Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
vendredi 29 octobre 2021
-
Vol. 46 N° 1
Interpellation du député de Robert-Baldwin au ministre de l’Environnement
et de la Lutte contre les changements climatiques sur le sujet suivant :
L’absence de leadership du gouvernement caquiste dans la Lutte aux
changements climatiques et la nécessité de miser sur une économie verte
pour la vitalité des régions du Québec.
Aller directement au contenu du Journal des débats
10 h (version non révisée)
(Dix heures trois minutes)
La Présidente (Mme Nichols) :
Alors, bonjour, votre attention, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la
Commission des transports et de l'environnement ouverte. J'en profite pour
saluer tous les collègues présents, de chaque côté de la Chambre, bienvenue.
J'en profite aussi pour saluer ceux qui nous écoutent, et il y a beaucoup de
gens dans nos bureaux de comté respectifs qui nous écoutent, donc je salue mon
équipe au bureau de comté.
Et je vous fais la lecture du mandat.
Donc, la…
La Présidente (Mme Nichols) :
...et de l'environnement ouverte. J'en profite pour saluer tous les collègues,
tous les collègues présents de chaque côté de la Chambre. Bienvenue. J'en
profite aussi pour saluer ceux qui nous écoutent, et il y a beaucoup de gens
dans nos bureaux de comté respectifs qui nous écoutent. Donc, je salue mon
équipe au bureau de comté.
Et je vous fais la lecture du mandat.
Donc, la commission est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de
Robert-Baldwin au ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques sur le sujet suivant : L'absence de leadership du gouvernement
caquiste dans la lutte aux changements climatiques et la nécessité de miser sur
une économie verte pour la vitalité des régions du Québec. Alors, voilà.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Bussière (Gatineau) est remplacé par Mme Boutin
(Jean-Talon); M. Caron (Portneuf) est remplacé par M. Lemay (Masson);
M. Fortin (Pontiac) est remplacé par M. Leitão (Robert-Baldwin); Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue) est remplacée par M. Zanetti (Jean-Lesage);
et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M. Gaudreault
(Jonquière).
La Présidente (Mme Nichols) :
Très bien. Merci, M. le secrétaire. Alors, je comprends aussi qu'il y a une
entente afin que le deuxième groupe d'opposition intervienne lors de la
troisième série d'interventions et que le troisième groupe d'opposition
intervienne lors de la cinquième série d'interventions.
Étant donné qu'on a commencé un petit peu...
avec un délai de quelques minutes, je vous rappelle que le débat ne peut, à
moins d'un consentement, dépasser midi. Comme la séance a débuté vers
10 h 4, est-ce qu'il y a un consentement pour poursuivre nos travaux
au-delà de l'heure prévue, soit vers 12 h 4?
Une voix
: Consentement.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Merci pour le consentement.
Alors, nous allons tout de suite débuter
les déclarations d'ouverture. M. le député de Robert-Baldwin, porte-parole de l'opposition
officielle en matière de lutte contre les changements climatiques, vous avez la
parole pour 10 minutes.
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, chers collègues, bonjour, M. le ministre,
toute votre équipe, M. le député de Jonquière, le staff qui nous accompagne.
Donc, voilà, nous allons passer deux
heures ensemble pour discuter d'environnement, ce qui est très, très approprié parce
qu'on est à la veille de la grande rencontre de Glasgow de la COP26, où le
Québec, bien sûr, sera présent, et où le Québec a toujours été présent, et où
le Québec jouit d'une bonne réputation. Et donc on va continuer, et c'est tant
mieux, et c'est tant mieux que cela se poursuive.
Maintenant, pour ce qui est de l'enjeu qui
nous préoccupe, le sujet de cette interpellation, je vais essayer de couvrir
quelques éléments, trois ou quatre éléments, en commençant par, peut-être,
d'une façon plus générale, de mentionner dans cette Assemblée que je suis bien
sûr très préoccupé par l'urgence climatique. Depuis le temps qu'on en parle, et
on en parle depuis longtemps, et déjà le gouvernement...
M. Leitão : …Assemblée que je
suis bien sûr très préoccupé par l'urgence climatique. Depuis le temps qu'on en
parle, et on en parle depuis longtemps, et déjà le gouvernement précédent, déjà
en 2015, on avait pris une place intéressante à la COP24 à Paris, mais nous
sommes maintenant en 2021. Et les choses ont progressé mais, malheureusement,
pas dans la bonne direction.
Donc, juste quelques points de façon
générale. Je pense qu'il n'y a pas doute maintenant, il n'y avait pas de doutes
il y a déjà quelques années, mais il n'y a aucun doute maintenant que c'est
l'activité humaine qui a un impact profond sur le climat, et impact qui, à mon
avis, est déjà d'une certaine façon irréversible. Donc, oui, on parle d'urgence
climatique, moi, je parlerais aussi de dérèglement climatique qui est déjà là.
Donc, il y a, à mon avis, urgence d'agir pour ne serait-ce que limiter l'impact
du dérèglement qui est déjà là et puis de prévenir, d'essayer que cela ne se
détériore davantage.
Alors, nous savons quoi
faire — quand je dis : Nous, c'est le «nous» collectif,
l'humanité — nous savons quoi faire, nous avons les moyens de le
faire, le chemin est connu, la technologie, les moyens, on sait très bien ce
qu'il faut faire, nous savons que ça peut se faire. Donc, je ne partage pas les
points de vue de ceux qui sont très anxieux parce que, donc, on sait quoi
faire, et on sait comment le faire, et on sait que ça donne des résultats.
Cependant, nous ne faisons pas grand-chose. Encore une fois, le «nous» collectif,
là, le «nous» planétaire, nous ne faisons pas… jusqu'à maintenant, nous n'avons
pas fait exactement là, là, ce qu'il fallait faire.
Récemment, il y a eu de toutes sortes
d'organismes — on a commencé par le GIEC, mais il y a toutes sortes
d'autres — qui renforcent cet avis qu'on est vraiment rendus à un
moment où il faut bouger, là, là il faut… Donc, il y a urgence d'agir. Le
rapport sous lequel je me base beaucoup, et que j'ai bien analysé, et que je
trouve qui est extrêmement intéressant, c'est le rapport de l'Agence
internationale de l'énergie qui est organisme multilatéral, qui est un
organisme qui représente les pays producteurs, les pays consommateurs
d'énergie, d'industries, d'hydrocarbures et autre et qui n'est pas reconnu
comme étant une espèce d'environnement d'écolos…
M. Leitão : ...qui est un organisme
multilatéral, qui est un organisme qui représente les pays producteurs, les
pays consommateurs d'énergie, d'industries, d'hydrocarbures, et autres, et qui n'est
pas reconnu comme étant une espèce d'environnement d'écolos radicaux, ce n'est
pas ça du tout. Et c'est l'EIA, donc, l'Agence internationale de l'énergie, qui
nous dit que, si on continue sur la même voie — nous, encore une
fois, le «nous» collectif, là — si on continue sur la même voie, si
les pays qui se sont engagés à atteindre certaines cibles se limitent à ce qui
a été annoncé publiquement, on n'y arrivera pas, on n'arrivera pas à contenir
l'augmentation de la température à 1,5 °C, mais donc le dérèglement
climatique va s'intensifier.
Alors, l'Agence internationale de
l'énergie propose toute une série d'actions qui devraient être prises pour
qu'on essaie d'éviter ce scénario très, très négatif. Ce n'est pas alarmiste, à
mon avis, mais c'est juste, et donc il faut prendre conscience de ça. Alors, qu'est-ce
qu'on doit faire donc pour parcourir ce chemin? Chaque pays aura ses... chaque
État aura ses programmes, ses priorités.
• (10 h 10) •
Évidemment, nous, au Québec, nous avons
notre chemin à parcourir, un chemin qui a déjà été tracé depuis un certain
temps et qu'on continue maintenant. Nous avons, évidemment, un avantage
incroyable que d'autres états n'ont pas, c'est le fait que notre électricité
est, pour la plupart, très grand pourcentage, elle est propre, elle est verte,
c'est de l'hydroélectricité. Un des plus grands obstacles, un des plus grands
enjeux auxquels la planète doit faire face, c'est justement la production
d'électricité propre, électricité verte, se débarrasser du charbon, se
débarrasser du gaz naturel, etc. Et donc nous, au Québec, nous sommes déjà là,
nous sommes déjà avec l'hydroélectricité.
Et c'est là où je pense que le plan du gouvernement
fait défaut, parce qu'on dirait, et on pourra poursuivre après nos
conversations, mais on dirait que le plan du gouvernement se limite à ça, se
limite à produire de l'hydroélectricité et à la vendre à nos voisins
américains. Je pense qu'on doit aller beaucoup plus loin que ça.
Oui, pour l'électrification, l'électrification
des transports, toute sorte d'électrification, mais il va falloir aussi qu'on
fasse d'autres choses. Il va falloir aussi qu'on agisse sur l'agriculture. Il
va falloir aussi qu'on agisse sur le bâtiment, les immeubles. Il va falloir
surtout...
M. Leitão : …mais il va falloir
aussi qu'on fasse d'autres choses. Il va falloir aussi qu'on agisse sur
l'agriculture. Il va falloir aussi qu'on agisse sur le bâtiment, les immeubles.
Il va falloir surtout qu'on agisse de façon plus efficace, plus prononcée sur
l'industrie lourde. L'industrie lourde, au Québec, ce n'est pas un… quelque
chose, en termes de pourcentage de PIB, ce n'est pas énorme, mais en termes
d'intensité de carbone, oui, les émissions de GES en provenance de l'industrie
lourde sont très fortes.
Jusqu'à maintenant, la stratégie adoptée
par les gouvernements qui se sont succédé et qui sont là maintenant, cette
stratégie, basée en grande partie sur la bourse carbone, ne semble pas avoir
vraiment convaincu l'industrie lourde à passer à une autre étape. Donc, il va
falloir peut-être penser à d'autres moyens pour procéder à ce virage
énergétique.
Donc, en conclusion, Mme la Présidente,
parce que je vois que mes premières 10 minutes achèvent presque, on est
sur la bonne voie au Québec, mais, à mon avis, cette voie est très limitée,
parce qu'elle se limite à la production d'hydroélectricité. Et, oui, c'est un
atout énorme, mais il faut aller, à mon avis, beaucoup plus loin que juste
l'hydroélectricité. Et on avait vu, dans le discours inaugural du premier ministre,
il y a deux semaines, que, quand il parlait d'environnement, il mentionnait
juste… C'est ça, on vend ça à New York et on va aider New York, et c'est
parfait, on va aider New York, mais il faut qu'on aille beaucoup plus loin que
ça pour qu'on puisse véritablement contribuer à l'effort mondial pour la
réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Voilà, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. Alors, je cède maintenant la parole au ministre de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques pour une
période de 10 minutes.
M. Charette : Merci, madame…
La Présidente (Mme Nichols) :
Et je fais juste une petite parenthèse — je m'excuse, M. le ministre — peut-être
juste fermer vos appareils, fermer le son sur vos iPad, vos téléphones, pour ne
pas déranger, là, les personnes, là, qui font leur interpellation, merci. M. le
ministre, la parole est à vous pour 10 minutes
M. Charette : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Je suis en train de suivre votre conseil et m'assurer que tous
les appareils sont fermés. Je vais déjà vous saluer, merci de présider nos
travaux ce matin. Je tiens aussi à saluer, là, les gens qui vous accompagnent
au niveau de la table, là, vous voyez que je suis aussi très bien entouré de
collègues que j'apprécie grandement. Donc, ils auront à intervenir au cours des
deux prochaines heures. Peut-être mentionner que le cabinet est aussi
représenté, le ministère de l'Environnement l'est également, donc tous des
gens, là, qui contribuent à ce que l'on puisse avancer jour après jour. Et
naturellement je reconnais et salue les collègues de l'opposition aussi, les
gens qui les accompagnent, là, c'est toujours un plaisir d'échanger sur la
question…
M. Charette : …que le cabinet
est aussi représenté, le ministère de l'Environnement l'est également, donc
tous des gens, là, qui contribuent à ce que l'on puisse avancer jour après
jour. Et naturellement je reconnais et salue les collègues de l'opposition
aussi, les gens qui les accompagnent, là, c'est toujours un plaisir d'échanger
sur la question environnementale.
Et je ne passerai pas… je veux rassurer le
collègue, là, je ne passerai pas mon intervention uniquement sur le bilan
libéral, mais je dois vous avouer que j'ai été déçu du thème retenu. Parler de
manque de leadership… je connais la gentillesse du député de Robert-Baldwin et
je pense qu'à vouloir être trop partisan, par moments, on affecte sa propre
crédibilité. Donc, le thème de l'interpellation était peut-être inadéquat.
Donc, ceci dit, très heureux de parler
d'environnement. C'est vrai que ça ne se produit pas suffisamment souvent. Je
pense que c'est un des thèmes que l'on pourrait aborder avec les oppositions de
façon constructive. Je ne dis pas qu'on sera toujours d'accord, mais uniquement
aller vers la critique, ça laisse entendre un certain vide au niveau des idées
par moment.
Et peut-être rappeler certains faits. On a
une cible qui est très ambitieuse pour 2030, on doit être à moins 37,5 %
de nos émissions par rapport à 1990. Et je dis ambitieux, mais on fait tous les
efforts nécessaires pour y parvenir. J'aurais aimé, par contre, que cette même
rigueur-là se soit installée il y a quelques années, donc avant la dernière
élection, parce qu'autrement, là, on serait à moins 20%. Si les gouvernements
précédents avaient fait leur travail, avaient abordé la question avec autant de
sérieux, on serait à moins 20 %, à l'heure où on se parle, et on est
uniquement à moins 6%, en fait, un petit peu moins de moins 7 %. Donc, ça
veut dire qu'en l'espace d'une décennie il faudra faire des gains, là, de
l'ordre de 30% par rapport à l'année de référence, 1990. C'est immense.
Donc, c'est la raison pour laquelle
lorsque certains groupes, encore, là, ces derniers jours, nous demandent d'être
carboneutre pour 2030, c'est difficile d'aborder la question environnementale
avec ces groupes-là avec un minimum de rigueur. Lorsqu'on demande, et ça a été
réitéré il y a quelques heures à peine par certains groupes, qu'on soit à moins
65 % pour 2030, ce n'est pas non plus sérieux. Donc, il faut y aller avec
une approche qui soit bien établie.
Et c'est là où on a innové en novembre
dernier, on a été dans les premiers gouvernements au monde, je n'ai aucune
gêne, au contraire, à le dire, dans les premiers, donc, au monde à y aller
d'une approche très, très, très planifiée. L'erreur des dernières années, des
dernières décennies… on a de nombreux gouvernements, puis pas juste au Québec,
là, à la grandeur de la planète, qui ont identifié des cibles qui, par
certains... dans certains cas, étaient drôlement ambitieuses. Sur papier,
lorsqu'on évoquait des chiffres de réduction, on pouvait se…
M. Charette : ...l'erreur des
dernières années, des dernières décennies, on a de nombreux gouvernements, puis
pas juste au Québec, là, à la grandeur de la planète, qui ont identifié des
cibles qui, par certains... dans certains cas, étaient drôlement ambitieuses
sur papier. Lorsqu'on évoquait des chiffres de réduction, on pouvait se
réjouir, mais l'expérience a démontré que, malheureusement, plusieurs États, ou
plusieurs chefs d'État, ou politiciens, politiciennes qui avaient pris ces
engagements-là s'étaient limités à la première étape. Elle est importante,
celle de l'identification d'une cible, mais si elle n'est pas accompagnée des
deux étapes subséquentes, qui, elles, ont été réalisées par l'actuel
gouvernement du Québec, on n'a aucune chance d'y parvenir.
Et quelles sont ces deux étapes là?
