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Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des terres et forêts continue
l'étude des crédits budgétaires de ce
ministère.
Comme convenu, nous retournons au programme 4, avec REXFOR.
M. Bérubé: D'ailleurs, je voudrais souligner, M. le
Président, que j'ai été avisé ce matin, que nous ne
pourrions siéger ni cet après-midi, ni ce soir, puisque je
devrai, malheureusement, travailler sur l'amiante. Nous ne pourrons
également siéger la semaine prochaine, dans la mesure où
nous étudions les crédits du ministère des Richesses
naturelles.
M. Russell: L'étude des crédits du ministère
des Terres et Forêts sera remise sine die, on ne sait quand.
M. Bérubé: Non, à la fin, je crois, s'il
reste du temps, à ce moment, M. Burns peut appeler à nouveau les
crédits du ministère des Terres et Forêts.
M. Russell: Et s'il décide de ne pas les appeler, ils
seront adoptés automatiquement.
Utilisation de la forêt REXFOR
M. Bérubé: Donc, nous passons au programme 4, M. le
Président.
Il y avait une entente entre les partis d'Opposition, toujours dans un
climat de gentilhomme-rie, du fait que nous allions accepter d'inviter REXFOR.
Dois-je souligner, évidemment, que c'est par pure magnanimité de
notre part, puisque, effectivement, la société REXFOR n'a pas
à être appelée devant cette commission, puisque nous
étudions les crédits du ministère des Terres et
Forêts et non les activités des sociétés d'Etat, qui
ne relèvent pas du budget régulier du ministère des Terres
et Forêts? Mais, montrant là notre ouverture d'esprit
d'ailleurs, pour ne pas également aller à l'encontre de
l'excellent climat qui règne dans cette commission nous avons
donc accepté d'inviter REXFOR, qui a accepté d'assister à
notre séance ce matin. Vous reconnaîtrez donc que nous avons fait
un effort, et je suppose que nous allons continuer dans ce même esprit.
Merci, M. le Président.
M. Russell: M. le Président, je voudrais simplement
souligner au ministre qu'il n'était pas nécessaire de faire venir
REXFOR. Il y avait d'autres moyens, si on avait voulu; s'il nous avait
refusé, nous aurions pu prendre d'autres moyens pour faire venir REXFOR
devant la commission. C'est heureux qu'il ait accepté de bonne
grâce de coopérer avec nous.
M. Bérubé: Quels sont les moyens?
M. Russell: Oui, il y a d'autres moyens pour faire venir REXFOR
devant la commission des terres et forêts ou des richesses
naturelles.
M. Bérubé: Ce n'est pas sûr, en vertu du
règlement.
M. Giasson: En vertu des précédents
établis.
M. Bérubé: Des précédents, avec
l'autorisation.
M. le Président, à plus d'une reprise, je pense, nous
avons parlé de la société REXFOR, en discutant de nos
travaux, et le fait que tous les intervenants à cette commission, tant
du côté ministériel que de l'Opposition, aient, à un
moment ou l'autre, abordé des dossiers qui touchent la
société REXFOR, cela ne peut que souligner l'extrême
importance de cette société dans le développement
forestier au Québec.
Je pense qu'il est extrêmement important de souligner la
contribution remarquable de cette société, Je ne veux pas flatter
le président, mais j'exprime carrément ce que je pense, lorsque
l'on sait les dossiers éminemment difficiles que les divers
gouvernements qui se sont succédé ont confiés à
cette société, il est absolument étonnant de voir le
succès avec lequel elle a rétabli la santé
financière d'un grand nombre d'entreprises. On a parfois l'impression
que tous les gouvernements successifs se sont amusés à confier
les dossiers les plus difficiles, là où l'entreprise
privée avait fait faillite, à la société REXFOR
pour voir si celle-ci arriverait à tirer son épingle du jeu.
Souvent dans des conditions désastreuses, avec des rapports de dette sur
équité que pas un seul entrepreneur n'aurait jamais osé
envisager, la société REXFOR a, dans tous ces cas, réussi
à remettre l'entreprise sur pied. Je pense que c'est tout à son
honneur, puisqu'elle a démontré, de cette façon, qu'elle
était encore plus efficace que l'entreprise privée.
Néanmoins, étant donné les très nombreuses
activités de la société REXFOR, qui vont autant de la
sylviculture que de l'exploitation commerciale sur les forêts publiques,
que de la construction de chemins forestiers, que de la gérance de
scieries, que d'investissements dans l'industrie des pâtes et papiers,
enfin, étant donné la très grande diversité des
entreprises de REXFOR, je pense que nous aurons ample matière à
discussion.
Je me dois de souligner un rôle intéressant que la
société REXFOR a assumé au cours des années: celui
de participation avec les sociétés forestières existantes
au Québec. En effet, la société REXFOR, en ce moment,
travaille à un projet avec la société Quebec North Shore,
dans le domaine du sciage; elle est impliquée également
avec Tembec; elle est impliquée dans Cabano; elle est
impliquée dans F.F. Soucy; et on peut peut-être voir le jour
où REXFOR sera impliquée dans I'ensemble des compagnies
forestières au Québec, comme partenaire minoritaire mais,
à ce moment-là, marquant peut-être la présence du
Québec dans notre industrie québécoise, non pas pour en
prendre le contrôle, mais parfois pour en avoir un 5%, un 10% et,
à ce moment-là, voir ce qui se déroule.
C'est peut-être, en même temps, une façon
intéressante de briser I'espèce de mur qu'on a connu entre le
secteur économique, au Québec, et la société
québécoise. Ce qu'il faut reconnaître, c'est que la
société québécoise a vécu, peut-être,
en vase clos par rapport au développement de son économie.
L'économie a généralement été entre les
mains de compatriotes anglophones au Québec, et il faut
reconnaître qu'il s'est tissé, évidemment, au sein de cette
communauté, des liens d'amitié, des liens de fraternité,
qui font que, souvent, la société québécoise n'a
peut-être pas véritablement pu s'intégrer à cette
économie, et on a déploré, tous les historiens, tous les
économistes ont déploré cette espèce de coupure
entre le secteur économique québécois et la
société québécoise et, quand on parle de
société québécoise, on parle également du
gouvernement québécois.
Justement par ce type de démarches, la société
REXFOR contribue à briser cette isolation, permet à des
québécois de pénétrer dans le monde des affaires,
le monde de lindustrie forestière et. je pense, multiplie les contrats
entre I'Etat du Québec et les sociétés privées
exploitant I'industrie forestière et cela ne peut être qu'au
profit de la collectivité québécoise. Cela m
apparaît un rôle que la société REXFOR a joué
qui est éminemment intéressant, et je suis convaincu qu'on pourra
certainement détailler de ce côté-là. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je suis prêt à
souscrire fort bien aux remarques que vient d'é-noncer le ministre. J'ai
suivi, quelque peu au cours des ans, toutes les activités qu'on a bien
voulu confier à notre société d'Etat.
J'ai remarqué que, lorsqu'il n'y avait plus de solution nulle
part, lorsque I'entreprise privée... dans la très grande
majorité des cas où I'intervention de REXFOR s'est fait sentir,
quand il n'y avait plus de solution venant de I'entreprise privée, en
désespoir de cause et en vue, souvent, de soutenir I'économie
d'une région, on demandait à notre société d'Etat
une intervention, une infusion de capital. On lui demandait de mettre toutes
les ressources que la société pouvait posséder à la
disposition d'une région donnée, d'une économie.
Au-delà de tout cela, on ne peut pas demander indéfiniment
à la société d'assumer ce rôle du salut public,
puisque cela peut vraiment être qualifié de salut public pour des
régions données lorsqu'on a demandé I'intervention de
notre socié- té. Je pense qu on ne peut pas lui demander
indéfiniment d accumuler des difficultés, d accumuler des
déficits.
C'est pour cela qu il serait peut-être intéressant
qu'au-delà des difficultés qui ont été
vécues par certaines entreprises où REXFOR était
présente et dans lesquelles REXFOR a eu une participation, et qu'il
serait peut-être bon, ce matin, de voir quelles sont les perspectives,
dans I'avenir immédiat, pour un terme un peu plus long, des entreprises
où REXFOR est participante et constamment présente.
C'est pourquoi je demanderais aux gens qui représentent la
société, ce matin, de nous indiquer les projections ou les
espoirs qu'il peut y avoir, dans certaines entreprises au Québec, sur la
capacité de redresser la situation et de viser un état de
rentabilité dans I'avenir.
Si on prenait les dossiers outils un par un... On pourrait
peut-être commencer dans le secteur du Bas-Saint-Laurent, puisque c'est
un secteur où le ministre est fort présent...
M. Bérubé: Merci, M. le député de
Montmagny-L'Islet; vous reconnaissez mon travail de député.
M. Giasson: ... par la représentation d'une population
à I'intérieur du comté de Matane.
M. Bérubé: ... ce qui, évidemment, à
côté de la personne qui vous accompagne, est certainement un
témoignage que j'apprécie.
M. Giasson: Du côté de I'opération de
cartonnerie de Cabano, comment voyez-vous des correctifs à la situation
vécue au cours de la dernière année?
M. Bérubé: Merci à tous. Du
côté de la cartonnerie de Cabano, celle-ci a connu un
déficit d'environ $2 800 000 dans son dernier exercice financier,
déficit causé par un manque de marché. Le marché
des cartons cannelure est assez difficile et pour pénétrer le
marché, cela va prendre quelque temps. Cabano a produit environ 50% de
sa capacité à cause des marchés. Il faudra
réinvestir dans Cabano. Actuellement, le conseil d'administration de
Cabano prend des mesures pour développer son marché. De plus, il
prend des mesures pour essayer de structurer sa mise en marché de
façon plus adéquate. C'est un départ pour une compagnie
qui doit malheureusement être obligée de faire ce sacrifice.
M. Giasson: Avez-vous une idée de la situation d'autres
entreprises, parce que ailleurs ce sont des entreprises privées? Quelle
est la situation vécue par d'autres entreprises qui fabriquent des
produits similaires à ceux qu'on a à Cabano?
M. Bérubé: Je dirais que Cabano...
M. Giasson: Est-ce qu elles vivent les mêmes
problèmes? Connaissent-elles les mêmes déficits, toute
proportion gardée?
M. Bérubé: Je ne peux pas dire qu'elles connaissent
les mêmes déficits, mais je peux dire qu'elles connaissent les
mêmes problèmes parce que c'est un marché difficile. Il y a
eu des problèmes dans le marché du carton tout comme le
marché de la compagnie CIP de Matane est très délicat,
bien que cette compagnie ait un marché captif à 70%-75%. Du
moment que le marché se déplace un peu, il y a des
répercussions immédiates sur les compagnies productrices de
carton.
M. Russell: Connaît-on la cause du mauvais marché?
Quelles sont les raisons pour lesquelles le marché est mauvais?
M. Bérubé: C'est mondial, M. Russell;
l'économie est faite comme cela. Dans les pays Scandinaves, on avait
beaucoup stocké de pâte et on l'a mise en marché; ce qui a
fait baisser les prix en Europe.
M. Russell: Est-ce que cela améliorerait la situation si
REXFOR prenait une plus grande part dans l'affaire de Cabano?
M. Bérubé: Cabano est administré par Bernard
Lemaire, les frères Lemaire, la compagnie Papier Cascade Kingsley qui a
un contrat de gérance. De plus, Bernard Lemaire a un contrat de mise en
marché. Je pense qu'il a eu toute la latitude pour administrer Cabano.
Si REXFOR prenait une plus grande part, cela n'améliorerait par le
marché.
M. Russell: Donc, c'est la preuve que REXFOR, malgré la
compétence de ses administrateurs et malgré qu'elle fasse un
excellent travail dans les conditions dans lesquelles on l'a placée dans
plusieurs usines, ne pourrait pas faire mieux que les dirigeants actuels de
l'entreprise Cabano qui sont des gens qui l'administrent comme une entreprise
privée.
M. Bérubé: Non. Je ne dis pas que ce serait mieux.
Je dis que cela n'améliorerait pas la situation. Seulement, il y a
toujours place pour l'amélioration et on souhaite que la situation
s'améliore. La question de la mise en marché est le
problème de Cabano.
M. Russell: Mais j'ai bien compris que les administrateurs
actuels avaient pleine liberté d'agir. Ils ont un mandat qui est clair
et ils peuvent agir à leur guise pour faire le mieux possible pour la
mise en marché et le mieux possible dans le domaine de la production.
Vous admettez que, même si REXFOR prenait le contrôle absolu de
l'industrie, tant dans la mise en marché que dans la production... Il
n'y a pas de mesures pour amélioration autres que celles
qu'eux-mêmes tentent actuellement.
M. Bérubé: Ce ne serait pas une solution miracle,
M. Russell.
M. Russell: D'accord.
Une Voix: D'autres questions?
Une Voix: J'en ai d'autres. (10 h 30)
M. Giasson: M. le Président, est-ce que la
possibilité d'acquérir une entreprise je parle de la
possibilité pour Papier Cascade (Cabano) qui utilise des volumes
importants de carton ne serait pas une solution pour régler, du moins
dans une bonne mesure, les problèmes d'écoulement et de mise en
marché. Il s'agirait là d'un client qui deviendrait, somme toute,
la propriété de l'entreprise de Cabano et qui pourrait garantir
des achats. Est-ce que cela a été examiné?
M. Bérubé: II y a eu un projet de ce genre qui veut
intégrer un peu Cabano, avec ses produits. Chez nous, on a jugé
tout est relatif que la part de carton qui est dirigée
vers cette nouvelle entreprise, à cause du prix de vente qu'on en
demandait, des probabilités, de l'incertitude dans certains cas, ne
valait pas les sommes d'argent qu'on y aurait investies. Mais nous sommes
favorables à une intégration du genre de celle que vous
mentionnez, tout en étant dans les normes acceptables. C'est notre
opinion; évidemment, il y avait d'autres opinions que je respecte.
M. Giasson: Si cette transaction avait été
complétée, cela aurait représenté quel
investissement, en définitive?
M. Bérubé: Si vous voulez aller dans les
détails, je pense que M. Pelletier, qui m'accompagne, a
étudié tout particulièrement ce dossier et pourrait
peut-être vous fournir quelques chiffres.
En ce qui concerne l'investissement qui aurait été requis,
si on considère que l'entreprise aurait été achetée
en totalité sur une période de cinq ans, on aurait eu des
déboursés à envisager de l'ordre de $9 millions, ce qui
représente comme valeur actualisée sur une base de 7% par
année des déboursés actuels de plus de $7 millions.
M. Giasson: Si j'ai bien compris le président de la
société, les avis étaient partagés; vous aviez un
groupe qui soutenait l'idée ou le principe de se porter acquéreur
d'une autre entreprise ou d'autres entreprises mais, par contre, il y avait des
tenants de l'opinion contraire.
M. Bérubé: Oui, c'est cela.
M. Giasson: Parce que l'évaluation d'une
rentabilité ou d'un avantage possible dans le temps ne tenait pas chez
ceux qui soutenaient l'opinion contraire?
M. Bérubé: Quand on a fait tous les calculs et
examiné le dossier plus à fond, je pense que les avis ont
été moins partagés.
M. Giasson: Lorsqu'on prétend que...
M. Bérubé: Comme tonnage, cela ne
représentait pas beaucoup de tonnes de carton.
M. Giasson: C'était minime comme volume?
M. Bérubé: Je pense que M. Pelletier peut vous
indiquer le volume certain et le volume probable.
