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Commission permanente du Travail et de la
Main-d'Oeuvre
Crédits du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre
Séance du jeudi 3 juin 1971
(Vingt heures vingt minutes)
M. HARVEY (Chauveau) (président de la commission permanente du
Travail et de la Main-d'Oeuvre): A l'ordre, messieurs!
Si c'est la volonté des membres de la commission, nous allons
commencer l'étude des crédits de la commission du Travail et de
la Main-d'Oeuvre que vous retrouverez à la page 201 de votre manuel.
Alors, messieurs, selon la tradition, nous donnons l'occasion au ministre,
l'honorable Cournoyer, de nous faire à l'intérieur de cette
commission une déclaration ministérielle ou encore donner un
exposé qu'il jugera opportun de faire. La parole est au ministre.
M. COURNOYER: Je vous remercie beaucoup, M. le Président. Je n'ai
pas l'intention de faire un exposé, si bref soit-il, sur la politique de
mon ministère.
M. LAVOIE (Wolfe): Pourquoi pas?
M. COURNOYER: Pour une raison très simple. Elle évolue
continuellement, compte tenu des réactions du peuple, en face de moi. On
pourrait dire assez rapidement que nous avons décidé d'être
durs et d'abolir les syndicats. Cela ferait peut-être l'affaire d'une
partie de la population, mais ça, on pourra le faire sur un long terme
et ce n'est pas l'idée de mon ministère. Tout simplement,
l'idée de mon ministère est de faire en sorte,
particulièrement dans la section travail, de s'ajuster le mieux possible
aux besoins d'une situation quand même relativement calme, actuellement
au Québec.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre me permettrait une question
immédiatement? Est-ce que vous avez décidé à votre
ministère d'administrer au jour le jour sans politique d'ensemble?
M. COURNOYER: J'ai bien dit tantôt, M. Deniers, qu'il s'agit du
problème ou des relations de travail. Nous n'administrons pas au jour le
jour, au contraire. On vous distribuera les dates d'expiration de toutes les
conventions collectives au Québec, celles qui sont enregistrées
chez nous. Nous avons fait pour la première fois, ç'a
été commencé il y a déjà un certain temps
quand même aujourd'hui, une compilation des dates d'expiration des
conventions collectives au Québec. Ce qui nous permet en matière
de relations de travail de nous mettre au courant des possibilités
d'intervention conciliatrice du ministère vu que nous avons les dates
d'expiration des conventions collectives. Nous avons aussi, de l'autre
côté, au droit d'association, la possibilité d'augmenter ou
de savoir très bien ce qui peut nous tomber sur les épaules en
matière de conciliation et surtout en matière de relations de
travail.
L'autre section, peut-être négligée dans
l'appellation au ministère du Travail, est que le ministre du Travail
est aussi ministre de la Main-d'Oeuvre. Là, il s'agit de quelque chose
d'un peu plus complexe à cause, comme vous le savez, des
difficultés continuelles que nous éprouvons dans l'industrie de
la construction actuellement, en matière d'administration des centres de
main-d'oeuvre. On espère que les difficultés dans l'industrie de
la construction pourront être aplanies avant que ne soit trop
avancée la période de construction estivale. C'est un espoir
qu'on veut exprimer sainement, avec certaines réserves. On ne veut pas
être plus optimiste qu'il le faut. Etant optimiste dans ce domaine, on
peut peut-être à un moment donné se retrouver dans la
douleureuse situation d'avoir annoncé des bonnes nouvelles alors que ce
sont des mauvaises que nous recevons. Et comme je ne suis pas un type qui
annonce des bonnes nouvelles pour annoncer des bonnes nouvelles, j'aime autant
ne pas dire que ça va bien, bien, bien et que tout sera
réglé dans le domaine de l'émission des cartes, par
exemple, dans la construction quand, effectivement, le règlement pourra
peut-être causer un problème encore plus aigu, si nous prenions
les boeufs par les cornes, que celui que nous éprouvons
actuellement.
Alors, je pense, M. le Président, que compte tenu du fait...
M. GUAY: M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
question au ministre?
M. COURNOYER: Oui.
M. LE PRESIDENT: Vous avez manifesté le désir de poser une
question. Le député de Dorchester.
M. GUAY: J'aurais peut-être une question assez vaste à
poser au ministre. Est-ce que la politique du ministère du Travail et de
la Main-d'Oeuvre, dans le moment, répond aux besoins
énoncés par les travailleurs? C'est une grande question. C'est
une question qui sera sans doute assez difficile à répondre.
Concernant tous les besoins qui se font sentir, les difficultés, on voit
des employeurs qui ont besoin d'employés, des employés qui ont
besoin de travail, il semble y avoir non seulement de la difficulté,
mais d'énormes contradictions entre peut-être cette
compréhension de politique ou de non-politique en ce qui concerne la
main-d'oeuvre au Québec. Est-ce que cette politique selon
l'établissement ou selon l'évolution depuis
la dernière année ou depuis les quelques dernières
années, ces politiques répondent aux besoins des
travailleurs?
Qualification et formation professionnelle
M. COURNOYER: Si vous parlez spécifiquement de la main-d'oeuvre,
c'est-à-dire que les employeurs ont besoin d'employés, que les
employés ont besoin d'employeurs et qu'il s'agit d'agencer le besoin de
l'un avec les besoins de l'autre, c'est toute la politique de main-d'oeuvre, en
un mot, que nous venons de dire. J'ai l'impression que nous sommes dans un
état d'évolution chez nous, au Québec aussi. Le bill 49
adopté en 1969 qui se voulait et qui se veut encore, jusqu'à
preuve du contraire le bill 49 est à peine à sa deuxième
année d'expérience. Lui-même, ce bill, comporte les
éléments de la solution à la recherche de
l'équilibre entre, d'une part, la demande de main-d'oeuvre et d'autre
part, les capacités de la main-d'oeuvre de s'adapter à la demande
de main-d'oeuvre. Cela le bill 49 le faisait. Le bill 49...
M. DEMERS: Vous êtes satisfait de l'efficacité du bill
49.
M. COURNOYER: Après une année d'expérience,
c'est-à-dire une année et demie d'expérience, certaines
dispositions du bill 49 méritent d'être révisées.
Elles le seront après les consultations d'usage avec le Conseil
consultatif du Travail et de la main-d'oeuvre, à cause justement de
l'expérience. D'autres aspects du bill 49 nous semblent parfaitement
adéquats et nous rendent d'énormes services. Je pense, par
exemple, à cet aspect de l'avis qu'un employeur doit nous donner lors
d'une fermeture ou d'une diminution. Ce qui nous permet de regarder la
situation et de ne pas tellement la trouver rose, cela j'en conviens. Mais au
moins, nous sommes au courant d'une situation qui donne une indication globale
de ce qui se passe au Québec et en même temps dans les
différentes régions aussi.
M. DEMERS: Vous avez la prévision des mises à pied...
M. COURNOYER: De trois mois, oui.
M. DEMERS: De trois mois. Cela doit détruire, un peu les 100,000
emplois.
M. COURNOYER: Disons que cela a une influence directe. Au lieu de
100,000 emplois, ce sera le nombre d'emplois perdus...
M. DEMERS: Moins...
M. COURNOYER: ...plus... Donc, 100,000 plus...
M. DEMERS: Ceux qui ne sont pas trouvés moins les autres...
M. COURNOYER: Ce sera donc 100,000 plus... M. Bourassa avait dit
100,000...
M. DEMERS: Oui, oui.
M. COURNOYER: Là, on a perdu, peut-être, 20,000 emplois
nets. Cela veut dire 120,000.
M. DEMERS: Cela fait 120,000.
M. COURNOYER: Cela augmente, vous savez.
M. DEMERS: ... cela fait...
M. COURNOYER: Cela augmente un peu. Je conçois que cela augmente
aussi, dans les circonstances. Seulement...
M. DEMERS: Rien ne se perd, rien ne se crée.
M. COURNOYER: Si j'acceptais ce raisonnement qui vient de
Saint-Hyacinthe...
M. DEMERS: Ce n'est pas un raisonnement de Saint-Hyacinthe...
M. COURNOYER: ... que nous avons suivi...
M. DEMERS: ... c'est la défaite que vous devez avoir connue dans
le temps.
M. COURNOYER: Effectivement, l'élément global ou principal
de la politique de main-d'oeuvre québécoise se retrouve dans le
bill 49, la Loi sur la qualification et la formation professionnelle. Cette loi
comporte un certain nombre de dispositions, qui oblige les employeurs à
faire certaines choses, qui permet au ministère de financer certaines
formations professionnelles et qui permet également aux individus de se
retrouver dans cette société qui est assez difficile,
actuellement, au moment où nous nous parlons. La politique a donc
été conçue avant que je ne sois ministre. Je la regarde.
Des éléments de cette politique méritent d'être
revisés. Mais on ne doit pas concevoir le bill 49 comme une mesure ou
une législation créant des emplois. Cela ne peut pas être
conçu comme ça. Cela aide cependant...
M. LAVOIE (Wolfe): Le bill 49 ne contri-bue-t-il pas actuellement
à un grand nombre de faillites chez les constructeurs?
M. COURNOYER: Vous parlez du bill 49... C'est peut-être le
numéro du bill qui vous échappe. On parle plutôt du bill
290 que du bill 49. Le bill s'applique à toute l'industrie tandis...
M. LAVOIE (Wolfe): Ah!
M. COURNOYER: ... que le bill 290 ne s'applique qu'à l'industrie
de la construction.
M. LAVOIE (Wolfe): D'accord.
M. COURNOYER: II est fort possible que l'application du bill 290 ait
comme effet, dans certains cas, compte tenu de l'application
généralisée des conditions de travail à travers le
Québec, de contribuer à certaines faillites ou à certaines
pertes de travail pour certains entrepreneurs et certains individus. Cela a
déjà été dit.
M. CROISETIERE: Est-ce que le ministre, pour la gouverne et la bonne
compréhension des travaux de cette commission, aimerait faire un tour
d'horizon de son ministère?
M. LE PRESIDENT: La question a été posée tout
à l'heure au ministre.
Tour d'horizon
M. COURNOYER: J'ai divisé mon ministère en deux sections.
La première, relations de travail et l'autre, main-d'oeuvre. Dans la
partie des relations de travail, j'ai nettement établi que nous devons
nous adapter et non pas adapter les industries et les syndicats à nos
affaires. Nous ne jouons là-dedans qu'un rôle de conciliateur et
qu'un rôle de décision, par exemple, en matière de droit
d'association. Mais quand nous jouons ce rôle, il s'agit plutôt de
l'intervention de l'Etat, dans la conduite ordonnée des relations de
travail, compte tenu des législations que nous avons.
Grèves et chômage
M. COURNOYER: En plus de cela, cette intervention ordonnée ou la
mise en ordre des relations de travail n'a pas été conçue
cette année. Elle existe depuis un certain nombre d'années. On
peut regarder sans vouloir vanter le ministère du Travail parce
que je ne pense pas que ce soit l'endroit pour le faire au cours de
l'année 70/71, le nombre de grèves que nous avons au
Québec. Sans vouloir faire de pathos je n'aime pas cela je
dois dire que j'ai reçu aujourd'hui le rapport de notre service de
recherche. Je peux mentionner, par exemple, le nombre de grèves que nous
avons eues. Il est assez significatif qu'on puisse dire, par exemple, que, par
rapport à l'Ontario...
M. DEMERS: Avez-vous un parallèle à établir entre
l'année précédente et celle-ci ou si vous comparez avec
l'Ontario?
M. COURNOYER: J'ai le rapport des grèves de 1970. Peut-être
la recherche n'a-t-elle été faite qu'à compter de
1970.
M. CROISETIERE: Est-ce au nouveau service de l'information que le
ministre fait allusion, celui qui a été installé l'an
dernier?
M. COURNOYER: Non. Dans le domaine des relations de travail, nous nous
servons très peu de l'informatique. On peut toujours s'en servir, mais
il s'agit d'une compilation au fur et à mesure que les grèves ont
lieu: le nombre de jours-homme perdus et la proportion par rapport au nombre de
jours-homme de travail. Je ne veux pas faire de pathos, comme je le disais
tantôt, mais j'aime à répéter que ces recherches sur
1966, par rapport à 1970 nous ne voulons pas faire exprès
mais c'est comme cela. Ce n'est pas parce qu'en 1966 il y a eu un changement de
gouvernement, c'est parce que nous les avons comme cela ...
M. DEMERS: C'est parce que...
M. COURNOYER: Oui. Je les ai toutes. Nous pouvons commencer en 1946.
M. BURNS: C'est trop de gentillesse, nous serons gênés de
vous parler tout à l'heure.
M. COURNOYER: Vous savez que vous ne serez jamais gêné. Le
jour où le député sera gêné, je pense bien
que...
Alors de 1966 à 1970, le nombre des grèves est à
peu près constant: 142, 152, 137, 161, 138. On parle toujours des
grèves mais cela implique, par exemple, des nombres de jours-homme plus
ou moins importants. Le nombre de travailleurs touchés: 91,800, 98,000.
En 1968: 34,421.
UNE VOIX: En 1968.
M. COURNOYER: En 1968, seulement 34,421. Il ne faut pas tirer de
conclusions trop rapides. C'est peut-être l'année où plus
de conventions en étaient à leur deuxième année sur
ces conventions de trois ans. L'année après, voyez-vous, c'est
justement ce que je viens d'illustrer, c'est 115,000 par rapport à
34,000 l'année d'avant. En 1970, 73,978. En jours-homme perdus, on part,
en 1970, avec 1,955,432; 1,625,000 et l'année de 34,000: 1,006,000,
1,230,000 pour 1970 à 1,367,000. Le pourcentage de la main-d'oeuvre
affectée par les grèves: 5.28 p.c, 5.48 p.c, 1.54 p.c.,4.96p.c,
3.17 p.c. Le nombre moyen de travailleurs par grève: 647, 650, 251, 717,
536. Les jours perdus par gréviste: 21.3, etc.
Je pense que pour la gouverne des députés, on n'aura pas
d'objection à ce que nous publiions et que nous remettions aux
députés, pour tirer les conclusions que tout le monde pourra en
tirer en temps opportun, l'évolution du climat des grèves au
Québec. Mais le tableau comparatif qui me frappe le plus, c'est celui de
1970, entre Québec et l'Ontario. Je pense qu'il y a eu lieu de le
mentionner. Ce n'est pas aussi pire que ça au Québec, même
si nous avons une propension à montrer nos maux puis à les
exagérer. Je pense qu'il est bon de dire que le nombre de grèves,
au Québec, a été de 138, en Ontario 211, puis au Canada
425. Bon, on va me dire: II y a plus de monde en Ontario, puis il
y a plus de monde qui travaille en Ontario, c'est une conclusion qu'on
peut aussi tirer de ça. Le nombre de salariés impliqués au
Québec: 73,978, et en Ontario 72,146. Le nombre de jours perdus, 3,383;
5,672 en Ontario.
Le nombre de jours-homme perdus, nous sommes à 1,367,838 au
Québec et en Ontario, 2,866,360. Au Canada, puisqu'il faut comparer,
c'est 7,804,480.
Ici, l'on peut trouver une foule de raisons pour lesquelles il y a moins
de jours-homme perdus ici. Mais si je veux faire une vantardise de mon
ministère, je peux dire que c'est à cause de l'excellent service
de conciliation que le ministère met à la disposition des
parties. Cela peut être ça.
M. DEMERS: L'augmentation de chômage aussi...
M. COURNOYER: J'allais le dire pour éviter que l'on m'accuse de
ne pas avoir dit que ça dépend du nombre de personnes qui
travaillent. S'il n'y en a pas beaucoup qui travaillent, ils n'ont pas le
goût de faire la grève.
Je pense bien que c'est indicatif. Cependant, on peut toujours tenter de
se donner un mérite et je pense bien que ce mérite, je dois le
donner aux officiers du ministère du Travail. Le travail qu'ils font
n'est pas toujours facile et n'est pas toujours reconnu parce que la plupart du
temps c'est quand ça ne marche pas que ça dépend du
ministère du Travail. Cela dépend surtout du ministre, mais par
voie de conséquence, du ministère du Travail. Moi, je pense qu'il
y a lieu, à l'occasion d'une analyse comme celle-là,
particulièrement dans le service des relations de travail, de constater
que nous ne sommes pas pires que d'autres provinces et que nos gars font un
excellent travail et ils pourraient, bien sûr, comme tout le monde,
améliorer leur façon de procéder et ils s'y engagent
régulièrement. Mais de là à dire que nous sommes un
pays aussi dur et aussi ennuyeux et que les industries ne viendraient pas
s'établir ici parce qu'il n'y a que des grèves, j'ai l'impression
que c'est de la foutaise pour autant que je suis concerné, que le climat
au Québec en matière de relations de travail est aussi bon, sinon
meilleur que dans les autres provinces au Canada et peut-être aux
Etats-Unis au complet.
Si des gens invoquent le climat des relations de travail pour dire qu'on
ne peut pas s'établir au Québec à cause du climat des
relations de travail, je dis qu'ils sont malhonnêtes de le dire et,
étant malhonnêtes, ils rendent un mauvais service et aux
compagnies et à la province de Québec et à la population
que nous desservons.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Quelques mots seulement pour dire que je ne
voudrais pas que le ministre me prête des intentions, je voudrais
être très juste aussi à l'endroit de ses fonction- naires
dont je ne mets pas en doute la compétence mais tout de
même comme représentants d'un groupement politique, il est tout de
même de notre devoir de faire part au gouvernement de certaines
revendications de la population et de l'informer le mieux possible de ce que
nous considérons comme étant les intérêts de la
population. Les intérêts des travailleurs surtout en ce qui
regarde le ministère du Travail.
H y a un grand malaise à l'heure actuelle dans le Québec,
je ne voudrais pas être prophète de malheur, ni pessimiste, mais
je pense qu'il s'agit tout simplement de regarder les choses bien en face: il y
a un malaise au niveau des employés et aussi au niveau des employeurs
et, lorsque je parle d'employeurs, je ne parle pas seulement d'employeurs au
niveau de l'industrie et de la construction, je veux parler au niveau des
employeurs en général. Je regrette tout à l'heure que le
ministre ne nous ait pas expliqué ce que pourrait être au
Québec une vraie politique du travail telle que pourrait la
considérer le ministère du Travail en 1971 dans un gouvernement
qui se veut dynamique, un gouvernement qui se veut d'avant-garde.
Par contre, j'ai le regret de constater que le ministère du
Travail semble se limiter je ne voudrais pas faire d'accusation, mais
tout de même je livre nos impressions telles que nous les voyons
à administrer de petits décrets qui sont surtout restrictifs et
je maintiens le mot "restrictifs" dans le sens qu'ils créent des
embêtements à tout le monde, aux employeurs et aux employés
et je pourrais même aller jusqu'à dire qu'à l'heure
actuelle avec tous ces décrets, je suis convaincu que probablement et
foncièrement le gouvernement, dans l'application de ces lois, a voulu
protéger le travailleur et en même temps les intérêts
économiques en général. Mais il reste que les
conséquences à l'heure actuelle, autrement dit ce qui
découle de l'application de tout cela, est qu'un grand nombre
d'employeurs chez nous ont tout simplement fermé leurs portes, un grand
nombre d'entreprises on failli et sont allées ailleurs.
A l'heure actuelle nous avons tellement de chômeurs au
Québec que je pense qu'il commencerait à être temps de nous
interroger pour que l'on cesse et ce n'est pas moi qui le dis
d'appeler le ministère du Travail le ministère du
chômage.
Alors pour quelles raisons les employeurs à l'heure actuelle au
Québec ne sont-ils plus intéressés d'employer les gens?
Pour quelles raisons nos employeurs ferment-ils? Pour quelles raisons nos
employeurs aiment-ils mieux être employés qu'être employeurs
en 1971?
Alors l'Etat est obligé, par toutes sortes de mesures, par toutes
sortes d'autres moyens de venir en aide par des mesures compensatoires qui ne
donnent pas les résultats qu'on serait en droit d'attendre. On peut se
demander aussi, si toutes ces politiques n'ont pas servi les
intérêts des grosses entreprises au détriment des
petites
entreprises. A ce moment-là, remarquez bien que je ne m'en prends
pas au ministre actuel, ni à ses officiers, je veux parler d'une
politique générale qui prévaut depuis plusieurs
années au Québec.
On peut se demander si tous ces décrets, si toutes ces
législations n'ont pas, en plus des grosses entreprises, favorisé
dans une certaine mesure les grandes centrales ouvrières au
détriment des ouvriers et je vais me permettre de citer un exemple en ce
qui a trait aux ouvriers. On a voulu au Québec que les ouvriers gagnent
les meilleurs salaires possibles, oui. On a fait des décrets pour des
salaires de $3, de $4. de $4.25. On a voulu assurer aux travailleurs des
bénéfices marginaux. On a voulu assurer aux travailleurs la
sécurité d'emploi, mais je pense qu'on a oublié une chose:
on a oublié que, pour qu'il y ait des employés, il faut qu'il y
ait des employeurs et nos employeurs à l'heure actuelle, à cause
de toutes ces exigences, n'ont pas pu faire face à la concurrence du
marché, du commerce, du commerce international entre autres, même
du commerce national et on sait de quelle façon on se fait envahir au
Québec à l'heure actuelle par des produits d'importation de
toutes sortes, avec la conclusion que les ouvriers ont droit de gagner $4.25,
mais ils sont sur le bien-être social.
Cela est une des conséquences. C'est pourquoi je suis un peu
déçu et je demanderais au ministre de nous éclairer dans
ce sens-là. De quelle façon peut-il entrevoir l'orientation que
pourrait prendre le ministère du Travail en élaborant une vraie
politique de travail, non pas seulement en limitant des conditions de travail
aux employés, mais en allant plus loin, par exemple, en étant un
ministère consultatif auprès du gouvernement de la province pour
donner des indications dans le développement économique de la
province, pour que justement nous ayons des entreprises, pour que les
employés puissent bénéficier des salaires garantis par les
décrets du gouvernement?
C'est un peu la question que je pose au ministre, j'aimerais bien qu'il
nous fasse part, à l'occasion de l'étude de ses crédits,
au tout début avant qu'on entre dans les détails, des grandes
politiques de ce que pourrait être, selon lui et selon même son
ministère et son gouvernement, une vraie politique du travail au
Québec, parce que, plus on passera de décrets, plus on mettra de
restrictions, plus le gouvernement décidera lui-même qui doit
travailler et qui doit chômer; je ne sache pas, M. le Président,
que tout ceci va améliorer le sort de nos travailleurs, quoi qu'on en
dise et quoi qu'on en pense.
Décrets
M. COURNOYER: Je pourrais faire, M. le Président, l'apologie du
système de décrets, mais je pense bien que ça serait
raconter des histoires que de dire que le système de décrets a
été bénéfique et aux travailleurs et aux
entreprises. Bien sûr, vous avez mentionné tantôt que le
ministère du Travail administre des petits décrets restrictifs
qui créent des embêtements à tout le monde. Je pense qu'il
y a lieu de se demander, de quelle source proviennent les petits décrets
restrictifs.
Jusqu'ici, sauf et compte tenu du fait que dans l'industrie de la
construction, le gouvernement a pris, à la suite du bill 38, certaines
attitudes sur lesquelles on peut s'interroger ou sur lesquelles on peut
être en désaccord, les décrets n'ont été que
l'expression de parties dites représentatives, donc qui avaient la
prépondérance et c'est une des conditions de la Loi des
décrets de convention collective que les conditions de travail ont
acquis un caractère de prépondérance et que le ministre du
Travail, à la requête des parties elles-mêmes, prolonge ces
décrets ou ces petits décrets qui deviennent restrictifs comme
toute convention collective, parce que les décrets sont habituellement
la copie de conventions collectives.
Je conçois fort bien les effets, quand l'industrie n'est pas
intégrée, c'est-à-dire qu'on ne vend pas nos produits chez
nous, quand ce n'est pas domestique seulement et que nos produits sont en
compétition avec des produits venant de sources
étrangères, que le ministre du Travail ou le gouvernement puisse
apporter certaines restrictions, diminuer certains salaires, comparativement
à la demande que les premières parties impliquées ont
faites au ministère du Travail.
Je n'ai pas l'intention, du moins cette année, de modifier la Loi
des décrets de conventions collectives dans son esprit. La Loi des
décrets de conventions collectives, pour moi, est une loi qui a besoin
d'être améliorée, mais cela ne veut pas dire que, par le
truchement de cette loi, le gouvernement s'ingérerait dans des
négociations librement consenties entre travailleurs, par leurs
syndicats, et les employeurs, par leurs associations, et que j'aurais
l'intention de m'immiscer dans ces parties pour leur dire, par un dirigisme
d'Etat, non pensé, comment elles doivent elles-mêmes
décider de leurs relations de travail.
Je pense que, dans le domaine des relations de travail et dans le
contexte de la libre entreprise, si nous changions le contexte et que ce
n'était plus la libre entreprise, je ne dis pas, mais comme nous sommes
dans le contexte de la libre entreprise, j'énonce l'opinion cette
opinion peut fort bien changer au cours de l'année et l'année
prochaine mais pour cette année, j'énonce l'opinion qu'il
n'y a pas lieu de modifier sensiblement la loi en vue d'une intervention accrue
de l'Etat dans le domaine des relations de travail, accrue dans le sens d'une
sorte de dirigisme.
Il est bien sûr que les parties auraient besoin, très
souvent, très souvent de l'aide non pas de l'Etat, mais de l'aide
d'économistes et de l'aide de recherches lorsqu'elles négocient.
Il n'est pas aberrant de penser que, par le truchement, justement, des
décrets qui imposent une taxe de
0.5 p.c. tel que conçue aux travailleurs et aux employeurs, taxe
maximum de 0.5 p.c., le ministère du Travail permette ou demande au
comité paritaire d'utiliser les services d'économistes pour
conseiller les parties, c'est-à-dire que les parties n'auraient pas
à payer ces frais de recherche. Il n'est pas aberrant de penser que nous
puissions le faire à l'intérieur de l'année
financière actuelle. Encore faut-il que la décision soit prise
d'inviter les parties.
J'ai parlé d'amendements possibles mais mineurs à la loi
des décrets de conventions collectives pour cette année, dans le
sens que je viens de dire, afin de permettre au comité paritaire
d'utiliser des fonds qui viennent des travailleurs et des employés, pour
préparer une négociation ordonnée faisant suite à
des recherches sur les marchés quant à l'effet des conditions de
travail qu'elles ont elles-mêmes continué de décider, sur
la vente ou la mise en marché de leurs produits.
Et ça peut être une indication de non-intervention de
l'Etat en matière de négociations libres. Je n'ai pas l'intention
de changer cela cette année, d'intervenir. Je n'ai pas été
nommé pour remplacer les parties, ça m'est arrivé une
fois, j'ai fait trois erreurs, je n'ai pas l'idée d'en faire une
autre.
M. ROY (Beauce): M. le Président, le ministre nous disait tout
à l'heure qu'il ne voulait pas ce que l'on pourrait appeler un dirigisme
d'Etat, et nous n'en voulons pas, de ce dirigisme d'Etat, justement» Par
exemple, chez nous, dans la région, justement, j'ai eu à
vérifier des cas aujourd'hui même, hier, la semaine
dernière. Nous avons des petites entreprises familiales, des petites
entreprises artisanales et là où je trouve qu'il y a une lacune
dans les politiques du gouvernement, c'est qu'on ne semble pas faire de
distinction entre la grosse entreprise, la moyenne entreprise et la petite
entreprise artisanale.
La petite entreprise artisanale est obligée de se soumettre
à toutes ces lois et elle ne peut pas le faire pour plusieurs raisons
que je n'ai pas à expliquer et que le ministre connaît très
bien. Prenons le domaine de la négociation, et je prends comme exemple
le comté de Beauce. Le comté de Beauce est un des comtés
ruraux les plus industrialisés du Québec, mais l'industrie est
possédée et dirigée par des gens de l'endroit. Je suis
bien d'accord que ça prend des unions très fortes pour pouvoir
négocier avec General Motors, ça prend des unions très
fortes pour négocier avec des compagnies internationales telles que
l'Alcan, l'International Paper, 1'Anglo-Canadian Pulp et autres ou encore la
Dominion Textile.
Mais on négocie de la même façon, et la puissance
syndicale est à peu près aussi forte pour venir négocier
avec une petite entreprise dont le capital est d'à peu près
$200,000 ou $250,000 ou de $300,000, si vous le voulez, et qui a 30 ou 40
employés.
Les petites entreprises ne sont pas en mesure de leur faire face. Elles
n'ont pas les conseillers techniques, elles n'ont pas les moyens d'engager des
économistes, elles n'ont pas les conseillers juridiques pour lutter avec
eux. Ce qui arrive est qu'elles essayent de passer à côté,
si vous voulez, parce que, pour elles, c'est une question de survie.
Lorsqu'elles ne peuvent pas passer à côté, à ce
moment-là elles doivent se soumettre aux lois. Lorsqu'elles se
soumettent aux lois, à cause des marchés qui sont à leur
disposition elles sont éloignées des grands centres
à cause, quelquefois du caractère même de l'entreprise,
à ce moment-là, l'entreprise n'a pas d'autre choix que de fermer
et de renvoyer les gens chez eux. C'est un problème. Le ministère
du Travail devrait faire une distinction lorsqu'il s'agit de négociation
avec une grosse... Par exemple, lorsqu'on met toute la force centrale, les
grandes centrales syndicales, la force de la CSN ou de la FTQ, quand on arrive
pour négocier avec une petite entreprise, il devrait y avoir une
distinction à faire. A ce moment-là, au Québec, la petite
entreprise se trouve à être pénalisée. Ce sont les
petits centres qui en souffrent. L'économie de ces petits centres s'en
ressent.
M. BURNS: II devrait y avoir deux codes de travail: un pour les grosses
entreprises et un pour les petites entreprises.
M. ROY (Beauce): Je ne sais pas s'il devrait y avoir deux codes du
travail. C'est une question qui n'est pas facile à trancher.
M. BURNS: C'est le problème que vous posez.
M. ROY (Beauce): C'est le problème que je pose.
M. DEMERS: Est-ce que le député va dire que c'est aussi
tranché que cela, la différence de négociation, par
exemple, entre ALCAN et une petite industrie?
Inégalités salariales
M. DEMERS: Dans mon comté, c'est mixte. Nous avons de grandes
industries pétrochimiques où les conditions sont extraordinaires.
A côté, nous avons la Wabasso Cotton. Il y a une différence
peut-être de 1 à 5, dans les salaires payés de l'une
à l'autre. Les syndicats obtiennent, chez nous, en tout cas,
énormément de revenus. Vous avez, par exemple, le syndicat des
employés de la ville de Shawinigan où la prospérité
est affichée, où les industries paient au complet le budget. Vous
avez Shawinigan-Sud, la chambre à coucher de Shawinigan, où les
revenus sont beaucoup moindres. Allez voir le salaire des employés de la
ville de Shawinigan-Sud, comparativement à ceux de Shawinigan. C'est la
même centrale syndicale et il y a
une différence de 1 à 5 entre les deux. C'est
sûrement la même chose chez vous. Vous ne devez pas faire
exception. Je pense que vous poussez un peu. Si vous pensez que c'est cela,
donnez-nous une solution pour qu'on règle ce problème.
M. COURNOYER: Je peux répondre car je sais que la solution, tel
que le problème est posé, n'est pas facile. Le problème ne
peut pas être posé comme cela. Quand vous parlez des grandes
centrales syndicales, on sait bien qu'elles me donnent du trouble. Elles
m'engueulent comme du poisson pourri régulièrement. Mais
effectivement, le rôle que je joue ici n'est pas autre chose que
d'essayer d'administrer mes lois. Je dois vous dire que jusqu'ici, compte tenu
du fait qu'il y a de grandes centrales syndicales, c'est vrai. Mais ce sont
toujours jusqu'ici, et le processus est là, inscrit dans le code du
travail, les travailleurs eux-mêmes qui ont choisi la centrale à
laquelle ils s'affilient. C'est contrôlé comme cela. D est
sûr que les employeurs dont vous parlez, je pourrais peut-être leur
suggérer de s'affilier au point de vue de l'entreprise en un groupe
assez homogène, par exemple, des entrepreneurs ou des entreprises de la
Beauce pour qu'ils financent ce qu'ils ne peuvent pas financer à
l'échelon individuel.
C'est exactement le principe du syndicalisme . Le petit individu qui
gagne $60 par semaine n'est certainement pas capable, lui non plus, seul, de se
payer le conseiller technique X, Y ou Z, un bon conseiller technique. Il n'est
pas capable de le faire. Il a donc réussi au cours des ans à le
faire collectivement. Et collectivement, le collectif s'est étendu
à l'échelon d'une région. Il s'est étendu par la
suite à l'échelon d'une province. H s'est divisé en deux
grandes centrales syndicales. Ce fut la même chose pour les professeurs
avec une autre centrale syndicale. Qu'est-ce que les ouvriers ont fait à
ce moment-là si ce n'est de tenter de mettre en commun certaines choses
qui individuellement ne valaient pas grand-chose, mais qui collectivement
voulaient dire quelque chose? Je prends, par exemple, les petites ou les
moyennes entreprises de la Beauce. Il est clair qu'elles peuvent se payer des
conseillers techniques. Je vois très mal que, dans l'industrie de la
construction, il n'y ait pas d'association d'employeurs. A ce moment-là,
il n'y a plus personne qui serait capable de faire face aux grands musiciens
qu'on appelle la CSN et la FTQ parce qu'ils joueraient dans un orchestre
totalement à part.
Et la réaction ça a été une sorte de
syndicalisme d'employeurs pour faire face au syndicalisme des employés.
Lui-même, le syndicalisme des employés, d'où vient-il au
juste? Il vient du fait que l'individu employé était toujours en
face d'une grosse patente, même si ce n'était que de $250,000
comparés à la dette que j'ai moi, ce n'est pas grand-chose. Mais
c'est fort en mautadit, moi c'est $250,000 de dettes que je peux avoir, mais
eux ce sera $250,000 d'actif.
L'origine des deux mouvements, je ne veux pas en faire l'apologie, mais
c'est comme ça que c'est arrivé et c'est venu du fait que le
petit se sentait tellement petit tout seul devant le gros, même s'il
était moyen, petit ou gigantesque, elle était encore grosse,
l'entreprise, et elle s'est réunie en groupe. Elle a fait ça. La
petite entreprise est peut-être rendue aujourd'hui à être
obligée de faire ça, mais elle ne veut pas toujours le faire,
parce que de toute façon il y a des réglementations qui en
découlent.
Que ce soit autonome ou autrement par le gouvernement, il y a des
réglementations qui en découlent.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, sur le même sujet je
voudrais demander l'opinion du ministre concernant les employeurs pas
nécessairement que je veuille prendre la part de l'employeur mais
ne trouvez-vous pas qu'il est un peu surchargé, qu'il a un fardeau qui
l'écrase passablement lorsqu'il doit contribuer à
l'assurance-chômage, à l'assurance-maladie, à la
Régie des rentes, aux accidents du travail, au fonds de retraite,
à l'assurance-groupe, contribution à l'union pour l'employeur et
pour l'employé? Cela fait pas mal de contributions à faire. Je
pense bien qu'il y a plusieurs petits employeurs que toutes ces
réformes-là écrasent et ils ont de la misère
à arriver.
M. COURNOYER: Je suis convaincu qu'il y a plusieurs employeurs, qui,
compte tenu du système de sécurité sociale au
Québec ou de la protection des individus qui composent la
société québécoise, ne seront pas capables de
s'adapter. Ils ne peuvent pas s'adapter, parce que c'est devenu trop
onéreux. Le genre de produits qu'ils vendaient, on en a des japonais
pareils sur le marché, qui se vendent $0.05 quand nous nous sommes
obligés de les fabriquer à $0.50. Même s'ils voulaient
continuer de le vendre, ils ne seraient jamais capables.
On peut peut-être demander qu'il y ait des lois antidumping pour
qu'ils ne viennent pas du tout. Je peux peut-être fermer mon
économie totalement. C'est encore une possibilité. Mais de
là à dire que l'employeur ne souffre pas du fait surtout
la petite, même la moyenne entreprise d'une taxation accrue, que
ce soit la taxation directement originaire des gouvernements provincial,
fédéral, municipal ou encore des taxations qui résultent
de conventions collectives ou si on convient de faire un autre plan
d'assurance-maladie et un autre régime de retraite
supplémentaire, c'est par convention collective qu'on le fait, il est
bien sûr que ses coûts augmentent et ses coûts augmentent
à un rythme qui dépasse peut-être ses capacités.
Mais jusqu'à preuve du contraire, c'est exactement ce dont on
parle à une table de négociations.
M. LAVOIE (Wolfe): Mais c'est parce que ça
l'empêche de grossir et de devenir un entrepreneur ou un
industriel plus florissant s'il est obligé de toujours contribuer
à tous les organismes, toutes les lois...
M. COURNOYER: J'aime constater que jusqu'ici il y a eu des grèves
bien sûr j'ai démontré tantôt que ce
n'était pas pire ici qu'ailleurs, peut-être que je l'ai mal
démontré ce sont des chiffres qui nous sont donnés.
L'employeur ordinairement, quand il négocie une convention collective
avec un syndicat, ce dont il parle à la table de négociations,
c'est exactement le résultat dont vous parlez, vous. C'est qu'à
un moment donné, il tente d'expliquer à ses ouvriers qui ont un
syndicat pourquoi il ne peut pas consentir à telle ou telle augmentation
de salaire.
Mais les employés sont libres de le croire ou de ne le point
croire. Et s'ils ne le croient pas et qu'il décide de fermer la
boutique, bien il ferme la boutique pour un bout de temps et finalement
et très souvent ça arrive pour pouvoir rouvrir la
boutique, il paie un prix qui est beaucoup plus élevé que le prix
qu'il aurait payé avant de la fermer ou avant de la laisser fermer.
Ce qui fait qu'il paie des coûts encore plus élevés
et qu'au bout d'un certain temps, il y a un écart assez
considérable entre ses possibilités de marché et ses
coûts et il est obligé de fermer.
M. LAVOIE (Wolfe): On voit quantité d'entrepreneurs de toutes
sortes qui sont obligés de fermer leurs portes. Il y a certainement des
causes profondes à ça. Ce sont souvent des plaintes que nous
avons, ces gens-là nous disent: Nous sommes obligés de contribuer
à tout et n'avons pas la marge de profit qui nous permette de contribuer
à toutes ces choses.
M. COURNOYER: Comme je le disais tantôt au député de
la Beauce, ce qui arrive c'est que la grande difficulté en
négociations, par l'établissement d'une législation ou
autrement, lorsque nous donnons ou nous consentons des bénéfices,
que ce soient des bénéfices sociaux par le truchement de
législations des décrets de convention collective ou par le
truchement d'une convention collective tout court, il est bien sûr que
ça augmente le coût des produits.
Et lorsqu'ils sont en concurrence avec des produits qui sont
déversés ici par le marché international en vertu d'autres
sortes d'ententes, c'est bien sûr qu'ils ne sont pas capables de faire
face à cette concurrence. Cela a une résultante directe.
On peut dire sans crainte de se tromper que, compte tenu des obligations
de la province, de ses capacités actuelles, de ses relations, il y
aurait lieu à un moment donné peut-être non pas de
minimiser les critères, mais de faire en sorte que les petites ou les
moyennes entreprises qui sont capables de fonctionner soient
équipées pour se moderniser, s'il y a lieu de se moderniser.
M. LAVOIE (Wolfe): Les petites entreprises ne peuvent plus aujourd'hui
se lancer en affaires ou à peu près pas.
M. COURNOYER: Disons que je dois là-dessus m'inscrire en faux, il
y a de petites entreprises qui sont créées aujourd'hui, il s'en
crée tous les jours. Il y a des gens qui ont plus d'initiative que
d'autres. Je ne veux pas blâmer les gens des petites entreprises, au
contraire, ils ont rendus de fiers services à cette population.
M. LAVOIE (Wolfe): Oui, mais avec tous les règlements et les
formalités qui existent et les formules à remplir, l'employeur
qui a au moins deux employés, ça lui prend un comptable
dès le départ.
M. BOIVIN: En ce qui a trait au pourcentage d'employés qui ne
sont pas syndiqués, il y a des régions qui se font concurrence
parce qu'il y a des régions très syndiquées et d'autres
qui le sont moins.
