord et on met des postes
d'affectation pour répartir le travail à parts égales
entre tous les détenteurs de permis généraux. Qu'est-ce
qui va arriver? On va faire face à un autre problème. Quel
travail?
M. de Belleval: Oui, mais, M. Alarie, comme vous le mentionniez
tantôt dans votre mémoire, où il y avait une forte faveur
sociologique que j'ai d'ailleurs trouvée fort intéressante
à savoir que l'agitation sociale amène des gouvernements
nerveux, si je puis dire, à prendre des mesures d'apaisement qui,
même si elles ont des effets difficiles ou désastreux à
long terme, ont en tout cas le mérite à court terme de renvoyer
les gens chez eux un peu plus de bonne humeur que lorsqu'ils en sont sortis,
c'est un facteur dont il faut tenir compte dans le cas du transport
général en vrac.
La paix sociale a un certain prix, mais elle a aussi un certain avantage
pour tout le monde, vous l'admettrez. Dans le cas de ce qui se passe à
Montréal pour le transport général, que je sache, il n'y a
pas encore de camionneurs qui se sont livrés à des assauts sur
d'autres camionneurs. On n'a pas vu de manifestations et de troubles sociaux;
ces gens réussissent à s'organiser. Je suppose que cela veut dire
que le système, finalement, ne fonctionne pas si mal; ce qui ne veut pas
dire qu'un système de courtage ne serait pas utile non plus pour
rationaliser tout cela, mais les gens qui sont dans cette industrie, pour
l'instant, ont l'air de s'en accommoder.
Je n'ai pas besoin de vous dire que si on voulait retourner à
l'ancienne situation, au Québec, je pense que les
événements de mai 1968 et tous les autres dont vous avez
parlé pourraient revenir au Québec dans le cas du camionnage en
vrac.
M. Alarie: Remarquez bien, M. le ministre, qu'il faut quand
même faire un choix. Bâtit-on le système des transports au
Québec sur des bases de protection sociale ou si on le bâtit sur
des bases de libre entreprise et d'entrepreneurs qui se font concurrence et le
plus fort passe à travers? C'est là la première
décision à prendre. A ce moment-là lorsqu'on donne une
garantie de travail, soit une clause de 75-25 ou le courtage exclusif, on
l'enlève quelque part ce travail-là. Il a été dit
depuis le début de la commission parlementaire qu'il n'y a pas plus de
travail qu'il y en avait il y a deux ou trois ans. La seule chose c'est qu'on
cherche à aller chercher des marchés exclusifs, des parts de
marché et, plus ça va aller, plus on va chercher à
agrandir cette part de marché.
Lorsque la réglementation sur le vrac a été
adoptée dans les années 1969 et 1970 et qu'elle est devenue
effective en 1972, le premier problème c'était pierre, sable et
gravier. Si on prend l'énumération des produits dans i, ii, iii,
on s'aperçoit qu'on a mis les grains de provende et toutes les
moulées qui étaient transportées par les transporteurs
généraux, on a mis les copeaux, on a mis tous les produits pour
essayer de donner plus de marchés. Qu'est-ce qui arrivera, est-ce que
cela veut dire que toutes les fois qu'on va manquer de travail on va se tourner
de bord, on va ajouter une matière et on va la faire passer par les
postes d'affectation? C'est-à-dire que tout le système de
transport soit pareil. Qu'on prenne le transport général et qu
'on dise qu 'on forme des gros postes d affectation et qu'on appelle les
transporteurs camion par camion et qu'on leurdonne du travail. Si c'est ce
qu'on veut, qu'on le fasse complètement. Mais, si on bâtit notre
système de transport sur un système de libre entreprise qui donne
un service à une population à un coût raisonnable, il ne
faut pas enlever le travail aux entrepreneurs qui, au bout de l'année,
ne font pas des profits énormes pour le donner à des travailleurs
et annuler des emplois. Les chauffeurs de nos entrepreneurs ou les chauffeurs
des gens qui travaillent sur un camion ne sont peut-être pas artisans,
les camions ne sont peut-être pas à eux, mais ils travaillent
aussi, ils ont le droit de travailler.
M. de Belleval: Je comprends bien votre point de vue
là-dessus, mais au fond la clause 75-25 ce n'est pas moi qui l'ai
consentie, c'est mon collègue de Charlevoix dans le temps et M. Pinard,
je pense, qui était ministre à cette époque. Je pense que
vous étiez son adjoint parlementaire. Vous avez participé
à toutes ces tractations-là. L'idée était, à
ce moment-là, la suivante, je pense, devant les troubles sociaux. Il y
en avait des troubles sociaux, vous avez raison de le mentionner; je ne sais
pas s'ils étaient en relation avec tous les autres troubles dont vous
avez parlé, c'est un point secondaire, restons-en au niveau du
camionnage en vrac. On n'a pas besoin de faire appel aux
événements de mai en France, il n'en reste pas moins qu'il y
avait du trouble ici suffisamment. C'est ce qui a amené le gouvernement
d'alors, à tort ou à raison, à essayer de
régulariser la situation, à créer des postes de courtage
et à leur donner une certaine stabilité de départ en leur
donnant, disons, un secteur exclusif pour leur permettre de s'établir.
Je pense que c'était ça au fond l'idée; le
député de Charlevoix pourra peut-être tantôt me
corriger là-dessus ou donner des explications supplémentaires,
mais je pense que c'était l'idée. C'était de dire: On va
donner une chance aux postes de courtage de s'établir en leur donnant
une base de départ. Mais, à partir de ça, la question qui
se pose, et là je vous rejoins, c'est: Est-ce qu'on n'est pas
allé trop loin et est-ce qu'on n'est pas embarqué dans un
engrenage où on n'aide plus certaines personnes à s'organiser,
à rétablir une certaine paix sociale, mais où on leur
donne à leur tour des privilèges exorbitants? Je pense que c'est
dans cette direction qu'il faut orienter notre réflexion, mais je me
rends compte
que ce que vous proposez à toutes fins utiles, c'est de ramener
l'horloge avant 1968, 1970, 1972, selon le cas, si je suis bien vos
exemples.
Pour l'instant je termine là mes réflexions, je vous
remercie beaucoup pour votre contribution quand même parce qu'elle
apporte d'autres points de vue et nous permet de mieux cerner le
problème.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, normalement ça
devrait être mon collègue de Gatineau qui intervienne à ce
moment-ci, étant donné que c'est un des mémoires
importants qui est présenté principalement par la partie adverse
puisque ceux qui sont à la barre représentent l'Association du
camionnage du Québec. (11 heures)
II est permis à un membre de la commission de parler en son nom
personnel et je voudrais vous dire que ces réflexions ou ces
observations, je les fais étant donné que, d'abord, je me sens
mis en cause. Probablement que mon prédécesseur est mis en cause
également. Je voudrais les faire à titre personnel, parce que je
voudrais dire immédiatement que ce n'est pas en consultation avec le
parti, mais d'après l'expérience que j'ai connue.
On ne va pas chercher des sympathies et je sais pertinemment, d'abord,
que la direction de l'Association du camionnage n'aime pas plus qu'il ne faut
celui qui parle. Je pense bien que c'est son droit, en raison de l'ensemble de
la réglementation et des modifications qui ont été
apportées depuis 1970 ou à peu près. Quand, à la
page 13 de votre mémoire, vous décrivez le climat de 1970 et que
vous mentionnez, comme prémisses aux décisions qui ont
été apportées à ce moment-là, l'affaire
Cross-Laporte, les 100 000 emplois, le moins que je puisse dire, c'est que
votre association a beaucoup d'imagination.
Nous faisons face, à ce moment-là. M. Pinard et moi, de
même que le gouvernement qui était en place, à une
période assez difficile où il y avait des tensions dans la
société, où les mouvements syndicaux prenaient de
l'importance, où les revendications à l'endroit des gouvernements
s'accentuaient. Je pense que c'est une évolution normale à
laquelle les gouvernements devaient faire face. Mon précédesseur,
je ne le mettrai pas trop en cause, parce que je vous avouerai franchement que
dans ce qui s'est passé dans le vrac, je peux prendre une bonne part des
responsabilités, parce que c'est pour et en son nom que j'ai agi.
Dans les deux jours qui ont précédé le malaise que
voulait corriger la commission Lippé, qui avait étudié le
problème en 1965, et contrairement à ce que vous affirmez, si on
regarde l'intention du législateur, qui n'a pas donné les effets
voulus ça, je l'avoue bien franchement on a donné
suite à une commission dûment nommée par le Parlement qui
avait étudié l'ensemble du problème. Et dans des
mémoires précédents, je pense que cela a été
avoué, on a donné suite à peu près à
l'ensemble des suggestions de la commission Lippe.
Il y a eu la Loi sur les transports. Il y a eu la formation, à la
suite de la loi, à la Commission des transports. Il y a eu les
règlements qui ont suivi qui régissent les actions de la
Commission des transports, qui est un tribunal quasi judiciaire. On a dit hier,
et le ministre actuel, je pense, a accepté ça également,
qu'on ne pouvait pas accuser les politiciens d'avoir voulu aller chercher des
votes en tâchant de poser certains gestes dans le domaine du transport en
vrac parce qu'il n'y avait pas de votes à aller chercher
là-dedans. On cherchait à régler un problème aigu.
On a dit également que, dans l'esprit de M. Pinard, de moi-même et
d'autres, de la commission Lippé, on constatait déjà qu'il
y avait un trop grand nombre de camions dans l'activité donnée du
transport en vrac. Cela tout le monde le constatait. On a dit qu'on
reconnaissait, nous, qu'il y avait des droits acquis qu'il fallait respecter,
chez vous comme chez d'autres. C'est pour ça que, jusqu'en 1975 ou 1976,
des délais ont été accordés pour que ceux qui
avaient des droits acquis les fassent valoir devant la Commission des
transports.
A ce moment-ci, je serais loin d'accuser la Commission des transports
d'avoir donné trop de permis, parce qu'à travers les
règlements qui ont été adoptés je ne suis
pas homme de loi moi-même, mais il y en avait plusieurs à mes
côtés on n'a pas prévu toutes les
conséquences qu'entraînerait à la commission le
règlement qui régissait ces décisions.
On constate que des gens qui n'étaient pas dans l'activité
ou qui possédaient des unités inoccupées depuis des mois
ont réussi, par le biais ou en contournant la réglementation,
d'aller faire reconnaître des droits acquis qui, en fait, n'existaient
pas. Ce n'est pas là qu'était l'intention du législateur,
parce que le législateur voulait absolument paralyser l'addition de
nouvelles unités, car on en avait déjà trop à ce
moment. Que des anomalies se glissent dans l'adoption d'une loi ou des
règlements, après avoir été 18 ans en Chambre, j'ai
toujours déploré l'abolition du Conseil législatif, parce
qu'à chaque fois qu'il y a une loi adoptée, le Conseil
législatif qui siégeait ici même qu'il y en avait
peut-être trois ou quatre qui étaient hommes de loi nous
retournait parfoi; des projets de loi avec des amendements
considérables. Cela évitait à l'Assemblée nationale
de faire des erreurs.
Je ferai simplement référence à un
bébé qu'a entre les bras mon successeur: quand on a passé
comme mesure de sécurité routière le règlement de
points de démérite c'est possible que si j'avais
été homme de loi moi-même, je me serais aperçu de
l'anomalie on voulait apporter un système de points de
démérite qui tende à réduire le nombre d'accidents
sur les routes et, à un moment donné, il s'est glissé une
anomalie dans le règlement dans le sens que c'était le directeur
qui devait enlever les points de démérite et, comme ce n'est
jamais le directeur qui les enlève,
le système de points de démérite a
été foutu par terre. Je ne pense pas que c'était parce que
le législateur voulait, évidemment, que le système ne soit
pas valable. C'est parce qu'il y a eu une erreur qui s'est glissée
quelque part et qu'aucun procureur ne s'en est aperçu sur le moment,
mais après cela, devant les cours de justice, les avocats ont vite
trouvé le vice du système.
Changeant de sujet, je pense vous me corrigerez si je fais erreur
que vous avez toujours contesté la trop grande
réglementation. Vous prônez un système ou la libre
entreprise, la libre force du marché puisse s'exercer. Tantôt, le
ministre y a fait allusion un peu. Vous parlez de la clause 75-25 comme une
mesure d'assistance sociale déguisée qui a été
donnée. Je voudrais que vous me disiez, vous autres qui êtes
nés principalement, dont l'ensemble de vos membres sont nés
principalement de l'ancienne Régie des transports, ce n'est pas par un
système d'assistance sociale que vous êtes venus au monde, que vos
membres sont venus au monde, mais ils sont venus au monde dans un
système très bien protégé et je ne sache pas que
quand un permis vous était accordé par la Régie des
transports du temps, n'importe qui pouvait entrer dans le même circuit.
Je pense bien qu'à ce moment, vous aviez une réglementation quand
même assez sévère et celui qui voulait demander un permis
sur un circuit existant, devait faire la preuve devant la Régie des
transports qu'il avait un besoin supplémentaire, sinon, il avait un
refus. Bien sûr, il y a eu des anomalies. Je ne voudrais pas en
mentionner aucune, mais on sait comment certaines anomalies se sont produites
dans ce temps-là. Je sais également que vous étiez
satisfaits, votre association était bien satisfaite de la Régie
des transports du temps et tout ce que cela a apporté.
M. le Président, si on retournait complètement à la
libre entreprise et aux forces du marché, dans le camionnage à
longue distance, je ne suis pas certain non plus que les prix, pour un certain
temps, ne seraient pas réduits si la libre force du marché
pouvait s'exercer et si d'autres pouvaient entrer dans les circuits de ceux que
vous défendez. Probablement que pour un certain temps, le contribuable y
gagnerait en réduction de tarif parce qu'il y aurait une guerre qui
arriverait immédiatement. Pour combien de temps le contribuable en
bénéficierait-il? Qui, en définitive, réussirait
à surnager dans une telle déréglementation complète
ou à peu près, parce que c'est un peu ce que vous
suggérez? Dans le domaine du vrac où il y a trop de monde
actuellement, il y a une déréglementation la plus
accentuée possible.
Dans l'activité qui vous concerne, il y a un autre
phénomène que vous semblez oublier, c'est que la construction des
routes du Québec a pour effet d'aider l'ensemble des contribuables du
Québec. Mais s'il y a, je pense, une activité qui en
bénéficie, peut-être en taux qui ne s'élève
pas trop vite, c'est également le transport de longue distance, qui use
les routes du Québec sûrement plus vite que l'automobiliste, avec
un véhicule de 3000, 4000 ou 5000 livres. Je serais loin de parler
d'assistance sociale déguisée, parce que c'est pour le bien de
l'ensemble du public, pour maintenir les taux forcément à des
coûts acceptables pour le contribuable, mais ça aide quand
même, en premier lieu, l'activité qui vous concerne.
J'ai parlé hier de certaines matières qui vous ont
été enlevées, le sel en particulier, ce qui a pu apporter
des problèmes assez difficiles à certains de vos membres.
C'était votre droit de protester. Mais je ne pense pas qu'en enlevant
700 000 tonnes de transport au camionnage du Québec, dans une
matière de vrac je pense que du sel, ça doit être
considéré comme du vrac je ne pense pas que ce soit
ça qui ait permis que l'Association du camionnage du Québec et
ses membres soient en difficulté. C'est pour cette raison qu'on a
jugé, dans le temps, qu'il fallait absolument aider ceux qui
étaient dans l'autre activité.
Pour en revenir aux conclusions que vous amenez quant aux postes de
courtage et autres, j'ai déjà dit moi-même qu'à la
suite de tout ce qu'on constate depuis les quinze dernières
années et dû au fait qu'il n'y a pas eu d'amélioration
sensible, une certaine déréglementation doit être
nécessaire pour faire en sorte qu'à partir de prix,
peut-être minimum, les forces du marché s'exercent et que ceux
qui, dans le domaine du vrac, peuvent faire la preuve qu'ils doivent demeurer
dans l'activité, puissent continuer leur activité. Je pense qu'il
y a une certaine déréglementation qui doit être
nécessaire, sans qu'elle soit accentuée à l'infini ou cela
apporterait une autre difficulté profonde. (11 h 15)
On a mentionné hier, qu'il faudrait que le gouvernement ou que
les gouvernements puissent trouver une forme de dédommagement pour ceux
qui ne peuvent continuer à cause du trop grand nombre d'unités
qu'on retrouve dans l'activité qui ne sont pas en mesure
d'espérer un volume de travaux acceptable, alors que la construction des
routes s'en va quand même en déclinant. Je pense que là
également, il va falloir que les gouvernements s'évertuent
à trouver une formule par laquelle ces gens-là pourront changer
d'activité.
Par contre qu'on aime ça ou non, je vais être
obligé de l'avouer j'ai toujours cru qu'au moment où mon
successeur, M. Lessard, formait les postes de courtage, ça permettrait
aux artisans, aux autres transporteurs vrac qui appartiennent à d'autres
associations, coopératives, à ceux qui possèdent trois ou
quatre camions, de former une certaine unité et que l'ensemble de ceux
qui sont dans ce métier pourraient faire un front commun.
On constate c'est peut-être un peu logique que ça
aille dans ce sens-là que l'ANCAl, de la majorité qu'elle
possède, ou crée certaines injustices, ou agit à l'endroit
des autres dans un sens qui, j'imagine, n'est pas le plus équitable
possible. Quelle formule pourrait-on trouver, afin que ceux qui devront rester
à l'intérieur d'un poste de courtage ou d'un sous-poste et qui
veulent demeurer dans l'activité, qui permettra que la distribution se
fasse de la manière la plus équitable possible, alors que des
gens qui devraient être des frères
arrêtent de se déchirer entre eux? Forcément, il va
falloir que tous les intervenants qui sont dans ce métier fassent un
examen de conscience et voient dans quel sens ils sont en mesure de se partager
l'activité qui va en diminuant.
J'avais d'autres observations à faire, mais elles sont tellement
personnelles que je les éliminerai. De toute façon, votre
association a le droit de protéger ses intérêts. Je ne la
blâme pas, mais je ne suis pas sûr, ayant vécu
l'expérience, que sous le couvert de rentabilité, ce qui vous a
été enlevé et donné à ceux qui sont dans le
vrac, a été tellement nocif à vos membres que cela ait pu
les mettre en difficulté financière. Je pense que le malaise, il
n'est pas chez vous, il est chez les autres. Je ne regrette pas que certaines
matières leur aient été concédées,
nonobstant les malaises qu'on a rencontrés depuis.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. J'aimerais savoir des
représentants de l'Association du camionnage du Québec, qui ils
représentent.
Lorsque vous dites que 70% de vos membres ont moins de cinq camions,
est-ce que je dois comprendre que les autres 30% comprennent les compagnies
comme on peut en connaître, à savoir les flottes de 100 camions,
200 et même 1000 camions de transport général? Est-ce que
ces compagnies sont membres chez vous? Ce qu'on appelle le transport
général, pour en nommer: Guilbault, Maislin, Bellechasse,
Rimouski, Speedway, toutes ces compagnies-là, est-ce qu'elles sont parmi
vos membres? Est-ce que vous parlez au nom de ces compagnies aussi?
M. Alarie: On représente les compagnies de un à un
nombre illimité de camions, c'est-à-dire que les compagnies que
vous avez citées en exemple sont membres chez nous aussi bien que celui
qui fait un travail artisanal et qui n'a qu'un camion.
M. Goulet: Le but de la commission, c'est de comprendre des
mémoires, d'interroger des gens et de voir si Ies propositions, les
recommandations qu'ils font peuvent aider, soit le gouvernement, le ministre ou
les intéressés à régler le problème.
Quand quelqu'un vient et emploie des mots comme pureté,
sainteté ou qu'il parle de principe, je suis intéressé
davantage et, bien souvent, ça me rend allergique.
C'est pourquoi vous me permettrez, tenant compte de ces remarques, de
relever certains points de votre mémoire afin de savoir si j'ai bien
compris, de façon à connaître également le fait que
vos recommandations aideront vraiment à régler le problème
qui est nôtre, soit le problème des camionneurs artisans et le
problème du transport en vrac au Québec. Parce que, à
l'intérieur de votre mémoire, vous touchez à certains
principes et plus loin, vous faites certaines recommandations.
Je voudrais savoir si j'ai bien compris, parce que vous touchez à
des principes et, ensuite, vous semblez je dis bien "vous semblez",
peut-être que j'ai mal compris en venir à des conclusions
qui vont à l'encontre de ces principes.
Je vais vous donner des exemples et vous me corrigerez si je fais
erreur. Je pense que c'est le but de la commission. Lorsque vous dites,
à la page 2 de votre mémoire: Pendant six ans, il y a eu
jusqu'à treize arrêtés en conseil, n'est-il pas vrai que,
s'il y a eu des arrêtés en conseil en très grande
quantité, c'est parce que, d'abord et avant tout, ils ont
été faits suite à des pressions justement, du transport
général et souvent même des membres de votre
association?
M. Alarie: M. le Président, M. le député, il
y a beaucoup d'arrêtés en conseil qui ont été faits
grâce à des pressions de notre association. Les raisons sont
simples. C'était pour sauvegarder les droits que nos camionneurs
avaient. D'ailleurs je voudrais juste ouvrir une parenthèse ici
M. Mailloux et le gouvernement d'alors... Dans notre mémoire, on
n'a pas cherché à mettre la faute sur un gouvernement quelconque.
Lorsqu'on parlait du climat d'antan, c'était pour essayer de situer dans
le temps dans quel climat on se plaçait. Ce n'était pas une
attaque contre le législateur du temps, au contraire, mais plutôt
pour essayer d'établir les faits le mieux possible.
M. Goulet: Cela va. Juste une correction, en passant. A la page 3
de votre mémoire, vous dites que la clause 75-25 a été
jugée illégale. Je pense qu'il serait bon d'apporter une
clarification ici, de façon à ne pas induire, non plus, les gens
en erreur. N'est-il pas vrai que cette clause a été jugée
illégale peut-être une fois? Il s'agit d'un contrat qui avait
été accordé par une ville du Québec. Cette clause a
été jugée illégale dans ce cas précis parce
que le contrat avait été négocié avec une ville.
Mais la clause n'a pas été jugée illégale à
la suite d'un contrat négocié, par exemple, avec le
ministère des Transports ou le gouvernement.
Est-ce que vous ne faites pas allusion, lorsque vous parlez de
décembre 1979, à la cause qui avait été
jugée à Sept-lles concernant la ville même de Sept-lles et
non pas la clause 75-25 qui apparaît dans le règlement? Ce sont
deux choses différer tes.
M. Alarie: II est exact, M. le Président, que la
référence que nous faisons est évidemment à la
décision concernant le contrat signé par la ville de Sept-lles.
Il y a des situations semblables qui peuvent exister avec d'autres organismes
gouvernementaux et avec d'autres organismes subventionnés, si on veut
pousser plus loin l'application de la clause 75-25.
M. Goulet: D'accord. Mais, dans ce cas précis, elle a
été jugée illégale pour un contrat
négocié avec une ville, mais pas pour un contrat
négocié avec une entreprise gouvernementale. Quand vous
dites: Cela a été jugé illégal, il
semblerait qu'on veut généraliser et ce n'est pas le cas, parce
qu'il faut faire une distinction. Dans la clause 75-25, il n'était
jamais question des villes ou des villages. Il était dit: On va
recommander aux villes et aux villages de la suivre. C'est un voeu que le
ministre avait formulé à ce moment. Mais il n'était pas
question dans ce règlement que la clause 75-25 touche les villes.
C'était surtout pour une partie des contrats du ministère des
Transports. Quand vous faites allusion à ça, je dis que ce sont
deux choses complètement différentes.
M. Alarie: La recommandation, M. le Président, du
ministère des Transports qui vaut auprès d'autres
ministères, des villes et des entreprises subventionnées, c'est
une recommandation. Mais à partir du moment où cette clause ou le
contrat peut être déclaré quant à cette partie
illégal par une cour dans le cas d'une ville, ça pourrait
possiblement s'appliquer dans le cas d'un autre ministère. Je ne veux
pas replaider cette cause, mais ça pourrait s'appliquer dans le cas d'un
autre ministère. Là tout à fait sujet à
vérification, cela pourrait peut-être s'appliquer au
ministère des Transports. Cela n'a pas été testé
encore par les cours.
M. Goulet: C'est ce que je voulais simplement vous faire dire,
que ça n'a pas été testé. La charte d'une ville et
la charte d'un ministère, ce sont deux choses différentes. La
cause présente que vous mentionnez ici, il s'agit d'une cause avec une
ville précise, qui n'a pas la même charte que le ministère
des Transports. Sauf erreur, dans le cas du ministère des Transports,
cette clause n'a jamais été jugée illégale
jusqu'à présent. Elle est encore bonne. C'est ça que je
voulais dire.
M. Alarie: Mais je voudrais préciser, M. le
député, que la clause n'a pas été jugée
illégale vu un manque de pouvoir de la ville ou dans la charte de la
ville. Elle a été jugée illégale sur l'existence
même de la clause 75-25.
M. Goulet: Toujours en tenant compte de vos recommandations, je
voudrais bien qu'on fasse la lumière. Je parlais tantôt de
principe, c'est parce que je me dis qu'on peut être pour un principe, on
peut également être contre un principe, mais il est difficile
d'être pour les deux en même temps. Je ne veux pas être
méchant, je ne veux pas être désagréable, mais,
encore une fois, je voudrais vous ramener à la page 3 de votre
mémoire lorsque vous dites, à la toute fin de la page: "Vous avez
donc, distingués membres de la commission parlementaire vous vous
adressiez à nous, à ce moment-là à juger des
mérites du protectionnisme comparés à ceux de la libre
entreprise dans le cadre d'une réglementation générale du
transport routier."
Vous représentez vraiment des transporteurs, comme le disait mon
collègue de Charlevoix, qui ont été dans bien des cas
surprotégés, avec des circuits réservés et
même, dans bien des cas, avec des subventions. Il y a beaucoup de
compagnies de transport général, entre vous et moi
j'espère que les autres n'écoutent pas qui existent
actuellement, qui ont grossi leur flotte de camions et qui donnent un
très bon service je n'en suis pas là-dessus mais
s'il n'y avait pas eu de circuits protégés, je me demande si
elles aussi, aujourd'hui, n'en seraient pas rendues au "bien-être
social", comme vous en accusez les camionneurs artisans. Tous les domaines du
transport général, actuellement, sont protégés.
Je suis résident du comté de Bellechasse et j'ai
été pendant treize ans propriétaire d'un commerce qui
faisait de l'importation et du transport. Je peux vous dire que je n'avais pas
la liberté de faire affaires avec qui je voulais quand je voulais;
j'avais la liberté de faire affaires avec une ou deux compagnies qui
donnaient le service dans ma région et au taux que cette compagnie
exigeait. Vous allez dire: Oui, c'est fixé par la compagnie. Mais si
j'avais eu la liberté de prendre le transporteur que j'avais voulu, bien
des fois, j'aurais mis de l'argent dans mes poches. Vous allez dire: II y a des
règlements qui existent, mais vous avez des circuits
protégés. Je me demande comment il se fait que vous soyez
défavorable à ce qu'un gouvernement ou une loi puisse
protéger un groupe de camionneurs quand le groupe de camionneurs qui
nous dit cela a justement, dans bien des cas, pu monter sa flotte de camions et
en venir à une belle réussite je les félicite
d'abord et avant tout parce qu'ils s'assuraient d'un circuit
protégé.
M. Bélanger: M. le Président, je vais
répondre que rien n'a jamais empêché le
député du comté de Bellechasse de demander un permis pour
soutenir la concurrence sur les routes déjà dites, entre
guillemets, "protégées" pour d'autres transporteurs. Les
transporteurs ont toujours la liberté, présentement, de se
présenter devant la Commission des transports, de demander des permis.
Je vous assure, M. le député, que ça se produit tous les
jours. La commission rend tous les jours des décisions favorables
après avoir entendu la preuve présentée par les
transporteurs.
Nous existons dans un contexte réglementé, de même
que le camionnage en vrac, indépendamment des postes d'affectation,
existe aujourd'hui dans un domaine réglementé. Nous ne sommes pas
contre le fait que le camionnage en vrac soit réglementé; nous
recommandons seulement qu'en enlevant l'exclusivité au poste
d'affectation, on permette plus de concurrence dans le domaine. On a
déjà protégé l'existence de permis, on a
déjà protégé ces permis d'une région
à l'autre. Il n'est pas facile de se transporter, pour un camionneur en
vrac, d'une région à l'autre pour travailler n'importe où.
Cette protection réglementaire existe déjà et on ne veut
pas l'enlever; on veut simplement enlever, si possible, la trop grande
protection.
Je voudrais, à ce niveau parce que ça cadre bien
dans le sujet revenir à une situation soulevée par M. le
député de Charlevoix. M. Mailloux nous a parlé tout
à l'heure des remarques
de notre mémoire concernant le trop grand nombre de permis. Notre
mémoire ne voulait pas et si c'est l'impression qu'il a
créée, nous nous en excusons reprocher aux gouvernements
antérieurs, au gouvernement actuel ni à la Commission des
transports l'existence de ce trop grand nombre de permis. Nous avons bien dit
dans notre mémoire qu'il était impossible de connaître les
implications. (11 h 30)
II est impossible de savoir d'avance où nous conduirait le nombre
de permis et je vais vous dire pourquoi. Il n'était pas
nécessaire de détenir un permis avant 1972 ou avant 1974 pour
transporter du gravier. Tous les gens qui transportaient du gravier à
l'occasion, qui faisaient un voyage une fois ou deux par semaine pour ajouter
à leur revenu, ces gens-là qui n'étaient pas de
véritables camionneurs artisans, qui ne vivaient pas du transport par
camionnage de gravier à ce moment-là, dans le cadre de la
réglementation il fallait qu'ils protègent leur droit occasionnel
de transporter. Alors ils sont allés chercher un permis et à
partir... Je ne connais pas le nombre de transporteurs qui vivaient cela
à ce moment-là. Il y en avait peut-être 4000, il y en avait
peut-être 6000, il y en avait peut-être 8000, mais le fait de
l'exigence du permis obligeait tous ceux qui le faisaient occasionnellement
pour pouvoir maintenir cette possibilité d'obtenir un permis. On en a
fait des camionneurs en vrac autorisés détenteurs de permis. Il
le fallait. C'est pour ça que sont apparus tout à coup de
nombreux camions. Cela n'a rien à voir avec l'administration
gouvernementale d'alors, mais ça n'a fait que rejoindre un fait qui
existait.
Ces gens-là ont dû nécessairement se
protéger. Il le fallait pour aller chercher ce revenu d'appoint
additionnel qui existait. On a ainsi créé un surplus de
camionneurs. Il y a d'autres dispositions réglementaires qui disent
qu'à partir du moment où vous êtes détenteur de
permis il faut dépenser $2000 par année pour acheter des plaques
d'immatriculation sur ce véhicule, il faut dépenser tant pour les
assurances, il faut faire des rapports financiers, il faut faire ci et
ça. Evidemment, ça créait des dépenses
additionnelles. Il fallait aller chercher des revenus additionnels et tous ceux
qui faisaient deux voyages ont commencé à voir la
nécessité de travailler deux jours, trois jours ou quatre jours,
autant que faire se pouvait.
C'est donc par la nécessité de détenir ces
permis-là et de satisfaire à toutes les conditions que s'est
ajouté ce trop grand nombre de permis. On ne pouvait pas éviter
ça parce que M. le député de Charlevoix l'a
mentionné à plusieurs reprises depuis le début de cette
commission il fallait évidemment, parce qu'on réglementait
un domaine qui était laissé à la libre concurrence
antérieurement, protéger les droits acquis. Il ne fallait pas
brimer ce qui avait existé auparavant. Il ne fallait pas enlever aux
gens ce qui était devenu une entreprise, même si elle était
occasionnelle pour eux.
C'est une situation de fait devant laquelle on se retrouve, ce n'est pas
une situation de mauvaise administration. La Commission des transports a agi
dans le cadre des règlements. On a dit: Chacun de ceux qui ont des
droits acquis... Et les droits acquis ce n'était pas de travailler pour
$50 000 par année ou de travailler cinq jours par semaine. Les droits
acquis c'était de faire du travail dans ce domaine-là. On ne
pouvait faire autrement. Alors la commission a respecté les droits
acquis. Il n'y avait pas possibilité de faire autrement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: J'ai demandé au député de
Bellechasse de me permettre de faire une observation. Je pense que oui,
à ce moment-là, on a voulu respecter les droits acquis, mais j'ai
déjà dit que, dans la réglementation que devait suivre la
Commission des transports, on n'a pas assez accentué certains droits
acquis qui ne pouvaient être respectés parce que certaines
personnes étaient sorties de l'activité depuis un certain temps.
On a mentionné hier des cultivateurs et autres qui ont pu, sous le
couvert de droits acquis, entrer dans l'activité et je comprends que des
associations qui naissaient à ce moment-là cherchaient des
membres et il y avait une pression qui se faisait. Mais, dans tout le
débat qui nous occupe actuellement, la plus grande conséquence
dont on ne s'est pas préoccupé, si on se reporte aux
années 1970, 1972 ou à peu près, même avec le trop
grand nombre de permis, c'est qu'on n'a pas pensé que les camions
à quatre ou six roues qui existaient dans le temps deviendraient des
mastodontes. Si on recule de huit à dix ans, au lieu de transporter cinq
ou six tonnes, vous savez pertinemment combien on transporte de tonnes dans
chaque véhicule des artisans. Il y a plus de volume possible que le
gouvernement peut offrir pour des unités qui peuvent évidemment
transporter cinq ou six charges à la fois qu'il y en avait dans le
temps. C'est ça qui a été, je pense, le plus grand vice de
notre absence de prévision à ce moment-là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
de...
M. Bélanger: M. le Président, si je pouvais
revenir...
Le Président (M. Jolivet): Rapidement, oui.
M. Bélanger: II est évident qu'en 1974, le
problème qui existe aujourd'hui n'était pas visible à ce
moment-là, parce qu'en 1974, l'économie fonctionnait et ce
n'était pas seulement ici, c'était partout en Amérique et
presque partout dans le monde. C'était la même chose pour les gens
que nous représentons ici, en 1974. Tout le monde ne fournissait pas
d'acheter des véhicules pour transporter ce qui devait être
transporté. Au moment où sont apparus tous ces permis, il y avait
beaucoup
de choses à transporter et, en partant, cela a fonctionné.
Beaucoup de gens trouvaient de l'ouvrage. Mais, aujourd'hui, c'est
l'économie qui a sombré et c'est l'économie mondiale qui a
sombré. Alors, le travail n'existant plus, les transporteurs artisans,
pour qui c'est le gagne-pain, se retournent vers le ministre des Transports et
disent: On a besoin d'aide. Les transporteurs que nous représentons
vendent des camions, parce que le transport n'est plus là.
Evidemment, on est dans deux circonstances économiques
différentes et il faut nécessairement faire face à la
situation. Ce que nous vous demandons, c'est si chaque fois que
l'économie va mal, il faut craindre que les détenteurs de permis
de toutes sortes, qui obtiennent des permis de l'Etat, vont se retourner vers
l'Etat et dire: Vous nous avez donné un droit dans un domaine
donné. Maintenant, fournissez-nous les revenus pour vivre avec ce
droit-là. C'est un peu le contexte dans lequel nous sommes.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Rapidement, M. le Président. Je sais que le
temps passe assez vite. Moi, j'en suis d'accord sur votre principe de l'offre
et de la demande. Je n'ai rien contre ça. Ceux qui me connaissent savent
que je suis pour ce principe. Mais si vous défendez ce principe pour le
transport en vrac, est-ce que vous accepteriez également qu'on le
demande pour le transport général? Prenons des régions
comme chez nous où plusieurs camionneurs, tout les mardis ou mercredis,
descendaient à Québec pour, comme on dit, aller porter des
produits au marché ou porter de la viande. En revenant dans le
comté, ils pouvaient rapporter ce qu'on appelle du "freight", des
boîtes de toutes sortes. Aujourd'hui, ils ne peuvent plus le faire parce
qu'il y a deux ou trois compagnies très importantes qui
détiennent le monopole du transport dans la région. Si c'est bon
pour le transport en vrac, pourquoi ne pourrait-on pas permettre
également le libre marché? Si je peux, demain matin, faire faire
du transport par mon voisin qui veut me rapporter une boîte de
Québec pour $8, pourquoi est-ce que je paierait $13.50 ou $13.75 pour
une petite boîte de 20 livres à la compagnie de transport? C'est
un des principes.
Votre recommandation 2, elle peut être bonne, mais si elle est
bonne pour l'un, il faut qu'elle soit bonne pour l'autre. Quand vous
suggérez que le monopole du courtage soit retiré des postes
d'affectation, je dis: Alors, il faudrait retirer aux grosses compagnies, pour
aller dans le sens de votre principe, le monopole de leur circuit, parce que,
qu'on le veuille ou non, aujourd'hui, ce sont des monopoles.
Ecoutez, vous êtes desservis aujourd'hui, de Montréal
peut-être jusqu'au Nouveau-Brunswick; par à peu près deux
grosses compagnies impostantes et quelques autres. Si c'est bon pour le
transport en vrac, parfait. Maintenant, est-ce qu'on veut en venir là
pour faire disparaître les camion- neurs artisans, comme on a fait
disparaître les petits camionneurs qu'on avait dans nos régions et
pour favoriser deux ou trois grosses compagnies, qui donnent un très bon
service, mais au prix qu'elles veulent bien le donner? La liberté, c'est
la liberté, et le principe, c'est le principe. Je vous l'ai dit
tantôt, on peut être pour un principe; on peut être contre,
mais on ne peut pas être pour les deux en même temps.
M. Alarie: M. le Président, M. le député de
Bellechasse, permettez-moi de faire juste une observation. Il faut quand
même faire une distinction entre un circuit et le travail. Un circuit
nous permet de desservir une clientèle dans une région. Vous avez
dit tantôt vous-même que lorsque vous déteniez un commerce,
vous aviez le choix entre deux, trois, quatre compagnies. Vous aviez un autre
choix, celui d'y aller tout seul, de le faire vous-même et vous aviez
d'autres choix qui s'offraient à vous, qui vous permettaient de vous
donner le service. Vous n'étiez pas captif ou obligé de passer
par un seul poste.
M. Goulet: Ce que j'ai dit, c'est que si je prenais une ou deux
de ces compagnies pour faire venir une boîte de vingt livres de
Québec ou de Montréal, cela me coûtait $10 ou $12, quand
j'aurais pu la faire venir par mon voisin ou mon deuxième voisin qui
pouvait aller à Montréal porter je ne sais pas quel produit, et
en revenant, me l'aurait apportée peut-être pour $6. C'est ce que
je voulais dire. Je n'avais pas le droit de le faire. Ou j'allais le chercher
moi-même avec mon camion, ou je passais par l'entrepôt des
camionneurs, par une de ces deux compagnies. Si c'est bon pour le transport en
vrac, cela aurait pu être pareil pour le fret.
M. Alarie: Vous avez le même droit aujourd'hui de prendre
un paysagiste qui n'a pas de permis pour faire venir un voyage de terre sur
votre terrasse. C'est la même chose, ce que vous dites.
M. Goulet: II faut que ce soit son produit à lui. S'il
veut se conformer aux règlements, il faut que le paysagiste transporte
son produit à lui, il faut que la terre lui appartienne.
M. Alarie: C'est justement là. Vous ne faites pas la
distinction entre le travail, le produit transporté et le droit de
circuit. Le droit d'aller d'un endroit à l'autre n'est pas l'obligation
de passer par quelqu'un pour se faire donner un service. C'est
différent.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Je voudrais en premier
lieu m'excuser auprès des membres de la commission ainsi
qu'auprès des intervenants, spécialement ceux de la
Côte-Nord qui se sont présentés devant cette commission. Je
voudrais
toucher certains points du mémoire qui a été
présenté par l'association relativement aux recommandations
à la page 22.
Premièrement, effectivement, l'article 2, lorsqu'on parle de
monopole du courtage, demande que le monopole du courtage soit retiré
aux postes d'affectation. Personnellement, je pense qu'au moment où on
se parle et à la suite du travail qui a été fait par
l'ancien ministre des Transports relativement à l'ancien
règlement 12, de même que le règlement 112 qui a
été ratifié le 23 juin 1977 par la suite, on a
donné, à ce moment, un droit à des camionneurs artisans et
même à certains entrepreneurs de faire partie d'un poste
d'affectation. Personnellement, je serais d'accord pour que ce soient
strictement les artisans avec un camion et non pas quatre, ainsi de suite.
C'est ma position personnelle. Ce n'est pas la position du gouvernement.
Cependant, lorsqu'on parle de monopole, d'une part, je suis d'accord
avec le député de Bellechasse lorsqu'il dit que vous parlez de
déréglementer une partie du règlement actuel parce que
vous autres, dans le domaine du transport général, vous avez
effectivement des droits acquis, vous avez de la réglementation qui
existe et qui vous protège dans certains domaines. Je ne vois pas du
tout un camionneur artisan aller faire du transport général. A
partir de là, il me semble qu'un droit acquis de la part des artisans,
on devrait le protéger et continuer à le protéger parce
qu'eux aussi doivent vivre autant que vous autres. Sur cette question, je
serais carrément contre le fait d'enlever des postes d'affectation et
les sous-postes actuellement. Je serais aussi, bien entendu, contre le fait
d'enlever le courtage qui est fait par ces dits postes.
Quant à la clause 75-25, c'est sûr et certain que, dans le
domaine des camionneurs artisans, ces derniers ont aussi obtenu si ma
mémoire est bonne, c'est en 1974 ou 1973 un droit. Ce droit,
aujourd'hui, est toujours là. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas
protéger le camionneur artisan en faisant en sorte que cette clause
75-25 soit abolie. Vous faites référence au cas de la ville de
Sept-lles. Je voudrais ajouter ceci. Dans la décision du juge Moisan, si
ma mémoire est bonne, cette décision était basée
non pas sur les règlements du ministère des Transports, mais bel
et bien sur la Loi des cités et villes. Il faudrait peut-être
regarder cette chose attentivement. Cela n'a rien à voir avec la clause
75-25 qui est mise en force par le ministère des Transports.
D'autre part, je voudrais que vous m'expliquiez ce que vous voulez dire
avec votre recommandation no 3, que les permis soient délivrés
à l'entreprise et non aux véhicules, parce que je ne comprends
pas tout à fait. Je voudrais que vous me l'expliquiez.
M. Alarie: Si vous me permettez, M. le député,
premièrement, notre association et nos membres n'ont pas l'intention de
faire mourir les autres, de tout accaparer et de s'arranger pour que tout le
monde meure autour de nous, loin de là. Lorsque nous parlons de
courtage, lorsque nous parlons de ces choses, qu'est-ce qu'on fait avec ceux
qui ont quatre camions et plus et, plus tard, avec ceux qui ont un camion et
plus? Est-ce qu'on leur permet de travailler ou si on dit: Non, c'est
réservé à ceux qui ont un camion et plus. C'est une
question qu'on se pose. (11 h 45)
Lorsque vous parlez de permis à l'entreprise au lieu de permis
par véhicule, on a cité tantôt comme exemple que
présentement, si un détenteur de permis par véhicule veut
garder ses droits, il doit absolument maintenir l'immatriculation sur un
véhicule, peu importe le véhicule. On a vu des exemples
d'automobiles, même des petits "pickup", à ce moment-là, on
crée quoi, une banque artificielle de permis de camions. Lorsqu'on parle
d'un permis à l'entreprise, c'est que par le permis à
l'entreprise, on encourage le leadership, on encourage quelqu'un, par
lui-même, à se développer un commerce. Il pourrait
augmenter sa flotte de 1, 2, 3, 4 et peut-être venir à 100, 150,
200 camions. Lorsqu'on limite à un permis par camion, cet individu est
limité; à chaque fois qu'il va agrandir sa flotte, il doit
acheter un permis, ce qui augmente le prix du camion. Parce qu'on sait que les
permis ont une valeur marchande, présentement.
Celui qui a un camion, qui veut avoir un deuxième camion, doit
acheter un deuxième permis et ajouter ça au prix du camion. C'est
pour ça qu'on dit qu'avec un permis d'entreprise, l'individu pourrait se
développer un commerce et engager des employés et un jour,
devenir patron.
M. Perron: Quand vous mentionnez la question des permis que vous
devez maintenir, si les entreprises doivent maintenir leur permis face à
la réglementation qui existe actuellement en rapport avec le transport
général, c'est que les camionneurs artisans qui sont très
souvent seuls, parce qu'il y en a à peu près 7000 au
Québec, ils doivent aussi maintenir leur permis. Alors, un revient
à l'autre, en d'autres mots, c'est d'égal à égal.
Ils doivent faire la même chose que vous autres.
M. Bélanger: C'est justement, M. le Président,
l'objet de la recommandation à laquelle fait référence le
député de Duplessis. Dans le camionnage général, le
renouvellement d'une plaque d'immatriculation suffit pour renouveler l'ensemble
du permis. C'est ce qu'on recommande, pour le transporteur en vrac, qu'il ait
un camion ou qu'il en ait 150, que le renouvellement d'une plaque renouvelle
tous les permis, de sorte qu'il puisse continuer à subsister dans les
périodes où le travail diminue.
M. de Belleval: J'ai une précision à vous demander
là-dessus. Justement, si c'est la procédure qui est
appliquée, à ce moment-là, ça va contre une autre
de vos suggestions, de réduire le nombre des permis, entre autres, par
une application rigoureuse du règlement qui dit que quand un permis
n'est pas utilisé, il devient périmé. C'est comme
ça, actuellement, qu'environ 400 permis
deviennent périmés au Québec. Si on enlève
le permis du véhicule pour le donner à l'individu qui a 2, 3, 40
véhicules ça peut être 80 ou 100 véhicules il
y en a qui sont dans cette situation on s'enlève le moyen de
diminuer le nombre de permis. Cela me paraît contradictoire avec votre
autre proposition.
M. Bélanger: Ce n'est pas, M. le Président,
contradictoire, parce que nous recommandons que le nombre de titulaires de
permis qui veulent travailler dans le domaine du camionnage en vrac, demeure
stable, c'est-à-dire soit gelé, mais qu'à
l'intérieur...
M. de Belleval: S'ils ont le pouvoir d'augmenter le nombre de
camions, ça ne donne rien.
M. Bélanger: C'est là, M. le ministre, où la
libre entreprise jouera.
M. de Belleval: Oui, mais on va se retrouver, non pas avec 8000
camions sur le chemin, mais peut-être 10 000, 12 000, 15 000, 20 000
à ce moment-là, avec le même nombre de détenteurs de
permis que nous avons actuellement, mais avec deux fois le nombre de
camions.
M. Bélanger: On va se trouver à suivre
l'évolution du marché, comme c'est le cas dans le camionnage
général. Il y a beaucoup moins de véhicules...
M. de Belleval: Oui, mais vous rendez-vous compte que vous venez
de nous dire qu'il y a 4000 camions de trop et que votre suggestion aurait pour
effet, en tout cas pendant un certain temps, d'augmenter le nombre de camions
plutôt que de le diminuer.
M. Alarie: Pas nécessairement, M. le ministre. Si le
besoin pour des camions n'existe pas. Est-ce qu'on va acheter un camion pour
acheter un camion? Il faut quand même avoir du travail pour ce
camion.
M. de Belleval: C'est ce qui s'est passé, M. Alarie. Si on
a 4000 camions de trop, c'est parce qu'il y a des gens qui, individuellement,
ont pris la décision de s'acheter un camion. Qu'est-ce que vous voulez,
le camionneur artisan, comme le tabaconiste du coin, ne lit pas la bourse de
Montréal tous les jours et il ne suit pas la conjoncture
économique mondiale tous les jours. Il ne sait pas que pendant qu'il
prend une décision, il y en a 200 ou 300 autres à
côté qui prennent exactement la même décision, dans
le même sens et qu'à la fin, tout le monde va se retrouver dans un
cul-de-sac parce qu'il va y avoir trop d'offres pour la demande. C'est
ça, le problème.
C'est ce qui est arrivé, dans le passé. Pourquoi a-t-on
4000 camions de trop, à supposer que ce soit vrai qu'il y a 4000 camions
de trop? C'est parce que tout le monde s'est dit: ça va bien, il y a un
contrat qui vient de sortir, lançons-nous là-dedans, un autre a
dit la même chose et au bout d'un certain temps, tout ce monde s'est
rendu compte que c'était beau pendant deux ou trois mois, pendant deux
ou trois ans, et qu'après ça, ce n'était plus bon, parce
que tout le monde avait pris la décision dans le même sens. C'est
ce qui va arriver avec votre suggestion.
Au début, ceux qui n'ont fait que renouveler leur permis, vont le
faire. S'ils ont la chance d'avoir un contrat par ci par là, ils vont y
aller, ils vont s'acheter d'autres camions et, finalement, ça va vouloir
dire que le nombre de camions qui est gelé actuellement, va être
dégelé, à toutes fins pratiques.
M. Bélanger: M. le Président, le malheur avec la
situation actuelle à ce niveau-là vous a été
présenté dans le dernier mémoire hier soir. Il y a des
entreprises qui existent, qui avaient aussi des droits acquis, mais on les
empêche de fluctuer avec le marché présentement, dans le
cadre de la réglementation. C'est ce qui est malheureux. L'entreprise de
camionnage général peut fluctuer avec le marché. Je vous
assure, M. le ministre, que les grandes entreprises de transport bien connues
au Québec ont beaucoup moins de véhicules en leur possession
présentement, au moment où je vous parle, qu'elles en avaient en
1974-1975. Pourquoi? Parce qu'elles se sont adaptées au marché.
Elles ont diminué leur flotte.
M. de Belleval: Je suis d'accord avec vous. On l'a vu hier que le
système de gel de permis pénalise sans doute proportionnellement
plus les propriétaires de flottes que le camionneur artisan parce que,
comme ils nous l'ont dit, c'est plus facile pour un camionneur artisan,
malgré tout, de réussir à garder son permis en
opération, peut-être des fois de peine et de misère, que
quelqu'un qui a 80 camions et qui, à un moment donné, est
obligé de se débarrasser de 10 parce qu'il y a assez d'ouvrage
seulement pour 70 et plus ça va, au fond, il ne peut simplement faire,
ce gars-là, que de baisser, il ne peut quasiment pas augmenter. Cela, je
comprends ça. On l'a vu hier. Mais, il n'en reste pas moins que la
suggestion que vous nous faites, à cause de l'analogie avec le permis
général, amènerait à une augmentation du nombre de
camions et non pas une diminution. Probablement une augmentation du nombre de
camions artisans et non pas une augmentation du nombre de camions des
flottes.
M. Alarie: M. le Président, M. le ministre, si vous me
permettez, il faut quand même faire une distinction aussi dans
l'évaluation du problème actuel. On parle d'un problème,
ni plus, ni moins, qui touche la voirie, qui touche l'excavation. Le
règlement no 12 touche plus que ces matières-là. Et,
lorsqu'on s'en va dans le domaine des copeaux, dans le domaine du blé ou
dans tous ces domaines-là où il y a un marché, où
ces produits étaient transportés par le biais de transporteurs
généraux, et si ces transporteurs généraux
dé-
bloquent encore des marchés, ils ne peuvent augmenter leur flotte
parce qu'ils sont limités au niveau du nombre. Il faut quand même
une distinction entre les contrats de voirie ou les contrats d'excavation.
M. de Belleval: Je suis d'accord avec vous. Dans ces
domaines-là en particulier, vous avez raison. A mon avis, vous avez
raison, dans ces domaines-là en particulier.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe, mais je pense que le député de Charlevoix aurait
un petit mot à ajouter, je ne sais pas si...
M. Mailloux: C'est suite aux observations que vient de faire le
ministre. J'imagine que dans la recommandation que vous faites d'attacher,
comme c'est dans le règlement du camionnage général, le
permis à l'entreprise et non pas à l'individu, vous supposez que
le gouvernement, d'abord, doit déréglementer, enlever les clauses
de protection et laisser les forces du marché s'exercer. Je pense bien
que c'est dans ce sens-là qu'on doit le comprendre. Si on laisse les
forces du marché s'exercer, les véritables spécialistes
dans le transport des copeaux et d'autres matières en vrac, dans une
matière déréglementée, les forces vont jouer et les
véritables entreprises spécialisées vont profiter. Il n'y
aura peut-être pas des dizaines et des dizaines de milliers de
camionneurs de plus, sauf que, par contre, ceux qui existent actuellement, eux,
déréglementés, vont disparaître. Je pense que c'est
un peu l'effet direct qui arriverait si on attachait le permis à une
entreprise et non pas à un individu. A la minute où ce serait
déréglementé, on verrait les forces du marché
s'exercer, les véritables entreprises spécialisées se
coter de manière à pouvoir avoir le nombre d'unités
requises à l'entreprise. Ce sont ceux qui sont là actuellement
qui disparaîtraient, je pense, de manière absolument directe.
M. Alarie: M. le Président, M. Mailloux, disons qu'on
essaie de régler le problème des transporteurs par benne
basculante de pierre, sable et gravier. Maintenant, on crée des
problèmes à ceux qui font des matières autres que pierre,
sable et gravier. A ce moment-là, si on veut contingenter juste ceux qui
ont des contrats gouvernementaux d'excavation, au moins, qu'on sorte les
matières du règlement no 12 qui peuvent être facilement
adaptables à la libre concurrence des marchés et qu'on n'oblige
pas ces gens-là à passer par des postes d'affectation et des
requérants de service parce que même les postes d'affectation,
dans l'ensemble, ne sont pas intéressés à ces
marchés-là; les camionneurs eux-mêmes n'ont pas
l'équipement pour être intéressés à ces
marchés-là. Lorsqu'on dit: laisser le permis à
l'entreprise, c'est bien plus dans le sens des autres matières que
pierre, sable et gravier. Il faut quand même faire une distinction...
Le Président (M. Jolivet): Je ne voudrais arrêter
personne, mais on a été bien généreux sur l'heure,
si vous remarquez. On a déjà dépassé de près
de trois quarts d'heure l'heure normale. Je comprends que c'est un document
important dans l'ensemble des discussions jusqu'à maintenant. Mais je
vais vous limiter jusqu'à midi parce qu'il faut passer à
d'autres. On en a onze à passer aujourd'hui. Je n'ai pas l'intention de
siéger jusqu'à minuit ou 2 heures cette nuit.
M. de Belleval: En ce qui me concerne, M. le Président,
j'avais terminé.
Je trouve que vous avez apporté des distinctions
intéressantes, des suggestions intéressantes, bien que je
maintienne aussi certaines des remarques que j'ai faites en ce qui concerne
d'autres suggestions plus générales que vous avez faites.
Le Président (M. Jolivet): II reste trois personnes
actuellement: le député de Duplessis qui n'a pas terminé,
le député de Saint-Hyacinthe et le député
d'Arthabaska.
M. Perron: Très brièvement, M. le Président.
J'endosse entièrement ce que disait le ministre, ainsi que le
député de Charlevoix lorsqu'ils disaient tout à l'heure
on semblait dire ça, de toute façon que la
recommandation no 3 dans votre mémoire et la recommandation no 7 vont
à rencontre l'une de l'autre. Cela pourrait être dangereux dans le
cadre de la réglementation de l'émission des permis de vrac ou du
maintien. Cela ne contribuerait sûrement pas à réduire le
nombre de permis de vrac tel que vous le recommandez à la recommandation
no 7.
Par contre, on sait parfaitement bien que, depuis le moratoire qui a
été apporté le 23 juin 1977, pour l'information de la
commission, les permis de vrac, à ce moment, si ma mémoire est
bonne, étaient d'environ 13 200. Aujourd'hui, les permis de vrac, autant
aux entrepreneurs qu'aux partisans, sont autour de 11 300. Donc, il y a eu
réduction, mais on sait qu'on doit aller encore plus loin que ça.
Alors, si on suit votre recommandation no 3, ça pourrait être
très dangereux. On pourrait remonter à 13 000, 14 000 et 15
000.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Si j'ai bien saisi
tout ce que vous avez dit, c'est bien sûr que vous représentez
l'Association du camionnage du Québec Inc. Vous représentez les
grosses compagnies, etc., et les petites aussi. Par contre, depuis quelle date
les petits transporteurs en vrac font-ils partie de votre association? Est-ce
que, dans votre association, il y a un secteur qui veut protéger vos
membres transporteurs en vrac?
M. Alarie: M. le Président, M. le député,
depuis quand a-t-on des membres qui font du transport en vrac? Je pense qu'on
en a depuis que
s'effectue ce genre de transport. Tous les jours, on a de nouveaux
membres. On en perd, on en gagne. Cela fait partie des règles du jeu
d'une association. Comme représentativité, je pense que, depuis
le temps qu'on fait des représentations au niveau des commissions
parlementaires, même les gens qui ont des permis de transport
général, qui ont des clauses de vrac, qui ont moins de quatre
camions sont membres chez nous. On représente du monde. On n'en
représente peut-être pas dans le domaine de la pierre, du sable et
du gravier, mais il y a d'autres secteurs qui sont couverts par le
règlement en vrac, soit les copeaux, le grain. Ce ne sont pas de gros
camionneurs. Ce sont des camionneurs qui ont un, deux ou trois camions. C'est
certain qu'il y a de nouveaux membres, de jour en jour, qui entrent chez nous,
comme il en entre dans d'autres associations. On essaie de répondre aux
besoins de nos membres.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Seulement un point. A la page 10 de votre
mémoire, vous faites mention qu'une résolution de l'ANCAl
il y a un numéro, il y a plusieurs chiffres demanderait au
gouvernement de leur fournir non seulement du travail, mais aussi de "garantir
la paie aux consommateurs". Pouvez-vous m'expliquer ce que c'est en gros?
M. Alarie: Je reçois quand même des revues. Dans la
revue qui apporte habituellement les données de l'ANCAl ou toutes ses
résolutions, on voit ici à la résolution 2.19 "que le
gouvernement passe une loi afin de garantir la paie aux camionneurs." Ce sont
des résolutions de l'ANCAl.
M. Baril: Est-ce qu'il y a quelque chose actuellement qui
garantit la paie ou le revenu des camionneurs? Admettons qu'un entrepreneur
fait faillite; est-ce qu'il y a un délai pour payer les camionneurs?
M. Alarie: Si vous prenez l'exemple du transporteur
général, vous avez juste à regarder les faillites qu'il y
a eu dans le courtage au niveau du transport général où le
courtage n'est pas réglementé pour voir les montants que nos
compagnies de transport ont perdus. Vous allez voir que, si on ne
perçoit pas notre argent par nos moyens, on perd. On n'est pas
protégé.
M. Baril: Oui, mais... (12 heures)
M. Alarie: Si on ne réclame pas notre argent par nos
moyens, on perd, on n'est pas protégé. Notre garantie de
paiement, même si le règlement nous oblige à percevoir nos
comptes dans un délai fixé, si l'individu refuse de payer, notre
seul recours c'est d'avertir la Commission des transports et de lui dire qu'on
ne nous a pas payés. C'est notre Seul recours; autrement, c'est le
recours judiciaire.
