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Question avec débat
La nouvelle politique concernant
l'exploitation des clubs privés
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Richard): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare ouverte cette séance de la commission
permanente du tourisme, de la chasse et de la pêche aux fins
d'étudier ce qu'il est convenu d'appeler la question avec débat
du député de Saint-Louis.
M. Pagé: Non.
Le Président (M. Richard): Non, du député de
Portneuf.
M. Pagé: Saint-Louis c'est le prochain coup, sur le centre
des congrès.
Le Président (M. Richard): C'est exact. Sur la nouvelle
politique concernant l'exploitation des clubs privés. M. le
député de Portneuf vous avez la parole.
Exposé du sujet M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je dois tout
d'abord me montrer très satisfait de voir votre présence au
fauteuil ce matin. J'espère que vous serez en mesure de demeurer avec
nous tout le temps...
Le Président (M. Richard): ... M. le député
de Portneuf qu'il n'y ait pas trop de chicane.
M. Pagé: ... de la séance. On n'est pas chicanier
de notre côté.
Au cours des dernières décennies, les conditions
socio-économiques des Québécois ont connu de nettes
améliorations. Les citoyens sont en meilleure position financière
qu'autrefois, les heures de travail ont diminué et, de façon
inversement proportionnelle, le temps des loisirs a augmenté. Les moyens
de locomotion se sont considérablement perfectionnés. La
population s'est accrue, le phénomène de l'urbanisation s'est
accentué et de nouvelles routes furent construites.
Conséquemment un nombre important et toujours croissant de
citoyens manifestent le besoin et réclament à juste titre le
droit de pratiquer des activités de récréation de plein
air et en particulier celles de la pêche et de la chasse sportives. Il
existe par contre dans la province, près des centres de population, un
important potentiel de ressources récréatives de plein air qui ne
sont pas disponibles pour l'ensemble des citoyens, parce que deux contraintes
majeures s'interposent. La majorité des territoires sont d'une part des
pro- priétés privées ou d'autre part des territoires sous
bail de droit exclusif de pêche ou de chasse confiés à des
clubs privés.
Il faut souligner, M. le Président, que le régime de
location de droits de chasse et de pêche à des clubs privés
a pris naissance à la fin du 19e siècle pour plusieurs motifs.
D'un côté l'Etat ne pouvait, pour des raisons économiques,
assurer la protection de la faune sur tous ces vastes territoires. Il
décida donc de concéder des droits exclusifs de chasse et de
pêche à des locataires qui, en échange, devaient assurer la
conservation des ressources fauniques. De l'autre côté l'Etat
voyait d'un bon oeil l'investissement en nos murs de capitaux, vu que ces
derniers se montrèrent les premiers intéressés au
régime et particulièrement en ce qui concerne les capitaux
américains. Compte tenu du fait que les réseaux routiers
étaient peu développés à cette époque, la
plupart des clubs s'établirent à des distances relativement
proches des rives du fleuve et à proximité des centres
urbains.
Les clubs se multiplièrent ensuite progressivement au fur et
à mesure que les concessionnaires forestiers développèrent
de nouvelles routes. Plusieurs solutions au cours de la décennie
soixante furent proposées.
C'est sous M. Simard que des projets pilotes de sociétés
de gestion et d'unités d'aménagement de Baie Trinité, de
la rivière Saint-Jean ont vu le jour. C'est également sous M.
Simard qu'a été reconstitué le Conseil de la faune, dont
les études et les avis ont donné de bons coups de pouce et ont
franchement contribué à la cause de l'accessibilité du
territoire, dans le cadre d'une politique de préservation des
ressources.
Si on se réfère... si on analyse les possibilités
offertes au ministère du Tourisme, au chapitre des interventions
potentielles et de nature à favoriser une accessibilité accrue de
ces territoires de chasse et pêche, on constate que le ministère
avait cinq possibilités d'intervention. Dans un premier temps, soit de
développer un réseau intégré de pourvoyeurs en
pêche et en chasse; soit de faire disparaître les clubs
privés de pêche et de chasse sans remplacer le régime par
une formule à caractère positif qui tiendrait compte des
impératifs de conservation.
Il y aurait aussi la possibilité de créer de nouveaux
parcs et de nouvelles réserves, aménager plus complètement
les parcs actuels, ou encore aménager un plus grand nombre de plans
d'eau du domaine public près des centres de population. La
multiplication des pourvoyeurs de chasse et pêche est souhaitable, mais
cette solution ne peut être appliquée partout sur les territoires
rapprochés des centres de population. Le rôle social de l'Etat ne
pouvait lui permettre de fournir ces possibilités
récréatives de plein air à des coûts que certains
n'auraient jamais pu se permettre.
La disparition pure et simple des clubs privés, sans remplacer le
régime par des formules positives, est impensable. La création de
nouveaux
parcs, compte tenu des ressources budgétaires, est
irréalisable. L'aménagement plus complet des parcs actuels et le
développement d'un plus grand nombre de plans d'eau du domaine public
près des centres de population ont alors été retenus par
le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, comme
éléments de solution. L'Etat ne peut se limiter à ces
actions pour plusieurs raisons. Parce qu'il n'existe pas de parc et de
territoire du domaine public partout où de fortes demandes de
récréation et de plein air se font sentir. Parce que les
territoires présentement du domaine public et rapprochés des
centres de population ne sont pas nécessairement nombreux et ne
comportent pas toujours les ressources récréatives
recherchées. Parce qu'elle existe, à proximité de centres
de population, des territoires très riches en ressources
récréatives de plein air qui sont sous-exploités et qui
sont actuellement sous bail de droits exclusifs de chasse et pêche
à des clubs privés.
Le développement de territoires et de parcs du domaine public
coûte cher à l'Etat, indemnités, construction de routes, de
camps, de stationnements, de quais, achat d'équipement, le coût du
personnel et les différents contrôles.
Quelle solution le ministre avait-il à ces problèmes?
Celles de remplacer progressivement les clubs privés par des organismes
plus démocratiques, mieux structurés, plus responsables et
astreints à des critères et à des normes
d'opération plus sévères, donc, des organismes sans but
lucratif, appelés unités d'aménagement et
sociétés de gestion, qui auraient assisté l'Etat dans
l'exploitation des ressources récréatives de plein air. Le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche avait ainsi
décidé de découper la province en unités
d'aménagement délimitées en fonction de bassins
hydrographiques et des éléments du milieu. Il avait
été prévu quelque 80 unités d'aménagement au
Québec.
Dans un premier temps, l'expérience limitée à des
interventions sur sept territoires du Québec et cela selon un calendrier
déterminé, M. le ministre, un calendrier, je serais à
même de vous démontrer pourquoi c'est primordial dans un dossier
comme celui-là d'en établir un.
La création d'unités d'aménagement permettait ainsi
au ministère de mieux adapter sa législation et sa
réglementation à différentes zones et de mieux planifier
ces aménagements. Elle lui permettait aussi de mieux coordonner le
développement et l'utilisation des ressources avec le concours des
autres ministères concernés. L'unité d'aménagement
dont je fais état s'étendait généralement sur une
superficie très vaste de sorte qu'elle ne pouvait pas être
gérée par un seul gestionnaire. Elle devait donc être
morcelée en territoires plus petits pour devenir des
sociétés de gestion. Ces sociétés étaient
exploitées par la direction des parcs du ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche ou encore confiées pour gestion
à des pourvoyeurs ou encore à des sociétés de
gestion.
Les objectifs du programme des sociétés de gestion
étaient sensiblement des objectifs que vous voulez rechercher dans votre
politique mais sous une forme différente. Les objectifs sont d'assurer
aux territoires une exploitation plus rationnelle et optimale des ressources
récréatives de plein air, permettre une meilleure conservation de
la faune et de la qualité de l'environnement, permettre à un plus
grand nombre possible de citoyens de se recréer en plein air, donner
à tous les citoyens des chances égales de se recréer,
remplacer le régime actuel des clubs privés par un régime
plus démocratique et plus ouvert, impliquer les citoyens dans
l'organisation, la gestion et la conservation de leurs valeurs
récréatives de plein air en leur confiant des
responsabilités et en leur laissant prendre des initiatives, permettre
aux membres des clubs privés actuellement locataires de droits de chasse
et de pêche et affectés par ce programme de continuer de jouir de
leur propriété de se recréer en plein air, tout comme les
autres sociétaires, minimiser le plus possible le coût
d'utilisation des installations récréatives de plein air et
créer des sociétés assez grosses pour que les revenus
provenant des sociétaires assurent une saine opération et
toujours rechercher à avoir des sociétés quand même
assez petites pour éviter les lourdeurs administratives et que les
sociétaires puissent conserver le sens de l'appartenance, de
l'intérêt et des responsabilités, permettre aux
sociétés de se constituer en interlocuteurs valables
auprès du ministère du Tourisme et enfin augmenter la
présence du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche sur les territoires par l'extension des services de
l'aménagement de la faune, de la conservation et de la recherche
biologique. C'étaient là essentiellement les objectifs
recherchés dans la politique d'unités d'aménagement et de
sociétés de gestion mise de l'avant par le ministre Simard.
Le 22 décembre 1977, dans une déclaration
ministérielle faite à l'Assemblée nationale, le ministre
annonçait que, pour le 1er avril prochain, aucun bail de droit exclusif
de chasse et de pêche ne serait renouvelé ou maintenu au
Québec. Il fallait donc trancher la question en faisant fi des
expériences passées et en faisant suivre votre annonce non pas
d'une tournée de consultation, mais bien d'une tournée
d'information qui, à certains endroits, faisait place à beaucoup
d'affrontements.
En ce qui nous concerne, nous de l'Opposition, nous croyons fermement
que vous auriez dû au lieu de vouloir faire un coup d'Etat, un
coup d'éclat dont vous êtes le seul à connaître la
recette prendre en considération le rapport des biologistes de
votre ministère, au chapitre de l'aperçu des solutions de
rechange au régime de location de droits exclusifs de chasse et de
pêche. Il vous était donné deux possibilités,
à savoir de procéder à un non-renouvellement
immédiat de tous les baux, mais à la réorganisation des
réserves et des pourvoyeurs et à la mise en place progressive
d'une structure de participation et de gestion ou, encore, la deuxième
recommandation, un non-renouvellement des baux de location, syn-
chronisé avec la mise en place, sur une période de cinq
ans, d'une structure de participation et de gestion.
La solution était là et permettez-moi de vous citer un
rapport de vos biologistes au chapitre de la problématique et, plus
précisément, à l'article 3.4.4 des sociétés
de gestion: "Sommairement, on peut résumer la situation comme suit:
Jusqu'ici, les deux sociétés, une après quelques mois de
fonctionnement et l'autre après moins de deux ans, fonctionnent bien et
ont permis de bénéficier d'un peu de "bénévolat" et
de créer une conscience de conservation dans les populations
impliquées. L'expérience fut également positive en ce qui
concerne l'objectif d'assurer l'égalité des chances à
l'accès de la ressource faunique et, d'un autre côté, au
niveau financier, il est maintenant démontré que
l'autofinancement est impossible et que les subventions d'équilibre
budgétaire que doit consentir le ministère atteignent
sensiblement les mêmes montants que les déficits de fonctionnement
encourus par ce même ministère dans l'administration de ses
propres réserves. C'est une solution non parfaite, mais qui avait fait
valablement ses preuves, une solution plus sûre et beaucoup moins
improvisée que celle que vous tentez par tous les moyens d'imposer aux
Québécois actuellement.
Même si notre parti a été intimement lié au
processus de déclubage dans le passé et que nous soutenons sans
réserve le principe du déclubage, nous ne pouvons pas souscrire
à votre projet pour trois raisons majeures; c'est de l'improvisation,
selon nous. Au moment où l'on se parle, aucun des propriétaires
des clubs privés n'a reçu l'avis de 30 jours lui annonçant
l'annulation de son bail. Encore plus grave, à 22 jours du
déclubage total, qu'arrive-t-il du droit d'occupation temporaire? Vous
disiez ceci, dans votre communiqué daté du 30 janvier: "M. Yves
Bérubé, ministre des Terres et Forêts, a exprimé son
intention de présenter un projet d'arrêté en conseil
à cet effet au cours des prochains jours, de façon à
éviter la situation ambiguë, c'est-à-dire l'occupation sans
titre des terres publiques dans lesquelles pourraient se trouver les quelques
12 000 personnes affectées par ce retrait des privilèges
exclusifs de chasse et pêche." Improvisation, cela? Certainement et,
encore hier midi, j'ai vérifié auprès du Conseil
exécutif et, selon ce qu'on m'a dit, il n'y avait pas encore
d'arrêté en conseil d'adopté, sauf que, pour ajouter encore
à l'improvisation, hier soir, aux bulletins de nouvelles, on nous disait
que les baux avaient été reconduits en ce qui concerne le droit
d'être sur le territoire pour une période de trois ans, avec
permis d'occupation à $40 par année. Et cela, on pourra en
reparler parce que, dans la pochette de presse du ministère du 30
janvier, vous parliez d'un bail à $80 par année.
Autre improvisation. Le 10 décembre, à Sha-winigan, vous
déclariez je vais vous donner quelques exemples de
l'improvisation "L'an prochain c'est le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, M. le Président, qui parle) j'ai
l'intention de maintenir cette règle obligatoire que, pour pêcher,
il faut un permis de pêche." Ce n'est pas nous qui disions cela: c'est le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, le 10 décembre,
à Shawinigan, dans son comté. "Nous avons décidé
que nous porterons le prix du permis de pêche à $6.25 l'an
prochain." C'était le 10 décembre. Le 22 décembre, vous
annonciez l'abolition du permis de pêche purement et simplement. Au
chapitre de la conservation, comment concilier les propos... A l'ordre, s'il
vous plaît. M. le Président, faites-les taire. Vous interviendrez
tantôt. Soyez calmes et sereins.
Entre parenthèses, je peux vous dire que, si vous restez, je vais
vous laisser toute la latitude, toute la chance d'intervenir, parce que je vais
parler de vous autres tantôt. Vous n'étiez pas d'accord avec le
ministre et j'ai un document, ici, de votre caucus. Vous n'étiez pas
d'accord avec. On va en parler tantôt. Là, vous pourrez
parler.
M. Chevrette: Ne commence pas. Le Président (M.
Richard): A l'ordre!
M. Pagé: M. le Président, je vous prierais de
ramener à l'ordre les députés "back-benchers", aspirants
ministres, comme le député de Joliette-Montcalm. Qu'ils soient
calmes, qu'ils soient sereins et qu'ils écoutent. Si vous voulez qu'on
commence une bataille politique et qu'on s'engueule, on peut s'engueuler toute
la matinée, mais le problème est trop sérieux.
Ecoutez.
M. Chevrette: Si c'est sérieux, suivez votre texte et n'y
dérogez pas.
Le Président (M. Richard): A l'ordre, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Pagé: Je reviens après avoir été
interrompu de façon intempestive par tous ces aspirants. Il y en a des
aspirants, M. le Président, et pas seulement au titre de ministre
à part cela. On continue là-dessus, pour en arriver à la
conservation, M. le Président. Comment concilier les propos que le
ministre tenait le 10 décembre, toujours à Shawinigan, lorsqu'il
disait: Ce que je veux faire, c'est non pas essayer d'aménager le
territoire du Québec, non pas essayer de le gérer et de le
conserver par des policiers, par des règlements à tout casser, et
la déclaration de son sous-ministre, M. Moisan, qui affirmait qu'il
serait nécessaire d'investir $3,5 millions pour mettre en place un
réseau de protection à la grandeur de la province de
Québec, déclaration contenue dans un rapport de la réunion
conjointe des comités sur le dossier des clubs privés au
Québec?
On peut être contre aussi M. le Président, à cause
du manque de consultation. Que penser de votre attitude face aux
propriétaires de clubs privés? Il est tout simplement
révoltant de constater tout ce que votre parti a véhiculé
comme sornettes sur les propriétaires de clubs privés. Pour vous
rafraîchir la mémoire, je vous réfère encore une
fois aux constatations de vos biologistes, parce que ce
n'est pas le cas, ce que vous avez toujours voulu laisser
véhiculer. Aux biologistes, M. le ministre disait: "L'examen du statut
professionnel des membres des clubs privés apporte également un
éclairage nouveau. En effet, bien que certaines croyances veulent que
seuls les riches professionnels peuvent être membres d'un club, la
réalité est tout autre. Les statistiques nous indiquent ce
sont toujours les biologistes dans leur rapport qui en font état
que les cols bleus québécois, lesquels représentent 70% de
la population active du Québec, forment 50% des membres des clubs
privés. (10 h 25)
Avec tout ce qui a été véhiculé,
l'équipe ministérielle a toujours voulu nous laisser croire que
ces gens étaient des usurpateurs, alors que la réalité est
tout autre. Si ces membres de clubs privés ont réussi à
monter des organisations qui, aujourd'hui, font l'envie de plusieurs groupes,
c'est qu'il y a eu, ce que vous ne réussissez pas à avoir avec
votre formule, du bénévolat avec l'intérêt.
Suite au travail fait bénévolement par les membres de
l'association agréée, vous ne leur permettez pas de
privilège d'utilisation ou de priorité même de
l'utilisation. Nous croyons fermement que le bénévolat, entre
autres, aura à souffrir de cette attitude. J'ai bien hâte
d'entendre le ministre sur cette question.
M. le ministre, pourquoi ne pas appliquer le même principe qui
prévaut actuellement dans votre gouvernement? Le bénévolat
c'est important, le gouvernement en sait quelque chose. Lors des
dernières élections, beaucoup de personnes ont travaillé
bénévolement pour faire élire votre parti et, par la
suite, former le gouvernement. A en juger par la multitude de personnes du
Parti québécois qui entrent au gouvernement depuis le 15
novembre, on serait porté à croire que, s'il n'y a pas de
priorité, au moins il y a des privilèges. Je pense que vous
êtes à même de le constater. Le chef de l'Union Nationale a
cité toute une nomenclature, l'autre jour, de personnes de votre parti
qui sont entrées dans la fonction publique depuis le 15 novembre
dernier.
Sur la consultation, vous me permettrez de m'étonner de votre
réaction à l'émission Aux Vingt-Heures de vendredi
dernier, le 3 mars, au sujet du livre vert, qui donne à peu près
ce que vous pensez de la consultation. Vous disiez: "II faut épargner du
temps et de l'énergie, d'où l'élimination du livre vert".
On a peine à croire que c'est un membre du cabinet. Depuis 18 mois,
c'est une multiplication de livres bleus, de livres verts, de livres blancs, de
toutes les couleurs, puis là le ministre du Tourisme nous arrive puis
nous dit: II faut épargner du temps puis de l'énergie, pas de
livre vert. Autrement dit, il n'est pas important de savoir où l'on va,
le principal c'est de partir. C'est cela, c'est exactement cela que le ministre
a déclaré. J'espère que vous l'avez écouté,
parce que vous seriez surpris de ce qu'il a dit le vendredi 3 mars à
l'émission Aux Vingt-Heures, à Radio-Canada.
En terminant et avant de passer aux ques- tions, je crois qu'en
politique, quel que soit le parti auquel on appartient, il faut avoir le sens
de la continuité. Mais cherchez tant que vous voudrez, il est impossible
de trouver le sens de la continuité chez le présent titulaire du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Après
s'être affirmé comme grand chevalier de l'improvisation
c'est là son moindre défaut soit dit en passant il a le
culot, aujourd'hui d'affirmer à l'émission Aux Vingt-Heures que
je mentionnais tout à l'heure: "Nous avons travaillé plus d'un an
avec le Conseil de la faune, des personnes-ressources du ministère, de
même que le comité ministériel formé de douze
députés qui représentent les grandes régions
fauniques du Québec. Il n'y a donc pas d'improvisation". Parce qu'il dit
avoir travaillé, pendant un an, avec douze députés du
caucus du Parti québécois qui, soit dit en passant,
n'étaient pas toujours d'accord, il n'y a pas eu d'improvisation. Comme
si nous n'étions pas au courant des avis du Conseil de la faune, des
appréhensions même des personnes-ressources de M. le ministre et
des réticences de ses douze collègues de l'Assemblée
nationale.