M. Giasson: J'apprécierais avoir un peu plus de
commentaires sur les volumes et sur le pourcentage de la production qu'aurait
représenté l'achat ou l'acquisition de Papier Cascade
(Cabano).
M. Bérubé: En fait, si on considère que la
capacité de production de Papier Cascade (Cabano) est d'environ 175 000
tonnes par année, l'acquisition de l'entreprise aurait
représenté, sous forme de papier cannelure, environ 6000 tonnes.
Les 12 000 tonnes additionnelles auraient pu faire l'objet d'échanges,
par la suite, à même le papier qu'ils appellent le "liner",
en anglais, le papier doublure. C'est un maximum de 20 000 tonnes. Il faut
aussi considérer que les 12 000 tonnes étaient par voie
d'échange et, à ce moment-là, on pouvait discuter sur la
possibilité de réaliser ces échanges d'année en
année. C'est une chose qui était fort discutable.
M. Giasson: Au sujet du comportement des prix dans la
cartonnerie, au cours de la dernière année, 1977, est-ce qu'il y
a eu une chute de prix au niveau national ou international, dans les prix du
carton? Comment se sont comportés les prix, en général, au
cours de l'année, par rapport aux prix des années
antérieures?
M. Bérubé: Je ne suis pas un expert dans le domaine
des cartons, mais d'après ce que j'en connais, je sais qu'il y a eu une
baisse, mais que les marchés, actuellement, sont en voie de reprise,
tant sur le marché canadien que sur les autres marchés
extérieurs, à savoir américain, sud-américain et
européen. Mais je ne pourrais pas vous dire ce que représente la
baisse au cours de la dernière période.
M. Giasson: Lorsque les gens prétendent que le taux
d'intérêt payé sur les sommes investies, à Cabano,
est trop élevé, cette prétention est-elle fondée?
Si on avait des taux d'intérêt plus convenables, on pourrait
changer un peu le visage des états financiers des papiers Cascade.
Est-ce vrai?
M. Bérubé: J'étais dans le projet, au
départ. Le problème fondamental est que les gens qui
étaient en première hypothèque ont prêté
à 13%. C'était quasi impossible pour ceux en deuxième,
troisième et quatrième, de prêter à des taux
inférieurs. Normalement, les deuxième, troisième et
quatrième hypothèques sont à des taux plus
élevés que ceux de la première. C'était le taux du
marché à l'époque.
M. Giasson: Quelle était l'institution financière
qui détenait la première créance?
M. Bérubé: Le Mouvement Desjardins était en
première hypothèque, pour $2 500 000; SDI, en deuxième,
pour $7 500 000 et ensuite, il y avait REXFOR et SDI. Je dois vous dire que la
participation de REXFOR dans Cabano est de beaucoup inférieure à
celle de la SDI.
M. Giasson: Quelles sont, en proportion, en pourcentage, les
participations des différentes sociétés?
M. Bérubé: Au total, nous avons investi $1 million
et SDI a investi $7 500 000 plus...
Si vous le permettez, on doit distinguer l'investissement sous forme de
capital-actions et l'investissement sous forme de prêts. En ce qui
concerne REXFOR, nous avons actuellement investi $1 050 000 sous forme de
prêts. En termes de capital-actions, nous avons $525 000, ce qui
représente à peu près 30% du capital-actions. Si on
compare cela à la SDI, elle a 20% du capital-actions et un prêt de
$5 millions. Il y a un prêt de $5 millions et un prêt de $2
millions.
M. Russell: De quelle façon a-t-on I'intention de financer
le déficit de Cabano? Est-ce par des prêts additionnels ou par des
mises de capitaux additionnels?
M. Bérubé: Actuellement, le conseil
d'administration de Papier Cascade (Cabano) fait une demande aux deux
sociétés d'Etat de même qu'aux autres partenaires pour
financer ses déficits à même un investissement additionnel,
probablement sous forme de débentures, donc, de prêts à
long terme.
M. Russell: Est-ce qu'on a une assurance que Cabano va
fonctionner à profit pour I'année 1978/79?
M. Bérubé: D'après les prévisions
soumises par le conseil d'administration de Papier Cascade (Cabano) au cours
des 30 prochains mois, en gros, au moins des deux prochaines années, on
ne prévoit pas de profit.
M. Russell: Donc, les déficits seront financés par
des prêts additionnels?
M. Bérubé: Ce qui est présentement fait vise
à financer le déficit accumulé et les déficits
futurs pour les deux prochaines années.
M. Giasson: C'est donc dire qu on ne prévoit pas de
rétablissement de la situation financière dans le sens
d'atteindre une rentabilité au niveau des profits, avant deux ans.
M. Bérubé: Seion les prévisions soumises par
les gérants de l'entreprise, non.
M. Giasson: Mais tout de même, est-ce qu'il est permis de
croire qu'on peut avoir de l'espoir pour atteindre cette rentabilité
dans le temps? Ou est-ce qu'on devra toujours croire que cette entreprise ne
pourra faire ses propres frais?
M. Bérubé: Evidemment, il y a beaucoup d'opinions
possibles dans ce genre de question. Le marché joue un rôle
important. Il y a aussi les efforts de l'entreprise concernant sa mise en
mâché notamment le développement de marchés
extérieurs et possiblement la variété des productions,
effort que l'entreprise semble faire, actuellement.
M. Russell: Quel est le nombre d'employés qui travaillent
en forêt ou en usine à Cabano?
M. Bérubé: Actuellement, il nous semble qu'il n'y a
que des employés en usine. Sur une production comme celle qui est
prévue pour l'an prochain, cela représente environ 90
employés.
M. Russell: Moins de cent.
M. Cérubé: Pardon?
M. Russell: Moins de cent employés.
M. Bérubé: Moins de cent.
M. Giasson: La matière première, la ressource
utilisée là-bas, est-elle achetée de petits
propriétaires? Qui sont les principaux fournisseurs du bois qui est
amené à l'usine?
M. Bérubé: Ce sont les producteurs de bois qui sont
les principaux fournisseurs de l'entreprise, actuellement.
M. Giasson: La mise en marché se fait-elle directement par
les producteurs ou par un office ou par un syndicat?
M. Bérubé: Par le syndicat des producteurs.
M. Giasson: Avec négociation, chaque année?
M. Bérubé: Avec négociation annuelle, c'est
exact.
M. Russell: Les prix payés, ce sont les prix courants?
M. Bérubé: Ce sont les prix courants.
M. Russell: Quelle est la majorité des essences
utilisées, actuellement, ou l'essence majoritaire?
M. Bérubé: Pour ce qui concerne l'essence, c'est le
tremble qui est utilisé pour la plus grande partie. Concernant les
sources d'approvisionnement, il y a aussi d'autres possibilités.
Il y a un faible volume d'approvisionnement qui est produit par les
industries de sciage de la région. Papier Cascade (Cabano) a une entente
avec les offices pour s'approvisionner, en priorité des bois de
cultivateurs. Il y avait des inventaires assez importants. Cette entreprise a
fait un effort pour s'approvisionner à partir des producteurs.
Peut-être, qu'à court terme les prix semblent meilleurs. Elle
pourrait avoir un approvisionnement à meilleur compte, si elle
s'approvisionnait des résidus de sciage, mais Papier Cascade craint de
mettre tous ses oeufs dans le même panier. Par la suite, cela fait du
chantage pour l'obliger à payer le gros prix.
M. Russell: Quel est le prix payé le cunit actuellement
à l'usine? A-t-on ces chiffres?
M. Bérubé: Le prix est d'environ $36 la corde.
M. Russell: $36 la corde. M. Bérubé: Environ,
oui.
M. Russell: Cette matière qu'on utilise actuellement, si
elle n'était pas utilisée dans l'usine de Cabano...
M. Bérubé: II n'y aurait pas de marché.
M. Russell: ... il n'y aurait pas tellement de marché pour
cette matière.
M. Bérubé: II n'y aurait définitivement pas
de marché.
M. Russell: C'est donc un marché qui est
créé par le fonctionnement de l'usine de Cabano?
M. Bérubé: En fait, il y a l'usine de Matane qui
utilise du tremble et qui s'approvisionnait jusque dans la région de
Trois-Pistoles, de Rivière-du-Loup, dans le passé, mais le fait
que Cabano soit en production, soit en marche, cela permet d'écouler du
produit...
M. Russell: Cela ne nuit pas à l'approvisionnement de
l'usine de Matane, qui s'approvisionne dans ces régions?
M. Bérubé: Pas du tout.
M. Russell: Les essences qui sont utilisées actuellement
peuvent être renouvelées à perpétuité pour
fournir Cabano et Matane?
M. Bérubé: D'après les plans
d'aménagement, oui.
M. Giasson: J'aurais une question à l'intention du
ministre et peut-être plus précisément au président
de REXFOR.
M. Bérubé: C'est toujours le ministre,
d'après les règlements de la commission.
M. Giasson: C'est toujours le ministre, par personne
interposée.
M. Bérubé: C'est toujours le ministre qui
répond depuis au moins une demi-heure.
M. Giasson: Depuis une demi-heure. Par personne
interposée, c'est le ministre.
M. Pagé: C'est pour cela que cela paraît bien dans
le journal des Débats d'ailleurs.
M. Bérubé: N'est-ce pas, c'est beaucoup plus
technique, beaucoup plus compétent? Oui, il n'y a aucun doute
là-dessus.
M. Pagé: Oui. Pour qu'on dise que le ministre
connaît quelque chose.
M. Giasson: Si on traverse le fleuve et qu'on s'en va du
côté de Sacré-Coeur...
M. Bérubé: Par contre, on dit que les questions
sont niaiseuses.
M. Giasson: ... quels sont les espoirs du côté de
Sacré-Coeur, à Samoco?
M. Bérubé: Pardon?
M. Giasson: Je demande quels sont les espoirs, pour Samoco, pour
les années...
M. Bérubé: Tant qu'il y a de la vie, il y a de
l'espoir.
M. Giasson: Oui, mais cela peut se traduire avec beaucoup plus de
prévision que le commentaire du ministre.
M. Bérubé: Tant qu'il y a de la vie, il y a de
I'espoir, mais Samoco est un dossier très difficile. C'est un mandat
qu'on nous a confié. On nous a fait acheter pour $1 une dette de $5
millions à $8 millions. Il y avait $5 millions de connus. On a
découvert des imprévus. (10 h 45)
Evidemment, c'est un dossier difficile. Depuis février dernier,
Samoco fonctionne sur une faction plutôt que sur deux factions, ce qui
est illogique dans un commerce semblable, dans une entreprise semblable. Par
contre, la production moyenne journalière dépasse même la
production de deux factions des mois précédents. Cela a permis de
stabiliser, de motiver ou d'entretenir l'usine davantage. Actuellement, Samoco
scie environ 160 000 pieds par faction par jour, une moyenne
journalière.
J'aimerais bien avoir deux équipes, deux factions à
Samoco. mais le personnel expérimenté ou avec I'habileté
ou I'adresse pour compléter la deuxième équipe n'est pas
là. Au mois de juin, on fera des hypothèses, on fera des chiffres
et on soumettra au gouvernement, dans le temps, à la lumière des
derniers mois, nos recommandations. que je ne suis pas capable de fixer encore
aujourd hui.
M. Giasson: Les problèmes d'absence de main-d oeuvre
qualifiée dans la région de Sacré-Coeur qu'on a
invoqués, est-ce que c'est une réalité? Est-ce que Samoco
doit importer de la main-d'oeuvre de I'extérieur pour les
opérations en forêt ou encore pour le personnel requis à
I'usine?
M. Bérubé: C'est un fait. C'est difficile de
recruter des classificateurs, des limeurs, du personnel mécanicien, etc.
Après la grève de juin dernier. Samoco a été
presque forcé de donner des cours de classificateur, parce qu'il n'y en
avait pas un qui était revenu. On a été obligé d'en
entraîner sur place. Dans la limerie. c'était la même chose.
Il manquait beaucoup de mécaniciens. On a recommencé, en juin,
quasiment à zéro. C'est difficile, mais, par contre, il y a des
bonnes chances, ces gens font beaucoup d'efforts pour essayer de sauver
I'entreprise. Actuellement, deux factions semblables à celle qu'on
possède actuellement, avec une production semblable sur chacune des
factions, cela regarderait beaucoup mieux. Avant de commencer une
deuxième faction, je pense qu'il faudra être prudent,
c'est-à-dire probablement entraîner et former de la main-d'oeuvre
qu'il faudra recruter à l'extérieur de la région.
Il y a un autre problème dans le recrutement, c'est qu'à
Sacré-Coeur, il n'y a pas un logement disponible. Vous recrutez un
mécanicien, où va-t-il rester? C'est un dossier difficile qu'on
espère réchapper.
M. Giasson: Samoco, par ses activités, maintient combien
d'emplois dans la région?
M. Bérubé: Sur une faction, c'est à peu
près 110 à 115 employés, comptant le bureau et le garage,
plus les employés de la forêt qui sont peut-être 225
à 300, mais cela peut aller jusqu à 400: en tout. 450.
M. Giasson: Environ 450 travailleurs. M. Bérubé:
En tout, directement.
M. Giasson: Par qui est assumée la gérance de
Samoco? Est-ce un comité qui exerce la gérance ou est-ce un
individu seul qui assume tout cela?
M. Bérubé: C'est un conseil d'administration, en
vertu des lois des compagnies, qui est formé de sept administrateurs. De
ces sept administrateurs, il y en a quatre qui restent sur place, à
Sacré-Coeur, il y en a trois qui travaillent à REXFOR.
M. Giasson: II y a trois fonctionnaires de REXFOR...
M. Bérubé: II y en a trois qui travaillent a REXFOR
et qui sont administrateurs à Samoco.
M. Giasson: ... qui sont au conseil d'administration. Tout cela
est chapeauté par un gérant?
M. Bérubé: Par un directeur
général... M. Giasson: Un directeur
général.
M. Bérubé: ... qui est en même temps le
président, à Iheure actuelle.
M. Giasson: Comment s'appelle-t-il? Quel est son nom?
M. Bérubé: Bernard Charette. M. Giasson: M.
Charette.
M. Bérubé: Bernard Charette qui était
auparavant aux Industries Baribeau, qui était directeur d'usine aux
Industries Baribeau. C'est un ingénieur forestier qui a une
maîtrise en technologie du bois.
M. Giasson: Est-il exact de croire qu'à certains moments,
en vue d'être en mesure de procéder à des ventes afin de
rattraper de la liquidité le plus rapidement possible, Samoco ait fait
des ventes à des prix inférieurs au prix moyen du marché
dans le sciage?
M. Bérubé: C'est une question qui revient cette
année...
M. Giasson: C'est parce qu'elle court encore la rue, cette
hypothèse.
M. Bérubé: Au dernier congrès de
l'Association des manufacturiers de bois de sciage, évidemment, les
gens, à ces occasions, nous disent certaines choses, mais cette
année, cette remarque n'a pas été soulignée. J'ai
même demandé aux gens de Samoco si quelqu'un leur avait fait ce
reproche. On m'a dit que non. Mais je répète ce que j'ai dit l'an
passé que le prix de vente moyen des bois de sciage de Samoco se compare
au prix de vente moyen des autres entreprises de sciage, de l'entreprise
privée ou de nos autres scieries.
M. Russell: Est-ce que vos coûts d'approvisionnement se
comparent avec ceux de l'entreprise privée?
