Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
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Le
mercredi 8 décembre 2021
-
Vol. 46 N° 8
Étude détaillée du projet de loi n° 102, Loi visant principalement à renforcer l’application des lois en matière d’environnement et de sécurité des barrages, à assurer une gestion responsable des pesticides et à mettre en œuvre certaines mesures du plan pour une économie verte 2030 concernant les véhicules zéro émission
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-sept minutes)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des transports et de l'environnement
reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques. La commission
est réunie afin de procéder à l'étude détaillée du projet de loi n° 102, loi
visant principalement à renforcer l'application des lois en matière d'environnement
et de sécurité des barrages, à assurer une gestion responsable des pesticides
et à mettre en œuvre certaines mesures du Plan pour une économie verte 2030
concernant les véhicules zéro émission. M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Caron (Portneuf) est remplacé par M. Thouin
(Rousseau); M. Lamothe (Ungava) est remplacé par Mme Hébert
(Saint-François); M. Fortin (Pontiac) est remplacé par M. Benjamin (Viau)
et M. Arsenault (Îles de la Madeleine) est remplacé par M. Gaudreault
(Jonquière).
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Lors de l'ajournement de nos travaux, hier soir, le ministre venait de
faire la lecture de l'article 35 de la loi édictée à l'article 1 du
projet de loi. Est-ce qu'il y a des interventions relativement à cet article? Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, on
reprend un peu là où on était hier. Simplement pour qu'on puisse bien saisir,
là, à partir du moment où le ministre peut, pour tout ou en partie d'un projet
assujetti à une autorisation en application, modifier cette autorisation,
refuser, renouveler, la suspendre, la révoquer ou l'annuler, puis là, il y a
des cas. En quoi est-ce qu'il y a une grosse différence avec l'article 34?
Mme Grignon (Karine) : Oui.
Karine Grignon, avocate au ministère de la Justice. En fait, là, c'est vraiment
des situations par rapport à l'autorisation, une fois qu'elle est délivrée.
Donc, le titulaire doit respecter certaines obligations, que ce soit prévu à l'intérieur
de l'autorisation elle-même ou par la loi ou les règlements qui s'appliquent.
Donc, s'il y a une contravention à ces obligations-là, c'est un motif pour
intervenir sur l'autorisation qui a été délivrée.
Mme Melançon : Je fais
juste regarder, là, puis je mets les deux un peu côte à côte, dans le fond, là,
parce qu'à 34, on allait tout de même à dire que le ministre peut refuser de
délivrer, de modifier, de renouveler une autorisation requise, la modifier, la
suspendre, la révoquer ou l'annuler. Donc, la révoquer, ça veut dire qu'elle a
été... l'autorisation a été faite. Je ne comprends toujours pas la différence,
pardonnez-moi.
• (11 h 30) •
Mme Grignon (Karine) : Oui,
en fait, c'est des motifs... C'est toujours les mêmes interventions qui sont
visées dans tous les articles à partir de 31 jusqu'à 36, là, qu'on va voir un
petit peu plus loin. Donc, c'est toujours les mêmes interventions :
refuser de délivrer, révoquer, suspendre, là. Donc, c'est toujours par rapport
à une situation particulière qui est mentionnée dans l'article en question, à
34...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Grignon (Karine) : …l'inscription
au RENA, là, au Registre des entreprises non admissibles, tandis qu'à 35 c'est
vraiment des actes que le titulaire lui-même va poser à l'égard de son
autorisation, là, ne respectera pas une condition à l'intérieur de son
autorisation. Donc, c'est ces situations-là qui sont visées à 35, là, mais
toujours les mêmes actes, là, que le gouvernement ou le ministre peut prendre.
Mme Melançon : Ah! c'est
vraiment sur le titulaire, oui. D'accord. Je vois. Pourquoi... Puis là je
comprends que c'est repris de l'article 115.10, mais «le titulaire n'a pas
débuté une activité dans le délai prévu à l'autorisation ou, à défaut, d'un
délai prescrit dans l'autorisation dans les deux ans de sa délivrance»... Le
deux ans, il est... Donc, je comprends que ça vient, comme je le dis, là, de
115.10. Cependant, pourquoi deux ans? Est-ce qu'on sait pourquoi le délai de
deux ans est prescrit déjà dans le 115.10?
Mme Grignon (Karine) : À l'époque...
En fait, ça prend quand même un certain temps, on a des climats hivernaux, au
Québec, tout ça. Le temps que la personne puisse débuter ses travaux... donc on
a fixé un délai de deux ans pour lui permettre de bien planifier ses activités.
Mais si, à l'intérieur du délai de deux ans, elle n'a pas débuté ses travaux,
bien, une nouvelle autorisation, en fait, sera requise, là, si elle est
révoquée en vertu de l'article 35, pour poursuivre, débuter, en fait, les
travaux qui seront à compléter.
Mme Melançon : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est
ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci, Mme
la Présidente. Bonjour à tous et à toutes. Je connais la réponse, là, mais je
veux poser la question quand même pour être sûr que ça reste dans le Journal
des débats. Les trois cas qui sont nommés, évidemment, c'est l'un ou l'autre,
là, ce n'est pas additionnel, là. Donc, le ministre peut, pour tout ou en
partie d'un projet, modifier l'autorisation, refuser, etc., si un ou deux ou
trois, ou 1 et 2, pas 3, 1 et 3, pas 2, en tout cas. Je pense que vous
comprenez bien ce que je veux dire.
Mme Grignon (Karine) : Oui,
tout à fait, votre compréhension est bonne.
M. Gaudreault : C'est bon.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est
ce qu'il y a d'autres interventions? Est-ce que l'article 35 est adopté?
Alors, M. le ministre, s'il vous plaît, l'article 36. L'article 35
est...
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Donc, 36. Lorsque le ministre est d'avis qu'une activité qu'il a
autorisée en vertu de l'une des lois concernées est susceptible de causer un
préjudice irréparable ou une atteinte sérieuse aux espèces vivantes, à la santé
de l'être humain ou à l'environnement en raison d'informations nouvelles ou
complémentaires devenues disponibles après la délivrance de cette autorisation
ou à la suite d'une réévaluation des informations existantes sur la base de
connaissances scientifiques, nouvelles ou complémentaires, il peut limiter ou
faire cesser cette activité ou fixer à son égard toute norme particulière ou
toute condition, restriction ou interdiction qu'il estime nécessaire pour
remédier à la situation pour la période qu'il fixe ou de façon permanente. Le
ministre peut exercer le pouvoir prévu au premier alinéa au regard d'une
activité autorisée par le gouvernement en vertu d'une loi concernée, le cas
échéant.
Toutefois, une telle décision est valide
pour une période d'au moins... d'au plus, c'est-à-dire 30 jours. Le
ministre peut également, pour les mêmes motifs et dans la même mesure que ce
qui est prévu au premier alinéa limiter ou faire cesser toute activité ayant
fait l'objet d'une déclaration de conformité ou qui peut être réalisée sans qu'une
autorisation préalable soit requise en application de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Il peut aussi soumettre une telle activité à toute norme
particulière ou à toute condition, restriction ou interdiction qu'il détermine.
Une décision prise en vertu du présent article ne donne lieu à aucune indemnité
de la part de l'État et prévoit sur toute disposition inconciliable d'une loi,
d'un règlement ou d'un décret.
Le commentaire. Cet article reprend le
contenu des articles 115 point 10 point 1 et 115 point 10.3 de
la Loi sur la qualité de l'environnement. Il vise à prévoir différentes
situations pour lesquelles le ministre serait justifié d'intervenir sur une
autorisation déjà délivrée en raison de nouvelles informations portées à sa
connaissance et lorsqu'un préjudice irréparable ou une atteinte sérieuse est
susceptible...
M. Charette : ...de ce
produit-là.
Le quatrième alinéa précise, au surplus,
qu'une mesure prise par le ministre en vertu de cet article prévaut sur toute
autre disposition qui pourrait être considérée comme inconciliable et qu'elle
ne donne pas droit à une indemnité de la part de l'État.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Commentaire,
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Commentaire et
quelques questions, Mme la Présidente, bien sûr, pour le ministre, mais aussi
pour l'équipe qui l'accompagne. Lorsqu'on parle de préjudice irréparable, puis
là je comprends bien que cet article-là, c'est un copier-coller de ce qu'on
retrouve dans la LQE, et qui va donc se retrouver dans le tronc commun pour les
six lois sur lesquelles nous avons, à l'article 1, là, déjà déterminé... Dans
les préjudices... Puis moi, j'aimerais savoir, est-ce qu'on utilise souvent cet
article-là, d'abord?
M. Charette : Pour
l'application, avec le consentement, on pourrait s'en remettre au sous-ministre
adjoint. Je vais enlever le masque, ce sera déjà plus facile, mais, déjà...
consentement.
M. Rousseau
(Michel) :Bien, cet article n'a pas
encore été utilisé, est assez récent, quand même, adopté en 2017... oui, c'est
ça, donc, c'est un article qui n'a pas été encore utilisé, qui va
éventuellement l'être, c'est certain, mais qui demande aussi une bonne
documentation, puisqu'on parle ici de révoquer une autorisation qui, lorsqu'il
y a des éléments nouveaux, donc, les éléments nouveaux seraient à documenter.
Mais c'est un article qui, pour ma part, m'apparaît très utile, mais qui n'a
pas encore fait l'objet de cas qui nécessitaient cette utilisation-là.
Mme Melançon : J'aimerais ça
vous entendre, justement, sur le fait que c'est utile, comme article.