C'est-à-dire, oui, il faut identifier une cible, mais il faut identifier des
mesures nous permettant de réduire nos émissions, de sorte que l'on puisse
atteindre notre cible. Et ça, déjà, là, il y a déjà moins de gouvernements qui
sont passés à cette deuxième étape là, certains se limitant uniquement à
identifier une cible. Donc, deux étapes qui ont été réalisées à travers la
présentation du Plan pour une économie verte. Mais la plus importante, c'est la
troisième, et c'est celle qui manque un peu partout à travers le monde,
malheureusement, c'est-à-dire les budgets. C'est bien beau avoir des cibles,
c'est bien beau avoir identifié des mesures permettant de les réaliser, mais si
on n'a pas les budgets pour les réaliser, la démarche est malheureusement
caduque.
Et c'est cette troisième étape qui a été
réalisée enfin par le gouvernement du Québec, sous le leadership notamment du
premier ministre. Et on sait très clairement quel sera notre plan de match pour
nous amener à 2030, avec un plan de mise en oeuvre qui, lui aussi, nouvelle
approche... qui sera révisé année après année, qui sera mis à jour année après
année. Parce que le problème au Québec ces dernières années, donc avant
l'élection, c'était d'avoir, oui, un Fonds vert, qui était mal administré... On
se souvient des nombreuses critiques, notamment, de la Vérificatrice générale,
des propos très, très durs à l'égard de la gestion du Fonds vert. Donc, plus ou
moins de suivi. On avait, oui, des mesures, on avait des programmes, mais
qu'ils atteignent ou pas leurs cibles ou leurs objectifs, on ne s'en
formalisait malheureusement pas.
• (10 h 20) •
Donc, c'est la grande différence.
Dorénavant, année après année, on a un plan de mise en oeuvre qui sera mis à
jour, ce qui fait que, si une mesure s'avère moins performante qu'anticipé,
bien, on ne la laissera pas faire ses cinq ans. On va s'assurer soit de
modifier la mesure, soit de la bonifier, ou soit carrément de la remplacer par
une autre. Parce que, là, je suis d'accord avec le collègue de Robert-Baldwin,
il faut arriver à ces résultats. La science est très, très, très claire, ce
n'est plus un luxe, ce n'est plus une possibilité. Il faut arriver à ces
résultats.
Donc, on a réellement la formule la plus
propice pour nous permettre d'arriver à cette cible-là. Et naturellement, à
travers le PEV, le plan de mise en oeuvre, il y a beaucoup de mesures qui
ont...
M. Charette : ...ce n'est
plus un luxe, ce n'est plus une possibilité, faut arriver à ces résultats.
Donc, on a réellement la formule la plus propice pour nous permettre d'arriver
à cette cible-là. Et naturellement, à travers le PEV, le plan de mise en
oeuvre, il y a beaucoup de mesures qui ont déjà été présentées. On a présenté
des règlements importants, que ce soit sur le mazout, que ce soit sur les
autobus scolaires. On a largement parlé de la fin de la vente des véhicules à
essence, mais vous constaterez aussi au cours des prochaines semaines, des
prochains mois, que de nouveaux programmes seront présentés pour
opérationnaliser le PEV et le plan de mise en oeuvre qui ont été présentés en
novembre dernier.
Donc, c'est le début d'une décennie
emballante parce que, là aussi, je suis d'accord avec le collègue de Robert-Baldwin,
je ne suis pas non plus de ceux qui pensent qu'on est à la fin de la vie sur
terre. Je suis de ceux qui sont convaincus qu'il faut corriger la situation
pour permettre la continuité de cette présence humaine et cette vie sur terre.
Mais il faut y voir une occasion, un défi, et non pas une occasion, là, de
se... malheureusement, là, de se rouler en boule, là, dans le fond d'une pièce.
Donc, c'est un défi qui est colossal, mais
qui est emballant, qui peut très certainement être concilié avec un développement
économique important parce que tous les experts en matière énergétique, notamment,
les spécialistes sur les changements climatiques aussi le disent, au cours des
prochaines années, ce sont des milliards de milliards. Donc, on ne parle pas de
quelques dollars, là, on parle milliards de milliards de dollars qui seront
investis à travers la planète pour justement parvenir à diminuer nos émissions,
parvenir à cette carboneutralité pour 2050, un autre engagement du gouvernement
du Québec.
Donc, ces milliards de milliards de
dollars là, ce que ça représente, c'est autant de possibilités de développement
économique. On est en train de développer une filière tout à fait innovante au
niveau des véhicules électriques avec les autobus notamment. On a vu, il y a quelques
jours à peine, le développement d'une première ambulance avec un châssis
entièrement conçu pour être électrifié. On a vu bien d'autres mesures, dont
celle de la filière batterie qui se développe de semaine en semaine au Québec
et qui suscite énormément d'intérêt à travers le monde.
Donc, ce sont toutes des mesures qui,
environnementalement parlant, sont nécessaires, mais qui offrent une occasion
de développement économique absolument formidable pour le Québec. En fait, pour
être gagnant dans cette stratégie-là, il faut être dans les premiers à la
retenir. Et c'est le cas du Québec. Donc, les premiers États dans le monde qui
sauteront à pieds joints dans cette transition seront aussi ceux qui, oui,
naturellement, environnementalement parlant, vont en bénéficier, mais également
ceux qui, d'un point de vue économique, seront les grands gagnants. Et c'est
dans cette perspective que nous travaillons, Mme la Présidente...
M. Charette : ...qui sauteront
à pieds joints dans cette transition seront aussi ceux qui, oui, naturellement,
environnementalement parlant, vont en bénéficier, mais également ceux qui, d'un
point de vue économique, seront les grands gagnants, et c'est dans cette
perspective que nous travaillons, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Merci, M. le ministre. Nous allons maintenant débuter la période
d'échange avec des interventions de cinq minutes en alternance. M. le député de
Robert-Baldwin, vous avez la parole pour un maximum de cinq minutes.
M. Leitão : Cinq minutes. Très
bien. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, on va continuer dans la même
voie.
Mais, avant de continuer, je vais vous
raconter une petite histoire que je trouve très révélatrice. C'est mon opinion,
vous en jugerez si c'est une bonne histoire ou pas. Au début du mois d'octobre,
j'ai été dans une école secondaire dans mon comté parler à un groupe de jeunes
de secondaire V — c'était le Jour de la Terre, donc c'était au début
d'octobre — évidemment sur le thème de l'environnement. Alors,
c'étaient des jeunes très, très allumés, des jeunes très… On a eu une très
bonne discussion avec ces jeunes de 15, 16 ans et, bon, des suggestions
pratiques de… Une bonne discussion. À un moment donné, il y a un jeune homme,
très articulé d'ailleurs, qui m'a regardé bien dans les yeux, là, et il m'a
dit : Mais est-ce que nous avons encore un avenir? Est-ce que
vous — et, quand il disait «vous», il nous disait : nous, dans
notre génération des baby-boomers et les politiciens — est-ce que
vous allez nous laisser une planète où on pourra avoir un avenir? Il était
sérieux, le jeune homme, et d'une certaine façon il a tout à fait raison.
Alors, comme on a dit, M. le ministre l'a
aussi mentionné, il y a urgence d'agir. C'est cette urgence d'agir que… cette
absence d'urgence d'agir que je remarque dans l'attitude du premier ministre.
Le ministre de l'Environnement, lui, je n'en doute pas, qu'il partage ce
sentiment-là aussi. Mais, au plus haut niveau de l'État… Et nous savons tous
qu'un gouvernement, évidemment, il avance plus rapidement dans une direction ou
dans une autre si, au sommet de la hiérarchie, donc, c'est le grand patron,
c'est le premier ministre… envoie des signaux clairs que c'est là où on va
aller, et c'est ce genre de signal clair de la part du patron, de la part du
premier ministre que je ne vois pas. Comme j'ai dit avant, le premier ministre
parle encore et toujours de vendre l'électricité aux États-Unis. Bon, tant
mieux. Moi, je n'ai rien contre ça. Mais il faut aller plus loin que ça pour
répondre aux inquiétudes de ce jeune homme de Pierrofonds. Moi, je lui ai dit
que, écoutez, nous avons la technologie, nous avons les moyens, nous savons
quoi faire, mais il nous faut la volonté, la volonté politique. Je n'étais pas
du tout en train de me défiler de ça, moi, j'étais là avant aussi, là. Mais,
encore là, nous, collectivement…
M. Leitão : …jeune homme de
Pierrefonds. Moi, je lui ai dit que, écoutez, nous avons la technologie, nous
avons les moyens, nous savons quoi faire, mais il nous faut la volonté, la
volonté politique. Je n'étais pas du tout en train de me défiler de ça, là,
j'étais là avant aussi, là. Mais, encore là, nous, collectivement, savons quoi
faire. Il faut le faire, il faut mettre en oeuvre. Et, comme le ministre a
mentionné, les sommes requises sont colossales pour procéder à ce transfert, à
cette transition énergétique. Il n'y a aucun État sur la planète qui peut avoir
les moyens de faire ça tout seul. Donc, on doit… c'est un effort collectif,
colossal et collectif. Il faut trouver les moyens d'inclure tous les aspects de
la société : la société civile, le secteur privé, secteur à but non
lucratif. Il faut que tout le monde participe à cet enjeu-là.
Donc, l'État a un rôle crucial à jouer.
L'État doit mettre en oeuvre, doit mettre en place la réglementation nécessaire
ainsi que les incitatifs adéquats pour pouvoir mobiliser l'activité économique
privée, publique, parapublique, pour qu'on puisse arriver à cette étape-là.
Encore une fois, nous avons une longueur d'avance parce que nous avons déjà beaucoup
d'électricité propre, mais il faut passer maintenant à la prochaine étape.
Comme j'ai dit tantôt, l'énergie, l'industrie est lourde, mais surtout on ne
fait pas assez attention à ça au Québec, l'efficacité énergétique, dans les
bâtiments surtout, que ce soit le bâtiment résidentiel, industriel, commercial,
institutionnel. L'État lui-même occupe des espaces, est propriétaire
d'immeubles, et souvent, encore aujourd'hui, les sources de chauffage, les
sources d'énergie dans ces immeubles-là, c'est encore au mazout ou encore au
gaz naturel ou que sais-je. Donc, il faut… L'État a un devoir d'exemplarité.
Oui, ça va coûter cher, mais ça coûterait encore plus cher de ne pas aller dans
cette direction, et l'État a le devoir d'exemplarité. Et, moi, au-delà de
l'hydroélectricité, il y a l'efficacité énergétique, il y a les bâtiments, les
bâtiments publics. Allons-y. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. Je cède la parole au ministre pour une période de cinq
minutes.
• (10 h 30) •
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Peut-être commencer par commenter l'expérience qu'a vécue le collègue
avec des jeunes étudiants, une expérience que je vis régulièrement. Je me fais
un devoir, là, de rencontrer, encore cette semaine, des jeunes d'une école de Lanaudière.
Donc, je me fais un devoir de rencontrer le plus de jeunes possible, et c'est
vrai que, chez la jeune génération, il y a une inquiétude qui est sincère. Moi,
personnellement, je ne me qualifie pas d'écoanxieux parce que je vois la
hauteur du défi, oui, mais je vois également la hauteur des possibilités qui
s'offrent à nous. En disant ça, pour moi, je ne blâme pas ceux qui se
considèrent anxieux parce que je suis pleinement conscient que c'est une
inquiétude, là, qui est grandissante chez plusieurs de nos concitoyens et
concitoyennes. Je pense, par contre, qu'on a l'obligation de…
10 h 30 (version non révisée)
M. Charette : …également la
hauteur des possibilités qui s'offrent à nous. En disant ça, pour moi, je ne
blâme pas ceux qui se considèrent anxieux parce que je suis pleinement
conscient que c'est une inquiétude, là, qui est grandissante chez plusieurs de
nos concitoyens et concitoyennes. Je pense, par contre, qu'on a l'obligation de
parler de cet espoir-là, de parler de ces opportunités-là, pour justement
donner un message qui va encourager celles et ceux qui peuvent s'inquiéter à
juste titre, encore une fois, de l'état de la situation.
Sinon, peut-être prendre la balle au bond.
Le collègue disait que le gouvernement avait uniquement comme stratégie
l'hydroélectricité. C'est faux. C'est certain que c'est au coeur de notre
plateforme du plan de mise en oeuvre parce que c'est un outil formidable qu'on
a à notre disposition. La quasi-totalité des États dans le monde sont jaloux ou
aimeraient à tout le moins bénéficier de ces infrastructures, parce qu'on parle
d'états qui sont aujourd'hui alimentés au charbon, d'états qui peuvent être
alimentés au gaz naturel essentiellement. Donc, on a cette longueur d'avance,
il faut la mettre de l'avant.
Mais dire qu'on s'intéresse uniquement à
l'hydroélectricité, c'est faux. On a une stratégie au niveau des énergies
renouvelables, que ce soit à travers l'éolien, que ce soit graduellement de
plus en plus à travers le solaire. Mais vous allez nous entendre parler
davantage au cours des prochains mois, au cours des prochaines années,
d'hydrogène. Plusieurs spécialistes, encore une fois au niveau énergétique, y
voient un potentiel formidable pour les prochaines décennies. Et là aussi, à
cause de notre hydroélectricité, on a un avantage incomparable. On peut obtenir
de l'hydrogène de différentes façons. Mais l'hydrogène sur lequel on misera de plus
en plus, au Québec, c'est un hydrogène qui est vert, qui est fait à partir de
cette hydroélectricité, qui peut être emmagasiné, qui peut être exporté, donc
qui pourra bénéficier aussi aux partenaires, là, du Québec. Donc, un potentiel
intéressant au niveau des émissions, là, de gaz à effet de serre.
Et naturellement, au niveau des énergies
renouvelables, certains n'y croyaient pas alors que le potentiel y est au
niveau du gaz naturel renouvelable. Donc, c'est la raison pour laquelle on a
changé aussi notre réglementation pour qu'année après année, on ait toujours un
pourcentage plus élevé de gaz naturel renouvelable dans le gaz naturel qui est
utilisé au Québec. Et comment on l'obtient? C'est à travers notamment la
gestion de nos matières résiduelles organiques, c'est à travers la biomasse,
bref il y a un très beau potentiel. Donc, réduire l'action du gouvernement à
l'hydroélectricité, c'est un petit peu réducteur.
Et enfin, le collègue disait qu'on n'avait
pas d'appui en haut lieu. Moi, je regarde les budgets que nous avons depuis
l'élection, en environnement versus les budgets que l'ancien ministre des
Finances accordait à l'environnement, on parle de réductions pour plusieurs des
années où le collègue…
M. Charette : ...et, enfin, le collègue
disait qu'on n'avait pas d'appui en haut lieu. Moi, je regarde les budgets que
nous avons, depuis l'élection, en Environnement versus les budgets que l'ancien
ministre des Finances accordait à l'Environnement, on parle de réductions pour
plusieurs des années où le collègue était ministre des Finances. Or, au gouvernement
actuel, je regarde les chiffres, et on n'est même pas proche de ce que les
anciens gouvernements faisaient. 2018... 2019‑2020, une augmentation, c'est le
premier budget, plus timide, un petit peu moins de 5 %. Mais les années
subséquentes, plus de 30 %, du jamais vu au ministère de l'Environnement.
Et, si on parle 2021‑2022, avec et crédits et programmes, une augmentation de
48,7 %.
Donc, dire qu'on n'a pas l'appui du
premier ministre, c'est malheureusement très, très peu crédible. C'est le
premier ministre qui est derrière l'influence sur un budget. C'est le ministre
des Finances, comme l'était à l'époque le collègue de Robert-Baldwin. Donc, le
leadership qui est pleinement assumé, il l'est par le gouvernement dans son
intégralité et avec le support nécessaire du premier ministre. Autrement, on ne
parlerait pas d'augmentation budgétaire de 48 %, on parlerait plutôt de
réduction budgétaire comme c'était le cas avec, malheureusement, l'ancien ministre
des Finances.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre. Alors, pour la prochaine période de cinq minutes, je
cède la parole au député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Un peu comme ce que le ministre de l'Environnement disait, moi, le
thème d'aujourd'hui me surprend et me dérange. J'ai beaucoup apprécié la
présentation du député de Robert-Baldwin, le sérieux de la présentation. Et on
a souvent échangé, lui et moi, et c'est quelqu'un que j'apprécie, puis il le
sait.