M. le ministre est un chirurgien impatient, il a hâte de taillader
son patient, même si l'opération peut abréger ses jours. De
toute façon, M. le Président, l'éclairage administratif
avec lequel le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche nous
éblouit depuis qu'on lui a confié ce qui pourrait s'appeler la
liquidation du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
et là, j'aurais bien des exemples à donner mais vous allez
dire que ce n'est pas pertinent nous permet d'espérer des
réponses aux questions que nous allons lui poser, s'apparentant d'assez
loin à des réponses assez surprenantes et s'apparentant d'assez
loin à la logique à laquelle sont habitués les gens qui se
soucient depuis longtemps de la faune, de l'écologie et de
l'aménagement du territoire.
Si M. le ministre réussit pourtant à nous convaincre et
à nous faire voir clair dans sa politique, nous lui recommanderons de
communiquer tout de suite ses solutions simples à ses collègues
du Conseil exécutif parce qu'il y en a plusieurs qui semblent avoir des
problèmes parmi ceux-ci. De toute façon, M. le Président,
j'aurai beaucoup de questions à formuler. On peut se demander, en
terminant, à la lueur des déclarations du ministre, des positions
de sa tournée, des réponses qu'il a données aux
différentes questions qui lui ont été formulées
dans le cadre de ses tournées, si le ministre ne nous a pas
préparé un immense, un énorme, un magistral poisson
d'avril, parce qu'on ne serait pas surpris qu'il recule.
M. le Président, c'était là l'essentiel du
commentaire initial que j'avais à vous faire ce matin et à faire
à mes bons amis d'en face. J'aurai des questions, de nombreuses
questions à poser; j'espère que le ministre est en bonne forme ce
matin, qu'il est bien disposé à y répondre. M. le
Président, vous comprendrez qu'on en est au tout début de cette
formule de séances du vendredi matin; est-ce que la procédure
j'en fais une demande de directive prévoit que je passe
tout de
suite aux questions ou encore si c'est le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche qui a un droit de réplique ou quelque chose
du genre?
M. Duhaime: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Sur la question de
règlement.
M. Duhaime: Je porte à votre attention les amendements qui
ont été apportés au règlement de la Chambre le 22
février 1978, l'article 162 a, paragraphe...
M. Pagé: Vous n'avez pas besoin de citer le
règlement. M. le Président, j'invoque le règlement. Vous
êtes censé connaître le règlement. Le
président, c'est comme un juge. Vous vous rappelez, quand vous plaidiez
à Shawinigan? Le juge est censé connaître la loi.
M. Duhaime: ... M. le Président.
M. Pagé: Vous n'avez pas besoin de citer l'article...
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous allez jouer sur le banc
ce soir au hockey.
Une Voix: On va vous faire jouer sur le banc.
Le Président (M. Marcoux): Je vais vous lire l'article 162
paragraphe a): Le député qui a donné l'avis de question
avec débat a droit d'être entendu le premier. Le ministre
questionné peut lui répondre immédiatement
après.
Une Voix: Après les questions.
Le Président (M. Marcoux): Chacune de ces interventions
doit être limitée à vingt minutes. Donc vous avez...
M. Pagé: Le ministre n'a pas droit de réplique.
Le Président (M. Marcoux): ... le ministre parle
après les questions.
M. Pagé: M. le Président, mes vingt minutes sont
terminées. Je commence les questions.
M. Chevrette: Non.
Le Président (M. Marcoux): On va lire le texte
tantôt. Un instant. On va relire le texte...
M. Chevrette: Vous ne ferez pas le "show" seul ce matin.
M. Pagé: Sois calme si tu veux être en forme pour,
jouer au hockey, ce soir, ne te fâche pas, tu vas être trop
impulsif, ce soir. M. le Président, je vous prierais de demander au
député de Joliette-Montcalm d'être serein. Je comprends que
c'est fâchant, il s'attendait d'être nommé ministre et il ne
l'a pas été. Attends, sois patient. La patience est un art dont
les racines sont amères et les fruits délectables.
M. le Président, je m'en tiens à votre
décision.
Le Président (M. Marcoux): La décision va
être simple, parce qu'on va relire ensemble l'article 162 paragraphe a)
qui dit que le député qui a donné avis de la question avec
débat a droit d'être entendu le premier ce qui fut fait
et le ministre questionné peut lui répondre
immédiatement après. Chacune de ces interventions doit être
limitée à vingt minutes.
Alors, si je ne me trompe, nous avons commencé vers 10 h 10, vous
avez eu une vingtaine de minutes pour exposer l'essentiel de votre
pensée pour le début des discussions, le ministre a droit
à une vingtaine de minutes pour vous répondre
immédiatement et ensuite le débat continue. M. le ministre.
Réponse du ministre M. Yves Duhaime
M. Duhaime: Merci, M. le Président, je dois vous dire que
je suis un peu déçu de l'intervention de mon collègue. Je
dois lui dire également que je ne suis pas étonné que son
candidat au leadership tire de la patte, parce que cela manque de contenu.
M. Pagé: On vous dira cela le 15 avril au soir. Vous allez
en avoir un congrès à la chefferie vous aussi, parce que vous
allez prendre assez une débarque aux prochaines élections que
vous allez être intraitables à l'égard de votre chef. Cela
va venir, regardez-vous aller. Cela va venir chez vous.
M. Chevrette: C'est à lui de parler.
M. Duhaime: M. le Président, j'ai écouté en
silence et religieusement mon collègue durant son intervention. Je vous
demanderais de le prier d'en faire autant, je n'en aurai que pour vingt
minutes.
Je voudrais, dans un premier temps, faire une mise au point à la
suite d'un article du journal Le Devoir de ce matin, un article signé
par M. André Bellemare, rédigé à la suite de la
conférence de presse du premier ministre, hier après-midi. Au cas
où il y aurait des malentendus, il est hors de question que les beaux
exclusifs de chasse et pêche aient été reconduits pour une
période de trois ans.
Je voudrais simplement vous donner la conclusion d'un
arrêté en conseil adopté mercredi de cette semaine, le 8
mars, concernant la tarification qui va s'appliquer aux propriétaires
d'emplacements, de camps ou de chalets sur des anciens territoires
clubés:
Que toutes les personnes ou organismes qui occupaient avec des
bâtisses, avant le 31 janvier 1978, en leur qualité de membre d'un
club de chasse ou de pêche, aient le droit d'utiliser les ter-
rains sur lesquels sont érigées leurs constructions
respectives, jusqu'à ce que le ministère des Terres et
Forêts et les autres ministères concernés aient en main
tous les documents permettant de normaliser ses occupations par un titre
formel, spécifique et individuel conformément aux normes et
procédures usuelles au ministère des Terres et Forêts;
Qu'il soit une condition essentielle de l'exercice du droit
d'utilisation conféré par le paragraphe
précédent;
Qu'à compter du 1er avril 1978 une rente minimale de $40 par
emplacement soit perçue annuellement des personnes ou des organismes
déjà installés, ladite rente étant payable d'avance
et à compter de la date susmentionnée;
Que cet arrêté en conseil constitue un titre
intérimaire valable et suffisant par lui-même pour une
période maximale de 36 mois à compter du 1er avril 1978;
Qu'en aucun cas le présent droit d'utiliser le terrain ne puisse
être considéré comme donnant droit à
rémission de lettres patentes, et qu'il soit bien entendu qu'il ne
comporte pas non plus des droits exclusifs de chasse et/ou de pêche;
Que le présent arrêté soit publié dans la
Gazette Officielle du Québec.
M. le Président, je voulais faire cette mise au point. Je
présume que c'est à travers des notes prises... J'ai
également la transcription de la conférence de presse du premier
ministre, à la page 4. Ce n'est pas nécessaire d'en faire la
lecture. Cela m'apparaît très clair et très explicite, et
cela va exactement dans le même sens que l'arrêté en conseil
qui est daté du mercredi 8 mars.
M. le Président, je voudrais, pendant une quinzaine de minutes,
vous dire, dans un premier temps, ce en quoi consiste cette nouvelle politique
d'accessibilité aux territoires du Québec, et, dans un
deuxième temps, vous dire aussi quels en sont les détails quant
aux droits des occupants, sur les mesures de protection et de conservation, sur
les mécanismes de financement qui sont à la disposition des
associations de chasse et pêche, et, enfin, sur ce qui m'apparaît
comme étant une donnée importante de ce dossier, l'aspect de
l'accessibilité pour tous dans l'égalité, sans
exclusivité et sans priorité pour qui que ce soit.
Depuis la fin de l'année 1976, à mon ministère,
nous avons constitué une équipe, composée, bien sûr,
de fonctionnaires du ministère, mais principalement de biologistes, de
techniciens de la faune et de gens qui font leur carrière au
ministère et qui sont familiers avec tout ce dossier des clubs depuis de
longues années.
Nous avons également mis sur pied un comité
ministériel formé d'une douzaine de députés et,
enfin, nous avons saisi le Conseil de la faune de l'ensemble du dossier en lui
demandant avis. Ce qui peut paraître scandaleux aux yeux du
député de Portneuf, c'est ce processus de consultation qui a
été fait entre, d'une part, de hauts fonctionnaires, des citoyens
à l'intérieur du Conseil de la faune et des
députés, pour en arriver à un consensus à travers
leurs réunions, leurs délibérations et discussions, pour
formuler une recommandation unanime de procéder, en 1978, au 1er avril,
au retrait de tous les baux exclusifs de chasse et pêche, sauf, bien
sûr, ce qui touche, ce qu'on a eu l'occasion de dire à maintes et
maintes reprises, nous avons imposé un moratoire pour ce qui est des
rivières à saumon et également pour ce qui est des
pourvoiries comportant des droits exclusifs de chasse et pêche au
Québec.
Lorsque j'ai eu le plaisir de faire la déclaration
ministérielle du 22 décembre 1977, je pense que tout le monde va
être d'accord, M. le Président, pour dire qu'il n'y avait pas
beaucoup de choses originales dans cette déclaration, sauf qu'on s'est
rendu compte, dans les semaines qui ont suivi le 22 décembre, que, cette
fois-ci, c'était vrai et que c'était pour de bon.
Nous avons vécu pendant de très longues années au
Québec un système en vertu duquel des groupes de citoyens
bénéficiaient exclusivement de l'exercice des droits de chasse et
pêche sur des territoires. Il faut bien rappeler que ce qui
apparaît aux yeux de certains aujourd'hui comme étant une
révolution n'en est pas une. Au contraire, nous ne faisons que
continuer, mais, en même temps, nous clarifions pour de bon une situation
anachronique.
(10 h 40)
II y a une quinzaine d'années, il y avait au Québec 2200
baux. En 1977, il en restait 1162 disséminés à travers les
grandes régions fauniques du Québec, tantôt
regroupés, ayant des frontières contiguës, dans d'autres cas
disséminés à travers tout le territoire, de sorte qu'il
n'a jamais été possible au ministère du Tourisme de la
Chasse et de la Pêche de travailler sur des politiques d'ensemble au
niveau des régions et des sous-régions mêmes. C'est
pourquoi nous avons retenu cette formule dans la mise en oeuvre du programme
d'accessibilité, c'est-à-dire de découper le territoire du
Québec en de grandes zones d'aménagement et de conservation. Dans
tout le Québec, cela veut dire, en gros, une cinquantaine.
Chacune de ces zones d'aménagement et de conservation peut, bien
sûr, regrouper tantôt les pourvoiries, une réserve ou des
morceaux de réserve, un parc ou des morceaux de parc, des territoires
ouverts ou encore et enfin des territoires qui seront sous le contrôle et
sous la gestion d'association d'utilisateurs, principalement d'association de
chasseurs et de pêcheurs, sur des territoires que nous appelons des zones
d'exploitation contrôlées.
Il est bien certain que, sur ces territoires délimités et
appelés zones d'exploitation contrôlées, se trouvent encore
aujourd'hui des citoyens du Québec qui sont propriétaires
d'équipements et d'investissements qui, dans certains cas, peuvent
être qualifiés de considérables. C'est pourquoi nous avons
décidé, plutôt que de retenir cette formule du passé
qui consistait à exproprier et ensuite à indemniser les
propriétaires de ses équipements, de les laisser sur place et de
les laisser occuper et jouir en toute propriété de leurs biens.
J'ai eu l'occasion tout à l'heure de donner la tarification. Il est bien
certain que les mécanismes au
ministère des Terres et Forêts sont établis depuis
très longtemps. Si vous me permettez, M. le Président, je
voudrais dire, en deux minutes, pourquoi et je réponds
également là-dessus à une question qui m'a
été posée à l'Assemblée nationale il y a
quelques jours j'ai eu l'occasion de dire que la tarification pour le
droit d'utilisation intérimaire était en discussion. Cette
discussion s'est terminée au Conseil des ministres mercredi dernier.
A l'heure où nous nous parlons, beaucoup de baux de
villégiature ou encore de baux à long terme ont été
émis par le ministère des Terres et Forêts, mais il est
bien certain que le ministère des Terres et Forêts ne peut pas,
d'un seul coup, émettre un bail de villégiature à tous et
chacun des propriétaires d'équipement, le même jour, en
même temps. C'est pourquoi l'arrêté en conseil constitue ce
droit d'utilisation intérimaire que nous avons pensé raisonnable
de fixer à $40 par année, payables annuellement, par emplacement.
Ce montant est même en deçà de ce que rapportait au fonds
consolidé le total des baux de droit exclusif.
L'année dernière, par exemple, de mémoire, le total
était de l'ordre de $600 000 et, cette année, avec la
tarification à $40, on pourrait atteindre, en gros, $480 000 à
$500 000. Cela veut dire qu'il s'agit d'un gain net, pour les
propriétaires, d'une somme d'environ $100 000. Cette approche de laisser
sur place plutôt que de procéder par expropriation envers ceux qui
ont occupé ces territoires et qui les ont utilisés pendant de
longues années... Nous avons décidé de les laisser sur
place, mais nous leur disons aussi que l'exclusivité dont ils ont joui
jusqu'à présent, ils devront la partager avec l'ensemble de leurs
concitoyens. Des clubs comme tels, dans leur forme corporative actuelle,
peuvent continuer d'exister. C'est certain et c'est même souhaitable dans
certain cas parce que beaucoup des équipements appartiennent non pas
à des individus, mais, dans beaucoup de cas, à une corporation.
Le seul retrait qui a été exécuté est
l'exclusivité.
Dans un deuxième temps, nous avons dit à ces gens: Nous
allons, de notre côté, reconnaître de façon
légale, formelle, et ce pour la première fois, les associations
d'utilisateurs, pour les fins du dossier principalement des associations de
chasseurs et de pêcheurs, et nous allons obliger un utilisateur qui
voudra se rendre sur le territoire d'une zone d'exploitation
contrôlée administrée par une association de chasse et
pêche à payer une cotisation de $15. Cette somme est le coût
de son droit d'accès, sans ballottage, bien sûr, les portes
étant ouvertes à tous. Ce droit étant familial, cela
signifie qu'en retenant la famille moyenne, un homme, une femme et deux
enfants, cela donnerait droit normalement à quatre quotas ou, encore,
à un maximum de prises journalières pour quatre personnes. S'il y
en a cinq, cela fera cinq, et, s'il y en a six, cela fera six.
Je voudrais peut-être qu'on aura l'occasion d'y revenir
tout à l'heure dire que c'est une pure opération
mathématique et que cela n'empêche en aucune manière le
contrôle ou encore la surveil- lance, pour ce qui est des prises
journalières aussi bien que pour le quota de possession.
Nous avons aussi décidé de mettre un montant de $1 million
dans un fonds de soutien pour venir en aide aux associations dans leur
démarrage de première année ou encore pour leur venir en
aide en cours de route lorsque leurs obligations seront beaucoup trop lourdes
à porter dans certains cas, soit parce que leurs membres sont moins
nombreux, soit parce que la géographie les contraint à des
dépenses ou parce que les routes demandent un entretien plus grand, etc.
Les associations auront également, en plus de cette cotisation des
cartes de membre, un accès au fonds de soutien; elles pourront, bien
sûr, émettre une tarification pour les services qu'elles pourront
offrir à leurs membres. Enfin, quatrièmement, et cela n'est pas
le moindre, depuis plusieurs années, des programmes de relance
économique sont avancés et ces associations comme telles,
à des fins d'aménagement, de conservation, d'ensemencement,
auront accès à des sources de financement à
l'intérieur des programmes de relance économique.
Je voudrais également dire un mot sur cette tournée de
consultation et d'information, bien sûr qui a été
effectuée au Québec. Nous avons, au cours du mois de
février, parcouru quinze villes; le délai exact est de 29 jours.
Il y a eu des assemblées publiques, précédées
à chaque occasion de conférences de presse et de rencontres plus
restreintes avec des représentants ou des directeurs provisoires
d'associations de chasse et pêche ou de membres de clubs privés.
Je dois dire que cette tournée a été
bénéfique. Il y a eu beaucoup de charriage dans le dossier. Cela
nous a permis de clarifier un certain nombre de choses et d'informer la
population. Je dois dire que cette tournée n'a pas été
faite en vain. Malgré tous les prophètes de malheur que l'on
entend, je suis en mesure de vous dire qu'à ce jour nous avons
reçu 43 propositions venant d'associations qui sont prêtes ou qui,
du moins, offrent leurs services pour faire la gestion et l'administration de
zones d'exploitation contrôlée. Trente autres associations nous
ont donné avis de leur intention de déposer une demande ou une
offre de gestion sur les zones d'exploitation contrôlée. Dans la
région de Québec, par exemple, 20 ont été
reçues, 3 sont en avis. En Mauricie, 4 ont été
reçues, 6 sont en avis et je pourrais vous donner tout le détail,
région par région.
Il semble donc, M. le Président, de plus en plus, une fois la
première onde de choc passée, la surprise passée
également, que nous allons maintenant nous diriger vers un très
large consensus. Je suis convaincu que cette politique pourra et sera bien
comprise et appliquée cette année, en avril, lorsque les premiers
jours de la pêche seront arrivés. En terminant, je voudrais
également dire un mot il me reste quelques minutes sur le
fait que, cette année, nous allons mettre à la disposition des
pisciculteurs privés du Québec environ $300 000. Ce montant
d'argent qui sera consacré par le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche au cours de l'année consis-
tera en des achats de poissons auprès des pisciculteurs
privés, lesquels poissons ensemenceront les lacs publics du
Québec, que ces lacs aient été ou non à
l'intérieur de territoires sous bail. Ces politiques d'ensemencement
seront, bien sûr, établies et discutées avec les
associations de chasse et pêche dans chacune des zones d'exploitation
contrôlée, à l'intérieur aussi des plans
d'aménagement et des plans de gestion pour chacune des zones
d'aménagement et de conservation.
Un dernier mot, enfin, M. le Président, sur cette façon de
travailler maintenant qu'il n'existe aucune de ces barrières
territoriales de clubs privés. Au niveau de chacune des grandes zones
d'aménagement et de conservation, qui sont en fait un redécoupage
des dix grandes régions économiques du Québec, nous allons
constituer des équipes beaucoup plus homogènes d'agents de
conservation, de biologistes, de techniciens de la faune, qui travailleront,
main dans la main, avec le personnel administratif au niveau des
régions, maintenant que la décentralisation du ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche est en bonne voie de
réalisation et est commencée, soit dit en passant, depuis le 22
décembre 1976.
