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Commission permanente du Travail et de la
Main-d'Oeuvre
Crédits du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre
Séance du jeudi 2 juillet 1970
(Vingt et une heures treize minutes)
M. BRISSON (président de la commission du Travail et de la
Main-d'Oeuvre): A l'ordre, messieurs! Je déclare la séance
ouverte.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre a des déclarations à
faire relativement à l'administration et à la politique qu'il
veut établir dans son ministère?
M. LAPORTE: Je déclare que je suis disposé à
étudier les crédits du ministère. Vu qu'il faut avoir de
l'ordre, poste budgétaire 1, article 1: Traitements et
indemnités.
M. DEMERS: C'est à quelle page? M. LAPORTE: C'est à la
page 179.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Poste budgétaire 1, article 1.
M. DEMERS: Comme cela, le ministre n'a aucune déclaration
à faire sur la politique de son ministère?
M. LAPORTE: Non.
M. DEMERS: C'est bien.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Traitements et indemnités:
$826,900.
M. LAPORTE: Le ministre a lu récemment que l'art de la
conversation, c'est d'en dire un peu moins que l'interlocuteur voudrait.
M. DEMERS: C'est ça, le ministre a été dans
l'Opposition.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Adopté? M. DEMERS: Un instant, s'il
vous plaît. Administration
M. LAPORTE: Nous avions $702,800: l'an dernier, nous montons à
$824,900; l'augmentation de $124,000 est due à l'embauchage de 23
personnes, 14 qui viennent de l'ancienne Commission des relations de travail,
qu'il y avait sous l'ancien gouvernement, et qui a été
remplacée par le Conseil supérieur du travail. Nous avons
accepté d'absorber tous les anciens fonctionnaires de la commission.
Cette année, nous en prenons 14, ce qui explique l'augmentation du
budget.
M. DEMERS: De 92 à 115.
M. LAPORTE: Nous passons de 92 à 115, 14 personnes en provenance
de l'ancienne Commission des relations de travail et 9 autres personnes qui
s'en vont à l'informatique. Nous développons
considérablement la mécanisation du ministère. Il y a 9
personnes qui s'en vont à l'informatique.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Adopté. Article 2: Frais de voyage,
$58,600.
M. LAPORTE: Pour les frais de voyage, nous montons de $34,400 à
$58,600, parce qu'ayant 23 fonctionnaires de plus qui sont prêts à
commencer à travailler il est prévisible que leurs
dépenses de voyage porteront le budget de $34,400 à $58,600.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Article 3: Frais de bureau et autres
dépenses.
M. LAPORTE: II n'y a aucune augmentation là.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Article 4.
M. DEMERS: Augmentation de...
M. LAPORTE: Etant donné que...
M. DEMERS: C'est la même chose, il y a plus de monde, ça
prend plus de pupitres.
M. LAPORTE: A cause de l'accroissement du personnel, il y a un peu plus
de dépenses.
M. DEMERS: Cela se défend. Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Article 5: Traitement électronique des
données.
M. DEMERS: C'est nouveau, ça.
M. LAPORTE: Nous créons vraiment cette année, à
partir de projets qui sont d'avant moi, le service de l'informatique.
L'Assemblée nationale a adopté, au cours des dernières
années, plusieurs projets de loi qui font de la partie «
main-d'oeuvre », du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre,
vraiment l'avenir du ministère.
Alors, pour arriver à connaître rapidement et
complètement les besoins en matière de main -d'oeuvre, il faut
nécessairement que nous nous tournions du côté de
l'informatique. C'est pour ça que, cette année, il y a un budget
de $250,000.
M. DEMERS: C'est l'inventaire de la main-d'oeuvre que le
ministère veut faire?
M. LAPORTE: C'est l'inventaire permanent. Nous avons 36 secteurs de
main-d'oeuvre sur lesquels nous voulons avoir un inventaire. Le premier, qui va
être mis au point cette année, c'est dans le domaine de la
construction. Alors, pour qu'on puisse véritablement créer au
Québec une politique de la main-d'oeuvre dans tous les secteurs, il faut
que nous ayons l'informatique, et c'est ça qui explique encore une fois
le budget.
M. CROISETIERE: Est-ce que le ministre prévoit que ça
pourrait être mis en place dans un avenir très prochain?
M. LAPORTE: Pour les secteurs dont je viens de parler, étant
donné l'austérité, ce qui devait être fait sur une
période de 3 ans est maintenant projeté sur une période de
5 ou 6 ans. Mais disons que je n'ai pas dit mon dernier mot dans ce
domaine-là.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Adopté?
M. DEMERS: Est-ce que c'est de là que part l'enregistrement que
tous les différents corps de métiers ont dû faire à
leurs bureaux de placement provinciaux pour se lancer?
M. LAPORTE: C'est le commencement.
M. DEMERS: Cela part de là. Est-ce que le traitement
électronique des données va être confié à
l'entreprise privée ou si ça va être fait par le
ministère?
M. LAPORTE : Nous aurons, avec la collaboration de la Commission des
accidents du travail, des machines; les ordinatrices sont là pour la
préparation du travail. On nous accor- de un certain nombre d'heures par
jour, que nous payons d'ailleurs. Mais la grande partie du travail sera faite
sur des ordinatrices qui serviront en commun à la Commission des
accidents du travail et au ministère du Travail et de la
Main-d'oeuvre.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Article 6: Publicité et information,
$105,000.
M. DEMERS: Vous allez la faire comment, cette publicité?
M. LAPORTE: Les $4,000, c'est principalement pour une remise à
jour, une modernisation d'une revue qui s'appelle
?Québec-Travail», qui a déjà un assez bon
tirage...
M. CHARRON: Québec au travail? C'est dépassé.
M. LAPORTE: Non, «Québec-Travail»; cela a
déjà eu le succès anticipé, ça.
M. CHARRON: Cela a été bon, cela a pris. M. LE PRESIDENT
(Brisson): Adopté? UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Poste budgétaire 2: Service de
recherche.
M. LAPORTE: Un instant, soyons calmes.
M. CHARRON: Au poste budgétaire 1, puisque nous sommes dans
l'administration générale, je voudrais demander au ministre du
Travail sa conception d'un problème qui a souvent été
celui du ministère du Travail pendant longtemps, c'est-à-dire le
côtoiement, toujours difficile à maintenir, entre un vaste secteur
privé du travail, que couvre le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, et tout le secteur public du travail, que maintenant chevauchent
à la fois le ministère de la Fonction publique et le
ministère du Travail. On va aborder, en février 1971, une
nouvelle ronde de négociations dans le secteur public. H est souvent
arrivé, au cours de ces négociations, que le gouvernement se
trouve, soit par les fonctionnaires du ministère du Travail, soit par
ceux du ministère de la Fonction publique, ou vice versa, à la
fois juge et partie. Ce que je veux vous demander, c'est ce qui a
été le problème essentiel, la difficulté de
répartition, la difficulté du travail côte à
cote entre le ministère de la Fonction publique et le
ministère du Travail, d'une part, d'autre part, comment envisagez-vous
le travail dans ce sens?
M. LAPORTE: Exemple précis et immédiat que l'on vit; les
hôpitaux privés.
M. CHARRON: Bon, c'est ça. Hôpitaux
privés
M. LAPORTE: Vous avez, d'une part, l'Etat, d'autre part les
hôpitaux privés; vous avez, au centre, le ministère du
Travail, qui comme dans tous les conflits ouvriers offre ses bons offices.
Si vous voulez une réponse franche, directe, nous sommes, dans
ces négociations, dans une mesure importante dans une situation fausse,
dans une situation d'être, à notre corps défendant,
partiellement avocat et juge dans le même débat. Cela nous mat
dans une situation délicate. Nous n'avons pas encore trouvé la
solution à ce problème. J'ai avec moi des sous-ministres dont je
ne ferai pas l'éloge parce qu'ils sont trop proches de moi ce soir, mais
pour qui j'ai déjà un profond respect et qui, constamment, avec
la collaboration d'autres ministères, cherchent à ce
problème neuf au Québec une solution. Ac-tuellemant nous ne
l'avons pas, la solution.
Comment allons-nous nous placer dans un état de neutralité
efficace? Nous ne l'avons pas, la solution à cette question.
J'espère que l'an prochain, quand je reviendrai ici, Je l'aurai
trouvée. Et si nous ne l'avons pas trouvée, je le dirai aussi
franchement que ce soir.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre du Travail est d'accord avec moi pour
dire que c'est peut-être une des choses les plus importantes qu'il a
à faire à son ministère actuellement?
