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Commission permanente du Travail et de la
Main-d'Oeuvre
Bill no 38: Loi concernant l'industrie de la
construction (2)
Séance du jeudi 24 septembre 1970
(Dix heures quarante et une minute)
M. BOSSE (président de la commission permanente du Travail et de
la Main-d'Oeuvre): A l'ordre, messieurs!
M. LAPORTE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Bossé): La séance est ouverte.
J'inviterais, au départ, le ministre du Travail à nous faire part
de la situation.
M. LAPORTE: ... je voudrais d'abord souhaiter la bienvenue à mes
collègues députés à l'Assemblée nationale
ainsi qu'à tous ceux qui nous font le plaisir et nous causent le
problème de venir nous visiter ce matin.
C'est au départ un constat d'échec de la
négociation entre les parties elles-mêmes. Je ne referai pas,
puisque chacun est très au courant, l'historique des derniers
événements: grèves, bill 38, période de
négociations de 30 jours; ensuite, intervention, si nécessaire,
de la commission parlementaire. Nous entreprenons cette étape de
l'intervention parlementaire. Vous aurez constaté, j'en suis sûr,
que le nombre des députés présents est
considérable.
Nous avons, à la fin de la session qui a vu la naissance du bill
38, accepté d'en faire, en somme, un comité plénier pour
l'étude du problème de la construction, car tous les
députés, où qu'ils soient dans la province de
Québec, ont un intérêt direct dans l'évolution de la
situation.
Application du bill 38
M. LAPORTE: Je remercie donc mes collègues qui sont ici,
très nombreux. Je voudrais, même si le climat ne s'y prête
pas nécessairement, féliciter toutes les parties en cause presque
sans exception je vous dirai dans quelques secondes pourquoi de
leur réaction devant le bill 38. Je sais que, pour la CSN, pour la FTQ,
pour les parties patronales et pour les deux parties syndicales, en
particulier, ce n'était pas facile. La loi a été
respectée. Je voudrais en remercier ceux qui sont responsables. Il y a
eu quelques exceptions. Pour que l'on sache bien que nous ne sommes plus
responsables de l'application de la loi lorsqu'elle a été
votée, pour que l'on sache bien que le bill 38, c'est quelque chose de
sérieux, nous avons reçu un certain nombre de plaintes de la part
de syndiqués à l'endroit de certains patrons qui n'auraient pas
respecté les prescriptions du bill 38.
Environ 15 plaintes. Une plainte a déjà été
logée devant les tribunaux contre un patron de la région de
Valleyfield. Je ne sais pas si on a voulu sonder particulièrement cette
région, puisque mon adjoint parlementaire y habite. Une plainte a
été logée, cinq autres le seront incessamment. A mesure
que les dossiers seront complétés, l'on verra que nous ne
badinions pas lorsque nous insistions auprès de tout le monde pour que
le bill 38 soit respecté.
Dossier sur la situation
M. LAPORTE: Nous avons fait remettre à chacun des membres de la
commission, et messieurs de la presse l'ont reçu ou le recevront
également, un dossier qui contient les pièces suivantes;
Premièrement, la proposition syndicale du 5 février 1970.
Pour l'information de la commission, rappelons brièvement qu'à la
suite de l'adoption d'une loi par le Parlement l'on a négocié,
pour la première fois, pour l'ensemble du monde de la construction en
1969: cinq parties patronales, deux parties syndicales. Le contrat qui est
intervenu après une période assez difficile, grèves et le
reste, a été signé pour avoir effet jusqu'au 1er mai 1970,
dans quinze régions. Tous les contrats sont devenus caducs en même
temps. La négociation devait, en vertu de la loi, recommencer quelques
mois avant que les contrats ne viennent à expiration. Donc, vous avez le
document numéro 1: proposition syndicale.
Document numéro 2: proposition patronale. Pour l'intelligence de
notre étude, les clauses correspondent: clause numéro 1 de la
proposition syndicale, clause numéro 1 de la contre-proposition ou de la
proposition patronale. Vous pouvez donc suivre là discussion de cette
façon.
Troisièmement: ordonnance numéro 12 de la Commission du
salaire minimum.
Comme toutes les conventions, dans les quinze districts, sont devenues
caduques en même temps et que la négociation de la convention
collective à intervenir continuait, la Commission du salaire minimum,
à notre demande, a prolongé la convention collective de 1969
jusqu'à ce que la suivante soit signée.
Vous avez donc l'ordonnance no 12 et également un autre document
de la Gazette officielle, un complément à l'ordonnance no 12
quant à la promotion des apprentis, l'émission de
certificats de qualification. C'était pour que la situation qui existait
avant l'expiration des conventions collectives continue et qu'on ne retourne
pas à la jungle qui existait avant.
Document no 4. Document très important pour notre étude.
Liste des clauses qui n'avaient pas encore été paraphées
au moment de l'étude du bill 38. Ce document que vous avez a
été déposé à l'Assemblée nationale
comme document parlementaire no 71. Vous avez donc la liste de toutes les
clauses qui, au 8 août, n'avaient pas encore été
paraphées.
Le document no 5, c'est le document parlementaire no 72. Je vous
rappelle brièvement que, dans la convention de 1969, il y avait une
clause où l'on s'entendait sur le principe du rattrapage,
c'est-à-dire de la disparition de la variation entre les salaires
payés à Montréal et ceux qu'on paie dans les quatorze
autres régions de la province. L'on y mettait des formes quantitatives,
qualitatives, études économiques. On proposait des choses, mais
rien n'avait été fait entre la signature du contrat et le bill
38. Nous avons donc décidé, à la fin de l'étude du
bill 38, de déposer un document parlementaire qui prévoyait la
nomination d'un certain nombre d'experts pour aider les parties en cause
à se débrouiller dans cette clause du rattrapage.
Document no 6. Le bill 38 que tout le monde connaît et le document
no 7 qui est également très important. On dépose à
l'Assemblée nationale le document parlementaire 71 qui donne la liste
des clauses non paraphées a ce moment-là. Le bill 38
prévoit une négociation de trente jours. Elle a eu lieu. Pendant
cette négociation de trente jours, un certain nombre de clauses ont
été paraphées. Vous en avez la liste dans le document no
7.
Donc, vous avez en main actuellement un état assez clair de la
situation. Il y a 60 clauses qui n'ont pas été paraphées
au moment où la commission parlementaire commence son travail.
Il y a six points principaux sur lesquels il n'y a pas eu entente: Je
les résume très brièvement sans donner les points
essentiels des diverses parties:
Les droits acquis. Comme nous négocions une seule convention pour
tout le monde et qu'il existait avant cette négociation unique, dans
certaines régions, des droits particuliers qui avaient été
consentis dans des conventions locales, nous avons une discussion sur un
document très volumineux qui s'appelle: Les droits acquis.
Deuxièmement, les frais de transport. L'employeur doit-il ou ne
doit-il pas payer les frais de transport à l'ouvrier qui travaille
à son chan- tier, lorsqu'il n'habite pas la localité où
est situé le chantier?
Troisièmement, l'ancienneté. Le patron doit-il ou ne
doit-il pas congédier les ouvriers de la construction, en sens inverse
de leur engagement, c'est-à-dire que les derniers ouvriers
engagés seraient congédiés les premiers avec certaines
variantes évidentes? Je simplifie ici, mais l'essentiel, c'est
ça.
Les contremaîtres. Les contremaîtres du chantier sont-ils ou
ne sont-ils pas partie de l'unité syndicale? Sont-ils ou ne sont-ils pas
syndicables? Vous avez encore là une divergence d'opinons assez
marquée.
Le rattrapage. Montréal étant l'unité de base, il
existe actuellement un écart, une différence qui va d'environ
$0.50 jusqu'à environ $1.75, selon les métiers, entre ce qui se
paie à Montréal et ce qui se paie dans les quatorze autres
régions. Doit-on accepter le principe du rattrapage que tous les
employés soient payés au même salaire dans tout le
Québec? Si l'on accepte le principe du rattrapage, ce rattrapage doit-il
se faire sur une période plus courte, plus longue, avec des
technicités qui s'appelleraient la qualification particulière de
certains employés? Il y a discussion fondamentale sur le rattrapage.
Vous avez là disons à peu près les six clauses les
plus difficiles. Il en existe 54 autres. Selon les diverses parties, elles
pourraient nous dire que les unes sont plus importantes que les autres mais,
fondamentalement, après une étude très poussée,
voici à peu près ce sur quoi ça bloque le plus.
Je ne voudrais pas, encore une fois, diminuer l'importance des 54 autres
clauses.