Mais je vais... je suis tout à fait en
accord avec ce que... Moi aussi, j'ai rencontré pas mal de gens qui
s'inquiètent de leur avenir. Je les comprends. Et ça nous force à dire :
Oui, il faut minimiser, contrôler la hausse des températures pour que notre
environnement soit le plus intéressant possible.
J'aimerais juste vous faire part de la
rubrique environnement du site du Parti libéral. On voit le nom de Philippe
Couillard et de Jean Charest à de nombreuses reprises. Celui de l'actuelle
cheffe du Parti libéral n'est pas là. On fait référence au cadre financier 2018‑2019,
la conférence de Paris sur les changements climatiques, on parle du Protocole
de Kyoto un petit peu avant l'an 2000, les barrages de la Baie-James. La
personne attachée au dossier est la députée de Maurice-Richard,
ce n'est pas l'actuelle personne en charge du dossier. Et c'est marqué :
«N'oubliez pas de revenir consulter ce dossier, nous le mettons à jour
régulièrement.» Donc, je suis content que le député de Robert-Baldwin soit en
charge, parce que je suis convaincu qu'on va nous apporter plus de neuf en
environnement...
M. Campeau : …personne en
charge du dossier. Et c'est marqué : «N'oubliez pas de revenir consulter
ce dossier. Nous le mettons à jour régulièrement.» Alors, je suis content que le
député de Robert-Baldwin soit en charge, parce que je suis convaincu qu'on va
nous apporter plus de neuf en environnement.
Il y a eu beaucoup de sagas qui sont
arrivées, dans les années passées, puis il ne faut pas vivre au passé, mais ça
explique pourquoi nous sommes rendus où nous sommes, actuellement. On a parlé,
si je remonte à quand même plusieurs années, la saga Rabaska, un port méthanier
à Lévis, dézonage de terres agricoles fertiles. Le Parti libéral avait appuyé
ce projet-là malgré une opposition très forte, et à Lévis, et à Beaumont. On a
eu la saga du Mont-Orford, et là il y a une loi spéciale pour mettre en vente
une partie du parc national, et ça a pris quatre ans de pressions pour qu'on
renonce à ça. Il y a eu la saga des gaz de schiste, et le Parti libéral voulait
aller de l'avant, il y avait une pétition de 128 000 noms. 128 000
noms, c'est très, très, très rare. On a eu l'exploitation pétrolière en
Gaspésie, à Anticosti, il y a eu un problème à la fois financier et
environnemental. Alors, il y en a beaucoup, de ce genre de choses, qui sont
arrivées.
On a parlé du Fonds vert. Avant, on disait
que c'était un bar ouvert. Est-ce que c'était exagéré, comme expression? Peut-être.
Parfois, quand on… il y a eu peut-être un peu d'enflure verbale, mais il y
avait quand même un problème réel dans le Fonds vert. Actuellement, il y a un
meilleur contrôle sur le Fonds vert, que les projets qui sont identifiés
là-dedans seront vraiment les projets avec des échéances, avec des coûts et
avec une réduction des gaz à effet de serre bien indiquée. Alors, on est juste
au début de cette interpellation, mais si la marche est si haute pour rejoindre
37,5 %, c'est un peu parce qu'au cours des années passées on n'a pas toujours
fait les bons choix, au Québec. Et là il va falloir mettre les bouchées doubles
et faire les bons choix.
Je vais juste vous poser la question :
Si, au Québec, on n'avait pas d'hydroélectricité, on serait comme beaucoup
d'autres provinces canadiennes, comme beaucoup d'États américains, on serait
où? On serait très loin. On a une… notre marche serait épouvantable. Alors,
nous, oui, sommes chanceux d'avoir l'hydroélectricité. C'étaient des bonnes
décisions qui ont été prises, il y a plusieurs années, profitons-en. Et je
pense que quand on dit qu'on vend l'électricité à New York, au niveau
environnemental global sur la planète, c'est extraordinaire, l'impact qu'on a
d'une réduction de… on dit de 1 million de voitures. C'est un ordre de
grandeur, bien sûr. C'est énorme. On devrait se réjouir de ça, tout simplement.
Mais par contre, je suis complètement
d'accord qu'il ne faut pas arrêter là, et… ministre de l'Environnement l'a
déjà…
M. Campeau : ...c'est extraordinaire,
l'impact... une réduction... on dit 1 million de voitures. C'est un ordre
de grandeur, bien sûr. C'est énorme. On devrait se réjouir de ça, tout simplement.
Et... par contre, je suis complètement d'accord qu'il ne faut pas arrêter là,
et... le ministre de l'Environnement l'a déjà mentionné clairement... des
points qui sont déjà en action et qu'il y en a beaucoup d'autres qui s'en
viennent qui vont avoir un effet sur les gaz à effet de serre. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Robert-Baldwin
pour cinq minutes.
• (10 h 40) •
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bon, beaucoup de choses qu'on a entendues dans les
deux dernières interventions. Je ne vais pas refaire l'histoire parce qu'on a seulement
cinq minutes et on a beaucoup d'autres choses à dire, mais, quand même, juste
rappeler qu'il n'y a pas, il n'y a pas eu, il n'y a pas, il n'y aura pas
d'exploitation de gaz de schiste au Québec. Donc, ça, c'est une chose.
Pour ce qui est de nos engagements en
termes d'environnement, probablement que les collègues n'ont pas fait
attention, mais nous avons rendu publique une nouvelle vision économique où la
politique économique, en fin de compte, c'est une politique climatique, les
deux vont ensemble. Et ça me surprend encore aujourd'hui en 2021, d'entendre le
premier ministre dire, comme il l'a dit récemment que, oui, oui, très bien, la
lutte aux changements climatiques, j'en veux bien, mais il ne faut pas que ça
vienne aux dépens de l'emploi. Bon, ça, c'est un peu... ça fait un peu
années 70, là, mais le discours est mort il y a longtemps. Donc, il faut
passer à autre chose.
Chanceux d'avoir l'hydroélectricité, oui,
mais ce n'est pas une question de chance, c'était une politique publique très
affirmée, très claire, qui avait été mise en place par le gouvernement de
l'époque, par M. Robert Bourassa, contre vents et marées, parce qu'à ce
moment-là on insistait beaucoup sur le nucléaire aussi, par exemple. Et
vraiment c'était grâce à la détermination de ce gouvernement-là qu'on est où on
est maintenant.
Donc, on n'est pas chanceux d'avoir
l'hydroélectricité, c'était la politique publique éclairée. Et c'est un peu ce
qu'on demande maintenant aussi, d'avoir des politiques publiques éclairées. Les
transports, l'électrification des transports, l'hydrogène vert, tout ça est
très bien, là. On ne va pas discuter longuement là-dessus. Je pense que nos
sommes bien d'accord là-dessus.
Mais, encore une fois, il faut aller
au-delà des transports. Comme j'ai dit au début, on a l'agriculture, on a
l'industrie lourde, on a le bâtiment, on a l'efficacité énergétique en général.
Tout ça, ce sont des domaines où on doit avoir une politique publique claire et
ambitieuse sur ces enjeux-là. Et c'est ce que, jusqu'à maintenant, je ne vois
pas de la part de ce gouvernement. On nous dit que, non, il y aura une mise à
jour du PEV, du Plan...
M. Leitão : …des domaines où on
doit avoir une politique publique claire et ambitieuse sur ces enjeux-là. Et
c'est ce que, jusqu'à maintenant, je ne vois pas de la part de ce gouvernement.
On nous dit que, bon, il y aura une mise à jour du PEV, du Plan pour économie verte,
et qu'on va annoncer d'autres choses bientôt. Très bien, mais il y a un
sentiment d'urgence que je ne détecte pas dans ce gouvernement, surtout que,
quand ça vient d'en haut… On a vu encore ce matin, encore ce matin, dans les
nouvelles, dans les médias, on a le premier ministre qui nous dit, qu'il dit
publiquement que les écolos sont des pleurnichards, parce qu'il… parlé. Bien,
ce genre de commentaires, je ne pense pas que ce soit nécessairement utile.
M. Charette : …naturellement,
le collègue sait fort bien qu'on ne peut pas prêter d'intention, et
l'affirmation est totalement fausse, le premier ministre n'a jamais dit ça que
les groupes environnementaux étaient des pleurnicheurs.
La Présidente (Mme Nichols) : Très
bien. Merci. Je vais... C'était quand même une citation, là, c'était... Mais
c'était la citation d'un titre, là, mais je vais rappeler, là, aux parties de
juste faire attention au vocabulaire utilisé. Merci.
M. Leitão : Très bien. Merci,
Mme la Présidente. Donc, c'est ce qui circule dans les médias, mais regardez,
on va passer à autre chose.
Les cibles, 37,5 % de réduction de
gaz à effet de serre d'ici 2030. Cette cible-là avait été établie en 2016, je
pense, ou 2015. C'est vrai qu'on est loin de ça, d'entre 2015 et 2020, on ne
s'est pas approché de cette cible-là, pour toutes sortes de raisons, on
pourrait en discuter longuement, de pourquoi cela a été le cas. Mais nous voilà
maintenant rendus en 2021, et 2030, c'est dans neuf ans.
Le ministre nous a mentionné que ses programmes
ou sa stratégie sera mise à jour annuellement pour nous indiquer le chemin
qu'il nous reste à faire. Alors, ce que je lui suggère, c'est que, dans ce
cas-là, je pense que ça serait une excellente idée si le gouvernement adoptait
ce qui lui a déjà été suggéré par le député de Jonquière mais aussi par son
propre comité consultatif, un budget carbone où, justement, annuellement, on
pourrait savoir exactement le chemin qu'on a parcouru et le chemin qu'il nous
reste à parcourir.
Donc, l'idée d'un budget carbone qui
circule depuis un certain temps, et, encore une fois, ceux qui sont ici, dans
cette salle, le député de Jonquière l'a bien déjà mentionné plus d'une fois, je
trouve que c'est une excellente idée. Mais je pense que ça nous aiderait
collectivement à atteindre nos objectifs si on avait une telle approche. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Alors, je cède la parole à M. le ministre pour cinq minutes, en
rappelant aux collègues de faire attention aux mots utilisés. Merci, M. le
ministre.
M. Charette : Je fais toujours
attention aux mots utilisés, mais merci pour le rappel. Bien, en fait, le but,
c'est de ne pas...
Une voix : …merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Alors, je cède la parole à M. le ministre pour cinq minutes, en
rappelant aux collègues de faire attention aux mots utilisés. Merci, M. le
ministre.
M. Charette : Je fais toujours
attention aux mots utilisés, mais merci pour le rappel. En fait, le but, c'est
de ne pas répéter toujours les mêmes choses, mais l'approche, la rigueur qu'on
s'attend du gouvernement actuel, et qui est celle du gouvernement actuel,
j'aurais aimé qu'elle soit celle des gouvernements passés. J'aimerais que le Parti
libéral, éventuellement, fasse des propositions concrètes, au niveau de la
cible, notamment, parce que j'entends, j'entends certaines des affirmations,
là, provenant de sa formation politique, comme quoi la cible de 2030 n'est pas
suffisamment ambitieuse. J'aimerais que l'opposition officielle puisse
clarifier sa position à ce sujet-là.
C'est une chose de dire : Bon, le gouvernement
manque de leadership. Nous, on ferait plus, on ferait mieux. Un, l'approche
chiffrée dont je parlais tout à l'heure, ils ne s'en sont jamais prévalus. Mais
si, aujourd'hui, l'opposition officielle dit que le gouvernement manque de leadership,
que sa cible de 2030 n'est pas suffisamment ambitieuse, j'aimerais, j'aimerais
savoir quelle serait la cible de l'opposition officielle qui, à ses yeux,
serait suffisamment ambitieuse. Et surtout, une fois cette affirmation faite,
je vais m'attendre à ce que la même démarche, tout aussi rigoureuse soit faite
et qu'elle soit leur démonstration. C'est-à-dire une cible, c'est une chose. Déjà
ajouter des mesures précises, c'est rendre l'exercice un petit peu plus
complexe. Et les chiffrer et les budgéter, c'est encore plus complexe.
Donc, le jour où le gouvernement... non
pas le gouvernement, mais où l'opposition officielle assumera son affirmation
comme quoi il y a un manque de leadership, notamment par rapport à la cible de
2030, s'ils n'accompagnent pas cette affirmation-là des deux autres conditions,
malheureusement, ce sera tout simplement un manque de rigueur et de
crédibilité. Pour le reste, j'insiste, les budgets records qui sont consentis actuellement
à l'environnement ne l'auraient jamais été s'il n'y avait pas un appui et une
motivation renouvelée et renforcée année après année par l'ensemble des membres
du gouvernement et son chef en premier lieu, c'est-à-dire le premier ministre.
Donc, plus qu'honoré d'occuper cette
fonction parce que, oui, on vit à une époque où elle représente une importance
encore plus... encore plus grande, mais je suis surtout très honoré et soulagé
d'avoir l'appui des collègues. Je pourrais me sentir très seul autour de la
table si j'étais le seul interpelé et intéressé par ces enjeux-là, mais au
contraire, c'est un appui, là, qui est généralisé. Et quand on parle de lutte
aux changements climatiques, oui, mais il y a plusieurs mesures qui...
M. Charette : ...je pourrais me
sentir très seul autour de la table si j'étais le seul interpelé et intéressé
par ces enjeux-là, mais au contraire, c'est un appui, là, qui est généralisé.
Et si on regarde... On parle de lutte aux
changements climatiques, oui, mais il y a plusieurs mesures qui interviennent à
ce niveau-là, que ce soit au niveau de la protection du territoire, où on a
fait des pas de géant, que ce soit... Tout à l'heure, je parlais de la gestion
des matières résiduelles. Mine de rien, et plusieurs personnes n'en sont pas
conscientes, mais la gestion de nos matières résiduelles, c'est une de nos
principales sources d'émissions de gaz à effet de serre.
Et un exemple qu'il ne faut pas retenir,
en 2010, le gouvernement libéral de l'époque avait, main sur le coeur,
dit : À partir de 2020, on n'enfouira plus... et c'est un exemple parmi
tant d'autres... on n'enfouira plus de matières organiques, qui est une source
très, très importante d'émissions de gaz à effet de serre. J'arrive en poste en
2019, pour ma part, comme ministre de l'Environnement, je vois l'engagement qui
avait été pris en 2010, et entre 2010 et 2019, il n'y a strictement rien qui a
été fait à cet égard-là, alors que la fin de l'enfouissement devait survenir
dans l'année qui allait suivre. Donc, j'aime bien les discours, il faut en
faire, mais j'aime surtout quand ces discours-là se traduisent en actions.
Et je parlais des aires protégées. Un
bilan totalement, totalement négatif du côté des libéraux, alors que la
biodiversité est une façon de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Je
parlais de la gestion des matières résiduelles, avec beaucoup d'engagements
pris, mais aucune politique de la part du gouvernement précédent. Donc, c'est
ce cycle-là, Mme la Présidente, qu'il faut casser, et c'est ce cycle-là qu'on a
cassé avec la dernière élection, avec des programmes qui sont toujours bien
pensés, mais surtout budgétés pour qu'ils puissent arriver à leurs résultats.
• (10 h 50) •
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Je cède la parole au député de Bourget pour la prochaine intervention.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Je voudrais revenir sur l'aspect d'écoanxiété dont on parle
souvent. On dirait que c'est effrayant quand quelqu'un dit : Je ne suis
pas écoanxieux ou je le suis, tout ça. C'est juste un mot, bon. Les gens ont le
droit de dire qu'ils sont écoanxieux, puis je respecte ça.