Homogénéité des équipes, donc, travail au
niveau des régions sur des programmes décentralisés.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre, vous devez
conclure.
M. Duhaime: Je conclus rapidement, M. le Président
j'aurai sûrement l'occasion d'y revenir en disant que je suis un
peu étonné de constater la réaction de nos
collègues, principalement ceux de l'Opposition officielle, parce que
j'ai en mémoire une déclaration de M. Bourassa qui disait en
1970: que, dès 1974, tous les clubs privés auraient
été abolis au Québec. Nous sommes, en 1978, en train de
nous remémorer ces engagements pris, j'imagine, au cours de campagnes
électorales ou encore en improvisant des programmes de dernière
minute. M. le Président, je suis convaincu que ce programme, longuement
mûri, longuement réfléchi, sera mis en application et je ne
me laisse pas impressionner par ce sentiment de pessimisme ou de tristesse que
j'entends sur ma gauche. Je suis convaincu que ce programme sera un grand
succès. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf.
Discussion générale
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je vais rassurer
mon collègue, le député de Saint-Maurice. Il saura que je
suis bien optimiste, bien souriant. M. le Président, j'aurais un court
préambule à ma première question et le ministre me le
permettra. La philosophie qui guide l'action du gouvernement dans sa
démarche actuelle est sensiblement la même philosophie qui a
guidé le précédent gouvernement dans sa
démarche...
M. Duhaime: Jamais dans 100 ans.
M. Pagé: M. le Président, demandez donc au
député de Saint-Maurice... Ecoutez donc si vous voulez
répondre tantôt. Ecoutez, soyez calme. Non, mais, M. le
Président, il y a un règlement qui doit s'appliquer ici. (10 h
55;
M. Chevrette: Vous avez l'air bien plus d'un frère.
M. Pagé: Je n'ai même pas commencé à
poser mes questions que le ministre monte dans les rideaux. Je comprends qu'il
a peut-être eu de la difficulté dans ses tournées
régionales.
M. Jolivet: Question, question.
M. Pagé: Laissez-moi compléter.
M. Jolivet: Le préambule est fini, d'accord.
M. Pagé: Vous n'êtes pas les seuls à avoir la
vérité, vous savez.
M. Jolivet: Non, on n'est pas les seuls.
M. Pagé: II y a déjà eu un gouvernement
avant vous autres, il y a déjà eu un ministère du
Tourisme. Il y a déjà eu des actions de prises, puis vous n'avez
pas la vérité absolue.
M. Jolivet: Question, question. M. Pagé: Dites-vous
bien cela. M. Jolivet: Posez la question.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Je soutiens, M. le Président que la
philosophie qui guide le gouvernement actuellement est sensiblement la
même que celle qui guidait le précédent gouvernement dans
sa politique d'unités d'aménagement et de sociétés
de gestion. Sauf que, dans l'application, ce n'étaient pas les
mêmes choses, ce n'étaient pas les mêmes attributs, ce
n'étaient pas les mêmes modes de gestion. On avait un programme de
80 unités d'aménagement; vous avez un programme d'environ 80
zones d'aménagement.
M. Jolivet: Cinquante. Une Voix: Cinquante.
M. Pagé: Une cinquantaine de zones d'aménagement,
de zones d'exploitation contrôlée, vous en avez aussi.
M. Jolivet: Non, non.
M. Pagé: Là où on n'est pas d'accord, c'est
qu'on se demande comment le gouvernement pourra faire en sorte de garder
l'équilibre de la
faune, du potentiel de pêche à l'intérieur de ces
territoires. Je m'explique. Vous dites: On donne tout cela à des
associations. Il reste un mois, là. D'abord, c'est improvisé
parce que c'est trop vite. Le caucus des députés du Parti
québécois disait dans son rapport... Le ministre nous a
parlé tantôt, il s'est gargarisé en disant: II y a de
l'unanimité.
M. Chevrette: Je soulève une question de privilège,
M. le Président.
M. Pagé: J'y arrive, M. le Président. M.
Chevrette: M. le Président...
M. Pagé: II n'y a pas de question de privilège en
commission parlementaire, apprenez votre règlement.
Le Président (M. Marcoux): Un instant, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Vous savez qu'il n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf, ce n'est pas à vous à répondre à la
question que me pose...
M. Pagé: Je veux vous aider pour que cela aille plus
vite.
M. Chevrette: Question de règlement d'abord.
Le Président (M. Marcoux): Ce n'est pas à vous de
répondre aux questions que me pose le député de
Joliette-Montcalm. Il n'y a pas de question de privilège en
commission.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Marcoux): Oui, question de
règlement.
M. Pagé: Sur quoi?
M. Chevrette: Je vais commencer par une directive. Quand les
faits...
Le Président (M. Marcoux): Vous allez me donner une
directive ou vous allez m'en demander une?
M. Chevrette: Non, je vais vous en demander une.
M. Pagé: Vous n'êtes pas encore
président.
M. Chevrette: Mon nom ce n'est pas Pagé de Portneuf pour
vous donner une directive, c'est pour vous en demander une.
M. Pagé: L'expérience est là, monsieur.
D'accord, mets cela dans ta pipe.
M. Chevrette: L'autosuffisance aussi comme attitude est là
dans votre cas.
M. Pagé: Mets cela dans ta pipe.
M. Chevrette: Voici ce que je voudrais vous demander, M. le
Président. Quand un fait est relaté, qu'il est inexact ou qu'il
ne constitue qu'une partie d'un tout, est-ce que cela constitue une question de
règlement que de vouloir la rectifier?
M. Pagé: M. le Président, je soulève une
question de règlement.
M. Chevrette: J'ai posé la question au
président.
Le Président (M. Marcoux): II y en a d'abord une. Je vais
entendre celle-ci.
M. Pagé: Décidez de celle-là, puis si vous
voulez de la procédure ce matin, on va s'amuser.
Le Président (M. Marcoux): Dans les commissions avec
débat, l'économie générale du nouveau
règlement qui doit nous guider dans cette commission c'est qu'une fois
les exposés d'ouverture faits par le député qui a
donné l'avis et la réponse générale donnée
par le ministre, le député qui a donné l'avis a un droit
de parole privilégié qu'il peut utiliser à son
entière discrétion aussi longtemps, aussi largement qu'il entend
le faire, et le ministre a un droit de réponse privilégié
qu'il peut aussi utiliser le plus largement possible.
M. Chevrette: Cela veut-il dire que les députés
n'ont rien à faire ici?
Le Président (M. Marcoux): Les députés
peuvent, dans la mesure où il reste du temps disponible, ou le
député qui a mis la question avec débat à l'ordre
du jour et le ministre...
M. Pagé: Merci. Est-ce que vous avez
complété, M. le Président?
Une Voix: Non, c'est fini.
Le Président (M. Marcoux): Je pense que tout le monde est
très calme, M. le député de Portneuf. Tous les autres
députés qui veulent intervenir peuvent intervenir chacun pour
vingt minutes, mais doivent demander la parole quand il reste du temps. A ce
moment, ils peuvent utiliser leur droit de parole.
M. Chevrette: Je le demande.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf, vous aviez une question de règlement?
M. Pagé: Oui, j'avais une question de
règlement.
Le député de Joliette-Montcalm vous demande: Est-ce qu'un
député peut dire quelque chose...? Il semblait vouloir remettre
en cause l'affirmation que je faisais.
M. Chevrette: La rectifier.
M. Pagé: M. le Président, si le
député de Joliette-Montcalm croit que ce que j'ai soutenu tout
à l'heure en vous disant qu'il y avait une division à
l'intérieur d'un caucus... Servez-vous de l'article 80 et accusez-moi en
Chambre et faites-moi une poursuite. Je connais des bonnes motions de
blâme.
M. Chevrette: J'ai dit que ce n'était pas complet.
M. Pagé: Non, c'est moi qui parle. Une Voix: Petit
avocat. M. Pagé: Je vais terminer.
M. Chevrette: Le pape, il ressemble beaucoup plus à M.
Ryan, par exemple, le pape...
M. Pagé: Je vais terminer ma question de
règlement.
M. le Président, j'en reviens au sujet. Tout à l'heure, le
ministre s'est gargarisé en disant: II y a eu beaucoup
d'unanimité, de la consultation. C'est un appel à la prudence que
je veux lui faire ce matin. On est d'accord avec le principe. Sur l'application
de ce principe, on n'est pas d'accord; je vais lui dire pourquoi tout à
l'heure. Mon appel à la prudence, je le fonde sur plusieurs
éléments. Un premier élément, c'est la position du
comité des députés du Parti québécois
concernant l'alternative aux clubs privés. J'ai un document de
l'Assemblée nationale du Québec ici, un document interne
évidemment. La proposition des députés était,
concernant les régions éloignées...
M. Jolivet: Quelle date?
M. Pagé: ... une position concernant les régions
éloignées.
M. Jolivet: Quelle date?
M. Pagé: Vous poserez des questions tantôt, si vous
voulez, vous demanderez au président. C'est lui le patron.
M. Jolivet: Quelle date?
M. Pagé: M. le Président, la position variait selon
les territoires dans les régions éloignées et les
régions périphériques.
M. Jolivet: Ce n'est pas la consultation.
M. Pagé: Les régions éloignées. Ici,
je cite les députés péquistes: "On pourrait conserver le
système des clubs privés, tout en augmentant les obligations pour
les membres de ces clubs de voir à la protection et à la
conservation de la ressource faunique, ainsi qu'à la protection de
l'environnement." C'était la position du caucus des
députés péquistes en ce qui concerne les régions
éloignées.
Les régions périphériques vos douze
députés: "Dans ces régions situées dans un
périmètre de certaines villes, exemple La Tuque, Mont-Laurier,
Chicoutimi, (à déterminer) notre attitude serait d'utiliser
diverses formules permettant à tout le monde une accessibilité
aux ressources fauniques selon leurs besoins."
C'était une première alarme donnée au ministre, en
lui demandant d'être prudent, de se fixer des échéanciers.
M. le Président, c'est là le sens de ma première question:
Pourquoi le ministre ne s'est-il pas donné un échéancier
de réalisation de trois ans ou de quatre ans? Je vais donner un exemple,
que le ministre a voulu tout à l'heure remettre en cause, ce qui avait
été fait par le précédent gouvernement. Vous
accepterez avec moi, M. le Président, que le ministre s'est
guidé, a tiré sa philosophie d'action de la philosophie d'action
qui avait été énoncée par le ministre Simard dans
l'annonce des unités d'aménagement et des sociétés
de gestion, sauf qu'au chapitre de la conservation, ce ne sera pas la
même chose.
M. le Président, le ministre me permettra peut-être une
question. Je vais donner un exemple. Je ne veux pas, ce matin, qu'on fasse de
politique, c'est strictement pour bonifier le débat et afin qu'il y ait
un échange d'idées sur le fond. Qu'on prenne le cas, et je vais
donner un exemple spécifique où il y avait une
société de gestion de prévue dans le comté de
Portneuf, entre la réserve de Portneuf et le parc des Laurentides. Je
pourrais citer beaucoup de cas semblables. Dans un premier temps, on
s'était donné un échéancier de trois ans pour
établir sept sociétés d'aménagement au
Québec; c'était beaucoup plus prudent, c'était beaucoup
plus sérieux que ce qui est fait actuellement, quand le ministre nous a
déclaré, le 22 décembre: On abolit tout, on ne sait pas
où on s'en va, mais on part. Le principal, c'est de partir; on a un
engagement à l'égard de nos électeurs, on a un engagement
à l'égard de nos organisateurs péquistes dans nos
comtés qui crient après nous pour qu'on respecte le programme
qu'on a présenté à la population avant novembre 1976. On
part, mais on ne sait pas où on s'en va.
Remarquez que ce n'est pas le seul ministre qui parle ainsi depuis le 15
novembre.
M. Jolivet: Le préambule est long.
M. Pagé: Le projet de la société de gestion,
chez nous, c'était de regrouper seize clubs privés sous une
association. Les clubs privés étaient déjà
délimités. On s'était donné, dans un premier temps,
un délai de six mois pour préparer le plan d'aménagement.
C'est sur la foi du plan d'aménagement que tu peux déterminer la
capacité d'accueil à l'intérieur de ces clubs. Sur la foi
de ce plan d'aménagement et de la capacité d'accueil était
déterminé le jour-pêche-homme possible pour chaque
saison.
J'en arrive à ma question concrète. M. le ministre, vous
aviez un territoire comme celui-là dans lequel, par exemple, vous
pouviez avoir 4000 jours-homme-pêche par année, c'est un
exemple
que je donne. Si vous aviez 800 membres de clubs privés dans ce
territoire, vous auriez pu prendre 1200 membres additionnels qui seraient
devenus membres de la société de gestion dans le territoire; ces
1200 membres, leur lieu de provenance aurait pu être la région
pour une partie et pour l'autre partie, la province, et les 2000
jours-homme-pêche libres pour la saison auraient pu être
livrés au public.
C'est ainsi, M. le Président, que tous les pêcheurs du
Québec qui auraient voulu pêcher auraient pu contacter les
associations, les sociétés de gestion, les sept qui auraient
été mises sur pied dans les trois premières années.
Et notre projet fixait un échéancier d'environ huit à neuf
ans et, toujours, compte tenu des disponibilités budgétaires,
parce que c'est important on en parlera tantôt pour couvrir
tout le territoire du Québec.
Ce qu'on fait, c'est essentiellement le même principe. Le ministre
dit: On crée une société, une ZEC, qui viendra d'une
association, mais là où je ne suis pas d'accord et où
l'Opposition officielle n'est pas d'accord, c'est qu'il n'y aura pas de
contrôle. Je voudrais bien que le ministre ou ses députés
qui semblent être très savants sur le dossier même si on ne
les entend pas parler souvent en Chambre, me disent comment vous allez faire
pour contrôler les prises sur un lac donné. Un lac a une
capacité d'accueil; à un moment donné, il faut que tu
arrêtes, si tu n'arrêtes pas, le lac se vide. Qui va
déterminer quoi, dans cela? Est-ce que ce sera l'association
accréditée? Est-ce qu'elle aura les pouvoirs de dire: Vous avez
assez pêché sur tel lac? Ce ne sera certainement pas
l'été prochain, parce que les plans d'aménagement ne sont
pas complétés. C'est là l'essentiel de la première
question, et j'aimerais bien que ce soit le ministre qui me réponde, qui
va le déterminer?
Je suis informé, M. le Président, et je ne peux pas le
citer au texte, qu'à une réunion tenue à la maison
Montmorency, le 30 janvier, si ma mémoire est fidèle, un lundi
soir, un des fonctionnaires du ministre j'aimerais bien qu'il me
confirme si c'est là l'intention de son ministère aurait
donné une réponse à un contribuable de Portneuf qui lui
posait sensiblement la même question. Ce contribuable mettait en relief
le fait qu'on pouvait se retrouver avec une vingtaine de canots, sur un lac qui
pouvait en recevoir, trois, quatre, cinq.
Or, la réponse aurait été, je dis bien aurait
été, je suis quand même très prudent, j'aimerais que
le ministre me confirme tout cela, qu'il y aura un contrôle naturel qui
se fera, à savoir que le 21e citoyen arrivera avec son canot, constatera
qu'il n'y a plus de poisson et s'en ira ailleurs.
Si c'est votre politique, cela n'a pas de maudit bon sens. Moi, je vous
demande comment vous allez le contrôler. Au point de vue du principe, on
est d'accord, mais pas dans l'application concrète. Pourquoi ne pas
donner des pouvoirs à ces gens-là, des obligations aussi, des
obligations d'ouvrir les lacs au public, à tout le monde, que tous les
citoyens du Québec puissent aller à la pêche. Mais que
quelqu'un ait des pouvoirs là-dedans, parce que votre ZEC, puis son
conseil d'administration, ils n'en auront pas de pouvoirs. C'est là leur
problème. Or, ces avertissements vous ont été
lancés, non pas seulement par vos députés, parce que, dans
la "gang", il y en a quand même quelques-uns qui ont du bon sens.
Même si plusieurs ont des aspirations qui ne correspondent pas à
leur potentiel ou à leur capacité, il y en a qui ont du bon sens,
il y en a qui ont de l'expérience dans le milieu. Il y en a qui,
contrairement au député de Saint-Maurice, vont faire un tour dans
leur comté de temps en temps, parce que le député de
Saint-Maurice n'y va pas. Eux, ils rencontrent des gens qui vont à la
pêche, qui vont à la chasse et qui leur disent: Ecoutez, ce que
vous vous apprêtez à faire à titre de gouvernement, cela
n'a pas de bon sens.
M. Duhaime: Les majorités...
M. Pagé: Les majorités, on en reparlera
après les prochaines élections. Je suis pas mal plus en
sécurité dans Portneuf que le député de
Saint-Maurice peut l'être dans son comté. Venez dans mon
comté, n'importe quand, toute la "gang", l'un en arrière de
l'autre, puis tous ensemble, et il n'y aura pas de problème.
M. Jolivet: Ce n'est pas le temps, posez des questions.
M. Pagé: J'y arrive, et que le ministre ne cherche pas
à éluder les questions. Comment allez-vous faire pour assumer un
contrôle au chapitre des prises, un contrôle autre que celui des
agents de conservation? Quels sont les pouvoirs et les contrôles qui sont
donnés à la ZEC, au conseil et au groupe que vous créez,
parce que le problème est là? Fondamentalement, la
différence qui distingue votre politique et la nôtre, c'est
qu'avec la nôtre, les gens qui étaient là avaient des
contrôles, avaient des pouvoirs, c'était ouvert à tout le
monde, ouvert au public, mais pas à n'importe quelle condition, pas
à n'importe quel prix.
C'était impossible pour quiconque de venir faire ce qu'il voulait
sur ce territoire. C'était normal. Moi, je ne m'explique pas l'attitude
du ministre. J'arrive en parlant de conservation, de protection du territoire,
et ce n'est que son pétage de bretelles habituel. Vous le connaissez, on
a vu cela dans d'autres dossiers, il dit en même temps: Cela va
être ouvert au public et vous allez pouvoir faire n'importe quoi,
n'importe quoi, n'importe qui. Puis il me semble de le voir brandir: Le
Québec aux Québécois! Que c'est beau, cette
affaire-là!
Mais qui va faire qu'il y aura encore des poissons dans quelques
années et qui va limiter le contrôle, abstraction faite du
contrôle exercé par les agents de conservation? C'est ma
première question, M. le Président. Le préambule
était un peu long, et je vais essayer d'être un peu plus bref dans
le préambule de la deuxième. J'aimerais bien que ce soit le
ministre qui réponde.
Je comprends que le député de Joliette ait beaucoup
d'aspirations, mais j'aimerais que ce soit le ministre qui me
réponde.
M. Duhaime: Est-ce que j'ai la parole? Le Président (M.
Marcoux): M. le ministre.
M. Duhaime: Je voudrais apporter deux précisions puis
laisser à mes collègues le soin de reprendre certaines des
questions. Je voudrais quand même qu'il soit bien entendu que, quand on
veut comparer des philosophies ou des approches, il faut d'abord qu'il y ait
des points de comparaison. On ne peut pas comparer le nil ou le néant
avec ce qui est. Vous relirez Sartre entre autres, peut-être un de vos
auteurs...