M. Baril: Pour l'artisan?
M. Alarie: Dans notre domaine, les entrepreneurs membres chez
nous n'ont pas de garantie de paiement, à moins d'en signer du
même genre que les autres. Ils doivent s'assurer de percevoir
eux-mêmes leurs comptes, ils ne sont pas premiers payeurs;
peut-être dans certains cas où ils demandent des garanties, mais,
dans la majorité des cas, ils ne sont pas nécessairement premiers
payeurs.
M. Baril: C'est cela que l'ANCAl veut se voir assuré par
le gouvernement, que le salaire de l'artisan soit garanti d'une façon
quelconque. Ce n'est pas cela que la résolution veut demander?
M. Alarie: Je n'étais pas à l'assemblée
générale de l'ANCAl lorsque cette résolution a
été adoptée, mais lorsqu'on voit garantie de salaire ou
garantie de ci, on se dit une chose, c'est que ces sommes vont être
prises quelque part, soit en enlevant les matières à être
transportées à d'autres transporteurs, soit en garantissant ces
montants par des subsides gouvernementaux. Il faut que ce soit pris quelque
part; on ne garantit pas un salaire à quelqu'un si on n'a pas le moyen
de le payer.
M. Baril: La garantie qu'ils veulent avoir, c'est que leur
travail sera payé; ce n'est pas un revenu annuel qu'ils veulent se voir
garantir.
M. Bélanger: M. le Président, je crois qu'on y
faisait référence dans le mémoire de l'ANCAl alors qu'on
demandait au gouvernement certaines garanties auprès des entrepreneurs
pour s'assurer que quoi qu'il advienne, le transporteur soit payé. On
demande au gouvernement de s'organiser pour que les sommes dues aux camionneurs
soient garanties d'une façon ou d'une autre. Evidemment, chaque fois que
le gouvernement donne des garanties, il faut que ces garanties viennent de
quelque part. Cela implique une série de conséquences.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, la question à ce niveau, il sera beaucoup plus facile de la
reposer aux membres de l'ANCAl lorsqu'ils reviendront expliquer leur position.
Je pense que cela clarifierait la situation.
M. Goulet: Ce n'était pas une subvention directe,
c'était d'exiger un bon; il y a une différence.
Le Président (M. Jolivet): On vous remercie.
Delangis Inc., Entreprises Bourget Inc. et Kildair
Service Ltée.
Nous appelons maintenant le groupe Delangis Inc., les Entreprises
Bourget Inc., et Kildair Service Ltée, représentées par Me
Pierre Perreau It, le document no 10.
M. Perreault.
M. Delangis (Jean): M. le Président, messieurs les membres
de la commission, j'aimerais en premier lieu vous présenter mon
frère, Pierre Delangis, président des Entreprises Bourget Inc.
Mon nom est Jean Delangis, président de Delangis Inc., et de Kildair
Service Ltée.
Le Président (M. Jolivet): Voulez-vous juste pour le
besoin, approcher le micro? C'est pour nous permettre de mieux vous
entendre.
M. Delangis (Jean): Nous désirons remercier le
ministère des Transports de la province de Québec de nous avoir
donné l'occasion de présenter ce bref mémoire
représentant nos commentaires sur la situation du transport en vrac, et
plus spécifiquement sur l'efficacité des postes d'effec-tation
créés par la loi et des conséquences faisant suite
à la décision administrative de conférer la clause 75-25
à une catégorie de transporteurs publics, soit les camionneurs en
vrac faisant partie d'un poste d'affectation et, pour être plus
précis, propriétaires de camions immatriculés VR dont le
nombre que possède le même propriétaire ne dépasse
pas quatre unités.
De façon à clarifier notre intervention et pour bien
situer notre intérêt au niveau de la présentation de ce
mémoire, nous établirons la situation et ('interrelation de
chacune des compagnies-soeurs qui sont citées en rubrique. Nous sommes
actionnaires et administrateurs des trois compagnies, lesquelles oeuvrent dans
les domaines suivants. Les Entreprises Bourget Inc., oeuvrent dans le milieu de
la construction et d'aménagement de travaux en voirie. Cette compagnie
se spécialise de façon particulière dans la production et
l'épan-dage de béton bitumineux avec deux usines d'asphalte dont
l'une est fixe, et l'autre mobile. Cette entreprise détient
également plusieurs permis de camionnage en vrac délivrés
légalement par la Commission des transports du Québec.
Deuxièmement, Delangis Inc. oeuvre dans le domaine du transport
public intraprovincial, à qui la Commission des transports du
Québec a émis des droits additionnels de transport en vrac
à l'intérieur des limites de son permis, le tout d'une
façon légale, et suite à la preuve faite par la compagnie
qu'elle effectuait du transport en vrac depuis environ 50 ans au
Québec.
Troisièmement, Kildair Service Ltée oeuvre dans le domaine
de la location de véhicules de commerce, camions, tracteurs et
semi-remorques agencés soit pour le transport de marchandises
générales, soit pour le transport de marchandises en vrac.
L'existence des différentes activités de ces trois
corporations remonte à 1929 en ce qui concerne le transport
général et le transport en vrac, à 1945 en ce qui concerne
la construction de routes et enfin à 1969 en ce qui concerne la location
de véhicules de commerce.
L'ensemble de nos activités engendre approximativement un montant
supérieur à $4 000 000 en salaires annuellement, et nos
investissements en immeubles et en équipement de toute sorte
représentent une somme supérieure à $5 000 000.
Ce préambule est spécifiquement fait de façon
à démontrer clairement et sans ambiguïté que nos
corporations sont en affaires depuis plus de 50 ans et que pendant toute cette
période nous n'avons jamais demandé l'intervention directe de qui
que ce soit. Au contraire, nous avons assumé nos obligations et nous
avons toujours payé les droits de toutes sortes, droits qui
étaient nécessaires à nos activités au cours de
cette période.
Même si la compagnie Delangis Inc. et les Entreprises Bourget Inc.
ne jouissent pas du privilège de la décision administrative
concernant la clause 75-25, ces deux compagnies précitées ont
fait du transport de matières en vrac et ce, de façon
régulière, depuis leur origine, soit depuis plus de 50 ans.
Nous avons pris et assumé nous-mêmes les initiatives
nécessaires de façon à diversifier nos activités et
de façon à offrir au public et aux institutions gouvernementales
les services auxquels ils sont en droit de s'attendre pour le prix payé,
et ce, conformément aux règles générales du
commerce et du risque.
Bref, nous ne nous sommes jamais fiés au protectorat ou au
paternalisme d'une institution pour réaliser les buts que nous nous
étions fixés et pour verser une somme supérieure à
$4 000 000 annuellement. Et pourtant nous sommes toujours dans le domaine du
transport et avons l'intention d'y demeurer encore quelques années.
La preuve de notre sérieux est une fois de plus
démontrée clairement par les récents investissements que
nous avons effectués en matière de recyclage de béton
bitumineux, en cette période d'incertitude énergétique, et
ce, en dépit de plus de la conjoncture économique incertaine et
du peu d'expérience tant du ministère des Transports que de
nous-mêmes en ce domaine. Nous faisons référence ici
à l'acquisition d'une machine que l'on appelle "roto mill" qui est une
planeuse et qui récupère les pavages usés des routes pour
fins de recyclage et cet équipement seulement coûte à peu
près $300 000.
Dans les circonstances, cette dernière initiative nous semble
absolument contraire au processus suivi au niveau des artisans par le
ministère des Transports. En effet, d'un côté, celui-ci
tire avantage de nos risques par une réduction des coûts au niveau
des contrats que nous effectuons et, d'un autre côté, suit un
processus tout à fait contraire en garantissant à une
catégorie spécifique de transporteurs en vrac, soit les
camionneurs artisans, un volume de travail à des prix fixés par
un organisme indépendant qui est la Commission des transports du
Québec, sur laquelle d'ailleurs le ministère n'a aucun
contrôle, sauf celui d'intervenir en audience publique, ce qu'il n'a pas
fait jusqu'à maintenant.
Tout ceci implique malheureusement que cette catégorie
spécifique de travailleurs que sont les artisans vont, d'une part,
acquérir le volume de transport au ministère des Transports et,
d'autre part, font fixer leurs taux par la Commission des
traansports du Québec selon le volume qu'ils ont pu
acquérir antérieurement, ce qui déséquilibre
nettement le jeu normal de l'offre et de la demande.
A ce stade-ci de notre étude, un problème juridique
d'envergure se pose entre les buts recherchés par le ministère et
la curieuse application dont nous devons observer les conséquences.
En effet, d'une part, le ministère autour de 1973, a cru bon de
réglementer, d'une façon définitive, le transport de
matières en vrac, ce qui, d'une façon générale, est
extrêmement légitime dans les circonstances, étant
donné qu'un marasme certain était en train de ronger ce domaine
particulier de transport spécialisé. Le législateur a donc
voulu, par diverses réformes générales, consentir certains
avantages aux propriétaires de camions indépendants qui gagnent
leur vie à transporter des marchandises ou des matières en
vrac.
Le but et le grand principe visés par le législateur sont
donc de protéger ces petits transporteurs en leur conférant
certains privilèges, tout en leur faisant assumer, par contre, certaines
obligations parce que le fait de détenir un permis de transport oblige
ces mêmes transporteurs à remplir aussi certaines obligations au
niveau de la collectivité et du public en général et ce,
quant aux services qu'ils ont à donner, eu égard aux permis
octroyés légalement par la Commission des transports du
Québec.
Par contre, dans un deuxième temps, le ministère des
Transports, dans un but louable mais difficilement explicable, si ce n'est dans
un but de paternalisme non avoué, a conféré
ultérieurement certains droits et certains privilèges au niveau
d'une catégorie seulement de transporteurs publics, soit les camionneurs
en vrac, dont le nombre de camions est moins de quatre. Cette catégorie
de transporteurs s'est vu conférer le privilège d'effectuer 75%
des matières en vrac au moment de l'octroi de certains contrats
donnés par le ministère des Transports du Québec.
Malheureusement, ce grand principe social, louable en théorie,
s'avère définitivement néfaste et dangereux à tous
les niveaux.
En effet, l'initiative personnelle a fait place à la haine. Le
désir de travailler à l'intérieur d'une saine concurrence
a été remplacé par la facilité de tout
acquérir par des pressions auprès du ministère, et les
privilèges accordés selon les très grands principes
humanitaires ont été remplacés par des droits acquis qui
doivent être défendus non pas avec acharnement, mais par tous les
moyens. Le ministère se rend ainsi l'otage et la victime innocente de
ces droits acquis de façon peu orthodoxe.
Malheureusement, le problème que nous vous soulignons plus haut
au niveau légal est le suivant: La loi a reconnu depuis longtemps et
à divers paliers de gouvernement que le recours à des soumissions
publiques demeurait encore le meilleur moyen de protéger
l'intérêt de la collectivité en éliminant, d'une
part, tout danger d'entra- ve, de restrictions et de favoritisme, et en faisant
jouer, d'autre part, les forces économiques de l'offre et de la demande,
le jeu de la libre concurrence et la liberté de commerce.
De façon à éviter toute ambiguïté et de
façon aussi à démontrer aux membres de la commission
parlementaire que nous ne sommes certainement pas les seuls à penser de
cette façon, le paragraphe précédent a été
tiré d'un jugement prononcé par l'honorable juge Moisan, de la
Cour supérieure, le 10 décembre 1979, dans le district de Mingan,
dans la cause à laquelle on faisait référence tout
à l'heure, la cause de Sept-lles.
Il s'agissait, dans ce dernier cas, de la cause d'Achille Houde,
domicilié à Sept-lles, contre la ville de Sept-lles, corporation
défenderesse, dans les circonstances, qui avait, au cours de ses
activités, adopté une résolution conférant aux
camionneurs artisans ou plutôt à une certaine catégorie de
camionneurs artisans une clause 75-25, la même clause, d'ailleurs,
donnée ou conférée par le ministère.
Les paroles du juge Moisan sont absolument générales et,
dans les circonstances, celui-ci s'attarde assez longuement, dans ce jugement,
à démontrer que le meilleur moyen de protéger le public en
général est d'éliminer tout danger d'entrave, de
favoritisme ou de paternalisme, quel qu'il soit, et de laisser jouer les forces
économiques de l'offre et de la demande et le jeu de la libre
concurrence dans une liberté totale de commerce.
Nous pouvons d'ailleurs nous apercevoir nous citerons des
exemples plus loin qu'au moment où ce jeu de la libre concurrence
n'existe plus, c'est l'anarchie la plus complète qui s'établit
dans un système et, dans tel cas, la libre concurrence et la
liberté de commerce font place à divers moyens d'entrave, de
favoritisme, de menaces ou de paternalisme, etc.
Bref, les buts du ministère, quoique louables au départ,
sont absolument dangereux dans leur application. L'obligation, par un
entrepreneur général, de ne faire lui-même que 25% du
transport et d'en confier 75% à des camionneurs artisans en
répartissant entre eux ce travail aussi équitablement que
possible constitue une entrave sérieuse qui n'est en aucune façon
justifiée par la nature du contrat ou de n'importe quel contrat, et qui
n'est aucunement justifiée par l'ordre normal des choses et encore moins
par les exigences d'ordre scientifique ou technique. (12 h 15)
Cette obligation peut procéder d'un sentiment très bon ou
très pur, dans un but d'équité et de protection de revenus
des camionneurs artisans, mais ce but, si louable et généreux
soit-il, n'en demeure pas moins une entrave au libre jeu de la concurrence en
matière de soumissions publiques. Il nous paraît contraire
à l'intérêt public en général que l'on impose
aux soumissionnaires ce type d'obligation qui peut, éventuellement, les
soumettre à des exigences exorbitantes de la part des camionneurs
artisans et qui, de toute façon empêche l'exercice du jeu normal
de la libre concurrence lorsqu'il s'agit de transport.
II est donc évident que l'intérêt de la
collectivité en général est beaucoup plus mal servi au
moment où des privilèges ou des avantages sont faits à une
catégorie de travailleurs. L'intérêt du public,
l'intérêt de la collectivité en général est
beaucoup mieux gardé, est beaucoup mieux protégé, est
beaucoup mieux garanti par un jeu normal et libre d'une saine concurrence.
Un autre problème légal important se soulève
à ce stade du mémoire. En effet, le ministère des
Transports a créé la Commission des transports du Québec.
Cette dernière commission a été créée pour
émettre des permis et fixer des taux pour tous les transporteurs. Au
moment où un transporteur général ou
spécialisé veut effectuer du transport à contrat, il doit
en demander l'autorisation à la Commission des transports du
Québec qui en dispose après audition publique en tenant compte de
l'intérêt général et de la collectivité.
Jamais dans l'histoire de la commission et dans l'histoire du
ministère des Transports, le ministère n'est intervenu à
quelque stade que ce soit pour remplacer ou rendre inopérantes des
décisions de la Commission des transports du Québec. L'exception
confirmant la règle, le ministère est intervenu au niveau de la
clause 75-25, et pareille décision a un effet direct d'ingérence
au niveau des conséquences et des effets de l'administration de la
Commission des transports du Québec. En effet, c'est le seul cas qui
existe où le ministère a confié directement des droits
à une catégorie spéciale de transporteurs en vrac sans
passer par la Commission des transports du Québec, et ceci, en prenant
les entrepreneurs comme boucs émissaires pour respecter les directives
émises par le ministère. En outre, il y a lieu de se demander si
le ministère avait les pouvoirs nécessaires pour accorder un tel
privilège. En effet, d'une part, l'article 42 de la loi oblige tout
détenteur de permis à fournir le service prévu au public
en général et, d'autre part, le ministère interdit
à une catégorie de détenteurs de permis de plus de quatre
camions de fournir plus de 25% des travaux au-dessus de la ligne
d'infrastructure. La décision du ministère semble en
contradiction avec la loi qui est un acte du Parlement.
En effet, ceux qui doivent appliquer ces directives sont les
entrepreneurs qui sont dans l'obligation de respecter les droits acquis et
garantis à cette catégorie spéciale de camionneurs
artisans. Le ministère renie ainsi sa propre politique
générale et l'esprit même de la Loi des transports en
conférant un privilège, 75-25, parce que la Commission des
transports du Québec a été créée et
formée spécifiquement pour émettre des permis, selon les
besoins du public en général, pour garantir une saine concurrence
au niveau de la qualité du service des transports publics et pour rendre
toute autre décision concernant le transport, et plus
spécifiquement au niveau d'un contrat pouvant exister entre
transporteurs et expéditeurs, de façon que les décisions
protègent le plus possible la collectivité contre les pressions,
les abus, et enfin pour garantir une qualité de services
équitables au public en général.
Malheureusement, par sa décision, le ministère a fait
exactement et indirectement ce que la loi et l'esprit de la loi des transports
refusaient totalement de faire directement. Si nous analysons scrupuleusement
la décision du ministère dans l'octroi de la clause 75-25, la
seule raison logique pour expliquer une telle largesse serait que le
ministère ait voulu émettre une directive parce que les
entrepreneurs refusaient de faire eux-mêmes ce genre de transport. Le
ministère, dans de telles circonstances, aurait donc été
justifié d'obliger les entrepreneurs à utiliser les transporteurs
publics. Le ministère n'avait absolument pas le droit de donner des
directives en ce sens et, encore moins, d'émettre une directive qui
touchait une catégorie seulement de transporteurs publics, soit les
propriétaires dont le nombre de véhicules est moins de
quatre.
Cette décision, que nous considérons illégale, non
seulement privilégie une certaine catégorie de camionneurs
à l'intérieur des transporteurs publics, mais exclut de plus
toute autre compagnie sérieuse dont la compagnie Delangis Inc. et les
Entreprises Bourget Inc. qui pourtant font du transport de matières en
vrac depuis plus de cinquante ans.
De plus, la directive du ministère qui privilégie un
certain nombre de camionneurs seulement oblige les entrepreneurs à
confier le transport de matières en vrac à cette dite
catégorie spécifique de privilégiés, mais ne les
oblige nullement à effectuer le travail, en dépit du fait que
l'essence même d'un permis n'est pas de détenir des droits acquis
ou des droits garantis, mais d'offrir au public en général le
service de transport.
A ce niveau-là, le ministère pourrait obliger les choses
les plus farfelues au niveau de n'importe quelle catégorie de
camionneurs et on pourrait, par exemple, obliger facilement tout entrepreneur
ayant un contrat à la Baie James à requérir les services
d'un transporteur possédant plus de 100 camions pour toute marchandise
devant être livrée sur le chantier. Telle décision serait,
à notre avis, de la discrimination.
Nous pourrions donc soumettre à la commission parlementaire de
nombreux cas précis avec preuve à l'appui, indiquant des
conséquences néfastes et irraisonnables de cette clause 75-25.
Nous n'en soulignerons que quelques-uns et nous pouvons assurer les membres de
la commission que ces exemples se multiplient par un coefficient très
élevé. Au cour de l'été 1980, les Entreprises
Bourget Inc., ont signé un contrat avec les Entreprises Que-Mar. Il
s'agissait d'ailleurs d'un sous-contrat pour des travaux d'aqueduc et
dégoûts, incluant le transport d'agrégats des lieux du
chantier à un site déterminé par les parties.
Il ne s'agissait nullement d'un contrat issu du ministère des
Transports et la clause 75-25 était absolument inexistante, tant
légalement que moralement. Le contrat en question était
signé à Joliette. Avant l'exécution dudit contrat, les
représentants du poste d'affectation de la région de Joliette ont
fait diverses pressions auprès des entreprises Bourget pour obtenir la
clause 75-25. Les
artisans considéraient à ce moment-là que les
droits acquis du ministère des Transports s'étendaient aussi
à tous les contrats qui se donnaient dans la province de
Québec.
Le porte-parole de l'association nous a même souligné que
si la clause ne leur était pas consentie, les travaux seraient
arrêtés par diverses manifestations et que divers problèmes
pourraient éventuellement surgir. Effectivement, les travaux ont
été arrêtés et immobilisés à quelques
reprises par la manifestation de plusieurs camionneurs artisans, de sorte que
les forces de l'ordre ont dû intervenir et ce, en grand nombre,
étant donné que les manifestations étaient
d'envergure.
Au cours de l'été 1980, au moment de l'exécution
d'un contrat à Mont-Laurier, pour remplir certaines obligations de la
Ben ro, nos fonctions étaient de procéder à
l'épendage de béton bitumineux et la clause 75-25 n'existait pas.
Au cours des premiers jours de nos travaux, 50% seulement des effectifs
demandés aux postes d'affectation nous ont été fournis,
contrairement à notre demande initiale, ce qui a eu pour effet de
diminuer considérablement nos opérations. Malgré la
garantie du poste d'affectation à l'effet qu'il nous fournirait les
camions nécessaires, ils nous ont déclaré au moment de
l'exécution des travaux, qu'il existait en ce moment, une carence des
effectifs.
Au cours de ce même contrat, les camionneurs qui nous avaient
été référés n'ont pas voulu travailler un
samedi. Vous savez qu'au cours de cet été, la température
n'a pas été tellement favorable pour le pavage de routes, alors,
nous avons profité de toutes les occasions qui se présentaient,
incluant le samedi. Les artisans ont refusé de travailler le samedi. Ce
qui nous a compliqué drôlement la tâche au niveau des
opérations afin de rentabiliser notre entreprise et de pouvoir
exécuter la totalité des contrats qu'on avait cette
année.
Enfin, pour finir le plat, au cours de la dernière journée
d'opération à Mont-Laurier, au moment où deux camions,
propriété d'artisans de la région, et un camion des
Entreprises Bourget vaquaient ensemble à certaines occupations de
transport relativement à ce contrat, les deux camionneurs artisans, dont
nous avons les numéros d'immatriculation nous ont fait savoir
directement que si le camion de la compagnie des Entreprises Bourget ne cessait
pas immédiatement ses opérations, les deux artisans quitteraient
les lieux ipso facto.
Ne s'attendant pas à de telles réactions pour le moins
bizarres, nous avons dû nous plier à leurs exigences, pour le
moins malhonnêtes, étant donné qu'aucun choix ne nous
était laissé sur les lieux de notre contrat, et vu l'urgence de
le terminer.
Par contre, il est évident et nous tenons à le
souligner que si nous avions pu prévoir un tel dénouement,
nous aurions assigné les effectifs nécessaires.
C'est-à-dire nos propres camions auraient été sur les
lieux mêmes d'opération, ce qui aurait eu pour effet de provoquer
nécessairement une autre manifestation sur le chantier où nous
exécutions nos travaux.
Un troisième exemple, au cours de l'été 1980 et au
moment de l'exécution d'un contrat expérimental de recyclage
d'asphalte sur la route 269 dans la Beauce, nous avons engagé
légalement des chauffeurs de camions de cette région pour
conduire les véhicules que nous avions loués légalement de
la compagnie Kildair Service Ltée, de façon à
procéder à l'enlèvement du vieux pavage avec
l'équipement spécial que nous avons mentionné
précédemment. Nous faisons référence ici au "roto
mill", que nous avons décrit.
Quelques jours après le début de ces travaux de planage et
avant de commencer les travaux de chargement du chemin, en vertu d'un contrat
du ministère des Transports, mais qui ne contenait aucune clause 75-25,
nous avons reçu un appel téléphonique du président
du poste d'affectation de la région de Sherbrooke nous informant que le
transport des agrégats sur ce contrat appartenait aux camionneurs
artisans de la région et qu'il était préférable
pour la sécurité de nos véhicules de cesser nos
opérations de transport et de retourner nosdits véhicules
à Joliette puisque, l'année précédente, un
entrepreneur de Montréal s'était rendu exécuter un contrat
dans leur région et que, par malheur, certains de ses véhicules
avaient eu quelques petits problèmes ou avaient été
endommagés. Nous avons donc informé le président de
l'association que si nos opérations étaient compromises de
quelque façon, nous enverrions sur les lieux tous nos camions et nous
n'engagerions aucun des camionneurs artisans membres de leur poste
d'affectation.
Par la suite, nous avons eu une rencontre à notre bureau de
Joliette, et le président du poste d'affectation de la région de
Sherbrooke a exigé que nous leur conférions, à même
ce contrat, 75% du transport.
Au cours de nos discussions, le président en question
réduisit ses exigences à 50%, nous informant du même
souffle que nous aurions de sérieux problèmes si nous ne pouvions
lui garantir au moins ce volume. Nous avons carrément refusé de
nous rendre aux exigences du président de la région de Sherbrooke
tout en lui indiquant que nous aurions, par contre, certainement besoin de
véhicules, mais que nous ne pouvions, en aucun cas, lui garantir de
pourcentage.
Dans l'intervalle, nous avons informé le ministère des
Transports qu'il était dans nos intentions de commencer nos
opérations de transport de gravier jour et nuit et nous avons
été informés par les autorités du ministère
qu'à moins d'une entente avec le poste d'affectation de Sherbrooke, il
serait impossible pour le ministère de nous accorder l'autorisation de
commencer nos opérations jour et nuit et ce, malgré le fait que,
dans ce contrat, il n'existait aucune clause 75-25.
Pendant ce temps, les artisans de la région de Sherbrooke ont
fait tellement de visites ou de pressions ou de représentations au
niveau du ministère que ledit ministère s'est retrouvé
dans une position peu confortable et a été dans l'obligation de
nous indiquer que nous devrions préférablement régler nos
problèmes avec les artisans afin d'obtenir l'autorisation d'entreprendre
les travaux
de transport d'agrégats et de gravier jour et nuit.
Nous avons donc été dans l'obligation de faire parvenir un
télégramme sévère au poste d'affectation de la
région de Sherbrooke de façon à l'informer que nos
opérations débutaient à une date précise et que
s'il ne pouvait pas nous fournir le nombre nécessaire de
véhicules pour l'exécution de nos contrats, selon la demande que
nous pourrions faire audit poste, nous nous verrions dans la malheureuse
obligation d'organiser nous-mêmes le système de transport en
utilisant notre propre flotte de camions pour la totalité du contrat et
des travaux à faire.
L'association nous répondit que, finalement, elle acceptait notre
offre. Ceci étant fait à la toute dernière minute et, du
même coup, à la suite de ces pressions indues de la part de
l'association, le ministère se trouva naturellement dégagé
d'une situation fort complexe où il était situé entre
l'arbre et l'écorce et fut capable à un tel moment de nous donner
l'autorisation de commencer les travaux de chargement de chemin, tel que
prévu.
J'aimerais ajouter que, sur ce contrat en particulier, les camionneurs
artisans de la région de Sherbrooke ont eu 80% de tout le transport
effectué.
Nous avons jugé bon de vous transmettre cet exemple afin de
démontrer à quel point l'intervention du poste d'affectation de
Sherbrooke n'a absolument pas été faite dans le but de nous
offrir un service de camionnage tel que prévu par la Commission des
transports du Québec, mais plutôt de nous imposer l'usage de ses
véhicules en dépit de toute liberté que nous avions en ce
domaine d'après ce contrat.
La façon ou la formulation du problème au moment où
il a été présenté par l'Association des camionneurs
artisans du poste d'affectation de Sherbrooke, était basée
strictement sur de pseudo-droits acquis ou de pseudo-garanties comme
détenteur de permis. Par contre, les droits considérés
comme acquis et immuables par les artisans en sont rendus non seulement aux
privilèges conférés par le ministère, mais aussi
aux droits que les artisans pensent qu'ils devraient acquérir pour
monopoliser totalement le transport en vrac. Nous sommes de la catégorie
des gens qui pensent que les libertés des uns se terminent où les
libertés des autres commencent. (12 h 30)
Au cours de l'été 1979, les Entreprises Bourget ont
effectué un contrat de confection de route au complet, incluant le
transport de gravier et de toutes sortes d'agrégats, pour le compte du
ministère des Transports. La clause 75-25 existait dans ce contrat qui
se faisait à Berthier. Les Entreprises Bourget, au moment de
l'exécution de ces travaux, ont engagé, par le biais du Poste
d'affectation de la région de Berthier, un très grand nombre de
camionneurs artisans.
Au cours de l'exécution, donc, le poste d'affectation envoyait
sur le chantier, d'une façon quotidienne, les camionneurs artisans
venant de Joliette et de Berthier, le tout suivant notre besoin et notre
demande pour la bonne exécution des travaux. A un certain moment, les
travaux au complet ont été immobilisés à cause
d'une querelle entre les membres camionneurs artisans du Poste d'affectation de
la région Joliette et que les travaux étaient effectués
à Berthier et ce, malgré le fait, naturellement, que tous les
camionneurs artisans sont membres du même poste d'affectation. J'ai
mentionné que c'était du Poste d'affectation de Joliette, alors
que c'était celui de Berthier.
Le résultat de ces querelles intestines est tout simplement que
les Entreprises Bourget Inc., ont perdu une journée de travail et
d'opération normale dans l'exécution de ces travaux. Pendant le
temps de cette querelle, le poste d'affectation nous promettait d'envoyer les
effectifs nécessaires. Mais, malheureusement, le temps de régler
cette triste querelle, la journée était terminée et nous
avons dû garder sur les lieux tous nos autres effectifs, dont les
opérateurs de machinerie lourde, les journaliers, les signaleurs, les
contremaîtres, et tout le matériel fut complètement
immobilisé.
Cet exemple cocasse, s'il en est un, a quand même des
répercussions néfastes et onéreuses. En effet,
l'immobilisation de tout ce monde et de tout ce matériel sur les lieux
pendant une journée cause non seulement des dépenses inutiles et
accrues, mais nous impose également diverses pénalités au
niveau de l'exécution des contrats qui ne sont pas effectués dans
les délais.
Tous ces exemples que nous avons cités plus haut prouvent
incontestablement le manque de sérieux de cette catégorie de
transporteurs publics, appelés camionneurs artisans, qui loin de se
soucier du service qu'ils ont à donner au niveau de la
collectivité et du public, se fichent éperdument, au contraire,
des dommages qu'ils peuvent causer en cours de route, étant, de toute
façon, non responsables desdits dommages provoqués. Ici, je fais
référence aux modifications du connaissement de transport, qui,
dans le transport public, rend les transporteurs publics responsables des
délais lorsque la marchandise est livrée en retard, ce qui
n'existe pas dans le cas des transporteurs en vrac.
Les grands buts louables visés par le législateur n'ont
pas donné les résultats escomptés. Au contraire, les
artisans, qui réclament à grands cris non seulement la
conservation, mais l'augmentation de leurs droits acquis ou immuables, selon
eux, ont oublié qu'ils n'étaient pas seuls au monde et surtout
pas dans le domaine du transport. Profitant des privilèges qui leur ont
été donnés par le ministère des Transports, lesdits
artisans profitent de la situation et exercent certaines formes de pression,
souvent discutable, de façon à obtenir de plus en plus de droits,
de garanties qui leur permettraient d'être rois et maîtres au
niveau du transport en vrac et, de ce fait, qui leur permettraient aussi de
contrôler, par tous les moyens possibles, le transport en vrac.
Les camionneurs en vrac réclament à grands cris la clause
75-25, partout, pour tous les travaux de transport en vrac pouvant exister au
Québec,
même les travaux pour compte propre. Quand les entrepreneurs, qui
défendent chèrement leur vie par le jeu de la saine
compétition, osent répondre qu'ils ne céderont jamais
à de telles pressions, lesdits artisans, en bons pères de
famille, bloquent les routes, arrêtent les travaux, refusent d'effectuer
le travail qui leur est donné et causent des préjudices à
la population en général, population qu'ils doivent pourtant
desservir parce que le transport en vrac est un service public.
Nous ne devons jamais perdre de vue l'essence même d'un permis de
transport émis par la Commission des transports du Québec qui
autorise et qui privilégie un détenteur à effectuer non
seulement du transport, mais également à assumer les obligations
d'un service public.
A partir des exemples que nous avons soumis et aussi à partir de
plusieurs exemples que nous pourrions souligner dans ce mémoire, mais
qui vous seront certainement donnés aussi par d'autres organismes, nous
devons en arriver incontestablement à deux conclusions: la
première, l'abolition purement et simplement des postes d'affectation;
la deuxième, le retour au jeu de la libre concurrence et à la
liberté de commerce par l'élimination directe et immédiate
de toute clause de favoritisme et de protectionnisme comme la clause 75-25.
J'aimerais, dans la première conclusion, m'étendre
davantage sur l'intention que nous avions en la mettant sur pied. En fait,
surtout après avoir entendu les camionneurs artisans qui sont venus
eux-mêmes se plaindre de différents problèmes qui
s'apparentent passablement à ceux que nous pouvons avoir, j'ai
l'impression que cette première conclusion pourrait surtout
s'interpréter comme une tentative de trouver un moyen de soustraire les
postes ou les sous-postes d'affectation au contrôle que l'ANCAl peut
avoir à l'intérieur. Si on réussissait cela, j'ai
l'impression que les camionneurs artisans qui, foncièrement, sont des
gens honnêtes et des gens d'affaires, pourraient de façon libre et
concurrentielle, offrir les services pour lesquels l'essence même des
permis ont été émis. Les résultats que nous
recherchons depuis longtemps seraient atteints en partie.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: Je voudrais reprendre la dernière remarque
que vous venez de faire. Vous dites, au fond: Les camionneurs artisans, en
général, dans leur très grande majorité, je
suppose...
M. Delangis (Jean): Oui.
M. de Belleval:... sont des gens qui sont prêts à
travailler honnêtement et dans un contexte réglementaire de
neutralité, comme on l'a souligné hier, et si on leur laissait la
chance de travailler dans un contexte de neutralité, ça pourrait
aller bien, les postes d'affectation, à ce moment-là?
M. Delangis (Jean): De toute façon, actuellement,
étant donné le genre de pressions qu'on a pu voir depuis le
début et qui s'apparentent très bien au genre de problèmes
qu'on a eus, ces gens-là, lorsqu'ils sont sortis de ce genre de
processus, ne peuvent pas faire autrement que de retomber dans la
compétition et, éventuellement, pouvoir offrir les services
qu'ils sont obligés de rendre, étant donné les
privilèges qui leur sont conférés.
M. de Belleval: A ce moment-là, dans ce contexte, vous
seriez quand même d'accord avec les postes d'affectation?
M. Delangis (Jean): Dans ce sens, je serais d'accord. C'est
plutôt le sens qu'on a tenté de donner à cette conclusion
en la décrivant comme telle. Le vrai sens, c'est que si on peut
libérer les postes d'affectation de l'influence et du contrôle
extérieurs de gens que je ne connais pas et que je n'ai pas à
juger, mais dont les résultats parlent par eux-mêmes, ces gens
seraient certainement en mesure de prouver la nécessité de leurs
services et de faire fonctionner leurs camions.
En particulier, je pourrais peut-être donner un exemple. Lorsque
la Commission des transports du Québec statue sur les taux, elle ne
statue que sur un tarif. Il me semble que le rôle de l'Association des
camionneurs artisans, par exemple, serait peut-être de faire en sorte que
la structure tarifaire soit rendue flexible, non pas pour les mettre à
la merci des entrepreneurs qui pourraient en abuser, mais au moins pour ne pas
les exclure des prix lorsqu'il y a de gros contrats intéressants et que
leurs prix, étant déjà trop élevés, les
entrepreneurs eux-mêmes achètent leurs véhicules, et les
artisans i! y a déjà trop de camions, on le constate
demeurent chez eux parce que les chances deviennent inégales. Les
entrepreneurs qui pourraient les employer, par exemple, à $25 l'heure
plutôt qu'à $27.50 se rendent légalement responsables pour
l'excédent qu'ils n'ont pas payé par rapport à la
décision de la commission. Ces gens se mettent dans une situation
où, en présence des contrats intéressants pour lesquels
ils pourraient soumissionner, la loi les empêche de le faire, et leur
association ne les a certainement pas bien conseillés pour pouvoir avoir
des structures tarifaires qui puissent leur permettre de travailler, parce
qu'il y en a du travail.
M. de Belleval: Ce point de vue en confirme d'autres qu'on a eus
hier, je pense, et la commission, ici, semblait au niveau de plusieurs de ses
membres, partager cette idée, qu'en assouplissant la tarification, on
pourrait permettre aux postes d'affectation de faire jouer la concurrence
à plein et donc d'augmenter le volume de travail pour les camionneurs
artisans.
J'ai lu attentivement votre mémoire et je vous ai
écoutés attentivement. Je n'ai pas besoin de vous dire que je
rends hommage à votre courage, là encore, parce que vous avez
été victimes de certains actes de chantage, de toute
évidence, du moins selon votre témoignage, et en venant ici, vous
manifestez, je pense, un grand sens civique, parce que vous éclairez
ainsi la population sur une facette importante de ce dossier.
Quant à moi, je veux simplement dire que ce qu'il faut
effectivement, c'est que le système fonctionne en toute
équité, en toute impartialité en dehors de pressions du
type de celles dont vous avez parlé et que c'est la
responsabilité d'un gouvernement de faire que de telles pressions, qui
s'apparentent à des gestes comme on dit irréguliers, c'est le
moins qu'on puisse dire, ne se fassent pas parce que c'est comme ça que
la paix sociale est mise en danger dans une société, quand on
permet de tels gestes, et on a vu dans d'autres circonstances où cela
pouvait mener.
Vous pouvez être certain que, dans les recommandations que je
ferai au gouvernement, je tiendrai compte de cet aspect de la situation. Je
vous en remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, quelques très
brèves remarques. Je comprends que vous nous donniez dans votre
mémoire l'expérience que vous avez vécue depuis bon nombre
d'années. Cependant, une chose me laisse un peu perplexe. Je ne nie pas
l'expérience qui est la vôtre. Par contre loin de moi
l'idée de porter une accusation; n'étant pas avocat, je ne
pourrais pas être accusé d'errer en loi je me demande si
vous avez le droit de défendre forcément une philosophie et,
d'après l'expérience que vous avez connue, de faire des
suggestions. Quand on regarde la nomenclature des activités qui sont les
vôtres, on voit que vous fabriquez du béton bitumineux, vous avez
des permis de transporteurs en vrac, vous avez des permis de transport
général et, en même temps, vous avez une compagnie de
location. Vous nous parlez des postes d'affectation et du libre jeu de la
concurrence. Peut-on penser que dans un jeu de libre concurrence, une compagnie
qui touche à toutes ces activités, qui a fait la preuve qu'avec
son équipement elle était en mesure d'offrir des services suivant
sa conception et sa volonté d'agir ferait appel aux artisans ou aux
autres qui sont dans le transport en vrac? Je suis en mesure de penser qu'il
faudrait que ce soit à des conditions bien inférieures que cet
appel serait fait; sinon, vous feriez le travail vous-mêmes, avec
l'ensemble des activités qui sont vôtres.
Je ne dis pas forcément que vous commettriez une erreur, mais il
demeure qu'on peut supposer que ce serait le cas chez des compagnies qui ont de
telles activités; ça englobe à peu près l'ensemble
de toutes les activités dont on parle ce matin.
De toute façon votre mémoire est bien
préparé, il signale avec passablement d'exactitude les lacunes
malgré le geste généreux qu'a voulu poser le
législateur mais qui n'arrive pas aux conclusions qu'on espérait.
Ce sont quand même des faits que vous prenez à votre compte mais
qui sont probablement véridiques, et vous avez fait l'expérience
en cours de route. (12 h 45)
II y a une question qui me vient à l'esprit au moment où
on parle d'une possibilité de déréple-mentation, partielle
ou totale. Loin de moi l'intention de blâmer la Commission des
transports, qui est un tribunal quasi judiciaire, dans ses décisions sur
les tarifications. La Commission des transports doit fixer des taux
d'après le règlement qui la régit. Fixer des taux dans le
transport en vrac, devant le peu de volume qu'ont les transporteurs de vrac,
aurait-il eu pour effet d'influencer la Commission des transports à
accorder des taux trop élevés pour un transport donné,
alors qu'elle pouvait penser que, pour que ces gens-là puissent vivre
avec un volume peu important ou pas assez important, elle devait
évidemment forcer un peu sur l'élévation des taux? Loin de
moi toute idée d'insinuation, mais ça peut quand même avoir
joué dans l'augmentation des tarifs. (12 h 45)
II est indiscutable qu'un des points importants qui vont ressortir de
cette commission, après avoir entendu tous les intervenants, c'est qu'il
va falloir, peut-être pas que les forces de la libre concurrence jouent
entre elles, parce que, jusqu'à ce point-là aussi, ça peut
mener à l'anarchie, il va falloir quand même qu'une certaine
souplesse découle de cette commission et des gestes qui seront
posés après, je pense. Même si je suis dans l'Opposition
actuellement, ce serait impensable pour ma part de laisser croire aux artisans
et aux autres transporteurs de vrac qui ont été ajoutés,
petits entrepreneurs ou pas, que le gouvernement va sans arrêt leur
accorder de plus en plus de secteurs privilégiés de transport. Le
nombre est trop grand. Il va falloir, dans les années qui vont suivre,
vis-à-vis des véritables transporteurs de vrac, devant une
modification des contraintes des prix actuellement, que les forces jouent
davantage qu'elles ont joué jusqu'à maintenant.
Je vous remercie de votre mémoire. Devant un conflit
d'intérêts possible, je suis bien forcé de penser que, dans
toutes les activités, vous avez le droit de défendre les
intérêts qui sont les vôtres. Mais je doute
énormément, par contre, que, possédant des
intérêts dans toutes les activités du transport, vous
feriez beaucoup appel aux artisans s'il n'y avait pas certaines clauses de
protection.
M. Delangis (Jean): Si vous me permettez, j'aimerais vous
répondre que, même si nos activités sont
diversifiées à ce niveau, il nous est impossible de pourvoir
nous-mêmes à l'ensemble de tous les contrats qu'on peut avoir avec
nos propres camions. Si on les faisait un par un, on pourrait fort bien envoyer
sur un chantier le nombre suffisant, comme on a failli le faire dans le cas
de...
M. Mailloux: ... location?
M. Delangis (Jean): Pardon?
M. Mailloux: Même par le biais de la location?
M. Delangis (Jean): Même par le biais de la location, parce
que ces véhicules ne sont pas toujours disponibles chez nous pour la
construction. Par exemple, je fais référence au contrat dans la
Beauce où les artisans craignaient évidemment que l'on fasse tout
le transport, mais ce n'était pas notre intention.
Le seul point que nous voulons soulever dans ça, c'est que
c'était anormal de vouloir nous imposer une clause 75-25 alors qu'elle
n'existait pas. La raison pour laquelle on a voulu nous imposer la clause
75-25, c'est qu'elle existait ailleurs et ça devenait un droit acquis
à des endroits où elle n'existait pas.
Sur ce contrat en Beauce, on avait besoin, si ma mémoire est
bonne, d'environ une quarantaine de camions. Au début des travaux,
évidemment, on en a envoyé cinq pour procéder à
l'enlèvement du pavage, et à l'usine d'asphalte, on peut
maintenir encore à peu près quatre ou cinq véhicules,
selon les distances qu'on a à couvrir. En même temps, on avait
également le chargement du chemin à faire, jour et nuit, qui se
faisait à la fois avec nos camions et évidemment avec ceux des
artisans, puisque cela nous prônait à peu près quarante
camions pour faire ce transport à 20 milles du site du contrat.
Evidemment, il y a des contrats qu'on va pouvoir faire nous-mêmes
en totalité, par exemple, à l'usine mobile que nous avons et qui
requiert un nombre d'à peu près 12 véhicules. En fait, on
a 17 camions tracteurs. Les camions de dix roues que nous avons pour
transporter soit les agrégats, soit l'usine pour fins de fabrication,
soit l'asphalte lors de l'épandage, sont des camions dix roues avec des
boîtes "dumper". Lorsqu'arrive le temps du déménagement, on
enlève les boîtes "dumper" en question, on met cela sur une
semi-remorque plate-forme, on met des "fifth wheels" aux camions tracteurs, et
on a là dix voyages de faits. L'expérience nous a montré
que cet équipement est très fragile à transporter; il y a
de l'équipement électronique, il y a toutes sortes de choses
auxquelles il faut faire bien attention.
Au premier déménagement, les chauffeurs qui participaient
pour la première fois à ce déménagement nous ont
créé des dommages d'à peu près $5000 à $10
000. Cela nous prend donc des chauffeurs spécialisés
jusqu'à un certain point pour le transport de l'usine. Nos
véhicules, une fois rendus sur place, on les fait travailler.
L'excédent de véhicules dont on a besoin pour l'exécution
du contrat, on doit nécessairement le prendre sur place. On pourrait, au
cas où il y a carence, comme à Mont-Laurier, envoyer des
véhicules additionnels parce que, dans certains cas de l'application de
la clause 75-25, où on a été pris à donner 75%, on
était en mauvaise posture pour remplir les déficits de
véhicules qui n'étaient pas là vu qu'on fait face à
des problèmes de pression.
M. Mailloux: La seule chose que je voudrais ajouter, c'est ceci;
je pense que le ministre actuel et moi avons eu de nombreux exemples. Je sais
pertinemment que le mariage possible entre un entrepreneur en construction de
routes et un artisan n'est pas facile à faire. Si chacun cherche son
intérêt, l'entrepreneur a l'obligation, quand il prend un contrat,
de faire le beau et le mauvais. On sait pertinemment, pour en avoir vu de
nombreux exemples, que quand on est dans l'excavation, en terrain difficile,
les artisans, pour protéger leur véhicule, ne sont pas trop
intéressés à y aller. A ce moment, l'entrepreneur est aux
prises avec des problèmes très particuliers. Au moment où
cela devient plus facile, on comprend que l'artisan, pour protéger son
intérêt, voudrait travailler autant que faire se peut, d'où
le problème éternel que, quand on place deux parties sur un
même contrat, ce n'est pas facile de les faire s'entendre. Cela a
donné lieu à nombre des conflits qu'on a vécus. Chacun
veut protéger son intérêt, et son intérêt
n'est pas le même. Vous avez une exécution à faire, et
l'autre voudrait bien travailler, mais travailler dans des conditions
acceptables. Il n'est pas obligé de faire tout le...
M. Delangis (Jean): Pour préciser ma pensée, si
vous le permettez sur le besoin de s'approvisionner en services de transport
à l'extérieur, notre usine d'asphalte est à La
Morandière, quelque 60 milles au nord-est de Val-d'Or. Il faudrait qu'en
envoie, de Joliette à Val-d'Or, une distance d'à peu près
650 milles, 10 à 15 camions, ou 20 camions, avec des "dumpers", pour
travailler là-bas pendant quinze jours à transporter le gravier
nécessaire au chargement du chemin. Ce ne serait même pas pensable
pour nous. Si on est obligé de le faire, parce qu'il y a carence dans un
certain milieu, là, on les envoie. Mais on ne fait pas d'argent avec ces
véhicules, sauf que notre opération continue et notre
première préoccupation est d'étendre de l'asphalte ou de
finir le contrat le plus rapidement possible à compter du moment
où on l'a commencé.
Si on achète des véhicules pour pallier la carence qu'on
peut avoir à certains endroits, à un moment donné, on
arrive à un endroit où il y a trop de camions artisans qui sont
là. On ne peut pas stationner ces véhicules dans notre cour en
attendant qu'il manque d'autres camions ailleurs pour pouvoir pallier ce
besoin. On organise donc notre système de transport de façon
à avoir une espèce de zone tampon qui va faire que, si on est mal
pris, on va pouvoir se défendre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Rapidement, M. le Président. Est-ce que vous
avez eu des problèmes avec tous les postes d'affectation où vous
avez travaillé? Par exemple, dans la région 08, est-ce que cela a
bien été?
M. Delangis (Jean): Où, dans la région 08? M.
Goulet: L'Abitibi.
M. Delangis (Jean): Quant à l'approvisionnement des
camions, on n'a pas eu de problèmes.
D'ailleurs, je pense qu'au cours de l'été, c'est un des
postes qui nous a donné sa collaboration. Il est arrivé un
incident mineur avec un de nos camions qui s'en allait livrer son chargement
dans l'épandeur. Ce camion chargé d'asphalte était un
tracteur semi-remorque, on en avait un besoin urgent à l'usine. Notre
opérateur d'usine avait appelé par radio le contremaître du
chantier et avait dit: Ecoute, retourne-moi ce camion immédiatement ici,
j'en ai besoin pour faire du fardier pour transporter une pièce
d'équipement.
On a tenté de faire vider immédiatement ce camion. On a eu
cinq artisans et douze camions qui ont dit: II n'en est pas question, on va
perdre notre tour. Ils n'ont rien perdu. C'est un incident mineur, si vous
voulez, qui n'aurait absolument rien changé, mais je tiens à le
souligner quand même.
A part ça, dans la région Val-d'Or, on a eu une
collaboration de 100%.
M. Goulet: D'accord. Seulement une autre question. Vous avez
donné des exemples où ça prenait des chauffeurs
spécialisés pour transporter de l'équipement et je
comprends que ça peut se défendre. Mais, au niveau de la
rentabilité de votre entreprise, quand il s'agit du planeur, votre auto
1000, comment pouvez-vous expliquer que ça prend absolument un camion de
la compagnie pour mettre à côté ou en dessous de ça?
L'asphalte, le vieux bitume que vous enlevez, les agrégats qui vont dans
le camion et qui seront ensuite déchargés... Pourquoi est-ce que
ce n'est plus rentable pour vous? Ou quelle spécialité est-ce que
ça prend pour que ce soit un camion venant de Joliette qui va aller dans
le Bas-du-Fleuve plutôt que de prendre des artisans?
M. Delangis (Jean): Le but d'avoir nos propres camions sur le
roto-mill, c'est ceci. Premièrement, cette équipe est nouvelle
sur la route et ce que nous tentons de faire, c'est à la fois utiliser
notre "roto mill" dans un sens pour transporter des agrégats à
notre usine d'asphalte pour y apporter l'asphalte récupéré
et réutiliser ces véhicules dans le sens contraire, pour amener
du pavage nouveau sur la route à construire. Evidemment, tout le
processus n'est pas encore en marche, mais l'équipe de transport et le
but que nous poursuivons, c'est éventuellement d'avoir des
véhicules qui vont transporter dans les deux sens pour avoir de
l'efficacité.
M. Goulet: Je comprends, mais quand votre "roto mill" travaille,
pourquoi un camionneur artisan de la région ne pourrait-il pas faire
ça, justement, aller porter les agrégats que vous venez
d'enlever, à votre usine et les ramener? On m'a exposé des cas
semblables et les gens disaient: C'est un peu un acte de provocation, parce que
la clause 75-25 n'est pas respectée.
M. Delangis (Jean): D'accord. Premièrement, il n'y a pas
de clause 75-25 sur ce genre de contrat.
M. Goulet: Cela dépend comment on l'interprète.
Au-dessus de la ligne d'infrastructure...
M. Delangis (Jean): Non, c'est du pavage, l'asphalte en est
exclue.
M. Goulet: Ce que vous enlevez. Cela dépend comment c'est
interprété.
M. Delangis (Jean): Les agrégats d'asphalte, etc., c'est
exclu.
M. Delangis (Pierre): Aussi, concernant le planage des
équipements, je tiens à vous mentionner que c'est une machine qui
est sensible aux cassures, brisures et difficile d'entretien. Sur une
journée de travail de douze heures, ça peut arriver que
l'équipement va briser à 9 h 30 et le travail va reprendre
à 14 heures. Est-ce qu'on va être obligé de garder des
camionneurs artisans sans les payer? Je doute qu'ils restent là
longtemps. Si ce sont nos propres camions, on peut toujours s'arranger plus
facilement. On paie nos chauffeurs, point. Le camion, s'il ne roule pas, ne
dépense pas de diesel.
M. Goulet: Est-ce qu'il y a d'autres raisons?
M. Delangis (Pierre): Cela en est une entre autres.
M. Goulet: Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. Delangis (Jean): Oui, il est dans la nature même de ce
contrat que c'est du compte propre et que Bourget peut faire lui-même son
transport et trouver des moyens plus économiques. Par exemple, si on
transporte des marchandises dans les deux sens, nos coûts
d'exécution du contrat sont inférieurs. On peut soumissionner
à meilleur prix et, évidemment, avoir des contrats additionnels
au bénéfice des contribuables, alors que les taux de la
Commission des transports du Québec nous obligeraient à payer
plein prix dans les deux sens.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Chauveau.
M. O'Neill: M. le Président, j'ai un commentaire à
faire sur le document qui a été soumis à notre attention
et deux brèves questions à poser.
On dit à la page 5, concernant la réglementation, qu'elle
engendrerait l'anarchie. Je voudrais tout simplement signaler aux auteurs du
rapport que c'est quand même un peu curieux. On dit: La libre
concurrence, quand elle n'existe plus, donc, quand il y a une
réglementation, ça engendrerait l'anarchie.
Je vous signale que c'est quand même, comme approche du
problème, quelque chose qui me semble poussé un peu loin. La
réglementation, ça engendre des contraintes et c'est justement
très souvent parce qu'il y a des genres de libre concurrence qui, eux,
engendrent l'anarchie que le législateur intervient avec une
réglementation.
Mais, comme vous êtes, de toute façon, sûrement
préoccupé par ce problème d'anarchie et d'ordre social, je
voudrais ici vous poser une première question. C'est pour savoir si, au
plan de l'ordre, de la paix sociale, vous avez l'impression que la mise en
application des deux propositions contenues à la page 13 favoriserait,
dans le contexte actuel, la paix sociale: abolition des postes d'affectation,
retour au jeu de la libre concurrence et à la liberté de commerce
par l'élimination directe de la clause 75-25. Avez-vous l'impression que
cela ramènerait la paix?
Voici ma deuxième question, si vous permettez que je la pose tout
de suite. Vous avez fait une analyse assez sévère de certains
comportements. Je ne nie pas l'objectivité des faits décrits.
Mais est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a parfois des circonstances ou des
frustrations qui durent depuis trop longtemps, des situations insupportables au
plan financier par les camionneurs artisans, ce que j'appellerais un
état d'écoeurement, font qu'à un moment donné des
gens qui peuvent être d'excellents citoyens posent des gestes qu'ils
n'auraient jamais posés autrement? Autrement dit, quand on met, de
force, des gens, je dirais, dans des situations particulièrement
pénibles, ils ont à ce moment des comportements qu'ils n'auraient
pas en temps ordinaire.
Si vous acceptez cette analyse, cette évaluation, cette
explication de certains comportements, est-ce que ça ne nous
amènerait pas à nuancer un peu le jugement que vous avez, qui est
inclus dans le rapport, à la page 12, lorsque, de façon
très générale, vous dites: "Ces exemples prouvent
incontestablement le manque de sérieux de cette catégorie de
transporteurs publics appelés les camionneurs artisans"? Est-ce que ce
n'est pas un peu gros comme appréciation générale? Est-ce
que vous ne seriez pas porté maintenant à nuancer quelque peu
cette affirmation? (13 heures)
M. Delangis (Jean): J'aimerais répondre à votre
première question concernant les conclusions. La première
conclusion a été expliquée. Le texte, l'idée qu'on
avait en parlant d'élimination des postes d'affectation a
été expliquée de façon à être plus
claire. Je ne vois pas grand-chose à ajouter sur cette première
conclusion. Quant à la deuxième conclusion concernant la clause
75-25, si c'est l'intention du Parlement de protéger les camionneurs
artisans de quelque façon ce n'est pas ça que je mets en
jeu c'est au gouvernement de le décider.
La façon dont il doit le faire, à notre avis, ce n'est
toutefois pas par une décision administrative, c'est de passer par la
Commission des transports du Québec, de lui donner le mandat de
favoriser une certaine catégorie de camionneurs. Par exemple, on
pourrait dire: La Commission des transports du Québec va émettre
des permis spéciaux de transport aux artisans qui, eux, vont travailler
pour le ministère. Les autres détenteurs de permis de transport
en vrac transporteront autre chose que pour le ministère des
Transports.
Le but, dans cela, ce n'est pas tellement l'idée que le
gouvernement a de les protéger, mais la façon dont ils ont
été protégés, et ce qui, à notre avis, doit
se faire autrement, doit se faire par le processus normal de la Commission des
transports du Québec qui, elle, dans ses décisions, n'est pas
dans une position où elle peut être influencée aussi
facilement que les politiciens peuvent l'être. C'est leur rôle de
recevoir les doléances de Pierre, Jean, Jacques, mais ils sont souvent
mis dans des situations où ils prennent des décisions, à
un moment donné, qui, tout en étant louables, font que les gens
qui les utilisent le font de façon abusive comme ceux mêmes qui
leur ont donné ces privilèges. Qu'on retransmette, si c'est
l'intention, à la Commission des transports le fardeau de l'application
de ces volontés.
Quant aux circonstances qui font que, à certaines occasions, on
peut avoir des problèmes, je ne sais pas trop ce que vous voulez dire.
Dans un des cas où on dit: On s'est fait faire des menaces avant
même l'exécution du contrat parce que c'étaient des
préjugés d'avance, c'étaient de mauvaises informations, on
a dit à ces gens: Ecoutez, on ne peut pas vous garantir une chose qui ne
nous est pas premièrement imposée et, deuxièmement, si on
s'engage envers vous pour des choses qui nous seront impossibles à faire
pour l'application des contrats, vous avez le ministère des
Transports, parce qu'on est obligé et on a la responsabilité de
ces contrats on vient peut-être de se mettre le doigt dans l'oeil.
On va vous donner du transport suivant le besoin, comme ça doit
être, et ne vous énervez pas pour rien; ça veut dire
cela.
Pourquoi avoir un problème semblable? Je ne vois pas le
problème dans ce cas. Il faut également avoir un peu confiance
les uns aux autres et on est dans un système de liberté.
Dans le deuxième cas, celui où j'ai parlé de la
clause 75-25 où elle s'appliquait, nous n'avions aucun camion sur le
chantier et c'était entre eux qu'ils se chicanaient et nous, dans le
milieu, on payait la note.
Dans le troisième cas, qui ne va pas directement pour vous mais
peut-être pour éclairer le député de Bellechasse,
pour revenir au "roto-mill ", nous avons fabriqué des équipements
de transport spéciaux pour l'asphalte. Cela n'est pas tout encore
organisé, mais ces véhicules sont des semi-remorques de 24 pieds
qui sont isolées avec du polyuréthane de 3 pouces, ce qui fait
une capacité d'isolation équivalente à 9 pouces de laine
minérale. Le but de cet équipement est que premièrement,
dans notre nouvelle usine en particulier, on tente de fabriquer l'asphalte le
plus froid possible pour économiser l'énergie tout en le livrant
au ministère aux conditions exigées.