Pouvez-vous... Vous être très bon dans les exemples. Si vous étiez en mesure,
peut-être, de nous éclairer avec un exemple, une possibilité? Comment est-ce
qu'on peut, justement... Comment est-ce que ça va pouvoir aider au ministère?
Et j'aimerais, en même temps, peut-être
voir, parce qu'avec vos 30 années, vous le disiez hier, là, d'expérience, vous
avez commencé bien jeune, je ne l'avais pas dit dans le micro, mais là je me
permets... avec vos 30 années d'expérience au ministère, des cas où ça aurait
pu justement faire la différence.
M. Rousseau
(Michel) :Je dirais que cet article-là
arrive à un moment aussi où la science évolue plus que jamais, là. Si on prend
l'exemple des pesticides, si on prend l'exemple des milieux humides, là...
revenir dans le temps, mais, tu sais, c'était... la connaissance des milieux
humides, des rôles qu'ils peuvent jouer, tout ça évolué beaucoup dans les
dernières années. C'est là l'intérêt qu'il y a, c'est qu'il fait référence au
fait qu'il y a des informations nouvelles, il y a une évolution. Donc, je ne
sais pas, on est dans un milieu où... on pensait que ce milieu-là n'était pas
sensible. Tout d'un coup, les études démontrent qu'il y a des espèces vivantes
dans ce milieu-là, qui, finalement, sont sensibles à tel type de rejet. Mais
lorsqu'on l'a autorisé, on n'avait pas cette info-là. Je vous donne un exemple,
une vieille... exemple, vraiment, qui recule dans les années 90, mais, à
l'époque, on autorisait des piscicultures sans se soucier des rejets en phosphore.
Là., un moment donné, on s'est rendu compte que toutes les autorisations qui
avaient été données dans le domaine des piscicultures, bien, il y avait des
sérieux problèmes parce que les poissons, ça génère beaucoup de phosphore. Mais
ce n'était pas dans les guides de l'époque, là, je parle début des années 90.
C'est un exemple loin, mais c'est dans cette optique-là.
Ça pourrait être un milieu humide où il y
a eu une autorisation de travailler dans le milieu humide avec toutes les
compensations, et, tout d'un coup, il y a une espèce qui apparaît ou encore un
niveau de connaissance du milieu qui n'existait pas. C'est vraiment associé,
cet article-là, à la capacité, aujourd'hui, de l'évolution rapide, je dirais,
des connaissances. Puis nos autorisations, bien, comme elles peuvent durer très
longtemps, bien, ça évite qu'une autorisation vieillisse mal, je dirais ça
comme ça. Donc, c'est dans ce sens-là que je pense que c'est un article qui va
être très utile dans les années qu'on vit où les connaissances évoluent
beaucoup.
Puis les problèmes émergents, bien,
c'est... à chaque année, il y a de quoi de nouveau. À l'époque, si vous vous
rappelez de la fracturation hydraulique, c'était tout à fait nouveau. Donc,
s'il y avait eu des autorisations dans ces dossiers-là, deux ou trois ans plus
tard, les enjeux n'étaient plus les mêmes. Donc, c'est dans cette optique-là
que je crois que l'article est intéressant.
Il n'a pas encore été utilisé parce qu'il
est quand même assez récent puis demande quand même une bonne documentation,
là. On ne détermine pas ça sur le coin de la table, que tout a évolué puis que
l'autorisation n'est plus appropriée, là.
• (11 h 40) •
Mme Melançon : Donc, si je
comprends bien, à partir du moment où quelqu'un a une autorisation entre les
mains, on sait, avec la science, finalement, qu'il y a une façon de faire qui
était autorisée préalablement, il y a des...
Mme Melançon : ...formation.
On va réévaluer. C'est ce que je... C'est ce que je lis à l'intérieur de
l'article 36. Il y aura donc réévaluation. Ça, c'est par le ministère que ces
faits, j'imagine, la réévaluation?
M. Rousseau
(Michel) :L'information peut venir de
différentes sources. Par exemple, ça peut être un groupe écologique, un
document scientifique qui est sorti, quelque chose. Donc, le ministère, a une
certaine veille là-dessus. Il pourrait décider qu'à la lumière de ces... Ou un
citoyen, tout simplement, qui nous demande, si c'est un cas qui se prête à cet
article-là, de réévaluer parce qu'il y a des nouvelles informations. Et oui,
c'est le ministère qui le ferait avec ses experts. Au besoin, comme on fait le
dans certains dossiers, on peut même consulter des experts externes. Mais
éventuellement, c'est la responsabilité des gens du ministère de faire cette
recommandation-là au ministre, ce qui est encore un pouvoir, là, du même type
que ce qu'on a vu, là, c'est-à-dire il doit être exercé de façon
exceptionnelle, puis bien documentée pour que le ministre comprenne bien pour
quelle raison on arrive à exercer cet article-là?
Mme Melançon : Donc, à partir
du moment où il y a réévaluation, donc, que ce soit du ministère ou d'un groupe
environnemental, ce que je comprends, c'est que le ministre va pouvoir limiter,
voire même faire cesser complètement les travaux qui étaient autorisés par une
autorisation, bref, qui étaient autorisés par le ministère. Et moi, ce que
j'ai... où je reste quand même un peu surprise, c'est que le ministre peut
exercer le pouvoir prévu au premier alinéa sur une décision qui est valide pour
une période d'au plus 30 jours. Moi, la période d'au plus 30 jours, moi,
je pensais que l'autorisation, donc, ne tombe pas à jamais à ce moment-là.
M. Rousseau
(Michel) :Je peux répondre, mais par
contre je comprends que c'est l'autorisation gouvernementale, donc c'est les
autorisations qui sont émises suite aux évaluations environnementales. C'est
pour celle-là que le ministre a un délai de 30 jours, tandis que pour les
autres autorisations du ministère, ce délai-là n'existe pas, c'est ça? Donc, le
30 jours, c'est vraiment lorsque le dossier, il a été autorisé par le
gouvernement suite à un décret, suite à une évaluation environnementale.
Mme Melançon : D'accord. Et
au dernier paragraphe, il est inscrit qu'«une décision prise en vertu du
présent article ne donne lieu à aucune indemnité». Est-ce que de dire que ça ne
donne lieu à aucune indemnité de la part de l'État, ça veut aussi dire pas de
possibilité de recours judiciaires contre le gouvernement?
Mme Grignon (Karine) : Bien,
c'est en partie, là, l'effet, effectivement. Le gouvernement ne pourra pas se
faire poursuivre en dommage, là, pour une modification, une autorisation déjà
délivrée quand il y a démonstration, effectivement, qu'il y a eu évolution des
connaissances. C'est l'effet du dernier alinéa, effectivement.
Mme Melançon : Parce que
j'imagine, j'imagine quelqu'un qui est vraiment de bonne foi, là, puis qui a
reçu une autorisation du ministère, je vais reprendre l'exemple de la
pisciculture, si vous permettez, bien, il peut y avoir quand même des
investissements qui ont été faits par la personne qui est détentrice de la
pisciculture, et, du jour au lendemain, s'il se fait retirer complètement
l'autorisation, je comprends qu'il vient de perdre ses billes au jeu malgré
l'autorisation qu'il détenait et qui était valide jusqu'à une certaine date.
M. Charette : Je suis désolé,
j'ai demandé un complément d'information, donc je n'ai pas entendu la dernière
portion de l'intervention de la collègue...
Mme Melançon : Pas de
problème, pas de problème. Je reprends, je disais que, s'il y a une
pisciculture puis, du jour au lendemain, il se fait retirer, la personne se
fait retirer l'autorisation qui avait été préalablement autorisée donc par le
ministère, la personne détentrice, donc, va perdre ses billes, parce que c'est
possible qu'il y ait eu des investissements majeurs en lien avec sa
pisciculture. Donc, qu'est-ce qui va arriver avec cette personne là, on arrête
puis il perd ses billes au jeu, dans le fond?
M. Charette : Deux petites
choses à ce sujet là, et c'est la raison pour laquelle je demandais un
complément d'information. Lorsqu'on parle d'absence de recours, c'est pour un
dédommagement, mais le promoteur peut quand même faire appel de la décision. Si
jamais il pense être lésé, là, ce recours-là existe, mais il n'y a pas de
recours pour ce qui est d'un dédommagement. Ceci dit, il y a des subventions au
niveau de la mise aux normes qui peuvent être accessibles. Une autorisation qui
est donnée à une date x ne signifie pas que le promoteur ou le...
M. Charette : ...pourra
continuer d'exister sans tenir compte de l'évolution de la connaissance si on
se rend compte, l'exemple de la pisciculture est très, très d'adon, mais si on
se rend compte qu'une technique, au fil du temps, ne livre pas les résultats
escomptés ou, au contraire, on apprend que la connaissance a évolué et que
cette technique-là n'est plus appropriée, on ne peut pas se priver d'un recours
et on ne peut pas se priver d'une démarche pour corriger la situation.
Mme Melançon : Mais cela
n'exclut pas tout de même, parce que... puis là je n'ai pas d'exemple qui me
vient en tête, c'est possible qu'à un moment donné on dise : Bien, ça, là,
avant, ça se faisait, maintenant, ça ne se fait plus. Puis, malheureusement, on
ne trouve pas de façon de contourner, c'est devenu inacceptable, donc on va
cesser une activité complètement, ça pourrait être le cas, ça pourrait exister.