Si nous réussissions à trouver un terrain d'entente sur
ces six clauses, il n'est pas inimaginable que les 54 autres puissent faire
l'objet d'une entente relativement rapide.
Comme nous n'avons pas pu réussir à mettre les parties
d'accord, 11 faut que la commission travaille. Je voudrais, encore une fois,
que tous les membres de la commission, à quelque parti qu'ils
appartiennent, se sentent absolument libres d'exprimer leur avis sur le
calendrier que je vais vous suggérer; nous pourrions peut-être
procéder de la façon suivante. Je suis personnellement dans ce
problème depuis assez longtemps et je me suis ingénié
à me renseigner le plus possible. Disons que je ne connaîtrais pas
suffisamment le problème ce matin, comme ministre du Travail, pour me
prononcer tout de go sur les problèmes qui nous sont soumis. J'ai besoin
de renseignements. Opinion écrite
M. LAPORTE: Je le dis, et à plus forte rai-
son les membres de la commission ont besoin d'être
renseignés, puisqu'ils deviennent en quelque sorte les conseillers de
ceux qui jugeront en dernière analyse, les membres du conseil des
ministres. Je suggère à cette commission de demander aux sept
parties en présence, c'est-à-dire les cinq parties patronales et
les deux parties syndicales, de remettre à cette commission, disons dans
un délai d'une semaine, une opinion écrite sur chacun des
soixante articles qui n'ont pas jusqu'ici fait l'objet d'une entente.
De cette façon, les membres de la commission, qui voudront
laisser tout le monde donner des avis sereins, raisonnables, renseignés,
pourront le faire. J'imagine que nous nous reverrons dans une semaine, le temps
de recevoir ces documents. H serait bien inutile de recevoir les documents
à dix heures et de commencer à les discuter avec vous à
dix heures et quart. Ce ne serait pas sérieux, ça ne conduirait
nulle part. Les membres de la commission auront besoin d'un délai de
quelques jours pour bien lire et peser le pour et le contre de chacune des
propositions ou des contrepropo-sitions.
Audition des intéressés
M. LAPORTE: Nous pourrions utiliser ces quelques jours de la semaine
prochaine pour entendre toutes les personnes, toutes les associations, tous les
groupements qui, sans être l'une des sept parties contractantes, ont des
choses à nous dire.
J'ai reçu peut-être en avez-vous eu des copies
un télégramme du président du Conseil du patronat
du Québec, M. Charles Perreault, nous disant qu'il est
intéressé à venir faire valoir son point de vue,
spécialement sur le rattrapage, et qu'il lui est bien impossible,
à 36 heures d'avis, d'être présent le 24 septembre. C'est
clair, c'est entendu. Nous le savions déjà.C'est pourquoi nous
disons à M. Perreault, à tous ceux qui sont
intéressés et cela ne souffre pas d'exception et
qui voudront venir, que nous sommes disposés à les entendre. A la
prochaine séance, préséance sera accordée à
tous ceux qui voudront venir devant nous.
Lorsque nous aurons terminé l'audition des parties non
directement concernées par la convention et que nous aurons eu le temps
d'étudier les documents que vous nous aurez remis, nous pourrions nous
réunir à nouveau, c'est-à-dire tard la semaine prochaine,
j'imagine, afin que vous nous fassiez valoir, messieurs, votre point de vue
oral sur les clauses et que vous soyez soumis aux questions que les membres de
la commission voudraient vous poser. Nous terminerons ce travail et,
après, le ministre du Travail fera rapport au conseil des ministres.
Je tiens à préciser ceci; J'ai espéré lundi,
mardi et mercredi que nous pourrions, en dernière minute, en venir
à un consensus suffisant pour que l'on puisse dire à cette
commission; Messieurs, nous ajournons puisqu'il y a espoir de règlement.
J'ai été déçu; cela ne s'est pas produit. Mais, et
j'espère que mes collègues, membres de la commission, seront de
mon avis, personnellement, je n'ai aucun désir d'être
obligé de décider pour vous. Je considère le travail que
nous entreprenons ce matin comme un pensum nécessaire que nous ferons
avec toute la conscience professionnelle possible, mais, si nous pouvons
l'éviter, il sera toujours temps de le faire. Si, pendant que nous
étudierons, mes conseillers principaux ou les parties patronales et
syndicales nous disaient: La, franchement, je crois que nous pouvons
régler; si vous êtes capables de signer l'entente entre vous,
comme c'est votre responsabilité, plutôt que de laisser le conseil
des ministres décider en dernière analyse, j'en serai
personnellement très fier.
Alors, conclusion. Si, pendant la durée de notre étude,
à quelque moment que ce soit, il y avait possibilité d'une
entente entre les parties, le ministre du Travail serait continuellement
à votre disposition pour tenter d'aider. Mais, je vous l'ai dit
privément et je vais le dire publiquement, je ne m'offrirai pas en
holocauste sur l'autel de vos divergences d'opinion; cela est clair. Ne comptez
pas sur moi pour aller à une négociation qui est d'avance
vouée à l'échec pour vous permettre même si
ceci vous déplaît, j'en suis sûr de dire tous les
jours que le ministre du Travail est un pas fin. Je ne tiens pas du tout
à cela. Mais si on peut arriver quelque part, entre gens de bonne
volonté, je suis à votre disposition à n'importe quel
moment de la durée de notre travail.
Messieurs, vous avez donc, de façon plus longue que je l'aurais
voulu, je m'en excuse, une espèce d'échéancier, une
façon de travailler. J'aimerais d'abord, M. le Président, si vous
le voulez bien, demander aux membres de la commission ce qu'ils en pensent. Ils
ont peut-être d'autres remarques à nous faire sur les principes en
jeu. Ensuite, si nous nous entendons, nous pourrions demander aux
représentants des sept parties de nous donner leur avis et ensuite, la
commission sera libre de prendre les décisions qu'elle jugera à
propos de prendre.
M. LE PRESIDENT (Bossé): M. le minis-
tre, merci de cet exposé assez clair. J'inviterais, avant
d'entendre les opinants, les chefs de partis ou leurs représentants
à faire des remarques préliminaires s'il y a lieu. M.
Deniers.
M. DEMERS: M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, chers amis des différents partis qui sont ici, ce qui
était prévu, du moins prévisible, s'est produit.
Quarante-six jours après la sanction du bill, nous sommes réunis
et nous devons avouer que la médiation, à part quelques virgules
changées de place, a été un échec. Le devoir de la
commission, c'est maintenant de prendre position, d'étudier
objectivement et de faire des recommandations, comme l'a dit le ministre du
Travail, afin qu'on puisse en venir à un règlement de ce conflit
qui a trop longtemps duré. Pour ce qui a trait à l'Opposition
officielle, nous sommes d'avis que la suggestion du ministre du Travail est
excellente et nous entendons bien accorder à cette suggestion tout le
sérieux qu'elle mérite. Nous voudrions assurer le ministre et la
commission que nous sommes disposés pour autant que nous sommes
concernés, à établir et à suivre
l'échéancier qu'il nous propose.
Prochaine réunion
M. DEMERS: Toutefois, nous aimerions être fixés sur la date
d'une prochaine rencontre. Je pense que, dans les détails qu'il nous a
fournis, il a manqué peut-être un peu de précision, se
contentant de dire qu'on se reverrait dans une semaine. Nous voudrions savoir
quand les mémoires des différentes parties nous arriveront pour
que nous puissions en prendre connaissance. Nous voudrions avoir tous ces
détails d'une façon précise. C'est l'opinion que nous
manifestons. Nous aurons un mémoire, nous aussi, à
présenter sur l'étude que notre parti a faite en commission
privée. Ce mémoire seradéposé lorsque nous le
jugerons nécessaire. Nous sommes à le compléter. Je
demande donc que les autres partis qui auront quelque chose de sérieux
à apporter nous le présentent ici afin que nous puissions en
discuter.
Le ministre pourrait-il me dire à peu près à quelle
date il prévoit que nous devons nous réunir et quand les
documents nous seront fournis?
M. LAPORTE: Disons que je prends note de votre question. Nous allons
laisser les autres collègues s'exprimer, parce qu'il faut que je pose la
question aussi aux membres du gouvernement.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je remercie le député de
Saint-Maurice. Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, messieurs les représentants des parties
intéressées dans le conflit actuel. On nous demande aujourd'hui
de prendre part aux discussions concernant le conflit en cause. Pour ce qui est
de notre parti, nous sommes d'avis je pense que là-dessus nous
rejoignons les propositions du ministre du Travail qu'il faut donner
à toutes et chacune des parties intéressées la chance de
s'exprimer. De notre côté, nous entendons bien les écouter
avec le plus d'objectivité possible.