En cours de route, il faut perdre le moins de chaleur possible. Les
véhicules affectés à ça doivent être
agencés de façon spéciale pour le transport et, si on doit
les utiliser dans les deux sens, il faut que cela s'applique dans les deux sens
et il faut commencer par un bout. On est encore au ni-
veau expérimental dans ce domaine. Je ne parle pas au niveau de
la conservation de la chaleur ou de la qualité du produit qu'on va
livrer à destination, je parle au niveau du "roto-rnill" lui-même,
mais tout ça fait partie d'un processus qui va se concrétiser
éventuellement à 100%. Ces véhicules dont je vous fais
mention et qui sont isolés de façon particulière nous ont
permis par exemple l'an dernier de convaincre le ministère des
Transports. Sur une route au nord de Saint-Michel-des-Saints, il y avait
approximativement 20 000 tonnes d'asphalte à faire et, si nous n'avions
pas eu ce genre de véhicule, l'asphalte y serait du pavage
économique, de qualité beaucoup inférieure à celle
du pavage conventionnel qu'on a pu fabriquer à Joliette à 60
milles de distance de Saint-Michel-des-Saints. On a pu le livrer là-bas
dans le même état, indépendamment des conditions
atmosphériques, indépendamment de la distance,
indépendamment des délais parce que notre épan-deur
pouvait avoir des problèmes sur la route. Alors on utilisait ces
véhicules isolés de façon spéciale pour l'asphalte,
mais on peut également les utiliser à d'autres fins pour avoir
une meilleure efficacité dans l'ensemble.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Chauveau.
M. O'Neill: Encore une fois, M. le Président, pour bien me
faire comprendre, je ne mets pas en doute les faits que vous avez
décrits, mais ce que je veux dire, c'est que je pense que ce pourrait
être dangereux d'étendre votre interprétation comme vous
l'avez fait dans votre rapport; on a l'impression d'un jugement global sur
l'ensemble des camionneurs artisans. En disant ceci, encore une fois, quand
à un moment donné, une question est pourrie, les gens les
meilleurs dans une société peuvent avoir à l'occasion des
comportements répréhensibles et ça pourrait arriver
à n'importe qui d'entre nous dans certaines situations. Cependant,
disons-nous bien que, lorsqu'une question est pourrie, il ne faut pas d'abord
s'en prendre aux victimes du pourrissement, mais poser des questions à
ceux qui ont laissé pourrir ce problème.
M. Delangis (Jean): Ecoutez, je suis parfaitement d'accord avec
vous et c'est un peu ça qu'on a tenté d'expliquer. Evidemment il
faut prendre les mots à un moment donné pour dire ce qu'on a
à dire...
M. de Belleval: M. Delangis, je peux vous arrêter une
seconde? C'est parce que le député de Chauveau n'était pas
ici au moment où nous avons discuté de cet aspect de la question
à la fin de votre mémoire. Peut-être que vous n'êtes
pas au courant ou que vous ne vous êtes pas aperçu que le
député de Chauveau n'était pas là à ce
moment-là, c'est pourquoi vous devriez peut-être vous expliquer de
nouveau, pour le bénéfice du député de
Chauveau.
M. O'Neill: Non, j'étais là au moment de ce
mémoire, M. le ministre.
M. de Belleval: Non, juste à la fin du mémoire,
vous vous êtes absenté quelques minutes et, à ce
moment-là, nous avions parlé de cet aspect des choses. M.
Delangis avait expliqué que, pour autant que les postes d'affectation
fonctionnent dans un contexte de neutralité, il est d'accord...
M. O'Neill: J'étais ici, M. le Président.
M. de Belleval: Vous y étiez à ce
moment-là?
M. O'Neill: Oui, M. le Président.
M. de Belleval: Ah! Je m'excuse, M. le député.
M. O'Neill: II y a des fois où je suis absent, mais
là, j'étais bien présent, M. le Président.
M. de Belleval: Je m'excuse.
M. Delangis (Jean): Pour répondre à votre question,
je pense que l'essence même des camionneurs artisans est bonne, et ce
n'est pas ça que je mets en jeu. Je comprends fort bien ce que vous
voulez dire. Je suis même d'accord avec ce que vous dites, d'autant plus
que je prétends qu'on devrait pouvoir libérer les postes
d'affectation des éléments, à l'intérieur de leur
système, qui profitent d'eux à leur profit individuel,
peut-être. C'est un certain groupe que je ne connais pas. Ma conclusion
vient des résultats que j'ai pu entendre ici et des résultats qui
correspondent aux mêmes problèmes qu'on a eus. On devrait pouvoir
les débarrasser de ce qu'ils peuvent avoir comme mauvais
éléments et les informer réellement de leurs vrais droits
et de leurs vraies obligations en même temps. Et qu'on leur donne, au
niveau des tarifs, la possibilité d'être en affaires, car ces
gens-là sont en affaires.
A Joliette, au moment où on a été appelé
à soumissionner sur un contrat de transport en vrac, par exemple, 1 500
000 tonnes annuellement c'est du tonnage on a comparu devant la
Commission des transports du Québec une des premières fois
où elle statuait sur les taux. Nous demandions donc pour ce client en
particulier, des taux spéciaux, étant donné que,
premièrement, c'était un contrat annuel, dans des conditions
particulières. Enfin, on a fini par convaincre la Commission des
transports que, pour ce tarif, c'était rentable pour nous et on pouvait
même le faire à meilleur compte que notre client lui-même,
parce que, sans ça, il achetait ses camions. Pour faire une grande
histoire courte, il est sûr qu'on n'aurait jamais fait le transport chez
ce client aux taux fixés de façon générale par la
commission. Elle nous a fixé des taux particuliers et ces taux-là
existent depuis quatre ou cinq ans et on fait de l'argent avec le contrat.
Enfin, l'Association des camionneurs artisans a retiré son
opposition devant la commission, mais, de toute façon, elle était
parfaitement justifiée d'en faire une, c'était son droit. Au lieu
de prendre cette attitude, de faire fixer un taux, ce que j'appellerais dans le
transport général un taux de LTL pour tout, sans
considérer ce que l'on
appelle les "truck loads" qui, à un moment donné, parce
qu'il y a des volumes spéciaux à certains endroits, et que les
conditions sont particulières, y trouvent quand même une
rentabilité, au lieu, dis-je, de prendre cette attitude, si elle avait
elle-même offert ses services à notre client, ce serait
peut-être elle actuellement qui serait en affaire et ses camions ne
seraient pas inactifs chez elle. Et 1 500 000 tonnes par année, je vous
assure que cela génère des revenus.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Nous suspendons nos
travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 11
Reprise de la séance à 15 h 8
Le Président (M. Jolivet): La commission des transports
reprend ses travaux, pour continuer l'étude des mémoires qui lui
sont présentés en regard du camionnage en vrac. Je fais mention
aux membres de la commission qu'il leur sera distribué une lettre qui
vient de nous parvenir, simplement pour leur information. Je ne ferai pas la
lecture complète de la lettre, elle provient du Poste d'affectation de
la région 02 Incorporée, de la part de Michel Duchesne, le
président du Poste d'affectation de la région 02. Il donne son
opinion sur des allégations qui ont été faites par
d'autres personnes lors de l'audition du mémoire de M. Gilles Fillion,
président des camionneurs en vrac de Dubuc-Sud.
Donc, je fais dépôt, à cette assemblée,
à chacun des membres, de cette lettre.
Le rapport de M. Nil Girard Transport Limitée, par M. Rodrigue
Girard...
M. Goulet: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Bellechasse.
M. Goulet: Je m'excuse auprès de M. Girard, tout le monde
semble vouloir accélérer le processus des travaux, on ne veut pas
brimer personne de son droit de parole. Il y a des gens dans la salle qui nous
ont demandé si c'était possible d'avoir accès aux
mémoires, avant qu'on commence à le lire, de façon que
ça puisse accélérer les travaux. En ce qui me regarde, je
les ai; mais est-ce que c'est possible? Trois personnes m'en ont fait la
demande. Je ne sais pas si elles se sont adressées à d'autres
membres de la commission; alors, en leur nom, je formule le voeu.
Le Président (M. Jolivet): Elles se sont adressées
à moi. Mais je n'ai pas les pouvoirs de leur permettre d'avoir
accès aux documents; je dois même dire que la commission, pour
permettre aux gens d'être au courant, a permis une distribution qui se
faisait chaque fois, au fur et à mesure de la présentation des
documents. Mais on sait très bien que les responsables des commissions
parlementaires auraient bien pu leur refuser tout accès, compte tenu
qu'ils n'ont pas à imprimer ces documents.
Pour la bonne marche des travaux, on leur a permis l'accès aux
documents de façon non habituelle. Ordinairement, ce sont les membres de
la commission et les journalistes qui y ont accès et je n'ai pas le
pouvoir de donner cet accès à tous ceux qui le
désireraient, avant même la lecture des mémoires.
Ce que j'ai répondu aux gens, c'est que compte tenu qu'il y aura
quand même une période de questions, pour ceux qui ont
intérêt à voir l'ensemble du document, ce serait possible
s'il y avait des résumés qui étaient faits ici, en avant,
par les gens qui présenteront leurs rapports. Nous sommes assurés
que ce sont des gens qui sont habitués à lire rapidement des
documents et d'en faire un résumé rapide. Mais si les membres de
la commission le permettaient, je vérifierai avant de donner mon
accord.
M. Goulet: Une deuxième directive, M. le Président.
Est-ce qu'il est en votre pouvoir, même si une personne n'est pas
convoquée spécifiquement, de l'inviter pour quelques secondes
à venir à la table afin de répondre à une question
d'un membre de la commission? Je parle de M. le commissaire Alain de la
Commission des transports qui est dans la salle. Mais, est-ce qu'au cours de
l'après-midi, il serait de mise...
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas en mon pouvoir,
parce qu'il n'est pas parmi ceux qui ont manifesté le désir
d'être entendus par cette commission. D'un autre côté, si
les membres de la commission, d'un consentement unanime, le permettaient, je
pourrais, avant de prendre une décision, vérifier. Mais, je dois
dire que compte tenu qu'il n'a jamais manifesté l'intention, dans les
délais prévus, d'être devant nous, ce n'est pas en mon
pouvoir de l'accorder.
M. Gratton: M. le Président, quant à moi, je
consentirais à la première demande du député; mais
quant à la deuxième, je pense qu'il s'agirait là de
créer un précédent très dangereux. En tout cas, je
n'accorderai pas mon consentement à la deuxième demande.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Quant à la
première demande, je fais des vérifications si c'est possible et
je donnerai ensuite ma décision. Pour le moment, M. Rodrigue Girard.
Nil Girard Transport Ltée
M. Girard (Rodrigue): Je remercie, M. le Président, M. le
ministre, MM. les députés, de l'occasion que vous me donnez
d'apporter mon opinion sur le problème du transport en vrac devant la
commission parlementaire. Nil Girard Transport effectue du transport de
marchandises générales et des matières en vrac depuis
1930.
Aujourd'hui, je vais démontrer les problèmes que nous
avons de conserver le volume de matières en vrac qu'on transporte depuis
longtemps. Je m'excuse de ne pas avoir un mémoire de plusieurs pages;
c'est concentré dans quelques lignes. Je suis ici pour donner des
explications et faire connaître mon opinion. Je vais le lire et ensuite
je pourrai peut-être ajouter mes commentaires.
Vu l'intérêt que nous avons dans le transport par camion de
la marchandise générale et de matières en vrac, nous
sommes intéressés à vous émettre notre opinion sur
les problèmes du transport en vrac actuellement.
A notre avis, le volume de transport en vrac devrait appartenir aux
camionneurs qui s'en sont fait une profession et sont en mesure de servir le
public profitablement.
Dans le passé, avec l'avènement de la
réglementation des matières en vrac qui n'existait pas
auparavant, soit le règlement no 112 mis en vigueur...
Nous ne pouvons connaître l'efficacité de ce
règlement parce qu'il n'a pas été respecté dans une
bonne mesure. Il a été institué pour placer sous permis
ceux qui effectuaient du transport de matières en vrac non
réglementées précédemment et, par la suite, s'en
sont prévalus un grand nombre qui possédaient des camions de
toute catégorie, n'effectuant pas ce genre de service ou le faisant sur
un nombre de matières très restreint, soit pour leur propre
compte ou pour autrui.
Il a été facile de le constater vu le grand nombre
d'attestations au permis en vrac transférées ou
cédées à plusieurs nouveaux intéressés
à faire du transport de matières en vrac, ce qui a fait augmenter
le nombre de véhicules utilisés pour le transport en vrac. La
grande partie du transport en vrac est effectuée présentement par
les entrepreneurs en construction de chemin, en excavation, en entretien de
chemins d'hiver. Ceux-ci profitent de la situation pour inclure des tarifs de
matières de transport en vrac avec d'autres opérations.
Après avoir profité du volume de transport en vrac sur leurs
contrats ou leurs chantiers, ils bénéficient de la portion
distribuée par le poste d'affectation. (15 h 15)
Si le règlement 112-L doit être modifié, qu'il le
soit en fonction des besoins de vrais transporteurs de matières en vrac.
L'émission de deux permis distincts devrait être
étudiée, soit un permis de catégorie transporteur, qui
donnerait droit aux matières mentionnées dans le règlement
112-L pour le public en général; soit un permis restreint,
catégorie entrepreneur, leur permettant de transporter des
matières en vrac inscrites dans le règlement 112-L sur le
chantier de construction dont ils sont le principal signataire et non
sous-traitant. Le problème actuellement est que les entrepreneurs
prennent arrangement entre eux pour faire tout le transport en vrac et, par le
fait même, les vrais transporteurs camionneurs ne sont pas les bienvenus
dans le domaine.
Que les matières en vrac réglementées dans
l'ordonnance générale du camionnage avant l'avè- nement du
règlement 112 soient clairement mentionnées et demeurent un droit
et que ceux qui effectuent ce genre de service depuis de nombreuses
années soient maintenus dans leur permis de transport
général. Que l'application du règlement sur le transport
soit rigoureusement contrôlée par une équipe
compétente et efficace.
Que ceux qui utilisent des services dans l'illégalité
soient poursuivis, mais que des sanctions soient prises au même titre que
pour les opérateurs fautifs. Les frais de l'enquête devraient
être à la charge de ceux qui sont, après l'enquête,
déclarés coupables d'acte illégal et non pas l'ensemble de
ceux qui respectent les lois, comme c'est le cas présentement et que le
courtage en matières en vrac soit permis pour employer seulement les
détenteurs de permis de la catégorie entrepreneur.
Nous prétendons que la réglementation sur le transport en
vrac devrait être maintenue pour protéger les
intéressés dans ce domaine et pour qu'il soit profitable à
l'Etat.
Nous vous remercions de l'occasion que vous nous fournissez de vous
faire connaître notre opinion sur le sujet ci-haut mentionné.
Le Président (M. Jolivet): Un instant! Je m'excuse,
simplement pour les besoins; normalement, est-ce que vous aviez une permission
pour faire l'enregistrement? Il n'y a pas d'enregistrement possible de son en
commission parlementaire. Il n'y a pas possibilité de...
M. le ministre, sur le mémoire.
M. de Belleval: Vous dites qu'on devrait modifier le
règlement 112-L peut-être qu'il doit être
modifié et qu'il le soit en fonction des besoins des vrais
transporteurs; l'émission de deux permis distincts devrait être
étudiée: un permis de catégorie transporteur, qui
donnerait droit aux matières mentionnées dans le règlement
112-L pour le public en général, soit un permis restreint
catégorie entrepreneur leur permettant de transporter les
matières en vrac inscrites dans le règlement 112-L sur leur
chantier de construction, dont ils sont le principal signataire et non un
sous-traitant.
Vous n'avez pas l'impression que ça compliquerait davantage la
réglementation et que ça donnerait lieu à d'autres
litiges, encore d'autres poursuites, d'autres difficultés?
M. Girard: Cela amènerait peut-être les
entrepreneurs à se servir du poste d'affectation ou à se servir
des camionneurs qui ont le permis en vrac pour transporter ces matières.
Présentement, le vrai problème, c'est qu'ils accaparent tout le
transport à l'insu du poste d'affectation. Le vrai problème dans
tout cela, c'est le non-respect du règlement 112 dans une bonne
proportion; c'est simplement cela. Nous avons déjà eu des droits
que nous avons par la suite conservés en fournissant la preuve qu'on
avait transporté certaines matières qui étaient
réglementées avant le règlement 112. On a continué
de transporter ces matières. On s'aperçoit aujourd'hui que ces
matières nous
échappent par l'entremise de camionneurs non détenteurs de
permis, avec l'avènement de nouveaux camionneurs qui se sont
prévalus du droit de posséder des permis quand ils avaient un
camion.
Le véritable problème que vit présentement Nil
Girard Transport, c'est l'invasion des transporteurs en vrac qui ne sont pas
détenteurs de permis pour transporter les matières auxquelles on
avait droit anciennement, auxquelles on a encore droit aujourd'hui mais non
eux. On perd ce volume-là...
M. de Belleval: Pouvez-vous donner un exemple?
M. Girard: Oui, par exemple le minerai fini. Je vais vous faire
un historique plus loin. Nil Girard Transport s'est développé
avec la région en effectuant du transport général et du
transport en vrac en 1930, 1935, 1940, 1950 et 1960. Depuis les années
soixante, on a évolué dans le transport général et
dans le transport en vrac aussi. On a modifié notre équipement
pour les besoins. Il est survenu toutes sortes de besoins. Les industries se
sont installées, elles ont eu du minerai fini qui était
réglementé sous l'ancienne loi de l'ordonnance
générale du camionnage et on a transporté ces
matières-là longtemps. Dans les années soixante on
transportait toutes ces matières et toutes les matières en vrac
en même temps qu'on faisait du transport général, mais il
est arrivé un certain groupe de transporteurs qui nous ont dit: Toi, tu
fais du général, tu n'as pas affaire dans le transport du sable,
de la terre et du gravier.
On leur a concédé des choses-là sans se battre, on
n'a pas voulu faire de chicane et on a placé nos efforts ailleurs. Mais
autant on a concédé les matières en vrac, sable, terre et
gravier, à ces gens-là, autant on s'est dit on va au moins
conserver les matières qui sont réglementées, les produits
finis pour les usines qu'on avait dans notre région. Cela faisait notre
affaire et a continué jusqu'en 1970. Cela allait assez bien; eux
transportaient sable, terre et gravier et nous transportions pour certains
clients qui étaient proches de nous. On avait concédé que
sable, terre et gravier, ce n'était pas réglementé et
qu'on pouvait leur accorder ça. Par contre, on avait conservé les
matières qui étaient réglementées et ça
faisait notre affaire. Il est arrivé à un moment donné en
1970 que ces matières ont augmenté, on s'est
développé avec ces matières-là en ayant de
l'équipement approprié.
M. de Belleval: Et là on introduit par exemple le minerai
dans le transport en vrac, d'autres choses, le blé, etc...
M. Girard: C'est ça et on a transporté toutes ces
matières-là. Alors est arrivé le règlement 112. On
s'est dit: Avec le règlement 112 ça va être
clarifié, on n'aura pas de problème, on a une chance d'avoir une
part de l'autre marché et on a laissé filer ça. Mais la
vraie pagaille a commencé vers 1975, dans le sens que tous ceux qui ont
obtenu des permis de transport en vrac ont accapare notre volume qu'on avait si
bien conservé et dont on leur avait concédé une certaine
partie. Aujourd'hui, notre plainte, c'est qu'on est en train de perdre toutes
les matières auxquelles on avait droit et auxquelles eux n'ont pas
droit. C'est pour ça qu'on prétend que le nouveau
règlement 112 modifié en 1977, bien qu'on soit satisfait de sa
teneur, doit être clarifié une fois pour toutes. On s'est dit:
Cela va être suivi, le poste d'affectation. On va conserver nos
matières. Eux ne la transportent pas, ça ne leur fait pas mal. On
a peut-être une chance d'avoir une partie qu'on a perdue, l'ordre va
être établi.
Ce n'est pas ça qui s'est passé. La pagaille a pris de
plus belle. Tous les camionneurs se sont ingérés dans nos
matières. Plutôt que de se battre, on a laissé aller. On
s'est plaint beaucoup au ministère. On a critiqué des gens du
ministère en disant qu'ils ne faisaient pas leur travail. On s'est
aperçu par la suite que le travail était fait, mais que ça
n'aboutissait à rien. C'est pour ça qu'on est en commission
parlementaire aujourd'hui. Si le travail des inspecteurs, qu'on a tant
critiqués, a été fait et le rapport a
été très bien préparé et si ça
n'aboutit pas, ces transporteurs, depuis trois ou quatre ans, transportent
régulièrement quand même, on dit devant la commission
parlementaire: Si ce n'est pas nécessaire de changer la loi, au moins,
faisons-la respecter dans une bonne mesure.
Vous semblez être satisfaits des postes d'affectation. Vous avez
même posé une question, M. le ministre, au président du
Poste d'affectation de la région 02, à savoir pourquoi il
semblait avoir de la difficulté à avoir la majorité. Il
n'a rien à vendre, lui. Tout ce qu'il a à vendre aux membres,
c'est la partie que le ministère lui accorde automatiquement. Tout le
volume de transport qui devrait être dirigé vers le poste
d'affectation pour lui et ses seuls courtiers en transport, il ne l'a pas. Les
courtiers en transport, ce sont les camionneurs eux-mêmes qui se passent
les contrats de l'un à l'autre. Le poste d'affectation n'a rien à
vendre, lui. C'est pour ça qu'il a de la difficulté à
avoir des membres. Je peux vous citer des faits pendant une journée. Les
membres se rapprochent de ceux qui leur donnent de l'ouvrage. Actuellement,
ceux qui leur donnent de l'ouvrage, ce sont les courtiers en transport, des
camionneurs qui sont courtiers en transport qui ne devraient pas l'être.
Lorsqu'on parle de transport illégal, ce n'est pas toujours un
camionneur qui fait un voyage illégal. Ce sont les courtiers qui donnent
du transport illégalement.
On a entendu hier la Scierie Outardes nous dire qu'elle donnait beaucoup
de transport en vrac. Cela nous a touchés aussi, nous. C'est vrai
qu'elle donne du transport en vrac. Mais c'est sur la façon qu'elle le
donne qu'on n'est pas d'accord. Elle ne vous a pas dit, par exemple, qu'elle
enfreignait la loi ou, si elle ne l'enfreignait pas elle-même, elle
incitait les camionneurs à enfreindre la loi. Je vais vous donner un
exemple en passant: II s'est transporté, pour le compte de la Scierie
Outardes, dernièrement, pour $150 000, à peu près
60 voyages de bois préparé de la région de
Chicoutimi à Baie-Comeau. Ils ont donné le contrat à un
transporteur en vrac de Sacré-Coeur, qui possède un camion. Ils
lui ont donné de l'ouvrage pour dix camions. Ce camionneur de
Sacré-Coeur m'a téléphoné. Il savait qu'on faisait
du transport dans la région et qu'on avait de l'équipement pour
transporter de la région de Chicoutimi au quai de Baie-Comeau. J'ai dit:
Je n'ai pas de problème, moi. Je trouve ça curieux quand
même que tu aies le contrat. Mais, en tout cas, on travaille, nous, et la
situation, on la connaît, tout le monde travaille comme ça. J'ai
dit: Quel prix paies-tu? Ils nous ont offert des prix 30% inférieurs aux
mêmes marchandises qu'on transportait en 1979.
C'en sont des lacunes lorsqu'ils viennent vous dire: On est dans le
transport en vrac, tant de pourcentage. C'est tout vrai, cela, mais c'est de la
manière dont ils le présentent, que ce n'est pas vrai et que
c'est fautif. C'est un exemple, entre autres, auquel je pense. Le poste
d'affectation je ne veux pas prendre sa défense je fais
partie du poste d'affectation depuis le début. J'avais confiance au
poste d'affectation. Je m'aperçois aujourd'hui que ces gens n'ont pas...
Je ne dis pas qu'ils n'ont pas le support, je les supporterai très
certainement. Le résultat n'est pas bon parce qu'ils n'ont rien à
vendre, quand ils pourraient vendre une bonne partie du transport en vrac. Le
problème qu'on a dans notre région, actuellement, c'est que les
matières visées que je voudrais défendre, sol, terre et
gravier je vous en ai parlé qui reviennent aux gens du
camionnage qui étaient habitués à les transporter depuis
longtemps et qui en ont besoin pour vivre, vont aux mains des transporteurs
illégaux qui ne sont pas détenteurs de permis et qui agissent en
plus comme courtiers en transport pour les donner à d'autres
transporteurs. Ils sont doublement illégaux.
On sait que la compagnie est d'accord pour faire affaires avec un petit
camionneur, parce qu'il est à sa main, mais on est quand même
sérieux, cela fait trente ans qu'on est là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau, avez-vous des questions?
M. Gratton: Non, seulement pour remercier M. Girard de son
témoignage.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse, avez-vous des questions?
M. Goulet: Ce que je retiens, c'est que si on était
capable d'avoir un vrai contrôle sur l'application des règlements
on pourrait assumer le succès des postes d'affectation.
M. Girard: Je le prétends. Ce qu'on a constaté,
nous... On s'est plaint beaucoup, on a même été achalants.
A force d'être achalants, on a appris des choses aussi. A force d'achaler
les gens du ministère, on a appris qu'il y avait des rapports faits
contre certains transporteurs illégaux évi- dents qui
transportaient illégalement depuis un an. On s'est plaint à ces
gens. On leur a dit: Ecoutez, cela n'a pas de bon sens. On en a dit pas mal
long. A force de se plaindre à eux et de se plaindre à leur
supérieur, on a compris ils ne nous l'ont pas dit que le
malaise n'était pas dans le rapport qui était fait mais dans le
résultat qu'il n'y avait pas. C'était remis à un bureau de
contentieux. On a dit: C'est le contentieux qui a cela. On s'est informé
au bout de six mois. On a dit: Qu'est-ce qu'il advient de notre affaire au
contentieux? Ils ont dit: Notre travail est fait. Cela a été
remis au contentieux. Notre problème n'est pas réglé. Je
prétends qu'il doit y avoir une application et des résultats
assez courts. Cela se passe ailleurs. Je peux vous en citer un cas. On se
glissait en Ontario. On a fait du transport de bois préparé dans
la région de la Nouvelle-Angleterre. Je dois vous dire, en passant, que
quand on va du côté américain on "check nos claques". On
desservait la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et la région de
Montréal. On s'est glissé en Ontario de temps en temps. On s'est
fait attraper. Quand on se faisait attraper, on recevait un avis de cette
infraction dans un temps assez court pour ne pas oublier qu'on était
passé par là.
Ensuite, on s'est reglissé une deuxième ou une
troisième fois; on a encore reçu des infractions assez
substantielles pour nous faire penser à ne pas aller là. Ce qu'on
a fait, c'est qu'on a demandé le permis pour l'Ontario, on l'a obtenu.
On y va légalement aujourd'hui. Ce que je veux dire, c'est que c'est le
règlement, à mon avis, qui doit être changé; c'est
à vous de l'étudier, en tenant compte de toutes les
doléances de ceux qui ont passé avant moi. Pour ma part,
présentement, le règlement me satisfait. Si j'ai
déjà concédé antérieurement certaines
choses, je ne suis pas prêt à perdre ce qui me reste. (15 h
30)
Le Président (M. Jolivet): Pas d'autres questions?
L'Association des industries forestières du Québec
Limitée, représentée par Anatole Côté,
mémoire no 4.
Pendant qu'on vient ici, en avant, chercher les documents, je vais
donner ma décision concernant la première demande qui a
été faite. Je me dois, malheureusement, de la refuser pour les
raisons suivantes: simplement pour l'éthique professionnelle des gens
qui présentent un mémoire et selon la formule habituelle, les
membres de cette commission doivent être les premiers avertis du contenu
de ce mémoire, pour se bien préparer à poser les questions
les plus pertinentes possible; la seconde, c'est qu'il serait anormal que
d'autres groupes prennent connaissance des mémoires avant les membres de
cette commission, et avant que les personnes désignées pour
témoigner devant cette audience n'aient pu le présenter. Cela
créerait un précédent qui pourrait devenir dangereux et
permettre, comme cela s'est déjà vu, par d'autres moyens, de
tenir des conférences de presse sur un témoignage non encore
rendu par des témoins. Comme membres de cette commission, avec un peu de
décence, nous devons
d'abord entendre les intéressés avant de permettre la
distribution de leur texte.
Donc, même si les membres de cette commission étaient
consentants à les remettre en totalité aux autres personnes ici
présentes qui voudraient l'avoir, je m'y refuserais comme
président.
M. Anatole Côté, si vous voulez présenter les gens
qui sont avec vous.
M. Côté (Anatole): M. le Président,
j'aimerais vous présenter mes compagnons, M. Jean Filteau, M. Edward
Mooney et notre porte-parole, Me Claude Girard.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. Girard.
Association des industries forestières du
Québec
M. Girard: MM. les membres de la commission, je vais d'abord
faire une lecture de notre mémoire qui se veut relativement court.
L'Association des industries forestières du Québec
regroupe une trentaine des plus importantes compagnies forestières du
Québec. L'association et ses membres se sont préoccupés,
depuis nombre d'années, du coût du transport des matières
premières pour l'approvisionnement des usines, et du transport de leur
produit fini. Cela s'est révélé d'autant plus vrai depuis
l'adoption du règlement 12 sur le camionnage en vrac.
En effet, depuis la tenue des toutes premières audiences
publiques relatives à la fixation des taux et tarifs pour le transport
des matières en vrac, l'association a été
représentée devant la Commission des transports du
Québec.
Les matières en vrac qui sont habituellement transportées
pour le compte des membres de l'association sont: les graviers, les copeaux de
bois, les rebus de bois et ce qu'on appelle le bois n'ayant subi d'autres
opérations que la coupe transversale, l'ébranchage et
l'écorchage.
Nous avons pris connaissance, par la voie des media d'information, des
revendications faites par l'Association nationale des camionneurs artisans
auprès du gouvernement du Québec aux fins d'obliger les
compagnies forestières à utiliser les services de ses membres
lors de la construction des chemins en forêt. Selon ce que nous avons cru
comprendre, cette demande était justifiée, au dire de l'ANCAl, vu
que le gouvernement subventionne les compagnies forestières à
l'occasion de certains de ces travaux.
Un échantillonnage récent, que nous avons fait le 9
juillet 1980 auprès de nos membres, révèle que le
transport des matériaux requis lors de la construction des routes
forestières, tant celles qui font l'objet de subventions que celles qui
n'en font pas l'objet, était fait par des propriétaires de
véhicules autres que ceux appartenant à nos membres dans une
proportion de 95% dans le cas des routes qui font l'objet de subventions et de
86% dans le cas des routes qui ne font pas l'objet de subventions.
D'autre part, dans un mémoire sur la forêt
préparé en avril dernier par l'ANCAl et soumis au ministre de
l'Energie et des Ressources, il était mentionné, et nous citons:
"II ne faudrait quand même pas oublier que 85% du transport
effectué actuellement en forêt l'est par des membres de
l'Association nationale des camionneurs artisans."
Malgré cet état des faits, il ne nous apparaît pas
justifié d'accorder à une catégorie particulière de
transporteurs l'exclusivité totale ou partielle du transport des
matériaux requis lors de la construction des chemins forestiers ou des
autres matières forestières.
Quant aux tarifs, la fixation de ceux-ci décrétée
par la Commission des transports du Québec a toujours été
au coeur des audiences publiques tenues devant cette organisme. On ne peut
ignorer les débats qui s'y déroulent entre les
représentants des requérants de services et ceux des
transporteurs ou les problèmes soulevés par la fixation des
taux.
Par contre, lors des récentes démarches de l'ANCAl et
notamment dans un article publié dans la revue éditée sous
la surveillance de cette association, l'ANCAl a tout au moins laissé
planer un doute sur l'honnêteté des compagnies forestières
quant au respect des décisions de la Commission des transports. Ainsi,
retrouvait-on à la page 12 du numéro de juillet 1980 de "La Voix
de l'ANCAl", l'extrait suivant: "La très grande majorité des
camionneurs savent et admettent de plus que les taux établis par la
Régie des transports ne sont à peu près jamais
respectés en forêt."
Il n'est pas de notre intention de disserter sur ce sujet, mais nous
rappelons à ceux qui se croient lésés qu'il existe des
recours pour régler de tels griefs. Certaines personnes d'ailleurs ont
déjà porté des plaintes à ce sujet auprès
des autorités compétentes qui les ont étudiées et
jugées sans fondement.
Un autre point que nous avons retenu des revendications récentes
de l'ANCAl, est le fait que le transport des matières forestières
devrait être assujetti au contrôle des postes d'affectation.
Nous désirons attirer tout spécialement l'attention de
cette commission sur le fait que les personnes qui transportent des
matières forestières pour le compte de la plupart des compagnies
de pâtes et papiers, sont membres du syndicat local couvrant les
employés de ces compagnies. Aux termes des conventions collectives, les
personnes inscrites sur la liste d'ancienneté doivent être
rappelées au travail de préférence à toute autre
personne et selon le rang qui est indiqué sur ladite liste
d'ancienneté. De plus, le transport du bois se fait sur des
périodes assez prolongées et n'a pas le caractère d'un
transport occasionnel qui nécessite l'intervention d'un poste
d'affectation. Permettre aux dirigeants des postes d'affectation de
répartir le transport des matières forestières entre
différents camionneurs créerait, selon nous, une double
juridiction et pourrait être l'objet d'un conflit entre les postes
d'affectation et le syndicat des employés de chaque compagnie
forestière impliquée.
Nous remercions les membres de cette commission pour l'occasion qui nous
est donnée de soumettre quelques précisions sur le camionnage
en vrac et nous demeurons à la disposition des membres de cette
commission.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre.
M. de Belleval: Cela va. Je vous remercie. Cela confirme un
certain nombre de renseignements qui nous ont été fournis plus
tôt, ça va dans le même sens. On a posé un certain
nombre de questions, on a reçu des réponses, alors, dans ce
sens-là, je n'ai pas de questions particulières à
poser.
La situation semble assez claire maintenant en ce qui concerne le
transport en forêt. Il y a un point, cependant, qui est
intéressant dans votre mémoire et qui n'avait pas
été soulevé auparavant, c'est que vous prétendez
que 95% des travaux en forêt sont effectivement faits par des camionneurs
artisans.
M. Girard: Pas nécessairement par des camionneurs
artisans, mais par des camions qui n'appartiennent pas aux compagnies
forestières.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Girard: Cela peut être des entrepreneurs, cela peut
être des artisans.
M. de Belleval: Cela peut être des entrepreneurs. Est-ce
que vous avez la répartition à ce moment-là entre les
travaux qui sont faits par des entrepreneurs et ceux qui sont faits par des
artisans? Est-ce possible d'avoir cette répartition?
M. Girard: Non, je ne pense pas, M. le ministre, d'autant plus
que cela dépend au point de départ de ce qu'on donne comme
définition de camionneur artisan et de camionneur entrepreneur.
M. de Belleval: Un camionneur artisan, c'est un camionneur qui
possède moins de 4 véhicules.
M. Girard: Même là, ce n'est pas possible de faire
ce relevé. On ne sait pas qui est membre de quelle association.
M. de Belleval: Je ne faisais pas allusion à une
association. Vous avez raison de le souligner, il y a peut-être un
malentendu entre une association qui a dans son sigle les mots camionneurs
artisans et un camionneur artisan qui est un terme technique pour
désigner, au fond, un petit camionneur qui conduit son propre camion et
qui ne possède que deux, trois ou quatre camions.
M. Girard: Je ne pense pas qu'il soit possible de faire cette
répartition, M. le ministre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je suis de l'avis du ministre à savoir qu'on a
entendu les revendications que vient de nous faire l'association à
d'autres reprises. On a sûrement tout l'éclairage voulu. En tout
cas, je le pense. Je dirais, pour votre information, que, quant a nous de
l'Opposition officielle, nous ne croyons pas que la solution au problème
général du camionnage en vrac passe nécessairement par
l'obtention par quelque groupe de camionneurs que ce soit de champs exclusifs
de travail, parce qu'on se rend compte, par les témoignages qu on a
entendus depuis trois jours ici, qu'effectivement, privilégier un groupe
de travailleurs nécessite de léser d'autres groupes de
camionneurs dans leurs droits. Donc, à partir de ce principe, je pense
que vous voyez déjà que, quant à nous, une de vos
recommandations serait déjà obtenue. Pour ce qui est du reste, je
pense que votre mémoire reflète très bien ce que nous
avons entendu jusqu à présent et nous vous en remercions.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je n'ai pas de questions, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci, messieurs!
Maintenant, la Compagnie de transport Canadien Pacifique,
représentée par M. Jean Doucet. Le no 21. Pendant que M. Doucet
vient s'installer à la table, les membres de cette commission recevront
un rapport qui vient de nous arriver et qui, semblerait-il, serait une partie
de la réplique des gens de l'Association nationale des camionneurs
artisans, pour besoin de préparation. M. Doucet.
Compagnie de transport Canadien Pacifique
Ltée
M. Doucet (Jean): M. le Président, MM. les commissaires,
M. le ministre, mémoire présenté à la commission
permanente des transports relativement au camionnage en vrac. La Compagnie de
transport Canadien Pacifique Limitée, ci-après
désignée CPT, et sa filiale en propriété exclusive,
la Compagnie de transport H. Smith Limitée, détiennent des permis
du Québec pour le transport en vrac intra et interprovincial. CPT
aimerait attirer respectueusement l'attention de la commission sur un nouveau
développement dans le transport en vrac, développement auquel CPT
participe de plain-pied au Canada et que la commission devrait peut-être
ne pas perdre de vue au moment d'envisager toute modification éventuelle
à la réglementation relative au camionnage en vrac.
Il s'agit de l'avènement des conteneurs-citernes ISO en service
intérieur au Canada. En raison de l'inadaptation de leur structure aux
impacts de la voie et au mouvement des navires, les camions-citernes et les
remorques-citernes ne conviennent pas au transport intermodal. Par contre, les
conteneurs-citernes ISO constituent une méthode sûre
d'acheminement des produits en vrac par route, fer ou eau, la citerne
étant soutenue et entourée par un cadre robuste.
CPT estime que les expéditeurs de produits en vrac devraient
être en mesure de se prévaloir des
avantages économiques que présente le transport intermodal
en vrac. L'utilisation de la technologie des conteneurs pour éviter les
transbordements de produits en vrac de wagons ou navires à des
camions-citernes peut contribuer à comprimer les coûts. Il est
possible d'entreposer sur place des conteneurs-citernes tandis que les
remorques-citernes chargées ne peuvent être dételées
de leur tracteur et doivent être déchargées pendant que le
chauffeur attend.
Ce nouveau développement devrait avoir des conséquences
heureuses pour les entreprises de camionnage en vrac, surtout si elles peuvent
attirer à cette nouvelle technologie les produits en vrac actuellement
acheminés dans des barils ou des sacs. A cette fin, elles devront
prévoir des coûts en capital pour l'achat de nouveaux
matériels qui, prévoit-on seront construits au Canada. Les
compagnies désireuses de s'équiper pour le transport
intérieur de conteneurs devraient pouvoir compter sur les fonds
d'investissements nécessaires, à la condition qu'une
réglementation appropriée et une surveillance efficace de cette
réglementation par la Commission des transports du Québec
puissent assurer la stabilité dans l'industrie du camionnage en
vrac.
M. de Belleval: Quel genre de réglementation devriez-vous
obtenir? Est-ce que ces produits ne sont pas actuellement transportés au
titre du transport général?
M. Doucet: Pas nécessairement. En réalité,
ce sont des produits en vrac, que ce soit du liquide ou...
M. de Belleval: Oui, mais est-ce qu'ils sont actuellement
assujettis à l'ordonnance sur le vrac ou s'ils sont assujettis à
l'ordonnance sur le transport général?
M. Doucet: Dans le moment, il n'y a pas d'ordonnance pour
cela.
M. de Belleval: Quel genre de réglementation
désireriez-vous avoir pour cela?
M. Doucet: On a le permis de transporter de la marchandise en
vrac; notre idée, c'est qu'on veut conserver ce permis...
M. de Belleval: D'accord.
M. Doucet: ... pour pouvoir transporter ces conteneurs.
M. de Belleval: Je comprends.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Gatineau, cela va? M. le député de
Bellechasse?
M. Goulet: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. Doucet.
Ville de Montréal
La ville de Montréal, représentée par Me
Gérald Bélanger, de Péloquin, Badeaux, Allard et Lacroix,
mémoire no 20.
Me Bélanger, vous présentez les membres qui vous
entourent?
M. Bélanger (Gérald): M. Gérard Douville,
qui est adjoint au directeur du service des travaux publics de la ville de
Montréal, M. de Maisonneuve, ainsi que M. Gilles Allaire, qui sont
représentants du service de l'approvisionnement.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Est-ce que vous
pourriez, s'il vour- plaît, simplement approcher votre micro?
M. Bélanger: M. le Président, M. le ministre,
messieurs les députés, il me fait plaisir, au nom de la ville de
Montréal, de vous faire part de certains commentaires et de certaines
suggestions dans le but d'améliorer les lois régissant le
camionnage en vrac et principalement dans la région 10. Une des
préoccupations premières de la ville de Montréal consiste
dans la fixation des taux et tarifs par la Commission des transports. (15 h
45)
Comme vous le savez, M. le Président, au fil des ans, la
commission a donné d'année en année des avis de fixation
de taux proprio motu et cette façon de procéder a, à notre
avis, poussé la tarification à la hausse à un tel point
que dans certaines matières les taux qui devaient être des
minimums sont devenus des maximums. Nous croyons que, pour pallier cette
difficulté, une des solutions serait de remettre plutôt aux
principaux intéressés, soit les artisans et requérants de
services, le pouvoir d'eux-mêmes s'adresser à la Commission des
transports quand bon ils le jugent pour demander des modifications dans des
catégories de transport bien déterminées.
Actuellement dans certaines matières la ville de Montréal
ne peut procéder par voie de soumissions publiques, les taux
étant rendus à un maximum. La seule possibilité qui
s'offrirait serait de négocier des taux à la baisse qui seraient
illégaux et je tiens à vous dire que dans la région 10,
les seuls à respecter les taux sont la ville de Montréal et le
ministère des Transports. Je pourrais vous citer un exemple; en
matière de transport de sable, terre et gravier, les taux sont depuis
deux ans à $24.75 l'heure et nous avons eu il y a quelques mois des
offres de transport à $20 l'heure.
Pour remédier à cette situation nous croyons qu'en
matière d'octroi de contrat par voie de soumissions publiques ou
invitations la tarification de la Commission des transports ne serait pas
obligatoire, ce qui pourrait même donner à la Commission des
transports un instrument valable pour prendre le pouls du marché
à l'état actuel et non pas essayer par toutes sortes de
spéculations ou calculs mathématiques de trouver une
espèce de taux qui n'a aucune concordance avec la
réalité.
Ce qui m'amène à parler un peu de la procédure
actuelle devant la Commission des transports qui a toujours respecté
toutes les parties et leur a permis de se faire entendre. Malheureusement, avec
une procédure, qui n'est pas assez rigide, cela a causé certains
abus. Je ne voudrais viser personne, mais certaines associations, dont les plus
grosses, présentent à la Commission des transports lors des
auditions des mémoires qui varient en épaisseur d'un pied
à trois pieds et vous n'avez même pas la possibilité de
vous préparer, de contre-interroger les témoins et de faire une
preuve valable devant cette commission.
Nous croyons qu'avec une procédure plus sophistiquée et eu
égard aussi à l'importance des montants en jeu, la commission
aurait de meilleurs instruments pour évaluer les taux, ce qui
permettrait aussi aux parties de se faire entendre de façon valable et
ce qui élèverait la qualité du débat, car nous
croyons qu'une procédure... Ce qu'on suggère ce n'est pas une
"procédurite" dans le but de faire gagner des honoraires additionnels
à des avocats, mais c'est en tenant compte aussi des montants
considérables qui sont en jeu à chaque fois. Lorsque les taux
peuvent monter de $0.01 dans le transport de la neige, cela occasionne à
la ville de Montréal une dépense de $100 000 et, si on applique
ça au ministère des Transports, on parle de millions qui sont en
jeu. Je crois que les parties qui sont intéressées au transport
et qui vont devant la commission pour demander des tarifications ne seraient
pas brimées par l'addition d'une procédure peut-être un peu
plus rigoureuse dans ces matières.
J'aimerais, en parlant de cette procédure, souligner quelques
anomalies dans la législation actuelle. D'abord en ce qui concerne le
règlement sur le transport en vrac, on donne au directeur du poste
d'affectation un pouvoir consultatif auprès de la Commission des
transports. Nous croyons que c'est donner à une partie qui normalement
devrait intervenir comme toute autre un pouvoir privilégié. Ce
que nous proposons, c'est que toute partie qui est intéressée
dans la fixation des taux arrive au même pied que tout le monde devant la
commission et, si elle a des moyens ou des arguments ou de la preuve à
soumettre, qu'elle le fasse devant tout le monde.
Une autre pratique qui, à mon avis, pourrait être
améliorée est le fait que la commission peut obtenir de
l'information de fonctionnaires ou d'experts à son emploi. Nous n'avons
pas d'objections à cette façon de procéder, mais comme
cela se fait dans d'autres tribunaux administratifs. Pour vous donner un
exemple, je pourrais vous parler de la Régie du gaz et de
l'électricité où la commission est
représentée par un procureur. Celui-ci peut contre-interroger les
témoins et même soumettre de la preuve devant la commission, ce
qui ne placerait peut-être pas la Commission des transports dans un
certain embarras. Tout ce que la commission prendrait en considération,
c'est ce qui aurait été déposé devant elle au vu et
au su de toutes les parties intéressées.
Une dernière remarque en ce qui concerne encore la Commission des
transports est l'absen- ce d'un tribunal d'appel. On ne vous apprend rien en
vous disant qu'une décision de la Cour suprême a
déclaré inconstitutionnel le Tribunal des transports. On n'a pas
trouvé d'alternative ou de remplacement à ça, ce qui
crée une difficulté réelle en ce que, lorsque la
décision de la commission ne plaît pas aux parties, même si
la commission a toujours été ouverte à
reconsidérer, il faut quand même penser que la commission se
trouve dans une situation où elle siège en appel de sa propre
décision. Vous allez devant quelqu'un et vous lui dites: Monsieur, nous
ne sommes pas d'accord avec vous. Lui vous dit: En mon âme et conscience,
ce que j'ai dit là, c'est bon. Vous ne pouvez pas lui en demander plus.
Mais je crois qu'il serait possible de trouver un mécanisme où
les parties pourraient aller en appel d'une décision de la commission,
soit sur une question importante de procédure ou sur une question de
fond.
Maintenant, dans le mémoire que je vous ai soumis au nom de la
ville de Montréal, j'avais intitulé une section: Poste
d'affectation. Il aurait été plus réaliste de dire:
Répartition du travail dans la région 10, puisque ce n'est que
tout récemment qu'il y a eu la création d'un poste d'affectation.
Toutefois, dans la situation actuelle ou qui prévalait avant et qui va
continuer à prévaloir après la création de ce
poste, dans sa façon de procéder, la ville de Montréal a
toujours favorisé le regroupement et ce, même avant les
réglementations provinciales des artisans et ce, sans forcer les
entrepreneurs qui ont des contrats avec la ville de Montréal à
embaucher des artisans camionneurs. Nous n'avons pas de clause 75-25 ou
100%-0%. Mais, dans les faits, 80% des sommes versées au transport par
la ville de Montréal vont à des artisans. Et plus
particulièrement dans le transport de la neige, sur une somme de $5 000
000, 80%, quand il y a de la neige, vont aux artisans. La façon de
procéder de la ville a été de favoriser l'octroi de
contrats par voie de soumissions publiques. Et on a vu le
phénomène que le législateur a peut-être toujours
voulu favoriser, le regroupement des artisans. Les artisans se sont
regroupés soit en sociétés coopératives ou ont
même fait des entreprises conjointes avec des entrepreneurs pour obtenir
des contrats. Même le mémoire qui vous a été soumis
pas le Poste de la région no 10, où personne ne s'est plaint de
la façon de procéder de la ville, montre bien que la situation
actuelle n'est pas si mal. Bien sûr, il y a toujours place à une
certaine amélioration et le but de notre mémoire n'est pas de
tout chambarder, mais de vous dire: Si vous voulez améliorer, il y a
quelque chose à faire.
J'aimerais rectifier, lorsque je parle de contrats de transport,
certaines allégations où nous devons nous inscrire en faux. On
vous a dit que les prix payés par la ville étaient trop bas. Je
vous ferai remarquer que les représentants du poste 10 ont signé,
l'an dernier, une entente pour la reconduction des taux et tarifs et que,
deuxièmement, bien que nous ayons exhorté ces gens à
soumissionner à des contrats de la ville, et ce depuis cinq ans, ils ne
se sont pas encore prévalus de ce privilège alors que d'autres
artisans le font. Avant
de condamner quelque chose, il faut au moins faire l'effort de
l'essayer.
Actuellement, soit par un concours de circonstances ou autrement, nous
croyons que le gouvernement est un peu à une croisée des chemins.
Il a à choisir entre la création d'un monopole avec
l'inconvénient que le monopole enrégimente les camionneurs, qu'il
enlève, à toutes fins pratiques, la concurrence et la
possibilité d'évaluer le prix du marché d'un tel transport
et qui va même contre la volonté d'autonomie que le ministre des
Transports a soulignée à juste titre dans l'allocution qu'il a
faite au début, à l'ouverture de cette commission. Ces dangers ne
sont pas seulement quelque chose d'hypothétique. Nous avons même
vu le Poste d'affectation de la région 10 hier qui nous en a
donné un exemple criant du danger de créer un monopole. On nous a
dit: Si la ville refuse de nous donner ce que nous voulons, nous allons nous
servir de la Commission des transports du Québec pour faire paralyser
toutes les activités de déneigement de la ville. Avec une candeur
déconcertante, on vient nous dire après cela: Donnez-nous le
contrôle absolu du transport en vrac.
Je crois que l'alternative à cette solution extrême serait,
pour la région 10 toujours, de favoriser la formation de plusieurs
postes d'affectation, puisqu'un tel regroupement, une telle mesure favoriserait
d'abord le regroupement des artisans qui se fait déjà, la
spécialisation du transport et en plus, permettrait une meilleure
tarification, car il ne faut pas oublier que la région 10 est quand
même particulière en ce qu'il y a beaucoup de requérants de
services d'une certaine importance, contrairement à d'autres
régions où vous avez seulement deux requérants de services
importants, soit le ministère des Transports et les compagnies
forestières.
Maintenant, j'aimerais, avec votre permission, ajouter un certain
corollaire au mémoire que je vous avais soumis, en ce qui concerne les
petits camions à l'emploi de la ville de Montréal. C'est un
problème bien particulier, bien régional, je l'admets, mais
j'aimerais vous souligner que pour ce qui est de ces camions, ils ne sont pas
à l'emploi exclusif de la ville de Montréal, comme on l'a
prétendu. Le fait de leur donner un permis tellement restreint serait de
créer un ghetto qui rendrait ces camionneurs captifs de la ville de
Montréal, car la ville retient leurs services peut-être cinq jours
par semaine, certains trois, certains quatre heures par semaine. Nous avons,
d'ailleurs, déjà écrit aux fonctionnaires du
ministère des Transports à ce sujet, en réponse à
une demande qui avait été faite par l'association qui vous a
présenté un mémoire pour la région 10. Nous
attendons toujours une décision. Le ministre des Transports, hier, a
mentionné qu'il désirait rencontrer ou discuter du
problème avec les représentants du Poste d'affectation no 10.
Nous croyons que si une telle rencontre a lieu, elle devrait être faite
en présence de la ville de Montréal et surtout de l'association
qui représente les camions qui sont à l'emploi de la ville.
Je vous remercie et j'espère que les commentaires de la ville
vous permettront de bonifier et d'améliorer la situation du transport
dans la ville de Montréal.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre.
M. de Belleval: Je vais commencer par la fin. Concernant
l'histoire des petits camionneurs à l'emploi de la ville de
Montréal, on est en train d'étudier le dossier, on va essayer de
trouver une solution. Effectivement, c'est un cas particulier. Pour ce qui est
de procédures devant la Commission des transports, on voit que le
mémoire a été écrit par des avocats. Ce que vous
suggérez est de compliquer encore plus les choses, pour permettre
à encore plus d'avocats de faire encore plus de représentations,
donc plus d'honoraires devant la Commission des transports. Je ne vous le
reproche pas, mais c'est cela le résultat de l'affaire. Quoi qu'il en
soit, je vais transmettre vos recommandations à la Commission des
transports. Il y a des points qui vont au-delà de cela cependant, entre
autres l'impartialité des témoignages, faire témoigner les
fonctionnaires de la commission comme tierce partie. Ce sont des choses qui me
paraissent valables en principe, en tout cas, en termes de qualité du
droit, comme vous le soulignez. Cependant, je faisais allusion, dans ma
remarque un peu taquine, à tous les droits d'appel que vous voulez
inscrire, jusqu'en Cour suprême, s'il le faut. (16 heures)
M. Bélanger: Je n'ai pas écrit ça de cette
façon, M. le ministre.
M. de Belleval: Non, mais quand on s'embarque dans cet engrenage,
on sait où ça finit. Nous, on le sait régulièrement
au niveau du gouvernement du Québec.
M. Bélanger: Avec votre permission, M. le ministre, comme
je vous l'ai dit, le but de nos remarques n'était pas de créer
une procédurite aiguë, mais c'est quand même de trouver le
juste milieu. Nous comprenons que la commission, dans certains cas, doit avoir
une procédure expé-ditive. Et même la ville de
Montréal, dans l'administration même de sa cour municipale tend
à, peut-être qu'on appelle ça déjudiciariser...
M. de Belleval: En tout cas, j'ai bien...
M. Bélanger:... c'est un bien beau mot, mais il faut quand
même prendre en considération que dans le transport en vrac et
même à votre ministère, il y a des sommes importantes qui
sont en jeu et que malheureusement, la structure actuelle ne permet pas de voir
vraiment ce qui se passe en matière de transport en vrac.
M. de Belleval: Quoiqu'il en soit, comme je l'ai
déjà indiqué, il faut changer la nature même de
la commission. Plusieurs ont fait des suggestions là-dessus et
c'est quelque chose qui devrait être revu dans un contexte plus large que
celui que vous mentionnez.
Finalement, en ce qui concerne le Poste d'affectation 10, il y a
maintenant un poste d'affectation, vous l'avez noté, qui a
l'exclusivité du courtage dans la région 10; ça va
certainement modifier votre pratique en ce qui concerne l'octroi des contrats
de neige pour l'an prochain, parce que désormais, dans la région
10, c'est ce poste d'affectation qui aura l'exclusivité du courtage. Le
poste d'affectation, d'ailleurs, pourra soumissionner pour le contrat de la
ville de Montréal s'il le désire. Je ne sais pas si vous avez
bien compris les obligations nouvelles qui vont vous être imposées
maintenant.
Si vous engagez des entrepreneurs qui se mettent eux-mêmes
à faire du courtage pour remplir leurs contrats, c'est-à-dire
vont engager individuellement des camionneurs individuels, artisans, ils vont
se trouver en état d'illégalité, ce qui n'était pas
le cas jusqu'à maintenant.
M. Bélanger: Le poste d'affectation est tout récent
et depuis une semaine ou plus, la situation qui prévaut en
matière d'octroi de contrat est la suivante; la ville de Montréal
donne beaucoup de contrats par voie de soumissions publiques. A ce
moment-là, ceux qui veulent se regrouper, à mon avis, il n'y a
pas d'entrave à le faire.
M. de Belleval: La question n'est pas là.
M. Bélanger: La question est pour les dénei-geurs
qui doivent retenir les services d'artisans pour faire le transport. Mais la
ville de Montréal comme telle, lorsqu'elle donne des contrats à
des déneigeurs...
M. de Belleval: En tout cas, je vous engage à rencontrer
les gens du poste 10 et à en discuter à fond, parce que comme la
situation change, je ne voudrais pas qu'à cause de l'application
générale d'une loi qui vient de rejoindre maintenant
Montréal, et Montréal est une île, c'est le cas de
le dire, parfois même sous certains autres aspects, notamment
psychologiques je ne voudrais pas qu'il y ait des problèmes
à la première neige, l'année prochaine. Je pense bien
qu'il n'y a pas de raison qu'il y en ait, mais c'est important que vous
regardiez à fond les nouvelles règles du jeu qui sont
établies.
Remarquez que c'est à la lecture de votre mémoire que je
viens de réaliser ça, mais...
M. Bélanger: C'est bien sûr que ça va changer
substantiellement les façons de procéder. Par contre,
jusqu'à première vue, le poste d'affectation a quand même
une approche qui est peut-être plus encourageante, en ce sens qu'ils font
des affaires et qu'on en fait. Ce qui évite beaucoup de
problèmes.
M. de Belleval: II n'y a pas de raison qu'il y en ait, si les
règles du jeu sont respectées. Ça devrait bien aller, mais
ce ne sont plus les mêmes règles qu'autrefois.
M. Bélanger: C'est exact.
M. de Belleval: Alors, il y a toujours une période
d'adaptation. Vous êtes mieux de faire la période d'adaptation au
mois d'août plutôt qu'au mois de novembre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je suis sûr que Me
Bélanger et la ville de Montréal, en présentant le
mémoire et en faisant les recommandations qu'il faut au sujet des
modifications à la procédure et au droit d'appel, sont
inspirés par des motifs autres que celui de fournir plus de travail
à des avocats. Moi non plus, je ne suis pas avocat, et on fait souvent,
en boutade, la remarque que les avocats compliquent souvent les lois de
façon à se créer plus d'ouvrage. Mais je pense qu'il y a
un bien-fondé à ce que la ville de Montréal nous
représente aujourd'hui. Je suis sûr que le ministre, quand il aura
eu le temps d'y réfléchir, d'ailleurs c'est déjà
fait, admettra que votre recommandation s'inspire d'autre chose que de ces
motifs.
Pour ce qui est de vos autres recommandations, il me semble
qu'étant donné qu'elles proviennent d'un des plus gros
fournisseur d'ouvrage en matière de camionnage dans la province,
c'est-à-dire la ville de Montréal, elle mérite
sûrement d'être retenue et étudiée à sa juste
valeur. Je suis sûr que tant le ministre que l'Opposition officielle le
feront. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse. D'accord, merci messieurs.
Association des camionneurs entrepreneurs en vrac de
la région 01 Inc.
L'Association des camionneurs entrepreneurs en vrac de la région
01 Inc., représentée par Me Marc M. Delage, Saint-Hilaire,
DeBlois, Richard, Leclerc, Gingras et Delage, mémoire no 11.
Me Delage, vous allez nous présenter vos membres.
M. Delage (Marc): Avec plaisir, M. le Président. Si on
commence par ma droite, M. Roger Dubé, directeur de l'association;
Michel Saint-Hilaire, mon associé à mon bureau d'études et
M. Camilien Saint-Onge, consultant en transport pour l'association que nous
représentons.
A ma gauche, M. Camil Lavoie, le président de l'association; M.
Ernest Normand, un directeur de l'association; M. Marcel Rioux,
vice-président de l'association; M. Marcel Paquet,
secrétaire-trésorier de l'association, ainsi que M.
Paul-Eugène Levesque, qui est un autre directeur de l'association.
