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Application du règlement de placement
dans l'industrie de la construction
(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Dussault): A l'ordre! Nous allons
commencer les travaux de la commission parlementaire élue permanente du
travail et de la main-d'oeuvre, concernant le règlement de placement
dans l'industrie de la construction.
Sont membres de cette commission: M. Belle-mare (Johnson)
remplacé par M. Goulet (Bellechasse); M. Bisaillon (Sainte-Marie), M.
Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Gravel (Limoilou), M. Johnson (Anjou), M.
Lavigne (Beauharnois), M. Mailloux (Charlevoix), M. Pagé (Portneuf), M.
Roy (Beauce-Sud), M. Vaillancourt (Jonquière).
Pourraient aussi intervenir... Je vous vois, M. le député
de Rimouski, je suppose que vous remplacez un membre de cette commission?
M. Marcoux: Celui que vous voulez que je remplace.
Une Voix: II y a aussi M. Côté (Matane)!
Le Président (M. Dussault): Vous remplaceriez, si j'ai
votre consentement, M. Lavigne (Beauharnois).
M. Marcoux: Comme on disait dans le bon vieux temps, j'y
consens.
Le Président (M. Dussault): Comme je le disais, pourraient
aussi intervenir M. Brochu (Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M. Gosse-lin
(Sherbrooke)...
M. Pagé: M. Forget est remplacé par M.
Côté (Matane).
Le Président (M. Dussault): Vous avez failli m'avoir, M.
le député. M. Gosselin (Sherbrooke), M. Jolivet (Laviolette), M.
Laplante (Bourassa), M. Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont), M. Springate
(Westmount) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. le député de Beauce-Sud, est-ce que vous remplacez
quelqu'un?
Une Voix: Beauce-Nord.
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse. Beauce-Nord.
M. Chevrette: Vous n'êtes pas obligé d'insulter nos
membres, M. le Président, ce matin.
M. Pagé: C'est une insulte à Beauce-Sud!
Le Président (M. Dussault): Ce n'était pas de
mauvaise foi.
M. Chevrette: C'est le nord qui fournit au sud.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Beauce-Nord, est-ce que vous pourriez répondre à ma question?
M. Ouellette: Oui, je veux bien.
M. Chevrette: Qui il remplace? Je vais vous le dire.
M. Marcoux: II a des tendances à la dissidence mais il
fait encore partie du parti ministériel.
M. Chevrette: II remplace Claude Vaillancourt.
Le Président (M. Dussault): M. Vaillancourt
(Jonquière) est remplacé par M. Ouellette (Beauce-Nord).
M. Pagé: Le whip, est-ce qu'il va participer à nos
travaux, oui?
M. Chevrette: Oui, il remplace...
Le Président (M. Dussault): Ce matin, il est prévu
que nous entendions d'abord M. le commissaire au placement, ensuite, l'Office
de la construction du Québec. J'appelle donc M. le commissaire.
Pourriez-vous, s'il vous plaît, vous présenter?
Audition de témoins Le commissaire au
placement
M. Girouard (André): Mon nom est André Girouard,
commissaire au placement.
Le Président (M. Dussault): II s'est installé une
certaine coutume à cette commission, depuis le début de ses
travaux, c'est qu'on entende les représentants pour à peu
près dix minutes, mais ce n'est pas très formel, si vous avez
besoin de plus, on va sûrement vous l'accorder, et moins, si ce n'est pas
nécessaire. On vous écoute, M. le commissaire.
M. Girouard: Merci, M. le Président. Messieurs les membres
de la commission, je commencerai par vous dire seulement un mot sur notre
juridiction. La juridiction du commissaire au placement est essentiellement une
juridiction d'appel, c'est-à-dire qu'on a le mandat de réviser
les décisions qui ont été rendues par l'Office de la
construction du Québec, en dernière instance en matière
d'émission de certificats de classification, de renouvellement de
certificats de classification ou, en fait, pour décider si, oui ou non,
un certificat de classification appropriée a été
émis à un salarié qui en a fait la demande.
Le commissaire au placement, en vertu de la loi 52, pour exercer ses
fonctions, est aidé de
commissaires adjoints. Les commissaires adjoints sont des gens qui font
leur travail à travers le Québec. Actuellement il y en a une
douzaine qui travaillent à rendre des décisions en matière
de placement.
Le commissaire au placement, dans sa juridiction, a constaté
depuis que les appels arrivent à notre commissariat, que le nombre des
appels peut se chiffrer par environ 925 appels; depuis le début de
septembre, environ 925 personnes ont inscrit des appels à notre bureau.
Les appels sont logés, à 95%, par des gens qui sont des
salariés et peut-être à 5% par des employeurs qui, pour
toutes sortes de raisons, interviennent pour des salariés. Dans tous les
cas, c'est une intervention qui vise à favoriser un salarié en ce
sens qu'on veut lui faire obtenir une carte A plutôt qu'une carte B ou
une carte B plutôt qu'une carte C ou qu'il obtienne son certificat de
classification, alors qu'il n'en a pas à la suite d'une décision
administrative de l'OCQ.
Sur les 925 dossiers qui nous ont été acheminés, au
niveau de notre juridiction sur l'appel, on peut dire que, dans tous les appels
qui ont été logés par les personnes, avant le 1er janvier
1979, dans une proportion de 91%, les gens ont reçu leur
décision, c'est-à-dire que les commissaires adjoints ont rendu
une décision. Il faut quand même expliquer une chose, ce sont les
dossiers qui étaient complets; dans certains cas, nos bureaux sont
obligés de communiquer avec le salarié pour lui demander
certaines pièces. Cela peut représenter un volume d'environ 15%
de nos dossiers. Dans 91% des dossiers complets qui ont été
référés à nos commissaires adjoints parce qu'ils
sont complets, des décisions ont été rendues sur les
dossiers dont l'appel a été interjeté avant le 1er
janvier.