M. Charette : C'est un cas
qui n'a pas d'expérience vécue comme telle, mais à travers l'exemple de la
pisciculture, ça permet de mentionner... ça, on est en communication avec le
MAPAQ, parce qu'on a des projets justement de pisciculture, là, qui sont à
l'étude actuellement. Et le MAPAQ a des programmes d'aide, des programmes qui
peuvent être à la disposition des promoteurs, des programmes qui peuvent servir
à la mise aux normes, en quelque sorte, ou une mise à niveau. Donc, la
contrainte, elle est là, mais ça ne veut pas dire que le promoteur est laissé à
lui-même, sans recours pour autant. Et, en même temps, tout investisseur sait
que son industrie n'est pas garantie à vie, il y a tout le temps des aléas dans
le marché, et les investisseurs savent qu'il y a des investissements, par
moments, qui sont nécessaires pour des mises à niveau s'ils veulent que leur
industrie puisse continuer à performer.
Mme Melançon : Je veux
simplement, tout de même, rappeler, en tout respect au ministre, qu'un moment
donné c'est plus qu'une mise à niveau, lorsqu'il y a une transformation majeure
ou lorsqu'il y a une découverte scientifique, parce que, parfois, ce ne sera
même pas le ministère qui va avoir découvert le tout, là, c'est ce qu'on vient
d'apprendre, ça peut être un groupe environnemental, ça peut être la science
sur un plus large consensus qui peut arriver... qui peut justement nous
éclairer différemment donc, mais pas de possibilité de recours. Je comprends
qu'il y a une possibilité de recours de la décision lorsqu'elle est prise, mais
une fois que le tribunal ou le bureau du sous-ministre, parce que j'imagine que
c'est là aussi où on peut faire appel, j'imagine que c'est le même... est-ce
que c'est la même chose?
Mme Grignon (Karine) : La
contestation, la décision devant le Tribunal administratif du Québec.
Mme Melançon : O.K. Donc, ce
n'est pas la même chose que ce dont on parlait, hier matin, de mémoire, où on
se disait que, lorsqu'il y avait une certaine contestation, avant d'aller au
TAQ, on pouvait aller au ministère directement.
Mme Grignon (Karine) : Non,
exact, ça, c'est pour les SAP et les avis d'exécution, mais pour ce qui est de
ces décisions-là qui sont beaucoup plus exceptionnelles, là, c'est un recours
directement au Tribunal administratif du Québec. On va le voir un petit peu
plus loin.
Mme Melançon : Parfait. Ça va
pour moi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Alors,
c'est extrêmement intéressant, la discussion que nous avons sur l'article 36.
Je veux juste bien comprendre le 30 jours, là, parce que je relis également...
j'ai devant moi l'article 115. 10.1 de la LQE, c'est vrai que c'est, en bonne
partie, du copier-coller. Donc, la décision du ministre est valide seulement
sur 30 jours, c'est ce que je comprends?
Mme Grignon (Karine) : Oui,
étant donné que c'est une décision du gouvernement, donc le décret, en fait,
qui autorise, là, suite à l'évaluation environnementale, donc on permet au
ministre d'intervenir en lieu et place du gouvernement, mais seulement pour une
période limitée de 30 jours. Puis, après ça, s'il y a d'autres interventions à
faire, on va le voir, là, l'article qui suit, le gouvernement va pouvoir
intervenir également.
• (11 h 50) •
M. Gaudreault : Mais ce que
je veux dire, c'est qu'admettons que le ministre se prévaut de cet article,
parce qu'il y a une évolution des connaissances, puis là, il dit : Oups!
Je retire, j'essaie de trouver le bon terme, il fallait cesser les activités,
en vertu de l'autorisation, puis là il se sert du futur article 36 pour faire
cesser les activités, cette décision ne sera valide que 30 jours...
Mme Grignon (Karine) : ...Par
rapport à une décision du gouvernement, étant donné que c'est le ministre qui
intervient, donc c'est un petit peu pour pallier au caractère urgent, là. Ça,
ça prend un certain temps avant d'obtenir une décision du Conseil des
ministres, donc en attendant, le ministre peut intervenir pendant 30 jours
pour faire cesser l'activité ou toutes les autres possibilités. Puis après, une
réévaluation va être faite si la mesure doit être maintenue, puis là, le
gouvernement va pouvoir intervenir, là, en vertu de l'article 37, là,
qui... Le gouvernement va posséder des pouvoirs similaires, là, à l'article 37.
M. Gaudreault : O.K.,
donc, c'est, une fois que le 30 jours est passé et que... Admettons que le
gouvernement décide de poursuivre l'interdiction ou d'en faire une interdiction
permanente, là, ça va être via la mécanique de 37, c'est ce que je comprends?
Mme Grignon (Karine) : Exactement,
étant donné que c'est l'autorité, en fait, qui a pris la décision, on va rester
avec le même niveau d'autorité pour une décision plus finale, là.
M. Gaudreault : Parfait.
Maintenant, 115.10.3 de la LQE est repris dans le dernier alinéa de 36. Aucune
indemnité. Bien, on l'a... en a discuté tout à l'heure avec la députée de
Verdun. Puis je vois aussi qu'à 37, ça sera effectivement le cas. Donc, aucune
indemnité, ça veut dire qu'une personne ou une entreprise... ou personne
physique qui a une... ou personne morale qui a une autorisation, un CA, un...
bien, en tout cas, une autorisation du Ministère et que le ministre se prévaut
de 36, il ne pourra pas réclamer aucune indemnité en vertu des investissements
qu'il a faits sur la base de sa première autorisation.
Mme Grignon (Karine) : Oui,
exactement, l'effet de l'alinéa sur.... Ne donne lieu à aucune indemnité, là,
aux deux endroits, et à 36 et à 37, c'est ce que ça a comme effet, là.
M. Gaudreault : O.K. Bien,
c'est intéressant parce qu'il y a beaucoup de débats à l'heure actuelle sur un
enjeu semblable en lien avec des permis qui sont accordés en d'autres matières.
Est-ce qu'il y a de la jurisprudence au 115.10.3?
Mme Grignon (Karine) : Non,
pas spécifiquement, comme il n'a jamais été utilisé, mais c'est quelque chose
qu'on retrouve quand même assez... pas fréquemment, mais qu'on retrouve dans
les autres lois du gouvernement pour des matières où on ne veut pas indemniser,
justement, là. Parce qu'il n'y a pas de droit acquis, là, donc ça se retrouve
dans différentes lois, là, au Québec effectivement.
M. Gaudreault : Qu'est-ce
que vous voulez dire, parce qu'il n'y a pas de droit acquis?
Mme Grignon (Karine) : Bien,
exemple, il y a eu une loi qui est venue limiter les travaux exploratoires dans
le fleuve Saint-Laurent, à laquelle il y a ce genre de clause. Donc, dans des
cas circonscrits, là, ce type de loi là, là, c'est les libellés qui sont
utilisés, là, c'est un libellé standard.
M. Gaudreault : O.K.
Quand on dit «sur la base de connaissances scientifiques nouvelles ou
complémentaires»... Donc, on a donné l'exemple de la pisciculture, là, mais il
peut arriver plein d'autres circonstances où on a autorisé des permis, puis là,
tiens, on s'aperçoit que l'évolution de la connaissance scientifique fait en
sorte qu'on ne peut plus aller de l'avant, là. C'est un peu comme, je ne sais
pas, moi, je fais une comparaison boiteuse, mais si on avait donné un
certificat d'autorisation pour fumer la cigarette, puis on s'est aperçu, dans
les années 80, que la cigarette avait un lien très fort avec le cancer du
poumon, puis on autorise... on retire l'autorisation de la cigarette parce
qu'on a... on s'est aperçu qu'il y avait une évolution scientifique, c'est un
peu même genre de... Je sais que ma comparaison est boiteuse, là, mais, je veux
dire, il y a des choses qui sont autorisées, à un moment donné, mais on
s'aperçoit, avec l'évolution de la science, que ce n'est plus bon ou que ça a
des conséquences néfastes.
Mme Grignon (Karine) : Oui,
exactement.
M. Gaudreault : O.K..
Qu'est-ce qu'on entend par «susceptible»? Je ne parle pas du comportement de
quelqu'un, là, qui est susceptible, là, ce n'est pas de ça que je parle, mais
quand on dit «lorsque le ministre est d'avis qu'une activité qu'il a autorisée
en vertu de l'une des lois concernées est susceptible de causer un préjudice»,
alors comment on évalue la susceptibilité de causer un préjudice irréparable ou
une atteinte sérieuse? Tu sais, je veux dire, c'est quand même une grande
expression, là. On l'avait déjà dans 115.10.1, là...
M. Gaudreault : ...je ne
me souviens plus de la discussion qu'on avait eue à l'ancien projet de loi
n° 102, là, probablement qu'on en avait parlé à ce moment-là, il faudrait
retourner dans le Journal des débats. Mais qu'est-ce qui est susceptible?
Jusqu'où on tire une ligne, là, on dit : Ah! là, ce n'est pas susceptible,
puis tout d'un coup, ah! pouf, ça tombe susceptible de causer un préjudice
irréparable ou une atteinte sérieuse aux espèces vivantes, etc.?