Mais je pense qu'on a tort, au niveau
médiatique, des fois d'exploiter le mot ad nauseam, comme on dit en Japonais.
Je pense qu'il faut plutôt essayer de générer de l'action et de l'espoir, et
c'est là qu'il est important des fois de choisir les mots qu'on prend.
Mais des actions, là, bien, je vous donne
des exemples, là. On parlait de la minière Osisko. Jusqu'à 2006 à 2015, il y a
150 avis de non-conformité, pas de conséquence. Je pense que, là, il faut être,
dans ces cas-là, plus clair et plus directif...
M. Campeau : …des actions, là,
bien, je vous donne des exemples, là. On parlait de la minière Osisko. Jusqu'à
2006 à 2015, il y a 150 avis de non-conformité, pas de conséquence. Je pense
que, là, il faut être, dans ces cas-là, plus clair et plus directif. Une norme,
c'est une norme. Une limite, c'est une limite. Il faut être souple, on ne peut
pas appliquer ça aveuglément, mais il faut quand même être plus directif que ce
qu'on a là.
On sait que, dans les années 2014, 2016,
au ministère de la Faune… Forêts… le MFFP, il y a 200 postes qui ont été
abolis. Là, on parle de biologistes, botanistes, divers techniciens, agents de
recherche et agents de protection de la faune. C'est un peu comme dans un
bureau d'ingénierie quand on décide de dire : Hum, là, on devrait-u garder
ces gens-là? On laisse aller, on vient de perdre une expertise qui est assez
difficile à retrouver. Il faut la rebâtir. Mais rebâtir, ça a l'air de rien. On
dit : Le MFFP, pourquoi on en parle ce matin? C'est là qu'on parle de
biodiversité et d'agents de protection de la faune, ça fait partie de
l'Environnement aussi.
Une autre chose, on dirait que ça passe
sous silence, mais il y a eu le projet de loi n° 65 qui a été présenté sur
la consigne et le recyclage de façon générale. Et là-dedans on voit que, bien,
il y a huit provinces sur 10 qui ont une, j'appellerais ça, consigne digne de
ce nom. Bien, comment ça se fait qu'on n'en a pas, nous? Comment ça se fait
qu'on n'en avait pas jusqu'à 2018? Ce n'est pas la faute du monde entier, ça,
là, là. On a juste deux provinces au Canada qui n'en avaient pas :
Manitoba puis le Québec. Là, il y a eu un projet de loi, puis on se dirige vers
ça. Juste les conséquences de ce qu'on a lu dans le passé, là, qu'on traîne
encore, le fait que le verre était mélangé au papier et au carton faisait en
sorte que le papier et le carton sont contaminés avec le verre, se ramassaient
en Chine à des prix dérisoires, la Chine ne veut plus l'avoir, on se ramasse en
Inde à des prix dérisoires. Mais, quand ils vont être propres, plus propres,
parce que ce ne sera jamais parfait, bien, on a des compagnies comme Kruger et
Cascades qui ne sont vraiment pas loin et qui vont être prêtes à les vendre.
Alors, ce sont des exemples de choses qu'on a mises de l'avant et qui sont là.
Quand je parlais de clarté, pour mettre
des choses claires et mettre des limites… GNL Québec, on a longtemps décrié ce
projet-là sous toutes sortes de façons. Mais je me souviens d'avoir eu une
manifestation à mon bureau et j'ai été jaser longtemps avec les gens, puis, à
la fin, bien, ils sont partis, ils n'ont pas manifesté. Puis on leur avait
expliqué : Bien, on a mis des critères, on attend que les critères soient
rencontrés ou pas rencontrés, laissons faire le processus. Et on l'a vu,
c'était quoi, le processus. On a dit, entre autres, un des critères : Il
faut qu'au niveau des gaz à effet de serre, au niveau mondial, que ça baisse et
que ça soit clair et démontrable sur une longue période…
M. Campeau : ...bien, on a mis
des critères, on attend que les critères soient rencontrés ou pas rencontrés,
laissons faire le processus. Et on l'a vu c'était quoi, le processus. On a dit,
entre autres, dans un des critères, il faut qu'au niveau des gaz à effet de
serre au niveau mondial que ça baisse et que ça soit clair et démontrable sur
une longue période. Cela n'a pas été, la limite était là. C'est quand même plus
efficace que ce qu'on avait auparavant qu'on appelait un test climat. Un test
climat qualitatif tandis que, là, il y avait une limite claire. Alors, c'est quand
même des choses beaucoup plus claires.
Une petite histoire que j'aimerais vous
raconter. Un de mes emplois que j'ai eu, c'est d'être gestionnaire dans une
usine de pâtes et papiers, et j'étais, entre autres, en charge de l'environnement.
Et je me suis dépêché à ne pas être le seul en charge de l'environnement. Je
voulais que les gens opèrent de façon environnementale. Je ne voulais pas être
le responsable de l'environnement qui va dire oui ou non sur un projet, je
voulais que les gens pensent environnement.
Et, quand on regarde tous les budgets qui
sont dans les autres ministères, c'est là qu'on voit que l'argent n'est pas au ministère
de l'Environnement, il est au ministère... Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant... pour la troisième série d'interventions, je
cède la parole au député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, je trouve ça spécial d'entendre ce qui se passe
aujourd'hui, d'être ici, à l'Assemblée nationale, entendre le Parti libéral du
Québec venir critiquer le leadership du gouvernement caquiste sur les
engagements pour l'environnement, pas tant que je trouve que les engagements du
gouvernement sont suffisants, mais parce que c'est paradoxal.
Tous les partis d'opposition, à part
Québec solidaire, ici ont du pétrole sur les mains. Le Parti québécois a
financé la fracturation d'un joyau écologique à Anticosti, a mis sur pied à
grands frais publics la cimenterie McInnis, qui aujourd'hui est l'industrie la
plus polluante au Québec. Le Parti libéral a prévu par loi la fracturation
hydraulique, l'expropriation des gens par des compagnies pétrolières. En 15
ans, ils n'ont pas atteint la moitié des cibles de réduction de gaz à effet de
serre qu'ils s'étaient données, puis les grands coups en avant qu'ils ont fait,
ça a été à cause d'une crise économique en 2008. Et là ils viennent ici pour
critiquer un gouvernement qui, lui-même, dit : On a des cibles
ambitieuses, mais, dans le fond, les cibles que s'était données le Québec pour
2030, 37,5 %, bien là, ils ont fourni l'année passée qui vise en atteindre
juste 42 % de ce 37 % là, qui, lui, n'est même pas assez ambitieux
parce que le temps s'écoule et que la situation s'aggrave. Je n'en reviens pas.
Je veux dire, c'est quand même assez hallucinant.
Puis l'autre affaire qui me fait
complètement sursauter, c'est le fait que l'interpellation, là, aujourd'hui,
elle est supposée parler, chers collègues, de l'absence de leadership du
gouvernement caquiste dans la lutte aux changements climatiques et la nécessité
de miser sur une économie verte pour la vitalité des régions du Québec, et je
trouve qu'on ne parle pas beaucoup des régions.
À Québec solidaire, évidemment, on a une
vision pour faire contribuer les régions du Québec à la lutte aux changements
climatiques. Vous saviez qu'il y a un sondage SOM — je sais que le
gouvernement aime beaucoup les sondages...
M. Zanetti : ...du gouvernement
caquiste dans la lutte aux changements climatiques et la nécessité de miser sur
une économie verte pour la vitalité des régions du Québec. Et je trouve qu'on
ne parle pas beaucoup des régions. À Québec solidaire, évidemment, on a une
vision pour faire contribuer les régions du Québec à la lutte aux changements
climatiques.
Vous saviez qu'il y a un sondage
SOM — je sais que le gouvernement aime beaucoup les sondages, il en
fait faire pas mal — réalisé en avril 2021, dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, révélait que plus de huit résidents sur 10 souhaitent
que la protection de l'environnement prime sur le développement économique. Et
qu'est-ce qu'on fait? On continue de traiter les régions comme des régions
ressources, des endroits où on va pour, essentiellement, couper des arbres et
extraire du minerai. Mais il y a d'autres choses à faire, et il faut qu'on en
parle. Il faut avoir une vision où ce n'est pas juste les centres urbains, avec
le transport collectif, qui contribuent à la réduction des GES, mais c'est
l'ensemble du Québec.
Parmi les choses qu'on peut faire pour
aider à faire ça, bien, il y a le fait, d'abord, de demander puis de permettre
aux régions puis aux localités de planifier la transition eux-mêmes, d'être
parties prenantes de l'élaboration des plans de transition régionaux, qu'on
n'ait pas juste des plans nationaux, puis qu'ils soient vraiment... qu'ils
aient... que le gouvernement soit en soutien à ce qu'ils font, pas en train de
leur dire qu'est-ce qu'ils vont faire, puis voyez ce qu'on a décidé qu'on
allait faire pour vous, mais qu'il leur demande : Qu'est-ce que vous, vous
voulez faire?
Puis parmi ces solutions-là, ce qu'on
entend, puis ça, ce qu'il faudrait appuyer, c'est la réduction des chaînes,
revoir les chaînes d'approvisionnement pour avoir des circuits courts. Ce n'est
pas normal qu'une tomate voyage autant. Les tomates voyagent, poussent en
Abitibi, s'en vont dans un entrepôt à Montréal, retournent à Val-d'Or pour aller
dans les tablettes d'une épicerie. Imaginez les GES perdus.
Une autre façon de faire une pierre deux
coups, réduire les GES puis aussi, disons, rendre le fait de vivre en région
plus attractif, c'est d'avoir des services publics de proximité. Quand tu es
obligé de faire des heures de route pour aller à un rendez-vous médical ou même
pour accoucher, c'est non seulement terrible d'un point de vue humain, du point
de vue de la santé puis la détresse que ça engendre, mais en plus ça crée des
GES, avoir des services de proximité, réduire les chaînes d'approvisionnement
pour les marchandises, mais aussi pour l'obtention de services publics.
J'aimerais aussi parler au gouvernement du
concept de FabRégion, qui est de plus en plus en vogue et qui vise à rendre indépendantes
les régions de tous les produits manufacturiers. Alors, une FabRégion, ça veut
dire quoi? C'est une région qui regarde qu'est-ce qu'on importe régionalement
et qu'on pourrait créer ici, qu'on pourrait produire ici pour éviter les GES
puis, en même temps, bien, nourrir et diversifier l'économie locale pour qu'on
ne soit pas toujours dépendants seulement d'une ou de deux industries, comme ça
arrive trop souvent. Et ça contribuerait, justement, à l'épanouissement puis à
l'attractivité des régions, mais à l'occupation du territoire au Québec.
• (11 heures) •
C'est quelque chose d'assez grave quand
j'entends le ministre de l'Environnement minimiser son inquiétude par rapport
aux changements climatiques. Quand le premier ministre faisait des points de
presse sur la COVID, il disait : Je suis inquiet et, paradoxalement,
c'était un peu rassurant de voir qu'il prenait acte de la gravité.
J'aimerais...
11 h (version non révisée)
M. Zanetti : …c'est grave quand
j'entends le ministre de l'Environnement minimiser son inquiétude par rapport
aux changements climatiques. Quand le premier ministre faisait des points de
presse sur la COVID, il disait : Je suis inquiet, et paradoxalement,
c'était un peu rassurant de voir qu'il prenait acte de la gravité. J'aimerais
avoir un ministre de l'Environnement qui nous dit qu'il est inquiet pour
l'avenir et qu'il va agir véritablement. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. La parole est au ministre pour cinq minutes.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Peut-être, prendre la balle au bond sur quelques-uns des éléments
mentionnés par le collègue. En novembre dernier, lorsqu'on a présenté le plan
de mise en oeuvre et le plan qui est la politique-cadre en quelque sorte, le
Plan pour une économie verte, de façon très, très transparente, on a,
nous-mêmes, admis qu'on avait identifié 42 % du travail réalisé sur la
prochaine décennie. Et, déjà, bien, certains s'inquiétaient, parce que, sans
explication, je comprends que certaines personnes peuvent s'inquiéter, mais,
déjà, je me suis empressé de parler d'une excellente nouvelle, compte tenu
qu'on avait enfin un plan de match, une feuille de route claire à suivre et qui
nous dictait, en quelque sorte, les approches à retenir pour la prochaine
décennie.
Ce que je mentionnais à l'époque, c'est
que ce 42 % va, très rapidement, progresser, on va parler de 45 %,
éventuellement, 50 %, 55 %, 70 %, 80 %, 90 %,
100 % en 2030. Et à moins d'une année du dévoilement… en fait, le
dévoilement date de moins d'une année, on est presque à une journée près ou à
quelques jours près du dévoilement qui a eu lieu l'année dernière, on était à
42 %, on est à 48, ou à peu près, pour cent aujourd'hui. Donc, en une
année, à travers la réglementation qui a été adaptée, à travers différentes
mesures qui ont été initiées par d'autres acteurs, ou si on arrive au 48 %
qui me permet aujourd'hui d'être encore plus optimiste que je l'étais l'année
dernière.
Donc, si, à neuf ans de l'échéancier, on
est à, plus ou moins, 50 % du travail identifié et surtout budgété, il ne
faut jamais oublier cet élément-là, oui, on peut se dire qu'on aura, en 2030,
atteint notre cible pour la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
Et ce sera la première fois, au Québec, qu'on y parvient et, sans doute,
malheureusement, parce que, oui, c'est malheureux, mais on sera encore, sans
doute, en 2030, un des rares États dans le monde à avoir atteint notre cible.
Maintenant, le collègue dit que la cible
n'est pas suffisamment élevée, c'est là où Québec solidaire a un défi de
crédibilité à relever. Je vois, ces dernières semaines, Québec solidaire se
rapprocher de groupes qui misent sur une carboneutralité pour 2030, donc
carboneutralité en neuf ans. Donc, lorsque Québec solidaire porte voix à ces
revendications-là, en termes de crédibilité, malheureusement, on tombe à zéro.
On a entendu parler, à Québec solidaire, d'une cible à 65 % aussi, au fil
des ans…
M. Charette : ...pour
2030. Donc, carboneutralité en neuf ans. Donc, lorsque Québec solidaire porte
voix à ces revendications-là, en termes de crédibilité, malheureusement, on
tombe à zéro. On a entendu parler Québec solidaire d'une cible à 65 %
aussi au fil des ans. On les a entendu parler d'une cible à 45 %.
Bref, ils semblent dire oui à tous les
groupes qu'ils rencontrent, mais la véritable cible de Québec solidaire à ce
moment-ci, personnellement, je ne la connais pas. Si elle devait être plus
élevée que 37,5 %, c'est leur droit. Ils devront être crédibles dans leur
démarche. À travers la même explication que j'ai faite au collègue de
Robert-Baldwin, si un jour Québec solidaire arrive avec une cible plus élevée
que 37,5 %, ils devront nous dire quelles seront les mesures, chiffrer ces
mesures-là et chiffrer quel sera le budget nécessaire pour réaliser ces
mesures-là. Juste dire 45 %, 65 % ou 100 %, ça ne fait
strictement aucune différence parce que malheureusement c'est l'approche qui a
été retenue par trop de gouvernements à travers le monde, se limiter à
identifier une cible, mais sans identifier comment y parvenir. Donc, je serai
très, très intéressé, dans les prochains mois, prochaine année, qui sait, de
voir quelle sera la cible officielle de Québec solidaire et surtout comment la
budgéter.
Moi, je peux vous dire que pour atteindre
le 37,5 %, on a déjà 7 milliards, ou à peu près, là,
6,7 milliards dans le PEV pour les cinq premières années de la démarche
qui sont confirmés, le premier ministre le répète souvent, avec plus de
50 milliards... donc, 6,7 plus plus de 50 milliards de dollars au
niveau des transports collectifs, des engagements financiers, là, qui n'ont pas
d'équivalent pas le passé. Donc, on est à plus ou moins 60 milliards de
dollars pour 37,5 % de réductions.