Pour les dossiers dont l'appel a été placé avant le
1er février, le pourcentage de jugements rendus est de 77%. Au moment
où je vous parle, 85% du volume des dossiers a effectivement
été référé, à un moment donné,
à des commissaires adjoints. Donc, entre nos mains, il reste un volume
d'environ 15% des dossiers, au moment où je vous parle et, sur ces 15%
des dossiers, il y en a peut-être la moitié qui sont chez nous
parce que, si on demande des informations au salarié, on se rend compte
qu'il a besoin d'un certain élément dans son dossier pour faire
avancer sa cause.
L'autre moitié des dossiers qui sont encore en attente, ce sont
des dossiers pour lesquels, pour toutes sortes de raisons, on a
communiqué avec l'OCQ pour demander des informations ou, tout
simplement, c'est parce qu'on a recommandé le dossier à la suite
de l'inscription en appel.
Notre procédure est assez simple. En général, les
appels arrivent de deux façons. La première façon, c'est
que les gens nous écrivent, parce que les formules d'appel sont
disponibles dans les différents bureaux régionaux de l'OCQ, et
nous envoient, par courrier, leur inscription en appel. La deuxième
façon, c'est que les gens se présentent à nos bureaux,
remplissent leur appel séance tenante et nous le remettent.
Au niveau des appels reçus, si on faisait une étude de
notre clientèle qui vient en appel chez nous, au bureau du commissaire
au placement, j'ai réussi à faire certaines statistiques la
semaine dernière. En gros, notre clientèle se répartit
ainsi: Environ 20% des gens qui interjettent appel chez nous sont, en fait, des
finissants, c'est-à-dire des gens qui ont terminé leurs
études, qui décident de faire carrière dans l'industrie de
la construction et qui veulent entrer dans un métier ou dans un autre.
20% des gens qui font appel chez nous sont des gens qui vivent dans des centres
éloignés et qui, du fait qu'il y a peu d'activités de
construction dans leur centre, ont un certain problème à
répondre aux critères qui sont axés sur le temps. Ces gens
interjettent appel et cela représente 20% de nos dossiers,
approximativement.
Il y a un autre bloc d'environ 25% de dossiers où ce sont
vraiment des gens qui épuisent tous leurs recours, comme c'est leur
droit en vertu de la loi 52. Par contre, on lit les dossiers et on se rend
compte qu'ils n'ont aucune chance de répondre aux critères. Par
exemple, le type qui n'a aucune heure d'inscrite à l'OCQ depuis cinq ans
ou qui a des heures inscrites sur deux années, mais 200 heures, 250
heures, donc des gens qui réellement ne satisfont pas aux
critères. Egalement, il y a une autre partie assez importante des
dossiers, peut-être un volume de 7% à 8%. Ce sont des gens qui
à un moment donné dans leur carrière dans la construction
ont représenté l'employeur sur le chantier, redeviennent
salariés et là, évidemment, du fait qu'ils ont
été absents à titre de salariés, ils se retrouvent
avec un certain problème, parce que les heures qu'ils ont faites comme
représentants de l'employeur ne se trouvent pas programmées dans
l'ordinateur de l'office avec comme conséquence que souvent, pour toutes
sortes de raisons, ils ont des problèmes en première instance et
essaient d'obtenir une décision favorable chez nous. Un autre
pourcentage des dossiers qui est, en fait, de l'ordre de 10%, ce sont les gens
qui avaient le statut "d'artisan", parce qu'en fait il n'y en avait pas
vraiment, avec comme conséquence qu'évidemment ces gens-là
ne rapportaient pas leurs heures, donc ils n'ont pas d'heures à
l'office; ils se retrouvaient donc avec un certain problème.
C'étaient des cas qui remontaient jusqu'au bureau en dernière
instance. C'est à peu près le portrait de nos dossiers au niveau
de la clientèle.
Dans un autre ordre d'idée, peut-être qu'il y a une chose
qui est assez remarquable, c'est qu'on se rend compte que le travail du
commissaire au placement est certainement un travail, en plus, comme le dit la
loi, de coordonner les travaux des commissaires adjoints et diriger ces travaux
et de donner des instructions aux commissaires adjoints pour arriver à
une certaine uniformité. On se rend compte qu'on a beaucoup de travail
d'information à faire. Souvent les gens se présentent chez nous
et effectivement ne sont pas allés à la révision. Il faut
donc leur indiquer le chemin pour qu'ils fassent valoir leurs droits et
défendre leur dossier.
