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(Vingt heures vingt minutes)
Le Président (M. Lacoste): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames, messieurs, nous allons commencer les travaux de la commission
élue permanente des transports, dont le mandat est de faire
l'étude du projet de loi 18, Loi sur la fusion du Bureau des
véhicules automobiles et de la Régie de l'assurance automobile du
Québec.
M. Lévesque, le député de
Kamouraska-Témiscouata, agira comme rapporteur et je vais demander au
ministre s'il a des commentaires généraux. Vous n'avez pas de
commentaires généraux?
M. le député de Gatineau, vous avez des commentaires?
Discussion générale
M. Gratton: J'ai un certain nombre de questions d'ordre
général qui permettront peut-être ensuite de
procéder plus rapidement à l'étude article par
article.
Entre autres, j'ai évoqué cet après-midi -
contrairement à ce que le ministre a pu peut-être laisser
entendre, je n'ai pas fait d'affirmation - c'est-à-dire que j'ai
posé une question concernant le formulaire IME, le formulaire de
renouvellement de l'immatriculation. L'information dont je disposais
était qu'il y avait 3,500,000 exemplaires de ce formulaire qui avaient
été imprimés avec une erreur et qu'on avait dû en
disposer. Le ministre, dans sa réplique, a indiqué que le nombre
des formulaires était moins important. Est-ce que le ministre pourrait
détailler un peu, nous dire de quel ordre de grandeur il s'agit, de
quelle sorte d'erreur également et nous réitérer
l'assurance qu'il nous a donnée cet après-midi en Chambre qu'il
ne devrait pas en résulter un retard quelconque dans le processus de
renouvellement de l'immatriculation pour 1981?
M. de Belleval: Oui, il y a eu effectivement, dans l'impression
des formulaires, l'anomalie suivante: un technicien du bureau n'a pas
utilisé le bon programme informatique pour faire imprimer les
formulaires en question. On s'est retrouvé avec 450,000 formulaires de
trop, de sorte qu'il a fallu reprendre le programme, substituer le bon
programme au mauvais, ce qui entraîne une dépense additionnelle
d'environ $100,000 pour corriger l'erreur. C'est une erreur comme il s'en
produit sur n'importe quelle chaîne de montage. Ce n'est pas une
grossière négligence de la part du fonctionnaire en question;
c'est une erreur comme il peut en arriver dans toute opération
d'envergure de ce genre. Ce qui fait que les formulaires qui auraient pu
être mis à la poste entre Noël et le jour de l'an seront mis
à la poste immédiatement après le jour de l'an, dans la
semaine qui suivra, autour du 15 janvier, de sorte qu'il n'y aura aucun retard
dans l'immatriculation. À vrai dire, nous serons en avance d'un mois sur
le programme de l'an dernier. Comme on le sait, le programme de l'an dernier
s'est déroulé dans des conditions satisfaisantes. En gros, c'est
ce qui s'est passé. C'est ce qu'on a appris d'ailleurs ce matin
même au Bureau des véhicules automobiles.
M. Gratton: Si je comprends bien, il y avait 450,000 formulaires
de trop?
M. de Belleval: Oui.
M. Gratton: Comment peut-on en avoir de trop?
M. de Belleval: Parce qu'on a utilisé un programme
informatique qui comprenait des renouvellements d'immatriculation pour des
plaques d'automobiles qui n'ont pas à être renouvelées
parce qu'elles ne sont plus en vigueur depuis 1979, de sorte qu'on se trouvait
à demander des renouvellements de plaques... Normalement, on demande un
renouvellement à partir des plaques de 1980, mais, à cause de
l'erreur de cet employé, on a utilisé un programme informatique
qui comprenait des plaques de 1979 pour environ, comme je l'ai dit, 450,000
plaques.
M. Gratton: Est-ce que cela veut dire qu'effectivement ces
formulaires ont été expédiés?
M. de Belleval: Non, ils n'ont pas été
expédiés, mais il a fallu reprendre avec le
bon programme, d'où la dépense additionnelle en temps
d'ordinateur et en formules de remplacement.
M. Gratton: J'aimerais comprendre pourquoi cela a
résulté dans la nécessité de retarder... Le
ministre disait tantôt que les formulaires auraient normalement
été expédiés par la poste entre Noël et le
jour de l'an.
M. de Belleval: On aurait dû payer, entre autres, la poste,
le tarif postal pour ces 405,000 formulaires. Ensuite, compte tenu des risques
d'erreur dans la manipulation, c'était plus avantageux de reprendre le
programme.
M. Gratton: Quant à moi, cela me satisfait. Si j'ai
évoqué la chose, c'est que, comme le ministre, j'imagine, on en
avait été informé seulement ce matin. Les informations
dont on disposait étaient manifestement exagérées. J'en
suis heureux. D'ailleurs, j'avais indiqué, en deuxième lecture,
que j'espérais que cela se révélerait non fondé,
cette information qu'il y aurait eu 3,500,000 de ces formulaires. Tant mieux si
on a limité les dégâts.
M. de Belleval: Je pense que l'important, c'était surtout
les coûts. Est-ce que cela entraîne des coûts exorbitants?
Evidemment, cela entraîne des coûts. Deuxièmement, il faut
quand même admettre que ce n'est pas une grossière erreur ou une
négligence d'un employé; c'est une erreur comme il peut en
arriver sur n'importe quelle chaîne de montage, comme je viens de le
dire. Il se fabrique des voitures et, à un moment donné, il faut
en rappeler parce qu'il y a eu une malfaçon. C'est, au fond, le genre
d'erreur bête qui peut survenir en informatique. L'autre point important,
je pense, c'était qu'effectivement l'immatriculation comme telle ne soit
pas retardée ou qu'on en avertisse les gens s'il y avait un retard.
Comme on le sait, je pense qu'expédier des formulaires entre Noël
et le jour de l'an ou les expédier immédiatement après le
jour de l'an, cela ne change pas vraiment les choses parce que je ne pense pas
que les gens se mettent à se dépêcher, entre Noël et
le jour de l'an d'expédier le retour. Ce n'est pas, de toute
façon, une période favorable pour ce genre
d'opération.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bellechasse, ensuite M. le député de Charlevoix.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Avant qu'on
étudie le projet article par article, seulement au niveau d'un principe
concernant cette fusion, est-ce que le ministre est vraiment assuré
d'avoir une responsabilité accrue au niveau de la régie ou s'il
pense que cela va amoindrir ses responsabilités, son droit de regard une
fois cette fusion réalisée?
M. de Belleval: Comme je l'ai indiqué tantôt, en
particulier, on le verra quand on étudiera les articles 4, 13 et 14. Je
pense que les responsabilités ministérielles, tant du ministre
des Finances que du Conseil du trésor et que du ministre des Transports
lui-même, sont clairement indiquées dans le projet de loi. Je
pense qu'elles sont conformes au principe de la responsabilité
ministérielle qu'on doit retrouver dans pareil projet de loi. Je pense
que ces garanties sont suffisantes. Par ailleurs, il y a d'autres articles qui
protègent l'autonomie de la régie, particulièrement en ce
qui concerne la fixation des primes pour l'assurance contre les dommages
corporels. De ce point de vue, les dispositions qui existaient dans la Loi sur
la Régie de l'assurance automobile sont maintenues, sont même
clarifiées s'il y a un changement. C'est pour que ce soit encore plus
clair qu'il doit y avoir une comptabilité distincte en ce qui concerne
les frais qui sont pertinents à l'assurance automobile.
La régie continue à déterminer elle-même ses
frais. Le gouvernement, contrairement à ce qu'on retrouve dans d'autres
domaines, n'a pas le pouvoir d'initiative. C'est la régie qui a le
pouvoir d'initiative, le gouvernement n'ayant que le pouvoir d'approbation ou
de désapprobation là-dessus. Donc, je pense qu'au sujet des
garanties auxquelles vous faisiez allusion, il était très juste
d'éclaircir ces points-là.
Par ailleurs, les responsabilités générales du
gouvernement en matière de surveillance des régies, le droit des
députés d'obtenir des renseignements, y compris via le ministre
responsable, d'interroger le ministre responsable d'ailleurs en Chambre sur ces
questions sont maintenus intégralement comme dans toute autre
responsabilité ministérielle. Au fond, ce qui change par rapport
aux responsabilités ministérielles ordinaires d'un ministre,
c'est qu'au lieu d'exercer ses pouvoirs directement via son sous-ministre, il
les exerce via un conseil d'administration et l'équivalent d'un
sous-ministre qui est un dirigeant d'organisme ou ce qu'on appelle un PDG, un
président-directeur général. (20 h 30)
Au fond, il n'y a pas plus de distance entre la régie et un
fonctionnaire de la régie et le ministre qu'actuellement entre un
fonctionnaire du Bureau des véhicules automobiles et le ministre. S'il
faut obtenir un renseignement d'un fonctionnaire du Bureau des véhicules
automobiles, je m'adresse normalement, respectant la ligne hiérarchique,
au sous-ministre, qui doit s'adresser ensuite au directeur
général, qui
doit s'adresser au chef de service concerné. S'il y a des
mécanismes plus courts établis dans le cours normal des relations
qui existent entre un ministre et un sous-ministre, ils sont établis.
C'est la même chose entre un ministre et un dirigeant d'organisme. Au
fond, cela ne change pas de ce côté-là, qu'il s'agisse des
mécanismes formels ou des mécanismes informels de communication
entre un ministre et un fonctionnaire.
M. Goulet: M. le Président, lors de la deuxième
lecture, à peu près tous les intervenants ont parlé d'une
comptabilité distincte, de façon à connaître le
véritable coût de chaque service. Le ministre sait, par exemple,
que cela a fait l'objet de mes questions à l'Assemblée nationale.
Le ministre nous dit qu'il n'y a rien là. Avant d'aborder l'étude
du projet de loi, j'aimerais savoir si c'est le ministre actuel qui
était ministre des Transports, le 10 avril dernier. Étiez-vous
ministre des Transports le 10 avril?
M. de Belleval: Le 10 avril 1980, oui, bien sûr. J'ai
été nommé au mois de septembre 1979.
M. Goulet: Pour régler au plus court la discussion depuis
deux semaines, avant d'entreprendre l'étude article par article, lors de
l'étude des crédits du ministère des Transports, nous
avions demandé au ministre des Transports quel montant fut
associé... Le ministre des Transports nous déclarait, à
l'étude de ses crédits du 10 avril, qu'un montant variant entre
$8,000,000 et $10,000,000 du budget de son ministère n'est pas
comptabilisé à d'autres ministères pour des services
rendus. Cela concerne, entre autres, les services rendus au BVA et à la
Régie de l'assurance automobile du Québec. Où vont ces
$8,000,000 et $10,000,000 s'ils ne vont nulle part? En réponse, on nous
disait, relativement aux $8,000,000 et $10,000,000 de services rendus au BVA et
non comptabilisés à d'autres ministères - je ne sais pas
qui est M. Pascal Tremblay, c'est probablement quelqu'un qui vous accompagnait,
que vous connaissez - que quelque $4,500,000 pourraient être
facturés à la Régie de l'assurance automobile.
M. de Belleval: Ah, oui:
M. Goulet: Je me demande...
M. de Belleval: Pascal Tremblay est un fonctionnaire du Bureau
des véhicules automobiles.
M. Goulet: Lors de l'étude des crédits, le ministre
nous accusait, peut-être avec raison, de faire fausse route. Pourquoi,
après avoir formulé une telle question, il y a environ deux mois,
par écrit, nous répond-on de telles choses? Si un
arrêté en conseil existe - et ce n'est pas le cas - des $8,000,000
et $10,000,000...
M. de Belleval: C'est-à-dire que...
M. Goulet: ...dont vous parliez à ce moment-là,
qu'est-ce que vous auriez dû percevoir d'autres ministères que
vous n'avez pas perçu? C'est ce qu'on veut savoir. Qu'est-ce que
ça va changer avec cette loi?
M. de Belleval: Je ne peux pas parler. Je ne me souviens pas du
contexte dans lequel les $8,000,000 et $10,000,000 sont venus à la
surface lors de l'étude des crédits. Il faudrait revoir
exactement l'ensemble du dossier, ce que je n'ai pas fait. Mais pour prendre
plus spécifiquement la question des $4,500,000, qui sont clairement
identifiés aux frais de perception pour la Régie de l'assurance
automobile - et, au fond, c'était là le sens des questions
très précises que vous avez posées depuis quelques jours -
le fonctionnaire en question a répondu correctement que, pour 1980,
c'est $4,500,000 qui devraient être exigés de la régie.
Effectivement, on a suivi l'avis de nos fonctionnaires en ce domaine. Il y a eu
confrontation entre l'avis de nos fonctionnaires, par exemple, M. Tremblay, et
la Régie de l'assurance automobile. L'entente annuelle qu'on doit
conclure l'a été dans le courant de l'été pour
rembourser effectivement ces $4,500,000 pour que la régie rembourse ces
$4,500,000 au fonds consolidé de la même façon que, les
années précédentes, des versements similaires, un peu
moins élevés cependant, puisque je vous ai donné la liste
de tous les versements par année, ont été
versés.
Je pense que ce qui vous a peut-être induit en erreur, de bonne
foi d'ailleurs - je ne mets pas en cause du tout votre bonne foi
là-dedans - c'est l'expression "devrait" venant de la part du
fonctionnaire en question; du fait que l'entente est renouvelée tous les
ans, le montant est renouvelé tous les ans. Je pense que ce "devrait"
signifiait: Devrait, dans le cours de l'année, être
remboursé, suite à l'entente qui intervient tous les ans dans ce
domaine, au cours de l'exercice financier. C'est ce qui s'est produit.
M. Goulet: M. le Président, je ne veux pas entreprendre un
débat. Je clos vraiment la discussion avec ceci. Je relis la question
que j'ai formulée au ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, qui était responsable de la
Régie de l'assurance automobile. Malheureusement, je n'ai pas la date
ici. M. Joron était...
M. de Belleval: ...était ministre. D'accord.
M. Goulet: La question était par écrit et j'ai
reçu la réponse par écrit.
M. de Belleval: Oui.
M. Goulet: La question était: Le ministre des Transports
nous déclarait, lors de l'étude de ses crédits le 10
avril, qu'entre $8,000,000 et $10,000,000 du budget de son ministère ne
seront pas comptabilisés à d'autres ministères pour des
services rendus. Quelle est la part de ces montants de $8,000,000 et
$10,000,000 du BVA qui devrait être facturée à d'autres,
etc.?
La réponse est celle-ci: Relativement aux $8,000,000 et
$10,000,000 de services rendus par le BVA et non comptabilisés à
d'autres ministères - non comptabilisés, on peut dire qu'ils
l'ont été l'année passée ou qu'on renouvelle cela
chaque année - quelque $4,500,000 pourraient - ce n'est pas "devraient",
c'est "pourraient" être facturés. Si cela se faisait comme cela
chaque année, pourquoi, lorsqu'on prend la peine d'écrire
à un ministre, nous répond-on cela?
M. de Belleval: Je pense qu'ils ont tenu pour acquis que vous
étiez au courant qu'à tous les ans il y avait effectivement, de
la part de la Régie de l'assurance automobile, un remboursement au fonds
consolidé pour les frais de perception. D'ailleurs, c'est dans la Loi
sur l'assurance automobile. Il y a un article de loi qui prévoit
spécifiquement que la régie doit rembourser au fonds
consolidé les frais de perception assumés par le BVA.
Ils ont tenu pour acquis que vous étiez au courant qu'à
tous les ans la régie, depuis trois ans, versait des sommes et que, pour
1980, le montant qui était estimé à ce moment-là
devait être autour de $4,500,000.
M. Goulet: On aurait dû recevoir la même
réponse pour la Régie de l'assurance-maladie, par exemple.
M. de Belleval: Non. Pour la Régie de l'assurance-maladie,
comme vous le savez, en vertu de la Loi sur l'assurance automobile, le droit de
subrogation qui existait autrefois entre la Régie de l'assurance
automobile et les assureurs privés a été aboli, parce
qu'on change complètement de système et de régime. On a
éliminé, comme vous le savez, la notion de responsabilité.
C'est donc normal qu'il n'y ait pas de droit de subrogation, d'autant plus que
ce serait un transfert de la poche droite dans la poche gauche, à toutes
fins utiles, du fonds consolidé.
Là où vos questions ont du sens, c'est de savoir, si on
compare avec l'ancien régime, combien les assureurs privés
versaient autrefois, et si c'était une somme considérable ou peu
considérable? Effectivement, ça aurait dû être une
somme considérable, mais de facto, et je vous ai donné les
chiffres, les sommes que la Régie de l'assurance automobile recevait en
vertu de son droit de subrogation étaient d'environ $1,000,000 ou
$1,200,000. Au fond, si on regarde l'ancien régime par rapport au
nouveau régime, l'abolition de ce droit de subrogation a enlevé
à la Régie de l'assurance-maladie environ $1,000,000 par
année, ce qui est une somme tout à fait minime, compte tenu du
budget de la Régie de l'assurance automobile. Mais, de toute
façon, la comparaison, même sur $1,000,000, est assez boiteuse
parce qu'on a changé complètement le système, la notion de
responsabilité et le mode de financement.
Disons que pour rester sur votre plan de raisonnement et partir de vos
$68,000,000... Je comprends d'ailleurs où vous avez pris ces
chiffres-là, maintenant, j'ai lu l'article de Finance, ou alors vous les
avez pris dans le rapport des actuaires. D'ailleurs, l'article de Finance fait
référence à cette étude-là, mais le rapport
des actuaires n'a jamais prétendu que sous l'ancien régime
l'équivalent de ces $68,000,000 était versé effectivement
aux organismes en question. Il fait tout simplement une évaluation de ce
qui pourrait être versé si la subrogation était encore
exercée. Cependant, quand la subrogation était exercée, on
se rend compte que, de toute façon, les organismes en question ne
recevaient pas les sommes auxquelles ils avaient droit pour la simple et bonne
raison - on le sait et c'est pour ça finalement qu'on a changé de
régime, et c'est pour ça que tous les rapports, comme le rapport
Gauvin, etc., nous proposaient de changer de régime, c'est pour
ça que d'autres provinces ont changé de régime -qu'en
vertu des anciens régimes, du régime privé, c'est bien
beau des droits de subrogation, mais qu'est-ce que ça donne de
poursuivre quelqu'un qui est en faillite ou de poursuivre quelqu'un qui n'est
pas solvable ou quelqu'un qui n'est pas assuré? C'est ce qui se
produisait sous l'ancien régime. On faisait un accident, la personne qui
nous frappait et qui était en faute n'était malheureusement pas
assurée; il fallait se retourner vers le fonds d'indemnisation et on
recevait des sommes dérisoires. À ce moment-là, dans le
cas de la Régie de l'assurance automobile, les problèmes de
perception faisaient que, comme on le voit, ce qu'on recevait ce
n'étaient pas $68,000,000 ou ce n'était pas la part des
$68,000,000 qui devait aller à la Régie de l'assurance-maladie,
mais c'était $1,000,000. Comme je vous le dis, je ne mets pas en cause
votre bonne foi ni la justesse de votre raisonnement, mais la
réalité ne correspond pas à la théorie telle
qu'exprimée dans le rapport actuariel et la
pratique vécue avant, sous l'ancien régime.
M. Goulet: M. le Président, je voudrais répondre au
ministre. Je n'ai jamais parlé de l'ancien régime. J'ai toujours
dit, sauf erreur, dans mes questions: "devrait être chargé",
"devrait être comptabilisé", ce sont les termes que
j'employais.
M. de Belleval: Oui, mais vous comprenez aussi que pour...
M. Goulet: À un moment donné dans nos discussions
nous avons fait un parallèle avec l'ancien régime, par exemple,
au niveau des prestations de vieillesse, ces choses-là, la Commission
des accidents du travail. J'ai toujours dit "devrait être
comptabilisé", "pourrait être comptabilisé", ce sont les
termes que j'employais. Je n'ai pas la transcription devant moi, mais c'est un
peu cela. C'est ce que le rapport actuariel disait, d'ailleurs.
M. de Belleval: Oui, mais comme je vous l'ai dit, là
encore, la loi enlève ce droit de subrogation. Le régime est
financé de cette façon et, pour autant qu'on admette que le droit
de subrogation a été enlevé en vertu du régime, le
coût du régime tel qu'il est, à l'exception de ce droit de
subrogation, est parfaitement correct et permet de payer toutes les
indemnités au fil des années. Le régime n'est donc pas
sous-capitalisé. Je comprends que vous ayez posé des questions
là-dessus, y compris quand on a adopté le projet de loi sur
l'assurance automobile. Vous ne vouliez pas que le système arrive aux
mêmes aberrations que celles qu'on a connues en Colombie-Britannique et
auxquelles faisait allusion tantôt dans son discours le
député de Charlevoix, à savoir qu'on accumule des comptes
à payer et, un jour, il faut que quelqu'un augmente les primes pour
payer ces comptes parce que, pendant certaines années, des gouvernements
ont refusé d'augmenter les primes pour des raisons électorales.
Cela ne peut pas arriver dans notre régime parce que la loi
prévoit explicitement que, premièrement, ce n'est pas le
gouvernement qui fixe les primes et que ces primes doivent être
fixées obligatoirement, en vertu de la loi, de façon à
couvrir à tous les ans les engagements futurs du régime. On ne
peut donc pas faire de "carry over", si on veut, comme dans des régimes
semblables à celui de la Colombie-Britannique. Je pense qu'on a
répondu aux arguments très valables de l'Opposition dans ce
domaine. On a donné des garanties pour que ce genre de situation ne se
reproduise pas ici au Québec, et c'est le cas. La meilleure garantie en
est évidemment la décision publique de la Régie de
l'assurance automobile. Si un jour un gouvernement refusait d'augmenter des
primes alors que la
Régie de l'assurance automobile disait: II faut les augmenter,
sinon le régime ne correspond pas à ce qui est prévu dans
la loi, cela se saurait et ce ne serait pas long.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Charlevoix. (20 h 45)
M. Mailloux: Ce n'était pas le sens de la question que je
voulais poser. Est-ce que, dans ces derniers mois, il n'a pas été
dit publiquement par la régie qu'elle devrait augmenter les primes pour
l'année 1981 et que, par une décision ministérielle, par
la suite, il y a eu une demande de retarder une telle augmentation?
M. de Belleval: Non. La première partie de votre question
est correcte, c'est-à-dire qu'au début de l'année, la
présidence de la régie a, dans une conférence de presse,
en faisant des commentaires, je pense, en réponse à des
journalistes, indiqué que si les taux d'accidents qu'on observait
à l'époque, au début de l'année, continuaient, on
devrait assister à une augmentation des primes pour répondre aux
exigences de la loi.
Ce qui s'est passé, c'est que quelques mois plus tard, les
prévisions de la régie ont été
déjouées, car le taux d'accidents n'a pas été aussi
élevé. Le taux des engagements résultant des accidents n'a
pas été aussi élevé; alors, les actuaires ont
repris leurs chiffres, c'est normal, et ils ont proposé au conseil
d'administration de la régie de ne pas augmenter les primes. Tout ce que
le gouvernement a fait, c'est non pas de modifier le quantum des primes, comme
je l'ai dit, parce que le gouvernement ne peut pas faire cela, en vertu de la
loi, il faut que le quantum soit suffisant, il faut que le niveau des primes,
globalement, soit suffisant pour que le régime soit en équilibre.
C'est une disposition de la loi et, si on essayait de refuser un tel quantum,
je suppose que le conseil d'administration de la régie
démissionnerait avec fracas. En tout cas, ce serait une
illégalité, on ne peut pas faire cela. N'importe qui pourrait
poursuivre le gouvernement et il y aurait certainement une démission du
conseil d'administration. Le gouvernement peut, cependant, demander au conseil
d'administration de la régie non pas de modifier le quantum, mais de
modifier la répartition entre les différents moyens de financer
la régie. C'est tout à fait valable et c'est ce que le
gouvernement a fait.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: L'observation que je voulais faire était d'un
autre ordre d'idées. Que ç'ait été, dans le
passé, par le biais du Bureau des véhicules automobiles ou que ce
soit, dans l'avenir, si le projet de loi est
accepté, par le biais de la régie qui sera
constituée, mon collègue parlait tantôt de la
période de début d'année pendant laquelle vous envoyez des
formules à tous les détenteurs de véhicules automobiles,
c'est à près de 3,000,000 ou à peu près de
personnes qu'on s'adresse au départ, si je ne m'abuse.
M. de Belleval: C'est le nombre de véhicules, il y a un
peu moins de personnes.
M. Mailloux: Dans la période couvrant les trois premiers
mois de l'année, ces personnes doivent s'immatriculer, si on fait
exception des autres qui viennent en cours de route. Cet après-midi, le
député de Gatineau mentionnait les doléances du public,
malgré l'addition des caisses populaires qui ont été
habilitées à s'occuper d'assurance et d'immatriculation. On sait
que, principalement dans le cours de février -parfois, c'est un peu plus
long - il y a de nombreuses files à la porte des bureaux pour tous les
retardataires. C'est quand même 3,000,000 de personnes qui doivent
être desservies dans un court laps de temps. Vous aurez prochainement, si
la loi est acceptée, à transférer à la régie
l'ensemble du service. Elle fera face au même problème: cela
prendra un surplus de personnel durant une période
déterminée de l'année et aussi par la suite.
La suggestion que je veux faire va dans le sens suivant: quand vous
renouvelez un permis de conduire, c'est par la date de naissance que la
personne est appelée à le renouveler pour une période de
24 mois. Je conviens que le ministre des Finances a des raisons que la raison
comprend parfois difficilement, mais n'y a-t-il pas eu une étude de
faite relativement à la possibilité d'une immatriculation qui
apporterait forcément une viqnette différente de celle où
on voit 1979 ou 1980. Il faudrait que ce soit suivant l'exercice financier
1980-1981 ou 198.1-1982. N'aurait-on pas alors une meilleure planification des
effectifs qui devront être fusionnés, ceux du BVA et ceux de la
régie?