M. LAPORTE: Je suis d'accord.
M. CHARRON: Surtout à l'aube des négociations de
février 1971.
M. LAPORTE: Sur ça, je suis encore d'accord.
M. CHARRON: On vous suivra là-dessus.
M. LAPORTE: Encore une fois, disons que j'aborde ce problème avec
un esprit neuf et un esprit inquiet.
M. CHARRON: Pouvez-vous même si vous dites que vous n'avez
pas de solution actuelle- ment, puisque vous êtes entouré
de vos sous-ministres, nous dire ce qui a été tenté?
M. LAPORTE: J'aime assez la façon dont on aborde certaines
questions. Nous avons eu une élection, nous avons été
élu, nous sommes devenu ministre et nous avons une session trois
semaines après. J'ai des fonctionnaires, des chefs de service qui ont
décidé qu'à la première minute où la session
va être terminée, nous allons disparaître, quelques-uns
d'entre nous, les principaux, pour mieux penser le ministère pendant
deux jours. C'est en revenant de ces deux jours d'isolement que nous pourrons
dire ce que nous ferons. Pour le moment, nous avons simplement éteint
les feux les plus importants; nous avons simplement vécu au jour le
jour. Je n'ai pas eu personnellement je ne m'en cache pas et ne m'en
excuse pas vingt minutes pour penser le ministère. Penser au
ministère, j'y pense continuellement. Mais pour penser les
problèmes du ministère, aussitôt que la session va
être finie, M. Mireault, M. Montambeault, M. Savard, M. Sauvé, mon
adjoint parlementaire, et Pierre Laporte allons disparaître pour deux
jours, simplement pour aller, entre nous, tâcher de penser. C'est assez
important dans un ministère.
M. CHARRON: Sans insister outre mesure là-dessus, puisque vous
avouez vous-même que vous êtes dans l'impasse sur un cas
précis qui devrait peut-être venir à la période des
questions le matin, mais puisque nous en parlons quelle est l'attitude
du ministère du Travail actuellement dans le problème des
hôpitaux privés? Qu'avez-vous lait jusqu'ici, le doigt entre
l'écor-ce et l'arbre?
M. LAPORTE: La position du ministère du Travail a
été simplement d'agir aussi honnêtement que possible, comme
il le fait dans un conflit privé, en disant: Messieurs, nous allons
tâcher de vous rapprocher, d'être le lien qui, permettra
d'empêcher que les négociations ne soient rompues, et quand elles
seront rompues, qui tâchera de voir à ce qu'elles reprennent.
C'est ce que nous avons réussi. Dans le rapport que f ai reçu ce
matin sur les hôpitaux privés, il était marqué:
Depuis deux jours on a réussi à faire reprendre les
négociations. C'est notre but. Ou alors, quand, dans un autre conflit
que je n'aborderai pas ce soir tout le monde a discuté
à satiété en présence des officiers du
ministère, quand tout le monde a fini de dire ce qu'il avait à
dire, le ministère va arriver avec une solution globale en disant:
Messieurs, nous, nous vous proposons ça. C'est le rôle du
ministère essentiellement.
M. CHARRON: Qui, du ministère, est impliqué dans les
négociations? Le sous-ministre?
M. LAPORTE: Au ministère, vous avez le sous-ministre en titre, M.
Sauvé, qui est administrateur. Vous avez, à la direction
générale des relations de travail, M. Mireault; à la
direction générale de la main-d'oeuvre, M. Savard; à
l'administration, M. Montambeault. Vous avez les trois, mais actuellement, dans
le conflit des hôpitaux privés, c'est M. Mireault qui dirige et
délègue ses principaux représentants dans les
négociations.
M. CHARRON: Une autre question, juste comme ça. Est-ce que depuis
votre arrivée au ministère du Travail, vous avez eu l'occasion de
rencontrer les représentants des centrales syndicales?
M. LAPORTE: J'ai rencontré M. Pepin, M. Laberge et
également M. Perreault, un des principaux représentants des
employeurs.
M. CHARRON: La CEQ?
M. LAPORTE: Non. J'ai rencontré également un
représentant du domaine de la construction, du domaine de
l'habitation.
M. DEMERS: Ce n'était pas à la
télévision?
M. LAPORTE: Non, c'était plus efficace que cela.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Adopté.
M. LAPORTE: Poste budgétaire 2: Service de recherche.
Service de recherche
M. DEMERS: Salaires, la même chose?
M. LAPORTE: II y a $700 de plus, car il y à un traitement
à payer à un étudiant pour la période des
vacances.
M. DEMERS: Adopté.
M. LAPORTE: A l'article «frais de voyage », il y a une
augmentation de $900 attribuée à la réorganisation de la
direction et aux déplacements plus fréquents qu'il y aura
à faire entre les bureaux de Québec et de Montréal. Le
ministère est à Québec et il y a un très important
bureau à Montréal. Il y aura entre les deux des...
M. DEMERS: Le ministre va régulièrement au bureau de
Montréal?
M. LAPORTE: Le ministre va très irrégulièrement au
bureau à Montréal parce qu'il y a régulièrement une
session à Québec actuellement. Mais dès que la session
sera terminée...
M. DEMERS: Vous allez régulariser votre affaire.
M. LAPORTE: ... je me propose d'être au bureau de Montréal
tous les vendredis.
M. DEMERS: On félicite le ministre.
M. LAPORTE: Adopté.
M. CROISETIERE: Honoraires, adopté.
M. LAPORTE: Même chose. Matériel de bureau, même
chose. Traitement électronique des données...
M. DEMERS: Augmentation.
M. LAPORTE: II y a une augmentation de $10,300 pour couvrir le
coût des travaux qui seront faits au centre de traitement des
données électroniques, c'est-à-dire toute une série
d'essais préliminaires avant de faire la mise en oeuvre de l'inventaire
des travailleurs de la construction. Nous sommes en train actuellement de
mettre cela au point. Sans aller trop loin, on a constaté, avec ces
moyens modernes, que dans la construction, il y a 25,000 personnes de trop dans
le Québec, d'où chômage régulier, chronique. Il y a
donc eu consultation avec le ministère de l'Education pour diminuer
certains cours afin de ne pas créer des chômeurs en série.
C'est préliminaire et il y a 36 affaires comme cela.
M. DEMERS: Les 25,000 de trop, est-ce que c'est dans des disciplines
spécifiques? Avez-vous un échantillonnage?
M. LAPORTE: On a l'échantillonnage des disciplines, mais disons
que, dans les métiers de la construction en général, il y
a 25,000 personnes de trop. Pour être un menuisier qui peut tout faire
actuellement dans la province de Québec, cela prend 15 ou 18 cartes de
compétence. Vous avez un éparpillement que nous sommes en train
de constater et que nous allons corriger en partant de ces données.
M. DEMERS: Très bien, adopté.
M. CHARRON: Avant l'adoption du poste budgétaire 2, sur
l'ensemble du service de recherche, est-ce que c'est à ce
niveau-là que commence je l'espère à
s'ébaucher une prévision à partir de ceux qui sont dans
les CEGEP actuellement et qui vont sortir éventuellement sur le
marché du travail et de la société qui va les
accueillir?
M. LAPORTE: C'est à ce niveau que s'élabore l'une des
choses qui m'ont le plus préoccupée depuis un an ou deux,
c'est-à-dire cette jonction de l'université, de l'école,
duCEGEP, de l'entreprise privée et de l'Etat pour savoir ce que l'on
doit amener sur le marché du travail et par quels moyens. Vous avez,
dans le domaine de la construction, des choses précises. Nous avons
demandé au ministère de l'Education, pour les deux ou trois
prochaines années, de ne produire aucun ouvrier de la construction dans
certains domaines parce qu'on lui dit: Vous envoyez directement un
chômeur sur le marché du travail. Et l'on sait qu'avec
l'éducation, à un moment donné, à cause de certains
très grands chantiers ou à cause d'une pénurie, on peut,
en quelques années, rattraper. Il s'établit actuellement entre
l'Etat, l'entreprise privée et l'école, au sens très
général du mot là, une jonction très importante.
Vous avez, dans ce comité qui s'occupe de cela, les ministères du
Travail, de l'Education, de la Fonction publique et du Bien-Etre social qui ont
tous, les uns ou les autres, quelque chose de spécial à apporter
dans ce comité.