Donc, j'ai hâte de voir le montage
financier d'une cible que Québec solidaire pourrait nous présenter
éventuellement. Et, si cet exercice-là n'est pas fait, malheureusement, je le
mentionne et je suis obligé de le répéter, c'est un exercice qui n'aura aucune
crédibilité.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Alors, je cède la parole au député prêt à interagir, le député de Masson.
M. Lemay : Merci, Mme la
Présidente. Donc, c'est à mon tour de prendre la parole ici, dans cette
interpellation du vendredi, sur un sujet qui me passionne, Mme la Présidente.
Et, vous savez, l'environnement, ce n'est pas juste la réduction des gaz à
effet de serre, mais c'est aussi la santé de nos forêts, la qualité de notre
eau, la qualité de notre sol. Puis ça, le député de Jean-Lesage, il doit être
content de le savoir parce que ça a un impact directement dans toutes les
régions du Québec. Alors, ceci étant dit, ce n'est pas juste les rejets
atmosphériques, comme que je l'ai mentionné, mais, avec une vision plus large,
on peut faire attention à notre consommation.
Et pourquoi que je parle de ça? C'est
parce qu'il faut qu'on évite à tout prix le gaspillage. Il faut qu'on évite
aussi de faire l'enfouissement. Donc, si on peut faire un réel... avoir un réel
impact sur nos matières résiduelles, c'est le but visé. D'ailleurs, c'est ce
que RECYC-QUÉBEC préconise, le zéro déchet. Donc, on veut avoir la fin... on
veut avoir...
M. Lemay : …c'est parce qu'il
faut qu'on évite à tout prix le gaspillage, il faut qu'on évite aussi de faire
l'enfouissement, donc si on peut faire un réel… avoir un réel impact sur nos
matières résiduelles, c'est le but visé. D'ailleurs, c'est ce que RECYC-QUÉBEC
préconise, le zéro déchet, donc on veut avoir la fin… on veut avoir nos mains
concentrées sur le résidu ultime.
Alors, comment qu'on peut y arriver? Bien,
c'est simple, on a juste à mettre en place le principe des 3RV, donc vous le
savez, c'est la réduction à la source, ensuite on parle de réemploi pour
arriver au recyclage, ainsi que la valorisation et, à la fin, l'élimination.
Donc, on l'a mentionné, c'est ça qui est visé, tout le monde est d'accord, même
le député de Jean-Lesage est d'accord avec ça. Vous savez, on a agi justement
sur les impacts réels avec notre environnement, d'ailleurs en la matière de
gestion résiduelle, parce que le ministre de l'Environnement a déposé un projet
de règlement le 13 octobre dernier, qui vise justement… c'est le règlement sur
la récupération et la valorisation de produits par les entreprises, qui vise
notamment la responsabilité élargie des producteurs. Donc, c'est une bonne
nouvelle, il est en prépublication, donc si vous voulez aller le consulter,
c'est sur la Gazette officielle.
Alors, puisqu'on fait… bien, moi, je vais
vous parler aussi d'une autre initiative qu'on a faite, Mme la Présidente, ici
même, dans cette commission-là, on a participé au mandat d'initiative sur le
recyclage divers, donc c'est une bonne nouvelle. C'est… ce mandat d'initiative
là a fait en sorte qu'on avait plusieurs raisons pour se pencher… on voulait
justement éliminer l'enfouissement systématique du verre comme matière de
recouvrement journalière, c'était un des principes qui nous visait, et, à la
conclusion du mandat, on avait une série de recommandations qu'on a faites pour
favoriser notamment l'économie circulaire en matière de recyclage du verre,
mais, pour y arriver, on a parlé… le député de Bourget l'a mentionné tout à
l'heure, un système de consigne élargi. D'ailleurs, il y a un projet pilote
dans plusieurs régions du Québec. Je dis plusieurs… quelques endroits, mais
j'ai la chance d'en avoir un dans ma circonscription à Terrebonne, donc ceux
qui veulent y aller, je vous invite à l'utiliser, c'est déjà en fonction, à la
suite du projet pilote il y aura l'implantation des points de collecte partout
sur le territoire du Québec. On l'a mentionné avec le projet de règlement sur
la responsabilité élargie des producteurs, on veut aussi avoir… soutenir toutes
les initiatives sur l'écoconception et on a aussi suggéré de faire la réduction
d'emballage, le réemploi, l'interdiction de l'enfouissement du verre,
l'encouragement de développement de débouchés locaux du verre, bref, il y a
plusieurs recommandations qui sont issues de ce mandat d'initiative.
Ce qu'on a fait aussi, c'est que… et on a
sorti un plan d'action, dans le fond, suite à la politique québécoise des
gestions de matières résiduelles et, avec ce plan d'action là, on l'a
accompagné de mesures financières de 140 millions. Donc, M. le ministre de
l'Environnement le mentionnait tout à l'heure, c'est beau d'avoir des cibles,
mais il faut aussi avoir les moyens d'y parvenir. Donc, c'est ce que nous avons
fait, Mme la Présidente. Avec le… ce plan d'action là, on peut soutenir des
projets, plusieurs projets, là, on a des projets en février 2020 qui sont
sortis, là, pour accompagner, justement, les centres de tri, on parle de ça,
là, 30,5 millions dans la transition. On a aussi 42 autres projets qui
visent l'amélioration de la performance du Québec en matière de débouchés sur
le recyclage des matières résiduelles et on a aussi d'autres programmes avec
RECYC QUÉBEC, des aides financières, là, de…
M. Lemay : …plusieurs projets,
là. On a des projets en février 2020 qui sont sortis, là, pour accompagner
justement les centres de tri, on parle de ça, de 30,5 millions dans leur
transition. On a aussi 42 autres projets qui visent l'amélioration de la
performance du Québec en matière de débouchés sur le recyclage des matières
résiduelles et on a aussi d'autres programmes avec RECYC-QUÉBEC, des aides
financières, là, de 14 millions, pour divers programmes. Bref, je pourrais
vous faire cette liste-là mais on va arrêter, je ne vous donnerai pas le détail
du 140 millions au complet.
• (11 h 10) •
Mais ce qu'on a fait aussi, c'est qu'on a
une stratégie de valorisation de la matière organique. Et dans cette
stratégie-là, elle est sortie en juillet 2020, c'est un budget total, là,
on parle… c'est des grands chiffres, là, mais c'est 1,2 milliard qui va
être consacré d'ici 2030, là, pour la mise en oeuvre de la stratégie attendue.
Puis ça, c'est attendu autant du monde municipal que les entreprises privées.
Parce que c'est des cibles ambitieuses, quand même, quand on parle de matière
organique. Donc là, il y a plusieurs initiatives qui en découlent, là. Bien là,
je vais manquer de temps pour toutes les mentionner, Mme la Présidente.
Mais à part de ça, il y avait d'autres
mesures, qui ont été mises dans le marché, du cadre de notre plan, sur les
matières résiduelles. On parle de 9,6 millions pour des projets pour
détourner annuellement 48 000 tonnes de matière organique,
optimisation du réseau d'écocentres québécois, 14,… 32 millions,
8,8 millions pour stimuler des projets d'économie circulaire, dont la
réduction à la source, le réemploi, le recyclage et l'écoconception. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci pour cette quatrième série d'interventions. Je cède la parole au député
de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, Mme la
Présidente. Donc, on poursuit. Je dois vous dire que le député de Jean-Lesage
avait raison sur une chose, une chose, une chose, et c'était que jusqu'à son
intervention, on n'avait pas beaucoup parlé de… on n'avait pas parlé, point, de
régions. Bien, il avait raison, et ça fait partie aussi de l'interpellation. On
voulait parler de ça évidemment dans notre plan de match. Ça aurait été
maintenant qu'on arriverait à parler de régions.
Et donc, parlons de régions. Plusieurs
choses. Mais principalement, nous reconnaissons tous, le Québec a une
géographie particulière. Nous sommes 8,5 millions à peu près sur une très
grande surface, une très grande géographie. Donc, nous avons quelques points,
quelques centres urbains très importants et où se concentre la plupart de notre
population et pour le reste de la géographie du Québec, nous avons relativement
peu de population sur un vaste territoire.
Ça pose de questions, ça pose des enjeux
particuliers quant au développement économique régional. Ça a toujours été une
préoccupation de tous les gouvernements qui se sont succédé. Et cet enjeu-là,
du développement économique régional, de l'occupation du territoire est encore
plus pertinent, cet enjeu-là, quand on parle en même temps de crise climatique…
M. Leitão : …qui se sont
succédés. Et cet enjeu-là du développement économique régional, de l'occupation
du territoire est encore plus pertinent, cet enjeu-là, quand on parle en même
temps de crise climatique et de la nécessaire transition énergétique.
Cela va avoir… Il ne faut pas se le
cacher, que la transition énergétique, qui est en train de se faire un peu
partout sur la planète et aussi au Québec, cette transition énergétique là, va
avoir des répercussions très concrètes et très importantes sur certaines
économies régionales telles que nous les connaissons présentement.
Donc, il va falloir que dans le plan de
transition énergétique, dans le Plan pour une économie verte… C'est pour ça que
nous avons toujours mentionné, et je reviens encore à l'Histoire, que les
leaderships doivent venir d'en haut, doivent venir du premier ministre et,
après, se décliner. Il doit avoir quelqu'un en haut de la pyramide qui
coordonne tout ça. Il faut coordonner, il faut s'assurer que tout ça est très
bien coordonné, parce que sinon ce qu'on vit présentement, notamment en Europe,
on peut voir ça comme étant un avant-goût de ce qui pourrait nous arriver ici
si on ne planifie pas bien nos affaires. C'est-à-dire, il y a une véritable
crise énergétique, surtout en Europe, où on voit que les prix augmentent
rapidement et on voit que ce sont les régions, dans certains pays de l'Europe,
qui sont le plus frappés par cette crise énergétique, parce que ça n'a pas été
bien planifié leur affaire.
Donc, nous, il faut qu'on planifie ça
comme il faut, il faut qu'on commence d'ores et déjà à penser comment est-ce
qu'on peut accompagner les régions dans la transition, la nécessaire transition
vers une économie beaucoup plus sobre en carbone.
Donc, il faut que l'État mette en oeuvre
toutes sortes de programmes, d'incitatifs, de réglementation pour aider les
régions. Et il faut aussi que l'État apprenne à mieux incorporer, à mieux
écouter les régions elles-mêmes. Ce n'est pas toujours à Québec ou à Montréal
qu'on trouve toutes les solutions et que tout est… c'est là que la science
infuse et se situe là seulement.
Donc, il faut qu'on écoute ce que les
régions nous proposent qu'on fasse en tant que gouvernement. Et c'est pour ça
qu'on a besoin d'un véritable superministère, enfin, un organisme quelconque
pour s'assurer que cette coordination se fasse. Parce qu'encore une fois, on a
l'avant-goût… C'est rare qu'on puisse avoir ça dans l'Histoire de pouvoir
observer ce qui se passe en temps réel dans un certain endroit et voir que ça
va arriver chez nous si on ne se prépare pas. Et jusqu'à maintenant, je ne vois
aucune préparation pour faire face à cette transition énergétique qui aura un
impact très important sur la vie des personnes dans les régions du Québec.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Je cède…
M. Leitão : …voir que ça va
arriver chez nous si on ne se prépare pas. Et jusqu'à maintenant, je ne vois
aucune préparation pour faire face à cette transition énergétique qui aura un
impact très important sur la vie des personnes dans les régions du Québec. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Je cède la parole à M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Parfois, on ne voit pas parce qu'on ne veut pas voir, parce que les
signaux sont quand même assez clairs dans le cas présent. Donc, si le collègue
ne veut pas les voir, c'est libre à lui. Mais, dans les faits, je l'invite à
lire le Plan pour une économie verte, je l'invite à lire le Plan de mise en
oeuvre. Il est non seulement question des régions à travers tout ce qui est
énergie renouvelable, parce que c'est beaucoup là qu'elles pourront être produites,
mais il est aussi question de transition juste, parce que le collègue a
parfaitement raison et je sais que c'est un thème qui est cher, là, au collègue
de Jonquière également. Il y a de grands bouleversements qui vont se vivre à
l'échelle planétaire en matière d'emploi, en matière de développement aussi des
régions.
Et déjà, vous allez me permettre une
petite parenthèse, sans minimiser, là, l'importance de s'y attarder, la
transition énergétique au Québec sera beaucoup plus facile à gérer et beaucoup
plus douce que dans d'autres pays ou d'autres territoires qui reposent
largement au niveau économie, par exemple, des énergies fossiles. On n'a pas ce
défi-là parce qu'on n'a pas beaucoup de travailleurs qui y travaillent. Je ne
dis pas qu'il ne faut pas s'occuper de celles et ceux qui y travaillent, mais
ce n'est pas comme sur certains territoires ou dans certains pays où une large…
ou des dizaines, ou des centaines de milliers de personnes travaillent dans
cette industrie-là. Dans certains cas, et c'est la situation qui prévaut en
Europe, dans certains pays. Aujourd'hui, on entend parler de l'Australie,
notamment, qui est plus ou moins réticente à s'engager fermement parce qu'elle
a beaucoup, beaucoup de travailleurs, dans son cas à elle, dans l'industrie du
charbon. Nous, bien, on n'en a pas du tout. Donc, je ne dis pas qu'il n'y a pas
de défi, mais on n'est pas dans une situation, là, qui est celle d'autres états
et pays à travers le monde. Mais, ceci dit, il faut s'occuper de transition
juste, ça fait partie du Plan pour une économie verte.
Et d'ailleurs, il y a quelques semaines ou
quelques, même, quelques jours, je pense que ça fait moins de
deux semaines, avec mon collègue, au Travail, on a pu annoncer une
première démarche au niveau de la formation. Donc, on s'inscrit déjà dans cette
démarche-là de transition juste. Je ne veux pas que les collègues pensent qu'on
s'arrête là, mais c'est un premier pas qui a été initié, là, il y a quelques
jours à peine. Et ce qui est fascinant dans ce domaine de la transition juste,
c'est qu'on a, et le patronat, et les syndicats qui… ils ont développé une
vision relativement homogène. Donc, souvent, ce sont deux groupes qui ont
des visions bien opposées…
M. Charette : …initié, là, il y
a quelques jours à peine. Et ce qui est fascinant dans ce domaine de la
transition juste, c'est qu'on a, et le patronat, et les syndicats qui… ils ont
développé une vision relativement homogène. Donc, souvent, ce sont deux groupes
qui ont des visions bien opposées dans bien des dossiers, sur bien des sujets,
mais, dans ce cas-ci, on peut travailler autour d'une même table, et avec le
patronat, et avec les syndicats. Je les ai d'ailleurs rencontrés à ce sujet-là,
pas plus tard que la semaine dernière. On s'est promis une autre rencontre dans
les prochaines semaines pour justement tracer la voie sur les étapes à venir.
Donc, oui, une première qui a eu lieu, mais on se rencontre pour voir à
travailler… quelles seront les prochaines. Mais ça, c'est aidant, puis ça fait
partie de la particularité du Québec auquel on est tous attachés. C'est de
voir, sur certains enjeux qui peuvent être sensibles… on arrive à fédérer des
gens qui, sur d'autres, sont en opposition complète.
Donc, première démarche annoncée il y a
quelques jours à peine. Une autre rencontre pour donner suite à tout ça, dès
les prochaines semaines. Et, je le répète, le plan pour une mise… c'est-à-dire
le Plan pour une économie verte et le plan de mise en oeuvre vont se développer
graduellement, de façon très organisée, au cours des prochaines années, pour
atteindre les objectifs de 2030. Mais c'est un volet qui est couvert, c'est un
volet pour lequel on accorde aussi beaucoup d'importance.