Si on en venait à ce qu'à l'année
financière, chacun soit appelé à immatriculer un
véhicule donné à la date de naissance comme il le fait
pour le permis de conduire, est-ce qu'il n'y aurait pas là une
possibilité qu'en répartissant sur douze mois, on n'ait pas
besoin d'un effectif supplémentaire à un temps donné de
l'année, et que les gens aient un service peut-être un peu
meilleur que celui qu'ils ont actuellement? Je ne suis pas prêt à
blâmer les fonctionnaires qui sont dans les bureaux des véhicules.
Il faut avoir été à ce ministère pour savoir quelle
surcharge on leur donne, à certaines périodes de l'année.
Je ne sais pas si le ministre en a discuté avec ses collègues,
principalement avec le ministre des Finances. Cela imputerait forcément
des modifications à apporter dans la préparation du budget parce
que l'argent n'entrerait pas en début d'année ou en fin
d'année financière. Mais dans une période de douze mois,
le ministre des Finances encaisserait quand même les mêmes sommes
qu'il s'attend de recevoir.
M. de Belleval: Oui, M. le député de Charlevoix.
J'ai indiqué d'ailleurs, dans mon discours de deuxième lecture
tout à l'heure, que c'était une des possibilités que nous
envisagions actuellement et que la régie aurait justement pour mission
d'approfondir. C'est une voie qui a été utilisée par
d'autres provinces et d'autres États américains.
M. Mailloux: Dans plusieurs endroits?
M. de Belleval: Oui.
M. Mailloux: À l'année financière.
M. de Belleval: Oui, c'est-à-dire...
M. Mailloux: Et à la date de naissance?
M. de Belleval: Au cours de l'année, de façon
régulière.
M. Mailloux: Tout le temps de l'année, à la date de
naissance.
M. de Belleval: En tout temps de l'année et cela existe
aussi dans des pays européens, entre autres. Avec aussi
l'émission d'une plaque permanente plutôt que d'une plaque
semi-permanente. On a déjà fait des progrès avec la plaque
semi-permanente. L'autre étape, donc, ce serait la plaque permanente, ce
qui élimine aussi beaucoup de travail informatique, ou la plaque
britannique. Je pense qu'il y a certains États américains qui ont
maintenant la plaque permanente. Ce sont des étapes qu'il nous faut
maintenant franchir, la plaque permanente et le renouvellement de la plaque
à différentes périodes de l'année. Il y a
effectivement actuellement des études là-dessus au Bureau des
véhicules automobiles. J'ai bon espoir que, dans les prochains mois, on
en entendra parler et on pourra voir quand cela pourra être en
application.
M. Mailloux: II y a un autre avantage pour le citoyen.
M. de Belleval: C'est le seul moyen, vous avez raison,
d'augmenter la productivité du système et d'éliminer aussi
beaucoup d'erreurs.
M. Mailloux: II y a un autre avantage, quand on constate que la
période de fin de février ou de fin de mars est une
période creuse pour quantité de nos commettants, je
pense que, pour certains, évidemment, cela pourrait leur
permettre d'avoir quelques cents dans leurs poches, en particulier les
camionneurs qui sont dans le temps mort de l'année. Une quantité
d'autres activités sont dans le même cas.
M. de Belleval: Là, actuellement, évidemment, le
moyen d'améliorer les choses, c'est que la population utilise davantage
le système postal plutôt que de venir au bureau. Je pense que la
proportion des gens qui utilisent la poste est trop faible.
M. Mailloux: Tant que le système actuel demeurera.
M. de Belleval: Oui, tant que le système actuel demeurera.
Si on augmentait le système postal, déjà cela
améliorerait le service. Cependant, cette année, nous avons
donné des directives aux bureaux locaux pour qu'on puisse accepter des
chèques non certifiés. On sait qu'évidemment cela va
augmenter le nombre de recours, mais on se dit: Pourquoi pénaliser les
bons payeurs sous prétexte qu'il y a toujours une minorité,
disons, qui va nous faire des chèques qui vont rebondir? Alors, j'ai
demandé à ce qu'on accepte maintenant les chèques non
certifiés. Cela aussi devrait, je pense, quand même aider beaucoup
de personnes qui étaient obligées d'aller à une caisse
populaire, à une banque, faire certifier un chèque, aller durant
les dernières heures, les derniers jours, au bureau local pour obtenir
un renouvellement d'immatriculation. Mais, ceci étant dit, il faut aller
vers un système plus radicalement changé, c'est celui que vous
avez indiqué.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: C'est pertinent à l'étude du projet de
loi et est sûrement d'intérêt public. Le renouvellement de
l'immatriculation, en 1981, se fera à partir du renouvellement ou
remplacement des plaques ou à partir de l'émission d'un
collant?
M. de Belleval: D'un collant. C'est la deuxième
année que nous utiliserons le collant. La plaque, donc, commencera sa
troisième année pour ceux qui ont eu une plaque il y a deux ans.
On utilisera le collant. Je pense qu'on pourra garder la plaque actuelle encore
une ou deux autres années, donc continuer avec des collants pendant
encore une ou deux autres années, mais, comme le degré d'usure de
cette plaque sera marqué, il faudra, dans un an ou deux, émettre
une nouvelle plaque.
M. Gratton: Le ministre pourrait-il nous dire si le collant de
cette année, de 1981, sera d'une couleur différente de celui de
1980?
M. de Belleval: Le collant de cette année est vert, je
pense. Il était rouge l'an dernier.
M. Gratton: Oui.
M. de Belleval: Le collant est vert cette année.
M. Gratton: II sera apposé, j'imagine, dans le coin
inférieur droit?
M. de Belleval: Par-dessus le collant rouge.
M. Gratton: Ah! par dessus le collant rouge. Excellent! je n'y
avais pas pensé. Quel que soit...
M. de Belleval: II ne faut pas y voir une allusion politique
méchante.
M. Gratton: Non, c'est le vert sur le rouge. M. Samson est avec
nous depuis assez longtemps pour qu'on s'en accommode, M. le Président.
Indépendamment du sort que connaîtra le projet de loi no 18, qui
assurera le renouvellement de l'immatriculation pour 1981? Le BVA ou la
régie?
M. de Belleval: Ce projet de loi étant adopté, ce
sera la Régie de l'assurance automobile, juridiquement, qui va assurer
le renouvellement.
M. Gratton: Oui, sauf qu'en supposant que le projet de loi soit
sanctionné - il faudrait que ce soit demain, j'imagine - cela nous
ramène à la question qui était posée, je ne sais si
c'est le député de Bellechasse ou le député de
Nicolet-Yamaska qui y faisait allusion cet après-midi: À quel
point la régie est-elle prête à assumer l'ensemble des
fonctions du renouvellement d'immatriculation à la place du BVA?
M. de Belleval: Le transfert se fait en bloc des effectifs ou de
la direction générale du ministère, qu'on appelle le
Bureau des véhicules automobiles, qui est effectivement une direction
générale du ministère des Transports. Cette direction
générale, en bloc, sera placée sous l'autorité du
conseil d'administration de la régie. En pratique, cela ne change rien
au niveau des opérations courantes, mais, au lieu que le responsable de
ce service se rapporte au sous-ministre des Transports, il se rapportera,
à partir du moment où le projet de loi sera en vigueur, au
président-directeur général de la régie. Cela ne
change en rien les processus en
cours.
M. Gratton: En deuxième lecture, M. le Président,
j'ai évoqué des chiffres quant au nombre de fonctionnaires
impliqués. J'ai parlé de 1200 fonctionnaires au BVA et d'environ
250 à la régie. Est-ce à peu près cela ou y a-t-il
des...
M. de Belleval: Oui, c'est à peu près cela. Je peux
vous donner les chiffres exacts, mais c'est autour de cela à quelques
dizaines près.
M. Gratton: Une brève question, M. le Président. Le
système d'immatriculation par les caisses populaires, de façon
générale, le ministère est-il satisfait de la performance
des caisses populaires et, en même temps, disposons-nous de chiffres
quant au pourcentage, par exemple, des immatriculations totales faites par les
caisses par rapport à l'ensemble?
M. de Belleval: Oui, j'ai ces chiffres. Il faudrait que je les
retrouve dans mes papiers. Peut-être qu'on les aura d'ici la fin de la
séance. J'ai la répartition exacte entre le renouvellement par la
poste, le renouvellement dans nos bureaux et le renouvellement par les caisses
populaires.
Le renouvellement par les caisses populaires a été assez
difficile peut-être au début, parce qu'évidemment il y
avait une question d'apprentissage, mais, effectivement, l'année
dernière en particulier, le système a été
amélioré considérablement. On a renouvelé l'entente
avec les caisses populaires cette année et je pense que c'est
satisfaisant pour l'ensemble des parties et que la nouvelle entente incitera
les caisses populaires à faire encore un meilleur travail.
M. Gratton: Le ministre est-il en mesure de nous dire si
l'ensemble des caisses populaires a accepté d'être partenaire
à l'entente ou y a-t-il des régions quelconques qui ne sont pas
desservies adéquatement par les caisses populaires? Si oui, quelles sont
ces régions et de quelle façon prévoit-on compenser cette
lacune? (21 heures)
M. de Belleval: Dans l'ensemble, toutes les régions sont
couvertes. L'entente avec les caisses populaires est générale,
mais il reste à chaque caisse populaire le pouvoir d'être partie
ou non à l'entente faite avec les fédérations. Quand on se
rend compte - et on le sait suffisamment d'avance - que dans une
région... Cela peut être parfois dans un quartier urbain,
d'ailleurs. Règle générale, ce n'est pas tellement dans
les régions rurales mais dans certains quartiers urbains que certaines
caisses sont débordées. Surtout dans les banlieues, entre autres,
les nouvelles banlieues, où les caisses sont assez florissantes, souvent
leurs locaux sont inadéquats parce qu'elle ont grandi au cours des
dernières années. Elles ont de la difficulté à
accueillir les gens qui veulent renouveler leur permis ou leur immatriculation.
Dans ces quartiers, on a ouvert ou on ouvre des bureaux temporaires pour faire
face à la demande. Cela a été le cas, par exemple, de
Charlesbourg où il y a plusieurs caisses populaires, mais elles sont
toutes des caisses en...
M. Gratton: Vous portez une attention spéciale à
Charlesbourg.
M. de Belleval: Non, c'était avant que je sois ministre
des Transports. On l'a fait dans d'autres quartiers. Je le donne comme exemple
d'une banlieue qui est justement en expansion, où les caisses populaires
sont florissantes, mais à cause de cette expansion des caisses
populaires pour les services normaux, elles ne sont pas disponibles pour faire
le renouvellement de l'immatriculation. On a donc ouvert un bureau local.
Le Président (M. Lacoste): M. le
député...
M. Gratton: À ce sujet, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): D'accord.
M. Gratton: ...dans la région de l'Abitibi, par exemple,
n'a-t-on pas un problème spécial dans ce coin-là?
M. de Belleval: Oui. On a eu un problème, entre autres,
dans la région de La Sarre et on a fait des ententes
particulières avec le conseil de comté... en tout cas, avec un
organisme municipal. Cela s'est finalement résolu. On est très
attentif de ce côté. Je pense que ça va être,
justement, d'ailleurs, un des points importants de la réforme. Ce sera
très intéressant que la Régie de l'assurance automobile
s'en occupe. Un des points importants de la réforme que la régie
devra poursuivre, c'est l'étude de son implantation dans l'ensemble du
Québec. Il y a une revue de ça qui devra être faite, un
plan d'immobilisation nous sera présenté et la régie,
d'ici quelques mois, je pense, devrait être en mesure de présenter
au gouvernement un plan d'implantation régional. D'ailleurs, cela
donnera à la régie, pour les fins de l'assurance automobile comme
telle, aussi des points de communication avec les citoyens, qui seront
très nombreux, parce que, comme on le sait, actuellement, la
régie est centralisée à Québec et à
Montréal. Du coup de cette fusion, la régie, grâce au
Bureau des véhicules automobiles actuel, pourra donc communiquer
directement
avec les citoyens québécois pour les fins de l'assurance
automobile comme pour les fins de l'immatriculation d'une façon beaucoup
plus efficace sur l'ensemble du territoire. Je pense que ça aussi,
ça s'appelle une humanisation de la bureaucratie, un rapprochement de
cette administration des citoyens.
M. Gratton: On m'informe que dans le projet de loi no 12, je
crois, qui modifie le Code municipal, on a justement présenté un
amendement au Code municipal pour permettre aux municipalités
d'émettre l'immatriculation. Est-ce que ça s'inscrit dans une
politique qénérale du ministère de faire en sorte que
l'immatriculation soit rendue accessible au niveau des municipalités de
façon générale dans la province?
M. de Belleval: Non, je ne peux pas dire que ça
répond à un parti pris ou à un plan d'ensemble.
C'était, entre autres, pour répondre aux problèmes que
nous avions eus en Abitibi où on s'était rendu compte qu'on
n'avait pas le droit, strictement parlant, de confier cette
responsabilité à un conseil municipal ou à un conseil de
comté. On s'est rendu compte qu'au fond, c'était opportun de leur
confier cette responsabilité et on amende la loi pour légaliser,
ni plus ni moins, ces situations, en particulier la situation du
côté de l'Abitibi. Je ne peux pas dire que ça fait partie
d'un plan d'ensemble, mais ça donne une souplesse supplémentaire
pour établir des points de vente un peu partout sur le territoire.
M. Gratton: Ce que je voudrais clarifier, c'est si effectivement
- je pense que l'initiative est heureuse, surtout dans les régions
rurales ou plus éloignées - des corporations de comté ou
des municipalités qui en feraient la demande pourraient offrir ces
services à la population. Je présume donc que le ministère
ne sera pas réfractaire de façon générale à
accorder ces possibilités.
M. de Belleval: Non, pas du tout.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bellechasse. Ensuite, nous allons aborder l'article 1 de la loi.
M. Goulet: On va prendre de l'avance pour les articles et on vous
accordera cela en bloc demain matin peut-être, si vous le permettez.
M. de Belleval: Est-ce que je peux donner, M. le
député de Bellechasse, les proportions de renouvellement par
types de mandataires?
L'an dernier, sur 3,000,000 de renouvellements, il y en a eu 2,000,000
par les caisses populaires, 475,000 par les bureaux gouvernementaux, 500,000
par la poste, et il y en a eu 13,000 par des bureaux privés,
commerçants mandatés, garages, etc.
M. Gratton: On constate avec le ministre qu'effectivement, on
aurait avantage à...
M. de Belleval: C'est cela, c'est 500,000 sur 3,000,000. C'est
1/6. Ce n'est pas suffisant.
M. Gratton: II faut faire en sorte qu'on en renouvelle le plus
possible par la poste.
M. de Belleval: Oui.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bellechasse.
M. de Belleval: Je m'excuse. On voit que les caisses populaires,
les caisses d'économie sont devenues le pont central de chute.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bellechasse.
M. de Belleval: Pour la nouvelle entente, je vais faire faire la
recherche et je vous donnerai le résultat tout à l'heure.
Excusez-moi, M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: II n'y a pas de quoi, M. le Président. Je
pensais que le ministre voulait boycotter...
M. le Président, le ministre nous a dit à quelques
reprises que le transfert qui s'effectuerait serait un transfert en bloc. La
seule différence, c'est que le responsable, au lieu de se rapporter au
sous-ministre, va se rapporter au président-directeur
général de la régie, qui devient une nouvelle
régie.
J'imagine que vous n'avez pas proposé un projet de loi tout
simplement en pensant que cela pourrait être favorable. Il a dû y
avoir des études effectuées. J'imagine que vous ne garderez pas
le même personnel et que cela ne fonctionnera pas de la même
manière, parce que, sans cela, je ne vois pas l'utilité de
transférer tout cela.
Est-ce que des études ont été faites? Est-ce qu'il
y a une espèce de rapport qui pourrait être déposé,
afin d'éclairer les membres de la commission, afin qu'on puisse prendre
connaissance des avantages qui ont été perçus par ceux qui
ont décidé, soit le ministre, le BVA, la régie, le
gouvernement, le ministère, ou qui que ce soit? Est-ce qu'on est
prêt à fonctionner? Si la loi était adoptée à
minuit, par exemple, est-ce que, demain matin, vous êtes prêts
à fonctionner? Qu'est-ce qu'il va y avoir de changé? Est-ce que
c'est le même personnel, attitré aux mêmes tâches, aux
mêmes fonctions? Ce
sont des questions qu'on a le droit de se poser avant d'aller plus
loin.
M. de Belleval: À la suite de l'étude du Conseil du
trésor à laquelle vous avez fait allusion, qui a
été rendue publique il y a quelques mois, une des conclusions de
cette étude était qu'il fallait donner au Bureau des
véhicules automobiles une plus grande autonomie dans la gestion de ses
ressources que ce dont il disposait jusqu'alors. En particulier,
l'hypothèse retenue, c'était de faire du Bureau des
véhicules automobiles une régie autonome, pour lui permettre
d'obtenir davantage d'autonomie que ce qu'il est possible de faire dans les
cadres d'un service ministériel, les contraintes vis-à-vis du
Conseil du trésor, par exemple, le ministère de la Fonction
publique etc. Ces choses-là sont beaucoup plus étroites dans le
cadre d'un service gouvernemental que dans le cadre d'une régie. Une
régie, même si ses fonctionnaires sont nommés selon la Loi
sur la fonction publique, n'a qu'à faire approuver son plan
d'organisation supérieure et son plan d'équipements quand elle
prévoit des dépenses d'immobilisation au-delà d'un certain
montant, ou un plan triennal ou quinquennal comme dans le cas des
sociétés gouvernementales, par exemple. Une fois que ces grands
paramètres sont adoptés, que son règlement
général de gestion est adopté, approuvé par le
gouvernement, elle peut marcher seule, sans être obligée de
retourner au Conseil du trésor, etc., toutes les semaines pour faire
approuver telle ou telle dépense.
Au fond, quand on regarde ce qu'est le Bureau des véhicules
automobiles, c'est une usine, c'est un genre de chaîne de montage. C'est
une manufacture, sauf qu'au lieu de manufacturer des pièces
d'équipement, c'est un service qu'on donne à une
clientèle. Ce genre d'opération-là, au fond, c'est une
opération qu'on confie généralement à des
régies. Les ministères, par contre, sont plutôt
adaptés à élaborer des politiques et des programmes; ce
sont des organes essentiellement de planification, d'élaboration de
programmes ou de gestion directe, et même là, on se pose beaucoup
de questions. Il y a des États, on parlait de la Suède
tantôt, où même presque toute la gestion directe est faite
en dehors des ministères. Prenons ici le ministère de la Chasse
et de la Pêche qui administre encore des camps de chasse, etc., mais dans
un pays comme la Suède, ce serait administré par une
régie. Ce sont des opérations de type commercial, c'est de la
gestion.
Dans le cas des Transports, d'ailleurs c'est un bel exemple, on
administre beaucoup de choses directement. Dans tous les États
américains ou les provinces du Canada, les trois quarts de ce que le
ministère des Transports fait au Québec en matière de
voirie est administré par des conseils de comté ou des
municipalités régionales ou des municipalités. Nous sommes
un État plus jacobin que les autres, on a centralisé davantage de
choses que dans d'autres provinces ou dans d'autres pays, mais je pense que, de
ce point de vue là, l'enseignement de l'administration publique et
l'exemple des autres provinces nous démontrent qu'on aurait plutôt
avantage justement à décentraliser, à
déléguer la gestion plutôt qu'à encombrer
l'administration publique de gestion directe. En tout cas, c'est la voie qu'ont
suivie d'autres pays, d'autres provinces, d'autres États en
Amérique du nord ou en Europe. Ça se situe dans cette philosophie
générale, le genre de gestes que l'on pose aujourd'hui. De ce
point de vue, il ne s'agit donc pas d'un précédent, il s'agit, au
contraire, d'une direction qui est recommandée partout et qui est suivie
partout.
M. Goulet: Nous avons formulé plusieurs questions, lors de
l'étude en deuxième lecture. Vous allez dire: C'est
adopté, on n'y revient pas. Quand même, il y a des questions qui
n'ont pas reçu de réponses. Tout à l'heure, en
réponse à une question formulée par le
député de Charlevoix au sujet de l'augmentation des primes, etc.,
vous avez dit que c'est en juin dernier, je pense, que Mme Sautiau...
M. de Belleval: Cet plutôt en mars ou en avril, je
pense.
M. Goulet: Non, en juin dernier, Mme Sautiau nous faisait part
d'une hausse presque inévitable de la contribution pour
l'immatriculation de 1981-1982. Quelques mois plus tard, elle nous disait, en
déposant une tarification pour 1981-1982, qu'il n'y aurait pas de hausse
de primes. Tant mieux, mais pour annoncer le maintien de cette prime, on se
rappellera qu'on s'était basé sur une étude actuarielle
qui datait du mois d'août, où il était mentionné que
le nombre de victimes blessées ou tuées accuserait une baisse de
l'ordre de 20%. C'est d'ailleurs le chiffre que vous avez ramené tout
à l'heure. 20% de baisse sur les études de février, de six
mois en six mois.
M. de Belleval: Sur les prévisions.
M. Goulet: Prévisions sur prévisions. Mais il
semblerait que ces études sur lesquelles on s'est basé pour
maintenir la prime, pour dire qu'il n'y aura pas d'augmentation de prime, ces
études n'étaient pas basées sur les bons chiffres qui
avaient été fournis par le BVA. Est-ce vrai? On peut penser
qu'ils ont été faussés par exprès, je ne veux
accuser personne, mais on peut penser qu'il y a eu une erreur. On a
dit: II n'y aura pas d'augmentation de prime parce que, d'après
nous, les taux de mortalité vont diminuer de 20%. Mais on s'est
aperçu qu'on s'était basé sur des chiffres faux. Juste
comme exemple, je pense que c'est au mois de mai, on avait pris trois mois,
avril, mai et juin ou mars, avril et mai, je ne sais pas trop. Juste au niveau
des décès, les chiffres qui avaient été fournis par
le BVA pour faire ces études n'étaient pas les bons. On
s'était trompé de 30%. (21 h 151
Si on avait étudié les bons chiffres, si le BVA nous avait
donné les bons chiffres, on doit comprendre qu'il y aurait eu une hausse
de primes. La question que tout le monde se pose, est celle-ci: Est-ce qu'une
des raisons majeures - je ne veux pas faire monter le ton de la conversation;
le ministre discute sereinement avec tout le monde - ne serait pas qu'on devra
connaître une hausse évidente des primes, parce qu'on s'est
aperçu que les chiffres n'étaient pas bons? Étant
donné que la loi constituant la régie ne permet pas à la
régie d'arriver avec un déficit, on devrait hausser les primes.
Mais là on va - excusez le mot, M. le Président -faire un
"melting pot". On va dire: On va être obligé d'exiger plus cher.
Mais ce n'est pas à cause de la Régie de l'assurance automobile.
C'est parce que là on s'occupe de l'émission des plaques, on
s'occupe de ceci et de cela. On va aller chercher un dollar ou deux - comme je
l'ai dit ce matin - $4,000,000, $5,000,000 de plus et on va arriver encore, en
se pétant les bretelles, en disant: Cela fait cinq ans qu'on n'a pas
augmenté les primes. Ce ne serait pas là une des raisons
majeures?
M. de Belleval: Non.
M. Goulet: Vous vous tenez le bout du nez avant de
répondre. Est-ce pour ne pas qu'il bouge?
M. de Belleval: Non, vous pouvez apporter le détecteur de
mensonges, si vous voulez, mais le pire crime, en politique, c'est
effectivement de conter des mensonges. Je n'ai pas l'intention de m'adonner
à cette forme de criminalité.
Sérieusement, pour reprendre les principaux
éléments de votre exposé, les actuaires se basent sur des
prévisions procentuelles. Est-ce que, par exemple, par rapport à
l'année précédente, le pourcentage en valeur - mais aussi
en nombre, enfin, il faut faire des ajustements, d'ailleurs, de ce
côté - des réclamations va augmenter, va se stabiliser ou
va diminuer? Pour établir la tendance prévue, ils se basent, bien
sûr, sur les chiffres de la période au moment où ils font
la prévision et ils comparent cela à la période
précédente.
L'important c'est qu'il y ait une constance entre les différents
chiffres qu'ils utilisent, autrement dit, qu'ils utilisent toujours la
même base. Pour reprendre votre observation, il est vrai qu'il y a
toujours un délai entre le moment où survient un accident et le
moment où cet accident est enregistré statistiquement au Bureau
des véhicules automobiles. C'est évident que si vous me demandez
combien il y a eu de morts au Québec jusqu'à ce matin, je vais
vous donner des statistiques qui vont être fausses, parce qu'il y a eu
des morts hier, avant-hier ou même il y a deux semaines qui ne sont pas
encore enregistrées pour différentes raisons. C'est le
délai de transmission de l'information. Dans ce sens, le chiffre sur
lequel on se base est en chiffres absolus, faux, parce qu'il y a un
décalage entre le moment où l'information est enregistrée
et celui où les faits se sont produits. Mais ce n'est pas important pour
autant que les décalages sont toujours les mêmes et que la marge
d'erreurs en chiffres absolus soit toujours la même, d'une période
à l'autre. C'est ce qui se produit.
La régie est obligée de fixer ses primes annuellement.