M. Bérubé: Le coût de la matière
première à l'usine se compare avantageusement à
l'entreprise privée.
M. Russell: Quel est votre coût?
M. Bérubé: Rendu à l'usine, environ $50 le
cunit.
M. Russell: $50 le cunit. Est-ce que cela inclut le droit de
coupe?
M. Bérubé: Oui, monsieur, le droit de coupe
également.
M. Russell: Combien payez-vous pour le droit de coupe?
M. Bérubé: C'est le droit de coupe régulier,
M. Russell.
M. Russell: Pardon?
M. Bérubé: C'est le droit de coupe
régulier.
M. Russell: C'est-à-dire qu'il y a plusieurs droits de
coupe. Si vous vous approvisionnez aux terres de la couronne, ça peut
être de $6 à $8. Sinon, si vous vous approvisionnez sur les terres
qui sont contrôlées par des usines à papier, ça peut
être de $12 à $14. Cela fait quand même une marge assez
appréciable. Je présume que vous vous approvisionnez aux terres
de la couronne actuellement.
M. Bérubé: Oui, cela avait été
fixé au tout début de Samoco, du temps que M. Fradette
était I'actionnaire majoritaire, et c'est par arrêté
ministériel. Mais c'est ce droit de coupe qui se continue, avec les
modifications ou les amendements que le gouvernement juge à propos de
faire.
M. Russell: Mais le prix que vous donnez, à $50 le cunit
ou à peu près, comprend le droit de coupe.
M. Bérubé: Le droit de coupe.
M. Russell: Le droit de coupe.
M. Bérubé: ... le transport... C'est-à-dire
que c'est rendu à l'usine, ça...
M. Russell: C'est rendu à l'usine.
M. Bérubé: ... et $1 le cunit pour l'utilisation
des chemins d'accès.
M. Russell: D'accord.
Vous fonctionnez avec seulement une équipe par jour, dit-on,
actuellement, avec 160 000 pieds?
M. Bérubé: Depuis février.
M. Russell: C'est une usine qui a coûté combien pour
sa construction?
M. Bérubé: $12 millions, $13 millions.
M. Russell: Combien? M. Bérubé: $13
millions.
M. Russell: $13 millions, pour scier 160 000 pieds par
équipe.
M. Bérubé: Je répète que c'est
illogique, mais on n'a pas le personnel expérimenté pour faire la
deuxième, parce que les semaines précédentes, la
production, même sur deux factions il y avait deux factions
n'était pas tellement meilleure, était même
inférieure.
M. Russell: Est-ce qu'on a les chiffres du coût de
production par 1000 pieds de bois sciés actuellement dans l'usine?
M. Bérubé: Je ne les ai pas ici. Un instant!
M. Russell: M. le Président, pendant qu'on va chercher ces
chiffres, on pourrait peut-être procéder à d'autres
questions.
Depuis combien d'années cette usine est-elle bâtie?
M. Bérubé: C'est en 1974.
M. Russell: 1974. Est-ce que, depuis qu'elle fonctionne, elle a
fait des profits ou si elle a toujours été
déficitaire?
M. Bérubé: Elle a toujours été
déficitaire.
M. Russell: Actuellement, en fonctionnant avec une équipe,
elle est encore déficitaire?
M. Bérubé: Evidemment.
M. Russell: De combien mensuellement?
M. Bérubé: A peu près $175 000 par mois.
M. Russell: Par mois, $2 millions par année. Est-ce qu'on
voit la possibilité d'obtenir une rentabilité si on fonctionnait
avec deux équipes?
M. Bérubé: C'est ce qu'on va analyser au mois de
juin, parce que je répète qu'il faut être prudent pour
démarrer une deuxième action. Il faut être certain d'avoir
des séances d'entraînement ou des cours de formation et le
personnel qui va le faire fonctionner adéquatement.
M. Russell: Est-ce que REXOR est impliqué depuis le
début?
M. Bérubé: Au tout début, nous avions
souscrit dans INTRAFOR, qui était le mouvement populaire, qui devenait
actitionnaire de Samoco, pour soutenir la population.
M. Russell: Bon!
M. Bérubé: Par la suite, on nous a demandé
de souscrire dans Samoco. On a souscrit 12% du capital-actions,
c'est-à-dire qu'on avait 12% du capital-actions au début. Cela
s'est rendu jusqu'à la proposition de faillite et nous avons
acheté les actions ordinaires pour $1 alors qu'il y avait une dette
déclarée dans le temps de $5 millions et quelques cent mille
dollars.
M. Russell: Vous avez donné un chiffre de 110 à 115
employés. Est-ce en usine?
M. Bérubé: En usine, dans les bureaux. M.
Russell: ... bureaux, oui.
M. Bérubé: ... les garages.
M. Russell: ... les garages. Maintenant en forêt, Samoco
fait-elle ses propres opérations?
M. Bérubé: Oui.
M. Russell: Combien y a-t-il d'employés en
forêt?
M. Bérubé: 200 à 225.
M. Russell: En forêt?
M. Bérubé: En forêt.
M. Russell: Parce qu'il semble que...
M. Bérubé: Les 450, M. Russell, c'est sur deux
factions. Vous en avez à peu près 200 à l'usine sur deux
factions et 250 en forêt dans le cadre des opérations.
M. Russell: Depuis combien de temps n'avez-vous qu'une
faction?
M. Bérubé: Depuis février. M. Russell:
Depuis février. M. Bérubé: Cela fait six
semaines environ.
M. Russell: Six semaines. Par contre, vous pourriez opérer
sur deux factions sans doubler la main-d'oeuvre.
M. Bérubé: C'est exact.
M. Russell: Avez-vous le coût par mille pieds?
M. Bérubé: Le coût du sciage est aux environs
de $114 les mille pieds.
M. Russell: Cela, c'est le coût fini, mais le coût de
l'opération seulement.
M. Bérubé: Dans son ensemble, en totalité,
on opère...
M. Russell: La scierie ou le rabotage.
M. Bérubé: Actuellement, on opère à
peu près a $190 les mille pieds. Cela veut dire qu'on opère
continuellement en déficit, si on tient compte du prix du
marché.
M. Russell: $190 les mille pieds. M. Bérubé:
Oui.
M. Russell: Cela doit comprendre toute l'immobilisation.
M. Bérubé; Oui. Ce sont tous les coûts en
fait...
M. Russell: Tous les coûts d'immobilisation. M.
Bérubé: ... de fonctionnement.
M. Russell: A-t-on le coût d'opération de la scierie
seulement et du rabotage séparément? Seulement les coûts
directs.
M. Bérubé: Oui, en ce qui concerne le sciage, comme
je le disais tout à l'heure, c'est aux environs de $114 les mille pieds
et le coût du rabotage est aux environs de $28 les mille pieds, si on
identifie ces deux coûts.
M. Russell: Ce n'est pas possible. D'abord, le coût du
rabotage à $28, c'est le double d'un coût normal. Il devrait
être en bas de $14 d'abord et, quand vous parlez de sciage, le sciage ne
devrait jamais dépasser $45 les mille pieds, si on parle de coût
direct seulement. Je ne parle pas de...
M. Bérubé: Non. Cela incluait l'amortissement.
M. Russell: Ce que je veux savoir, c'est à part
l'amortissement. Vous ne l'avez pas? On ne vous demandera pas de faire de
comptabilité ici. J'ai votre budget. A ces coûts, il est
évident que cela ne sera jamais rentable.
Je n'ai pas d'autre question sur Samoco. La seule chose est que je
prends note du déficit qui va continuer de se maintenir, même
à deux factions, à ces coûts, parce que lorsqu'on arrive
avec des coûts de $190, même si le bois est raboté à
la barrière, bien emballé et prêt à être
expédié, je ne pense pas à un prix moyen qu'on pourra
améliorer cette situation à moins d'améliorer
l'opération interne de l'usine.
M. Giasson: Mais s'il y avait une possibilité d'apporter
une solution au problème de la main-d'oeuvre auquel on a fait allusion
tout à l'heure, de manière à opérer de façon
permanente deux factions, il y aurait certainement une possibilité de
réduire les coûts par mille pieds. L'investissement est là.
L'équipement est sur place. Cela ne serait-il pas l'un des
éléments correctifs les plus importants à résoudre
chez Samoco en vue de sortir de cet état de déficit constant
qu'on prévoit?
M. Bérubé: C'est certain, mais comme on le
mentionne, il y a place à l'amélioration, tout
particulièrement au rabotage. Comme on l'a mentionné, c'est trop
cher. Il y a peut-être un peu trop de monde. Ce sont des correctifs qu'on
voudrait pour demain matin. On voudrait bien aussi la deuxième faction.
On le souhaite, mais elle n'est pas là.
M. Giasson: Mais y a-t-il un effort réel et très
marqué de ce côté?
M. Bérubé: Oui, avant de commencer une
deuxième faction, je crois qu'une usine doit au moins fonctionner comme
un moine sur une faction. Il faut au moins cela, chose qui n'est jamais
arrivée. Cela s'en vient sur une faction. C'est assez régulier,
160... cela se fait assez régulièrement.
M. Giasson: Je crois que vous aviez deux factions en service
à l'époque. Quelle était la moyenne du produit... de la
base d'un mois, la moyenne de 1000 pieds usinés chaque jour à
deux factions. (11 heures)
M. Bérubé: Après la grève, M. le
Président, on a eu une moyenne, je crois, de 500 000 pieds par semaine
sur une faction. Quand on a commencé la deuxième faction à
Samoco, cela n'a pas monté beaucoup en haut de 700 000 et 800 000 pieds.
La deuxième faction, c était une perte complète d argent
en plus d'un laisser-aller dans I' entretien de la machinerie parce qu on n
avait pas tout le personnel expérimenté. C était un
personnel de bonne volonté, mais pas assez expérimenté
pour entretenir et faire fonctionner une usine semblable.
M. Giasson: Les copeaux produits à Samoco sont
expédiés à quelle usine?
M. Bérubé: Ils sont vendus à Rayonier selon
un contrat de dix ans.
M. Giasson: Cela retourne chez Rayonier.
M. Bérubé: Ils sont chargés sur le quai
à Tadoussac et transportés par barges à Port-Cartier.
M. Giasson: Et les prix que vous obtenez pour ces copeaux qui
vont chez Rayonier se comparent assez bien avec les prix payés dans le
marché?
M. Bérubé: Actuellement, avantageusement.
M. Giasson: Même si c'est un engagement de dix ans?
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
M. Giasson: Un engagement de dix ans, mais avec révision
de prix chaque année?
M. Bérubé: Indexé sur le prix de gros. La
négociation a été faite par des gens de REXFOR parce que,
quand on a pris Samoco. les copeaux étaient invendus, les tas de copeaux
étaient là et on a réussi à négocier, avec
Rayonier, une entente semblable. Je dirais qu aujourd hui, les copeaux de
Samoco sont vendus à un prix plus élevé que le prix que
Tembec ou CIP paie actuellement, FAB la scierie, évidemment. Il n'y en a
pas tellement, ce n est pas...
M. Giasson: Est-il possible de croire que. dans trois ans. cinq
ans. Samoco puisse enfin déboucher sur des activités qui vont
produire des profits?
M. Bérubé: On le souhaite ardemment.
Je pense que, de toute façon, compte tenu des dettes
accumulées à Samoco, il est possible qu'on ait à
procéder à un refinancement si on veut, ayant résolu les
problèmes de production, la rendre rentable, de toute façon, il
me semble.
M. Giasson: Un refinancement de I'entreprise.
M. Bérubé: Un refinancement pour ramener à
un rapport de dette-équité qui soit peut-être plus normal
pour une entreprise de ce type. Présentement, le fardeau de la dette est
encore très élevé.
M. Giasson: Ce financement, est-ce qu'il pourrait se faire,
compte tenu de la situation particulière, à des coûts
d'intérêt qui soient peut-être plus intéressants que
ce qu'on peut retrouver dans d'autres entreprises, par une présence de
I'Etat?
M. Bérubé: Vous savez, les problèmes de
refinancement des sociétés d'Etat en difficulté, cela se
fait par l'intermédiaire du fonds consolidé. M. Parizeau a
d'ailleurs déjà dit qu'il allait organiser des visites, des tours
organisés du fonds consolidé de la province puisqu'on y puise
largement.
M. Giasson: M. le Président, nous savons que, dans les
activités de la société Rayonier, là encore, on
avait fait appel à REXFOR à lépoque. Comment se comporte
cette entreprise dans le contexte actuel?
M. Bérubé: C'est une de vos filiales, M.
Côté?
M. le Président, M. le ministre, notre intervention dans Rayonier
est pratiquement terminée, sauf que l'équipement, la machinerie
qui a été achetée par I'intermédiaire de REXFOR, de
préférence de manufacturiers québécois, est
louée pour une période de 25 ans et Rayonier devra nous
rembourser au 25e anniversaire de la dépense. Nous ne sommes pas
actionnaires de Rayonier, on n a fait aucune opération, sauf qu'on lui a
vendu des copeaux par Samoco et on lui a vendu du bois provenant de la
Moyenne-Côte-Nord, de Natashquan, de Rivière-au-Tonnerre et de
Rivière-Saint-Jean. Je ne peux pas faire de commentaire sur I'entreprise
elle-même.
M. Giasson: ... a augmenté.
M. Bérubé: Il faudrait que vous demandiez au
président de Rayonier.
M. Russell: M. le Président, vous avez de
I'équipement qui vous appartient ou que vous avez loué à
Rayonier; à quel intérêt?
M. Bérubé: Sans intérêt.
M. Russell: Sans intérêt?
M. Bérubé: Pour $19 millions.
M. Russell: Quel contrôle avez-vous sur l'utili-sation de
cet équipement, si c'est loué pour 25 ans? Quel est le
remboursement annuel?
M. Bérubé: C'est un problème qu'on avait
oublié que de l'équipement et de la machinerie, cela s'use, cela
s'amortit et cela se remplace. Il a fallu ajouter un amendement à
l'entente. Mais, nous n'avons aucun contrôle. C'est pour l'usage de
Rayonier. qui en fait ce qu'elle veut, pour autant que cela est pour ses
exploitations. Si elle veut vendre de l'équipement, le produit de la
vente revient à REXFOR et est remis dans le premier système.
M. Russell: Donc, si on veut, au bout de dix ans, que
l'équipement n'ait presque plus de valeur, parce que, normalement, c'est
ce qui arrive, on peut revendre l'équipement pour ce qu'il vaut,
c'est-à-dire du vieux fer, pour $10 000 ou $100 000, et le
déficit encouru sera...
M. Bérubé: Mais Rayonier reste en dette avec REXFOR
pour la somme de $19 millions quand même.
M. Russell: Est-ce que vous êtes propriétaire de
l'équipement ou si c'est Rayonier?
M. Bérubé: Actuellement, nous sommes
propriétaires de l'équipement, c'est une technicité
légale que les avocats... Nous sommes propriétaires...
M. Russell: J'ai bien l'impression que c'est une location
d'équipement que vous avez. A ce moment-là, après dix ans
d'usure, si l'équipement n'est pas valable, à moins qu'il y ait
des prévisions bien précises dans le contrat, on peut vous
remettre l'équipement. Vous pouvez quand même lui envoyer une
facture, mais, légalement, je me demande comment vous allez la faire
payer. Vous avez recours à votre équipement.