Sur le plan de l'organisation, les commissaires adjoints, lors de la
première rencontre que j'ai eue avec eux, j'ai mis l'accent sur certains
objectifs. Le premier objectif était d'essayer d'avoir des
décisions dans les délais les plus rapides possible parce que,
avant d'être commissaire au placement, j'ai été dans un
chantier de construction comme responsable des relations de travail. Je me
rendais compte que vraiment, quand un type a un droit à défendre,
il est important pour lui qu'une décision soit rendue assez rapidement,
parce qu'avec cette carte de classification, le certificat de classification,
cela lui permet l'accès à un chantier. On a eu,
évidemment, comme premier objectif, de faire le maximum pour qu'il y ait
le moins de délai possible entre le moment où l'appel est inscrit
et le moment où la décision est rendue. (10 h 30)
Maintenant, pour essayer de contrôler cette variable, dès
qu'un appel est interjeté à nos bureaux, en fait, on a ce qu'on
appelle un cahier qui regroupe un peu le portrait de chaque dossier, en ce sens
qu'on a la date à laquelle a été interjeté, on a la
date à laquelle on a demandé le dossier de première
instance à l'OCQ, la date à laquelle on a reçu le dossier
de l'OCQ, la date à laquelle on a transféré le dossier
à notre commissaire adjoint et la date à laquelle on l'a
reçu parce que le jugement a été rendu.
Evidemment, il y a deux éléments où on essaie
d'agir quotidiennement, c'est l'élément temps qui peut
s'écouler entre le moment où on a demandé le dossier
à l'OCQ et le moment où on le reçoit. En
général, ça va prendre entre trois et six jours, mais il y
a certains cas, pour toutes sortes de raisons, où, en fin de compte, on
dépasse ce délai, alors à ce moment-là, on revient
à la charge et on téléphone au responsable à
l'Office de la construction du Québec pour avoir le dossier le plus
rapidement possible.
Au niveau des commissaires adjoints, à partir du moment où
le commissaire adjoint reçoit son dossier, le commissaire adjoint doit
convoquer par écrit, sous pli recommandé, le salarié ou
l'employeur qui a interjeté appel et il doit rendre une décision.
En fait, ce n'est pas inscrit dans la loi ou dans la réglementation,
mais on lui demande de régler le dossier dans un délai de 18
jours, en comptant les samedis, les dimanches, les fêtes. En
général, les gens rencontrent ce délai et même le
devancent.
Je n'ai pas eu tellement de cas, depuis que la procédure a
été uniformisée, de gens qui ont dépassé ces
délais.
La nature des décisions. La nature des décisions, on peut
dire que dans 52% des cas, sur les 700 premiers dossiers que j'ai pu compiler,
les décisions ont été favorables aux travailleurs ou
à l'employeur et dans 48% des cas, les appels ont été
rejetés. Par contre, dans les cas où les appels ont
été rejetés, je dois dire que c'est dans une infime
proportion des cas, peut-être 5% à 10% des cas, que l'appel a
été rejeté pour des raisons qui n'avaient rien à
faire avec la teneur même du dos- sier. C'est-à-dire qu'on essaie
de faire un travail pour éviter qu'un commissaire adjoint se retrouve
avec un dossier où il se rend compte que le type n'est pas allé
en révision, ou n'a pas respecté les délais
mentionnés dans la loi.
Dès que l'appel est rendu chez nous, si on voit qu'il y a un
problème, on recommunique avec la personne pour que le dossier soit
régularisé et on essaie, autant que possible, d'aider le
salarié pour qu'il puisse invoquer toutes les clauses mentionnées
au règlement qui lui permettent de se faire créditer du temps, en
outre du temps qui est mentionné au règlement no 5.
Je pense que je vais terminer là-dessus, puisque ça
représente assez fidèlement nos activités au commissariat
au placement.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Johnson: Je vous remercie, M. Girouard. Vous comprendrez que
je n'aie pas tellement de questions pour M. Girouard, étant donné
que j'ai eu l'occasion, à quelques reprises, au ministère, de lui
demander de me parler du déroulement du commissariat au placement.
Ce que je retiens de ce que M. Girouard nous dit essentiellement, ce
matin, c'est que, d'une part, de façon générale, on peut
parler d'un traitement assez rapide des appels, et, deuxièmement, d'un
traitement qui permet aujourd'hui de considérer que 85% des dossiers
sont réglés ou en voie de règlement; que 91% des plaintes
inscrites avant le 1er janvier ont reçu leur sentence ou leur
décision finale de l'arbitre. Finalement je ne sais pas si M.
Girouard l'a mentionné dans à peu près 48% des cas,
l'appel est accueilli, si je ne me trompe. C'est bien cela, M. Girouard?
M. Girouard: Oui.
M. Johnson: En fait, j'aimerais peut-être que M. Girouard
nous dise rapidement s'il pense que le règlement qui, en fait, est
également constitutif de son domaine d'appel aurait besoin d'être
modifié ou clarifié, sur certaines choses, pour faciliter
l'interprétation de la juridiction du commissariat.
M. Girouard: Voici, M. le ministre. Tout à l'heure, je
faisais un peu un portrait robot de la clientèle qui se présente
à nos bureaux pour interjeter un appel. La première tranche
importante, ce sont les gens qui réclament le statut de finissant et qui
nous arrivent avec une garantie d'emploi d'un employeur pour 150 heures et qui
désirent obtenir l'émission d'un certificat de classification
d'apprenti, pour pouvoir travailler sur un chantier.
Pour ce qui concerne ces dossiers, on a fait face à un certain
problème, dans le sens qu'à l'Office de la construction du
Québec, en première instance ou en révision,
l'interprétation qu'on a eue de la clause du règlement no 5
à ce sujet, c'est qu'on exigeait d'un individu qui se présentait,
pour lui émettre un certificat de classification
d'apprenti, qu'il prouve qu'il était un finissant de la
dernière année de référence, c'est-à-dire un
bonhomme qui avait obtenu un diplôme au mois de juin l'an dernier.
Par contre, nos commissaires adjoints, d'une façon unanime
et il y en a quand même douze ont rendu peut-être une
quarantaine de décisions sur ce problème, et vraiment toutes dans
le même sens, en vertu du critère qu'on a dans le
règlement, tel qu'exposé, tel que rédigé.