C'est évident qu'utiliser des études actuarielles complexes pour
fixer des primes annuellement, à partir de statistiques très
récentes, c'est plus compliqué que de fixer des primes, par
exemple, sur une base de deux ou trois ans, en prenant des statistiques sur des
périodes de deux ou trois an. En particulier dans le domaine des
accidents d'automobile, on le voit quand on regarde les statistiques des dix
dernières années, il y a quand même des variations assez
importantes d'une année à l'autre en chiffres absolus, mais
surtout aussi en chiffres relatifs. Comme je l'ai dit, ce sont les chiffres
relatifs qui comptent bien plus que les chiffres absolus pour établir
ces prévisions. Cela explique évidemment la fiabilité de
la prévision; elle ne peut pas être aussi grande sur des bases
courtes comme cela que sur une base de deux ou trois ans, mais il n'en reste
pas moins que pour se prémunir contre un "traficage" de la fixation des
primes, on a obligé la régie à le faire annuellement et
à refaire ses études actuarielles, à toutes fins utiles,
de trois mois en trois mois.
De ce point de vue, non, je peux assurer le député qu'au
moment où la régie a fixé ses primes, elle était en
possession d'une information exactement de la même qualité que les
années précédentes et que c'était au mieux de sa
connaissance qu'elle a fixé ces primes. Il n'y a pas de raison de croire
qu'il y aurait lieu de les changer maintenant.
M. Goulet: On n'a pas raison, comme cela. Cela fait longtemps
qu'on en parle. On se rappelle que cette fameuse étude a
été
effectuée au mois d'août; on ne s'est pas basé sur
des chiffres d'une semaine ou deux avant. L'erreur qui s'est produite est sur
les chiffres du mois de mai. Il y aurait donc trois mois au niveau de la
compilation des statistiques. Les chiffres qu'aurait fournis le BVA aux
actuaires auraient été, par exemple, de 114 morts au lieu de 144.
Je vous donne cela sous toute réserve, cela peut varier d'un ou deux. Il
y aurait eu une erreur de 1 à 4 et, vraiment, ce peut être une
erreur de frappe, ce peut être une autre erreur.
La question que tout le monde s'est posée est que l'étude
actuarielle du mois d'août devait dévoiler les primes pour
l'année qui vient. Je le dis sans méchanceté, mais tout le
monde au Québec était en droit de s'attendre...
C'est-à-dire que si on avait eu les bons chiffres, on aurait eu une
augmentation des primes. C'est l'étude actuarielle qui le dit.
M. de Belleval: C'est-à-dire que... Non, non.
M. Goulet: Si vous me permettez de finir... Vous allez me dire
que c'est peut-être chercher des puces, mais... On est au mois
d'août, on s'est basé sur des chiffres de mai, on se trompe de
30%. Il y a eu une erreur, juste une erreur. Ce peut être une erreur de
frappe voulue, je ne le sais pas; si on avait eu les bons chiffres,
probablement que les primes auraient été à la hausse, mais
tout le monde s'attendait à ce qu'on ait des élections
générales en novembre, c'est-à-dire que c'était la
dernière étude actuarielle qui sortait avant les élections
générales.
Là, il faut se rendre à l'évidence, il faut
augmenter. Au lieu d'augmenter - on ne l'a pas fait et on ne veut pas le faire
parce que ces élections n'ont pas eu lieu - on unit ces deux organismes
pour aller chercher d'autres sources de financement indirectement et pouvoir
dire: C'est réglé. Le ministre nous certifie-t-il que ça
n'a jamais été dans l'esprit de qui que ce soit ni au
ministère, ni au BVA, ni au gouvernement, ni au ministère des
Finances, ni au niveau des stratèges d'une formation politique? Le
ministre peut-il nous dire qu'il n'a jamais été question de cela?
Non?
M. de Belleval: Oui, je peux lui dire qu'effectivement il n'a
jamais été question de cela. La meilleure garantie,
d'ailleurs...
M. Goulet: D'accord.
M. de Belleval: ... qu'il ne peut pas être question de
cela, c'est que tout est établi par un conseil d'administration qui est
le conseil d'administration de la régie. Ce n'est pas le
ministère des Transports, ce n'est pas le Bureau des véhicules
automobiles, ce n'est même pas le gouvernement qui fait faire ces
études actuarielles et qui fait les propositions de primes. Ce que vous
suggérez par votre question, c'est que le ministre des Transports ou le
ministre des Consommateurs, puisque à ce moment-là c'était
encore sous l'autorité du ministre des Consommateurs, aurait dit
à la présidente de la régie qui, elle-même, l'aurait
dit ensuite à son chef actuaire qui l'aurait dit à son conseil
d'administration: Écoutez, il y a des élections qui s'en viennent
au mois de novembre, etc. - tout le scénario que vous faites - et, par
conséquent, vous allez m'ajuster vos propositions en fonction de
cela.
Quand on sait comment un gouvernement est une passoire... D'ailleurs, on
en a des preuves tous les jours, l'Opposition a toutes sortes de renseignements
qui lui viennent directement de fonctionnaires qui sont d'ailleurs, à
mon avis, déloyaux, mais en tout cas, je passe là-dessus; ils
fournissent les renseignements à l'Opposition. Entre autres, le plus bel
exemple est... Il suffit qu'il y en ait deux ou trois dans une boîte de
1000 et ça vient de s'éteindre, comme le disait un ancien comique
québécois. Ou, au contraire, ça vient de s'allumer du
côté de l'Opposition. On sait ce qui s'est produit dans le cas de
la première recommandation de la réqie qui a été
faite au gouvernement. Le lendemain du conseil d'administration, un journaliste
de Radio-Canada avait le document entre les mains. Il faut que Xérox,
comme disait Daniel Johnson, fonctionne drôlement vite.
Alors, vous pensez que dans ce contexte le ministre pourrait, comme
cela, faire trafiquer par une présidente de régie, son conseil
d'administration et ses actuaires les tarifs? Voyons donc! c'est absolument
impossible.
M. Goulet: Ce n'est pas cela que j'ai dit. Pas besoin d'avoir
tout ce monde. Il s'agissait de changer un chiffre au BVA, quand on a
donné les formules aux actuaires, et le tout était
réglé. Le ministre a confiance dans la régie. Moi aussi,
j'ai confiance en elle. Mais, regardez, il y a eu des sondages de faits, des
études, à savoir si la population était satisfaite. Cela a
été...
M. de Belleval: Je vais vous lire un mémo qui va
démontrer justement pourquoi la régie a fixé les primes au
niveau où elles les a fixées. C'est un mémo de l'actuaire
du service de l'actuariat qui dit très bien que la régie, au
moment où les primes ont été fixées, avait
enregistré, par exemple, 551 réclamations de décès,
à la suite d'accidents pour les sept premiers mois de 1980, de mars
à septembre. On se fie à la période en cours. Par rapport
à la période précédente, il s'agit d'une diminution
de 13,8% par rapport aux 639 réclamations enregistrées pour
la
même période en 1979. La régie, elle, reçoit
13,8% de réclamations de moins en 1980 qu'en 1979. Maintenant, elle va
voir du côté du BVA pour faire un contrôle et le BVA lui
indique pour sa part une diminution de 13,1% dans le nombre de victimes
tuées pour la même période, c'est-à-dire 979 par
opposition à 1127 en 1979. On voit qu'il y a une corrélation
parfaite entre les statistiques du BVA et les statistiques telles que les
perçoit elle-même la Régie de l'assurance automobile.
Dans un cas, diminution de 13,8%, dans l'autre cas, diminution de 13,1%
et, évidemment, la différence minime, 13,8%, 13,1%, c'est le
délai de transmission. L'actuaire dit qu'effectivement dans ce contexte
le chiffre de 855 décès qui a servi à la
détermination du coût apparaît conservateur. Donc,
contrairement à ce que vous venez de dire, s'il y a eu une erreur -c'est
un rapport du mois de novembre - s'il y a eu une erreur de faite dans les
prévisions, c'est du côté du conservatisme dans le sens
que, malgré le fait qu'il n'y a pas d'augmentation de prime, on pourrait
prétendre qu'on est encore plus conservateur qu'on aurait dû
l'être, d'après le service d'actuariat de la régie. On dit:
Ce chiffre fut établi en prenant le réel pour les trois premiers
mois et en supposant une augmentation de 5% pour les neuf autres mois, ce qui
donnait une augmentation nulle pour l'ensemble de 1980 par rapport à
1979.
Comme on le voit, non seulement il n'y aura pas d'augmentation nulle de
1980 par rapport à 1979, mais, en tout cas, au mois de novembre, on
voyait qu'il pouvait y avoir une diminution de 13,8%. Au mois de novembre, cela
peut changer au mois de décembre, etc., cela va dépendre de ce
qui se passe au mois de décembre et de ce qui va se passer durant les
Fêtes, etc. C'est réajusté.
M. Gratton: On aura peut-être une réduction des
primes.
M. de Belleval: Le député de Bellechasse laisse
entendre que peut-être il aurait dû y avoir une augmentation.
Là, je lui donne le rapport de la régie qui dit qu'en fait les
prévisions sont encore, de son point de vue, trop conservatrices. (21 h
30)
M. Goulet: M. le Président, ce dont j'ai peur quant
à une régie... Regardez, au niveau d'un système, quel
qu'il soit, par exemple, celui du Québec, nous avons le
législatif, nous avons le judiciaire, nous avons l'exécutif. Ce
sont trois chapeaux complètement différents et personne n'a le
droit d'aller patauger dans les affaires de l'autre. Là, la régie
va décider, va juger, va administrer, elle va tout faire. Il faut avoir
une confiance aveugle. Il faut avoir une bonne régie. À un moment
donné, elle va tout faire. Elle fait même ses propres sondages.
C'est la régie des sondages que vous avez pour savoir si les gens sont
satisfaits ou pas. Les actuaires, ce sont les actuaires de la régie.
Elle va décider des permis. Elle va décider d'enlever les permis,
de les donner. Elle va administrer la sécurité. La régie
va tout faire. Mais il faut que vous ayez une confiance aveugle en cette
régie-là ou en ceux qui vont la diriger.
M. de Belleval: Non, on n'aura pas une confiance aveugle. Je
pense que ce ne serait pas une bonne politique d'avoir une confiance aveugle
dans n'importe quel organisme gouvernemental.
Par contre, vous voyez très bien, par les exemples, par la
discussion qu'on vient d'avoir, comment ce sera utile, pour la bonne
administration de la régie, que toutes ces statistiques-là soient
maintenant compilées sous une même autorité et non pas des
statistiques compilées par le BVA d'un côté à
travers un système et ceux de la régie de l'autre. Je pense que
c'est un premier exemple flagrant qui démontre comment cette
coordination, cette concertation sera bien plus facile au sein d'un même
organisme que c'est le cas actuellement. Mais comme je l'ai indiqué
tantôt, le gouvernement, en vertu de la loi, vos articles 4, 13 et 14, se
garde un droit de regard sur les opérations de la régie.
Deuxièmement, en vertu de la loi de la régie actuelle,
vous savez très bien qu'il existe déjà des
mécanismes de sauvegarde pour le citoyen) entre autres, il y a appel des
décisions de la régie dans la fixation d'une indemnité.
Cet appel, d'ailleurs, peut se rendre jusqu'à la Commission des affaires
sociales.
Dans le cas maintenant de l'application du Code de la
sécurité routière, là encore, des sauvegardes sont
prévues pour le citoyen, au profit du citoyen. Si, par exemple, un
fonctionnaire, autrefois du Bureau des véhicules automobiles, maintenant
de la Régie de l'assurance automobile, refuse l'émission d'un
permis de conduire, un droit d'appel est prévu. Dans ce cas-là,
c'est auprès d'un juge de la Cour provinciale. En plus de cela, comme
vous l'avez, vous-même ou votre collègue, très bien
illustré, d'autres mécanismes sont prévus. Il y a d'abord,
bien sûr, le mécanisme parlementaire comme tel qu'on connaît
bien, la période des questions, l'intervention d'un député
auprès du ministre, etc., et il y a aussi le Protecteur du citoyen. Je
ne connais pas de système public qui prévoie autant de sauvegarde
pour les citoyens que le régime de ces régies à
l'intérieur du régime parlementaire que l'on connaît.
À mon avis, je pense que vous serez d'accord avec cela, un
citoyen est mieux
équipé pour faire face à une régie
gouvernementale, dans le contexte parlementaire que nous connaissons et dans le
contexte des lois et des appels, entre autres des mécanismes de
surveillance comme le Protecteur du citoyen qui sont prévus, que le
même citoyen face à une compagnie privée. On peut tous
mentionner de mauvaises expériences qu'on a eues avec des entreprises
privées. Je peux vous mentionner une expérience furibonde que
j'ai eue avec une organisation mondiale dans le domaine des cartes de
crédit. C'était loin d'être drôle. Pourtant, c'est ce
qui est le nec plus ultra dans le domaine. J'ai acheté une automobile,
il y a environ un an et demi. Vous devriez voir les difficultés que j'ai
eues avec une des plus grandes entreprises mondiales de fabrication
d'automobiles. Je pense que, comme citoyen, je me sens beaucoup plus
protégé quand je fais affaires avec un organisme d'État au
Québec qu'avec une société privée de ce
type-là.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
M. le Président, tout à l'heure, le ministre a
donné des chiffres: 2,000,000 de plaques ont été
émises par les caisses populaires, 500,000 par la poste et, même
à deux occasions, le député de Gatineau avait l'air de
favoriser l'envoi par la poste. Ce n'est pas que j'en veuille aux bureaux de
poste. C'est sûr que je préfère les caisses populaires aux
bureaux de poste. Mais quel est le coût pour une personne qui ira
immatriculer son véhicule à une caisse populaire? Quelle est la
différence par la poste? Est-ce que cela coûte plus cher au
gouvernement si on achète nos plaques aux caisses populaires ou si on
les achète directement par la poste?
M. de Belleval: Cela s'équivaut. Dans un cas,
évidemment, il faut payer à la caisse populaire des frais par
transaction. Le député de Charlevoix me demandait le montant des
frais tantôt. Pour les transactions ordinaires, c'est $1.50 par
transaction que nous payons aux caisses populaires. L'an dernier, c'est environ
$4,200,000 qu'on a versés aux caisses à ce titre. L'un dans
l'autre, les coûts s'équivalent.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Les coûts s'équivalent, sauf qu'il y a une économie;
quand vous prenez $2,000,000, à $0.17, on va faire $4,000
d'économie de timbres.
M. de Belleval: Ce qu'on regagne en timbres, on le perd dans
autre chose. L'un dans l'autre, ça s'équivaut.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
N'est-il pas possible aussi qu'on limite les permis de conduire aux
caisses populaires?
M. de Belleval: Pour les permis de conduire, comme on le sait, le
problème est grandement simplifié parce que le permis est valide
pour deux ans maintenant et il est renouvelé sur une base
journalière à la date de naissance de l'individu.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, simplement une remarque. Le
ministre faisait allusion aux mauvaises expériences qu'il a eues avec
l'entreprise privée, que ce soient les cartes de crédit ou les
manufacturiers d'automobiles. Cependant, il reconnaîtra que,
contrairement à une régie d'État, le citoyen a toujours au
moins la chance de s'adresser à un autre manufacturier d'automobiles ou
à une autre entreprise privée.
M. de Belleval: Quand vous avez acheté une automobile,
vous êtes pris avec. Au bout d'un mois, c'est fini et vous êtes
pris avec votre concessionnaire ou avec la compagnie. Vous essayez de vous en
sortir. Si vous êtes pris avec un citron, vous êtes pris avec un
citron. Vous ne pouvez pas écrire à votre député.
Vous ne pouvez pas faire appel au Protecteur du citoyen. Vous n'avez pas de
mécanisme à l'intérieur de la compagnie pour obtenir quoi
que ce soit...
M. Gratton: Vous pouvez faire appel...
M. de Belleval: ...de redressement. Vous êtes pris dans une
bureaucratie terrible.
M. Gratton: ...au service de la protection du consommateur.
M. de Belleval: Le citoyen ordinaire est écrasé
dans ce domaine-là.
M. Gratton: Vous pouvez faire appel au Better Business
Bureau.
M. de Belleval: Ah! oui.
M. Gratton: Vous pouvez en définitive changer
d'entreprise.
M. de Belleval: Ah! oui, au bout de trois ans, vous pouvez
acheter une automobile ailleurs d'un autre concessionnaire, mais après
avoir perdu $1000.
M. Gratton: Oh! oui. Quand on fera affaires avec la Régie
de l'assurance automobile, je pense bien qu'on n'aura pas le choix d'aller
ailleurs.
M. de Belleval: Je pense que vous allez être de bon compte
avec moi et admettre, M. le député de Gatineau, qu'un citoyen,
à mon avis, dans notre système démocratique actuel, dans
le système parlementaire que l'on connaît ici au Québec,
avec les mécanismes que l'on a prévus dans les lois -je ne parle
pas du gouvernement actuel, je parle de tous les gouvernements, ça fait
partie de notre système politique - est mieux armé pour faire
face à une régie gouvernementale qu'à une grande
entreprise privée.
M. Gratton: Je regrette de décevoir le ministre, mais je
ne suis pas du tout de son avis. Au contraire. Je considère - et j'en ai
l'expérience chaque jour dans mon bureau de comté, M. le
Président - que la bureaucratie, l'appareil étatique est tel que
je ne partage pas du tout son point de vue. Quoi qu'il en soit, M. le
Président, il y a une question qui avait été
soulevée au cours du débat cet après-midi par le chef de
l'Opposition officielle et je pense que le ministre ne l'a pas relevée
dans son discours de réplique,
M. de Belleval: ...
M. Gratton: Non, je ne lui en fais pas le reproche, mais je
voudrais lui donner la chance de nous fournir les informations demandées
cet après-midi, à savoir: Qu'est-ce que les provinces du
Manitoba, de la Saskatchewan ou de la Colombie-Britannique font quant à
l'émission des permis de conduire, de l'immatriculation, ces provinces
ayant un système sinon analogue, tout au moins semblable au nôtre
quant à l'assurance automobile?
M. de Belleval: II y a quand même des différences
fondamentales entre le système de ces provinces et notre système
à nous. Notre système, entre autres, écarte totalement la
responsabilité comme moyen de recours et de fixation de...
M. Gratton: Mais la question ne portait pas sur le régime
d'assurance automobile comme tel, mais sur l'intégration proposée
par le projet de loi no 18.
M. de Belleval: Parce que, justement, le système n'est pas
basé sur les mêmes principes ou n'est pas appliqué de la
même façon que chez nous, il n'est pas possible pour eux
d'intégrer les fonctions que nous voulons intégrer actuellement
au sein des régies d'assurance automobile. Les régies d'assurance
automobile dans ces provinces, leur financement, leur mode de fonctionnement
sont totalement différents de ceux de notre Régie de l'assurance
automobile.
M. Gratton: J'en conviens, M. le Président. Je dis
simplement que le ministre reconnaît que nulle part ailleurs au Canada
n'a-t-on considéré valable ou souhaitable d'incorporer la
fonction d'émission des permis de conduire à
l'immatriculation.
M. de Belleval: Au contraire. On a eu des rencontres avec, entre
autres, les gens de la Saskatchewan et les gens de la Colombie-Britannique, qui
aimeraient beaucoup suivre notre exemple de ce côté-là. Ils
envient notre régime et ils envient entre autres sa souplesse qui nous
permet de faire ce qu'on fait aujourd'hui. Mais-, comme leur système
n'est pas le même que le nôtre, ils ne peuvent le faire dans les
circonstances actuelles. Je dois dire qu'on a eu des contacts avec de nombreux
États américains, qui envient beaucoup notre système
actuellement. Souvent, ils ont des contraintes politiques et ne peuvent pas
appliquer le même régime que le nôtre. Mais je peux dire
que, à la suite des rencontres qu'on a eues, tant au niveau des hommes
politiques de ces États ou de ces provinces canadiennes qu'au niveau des
fonctionnaires, que notre régime est loué universellement.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle l'article...
M. Gratton: M. le Président, si le député de
Maisonneuve me le permet, à la suite des remarques que vient de faire le
ministre, je constate avec lui que ni en Saskatchewan, ni en
Colombie-Britannique, ni au Manitoba, où il y a un système
d'assurance automobile étatique, complet ou partiel, on a jugé
bon, quelles que soient les raisons, d'incorporer la fonction d'émission
de permis d'immatriculation des véhicules avec l'administration du
système d'assurance automobile.
Le ministre nous dit qu'on nous envie partout aux États-Unis et
au Canada, je me permets d'en douter, et je me permets d'autant plus d'en
douter, M. le Président, qu'au Québec même, un très
grand nombre de citoyens ne sont pas du tout satisfaits et ne nous
félicitent pas nécessairement d'avoir adopté le programme
d'assurance automobile qu'on a depuis trois ans.
De toute façon, ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Le ministre a
répondu à ma question. Quant à moi, j'en aurais une
dernière, mais je permettrai au député de Maisonneuve, qui
en brûle d'envie, de poser une question, et je dirai, M. le
Président, soyez sans crainte, que les questions qu'on pose avant
d'aborder l'article 1, je vous en assure, on trouverait le moyen de les poser
en cours de route. Il n'y a pas de perte de temps.
Le Président (M. Lacoste): Je ne doute
pas de cela. M. le député de Maisonneuve, en rappelant que
l'ordre de la Chambre est d'étudier le projet de loi no 18 article par
article.
M. Lalande: M. le Président, simplement une question
préalable. Je m'excuse d'avance auprès du ministre si
déjà il a répondu à la question que je veux lui
poser, parce que j'ai été absent un certain temps.
Il a mentionné tout à l'heure le plan d'organisation
supérieure. Est-ce qu'il est à même, à ce stade-ci,
non pas de déposer le plan d'organisation supérieure, parce qu'on
convient qu'il doit être accepté par le Conseil du trésor
et qu'à ce stade-ci, on est encore à l'étude de la loi,
mais a-t-il un projet de plan d'organisation sur la façon de fonctionner
de la nouvelle régie, et comment sera incorporé le BVA, de
façon assez précise, assez technique? J'aimerais aussi lui
demander, si le bureau juridique, qui ne fait pas partie du BVA proprement dit,
mais qui est rattaché au ministère de la Justice, y sera inclus
sous la direction de la nouvelle régie?
M. de Belleval: Non. Effectivement, le bureau juridique
continuera d'être placé auprès du ministère de la
Justice, qui est responsable d'intenter des poursuites en vertu du Code de
sécurité routière.
M. Lalande: Est-ce que vous me permettez une question juste sur
ce point? Est-ce que les officiers, les avocats qui seront au bureau juridique,
seront sous la direction de la régie?
M. de Belleval: Non.
M. Lalande: II existe plusieurs cas où les avocats du
ministère de la Justice sont prêtés, jusqu'à un
certain point. Pas dans ce cas-ci?
M. de Belleval: Pas du tout. C'est totalement autonome par
rapport au Bureau des véhicules automobiles actuel. Et ce sera la
même chose par rapport à la Régie de l'assurance
automobile.
Oui, effectivement, nous avons un projet de plan d'organisation
supérieure, qui a d'ailleurs été soumis au Conseil du
trésor, mais qui ne peut être mis en vigueur tant que la loi n'est
pas adoptée. (21 h 45)
En vertu de ce plan d'organisation supérieure, comme je viens de
le dire, les fonctions actuellement dévolues au Bureau des
véhicules automobiles continueront d'être administrées en
bloc par la Régie de l'assurance automobile comme une des directions
générales de la régie de la même façon
qu'actuellement. Il s'agit d'une direction générale du
ministère des Transports.
Il y aura peut-être quelques petites modifications par rapport
à ce principe général, entre autres la gestion de la
sécurité routière qui est actuellement à
l'intérieur du BVA. Elle sera plutôt rattachée à un
service général, parce qu'il s'agit d'une fonction
générale qui touche à l'ensemble des
responsabilités de la Régie de l'assurance automobile. Il en sera
de même pour les services financiers.
M. Lalande: Je voudrais aller un peu plus loin que l'organigramme
proprement dit et vous demander de décrire quel est le genre de plan de
redressement par rapport au BVA. Si vous voulez changer la loi, c'est parce que
quelque chose ne va pas quelque part.
M. de Belleval: Oui, d'ailleurs cette question-là rejoint
celle qu'a posée tantôt le député de Bellechasse et
à laquelle je n'avais pas répondu parce qu'il y avait plusieurs
éléments dans sa question. Je n'avais pas répondu à
cet aspect-là.
À court terme, le principe général c'est que
l'ensemble des effectifs est transféré à la Régie
de l'assurance automobile. Maintenant...
M. Lalande: Est-ce environ 2000? M. de Belleval: 1300.
M. Lalande: 1300, c'est ce qui est actuellement à la
régie...
M. de Belleval: Non, ce qui est actuellement au Bureau des
véhicules automobiles ou dans les services du ministère; ceux qui
travaillent exclusivement au Bureau des véhicules automobiles seront
transférés à la régie.
M. Lalande: Ces 1300 et ceux de la régie forment un total
de combien?
M. de Belleval: Environ 1500, 1550, à quelques dizaines
près.
M. Lalande: D'accord.
M. de Belleval: À court terme, c'est la situation. Tout le
monde admettra qu'il est raisonnable de penser qu'à court terme on ne
fasse pas de changements pour assurer une transition harmonieuse; mais au fil
des mois, ce sera la mission de la Régie de l'assurance automobile de
continuer la mise en application des plans de redressement que nous avons mis
en place à la suite des études faites en 1979, afin d'en arriver
à une meilleure gestion au sein du Bureau des véhicules
automobiles. Ce sera la
responsabilité de la régie de poursuivre l'application de
ces plans-là, d'en prendre connaissance, d'en poursuivre l'application
et de les changer aussi conformément aux jugements qu'ils porteront sur
l'opportunité des plans qui sont déjà en place.