M. CHARRON: Quand vous parlez des métiers de la construction
où se seraient formés automatiquement des chômeurs, est-ce
que vous parlez de plusieurs métiers comma ceux de plombier,
d'électricien, enfin de tous les métiers connexes quand le
bâtiment va, tout va, et quand il ne va pas, cela ne va pas nulle part
est-ce que c'est là-dessus, sur toutes ces séries, par
exemple, je pense même à l'architecture qui, même à
un moment donné...
M. LAPORTE: Non, je n'irais pas jusqu'à l'architecture, mais dans
tous les métiers de la construction, à partir des plus rentables
qui s'appellent plomberie, électricité, les métiers
mécaniques, jusqu'au plus démuni, la menuiserie, nous avons la
courbe des heures de travail moyen dans la province de Québec sur une
période de trois mois.
On sait que, dans la plomberie, quand on peut faire sur une
période de x semaines, x heures de travail, on ne fait seulement que
20%, 30% ou 40%. On sait que le chômage est particulièrement aigu
dans tel métier de la construction. Mais, en général, le
chômage guette, dans les métiers de la construction, ceux qui s'y
adonnent plus que dans d'autres métiers.
Conflit social
M. CHARRON: Je me permets de faire une remarque qui pourrait soulever un
assez long débat. Le rapport entre le monde de l'éducation et le
monde du travail a fait réfléchir bien des gens pendant la
campagne électorale. Il a certainement facilité la
réussite du slogan du parti libéral, comme il a fait constater
grandement le réalisme du programme du Parti québécois,
sur le même plan.
Je me permets de dire que vous venez d'exprimer, en répondant
à ma question, une conception, parmi tant d'autres. Je pose les deux
extrêmes. La conception que vous avez employée, qui est plus
proche du premier extrême, dit ceci: Préparez le monde de
l'éducation en fonction de ce que la société attend,
éteindre ce dont elle n'a pas besoin, ouvrir les portes grandes, comme
aux ingénieurs, aux professionnels, dont elle aurait besoin. C'est une
conception, ce que l'on appelle la conception libérale pas dans
le sens partisan pratique, efficace, technocratique. C'est le
modèle de la société nord-américaine, en fonction
des besoins de la société déterminés par un groupe
d'hommes et par l'entreprise privée. On polarise l'imagination et la
créativité d'une génération complète en
fonction de cela. Parfois, c'est ce qui explique souvent aussi, et le
député de Chambly sera d'accord avec moi: « the generation
gap » comme on dit. Le genre de société que l'on nous
propose est non seulement la société actuelle, mais même
une société déjà passée, et qui le sera
d'autant plus lorsque l'on sortira sur le marché du travail en 1975.
D'où le conflit permanent dans tout cela.
Il y a l'autre extrême de société aussi, je
n'ai pas de modèle en tête il y a des
sociétés européennes, danoise ou Scandinave qui, en
général, se sont rapporchées, c'est-à-dire la
Norvège ou la Suède ont tenté de modeler la
société en fonction de ce qui se prépare dans le milieu de
l'éducation. Soit, à peu près l'inverse,
c'est-à-dire qu'il y a actuellement dans la société un
effort de concentration. La génération a choisi de s'orienter
dans tel ou tel domaine et il faut tout de suite penser à
préparer la place pour ces professions qui vont sortir. Au besoin
bousculer une société, au besoin lui donner des impératifs
parce que l'on va avoir la main-d'oeuvre disponible avant longtemps. Une
conception vise à préparer la main d'oeuvre en fonction de la
société et l'autre, à peu près
l'inverse, à préparer la société en fonction
de la main-d'oeuvre.
Je ne veux pas vous donner de leçon, mais c'est ce que je pense
de la conception du ministère du Travail et de ses rapports avec le
ministère de l'Education. C'est sur cette corde étroite que, pour
une bonne partie, l'avenir du Québec l'avenir de ma
génération en particulier et de celle qui me suit, l'avenir de
tout ce que l'on est, comme être collectif, se joue
actuellement.
Cela n'a pas été établi. Ce n'est pas encore
établi. On ne sait pas. Il y a des fonctionnaires au ministère de
l'Education qui prennent plutôt la deuxième mentalité, qui
sont plus près de la deuxième mentalité. Je dirais que le
monde de l'éducation en général est plus près de la
deuxième mentalité. Le monde de l'entreprise privée, le
monde du ministère du Travail, le monde de l'Etat
québécois est libéral, technocratique, et recherche
l'autre. Cela a sauté en 1968 au point que l'on ne savait plus comment
dire. Les gens disaient: Les étudiants contestent parce qu'ils ont peur
de ne pas avoir d'emploi. C'était beaucoup plus grave que cela. Le
problème du chômage, bien sur, nous l'avons chacun devant nous. On
ne sait pas, quand on sort de l'université, si on va travailler. Mais,
c'est beaucoup plus que cela. On va peut-être travailler mais pas dans la
société que l'on voudra, pas dans une société qui
correspond à cela. Si on ne connaît pas les disponibilités,
on peut être diplômé en sciences politiques, mais on sera
utilisé dans des affaires auxquelles on ne croit pas, dans lesquelles on
n'est pas intéressé et qui ne correspondent pas à nos
valeurs à nous.
Il y a une coupure pénible, difficile, entre le monde de
l'éducation et le monde du travail. Je pense sérieusement
qu'indépendamment des options politiques ou constitutionnelles qui font
notre différence, je pense sérieusement que les quatre
années que nous allons vivre ensemble ici, soit à
l'Assemblée nationale, soit dans le Québec, sont des
années qui auront à répondre à cela. Si le
fédéralisme, c'est ma conception bien personnelle, était
capable de répondre à cela et je ne crois pas qu'il soit
capable d'y répondre si vous réussissez à tordre le
fédéralisme au point qu'il puisse répondre à cela,
cela va peut-être sauver ce que vous appelez le Canada actuel. Si vous ne
réussissez pas...
M. LAPORTE: Je suis le député avec intérêt
depuis quelques minutes, mais vous êtes en train de tordre votre
débat pour l'amener sur le fédéralisme.
M. CHARRON: Mais je dis c'est simplement cela...
M. LAPORTE: Vous expliquez votre logique bien honnêtement. Tout ce
que vous avez dit sur le drame des générations, sur le drame du
travail que l'on doit organiser en fonction d'une société, ou la
société qui doit s'organiser en fonction du travail, cela est un
débat passionnant. Mais que cela devienne le débat du Canada! Ils
en ont en Russie, en Chine et ils en ont à Cuba et à Paris.
M. CHARRON: Ce que je veux vous dire, c'est qu'indépendamment des
fédéralistes et des indépendantistes, le succès de
l'une ou l'autre option va se jouer de la façon dont on va
réaliser cela.
M. LAPORTE: D'accord, si on veut le prendre sur ce plan-la. Je ne
voudrais pas que le débat dévie sur cela ce soir, mais votre
option séparatiste ou fédéraliste devient, quant à
nous, un autre nanan que vous donnez aux citoyens pour empêcher de voir
les véritables problèmes. Que vous ayez une société
québécoise indépendante du reste du Canada, c'est une
valeur, c'est une chose. Est-ce que ceci va contribuer à régler
ce problème troublant de la relation société
jeunes, société travail? Je n'accepte pas cela du tout.
C'est une illusion nouvelle que vous êtes en train de donner au
peuple.
M. CHARRON: C'est votre position. On n'ouvrira pas le débat
là-dessus, mais je dis que le débat...
M. LAPORTE: Revenons, si vous voulez, à ceux dont vous parliez
tout à l'heure, au ministère de l'Education, qui optent pour une
solution ou pour l'autre. Si l'un ou l'autre de ces groupes nous disait la
solution pour laquelle j'ai opté, c'est la vraie parce que l'on serait
heureux. Mais partout dans le monde on entend parler des problèmes de la
circulation et il n'y a jamais une ville qui les a réglés.