M. COURNOYER: Je ne sais pas le pourcentage, c'est assez difficile
à établir, mais ça évolue. Selon le sous-ministre,
60 p.c. des travailleurs du Québec ne seraient pas syndiqués,
c'est-à-dire qu'il y en aurait 40 p.c. de syndiqués actuellement
mais...
M. BOIVIN: Cela fait longtemps que c'est comme ça?
M. BURNS: Combien, excusez-moi, je n'ai pas compris.
M. COURNOYER: 60 p.c. ne seraient pas syndiqués.
M. ROY (Beauce): Comparativement avec les autres provinces, ça
peut représenter combien? Par rapport à l'Ontario, par exemple?
Quel est le pourcentage des non-syndiqués en Ontario? C'est de 20 p.c.
environ?
M. COURNOYER: Cela doit nettement se ressembler.
M. BURNS: Je m'excuse, je ne veux contredire ni le ministre ni le
sous-ministre, mais je suis sûr que la syndicalisation ne dépasse
pas 30 p.c.
M. COURNOYER: En Ontario? M. BURNS: Non, ici au Québec. M.
COURNOYER: Ce n'est pas 40 p.c?
M. BURNS: Non, ce n'est pas possible. La proportion diminue constamment
par rapport à la main-d'oeuvre totale. C'est-à-dire qu'à
mesure que la main-d'oeuvre augmente, le pourcentage de syndiqués
diminue, même si le nombre des syndiqués augmente. C'est un
problème qui, je
pense, devrait être réglé éventuellement par
une politique globale du ministère. Je suis intervenu, j'ai coupé
la parole à quelqu'un mais...
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve aura le loisir
d'y revenir tout de suite après que le député de Beauce
aura terminé.
M. ROY (Beauce): Le ministre a tout à l'heure parlé de
négociations, il a parlé du problème des grosses et des
petites entreprises. Je pense que le gouvernement devrait être assez
clairvoyant pour procéder par étapes. On a peut-être
procédé, je m'excuse, mais lorsque le député de
Maisonneuve disait qu'il y a une baisse dans la syndicalisation au
Québec, je n'ai pas les chiffres ici...
M. COURNOYER: Le pourcentage...
M. BURNS: H y a une baisse de proportion de syndiqués par rapport
à l'ensemble de la force de la main-d'oeuvre.
M. ROY (Beauce): II y a eu des chiffres publiés par la CSN
l'autre jour, et je pense que ça indiquait un peu le contraire. Je ne
veux tout de même pas engager le débat là-dessus
parce...
M. BURNS: Ne me citez pas mal, je vous dis que les syndiqués
augmentent, mais que leur pourcentage par rapport aux non-syndiqués
diminue.
M. LE PRESIDENT: E augmente en nombre mais diminue en pourcentage selon
la disponibilité des personnes sur le marché du travail.
M. BURNS: C'est ça. En bon comptable, vous connaissez ça,
vous comprenez ce que je veux dire?
Emplois d'étudiants
M. ROY (Beauce): Oui, je comprends ce que vous voulez dire. Mais selon
les chiffres qu'on m'avait donnés, il y avait une augmentation. On
parlait du dirigisme d'Etat tout à l'heure. Pour illustrer les propos
que j'ai tenus tout à l'heure, quand vous arrivez dans une grosse
entreprise ou avec une petite entreprise familiale, je vais prendre un exemple
à l'heure actuelle dans les métiers de la construction.
Dans ces métiers de la construction, une personne me
téléphone cette semaine pour me demander si j'avais
indiqué le nom de son fils sur la liste des quinze étudiants.
UNE VOIX: Voulez-vous nous donner son nom? On a demandé à
tous les députés de fournir quinze étudiants.
M. ROY (Beauce): Or, le sien ne pouvait plus avoir de travail. Cette
personne prend de petits contrats dans l'industrie de la construc- tion et elle
engageait à chaque année ses enfants afin de travailler pour lui,
ses enfants étaient des étudiants. Cette année, j'ai
téléphoné au centre de main-d'oeuvre et c'est impossible
que les étudiants qui travaillaient l'année dernière et il
y a deux ans dans l'industrie de la construction puissent se trouver du travail
cet été. H s'agit d'une entreprise familiale.
M.COURNOYER: Comment dites-vous ça? C'est impossible?
M. ROY (Beauce): Selon ce qu'on m'a dit aujourd'hui, c'est que les
centres de main-d'oeuvre ne donnent pas de carte aux étudiants qui
veulent travailler dans l'industrie de la construction. Est-ce que c'est
exact?
M. COURNOYER: J'ai vérifié cette assertion par rapport
à la déclaration que j'ai faite en Chambre hier. Il semble que
certains centres de main-d'oeuvre je ne sais pas si c'est la
généralité donnaient des cartes aux
étudiants seulement s'ils pouvaient établir qu'ils avaient
travaillé l'année dernière. Je dis: Comme c'est
interprété et appliqué par certains centres de
main-d'oeuvre. C'est après vérification. Ce n'est pas ce que 4119
dit. 4119 dit que vous avez les réguliers et les permanents avec les
nombres d'heures et les réservistes sont ceux qui ont moins que tel
nombre d'heures. Je pense que c'est 800 heures. Moins de 800 heures, cela
inclut zéro.
Effectivement, un étudiant peut avoir une carte de
réserviste. Ce que j'ai prétendu et ce que je continue de
prétendre c'est que tant et aussi longtemps que 4119 a la nature qu'il a
actuellement, un réserviste ne peut travailler que lorsque les
réguliers et les permanents travaillent.
M. ROY (Beauce): Cela veut dire qu'il n'y a aucune possibilité
pour les étudiants de travailler.
M. COURNOYER : A ce moment-là, messieurs, on peut se poser la
question à savoir si on peut choisir entre un type qui gagne sa vie dans
l'industrie de la construction et un étudiant, quand on a à
choisir entre deux personnes. Si c'est le gars qui gagne sa vie dans la
construction ou si c'est l'étudiant qui va venir prendre sa place
à lui pendant une période de temps. Posez-vous la question. J'y
réponds d'une façon bien simple. Le gars qui gagne sa vie
là-dedans et qui a des enfants va passer avant l'étudiant. C'est
tout.
M. ROY (Beauce): M. le ministre, si on prend la même
déclaration et qu'on la tient à la grandeur du Québec dans
tous les ministères, les étudiants prennent la place d'autres
personnes. Qu'on le veuille ou non, qu'on aime ça ou non. Si le principe
veut que dans l'industrie de la construction et si le principe est valable,
on
peut l'appliquer dans tous les ministères. A la Voirie c'est la
même chose. C'est impossible pour les étudiants d'avoir du travail
cet été.
M. COURNOYER: II vaut dans l'industrie de la construction parce que les
parties ont convenu d'une certaine procédure et que cette
procédure a été passée en règlement.
M. ROY: Quelles parties?
M. COURNOYER: Les parties, c'est-à-dire les cinq associations
patronales et les deux centrales syndicales.
M. BURNS: Cela a été reconnu par la loi. M. COURNOYER: On
l'a reconnu par la loi. M. ROY (Beauce): Cela a été
accepté?
M. COURNOYER: Cela a été imposé, oui. Par qui?
M. ROY (Beauce): Par le gouvernement.
M. COURNOYER: Je vais tout simplement rétablir les faits parce
que c'est mon devoir de le faire. Sept parties négocient une convention
collective conformément au bill 290 qui a eu des effets néfastes,
parfait. Mais, il est là pareil. C'est la loi actuellement. On la suit.
Sept parties négocient. Elles s'entendent sur un certain nombre de
points relatifs à la sécurité d'emploi. Quand elles
s'entendent sur un certain nombre de points, il y a un point qui dit que, si on
ne s'entend pas sur les autres qu'on confie à une commission mixte, ce
sera le juge Gold qui rendra la décision à notre place. Le
ministre du Travail du temps dit: D'accord, si le juge Gold décide, je
passerai les règlements conformément à ça. Le
ministre du Travail du temps change parce qu'il s'en va. C'est le nouveau
ministre du Travail qui prend sa place et j'étais là, moi. Je
passe le règlement conformément à ce que les parties ont
demandé et à ce qui a été complété
par le juge Gold. Si c'est de l'imposition? C'est de l'imposition, oui. C'est
un règlement passé par le gouvernement, mais qui a suivi une
procédure impliquant les premières parties
intéressées.
M. DEMERS: Les parties étaient consentantes.
M. COURNOYER: C'est ce qu'elles ont demandé.
M. LE PRESIDENT: Sur le même sujet, le député
d'Iberville.
M. CROISETIERE: Je crois que vous avez un exemple. Dans l'industrie
privée, la Slack Brothers à Waterloo qui a pris des
étudiants et qui a été obligée de mettre à
pied des employés.
Vous avez un problème qui a surgi ces jours derniers. Qu'est-ce
que vous faites à ce moment-là?
M. COURNOYER: Il y a eu un temps où on employait les
étudiants parce que c'était du "cheap labor". Quand on leur dit
que les taux de décret s'appliquent aux étudiants, ils en
emploient moins. Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse?
M. BURNS: II y a aussi des unités syndicales dans bien des
cas.
M. COURNOYER: C'est ça.
M. ROY (Beauce): Prenons un autre exemple et on va revenir à une
question qui a été posée en Chambre relativement aux
étudiants en électricité qui ont terminé leur
cours. Nous avons une quantité de petits
entrepreneurs-électriciens au Québec qui ont fait suivre des
cours à leurs enfants pour leur transmettre leur entreprise. Je ne parle
pas des grosses entreprises. Il y a une nuance à apporter entre la
grosse entreprise et la petite entreprise artisanale, l'entreprise familiale.
Le gouvernement devrait considérer que dans le milieu rural c'est ce
genre d'entreprise que nous avons. Aujourd'hui, l'étudiant sort de ses
études avec toutes les qualifications.
Si je me base sur votre déclaration, ça peut prendre deux
ans avant qu'il puisse obtenir sa carte d'apprenti pour travailler dans
l'industrie de son père.
M. COURNOYER: Je corrige l'impression. Il n'y a aucune forme de raison,
sauf le contingentement qui n'a pas été nécessairement
suivi par les commissions scolaires régionales. Il y a eu des
décisions prises au ministère afin que les commissions de
formation professionnelle dans certains corps de métiers que nous
jugions saturés ne forment pas des électriciens quand on en a
déjà 2,000 de trop.
Mais, il y a des commissions scolaires qui ont donné quand
même des cours d'électricité et de plomberie.
C'était leur privilège, leur droit, elles l'ont fait. L'individu
qui a suivi ces cours je vous ai dit peut avoir une carte
d'apprenti contrairement au contingentement que nous avons fait parce que ce
n'est pas sa faute s'il a suivi un cours. Il avait un cours à sa
disposition et ce n'était certainement pas pour faire le beau qu'il
suivait ce cours, c'était pour obtenir un emploi après.
M. ROY (Beauce): Pour obtenir un emploi et...
M. COURNOYER: Ces personnes auront, si elle ne l'ont pas, leur livret
d'apprenti pour pouvoir travailler dans l'industrie de la construction.
M. ROY (Beauce): Dans combien de temps?
M. COURNOYER: Ils sortent au mois de juin.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, il y a quelque chose qui ne
semble pas juste dans cette affaire d'étudiants qui sortent des
écoles. On semble vouloir arrêter de donner un cours
d'électricien parce qu'on dit que le marché est saturé, je
ne trouve pas ça normal. Il me semble que ça brime la
liberté de l'individu. S'il décide de faire un cours
d'électricien, peut-être lorsqu'il arrivera sur le marché
du travail il aura de la misère à se trouver de l'emploi. Il y en
a toujours qui ont plus d'initiative que d'autres. Ils viennent toujours
à bout de faire leur bonhomme de chemin, si vous voulez.
C'est comme les avocats, il y en a beaucoup dans la province.
M. COURNOYER: II y en a trop.
M. LAVOIE(Wolfe): Par contre, on ne peut pas empêcher un type qui
veut devenir avocat de suivre ses études s'il veut aller à
l'université, etc.
M. COURNOYER: A condition...
M. LAVOIE (Wolfe): C'est la liberté de l'individu, même
s'il sait que plus tard il aura peut-être de la difficulté
à se trouver un travail.
M. COURNOYER: Quand on vient pour appliquer ça dans les faits, on
regarde le nombre de personnes qui sont en demande actuellement sur le
marché du travail. Il y a beaucoup de demandes d'emploi. Il y a des gens
qui veulent avoir des employés et n'en trouvent pas. Par contre, il y a
des saturations dans d'autres corps de métiers. Il n'est pas question
pour nous d'empêcher les gens de suivre un cours. Il est question
et je pense qu'il y a lieu de le mentionner que lorsqu'on s'occupe d'une
commission de formation professionnelle, on n'est pas pour former
expressément des chômeurs.
M. LAVOIE (Wolfe): Même là-dessus, M. le ministre, je
pourrais vous dire une chose. Supposons...
M. COURNOYER: II y a des fonds publics qui servent à cela.
M. LAVOIE (Wolfe): ... un homme de 22 ans, marié qui va voir un
entrepreneur. L'entrepreneur est prêt à le prendre comme
journalier. Il ne pout pas avoir sa carte. Le type peut se trouver de l'ouvrage
mais il ne peut pas avoir sa carte.
M. COURNOYER: Si l'arrêté en conseil 4119 était
observé, le type n'a même pas le droit d'aller voir un employeur.
Il faut qu'il passe par le centre de main-d'oeuvre du Québec pour avoir
un emploi et il apparaît sur la liste telle qu'elle est inscrite,
c'est-à-dire en bas de la liste, s'il est réserviste, il passera
après les réguliers et les permanents. C'est ça,
l'arrêté en conseil 4119. Ce n'est pas autre chose que ça.
C'est peut-être mauvais, mais c'est ça.
M. DEMERS: C'est excessivement mauvais. M. COURNOYER: Oui, mais c'est
ça.
M. ROY (Beauce): Nous sommes entièrement d'accord.
M. COURNOYER: Que ce soit...
M. ROY (Beauce): Maintenant, dans l'arrêté en conseil
4119...
M. CADIEUX: M. le Président, il y a plusieurs questions qui sont
posées dans le moment qui pourraient revenir lorsqu'on étudiera
les crédits article par article.
M. DEMERS: Ce sont des questions d'ordre général.
UNE VOIX: II y a la main-d'oeuvre...
M. BURNS: M. le Président, à propos du 4119, dites-moi
donc à quel article on en discute?
M. DEMERS: On verra ça à la direction
générale de la main-d'oeuvre.
M. LE PRESIDENT: Je pense que nous sommes dans l'ordre. Nous discutons
de la politique générale et le ministre semble se prêter
assez bien à ces questions.
Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Dans le cadre des travaux de Perspectives-Jeunesse, M. le
Président, je voudrais savoir si les gens qui travaillent dans le cadre
de ce programme ont comme salaire le salaire minimum? Sur quoi se base-t-on
pour les payer? Est-ce que vous avez une certaine juridiction à ce
sujet? Est-ce que c'est une question qui vous embête? Cela ne presse pas,
moi, vous savez, je suis ici pour vingt ans...
UNE VOIX: Depuis vingt ans.
M. DEMERS: Pour vingt ans. S'il y a seulement vous pour me mettre des
bâtons dans les roues, ça va bien aller.
M. COURNOYER: Vous n'avez pas lu... on m'a dit que le Dr Quenneville
avait passé...
M. LE PRESIDENT: Le député d'Olier.
M. PICARD: On vient de poser la question
au ministre. Je vais vous donner la réponse, vous permettez? Vous
avez reçu du Dr Quenneville un tableau indiquant, pour chaque
année de scolarité, le salaire qui devait être payé
à l'étudiant. CEGEP 1, 2, 3, 4, 5,...
M. DEMERS: Je ne pose pas la question comme ça. Je demande si les
gens qui bénéficient du programme Perspectives-Jeunesse sont
selon la codification du Dr Quenneville et de ses adjoints ou selon le code du
Travail. C'est la question que je pose.
M. COURNOYER: Ils devraient, normalement, être sous l'empire de la
Loi du salaire minimum.
M. DEMERS: Est-ce que vous avez quelque regard sur les salaires qui sont
payés? Est-ce que vos officiers...
M. COURNOYER: Je ne sache pas qu'on se soit préoccupé
à ce...
M. DEMERS: Qu'est-ce qu'il va se produire?
M. COURNOYER: Que va-t-il se produire? Bien, si la Commission du salaire
minimum trouve qu'il y a eu des infractions faites par certains employeurs,
fussent-ils de Perspectives-Jeunesse...
M. DEMERS: Ils vont porter plainte au ministre, ou si le ministre va y
voir avant?
M. COURNOYER: Non, non. La commission va tout simplement poursuivre ceux
qui les employaient et qui payaient au-dessous du salaire minimum.
M. CROISETIERE: Les méchants.
M. DEMERS: Ils vont poursuivre le fédéral.
M. COURNOYER: Je ne sais pas qui les paie, mais ça me
surprendrait que le gouvernement fédéral, avec son salaire
minimum à $1.75, paie des salaires au-dessous de son propre salaire
minimum, et s'il l'a fait, je peux lui demander de réviser sa
position.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. DEMERS: Je vous remercie de votre réponse.
M. BURNS: M. le Président, je veux d'abord féliciter le
ministre cela ne restera pas à ce stade-là...
UNE VOIX: Lance la pierre!
M. COURNOYER: La pierre s'en vient!
Pouvoirs chevauchants
M. BURNS: Je veux d'abord féliciter le ministre parce que j'ai,
il y a quelque temps, lu dans les journaux le compte rendu d'une de ses
conférences qui promet beaucoup, je pense, si c'est une de ses
conférences, comme le journal le laissait entendre...
M. LAURIN: Il l'a confirmé en Chambre.
M. BURNS: II l'a confirmé en Chambre, d'ailleurs, oui...
principalement, sur le point où le ministre actuel semble avoir
adopté comme approche le fait de récupérer le plus
possible de pouvoirs en matière de travail, de relations
patronales-ouvrières, etc. qui sont exercés de façon, si
vous me passez l'expression "over-lappante" entre la province et le
fédéral...
UNE VOIX: Chevauchante!
M. BURNS: Chevauchante. Merci. Je pense que c'est une attitude qu'on
doit approuver, surtout que la situation actuelle, principalement en
matière, entre autres, de main-d'oeuvre, crée une espèce
de méli-mélo incompréhensible pour le travailleur. Et si
on prend l'exemple, entre autres, justement, du problème de recyclage,
vous avez les trois paliers différents qui se mêlent d'une
même affaire: le fédéral s'occu-pant de l'orientation et de
la sélection; le provincial s'occupant de payer les fonds; le municipal
par le niveau scolaire, s'occupant de défrayer les cours et ensuite,
à nouveau par l'entremise du fédéral, le placement, dans
bien des cas. Egalement, vous avez le système de placement qui commence
à s'établir au niveau provincial.
Personnellement, j'encourage le ministre à continuer dans ce
sens-là et à nous faire de ces déclarations le plus
possible pour éveiller d'abord la population du Québec à
ce problème de chevauchement des pouvoirs en matière du travail,
et pour en arriver éventuellement à faire comprendre au
gouvernement central que le problème du travail est un des
problèmes du Québec, en fait, qui doit être traité
au Québec et avec les moyens que nous avons.
Je pense justement à d'autres domaines, celui de
l'assurance-chômage à propos duquel le ministre, probablement,
s'apprête à faire des déclarations, éventuellement,
dans le cadre de cette série de conférences. Là-dessus, je
ne peux qu'encourager le ministre à continuer dans le même sens.
Quant à nous, nous l'appuierons constamment dans ses revendications.
J'insiste surtout que c'est, au fond, le travailleur qui paie actuellement pour
cette situation floue, échevelée de divisions de pouvoirs. Au
fond, on se demande si ce n'est pas une lutte de prestige qui se fait entre
deux niveaux de gouvernement qui, dans le fond, se fait sur le dos de la
personne qui devrait bénéficier du système.
Une fois ces choses dites et après avoir assuré le
ministre de notre collaboration dans ce sens-là, de notre encouragement
à continuer dans le même sens, je ne peux m'empêcher de
souligner la pauvreté de la législation du travail depuis que le
nouveau gouvernement a pris le pouvoir en avril 1970.
Je sais bien que le ministre ne peut pas prendre sur lui toutes les
critiques qu'on peut faire à cet égard, sauf que je ne peux pas
passer sous silence cette carence législative en matière de
relations de travail depuis le 29 avril. Il n'y a pas eu, à ma
connaissance, de loi significative en matière de relations de travail,
sinon cette fameuse loi, le bill 38, un bill d'exception, forçant le
retour au travail des employés de la construction. Là-dessus, je
ne reviendrai pas sur les opinions que nous avons fait valoir au moment de
l'étude du bill, sinon pour dire que c'est une loi que j'ai toujours
considérée et que je considère encore comme une
loi-matraque, exceptionnelle et inacceptable et qui, à mon humble avis
je le soumets à la commission et au ministre et je l'ai
déjà dit au ministre est à la source du
problème actuel dans la construction et n'a fait que l'envenimer. Il y a
évidemment une autre source qui est encore plus profonde et plus
lointaine, qui est peut-être le bill 290. Personnellement, je n'ai pas de
solution-miracle. Il reste quand même qu'on peut au moins détecter
ces choses-là. Après avoir constaté ce seul bill
d'importance qui a été adopté, on se demande
véritablement ce qui a été fait en matière de
législation du travail.
Syndicalisme de cadres
M. BURNS: Beaucoup de promesses nous ont été faites,
très peu de chose, tant par le ministre actuel que par feu Pierre
Laporte. Evidemment, il y a ce phénomène de changement de
ministre qui peut peut-être expliquer le problème. Il y a aussi le
phénomène de changement de sous-ministre qui peut aussi changer
le problème à certaines occasions. J'y reviendrai à cet
aspect, de toute façon. Mais, je pense à des domaines
précis où, entre autres, l'ancien ministre du Travail, M.
Laporte, nous avait parlé de ses propres préoccupations et en
particulier dans le domaine de la législation du travail pour les
cadres. Je n'ai pas entendu parler de progression. J'aimerais bien que le
ministre nous parle de cela tantôt. Qu'est-ce qui arrive de la
législation du travail pour les cadres?
Cela a peut-être l'air de quelque chose de très marginal,
mais à mon avis, c'est très important au contraire. De plus en
plus, vous avez des gens qui occupent des fonctions de "management" ou de
direction, à l'intérieur d'entreprises qui, à cause de la
grosseur de l'entreprise je pense à des entreprises telles que
l'Hydro-Québec, par exemple, où déjà on a
été obligé de passer, encore une fois, une loi
d'exception, pour reconnaître les ingénieurs de
l'Hydro-Québec en dehors des cadres actuels du code du travail. Le
ministre me regarde avec un sourire...
M. COURNOYER: Un sourire compréhensif. M. BURNS: ...
désapprobateur!
M. COURNOYER: Non.
M. BURNS: Le ministre n'était pas, à ce moment-là,
encore rétabli de la défaite de Saint-Jacques et c'est son
prédécesseur qui a fait adopter le bill. Ce bill-là
faisait, ou reconnaissait, de façon exceptionnelle, un syndicat, le
Syndicat des ingénieurs de l'Hydro-Québec et un autre, le
Syndicat des ingénieurs de la ville de Montréal, bien que non
reconnu ou non accrédité en vertu des lois
générales. J'avais, au moment de l'étude de ce bill,
souligné justement que et je pense que cela remonte au
début de la première session, au cours de juin ou juillet, je ne
me souviens pas de la date exacte j'avais souligné au ministre du
Travail de l'époque ce problème d'absence de législation
pour le syndicalisme de cadres, et qu'on le veuille ou non, on va être
obligé de légiférer dans ce domaine-là.
M. LAURIN: On nous l'avait promis, d'ailleurs.
M. BURNS: Et le ministre du temps nous avait dit qu'il y songeait
très sérieusement, que ses officiers au ministère
étudiaient cela, mais que c'était une affaire dans laquelle il ne
fallait pas se lancer à la légère.
Mais, je reviens à ce que je disais tantôt, avec des
grosses entreprises vous avez des gens qui participent à la direction,
mais qui ne sont pas, dans le fond, de la direction, qui sont à toutes
fins pratiques des salariés au sens large du mot et non pas au sens
restrictif du code du travail; bien, il va falloir y penser. Et ça,
j'aurais aimé qu'on voie poindre, au moins, une étude qui
pourrait être soumise à la commission parlementaire du Travail et
de la Main-d'Oeuvre et qu'on puisse étudier tout de suite pour qu'on ne
se retrouve pas dans quatre ou cinq ans d'ici, encore en train de dire: On y
songe.
M. COURNOYER: Je peux répondre immédiatement. On ne va pas
faire une grande thèse là-dessus!
M. BURNS: D'accord, si vous voulez!
M. COURNOYER: J'ai appris, la semaine dernière, que le Conseil
consultatif du Travail et de la main-d'oeuvre a été effectivement
saisi par mon prédécesseur du problème du syndicalisme de
cadres et que c'est cette semaine que je devrais recevoir un constat
d'échec des discussions qui ont eu cours au Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre sur ce sujet particulier. Pendant que je vois le
constat d'échec, je regarde les arguments des deux côtés.
Remarquez que, sans vouloir m'engager à
le faire, je n'aurais pas objection même si je n'ai pas un projet
de loi parce que ce n'est pas un problème aussi simple que le syndicat
des ingénieurs, c'est un problème extrêmement complexe.
M. BURNS: Je suis entièrement d'accord avec le ministre
là-dessus.
M. COURNOYER: Je n'aurais pas objection d'ici peu de temps pas
nécessairement en plein milieu de l'été, je tiens à
vous le dire qu'à ce moment donné on demande les opinions
de la population ou les opinions des cadres, parce qu'il est bon que les cadres
se prononcent parfois sur leur propre sort, sur le syndicalisme de cadres et
que cela se fasse par la commission parlementaire du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. Vous savez bien que je n'ai aucune forme d'objection
là-dessus à condition que cela soit une étude que nous
fassions ensemble. Que je présente un projet de loi sur le syndicalisme
de cadres, pour ma part, étant donné que j'aime bien m'aventurer,
mais j'aime bien savoir dans quoi je m'aventure...
M. BURNS: Vous êtes devenu prudent!
M. COURNOYER: Je suis devenu très prudent depuis un certain
temps. Je pense qu'il y a lieu que cette prudence soit indicatrice bien plus
d'une volonté de garder la paix et de la faire la paix lorsque c'est
possible que d'une absence d'idée quant au domaine de la
législation en matière de cadres.
Je note cependant et si j'étais désapprobateur
tantôt, c'était plutôt pour dire qu'en fait les syndicats
des ingénieurs de l'Hydro-Québec et ceux de la ville de
Montréal pouvaient, c'était possible selon le code du travail,
obtenir une accréditation qui aurait nettement distingué les
cadres des salariés. A ce moment-là les cadres auraient...
M. BURNS: Je ne veux pas justement ouvrir une discussion technique avec
le ministre, mais il sait fort bien que dans l'état où se
trouvaient ces deux unités de négociations cela aurait
été impossible et les deux syndicats...
M. COURNOYER: Cela aurait été impossible.
M. BURNS: ...perdaient un certain nombre de membres ou de
salariés qu'ils représentaient et c'était justement
l'objet du problème en litige.
M. COURNOYER: M'est-il permis de suggérer que, si jamais j'avais
une loi du syndicalisme de cadres, ils perdraient également ceux qui
sont cadres pour les mettre dans un autre syndicat de cadres.
M. BURNS: II est fort possible qu'il y ait des cadres qui soient
considérés à un moment donné comme des super-cadres
et qui doivent être exclus des syndicats de cadres. Il n'y a aucune
espèce de doute là-dessus.
M. COURNOYER: Ce que je peux vous dire par exemple, ce que je pourrais
faire pour les membres de l'Opposition et les membres de l'équipe
libérale, ce serait de vous donner une copie du rapport du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Je ne sais pas s'il va
être exhaustif, je ne sais pas comment il est fait, s'il tient compte et
s'il rapporte les arguments des deux parties. De toute façon, je pense
que cet organisme consultatif a fait une étude qui semble être
sérieuse. C'est un constat d'échec, bien sûr, mais il
semble que ce serait peut-être important que vous l'ayez tous. Je n'ai
aucune forme d'objection à le donner aux membres de la commission
parlementaire ou, enfin, à le donner aux députés de
l'Assemblée nationale. Je n'ai pas d'objection. Nous pourrons faire
ça aussitôt que nous l'aurons. Ce n'est pas confidentiel pour
autant que je suis concerné.
M. BURNS: Remarquez, M. lé ministre, je veux être bien
compris, relativement à deux points. Je n'ai pas dit et je suis, au
contraire, d'accord avec le ministre que tout le problème du
syndicalisme de cadres n'est pas un problème qui peut se régler
d'un trait de plume. Je suis entièrement d'accord avec ça. On se
lancerait dans une législation qui serait vraiment d'avant-garde au
point de vue de l'Amérique du Nord. Il n'y a pas de doute. Et comme le
Québec est déjà, au point de vue de la législation
du travail, je n'ai pas peur de l'admettre, en avance dans beaucoup de domaines
en Amérique du Nord, je ne vois pas pourquoi on ne continuerait pas. Et
si nous sommes en avance, bien c'est peut-être pour des raisons bien
particulières en ce sens que les parties en cause, c'est-à-dire
et les centrales syndicales et le patronat, sont peut-être aussi en
avance, ayant plus de problèmes qu'ailleurs.
C'est bien normal que l'on soit en avance là-dessus. On ne
devrait pas se faire devancer à moins qu'à un moment donné
on ait moins de problèmes qu'ailleurs. Je ne vois pas, dans
l'immédiat, le jour où l'on pourra dire cela. L'autre point sur
lequel je veux bien être compris, relativement à cette
intervention, est que je ne veux pas dire au ministre que je ne prise pas le
travail du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, bien au
contraire. Le fait que je mentionne ce problème à la commission
parlementaire du Travail ne veut pas dire que je n'aimerais pas que le ministre
continue la politique déjà établie je pense que
cela remonte aussi loin que l'honorable Belle-mare de tenir
énormément compte des recommandations du conseil consultatif.
M. COURNOYER: Quand elles sont unanimes.
M. BURNS: Quand elles sont unanimes évidemment. Il n'y a aucun
doute. On a constaté quand même de sérieuses
améliorations au code du travail, faites grâce au boulot fait par
le conseil consultatif. Je ne veux pas que cela change et ce n'est pas cela que
j'ai dit. Je dis que j'aimerais bien qu'au moins, ici, parce que jusqu'à
un certain point c'est peut-être la seule façon d'amener devant le
public l'évolution de ce problème ou la progression de ce
problème, on amène le problème du syndicalisme de cadres.
Les gens concernés s'inquiètent. Je suis en relations constantes
avec le syndicat des gens de ce domaine. Ils se posent des questions et se
demandent si un jour on aura véritablement une forme de syndicalisme qui
pourrait protéger cette catégorie de travailleurs même si
ce sont des cadres. Ce domaine, à cause du développement des
autres niveaux de syndicalisme, est un peu régi par la loi de la jungle.
Comme le syndicalisme en général l'était avant qu'il y ait
une législation qui puisse permettre la syndicali-sation par voie
d'accréditation.
M. COURNOYER: Et comme il l'est encore pour 70 p. c. dès gens
travaillant...
M. BURNS: Et comme il l'est encore pour 70 p. c. Or, il arrive que les
cadres, s'ils veulent véritablement se syndicaliser, n'ont qu'un seul
choix: si l'employeur n'accepte pas leur syndicat, c'est de faire la
grève. C'est un problème très sérieux. Je le
souligne et je le mentionne entre autres pour qu'on puisse s'y attarder et
qu'on puisse au moins commencer à étudier le problème. Je
l'ai soulevé vous me dites que vous aurez bientôt des
recommandations possibles de la part du conseil consultatif mais c'est
la première fois que j'en entends parler.
M. COURNOYER: C'est justement pourquoi je vous l'ai mentionné
à la suite de ce que M. Laporte, mon prédécesseur, avait
mentionné, semble-t-il, à la Chambre à l'occasion du bill
36. Il a effectivement commencé les procédures, que nous jugeons
normales au ministère du Travail, de consulter le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre.
La semaine dernière, mon sous-ministre m'a informé du
constat d'échec que le président du conseil consultatif est
obligé de me faire parvenir. Comme c'est la semaine dernière, on
ne peut pas dire que le syndicalisme de cadres est quelque chose qui n'est pas
en évolution, que l'étude n'est pas en évolution. Elle
l'est. J'étais prêt à vous remettre le rapport du conseil
consultatif de façon que vous sachiez comme moi où se situe
l'état de la question, au moment où on se parle aujourd'hui. S'il
y a lieu à un moment ou à un autre, au mois de septembre,
d'écouter ou d'entendre les représentations des personnes
intéressées par le syndicalisme de cadres, que ce soient les
cadres ou les syndicats comme ceux des ingénieurs et les cadres de la
CSN ou ceux de la ville de Montréal ou l'Hydro-Québec ou ceux
d'autres entreprises qui peuvent agir aujourd'hui, agir en association sans
être pour autant un syndicat, que ces personnes viennent le dire à
la commission parlementaire du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Je suis
parfaitement à l'aise de dire que ces gens pourraient procéder et
venir nous...
M. BURNS: Si je mentionne, M. le ministre, ce problème c'est pour
une raison... A part le fait, comme je l'ai dit tantôt, que c'est un
problème que je considère très important, j'aimerais bien,
personnellement, que ce problème se discute dans une atmosphère
dénuée de passion. On sait jusqu'à quel point il est
impossible de régler des problèmes en matière de relations
de travail lorsque la situation est devenue à un point
passionnée, comme on l'a vécue il n'y a pas longtemps.
On est dans des situations absolument irréductibles de part et
d'autre. Heureusement, actuellement on n'est pas encore arrivé à
ce point chaud, à ce point passionné dans le domaine des cadres,
mais si ça se discutait à l'occasion, ou durant une
période où il y aurait une grève à finir entre un
employeur et des cadres, je pense qu'on serait placé dans une
atmosphère qui n'est pas idéale pour discuter de ça.
Actuellement, heureusement, on n'en a pas.
M. COURNOYER: Est-ce que vous en voyez venir?
M. BURNS: Je n'ai pas de prédictions à faire.
J'espère qu'il n'y en aura pas.
M. COURNOYER: Ils sont déjà syndiqués.
M. CROISETIERE: Pour ce qui est du comité consultatif, est-ce que
le ministre pourrait nous dire si c'est l'intention de son ministère de
retenir la suggestion qui avait été faite au début d'avril
par le président du conseil consultatif, Me Morin, à l'effet
qu'il suggérait un conseil mixte du travail et de la main-d'oeuvre qui
grouperait des députés membres de la commission
parlementaire?
M. COURNOYER: J'ai discuté avec M. Morin de cette chose
particulière et j'ai mentionné qu'il n'y avait pas besoin
d'amendements à la loi pour que le conseil consultatif rencontre la
commission du Travail et de la Main-d'Oeuvre à un endroit jugé
approprié et qu'on discute de problèmes de travail. Et que ce
soit à l'occasion du syndicalisme de cadres ou autrement, ou qu'on
discute d'autres problèmes qui intéressent et les
députés et les représentants des corps
intermédiaires au Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre,
je n'ai aucune forme d'objection. Mais je n'ai pas à institutionnaliser
ou à rendre les membres du conseil consultatif membres d'une commission
qui inclut des députés, par la loi.
Les députés, moi, je les considère comme
ceux qui sont élus par la population pour jouer un certain
rôle. Pour faciliter ce rôle, je n'ai pas objection à ce que
le conseil consultatif et la commission du Travail et de la Main-d'Oeuvre se
réunissent, mais quant à institutionnaliser ça par une
loi, j'ai de sérieuses réserves à énoncer.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BURNS: Toujours sur ce point-là je présume?
M. BELAND: Disons que ça se rattache à ça, mais il
faut que j'aille à l'autre commission... Simplement une question pour
souligner un aspect du problème, faisant suite, entre autres, à
ce que le député de Saint-Maurice disait tantôt
relativement aux étudiants, de même que le député de
Beauce, concernant cet aspect qui a été souligné à
l'effet qu'une certaine quantité d'étudiants essaient d'avoir une
carte quelconque à la sortie de l'école pour entrer sur le
marché du travail, soit dans une entreprise familiale ou autre, et qui
s'en font refuser l'entrée d'une certaine façon. Et d'autre part,
même aux études, certains orienteurs je ne voudrais pas
souligner qu'il y a des orienteurs qui désorientent au lieu d'orienter,
mais disons qu'on peut, quand même, le penser, dans certains cas
quand, à certains endroits, le marché peut être
saturé, essaient de diriger les étudiants ailleurs. Mais il reste
un fait, c'est qu'il y a une certaine quantité de ces gens-là
qui, par aptitude naturelle ou autre, désiraient prendre des
connaissances dans la sphère où ils voulaient se lancer et
embrasser ce métier-là.
Par contre, il y en a quand même une certaine quantité de
jeunes qui vont prendre de l'expérience technique dans deux ou trois
secteurs donnés et qui, finalement, vont se brancher quelque part
vis-à-vis d'un de ces métiers-là. Mais il reste que dans
certaines maisons d'enseignement il est entendu que ça regarde le
ministère de l'Education, mais ça fait suite quand même
on leur ferme la porte au nez.
Et pour retrouver cet aspect dont le député de Beauce
parlait tantôt relativement à la petite entreprise familiale
où le jeune essaie de trouver un emploi et où le père,
pour une raison ou pour une autre, essaie de l'embarquer dans son entreprise,
c'est réellement regrettable et ça nécessiterait
qu'à ce moment-là ce soit tout repensé relativement
à ces prises de position, à savoir si on en donne des cartes ou
si on n'en donne pas.
Je parlais dernièrement d'un autre de ces aspects qui est
vraiment regrettable et qui s'y rattache. Certains menuisiers ont douze,
treize, quatorze ou quinze ans d'expérience dans le métier de la
construction peut-être ont-ils travaillé pour
eux-mêmes, en petit, si vous voulez, maison après maison, et se
retrouvent cette année avec une carte de réserviste. On leur
répond au téléphone: Peut-être au mois de janvier
1972. C'est drôlement démoralisant pour ces gars-là. C'est
un aspect qui existe présentement et je pense qu'il faudrait l'analyser
d'une façon très sérieuse parce que cela
nécessiterait un regard pressant.
M. COURNOYER: Je suis d'accord avec vous et c'est sur la méthode
qu'il faut insister. Quand on dit 1972 pour un réserviste, surtout un
réserviste du type que vous venez de me décrire, celui qui a
quand même gagné sa vie dans la construction l'année
passée, qui a une carte de réserviste aujourd'hui et
peut-être qu'il en aura une en 1972 qui le rendra régulier, je
pense que la solution est dans la méthode.
Si c'est l'IBM qui ne fonctionne pas, j'ai déjà dit qu'on
doit corriger l'IBM et non pas corriger les gens d'en bas.
Je pense qu'une personne qui n'a qu'une carte de réserviste,
c'est à cause, très souvent, d'un formulaire ou d'une machinerie.
De toute façon, il a demandé sa carte de régulier. Il est
établi qu'il était régulier de la construction, il devrait
avoir une carte de régulier de la construction, mais à cause du
temps requis et des difficultés mécanographiques, il ne l'aura
pas avant janvier 1972.
Quand ils disent avant janvier 1972, c'est très loin.
M. BELAND: Disons que j'ai au moins deux cas semblables.
M. COURNOYER: Je trouve cela très loin. M. BELAND: C'est
réel, maintenant...
M. COURNOYER: Je trouve que la machine est réellement...
M. BELAND: Voici, il y a peut-être une explication. C'est qu'en
milieu rural, il existe quand même un certain aspect vis-à-vis
d'une quantité assez appréciable de personnes qui sont dans ce
cas-là, qui peuvent être, pour quelque-uns ou peut-être
même pour plusieurs, des personnes ou des menuisiers qui étaient
des entrepreneurs et des employés en même temps. C'était
leur propre organisation. Donc, dans certains cas, ils n'avaient même pas
obtenu encore de carte. Mais ils avaient pratiqué, par exemple, le
métier.