Mme Grignon (Karine) : Bien,
c'est sûr, c'est subjectif, là, mais c'est une notion qui existe déjà à
l'intérieur de la Loi sur la qualité de l'environnement, notamment à
l'article 22. Il y a comme un résiduel, là, toute activité qui est
susceptible d'avoir un impact sur l'environnement, là. Donc, c'est sûr qu'il y
a une démonstration qui devra être faite sur c'est quoi, l'impact à
l'environnement, c'est quoi, qui est susceptible de causer le préjudice irréparable,
en quoi c'est irréparable, c'est quoi, le préjudice. Donc, il va falloir
documenter tous ces aspects-là, là, pour démontrer le susceptible de...
M. Gaudreault : O.K.
Donc, ça veut dire que le ministre, avant de se prévaloir de l'article 36,
ce n'est pas qu'il se lève un bon matin puis il dit : Tiens, moi, je
trouve que c'est susceptible de causer un préjudice. Il va avoir été avant se
chercher de l'info soit auprès de ses propres spécialistes au sein du
ministère, peut-être au sein même du Comité consultatif sur les changements
climatiques, par exemple, ou d'autres spécialistes qui vont pouvoir dire :
BIen, là, M. le ministre, telle autorisation, là, que vous aviez donnée comme
ministre il y a quelques années, bien, on s'est aperçu qu'avec l'évolution de
la science il risque d'y avoir plus de dommages que d'avantages, donc c'est
susceptible de. Alors, ce n'est pas un pur discrétionnaire, là, c'est vraiment
sur la base d'infos qui lui ont été communiquées ou partagées.
Mme Grignon (Karine) : Oui,
tout à fait, effectivement. C'est des balises qui viennent encadrer le pouvoir
discrétionnaire, là. Donc, il y a cette démonstration-là à faire. Il faut que
ça soit aussi des connaissances nouvelles, là. Donc, tout ce qu'il y a dans
l'article, là, c'est des balises pour exercer le pouvoir discrétionnaire, et ça
devra être démontré parce qu'après ça, s'il y a un appel devant le Tribunal
administratif du Québec, bien, on va devoir justifier la décision.
M. Gaudreault : O.K. Et
pour mettre en oeuvre la mécanique qui est prévue à l'article 37 que
nous allons étudier tout à l'heure, je veux dire, si le ministre recommande au
gouvernement de prolonger ou de maintenir le retrait de l'autorisation, c'est
sûr qu'il va falloir que la recommandation du ministre, en vertu de 37, soit
également appuyée sur ce qui l'a justifié de dire que c'est susceptible de
porter préjudice.
Mme Grignon (Karine) : Oui,
tout à fait.
M. Gaudreault : O.K. Ça
va pour l'instant, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Oui, M. le ministre.
M. Charette : Oui, juste
parce que le commentaire du collègue de Jonquière était très pertinent
concernant la portée du projet de loi, mais je ne voudrais pas qu'on lui donne
une portée qu'il n'a pas par rapport à un projet de loi qui sera déposé
éventuellement sur les hydrocarbures. On parle ici d'autorisation
environnementale donnée. La plupart des enjeux liés à ce futur projet de loi là
font référence à des claims pour lesquels les autorisations environnementales
n'ont pas été données. Donc, je dis juste qu'on ne peut pas prendre cet
article-là et dire : On va le transposer dans l'application d'un autre
projet de loi. Donc, simple information, éventuellement le projet de loi pourra
donner les indications qui s'appliqueront. Mais c'est un simple commentaire par
rapport au questionnement du collègue, qui était très, très légitime dans les
circonstances.
M. Gaudreault : Oui,
mais, en même temps, Mme la Présidente, quand on a adopté cet article-là en
2017, il pouvait avoir un effet rétroactif dans le sens qu'il s'applique...
puis là c'est encore le cas avec 36, parce que je suis toujours sur cet
article, Mme la Présidente, dans le fond, il peut s'appliquer à toutes les
autorisations qui ont été données, pas juste celles à partir du moment de
l'adoption de la loi. Je ne sais pas si le ministre peut répondre.
M. Charette : Mon point
est surtout que, dans le cadre de ce qui sera discuté dans un autre projet de
loi, on parle de claims qui n'ont pas fait l'objet d'autorisation
environnementale, dans une majorité de cas, parce qu'ils ne sont pas rendus à
cette étape-là. Donc, c'est uniquement la nuance que je voulais apporter.
• (12 heures) •
M. Gaudreault : Je suis
d'accord. Mais moi, je ne suis même pas là-dessus, à la limite, là. Ce que je
veux dire, c'est que je reviens juste au concept des autorisations et au
pouvoir exceptionnel qui est donné ici avec l'article 36 qui reprend
115.10.1. Je veux...
12 h (version non révisée)
M. Gaudreault : ...être
sûr de bien comprendre que, quand on a adopté 115.10.1, puis là on le fait avec
36, ça s'applique à toutes les autorisations qu'on a dans le bagage des
autorisations à ce jour.
M. Charette : Des
autorisations environnementales.
M. Gaudreault : Oui,
oui, oui. Je ne parle pas des droits miniers. Je suis sur les autorisations
environnementales. Ça s'applique à tout le lot des autorisations
environnementales. Ça veut dire que quelqu'un qui détient une autorisation
environnementale depuis 20 ans peut se voir toucher par une décision
ministérielle parce que l'évolution de la connaissance scientifique même s'il a
son autorisation. C'est dans ce sens-là que je dis que c'est rétroactif. Ce n'est
pas juste pour les autorisations à partir du jour où on a adopté la loi ou qu'on
adoptera cette loi-ci. Donc, c'est vraiment toutes les... le bagage - je ne
sais pas comment l'appeler, là - toute les autorisations qu'on a par le passé,
là.
M. Charette : Effectivement,
parce qu'une technologie qui était jugée adéquate...
M. Gaudreault : Exact.
M. Charette : ...à une
certaine époque peut devenir désuète au fil des ans en fonction de l'évolution
de la connaissance.
M. Gaudreault : O.K. C'est
là que... Parce que le ministre a parlé des hydrocarbures puis de la future loi
éventuelle qui sera déposée. C'est là que... Je comprends que ce n'est pas des
autorisations, mais on peut quand même s'inspirer de ce qu'on a fait en 2017 et
qu'on est en train de faire avec 36 pour autre chose en termes d'effet
rétroactif. C'est ça que je veux dire.
M. Charette : Le futur
projet de loi abordera ces questions-là, mais ça va au-delà de la portée de l'article 36
aujourd'hui.
M. Gaudreault : Je suis
d'accord. O.K.. Merci, Mme la Présidente,
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, c'est
intéressant. Puis justement je m'en allais exactement là où le député de
Jonquière s'en allait. Parce que quand il a dit : C'est intéressant, on le
voit actuellement. Je pense qu'il faut le dire dans le micro, là. Je pense que
c'est vraiment sur les hydrocarbures. Puis on sait très bien qu'il y a un
groupe qui est venu nous voir justement ici, lors des consultations
particulières, pour le... le groupe pour le droit à l'environnement et qui ont
déposé justement quelque chose en juin dernier, je crois, et c'était sur les
hydrocarbures, là, en disant justement, selon eux... ils ont fait une analyse de
tout ça. Mais est-ce que c'est nouveau qu'on puisse révoquer... Puis j'ai
compris le ministre, là, qui dit : Bien là, on n'est pas dans les
hydrocarbures, on n'est pas dans les puits. Parce qu'il n'y avait pas
nécessairement d'autorisation gouvernementale. Mais est-ce que c'est nouveau
pour le gouvernement du Québec de pouvoir révoquer une autorisation donnée par
le gouvernement du Québec sans qu'il n'y ait une compensation?
M. Charette : Le
ministre adjoint mentionnait un petit peu plus tôt, ça a été intégré en
2017-2018 lors de la réforme de la LQE, donc on vient... Puis ça le dit, là, d'ailleurs
dans le commentaire, on vient reprendre le contenu, là, des articles 115.10.1,
115.10.3. Donc, c'est dans la législation, oui, mais on n'a pas eu recours à
cette disposition-là jusqu'à maintenant. Mais ce n'est pas nouveau, là, dans la
législation.
Mme Melançon : Moi, dans
le fond, ma question est la suivante : Est-ce qu'il y a ailleurs, au
gouvernement du Québec, des possibilités de révoquer des autorisations données
sans qu'il n'y ait compensation?
M. Charette : Dans des
domaines autres que l'environnement?
Mme Melançon : Oui. Pour
ma part, je ne peux pas vous mentionner de réponse.
Mme Grignon (Karine) : Je n'ai
pas fait de recherches exhaustives, mais oui, ça existe. Si je pense au régime
forestier, qui a été réformé en 2010, notamment on a révoqué l'ensemble des
autorisations pour en délivrer de nouvelles, différentes, là. Donc, il y avait
ce genre de clauses qui était prévues, là, pour ne pas indemniser, là, suite à
la révocation.
Mme Melançon : Il serait
intéressant, peut-être - puis je pose la question au ministre - de faire quand
même juste les vérifications autres que le régime forestier si dans les lois du
gouvernement du Québec, s'il y a d'autres, bien, d'autres cas similaires, parce
qu'on va devoir se pencher, à un certain moment donné, sur cette question qui
est tout à fait d'actualité. Et ça va quand même en droite ligne. Je sais que
ce n'est pas la même chose, mais je veux quand même faire...