C'est que les commissaires adjoints ont décidé qu'il n'y
avait absolument aucune limite quant au temps, avec comme conséquence
que les commissaires adjoints, dès qu'il se présentait un
finissant, c'est-à-dire une personne qui détenait un
diplôme d'une institution reconnue par le ministère de
l'Education, peu importe que le diplôme soit de l'an dernier ou d'il y a
deux ans, trois ans ou même quatre ans, automatiquement, si le finissant
faisait cette preuve, il était considéré comme finissant
et si, en plus, il arrivait avec la garantie d'emploi, à ce
moment-là, on ordonnait à l'OCQ d'émettre un certificat de
classification.
Toujours au niveau de ce problème, il y a quand même une
décision qui a été prise et qui a été
ratifiée par l'ensemble des commissaires adjoints. A un moment
donné, lorsqu'un type arrive sur le marché du travail, cela fait
déjà quatre ans, cinq ans ou six ans, et il nous arrive avec son
diplôme, il y a quand même eu une décision qui disait: Le
statut de finissant, il faut peut-être laisser tomber cette notion et
voir si vraiment c'est un type qui, pendant cinq ou six ans, a essayé de
gagner sa vie dans une autre industrie et qui essaie de réclamer un
statut de finissant datant de plusieurs années pour essayer d'entrer
dans l'industrie de la construction.
En principe, durant les trois dernières années, au niveau
du commissariat au placement, ce furent des dossiers qui ont été
étudiés en vertu des critères exposés actuellement.
C'est pour la question. Je pense que cette notion a probablement besoin
d'être précisée pour savoir exactement qui sont les gens
qu'on doit reconnaître comme finissants. Dans l'exercice de mes
fonctions, j'ai vu que les opinions étaient pas mal partagées
là-dessus parce qu'il y a des gens qui me disent: Regarde dans chaque
dossier, tu vas te rendre compte qu'il y a une masse considérable
d'apprentis dans chaque métier qui sont en chômage et il est
peut-être temps d'être plus sévère et il est
peut-être temps de ne reconnaître que les finissants de l'an
dernier.
Par contre, il y en a d'autres qui m'ont dit: Ces gens ont pensé
à leur avenir en fonction d'entrer dans la construction. Souvent, en fin
de compte, leur famille a exercé des emplois dans la construction depuis
deux ou trois générations; le type a planifié son avenir
et là, tout à coup, parce qu'il a décidé l'an
dernier, pour une raison ou pour une autre, de prendre une année de
repos, ou même les deux dernières années, de tenter une
expérience quelconque, il se retrouve avec le problème qu'il ne
peut pas entrer dans l'industrie. A ce problème se greffe
évidemment tout le problème du choix. Qui doit passer le premier?
Les finissants ou le travailleur qui veut se recycler parce que, dans son
métier, pour des raisons notamment de sécurité, il ne peut
plus exercer son métier dans le sens, par exemple, du monteur d'acier
qui a des problèmes maintenant en hauteur et qui veut essayer d'avoir la
qualification dans un autre métier, etc.? Je pense qu'il y a une
question de choix, de priorités mais la notion demande une certaine
clarté.
Quant au deuxième problème, c'est-à-dire les gens
qui viennent de régions éloignées des grands centres.
Effectivement, il y a des gens qui nous arrivent de certaines régions,
soit de Rimouski, de l'Abitibi, de la Gaspésie. Ce sont les
régions qui me reviennent davantage à la mémoire. Ces gens
ont beaucoup de peine à atteindre les critères requis, 1000
heures, 1500 heures, ou 5000 heures. On a eu des commissaires adjoints qui,
vraiment, lorsqu'ils rencontraient un salarié, essayaient d'aller
chercher toute l'information pour lui créditer le plus d'heures possible
en fonction de toutes les exceptions prévues à la
réglementation. Souvent, malgré cela, on ne pouvait pas atteindre
le cap dans un certain nombre de dossiers.
Personnellement, je pense qu'il y a peut-être deux façons
d'envisager le problème ou deux esquisses de solution. La
première esquisse de solution, c'est que, dans chaque région du
Québec, il se fait un volume de travaux de construction. Dans chaque
région, il y a un certain nombre de travailleurs inscrits. On fait une
division. On sait, par exemple, dans la région de Montréal et de
Québec, que le ratio est de tant en fonction de ces rapports, et que ce
sont des régions qui sont des régions baromètres. Par
contre, on fait la même opération mathématique pour une
région comme Rimouski, et on se rend compte qu'en fait les heures qu'un
type peut faire, représentent à peu près 60% des heures
qui peuvent être faites dans la région de Montréal.
On pourrait peut-être ajuster, par un tel barème, pour les
régions périphériques et les régions
éloignées, les critères en conséquence. Une fois
par année, l'OCQ pourrait faire cette opération, et dire: Voici,
en fonction de la moyenne des deux principales régions, Montréal
et Québec, on en arrive à la conclusion qu'un travailleur au
Saguenay-Lac-Saint-Jean ce n'est certainement pas le cas, parce qu'ils
sont supérieurs à ceux de Montréal et de Québec
ou un travailleur de la région de l'Abitibi, a 60% des chances de
faire le temps qui se fait à Montréal, en fonction des heures
disponibles et des salariés disponibles dans la région. Comme
c'est 60%, on ramène le critère de 1000 heures à 600
heures, le critère de 500 à 300, et ainsi de suite.