Enfin, il y a plusieurs aspects. Je comprends que c'est peut-être
un travail techniquement difficile d'application pour corriger la situation
d'une façon rapide. Mais, par contre, le problème existe et cela
prouve justement la façon d'agir qui semble exister présentement
au Québec, à savoir, étouffer d'une façon ou d'une
autre, la petite entreprise. En somme, ce sont des problèmes qui
découlent de ce problème de base.
Cela a été mentionné par un autre
député tantôt. Le petit entrepreneur qui, aujourd'hui, se
retrouve dans la situation même s'il a
seulement un ou deux employés et que lui-même travaille
à temps plein d'avoir deux ou trois secrétaires pour
s'occuper de la papeterie, trouve la situation difficile. Il y a un autre
aspect aussi et il nécessiterait d'être scruté de
près. C'est qu'il y en a parmi ceux-là qui n'ont pas
d'instruction convenable. Est-ce leur faute? Est-ce qu'on doit les laisser de
côté, ces gars-là, ou si on doit justement en tenir compte
pour regarder l'élément humain concernant n'importe quel type de
travailleur qui, justement, doit avoir sa place sur le marché du
travail.
Enfin, j'ai parlé suffisamment, je pense, pour faire comprendre
le point sur lequel je voulais insister. J'espère que, très
prochainement, cela va se régler, parce que le tonnerre gronde. Je vous
le dis, le tonnerre gronde.
M. COURNOYER: Les députés me le disent, vous me le
répétez, et j'en ai d'autres qui me le disent aussi. Le tonnerre
gronde pour vrai, je le sais. Mais à partir du moment où
ça gronde, il ne faudra pas que je précipite l'orage.
M. BELAND: Non, mais par contre, il y a peut-être
possibilité d'essayer de trouver le plus tôt possible des
solutions, peut-être temporaires pour quelques-uns, mais des solutions
pour essayer d'améliorer la situation. Parce que
réellement...
M. DEMERS: Est-ce que vous auriez des suggestions dans ce sens-là
pour empêcher que le tonnerre nous tombe sur la tête.
M. BELAND: Voici, pour répondre au député de
Saint-Maurice, je n'ai pas l'intention...
M. DEMERS: Je comprends que vous n'avez pas la responsabilité du
gouvernement. Lorsqu'on discute ici d'une suggestion valable, ce serait le
temps de la mettre sur la table pour qu'elle devienne une
législation.
M. BELAND: A ce moment-là, étant donné qu'il y a
seulement un an que nous sommes en cette Chambre, celui qui me pose cette
question devrait d'abord lui-même scruter son expérience...
M. DEMERS: Je n'en ai pas trouvé. M. BELAND: Ah bon!
M. DEMERS: Etant donné que je ne possède pas tous les dons
du Saint-Esprit.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: J'ai accepté que le député de
Lotbinière, puisqu'il devait aller à une autre commission,
intervienne, mais je pense que j'avais la parole. Sur ce point qui a
été discuté, je voudrais dire très clairement au
ministre que, personnellement, je serai vigoureusement contre toute mesure qui
tendrait à faire deux types de code du travail: un pour la petite
entreprise, un pour la grosse entreprise. Un peu comme l'a
suggéré, du moins c'est ce que j'ai compris de
l'intervention...
M. DEMERS: Vous avez remarqué que je ne tends pas vers cela.
M. BURNS: ... des députés du Ralliement créditiste,
avec tout le respect que j'ai pour leur opinion. Est-ce que j'ai la parole?
M. ROY (Beauce): Ne nous prêtez pas d'intentions.
M. BURNS: Non, je dis qu'avec tout le respect que j'ai pour votre
opinion et...
M. ROY (Beauce): Peu importe le respect. M. BURNS: ... je continue
à la respecter.
M. ROY (Beauce): Non, je n 'ai jamais parlé de deux codes du
travail.
M. BURNS: Je dis que cela y mène.
M. ROY (Beauce): Je ne tiens pas à ce que cela soit inscrit dans
le journal des Débats.
M. DEMERS: On ne pourra jamais s'entendre.
M. LE PRESIDENT: II sera inscrit que vous n'y tenez pas.
M. ROY (Beauce): Vous ne trouvez pas que...
M. BURNS: J'admets que le député de Beau-ce prétend
que je fausse ses intentions, mais je dis que si on parle de mesures
différentes en matière de relations patronales-ouvrières,
quant à la petite entreprise, à la grosse entreprise ou à
la moyenne entreprise, on parle, à ce moment-là si on est
logique avec soi-même de techniques de négociation
différentes, de techniques d'accréditation différentes,
donc de codes du travail différents. Si on pousse cette logique jusqu'au
bout, personnellement, je serai toujours contre cela. Il est bien malheureux
que certaines techniques de négociation ou d'accréditation, et
tout ce qui s'ensuit, deviennent coûteuses pour la petite entreprise
mais, comme le ministre l'a si bien dit tantôt, il existe des
associations patronales qui essaient par tous les moyens de trouver des
membres, qui ne demanderaient pas mieux que de représenter beaucoup de
petits entrepreneurs et qui ont des services à leur offrir.
Selon le même principe que les centrales syndicales, il serait
souhaitable que tous les petits entrepreneurs se groupent en centrales
syndicales pour avoir de meilleurs services. Et d'expérience, je
sais que les centrales syndicales ou les représentants des centrales
syndicales préfèrent avoir affaire à des gens qui savent
de quoi ils parlent de l'autre côté de la table des
négociations. Même s'il est plus dur, même s'il est moins
facile de négocier avec un technicien patronal qualifié, c'est
quand même préférable, parce qu'il y a des discussions
stériles qui n'ont pas lieu. Les problèmes de
sécurité syndicale, les problèmes d'ancienneté,
etc., sont énormément aplanis au cours d'une négociation
lorsque vous avez quelqu'un qui sait de quoi il parle de l'autre
côté de la table.
Personnellement, je ne serai jamais en faveur de mesures qui puissent
faire une distinction entre ces deux genres d'entreprises. Si les gens de la
petite entreprise ne sont pas assez intelligents pour se grouper, ils vont
faire comme tous les gens qui ne prennent pas les moyens de survivre, ils vont
disparaître. C'est malheureux, mais c'est eux-mêmes, par leur
inertie, qui le décident. Je reviens à mon propos
général de tantôt, relativement à la
législation ou à l'ensemble de la législation. J'ai
cité, en fait, à titre d'exemple, le phénomène de
la législation du syndicalisme de cadres. Il y a bien d'autres domaines
où on pourrait en parler. Par exemple, le domaine de toute la
législation technique, toutes les petites lois dépassées,
dans leur rédaction et dans leur conception, par exemple les chauffeurs
de bouilloire.
Ces petites lois et ces petits règlements qui sont épars
et qui se retrouvent un peu partout. Je vois le ministre qui fait des signes de
tête. Je présume qu'il me dira que cela aussi est en train de se
faire...
M. COURNOYER: C'est prêt. H s'agit de le passer au conseil...
M. BURNS: ... parce que, quand je parle de législation du
travail, le ministre s'y connaît assez pour savoir que ce qu'on a
actuellement, ce n'est pas ce qu'on peut appeler véritablement un code
du travail. Et le ministre a sûrement remarqué que le code du
travail commence par le titre 1 et qu'il n'y a pas de titre 2. Cela veut dire
qu'on espère que toute cette législation sera condensée
à un moment donné.
Et j'en profite pour dire il semble qu'on se rencontre, tant
mieux qu'avant la révision finale du code civil, je pense que le
ministre et les officiers très compétents qui l'accompagnent
sauront faire aux gens qui sont chargés de la révision du code
civil les représentations nécessaires pour extraire du code civil
toutes les dispositions qui sont typiquement d'ordre de relations de
travail.
Nous ne sommes plus à l'époque des relations entre
maîtres et domestiques c'est ce dont on parle dans le code civil
et tant que ces histoires vont rester dans le code civil, nous n'aurons
pas véritablement de législation du travail distincte,
particulière. Et comme le disent les auteurs dans le domaine, entre
autres Rouast et Durand les grands auteurs français que le
ministre a sûrement cités à l'occasion lui aussi il
faut absolument concevoir le code du travail et les législations du
travail ou la législation du travail comme une chose tout à fait
différente, basée non pas strictement sur le droit, non pas
strictement sur des problèmes d'interprétation de lois, mais
aussi sur des problèmes d'équité et de bonne conscience
qui doivent primer derrière toute l'application des dispositions de
législation du travail.
Et nous n'y arriverons pas tant que ce ne sera pas clair au
Québec que le travail, la législation du travail, c'est quelque
chose qui est en dehors du code civil. Et les juges qui sont appelés
à appliquer les lois de juridiction civile même s'ils sont
intelligents ils ne le sont pas tous, mais ils le sont dans bien des cas
ne comprendront pas qu'on doive traiter différemment de ces deux
types de législation.
J'espère que c'est pour bientôt qu'on nous annoncera un
regroupement de toutes ces petites "législationnettes" qui se trouvent
à gauche et à droite et aussi un rajeunissement de certaines de
ces lois-là. Entre autres, je référais aux
législations techniques, plus particulièrement.
Ce sont les remarques que j'avais à faire sur la
législation elle-même. J'aimerais bien que le ministre,
tantôt, tout de suite ou plus tard, comme il voudra, nous dise quel est
son programme de législation pour l'année à venir. S'il
pouvait nous dire s'il a des projets précis en matière de
législation du travail, mis à part les phénomènes
d'ordre général dont j'ai traités il y a une minute. Je
pense que tout le monde ici des deux côtés de la table
et ceux aussi qui sont à l'extérieur seraient bien
intéressés à savoir ce qui nous attend au point de vue de
la législation du travail.
Je pense bien que le ministre va admettre avec moi qu'on n'a pas atteint
le domaine de la perfection dans cette matière-là. Donc nous
sommes en droit d'attendre une nouvelle législation. Si le ministre
pouvait nous dire ce à quoi nous sommes en droit de nous attendre.
L'autre problème qui me préoccupe beaucoup au niveau de
cette discussion large et globale du problème du ministère, c'est
l'application même des dispositions qui existent actuellement. Nous avons
eu plusieurs discussions relativement à ce fameux règlement 4119
et nous avons, tout le monde ensemble, découvert que cela devenait
même pratiquement impossible pour le ministère, même dans
l'état actuel, mis à part les problèmes que peut comporter
le règlement, de l'appliquer. Peut-être à cause d'une
carence de personnel, à cause d'un manque d'organisation des centres de
main-d'oeuvre le ministre pourra nous le dire mais si c'est un
problème de carence de personnel, j'espère qu'il va être
réglé le plus tôt possible.
Et à cet égard-là je me pose de très
sérieuses
questions. J'ai malheureusement été absent de
l'étude des crédits de la Fonction publique, mais j'aurais
sûrement soulevé le problème.
J'ai comme député, comme citoyen et comme personne
mêlée au domaine l'impression que le ministère de la
Fonction publique ne travaille pas. C'est peut-être drôle que j'en
parle ici, mais je pense que la meilleure illustration c'est au travail qu'on
la voit. Ce ministère ne travaille pas en collaboration avec les autres
ministères quant au remplacement et à l'amélioration des
cadres qui doivent administrer ces diverses lois. On voit, entre autres, que le
système d'accréditation qui s'annonçait il
s'annonce aussi et techniquement sur papier, il est très bon, il n'y a
pas de doute, il a été nettement une amélioration sur le
passé, le système du commissaire-enquêteur, etc., et de
l'étape inférieure de l'enquêteur commence
déjà à prendre du retard. C'est peut-être à
cause d'un manque de personnel. Maintenant que les choses vont mieux, il y a
peut-être des accumulations qui se font et, malgré la
compétence, malgré les efforts de tous les fonctionnaires, du
plus élevé jusqu'au dernier venu des commissaires ou des
enquêteurs. Je pense que là-dessus, si le ministre a des
problèmes, il ne devrait pas se gêner pour le dire et je ne pense
pas que cela trahirait la solidarité du cabinet, de nous dire qu'il a
des difficultés avec, entre autres, le ministère de la Fonction
publique. Si c'est le cas, je pense que les représentations devraient
être faites ouvertement. C'est personnellement l'impression que j'ai..
Elle est peut-être fausse; si elle est fausse, le ministre me
corrigera.
M. DEMERS: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. BURNS: Certainement.
M. DEMERS: Est-ce que présentement vous émettez des voeux
ou si vous posez des questions?
M. BURNS: Je pose des questions au ministre.
M. DEMERS: Est-ce qu'on pourrait avoir une réponse
immédiatement sur la Fonction publique?
M. BURNS: Si le ministre veut nous en donner une.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre est satisfait de la Fonction publique
comme intermédiaire et agent de négociation? Comme ministre du
Travail, êtes-vous satisfait de l'application des normes du travail
à la Fonction publique?
M. COURNOYER: Je pense que c'est une question qui me fait donner une
opinion...
M. DEMERS: Vous n'avez pas le droit d'avoir d'opinion dans votre
ministère?
M. COURNOYER: J'ai le droit de les énoncer aux endroits où
il faut que je les donne comme ministre, quand même.
M. BURNS: M. le ministre, j'ai posé le problème tout
simplement. Je comprends que le ministre doit être mal à
l'aise...
M. COURNOYER: Je suis très mal à l'aise.
M. BURNS: ... de me répondre. Mais si le fait qu'on ait, nous,
posé la question peut aider le ministre à régler ce
problème, j'en serai très heureux, même s'il ne nous donne
pas une réponse. La réponse, je pense que je la connais.
M. COURNOYER: La question posée parlait surtout de la
façon dont la Fonction publique administre les lois du travail et se
comporte comme employeur. C'était cela la question.
M. DEMERS: Est-ce que vous avez plus de difficulté avec
l'entreprise privée ou la Fonction publique comme ministre du
Travail?
M. COURNOYER: Disons que le ministre du Travail n'a pas tellement de
choses à faire encore dans le domaine de la Fonction publique, pour une
raison très simple: c'est que les négociations sont à
peine amorcées et qu'on ne m'a pas encore demandé d'intervenir
comme conciliateur. J'attends!
M. BURNS: C'est un autre problème, en parlant de la Fonction
publique, que je voulais soulever, M. le ministre...
M. COURNOYER: Vous le soulèverez à la Fonction
publique.
M. BURNS: ...Non. Je le soumets au ministre du Travail.
M. DEMERS: Vous n'êtes pas à l'étude des
crédits de la Fonction publique, mais à ceux du ministère
du Travail.
M. BURNS: Je veux savoir, et le ministre peut me croire, ce n'est pas
pour l'embêter que je soulève ces problèmes, mais pour
mieux l'aider. En tout cas, je n'irai pas plus loin, le ministre me
comprend...
M. COURNOYER: Ma réponse quant au nombre de
commissaires-enquêteurs est celle-ci: nous en avons quatre qui ont
été finalement qualifiés et qui doivent entrer au service
du ministère ces jours-ci pour pallier "l'overload" comment
dirait-on cela en français?
M. LAURIN: A la surcharge...
M. COURNOYER: ... à la surcharge des
commissaires-enquêteurs en fonction...
UNE VOIX: C'est votre conseiller en linguistique.
M. COURNOYER: C'est le mien. Quand Jean-Noël n'est pas là
c'est vous.
La question posée directement concernait le nombre de
commissaires-enquêteurs. Quant à l'autre, il s'agissait de
savoir...
M. BURNS: C'est-à-dire que je l'ai cité à titre
d'exemple.
M. COURNOYER: ... oui, à titre d'exemple. Le ministère de
la Fonction publique ayant été formé il y a à peine
un an et demi il est sûr que cela cause surtout en vertu du
rôle qui est donné au ministère de la Fonction publique,
d'approuver des effectifs des problèmes d'organisation. Mais on
peut en dire autant du Conseil du trésor, on peut en dire autant aussi
du système parlementaire, qui à un moment donné nous
oblige à passer par le truchement d'une loi, il faut faire des
débats sur une loi, il faut entendre tout le monde. On peut en dire
autant du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre qu'il faut que
je consulte. On peut en dire autant d'une foule d'organisations qui font partie
d'un système dans lequel s'exercent et la démocratie et
l'administration publique.
Mais cela n'excuse pas les retards qui peuvent être
apportés à la solution de certains problèmes, autrement
différents que les problèmes d'effectifs. Il y a besoin
d'effectifs. Les problèmes de ceux qui contrôlent les effectifs ne
sont certainement pas les miens. J'ai besoin de conciliateurs, c'est dommage,
mais arrangez-vous avec les effectifs. Mais je veux mes conciliateurs parce que
j'en ai besoin.
M. BURNS: M. le ministre, ma crainte est bien simple et se traduit par
quelque chose de très factuel. A cause je ne sais pas si c'est la
même chose dans d'autres ministères que je connais moins
peut-être de certaines modifications de structures ou de fonctionnement
à l'intérieur du ministère du Travail...
M. COURNOYER: Mon ministère?
M. BURNS: Oui, avant que vous arriviez. C'est-à-dire justement le
changement du système d'accréditation est...
M. COURNOYER: Oui, récent.
M. BURNS: Cela a fait que, à tort ou à raison je
n'ai pas à discuter de ce problème ici, en fait, je reprends le
mot, peut-être pas énormément il y a un certain
nombre, je ne peux pas vous citer de chiffre, de personnes qui ont
été mises sur la tablette. C'est connu...
M. COURNOYER: Au ministère du Travail?
M. BURNS: Oui, et si vous voulez que je vous nomme des noms, on va vous
en nommer.
M. COURNOYER: Quinze.
M. BURNS: II n'y a pas de problème.
M. COURNOYER: Vous parlez des anciens commissaires de la commission des
relations du Travail.
M. BURNS: Tous les gens qui étaient dans l'ancien système
ont été mis sur la tablette. C'est clair, tout le monde le
sait...
M. COURNOYER: Oui, et je le répète.
M. BURNS: ... ceux qui connaissent le fonctionnement. Je crains, moi,
que ces postes apparaissant au budget du ministère du Travail et tout
improductifs qu'ils soient, vous empêchent véritablement de faire
fonctionner votre ministère de ce côté, sur l'aspect des
relations de travail, relations patronales-ouvrières. Je le crains
sérieusement. Et si c'est ça le problème, qu'on ne se
gêne pas pour le dire. Les personnes qu'on a mises sur la tablette, qu'on
leur fasse faire quelque chose d'utile. Il y en a du boulot à faire. Ce
n'est pas parce que quelqu'un...
M. COURNOYER: C'est vrai.
M. BURNS: ... faisait partie de l'ancien système de la Commission
des relations de travail qui est disparue, qu'il doit devenir une espèce
de momification de fonctionnaire.
M. COURNOYER: Là-dessus, immédiatement, des dispositions
ont déjà été prises. Vous savez bien, vous
comprenez bien que, lorsque j'étais ministre de la Fonction publique,
j'avais découvert, à la dernière page de mes effectifs
à ne rien faire, à peu près tout ce qui venait de
l'ancienne Commission des relations de travail. Les salaires sont de l'ordre de
$15,000 par an.
M. BURNS: Une chance que les présidents et les
vice-présidents étaient des juges, vous avez pu les envoyer
à l'impôt provincial parce que vous les auriez sur les bras
aussi.
M. COURNOYER: Je suis assez ouvert pour dire que j'avais des personnes
à $15,000 par an qui étaient des commissaires et qui ne faisaient
absolument rien. Certains de ces commissaires ont été
utilisés à la direction générale des relations de
travail, pas dans le système de droit d'association, à cause des
raisons qui avaient milité en faveur de leur retrait de l'ancien
système.
M. BURNS: Ce n'est pas ça que je critique non plus. C'est le fait
que vous soyez hypothéqué...
M. COURNOYER: Des instructions ont été données par
le sous-ministre et par moi-même pour utiliser ceux qui restent à
des endroits où ils peuvent être très utiles, comme vous
l'avez mentionné tantôt. Est-ce que ça va se faire cette
semaine ou la semaine suivante? Je conçois qu'un salaire de $15,000
totalement improductif pour la province ce n'est certainement pas une marque de
bonne administration. Ce n'est pas vrai qu'un homme qui a servi pendant un
certain nombre d'années n'est absolument plus bon à rien au bout
d'un certain nombre d'années. D vaut encore quelque chose surtout si je
le paie encore $15,000 par an. Et j'ai l'intention de les utiliser à un
endroit, quand même, qui...
M. BURNS: Comprenez-moi bien. Je ne vous dis pas de les mettre dehors,
pas du tout. Je vous dis de les utiliser. S'ils ont été bons
pendant plusieurs années, ils peuvent peut-être être encore
bons.
M. COURNOYER: C'est ça. Les utiliser à un endroit
où ils pourront être satisfaits eux-mêmes et qui satisferont
mes préoccupations d'utilisation maximale de mon personnel.
M. BURNS: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. BURNS: Est-ce que je peux vider mon sac sur les affaires
générales?
M. LE PRESIDENT: Oui, mais il faudrait s'entendre. On a parlé de
continuer, en fait, de siéger selon les disponibilités qu'on a,
c'est-à-dire jusqu'à 11 heures. D'aucuns semblent s'y
opposer.
M. BURNS: Ecoutez, moi, je vous avoue que je n'hairais pas ça,
étant donné qu'on commence tôt demain matin, qu'on
ajourne.
M. CROISETIERE: Qu'on ajourne.
M. COURNOYER: Est-ce qu'on vient ici demain matin ou la semaine
prochaine?
M. LE PRESIDENT: En Chambre demain.
M. BURNS: C'est après la période des questions.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous allons ajourner à demain, 11
heures.
M. COURNOYER: Je dois partir demain midi.
M. BURNS: M. le Président, je présume que je garde mon
droit de parole pour demain sur cet aspect de choses
générales.
M. LE PRESIDENT: Absolument.
M. CROISETIERE: Si le ministre doit partir demain midi, est-ce qu'on
comprend que nous gardons...
M. LE PRESIDENT: Puis-je savoir si vous en avez encore pour
longtemps?
M. CROISETIERE: S'il doit partir demain midi, nous allons permettre au
ministre qui a déjà un engagement de...
M. COURNOYER: J'ai ma deuxième conférence demain soir.
M. BURNS: Ah bon! surtout si c'est pour cela, si c'est sa
deuxième conférence du même style, cela va nous faire
plaisir.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux à demain, onze
heures.
(Fin de la séance: 22 h 6)
Séance du vendredi 4 juin 1971
(Onze heures vingt minutes)
M. HARVEY (Chauveau) (président de la commission permanente du
Travail et de la Main-d'oeuvre): A l'ordre, messieurs!
Nous reprenons les travaux qui ont été suspendus hier soir
et nous en étions toujours à la politique globale du
ministère. Nous en sommes évidemment au chapitre des
crédits, au poste 1, article 1. La parole était à
l'honorable député de Maisonneuve hier soir. Cependant, hors de
la réunion, on a manifesté le désir de connaître les
principaux collaborateurs immédiats du ministre. Je pense que si le
député de Maisonneuve nous le permet, le ministre va
présenter ses principaux collaborateurs.
M. BURNS: Ah oui!
M. COURNOYER: En commençant par le sous-ministre, M. Réal
Mireault; au Travail, M. Paul-Emile Bergeron, sous-ministre responsable
particulièrement de la section main-d'oeuvre. Il m'en manque un, M.
Gérald Montambault, qui est responsable de l'administration. Quant aux
autres, le chef du cabinet du ministre, celui qui s'occupe du patronage, c'est
lui...
M. DEMERS: Vous en avez seulement un? UNE VOIX: II fait bien cela au
moins?
M. COURNOYER: II vient de saisir une expérience où je suis
tout à fait...
M. DEMERS: II doit avoir eu de la misère à s'adapter au
début!
M. COURNOYER: C'est assez difficile. UNE VOIX: II venait d'une bonne
maison.
M. BURNS: Est-ce qu'il fonctionne en vertu des techniques du nouveau
gouvernement ou de l'ancien gouvernement?
M. COURNOYER: II fonctionne en vertu des techniques du ministre
Cournoyer.
M. DEMERS: C'est le gros bon sens qui prédomine.
M. COURNOYER: Voici M. Roland Huot qui est secrétaire particulier
adjoint. Et ici, M. Paul Matte qui est chargé de l'analyse
financière chez nous, le représentant autorisé du
ministère des finances, M. Brown, qui autorise mes cas de patronage, et
M. Gilles Laporte de la direction générale des relations
patronales ouvrières. Je peux peut-être vous donner l'origine de
ces personnes, sauf pour ces deux messieurs qui ont certainement une origine
financière. Lui, il vient des employeurs; lui, de la CSN; lui, c'est un
ingénieur qui s'est spécialisé dans la chose publique.
Lui, c'est un poète qui effectivement...
M. DEMERS: Cela met un petit peu de...
UNE VOIX: Pour le journal des Débats, il n'y a pas de noms
accrochés à cela !
M. DEMERS: ...fleurs bleues dans votre histoire !
M. COURNOYER: Lui, c'est un jeune homme qui n'a pas tellement
d'expérience dans un cabinet de ministre mais qui est extrêmement
utile; c'est un nouveau technocrate, un technocrate nouveau style, bien
habillé, propre, et Gérald est un ingénieur aussi. Il est
un membre de mon personnel tandis que l'autre sous-ministre qui n'est pas
ici...
M. DEMERS: Est-ce qu'on peut savoir où sont allés ceux qui
étaient là antérieurement?
M. COURNOYER: II manque un sous-ministre dont je viens de vous parler.
C'est quand même le sous-ministre responsable des relations
patronales-ouvrières, c'est M. Joseph Leblanc, qui était le
négociateur en chef de la CEQ du temps où j'étais le
négociateur en chef du gouvernement, qui a joint mon personnel depuis le
début de l'année et qui est devenu sous-ministre.
Quant à ceux qui sont partis, M. Sauvé, qui est l'ancien
sous-ministre, est maintenant juge à la cour Provinciale, affecté
au tribunal du travail à Montréal. Quant à M. J.
Savard.qui était sous-ministre adjoint, il est maintenant au
ministère de l'Education et on m'informe qu'il est affecté plus
particulièrement à la section de la formation, mais aussi
à la section des sports et loisirs, si j'ai bien compris.
Quant aux autres personnes qui ont pu être mutées depuis
que je suis là, ils sont dans le système, soit par avancement ou
autrement. M. Laporte était responsable de la conciliation à
Québec.
Il est maintenant responsable du service de conciliation et des autres
comme le droit d'association et les enquêtes spéciales. C'est M.
Laporte qui a eu une promotion. Et on peut le remarquer, sauf la venue de M.
Leblanc qui est assez jeune dans le fonctionnarisme, les autres promotions se
sont faites dans le système même.
M. CROISETIERE: Très bien, merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
Négociations
M. BURNS: Je vous remercie, M. le Président. Hier, quand nous
nous sommes quittés,
j'avais touché un mot des relations du ministère du
Travail avec celui de la Fonction publique. J'aimerais bien entre autres, que
le ministre puisse nous dire vous avez effleuré le sujet un peu
hier, sans entrer dans plus de précisions comment il envisage, eu
égard à la négociation dans la fonction publique, le
rôle du ministère du Travail. Est-ce que c'est un rôle
d'adjoint à la fonction publique? Est-ce que c'est un rôle
d'observateur? Est-ce que c'est un rôle actif ou un rôle passif? En
somme, comment le ministre je ne parle pas nécessairement de son
rôle à lui voit-il le sien et celui de son ministère
dans les négociations qui s'amorcent?
M. COURNOYER: Ma première expérience de
négociations avec le ministère de la Fonction publique est encore
à faire, parce qu'il y avait auparavant un ministre
délégué à la Fonction publique pendant qu'on
formait ce ministère sous l'ancien gouvernement. Même s'il y avait
un ministre délégué, il m'est arrivé à
l'époque de constater que le rôle du ministère du Travail
en matière de relations dans la fonction publique, portait très
souvent à confusion.
Il faudra d'abord toujours se souvenir que le ministère du
Travail est un organisme du gouvernement et qu'en conséquence,
même si ça n'est pas nécessairement le cas du passé,
les conciliateurs du ministère du Travail ou ceux qui sont au
ministère du Travail sont souvent malvenus d'intervenir dans des
affaires directement ou indirectement, c'est-à-dire que la loi
générale place les conciliateurs du gouvernement dans une
très mauvaise situation vis-à-vis des deux parties.
D'abord ils sont accusés d'un côté de faire le jeu
du gouvernement, parce qu'ils sont des employés du gouvernement et ils
reçoivent possiblement des ordres du ministre qui est membre du Conseil
exécutif, donc solidaire jusqu'à un certain point et
ça va très loin des politiques du gouvernement en
matière de relations de travail pour ses propres employés. Il
m'apparaît comme nécessaire de ne pas placer mes conciliateurs du
ministère du Travail dans une situation de conflit possible
d'intérêts entre les ordres qu'ils peuvent recevoir du ministre du
Travail comme membre de l'Exécutif et les ordres qu'ils pourraient
recevoir du ministre du Travail tout simplement comme conciliateur ou en charge
des relations de travail au Québec.
Dans ce sens-là j'ai l'impression qu'il se prépare
actuellement un projet de loi qui viserait à sortir le ministère
du Travail des relations patronales-syndicales du domaine public où le
gouvernement est impliqué. Je ne veux pas annoncer des
législations pour d'autres ministres mais pour la rampe de
négociations qui se prépare, j'ai l'impression que
l'expérience que nous avons tous vécue à la Régie
des alcools où l'un de mes amis ici était immédiatement
impliqué va nous servir. Je suis convaincu que M. Laporte n'a jamais
reçu d'ordres de se conduire d'une façon ou d'une autre entre les
parties, mais ça pouvait donner lieu à des interprétations
et ç'a peut-être contribué à jeter du
discrédit sur le gouvernement ou sur le ministère du Travail, vu
qu'il y a toujours possibilité d'ordres qui viennent du membre de
l'Exécutif qui s'appelle le ministre du Travail.
En les sortant de ce conflit possible, et en remplaçant cependant
quand même ce n'est pas déterminé ce
mécanisme, on pourrait aider les parties à en arriver à
obtenir ou à trouver un règlement. Les conciliateurs, en effet,
ne sont pas là pour le plaisir d'y être, ils sont là pour
tenter de faire effectuer des règlements entre les parties.
Si ce n'est pas le ministère du Travail, j'ai l'impression que
ça pourrait être autre chose, et ça relève du
gouvernement actuellement. Je ne peux pas annoncer de projets de loi, mais je
dis que, pour la ronde de négociations qui se préparent, je
trouverais extrêmement difficile de remettre mes conciliateurs dans la
situation où certains se sont trouvés lors de la dernière
ronde de négociations. Dans le sens que vous comprenez bien, M. Burns,
à savoir qu'il y a toujours possibilité qu'il y ait un conflit
d'intérêts, parce que le ministre du Travail, compte tenu de ses
préoccupations et compte tenu qu'il fait partie d'un Exécutif et
l'Exécutif de la province est impliqué, n'a peut-être pas
la couleur requise d'indépendance d'esprit pour pouvoir dire à
ses conciliateurs, même s'il n'intervient pas
régulièrement, autre chose que ce que sa participation
gouvernementale lui impose de dire.
Comme il y a toujours cette possibilité-là, même si
elle n'était pas exercée, il me paraît comme essentiel de
sortir le ministère du Travail des relations entre le gouvernement et
ses employés.
M. GUAY: Ce n'est pas le même sujet que le député de
Dorchester.
M. LE PRESIDENT: Alors, votre tour viendra.
M. BURNS: Parce que moi, c'est sur le même sujet, M. le
Président. Justement, ce problème-là, au fond, ne
pose-t-il pas le problème de ce qu'on a appelé ou de ce qu'il est
convenu d'appeler les superconciliateurs. Déjà, au niveau
fédéral, il y a eu des tentatives de faites, c'est-à-dire
d'avoir une certaine permanence chez les pompiers de la dernière heure,
qui ont du prestige, qui ne sont pas nécessairement des gens de la
fonction publique, qui, historiquement au Québec, ont presque toujours
été des juges, soit de la cour Supérieure ou de la cour
Provinciale, mais bien vus et bien connus, tels que le juge Montpetit ou le
juge Lippé ou le juge François Chevalier dans quelques cas.
M. COURNOYER: Avant qu'ils ne soient réduits au silence.
M. BURNS: Avant qu'ils ne soient réduits au silence, c'est vrai.
Mais est-ce que le ministre envisage justement de mettre sur pied un
système en vertu duquel vous auriez ces espèces de
superconciliateurs, prêts à intervenir à n'importe quel
moment? Je sais que, sauf erreur, le sous-ministre actuel avait amorcé
un travail dans ce sens-là en affectant ses conciliateurs
réguliers à certains genres de dossiers, même sans qu'il y
ait conflit...
M. COURNOYER: Déjà, M. Burns...
M. BURNS: ... à titre de conciliation préventive ou pour
s'apercevoir qu'un problème est en train de s'élaborer ou de se
bâtir dans un domaine. Est-ce que, d'abord sur le travail qui avait
été amorcé au niveau de la conciliation...
M. COURNOYER: II est passé maintenant à la seconde
étape de travail. Nous avons aboli, la semaine dernière ou
l'autre semaine avant, la direction du service de conciliation de
Montréal et la direction du service de conciliation de Québec qui
divisait la province en deux, terri-torialement et pour mettre en vigueur un
nouveau système qui veut qu'on ne divise plus territorialement mais
qu'on divise par nature d'industries, pour que les gens soient constamment au
courant; certains conciliateurs par exemple qui acquièrent au fur et
à mesure des interventions qu'ils font la reconnaissance des parties
dans des domaines particuliers. Alors, le travail amorcé a donc
consisté premièrement à abolir la division territoriale
qui empêchait un conciliateur de Montréal d'aller au-delà
de la ligne de Trois-Rivières; alors qu'il venait de régler un
problème dans une industrie de papier à un endroit, il ne pouvait
pas aller à Donnaco-na régler le même problème parce
que c'était le type de Québec qui avait ça sous sa
juridiction.
Pourtant c'était souvent le même syndicat, c'était
la même structure de compagnie, mais c'était un nouveau
conciliateur qui devait se remettre au courant de tout le problème.
Cette orientation a été l'objet d'un rapport qui m'a
été soumis avant-hier par la direction générale des
relations de travail et par les sous-ministres. Cela fait l'objet d'un accord.
Il y aura peut-être des modifications législatives requises pour
le rôle du conciliateur. Quand intervient-il? Est-ce qu'il intervient
d'autorité comme conciliateur, c'est-à-dire comme la structure du
ministère?
Ce serait l'objet d'une législation très prochainement. Je
ne peux pas dire quand, parce que j'ai eu le rapport avant-hier. C'est un
rapport qui ne comporte pas de texte d'amendement mais il suggère que,
s'il y a lieu d'amender le code du travail pour permettre cette
mobilité, nous le ferons.
Il y a surtout aussi le système de conciliation,
c'est-à-dire l'intervention conciliatrice: le droit de grève, par
exemple, la date de son acquisition, qui est intimement lié à une
demande d'intervention conciliatrice et qui est souvent futile,
c'est-à-dire qu'on n'a pas tellement besoin de l'intervention
conciliatrice. Tout ce qu'on veut, c'est mettre les délais de
grève en branle.
On se pose sérieusement la question à savoir s'il y a lieu
de maintenir cet avis ou cette demande de conciliation alors qu'effectivement
on n'en a pas tellement besoin dans certains cas. On se demande aussi si le
conciliateur peut jouer efficacement son rôle dans ce domaine s'il n'est
pas le bienvenu des deux parties.
Je pense que c'est la nature de toute la conciliation, qui n'est pas
nécessairement modifiée mais qui s'adapte, qui doit s'adapter aux
parties en présence. Ce ne sont pas les parties qui doivent s'adapter
aux conciliateurs. Ce sont les conciliateurs qui doivent s'adapter aux parties.
En effet, le rôle du conciliateur ne consiste justement pas à
effectuer un règlement, parce qu'il y en a qui pensent que c'est selon
le nombre de règlements qu'ils sont jugés. Ce n'est pas
ça, c'est au respect que les deux parties peuvent avoir pour le
conciliateur, à la confiance qu'elles peuvent mettre en lui. Et,
étant en confiance, il y a des choses qui se disent qui ne se diraient
pas autrement.
J'ai agi moi-même comme médiateur à quelques
reprises; sans l'élément de confiance, ça ne sert à
rien. Cela ne sert à rien, on est une procédure tout simplement.
Je pense que M. Laporte, qui est maintenant à la direction
générale, a comme préoccupation première non pas de
revaloriser parce qu'ils sont déjà valorisés, ils
ont une certaine valeur les conciliateurs que nous avons mais de
spécialiser certaines personnes et non pas de les appeler des
super-conciliateurs mais certainement des conciliateurs seniors. Ils seraient
plus au courant et se maintiendraient au courant pendant la durée des
conventions collectives de travail pour éviter d'avoir à
apprendre, lorsque requis d'intervenir, tout ce qui a été mal
pendant la durée d'une convention collective ou quel est l'état
des parties.
La première expérience tentée là-dedans, si
je me permets de la rappeler, c'était l'expérience de la
construction. A compter du mois de février, trois conciliateurs ont
été assis à la table des négociations mais,
normalement, ces conciliateurs n'auraient dû jouer que le rôle
d'observateurs pour se mettre au courant de façon que, lorsque requis
d'intervenir, ils puissent jouer un rôle réel.
Les gens ont peut-être conçu leur rôle d'une
façon différente; les circonstances les ont peut-être
amenés à les concevoir d'une façon différente avec
le résultat qu'à un moment donné ils ont fait une
recommandation qui n'a pas été l'instrument requis ou qui a fait
jouer le rôle que l'intervention pensait ou devait vouloir jouer.
Cette expérience acquise fait que le service de conciliation
aimerait être présent par des conciliateurs seniors avec les
parties entre lesquelles il est possible qu'ils aient à intervenir
à
une date ultérieure. Il y a donc un changement d'approche dans la
conciliation. Ce n'est plus un étranger qui va venir s'asseoir entre
deux parties, ce sera peut-être quelqu'un qui fait partie du décor
de façon continuelle. C'est, je pense, non pas une modification mais
exactement ce qui était en voie de réalisation avant mon
arrivée. Je n'ai donc rien créé là-desdans.
M. BURNS: Au moins, si vous reconnaissez les bonnes choses qu'il y a au
ministère et que vous continuez de les améliorer, c'est
déjà beaucoup.
Hier, M. le Président, j'ai demandé au ministre des
précisions sur son programme législatif à venir. Je ne
sais pas s'il est prêt à en parler, sinon, je peux peut-être
lui poser quelques questions plus précises sur des projets qui ont
été annoncés ou pressentis d'une façon ou de
l'autre, s'il vous plait.
M. COURNOYER: Des questions précises.
Généralement...
Vote de grève
M. BURNS: Vous aimez mieux que je vous pose des questions
précises.
Il y a évidemment la fameuse question du vote de grève
contrôlé. Où est-ce que c'en est rendu?
Je me souviens que le premier ministre, quand il est allé en
Europe pour rassurer les investisseurs aux portes de qui il allait frapper,
avait déclaré: Au Québec, énervez-vous pas, on va
brancher ça cette affaire. Un peu en ces termes. Le ministre, en
Chambre, quelques semaines plus tard, à une de mes questions, avait
répondu qu'il envisageait peut-être des moyens de contrôle
des votes de grève, du moins dans le domaine de la construction, mais
pas nécessairement en général. Est-ce que le ministre
pourrait préciser ce sujet? D'abord, est-ce dans l'intention du
gouvernement d'amener à plus ou moins brève
échéance une législation sur le contrôle du vote de
grève, contrôle extérieur ou gouvernemental?
M. COURNOYER: Vous avez bien dit: contrôle extérieur ou
gouvernemental?
M. BURNS: Extérieur, disons dans le sens de,
c'est-à-dire...
M. COURNOYER: Mes intentions sont encore les mêmes, elles n'ont
pas été modifiées. Je constate qu'il n'y a pas tellement
de grèves au Québec puisqu'un certain nombre de grèves au
Québec sont commandées par des votes secrets,
déjà.
M. BURNS: Le ministre même est en mesure d'admettre que dans la
majorité, la grande majorité des cas de grèves au
Québec, du moins des deux centrales, je dirais même des trois
centrales...