Evidemment, nous aussi, nous serions fiers de voir un règlement
arriver avant que la commission puisse prendre certaines décisions et
que le tout soit référé au conseil des ministres. Mais si,
pour une raison ou pour une autre, cela n'arrive pas et que nous devons
poursuivre nos études, nous serons fiers de pouvoir obtenir de toutes
les parties intéressées des rapports écrits sur les
différentes propositions et ceci assez tôt pour nous permettre
d'en faire une étude objective. Cela dit, nous sommes d'accord avec les
propositions du ministre et nous sommes prêts à collaborer en
toute objectivité.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, messieurs les membres de la
commisssion, messieurs.
En tant que représentant du Parti québécois, je
tiens également à assurer cette commission, ainsi que toutes les
parties en cause que nous tenterons d'aider les parties à régler
le problème elles-mêmes, parce que se serait évidemment
préférable que ce soit elles qui le règlent, comme le
disait le ministre. Quant à nous, nous accorderons, en ce qui concerne
l'échéancier, priorité aux séances de cette
commission-ci, de sorte que, si la commission doit siéger plusieurs
jours, nous serons à la disposition de la commission pour aider au
règlement de cette affaire le plus rapidement possible.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Merci. Maintenant, s'il y a d'autres
membres de cette commission ou d'autres députés qui ont des
commentaires à faire, je les invite à le faire
immédiatement.
M. LAPORTE: J'aurais une question à poser maintenant. Merci de
votre collaboration.
Première question: Est-ce que les sept parties en cause sont
d'accord pour nous remettre un document écrit? Deuxièmement, je
suggérerai, tout à l'heure, que la commission reprenne ses
travaux dans une semaine, c'est-à-dire le jeudi 1er octobre 1970. Je
vous soumets en même temps, au nom de la commission, les deux
questions.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Oui, M. Pépin.
M. PEPIN: M. Lefebvre l'a demandé avant moi.
M. LE PRESIDENT (Bossé): M. Lefebvre.
M. LEFEBVRE: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, M. le ministre. Notre association se voit aujourd'hui à une
étape qu'elle n'a certainement pas recherchée, mais, puisque nous
sommes rendus là, il faut y faire face.
Les documents que l'on a remis aux membres de la commission sont
très volumineux et, dans la tâche qui vous attend, messieurs, vous
aurez à faire preuve de patience. En effet, depuis environ un an, nous
vivons à peu près chaque jour tout ce que vous allez y trouver.
Il nous a été impossible de nous entendre. J'imagine que toutes
les parties sont également intelligentes et conscientes du devoir de
régler, mais il reste que les cas sont compliqués.
Dans l'échéancier que vient de proposer M. le ministre,
nous n'avons qu'un délai d'une semaine pour vous présenter un
mémoire écrit sur quelque soixante points et, en particulier, sur
six points majeurs. Nous sommes rendus à la dernière
étape. Je pense que toutes les parties sont conscientes que c'est la
dernière carte que nous avons à jouer.
Or, quant à nous de l'habitation, nous aimerions avoir un
délai un peu plus long, environ jusqu'au 5 ou au 6, mardi en dix, pour
présenter notre mémoire. Cela donnerait également aux
membres de la commission le temps suffisant pour passer à travers les
documents que vous avez là. Cela vous permettrait simplement de lire, de
digérer et de mémoriser un tant soit peu les propositions
syndicales et les propositions patronales afin de commencer à vous faire
une idée. Tout de suite après, vous allez recevoir d'autres
documents, j'imagine, quasiment aussi volumineux, des parties patronales et
syndicales. Alors, je vous proposerais, M. le ministre et messieurs les membres
de la commission, s'il y avait possibilité, d'accepter comme date de la
prochaine rencontre le 6 octobre de cette année, c'est-à-dire
mardi en dix ou en douze.
M. LE PRESIDENT (Bossé): M. Pepin.
M. PEPIN: M. le Président, M. le ministre, messieurs. Le ministre
a remis à chacun des députés un dossier sur l'état
actuel de la négociation, dossier objectif puisqu'il contient des
documents publics et des documents privés, mais qui sont de nature
publique. Afin que les députés soient vraiment au courant de
tout, j'aimerais suggérer que soit ajoutées à ce dossier
deux pièces qui, je pense, doivent faire partie du dossier
intégral pour permettre à tous les députés ce
jugement.
Depuis déjà de longs mois je pense que c'est depuis
le mois de février 1970 le ministère du Travail a
décidé de déléguer trois conciliateurs, au
départ. Par la suite, il y en a un qui a été
rappelé.
Donc au moins deux des trois sont là depuis le point de
départ des pourparlers au mois de février. Ces conciliateurs ont
remis aux parties, le 8 juillet, un document de travail, comme l'a
mentionné, lors de l'examen dubill 38, le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, et, le 28 juillet, un deuxième document de travail sur
leur appréciation sans doute des points litigieux.
Je pense qu'il ne serait pas exagéré pour les
députés de cette commission d'avoir non seulement l'opinion des
parties, mais aussi d'avoir le ou les documents de travail des conciliateurs ou
des médiateurs.
Je vous suggère donc, M. le Président et messieurs les
membres de cette commission, que, dans votre dossier, soient ajoutées
ces deux pièces qui pourront vous aider peut-être à
examiner ce problème important de la construction.
Mon deuxième point touche les suggestions faites par le ministre
du Travail et de la Main-d'Oeuvre, M. Laporte. Pour ce qui nous concerne,
à la CSN, nous sommes prêts, à vous remettre par
écrit, dans une semaine, notre position sur chacun des points non
seulement en vous disant ce que nous demandons, mais en vous disant pourquoi
nous faisons telles demandes. Ce n'est donc pas un document récitant
exclusivement notre requête, nos points de divergence avec les
employeurs, mais ce serait un document qui contiendrait notre position et une
justification qui sera nôtre dans le temps. Dès la semaine
prochaine, nous serons disposés à procéder ainsi.
Comme un de nos collègues, M. Lefebvre, vient de demander un
délai plus long pour le dépôt d'un document écrit
des parties, j'aimerais faire des représentations là-dessus.
Peut-être que d'autres employeurs seraient tentés de faire la
même chose que M. Lefebvre. La situation
dans l'industrie de la construction vous n'êtes pas
réunis ici pour rien c'est une situation grave et ça peut
marquer, à l'heure actuelle, un des tournants importants dans le domaine
des relations industrielles au Québec, non seulement dans l'industrie de
la construction, mais aussi dans d'autres domaines qui ne sont pas
reliés directement à ce secteur.
Dans ce sens, l'on pourrait dire: On va prendre le temps qu'il faut, on
va examiner toutes les conditions, toutes les choses, et ne soyons pas
pressés, prenons beaucoup de temps pour y arriver. Au niveau abstrait et
au niveau théorique, cela va assez bien de poursuivre et de tenir un tel
raisonnement, mais au niveau concret, il y a des milliers et des milliers de
travailleurs qui vivent quotidiennement dans les chantiers, qui ont des
problèmes, les problèmes du quotidien et qui attendent avec
impatience le résultat des négociations, soit parce qu'il y aura
eu entente entre les parties, soit parce que les législateurs qui ont
adopté le bill 38 se rendront jusqu'au bout, et finalement, il y aura
malheureusement un décret du lieutenant-gouverneur en conseil.
Ce sur quoi je voudrais donc insister, M. le Président, c'est que
la loi a été en vigueur à compter du 10 août, qu'il
y a eu cette longue période de médiation nouvelle la
commission parlementaire qui aurait pu être convoquée avant ne l'a
pas été pour des raisons sans doute très pratiques
mais il reste que nous sommes au 24 septembre, qu'il y a un mois et demi que la
loi a été adoptée, et qu'il y a d'autres délais
à envisager. Si nos amis employeurs, qui négocient depuis
très longtemps, comme M. Lefebvre l'a mentionné, ne sont pas
exactement fixés sur ce qu'ils demandent ou encore sur les objections
à nos requêtes, si ça leur prend encore plus qu'une
semaine, on aurait raison de penser que, s'il y a eu échec des
pourparlers, vraiment avec le temps qu'on a mis pour négocier, ils
devraient être prêts à soumettre rapidement un tel projet
écrit. Ils ont peut-être un problème de secrétariat,
on pourrait peut-être leur fournir des secrétaires si c'est ce qui
leur manque.
Mais j'ose croire que le ministre et que cette présente
commission n'accorderont pas de délais plus longs que ceux au moins
qu'à mentionnés le ministre, parce que les travailleurs de la
construction, sur les chantiers, sont intéressés à ce que
le problème soit réglé rapidement.