On a bon espoir, on est convaincu que la productivité du
système peut être augmentée. J'ai indiqué
tantôt, un peu avant que vous n'arriviez, en réponse aux questions
du député de Charlevoix, quelques-uns des moyens que l'on
envisage pour augmenter cette productivité, donc, éventuellement,
en arriver à une diminution entre autres des effectifs
nécessaires. À ce moment-là on emploiera les moyens qu'on
utilise généralement dans l'administration publique pour
réaffecter des effectifs qui sont en trop quand il faut en
réaffecter au-delà la restriction normale qu'on trouve dans tout
ministère.
M. Lalande: En d'autres mots, un des mandats de la régie
sera effectivement d'étudier et de faire rapport, à savoir
comment on peut rendre le système plus efficace. Cela ne relèvera
pas nécessairement du Conseil du trésor qui va faire des
vérifications ou...
M. de Belleval: Non, mais il en résulte une modification
sur le plan de l'effectif, fatalement, et il en résulte aussi souvent
une modification sur le plan de l'organisation supérieure. Or, ces deux
plans, de l'effectif et de l'organisation supérieure, doivent en temps
et lieu être soumis au Conseil du trésor qui avise.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Étant donné qu'on parle toujours de
cette fusion, il faut qu'il y ait des avantages. Est-ce que le ministre ou les
dirigeants de la régie, qui ne sont pas ici mais qui répondent
par la voie du ministre, croient aux études actuarielles sur lesquelles
on se base pour fixer le taux des primes? Est-ce que vous croyez en ces
études-là?
M. de Belleval: Écoutez, c'est un peu comme
l'oxygène que je respire, je suis bien obligé d'y croire, je
pense.
M. Goulet: Est-ce que le ministre...
M. de Belleval: Non, je pense que toutes les entreprises du
même genre doivent faire appel aux études actuarielles pour
établir leur plan de financement.
M. Goulet: Quand je pense, M. le Président, que cette
fusion peut être dans le but de cacher certaines augmentations de
primes...Est-ce que le ministre sait que dans le rapport des actuaires on
prévoit que la régie aura un déficit d'opération de
$37,000,000 pour l'année 1981-1982, déficit que l'on compte
éponger, avec les surplus accumulés? Est-il vrai que si la
régie est obligée d'utiliser tous ses surplus à cause
d'erreurs de prévisions, on devra payer 48% de plus de primes en
février 1982? Cela veut dire 14 mois.
C'est dans le rapport des actuaires. Je ne me souviens pas, il y a un
tableau à la fin - j'y rêve presque, je le connais presque par
coeur - à la troisième ou quatrième page de la fin, il y a
un tableau où on dit cela. C'est ce que vos actuaires prévoient.
En admettant que, selon les actuaires, en 1982, il n'y aura pas de surplus, on
devra subir une augmentation de prime de 48%. Est-ce qu'on ne veut pas la faire
paraître, cette augmentation, et aller la cacher un petit peu partout,
puis chercher une piastre ou deux, comme je l'ai dit ce matin, et aller
chercher quelques millions?
M. de Belleval: D'accord. Comme je l'ai indiqué...
M. Goulet: Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le rapport.
M. de Belleval: ...en deuxième lecture, et on le verra
quand on regardera le projet de loi article par article, il est établi
un compartiment étanche entre le système de financement des
transactions d'assurance et le système de renouvellement
d'immatriculation et de permis de conduire. Les deux systèmes sont
étanches sur le plan financier; on ne pourra pas, par exemple, augmenter
les frais d'administration pour les plaques d'immatriculation et prendre cet
argent pour le transférer dans le fonds général de
l'assurance automobile pour dommages corporels.
Le financement du régime pour dommages corporels est fixé
une fois pour toutes, enfin, il est fixé indéfiniment, si on
veut, tant que le gouvernement ne change pas la loi ou que la régie ne
change pas sa tarification. Vous connaissez très bien, d'ailleurs, ce
mode de financement. Le Vérificateur général verrait
très bien des opérations qu'on ferait de ce côté; je
suis bien certain que, chaque fois qu'on va examiner les crédits du
ministère des Transports à cet effet-là, vous allez poser
les questions qui faut et, s'il le faut, vous allez certainement demander la
comparution des fonctionnaires en question. La loi est très explicite de
ce côté; il y a un compartiment étanche entre les deux
systèmes. On a voulu que ce soit explicite dans la loi de façon,
justement, à répondre d'avance aux objections - des objections
fort valables que vous auriez à cet égard - mais on pense qu'on a
mis dans la loi les
sauvegardes nécessaires.
Pour terminer, sur l'autre aspect de votre question: qu'est-ce qui va se
passer à l'avenir, les études actuarielles, bien sûr, ce
sont des prévisions; ce ne sont pas des prophètes, ces gens, ils
font les prévisions les plus justes possible. En vous lisant
tantôt le contenu d'un mémo, on a vu qu'on se rendait compte
qu'alors qu'ils avaient prévu, eux, une stabilisation des accidents et
des réclamations il semble qu'il y aurait une diminution de 13%, au
moment où on se parle. C'est ce qui explique qu'il faut un volant
régulateur dans le système de financement, c'est la
réserve que la régie possède. Cette réserve est
fixée à un montant donné et, durant les premières
années du régime, ce volant a eu tendance plutôt à
se gonfler. Quand la régie a fait des prévisions d'une
année sur l'autre, elle a utilisé le surplus de ce volant
régulateur pour financer le régime, mais à tous les ans,
comme ses prévisions se sont révélées plus
pessimistes que la réalité, le volant régulateur qu'elle
avait prévu diminuer en fait est resté à peu près
au même niveau, ou même parfois a eu tendance à
augmenter.
Qu'est-ce qui va se passer l'an prochain? L'an prochain, la régie
s'est dit: Nos prévisions jusqu'à maintenant ont
été trop conservatrices, on va utiliser davantage une proportion
plus grande de notre réserve de façon à la ramener
à des proportions plus correctes. Est-ce que cette année,
contrairement aux trois autres années, elle va avoir été
suffisamment réaliste? On ne le sait pas. Déjà, on se rend
compte que l'étude à laquelle vous faites allusion date d'avant
le mois de novembre, je pense, autour du mois d'août. Il semble que
déjà, malgré le plus grand réalisme possible, le
plus grand pessimisme possible qu'a voulu introduire la régie, elle a
été encore trop pessimiste et ses besoins ne seront pas aussi
grands que prévu. On verra
Ce que cela démontre, c'est ce qu'on a toujours dit. Finalement,
le niveau des primes va dépendre de quoi, essentiellement? Il va
dépendre de notre bilan en matière de tragédies de la
route. Moins on aura d'accidents, plus le régime va se financer à
un moindre coût. C'est là qu'est l'importance aussi de confier
à la régie des responsabilités accrues en matière
de prévention d'accidents d'automobiles puisque, plus elle fera un
travail adéquat en ce domaine, en matière, par exemple,
d'éducation populaire - et maintenant, grâce à
l'administration du Bureau des véhicules automobiles, plusieurs aspects,
qui sont confiés actuellement au Bureau des véhicules automobiles
influencent directement le niveau de sécurité routière -en
travaillant dans cet esprit, plus la régie sera en mesure de rendre
service aux Québécois justement en maintenant, par ricochet, les
primes à un bas niveau.
Maintenant, on n'a jamais dit que les primes n'augmenteraient jamais, on
n'a pas dit cela, on a dit: Cela va dépendre de vous, les
Québécois, essentiellement. Jusqu'à présent,
heureusement, ces primes n'ont pas augmenté; quand on tient compte de
l'inflation, en fait, elles ont diminué. Maintenant, est-ce que cela va
continuer comme cela dans l'avenir? Cela va dépendre, comme dans le
passé, essentiellement, bien sûr, de l'efficacité de la
régie au niveau de ses frais d'administration, etc. Il y a une part qui
relève, je pense, de l'efficacité administrative de la
régie, et il semble que tout le monde soit d'accord pour dire qu'elle a
fait un bon job de ce côté-là. D'autre part, cela va
dépendre du comportement des Québécois au volant.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Une dernière question d'ordre
général, tout simplement. Le ministre s'est fait fort de nous
souligner cette recommandation presque unanime de tous les intervenants en
matière de sécurité routière qui suggère
qu'on confie la gestion de la sécurité routière à
un organisme spécialisé relevant du plus haut niveau
décisionnel possible. Le ministre a fait valoir cet après-midi,
au cours de sa réplique, qu'effectivement le gouvernement actuel avait
reconnu le bien-fondé de cette recommandation en instituant le
comité interministériel de la sécurité
routière. Le ministre peut-il nous dire en combien d'occasions le
conseil ou le comité interministériel s'est réuni depuis
sa formation? Je pense que ce devait être en 1978 ou en 1979.
M. de Belleval: Le comité s'est réuni trois fois
déjà au niveau ministériel et, à d'autres reprises,
au niveau sous-ministériel, au niveau des fonctionnaires. Il faut bien
voir quel est le rôle du comité ministériel. En France,
d'ailleurs, le comité se réunit une fois par année. Le
rôle du comité ministériel, au niveau des ministres, c'est
l'élaboration du programme général d'action en
matière de sécurité routière, et la coordination
quotidienne ou enfin régulière se fait, bien sûr, au niveau
des hauts fonctionnaires. Nous avons nommé un secrétaire
général du comité, Mme Tardif, qui est responsable avec,
par exemple, le directeur général de la Sûreté du
Québec, M. Beaudoin, avec le haut fonctionnaire désigné
par le ministre de la Justice, au sein du ministère de la Justice, avec
le sous-ministre adjoint à la sécurité routière du
ministère de l'Éducation, M. Pronovost, etc., de traduire ces
grandes orientations ministérielles sur le plan de programmes
particuliers qui sont coordonnés au sein de chaque ministère.
En fait, sous le comité ministériel, il y a des dizaines
d'activités qui se poursuivent quotidiennement au sein des
ministères. Je pense que cela nous prenait effectivement un tel
mécanisme; nous l'avons mis sur pied, il va se roder, lui aussi, au fil
des années, il va améliorer, je pense, son efficacité.
Maintenant, chaque ministère reste responsable de la gestion du plan
d'ensemble qui lui est confié. La Sûreté du Québec
et la Sûreté municipale doivent faire leur travail. La
Régie de l'assurance automobile fera le sien, par exemple, sur le plan
éducatif. Les cours de conduite automobile, la surveillance des
écoles de conduite automobile, l'administration des examens d'aptitude
sont des éléments importants d'un plan d'action. Elle sera
responsable de faire en sorte que cette partie du plan soit appliquée,
que les examens soient les meilleurs possible, qu'ils soient vraiment de nature
à augmenter la motivation des conducteurs en matière de
prévention des tragédies de la route, etc. Mais, le plan
d'ensemble, la coordination d'ensemble continuera à se faire au sein du
comité interministériel. (22 heures)
M. Gratton: D'ailleurs, M. le Président, je rejoins le
ministre là-dessus, le comité interministériel, son
rôle est bien évidemment d'énoncer les politiques, de
planifier en quelque sorte et de confier aux divers ministères, aux
divers organismes la gestion des politiques établies au sein du
comité. C'est justement là que je voudrais qu'on s'entende, le
ministre et nous-mêmes, sur le fait que le comité
interministériel qui existe déjà n'est pas l'organisme
spécialisé qui fait la gestion de la sécurité
routière. C'est un peu l'impression que laissait le ministre dans sa
réplique, cet après-midi, qu'effectivement on avait reconnu le
bien-fondé des recommandations dont on avait parlé
nous-mêmes en créant ce comité interministériel. Le
comité interministériel, je pense que c'est le ministre
lui-même qui l'avait déclaré au moment où il a pris
la relève de son prédécesseur au ministère des
Transports, ne s'était réuni qu'une fois, à cette
date.
Le ministre vient de nous dire qu'il s'est réuni trois fois
depuis. Je présume qu'on a sûrement discuté de
l'opportunité de présenter le projet de loi no 18 qu'on
étudie présentement, entre autres. Je voudrais attirer
l'attention du ministre sur le fait que l'ancien président de la
Régie de l'assurance automobile, M. Robert de Coster, a
témoigné devant la commission parlementaire qui étudiait
l'avant-projet de réforme du Code de la route, puisque c'est comme cela
qu'on l'appelait dans le temps, c'était le 28 août 1979, et il
disait à la page B-7350 du journal des Débats: "Fait à
noter, les pays qui ont un dossier sécuritaire édifiant refusent
même le concept d'un niveau acceptable d'accidents et poursuivent leurs
efforts en recherches et en communication de masse pour diminuer constamment le
taux de leurs accidents. Dans tous les cas, le gouvernement concerné a
démontré une volonté très ferme d'intervenir en se
donnant les moyens de le faire. Au Québec, nous voyons apparaître
la première manifestation d'un tel niveau de préoccupation par la
création d'un conseil interministériel en sécurité
routière. C'est pourquoi il nous apparaîtrait
prématuré de consacrer un service gouvernemental dans un ordre de
gestionnaire global de la sécurité routière au
Québec. Si tel était le cas, nous aurions souhaité au
préalable que se tienne une réflexion de fond sur l'ensemble de
la problématique à partir d'une pensée novatrice avant que
ne soit arrêtée une décision qui enferme la gestion dans le
statu quo, en quelque sorte. "L'insuccès chronique du Québec en
matière de prévention routière ne s'explique pas autrement
que par l'absence d'une politique nationale et d'une structure
intégrée susceptible de définir et de surveiller toutes
les étapes de son application. Si nous insistons sur
l'élaboration d'une politique nationale, c'est qu'elle nous
apparaît comme étant la seule approche cohérente capable de
produire des résultats valables." M. le Président, je cite ce
passage justement pour que le ministre reconnaisse avec nous que ni le conseil
interministériel, qui existe depuis 1979, ni le fait de confier à
la Régie de l'assurance automobile la responsabilité de
l'application du Code de la sécurité routière tel qu'il
s'appellera dorénavant et la responsabilité qui était
jusqu'à maintenant dévolue au Bureau des véhicules
automobiles, que ni l'une ni l'autre de ces mesures ne constitue en soi une
politique nationale de la sécurité routière. Si le
ministre en convient, je ne lui pose même pas de question, je lui
demanderais tout simplement de réfléchir sur l'opportunité
d'en arriver à définir, à énoncer une politique
nationale de la sécurité routière pour que finalement, au
bout de la ligne, on ne soit pas en train de faire le même débat
dans un an, dans deux ans en constatant que, malheureusement, au niveau de la
sécurité routière, les statistiques d'accidents, de
mortalités, de blessures ne se sont pas sensiblement
améliorées et qu'effectivement le projet de loi no 18, la fusion
du Bureau des véhicules automobiles avec la Régie de l'assurance
automobile, n'aura servi qu'à retarder les échéances et
à retarder la prise de conscience, la prise de position du gouvernement,
en fait, l'affirmation d'une volonté politique d'agir dans le domaine de
la sécurité routière.
M. de Belleval: Bien au contraire, du fait même que ce
projet de loi soit devant nous aujourd'hui et que demain sera devant
nous le projet de loi no 4 réformant le Code de la
sécurité routière démontre que le gouvernement a
une volonté politique d'agir en matière de prévention des
tragédies de la route et qu'il est en train de s'en donner les
moyens.
D'ailleurs, la mise sur pied du comité interministériel de
la sécurité routière était déjà
l'amorce de cette volonté. C'est et ce sera la responsabilité du
comité interministériel d'expliciter cette politique d'ensemble,
mais elle est déjà en voie d'élaboration; ce que nous
avons devant nous aujourd'hui et ce que nous aurons devant nous demain sont
justement des exemples de l'action du comité interministériel de
la sécurité routière, une concrétisation de la
volonté politique du gouvernement en cette matière.
Autrement dit, nous avons effectivement adopté le modèle
européen que nous proposaient différentes personnes, en
particulier M. De Coster, dans l'extrait que vous avez cité, le colloque
sur la sécurité routière dont vous avez parlé cet
après-midi, qui avait été organisé par la
Régie de l'assurance automobile. Nous avons mis sur pied un organisme
chargé d'élaborer cette politique nationale et on voit
déjà des effets de l'action de ce comité dans la loi que
nous présentons. Est-ce que le travail est fini? Non, il n'est pas fini,
c'est évident. Cette politique nationale et globale va continuer de
s'étendre, elle ne sera jamais terminée; je ne pense pas qu'elle
puisse être ramassée, dans aucun pays, dans un seul document
au-delà des principes. Elle est au contraire concrétisée
dans différentes lois et dans différents programmes.
Un instrument très important de cette politique est le projet de
loi qu'on a devant nous, c'est la fusion, dans un même organisme, de deux
des intervenants les plus importants en matière de
sécurité routière, le Bureau des véhicules
automobiles et la Régie de l'assurance automobile; donc, on calcule que
c'est un pas progressiste dans le sens des demandes que nous ont faites tous
les intervenants en cette matière, y compris l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, on me permettra une
dernière remarque. C'est sûr qu'on ne reprendra pas le
débat de deuxième lecture. Quant à nous, c'est tout
à fait le contraire. Nous croyons que le geste que pose le gouvernement
dans le projet de loi no 18 va à l'encontre de l'objectif visé.
Effectivement, on est persuadé, de notre côté, qu'en fin de
compte, l'an prochain, dans deux ans, on devra revenir sur le sujet et
constater l'échec. De toute façon, comme je le disais
tantôt, il n'est pas question de reprendre le débat de
deuxième lecture. Quant à nous, nous serions prêts à
passer à l'étude article par article.
Le Président (M. Lacoste): Je vais maintenant
appeler...
M. Goulet: Est-ce que je peux poser une dernière
question?
Le Président (M. Lacoste): Non, en fait...
M. Gratton: Oui, oui.
M. Goulet: Le consentement, on va nous accorder celai
Le Président (M. Lacoste): S'il y a consentement de la
commission...
Des voix: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): ... mais je
répète toujours que l'ordre de l'Assemblée est
d'étudier le projet de loi no 18 article par article.
M. Gratton: Mais vous savez, l'Assemblée...
M. Goulet: La commission est maîtresse de ses travaux.
Le Président (M. Lacoste): Les membres de la commission
sont maîtres de leurs travaux.
M. Goulet: Je peux quand même poser ma question à
l'article 1.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bellechasse.
M. de Belleval: Allez-y.
M. Goulet: Au niveau du coût du régime, comment cela
fonctionne-t-il? La première année, le coût du
régime était de $260,000,000 avec une réserve
accumulée de $54,000,000; la deuxième année, $374,000,000
avec une réserve de $35,000,000; en 1981, le coût prévu est
de $414,000,000, la réserve, je ne l'ai pas devant moi, mais en tout
cas. La prévision veut que ce soit plus bas.
M. de Belleval: Une trentaine de millions.
M. Goulet: Ah! C'est possible. M. de Belleval: En tout
cas...
M. Goulet: Comment cela fonctionne-t-il? Est-ce parce qu'on a
payé plus d'indemnisations? La prime est toujours à $85, on n'a
pas d'augmentation de la flotte de véhicules, peut-être 2% ou 3%,
ou à peu près, sauf erreur; alors, pourquoi $414,000,000 à
$260,000,000? On a les
mêmes véhicules et la même prime.
M. de Belleval: Parce que les primes payées par les
Québécois sont investies par la Régie de l'assurance
automobile, portent des intérêts, et les intérêts
sont utilisés ensuite pour payer les demandes d'indemnisation. D'un
côté, il est vrai que les indemnisations augmenteront
d'année en année, d'autant plus qu'elles sont indexées et
qu'à chaque année s'ajoutent de nouvelles demandes. Par ailleurs,
les primes payées, elles aussi portent à tous les ans des
intérêts, et c'est tout le truc, évidemment, de
l'étude actuarielle, de faire en sorte que le capital accumulé
avec les intérêts qui augmentent tous les ans servent à
payer les demandes d'indemnités qui, elles aussi, augmentent tous les
ans. En lonques périodes, tout cela est censé
s'équilibrer.
Mais, ce n'est pas parce que les demandes d'indemnisation augmentent
qu'il faut que les primes augmentent. Ce qu'il faut, c'est que le produit des
primes accumulé augmente en proportion des demandes d'indemnisation.
M. Goulet: Si je comprends bien, il va falloir augmenter les
primes prochainement, parce qu'il va en manquer quelque part. Vrai ou faux?
M. de Belleval: Comme je vous l'ai toujours dit, cela
dépendra de notre bilan en matière de sécurité
routière, durant les prochains mois, les prochaines années.
M. Goulet: M. le Président...
M. Gratton: Sûrement, M. le Président, qu'on
s'accordera tous pour dire qu'effectivement les primes ont au moins
augmenté de $5 par année pour les permis de conduire.
M. de Bellevai: Pour deux ans. Pour une période de deux
ans.
M. Gratton: Ce serait pour deux ans, à compter de
1981.
M. de Belleval: II faut bien voir, et je termine
là-dessus, il faut faire attention. Le système est financé
de façon telle que, par exemple, tout le monde est assuré,
maintenant. Il faut bien voir cela, c'est un régime universel, ce n'est
pas tout le monde qui paie des primes. Un individu qui n'a pas de voiture, qui
n'a pas de permis de conduire, ne paie rien, dans le système actuel, et
il est assuré. Il y a des gens qui ne paient rien, qui ne paieront
jamais rien, ils seront toujours à l'abri, donc, des augmentations de
primes et qui, pourtant, seront toujours assurés.
Il y en a d'autres...
M. Goulet: ...l'assurance automobile.
M. de Bellevai: II reste qu'ils sont impliqués dans des
accidents d'automobiles et ils sont assurés comme tout le monde. Il faut
faire attention. On ne peut pas comparer, sur le plan du financement comme sur
le plan de la couverture, l'ancien régime avec le nouveau. Quand on dit
qu'il y a des augmentations de primes ou qu'il n'y a pas d'augmentation de
primes - ce qui est le cas, au fond, depuis quatre ans, à toutes fins
pratiques, en tout cas, en chiffres relatifs, c'est certainement le cas - cette
augmentation ou non-augmentation des primes ou réduction des primes est
répartie, évidemment en fonction du système de financement
comme tel.
M. Gratton: L'augmentation de $5, est-ce que cela a
été décidé avant que les révisions
actuarielles ne soient effectuées?
M. de Bellevai: Cela a été fait dans le cadre des
révisions actuarielles annuelles et c'est la régie qui a
déterminé ces primes.
M. Gratton: C'était en même temps qu'on
prévoyait également de devoir imposer une augmentation des $85
pour l'immatriculation?
M. de Bellevai: C'est avant, parce que cette année, au
moment où on a fixé la prime pour l'an prochain, on n'a pas
prévu d'augmentation au niveau des permis de conduire, ni au niveau des
plaques d'immatriculation. Et à vrai dire, comme vous le savez, il y a
eu, cette année, pour plusieurs milliers d'individus, de citoyens, des
diminutions de primes, entre autres, parce qu'on a maintenant fondu ou enfin,
tenu compte de l'interdépendance entre le régime de la CSST, la
Commission de la santé et de la sécurité du travail, et le
régime d'assurance automobile. Effectivement, il y a eu des diminutions
de primes, cette année, en ce qui concerne l'immatriculation.
M. Gratton: Est-ce que ce n'est pas en même temps qu'on a
décidé d'augmenter le prix du permis de conduire, pour ceux qui
renouvelleraient au cours des deux prochaines années, à compter
de 1981, de $5?
M. de Bellevai: On avait prévu cela, il y a un an, et non
pas cette année. (22 h 15)
M. Gratton: Bon, d'accord.
Étude article par article
Le Président (M. Lacoste): D'accord. J'appelle donc
l'article 1.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, le ministre me permettra
peut-être de passer aux aveux. Cet après-midi, en deuxième
lecture...
M. de Belleval: Ce n'est pas grave.
M. Gratton: C'est très important, le ministre disait
tantôt qu'il n'y avait pas de crime plus grave en politique que de
raconter des mensonges. Il y en a un qui est presque aussi grave, c'est de
faire valoir des données erronées. Quant à moi, cet
après-midi, lorsque je faisais valoir que le ministre des Transports ne
deviendrait responsable de la Régie de l'assurance automobile que
lorsque le projet de loi no 18 serait adopté, j'avais conclus cela
à la lecture de l'article 1. Après la rebuffade que m'a servie le
ministre cet après-midi, j'ai vérifié et, effectivement,
j'ai constaté qu'en vertu de la Loi sur la Législature le cabinet
pouvait procéder à la nomination ou à l'affectation du
ministre des Transports comme responsable. J'en profite pour le
féliciter de sa nomination, lui souhaiter bonne chance et lui dire que
dorénavant il va recevoir tout un paquet de représentations de ma
part, lesquelles j'ai l'habitude d'adresser à la régie et
lesquelles ne reçoivent pas toujours les suites heureuses que je
souhaiterais. Cela dit...
M. de Belleval: Que la régie se le tienne pour dit.
M. Gratton: Non, que le ministre se le tienne pour dit. Quant
à nous, M. le Président, l'article 1 pourrait être
adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 1 est-il
adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 2.
Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Gratton: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
essentiellement de quoi il s'agit à l'article 2?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. de Belleval: Essentiellement, c'est la suppression du
paragraphe 26 de la loi de la régie. Excusez, c'est le Code de la route
qui est modifié, c'est un article de concordance. On enlève le
mot "bureau" pour le remplacer par "régie". On parle de la Régie
de l'assurance automobile du Québec. On supprime l'article 26, comme je
viens de le dire, qui dit que le mot "directeur" désigne le directeur du
Bureau des véhicules automobiles, et qui est devenu inutile puisque
toutes les fonctions de directeur sont maintenant assumées par la
régie.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article...
M. Gratton: Oui, l'article 2 est adopté, mais, revenons
à l'article 1, le ministre avait offert de déposer
l'arrêté en conseil.
M. de Belleval: Oui, je l'ai ici. Je l'avais sous la main.
M. Gratton: J'espère qu'il sera aussi efficace demain avec
le tableau des subventions accordées aux municipalités.