Partout dans le monde, on en entend parler et on le vit, on vit sur un volcan
parce qu'il y a cette « generation gap » , surtout le
problème du travail. Mais est-ce que la révolution culturelle de
Chine réglerait quelque chose à ce point de vue? Est-ce que le
mois de mai en France a réglé le problème fondamental que
vous avez soulevé tout à l'heure? Est-ce que les ouvriers ont
refusé oui ou non de marcher avec les étudiants, au mois de mai,
1968?Ce problème-là n'a été réglé
nulle part au monde. Soyons assez éveillés pour dire il
faut évidemment que nous utilisions les gens les plus compétents
que nous ayons et je pense que je les ai autour de moi pour étudier ces
questions-là et soyons assez modestes pour direj La petite
province de Québec avec toutes ses ambitions et avec tout l'avenir
merveilleux que je veux lui voir, moi, ne régie-
ra pas cela toute seul. Nous allons être à la fois,
espérons-le, dans certains domaines, des pionniers. Nous allons surtout
être des victimes. Nous allons surtout être prisonniers des
décisions qui seront prises en dehors de nous. S'il y avait seulement
dans la province de Québec que les étudiants étaient
constestataires, je dirais, nous, de la province de Québec, que nous
devons nous interroger sérieusement. Mais comme les étudiants et
d'autres contestent dans le monde entier, cela ne m'empêche pas de voir
les bobos que nous avons chez nous. Mais je me dis que lorsque nous aurons
réglé nos bobos dans la province de Québec, cela n'aura
pas réglé tellement de choses.
M. DEMERS: Disons que cela serait moins laborieux si on revenait au
travail.
M. LAPORTE: Messieurs, au travail.
M. CHARRON; Soyons réalistes, revenons à cela. J'avais dit
que j'ouvrais le débat là-dessus.
M. LAPORTE: Le député de Saint-Jacques puisque l'on parle
de quatre ans, qui a la qualité, puisque cela en est une, d'être
jeune je l'envie à certains moments va constater, vivant
dans un reflet du peuple québécois à l'Assemblée
nationale, va trouver dans chacun de ses collègues un exemple des
qualités à pratiquer et des enseignements à suivre. Nous
allons bénéficier de ce qu'il nous apporte, lui. Mais « ex
cathedra », décider que ceci... Je pense que c'est un des dangers
de croire que l'on est seul je pense que si jamais le
député a eu ce défaut-là, ce que je ne pense pas,
c'est une des choses qui se corrigent le plus rapidement que l'on a seul
à prendre une décision sur des problèmes aussi complexes.
On espère apporter sa petite pierre pour bâtir l'édifice
complet.
M. CHARRON: C'est exactement pour cela, M. le député de
Chambly, que j'ai osé poser le problème, même si je savais
que l'ensemble de mes collègues dont je respecte les différentes
opinions, aimait mieux passer de point à point... J'ai voulu apporter
moi aussi...
M. LAPORTE: Mais j'espère que l'on aura constaté que je
n'ai pas évité le problème.
M. CHARRON: Je n'avais pas l'intention de le vider.
M. LAPORTE: Non, non, j'ai dit que je n'avais pas tenté de
l'éviter.
M. DEMERS: Est-ce que vous admettrez aussi qu'on vous a laissé
parler aussi longtemps que vous avez voulu?
M. LE PRESIDENT (Brisson): Adopté. M. LAPORTE: D'accord.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Alors « traitements »,
adopté. Direction générale des normes.
Direction des normes
M. CROEETIERE: Vous avez une augmentation de personnel, est-ce que le
ministre pourrait nous donner des explications?
M. LAPORTE: J'ai une augmentation de personnel de 25. A cause d'un
surplus de personnel, cette diminution apparente est due à la nouvelle
politique du gouvernement, politique par laquelle nous allons puiser... Voici,
nous avons une diminution apparente de budget, parce que, comme on l'a dit
à plusieurs reprises, l'effectif a été gelé le 1er
février 1970, à ce qu'il était, et on a dit: Si vous avez
besoin d'autre personnel, on crée, au ministère des Finances, un
réservoir dans lequel vous puiserez.
M. CROISETIERE: Au ministère des Finances, un
réservoir.
M. LAPORTE: Alors nous augmentons l'effectif à ce poste en allant
puiser dans ce service-là.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Article 1 adopté. Article 2; Frais de
voyage.
M. DEMERS: Il y a plus de monde qui voyagera.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Adopté.
M. LAPORTE: Frais de voyage, matériel de bureau, c'est parce
qu'on a 25 employés de plus, il faut organiser des bureaux.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Direction générale des services
techniques.
Services techniques
M. DEMERS: II y a une diminution. Est-ce seulement apparent?
M. LAPORTE: Diminution. C'est la menu?
chose: $17,000 qu'on va aller chercher dans le fonds
général du ministère des Finances.
M. DEMERS: Cela va vous éviter de demander un budget
supplémentaire.
M. LAPORTE: Oui, mais ça crée d'autres
problèmes.
M. DEMERS: Oui, très bien. Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brlsson): Frais de voyage, adopté.
Matériel de bureau.
M. LAPORTE : Augmentation à cause du personnel nouveau.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Poste 4 adopté. Poste 5.
M. LAPORTE: Bureau des examinateurs des électriciens.
Examinateurs des électriciens
M. CROISETIERE: Est-ce qu'il y a des changements à la direction
du Bureau des examinateurs, ou si c'est encore le même...
M. LAPORTE: Excusez-moi.
M. CROISETIERE: Est-ce qu'il y a eu des changements au bureau des
examinateurs ou si c'est encore le même personnel?
M. LAPORTE: Non, ce sont les mêmes personnes qui sont
là.
M. DEMERS: Les examinateurs électriciens. Ils font d'abord
l'inspection de la bâtisse, la qualification des normes.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. DEMERS: Est-ce qu'ils font rapport à la corporation?
M. CHARRON: Ils établissent les normes d'indication du travail
accompli.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que, quand on bâtit un immeuble,
les examinateurs électriciens vont vérifier l'Installation, et le
même bureau qualifie les gens qui veulent devenir
électriciens.
M. DEMERS: Cela se fait en collaboration avec la corporation?
M. LAPORTE: C'est ça, c'est une corpora- tion fermée,
depuis une certaine loi adoptée il y a un certain nombre
d'années. Quoiqu'ils puissent devenir membres de la corporation, il faut
qu'ils soient qualifiés par le bureau des examinateurs. Les deux
qualifications sont essentielles pour qu'on puisse exercer le métier
d'électricien dans la province de Québec.
M. LE PRESIDENT (Brlsson): Adopté. M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Frais de voyage.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Frais de bureau, diminution...
M. LAPORTE: Un meilleur contrôle des frais de poste et de
téléphone. On vérifiera ça à la fin de
l'année.
M. CHARRON: Même avec Kierans.
M. LAPORTE: Etant donné que le courrier ne fonctionne pas,
ça amène une diminution.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Adopté. UNE VOIX: Cela augmente les
télégrammes.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Adopté. Article 5: Autres
dépenses, les mêmes, adopté. Poste 6, Service d'inspection
des établissements industriels et commerciaux.
Inspection des établissements
M. DEMERS: Bon, ça c'est la sécurité des
édifices.
M. LAPORTE: Des édifices publics.
M. DEMERS: Vous avez une augmentation.
M. LAPORTE: Justement, c'est un des secteurs où on va
intégrer des gens qui étaient autrefois à la Commission
des relations de travail.
M. DEMERS: CRT.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Article 1 adopté. Article 2: Frais de
voyage.
M. DEMERS: Est-ce que vous allez trouver du travail pour ces
gens-là?
M. LAPORTE: Oui, ils sont au travail.
M. DEMERS: Ils sont à l'oeuvre. Est-ce que ça entre dans
vos 100,000 emplois?
M. LAPORTE: Oui, là on est rendu à 99,000.
M. DEMERS: Avez-vous un bilan?
M. LE PRESIDENT (Brisson): Adopté.
M. LAPORTE: Le premier bilan va être publié quand on en
aura trouvé à peu près 50,000.
M. DEMERS: Oui, on saisit l'astuce.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Article 4: Articles de bureau.
M. CROISETIERE: Adopté...
M. LE PRESIDENT (Brisson): Matériel, articles de bureau.
M. LAPORTE: Augmentation de $8,900 due à l'impression des
nouvelles réglementations et du nouveau code des édifices
publics.
M. CROISETIERE: Moins rembourseraisnt.
M. LAPORTE: Qu'est-ce que c'est que ça? Ils nous remboursent de
quelque chose d'après l'entente, excusez-moi de mentionner des
mots terribles fédérale-provinciale.
M. CHARRON: C'est ce que j'ai entendu depuis un mois.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Adopté.
M. LAPORTE: Déjà vous avez l'air habitué, vous avez
l'air blasé.
M. CHARRON: Je suis presque déjà un parlementaire.
M. LE PRESIDENT (Brisson); Poste 7.
M. LAPORTE: II y en a qui deviennent vieux assez jeunes.
M. DEMERS: II est d'une précocité!
M. LAPORTE: Bureau des examinateurs des mécaniciens de machines
fixes, etc.