M. Pagé: ... La petite réserve de Saint-Maurice.
Que c'est beau! (11 h 10)
M. Duhaime: J'ai eu l'occasion de lire tous ces documents de
travail qui ont été faits. C'est exact de dire qu'il y avait des
sociétés d'aménagement, 80 environ, de prévues dans
le passé. Mais je dois dire et c'est à votre actif
qu'il y en a eu une seule de mise en oeuvre, c'est celle de Baie-Trinité
et celle-là a été mise en oeuvre d'une façon assez
particulière. C'est parce qu'il y avait un député de
Saguenay qui s'appelait Lucien Lessard qui s'est battu pendant des mois, des
années, pour que la population puisse avoir accès à la
rivière Trinité et cette société de
Baie-Trinité fonctionne. C'est la seule qui fonctionne, en six ans et
demi. Pour l'autre tentative, Duchénier, il a fallu qu'on reprenne le
dossier de A jusqu'à Z. Et c'est l'année dernière que nous
avons repris ce dossier. Je vais vous concéder 1 1/4 sur 80, en six ans
et demi. Ne venez pas me parler de philosophie. Il n'y en a strictement jamais
eu. D'autant plus qu'à la base même des sociétés
d'aménagement, il y avait l'exclusivité qui était
attachée aux territoires confiés aux sociétés
d'aménagement et c'est justement ce principe d'exclusivité, ou
encore de priorité, que nous avons refusé en nous en tenant
à cette politique d'accessibilité pour tous, dans la plus stricte
égalité.
Je voudrais également, M. le Président, si vous me le
permettez on vient de me remettre une information, peut-être que
cela peut intéresser plusieurs d'entre vous qui s uivez ce débat
en commission parlementaire venant de sept régions, à 11 h
5, nous avons sur la table 54 propositions d'entrées venant
d'associations de chasse et pêche et 33 autres associations nous ont
donné avis de leur intention de faire une proposition. Il reste les
trois autres régions et, sans crainte de me tromper, je puis dire que
les prochaines propositions des trois régions... Ce sont des
régions qui ont été visitées en dernier lieu par
l'équipe formée de fonctionnaires de mon ministère et,
à chaque occasion, accompagnés d'un député
lorsqu'il y avait rencontre avec le public et qu'avant ou après cette
assemblée publique, des membres ou des officiers d'associations de
chasse et pêche ont été vus. Je laisse le soin à mon
collègue qui a un droit de parole...
M. Pagé: C'est une question concrète que j'ai
posée au ministre. C'est beau, M. le ministre nous cite Sartre, ce
matin, et il est parti, comme d'habitude. Répondez donc
concrètement aux questions que je vous ai posées. Comment
allez-vous faire... Est-ce qu'il est adjoint parlementaire du ministre du
Tourisme? C'est une récente nomination depuis ce matin?
M. Chevrette: Je suis député. Une Voix: Cela
viendra.
M. Chevrette: Puis-je essayer de vous répondre?
M. Pagé: Est-ce que vous parlez au nom du ministre?
M. Chevrette: C'est écrit dans le règlement, si
vous l'avez bien lu il est nouveau que chaque
député parle en son nom personnel.
M. Pagé: Etes-vous responsable de ce dossier-là
devant la Chambre?
M. Chevrette: Si la réponse ne vous satisfait pas... J'ai
fait trois tournées; donc, je connais un peu le dossier.
M. Pagé: M. le Président, j'invoque le
règlement. Je regrette, les règlements adoptés au mois de
février, que le ministre nous a cités ce matin, prévoient
que c'est le ministre qui répond aux questions. C'est bien dommage, je
regrette. Je comprends que vous n'avez pas l'occasion de parler souvent
à votre caucus ni à l'Assemblée, mais vous essaierez de
vous faire valoir sur d'autres tribunes, quand vous aurez atteint vos
aspirations de devenir membre du cabinet, ce que je vous souhaite!
M. Chevrette: Arrêtez donc d'être suffisant et
d'être baveux! Répondez donc comme du monde!
M. Pagé: Je demande au ministre de répondre. Qui va
déterminer quoi au chapitre de la conservation?
M. Chevrette: Ce petit gars-là!
M. Pagé: M. le Président, je vous demanderais de
rappeler à l'ordre le député de Joliette-Montcalm. Il bout
ce matin.
M. Chevrette: Pauvre vous! Vous avez l'air d'un petit
suffisant!
M. Pagé: Qui va déterminer quoi au chapitre de la
conservation à l'intérieur des ZEC?
M. Chevrette: Petit Louis XIV!
M. Duhaime: M. le Président, sur la question de
règlement, je ne sais pas sur quoi se base le député de
Portneuf, mais je lis l'article 162a de
nos règlements et je ne trouve rien de pareil. Je conserve mon
droit de parole privilégié et je suis bien convaincu que mon
collègue, le député de Joliette-Montcalm, est en mesure de
répondre sur la question du contrôle...
M. Pagé: Une question de règlement. Je m'excuse, le
ministre...
M. Duhaime: Je parle sur une question de règlement!
M. Pagé: Oui, mais cela n'a pas de bon sens ce que vous
dites et, par surcroît, vous êtes avocat.
M. Duhaime: Tout de suite après, si besoin est
parce que j'ai une grande confiance que mon collègue de
Joliette-Montcalm peut amplement répondre, et d'abondance, à
votre question si je juge utile de compléter, je le ferai.
M. Pagé: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Pagé: Excusez-moi, mais nous allons nous comprendre ce
matin.
M. Duhaime: Vous me faites penser à un avocat qui invoque
le Code criminel.
M. Pagé: En droit parlementaire, c'est le Conseil des
ministres qui est responsable devant la Chambre. C'est un ministre qui doit
répondre des actes du gouvernement devant le Parlement et devant les
membres de l'Assemblée. C'est fondamental et, par surcroît, je
pensais que l'avocat de Saint-Maurice le savait. C'est inquiétant, soit
dit en passant. Ce n'est pas un député qui peut-être
responsable ou tributaire des actions, des gestes et des politiques du
gouvernement devant l'Assemblée. Le député de
Joliette-Montcalm a le droit d'intervenir et j'espère qu'il interviendra
parce qu'il en connaît probablement plus que le député de
Saint-Maurice dans ce dossier. Ce n'est pas lui, en tant que
député, qui est responsable du dossier de l'entente. C'est au
ministre de me répondre. Je comprends qu'il est habitué à
faire des grandes déclarations, mais la procédure du vendredi
matin est spécifiquement prévue pour que le ministre
réponde aux questions. Répondez. Quels seront les pouvoirs
attribués à un ZEC au chapitre de la conservation sur le
territoire placé sous sa juridiction? Cette question ne demande pas une
réponse compliquée; il n'est pas nécessaire de citer
Sartre, Pascal et tous les autres. Répondez donc à la question
concrètement. Quels seront leurs pouvoirs? C'est la pierre d'achoppement
de notre position et le problème est strictement là.
C'était ma question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Avant de trancher la question
de règlement, je vais suspendre les travaux de cette commission pour
quelques minutes afin de prendre avis sur cette question.
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Puisque nous sommes en train
d'établir de nouveaux précédents avec cette question avec
débat, je vais prendre quelques minutes... Ce qui est clair dans le
nouveau règlement, c'est qu'un ministre peut demander à ses
fonctionnaires de prendre la parole et de répondre aux questions.
M. Chevrette: S'il peut le faire avec un fonctionnaire, il peut
le faire avec un député.
Le Président (M. Marcoux): Chaque fonctionnaire parle en
son nom, mais sous l'autorisation ou à la demande du ministre. Je vais
vérifier ce qui en est lorsque le ministre fait la même chose avec
un député. Trois minutes à peine.
(Suspension de la séance à 11 h 17)
Reprise de la séance à 11 h 22
Le Président (M. Marcoux): La question de règlement
posait le problème suivant: Est-ce que le ministre peut donner son droit
de parole à un député? La réponse que je donne
à cette question c'est que le ministre peut le faire, mais, à ce
moment-là, le député qui prend la parole parle au nom du
ministre, donc au nom du gouvernement. C'est le sens que je donne à la
question de règlement qu'on a invoquée.
Le ministre avait la parole concernant la question qui avait
été soulevée par le député de Portneuf.
M. Pagé: Est-ce que le député qui sera
appelé, soit à cette commission-ci ou à toute autre
commission, à prendre la parole pour et au nom du ministre engage la
responsabilité ministérielle du cabinet?
Le Président (M. Marcoux): Quand je dis que le
député qui prend la parole au nom du ministre, donc au nom du
gouvernement, parle comme s'il était ministre ou comme s'il était
membre du gouvernement, évidemment il est partie, à ce
moment-là, à la responsabilité ministérielle,
même s'il n'est pas membre du cabinet.
M. Pagé: J'aurais une dernière demande de
directive. Est-ce que le député qui parlera au nom du ministre,
engageant ainsi la responsabilité ministérielle, le fera sous la
foi d'un serment d'office exigé pour engager la responsabilité
ministérielle?
Le Président (M. Marcoux): Je dis: Non.
M. Duhaime: Sur la question de règlement, M. le
Président...
M. Pagé: M. le Président, je vous demande de
prendre cette question en délibéré parce que, non
seulement elle peut engager les travaux de cette commission, mais même
les travaux de l'Assemblée.
Le Président (M. Marcoux): Je voudrais ajouter un
élément. Evidemment, comme c'est un nouveau type de commission,
je voudrais que cette décision ne constitue pas un
précédent comme tel, mais une décision par rapport
à la question qui a été soulevée ce matin. Dans les
journées ou les semaines qui viendront, la présidence de
l'Assemblée nationale verra à clarifier, de façon
définitive, toute cette question, mais, pour ce matin, la
décision est rendue.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que je peux... Je
ne veux pas paraître...
M. Duhaime: M. le Président, est-ce que je pourrais avoir
la parole, sur une question de règlement?
M. Pagé: J'aurais une dernière question à
soulever. J'en étais sur une question de règlement.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf était déjà sur une question de
règlement.
M. Duhaime: Oui, mais cela fait cinq fois que cela revient.
M. Pagé: Oui, mais c'est pour vous aider, pour que vous
ayez moins de problèmes quand vous arriverez de l'autre
côté; attendez une minute, vous êtes en train de vous mettre
les pieds dans les plats et dans les assiettes, comme d'habitude. (11 h 25)
M. Jolivet: Question.
M. Pagé: M. le Président, vous dites que la
décision que vous rendez ne crée pas de précédent,
mais elle en crée un. Si vous permettez, aujourd'hui, à un
député d'engager la responsabilité ministérielle,
sans être ministre et sans avoir prêté un serment d'office,
je ne vois pas en quoi, M. le Président, à une autre commission
où le même problème pourrait éventuellement se
présenter, ce précédent ne pourrait pas être
invoqué.
M. le Président, je pense que, dans la conjoncture, ce serait
beaucoup plus facile, parce que je comprends et je suis d'accord... Je pense
que tout le monde est unanime à constater que le rouage, que la
définition des travaux d'une commission comme celle-là se fera au
fur et à mesure qu'on aura à en vivre et à en avoir des
vendredis matin. Mais la décision que vous pouvez prendre, M. le
Président, est très importante, non seulement pour les travaux de
notre commission et pour les travaux de toutes les commissions
subséquentes, mais elle remet en cause un principe fondamental en droit
parlementaire, à savoir que c'est un membre de l'Exécutif, du
cabinet qui a prêté serment d'office qui est responsable devant la
Chambre, devant les parlementaires. Cela a toujours été comme
cela dans le droit parlementaire.
Vous savez aussi, M. le Président, et j'invoque un autre motif,
qu'un député ne peut, par un geste législatif qu'il pose,
engager la moindre somme pour et au nom du gouvernement. Vous savez que c'est
le principe fondamental de notre droit parlementaire. Entre autres, un
parlementaire ne peut pas présenter un projet de loi public qui
entraîne une dépense d'argent. Cela doit nécessairement
être présenté par un membre du Cabinet.
M. le Président, je vous donne l'exemple suivant: Prenons le
cas... J'en arrive à la fin de ma question de règlement. Le
débat est sérieux; il est plus profond que vous ne pensez et vous
ne connaissez pas grand-chose dans cela. Soyez calmes.
M. Chevrette: Sauf que vous n'avez pas posé bien bien des
questions aujourd'hui. Le but de la rencontre, c'est de poser des questions au
ministre.
M. Pagé: M. le Président, je vous donne un exemple.
J'apprécierais que vous écoutiez, à moins que vous
suspendiez et ce sera mon dernier argument. M. le Président, est-ce que
je pourrais avoir votre attention?
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Pagé: J'en suis bien heureux. Prenez le cas, que ce
soit aujourd'hui ou un autre jour, où un ministre a une opinion sur un
projet donné, qu'il fait répondre en son nom pour et au nom du
gouvernement un de ses collègues simple député, que ce
député, dans l'énoncé qu'il évoque devant la
commission engage des sommes du gouvernement qui n'avaient pas
préalablement été prévues par le ministre dans son
programme. Cela veut dire quoi? Cela voudrait donc dire qu'on aurait un
député qui aurait impliqué par sa position, son geste, son
annonce ou ses commentaires, une dépense d'argent du gouvernement, et ce
sans que ce soit la volonté du ministre qu'il représente, pour
qui il parle, et sans que cet argent ait été voté par un
membre du cabinet.
M. le Président, cela remet en cause tout le principe de notre
parlementarisme. Je vous demande de suspendre la séance. Je vous demande
de prendre cette question en délibéré, de la soumettre
à l'Assemblée nationale. Qu'on présente une requête
à l'Assemblée nationale pour que le président de
l'Assemblée nationale statue sur cette question. C'est trop important en
termes de précédent que le ministre laisse répondre le
député de Joliette-Montcalm. Ce serait pas mal plus facile, et je
termine la question de règlement là-dessus, si le ministre
répondait. Cela nous montrerait qu'il connaît tout au moins son
dossier.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je vais vous donner mon point
de vue sur la question de rè-
glement. Je vais vous dire bien honnêtement que je ne suis pas un
spécialiste de la procédure parlementaire.
M. Pagé: Cela paraît.
M. Duhaime: Et Dieu me garde de ne jamais, un jour, devenir un
spécialiste de la procédure parlementaire.
M. Pagé: II est leader adjoint, à part cela et il
ne connait pas la procédure.
M. Duhaime: Ce que je voudrais tout simplement mentionner, c'est
que si j'ai voulu, tout à l'heure, céder mon droit de parole
à un de mes collègues, député ministériel,
c'est pour permettre à tous les membres de la commission parlementaire
de participer au débat et qu'ils puissent le faire en toute connaissance
de cause, étant des députés ministériels qui ont
participé au niveau du caucus ministériel et qui ont
participé également à toute la tournée
d'information et de consultation. Je voudrais qu'il soit établi de
façon bien claire, M. le Président, que si la conclusion à
laquelle vous en êtes venu est que le ministre peut répondre
lui-même ou encore peut céder son droit de parole, plutôt
que d'engager le débat parce qu'il y a déjà une heure et
trente minutes de passées dans un placotage infantile, je vais tout
simplement donner les explications pour ce qui est du contrôle au niveau
des associations de chasse et pêche, de la délégation des
pouvoirs, des modèles minimal et maximal des zones d'exploitation
contrôlée.
Si cela n'offense pas la vertu parlementaire du député de
Portneuf, je pense qu'il serait peut-être intéressant que d'autres
de mes collègues puissent intervenir dans ce débat parce que je
ne voudrais pas imposer à qui que ce soit un dialogue qu'on pourrait
peut-être qualifier plus tard... J'en garde, jusqu'à maintenant en
tout cas, une mauvaise impression.
M. le Président, sur la question du contrôle de la
ressource, c'est-à-dire la protection de la ressource et sur le
contrôle et toute la politique d'accessibilité, nous avons dit, et
cela fait l'objet également de l'arrêté en conseil, que
nous allions confier, sans exclusivité des territoires
délimités que nous appelons zones d'exploitation
contrôlée, à des associations d'utilisateurs,
principalement des associations de chasseurs et pêcheurs, suivant
différents types de modèles, soit modèle minimal ou
encore, à l'autre extrémité, modèle maximal.
Je voudrais en quelques mots expliquer en quoi consiste la
délégation des pouvoirs que nous avons invoquée depuis le
22 décembre, alors que j'ai eu l'occasion de déclarer que le
gouvernement était prêt à aller à la limite de la
délégation des pouvoirs, pour ce qui est de la gestion et de
l'exploitation des zones d'exploitation contrôlée.
Cela peut signifier ceci, si on prend un exemple bien précis. On
retrouve le territoire d'une zone d'exploitation située près d'un
centre urbain d'une grande densité de population et très
facilement accessible. Il est certain que n'importe quel citoyen va se rendre
compte qu'il y a tout le moins un risque de surexploitation de la ressource.
Quand nous parlons de délégation de pouvoirs, cela peut
signifier, dans un cas comme celui-là, que l'association
agréée pourra implanter un poste d'accueil, mais nous
avons mis le "mais " de façon très ferme après que
l'accord aura été donné par les administrateurs du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, au niveau de
cette même région. Un poste d'accueil qui va permettre, dans un
premier temps, de contrôler les adhésions, qui va permettre
surtout de donner de l'information aux usagers qui vont se présenter
pour des activités de pêche ou de chasse dans ce territoire.
Deuxièmement, la délégation de pouvoirs peut
signifier et signifiera dans certains cas, surtout avec l'exemple que je viens
de donner, où vous avez un lac bien connu pour sa ressource, riche en
poisson, riche en faune, à ce moment, nous sommes prêts, par
protocole d'entente et cela fera l'objet du protocole d'entente
à permettre à une association de diminuer le quota de prise
journalière dans un lac. Ce règlement de l'association aura force
de loi tout comme s'il s'agissait d'un arrêté en conseil, parce
que nous aurons cette délégation de pouvoirs.
Troisièmement, cela peut signifier qu'une association de chasse
et pêche, toujours dans l'hypothèse d'un modèle maximal,
pourra décider, non pas de fixer un quota d'embarcations sur un lac,
mais pourra d'elle-même, à son gré, mettre un certain
nombre d'embarcations à la disposition des chasseurs et des
pêcheurs, et de réclamer un prix pour services, et le prix de ces
services devra avoir reçu, suivant un tarif, l'approbation du
ministère, au niveau de la région.
Ce que cela ne signifie pas, c'est qu'en aucun cas il n'y aura
priorité à ceux qui sont déjà établis; cela
ne signifie pas non plus qu'il y aura limite quant à
l'accessibilité au nombre d'individus qui pourront vaquer à des
occupations de pêcheurs, par exemple, dans un tel territoire.
Sur le plan bien concret, cela peut signifier que si un quota de prise
journalière est ramené de 15 ou 20 truites à 5, le citoyen
qui n'est pas intéressé à aller sur un lac ou se contenter
de cinq truites, son raisonnement va être le suivant: II va aller voir
sur un autre lac pour bénéficier d'un quota plus fort.
Je vous dis là-dessus, M. le Président, que dans les
démarches que nous faisons actuellement, ces propositions de
contrôle sont très bien acceptées et c'est dans ce sens que
la délégation de pouvoirs va s'effectuer. Il est bien certain que
s'il n'y avait que cette délégation de pouvoirs, on pourrait
invoquer des questions, soulever des inquiétudes, mais il faut
comprendre aussi qu'il y a tout ce plan de protection qui entre en vigueur au
printemps et qui va consister à augmenter d'abord les effectifs du
ministère sur le terrain, au niveau du nombre d'agents de conservation,
au niveau également de meilleurs équipements de commu-
nication pour nos agents de conservation en forêt. Ce plan va
consister également en une augmentation sensible et je pense que
tout le monde va comprendre que nous aurons l'occasion d'étudier cette
question plus à fond lors de l'étude des crédits de mon
ministère, en avril ou en mai du budget de protection qui nous
permettra d'utiliser davantage l'avion, l'hélicoptère ou du temps
de vol pour effectuer la surveillance des territoires.