M. de Belleval: Oui, il s'en vient; effectivement, vous allez
l'avoir. Voilà.
M. Gratton: Merci.
Le Président (M. Lacoste): L'article 2 est-il
adopté?
M. de Belleval: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 3.
M. de Belleval: Les articles 2, 3, 4 et 5 du Code de la route
sont abrogés. Ce sont les articles qui instituent le Bureau des
véhicules automobiles. Évidemment, ces articles ne sont plus
nécessaires.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 3, adopté.
Article 4.
M. de Belleval: L'article 4 prévoit que la régie,
avec l'approbation du gouvernement, fixe annuellement les sommes
nécessaires aux fins de l'administration du présent code et du
sous-paragraphe d) du paragraphe 1 de l'article 2 de la Loi sur la Régie
de l'assurance automobile du Québec. Ces sommes sont prises à
même les honoraires qu'elle reçoit et qui sont payables en vertu
d'un règlement du gouvernement. Le solde de ces honoraires est
affecté au fonds consolidé du revenu, dans les délais et
selon les modalités fixés par le ministre des Finances. C'est
l'article qui institue le mode de financement pour les services
d'immatriculation et de renouvellement de permis de conduire et les autres
services actuellement fournis par le Bureau des véhicules automobiles.
Comme on le voit, c'est un mode de financement distinct du reste du
fonctionnement de la régie en ce qui concerne l'assurance pour dommages
corporels.
Ce qui se passera, c'est que la régie recevra des citoyens les
frais d'immatriculation et de renouvellement de permis de conduire,
conformément au règlement déterminé par le
gouvernement en ce domaine, comme c'est le cas actuellement, elle gardera pour
elle les sommes dont elle a besoin pour administrer, pour administrer cette
partie de ses responsabilités, et retournera le reste au fonds
consolidé. La loi de la régie actuelle prévoit tous les
mécanismes pour...
Une voix: C'est quel article déjà?
M. de Belleval: 150, 151 et 152. Ces articles de la loi de la
régie sont maintenus, et dans ces articles est prévu le mode de
financement pour la partie de l'assurance automobile.
M. Goulet: Mais, au niveau de la perception des primes,
prochainement, lorsque nous nous rendrons au bureau des véhicules ou
à une caisse populaire, nous aurons une espèce de compte
détaillé disant: Voici $85 pour la prime de la régie. On
ne nous exigera pas un montant de $128 - c'est un chiffre que je lance comme
cela - on dira: II y a $85 pour le corporel, il y a X dollars pour votre...
M. de Belleval: ...immatriculation.
M. Goulet: ...immatriculation, et nous aurons un compte
détaillé.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Goulet: C'est dans les règlements, mais je ne le vois
pas.
M. de Belleval: Le règlement sur l'immatriculation qui
existe actuellement sera maintenu et prévoira donc, comme maintenant, le
compte détaillé. Il est déjà
détaillé, il va rester comme cela.
M. Goulet: Oui, il l'est déjà, mais où
voyez-vous dans le projet de loi que cela va rester comme cela? Vous, vous le
dites, je vous crois, mais où voyez-vous cela?
M. de Belleval: II faut voir les deux aspects de la question. Il
y a l'aspect, disons, comptabilité au sein de la régie. En ce qui
concerne la comptabilité au sein de la régie, c'est l'article 4
qui fait foi de tout en ce qui concerne l'aspect immatriculation, etc., les
autres responsabilités actuelles du Bureau des véhicules
automobiles et les articles 150, 151 et 152. C'est clair de ce point de vue
là, en ce qui concerne la comptabilité interne.
Maintenant, en ce qui concerne la facture du contribuable, c'est un
règlement actuellement, ce n'est pas la loi qui prévoit cela,
c'est un règlement. C'est le règlement sur l'immatriculation et
cela va rester, c'est le statu quo, de ce point de vue, qui va demeurer.
M. Goulet: Je suis d'accord, M. le Président, c'est le
problème avec toutes les lois, on accepte toujours les principes. Le
règlement existe, mais le règlement, souvent, ne suit pas la
loi.
M. de Belleval: Ah, bien non! Un règlement...
M. Goulet: Vous savez comme moi, M. le Président, que,
quand les règlements sont déposés, ils ne vont pas contre
l'esprit de la loi, non, mais bien souvent ils ne vont pas du tout dans le sens
qu'on avait voté et on a des surprises. Le ministre nous certifie...
M. de Belleval: Je pense que tous les ans, quand vous examinez
les crédits d'un ministère, ou en toute période de
l'année quand il y a une session, par une question à
l'Assemblée nationale, vous pouvez mettre en cause, vous pouvez
déjà d'ailleurs mettre en cause l'action réglementaire du
gouvernement. Le gouvernement ne peut pas se placer dans une situation
illégale, adopter des règlements illégaux, il pourrait
être attaqué en droit. De toute façon, je suppose que, si
un gouvernement se mettait à passer des règlements
illégaux, l'Opposition ne serait pas longue, je suppose, à le
mettre en cause.
M. Goulet: On pourrait donner quantité d'exemples de
surprises qu'on a eues quand on nous est arrivé avec les
règlements. Je pense entre autres à un projet de loi sur lequel
j'ai eu l'occasion de travailler, qui était la protection du
consommateur, l'Office de la protection du consommateur. Quand les
règlements ont été déposés, le ministre
avait pris des engagements.
Le ministre nous dit: Lorsque vous aurez votre compte, votre facture au
comptoir, si on peut s'exprimer ainsi, chaque client, chaque commettant saura
exactement combien cela coûte. Qu'il y ait une comptabilité
distincte à l'intérieur du ministère, j'en conviens, mais
ce n'est pas chaque commettant qui peut avoir accès à
l'intérieur du ministère. La facture, elle, sera
détaillée.
M. de Belleval: Je suis d'accord avec vous qu'il faut que non
seulement la comptabilité soit distincte à l'intérieur du
ministère, ou, dans le cas qui nous occupe, de la régie, mais je
suis d'accord aussi avec vous que le gouvernement devrait donner une facture
détaillée. C'est ce qu'il fait actuellement et c'est ce qu'il va
continuer
de faire.
M. Goulet: Vous prenez l'engagement?
M. de Belleval: Ah! oui, personnellement, oui.
M. Goulet: Bon!
M. de Belleval: Au nom du gouvernement, d'ailleurs.
M. Goulet: Parfait, M. le Président, le temps qu'il sera
là.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, le ministre a constaté
cet après-midi que je n'étais pas légiste, il constatera
ce soir que je ne suis pas comptable non plus...
M. de Belleval: Ce sont deux défauts qu'on partage.
M. Gratton: Je voudrais qu'il m'explique la différence
qu'il y aura entre ce que la régie fera, dorénavant, et ce que
fait présentement le Bureau des véhicules automobiles. On dit,
à l'article 111, que la régie, avec l'approbation du
gouvernement, fixe annuellement les sommes nécessaires aux fins de
l'adminstration du Code de la route.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Gratton: C'est l'émission des permis et
l'immatriculation. Au sous-paragraphe d), ce sera la partie Administration du
régime d'assurance automobile. Est-ce que, dans l'esprit du
minitre...
M. de Belleval: Là, c'est seulement la
sécurité routière, l'article, excusez.
M. Gratton: C'est sur la sécurité routière,
d'accord. Ces sommes seront comptabilisées de façon
distincte?
M. de Belleval: Oui.
M. Gratton: Séparément?
M. de Belleval: C'est cela.
M. Gratton: Présentement, le BVA fait quoi?
M. de Belleval: Actuellement, c'est le gouvernement qui fixe les
droits d'immatriculation par règlement, les sommes sont perçues
par le bureau et sont envoyées au fonds consolidé.
M. Gratton: Je parle des frais d'administration.
M. de Belleval: Les frais d'administration, eux, sont
comptabilisés au sein du ministère des Transports. C'est à
un article du budget du ministère des Transports. Je ne me souviens plus
quel programme, en tout cas, disons le Bureau des véhicules automobiles.
À l'avenir, ce qui va se passer, c'est que les sommes seront
perçues totalement - comme c'est le cas actuellement par le BVA - par la
Régie de l'assurance, laquelle conservera pour l'administration
générale de cet aspect de ses responsabilités les sommes
qui lui sont nécessaires, après entente avec le gouvernement.
C'est ce qu'on dit: dans le cadre d'une entente, d'un règlement avec le
ministre des Finances. Le reste sera envoyé au fonds
consolidé.
La différence sera que les dépenses de la régie
seront financées à même les revenus qui lui viennent pour
l'immatriculation, etc., et c'est la différence qui sera envoyée
dans le fonds consolidé; que dans la situation actuelle, tout est
envoyé dans le fonds consolidé, mais, par ailleurs, le ministre
des Finances est obligé de mettre de l'argent au sein du
ministère des Transports pour payer l'administration. De facto, cela ne
change rien Au niveau final, c'est la même chose, mais le
mécanisme pour y arriver est un peu différent.
M. Gratton: Quand on arrivera à faire l'étude des
crédits du ministère des
Transport, comment va-t-on procéder? Dans le moment, il y a un
programme...
M. de Belleval: On va examiner le programme Régie de
l'assurance automobile, puisque la Régie de l'assurance automobile
dépend du ministère des Transports, de la même façon
qu'actuellement. Avant que je devienne responsable de la Régie de
l'assurance automobile, quand vous étudiiez les crédits du
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, lors de l'étude des crédits de ce
ministère, vous étudiiez la question de la Régie de
l'assurance automobile. Si vous aviez des questions à poser, le ministre
se faisait accompagner du président de la régie à qui on
pouvait poser des questions là-dessus. Alors, c'est la même chose.
Ainsi quand vous arriverez aux crédits du ministère des
Transports, vous pourrez demander à étudier, en particulier, les
comptes de la Régie de l'assurance automobile et demander des
renseignements sur ses dépenses, ses modes de revenus, etc.
Je suis certain que le député de Bellechasse reposera les
mêmes questions qu'il m'a posées aujourd'hui. Mais, cette
fois-là, d'une façon encore plus précise, parce qu'on
étudiera alors le budget de la Régie
de l'assurance automobile.
M. Gratton: Je ne peux pas compter sur la présence du
député de Bellechasse. S'il fallait qu'il ne soit pas
là.
M. de Belleval: Je compterai sur votre propre initiative pour le
faire.
M. Gratton: Au moment où on étudiera le programme
de la Régie de l'assurance automobile, dois-je conclure que la
ventilation sera faite entre l'opération de la régie qui touche
l'immatriculation...
M. de Belleval: Exactement.
M. Gratton: ...et celle de l'assurance automobile?
M. de Belleval: Exactement.
M. Gratton: Si c'était le cas, peut-être que
même moi, je comprendrais.
M. de Belleval: Ce sera le cas.
M. Gratton: Je me réserve le droit d'en douter
jusqu'à ce que preuve soit faite. (22 h 30)
M. de Belleval: Je suis certain que si ce n'était pas le
cas, vous protesteriez de façon véhémente. De toute
façon, ce ne serait pas conforme à la loi qu'on adopte.
M. Gratton: Malheureusement, je ne serai peut-être pas
là, moi non plus.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. L'article 5.
M. de Belleval: L'article 5 confie à la régie les
responsabilités supplémentaires qui sont au coeur même de
ce projet de loi, à savoir: l'application du Code de la route
relativement à l'immatriculation des véhicules automobiles et la
délivrance des permis, la promotion de la sécurité
routière en ce qui a trait au comportement des usagers de la route, de
même qu'aux normes de sécurité relatives aux
véhicules utilisés et la perception des honoraires et des
contributions d'assurance exigibles lors de l'immatriculation d'un
véhicule et de la délivrance d'un permis. On supprime le
deuxième alinéa du paragraphe 2. Le contrat de services avec la
CAT est abrogé parce que, comme vous le savez, maintenant, ce service
est assumé directement par la régie.
Une Voix: Just a minute please!
M. de Belleval: C'est le deuxième alinéa du
paragraphe 2. C'est le contrat de services avec la CAT qui a été
aboli parce que, maintenant, c'est la régie qui l'assume
directement.
M. Goulet: Ce n'est pas: "L'Assemblée nationale devrait
être informée de toute délégation et de fonction
supplémentaire de la Régie de l'assurance automobile"?
M. de Belleval: La loi à laquelle vous faites
référence est périmée. Ce n'est pas la bonne. Cela
a été abrogé et, maintenant, c'est ce que je viens de vous
dire.
M. Goulet: Quand est-ce...
M. de Belleval: Quand on a voté la Loi sur l'assurance
automobile, on a abrogé une disposition de la Loi sur la Régie de
l'assurance automobile. Ce que vous citez, c'est la Loi sur la Régie de
l'assurance automobile, alors que ce à quoi on fait
référence actuellement, c'est la Loi sur l'assurance automobile.
Vous vous souvenez qu'on a créé le système en deux
parties. Nous avons d'abord adopté un projet sur la régie et,
ensuite, sur le régime. Alors, vous faites référence
à la première loi; la disposition que vous citez a
été abrogée par la deuxième, la loi sur
l'assurance. Ce qu'on vous cite, c'est la loi sur l'assurance. C'est ce
à quoi fait référence l'article 5.
M. Lalande: M. le Président, à l'article 5, le
ministre me permettra peut-être une petite question qui doit toucher
quelque peu le monde du taxi. Moi-même, j'ai délaissé cette
activité depuis un certain temps, mais je voudrais lui demander si, dans
la délivrance des permis, l'émission des fameux "pocket
numbers"...
M. de Belleval: Non, cela n'a rien à voir avec cela.
M. Lalande: Cela n'a rien à voir avec cela. Est-ce que
cette fonction, de façon plus générale sera assumée
encore par la nouvelle régie? On se rappelle que c'était le BVA
qui avait cette responsabilité.
M. de Belleval: Oui, dans la période transitoire, parce
que c'est effectivement assumé par le BVA. Ce sera assumé par la
régie. Comme vous le verrez, en vertu du projet de loi 21, qui a aussi
été déposé à l'Assemblée nationale,
nous élargissons les responsabilités de la Commission des
transports et c'est notre intention de confier cette responsabilité
à la Commission des transports, qui n'a rien à voir avec la
sécurité routière, mais qui est une fonction
de régulation d'un système de transport.
M. Lalande: J'imagine que la Commission des transports verra
à élaborer certains critères qui...
M. de Belleval: Exactement, et c'est un de nos objectifs dans la
réforme du domaine du taxi. C'est justement de doter la commission des
pouvoirs nécessaires et voir à ce qu'elle exerce ces pouvoirs
dans le sens des objectifs que vous poursuivez. J'en suis certain de ce
côté-la.
M. Lalande: C'est rare que je le dis, M. le ministre, mais je
vous félicite de cela.
M. de Belleval: Merci beaucoup.
Le Président (M. Baril): Article 5, adopté?
M. Gratton: M. le Président, lorsqu'on supprime le
deuxième alinéa du paragraphe 2, on supprime cet alinéa
qui permettait à la régie de conclure des ententes avec la
Commission des accidents du travail. Je présume que si on le supprime,
c'est qu'à l'article 11 du projet de loi no 18 on retrouve la
disposition qui permettra à la régie de conclure avec un
ministère ou un organisme du gouvernement du Québec tout accord
ou tout contrat de services etc.
M. de Belleval: Exactement.
M. Gratton: Dans la Loi sur l'assurance automobile, on
spécifiait que c'était avec l'autorisation du gouvernement que la
régie pouvait signer ces ententes, alors qu'à l'article 11 du
projet de loi no 18, on fait sauter cette condition d'obtenir l'autorisation du
gouvernement. Est-ce que le ministre peut nous expliquer pourquoi?
M. de Belleval: Vu que l'entente doit être faite, comme le
dit l'article 11, avec un ministère ou un organisme du gouvernement, on
suppose que c'est avec l'accord du gouvernement.
M. Gratton: En tout cas, dans le libellé original...
M. de Belleval: Alors ce serait superfétatoire de dire que
c'est avec l'accord du gouvernement, puisque c'est avec un organisme du
gouvernement. Donc, cela prend l'accord du gouvernement, par définition,
puisque c'est le gouvernement qui est la partie contractante.
M. Gratton: ...de rédiger le texte originel. Combien y a
t-il eu de ces ententes signées entre la régie et...
M. de Belleval: On signe des ententes, entre autres, avec
d'autres provinces, dans le cadre d'accord de réciprocités.
M. Gratton: Mais j'entends avec la Commission des accidents du
travail.
M. de Belleval: À l'intérieur du gouvernement,
seulement la CSST.
M. Gratton: La...
M. de Belleval: Seulement l'ancienne Commission des accidents du
travail.
M. Gratton: Et l'intention de cela, c'est toujours,
forcément, de tenter d'améliorer, le plus possible,
l'efficacité, afin de réduire la période d'attente des
indemnisés. Est-ce qu'on atteint l'objectif?
M. de Belleval: La régie instaure ce nouveau
système, actuellement. On pourra l'évaluer quand il aura
été en fonction après quelque temps.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je ne suis pas pour en
discuter; j'ai fait mon discours cet après-midi. Mais à cause des
articles 5.1 et 5.2, adoptés sur division, voulez-vous que je
reprenne...
M. de Belleval: Franchement, on s'en souvient...
Une voix: La diatribe!
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Goulet: Sur division.
Le Président (M. Lacoste): L'article 5 est adopté
sur division. L'article 5 est adopté sur division.
M. de Belleval: ...c'est une cassette.
M. Goulet: Le ministre n'est pas d'accord.
Le Président (M. Lacoste): L'article 6.
M. de Belleval: L'article 6 est un article de concordance qui
permet d'ajouter le Code de la route.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Gratton: M. le Président, j'éviterais
de dire sur division, parce qu'on tient pour acquis que le seul fait de
confier à la régie les responsabilités du BVA, nous n'y
souscrivons pas. Mais nous épargnons de la salive en disant
adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 6, adopté sur
division? C'est bien cela, M. le député de...
M. de Belleval: Oui. M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Adopté sur division.
M. de Belleval: II y aurait, à l'article 7...
Le Président (M. Lacoste): Vous avez un amendement, M. le
ministre, à l'article 7?
M. de Belleval: Est-ce que vous l'avez distribué?
Le Président (M. Lacoste): Oui. Remplacer, à
l'article 7 du projet de loi, l'article 11 de la Loi sur la Régie de
l'assurance automobile du Québec, par le suivant: "Article 11. Le
président ou le vice-président de la régie ne peut, sous
peine de déchéance de sa charge, avoir un intérêt
direct ou indirect dans activité mettant en conflit cet
intérêt et celui de la régie. Toutefois, cette
déchéance n'a pas lieu si cet intérêt lui
échoit par succession ou par donation, pourvu qu'il y renonce ou en
dispose avec diligence. Un membre du conseil d'administration ayant un
intérêt direct ou indirect dans une activité doit, sous
peine de déchéance de sa charge, le relever par écrit au
président et s'abstenir de participer à toute décision
portant sur l'activité dans laquelle il a un intérêt."
M. de Belleval: Le but de l'amendement, c'est de préciser
la disposition sur les conflits d'intérêts. En ce qui concerne les
responsables permanents de la régie, les fonctionnaires, il leur est
interdit de façon absolue d'être en conflit
d'intérêts. Dans le cas des membres du conseil d'administration,
cependant, de façon à obtenir au sein du conseil d'administration
les services de personnes qui sont dans le milieu de l'assurance, on leur
permet de déclarer - on leur en fait l'obligation, d'ailleurs - un
conflit - s'il y en a un - sous peine de déchéance. La
conséquence alors, c'est qu'ils s'abstiennent de participer à
toute décision au sein du conseil d'administration qui concerne
l'activité dans laquelle ils ont un intérêt. Mais ils
peuvent demeurer membres du conseil d'administration.
C'est une disposition que l'on retrouve dans des lois similaires. C'est
une disposition qui est devenue générale pour tous les conseils
d'administration de régies ou de sociétés
gouvernementales.
M. Lalande: M. le Président, j'aurais quand même
rajouté...
Ce n'est pas une clause de style, mais c'est une clause que l'on
retrouve assez souvent, encore une fois, comme vous venez de le dire. Il
m'apparaît qu'on donne beaucoup d'autonomie à la régie. Ne
serait-il pas plus prudent, à ce stade-ci... Je comprends très
bien ce que vous dites concernant le président qui ne peut, sous peine
de déchéance de sa charge... C'est très bien. Mais dans le
cas d'un membre du conseil d'administration, le seul fait de
révéler cette activité, ou ses intérêts
directs ou indirects d'une activité, au président, ne serait-il
pas mieux d'aller un peu plus loin et de l'obliger à les divulguer au
ministre?
C'est un lien qui est politique. Le ministre doit, en vertu de la
responsabilité ministérielle, répondre des actions et des
activités de la régie du président, etc. Ne serait-il pas
mieux, pour plus de sécurité, de permettre à ces membres
du conseil d'administration de révéler cet intérêt
et directement faire le lien avec la première personne responsable qui
est le ministre, simplement le divulquer? Cela n'empêche pas le conseil
d'administration de fonctionner très bien, mais, si par un hasard
malheureux ou des circonstances un peu malheureuses, le président
décidait de trafiquer ceci avec le conseil d'administration, je
comprends très bien que le ministre puisse intervenir à un moment
donné, s'il le découvre.
Mais, le président n'a pas à répondre politiquement
à cela. Il a à répondre au ministre, alors que le
ministre, lui, a à répondre au niveau politique. C'est simplement
une mesure de sécurité qu'il faudrait peut-être
réviser.
M. de Belleval: Oui, je pense que le député de
Maisonneuve aurait raison s'il y avait une discrétion ensuite, soit de
la part du président, soit de la part du membre en question. Mais, en
fait, la disposition est péremptoire dans le sens que le membre doit
déclarer son intérêt par écrit et il doit s'abstenir
de prendre toute décision sur l'activité en question. Alors, il
n'y a aucune latitude. Le président, d'ailleurs, n'a pas de jugement
à porter sur l'existence du conflit d'intérêts ou non.
Toute l'obligation est exclusivement du côté du membre. Il doit le
déclarer par écrit et il doit s'abstenir. Que le président
reconnaisse ou non le conflit d'intérêts, cela ne change rien.
Quand bien même il le révélerait au ministre, cela ne
changerait rien du tout. Le ministre ne
pourrait pas dire: Je considère que ce n'est pas un conflit
d'intérêts. Siégez donc quand même. Le
président non plus n'a pas à porter un tel jugement, d'ailleurs.
C'est péremptoire; c'est automatique.
M. Lalande: Je comprends très bien, mais ce que je ne
saisis pas tout à fait...
M. de Belleval: Quand bien même je saurais qu'il y a un
conflit d'intérêts dans ce domaine, cela ne change rien, parce
que, de toute façon, pour que la disposition prenne effet, il faut que
le membre se soit abstenu de participer à la décision. La seule
chose que je pourrais faire serait de dire: Vérifiez si le membre s'est
abstenu véritablement, conformément à sa
déclaration de conflit d'intérêts. Mais de ce point de
vue-là, c'est le président qui siège au conseil
d'administration qui est le mieux en mesure de voir si, après avoir
déclaré son intérêt, le membre s'est abstenu.
D'ailleurs, si un membre déclare son intérêt et ne
s'abstient pas, il ne pourrait le faire, à mon avis, que par pure
étourderie. S'il a déclaré son intérêt, c'est
parce qu'il applique l'article 11.
M. Lalande: M. le Président, ce que je veux dire, c'est
que le législateur n'est pas censé légiférer pour
ne rien dire. Il veut dire quelque chose dans cela. Quand on dit que le membre
du conseil d'administration doit révéler par écrit et
s'abstenir de participer, il doit d'abord révéler par
écrit les intérêts qu'il pourrait avoir, un
intérêt direct ou indirect, dans une activité. (22 h
45)
Si j'ai bien compris le ministre, il a dit que le président
n'avait rien à juger, véritablement, il n'avait qu'à
enregistrer; il n'y a aucune discrétion là-dessus. Je pense qu'il
y a un peu plus que cela, finalement, il faut voir un peu plus loin que
ça, il faut quand même lire entre les lignes. Si le
président considère qu'un des membres du conseil d'administration
révèle ou s'abstient de révéler par écrit
son intérêt direct et s'il croit, dans le cas où il le
révèle, qu'il y a un conflit d'intérêts, j'imagine
que le président doit intervenir là-dedans.
Ceci est déjà arrivé, on a eu l'occasion d'avoir
une série de questions, dernièrement, à l'Assemblée
nationale, justement reliées à ce problème bien
précis. Si, pour une raison ou pour une autre, le président ne
fait pas son travail de façon sérieuse et adéquate
-ça peut arriver - je veux amener le ministre à
réfléchir sur le fait que le président de cette
régie n'a pas véritablement de responsabilité politique,
en tout cas, sûrement pas à titre d'élu de la population.
Il m'apparaîtrait davantage prudent que le ministre soit saisi de tout
cela, parce qu'il s'agit véritablement de jouer avec l'administration
des biens publics.
M. de Belleval: Même si le ministre était saisi du
conflit d'intérêts, qu'est-ce que ça lui donnerait? Cela ne
lui donnerait absolument rien, il ne peut rien faire à ce sujet. La
seule chose qu'il peut faire, c'est de dire au président: J'ai
reçu, comme vous, d'ailleurs, la révélation d'un
intérêt par un membre; est-ce que ce membre s'est bien abstenu de
participer à l'activité en question? C'est superfétatoire,
puisque c'est justement la fonction du président de s'assurer de cela.
Comme je l'ai dit, si le membre déclare son intérêt, c'est
bien parce qu'il a l'intention de ne pas participer à la discussion sur
cette question; sinon, il n'aurait pas révélé son
intérêt.