Examinateurs des mécaniciens de machines fixes
M. CROISETIERE: II y a une augmentation de personnel là
aussi?
M. DEMERS: Des ingénieurs stationnaires.
M. LAPORTE: Cela comprend le traitement de 84 personnes, six de plus que
le personnel actuellement en place. Il a été impossible de
recruter le personnel requis en 69/70; c'est marqué ici. Maintenant
qu'il y a un nouveau gouvernement dans lequel tout le monde a confiance...
M. CROISETIERE: Vous augmentez de six pour trouver les 100,000
emplois.
M. LAPORTE: Les six vont être puisés à même le
fonds spécial.
M. DEMERS: Est-ce que vous pourriez nous donner un peu les
qualifications de base pour être inspecteur de machines fixes?
M. LAPORTE: Je vais vous le dire dans une seconde.
M. CROISETIERE: Je crois qu'il y a eu plusieurs concours.
M. LAPORTE: Est-ce que vous connaissez les machines fixes?
M. DEMERS: Je n'en al jamais vues. Si je m'en allais travailler pour le
gouvernement, ce ne serait pas sur une machine fixe.
M. LAPORTE: D'abord, il faut certainement être détenteur
d'un certificat de compétence dans les machines fixes ce ne sont
pas des gars qui fixent et ensuite on subit des examens normaux.
M. DEMERS: Les « prérequis »?
M. LAPORTE: Non, non il n'y a pas de « prérequis ».
Il s'agit d'avoir le certificat et puis ensuite on est admis et...
M. DEMERS: Mais, vos gens, est-ce que vous les qualifiez en passant par
la Fonction publique?
M. LAPORTE: Toujours.
M. CROISETIERE: Je crois que vous avez eu plusieurs concours. Vous avez
eu de la difficulté à recruter du personnel?
M. LAPORTE: Enfin ils ne sont pas innombrables ceux qui peuvent remplir
ces fonctions-là, mais c'est la Fonction publique qui fait subir les
examens et qui ensuite nous les envoie.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Adopté. Article 2; Frais de voyage,
adopté.
M. CROISETIERE: Frais de bureau, il y a une diminution aussi.
Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Article 3 adopté. Article 4:
Matériel, adopté.
M. CROISETIERE: Moins remboursements, encore.
M. LAPORTE: Subventions fédérales.
M. DEMERS: Oui. Est-ce que vous avez le détail des subventions
fédérales au ministère?
M. LAPORTE: Non, on espère toujours en avoir plus, on calcule
ça seulement à la fin de l'année.
M. DEMERS: Non, mais pour le budget.
UNE VOIX: Pour le budget actuel, on peut avoir une petite
idée?
M. DEMERS: Probablement que vous allez être déçus
à la fin de l'année.
M. LAPORTE: Si M. le député veut, disons
sérieusement le savoir, je ferai faire le calcul aux divers postes, et
je vous le donnerai.
M. DEMERS: Adopté.
M. LAPORTE: Est-ce que vous en voulez une copie, M. le
député de Saint-Jacques?
M. CHARRON: Bien sûr.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Adopté. Poste 8: Bureau des
examinateurs de mécaniciens en tuyauterie?
Examinateurs des mécaniciens en
tuyauterie
M. LAPORTE: Traitements, augmentation de $1,100. Evidemment, c'est
simplement pour faire face aux augmentations statutaires.
M. DEMERS: Les cadres sont remplis? M. LAPORTE: Les cadres sont remplis.
M. LE PRESIDENT (Brisson)'. Adopté.
M. LAPORTE: Frais de voyage. Diminution de $8,500 due a une meilleure
planification.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LAPORTE: Frais de bureau, matériel de bureau, augmentation due
aux frais encourus pour l'impression du code de la tuyauterie.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. DEMERS: Le code des tuyaux.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Poste 9: Direction générale de
la main-d'oeuvre.
Direction de la main-d'oeuvre
M. CHARRON: Au chapitre de la direction générale de la
main-d'oeuvre, j'aimerais entendre un énoncé de politique.
M. LAPORTE: Vous aimeriez ça, je suis là. Je serai
absolument ravi de contenter votre désir d'entendre
l'énoncé d'une politique...
M. CHARRON: Oui, cela va faire du bien, après un mois.
M. LAPORTE: Vous ne l'entendrez pas ce soir.
M. CHARRON: Non?
M. LAPORTE: Je comprends que...
M. CHARRON: Cela aussi fait partie des surprises de l'automne, avec
l'éducation?
M. LAPORTE: Non, ça fait tout simplement partie de la politique
normale d'un gouvernement qui vient d'arriver au pouvoir et qui ne fera pas la
conversation avant de savoir ce dont il parle.
M. CHARRON: Ah bon!
M. LAPORTE: Alors ces deux jours de retraite dont...
M. CHARRON: IL aurait dû le dire pendant la campagne, qu'il ne
savait pas de quoi il parlait.
M. LAPORTE: Non, le gouvernement a énoncé, a
élaboré, pendant la campagne, un programme politique. Il est
actuellement en train...
M. DEMERS: Cela s'est passé sans qu'il le dise.
M. LAPORTE: ... de voter des crédits qui ne sont pas les
nôtres. Là, je vous le fais remarquer poliment, à moins que
vous ne soyez pas déjà au courant.
M. CHARRON: Ce ne sont pas les miens non plus.
M. LAPORTE : Non, bon! D'ailleurs, cela ne se présentera jamais,
sauf le respect que je vous dois, mais disons que les politiques...
M. CHARRON: Vous ne serez pas là pour le voir, de toute
façon.
M. LAPORTE: Disons que c'est peut-être la première
indication. Si vous pensez devenir un vétéran parce qu'on s'est
dit ça depuis vingt ans...
M. DEMERS: C'est la décennie.
M. LAPORTE: ... vous allez être battu, vous ne serez plus
là...
UNE VOIX: C'est ça!
M. LAPORTE: Cela ne change rien au verdict du peuple, ça,
à tous les quatre ans.
M. CHARRON: On a dit, pendant vingt ans, que vous ne seriez jamais au
pouvoir, et vous êtes venus quand même.
M. LAPORTE : Deux fois dans six ans, n'exagérez pas.
M. CHARRON: ... Cela ne dérange personne...
M. DEMERS: L'électorat faiblit pas mal, deux fois dans six
ans.
M. LAPORTE : Disons, pour revenir au débat sérieux que
nous avions, que la politique de main-d'oeuvre du ministère du Travail
et de la Main-d'Oeuvre, va devenir, si j'ai mon mot à dire, et je pense
que je l'aurai, la pierre angulaire de toute la politique de main-d'oeuvre de
la province de Québec.
Vous vouliez, ce soir, que je vous dise les grandes lignes d'une
politique de main-d'oeuvre.
Non, parce que cela suppose tellement d'éléments divers
qu'il est raisonnable qu'un député raisonnable, comme l'est le
député de Saint-Jacques, admettre que ça peut prendre plus
que quatre semaines pour faire le tour de ça, surtout que pendant ces
quatre ou huit semaines, il y a eu une session de cinq ou six semaines. Cela
implique le ministère de l'Education, le ministère de la Fonction
publique, le ministère du Bien-Etre social et de la Famille, le
ministère du Travail, évidemment, et le gouvernement
fédéral, ainsi que toutes les grandes sociétés de
la province de Québec. Actuellement, il n'y a pas une politique de main
d'oeuvre dans la province de Québec, il y en a plusieurs.
UNE VOIX: Oui, oui.
M. LAPORTE; Alors, notre objectif, au ministère et c'est
commencé, je n'essaierai pas de dire que c'est nous qui l'avons
commencé, ce n'est pas vrai, il y avait des choses précieuses qui
existaient quand je suis arrivé l'objectif fondamental du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre c'est de créer, d'ici
quatre ans, une véritable et unique politique de main-d'oeuvre pour le
Québec.
Si on veut que je donne la politique, ce soir, après quatre
semaines, bien, disons que je refuse, pour une raison très simple; c'est
que si je vous en parlais, je vous en dirais plus que je n'en sais pour le
moment. C'est franc et c'est clair.
M. DEMERS: Ce serait peut-être bon quand même.
M. LAPORTE : Bien oui, mais je ferais du patinage de fantaisie, et je ne
veux pas faire ça.