M. Bérubé: Dans le rapport annuel, on donne les
dates anniversaires des remboursements, à la page 21. On y dit: "en
vertu de ce même accord, REXFOR loue à Rayonier, pour 25 ans, ses
équipements et installations pour une somme identique." Le coût du
loyer est de $19 millions, qu'elle nous le remette ou qu'elle ne nous le
remette pas...
M. Russell: L'équipement vous a coûté $19
millions.
M. Bérubé: C'est ça.
M. Russell: Vous ne retirez aucun intérêt.
M. Bérubé: Aucun.
NI. Russell: C'est le gouvernement qui vous rembourse le montant
de l'intérêt, donc ça ne coûte rien à REXFOR.
La seule chose, c'est que je
me pose des questions sur la valeur que vous détenez
actuellement, si Rayonier voulait vous remettre l'équipement ou refusait
de le payer.
M. Bérubé: Elle ne pourrait pas remettre
l'équipement, mais la valeur de l'équipement actuel n'est
certainement pas de $19 millions, parce que ça se
déprécie, ça se détériore.
Le Président (M. Blank): Le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. On sait qu'un accord
est intervenu le 17 août 1971 entre Rayonier Québec et le
gouvernement du Québec. Est-ce que vous pourriez nous donner un
aperçu assez précis de l'équipement que vous avez, qui est
la propriété de REXFOR, à Port-Cartier ou dans les
chantiers?
M. Bérubé: M. le Président, j'ai
déjà fait des analyses des équipements que nous avions
achetés; de mémoire, toute la machinerie forestière qui
est utilisée en forêt, depuis le début, probablement que
Rayonier en a acheté d'autre depuis, les camps forestiers, les garages,
l'usine de transformation de mise en copeaux, d'écorçage,
à Port-Cartier même, ont été payés à
même les $19 millions.
M. Perron: A même les $19 millions. C'est ce qu'on appelle
l'écorceuse Forano?
M. Bérubé: Non, l'écorceuse Forano est venue
par après, ce sont les tambours écorceurs, la
déchiqueteuse pour la mise en copeaux, ce qu'on appelle la "wood room",
jusqu'à l'entrée du moulin, Rayonier a utilisé les $19
millions pour payer les équipements de la machinerie jusque là,
concernant l'exploitation forestière et la mise en copeaux.
M. Perron: En ce qui a trait à la réparation,
l'entretien de la machinerie elle-même, de l'équipement, que ce
soient les installations ou l'équipement en forêt, est-ce REXFOR
qui en absorbe les coûts ou si c'est Rayonier Québec?
M. Bérubé: C'est la responsabilité de
Rayonier.
M. Perron: C'est la responsabilité de Rayonier. Merci, M.
le Président.
M. Russell: L'âge moyen de l'équipement forestier,
est-ce qu'on peut avoir cette information, rapidement?
M. Bérubé: On a commencé à acheter de
réquipement forestier en 1972/73, cela fait quatre ou cinq ans.
M. Russell: L'utilisation moyenne de l'équipement
forestier, c'est quoi?
M. Bérubé: Aujourd'hui, il y a déjà
de l'équi- pement qui est complètement
déprécié, comme des camionnettes, des tracteurs, tout
ça, qui...
M. Russell: Déprécié ou fini?
M. Bérubé: Fini.
M. Russell: Fini.
M. Bérubé: Egalement.
M. Russell: Si je comprends bien, M. le Président, c'est
une façon indirecte de faire un prêt de $19 millions à
Rayonier sans intérêt.
M. Bérubé: C'est une façon indirecte, mais
c'est une façon qui amenait un certain contrôle sur les achats et
n'eût été cette façon, je pense que plusieurs
manufacturiers québécois n'auraient rien vendu.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: J'ai une autre question. Toujours en rapport avec
Rayonier Québec et l'entente du 17 août 1977, comme vous venez
justement de mentionner que l'équipement ne sert plus, qu'une partie
n'est plus bonne dans certains domaines, est-ce que l'équipement est
renouvelé par Rayonier Québec ou est-ce vous-mêmes qui
devez renouveler cet équipement, en vertu de l'entente?
M. Bérubé: C'est renouvelé par Rayonier
Québec. On peut y participer si Rayonier Québec a disposé
de certains équipements avec le produit de ces dispositions qui est
remis dans le système des $19 millions.
M. Perron: Merci.
M. Giasson: vous avez indiqué tout à l'heure qu'il
y avait des exploitations forestières menées par REXFOR sur la
Moyenne-Côte-Nord; est-ce qu'elles atteignent un point de
rentabilité? C'est une matière qui est expédiée
à Port-Cartier, qui est vendue entièrement à Rayonier.
M. Bérubé: Evidemment, non. Ce qu'on nous a
demandé de faire sur la Moyenne-Côte-Nord, Natashquan,
rivière Saint-Jean, rivière au Tonnerre, c'était de la
formation, de l'entraînement pour essayer de former des ouvriers
forestiers. C'était ni plus ni moins de l'école qu'on
faisait.
M. Giasson: C'était le but premier.
M. Bérubé: C'est évident que le prix de
vente obtenu chez Rayonier ne compense pas tous les frais de ces
exploitations.
M. Giasson: C'est le chantier-école. Je pense bien que le
terme va dans le sens des propos que vous venez de tenir. Ce sont des
chantiers-écoles. Est-ce ouvert à la population des paroisses,
des localités de la Moyenne-Côte-Nord?
M. Bérubé: C'est cela. L'objectif était de
donner du travail ou de former des gens de ces municipalités, ces
ouvriers pouvant voyager chez eux soir et matin. Il ne s'agissait pas tellement
de produire de gros volumes de bois, c'était pour ces gens. Si on avait
voulu produire de forts volumes de bois à de meilleurs coûts, je
pense qu'on serait allé travailler ailleurs.
M. Giasson: Mais l'expérience se poursuit, elle est
maintenue? Est-ce qu'on continue à faire des exploitations?
M. Bérubé: Non, cette année, à
Natashquan en tout cas, on livre le dernier bois qui a été
coupé et ce sera une coopérative ou un entrepreneur privé
qui prendra la succession probablement.
M. Giasson: Le coût de construction des voies
d'accès en forêt, dans ces localités, a-t-il
été assumé par REXFOR, ou directement par le
ministère?
M. Bérubé: Directement par le ministère ou
le gouvernement, selon les sources. REXFOR a été une
exécutante.
M. Giasson: Et si vous deviez être relevés dans le
territoire par des coopératives ou d'autres entrepreneurs, ces gens,
naturellement, profiteraient des investissements et de toutes les installations
qui sont sur place là-bas?
M. Bérubé: C'est bien évident qu'ils vont
profiter des installations, ils vont profiter des efforts faits là pour
amener ces gens sur le marché du travail, ou pour essayer de les former.
Evidemment, on espérait que ce serait plus rapide, mais on ne change pas
des habitudes trop rapidement. Je constate cela aujourd'hui.
M. Giasson: Mais dans l'expérience vécue, vous avez
réussi à former combien de travailleurs forestiers dans le
secteur?
M. Bérubé: Dans le plus fort des exploitations de
la Moyenne-Côte-Nord, on avait environ 250 personnes qui travaillaient
pour REXFOR, dans les trois localités ensemble. J'imagine que cela
représente les gens qui ont suivi des cours de formation ou qui ont
participé aux chantiers-écoles.
M. Giasson: Mais ce seraient des gens, somme toute, qui, à
l'avenir, pourraient fort bien continuer à vivre de cette
activité forestière en travaillant pour les organismes ou les
individus qui vont prendre la relève.
M. Bérubé: C'était l'objectif. L'autre
objectif qu'on s était tracé, c'était qu'il se
développe localement un leader ou quelqu'un pour prendre la
relève afin que ces gens s'administrent eux-mêmes. Nous ne sommes
pas tout à fait rendus à cette étape, car nous
l'imaginions plus rapide que cela. (11 h 15)
M. Giasson: Si on allait dans une autre entreprise où
REXFOR a également contribué, au palier du capital, F.F. Soucy
à Rivière-du-Loup; comment la situation se
présente-t-elle?
M. Bérubé: M. le Président, F.F. Soucy est
une... on est partenaire dans une usine de papier journal. Le marché du
papier journal est assez bon aujourd'hui. Nos associés,
I'associé-gérant qui a acheté la première usine de
F.F. Soucy à Bétaux, sont de bons marchands, de bons
administrateurs, cela va très bien; c'est un bon placement, c'est un
placement qu'on apprécie. On considère beaucoup nos partenaires
comme ils nous considèrent.
On nous a payé, l'an passé, des dividendes sur notre
investissement.
M. Giasson: La situation est bonne. M. Bérubé:
Oui.
M. Giasson: Est-ce que REXFOR n'aurait pas des engagements, au
point de vue garantie d'approvisionnement de matières premières
à l'usine?
M. Bérubé: Oui. Nous avons des engagements, deux
engagements. Le premier est direct, c est-à-dire celui de vendre ou de
livrer à I'usine 25 000 cordes de bois au prix des producteurs de bois,
au prix négocié par les compagnies Abitibi, CIP, Reed et autres.
De plus, nous avons un engagement de suppléer les producteurs de bois
advenant qu'ils fassent défaut, qu'ils ne livrent pas les volumes
prévus de 100 000 cordes à Soucy. C est une garantie
supplémentaire que nous avons donnée.
Les premiers 25 000 cordes doivent venir, d'après nos contrats,
de la fôret domaniale des Appalaches, et le gouvernement a garanti
à REXFOR de ce côté-là...
M. Giasson: Cela doit venir de la forêt domaniale des
Appalaches.
M. Bérubé: Si cela venait d'ailleurs, REXFOR serait
compensée pour le surplus, s'il y en avait un. à cause de
I'éloignement ou d'autres difficultés.
M. Giasson: Est-ce qu'il y a des garanties d'approvisionnement
qui pourraient venir de la forêt domaniale voisine, celle du Grand
Portage?
M. Bérubé: On ne nous en a jamais parlé.
M. Giasson: II n'y a pas de garantie. Mais, si la garantie est
donnée à partir de la forêt domaniale des Appalaches, il
est facile de supposer que le mandat ou le protocole qui a été
signé entre le ministère des Terres et Forêts et REXFOR
pour les Appalaches va se continuer dans l'avenir?
M. Bérubé: Je le pense, ce serait normal.
Actuellement, je pense que le ministère fait faire des consultations
dans la région pour savoir qui sera l'exécutant ou qui ne sera
pas l'exécutant dans I'avenir. Cela nous agace un peu parce que...
M. Giasson: J'imagine, quand on donne des garanties...
M. Bérubé: On a signé un contrat, on a
signé des engagements pour vingt ans.
M. Giasson: S'il y avait un autre intervenant pour la
récupération, l'exploitation dans les Appa-laches, comment
pouvez-vous maintenir... quelle est le volume que vous auriez à garantir
sur une période de vingt ans? Fournir 25 000 cordes ou...?
M. Bérubé: 25 000 cordes.
M. Giasson: 25 000 cordes et de suppléer au manque de
livraison qui pourrait découler des offices de producteurs à
l'usine de Rivière-du-Loup?
M. Bérubé: C'est la question qu'on se pose parce
que si une telle situation se présentait... Du jour au lendemain, on ne
s'installe pas comme producteur et on ne produit pas du bois du jour au
lendemain; ce n'est pas instantané. Il faut être en mesure de
suppléer, il faut être en mesure de remplir ses engagements? On ne
peut pas l'improviser...
M. Giasson: Vous pourriez toujours expédier des copeaux
à Samoco...
M. Bérubé: Ils sont vendus.
M. Giasson: Sur garantie à Rayonier... Vous n'avez pas
d'autres scieries quelque part qui...
M. Bérubé: Oui, j'ai ici à mes
côtés, M. Moore qui est président de la scierie Taschereau,
de la scierie Béarn, de la scierie Chic-Chocs...
M. Russell: A la scierie des Outardes, les copeaux vont
à...
M. Bérubé: Ils vont à Québec North
Shore. M. Russell: Elle opère à profit, cette scierie?
M. Bérubé: A la scierie des Outardes, la
construction n'est pas encore terminée. Actuellement, cette scierie
exploite un domaine seulement. L'as-sortisseur automatique a été
mis en marche cette semaine seulement.
M. Russell: La production...
M. Bérubé: La production anticipée est de
100 millions de pieds de bois.
M. Russell: 100 millions de pieds de bois par année. C'est
une usine qui va coûter $16 millions à peu près?
M. Bérubé: $16 millions, $17 millions. Il va y
avoir un dépassement de 10% sur l'estimation des prix faite en 1975 ou
1974.
M. Russell: Mais la Société REXFOR n'est pas seule
dans l'exploitation de l'usine des Outardes?
M. Bérubé: Nous sommes partenaires avec
Québec North Shore.
M. Russell: A parts égales?
M. Bérubé: 60% à REXFOR, 40% à
Québec North Shore Paper.
M. Russell: L'exploitation sera faite par qui?
M. Bérubé: Aux Outardes c'est un "partnership" et
c'est géré par un comité de gestion formé de quatre
personnes dont deux de Québec North Shore et deux de REXFOR, M. Moore et
moi-même.
M. Russell: Les perspectives sont-elles bonnes?
M. Bérubé: Oui, vous savez, on souhaite toujours
mieux. Evidemment il y aura beaucoup de problèmes à
résoudre. Nous en sommes fiers de l'usine des Outardes, malgré
qu'il y aura des problèmes à résoudre, c'est sûr et
cela nous cause des inquiétudes.
M. Russell: Le problème de main-d'oeuvre ne se pose pas
là-bas?
M. Bérubé: Pas à ce jour, à la
scierie des Outardes, quelques mois après la période de demandes
d'emploi ou autres on avait reçu au-delà de 400 demandes
d'emploi. On a arrêté le processus, mais on en a reçu quand
même, on en était à 800 demandes d'emploi. Evidemment ce ne
sont pas tous des candidats qualifiés ou expérimentés,
mais le bassin de main-d'oeuvre dans la région de Hauterive
Baie-Comeau est à peu près de 40 000 personnes. Il y a eu
d'autres industries qui se sont installées dans ce pays,
c'est-à-dire la compagnie de papier Québec North Shore, Reynolds,
Cargill qui forment évidemment et l'Hydro-Québec y a fait
d'importants travaux des hommes de métier et cela amène des
gens de métier dans ce coin.
M. Russell: Le but de la scierie des Outardes, est-ce que c'est
en principe pour alimenter une usine de papier de copeaux ou si on veut sortir
le maximum de bois de construction où seulement les résidus nets
vont en copeaux, comme cela se fait dans certaines scieries?
M. Bérubé: Le concept de la scierie des Outardes
fait qu'on va récupérer et qu'on va faire une très bonne
utilisation du bois. On a même un système pour
récupérer du quatre pieds dans les bouts. On ne devrait pas
produire beaucoup plus de copeaux qu'ailleurs.
M. Russell: On n'a pas les moyens en copeaux.
M. Bérubé: Non.
M. Giasson: Est-ce que la moyenne des billes exploitées
là-bas se compare assez bien avec d'autres secteurs de la forêt au
Québec, c'est-à-dire la dimension des billes?
M. Bérubé: Vous parlez de la matière
première livrée à l'usine?
M. Russell: Oui, la matière première. Les
billots.