M. le Président, avec votre permission, je demanderais que M.
Camilien Saint-Onge fasse la lecture de notre mémoire.
Le Président (M. Jolivet): Juste avant qu'il ne
débute, nous avons vu l'épaisseur de votre document et nous
sommes assurés que vous n'avez pas l'intention de lire les
jugements.
M. Delage: Pardon?
Le Président (M. Jolivet): Vous n'avez pas l'intention de
lire les jugements.
M. Delage: Non, les annexes seront reproduites pour fins de
référence. On se contentera de lire le mémoire.
Le Président (M. Jolivet): Merci.
M. Saint-Onge (Camilien): M. le Président, MM. les
députés, MM. les membres de la commission parlementaire. Une fois
de plus, l'Assemblée nationale s'est transformée en commission
parlementaire pour étudier les problèmes du camionnage en vrac,
problèmes qui ont réussi à tenir en haleine tous les
ministères des Transports depuis 1972, soit depuis la date où le
gouvernement a décidé de réglementer le camionnage en
vrac.
A cette date, le règlement no 12 devenu depuis le
règlement no 112, avait été promulgué comme devant
faire suite à la cédule des justes salaires afin de permettre aux
camionneurs, compte tenu de l'envergure des travaux gouvernementaux pour la
construction de l'infrastructure routière du Québec, de
participer de la meilleure façon possible au transport
gouvernemental.
Au départ, ce que le législateur avait en vue,
c'était d'assurer des retombées régionales aux contrats de
voirie qui s'exécutaient dans tous les différents comtés
de la province et d'assurer un juste revenu des camionneurs régionaux
travaillant pour les entrepreneurs qui avaient obtenu des contrats de
voirie.
A ce moment, le gouvernement, dans le but de favoriser une politique
à l'avantage des petits camionneurs, avait instauré un secteur
particulier et privilégié pour le volume gouvernemental, soit la
décision dans une directive administrative d'octroyer 75% du transport
de la ligne d'infrastructure aux membres de l'ANCAI.
Cette norme administrative connue comme la clause 75-25 qui a exclu par
la suite le transport de béton bitumineux, a permis aux entrepreneurs
d'utiliser, dans une proportion de 25%, les camionneurs entrepreneurs ou les
camionneurs non membres de l'ANCAI.
Le règlement no 12 sur le camionnage en vrac a connu, comme on le
sait, depuis le 23 juillet 1973 jusqu'à ce jour, une multitude de
changements, refontes, corrections et modifications sans pour autant que l'on
puisse assurer aujourd'hui et dire de façon catégorique que ce
règlement a apporté les solutions escomptées dans
l'industrie du camionnage en vrac.
Ce règlement, à son origine, divisait la province en dix
régions économiques pour fins de transport en vrac, classifiait
les camionneurs en deux groupes, soit les artisans et les entrepre- neurs. Il
créait dans chacune de ces régions économiques, des postes
d'affectation qui, à l'origine, étaient divisés entre les
postes d'affectation d'artisans et les postes d'affectation
d'entrepreneurs.
De conflit en conflit, ledit règlement a été
amendé. En 1978, on fit l'abolition des classes de camionneurs et permit
leur réunion dans chacune des régions au sein d'un poste
d'affectation unique. Depuis cette date, de nouveaux amendements ont
été apportés dans la création des postes
d'affectation afin de tenter de permettre aux camionneurs de se regrouper
unanimement au sein d'un poste d'affectation unique. Les derniers amendements
avaient comme objectif l'union des camionneurs en vrac afin de leur permettre
de contrôler leur industrie. Malheureusement, les derniers objectifs
n'ont pu être atteints car le règlement en est devenu un qui a
pratiquement pour effet d'assurer à un groupe donné de
camionneurs une mainmise totale sur le volume de transport gouvernemental, soit
les camionneurs membres de l'ANCAI.
Lors des amendements de 1978, lorsque le gouvernement a
décidé d'instaurer les postes d'affectation uniques,
d'éliminer les privilèges conférés uniquement
à une classe de camionneurs, tous ont bel et bien espéré
que la nouvelle formule des postes d'affectation serait la solution
idéale à tous les maux qu'a connus l'industrie du camionnage en
vrac. Cependant, une étude rapide de la situation nous démontre,
au contraire, que la réglementation actuelle n'a rien changé
à la situation préexistante où les malaises de fond
venaient non pas de la réglementation elle-même, mais d'une
décision administrative accordant à l'ANCAI 75% d'un certain
volume de transport gouvernemental. Cette décision administrative s'est
transformée pour accorder les mêmes 75% aux postes d'affectation
uniques, mais ces postes d'affectation sont devenus des officines de l'ANCAI,
de telle sorte qu'en ce qui concerne le transport donné par le
ministère des Transports, même si techniquement on a changé
la réglementation et la politique administrative du gouvernement, on en
est actuellement dans la même situation qui existait dans le
passé.
Nous affirmons catégoriquement qu'actuellement les postes
d'affectation qui ont été octroyés en vertu de la
réglementation qui remonte à 1978 sont ni plus ni moins que les
ombres de l'ANCAI, que cet organisme exerce toujours actuellement auprès
des camionneurs en vrac, ainsi qu'auprès des requérants de
services la même présence qu'il avait antérieurement et
exerce sur chacun d'eux les mêmes pressions monopolisantes qu'il a
toujours exercées dans le passé.
Les postes d'affectation ne sont pas des organismes qui sont
créés et organisés à l'avantage des camionneurs
pour une saine gestion de leur industrie, mais ils ne sont effectivement qu'un
camouflage légal pour permettre à l'ANCAI d'agir directement sur
les camionneurs en vrac et sur les requérants de services. Une simple
étude des dirigeants des postes d'affectation qui sont connus
actuellement dans les différentes régions de la province
de Québec nous démontrera que, personne pour personne, il s'agit
effectivement des mêmes dirigeants de l'Association nationale des
camionneurs artisans, de même que les dirigeants des associations
régionales et des associations de comté des camionneurs artisans.
On a voulu créer les postes d'affectation pour une principale raison,
soit permettre aux camionneurs de prendre le contrôle de leur industrie.
Qui des camionneurs n'a pas espéré à ce moment qu'enfin
l'industrie du camionnage en vrac pourrait atteindre une libéralisation
des ingérences de l'ANCAl dans son industrie? L'expérience
actuelle nous prouve bien le contraire et nous démontre, une fois de
plus, que l'ANCAl contrôle directement et indirectement tout le courtage
du camionnage en vrac légalisé par la réglementation
actuelle.
De simples exemples peuvent nous permettre de prouver cette affirmation.
Nous annexons au présent mémoire deux jugements rendus par les
cours de droit commun de notre province concernant des conflits que des
camionneurs ont pu avoir dans l'industrie du camionnage en vrac et mettant en
cause des associations de camionneurs artisans. Dans une première cause,
dans un jugement de l'honorable Claire L'Heureux-Dubé rendu dans le
district judiciaire de Rimouski, on note que la cour a condamné les
associations régionales de camionneurs artisans, de même que les
associations de comté pour des troubles qu'ils avaient causés
lors du blocage d'un chantier lors de la construction d'une route. Les
événements rapportés dans ce jugement remontent à
l'année 1973, soit au début de l'implantation du règlement
sur le camionnage en vrac. Une lecture attentive de ce jugement nous montre
à quel point les camionneurs de ce groupement à cette
époque même étaient complètement disposés et
concertés pour éliminer tous les camionneurs qui ne faisaient pas
partie de leurs rangs et qui osaient faire du transport octroyé par le
gouvernement.
Depuis ce jugement, la réglementation a changé. Les postes
d'affectation uniques ont été créés et on
espérait effectivement pouvoir se libérer de l'ingérence
des artisans dans l'industrie du camionnage en vrac. Mais l'histoire s'est
avérée contraire aux objectifs recherchés.
Il nous suffit d'expliquer un autre jugement rendu cette fois en 1980
par la Cour provinciale du district de Matane, le 20 juin, dans le même
district judiciaire que le jugement précédemment cité. (16
h 15)
Nous annexons au présent mémoire copie de ce jugement. On
remarque, malgré bien des années, que le conflit chez les
camionneurs est toujours présent. Dans cette cause, l'honorable juge
Charles Quimper, de la Cour provinciale, en rendant son jugement, vient
à la conclusion que le président de l'Association des camionneurs
artisans du comté en question est en quelque sorte l'éminence
grise du poste d'affectation et que, malgré le fait que le poste puisse
avoir des employés, un conseil d'administration autonome, c'est bel et
bien par les agissements des repré- sentants des associations de
camionneurs artisans, qui sont en quelque sorte l'âme dirigeante de ces
postes d'affectation.
Nous reproduisons la copie dans ce mémoire du texte
intégral du jugement, qui parle par lui-même à cet
effet.
Comme nous le notons, dans ce jugement, et ce, de façon claire,
nette et précise, il a été clairement établi dans
cette cause que, pour profiter des effets et pouvoirs du Poste d'affectation de
la région 01, pour pouvoir profiter, de par le fait même, de la
clause 75-25 octroyée par le gouvernement au poste d'affectation, il
faut non seulement être membre du poste d'affectation, mais aussi
être membre de l'Association des camionneurs artisans, bien payer sa
cotisation à l'ANCAl, obéir aux diktats de l'ANCAl, tout ceci de
la même façon que cela se passait à l'époque
où les contrats de voirie étaient assortis d'une clause accordant
75% du transport en haut de la ligne d'infrastructure à un camionneur
artisan membre de l'ANCAl.
Non seulement l'ANCAl a gardé cette mainmise sur le volume
gouvernemental, mais elle a aussi gardé les mêmes méthodes.
S'il s'agit du transport de gravier ou de sable, l'ANCAl ne tolérerait
pas, même s'il s'agit d'un volume de transport non soumis à la
clause 75-25, qu'un autre camionneur qui n'est pas membre de l'ANCAl puisse
transporter une seule tonne de matériaux. Cette mainmise se manifeste
aussi par l'intervention que l'ANCAl fait systématiquement contre toute
demande de transfert de permis à un transporteur non membre. Si les
membres de l'ANCAl font des demandes de transfert de permis entre eux, tout va
bien; s'il s'agit d'un non-membre, c'est l'opposition systématique.
Cette malheureuse expérience est de plus en plus connue à
travers la province de Québec depuis un certain temps. Que ce soit dans
la région 04, la région 05 ou dans la région 01, de
même que dans toutes les autres régions de la province, combien de
fois les camionneurs membres de l'ANCAl ou des personnes-ressources ou un
porte-parole de ces dernières n'ont-ils pas exercé auprès
des requérants de services des pressions-menaces afin de forcer les
camionneurs privés ou indépendants à quitter les chantiers
de construction pour faire travailler les membres de l'ANCAl ou les postes
d'affectation, et les entrepreneurs obéissent pour ne pas avoir de
problèmes avec l'ANCAl.
Qu'on regarde actuellement les chantiers de construction, et on notera
que tous et chacun des camionneurs qui font le transport de béton
bitumineux sur les chantiers en cours actuellement sont des membres de l'ANCAl
et des postes d'affectation, même si ce matériel ne fait pas
partie du volume protégé par la clause 75-25.
Le gouvernement du Québec a encore, depuis certains mois,
encouragé cette politique afin de donner aux postes d'affectation le
transport de béton bitumineux en faveur des membres des postes. Les
camionneurs-entrepreneurs, les camionneurs qu'on peut appeler les
privés, soit ceux
qui ne sont pas membres des postes d'affectation, soit ceux qui ne
veulent pas être membres de l'ANCAl et d'associations de camionneurs
artisans, qui dans le passé faisaient le transport du béton
bitumineux comme étant la seule possibilité de faire du transport
non protégé et non concédé en faveur de l'ANCAl
sont maintenant bannis des chantiers de construction de routes pour la pose de
béton bitumineux au profit des camionneurs membres de l'ANCAl.
Où sont rendus ces camionneurs qui ramassaient les miettes
gouvernementales du fait qu'ils n'étaient pas membres de l'ANCAl? Ils
n'ont pas bien le choix, ils sont maintenant soit membres de l'ANCAl ou ont
abandonné purement et simplement ce volume de transport. Au début
de la réglementation, en 1972, l'ANCAl prêchait la vertu du pauvre
camionneur-propriétaire d'un seul camion qu'il conduisait
lui-même. Ce pauvre camionneur, à cause d'une situation
financière souvent précaire et d'une expérience souvent
non échelonnée, se devait d'être un camionneur
protégé, entre les mains et la protection gouvernementales. Comme
on le sait, la restriction de la propriété unique d'un camion est
une entreprise qui était vouée à l'échec et
à la faillite.
Cette solution est venue d'elle-même, lorsqu'on a pu
réaliser combien de camionneurs artisans avaient, au moyen de
prête-noms, soit leur épouse, frère, soeur,
beau-frère et belle-soeur, des camions qui pouvaient travailler au
même endroit. Devant cette situation, le législateur a
étendu, en 1979, la notion de membre d'un poste d'affectation en la
limitant au propriétaire de quatre camions et moins.
Le gouvernement, par sa réglementation sur le camionnage en vrac,
a pris sept années d'expérience dans l'industrie du camionnage en
vrac pour conclure que les camionneurs en vrac ne pouvaient être
divisés et devaient être unifiés sous la même
catégorie.
Devant cet heureux principe qui visait à l'unité des
camionneurs en vrac, on a, de façon radicale, en mai 1978, aboli la
classe des camionneurs artisans et camionneurs-entrepreneurs afin de les mettre
sur le même pied et sous le nom de camionneurs en vrac. Cependant, cette
longue recherche d'unité n'a pas eu pour effet d'être bien longue
car, un an après cet amendement, le gouvernement est revenu instaurer
une nouvelle catégorie de camionneurs en vrac: les propriétaires
de quatre camions et moins, et les propriétaires de plus de cinq
camions.
Le drame de cette situation se fait maintenant sentir à vive
allure pour les raisons suivantes:
II est possible qu'un propriétaire de plus de quatre camions
puisse être classifié comme une entreprise économique
autonome qui fonctionne d'elle-même et qui n'a pas besoin de poste
d'affectation pour vivre. L'expérience de l'industrie du camionnage en
vrac pourra nous apporter une réponse à cette situation. Mais le
drame vient bien plus de ceux qui ont quatre camions et moins et que le
gouvernement, par sa politique administrative pour le protectionnisme du
transport gouver- nemental, force à être membres d'un poste
d'affectation.
L'expérience vécue dans les postes d'affectation qui ont
été instaurés depuis 1978 nous amène à faire
des constations d'abord pour les propriétaires de plusieurs camions.
D'une part, ils se voient, par les règlements internes des postes
d'affectation, forcés de payer des cotisations en nombre bien
supérieures aux propriétaires uniques.
Cependant, par la politique du ministère des Transports qui avait
comme principal objectif de permettre l'unité des revenus chez les
camionneurs et de permettre, en autant que faire se peut, le principe de la
priorité du premier camion, on est arrivé à une situation
aussi ridicule que la suivante, à savoir que le propriétaire de
quatre camions paie des cotisations et des droits d'entrée quatre fois
supérieurs à ceux d'un camionneur ordinaire, qu'on tient compte
de tout le transport et tout l'ouvrage qu'ils peuvent effectuer à
l'extérieur et à l'intérieur d'un poste d'affectation pour
affecter les revenus de son premier camion inscrit au poste.
Comment voulez-vous qu'une entreprise qui possède quatre camions,
dont les camions sont inscrits au poste, puisse attendre un appel du
"dispatcher" du poste pour son deuxième, son troisième et son
quatrième camion, sans pour autant qu'on fasse même appel à
son premier camion?
Quand ce même "dispatcher" prend, par la même occasion, les
revenus du deuxième, du troisième et du quatrième camion
pour les créditer sur le travail du premier camion, on arrive devant une
situation aussi illogique que, parce qu'il a quatre camions, ce camionneur ne
peut même pas faire travailler son premier camion.
Qui fait le transport à sa place? Ce sont toujours les
propriétaires d'un camion qui, comme on le sait, à cause de
l'organisation des postes d'affectation, sont les membres actifs de
l'ANCAl.
Cette division artificielle des camionneurs et les politiques des postes
d'affectation, lesquelles ont été approuvées par le
ministre des Transports lorsqu'il a approuvé les codes d'éthique
de chacun des postes d'affectation, a permis, par une façon très
ingénieuse, aux membres de l'ANCAl d'éliminer la majorité
du transport effectué par les entreprises de deux à quatre
camions.
En 1972, au début de la réglementation, l'ANCAl
prêchait les vertus du camionneur qui façonnait le réseau
routier de la province de Québec. Aujourd'hui, le réseau routier
de la province de Québec étant majoritairement
complété, le valeureux camionneur artisan ne veut rien de moins
que 80% du transport du bois.
On vous réfère ici à un extrait du journal de
l'ANCAl, annexé au présent mémoire, et qui parle par
lui-même.
Au début, lors de l'implantation de la clause 75-25,
l'ANÇAI n'en voulait qu'au transport gouvernemental, car il était
payant, comme on le sait.
Aujourd'hui, l'ANCAl demande que le gouvernement lui accorde le droit
exclusif de transporter les choses qui appartiennent à des tiers.
Aujourd'hui, les dépenses gouvernementales sont moins
élevées dans le domaine routier. Ceci a comme conséquence
bien évidente que l'ouvrage gouvernemental se voit par le fait
même abaissé.
Il est bien entendu que chacun de nous sait très bien que
l'infrastructure routière de la province de Québec a connu dans
le passé ses bonnes années et qu'aujourd'hui les dépenses
gouvernementales sont moins élevées. Ceci a comme
conséquence bien évidente que l'ouvrage gouvernemental, soit les
travaux de construction d'infrastructures et de routes se voit par le fait
même abaissé.
Il ne faut cependant pas oublier que, dans l'industrie du camionnage en
vrac, il n'existe pas seulement que les membres de l'ANCAl et qu'il y a, dans
notre province, un grand nombre de camionneurs en vrac qui sont aussi
intéressés que ceux de l'ANCAl à vivre sainement de leur
industrie.
Dans le passé, lorsque les camionneurs entrepreneurs ou, comme on
les appelle maintenant, les camionneurs privés, se sont vus
chassés du transport des agrégats vu qu'ils n'étaient pas
membres de l'ANCAl, ils se sont réfugiés dans les autres secteurs
du transport, notamment dans le secteur du transport forestier. Ils ont investi
des sommes énormes, ont appris leur métier, se sont
familiarisés avec de l'équipement de plus en plus
sophistiqué. La majorité d'entre eux ont très bien
réussi, pour la simple et unique raison qu'ils sont devenus des
transporteurs, administrateurs d'entreprises et qu'ils ont su faire progresser
leur entreprise en fonction d'un principe bien simple qui est celui de l'offre
et de la demande, de la qualité de services et de la bonne relation avec
les commettants.
Maintenant que le gros volume de transport en vrac se voit dirigé
vers le transport forestier, on constate malheureusement que l'ANCAl
décide soudainement de s'y intéresser, non pas que les membres
actuels de l'ANCAl sont pris à faire tel transport, car, dans le
mémoire de l'ANCAl présenté le 27 mai dernier, dont copie
est annexée aux présentes, l'ANCAl affirme que si le gouvernement
oblige les compagnies forestières à faire effectuer à 75%
le transport de produits de vrac par les sous-postes et les postes
d'affectation, ce qui revient à dire que les membres de l'ANCAl... telle
disposition permettrait aux titulaires de permis d'être en mesure de
s'équiper adéquatement sur ce transport.
Ce n'est donc pas que les membres de l'ANCAl soient prêts à
faire tel transport et qu'ils possèdent l'équipement pour ce
faire. Ce que cela veut dire, c'est qu'ils deviendront des transporteurs
forestiers au moment où il y aura une clause d'exclusivité en
leur faveur. De plus, il est dit, dans ce mémoire, qu'une telle
exclusivité permettrait ainsi à l'ANCAl de
récupérer les titulaires de permis qui transportent en
forêt sans être membres des postes et des sous-postes
d'affectation.
Cette revendication est-elle une revendication légitime des
camionneurs? N'est-elle pas tout simplement un procédé habile
pour l'ANCAl de tenter de dominer des secteurs de travail où elle n'a
effectivement jamais eu aucune force de pression? Cette revendication de
l'ANCAl est une aberration sur le système de l'industrie du camionnage
en vrac, car il est impossible dans l'esprit de l'ANCAl de pouvoir s'imaginer
que des camionneurs en vrac peuvent vivre de leur industrie, sans pour autant
être membres de leur association. Voilà le crime. Il existe des
camionneurs entrepreneurs en vrac, des camionneurs privés qui ont
réussi à ne pas être sous la botte de l'ANCAl; il faut les
récupérer au plus tôt.
Pourtant, pendant que les membres de l'ANCAl construisaient des routes,
il s'est fait, dans la province de Québec, du transport forestier et on
peut dire qu'il s'est fait du transport sans complications majeures dans une
relation équitable entre les requérants de services et les
camionneurs.
Si le gouvernement donne raison à l'ANCAl, s'il lui octroie, par
le biais des postes d'affectation, un secteur protégé dans le
transport forestier, où vont aller les camionneurs en vrac
spécialisés dans ce secteur? Est-ce une façon
d'étendre l'industrie du camionnage en vrac en vue de la répartir
à tous les camionneurs, ou n'est-ce pas plutôt une dangereuse
direction de l'ANCAl afin de tenter d'éliminer de la forêt les
camionneurs qui y oeuvrent depuis des années et qui ne sont
malheureusement pas membres de l'ANCAl?
Non seulement les camionneurs ont-ils exécuté des
transports de bois, mais ils ont acquis les équipements
nécessaires et accessoires à ces opérations des transports
de bois. Faut-il maintenant éliminer ces gens au profit de l'ANCAl?
Serait-il sain pour l'industrie du camionnage en vrac de forcer les
transporteurs forestiers à être membres d'un poste d'affectation
où il n'y a aucune affinité, où le principe de la
répartition du travail en fonction de la priorité du premier
camion n'a rien à voir avec les ententes négociées depuis
des années avec les requérants de services? Est-il sain dans
l'industrie du transport en vrac d'imaginer que les transporteurs forestiers
qui ont réussi à vivre dans ce secteur en tentant, dans la mesure
du possible, d'établir des relations d'affaires solides entre les
commettants et eux, seront forcés, ces mêmes camionneurs, à
être membres d'un poste d'affectation dirigé par des gens qui
travaillent contre leur intérêt?
Lors de la venue, en 1972, de la clause 75-25, les camionneurs en vrac
qui n'étaient pas membres de l'ANCAl et qui se sont vus bannis des
travaux gouvernementaux concernant le transport du sel, le transport du
ministère de la Voirie en régie, du transport d'infrastructures,
ont recherché dans d'autres secteurs de travail des
débouchés leur permettant de vivre et de faire fonctionner leur
industrie.
Une grande partie se sont dirigés vers le transport forestier,
comme on vient de l'expliquer. Une autre partie, sinon aussi grande et aussi
importante en nombre dans la province de Québec, se sont orientés
vers le transport des ministères du gouvernement, vers les entreprises
pa-
rapubliques, les travaux municipaux et les travaux privés.
(16 h 30)
L'ANCAI demande au gouvernement de forcer les compagnies de la couronne
et la municipalité à passer par les postes d'affectation. N'y
a-t-il pas là une tactique de l'ANCAl pour lui permettre
d'acquérir encore une fois d'autres secteurs protégés? Qui
bénéficiera de ces avantages si le gouvernement cède en
faveur des postes d'affectation? Les camionneurs en vrac ou les membres de
l'ANCAl?
M. le Président, nous croyons que la situation, telle qu'elle
prévaut dans l'industrie du camionnage en vrac, doit attirer l'attention
du gouvernement, non pas dans le but de créer de nouveaux secteurs de
travail protégés, mais bien plus pour vérifier, au moyen
d'enquête publique à l'exemple de l'enquête Cliche, quels
sont les causes, les procédés d'ingérance de l'ANCAl dans
cette industrie. Les camionneurs en vrac de la province de Québec
gagneraient bien plus à pouvoir se permettre de se libérer de
l'ingérence de l'ANCAl dans leur industrie, que de se faire donner de
nouveaux secteurs protégés sur lesquels elle pourrait encore
exercer des pressions.
Avant de faire une nouvelle réglementation dans le camionnage en
vrac, il vaudrait bien mieux s'interroger sur les causes réelles qui ont
fait la désunion des camionneurs en vrac dans la province de
Québec, à cause de l'ingérence indue de l'ANCAl qui
voulait tout contrôler au profit de certains de ses membres seulement.
Qu'il nous suffise de voir l'expérience de la Commission des transports
dans l'implantation d'un poste d'affectation, compte tenu des règlements
concernant le courtage dans le transport en vrac qui ont été
modifiés en 1978 et remodifiés en 1979. Depuis plus de deux ans
maintenant, on a exploré le système des postes d'affectation
uniques dans chacune des régions de la province de Québec, et au
dire des fonctionnaires qui ont travaillé à ce projet, cette
réforme avait pour but d'unifier les camionneurs et de leur permettre de
prendre personnellement en main leur industrie. Depuis maintenant plus de deux
ans, il y a eu de nombreuses causes devant la Commission des transports du
Québec pour permettre l'instauration des postes d'affectation uniques,
soit sur le règlement de 1978 ou sur celui de décembre 1979.
Qu'il nous suffisse, à la suite de la tournée de la
Commission des transports du Québec au cours de l'été
1978, de voir et de constater à qui ont été donnés
les permis de poste d'affectation. On peut bien s'en remettre de façon
artificielle en disant qu'ils ont été octroyés à
des corporations qui s'appelaient dans chacune des régions: Poste
d'affectation de la région 01, Inc., 02, etc. Qui sont les
administrateurs de ces postes? La simple lecture de l'envoi de l'ANCAl en date
de juillet 1980, publié dans ses propres journaux, nous démontre
effectivement que les administrateurs des postes d'affectation sont tous
délégués à des associations de camionneurs artisans
de chacune des régions.
Devant cette situation, le gouvernement a réagi en amendant en
1979 les permis de poste d'affectation afin, semble-t-il, selon les
renseignements qu'il nous donnait, d'enlever l'ingérence des
associations dans les postes d'affectation et de permettre que soient
accordés des postes aux camionneurs en vrac dans chacune des
régions, afin que ces camionneurs puissent prendre leur industrie en
main. Depuis ces amendements, il va y avoir bientôt un an, la Commission
des transports du Québec, comme on le sait, a presque fait le tour de
chacune des régions de la province de Québec, dans le but de
convertir les anciens permis de postes d'affectation en permis de poste dans
chacune des régions en conformité avec le dernier
règlement.
Au moment de la confection de la présente, la Commission des
transports du Québec n'avait émis que dans deux régions
des permis de postes d'affectation en conformité avec la dernière
réglementation, soit dans la région 06 et dans la région
08. Encore une fois, qu'on fasse l'étude des administrateurs
représentant ces postes d'affectation et nous constaterons
malheureusement qu'il s'agit encore de personnes ayant directement ou
indirectement des intérêts dans l'ANCAl ou les associations de
camionneurs artisans.
Cependant, le drame se voit dans d'autres régions de la province
de Québec, où le conflit est survenu entre membres de l'ANCAl qui
s'arrachaient le pouvoir de contrôle des postes d'affectation. La
Commission des transports du Québec pourrait nous citer des exemples de
ce conflit dans diverses régions, exemples qui démontrent une
fois de plus que l'ANCAl n'a qu'un seul et unique objectif, maintenir son
contrôle des postes d'affectation. Cette intention est d'autant plus
flagrante que nous pouvons facilement voir, dans les requêtes qui ont
été déposées auprès de la Commission des
transports du Québec, que l'ANCAl ou des associations de camionneurs
artisans des régions concernées ont elles-mêmes produit la
demande de permis de poste. Nous croyons bien simplement que la Commission des
transports du Québec, en acceptant la charge d'implanter les postes
d'affectation en fonction du nouveau règlement sur les postes
d'affectation, avait un travail fastidieux et pour le moins complexe.
L'exemple du Poste d'affectation de la région 01 Inc. est
concluant dans ce sens. Le permis des postes a été émis en
juin 1978. Une requête en non-renouvellement des permis a
été déposée en mars 1979. De plus, en mars 1980,
une demande de conversion a été présentée par le
Poste d'affectation de la région 01.
Au moment des présentes, dans cette région, le permis de
poste qui prévaut est un permis qui repose sur l'ancien règlement
sur le courtage en camionnage en vrac et remonte en mai 1978. Dans les mesures
transitoires sur les amendements apportés en décembre 1979, on a
dit que le permis de poste détenu de par les décisions de mai
1978 demeure en vigueur et est soumis à ce nouveau règlement.
Bien que n'ayant pas encore eu le jugement sur la requête en
non-renouvellement de permis, la commission, dans sa décision du 4
août 1980, a
justement rejeté la demande de permis de poste d'affectation,
étant donné que ce dernier n'avait pu établir, tel
qu'exigé, les preuves requises sur le nouveau règlement. Devant
cette situation, nous avons une corporation qui effectue actuellement le
courtage de camionnage en vrac dans la région 01, alors même que
la Commission des transports, en rejetant sa demande de conversion, n'a pas
qualifié cet organisme comme ayant tous les critères
légaux prévus au règlement pour lui permettre d'obtenir un
permis de poste d'affectation.
Nous ne sommes pas ici pour blâmer de quelque façon que ce
soit la Commission des transports du Québec. Nous sommes ici pour vous
démontrer que la réglementation sur des permis de postes
d'affectation est pour le moins difficile à appliquer, sinon
inapplicable, et qu'il n'y a pas un organisme au Québec qui a les
pouvoirs nécessaires, les pouvoirs de contrôle et de surveillances
nécessaires pour permettre aux postes d'affectation d'être
implantés de façon saine et adéquate et selon un accord
majoritaire des camionneurs.
M. le Président de la commission, MM. les membres de la
commission parlementaire, nous croyons que lorsqu'un camionneur en est rendu
à posséder un à quatre camions, comme la
réglementation le prévoit actuellement, quand ces camionneurs
atteignent facilement un investissement qui peut se chiffrer modestement entre
$150 000 et $250 000, on n'est plus un simple ouvrier.
On est réellement en affaires et on a un besoin, pour faire
fructifier et faire valoriser son entreprise, d'une liberté
d'opération et cette liberté d'opération doit se faire
sans contrainte gouvernementale afin de permettre à chacune de ces
entreprises, qu'elle soit de 1, 2, 3, 4 camions ou plus, de pouvoir vivre et
travailler en conformité au principe bien légitime de l'offre et
de la demande.
Le gouvernement n'a pas pour mission de faire vivre artificiellement des
camionneurs ou des entreprises de transport qui n'ont pas les reins assez
solides, qui ne sont pas capables de survivre dans leur industrie.
L'industrie du camionnage en vrac doit être, comme tout autre
forme d'industrie dans notre province, une industrie libre, avec du
marché libre, où le principe de la libre concurrence, de la
qualité du service, de l'équipement approprié doit
être le seul facteur dirigeant de cette industrie.
Les camionneurs en vrac n'ont pas besoin de permis de poste
d'affectation pour survivre. Ils ont tout simplement besoin de prendre
eux-mêmes en main leur entreprise et de la faire fructifier selon les
principes honnêtes de toute bonne entreprise.
Le rôle du gouvernement n'est plus d'intervenir dans ce secteur de
travail de l'industrie du camionnage en vrac.
Le gouvernement du Québec ne doit pas non plus intervenir pour
créer des secteurs de transport protégés en ce qui
concerne son propre transport ou celui appartenant à des entreprises
parapubliques, aux secteurs municipaux ou d'un tout autre secteur d'une
entreprise privée. Comme requérant de services, nous croyons
qu'il serait certainement plus sage que le ministère des Transports
fasse son propre transport, en laissant l'accès libre à chaque
camionneur qui désire s'inscrire dans sa division de voirie, la
possibilité de faire ce transport.
Comme agent de subventions indirectes qu'il peut faire, avec ses
ministères les entreprises parapubliques ou l'entreprise privée,
le gouvernement doit s'abstenir d'étendre des privilèges aux
matières en vrac transportées par les tiers.
Le seul rôle du gouvernement dans ce secteur de l'industrie est de
permettre la réalisation d'une législation sur le transport en
vrac qui reconnaîtra l'obligation des camionneurs de détenir un
permis pour effectuer du camionnage en vrac. Cette législation devra
tenir compte aussi de l'expansion naturelle d'une entreprise de transport qui
lui permet d'accroître sa flotte de transport en fonction des besoins du
marché et de la saine expansion d'une entreprise.
Le rôle gouvernemental dans cette législation pourrait
être aussi, par la Commission des transports, de lui laisser les pouvoirs
de fixer les taux et tarifs du transport en vrac afin de permettre cette
démarche d'équilibre entre l'offre et la demande. Cette
législation devrait, par contre, prolonger les pouvoirs de la Commission
des transports en lui donnant les pouvoirs réels de contrôle
nécessaires à la réalisation de cet objectif. Cette
législation devrait aussi permettre que la Commission des transports
puisse tenir compte des facteurs régionaux dans la détermination
des taux de transports et de permettre la saine discussion entre
requérants de services et transporteurs dans l'instauration des taux de
transport.
M. le Président, messieurs les membres de la commission
parlementaire, notre groupe veut conclure de la façon suivante, en vous
transmettant ses principales recommandations qui sont les suivantes: 1)ordonner
immédiatement une commission d'enquête publique sur les
agissements, les opérations et les rôles tenus par les membres de
l'ANCAl dans le camionnage en vrac et plus particulièrement dans les
opérations des postes d'affectation ; 2)abolir la réglementation
sur les postes d'affectation afin d'enlever immédiatement le
contrôle de l'ANCAl dans le courtage sur le camionnage en vrac et afin de
permettre à l'industrie du camionnage en vrac de vivre et de progresser
de façon individuelle en fonction du principe bien légitime de
l'offre et de la demande; 3)abolir les décisions administratives qui
assureraient la protection d'un volume gouvernemental aux postes d'affectation
et, par voie de conséquence, aux membres de l'ANCAl; 4)s'abstenir de
donner des privilèges de transport exclusif sur des matières en
vrac appartenant ou contractées par des tiers, tels les
différents ministères du gouvernement, les entreprises
parapubliques, les municipalités et les entreprises privées;
5)que le ministère des Transports, en tant que requérant de
services, fasse exécuter et assurer
son propre transport en permettant à tous les camionneurs de
s'inscrire librement et volontairement à sa division de voirie
respective et en répar-tissant également son volume de transport
à tous les camionneurs inscrits dans sa division de voirie; 6)maintenir
la réglementation des permis par unité sur le camionnage en vrac
en permettant cependant de reconnaître le principe et le pouvoir de
s'adresser à la Commission des transports du Québec afin
d'augmenter sa flotte de transport en fonction des besoins particuliers de
chaque entreprise de transport et compte tenu du marché de l'offre et de
la demande de l'industrie du camionnage en vrac; 7)maintenir le pouvoir de la
Commission des transports du Québec dans le système de fixation
des taux et tarifs pour le camionnage en vrac afin de permettre
l'équilibre entre l'offre et la demande et la rentabilité des
entreprises de transport; permettre que la Commission des transports ait,
d'autre part, les pouvoirs nécessaires à ce que les taux de
transport tiennent compte du marché régional, d'ententes
particulières entre les requérants de services et les
camionneurs. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: A la page 12 de votre mémoire, vous dites
qu'un propriétaire de quatre camions ne peut, finalement, même
inscrire ou voir son premier camion requis à cause d'un système
qui est le suivant, que vous décrivez au paragraphe 3 de la page 12:
"Quand ce même "dispatcher" prend, par la même occasion, les
revenus du deuxième, troisième et quatrième camions pour
les créditer sur le travail du premier camion, on arrive devant une
situation aussi illogique que, parce qu'il a quatre camions, ce camionneur ne
peut même pas faire travailler son premier camion."
Si je comprends bien, le mécanisme d'inscription du travail des
trois autres camions sur le premier, c'est le travail qui est fait à
l'extérieur du poste d'affectation?
M. Saint-Onge: Les deux. M. de Belleval: Pardon?
M. Saint-Onge: Ce sont les deux. Tous les travaux faits à
l'extérieur par ses autres camions sont crédités au
premier.
M. de Belleval: Mais, en vertu du fonctionnement d'un poste
d'affectation, en vertu de quoi le poste d'affectation peut-il créditer
du travail fait à l'extérieur du poste d'affectation? Est-ce que
c'est légal? Est-ce que c'est permis par le règlement?
M. Delage: M. le ministre, si on se reporte au premier code
d'éthique qui avait fait l'objet de l'approbation ministérielle,
il prévoyait la priorité du premier camion...
M. de Belleval: Oui.
M. Delage: ... et le principe de la répartition
égale de travail entre les camionneurs. C'était très
clair. Il y avait aussi, si ma mémoire est bonne, dans le code
d'éthique une disposition qui prévoyait qu'on devait tenir compte
du travail effectué. Ce que la clause prévoyait, c'était
le travail gouvernemental effectué par les deuxième,
troisième et quatrième camions sur le revenu du premier
camion.
M. de Belleval: Oui.
M. Delage: Lorsque nos clients, dans le mémoire, font
état de la situation qui prévaut actuellement, c'est que, sans
parler de la légalité ou pas du code d'éthique, cette
clause a été étendue délibérément, ce
que nous soumettons, par les postes d'affectation, ce qui fait qu'on a tenu
compte, dans la pratique, dans la répartition de l'ouvrage des premiers
camions, effectivement, du transport effectué par les deuxième,
troisième et quatrième camions. (16 h 45)
Si quelqu'un a deux camions on va arrêter de parler des
quatre camions prenons un camionneur qui a deux camions, qui a un camion
d'inscrit au poste et un autre qui fait des travaux privés en dehors, si
effectivement, d'une façon habile, on veut atteindre le principe de la
répartition égale des revenus, on va tenir compte du revenu du
deuxième camion. On va dire: Ecoute, ton camion a travaillé tant
de jours...
M. de Belleval: Le revenu du deuxième camion qui n'est pas
inscrit au poste...
M. Delage: Qui peut être ou ne pas être inscrit au
poste, cela ne change rien.
M. de Belleval: ... mais qui travaille à
l'extérieur pour du travail fait à l'extérieur du
poste.
M. Delage: C'est cela. Vous avez fait des revenus de tant, un
autre camionneur dans le poste a eu des revenus de tant, donc...
M. de Belleval: Mais comment peut-on contrôler le travail
fait à l'extérieur du poste?
M. Delage: On va exiger des camionneurs qu'ils rapportent au
poste l'ouvrage exécuté. Ce que le code d'éthique
prévoit.
M. de Belleval: Qu'est-ce qui garantit que le travail est
rapporté ou pas...
M. Delage: Pardon?
M. de Belleval: Qu'est-ce qui garantit que le travail est
rapporté ou pas? Ce doit être extrêmement discriminatoire,
certains le rapportant, d'autres ne le rapportant pas, etc.
M. Delage: II semble que l'expérience vécue a
démontré qu'on prenait les moyens de vérifier
effectivement ce que les autres camions faisaient. S'ils étaient
déclarés, il n'y avait pas de problème, ils étaient
au rapport...
M. de Belleval: S'ils n'étaient pas
déclarés?
M. Delage: II y a des cas où il semble, effectivement,
qu'on vérifiait même ce que les autres camions faisaient.
M. de Belleval: Cela doit pouvoir varier d'un cas à
l'autre. Le poste d'affectation n'est pas équipé d'un
système administratif ou policier pour aller vérifier ce que
chacun fait à telle date, à telle heure, etc. Autrement dit, il
doit y avoir beaucoup de latitude dans l'appréciation de ce travail qui
est fait à l'extérieur.
M. Delage: Pour répondre à cette question,
évidemment, elle est assez précise...
M. de Belleval: Répondez-moi donc directement, dites ce
que vous en pensez; au lieu de me faire des grands sourires, dites-moi donc ce
qui se passe!
M. Saint-Hilaire: M. le ministre, est-ce qu'on pourrait affirmer
tout simplement que, dans la région 01, qui est la Gaspésie, le
réseau de communications est très rapide? On n'a pas plus
à dire que cela. Si, dans une paroisse donnée où il n'y a
pas de nombreux habitants, un propriétaire a trois camions, il y a deux
camions partis, cela se rend très vite au poste d'affectation.
M. de Belleval: Vous êtes satisfaits? Les renseignements
sont très précis, parfaits, etc.? Vous êtes meilleurs que
le ministère du Revenu?
M. Saint-Hilaire: Ce n'est pas toujours précis.
M. de Belleval: On devrait vous engager au ministère du
Revenu?
M. Saint-Hilaire: Je ne le voudrais pas, M. le ministre.
M. Delage: C'est un genre de méthode dont on a pu voir
qu'elle existait. Je ne vous dirai pas qu'elle est parfaite à 100% parce
que je suis entièrement d'accord que, d'une façon strictement
théorique, il peut y avoir un paquet de camionneurs qui ont deux ou
trois camions qui puissent travailler sans se faire rapporter, mais il reste
que le phénomène est le suivant et qu'un propriétaire de
trois camions, en s'engageant dans un poste d'affectation peut arriver devant
une situation où il n'a même pas le droit, lui, à cette
priorité du premier camion. C'est cela en fait qui est important.
M. de Belleval: II faut quand même voir... C'est qu'au fond
il n'a pas le droit à son premier camion, parce que ses deuxième
et troisième travaillent bien ailleurs.
M. Saint-Hilaire: Même si ce n'est pas de l'ouvrage
gouvernemental.
M. de Belleval: Même si ce n'est pas de l'ouvrage
gouvernemental, c'est ce que je dis. Vous dites que c'est injuste. C'est
injuste parce que cela ne respecte pas la lettre de la réglementation.
Mais, au point de vue de l'égalité de la répartition du
travail entre les camions, cela apparaît correct à la
première vue.
M. Delage: M. le ministre, affirmer ce que vous dites peut
être très logique et peut nous amener à dire que, parce que
vous avez plus d'un camion, vous tombez dans un système qui fait qu'on
vous empêche délibérément de travailler.
M. de Belleval: On ne vous empêche pas
délibérément de travailler.
M. Delage: Au profit du premier camion, de la priorité du
premier camion pour tous les camionneurs. Je suis d'accord.
M. de Belleval: Si vous ne travaillez pas à
l'extérieur, votre premier camion va travailler. Ensuite, votre
deuxième, ensuite votre troisième, ensuite votre
quatrième. Si je saisis bien, cependant, si ce système
était appliqué correctement de cette façon et que vous
n'allez pas travailler à l'extérieur, quelqu'un qui a plus d'un
camion par le poste d'affectation, chacun de ses camions travaille pour le
quart de ce qu'un seul camion travaille. C'est cela que ça revient
à dire. A ce moment-là, vous ne pouvez pas vivre avec cela.
M. Saint-Hilaire: Cela revient à dire que vous avez une
incitation à revenir à un camion.
M. de Belleval: C'est cela. Autrement dit, le système ne
peut pas fonctionner véritablement pour les gens qui ont plus d'un ou
deux camions.
M. Saint-Hilaire: Plus d'un camion.
M. de Belleval: Pas plus de deux peut-être? A deux, cela
pourrait peut-être aller?
M. Delage: On n'est pas ici pour trancher des mesures, on est ici
pour faire part d'un principe qui fait qu'un camionneur qui a des permis, qui a
des camions...
M. de Belleval: Au fond, cette trouvaille intéressante qui
était de couper à quatre camions, c'est boiteux.
M. Saint-Hilaire: Cela n'a pas traversé le système
de l'ANCAI.
M. de Belleval: A toutes fins utiles, le poste d'affectation
exclut les gens qui ont plus d'un
camion, sauf que ça leur donne malgré tout la
possibilité de jouer sur les deux tableaux, c'est-à-dire d'aller
se trouver du travail à l'extérieur du poste d'affectation, comme
tous ceux qui ont plus de quatre camions. C'est ce que ça revient
à dire, au fond. Vous avez un privilège supplémentaire, si
vous avez plus d'un camion, mais moins de cinq, c'est que vous pouvez, en plus,
vous inscrire au poste, mais, en pratique, vous êtes
considéré comme quelqu'un qui a plus de quatre camions, de facto.
Est-ce que je saisis bien, en pratique?
M. Delage: C'est cela.
M. de Belleval: A cause, évidemment, de cette façon
d'aller imputer au premier camion le travail qui est fait à
l'extérieur. Dans les régions où le tam-tam fonctionne
correctement, ça marche; je suis certain que, dans d'autres
régions je pense à une région comme Montréal
le tam-tam ne doit pas être aussi bon que dans la Gaspésie
ou sur la Côte-Nord.
M. Delage: Je ne sais pas si, à Montréal, on
utilise le tam-tam, M. le ministre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. de Belleval: Un instant!
Le Président (M. Jolivet): Excusez.
M. de Belleval: Quand je parle du tam-tam, je pensais aux grands
signes que me faisait M. Lepage, en arrière, pour me dire que ce n'est
pas difficile de savoir ce qui se passe un peu partout à travers toutes
les paroisses de la région 01 quand un camion sort. Tout le monde et sa
voisine le regardent aller, ce qui n'est pas le cas dans une grande ville.
Je comprends le système, j'ai appris une autre chose; on en
apprend tous les jours là-dedans, et plus on en apprend, plus on se rend
compte qu'on en a encore à apprendre. C'est un peu décourageant,
mais c'est comme ça.
Vous dites ensuite que, dans les régions 06 et 08, il y a eu des
permis d'émis. On a vu aussi qu'il y en a maintenant un dans la
région 10. Là encore, vous dites que ce sont des dirigeants de
l'ANCAl qui sont responsables des postes 06 et 08; c'est ce que vous dites dans
votre mémoire? C'est cela que ça veut dire?
M. Delage: En fait, le fond du problème et ce qu'on veut
effectivement dire il faut le comprendre clairement quand on
parle de l'ANCAl...
M. de Belleval: C'est à la page 19.
M. Delage:... on parle de l'ANCAl telle qu'on la connaît
effectivement. Mais on parle aussi dans notre mémoire des membres de
l'ANCAl.
M. de Belleval: Oui, d'accord.
M. Delage: Ce qu'on veut dénoncer, en fait si on
peut employer le terme c'est qu'il y a carrément, selon nous, un
réseau qui fait de l'ANCAl, telle qu'on la connaît, une
association de comté où il y a effectivement...
M. de Belleval: Votre mémoire est très clair
là-dessus. La question précise que je vous pose est la suivante:
vous dites qu'il y a deux régions, finalement, où il y a eu des
permis, et maintenant une troisième, la région 10. La
région 10, si j'ai bien compris, ce ne sont pas, de toute façon,
des gens de l'ANCAl qui sont là, cela n'a rien à voir avec
l'ANCAl, l'ANCAl n'est pas présente comme telle à
Montréal.
Dans la région 06, on sait que l'ANCAl est très
présente, elle a été très présente dans le
passé. Si je comprends bien ce que vous dites, à la page 19, dans
le bas, vous vous plaignez que ce soient encore des membres éminents de
l'ANCAl qui soient à la tête du poste d'affectation de la
région 06, par exemple. Est-ce que c'est ça que vous dites? Vous
dites: "Encore une fois, qu'on fasse l'étude des administrateurs
représentant ces postes d'affectation ce sont les postes
d'affectation 06 et 08; voulez-vous me suivre en lisant votre texte?
nous constaterons malheureusement qu'il s'agit encore de personnes ayant
directement ou indirectement des intérêts dans l'ANCAl ou dans des
associations de camionneurs artisans".
M. Saint-Hilaire: Ce que nous voulons établir, M. le
ministre, c'est que, chaque fois que vous aurez un conseil d'administration
à un poste d'affectation, ce ne sera pas l'ensemble des camionneurs en
vrac de la région qui y seront; exclusivement, et de façon
totale, ce seront des membres de l'ANCAl.
M. de Belleval: Si je comprends bien, dans le cas...
M. Saint-Hilaire: Dans le cas des régions 06 et 08,
ça vient tout simplement confirmer ce qu'on a établi à
l'avance.
M. de Belleval: D'accord. Je voulais être bien sûr de
cette affirmation. Cependant, on a vu qu'il y a des mouvements internes
très profonds que vous soulignez dans le cas de l'ANCAl. Il y a des
dissidents de l'ANCAl; l'ANCAl est fragmentée maintenant entre plusieurs
groupes et, dans le cas de la région 06, on a vu que c'est un poste qui
semble fonctionner, peut-être pas parfaitement, mais assez bien. Il
s'agit effectivement d'un groupe qui est plus ou moins de ce qu'on pourrait
appeler l'ANCAl nationale.
Le nombre de membres de l'ANCAl semble d'ailleurs diminuer dans cette
région et on ne fait pas de discrimination, semble-t-il, en tout cas,
dans la région 06 entre membres ANCAI et non-membres ANCAI. C'est un
poste où même si ces dirigeants sont d'anciens membres ou sont
encore des membres de l'ANCAl, il ne semble pas y avoir de discrimination dans
la distribution des contrats,
du moins à ma connaissance. Je n'ai pas eu de plaintes comme dans
les régions 01, 02, 03 et 04. Est-ce que vous êtes conscients de
cet aspect des choses?
M. Delage: En fait, on a pris connaissance, comme les membres de
la commission parlementaire, du mémoire qui a été
présenté par le poste de la région 06. Je respecte
intégralement ce qui a été dit dans ce
mémoire-là et les faits qui ont été décrits
sont très clairs. Mais je dois vous dire...
M. de Belleval: Cela semble être aussi le cas dans la
région 08 je pense.
M. Delage: Un instant! Lorsque notre mémoire a
été fait, on ne connaissait pas les représentations qui
avaient été faites dans la région 06. Par contre, je pense
que, si on prend le texte de notre mémoire et des problèmes qui
ont été soulevés, même par le poste de la
région 06, sans pour autant dire qu'il y a des problèmes, il y a
en fait appelons-le carrément une recherche de
contrôle. D'accord?
M. de Belleval: Oui, ce qu'on a vu, c'est que le poste semble
fonctionner actuellement sans discrimination et c'est justement parce qu'il a
l'air de fonctionner comme ça, je ne sais pas si c'est à cause de
ça mais, quoi qu'il en soit, on semble vouloir reprendre le
contrôle via l'ANCAl nationale.
Je fais remarquer ça parce que votre affirmation me paraissait,
disons, excessive. Autrement dit, il peut y avoir des postes où les
dirigeants sont des gens de l'ANCAl, mais ce poste peut fonctionner d'une
façon correcte sans discrimination contre les non-membres. Il ne
faudrait pas faire une équation absolue entre les membres de l'ANCAl et
discrimination. Dans le cas du poste 06 en tout cas, ça semble correct.
Je voulais connaître votre avis là-dessus parce que je trouvais
l'affirmation cette fois-là excessive, bien que, dans les autres cas
dont on a parlé, on a bien vu qu'il y avait des problèmes.
M. Delage: Pour me permettre de répondre sans trop
m'étendre sur ce problème-là, on est parfaitement
conscient des représentations qui ont été faites dans
cette région-là. Pour faire le lien, qu'on note simplement le
conflit que cette région-là peut avoir aussi pour savoir
effectivement si oui ou non, un jour, on n'aura pas encore des membres de
l'ANCAl qui seront à la tête de ça.
M. de Belleval: Effectivement...
M. Delage: Je suis d'accord que, dans le "tempo" qu'on parle, il
y a matière à faire une précision là-dessus.
M. de Belleval: Des nuances, oui.
Le Président (M. Jolivet): Le président veut
ajouter quelque chose, je pense?
M. Lavoie (Camille): Je crois, M. le ministre, que dans l'affaire
des régions 06 et 08, on n'a rien blâmé parce que, ce qui
s'est produit, il me semble que ces deux régions-là ont un peu
moins écouté les conseils qui sont donnés que probablement
dans notre bout à nous. Il y a des conseillers pour l'ANCAl. Certains
les écoutent un peu moins et d'autres les écoutent plus, ils ont
une petite tendance. Alors, dans ce coin-là, ils ont eu moins de
tendance que dans notre bout. C'est pour ça que ça va mieux.
M. de Belleval: Je n'ai pas été d'ailleurs sans
remarquer qu'à ce moment-là, quand les gens de la région
06 sont venus, ils avaient changé de procureur aussi.
M. Lavoie (Camille): Oui.
M. de Belleval: Je voudrais maintenant aller à vos
recommandations proprement dites. A toutes fins utiles, ce que vous proposez
c'est de ne pas donner de secteur protégé supplémentaire
à ceux qui existent déjà et même, si je comprends
bien, en enlever en plus les secteurs protégés actuels et
même abolir, s'il le faut, les postes d'affectation pour permettre au
ministère des Transports d'établir sa propre liste de rotation et
d'assurer lui-même le juste partage des contrats.
Vous vous rendez compte de toutes les implications que cela a sur le
ministère des Transports, cette façon d'agir mais, si je saisis
bien, c'est essentiellement parce que vous ne faites pas confiance à
l'impartialité des postes d'affectation que vous demandez ça.
Si les postes d'affectation fonctionnent d'une façon impartiale
comme dans le cas, semble-t-il, des régions 06, 08 et 10, est-ce que
vous maintiendriez cette recommandation ou si vous ne la maintiendriez qu'en
toute hypothèse?
M. Delage: Votre remarque mentionne beaucoup d'aspects sur
lesquels je voudrais revenir. Premièrement, permettre peut-être
d'adapter le rapport à d'autres rapports qui ont été
effectivement transmis par d'autres groupements. (17 heures)
Dans la région 01 aussi, on va reconnaître le fameux
principe que, d'après nous, il y a actuellement trop de permis par
rapport à l'offre économique qu'il peut y avoir dans cette
région pour affecter et faire travailler tous les camionneurs. En fait,
on est d'accord pour que cette région suive la même courbe qu'il
peut y avoir dans la province.
Quand vous parlez des secteurs protégés,
particulièrement aussi dans la région 01, qui a une vocation
forestière très développée, il reste que ces
secteurs de transport sont couverts en partie par ceux qui sont membres du
poste, et sont couverts aussi ce qu'on prétend, nous, de
façon très adéquate par les camionneurs qui ne sont
pas membres de ce poste. En créant d'autres secteurs
protégés, tel que revendiqué par les groupements qui se
sont présentés devant vous et en
forçant, en fait, les compagnies forestières à
passer par les postes d'affectation, compte tenu de l'expérience
effectivement vécue dans cette région pour la question
d'implantation des postes d'affectation, pour nous, ça nous
apparaît une façon claire, nette, précise, non pas
hypothétique, mais vécue, d'éliminer les camionneurs qui
ne sont pas membres desdits postes d'affectation, ni membres de l'ANCAl, de
continuer de les éliminer, enfin, de leur secteur de travail. Parce que
le jour où vous aurez des secteurs protégés additionnels,
vous donnerez exactement le même moyen qui a été
donné, en fait, dans le passé par une clause de protection. C'est
inciter les gens en disant: Vous avez une clause de protection, on vous donne
de l'ouvrage, venez avec.
Dans cette région, les transporteurs forestiers n'ont pas eu
besoin de clause de protection pour faire du transport et c'est absolument
inconcevable de pouvoir penser que ces mêmes camionneurs seraient
obligés de passer par un système qui n'a absolument rien à
voir avec la façon dont se donne l'ouvrage sous le motif, en fait, de
faire travailler les camionneurs par des secteurs protégés.
M. de Belleval: En tout cas, ça semble assez clair. Si
j'ai bien compris les interventions du représentant de l'Opposition
officielle là-dessus, c'est un point de vue que l'Opposition officielle
partage, mais je laisserai bien sûr le représentant de
l'Opposition officielle faire des commentaires sur ce point en particulier.
Ma question allait plus loin que ça. Concernant les postes
d'affectation, si vous avez la conviction ou s'il y a des moyens qui sont pris
pour faire en sorte que les postes d'affectation fonctionnent d'une
façon impartiale, est-ce qu'à ce moment-là, vous
maintiendriez toujours votre recommandation voulant que ce soit le
ministère des Transports, par exemple, qui se charge, à toutes
fins utiles, de la répartition du travail?
M. Delage: Le mémoire et les représentations de
l'association ne sont pas en fonction d'hypothèses. Ils sont en fonction
d'une situation vécue. Pour le groupement que nous représentons,
nous croyons qu'actuellement la seule façon de régler le
problème de l'industruie du camionnage en vrac est d'empêcher les
associations, quelles qu'elles soient, d'avoir un contrôle dans le
courtage du camionnage en vrac, et d'avoir un contrôle nonobstant le fait
que la nouvelle réglementation, telle qu'elle existe depuis 1979, a
enlevé ces pouvoirs ou l'ingérence de ces associations dans le
courtage. La situation est telle qu'actuellement...
M. de Belleval: Ecoutez, c'est un point de vue que je pourrais
partager, mais, ceci étant dit, il y a des postes d'affectation dans des
régions où ça fonctionne correctement. Est-ce que je dois
pénaliser les sections où ça fonctionne correctement ou
seulement les sections qui ne fonctionnent pas bien?
M. Lavoie (Camille): Vous pouvez certainement le faire dans les
sections qui ne fonctionnent pas bien.
M. de Belleval: Oui, ce serait une autre possibilité.
M. Lavoie (Camille): Ce serait une possibilité. Je
demanderais aussi que vous imposiez le silence à ceux qui chuchotent en
arrière; parce que nous avons toujours écouté sans
chuchoter en arrière des autres. On entend continuellement le contraire
de ce qu'on a fait, ils placotent sans savoir ce qu'ils disent. J'aimerais
qu'on ait la liberté de parler et de s'exprimer, comme on l'a
laissé faire au début. Cela fait trois jours qu'on est ici...
Le Président (M. Jolivet): Monsieur, je comprends votre
intervention. Je n'ai pas entendu ces chuchotements, c'est pour ça que
je ne l'ai pas fait. Mais si je les entendais, je me permettrais de le
faire.
M. Lavoie (Camille): Je crois qu'ils sont assez forts pour que
vous les entendiez.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: Merci, M. le Président. J'ai simplement
quelques petites questions techniques, en somme. J'ai écouté
attentivement, comme mes collègues, le mémoire de l'organisme en
question. Ce que j'aimerais savoir c'est peut-être parce que j'ai
manqué des bouts tout à l'heure votre organisme, ce sont
les entrepreneurs de la région 01. Cela regroupe combien de membres et
combien de véhicules dans la région 01 ? Egalement, votre
organisme se retrouve dans chacune des régions du Québec.
M. Saint-Onge: C'est l'Association des camionneurs entrepreneurs
en vrac de la région 01 uniquement.
M. Verreault: Oui, la région 01. M. Saint-Onge: La
région 01.
M. Verreault: Mais vous avez la même association,
j'imagine, comme l'ANCAl, dans toutes les régions du Québec?