Mme Melançon : ...le
parallèle au ministre. À partir du moment où le GIEC, où les scientifiques du
monde entier nous disent, justement, qu'avec l'augmentation des GES, la planète
est mise à mal... puis je pense qu'on le voit. Puis j'ai lu avec attention ce
que le ministre a donné comme information, hier, à QUB, sur le fait que les GES
ne vont pas en diminuant, malheureusement. On a cette malheureuse lecture là,
là, tout le monde ensemble, bien, qu'on doit bouger. Puis, à partir du moment
où, justement, les scientifiques... Alors là, on est là dans la réévaluation,
qui ne vient pas nécessairement du ministère, quoique le ministère est bien au
fait. Je pense que de révoquer certains permis, certaines autorisations... puis
là de voir que c'est fait ça sans compensation à certains endroits, je pense
qu'on doit se pencher là-dessus tous ensemble pour qu'il y ait aussi... puis
c'est là où je ne connais pas la réponse, là, puis, puis ce serait intéressant
s'il était possible d'obtenir une réponse. Si ce n'est pas au courant de la
journée, là, ça peut aller à demain parce que demain, on a le bonheur d'être
ensemble jusqu'à 22 h 30. Alors, ça nous donne du temps pour trouver
la réponse, mais je pense qu'il serait intéressant pour tout le monde d'obtenir
cette réponse-là pour pouvoir voir, aussi, qu'est-ce qu'il est possible de
faire. Et plus ça va, plus il y a des demandes qui sont faites par les
différents groupes environnementaux à ce sujet.
Alors, je voulais simplement mettre la
table. Puis je pense qu'on va pouvoir se faire une tête, tout le monde
ensemble, à ce sujet-là.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions
relativement à l'article 36? Oui, M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Bon, on
a discuté tantôt de la définition de "suceptible", qu'est-ce qui est
susceptible, puis comment on construit la décision du ministre, bon, par le
fait qu'il est informé, par exemple, on le dit quand même dans l'article,
là : "À la suite d'une réévaluation des informations existantes sur
la base de connaissances scientifiques, nouvelles ou complémentaires". Et
là on dit : "il peut limiter ou faire cesser cette activité." On
revient que le fameux débat, là, du "peut" et du "doit". À
partir du moment où la science nous dit : Feu rouge, telle activité cause
des problèmes, "est susceptible de causer un préjudice irréparable ou une
atteinte sérieuse aux espèces vivantes, à la santé de l'être humain", ce
n'est quand même pas banal, puis là c'est la science qui nous dit ça, comment
ça se fait que le ministre ne devrait pas déclencher automatiquement, et pas
que ça soit un "peut", mais que ce soit une obligation?
• (12 h 10) •
Autrement dit, dans un souci de
prévention, hein, on le sait, là, c'est même une des conditions d'une autre loi
sous la gouverne du ministre, qui est la Loi sur le développement durable, il y
a ce qu'on appelle le principe de précaution. Donc, en vertu de 36, s'il y a un
assez large consensus scientifique qui nous dit : Telle émanation, c'est
clair que ça cause des problèmes à la santé humaine, le ministre devrait
retirer l'autorisation pendant 30 jours. Toc! Ça s'enclenche
automatiquement. De toute façon... et là, je reste sur le principe de
précaution. De toute façon, 37 va prévoir que le prolongement ou pas va
dépendre d'une recommandation du ministre au gouvernement, puis là le
gouvernement aura le pouvoir de prolonger ou pas ou de rendre permanent le
retrait de l'autorisation ou pas. Mais au moins, dans un premier temps, en
vertu du principe de précaution, si la science nous dit : Ça ne marche
pas, c'est dangereux pour la santé humaine, par exemple, donc le ministre
devrait, en vertu du principe de précaution, dire : Je limite ou je fais cesser
cette... De toute façon, pour moi, ce que je veux dire, c'est que son pouvoir
discrétionnaire ne devrait pas être dans : Est-ce que je prends une
décision...
M. Gaudreault : ...c'est
à partir du moment où la science me dit qu'il y a un danger, je prends la
décision. Et là le pouvoir discrétionnaire est plutôt dans : limiter,
faire cesser ou fixer toute norme particulière ou toute condition. Autrement
dit, il y a comme deux niveaux d'intervention. Ce n'est pas dans le... ce n'est
pas dans : Est-ce que j'écoute la science ou pas? Il doit écouter la
science. Son pouvoir discrétionnaire est plus dans le deuxième niveau
sur : Comment je le fais? Je limite. Je demande à l'entreprise xy de
modifier sa captation de gaz, peu importe. Mais à partir du moment où la science
dit : C'est grave. C'est susceptible de porter atteinte à la santé,
disons. Bien, il faut que le ministre agisse. Donc, pour moi, ça serait plus
une obligation qu'il doit limiter ou faire cesser ou fixer une norme
particulière, parce que là on se donne une période tampon de 30 jours.
Puis après ça, le gouvernement prendra une décision à plus long terme. Ça, ça
va être 37. Alors, je ne sais pas comment le ministre réagit par rapport à ça.
M. Charette : ...gradation
que la collègue juriste pourra expliquer, là, sans problème.
M. Gaudreault : O.K.
Mme Grignon (Karine) : Bien,
gradation de sanctions, vous l'avez dit, là, effectivement, ce n'est pas juste
de limiter, là, mais peut prendre aussi d'autres types de mesures, là. Donc, on
va y aller, évidemment, en gradation. Ce n'est pas nécessairement de limiter
qui va être la solution, là, mais ça prend quand même une marge de manoeuvre,
je vous dirais, pour aller de l'avant, là, parce que le droit, en fait, peut
mener à des situations un peu absurdes, là, si on n'a pas le choix d'intervenir
dans une situation où il y aurait des circonstances, il faut quand même
interpréter selon le contexte encore là. Puis la notion de «susceptible de» a
fait ses preuves avec l'article 20 et l'article 22, et c'est dans la
même logique, là, que l'article 36 est inséré, là. Puis ce qu'il faut bien
comprendre, c'est que pour ce qui est du deuxième alinéa, là, le délai de
30 jours, ça vaut pour les décisions du gouvernement, mais pour le premier
alinéa, la décision elle peut être permanente, là. Donc, le fait d'arriver tout
de suite avec la mesure permanente sans indemnités, tu sais, ça doit quand même
demeurer des cas exceptionnels, là. Le droit, c'est peut-être un peu abusif et
intrusif, là, comme pouvoir, là, en fait.
M. Gaudreault : O.K. Je
veux juste bien comprendre, Mme la Présidente, quand Mme Grignon nous
dit : Le 30 jours, il est juste sur la décision. Mais la décision,
c'est ça, c'est admettons que le ministre prend la décision de limiter une activité,
cette décision-là est bonne 30 jours.
Mme Grignon (Karine) : Pour
une qui émane du gouvernement, mais si c'est une autorisation délivrée par le
ministre en vertu de l'article 22, c'est le premier alinéa, puis il n'y a
pas de délai à ce moment-là. Il n'y a pas de délai de 30 jours.
M. Gaudreault : O.K.,
mais dans le deuxième alinéa on dit : Le ministre peut exercer le
pouvoir...
Mme Grignon (Karine) : Mais
à l'égard d'une décision autorisée par un gouvernement.
M. Gaudreault : ...au
regard d'une activité autorisée par le gouvernement. O.K., O.K., O.K.
Mme Grignon (Karine) : Parce
que ce n'est pas le même palier décisionnel, là.
M. Gaudreault : Je
comprends. Je m'excuse. Je n'avais pas saisi la nuance. O.K. Mais ça revient à
ce que je disais tout à l'heure. Quand même, je demeure sur ma position, dans
le sens que je suis sensible au principe de la gradation, mais pour moi la
gradation est dans le type d'action. Est-ce qu'on limite? Est-ce qu'on fait
cesser? Est-ce qu'on fixe une norme particulière? Est-ce qu'on fixe une
condition? Une restriction? Une interdiction? C'est là la gradation. Moi, ce
que je dis, c'est que c'est comme si à partir du moment où la science dit que
ça n'a pas d'allure, le ministre n'a pas le choix de grader. Puis après ça, il
choisit le niveau de gradation. Il peut commencer par une norme. Après ça, il
pourra peut-être limiter. Après ça, il pourra peut-être faire cesser. La
gradation est là. Mais ce que je veux dire, c'est que quand je dis : La
nuance entre le peut et le doit, c'est que pour moi à partir du moment où la
science dit : Tel enjeu est dangereux pour la santé humaine, disons, ou
l'environnement. Là, boom, ça déclenche immédiatement une action. Cette
action...
M. Gaudreault : ...étant en
mode gradation. Je ne sais pas si vous comprenez bien ce que je veux exprimer.
Donc, c'est pour ça que je dis : Le problème n'est pas avec «le limiter,
le faire cesser, le fixer, la condition, la restriction, l'interdiction», le
problème est avec le «peut». Et c'est là que je dis : Tant qu'à revoir
puis à déplacer le 115.10.1 dans le 36, nous pouvons nous poser la question à
savoir si on ne doit pas mettre la coche un petit peu plus haute et forcer le
ministre à agir.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le ministre.
M. Charette : C'est des
questions qui sont toujours pertinentes, mais c'est un débat qu'on voit souvent
dans un projet de loi, et ce, peu importe le domaine, peu importe le ministère,
le débat «peut» ou «doit». Mais pourquoi la très grande majorité des textes
législatifs retiennent le «peut»? C'est que le principe aussi de la
responsabilité et de l'imputabilité ministérielle, derrière ça, il y a toute
l'expertise d'un ministère. Donc, on ne peut pas faire fi du cas précis qui est
devant nous. Il faut pouvoir évaluer un cas avec les particularités de ce
cas-là, et la réponse ne peut pas tout le temps être la même dans toutes les
circonstances. C'est vrai en environnement, mais c'est vrai dans la très grande
majorité des circonstances. Et c'est la raison pour laquelle, dans bien des
cas, c'est le «peut» qui est retenu dans les textes législatifs. Il y a une
distinction qui doit être faite selon les particularités d'un dossier x, et il
faut savoir que les dispositions, là, dans 36 demeurent extrêmement... c'est
exceptionnel. C'est des conséquences qui peuvent être graves. Donc, il faut
avoir la possibilité de l'évaluer au cas par cas et non pas systématiser une
réponse, là, qui serait donnée.