M. COURNOYER: C'est d'ailleurs pourquoi je fais des distinctions.
M. BURNS: ...ce sont des votes secrets.
M. COURNOYER: C'est d'ailleurs pourquoi j'ai fait une distinction
moi-même avec cette certaine expérience puis certains retours en
arrière que ce n'est pas nécessairement dans le domaine
industriel qu'on doive faire les premiers pas dans le contrôle du vote de
grève, fut-il gouvernemental ou fut-il d'une autre source. Je sais, par
expérience aussi, que le contrôle des votes de grève peut
fort bien être exercé par des confédérations. Elles
veulent être assurées que les grèves sont bien le voeu des
employés, étant donné qu'à un moment ou à un
autre, elles seront requises de payer des contributions de grève. Elles
ont aussi à protéger ces gens.
Mais dans le domaine de la construction, il m'est apparu comme
évident que les votes de grève que j'ai vus jusqu'ici ou les
grèves que j'ai vues jusqu'ici dans le domaine de la construction
n'étaient pas des grèves précédées d'un
vote, fut-il à main levée, des travailleurs impliqués. A
partir du moment où l'expérience de la construction...
M. BURNS: Là, vous faites bien la distinction entre les
grèves spontanées ou ce qu'on appelle les "wild-cats" et les
grèves décidées. Même dans le domaine de la
construction, il arrive... Qu'est-ce que vous voulez quand sur un chantier en
particulier...
M. COURNOYER: Oui, mais disons que sur un chantier particulier il y a
des grèves spontanées. H y a d'autres grèves qui sont
aussi spontanées, mais spontanément organisées. Je les ai
déjà vues, moi aussi, celles-là, les spontanément
organisées. Ce n'est pas la première fois. Mais, disons que dans
le domaine de la construction, je pense bien que tout le monde, surtout le
représentant du Parti québécois, admettra que, compte tenu
des exigences, compte tenu de ce qu'on demande au point de vue
démocratique pour tout le monde, aussi pour le Parlement, il est
essentiel que la démocratie s'exerce d'une certaine manière aussi
dans le domaine des relations patronales-syndicales. L'employé,
placé dans la situation d'être en grève alors qu'il ne veut
pas y être, si la majorité de ses confrères ont
décidé qu'il était en grève, j'en suis. Mais, si
125 personnes ont décidé qu'il y en aurait 3,000 qui seraient en
grève le lendemain, là, j'ai de sérieuses réserves.
C'est dans la construction que ça se produit le plus
régulièrement.
Alors, je comprends que le vote est exercé à l'occasion
d'une assemblée générale où tout le monde est
convoqué et où tout le monde va. Mais, dans ce domaine
particulier, sans vouloir accuser qui que ce soit et sans vouloir jeter de
l'eau sur un feu qui est presque éteint j'espère qu'il est
presque éteint il y a à se préparer
pour une autre ronde de négociations en 1973, lorsque cette autre
ronde de négociations commencera du côté patronal comme du
côté syndical, parce que c'est aussi vrai du côté
patronal. Remarquez que quand je parle de vote de grève, de grands
groupes comme ceux-là, les grands groupes sont des deux
côtés. Il y a des corporations, vous savez, dans le domaine des
employeurs qui consultent très rarement leurs membres pour dire non
à des offres ou à des demandes. J'ai cru comprendre ça
dernièrement. Les membres ne savent pas ce qu'ils viennent d'accepter ou
de refuser.
On peut parler du vote de grève, on peut parler aussi d'une
décision de lock-out collectif dans le cas de la construction qui a une
nature particulière et dans la décision de lock-out collectif ou
dans la décision de grève collective. Je vous dis que, dans ce
domaine en particulier, j'ai nettement l'intention d'intervenir d'une
manière ou d'une autre d'une façon législative. Pas pour
régler le problème après qu'il sera dans la rue avec une
loi que vous appelez les lois matraques, mais à organiser l'affaire pour
que le droit soit réellement exercé par les salariés...
Pardon?
M. BURNS: J'ai dit, qui en sont d'ailleurs, appelez-les par leur
nom.
M. COURNOYER: Oui, j'en suis, mais comme je veux éviter de passer
encore des lois matraques, bien je veux tout simplement m'organiser pour que,
lorsque le voeu nettement exprimé par les employés de la
construction aura été de faire la grève, le Parlement du
Québec le respecte, c'est tout, mais lorsqu'il aura été
nettement exprimé par les employés concernés, pas 125 sur
3,000.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse d'interrompre M. le ministre ainsi que les
membres de la commission. Nous allons interrompre nos discussions pour
reprendre après le vote puisque nous sommes appelés en
Chambre.
M. CROISETIERE: Voici, après le vote, est-ce que le
ministre...
M. LE PRESIDENT (Harvey-Chauveau): Nous allons reprendre.
M. CROISETIERE: ... en a exprimé le désir?
M. COURNOYER: Oui, j'en ai le désir, mais il semble qu'il serait
préférable de finir ces crédits-là si c'est
possible, alors je vais retarder mon départ et je vais retarder ma
conférence d'une semaine ou deux.
M. LE PRESIDENT (Harvey-Chauveau): La séance reprendra tout
à l'heure.
Alors, nous reprenons donc les travaux de la commission.
Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Sur ce point dont on parlait il y a quelques minutes, le point
du vote de grève contrôlé, appelons-le comme ça, le
ministre nous précise qu'il envisage quelque chose dans le domaine de la
construction. Est-ce que ce serait par voie de législation,
d'amendements à la loi sur les relations industrielles dans l'industrie
de la construction?
M. COURNOYER: C'est ça.
M. BURNS: Ce serait pour bientôt.
M. COURNOYER: Dans le domaine de l'industrie de la construction, il est
possible que d'ici très peu de temps je sois obligé de faire des
amendements à la loi à cause de l'administration qui est
confiée à la Commission du salaire minimum jusqu'au 30 juin. Si
je passe tous les amendements à la loi, il est possible que ce soit un
peu encombrant parce que, s'il y a des amendements à faire, ils seront
peut-être très parcellaires pour régler le problème
de l'administration du décret. Quant au reste, il me reste encore deux
ans et je voudrais que, s'il y a des règles de négociation
nouvelles, qu'elles soient là ou en place pour la prochaine
négociation qui n'est qu'en 1973. Mais comme je viens de vous indiquer
une intention de rechercher une formule où les travailleurs de la
construction auront décidé de s'en aller en grève, mais
que ce voeu devra être respecté normalement par le Parlement,
bien, c'est aussi difficile ça qu'autre chose et je ne veux pas
m'aventurer là-dedans à l'aveuglette. En conséquence il y
a déjà une étude qui a été faite ou qui est
en train de se faire par le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre et je ne peux pas l'ignorer. Je ne peux pas ignorer le fait que
cette étude est en cours, présentement. Je ne veux pas m'en
excuser là, pas plus pour ça qu'autre chose, il y a quelqu'un qui
regarde le problème et je ne peux pas prendre une décision. Je ne
veux pas prendre une décision avant que ces gens-là qui sont en
train de regarder le problème qui implique les centrales syndicales et
les centrales patronales le regardent puis qu'ils me disent: On ne s'entend
pas. Comme c'est le cas par exemple dans le domaine du syndicalisme de cadres;
au moins il y a eu une étude sérieuse, une tentative
sérieuse de trouver une formule.
Est-ce qu'ils la recherchent actuellement pour l'industrie de la
construction ou s'ils la recherchent pour toutes les industries? Cela, il
faudrait que je m'en informe. Pour l'industrie de la construction, c'est une
nature tellement différente des autres que je les consulterai
très probablement même à la fin de leur... s'il y avait un
constat d'échec ou encore sur leur étude, je consulterais
à nouveau le Conseil consultatif sur l'industrie de la construction
précisément.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauharnois a
manifesté le désir de poser une question.
M. CADIEUX: Le ministre vient de dire qu'il envisagerait certaines
mesures pour surveiller le vote de grève dans le domaine de la
construction, des mesures prochaines, et tout le monde semble d'accord,
à cause peut-être des abus qu'il y a eus. Tantôt il a
parlé de 125 sur 3,000 syndiqués, il y a un cas aussi sur la
Côte-Nord où ils étaient douze sur 2,000 et huit avaient
voté contre la grève, quatre pour et il y a eu quand même
une grève. Mais on vient de dire aussi que, dans le domaine industriel,
dans la majorité des cas ou dans plusieurs cas, il y avait des votes de
grèves secrets et qu'on semblait les accepter.
On trouvait que c'était une très bonne formule. Pourquoi
ne pas l'exiger si on est d'accord que c'est valable dans la majorité
des cas? Pourquoi ne pas l'exiger ce vote de grève secret, et dans le
domaine de l'industrie et dans le domaine de la construction? Il me semble que
c'est encore la formule la plus démocratique. Si on avoue, si on accepte
que, dans plusieurs cas, ça existe de cette manière, il reste
tout de même...
M. COURNOYER: C'est une question de coercition. C'est la question de
savoir si le vote de grève admettons qu'il soit secret
sera un instrument pour empêcher les gens de faire la grève
lorsqu'ils l'auront décidée. Il n'y a pas autre chose que cela.
Je pense que, dans le milieu des centrales ouvrières actuellement, le
problème c'est sur la méthode pour arriver à cela, ce
n'est pas sur le fond. Il n'y a personne qui peut décemment s'opposer
à ce que l'individu qui décide de son avenir puisse le faire
secrètement.
M. BURNS: M. le ministre, c'est même contraire à
l'intérêt des centrales elles-mêmes, comme vous l'avez
souligné tantôt. Le fait qu'éventuellement elles seront
obligées de subventionner cette grève par voie de secours de
grève ou autrement, de payer des permanents syndicaux, de payer des
locaux, etc., pour maintenir cette grève, je pense que les centrales
sont les premières à avoir intérêt à savoir
que cette grève est voulue par les travailleurs, aussi quant à
ses chances de succès.
M. COURNOYER: J'ai vu des grèves peut-être que mon
expérience est limitée qui avaient été
organisées par les organisateurs, si on peut parler de cela. Cela
arrive. J'en ai vu des grèves organisées, mais ce sont les
grèves les plus dures parce que ce sont les employés qui
désirent retourner au travail. L'organisateur est mal pris au bout d'un
certain temps. S'il sort le gars pour trois jours et que le gars
s'aperçoit au bout de trois semaines qu'il est encore dehors, au bout de
trois semaines, M. Burns, ce gars-là n'est pas heureux.
M. BURNS: Non, évidemment...
M. CADIEUX: II faut trouver un mécanisme pour que
l'employé se prononce.
M. COURNOYER: Cela ne doit pas non plus, et je pense que je peux le dire
comme ministre du Travail, être un empêchement à l'exercice
d'un droit, s'il y a quelqu'un qui est satisfait. Comme il y a des gens qui
abusent de certains pouvoirs accordés en vertu du code du travail
actuellement pour empêcher les gens d'exercer un droit, c'est toujours la
virgule, comment c'est dit, et quel est l'effet qu'on lui donne. Pour moi,
qu'une centrale syndicale vienne me dire qu'elle est contre le vote secret, je
vais dire: Arrête un peu. Ce n'est pas vrai, elles ne peuvent pas venir
me dire cela.
M. BURNS: Elles n'iront pas vous le dire.
M. COURNOYER: Elles ne viendront pas me le dire, mais...
M. CADIEUX: II y a eu des déclarations à cet effet de
chefs syndicaux qui ont dit...
M. COURNOYER: ...elles n'étaient pas contre le vote. Je corrige
l'impression. Elles ne sont pas contre le vote, c'est clair. Elles sont
contre...
M. CADIEUX: ...l'obligation.
M. COURNOYER: ...le fait... Elles ne veulent même pas avoir
l'obligation. Elles nous disent: Est-ce qu'on va être sous le coup d'une
injonction parce que telle procédure n'a pas été suivie et
qu'elle a été suivie, et un droit de grève qui doit
être exercé le 30, par exemple, ne serait exercé que le 30
de l'année prochaine à cause de la procédure d'injonction
toujours possible contre une grève. On a parlé de cela. La
question se pose très sérieusement sur la méthode, sur la
façon et sur le genre d'intervention. Et comme elle se pose
sérieusement actuellement au Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, que le principe du vote secret est admis par à peu
près tout le monde, il s'agit de trouver comment on va y arriver. Je
vous jure que mes informations sont à l'effet que l'attitude des
centrales syndicales au Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre,
c'est d'accord pour le vote secret. On veut le mettre dans les
constitutions.
L'autre partie, la partie patronale dit: on veut le vote secret. Ce sera
dans le code du travail. Cela peut être dans le code du travail comme ce
peut être dans les constitutions, mais il ne s'agit que d'une question de
moyens, d'une question de méthodes pour arriver aux mêmes fins. On
peut arriver aux mêmes fins immédiatement comme dans deux ans,
mais je vous dis: Un instant. La preuve en est dans le rapport des
grèves. S'il y en a 75 p. c. qui font suite à un rapport secret
ou à un vote de grève secret conformément aux
constitutions du syndicat, il
en reste un petit 25 p. c, et dans ce 25 p. c, je dis qu'il y a
peut-être des abus qui ont été commis, peut-être que
les employés eux-mêmes n'ont pas décidé cette
grève. Tant pis. Voyons comment corriger un problème qui n'est
pas aussi grave qu'il en a l'air. Nous ne sommes pas aussi pires que ça
au Québec.
M. BOSSE: M. le Président, il faut avoir vécu
l'expérience à l'intérieur des centrales syndicales pour
savoir que non seulement le vote de grève est désiré
à l'intérieur des centrales mais c'est même la
règle. Ceci afin d'éviter par la suite que les membres,
vis-à-vis des dirigeants syndicaux, je parle d'un syndicalisme
responsable, ne leur fassent pas le reproche précisément d'avoir
décidé pour eux. Ce sont les membres eux-mêmes qui
décident et c'est même la règle.
Il se produit évidemment des exceptions. A un certain moment, on
nous a donné l'exemple de la construction. Il se peut qu'il y ait eu
à ce moment-là une mauvaise représentation. Ce n'est
sûrement pas une raison pour passer à l'extrême et de
là imposer des règles qui seraient de nature à causer plus
de problèmes qu'à en régler.
Vu de l'extérieur évidemment les centrales syndicales, le
syndicalisme, voient mal se faire imposer des règles, non pas à
cause de la règle elle-même du vote secret mais à cause de
la possibilité des mesures dilatoires ou des contestations qui
pourraient être utilisées par l'existence de la loi. Ce qui serait
de nature à léser les intérêts légitimes de
ceux qui utilisent la procédure.
Il faudrait être extrêmement prudent dans la fabrication ou
la préparation de telles lois afin de faire en sorte que ça ne
soit pas un instrument qui serve justement à retarder ou à nuire
au groupe de syndicats et qui soit un instrument entre les mains des
adversaires des syndicats. Il faut tenir compte d'une espèce
d'équité et ne pas porter un jugement trop rapide.
Le mesure telle que présentée à ce jour
apparaissait en principe, globalement, comme restrictive pour le syndicalisme.
Je ne crois pas que ce soit ça dans les faits. Mais il faut avancer
lentement et être très prudent dans la façon de
préparer s'il y a lieu une telle loi.
M. CADIEUX: M. le Président, comme le député
indique qu'il ne faut pas aller à l'extrême, il reste tout de
même que nous avons connu l'extrême, lorsqu'on dit que douze
personnes sur 2,000 se réunissent, 8 sont contre la grève, 4 sont
pour et il y a quand même grève. Cela est l'extrême.
M. BOSSE: J'ai connu dans certains bureaux de scrutin un enthousiasme
délirant où il y avait plus de votants qu'il y en avait sur la
liste. Mais est-ce que ça fait que le système lui-même est
mauvais? Disons que c'est un autre extrême.
Partout où il y a des extrêmes, c'est l'exception qui
confirme la règle.
M. COURNOYER: Encore une fois je tiens à dire comme ministre du
Travail que là où je veux me diriger, ça comme dans
d'autres choses, la construction m'apparaît comme un problème
particulier et différent des autres à cause de la nature
même de l'industrie de la construction. C'est pour ça que je veux
d'abord m'attaquer à la construction. Je suis constant dans ce genre de
déclaration. Quand je dis m'attaquer à la construction ça
ne veut pas dire que je vais la manger. Il s'agit tout simplement de tenter de
trouver une solution au problème de la construction.
M. BOSSE: Cela se mange mais ça se digère mal.
M. COURNOYER: Cela se digère très mal. J'en ai
déjà mangé un petit bout de temps et c'est très
mauvais, très indigeste. C'est seulement dans ce sens, si
l'expérience était bonne dans l'industrie de la construction.
Mais il est peut-être plus urgent, étant donné que nous
devons constater les difficultés d'application de la loi 290, que nous
avons à l'amender et de constater, pas seulement cette difficulté
mais toutes les difficultés qui ont été causées par
la loi 290. Nous devons adapter ou adapter la loi de façon qu'elle
puisse rendre service à tous ceux pour qui elle a été
faite, c'est-à-dire les entrepreneurs et les salariés de la
construction.
Je suis prudent. Je comprends que parfois il faudrait être
imprudent et y aller. Je tiens à dire que je reçois des demandes
d'être moins prudent des deux parties.
M. BURNS: Et dans les deux sens.
M. COURNOYER: Et dans les deux sens. Alors, comme on me dit que je suis
une espèce de prudent, que je suis un lent, je dis: D'accord, je suis un
lent. Quand je voudrai aller vite ça ne fera peut-être pas votre
affaire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester sur le même
sujet.
M. GUAY: M. le Président, concernant justement ces fameux votes
de grève. L'été dernier à une commission
parlementaire concernant les conditions de prise de position, lors d'un vote de
grève, un chef syndical nous a dit que, quand on était dans le
domaine de la construction, on n'était jamais dans des conditions
normales.
J'aimerais savoir du ministre si, dans l'étude d'un futur projet
ou de futures conditions de vote de grève, il y a des mécanismes
à l'étude dans le moment, parce qu'on a semblé dire
à une commission parlementaire que les conditions de vote
n'étaient jamais normales. Qu'est-ce que c'est dans le domaine de la
construction un vote de grève qui est normal, ou des conditions qui sont
normales?
M. COURNOYER: Bien c'est-à-dire que le mot "normal", la loi 290
est venue justement
pour dire très clairement que le code du travail qui est normal
n'était pas applicable à cette industrie-là parce que la
norme avait été faite pour de l'industrie sédentaire. Or
toutes les normes ont été faites à partir du code du
travail à un moment donné. Cela s'appliquait plus ou moins
là, mais ça s'appliquait à l'industrie sédentaire,
à l'industrie constante, celle qui a des locaux; donc, quand on dit que
ce n'est pas une situation normale dans l'industrie de la construction, c'est
par rapport à ce qui est conçu pour une industrie
manufacturière.
Quand on établit des règles pour l'industrie de la
construction, à l'intérieur de ces règles-là, les
règles ont été faites pour justement rendre inapplicables
les règles qui n'étaient pas faites pour l'industrie de la
construction, puis en appliquer d'autres pour l'industrie de la
construction.
Alors dans le mot "normal", je pense que si je comprends le chef
syndical, ce qu'il voulait dire c'est que ce n'est pas normal, parce qu'on est
habitué dans un contexte différent, quand ça arrive dans
la construction, ça ne marche pas. Donc ce n'est pas une situation
semblable à celle qui existe dans les autres domaines.
M. GUAY: C'est comparatif.
M. COURNOYER: C'est comparatif. Il y a possibilité de
normalisation dans l'industrie de la construction, mais pour des règles
applicables à la construction.
M. BOSSE : Pour ajouter à ce que le ministre dit, normalement
dans n'importe quel type d'industrie ou de secteur, tout le monde participe au
vote et est présent; surtout quand c'est un vote de grève, c'est
important, ça les concerne, alors ce qu'il y a d'anormal
là-dedans c'est que les travailleurs, les ouvriers sont
disséminés un peu partout et leurs espèces de conviction
sont difficiles à établir et il y a un climat qui est de nature
à faire craindre à certains travailleurs leur participation. Cela
a été admis. Si ça n'avait pas été admis,
par hasard, l'image qu'on nous en a faite lors de la dernière commission
parlementaire ne laisse plus de doute dans l'esprit des membres de cette
commission.
M. GUAY: Maintenant, est-ce qu'il y a eu des mécanismes de vote
de proposés soit par les centrales syndicales ou encore par le ministre
ou encore par la partie patronale?
M. COURNOYER: II y a un mécanisme de contrôle de vote qui a
été présenté par le président du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'Oeuvre, mais au Conseil consultatif le
ministre n'est pas autorisé, à ce moment-ci des discussions,
à dévoiler ceci. C'est à l'intérieur d'une
discussion en marche, alors il y a quelque chose qui se fait dans ce
sens-là, mais le ministre ne peut même pas porter de jugement sur
ce qui se fait, je ne l'ai pas vu, j'attends le résultat de ces
consultations-là au Conseil consultatif.
M. GUAY: Quand on parle de contrôle de vote, on veut sans doute
dire le côté de la surveillance du vote parce que le
contrôle, on ne peut pas intervenir?
M. BURNS: Par un organisme d'Etat.
M. COURNOYER: Ou par un organisme quelconque. C'est pour assurer que le
type exerce bien son droit.
M. GUAY: Ah! C'est ça.
M. BOSSE: Pour vous éclairer là-dessus, je puis vous dire,
par exemple, que des expériences vécues font que
fréquemment les syndicats, de leur propre initiative, demandent à
des gens de l'extérieur, soit des journalistes ou des avocats ou des
juges, d'être présents à l'occasion d'un vote de
grève et d'être en quelque sorte des surveillants pour assurer que
la démocratie s'exerce sainement.
M. LE PRESIDENT: Article 1.
M. BURNS: Je suis encore rendu à ces problèmes d'ordre
général, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Personne ne vous empêche, allez-y, nous vous
écoutons religieusement.
M. BURNS: Je sais que vous ne m'empêchez pas. Pendant qu'on est
sur ce problème de la construction et je ne veux pas jeter de l'huile
sur le feu, depuis quelque temps on n'entend plus parler du vote
d'allégeance unique. Est-ce à dire qu'on n'en entendra plus
parler?
M. COURNOYER: Ce n'est pas vous qui jetteriez de l'huile sur le feu,
c'est moi qui jetterais de l'huile sur le feu en répondant directement
à votre question.
M. BURNS: Pour le moment, il n'y a rien de précis de prévu
dans ce domaine, si je comprends bien.
M. COURNOYER: Je suis au stade des réflexions.
M. BURNS: Vous continuez à réfléchir dans ce
domaine.
M. ROY (Beauce): Le ministre ne peut rien nous dire ce matin?
M. COURNOYER: Si je vous dis qu'il n'y aura pas de vote
d'allégeance syndicale dans la construction, j'ai toute une centrale
syndicale qui relèvera le nez et qui dira peut-être: Ecoutez, si
vous dites qu'il n'y en aura pas, nous vous prouverons qu'il en faut un. Si je
dis qu'il y en aura un, j'ai l'autre centrale syndicale qui dira: Vous avez
menti, il n'y en aura pas. Comme je vous le dis, je réfléchis. Je
n'ai pas
l'intention par ma réponse de jeter de l'huile sur le feu. Je
continue mes réflexions.
M. BURNS: Je comprends...
M. DEMERS: Alors, vous trouvez que la seule solution, dans cela, c'est
de réfléchir? Mais cela ne règlera pas tout.
M. COURNOYER: Non, mais comme vous êtes tous au courant que c'est
calme dans l'industrie de la construction et je pense qu'il y a lieu de ne pas
le faire exprès pour ressusciter un problème en plein dans la
période où nous recommençons à construire. Cela ne
vaut pas pour moi la peine de ressusciter des passions qui semblent
s'être éteintes avec la venue du mois de mai.
M. BOSSE: Dans la construction, les mots "commencer à
reconstruire" ne sont pas trop forts.
Français langue de travail
M. BURNS: Je comprends très bien le sens de la réponse du
ministre. Je n'insiste pas pour avoir plus de détails là-dessus.
Maintenant, si on parle de projets de législation éventuelle,
j'aimerais bien que le ministre nous dise où il en est rendu dans ses
réflexions sur le problème d'amendements qui pourraient
être apportés au code du travail relativement au français
langue de travail. Là, il a le droit de réfléchir tout
haut. Je pense bien qu'il n'y a pas de centrales qui vont crier.
M. COURNOYER: Non, non. J'ai devant moi une recommandation unanime.
Cette recommandation unanime du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre est là. Les patrons et les centrales syndicales se sont
entendus sur une proposition commune. Je n'ai aucune raison de refuser de
mettre cela dans la législation. Seulement, quand je me présente
à l'Assemblée nationale avec d'autres amendements, par exemple en
matière de conciliation, pour corriger certaines choses, par exemple,
quand après expérience, le commissaire-enquêteur en chef
nous a mentionné que certaines dispositions de la loi ne lui
permettaient pas de remplir son rôle, je me dis: Amender l'article 51 du
code du travail alors que je devrai le lendemain amender l'article 42 et
l'article un tel, on mettra cela ensemble, pour le moment, parce que, dans tous
les cas, ce sont des problèmes qui sont presque résolus. Je ne
veux pas dire autrement. La recommandation qui m'est faite par le Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre me va dans son ensemble et je ne
vois pas pourquoi je ne la mettrais pas dans le code du travail, compte tenu de
la cédule que j'ai là.
M. BURNS: Est-ce prévu pour la présente session ou pour
une prochaine session?
M. COURNOYER: J'ai vu les amendements que le commissaire-enquêteur
me demandait hier. Je ne sais pas si ces amendements ont passé à
travers le processus de consultation auquel le ministre est tenu de se
soumettre avec le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, je ne
sais si nous avons reçu les dernières remarques, mais cela a
été soumis au mois de janvier au conseil consultatif sur le droit
d'association. S'il y a lieu, le conseil consultatif nous fera les remarques
qu'il a à faire sur la soumission qui lui a été
présentée. L'article 51, en même temps, sera amendé
conformément aux voeux généraux exprimés par les
parties.
Sécurité d'emploi
M. GUAY: M. le Président, pour m'en tenir à peu
près au même domaine, j'aimerais qu'on retouche un peu le
régime de sécurité d'emploi et ce qu'on appelle
communément le droit au travail. On a un paquet de travailleurs qui ont
besoin d'être rassurés. Il y a des chômeurs...
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas le même domaine. Je ne voudrais pas
vous...
M. GUAY: Disons que cela demeure tout de même dans le domaine de
la construction.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. GUAY: Parce qu'avec la sécurité d'emploi, on pense
évidemment à l'arrêté en conseille 4119. Aux dires
même du ministre, cet arrêté en conseil semble inapplicable
pour ne pas dire une faillite. Le ministre a-t-il l'intention de le retirer
complètement ou de l'appliquer complètement? Cela reste toujours
vague. Les travailleurs se posent constamment des questions et nous aussi.
M. COURNOYER: Au sujet des consultations qui ont eu lieu avec les
parties impliquées, les sous-ministres sont supposés me faire des
recommandations mardi prochain sur les amendements au 4119.
M. GUAY: Ah! Des amendements à cela?
M. COURNOYER: Oui, j'ai toujours prétendu que 4119
méritait d'être revisé. Encore une fois, il y a eu des
passions à ce sujet, mais jusqu'ici, les consultations que nous avons
faites font que mes sous-ministres seront en mesure de me recommander les
dispositions à prendre la semaine prochaine. Je pourrai vous en faire
part en Chambre à ce moment-là.
M. GUAY: Est-ce que ce ne serait pas possible, aujourd'hui, de nous dire
la teneur à peu près de ces amendements?
M. COURNOYER: Ils ne sont pas faits. Je
pourrais vous dire: Mes sous-ministres pensent cela. Vous me diriez:
Pensez-vous cela vous aussi? Je ne les ai pas vus.
M. GUAY: Il arrive ceci: si le ministre applique son arrêté
en conseil, on est mis à l'amende, on n'a pas le droit de le faire. S'il
est retiré, on est en droit de travailler. C'est cette grande question
qui se pose. Qu'est-ce qui arrivera s'il est appliqué?
M. COURNOYER: S'il est appliqué, j'ai 25,000 actions à
prendre, apparemment.
M. GUAY: Contre les employeurs, les employés.
M. COURNOYER: Les deux. M. GUAY: Les deux.
M. COURNOYER: Les deux sont en infraction. Tout employé qui a un
emploi actuellement ou qui vient d'obtenir un emploi et qui n'est pas
passé par le centre de la main-d'oeuvre, le bureau syndical ou le bureau
de l'une ou l'autre des deux unions, est en infraction. L'employeur qui l'a
employé aussi. Ce serait dans l'ordre de 25,000 actions. On pourrait
retourner M. Burns au travail.
M. BURNS: Sur le même sujet.
M. GUAY: Cela veut dire qu'un peu plus ou un peu moins, cela ne changera
pas grand-chose.
M. BURNS: M. le ministre...
M. COURNOYER: J'ai à prendre cette décision...
M. BURNS: ...même comme député, je continue à
travailler.
M. COURNOYER : Oui, c'est une annonce que vous faites.
M. CADIEUX: C'est une suggestion que je voulais faire au ministre. Que
4119 soit appliqué, retiré ou amendé, ma suggestion serait
que vos représentants, dans les centres de main-d'oeuvre, soient au
courant et qu'ils ne disent pas: Allez voir votre député ou
adressez-vous au ministère, sans savoir que répondre à
ceux qui se présenteront.
M. COURNOYER: Je prends note du fait que mes représentants, dans
les centres de main-d'oeuvre disent cela. J'avise immédiatement mon
sous-ministre, en charge de la main-d'oeuvre, de bien avertir les gens qu'ils
n'ont pas à les envoyer aux députés.
M. BURNS: Nous, nous pouvons les leur envoyer, mais eux, ils n'ont pas
à nous les retourner.
M. CROISETIERE : Nous n'avons plus de problème. Maintenant c'est
réglé. Nous n'avons plus de bureau de main-d'oeuvre. Notre
affaire est réglée.
M. GUAY: Un dirigeant de bureau m'a appelé et m'a demandé:
Qu'est-ce que je dois faire avec cela? Je lui ai dit: Ecoutez, je ne suis pas
en mesure de vous informer. Normalement, le ministère aurait dû le
faire. Il m'a dit: Où cela en est rendu, je ne sais plus de quelle
façon répondre aux travailleurs qui viennent ici. Est-ce que moi,
je le sais plus? Absolument pas.
M. COURNOYER : Alors, mon sous-ministre prend note de ces remarques.
UNE VOIX: Cela va prendre des cours de recyclage pour ces gars.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Moi, ce serait dans la direction générale de la
main-d'oeuvre.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais quelque chose sur le
même sujet. Etant donné que le ministère s'apprête
à faire certaines modifications à la loi 4119, je voudrais tout
de même souligner certains points que j'estime extrêmement
importants. Il s'agit du droit fondamental des citoyens. Il est évident
que, lorsque le gouvernement a voulu établir la sécurité
d'emploi dans l'industrie de la construction, il s'est basé sur le droit
au travail. C'était une question de justice pour les travailleurs de
l'industrie de la construction qui travaillaient depuis un certain nombre
d'années.
Ceci est constitué, en quelque sorte, d'une espèce de
dictature, en réalité et je tiens à le souligner, au
niveau des employeurs. Ils ont perdu le droit de choisir leurs employés
dans la majorité des cas. Dictature au niveau des employés parce
qu'à ce moment-là ils ont perdu leur liberté de choix de
l'employeur pour lequel ils voudraient travailler. Aussi, je l'ai
souligné hier soir, la dictature au niveau des entreprises familiales
qui ne permettent pas au père de famille d'employer ses propres enfants.
Etant donné que ceci met en cause le droit fondamental des citoyens,
leur droit de liberté de choix, je me permets de le souligner pour que
les officiers du ministère prennent toutes ces remarques en
considération.
Je suis d'accord que les gens doivent avoir droit au travail, mais il y
a aussi un droit fondamental, et je pense qu'il est important à un
moment donné de regarder lequel de ces droits doit primer sur
l'autre.
Et le troisième droit, c'est le droit des jeunes à la
profession de leur choix. Il y a des jeunes dans le Québec qui ont suivi
des cours dans des écoles d'arts et métiers pendant sept ans,
l'été. Aujourd'hui ils se voient refuser le marché du
travail dans la profession ou le métier pour lequel ils avaient
opté.
Je tiens à souligner ces choses, pour que les officiers du
ministère du Travail tiennent compte de ces remarques dans les
modifications qu'ils entendent apporter. Il y a un deuxième point.
Lorsqu'on parle de sécurité d'emploi dans l'industrie de la
construction, est-ce qu'on peut réellement parler de
sécurité d'emploi dans la construction, sans mettre en cause tous
les droits fondamentaux des citoyens?
D'abord, c'est une industrie qui, par elle-même, est une industrie
très instable. C'est une industrie saisonnière. C'est une
industrie qui a à subir le contre coup de toutes les politiques
économiques, tant fédérales que provinciales, les
politiques monétaires ou autres. Pour qu'un employeur soit en mesure de
donner la sécurité d'emploi à ses employés, je
pense qu'il faudrait d'abord qu'il ait la sécurité d'avoir des
contrats, ce qu'aucun gouvernement ne peut lui donner. Et il faut que ceux qui
accordent les contrats aient la possibilité d'avoir des capitaux pour
être capables de se financer. Et à ce moment-là, il faut
tenir compte des politiques monétaires du gouvernement.
Je me demande si toutes ces politiques de sécurité
d'emploi dans l'industrie de la construction n'ont pas pour effet de limiter le
gouvernement et le ministère du Travail et je ne veux pas accuser
le ministère du Travail comme tel mais on a l'impression que ce
ministère est obligé de s'attaquer aux conséquences de
toutes ces politiques plutôt que de s'attaquer aux causes.
Je pense que le ministère du Travail devrait s'orienter dans
l'avenir non pas vers des politiques de plus en plus de contrôle, des
politiques restrictives, mais agir comme conseiller au niveau du gouvernement
en ce qui a trait à l'élaboration des politiques
économiques, des politiques financières et de toutes les
politiques de développement de notre économie.
Un mot avant de terminer. Le député de Lotbinière a
également souligné hier et le ministre si ma
mémoire est bonne, je n'ai pas pu comprendre exactement la
réponse qu'il a donnée à cette occasion a
souligné le fait qu'il y avait quantité de petits entrepreneurs
dans l'industrie de la construction qui, au cours des derniers mois, ont
été obligés d'abandonner de prendre des contrats, et ces
gens ne peuvent pas se faire reconnaître à l'heure actuelle comme
menuisiers ayant une carte de compétence, même s'ils travaillent
depuis 15 à 18 ans dans l'industrie de la construction. Le
ministère du Travail devrait se pencher sur ces cas et il y en a
beaucoup dans le Québec, surtout dans nos régions. Nous avions
une quantité de petits entrepreneurs qui prenaient des contrats avec un
employé et même sans aucun employé ils le faisaient
eux-mêmes et ils vont être obligés d'abandonner le
travail, être considérés comme réservistes,
être obligés de commencer au bas de l'échelle après
15 et 18 ans, alors que ce sont des gens très compétents et des
gens qui pouvaient faire un excellent travail.
Ce sont les recommandations que j'ai à faire au ministère
du Travail, avant que le ministère puisse apporter toutes les
modifications qu'il a l'intention d'apporter dans ce domaine et qu'on tienne
compte des points de vue que nous avons tenus à soumettre ce matin.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre a l'intention de répondre
à l'intervention du député de Beauce?
M. BURNS: J'espère que vous ne vous attendez pas à finir
vos crédits aujourd'hui.
M. DEMERS: Vous pouvez partir sans crainte...
M. COURNOYER: Cela peut durer toute la journée.
M. DEMERS: Même toute la nuit.
M. COURNOYER: Qu'est-ce que vous avez contre moi, je ne vous ai rien
fait?
UNE VOIX: Vous ne nous avez rien fait, mais nous voulons regarder vos
crédits.
M. BURNS: C'est un ministère qui nous est cher.
M. LE PRESIDENT: Ce qui est important à déterminer, ce
n'est pas quand nous pourrions finir, ce serait quand nous pourrions amorcer
les crédits. Nous en sommes toujours à la politique
générale. Je ne sais pas si le député de
Maisonneuve a terminé son intervention, sinon qu'il aille en douce, nous
l'écoutons, c'est à lui la parole.
M. DEMERS: Je lui ai passé la parole tantôt.
M. BURNS: ... intervenir, mais j'en ai d'autres.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve sera
sûrement d'accord que je corrige cette inadvertance du
député de Saint-Maurice. Vous avez la parole.
M. DEMERS: Puisque le ministre veut travailler toute la nuit, nous
allons demander...
M. COURNOYER: J'ai mon voyage...
Main-d'oeuvre
M. DEMERS: Par définition, c'est le ministre du travail...
Quelles seront les politiques nouvelles en ce qui a trait à la direction
générale de la main-d'oeuvre et la formation professionnelle de
la main-d'oeuvre?
M. COURNOYER: Elles sont incluses dans le bill 49. J'ai mentionné
hier, M. Demers, que j'avais l'intention d'apporter certaines petites
modifications au bill 49 qui a subi une expérience d'un an à
peine et c'est la loi. La question de la formation professionnelle vient
à peine d'être mise en vigueur. Alors, les amendements requis par
l'expérience seront apportés en temps et lieu, peut-être au
mois de septembre. Mais, pour le moment, je ne vois pas un changement majeur
entre la politique qui a été établie par le bill 49,
adopté en 1969 et la politique actuelle du ministère. Elle ne
fait que se mettre en branle.
M. DEMERS: En ce qui a trait aux bureaux de placement qui sont devenus,
je crois, régionaux, est-ce que le ministre peut nous dire combien il y
en a eu qui ont été fermés ou fusionnés? Est-ce
qu'il y a une politique qui va s'établir pour donner de
l'efficacité à ces bureaux?
M. COURNOYER: J'ai mentionné et je mentionne encore que
l'efficacité des bureaux de main-d'oeuvre provinciaux est nettement
compromise par la préoccupation constante des officiers de placement ou
de ceux qui sont dans les bureaux à cause du problème des cartes
de l'industrie de la construction. Si ce sont des gens de la construction, ils
sont obligés, semble-t-il, de négliger certaines autres
occupations et ils les négligent au point que c'en est devenu tragique
pour bien des députés que je connais.
La régionalisation a été bonne, elle va continuer
d'être bonne. L'efficacité est compromise par le problème
de la construction.
M. DEMERS: Vous avez une fermeture. Est-ce qu'on peut avoir les
données...
M. COURNOYER: La liste des...
M. DEMERS: Je ne veux pas avoir la liste, je veux avoir le nombre. Je
sais que chez nous c'est fermé parce que ce n'était pas assez
important Shawinigan, c'est une petite affaire! Vous conservez
Grand'Mère, avec 12,000 de population !
M. COURNOYER: Ce n'est pas une question de population.
M. DEMERS: Non, je comprends, c'est une question de patronage.
M. COURNOYER: D'ailleurs, est-ce qu'on doit présumer que le fait
qu'il y en avait un à Shawinigan c'est une question de patronage?
M. DEMERS: Non, c'est qu'il avait été placé
là antérieurement. C'est la capitale, Shawinigan...
M. COURNOYER: II y a plusieurs capitales dans ce coin-là, en
Mauricie.
M. DEMERS: J'aimerais m'expliquer. C'est que Shawinigan est la capitale
de la région...
M. COURNOYER: II y a 12,000 de population à
Trois-Rivières.
M. DEMERS: A Trois-Rivières, il y a un bureau régional, il
est resté.
M. COURNOYER: Mais ils disent toujours que la capitale de la
région de la Mauricie c'est Trois-Rivières.
M. DEMERS: Je comprends. Mais quand vous comparez Shawinigan et
Grand'Mère, une population de 47,000 âmes et de 12,000 âmes,
il doit y avoir une différence. On a fermé le bureau de placement
à Shawinigan et on l'a transporté à Grand'Mère. Il
y a les assistés sociaux qui vont s'enregistrer, qui font sept milles.
Vous les transportez dans un bassin de 42,000 âmes. Ils sont
obligés de prendre l'autobus pour aller à Grand'Mère,
aller "puncher" et aller demander des "jobs".
Je trouve qu'au point de vue logique et géographique, c'est un
non-sens. Je ne suis pas pour m'abstenir d'en parler.