Au cas où j'aurais oublié des parties ou des
éléments de dossier, si vous le permettez, M. le
Président, je peux laisser mon droit de parole au député
de Joliette ou qu'il invoque son propre droit de parole.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, sur les contrôles,
j'ajouterai une dimension. Quand on parle d'une position maximale ou d'un
contrôle maximal, dans la politique qui a été
distribuée, on parle même de la possibilité, pour autant
que le ministère l'y autorise, pour une association de bâtir
même un centre d'accueil, si elle le veut, et d'exercer un contrôle
aux barrières et dire: II y en a déjà sept de
rendus...
M. Pagé: Aux barrières?
M. Chevrette: Non, un contrôle aux centres d'accueil,
excusez, et dire: II y en a déjà sept qui ont demandé
d'aller sur tel lac. C'est dans les positions maximales, et ces choses sont
possibles. Bien sûr, en fixant ce maximum, cela ne veut pas dire qu'on
permettrait et c'est comme cela que j'ai eu la chance de l'expliquer
l e déguisement d'un club privé. Il ne faudrait pas que ces
choses deviennent un club privé déguisé. J'espère
que c'est bien clair dans la tête de tous les gens, parce qu'à ce
moment-là, moi le premier, j'aurais bourré un tas de gens dans la
tournée d'information, en disant que ce n'est pas parce que tu parles de
contrôle minimum et maximum que tu permets le déguisement d'un
club privé à toutes fins pratiques.
Je profiterai du fait que j'ai la parole, M. le Président, pour
ajouter un élément. Il y a eu, bien sûr, un rapport
déposé au comité tripartite, le Conseil de la faune, le
comité ministériel et le groupe composé d'une douzaine de
députés, une première ébauche que le
député de Portneuf a entre les mains. Cela remonte probablement
à septembre ou octobre.
M. Pagé: Oui la collaboration des
députés...
M. Chevrette: C'était une première approche que les
députés avaient mis de l'avant. En discutant avec le Conseil de
la faune, avec les fonctionnaires, on en est arrivé à une
position unanime, au niveau des groupes. C'est regrettable qu'il n'ait pas le
document entre les mains parce que, le 22 décembre, le cheminement des
trois groupes avait été unanime pour en arriver à une
solution, tel que l'a déclaré le ministre en Chambre, le 22
décembre dernier.
Je suis personnellement heureux, M. le Président, parce que j'ai
eu la chance de faire trois régions: Hull, Saint-Jovite et Joliette.
J'ai été heureux de voir même les dirigeants des SACERF
accepter le principe de l'accessibilité. Quand le député
de Portneuf dit que le principe de l'accessibilité n'est pas remis en
cause, je crois qu'il y a énormément d'acquis. La seule
divergence qui demeure, c'est peut-être l'exclusivité de la
gestion, qui était exigée par certains dirigeants des SACERF, par
rapport à la chance égale à toutes les associations ou
à des organisations des SACERF régionaux. Je pense que c'est la
grande différence qui existe ou qui persiste entre l'approche
gouvernementale et celle de certains dirigeants des SACERF, c'est sur
l'exclusivité de la gestion au niveau régional. A part cela, on
n'entend plus parler de l'exclusivité, tel que cela existait au
préalable. C'est déjà un pas de franchi au niveau des
mentalités et qu'il faut reconnaître.
Si les dirigeants des SACERF se permettent de dire cela, même s'il
y a certains membres des SACERF qui, bien sûr, continuent à lutter
farouchement pour garder l'exclusivité, je pense que c'est
accepté au niveau de la population et même au niveau des membres
des clubs privés. Je crois qu'il y a un très grand nombre de
membres de clubs privés, présentement, qui sont désireux
de participer à la gestion régionale et, pour me raccrocher mieux
à votre question, sont même désireux de bâtir une
constitution, des règlements et des protocoles d'entente pour en arriver
à exercer un contrôle sur la faune, par la suite. (11 h 40)
II ne faut pas présumer; je pense que, quand on dit que ce sera
un désastre au niveau de la faune, c'est parce qu'on présume que
les associations qui seront choisies n'auront pas d'allure, ne
prévoiront pas, à l'intérieur de leurs règlements,
des modes de contrôle, et ces gens auront la chance de négocier
des protocoles et de prévoir vraiment des modes de contrôle
à l'intérieur de tout cela et les arguments... Je m'excuse, M. le
Président, à la minute qu'on prend la parole, j'ai droit à
dix minutes au maximum.
M. Pagé: Non, mais vous savez... Non, non, vous savez, M.
le Président, sur cette question, j'ai un droit prioritaire de parole et
c'est le membre de l'Opposition qui a provoqué le débat qui a
priorité; lisez votre règlement, écoutez.
M. Jolivet: Une question de directive...
M. Pagé: Si vous voulez qu'on parte dans les
procédures ce matin, on va y aller, dans les procédures.
Le Président (M. Marcoux): Sur la question de directive,
j'ai rendu une directive tantôt, laquelle, je crois, s'applique; le
ministre a donné une partie de son droit de parole au
député de Joliette-Montcalm. Il parle...
M. Pagé: II parlait pour et en son nom.
Le Président (M. Marcoux): ... j'ai
interprété; oui, et c'est le ministre, sinon je vous aurais
donné à nouveau le droit de parole puisque vous l'aviez à
nouveau demandé. Alors, il participe, à ce moment-là, au
droit de parole privilégié du ministre.
M. Pagé: II parle pour et au nom du ministre?
Le Président (M. Marcoux): C'est le ministre qui...
M. Pagé: Entendez-vous, le ministre dit qu'il ne parle pas
pour et au nom du ministre, il nous fait signe que non et il nous fait signe
que oui.
Le Président (M. Marcoux): S'il parle comme
député de Joliette-Montcalm, membre de cette commission, vous
avez raison, vous avez le droit de parole privilégié, mais
comme...
M. Pagé: Parfait.
M. Chevrette: Quand il a le droit de parole, il a droit
à...
Le Président (M. Marcoux): Comme, tantôt, j'ai
reconnu le droit de parole au député de Joliette-Montcalm,
d'accord, sur un malentendu, puisque vous disiez simplement que le
député de Joliette-Montcalm parle en son nom, à ce
moment-là, je retiens le droit de parole du député de
Joliette-Montcalm comme les autres députés de cette
commission.
M. Duhaime: M. le Président, sur une question de
règlement. Je pense que nous sommes en train d'errer; 162a
reconnaît au député qui a donné l'avis de question
d'être entendu le premier. Il a également un droit de parole
privilégié, mais je pense que ce droit de parole
privilégié ne peut pas être interprété comme
exclusif, comme lui permettant d'interrompre un député qui est en
train d'intervenir dans le débat et qui lui couperait, à toutes
fins utiles, son droit de parole.
M. Pagé: Sur la question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Marcoux): Je vais m'informer. Je suis
d'accord avec vous, M. le ministre, sauf que nous ne parlons pas de la
même chose.
M. Pagé: C'est cela. Encore une fois, il ne sait pas ce
dont il parle, comme d'habitude, parce qu'il ne connaît pas les
procédures parlementaires.
M. Chevrette: A l'ordre!
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf, est-ce que vous pourriez cesser de m'interrompre chaque fois
que...
M. Pagé: Je ne veux pas vous interrompre, mais je veux
bien vous guider.
Le Président (M. Marcoux): Je veux bien profiter de tous
les conseils de tous les membres de la commission sur la façon de
fonctionner dans cette commission, mais, sur une question qui a
déjà été entendue, je pense que les conseils ont
suffi. Alors, comme le député de Joliette-Montcalm avait
demandé un droit de parole, lorsque M. le député de
Portneuf aura terminé ses questions...
M. Chevrette: M. le Président, me permettriez-vous de
soulever une question de règlement?
M. Pagé: Vous en avez soulevé une.
M. Chevrette: J'ai parlé à M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): J'avais repris... Est-ce que
c'était sur un nouveau sujet ou sur le même sujet?
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): C'est vrai que vous aviez
soulevé une question de règlement, je veux savoir si c'est sur le
même sujet.
M. Pagé: L'application du règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Sur quel point de l'application
du règlement?
M. Pagé: Sur le point en discussion.
Le Président (M. Marcoux): Sur le point en discussion.
M. Pagé: Oui, à savoir qui...
M. Chevrette: II va en avoir posé des questions ce
matin!
M. Pagé: ... a un droit de parole prioritaire, ce que cela
implique.
Le Président (M. Marcoux): A moins qu'il y ait quelque
chose de nouveau qui se soit passé qui justifie cette
question-là... Commencez, en tout cas, je verrai s'il y a lieu.
M. Pagé: Vous connaissez le principe de la commission
d'aujourd'hui, c'est de permettre à l'Opposition, par un de ses
représentants c'est l'Opposition officielle; la semaine
prochaine, ce sera l'Union Nationale d'intervenir sur un sujet
donné, ce qui n'enlève pas le droit à l'Union Nationale
d'intervenir, ce qui n'enlève pas le droit aux collègues de la
majorité ministérielle d'intervenir, mais c'est toujours celui
qui a convoqué la commission qui a le droit de parole prioritaire, parce
qu'à ce moment-là...
M. Jolivet: Où est-ce marqué? Dites-le-moi.
M. Pagé: M. le Président, demandez donc au
député de Laviolette d'être calme.
M. Jolivet: C'est marqué dans le règlement qu'on a
droit à 20 minutes chacun. Est-ce que c'est marqué qu'on doit
parler quand tu as fini de parler, toi?
M. Pagé: Si j'étais à votre place, je me
tracasserais plus de ma prochaine élection que de cela, parce que vous
allez être le premier à sauter aux prochaines
élections.
M. Jolivet: Je ne me préoccupe pas de cela, du tout.
M. Pagé: Vous allez être le premier à sauter
en Mauricie.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre!
M. Jolivet: Voyons donc! Va t'occuper de tes oignons.
M. Pagé: Allez donc vous occuper de votre
comté.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! M. le
député de Joliette-Montcalm, sur une question de
règlement.
M. Pagé: Si je peux terminer, M. le Président, si
tous les députés avaient 20 minutes, cela voudrait dire que la
majorité ministérielle, ne voulant pas traiter d'un sujet
appelé par un député de l'Opposition, se servirait de son
droit de parole pendant 20 minutes et fermerait ainsi le droit pour les
députés de l'Opposition de soulever le sujet. Voyons, c'est
clair.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce sur la même
question de règlement ou si c'est sur une autre, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, c'est une question de
logique. Si la commission parlementaire était exclusive à celui
qui pose la question et au ministre qui répond, pourquoi inviteriez-vous
les autres Oppositions et les députés ministériels
à venir participer à une telle commission? C'est la logique
même et le bon sens. On parle justement d'un droit d'exclusivité
ce matin et on dit qu'on l'enlève et tout le monde est d'accord pour
qu'on enlève l'exclusivité. Mais le député de
Portneuf fait comme certains membres de clubs privés qui se battent
désespérément pour garder l'exclusivité.
M. Pagé: M. le Président, question de
règlement. Il se dit des faussetés ici. Il n'y a même pas
de quorum nécessaire. On n'a même pas besoin de vous. On ne vous
retient pas.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf, la parole est au député de Bellechasse.
M. Goulet: Sur cette question de règlement M. le
Président, vous savez que je n'ai pas l'habitude de faire de la
procédurite et de m'enfar-ger dans les fleurs du tapis je suis
assis ici depuis 10 heures, il est 11 h 50 et, honnêtement, si j'avais
des commettants de mon comté ici il y a des gens ici, dans la
salle je serais extrêmement gêné d'être
à cette table ce matin.
Sur la question de règlement, M. le Président, et avec
tout le respect que je vous dois, vous avez eu des demandes de directives
tantôt, il y a eu des questions de règlement. A un moment
donné, le ministre a commencé à parler, ce n'est pas
tellement là-dessus, le député de Portneuf a
continué. La directive était rendue à moitié. M. le
Président, nous sommes ici ce matin pour une question avec débat,
comme on l'appelle. J'invoque une question de règlement et, en
même temps, je vous demande une directive, mais, M. le Président,
je veux que vous la rendiez. Si vous ne voulez pas la rendre, je vous demande
de suspendre. Vous devez rendre une directive et les gens qui sont autour de
cette table devront s'y conformer.
A ce moment, M. le Président, je ne vise nullement, ni mon
collègue de Portneuf, ni le ministre, mon collègue de
Saint-Maurice, mais je vous demande une directive. Est-ce que c'est une
question avec débat ou une question entre deux personnalités? Le
but des gens qui sont ici, c'est d'en savoir plus sur un certain
problème et d'approfondir un secteur donné. C'est un effort, si
vous voulez, supplémentaire à la Chambre pour éclairer la
population, pour éclairer l'assistance et pour éclairer
même les députés qui ont un mandat et qui sont responsables
devant la population, devant leurs commettants.
M. le Président, je ne vise pas mes collègues et je ne
veux pas faire de procédurite. Je vous demande une directive. Si c'est
un mini-débat entre deux personnes et si c'est exactement les
mêmes conditions qu'un mini-débat, je ne vois pas, absolument pas,
ce que les autres députés font ici.
M. le Président, dans votre directive, je vous demande
également de dire si un droit de parole privilégié et un
droit de parole exclusif c'est la même chose. Il y a tout de même
une tradition ici, dans cette Assemblée, car cela fait quatre ou cinq
vendredis matin qu'il y a des réunions, sauf erreur, depuis le nouveau
système.
M. Jolivet: Trois.
M. Goulet: Trois. La semaine dernière, il y a un
président qui a rendu une directive, qui a dit à peu près
ceci, on pourrait peut-être lire le journal des Débats: Le
député qui pose la question a un droit de parole
privilégié. Cela veut dire qu'il a ses 20 minutes et qu'il peut
intervenir. Ensuite, le ministre a le droit de répondre; ensuite, on
peut revenir au député qui a posé la question et, ensuite,
les députés de l'Opposition, comme les députés au
pouvoir, tous les membres autour de cette table ont le droit de parole. Il n'a
pas été question de 20 minutes. Ils ont le droit de parler une
minute, deux minutes, de poser des questions de façon à aller au
fond du problème. C'est entendu que le député
qui pose la question a un droit de parole que j'appellerais
privilégié. Cela veut dire qu'il a plus de temps que les
autres.
M. le Président, j'aimerais que vous rendiez votre directive,
à savoir ce que nous faisons ici ce matin. Est-ce qu'il aura un
rôle, quand le ministre aura complété son exposé, et
le député de Portneuf, afin que vous puissiez donner la chance
à un député d'un autre parti de l'Opposition de poser ses
questions et également aux députés au pouvoir? Je ne veux
pas les défendre. Je pense qu'ils sont assez pour se défendre. La
question de privilège, je parle de celui qui a un droit de parole
priviligié, pour conclure, il y avait eu l'entente que c'est lui qui
conclut et le ministre également. Entre 10 heures et 13 heures, entre le
débat de 20 minutes et le dernier débat de conclusion, il me
semble que les autres auraient le droit de dire quelque chose. Je vous demande
de ne pas créer de précédent. Il y a une tradition qui est
établie. On a parlé à tour de rôle dans les trois
autres commissions qui ont eu lieu. M. le Président, je ne vous demande
pas de rendre votre directive la semaine prochaine. Je vous demande de la
rendre tout de suite. Je ne vise nullement mon collègue de Portneuf. Je
voudrais être bien compris. C'est la logique. Ce n'est pas un
mini-débat. Rendez votre directive et après je vous demande,
comme président, de la faire respecter. C'est tout ce que je vous
demande, mais je veux que vous la rendiez.
Le Président (M. Marcoux): Puisque vous me demandez de
rendre la directive immédiatement, l'esprit général qui
doit présider à ces commissions avec débat, c'est
évidemment qu'il y ait débat et qu'il y ait discussions entre
tous les membres présents. Le règlement est ainsi fait: II est
évident que c'est le député qui a apporté la
question avec débat qui a un droit de parole privilégié et
aussi le ministre qui est responsable du dossier. Tantôt, lorsque j'ai
suspendu, j'ai eu l'occasion de discuter également avec les responsables
de l'Assemblée nationale qui sont familiers avec ces questions et qui
ont assisté aux discussions qui ont eu lieu à la commission de
l'Assemblée nationale. Il y a une chose qui est claire. C'est que, tel
que le règlement est rédigé, il pourrait très bien
arriver que le député qui a soulevé la question avec
débat ainsi que le ministre soient les deux seuls qui, en pratique,
interviennent durant les trois heures consacrées à la question
avec débat. Cela n'irait ni contre l'esprit du règlement tel
qu'il est rédigé ni contre la lettre du règlement.
Je sais que vous pouvez trouver cela absurde, insensé, mais quand
on sait que dans ces règlements il est clairement indiqué qu'il
n'y a ni quorum, ni motion et ni vote, en somme ce sont simplement des
discussions, des échanges d'informations, on peut comprendre que cela
puisse aller jusqu'à ce résultat. Je sais que ce règlement
peut entraîner des frustrations pour les députés de
l'Opposition qui n'ont pas soulevé la question avec débat qui est
l'ordre du jour. Je dois appliquer le règlement tel qu'il est
rédigé et avec les implications qu'il a dans son ensemble.
Quant à la question concrète, je sais que, dans les trois
débats passés, il y a eu un consensus pratique.
M. Goulet: Je m'excuse de vous interrompre, M. le
Président. Il y a eu une décision du président.
Le Président (M. Marcoux): Je vais prendre votre parole
disant qu'il y a eu une décision...
M. Goulet: Je vous demande d'ajourner deux minutes pour
vérifier ce qui s'est passé dans les autres commissions. Il n'y a
aucune gêne à faire cela. Je vous le demande. Si on crée un
précédent une semaine et que la semaine prochaine on fait le
contraire...
Une Voix: Le député de Portneuf pour poser les
questions et pour avoir les réponses...
Le Président (M. Marcoux): Je vais accepter votre
suggestion. Je vais suspendre à peine deux minutes pour savoir
exactement la décision qui a été rendue dans les trois
commissions passées sur cet aspect.
(Suspension de la séance à 11 h 55)
Reprise de la séance à 11 h 57
Mesdames et messieurs, à l'ordre, s'il vous plaît!
Après discussion avec le président de l'Assemblée
nationale, à la suite de multiples questions de règlement
soulevées depuis une vingtaine de minutes, voici ma décision.
Dans les trois commissions précédentes, le problème
ne s'était pas posé de façon formelle mais, en pratique,
les autres députés avaient pu participer au débat. Dans le
même sens que la pratique passée, aujourd'hui, s'il faut
décider de faire cela de façon formelle, je le ferai au nom de la
présidence de l'Assemblée nationale. Pour respecter
peut-être davantage l'économie générale du
règlement de l'Assemblée nationale quant au contenu de l'article
162-A au complet, l'interprétation ou la directive que je donne à
la suite des questions de règlement soulevées, c'est que le droit
de parole privilégié ne constitue pas un droit de parole qui peut
être interprété comme exclusif. A ce moment-là, les
autres députés de la commission auront également le droit
de parole, même si le député qui a soulevé la
question ou le débat aurait suffisamment de questions ou pourrait
utiliser à lui seul les trois heures.