M. Gaudreault : Je comprends.
Je comprends, mais je demeure pas convaincu. Je réfléchis à un amendement, Mme
la Présidente, à ce stade-ci. Mais peut-être que la collègue de Verdun peut
prendre le relais, là.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bien, je suis
plutôt d'accord avec le député de Jonquière. Puis, bien que ce soit une
décision qui va être prise sur le champ, là, le devoir du ministre de
l'Environnement, à partir du moment où la science lui dicte qu'il y a un
événement nouveau qui créé ou qui cause des préjudices irréparables pour
l'environnement, son devoir, son devoir, c'est de protéger l'environnement. Son
devoir, c'est justement de prendre les outils qui sont à sa portée et, bien
entendu, de pouvoir aller plus loin puis de limiter, de faire cesser,
d'interdire ce qui est fait. Et je ne vois pas pourquoi il peut, mais, si c'est
son devoir, il doit. Je comprends souvent, là, qu'il y a ces tracas-là,
lorsqu'on est au gouvernement, là, de dire, bon, «peut», «doit». Mais, dans cet
article-là, encore plus important, selon moi, comme il s'agit d'un devoir du
ministre... Et là, je suis en train... moi aussi, là, on est en train de
regarder pour peut-être déposer un amendement ici. Je ne vois pas comment le
ministre, s'il est au courant qu'il y a préjudice irréparable, ne bougerait
pas. C'est son devoir, je le répète.
• (12 h 20) •
M. Charette : ...plusieurs
éléments là-dessus. Déjà un pour rassurer, là, le pouvoir d'ordonnance, il est
maintenu, là, et on peut le voir notamment à l'article 114 de la LQE. On va
aussi avoir l'occasion d'en discuter plus tard. Donc, le pouvoir d'ordonnance,
il est maintenu. À partir du moment où on n'a pas de prise en considération de
circonstances ou de contexte, c'est là où on peut amener un...
M. Charette : ...aussi qui est
extrêmement important. La collecte parle, à juste titre, des obligations que
j'ai, mais j'ai aussi l'obligation de faire en sorte que nos lois soient
reconnues devant les tribunaux. Et si jamais on arrive avec un concept qui ne
laisse pas place à une prise en considération des éléments factuels, à une
cause, on sera déboutés. Notre réglementation pourrait être remise en question
et là, je vais complètement, complètement à l'extrême avec un exemple bien
précis, mais qui laisse entendre, là, que le manque de considération pour un
paquet de facteurs peut avoir des conséquences importantes au Québec.
Une de nos principales sources
d'émissions, par exemple, en matière de GES, ce sont les alumineries. C'est de
nature connue, hein, c'est un de nos grands... ce sont nos grands émetteurs.
Mais oui, la science nous le démontre, il y a une forte émission qui émane de
cette industrie-là, mais moi, autant à l'Environnement, que le gouvernement ne
peut pas, du jour au lendemain, dire : Bien, on ferme, tant que c'est une
source importante de GES, qu'on se dit plutôt : On travaille avec
l'industrie qui est de très bonne foi dans le dossier d'ailleurs, avec de
belles avancées pour atténuer l'impact de ces émissions-là. Mais ça ne peut pas
être catégorique. Il y a un impact sur l'environnement. On empêche
systématiquement la poursuite de cette activité-là. Je donne un cas extrême
avec les alumineries, mais on pourrait le transposer à des milliers, des
milliers d'autres situations. Donc c'est là où il y a plusieurs éléments.
L'ordonnance, là, et le pouvoir
d'ordonnance, s'il est maintenu, je dois m'assurer qu'on a des lois qui
répondent au test des tribunaux, puis, ultimement, à l'extrême des exemples qui
nous dirait, bien, foi, on va arrêter toute activité qui a un impact sur
l'environnement, ce qui n'a pas davantage de sens. Cependant, notre
réglementation permet d'atténuer ces impacts là, mais pour ça, il faut avoir la
souplesse qu'il faut pour considérer chaque cas pour ce qu'il est et avec les
impacts sur l'environnement.
Mme Melançon : Je m'excuse,
Mme la Présidente, je suis en train de relire, là, juste pour m'assurer... et
je comprends ce que le ministre dit, là, je pense que l'exemple est plutôt bon.
Cependant, je pense qu'il peut limiter à ce moment-là, parce qu'on est en train
de trouver des solutions, justement, pour les alumineries, je vais reprendre
l'exemple des alumineries là, où on sait qu'on peut faire maintenant de
l'aluminium vert. Hein, on l'a vu, ça a été dit, ça a été annoncé. Je pense que
c'est une façon de limiter, ne serait-ce que d'octroyer justement des
subventions. Tout à l'heure, c'est ce que vous m'avez répondu, c'est qu'il y a
des subventions pour de la mise aux normes. Alors, je pense qu'il y a des possibilités
de faire de la mise aux normes mais je crois tout de même qu'à partir de
nouvelles informations, et là, je ne pense pas que ce soit nouveau que de
savoir qu'il y a une certaine... il y a des émissions avec nos alumineries, je
ne pense pas que c'est de cela dont il est question. C'est lorsqu'on apprend,
comme le disait tout à l'heure le sous-ministre avec de la pisciculture qu'on
ne savait pas qu'il y avait de l'émission de phosphore à l'intérieur d'un cours
d'eau, là, ça, c'est totalement nouveau, c'est à ce moment-là où l'on doit
faire cesser. Et écoutez, moi, dans le devoir du ministre, puis là on est en
train de faire certaines vérifications de notre côté aussi, principalement, je
crois que c'est sur la loi du développement durable, là. Je pense que le député
de Jonquière avait vu juste tout à l'heure. Je pense qu'il y a un passage sur
les devoirs du ministre et c'est ce que je suis en train de faire comme
vérification. Peut-être est-ce qu'on peut faire une proposition juste pour
pouvoir aller un peu plus loin. Alors je peux aller plus loin et je dois aller
plus loin aussi. Alors on va faire nos vérifications, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Jonquière, vous m'avez...
Mme Melançon : ...qu'il y a
une certaine... il y a des émissions avec nos alumineries. Je ne pense pas que
c'est de cela dont il est question. C'est lorsqu'on apprend... comme le disait
tout à l'heure le sous-ministre avec la pisciculture, puis qu'on ne savait pas
qu'il y avait de l'émission de phosphore à l'intérieur d'un cours d'eau. Là,
ça, c'est totalement nouveau. C'est à ce moment-là ou on doit faire cesser. Et,
écoutez, moi... dans le devoir du ministre, là, on est en train de faire
certaines vérifications de notre côté aussi, principalement, je crois que c'est
sur la Loi du développement durable, là. Je pense que le député de Jonquière
avait vu juste tout à l'heure. Je pense qu'il y a un passage sur les devoirs du
ministre et c'est ce que je suis en train de faire comme vérification.
Peut-être, est-ce qu'on peut faire une proposition juste pour pouvoir aller un
peu plus loin. Alors, je peux aller plus loin et je dois aller plus loin aussi.
Alors, on va faire nos vérifications. Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Jonquière, vous m'aviez demandé la parole, je pense.
M. Gaudreault : Bien, je suis
en réflexion sur la meilleure façon d'agir. On regarde différents scénarios
également de notre bord, mais je ne suis pas en mesure de déposer, au moment où
on se parle, un amendement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) : M.
le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, écoutez, j'arrive autour de cet article. Peut-être que la
question a déjà été posée, mais pour mon éclairage, en fait, au deuxième
paragraphe sur le délai de 30 jours, donc j'aimerais savoir, en fait,
pourquoi le 30 jours? Pourquoi pas 45, 60 jours? Pourquoi le
30 jours?
Mme Grignon (Karine) : Le
délai de 30 jours, c'est quand même un délai standard, là, donc notamment
pour faire un appel devant le Tribunal administratif du Québec, pour faire un
appel devant le bureau de réexamen. Donc, c'est le délai standard qui est
retenu généralement, là, pour prendre une action. Donc, c'est la raison du
30 jours.
M. Benjamin : Donc, on
comprend à ce moment-là que, donc, la décision, en fait, ce que je lis, la
décision est valide, la décision du ministre est valide pour 30 jours.
C'est un 30 jours qui est donné à ce moment-là au promoteur, à
l'entrepreneur, pour pouvoir éventuellement... s'il songe à appeler la décision
du ministre?
Mme Grignon (Karine) : Non.
C'est la validité de la décision du ministre de limiter l'activité ou d'imposer
une condition. Donc, cette limitation-là va s'appliquer pendant 30 jours.
À la fin de 30 jours, il va devoir y avoir une nouvelle décision du
gouvernement pour faire perdurer la limitation, en fait.
M. Benjamin : Pour ce qui
est de «ne donne lieu»... En fait, le dernier paragraphe, M. le ministre, donc
«une décision prise en vertu du présent article ne donne lieu à aucune
indemnité de la part de l'État». Est-ce que c'est courant qu'il y a ce genre de
formulation là dans des articles de loi?