M. Lalande: Non, mais...
M. de Belleval: S'il ne révèle pas son
intérêt, de toute façon, le problème reste entier,
le ministre ne saura rien de plus que ce que le président sait et il ne
sera pas plus en mesure d'agir que le président.
M. Lalande: J'avoue que je ne comprends pas véritablement.
Si le ministre est mis au courant qu'un des fonctionnaires de la régie,
un des membres du conseil d'administration est placé dans un conflit
d'intérêts, j'imagine que le ministre va intervenir quelque part.
Il va le suspendre, il va recommander une suspension.
M. de Belleval: C'est-à-dire que si un
fonctionnaire...
M. Lalande: Si vous voulez me laisser terminer ce que je veux
dire, c'est que, véritablement, il est le pouvoir légitime
à l'intérieur de cette botte, il est le ministre responsable de
quelque chose, donc il devrait intervenir.
M. de Belleval: Ah oui!
M. Lalande: Ce que je voudrais, c'est simplement, par mesure de
prudence, aller un peu plus loin. Il me semble que ce ne serait rien changer
à l'autonomie de gestion de la régie que de rajouter,
après les termes "auprès du président", les mots "au
ministre": "il doit révéler au président et au ministre
les conflits d'intérêts". Là, on touche
véritablement quelque chose où, je pense, on a raison
d'être très sensible.
M. de Belleval: De deux choses l'une: Ou bien un membre de la
régie, ou un fonctionnaire du ministère, peu importe, est en
conflit d'intérêts et il le déclare, ou il ne le
déclare pas. S'il le déclare, il n'y a pas de problème et
le ministre n'a pas à le savoir; que le président le sache,
ça suffit.
S'il ne le déclare pas, de toute façon, ça ne
concerne en rien l'article 11; à ce moment-là, ce sont les
tribunaux, sur la plainte d'un intéressé, après qu'une
poursuite aura été engagée, qui verront à faire
démettre l'individu en question et à le punir selon les rigueurs
de la loi. Dans un cas comme dans l'autre, le ministre n'a pas à
être partie à cet article.
M. Lalande: Dans l'article, si je comprends bien, on ne dit pas
seulement qu'il doit déclarer un conflit d'intérêts; on va
plus loin que cela, on n'attend pas le conflit d'intérêts. On dit
qu'il doit déclarer un intérêt direct ou indirect. Cela ne
veut pas dire qu'il est dans un secteur donné où la régie
aurait à travailler, à...
M. de Belleval: À prendre une décision.
M. Lalande: ... à prendre une décision; je pense
que le membre doit le déclarer. Cela ne veut pas dire qu'il est encore
en conflit d'intérêts, mais il pourrait le devenir s'il
participait à la prise de décision concernant le point
précis sur lequel la régie s'apprête à travailler.
S'il déclare au départ qu'il a un intérêt direct,
peut-être serait-il mieux d'en faire part directement au ministre, encore
une fois. Le ministre est saisi de l'endroit ou du danger éventuel de
conflits d'intérêts qu'il pourrait y avoir. S'il arrive,
éventuellement, un conflit d'intérêts là-dedans, et
si la personne agit, le ministre sera à même d'intervenir.
M. de Belleval: Ce n'est pas comme cela que les choses se
présentent. Le conflit d'intérêts n'est pas potentiel. Le
membre en question admet qu'il est en conflit d'intérêts. Le
ministre n'a pas à juger à savoir si c'est vrai ou si c'est faux.
C'est le membre lui-même qui l'a dit. Le conflit d'intérêts
est déclaré, il existe, il est présumé exister. La
seule chose, c'est que, pour maintenir son admissibilité au membre, il
doit le dire et . s'abstenir de participer à la décision.
Qu'est-ce que le ministre viendrait faire là-dedans? Même s'il le
savait, de toute façon, ni le président ni lui n'ont à
juger de la réalité ou non de ce conflit d'intérêts.
Le conflit n'est pas potentiel. Le conflit d'intérêts n'arrive pas
parce que le membre participe à la décision. Il existe de toute
façon. C'est le membre qui le déclare. Il dit: J'ai un conflit
d'intérêts. Par conséquent, pour ne pas être
déchu de ma fonction, je ne participe pas aux décisions
là-dessus. Le membre ne devient pas en conflit d'intérêts
parce qu'il participe à la décision, il l'est de toute
façon et il l'admet au départ, mais on lui permet justement
d'être en conflit d'intérêts, pourvu qu'il le déclare
et qu'il ne participe pas à la décision. C'est tout.
M. Lalande: Je pense qu'il y a une incompréhension du
dernier paragraphe, de la part du ministre. Il y a deux phases
là-dedans. Un membre du conseil d'administration ayant un
intérêt direct ou indirect, c'est là la
potentialité.
M. de Belleval: Non, il n'est pas en potentialité. Il est
en conflit d'intérêts.
M. Lalande: Non, pas encore. Il a un intérêt direct
ou indirect dans une activité dans laquelle s'apprête à
fonctionner ou fonctionne la régie. Il n'est pas encore en état
de conflit.
M. de Belleval: Oui, il est en état de conflit, mais il
n'est pas en état de déchéance.
M. Lalande: Non, laissez-moi finir! Il n'est pas encore en
état de conflit. Il sera en état de conflit
d'intérêts véritablement s'il participe à la
décision. Il n'a pas participé à la décision. C'est
ce que je veux dire. Si vous saisissez bien, il y a deux phases: la
première, c'est que la personne qui a un intérêt direct
dans une activité où s'apprête à régir la
régie doit le révéler à ce moment, mais elle n'a
pas encore participé. Si elle y participe, elle commet faute, à
ce moment. Ce n'est pas de le révéler qui est une faute, c'est de
participer. C'est là que l'individu entre en conflit
d'intérêts, au moment où il participe. Avoir un
intérêt quelque part, on n'a rien contre cela, on le
prévoit d'ailleurs dans la loi, mais c'est à la participation
qu'on met des balises. Si le ministre est au courant, s'il est informé
directement que, dans telle activité, il y a un des membres du conseil
d'administration qui a un intérêt, je pense que c'est une mesure
de prudence pour ce fonctionnaire ou ce membre du conseil d'administration de
bien savoir que le ministre est au courant qu'il a un intérêt
direct là-dedans. Si, en sus de cela, il décide de participer
à la décision, il se met alors dans un état
d'illégalité complète et j'imagine que le ministre va
intervenir directement. Comprenez-vous les deux phases dans lesquelles nous
nous trouvons?
M. de Belleval: Je comprends très bien ce que veut dire le
député de Maisonneuve, mais, ceci étant dit, c'est au
président du conseil d'administration d'appliquer ce qu'il appelle la
deuxième phase de l'opération, soit de s'assurer que le membre ne
participe pas à la décision. De toute façon, ce n'est pas
de la compétence du ministre d'assister aux réunions du conseil
d'administration ni de s'en faire communiquer les procès-verbaux pour
s'assurer qu'à un tel moment un membre qui était soi-disant en
conflit d'intérêts, s'est effectivement abstenu. C'est
au conseil d'administration de s'assurer de l'exécution de cette
responsabilité.
M. Lalande: Je voudrais proposer un amendement là-dessus
un peu plus tard, mais on peut le faire maintenant, si vous voulez, et le
ministre jugera à propos de le battre ou de l'accepter.
Le Président (M. Lacoste): Ce sont les membres de la
commission qui décident du moment où on doit présenter un
amendement.
M. de Belleval: J'ai très bien compris le point du
député de Maisonneuve. Je comprends très bien ce qu'il
veut dire. Je lui réplique que ce n'est pas l'intention du gouvernement
de faire en sorte que le ministre soit informé de ces choses en vertu de
la loi. Au contraire, il désire que ce soit au président du
conseil d'administration, au conseil d'administration d'appliquer la loi
à cet égard, ce qui est conforme, d'ailleurs, à toutes les
dispositions semblables qui existent dans d'autres régies.
M. Lalande: Je voudrais quand même faire motion pour
modifier l'article 7 du projet de loi no 18 en ajoutant, à la
troisième ligne du troisième alinéa de l'article 11,
après les termes "président et," les mots "au ministre".
Le Président (M. Lacoste): C'est un sous-amendement que
vous présentez à l'amendement du ministre au paragraphe 11, de
sorte que le troisième paragraphe se... Après "président
et", les mots "au ministre".
M. Lalande: M. le Président, c'est une intervention de
fond a ce stade-ci. Évidemment, c'est à propos d'un article que
nous le faisons, mais ceci concerne la quasi-totalité des articles,
parce que ce que nous faisons, dans cette opération de fusion, avec le
projet de loi que nous avons devant nous, c'est de prendre, d'une part, le BVA
et, d'autre part, la Régie de l'assurance automobile, de les fusionner,
d'en faire un "pot", si vous voulez, et de confier tout cela à un
conseil d'administration, à une régie.
Ce que je voudrais ce serait d'établir un lien, entre le
président et le ministre, de façon bien formelle à
l'intérieur de la loi, si c'est possible.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais appuyer la motion
de sous-amendement que vient de faire le député de Maisonneuve.
On sait - on l'a exprimé à plus d'une occasion ce matin, en
deuxième lecture - que, nous, c'est une question de principe que de
s'opposer à l'abolition de la responsabilité
ministérielle, quant à la fonction qu'exerce encore le Bureau des
véhicules automobiles dans l'émission des permis de conduire,
dans l'immatriculation des véhicules automobiles, etc.
Tout au moins, on se dit que si la régie est autonome - elle le
demeurera sûrement - on veut éviter des situations semblables
à celles que nous connaissons, par exemple, à la
Société d'habitation du Québec. Je n'expliciterai pas
là-dessus, mais il me semble que, moi, si j'étais ministre des
Transports, je voudrais au moins pouvoir répondre des actes de la
régie, dans la mesure où c'est possible. Quand on pense à
un membre du conseil d'administration qui, comme l'expliquait le
député de Maisonneuve, au moment où il est contraint de
déclarer la possibilité d'un conflit d'intérêts, il
serait tout à fait souhaitable que le ministre en soit informé
pour au moins pouvoir répondre des actes subséquents de ce membre
du conseil d'administration.
Je disais en deuxième lecture cet après-midi que si
l'objectif que vise le ministre, c'est de se décharger de toutes ses
responsabilités en matière d'immatriculation et en matière
d'assurance automobile, en confiant le tout, avec tous les pouvoirs voulus,
à la Régie de l'assurance automobile, je le comprends de ne pas
vouloir accepter l'amendement proposé par le député de
Maisonneuve. Mais il me semble que c'est une mesure de prudence
élémentaire de faire en sorte que le ministre soit
informé, au préalable, de la possibilité d'un conflit
d'intérêts, lequel conflit d'intérêts ne devient
évident qu'au moment où un membre du conseil d'administration
participe à une décision qui le met réellement en conflit
d'intérêts.
On peut imaginer toutes sortes de situations où un membre du
conseil d'administration pourrait appréhender, être placé
dans un conflit d'intérêts où, selon le libellé
proposé par le ministre, il en avertirait le président par
écrit, mais rien n'élimine la possibilité qu'au moment de
la décision en question le président soit absent, que le membre,
par inadvertance, par erreur, ou quoi que ce soit, participe à la
décision. Encore là, le ministre pourrait tout simplement s'en
laver les mains, en disant: Le président en avait été
averti, mais il n'était pas présent. Moi, je n'y peux rien,
puisque la régie est autonome. Tout au moins, le ministre, en ayant
été informé en même temps que le président,
j'imagine, aurait au moins un contact avec le président de la
régie et verrait à assurer et le président et les autres
administrateurs de la régie qu'ils sont conscients du conflit
d'intérêts potentiel de façon que le conflit
d'intérêts ne se matérialise pas au moment d'une
décision à laquelle pourrait participer la personne en question.
(23 heures)
II me semble que c'est la plus élémentaire prudence qui
devrait dicter au ministre d'accepter l'amendement du député,
d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'alourdir l'administration en aucune
façon, d'imposer des contraintes inacceptables à qui que ce soit,
il s'agit simplement, pour le ministre, d'être au moins au courant qu'un
membre du conseil d'administration de la régie peut possiblement
être en conflit d'intérêts sur une décision à
être prise par la régie. Je ne vois réellement pas pourquoi
le ministre s'objecterait. Au contraire, il me semble qu'il devrait sauter sur
l'occasion et dire: Oui, je voudrais être informé le mieux
possible.
M. de Belleval: Est-ce que le député de Bellechasse
veut intervenir là-dessus?
M. Goulet: Non, M. le Président. Ce que propose le
député de Maisonneuve, c'est presque tout le principe du projet
de loi. Le ministre prend toutes ses décisions et les transmet à
la régie. C'est bien sûr que, dans l'article 7.11, il fait la
même chose. C'est ce qu'il fait dans tout le projet de loi. Le discours
de cet après-midi, on pourrait le reprendre en entier, encore une fois,
encore une fois, cela fait partie même du principe. Si on le fait pour
l'article 7, on devra le faire pour les autres articles.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: Pour reprendre les propos du député de
Bellechasse, c'est exact que c'est le principe général de tout le
projet de loi qui peut être remis en question ici. Mais, au paragraphe
11, c'est là que se trouve la fibre nerveuse de décision, c'est
d'extrême importance, au fond, c'est le sommet de la pyramide qui va
prendre une décision. Je me demande si, dans ces conditions, il n'y a
pas lieu, véritablement, de créer un lien juridique qui existe,
d'ailleurs, dans les règles de l'administration de la
responsabilité ministérielle. Tout le monde reconnaît que
le ministre ne peut pas échapper à la bonne ou à la
mauvaise administration d'une régie qu'il contrôle.
C'est une règle administrative et on a vu jusqu'à quel
point, dans certains cas, ça peut devenir flou. Ce que nous voulons,
c'est confirmer cette règle administrative par un texte écrit
à l'intérieur de cette loi.
M. de Belleval: À mon avis, justement, trop fort casse
quand on prend des dispositions qui ne sont pas adéquates. D'abord, je
dois dire que la disposition qui est là est une disposition
d'application générale qu'on retrouve au fur et à mesure,
d'ailleurs, qu'on fait des refontes de loi ou qu'on crée par loi des
sociétés semblables. Entre autres, j'ai devant moi la
Société québécoise d'assainissement des eaux qui
possède exactement le même genre de disposition.
Il faut bien voir pourquoi le ministre n'a pas à connaître,
justement, ces questions. C'est qu'il n'a pas la responsabilité de
s'assurer que le membre en question s'est abstenu quand on a pris une
décision où il est en conflit d'intérêts; il n'a pas
à le faire. Au contraire, si on lui confiait cette
responsabilité, il s'ensuivrait qu'il pourrait être
blâmé s'il ne s'est pas assuré ensuite auprès du
président de la régie, auprès du conseil d'administration
que le membre en question s'est abstenu de participer à une
décision. Or, il ne s'agit manifestement pas d'une de ses fonctions,
comme ministre, d'être le tuteur et le préfet de discipline des
réunions du conseil d'administration.
De toute évidence, c'est tout à fait inapproprié de
lui confier une telle responsabilité parce qu'il n'est pas en mesure de
l'exercer. Voyez-vous cela? On lui communiquerait la chose en question et,
ensuite, on s'apercevrait que malgré cela... ce qui est tout à
fait improbable, comme je l'ai dit, il faudrait que ce soit par
étourderie que le membre ait participé à une
décision puisque, de lui-même il a déclaré le
conflit d'intérêts. Par définition, c'est justement parce
qu'il veut appliquer cet article et qu'il ne veut pas participer à
l'activité en question. À supposer que ça se produise par
impossibilité et que le ministre en ait été informé
qu'est-ce qu'on dirait? On dirait au ministre: Est-ce que vous vous êtes
assuré, et à quel moment dans la vie de l'administration, la
semaine qui a suivi, un mois plus tard, à tout moment dans les mois qui
ont suivi...
Le ministre devrait lire les procès-verbaux du conseil
d'administration ou les confier à un de ses fonctionnaires et lui dire:
Désormais, il va falloir que tu lises tous les procès-verbaux du
conseil d'administration pour t'assurer que le membre en question n'a pas
participé à une activité. Manifestement, ce n'est pas sa
responsabilité. Il n'est pas payé pour faire cela. Ce n'est pas
sa responsabilité de faire cela. Il n'est pas équipé pour
faire cela. Celui qui est équipé pour faire cela, celui qui a la
responsabilité de faire cela, c'est le président de la
régie. Ce sera donc au président de la régie à
répondre de ses actes si, finalement, il y a une étourderie,
comme je viens de dire, de commise en cette matière. Le membre en
question en répondra aussi normalement, compte tenu de la loi. J'ai
d'autres exemples ici, santé et sécurité au travail,
où on a exactement la même
disposition. Nulle part dans ces lois ne dit-on que les membres en
question doivent prévenir les ministres responsables de l'application de
ces lois, santé et sécurité au travail, ou, comme je viens
de le mentionner tantôt, la Société
québécoise de l'assainissement des eaux. Je ne vois pas pourquoi
on ferait une exception dans la loi ici présente.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que la motion de
sous-amendement présentée par le député de
Maisonneuve est adoptée?
M. de Belleval: Elle est rejetée, M. le
Président.
M. Gratton: M. le Président, je vous demanderais
d'enregistrer le vote. Peut-être que nous avons réussi à
convaincre un des membres ministériels. Ce serait bien la
première fois, mais essayons pour voir!
M. de Belleval: Vote enregistré.
Une voix: II faudrait obliger le président à
voter.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Arthabaska?
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Charlesbourg?
M. de Belleval: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bellechasse?
M. Goulet: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau?
M. Gratton: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Kamouraska-Témiscouata?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Charlevoix? M. le député de Chauveau? M. le député
de Saint-Jean? La motion d'amendement présentée par le
député de Maisonneuve est rejetée à trois voix
contre deux.
M. Goulet: M. le Président, j'aurais quelques questions,
avant d'aller à l'article 7.11.
M. de Belleval: Oui, d'accord.
M. Gratton: On pourrait disposer de l'amendement
peut-être?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement
présenté par le ministre est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: J'ai une question. Je devine un peu la réponse
que va me servir le ministre, mais pourquoi, dans le passé, ne
permettait-on pas à un membre du conseil d'administration d'être
en conflit d'intérêts en aucune façon? Pourquoi,
maintenant, dans cette nouvelle loi, le permettra-t-on à la condition
qu'on en informe le président?
M. de Belleval: Comme je l'ai dit, au fur et à mesure
qu'on fait la refonte des lois créant des régies ou qu'on
crée de nouvelles sociétés ou régies, on adopte le
dispositif actuel, qui nous semble plus approprié que les anciens
dispositifs, qu'on estime trop restrictifs et qui empêchent le
gouvernement de nommer aux régies des administrateurs compétents
et, par conséquent, des administrateurs qui oeuvrent, de par leurs
autres fonctions à temps plein, dans des secteurs connexes aux fonctions
pour lesquelles ils sont nommés.
M. Gratton: II demeure que la loi qu'on amende aujourd'hui,
c'est-à-dire la Loi de l'assurance automobile, a quand même
été votée il y a trois ou quatre ans et non pas il y a dix
ou quinze ans.
M. de Belleval: Vous avez raison de souligner que c'est une
évolution plutôt récente.
M. Gratton: Est-ce que je dois conclure que cette disposition
n'est donc pas introduite en fonction du fait qu'on donne maintenant de
nouvelles responsabilités à la régie?
M. de Belleval: Non. En fait, c'est en fonction des anciennes
responsabilités de la régie qu'on introduit cet amendement, parce
que, de toute évidence, les nouvelles responsabilités de la
régie ne demandent pas la nomination d'administrateurs versés par
exemple dans l'immatriculation des automobiles, l'émission des permis de
conduire.
M. Gratton: Non, sauf qu'elle nécessite la nomination de
deux administrateurs supplémentaires, puisqu'on augmente le nombre des
administrateurs de cinq à sept.
M. de Belleval: Ce n'est pas lié...
M. Gratton: On y reviendra en temps et lieu.
M. de Belleval: Oui, d'accord.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est adopté
sur division.
M. Goulet: Au niveau de l'article 7, M. le Président,
j'aurais quelques questions. On augmente le conseil d'administration de deux
membres, disons que je n'ai pas tellement d'objection là-dessus. C'est
au niveau des vice-présidents, pourquoi ne fixe-t-on pas...
M. de Belleval: Non. M. Goulet: On l'augmente de deux?
M. de Belleval: On ne l'augmente pas. M. Goulet: Sept
membres.
M. de Belleval: Excusez, M. le Président, juste une
rectification. Le conseil d'administration de la régie est actuellement
composé de sept membres.
M. Goulet: De cinq ou de sept?
M. de Belleval: De sept, actuellement.
M. Goulet: Encore l'autre loi?
Une voix: Même problème que tout à
l'heure.
M. Goulet: Même problème que tout à
l'heure.
M. de Belleval: Oui.
M. Goulet: D'accord. Je m'excuse, M. le Président. Au
niveau des vice-présidents, on peut les nommer, on peut en nommer un,
deux, cinq, dix, vingt, on va en nommer combien? Pourquoi: ne fixe-t-on
pas...
M. de Belleval: C'est la même disposition que celle qui
existe, disons, dans d'autres lois semblables et au sein des ministères
où le gouvernement a le loisir de nommer soit des vice-présidents
dans le cas d'organismes, soit des sous-ministres adjoints selon le nombre
qu'il détermine, évidemment, pour s'ajuster aux conditions
changeantes des plans d'organisation...
M. Goulet: Pour partir, ils vont être de combien?
M. de Belleval: Je pense, qu'ils seront deux ou trois.
M. Goulet: Pas plus?
M. de Belleval: Non seulement pour partir, mais, comme dans les
ministères en général, on n'assiste pas à une
nomination effrénée de sous-ministres adjoints... Dans un
ministère normal, il y a un, deux ou trois sous-ministres adjoints.
M. Goulet: Un vice-président va avoir un salaire de
combien?
M. de Belleval: Le salaire du vice-président, ça
dépend de la classification du poste en question. Si c'est un salaire
d'administrateur, comme dans la fonction publique, comme vous le savez, les
fonctionnaires de la régie sont nommés et
rémunérés selon la Loi de la fonction publique. Alors,
c'est le Conseil du trésor qui détermine les niveaux de poste
comme c'est le cas dans le reste de la fonction publique.
M. Goulet: Au niveau des conseillers, M. le Président, on
pourrait parler de leur horaire de travail. Est-ce qu'ils vont être
rémunérés à l'heure, au mois, à
l'année? Est-ce que ce seront des employés à temps
plein?
M. de Belleval: C'est comme c'est actuellement. Cela ne change
rien par rapport au régime actuel. Ces gens sont
rémunérés aux jetons de présence.
M. Goulet: Tout le monde est rémunéré au
même montant?
M. de Belleval: Les membres, sauf évidemment le
président-directeur général qui lui est à temps
plein.
M. Goulet: Non, mais les conseillers? Tous les conseillers sont
au même montant?
M. de Belleval: Oui. C'est un jeton de présence.
Actuellement, il est de $250 par journée de présence.
M. Goulet: Plus un per diem de dépense?
M. de Belleval: Pour les frais de déplacement.
M. Goulet: Mais tout le monde est sur un pied
d'égalité?
M. de Belleval: Oui, tout le monde est sur le même
pied.
M. Goulet: II n'y a pas un conseiller...
M. de Belleval: Non, tout le monde est sur le même
pied.
M. Goulet: D'accord. Cela va.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: II ne peut pas y avoir plus de six
vice-présidents. Il faut qu'ils soient membres du conseil
d'administration.
M. de Belleval: Non, ils ne sont pas membres du conseil
d'administration.
M. Gratton: On parle d'un président et d'un
vice-président. Est-ce que le vice-président doit être
membre du conseil d'administation?
M. de Belleval: Non.
M. Gratton: Ni le président?
M. de Belleval: Oui, il y a un vice-président nommé
par le gouvernement, oui. Mais il s'agit du vice-président du conseil
d'administration. Il ne s'agit pas de quelqu'un à temps plein.
M. Goulet: Combien de fois avez-vous siégé, par
exemple, la dernière année? Vous dites que c'est semblable.
M. de Belleval: Ils siègent, je pense, au moins une fois
par mois.
M. Goulet: D'accord.
M. Gratton: Mais les vice-présidents sont à temps
plein?
M. de Belleval: Les autres, oui. Dans le deuxième
paragraphe, on dit: "Le gouvernement nomme, en outre". Les mots "en outre" sont
importants.
M. Gratton: Oui, mais, en outre, tous les vice-présidents
seront à temps plein en vertu de l'article 10.
M. de Belleval: Alors, le premier paragraphe parle du
vice-président du conseil d'administration tandis que le deuxième
paragraphe parle des vice-présidents exécutifs de la
régie, si on veut, qui sont à temps plein.
M. Gratton: D'accord. Est-ce que cette disposition, cette
latitude qu'aura le gouvernement de nommer un nombre de vice-présidents,
un nombre illimité, est-ce que ça existe dans les...
M. de Belleval: Oui, dans les autres lois similaires, CSST, etc.
Comme je vous le dis, c'est l'équivalent, dans le domaine des
régies et des organismes, des sous-ministres adjoints au sein de la
fonction publique que le gouvernement nomme selon le nombre qu'il
détermine dans chacun des ministères. (23 h 15)
M. Lalande: II y a quand même une incohérence que je
voudrais souligner à ce stade-ci. Cette disposition - vous avez raison
de le souligner - existe pour la Commision de la santé et de la
sécurité du travail. Il y a une incohérence en ce sens
qu'on sait qu'au niveau de la fonction publique - je pense que le ministre des
Transports est bien placé pour le savoir - le nombre de cadres
supérieurs est toujours limité par le Conseil du trésor.
C'est très difficile de faire ajouter des cadres supérieurs. Je
pense qu'on assiste, avec raisons, probablement, à une restriction
à ce niveau, pour ne pas nommer autant de cadres supérieurs qu'on
le voudrait bien.