M. COURNOYER: D'accord.
M. DEMERS: Si on ne peut pas en parler ici, où est-ce qu'on va en
parler de cette affaire-là? Je voulais savoir ce qui a
déterminé le transfert du bureau de placement de Shawinigan
à Grand'Mère. Est-ce qu'il y a eu un critère, quelque
chose, si ça a répondu à quelque chose? Je comprends qu'il
y a La Tuque, en haut. On a descendu les gens de La Tuque aussi. Il y a quatre
milles entre les deux. Il y a des limites!
M. COURNOYER: Quatre milles entre...
M. DEMERS: Entre Shawinigan et Grand'Mère, il y a quatre milles.
Les gens de La Tuque, une fois qu'ils sont partis pourraient aussi bien
continuer à Shawinigan !
M. COURNOYER: II semble que les gars de Grand'Mère disent la
même chose. Il n'y a que quatre milles entre Shawinigan et
Grand'Mère.
M. DEMERS: Oui, mais pourquoi?
M. COURNOYER: II ne faut pas faire un drame avec ça.
M. DEMERS: Mais pourquoi déplacer l'un vers l'autre?
M. COURNOYER: C'est parce qu'il y a eu... on peut vous dire la
raison.
M. DEMERS: C'est une question de prudence?
M. COURNOYER: Non, je ne suis pas prudent. Je n'ai jamais
été prudent de ma vie et je ne suis pas pour commencer
aujourd'hui.
M. DEMERS: C'est parce que le député s'appelle Prudent. Ce
n'est pas ça que vous disiez tantôt.
M. COURNOYER: Dans mes déclarations et dans mes décisions,
oui, dans ces affaires là... Entre quatre milles, entre Shawinigan et
Grand'Mère, entre vous et moi, je ne vois pas de différence entre
les deux.
M. CROISETIERE: Si le ministre demande des renseignements pour
Shawinigan, est-ce qu'il y aurait possibilité qu'il s'informe pour
Saint-Jean? Parce que le bassin est assez intéressant et on nous a
transporté notre bureau de placement à Longueuil.
M. COURNOYER: Ce doit être encore une question de locaux. Mais
là-dessus...
M. CROISETIERE: Ce serait intéressant, comme le disait le
député de Saint-Maurice, de savoir les raisons sérieuses
qui ont motivé... parce que, enfin, tous les gens se déplacent
pour eux.
M. COURNOYER: C'est justement l'une des remarques que j'ai faites. Il y
a eu l'abolition d'un certain nombre de bureaux de placement. Chez vous,
ç'a été un changement de place.
M. DEMERS: C'était une fermeture. M. CROISETIERE: Nous aussi.
M. DEMERS: Ils ont pris ça et on tout mis ça à
Grand'Mère.
M. COURNOYER: D'accord, mais il y a eu dans la province un certain
nombre de fermetures de bureaux de placement, 29 ont été
fermés. Il y en a qui ont cru bon de mentionner que la fermeture de ces
bureaux de placement était contraire à la politique du
gouvernement.
Au contraire, c'est totalement conforme à la politique du
gouvernement de rendre des services à la population, et de s'arranger
pour les rendre d'une façon parfaite. Je vous ai donné
tantôt une indication: la raison pour laquelle on ne les rend pas c'est
à cause du fait qu'ils sont occupés par la construction presque
exclusivement, ils embêtent tout le monde.
Quand on en a fermé 29 il y en avait 75 on les a
regroupés dans d'autres bureaux. Cela a causé, dans d'autres
régions que la vôtre, il y a quatre milles entre Grand Mère
et Shawinigan, mais il y a des places où il y a 130 milles entre la
place où ils étaient et la place où ils sont maintenant.
Immédiatement, j'ai demandé à mes officiers ici de trouver
une solution, soit une réouverture des bureaux de placement, soit une
réouverture d'un centre, d'une place où quelqu'un peut aller,
pour l'enregistrement, de façon que la personne ne soit pas
obligée de se faire dire, à dix milles, à quinze milles ou
à quatre milles, qu'elle n'a pas d'emploi, et qu'elle paye pour se
rendre là.
Ce sont les préoccupations... mais il me semble que ça
n'aurait pas de bons sens de forcer quelqu'un à faire le voyage de
Saint-Jean à Longueuil pour se faire dire qu'il n'y a pas d'emploi.
M. CROISETIERE: C'est ça.
M. COURNOYER: Par contre, il y aurait peut-être lieu de rouvrir
à Saint-Jean, peut-être de faire un système de
communications qui soit différent, afin que personne ne fasse de voyage
blanc à ses propres frais. Je pense que c'est normal qu'on le fasse
comme ça, mais par contre, les services qu'on est sensé donner si
on n'était pas préoccupé par l'émission des cartes,
on est sensé donner d'autres services que ceux du placement, question
d'orientation.
M. DEMERS: Ce serait quoi d'autre? M. COURNOYER: Pardon?
M. DEMERS: Ce serait quoi les autres services que vous envisageriez
à ces bureaux?
M. COURNOYER: On envisage des services d'orientation, des services qui
regardent la main-d'oeuvre, un service de prospection aussi, parce
qu'actuellement ils ne font pas tellement de prospection, ils sont pris dans
des centres de main-d'oeuvre. Quand il n'y en avait qu'un...
M. DEMERS: Est-ce qu'ils placent des gens parfois?
M. COURNOYER: Pardon?
M. DEMERS: Est-ce qu'ils placent des gens parfois?
M. COURNOYER: Disons qu'ils en placent un, deux, trois, quatre; il y a
des places où ils en ont placé beaucoup. Cela dépend des
emplois, je peux bien placer du monde et cela dépend si j'ai des
emplois... La demande d'emploi et l'offre d'emploi est absolument
déséquilibrée à l'heure actuelle, il est bien
sûr que...
UNE VOIX: ...à M. Bourassa.
M. DEMERS: Mais dans la vocation de ces bureaux, il me semble qu'on
pourrait obliger ou donner des instructions ou former les gens qui sont
là comme officiers de main-d'oeuvre, afin qu'ils soient des gens qui
aillent chercher des emplois à l'endroit où il y en a dans la
province. Ne pas se limiter à un territoire. C'est garanti que chez nous
il y a 4,500 chômeurs, il n'y a
pas une maudite job, c'est clair ça. Bon. Les gars y vont et ils
leur disent: On n'a pas d'ouvrage. On leur demande: A Churchill Falls vous ne
pourriez pas prendre le téléphone et téléphoner et
demander s'il n'y en aurait pas? Cela ne se fait pas chez nous. Cela ne se fait
pas dans mon bureau. Et je vous demande de donner des instructions pour que
cela se fasse. Parce que là on va fermer les bureaux de
député ou on va fermer les bureaux de main-d'oeuvre.
M. COURNOYER: Je vous jure, M. le député de Saint-Maurice,
que la raison pour laquelle nous avons fait cette abolition de certains bureaux
de placement, c'est qu'il ne pouvait pas se faire de prospection quand il y
avait un individu qui étaii dans un bureau de placement et qui attendait
que la personne vienne lui demander un emploi.
M. DEMERS: C'est ça!
M. COURNOYER: II n'allait pas voir s'il y en avait des emplois.
M. CROISETIERE : C'est ça qui était le problème de
Saint-Jean.
M. COURNOYER: Alors tout simplement à cause des contraintes, on
reste avec certaines contraintes budgétaires...
M. DEMERS: En plus de ça, il y a le parallélisme, le
fédéral, le bureau de la main-d'oeuvre...
M. COURNOYER: C'est ça, il y en a en masse...
M. DEMERS: ...qui est encore assis au coin de la rue et travaille
toujours pour le même "job".
M. COURNOYER: Je n'ai pas cessé de demander au gouvernement
fédéral de se retirer du champ de la main-d'oeuvre.
M. DEMERS: Pour ça on vous approuve et on vous admire.
M. COURNOYER: Je n'ai pas cessé et je n'ai pas l'intention de
cesser demain matin. J'ai dit: Mes crédits, c'est plus important que les
déclarations publiques.
M. BURNS: Je comprends que ce...
M. CADIEUX: Si on dit à nos gens des centres de main-d'oeuvre...
Bien, j'ai envoyé des gens dernièrement, ils sont venus me voir
pour me dire: On aimerait peut-être travailler sur la Côte-Nord. On
pense qu'il y a des débouchés à tel endroit. Je leur dis :
Allez vous adresser au centre de la main-d'oeuvre. Ils se font répondre:
Bien, nous, on ne s'occupe pas de ça. On s'occupe de Valleyfield, on ne
s'occupe que du comté.
M. DEMERS: C'est ça!
M. CADIEUX: Ils ont un téléphone, ils ont une ligne
directe. Ils pourraient rendre ce service aux gens, leur dire: Mettez-vous en
communication. Là, ils leur disent: Allez à Baie-Comeau,
peut-être que vous aurez quelque chose.
M. DEMERS: Allez voir!
M. CADIEUX: II me semble que cela n'a pas d'allure.
M. COURNOYER: Cela n'a pas d'allure. C'est ça que vous vouliez
que je dise. Cela n'a pas d'allure. Il faut être d'accord, cela n'a pas
d'allure.
UNE VOIX: Non, cela n'en n'a pas.
M. DEMERS: Passez-leur le fouet. D'accord, cela n'a pas d'allure. Passez
donc le fouet.
M. COURNOYER: Ce n'est pas pour ça qu'ils sont là. Ils
sont là exactement pour éviter ça. Alors, je ne veux pas
faire... ce ne serait pas logique.
M. BOSSE: Est-ce que ce sont les bureaux qui n'ont pas d'allure ou bien
les fonctionnaires qui sont là?
M. COURNOYER: Non, je dis que s'il y a des...
M. DEMERS : Ils sont bons, ils sont solides.
M. BOSSE: C'est seulement pour établir ce qui n'a pas
d'allure.
M. CADIEUX: Ce qui n'a pas d'allure, c'est que quelqu'un puisse dire
ça à un autre alors qu'il a le téléphone et que le
gouvernement paie pour ça.
M. CROISETIERE: Alors, M. le Ministre, c'est ce qui se produit dans ce
que vient de souligner le député de Beauharnois. Nous revenons
à notre bureau, nous prenons le téléphone et nous essayons
de retracer...
M. COURNOYER: Cela retourne au député, alors qu'on voulait
le sortir des mains du député.
M. DEMERS: ...ce qui correspond au fait que j'ai rencontré
l'Orateur de la Chambre de Terre-Neuve à un congrès, pour qu'il
puisse me trouver des emplois à Churchill Falls. Ce n'est pas mon
ouvrage, ça.
M. COURNOYER: Non, monsieur ce n'est pas votre ouvrage.
M. DEMERS: Je voudrais que ces histoires finissent. Nous ne sommes pas
des faiseurs d'emplois.
M. COURNOYER: Alors, messieurs, non seulement j'en prends bonne note,
mais c'est exactement comme cela que ça doit être. Les centres de
main-d'oeuvre du Québec doivent rendre service aux travailleurs du
Québec, à ceux qui sont en chômage en particulier. Il y a
une question de mobilité et c'est nous qui sommes censés savoir
où sont les emplois. Si nous le savons pas, nous devons prendre les
moyens pour le savoir.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une autre question
à poser au ministre dans le même ordre d'idées. Les gens de
chez nous font affaires avec trois bureaux: Saint-Georges de Beauce,
Lévis et Québec. Ils s'adressent d'abord au plus proche,
Saint-Georges. On leur dit: Non, c'est Lévis qui s'occupe de cela. Ils
descendent à Lévis, on leur dit : Votre région est
Saint-Georges. Ils retournent à Saint-Georges-de-Beauce où on
leur dit: Nous nous sommes trompés, il faut que vous alliez à
Québec. On parlait de voyages blancs tantôt, j'ai
énormément de gens qui ont fait des voyages blancs.
M. LE PRESIDENT: Quelle est votre question?
M. ROY (Beauce): Ma question est la suivante: Les officiers de bureau
sont-ils bien informés, régionalement, pour savoir où
diriger les travailleurs qui se rendent à ces bureaux? C'est un gros
problème. Encore ce matin, des gens sont venus avec moi à
Lévis. J'ai reçu un appel à mon bureau et on m'a dit que
je les avais emmenés au mauvais endroit. Ce n'est pas à
Lévis que nous devons aller mais à Saint-Georges. Nous y sommes
allés la semaine dernière. C'est un problème de
millage.
M. LE PRESIDENT: Vous leur avez donné le transport.
M. COURNOYER: Non, mais disons que ce que vous me dites me surprend.
Cela me place dans la situation d'avoir l'air très penaud devant vous,
comme ministre du Travail. J'ai l'air penaud. Si c'est ainsi que ça se
passe, ça ne doit pas se passer ainsi. Le service est donné
à l'individu. Qu'il vienne de telle ou telle région, nous sommes
supposés donner un service à l'individu, quel qu'il soit, pour
autant qu'il reste au Québec.
M. GUAY: J'en ai moi-même fait la preuve. Je suis entré
pour accompagner des gens dans deux bureaux et c'est la réponse qu'on
leur a faite. Maintenant c'est probablement facile à corriger?
M. COURNOYER: C'est une très mauvaise réponse.
M. BOSSE: M. le ministre, cette situation étant
généralisée, semble-t-il dans toute la province, dans les
bureaux de main-d'oeuvre, ceci est de nature précisément à
faire la preuve qu'au niveau provincial, la difficulté étant
tellement grande et l'insuccès de ces bureaux dans cette espèce
de lutte de récupération, d'autorité et de juridictions,
on se trouve nettement en situation inférieure. Si on les compare,
présentement,- avec les bureaux du fédéral qui sont
équipés... Evidemment, je suis d'accord, ils ont un financement
nettement supérieur. Ils ont au moins l'amabilité de
répondre au monde décemment, alors qu'ici, c'est un
système de référence, à droite et à gauche.
Il semblerait, je ne sais pas si ce n'est pas la préparation même
des individus qui se trouvent à l'intérieur pour recevoir au
moins les gens et faire l'impossible comme le disait tout à
l'heure le député de Saint-Maurice que cela n'appartient
quand même pas aux députés ou à d'autres de faire
les démarches. Il est légitime pour un citoyen de s'attendre que
son fonctionnaire provincial qui est... Sur ce point, en particulier, nous
revendiquons continuellement nos juridictions. Mais avant de revendiquer
fortement il faudrait commencer d'abord par se donner des outils, des
instruments et une structure avec des individus à l'intérieur qui
ne gâchent pas toute la sauce non plus. Alors, c'est important qu'ils ne
gâchent pas toute la structure.
Or, il me semblerait, je pense que vous nous avez donné
l'assurance tout à l'heure, que vous avez l'intention de jeter un coup
d'oeil sérieux à ce niveau pour voir à ce que cela
fonctionne à la satisfaction de tous les citoyens et plus
particulièrement des membres de cette commission qui semblent unanimes
à ce sujet.
M. CADIEUX: M. le Président, est-ce que nous pouvons
espérer finir avant le dfner ou bien ajournons-nous?
M. LE PRESIDENT: Voici, si vous voulez connaître l'intention de la
présidence, si nous n'avons pas adopté les crédits
à une heure, nous allons suspendre jusqu'à deux heures trente.
Alors, la parole est au député de Maisonneuve.
M. CADIEUX: Le leader de la Chambre tantôt a dit midi trente.
M. LE PRESIDENT: Nous allons suspendre à une heure jusqu'à
deux heures trente.
M. CADIEUX: D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: Tout simplement sur ce problème de fonctionnement au
niveau de la commis-
sion je pense que le ministre a des problèmes de
disponibilité la semaine prochaine. C'est cela qui cause le
problème. Mais, même si les problèmes d'ordre
général peuvent paraître longs à discuter, j'ai
nettement l'impression qu'une fois qu'ils auront été
discutés, le reste, les divers postes, articles et sous-articles, va
débouler rapidement.
M. COURNOYER: C'est cela. Je n'ai pas objection du tout. Nous n'avons
pas l'intention de discuter autre chose que ce qu'on discute actuellement.
M. BURNS: Il y a ici d'autre part les porte-parole, M. le ministre, qui
ont des obligations cet après-midi et qui ne pourront peut-être
pas...
M. COURNOYER: J'avais compris qu'on siégeait aujourd'hui.
M. BURNS: Qu'on siégeait cet après-midi?
M. COURNOYER: Oui.
M. BURNS: Je n'ai pas d'objection.
M. DEMERS: La Chambre siège cet après-midi.
UNE VOIX: Absolument.
UNE VOIX: Au moins jusqu'à quatre heures.
M. LE PRESIDENT: J'irais même jusqu'à dire que c'est notre
commission qui conditionne la Chambre, sans prétention.
M. CADIEUX: J'ai dit que, si ce n'était pas terminé, on
reprendrait.
M. COURNOYER: La discussion était très
intéressante. Cela va bien.
M. BURNS: M. le Président, j'aimerais maintenant aborder le
problème de la négociation sectorielle.
M. COURNOYER: Faites une thèse, la mienne est déjà
faite.
M. BURNS: Non. Je ne veux pas faire de thèse ni quoi que ce
soit.
M. BOSSE: II n'a pas dit: Taisez-vous.
M. BURNS: On se souvient qu'au congrès de l'Institut canadien de
recherche en relations industrielles, à Ottawa, le 18 juin 1970,
l'ancien sous-ministre du Travail, M. Robert Sauvé, maintenant M. le
juge Robert Sauvé, s'était prononcé assez clairement en
faveur de la négociation sectorielle. Il a également
précisé un peu ses vues dans une conférence qu'il a
donnée le 6 octobre 1970, au Château Champlain à
Montréal. Personnellement, même si je n'étais pas d'accord
sur tout ce qui était contenu dans ces deux conférences, surtout
au niveau des détails, j'ai toujours été d'accord sur le
principe même de la négociation sectorielle. C'était
beaucoup plus sur les modalités de mise en application et dans les
secteurs où cela devait se faire et comment cela devait se faire que
j'avais des réserves par rapport aux opinions du juge Sauvé.
Ensuite, le projet a apparemment été discuté au Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre l'automne dernier. En novembre,
le conseil du patronat s'est prononcé ouvertement contre la formule de
négociation sectorielle, même contre le principe. Je me souviens
que M. Charles Perreault, à grands coups de conférences de
presse, nous avait annoncé que son organisme se battrait à mort
contre ça.
Vous avez eu ensuite' les porte-parole de divers organismes, dont MM.
Daoust, Gérin-La-joie, de la FTQ, ont rappliqué à cette
attitude-là pour enfin en arriver au début de 1971 à,
semble-t-il, un abandon complet du projet, une mise de côté du
projet de négociation sectorielle. Personnellement, même si les
travaux étaient amorcés soit par le conseil, par les divers
organismes, ou par les remarques qui étaient faites ou encore, à
l'origine, par l'ancien sous-ministre; je déplore qu'on ait
abandonné le projet. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu de pousser
plus loin cette recherche. Vous avez des applications concrètes qui
pourraient être données à une mise en application du
système de la négociation sectorielle. On a vu récemment
d'ailleurs la FTQ faire revivre ce problème à l'occasion du
conflit entre les vendeurs d'automobiles et les employés groupés
dans les divers syndicats de la FTQ.
Alors, là-dessus, je voudrais que le ministre nous précise
la politique de son ministère à l'égard de la
négociation sectorielle, à l'égard du principe, à
l'égard des études qui peuvent être faites. En somme,
est-ce qu'on a mis toute l'affaire dans le tiroir, sous clé, et on n'en
parle plus ou quoi?
M. COURNOYER: Le ministre a déclaré au nom de son
ministère parce que, jusqu'à preuve du contraire, c'est le
ministre qui est responsable du ministère...
M. DEMERS: C'était cela, je pense.
M. COURNOYER: ... que la négociation sectorielle n'était
pas abandonnée mais que des expériences devaient être
conclues. Il a dit que même si ces expériences selon les personnes
que vous avez mentionnées tantôt, ne sont pas jusqu'ici
applicables, pour autant qu'elles sont applicables, nous avons des
expériences de négociation sectorielle en cours. Une s'est
soldée par un échec monumental et une intervention
gouvernementale à la fin, intervention qu'on n'aime pas...
UNE VOIX: La construction.
M. COURNOYER: Sur la construction. C'était une négociation
aussi, même si des gens disent que ça n'en est pas une à
cause de la nature de la construction et de la mobilité du monde.
M. BURNS: Je suis d'accord avec le ministre pour dire que c'en est
une.
M. COURNOYER: II y a aussi le secteur hospitalier qui est une
négociation sectorielle, que je sache. Il y a le secteur de
l'enseignement qui est aussi une négociation sectorielle. Dans le
secteur de l'enseignement, vous avez deux sections. La première section
est l'enseignement proprement dit à l'élémentaire, au
secondaire et à la maternelle. C'est une expérience qui a eu
cours à la suite du bill 25, de renommée mémoire, une
autre loi-matraque qui a ordonné la négociation sectorielle, mais
c'était une loi-matraque, à ce moment-là.
Aujourd'hui, il y a la possibilité d'une révision
législative pour le secteur public en particulier et
particulièrement dans le domaine des services de soutien dans
l'enseignement pour rendre la négociation sectorielle. Nous affrontons
là non pas les objections des employeurs, mais les objections des
salariés. On va voir jusqu'à quel point ces objections-là
se matérialiseront lorsque le projet de loi, visant à mettre un
certain ordre dans le domaine des relations patronales-syndicales du domaine
public et parapublic, on va voir comment les gens vont réagir si jamais
il y avait une négociation sectorielle d'ordonnée dans d'autres
domaines que celui de l'enseignement proprement dit, dans le domaine du
personnel de soutien, par exemple.
Il y a les hôpitaux qui sont nettement, à mon sens, une
négociation sectorielle. Dans ces cas-là, il y a un facteur
unifiant, que j'ai constaté, c'est que la plupart sont sous la direction
gouvernementale, c'est-à-dire qu'il y a un payeur au bout, qui s'appelle
le gouvernement et qui a un intérêt qu'il est obligé de
défendre à des tables de négociations et parce qu'il y a
ce facteur unifiant, le gouvernement tente d'effectuer des expériences
de négociation sectorielle, lorsqu'il est lui-même
impliqué.
Alors ces deux ou trois ou quatre expériences, même si
certaines personnes prétendent que ça ne peut pas être
concluant, que ça n'est pas la même chose que les autres,
m'indiquent à moi qu'on doit d'abord les réussir pleinement avant
de s'aventurer dans un autre domaine de législation
générale.
Maintenant, vous avez parlé tantôt que le conseil du
patronat s'était prononcé contre: oui, j'en suis, mais vous ne
m'avez pas dit que la FTQ s'était prononcée pour, ni que la CSN
s'était prononcée pour. Vous m'avez dit que M. Daoust et M.
Lajoie s'étaient prononcés pour.
M. BURNS: Je ne veux pas être l'interprète des intentions
de la CSN, je n'en ai aucunement le droit d'ailleurs, mais je pense que la CSN,
par l'entremise de son président, M. Pepin, s'est prononcée en
faveur du principe de la négociation sectorielle, sauf que je pense que
M. Pepin à quelques reprises a lui aussi exprimé des
réserves sur la mise en application du système proposé par
M. Sauvé.
Quant à M. Laberge, je pense que j'ai fait
référence tantôt au conflit récent des vendeurs
d'automobiles. Je pense qu'à cette occasion c'était assez clair.
Et ces deux personnes-là, M. Laberge et M. Pepin, je pense, en tant que
présidents des deux organismes, en sont les portes-paroles.
M. Gérin-Lajoie, lui, évidemment, parlait plutôt
quant au groupe des métallos et M. Daoust, que je sache, est encore
secrétaire général de la FTQ et, comme tel, j'ai
l'impression, parle au nom de l'organisme aussi. Je présume. Je veux
dire s'il est élu à ce poste-là...
M. COURNOYER: Si vous tenez à présumer,
présumons.
M. BURNS: Bon, alors ce sont quand même des déclarations
officielles qui viennent de ces groupes-là et qui n'ont pas
été, je pense, contredites par des groupes, des sous-groupes
appartenant à ces grandes confédérations.
M. COURNOYER: Pour moi, disons que, quand M. Laberge s'exprime, je
présume qu'il s'exprime au nom de la FTQ. Quand M. Pepin s'exprime, je
présume qu'il s'exprime aussi au nom de la CSN.
M. BURNS: Quand le ministre parle, je présume qu'il parle au nom
du ministère. C'est exactement la même chose.
M. COURNOYER: Non, pas tout à fait, je parle au nom du
gouvernement, quoique, parfois il peut y avoir des conflits entre le
ministère et moi...
M. BURNS: Mais de toute façon M. le ministre, pourquoi le
problème...
M. COURNOYER: De toute façon, je vous le dis, le problème
qui nous a amenés dans cette discussion-là, c'est de savoir si la
FTQ est d'accord sur la négociation sectorielle et si je me
réfère au dernier congrès de la FTQ, je trouve ça
un peu embrouillé, son accord sur la négociation sectorielle.
Mais si je me réfère à la
Confédération des syndicats nationaux, je trouve ça encore
un peu embrouillé.
Que M. Pepin ou M. Laberge prétendent que ce soit la solution,
cela je n'en doute pas; pour
eux, c'est la solution. Mais est-ce que c'est la solution
préconisée par les mouvements, aujourd'hui, à ce
moment-ci, une résolution comme celle du conseil du patronat? Je n'en ai
pas devant moi. Peut-être que j'en aurai. Je dis que peut-être eux
aussi ils évoluent dans le sens de ce concept nouveau en matière
de négociations mais que le mouvement n'a pas encore
déterminé que c'est ça qu'il voulait.
M. BURNS: Je veux référer le ministre à certains
faits. Le Soleil du 3 décembre 1970, titre: "Appui de la
fédération du commerce au principe de la négociation
sectorielle". Je parle toujours du principe lui-même.
M. COURNOYER: Oui.
M. BURNS: La fédération du commerce est une
fédération affiliée à la CSN. Ceci se faisait
devant un certain nombre de délégués. On lisait dans
Montréal-Matin, le 1er décembre 1970: "La FTQ: la
négociation sectorielle est devenue indispensable"...
M. COURNOYER: Répétez donc le texte en dessous.
M. BURNS: Le texte: "Le vice-président de la FTQ, M. Jean
Gérin-Lajoie...
M. COURNOYER: Jean Gérin-Lajoie. Ah oui!
M. BURNS: Cela en est un autre. M. COURNOYER: Oui, mais cela...
M. BURNS: "En réponse au patronat, la FTQ accepte...
M. COURNOYER: ...ce ne sont que les titres de page.
M. BURNS: Non, non, je vous donne les titres. Vous ne voulez quand
même pas que je vous lise tout l'article. Je vous donne tout
simplement...
M. COURNOYER: Vous avez été prudent tantôt quand
vous m'avez dit, M. Burns: M. Gérin-Lajoie, le vice-président, et
M. Daoust, le secrétaire général de la FTQ, ont dit cela.
Vous n'avez pas dit: La FTQ a dit ça, parce que la résolution de
la FTQ n'est pas tout à fait comme celle que M. Gérin-Lajoie
prétend.
M. BURNS: Je suis obligé de reconnaître que ces gens
détiennent des postes et parlent au nom de l'organisme. Ils sont
justement élus pour parler au nom de ces organismes. Vous avez un autre
groupe de la FTQ, la Fraternité internationale des électriciens
qui s'est dite favorable également...
M. COURNOYER: Pardon?
M. BURNS: ...qui s'est prononcée contre; excusez, vous avez
raison. Une petite nuance! Je ne veux pas passer vite comme ça!
M. LE PRESIDENT: Cela vous permet, en même temps, de
réviser votre dossier.
M. BURNS: C'était pour voir si le ministre était "on the
ball"! Je m'aperçois qu'il l'est. De toute façon, en somme je
fais cela à titre illustratif du fait que cela crée quand
même énormément d'intérêt, c'est un centre
d'intérêt qui préoccupe les gens du monde du travail et je
veux savoir où cela s'en va...
M. COURNOYER: Cala me préoccupe également.
M. BURNS: Est-ce qu'on oublie cette affaire-là?
M. COURNOYER: Non, au contraire.
M. BURNS: Qu'est-ce qui se fait actuellement?
M. COURNOYER: Nous réalisons des expériences actuellement.
Quand, par exemple, nous avons procédé à une
négociation sectorielle dans l'enseignement, je l'ai mentionné
tantôt, c'était une négociation sectorielle dans
l'enseignement. Cela impliquait un certain nombre de partenaires. Lorsqu'un
congrès comme celui que je considère aussi sérieux que
ceux de la CSN ou ceux de la FTQ, le congrès de la CEQ, conclut à
un retour en arrière de la négociation sectorielle pour
retourner, en partie du moins, à la négociation par
région, je dis: Ecoutez, il y a peut-être des expériences
que ces gens ont faites et que nous avons faites qui prouvent par exemple que
nous éloignons tellement de la base les décisions en
matière de négociations que la base ne comprend plus rien.
M. BURNS: C'est le danger que cela comporte.
M. COURNOYER: Cela le comporte d'une façon telle... Prenez la
construction, prenez l'enseignement. C'est la CEQ qui est en haut et l'on ne
serait pas d'accord sur ce que le ministre de la Fonction publique dira
peut-être un jour. Pour ma part, la CEQ, l'organisme provincial, a beau
tenter, par tous les moyens, de rendre présents les différents
organismes régionaux, il y a toujours à un moment donné
une possibilité que la régionale de Chambly ne marche pas dedans,
que l'Alliance des professeurs de Montréal ne marche pas dedans, que
celle de l'Abitibi ne marche pas dedans ou que celle de la Gaspésie ne
marche pas dedans à cause du fait qu'elles n'ont pas l'impression
d'avoir décidé elles-mêmes de leurs conditions de travail.
Mais cette expérience est en cours, la deuxième ronde de
négociations ne fait que débuter.
Peut-être le problème sera-t-il remis entièrement
lorsqu'on voudra prolonger le bill 25, ou faire en sorte qu'on ait un
système de négociations avec les enseignants. Je ne dis pas de
prolonger le bill 25 mais bien cette section qui dit que cela va être
encore sectoriel. Les gens n'ont pas encore vu l'amendement au projet de loi et
je n'ai pas les réactions sur leur interprération de
l'expérience, mais il s'agit bien du mouvement sydical et nous disons
que notre interprétation à nous au gouvernement, de cette
expérience est bonne et devrait continuer comme ça, il n'y a pas
de doute là-dessus. Mais quand les gens d'en bas, ceux qui sont dans les
différents locaux régionaux de ces centrales syndicales voient ce
que cela peut vouloir dire, c'est un peu comme cela est arrivé dans la
construction, que les gars de Chicoutimi disent: On n'a plus rien à dire
dans nos affaires.
Le Syndicat national de la construction de Montréal dit que le
bill 290 qui était une négociation sectorielle n'a pas d'allure.
Le Syndicat national de la construction de Montréal, que je sache, est
encore affilié à la CSN, quoiqu'il ait été exclu
des cadres;
M. BURNS: Des petits problèmes.
M. COURNOYER: Mais disons qu'ils restent encore de bons amis,
d'après ce que j'ai pu voir. Que ce syndicat-là ait
indiqué l'heure même de l'adoption du bill 290, que cela n'avait
pas d'allure d'éloigner tellement de la base les décisions en
matière des relations de travail, j'ai le droit, et non seulement le
droit, mais l'obligation, comme ministre du Travail qui serait le patron, le
parrain d'amendements au code, de dire que le climat actuel m'oblige, non pas
de retarder la négociation sectorielle, pas du tout, mais de
compléter les expériences de ceux qui la font, par obligation ou
autrement. C'est dans ce sens que j'ai mis de côté pour le moment
le livre blanc qui était supposé être fait sur la
négociation sectorielle. Ceci de façon que l'on compile les
expériences d'une certaine manière et que l'on sache alors,parce
que c'est obligatoire de le faire, parce qu'il y a des facteurs unifiants dans
les cas, s'il y a lieu de mettre en branle un système de
négociation sectorielle qui pourrait devenir
généralisé.
Je pense que mon raisonnement est peut-être faux à la base.
Pour ma part, c'est l'explication que je peux donner.
M. BURNS: Non, non. Je ne dis pas que votre raisonnement est faux
à sa base. Encore une fois le ministre redevient prudent. Je pense que
c'est une prudence de bon aloi. C'est bien normal que l'on ne chambardera pas
complètement tout un système de négociations sans y penser
très sérieusement, sans envisager les conséquences. Ce
n'est surtout pas pour mettre le bordel dans toute l'affaire que vous voulez
faire la négociation sectorielle. Je suis entièrement d'accord
avec le ministre, à ce sujet. Ce qui m'inquiète est que si on
abandonne le projet et si on se dit: On regarde ce qui va se passer, de
façon passive, en restant sur le bord de la bande, est-ce, à mon
avis, je me pose très sérieusement la question, qu'on fait
avancer le problème?
M. COURNOYER: Ce serait peut-être la solution.
M. BURNS: La solution du problème. Est-ce que ce ne serait pas,
justement, une autre occasion où la commission parlementaire devrait
siéger et entendre des gens sur ces problèmes? Il y a une
série d'opinions diverses. Ce serait peut-être l'occasion de
commencer encore une fois avant qu'une atmosphère passionnée se
soit installée, à étudier cela dans le calme et d'essayer
de faire avancer la solution au problème.
M. COURNOYER: Je n'ai pas d'objection. J'ai dit que le projet
était retardé jusqu'à ce que nous ayons conclu certaines
expériences. Parmi celles-là, il y a la construction. Et comme en
1974, vous serez probablement nos remplaçants, vous passerez à la
négociation sectorielle après l'expérience de la
construction.
M. BURNS: C'est bien gentil d'admettre cela ouvertement. Vous parlez
toujours au nom du gouvernement?
M. COURNOYER: Non, je parle de ce que je lis dans les journaux.
M. LAURIN: Est-ce que l'on peut parler véritablement
d'expériences semblables. La construction, tout le monde le dit, est un
phénomène presque unique dans son genre. Cela ne peut être
assimilé à aucune autre expérience, étant
donné la multitude des employeurs, des employés, des
régions comme je le disais tout à l'heure. Dans les autres
secteurs que vous avez mentionnés, ce sont des secteurs où l'Etat
est employeur, soit directement ou indirectement. Enfin, il n'y a aucun secteur
industriel où la négociation sectorielle a été
véritablement utilisée sur une base volontaire...
M. BURNS: ... sinon sur une base volontaire.
M. LAURIN: ... sinon sur une base volontaire. Il y en a quand même
des industries, des secteurs où il serait intéressant de pouvoir
étudier ce que cela pourrait donner. Quand on pense, par exemple,
à l'industrie du textile, à l'industrie des pâtes et papier
à l'industrie de la chaussure qui ont connu des difficultés assez
extraordinaires ces temps derniers au Québec, ceci provoque beaucoup de
malaises dans chacune des usines implantées dans les différentes
régions. On voit surgir des champignons de difficultés d'une
région à l'autre. On sent qu'il n'y a rien qui relie ces
explosions d'un endroit à
l'autre et rien qui ne relie les tentatives de solution qui sont
apportées. L'Etat est absolument impuissant, ne fait rien, d'une part en
tant que moteur de régulation économique et en même temps
ne fait rien au point de vue du travail pour relier ces diverses
difficultés qui vont d'une région à l'autre alors qu'on a
quand même des conditions de travail assez semblables...
M. COURNOYER: M. Laurin...
M. LAURIN: D'ailleurs, M. le Ministre, je veux terminer mon
exposé.
M. COURNOYER: Oui.
M. LAURIN : Quand il y a eu des grèves dans ces
secteurs-là, une des premières revendications dont on entendait
parler de la part des syndicats, c'était toujours la parité. La
parité avec les employeurs, avec les employés d'une autre
région du Québec ou d'une autre région du Canada. Cela
montre bien au fond qu'il y aurait peut-être lieu, si vous voulez faire
une expérience pilote, de la commencer dans ce secteur-là qui n'a
jamais été touché jusqu'ici.
M. COURNOYER : Oui, mais vous venez d'énoncer, M. Laurin,
justement ce qu'on recherche, la parité. Puis vous avez
mentionné: On la recherche soit avec une autre région du
Québec, soit avec une autre province du Canada, soit aussi avec les
Etats-Unis. A ce compte-là, il faudrait peut-être avoir une
négociation sectorielle canadienne et peut-être aussi une
négociation sectorielle incluant les Etats-Unis puisque nous sommes en
compétition.
M. LAURIN: Oui, mais avant que vous en arriviez à cette grande
négociation...
M. COURNOYER: Oui, je n'arriverai pas là demain matin.
M. LAURIN: ... il serait peut-être mieux d'harmoniser nos propres
relations de travail.
M. COURNOYER: II ne faudrait pas minimiser d'autres choses parce qu'on
parle toujours, disons, de négociation sectorielle. Dans le fond,
qu'est-ce que c'est, la négociation sectorielle? C'est la description de
grands schèmes parce qu'on ne peut pas aller négocier sur ce qui
se passe sur un "pot" à Aluminium du Canada pour savoir si ça se
passe de la même façon dans une autre affinerie ! On ne peut pas
dire que ça va être la même chose à la Canadian
Copper Refiners à Montréal que ça le serait, pour les
conditions de travail par exemple, à la raffinerie de Kitimat à
l'autre bout. Ce n'est pas pareil. Je prends comme exemple...
M. LAURIN: Je veux simplement dire que ça ne peut pas rien donner
au point de vue des institutions dans d'autres domaines.
M. COURNOYER: Non, mais c'est une expérience qui se poursuit, qui
n'est peut-être pas la négociation sectorielle parce que la
négociation sectorielle est un peu comme le député
tantôt qui parlait de la sécurité d'emploi dans la
construction. Il n'y a pas de sécurité d'emploi dans la
construction. Soyons clair: II y a une sécurité d'être
employé mais il n'y a pas de sécurité d'emploi au sens
où on l'emploierait par exemple dans le domaine de la fonction publique
où le type est assuré d'un emploi. Il a son emploi, une fois
qu'il est employé on ne le jettera pas dehors pour rien. Cela, c'est de
la sécurité d'emploi. Tandis que, dans la construction, ce n'est
pas de la sécurité d'emploi, c'est de la sécurité
d'être employé avant un autre. Ce n'est pas la même
chose.
Ce sont des termes, négociation sectorielle. J'ai l'impression
souvent que se cache sous les représentations, soit contre, soit pour,
une peur d'un concept qui n'est peut-être pas du tout derrière le
mot "négociation sectorielle". Nous avons le Conseil de la main-d'oeuvre
des mines par exemple qui, nécessairement à cause de la nature de
ses préoccupations, tente ou tend à se préoccuper des
problèmes constants de la section ou des mines au Québec. Il
réunit à la même table des représentants syndicaux
et des représentants patronaux et il discute de leurs problèmes
communs. Nécessairement, en fin de compte, il y a peut-être
à la table de négociations d'un tel, des concepts qui sont
déjà développés d'un commun accord.
M. LAURIN: Je suis d'accord, M. le ministre, s'ils discutent de leurs
problèmes communs au point de vue des relations de travail et au point
de vue de la législation. Mais ils n'en parlent pas tellement au point
de vue des conditions de l'entreprise et au niveau de l'entreprise des
difficultés de l'entreprise.
M. COURNOYER: Au Conseil de la main-d'oeuvre des mines, oui. Ah oui!
Nous aurions l'intention, nous, de multiplier ces conseils de main-d'oeuvre de
secteur pour placer les esprits dans un domaine différent de la perte
totale du droit de disposer de son entreprise ou du droit de disposer des
conditions de travail d'un syndicat particulier. Il faut dire, vous savez, que
M. Gérin-Lajoie parle, parle peut-être lui et c'est un
peut-être que je mets dessus il parle peut-être d'autres que
les Métallos unis d'Amérique. Je ne l'ai pas encore vu passer
par-dessus le corps des gars de Sorel. Dire que ce ne sont plus eux qui vont
décider de leurs conditions, je connais suffisamment les gars de Sorel
pour savoir qu'ils ne se laisseront pas dicter leurs conditions par des gens de
Montréal. C'est la même chose pour les gars de Sept-Iles, c'est la
même chose pour les autres.