M. Charette : ...question-là
tantôt. Effectivement, il y a d'autres cas d'espèce dans d'autres ministères
aussi. Donc, ce n'est pas du droit nouveau, ni par rapport à l'environnement ni
par rapport à d'autres ministères. Et l'article 36 qu'on a eu aussi
l'occasion de mentionner tout à l'heure, et on le voit dans le commentaire, là,
on reprend le contenu des articles qui sont déjà dans la LQE. Donc, ce n'est
pas une notion qui est nouvelle.
M. Benjamin : Et quand on
dit toujours dans ce même paragraphe : «prévaut sur toute disposition
inconciliable d'une loi». Est-ce que vous pouvez peut-être, M. le ministre,
m'expliquer, en lien avec le paragraphe, la portée de cette phrase?
M. Charette : ...terminologie
davantage légistique. Avec consentement, on pourrait permettre à la juriste de
répondre.
M. Benjamin : Merci.
Mme Grignon (Karine) : ...tout
simplement, tu sais, on peut le lire comme un moyen de disposition contraire,
là. Donc, c'est vraiment cette disposition-là. Elle prévaut sur toutes les
autres, peu importe la lecture qu'on peut en faire, là. Donc, c'est cette
lecture-là, aucune indemnité qui va s'appliquer malgré tous les...
Une voix : ...les libellés
qui existent dans toutes les autres lois.
M. Benjamin : Malgré qu'il ne
prévoit... en fait, à ce paragraphe, il n'y a aucune indemnité qui est prévue,
mais j'imagine qu'un recours de la part d'un entrepreneur au civil est toujours
possible, à ce moment-là.
Une voix : Oui, c'est ça,
c'est ce qu'on disait tout à l'heure. Ça n'empêche pas quelqu'un de contester
la décision même du ministre, là, de l'article 36 devant le Tribunal
administratif du Québec., là, on va le voir un petit peu plus loin, là, l'appel
est possible, effectivement.
M. Benjamin : Bien, en fait,
ce que je veux dire, ce n'est pas tellement la contestation, je veux dire,
c'est recours civil pour demander des indemnités. Ce n'est pas tellement la
contestation.
Une voix : Bien, c'est ce que
l'alinéa vise à empêcher, effectivement, donc le recours en dommages.
M. Benjamin : O.K. Donc, à ce
moment-là, en adoptant ça, donc il ne pourra pas y avoir de recours en
dommages, donc, de la part d'un entrepreneur, dont, qui s'estimerait par une
décision du ministre, du gouvernement?
Une voix : Exactement.
M. Benjamin : D'accord.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions relativement à l'article 36? Mme la
députée de Verdun.
• (12 h 30) •
Mme Melançon : Bien, devant
tout ce qu'on vient de dire, tout ce qui a été discuté, moi, j'aimerais bien
qu'on puisse peut-être faire une proposition de quelque chose, mais ça va nous
prendre un peu de temps pour travailler de notre côté, là. Je veux bien tout
faire en parallèle, mais je ne veux pas faire n'importe comment, là. Qu'est-ce
qu'on... Est-ce qu'on peut prendre un peu de temps? Comment est-ce qu'on peut
fonctionner à ce moment-ci?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Dans
les possibilités, il y a de suspendre le temps que vous travaillez, ou on peut
suspendre l'article, ou je ne sais pas s'il y a d'autres possibilités, là, je
ne suis pas une grande, grande experte encore de la présidence. Mais vous
l'avez déjà fait, la présidence, M. le ministre. Est-ce que vous suggérez
quelque chose?
M. Charette : J'aimerais
mieux qu'on ne suspende pas parce qu'on a quand même un travail... c'est-à-dire
qu'on ne suspende pas les travaux, parce qu'on a un travail tout de même
colossal à faire. Le temps, c'est une petite gêne, comme le collègue de
Jonquière le disait, c'est-à-dire tant que ce n'est pas à chaque article qu'on
demande de le suspendre, je suis bien prêt de le considérer. Donc on pourrait
suspendre cet article-là et passer au suivant qui par contre, il faut s'y
attendre, là, les subséquents ont aussi une incidence sur ce qui a aura été dit
dans 36, donc on ne peut pas tous les suspendre indéfiniment, là, mais on
pourrait passer à 37.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce
qu'il y a consentement pour suspendre l'article 36? Consentement. Donc, M.
le ministre, l'article 37, s'il vous plaît.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Donc, 37 : "Le gouvernement peut, sur recommandations du
ministre fondées sur les motifs prévus au premier alinéa de l'article 36,
pour des activités exercées dans le cadre d'un projet qu'il a autorisé en vertu
d'une loi concernée pour la période qu'il fixe ou de façon permanente :
"1 : Modifier les normes
particulières ou les conditions, restrictions ou interdictions régissant
l'activité concernée;
"2 : Imposer toute nouvelle
norme particulière aux conditions, restrictions ou interdictions pour
l'exercice de l'activité;
"3 : Limiter ou faire cesser
l'activité;
"Une décision prise en vertu du
présent article ne donne lieu à aucune indemnité de la part de l'État et prévaut
sur toute disposition irréconciliable d'une loi, d'un règlement ou d'un
décret."
Le commentaire. Cet article reprend le
contenu des articles 115.10.2 et 115.10.3 de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Il vise à prévoir différentes situations pour lesquelles le
gouvernement serait justifié d'intervenir sur une autorisation déjà délivrée en
raison de nouvelles informations portées à sa connaissance et lorsqu'un
préjudice irréparable ou une atteinte sérieuse est susceptible de se produire.
Le deuxième alinéa précise au surplus
qu'une mesure prise par le gouvernement en vertu de cet article prévaut sur
toute autre disposition qui pourrait être prise... qui pourrait être considérée
comme inconciliable et qu'elle ne donne pas droit à une indemnité de la part de
l'État.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Je vais aller surtout sur le deuxième alinéa, dans le fond :
"Une décision qui est prise en vertu du présent article ne donne lieu à
aucune indemnité de la part de l'État et prévaut sur toute disposition
inconciliable d'une loi, d'un règlement ou de décret...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Melançon : ...tout ce qu'on
vient de dire, tout ce qui a été discuté, moi, j'aimerais bien qu'on puisse
peut-être faire une proposition de quelque chose, mais ça va nous prendre un
peu de temps pour travailler de notre côté, là. Je veux bien tout faire en
parallèle, mais je ne veux pas faire n'importe comment, là. Qu'est-ce que...
Est-ce qu'on peut prendre un peu de temps? Quand... Comment est-ce qu'on peut
fonctionner à ce moment-ci?
La Présidente (Mme St-Pierre) : Dans
les possibilités, il y a de suspendre le temps que vous travaillez, ou on peut
suspendre, ou... Je ne sais pas s'il y a d'autres possibilités, là. Je ne suis
pas une grande grande experte encore de la présidence, mais vous l'avez déjà
fait, vous, de la présidence, M. le ministre.
M. Charette : Ce qu'on
pourrait se dire...
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce
que vous suggérez quelque chose?
M. Charette : J'aimerais
mieux qu'on ne suspende pas, parce qu'on a quand même un travail... c'est-à-dire
qu'on ne supporte pas les travaux, parce qu'on a un travail tout de même
colossal à faire. Mais tant que c'est une petite gêne, comme le collègue de
Jonquière le disait, c'est-à-dire tant que ce n'est pas à chaque article qu'on
demande de le suspendre, je suis bien prêt de le considérer. Donc, on pourrait
suspendre cet article-là et passer au suivant qui, par contre, il faut s'y
attendre, là, les subséquents ont, ici, ont aussi une incidence sur ce qui aura
été dit dans 36. Donc, on ne peut pas tous les suspendre indéfiniment, là, mais
on pourrait passer à 37.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Est-ce
qu'il y a consentement pour suspendre l'article 36? Consentement. Donc, M. le
ministre, l'article 37, s'il vous plaît.
M. Charette : Merci, Mme la Présidente.
Donc : «37. Le gouvernement peut, sur recommandation du ministre fondée
sur les motifs prévus au premier alinéa alinéa de l'article 36, pour des
activités exercées dans le cadre d'un projet qui l'a autorisé en vertu de la
loi concernée et pour la période qu'il fixe ou de façon permanente :
«1 modifier les normes particulières ou
les conditions, restrictions ou interdictions régissant l'activité concernée;
«2 imposer toute nouvelle norme
particulière ou condition, restriction ou interdiction pour l'exercice de l'activité;
«3 limiter ou faire cesser l'activité.
«Une décision prise en vertu du présent
article ne donne lieu à aucune indemnité de la part de l'État et prévaut sur
toute disposition irréconciliable d'une loi, d'un règlement ou d'un décret.»
Le commentaire : Cet article reprend
le contenu des articles 115.10.2 et 115.10.3 de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Il vise à prévoir différentes situations pour lesquelles le gouvernement serait
justifié d'intervenir sur une autorisation déjà délivrée en raison de nouvelles
informations portées à sa connaissance et lorsqu'un préjudice irréparable ou
une atteinte sérieuse est susceptible de se produire.