M. CROISETIERE: Vous avez une augmentation de 269.
M. LAPORTE: Uneaugmentationde$397,800 pour recruter 23 agents de
recherche; 47 attachés d'administration; 5 spécialistes en
éducation; 4 conseillers d'orientation; 1 agent de bureau; 30 dactylos;
17 secrétaires; 7 auxiliaires en recherche; 10 techniciens en
mécanographie et 50 agents de main-d'oeuvre. Il faut croire que c'est
suffisant; avoir arraché à un gouvernement en pleine
période d'austérité 194 postes nouveaux à la
section main-d'oeuvre du ministère. Je pense que c'est une preuve
suffisante qu'on a l'intention de faire véritablement une politique de
main-d'oeuvre au Québec. Cela n'a pas été facile,
monsieur.
M. CHARRON: Comme vous le disiez, ce ne sont pas vos crédits a
vous, ce sont ceux de l'ancien gouvernement.
M. LAPORTE : Non, évidemment, quand nous avons commencé
à couper, il y a des endroits où j'ai arrêté le bras
vengeur qui coupait parce que ça, ça ne se touche pas. Je pense
que ce sont eux qui y avaient pensé, et j'ai été le Claude
Raymond du ministère, j'ai sauvé la partie.
M. DEMERS: Ce n'est pas la première fois que vous la sauvez!
Est-ce que le ministre ne craint pas le parallélisme entre le service de
la main-d'oeuvre fédéral et provincial? Cela les
inquiétait un peu autrefois, dans le temps que son devancier...
M. LAPORTE: La réponse est oui. UNE VOIX: Cela vous
inquiète. M. LAPORTE: Oui.
M. DEMERS: Vous êtes obligé de le garder, naturellement les
structures sont là.
M. LAPORTE : Disons que c'est sur ce plan-là que nous
travaillons.
M. DEMERS: Est-ce que vous prévoyez qu'on aura plus
d'efficacité provincialement que fédéralement au point de
vue de la main-d'oeuvre?
M. LAPORTE: Disons que c'est précisément le terrain sur
lequel je ne veux pas actuellement m'embarquer parce que les
négociations avec les représentants du gouvernement
fédéral commencent. Alors, est-ce que je dois tirer des
conclusions? Si on me demandait ce soir; Qu'est-ce que vous pensez? Est-ce que
ce devrait être fédéral ou provincial? Ah! que j'aurais du
plaisir à faire une belle déclaration qui ferait, demain, la
manchette des journaux. Disons que je me suis habitué, avec un peu
d'expérience, à sacrifier l'éclat a
l'efficacité.
M. CHARRON: Il a de la fièvre, je pense!
M. DEMERS: Vous dites que les négociations entre le
fédéral et le provincial, sur ce chapitre de la main-d'oeuvre,
commencent.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. CHARRON: Combien cela fait-il d'années qu'on paie pour
entretenir les deux machines qui ne se parlaient pas, l'une face à
l'autre?
M. LAPORTE: Cela fait bien des années. C'est le temps que
ça cesse.
UNE VOIX: Article 1, adopté.
M. DEMERS: Les frais de voyage augmentent.
M. LAPORTE: Etant donné que nous n'avons...
M. DEMERS: Vous avez plus de gens à faire voyager.
M. LAPORTE: Bien, on ne veut pas qu'ils voyagent tous, mais il y en a
quelques-uns qui vont voyager.
M. CROISE TIERE: Très bien! Adopté.
UNE VOIX: Honoraires. Ce sont les honoraires qui sont...
M. LAPORTE: Augmentation de $1,179,500, la mise en application de
certains articles du bill 49, articles relatifs à l'inventaire
qualitatif et quantitatif de la main-d'oeuvre.
Nous avons demandé, il y a trois ou quatre semaines, des
soumissions à un grand nombre de sociétés qui font de la
mécanographie, afin de nous soumettre des projets de travail pour
l'inventaire qualitatif et quantitatif de la main-d'oeuvre au Québec.
C'est là qu'est le très grand départ du ministère
de la Main-d'Oeuvre.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Article 4: Frais de bureau.
M. LAPORTE: Même raison, c'est dû à l'augmentation du
personnel.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Article 5.
M. LAPORTE: Impression de tests requis avant l'inventaire, formulaires
et monographies. Lorsqu'on décide de demander des soumissions à
des sociétés qui font de la mécanographie ou des
ordinatrices, on doit leur remettre un cahier très complet de ce que
nous voulons. Cela nécessite des impressions, payer des charges.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brisson): Article 6.
M. LAPORTE: Pour les films, c'était zéro et ça
continue à être zéro, à mon grand regret.
M. DEMERS: Vous vouliez faire un film?
M. LAPORTE: Des films.
M. DEMERS: «Deux femmes en or?»
M. LAPORTE: A l'article 7, augmentation de $333,500. De nombreux
comités de consultation régionaux, provinciaux et spéciaux
ont été constitués pour aider à définir les
normes de qualification professionnelle.
M. DEMERS: Est-ce que vous pourriez élaborer un peu? Que feront
ces comités?
M. LAPORTE: Ce sont des comités qui vont définir les
normes de qualification professionnelle, les besoins en main-d'oeuvre et aider
à la formation de commissions de formation professionnelle. Cet argent
servira à couvrir les frais de fonctionnement. Evidemment, vous devez
vous imaginer une politique d'ensemble. Le gouvernement, l'Etat du
Québec puisque je ne veux pas me parer des plumes d'un autre
a décidé de faire l'inventaire de toutes les professions
du Québec, depuis le bill 49 qui nous a embarqué dans cette
politique. Vous avez aujourd'hui des conséquences. H faut avoir des
comités qui vont être nos conseillers. Vous avez des impressions
qui permettent de donner àdes sociétés le travail que nous
voulons leur faire faire, vous avez des crédits prévus pour que
ces sociétés, par les ordinatrices, nous fournissent les
informations dont nous avons besoin.
M. DEMERS: Adopté.
M. CROISETIERE: ... Conseils d'arbitrage, article 8.
M. LAPORTE: Nous avons, cet après-midi, annoncé la
nomination de 40 arbitres semi-permanents recommandés unanimement par le
Conseil consultatif du travail, composé de 5 représentants des
syndicats et de 5 représentants des patrons. Ces deux groupes se sont
entendus pour nous recommander 40 arbitres. Nous les avons nommés par
arrêté ministériel, il y a quelques jours. La chose a
été annoncée cet après-midi. C'est un pas
très important pour régler les griefs pendant la durée
d'une convention. Les frais inscrits là vont servir...
M. DEMERS: Est-ce qu'ils sont payés à honoraires?
M. LAPORTE: Ils sont payés à honoraires, à un
maximum...
M. DEMERS: $1.25 de l'heure!
M. LAPORTE: ... contractuel de $125 par jour. Ce qui est une diminution
des frais réels.
M. DEMERS: C'est un pool qui a été constitué avec
des arbitres...
M. CROISETIERE: Ils ont été désignés.
M. DEMERS: ... ou s'ils ont été désignés sur
recommandation?
M. LAPORTE: Le Conseil consultatif du travail a décidé
d'imaginer un plan où il y aurait des arbitres permanents. Il a
reçu un très grand nombre d'offres de travail. Il a pris six
critères. Le premier critère, c'était de n'être pas
engagé par un syndicat ou un groupe patronal. Deuxièmement, de
renoncer à être arbitre syndical ou arbitre patronal.
Troisièmement, d'être reconnu pour son impartialité et sa
compétence. Quatrièmement, d'accepter, le cas
échéant, de subir des cours de préparation.
Cinquièmement, de charger un maximum de $125 par jour pour les frais
d'arbitrage. Et sixièmement, de déposer, dans les dix jours du
moment où elle est rendue, sa sentence.
Ces six critères ayant été retenus, on a
analysé un tas de candidatures. Finalement le conseil consultatif nous
est arrivé avec 40 noms recommandés, chacun ayant son curriculum
vitae, son «pedigree», et ils ont été
acceptés. Il est possible que patrons ou syndicats refusent d'accepter
l'un de ces arbitres, mais ce serait étonnant. IL est possible que le
ministre refuse de nommer l'un quelconque de ces arbitres, disons que ce serait
absolument étonnant.
M. CROISETIERE: Est-ce qu'ils sont nommés pour une période
de tant d'années?
M. LAPORTE: Disons que la liste est sujette à être
révisée deux fois par année. Le Conseil consultatif nous
en proposera probablement 30 autres cet automne.
M. CROISETIERE: Est-ce que les noms sont connus?
M. LAPORTE: Les noms ont été rendus publics cet
après-midi.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Adopté? M. CROISETIERE:
Adopté.