Je répète donc que quant à nous, à la CSN,
dès la semaine prochaine, au jour que vous fixerez, nous serons
prêts à vous faire parvenir un dossier complet contenant nos
positions écrites et les raisons pour lesquelles nous soutenons de
telles positions. Ces raisons pourront être critiquées par vous,
par les employeurs ou par d'autres, mais au moins vous aurez un dossier
complet.
Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Merci. Le suivant.
M. DION: M. le Président, Michel Dion, de la
Fédération de la construction du Québec.
M. le Président, M. le ministre, MM. les députés,
membres de la commission, nous voudrions souligner deux points, quant à
nous. La question du délai d'abord. Nous sommes d'accord avec le point
de vue de M. Pepin de ne pas étirer indûment le délai. Nous
ne sommes pas d'accord avec ses arguments, mais nous sommes d'accord sur le
fait de ne pas étirer le délai.
Je pense que la négociation a réellement duré
beaucoup trop longtemps. Je pense que comme employeurs, comme
représentants des employeurs, nous avons besoin de connaître le
plus vite possible les conditions de travail, de façon à pouvoir
faire marcher l'industrie d'une façon normale. Nous travaillons en vertu
de soumissions et il est intéressant pour nous de connaître le
plus tôt possible les conditions de travail.
Or, sur la question d'étendre le délai, nous pensons que
le délai d'une semaine proposé par le ministre est suffisant.
Sur la question des documents des conciliateurs, nous n'avons pas
d'objection de base sur le dépôt de ces documents. Ce sont quand
même des documents que nous avons dû considérer en
négociation. Je pense que le fait de remettre des documents est une
tentative de règlement après un certain nombre de séances
de négociations. Il faut avouer que lorsqu'un conciliateur remet un
document, c'est une tentative un peu plus avancée pour amener un
règlement.
Cependant, cela ne donne peut-être pas la position dans laquelle
se trouvaient les parties au moment du dépôt du document. C'est un
document d'information, mais, quant à nous, cela ne sera pas et cela ne
peut pas être un document duquel nous pourrons partir en vue d'une
négociation ou d'une entente au niveau de la commission
parlementaire.
Aux documents qui sont remis aux parties, nous aimerions que soit
ajouté un document qui M. le ministre l'a souligné
tantôt a été remis par le Conseil du patronat et qui
regarde le problème de la politique salariale. Je pense que la
commission pourrait prendre
connaissance de ce document et prendre une décision plus
justement du côté du rattrapage, de la parité ou de la
disparité des salaires dans la construction.
Pour ce qui est des documents qui seront soumis par les parties, il est
clair que le délai d'une semaine que nous acceptons est
très court; nous ne voudrions pas être limités dans ce
document. Forcément, le temps peut nous manquer et l'argumentation qui y
serait incluse pourrait être limitée à cause du temps. Or,
je pense que la commission devrait nous permettre, même s'il y a des
arguments qui n'ont pas été énoncés dans le
document, de pouvoir quand même les faire valoir dans la commission,
à l'occasion.
D'après l'échéancier proposé par le
ministre, si nous avons bien compris, le jour du dépôt des
documents sera le jour où vous pourriez commencer l'audition de parties
autres que les sept parties à la table des négociations. Je pense
que cela peut peut-être causer le problème suivant: Est-ce que les
gens de la commission devront être ici pour entendre ces parties? Ils
n'auront peut-être pas eu l'occasion de prendre connaissance des
documents qu'ils viendront de recevoir. Il devra y avoir un délai de
donné à ce moment-là pour permettre l'audition des
personnes intéressées autres que les parties, et permettre
également aux gens de la commission de prendre connaissance des
documents.
Le point qui, pour nous, je pense, pourrait être le plus important
à ce moment-ci est une allusion de M. Laporte au fait qu'il aurait
préféré que la commission ne soit pas obligée
j'essaie de ne pas faire d'interprétation de
résoudre le problème de l'industrie de la construction. La
Fédération que je représente a maintenu, jusqu'à ce
jour, qu'elle aurait préféré et elle
préfère encore aujourd'hui si possible, trouver, durant le
délai qu'on aura pour préparer les documents, une formule qui
nous permettrait de négocier nos conditions de travail.
Il y a des problèmes énormes. Il y a des problèmes
qui semblent insurmontables. Mais, à tout problème, il y a des
solutions.
Nous sommes prêts, nous, à nous asseoir en n'importe quel
temps avec les représentants du ministère pour essayer de trouver
une formule qui nous permettrait de négocier les conditions de travail.
Pour autant que nous aurons la possibilité de réellement les
négocier, si nous pouvons ainsi libérer la commission
parlementaire de ce devoir, nous, nous sommes disponibles pour faire ce
travail.
En tout temps, nous serons prêts à discuter avec les
représentants du ministère du Travail pour trouver une solution
qui permettrait la négociation réelle de nos conditions de
travail, que ce soit en vertu d'une médiation ou d'une autre solution.
Nous serons disponibles pour étudier une solution valable pour autant
qu'il s'agira réellement de négociations. Merci.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Merci, M. Dion. Le suivant.
M. TAPIN: Jean-Robert Tapin, Corporation des
maîtres-électriciens. M. le Président, MM. les
députés, M. le ministre, disons qu'il y a deux problèmes,
à savoir le problème du délai et le problème des
documents à être ajoutés à ce que le ministre a
remis aux députés.
Pour ce qui est du problème du délai, il est bien
évident, comme M. Pepin le dit, qu'il y a des salariés,
actuellement, qui vivent un peu dans l'insécurité, se demandant
quelles seront les conditions de travail qui vont être appliquées
lorsque les parties se seront entendues.
De la même façon, les employeurs sont aussi
pénalisés parce qu'ils ne connaissent pas, pour les prochains
contrats, quelles vont être les conditions de travail.
Il y a un autre problème. Je pense qu'il ne faut pas non plus
aller trop vite. Il y a un an qu'on négocie. Il y a un an que tout le
monde est dans l'insécurité. Je ne pense pas que le fait
d'ajouter une semaine puisse brouiller les cartes. Plus les parties auront le
temps de se préparer sérieusement, de façon à vous
apporter du matériel clair et précis, plus cela donnera la
possibilité à la commission parlementaire de se faire une
idée plus précise et plus objective.
Nous n'avons pas d'objection au délai prescrit par le ministre du
Travail. Je pense que la suggestion de M. Lefebvre est valable en soi et qu'on
pourrait accepter de prolonger le délai jusqu'au 6 octobre, de
façon à mieux se préparer.
Pour ce qui est du deuxième point, les documents, la partie que
je représente pense qu'il ne doit pas y avoir de cachette,
c'est-à-dire que tous les documents qui ont pu être amenés
à la table de négociations ou tous les documents qui pourraient
venir d'autres parties à l'extérieur de la table de
négociations devraient être remis, pour étude, à la
commission parlementaire, de façon qu'elle se fasse une idée plus
juste du problème.
Lorsqu'on parle de document du conseil du patronat, par exemple, il est
bien évident que vous allez vous-même demander au conseil du
patronat, qui se fera entendre tel que M. Laporte le dit, le document qu'il
aura à vous proposer. Je
pense bien qu'il sera dans votre intérêt de le recevoir.
Toutes les autres parties qui se feront entendre auront, je pense, des
documents à vous remettre que vous serez intéressés
à recevoir.
Je veux donc dire que nous ne nous opposons pas à ce que tout
document vous soit remis, document venant des parties, venant des conciliateurs
ou venant des parties à l'extérieur de la table des
négociations.
En ce qui nous concerne, nous sommes toujours prêts à
rechercher un règlement, même en dehors de la commission
parlementaire, si c'est possible, et nous sommes disposés à
collaborer avec vous pour trouver une solution au problème.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Merci, M. Tapin. Le suivant, s'il vous
plaît.
M. POUDRIER: Mon nom est Jean Poudrier, de la Corporation des
maîtres mécaniciens en tuyauterie. Je pense que nous avons
à répondre à trois points principaux. Pour le premier
point, concernant le délai, disons que, pour notre part, nous sommes
prêts, en tout temps, à remettre un document devant la commission
parlementaire, c'est-à-dire dès le début de la semaine
prochaine, mardi, par exemple. Nous vous demandons, cependant, de
considérer les arguments des deux parties, soit une ou deux corporations
patronales qui demandent un plus long délai et la partie syndicale qui
demande un plus court délai. Quant à nous, nous n'avons pas
à nous prononcer ni pour l'une, ni pour l'autre, nous sommes
prêts.
Quant au deuxième point, à savoir quels sont les documents
qui pourraient être ajoutés à ce que les membres de la
commission parlementaire ont déjà en main, nous sommes d'accord
pour que les documents des conciliateurs, soit ceux des 8 et 28 juillet, soient
déposés devant les membres de la commission pour fins
d'information.