M. Saint-Hilaire: A ce moment, je dois dire qu'il y en a
déjà eu. Il reste encore des noyaux, mais ce n'est pas actif
partout, après la prise de contrôle par l'ANCAl des postes
d'affectation, ces associations qui, à l'origine, lorsqu'on a
instauré des postes, devaient participer aux postes, s'en sont vu
éliminer, et elles se sont plus ou moins dissoutes à
différents endroits de la province.
M. Verreault: La plupart de vos membres sont de la région
de la Gaspésie. Combien comptez-vous de membres actuellement?
M. Saint-Onge: Environ 250.
M. Verreault: Ils représentent combien de camions? Est-ce
qu'on peut faire une moyenne de trois camions chacun?
M. Saint-Onge: Une moyenne d'à peu près 2,2 ou 2,3,
pas plus.
M. Verreault: Ce qui voudrait dire à peu près 500
à 600 camions.
M. Saint-Onge: Tout près de 500.
M. Verreault: On a répondu à mes questions.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. J'aimerais m'adresser
au président de l'Association des camionneurs entrepreneurs de la
région 01. Est-ce que, dans votre région, la région 01, il
y a actuellement un poste d'affectation qui détient un permis de
courtage en conformité à la loi ou les règlements qui
régissent actuellement le transport en vrac au Québec?
M. Lavoie (Camille): Actuellement, il y a un vieux permis qui est
en suspens, parce qu'il y a eu des oppositions. On a eu des demandes, parce que
le permis, actuellement, dans le fond, n'a pas été
renouvelé. Vous le savez comme nous autres. On n'a jamais
adhéré au poste.
M. Goulet: Actuellement, au moment où nous nous parlons,
il y a un poste d'affectation qui détient un permis de courtage dans la
région 01.
M. Lavoie (Camille): Oui, il y a un poste actuellement.
M. Goulet: Est-ce que les...
M. de Belleval: M. le député de Bellechasse, la
demande de conversion du poste a été refusée par le
commissaire de la Commission des transports. Il y a un appel devant les
tribunaux de cette décision similaire dans un autre poste. Autrement
dit, l'ancien permis est ni plus ni moins en sursis actuellement.
M. Goulet: Cela veut dire que, depuis 1978, il y a eu quand
même un poste d'affectation dans la région 01 qui détenait
un permis.
M. Lavoie (Camille): Oui.
M. Goulet: Vous venez de dire: Nous n'avons jamais
été membres... J'aimerais savoir, sur les 250 membres que vous
représentez, étant donné que le permis est en sursis,
reculons de trois ou quatre mois, combien de ces membres étaient en
règle en 1978 ou 1979 au moment de la création du poste
d'affectation, combien de vos 250 mem- bres. Quand le poste s'est
créé ne parlons pas d'aujourd'hui, le permis est en
sursis, les gars ne le renouvelleront pas probablement, vous ne paierez
probablement pas votre cotisation demain, parce que vous attendez une
décision cela commençait, parmi vos 250 membres, combien
ont été membres en règle de ce poste d'affectation la
première année?
M. Lavoie (Camille): II y en avait 250 ou 260.
M. Goulet: Ces 250 avaient payé leur cotisation?
M. Lavoie (Camille): Ils avaient payé leur cotisation.
M. Goulet: II y a quelqu'un qui est venu déposer un
mémoire hier ou avant-hier et on nous avait dit qu'au lieu de payer la
cotisation certains membres dans votre région, je ne sais pas si
c'est de votre association, mais on parlait d'une association rivale les
$125 pour être membre en règle du poste d'affectation, on avait
tout simplement déposé une espèce de garantie bancaire, ou
des choses comme cela. Est-ce vos membres qui ont fait cela ou d'autres?
M. Lavoie (Camille): L'argent a été
déposé dans un compte en fiducie à la banque de ceux qui
ont payé. C'est ce qui se produit actuellement.
M. Goulet: Si vous permettez, l'argent a été
déposé en fiducie à la banque. C'est l'argent de 1978.
M. Lavoie (Camille): C'est cela.
M. Goulet: Qui a pensé à cela? Quand on est membre
d'une association, on a une cotisation à payer. Si je comprends bien, au
lieu de payer la cotisation pour se mettre en règle, il y a des gens qui
ont récupéré ces $125 et les ont mis en fiducie dans une
banque et, à la place, ils ont donné une espèce de
garantie bancaire. On pensait, à ce moment, que c'était suffisant
pour être membre en règle. Est-ce que c'est bien cela qui s'est
passé?
M. Lavoie (Camille): A ce moment, je n'étais pas
président. Je ne crois pas que ce soit exactement ce que vous dites. Je
peux laisser répondre ceux qui étaient là à ce
moment, parce qu'il y en a qui sont ici.
M. Goulet: Non. J'aimeais poser la question au président
actuel. Lorsque vous m'avez dit tout à l'heure que l'argent avait
été déposé en fiducie, de quel argent
s'agissait-il?
M. Lavoie (Camille): Des $125 de nos membres qui avaient
été déposés dans le temps. Personnellement, si je
voulais commencer à vous parler du début et de tout ce qui s'est
passé, et du mariage qu'on nous a promis, alors qu'il y avait
déjà un divorce enregistré avant le mariage, si on
commençait par tout ça, ça deviendrait la
réponse à la question que vous me posez. Mais je suis
obligé d'aller trop loin pour cela.
M. Goulet: M. le Président de la commission, car je
m'adresse encore au président... Je ne voudrais pas que vous me
répondiez par des si, parce qu'hier il y a eu d'autres organismes...
Cela fait trois jours qu'on est ici, on entend des accusations de toute part.
J'aimerais être assez objectif pour pouvoir personnellement, si
c'était possible, à la fin des travaux de la commission, dire au
ministre ou aux gens: Voici, je pense telle chose. Il n'y a pas de si. Cet
argent qui a été mis en fiducie, c'était quoi? Ce
n'était pas la cotisation qui devait aller justement au poste
d'affectation pour devenir membre en règle et qui n'a jamais
été envoyée au poste d'affectation? Ce n'est pas
ça?
M. Lavoie (Camille): Du tout.
M. Goulet: C'était quoi, ces $125? Est-ce qu'il y a moyen
de le savoir?
M. Lavoie (Camille): Dans le temps, quand les $125 ont
été demandés et qu'on nous a proposé de nous unir
aux autres je réponds à votre question à un
moment donné, il fallait les déposer et il fallait nous unir
ensemble. A la dernière minute, on ne les a jamais déposés
au poste d'affectation, parce que ce n'était pas possible de les
déposer là et de continuer avec le même système
d'avant. A la demande de tous ceux qui ont payé, ils ont dit: On ne va
pas là.
M. Goulet: M. le Président, je m'adresse aux membres de la
commission: Comment peut-on reprocher à des gens d'avoir
été nommés à un bureau de direction, d'avoir
monopolisé même un poste d'affectation, si justement on n'a jamais
été membre en règle de ce poste d'affectation, donc, si on
n'a jamais eu le droit d'aller voter légalement, dûment, pour
élire son conseil d'administration?
M. de Belleval: Vous voulez que je réponde? M. Goulet:
Oui.
M. de Belleval: Le problème qu'ont posé certains
requérants devant nous n'est pas celui-là. Le problème qui
se pose, selon des plaintes que nous avons eues au ministère, à
la commission, selon des plaintes qui ont été mises en
évidence ici et qui ont été admises, d'ailleurs, entre
autres, par le poste 04 ou le poste 03, c'est que des membres dûment
inscrits aux postes d'affectation, des membres qui paient leur cotisation, tel
que prévu par les règlements du poste, se voient
pénalisés par le poste d'affectation parce qu'ils refusent de
participer à des manifestations organisées par une association
parallèle. C'est ça, le problème.
M. Goulet: M. le Président, si vous me le permettez, le
ministre contourne complètement la question. Ce n'est pas de ça
qu'il s'agit. Les gens qui sont en face de nous nous ont dit que, dans la
région 08, dans la région 06 et c'était
généralisé à la grandeur du Québec
une association avait monopolisé un poste d'affectation. Je me dis que,
si je veux élire mon monde à la direction d'un poste
d'affectation ou d'un bureau de direction, d'abord, j'entre membre en
règle de l'association; ensuite, je vais voter. Je ne parle pas de ce
qui s'est passé par la suite, mais d'abord, au moins une fois dans ma
vie, je deviens membre en règle de ce poste d'affectation.
D'après ce qu'on nous dit, on n'est jamais devenu membre en
règle. Donc, on n'a pas pu se faire élire ou faire élire
nos gens au bureau de direction. Ce n'est pas sur ce qui s'est passé
après, les pénalités. S'il y a eu des
pénalités, je suis vraiment en désaccord et je l'ai dit
justement au représentant de la région, je ne me souviens pas de
laquelle, je pense que c'est 04. J'ai dit: Si vous avez donné des
pénalités ou des récompenses, votre chapeau ne vous
permettait pas de faire ça et je vous blâme. Je le lui ai dit de
façon non équivoque pour qu'il le comprenne.
M. Lavoie (Camille): Est-ce à nous que vous posez la
question?
M. Goulet: Oui. Comment peut-on reprocher à des gens, pas
d'avoir donné des pénalités six mois après, mais de
s'être fait élire à un poste d'administration quand on
n'est pas membre en règle et qu'on ne va pas à la réunion,
qu'on n'a pas le droit de vote?
M. Lavoie (Camille): II y a eu une assemblée pour
ça et cela a été réglé à trois heures
du matin. Il y a eu des membres au poste, il y a tout eu. Mais il y a une chose
que la commission ne s'est pas réservée. On a demandé
à ce moment-là d'avoir un directeur de poste avec un paquet de
qualifications accrochées dans le dos. On est arrivé, l'ANCAl en
a présenté, on en a présenté un. Malheureusement,
ce n'est pas nous qui avons choisi; c'est la commission avec des juges qui a
dit: On veut avoir un homme compétent. De leur décision, ils ont
pris un homme compétent, mais ils n'ont pas gardé la
réserve de donner droit à ceux qui avaient été
nommés là, en majorité, de le garder là, ce
gars-là.
Trois jours après, ils sont arrivés et ils ont dit: Ce
gars-là, on ne veut pas l'avoir là, parce que ce n'était
pas eux qui l'avaient présenté. Ils l'ont mis dehors et ils ont
engagé qui ils ont voulu et à leur goût, un gars qu'ils
voulaient manipuler à leur goût. Cela marche depuis ce
temps-là. C'est à ce moment-là que les membres qui
s'étaient présentés ce soir-là ont dit, à
trois heures du matin: Nous autres, on ne veut plus aller là, ça
continue comme avant; il n'y a pas eu de marque de bonne foi. C'est pour
ça que ça s'est produit de cette manière. C'est comme cela
que ç'a commencé au tout début et c'est comme ça
que ça marche depuis le début. (11 h 15)
II y en a qui ont rentré au poste depuis ce temps-là. Il y
en a qui ont rentré par humiliation, par toutes sortes de choses. Il y
en a même qui ont embarqué dans les manifestations l'autre jour
parce qu'ils se sont fait décharger leur voyage de bois le long du
chemin et ils ont dit: Tu embarques ou on te casse. Et ils ont embarqué;
c'était de nos membres et ils l'ont embarqué malgré eux.
Je crois que M. le ministre en a eu des échos de ça. Cela a
toujours été la même chose. Cela fait trois jours qu'on est
ici et ce sont des plaintes comme ça continuellement. Vous devez
être au courant de ce qui se passe.
M. Goulet: Je suis d'accord, M. le Président. Ce que je
voulais démontrer, c'est comme si je disais: A partir de demain matin,
je ne paie plus de taxe, je ne paie plus d'impôts et je ne vote plus au
Québec justement parce qu'il y a 70 députés qui viennent
d'une autre formation politique et ils ont toujours la majorité. Alors,
c'est à moi de me battre et à la prochaine élection
d'essayer de faire élire mes gars et encore à une autre
élection. Cela peut prendre deux ou trois ans, mais les gens doivent
persister. Quand il y aurait eu une réélection de ce bureau de
direction, ils auraient pu essayer d'y mettre deux de leurs membres et,
à la prochaine élection, trois. Peut-être qu'aujourd'hui
vous auriez le monopole du bureau de direction.
M. Lavoie (Camille): Je vais vous dire... M. Goulet: Non,
cela ne se fait pas?
M. Lavoie (Camille): Cela se fait quand les gars... Un moment
donné, tu n'as pas le contrôle tout seul; mais, quand ça
fait plusieurs années que tu as commencé dans le transport, que
ça fait environ 20 ans que tu fais du transport et même davantage
et que tu dois recommencer au tout début, les gars se reculent, ils
craignent et ils ont peur. C'est ça qui se produit. Ceux qui n'ont pas
peur, ils sont ici aujourd'hui. C'est ça qui se produit
actuellement.
M. Goulet: Ce n'est pas facile d'être en minorité.
Je connais ça, surtout avec la formation politique que je
représente; ce n'est pas facile, mais on espère qu'un jour le
soleil luira, et c'est la même chose pour vous. M. le
Président...
M. Lavoie (Camille): Oui, mais vous n'avez pas eu les sabotages
qu'on a eus, M. le député.
M. Goulet: Vous ne le savez pas.
M. Lavoie (Camille): Cela commencerait à être le
temps de...
M. Goulet: M. le Président, j'ai...
Le Président (M. Jolivet): Des preuves, M. le
député.
M. Goulet: M. le Président, j'ai une dernière
question. Non, je pense que je ne voudrais pas...
M. de Belleval: M. le Président, juste un mot. Vous avez
raison.
M. Goulet: De toute façon, il y en a, pour ce qu'ils ont
fait le temps qu'ils étaient là, pendant quatre ans, ils n'ont
pas fait grand-chose non plus. C'est hors d'ordre, M. le Président, je
le savais.
L'Association des camionneurs entrepreneurs en vrac de la région
01 Inc., 174 boul. Saint-Benoît, Amqui, c'est bien votre association?
M. Lavoie (Camille): Oui.
M. Goulet: Un moment donné, est-ce qu'il se peut que vous
ayez écrit à vos membres et que vous ayez dit à peu
près ceci: Après vérification par nos procureurs...? Vous
parliez d'une soi-disant association. Je voudrais savoir de laquelle vous
parliez. Une association rivale. Vous dites ceci: Cette nouvelle association
n'est pas enregistrée c'est une mise en garde que vous faites
à vos membres au ministère des Institutions
financières du Québec, c'est-à-dire ne possède pas
de lettres patentes et les administrateurs du poste d'affectation, et ce en
voulant dire qu'ils ne sont pas dûment... Est-ce qu'au mois d'août
dernier vous n'auriez pas écrit une telle lettre à tous vos
membres? Quand vous parliez d'une association rivale, de laquelle parliez-vous?
Est-ce que vous parliez du Poste d'affectation de la région 01?
M. Lavoie (Camille): Oui, et, à ce moment-là, je
laisserai répondre mon procureur parce qu'il est au courant.
M. Delage: C'est qu'à la suite de la décision de la
Commission des transports qui a été rendue le 4 août 1980,
dans la région 01, on a eu des demandes d'inscription pour rentrer dans
le poste d'affectation au nom d'une corporation qui s'appelle Transport en vrac
de la région 01 Inc. La demande d'avis vous parlez de procureurs,
je pense que vous allez nous laisser répondre qu'on a eue est:
Est-ce qu'il existe une corporation qui porte ce nom? Après
vérification aux Institutions financières, à moins que nos
renseignements soient erronés, il n'y avait aucune corporation, sous les
première, deuxième ou troisième parties, qui avait un
statut corporatif au nom de Transport en vrac de la région 01 Inc. Par
contre, les camionneurs qui se faisaient solliciter par les
représentants du poste d'affectation actuel dont le nom légal est
Poste d'affectation de la région 01 Inc. se faisaient recruter au nom
d'une corporation dont on ignore encore d'où elle sort. Et l'avis qui a
été donné, c'est un avis de mise en garde parce que,
légalement, le permis qui existe, c'est le permis de Poste d'affectation
de la région 01 Inc. On a su qu'il y avait eu un changement de nom pour
permis de courtage je ne sais pas de la région 01. Mais,
effectivement, on faisait la réquisition auprès des camionneurs,
qui ne sont pas informés de ça, au nom d'une corporation qui, en
fait, n'avait certainement pas de permis de poste d'affectation.
M. Goulet: Mais vous ne croyez pas à ce moment-là
que ça mêlait les membres et que tous vos membres qui ont
reçu cette lettre pensaient qu'il s'agissait justement... Quand vous
parliez de cette association qui n'était pas en règle, tout le
monde ou à peu près 99% des membres l'ont identifiée au
poste d'affectation. Ils pensaient que leur poste d'affectation n'était
pas membre en règle.
M. Delage: Les représentations qu'on leur faisait pour
signer et devenir membres du poste étaient que c'était la
corporation qui détenait le permis de poste de la région 01.
M. Goulet: Bon. Mais là vous avouez aujourd'hui qu'il ne
s'agissait pas du tout de cette corporation-là, c'était une
troisième qui était arrivée dans le décor.
M. Delage: C'est ça.
M. Goulet: Ah! bon. C'est bon de le savoir. Une dernière
petite question, si vous me le permettez. M. le Président, tout à
l'heure, a parlé d'un directeur qui avait été
proposé et qui a été refusé. Le directeur du poste
d'affectation, au début, avait été proposé et,
à un moment donné, cela a été refusé. Ils
ont nommé ceux qu'ils ont bien voulu nommer. N'avez-vous pas dit quelque
chose comme cela ou si je fais erreur?
M. Lavoie (Camille): Je peux laisser répondre le directeur
qui a été suspendu. Il est justement...
M. Oelage: J'aimerais apporter une correction parce que les
événements que vous relatez feront l'objet d'une décision
judiciaire et j'aimerais qu'ils soient, au moins, reportés dans le cadre
précis où ils ont été faits. Lorsque la Commission
des transports, le 8 juin 1978, si ma mémoire est bonne, a
siégé à Matane, pour l'audition du permis de poste
d'affectation, elle a délivré un permis de poste d'affectation
à la région 01 Inc., avec la représentativité qui
existait à ce moment-là, c'est-à-dire 4
délégués, parce qu'on était sous le
règlement de 1978, 4 délégués des associations des
artisans et 2 délégués des entrepreneurs. La Commission
des transports, après avoir délibéré avec les
parties jusqu'à trois heures du matin, a pris acte d'une décision
pas de la Commission des transports, mais j'aimerais que ce soit
précisé du Poste d'affectation de la région 01
Inc., d'engager et de choisir un directeur de poste qui a fait, lui, l'objet de
l'approbation par la Commission des transports conformément au
règlement qui existait. Quand M. le président Lavoie fait
état de ce remplacement, c'est que la personne qui avait
été légalement choisie par la corporation et dont le choix
avait été entériné par la commission, n'a
effectivement jamais, jamais, pu opérer, parce qu'avant même
qu'elle puisse rencontrer, en fait, l'organisme qui l'avait engagée, on
l'a carrément avertie qu'elle n'était même plus directeur
du poste qui avait été changé. On a engagé
effectivement un autre directeur du poste d'affectation, et celui-là n'a
jamais fait l'objet de l'approbation des autorités de la commission.
M. Goulet: M. le Président, je vous demande une directive.
Est-ce que les gens qui sont en avant ont, comme les députés,
l'immunité parlementaire? Oui?
Le Président (M. Jolivet): Les gens qui sont en
avant...
M. Goulet: Je veux dire les invités.
Le Président (M. Jolivet): Oui. Oui, les invités.
Non, je n'ai pas dit oui à cela.
M. Goulet: Je ne veux pas aller plus loin, mais j'aurais
aimé que quand...
Le Président (M. Jolivet): J'ai bien compris. Une minute.
M. le député, laissez-moi répondre à votre
question.
M. Goulet: Je m'excuse.
Le Président (M. Jolivet): Selon la Loi de la
Législature, il est évident que chacun des membres qui sont des
députés, ici, autour de cette table, ont l'immunité
parlementaire, selon les articles si je me souviens de mémoire
43 et 44 de la loi. Ce n'est pas tout à fait clair, mais j'aime
autant faire une mise en garde qui s'impose. Je lis, à l'article 44:
"Nulle personne n'est passible de dommages et intérêts ou n'est
sujette à aucun autre recours en raison d'actes accomplis sous
l'autorité de l'Assemblée nationale, agissant dans la mesure de
ses pouvoirs." Cela fait référence, bien entendu, à
l'article 43, qui concerne le témoin et dit: "L'Assemblée
nationale peut désigner et contraindre toute personne à
comparaître devant elle ou un de ses comités ou à y
produire toute pièce qu'elle juge nécessaire à ses actes
de délibération."
Compte tenu de ces deux articles, en étant assez large sur
l'interprétation, mais compte tenu que cela n'a jamais fait l'objet de
décisions judiciaires à ce niveau, on peut croire qu'il y a une
forme d'immunité qui n'est pas encore, en aucune façon,
prouvée. Cependant, compte tenu de cela, ce que je peux vous dire, c'est
que dans l'avant-projet qui a été déposé en
Chambre, lors de la dernière session, de la Loi de la
Législature, il sera carrément inscrit que les gens qui sont en
face de nous et qui viennent témoigner à la demande de la
commission ont cette immunité parlementaire qui est dévolue
actuellement à la députation. Mais il reste que ceci
n'étant pas clair, n'ayant aucun jugement de cour en ce sens, en
étant assez large d'interprétation des articles, mais en
laissant, cependant, au juge le droit de déterminer, on peut, à
la rigueur, penser qu'il y a une forme d'immunité qui n'est
peut-être pas parlementaire, mais qui permet aux gens de
témoigner.
M. Goulet: J'ai terminé mes questions, M. le
Président, mais j'aurais aimé qu'on puisse nous dire si on
connaissait les vraies raisons pour lesquelles ce directeur avait
été refusé, ou simplement remplacé. Il y a
sûrement eu une raison, est-ce qu'on la connaît, est-ce que c'est
la même?
M. Lavoie (Camille): Vous avez vu celui qui l'a remplacé,
hier, vous pouvez le lui demander. Il va peut-être savoir quoi dire. Je
crois qu'il va bégayer, comme il l'a fait hier.
M. Goulet: Cela fait trois jours que je participe à cette
commission et je peux vous dire que je n'ai... Si vous permettez, M. le
Président, on semble vouloir insinuer des choses.
J'ai personnellement lu avant de venir à cette commission, et
pendant trois semaines à raison de huit ou dix heures par jour, tous les
mémoires qui ont été déposés. Pour ceux que
je ne comprenais pas, j'ai pris la peine de m'informer, M. le Président,
sur le camionnage en vrac. Je pense que c'est le devoir de tous les membres de
la commission d'agir ainsi, car aucun membre de la commission n'est à la
solde de qui que ce soit. Je pense que ceux qui me connaissent savent que je
suis assez grand et assez peu gêné pour poser les questions que je
veux poser.
Les gens qui viennent ici depuis trois jours pour lancer de telles
accusations, devraient à un moment donné donner des
précisions. Je trouve malheureux que les débats d'une commission
parlementaire fonctionnent ainsi. Les gens disent n'importe quoi et, quand
c'est le temps d'avoir la preuve, on ne l'a pas. Si c'était comme au
tribunal où, au moins, les accusés ont le droit de se faire
entendre, on pourrait poser des questions au lieu de "tataouiner" pendant trois
jours et on pourrait avoir des réponses beaucoup plus
précises.
Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, simplement une minute, je
voudrais faire une observation. Le groupe de la région 01 qui est devant
nous représente quand même probablement des camionneurs qui sont
parmi ceux qui ont été le plus massacrés au moment
où des clauses de protection ont été accordées aux
artisans. A les écouter tantôt, alors qu'on demandait s'il y avait
des associations semblables dans la province, il y en avait forcément,
mais elles sont disparues par la force des choses étant donné la
clause de protection qui avait été accordée aux artisans.
C'est la raison pour laquelle il n'y en a pas partout dans les
régions.
En 1975, quand la clause de protection sur le béton bitumineux
fut enlevée, une des raisons pour lesquelles nous l'enlevions,
c'était effectivement parce que tous ceux qui étaient
propriétaires de deux, trois ou quatre camions avaient été
lésés dans le transport; on voulait qu'ils puissent y participer,
au moins en partie.
On a depuis formé des postes d'affectation; je ne veux pas
revenir sur les accusations ou contre-accusations, je mets cela de
côté. Mais quand on demande à des gens qui sont camionneurs
en vrac de faire partie d'un poste d'affectation où on sait d'avance
qu'une majorité de camionneurs peut contrôler le poste, il ne faut
pas demander aux autres qui sont minoritaires de supposer qu'ils peuvent avoir
la plus grande mesure de justice possible. Ce serait rêver en couleur
d'espérer cela.
Cela veut donc dire que les postes d'affectation, tels qu'ils sont
créés actuellement et de la façon dont ils sont conduits,
j'ai l'impression que c'est une formule qui est également boiteuse. Il y
a eu quantité de suggestions qui ont été portées
à l'attention des autorités gouvernementales au sujet des erreurs
passées ou de l'interprétation qu'on a faite de la loi et des
règlements. Il faudrait, après cette commission, revoir ces
erreurs afin d'éviter d'en commettre d'autres. Je suis de ceux qui
pensent que vos recommandations, comme d'autres qui ont
précédé, méritent, avant que d'autres changements
soient faits, une attention des plus approfondies de la part des
autorités du ministère actuellement.
Merci.
Le Président (M. Jolivet): Merci, c'est
terminé.
Je demande à l'Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec, représentée par M. Damien Morissette,
de s'avancer.
Pendant ce temps, je fais lecture d'une lettre que j'ai transmise
à chacun des membres de cette commission. C'est une lettre de
l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec: "Suite
à la question posée par le député de Bellechasse,
M. Goulet, lors de la présentation de notre mémoire à
savoir si la AMBSQ avait déjà demandé à la
commission de fixer les taux pour le transport de copeaux, notre association
désire par la présente, afin d'éclairer cette commission
et M. le député de Bellechasse, vous informer qu'en aucun temps
notre association n'a demandé à la Commission des transports du
Québec une fixation des taux précités. Cependant, des
ententes tarifaires sont déjà intervenues entre certains membres
de notre association et certains transporteurs, ententes que la commission a
entérinées."
C'est signé de Richard Lacasse, directeur
général.
Je dépose ici, à cette commission, une résolution
de la municipalité de Disraeli qui se lit comme suit: "Que la
corporation municipale de la paroisse de Disraéli porte à
l'attention de la commission parlementaire sur le camionnage en vrac son
opposition à la demande de l'Association des camionneurs." C'est
signé par la sécrétaire-trésorière, Florence
P. Couture. (17 h 30)
Nous demandons donc à M. Damien Morissette de présenter
les membres qui sont avec lui. Le no 17.
Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec
M. Morissette (Damien): M. le Président, je vous
présente à mon extrême gauche l'assistant
directeur du contentieux, Me Serge Caron, immédiatement à
ma gauche Me Micheline Laliberté, directrice du contentieux et à
ma droite M. Carol Wagner, président directeur général de
l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres de la
commission, l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec est heureuse de vous présenter aujourd'hui le
présent mémoire sur la situation du transport en vrac au
Québec. Nous vous sommes très reconnaissants de l'occasion que
vous nous donnez d'exprimer nos idées et recommandations sur ce dossier
toujours d'actualité qu'est le transport en vrac au Québec.
C'est d'ailleurs la tenue d'une commission parlementaire sur le
transport en vrac que nous avions demandée à votre
prédécesseur M. Lucien Lessard dans une lettre datée du 6
juillet 1979 et à la suite des manifestations de 1977 de l'implantation
du règlement 112 dans trois régions du Québec et de la
crainte de perte de contrôle qu'éprouvaient certains groupes de
camionneurs.
M. Lessard avait fait la sourde oreille à nos demandes, se
contentant de discuter du dossier en l'absence des entrepreneurs en
construction, malgré le fait que ceux-ci doivent transiger selon les
devis, pressions ou chantage avec ce secteur de travail protégé
qu'est le transport en vrac, secteur né d'un patronage politique de nos
gouvernements.
Le présent mémoire est le fruit d'une consultation directe
de tous les entrepreneurs en construction spécialisés dans les
travaux de voirie et génie civil membres de notre association. Les
requérants de services que nous avons l'honneur de représenter
aujourd'hui se sont penchés très attentivement sur le dossier du
transport en vrac et vous soumettent leur point de vue au cours des pages qui
suivent.
Nous sommes convaincus que la commission permanente des transports
apportera à nos recommandations toute l'attention qu'elles
méritent et ce, dans l'espoir de trouver des solutions
définitives au malaise dans l'industrie du camionnage en vrac au
Québec.
Verrons-nous un gouvernement poser un geste concret à ce
problème politique? Je demanderais maintenant à Me
Laliberté de faire la lecture du mémoire.
Me Laliberté (Micheline): L'Association des constructeurs
de routes et grands travaux du Québec a été
incorporée en 1944 et regroupe exclusivement des entreprises de
construction spécialisées dans les travaux de voirie et
génie civil. Ces travaux de construction comprennent notamment ceux de
voirie, grand travaux, agriculture, travaux municipaux, déneigement,
transport d'énergie, production et fourniture de béton
préparé, béton bitumineux, pierre concassée et
agrégat.
Le Président (M. Michaud): Est-ce que vous auriez
objection à ce qu'on passe directement aux recommandations en vous
assurant que le texte de votre mémoire soit inscrit au journal des
Débats, pour accélérer les choses, étant
donné qu'il est déjà 17 heures 30.
M. Morissette: M. le Président, si les membres de la
commission sont au courant du mémoire et si M. le ministre
également a jugé qu'on peut se dispenser de la lecture du
mémoire, on va se soumettre à vos désirs.
Le Président (M. Michaud): Je vous fais cette suggestion
après avoir consulté le ministre et les députés de
l'Opposition. Si tout le monde est d'accord on pourrait passer par cette
procédure afin d'accélérer un peu.
M. Morissette: D'accord, on va accepter votre proposition, M. le
Président.
M. Gratton: M. le Président, si on me permet, quant
à nous de l'Opposition officielle, et je suis convaincu qu'au
ministère aussi, nous avons pris connaissance du mémoire, on a
d'ailleurs une analyse complète qui a été effectuée
par notre service de recherche et on pourrait effectivement, surtout avec la
clause conditionnelle de reproduire le texte intégral au journal des
Débats pour ceux qui voudraient pouvoir en prendre connaissance
là, on pourrait sûrement faire une étude sérieuse de
votre mémoire en procédant à la lecture des
recommandations.
Le Président (M. Michaud): M. le député de
Bellechasse vous êtes d'accord?
M. Goulet: Naturellement j'ai pris connaissance du mémoire
et je serais prêt à formuler mes questions immédiatement.
C'est une suggestion que vous leur faites M. le Président, ils savent
que s'ils veulent le lire, libre à eux. C'est à leur
discrétion. Je pense qu'il n'est pas question de brusquer personne mais
quant à nous, nous l'avons lu.
Le Président (M. Michaud): Si tous les membres de la
commission sont consentants, je crois qu'on pourrait passer directement aux
recommandations et passer à la période des questions tout de
suite après.
M. Morissette: Nous sommes d'accord, M. le Président.
(Voir annexe)
Le Président (M. Michaud): Madame.
Me Laliberté: Les recommandations: L'Association des
constructeurs de routes et grands travaux du Québec soumet
respectueusement les recommandations suivantes à la commission
permanente des transports.
Recommandation 1: Abolition de la clause dite 75-25 sur les contrats du
gouvernement et organismes paragouvemementaux ou de toute
autre forme d'obligation contractuelle visant l'engagement obligatoire
de camionneurs en vrac.
Recommandation 2: Maintien du gel dans l'émission des permis de
camionnage en vrac, tel qu'édicté dans l'arrêté en
conseil 2079-97 du 22 juin 1977.
Recommandation 3: Instauration du gel dans les transferts de permis de
camionnage en vrac à la Commission des transports du Québec.
Recommandation 4: Maintien d'une fixation de taux et tarifs de transport
en vrac par la Commission des transports du Québec.
Recommandation 5: Maintien du système de répartition et
d'affectation de transport en vrac par les postes et sous-postes d'affectation,
mais sans obligation d'y adhérer pour le transporteur ou d'y recourir
des services pour l'entrepreneur.
Recommandation 6: Réinstauration des catégories
camionneurs artisans et entrepreneurs et privilège d'adhérer aux
postes et sous-postes d'affectation pour les camionneurs artisans
seulement.
Le Président (M. Michaud): Merci, madame. M. le
ministre.
M. de Belleval: Dans votre mémoire, vous suggérez
de remplacer les taux minimaux par des taux fixes. Or, plusieurs intervenants,
qui sont venus devant la commission, ont suggéré au contraire
qu'on devrait plutôt s'en tenir à des taux minimaux, mais
faciliter cependant les relations entre les requérants de services et
les fournisseurs de services et la Commission des transports pour
déposer des taux ad hoc, ce qui permettrait d'améliorer la
concurrence entre les différents intervenants.
Je ne saisis pas en quoi justement votre recommandation serait de nature
à simplifier les choses. Est-ce qu'elle ne serait pas plutôt de
nature à compliquer davantage, à bureaucratiser davantage le
système?
M. Morissette: M. le ministre, il faut regarder cette
recommandation dans l'ensemble des recommandations que nous avons faites. Nous
ne sommes pas, à la base, opposés à ce qu'une
négociation des taux se fasse, que les taux ne soient pas fixes.
Seulement, si jamais on conserve des secteurs protégés et
l'obligation de passer par les postes d'affectation, on pense que c'est plus
simple et que ça peut éviter des négociations ardues et
inégales.
M. de Belleval: D'accord, je comprends. Autrement dit, c'est dans
le cadre de secteurs protégés que vous faites cette
recommandation.
M. Morissette: Evidemment, on serait pris à
négocier des taux avec quelqu'un qu'on est obligé d'engager.
M. de Belleval: C'est ça, et vous seriez ni plus, ni
moins, les otages de ceux à qui vous êtes obligés de vous
adresser de toute façon.
M. Morissette: C'est ça, M. le ministre.
M. de Belleval: Je saisis. Plusieurs recommandations que vous
faites ont été faites aussi par d'autres intervenants et je ne
veux pas revenir là-dessus, mais sur des points particuliers que vous
soulevez.
Entre autres, vous dites que dans le cas des mélanges de
béton bitumineux, les postes d'affectation causent des
difficultés en particulier en ce qui concerne la dimension et la
contamination des bennes, etc. Qu'est-ce que vous voulez dire exactement?
M. Wagner (Carol): Si on se reporte avant 1975, la clause
existait, le 75-25 était appliqué aussi au béton
bitumineux, je pense que les producteurs de béton bitumineux ont eu des
difficultés, en ce sens que quand on exécute des contrats avec le
ministère des Transports dans ce temps-là, du moins
il y a la question de la productivité; si on a une équipe
d'asphalte qui travaille sur un chantier, si on a à préserver le
mélange à une certaine température, etc., il faut se
limiter, question d'efficacité, à 600 tonnes par jour. Qu'est-ce
qui arrive aussi? Il faut absolument, dans ces cas-là, avoir ce qu'on
appelle des camions fiables, des camions d'une certaine longueur de boîte
qui s'adaptent aux paveuses en question.
Il y a aussi la question du travail dans les régions urbaines
où, parfois, on a des intersections à faire, où on a des
rues de très faibles dimensions. C'est souvent recommandable d'avoir
quelques six roues pour travailler. C'est très important que le
contrôle soit automatiquement fait par le producteur de béton
bitumineux. Je suis certain qu'avant que le ministère ait pu
concéder sa clause 75-25 et l'enlever en 1975, la question de
qualité, de pose et d'efficacité entrait en ligne de compte.
Je suis presque convaincu que la question de prix, qui étaient
soumis au ministère, était aussi affectée en ce sens. Ce
n'est pas pour rien que le ministère des Transports, en 1975, a
relevé ces clauses de béton bitumineux.
M. de Belleval: Qu'est-ce qui arrive dans le cas où les
postes d'affectation ne sont pas capables de vous fournir des camions
adéquats? Est-ce que cela arrive souvent?
M. Wagner: Ce qui arrive, c'est qu'avec le système des
postes d'affectation actuels, avec le système, comme on dit, de
répartition égale ou d'une certaine équité qui est
prôné théoriquement par les postes d'affectation, il est
très difficile pour l'entrepreneur d'avoir le contrôle sur les
camionneurs. C'est une tierce personne qui est arrivée là
peut-être à la dernière minute. Pour donner des exemples
assez concrets, supposons qu'on a cinq ou dix camions sur un projet; la
première chose dont qu'on s'aperçoit, c'est qu'à 15 h 30
il nous arrive un camion de l'extérieur. On n'a aucun contrôle
dessus. Le poste d'affectation l'a envoyé.
On sait fort bien que, pour l'équipe qui est là, avec
l'équipement qu'il y a là, il faut absolument établir des
critères d'efficacité. Si on a soumissionné pour 800
tonnes par jour, c'est 800 tonnes; si c'est 600, c'est 600; si c'est 1000,
c'est 1000. En fin de compte, il ne faut pas se leurrer, la soumission tient
compte de la rentabilité.
C'est pour cela qu'il est très important que le contrôle
soit donné à l'entrepreneur, d'autant plus que vous avez au
ministère des Transports votre système de
pénalités. Comment voulez-vous qu'on ait le contrôle
complet sur les camionneurs qui nous sont envoyés par le poste
d'affectation, soit d'une région ou d'une autre, qui viennent d'arriver
sur un chantier d'excavation de terre ou de gravier? S'il a reçu l'ordre
de se rapporter à l'usine d'asphalte no X, la première chose
qu'il fait, c'est qu'il met de l'huile assez rapidement, qu'il se place en
dessous de la benne, qu'il charge et s'en va porter le voyage. On n'a pas le
temps de vérifier à chaque fois si le camion est propre,
impropre, etc. Par contre, ce sont nos entrepreneurs qui sont responsables de
la qualité finale du béton bitumineux; sinon, ils sont
pénalisés par le ministère.
M. de Belleval: Maintenant, vous dites qu'il y a un chantage ni
plus ni moins ou du refus de fournir un nombre suffisant de camions si le poste
n'obtient pas la clause 75-25 même dans des domaines où vous
n'êtes pas obligés de respecter cette clause. Est-ce que cela
arrive souvent? Est-ce qu'il y a des régions qui sont plus
touchées que d'autres?
M. Morissette: M. le ministre, on n'a pas cru bon
d'élaborer sur certaines situations pénibles qu'on a
vécues, parce que vous en avez assez entendu parler pendant deux ou
trois jours. Mais, effectivement, il y a des régions, je pense à
la Gaspésie, où des entrepreneurs ont subi des intimidations. Il
y en a eu à Saint-Hyacinthe, il y en a eu un peu partout.
M. Wagner: On pourrait peut-être élaborer. On donne
des exemples dans notre rapport, dans la région 06 et dans la
région 05. Il faut peut-être expliciter ce qui a été
dit ici à la commission parlementaire. Premièrement, concernant
peut-être Arco, l'entrepreneur Arco, de la région 04, nous a dit:
C'est impensable, ils nous pénalisent une heure de temps si nos camions
ne font pas onze voyages. Cela me chicotait et j'ai vérifié
auprès de la compagnie Arco ainsi qu'auprès des autres
entrepreneurs. C'est d'abord un contrat qui est en bas de l'infrastructure pour
lequel l'entrepreneur n'a aucune raison d'utiliser les camions du poste. C'est
clair et net. Sur le projet concerné, le camionneur a utilisé 27
de ses camions et 15 des camions artisans, après des pressions faites du
poste d'affectation dans un domaine qui ne lui était pas du tout
octroyé. Ils ont commencé à faire des pressions, ainsi que
des menaces. Il a fallu que la compagnie Arco fasse venir le commissaire Alain,
qui s'est rendu sur le chantier pour discuter avec le
président-directeur des postes. Je pense qu'il a fallu qu'il admette
qu'il n'avait aucun droit en bas de l'infrastructure.
L'entrepreneur lui-même a engagé ces quinze camions. Ce qui
arrive par la suite, il a dit: On va vous payer à l'heure. Si mes
camions font onze voyages, vous allez suivre nos camions. Il ne faut pas se
leurrer ici, ça n'a pas été dit, mais les camionneurs
artisans ont des walkies-talkies, ça se parle entre eux! Fais attention,
le superviseur s'en vient, il faut commencer à se grouiller. Je n'ai
rien contre les bons artisans, je pense que plusieurs de nos entrepreneurs les
utilisent, mais il ne faudrait pas attribuer toutes les causes à nos
entrepreneurs. (17 h 45)
II y a aussi la question de la retenue de 8% qui est attribuée
à Philippe Lamothe, je crois bien, sur un projet de
Saint-Etienne-des-Grès. L'entrepreneur a signé un contrat en
bonne et due forme avec les textes au ministère des Transports, à
l'effet qu'une retenue sera faite et 8% seront saisis si les camionneurs ne
respectent pas les clauses. Ils ont signé, je pense, au mois de
septembre 1979 et ces messieurs font des grèves, font des manifestations
et ils ont arrêté, pendant deux jours, huit de ces camions
à la sortie de la carrière.
L'entrepreneur a dit: Je vous retiens un montant, vous êtes des
personnes responsables et, en plus, je vais vous poursuivre pour la
différence. Je pense que ces choses, il faut les dire.
Deuxièmement, quand on parle dans notre mémoire de la
région 05, je pense qu'on le soutient, dans la région 01, il ne
faut pas se leurrer, si je me rappelle bien, ma mémoire est bonne,
peut-être que vos dossiers le disent, il y a eu la question de Beaudet et
Marquis où le ministre précédent a eu à intervenir
pour essayer de régler le problème. Je pense que les
problèmes sont assez nombreux j'appelle ça du
contrôle des postes où des associations s'immiscent dans un
domaine qui ne leur appartient pas encore.
M. de Belleval: Pouvez-vous donner une appréciation de la
différence de coûts entre l'utilisation de vos propres camions et
celle des camions des artisans?
M. Morissette: Pour quelle catégorie de transport? Pour
quel genre de transport? Est-ce qu'on parle des matériaux en haut ou en
bas de l'infrastructure?
M. de Belleval: L'un et l'autre.
M. Morissette: L'un et l'autre, parce qu'il faut regarder les
deux séparément, je crois, parce qu'en haut...
M. de Belleval: C'est ce que je veux dire, l'un et l'autre, mais
séparément.
M. Morissette: En haut de l'infrastructure, je pense que, selon
les distances de transport, il peut y avoir une différence de 25% et
plus.
M. de Belleval: Pour ce qui est en haut...
M. Morissette: Pour les matériaux transportés en
haut de l'infrastructure, parce qu'on peut établir que les camionneurs,
pour un transport normal, vont le faire aux taux stipulés par le
ministère des Transports des taux de l'ordre de $40 à $45
l'heure, pour un transport moyen, en haut de l'infrastructure, pendant que le
coût d'un camion peut être de $25 à $30 l'heure, je vous
donne des chiffres approximatifs, parce que chaque camion peut avoir un
coût différent...
En bas de l'infrastructure, ça peut varier
énormément. C'est difficile à évaluer, parce que
vous savez que les matériaux qui sont transportés en bas de
l'infrastructure, ça peut être fait avec différents
équipements et, généralement, ce sont des matériaux
qui proviennent des déblais de deuxième classe qui sont
transportés pour faire des remblais; des déblais de
deuxième classe, vulgairement, ce sont des matériaux qu'on
enlève à un endroit et qu'on va placer à l'autre. Cela se
fait sur des distances très courtes. A ce moment-là, on peut
utiliser sur quelques centaines de pieds des tracteurs; si c'est sur un
demi-mille, ou une couple de milliers de pieds, les décapeuses sont plus
économiques. Si c'est au-delà d'un mille, il faut utiliser des
camions, mais, encore là, tout dépend du matériel qu'on
excave; ça peut être des camions hors routes, ou des camions
normaux, des dix-roues ordinaires.
Si je prenais, par exemple, un transport très fréquent,
d'un demi-mille environ, c'est la déca-peuse qui est
généralement utilisée par les entrepreneurs pour des
matériaux de deuxième classe, de la terre, non pas du roc.
Pour vous donner un aperçu des chiffres, pour une distance
d'environ 2000 pieds, déplacer un mètre cube de terre avec des
décapeuses peut coûter environ $0.75, alors que ça vous
coûtera $1.00 avec des camions de l'entrepreneur et peut-être $1.25
si vous utilisez des camions suivant les taux de la Commission des transports.
Alors, pour répondre à votre question, si ce sont des
matériaux en bas de la ligne d'infrastructure, je dirais qu'avec des
camions de l'entrepreneur, ça peut coûter peut-être 25%
à 30% de plus, pour l'exemple de la décapeuse, et peut-être
50% à 60% de plus pour utiliser les camionneurs privés, des
transporteurs en vrac. Mais, ce qu'il est important de souligner ici, si on
parle des transports en bas de la ligne d'infrastructure, c'est que c'est
difficilement acceptable, c'est inadmissible parce que ce n'est pas du
transport défini de matériaux d'un point à un autre. C'est
du transport qui varie avec chaque contrat. C'est une nature de
matériaux qui varie avec chaque contrat. Les coûts vont être
en proportion de la difficulté de construire des chemins ou des choses
semblables. Est-ce que ça répond à votre question?
M. de Belleval: Une précision en ce qui concerne les
travaux en haut de l'infrastructure. Vous calculez qu'en moyenne, en utilisant
ses propres camions, un entrepreneur épargne combien, en pourcentage,
vous dites?
M. Morissette: Je vous ai donné l'ordre des chiffres,
l'ordre de grandeur. Vous avez des statistiques, au ministère des
Transports, qui vont vous dire que pour un transport moyen, disons de
zéro à cinq milles ou dix kilomètres, le revenu d'un
camion, pour un transport ordinaire, va être de $40 à $45 l'heure,
pendant que le coût d'un camion s'établit entre $25 et $30. Alors,
si vous prenez $15...
M. de Belleval: 25% de plus, en gros. M. Morissette: Au
moins.
M. de Belleval: Au moins 25%. Autrement dit, en accordant la
clause 75-25 aux tarifs de la commission, on se serait trouvé,
d'après vous, à augmenter inutilement le coût de
réalisation des routes au Québec.
M. Morissette: Indiscutablement.
M. de Belleval: Je laisserai mon collègue, M. le
député de Charlevoix, commenter ces chiffres-là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Oui, M. le Président. Dans votre association,
vous avez environ 600 membres qui emploient une centaine de milliers
d'employés. Je ne sais pas combien.
M. Morissette: Exactement 600 membres.
M. Gratton: 25 000 ouvriers spécialisés. C'est
sûr que vous êtes ceux qui avez le plus été
affectés par la règle 75-25, depuis 1972. Outre le facteur
coût, le mémoire les mentionne, en toute justice, pour la bonne
compréhension de tous, pour-riez-vous nous résumer les autres
problèmes que vous occasionne cette règle 75-25, à part le
facteur coût.
M. Morissette: La clause 75-25 nous oblige à contracter
avec des sous-traitants ou des fournisseurs de services. Elle nous oblige
à contracter avec eux. Alors, c'est automatiquement une ingérence
dans notre direction de chantier. On ne peut pas commencer quand on veut, on ne
peut pas finir quand on veut, on ne peut pas toujours avoir le nombre de
camions qu'on veut. Alors, grossièrement, c'est la direction du chantier
qui est affectée. La direction du chantier étant affectée,
ce sont des coûts qui sont supplémentaires à ça.
Cela nous occasionne des frais supplémentaires; on refile la facture aux
donneurs d'ouvrage. On veut vous signaler que ça coûte plus
cher.
Etant donné que nous défendons ardemment la libre
entreprise et la loi de l'offre et de la demande, évidemment, nous nous
opposons à une clause semblable de secteur protégé. On ne
voit pas pourquoi nous sommes soumis à des soumissions publiques et
qu'on joue le jeu de la libre entreprise. Je ne vois pas pourquoi une
partie
de nos travaux serait forcément accordée à une
tierce partie. Encore là on l'a répété, on
l'a dit on ne s'oppose pas à ce que... Nous sommes certains que
des camionneurs rendent des services aux entrepreneurs et que si nous les
remettons dans le cadre normal de la libre entreprise, ils vont continuer de
rendre des services qui sont appréciés et les entrepreneurs vont
continuer à les engager. Mais ils vont travailler dans les mêmes
circonstances que l'entrepreneur, c'est-à-dire j'ai
déjà entendu cela au cours des travaux de la commission
qu'ils vont travailler aux conditions de l'entrepreneur, comme l'entrepreneur
travaille aux conditions du donneur d'ouvrage et, si c'est le ministère
des Transports, ils travaillent aux conditions du gouvernement, le gouvernement
aux conditions du peuple et la roue recommence à tourner. Chacun est
conditionné, à un moment donné, à quelqu'un
d'autre.
M. Gratton: Les chiffres dont vous parliez tantôt au point
de vue de l'augmentation des coûts que cela représente, je
présume que vous incluez là-dedans ce qu'on appelle, quand on
prépare une soumission, les impondérables, c'est-à-dire
les perturbations possibles des chantiers à cause de la 75-25, toujours.
Ce n'est pas en plus des chiffres que vous avez mentionnés
tantôt.
M. Morissette: II est difficile d'inclure des
impondérables dans nos soumissions, M. Gratton, des
impondérables, comme des perturbations de chantiers. Si vous demandez au
ministre des Transports actuellement, il va vous dire qu'actuellement les
entrepreneurs ne mettent pas beaucoup d'impondérables dans leurs
soumissions.
M. Gratton: Forcément, parce qu'il n'y a pas d'ouvrage,
mais l'entrepreneur... Il n'y en a pas autant qu'il devrait y en avoir. Pour
l'entrepreneur quel qu'il soit, que ce soit dans le domaine des routes ou dans
celui de la construction industrielle, il y a toujours quand même un
montant qui est prévu dans la soumission pour couvrir les
impondérables jusqu'à une certaine limite. Le pourcentage de cela
peut varier selon les conditions du marché. Quand un entrepreneur a des
employés à ne rien faire, c'est sûr qu'il coupe un peu
plus, il affile son crayon, comme on dit. Je présume que les chiffres
dont vous avez parlé tantôt incluent cet aspect.
M. Morissette: Les chiffres dont j'ai parlé tantôt
sont les coûts directs. C'est qu'un camion qui transporte...
M. de Belleval: ... de vos camions, etc. Cela comprend tout, au
complet ou bien juste le coût d'opération sur place?
M. Morissette: Oui. Oui. Je vous ai dit tout à
l'heure...
M. de Belleval: Est-ce que le coût d'administration et le
bénéfice, sont compris dans les chiffres que vous m'avez
donnés?
M. Morissette: Oui. Quand on vous a dit qu'un camion
coûtait de $25 à $30 de l'heure à opérer, il est
compris là-dedans.
M. de Belleval: Cela comprend l'amortissement, etc., et le
coût d'opération de ce camion et le salaire de votre
employé, de celui qui le conduit.
M. Morissette: Si je vous parle de $25 à $30 l'heure,
c'est le...
M. de Belleval: C'est ce que ça vous coûte, incluant
votre profit et vos frais d'administration.
M. Morissette: Pour le camion, mais peut-être pas pour les
frais d'administration du contrat. Autrement dit, si le camion artisan
coûte $40 l'heure et le camion coûte $25 ou $27 l'heure, ça
ne comprend pas l'administration et le profit du contrat; cela comprend les
coûts d'opération du camion.
M. de Belleval: D'accord.
M. Gratton: D'ailleurs, chez les entrepreneurs, il n'y a pas de
problème. Mais on sait que la municipalité, elle, et même
le ministère, dans le fond, va souvent faire des estimations de ce que
ça coûte de se servir de ses propres camions, dans le cas d'une
municipalité versus location de camion. Même si ce sont des
contrats d'infrastructure d'égout et d'aqueduc, certaines
municipalités vont préparer des soumissions et soumissionnent
contre vos membres. Souvent, ce qui arrive, c'est que dans la location de
camion, aussi bien que tout l'équipement de construction, on n'inclut
aucun coût pour l'amortissement mécanique.
Quand on achète cinq camions au ministère aussi
bien que quand on le fait pour une municipalité c'est un
règlement d'emprunt, ce n'est pas une dépense d'opération.
Dans la préparation de la soumission, souvent, c'est ce qui permet
à des municipalités de se justifier elles-mêmes d'utiliser
et de se procurer l'équipement, alors qu'en réalité,
ça coûte beaucoup plus aux contribuables que si elle avait
engagé un entrepreneur. Je ne dis pas cela pour faire la promotion de
l'entreprise privée, mais c'est un facteur qu'on oublie souvent quand on
fait des comparaisons de coûts dans le domaine public vis-à-vis du
domaine privé.
Cela étant dit, j'aurais seulement une dernière question
parce qu'on sait que tout le monde voudrait terminer je ne pense
pas que votre mémoire le mentionne. Vous avez entendu plusieurs
camionneurs, artisans ou autres, se plaindre de la situation qui est faite
à certains de leurs membres qui sont placés devant des faillites
peut-être pas de vos membres, mais des entrepreneurs en
construction de routes; j'ai moi-même plusieurs cas chez nous et
qui n'ont aucune garantie quant au paiement. Ils ont des garanties dans le cas
où ils ont un bon de garantie, mais je parlais surtout des cas où
des entrepreneurs, en soumissionnant ou en signant un contrat, fournissent un
chèque de 10%, ce qui
n'est pas toujours suffisant pour couvrir les créances.
Est-ce que vous avez une suggestion à faire? On a
suggéré, par exemple, dans certains milieux, que le
ministère fasse des retenues jusqu'à ce que le ministère
soit satisfait et que tous les locateurs de camions aient été
payés. Sûrement, si cela devait être retenu par le
ministère, vous auriez quelque chose à dire à ce sujet. Je
vous demande de nous dire ce que c'est.
M. Morissette: D'abord, votre question m'étonne un peu
parce que les remarques qui ont été faites au cours des
travaux m'ont étonné aussi les grands travaux qu'on
exécute, c'est généralement pour des organismes publics:
le ministère des Transports, Hydro-Québec ou la SEBJ; on l'a dit,
il y a des cautionnements d'exécution qui sont là pour garantir
les gages, matériaux et services et si ce n'est pas ça, c'est un
chèque de dépôt de 10% plus les retenues sur chaque
décompte mensuel de 5% ou de 10%. Ce qui fait que lorsque le temps du
transport est arrivé, la construction d'une route par exemple, il y a
déjà des retenues assez appréciables sur les
décomptes. De plus, je crois savoir que, officieusement, si un
sous-traitant qui travaille pour un entrepreneur n'a pas été
payé en temps et qu'il dénonce la situation au ministère
des Transports, le ministère des Transports va s'occuper de lui, ou du
moins va parler à l'entrepreneur et lui dire de régler ses
affaires, parce qu'il va avoir des problèmes à se faire payer son
décompte mensuel. Plus le fait que les camionneurs artisans sont
payés généralement quinze jours après avoir rendu
des services; c'est la coutume. L'entrepreneur est payé 60 jours
après en général. 60 jours à partir du temps
où le travail a été exécuté.
Vous avez toutes ces situations, qui font que les sous-traitants, les
fournisseurs, les camionneurs sont quand même protégés. Il
peut y avoir des cas de faillite ou je ne sais trop, il peut y avoir eu des
exceptions, mais il me semble que ça ne peut pas être
généralisé.
Je voudrais revenir un instant sur votre remarque; elle m'a plu
d'ailleurs. On s'oppose éner-giquement à ce que les
municipalités exécutent leur travail elles-mêmes, parce que
si elles oublient de réclamer la dépréciation du camion,
nous, les entrepreneurs, ne pouvons pas l'oublier. Si on l'oublie, on ne
travaillera pas longtemps. Je suis bien content que vous ayez mentionné
que les municipalités auraient peut-être avantage à faire
réaliser leurs travaux par les entrepreneurs.
M. Gratton: C'est peut-être une déformation
professionnelle chez moi, avant de mal tourner en 1972, en devenant
député, je faisais de la location d'équipements et...
M. de Belleval: Ce n'est pas en devenant député que
vous avez mal tourné. (18 heures)
M. Gratton: ... j'ai réussi à convaincre un certain
nombre de municipalités, malheureuse- ment pas toutes. Je voudrais
simplement préciser qu'effectivement on ne parle pas d'une
généralité lorsqu'on parle de camionneurs artisans qui
sont pris avec des factures impayées par des entrepreneurs, on ne parle
peut-être même pas d'aucun de vos membres. Mais vous connaissez
sûrement des entrepreneurs qui changent de nom à chaque contrat de
route qu'ils obtiennent du ministère des Transports et qui laissent un
grand nombre de camionneurs artisans avec leurs factures et qui,
malheureusement, parce que le camionneur artisan n'étant peut-être
pas aussi bien organisé que vos membres, au moment où il fait la
réclamation au ministère des Transports on lui répond que
toutes les retenues ont été payées et il ne reste plus
rien. Et en cas de faillite, bien entendu, il n'y a rien à faire.
M. Morissette: Comme vous dites, ce doit être des cas assez
particuliers, parce que je ne vois pas qu'un gars qui transporte avec son
camion attende un an ou deux avant d'être payé.
Généralement, au bout de quinze jours, le gars va voir
l'entrepreneur et dit: Ecoute, si tu nous paies pas, on ne sera pas là
la semaine prochaine. L'entrepreneur a besoin de camions et il paie. Ces
gars-là doivent être très rares, j'imagine, aujourd'hui en
tout cas.
M. Gratton: Ils sont tellement rares qu'on n'en a qu'un ou deux
par année, mais c'est le député qui l'a et,
éventuellement, le ministre.
Une Voix: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant, avant de vous
accorder la parole, compte tenu qu'il est passé 18 heures et qu'on devra
prendre, comme membres de cette assemblée, une décision à
savoir si on continue avec le groupe qui est devant nous ou si on revient
après le souper. Oui?
M. Goulet: J'aurais une suggestion, M. le Président: qu'on
puisse peut-être terminer avec le groupe qui est avec nous et
qu'après on suspende peut-être une minute. J'aimerais qu'entre les
membres on puisse discuter pour ce soir.
Le Président (M. Jolivet): Alors, nous allons terminer
avec le groupe et, ensuite, nous...
M. Goulet: Une suspension d'une minute pour pouvoir...
Le Président (M. Jolivet): Je vais vous en donner deux.
Donc, allez-y.
M. Wagner: La question a été soulevée que
certains camionneurs ne sont pas payés. Je pense qu'il serait bon que le
gouvernement définisse, surtout le ministère des Transports, ce
qu'est un camionneur artisan. Est-ce que c'est la définition qui est
donnée par la Commission des accidents du travail, selon laquelle c'est
une personne qui
exploite elle-même son camion, ou si c'est un sous-traitant?