M. DEMERS: Adopté. Combien d'argent avez-vous pour ça?
Vous avez seulement $9,000 pour tous ces gens?
M. LAPORTE: On me dit que ce serait pas nécessairement ça.
Cet argent servira à couvrir les frais encourus par les membres des
comités de juridiction, parce que certains points...
M. DEMERS: Ce ne sont pas les mêmes.
M. LAPORTE: Toutes les autres choses restent vraies. Les $9,000
serviront à une autre fins c'est pour les conflits dans les juridictions
de métiers où il y a des arbitrages. Ces $9,000 serviront
à ça.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Subventions, article 9.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre peut nous informer sur le contenu des
subventions?
M. LAPORTE: Cet argent servira à couvrir les frais encourus en
vertu de l'article 45 du bill 49, soit la mise à pied permanente de
certains employés. H y a alors des comités de reclassement de
formés; on y étudie les subventions, le recyclage ou la
mobilité des travailleurs en question. Ce matin le chef de l'Opposition
a posé une question sur une mine, la Moly Mines de Cadillac, qui a
décidé de congédier environ 100 employés parce que
l'usine a fermé ses portes. Il y a, à ce moment-là, un
mécanisme qui se met en route automatiquement nous n'avons pas eu
les avis normaux prévus par la loi, nous en reparlerons demain en
Chambre pour recycler les employés. Les sommes d'argent
prévues sont pour financer ce travail-là.
UNE VOIX: Adopté.
M. DEMERS: Est-ce que vous payé une pension à ces
gens-là? Disons qu'un type perd son emploi, il a
l'assurance-chômage en attendant.
M. LAPORTE: Toutes sortes de choses sont permises, on peut prendre un
employé et lui dire: Tu vas t'en aller à tel endroit pour essayer
tel emploi, et on peut payer son déplacement. Il y a toutes sortes de
subventions possibles à l'intérieur d'une politique de recyclage.
Pour que cette politique puisse être utile, les sociétés
commerciales doivent prévenir le gou- vernement et elles le font dans la
majorité des cas. Presque chaque semaine, Je signe des ententes avec le
gouvernement fédéral pour aider le recyclage de ces
employés.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Autres dépenses, article 10.
M. CROISETIERE: $25,000.
M. DEMERS: Naturellement ce sont les autres, mais...
M. LAPORTE: L'augmentation de $17,000 est surtout pour couvrir les frais
de déménagement de certains employés. C'est prévu
aussi pour couvrir certaines subventions à l'Office du film pour la
création et la présentation d'informations relatives à la
main-d'oeuvre.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Poste 10: Subventions d'aide à
l'apprentissage.
Aide à l'apprentissage
M. LAPORTE: Subventions totales: $8,803,200; subventions du
fédéral: $6,233,800; la quote-part du Québec: $2,069,400.
La diminution de $185,200 dans la quote-part du gouvernement du Québec
s'explique de par le ralentissement des activtés dans les centres
d'apprentissage entraîné par l'implantation de la loi de la
qualification et formation professionnelles et la nouvelle orientation que
doivent prendre les centres en devenant des commissions de formation
professionnelle. Il y a aussi à définir la juridiction des
ministères de l'Education et du Travail et de la Main-d'Oeuvre, en
matière de formation professionnelle des adultes.
M. DEMERS: Vous avez aussi une diminution de la contribution du
gouvernement du Canada.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je crois que c'est l'explication que le
ministre vient de donner.
M. DEMERS: Il vient de donner l'explication de la diminution de la
contribution du gouvernement provincial.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Non, il vient
de donner l'explication sur la diminution de la subvention
fédérale, si j'ai bien compris.
M. LAPORTE: C'est parce que le gouvernement fédéral
contribuait, entre autres choses, à la construction de centres
d'apprentissage. Il n'y avait aucun centre d'apprentissage de prévu.
Cette politique de construction de centres d'apprentissage est en voie
d'être abandonnée. Il n'y a pas de contribution pour
ça.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Poste budgétaire 10,
adopté?
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Poste budgétaire 11, Autres
subventions.
Autres subventions
M. LAPORTE: Ces crédits servent a subventionner certains travaux
de recherche, exemple: enquêtes sur les travailleurs des hôpitaux,
enquêtes sur les travailleurs de la forêt, et le reste.
UNE VOIX: Est-ce que vous voulez répéter, M. le ministre,
pour les autres subventions?
M. LAPORTE: Oui. Ces crédits servent à subventionner
certains travaux de recherche. Exemples: enquêtes sur les travailleurs
des hôpitaux, enquêtes sur les travailleurs de la forêt, etc.
Nous avons dû, quant à certains travailleurs en particulier, faire
des travaux de recherche pour arriver à des politiques plus
raisonnables. Voilà à quoi cela sert.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Poste 11 adopté? Poste 12:
Service de conciliation et d'arbitrage.
Conciliation et arbitrage
M. CROISETIERE: Vous avez le même personnel?
M. LAPORTE: Le même personnel. Il y a une diminution de $700 vu
qu'aucun nouvel effectif n'a été autorisé et que l'on n'a
pas réussi à combler les vides de l'an dernier. Le personnel
reste à 12 personnes.
M. DEMERS: Ce sont vos conciliateurs attitrés?
M. LAPORTE: C'est surtout du personnel de bureau qui est payé, en
bonne partie, par la Commission du salaire minimum.
M. CROISETIERE: Est-ce que le montantde l'an dernier a été
totalement dépensé?
M. LAPORTE: Vu que le montant n'a pas été
complètement dépensé, on le diminue
légèrement, dans l'espoir de tout le dépenser cette
année.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Adopté.
M. DEMERS: On va vous faire confiance pour ça.
M. LAPORTE: Je vais faire un effort sérieux.
M. DEMERS: $5,700.
M. CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Frais de bureau.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Poste 12, adopté.
M. LAPORTE: Conseil consultatif dutravail et de la main-d'oeuvre, la
plus belle invention du demi-siècle.
Conseil consultatif
M. CHARRON: M. le Président, le ministre nous en a fait une
description. J'aimerais qu'il me nomme les cinq représentants des
centrales syndicales.
M. LAPORTE: Cela va vous impressionner. Les cinq représentants
des syndicales sont MM. Marcel Pepin, président de la CSN, Louis
La-berge, président de la FTQ, Jean Gérin-Lajoie, des
Métallos, M. Paul-Emile Dalpé, de la CSN, et M. Câron, de
la CEQ.
M. DEMERS: M. Laliberté n'y est pas? M.LAPORTE: M.
Laliberté n'y est pas. M. DEMERS: Et ça marche quand
même.
M. LAPORTE: Je n'ai pas de commentaire là-dessus.
M. CHARRON: Comment fonctionne le conseil consultatif?
M. LAPORTE: Le conseil consultatif a pour fonction de conseiller le
ministre du Travail sur certaines politiques. Il y a ceci de nouveau et qui est
extrêmement intéressant, c'est qu'il peut fonctionner à
même les dossiers que lui réfère le ministre du Travail, et
il a l'initiative de toutes les politiques qu'il veut proposer au ministre du
Travail. C'est ce qui fait toute la différence. Il y a des choses que
nous lui demandons, mais, sur toutes les grandes politiques du
ministère, par exemple, les lois adoptées au cours des douze
derniers mois, toutes les lois qui seront proposées cet automne, ou bien
le conseil Consultatif du travail a l'initiative que vous lui suggérez,
ou bien il est consulté sur le sens de ces lois. Lorsque vous avez dix
bons hommes comme Pepin, d'un côté, comme Perreault, pour les
employeurs, comme Laberge ou comme Dalpé ou comme Gérin-Lajoie,
qui s'entendent pour recommander unanimement une politique au ministère
du Travail, le ministre, à ce moment-là, a véritablement
l'impression qu'il est sur la bonne route.
M. DEMERS: Cela vivifie un ministre. M. LAPORTE : Cela aide un
ministre.
M. CHARRON: Une chose m'intrigue quand même au sujet des membres
de ce conseil consultatif. J'imagine que ce n'est pas facile question
d'horaire et de disponibilité de mettre ces dix personnes dans la
même salle à un moment donné.
M. LAPORTE: Oui, ça...
M. CHARRON: Je m'excuse, je continue. A voir le nombre de permanents, ou
le salaire de deux personnes qui doivent normalement je ne connais pas
leur fonction faire que les décisions et les recommandations du
conseil consultatif se rendent au bureau du ministre, je me dis que ce conseil
consultatif-là ne doit pas jouer un rôle tellement fort, d'abord,
parce que c'est à peu près impossible de les réunir,
deuxièmement, parce qu'il n'y a à peu près pas de
personnel pour leur donner de force à l'intérieur du
ministère.