M. Bérubé: C'est plus élevé. Cela se
compare avec Béarn, c'est plus élevé que Samoco,
dépendant des difficultés, dépendant des salaires, de la
main-d'oeuvre que l'on paie aussi. Il y a les difficultés de terrain,
d'exploitation, des distances. C'est une région qui est plus
dispendieuse que la région de Taschereau ou de l'Abitibi.
M. Russell: Est-ce que les arbres vont rentrer en longueur ou
s'ils vont être débités en forêt?
M. Bérubé: En longueur et tronçonnés,
écor-cés en billots.
M. Giasson: M. le Président, on pourrait revenir sur
l'autre rive, parce que REXFOR est assez présent dans le secteur de
l'est du Québec, soit sur la rive nord ou sur la rive sud, gauche ou
droite. Quel est l'état des travaux qu'a menés REXFOR, suite
à un mandat confié par le ministère sur des études
en vue de l'implantation d'une usine à Val-Brillant?
M. Bérubé: M. le Président, j'imagine qu'on
veut parler de l'usine de papier souhaitée par les gens du milieu, du
Bas-du-Fleuve ou de la Gaspésie. Nous avons confié
dernièrement il y a un mois ou un mois et demi un contrat
à une firme d'ingénieurs Darveau, Grenier et Lussier
pour faire le point sur la forêt de la Gaspésie afin
d'avoir un dossier clair sur les disponibilités, sur les engagements,
sur les possibilités forestières de cette région. Le
rapport nous est promis pour le début de 1979. Avec les données
forestières que nous avions, il était impossible
d'intéresser un investisseur à un projet semblable. Il faut un
peu de sécurité pour investir, il faut les bons chiffres, il faut
une situation claire et nette.
M. Giasson: Est-ce que I'implantation d'une usine à
Val-Brillant ne modifierait pas en profondeur la situation du partage des
possibilités d'approvisionnement qu on retrouve dans la grande
région du Bas-Saint-Laurent?
M. Bérubé: C'est une des raisons pour lesquelles
nous avons commandé une étude. On veut connaître tous les
éléments, les engagements, les disponibilités. Ce ne
serait pas brillant de construire une usine et en fermer une autre; on veut
éviter cela. On veut donc avoir une analyse complète. C'est un
travail de taille.
M. Giasson: Parce que dans la région, dans la
vallée, il y a déjà des garanties d'approvisionnement
accordées à des scieries existantes, en place. Est-ce que ces
engagements se prolongent assez longtemps ou s'ils se renouvellent?
M. Bérubé: C'est cela qu'on va retrouver dans le
rapport, je I'espère. On ne le sait pas. nous, à REXFOR. en tout
cas.
M. Giasson: Vous n avez pas encore de données
la-dessus.
M. Bérubé: Non.
M. Giasson: C'est à I'état de recherche.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Giasson: La forêt privée dans le secteur
occupe-t-elle une superficie faible par rapport au domaine public?
M. Bérubé: C'est la même chose pour la
forêt privée; cela va nous prendre les données aussi.
Construire une usine qui manquerait d'approvisionnement à courte
échéance, ce serait malheureux. Il faut rassembler toutes ces
données si on veut intéresser un investisseur. Si les
données sont intéressantes, il sera peut-être possible d'en
trouver un, mais si les données ne sont pas intéressantes, ce
sera cela.
M. Giasson: Quel serait le type de produit qu'on pourrait
fabriquer à partir d'une hypothèse positive de
développement d'une installation à Val-Brillant?
M. Bérubé: Les gens du milieu ont imaginé
une usine de papier journal du genre de celle de F.F. Soucy avec,
évidemment, les garanties que Soucy a obtenues de REXFOR et du
gouvernement.
M. Giasson: On examine à partir d'un modèle...
M. Bérubé: C est ce que les gens...
M. Giasson: ... d un prototype qui serait celui de F.F. Soucy.
Rivière-du-Loup.
M. Bérubé: On a trouvé cela
intéressant. C'est sur que c'est intéressant, mais si cela peut
se repéter, tant mieux.
M. Giasson: Mais vous sembliez avoir des doutes sur les
possibilités de trouver un investisseur.
M. Bérubé: Parce qu on n'avait pas de
données assez claires et précises sur I'état de la
forêt, sur les engagements, sur les disponibilités.
M. Giasson: A quelle époque croyez-vous être
fixés la-dessus?
M. Bérubé: II faut franchir cette situation
étape par étape. La première question qu'un investisseur
nous demande est celle-ci: Y a-t-il du bois et quelle en est la densité?
On n'est pas capable de répondre à cette question.
M. Giasson: Demeurant sur la rive droite du Saint-Laurent, en
retournant vers lOuest, quel est le résultat de I'expérience, au
point de vue profits réalisés, dans les opérations
menées par REXFOR dans la forêt des Appalaches?
M. Bérubé: J'aimerais que M. Ouellet, qui est
responsable de la restauration forestière à REXFOR.
réponde à cette question.
L'opération des Appalaches, c'est presque un monde en soi.
M. Giasson: C'est presque?
M. Bérubé: Presque un monde...
M. Giasson: Un monstre ou un monde?
M. Bérubé: Un monde.
M. Giasson: Un monde.
M. Bérubé: En fait, c'est une expérience qui
est tentée et qui dure déjà depuis quatre ans où le
ministère des Terres et Forêts nous a confié un mandat de
réaliser le plan d'aménagement, le plan d'intervention qu'il
avait préparé. REXFOR a obtenu I'exclusivité de
I'opération. Alors, il y a eu des expériences de
différents modes de coupe: la coupe sélective, la coupe par
bandes. Le but premier était de réunir en une seule les
activités éparses qui se faisaient dans le milieu. Dans les
Appalaches, la possibilité est établie à 60 000 cunits de
bois. Le but visé est de produire un maximum de sciage. Avec les travaux
qu'on fait actuellement, on produit entre 50% et 60% du bois de sciage qui est
vendu aux industriels de la région. La différence sert à
I'approvisionnement de l'usine F.F. Soucy: le reste du bois à pâte
est vendu à des industries comme Reed, Abitibi Grover,
Trois-Rivières. La main-d'oeuvre totalise, durant le fonctionnement,
environ 225 personnes et on exploite la possibilité de la forêt. C
est donc dire qu'il ne faut pas penser à une augmentation de
main-d'oeuvre dans le secteur. (11 h 30)
Les rapports du ministère des Terres et Forêts
démontrent qu'il y a environ 700 ouvriers forestiers dans le coin. Je
pense que le fait qu'on ait développé le secteur, autant au point
de vue routier qu'au point de vue aménagement forestier, crée des
appétits et il y a des gens qu'on a remplacés.
Au point de vue du coût, je parle de contrat passé avec le
ministère des Terres et Forêts pour accomplir des travaux
plutôt que du mot subvention. Plusieurs disent: Vous êtes
subventionnés de $400 000, $500 000 par année, par le
ministère des Terres et Forêts. En fait, on nous demande de
développer le réseau routier; on nous demande de faire des coupes
sélectives qui sont plus onéreuses; on nous demande
également de garder notre exploitation à travers tout le
territoire, dans de petites unités. Par exemple, on fonctionne à
Saint-Camille-de-Bellechasse et à Notre-Dame-du-Rosai-re, un peu
partout; on n'a pas de camp en forêt mais les gens travaillent dans leur
milieu, chez eux, ils sont chez eux tous les soirs. Les conditions salariales
sont très avantageuses comparées à ce qui se paie sur le
marché; les conventions collectives existent, les employés sont
affiliés à la CSN; les taux négociés sont
comparables à ce qui se paie sur le marché.
On ne voulait pas payer plus cher pour ne pas se faire accuser de faire
de la concurrence déloyale et on ne voulait pas payer moins cher non
plus. On paie ce que cela vaut. Je ne sais pas si cela répond à
votre question.
M. Giasson: C'est une bonne description des activités que
vous menez, à l'intérieur d'un mandat assez précis venant
du ministère. Mais je pense que vous n'avez pas répondu à
la partie: Quel est l'état de profit qui a pu se dégager pour
REXFOR dans les travaux menés aux Appalaches? Ce sont des pertes ou des
profits qui découlent d'une expérience de quatre ans de
fonctionnement? Dabord, est-ce que le coût de la voirie forestière
est assumé par REXFOR ou par le ministère des Terres et
Forêts?
M. Bérubé: On signe un contrat avec le
ministère des Terres et Forêts pour travailler à
réaliser dans la voirie forestière. Dans cette transaction,
REXFOR marche à "cost lost"; le profit net de REXFOR est de 10% du
fonctionnement total. Cette exploitation des Appalaches, il faut la regrouper
avec le suivi de l'Opération 2000. Vous avez entendu parler de 2000
emplois en forêt. Suite à cela, quand ce programme a
été abandonné, on avait des exploitations un peu partout
dans la province. On a essayé de les regrouper dans des unités
assez grosses pour essayer de rentabiliser l'exploitation. On a augmenté
les volumes à certains endroits. Dans le programme Restauration
forestière, on fonctionne dans la région de Shawi-nigan, La
Tuque, Roberval, Lac-Saint-Jean et les Appalaches. Cela forme un budget global,
qu'on négocie avec le ministère des Terres et Forêts.
Les profits réalisés parce qu'on réalise des
profits dans la région de Shawinigan et dans la région du
Lac-Saint-Jean servent à financer une partie des travaux des
Appalaches, également. Alors, dire si on fait des pertes, je ne le crois
pas. On fait des travaux... On a participé, par exemple, à la
réalisation de la base de plein-air de Montmagny; est-ce qu'on
évalue cela en pertes par rapport au coût du cunit de bois? Je ne
le sais pas, c'est un investissement. On a fait cela. On fait des chemins,
c'est un investissement. Nos coûts de fonctionnement sont comparables
à ce qui se fait dans l'entreprise privée, je crois, dans ces
endroits.
M. Russell: Est-ce que les employés travaillent à
l'unité ou s'ils travaillent à l'heure?
M. Bérubé: Les employés travaillent à
l'unité. Il y a des ouvriers qui travaillent à l'heure, mais les
bûcherons... le débardage du bois, cela se fait à
forfait.
M. Russell: Les routes sont faites à l'heure avec
l'équipement loué?
M. Bérubé: C'est cela, oui. L'équipement est
loué; on a très peu d'équipement qui nous appartienne.
C'est seulement 4% ou 5% de l'équipement, en réserve, pour
pouvoir nous dépanner au cas où il arriverait quelque chose.
M. Russell: Quel montant les dépenses totales
représentent-elles?
M. Bérubé: Cette année, le budget des
Appa-laches est de $4 500 000 environ.
M. Russell: Les revenus?
M. Bérubé: Les revenus se chiffrent à $4
millions parce qu'on vend du bois. La différence, c'est un contrat qu'on
passe avec le ministère.
M. Russell: C'est-à-dire que vous vendez du bois pour $4
millions?
M. Bérubé: On vend du bois pour environ $3
millions. Pour le budget qui vient, un montant de $500 000 est consacré
à la construction de chemins et un autre montant de $500 000 est
consacré au financement des travaux de coupe sélective, coupe par
bandes, des choses semblables.
M. Giasson: Vous savez qu'il y a des organismes du milieu qui
sont intéressés à participer encore davantage à
l'exploitation de la forêt des Appalaches. A quelle date va se terminer
le premier protocole signé entre REXFOR et le ministère des
Terres et Forêts concernant les Appalaches?
M. Bérubé: L'exploitation 1978-1979 est la
dernière année du contrat de cinq ans qu'on avait avec le
ministère des Terres et Forêts. Le ministère des Terres et
Forêts a confié ou va confier je ne peux pas vous le dire
un mandat au CRD pour faire de la consultation dans le milieu en vue de
discuter du nouveau plan de gestion de la forêt domaniale des Appalaches
et de discuter de l'organisme ou des organismes qui prendront en charge
l'exploitation de la forêt domaniale des Appalaches. A quel niveau les
modalités de la consultation vont-elles se faire? Je ne peux pas vous
dire. C'est le ministère des Terres et Forêts qui les
établit. Mais je sais qu'on est contesté parce qu'il y a certains
groupes qui veulent prendre la relève en partie ou en totalité
je ne le sais pas. A tous les ans, on tente d'en obtenir un peu plus. Je
réfère à la Coopérative de gestion
forestière des Appalaches...
M. Giasson: Les groupements forestiers sont
intéressés également.
M. Bérubé: On me dit que les groupements forestiers
sont également intéressés. Le problème majeur dans
tout cela, c'est que, dans la région, il y a environ 700 ouvriers
forestiers et il y a de la place pour en faire travailler 200 à 225. Nos
200 à 225 employés sont syndiqués et ils pensent qu'ils
ont le droit de travailler. Il y a d'autres groupes qui existent, des gens de
valeur également, mais ils pensent qu'ils ont également le droit
de travailler. La façon dont la question sera tranchée, je ne la
connais pas.
M. Giasson: Vous savez que dans la région il y a plusieurs
usines qui sont établies à la frontière de l'Etat du Maine
et elles obtenaient traditionnellement leur approvisionnement à partir
de cette forêt de l'Etat américain. Ces gens-là commencent
à vivre des problèmes; les capacités d'approvisionnement
venant de la forêt du Maine sont en régression. Vous avez
certainement dû avoir des demandes de certains propriétaires
d'usines voulant obtenir des volumes plus importants de bois coupé dans
la forêt publique. Croyez-vous qu'il sera possible d'honorer ou de donner
suite à ces demandes?
M. Bérubé: La forêt domaniale des Appalaches
a une production de matière limitée et le plan de gestion est
bâti en fonction de produire un maximum de bois de sciage. Le maximum de
bois de sciage va toujours se situer, d'après moi, à environ 35
000 cunits par année.
M. Giasson: En sciage?
M. Bérubé: En sciage. Cela ne peut pas
dépasser ce maximum. C'est une goutte d'eau dans les besoins des
scieries importantes comme Daaquam, Maibec et les scieries qui longent la
frontière du sud. La mise en marché de notre bois est faite sous
forme de soumissions. En fait, notre bois est coupé, placé en
lots on appelle un lot 500 à 600 cunits et mis en vente en
soumissions et tous les industriels de la région ont l'avantage de
visiter le bois et de faire un prix pour Tacheter. Les prix obtenus sont
très bons. Mais on ne réglera pas le problème de la
frontière ou de I approvisionnement des grosses usines avec cela; on
peut I améliorer un peu, mais, en fait, c'est une goutte d'eau dans
leurs besoins.
M. Giasson: L'expérience que vous avez vécue avec
la Coopérative forestière de Sainte-Apolline qui est devenue la
Coopérative forestière des Appalaches indique que l'entreprise
peut continuer d'oeuvrer à partir d'un plan de collaboration avec REXFOR
même dans le contexte de ne pas savoir quel sera l'avenir
vis-à-vis de celui qui aura le mandat de continuer les activités
dans le territoire. Autrement dit, est-il possible d examiner une situation qui
ferait que REXFOR conserve un mandat, mais au lieu d'oeuvrer sur la même
base depuis quatre ans, qu'elle donne des sous-traitan-
ces ou négocie des ententes avec des organismes du milieu?