Le deuxième alinéa précise au surplus que
les mesures prises par le gouvernement en vertu de cet article prévaut sur
toute autre disposition qui pourrait être considérée comme inconciliable et qu'elles
ne donne pas droit à une indemnité de la part de l'État.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, Mme la
Présidente. Je vais aller surtout sur le deuxième alinéa, dans le fond, «une
décision qui est prise en vertu du présent article ne donne lieu à aucune
indemnité de la part de l'État et prévaut sur toute disposition inconciliable d'une
loi, d'un règlement ou d'un décret», ce qui vient donc... Et là on parle d'une
décision gouvernementale, on est comme... Si je reviens donc à 36, dans le
dernier... non, ce n'est pas vrai, dans le troisième paragraphe... non, dans le
deuxième paragraphe, donc : «Le ministre peut exercer le pouvoir prévu au
premier alinéa au regard d'une activité autorisée par le gouvernement en vertu
d'une loi concernée, le cas échéant. Toutefois, une telle décision est valide
pour une période de 30 jours.» Là, on s'en va au 37, la «décision qui est
prise en vertu du présent article ne donne lieu à aucune indemnité», donc là on
est rendus à la décision, on est après le 30 jours. Ce que je comprends,
on est passé au TAQ, au tribunal administratif... Non, ça, le tribunal
administratif, c'est juste si quelqu'un veut aller en appel. Mais, à partir du
moment où la décision est prise, ça veut dire que le ministère de l'Environnement
vient chapeauter toutes les autres lois et la décision qui est prise par le
ministère de l'Environnement est finale. C'est ce que je comprends...
Mme Grignon (Karine) : ...ça
prévaut sur toutes les autres lois, donc la décision vaut uniquement pour les
autorisations environnementales, comme on l'a dit tout à l'heure. Mais par
rapport à l'autorisation environnementale, peu importe ce qui est dit dans une
autre loi, la personne n'aura pas de recours en dommages contre l'État par
rapport à cette décision-là.
Mme Melançon : Donc, parce
qu'on l'a vu à quelques reprises depuis les trois dernières années, parfois, il
y a des décisions qui sont, je veux dire, bloquées, là, par le ministère de la
Forêt, par exemple, et là, à ce moment-ci, quand il y a une décision qui est
prise par le Ministère et par le ministre de l'Environnement, c'est la décision
qui prévaut sur les autres ministères, que ce soit Ressources naturelles,
Forêts, Économie ou autre. C'est ce que je comprends?
Mme Grignon (Karine) : Pour
ce qui est de 36, pendant la durée de 30 jours, oui. Pour ce qui est de
37, bien, les différents ministères ont leur mot à dire, là, évidemment, quand
le gouvernement prend sa décision.
Mme Melançon : Bon, c'est là
que je voulais aller. "Une décision prise en vertu du présent article ne
donne lieu à aucune indemnité de la part de l'État et prévaut sur toute
disposition inconciliable d'une loi, d'un règlement ou d'un décret." Moi,
quand je le lis comme ça, je vois que ça prévaut sur tout le reste.
Mme Grignon (Karine) : Oui,
une fois que la décision est prise, oui, oui, tout à fait.
Mme Melançon : Mais la
décision qui est prise en vertu du présent article, ce serait la décision prise
par le ministère de l'Environnement.
Mme Grignon (Karine) : Ce
serait la décision prise par le gouvernement par rapport à un projet autorisé
au terme de la procédure d'évaluation environnementale, de prévoir une
condition supplémentaire pour l'exercice du projet autorisé, par exemple.
Mme Melançon : Donc, la
décision, ce n'est pas celle nécessairement en lien avec l'environnement. Ça va
être la décision prise en lien avec l'ensemble de l'œuvre. Donc c'est une
décision qui devenait gouvernementale. Donc il est possible que nous ayons
l'article 37, qui semble costaud, à la lecture, mais qui dans les faits,
qui dans les faits, nous rappelle qu'il y a des ministères qui peuvent mettre
une forme d'arrêt, de cran d'arrêt à la volonté dédiée au ministère de
l'Environnement. C'est ce que je comprends.
M. Charette : Je vais
répondre de façon peut-être un petit peu plus politique. C'est le cas de tout
gouvernement. Il n'y a pas un ministère qui est ministère de tout. La collègue
a été ministre. Donc elle sait fort bien lorsqu'il y a un dossier qui est
présenté, pour que ça devienne une décision gouvernementale, parce qu'il y a
des décisions sont propres à l'environnement, qui n'ont pas besoin de monter au
conseil des ministres, on s'entend. Mais pour certaines autres décisions, ce
n'est pas le ministère de l'Environnement qui fait foi de tout. Ça doit être
passé au Conseil des ministres. C'est la même chose avec le ministère de la
Justice. C'est la même chose avec le ministère de l'Éducation. La même chose
avec tous, tous, tous les ministères. Il y a de ces décisions qui ne sont pas
du domaine de l'exclusivité du ministère, qui est responsable du dossier. Tout
fonctionnaire... tout gouvernement fonctionne comme ça et tout ministère est
assujetti à ces principes-là également.
Mme Melançon : Dans le fond,
là, de la façon dont on devrait lire le dernier paragraphe de
l'article 37, c'est que ça prévaut sur toute autre loi, mais pas sur toute
décision.
M. Charette : Bon, en fait,
c'est... Moi, c'est un commentaire politique que je faisais, je le disais, je
ne... et quand je dis : Politique, là, d'application politique, pas de
politique partisane. Moi, je ne suis pas placé pour faire des remplacements de
mots au niveau juridique ou le poids de ces nouveaux mots là, en matière
légistique... donc, je pourrais dire oui ni non à la collègue, là. Moi,
j'exposais le principe politique général.
Mme Melançon : Mais j'imagine
que la juriste peut me répondre, par contre.
• (12 h 40) •
Mme Grignon (Karine) : Bien,
c'est vraiment par rapport à la décision, donc il faut prendre la décision, le
gouvernement est un organe décisionnel avec plusieurs ministères, donc...
Mme Grignon (Karine) : ...il y
a consultation pour prendre la décision, mais une fois la décision prise, ça
prévaut sur toute autre loi, règlement et décret.
Mme Charbonneau : Mais pas
sur toute décision. D'accord, c'est ce que je comprends. C'est parce qu'on est
en train de se dire, hein, qu'on vient renforcer, qu'on... hein, on est
là-dedans, là, puis on parle du tronc commun. Moi, très honnêtement, j'aime
beaucoup l'idée. Il faut juste qu'on se rappelle, quand même... puis à la
lecture de ce qui est fait. Puis c'est pour ça que je voulais poser la question
sur ce dernier paragraphe là, principalement, parce que ça semble aller très,
très loin quand on le lit comme ça, là, avec le recul que nous avons ici, là,
tous ensemble. Mais quand on pose la question, puis quand on va voir plus en
profondeur avec ce qui nous est proposé... Puis je remercie, bien sûr, la
légiste, à ce moment-ci, là, de pouvoir nous éclairer.
Ce que je comprends ici aussi, c'est que
l'article, qui est repris intégralement de l'article 115.10.2 et 115.10.3 de la
LQE... et qu'on va l'attribuer à... D'accord, merci.
M. Charette : ...de rassurer
les collègues. Naturellement, on n'est pas obligés de s'en tenir uniquement aux
commentaires des groupes qu'on a reçus. On a droit à nos propres réflexions et
à nos propres commentaires, c'est bien évident, mais il n'y a pas d'enjeu, là,
qui a été soulevé sur 36 ou 37 par rapport aux questionnements, là, qui sont,
encore une fois, très légitimes. Donc, le «peut» et le «doit», là, le débat ou
le questionnement qu'on a entre nous, ce n'est pas un questionnement qui a été
soulevé, là, au moment des consultations et, à ma connaissance, pas davantage
dans les mémoires, là, qu'on a pu recevoir.
Mme Charbonneau : Mme la
Présidente, puis je le dis vraiment en tout respect, là, ça fait deux ou trois
fois, là, que le ministre revient avec ce type de commentaire là. Puis à
l'inverse, lorsque je reviens avec l'idée de guichet unique, qui, pourtant, a
été soulevée à deux ou trois, voire même quatre reprises par des groupes
entendus en commission, qu'on a entendus en consultations particulières, cela a
été évoqué. Puis quand on revient avec l'idée de mettre sur pied un guichet
unique, de façon plutôt claire, bien, le ministre n'adhère pas pour autant à
l'idée. Donc, je pense que ça peut aller de part et d'autre.
Puis, je le dis très respectueusement, M.
le ministre, je pense que, oui, on peut arriver, nous, avec ce qui nous fait
vibrer, bien sûr, à l'intérieur. Non, les groupes n'ont probablement pas porté
nécessairement notre attention là-dessus, mais ça s'appelle une étude
détaillée, et je ne suis pas certaine que les groupes ont passé, jusqu'à
présent, autant d'heures que nous à étudier le projet de loi. Je veux juste
qu'on reste prudents là-dessus, là.
M. Charette : Je partage tout
à fait ce que dit la collègue. C'est d'ailleurs ce que, moi j'ai dit, j'ai
dit : Il n'y a rien qui nous empêche de déborder des préoccupations qui
ont été exposées par les groupes. Je l'ai dit d'entrée de jeu. Pour ce qui est
du guichet unique, on a eu l'occasion de s'en parler, le principe. On travaille
dans cette direction-là pour simplifier la communication entre le promoteur, et
son analyste, et le ministère qui a à traiter un dossier, mais ce n'est pas un
concept qu'on peut introduire dans une loi. C'est un petit peu ce qu'on s'est
dit, là, il y a quelques jours. Pour le reste, on dit la même chose.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Alors,
il reste 30 secondes à cette portion, là, aujourd'hui, donc je pense que nous
allons ajourner... la commission va ajourner les travaux sine die. Et je vous
souhaite un bon appétit. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 45)