Premièrement, si c'est un salarié, automatiquement, il est
protégé par les créances en cas de faillite. Si, par
contre, il devient sous-traitant, il est protégé par le
cautionnement, s'il y a un cautionnement. Ce serait très important, une
fois pour toutes, dans votre ministère, de déterminer ce qu'est
un camionneur artisan. Est-ce que c'est comme dans le décret? Certaines
associations prônent qu'on devrait être considéré
comme artisan. C'est celui qui travaille de ses propres mains.
M. Gratton: Excellent, je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Je vous ai vu sourire
lorsque j'ai demandé la suspension. Je voudrais que vous compreniez que
ce n'est pas pour ce que vous pensez, bien que...
Le Président (M. Jolivet): Non, c'est seulement que j'ai
l'habitude, avec vous, qu'un petit projet de discours ici, souvent, est un long
projet!
M. Goulet: Non, mais il est quand même
préférable de prendre deux minutes pour aller aux toilettes que
deux heures pour faire sécher ses pantalons, M. le Président.
Vous semblez demander une enquête sur les postes d'affectation.
Est-ce que, dans les dix postes d'affectation, il y en a au moins un ou deux
où vous n'avez pas de plainte à formuler ou si vous avez des
plaintes à formuler contre les dix postes d'affectation?
M. Morissette: Je voudrais préciser. Je ne crois pas qu'on
demande d'enquête sur les postes d'affectation là-dedans?
M. Goulet: Non! A nulle part?
M. Morissette: Je vais demander à Me Lali-berté de
préciser, mais je ne crois pas.
Mme Laliberté: Non, je n'ai pas l'impression qu'il y a
effectivement d'allégation d'enquête dans notre
mémoire.
M. Goulet: Cela va bien avec les postes d'affectation, vous
êtes pour le maintien des postes d'affectation?
M. Morissette: Cela ne veut pas nécessairement dire que
ça va bien, mais on ne réclame pas d'enquête à ce
niveau-ci.
M. Goulet: Est-ce qu'il y a des postes où ça va
mieux que d'autres? Est-ce qu'il y en a au moins un où ça va
très bien?
M. Wagner: II y a peut-être eu des incidents malheureux
dans chaque poste, même celui de la région 06 où on dit que
cela va bien. J'ai considéré que le poste 06 est un poste qui
possède un très bon vendeur d'une très grande
efficacité. Mais si on se rappelle bien, l'an passé, ils ont
arrêté l'entrepreneur qui travaillait sur la route 20 qui avait
droit au béton bitumineux et il n'avait pas le droit du tout d'utiliser
les camions artisans. Ils ont retardé le déchargement du
béton bitumineux heureusement qu'il n'y a pas eu d'accident grave
sur la route 20 parce qu'il y aurait eu des répercussions graves
deuxièmement, ils ont commencé à parader sur le chemin de
Saint-Dominique sur deux voies à quelques milles à l'heure. Je
considère que c'est par intimidation qu'ils ont obtenu d'utiliser les
camions des postes d'affectation lorsqu'un entrepreneur n'a pas ses propres
camions. Je pense que c'est à cause d'ingérence du bras, comme on
dit, que le ministère des Transports a accédé à
leur demande.
M. Goulet: D'accord. Une dernière question, M. le
Président. A deux ou trois endroits, vous préconisez la libre
entreprise, la loi de l'offre et de la demande. Cela se comprend pour quelqu'un
qui produit des emplois et qui fait le travail que vous effectuez mais ce qui
me surprend, c'est qu'après avoir défendu ces principes, dans vos
recommandations 2 et 3, vous préconisez le gel des permis. Pourquoi,
là comme ailleurs, la loi de l'offre et de la demande ne
prévaudrait-elle pas?
M. Wagner: Si M. le député veut demander à
Me Laliberté de répondre? Je pourrais préciser en partant
que notre recommandation de geler le permis et de geler les transferts de
permis, c'est tout simplement soumettre un moyen parce qu'on dit qu'il y a un
problème énorme, il n'y a pas assez de travail et trop de
camions. Alors, on suggère un moyen mais on n'est pas le messie que vous
attendez; on n'a pas la réponse à votre problème. On veut
seulement, si cela peut vous aider, vous suggérer un moyen; ce n'est pas
plus que cela.
Peut-être que mon président me permet de faire une
remarque. On a assisté à la commission parlementaire à
laquelle 4000 camionneurs peut-être se plaignent d'être
persécutés ou de manquer de travail et ils réclament un
secteur protégé. Mais il ne faut pas oublier que, sur les 12 000
camionneurs qui ont des permis, il y en a 8000 qui ne sont pas satisfaits. Je
pense que c'est une chose à considérer aussi. On se dit: Si par
hasard il faut encore respecter les droits acquis, 75%-25%, que le
ministère des Transports leur a accordés dans le temps, de
grâce, laissons-leur ce qu'ils ont au ministère des Transports
mais pas ailleurs, parce qu'il ne restera plus de travail pour personne. C'est
cela le problème. Je pense qu'il faut être réaliste face au
problème. Je ne peux pas concevoir d'augmenter la capacité d'un
secteur protégé sans qu'elle ne soit au détriment des
autres. J'espère qu'à la suite de cette commission les
entrepreneurs ainsi que tout le monde ici auront une planification à
long terme pour savoir exactement ce qu'on va faire dans l'avenir.
II ne faut pas se leurrer, nous, les entrepreneurs, sommes toujours sur
la sellette. Doit-on acheter des camions ou ne pas en acheter? Si on n'avait
pas de camions, ils pouvaient jouer un peu avec nos nerfs. Pas tous, je dis
bien que ce n'est pas tous, parce que j'ai été moi-même
longtemps dans une entreprise où on embauchait peut-être plus de
75% de camionneurs artisans. On n'a jamais eu de problème. Je parle de
l'ensemble, à titre de directeur. Par contre, aussitôt que
l'entrepreneur achetait des camions, woup! La 75-25 était
respectée à 100%. Je pense qu'une planification à long
terme est très importante. C'est quoi, la politique du gouvernement dans
le secteur dont on discute ce matin?
Lé Président (M. Jolivet): Merci beaucoup. Oui?
M. Morissette: M. le Président, on vous remercie. On
aurait aimé être à votre disposition davantage si cela
avait été utile, mais si vous me le permettez, je demanderai
à Me Laliberté de vous faire part d'une copie de
télégramme qui avait été envoyé au ministre
des Transports.
Le Président (M. Jolivet): Cela va.
Mme Laliberté: Pour le bénéfice des membres
de la commission, c'est un télégramme qui est
expédié par l'Association des employeurs de la Baie James et qui
dit ceci: "M. le ministre, comme vous le savez sans doute, l'Association des
employeurs de la Baie James regroupe, en plus de la Société
d'énergie de la Baie James, Société de
développement de la Baie-James, municipalité de la Baie James et
Hydro-Québec, tous les entrepreneurs en construction oeuvrant à
la Baie James qui utilisent les services de camionnage en vrac. Après
consultation de son comité exécutif, l'Association des employeurs
de la Baie James appuie le mémoire qui vous a été soumis
par l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec. L'Association des employeurs de la Baie James est d'accord avec
les six recommandations qui vous sont soumises par l'Association des
constructeurs de routes et grands travaux du Québec, même si la
clause dite 75-25 ne s'applique pas à la Baie James, car nous croyons
qu'aucun secteur du marché du travail ne doit être
protégé puisque, selon nous, les règles de la libre
concurrence devraient s'appliquer à ce secteur comme elles s'appliquent
aux autres secteurs d'activité économique. De plus, comme le
souligne l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec, nous touchons le coeur du problème du camionnage en vrac
lorsque nous parlons du gel dans l'émission et du transfert du permis
des postes d'affectation et surtout de la définition même du
camionneur artisan. Nous croyons sincèrement que si des modifications
devaient être apportées à la réglementation du
camionnage en vrac, elles devraient l'être dans le sens proposé
par l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec et cette industrie ne s'en porterait que mieux". Et c'est
signé par M. Alcide Fournier, gérant général de
l'Association des employeurs de la Baie James.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Nous vous remercions
beaucoup. Suspension pour quelques instants.
Suspension de la séance à 18 h 10
Reprise de la séance à 18 h 12
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Pour nous permettre de bien recevoir les deux autres groupes qui restent
ainsi que l'ANCAl, après avoir discuté avec les
représentants de l'Association nationale des camionneurs artisans, nous
nous sommes entendus sur une procédure que nous définirons au
retour, à 19 heures. Afin de permettre à chacun de prendre une
petite bouchée, nous allons suspendre et nous reviendrons à 19
heures. Nous entendrons alors M. Claude Bourque, le Poste transport de vrac,
région 08 Inc. ainsi que l'Association nationale des camionneurs
artisans Inc. Donc, à 19 heures.
Suspension de la séance à 18 h 13
Reprise de la séance à 19 h 7
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons nos travaux. M. Claude Bourque est appelé.
Auparavant j'aimerais vous lire un télégramme qui nous est
parvenu qui se lit comme suit: Aux membres de la commission. Messieurs,
contrairement aux allégations depuis trois jours, en ce qui concerne le
Poste de courtage de la région 01 Inc., à l'effet que le poste
d'affectation a préparé son mémoire en collaboration avec
l'ANCAl, nous déclarons que toutes les conditions pour l'obtention d'une
demande de permis ont été remplies depuis le 28 février
1980 et distribuées à tous les abonnés et
présentées à la commission et au ministère des
Transports par notre procureur, Me Jean-Claude Gagnon, de Rimouski. Je pense
que c'est Jean-Claude, Jean-C. Gagnon, peu importe. Les services juridiques des
procureurs de l'ANCAl envers les abonnés du poste sont les mêmes
que ceux donnés par les procureurs de l'Association des entrepreneurs,
soit des services individuels à leurs membres respectifs, rien de
plus.
Le mémoire présenté à la commission n'a pas
été connu par l'ANCAl avant le 26 août à sa
présentation comme tous les autres. Il en va de même pour la
demande de permis de poste.
L'ANCAI n'en a jamais pris connaissance.
Cela prouve que le seul obstacle à l'émission de notre
permis de poste, c'est le refus par le poste de livrer une guerre ouverte
à l'ANCAI. C'est vraiment regrettable. Merci quand même. Le Poste
de courtage de la Région 01 Inc., par le président, Anicet
Proulx, si je ne me trompe pas.
Est-ce que vous voulez approcher votre micro?
Camionneurs de la Moyenne-Côte-Nord
M. Bourque: Claude Bourque, Rivière-au-Ton-nerre,
représentant les camionneurs de la Moyen-ne-Côte-Nord. Bonjour, M.
le ministre, MM. les distingués membres de la commission parlementaire,
mesdames et messieurs.
Je voudrais apporter une petite correction en partant. Je ne suis pas de
la région no 08, mais de la région no 09, du secteur 31-98.
C'est une petite suggestion qu'on a à apporter vu qu'on ne
connaît pas grand-chose dans les commissions parlementaires, dans le
camionnage. C'est ce qu'on a cru bon de vous présenter.
La présente est pour vous donner un aperçu de la situation
qui existe dans le domaine du camionnage en vrac dans le secteur 31-98. Nous
désirons vous soumettre à ce sujet quelques demandes concernant
ledit secteur. D'abord, une demande d'un sous-poste dans le secteur 31-98, ce
qui permettrait de porter une attention toute spéciale à la
réglementation d'en contrôler l'application et d'assurer la
rentabilité.
Deuxièmement, pour nous rendre à notre travail, il nous
faut parcourir des longues distances, ce que les camionneurs résidents
sur place n'ont pas à défrayer. Nous demandons une heure
rémunérée lorsque la distance à parcourir est de 40
milles.
Troisièmement, un minimum de trois heures payées lorsqu'un
appel provenant d'une autre localité nous parvient pour effectuer du
travail et que nos camions sont arrêtés à cause du mauvais
fonctionnement de la machinerie, chargeuse ou mauvaise température alors
que nous sommes obligés de payer pension en attendant l'ouvrage.
Quatrièmement, nous demandons un délai de 30 jours
à tous les ministères pour les paiements qui nous sont
dûs.
Cinquièmement, nous demandons au Bureau des véhicules de
remettre une copie du permis à la Commission des transports.
Sixièmement, serait-il possible de savoir si le "break" est
uniforme au Québec pour les camionneurs car certains ministères
n'en paient pas.
Septièmement, nous demandons l'égalité par secteur
dans les villes nordiques.
Huitièmement, une demande d'un taux différent
kilomètre/tonne/heure, comme pour d'autres secteurs, car nous sommes
parfois obligés d'attendre quatre à cinq jours pour les
pièces venant de Québec parce qu'il n'y en a pas à
Sept-lles et que le coût des pièces est très
élevé. Je veux ajouter aussi que le carburant est plus cher chez
nous qu'à Sept-lles. On le paie $0.30 le litre.
Espérant que vous prendrez nos demandes en considération,
bien à vous, nous vous remercions.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre. Oui, M.
le député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, à titre d'information
et pour le bénéfice des membres de cette commission, M. Bourque
représente actuellement sept détenteurs de permis de vrac sur la
Moyenne-Côte-Nord, entre Sheldrake et Hâvre-Saint-Pierre, et compte
tenu que le mémoire fut préparé par ce groupe de
camionneurs en vrac, je voudrais intervenir dès le début pour
expliquer la situation actuelle.
Je voudrais surtout commenter la demande d'un sous-poste dans la
région de Sheldrake et Hâvre-Saint-Pierre. Actuellement, ce
district relève du sous-poste d'affectation de Sept-lles, mais cela
couvre tout de même un assez grand territoire qui a une longueur
d'à peu près 200 milles de côtes. Ces sept camionneurs
voudraient obtenir un sous-poste mais j'aurais quelques questions à
poser à M. Bourque en rapport avec ce sous-poste qui est demandé.
Je vais toucher seulement à l'article 1 puisque les autres articles, 2
à 8, sont surtout des voeux faits pour les prochaines
négociations avec la Commission des transports du Québec
si ma mémoire est bonne tel que vous en avez discuté avec
moi aujourd'hui. Je crois qu'il est important qu'on touche le point no 1.
Lorsque vous parlez d'un sous-poste, est-ce que vous voulez dire que ce
sous-poste devrait couvrir de Sheldrake à Hâvre-Saint-Pierre ou de
Sheldrake à Blanc-Sablon?
M. Bourque: On avait pensé de Sheldrake à
Natashquan. On a eu des pourparlers avec les camionneurs de Natashquan et ils
nous ont dit qu'ils nous donneraient leur appui. Présentement, on
travaille de Sheldrake à Hâvre-Saint-Pierre.
M. Perron: Présentement, vous travaillez de Sheldrake
à Hâvre-Saint-Pierre, ce qui fait sept détenteurs de permis
de vrac, des artisans.
M. Bourque: Oui.
M. Perron: L'autre secteur dont vous parlez, c'est celui de
Natashquan, Aguanish, l'Ile Michon, Pointe-Parent, où il y a aussi sept
détenteurs de permis de vrac. Donc, pour un sous-poste d'affectation,
vous présumez qu'avec environ quatorze membres, ce serait assez pour
faire vivre un sous-poste. Je me pose de sérieuses questions
là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Voulez-vous approcher votre
micro un peu plus parce qu'on a de la difficulté à vous entendre?
Merci. (19 h 15)
M. Bourque: Oui. Nous ne travaillons que quatre ou cinq mois par
année. Avec quatre ou cinq mois par année, avec ce qu'on paie
à l'extérieur, le
temps qu'on travaille, on peut avoir assez de revenus, si on peut dire,
tous ensemble pour avoir du personnel pour s'occuper de nous. Après
ça, on peut tout faire nous-mêmes puisqu'on ne travaille pas.
M. Perron: D'accord. Merci, M. Bourque. J'aurais une autre
question à vous poser. Avez-vous discuté antérieurement
avec le sous-poste d'affectation de Sept-lles pour qu'on puisse vous donner un
genre de district où vous auriez priorité pour les sept camions
ou encore un genre de protocole d'entente qui pourrait être signé
entre les deux parties parce qu'on sait qu'ils ont le droit de signer des
protocoles d'entente avec des groupes de camionneurs?
M. Bourque: On n'a pas eu de protocole d'entente avec
Sept-lles.
M. Perron: Non, mais avez-vous négocié avec
eux?
M. Bourque: Oui, on a essayé de négocier, mais dans
ce temps-là ils négociaient pour eux-mêmes, pour les
sous-postes qu'ils n'avaient pas. Donc, ils ne pouvaient pas...
M. Perron: Bon! D'accord. Merci, M. Bourque. Je voudrais
seulement terminer là-dessus, M. le Président, ainsi que M. le
ministre. Lorsque M. Bourque mentionnait qu'il y avait des coûts
énormes en rapport avec le carburant, les matériaux et surtout
les pièces pour réparer les camions, c'est effectivement vrai
à cause de la distance que doivent parcourir ces pièces et
à cause aussi du fait que les magasins de pièces n'existent pas
dans le secteur de la Moyenne-Côte-Nord. Toutes les pièces doivent
venir de Sept-lles, de Montréal et, très souvent, ça doit
venir par avion. Cela cause énormément de préjudice
à ces camionneurs. Il y aurait peut-être une possibilité
d'examiner les tarifs éventuellement pour voir si on ne pourrait pas
accrocher quelque chose pour ces camionneurs afin de leur permettre de mieux
vivre avec les bénéfices du camionnage en vrac. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre.
M. de Belleval: Oui. Effectivement, la plupart de vos demandes
s'adressent, au fond, à la Commission des transports dans le cadre de
l'exercice de ses responsabilités en ce qui concerne la fixation des
taux. Je suis certain, comme l'a dit mon collègue de Duplessis, que la
commission se fera un devoir d'examiner ce genre de questions. S'il y a des
points aussi qui relèvent de nous, nous allons les examiner et nous
allons essayer d'apporter une réponse à vos demandes. Merci
beaucoup d'avoir participé à notre commission.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, pourrais-je demander à
M. Bourque peut-être l'a-t-il dit, mais je n'ai pas saisi
combien de camionneurs il représente ce soir?
M. Bourque: Sept.
M. Gratton: Sept? Parfait. Ah oui! D'ailleurs, vous l'aviez dit.
Je me le rappelle maintenant. Je vous dirai simplement que le ministre a raison
de dire que plusieurs de vos demandes relèvent de la commission. Nous,
en tant qu'Opposition, on a un rôle: c'est de fournir une voix à
ceux qui n'en ont pas et qui voudraient parler au gouvernement. Je vous invite,
si vous n'obtenez pas les réponses que vient de vous promettre le
ministre, à vous adresser à nous et on vous aidera à
tâcher de les obtenir. Je vous remercie de votre témoignage.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Bourque: Merci beaucoup.
M. Perron: Je sais que ça ne se fait pas en commission
parlementaire, mais je voudrais dire ceci: C'est qu'ils ont aussi un
représentant dans le comté de Duplessis, qui s'appelle le
député de Duplessis, qui a été élu le 15
novembre 1976, et je suis en très bon contact avec les gens de la
Moyenne-Côte-Nord, de la Basse-Côte-Nord aussi, ainsi que de la
Haute-Côte-Nord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Contrairement à mon collègue de
Gatineau, M. le Président, il n'y aura pas de commercial.
Poste transport de vrac région 08 Inc., et
sous-poste
Le Président (M. Jolivet): Merci. J'invite le Poste
transport de vrac région 08 Inc., en collaboration avec le sous-poste de
la région 08, représenté par M. Gérard Thiffault,
directeur général, à venir à l'avant et à
présenter les personnes qui l'accompagnent. C'est le document 29.
M. Langevin (Georges): M. le Président, M. le ministre,
MM. les députés et membres de la commission parlementaire, je me
présente. Je suis Georges Langevin, président du Poste transport
de vrac de la région 08 Inc. Ici, à ma table, il y a mon conseil
d'administration. Si vous le permettez, M. le Président, je les
présenterai l'un après l'autre.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît.
M. Langevin: A ma gauche, c'est André Moris-sette,
secrétaire-trésorier du poste. De l'autre côté,
à l'autre bout, c'est M. Emilien Champagne, de Témiscamingue. De
ce côté-ci, c'est M. Robert
Noël, administrateur au poste 08 qui représente
l'Abitibi-Est.
Ensuite, nous avons le directeur du sous-poste d'Abitibi-Est en la
personne de M. Georges Genesse. Il y a Me Chouinard qui est ici pour nous
représenter auprès de la commission. Je pense que je vais passer
la parole à Me Chouinard. Je vous remercie, M. le Président.
M. Chouinard: Merci, M. Langevin. D'abord, M. Thiffault s'excuse
de ne pas être ici aujourd'hui pour des raisons personnelles et, en
l'absence de M. Thiffault, c'est M. Georges Genesse qui va nous donner lecture
des recommandations au mémoire. On va faire abstraction des deux pages
de présentation du mémoire. Maintenant, quand je dis des raisons
personnelles dans le cas de M. Thiffault, c'est que M. Thiffault a
accepté un poste de directeur d'un établissement pour personnes
âgées dans la région de Montréal et, dans les
prochaines semaines, il ne sera plus à l'emploi du Poste d'affectation
de la région 08 Inc. M. Thiffault nous a demandé de le
représenter et de donner lecture du mémoire devant la commission
parlementaire.
M. Genesse: Règlements du camionnage en vrac, situation
existante et situation désirée. Le fait pour le ministère
des Transports d'avoir permis à certains transporteurs de type L
d'acquérir des permis de transport de vrac VR et d'en faire des LV
permet à ces derniers de s'approprier certaines matières qui
faisaient partie auparavant des matières du transport de vrac et
enlève, par le fait même, des possibilités de transport
à nos camionneurs sans que, pour autant, les transporteurs de vrac aient
eu quoi que ce soit en retour ou en échange.
Situation suggérée. Il serait très souhaitable que
les transporteurs de transport général ne puissent
bénéficier, à l'avenir, de tels avantages, qu'ils
transportent les matières pour lesquelles leur permis initial L leur a
été octroyé ou qu'une certaine partie des matières
appartenant au transport général soit dorénavant
réversible et pouvant être transportée aussi par les
transporteurs VR. Exemple: tuyaux d'aqueduc, ciment sur palette, etc., pour
compenser ce dont les transporteurs en général se sont
déjà emparé. Sinon, il devrait y avoir des
réglementations de certaines matières générales et
de certaines matières de vrac.
Le règlement sur le camionnage en vrac parle d'association
coopérative. L'emploi de ces mots représente un danger de
confusion et de retour possible à une multitude d'associations de
camionneurs comme notre région, par exemple, a déjà
connu.
Situation désirée. L'emploi des mots "association
coopérative" devrait être enlevé du règlement sur le
camionnage en vrac. Ce même règlement ayant comme volonté
de créer et de développer une structure de postes et de
sous-postes, aucune confusion possible ne devrait nourrir les espoirs de ceux
qui pourraient vouloir l'affaiblissement ou, pire encore, la disparition de
cette structure.
Les associations de camionneurs ont certainement fait beaucoup pour ces
derniers dans le passé, mais le règlement sur le camionnage en
vrac a comme base les postes et les sous-postes, et c'est cette structure qu'il
faut absolument mettre de l'avant et ce, sans équivoque possible.
Présentement, les transporteurs de vrac ont la liberté
d'adhérer ou non au poste de leur région et au sous-poste de leur
zone.
Situation désirée. Tous les détenteurs de permis VR
devraient avoir l'obligation d'adhérer au poste de leur région.
Les raisons sont les suivantes: le travail des postes bénéficie
à tous les détenteurs de permis VR d'une région, que ces
derniers soient ou non abonnés au poste de leur région;
répartirait, de façon équitable, les cotisations que les
abonnés ont à verser à leur poste pour le maintenir et le
développer; diminuerait, par cette participation obligatoire de tous les
détenteurs de permis VR, la cotisation des camionneurs qui sont
présentement abonnés à leur poste. Cependant, il pourrait
y avoir une cotisation moindre pour les détenteurs de permis qui sont
seulement abonnés au poste pour la cotisation du poste.
En ce qui touche les sous-postes, les camionneurs de type VR devraient
avoir la liberté d'adhérer ou non au sous-poste de leur zone et,
par le fait, la proportion de 2/3 présentement exigée pour former
un sous-poste devrait être enlevée complètement.
Dans le règlement sur le camionnage en vrac, il est fait mention
de transporteurs qui transportent pour leur compte propre.
Situation désirée. Les mots "compte propre" ne sont pas
clairement définis dans le règlement. En effet, c'est la
confusion totale qui règne dans l'application de la sémantique de
ces mots. Il appert qu'il suffit de devenir entrepreneur pour pouvoir
transporter des matières qui appartiennent aux titulaires de permis VR.
Cette compétition déloyale pénalise ces derniers et
diminue encore une fois leur champ d'activité.
La raison d'être des postes ne permet pas à ces derniers
d'agir dans les situations mettant en cause le bien de leurs transporteurs.
Qu'il soit noté tout le domaine du transport illégal, la lenteur
des transferts de permis et les coûts s'y rattachant, la non-application
des taux décrétés par la Commission des transports du
Québec par certains requérants de services, etc.
Situation désirée: Le rôle des postes devrait
être précisé et le champ de leurs activités devrait
être agrandi. Un poste devrait avoir, entre autres, la possibilité
de faire les représentations nécessaires auprès des
organismes habilités à faire respecter les règlements si,
un jour, le gouvernement vient à en instaurer, avec pouvoir de servir
immédiatement.
Un poste pourrait aussi simplifier, diminuer les délais et
coûts inhérents aux transferts de permis en agissant pour et au
nom de la Commission des transports du Québec à cet effet ou,
tout au moins, en collaboration avec cette dernière.
Un poste devrait avoir au moins le suivi
lorsqu'il dépose une plainte relativement à tout le
domaine du transport illégal auprès des instances reconnues
à cette fin, c'est-à-dire que ce même poste sache,
connaisse les conclusions de cette même plainte.
Les postes devraient être reconnus devant les organismes en place
qui ont les pouvoirs de faire respecter les taux décrétés
par la Commission des transports du Québec. De plus, il va de soi que
les postes devraient être les seules instances reconnues dans la
présentation de demandes de fixation de taux pour les détenteurs
de permis VR.
Les postes devraient pouvoir s'impliquer davantage dans la circulation
de permis additifs d'une région à une autre afin de
protéger le plus possible le travail des camionneurs de chaque poste en
particulier.
En accordant de telles possibilités aux postes, le ministre
donnerait vraiment au vrac ce qui lui revient et le tout pourrait être
contrôlé et coordonné par la Commission des transports du
Québec. De plus, les postes deviendraient vraiment des organismes
représentatifs et défenseurs des transporteurs de vrac de leur
région respective.
Présentement, la Commission des transports du Québec a la
responsabilité de l'application du règlement sur le camionnage en
vrac.
Situation désirée: La Commission des transports du
Québec devrait continuer à jouer le rôle qu'elle joue
présentement. Cependant, des pouvoirs devraient lui permettre d'agir de
façon complète, rapide et fonctionnelle afin de pouvoir corriger
certaines situations pénibles pour les transporteurs de vrac
déjà mentionnés dans le présent mémoire,
d'une part, et d'autre part, afin de pouvoir améliorer certaines
situations, certains services offerts aux transporteurs. En
résumé, la Commission des transports du Québec devrait
avoir non seulement la responsabilité de l'application du
règlement et de la dispensation des services, mais devrait avoir tous
les moyens pour réaliser ces mandats.
Présentement, les secteurs de travail sont tout à fait
insuffisants pour assurer aux transporteurs de vrac le minimum de
rentabilité de leur entreprise. Certains ministères du
gouvernement du Québec, par exemple, ont ou se font le devoir de s'en
remettre aux postes et aux sous-postes d'une région et d'une zone pour
leurs besoins de camionnage en vrac. Ils sont cependant trop nombreux. Cette
façon de faire diminue encore davantage le travail des transporteurs de
vrac et permet toutes sortes d'irrégularités de la part des
requérants de services.
Situation désirée: Tous les ministères des
gouvernements, provincial et fédéral, tous les organismes
gouvernementaux et paragouvernemen-taux, toutes les municipalités, les
comités de citoyens, les conseils de comté de même que
toutes les compagnies bénéficiant de subventions gouvernementales
devraient avoir l'obligation de s'en remettre aux postes et aux sous-postes
pour leurs besoins de camionnage en vrac, ainsi que les compagnies obtenant des
contrats des gouvernements fédéral, provincial, municipal ou tout
orga- nisme paragouvernemental ou compagnies subventionnées
(forêts) devront obligatoirement faire la demande aux postes et aux
sous-postes dans la mesure des camions disponibles dans ces mêmes postes
et sous-postes.
Les détenteurs de permis VR étant des contribuables et
ayant à payer des coûts d'immatriculation pour leurs camions, il
serait juste et raisonnable que les instances susmentionnées en tiennent
compte prioritairement relativement à leurs besoins de transport de
vrac.
Présentement, les conditions de travail des transporteurs de vrac
sont trop souvent à la merci des requérants de services en ce qui
touche les commodités à offrir aux transporteurs, les heures de
travail, les conditions de chargement et de déchargement, et le reste.
Mais, ce qui est pire encore, c'est que certains requérants de services
prennent trois ou quatre mois et même davantage après le
début du travail des camionneurs en vrac pour leur verser une partie de
ce qui leur est dû. Cette situation est intolérable car on demande
à des petits transporteurs de financer ces mêmes contrats et ces
derniers doivent en défrayer la note en payant des coûts
d'intérêts élevés pour pouvoir rencontrer leurs
obligations.
De plus, ce sont les ministères du gouvernement du Québec
de même que certaines sociétés publiques et parapubliques
telles que HydroQuébec qui sont les plus fautifs en ce sens. (19 h
30)
Le gouvernement du Québec devrait assurer aux détenteurs
de permis VR des conditions de travail minimales décentes. Il est bien
entendu que les transporteurs doivent se plier à certaines exigences des
requérants de services mais de là à être à la
merci de ces derniers, il y a toute une différence. En ce qui touche le
paiement des sommes dues aux camionneurs par les requérants de services,
ces derniers devraient avoir la stricte obligation de verser les sommes
d'argent dues aux camionneurs 30 jours après le début des travaux
des camionneurs en ce qui concerne la première paie et, par la suite,
à toutes les semaines. De cette façon, les transporteurs
pourraient garder leurs minces bénéfices au lieu de les remettre
aux différentes institutions prêteuses.
Le présent mémoire avait pour but de démontrer un
certain nombre de situations pénibles avec lesquelles les
détenteurs de permis VR ont à composer. Il est bien certain que
la perfection en ce sens est de la rêverie mais tout au moins, si le
gouvernement qui est le principal requérant de services faisait les
efforts nécessaires à la correction des anomalies graves, il
aurait certainement beaucoup plus de facilités d'exiger autant des
autres requérants de services. Que justice soit donnée aux
camionneurs par des conditions de travail acceptables avec un revenu
décent par la protection de leurs droits et le vrac s'en portera
beaucoup mieux.
Ceci constitue nos principales revendications mais si le gouvernement ou
le ministère des Transports du Québec est décidé
à appliquer et à faire respecter son règlement, il y
aurait d'autres
modifications d'ordre technique à apporter à ce
règlement dans un avenir très rapproché; il serait trop
long de les énumérer dans ce mémoire devant cette
commission. Le gouvernement a réglementé le vrac et maintenant il
doit respecter et faire respecter ce même règlement en ne
reconnaissant que des structures de postes et de sous-postes, en donnant toute
l'aide nécessaire à l'établissement et au
développement de cette même structure, en faisant en sorte que ces
mêmes postes et sous-postes soient les vraies, les seules instances
représentatives du vrac.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: Plusieurs de vos demandes recoupent celles
d'autres intervenants. Je ne veux donc pas y revenir, non pas que je ne les
trouve pas intéressantes ou importantes mais tout simplement parce qu'on
a épilogué assez longuement là-dessus. Il y a un point que
je voudrais tout de même soulever. Au fond, vous aussi réclamez
des secteurs protégés plus vastes. Vous réclamez aussi que
différents organismes très nombreux passent exclusivement par le
poste d'affectation. Je comprends cette demande. Si j'étais à
votre place, sans doute que je ferais la même demande mais le
problème, c'est que je suis obligé de m'occuper de l'ensemble de
la population, l'ensemble des citoyens et pas simplement d'un groupe en
particulier. Comment pouvez-vous justifier les demandes que vous faites?
Comment pouvez-vous concilier cela avec le fait qu'il y a d'autres
entrepreneurs, d'autres artisans dans le domaine qui, eux aussi, ont le droit
de gagner leur vie, qui eux aussi paient des taxes, comme vous le dites, et
qui, par conséquent, ont eux aussi droit de concurrencer pour aller
chercher des travaux et obtenir des travaux de la part des différents
gouvernements, groupes de citoyens, etc.? Comment conciliez-vous cela?
M. Genesse: Premièrement, on concilie cela parce que le
ministère des Transports a décidé d'avoir un
règlement et lorsqu'il y a un règlement, on s'imagine qu'il est
là pour quelque chose. Si on a des secteurs de travail, il va être
question des taux, on est prêt à concurrencer sur beaucoup de
choses mais lorsqu'on est complètement à la merci des
entrepreneurs, les artisans dont vous parlez qui ne sont pas dans le
sous-poste, pour quelle raison ne seraient-ils pas dans le sous-poste? Si vous
instaurez un système, il devrait être bon pour la catégorie
de gens qui sont dans ce domaine.
M. de Belleval: Oui, mais vous n'oubliez pas que, de toute
façon, ceux qui ont plus de quatre camions ne peuvent pas être
membres du poste.
M. Genesse: Là-dessus, M. le ministre, nous n'avons pas
fait mention de cela. Je peux vous dire que notre position serait que celui qui
a plus de quatre camions, s'il en a cinq, qu'il les mette dans le poste ou le
sous-poste comme les autres.
M. de Belleval: II va faire la rotation comme tout le monde?
M. Genesse: II paiera pour ses cinq camions. Le matin où
il aura cinq opérateurs assis sur l'établi dans son garage, ce
sera ses problèmes. Cela n'est pas notre problème, il
réglera son problème lui-même mais on n'a pas peur de la
priorité au premier camion. Chez nous, on n'en a pas peur.
M. de Belleval: Non, vous n'avez pas peur mais celui qui a cinq
camions va avoir peur en batêche.
M. Genesse: Pourquoi va-t-il avoir peur?
M. de Belleval: Je n'ai pas besoin de dessin, il y en a qui vous
en ont fait. Ce qui arrive quand on a plus que un ou deux camions, le
système de poste, de toute évidence, avec sa rotation, ne peut
pas permettre à un petit entrepreneur... On ne parle pas d'un
millionnaire, d'une multinationale. On parle de gens comme vous et moi qui ont
travaillé fort je ne parle pas de moi, je parle de vous
qui ont réussi à se ramasser de l'argent. Ils ont eu le malheur
d'acheter plus d'un camion. Ils en ont acheté trois, quatre, cinq ou dix
et avec votre système, il est bien évident que ces gens seraient
coincés bien raide.
M. Genesse: Ils seraient coincés. Ils auraient la
possibilité... Il reste autre chose à l'extérieur parce
que les travaux du gouvernement... Si vous prenez les membres... Nous ne
parlons pas de clause 75-25.
M. de Belleval: Vous dites les travaux du gouvernement, mais
quand vous avez... J'ai lu votre liste et il ne reste plus beaucoup de travaux
quand vous avez enlevé les groupes de citoyens, les gouvernements
fédéral et provincial, les municipalités. Finalement, je
ne sais pas qui va leur donner du travail.
M. Genesse: Oui, mais dans notre mémoire, on ne parle pas
de clause 75-25. On dit qu'ils demandent les camions aux postes. Si on a 50
camions dans un sous-poste, on ne pourra pas en fournir 200. Si les autres
camions sont à côté, quand on aura fini de fournir nos
camions du sous-poste, les autres viendront remplir le contrat. Mais quand vous
avez peur de celui qui a cinq camions qui embarque avec nous, ce devrait
être nous qui devrions avoir peur de celui qui a un camion et on n'a pas
peur qu'il vienne. S'il a cinq camions, ils auront le droit d'aller au travail
chacun leur tour comme nous, pas plus, pas moins.
M. de Belleval: Je comprends bien, mais à toutes fins
pratiques, ce que vous demandez, ça aboutirait à la ruine de ces
gens parce qu'on voit déjà que même à quatre
camions, le système ne peut pas fonctionner. La preuve qu'il ne
fonctionne pas, c'est que les camionneurs artisans eux-
mêmes qui possèdent quatre camions se mettent à les
transférer à d'autres gens pour en faire des premiers camions.
C'est ce que plusieurs intervenants sont venus dire tantôt: tout le
système des deuxième, troisième ou quatrième
camions qui sont transformés en premiers camions; et ce serait un
système répandu. Avec votre système, ce serait encore
pire. Ce serait le dixième camion qui deviendrait le premier camion.
Tout ça pour dire que, d'accord, vous avez donné votre
réponse. Je vous comprends. Vous continuez à vouloir avoir toute
la tarte, mais le problème, c'est que j'ai beaucoup d'enfants. Je suis
obligé de séparer la tarte.
M. Genesse: II n'y a pas de problème. On sait qu'on ne
l'aura pas toute, mais ça ne coûte rien de la demander.
M. de Belleval: Autrement dit, un gars a le droit de s'essayer.
D'accord. Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, comme le ministre, je
remarque que les revendications que vous faites rejoignent plusieurs de celles
qu'on a entendues de d'autres postes d'affectation. Je remarque, en
particulier... Je posais la question à l'Association des constructeurs
de routes plus tôt, à savoir dans quelle situation ou dans quelles
conditions des camionneurs artisans pouvaient se retrouver en défaut de
paiement. Je remarque, à la page 12 de votre mémoire, que vous
dites que ce sont les ministères du gouvernement du Québec, de
même que certaines sociétés publiques et parapubliques
telles Hydro-Québec qui sont les plus fautives en ce sens par rapport
aux paiements. Forcément, on ne parle pas de n'être jamais
payés, mais on parle d'être payés en retard. Il y a une
question qui me vient tout de suite à l'esprit. Les camionneurs artisans
ont-ils droit, comme les autres fournisseurs du gouvernement, à un
remboursement d'intérêts pour des paiements en retard?
M. de Belleval: Oui, ils ont droit à un versement
d'intérêts qui est rendu, je pense, actuellement à 15%.
M. Gratton: Après 30 jours? M. de Belleval:
Après 30 jours. M. Gratton: Sur demande?
M. de Belleval: Sur demande... Je ne sais pas s'il y a un
déclic dans l'ordinateur qui se fait pour que ce soit automatique...
M. Gratton: Non.
M. de Belleval: ... ou bien s'il faut que la personne le demande,
mais en tout cas, disons qu'on ne lésine pas.
M. Gratton: Que je sache, ce n'est pas automatique, justement.
C'est peut-être ce qui fait qu'il y a peut-être beaucoup de
fournisseurs, incluant les camionneurs artisans, qui ne savent pas que c'est
disponible sur demande, un remboursement d'intérêts.
Forcément, ça ne règle pas le problème
complètement, mais au moins ça rend une certaine justice. Je dois
reconnaître ce n'est pas souvent que je dis que le gouvernement a
fait de bonnes choses, surtout celui-là que c'est une des bonnes
choses qu'il a instituées. A condition que les gens qui pourraient y
recourir en soient informés. En tout cas, si vous n'étiez pas
informés, là, je vous en informe.
Quels sont les autres? Forcément, vous parlez des entrepreneurs,
j'imagine, qui ne paient pas et qui...
M. Genesse: Certaines compagnies, les constructeurs de routes,
certains on ne veut pas dire en général, on ne
généralisera pas ici, on n'est pas venu pour ça,
d'ailleurs certains constructeurs de routes, on a de la
difficulté avec eux. Nous avons des problèmes. Tous les moyens
sont bons.
Dans le règlement no 112, dans le moment, un article dit qu'il
faut produire un compte au requérant de services, on produit un compte.
Chez nous, on a deux secrétaires dans le bureau qui s'occupent
simplement de facturer les compagnies. Ce sont les camionneurs qui paient cela.
Quand la facture arrive à la compagnie, il y a des compagnies pour qui
c'est parfait. Dès qu'il y a une petite erreur, les gens entrent en
contact avec les secrétaires, ils s'entendent et ils paient. Les autres,
c'est envoyé par autobus, par Purolator et, pendant ce temps, la paie
n'entre pas, parce qu'il manque un kilomètre, il y a un kilomètre
de trop ou la distance n'est pas bonne. Tous les moyens sont bons. Dans le
moment, on est en cour avec un; on l'a actionné et on va le
traîner jusqu'à ce qu'il ait un lacet de bottine à lui. On
a saisi de l'argent au gouvernement l'automne passé. C'est avec ce genre
d'entrepreneur qu'on ne voudrait pas avoir affaires. Il y a des bons
entrepreneurs comme il y a des bons camionneurs. Mais on est pris. Quand ils
ont un contrat, il faut travailler pour eux et, ensuite, quand la paie n'entre
pas, bloquer les chantiers. Le ministère n'aime pas cela et on devient
des méchants garnements. Quand il n'entre pas de nourriture dans le
frigidaire, les enfants n'aiment pas tellement cela non plus. On est à
la merci de beaucoup de gens qui ont le contrôle sur notre industrie et
les moyens de recours... Pour ma part, je suis allergique aux avocats. Puis,
ils disent: Vous avez les moyens légaux, prenez des avocats.
M. Gratton: Le ministre aussi. Excusez-moi, mais en ce sens, le
ministre aussi l'est un peu.
M. Genesse: Sur ce côté-là, on pourra
s'entendre. C'est déplorable de se faire dire par la commission des taux
qui est instaurée par le ministère des Transports, qui est
située sur le boulevard Hamel... Cela n'a pas de pouvoir d'agir. Les
gens nous disent, quand on leur dépose des plaintes: Prenez les moyens
légaux. On demande
au ministère d'instaurer des organismes qui pourront faire cela
au lieu que ce soit les avocats. Les avocats vont se trouver des causes. Ils
vont en faire avec une feuille blanche. Il n'y a pas de problème, ils
vont vivre. Mais je ne veux pas qu'ils vivent du sang des camionneurs et de
l'argent des camionneurs plus qu'il ne le faut. Cela a été dit et
cela fait longtemps que je le dis. On ne veut pas qu'un gouvernement soit
complice de nous pousser dans les pattes de ces organisations-là. Il
devrait y avoir moyen, avec un ministère vous avez un
règlement de dire: Cela va agir dans tant de temps, cela va se
faire et cela ne coûtera rien. On porte la plainte, le poste porte la
plainte et cela débloque. C'est cela qu'on voudrait qu'il se fasse. On
devient, avec l'entrepreneur, en méchants termes. Il ne paie pas, on lui
téléphone. Cela travaille mal. Les compagnies qui nous paient, il
n'y a pas de problème, on va passer par-dessus beaucoup de choses si
notre paie arrive.
M. Gratton: Je prends très sérieusement en note ce
que vous me dites, de façon très sérieuse, mais je me
permettrai une boutade. Vous n'avez pas remarqué comment les oreilles de
votre confrère de gauche ont rougi tantôt.
Une dernière question, M. le Président. Dans votre
région, on a entendu des postes d'affectation venir nous dire, au cours
des trois derniers jours la plupart nous l'ont dit il y a trop de
camions chez nous pour l'ouvrage qu'on a à faire. Par contre, on a
entendu quelques exceptions nous dire le contraire. Quelle est la situation
chez vous? Est-ce qu'il y en a trop de camions, s'il n'y en a pas assez ou si
le nombre que vous avez présentement vous apparaît répondre
à la demande normale actuellement?
M. Genesse: Dans la région 08, tout le monde le sait et
toute la province, dans le moment, on ne dit pas qu'il y a trop de permis VR,
mais il y a trop de transporteurs illégaux, de F. Depuis 1975 et 1976,
les premières années, ils ont eu peur. Pour 1973, les F ne sont
pas sortis. Quand ils ont vu que les règlements n'étaient pas
respectés, que les règlements n'avaient pas de dents, qu'ils
avaient le temps d'user un camion avec un F avant que la première
infraction de $50 arrive, en 1976, plusieurs camionneurs ont commencé
à acheter des camions. Dans notre région comme dans plusieurs
autres, on a porté des plaintes aux agents du ministère, ils ont
fait des constatations, mais ils constatent et ils constatent, et le camionneur
transporte quand même. Même avec les transporteurs illégaux,
à certaines périodes, dans la région 08, on peut dire, si
on veut être honnête, qu'on a été une région
depuis quelques années, par rapport aux travaux de la Baie James, de la
forêt, qui n'a pas manqué d'ouvrage tellement. Mais il y a eu des
périodes, le printemps, l'automne c'est comme partout ailleurs,
avant que les contrats ne débutent... En période
d'été, on a toujours eu des camionneurs qui sont venus de
l'extérieur. (19 h 45)
II y a une chose que je dois dire ici: Les régions devraient en
prendre connaissance et elles devraient au moins essayer de faire ce qu'on a
fait. Si la région 08, en 1970, avait fait, comme beaucoup de
régions ont fait, quand le projet de la Baie James a été
lancé, on aurait peut-être, dans la région 08 il y a
750 à 800 VR 3000 VR. Mais on a tenu dans la région 08 par
tous les moyens possibles. Il n'y a pas de danger qu'on se fasse actionner,
c'est passé, mais il n'est pas toujours légal de dire aux gens:
Ne vous achetez pas de camions parce qu'il n'y aurait plus de mineurs dans les
mines, ils seraient tous sur la terre. On a tenu à cela. On faisait
venir des permis de l'extérieur et on a alimenté la région
de cette façon. Mais il y a d'autres régions aujourd'hui qui sont
prises avec le problème. Elles ont trop de camions. Les cultivateurs qui
ont 150 vaches, comme cela s'est dit, ont sorti les camions de derrière
la grange, ils ont mis cela sur la route. Certains mouvements ne se sont pas
occupés de surveiller cela et aujourd'hui ils sont pris avec. Mais, dans
la région 08, ce n'est pas le cas. Le cas qu'on demande au
ministère de régler de façon urgente, c'est qu'il
arrête le transport illégal. On fera venir des gens de
l'extérieur avec des VR et on sera très heureux de cela. On le
fait, d'ailleurs.
M. Gratton: Je vous remercie. S'il y a une chose, en passant,
dont je me suis convaincu au cours des trois derniers jours, c'est
qu'effectivement le règlement 12 n'a pas été
respecté, ni le 112. En supposant que le gouvernement veuille le faire
respecter et je suis sûr que comme tout gouvernement, il va
vouloir finir par le faire respecter il reste à savoir si le
règlement devrait être plus complet ou plus compliqué ou
plus simple possiblement de façon qu'on puisse le faire respecter. On
peut bien avoir le règlement le plus parfait qui soit sur papier et dans
les structures, mais, si la volonté et, en fait, la possibilité
de le faire respecter n'existe pas, on perd tous notre temps.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Rapidement, M. le Président. Vous demandez au
ministère des Transports de favoriser le développement des postes
et des sous-postes. Mais vous aimeriez que tous les camionneurs soient
obligés d'adhérer aux postes, mais pas nécessairement aux
sous-postes. Pourquoi?
M. Genesse: C'est officiel. Le poste régional dans
l'ancien règlement, c'est lui qui avait le permis de courtage. Avec le
nouveau règlement, le courtage se fait par les sous-postes. Donc, nous
autres, on a pour optique de dire: Le poste régional devrait voir aux
problèmes d'ailleurs, il le fait de la collectivité
régionale. Les avocats, eux, sont encore à l'université et
ils entrent dans le Barreau. Ils se protègent, eux. Les médecins
entrent dans le Collège des médecins. Nous
autres, on prétend qu'un camionneur qui a un VR dans une
région, bénéficie du poste d'affectation qui plaide les
taux, voit à faire arrêter les transports illégaux. A ce
moment, ces gens ont une responsabilité envers le poste d'affectation.
Ils bénéficient des services du poste d'affectation.
La question de dire que c'est obligatoire, les postes d'affectation,
c'est cela. Celui qui ne veut pas aller sur les contrats en
français, ce sont les répartiteurs se faire "dispatcher",
serait libre de ne pas venir aux sous-postes. Quand on le rencontrerait sur la
route, on saurait qu'il a payé le même prix. Il est payé
pour transporter, mais il a payé sa part. C'est presque des miracles de
tenir des organismes en place. On n'a pas de formule Rand, on n'a rien. C'est
par la volonté des gens, des camionneurs. En arrière, on
traîne un certain nombre de types qui se servent de ceux qui sont dans le
poste, ils exploitent ces gens. En plus des entrepreneurs qui nous exploitent
et, souvent, du gouvernement, on a de nos semblables qu'il faut traîner
et il faut faire accepter à nos membres de dire: "Coudon", payez.
Si tous les VR étaient dans le poste, il y aurait une justice
sociale au départ. Les camionneurs ne pourraient pas dire: Lui
transporte. On serait peut-être moins exigeant sur les clauses, quelque
chose comme cela. L'idée de cela, c'est d'avoir une justice sociale. Si
on a un permis, on a des privilèges; donc, celui qui a un VR a des
responsabilités aussi envers la société.
M. Goulet: Dans un autre ordre d'idées, M. le
Président, j'aurais aimé poser cette question à l'un ou
l'autre des postes d'affectation, mais je la pose à celui-ci
étant donné que c'est le dernier. On parle souvent de camionneurs
qui choisissent les endroits pour travailler, comme on dit ils choisissent les
"jobs". Ils vont quitter l'endroit de travail à 2 heures de
l'après-midi. Il y a des entrepreneurs qui nous ont fait part de
certaines plaintes, à savoir que le camionneur pouvait faire un peu ce
qu'il voulait. Il arrivait à l'heure qu'il voulait, il quittait à
l'heure qu'il voulait. D'abord est-ce que c'est fondé? Est-ce que cela
arrive?
Deuxièmement, est-ce qu'il y aurait lieu, au niveau des postes
d'affectation, sans que ce soit fait par une association, mais bien par le
poste d'affectation, d'imposer des pénalités à ces
camionneurs si c'est vrai que ça existe de façon
qu'ils ne nuisent pas à la crédibilité et au bon nom des
autres camionneurs qui veulent vraiment donner un service aux entrepreneurs ou
aux compagnies, tout dépend de la réquisition? On s'est fait dire
ça à plusieurs reprises. D'abord, est-ce que ça existe et,
deuxièmement, est-ce qu'au niveau d'un poste d'affectation, tout en
étant à l'intérieur des règlements, il y a moyen de
régir, je ne sais pas, une espèce... Je sais qu'il y a un code
d'éthique, il y a toutes sortes de choses, mais qu'est-ce que vous avez
pour empêcher ça? Qu'est-ce qui existe pour empêcher cela
dans les règlements d'un poste d'affectation?
M. Genesse: Chez nous, dans le sous-poste d'Abitibi-Est
et, je crois qu'il y en a d'autres qui ont la même chose pour ceux
qui quittent le chantier quand bon leur semble, on a un tableau de "dispatch"
comme on dit; celui qui quitte un chantier, sa carte s'en va en bas du tableau.
Les camionneurs ne sont pas incités tellement à quitter le
chantier. Cela ne fait pas longtemps, on a approuvé ça à
l'assemblée du sous-poste en 1978 et nous n'avons pas trop de
problèmes. Sur ce côté-là, on peut dire que
ça dépend un peu de celui qui fait la répartition du
travail. Il y a toujours moyen de faire comprendre aux camionneurs que c'est
à eux l'ouvrage et, s'ils le font exprès, ils vont perdre des
travaux, ils vont perdre des compagnies.
M. Goulet: II reste que le directeur d'un poste a le pouvoir de
sévir. Mais si, un moment donné, suite à une telle action,
le camionneur, par exemple, le vendredi après-midi décide de
quitter le chantier et le directeur du poste d'affectation décide de le
pénaliser et de le placer au bas de la liste ou, je ne sais pas, de lui
faire perdre une journée apparemment qu'il n'a pas le droit
qu'est-ce qui couvre le directeur du poste d'affectation contre des
accusations de ce camionneur s'il vient dire par la suite qu'il a subi des
préjudices, que le directeur du poste d'affectation ne lui aime pas la
figure et peut-être se servir d'autres arguments pour...
M. Genesse: Qu'est-ce qui nous couvre? C'est que chez nous et
dans la région du Nord-Ouest je pense que c'est une pratique
partout on a des assemblées, les camionneurs sont invités,
tout se passe devant tout le monde et on décide à une
assemblée que ça fonctionne de telle façon. Les codes
d'éthiques on en a fait, on les a repris et les camionneurs discutent de
leurs affaires. Quand il y a quelque chose qui est décidé, le
chef du sous-poste, qui est le "dispatcher" normalement, s'il l'applique, le
camionneur, normalement, devrait être à l'assemblée ou les
autres le savent. On est protégé. On ne décide rien
individuellement, pas de ma part, et je ne crois pas que ça se fasse
à nulle part.
M. Goulet: Ce que je veux dire, c'est que ça pourrait
être décidé lors d'une assemblée
générale. Mais qu'est-ce qui vous couvre pour ne pas vous faire
accuser par la suite d'avoir défavorisé certains camionneurs ou,
je ne sais pas, d'avoir agi discriminatoirement auprès de certains
camionneurs même si ça a été voté en
assemblée? Je ne l'ai pas, la solution, mais je trouve cela dangereux si
vous agissez ainsi parce que je pense que vous n'avez pas le droit de le faire.
Même si c'est voté en assemblée générale,
vous n'avez pas le droit de pénaliser un camionneur. Je pense qu'il
manque quelque chose au niveau... Vous avez le droit?
M. Genesse: II y a un comité de discipline. Dans le
moment, on attendait que le permis sorte, que tout sorte, il y a un
comité de discipline de prévu, mais je pense que ça peut
dépendre de certaines gens. Mais, chez nous, on en a mis, des
pénalités, il y en a eu et le camionneur, quand tu lui
mets les yeux en face du problème, quand il est dans le tort, il n'a pas
le choix. Comme de raison, si on pénalise un camionneur par rancune ou
par vengeance ou parce qu'il n'est pas dans la bonne association ou des choses
comme ça, chez nous, en tout cas, dans le Nord-Ouest, ni à nulle
part, je ne crois pas qu'il y ait discrimination ou de rancune qui revienne.
C'est dur sur le moment. Le camionneur va être fâché, il va
sauter, il va crier, mais ça va finir là. Il va comprendre qu'il
n'avait pas raison de faire ça. Ce ne sont pas des enfants.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le ministre. Un
instant, M. Chouinard.
M. Chouinard: Je m'excuse, juste une observation concernant les
coûts des travaux. On a répandu une rumeur qui n'est pas
nécessairement fondée surtout sur la base de calcul qu'on a
présentée à savoir que le fait d'utiliser les taux de la
commission pour faire du transport coûterait 25% de plus au gouvernement
pour ses travaux.
Quant à la base de calcul qui a été
utilisée, on vous a dit que les coûts d'opération d'un
véhicule étaient entre $25 et $30, ce qui est, comme on le sait
assez près, de toute façon, du taux fixé par la commission
pour le travail à l'heure, qui est de $27.25. Par contre, quand on a dit
que cela coûtait $40 à un camionneur, on a oublié de vous
dire que le revenu à l'heure d'un camionneur qui travaille à la
"job", qui travaille à forfait, est de $40, ce qui est
complètement différent. On ne peut pas comparer un travail
à l'heure avec un travail à la production parce que c'est
évident que le gars qui réussit à se faire un revenu de
$40 l'heure, c'est parce qu'il se grouille. D'ailleurs, comme on dit dans le
cas des camionneurs, les gars sont affamés de ce temps-ci, c'est
peut-être le temps de les faire travailler. Il est évident qu'ils
vont en arriver à une production beaucoup plus élevée, de
telle sorte que le chantier va durer moins longtemps, de telle sorte que le
coût total du chantier va être moins élevé que ce
qu'on a laissé entendre cet après-midi en disant qu'il y avait
une différence de $25.
Ce n'est pas un sophisme, c'est vrai ce que je vous dis.
M. de Belleval: Vous n'avez pas besoin de me faire un dessin.
M. Chouinard: D'accord. Une autre affaire...
M. de Belleval: Vous respectez davantage les limites de vitesse
quand vous êtes payés à l'heure.
M. Chouinard: On voudrait pouvoir utiliser notre production
à forfait, le travail à forfait, pour pouvoir fixer nos taux
à l'heure, mais les compagnies ne veulent pas qu'on fasse cela.
M. de Belleval: Je pense bien!
M. Chouinard: Un autre point que j'aimerais souligner, si vous me
le permettez, c'est la ques- tion des taux minimums. Les taux minimums c'est
à la fois dangereux et peut-être à la fois avantageux.
C'est toujours tentant d'utiliser des taux minimums parce qu'on pense, au
départ, que cela ne cause pas de problèmes. Cela ne cause
tellement pas de problèmes que ce ne sont pas des taux. Là
où il y aurait peut-être quelque chose à apporter en
matière de tarifs, et je parle en connaissance de cause parce que
ça fait plusieurs années que je travaille au niveau des tarifs
dans le vrac, ce serait une souplesse au règlement pour permettre
à la commission de recevoir des demandes de taux à
l'extérieur de la période prévue, qui est le mois de
décembre généralement, à tous les ans. Comme dans
le camionnage général, à partir de certaines règles
qui seraient établies, par exemple, au règlement de conditions
générales, il pourrait y avoir du transport, ce qu'on appelle
à taux convenus, de telle sorte que pour un gros contrat, dans des
conditions spéciales, compte tenu des facteurs que les camionneurs
connaissent et que les entrepreneurs connaissent aussi, on pourrait avoir un
tarif qui serait différent du tarif fixé par la commission, qui
pourrait être inférieur, mais qui pourrait être aussi, dans
certains cas, supérieur. Les compagnies vous disent que, dans des cas,
le taux est trop haut, mais elles vous disent rarement que le taux est trop
bas. Quand elles n'entretiennent pas leurs chemins, quand les gars font $125
par jour à la job, c'est parce que les conditions sont vraiment
affreuses. Dans ce temps-là, elles ne viennent pas se plaindre que le
taux n'est pas assez élevé. Il y aurait peut-être lieu, de
ce côté-là, de regarder au niveau du règlement et
d'apporter cette souplesse à la commission dans le sens qu'on le met
vraiment dans les normes de tarifs de la commission, pour lui permettre
d'ouvrir assez rapidement, selon une procédure expéditive. Pas
d'affaire à la cachette, mais qu'on arrive à avoir des taux qui
soient peut-être, dans certains cas, plus réalistes. Je vous
remercie beaucoup.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. M. de
Belleval: Vous avez quelque chose...
M. Genesse: Oui, j'aurais quelque chose à ajouter. Ce
n'est pas dans notre mémoire, mais on l'a discuté et on l'a
ajouté, aujourd'hui, à la main. Après avoir entendu tout
ce qu'on a entendu ici depuis trois jours, nous sommes très malheureux
de ce qui s'est dit, de ce qui s'est passé chez certaines personnes,
certains organismes ou quoi que ce soit.