C'est peut-être une première esquisse de solution. La
première solution que je soulignais demande un certain travail
administratif. La deuxième solution que je proposerais peut-être,
c'est que, pour les régions éloignées, une fois qu'il a
été établi, une fois par année, que
l'activité dans la construction dans ces régions n'atteint pas le
niveau des régions baromètres, on peut partir du
principe que dans ces régions, si, pour une raison ou pour une
autre, il y a une activité inférieure à 60% aux
régions baromètres, c'est qu'à ce moment on permet aux
gens d'avoir une priorité régionale encore plus absolue,
c'est-à-dire que les gens qui ont un certificat C dans ces
régions, ont préséance, même sur les gens qui
arrivent de l'extérieur avec un certificat A, pour leur permettre
d'aller rattrapper le temps. Autrement, ils ne pourraient pas le faire, parce
que le temps n'est pas disponible dans leurs régions. Alors, un tel
système peut être concevable.
Maintenant, quant au problème du champ d'application de la loi,
qui a été souligné surtout par les parties syndicales, il
est réel. Il s'est reflété peut-être dans 20%
à 25% des dossiers, mais sous des angles différents. Par exemple,
on s'est rendu compte, surtout au niveau de 5% des dossiers où ce sont
des employeurs qui interviennent, que, pour toutes sortes de raisons ce
sont peut-être des questions de rodage de la réglementation
sur les chantiers de construction, souvent les inspecteurs de l'Office de la
construction du Québec ont voulu appliquer la réglementation
à des gens qui ont le statut d'employeurs. Ces gens, pour toutes sortes
de raisons, ne se sont pas défendus, avec comme conséquence que,
moi, dans mon travail, j'essaie de dire à tous: C'est le
règlement qui concerne le placement des salariés de la
construction. Les salariés, c'est défini dans le
règlement, c'est défini dans la loi, ça n'a rien à
voir avec l'employeur ou ses représentants. En fin de compte, un
salarié sur un chantier de construction, le niveau le plus haut c'est le
contremaître salarié, qui, lui, n'a ni le pouvoir d'embaucher ni
le pouvoir de congédier. Mais tous les gens qui sont au-dessus de lui,
ce n'est pas une réglementation qui s'applique à eux.
A ce moment, on a eu certains problèmes parce que la ligne de
démarcation est parfois assez difficile à tracer, parce que, sur
certains chantiers particuliers, la réalité est complexe, c'est
difficile de déchiffrer exactement si le type a le statut de
salarié ou d'employeur. Je pense surtout à l'employeur qui a
trois ou quatre employés, qui doit travailler sur son chantier pour
boucler son budget et arriver avec ses contrats. Ce type, en vertu du
décret, l'article 18.02, peut travailler sur ses chantiers avec sa carte
de qualification. Le problème se posait à savoir s'il devait, en
plus, avoir sa carte de classification.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. Girouard, j'apprécie beaucoup
vos commentaires et votre comparution, ce matin; elle est certainement
très utile et reflète l'expérience que vous avez,
même si elle est quand même assez brève, depuis que ce
règlement de placement s'applique. (10 h 45)
M. Johnson:...
M. Pagé: Non, mais sur le règlement comme tel. Le
ministre conviendra avec moi que ce serait difficile d'avoir une
expérience sur le règlement avant le 1er juillet quand
même!
M. Johnson: Mais dans le secteur de la construction, M. Girouard
en avait.
M. Pagé: De ça, je ne doute pas, ça
paraît d'ailleurs.
M. Girouard, vous avez élaboré des esquisses de solutions
aux problèmes qui me semblent tout à fait raisonnables et qui
méritent certainement d'être prises en considération par le
ministre. Entre autres, la possibilité que les certificats de
classification soient émis, compte tenu de critères qui
s'appliqueraient spécifiquement à une région, lesquels
critères seraient préparés à partir du volume
d'ouvrage possible bu potentiel dans ladite région. C'est une avenue de
solution qui mérite certainement d'être bien
étudiée, bien analysée, parce que le problème, dans
tout cela, c'est de faire en sorte que les véritables travailleurs de la
construction puissent avoir des "jobs" sur les chantiers, puissent avoir des
priorités d'embauche, etc., mais c'est difficilement applicable dans
certaines régions où le volume des travaux est beaucoup plus
faible, beaucoup plus bas. C'est ainsi qu'on se retrouve avec des situations,
que vous avez probablement vécues, de gens qui ont évolué
dans le secteur de la construction toute leur vie, qui ont des milliers
d'heures d'accumulées et qui, malheureusement, en raison de la
comptabilisation des heures en question, se retrouvent avec un certificat de
classe B.
J'aurais une première question, strictement au point de vue du
mécanisme. Ne croyez-vous pas que la révision prévue
à l'OCQ est, en quelque sorte, inutile? Vous me direz peut-être
que je devrais adresser ma question à l'OCQ, mais, dans plusieurs cas
où j'ai eu, moi-même, à intervenir comme
député, il m'est apparu que l'obligation qu'on fait au
travailleur de se tourner à nouveau, lorsqu'il reçoit son avis de
l'OCQ, et de demander une révision, de remplir un formulaire, ce qui
prend encore des délais, même si la norme, si je me souviens bien,
c'est que l'OCQ doit émettre la réponse à une demande de
révision dans un délai de dix jours; cela crée quand
même d'autres délais.
Ne croyez-vous pas que le travailleur pourrait passer directement chez
vous, à la suite de la réponse qui lui a été
donnée par l'OCQ? Cela lui éviterait de nouveaux délais,
cela mettrait de côté beaucoup de procédures.