Il nous reste une heure de débat. Pour l'utiliser au maximum,
compte tenu que nous avons perdu beaucoup de temps dans les questions de
règlement, si vous permettez, je vous suggérerais une
répartition concrète du temps de la façon suivante. Il y a
eu une seule question suite à l'introduction générale du
député de Portneuf. Je re-
donnerais la parole au député de Portneuf pour qu'il
soulève les autres questions qu'il aurait à soulever pour une
durée d'une dizaine de minutes. Ensuite, le ministre pourrait
répondre aux questions soulevées par le député de
Portneuf, encore là pour l'équivalent d'une dizaine de minutes.
Et ensuite, je donnerais la parole, dans l'ordre, aux députés que
j'ai déjà enregistrés: Les députés de
Joliette-Montcalm, de Bellechasse et de Laviolette. M. le député
de Portneuf, pour une dizaine de minutes, s'il vous plaît!
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais que vous
enregistriez ma dissidence très ferme sur la décision que vous
venez de rendre, mais je vais m'y ranger. Je pense que le député
de Joliette-Montcalm avait un droit de parole et lorsqu'un député
a un droit de parole à une commission de ce genre, il peut utiliser tout
son temps de 20 minutes. S'il choisit de le faire, dans un premier temps, le
règlement dit à 162-A, sous-paragraphe b) que les
députés qui participent à 1a commission parlementaire,
autres que le député qui a donné avis de la question et le
ministre, ne peuvent dépasser dans le total de leurs interventions 20
minutes.
C'est dans ce sens-là que j'ai compris le règlement, M. le
Président. Le droit de parole privilégié ne peut en aucune
façon donner de prétexte au député qui a
donné avis de la question ni même au ministre d'interrompre le
droit de parole d'un député qui a la parole. Si j'étais
dans l'Opposition, je vous jure que je serais déjà grimpé
dans les rideaux beaucoup plus haut.
Le Président (M. Marcoux): Je n'interprète pas que
c'est une dissidence. Je sais que le député de Joliette-Montcalm
avait la parole tantôt. Lorsque les questions de règlement ont
été soulevées, je considérais qu'il avait
complété les réponses aux questions qui étaient
soulevées. Dans ce sens, je pense que nous avons fait assez de
chinoiseries. Vous aviez le droit de parole, vous avez été
interrompu par des questions de règlement. J'ai interprété
que c'était terminé; alors, sans que cela ne constitue un
renversement de ma décision, pour compléter le droit de parole
que vous aviez commencé à utiliser, je vous donne le droit de
compléter.
M. Pagé: M. le Président, je soulève un
point du règlement. Qui va compléter quoi? Qui va faire quoi?
Vous venez de rendre une décision, excusez-moi, mais ce n'est pas parce
qu'un gars est membre du cabinet, qu'il a le droit de bafouer la
présidence! Je comprends que le député de Saint-Maurice,
comme il l'a dit, ne connaît pas son règlement et n'est pas un
spécialiste, mais lorsqu'une décision est rendue par le
président, elle doit être respectée. On n'a pas à
enregistrer notre accord ou notre dissidence. Il y a une seule procédure
prévue, et je la cite, pour le bénéfice du
député de Saint-Maurice, pour qu'il apprenne enfin son
règlement. C'est l'article 68: "Quand un député en tant
que parlementaire n'est pas satis- fait d'une décision ou de la position
d'un président, une motion de fond annoncée est nécessaire
pour mettre en question la conduite du lieutenant-gouverneur, du
président, d'un vice-président de l'Assemblée nationale,
des présidents de commission ou d'un membre de l'Assemblée".
Cette motion est privilégiée. Si le député de
Saint-Maurice n'est pas satisfait de la décision rendue par le
député de Rimouski, qui siège à titre de
président de commission, qu'il fasse une motion de blâme, en vertu
de l'article 68, qu'il mette son siège en jeu contre le
député de Rimouski. C'est la seule façon de se plaindre
d'une décision et un ministre, même s'il est membre du cabinet,
n'a pas à donner son accord ou sa dissidence à une
décision.
La décision a été rendue. Elle doit, selon moi,
être respectée intégralement telle qu'elle a
été rendue. Vous n'avez pas, M. le Président, parce qu'un
ministre veut vous influencer à revenir sur une position qui a
été officialisée. M. le Président, cela n'a pas de
bon sens. Non seulement vous, mais le fauteuil est en train de se faire
bafouer. En tant que parlementaire, je dis que c'est inadmissible.
Le Président (M. Marcoux): Je pense qu'il y a une chose
qui est en train de se faire plus encore bafouer, c'est le droit de parole sur
le contenu qu'ont les membres de cette commission. Au-delà
peut-être de décisions difficilement rendues, ce matin, etc., je
pense que l'important, c'est d'en arriver à l'essentiel du débat.
Sur ce, je cède le droit de parole au député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: J'étais à dire, au moment où,
sur une question de règlement on m'avait coupé la parole, que les
gens, dans l'ensemble, avaient accepté assez facilement qu'on
enlève le privilège de l'exclusivité et que, ce qui
importait, les interrogations portaient beaucoup plus sur les modes de gestion,
les modes de contrôle; j'avais ajouté qu'il y avait une divergence
de vues là-dessus, entre les dirigeants des SACERF et les membres du
ministère.
D'autre part, j'ai la conviction très profonde que les 27 000
membres des clubs privés seront d'abord considérés sur un
pied d'égalité, en ce qui regarde leur candidature en tant que
gestionnaire d'une ZEC, c'est un premier point. Deuxièmement, j'ai
confiance aussi, personnellement, qu'à l'intérieur des 675 000
autres détenteurs de permis anciennement et qui étaient
regroupés dans diverses associations, à l'intérieur de ces
groupements, j'ai la conviction qu'il y a aussi d'excellents administrateurs,
que ce ne sont pas tous des pollueurs, comme on a peut-être
prétendu, à tort, je crois, que ces gens l'étaient.
Je pense qu'il y a des gens, parmi ces 675 000 personnes comme parmi les
27 000 membres des clubs privés, qui savent vivre. Il y a
également un aspect qu'il faudrait peut-être développer,
qui ne l'a pas été jusqu'à maintenant, faute de temps,
c'est toute la campagne d'éducation et de sensibilisation qu'entend
mettre de l'avant le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
Je pense qu'on n'éliminera jamais certains individus
écervelés qui, bien sûr, abuseront d'un privilège
que l'on confie à l'ensemble de la population, mais cela est la
même chose, je pense, qu'au niveau même des membres des clubs
privés: il y en avait certains qui abusaient de leurs privilèges
et qui se faisaient remettre à l'ordre par leurs propres
confrères membres de ces clubs privés.
Avec une campagne d'éducation populaire, une période de
sensibilisation intense, une certaine forme d'incitation au civisme en
forêt, j'ai l'impression que l'ensemble des Québécois et la
majorité même, la très grande majorité des
Québécois participeront à la gestion ordonnée, une
gestion qui démontre, hors de tout doute, que les
Québécois, dans l'ensemble, savent utiliser sciemment un
privilège qu'on confie. J'ajouterai que ce n'est pas un
privilège, c'est peut-être un droit inaliénable, à
part cela. (12 h 10)
M. le Président, j'ai entendu énormément de
contradictions au niveau de toute cette discussion qui s'est faite autour du
phénomène qu'on appelait le déclubage, mais que, sur un
ton plus positif, on pourrait appeler une gestion ordonnée de la faune
et du territoire, entre autres des allégations du type de celle-ci. Par
exemple, on a dit: Ecoutez, c'est seulement 16 000 milles carrés.
Pourquoi déclubez-vous 16 000 milles carrés de territoire? Vous
savez bien que c'est une infime partie du territoire québécois.
Comment peut-on soutenir le désastre le plus monumental, au niveau de la
gestion de la faune, si c'est une infime partie du territoire
québécois? Il faut être cohérent dans ce qu'on
avance. S'il y a 300 000 milles carrés ouverts au grand public, est-ce
que cela veut dire que tout est détruit partout? On pourrait penser
à la région de l'Abitibi où il se tue encore du gibier et
il n'y a pas de droits exclusifs. On pourrait donner d'autres exemples. C'est
une des aberrations qu'on entend régulièrement.
Il y a eu, bien sûr, une inquiétude. On disait: Ecoutez, on
a investi, nous, membres de clubs privés, on a mis de l'argent
là-dessus. Si vous remarquez l'investissement, on en tient compte par la
politique du permis d'occupation et par le bail à moyen et long terme
qui sera soumis un peu plus tard. Il faut peut-être ajouter
là-dessus que, s'il y avait d'autres Québécois, pas plus
fortunés, c'est vrai... C'est exact dans l'assertion du
député de Portneuf, ce ne sont pas nécessairement des
millionnaires qui sont membres de clubs privés. Je suis
entièrement d'accord avec lui. Il faut être honnête et
appeler les choses comme elles sont. Peut-être qu'il y a d'autres petits
salariés moyens qui, s'ils en avaient eu la chance, auraient aussi
investi. C'est la politique du ministère des Terres et Forêts,
dans une politique d'aménagement, de permettre à d'autres
Québécois d'aller investir, mais pas d'une façon
désordonnée, pas d'une façon incohérente, le tout
dans un plan d'aménagement qui a de l'allure, qui se tient debout. Ce
sont peut-être des principes fondamentaux auxquels on ne se
réfère pas suffisamment souvent lorsqu'on parle du
phénomène d'accessibilité à tous en
forêt.
Je pense qu'il n'y a pas grand nouveau dans la discussion, c'est un
fait. La seule chose nouvelle, c'est qu'on a arrêté d'en parler et
on l'a fait. On pourrait vous référer au discours ronflant de M.
Gérard-D. Levesque, l'actuel chef de l'Opposition, pour un certain
temps, qui, en 1962, à l'écouter, était beaucoup plus
avant-gardiste que ne pouvait probablement l'être la déclaration
ministérielle du 22 décembre dernier. Sauf que, des
échéanciers à n'en plus finir et des grosses paroles en
l'air comme il y en a eu en 1962, en 1967 sous le gouvernement de l'Union
Nationale, en 1970 sous le gouvernement Bourassa, je pense que la grande chose
nouvelle, c'est qu'on a arrêté de tergiverser et qu'on est
passé aux actes, pas aux "ZAC", aux actes.
Personnellement, M. le Président, je considère que,
malgré les incertitudes que peut créer une nouvelle politique du
genre, un petit peu d'inquiétude sur le contrôle, je pense qu'il
fallait prendre le taureau par les cornes et faire en sorte que la gestion...
D'abord, qu'on arrête de parler de décentralisation et qu'on
l'applique une fois pour toutes, qu'on incite les gens à participer,
qu'on invite même les membres des clubs privés, qui sont nombreux
à vouloir participer à cette gestion, d'embarquer et, petit
à petit, d'une façon pondérée, on raffinera le
système, on fera en sorte que l'ensemble des Québécois
bénéficie d'un système d'accessibilité en
forêt qui corresponde à l'aspiration de l'ensemble des
Québécois, les 675 000.
Ce ne sont pas les 675 000 qui vont avoir les moyens, demain matin, de
se ramasser sur un lac avec une chaloupe. On sait cela. Mais on se doit, comme
gouvernement, au lieu de se gargariser de discours et de parler
d'accessibilité, de leur donner cette accessibilité, c'est un
principe fondamental. Je pense que ce n'est pas le tataouinage antérieur
et la fameuse incertitude qui existait, par exemple: On le fait, comme promesse
électorale, on l'annonce, mais on ne procède pas. Pourquoi? C'est
une belle question à poser aux oppositions d'aujourd'hui qui
étaient les gouvernements d'avant. Pourquoi ne l'avez-vous pas fait? Ils
vont juste invoquer la raison d'argent. Ils ne seront jamais capables de nous
répondre: C'est sur des pressions politiques d'amis qui, pour certains
étaient des bailleurs de fonds des caisses électorales. Ils
réussissaient à se faire exclure d'un parc, par exemple, par des
pressions politiques, et, par la suite, ils disaient: Pourquoi se faisait-on
exclure d'un parc? Parce qu'il n'y avait pas assez de poisson dans le lac.
Là, parce qu'ils veulent garder le privilège de
l'exclusivité, il y a trop de poisson dans le lac pour ouvrir cela au
monde.
M. Pagé: M. le Président, si vous voulez parler de
caisses électorales, on pourrait bien en parler. On pourrait parler des
chèques de $5000 que vous recevez, une dizaine à la fois.
M. Chevrette: Non, monsieur, je ne vous ai pas
dérangé.
Le Président (M. Marcoux): La parole est au
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Oui, mais que, moi, j'ai eu
l'honnêteté de remettre, M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Votre parti a reçu $50 000 à la
dernière campagne électorale, dix chèques de $5000 et le
chef disait: On n'accepte pas de dons de plus de $5000, nous. C'est cela, vos
caisses électorales. Si vous en voulez une sur les caisses
électorales, on va en faire une un bon vendredi matin et on va vous
arriver avec des faits qui pourraient peut-être vous faire très
mal.
M. Chevrette: Je comprends que je vous ai fait mal, mais je n'ai
pas fini, je commence.
M. Jolivet: Quand on n'a rien à dire, on fait de la
procédure. Ils ont peur!
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président...
M. Pagé: Revenez sur le sujet parce que j'ai des questions
à poser et je voudrais que le ministre réponde.
M. Chevrette: Cela ne paraît pas. Je vous ai laissé
faire le bouffon pendant une heure et demie, je peux parler cinq minutes. M. le
Président, personnellement, je me dis non seulement satisfait, mais
engagé dans l'application de cette nouvelle politique.
Indépendamment des heurts de départ, indépendamment des
problèmes que l'on vivra c'est sûr qu'il va y en avoir
je me dis franchement qu'il nous faut absolument le commencer si l'on
veut un jour réaliser quelque chose d'ordonné sur une
période de deux ou trois ans. Il faut commencer. Il faut arrêter
de dire: Attendons, créons des échéanciers,
déclubons pro forma, un petit groupe à la fois pour avoir des
contrecoups régulièrement, se botter le derrière
régulièrement à tous les six mois. Tenons cette
atmosphère tendue et ayons des feux localisés à tous les
six mois; cela est intéressant. Ce n'est pas ainsi qu'on bâtit un
climat social. Je pense qu'il fallait prendre le taureau par les cornes et, si
on est trop léger devant le taureau, on lève. Si on est capable
de se cramponner les deux pieds solidement et assez intelligent pour
bâtir une politique ordonnée dans son fonctionnement, je m'excuse,
mais on est capable de réaliser quelque chose, avec, cependant, la bonne
foi des individus en cause. Cela présuppose la bonne foi des membres des
SACERF, des dirigeants des SACERF et la bonne foi des associations de chasse et
de pêche aussi. Cela présume que l'Opposition doit cesser ce
chantage continuel et de parler d'incertitude. Tantôt, cela m'a fait rire
quand j'ai parlé d'incertitude. C'est à peu près le seul
mot que j'entends de l'Opposition officielle, le mot incertitude, depuis qu'on
est au pouvoir. C'était l'incertitude devant la loi 101, l'in- certitude
devant la loi 67, l'incertitude devant la loi 45. Ils sont tellement incertains
qu'ils traumatisent tout le monde. Nous on préfère dire
carrément: II va y avoir des problèmes.
M. Pagé: II n'y a pas de chômeurs, cela va bien. Il
n'y a rien de trop beau. Il n'y a pas d'incertitude. Revenez à la
pertinence du débat.
M. Chevrette: Chère comtesse! M. le Président, je
m'excuse d'être continuellement coupé; cela m'empêche
d'être suffisamment limpide par la suite. Cela me fâche aussi, je
réussis à me contrôler tant bien que mal, mais je peux vous
dire une chose pour terminer: Je suis très heureux que, pour une fois,
il y ait un ministre du Tourisme, au Québec, qui ait
décidé formellement d'appliquer une politique depuis longtemps
prônée au niveau des discours, mais jamais au niveau des
actes.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Alors, j'ai...
M. Goulet: M. le Président, question de règlement.
Je m'excuse, mais cela fait trois décisions que vous rendez et, avec
tout le respect que je vous dois, M. le Président, je vous ai entendu
dire je voudrais bien pouvoir relire le journal des Débats
après le député de Joliette-Montcalm, ce sera le tour du
député de Bellechasse.
M. le Président, j'aimerais vous faire remarquer,
respectueusement, que vous n'avez pas seulement le siège et le titre de
président; vous avez le pouvoir et le devoir de protéger les
privilèges des membres autour de cette table. Cela fait trois
décisions que vous rendez, et on est pire que des chiens dans un jeu de
quilles. Rendez-en une quatrième, mais faites-la respecter. Vous relirez
le journal des Débats et vous avez bien dit: Après le
député de Joliette-Montcalm, ce sera le député de
Bellechasse. Le député de Bellechasse, c'est moi, M. le
Président, jusqu'aux prochaines élections, et même
davantage.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf. M. le député de Bellechasse, tantôt j'avais
indiqué que je donnerais la parole au député de Portneuf
pour qu'il pose ses questions; ensuite on m'a rappelé que, lorsque les
questions de règlement étaient intervenues, la parole
était au député de Joliette, qui a eu le droit de
compléter l'exposé qu'il avait commencé. Je suis certain
que c'est ce que j'ai indiqué. J'ai dit ensuite que ce serait vous qui
auriez la parole. M. le député de Portneuf.
M. Goulet: M. le Président, le député de
Joliette avait eu la parole parce que le ministre lui a cédé son
droit de parole. J'avais demandé la parole. Nous sommes rendus à
12 h 20. Cela fait deux heures et vingt minutes que nous sommes ici.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf.
M. Goulet: Je qualifierais cela de bouffonnerie.
M. Pagé: M. le Président, je trouve bien
pénible que le député de Bellechasse soit
pénalisé par une de vos décisions. Je vais tenter
d'être très bref pour permettre à mon collègue de
Bellechasse de poser les questions qu'il entend soulever.
Je peux d'ores et déjà vous donner un préavis, en
appréciation à votre égard, comme collègue de cette
Assemblée. Je vous donne immédiatement le préavis qu'il
sera certainement question à l'Assemblée nationale, la semaine
prochaine, du comportement à cette séance, des décisions
que vous avez eu à rendre en tant que président et de l'influence
indue que vous avez eu à subir de votre collègue de droite.
J'en arrive aux questions, que je ferai précéder d'un bref
préambule, évidemment, à la suite du discours de celui qui
vient de se sauver, le député de Joliette-Montcalm, qui est venu
nous faire état de sa satisfaction, de son bonheur devant autant
d'incertitude. Je dois vous dire qu'en ce qui concerne la question du climat
social auquel il a fait allusion tout à l'heure ce n'est pas un
dirigeant syndical de la CEQ qui va me faire la morale sur le climat social au
Québec. Je les ai trop vus vivre, M. le Président, et ce n'est
pas un gars comme cela...
Ensuite, M. le Président, le député, pour en
revenir à la pertinence du débat, a fait état de
l'incertitude qu'avait créée la politique du ministre et de
l'inquiétude que cette même politique avait créée
parmi les pêcheurs et les chasseurs du Québec. C'est
légitime. D'ailleurs cela s'inscrit dans une approche globale de ce
gouvernement, de créer de l'incertitude.
C'est vrai que de notre côté on dit qu'il y en a de
l'incertitude. Vous ne voulez pas le reconnaître. Il y a 13% de
chômeurs au Québec. Il y a du monde qui n'a pas de job au
Québec. C'est largement dû au fait que vous êtes là
au pouvoir, avec l'épée de Damoclès du
référendum.
M. le Président, pour revenir au sujet spécifique de
l'incertitude créée par la politique du ministre, le
député de Joliette vient confirmer ce que j'ai dit tout a
l'heure. On ne sait pas où on s'en va, mais on part tout de suite et on
se dépêche à part cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
question de règlement.