Nous, on a une suggestion: dans le règlement, qu'il soit dit
qu'aucun d'administrateur d'association coopérative ne peut être
administrateur d'un poste ou d'un sous-poste. S'ils veulent avoir des
associations, ceux qui seront dans des associations s'occuperont d'autres
choses, du courtage, du poste et du sous-poste. Les leaders, dans chaque
région, ne pourraient pas être assis sur leurs chaises, ils
choisiraient l'une ou l'autre. Je pense qu'à partir de là, si
c'est légal de l'instaurer dans le règlement, je ne le sais pas,
mais nous, on prétend, chez nous on n'a pas le problème
dans
le moment, cela est venu à bout de se régler, ce
problème de chicane d'association, le poste fonctionne, on est
très heureux de cela on dit que ça peut fonctionner un
poste, et, que des camionneurs, ça peut s'endurer entre eux. Avec ce
qu'on a entendu cette semaine, je pense qu'il y aurait lieu d'y penser. Ils
choisiront, les associations joueront te rôle qu'elles doivent jouer si
elles en ont à jouer, elles vendront des sièges sur le coin de la
rue ou d'autre chose. Mais pour notre part, nous, de la région 08, nous
prétendons que ce serait une solution pour enlever ces chicanes sur le
dos des camionneurs, qui ne devraient pas exister, et empêcher de
déblatérer sur la place publique comme cela s'est fait ici cette
semaine. Nous, de la région 08, nous avons déploré cela.
C'est malheureux, une commission parlementaire où le venin est sorti
comme ça. (20 heures)
M. de Belleval: Je suis heureux de vous entendre dire ça,
parce que vous avez un des postes qui fonctionnent le mieux, où il n'y a
pas, semble-t-il, de chicane interne et où, si je comprends bien, il n'y
a pas de discrimination entre des gens qui appartiennent à une
association ou à une autre. Il n'y a pas de problèmes comme
ça. Il y a des associations qui existent dans votre secteur?
M. Genesse: II y en a, et dans certains comtés, l'ANCAl
existe encore, les FACEV ont certains membres. La coopérative de
Matagami ne fonctionne pas, mais elle est là. L'Abitibi-Est, notre
association, n'est pas discontinuée, parce qu'on a des bureaux de
l'association et tout ça. Mais on ne parle plus de ça. Cela se
fait, parce qu'on le fait et on n'est pas différents des autres de la
province et ça peut se faire ailleurs. Mais je pense qu'il y aurait une
leçon à tirer dans certaines régions. On pense aux
camionneurs quand on dit ça, qu'il y a moyen de se comprendre. Cela n'a
pas toujours été rose dans la région 08 plus qu'ailleurs.
On a fait comme les autres. Mais il faut mettre de l'eau dans son vin, d'un
côté et de l'autre. Ceux qui me connaissent savent que j'en ai
mis, de l'eau dans mon vin, parce que dans la région, ça a
déjà brassé dur. Aujourd'hui, tout le monde semble
heureux. On suit le règlement et on veut le suivre et on veut des
améliorations dans le camionnage en vrac.
Quand on entend parler de déréglementation, ça nous
fait mal, parce que ce n'est pas ça qui va régler le
problème du camionnage.
M. de Belleval: Je ne peux pas être plus d'accord avec ce
que vous venez de dire. Je pense que, malgré tout, même s'il y a
peut-être eu, comme vous dites, des incidents tristes, il faut crever un
abcès à un moment donné; ça fait mal sur le coup
mais après ça, on se sent mieux. En tout cas, je vous
félicite, encore une fois. Je vous encourage à continuer.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: J'endosse les deux dernières phrases du
ministre sans aucune réserve.
Le Président (M. Jolivet): Merci, nous demandons à
l'Association nationale des camionneurs Inc. et leur représentant...
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Gratton: Je m'excuse. J'aimerais que le député
de Duplessis nous présente... Est-ce qu'il s'agit de son colistier
à la prochaine élection générale qui
l'accompagne?
Le Président (M. Jolivet): Avant de demander aux personnes
de nous présenter leur mémoire, voici sur quoi nous nous sommes
entendus. Si je fais erreur, on pourra me corriger. La première chose,
c'est qu'on a dit qu'on déposait le mémoire qui peut s'appeler la
réplique, à l'ensemble des mémoires déposés,
cette réplique étant textuellement inscrite au journal des
Débats, ce qui se fait, dans certains cas, de façon
exceptionnelle.
Quant aux documents produits, je vais en faire la liste complète,
je vais donner celle que je possède, du moins. Si ce n'est pas
ça, vous me le direz. Il y a d'abord l'annexe A: Jours de travail,
document traitant des jours de travail dans la région 06, télex
et télégrammes; l'annexe A-1, lettres de M. Yvan Coulombe,
employé du Poste d'affectation de la région 06 Inc. qui fait des
offres à un employeur d'une drôle de façon; l'annexe A-2,
en liasse, lettre de réponse du ministre Denis de Belleval à
l'avocat du Poste d'affectation de la région 06 Inc., à la suite
du mémoire présenté par la région 06, sous
l'exécution, à 75% de la fondation inférieure et aussi,
lettre de M. Jean-Louis Bradette, commentant la lettre du ministre de
Belleval.
Il y a aussi l'annexe A-3, lettre de M. Jean-Louis Bradette imposant les
mesures disciplinaires, pour incompétence, à certains camionneurs
qui ne voulaient pas accepter de travailler en bas des taux et qui,
naturellement, sont membres de l'Association nationale des camionneurs artisans
Inc., l'annexe B, jugement de l'honorable juge Louis-Philippe Bouchard,
refusant au Poste d'affectation de la région 02 Inc. d'intervenir devant
les tribunaux pour quoi que ce soit, à cause du défaut de lettre
patente; l'annexe C, commentaires sur des mémoires en forêt;
l'annexe D, jugement de l'honorable juge Paul-Etienne Bernier, rejetant la
première injonction de l'Association des transporteurs en vrac de la
région 03 Inc.; l'annexe E, article paru dans le journal Le Soleil sur
notre ministre des Transports; l'annexe F, affidavit de M. Gérard
Dubé, président de l'ANCAl, et une liste des membres de l'ANCAl
remise au président de la commission parlementaire; l'annexe G, lettre
prétendument signée par M. Gérard Dubé, et
commentaires.
Ce sont tous les documents qui ont été placés en
annexe aux mémoires en contre-réplique. Je vais demander à
quelqu'un d'aller chercher la liste
des membres qui ne nous a pas été fournie avec ces
documents.
M. Piuze: M. le Président, la liste des membres, c'est
3581, il y en a deux qui sont entrés aujourd'hui, à la suite de
la commission parlementaire.
Le Président (M. Jolivet): Donc, pour bien se comprendre,
il y aura d'inscrit au journal des Débats l'ensemble du mémoire.
(Voir annexe) Quant aux annexes, elles sont déposées à la
commission parlementaire, elles sont mises à la disposition de toute
personne qui veut en prendre possession, en les demandant selon la formule
habituelle... excusez-moi, on va revenir.
Nous disons donc que l'ensemble des documents déposés en
annexe peuvent être disponibles à toute personne qui en fera la
demande à la Bibliothèque nationale. Juste avant, j'ai autre
chose à ajouter. Est-ce sur cette partie-là que vous voulez
intervenir, M. Piuze?
M. Piuze: Oui, M. le Président, peut-être que M.
Dubé aurait juste une petite remarque à faire sur...
Le Président (M. Jolivet): Tout d'abord, il y a une autre
chose. J'ai une lettre de M. Pierre Beau-det, avocat. Vous, M. Piuze, me disiez
que vous étiez en accord avec la composition de la lettre, le texte de
la lettre, de telle sorte que, si vous aviez eu à la composer, vous en
auriez composé une semblable. C'est bien ce que j'ai compris?
M. Gratton: M. le Président, est-ce qu'un membre de la
commission peut s'opposer à la lecture de cette lettre?
Le Président (M. Jolivet): Un membre de la commission peut
s'opposer à la lecture de cette lettre, oui.
M. Gratton: Je ne m'y oppose pas, M. le Président,
malgré le premier paragraphe dont je partage la teneur.
M. de Belleval: Est-ce qu'on pourrait d'abord lire la lettre pour
savoir si on peut s'opposer ou non? M. le député de Gatineau a lu
la lettre.
M. Gratton: Non, j'ai lu le premier paragraphe. C'est une boutade
encore. Je m'excuse, je suis fatigué.
M. de Belleval: Vous avez raison, le premier paragraphe
est...
M. Gratton: Le président s'est chargé de la montrer
à tout le monde.
Le Président (M. Jolivet): Non, non, non.
M. de Belleval: M. le Président, vous êtes en
conflit d'intérêts.
Le Président (M. Jolivet): La lettre se lit donc, comme
suit: "Au Président, "Au nom de mes clients et en mon nom personnel,
permettez-moi de vous féliciter pour le doigté remarquable avec
lequel vous avez dirigé cette commission. "Cependant, je voudrais vous
faire remarquer que, depuis le début de cette commission, le ministre
des Transports semble très inquiet au sujet des mandats que j'accepte.
"Premièrement, je tiens à vous dire que je suis régi par
le Barreau du Québec et que si votre ministre des Transports a des
inquiétudes, il n'a qu'à s'adresser au Barreau du Québec.
Cependant je note que Me Yvon Chouinard, avocat du Poste d'affectation de la
région 06 Inc., entre parenthèses (tonique
rafraîchissant pour le ministre des Transports) et aussi avocat de
l'Association des entrepreneurs de la région 03, n'a pas
été victime des sarcasmes du ministre des Transports. "M. le
ministre des Transports s'inquiète d'une lettre que j'avais
adressée au Poste d'affectation de la région 03 Inc. Je tiens
à lui dire qu'entre le 1er septembre 1977 et le 31 août 1979, je
détenais un contrat qui me liait à l'Association nationale des
camionneurs artisans Inc., d'une façon exclusive. J'ai bien
accepté de contribuer à établir les postes d'affectation
en vertu de l'engagement qu'avait pris l'ANCAI. Cependant, j'en avais
par-dessus la tête avec les problèmes juridiques de l'ANCAI. "Au
mois de septembre 1979, j'ai quitté l'ANCAI et mon contrat exclusif n'a
pas été renouvelé. Au mois d'avril 1980, je suis redevenu
l'un des procureurs de l'ANCAI, mais à temps partiel et sans contrat
exclusif. Ce contrat qui expire le 1er septembre 1980 était de quatre
jours par semaine. Il était clair et net pour les dirigeants de l'ANCAI
que j'avais le droit d'avoir d'autres clients, comme mon confrère
Chouinard et tous les autres avocats de la province de Québec. "Veuillez
agréer, M. le Président, l'expression de mes meilleurs
sentiments,
Pierre Beaudet, avocat".
Oui?
ANCAI
M. Dubé: M. le Président, je voudrais vous
remercier de nous avoir fourni l'occasion de venir répondre à
certaines accusations. C'est surtout sur les accusations personnelles que j'ai
eues au cours des deux jours qui viennent de passer, j'aimerais apporter un peu
de lumière. Je ne trouve peut-être pas agréable mais normal
qu'on porte des accusations contre une association qui est, on peut dire, la
seule association de ce genre, opérante et active, qui défende
les intérêts de ses membres. Je trouve cela un peu normal.
Même à cela, il ne faudrait pas aller plus loin. Il est aussi
normal, lorsqu'il y a des conflits ou des accrochages à travers la
province, qu'on retrouve parmi ce groupe des camionneurs de l'ANCAI. En gros,
nous sommes 8 camionneurs sur 10 dans les
postes d'affectation. C'est ce que cela fait. Mais il ne faudrait pas
attribuer à l'ANCAl, parce qu'il y a des gars qui sont membres de
l'ANCAl, ces choses, si jamais il y a des accrochages. C'est une chose que j'ai
déplorée que, dès qu'il y avait quelque chose, on disait
toujours: Voilà l'ANCAl. Je suis le président de l'ANCAl depuis 4
ans, il y a des faits qui n'ont jamais été portés à
mon attention, dont je n'ai jamais été au courant et on
m'accusait d'être dans cela.
Ce à quoi je voudrais en venir, c'est surtout à une
prétendue lettre qui a circulé. Le ministre semblait trouver cela
assez amusant, car cela semblait je ne dirais pas une chose courante, mais il
se produisait que le président de l'ANCAl signait des lettres avec des
en-têtes de postes d'affectation. Monsieur, aujourd'hui, j'ai fait
analyser le charmant document. Par contre, ce document, je le précise,
n'a même pas de date, il n'est adressé à personne. C'est un
bout de papier qui circule, qui n'est compromettant pour personne. Par contre,
on voudrait, dans l'esprit de ce document, semer le doute, je le dis, moi, je
signe des documents d'à peu près n'importe qui.
Les personnes responsables, les personnes qui connaissent les lettres,
ont, par contre, un imprimeur et ont trouvé que le document était
composé de deux sortes d'écritures de deux sortes de machines.
Pour ma part, je vous ai donné un affidavit assermenté que je
n'ai jamais signé ce document. Si cela continuait, je ferais une
enquête, s'il le faut. Je saurais qui s'amuse, quel enfantin essaie de
semer la discorde. Je pense qu'on a assez de problèmes dans le vrac
je vais revenir au vrac parce que nous sommes ici pour le vrac
sans s'amuser à faire des folies pareilles. Quel intérêt,
lorsque vous regardez ce document, aurais-je eu à signer cela?
D'ailleurs, il n'y a plus de place dans le bas, c'est quasiment dans le bas de
la feuille que cela a été fait. De toute façon, ceci dit,
moi, je n'y attache pas plus d'importance, si on ne revient pas encore avec
cela.
D'autre part, je voudrais aussi revenir sur ce que disaient M. Blouin,
président ou directeur des entrepreneurs de la région 03, et M.
Fradet, de la région 02, hier soir, qui, eux, connaissaient tous les
problèmes de l'ANCAl, sous toutes les formes et tous les accrochages qui
pouvaient avoir eu lieu depuis x années. Par contre, lorsque M. Gratton
l'a questionné, en tout cas, lorsque quelqu'un de la Chambre l'a
questionné, il ne savait plus combien il y avait de membres, il ne
savait plus rien.
Je vous dis que les autres associations ne m'intérssent pas. Je
suis président de l'ANCAl, je connais les problèmes à
l'intérieur de l'ANCAl, je sais combien on a de membres. Je le dis
publiquement, même si vous avez un document assermenté dont on a
fait mention tout à l'heure, nous avons actuellement, pour
l'année en cours, 3581 membres. J'insiste pour dire ceci parce qu'hier
on faisait mention qu'en 1978-1979 il y avait des postes d'affectation qui,
probablement, avaient perçu de l'argent pour l'ANCAl. Pour la cotisation
1979-1980, pas un seul poste d'affectation n'a fait simplement une commission
pour dire: Envoyez une cotisation à l'ANCAl. Ce sont des membres qui ont
adhéré librement; vous savez, on n'a pas de formule Rand, il n'y
a donc pas eu de perception à la base, ces membres sont libres.
Il y a une petite diminution comparativement à l'année
dernière. Les raisons sont simples: il y a d'abord des restrictions
économiques, pour nous en tout cas. Si on avait un surplus, ça
regarderait mal lorsqu'on se plaint qu'il n'y a pas de travail. On a des
camionneurs dont le camion est retourné à la finance; il y a des
camionneurs qui m'appellent et qui me disent: M. Dubé, laissez-nous sur
la liste. Ils ne sont pas en règle, mais on continue à leur
donner des services parce que ça n'a pas de bon sens. Les gars disent:
On va avoir de l'argent, on va travailler, on va vous payer. Il y en a
peut-être 25 ou 30, mais ils ne sont pas sur les listes, je le
répète. C'est une chose qui fait qu'il y a moins de membres.
Par contre, il y a aussi la région 06 où on disait que
l'ANCAl avait peut-être fait tort au poste d'affectation on a
insinué cela au cours de la semaine le poste d'affectation s'est
attaqué à l'ANCAl, et ç'a coûté à peu
près 200 membres, à l'heure actuelle. A part cela, dans les
autres régions, il y a un nombre même plus élevé que
celui de l'année dernière. J'insiste pour dire qu'il n'y a pas un
seul poste d'affectation qui a fait la perception. C'est cela, la situation de
l'ANCAl, et je pense qu'il y en a plusieurs qui ne se casseront pas la
tête. Hier, dans un document, on disait: 20% de 10%, c'est 2000 membres.
Lorsqu'on a posé la question au gars, il a dit: J'ai pris ces
renseignements au ministère.
Tantôt, dans un autre document vous avez les documents,
vous pourrez les vérifier on parlait de 2500. Vous avez le nombre
de membres, ne vous cassez plus la tête, personne, les adresses sont dans
les documents; si vous voulez vérifier, vous avez beau.
Pour ma part, je crois avoir donné assez
d'éclaircissements. Vous pouvez me poser des questions pour des
éclaircissements supplémentaires mais je pense que, de cette
façon, les procureurs ont préparé les documents on
a préparé cela ensemble, cet après-midi pour
répondre à d'autres questions. Je ne voudrais pas abuser de votre
temps; en ce qui me concerne, je suis à votre disposition, mais j'ai
terminé.
De plus je l'ai fait au début, mais je le dis quand
même je veux remercier le ministre des Transports, la commission
parlementaire, remercier ses collègues, en somme, tous ceux qui sont
responsables, les gens de l'Opposition, que ce soit l'Opposition officielle ou
M. Goulet, de l'Union Nationale, qui ont travaillé; je ne dis pas qu'ils
ont travaillé pour quelqu'un en particulier, mais ils ont
travaillé pour faire en sorte que la lumière se fasse sur les
problèmes qu'on a.
Ce que j'ai trouvé malheureux, ce sont des questions, comme le
disait M. Genesse tout à l'heure, qui étaient complètement
hors sujet, des questions qui attaquaient des personnes et dont on ne pouvait
pas faire la preuve. (20 h 15)
Pour ma part, c'est la première fois que j'assiste activement
à une commission parlementaire et je ne suis pas très très
heureux de ça. Je pense qu'on devrait être plus sérieux que
ça. Cela m'a fait penser un peu à un jeu de bluff, à un
moment donné on y mettait le paquet. On était passés les
premiers, on ne pouvait pas revenir et là, vous nous l'avez
accordé, je vous remercie. J'aurais sûrement bien aimé lire
les documents qu'on a ici parce que les personnes dans la salle auraient
été à même de constater que chaque fois qu'on nous a
accusés, on vous donne des raisons, on s'explique, on dit pourquoi on
est accusé. Je sais que vous les avez en main, que ce sera dans le
journal des Débats et tous ceux qui vont vouloir le voir vont l'avoir.
Je suis très heureux.
En terminant, je vous remercie encore une fois et je compte beaucoup que
cette commission parlementaire, ces débats qui ont fait déranger
beaucoup de personnes, qui nous ont fait travailler et j'en suis heureux
vont compter un peu pour rendre la vie un peu plus facile aux
camionneurs qui sont impliqués. Ceux qui prétendaient perdre leur
camion vont garder l'espoir encore une fois d'attendre la neige à
l'automne, à la condition qu'il en tombe. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Est-ce que d'autres
personnes ont des commentaires? Non? M. le ministre.
M. de Belleval: J'ai presque envie de vous dire, M. Dubé,
que s'il ne neige pas cet hiver, vous pourrez peut-être faire comme vous
avez fait l'hiver dernier, venir me voir.
M. Dubé: En tout cas, je vous assure que si je suis encore
président de l'ANCAl et si vous êtes encore ministre, ça me
fera plaisir de venir vous voir, M. le ministre.
Une Voix: C'est deux gros "si". M. Gratton: Le
deuxième surtout.
M. de Belleval: Je n'ai pas voulu jouer au père Noël,
quand vous êtes venu me voir, mais en tout cas vous avez eu une
réponse. Ce n'est peut-être pas une mauvaise façon
d'entreprendre mon exposé, parce que je pense qu'il est bon que je fasse
une rétrospective rapide de mes relations avec l'association que
préside M. Dubé. M. Dubé est un citoyen du comté de
Charlesbourg, et même avant que je sois nommé ministre des
Transports, nous avions eu, à plusieurs reprises, des communications et
j'étais intervenu auprès de mon collègue, M. Lessard, en
faveur des demandes que l'Association nationale des camionneurs artisans
indépendants faisait dans l'intérêt de tous les camionneurs
du Québec, disons des camionneurs artisans, pour être plus
précis.
Je pense que nos relations ont été extrêmement
cordiales. Cela a été la même chose pendant que j'ai
été ministre des Transports. Je faisais allusion tout à
l'heure au fait que lorsque les camion- neurs artisans dans plusieurs
régions du Québec se sont retrouvés dans des
difficultés pressantes à la suite du manque de neige et
là-dessus, je vous ferai remarquer, M. Dubé, que la
température est de juridiction fédérale nous sommes
intervenus, et j'ai débloqué environ $18 000 000 de travaux, ce
qui n'avait jamais été fait auparavant.
Mon collègue, le ministre des Finances, me l'a reproché
à mots non couverts, d'une certaine façon, puisqu'il comptait un
peu sur ces $18 000 000 pour certains crédits périmés,
mais, en tout cas, ç'a été pour des travaux utiles et ce
sont de nombreuses régions du Québec qui en ont profité en
même temps que les camionneurs artisans; ça n'a pas
été de l'argent gaspillé, loin de là.
Nous avons eu des relations étroites et cordiales jusqu'à
ce printemps ou, disons, jusqu'au début de l'été. Je pense
que c'est important, pour les membres de la commission, que je relate ces
faits, parce que ç'a une incidence directe sur les travaux de cette
commission et sur l'avenir.
Je n'ai pas besoin de vous dire que je ne suis pas le premier ministre
des Transports à passer au "bat", comme on dit, aux mains des procureurs
ou des dirigeants de l'ANCAl. C'est un peu normal. L'ANCAl est une association
légitime qui défend ses membres vigoureusement et,
là-dessus, je rappellerai les paroles de mon collègue, M.
O'Neill, député de Chauveau, ce matin, quand il disait: Est-ce
qu'il n'est pas un peu normal, quand des gens sont pressés par les
événements, quand ils sont soumis à des forces
économiques difficiles, qu'ils réagissent?
Je répondrais à ça: Oui, effectivement c'est normal
que des gens pressés par des événements, par
l'adversité, réagissent. Ce sont des choses qui se sont produites
dans le passé. Chaque fois qu'il y a eu une certaine adversité,
l'ANCAl a réagi fortement. Je ne suis pas le premier ministre des
Transports dont vous demandez la démission; les fonctionnaires qui
m'accompagnent aujourd'hui ne sont pas non plus les premiers fonctionnaires que
vous critiquez amèrement. Je vais retirer l'histoire de la
démission, si vous voulez, je vois que vous faites une
délégation, tant mieux.
Donc, je ne suis pas le premier ministre des Transports auquel vous vous
frottez et les fonctionnaires qui m'accompagnent, les membres de la commission
ne sont pas non plus les premiers que vous critiquez sévèrement,
tellement, d'ailleurs, que je dois dire, au profit des membres de la
commission, qu'il est extrêmement difficile, actuellement, au
ministère des Transports c'est le cas d'ailleurs depuis de
nombreuses années de recruter des fonctionnaires c'est la
même chose à la Commission des transports qui acceptent de
travailler dans le dossier du vrac, parce que c'est devenu un dossier maudit,
un dossier auquel les employés du gouvernement tentent d'échapper
le plus possible, et on les comprend.
Tout cela pour vous dire qu'en juin, nos relations ont changé
soudainement à la suite d'un refus que j'ai dû opposer à
deux demandes de
l'ANCAI. La première voulait que nous étendions les
secteurs protégés de 75% pour les travaux de superstructure
à 50% ou 75% à l'ensemble des travaux routiers octroyés
par le ministère. J'ai dû aussi refuser d'appuyer la demande de
l'ANCAI auprès de mon collègue, le ministre de l'Energie et des
Ressources, d'octroyer un secteur protégé supplémentaire,
à savoir celui du bois, au profit des camionneurs artisans.
Je pense que c'était la première fois que je refusais
quelque chose à l'ANCAI. N'oubliez pas que, l'automne dernier, nous
avions fait un accord complet sur un changement au règlement 112 qui est
actuellement en voie d'application et toutes ces choses se sont faites dans la
plus grande harmonie. Tout ça pour dire qu'évidemment, un
ministre ne peut pas toujours dire oui et que c'est plus facile de dire oui que
de dire non. Mais vous prenez vos responsabilités et vous vous dites:
Dans ce cas-là, je suis obligé de dire non. Je vous ai dit non,
à ce moment. Je vous ai dit non et je vous ai dit aussi, lors d'une
réunion que nous avons eue nous avons eu de nombreuses
réunions que, devant l'avalanche de demandes que vous me
soumettiez, à partir de ce moment, il était absolument
irréaliste que je puisse y faire face dans un espace de temps
très court et que, d'ailleurs, beaucoup de ces demandes m'apparaissaient
d'importance inégale et, de toute façon, n'allaient pas au coeur
des problèmes. En tout cas, plusieurs de ces demandes sont revenues au
fil des jours.
C'est important que je relate ces faits, parce que ça
démontre le point d'accrochage. Il est survenu sur quelque chose de
très précis, et il est survenu, d'ailleurs, d'une façon
très soudaine, dès que j'ai été obligé de
dire non. Ce non, d'ailleurs, je l'avais fait entériner d'abord par le
Conseil des ministres, et je suis revenu vous dire: Ce n'est pas possible.
Là, évidemment, vous avez utilisé c'est votre droit
des moyens de manifestation, qui, dans le passé, ont
peut-être pu vous apparaître valables. Quoi qu'il en soit, le
climat s'est détérioré entre nous. On a abouti finalement
à cette commission parlementaire.
Je veux vous dire qu'en ce qui me concerne, je reconnais
entièrement le droit à quelque camionneur du Québec
d'appartenir à quelque association volontaire choisie par lui. Je
reconnais à cette association volontaire le droit d'utiliser toutes les
ressources de notre démocratie, ce que nos lois reconnaissent pour faire
valoir son point de vue.
Ceci étant dit, je reconnais aussi que, dans le cadre du nouveau
règlement sur le camionnage en vrac, il existe maintenant des postes
d'affectation qui sont chargés, non pas de représenter des
membres d'associations qui ne doivent plus être les relais d'associations
quelles qu'elles soient, coopératives ou votre association, mais qui
doivent administrer les lois et les règlements d'une façon
impartiale.
Il m'a semblé, et devant cette commission, nous nous sommes
rendus compte qu'il y avait des malaises, pour dire le moins, dans plusieurs
secteurs et que ces malaises provenaient en particulier, dans ces secteurs, du
fait que l'impartialité requise ne semblait pas exister, d'après
les témoignages qui ont été déposés, envers
tous les membres des postes d'affectation.
Par ailleurs, nous avons eu les témoignages d'autres postes
d'affectation, d'autres régions, où au contraire, on retrouvait
des problèmes généraux à tous les postes, qui ont
été expliqués durant cette commission, les
difficultés d'application du règlement 112 qui ont
été expliquées devant cette commission, mais où
l'on ne retrouvait cependant pas ces problèmes de discrimination entre
camionneurs appartenant à différentes associations. Le plus bel
exemple, c'est le Poste de courtage de la région 08. On a vu d'autres
régions où la même situation semblait exister.
Ce sont des régions qui connaissent des difficultés, qui
ont des revendications à faire, des revendications qui rejoignent
largement vos propres revendications, des revendications dont certaines sont
certainement légitimes, que je reconnais et auxquelles je vais
m'attaquer d'ailleurs. Mais ils sont tous venus nous dire, ces gens-là:
Cela va bien, ou ça ne va pas si mal, parce qu'il n'y a plus de lutte
d'influence entre différentes associations dans notre région.
S'il y en a, nous avons réussi, jusqu'à maintenant, à
maintenir le fort; c'était le cas, entre autres, de la région
06.
Plusieurs membres de la commission ont noté, je pense, qu'une des
causes pas toutes les causes importantes du malaise actuel
était justement cette espèce de lutte de pouvoir que des
associations continuent à poursuivre. Là-dessus, je ne veux pas
dire seulement l'ANCAI, de toute évidence. Je ne veux pas faire le
partage entre l'ANCAI et les autres associations. Mais je dois constater, comme
tous les membres de cette commission, qu'il existe effectivement des luttes.
Qui réagit? Qui est le premier à commencer la chicane? J'ai de la
difficulté à le déterminer. Je ne suis absolument pas
compétent pour le déterminer. Je ne pense pas que cette
commission ait pu obtenir des preuves à ce sujet, pour déterminer
qui est le premier responsable de quoi.
Une chose sûre et certaine, c'est qu'effectivement, dans ces
régions, dans ces postes d'affectation, il y a des luttes d'influence
entre membres d'associations, au nom de ces associations.
Là-dessus, je veux vous dire que je vais effectivement examiner
très en profondeur les recommandations, les revendications qui ont
été faites.
Pour ma part, j'ai appris beaucoup de choses. C'est d'autant plus normal
que je ne suis ministre des Transports que depuis moins d'un an et que c'est un
des dossiers les plus difficiles qui existe au sein du ministère.
Grâce à cette commission, j'ai pu me faire une idée
beaucoup plus précise des problèmes du camionnage en vrac au
Québec.
Je suis déterminé, avec toute la sincérité
que je possède, à faire en sorte de régler, sinon tous ces
problèmes, du moins une partie de ces problèmes, les plus
cruciaux. Mais, d'avance, je sais aussi qu'il me sera absolument impossible de
contenter toutes les parties, absolument impossi-
ble. On l'a vu, en particulier, en ce qui concerne vos deux
revendications principales, M. le président je parle au
président de l'ANCAl, je m'adresse à vous, M. le
Président, en même temps que je m'adresse à l'autre
président; c'est gênant, dans une salle où il y a tant de
présidents et si peu de ministres vos deux revendications
fondamentales qui ont fait que nos chemins se sont, pour un moment,
séparés, à savoir l'augmentation des secteurs
protégés, en votre faveur... ces deux revendications du
côté du porte-parole de l'Opposition officielle ne semblent pas
agréées et, en ce qui concerne ma propre position, je dois
déclarer que j'ai des réticences très grandes à
aller dans le sens de ces deux revendications.
Par contre, d'autres aspects des revendications que vous avez faites me
paraissent légitimes. Comme je l'ai dit, je vais certainement m'attaquer
à ces lacunes. Qu'on pense, par exemple, au système de
surveillance, au système de contraventions, de poursuites devant les
tribunaux, à la possibilité pour la Commission des transports
d'intervenir de façon rapide et efficace en cas d'infraction. (20 h
30)
Qu'on pense aussi à la détermination des taux, à la
souplesse qu'il faut introduire dans la réglementation pour permettre
aux postes d'affectation de concurrencer d'une façon efficace les autres
intervenants. Sur toutes ces questions et sur d'autres, je pense que nous
pourrons faire des réformes à court terme. Certaines, comme vous
le savez, demandent cependant de la législation.
Je le répète: II sera absolument impossible de satisfaire
toutes les parties qui se sont présentées devant nous. Mais il me
semble que, si nous réussissons à établir un climat
minimum de sérénité, si, pendant un certain temps tout au
moins, on accepte de donner sa chance à la réglementation
actuelle, qu'on accepte de considérer les postes pour ce qu'ils sont,
c'est-à-dire des organismes à vocation publique faits à
l'avantage de l'ensemble des camionneurs qui en font partie, si les
différentes associations acceptent de laisser ces postes faire leur
travail en toute sérénité, je pense qu'à ce
moment-là ces postes, d'abord, seront équipés
eux-mêmes pour s'occuper de leurs membres, pour aussi faire des
représentations au nom de leurs membres et ceci, ils pourront sans doute
le faire, d'ailleurs, en collaboration à l'occasion, mais
volontairement, avec les associations qui existent par ailleurs.
Cela m'apparaît une condition essentielle si on veut
rétablir la paix dans le secteur du vrac, si on veut permettre aux
fonctionnaires qui sont dévoués, sincères et
compétents, tant à la Commission des transports qu'au
ministère, de faire leur travail avec les divers intervenants, si on
veut permettre aussi au ministre des Transports de s'attaquer à ces
différentes questions et de trouver un minimum de solutions qui ne
feront peut-être pas l'unanimité ou qui ne seront peut-être
pas le paradis, mais qui auront pour mérite j'espère qu'on
le reconnaîtra d'aller dans le bon sens et d'améliorer les
choses, d'aller de l'avant et non pas de reculer. Je pense qu'à ce
moment-là les conditions minimales seront établies pour nous
permettre de trouver des solutions. Quant à moi, je vous tends la main,
je vous dis que je suis disponible. Par ailleurs, cette disponibilité,
je devrai, bien sûr, l'exercer dans le respect du bien commun.
M. Dubé: M. le ministre, quand vous dites que nos
positions sont devenues tendues et se sont durcies, c'est à la suite
d'un refus catégorique. C'est fini? Non. Maintenant, est-ce qu'à
la suite de cette commission vous gardez encore la même attitude sur le
côté amendes, sur le côté infractions? Vous en avez
déjà parlé, mais je parle d'une amélioration qui va
aller à nos camionneurs dans les postes et sous-postes? Evidemment, ce
sont eux qui font la distribution du travail. Est-ce que vous êtes aussi
rigide et que vous allez dire non ou s'il peut y avoir, en dehors des deux
clauses dont vous faisiez mention tout à l'heure, des
améliorations qui soient données? Il y a énormément
de choses qui peuvent être données pour améliorer la
situation des camionneurs qui font partie des sous-postes. Ou, est-ce aussi
durci que c'était?
M. de Belleval: Ecoutez, M. Dubé, ma position, vous l'avez
peut-être interprétée comme un durcissement, mais je vous
ai averti aussi, quand j'ai dit non, que je n'étais pas le genre de
ministre à "fafiner", à vous dire des béni-oui-oui ou des
béni-non-non et à vous traîner de semaine en semaine et de
mois en mois sous de fausses promesses ou sous des perspectives incertaines,
mais toujours éloignées. Je vous ai dit: Si vous me demandez
demain matin de recommander au Conseil des ministres de vous octroyer davantage
que la clause 75-25 en ce qui concerne les travaux de voirie, ce qui vous a
été refusé par tous mes prédécesseurs, et si
vous me demandez d'appuyer votre revendication d'avoir un secteur
réservé dans le domaine du bois, je ne peux actuellement
recommander au Conseil des ministres d'accéder à cette
demande.
M. Dubé: Si je précisais trois choses...
M. de Belleval: Je vous ai dit cependant que j'étais
disposé à étudier la question et, en particulier, c'est
à ce moment que je vous ai proposé la tenue d'une commission
parlementaire. C'est la seule position que j'ai tenue. Aujourd'hui, je me rends
compte, à la suite des audiences de cette commission, que j'ai eu raison
de prendre la position que j'ai prise. J'ai dû subir les
conséquences, des manifestations et, évidemment, des
scènes ou des paroles disgracieuses de tous bords, peut-être. Mais
je pense que c'était la seule position que je devais tenir.
J'ai observé la position de mon collègue de l'Opposition,
et là-dessus, je veux lui rendre hommage; je pense que, malgré
les taquineries qu'on se fait de temps en temps de chaque côté de
cette table, on veut, tous les deux, tous les trois, tous
les membres ici je pense aux représentants officiels des
oppositions on veut tous trouver une solution. Le député
de Charlevoix, qui connaît bien le dossier, a bien dit que ce
n'était pas, au fond, un problème politique, un problème
de parti-sanerie politique; quel que soit le parti au pouvoir, nous serions
tous devant les mêmes problèmes. Je veux rendre hommage à
l'Opposition officielle et à l'Union Nationale, qui m'ont aidé
aussi à essayer de trouver la lumière.
Pour revenir à l'Opposition officielle, vous avez vu que son
représentant a fait part à plusieurs reprises à
différents intervenants qu'il ne lui apparaissait pas approprié
d'étendre les secteurs réservés aux postes d'affectation
aux dépens d'autres agents dans le domaine. On sait très bien
pourquoi il a pris cette position et, comme je vous l'ai dit, après
avoir écouté tout le monde, je me rends compte que mes
réserves là-dessus continuent à être les
mêmes. Mais pour répondre à votre question, il est
évident que dans d'autres domaines Et là-dessus, je vous
avais indiqué, d'ailleurs, que j'étais prêt à faire
voter une loi cet automne pour faire en sorte que les éléments
dont j'ai parlé tout à l'heure soient réglés. J'ai
fait d'ailleurs la même promesse à l'Association du camionnage du
Québec pour le transport général, où là
aussi il y a de graves difficultés. Il ne faut pas oublier que c'est
l'ensemble du domaine du camionnage au Québec qui est soumis à de
graves difficultés. Vos problèmes ont l'air plus dramatiques
parce qu'effectivement quand il y a 200 camions, que j'appelle vos tonkas, sur
le boulevard Saint-Cyrille, c'est évident que cela frappe plus, mais il
y en a d'autres problèmes, des gens qui peut-être ne manifestent
pas de la même façon, mais qui ont des problèmes aussi
importants.
Il faut que j'oeuvre dans ce domaine. Il faut que je trouve des
solutions, mais je ne peux pas les trouver dans un climat de manifestation
comme cela s'est passé il y a quelques années; finalement on
trouve, non pas des solutions à long terme mais de simples palliatifs.
Il faut prendre le temps de trouver des solutions et accepter de part et
d'autre qu'on ne pourra pas trouver la solution qui nous satisfera
complètement. Je le faisais remarquer tantôt au président
du poste 08. Il me répondait: On demande plus, au fond, pour avoir
moins. Je reconnais qu'on peut demander plus pour avoir moins, mais, à
un moment donné, il faut savoir accepter moins, effectivement.
M. Dubé: Sur le transport illégal, vous semblez
disposé à faire quelque chose. D'accord. Mais sur la location,
qui n'est pas illégale en somme, mais qui étouffe
énormément nos camionneurs, si vous faites des enquêtes,
vous vous rendrez compte que lorsqu'on loue 15 ou 20 "semitrailers", qu'on
déplace les gars, qu'on les met à la place... On ne peut pas dire
que c'est illégal, mais est-ce qu'on peut faire quelque chose pour
arrêter la location qui remplace les petits camionneurs, qui les laisse
dans le fond de la cour et qui travaille à leur place? En somme, ce sont
les grosses compagnies, parfois multinationales, qui louent ces locations.
M. de Belleval: Dans quel domaine?
M. Dubé: Dans le domaine du vrac. Je parle du vrac.
M. de Belleval: Non, mais dans le transport de quel type de
matériel?
M. Dubé: Terre...
M. de Belleval: Certainement pas dans le gravier.
M. Dubé: Terre, sable, gravier, n'importe quoi. Il arrive
que l'entrepreneur n'achèterait pas de camions pour un emploi de trois
ou quatre mois.
M. de Belleval: Je voudrais vous arrêter. Est-ce que vous
faites allusion, par exemple, au témoignage de l'entreprise Delangis,
qui est une petite ou moyenne entreprise québécoise...
M. Dubé: Cela en est une! Cela en est une qui vient
travailler...
M. de Belleval: Est-ce que vous seriez contre ce genre de choses
que fait la compagnie Delangis, par exemple?
M. Dubé: C'est sûr qu'on est contre une chose qui
laisse nos camions dans la cour et qui travaille à leur place.
L'entrepreneur n'achèterait pas de camions pour trois mois, mais, par
contre, le gars peut les louer pour trois mois. C'est cela. Je ne vous dis pas
que c'est illégal, c'est permis de le faire. Est-ce qu'il y a moyen de
faire quelque chose dans ce domaine?
M. de Belleval: Sur toutes ces questions, je pense qu'il va
falloir s'asseoir et parler sérieusement. Remarquez que, pendant les
huit ou neuf mois où j'ai assumé les fonctions de ministre des
Transports, alors que nous nous sommes rencontrés
régulièrement, parfois à mon bureau de comté,
parfois au ministère, vous ne m'avez pas souligné tous ces
problèmes d'une façon également intensive, ni même
tous ces problèmes du tout. Nous avons eu à travailler sur un
certain nombre de questions, et sur toutes les questions sur lesquelles nous
avons travaillé, j'ai réussi à vous donner satisfaction.
Mais quand vous venez me voir pour me dire: Tel entrepreneur en travaux de
voirie possède ses propres camions; c'est-y un peu insultant de voir ces
beaux camions aller travailler sur tel contrat alors que mes camionneurs
artisans ne travaillent pas! Ne me demandez pas de mettre cet entrepreneur en
faillite. Ne me demandez pas de changer, du jour au lendemain, les
règles du jeu de cet entrepreneur en lui disant: Ecoute, mon vieux,
à partir de maintenant, l'ANCAl ne veut plus que tu travailles sur les
travaux de voirie et tu ne travailleras plus sur les travaux de
voirie; au lieu de travailler dans le cadre de la réglementation
actuelle, par exemple, 75-25, à l'avenir, ce sera 75-25, mais sur
l'ensemble des travaux.
Je pense que, là-dessus, le député de Gatineau va
partager mon opinion. Il y a des choses qu'on peut faire, mais on ne peut pas
exercer une discrimination à rebours au profit de certains membres de la
société. Je pense qu'il faut que vous vous rendiez compte qu'il y
a des limites dans mon action, dans l'action du gouvernement.
Quoi qu'il en soit, pour en revenir à la location, c'est vrai que
la location peut avoir un effet bénéfique, peut être
légitime. C'est un moyen nouveau maintenant, on le sait, de financer,
par exemple, des équipements, l'achat-bail, l'achat-location, etc.
Toutes ces choses sont correctes. Par contre, ça peut donner lieu
à des abus, ça peut donner lieu à de la pseudo-location.
J'ai le même problème dans le transport général.
Tout le monde admet aussi que ce n'est pas facile de faire la différence
entre l'un et l'autre.
Vous savez, les filous dans notre société sont bien plus
intelligents que les gens honnêtes pour trouver des moyens de se faufiler
entre deux avocasseries.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président...
M. de Belleval: Parlez-en à Me Beaudet, il va vous en
expliquer, des trucs.
M. Gratton: M. le Président, en écoutant le
ministre...
M. Beaudet: Vous présumez.
M. de Belleval: C'est une taquinerie, ce n'est pas
sérieux; j'espère que vous l'avez compris, Me Beaudet.
M. Beaudet: J'y suis habitué. Je commence à
m'habituer, avec vous.
M. de Belleval: D'abord, vous m'avez l'air bien bâti, vous
êtes capable d'en prendre, moi aussi.
M. Beaudet: Oh oui!
M. de Belleval: Je suis certain qu'on est capable de se respecter
mutuellement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Goulet: ...
Le Président (M. Jolivet): N'entrez pas dans le
débat, vous!
M. Gratton: Attendez votre tour.
M. Goulet: N'empêche qu'on ne sait pas quand vous
êtes sérieux ou pas; c'est ça qui est le
problème.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau, maintenant.
M. Gratton: M. le Président, j'avais hâte que le
ministre me laisse la chance de dire moi-même ce qu'il est en train de me
faire dire.
M. de Belleval: Je le savais, c'est pour cela que
j'insistais.
M. Gratton: M. le Président, je suis très heureux
de la façon dont se terminent nos travaux. Je le prouverai en disant que
j'avais préparé cet après-midi certaines notes qui
devaient me servir de conclusion, quant à moi, à cette
commission. Sauf pour changer le temps de certains verbes du futur que j'avais
au présent, je n'ai eu à faire aucun changement à la suite
des propos que vient de tenir le ministre, et j'en suis fort heureux.
Je désire d'abord remercier tous ceux qui se sont donné la
peine de venir exprimer leur point de vue à cette commission dont le
mandat consistait à identifier les causes du malaise actuel dans le
transport de matériel en vrac et surtout tenter d'élaborer des
hypothèses de solution. On aura constaté, au cours des trois
derniers jours, que les individus, associations ou organismes qui ont
témoigné ont surtout défendu leurs intérêts
particuliers. Les postes d'affectation, par exemple, nous ont
généralement demandé d'élargir les secteurs de
travail qui pourraient leur être réservés en
exclusivité totale ou partielle, alors que les entrepreneurs nous ont
recommandé d'aller en sens contraire. (20 h 45)
II ne faut pas se surprendre, M. le Président, ni surtout se
scandaliser de cela. Au contraire, il me semble qu'il est tout à fait
légitime pour chacun de défendre ses propres
intérêts face à une réglementation qui le touche
aussi directement que celle-là. D'ailleurs, on n'est jamais mieux
protégé que par soi-même. Les camionneurs artisans sont les
premiers à le savoir.
Le gouvernement, celui qui élabore la réglementation et
qui doit pourvoir à son respect et à son application, quel
intérêt doit-il défendre? Le ministre nous a donné
la réponse qui est évidente: l'intérêt commun, bien
entendu, c'est-à-dire celui de l'usager des services de camionnage
autant que celui qui fournit les services, mais, également le citoyen
qui n'est ni l'un ni l'autre, mais qui risque d'être touché par le
malaise social qui a déjà régné et qui pourrait
possiblement régner à nouveau dans cet important secteur
d'activité.
A la lumière d'opinions aussi diamétralement
opposées que celles que nous avons entendues à cette commission,
la tâche de pondre une telle réglementation devient presque une
mission impossible. Je n'envie donc pas le ministre des Transports qui est pris
avec la commande, mais je
me serais presque permis, s'il ne m'avait pas déjà
devancé, de lui faire une suggestion; cela aurait été de
lui recommander d'attaquer cette tâche en tentant de susciter des
consensus plutôt qu'en recherchant la facilité des confrontations.
Certains groupes ont tour à tour été accusés
d'être les seuls responsables de la situation actuelle. L'ANCAI en
particulier a été la cible de plusieurs témoins. A mon
avis, le ministre, lorsqu'il disait tantôt que la décision qu'il
avait prise il y a quelques mois était la bonne, a peut-être
raison de le prétendre mais peut-être aussi son attitude
n'a-t-elle pas été l'attitude idéale.
Quoi qu'il en soit, il est sûr que l'ANCAl n'est pas exempte de
tout blâme. Avec 3581 membres je l'apprends ce soir le
contraire surprendrait, car même à l'intérieur d'un parti
politique, les membres ne sont pas toujours tous sans mériter certains
blâmes, comme on l'a vu et là, je m'excuse, je suis
obligé de faire une petite boutade en passant, mais ce n'est pas une
boutade, je le pense sérieusement au sein du Parti
québécois dernièrement.
Sérieusement, il n'est pas plus vrai que l'ANCAl est la seule
responsable des difficultés qu'il est vrai, comme certains autres l'ont
prétendu, que tous les entrepreneurs exploitent d'une façon
éhontée les camionneurs artisans.
Je suis donc heureux de constater que la conclusion que tire le ministre
ce soir ne se limite pas, comme je l'ai craint à un moment donné
au début de nos travaux, à blâmer l'ANCAl, car, dans ce
cas, il se serait lui-même voué d'avance à échouer
dans ses efforts de résoudre le problème. Je pense que les
travaux de notre commission ont clairement démontré cela.
Je suis donc heureux de la nouvelle ou peut-être bien de
l'ancienne ouverture d'esprit, mais qui est plus évidente ce soir, du
ministre. Cette attitude est beaucoup plus conciliante et cela lui sera
sûrement beaucoup plus profitable dans ses efforts.
En tout cas, je voudrais lui dire que je lui souhaite sincèrement
bonne chance et je l'assure de l'entière collaboration de l'Opposition
officielle dans la recherche objective et honnête de la solution la plus
simple possible à un problème qui, comme on l'a vu, est
très complexe.
Je m'en voudrais de ne pas mentionner la différence entre
l'attitude que j'adopte au nom de l'Opposition officielle et celle qu'une autre
Opposition parlementaire avait adoptée devant un autre gouvernement, un
gouvernement libéral.
Vous savez, la tentation pour un politicien, surtout à la veille
d'une élection, est souvent grande de tirer un profit partisan,
électoral, d'une situation en se disant: Si jamais on se retrouve au
pouvoir, on trouvera bien le moyen d'arranger cela.
Je crains que ce soit un peu l'attitude que le
prédécesseur du ministre actuel avait prise, sûrement pas
malicieusement, sûrement pas avec de mauvaises intentions, mais c'est ce
qui l'a probablement amené à ne plus être ministre des
Transports, aujourd'hui.
Je vous avoue franchement, j'ai entendu des choses, à la
commission, mais j'ai entendu des choses dans les coulisses aussi, M. le
Président; j'ai entendu des camionneurs-artisans dire: S'ils en veulent
des manifestations, on va leur en faire en pleine campagne électorale,
parce qu'on ne s'apprend rien en disant: C'est fort possible qu'il y en ait
une, et pas mal plus vite qu'on pense à part ça! En tout cas,
moi, je le souhaite.
M. le Président...
M. de Belleval: Quand on est dans l'Opposition, on n'a rien
à perdre!
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Goulet: La manifestation ou l'élection? Ou les
deux?
M. Perron: Est-ce que vous souhaitez la manifestation ou les
élections?
M. Gratton: Je pense que le fait de poser la question, M. le
député de Duplessis, prouve que vous avez, pour le moins, un
mauvais goût de la boutade.
J'allais justement dire que j'aimerais plutôt inviter les
dirigeants de l'ANCAl et surtout leurs membres à aborder la tâche
de bonifier la réglementation, d'en arriver à une solution en
limitant, si possible, leurs interventions à des discussions du genre de
celles qu'on a eues ce soir. D'ailleurs j'en remercie et j'en félicite
M. Dubé, qui a été attaqué de façon assez
rude par certaines personnes qui ont témoigné devant la
commission. Je le félicite de la magnanimité avec laquelle il
répond à ces accusations ce soir.
Je l'invite, lui et ses membres, à ne pas profiter d'une campagne
électorale pour mettre le ministre actuel et le gouvernement actuel dans
la situation de devoir possiblement signer des ententes ou faire des
concessions qui, à court terme, pourraient vous donner une certaine
satisfaction, mais qui, à long terme on l'a vu au cours des trois
derniers jours ne régleront absolument rien, bien au contraire,
et contribueront tout simplement à remettre à plus tard la
solution que tous recherchent, c'est-à-dire une solution
équitable pour tous, les camionneurs, les usagers et les pauvres
politiciens comme le ministre, moi et les membres de la commission.
Encore une fois, M. le Président, je pense que les travaux de la
commission se terminent sur une note beaucoup plus heureuse, beaucoup plus
encourageante que ne le laissaient présager les premiers jours. C'est de
bon augure! Je répète mes souhaits de bonne chance et je
réitère à tous nos invités mes plus sincères
remerciements. Je dirai, comme le ministre l'a dit cet après-midi, moi
aussi et peut-être plus que lui j'ai appris beaucoup, et
moi aussi je me rends compte que j'en ai encore pas mal à apprendre. Je
vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. D'abord, je peux
également dire que j'ai été extrêmement heureux de
participer aux travaux de cette commission. A la conclusion de ces travaux, je
retiens d'abord que le domaine du transport en vrac est encore plus complexe
que je ne le croyais et, deuxièmement, qu'il n'y a pas de solution
miracle.
Il serait facile, à la fin de ces travaux, de s'en prendre
peut-être au gouvernement qui, tout en apportant ou en tentant d'apporter
des solutions, n'a peut-être pas encore trouvé celle qui
permettrait de faire respecter par les parties concernées les ententes
ou les règlements qui sont déjà intervenus. Il serait
facile, bien sûr, de jeter la pierre à l'adversaire, mais beaucoup
plus difficile d'admettre que, de chaque côté et on l'a
constaté au cours des travaux de la commission chaque partie a
probablement ses fautes et a peut-être, à certains moments,
abusé de la situation pour en tirer le meilleur profit possible. On dit
souvent: Là où il y a de l'homme il y a de "l'hommerie"; on l'a
constaté encore une fois durant les travaux de cette commission.
D'auire part, il est vrai que le secteur du transport en vrac est
très complexe. On l'a constaté, bien sûr; ses
problèmes sont très nombreux. De fait, la commission
parlementaire sera peut-être un élément de solution pour
régler ou tenter de régler certains problèmes. En tout
cas, je pense que cette commission aura permis de constater une volonté
de part et d'autre de redéfinir les règles du jeu pour que chacun
puisse y trouver sa juste part du gâteau. On sait, par ailleurs, que
personne ne veut mourir et chacun emploie c'est de bonne guerre
des moyens et revendique des solutions qui ont l'avantage de le favoriser
lui ou elle personnellement, lorsqu'on parle d'association ou de
regroupement et je dirais que c'est normal.
Il ne s'agit pas pour autant de favoriser ou de vouloir favoriser
indûment une catégorie de travailleurs pour ensuite en brimer une
autre. Ce ne serait pas la solution. Comme je l'ai dit au début de la
commission, ce ne serait que déplacer le problème et non pas le
régler. Les travaux de la commission auront permis d'aller plus en
profondeur de ce côté.
Il faudra encore travailler très fort pour apporter des
solutions, afin d'obtenir justice et équité pour tous. Je suis
confiant qu'on pourra y arriver, à la suite des travaux de cette
commission.
Avec mon collègue de Saint-Hyacinthe, je me joins aux membres de
la commission pour remercier tous ceux et celles qui se sont
déplacés et qui sont venus de très loin, pendant trois
jours. Ils sont venus, ici, devant cette commission pour nous conseiller dans
le domaine du transport en vrac, nous conseiller, parce que vous êtes des
experts, vous vivez du transport en vrac et vous connaissez les
problèmes du transport: Souvent, pour régler un problème,
on dit toujours qu'il faut revenir à la base. C'est ça, je pense,
le but premier d'une commission parlementaire, de convoquer les personnes qui
sont vraiment compétentes, même si elles divergent au niveau de
certaines opinions, de convoquer ces personnes qui s'y connaissent et de venir
dire au législateur où sont les problèmes, d'abord, pour
les identifier et souvent, l'aider à trouver les éléments
de solution.
C'est de vous que viendront les solutions. C'est tout à votre
honneur que vous vous soyez déplacés et que vous ayez
participé activement et objectivement aux travaux de cette
commission.
Quant à moi, M. le Président, vous vous en êtes
certainement aperçu durant les travaux de cette commission, à
chaque fois que je prenais la parole pour aborder un problème du
transport en vrac, pour interroger sur ce dossier très complexe du
transport en vrac, à chaque instant, je me rappelais une parole que mon
père me disait souvent et c'est à peu près celle-ci
je pense que c'est un vieux proverbe chinois il disait: Si nous ne
parlons pas, nous passons pour ignorants et, si nous parlons, il arrive de
prouver que nous le sommes. C'est cette peur que j'avais chaque fois que je
prenais la parole.
J'ai été extrêmement heureux, M. le
Président, de découvrir, durant les travaux de cette commission,
que le problème fondamental, majeur, est d'abord et avant tout un
problème d'attitude. C'est cette attitude qu'il faudrait changer. Je
pense que la solution n'est pas trop loin si chacun y met de la bonne foi et
change un peu l'attitude qu'il a envers l'autre.
Je vous remercie et je remercie les gens qui ont participé
à cette commission.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Est-ce que quelqu'un de
l'ANCAl a l'intention de réagir avant qu'on permette d'intervenir aux
deux autres personnes qui auront à adresser la parole? Il y a M. le
député de Gatineau et M. le ministre, pour terminer.
M. Piuze: Merci, M. le Président, c'est juste pour le
ministre des Transports. Il a parlé beaucoup, surtout la première
journée, de mon confrère, Me Beaudet et de moi-même. Pour
lui démontrer qu'on ne lui garde pas rancune, Me Beaudet et moi, on lui
offre une pipe. Si jamais il pensait à des avocats, il fumera la
pipe.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je suis très heureux
de constater... (21 heures)
Le Président (M. Jolivet): Dépôt de
document.
M. Gratton: Je suis très heureux... Le Président
(M. Jolivet): M. Piuze.
M. Piuze: J'ai failli vous demander une directive, à
savoir si on pouvait déposer à une commis-
sion parlementaire un objet comme une pipe, mais vous aviez lu cet
après-midi qu'on parlait de documents. C'est pour ça qu'on la
remet directement au ministre; on ne la dépose pas.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, seuls les membres de cette commission ont le droit de demander une
directive, mais je vous l'aurais quand même permis.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je ne peux pas laisser passer
l'occasion. Je vais vous citer, sans commentaire, un passage de nos travaux, le
26 août, avant-hier, R/661-T, page 2, M. Mailloux: "M. le
Président, je m'excuse infiniment, mais, comme M. le ministre des
Transports vient de m'imputer la responsabilité des paroles qu'a dites
mon collègue de Gatineau, j'affirme devant la commission que je n'ai
donné aucun conseil, ni d'une façon, ni de l'autre, à mon
collègue, mais ce qu'il a dit, je l'endosse entièrement quant
à la façon dont il a traité les procureurs et l'ANCAI." On
note: "M. Gratton: Mets ça dans ta pipe, beau "smart"! Là, il en
a une pour le mettre dedans.
M. le Président, en terminant, je voudrais simplement ajouter moi
aussi aux propos du premier paragraphe de la lettre de Me Beaudet à
votre endroit. Je vous avais dit, en boutade, en aparté, qu'au cours de
la prochaine campagne électorale je serais peut-être un de ceux
qui iraient promouvoir l'élection de votre adversaire libéral
dans votre comté. Je vous ai également dit de ne pas vous en
faire trop trop, que ça pourrait plutôt vous aider que vous nuire.
Alors, ce soir, je ne voudrais pas vous nuire plus qu'il ne faut, mais, moi
aussi, j'endosserai les propos de Me Beaudet en disant que vous avez
très bien présidé nos travaux et je vous en remercie.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre.
M. de Belleval: Je veux remercier aussi très
sincèrement tous ceux qui ont travaillé très fort, chacun
de son côté, pour présenter des mémoires. Je veux
remercier mes deux collègues porte-parole de l'Opposition officielle et
les autres collègues. Mais, quant à mes deux collègues de
l'Opposition officielle, je veux surtout rendre hommage à leur
sincérité et aussi parfois à leur humour. Quant à
cette pipe, je suppose que vous me l'avez donnée aussi longue pour
pouvoir me la tirer encore plus facilement.
Félicitations et merci à vous, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Quant à moi, avant
d'ajourner cette commission sine die, je retiens du député de
Gatineau une partie de son intervention qui disait que ce pourrait être
une mission impossible que d'essayer de trouver un règlement à
cet ensemble de discussions qu'on a eues depuis trois jours, mais
espérons que, comme l'émission, ça se terminera bien.
Fin de la séance à 21 h 4
ANNEXE A
Mémoire de l'Association des constructeurs de
routes et grands travaux du Québec
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Messieurs les membres de la Commission,
L'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec est heureuse de vous présenter aujourd'hui le
présent mémoire sur la situation du transport en vrac au
Québec. Nous vous sommes très reconnaissants de l'occasion que
vous nous donnez d'exprimer nos idées et recommandations sur ce dossier
toujours d'actualité qu'est le transport en vrac au Québec...