M. Bérubé: C'est un point sur lequel j'ai
déjà réfléchi, je ne veux pas me faire
l'interprète de qui que ce soit. Je crois que cette façon de
procéder... REXFOR serait peut-être un intermédiaire de
trop. Je ne vois pas pourquoi le ministère des Terres et Forêts ne
donnerait pas directement ses permis à la coopérative et
surveillerait, comme il a demandé de le faire, les coupes dans les
forêts publiques. Quand on est consultant en exploitation
forestière, si on n'en fait pas, on ne peut pas demeurer consultant
longtemps parce qu'on devient trop théorique. Je pense qu'un des
avantages qu'on a à être dans la région des Appalaches
c'est qu'on a des contremaîtres, des gens du milieu et on améliore
nos connaissances et on reste pratique tout en exploitant.
M. Russell: Dans vos activités, est-ce que vous payez des
droits de coupe?
M. Bérubé: Non, c'est une activité faite par
REXFOR, régie par REXFOR, on ne paie pas de droits de coupe dans cette
activité. C'est prévu dans les règlements de tarifs.
M. Giasson: J'aimerais, M. le Président, poser une
question au ministre lui-même puisque c'est une décision qui sera
sienne.
J'aimerais savoir du ministre si, d'abord, il a confié un mandat
au Conseil du développement régional pour mener une étude
sur le mode d'exploitation futur de la forêt domaniale des
Appalaches.
M. Bérubé: On me dit que cela n'est pas encore
fait, mais qu'effectivement, il y a un projet en cours au ministère qui,
justement, vise à consulter le CRD et les groupements régionaux
concernant la vocation de la forêt des Appalaches.
Je dois dire que, déjà, nous sommes intervenus cette
année dans le cas de la forêt du Grand-Portage pour un programme
intensif d'aménagement qui nous permet d'augmenter substantiellement, en
fait, les possibilités forestières. De mémoire, je crois
qu'on double presque les possibilités forestières de la
région grâce à un aménagement plus rationnel.
Quant aux Appalaches, je pense qu'il faut s'attendre que nous puissions
étendre le principe qu'on applique dans la forêt du Grand-Portage
à beaucoup d'autres forêts au Québec, lorsque j'aurai le
plaisir de pouvoir déposer un certain projet concernant l'industrie
forestière.
M. Giasson: Mais, vous n'êtes pas fixé sur le type
d'exploitation future dans les Appalaches, vous attendez un rapport venant des
organismes.
M. Bérubé: On me dit que non.
M. Giasson: Mais c'est une décision qui ne devra pas
tarder puisque le mandat REXFOR expire après la présente
saison.
M. Bérubé: Oui, et également, il y a une
nouvelle politique en vigueur au ministère concernant l'implantation
progressive des coopératives dans nos forêts domaniales, de
manière qu'elles puissent approvisionner l'industrie forestière
sur une base stable, une base sécuritaire, ce qui veut dire qu'il faut
s'attendre que non pas instantanément, non pas du jour au
lendemain les coopératives puissent, peut-être un jour,
fournir la moitié du bois, par exemple, des forêts publiques.
C'est évident qu'on en est loin, c'est aussi évident qu'il
ne s'agit pas de constituer, à la hâte, des coopératives
dans tous les coins du Québec en causant des problèmes
insurmontables aux exploitations forestières existantes de l'industrie.
Par conséquent, c'est un changement social assez profond pour qu'on
l'aborde avec prudence, mais en sachant que c'est là que l'on va, en
profitant de toutes les occasions, en orientant les activités des
ministères en ce sens.
Dans le cas de la forêt des Appalaches, évidemment, nous
avons là un bel exemple. Les Appalaches ont été choisies
parmi les unités-pilotes où nous allons entreprendre cette
démarche. Nous avons également la forêt dans Charlevoix qui
sera également une autre unité-pilote où nous allons
travailler à l'implantation de coopératives. Par
conséquent, dans les Appalaches même, il faut s'attendre
qu'à la fin du contrat de REXFOR, on essaie d'imaginer une certaine
période de transition pour donner plus d'importance à
l'activité des coopératives, à la mesure,
évidemment, de leur capacité financière. (11 h 45)
M. Giasson: M. le ministre, vous savez fort bien que le principe
d'une coopérative c'est bon en soi, cela implique directement les
personnes intéressées du milieu, mais cela pose également
des problèmes financiers pour l'entreprise qui veut relever un mandat
tel que celui dont REXFOR s'acquitte aux Appalaches. Est-ce qu'on pourra penser
dans cette direction où veut aller le ministre vis-à-vis les
coopératives, qu'on ait des capacités d'apporter une aide
financière beaucoup plus grande que ce que l'on a connu dans le
passé dans la province de Québec?
M. Bérubé: D'une part, vous savez que nous avons
présenté cette loi sur la société de
développement coopératif. Nous avons également
subventionné cette année et nous continuerons de le faire pour le
conseil du développement de la coopération, pour justement venir
en aide à ces sociétés et également, au
ministère, nous avons une petite équipe qui s'occupe uniquement
du secteur coopératif.
Quant à l'aide financière, je pense qu'il est tout de
même important que les coopératives soient des entreprises
économiques viables. Je pense que le gouvernement n'a pas
subventionné méthodiquement les caisses populaires pour les
amener au niveau où elles sont. Si les coopératives ne devaient
survivre qu'à coup de subventions, à ce moment-là je pense
que nous aurions fait faux pas. Donc, les coopératives
forestières de-
vront opérer sur une base rentable, et privilégier les
coopératives n est pas les faire vivre à coup de subventions,
mais cela veut dire leur donner la possibilité de faire leur place au
soleil ce qu'elles n'avaient pas dans le passé puisque
c'est évident que, si toutes les coupes sont assignées à
des usines, liées à des permis d'usine et que l'industriel a ses
propres opérations commerciales de coupe, la coopérative qui
voudrait aller couper en forêt n'a pas de place pour écouler son
bois et n'a pas de lien avec une usine; elle est généralement
incapable de faire sa place au soleil. Cela veut donc dire qu'il faudra
peut-être imaginer des permis conjoints, des usines coopératives.
Il y a donc des formules qui devront rester flexibles. Il ne faut pas faire
preuve de dogmatisme dans cette matière. Il faudra tenir compte du
dynamisme des populations locales, mais ce qu'il est important de retenir,
c'est qu'au moins dans ces deux unités pilotes, nous entendions
expérimenter et privilégier les coopératives. Je le
répète, ce n'est pas les faire vivre à coup de
subventions; c'est leur permettre d'opérer de façon
économique et rentable, en laissant à l'imagination, à
l'initiative de ces coopérateurs le soin d'être économiques
et rentables.
M. Russell: M. le Président, je voudrais tout simplement
aller faire un tour dans le nord, pour voir ce qui se passe à
Taschereau. On a une scierie et REXFOR en a accepté l'exploitation,
l'administration. Depuis combien de temps cela et est-ce qu'aujourd'hui c'est
rentable? Est-ce qu'on a comblé tous les déficits qui avaient
été accumulés?
M. Bérubé: J'aimerais que M. Moore qui est
également vice-président de REXFOR et président de la
scierie Taschereau réponde à cette question.
M. Russell: Quelle est la mobilisation totale, depuis combien de
temps cette mobilisation a-t-elle été faite et par qui?
M. Bérubé: L'actif de la scierie Taschereau se
chiffre à environ $12 millions. On n'a pas eu de déficit à
combler, parce qu'on a acheté seulement les actifs, et on a
préservé l'investissement des coopérateurs qui
était de l'ordre d'environ $2 millions.
M. Russell: Y a-t-il une perte qui s est faite à
l'achat?
M. Bérubé: Non, on n'a pas fait de pertes. On a
acheté pour un prix, on a acheté les actifs.
M. Russell: Vous avez acheté les actifs...
c'est-à-dire qu'il y avait un déficit accumulé par l'usine
d opération.
M. Bérubé: On n'a pas acheté le
déficit, on a acheté les actifs.
M. Russell: Mais, il y a eu une perte subie par les
propriétaires précédents. C'est de combien?
M. Bérubé: La perte, je ne l'ai pas. La perte qui a
été subie était au point tel que le fiduciaire a
décidé de prendre possession de la scierie. Par la suite, REXFOR
a mis au point un processus financier pour acquérir ces actifs. On a
négocié avec le fiduciaire pour garder sa dette à
l'intérieur de cela. On a négocié des taux
d'intérêt pour avoir des taux avantageux, proportionnés
à la rentabilité et à la responsabilité
financière de REXFOR.
Le tout s avère un succès présentement, parce que
depuis la date d acquisition qui est le 25 juin 1975. I'usine a
déjà remboursé à REXFOR au-delà de S2 500
000. Cette année, on a un bénéfice d exploitation de $1
400 000. Les chiffres ne sont pas encore vérifiés, mais ce sera
fait le 31 mars 1978.
M. Russell: Quel a été le volume de sciage?
M. Bérubé: On a scié environ 60 millions...
Je n ai pas le chiffre exact.
M. Russell: Combien d employés avez-vous?
M. Bérubé: On a 247 employés à
I'usine, d'après le dernier rapport que j'ai vu, et on fonctionne avec
les coopératives du Nord-Ouest. CFA. CCU, CTA et un peu avec Mont-Brun.
Ces gens font des exploitations forestières, on négocie avec eux
un prix pour les exploitations forestières et on s'occupe du transport
du bois en partie.
M. Russell: De combien serait votre prix d alimentation?
M. Bérubé: Le prix du bois à Taschereau est
excellent, il est d'environ $100 les mille pieds, c'est excellent.
M. Russell: Le droit de coupe inclus?
M. Bérubé: Le droit de coupe inclus, oui. Nous n
avons pas de cadeau de ce côté.
Il faut dire qu'à Taschereau nous avons eu une collaboration des
gens sur place qui est excellente. Le mariage société
d'Etat-mouvement coopératif est, à mon avis, des plus
intéressants. La Fédération des chantiers
coopératifs de I'Ouest québécois est en processus de se
restructurer; comme vous le savez, cela inclut quatorze coopératives.
Les gens sont en train de se restructurer. Nous sommes très
intéressés de voir ce qui va arriver, parce que. vous le savez
probablement, fondamentalement, tout ce que nous faisons, c'est que nous
administrons pour eux la scierie et une fois que les dettes sont
remboursées, nous retournons toutes les actions de la scierie, soit les
actions privilégiées et les actions ordinaires a la
coopérative, moins 20% que nous gardons.
M. Russell: Moins 20% d actions que vous allez conserver. Il y a
une installation de débarras de copeaux d'écorce possible. On ne
s en sert pas actuellement, mais c est une installation qui a été
assez coûteuse.
M. Bérubé: C'est installé, cela fonctionne
peut-être à 35%, 40%. On s'en sert pour les séchoirs. On
s'en sert pour chauffer l'usine, pour chauffer les bassins.
M. Russell: Mais vous ne brûlez pas d'écorce du
tout.
M. Bérubé: Non, pas encore. On n'en a pas besoin.
On brûle un peu le bran de scie et les planures.
M. Russell: Ma question n'est pas seulement sur le besoin, mais
sur la possibilité.
M. Bérubé: On a un projet d'essayer de faire un
matériel combustible pour foyers, à partir des écorces,
mais c'est strictement à l'état de projet, présentement,
parce que pour faire de l'expansion ou de I'agrandissement, je crois qu'il
faudra retourner aux coopératives et leur en parler avant. Un
agrandissement ou une expansion va nécessairement nécessiter des
sorties de capitaux, ce qui veut dire peut-être ralentir le remboursement
de REXFOR. Ce n'est peut-être pas le désir des
coopératives.
M. Russell: M. le Président, ma question était
celle-ci: Est-ce que I'installation qui existe actuellement, qui a
été faite il y a trois ou quatre ans, était dans le but de
brûler des écorces dans le temps? Est-ce possible de brûler
seulement des écorces.
M. Bérubé: Oui.
M. Russell: En somme, plutôt que de brûler du bran de
scie et de la ripe comme vous le faites actuellement, vous pourriez
brûler seulement des écorces. Avez-vous l'information du
coût total de cette installation qui a été faite par
Volcano?
M. Bérubé: Quand nous sommes arrivés
là, l'usine avait coûté à peu près je
vous donne un montant approximatif, je n'ai pas le chiffre exact aux
alentours de $800 000 et nous avons ajouté $269 000 pour
compléter le contrat. Il faut dire que le contrat a probablement
été donné en 1973 ou 1974; il y a eu la période de
faillite. Les entrepreneurs ont été obligés de sortir des
chantiers. On trouve que l'installation coûte un peu cher, mais
aujourd'hui, on en profite largement.
M. Russell: Si je comprends bien, c'est une installation qui
coûterait probablement $1 million aujourd hui.
M. Bérubé: Beaucoup plus que cela. Je n'oserais pas
avancer un chiffre.
M. Russell: Est-ce que vous connaissez d'autres installations
semblables en province?
M. Bérubé: II y en a d'autres qui ne sont pas
exactement de la même nature, comme d'autres scieries du nord-ouest ont
des...
M. Russell: Elles retiennent les mêmes fins.
M. Bérubé: Oui. Il y en a d'autres dans l'est, je
pense, dans la région de Saint-Pamphile, il y en a une autre qui...
M. Russell: Les installations Volcano.
M. Bérubé: Je ne le sais pas, je ne peux pas vous
le dire.
M. Russell: M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions. L'exploitation de Taschereau me suffit, c'est rentable, c'est l'une
de celles que REXFOR a réussi à rendre rentables; pour ce qui est
des autres, malgré la compétence et l'effort fournis, les
administrateurs, n'ont pas réussi encore à les rendre toutes
rentables.
Je crois bien que c'est un peu comme dans l'entreprise privée,
elle a des problèmes de marché, des problèmes de
fonctionnement et, avec les années, j'espère, qu'elle
réussira dans son désir, comme tous les désirs de
l'entreprise privée, de les rendre rentables.
Je voudrais faire remarquer au ministre, par contre, que quand je
regarde le montant total des avances de la province, sur $119 millions
d'avances faites par le gouvernement du Québec, il y en a $32 millions
qui sont des avances sans intérêts pour aider le domaine de
l'industrie forestière. Je veux simplement souligner ceci pour
démontrer que si l'entreprise privée avait, dans tous les cas,
des avances sans intérêts, cela permettrait de régler
beaucoup de problèmes de déficit. Peut-être que cela
soulagerait aussi Cabano, si elle avait un prêt de $12 ou $13 millions
sans intérêts, peut-être que cela réglerait son
problème, elle pourrait fonctionner un peu comme d'autres fonctionnent
avec des déficits, malgré tout. Samoco n'est pas près
d'être rentable.
Je voudrais poser une dernière question. Je ne sais pas si je
dois la poser aux administrateurs de REXFOR: Quel est le nombre de 1000 pieds
qui est sous le contrôle de REXFOR et qui est mis en marché
annuellement dans la province de Québec?
M. Bérubé: Les filiales ou les compagnies
affiliées dans lesquelles on a des intérêts ont des
conseils d'administration qui administrent réellement; ils prennent
leurs responsabilités. Evidemment, quand on demande du soutien à
REXFOR, on y répond avec plaisir, mais toutes les compagnies de sciage
dans lesquelles on a des intérêts ou qui sont nos filiales vendent
ou mettent en marché entre 200 et 300 millions de pieds de bois. Avec
l'usine des Outardes, quand celle-ci sera en pleine production, il y aura 300
millions de pieds de bois de produits.
M. Russell: Sur lesquels vous n'avez aucun contrôle direct
pour la mise en marché.
M. Bérubé: La scierie des Outardes a son bureau de
mise en marché tout comme Samoco, tout comme Béarn, tout comme
Taschereau, cha-
cune a son bureau de mise en marché. On n'a aucun contrôle
direct.