M. Girouard: Voici ma réponse. J'ai déjà
posé la question à un responsable de l'OCQ qui est ici, à
côté, à savoir combien il pouvait y avoir de dossiers en
révision. Il m'avait donné une information un peu
préliminaire. Il m'a dit: Ecoutez, actuellement, on croit qu'il y a
environ 5000 dossiers qui doivent nous être adressés par le
truchement de la révision. Supposons qu'on supprime l'étape,
ça veut dire que, chez nous, on se retrouve avec 6000 dossiers.
Je pense, personnellement, que la révision est nécessaire.
Beaucoup de gens ont obtenu satis-
faction au niveau de la révision puisque, en moyenne, une
personne sur six est venue chez nous. D'un autre côté, au niveau
de la révision, je pense qu'une chose assez essentielle, c'est que,
quand une décision est rendue en révision, peu importe qu'elle
favorise le travailleur ou qu'on lui dise: On n'est pas d'accord, on maintient
notre première décision, c'est important que cette
décision soit motivée et qu'elle soit signée.
Evidemment, l'Office de la construction du Québec est
réparti sur tout le territoire du Québec; dans certaines
régions, ce sont des choses qui se font très bien, mais, dans
d'autres régions, il y a eu certaines lacunes. Par contre, de ce
côté-là, comme commissaire au placement, on a fait des
remarques qui s'imposaient pour que, lorsque le travailleur se présente
et que son dossier doit être traité en révision, cette
décision soit une décision autre qu'administrative, une
décision qui informe vraiment le type sur les motifs pour lesquels on ne
lui donne pas raison et pour lesquels on lui donne raison.
M. Pagé: Vous avez relaté le cas de
l'interprétation que vous êtes dans l'obligation de donner au
terme "finissant", où, dans le libellé du texte du
règlement, il n'y a aucune définition ou référence
possible au fait que ce soit un finissant de l'année de
référence. Vous l'avez interprété sur une base
assez large, acceptant tous ceux qui avaient terminé leurs cours depuis
trois ans. Est-ce qu'il y a d'autres cas dans le règlement où
vous avez été appelé à interpréter, à
définir, à faire jurisprudence?
M. Girouard: Oui. Le règlement, en vertu de l'article
3.12d, permet à l'Office de la construction du Québec d'adopter
des résolutions où il est possible à cet office de
prévoir des situations où on pourra créditer des heures
à quelqu'un qui n'a pas un nombre suffisant d'heures au niveau des
heures rapportées par les employeurs. L'Office de la construction du
Québec a adopté une résolution assez importante qui a mis
en évidence la notion de préjudice, c'est-à-dire que,
quand un travailleur nous prouve qu'il a perdu des heures dans l'industrie pour
une raison de préjudice, il est possible, à ce moment-là,
de lui reconnaître ses heures.
Evidemment, il y a environ une vingtaine de dossiers où des gens,
autrement, auraient perdu leur appel, mais ces gens-là, par le
truchement de la notion de préjudice, préjudice qu'ils
prouvaient, ont réussi à se faire créditer des heures qui
n'étaient pas inscrites au niveau du système informatique de
l'OCQ. Egalement, il y a une jurisprudence qui s'est établie selon
laquelle il était possible pour les commissaires adjoints de
reconnaître à quelqu'un des heures qui n'avaient jamais
été rapportées à l'OCQ pour une foule de raisons:
l'employeur qui a fait faillite, l'employeur qui n'a pas respecté les
obligations, en vertu de la loi, de rapporter les heures. Il y a une
jurisprudence qui s'est élaborée et si un individu, par
prépondérance de preuve, nous fournit la preuve qu'il a fait
effectivement ces heures et que ces heures sont couvertes par le champ
d'application, ces heures lui sont créditées. Cela
représente peut-être le cas dans une centaine de dossiers.
Il y a une autre situation que j'aimerais souligner, c'est qu'ayant
été sur un chantier quelques mois après le début de
la mise en application du règlement, je me suis rendu compte qu'il y a
peut-être une chose à faire, il y a un phénomène.
Des gens se sont rendu compte qu'il y aurait avantage à changer
d'adresse. Alors, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y a un boom économique,
des travaux; il y a des gens de Montréal qui sont montés
là-bas, qui y ont établi leur résidence et ils ont fait
faire leur changement de résidence à l'OCQ. Je sais que l'OCQ a
certains critères. Apparemment, dans le milieu, on me disait que
c'était facile de faire le changement d'adresse et que le changement
d'adresse, à ce moment-là, permettait à un gars de
Montréal, effectivement, de travailler au Saguenay-Lac-Saint-Jean et un
gars du Saguenay-Lac-Saint-Jean ne travaillait plus sur le chantier. Je
proposerais peut-être comme critère qu'il faut que l'individu
prouve qu'il avait sa demeure fixe, dans le lieu où se font les travaux,
au moins six mois avant le début de l'exécution des travaux, pour
éviter des manoeuvres de ce genre.
Il y a une chose importante pour les membres de la commission, c'est de
savoir comment se présente notre clientèle au niveau des
métiers. 60% des gens qui viennent chez nous sont des gens qui sont soit
journaliers, soit menuisiers ou peintres. C'est vraiment le gros de notre
clientèle. Il y a un autre bloc de peut-être 20% qui sont des
finissants qui veulent entrer dans le métier d'électricien ou des
finissants qui veulent entrer dans le métier de mécanicien de
chantier. Le reste, vraiment, ce sont les 20 autres métiers de la
construction. C'est vraiment résiduaire. Cela ne représente pas
une grosse tendance. La grosse tendance, c'est journaliers, charpentiers
menuisiers ainsi que peintres. Principalement peintres, je pense que cela
représente 35% de nos dossiers.