C'est d'ailleurs la tenue d'une commission parlementaire sur le
transport en vrac que nous avions demandée à votre
prédécesseur, M. Lucien Lessard' dans une lettre datée du
6 juillet 1979 et à la suite des manifestations de 1977, de
l'implantation du règlement 112 dans trois (3) régions du
Québec et de la crainte de perte de contrôle que craignaient
certains groupes de camionneurs. M. Lessard avait fait sourde oreille à
nos demandes, se contentant de discuter du dossier en l'absence des
entrepreneurs en construction..., malgré le fait que ceux-ci doivent
transiger, selon les devis, pressions ou chantages, avec ce secteur de travail
protégé qu'est le transport en vrac, secteur né d'un
patronage politique de nos gouvernements.
Le présent mémoire est le fruit d'une consultation directe
de tous les entrepreneurs en construction spécialisés dans les
travaux de voirie et génie civil membres de notre association. Les
requérants de services que nous avons l'honneur de représenter
aujourd'hui se sont penchés très attentivement sur ce dossier du
transport en vrac et vous soumettent leur point de vue au cours des pages qui
suivent.
Nous sommes convaincus que la Commission permanente des transports
apportera à nos recommandations toute l'attention qu'elles les
méritent et ce, dans l'espoir d'apporter des solutions
définitives aux malaises dans l'industrie du camionnage en vrac au
Québec.
Verrons-nous un gouvernement poser un geste concret à ce
problème politique...?
Damien Morissette
Président du Conseil d'administration
INTRODUCTION
L'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec a été incorporée en 1944 et regroupe
exclusivement des entreprises de construction spécialisées dans
les travaux de voirie et génie civil. Ces travaux de construction
comprennent notamment ceux de voirie, grands travaux, agriculture, travaux
municipaux, déneigement, transport d'énergie, production et
fourniture de béton préparé, béton bitumineux,
pierre concassée et agrégats. Notre association, à
appartenance sur base volontaire, n'en regroupe pas moins la très grande
majorité des entreprises de construction spécialisées dans
ce secteur bien précis de travaux de construction.
Ses quelque six cent (600) membres [constructeurs et fournisseurs),
répartis sur tout le territoire de la province de Québec,
exécutent environ pour plus de quatre-vingt-dix (90) pour cent des
budgets en immobilisation des différents donneurs d'ouvrage tels le
ministère des Transports du Québec (et autres ministères),
les municipalités, l'Hydro-Québec, la Société
d'énergie de la Baie James, etc.
Dans l'ensemble, plus de vingt-cinq mille (25 000) ouvriers
spécialisés (métiers, occupations, emplois) sont
directement a l'emploi de cette industrie, sans compter le nombre plus
élevé de ceux qui dépendent d'industries
parallèles: aciéries, cimenteries, industries
pétrochimiques, carrières, usines d'asphalte et évidemment
camionnage.
Dans l'exécution de leurs travaux journaliers, les entrepreneurs
en construction (voirie et génie civil) font appel aux services de
transporteurs en vrac, que ce soit volontairement ou par le biais d'obligations
contractuelles; ces transporteurs se voient souvent confier le transport de
sable, terre, gravier, pierre et béton bitumineux. Les constructeurs
sont donc très familiers avec les rouages de la réglementation et
les aspects pratiques du transport en vrac, en leur qualité de
requérants de services.
L'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec a pour objectif primordial la défense, la sauvegarde et la
promotion de l'intérêt général de ses membres. Elle
s'acquitte de ce mandat en faisant valoir les intérêts
légitimes de ses membres devant tous les organismes impliqués
dans l'industrie de la construction ou ses industries parallèles, dont
l'industrie du camionnage en vrac.
C'est donc empreints d'un sentiment de légitimité et
d'objectivité que nos membres vous adressent aujourd'hui leur point de
vue et leurs recommandations sur le transport en vrac.
RÉGLEMENTATION ACTUELLE AU NIVEAU DES PERMIS ET
FIXATION DES TAUX DE TRANSPORT
Les entrepreneurs en construction membres de notre association et en
leur qualité de requérants de services connaissent la
réglementation actuelle dans le*domaine du transport en vrac. Ils sont
très familiers avec le Règlement sur le camionnage en vrac dans
sa teneur actuelle (A.C. 1079-78 du 26 avril 1978) ainsi que des
différentes décisions de la Commission des transports du
Québec quant à la fixation des taux et tarifs de transport des
matières en vrac Cfixation annuelle).
Nous croyons qu'une réglementation modifiée sur le
transport en vrac peut demeurer, car elle offre aux transporteurs et aux
requérants de services des règles d'opération connues de
tous et appliquées par tous. Nous jugeons utile au bien-être de
cette industrie en général que l'Etat garde une certaine forme de
contrôle tant sur l'accessibilité à l'industrie que sur son
mode de rémunération; de façon générale, la
réglementation peut servir adéquatement les intérêts
légitimes des parties en présence.
Malgré le fait que nous approuvions le principe de la
réglementation dans le transport en vrac, nous estimons que certains
correctifs devraient être apportés au niveau de la
réglementation actuelle et nous nous permettons ici d'en discuter.
1 - RÉGLEMENTATION ACTUELLE AU NIVEAU DES
PERMIS
A Émission des permis
Nous recommandons à cette commission de maintenir le gel dans
l'émission des permis de camionnage en vrac, tel qu'édicté
par l'A.C. 2079-97 du 22 juin 1977 et en vigueur le 20 juillet 1977. Nous
croyons que l'état actuel de l'économie québécoise
ne peut assurer un plus grand volume de travail à des nouveaux arrivants
dans le transport en vrac, le volume actuel étant nettement insuffisant
à ceux qui opèrent déjà: les
événements des dernières semaines sont à même
de nous le confirmer...
Au surplus, nous recommandons que les distinctions "camionneur artisan"
et "entrepreneur", telles qu'antérieurement en vigueur dans le
Règlement 12 sur le camionnage en vrac (A.C. 2389-73 du 29 juin 1973 et
en vigueur le 27 juillet 1973) soient réinstaurées: camionneur
artisan: toute personne physique qui ne possède qu'un camion, qui le
conduit elle-même et l'utilise pour faire du camionnage en vrac.
entrepreneur: toute personne qui possède plusd'un camion et qui les
utilise pourfairedu camionnage en vrac.
D'ailleurs, cette véritable notion d'artisan est également
appliquée dans d'autres législations dont: Loi sur la
santé et la sécurité du travail artisan: une personne
qui, dans le cours de ses affaires.seule, en équipe ou en
société, pour son propre compte et sans travailleur à son
service, exécute un travail.
Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction artisan: une personne physique faisant affaires pour son
propre compte, qui exécute elle-même, pour autrui et sans l'aide
de salarié, des travaux de construction.
Ces distinctions, abolies par l'arrêté en conseil 2079-97
du 22 juin 1977, devraient être réinstaurées dans la
réglementation. En effet, nous considérons qu'une personne
physique propriétaire de plus d'un véhicule 0e règlement
sur le camionnage en vrac en mentionnait même quatre Ç4)) et
faisant opérer ces véhicules par des chauffeurs, ne mérite
aucunement l'appellation camionneur artisan, mais est bel et bien un
entrepreneur en transport en vrac. À ce titre, nous croyons que cet
entrepreneur en transport en vrac ne doit pas jouir des mêmes avantages
que le réel camionneur-artisan qui lui, tire sa source de revenus
uniquement de son camion.
Par conséquent, nous recommandons que soit
réinstaurée la vraie notion d'artisan et que seuls cesdits
camionneurs artisans soient admis comme abonnés aux postes ou
sous-postes d'affectation pour des fins de répartition et d'affectation
de transport en vrac. De cette façon, les vrais camionneurs artisans
pourront se partager le volume de travail de cette industrie qui, par le fait
même, n'en sera qu'accru pour eux.
B- TRANSFERT DES PERMIS
Nous croyons également qu'il est indispensable de s'interroger
sur la nécessité que la Commission des transports du
Québec continue à accepter des transferts de permis de camionnage
en vrac. Nous l'avons déjà dit, le volume actuel de travail dans
le transport en vrac est nettement insuffisant pour tous les détenteurs
actuels de permis. Non seulement doit-on interdire l'accès au
marché de nouveaux arrivants, mais doit-on également tenter de
réduire le nombre actuel de détenteurs de permis dans le
butd'ajuster le volume de travail
à la main-d'oeuvre disponible. Dans cette optique, nous
recommandons le gel dans les transferts de permis de camionnage en vrac.
De plus, et si l'on considère qu'en vertu de l'article 23 du
Règlement sur le camionnage en vrac, la Commission des transports du
Québec doit être convaincue de la nécessité du
service et de l'absence de ce service par un autre titulaire de permis avant
d'accepter une demande de transfert de permis, nous nous interrogeons fortement
quant à l'acceptation des 1926 en 1977,1740 en 1978 et 1178 en 1979
demandes de transferts accordées par la Commission, étant en
présence d'un trop grand nombre de détenteurs de permis pour le
volume de travail possible. Depuis 1977 que les transporteurs se plaignent
ouvertement de ne pas avoir de travail: y-a-t-il eu vraiment
nécessité du service et absence de service...? Nous blâmons
sévèrement la Commission des transports du Québec de ne
pas avoir apprécié cet état de fait et d'avoir permis
à des transporteurs de payer chèrement l'achat d'un camion et
aussi d'un permis, disons-le, pour opérer dans une industrie où
peu de travail leur était accessible. Il est grand temps que tout cela
cesse!
2-
RÉGLEMENTATION AU NIVEAU DES POSTES
D'AFFECTATION
Nous sommes pour le maintien d'un système de répartition
et d'affectation de transport en vrac au moyen des postes et sous-postes
d'affectation, tel que contenu dans le Règlement sur le camionnage en
vrac. Nous croyons qu'un tel système offre aux requérants de
services un bassin central de main-d'oeuvre appréciable et offre aux
transporteurs de bonnes sources de travail. Cependant, nous croyons qu'aucune
obligation légale ou contractuelle ne doit contraindre le
requérant de services ou le transporteur d'y recourir. Â l'exemple
de ce qui prévaut actuellement dans l'industrie de la construction,
salariés et employeurs sont libres de recourir aux mécanismes de
placement en place, soit les bureaux syndicaux de placement, le bureau de
placement de l'O.C.Q., le Centre de main-d'oeuvre du Québec; ils peuvent
également embaucher des salariés de la construction directement
sur le chantier et lorsque de tels salariés s'y présentent. Il
devrait en être de même dans l'industrie du transport en vrac, en
regard des postes et sous-postes d'affectation: liberté totale d'y faire
appel.
3-
RÉGLEMENTATION ACTUELLE SUR LA
FIXATION DES TAUX DE TRANSPORT
Nous sommes tout à fait d'accord avec une fixation
générale de taux et tarifs de transport des matières en
vrac par la Commission des transports du Québec. Comme nous l'avons
précisé antérieurement, des taux de transport,
déterminés à partir des représentations des
transporteurs et des requérants de services, constituent une base
d'opération dans une industrie de ce genre. D'ailleurs, transporteurs et
requérants de services ont toujours le loisir d'y participer et
d'apporter leurs recommandations au niveau d'interventions devant la Commission
des transports du Québec.
L'Association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec intervient depuis le tout début dans la fixation des taux
de transport devant la Commission des transports du Québec et ce, au nom
et après consultation de tous ses membres.
Cependant, et à l'inverse de ce qui prévaut actuellement,
nous estimons qu'une révision annuelle des taux de transport sur avis
proprio motu de la Commission des transports du Québec, à
pareille date et de façon automatique à chaque année, est
injustifiée. Nous croyons que telle révision ne devrait avoir
lieu que sur requête d'un groupe intéressé, et ce
dépendamment des besoins de révision s'il y a lieu.
De plus, nous souhaitons vivement que la Commission des transports du
Québec songe sérieusement à instaurer des taux fixes de
transport, soit des taux comportant à la fois un minimum et un maximum
(à l'exception de la région 10); présentement, seuls les
taux tonne/kilomètre le sont, et il devrait en être de même
pour les taux horaires. En effet, nous croyons que l'établissement de
taux fixes éviterait de devoir négocier des taux, ce
qu'entraînent présentement des taux minimums.
Finalement, et si l'on se remémore quelque peu le
déroulement de la fixation des taux en 1980, nous estimons que la
Commission des transports du Québec doit juger elle-même, et
à la lumière des représentations des intervenants, de la
fixation des taux; elle ne devrait pas nécessairement endosser les
ententes intervenues entre les requérants.
IMPACT ÉCONOMIQUE ET APPLICATION DE CETTE
RÉGLEMENTATION
L'application de la présente réglementation, dans sa forme
actuelle, cause déjà un préjudice à l'entreprise de
construction. Le plus bas soumissionnaire sur certains projets du
ministère des Transports, de certaines villes, municipalités,
Hydro-Québec et autres, doit faire appel aux postes d'affectation et est
soumis à la clause 75/25. D'une part, il y a obligation du plus bas
soumissionnaire de passer par le poste d'affectation et, d'autre part, le poste
d'affectation n'est pas tenu de se soumettre au plan d'exécution de
l'entrepreneur.
Prenons par exemple un projet de revêtement de béton
bitumineux Ccouche d'usure), où il est reconnu que l'exécution
des contrats est de courte durée.Déjà l'entrepreneur est
tenu d'assurer le taux horaire minimum pour la première journée
dû à une décision en ce sens de la Commission des
transports du Québec. Dans le passé, pour un tel contrat,
l'entrepreneur pouvait compter sur une dizaine de camions, soit quelques six
(6) roues et quelques dix [10) roues pour exécuter ses travaux de pavage
en milieu urbain et
rural. Si l'entrepreneur n'utilisait pas ses propres camions, il
était victime d'un chantage ou du moins de pressions de la part des
postes d'affectation. On se rappellera que, l'an dernier, la pose de
revêtement de pavage bitumineux sur la route 20 dans la région de
St-Hyacinthe a été perturbée par des arrêts de
travail. L'entrepreneur ne possédait pas ses propres camions et
utilisait des camionneurs artisans, conformément à la
définition du règlement no 12. Cependant, l'entrepreneur
n'était pas obligé de passer par les postes d'affectation, ni par
les devis, ni par contrat; à cause de l'arrêt de travail
causé par les camionneurs du poste d'affectation no 6, à cause de
leur manifestation qui a obstrué toute la circulation dans la
région de St-Hyacinthe, à cause de leurs menaces et â cause
du pouvoir discrétionnaire du poste d'affectation sur les camionneurs
eux-mêmes, le ministère a dû s'en mêler et
régler le problème: il a cédé à
l'intimidation et il a inséré une nouvelle clause dans l'addenda
du "transport en vrac". Voici les termes de l'addenda: "Pour les
mélanges bitumineux et les granulats pour accotements et correction
avant revêtement, l'entrepreneur qui n'utilise pas ses propres camions
doit engager, via le poste d'affectation situé dans le territoire
où sont livrés ces matériaux, les camions requis pour en
effectuer le transport". Le ministère pensait par là avoir
réglé le problème. D'abord, l'entrepreneur, étant
obligé de passer par les postes d'affectation, risque de se faire
imposer des camions qui ne possèdent pas la longueur de boite voulue
pour décharger dans les paveuses ou encore des camions provenant de
chantiers d'excavation et contenant des matières organiques,
affectés au transport du béton bitumineux dans la même
journée. Si, à cause de ces matières organiques, on
altère la qualité du mélange ou de l'échantillon
prélevé, l'entrepreneur risque d'être
pénalisé par son donneur d'ouvrage, en l'occurrence le
ministère des Transports du Québec, celui-là même
qui l'oblige à utiliser les camions venant du poste d'affectation.
Peut-on être juge et partie, messieurs du M.T.Q.? Et que dire des
changements de camions qui surviennent au cours d'une même journée
sous divers prétextes. Il est indispensable que l'entrepreneur, soumis
à une clause de pénalités sur le produit de béton
bitumineux, soit le seul responsable de toutes les opérations
nécessaires à la livraison d'un produit de qualité au
donneur d'ouvrage. Donc, la contrainte de passer par les postes pour les
entrepreneurs qui ne possèdent pas leurs propres camions doit être
enlevée. Pourtant, l'expérience passée du M.T.Q. avait
éliminé cette pratique ou cette obligation de se soumettre aux
volontés d'une tierce personne en ce qui regarde les pavages de
béton bitumineux.
D'autre part, nous n'osons croire que le gouvernement actuel accordera
à ces transporteurs en vrac des privilèges accrus pour permettre
à ce groupe protégé d'avoir droit à un pourcentage
du transport en dessous de la ligne d'infrastructure. Au point de vue
économique, les coûts de production augmenteraient d'au moins 15
à 25%, ce qui représenterait des montants très
appréciables pour les contrats donnés par les divers donneurs
d'ouvrage, c'est-à-dire les ministères concernés et les
organismes publics et parapublics. Les travaux en dessous de l'infrastructure
sont soumissionnés en fonction des méthodes de travail de chaque
entrepreneur et en tenant compte de l'outillage disponible. Les méthodes
d'exécution peuvent se faire â l'aide de pelles
mécaniques.de rétrocaveuses, de tracteurs sur roues et sur
chenilles, de décapeuses, de niveleuses, de chargeurs sur roues et de
camions sur routes et hors routes. C'est à cause de cet agencement
d'outillage et en tenant compte de sa disponibilité et des travaux en
cours que l'entrepreneur offre le prix le plus avantageux au donneur d'ouvrage.
Cet entrepreneur est responsable de l'exécution des travaux et doit
allier production, efficacité, contrôle et qualité pour
remettre le produit soumis au donneur d'ouvrage ou en subir les
conséquences graves du côté financier. Si
l'Hydro-Québec, la S.E.B.J. et les divers ministères se vantent
de réaliser des économies sur les prévisions
budgétaires, ces économies sont dues en grande partie à
l'ingéniosité d'entrepreneurs à trouver des
méthodes d'exécution des plus avantageuses. Toute forme de
contrainte de nature à affecter la gérance d'un projet et
imposée à l'entrepreneur se traduira par une augmentation
substantielle des coûts. Les entrepreneurs n'ont pas de secteurs
protégés et assurés et ils doivent s'ajuster à
l'offre et à la demande. Il est impensable dans le système de
soumissions publiques d'imposer des méthodes de travail. Le transporteur
en vrac est équipé pour transporter dans les routes carrossables
et il ne saurait être question de l'utiliser en partie pour des travaux
en dessous des lignes d'infrastructure, lesquelles sont décrites
à la section no 26 - Terrassement des devis du ministère des
Transports du Québec. On constate que ce genre de travaux ne pourrait
être payé à la tonne/kilomètre, car le
soumissionnaire doit tenir compte de la méthode de mesurage et du mode
de paiement décrit dans les devis du ministère des Transports du
Québec. Le prix unitaire exigé doit comprendre l'achat du
matériel, le décapage de la chambre d'emprunt, l'extraction, le
chargement, la construction des chemins de halage, l'épandage, le
compactage ainsi que la fourniture de la main-d'oeuvre, de l'outillage et des
autres dépenses incidentes. Pour l'emprunt de classe "B" dont le
transport est inclus en totalité dans le prix unitaire à la
verge/cube ou au mètre/cube, tout en tenant compte du choix de
l'outillage et des distances de déplacement, les prix unitaires peuvent
varier en moyenne de 15 à 25%; nul ne peut nier que la méthode
d'utilisation des décapeuses pour un chantier déterminé
entraîne une économie de l'ordre de 20 à 25% sur la
méthode qu'on utilisait avec les chargeuses sur roues et camions.
La réglementation actuelle, loin de rétablir l'ordre dans
l'industrie du transport en vrac, a créé des monopoles
régionaux. Le règlement 112, sous le couvert de la
démocratie et d'une répartition équitable des revenus pour
les transporteurs en vrac inscrits aux postes, a ébranlé les
associations de camionneurs existantes. Il leur a fallu un certain temps pour
rétablir un certain contrôle et se répartir les
régions du Québec. Constatant les pouvoirs que se donne le
directeur du poste, les entrepreneurs ont remarqué la similitude des
méthodes de ces postes d'affectation et de celles des bureaux de
placement syndicaux dénoncées par le
rapport Cliche. Quand on a des pouvoirs discrétionnaires sur ses
membres, et qu'on leur restreint le libre choix de se trouver eux-mêmes
du travail, on peut se faire taxer de brimer les droits
élémentaires de l'homme. Tout ce qui manque à ces postes
d'affectation pour ressembler aux bureaux de placement tels que nous les avons
connus avant la Commission Cliche, c'est d'obtenir l'agrandissement de leur
secteur protégé. Voici un exemple illustrant bien ce que nous
avons avancé. Dans les villes de Montréal et de Québec,
avant même l'existence des postes d'affectation et du secteur
protégé, les transporteurs en vrac se rendaient aux
carrières, se plaçaient à la file indienne et attendaient
leur tour pour livrer la pierre aux destinataires. Le respect mutuel des
camionneurs constituait et demeure encore un poste de répartition
gratuit. Ces vrais camionneurs qui vivent seulement des gains de leur
véhicule seront d'accord avec nous pour affirmer qu'on ne peut
tolérer l'ingérence graduelle des postes d'affectation dans le
domaine de l'entreprise privée. Quand on veut travailler et qu'on
possède des normes personnelles de travail, il n'est pas
nécessaire d'être sous l'emprise des pouvoirs
discrétionnaires des postes d'affectation. Il est temps que le
gouvernement, qui a créé ces postes, mène une
enquête des plus minutieuses sur ce qui se passe dans les organismes
qu'il a lui-même créés et même
subventionnés.
Nous pouvons affirmer que ce secteur protégé amène
des abus de pouvoirs de la part des postes d'affectation. Dans la région
no 5, un entrepreneur soumissionne et obtient un contrat de
l'Hydro-Québec. Aucune obligation contractuelle ne lie cette entreprise
à la clause 75/25. Par chantage et pressions, on a intimidé
l'entrepreneur et celui-ci reçoit une recommandation voilée de
son "donneur d'ouvrage" signifiant: "Si tu ne veux pas avoir de trouble sur ton
chantier, soumets-toi aux exigences du poste d'affection no 5". De quel droit
nous impose-t-on une tierce partie par la force? Car on ne peut pas compter
individuellement sur la défense théorique de faire appel à
la Sûreté du Québec etc. Dans cette même
région no 5, un de nos membres, pour faire un chemin de détour, a
utilisé ses propres camions un vendredi afin que le lundi suivant le
travail reprenne normalement. Cet entrepreneur a toujours respecté la
clause de son contrat avec le ministère et la proportion de 75/25 pour
le projet, mais le directeur du poste ne fut pas satisfait car ce
vendredi-là il avait utilisé ses propres camions. Il incite donc
les camionneurs à faire la grève. N'est-ce pas là un abus
de pouvoir? En ce qui regarde la régie interne des postes d'affectation,
qu'on peut qualifier de pseudodémocratie, nous laissons à nos
gouvernements le soin de vérifier l'impact socio-économique de
ces structures qu'il a créées lui-même. Quant à
nous, nous réclamons des mesures immédiates de la part du
gouvernement pour éviter toute forme d'ingérence de la part des
postes d'affectation dans nos opérations d'exécution.
Si les camionneurs se plaignent du manque à gagner, il en est de
même pour les entrepreneurs. La construction est soumise à des
cycles; tant et aussi longtemps que les gouvernements n'agiront pas à
titre de catalyseur dans les périodes creuses, nous connaîtrons le
phénomène des hauts et des bas. Le dicton demeure encore vrai
"Quand la construction va, tout va". Nous reproduisons en annexes no 1 et no 2,
les courbes d'heures travaillées dans l'industrie de la construction,
tel que préparé par l'Office de la construction du Québec
et on se rend compte de la période critique que nous vivons suite
à la période apparente de prospérité qu'on a connue
de 1972 à 1975, alors que les entrepreneurs et les camionneurs se
dotaient d'équipements pour faire face à une demande très
haute et à court terme, mais qui ne s'est pas maintenue par la suite. Il
existe des problèmes pour tous dans la construction et nous croyons
qu'on devrait relire et continuer d'appliquer de nombreux extraits des
recommandations de la Commission Cliche (1) et aussi des recommandations du
Conseil économique du Canada (2) afin d'éviter ou
d'atténuer cette instabilité cyclique de la construction,
laquelle est directement liée aux problèmes du transport en vrac
[voir annexes no 3 et no 4).
UNE PLANIFICATION À LONG TERME ÉVITERAIT DES
PROBLÈMES QUE TOUT LE MONDE CONNAÎT PRÉSENTEMENT.
SECTEURS DE TRAVAIL PROTÉGÉS
Les entrepreneurs en construction membres de notre association
onttoujours prôné l'application du principe de "la libre
entreprise au Québec". Dans cette optique qui, croyons-nous, est la base
normale à toutes bonnes pratiques de commerce, nous ne voyons aucune
pertinence â ce que le gouvernement du Québec accorde des secteurs
de travail protégés.
Ce principe de "la libre entreprise" exige et implique que le
Québécois qui désire faire commerce dans n'importe quel
secteur d'activités puisse le faire librement, tant au niveau du choix
de son secteur d'activités qu'au niveau du choix de ses
cocontractants.
Pourquoi l'État, et â même les deniers publics,
imposerait-il â une certaine catégorie de la population
l'obligation de contracter avec une certaine autre? Pourquoi et au nom de quel
principe l'État privilégierait-il un groupe de commerçants
et souvent au détriment d'un autre...? Est-ce le rôle de
l'État d'assurer et de garantir à un groupe donné un
volume de travail, un revenu annuel, ou ne devrait-on pas laisser agir les
règles normales de l'offre et de la demande et l'appréciation
individuelle de la situation économique...?
(1 ) Rapport de la Commission d'enquête sur l'exercice de la
liberté syndicale dans l'industrie de la construction (2) Pour une
croissance plus stable de la construction.
Contrats du ministère des Transports: clause dite
75/25
Le gouvernement du Québec, depuis environ quinze (15) ans,
privilégie de façon directe une catégorie de
commerçants appelés transporteurs en vrac. En effet, et par le
biais d'une obligation contractuelle dite "clause 75/25", l'Etat oblige les
entrepreneurs en construction à transiger avec une catégorie
déterminée de la population: les transporteurs en vrac. Qu'il
suffise de rappelerque la clause 75/25 stipuleque l'entrepreneur et ses
sous-traitants doivent utiliser en tout temps, dans une proportion d'au moins
soixante-quinze (75) pour cent en nombre, les services de camionneurs artisans,
lesquels camionneurs artisans doivent avoir été embauchés
via le poste d'affectation: cette clause 75/25 s'applique pour le transport de
matériaux placés au-dessus de la ligne d'infrastructure. Les
entrepreneurs en construction, s'ils veulent soumissionner et décrocher
des contrats du ministère des Transports du Québec, n'ont d'autre
choix que d'accepter cette clause et de s'y conformer: peut-on trouver plus bel
exemple d'un secteur de travail protégé? Les entrepreneurs en
construction oeuvrent dans un système de soumissions publiques et nous
estimons qu'il est injustifié de poser de telles barrières,
restrictions ou contraintes dans les demandes de soumissions publiques: nous le
répétons, l'entrepreneur doit être libre de choisir ses
cocontractants comme bon lui semble et quand bon lui semble.
Nous endossons les propos de l'Honorable juge Jean Moisan de la Cour
supérieure dans son jugement dans l'affaire ACHILLE HOUDE -VS- CITE DES
SEPT-ILES -ET- GEORGES BÉLANGER du 10 décembre 1979: "Cette
obligation (clause 75/25) créée par la Ville (Sept-lles) peut
procéder d'un bon sentiment, dans un but d'équité et de
protection du revenu des camionneurs artisans, mais ce but, si louable et
généreux qu'il soit, n'en demeure pas moins une entrave au libre
jeu de la concurrence en matière de soumissions publiques. Il nous
apparaît contraire a l'intérêt du public en
général que l'on impose aux soumissionnaires ce type d'obligation
qui peut éventuellement le soumettre à des exigences exorbitantes
de la part des camionneurs artisans et qui, de toute façon,
empêche l'exercice du jeu normal de la libre concurrence lorsqu'il s'agit
du transport..."
Hormis ces propos du Juge Moisan, nous considérons que l'actuelle
clause 75/25 est nettement préjudiciable à l'entrepreneur et ce,
pour les principales raisons suivantes.
Premièrement, il faut toujours garder à l'esprit que bon
nombre de compagnies de construction possèdent tout l'équipement
technique nécessaire à la réalisation de leurs contrats;
les contrats de construction comportant très souvent une partie
transport, les entrepreneurs possèdent fréquemment les camions
nécessaires pour effectuer ce transport. Peut-on nous blâmer
d'exécuter nos contrats avec nos propres véhicules? Pour de
telles entreprises, l'application de la clause 75/25 les contraint à
ranger leurs équipements et à engager des camionneurs artisans?
Devraient-ils eux aussi venir manifester sur la colline parlementaire...?
Pourquoi favoriser le camionneur en vrac et pénaliser l'entrepreneur?
Pourquoi l'entrepreneur qui possède les véhicules suffisants ne
peut-il pas les utiliser sur ses propres contrats? Pour les entreprises
possédant les équipements nécessaires, l'application de la
clause 75/25 leur cause un net préjudice financier et ce, directement en
faveur des camionneurs en vrac. Nous croyons qu'une telle situation est
injustifiée, inacceptable et nettement discriminatoire à
l'endroit des entrepreneurs en construction.
Deuxièmement, et même pour les entreprises ne
possédant pas tout l'équipement nécessaire à la
réalisation de leurs travaux de construction, la clause 75/25 n'en
demeure pas moins inacceptable. Nous croyons, et au risque de nous
répéter, que l'entrepreneur doit toujours demeurer libre de
transiger avec le cocontractant de son choix et ce, dans le but de soumettre le
meilleur prix à son donneur d'ouvrage. Pourquoi une fois de plus
privilégier le camionneur en vrac au détriment de certains autres
organismes spécialisés dans le transport et offrant parfois un
service très supérieur en qualité?
Troisièmement, la clause 75/25 oblige non seulement
l'entrepreneur à engager des camionneurs en vrac mais oblige
également que leur engagement se fasse via le poste d'affectation. Non
seublement oblige-t-on l'entrepreneur à un choix déterminé
dans ses cocontractants, mais encore ne lui laisse-t-on même pas le
loisir de les engager où il veut...
Il est de commune renommée que les entrepreneurs en construction
sont soumis, lors de l'exécution de leurs contrats, à des
calendriers d'exécution requis et approuvés par le donneur
d'ouvrage. L'entrepreneur doit posséder tous les outils
nécessaires à la planification de son chantier et rencontrer
â la lettre les délais d'exécution du donneur d'ouvrage; en
engageant les camionneurs en vrac via le poste d'affectation l'entrepreneur
perd carrément la planification de son transport et doit se soumettre
aux bonnes volontés du directeur du poste d'affectation dans le nombre
de camions requis, le temps et l'endroit. Existe-t-il un seul homme d'affaires
au Québec qui accepterait que le succès ou l'échec de son
projet dépende d'une tierce partie non impliquée directement au
contrat...?
Forts de leur garantie de travail entraînée par la clause
75/25 et devant l'établissement de taux minimums de transport à
l'heure établis par la Commission des transports du Québec, les
camionneurs en vrac sont en position de force et l'entrepreneur n'a d'autre
choix que de négocier ou subir des intimidations sur son chantier;
cependant, c'est lui seul qui en récolte les néfastes
retombées auprès de son donneur d'ouvrage... Il nous semble
raisonnable que, comme dans tous les autres domaines, les camionneurs en vrac
soient placés dans une position d'efficacité et de
disponibilité et qu'ils ne jouissent pas plus que l'entrepreneur, de
favoritisme.
En conséquence, nous recommandons l'abolition de la clause 75/25
sur les contrats du gouvernement et des organismes paragouvernementaux, et ce
dans le but de rétablir le rapport de forces entre le camionneur en vrac
et l'entrepreneur et laisser libre cours au jeu naturel de l'offre et de la
demande. Nous ne pouvons endosser et assumer l'octroi de secteurs de travail
protégés et rejetons toute forme d'obligation contractuelle en
matière de transport en vrac. De plus, nous croyons que la pratique
passée qui consistait à ce que le ministère des Transports
du Québec incite ouvertement les différents donneurs d'ouvrage,
telles les municipalités, à instaurer des clauses du genre 75/25
dans leurs devis devrait être abandonnée ou interrompue
immédiatement.
Loin de vouloir éliminer les transporteurs en vrac, l'abolition
de la clause 75/25 permettra aux transporteurs et requérants de services
de conclure des contrats de transport sur une base juste et équitable
pour les deux parties et fera assumer par chacun les obligations
qu'entraînent leurs commerces respectifs.
ANNEXE B
Second mémoire de l'ANCAl
RÉPLIQUE
Monsieur le Président,
Nous remercions d'abord toutes les parties d'avoir accepté, vu
que nous étions les premiers à nous adresser âcette
commission, de nous donner le droit de réplique.
En nous présentant devant cette commission, le ministère
des Transports a déposé un document plein de chiffres et de
statistiques qu'il nous était malheureusement difficile de
vérifier dans les deux (2) jours qui ont suivi.
Avec tout le personnel que le ministère des Transports
possède, il aurait pu au moins, nous remettre ce document quelques jours
avant cette commission.
Si nous nous fions aux chiffres rapportés en ce qui nous
concerne, le ministère des Transports est dans l'erreur.
En effet, nous comptons 3579 membres qui ont acquitté la
cotisation exigée par notre conseil d'administration.
Bien sûr, la façon dont nous a traité le ministre
des Transports depuis le début de cette commission, il voudrait nous
voir moins nombreux, cependant, depuis qu'il a commencé sa politique de
destruction de l'Association nationale des camionneurs artisans Inc.
ÇA.N.C.A.I.) par la voix de SA commission et de ses fonctionnaires, le
nombre de nos membres a augmenté. Les transporteurs se sont
aperçu qu'en tentant de nous détruire, de nous ignorer ou de nous
diminuer le ministre des Transports s'attaquait à ceux qui demandent
depuis treize [13) ans l'amélioration des conditions de travail pour les
transporteurs en vrac.
La solution que l'on retrouve aux pages 17 et 18, du
contre-mémoire, est une solution cruelle, inhumaine, née d'une
situation créée de toutes pièces par la Commission des
transports du ministre des Transports. En effet, le secteur de travail
réservé a été pendant cinq [5) ans une solution
logique et valable pour les associations des camionneurs artisans.
Les vertueux fonctionnaires du ministère des Transports ont
tenté de démontrer que les recommandations du rapport
Lippé ont été appliquées en majeure partie.
Comme d'habitude, certaines choses ont été
appliquées mais les plus importantes ne l'ont pas été; et
nous citons ici l'honorable Lucien Lessard qui connaissait parfaitement le
dossier et qui disait sur ce sujet, le 23 avril 1978:- "Comme tant de ministres
des Transports depuis le rapport Lippé, rapport qui avait justement pour
objet d'étudier les problèmes du camionnage en vrac et de
proposer des solutions, rapport qui est d'ailleurs resté sur les
tablettes, j'aurais pu laisser aller les choses et ne rien faire. Sachez qu'il
aurait été plus facile pour moi d'agir ainsi; je me serais
probablement évité beaucoup de problèmes, tant avec
l'Association du camionnage du Québec qu'avec le Conseil du patronat
ainsi qu'avec vous autres."
Une des conclusions du rapport Lippé, si elle était
appliquée aujourd'hui, affaiblirait les camionneurs parce que depuis le
rapport Lippé est apparu le phénomène de la location.
Comme il s'agit d'une clause qui pourrait possiblement affaiblir les
camionneurs artisans, le ministre des Transports se bombe de torse devant cette
solution.
Evidemment, tout ce qui peut nuire à l'Association nationale des
camionneurs artisans Inc., et à ses membres comme vous avez pu le voir
depuis le début de cette commission, prend une ampleur
disproportionnée dans l'esprit de notre vénérable ministre
des Transports.
En ce qui a trait à l'entente, les fonctionnaires ont encore
induit notre vénérable ministre en erreur.
POINT DE L'ENTENTE no 1:-
Vous devez sûrement vous être aperçu, à la
façon avec laquelle le ministre des Transports traite I'A.N.C.A.I., seul
mouvement provincial existant avec plus de 500 membres, qu'il n'est pas
intéressé à voir des associations provinciales.
Le ministre des Transports, en sa grande sagesse, a décidé
de remplacer le mouvement provincial par SA Commission des transports qui
promet même aux camionneurs de faire des séminars pour leur
trouver de l'ouvrage.
Pour lui, ancien fonctionnaire, c'est beaucoup moins de trouble de
discuter avec SA Commission des transports qu'avec des associations qui
revendiquent pour des camionneurs.
POINT DE L'ENTENTE no 2:-
Depuis l'avènement du ministre de Belleval, ce point qui avait
été respecté par le ministre précédent,
commence à être contourné.
Vous avez sûrement entendu les représentants de la
région 05 vous citer le cas de COUILLARD CONSTRUCTION INC., qui obtient
à contrat des travaux jadis effectués en régie par le
ministère des Transports. Nous avons des plaintes aussi du même
état de fait dans d'autres régions du Québec.
POINT DE L'ENTENTE no 3:-
Le ministre des Transports a envoyé des lettres à ses
confrères mais il a omis de nous dire comme le souligne le rapport
Dupéré, qu'il avait rencontré dans les autres
ministères, méfiance et hostilité envers le camionneur en
vrac.
En ce qui concerne ce que M. Lucien Lessard a paraphé de sa main,
nous pensons que le ministre des Transports ne peut être juge et partie
en même temps. Ce sera aux tribunaux de droit commun à
régler cette situation.
POINT DE L'ENTENTE no 4:-
Le ministre des Transports n'a jamais gelé de permis mais bien
gelé le droit de déposer des demandes après le mois de
juillet 1977 alors que tous et chacun avaient eu le droit de déposer des
demandes depuis le 27 juillet 1973.
Il y a une différence entre geler les permis et geler les
demandes de permis. De plus, il a permis à une certaine catégorie
de transporteurs généraux de demander des permis de vrac et ce,
du mois de décembre 1979 jusqu'au mois de février 1980,
même si ces transporteurs avaient eu le droit entre 1973 et 1975.
POINT DE L'ENTENTE no 5: -Cet article a été
inséré dans le Règlement 112 mais comme plusieurs des
autres articles qui auraient pu protéger les camionneurs, son
application a semblé être très difficile pour le ministre
des Transports.
POINT DE L'ENTENTE no 6:-Ce point a été
respecté.
POINT DE L'ENTENTE no 7:-
Ce point qui aurait été très important pour le
respect des taux a été inscrit comme réalisé dans
le contre-mémoire, même si ce point est encore à
l'étude.
Il y a trois (3) ans et deux [2) mois que l'entente a été
signée et le ministre des Transports n'a pas encore eu le temps de faire
amender sa loi, mais apparemment ses avocats s'en occupent.
POINT DE L'ENTENTE no 8:-Ce n'est pas le ministre des Transports
qui a établi la priorité au premier camion mais bien le code
d'éthique préparé par la majorité des camionneurs
et les avocats de l'A.N.C.A.I. C'était au temps où le
ministère des Transports dialoguait encore avec la plus grande
association du camionnage en vrac au
Québec.
Le code d'éthique est un règlement des corporations de
Postes d'affectation et ne fait aucunement partie du Règlement
concernant le camionnage en vrac.
POINT DE L'ENTENTE no 9:-
Ce point n'a jamais été réglé et s'est
même amplifié.
POINT DE L'ENTENTE no 10:-
Si le ministère des Transports par ses statistiques (ce qui fait
partie de l'art des politiciens) prétend que la flotte du
ministère n'a pas grossi, nous pouvons vous dire au moins que ses
camions ont grossi et que les quatre (4) roues du ministère des
Transports sont peut-être devenus des dix (10) roues.
De toute façon nous savons qu'un divisionnaire à lui seul
a acheté 30 camions dix [10) roues. Pour accepter les statistiques du
ministre des Transports, il faudrait prétendre que 100% de nos
dirigeants sont malades et ne savent pas compter.
Cependant, nous apprenons qu'on a créé des escouades
volantes, qui se promènent de district en district.
POINT DE L'ENTENTE no 11:-
Ce point a été respecté. POINT DE L'ENTENTE no
12:-
Ce point a été respecté. POINT DE L'ENTENTE no
12a):-
Ce point a été respecté. POINT DE L'ENTENTE no
13:-
Le point 13 avait été respecté par Me Pierre Angers
quia disparu du décor après ses promesses de $120 000 000 00.
POINT DE L'ENTENTE no 14:-
Ce point de l'entente a été respecté. Dans ce
temps-là, le bon ministère des Transports vu que la commission
des Transports avait établi des taux minimums à l'heure, avait
cru bon de baisser les camionneurs aux taux minimum.
POINT DE L'ENTENTE no 15:-
Ce point a été respecté en partie par l'ancien
ministre des Transports mais il semble que le ministre actuel ne veut pas
discuter avec l'A.N.C.A.I.
Comme nous l'avons vu au cours de cette commission, le ministre actuel
n'est pas le protecteur des petits camionneurs mais le champion de la libre
entreprise qui lui permettrait de faire une sélection naturelle et
cruelle des détenteurs de permis en vrac.
Le contre-mémoire du ministère des Transports fait grand
état aussi d'un jugement de la Cour supérieure du district de
Mingan. Encore une fois, son rôle d'employeur l'aveugle à un point
qu'il n'a même plus le courage de défendre sa propre politique
antérieure de transport.
En effet le jugement rendu à Sept-lles l'a été sans
l'intervention des bénéficiaires de la clause et touchait une
clause municipale. Depuis ce temps, la Loi des cités et villes a
été amendée.
Enfin, l'avocat qui défendait les intérêts de la
ville de Sept-lles avait déjà donné comme opinion
juridique à la ville de Sept-lles, que la clause était
illégale.
Nous serions des plus curieux de voir les notes sténographiques.
Cependant nous ne doutons aucunement de l'intégrité des gens qui
ont eu à rendre justice dans cette cause.
Pourquoi le ministère des Transport qui dilapide son argent pour
détruire I'A.N.C.A.I, comme vous avez pu voir depuis le début,
n'intervient-il pas pour tenter de protéger ses propres clauses au lieu
de se servir de ce jugement comme argument pour faire mal aux transporteurs en
vrac?
Nous tenons aussi à vous souligner de nouveau que pour
établir les Postes d'affectation, nous avons dépensé
à même les cotisations de nos camionneurs plus d'un million de
dollars. Aujourd'hui, on veut nous voir disparaître et on nous accuse de
discrimination.
Dans la région 06, de juin 1978 à septembre 1979 pour
aider principalement au développement du Poste d'affectation de la
région 06, l'Association nationale des camionneurs artisans Inc. a
versé un salaire de $325.00 par semaine à M. Jean-Louis
Bradette.
De plus, l'A.N.C.A.I, a payé à plein temps un avocat au
coût de $18 000.00 par année, plus dépenses, pour aider
à établir le Poste d'affectation dans ce grand territoire, durant
la même période.
Enfin, Me Pierre Beaudet et moi-même avons fait trois (3)
assemblées pour convaincre les camionneurs de la région 06
d'adhérer au Poste d'affectation.
Cependant comme la formule du Poste d'affectation du temps ne permettait
pour tous ses camionneurs, que trois (3) ou (4) administrateurs, nous avons
demandé à messieurs Jean-Louis Bradette et Hubert Meilleur
de consulter le plus possible, les dirigeants des sous-postes
d'affectation et les camionneurs avant de prendre tel ou tel
décision.
Alors que le coût d'opération du Poste d'affectation de la
région 03, qui compte un nombre à peu prés identique de
camionneurs à celui de la région 06, réussit a
d'administrer avec $84.00 par membre, par année, le Poste d'affectation
de la région 06 charge pour chaque membre $318.00 par année.
Evidemment nos camionneurs artisans, malgré ce que peut en penser
le ministre des Transports, ont le droit eux aussi de se plaindre d'une
administration en place qui charge très cher.
Nos 593 membres de la région 06 veulent aussi savoir combien le
directeur du Poste d'affectation gagne parce que depuis que I'A.N.C.A.I, ne le
paie plus, les camionneurs ne peuvent savoir quel montant on lui paie.
Au mois d'avril 1980, la corporation Poste d'affectation de la
région 06 demandait la conversion du permis de Poste d'affectation
à Poste.
Nous ne nous sommes pas opposés à la délivrance
d'un permis, cependant nous avons demandé à la Commission des
Transports du Québec de les obliger à tenir une assemblée
générale des membres, de faire approuver un code d'éthique
par l'assemblée générale, et de procéder le plus
rapidement possible aux élections.
Des élections ont effectivement eu lieu et 15
représentants sur 22 sympathisants de I'A.N.C.A.I, ont été
élus. Messieurs Meilleur et Bradette contestent les
élections.
Etant donné que ces gens se montrent vis-à-vis le
ministère des Transports et la Commission des transports comme des
anti-A.N.C.A.I., ils reçoivent tous les égards du ministre des
Transports et de SA commission.
Il y a aussi une requête pour l'Assemblée
générale spéciale de signifiée à la
corporation Poste d'affectation parce que cette dernière n'a pas le
courage de tenir son assemblée annuelle, craignant les décisions
de la majorité.
Comme toutes les minorités, ils retrouvent une place de choix
dans le coeur du ministre des Transports.
En effet, vous n'avez qu'à cracher et àvociférer
sur I'A.N.C.A.I, et vous trouverez tous les égards de la part du
ministre des Transports et de SA commission.
M. Meilleur vous a dit dans son mémoire qu'il avait
présenté un mémoire au ministre des Transports et qu'il
n'avait jamais eu de réponse.
Eh bien, il avait effectivement eu une réponse et le directeur du
Poste d'affectation a écrit à tous les autres directeurs des
Postes d'affectation en leur incluant le mémoire, la réponse du
ministre de Belleval et une lettre signée par M. Jean-Louis Bradette qui
disait textuellement que la réponse du ministre manquait de
sérieux (voir lettre incluse).
Comme vous l'avez vu hier, ledit mémoire décrivait
l'A.N.C.A.I. et ses avocats. Cette attitude de messieurs Bradette et Meilleur
à l'endroit de l'A.N.C.A.I. leur a donc permis d'être un tonique
rafraîchissant pour le ministre des Transports.
Nous avons été surpris aussi que le ministre des
Transports fasse des commentaires sur nos avocats alors qu'il ne fait aucun
commentaire sur Me Yvon Chouinard, avocat du Poste d'affectation de la
région 06 Inc., et avocat de plusieurs transporteurs
généraux, en plus d'être l'avocat des transporteurs
entrepreneurs de la région 03.
Cependant, nous reconnaissons le fait que Me Yvon Chouinard, comme nos
avocats d'ailleurs, ait le droit d'avoir plusieurs clients, et Me Richard
Ramsay, avocat de la Coopérative de la Côte-Nord, du Poste
d'affectation de la Côte-Nord et même d'un camionneur membre de
l'A.N.C.A.I.
Nous voulions tout simplement un partage équitable du transport
entre les compagnies forestières, dont vous avez pu voir l'attitude
pendant cette commission, et les transporteurs en vrac.
Nous sommes convaincus que les compagnies forestières qui
exploitent nos richesses naturelles, ont le droit de vivre mais nous aussi.
En effet, sur environ $14 000 000 .00 de distribués en
subventions aux compagnies forestières, les compagnies suivantes ont
obtenu $10 000 000.00:
Consolidated Bathurst: $1 909 000.00
Domtar: $1253 300.00
Price: $1384 800.00
Kruger: $ 729 350.00
CI.P.: $1 331 150.00
Maclaren: $ 573 700.00
Reed Paper: $ 677 750.00
Quebec North Shore: $1 825 800.00
Si ces compagnies n'ont pas les moyens de se construire des routes pour
exploiter nos richesses, elles doivent sûrement pouvoir partager le
transport suivant des conditions d'égal à égal entre les
Postes d'affectation et elles.
Il y a tout de même $14 000 000.00 à même nos taxes
qui leur sont donnés pour augmenter leur pouvoir d'exploiter nos
richesses naturelles.
Le ministère de l'Energie et des Ressources semble plus
préoccupé par la pauvreté des compagnies que nous venons
d'énumérer, que par le sort des transporteurs en vrac.
Au cours de cette commission, nous avons pu remarquer que le ministre
des Transports était beaucoup plus préoccupé par
I'A.N.C.A.I, que par les nobles buts de cette commission.
Une autre association qui prend beaucoup de poids aux yeux du ministre
des Transports est l'Association du camionnage du Québec. C'est cette
association qui réclame la déréglementation pour les
autres et une réglementation beaucoup plus serrée pour elle.
Cette même association, qui loue les vertus de la libre
concurrence, a demandé au ministre des Transports, la formule Rand
patronale ainsi que plusieurs changements â la réglementation
qu'elle aurait obtenue au mois de juillet 1980.
Le ministère des Transports et eux auraient établi comme
priorité l'enraiement du transport illégal sous le couvert de la
pseudo-location. Ils ont aussi demandé un gel temporaire des permis dans
la région de Montréal.
Nous disons immédiatement à M. Alary qu'il a trouvé
la bonne formule pour obtenir ses demandes. Cette formule est maintenant connue
de tous, elle s'appelle: Crachez et vociférez sur I'A.N.C.A.I., vous
serez bien considérés par le ministre des Transports, SA
commission et ses fonctionnaires.
Cependant, cette même Association du camionnage du Québec,
au lieu de nous épauler pour l'enraiement de la pseudo-location,
préfère nous envoyer sur le marché cruel de la libre
concurrence pour qu'eux puissent garder leurs matières le plus
réglementés possible et le plus protégées.
Cette même association, par la voix de son vice-président
exécutif dans la revue TRANSPORT ROUTIER DU QUÉBEC, du mois
d'août 1980 conclut:- "que l'industrie du camionnage au Québec,
est celle qui a le plus de difficulté à se développer
viablement. En cherchant la causes de cette difficulté, nous remarquons
le non-respect des lois en transport, la tolérance d'un double
système de concurrence et l'établissement des coûts sur des
bases différentes pour le transporteur privé vs le transporteur
public."
Sans vouloir être aussi bas que cette association, nous demandons
au gouvernement parce qu'il ne sert à rien de demander quelque chose au
ministre des Transports, de considérer qu'il y aurait peut-être
lieu de donner des permis de transport généraux aux transporteurs
en vrac, afin que ces messieurs du transport général sachent
véritablement ce que c'est que le marché de la libre
concurrence.
Quant à nos employeurs, l'Association des constructeurs de routes
et de grands travaux, bien entendu comme tout employeur qui a dans sa politique
de sauver le plus d'argent possible, demande à cette commission d'abolir
les clauses.
Cependant, ces demandes restent propres et se discutent à une
table de négociations. Ils ont eu au moins le courage de ne pas cracher
sur nous d'une façon dégoûtante pour obtenir bonne bouche
du ministre des Transports et de SA commission.
Quant aux associations d'entrepreneurs qui sont venues dénoncer
l'A.N.C.A.I., il serait très important de savoir combien elles
représentent de membres, quelle est leur cotisation annuelle, et si
elles ont accepté de payer comme tout le monde leur cotisation aux
Postes d'affectation.
Nous ne recommencerons pas la tenue de la commission, cependant
permettez-nous de vous dire que l'A.N.C.A.I. est prête à toute
enquête sur son administration, sur ses dépenses et sur tout ce
qui peut la concerner, comme exemple la tenue d'élections
démocratiques.
Le ministre des Transports et son gouvernement sont invités
à venir vérifier tout le système.
Nous aimerions cependant aussi que l'enquête porte sur les
agissements de la Commission des transports du Québec dans la
prolifération des permis, sur les activités des fonctionnaires du
ministère des Transports en rapport avec le dossier vrac, sur la
relation du tribunal quasi-judiciaire qu'est la Commission des transports du
Québec et le ministère des Transports, sur l'administration et
particulièrement celui de la région 09 qui était
administré par nos compétiteurs, la Coopérative de la
Côte-Nord qui ont le droit d'avoir un permis de courtage.
En conclusion monsieur le ministre des Transports, vous avez voulu
faire, par cette commission le procès de l'A.N.C.A.I., et votre attitude
nous démontre des préjugés discriminatoires à
l'égard de l'A.N.C.A.I., ses associations filiales, ses membres et en
plus, ses avocats.
Comme nos membres ne sont pas des imbéciles, ils ont
découvert depuis longtemps votre véritable jeu, et nous vous
disons immédiatement que même si vous souhaitez la mort de
l'A.N.C.A.I., elle vivra plus longtemps que le temps que vous pensez.
La commission parlementaire n'avait pas pour but de faire le
procès de l'A.N.C.A.I..cependant, l'A.N.C.A.I. en a fait plus pour les
transporteurs que vous et vos amis n'en ferez jamais de votre vie.
Une commission d'enquête dont les membres seraient nommés
par d'autres que vous, serait sûrement une solution temporaire à
nos problèmes.
Nous lutterons monsieur le ministre, jusqu'à la fin pour assurer
un revenu convenable aux détenteurs de permis en priorité.
Avec votre solution il est vrai que nous aurions pu travailler à
100%, il suffit de travailler en dessous des coûts d'opération et
de crever. C'est une solution qui ne tient pas compte de ce camionneur que vous
étiez supposé, protéger.
Vous avez entendu aussi la présentation des mémoires de
l'Association des camionneurs entrepreneurs de la région 03 et celui de
M. Fradette de la région 02.
Ces derniers ont blâmé l'A.N.C.A.I. Cependant ce qu'ils ont
oublié de vous dire, c'est que le 13 novembre 1978, le juge
Louis-Philippe Bouchard de la Commission des transports du Québec,
décrétait que la charte de la corporation Poste d'affectation de
la région 02 Inc. ne permettait pas à ses administrateurs de
s'adresser à la Commission des transports du Québec pour demander
quoi que ce soit.
Comme les chartes des postes d'affectation des régions 1 à
9 avaient été préparées par les fonctionnaires du
gouvernement et qu'elles étaient toutes faites de la même
façon, les Postes d'affectation des régions 02 et 03 s'en sont
remis à l'A.N.C.A.I. pour la demande d'augmentation de taux devant la
C.T.Q. qui avait lieu au mois de décembre 1978.
Cette année-là, la méchante.A.N.C.A.I, a
réussi à obtenir 12% d'augmentation ce qui a permis à M.
Fradette, (M. Blouin s'il avait encore un camion), M. Lafleur et M. Viens de
voir leur gain augmenter de 12%.
Ces mêmes associations de camionneurs, naturellement viennent dire
aujourd'hui que l'Association nationale des camionneurs artisans Inc., a fait
tel ou tel chose.
Cependant, nos camionneurs qui ne sont pas imbéciles, trouvent
qu'il serait logique qu'à partage équitable du travail il y ait
partage égal des dépenses.
Evidemment, cette année-là, les camionneurs de ces
associations étaient bien contents de voir augmenter les taux.
Nos camionneurs prétendent que pour qu'une association soit
logique, il faut qu'un secteur distribue le travail, une région veille
à une répartition équitable et qu'un mouvement provincial
veille aux représentations générales et à
l'information, tel l'Association du camionnage du Québec et
l'Association des constructeurs de routes.
Nos camionneurs, sans être plus méchants que les autres,
pensent qu'à partage égal du travail, cotisation
égale.
M. Blouin a omis de vous dire qu'un premier jugement interlocutoire
rendu par l'honorable juge Paul-Etienne Bernier avait rejeté leur
demande d'injonction interlocutoire.
Une nouvelle demande d'injonction avait été
demandée suite à une nouvelle résolution, et elle a
été accordée par l'honorable juge Edouard
Laliberté. Nous avons respecté cette injonction.
Au premier septembre 1979,dans le but de laisser respirer les Postes
d'affectation, nos camionneurs ont réduit la cotisation provinciale de
$150.00 à $75.00 par année (il est vrai cependant, qu'elle sera
réajustée à $100.00 au 1er septembre 1980). Aucune
cotisation ne nous est parvenue par l'entremise d'un Poste d'affectation.
M. Blouin a aussi omis de vous dire que lorsque le Poste d'affectation a
été accordé dans la région 03 et que ce Poste ne
pouvait avoir un local convenable avant deux (2) ou trois (3) mois,
l'A.N.C.A.I. les a hébergés dans ses bureaux à un loyer
dérisoire en ne leur chargeant que les interurbains, et en leur
fournissant une secrétaire qu'ils payaient au quart d'heure, à la
demi-heure ou à l'heure.
Ces mêmes gens venaient à des réunions au bureau de
l'A.N.C.A.I. et ils ont été très bien reçus.
Cet après-midi vous avez vu M. André Viens assis à
côté de M. Raymond Blouin. En 1974 et 1975 il était
secrétaire-trésorier de l'A.N.C.A.I. et président des
camionneurs artisans du comté de Lévis.
Pour les années 1974 et 1975, M. André Viens obligeait les
camionneurs du comté de Lévis non seulement à payer
$100.00 pour la cotisation de l'A.N.C.A.I. mais il obligeait les camionneurs
à verser à un bureau d'avocats $100.00; sinon le membre ne
travaillait pas.
Aujourd'hui il vient se scandaliser de l'attitude de l'A.N.C.A.I., au
sujet des aspirations légitimes des camionneurs artisans tant sur le
plan travail que sur le plan fédération provinciale majoritaire.
Nous vous incluons copie d'une lettre adressée à M. André
Viens qu'il a sûrement oublié de vous produire lorsqu'il
accompagnait M. Raymond Blouin.
Cette lettre est de Me Pierre Angers et parle par elle-même.
Est-ce que le ministre des Transports peut nier que l'association que
représente M. Fradette a reçu dans les mois qui viennent de
s'écouler, une subvention du ministère des Transports pour payer
ses frais d'avocats?
Est-ce que le ministre des Transports peut nier que les avocats de
l'A.N.C.A.I. se sont rendus au moins à trente [30) reprises au
ministère des Transports pour préparer un modèle de code
d'éthique?
Est-ce que le ministre des Transports peut nier que les méchants
avocats de l'A.N.C.A.I. ont préparé les règlements
généraux de toutes les corporations?
L'A.N.C.A.I. a un but principal, celui d'agrandir l'assiette des
transporteurs publics et prétend que le seul moyen est de faire
l'unité chez les véritables transporteurs publics. Dans les deux
(2) régions qui nous ont si vertement critiqués, nos camionneurs
sont majoritaires à 80%.
Monsieur le ministre, vous avez tenté d'insinuer que l'A.N.C.A.I.
avait inspiré ou préparé cette clause de diminuer les
jours travaillés aux camionneurs qui ne manifestaient pas.
Nous vous demandons d'avoir le courage de répéter cela en
dehors de la Chambre.
Enfin cette attitude du ministre de Belleval à l'égard de
l'A.N.C.A.I., suit sa grande logique politique. par/Gérard Dubé
GÉRARD DUBÊ, président de l'A.N.C.A.I.