M. Russell: M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions.
M. Bérubé: M. le Président, je voudrais
simplement souligner, à l'intention de nos collègues, que nous
avons des administrateurs du ministère des Terres et Forêts qui
s'occupent du programme 8, soit la connaissance géographique du
territoire; ils sont ici, évidemment, depuis deux jours.
Plutôt que d'aborder le programme 4, je m'interroge... Pensez-vous
que dans une demi-heure, on ne pourrait pas régler le programme 8 qui,
en général, n'a jamais fait l'objet d'un très long
débat, je pense que cela les dégagerait en même temps.
Le Président (M. Blank): D'accord...
M. Giasson: M. le Président, j'abonde dans le sens des
propos tenus par le ministre. Nous avons encore quelques questions à
poser aux administrateurs de la société REXFOR, mais il
était de notre intention d'accueillir les collaborateurs du ministre en
ce qui a trait au programme 8 du ministère.
J'ai bien l'impression qu'on va être capable de "limoger" cela
avant l'ajournement.
M. Pagé: M. le Président, effectivement...
M. Bérubé: ... Limoger les administrateurs de
REXFOR?
M. Giasson: Non, le dossier, le programme... M.
Bérubé: Vous n'êtes plus au pouvoir...
M. Pagé: On y reviendra... M. le Président, je veux
demander au ministre s'il pourrait me confirmer que le programme 4 sera
étudié éventuellement et à quel moment?
M. Bérubé: Concernant le programme 4, je ne peux
malheureusement pas confirmer. En effet, suivant les procédures que le
leader de notre parti a proposées à l'Assemblée nationale
aux leaders des différents partis, on a prévu des périodes
bien identifiées pour l'étude des crédits en allouant, je
crois, dix heures pour chaque commission. Il s'avère donc, dans notre
cas, que nous avons épuisé nos dix heures et, par
conséquent, il faudra donc trouver le moyen de déterminer du
temps à une autre période. (12 heures)
La semaine prochaine, malheureusement... D'abord, cet après-midi,
je devrai être en Chambre pour le projet de loi 70. Je ne pense pas,
d'après ce que l'on me dit et compte tenu du nombre d'intervenants
prévus du côté de l'Opposition et de notre
côté, que ce soit un débat qui dure très longtemps.
Par conséquent, je devrais être dégagé la semaine
prochaine. Mais malheureusement, la semaine prochaine, j'ai la commission
parlementaire des richesses naturelles. Là encore, l'année
dernière, je dois dire que cela s'est déroulé très
rondement. Nous avons déposé une gamme complète de
documents et ensuite, je pense que les débats n'ont pas duré plus
d'une couple d'heures, ce qui fait que nous avons épuisé le temps
alloué à cette commission beaucoup plus rapidement que
prévu.
Je pourrais m'entretenir, avec le leader parlementaire, pour voir si on
ne pourrait pas, si le temps alloué à la commission des richesses
naturelles s'avère beaucoup trop long, ramener la commission des terres
et forêts la semaine prochaine et finir ce budget. Ce serait l'entente
que j'essaierais de négocier avec M. Burns pour la semaine prochaine. Je
pense qu'avec la collaboration habituelle de l'Opposition, les crédits
du ministère des Richesses naturelles pourraient être
examinés rondement; il suffirait d'un petit signe envoyé à
vos collègues et je pense qu'on n'aurait aucun problème. De toute
façon, je pense que l'amiante a été discuté en
long, en large, en diagonale, à peu près dans toutes les
directions et que cela ne devrait pas nous causer un problème
particulier au niveau des crédits du ministère des Richesses
naturelles. Donc, cela devrait aller assez rapidement.
M. Pagé: M. le Président, tout ce que je voudrais
dire c'est que, préalablement, cela avait été prévu
pour mardi, mercredi et jeudi. On se voit dans l'obligation, en raison de
l'étude du projet de loi 70, de terminer à midi trente. Tout ce
que je demande au ministre, c'est qu'il nous donne sa parole il nous l'a
donnée et je la prends qu'on aura une autre séance pour
étudier le programme 4 et, plus spécifiquement, la question des
pâtes et papiers. Je dois dire...
M. Bérubé: Je peux vous donner ma parole
d'abord, je vais intervenir auprès du leader, il n'y a aucun doute
là-dessus et je dirais même plus: J'essaierai de m'engager
à faire autre chose. Si, la semaine prochaine, en deux jours, on
règle les crédits du ministère des Richesses naturelles,
le troisième jour, on le consacre aux crédits du ministère
des Terres et Forêts. Is it a deal?
Le Président (M. Blank): On va prendre le programme 4
et...
M. Bérubé: II ne faut pas toujours que le ministre
s'engage; il faut également que l'Opposition s'engage.
Le Président (M. Blank): Assez! A l'ordre! Programme
8.
M. Pagé: Est-ce que vous me permettez un dernier
commentaire, M. le Président?
M. Giasson: M. le Président, avant de passer au programme
8, j'aurais encore quelques questions en ce qui concerne la
société REXFOR. On
va appeler le programme 8 dans les minutes qui vont suivre. Est-il exact
de croire que, présentement, REXFOR entreprend une campagne de salut
public dans une région fort bien connue du ministre, soit la
région de Cap-Chat. Quel est le type d'activité que REXFOR
mène dans cette région?
M. Bérubé: J'aimerais encore que M. Moore donne les
informations pertinentes sur Cap-Chat.
Pour ce qui intéresse le député de
Montmagny-L'Islet ou l'ex-député de Matane?
M. Giasson: Je ne sais pas dans le cas de
l'ex-député de Matane mais celui de Montmagny-L'Islet est fort
intéressé.
M. Pagé: Cela intéresse tous les gens de bonne
foi.
M. Giasson: L'efficacité du ministre dans son comté
m'intéresse.
M. Bérubé: Merci. Vous avez d'ailleurs dit que
j'étais un député très présent.
M. Pagé: A Québec?
M. Bérubé: Non, non; il parlait du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Je suis également à
Québec, je me multiplie.
Suite à une demande du ministère des Terres et
Forêts, REXFOR a proposé au ministre de reprendre ses
exploitations de Grande-Vallée, plutôt que de faire l'acquisition
des actifs de James Richardson. Notre projet comportait surtout deux volets; le
premier volet était de faire repartir l'usine de Grande-Vallée
sur une base de 50% de sa capacité, c'est-à-dire seulement sur
une faction de jour. L'idée était de faire repartir aussi l'usine
de Sainte-Anne-des-Monts également sur une base de 50% de sa
capacité, sur une faction de jour, encore.
La compilation de nos chiffres a démontré qu'on avait un
besoin financier de l'ordre de $3 millions pour reprendre cette exploitation,
faire l'acquisition des actifs du fiduciaire et mettre sur pied une
organisation pour exploiter ces usines. On n'a pu déterminer, à
ce moment-là, si la rentabilité était positive ou
négative parce qu'elle nous apparaissait assez marginale. Ce qu'on a
fait depuis ce temps-là, depuis le mois d'août, on a repris les
opérations forestières à Sainte-Anne-des-Monts le 19
septembre, à Grande-Vallée le 25 septembre, et on a
commencé la restauration de l'usine de Grande-Vallée à la
mi-octobre pour repartir en janvier. Nos projets prévoyaient aussi la
restauration de l'usine de Sainte-Anne-des-Monts où on prévoyait
dépenser des sommes assez minimes. Par la suite, on a eu des
difficultés avec les questions forestières et les questions de
caribous. On a entrepris de nouvelles négociations avec le
ministère pour obtenir la concession d'autres territoires. Je crois
qu'on devrait arriver à une entente à ce sujet dans les jours qui
viennent, dans les semaines qui viennent.
De façon générale, l'usine de Grande-Vallée
peut fonctionner et faire ses frais, sauf qu'on n'a pas les moyens de subir une
dépréciation et on n'a pas les moyens de payer notre
administration. A cause de ses frais de conservation et de tous ses frais
d'administration, l'usine de Sainte-Anne-des-Monts est en déficit. C'est
ce qui va arriver. Une partie des $3 millions qu'on a reçus a servi
à l'acquisition des actifs et à la restauration des actifs. La
somme globale se chiffre à environ $1 million et, jusqu'à
présent, l'état des pertes est de l'ordre de $158 000 plus les
frais de mesures conservatoires qui sont de $50 000. A ce jour, on a perdu
environ $200 000.
M. Russell: Quel était le propriétaire avant la
prise de possession par REXFOR?
M. Bérubé: C'est James Richardson. M. Russell:
Vous avez acheté les actifs?
M. Bérubé: Par la suite, le fiduciaire du
détenteur d'obligations, qui était la Banque provinciale du
Canada, a pris possession des actifs et, nous, on a acheté du syndic, de
la Banque provinciale du Canada.
M. Russell: II y a eu une perte?
M. Bérubé: La Banque provinciale du Canada a
probablement perdu de l'argent dans cette affaire. Richardson a probablement
perdu de l'argent également.
M. Russell: Quelle était la valeur des actifs? M.
Bérubé: On a payé les actifs $800 000. M. Russell:
$800 000? M. Bérubé: Oui.
M. Russell: Quel est le rendement de la scierie?
M. Bérubé: On prévoit scier en 1978-1979
pour environ $7 millions.
M. Russell: $7 millions? M. Bérubé: Oui.
M. Russell: $800 000. M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: M. le Président, est-ce que REXFOR entend
continuer longtemps un genre d'exploitation tel que celle qu'elle dirige dans
la région, soit le secteur de Grande-Vallée Cap-Chat et
Sainte-Anne-des-Monts?
M. Bérubé: Comme je vous l'ai dit tout à
l'heure, les fonds reçus étaient de $3 375 000. De
la façon dont on tient notre comptabilité, les pertes
d'exploitation sont grugées à même ces sommes-là. La
façon envisagée pour l'administration, c'est que du moment
où on va prévoir, entrevoir que le fonds est à
zéro, on va avertir les gens responsables et leur dire: Ecoutez! si vous
voulez qu'on continue de fonctionner, voici ce que cela a coûté,
voici l'expérience.
M. Giasson: ... sur le moulin.
M. Bérubé: Si j'ai bien compris, quand on nous a
demandé..., ce qu'on nous a demandé j'appelle cela une
cotation sur ce projet c'était de fonctionner pour une
période temporaire qui s'étendrait peut-être de trois
à cinq ans suivant les expériences...
M. Russell: Vous prévoyez des pertes annuelles de combien,
suivant le volume actuel?
M. Bérubé: On verra beaucoup mieux l'an prochain,
une fois que l'usine de Sainte-Anne-des-Monts sera rouverte. Avec l'usine de
Grande-Vallée, l'expérience de l'an passé nous a fait
accuser une perte de $208 000. Le budget pour l'année 1978/79
prévoit une perte de $268 000. Mais on ne tient pas compte que l'usine
de Sainte-Anne-des-Monts va être en exploitation.
M. Russell: Dans les $208 000 la dépréciation
est-elle comprise?
M. Bérubé: Ce qu'on a fait, dans nos états
financiers, étant donné qu'on appelait cela soit un crédit
reporté ou une subvention, on a effacé la valeur des actifs et on
la remplacée par la subvention et, à ce moment-là, on ne
prend pas de dépréciation. La même chose qu'une entreprise
peut faire, par exemple, quand elle reçoit une subvention du MEER: elle
réduira de ses actifs la mobilisation, la valeur de la subvention. C'est
une opération marginale.
M. Giasson: M. le Président, l'action que vous menez
présentement, est-ce que c'est le type d'intervention qui avait
été soutenue à I'automne 1976 par
l'ex-député de Matane? Ex et futur...
M. Bérubé: Vous voulez savoir si c'est
celle-là qu'on avait proposée au député de
Matane.
C'est un peu le genre d'intervention dont on a toujours parlé. Ce
qui est arrivé, c'est que ce projet a commencé... Je pense que le
projet vient de REXFOR. On a commencé le projet et il a
évolué pendant la période électorale et
après. Pendant quelque temps, REXFOR ne devait pas participer à
ce projet.
J'étais distrait, qu'avez-vous posé comme question, M. le
député de Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: Je pense bien que M...
M. Bérubé: Devrais-je dire: Qu est-ce que M.
Marc-Yvan Côté vous a suggéré de me poser comme
question?
M. Giasson: Ce n'est aucunement une suggestion. Vous avez le
droit d utiliser une question de privilège, votre privilège
personnel à titre de député de Matane.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'on en a fini
avec...
M. Giasson: M. le ministre, on va vous le dire très
simplement, j'ai parlé de l'ex-député et futur
député de Matane qu'on retrouve dans le même homme.
M. Bérubé: C est moins sûr.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'on en a fini
avec...
M. Giasson: Une dernière question. M. le Président.
L'intervention de REXFOR dans des exploitations forestières dans
différents endroits du Québec était-elle de poursuivre
tout simplement ce qui avait été entrepris à
I'intérieur de I'Opération 2000? Parce qu on trouve de petits
chantiers de 5000 cunits ou moins, ou plus...
M. Bérubé: Ce sont des endroits où on avait
démarré des exploitations avec I'Opération 2000 et qu'on a
continuées.
M. Giasson: Ce bois-là est vendu aux usines
avoisinantes.
M. Bérubé: C est vendu aux usines de sciage, aux
compagnies de pâtes et papiers, principalement aux usines de sciage.
M. Giasson: II s agit en général d'exploitations
qui atteignent un état de profit.
M. Bérubé: Oui. Evidemment, on a essayé d en
garder qui sont rentables.
M. Giasson: Vous avez le moyen. On n'a pas parlé de
TEMBEC. est-ce que c'est rentable?
M. Russell: Non, c'est en déficit.
M. Bérubé: TEMBEC connaît des
difficultés à cause de la baisse, à cause des
marchés de pâte, de la demande et du prix de la pâte. TEMBEC
connaît des difficultés suite à un investissement aux
Etats-Unis dans... mais il devrait, avec une amélioration dans le
marché, se remettre à faire des profits. Il n'apas perdu de
très grosses sommes d argent...
M. Giasson: L'avenir est prometteur du côté de
TEMBEC.
M. Bérubé: L'avenir... C'est le contexte
économique mondial qui... Le marché de la pâte a toujours
été un marché fluctuant et très variable: c'est un
marché difficile.
M. Giasson: M. le Président, pour autant que je suis
concerné, je suis satisfait du tour de
province que nous avons pu mener avec REXFOR suite à ses
interventions. Vous me permettrez, en terminant, de remercier toute
I'équipe de la société REXFOR qui, en dépit des
commentaires qu on entend parfois dans le public et qui seraient moins
favorables, mène une action on ne le dira jamais trop qui
a un visage très particulier, soit celui, souvent, de venir
régler des problèmes d'une économie chancelante à
I'intérieur de certaines régions du territoire.
J'ai eu, dans le passé, à intervenir auprès des
gens de REXFOR, j'y ai toujours trouvé une collaboration que je
qualifierais d'exceptionnelle et un esprit d'ouverture pour examiner les
problèmes et trouver, ou du moins chercher, des solutions à des
situations qui étaient très souvent fort compliquées.
Je voudrais les remercier de cette action et leur demander de continuer
dans le même esprit. Merci, M. le Président.
M. Russell: M. le Président, seulement une question avant
de terminer. Est-ce que les pertes prévues pour l'année 1978 sont
plus élevées que celles de 1977?