Le troisième point, quant à notre disponibilité, je
pense qu'il est inutile de s'étendre longtemps là-dessus. Nous
sommes entièrement disponibles en tout temps, soit pour négocier,
ce que nous favorisons, comme l'a dit le ministre, ce sur quoi nous sommes
d'accord, de même que pour toute convocation devant la commission
parlementaire.
Nous sommes aussi d'accord que le document remis au ministre par le
conseil du patronat soit déposé devant la commission
parlementaire.
Dernier point, nous ne voudrions pas que le document que nous remettrons
devant les membres de la commission nous limite dans nos argumentations. Nous
le faisons de la façon, je pense, la plus synthétique possible,
mais il pourra arriver, au cours des débats, que nous voulions nous
faire entendre sur certains autres points que nous voudrions ajouter.
M. LE PRESIDENT (Bossé); Merci, M. Poudrier. Quel est l'orateur
suivant?
M. FOURNIER: Alcide Fournier, de l'Association des constructeurs de
routes et grands travaux du Québec. M. le Président, M. le
ministre, messieurs les membres de la commission, pour faire suite à la
proposition du ministre de remettre nos commentaires et notre argumentation
écrite sur les quelque 60 clauses qui sont encore en suspens, nous
croyons que le délai qui nous serait nécessaire, à ce
moment-ci, serait jusqu'au 6 octobre.
Egalement, quant à l'autre proposition d'inclure, dans le dossier
qui vous a été remis ce matin, des documents qui nous ont
été remis par les conciliateurs le 8 et le 28 juillet, nous
n'avons pas d'objection majeure à ce qu'ils soient inclus, pour autant
que ces documents, naturellement, soient considérés comme
information seulement.
Ce sont nos commentaires sur la proposition.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le suivant est M. Laberge. Aurons-nous
l'honneur de vous entendre?
M. LABERGE: Pourvu que vous ne m'appeliez pas un orateur!
M. le ministre, messieurs les députés, tout d'abord je
vous avertis que, comme vous le savez... Si je comprends bien, le ministre a
suggéré que la commission siège le 30 septembre. Est-ce
exact?
M. LAPORTE: Vous êtes proche, c'est le 1er octobre.
M. LABERGE : Bon. Le ministre est peut-être au courant qu'au
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre où, là
aussi, il se discute des choses extrêmement importantes, entre autres la
négociation sectorielle, nous avions réservé ces deux
journées, justement le 30 septembre et le 1er octobre. Ce n'est pas
facile de réunir les cinq représentants de la partie patronale et
les cinq représentants de la partie syndicale. Ces deux dates avaient
déjà été fixées. Pour nous, c'est
extrêmement important, aussi, la négociation sectorielle.
Pour tout vous dire, comme nous n'avons pas tellement confiance en des
solutions miracles avec la structure que nous avons dans les né-
gociations de la construction, une journée de plus ou une
journée de moins, nous sommes toujours convaincus qu'il n'y a pas moyen
d'en venir à une entente. Nous l'avons déjà dit, nous le
répétons. Un représentant de la partie patronale,
tantôt, a suggéré de s'asseoir avec le ministre pour
essayer de trouver une solution. On a beau tourner autour du trou, il n'y a
qu'une solution: c'est d'avoir moins de parties patronales et moins de parties
syndicales à la table des négociations. Là, vous auriez
une véritable...
M. LAPORTE: Je savais que vous diriez cela, mais je ne savais pas quelle
approche vous prendriez!
M. LA3ERGE : Moi non plus, je ne le savais pas! Je savais bien que je
trouverais le moyen de le dire!
M. LAPORTE: J'en étais convaincu.
M. LABERGE: Mais, si on veut regarder la situation bien en face, la
commission parlementaire, les députés, les ministres, tout le
monde dit: Ils ne veulent pas régler le problème. Eh bien, si
vous voulez le régler, le problème, il n'y a qu'une façon.
C'est de donner aux parties une véritable chance de le régler, le
problème. Et cela, que voulez-vous, des négociations avec les
parties multiples, cela n'a jamais fonctionné nulle part et cela ne
fonctionne pas plus dans ce cas-ci. Nous essayons depuis deux ans.
Cela m'a fait sourire tantôt d'entendre la remarque d'un des
représentants de la partie patronale qui dit qu'il ne faut pas aller
trop vite. Eh bien, je pense que nous n'aurons pas de contravention pour
excès de vitesse dans les négociations de la construction. Aller
trop vite! C'est une question qu'on devrait regarder bien en face. Mais depuis
deux ans nous essayons de négocier, dans l'industrie de la construction,
et depuis deux ans cela se termine par un échec.
La dernière fois, le ministre du Travail du temps a imposé
un règlement qui n'a fait plaisir à personne. Apparemment, le
ministre du Travail s'en vient avec la même expérience, et vous
avez entendu les commentaires peu élogleux qu'on a faits du dernier
règlement. La prochaine fois, ce sera probablement votre tour de
recevoir des commentaires peu élogieux. Vous ne pouvez pas imposer un
règlement qui va faire plaisir aux sept parties, c'est impossible.
Dans les circonstances, encore une fois, avec tout le respect que nous
devons à tout le monde, nous vous suggérons donc très
fortement que, pour régler une fois pour toutes le problème de
l'industrie de la construction, il faut qu'il y ait un vote parmi les
travailleurs de la construction au Québec qui sont couverts par la loi.
Il faut que les travailleurs décident par qui ils veulent être
représentés et ensuite, qu'il y ait une partie patronale à
la table des négociations. Là, il y aura une véritable
négociation entre deux parties. Autrement, nous allons nous
traîner ici pour encore un bon bout de temps et vous allez être
obligés d'imposer un règlement arbitraire que tout le monde
dénoncera par la suite, j'en suis bien convaincu.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Merci, M. La-berge. Le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Laberge vient de nous exposer son point de
vue, mais je ne crois pas qu'il ait formulé une opinion sur la demande
du ministre, à savoir si sa centrale syndicale est prête à
déposer un document écrit expliquant son attitude, afin d'aider
le travail de la commission parlementaire.
M. LABERGE: Lors de la dernière réunion de la commission
parlementaire vous m'excuserez si je commence par là, mais je
pense que je le dois on avait reproché au gouvernement de ne pas
avoir nommé d'experts pour étudier les critères qui
avaient été mentionnés dans l'entente du mois de juillet,
l'an dernier. Le gouvernement a nommé des experts. Il y a eu une
rencontre qui a duré vingt minutes, on à ajourné la
réunion et ç'a été fini. Nous nous étions
préparés, à la FTQ, nous avions un document. Nous voulions
discuter avec les experts. H n'y a pas eu moyen, cela a coupé
carré. Je pense que nous avons été une demi-heure ou trois
quarts d'heure en réunion. Allons-nous vous dire que nous avons un
document que nous pourrions vous remettre ce matin? Non. Mais nous
préparerons un document, bien sûr, exposant nos Idées,
notre point de vue sur chacune des clauses en suspens. Encore une fois, nous
réitérons la suggestion faite à déjà
plusieurs reprises que, si vous voulez réellement régler le
problème de la construction une fois pour toutes, il faut deux parties a
la table des négociations.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais poser une petite question
à M. Laberge. Cela fait plusieurs fois que je l'entends parler de...
M. LABERGE: Questionnez.
M. LEGER: ... choisir un des deux syndi-
cats qui représenterait... Avez-vous pensé de quelle
façon un vote, pour être objectif, pourrait justement permettre de
choisir un syndicat? Est-ce que les membres de la CSN pourraient
réellement voter...
M. LAPORTEi M. le Président, je ne veux pas invoquer le
règlement. J'ai perdu cette mauvaise habitude, je pense. Nous allons
tâcher d'avoir une procédure aussi facile que possible, mais
je remercie M. Burns de son offre de collaboration ce matin, nous
ne discutons pas du projet d'avoir un vote. Si un député veut
absolument, pour des considérations tout à fait objectives,
amener cela dans la discussion, c'est toujours possible. On peut toujours poser
une question à M. Laberge pour demander quand, comment et pourquoi. Ce
n'est pas cela que nous discutons ce matin. Cela ne fait pas du tout partie du
document qui vous a été remis. Cela ne sera pas partie i la
convention collective. Il s'agit de savoir, ce mâtin, comment nous allons
régler le problème qui est devant nous. Je connais fort bien les
opinions de M. Laberge sur l'unité syndicale. Je connais fort bien les
opinions de M. Pepin ainsi que celles des patrons. Avec ça, on pourrait
déclencher le plus beau débat, chacun irait à fond, et on
pourrait sortir d'Ici en disant que, loin d'avoir facilité le
règlement du problème, on l'a compliqué davantage.