M. LAPORTE: Voici l'impression que j'ai eue en arrivant au
ministère. Lorsque j'ai vu les noms de Perreault, Pepin, Laberge, etc.,
je me suis dit: Mon Dieu, ça ne doit pas être facile de
réunir tout ce monde-là. La première réalité
que j'ai constatée, c'est que l'indice de présence de ces
messieurs aux réunions du conseil consultatif était absolument
extraordinaire. Ils sont toujours présents. Ils ont décidé
que l'importance de ce conseil consultatif était extrême.
M. CHARRON: A quelle fréquence ce comité se
réunit-il?
M. LAPORTE: Deux fois par mois, mais ils sont présents tout le
temps.
M. DEMERS: Est-ce que s'ils sont payés sur des jetons de
présence? Et combien?
M. LAPORTE: Je pense que c'est $100 la séance.
Deuxièmement, sur des problèmes particuliers, le conseil se
réunit et décide, sur un problème de main-d'oeuvre, un
problème syndical, de former un comité ad hoc et on peut inviter
à ce comité ad hoc des spécialistes de diverses
disciplines pour les aider. Mais disons que l'importance que le
ministère du Travail accorde au conseil consultatif a comme
doublé l'importance que les chefs syndicaux et les patrons ont
accordé à ce conseil. C'est vraiment une institution
étonnante.
M. CHARRON: Expliquez-moi donc le fait qu'il n'y ait que deux personnes
permanentes?
M. DEMERS: Ce sont des secrétaires?
M. LAPORTE: Vous avez deux personnes permanentes seulement, mais tout le
service de recherche du ministère, autrement dit tout le
ministère, est au service du conseil consultatif.
M. DEMERS: Qui sont ces deux permanents?
M. LAPORTE: M. Fernand Morin, qui est le président du conseil
consultatif et M. Michel Blain, qui est secrétaire.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Article 2: Allocations de
présence.
M. DEMERS: C'est là que vous payez vos jetons de
présence?
M. LAPORTE: Ce n'est pas là qu'on les paie, mais c'est là
que sont les crédits. Il faut être précis.
M. DEMERS: J'aime donc le souci du détail du ministre.
M. LAPORTE : Merci.
UNE VOIX: Surtout quand ce n'est pas lui qui paie.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Frais de voyage. UNE VOIX:
Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Honoraires. M. DEMERS: Cela diminue! M.
CROISETIERE: Adopté. M. LE PRESIDENT (Bossé): Frais de bureau. M.
CROISETIERE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Poste budgétaire 13,
adopté.
M. DEMERS: Est-ce que c'est une question d'austérité de
diminuer les honoraires?
M. LAPORTE: Une meilleure structure entraînera, nous
l'espérons... Voyez-vous, il y a un espoir... Si l'espoir est
déçu, c'est le budget supplémentaire.
M. CROISETIERE: Est-ce que les membres du conseil consultatif ont droit
à des frais de voyage en plus de leurs jetons de présence?
M. LAPORTE: Oui.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Poste budgétaire 14: Relations
patronales-ouvrières.
Relations patronales-ouvrières
M. LAPORTE: Augmentation de $3,000 due à l'augmentation
éventuelle des honoraires des consultants.
M. DEMERS: Voulez-vous répéter, s'il vous plaît?
M. LAPORTE: J'ai dit que l'augmentation de $3,000 est due à
l'augmentation éventuelle des honoraires.
M. CHARRON: Est-ce que vous voulez nous présenter cet
article?
M. LAPORTE : Vous le présenter.
M. DEMERS: Ou le définir, il y en a plusieurs qui sont
présentés.
M. LAPORTE: Un instant, on va me le présenter. Tous ceux dont je
vous ai parlé avec beaucoup d'émotion, les 40 messieurs qu'on a
engagés, c'est là. C'est là que nous payons leurs
honoraires.
M. DEMERS: C'est là.
M. CHARRON: Le ministre a bien fait de venir à la commission, il
a appris des choses.
M. LAPORTE: Certainement, et vous aussi, je l'espère. Vous
êtes encore à l'âge où on apprend.
M. CHARRON: Ma chance, c'est que demain matin je n'entre pas au
ministère du Travail.
M. LAPORTE: Comment?
M. CHARRON: Ma chance, c'est que je ne suis pas ministre.
M. LAPORTE: Ma chance, c'est que je le suis; je ne suis pas
obligé d'être toujours négatif.
M. CHARRON: Profitez-en, vous avez assez travaillé pour le
devenir.
M. LAPORTE : Je ne sais pas si c'est un compliment, mais je le prends
comme tel.
M. DEMERS: Prenez-le comme un compliment.
M. CROISETIERE : On va adopter le compliment.
M. LAPORTE: Autres dépenses, augmentation de $3,000,
déplacement éventuel d'employeurs dans un autre lieu.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Poste budgétaire 14,
adopté. Poste 15; Enquêtes.
Enquêtes
M. LAPORTE: Des crédits de $25,000 avaient été
accordés pour couvrir le coût de diverses enquêtes
susceptibles d'être effectuées dans l'administration des
comités paritaires et des comités conjoints. Nous sommes
fréquemment appelés à faire des enquêtes sur des
comités conjoints où il y a des plaintes et il faut envoyer des
gens de temps à autre. Ces $25,000 vont servir pour ces
enquêtes.
M. DEMERS: Est-ce qu'il n'y aurait pas double emploi? Au poste 11, vous
nous avez parlé de la même chose?
M. LAPORTE : Je n'ai pas parlé de ça tout à
l'heure. Autres subventions, $135,000. Ce ne sont pas des subventions,
ça.
M. DEMERS: Dans « autres subventions », vous ne nous aviez
pas dit que vous envoyiez des gens étudier sur place?
M. LAPORTE : Ils ne vont pas tous étudier à la même
place. A « autres subventions », le ministère subventionne
certains travaux de recherche. Dans un cas ce sont des recherches, dans l'autre
ce sont des enquêtes.
M. DEMERS: Là, ce n'est pas la même chose. On ne recherche
pas la même chose quand on enquête.
M. LAPORTE: Voilà, c'est ça. Et on ne trouve pas
toujours.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Poste budgétaire no 16:
Dépenses diverses ou imprévues.
Dépenses diverses M. LAPORTE: Ce sont diverses
dépenses.
M. DEMERS: Est-ce que vous pourriez les diversifier un peu plus, s'il
vous plaît?
M. CHARRON: Je me demande comment le député de Chambly a
prévu l'imprévu. J'aimerais savoir ça.
M. DEMERS: Et la façon dont il prévoit imprévisible
aussi.
M. CHARRON: II avait prévu que le dollar tomberait à
$0.65. Il est capable de prévoir n'importe quoi.
M. LAPORTE: Ce que je prévois, c'est que cela va être
adopté rapidement.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre pourrait nous donner...
M. LAPORTE: Les dépenses imprévues. Cet article
budgétaire a surtout prévu le remboursement de certaines
dépenses imprévues. Vous voulez la liste? Nous prévoyons,
comme dépenses imprévues, l'assistance à certains
congrès, le déménagement de certains employés, les
frais de réceptions données par le ministère nous
vous inviterons, messieurs des frais pour des cours de formation, M. le
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Oui.
M. LAPORTE: Pour couvrir les frais...
M. CHARRON: Ce ne sera pas le ministre du Travail qui va me les donner,
c'est certain. Il pourra peut-être défrayer...
M. LAPORTE: Non, monsieur. Non, parce que je veux que vous soyez
présent.
Il y a aussi les frais de la Commission des accidents du travail pour
des accidents de travail subis par certains employés, et d'autres
dépenses vraiment imprévues,
M. DEMERS: Nous adoptons ça.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Adopté.
M. DEMERS: C'est aléatoire.
M. LAPORTE: Bien, messieurs, je vous remercie de cette étude
très sympathique et très rapide des crédits.
M. CHARRON: J'espère que cela vous a intéressé.
M. LAPORTE: Cela m'a beaucoup intéressé et je puis dire au
député de Saint-Jacques, même si cela le surprend, qu'il
m'aura probablement appris certaines choses ce soir. Je l'en remercie.
M. CHARRON: Vous ne me surprendrez plus, M. le ministre.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que vous n'oserez plus admettre que je
vous surprends!
M. CHARRON: Ah non, ah non!
(Fin de la séance: 22 h 17)