M. BOSSE : C'est par expérience. Il y en a quelques-uns ici.
M. COURNOYER: Ils y en a quelques-uns
ici. Ce que je veux dire par là, c'est que peut-être,
compte tenu du fait que les mots "négociation sectorielle" font peur
à des gens, du côté syndical comme du côté
patronal, que l'éducation des gens c'est peut-être de vivre
collectivement des expériences. Le Conseil de la main-d'oeuvre de la
forêt qui a été formé, on vient de le former, c'est
de la forêt. Je comprends qu'il y a des nids encore-là qui vont
très mal mais le fait qu'ils soient formés, le fait que nous en
ayons formé un qui produit des résultats dans la question des
mines au Québec, je ne dis pas que ça crée de l'emploi
mais ça produit des résultats au point de vue des relations entre
les groupes.
M. LAURIN: Tâchez donc d'en créer un pour les pâtes
et papier, les textiles, la chaussure...
M. COURNOYER: Je ne sais pas s'il s'en vient, celui-là.
M. LAURIN: Avez-vous l'intention d'en former un?
M. BURNS: La chaussure?
M. LAURIN: Au fond, les secteurs...
M. COURNOYER: Prenez l'alimentation. Il est bien possible que, d'une
façon spéciale, spécifique nous tendions à
cause de la nature de cette industrie-là vers une
possibilité de législation semblable à la construction qui
dit: L'alimentation, ça se négocie comme ça. Que quelqu'un
dise à partir de là: C'est une négociation sectorielle,
j'en suis, mais nous n'avons pas fait une loi générale de
négociation sectorielle, mais une loi adaptée à une
industrie qui est particulièrement propice à ce genre
d'opération. Il est possible aussi que, dans le domaine des vendeurs
d'automobiles, c'est ça, c'est peut-être la solution. A un moment
donné, j'aurai peut-être décidé, comme ministre du
Travail, d'aller aussi loin que faire une négociation à
l'échelon de l'industrie ou à l'échelon des vendeurs
d'automobiles au Québec, mais je n'aurai pas en même temps
déterminé que tout le monde passera par ce carcan-là.
J'aurai fait quelque chose de particulier, dans un cas particulier, mais en
prenant une industrie au complet.
M. BURNS: II faut bien se comprendre, M. le Ministre...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez objection à ce qu'on
suspende nos travaux. Nous reprendrons à deux heures trente.
M. BURNS: J'aime autant...
M. LE PRESIDENT: La séance reprendra à deux heures trente
cet après-midi.
Reprise de la séance à 14 h 35
M. HARVEY (Chauveau): (président de la commission permanente du
Travail et de la Main-d'Oeuvre): A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: M. le Président, lorsque la séance a
été suspendue heureusement, je n'ai pas perdu le fil de mes
idées pendant le dîner nous discutions de la
négociation sectorielle, et je pense que le ministre, d'après ses
réponses, n'a peut-être pas compris tout le sens de ce que je
voulais dire quand je parlais de négociations sectorielles. J'ai du
moins compris ça par ses dernières remarques.
Quand nous parlons de négociations sectorielles et quand je dis
qu'il ne faudrait pas mettre le projet de côté, je ne parle pas en
termes de négociations sectorielles imposées aux parties, mais
plutôt en termes de négociations sectorielles vues dans une
loi-cadre qui pourrait être utilisée. Encore une fois, je ne me
lancerai pas dans les modalités, comment, pourquoi, etc. Est-ce que ce
sont les syndicats eux-mêmes, tout seuls, qui vont décider qu'il
devrait y avoir négociation sectorielle dans le coin? Est-ce que les
employeurs auraient un droit de veto ou pas? Je ne me lancerai pas
là-dedans.
Ce que je veux dire, c'est que je n'aimerais pas qu'on mette de
côté les études, la discussion, et même les projets
de négociations sectorielles, mais vus dans une loi-cadre qui pourrait
être utilisée. C'est dans ce sens-là. C'est la seule
remarque que j'avais à faire en terminant, et c'est cela,
j'espère, qu'on pourra examiner au sein de la commission parlementaire,
soit en entendant les parties, les experts ou qui que ce soit. Je voudrais bien
que le ministre ait compris la nature de mes remarques.
M. COURNOYER: Je prends bonne note de cette précision que vous
avez voulu apporter.
M. BURNS: Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre qui a à parler sur
la négociation sectorielle?
M. DEMERS: Je crois que nous en avons terminé avec ce sujet.
M. LE PRESIDENT: Poste 1.
M. BURNS : Je me souviens que le prédécesseur du ministre,
M. Laporte, avait, à quelques reprises, en août 1970 entre autres,
fait des sorties contre ce qu'il est convenu d'appeler les agences
privées de placement. Un peu plus tard, Le Devoir du 21 septembre, plus
précisément, titrait: "Un rapport resté secret
dénonce des agences exploitant les chômeurs. Je pense que ce sont
deux personnes du ministère, M. Jean-Claude Doré et M. Jean-Paul
Racine je ne sais pas si tous les deux sont à l'emploi du
ministère, je sais que M. Doré l'est qui, apparemment,
sont les auteurs d'un rapport.
Ce rapport, si on veut le résumer sans trop le trahir
c'est em... un peu cette affaire-là conclurait à la
disparition ou du moins à un très grand contrôle des
agences privées pour éviter l'exploitation des chômeurs. Le
problème se pose de façon très aiguë
particulièrement dans le domaine du placement des jeunes filles, des
cols blancs en général, mais plus précisément des
jeunes filles qui ont terminé un cours de sténographie dans un
collège commercial, etc.
Il y a eu plusieurs plaintes. J'aimerais savoir si le ministère
ou si le ministre a l'intention de poursuivre la politique qui semblait avoir
été amorcée par M. Laporte, à l'effet de faire,
autant que possible, disparaître ou du moins de contrôler
très sérieusement ces agences de placement privé.
M. COURNOYER: Oui.
M. BURNS: Est-ce que vous avez un projet de loi?
M. COURNOYER: Le projet de loi est presque prêt, mais ce ne sera
pas pour le mois de juin. Il peut être présenté à la
session d'automne, mais le projet est presque prêt. Disons qu'il est
peut-être un peu vaste dans ses termes, pour le moment, et il y a
peut-être lieu de préciser davantage compte tenu d'où nous
sommes rendus.
Mais à la législation d'automne, on espère beaucoup
donner suite aux intentions qu'avait exprimées M. Laporte avant de
partir.
M. BURNS: Sans que vous nous dévoiliez des choses que vous ne
pouvez dévoiler, est-ce que cette législation se dirige
plutôt vers un contrôle de ce type d'agences ou vers une reprise en
main par l'Etat, par exemple?
M. COURNOYER: Personnellement, avec les plaintes que l'on porte sur les
centres de main-d'oeuvre qui sont des agences de placement officielles, je me
sentirais très peu disposé à modifier immédiatement
et dire: Otez-vous que je me mette.
M. BURNS: Vous aurez tout l'été pour mettre ça en
forme.
M. COURNOYER: Oui, si on peut régler le problème de la
construction qui est un des inconvénients dont je parlais tantôt.
Mais, compte tenu de ceci, compte tenu qu'une certaine agence privée,
que ce soient des agences privées que je peux appeler syndicales
parce que il y a des agences privées de placement qui sont aussi
syndicales, elles n'ont pas tout à fait l'intention de dire: Nous
ne jouons plus là-dedans, pour des raisons fort honnêtes
d'ailleurs. Elles ne chargent rien, sauf la cotisation syndicale, dans certains
cas. J'ai nettement l'intention de plutôt contrôler, de rendre plus
stricte l'application de règlements qui font que le travailleur ne soit
pas obligé ou tenu de payer continuellement ou de payer. Parce que, si
je comprends bien les règlements actuels, pour donner une autorisation
à un bureau de placement, il ne faut pas qu'il paie.
Déjà, actuellement, c'est plutôt l'absence d'un
contrôle. Il y a un contrôle postérieur à
l'émission d'un permis. Il peut arriver parfois que les agences n'aient
pas le droit de charger quoi que ce soit, mais il se peut que ce soit indirect.
Mais il y a lieu que l'Etat se mêle des agences de placement. Plus
précisément, je n'ai pas l'intention de les abolir parce qu'elles
rendent encore des services aux gens, les salariés et les employeurs et
elles jouent un rôle supplétif à certaines carences de
l'Etat.
Mais si jamais, ça ce n'est pas une annonce pour le temps
où j'aurai pris ma retraite, l'Etat devenait non pas plus efficace mais
structurait un système de placement rodé, il va de soi
qu'à un moment donné il y a peut-être quelqu'un qui sera de
trop dans le système.
Il y en a déjà qui sont de trop dans le système,
s'il y en avait encore de trop dans le système, ils subiraient
peut-être le sort de ceux qui sont de trop dans le système
actuellement.
M. LE PRESIDENT: Article 1? Le député de Saint-Maurice
avait manifesté le désir de poser une question.
Travail à domicile
M. DEMERS: J'avais une question à poser, elle est
d'intérêt général, je ne sais pas où on
pourrait la retrouver dans le budget. Ma question concerne la
réglementation du travail à domicile. Est-ce qu'il y a des
développements de faits en ce sens-là?
M. COURNOYER: Le travail à domicile, dans la couture en
particulier?
M. DEMERS: Dans la couture, dans l'industrie du gant, parce que je suis
d'avis qu'il y a peut-être là une exploitation des travailleurs,
un avilissement des prix, toutes sortes de choses. Est-ce qu'il y a une
réglementation ou une enquête de faite, quelque chose de concret
qui s'organise dans ce sens-là?
M. COURNOYER: Mon sous-ministre m'informe que cela varie suivant les
décrets. Il y a des décrets qui comportent une permission du
travail à domicile. A d'autres endroits, on prohibe d'une façon
absolue le travail à domicile. Les décrets ne sont pas
administrés par le gouvernement. Ils sont administrés par les
comités paritaires eux-mêmes. C'est sûr qu'il y a encore des
endroits où ce n'est peut-être pas réglementé,
où l'on a décidé de le permettre et d'oublier cela. Dans
les manufactures de gants, en particulier, je n'ai pas voulu signer un
décret hier, mais je ne sais pas si la disposition dont vous parlez est
dedans. Ce sont des dispositions
de contrôle du travail à domicile qu'il y a dans le gant.
Elles ne l'empêchent mais le contrôlent.
M. DEMERS: Est-ce que le ministre est d'avis que cette situation de
travail à domicile je comprends que ça peut dans certaines
régions arrondir le revenu de la famille ne comporterait pas un
abus de certains patrons en certains endroits pour exploiter d'abord le
travailleur et aussi pour le payer à des salaires de famine, et pour
permettre aux patrons de se soustraire à une foule d'obligations
inhérentes à tous ceux qui mènent une industrie, qui font
fonctionner des industries?
M. TOURNOYER: Je ne doute pas qu'il y ait des abus. Tout abus, quel
qu'il soit ou de quelque nature qu'il soit, doit être corrigé
d'une manière ou d'une autre par l'Etat, mais...
M. DEMERS: Est-ce que cette situation relève du ministère
du Travail?
M. COURNOYER: Est-ce que cela relève de la politique...
M. DEMERS: ... de l'application de la politique, de la
réglementation, vous me dites que les comités paritaires ne
relèvent pas de vous?
M. COURNOYER: Non. Je n'ai pas dit cela. J'ai dit que les comités
paritaires avaient une autorité selon la Loi des décrets de
convention collective, que les parties avaient une autorité selon la Loi
des décrets de convention collective. Lorsqu'ils soumettent des
conventions collectives qui comportent une limitation du travail à
domicile un contrôle du travail à domicile ou une permission de
faire du travail à domicile sans contrôle, il reste que les
premières parties intéressées dans la compétition,
soit comme employeurs, soit comme salariés, nous demandent des
dispositions qui contrôlent le travail à domicile. Si elles ne
nous demandent pas des dispositions qui contrôlent le travail à
domicile, on présume à ce moment-là que les parties sont
satisfaites, que le travail à domicile n'est pas aussi mauvais que cela.
Si elles nous demandent des dispositions qui contrôlent le travail
à domicile, il est arrivé et il arrive que le contrôle est
donné au comité paritaire qui est l'organisme administratif du
décret.
Jusqu'ici, lorsqu'il y a cette disposition du contrôle, les
plaintes que nous pouvons recevoir au ministère du Travail sont assez
minimes. Mais c'est lorsqu'il n'y en a pas. Mais si les parties n'en veulent
pas dans le décret... Il est vrai que je pourrais dire qu'il y en a,
mais...
M. DEMERS: Vous ne pouvez pas donner plus que ce que le client demande.
Il y a des gens qui sont venus me voir à mon bureau et qui attiraient
mon attention à ce sujet. A la commission du travail, je soulignerai...
Je vou- drais savoir si c'est simplement localisé à certains
endroits marginaux dans la province ou si c'est étendu à la
grandeur de la province, cette situation.
M. COURNOYER: Cela dépend de l'industrie. Cela dépend des
décrets. Si, par exemple, dans la région de Saint-Maurice, il y a
un décret applicable à la région de Saint-Maurice, il est
possible que ce décret soit différent du décret, dans la
même industrie, applicable dans la région de Nicolet ou de
Drummondville. C'est immédiatement de l'autre côté de la
rivière, mais il est possible... Cela fait suite aux voeux
exprimés par les parties. Il est possible que ces gens en particulier
aient bénéfice à joindre les syndicats qui
négocient les décrets et à vouloir se protéger pour
leur travail à domicile. Habituellement, ce n'est pas tout à fait
la situation que l'on retrouve. Ce sont eux qui violent le décret.
M. DEMERS: II y a une ganterie installée à Saint-Tite dans
le comté de Laviolette. Chez nous, dans une paroisse rurale, on vient
finir des gants fabriqués par des Juifs de Montréal. Les gens
travaillent dans la maison avec un salaire minimal, infime. Pour ceux qui sont
là-bas dans l'industrie, le propriétaire de la ganterie est
obligé de s'astreindre à des règlements, au code du
travail, à payer son personnel, les retenues syndicales et tout
ça, la sécurité... Il y a une injustice dans ce
sens-là. Vous dites que ça varie selon les régions. Est-ce
que vous sentez que dans la province il y aurait un malaise au point de vue du
travail à domicile? Cela ne se perçoit pas.
M. COURNOYER: Vous savez, les organismes les mieux habilités
à nous signaler le malaise, ce sont ceux qui subissent des
préjudices par le malaise. Il y a des individus, on ne peut le nier, qui
font le travail à domicile. Ils font partie très certainement de
ce qu'on peut appeler la catégorie du "cheap labour". La personne n'au
aucuns frais d'investissement, elle peint chez elle et elle fait ce qu'elle
veut. Seulement, quand le gant part d'une industrie contrôlée de
Montréal, par exemple, il y a un syndicat dans l'industrie,
habituellement que je sache. Jusqu'ici, dans l'industrie du vêtement et
du gant, il y a des syndicats. S'ils laissent partir le gant comme ça,
soit qu'il y ait une entente ou soit que ce soit permis par les gens de
Montréal. C'est bien sûr que l'autre, la personne qui le fait,
peut subir des abus de la part des employeurs qui lui confient ce travail. La
grande difficulté dans laquelle nous nous trouvons, c'est un peu comme
celle décrite par les représentants du Ralliement
créditiste. La personne veut faire le travail. Si je le contrôle,
elle ne le fait plus. Je sais bien que c'est un abus. On peut bien dire que
c'est un abus.
La personne qui a à se plaindre du système, si c'est un
syndicat d'employés et qu'elle dit: Je
me plains parce qu'on ne finit pas les gants ici, tu fais finir
ça par des gens qui ne sont pas syndiqués et qui font ça
à des coûts moindres que nous te chargeons, elle ne se plaint pas.
Et l'autre à l'autre bout qui le fait à des coûts moindres
le fait et continue de le faire sans prendre les moyens qui lui sont
donnés à elle comme individu de faire des représentations
auprès d'un syndicat qui la représente dans notre structure de
négociations. On ne peut pas la forcer à aller au syndicat, mais
elle pourrait très certainement le faire, se joindre un syndicat et
dire: Nous, le travail à domicile, nous voulons qu'il soit
contrôlé.
A l'instant où on va demander que le travail soit
contrôlé, nous le contrôlerons, mais le jour où on va
le demander me semble encore éloigné. Ce sont eux qui en
bénéficient, jusqu'à un certain point.
M. DEMERS: Vous avez fait une petite parenthèse tantôt au
sujet du "cheap labor". Les agences privées dont parlait notre
collègue de Maisonneuve n'abuseraient pas un peu pour nous exporter des
gens en Ontario ou aux Etats-Unis à des tarifs moins
élevés, où nos gens seraient moins payés que les
Américains ou les Ontariens là-bas?
M. COURNOYER: Je n'ai pas fait enquête, sauf le cas qui s'est
produit l'an passé au sujet des jeunes filles, et pour lequel on m'a
redemandé une permission cette année, que j'ai refusée
cette année, de la même façon qu'avait refusé M.
Laporte.
M. DEMERS: C'est pour les Etats-Unis?
M. COURNOYER: Non, c'était pour l'Ontario, si je me souviens
bien.
M. DEMERS: Mais il y a de l'exportation d'étudiantes aux
Etats-Unis, je ne sais pas si elles ont le même salaire que celui qui est
payé localement.
M. COURNOYER: J'admets que, dans un système
fédéral, ça me fatigue parfois, mais je ne suis pas encore
dans un système international. Quant aux conditions de travail, les
Etats-Unis ont leurs problèmes, j'ai les miens. Quand quelqu'un
décide de s'en aller aux Etats-Unis, d'habitude il se fait
peut-être leurrer, parce que quelqu'un lui promet la lune aux Etats-Unis.
Encore une fois est-ce que je peux brimer quelqu'un de sa liberté au
point de dire: Tu n'iras pas aux Etats-Unis! Si tu as le goût d'y aller,
je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas non plus lui dire dans quelles
conditions je vais le laisser partir.
M. DEMERS: Ou dans quelles conditions il va revenir.
On vous avait demandé un permis, comme ça avait
été demandé l'année passée et M. Laporte
l'avait refusé, et vous l'avez refusé.
M. COURNOYER: Il me semble que je l'ai refusé. C'est parce que
j'ai posé la question si c'était le même que l'an
passé. J'ai dit: Si ce n'était pas vrai l'année
passée, ce n'est pas vrai cette année.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a
d'autres questions?
Commission des accidents du travail
M. BURNS: Oui, M. le Président. J'aimerais à ce moment-ci
aborder le problème de la Commission des accidents du travail que je ne
vois pas spécifiquement au budget. J'imagine que le ministre
conçoit que c'est un problème d'ordre général qui
relève de son ministère.
D'abord je suis heureux de signaler que, du moins d'après ce
qu'on peut en entendre dire dans le milieu, il semble que la Commission des
accidents du travail, même si elle n'a pas encore atteint l'état
de perfection qu'on lui voudrait, s'est sensiblement améliorée
sur le plan administratif.
Il reste encore un certain nombre de choses à corriger. Il semble
que les délais existent encore, des délais qui s'expliquent
probablement par des problèmes d'ordre administratif. Il y a aussi toute
l'approche de la Loi des accidents du travail, qui, à mon avis,
mériterait d'être repensée, entre autres, au niveau des
indemnités. Il a été longtemps avancé que
losrqu'une personne est assurée pour quelque chose, selon une
prétention qui est vraiment indéfendable et
désuète, elle s'efforce de se placer dans les conditions pour en
recevoir les bénéfices. C'est en vertu de ce principe vieillot,
je pense, qu'on a toujours refusé en matière d'assurance de
couvrir totalement les pertes. C'est en vertu de ce principe aussi qu'on a
appliqué à la Commission des accidents du travail, qu'on a
toujours refusé de donner une pleine compensation à un
travailleur qui subit un accident de travail, c'est-à-dire de ne pas le
rembourser à 100 p.c. ou de ne pas assurer son salaire perdu à
100 p.c. à cause d'un accident de travail.
Personnellement, je pense qu'il est temps qu'on se penche sur le
problème très sérieusement et qu'on envisage des
mécanismes de vérification précis et qui permettraient
avec toute la sécurité possible de dire que quelqu'un ne fait pas
exprès pour faire un accident de travail. A part un fou, je ne vois pas
le gars qui va se faire couper une main simplement pour s'embarquer sur la
Commission des accidents du travail.
Je pense qu'il est temps qu'on songe très sérieusement
à couvrir à 100 p.c. les pertes subies par les travailleurs
accidentés. Un pas qu'on pourrait faire dans l'immédiat, sans
aucunement engager des politiques à long terme relativement à
ça, serait sûrement d'accélérer le remboursement ou
le paiement des prestations aux personnes qui sont totalement incapables pour
une période plus ou moins longue. Cela cause un problème et c'est
un des problèmes administratifs que je mentionnais tantôt.
C'est-à-dire que le gars qui subit un accident de travail,
souvent il a besoin de son salaire à la fin de la semaine et il est
obligé d'attendre de cinq à six semaines avant de recevoir ses
premières prestations. C'est quelque chose qui, surtout dans les cas
où vous avez une incapacité totale, qu'elle soit temporaire ou
permanente, devrait ne poser aucun problème ou tout au moins on devrait
faire comme certains services de dépanage font en matière
d'assistance sociale: tout au moins donner quelque chose à quelqu'un
lorsqu'on sait que de toute façon l'incapacité va être
à 100 p. c. Là je mêle les 200 p. c, il y a 100 p. c. que
j'applique à la prestation elle-même et les autres 100 p. c.
à l'incapacité elle-même.
Je pense que tout ça mérite d'être vu. Il y a un
autre problème que je veux souligner au ministre. J'ai personnellement
reçu beaucoup de représentations à cet effet. J'ai eu
moi-même des expériences désagréables relativement
à ce problème, c'est que l'accidenté du travail n'a pas
véritablement accès à son dossier. J'ai connu un cas,
entre autres, où un certain rapport défavorable d'un
médecin aurait supposément été fait et versé
au dossier. L'accidenté du travail lui-même, non pas un procureur
ou qui que ce soit, mais lui-même, a tenté d'avoir accès
à ce rapport médical. Le médecin s'y est refusé. La
Commission des accidents du travail s'y est refusée. Or, devant la
possibilité du travailleur de contester une décision de la
commission, c'est-à-dire de contester par voie de requête en
révision ou d'appel évidemment à la commission
elle-même, bien, il n'avait pas les moyens de base pour savoir si
véritablement il avait des chances de contester et d'arriver à un
succès.
Je pense qu'il devrait être établi au ministère que,
comme politique, l'accidenté du travail ou son mandataire devrait avoir
accès son mandataire là, comme il s'agit évidemment
de rapports médicaux, il s'agit habituellement d'autorisation
signée par l'accidenté lui-même au dossier complet
et non pas seulement à des échanges de correspondance entre
l'agent de réclamation du ministère et soit le syndicat ouvrier
ou l'accidenté et le médecin fixant la date d'un examen
médical.
Autre point que je veux souligner, il semble que dans la pratique le
problème des prothèses, cela a l'air bien terre à terre
comme problème, mais quand vous êtes pris dedans ce n'est pas
drôle.
M. DEMERS: Cela aide à marcher.
M. BURNS: Le problème des prothèses pose des
embêtements très sérieux à l'accidenté
lui-même. Quelqu'un qui a à changer une prothèse est
apparemment obligé de passer par une procédure tracassière
pour l'accidenté.
C'est-à-dire que ça prend des rapports de médecins
ici et là alors qu'au fond, dans bien des cas, un rapport de
médecin serait suffisant, et le reste est un problème de pure et
simple administration. Je mentionne ce point-là. Un autre point qui me
préoccupe, quant à moi, c'est l'existence de la cédule 2.
Je pense qu'il serait peut-être temps de se remettre à jour de ce
côté-là. En vertu de cette fameuse cédule 2, comme
tout le monde le sait, une catégorie d'employeurs publics ou
parapublics, qui je présume, à cause de leur solvabilité
reconnue, n'ont pas à payer à la commission des accidents du
travail payent uniquement sur une base per capita d'accidents.
On a souvent l'impression que ce genre d'employeurs visés
à la cédule 2, je pense par exemple à de grands
organismes comme la Commission de transport de Montréal entre autres
se sentent personnellement impliqués dans la réclamation
d'un accidenté du travail. J'ai personnellement vu des cas de
requête en révision pour faire casser des décisions rendues
par la commission, par ce genre d'employeurs, parce qu'évidemment, si
l'accident est considéré comme un accident du travail, ça
leur coûte plus cher.
A moins que le ministre m'explique qu'il y a de bien bonnes raisons, je
ne vois donc pas pourquoi en continue à garder cette cédule 2 en
vigueur. Je ne vois pas non plus pourquoi les employeurs publics ou parapublics
de cette catégorie de la cédule 2 devraient avoir un traitement
de faveur et ne pas payer leurs prestations, comme tout le monde, lorsqu'ils
sont couverts, lorsque leurs travailleurs sont couverts.
Je pense que le maintien de cette cédule 2 est un appel aux
contestations inutiles. Il y a eu accident du travail ou il n'y en a pas eu, et
ce sont les gens de la commission qui ont à décider ça.
L'employeur, dans un cas comme ça, ne devrait pas se sentir
personnellement impliqué, et la continuité de cette situation ne
fait que perpétuer la situation où l'employeur se sent
impliqué.
Pendant qu'on est sur ce point de l'employeur, je trouve que la loi
elle-même devrait être réexaminée sur le plan de
l'impossibilité pour l'accidenté de poursuivre son employeur pour
plus que ce que lui donne la commission des accidents du travail.
Encore une fois, le ministre le sait évidemment, si ce n'est pas
un tiers ou dans les cas autres que les blessures subies à cause de la
négligence d'un tiers, le salarié est dans l'impossibilité
d'obtenir d'autres dédommagements que ceux prévus par la loi. Ces
derniers se résument en somme à un remboursement de revenu et
à une assistance médicale.
Il y a sûrement des cas et on en a vu encore
récemment dans le domaine de la construction où c'est
véritablement la négligence crasse de l'employeur qui est la
cause de l'accident. Je ne vois pas pourquoi à ce moment-là
l'accidenté, en plus des prestations qu'il reçoit de la
Commission des accidents du travail, ne pourrait pas poursuivre, selon les
recours de droit commun devant les cours civiles, son employeur pour
d'autres dédommagements tels que perte de jouissance de la vie,
abrègement des jours et tous les dommages moraux qu'on peut imaginer
dans une réclamation civile.
A l'origine, on a vendu peut-être l'idée aux employeurs de
participer à un régime étatique d'assistance dans les cas
d'accidents du travail en leur disant : Payez et vous ne vous ferez plus
importuner après. Mais je pense que là il y a trop d'abus. Notre
société actuelle est beaucoup trop industrialisée pour
qu'on puisse continuer à penser de cette façon. Il y a souvent
des gens dont la vie est complètement changée par un accident du
travail et qui deviennent tout simplement des charges pour la
société pour le reste de leurs jours parce qu'ils n'ont pas pu
avoir une compensation normale, compensation que les tribunaux pourraient
accorder, à mon avis, lorsque véritablement il y a
négligence ou imprudence de la part de l'employeur.
Je pense également que la Commission des accidents du travail et
surtout le ministère devraient envisager la possibilité et
ceci vu dans tout le contexte du paiement des prestations d'utiliser les
surplus qui sont accumulés. Le ministre pourra me le dire ou
peut-être qu'il peut me le dire tout de suite, quel est le montant des
surplus accumulés à la Commission des accidents du travail.
Etes-vous au courant du chiffre?
M. COURNOYER: J'ai parlé de $200 millions à un moment
donné mais je ne sais pas si on peut appeler ça un surplus.
M. BURNS: Evidemment.
M. COURNOYER: C'est $200 millions d'obligations et, apparemment, quand
on a des obligations on s'arrange pour se faire payer à même les
$200 millions.
M. BURNS: Je ne veux pas me lancer dans quelque chose que je ne connais
pas, c'est-à-dire dans l'actuariat mais je sais que même une
compagnie d'assurance a des surplus à un moment donné parce
qu'elle se réserve, selon les projections actuarielles, des
crédits nécessaires pour faire face à ses obligations.
Mais, inévitablement, elle se retrouve avec des surplus.
Sans entrer dans les détails, je suggère que ces surplus,
au lieu de les laisser s'accumuler, on devrait peut-être les utiliser
afin d'augmenter les bénéfices d'une façon ou d'une autre.
Cela aiderait peut-être à ce que je suggérais tantôt
à savoir qu'on en arrive un jour à avoir une compensation
à 100 p.c. dans le cas d'un accidenté du travail dont
l'incapacité est totale, tout en n'augmentant pas les cotisations que
doivent payer les employeurs dans ces cas-là.
Enfin, toujours sur ce plan de récupération de fonds, je
trouve que la Commission des accidents du travail devrait utiliser beaucoup
plus souvent qu'elle ne le fait ses droits de sanction contre des employeurs
particuliers dont la négligence, au point de vue, de la
sécurité au travail, se répète. Tout ceci est
vérifiable par le dossier de la commission en ce sens que si vous avez
une machine qui blesse constamment les employés parce qu'on n'a pas mis
un tel adaptateur dessus et qu'il y a toujours quelqu'un qui se fait sauter un
doigt, je pense que la commission a le droit d'imposer une sanction,
c'est-à-dire une augmentation de cotisation. Je regrette de voir que la
commission n'utilise pas souvent ce droit, pas assez souvent, en tout cas.
M. COURNOYER : Je suis peut-être mal pris dans les formes de
relations qui doivent exister entre la commission et le ministre. Il faudrait
que je réexamine l'autorité que le ministre a sur
l'activité journalière de la commission. Si je réponds
d'une façon générale à vos questions, à vos
préoccupations, M. Burns, je peux vous dire qu'il est nettement dans les
préoccupations de la commission même de réviser la loi,
peut-être d'en réviser l'esprit dans le sens dont vous parlez, de
réviser les dispositions qui sont limitatives quant à ses
activités. Il est possible que dans cette loi je ne l'ai pas lue
récemment on ait une obligation, justement, de conserver un
certain capital, qu'on appelle en surplus, mais que ce soit une obligation
faite par la loi elle-même. Dans d'autres cas, comme le dernier que vous
avez mentionné, la commission a le pouvoir d'utiliser un processus de
sanctions qui se traduit en argent, bien sûr, en primes additionnelles.
Jusqu'à quel point un ministre peut-il décréter que la
commission doit se servir de ce pouvoir discrétionnaire dans tous les
cas? Vous savez c'est une question de savoir...
M. BURNS: Je pense que le ministre va admettre qu'il est le ministre
responsable de la Commission des accidents du travail.
M. COURNOYER: Oui, mais eût-il fallu que...
M. BURNS: Je suis d'accord que la Commission des accidents du travail ne
peut pas se voir imposer des conditions par le ministre lorsque la loi des
accidents du travail a déjà réglé le
problème. Je suis d'accord sur cela.
M. COURNOYER: C'est une question de loi.
M. BURNS: Vous n'avez sûrement pas juridiction pour aller dire au
président de la commission qu'il va accorder 80 p.c. d'indemnité
dans des cas d'invalidité totale, la loi le limite à 75 p.c. Je
vous fais ces suggestions toujours pour vous aider, M. le ministre
même si je reconnais votre compétence pour vous aider
à trouver des idées neuves, des idées nouvelles et
peut-être essayer d'améliorer cette loi. Même si on l'a
améliorée sur le plan administratif à certains
égards, même si on l'a améliorée sur le
plan quantitatif, on est passé de 60 p.c. à 75 p.c, il
reste quand même que cette loi est un peu dépassée dans son
approche, c'est-à-dire que c'est un peu sclérosé depuis le
début et on n'a pas fait de sérieux amendements, d'amendements
essentiels autres que les amendements fonctionnels, purement et simplement
fonctionnels. Ces suggestions, je les fais toujours dans le but de
démontrer notre intention d'aider le gouvernement, lui qui en a
tellement besoin...
M. COURNOYER: Merci beaucoup!
M. BURNS: C'est simplement dans ce sens-là.
M. COURNOYER : Je prends bonne note de vos suggestions, mais je
mentionne que la commission, comme je vous le disais, a déjà
commencé une révision. La difficulté est que la commission
est la commission, mais il est possible que le ministre ait aussi des
idées quant à la révision de la constitution de la
commission. Je ne peux dire quelles sont ces idées à ce
moment-ci. Encore une fois, je n'aime pas être limité, mais comme
nous sommes placés devant une situation de consultation continuelle, il
ne faudrait pas que le ministre annonce qu'il n'a pas encore consulté
mais qu'il a décidé.
M. BURNS: Connaissant le problème particulier de la Commission
des accidents du travail, je n'ai pas posé de questions, j'ai fait des
observations. Dans les autres cas, je vous ai posé des questions. Dans
ce cas-ci, je vous fais des suggestions vu que vous allez, comme ministre
responsable, être l'instigateur de ce renouveau de la commission des
accidents du travail, renouveau qui va sûrement avoir lieu.
UNE VOIX: Vous récupérez votre autorité...
M. COURNOYER: Est-ce que vous avez eu l'occasion de visiter les nouveaux
locaux de la Commission des accidents du travail?
M. BURNS: Je n'ai malheureusement pas encore eu le temps de le faire,
mais je me propose de le faire sous peu. J'ai même parlé à
des officiers de la commission récemment...
M. DEMERS: Est-ce une invitation?
M. BURNS: Non, l'invitation est ouverte, apparemment, on m'a dit...
M. COURNOYER: Continuellement.
M. BURNS: ...qu'il n'y a pas de problème là-dessus. Mais
j'ai rencontré des officiers de la commission pour d'autres
problèmes récemment et j'ai justement pris engagement
auprès d'eux que j'irais bientôt pour savoir comment ça
fonctionne.
M. LE PRESIDENT: Vous avez d'ailleurs un président fort
accueillant.
M. BURNS: Et on va aller voir le président, l'ancien ministre du
Travail, qui nous a laissé un testament législatif
intéressant. Il s'y est pris sur le tard un peu, mais en tout cas. On ne
peut pas le blâmer. Il a fait quelque chose avant de partir.
M. LAURIN: Par ailleurs, M. le Président, je voudrais poser la
question de la coordination de la Commission des accidents du travail et de ses
activités avec le ministère des Affaires sociales. On en a
déjà parlé un peu à l'occasion de la discussion de
la loi no 8 lorsqu'il a été question de l'instauration du projet
d'assurance-maladie. On va en parler encore lors de la discussion du projet de
loi no 69. Enfin, on va en parler toutes les fois que l'on discutera de
l'extension de l'assurance-maladie. Mais au fond, c'est assez malcommode de
parler de la Commission des accidents du travail par pièces
détachées chaque fois qu'on s'occupe de la couverture
d'assurance-maladie, d'autant plus que la Commission des accidents du travail a
dépensé des sommes énormes au cours des dernières
années pour la construction d'un centre de réadaptation pour les
handicapés qui ont été victimes d'accidents du travail. Je
voudrais bien savoir comment le ministre envisage les relations entre la
Commission des accidents du travail et le ministère des Affaires
sociales. Jusqu'ici, quelles ont été les répercussions de
l'introduction du régime d'assurance-maladie sur les activités de
la Commission des accidents du travail et quelles répercussions le
ministre prévoit-il dans l'avenir au fur et à mesure que le
régime d'assurance-maladie va s'étendre?
M. COURNOYER: Je pense que vous avez posé la question que votre
confrère se refusait de poser. Il me l'a transmise sous forme
d'observation et il m'a indiqué qu'il savait parfaitement le
problème particulier de la commission par rapport aux relations que le
ministre doit entretenir avec cette commission. La question que vous avez
posée, je la prends comme observation. Je dois constater, cependant, en
réponse à vos préoccupations...
M. LAURIN: Je transforme ma question en observation.
M. COURNOYER: ...que j'ai un excellent ministre des Affaires sociales et
j'ai aussi un excellent président de la Commission des accidents du
travail. Mais il faut admettre que ce sont deux esprits forts.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauharnois. Le
député de Dorchester.
M. CADIEUX: Moi, c'est plutôt une question, mais vous n'êtes
pas obligé d'y répondre
immédiatement. Vous pourrez la prendre comme observation. Est-ce
que vous trouvez normal que les petits commerçants de détail
maintenant soient obligés de payer une cotisation à la Commission
des accidents du travail? J'ai pris quelques informations. On m'a dit qu'il n'y
a presque jamais eu d'accidents dans les petites entreprises de détail,
les commerces de détail, et depuis quelques mois, de petits
commerçants de détail sont obligés de payer leur
contribution à la Commission des accidents de travail.
M. COURNOYER: II en va de même d'un autre sujet brûlant,
celui de l'assurance-chômage où, que je sache, il n'y a pas
tellement de mises à pied dans les hôpitaux et dans les
commissions scolaires chez les enseignants et tout le monde est tenu, par une
nouvelle loi d'assurance-chômage, de payer la contribution au
chômage. Je ne peux pas dire que c'est bon dans ce cas-là mais,
par contre, ce qui se produit dans mes préoccupations, c'est qu'il
arrive que dans la mercerie pour hommes, c'est bien sûr qu'ils n'ont pas
souvent d'accidents, mais c'est un commerce de détail qui est en
compétition et qui existe en même temps qu'un autre commerce de
détail, qui a peut-être des accidents, lui. Quand on a
décidé d'étendre la couverture à tout le monde,
bien sûr qu'on a étendu à des endroits où les gens
n'ont jamais d'accidents, mais il en va de même pour un entrepreneur ou
une entreprise qui est extrêmement prudente et qui n'a jamais d'accidents
et qui paie quand même pour les accidents qui se produisent dans les
industries même compétitri-ces. C'est une
péréquation accidentielle. Mais il arrive que c'est comme
ça. Je vais m'enquérir, cependant...
M. CADIEUX: II y en a qui ont l'impression que c'était juste pour
renflouer peut-être le...
M. COURNOYER: Pas du tout, parce que la commission a toujours
été, selon mes informations, au-dessus de ses affaires au point
de vue financier.
Mais, c'est en ajoutant à la couverture qu'on est tenu... On
avait catégorisé avant. Quand on étend la couverture au
double d'employeurs qu'il y avait avant, bien sûr que là-dedans il
y a des employeurs qui s'y trouvent parce qu'ils sont employeurs. Ils n'ont pas
d'accidents. Je vais m'enquérir dans le cas de merceries pour voir si
précisément on y a touché, si on y a pensé dans les
préoccupations. Mais, je ne le sais pas. D'une façon
générale, nous avons dit: Nous étendons notre couverture
à tout le monde. Est-ce qu'on a fait des études avant? Est-ce que
c'était pour avoir de l'argent?
M. CADIEUX: A la Commission des accidents du travail, on m'a dit: Nous
ne nous attendons pas à ce qu'il y ait des accidentés
là-bas, pourquoi la décision s'est prise, nous ne le savons
absolument pas. Ces petites entrepri- ses sont déjà
cotisées pour tellement de choses que ça devient
onéreux.
M. COURNOYER: C'est un peu ce qu'on disait hier. Ce sont toutes sortes
de décisions comme celles-là qui font que le prix est...
M. CADIEUX: Ils prennent ça comme une nouvelle taxe, eux.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY : J'aimerais retoucher un point sur lequel nous avons
déjà parlé hier, mais très brièvement, dans
le cas de personnes recyclées chargées de dépendants. Je
ne voudrais pas dire que le ministre ou le ministère est fautif dans
l'écart d'allocations versées en ce qui concerne les
recyclés. Mais on se rend compte qu'il y a des écarts dans les
allocations versées au Québec par le gouvernement
fédéral et celles d'Ontario. On s'est servi hier de tableaux
comparatifs pour parler de grèves.
J'aimerais citer ici des écarts existants. Peut-être le
ministre pourrait nous dire les grandes raisons pour lesquelles ça s'est
produit de cette manière. Pourquoi le Québec a-t-il
accepté? Qu'est-ce qui a été suggéré par le
Québec pour qu'il y ait une telle discrimination entre ses propres
citoyens parce que le Québec est divisé en dix
régions il y a des taux différents pour chacune des
régions?
Je me permettrai de donner en comparaison, le Québec et
l'Ontario. Pour les recyclés qui n'ont pas de personnes à charge,
le taux est le même: $43 par semaine. Une personne à Charge,
Québec $49, Ontario $62. Pour deux personnes à charge, $54 au
Québec et $72 en Ontario. Pour trois personnes $59 au Québec, $82
en Ontario. Et quatre personnes seulement $65 au Québec et $88 en
Ontario.