Alors, est-ce que Je peux demander, M. le Président, en
collaboration avec mes collègues, que nous exprimions nos opinions sur
les choses disons matérielles qu'on nous propose ce matin?
C'est-à-dire est-ce qu'on va avoir un document le 6? Est-ce qu'on va
l'avoir le 1er, etc.? Et est-ce que les documents que M. Pepin suggère
que l'on ajoute à ceux que les membres de la commission ont
déjà devraient l'être? Enfin, nous devons, ce matin, nous
tracer, pour l'intelligence de la discussion, certaines normes et obtenir
certains renseignements. En dehors de cela, si on veut introduire d'autres
dimensions, ce n'est pas impossible, mais je devrai mettre en doute les motifs
invoqués à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT (Bossé): M. Laberge.
M. LABERGE: Je pense, M. le Président, que le ministre va
reconnaître que nous avons pris le moins de temps possible. Nous avons
été très brefs et je n'ai pas voulu entrer dans les
détails.
Une fois la question posée, s'il n'y a quand même pas une
petite réponse, grande comme ça, cela a l'air bête. Il est
bien évident que tous les travailleurs...
M. LAPORTE: M. Laberge. La question est posée. Vous avez
donné partiellement votre réponse. Voulez-vous rendre le service,
ce matin, d'éviter d'embarquer sur moi? Lorsque vous avez dit ça,
pourquoi M. Lefebvre ne vous répondrait-il pas et pourquoi l'autre
côté....
M. LABERGE: Je suis ici pour l'entendre. M. LAPORTE: Pas nous.
M. DEMERS: Pas nous. Nous sommes ici pour régler.
M. LAPORTE: M. Laberge, je ne suis pas la commission, mais, au nom de la
commission, dont je suis quand même un des membres, je vous demanderais
de vous abstenir, ce matin. Je vais vous donner vous le savez
déjà, M. Laberge, puisque nous en avons parlé avec tous
les autres, d'ailleurs prochainement l'occasion de nous dire tout ce que
vous en pensez. Mais, si vous le dites deux fois, les gens vont finir par
« se tanner ».
M. LABERGE: C'est ce que nous espérons. « Tannez-vous
» le plus tôt possible et réglez le conflit.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Merci, M. Laberge. M. Lefebvre.
M. LEFEBVRE: M. le Président, à la suite de ma demande,
certaines parties ont protesté. Je voudrais, quand même, y revenir
et vous donner certains arguments en sa faveur. Au mois de décembre,
nous avions demandé aux parties syndicales de nous présenter
leurs projets, leurs demandes. Nous avons attendu jusqu'au mois de
février avant de les recevoir. Cela a donc pris plus d'un mois et
j'imagine qu'elles étaient déjà prêtes avant
à commencer à travailler.
On a trouvé bien normal que les parties patronales, avec des
négociateurs qui s'y connaissent quand même dans ce
domaine-là, aient pris quinze jours, à ce moment-là, pour
prendre connaissance seulement des demandes syndicales. Lorsqu'à notre
tour nous avons remis les propositions patronales, les syndicats ont
demandé quinze autres jours pour pouvoir les regarder. Cela a pris un
minimum d'un mois à des gens du métier pour les
considérer.
Dernièrement, avec le document parlementaire 72, on avait mis
à notre disposition des
économistes. Or, dès la première session, on a
simplement demandé aux parties patronales et syndicales de
préciser les critères sur lesquels elles voulaient des
éclaircissements. Pour ça, on nous a donné une semaine.
Or, il a fallu une semaine aux économistes simplement pour mettre en
ordre ces critères. Au bout d'environ quinze jours, nous nous
réunissons et nous nous rendons compte qu'une partie a
complètement négligé de le faire parce qu'elle ne trouvait
pas de critères. Nous nous sommes rendu compte que nous ne pouvions pas
arriver. Il me semble, à ce moment-ci je fais peut-être de
l'interprétation qu'il y a des parties qui sont prêtes
à venir devant la commission parlementaire depuis fort longtemps. Bien,
ce n'est pas notre cas.
Jusqu'à avant-hier, nous étions à la disposition de
tout le monde. Nous avons rencontré les conciliateurs du gouvernement au
moment qu'ils nous ont indiqué et cela, même à douze heures
d'avis. Nous ne nous étions pas préparés en vue d'une
commission parlementaire; au contraire, nous avons osé penser que nous
pourrions régler nous-mêmes nos problèmes.
Aujourd'hui, nous sommes devant l'inévitable. Mais, il semble
qu'il y en a qui se sont placés depuis fort longtemps devant
l'Inévitable. C'est peut-être pour ça que nous aussi, nous
sommes ici aujourd'hui.
Je demanderais que soit considérée très
sérieusement la demande pour le 6 octobre.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Merci, M. Lefebvre. Le
député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, ma question s'adresse non pas
à ceux qui sont toujours du côté de la barre, mais à
ceux qui sont à cette table. Le député de Saint-Maurice
tantôt, en répondant aux suggestions du ministre du Travail, a
indiqué que l'Opposition officielle était disposée, en
temps opportun, après avoir terminé le document, à
déposer aussi un document devant cette commission pour donner une
position. Puis-je demander, avec la permission du président, si d'autres
partis, que ce soit le parti ministériel, le Ralliement
créditiste ou le Parti québécois, ont l'intention de faire
la même chose, de façon que nous sachions un peu d'avance le
nombre de documents qui nous tomberont sur la tête et qu'il nous faudra
étudier? Cela pourrait nous aider aussi à fixer le délai
dont on parle présentement.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, il semble que nous aurons beaucoup de
documents à étudier. Cela m'amène à pencher,
peut-être pas sur la date du 6, mais sur un compromis acceptable. Si on
ne prend qu'une semaine pour étudier tous ces documents ou pour en
préparer, pour ceux qui doivent en préparer, je crois que le
délai serait peut-être un peu court. Nous voulons
réellement prendre connaissance des documents et les étudier en
toute objectivité. Si nous voulons aller vite, évidemment, nous
pourrions dire une semaine ou trois jours, mais je crois que ce ne serait pas
tellement utile à tous les députés de revenir
siéger avec une pile de documents comme celle que nous avons ce matin,
par exemple.
J'imagine que les documents que nous aurons seront aussi volumineux que
ça. Si nous n'en avons pas pris connaissance, nous ne pourrons
sûrement pas être objectifs, ce qui veut dire que j'opterais pour
le 6.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, nous n'avons pas l'intention de
déposer de documents devant cette commission au nom de notre parti. Je
pense que si nous regardons l'intérêt des parties en cause, et
c'est pour ça tantôt que j'offrais notre entière
collaboration et que nous disions que dans nos activités, cette
commission aurait priorité, en tout cas en ce qui me concerne, moi qui
en suis membre... Si nous ne regardions que les intérêts de notre
parti, ça ferait peut-être bien de vous présenter un
document, mais dans le fond ce sont les intérêts des parties qui
sont de l'autre côté de la barre que nous considérons.
Nous voulons que, le plus tôt possible, il y ait
véritablement du travail qui se fasse dans la construction et que la
situation normale soit rétablie, de sorte que nous serons d'accord avec
la suggestion du ministre du Travail et, malgré l'opposition de
certaines parties, nous insisterons pour que la commission siège le plus
tôt possible, c'est-à-dire le 1er octobre.
M. LAPORTE: M. le Président, ce matin, j'ai convoqué, au
cours d'une réunion qui m'est apparue intéressante
j'espère que c'est la même chose pour mes collègues
un caucus de ceux qui devaient être ici ce matin. Nous avons fait un
survol de la situation. Nous en avons étudié certains aspects. H
n'a pas été question de préparer de documents. Je ne
connais pas celui que va bientôt nous remettre l'Union Nationale, mais
nous sommes ici non pas pour apporter des conclusions avant d'à-
voir écoutés, mais bien pour écouter tous ceux qui
auront des choses à nous dire. Et quand nous aurons devant nous un
tableau complet, nous proposerons des conclusions.
Quant à nous et encore une fois, Je ne veux pas
préjuger de la nature du document de mes collègues de
l'Opposition officielle quant à nous dis-je, nous ne voulons pas
poser de conclusions avant d'avoir connu les prémisses. Nous allons
écouter, puis après ça nous jugerons.
M. DE MERS: Est-ce que le leader de l'Opposition... j'étais
tellement habitué de vous voir là que...