M. Pagé: Une dernière question, M. Girouard. Le
salarié qui veut porter plainte chez vous peut le faire lui-même,
en son nom. Il peut être représenté par son syndicat.
Est-ce qu'il peut se faire entendre en compagnie de son syndicat?
M. Girouard: Depuis que les appels ont été entendus
en fonction des critères que j'ai élaborés comme
commissaire au placement, il y a des conférences assez
régulières des commissaires adjoints. Il a été
entendu que, pour un salarié qui se présente avec son
représentant syndical, avec son avocat ou même souvent avec sa
femme, il n'y a pas de problème. Le type peut, en fin de compte, se
faire aider pour exposer réellement cette situation, pour que le dossier
soit réglé au mieux possible. Dans les faits, il y a
peut-être à peu près 15% des gens qui se font
représenter par l'une ou l'autre des personnes que je viens de
mentionner.
M. Pagé: Seriez-vous favorable à ce que le
syndicat, comme tel, puisse porter une plainte pour et au nom de son
travailleur, pour et au nom d'un groupe de travailleurs?
M. Girouard: En fait, j'ai remarqué que dans l'ensemble du
volume de dossiers qu'on peut avoir, je ne pense pas qu'un travailleur ait
été pénalisé parce que ce n'est pas le syndicat qui
est venu signer la plainte au bureau. J'ai eu quelques cas où l'agent
d'affaires ou le gérant d'affaires est venu me rencontrer avec le type,
mais ce dernier a signé l'appel et ensuite, lors de l'audition, le
travailleur s'est présenté avec son représentant
syndical.
M. Pagé: M. Girouard, je vous remercie de votre
contribution, ce matin, c'est certainement très utile.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Avec votre permission, très brièvement.
M. le commissaire, j'aimerais connaître les deux centrales
syndicales qui vous ont précédé ont suggéré
que les bureaux de placement soient exclusifs au syndicat votre opinion
sur l'autonomie syndicale quant au placement, mais chapeautée ou
vérifiée par l'Office de la construction. Quelle est votre
opinion à ce sujet?
M. Girouard: Personnellement, j'ai vécu deux chantiers
avant d'être commissaire au placement, la dernière année du
chantier olympique et le chantier de la Baie, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, je
pense que ce serait vraiment difficile de rompre avec la tradition du milieu
qui veut permettre à l'employeur de puiser à toutes les sources
légitimes, c'est-à-dire la source légitime que peut
être l'Office de la construction, la source légitime que peut
être le syndicat, mais également les centres de main-d'oeuvre du
Québec.
Personnellement, je n'étais pas d'accord; à un moment
donné, j'ai vu une directive qui circulait au deuxième chantier
au Saguenay où l'AECQ disait aux entrepreneurs: Ecoutez, à partir
de demain, vous ne communiquez plus avec les bureaux de placement syndicaux. Je
pense que chaque employeur, selon la situation particulière qui se
présente devant lui, doit juger dans quelle proportion il doit recourir
aux différentes sources de main-d'oeuvre. Je pense que c'est utile pour
l'entrepreneur et c'est important pour lui d'avoir aussi ces voies.
Quant au placement syndical au chantier de la Baie, où j'ai
travaillé comme responsable des relations de travail, je dois dire que
le placement syndical qui se faisait à ce chantier, par rapport à
la période qui a précédé le règlement, il a
peut-être diminué au niveau de certains syndicats, mais si je
prends l'ensemble des syndicats, la proportion s'est maintenue, parce que
certains en ont fait plus, alors qu'ils n'en faisaient pas du tout avant.
Je ne peux pas dire que les bureaux de placement syndicaux ont
reculé dans le pourcentage de placements qu'ils ont pu faire dans les
chantiers.
M. Goulet: Quant aux priorités d'embauche, les
catégories A et B, ce qui a été suggéré, A
et B, sous-régions, ensuite, A régionale, ainsi de suite; vous
êtes d'accord avec ce principe qu'on devrait d'abord prendre la
catégorie B sous-région avant la A régionale.
M. Girouard: Je pense que c'est un système qui correspond
aux besoins, parce que principalement, dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, le problème existait. A un moment donné,
l'entrepreneur était obligé d'aller chercher quelqu'un à
Chibougamau, dans la région administrative, alors que l'autre
région administrative était pratiquement limitrophe du chantier;
il y avait quelque chose qui n'avait pas de bon sens dans le découpage
des régions.
Je pense que le règlement doit être pensé dans ce
sens aussi.
M. Goulet: Vous avez fait une suggestion quant à la
disparité régionale pour ce qui est du volume de travail
disponible, vous avez dit par exemple, que s'il y a 60% de travail dans une
région, comparativement à une région plus
urbanisée, vous semblez proposer qu'on puisse faire un genre de tableau
comparatif. Mais si on parlait d'abaisser le nombre d'heures, pour un A
à 500 heures, pour un B à 250 heures, quelle est votre opinion
là-dessus?