Les régions maintenant, et c'est là où il
faut les aborder, et il faut travailler avec les régions de façon particulière,
parce qu'il y a des visions qui peuvent s'opposer, sur l'exploitation de nos
ressources naturelles, par exemple. On l'a vu dans le cas de la foresterie,
mais également le dossier de GNL a été aussi, en région, vu comme étant un
sujet sensible, parce qu'il y avait des opposants, mais il y avait aussi des
partisans très affichés. Donc, c'est une vision qui est celle du gouvernement,
c'est-à-dire de travailler avec les régions pour s'assurer qu'on arrive au
meilleur résultat possible.
• (11 h 20) •
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Je cède la parole à la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Merci, Mme la
Présidente. C'est vraiment un privilège pour moi d'être ici aujourd'hui pour
discuter des changements climatiques et le leadership qui est nécessaire
justement pour adresser cet enjeu-là. Il n'y a pas beaucoup de monde qui le
savent, mais moi, il y a 10 ans presque exactement, je travaillais pour
think tank en développement durable, principalement dans la filière des
changements climatiques. Puis j'ai eu l'opportunité de contribuer à trois
rapports, dont un qui était un plan pour une transition vers une économie
verte, un plan pour l'adaptation aux changements climatiques puis aussi un
rapport sur le coût des impacts en changements climatiques. J'étais très
préoccupée par cette question-là.
Pendant 10 ans, je l'ai été. J'étais
surtout préoccupée par l'inaction des gouvernements, parce que l'objectif de ce
think tank là, qui était la Table ronde nationale sur l'économie et
l'environnement, était d'influencer les gouvernements, puis les pousser à agir,
et surtout à se saisir de cette opportunité-là de commencer une transition
énergique, pas seulement d'un point de vue environnemental…
Mme Boutin : …par cette
question-là. Pendant 10 ans, je l'ai été. J'étais surtout préoccupé par
l'inaction des gouvernements parce que l'objectif de ce think tank là, qui
était la table ronde nationale sur l'économie et l'environnement, était
d'influencer les gouvernements puis les pousser à agir, et surtout à se saisir
de cette opportunité-là, de commencer une transition énergétique, pas seulement
d'un point de vue environnemental, mais d'un point de vue économique, puis
j'aurai l'occasion d'en parler dans mon deuxième bloc.
J'aimerais revenir un petit peu dans le
passé, parce que j'ai l'occasion de le faire, puis c'est plus fort que moi. M.
le ministre l'a mentionné tout à l'heure, tu sais, le leadership, ça passe par
des actions concrètes, par un plan qui est crédible, pragmatique, mais par des
budgets. Donc, j'aimerais revenir sur cette question-là, parce qu'on l'a à
peine effleurée. Puis moi, bien, j'aime les chiffres, puis je pense que mon
collègue de Robert-Baldwin le sait également, on a l'occasion de travailler sur
la Commission de l'administration publique, et puis c'est quelque chose que
j'aime regarder. En 2020, dans le budget 2020, tu sais, on a accordé un
budget qui est historique, quand même. C'est sûr que l'enjeu est immense,
immense. C'est sûr qu'on va capitaliser sur notre avantage comparatif
d'hydroélectricité. On a quand même mis 6,7 milliards de dollars sur
cinq ans pour les changements climatiques, toute la transition qui va être
nécessaire, et de ce 6,7 milliards-là, il y a 3,6 milliards qui est
destiné à l'électrification des transports. Peut-être que je me trompe-là, mais
à la section des transports qui, justement, sont responsables de 43 % des
émissions. Ça, c'est du jamais vu. Puis en termes de comparaison, je suis
retournée dans le passé, parce que le collègue de Robert-Baldwin était quand
même le ministre des Finances dans ce temps-là, donc, il faut le mentionner. Le
ministre l'a un petit peu mentionné, là, il y a eu une diminution de 5 %
du budget du ministère de l'Environnement sur 10 ans. En 2016, c'était une
diminution de 3 %. Puis ça, c'est traduit, parce que c'est sûr que si on
ne met pas le budget, pas les actions concrètes, qu'est-ce qui se passe avec
les émissions? Au même moment, en 2014 et 2017, il y a eu une augmentation des
émissions de gaz à effet de serre au Québec. Donc, c'est quand même important.
Puis là je suis allé creuser encore un
petit peu plus… puis là je ne veux pas m'étaler dans les chiffres, là, mais ils
avaient quand même, tu sais, un bon tableau des revenus liés au Fonds vert qui
était sur 2013 et 2020, des revenus, à peu près 4,4 milliards de dollars,
puis bon c'était sur 10 ans. Nous on est… notre 6,7, il est sur cinq ans,
lui c'était sur 10 ans. Puis de ce… des sommes qui allaient être affectées
sur 10 ans, bon, j'ai vu un, tu sais, pour 2018, là, un programme qui
était bonification de Roulez vert, un programme qui touchait les transports
pour un montant de 92 millions sur 10 ans. J'étais quand même
surprise, là, parce que c'est un montant qui est vraiment, vraiment très petit
comparativement aux 3,6 milliards de dollars qu'on va accorder. Puis ça
c'est en dehors du 55 milliards de dollars dans les prochaines années pour
tous les projets de transport collectif qu'on va faire, puis ça c'est, encore
là, du jamais vu.
Là, il ne me reste pas beaucoup de temps
puis, encore là, c'est plus fort que moi. Il y a un autre projet que je veux
parler parce que, moi, ce projet-là, c'est venu me chercher dans mon coeur,
puis il y avait seulement deux partis qui étaient contre ça, c'était la
Coalition avenir Québec et Québec solidaire, c'était la cimenterie McInnis que
le gouvernement… c'était sous le gouvernement Marois qui avait financé ça, mais
supporté par le Parti libéral. Plus de 400 millions pour créer
400 jobs. Là, on parle d'un million par tête, par employé. Puis c'est
probablement l'un des projets les plus polluants dans l'histoire…
Mme Boutin : …la cimenterie
McInnis que le gouvernement… c'est sous… le gouvernement Marois qui avait
financé ça, mais supporté par le Parti libéral, plus de 400 millions pour
créer 400 jobs, là, on parle de 1 million par tête, par employé. Puis
c'est probablement, là, un des projets les plus polluants dans l'histoire du Québec
pour créer des emplois, c'est… Ciment McInnis, on le sait, ils s'étaient
engagés, bon, à utiliser de la biomasse forestière, améliorer leurs procédures,
mais, tu sais, il n'y a rien qui a été fait, au contraire, ciment McInnis est
devenu… bien, en 2023, ce sera le plus grand pollueur du Québec. Mais les
émissions ont augmenté et c'est devenu l'un des plus grands pollueurs du Québec.
Donc, ça, je voulais le mentionner, parce que non seulement c'est devenu un des
plus grands pollueurs du Québec, mais le gouvernement du Québec a perdu ses
fonds. Donc, on parle d'une perte de plus de 400 millions. C'est quand
même une honte.
Puis je voulais qu'on en parle parce que
je veux passer le message que plus jamais, au Québec, maintenant, dans
l'avenir, il ne faut investir dans des projets comme ça qui, non seulement
n'ont pas leur raison d'être, économiquement parlant, mais qui n'ont pas leur
raison d'être environnementalement parlant. Puis là je parle au nom des
citoyens de mon comté de Jean-Talon, qui seraient contents de m'entendre dire
ça, mais je pense qu'il y a beaucoup de gens au Québec qui voudraient qu'on
aille vers une transition énergétique, là, responsable, puis qu'on évite ce
genre de projet là. Alors, c'était mon premier bloc. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci pour cette cinquième série d'interventions. Je cède la parole au député
de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci,
Mme la Présidente… Je veux saluer, évidemment, tout le monde qui est ici,
incluant les équipes qui accompagnent le ministre. C'est la dernière rencontre
qu'on a avec le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques avant la COP26. On ne peut quand même pas ne pas en
parler. C'est la rencontre internationale sur les changements climatiques la
plus importante depuis l'Accord de Paris de 2015, et on n'a rien entendu du
premier ministre sur ses intentions quant à la COP26 lors du discours
inaugural, qui visait, au fond, à faire quoi, à mettre le compteur à zéro pour
lancer une nouvelle vision, soi-disant, de ce gouvernement. On ne sait toujours
pas quelle offre aura à faire le gouvernement.
Moi, je ne veux pas que le Québec arrive
les mains vides à la COP26, qui a trois grands objectifs, cette fois-ci, Mme la
Présidente : augmenter les efforts de chacun des 200 quelques pays, là,
qui participent à la COP26, augmenter les efforts de réduction de gaz à effet
de serre, augmenter les efforts en matière d'adaptation aux changements
climatiques et d'augmenter la contribution des pays industrialisés, des pays du
Nord envers les pays du Sud, essentiellement, qui sont plus… qui n'ont pas les
mêmes moyens que les pays du Nord, et qui sont les plus touchés, les plus
vulnérables aux changements climatiques mais qui n'ont pas les moyens que nous
avons au Nord et qui n'ont pas non plus la même responsabilité tant qu'aux
émissions de GES historiques et actuelles. Donc, augmenter la contribution des
pays du Nord aux pays du Sud.
Je sais que le gouvernement va dire :
Ah! on…l
M. Gaudreault : ...les plus
vulnérables aux changements climatiques, mais qui n'ont pas les moyens que nous
avons au Nord et qui n'ont pas non plus la même responsabilité tant qu'aux
émissions de GES historiques et actuelles. Donc, augmenter la contribution des
pays du Nord aux pays du Sud.
Je sais que le gouvernement va dire :
Ah! on a annoncé qu'on va mettre fin aux hydrocarbures. Ah! on a annoncé qu'on
va soutenir l'électrification des transports. Ah! on a annoncé un pôle en
hydrogène. Ah! on a annoncé la vente d'hydroélectricité à New York, à l'État de
New York puis au Massachusetts. Probablement qu'il va dire aussi : Ah! on
va faire un troisième lien le plus vert possible. Ça, je n'ai pas si la députée
de Jean-Talon en a parlé également à ses concitoyens, là, parce que je ne suis
pas sûre que c'est un projet qui est tout à fait vert.
Mais tout ça, là, c'est des choses qui
sont déjà connues. Il y a un peu de «rebranding» à travers ça, hein? Quand on
parle de la recherche puis l'innovation sur l'hydrogène, on le savait déjà.
L'électrification des transports, le plan le plus ambitieux en électrification
des transports, c'était le gouvernement du Parti québécois. L'exportation
d'énergie aux États-Unis, on le savait aussi.
Au Parti québécois, on a fait, dans les
derniers mois, notre travail. On est les seuls à avoir fait un travail des plus
rigoureux, les plus sérieux. Et j'aimerais avoir une réponse du ministre à
savoir s'il va le mettre, nos... chacune de nos propositions dans sa besace à
la COP26 la semaine prochaine.
Budget carbone. Comité scientifique
consultatif est d'accord avec ça. Aujourd'hui, éditorial de LaPresse
qui dit que c'est une bonne idée pour faire le suivi de l'atteinte de nos
cibles.
1 % du PQI en verdissement de nos
infrastructures. Le gouvernement est prêt à mettre 10 milliards dans un
tunnel. Moi, je demande 1 % de 138 milliards sur 10 ans, me
semble, ce n'est pas si pire, en verdissement de nos infrastructures.
S'assurer que nos compétences du Québec
soient respectées. C'est absurde que le ministre fédéral, Steven Guilbeault, le
nouveau ministre, nous dise que malgré que ce gouvernement a dit non à GNL
Québec, le fédéral continue d'évaluer ce projet. Donc, avoir toutes nos
compétences en matière d'environnement au Québec.
Transition juste. J'ai fait adopter une motion
unanime ici. J'ai déposé un projet de loi hier, qui a été plus que salué, qui a
été par le plus grand syndicat du Québec en termes de membres, la FTQ,
600 000 membres. Je pense que ce gouvernement sous-estime les impacts
de la transition que ça représente pour les travailleurs et travailleuses que
moi, je fréquente quotidiennement dans ma circonscription. Oui, on n'est pas
une économie basée sur le pétrole, mais la transition aura des impacts sur les
milieux de travail partout à travers le Québec.
• (11 h 30) •
Dernière proposition, puis, je veux dire,
ce n'est pas des pleurnicheries, là, c'est une proposition hyperconcrète, c'est
d'avoir le siège social de la nouvelle institution internationale en finances
durables à Montréal. Alors, ça, me semble que c'est un autre élément important
qui peut entrer dans ce que... dans la dot que le Québec peut offrir à
l'échelle internationale à la COP26, qui est la semaine prochaine. Je n'ai pas
entendu le premier ministre là-dessus. J'aimerais entendre le ministre
là-dessus...
11 h 30 (version non révisée)
M. Gaudreault : ...en
finances durables à Montréal. Alors, ça, il me semble que c'est un autre
élément important qui peut entrer dans ce que... dans la dot que le Québec peut
offrir à l'échelle internationale, à la COP26, qui est la semaine prochaine. Je
n'ai pas entendu le premier ministre là-dessus. J'aimerais entendre le ministre
là-dessus. Puis j'aimerais surtout sentir une ambition que le Québec arrive à
l'échelle internationale à Glasgow comme étant le plus grand leader dans la
lutte contre les changements climatiques.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le député. La parole est au ministre.
M. Charette : Merci, Mme
la Présidente. Je salue à chacune des fois... parce que ça fait changement, là,
des propos de l'opposition officielle et de la deuxième opposition. Avec le Parti
québécois, on a toujours des propositions concrètes. On n'est pas tout le temps
d'accord, mais au moins on a des sujets concrets, ce qui n'est pas le cas des
deux autres oppositions.
Peut-être essayer de rassurer le collègue,
le discours inaugural, le premier ministre a quand même réservé une bonne
partie de son discours à la transition énergétique, au défi climatique. Mais,
si le collègue s'attendait à ce que le discours inaugural ou d'ouverture
reprenne tout ce que le premier ministre va dire à Glasgow, bien, il ne
resterait plus grand-chose à dire au premier ministre à Glasgow. Donc, je
rassure le collègue, on ne s'y rend pas les mains vides. Il y a de beaux
engagements qui seront pris qui vont réitérer toute l'importance que le gouvernement
accorde à ces enjeux-là.
Je sais qu'au niveau objectifs cette COP a
établi ses priorités. On ne parle pas assez d'adaptation aux changements
climatiques, c'est vrai, c'est la raison pour laquelle, dans le PMO, dans le
PEV, on en a fait une section. C'est la raison pour laquelle des sommes assez
importantes sont dédiées dorénavant à ces enjeux-là. C'est la raison pour
laquelle notre collègue à tous, la ministre responsable de l'aménagement du
territoire, le MAMH, va aussi présenter une politique sur l'enjeu de
l'aménagement, qui est au coeur de cette nécessité de s'adapter aux changements
climatiques. Contribution pour les pays du Sud, on aura, je pense, des éléments
à confirmer. Bref, sur les objectifs de la COP, le Québec va faire bonne
figure, très, très certainement.
Budget carbone, on a eu l'occasion d'en
discuter, ça ne fait pas partie du plan de mise en oeuvre, ce n'est pas la
stratégie qu'on préconise à ce moment-ci. Dans l'avenir, les prochains
gouvernements pourront toujours se raviser, mais, dans la stratégie actuelle,
ça ne fait pas partie de nos intentions pour une raison assez simple, c'est que
80 % de nos émissions sont déjà couvertes par le marché du carbone, qui
impose, justement, un plafonnement, qui impose des réductions qui sont bien
ciblées. Donc, le budget carbone se retrouve en grande partie dans notre propre
marché du carbone.
Au niveau du verdissement, je suis en
accord avec le collègue, c'est un élément qui est très important. Je l'invite à
regarder le PEV à ce sujet-là. On a 110 millions qui est prévu au PEV pour
des...