Je comprends très bien que dans la fonction publique, ce sont des
gens qu'on engage pour 35 ans, parce que c'est la carrière au complet.
On a raison de le faire. Mais, là, on arrive avec ces dispositions
depuis quelques années, de façon plus spécifique,
où, techniquement, il pourrait y avoir un nombre illimité de ces
vice-présidents qui, à toutes fins pratiques, sont des cadres
supérieurs, si vous voulez, à des traitements qui sont
fixés par le gouvernement. On pourrait en nommer de façon un peu
farfelue, si on en décidait ainsi. Je ne comprends pas pourquoi, alors
qu'à l'intérieur de la fonction publique on a une structure assez
rigide, au niveau du nombre de cadres, qu'à l'intérieur des
régies comme celle-ci on puisse nommer autant de vice-présidents
qu'on le veuille bien, ce genre de vice-président assimilable à
des cadres supérieurs, si vous voulez...
M. de Belleval: Non...
M. Lalande: C'est pour cela qu'il serait très important
pour nous, à ce stade-ci, d'avoir une idée du plan d'organisation
supérieure.
M. de Belleval: Vous avez raison d'en arriver à...
M. Lalande: Est-ce qu'on ne pourrait pas, dans ceci, donner... II
y a quand même, un nombre limite. Je ne sais pas. Cela m'apparaît
dangereux. Encore une fois, le ministre a raison de dire: Cela s'est
retrouvé dans d'autres lois similaires à celle-ci, au niveau de
l'organisation. Mais nous n'avons pas de plan d'organisation supérieure
devant nous et, enfin, pour toutes sortes de motifs. Est-ce qu'on ne pourrait
pas avoir accès à
un genre de projet, en tout cas, pour savoir un peu où le
gouvernement a l'intention d'aller avec ce nombre de cadres supérieurs,
jusqu'à un certain point, qui seront nommés? Dans l'autre
article, on verra. On ne va pas simplement mettre trois ans; on va
jusqu'à cinq ans.
Cela m'apparaît un peu dangereux à ce niveau. Si
j'étais un peu malicieux, ce que je ne suis pas du tout, M. le
ministre...
Une voix: C'est vrai.
M. Lalande: ...je dirais que c'est peut-être l'occasion de
donner une job à certains amis pour quelque temps, parce que, encore une
fois, il n'y a aucune balise qui nous indique combien il y en aura. Est-ce
qu'ils sont vraiment nécessaires? Vous me direz: Le président ou
la régie aura à répondre de cela. Sauf qu'il aura à
répondre à un moment où tout sera accompli.
M. de Belleval: Non, pas le président ni la régie,
c'est le gouvernement, parce que c'est le gouvernement qui le nomme. Il le
nomme selon les mêmes mécanismes que dans le reste de la fonction
publique. Ces gens sont des membres de la fonction publique, pour qu'il y ait
une cohérence. Vous avez raison de mentionner qu'il faut une
cohérence. Cette cohérence est assurée par la nouvelle Loi
sur la fonction publique qui prévoit que, maintenant, les plans
d'organisation supérieure sont approuvés par le Conseil du
trésor. Le nombre de cadres supérieurs, y compris les
vice-présidents, doit être déterminé par le Conseil
du trésor.
Alors, c'est le même mécanisme de contrôle qu'on
retrouve au niveau de la régie que celui que l'on retrouve à
l'intérieur des ministères et pour répondre aux
mêmes préoccupations que celles que vous avez soulignées
tout à l'heure, à savoir d'avoir un contrôle sur la
multiplication de ces postes par un organe approprié qui est le Conseil
du trésor. Les mêmes mécanismes joueront dans ce cas-ci que
dans les autres lois et surtout que dans le cas des ministères.
M. Lalande: Je suis bien prêt à prendre la parole du
ministre là-dessus, c'est très bien, sauf que je ne trouve nulle
part dans la loi où il est dit que ces vice-présidents sont pris
à même les effectifs de la fonction publique.
M. de Belleval: Je m'excuse, c'est parce que, dans la loi, comme
telle, de la Régie de l'assurance automobile, il est prévu que
ces gens sont nommés et rémunérés selon la Loi sur
la fonction publique.
M. Lalande: Ils sont nommés, d'accord. M. de Belleval:
Et rémunérés.
M. Lalande: Donc, ils doivent passer des concours
antérieurs?
M. de Belleval: Exactement.
M. Lalande: Et ces vice-présidents aussi qui seront...
M. de Belleval: Dans le cas des vice-présidents, c'est le
même régime que les sous-ministres adjoints et les sous-ministres
dans le cas de la fonction publique, ils sont nommés par le
gouvernement.
M. Lalande: D'accord. Ce ne sont pas des fonctionnaires au sens
où on l'entend véritablement de la fonction publique, en ce sens
qu'ils doivent passer un concours et sont engagés...
M. de Belleval: Non, pas plus que dans le cas des sous-ministres
ou des sous-ministres adjoints. Mais, comme je l'ai dit, pour répondre
à votre préoccupation, ceci étant dit, le contrôle
du Conseil du trésor s'applique à ces postes, comme aux autres
postes de cadres, en vertu de l'approbation des plans d'organisation
supérieure. Autrement dit, il y a une logique à travers
l'ensemble de la fonction publique, qu'il s'agisse de la fonction publique de
la régie ou de la fonction publique des ministères.
M. Lalande: C'est le point que je voulais toucher, justement. Ces
vice-présidents qui ne sont pas nommés - pas le
vice-président du premier paragraphe, mais les autres - ne sont pas des
fonctionnaires qui font carrière d'administrateurs au sens de la
fonction publique. C'est le point que je voulais...
M. de Belleval: Est-ce que vous prétendez que les
sous-ministres et les sous-ministres adjoints ne sont pas des fonctionnaires de
carrière?
M. Lalande: Ce que je voulais dire, c'est que les sous-ministres
sont nommés par le gouvernement directement par arrêté en
conseil sans avoir à passer tous les concours de sélection que
les fonctionnaires ont à passer au sein de la fonction publique. Cela,
vous le savez fort bien.
M. de Belleval: Exactement. C'est le même cas ici.
M. Lalande: C'est le point que je voulais faire valoir.
Finalement, la seule balise que nous ayons au niveau du nombre et de la
rémunération, c'est le Conseil du trésor. Il n'y a pas
autre chose que cela. Quand c'est à l'intérieur de la fonction
publique proprement dite, il y a d'autres balises: celles du concours, du
nombre de
postes de cadres supérieurs autorisés, etc.
M. de Belleval: En ce qui concerne le nombre, c'est la même
balise, dans les deux cas, qu'il s'agisse des sous-ministres, des
sous-ministres adjoints ou des autres cadres, parce qu'ils font partie du plan
d'organisation supérieure, mais, en ce qui concerne les concours, vous
avez raison.
M. Lalande: D'accord.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Le vice-président dont il est question dans le
premier alinéa de l'article 7 est-il à temps plein?
M. de Belleval: Non, c'est tout simplement un des membres du
conseil qui agit comme vice-président du conseil d'administration.
M. Gratton: En vertu de l'article 10, est-ce que ça ne
portera pas à confusion? Quand on dit, à l'article 10: "Le
président et les vice-présidents de la régie exercent
leurs fonctions à temps plein", je comprends que les
vice-présidents exécutifs, au terme de la loi, sont ceux qui sont
nommés.
M. de Belleval: II y a deux définitions dans la loi, il y
a les membres de la régie et les membres du conseil d'administration de
la régie. Les membres du conseil d'administration, sauf le
président, ne sont pas des fonctionnaires, ne sont pas à temps
plein; ce vice-président est un de ceux-là.
M. Gratton: Ce n'est pas surprenant, M. le Président, que
le commun des mortels ne s'y retrouve pas toujours.
M. de Belleval: Oui, mais...
M. Gratton: Si on demandait à des gens de lire: "Le
président et les vice-présidents de la régie exercent
leurs fonctions à temps plein", ils comprendraient mal que le
vice-président du conseil d'administration de la régie ne soit
pas à temps plein.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 7 est adopté
avec l'amendement. L'article 8.
M. Goulet: Le quorum est de combien? Trois ou quatre? Trois?
M. de Belleval: Trois.
M. Goulet: Trois? Pour sept membres...
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article...
M. Gratton: Est-ce qu'il y a des changements à la
durée des mandats dont il est question à l'article 8...
M. de Belleval: Je ne crois pas.
M. Gratton: Par rapport à ce qui existe
présentement?
M. de Belleval: Non.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. L'article 9?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 9 est
adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 9 est adopté.
L'article 10?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 10 est adopté.
L'article 11?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 11 est-il
adopté?
M. Gratton: Tel qu'amendé, M. le Président, et sur
division.
Le Président (M. Lacoste): L'article 11?
M. Gratton: Ce n'est pas cet article qu'on a amendé
tantôt?
M. Goulet: C'est le onzième paragraphe de l'article 7.
M. Gratton: Ah oui, d'accord.
Le Président (M. Lacoste): L'article 11 est
adopté?
M. de Belleval: C'est l'article 12?
Le Président (M. Lacoste): C'est l'article 11. Cet article
est-il adopté?
M. de Belleval: Un instant. D'accord, cela va. L'article 11 est
adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 11 est adopté.
L'article 12?
M. Goulet: À l'article 12, M. le Président, le
ministre a un amendement?
Le Président (M. Lacoste): Remplacer l'article 12 du
projet de loi par le suivant: "17.1 La régie peut par règlement
déléguer généralement ou spécialement au
directeur général ou à une personne qu'il désigne
l'exercice des pouvoirs attribués à la régie par la
présente loi, par le Code de la route ou par la Loi sur l'indemnisation
de victimes d'accidents d'automobile". Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Goulet: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Le ministre verra souvent même son pouvoir,
qu'il a déjà délégué, être
délégué à une tierce personne.
M. de Belleval: Je n'ai délégué aucun
pouvoir, M. le Président. C'est la loi qui donne les pouvoirs à
la régie. Ce n'est pas le ministre. Le ministre ne délègue
rien. C'est l'Assemblée nationale qui va déléguer les
pouvoirs.
M. Goulet: C'est le ministre qui parraine cette loi.
M. de Belleval: Le ministre parraine, je veux bien croire. Mais
c'est l'Assemblée nationale qui est souveraine, ce n'est pas le
ministre.
M. Goulet: Ah bon, c'est bon à savoir.
Le Président (M. Lacoste): L'amendement à l'article
12, adopté?
M. Goulet: On se pose des questions assez souvent. On verra cela
demain matin, en tout cas.
M. Lalande: Moi aussi, je suis en train de m'interroger si ce
n'est pas un pouvoir délégué qui n'est pas
redélégué. Comme le veut le vieil adage delagatus non
potest delegare, je me demande s'il n'y a pas un certain danger à ce que
ce pouvoir soit délégué au directeur
général. Cependant, le ministre peut peut-être nous
expliquer grosso modo dans quel cas il compte utiliser, dans certains cas il
est peut-être important...
M. de Belleval: Je vais donner un exemple très
précis savoir, la révocation d'un permis de conduire. Ce pouvoir,
en vertu de la loi..." des pouvoirs attribués à la régie
par la présente loi" et non par le ministre des Transports. La loi est
adoptée par l'Assemblée nationale. Donc, ce n'est pas un cas de
delegatus non potest delegare, comme on voit. Mais, en vertu de la loi, c'est
la régie qui a le pouvoir de révoquer les permis de conduire.
Mais ce n'est pas la régie, comme réqie, qui va faire cela. Elle
va déléguer ce pouvoir, le conseil d'administration va
déléguer ce pouvoir à un fonctionnaire de la régie
en particulier.
M. Lalande: Le fonctionnaire qui est le directeur
général?
M. de Belleval: L'équivalent, par exemple, du directeur
général du BVA, actuellement.
M. Lalande: Ou la personne qu'il désigne. Mais c'est cela
que je voulais vous dire, c'est que tant et aussi longtemps que c'est le
directeur général, la régie délègue au
directeur général un pouvoir, mais...
M. de Belleval: Le directeur général ne peut pas
déléguer ce pouvoir. C'est la régie qui doit
déléguer directement le pouvoir, soit au directeur
général, soit à une autre personne. Mais le pouvoir ne
peut pas être délégué au directeur
général qui lui, ensuite, le sous-déléguerait.
M. Lalande: C'est pour cela que la rédaction de l'article
peut prêter à confusion. Vous ne touvez pas?
M. de Belleval: Non, on dit: "La régie peut
déléguer au directeur général ou à une
personne qu'il désigne."
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'amendement du
ministre est adopté?
M. Lalande: D'accord, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Est-ce que
l'article 12 est adopté, tel qu'amendé?
M. de Belleval: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 12, adopté, tel
qu'amendé.
M. de Belleval: L'article 13 est un article de concordance, tout
simplement.
M. Lalande: Qu'est-ce que l'article 13 dit? Est-ce que le
ministre pourrait expliquer?
M. de Belleval: Ce sont les rapports. Avant c'était le
ministre des Consommateurs, maintenant on dit le ministre tout court.
M. Lalande: Très bien.
Le Président (M. Lacoste): Article 13, adopté?
M. de Belleval: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 14.
M. de Belleval: C'est un des articles qui répondent aux
préoccupations des députés de l'Opposition, à
savoir que cette régie ne puisse s'en aller dans la nature, sans aucun
contrôle conformément à la responsabilité
ministérielle en matière de surveillance des lois et
d'administration des deniers publics.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Maisonneuve.
M. Lalande: M. le Président, je voudrais avoir certaines
précisions. D'abord, est-ce que dans l'actuelle régie, c'est le
même montant qui est indiqué? Est-ce que c'est... (20 h 30)
M. de Belleval: C'est un article complètement nouveau, qui
est devenu nécessaire, parce que maintenant, la régie va
posséder, par exemple, un parc immobilier, des anciens bureaux des
véhicules automobiles. Il est normal que le gouvernement ait un droit de
reqard là-dessus. Je pense que les député en faisaient
mention lors du débat en deuxième lecture. Si un
député ou un parti politique, enfin, un des membres de
l'Assemblée nationale a à faire valoir des intérêts
régionaux ou locaux pour l'ouverture de bureaux, etc., il faut qu'il ait
un canal pour se faire entendre. Ce canal ne peut pas être purement et
seulement une régie indépendante autonome. Il faut qu'il y ait un
pouvoir politique qui réponde de cela, parce qu'il y a des aspects
d'opportunité politique au sens noble du terme qui sont impliqués
là-dedans. Alors, grâce à cet article, évidemment,
le gouvernement devra répondre, par exemple, de l'implantation
régionale de la régie.
M. Lalande: Oui, si c'est plus que $100,000, n'est-ce pas?
M. de Belleval: Oui.
M. Lalande: Mais pourquoi $100,000?
M. de Belleval: C'est le montant qui existe actuellement dans des
cas semblables dans la loi de la Société des alcools, par
exemple, ou d'autres sociétés semblables. On aurait pu fixer
peut-être $200,000, je ne sais pas. Enfin, il s'agissait de trouver un
palier.
M. Lalande: Oui, c'est ça, l'évaluation,
finalement, c'est parce que cela existe dans d'autres lois que vous en
êtes arrivé à cela...
M. de Belleval: C'est selon les conseils du Conseil du
trésor qu'on a fixé ce montant.
M. Lalande: Le ministre a indiqué qu'il s'agissait de
biens immobiliers dans certains cas; évidemment, si c'est l'immeuble.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de spécifier, justement, que c'est
relativement à des biens meubles et immeubles?
M. de Belleval: Biens comprend tout, les biens mobiliers ou
immobiliers. Par exemple, un ordinateur de grande capacité peut
coûter plus de $100,000. On veut aussi avoir un droit de regard
là-dessus.
M. Lalande: Enfin, je ne partage pas tout à fait cette
interprétation à l'effet que "biens" comprend le tout.
C'était simplement une mesure de sécurité que je lui
indiquais; je n'en ferai pas du tout un plat.
M. de Belleval: D'accord. Je pense que ni vous ni moi d'ailleurs,
bien que vous ayez une qualité supplémentaire sur moi, vous
êtes juriste... Mais des juristes spécialisés dans ce
domaine nous disent que c'est correct.
M. Lalande: Très bien.
Le Président (M. Lacoste): Article 14. M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: On parle de $100,000 maximum, mais ils peuvent arriver
avec deux contrats de $99,000 et ils sont dans la loi.
M. de Belleval: C'est-à-dire que, effectivement,
tout...
M. Goulet: Non, je veux dire que, si cet article est là,
il a sa raison ou il ne l'a pas.
M. de Belleval: Non, je pense que ce genre de disposition existe
tant dans les lois que dans les règlements élaborés en
vertu de la Loi sur l'administration financière. C'est évident
qu'un gestionnaire "ratoureux" peut toujours tenter d'éviter
l'application de la loi en fractionnant des contrats, mais, évidemment,
s'il le fait sciemment, c'est-à-dire que si, à sa face
même, on se rend compte qu'il a fractionné un contrat, c'est
illégal. On ne peut faire indirectement ce qu'il nous est défendu
de faire directement.
M. Goulet: Ce n'est pas seulement au niveau de la fraction des
contrats, c'était au niveau du total des contrats, sans être
fractionnés. Quelqu'un qui va faire faillite, à
un moment donné, ce n'est pas nécessairement parce qu'il a
signé un gros contrat qu'il n'a pas respecté; il peut en avoir
signé...
M. de Belleval: Non, vous avez raison, cela peut être soit
par fractionnement, soit par addition de contrats successifs. Mais là,
on le voit très bien. Il y a des cas limites, mais il y a d'autres cas
où c'est flagrant. Alors, ce sont les règles normales qui
s'appliquent dans pareils cas. Il faut fixer une limite.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. L'article 15.
Est-ce que l'article 15 est adopté?
M. de Belleval: C'est un article de concordance.
M. Goulet: Articles 15, 16.
Le Président (M. Lacoste): Article 15, adopté.
Article 16?
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 16, adopté.
M. Lalande: Non. Je voudrais, pour le bénéfice du
journal des Débats, que le ministre nous donne quelques statistiques sur
le nombre de fonctionnaires de la Régie de l'assurance automobile qui
seront intégrés.
M. de Belleval: C'est-à-dire du Bureau des
véhicules automobiles qui seront intégrés ou du
ministère des Transports.
M. Lalande: Oui, c'est cela.
M. de Belleval: Actuellement, ce nombre est estimé
à 1323.
M. Lalande: Ajoutés aux effectifs actuels...
M. de Belleval: De la Régie de l'assurance automobile.
M. Goulet: Est-ce qu'il y en a qui ont demandé
d'être transférés ailleurs? Est-ce qu'il y en a beaucoup?
Aucun?
M. de Belleval: Pas pour l'instant, en tout cas. Il est toujours
loisible à un fonctionnaire, dans la fonction publique, de demander une
mutation.
M. Goulet: Non, mais dans ce cas, ils ont dit: On n'y va pas,
à la régie.
M. de Belleval: Non, il n'y a personne qui a fait cela.
M. Goulet: Personne? Il n'y en a pas au moins un?
M. de Belleval: Bien, écoutez.
M. Goulet: Non, mais je vous le demande.
M. de Belleval: On peut vérifier, on peut en trouver un si
cela peut faire plaisir au député.
M. Goulet: D'accord.
M. de Belleval: D'ailleurs, il y a actuellement des
fonctionnaires du Bureau des véhicules automobiles qui sont
effectivement en instance de demande de mutation. Je suis certain que, sur les
1300 actuellement, il y en a qui ont fait, il y a une semaine, quinze jours ou
trois mois, une demande de mutation.
M. Goulet: Bon.
Le Président (M. Lacoste): L'article 16 est-il
adopté?
M. Lalande: Non, pas tout à fait, encore. Il y a d'autres
questions que je voudrais poser. Quand on dit que "le Conseil du trésor
peut déterminer dans quelle mesure et selon quelles modalités
doit s'effectuer la mutation des fonctionnaires", qu'est-ce que cela veut dire
exactement?
M. de Belleval: Vous savez comme moi que, quand il y a de tels
transferts d'effectif, il s'élève parfois des différends
entre celui qui perd les fonctionnaires en question et celui qui les trouve.
Celui qui les perd, évidemment, cherche à en garder le plus
possible en son giron et l'autre cherche à en avoir le plus possible.
Ça prend quelqu'un pour arbitrer ces choses et c'est le Conseil du
trésor qui détermine les plans d'effectif et qui a la
responsabilité d'arbitrer ces différends s'il en survient.
M. Lalande: M. le Président, on sait que le siège
social de la régie, comme celui du BVA, est à Québec, dans
la Communauté urbaine de Québec.
M. Gratton: À Québec, dans la région
métropolitaine.
M. Lalande: ... dans la région métropolitaine de
Québec. Pour aller au-delà de la question de mon collègue
de
Bellechasse, est-ce qu'en regroupant, encore une fois, selon le plan
d'organisation supérieure que vous avez entre les mains, en tout cas, le
projet, il y aura une des mouvements de personnel à
Montréal...
M. de Belleval: Non, pas à court terme, pas du tout.
M. Lalande: II n'y a aucune planification pour transférer
certains postes à Montréal, ou quoi que ce soit?
M. de Belleval: Non.
M. Lalande: Pour le moment, on conserve...
Le Président (M. Lacoste): L'article 16 est-il
adopté?
M. Lalande: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 16 est adopté?
L'article 17.
M. de Belleval: C'est un article de concordance, on remplace des
mots par d'autres.
M. Goulet: C'est là qu'on voit que la régie a le
rang d'un ministère.
Le Président (M. Lacoste): L'article 17 est-il
adopté?
M. Lalande: Juste pour me permettre, M. le Président, de
passer à travers... L'article 126, les mots "à Québec" et
"ou du directeur intérimaire", qu'est-ce que c'est?
M. de Belleval: C'est un code qui date de 1924, comme vous le
savez, ou 1926. Ce sont des expressions vieillottes, c'est une disposition
périmée. On dit, par exemple: "Un paiement de facture doit
être fait au bureau, à Québec, à l'adresse du
directeur ou du directeur intérimaire". C'est évidemment
périmé. Le Code actuel de la route date de 1924, comme vous le
savez.
Le Président (M. Lacoste): L'article 17 est-il
adopté?
M. Lalande: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 17 est adopté?
L'article 18.
M. de Belleval: L'article 18, c'est un article de concordance,
encore une fois.
M. Goulet: Combien ça peut coûter,
approximativement, pour tout changer cela, la paperasse, les enseignes...
M. de Belleval: II y a un article qui prévoit qu'on
conserve la paperasse jusqu'à ce qu'elle soit épuisée.
Alors, il n'est pas question de...
M. Goulet: II va y avoir des choses à changer,
peut-être des petites lettres sur les portes...
M. de Belleval: Non, on ne changera rien tant que...
M. Goulet: Non?
Le Président (M. Lacoste): L'article 18 est-il
adopté?
M. de Belleval: L'article 19, c'est une disposition transitoire
normale.
Le Président (M. Lacoste): L'article 19?
Une voix: Adopté.
M. de Belleval: L'article 20, c'est la même chose.
Le Président (M. Lacoste): Un instant. Est-ce que
l'article 19 est adopté?
M. de Belleval: Oui, oui.
Le Président (M. Lacoste): L'article 19 est adopté.
L'article 20?
M. de Belleval: L'article 20, c'est la même chose.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 20 est
adopté?
M. de Belleval: Et c'est la même chose jusqu'à la
fin, en fait, l'article 21, c'est la même chose.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 20 est
adopté?
M. de Belleval: Oui.
M. Goulet: Je ne veux pas revenir sur l'article 19 - on va assez
rapidement - mais c'est seulement une question de principe. Je ne me souviens
pas si c'était le ministre ou son prédécesseur, sur le
caractère confidentiel des renseignements, des documents...
M. de Belleval: C'est prévu dans le Code de la
sécurité routière qu'on verra demain. C'est d'ailleurs
prévu dans le Code de la route actuel.
M. Goulet: Le ministre sait que, sur un simple appel
téléphonique, peut-être pas tout
le monde, mais un peu n'importe qui peut avoir les renseignements. Vous
vous souvenez, on en avait parlé.
M. de Belleval: Je pense que, là-dessus, il y a des
règles d'éthique qui ont été resserrées,
comme vous le savez.
M. Goulet: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 20 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. L'article
21?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 21 est
adopté?
M. Lalande: Oui.
M. de Belleval: Adopté.
M. Lalande: C'est la question qu'on posait tout à l'heure
au ministre concernant...
M. de Belleval: C'est cela, c'est pour conserver la paperasse
jusqu'à son épuisement.
M. Lalande: ... l'épuisement des stocks.
Le Président (M. Lacoste): L'article 22 est
adopté?
M. Lalande: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 23.
M. Gratton: Vous avez hâte de finir, M. le
Président? Vous allez trop vite.
M. de Belleval: On a transféré les fonctionnaires
un peu plus tôt, maintenant, à l'article 23, on transfère
les biens mobiliers. Adopté?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 23 est
adopté? M. le député de Bellechasse, est-ce que 23 est
adopté?
M. Goulet: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Article 24.
M. Gratton: 24, M. le Président, la régie acquiert
les droits et assume les obligations du ministre des Transports. Cela inclut
tout, ça?
M. Goulet: La négation même... M. Gratton:
Les machines à café.
M. Goulet: II pourrait écrire ce qu'il voudrait.
M. Lalande: II est responsable.
M. de Belleval: Oui, par exemple, pour l'approvisionnement du
Bureau des véhicules automobiles en formulaires, en papier, etc., c'est
le ministre des Transports qui a les obligations vis-à-vis du Bureau des
véhicules automobiles. Par exemple, s'il y a des commandes de
logées auprès du Service général des achats, etc.,
cela est transféré maintenant à la régie.