M. LAPORTE: Perdez cette habitude-là.
M. DEMERS: Oui, mais ça va se reprendre facilement. De toute
façon, est-ce que le ministre du Travail pourrait nous dire vers quelle
date il aurait arrêté, devant les suggestions qui sont faites dans
la salle, la réunion qui va se tenir la semaine prochaine, ou l'autre
semaine? Là, je pense qu'on a fait le tour.
M. LAPORTE: J'ai fait le tour, mais il y a tout le tour de la table ici.
J'aimerais que d'autres députés... H y a un argument qui a
été apporté par M. Laberge, que je voudrais bien que
chacun de nous étudie ou considère. C'est que le 30 septembre et
le 1er octobre sont deux jours de réunion du Comité consultatif
du travail qui étant donné qu'il n'a pas été
créé par nous, je peux donner mon opinion sans
arrière-pensée m'apparaît comme l'un des organismes
les plus extraordinaires qu'on ait encore eu au Québec.
Comme les membres auront devant eux ces jours-là des
études de première importance et qu'ils ont dû d'avance
réserver ces dates pour pouvoir être présents, j'imagine
que nous devrions, sans qu'il y ait péril en la demeure quand
même, le lendemain du 1er octobre est un vendredi puis, c'est la fin de
semaine accepter de siéger le 6. M. Pepin nous dit que le
document peut être prêt plus tôt. D'autres nous disent qu'ils
sont prêts tout de suite. Ce serait rendre un signalé service aux
membres de la commission que de déposer les documents au fur et à
mesure qu'ils sont prêts.
Deuxième argument. M. Pepin et j'accepte sa suggestion au
nom du gouvernement, au nom du ministère du Travail nous a
demandé si nous pourrions déposer les deux documents de travail
préparés par le ministère au mois de juillet. La
réponse est oui. M. Pepin sait aus- si bien que moi mieux
probablement qu'il s'agit de briques considérables et qu'il
faudra faire faire cent exemplaires au moins de chacun des deux documents pour
les membres de la commission et messieurs de la tribune de la presse. Nous
allons les préparer.
Personnellement la commission sera bien libre, de quelque
côté que l'on soit, d'exprimer un avis contraire
personnellement, dis-je, je ne vois pas de tragédie ou de
problème spécial à ce que nous ajournions au 6, ce qui
nous permettrait peut-être entre-temps d'étudier certains
documents.
Je puis garantir à M. Pepin, au nom de cette commission
j'en suis sûr que nous allons ensuite, avec toute la
célérité possible, siéger presque sans
interruption, de semaine en semaine ou de jour en jour, jusqu'à ce que
nous ayons épuisé le sujet qui nous amène ici
aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT (Bossé); Est-ce que ce délai convient aux
parties? Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. DION: Pour nous, le 6 octobre convient.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Un instant, monsieur. Le
député de Saint-Maurice. Le député de
Rouyn-Noranda.
M. BURNS: Si les parties nous fournissent le document, au fur et
à mesure qu'il est prêt et si possible dans une semaine, cela
deviendrait constructlf et on arriverait ici ayant lu les documents. A ce
moment, je ne m'opposerai pas à ce qu'on ajourne au 6.
M. LAPORTE: Est-ce que je peux suggérer que M. Mérineau,
M. Boyer, les gens de chez nous, gardent un contact presque quotidien avec les
parties intéressées? A mesure que les documents seront
prêts, nous nous chargerons, à moins que l'on nous en fournisse un
nombre de copies insuffisant, de les faire distribuer, sauf si c'est la
décision de chacun l'on ne veut pas proposer son point de vue
avant que tout le monde ne le fasse en même temps. On pourrait
peut-être entendre les gens sur cela; je ne vois pas, personnellement, un
inconvénient à le faire. Peut-être que certaines des
parties syndicales et patronales ont un autre avis. Nous pourrions
peut-être les entendre sur ce point.
M. LE PRESIDENT (Bossé): M. Dion, vous aviez à ajouter un
mot, je crois.
M. DION: J'aurais deux choses à dire, M. le Président. M.
le ministre ne s'est pas prononcé sur le dépôt possible du
ducument du CPQ.
M. LAPORTE: M. Dion, j'ai dit publiquement que le CPQ viendra devant
nous. H pourra peut-être déposer lui-même son document. Nous
ne demandons à personne de déposer les vôtres. Le CPQ
viendra et nous dira...
M. DION: Je comprends que c'est un document que vous avez
déjà en main, qui est déjà rendu public par les
journaux. Alors, je me demande s'il ne pourrait pas venir le commenter. Je ne
veux pas prendre la décision...
M. LAPORTE: Est-ce que vous avez des copies, M. Bédard?
M. DION: Je pense que la discussion pourrait être faite...
M. LAPORTE: Il y a ici M.Bédard, du CPQ.
M. BEDARD: Pour répondre à votre question, j'ai ici un
exemplaire que je peux déposer.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il y a au moins cent pages pour que nous en ayons
chacun une?
M. BEDARD: J'ai un exemplaire.
M. LAPORTE: Très bien. Voulez-vous demander au CPQ de nous en
faire tenir un nombre d'exemplaires suffisant, une centaine? Nous les ferons
distribuer dans la période d'ajournement.
M. DION: Le deuxième point, M. le Président, concerne les
documents qui seront émis par les parties. Je suppose qu'ils seront
distribués à toutes les parties, au moment où ils seront
remis à la commission. Est-ce que vous en ferez tenir des copies ou des
exemplaires à toutes les parties?
M. HARVEY (Chauveau): Syndicales?
M. DION: Patronales et syndicales; par exemple, le document de la
fédération sera disponible pour la commission et également
pour toutes les parties à la table des négociations.
M. LAPORTE: Toute partie intéressée n'aura qu'à
demander à la commission... Evidemment, 11 y aura une distribution
automatique à tous les membres de la commission, à tous les
journalistes, à toutes les parties intéressées. Si
quelqu'un qui n'est pas l'une des parties ou des personnes que je viens de
mentionner voulait des documents, il n'aurait qu'à le demander, et nous
nous ferons un plaisir de les communiquer. Mais, automatiquement, cela sera
remis à tous ceux qui sont directement intéressés.
M. LE PRESIDENT (Bossé): M. Pepin.
M. PEPIN: M. le Président, si la date du 6 octobre est retenue,
elle sera retenue. Vous avez fait allusion maintes fois au CPQ, au Conseil du
patronat du Québec. J'aurai l'occasion d'y revenir plus tard, mais je
voudrais que vous le notiez immédiatement. Il y a au moins trois
associations patronales de la construction qui sont affiliées au CPQ.
Alors, on peut dire les choses soi-même ou les faire dire par l'organisme
auquel on est affilié. Je n'ai pas objection à ce que le CPQ se
fasse entendre. Mais, les traitements seront identiques pour d'autres lorsqu'il
s'agira d'entendre des parties devant vous. Je voulais que vous sachiez cela au
point de départ.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Cest par souci de démocratie et
pour constater les contradictions, s'il y en a.
M. PEPIN: Vous verrez qu'il y aura énormément de
contradictions quand les parties disent à un organisme: Ecris donc cela,
ça va peut-être nous aider. En tout cas, nous verrons à
cela plus tard.
Mon deuxième point, c'est au sujet de la procédure. Cela
dépend comment on voit ça. Si nous déposons nos documents,
disons la semaine prochaine, nous, et que les autres parties les
déposent la semaine d'après, est-ce qu'il s'agit d'une «
rebattle » que vont se livrer les parties? C'est important pour nous. Si
on dit: Voici ce que nous leur demandons, tout le monde le sait, voici pourquoi
nous le demandons et, si les parties attendent que nous ayons
déposé ou produit nos documents pour dire: Bien, nous allons
essayer de les détruire sur leur argumentation, je pense qu'il vaudrait
mieux fixer au 1er octobre la date du dépôt des documents, pour
tout le monde. La, ça serait envoyé à tout le monde et, le
6 octobre, vous pourriez faire un travail sérieux, parce que vous auriez
eu le temps d'en prendre connaissance. Je vous suggère donc, puisque
c'est le 6 octobre qui est maintenant suggéré par le ministre,
que le 1er octobre, toutes les parties déposent leurs documents, que
ça soit distribué par le ministè-
re ou la commission à tout le monde et que, le 6, nous soyons
prêts à procéder devant vous.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Excusez. J'inviterais le monsieur en
arrière à s'approcher du micro.
M. GAGNON: Je vais parler plus fort.
M. LAPORTE: Je comprends, mais le microphone n'est pas au courant de ce
que vous allez dire, parce que c'est enregistré.
UNE VOIX: Lui est au courant...