M. Charette : …le budget
carbone se retrouve en grande partie dans notre propre marché du carbone. Au
niveau du verdissement, je suis en accord avec le collègue, c'est un élément
qui est très important, je l'invite à regarder PEV à ce sujet-là. On a
110 millions qui est prévu au PEV pour des mesures de verdissement. La
réglementation, les programmes qui vont en découler, par contre, ne sont pas
encore annoncés. On y travaille pour les prochains mois, mais déjà, les argents
y sont. Donc, le collègue parle de 1 %, moi, je dis 110 millions, on
arrive sans doute dans des eaux, là, relativement semblables. Je vais vite
parce que c'est à l'image de l'intervention du collègue, c'est des propositions
concrètes. Transition juste, je l'ai mentionné au collègue de Robert-Baldwin,
on y travaille, c'est bien certain. Je comprends toute l'importance de cet
enjeu pour le collègue de Jonquière, pour sa région mais pour bien d'autres
régions du Québec aussi.
Le seul élément sur lequel on n'a aucun,
aucun contrôle dans les points soulevés par le collègue, c'est le fameux siège
social de cette instance que l'on souhaite tous voir s'établir à Montréal. Il
faut savoir que le gouvernement du Québec est très actif dans ce dossier-là, il
y a plusieurs engagements financiers qui ont été confirmés, on appelle ça un
bouquet de bienvenue, en quelque sorte, donc le gouvernement du Québec qui y a
contribué, le ministère des Relations internationales, le premier ministre
lui-même a fait plusieurs interventions au lieu à ce niveau-là. On le souhaite.
On le souhaite. Mais malheureusement, la décision ne nous revient pas, c'est
une instance internationale, là, qui aura à se décider dans les prochains
jours, les prochaines semaines à ce niveau-là. Il y a plusieurs grandes villes
à travers le monde, qui sont candidates. La concurrence, elle est féroce, mais
on n'a retenu aucun moyen à ce niveau-là. On le souhaite vivement parce que ça
serait une belle carte de visite pour Montréal, pour le Québec en entier. Mais
malheureusement, c'est sans doute, de tous les points mentionnés par le
collègue, le seul sur lequel on mise fort, mais la décision ne nous revient
pas.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Mme la
Présidente, la discussion devient de plus en plus intéressante. Puis ce que
j'aime, c'est que, bon, de plus en plus on veut… d'autres partis que le nôtre
veulent faire des propositions concrètes, là. J'apprécie beaucoup ça. Je pense
qu'on ne peut plus être divisés sur cette question-là, c'est complètement
ridicule, là, il en va de la survie de l'humanité, là. À la limite, il faudrait
avoir des discussions, puis j'espère que COP26 va être… je ne veux pas être
cynique, là, mais qu'on va être capables collectivement d'arriver à s'arrimer
ensemble puis justement, là, de foncer vers une transition énergétique commune
mondiale, mais, bref, je suis un peu idéaliste, je dois l'avouer.
Pendant ce temps-là, au Québec, je trouve
qu'on est bien partis. Le ministre l'a souvent dit, tu sais, ça prend du
leadership, un budget, des actions concrètes. Puis le Plan pour une économie
verte qui a été lancé…
Mme Boutin : ...de foncer
vers une transition énergétique commune mondiale, mais bref, je suis un peu
idéaliste, je dois l'avouer. Pendant ce temps-là, au Québec, je trouve qu'on
est quand même bien parti. Le ministre l'a souvent dit, tu sais, ça prend du leadership,
un budget, des actions concrètes. Puis le Plan pour une économie verte qui a
été lancé, pour ma part, c'est le premier plan qui est vraiment crédible qui
ait été déposé au Québec. Puis là, bon, je ne suis pas une experte en la
matière, mais j'ai une certaine expertise, et j'étais très contente de voir...
Bon, les... Il y avait un volet atténuation des changements climatiques qui
était important, là. Tous les États doivent faire ça, réduire les GES. Nous on
peut. On a la chance de pouvoir capitaliser sur notre force, là,
l'hydroélectricité puis de l'énergie verte à plus de 99 %. Donc, je
remercie d'ailleurs nos prédécesseurs, il y a plusieurs décennies, qui ont eu
cette vision-là, de bâtir des barrages. Ça nous aide beaucoup aujourd'hui.
Il y a tout le volet de la construction de
l'économie de demain, donc, capitaliser sur les nouvelles technologies, vouloir
investir dans des filières vertes, devenir la batterie verte de l'Amérique du
Nord. Parce que, tu sais, on parle... Ici, c'est le ministre de
l'Environnement, mais il y a plusieurs ministères qui sont impliqués, le
ministre des Affaires municipales qui est impliqué, il y a le ministère de
l'Économie. C'est rendu très, très important pour le ministre de l'Économie,
là, justement, d'investir. Il a fait plusieurs missions commerciales,
justement, pour qu'on puisse développer cette filière sur les batteries,
soutenir les industries qui construisent des automobiles électriques.
D'ailleurs, dans un... Dans mon comté, j'ai rencontré un entrepreneur. Eux, ils
font des lasers industriels, mais ils ont des clients que je ne peux nommer,
mais qui sont dans le monde entier, justement, dans les véhicules électriques,
qui se spécialisent. Ils veulent s'inscrire dans la filière batterie du Québec.
Ils sont les leaders canadiens.
C'est vraiment palpitant ce qui est en
train de se faire parce que, oui, l'urgence climatique, mais il faut également
se positionner mondialement pour saisir l'opportunité économique parce que...
Tu sais, moi, je... Je suis... Je faisais partie d'un groupe qui préconisait ça
il y a 10 ans, là, mais maintenant, c'est... On n'est pas en rattrapage,
là, mais on ne peut pas manquer le bateau. C'est urgent de le faire.
Je suis contente d'entendre le ministre
qui parle de l'adaptation aux changements climatiques. Je me souviens moi-même
d'avoir milité un peu en ce sens-là parce qu'aucun plan de changements
climatiques ne serait crédible sans un volet sur les adaptations parce que, je
ne veux faire peur à personne, là, mais même si demain matin il n'y avait plus
d'émissions de gaz à effet de serre sur la terre, pendant à peu près 20 à
30 ans, les effets sont irréversibles et exponentiels. Après ça, ça va
diminuer. Donc, nous, il faut se préparer à ça. Puis j'ai bien aimé, justement,
là, quand le collègue, là, de Jonquière parle d'investir sur le verdissement.
Il faut qu'il y ait plus de poumons verts.
C'est d'ailleurs une demande, là, que je
fais à titre de députée de Jean-Talon, là, qu'il y ait des poumons, encore plus
de poumons verts dans les villes parce que, bon, on aime bien l'accès à la
nature, c'est important, mais je pense qu'il faut vraiment, là, penser au
futur, à nos enfants, parce que les impacts sur les changements climatiques,
c'est des impacts sur la santé, des impacts environnementaux sur notre
alimentation. C'est immense. Puis je pense qu'on va dans la bonne direction.
Probablement qu'on va en faire encore plus dans les prochaines années. On va
définitivement, là, dans la bonne direction à ce niveau-là.
Puis j'aimerais revenir un petit peu sur
le volet exportation d'électricité parce que, des fois, on est... Je sens
que... J'entends des critiques par rapport à ça, alors que...
Mme Boutin : …c'est immense,
puis je pense qu'on va dans la bonne direction. Probablement qu'on va en faire
encore plus dans les prochaines années. On va définitivement, là, dans la bonne
direction à ce niveau-là.
Puis j'aimerais revenir un petit peu sur
le volet exportation d'électricité, parce que des fois on est… je sens qu'ils
nous ont offert des critiques par rapport à ça, alors que c'est… Les changements
climatiques, là, on n'est pas tout seuls au Québec, isolés, là, on fait partie
de la terre entière, l'air circule autour de nous. Donc, si on peut aider
d'autres États, par exemple des États américains qui ont encore beaucoup
d'électricité au charbon, si on peut les aider à réduire leurs GES, mon Dieu!
c'est exceptionnel. Premièrement, c'est de l'argent dans nos coffres de l'État,
on parle de milliards de dollars. Cet argent-là va être utilisé pour financer justement
des… le système de santé, notre système d'éducation. Mais, deuxièmement, on
réduit les tonnes de GES, on parle de plus de 1 million de voitures qu'on
va réduire juste avec le deal avec New York, c'est exceptionnel. Donc, moi, je
pense que ce n'est pas… on n'a pas à être gênés de vouloir devenir la batterie
verte du Québec, tous les partis, tous les citoyens devraient être fiers de ça,
puis, plus on va avoir d'offre en électricité durable, plus on va pouvoir
justement capitaliser sur cette force-là, donc… puis en plus on va diminuer
notre dépendance au pétrole, parce qu'il va y avoir de plus en plus
d'électrification des transports, puis c'est toutes des bonnes nouvelles, puis
je pense qu'il faut accélérer, mettre la pédale sur une voiture électrique, là,
à fond pour aller à gauche, puis je pense qu'en tout cas le ministre de
l'Environnement a beaucoup de travail devant lui. Ne lâchez pas. Merci, Mme la
Présidente.
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci. Alors, je cède maintenant la parole au député de Robert-Baldwin. Vous avez
deux minutes.
M. Leitão : Deux minutes, Mme
la Présidente. Ça veut dire qu'il va falloir parler très, très, très vite. Mais
on reviendra après pour la conclusion. Mais donc, dans les deux minutes, Mme la
Présidente, j'aimerais juste mentionner que je suis entièrement d'accord avec
les propositions que le collègue de Jonquière a faites, les propositions très
concrètes que le collègue de Jonquière a faites au ministre de l'Environnement.
Je les soutiens toutes et je pense qu'elles sont toutes très intéressantes et
relativement faciles à mettre en oeuvre.
J'ajouterai une autre… une proposition
aussi très concrète et qui d'ailleurs ne vient pas seulement de moi, on en
avait beaucoup parlé de ça en commission parlementaire, mais même le comité
consultatif du ministre le recommande, et je le cite : «…recommande
l'adoption rapide d'un…» «La cible de carboneutralité est juridiquement fondée
au sens de la Loi sur la qualité de l'environnement», c'est-à-dire d'inscrire
dans la loi l'objectif d'atteindre la carboneutralité en 2050, que cela
devienne un engagement formel du gouvernement dans la loi. On en avait discuté
lors du projet de loi. Le gouvernement ne l'a pas retenu, mais il l'a retenu
comme objectif, mais pas de le mettre dans la loi. Je pense que ça serait
maintenant un an, un an et demi à passer, je pense que j'invite le ministre à
réfléchir sur cet enjeu-là. Je pense que ça nous aiderait à tous,
collectivement, d'avoir cet objectif-là inscrit dans la loi pour qu'on s'assure
de pouvoir atteindre un objectif aussi important que ça. Donc, pour cette
fois-ci, Mme la Présidente, j'arrête, et puis on reviendra à la conclusion.
Merci.
La Présidente (Mme Nichols) :
Parfait. Merci, M. le député de Robert-Baldwin. Donc, nous arrivons au…
M. Leitão : …collectivement
d'avoir cet objectif-là inscrit dans la loi pour qu'on s'assure de pouvoir
atteindre un objectif aussi important que ça. Donc, pour cette fois-ci, Mme la
Présidente, j'arrête puis on reviendra à la conclusion. Merci.
La Présidente (Mme Nichols) :
Parfait. Merci, M. le député de Robert-Baldwin. Donc, nous arrivons au dernier
bloc, le bloc des conclusions. Alors, M. le ministre, je vous cède la parole
pour votre dernière intervention de 10 minutes.
M. Charette : C'est bien
gentil. Je vais en profiter pour répondre au collègue, je vais même y aller
d'une petite confidence, on est entre nous, on est entre amis. J'ai déposé le
projet de loi n° 102, il y a quelques jours à peine, qui est un omnibus en
environnement, c'est plutôt rare qu'on fait un omnibus législatif en
environnement, mais qui touche, franchement, à plusieurs, plusieurs éléments.
Et j'ai demandé, je posais la question : Est-ce qu'on peut justement,
parmi un des éléments à aborder, confirmer la cible de carboneutralité pour
2050? Et l'équipe, à juste titre, m'a fait le rappel de la Loi sur la qualité
de l'environnement, on ne peut pas modifier une cible sans qu'il y ait une
consultation préalable spécifique. Autrement, honnêtement, le p.l. 102, on
aurait pu l'inscrire dans la loi, parce que c'est définitivement un engagement,
auquel on tient de façon bien sentie.
Ceci dit, j'ai reçu, là, comme le
collègue, l'avis préliminaire, là, du comité consultatif, je sais qu'il en est
question. C'est aussi dans notre intention de procéder le plus rapidement
possible. Il faut savoir quand, par contre : Est-ce que c'est avant la fin
du mandat? Je ne l'exclus pas, mais ça devient une question de calendrier. Le
projet de loi n° 102 est quand même assez costaud, on parle de plus de 150
articles, donc il faudra naturellement tenir des consultations, ça,
heureusement, on va les tenir avant la fin de la présente session. Ensuite, il
y a l'étude article par article, et on sait qu'on partage notre commission
parlementaire avec les transports. Donc, je ne dis pas oui, je ne dis pas non,
avant la fin de la présente législature, mais assurément très, très rapidement
et beaucoup plus rapidement que nous l'impose le projet de loi n° 44,
qu'on a adopté. On ne fera pas ça en 2025, là, on ne fera pas ça, ce sera bien
avant, mais le calendrier, à ce moment-ci, je ne pourrais pas le préciser à ce
sujet-là.
Mais sachez et notons, là, que, si on
avait eu la possibilité de le faire à travers le 102, j'aurais été le premier à
déposer, moi-même, l'amendement en quelque sorte, mais la Loi sur la qualité de
l'environnement nous oblige à une commission en bonne et due forme pour que
l'on puisse aborder la question des cibles. Sinon, de façon non pas générale,
mais assez succincte, je vous dirais, on parle de leadership du gouvernement du
Québec en matière d'environnement. Quelques petits rappels, là, des mesures qu'on
a pu mettre de l'avant, naturellement, on parle beaucoup d'électrification des
transports…
M. Charette : ...mais c'est
assez succinct, je vous dirais. On parle de leadership du gouvernement du
Québec en matière d'environnement, quelques petits rappels, là, des mesures
qu'on a pu mettre de l'avant. Naturellement, on parle beaucoup
d'électrification des transports. Les chiffres, la trajectoire sont extrêmement
encourageants. Donc, oui, on sera, et on y croit, à 1,5 million de
véhicules électriques en 2030, donc une progression assez significative si l'on
considère qu'on est à un petit peu plus de 120 000 de ces véhicules sur
nos routes aujourd'hui.
Grande nouveauté en Amérique du Nord, on
devient littéralement des leaders en la matière et c'est dans le projet de loi n° 102, 2035 pour ce qui est de la fin de la vente des
véhicules électriques. Parce que, là aussi, malheureusement, à travers le
monde, il y a plusieurs engagements qui ont été pris, mais très peu d'États ont
pu inscrire dans leur législation une date en bonne et due forme pour la fin de
la vente des véhicules à essence neufs.
On a, je l'ai évoqué, je pense, rapidement
tout à l'heure, on a adopté un règlement pour éliminer l'utilisation du mazout
au Québec, ça demeure une source extrêmement polluante. Donc, on est venus
baliser sa fin en quelque sorte, ce qui est une belle innovation. On a lancé un
programme d'aide pour les autobus scolaires pour qu'elles soient électriques,
et ça, c'est une belle illustration où la réglementation fait toute la
différence.
Au cours des dernières années, il y avait,
oui, des programmes pour aider à l'achat d'autobus électriques, mais très, très
peu de transporteurs ou de centres de services scolaires s'en prévalaient.