M. Goulet: Une régie aux mêmes normes, justement,
qu'un ministère.
M. de Belleval: Oui, exactement.
M. Goulet: Je veux dire: soumissions ou Service
général des achats, ou fichier central.
M. de Belleval: C'est-à-dire qu'il y a un règlement
général qui a été adopté par le gouvernement
qui prévoit ce genre de choses.
M. Goulet: ...et Jean-Roch, c'est vrai, tu as raison.
M. Lalande: C'est parce que l'article a quand même une
portée assez générale, tout de même. Je comprends le
ministre, le sens de sa réponse, de dire que, dans ces cas-là, ce
soit transféré, que les droits que le ministre...
M. de Belleval: Mettons que j'ai commandé, je ne sais pas,
une rame de papier la semaine dernière pour la régie, bien...
M. Lalande: Mais l'article est d'application plus
générale. Il y a peut-être certains droits, ça porte
quand même à une certaine confusion. N'y aurait-il pas lieu
d'essayer de rédiger un peu mieux cet article? Quand même,
"acquiert les droits et assume les obligations du ministre des Transports
à l'égard du Bureau des véhicules automobiles", il
faudrait d'abord savoir exactement quels étaient les droits et les
obligations du ministre des Transports à l'égard du BVA.
M. Gratton: Ce n'est sûrement pas acheter des
formulaires.
M. de Belleval: Non, c'est toutes sortes de droits qui peuvent
exister actuellement.
M. Gratton: Comme quoi?
M. de Belleval: Je ne sais pas, mettons qu'il y a une
poursuite...
M. Gratton: C'est vous le ministre.
M. de Belleval: Je ne sais pas, s'il y a une poursuite contre le
Bureau des véhicules automobiles, c'est la régie qui va assumer
maintenant les droits du ministre de ce côté-là. Supposons
que j'avais un droit d'appel dans un domaine quelconque, c'est la régie
qui assume ce droit-là.
M. Gratton: Je ne sais s'il est personnellement au courant des
procédures judiciaires présentement en cour contre lui.
M. de Belleval: II doit toujours en avoir, non. Je ne suis pas
personnellement au courant de tout ça.
M. Goulet: Je vais aller coucher chez vous ce soir.
M. de Belleval: C'est ça, exactement.
M. Lalande: Mais on assiste quand même à une
certaine dissolution du pouvoir ministériel dans ceci. Je pense qu'on
illustre dans cet article de façon plus particulière que
là il y avait des responsabilités rattachées directement
à un ministre. Là, on les passe quand même à la
régie et on le dit en toutes lettres dans ceci. Tous les droits et
toutes les obligations que le ministre avait à l'égard du Bureau
des véhicules automobiles, voilà que c'est maintenant la
régie qui les assume. Vous conviendrez quand même que c'est plus
qu'à sa face même, c'est sur le fond que la régie se
substitue à bien des égards au ministre à
l'intérieur de ceci. C'est ça notre argumentation de fond
à savoir que nous disons que peut-être le ministre, par ceci,
élude certaines responsabilités qu'il avait
antérieurement.
M. de Belleval: II s'agit des responsabilités juridiques
du ministre et non pas de ses responsabilités politiques, qui, elles,
sont maintenues de toute façon, et les responsabilités en
matière budgétaire ou autres dont on a parlé aux articles
4, 13 et 14.
M. Gratton: Le ministre ne pourra quand même pas
échapper à la règle qui veut que les
responsabilités juridiques découlent des responsabilités
politiques du ministre.
M. de Belleval: C'est-à-dire que les obligations
politiques du ministre, les obligations en vertu de la Loi sur l'administration
financière, etc., ne découlent pas des obligations juridiques
mentionnées à l'article 24. Elles découlent de la Loi sur
la Législature, et d'autres lois, de toute façon, et du
système parlementaire dans lequel on fonctionne.
M. Gratton: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): 24, adopté sur
division.
M. Gratton: À l'article 25, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Article 25.
M. Gratton: On sait que le Bureau des véhicules
automobiles aussi bien que la Régie de l'assurance automobile ont du
personnel non seulement au siège social mais dans les régions.
Est-ce qu'on a établi si ces fonctionnaires actuellement à
l'emploi du BVA sont intégrés nécessairement au bureau de
la régie dans les mêmes régions? J'imagine qu'il doit y
avoir des régions où la régie n'a pas de bureau comme tel.
Est-ce qu'on a prévu de quelle façon les fonctionnaires à
l'emploi du BVA seront mutés ou affectés? (23 h 45)
M. de Belleval: Les fonctionnaires sont mutés à la
Régie de l'assurance automobile sur place, dans les lieux où ils
sont actuellement.
M. Gratton: Où est-ce garanti, dans la loi?
M. de Belleval: Ce n'est pas garanti dans la loi. C'est l'effet
des dispositions administratives que l'on prend par ailleurs,
c'est-à-dire qu'on transfère les 1333 fonctionnaires dont on a
parlé tantôt, on transfère tous les biens immobiliers.
Comme je l'ai dit, dans le cadre du plan d'organisation actuel, à toutes
fins pratiques, et comme c'est la Loi sur la fonction publique qui s'applique
à ces gens, de toute façon, qu'ils soient au Bureau des
véhicules automobiles ou à la Régie de l'assurance
automobile, les obligations que le gouvernement a envers ses fonctionnaires, en
ce qui concerne le lieu d'assignation, etc., toutes ses obligations sont
maintenues.
M. Gratton: Donc, le ministre nous affirme catégoriquement
que tout employé du BVA actuellement, dans une région
donnée, est assuré de conserver son emploi dans la même
région, à la suite de la fusion dont il est question dans le
projet de loi.
M. de Belleval: Exactement.
M. Gratton: Le ministre ne m'en voudra
sûrement pas de lui poser une question d'intérêt
régional pour ma région. Si je ne m'abuse, le BVA avait
déjà pris la décision d'implanter un bureau dans la ville
de Gatineau.
M. de Belleval: Ce sera maintenu. M. Gratton: Ce sera
maintenu. M. de Belleval: Exactement.
M. Gratton: Indépendamment des décisions que
pourrait prendre la régie éventuellement. Le ministre s'engage
aussi à ce que ce soit respecté.
M. de Belleval: Exactement.
M. Gratton: Le député de Papineau en sera
très heureux. Je ne souhaite pas au ministre qu'il déroge
à cela, parce que s'il est malheureux, il risque...
M. de Belleval: Effectivement, j'aime mieux respecter cet
engagement que j'ai pris...
M. Goulet: Quant à y être, on peut en
négocier un pour Bellechasse?
M. de Belleval: Est-ce que l'article 25 est adopté?
M. Lalande: Je ne suis quand même pas rendu dans
Bellechasse, je vais rester dans Maisonneuve. Je voudrais simplement demander
au ministre si, de façon technique, tous les employés actuels du
Bureau des véhicules automobiles sont des fonctionnaires au sens de la
Loi sur la fonction publique ou s'il y a des mandataires ou d'autres personnes
engagées qui ne sont pas régis par...
M. de Belleval: II y a des mandataires, par exemple, entre
autres, on l'a dit tantôt, des Bureaux d'immatriculation
privés.
M. Lalande: Mais ces mandataires-là n'ont pas la
protection, évidemment, de la Loi sur la fonction publique.
M. de Belleval: Non, les caisses populaires...
M. Lalande: Pour reprendre la question de mon collègue de
Papineau...
M. Gratton: Aie!
M. Lalande: Je m'excuse, de Gatineau. La langue m'a
fourché. Pour reprendre la question de mon collègue de Gatineau,
je dis bien que les fonctionnaires ou les mandataires ou les employés ne
seront pas, du seul fait de la fusion, remerciés de leurs services.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Non, c'est parce que je voyais le député
de Gatineau négocier un bureau dans sa région. J'en aurais
négocié un, mais au lieu du bureau, j'aurais pris quelques milles
de route supplémentaires, étant donné que c'est le
même ministre. On négociera cela demain, avant l'adoption en
troisième lecture. Avant d'adopter l'article 26... Vous êtes
rendus à l'article 26? Cela va pour l'article 25.
Le Président (M. Lacoste): Article 25, adopté?
Adopté. À l'article 26, vous avez un amendement. On l'a tous, je
n'en ferai pas lecture. M. le ministre.
M. de Belleval: Est-ce que vous désirez que je lise
l'amendement?
Le Président (M. Lacoste): Non, pas besoin. Vous avez
présenté un amendement.
M. Gratton: Pourquoi profite-t-on de ce projet de loi?
M. de Belleval: II s'agit d'un cas un peu cocasse. C'est pour
nous permettre de régler immédiatement un problème qui se
pose, surtout dans la ville de Montréal, pour permettre de prescrire
certains types d'antidérapants pour certaines catégories de
véhicules. Alors, comme la troisième lecture du Code de la
sécurité routière ne sera pas adoptée avant le mois
de mars et qu'à ce moment-là la saison hivernale sera
passée, on profite de l'adoption de ce projet de loi pour introduire
tout de suite cette disposition qu'on retrouve intégralement dans le
Code de la sécurité routière qui a été
déposé.
M. Gratton: M. le Président, qu'est-ce qui se passe de
spécial à Montréal?
M. Lalande: Oui, comme député de Montréal et
résident de Montréal, je suis fortement intéressé,
d'autant plus, M. le Président, que j'ai des pneus à crampons sur
ma voiture. Je ne voudrais pas, à partir de la messe de minuit du 25
décembre, être obligé d'enlever mes crampons. Est-ce que le
ministre peut donner des spécifications là-dessus, s'il vous
plaît?
M. de Belleval: Non, l'histoire des crampons, c'est
déterminé par un décret ministériel.
M. Lalande: À quel genre d'antidérapants le
ministre fait-il allusion?
M. de Belleval: Des chaînes, par exemple.
M. Lalande: Les griffes?
M. de Belleval: Pas les griffes.
M. Goulet: Cela doit être des chauffeurs de taxi,
ça.
M. Gratton: C'est un problème sérieux, cette
affaire.
M. de Belleval: Oui.
M. Lalande: Je voudrais être rassuré. Il n'y a pas
moyen de dire: Notamment, ce gui est communément appelé des
chaînes?
M. de Belleval: C'est le terme retenu par les
légistes.
M. Gratton: M. le Président, pourquoi est-ce devenu si
urgent pour la ville de Montréal?
M. de Belleval: Parce que, depuis plusieurs années, la
ville de Montréal aimerait munir certaines charrues qui doivent, entre
autres, gravir des côtes -d'antidérapants. En vertu de la loi
actuelle, ils ne peuvent utiliser ces antidérapants. Avec l'article de
loi, cela va régler leur problème, dès le présent
hiver.
M. Gratton: "Le ministre des Transports pourra, par décret
publié à la Gazette officielle, autoriser, à toute
condition qu'il détermine, l'utilisation..."
M. de Belleval: C'est cela.
M. Gratton: C'est la partie du Code de la route qu'on modifie.
C'est le deuxième alinéa seulement.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Gratton: Est-ce qu'on peut demander en échange de
quoi?
M. de Belleval: Le premier aussi, si on veut. On le
modernise.
M. Lalande: Le maire de Montréal est-il au courant de ce
qu'on s'apprête à faire?
M. de Belleval: Oui, il est tout à fait d'accord avec
cela. Je ne sais pas si le maire lui-même est au courant directement. Je
ne lui ai pas parlé spécifiquement là-dessus. Son
administration est tout à fait d'accord avec cela. Cela va lui faire
bien plaisir gue le député de Maisonneuve s'inquiète de
lui.
M. Lalande: C'est parce qu'on a un député de
l'Union Nationale ici et ils ont des liens privilégiés avec le
maire de Montréal.
M. de Belleval: Ne tournez pas le fer dans la plaie.
M. Goulet: M. le Président, des liens, d'accord mais il
n'y a pas de chaînes. Farces à part, actuellement, une
déneigeuse de la ville n'a pas le droit de fonctionner avec des
chaînes, selon le Code de la route. Avec des crampons, oui, parce gue
cela pèse plus que 5000 livres, je pense, selon le code, mais les
chaînes, il n'en a jamais été question.
M. de Belleval: C'est le cas.
M. Goulet: On parle des crampons; on ne parle pas des
chaînes.
M. de Belleval: On parle de types d'antidérapants.
M. Lalande: Pour bien comprendre l'article...
M. de Belleval: Je peux lire le texte actuel, si vous vous
voulez.
M. Lalande: Oui, s'il vous plaît.
M. de Belleval: "Aucun véhicule ne doit être conduit
dans les chemins publics ayant sur un ou plusieurs de ses bandages des
antidérapants sous forme de griffes ou de chaînes ou autres
appareils propres à endommager le chemin ou qui sont
spécifiquement prohibés par le ministre des Transports." C'est ce
qui est pertinent. C'est ce qu'on transforme par: "Nul ne peut conduire un
véhicule routier dont un pneu est muni d'antidérapants sous forme
de griffes ou muni de tout autre objet susceptible d'endommager les chemins
publics. Toutefois, le ministre des Transports peut, par décret
publié à la Gazette officielle, autoriser, aux conditions qu'il
détermine, l'utilisation de certains types d'antidérapants pour
certaines catégories ou sous-catégories de véhicules
routiers".
M. Lalande: La présente loi va entrer en vigueur le 24
décembre 1980, sauf qu'il faudra que les règlements soient
publiés dans la Gazette officielle?
M. de Belleval: Oui.
M. Lalande: Cela nous mène peut-être un peu plus
tard que le 24 décembre, peut-être au mois de février.
M. de Belleval: Oui, oui, ce qu'on préfère.
M. Lalande: C'est pour cela...
M. de Belleval: Non, cela prend une semaine à publier
cela.
M. Goulet: Pour les tracteurs de ferme, qu'est-ce qui va arriver?
Le ministre, sur la 60 à Charlesbourg, ne voit pas cela souvent, mais,
chez nous, sur Henri-Bourassa, on voit cela.
M. Lalande: À Montréal, il y en a aussi.
M. de Belleval: Ils ne sont pas réputés être
munis de pneus endommageant la voie publique.
M. Goulet: Les chaînes à anneaux, voyons donc!
M. de Belleval: Pardon?
M. Goulet: Les tracteurs de ferme avec les chaînes à
anneaux, est-ce que c'est considéré là-dedans?
M. de Belleval: II n'est pas censé se promener sur le
chemin public.
M. Goulet: C'est un véhicule routier.
M. de Belleval: Quelque véhicule que ce soit, y compris un
véhicule de ferme, s'il est muni d'appareils propres à endommager
la voie publique, il peut être en contravention, c'est
évident.
M. Goulet: Beaucoup d'agriculteurs dans nos régions, qui
ont ce qu'on appelle les fameuses chaînes à anneaux et qui n'ont
qu'à traverser le chemin avec un tracteur, vont être
obligés d'enlever leurs chaînes et, rendus de l'autre
côté, de les remettre.
M. de Belleval: C'est cela, ils peuvent être en état
d'infraction.
M. Goulet: Je ne sais pas, mais il me semble que...
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
II faudrait qu'ils prouvent qu'ils font des dommages.
M. de Belleval: Si vraiment cela cause...
M. Goulet: J'ai l'impression que vous voulez nous en passer une
petite vite!
M. de Belleval: C'est ce qui existe déjà à
ce point de vue là.
M. Goulet: Oui.
M. de Belleval: Cela ne change rien de ce point de vue.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Sauf que, s'il ne fait pas de dommage...
M. Gratton: Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est
bizarre.
M. de Belleval: Je suis d'accord avec vous, c'est tout à
fait bizarre, mais c'est...
M. Gratton: Votre sourire l'est encore plus.
Est-ce qu'il y a d'autres villes que Montréal qui ont
formulé cette demande? Ce qu'on ne ferait pas pour le maire de
Montréal!
M. Goulet: Pour qu'il reste là!
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le nouvel article 26
est adopté?
M. Goulet: Sur division, l'article 26. Le Président (M.
Lacoste): Adopté? M. Goulet: Sur division.
Le Président (M. Lacoste): Adopté sur division.
M. Goulet: Oui, l'article 26.
Le Président (M. Lacoste): Article 27.
M. de Belleval: Alors, l'article 27, on change l'article par le
suivant: "La présente loi entre en vigueur le 24 décembre
1980."
M. Gratton: M. le Président, je regrette de devoir dire au
ministre qu'on ne peut pas accepter ce libellé. On ne peut pas
présumer d'un consentement unanime que requerra demain le ministre
à l'Assemblée nationale pour déroger aux règles de
pratique de l'Assemblée, pour en arriver à faire en sorte que ce
projet puisse être sanctionné le 24 décembre 1980.
M. de Belleval: Je suis bien conscient de cet aspect de la
question et je compte sur la collaboration de l'Opposition pour en permettre
l'exécution.
M. Gratton: Moi, je veux bien assurer le ministre de la
collaboration, mais je ne peux quand même pas parler au nom de ma
formation politique et, même si je le pouvais, je ne pourrais pas parler
au nom des députés indépendants. Il en reste quand
même au moins un qui me vient à l'esprit. Il me semble que ce
n'est pas le rôle d'une commission de prendre une décision qui
pourrait invalider une décision de l'Assemblée
nationale.
M. de Belleval: Remarquez que, de ce côté, il n'y a
pas de différence entre l'article 26 amendé ou l'ancien article
26.
M. Gratton: Absolument.
M. de Belleval: Si on a mis cette date précise, c'est
parce que cela correspond avec un changement de période de paie, c'est
tout.
M. Gratton: M. le Président, il y a une différence
fondamentale. Je m'excuse, mais si, demain, le leader du gouvernement ou le
ministre n'obtient pas le consentement unanime nécessaire pour la
troisième lecture; on sait que, demain, on déposera le rapport;
normalement, il devrait y avoir une période de 24 heures pour le prendre
en considération et une autre période de 24 heures pour adopter
le projet de loi no 18 en troisième lecture. Donc, pour déroger
à ces règles, cela prendra le consentement unanime, non seulement
de l'Opposition, mais de l'ensemble des membres de l'Assemblée
nationale.
M. de Belleval: D'accord.
M. Gratton: Donc, on ne peut pas présumer, ce soir,
l'obtenir.
M. de Belleval: Non.
M. Gratton: Donc, on ne peut pas non plus adopter un article qui
obligerait d'avance à sanctionner un projet de loi le 24
décembre, parce qu'à compter de demain, la session sera
ajournée.
M. de Belleval: C'est sûr.
M. Gratton: Alors, je suggère au ministre qu'il devrait
revenir au libellé de l'article 26 inscrit dans le projet de loi.
M. de Belleval: On tient pour acquis que l'Opposition n'utilisera
pas, bien que ce soit son droit, ou qu'aucun membre de cette Assemblée
n'utilisera demain son droit technique pour empêcher l'application
immédiate de la loi. Mais il est évident que, si c'était
le cas, cet article sera rendu caduc. (Minuit)
M. Gratton: M. le Président, j'insiste pour qu'on
revienne. Je ne voudrais pas être désagréable à
l'endroit de la commission, ni à l'endroit du ministre, mais je lui
ferai remarquer qu'il est tout à fait non conforme. Je ne suis pas
prêt à m'engager à donner mon consentement demain.
M. de Belleval: Je ne vous le demande pas, M. le
député.
M. Gratton: Vous me demandez de poser un geste ce soir, d'adopter
l'article 27 et de dire oui à cet article, alors que, demain, je pourrai
agir de façon à l'invalider.
M. de Belleval: D'accord.
M. Gratton: J'aime mieux être conséquent, M. le
Président.
M. de Belleval: Adoptons-le sur division.
M. Gratton: Pas du tout, M. le Président. J'insiste - et
j'en fais une motion d'amendement - pour que les mots "le 24 décembre
1980" soient remplacés par les mots "le jour de sa sanction".
M. Goulet: M. le Président, est-ce que c'est
recevable?
Le Président (M. Lacoste): Le ministre présente un
amendement...
M. de Belleval: J'aurais une question à poser avant, au
député de Gatineau.
Le Président (M. Lacoste): ...à l'article 27 et on
revient... Cela a pour effet d'éliminer l'amendement du ministre.
M. de Belleval: M. le Président, j'ai une question
à poser au député de Gatineau. Si, par hasard, du fait de
votre grande bonté, demain on peut obtenir la dérogation, il
faudrait revenir, en amendement, en troisième lecture pour inscrire cet
article-là.
M. Gratton: Absolument pas, M. le Président. Le ministre
pourrait la faire sanctionner et la faire entrer en vigueur dès demain
soir, s'il le désire, ou le 24 décembre, ou à n'importe
quelle date où jugera utile de la faire sanctionner.
M. de Belleval: C'est ça, le problème. L'article
dit: Le jour de sa sanction. Il y a un problème administratif, il faut
bien le comprendre. C'est la période de paie. Il est important que la
loi entre en fonction le jour du changement de période de paie pour des
raisons administratives évidentes. Alors, il faudrait s'amener chez le
lieutenant-gouverneur exactement le 24 décembre. Vous comprenez que
c'est un peu incongru de mettre une pareille obligation dans la loi. Donc il
faudrait, de toute évidence, faire un amendement. Ce que je propose,
c'est qu'on adopte l'article sur division. Effectivement, si l'Opposition
refuse son accord demain, qu'est-ce que vous voulez, "it is just too bad"!
M. Gratton: Je regrette, M. le Président, mais, si on ne
veut pas qu'elle entre en vigueur le jour de sa sanction, qu'on indique...
M. de Belleval: À ce moment-là, vous serez logiques
avec vous- mêmes.
Le Président (M. Lacoste):
Actuellement, il est minuit. Est-ce qu'il y a consentement pour qu'on
poursuive nos travaux?
M. Gratton: II n'y en aura pas si le ministre s'entête
à conserver le libellé qu'il y a là. On va mettre fin
à la commission tout de suite et on n'aura pas terminé.
Le Président (M. Lacoste): Nous allons ajourner nos
travaux...
M. Goulet: Si vous permettez, non...
M. de Belleval: Ne vous énervez donc pas, M. le
Président, s'il vous plaît.
M. Goulet: Si vous le permettez, M. le Président, d'abord,
pour continuer, ça prend un consentement. Où je veux en venir,
c'est que le député de Gatineau a raison, mais il y a une formule
qu'on emploie - je ne l'ai pas, je l'ai cherchée rapidement - où
ce n'est pas le jour de sa sanction et ce n'est pas, non plus, le 24
décembre. C'est la formule qui dit: Quand le ministre le jugera
opportun. Parce qu'il arrive souvent dans des projets de loi qu'il y a une
quantité d'articles qui entrent en vigueur une telle journée et
pour, tel autre article, par exemple, on dit: Cet article entrera en vigueur
telle journée.
M. de Belleval: D'accord. Sur proclamation.
M. Goulet: Sur proclamation.
M. de Belleval: Je suis d'accord. La présente loi entrera
en vigueur sur proclamation.
M. Gratton: Est-ce que c'est ça qui est le
libellé?
M. de Belleval: Quel est le libellé normal dans ce
cas-là?
M. Goulet: Non. Le jour de sa sanction, cela veut dire que, si
elle est sanctionnée demain, elle entre en vigueur demain.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a consentement
pour poursuivre nos travaux quelques minutes, le temps de finaliser
ça?
M. Goulet: Moi, je le donne, M. le Président.
M. Gratton: Le temps de faire l'amendement, oui.
M. de Belleval: Je suis d'accord.
M. Goulet: M. le Président, ce que le député
dit, ce n'est pas la même chose. Le jour de sa sanction, c'est que, si
elle est votée en troisième lecture demain...
M. de Belleval: D'accord.
M. Goulet: ...et que le lieutenant-gouverneur y met son sceau,
ça veut dire que ça entre en vigueur demain.
M. de Belleval: Je trouve votre suggestion tout à fait
correcte.
M. Goulet: Voyez-vous comme ça peut être utile un
député de l'Opposition!
M. de Belleval: Je m'entends bien avec vous, vous le savez.
M. Goulet: Là, vous n'avez pas le choix, par exemple!
M. de Belleval: Même quand j'ai le choix.
M. Goulet: Oui?
M. de Belleval: La présente loi entrera en vigueur
à la date qui sera fixée par proclamation du gouvernement. Alors,
l'article 26, qui devient 27, bien sûr, M. le Président, se lirait
comme suit: "La présente loi entrera en vigueur à la date qui
sera fixée par proclamation du gouvernement."
Le Président (M. Lacoste): La présente loi...
M. de Belleval: ...entrera en vigueur à la date qui sera
fixée par proclamation du gouvernement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Gatineau, est-ce que vous retirez votre amendement?
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre dépose un
nouvel amendement: "La présente loi entrera en vigueur à la date
qui sera fixée par proclamation du gouvernement." C'est bien cela? Cet
amendement est-il adopté?
M. de Belleval: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Adopté? M. Gratton:
Sur division.
M. Goulet: ... Quand on est contre le principe, c'est normal. Il
faut être logique.
Le Président (M. Lacoste): Adopté sur division.
M. Gratton: M. le Président, vous me permettrez de
remercier le ministre de nous avoir fourni des réponses à toutes
nos questions. Je veux lui dire que, malgré tout, nous
considérons encore son projet de loi no 18 comme étant tout
à fait inacceptable.
M. de Belleval: M. le Président, je remercie les
députés de l'Opposition pour leur collaboration et leur
gentillesse habituelles, d'ailleurs, au sein de cette commission. Je les assure
de ma profonde gratitude et leur souhaite de bonnes vacances.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le projet de loi no
18, Loi sur la fusion du Bureau des véhicules automobiles et de la
Régie de l'assurance automobile du Québec, est adopté avec
ses amendements?
M. de Belleval: Unanimement, M. le Président.
M. Gratton: Sur division.
Le Président (M. Lacoste): Adopté sur division,
avec amendements.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 7)