M. Pagé: C'était le bref préambule avant
d'en arriver à mes questions.
Le Président (M. Marcoux): Question de règlement,
M. le député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, si je
me rappelle bien du règlement sessionnel qui a été
adopté pour la question avec débat, il y a une intervention de 20
minutes par celui qui donne l'avis et par le ministre. Par après, le mot
"questionner " est exactement dans le règlement. Ainsi, le
député de Portneuf doit se limiter à poser des questions
et le ministre, à donner des réponses. Il est en train,
actuellement, non pas de poser des questions, mais de faire des interventions,
et je suis sûr que le député de Bellechasse... Regardez
votre règlement. Les questions sont posées par celui qui donne
l'avis de la question avec débat. C'est vous qui l'avez donnée et
vous devez questionner. Posez des questions et vous allez obtenir des
réponses, sinon le député de Bellechasse en a des
questions à poser. C'est la lettre et l'esprit du règlement.
M. Pagé: Arrêtez de m'interrompre et je vais en
poser. J'ai trois blocs de questions, M. le Président. J'en ai
posé une première au chapitre de la conservation et la
réponse du ministre a été assez évasive. Je
voudrais que le ministre réponde à la question aussi
précisément que possible. Il pourra les noter toutes parce que
j'ai un temps limité.
M. Duhaime: Jusqu'à 13 h.
M. Pagé: Est-ce que le conseil d'administration d'une
association qui aura juridiction sur un territoire aura un pouvoir de limiter
l'accès à un lac si cette même association constate qu'il y
a surexploitation du lac en question? (12 h 25)
Le ministre nous a dit tout à l'heure je vais tenter de le
citer le mieux possible qu'il n'y aura pas de barrière et le
député de Joliette dit qu'il y en aura. J'aimerais qu'il
m'éclaire, ainsi que les membres de la commission là-dessus. Il a
parlé d'un poste d'accueil qui serait là pour contrôler les
adhésions, donner des renseignements et faire part aux adhérents
des règlements de l'association. Il a dit que l'association en question
pourrait adopter des règlements pour diminuer les quotas sur un lac. Si
l'association constate qu'il y a surexploitation d'un lac, est-ce que cette
association aura le droit de fermer ce lac pour une période qu'elle
jugera la plus opportune, pour éliminer la surexploitation,
procéder à de l'ensencement, etc.?
Le ministre nous a dit je voudrais bien savoir la nature de ce
contrôle qu'il n'y aura aucune limitation sur les embarcations. Je
trouve que cette affaire entre en conflit, et cela a certainement besoin
d'explication. Cela voudrait donc dire qu'on pourrait avoir sur un lac 20
à 30 canots et en même temps l'association aurait le droit
d'adopter des règlements pour diminuer les quotas. Si on veut diminuer
les quotas, si on veut donner à cette association le droit de diminuer
les quotas, on saura à ce moment qu'il y a un maximum à
atteindre. S'il y a un maximum à atteindre ainsi qu'une limite, qui
serait le degré de surexploitation, il faudra en arriver à un
contrôle journalier à savoir qui va pêcher quoi et
où.
Le député de Joliette je veux revenir sur cette
question, je l'inscris dans ma question a dit qu'il faut faire confiance
aux gens. Je leur fais
confiance, mais tout ce que je demande, c'est qu'ils soient
habilités à travailler de façon rationnelle sur le
territoire. Il faut que ces gens aient des pouvoirs. C'est facile de leur dire
qu'on leur donne tout cela, mais si on ne leur donne pas de pouvoir, qui seront
les premiers blâmés là-dedans? Cela va être les
mêmes associations. Il faut que ces gens aient des pouvoirs. Je ne parle
pas de barrière, mais je parle de pouvoirs au niveau du contrôle
des prises, le droit d'intervenir au niveau de certains lacs. Cela devrait
s'inscrire dans l'approche globale. Lorsque le plan d'aménagement d'une
ZEC sera sur papier, je présume qu'il y aura un inventaire faunique qui
sera fait. A partir de cet inventaire, l'association saura jusqu'où on
peut aller. Quand on stipule qu'il y a une place où aller, cela implique
une limite, M. le Président. C'est le sens de ma première
question.
M. Moisan parlait d'un besoin additionnel de $3,5 millions pour mettre
en place un réseau de protection dans toute la province de
Québec. Est-ce que le ministre peut nous dire aujourd'hui que nous
aurons un nombre suffisant d'agents de conservation, à la lueur du
budget qui devrait normalement être présenté d'ici quelques
jours? Est-ce que la somme mentionnée par M. Moisan de $3,5 millions est
fidèle? Est-ce qu'elle représente le montant minimal que doit
consacrer le ministère du Tourisme à une conservation
adéquate? C'est ma deuxième question.
Vous dites que les ex-clubs privés pourront engager un ou des
gardiens pour surveiller leurs propriétés. Bien plus le ministre
du Tourisme c'est dans votre pochette de presse pour-ra sur
demande et selon certaines normes le ou les accréditer à titre
d'agents auxiliaires de conservation. D'abord qu'est-ce que cela veut dire
"certaines normes "? Ce sera quoi les normes? Est-ce qu'il faudra être
péquiste pour être accrédité? C'est la formule
depuis le 15 novembre, même si M. Fallu semble vouloir dire le contraire.
Quels seront les pouvoirs de ces gens? Est-ce que cette question a
été discutée avec le syndicat des agents de la paix qui
représente les agents de conservation? Ce sont les questions au chapitre
de la conservation. Cela s'inscrit dans la programmation du ministère.
J'aimerais que le ministre nous dépose la liste des associations qui ont
demandé d'être accréditées. J'aimerais que le
ministre nous donne plus de renseignements sur les obligations qu'auront les
associations de procéder à leur inventaire et à leur plan
d'aménagement.
Dans quel délai devront-ils procéder au plan
d'aménagement? Quelle sera l'aide qu'ils recevront du ministère?
Voilà pour cette question. Dans quel délai les conseils
d'administration des associations devront-ils procéder? A la conception
du plan d'aménagement, quelle aide sera apportée par le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche? Et
jusqu'où, pour en revenir à ma question initiale, ce plan
d'aménagement reflétera-t-il les possibilités de
pêche sur le territoire pour lequel l'association a juridiction?
Au niveau de la gestion, qui concevra et planifiera le
développement des aménagements physi- ques et
récréatifs de chaque territoire pilote? Quant aux
aménagements sur le territoire spécifique, à savoir
combien de camps pourront être construits, combien de baux de location
pourront être consentis par le ministère des Terres et
Forêts sur les abords de tel lac, est-ce que cela devra être
spécifié à la lettre et, jusque-là, à
l'intérieur du plan d'aménagement? Et si c'est le cas, le
ministre pourrait-il me dire dans quel délai il croit que toutes les ZEC
de la province de Québec qui seront agréées et
accréditées pourront déposer le plan d'aménagement
auprès du ministère qui impliquera, par la suite, une
réglementation pour, somme toute, vivre avec ce plan et
déterminer ce qu'on peut faire au niveau de la gestion? Qui
réalisera les aménagements physiques et
récréatifs?
M. Goulet: M. le Président, question de règlement.
Je m'excuse encore, je ne veux chercher noise à personne, mais vous avez
rendu une directive tantôt et, là, j'espère que j'ai bien
compris. Vous avez dit: Je donnerai dix minutes au député de
Portneuf, dix minutes au ministre et, ensuite, aux autres. Le
député de Portneuf a la parole depuis 12 h 15 et l'horloge
à ma gauche dépasse 12 h 30. J'aimerais savoir d'abord si j'ai
bien compris votre directive quand vous avez parlé de dix minutes,
est-ce 10 ou 100 que vous avez dit?
Le Président (M. Marcoux): Non, vous avez bien compris. A
moins de revérifier mais, normalement le député de
Joliette-Montcalm a terminé vers 12 h 20 ou 12 h 21, et il y a eu des
questions de règlement. Le député de Portneuf allait
terminer, de toute façon.
M. Pagé: Si le ministre veut bien noter mes questions: Qui
assumera les coûts engendrés par la réalisation
d'aménagements physiques et récréatifs dans chaque
territoire pilote? Le ministre nous a parlé d'une somme de $1 million;
est-il sérieux quand il croit que $1 million sera une somme suffisante
pour fournir de l'assistance financière à ces organismes pour
procéder à l'aménagement physique et
récréatif de chaque territoire, selon le plan
d'aménagement? Qui déterminera le nombre de personnes qui
pourront devenir sociétaires de chaque société de gestion
pilote? Qui informera périodiquement le public des disponibilités
de postes de sociétaires à l'intérieur des
sociétés de gestion pilotes?
Pour en arriver aux coûts, on a eu beaucoup de discussions. Le
ministre, dans sa pochette de la fin de janvier, parlait d'un droit à
payer de $80 par propriétaire de chalet; le premier ministre
annonçait hier $40. On nous parle d'une cotisation minimale de $15 pour
devenir membre d'une association, on a donné et cela a
été un sujet débattu entre les SACERF et le
ministère, on a parlé d'un coût de $5 par jour pour
l'utilisation des chemins mais pour étoffer ma question et je
termine là-dessus $3 par jour pour pêcher, $3 par jour pour
utiliser les canots. J'aimerais que le ministre nous dise le plus exactement
possible, dans toute cette confusion, combien cela va coû-
ter à un gars pour aller à la pêche une
journée durant l'année?
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, si vous voulez donner la
parole au député de Bellechasse, je suis prêt à
céder mon droit de parole pour le laisser intervenir...
M. Pagé: Répondez aux questions.
M. Duhaime: ... et je suis prêt à répondre
ensuite aux questions.
M. Pagé: M. le Président, je m'oppose. Que le
ministre réponde aux questions. Ce qui se conçoit bien
s'énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément,
selon Boileau. Vous devriez normalement avoir les réponses à tout
cela.
M. Duhaime: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Un instant, s'il vous
plaît! M. le ministre...
M. Duhaime: M. le Président, je ne suis pas
intéressé à m'enferrer dans le "niaisage" parlementaire
que j'entends depuis dix heures, ce matin.
M. Pagé: Ce n'est pas du "niaisage" parlementaire,
répondez donc aux questions, vous n'avez répondu qu'à une.
Et pour répondre à une, vous avez été obligé
d'avoir l'assistance d'un de vos collègues à votre droite, et
après cela, vous venez nous dire que vous connaissez votre dossier.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: Voyons donc! Retournez donc dans Saint-Maurice
où vous vous êtes fait huer, la semaine passée, vous ne le
connaissiez pas, votre dossier.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Portneuf.
M. Duhaime: Et je reprendrai ensuite les questions que vous venez
de soulever en même temps que je répondrai aux questions du
député de Bellechasse, s'il en a.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je remercie le ministre, c'est
une excellente initiative. Je vais essayer d'être bon joueur, je vais
prendre cinq minutes et, après, je donnerai toute la latitude voulue au
ministre pour répondre, et le député de Portneuf pourra
poser ses questions.
D'abord, l'esprit qui anime le ministre, quant à
l'accessibilité des clubs, je pense que c'est le même principe qui
animait un ex-ministre de l'Union Nationale titulaire de son ministère.
Ce n'est pas nouveau. Par contre, ce n'est pas à cause de l'urgence
qu'il faut brusquer. Je vais directement à mes questions, M. le
Président. D'abord, à la suite de la conférence de presse
du premier ministre, hier, je pose cette question au ministre: Si, pour faire
une image, un matin, il se présente 150 gars à une
barrière ou à un point de contrôle pour avoir accès
à un club de pêche, ceux qui ont une propriété, qui
vont avoir un bail de trois ans, sont-ils privilégiés, ou, si on
accepte 140 personnes, par exemple, et que les dix dernières qui se
présentent ont une propriété, un bail sur le club,
ont-elles priorité sur les autres? C'est ma première
question.
M. le Président, il y a un autre point dont le
député de Portneuf a également parlé et auquel vous
n'avez pas répondu. En tout cas, j'aimerais approfondir cette question.
A propos du fonds de soutien que le gouvernement entend consacrer à son
opération gestion de la faune, on parle de $1 million. Je présume
que c'est $1 million pour la première année. Est-ce que cela sera
suffisant? Prévoyez-vous moins pour la deuxième année,
parce que, la première année, il faut mettre cela en branle?
Est-ce la même chose ou davantage? Et que prévoit-on pour la
troisième année? J'aimerais que vous essayiez d'extrapoler pour
au moins trois ans, M. le ministre. Egalement, comment ce montant de $1 million
a-t-il été établi? Comment sera-t-il distribué
géographiquement, toujours en parlant du $1 million? Quelle en sera la
répartition en pourcentage et selon les secteurs d'utilisation? Par
exemple, la faune, les routes, l'ensemencement, etc.
Deux dernières questions, M. le Président. J'en avais une
trentaine, mais j'ai dit que je voulais être beau joueur et je vais le
prouver. Quels sont les organismes que le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche considère des interlocuteurs valables?
J'aimerais que vous précisiez les critères de sélection. A
partir de quand une association sera-t-elle considérée un
interlocuteur valable et selon quels critères se fera le choix de ces
associations?
Une dernière question, M. le Président, parce que le droit
de parole se fait rare à cette commission. Pourquoi le ministre a-t-il
refusé de rendre accessible l'information détenue par son
ministère en ce qui a trait au nom, à l'adresse et aux
présidents de tous les clubs privés du Québec? Des gens de
votre ministère nous ont dit: Cette liste est disponible, il y a
possibilité de l'avoir. Tout le monde à l'intérieur du
ministère semble la connaître. Apparemment, seulement le cabinet
du ministre pourra la distribuer et personne n'a pu la recevoir à
l'extérieur du cabinet du ministre. Je ne sais pas s'il y a eu des
ordres de donnés. Cela relève de la régie interne de votre
ministère, c'est votre droit. Mais, pourquoi n'a-t-on pas rendu publique
cette liste? J'aurais beaucoup d'autres questions, mais je me résume
à celles-ci pour l'instant.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, j'ai noté les
questions du député de Bellechasse, qui en a cinq, le
député de Portneuf en a posé sept. Je vais commencer par
répondre au député de Bellechasse et ensuite au
député de Portneuf. Votre première question dit: Est-ce
qu'il y a une priorité quelconque de reconnue dans ce programme aux
propriétaires de camps et de chalets en forêt? La réponse
est très claire: Non. C'est malheureux que cela se soit produit ainsi.
C'est cela qui a fait que nous n'avons pu continuer des discussions très
informelles avec la Fédération québécoise des
SACERF. Celle-ci, dans sa publicité, réclamait ce droit de
priorité, quoique par la suite il faille aussi dire, en toute justice,
que cela a été atténué et que les discussions avec
les SACERF portaient beaucoup plus sur le financement que sur un droit
prioritaire. (12 h 40)
Pour répondre bien clairement à votre question, il n'y a
aucune priorité à qui que ce soit. Ceux qui sont installés
en forêt, sur le bord d'un lac, ont toujours le privilège
d'être les premiers levés et d'être les premiers sur le bord
du lac.
J'enchaîne avec le sous-partie de votre question. Vous me dites:
On va se retrouver dans des situations ridicules s'il y a 150 pêcheurs
qui se présentent sur le même lac un bon matin. Je pense que c'est
très improbable qu'une telle situation se produise. Je voudrais
peut-être donner un exemple bien précis. L'année
dernière, nous avons retiré le bail d'exclusivité du club
Saint-Germain à Chicoutimi, un lac qui est abordable, qui est à
une vingtaine de milles quinze ou vingt milles, sauf erreur du
centre-ville de Chicoutimi, et nous avons considéré que ce lac
était beaucoup plus un endroit de villégiature et qu'il n'y avait
pas lieu de maintenir des droits exclusifs pour ceux qui étaient sur
place. Malgré toutes les sonneries d'alarme que nous avons entendues, au
moment où j'ai expédié l'avis de non-renouvellement de ce
bail, suivant les informations bien contrôlées que nous avons
obtenues, à part ceux qui étaient sur le lac Saint-Germain comme
tel et sur ce club, au cours de la dernière saison, seulement cinq
groupes de pêcheurs s'y sont rendus pour pêcher. Je retiens donc
comme étant très improbable la situation que vous avez
décrite, celle que 150 pêcheurs pourraient se présenter le
même matin. Et, encore là, il n'y a aucune priorité pour
ceux qui sont sur place.
Maintenant, pour ce qui est du fonds de soutien du million de dollars
qui est le fond de votre question, en deuxième lieu, je pourrais
peut-être revenir également sur un échange de questions et
réponses soulevées à l'Assemblée nationale et sur
une espèce de calcul mathématique ombrageux, sinon confus, qui a
été soulevé par un député à
l'Assemblée nationale, en l'occurrence le député de
Portneuf, qui pensait que le gouvernement prendrait d'une main et qu'il
donnerait de l'autre. Ce que nous faisons, c'est que le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche retirait je l'ai dit tout
à l'heure, au tout début de mon exposé environ $600
000 par année par des baux exclusifs de chasse et de pêche. Ce
montant ne sera pas perçu cette année par le gouvernement, pour
la bonne et simple raison qu'il n'y a plus de baux exclusifs de chasse et de
pêche. Par ailleurs, en cotisant pour un montant de $40 payables
annuellement, pas sur deux ans, $40 par emplacement, pour une acre... Laissez
faire votre "mémérage"...
M. Pagé: ... c'était $80.
M. Duhaime: ... je vais vous répondre
là-dessus.
M. Pagé: ... c'était $80 dans votre pochette de
publicité, sous votre signature.
M. Duhaime: Attendez votre tour. Je vous garde pour le dessert,
je vais vous répondre à votre tour, après
consultation.
M. Pagé: On s'accotera, M. le député de
Saint-Maurice.
M. Duhaime: Vous avez assez débité d'âneries
depuis deux heures.
M. Pagé: Vous avez été assez hué
partout dans la province de Québec. Les gens commencent à vous
connaître.
M. Duhaime: Si vous me permettez de clarifier les choses. C'est
$40 pour une acre et, malgré la confusion que vous vouliez entretenir
à ce sujet, cela me paraît très clair pour celui qui veut
comprendre. Au ministère des Terres et Forêts, on ne parle pas
d'un bail à long terme, on parle du bail à court terme, ce que
les gens appellent communément un bail de villégiature, et cela,
c'est un bail, c'est un bail qui est émis par le ministère des
Terres et Forêts après que la localisation du terrain est faite
auprès d'un lac ou sur un territoire, après également que
le cadastre de cette acre de terrain est fait.
C'est pour cette raison que le prix est fixé à $80, non
pas cette année, mais depuis très longtemps, et au fur et
à mesure que les 1000 ou 1200 baux ont été retirés,
au fil des ans, le ministère des Terres et Forêts, aussitôt
que le cadastre est fait, signe un bail à court terme avec le
propriétaire des équipements et des installations et c'est ce qui
coûte $80 par année.
J'en ai discuté longuement avec mon collègue, le ministre
des Terres et Forêts, M. Yves Bé-rubé. Parce que nous
émettons un permis intérimaire d occupation pour tenir lieu d'un
bail en attendant que le cadastrage se fasse et qu'en conséquence, tant
et aussi longtemps que le bail de villégiature n'est pas prêt, en
ce sens que le cadastre n'a pas été fait, il n'y a pas de
déboursés de la part du ministère des Terres et
Forêts, il m'est apparu parfaitement juste, de même qu'à mon
collègue, Yves Bérubé, que l'on cotise $40 par
emplacement. Nous avons fait cette proposition au Conseil des ministres et
c'est ce qui a été accepté mercredi dernier.