M. GAGNON: On me demande mon nom. Mon nom est Gagnon et je suis
président de la Fraternité des électriciens. Je voudrais
remercier ici la commission et principalement l'honorable ministre du Travail
de la largeur de vues avec laquelle a été abordé le
problème. Il est évident qu'au moment où on propose des
solutions permettant à certains corps de se faire entendre, cela est un
procédé fort démocratique. De notre côté,
nous avons souligné que d'autres organismes faisant partie de la FTQ ou
de la CSN pourraient aussi présenter des documents. Je crois qu'un tel
geste était nécessaire, parce que, dans une négociation
sectorielle, il est évident que de grands organismes se trouvent perdus
dans la brume dans le sens qu' ils n'ont pas un accès direct. A ce
moment-là, je crois que c'était nécessaire de
procéder de cette façon-là. Or, mon organisme
représente environ 9,000 électriciens, ce qui constitue la
majorité, on doit le reconnaître, des électriciens de la
province de Québec, et mon organisme entend profiter de la circonstance
pour présenter un mémoire. J'ose espérer qu'il sera bien
accueilli de la part des membres de la commission et des autres personnes.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Merci, M. Gagnon. Le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Pepin a parlé tout à l'heure
du moment où pourraient être déposés ces documents.
Je crois que la commission aurait tout lieu de s'entendre sur une date
précise. Il ne s'agit pas pour nous d'obtenir des documents qui soient
la réponse de l'un à l'autre, mais d'obtenir la somme de
renseignements dont nous avons besoin. Notre but n'est pas en effet de nous
faire les arbitres de guerres ou de guérillas, mais bien d'être
informés de tout ce qui se passe dans le domaine de la construction.
Je crois donc qu'on pourrait s'entendre sur une date pour le
dépôt des documents afin que personne ne pense qu'il y a des
attaques d'une part et qu'un autre document veuille y répondre, de
façon à éviter toute équivoque et à
permettre d'aborder, lors d'une séance ultérieure, cette
étude avec la plus grande objectivité, ayant en main tous les
éléments dont nous avons besoin.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de Bagot.
M. CARDINAL: C'est dans le même sens, M. le Président, mais
en ajoutant le détail suivant. Je me rappelle qu'à l'occasion du
projet de loi 38, ou d'autres projets de loi aussi contentieux, des documents
officiels ou des documents parlementaires étaient déposés
ou étaient distribués aux membres de l'Assemblée
nationale. Mais en même temps, certaines associations ou certains
groupes, intéressés ou impliqués, faisaient livrer par la
poste ou par messager à nos bureaux, soit des réponses, soit des
sons de cloche. Même en Chambre, j'ai déjà soulevé
un point de règlement à ce sujet-là. Est-ce que tous les
gens intéressés pourraient s'entendre, afin qu'il n'y ait qu'une
voie de communication? Nous sommes pris dans le cadre d'un projet de loi
que moi-même je n'ai pas aimé, mais nous sommes devant le fait
et par conséquent tout devrait se faire par la commission, sans
qu'il n'y ait à l'extérieur auprès de la
députation, de quelque parti que ce soit, des pressions qui se fassent
par d'autres moyens.
M. LAPORTE: Est-ce que la commission est structurée pour pouvoir
faire ce travail-là?
M. CARDINAL: On a eu l'expérience, si vous permettez..,
M. LAPORTE: Je n'ai pas d'objection...
M. CARDINAL: ... lors de la commission parlementaire de l'étude
du projet de loi 62, on s'est entendu avec le secrétaire de la
commission permanente de l'éducation, et tous ceux qui aimaient se faire
entendre adressaient directement au secrétaire sa documentation qui
était, par les soins du secrétariat, remise aux membres de la
commission. On sait quand même que d'autres, pendant ce temps-là,
ont employé d'autres moyens de pression, je ne reviendrai pas sur
cet incident mais je ne voudrais pas que ce genre de chose se reproduise
à l'occasion do cette étude qui est tout à fait
différente de celle de l'étude d'un projet de loi.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Vous suggérez que les membres de
la commission ne soient pas contactés à titre personnel.
M. CARDINAL: C'est-à-dire que je suggère que les documents
qu'on dépose soient tous déposés par le canal de la
commission, et qu'on ne nous abreuve pas par la poste ou autrement de
sollicitations pour nous convaincre dans un sens ou dans l'autre.
M. LE PRESIDENT (Bossé): M. Bédard.
M. BEDARD: C'était simplement sur la question du
dépôt de documents. Je crois que, sur un point, le Conseil du
patronat peut être d'accord avec la CSN. Nous sommes, je crois,
entièrement d'accord pour que, tous, nous déposions les documents
le 1er octobre pour fins d'étude le 6.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Merci. Le député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, nous, du Ralliement
créditiste, à la suite des arguments qui viennent de nous
être fournis par M. Pepin, serions également d'accord que les
documents soient déposés avant le 1er octobre, afin que nous
ayons le temps nécessaire pour en prendre connaissance avant de revenir
devant la commission le 6 octobre prochain. Ces arguments sont très
valables, à savoir que ces documents qui nous parviennent doivent
être des documents d'information et que les parties
intéressées ne s'en servent pas comme droit de réponse de
façon que ça devienne un autre genre de débat.
Pour ces raisons-là, nous sommes d'accord que la commission
accepte que la date du dépôt des documents soit
arrêtée au 1er octobre prochain.
M. BURNS: Je suis également d'accord, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'ailleurs, M. Lefebvre, je ne sais pas si
votre organisme est prêt à déposer les documents pour le
1er octobre.
M. LE PRESIDENT (Bossé): M. Lefebvre, la question vous est
posée, à savoir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous êtes prêt à
déposer le document pour le 1er octobre?
M. LEFEBVRE: Si la commission nous demande de déposer un document
pour le 1er oc- tobre, nous allons certainement le déposer, mais il sera
moins complet que si nous le déposions le 6. Vous nous demandez de
déposer nos propositions motivées. Bien, si on veut faire une
argumentation sur chacun des points, comme il y en a soixante, cela fait
soixante plaidoiries. Soixante plaidoiries, comme avocat, cela ne prend pas six
jours; ça prend plus que cela. Si on veut en faire une, maintenant,
écoutez un peu, sur la proposition patronale...
M. LAPORTE: Oubliez que vous êtes avocat et faites-le en 6
jours.
M. LEFEBVRE: Pardon?
M. LAPORTE: Oubliez que vous êtes avocat et faites-le en six
jours.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: De toute façon, M. le Président, je pense qu'il
y à un concensus à l'effet que cela ne limite pas
nécessairement les parties, ce document-là; c'est pour nous
éclairer, de sorte qu'il pourra toujours le compléter devant
nous.
M. LAPORTE: J'imagine, M. Lefebvre, que les huit ou dix derniers points,
ce ne sera pas terminé. Mon Dieu, on n'est pas, encore une fois, devant
la cour Suprême, formaliste, là. C'est pour que l'on puisse savoir
de quoi il est question. Vous vous adressez à des gens qui
s'intéressent beaucoup à vos problèmes, mais qui ne sont
pas au courant du détail des problèmes.
Alors, pourrions-nous nous entendre pour que les documents soient
déposés au plus tard le 1er octobre, via la commission? Ces
documents serons distribués aux parties intéressées par le
secrétaire, M. Paul Gelly. Que les documents soient distribués,
à compter du 2, par M. Gelly et que nous nous voyons le 6. Le travail
n'en sera qu'accéléré. Nous commencerons, tel que
suggéré et accepté par les membres de cette commission,
par les non-engagés, si vous voulez, les personnes qui ne sont pas les
sept parties représentées, le Conseil du patronat et tout cela.
Ensuite, on pourra passer immédiatement aux plaidoiries et, après
cela, on verra.
M. DEMERS: Ce sera à 10 h 30, M. le ministre?
M. LAPORTE: Le 6, oui.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Si il n'y a pas d'autres opinions, je
déclare la séance...
M. LABERGE; Vous ne me voyez pas debout, je ne suis pas assez grand?
M. LE PRESIDENT (Bossé): M. Laberge, je m'excuse.
M. LABERGE: Nous n'avons pas d'objection à la procédure
suggérée. Nous ferons l'Impossible pour déposer notre
mémoire le 1er octobre. Mais, on dirait que l'on discute d'un secret de
la Défense nationale. Cela fait six mois que toutes les parties savent
fort bien où elles sont situées. Enfin, je n'ai pas
d'objection.
M. LAPORTE: Je suis certain qu'il va y en avoir qui vont être
surpris de mettre ça par écrit.
M. LE PRESIDENT (Bossé): Je remercie tous les participants et je
déclare la séance ajournée au 6 octobre, dix heures
trente.
(Fin de la séance: 12 heures)