M. Bérubé: Nous n avons pas nos états
financiers vérifiés actuellement, mais...
M. Russell: Vous avez quand même un budget.
M. Bérubé: Je peux vous dire qu'à REXFOR
comme tel, on prévoit faire un bénéfice de $1 750 000. La
scierie Béarn qui fait partie du consolidé du bilan financier de
REXFOR devrait faire un profit d'environ $225 000. Samoco perdrait $2 400 000
à $2 500 000. (12 h 15)
M. Russell: Cela finirait par une perte totale, si l'on prend
toute...
M. Bérubé: Peut-être que cela s'annulerait
avec les profits, la perte de Samoco.
M. Russell: Cela serait une amélioration sur 1977. Une
grosse amélioration.
M. le Président, je remercie les gens de REXFOR qui ont bien
voulu se prêter à nos questions et nous donner l'information au
fur et à mesure que demandée. Je les remercie et on remercie
aussi le ministre de nous avoir fourni l'occasion de les interroger.
Le Président (M. Blank): Merci. On va suspendre le
programme 4 et se rendre au programme 8. Au nom de la commission je veux
remercier les administrateurs de REXFOR aussi.
Connaissance géographique du territoire
M. Bérubé: M. le Président, il s'agit ici du
programme 8: "Connaissance géographique du territoire", dossier de
support que nous devons discuter ici. Notre budget était en 1977/78 de
$10 672 900. Nous l'avons augmenté par suite d'un budget
supplémentaire de $200 000 à l'indexation des salaires à
$10 927 300. Pour cette année, si je ne m'abuse, je n'ai pas le chiffre
exact sous les yeux, cela devrait être un budget demandé de $10
171 900.
Ce budget, essentiellement, comporte une réduction des
crédits basée sur l'expérience des crédits
périmés dans années antérieures, compte tenu que
beaucoup de ministères avaient tendance à périmer,
d'année en année, des crédits. Le Conseil du trésor
a décidé cette année d'anticiper l'opération et de
les couper au début de l'année, de manière à nous
inciter à dépenser ce que l'Assemblée nationale vote.
Nous avons également une réduction de 5% au niveau des
dépenses d'administration, services, fournitures, compensée par
une augmentation de réaffectation de crédits d'effectifs entre
les éléments de programme de $224 millions. La commission de
géographie, c'est essentiellement la commission de toponymie qui
relevait du ministère des Terres et Forêts et qui maintenant passe
et cela m'apparaît plus juste à l'Office de la
langue française, puisque je pense que la toponymie du Québec
m'apparaît devoir dépendre de façon plus juste, d'ailleurs,
d'un office de la langue plutôt que d'un office de cartographie comme
tel.
Par conséquent, elle a passé sous juridiction. Donc, il y
a $240 millions qui disparaissent du budget. En fait, ils sont tout simplement
transférés à l'Office de la langue française. Nous
avons une augmentation régulière des traitements de $337 000.
Le Président (M. Blank): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Bérubé: II n'y a pas de changement majeur dans
ce programme.
M. Giasson: M. le Président, je vais laisser la parole
à mon collègue de gauche, le député de Robert
Baldwin.
M. Bérubé: Effectivement, c'est le programme qu'il
adore analyser. Je ne sais pas exactement pour quelles raisons, puisque vous
l'aviez fait l'année dernière aussi, M. le
député.
M. O'Gallagher: On n'a pas beaucoup de questions à poser,
M. le Président, je vais prendre la suggestion du leader du gouvernement
et je vais poser les questions que j'ai posées à la
deuxième session, au feuilleton, et à la troisième
session. C'est la question numéro 44 au feuilleton. Le gouvernement ou
ses offices, régies ou commissions ou sociétés a-t-il
accordé des contrats à la société Photo Air
Laurentides, entre le 26 novembre 1976 et le 28 février 1978, et si oui,
quel est le montant total des contrats?
Troisième volet, quels sont: a) les contrats qui ont
été accordés à la suite d'appel d'offres?
b) la nature du travail? c) le nom et l'adresse des soumissionnaires? d)
le montant de chaque soumission? e) le montant du contrat?
Le quatrième volet de la même question, quels sont: a)les
contrats qui ont été accordés sans appel d'offres? b) la
nature et l'endroit du travail? c) le montant du contrat?
Le cinquième volet, quel a été le montant total
versé à cette société depuis le 26 novembre 1976
jusqu'au 28 février 1978, tant par le gouvernement que par ses offices,
régies, commissions et sociétés?
Le sixième volet, quels sont les noms, prénoms et adresses
des administrateurs de ladite société?
Le septième volet, cette société a-t-elle produit,
en 1976, le rapport requis, en vertu de la Loi des renseignements sur les
compagnies?
Huitièmement, s'il y a eu omission, les pénalités
prévues dans la loi ont-elles été appliquées?
Neuvièmement, sinon pourquoi?
M. Bérubé: M. le Président, une
première question concernait la compagnie Photo air Laurentides, au
niveau des contrats. Depuis au-delà de deux ans certainement, il n'y a
pas eu de contrats donnés par le ministère des Terres et
Forêts à la compagnie Photo Air Laurentides d'aucune
façon.
Quant à une série d'autres contrats dans les
différentes activités du ministère des Terres et
Forêts concernant les travaux techniques, l'arpentage, le cadastre, la
cartographie et des activités de ce genre, la coutume administrative au
ministère des Terres et Forêts est de procéder par
négociation des contrats, pour des raisons évidentes de peu de
disponibilité de sociétés ou de professionnels, dans des
domaines particuliers. Nous ne faisons pas d'appel d'offres. Nous n'avons pas
encore fait d'appel d'offres pour des contrats dans les activités que
j'ai mentionnées.
Si on pense à des sociétés dans des domaines
particuliers, comme la cartographie, par exemple, nous faisons affaire avec
probablement huit ou dix sociétés différentes. Si on pense
à des activités dans le domaine de l'arpentage des terres
publiques ou du cadastre, nous faisons affaire avec un grand nombre
d'arpenteurs-géomètres, et il serait peut-être plus facile
de simplement faire copie des listes des contrats qui ont été
donnés au cours de l'année écoulée, avec tous les
détails: noms, niveau de contrats, ainsi de suite.
Maintenant, on pourrait énumérer ces contrats, si vous le
désirez.
M. O'Gallagher: Quand vous négociez avec ces compagnies
pour la cartographie, la photographie aérienne, est-ce un prix qui varie
ou est-ce un prix standard établi par le ministère à
toutes les années, suivant une étude du marché et des
coûts?
M. Bérubé: Chaque année, nous
négocions avec les sociétés privées, avec toutes
les sociétés avec lesquelles nous faisons affaire normalement;
nous négocions des taux pour différentes activités. A la
suite de ces discussions avec les sociétés, nous proposons au
Conseil du trésor une liste de taux pour des activités bien
définies.
Une fois ces taux acceptés au niveau du Conseil du trésor,
nous appliquons simplement des taux à des activités
définies, ce qui veut dire que les montants des contrats consistent
simplement à multiplier un taux pour une unité de travail par le
nombre d'unités de travail, ce qui veut dire, en fait, que les taux sont
exactement les mêmes pour toutes les sociétés. Il s'agit de
définir, dans un certain travail, combien il y a d'unités de
travail.
M. Russell: M. le Président, une simple question. Est-ce
possible qu'on puisse procéder par soumission dans ce genre de travail,
ou si c'est impossible? Si c'est impossible, je voudrais savoir pourquoi.
M. Bérubé: C'est possible et nous
considérons le faire. Je crois même comme on me le signale
qu'à une occasion, nous avons fait des appels de soumissions. Il
s'avère que très souvent cela dépasse le temps
nécessaire pour demander des soumissions, ce qui cause de sérieux
problèmes parce que nous faisons appel à des spécialistes
qui ne sont pas toujours disponibles et nous leur demandons de faire des
travaux qui sont réalisables dans des courtes périodes de
l'année. Nous pensons, par exemple, à des travaux d'arpentage sur
le terrain; il serait assez difficile de demander une fois les
crédits votés des soumissions et d'essayer d'avoir un
résultat qui serait suffisamment rapide pour commencer, aussitôt
les conditions atmosphériques ou de neige le permettant. Il serait
certainement possible de procéder par soumissions et nous
considérons le faire.
M. Russell: Oui, parce que je me sens un peu mal à l'aise
pour le ministre des Terres et Forêts qui, devant son collègue des
Transports, a même demandé des soumissions pour l'utilisation
d'équipements des travaux faits à l'heure, et même pour du
concassé, et qu'on obtienne des contrats pour des montants assez
imposants et qu'on ne puisse pas demander de soumissions. Je suis certain que
cela le rend mal à l'aise. Je me mets un peu à sa place devant
ses collègues au Conseil des ministres, obligé d'expliquer cela
et de trouver une justification pour ne pas procéder par
soumissions.
M. Bérubé: M. le Président, nous ne sommes
pas vraiment mal à l'aise parce que, d'une part, nous nous assurons
depuis le début qu'il y a une répartition équitable entre
tous les professionnels disponibles pour ce genre de travail. Ce que nous avons
dû constater, c'est que le service effectuait un travail admirable, parce
qu'en relevant la
technique de rotation qu'il utilise... Enfin, ils ont un certain nombre
de critères et pour chaque engagement, ils nous justifient sur la base
des critères la sélection de tel et tel contractant. Il nous a
semblé y avoir une répartition équitable. Maintenant, il
n'y a jamais eu personne qui s'est plaint chez nous. Par conséquent, je
suppose que même les gens...
M. Russell: Est-ce que ce sont les entrepreneurs qui se
plaindraient?
M. Bérubé: Les entrepreneurs ou les professionnels
qui font des travaux de cartographie, par exemple, ou d'arpentage... Comme nous
n'avons pas eu jusqu'à présent de protestations dans le sens que
certains se sentiraient lésés ou traités injustement, on
en a donc conclu que les gens semblaient trouver la répartition
équitable, d'une part. D'autre part, étant donné le
très grand nombre de contrats, comme vous l'avez souligné, qui
sont accordés, je dois supposer que, sur le nombre, le ministère
doit finir par acquérir une certaine expertise quant au coût et
par conséquent, il doit savoir négocier de façon assez
efficace.
J'en conclus que, pour l'instant, cela fonctionne assez bien, mais
néanmoins, l'utilisation de la technique de soumissions pourrait
être préférée. Je vous avouerai en toute franchise
que je n'ai pas analysé cette question.
M. Giasson: M. le Président...
M. Russell: Si je comprends bien le ministre, c'est une
possibilité de demander des soumissions mais cela ne serait
peut-être pas une rentabilité. C'est peut-être plus
économique la façon dont cela a toujours été fait
et on continue à faire exactement la même chose.
M. Bérubé: Dans le cas présent...
Peut-être qu'en se penchant sur la question, on pourrait constater
qu'effectivement les coûts baisseraient légèrement; ceci
est possible. Cela pourrait mériter qu'on s'y penche, mais je vous
avouerai franchement que, pour être efficace, il faut sélectionner
des dossiers et il m'est apparu que le gain marginal de profitabilité
pour la collectivité québécoise si on y consacrait
un an de réflexion serait mince en comparaison d'une année
de réflexion sur d'autres dossiers. Alors, on a choisi d'autres
dossiers.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Blank): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: A la suite des propos que le ministre vient de
tenir... Il a fait allusion à une rotation équitable qui se fait
entre les différentes firmes. Il va se souvenir également des
débats qui ont été soutenus par son collègue et
ministre de la Fonction publique à la commission des engage- ments
financiers sur l'attribution des contrats telle qu'elle était faite dans
le passé sous les anciens gouvernements. (12 h 30)
Je ne sais pas si le ministre sait que, depuis décembre 1976
jusqu'au 1er janvier 1978, à son ministère, il y a eu 133
contrats ou mandats confiés à des firmes diverses. Sur les 133,
Sept-Iles a eu 61 mandats négociés; 37 mandats à partir de
contrats de service, 12 en circuit fermé, 11 en soumissions publiques et
5 sur invitation. Quand il parle d'une répartition égale, je
constate que la majorité de ces firmes a reçu un ou deux mandats.
Par contre, il y a eu quelques privilégiés. Je vois une firme qui
est allée chercher douze mandats: Béliveau et Couture, de
Sainte-Foy. Qu'est-ce qui peut expliquer que Béliveau et Couture...
Quelle est la spécialité de cette firme qui lui vaudrait douze
mandats alors que la plupart des firmes ont un ou deux mandats?
M. Bérubé: Je suis capable de justifier, enfin,
j'ai, pour chacun de ces contrats, une feuille qu'il me fera plaisir de
déposer d'ailleurs, je demanderai à mon chef de cabinet d'en
tirer des copies du service en question qui donne, pour chaque contrat,
les raisons de la sélection. Je suis convaincu que le chef de service
peut certainement vous les donner de toute façon puisque c est lui qui
nous les prépare.
Il faudrait remarquer que la firme Béliveau et Couture se
spécialise dans les travaux de cartographie et photogrammétrie.
Dans ce domaine, au cours de l'année écoulée, la demande
du client, donc du ministère des Terres et Forêts, a
dépassé de beaucoup la disponibilité des firmes. Ce qui
veut dire que nous avons confié des travaux à celles qui avaient
une production disponible, d une part; d autre part, le nombre de travaux n est
pas significatif par rapport au volume. Il peut y avoir une série de
petits travaux, de petits projets de cartographie qui sont confiés
à une firme et la somme des montants impliqués n'est pas
nécessairement supérieure à ce qu'elle était dans
le passé.
M. Giasson: A I'intérieur des douze mandats, cela
représente une somme d'environ $750 000 en honoraires, soit $694
000.
M. Bérubé: Pour Béliveau et Couture?
M. Giasson: Oui.
M. Bérubé: Du ministère des Terres et
Forêts?
M. Giasson: Oui.
M. Bérubé: La firme Béliveau et Couture a
ses activités principales dans le domaine de la cartographie. C'est
également une firme d'arpenteurs-géomètres engagées
dans les activités de cadastre et d'arpentage des terres publiques.
Donc, elle a trois volets à ses activités. La somme des chiffres
que j'ai ici nous approche sensiblement de
$500 000 I'activité. Dans certains de ces secteurs, comme celui
de la cartographie, c'est là qu'elle aurait exécuté, pour
le ministère des Terres et Forêts, pour au-delà de $360 000
de travaux. C'est justement un domaine où nous n'avons pas
réussi, I'an dernier, à faire exécuter tous les travaux
que nous voulions faire; nous avions des crédits périmés,
faute de disponibilité.
Une Voix: Y a-t-il eu des problèmes de grève? M.
Bérubé: Ils n'ont pas eu...
M. Giasson: Quelle était la spécialité d une
firme comme Blais, McNeill et Associés, de Sainte-Foy?
M. Bérubé: Nous sommes actuellement dans le domaine
de la foresterie. C'est une firme d ingénieurs-conseils en génie
forestier, qui n'est pas impliquée dans le programme 8.
M. Giasson: Aumont Incorporée?
M. Bérubé: II faut souligner la grève
à la Société de cartographie qui a fait que beaucoup de
contrats de cartographie ont dû être reportés vers d'autres
firmes.
M. Giasson: A cause de I'état de grève? M.
Bérubé: Oui.
M. Giasson: Voilà, M. le Président, je n'ai pas
d'autres questions.
Le Président (M. Blank): Programme 8. adopté. On
ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 34)