Lorsque j'ai répondu à l'Assemblée nationale
à une question du député de Portneuf qui est toujours
mêlé, qui est toujours confus, je lui ai dit que ces $80
étaient en discussion parce que le ministère des Terres et
Forêts ne peut pas émettre, demain matin, 12 000 baux à
ceux qui pourraient être installés en forêt. C'est le gros
bon sens qui le dit. L'arrêté en conseil va tenir lieu d'un titre
intérimaire, en quelque sorte d'un permis intérimaire
d'occupation.
C'est donc dire que le fonds de soutien de $1 million n'est pas ce qu'on
donne d'une main après l'avoir retiré de l'autre, mais un montant
net d'argent qui est mis à la disposition des associations de chasse et
de pêche. Je n'arrive pas à comprendre que personne ne veuille le
reconnaître, même si on n'est pas dans le même parti; c'est
la première fois qu'il y a un gouvernement qui décide de mettre
de l'argent de l'avant à la disposition des associations de chasse et de
pêche qui, dans le passé, n'ont même jamais
été reconnues.
Cette année, dans l'agrément que nous allons accorder aux
associations de chasse et de pêche, au niveau des zones d'exploitation
contrôlée, nous allons travailler prioritairement dans quatre
endroits du Québec, et je les nomme. A tout seigneur, tout honneur: la
Mauricie, le Lac-Saint-Jean, Québec et la région du nord de
Montréal. Il est bien certain que c'est dans ces quatre endroits
où l'on voit la plus forte concentration de clubs privés qu'on
veut tendre la main, en quelque sorte, de la façon la plus
concrète possible sur le terrain. J'ai eu l'occasion de le dire et je le
répète: Ce n'est pas une bousculade, ce n'est pas un refus de
collaboration de la part du ministère vis-à-vis des clubs
privés qui sont installés; au contraire, c'est un appel à
travailler ensemble. Je suis très heureux de constater, malgré
toute la publicité qui a pu se faire, malgré les
déclarations irresponsables qui viennent de certaines personnes de
l'Opposition et même de certains candidats à une course à
la chefferie qui n'ont jamais connu ni a ni b de ce dossier, qu'aujourd'hui
nous avons 54 propositions en main, 33 à venir et nous n'avons pas les
chiffres des trois régions qui restent.
C'est donc dire que ce qu'on appelle l'inquiétude, l'incertitude,
etc., cela m'apparaît qu'il y a des gens qui trouvent cela
intéressant, cette formule. J'ai eu l'occasion d'en rencontrer lors de
la tournée à travers le Québec; j'en rencontre dans ma
ville, j'en rencontre dans ma région et je puis vous assurer que les
gens collaborent franchement.
Il est certain, et cela je suis prêt à l'admettre, que
c'est dur pour un Québécois qu'on a endormi et qu'on a
dorloté pendant des années, malgré les engagements
précis dans des programmes politiques où on a dit que les clubs
privés cesseraient. On a endormi le monde d'une élection à
l'autre, d'une campagne électorale à l'autre, en n'ayant pas le
courage de mettre cela en application, pour leur propre bien à eux. Ces
gens sont en train de comprendre qu'au niveau des zones d'aménagement et
de conservation nous allons mettre comme jamais auparavant des crédits
nécessaires et du personnel technique qualifié. Les techni- ciens
de la faune seront en plus grand nombre, des biologistes, des agents de
conservation.
Je voudrais rassurer le député de Bellechasse. Même
s'il peut être en désaccord ou s'il peut avoir des questions
à poser, je pense que, sur l'essentiel du débat, il y a de la
place pour qu'on se rejoigne. La distribution de ce fonds de soutien, à
l'heure où je vous parle, elle n'est pas établie.
Cependant, il est certain que ce fonds ne financera pas ce qu'on appelle
la location de services. Par exemple, une association qui va décider de
mettre en location des chaloupes, qui va décider de cotiser les
visiteurs ou des membres pour passer une nuit dans un camp, ces services
devront s'autofinancer. Je pense que, prioritairement, ce fonds de soutien va
servir à assurer le coup de main nécessaire aux associations,
pour leur permettre de boucler leur budget en ce qui est de l'entretien des
routes par exemple, de leur permettre, pour une fois dans notre vie au
Québec, de mettre de l'avant des plans intelligents d'ensemencement et
de ne pas attendre qu'on ne trouve que le fond du lac avant de se
décider à faire de l'ensemencement. C'est dans ce sens que le
fonds de soutien va servir prioritairement.
On veut, non pas barricader le Québec et le garnir d'agents de
conservation ou de brigades, on veut plutôt mettre l'accent sur le
renouvellement de la ressource. A l'intérieur de plans intelligents
d'aménagement et de gestion, je pense qu'on va y réussir. Je
voudrais aussi ajouter, à votre quatrième question, que nous
considérons les associations de chasse et pêche...
M. Goulet: M. le Président, juste une seconde; le $1
million, est-ce que c'est prévu pour la première année et
l'an prochain, cela peut aller jusqu'à trois ans, comme je vous avais
demandé, qu'est-ce qui est prévu?
M. Duhaime: Le premier million est pour la première
année. L'an prochain ce sera l'an prochain. Je pense qu'il serait assez
hasardeux de vous dire aujourd'hui que je pourrais engager des crédits
pour l'année financière 1979/80, 1980/81. Nous verrons, je pense
que $1 million cela commence à constituer un magot appréciable
à mon point de vue. Nous allons partir avec ce montant et nous verrons
en cours de route s'il y a lieu de l'augmenter ou de l'ajuster suivant les
régions.
M. Goulet: Ce n'était pas ma question, je m'excuse, si
vous permettez, M. le Président. La première année il y
aura certainement des dépenses qu'on n'aura pas besoin de refaire la
deuxième année, les implantations physiques par exemple. Une fois
que les implantations vont être là, est-ce que pour la prochaine
année vous prévoyez à peu près la même chose
ou si cela peut tomber à $500 000 ou si cela peut sauter à $1,5
million? Je ne vous demande pas de chiffres à la virgule près,
mais...
M. Duhaime: En fait, écoutez vous allez comprendre
facilement qu'il est à peu près impossible que je puisse vous
dire aujourd'hui que ce
fonds de soutien de $1 million va servir à financer des
équipements qui vont être faits à demeure, comme de la
construction de chalets, de quais ou de barrages. Moi je vous dis: On part avec
$1 million et ensuite on verra. Je voudrais reprendre surtout votre
quatrième question, au sujet des associations.
Nous recevons des propositions à l'heure actuelle, et j'ai eu
l'occasion de le dire à la Fédération
québécoise des SACERF. Nous n'avons aucun interlocuteur
privilégié. J'ai eu l'occasion de rencontrer des membres de clubs
privés, des membres d'associations de chasse et pêche qui
n'avaient jamais administré un territoire et qui étaient,
pourtant, constitués en association depuis fort longtemps. J'ai eu
l'occasion aussi de rencontrer à plusieurs occasions les SACERF et je
leur ai dit très fermement je pense qu'elles l'ont compris aussi
que personne n'était privilégié, que nous allions
recevoir des offres, des demandes d'agrément au niveau des
régions, que chaque dossier serait d'abord et avant tout analysé
par les administrateurs régionaux du ministère maintenant
que nous en avons et que cette décentralisation va son chemin et
qu'ensuite ce sera seulement à partir du 20 mars 1978 que nous allons
commencer à reconnaître les associations.
Vous avez posé une cinquième question: Pourquoi ne pas
avoir rendu publique la liste des membres des clubs privés? Cette
demande nous a été faite par les SACERF. Vous me permettrez
d'ajouter que dans leur propre publicité du début, en tout
cas de ce programme, elles s'étaient plus ou moins
constituées en comité de défense, du moins pour une
région que je connais plus que d'autres, et cette
fédération nous a toujours dit, et le maintient encore
aujourd'hui, qu'elle représentait 25 000, 27 000, et la dernière
publication que j'ai vue disait 29 000 membres de clubs dans tout le
Québec. Je n'ai pas vu là l'utilité de leur remettre cette
liste. Je sais par ailleurs qu'il aurait été facile pour tout
député de l'Assemblée nationale de poser une question, de
l'inscrire au feuilleton et on y aurait donné suite.
M. Goulet: M. le Président, je m'excuse, cette question
est inscrite au feuilleton. On a appelé à votre cabinet, M. le
ministre. Je n'ai pas appelé au nom des SACERF, mais au nom de l'Union
Nationale, un parti politique dûment constitué pour... Je pense
qu'on avait droit à cette information. Je ne parle pas au nom d'autres
associations, mais au nom de mon parti. J'aimerais vérifier, mais je
pense que cette question est déjà au feuilleton.
M. Duhaime: Je m'excuse, je n'ai pas eu l'occasion de
vérifier au feuilleton.
M. Goulet: Pourquoi votre cabinet ne l'a-t-il pas donnée
à un parti de l'Opposition?
M. Duhaime: Si la question est au feuilleton j'y répondrai
en temps utile avec ma diligence habituelle, mais je ne vois pas d'urgence
à publier la liste de clubs autrefois détenteurs de droits exclu-
sifs à partir du moment où ils n'ont plus de bail exclusif.
M. Goulet: Nous, M. le Président, on en voyait l'urgence,
comme députés élus par une population au même titre
que le ministre. On en voyait l'urgence et c'est pour cela que nous voulions
avoir cette liste. Nous l'avons demandée. Il va être trop tard en
juin et juillet. Je voulais faire comprendre cela au ministre. On aimerait bien
l'avoir. Pourquoi ne pas la donner à un parti politique ou ne pas la
rendre publique?
M. Duhaime: Si votre question est au feuilleton, M. le
député de Bellechasse, j'en prendrai connaissance et on y donnera
suite. Je voudrais maintenant répondre aux questions du
député de Portneuf.
D'abord la première question. Est-ce que dans la
délégation de pouvoirs, les conseils d'administration des
associations de chasse et de pêche responsables d'une zone d'exploitation
contrôlée pourront, dans un cas ou dans l'autre, fermer un lac? Il
y a un aspect juridique dans cette question. Il est bien certain que
l'association comme telle ne peut pas, dans l'état actuel de notre
législation et de nos règlements, décider de son propre
chef de fermer un lac. Cependant, si l'association donne un tel avis à
l'administration régionale, le ministre pourra ensuite, par
arrêté en conseil, donner suite à cette demande de
l'association.
Deuxième question au sujet des agents de conservation. Vous avez
mentionné un chiffre de $3,5 millions qui aurait été
avancé par M. Moisan, sous-ministre adjoint à la faune; ce
chiffre est exact. C'est le montant chiffré du plan de conservation pour
l'ensemble du Québec et je peux assurer tous les membres de cette
commission que nous aurons, pour la saison qui vient, en temps utile, le nombre
suffisant d'agents de conservation dans tout le Québec pour assurer
l'application de ce plan de conservation.
Pour ce qui est des agents auxiliaires c'est votre
troisième question nous avons, suivant mes informations, un
très grand nombre de gardiens de clubs qui seront principalement
dorénavant affectés à des tâches de protection
d'équipement, comme fendre le bois, peinturer les chaloupes. C'est un
peu le travail qu'ils ont fait jusqu'à maintenant. Nous allons
établir une programmation pour ces gens afin de leur permettre, dans un
premier temps, de recevoir des cours sur la Loi de la conservation de la faune.
Nous sommes en train de faire ces démarches. Ils pourront
s'intégrer à l'institut je crois que le cours se donne
à Nicolet pour recevoir les rudiments d'information sur la Loi de
la conservation de la faune. Nous les reconnaîtrons ensuite comme agents
auxiliaires.
Au sujet des plans d'aménagement et de gestion c'est la
quatrième question quel est le soutien technique que le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche pourra accorder
aux associations dans la prépration de ces plans? Il est bien certain...
je tiens à corriger une informa-
tion parue dans la revue "Québec Chasse et Pêche" disant
que les frais des travaux que pourraient effectuer les gens de mon
ministère seraient à la charge des associations. Je voudrais
corriger cette information, sans doute faite par inadvertance, et dire que les
plans d'aménagement et de gestion seront préparés sur
l'initiative et en collaboration avec les gens du ministère, au niveau
des zones d'aménagement et de conservation. On ne parle pas des zones
d'exploitation contrôlée, on parle des zones d'aménagement
et de conservation. Ces plans d'aménagement et de gestion seront
préparés dans un premier temps en collaboration étroite
avec les associations sur les zones d'exploitation contrôlée et
les gens de mon ministère, sans aucun frais.
Dans les zones que nous avons définies comme étant
prioritaires, nous pensons que les plans d'aménagement seraient faits au
cours de l'année 1978. Je ne reviendrai pas à la sixième
question, qui portait sur les $40 et les $80, je pense avoir été
assez clair. Je profite de l'occasion je vois que le temps s'envole,
j'aurais pu continuer de parler de ce dossier tout l'après-midi, et
même demain aussi pour vous dire qu'il est malheureux qu'à
travers un débat de procédure autant inutile que futile, on ait
peut-être privé, dans un premier temps, la population de recevoir
le maximum d'information à la suite de la tenue de cette commission, et,
au surplus, et c'est ce qui me révolte le plus, empêché,
par toutes espèces de manoeuvres, des membres de cette commission,
députés de l'Assemblée nationale, d'y participer
pleinement, selon leur droit.
Je pense que, lorsque vous ferez rapport à la présidence
de ce qui s'est passé à cette table, ce matin, il y aurait
peut-être lieu, de prévoir à l'avenir que chacun ajuste son
tir lors des débats de pareilles commissions. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Comme il reste environ deux
minutes, y a-t-il d'autres députés qui veulent poser des
questions?
M. Pagé: Evidemment, M. le Président.
M. Jolivet: M. le Président, j'aurais eu le droit de faire
une intervention, puisque c'est mon tour.
M. Pagé: Arrêtez d'envoyer de l'encens au ministre.
C'est ce que je présume.
M. Jolivet: Pardon?
M. Pagé: De l'encens?
M. Jolivet: Non, pas du tout!
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: J'ai pu participer à la préparation de
la politique avec un comité de députés. Je dois dire que
c'est la première fois, en tout cas, qu'on a eu la chance, avec les gens
du ministère, qui sont des hauts fonctionnaires ainsi qu'avec les gens
du Conseil de la faune, d'établir une politique qui va maintenant
devenir une chose réelle. Mais, ce que je regrette aussi, ce matin,
c'est de ne pas avoir eu la possibilité d'exprimer ce que j'ai à
dire parce que j'ai eu aussi la possibilité de participer à la
préparation de cette politique. J'ai dans mon comté, une forte
majorité de gens qui sont à l'intérieur de ce qu'on a
appelé les clubs privés, mais aussi une autre majorité de
gens qui ne sont pas à l'intérieur des clubs privés et qui
ont aussi des choses à dire.
J'aurais pu dire aussi que les rencontres qu'on a eues au niveau du
Québec n'étaient pas simplement des rencontres d'information mais
aussi de consultation, à preuve la question des $40 et des $80 dont le
ministre faisait mention.
A la suite de ce qu'on a entendu à l'intérieur de ces
réunions, on a eu la chance aussi de rectifier le plus possible
l'ensemble de la politique pour la rendre la plus complète, la plus
logique^ possible au niveau des Québécois. M. le
Président, je pense que ces rencontres à travers le
Québec, ces discussions qui ont eu lieu, qu'elles aient
été, dans certains cas, plus difficiles, moins difficiles, je
pense qu'on doit en tenir compte parce que nous y avons participé. Mais
c'était de faire en sorte que la politique qui est établie
maintenant soit la mieux acceptée possible pour l'ensemble de tous les
Québécois. Je trouve malheureux que, dans l'Opposition, on ait
voulu en faire une question qui nous donnait l'impression qu'elle était
très mal acceptée.
Je dois dire qu'ayant eu cette possibilité, j'aurais voulu
l'exprimer, mais je n'ai pas eu la chance de le dire.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, quinze secondes, si vous
permettez. Je suis demeuré surpris que le ministre ne soit pas au
courant de la question qui a été posée au feuilleton, la
question 157, en date du 28 février: Ordre de l'Assemblée qu'il
soit déposé la liste de tous les clubs privés dûment
enregistrés au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, ainsi que l'adresse de chaque membre, de chaque club et le nom du
président. M. le Président, si le ministre veut bien nous le
dire, j'aimerais savoir quand il pense déposer cette liste. Etant
donné que la question est là depuis le 28 février, il me
semble qu'on aurait eu le temps de consulter cela, d'y répondre. Pour le
bien de tout le monde, je pense qu'il aurait dû avoir une réponse
dans un laps de temps assez court.
M. Duhaime: Le plus vite possible.
M. Goulet: Vous ne pouvez pas vous engager pour une date? Sur
informatique, vous pesez sur le bouton et on a la réponse.
M. Duhaime: Je ne peux pas m'engager pour une date. Je veux voir
avec les gens de mon minis-
tère dans quel délai raisonnable on peut obtenir ces
informations. On les déposera au feuilleton.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, en guise de conclusion,
je voudrais formuler quelques derniers commentaires très brefs à
la fin de ces travaux. On a parlé des procédures de ce matin. M.
le Président, vous le savez, cette journée appartient à
l'Opposition et, aujourd'hui, c'était à l'Opposition officielle.
La semaine prochaine, ce sera l'Union Nationale. Je ne crois pas que ce soit
l'endroit pour les députés de la majorité
ministérielle de venir faire part de leurs commentaires ou de leurs
positions sur un projet, cette procédure du vendredi matin. Mais, de
toute façon, M. le Président, il y aura certainement des
échanges entre le président de l'Assemblée nationale et
moi-même, la semaine prochaine, à l'Assemblée, à la
lueur des procédures prévues à notre règlement,
pour clarifier ce qui s'est passé ici, ce matin. De toute façon,
nous aurons l'occasion d'y revenir.
M. le Président, c'est regrettable qu'on n'ait pas eu plus de
temps. Il y a évidemment beaucoup d'autres questions que j'aurais
aimé soulever; des questions concrètes, spécifiques, bien
particulières, auxquelles, évidemment, le ministre a beaucoup de
difficultés à répondre. Mais j'aurai l'occasion, la
semaine prochaine, à l'Assemblée nationale, lors de la
période des questions, à partir de mardi, de soulever d'autres
questions sur des thèmes qu'on n'a pu toucher aujourd'hui.
Je voudrais réitérer ce que je vous ai formulé au
début, à savoir qu'à la lueur des échanges il
apparaît, hors de tout doute, que l'Opposition officielle est d'accord
sur le principe de la politique mise de l'avant parce que cela reflète,
somme toute, ce qui avait été énoncé et
commencé par l'ancien gouvernement.
Mais on s'inscrit en faux contre l'application du principe,
particulièrement parce que le ministère dans l'approche qu'il a
bien voulu se donner, ne garantit à personne qu'il y aura suffisamment
de protection, car les associations n'auront pas suffisamment de pouvoirs,
selon moi, pour éliminer le risque de la surexploitation de nos
lacs.
M. le Président, merci, M. le ministre, je vous dis à
mardi et préparez-vous en fin de semaine parce qu'il y aura des
questions spécifiques. Vous avez beaucoup de difficultés à
y répondre, mais préparez-vous.
Le Président (M. Marcoux): Je voudrais simplement ajouter
que je suis conscient également des problèmes de fonctionnement
qu'il y a eu à la commission et de la part de responsabilité que
j'ai eue en tant que président dans des difficultés de
fonctionnement que nous avons eues. J'espère que, grâce aux
discussions que nous pourrons avoir avec le président de
l'Assemblée nationale et les autres présidents de commissions, on
va pouvoir, à l'avenir, mieux clarifier le règlement ou la
façon dont on peut l'interpréter.
(Fin de la séance à 13 h 5)