Parce que, lorsqu'on n'est pas obligés, souvent, on se conforte dans nos
vieilles habitudes, ce qu'il fait qu'on avait un programme, oui, mais aucun
incitatif, là, réel pour changer la donne. Or, nous, depuis le printemps
dernier, on a été très clairs, réglementation modifiée, tous les autobus
scolaires au Québec devront être électriques et on le voit. Et je pense, c'est
ce matin encore dans la revue de presse, ou hier, on voyait... ce matin, je
crois, bref, je perds la notion du temps, mais, bref, hier ou aujourd'hui,
Girardin, les ventes de ces autobus scolaires électriques ont explosé. Lion,
naturellement, c'est sa spécialité. Les ventes d'autobus scolaires vont
exploser au cours des prochains mois, des prochaines années. Donc, on voit
que l'incitatif financier qui prévalait pendant quelques années, qu'on maintient,
ceci dit, qu'on renforce aussi dans une certaine mesure, ne suffisait pas, il
fallait interdire la vente de ces autobus-là lorsqu'elles étaient à combustion.
Donc, c'est une avancée colossale et qui a fait, franchement, beaucoup jaser.
Je n'insisterai pas, on l'a mentionné à
quelques reprises, quelques dizaines de milliards de dollars au niveau du
transport collectif. Donc, non seulement le transport collectif aide à réduire
les GES, mais les projets sur lesquels on mise, ce sont aussi des projets électriques.
Donc, on sera gagnants sur toute la ligne. On va limiter l'usage du véhicule...
M. Charette : …quelques
reprises, quelques dizaines de milliards de dollars au niveau du transport
collectif. Donc, non seulement le transport collectif aide à réduire les GES,
mais les projets sur lesquels on mise, ce sont aussi des projets électriques.
Donc, on sera gagnants sur toute la ligne, on va limiter l'usage du véhicule
solo, d'une part, mais en transportant plus de monde, on aura un impact limité,
compte tenu que ces moyens de transport là seront électriques.
On a abordé un petit peu la biodiversité,
la protection du territoire comme source de protection, naturellement, de notre
environnement, mais qui limite grandement nos émissions de gaz à effet de serre,
et là aussi, on a fait un pas de géant. Pendant des années, malheureusement, on
stagnait autour de plus ou moins 10 % de territoires protégés terrestres
et en eau douce, et l'année dernière, le bond est spectaculaire, on est passé
de 10 % à 17 %. Pour le considérer spectaculaire, Mme la Présidente,
il faut prendre la mesure du territoire québécois, qui est immense. 1 % de
territoire protégé, là, c'est essentiellement 17 000 kilomètres
carrés. Donc, en quelques années, donc, depuis l'arrivée du gouvernement actuel
en place, on est passé de 10 % à 17 %, c'est plus de
110 000 kilomètres carrés de territoire protégé, et ça aussi, ça va
nous aider à limiter nos émissions de gaz à effet de serre.
On pourrait parler des mesures qui ont été
prises au niveau de l'essence et le diesel, on va obliger, à travers la réglementation,
parce que souvent, la réglementation, je le disais, c'est le seul moyen de vraiment
changer des comportements, donc on va obliger une intensité toujours plus
faible au niveau carbone à l'intérieur de ces carburants. On a déposé un projet
de règlement, qu'on est à bonifier, qu'on est à peaufiner, sur le reboisement,
qui était attendu depuis longtemps. La matière organique, ma collègue de Jean-Talon
en a parlé, en fait, mes collègues ont tous, je pense, parlé de ces enjeux-là.
Les déchets, c'est bête, hein, pour plusieurs,
l'équation ne se fait pas, mais les déchets, c'est une grande source d'émissions
de gaz à effet de serre. Il y a… Toutes les mesures qu'on est en train de mettre
en place, avec des échéanciers, encore une fois, bien précis, nous aideront
grandement à diminuer nos émissions. Ce sont quelques-unes des mesures qui ont
été mises en place qui confirment le leadership du gouvernement du Québec.
Mais je pourrais vous parler aussi du rôle
du Québec à l'international. On a une COP qui s'en vient, dans quelques jours,
et moi, je suis surpris, pour ne pas dire étourdi, parce que mes journées sont
bien remplies, du nombre de sollicitations qu'on reçoit de plusieurs ministres de
l'Environnement d'États, certains nord-américains, d'autres d'ailleurs sur la
planète, qui demandent expressément à nous rencontrer pour voir comment on
arrive à ces résultats-là, voir comment ils…
M. Charette : …les journées
sont bien remplies, du nombre de sollicitations qu'on reçoit de plusieurs
ministres de l'Environnement d'État, certains nord-américains, d'autres
d'ailleurs sur la planète, qui demandent expressément de nous rencontrer pour
voir comment on arrive à ces résultats-là, voir comment ils peuvent s'inspirer,
voir comment on peut collaborer. Donc, c'est une COP qui, je suis convaincu,
encore une fois, permettra au Québec, là, de démontrer son leadership en
matière environnementale.
Et ce qu'il faut comprendre, oui, et je le
comprends, au niveau des règles internationales, les diminutions de GES se
calculent sur un territoire établi. C'est normal, on ne veut pas qu'il y ait un
double calcul, on ne veut pas que deux territoires calculent la même
diminution. Mais il ne faut pas sous-estimer le rôle que joue actuellement le
Québec auprès de ses voisins.
J'étais à New York pour la Climate Week,
il y a quelques semaines à peine, lorsqu'on a annoncé cette entente entre
Québec et… c'est-à-dire entre Hydro-Québec et l'État de New York. C'est
fabuleux, 4,2 mégatonnes de réductions potentielles. C'est l'équivalent de
centaines de milliers de véhicules en moins sur nos routes. Oui, on ne pourra
pas comptabiliser ces réductions-là dans le bilan québécois, mais on aura
contribué, à l'échelle planétaire, à diminuer nos émissions de gaz à effet de
serre. Et ça, c'est sans compter les autres projets qui sont en discussion avec
les États voisins. Bref, un leadership qui est pleinement assumé.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, M. le ministre. Alors, je cède maintenant la parole au député de Robert-Baldwin
pour sa dernière intervention de 10 minutes
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de clore cette discussion.
Écoutez, nous avons couvert un très grand terrain. On le fait dans le cadre de
la préparation à la COP26 qui s'en vient. Et, M. le ministre, si je peux vous
aider, et je suis sûr que le collègue de Jonquière aussi se ferait un grand
plaisir si on peut vous aider, une fois rendus à Glasgow, de… quand vous allez
parler à vos homologues des autres États, les autres ministres, etc. Si on peut
vous aider à expliquer le Québec, ça me fera un très grand plaisir de
participer à ces discussions-là aussi.
Maintenant, l'objectif ou… pas l'objectif,
mais, disons, le thème de cette interpellation, c'était de questionner, de
poser la question sur le leadership du gouvernement. Et ça, j'aimerais bien
qu'on le comprenne, dans quel sens on le dit, là. Vous me connaissez, je ne
suis pas nécessairement la personne la plus partisane au monde, mais le défi
devant nous est énorme, défi environnemental, défi climatique. Tous les États
s'organisent pour essayer de faire face à ce défi-là.
Dans notre structure gouvernementale, et,
écoutez…
M. Leitão : …mais le défi
devant nous est énorme, défi environnemental, défi climatique. Tous les États
s'organisent pour essayer de faire face à ce défi-là.
Dans notre structure gouvernementale — et,
écoutez, «been there, done that» — il y a plusieurs ministères, plusieurs
ministères qui ont un rôle très important à jouer dans ce cheminent-là dans
lequel nous sommes tous embarqués maintenant : le ministère de l'Économie,
les Ressources naturelles, Transports, ministère des Finances… Et on n'en a pas
beaucoup parlé, on n'a pas du tout parlé d'écofiscalité. J'aimerais bien,
peut-être si on a le temps, à Glasgow, M. le ministre, on prendra un café, on
parlera d'écofiscalité, mais c'est du travail aussi. Et, bien sûr, le ministère
de l'Environnement.
Alors, dans un tel contexte, étant donné
la nécessité, l'urgence d'agir — il y a une urgence d'agir de façon
logique, de façon planifiée et de façon efficace — nous jugeons que
l'élan et la direction doivent venir d'en haut, doivent venir du premier ministre,
du bureau du premier ministre. Et on devrait même nommer, à mon avis, on
devrait nommer un ministre responsable de tout cela et un ministre… Est-ce que
c'est le ministre de l'Environnement? Peut-être, là. Ça, c'est à vous à
décider. Mais une personne au cabinet qui coordonne toute cette activité-là et
qui parle directement au ministre de l'Économie, au ministre des Ressources
naturelles pour nous assurer qu'on va tous dans la même direction.
L'économie du Québec est une économie qui
est complexe — et je dis ça dans le sens positif du
terme — c'est une économie sophistiquée. Il y a beaucoup de
composantes à cette économie-là, une économie très ouverte, donc il y a
beaucoup d'échanges. Et il y a un choc énergétique qui s'en vient et qui est
déjà là. Et nous avons tous les atouts, tous les moyens de pouvoir non
seulement passer à travers, mais de bénéficier d'un tel choc pour nous
propulser ailleurs. Et c'est pour cela, pour que ce passage-là soit vraiment un
succès, soit couronné de succès, c'est pour ça qu'il nous faut le leadership
direct du premier ministre.
L'autre chose qui a déjà été dite, ici,
aussi et avec raison, c'est que pendant la pandémie, le premier ministre avait
un rôle très clair de leadership, de chef d'orchestre. C'est ce genre de rôle
que j'aimerais voir pour la transition énergétique, pour le climat. Donc, ça,
c'est la première des choses, et je pense que c'est important.
• (12 heures) •
L'autre, évidemment, on a parlé de
l'objectif de… neutrocarbonité — voyons, vous savez ce que je veux
dire, Net-Zero, bon — en 2050 — carboneutralité, c'est
ça — et on avait, bon, parlé de la possibilité de l'inscrire dans la
loi, etc. Très bien, on va voir. Mais ce qui est important, et c'est pour ça
que nous, on recommandait de l'inscrire, ce qui est important, c'est…
M. Leitão : …bon. En 2050,
carboneutralité, c'est ça. Et on avait, bon, parlé de la possibilité de
l'inscrire dans la loi, etc., très bien, on va voir. Mais ce qui est important,
et c'est pour ça que nous, on recommandait de l'inscrire, ce qui est important,
c'est que le comité consultatif mentionne lui aussi que, donc, cette cible,
qu'on pourrait inscrire dans la loi, cette cible aussi serait accompagnée d'une
stratégie ambitieuse et crédible, constitutant la feuille de route à long terme
pour l'atteinte de l'objectif, parce que 2050, c'est dans 29 ans. 29 ans, ça a
l'air très, très loin, mais on ne peut pas attendre, ce n'est pas la 28e année
qu'on va y aller, il faut y aller tout de suite, d'ores et déjà, à partir de maintenant,
à partir d'hier, pour nous assurer qu'on va arriver en 2050, à avoir atteint la
carboneutralité. Donc, pour ça, il faut une feuille de route, comme le comité
le dit, ambitieuse et crédible. Et pour cela, il nous faut un chef d'orchestre
qui occupe les premières loges, qui soit aux premières loges de la hiérarchie
gouvernementale, pour qu'il puisse s'assurer que tous les différents ministres,
ministères, suivent dans la même marche, parce que ce n'est pas toujours le
cas. Encore une fois, «Been there, done that», ce n'est pas toujours évident
que tout le monde va suivre si le patron ne le dit pas, «C'est comme ça qu'on
va y aller».
Et le patron, laissez-moi vous le dire,
parce qu'on a aussi fait un peu… refait un peu l'histoire, là, mais il ne
faudrait pas oublier, il ne faudrait pas oublier qu'en 2015, à l'automne 2015,
la COP24 à Paris, le Québec avait été… avait occupé une place de… spéciale. On
avait été… des éloges incroyables de la part de M. Al Gore et d'autres
participants à cette conférence-là, on avait vraiment, le Québec en général,
tout entier, là, on était à la bonne place, et ça avait été souligné par les
autres groupes, les autres parties, les autres états qui participaient à la
COP24. Moi, j'aimerais bien qu'on sorte de Glasgow avec le même résultat, moi,
je serais le premier à applaudir si c'est ça, ce qu'on fait, si c'est dans
cette direction qu'on va. Je me rappelle aussi, malheureusement, que, quand on
est revenus au Québec, beaucoup de commentateurs, beaucoup de… incluant
quelques collègues de la CAQ à ce moment-là, qui, bon, disaient qu'ah! bon, M.
Couillard était le nouveau Géant Vert, ha, ha, ha! Bon. Mais le fait est qu'on
avait fait une très bonne impression à ce moment-là à Paris, et je pense qu'on
doit continuer de bâtir sur ce succès-là.
Une dernière chose, et je vais finir avec
ça, les budgets. On parle beaucoup des budgets, les budgets du ministère de
l'Environnement, la forte augmentation du budget de l'Environnement, c'est tant
mieux, mais n'oublions pas qu'une bonne partie, sinon la plus grande majorité
de cette augmentation du budget vient du Fonds vert, parce qu'avec la loi no° 44,
je pense…
12 h (version non révisée)
M. Leitão : …ce succès-là.
Une dernière chose, et je vais finir avec
ça, les budgets. On parle beaucoup des budgets, du budget du ministère de
l'Environnement, la forte augmentation du budget de l'Environnement. C'est tant
mieux. Mais n'oublions pas qu'une bonne partie sinon la plus grande majorité de
cette augmentation du budget vient du Fonds vert. Parce qu'avec la loi
n° 44, je pense que c'était ça, le numéro, quand on a aboli le conseil de
gestion, on a renvoyé le Fonds vert au ministère de l'Environnement. Bon, là,
maintenant, c'est là qu'on voit que les budgets augmentent, et tant mieux. Tant
mieux que les fonds soient substantiels et que le Fonds vert maintenant puisse
jouer ce rôle-là. Mais je vous dis aussi que le conseil de gestion avait fait
un très bon travail pour nous assurer que le Fonds vert changeait. On est
d'accord qu'il fallait le changer et il a été changé. Mais là, on revient, on
revient à la case départ.
Et pour en finir, on a dit aussi que je
n'ai pas beaucoup parlé de transport. Je pense qu'on n'a pas besoin, il y a
plein de choses qui se font déjà et voilà, très bien.
Mais j'ai parlé de l'industrie lourde, que
c'est là qu'on doit agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Oui, ils sont assujettis au SPEDE, à la bourse du carbone, mais on se rend
compte que ça ne donne pas de résultat ou ça ne donne pas le résultat souhaité,
ça ne va pas assez vite.
Notamment avec Ciment McInnis. Oui, Ciment
McInnis, justement. Mais vous êtes là depuis trois ans. Et si on voit
qu'au fur et à mesure que la production de Ciment McInnis augmente et donc
l'émission de gaz à effet de serre augmente aussi, bien, c'est le temps d'agir.
Et si le SPEDE ne donne pas le résultat souhaité, bon, passons à autre chose.
Parce qu'en effet, l'industrie lourde, c'est une composante importante de nos
émissions totales de gaz à effet de serre, alors mieux vaut nous assurer que
cela fonctionne.
Et comme je vous ai dit, là, moi, j'étais
là pendant quatre ans, vous êtes là depuis trois ans. Et McInnis et
les autres grandes unités industrielles, disons qu'il y a encore du chemin à
faire, et si on ne parcourt pas ce chemin-là, on n'arrivera pas à atteindre nos
cibles de gaz à effet de serre, de réduction de gaz à effet de serre. Avec
toute l'électrification qu'on peut penser à faire, n'oublions pas l'industrie
lourde. Voilà. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Nichols) :
Merci, merci, M. le député. Alors, permettez-moi d'abord de remercier
l'ensemble des collègues, là, pour les échanges et votre discipline, évidemment.
Merci au personnel de la table. Merci au personnel de l'Assemblée nationale.
Et la présente séance étant terminée et
ayant accompli son mandat, j'ajourne les travaux sine die. Merci à tout le
monde.
(Fin de la séance à 12 h 3)