J'aimerais savoir s'il y a eu des représentations de faites ici
par le gouvernement du Québec dans cette politique de recyclage ou
d'allocations aux recyclés.
M. COURNOYER: II y a continuellement des représentations qui sont
faites. Il s'agit de la formation professionnelle des adultes, la division
entre l'achat de cours et la partie des allocations.
L'allocation en soi ne peut être supérieure au taux de
salaire payé dans une région. Nous allons concevoir vous et moi
que si ça paye plus d'aller suivre un cours de formation professionnelle
en allocations sociales qu'en travail, je ne crois pas que ce soit très
incitatif au travail. Cela peut arriver que ça soit incitatif à
un meilleur travail. Mais cela cause certains problèmes à la
personne qui travaille et qui gagne moins cher que celui qui va à
l'école.
Donc, la fixation régionale du montant dont vous avez
parlé tantôt est intimement liée au
taux industriel moyen de la région. C'est comme ça qu'on
les fixe.
Cependant il y a toujours cette remarque qu'on peut se faire de
façon générale. Au Québec il semble que, d'une
façon générale, par rapport au nombre de personnes en
chômage qui pourraient être en recyclage, nous avons nettement
l'impression d'être défavorisés par le système. Et
comme nous avons cette impression d'être défavorisés par le
système, nous faisons des représentations pour modifier le
système qui a été établi en 1966 sur une base
expérimentale seulement. Le modifier de manière que le
gouvernement du Québec tienne compte de ses propres priorités en
matière de formation professionnelle et qu'il relie intimement les
allocations au système de revenu garanti. .
M. GUAY: Est-ce qu'on peut transposer ces mêmes politiques sur la
nouvelle transformation en matière de chômage
préconisée par Ottawa?
Est-ce qu'il y a eu des représentations du gouvernement face
à cette politique de chômage j'appelle ça une
politique de chômage, je pense qu'on est en droit de le dire comme
ça ou le livre blanc sur l'assurance-chômage? Que pense le
ministre ou quelle a été la réaction du ministre? Elle a
été très peu marquée, je crois, dans ce
sens-là face à la nouvelle politique de chômage
préconisée par Ottawa.
M. COURNOYER: Politique de chômage ou
d'assurance-chômage?
M. GUAY: D'assurance-châmage, disons le livre blanc sur
l'assurance-chômage, sur ce qu'Ottawa a annoncé en matière
d'assurance-chômage.
M. COURNOYER: La réaction du ministre, je peux vous la donner par
écrit si vous ne l'avez pas encore. Elle a été
officiellement envoyée, elle est écrite là. Cela a
été la réaction du ministre. Je tiens à vous dire
que le ministre n'a pas changé d'un iota sa réaction. Elle reste
la même. Je n'ai pas changé d'idée. Cela reste encore une
préoccupation première du ministre du Travail. Je n'ai surtout
pas changé le raisonnement qui a été suivi
là-dedans. Il est encore aussi vrai aujourd'hui qu'il l'était le
11 novembre. Le projet de loi est en deuxième lecture, le gouvernement
fédéral a décidé de le passer avec quelques
modifications malgré les représentations que vous retrouvez dans
cette revue faites par le ministre du Travail au nom du gouvernement du
Québec. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse de plus, sauf de
protester davantage?
M. GUAY: Est-ce que le ministre peut nous assurer que le Québec
ne sera pas réellement défavorisé?
M. COURNOYER: C'est un peu me demandez si le ministre peut
réellement être assuré d'une décision qui
relève de quelqu'un d'autre. Je ne peux pas être assuré de
la réaction de M. MacKasey. Je peux vous dire cependant que, compte tenu
de ce qui est écrit là-dedans par rapport au projet qui est
maintenant en deuxième lecture, le ministre du Travail n'est
certainement pas satisfait du genre de résultats que ses
représentations ont pu donner.
M. LE PRESIDENT: Article 1... Oui, le député de
Saint-Maurice, M. Deniers.
M. DEMERS: Une question. Lorsqu'un type a une invalidité
déterminée disons au niveau de 40 p.c. et que la commission
décide de régler le cas ce n'est jamais
réglé d'une façon définitive mais temporaire
le blessé ou l'invalide d'une façon permanente ou temporaire
reçoit une lettre l'avertissant que les officiers de la commission
passeront pour essayer de lui trouver un emploi. Avez-vous déjà
entendu dire que quelqu'un s'était trouvé un emploi?
M. COURNOYER: J'ai eu le problème dans mon ancien comté,
où je me trouvais avec les débardeurs. Cela dépend du
degré d'handicap de la personne et du genre d'emploi qu'on offre
à une personne qui a été débardeur toute sa vie.
Travailler dans une confiserie ou de faire de la couture, bien sûr, c'est
une occupation, ce n'est même pas un emploi. Je ne peux pas vous dire
qu'il n'y en a pas qui aient obtenu un emploi...
M. DEMERS: II y a des fois où cela se trouve.
M. COURNOYER: II y a très certainement des fois où
ça se trouve des emplois surtout pour des personnes qui ont
déjà un montant d'argent dans leur poche.
M. DEMERS: J'ai à l'esprit un type de chez nous qui depuis quinze
ans bénéficie de la compensation des accidents du travail. Or, il
est libéré avec une invalidité de 40 p.c. et on lui dit
qu'on enverra quelqu'un sous peu. Je suis d'avis qu'on ne lui trouvera rien
parce qu'on a 4,000 chômeurs dans le coin. Il ne peut être mieux.
Est-ce que cela ne vaudrait pas mieux, comme le disait tantôt le
député de Bourget, d'aller chercher la couverture qu'il faudrait
à l'assistance sociale pour équilibrer la différence qu'il
y a entre ce qu'il recevait et ce qu'il va recevoir. Disons qu'il recevait $80
par semaine de la Commission des accidents de travail et on va le compenser
à 40 p.c. Que va-t-il lui en rester? Rien, oui un peu mais un montant
infime, diminué énormément, c'était à peine
suffisant dans le temps. On va lui chercher un emploi en attendant. Pendant ce
temps-là, il va crever de faim jusqu'à ce qu'on lui trouve un
emploi, si on lui en trouve un. Il ne peut pas aller au bien-être social
parce qu'on est encore en exploration pour lui trouver un emploi. Il est
palcé devant l'incertitude de l'attente, pour
quatre ou cinq mois, jusqu'à ce qu'on ait la certitude qu'il
n'aura pas d'emploi. Pendant ce temps-là, il va vivoter.
M. COURNOYER: Vous me posez la question de la fixation de
l'incapacité totale ou permanente ou partielle-permanente et de ses
effets sur l'individu. Je ne suis pas sûr du tout qu'un type qui perd la
main droite ne soit pas une personne tout simplement susceptible de recevoir
100 p.c. de la prestation.
M. DEMERS: II faut être pas mal mort.
M. COURNOYER: Je le sais, mais on pose la question de reviser ces
schèmes de pensée. Je ne dis pas non plus qu'il devrait l'avoir.
Je ne sais pas si la société peut se le payer.
Quant à la personne qui a perdu la main droite, je suis
obligé d'être beaucoup plus sympathique envers elle et dire:
Ecoutez, effectivement parce que vous avez perdu la main droite, vous ne
trouverez pas d'emploi.
M. DEMERS: C'est ça!
M. COURNOYER: C'est à cause du fait qu'elle a perdu la main
droite qu'elle ne trouve pas d'emploi. C'est le résultat d'un accident
de travail. A partir du moment où elle ne trouve pas d'emploi, je dis
que je peux m'interroger, sans vouloir affirmer que c'est comme ça que
ça devrait être, sur la valeur du montant donné par la
Commission des accidents du travail à cause d'une incapacité
jugée de 40 p.c. alors que l'incapacité résultant de cette
incapacité de 40 p.c, c'est de gagner un salaire décent. C'est
l'incapacité totale. Je me repose donc des questions sur la
méthode de fixation des incapacités ou des conséquences
que cela a sur la vie d'un individu.
M. DEMERS: Sur les conséquences.
M. COURNOYER: Justement, mais la conséquence directe c'est de ne
pas avoir d'emploi du tout. Est-ce qu'il peut vivre avec 40 p.c? Je dis non.
S'il vivait avec 40 p.c. de $100 auparavant, cela ne fait que $40 par semaine
et avec encore cinq enfants à la maison, bien...
M. DEMERS: Je pense qu'il y a un regard sérieux à jeter
sur ce point-là.
M. COURNOYER: J'en conviens, totalement.
M. DEMERS: Ce n'est pas pour être trouble-fête et
avoir...
M. COURNOYER: Non, au contraire, il s'agit d'une chose.
M. DEMERS: Quant à moi, mes questions sont terminées.
M. LAURIN: Est-ce que ce seront toujours les juges qui fixeront ce taux
d'incapacité selon des critères qui viennent de
l'extérieur?
M. DEMERS: Est-ce que ça ne peut pas être des
médecins?
M. LAURIN: Parce que c'est ça habituellement.
M. COURNOYER: A la commission, ce sont des médecins.
M. LAURIN: Je ne parle pas de la commission, je parle en
général.
M. COURNOYER: Là, vous entrez dans un autre domaine que le
mien.
M. CADIEUX: II a un recours devant les tribunaux.
M. DEMERS: Le juge rend la sentence mais après expertise
médicale.
UNE VOIX: Le rôle du juge ne dépend pas de la
commission.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 1, article 1.
M. LAURIN: Bien rarement on utilise cette approche dont vous parlez qui
est la seule valable à mon avis et qu'il faudrait actualiser dans les
faits...
M. COURNOYER: Cette approche n'y est pas parce que le contexte de la loi
telle qu'elle a été conçue ne la permet pas
présentement. En plus du contexte, il y a une question de tradition. Il
y a peut-être lieu de s'interroger sur ces traditions quant à leur
valeur actuelle en 1971. Je pense que c'est notre obligation de nous
interroger. De là à conclure que les traditions doivent
être brisées, non. Mais on peut s'interroger sur cette valeur et
c'est ce à quoi, je pense. Tous et chacun d'entre nous, nous devons nous
y arrêter et c'est ce que je fais moi, personnellement. J'ai posé
publiquement la question tantôt. Je ne voudrais pas qu'elle soit
interprétée comme étant une réponse. C'est une de
mes préoccupations de savoir qu'un assisté social reste un
assisté social mais qu'une personne qui a subi un accident de travail et
qui n'a que 40 p.c. de capacité doive recevoir 40 p.c. de salaire alors
qu'effectivement elle en a besoin de 100 p.c. qu'elle n'aura jamais autrement
étant donné qu'il lui manque le poignet droit. Je me pose la
question sans y répondre.
M. LE PRESIDENT: Article 1. M. DEMERS: J'aimerais...
Fonds minier
M. LAURIN: Me permettriez-vous d'aborder un thème
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: ...que le ministre connaît très bien, c'est la
question du fonds minier. Il y a une campagne commencée depuis plusieurs
années dans certaines centrales syndicales pour la création d'un
fonds minier. Les arguments qui sont avancés à l'appui de la
création de ce fonds minier sont maintenant bien connus.
Particulièrement en ce qui touche les mines, on sait que les conditions
d'emploi sont assez incertaines. Le propre des mines c'est de fermer
après que le potentiel minier a été épuisé
et on peut toujours s'attendre que la fermeture de la mine, le
déplacement des travailleurs, l'incertitude qui entoure ce
déplacement, le fait d'avoir à trouver un nouvel emploi
comportent des dépenses assez considérables pour les ouvriers.
Par ailleurs, on fait aussi valoir le fait que les employeurs qui utilisent les
services spécialisés ou non spécialisés des mineurs
profitent énormément de cette main-d'oeuvre et que ceci se
traduit assez souvent par des profits remarquables au niveau des bilans
annuels.
Il y a une responsabilité de s'engager, de la part des
exploiteurs de mines à l'amélioration du capital humain qu'ils
utilisent et aussi à la paix sociale que des mesures comme
celles-là pourraient engendrer. Les arguments sont sûrement bien
connus du ministre, ce sont surtout les métallos qui les ont fait
valoir. L'an dernier, lors de la discussion des crédits du
ministère du Travail, nous avions aussi abordé cette question et
le ministre du Travail du temps s'était engagé d'une façon
formelle à pousser tous les organismes et tous les fonctionnaires qu'il
pouvait inciter, à faire avancer les mesures qui conduiraient à
la création de ce fonds minier.
Par conséquent, je voudrais demander au ministre si, après
un an, les travaux, les recherches ont été effectués, si
les pressions ont été faites afin que ce fonds minier puisse
être créé dans un avenir assez rapproché avec
contribution des exploiteurs de mines localisées avec le syndicat
localisé, ou même à l'échelle
québécoise, c'est-à-dire avec une contribution de
l'association des exploiteurs de mines et des grandes centrales syndicales,
étant donné que ceci me semble une mesure, non seulement
progressive, mais une mesure qui s'impose à toutes sortes de points de
vue.
M. COURNOYER: Disons que, ce que le ministre sait à la suite de
l'étude des crédits du ministère l'an dernier, c'est qu'il
y a eu la formation du comité de la main-d'oeuvre minière, et
que, directement ou indirectement, l'une des préoccupations de ce
comité consisterait en la recherche d'une solution au problème
créé par la disparition des entreprises minières. Au
ministère du Travail, il y a eu des fermetures de mines qui ont
été assez douloureuses, récemment. Je dois vous avouer
que, même si c'est écrit, j'ai peut-être fait des gestes
illégaux compte tenu du fait que certains montants d'argent ont
été avancés à des personnes à qui la
compagnie refusait de payer des montants d'argent à la suite d'une
fermeture, et que nous avons pris sur nous de percevoir ces montants d'argent
qui n'étaient pas cependant l'intégrité de ce qui
était dû aux employés, particulièrement de Cadillac
Moly.
C'était une partie seulement, c'est-à-dire celle qui
relevait de la Commission du salaire minimum, et nous avons avancé cet
argent aux mineurs, de façon qu'ils aient la satisfaction d'avoir leur
argent, et nous le problème de le récupérer, non plus en
leur nom, mais au nom de la commission, de la part de l'entreprise qui fermait.
C'était peut-être un geste illégal de la part de la
commission, j'ai pris sur moi de l'approuver, et compte tenu du fait que c'est
peut-être critiquable, je n'aime pas bien faire ça.
Il est arrivé d'autres instances à la suite de ce premier
geste illégal, un geste illégal en entraîne toujours un
autre de même nature, ça m'est arrivé dans un autre...
M. LAURIN: Jusqu'à ce qu'une loi vienne les sanctionner
rétroactivement.
M. COURNOYER: Pardon?
M. LAURIN: Jusqu'à ce qu'une loi vienne les sanctionner
rétroactivement.
M. COURNOYER: Mais comme moi je n'aime pas les lois à
caractère rétroactif d'une façon particulière,
j'admets immédiatement que c'étaient des gestes illégaux
que j'ai posés. Je paierai les dommages le moment venu, si dommages il y
a. Je ne crois pas qu'il y ait des dommages. Cependant la
répétition de ces mêmes difficultés n'est pas sans
préoccuper le ministère du Travail. Je dois vous dire encore une
fois, c'est peut-être derrière le mot "fonds minier" que les
personnes en ont. Ce n'est peut-être pas du tout derrière
l'intention poursuivie par cette expression "fonds minier", mais parce qu'il
s'agit d'un fonds minier tout le monde voit des gros millions là-dedans,
et à partir des gros millions, voit des millions utilisés
à d'autres fins que celles qui sont prévues dans la
création de ce fonds minier.
Remarquez que ce sont des préoccupations qui peuvent être
légitimes de la part de ceux qui ont des opinions différentes des
Métallos unis d'Amérique, et pour ma part, je recherche beaucoup
plus la solution, si celle-là c'en est une solution, je ne dis pas qu'il
n'y en a pas d'autres solutions. Mais parmi les solutions sur lesquelles, moi
personnellement, je m'interroge, c'est s'il n'y aurait pas lieu de
requérir un dépôt avant que l'opération d'une mine
ne commence, au moins pour tenir compte des obligations
contenues dans le bill 49 en matière de fermeture d'usine.
Je me pose la question. Si l'article 45 dit trois mois d'avis je me
demande jusqu'à quel point je ne devrais pas... Je m'interroge encore
une fois, très clairement, je me mets en face de l'opinion publique, si
je ne devrais pas faire garantir qu'un montant d'argent suffisant soit
déposé quelque part pour payer les salariés, ce qui leur
est dû conformément au bill 49, article 45, c'est-à-dire
trois mois d'avis.
Cette possibilité, cette approche qui n'est pas la
création d'un fonds minier, donc la grosse patente peut-être
pourrait m'aider, moi, à résoudre les problèmes qui, de
toute façon, tombent sur le bureau du ministre du Travail. C'est dans ce
sens que je m'interroge. Comme vous pouvez le constater, je vais dans la
même direction que celle qui est suggérée par les
Métallos unis d'Amérique, en utilisant peut-être une
automobile Renault au lieu de prendre la grosse Cadillac.
M. LAURIN: Oui, parce que ça ne tient pas compte, au fond, des
dépenses de relocalisation des mineurs.
M. COURNOYER: Je les ai aussi dans le bill 49, les dépenses de
relocalisation. Il y a une partie qui est payée par l'employeur sur la
question de mobilité. Et moi aussi, j'en paie une partie comme ministre.
Dans mes budgets que vous avez devant vous, il y en a une partie,
affectée à la relocalisation en cas de fermeture.
Franchement, le problème me préoccupe. C'est une question
de moyens...
M. LAURIN: Cela ne réglerait pas non plus le problème du
reclassement.
M. COURNOYER: Le reclassement?
M. LAURIN: Parce que dans le reclassement il y a l'aspect des placements
de relocalisation. Il y a l'aspect du reclassement aussi, des efforts pour
placer ces mineurs ailleurs, dans d'autres régions.
M. COURNOYER: Les comités de reclassement qui sont formés
sont financés. C'est ce que je signe régulièrement, le
financement des coûts des comités de reclassement. La compagnie a
l'obligation de payer une partie, le syndicat une autre partie et le
gouvernement en paie une autre partie. En plus de servir, avec ses conseillers
techniques mis à la dispositions des parties, je pense bien que... J'ai
ici un rapport sur l'analyse de la situation des licenciements collectifs
depuis le 1er mars 1970. Cela donne 16,000 personnes qui ont
bénéficié de mesures de reclassement. C'est donc dire que
ces 16,000...
M. LAURIN: Est-ce à la charge entière du gouvernement?
M. COURNOYER: Seulement dans des proportions données. La plus
grosse partie est payée par tout un paquet de monde. Mais les ententes
que je signe, parfois sont de 25 p. c.
M. LAURIN: La part du gouvernement est de 25 p. c...
M. COURNOYER: Cela varie, ce n'est pas toujours pareil. Cela
dépend... quand l'entreprise est en faillite, on paie tout.
M. LAURIN : Incidemment, pendant qu'on y est, est-ce que le gouvernement
a eu quelque chose à voir dans le paiement des conséquences qu'a
entraînées le glissement de terrain à la mine Asbestos?
M. COURNOYER : Si le gouvernement a eu quelque chose à voir, ce
n'était pas par mes services. Cela n'a rien à voir
là-dedans.
M. LAURIN: Voici un autre exemple qui n'a pas tellement affaire à
la fermeture d'une mine mais à des accidents naturels qui se produisent
au cours de l'exploitation d'une mine à des ouvriers qui, au fond, sont
logés parfois dans des maisons qui appartiennent à la compagnie
ou dans des rues qui appartiennent à la compagnie et qui n'auraient pas
eu à se loger là, si leur travail ne les y avait pas
obligés. Là aussi, il y a une sorte de participation morale,
conjointe de la compagnie, du syndicat.
M. COURNOYER: Est-ce que vous allez admettre que je n'ai pas tellement
de difficultés avec les grandes entreprises minières? Je ne pense
pas que le fonds minier en question, à moins de preuve contraire, soit
applicable aux grandes entreprises minières responsables qui ont les
capitaux nécessaires. C'est surtout dans la partie des...
M. LAURIN: Ce qui m'intéresse surtout est que vous semblez penser
à une solution qui, tout en poursuivant les objectifs qu'on avait
toujours jusqu'ici assignés au fonds minier, serait un peu
différente dans ses modalités, dans ses structures, dans sa
constitution. Et ça m'intéresse beaucoup de savoir dans quelle
direction vous semblez évoluer.
M. COURNOYER: Donnant suite d'une manière ou d'une autre aux
préoccupations que mon prédécesseur avait en
matière de fonds minier, il est bien sûr que ça restreint
mes préoccupations pour le moment au domaine qui me concerne, je
comprends qu'il fait partie d'un gouvernement. Mais, mes préoccupations
sont restreintes au domaine de l'argent dû aux travailleurs, suite
à leur travail.
Je comprends que les glissements de terrain ne sont peut-être pas
dus aux travailleurs à cause de leur travail, mais c'est peut-être
une partie, par exemple, du contexte du travail.
Mais à ce compte-là tout fait partie du contexte du
travail parce qu'on existe seulement pour cela: travailler et gagner notre vie.
Pour ma part, je me limite à mes préoccupations et c'est pour le
moment seulement. Je ne dis pas que, comme membre du gouvernement, une fois une
proposition avancée, comme je le disais tantôt, si elle
était prête cette proposition-là, il n'y aurait pas lieu
d'en étendre les bénéfices, si elle était
bénéfique, à d'autres conséquences résultant
aussi de l'exploitation des mines. Je répète ce que je disais
tantôt, ce ne sont pas les grandes corporations minières qui
m'énervent, ce sont surtout les petites corporations minières qui
sont jusqu'ici le fait de nos difficultés; elles déclarent
faillite.
M. LAURIN: C'est un peu pour cela que j'avais émis
l'hypothèse d'un fonds, quel que soit le nom dont on l'appelle, qui
serait constitué, pas seulement au niveau local, mais au niveau
national, au niveau québécois par les rapports
conjugués...
M. CADIEUX: Auquel des deux tenez-vous, national ou quoi?
M. LAURIN: Pour moi national, c'est québécois. Pour moi
c'est devenu synonyme. C'est la raison pour laquelle j'avais justement
prévu à l'avance votre objection que je connais très
bien.
M. CADIEUX: Il ne faut pas parler pour vous seulement, il faut parler
avec nous aussi.
M. LAURIN: C'est la raison pour laquelle j'avais émis cette
hypothèse de la formation d'un fonds national qui couvrirait tout un
secteur, le secteur des mines, avec une contribution conjuguée parce que
ces gens-là sont groupés en associations, de toute
façon.
M. COURNOYER: Oui. Encore une fois, j'aime mieux me promener en Renault
avec un moteur dedans que dans une Cadillac qui n'a pas de moteur.
M. LE PRESIDENT: Faites-vous allusion à votre nouvelle
voiture?
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous me permettriez de lire l'article...
M. LAURIN: Nous sommes toujours à l'article 1, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. DEMERS: Vous allez maintenant nous conduire à l'article de la
mort.
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
Centres d'apprentissage
M. LAURIN: J'aimerais maintenant aborder la question des centres
d'apprentissage. On en a parlé un peu tout à l'heure à
l'occasion des crédits qui sont affectés à la formation
professionnelle. On en a parlé aussi quand on a parlé de la loi
49, les commissions consultatives. L'angle sous lequel je voudrais l'approcher
à l'heure actuelle est plutôt celui de la coordination entre les
divers ministères québécois. H y a des commissions
consultatives, il y a des centres d'apprentissage, il y a des étudiants
qui se forment à des disciplines techniques auxquelles les CEGEP,
actuellement, ne préparent pas, soit que le niveau d'étude est
différent, soit parce que la spécialisation est tellement
poussée que les CEGEP n'ont pas d'intérêt à se
lancer dans ce champ pour un nombre limité d'élèves. Je
vois bien la raison de l'existence des centres d'apprentissage, mais il reste
cependant que nous sommes dans un domaine où, théoriquement,
c'est l'éducation qui devrait avoir, en apparence en tout cas, la
priorité.
Je sais qu'il y a des démarches en cours entre les deux
ministères, le ministère de l'Education et le ministère du
Travail. Peut-être pas tellement pour savoir de qui vont relever ces
centres d'apprentissage, mais pour établir les modalités de la
coordination entre les politiques du ministère de l'Education et les
politiques du ministère du Travail. On en entend parler, mais par
bribes, et d'une façon un peu obscure ou vague parfois. Je me demande si
le ministre ne pourrait pas nous éclairer sur les pourparlers qui ont eu
lieu et les résultats.
M. COURNOYER: Le résultat des pourparlers. Je pourrais vous
distribuer une copie d'une conférence que j'ai donnée dans
laquelle j'expliquais clairement mes préoccupations, c'est-à-dire
quel contenu pédagogique de la formation relève du
ministère de l'Education. Cependant, je dis que la détermination
des besoins et des qualifications requises doivent relever du ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui, lui-même, est soumis à la
loi 49 qui établit ces besoins. Il faudrait établir les besoins,
mais les besoins sont nettement en fonction de la qualification.
Les commissions de formation professionnelle existent. Elles ont
été conçues peut-être en dehors du ministère
de l'Education et peut-être que le ministère de l'Education n'est
pas suffisamment présent.
Par ailleurs, la coordination entre les efforts que fait le
ministère du Travail et les efforts que fait sans doute le
ministère de l'Education s'est faite jusqu'ici plus ou moins bien. Il
est possible que dans les deux prochaines semaines j'ai lu hier le
projet d'arrêté en conseil que j'avais sur mon bureau d'ailleurs
et qui serait la conclusion de ces discussions entre les deux ministères
nous puissions avoir un arrêté en conseil qui
détermine nettement les responsabilités des
deux et crée un organisme de coordination entre les deux
ministères sur une base constante et permanente. Il n'y est pas fait
mention, cependant, de la participation du ministère de l'Education aux
commissions de formation professionnelle, mais il est nettement dans mon
intention de faire en sorte que le ministère de l'Education, au
même titre que le ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre,
soit présent aux commissions de formation professionnelle. Nous sommes
là à titre d'observateurs aux commissions de formation
professionnelle qui ont leur propre autonomie et leur propre autorité.
Que le ministère de l'Education y soit aussi officiellement, je pense
qu'il est non pas de bonne guerre mais essentiel que le ministère de
l'Education...
M. LAURIN: Est-ce que c'est un lapsus, ça, "de bonne guerre"?
M. COURNOYER: Non, parce que je n'ai pas de problème avec le
ministère de l'Education. Si j'en ai, c'est la même chose que
vous.
M. DEMERS: II y en a d'autres qui en ont.
M. COURNOYER: C'est ça l'affaire. Je ne me plains jamais de rien,
moi.
M. DEMERS: Vous, ce n'est pas pareil.
M. COURNOYER: J'aime régler mes problèmes quand il est
essentiel de les régler. Ce n'est pas un lapsus. C'est strictement qu'on
est rendu au point d'une entente dans la coordination des commissions de
formation professionnelle, des programmes avec ceux de l'éducation qui
sont nettement dans le même domaine.
M. LAURIN: Quelles sont les grandes lignes de cette tâche?
M. COURNOYER: Il y a des termes techniques là-dedans. Je n'ai pas
objection à le rendre public lorsqu'il sera fait. Je dois vous avouer
que c'est une lettre que mon sous-ministre a reçue du sous-ministre de
l'Education et qui rapporte l'état des discussions avec un certain
nombre de propositions. Je ne suis pas sûr que le ministre de l'Education
en ait été immédiatement saisi. Je pense qu'il y a lieu
d'abord de s'adresser au conseil des ministres pour un arrêté en
conseil plutôt que d'en discuter ici. Je peux vous donner les intentions
générales mais quant aux termes eux-mêmes...
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a des structures qui ont été
mises en place pour amener cette entente, cette coordination à suivre
des comités? De quelle nature sont-ils?
M. COURNOYER: Un premier geste a été posé par le
ministère du Travail et le ministre de l'Education: nous avons
transféré le sous-minis- tre qui était en charge de la
formation professionnelle au ministère de l'Education. C'est un premier
geste de coordination des idées, au moins.
M. BURNS: Est-ce qu'il s'agit uniquement deça?
M. COURNOYER: Cela peut être interprété comme vous
voulez l'interpréter. De toute façon, il est clair que ce qui
existait auparavant existe maintenant dans deux ministères, parce que
toute l'expérience des centres de main-d'oeuvre est maintenant
transférée au ministère de l'Education par son
sous-ministre.
M. BURNS: Est-ce qu'il se sert de son expérience?
M. COURNOYER: Cela en a l'air. Qui ne se sert jamais de ses
expériences?
M. LAURIN: Mais cela pose également le principe de la
coordination plus grande, à un plus haut niveau, entre le
ministère du Travail et le ministère de l'Education. Je pense,
par exemple, à tous les programmes des CEGEP en rapport avec les bureaux
de placement, et avec les débouchés dans les industries,
l'inventaire des besoins. Est-ce que quelque chose a été fait
dans ce sens-là au point de vue structure et est-ce que cela a
donné des résultats jusqu'ici que vous pouvez nous rapporter
probablement?
M. COURNOYER: Pas que je sache. Vous me posez la question, mais je ne
peux pas répondre. Tout ce que je viens de dire, cependant, c'est que
les commissions de formation professionnelle ont un certain rôle de
détermination des besoins. Le ministère du Travail était
seul présent jusqu'ici et il ne préoccupait que de la formation
professionnelle dans les commissions de formation professionnelle. La
présence future, imminente du ministère de l'Education par ses
représentants au même titre que le ministre du Travail par ses
représentants aux commissions de formations professionnelle est
indicatif d'une tendance qui préoccupe le ministère de
l'Education. Nous faisons en sorte que ses préoccupations soient de
première main par ses représentants dans les différentes
régions des commissions professionnelles. Cela est un premier geste qui
n'est peut-être pas le dernier, compte tenu du fait de la coordination et
de l'existence de représentants qui créent un organisme de
coordination.
A partir de ce moment-là, j'ai l'impression qu'il y aura plus de
coordination, parce qu'avant il n'y en avait peut-être pas.
M. LAURIN: Je sais que dans vos commissions professionnelles
régionales siègent actuellement des représentants de
l'industrie et même du commerce et je ne doute pas que ça
va apporter des résultats valables dans un avenir prochain. Mais
très souvent ceci n'aboutit qu'à une coordination au niveau
régional et ça n'aboutit pas encore à une coordination au
niveau québécois, au niveau national. Mais est-ce que vous avez
l'intention de faire suivre ce qui a été commencé il y a
quelques années par des mesures qui amèneraient une plus grande
coordination au niveau national?
M. COURNOYER: II est clair que le CCP, le Comité consultatif
provincial, a justement ce rôle dont vous parliez tantôt à
l'échelon du Québec, tandis que les CCR sont régionaux.
C'est un peu complexe. Le réseau de consultation a eu deux tentatives de
consultation régionale, et on ne peut pas dire: Les résultats
sont probants, c'est la conclusion, c'est comme ça qu'il faudrait que
ça se fasse et c'est parfait à cause du manque
d'expérience. Nous n'avons eu que deux tentatives.
Je pense bien que nous pouvons dire que nous sommes relativement
satisfaits pour ne pas dire parfaitement satisfaits et découvrir
demain que nous ne pouvions pas être satisfaits mais le
système lui-même n'a été utilisé que deux
fois. Il sera utilisé un plus grand nombre de fois. Comme ça
coûte toujours un certain montant d'argent pour mettre en branle le
processus de consultation, le budget comporte un poste additionnel
là-dessus. A partir de ce moment-là, dans un an d'ici, on pourra
peut-être examiner l'expérience des Comités consultatifs
régionaux et du Comité consultatif provincial qui, lui, est
l'organisme de coordination des différents comités consultatifs
régionaux, pour voir si effectivement nous sentons une sorte
d'unité à l'échelon du territoire, une unité de
pensée, qui mette de côté certaines préoccupations
de type régional parfois douloureuses pour l'économie de la
province et parfois douloureuses aussi pour l'économie
régionale.
Je ne veux pas répéter ce que j'ai déjà dit,
mais il y a parfois des obligations de ne pas permettre certaines choses parce
qu'on n'a pas d'argent. Dans une région, on va nous demander par exemple
telle sorte de cours et on va dire: Bien, non, il y a cette sorte de cours
à côté. Si tu n'as pas suffisamment de besoins pour pouvoir
te permettre telle sorte de cours, il est préférable que je rende
ton travailleur mobile, ça va coûter moins cher à
l'économie.
C'est dans ce sens-là qu'on ne peut pas conclure que
l'expérience est excellente, mais on peut certainement se donner un an
pour réexaminer, à la lumière d'une expérience un
peu plus courante, les résultats de cette expérience du bill
49.
M. LAURIN: Dans cette nécessité de la coordination de
l'éducation et de l'emploi, on est obligé de compter beaucoup sur
les centres de main-d'oeuvre et on sait que ces centres ont eu un départ
difficile, laborieux, et qu'ils existent maintenant dans un grand nombre de
régions du Québec. Je sais que ces crédits avaient
été affectés à la construction de ces
centres-là, mais leur réputation n'est pas encore très
bien établie.
Est-ce que vous pouvez dire si dans l'année qui vient
surtout dans l'année qui vient ces centres de main-d'oeuvre du
Québec vont connaître un grand progrès au point de vue de
la qualité et de la quantité des effectifs, de façon que
cette coordination puisse être assurée de façon
pratique?
M. COURNOYER: D'après ce que j'ai entendu sur les centres de
main-d'oeuvre depuis le matin, j'ai une très grande côte à
remonter. Est-ce que ça va me prendre six mois ou un an? Je ne le sais
pas. Il y a des choses qu'on doit savoir et, sans vouloir blâmer qui que
ce soit, sans surtout minimiser ou diminuer les gens, c'est que nos centres de
la main-d'oeuvre dans leur forme actuelle sont relativement neufs et ce
"relativement neuf" a été non pas une source d'embêtement
mais c'est certainement difficile pour des gens qui sont dans un domaine neuf,
qui n'ont peut-être pas acquis l'expérience pour faire ce genre de
travail mais qui avaient été requis au gouvernement ou ailleurs
pour faire un autre genre de travail et qui sont utilisés dans les
autres centres de main-d'oeuvre actuellement.
Je ne peux pas dire que nous avons en main les éléments
humains que nous devrions avoir pour que nos centres de main-d'oeuvre aient
l'allure qu'on est en droit d'attendre normalement des centres de main-d'oeuvre
du Québec par rapport à d'autres centres de main-d'oeuvre.
Je dis donc qu'avec les préoccupations qu'ils ont eues par
exemple dans le domaine de la construction, je suis comme ministre,
obligé d'excuser mes gens, de les excuser de ne pas avoir donné
peut-être l'image de l'efficacité. C'était un
problème douleureux, c'en est encore un. Je dis: Là, je vous
excuse. Une fois le problème de la construction réglé, je
pense que tout mon service, toute la direction générale de la
main-d'oeuvre va pouvoir travailler dans un schème plus
général d'éducation, de communication entre les divers
centres de main-d'oeuvre, et de communication de certaines orientations qui ne
se rendent peut-être pas aussi rapidement aujourd'hui qu'il le faudrait
dans les divers centres de main-d'oeuvre que nous exploitons au Québec.
Ceci à cause du fait que les préoccupations de mes gens sont
tellement identifiées à la construction que nous ne sommes
peut-être pas des centres de main-d'oeuvre dans l'esprit des gens pour
qui nous sommes un centre de la main-d'oeuvre de la construction. Il faudrait
que ceci parte de l'idée des gens que ce ne sont pas des centres de
main-d'oeuvre ou des bureaux de placement de la construction. C'est autre chose
que ça. Ce ne sont pas des bureaux de placement non plus. Cela a un
rôle de placement mais des centres de main-d'oeuvre ne sont pas seulement
des bureaux de placement.
Je pense que le rôle sera joué pleinement par ces gens
lorsqu'ils auront pu se dégager de cette préoccupation de la
construction et lorsqu'aussi il aura pu y avoir aussi une communication
constante entre la direction générale de la main-d'oeuvre et les
divers centres de main-d'oeuvre pour leur donner l'impression qu'ils font
partie du tout dont on parlait ce matin. Ce n'est pas le centre de
main-d'oeuvre de Rimouski, ce n'est qu'un élément d'un
réseau de centres de main-d'oeuvre. Ce n'est que cela un centre de
main-d'oeuvre, c'est un réseau qui est complet, compte tenu de nos
préoccupations budgétaires.
M. LAURIN: H existe enfin un dernier maillon de la chaîne auquel
il faut penser quisqu'on est encore dans le régime
fédératif, c'est celui des centres de main-d'oeuvre du Canada,
qui sont plus anciens, qui ont meilleure réputation par leurs
activités passées et à qui la prochaine Loi
d'assurance-chômage va accorder une préséance en ce qui
concerne l'admissibilité ou la réadmissibilité à
l'emploi, ce qui va leur donner un avantage sur les centres de main-d'oeuvre du
Québec. Est-ce que jusqu'ici la coopération ou la coordination a
fait des progrès entre les deux centres de main-d'oeuvre du
Québec et du Canada? Deuxièmement, est-ce que, dans la
perspective de la prochaine Loi d'assurance-chômage, le Québec
peut éviter qu'une préséance de fait leur soit
accordée dans le placement de ceux qui cherchent un emploi?
M. COURNOYER: Je peux dire que cela peut être extrêmement
difficile. La loi dont vous parlez, la Loi d'assurance-chômage, indique
qu'il y a les centres de main-d'oeuvre du Canada ou d'autres organismes. Si je
me souviens bien, il est prévu d'autres organismes dans cela, cela veut
dire les centres de main-d'oeuvre du Québec. Donc, sans y être
nommés ou nommément inscrits, les autres organismes, selon les
termes de la loi, cela veut dire les centres de main-d'oeuvre du
Québec.
Je ne pourrai entrer en compétition avec les centres de
main-d'oeuvre du Canada tant qu'ils existent ici qu'à partir du moment
où je pourrai rendre un service adéquat aux personnes qui
viennent chez nous, aussi adéquat sinon meilleur que la sorte de service
qui peut être donnée aux centres de main-d'oeuvre du Canada. Cette
compétition va continuer d'exister. Vous m'avez demandé si
l'état des relations entre les centres de main-d'oeuvre du Canada et les
centres de main-d'oeuvre du Québec est bon. Je ne peux pas dire qu'elles
sont au mieux.
M. LAURIN: Est-ce que des correctifs sont envisagés d'une
façon pratique?
M. COURNOYER: Bien, d'une façon pratique j'ai des
conférences encore à donner...
M. DEMERS: A six heures?
M. COURNOYER: Bien celle-là à six heures ce ne sera pas ce
soir, ce sera après la conférence
fédérale-provinciale.
M. LAURIN: II me reste une dernière question à aborder et
elle l'a déjà été par la bande, c'est justement le
livre blanc sur l'assurance-chômage qui a été
déposé au cours de l'automne dernier et auquel vous aviez
répondu dans une lettre datée non pas du 11 novembre, mais du 13
novembre.
M. COURNOYER: C'est parce que je l'avais écrite le 11.
M. LAURIN: Ah bon! Et à la suite de ça il y a eu ce fameux
projet de loi qui a été déposé le 10 mars et qui
est encore en première lecture.
M. COURNOYER: En deuxième, s'il vous plaît!
M. LAURIN: Oui, en deuxième lecture. Je voulais vous demander si,
à la suite du dépôt de ce livre blanc, à la suite de
la lettre, de la correspondance, et à la suite du dépôt du
projet de loi s'il y a eu d'autres correspondances entre M. MacKasey et vous et
s'il y a eu d'autres négociations portant sur des points
particuliers?
M. COURNOYER: II n'y en n'a pas eu.
M. LAURIN: Ni entre vous et M. MacKasey, ni portant sur les mêmes
sujets entre M. Munro et M. Castonguay?
M. COURNOYER: Je ne peux pas dire qu'il n'y en a pas eu entre M. Munro
et M. Castonguay, mais...
M. LAURIN: Sur des sujets qui intéressent vos propos du 13
novembre.
M. COURNOYER: Je ne sais pas. Entre M. Munro et M. Castonguay je ne le
sais pas. Mais, entre M. Mackasey et moi, non. Je ne dis pas que je ne lui ai
pas glissé quelques répétitions à un moment
donné lors d'une conférence des ministres du Travail à
Ottawa. Disons que je vais vous dire: Oui, j'y ai glissé quelques
répétitions de ce qui était inscrit dans la lettre. Mais
c'est la veille qu'on avait déposé la deuxième lecture et
depuis ce temps-là il n'y a pas eu de correspondance verbale ou
écrite entre M. Mackasey et moi. Je ne sache pas qu'il y en ait eu entre
les fonctionnaires des deux ministères.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a eu des efforts de part ou d'autre pour
entrer en relation, pour continuer les discussions? Est-ce qu'il y a eu des
initiatives?
M. COURNOYER: Non. Pour ma part j'ai
cru et je crois encore le projet étant en deuxième
lecture, je n'ai pas changé d'idée sur ce que j'ai
déjà écrit et ce que j'ai répété lors
de la conférence des ministres du Travail que la nature de
l'assurance-chômage ou de la Loi de l'assurance-chômage telle
qu'elle est inscrite dans ce projet de loi lui donne une connotation qui
devrait relever des provinces, au moins dans la nature. Je peux difficilement
m'opposer à l'augmentation des prestations. Je peux continuer de
m'opposer à la partie qui traite de la couverture des employés
parapublics et des employés publics. On a fait une exclusion pour les
employés du gouvernement du Québec. Je continue de maintenir que
les employés qui sont financés à même les taxes
devraient être exclus de cette loi. Maintenant entre le moment où
il a été déposé et aujourd'hui il n'y a pas eu
d'échanges entre M. Mackasey et moi, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y
en n'aura pas.
M. LAURIN: Parmi les concessions possibles du fédéral qui
avaient été mentionnées il y avait celles qui touchaient
les prestations de maternité et de retraite. On avait laissé
entendre du côté fédéral que, lorsque le
Québec légiférerait dans ce domaine, prestations pour
maternité, maladie aussi et retraite, le fédéral
abandonnerait ce champ-là. En l'occurrence, est-ce que cela a
amené le gouvernement, soit votre ministère ou le
ministère des Affaires sociales ou tous les deux ensemble, à
prévoir une législation qui couvrirait les points que couvre
actuellement le projet de loi fédéral sur les prestations
concernant les allocations neuf semaines avant la fin de la grossesse, les
allocations de maladie, les allocations de...
M. COURNOYER: Je pourrais suggérer que la question soit
posée au ministre des Affaires sociales lui-même.
M. CADIEUX: M. le ministre, est-ce à dire que vous êtes
opposé à ce que les employés occasionnels, disons du
ministère de la Voirie, versent une contribution pour retirer de
l'assurance-chômage après ça?
M. COURNOYER: Ce que je peux dire là-dessus, c'est que je suis
opposé à ce que les employés du gouvernement provincial
soit assujettis à l'assurance-chômage.
M. CADIEUX: Oui.
M. COURNOYER: Je suis aussi opposé à ce que les
employés des corps publics financés à même les
revenus de l'Etat du Québec financent l'assurance-chômage.
Je ne peux pas dire cependant que les employés dont il est
question ici ne devraient pas bénéficier de prestations, en cas
de chômage. Mais entre bénéficier de prestations en cas de
chômage qui coûteraient $20 millions, et donner moi-même des
prestations en cas de chômage aux mêmes individus parce que je les
emploie et que je suis le gouvernement du Québec, il y a une marge.
S'il y a lieu d'indemniser ces personnes, le gouvernement du
Québec pourrait les indemniser facilement avec le montant d'argent qu'il
devrait affecter à payer des prestations.
M. LAURIN: Des cotisations.
M. COURNOYER: ... ou des cotisations d'assurance-chômage au
gouvernement central. Je ne peux pas dire que ces personnes ne devraient pas
recevoir des prestations de chômage.
M. LAURIN: Du fait que le prochain projet de loi fédéral
exclura les travailleurs indépendants, est-ce que votre ministère
a l'intention d'entrer dans ce domaine pour pallier les effets
désastreux que ça pourrait avoir sur cette catégorie de
travailleurs qui, on le sait, sont aussi sujets au chômage que les
autres? Parce que souvent, c'est par la conséquence indirecte de
fermeture d'usines ou de licenciement collectif qu'eux-mêmes sont
finalement touchés.
M. COURNOYER: J'aimerais référer le député
de Bourget au texte de ma déclaration du 13 novembre qui parle des
travailleurs indépendants et à la déclaration que je
faisais il y a quelques instants. Je n'ai pas changé d'idée sur
ce qui est inscrit là-dedans.
M. LAURIN: Enfin, en ce qui concerne l'intégration des mesures de
maintien du revenu, de soutien du revenu, et des services sociaux, est-ce que
du fait que vous serez placés devant le fait accompli par cette loi, les
travailleurs ne seront pas appelés à en souffrir d'une
façon assez aiguë au Québec? Et est-ce que ça
amène votre ministère à prévoir des mesures, encore
une fois pour pallier ces effets-là?
M. COURNOYER: Je saisis probablement mal la question.
M. LAURIN: Du fait que la Loi d'assurance-chômage favorisera une
parti des catégories de travailleurs, et rendra peut-être encore
plus difficile le sort de la catégorie de travailleurs qu'elle ne couvre
pas et qui sont parmi les plus démunis, les plus
défavorisés, est-ce que votre ministère a l'intention de
faire des démarches pour que les effets désastreux qui peuvent
frapper cette deuxième catégorie de travailleurs soient
palliés d'une façon ou d'une autre?
M. COURNOYER: Je ne peux pas dire qu'on n'a pas l'intention de faire le
bien, tout le monde a l'intention de faire le bien. Cela reste une question de
moyens pour moi.
M. LAURIN: Je pensais à des mesures précises auquelles
vous auriez pu penser.
M. COURNOYER: Non, remarquez qu'on est très près, dans le
genre de discussions, de choses qui relèvent de la politique du maintien
du revenu, politique qui, elle, est jusqu'à preuve du contraire, sous
l'autorité du ministre des Affaires sociales. Je dois vous avouer que
les relations entre le ministère des Affaires sociales et notre
ministère sont excellentes. Jusqu'ici, nous avons une forme de penser
qui se ressemble beaucoup. Je ne pense pas que ça change demain matin.
La préoccupation première du ministère des Affaires
sociales, telle qu'énoncée par le ministre, me satisfait
pleinement. Comme il s'agit d'aspects sociaux d'une mesure, je pense qu'il y a
lieu de poser ce genre de questions plutôt à M. Castonguay
qu'à moi.
Salaire minimum
M. LAURIN: Ma dernière question sera très brève,
elle portait sur le salaire minimum. Il y a des changements qui avaient
été annoncés par votre prédécesseur, M.
Bellemare, au mois d'octobre 1970, ou mai 1970 je crois, qui avaient fait que
jusqu'en novembre 1971 les changements avaient comme résultats un
salaire minimum qui serait fixé à $1.50 au 1er novembre 1971.
Nous savons aussi que le fédéral vient d'élever
également son taux de salaire minimum pour les employés qui
relèvent des ministères fédéraux. Est-ce que,
depuis que vous êtes en fonction, les études que vous avez
poursuivies vous amèneraient à élever dans un avenir
prévisible, ces taux de salaire minimum, et à prévoir
quelque chose qui amènerait leur indexation automatique, eu égard
à certains indices économiques?
M. COURNOYER: Ce n'est pas le goût qui me manque. Je dois vous
avouer que, depuis six mois que je suis ministre du Travail, j'ai plusieurs
préoccupations et celle-là n'a pas été parmi les
préoccupations prioritaires de mes pensées nocturnes.
M. LAURIN : Est-ce que vous diriez la même chose des ordonnances
numéros 5 et 8 qui touchent les employés de services et les
employés d'hôtellerie?
M. COURNOYER: Je dirais la même chose de ces deux ordonnances.
M. LAURIN: Donc, il y a peu de nouveau dans ce domaine.
M. COURNOYER: A annoncer aujourd'hui. C'est plutôt une mesure
administrative, mais je prends bonne note de vos remarques, de vos
préoccupations. En comparaison avec le salaire fédéral,
par exemple...
M. LAURIN: C'est $1.75.
M. COURNOYER: Je sais que c'est $1.75, seulement, il faut bien avouer,
vous et moi, que...
M. LAURIN: Ils sont plus riches que nous.
M. COURNOYER: En plus de ça, il faut bien avouer que $1.75
s'applique à 5,000, à 20,000 personnes à travers le
Canada. Ce n'est pas tout à fait la même chose, ça n'a pas
la même signification économique que lorsque nous l'appliquons
à un et deux millions. Alors, je pense que c'est un geste
d'entraînement qu'a dû poser le ministre fédéral du
Travail, et jusqu'ici je n'ai pas succombé à l'entraînement
parce que cela n'aurait pas les mêmes conséquences pour moi que
pour lui, pour eux. Même pour moi, l'économie du
Québec...
M. LAURIN: Si on n'y prête pas l'attention qu'il faut, on pourrait
peut-être se retrouver avec un système où ce serait plus
rémunérateur de recevoir l'assistance sociale que de travailler
dans certains services, dans certains hôtels, dans certains
restaurants.
M. COURNOYER: Mais d'une façon générale, je peux
répondre au député de Bourget que la préoccupation,
au ministère du Travail, que nous avons énoncée dans des
déclarations, peut-être privées, à
l'intérieur de discussions avec d'autres personnes, c'est que le salaire
minimum ne doit pas être inférieur ou ne doit pas être
identique à ce que le plan d'assurance sociale donne aux gens. On doit
faire en sorte qu'il y ait une certaine forme d'incitation à aller
travailler. De là à dire que nous pouvons le faire aujourd'hui,
c'est assez difficile. Mais je pense qu'il y a lieu d'énoncer comme
opinion, et je peux l'énoncer avec fermeté, que le salaire
minimum ne peut pas être inférieur ni même égal au
salaire qu'on reçoit quand on ne travaille pas.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 1, article 1, sous-article 1:
Traitements, salaires et allocations.
Administration
M. GUAY: M. le Président, est-ce qu'il y a eu augmentation de
personnel par rapport à l'an passé, étant donné que
le montant a changé?
M. LE PRESIDENT: Sous-article 1, 111 employés.
M. GUAY: En même temps, ça répondra probablement
à plusieurs autres questions aux autres articles.
M. COURNOYER: Pardon?
M. GUAY: En même temps, disons que ça peut répondre
à plusieurs autres articles qui indiquent une augmentation.
M. COURNOYER: Oui, il y a eu augmentation de personnel.
C'est-à-dire par rapport à l'an passé. Est-ce que c'est
pour l'ensemble du ministère?
M. LE PRESIDENT: Article 1: Services administratifs.
Services administratifs
M. COURNOYER: L'augmentation est de l'ordre de $454,400. Il y a $350,000
pour l'engagement de 72 nouveaux employés dans les services suivants:
service de l'analyse financière, 13; service du personnel, 8;
organisation et méthode, 11; service de l'informatique, 34; services
auxiliaires, 3 ; commissaires de la construction, 3. Et il y a $104,400 pour 17
postes qui étaient vacants au 1er novembre 1970.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Cela répond à votre question?
Adopté.
M. GUAY: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2: Frais de déplacement,
adopté. Sous-article 3, adopté. Sous-article 4, adopté.
Sous-article 5, adopté. Sous-article 6, adopté. Sous-article 7,
adopté. Sous-article 9, adopté. Sous-article 10.
M. GUAY: Au sous-article 10, M. le Président: Loyers. On voit
qu'il y a une grosse augmentation à cet article. Que comprend-elle?
M. COURNOYER: Cela comprend la location d'ordinateurs. Ce n'est pas la
location de locaux, mais d'ordinateurs pour le service d'informatique. Il y a
aussi la location d'un terrain de stationnement voisin de l'édifice
Delta, là où sont situés les bureaux du ministère
du Travail. Il y ale terrain de stationnement que nous devons louer; cela fait
$292,800 d'augmentation, mais le gros de cette augmentation est surtout pour la
location des ordinateurs.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 10, adopté. Sous-article 11?
Adopté. Sous-article 13?
M. GUAY: Au sous-article 13: Allocations, primes et bourses, $40,000, je
crois que ça va revenir assez souvent dans l'étude des
crédits; peut-être qu'on pourrait l'éclaircir tout de
suite. Quand on parle d'allocations, primes et bourses, qu'est-ce que c'est au
juste?
M. COURNOYER: Nous avons ici un nouveau programme dont le but est de
favoriser les employés du ministère qui suivront des cours de
formation et de perfectionnement. Parmi ces idées, il y en a une
peut-être pour les députés. Quand je dis les
députés, ce n'est pas pour vous minimiser, mais il est possible
que nous organi- sions au cours de l'année un cours d'économie,
"Basic Economics", Economie de base, et que ce cours soit mis à la
disposition des employés du ministère et des
députés qui consentiraient à les suivre. Quand je dis
députés, ce n'est pas pour vous faire plaisir, mais, à un
moment donné, j'ai l'impression qu'on peut parler très souvent de
revalorisation du député, mais pour le revaloriser parfois, on
peut peut-être et moi j'en suis un avoir une certaine
formation qui nous aide à mieux discuter des problèmes. Or, comme
l'économie est aujourd'hui extrêmement importante, la seule
poursuite de cours en économique, même d'économique
élémentaire, nous aiderait tous, je pense, à mieux faire
notre devoir et notre travail.
M. GUAY: Je vous remercie, M. le ministre, c'est très
louable.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 13? M. GUAY: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 32: les remboursements sont de l'ordre de
$250,000.
Service de l'information
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 1, article 2, sous-article 1:
Traitements, salaires et allocations, service de l'information:
Adopté?
Sous-article 1, adopté. Sous-article 2? Sous-article 2,
adopté. Sous-article 3? Sous-article 3, adopté. Sous-article
4?
Sous-article 4, adopté. Sous-article 5, adopté.
Sous-article 7, adopté. Sous-article 11?
M. GUAY: Services contractuels.
M. COURNOYER: Une augmentation de $290,000. Il y a $100,000 qui sont dus
à la centralisation de l'impression de volumes, codes et publications
diverses et $190,000 pour tous les frais de publicité et d'information
du ministère.
M. GUAY: Parfait!
M. LE PRESIDENT: Article 2, sous-article 11, adopté.
Service de la recherche
M. LE PRESIDENT: Poste 2: Service de la recherche, sous-article 1.
M. DEMERS: Une augmentation de personnel de 3?
M. COURNOYER: II y a 34 personnes au total.
M. DEMERS: Est-ce que ce sont des spécialistes?
M. COURNOYER: Oui.
M. DEMERS: Ou des recherchistes?
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2, sous-article 2,
adopté. Sous-article 3, adopté.
M. BURNS: M. le ministre, les honoraires et commissions sont
affectés à quel genre de services?
M. COURNOYER: Par rapport à l'année dernière, c'est
$5,000 de plus.
M. BURNS: Oui, c'est cela. De $9,000 à $14,000.
M. COURNOYER: Les $5,000 sont pour des travaux de recherche
exécutés par des conseillers en administration.
M. BURNS: Des conseillers en administration.
M. DEMERS: En quel domaine?
M. COURNOYER: Des recherchistes.
M. BURNS: Ceci est pour l'augmentation. Dans l'ensemble, les honoraires
sont payés pour quel genre de travail?
M. COURNOYER: C'est la même chose, toujours dans le domaine de la
recherche. Ce sont probablement des honoraires parfois versés à
des professeurs d'université pour faire une recherche précise. On
augmente ce fonds cette année à cause de...
M. LE PRESIDENT: Poste 2, sous-article 3, adopté.
Sous-article 4, adopté. Sous-article 6, adopté.
Sous-article 7, adopté. Sous-article 11, adopté. Il y a une
question au sous-article 11.
M. BURNS: Je veux juste savoir ce que sont les services
contractuels.
M. COURNOYER: Où ça?
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 2, sous-article 11.
M. BURNS: L'augmentation de $2,300.
M. LE PRESIDENT: Les services contractuels.
M. COURNOYER: Ce sont des travaux d'impression pour la publication de
brochures qui sont données à un tiers au lieu d'être faites
par le procédé Xérox ordinaire, broché. Ce sont des
affaires qui sont faites par des tiers.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 2, sous-article 11,
adopté. Sous-article 12, adopté? La contribution du gouvernement
du Canada: $7,000.
M. DEMERS: C'est nouveau, ça?
M. LE PRESIDENT: Pas d'objection là-dessus? Adopté?
M. BURNS: II n'y a qu'une chose qu'on pourrait dire, c'est qu'il n'y en
a pas assez. C'est le retour des choses.
M. LE PRESIDENT: Ce sera écrit au journal des Débats.
Poste budgétaire 3 : Direction générale des normes de
travail, sous-article 1 : Traitements, salaires et allocations. Pas de
questions?
Direction générale des normes de travail
Administration
M. DEMERS: II y a eu une augmentation assez substantielle pour deux
personnes de plus.
M. COURNOYER: Non. Il y a sept personnes de plus.
M. LE PRESIDENT: Vingt au total, treize l'an dernier, sept personnes de
plus.
M. COURNOYER: II y avait cinq postes vacants l'an dernier.
M. DEMERS: Alors, excusez-moi.
M. LE PRESIDENT: Alors, ça répond à votre question.
Adopté. Sous-article 2, adopté?
M. DEMERS: Laissez-nous tourner les pages, s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes toujours à la même page,
203.
M. DEMERS: J'y viens.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 3, sous-article 4: Frais de
bureau, adopté. Sous-article 5: Communications, adopté. Vous
tournez à la page 204, maintenant. Poste budgétaire 3: Direction
générale des normes de travail, sous-article 7, toujours:
Mobilier, équipement de bureau et d'informatique, $2,500. Adopté.
Sous-article 11, adopté. Poste budgétaire 4: Direction
générale des services techniques, articles, administration,
sous-article 1 : Traitements, salaires et allocations. Adopté?
Direction générale des services
techniques
M. DEMERS: Est-ce que je pourrais demander au ministre en quoi ça
consiste? Qu'est-ce que comprennent les services techniques, à peu
près?
M. COURNOYER: Ce sont tous les services d'inspection du ministère
du Travail.
M. DEMERS: Dans les différentes...
M. LE PRESIDENT: Remarquez que "adopté" peut tout aussi bien
être suivi d'un point d'interrogation en ce qui concerne la
présidence. Alors, vous êtes toujours libre de poser les questions
qui vous semblent pertinentes. N'ayez crainte, je ne veux bousculer
personne.
M. DEMERS: Vous êtes très patient habituellement.
M. BURNS: Vous avez dit, M. le ministre, que vos services techniques
sont vos inspecteurs?
M. DEMERS : En plomberie, en électricité et toutes ces
affaires-là?
M. BURNS: Ce n'est pas là que se trouvent vos inspecteurs sur la
sécurité et ces histoires-là? Est-ce là qu'ils
sont?
M. COURNOYER: Oui.
M. BURNS: Votre personnel est-il suffisant? Je vous pose la question
parce que, apparemment, le gros problème est que les syndicats de la
construction se plaignent du fait que les normes de sécurité ne
soient pas appliquées. Vous connaissez toute la chicane autour de
certaines enquêtes du coroner, tel que dans le cas Dauvet à
Montréal, l'entrepreneur en aéronautique qui refaisait une
couverture au ministère du Travail. Je ne sais pas ce qu'un entrepreneur
en aéronautique fait là. Peut-être parce qu'il est bien
haut cet édifice.
M. DEMERS: Peut-être.
M. BURNS: II semble qu'il n'y ait pas tellement de moyens de
contrôle pour savoir si les normes de sécurité sont
appliquées ou non. On s'en rend compte quand un pauvre travailleur se
fait tuer. C'est seulement dans ces cas. C'est pour ça que je vous pose
la question. Est-ce que...
M. COURNOYER: Je ne peux pas dire qu'on a tout le personnel
nécessaire. On ne peut pas dire non plus qu'on serait mieux avec plus de
personnel. En parlant de normes, on peut tous les deux en parler par rapport
aux règlements. Il y en a un qui est fort et l'autre qui n'est pas fort.
La semaine prochaine, je pourrai vous dire que les normes de
sécurité dans l'industrie de la construction, sont
publiées comme règlements. A ce moment-là, il n'y aura
plus de question juridique à savoir si c'est une norme ou un
règlement. Nous allons régler cette affaire. C'est la semaine
prochaine, Réal?
M. BURNS: Est-ce que le ministre se propose de faire une
déclaration ministérielle à ce sujet?
M. COURNOYER: Je me propose de le distribuer pour commercer. Cela sera
peut-être passé mercredi, mais je ne suis pas sûr. Il est
clair que c'est fait, c'est prêt et nous sommes prêts à
procéder. Il y a une possibilité également qu'au mois de
septembre nous soumettions la nouvelle Loi des services techniques qui
comportera, elle; les possibilités de déléguer
à d'autres les pouvoirs de l'inspecteur pour augmenter les
possibilités d'inspection, sans pour autant être obligé
d'augmenter ou de grever inutilement peut-être, parfois, un personnel ou
de recruter un personnel trop éloigné de la tête.
Nous pensons donner aux inspecteurs des comités conjoints le
mandat, sous l'autorité bien sûr du directeur des services
techniques, qui est attribué par la loi actuelle à l'inspecteur
de la sécurité, ce qui permet à quelqu'un qui est
déjà sur le chantier d'exercer sous l'autorité du
directeur technique les devoirs, ce qui fait qu'il y a peut-être 200
personnes de plus.
M. BURNS: Théoriquement, ça pourrait aussi bien être
mandaté à des délégués de chantier qui se
spécialisent dans ces problèmes-là.
M. COURNOYER: C'est déjà fait, ils le font. Ils
arrêtent les travaux quand ils veulent.
M. BURNS: Pas toujours ça dépend. C'est peut-être
une bonne chose qu'ils arrêtent les travaux; moi, je
préfère qu'ils perdent quelques heures de travail plutôt
qu'une vie humaine.
M. COURNOYER : Moi aussi, mais ce que je vous dis c'est que pour le
moment ça s'arrête à ce que je viens de vous dire. Je vous
donne un exemple. Il n'y a peut-être pas assez de personnel, mais je vais
peut-être en ajouter, sans en ajouter 200.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 4, article 1, poste 4, adopté.
M. GUAY: Au service d'inspection des établissements industriels
et commerciaux et des édifices publics, on remarque qu'il y a 170
personnes, ça fait presque 1 1/2 par comté...
M. LE PRESIDENT: Vous êtes rendu à quel endroit?
M. GUAY: Oh! Excusez-moi.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes un peu rendu loin. Sous-articles 4 et
5, adopté. Sous-article 7, adopté.
Service d'approbation des plans M. LE PRESIDENT: Poste 4, article 2,
sous-
article 1, Traitements, salaires et allocations au Service d'approbation
des plans, adopté.
Sous-article 2, adopté.
Sous-article 4, adopté.
Poste 4, article 3, sous-article 1: Bureau des examinateurs des
électriciens et Service d'inspection des installations
électriques, adopté.
Bureaux des examinateurs des
électriciens
M. DEMERS: J'aurais une question à poser au ministre. Est-ce
qu'il y a une diminution des incendies depuis qu'il y a eu des
règlements très rigides d'appliqués au point de vue
installations électriques? Vous n'avez pas de statistiques
là-dessus? Il y a diminution dans le portefeuille des gens!
M. CADIEUX: II faut demander aux pompiers.
M. DEMERS: On a révisé partout dans la province les
installations électriques et on a obligé les gens à
refaire leur maison et leur commerce au point de vue électrique. Est-ce
qu'il y a une diminution des incendies depuis que ces normes ont
été appliquées avec rigueur?
M. COURNOYER: Je ne peux pas dire qu'il y a une diminution d'incendies.
Lorsque ces normes ont été appliquées, s'il n'y a pas eu
d'incendies, c'est peut-être dû au fait qu'on a
ordonné...
M. DEMERS: Vous comprenez trop bien ma question pour que je vous la
repose. C'est bien une bonne réponse.
M. LE PRESIDENT: Poste 4, article 3, sous-article 2,adopté.
Sous-article 4, adopté. Sous-article 5, adopté. Sous-article 6,
adopté. Sous-article 7, adopté. Sous-article 11,
adopté.
Service d'inspection des établissements
industriels et commerciaux
M. LE PRESIDENT: Poste 4, article 4, sous-article 1: Service
d'inspection des établissements industriels et commerciaux et des
édifices publics, adopté. Sous-article 2, adopté.
Sous-article 4, adopté. Sous-article 5, adopté. Sous-article 6,
adopté. Sous-article 7, adopté. Sous-article 11, adopté.
Sous-article 32, $75,000, adopté.
M. DEMERS: Cela consiste en quoi? Le ministre a de la difficulté
à nous suivre.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre, est-ce que je vais trop vite?
M. COURNOYER: Non, non. C'est le prix des inspections faites dans les
édifices du gouvernement fédéral.
M. DEMERS: Cela vient du fédéral encore. Vous leur chargez
le plein prix?
M. COURNOYER: Il semble que... M. DEMERS: C'est très bien.
Adopté.
Bureau des examinateurs des mécaniciens de
machines fixes
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 4, article 5, le
sous-article 1, adopté. Le sous-article 2, adopté. Le
sous-article 4, adopté. Le sous-article 5, adopté. Le
sous-article 6, adopté. Le sous-article 7, adopté. Le
sous-article 32, adopté. Le poste budgétaire 4, article 6, le
sous-article 1, adopté?
Bureau des examinateurs des mécaniciens en
tuyauterie
M. DEMERS: II y a un remboursement, est-ce que cela vient encore du
fédéral?
M. COURNOYER: Une partie seulement. Une partie du fédéral
et une partie des frais de voyages sur les inspections spéciales
demandées par les compagnies.
M. DEMERS: C'est toujours le même montant d'une année
à l'autre?
M. COURNOYER: C'est exact. M. BURNS: C'est estimé? M. COURNOYER:
Oui.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 4, article 6, sous-article
1, adopté. Le sous-article 2, adopté. Le sous-article 4,
adopté. Le sous-article 5, adopté. Le sous-article 6,
adopté. Le sous-article 7, adopté. Le sous-article 11,
adopté. Le poste budgétaire 4, article 5: Direction
générale de la main-d'oeuvre, le sous-article 1.
Direction générale de la
main-d'oeuvre
M. DEMERS: II y a une augmentation assez substantielle de personnel
à la direction générale de la main-d'oeuvre.
M. COURNOYER: Je vais vous donner le détail: $37,000 pour
l'engagement d'un nouvel employé dans la région de l'est du
Québec et de quatre personnes en place et ce à demi-temps, c'est
dans l'OPDQ.; $38,500 pour l'engagement de neuf nouveaux employés pour
la région du Nouveau-Québec; $468,700 pour 84 postes vacants au
1er novembre 1970; et $501,500 pour l'intégration de 107 personnes
provenant du ministère de l'Education et de différentes
commissions de formation professionnelle qui ont été abolies et
qui sont intégrées au ministère du Travail parce qu'elles
relevaient avant
du ministère du Travail: cela fait 107 personnes qu'on a
absorbées dans nos budgets et qui travaillent maintenant dans des
centres de main-d'oeuvre. C'est ce que je disais tantôt sur le genre de
personnes qui ne seraient pas nécessairement préparées
parce qu'elles sont issues d'autres secteurs qui ont été
abolis.
M. DEMERS: Vous allez mettre un personnel plus dense dans les
bureaux?
M. COURNOYER: Cela dépend. Quand on est trop tassé, on
travaille très mal.
M. DEMERS: C'est que vous avez diminué le nombre de bureaux.
M. COURNOYER: Où?
M. DEMERS: Dans la province.
M. COURNOYER: C'est ça.
M. DEMERS: Vous augmentez le personnel, il va être plus
tassé.
M. COURNOYER: Vous êtes très sévère. C'est
cela. Il y a plus de personnel dans chacun des bureaux qu'il y en a
là.
M. DEMERS: C'est ce que je vous demandais, c'est ce que vous me
dites.
M. COURNOYER: C'est très bien. C'est ce que j'ai dit.
M. DEMERS: A la vitesse où ils vont, ils ne se tueront pas.
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 2. M. DEMERS:
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 3. M. BURNS: Les
honoraires, M. le ministre...
M. COURNOYER: C'est $53,000 pour l'engagement de conseillers en
administration pour la région de l'Est du Québec; $55,000 pour
les membres de comités régionaux et provinciaux.
M. BURNS: Cela, c'est l'augmentation elle-même...
M. COURNOYER: Cela fait $1,487,500. Si vous voulez le détail en
page...
M. BURNS: Non, cela est pour l'an passé...
M. COURNOYER: C'est $108,000 de plus que l'an passé.
M. BURNS: Oui. En somme, la question que je pose, M. le ministre, ce
n'est pas tellement pour savoir à quoi est due l'augmentation comme
à quel genre de pigistes ou de service on a recours à
l'extérieur?
M. COURNOYER: Il s'agit de $53,000 pour l'engagement de conseillers en
administration et...
M. BURNS: Et le reste du million?
M. COYRNOYER: ... la différence est pour les membres des
comités consultatifs, régionaux et provinciaux, ces
gens-là reçoivent une allocation substantielle.
M. BURNS: Sous forme de jetons de présence.
M. DEMERS: ... Ce sont des touristes, ça!
M. BURNS: Des "side lines"!
M. DEMERS: Cela ne fait pas tort! Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste 5, sous-article 3, adopté.
Sous-article 4, adopté.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 5.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 6, adopté. Sous-article 7,
adopté. Sous-article 8.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 9.
M. DEMERS: Véhicules moteurs, c'est la voiture du ministre...
M. CADIEUX: Une petite Renault.
M. COURNOYER: C'est une motoneige pour le territoire du
Nouveau-Québec. Pour la Renault, c'est $1,000 de moins que ce qui
était prévu l'an passé. C'est le seul endroit où il
y a une diminution substantielle.
M. DEMERS: Vous avez aussi rapetissé passablement.
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste 5, sous-article 9. Adopté. Sous-article
10, adopté. Sous-article 11.
M. DEMERS: Je me permets une question au sous-article 9: Assurances,
taxes et indemnités.
M. COURNOYER: C'est nouveau, ça. M. DEMERS: Cela va où
à peu près?
M. COURNOYER: Pardon?
M. DEMERS: Cela veut dire quoi, assurances, taxes et indemnités,
au sous-article 9?
M. COURNOYER: Ce sont de nouveaux programmes d'assurance couvrant toute
personne dont le statut est déterminé par l'accord
fédéral-provincial sur la formation professionnelle des adultes.
C'est remboursé en totalité par le fédéral.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Sous-article 10, adopté.
Sous-article 11.
M. CADIEUX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 12: Subventions. Adopté.
Sous-article 13.
M. DEMERS: Allocations, ça double et même un peu plus.
M. COURNOYER: Allocations, primes et bourses. D y a $115,000 pour les
cours de perfectionnement des employés de la direction; $50,000 pour le
retour au travail des assistés sociaux; $80,000 pour la mobilité
des travailleurs, frais de déménagement, bail, vente de maisons
que nous déplaçons, c'est la mobilité des
travailleurs.
M. DEMERS: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste 5, sous-article 31. Adopté. Sous-article
33, les imputations. Adopté.
M. BURNS: Qu'est-ce que c'est ça, M. le ministre?
M. COURNOYER: C'est un projet d'entente Canada-Québec pour
l'aménagement de l'Est du Québec.
M. CADIEUX: Le fédéralisme rentable!
Subventions à la formation
professionnelle
M. LE PRESIDENT: Poste 6: Subventions à la formation
professionnelle.
M. BURNS: Le fédéralisme rempant.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 31, adopté.
M. GUAY: A propos de 31, on se pose des questions. Contribution du
gouvernement du Canada, est-ce que c'est global?
M. DEMERS: Ce n'est pas global.
M. COURNOYER: L'augmentation est due principalement à une plus
grande participation des adultes aux cours dispensés par les commis-
sions de formation professionnelle et sur lesquelles la contribution
fédérale est de 100 p. c. des frais encourus.
M. GUAY: Parfait, ça répond bien.
M. CADIEUX: Du fédéral, c'est de $6,486,000?
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste 7 : Direction
générale des relations patronales-ouvrières, article 1,
traitements, salaires et allocations.
Direction générale des relations
patronales-ouvrières
M. BURNS: Juste une minute. J'ai une question qui s'adresse au
ministère de la Justice et au ministère du Travail.
M. COURNOYER: Laquelle?
M. BURNS: L'an passé ou il y a deux ans, le tribunal du travail
je parle de Montréal seulement était logé
dans l'édifice des ministères qui se trouvent sur Crémazie
près d'Henri-Julien. A un moment donné, pour une raison ou pour
une autre, quelqu'un a fait une éjaculation administrative quelque
part... C'est un mot qui existe.
M. DEMERS: II n'y a pas seulement le mot.
M. BURNS: Et le tribunal du travail s'est déplacé
vers...
M. COURNOYER: Le bas de la ville.
M. BURNS: Le centre-ville à Montréal, c'est-à-dire
sur la rue McGill, près de Sainte-Catherine. Il semble que cela a
créé des embêtements à tout le monde du milieu, et
quand je dis tout le monde, je veux dire les gens qui sont appelés
à aller devant le tribunal du travail, devant les
commissaires-enquêteurs eux-mêmes parce qu'ils avaient,
sûrement et de bon aloi, des consultations entre certains
commissaires-enquêteurs et des juges du tribunal du travail sur
l'interprétation du code.
Il y a eu une rumeur qu'à nouveau le tribunal du travail se
déplacerait, soit pour aller au nouveau Palais de Justice qui doit
ouvrir, je ne sais pas si c'est à l'automne 1971 ou 1972, je pense que
c'est 1971, ou bien retourner là-bas. En ce qui concerne le
ministère du Travail, est-ce que c'est une possibilité?
M. COURNOYER: Les juges relèvent ordinairement du
ministère de la Justice, mais le ministre du Travail peut avoir son
opinion. Son opinion au ministre du Travail, c'est que le tribunal du travail
doit être à l'édifice Gagné, et en dehors du
contexte ordinaire de la Justice.
M. BURNS: C'est mon opinion également, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Poste 7, sous-article 1, adopté. Sous-article
2?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 3, adopté. Sous-article 4,
adopté. Sous-article 5, adopté. Poste budgétaire 8:
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, sous-article 1 :
Traitements, salaires et allocations, adopté.
Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre
M. BURNS: Un instant. Ce sont pour le président et le
secrétaire exécutif, les deux traitements?
M. COURNOYER: Les deux traitements...
M. BURNS: Nous sommes au Conseil consultatif.
M. COURNOYER: Deux employés du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Les sténographes aussi.
M. BURNS: Comment se fait-il que vous ayez seulement deux personnes
à ce sous-article? Est-ce que le président du conseil consultatif
est à la charge du ministère? Alors, qui est l'autre personne?
Les autres sont peut-être chargés à votre article 1...
M. COURNOYER: Ils sont chargés là. Le total de $52,700
comprend le salaire du président, du secrétaire et des deux
secrétaires de ces messieurs. Il y avait un poste vacant le 1er octobre
1970, ce qui fait une augmentation de $5,400. Donc le 1er novembre, il y avait
un poste vacant. C'est supposé être quatre au lieu de deux.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 2, adopté.
Sous-article 3, adopté?
M. BURNS: J'aimerais savoir, encore une fois, à qui sont
donnés ces honoraires au conseil consultatif. Encore des jetons de
présence? C'est-à-dire les membres du conseil consultatif.
M. COURNOYER: Vous savez que les jetons de présence aux membres
du conseil sont $100 par séance, plus les dépenses. Alors
l'augmentation de $7,500 ici dit tout simplement que les membres du
comité doivent se réunir plus souvent durant l'année
budgétaire. Ils ont chacun $100 chaque fois, et il y a eu des
comités ad hoc aussi qui siègent à $100 par jour. Ce qui
fait que le coût du comité consultatif, strictement quant à
la participation des membres, est de $45,568.58 par année.
M. GUAY: II y a normalement combien de membres?
M. COURNOYER: On m'a demandé une augmentation que je n'ai pas
faite à cause de ces coûts. $100 à la fois, ça
commence à faire du monde. Ils sont dix membres et on m'a demandé
de l'augmenter de quatre membres. Franchement, je comprends qu'il y aurait une
possibilité de l'augmenter mais à ce prix-là, je
pense...
M. GUAY: Combien de réunions prévoyez-vous à peu
près?
M. COURNOYER: Vous savez, ça dépend des problèmes
qu'on confie.
Si je ne les consultais plus, il n'y en aurait pas et s'il n'y avait pas
de pouvoir d'initiative, parce qu'ils ont un pouvoir d'initiative dans la Loi
du conseil consultatif, présentement il n'y en aurait pas non plus. On
ne peut pas limiter le nombre de réunions de ces gens, on peut
prévoir qu'il y a un certain nombre de réunions de plus, mais
comme il y a une augmentation de $7,500 par rapport à l'an passé,
si chaque réunion réunissait tous les individus qui s'y trouvent,
cela ferait 7 réunions de plus. C'est $1,000 chacune.
M. GUAY: De toute façon, si vous ne dépensez pas tout,
vous allez nous le dire l'année prochaine.
M. COURNOYER: Pardon?
M. GUAY: Si le tout n'est pas dépensé, vous nous le direz
l'an prochain.
M. COURNOYER: Ah oui! M. GUAY: Parfait!
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 2, adopté.
Sous-article 3, adopté. Sous-article 4, adopté. Sous-article 5,
adopté. Sous-article 6, adopté. Sous-article 7, adopté. M.
Deniers, avez-vous quelque chose à ajouter? Est-ce que d'autres membres
de la commission...
M. COURNOYER: Par le truchement du ministre des Finances, le Parti
québécois a fait une liste de questions précises et nous
avons répondu par écrit. Je comprends que le budget a
été adopté, mais cela ne m'empêche pas de remplir
mes obligations. Je vais en donner une copie aux...
M. DEMERS: Est-ce que cela a été fait en Chambre?
M. BURNS: Non. C'est une communication administrative que nous avons eue
avec le leader du gouvernement.
M. COURNOYER: Le Parti québécois l'a demandée, je
vais la donner aussi aux deux autres partis.
M. LE PRESIDENT: Déposée comme document. Cela va?
M. BURNS: Merci bien!
M. LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je veux tout simplement vous remercier, M. le
Président, de la patience que vous avez eue à nous entendre. Si
tous les présidents de commission présidaient de cette
manière, tout irait bien. Evidemment, si tous les ministres
répondaient aux questions comme le ministre a répondu, tout irait
aussi bien aussi dans l'adoption. Je veux simplement vous remercier, M. le
ministre, et vous souhaiter bonne chance dans l'utilisation de ces
crédits pour l'amélioration de la situation de ce
ministère qui n'est pas facile à administrer. On l'admet.
M. DEMERS: Je remarque que le ministre n'a pas fait beaucoup de
progrès, mais il n'est pas pire que dans le temps où on le
connaissait. Je le félicite de la façon qu'il nous a
répondu. Je vous souhaite une bonne fin de semaine.
M. GUAY: Je voudrais également remercier le président
d'avoir toujours tranché aussi adéquatement les questions aussi
difficiles. Je remercie le ministre et ses hauts fonctionnaires, ces hommes
compétents qui à l'occasion ont soufflé au ministre les
réponses aux questions qu'on avait posées même si parfois
ces questions sont assez difficiles à répondre.
Je pense que le travail que nous avons fait à cette commission
m'a éclairé sur bien des points. Je tiens à remercier
toute l'équipe du ministère du Travail de ses intentions de faire
le bien pour la collectivité.
M. COURNOYER: Je remercie le président et l'Opposition d'avoir
été patients en ce qui concerne le genre de réponses que
j'ai données dans les circonstances.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le ministre. En ce qui me concerne, je tiens
à vous remercier. J'ai tenté de me servir du meilleur de ma
connaissance du mot "démocratie" en ne brimant personne de son droit de
parole. Je pense que chacun de ceux qui composaient cette commission ont eu
l'occasion de connaître non seulement l'ensemble de la politique du
ministère, mais aussi de poser des questions et de faire des suggestions
que le ministre d'ailleurs a bien notées. Pour ma part, je tiens
à vous remercier de votre collaboration. Je n'ai pas eu à me
servir de mon livre vert. Donc, je n'ai pas eu à aller aux sources,
tellement vous avez collaboré. Je vous remercie. A la prochaine. La
séance est terminée.
(Fin de la séance: 16 h 48)