M. Girouard: Mon opinion, c'est qu'en fait, dans les
régions périphériques, le dossier ne se présente
pas de la même façon. Je pense que les régions auraient
plus justice en fonction d'un barème qui est plus mobile un peu, dans le
sens qu'il est possible d'apprécier la situation dans chaque
région. Parce que l'autre solution est trop fixe. (11 heures)
M. Goulet: Une dernière question, Mme la
Présidente. Qu'entendez-vous par un vrai travailleur? C'est un type qui
a travaillé depuis cinq ans, qui a eu la chance de travailler depuis
cinq ans à la construction parce que dans sa région, il y avait
de la construction, ou si on peut qualifier également de vrai
travailleur un plombier, quelqu'un qui aurait tous ses certificats, toutes ses
cartes de la Corporation des plombiers, des tuyauteurs, ou ce que vous voudrez,
mais, qui, pendant quatre ou cinq ans, aurait occupé un autre poste. Il
pourrait même venir faire de la politique pendant cinq ans et, par la
suite, selon les règlements actuels, il ne pourrait presque jamais
revenir sur un chantier de construction. C'est comme si on demandait à
un médecin qui, pendant quatre ou cinq ans, pour différentes
raisons, allait dans un autre domaine, lorsqu'il voudrait revenir en
médecine je ne dis pas de venir prendre la place du meilleur
médecin de l'hôpital il ne pourrait plus jamais pratiquer
la médecine. Est-ce que vous trouvez cela normal?
M. Girouard: Ce que j'ai pu constater, en faisant l'analyse des
différents dossiers...
M. Goulet: Je ne vise la "job" d'aucun. Comme cela, il trouvera
toujours un endroit.
M. Girouard: ... c'est que le vrai travailleur, pour des raisons
de région périphérique ou de région de
non-assujettissement, se retrouvait avec un problème. C'était le
type de bonhomme qui se retrouvait avec à peu près 70% des heures
et non pas le type de bonhomme qui, pour une raison ou pour une autre,
était à 10% ou à 15% des critères. Finalement, j'ai
l'impression qu'il y a des mécanismes qui nous permettent de rendre
justice à cet individu. C'est possible de lui rendre justice.
En d'autres termes, c'est un type qui a un certificat de qualification,
mais qui, également l'utilise dans l'industrie.
M. Goulet: Mais j'aimerais savoir quel mécanisme... J'ai
soulevé un cas hier que je vous ai envoyé personnellement. Ne
faisons pas de particularités. Quels mécanismes avez-vous
actuellement, pour un type qui aurait 7000 heures reconnues par l'OCQ mais qui,
pour une raison quelconque, n'a pas travaillé dans la construction
depuis cinq ans? Il veut y revenir et dit: J'aurais du travail chez nous et je
veux faire de la construction mon gagne-pain, pas seulement deux mois parce que
cela fait mon affaire. Je veux vraiment revenir dans la construction.
Quels mécanismes avez-vous actuellement pour lui donner
justice?
M. Girouard: Pour répondre à la question, je n'ai
réellement pas de dossier chez nous, au commissariat au placement,
où un type se serait présenté en disant: Cela fait cinq
ans que je ne travaille pas.
Ce que j'ai eu comme situation, ce sont des gens qui ont
travaillé dans la construction, peut-être pendant douze ans,
quinze ans et, tout à coup, ont ramassé un certain capital, ont
décidé de s'ouvrir un commerce, se sont lancés en
affaires, ont fait faillite et veulent revenir dans l'industrie. Enfin, ils ont
fait trois ans sur les cinq ans, ils se ramassent avec 3500 heures sur 5000
heures.
C'est la situation type. Les variantes peuvent changer, mais les
résultats sont toujours à peu près dans cette perspective.
Ce sont ces gens-là qui vont épuiser tous leurs recours pour
essayer de faire reconnaître leur statut de vrais travailleurs.
Le type qui, depuis cinq ans, n'est pas dans l'industrie, en
général, est informé et par son syndicat et par l'Office
de la construction du Québec que, jusqu'à un certain point, selon
la réglementation, il n'est pas un vrai travailleur de la
construction.
M. Goulet: J'ai terminé au niveau des questions, mais si
l'occasion m'est donnée aujourd'hui, j'aimerais discuter à
nouveau avec vous d'au moins un cas, parce qu'il ne s'est pas passé tout
à fait ce que vous nous avez dit. Je ne veux pas faire de
particularité, mais il y a des cas au-dessus de 5000 heures qui, parce
qu'ils nont pas travaillé pendant cinq ans, n'ont pas le droit de
revenir dans le domaine de la construction.
Je ne vous dis pas qu'il y en a des milliers, mais il y en a.
M. Chevrette: ... 5000 heures dans la construction, parce que tu
as travaillé pendant cinq ans. Il y a huit ans... Tu peux avoir un
carnet qui totalise 5000 heures, sans pour autant avoir une relation directe
avec le règlement de placement. Je peux avoir 10 000 heures dans la
construction et cela peut faire six ans que je suis exclu de la construction.
C'est pour les fins de qualification professionnelle d'apprenti, pour passer
à compagnon.
M. Goulet: C'est ce que je dis.
M. Chevrette: C'est très différent de ce que lui a
à faire comme "job". C'est de trancher, par rapport au règlement
de placement.
M. Goulet: Je comprends très bien. J'aurais aimé
qu'il l'explique dans ses mécanismes. C'est la question que je lui
posais. De toute façon...
M. Chevrette: II n'est pas directeur général de la
main-d'oeuvre, il est directeur du placement.
M. Goulet: M. le Président, je présume que le
commissaire au placement est assez grand pour répondre lui-même
aux questions. Je ne vois pas qu'il ait besoin du député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: On apprend de tout le monde. Il faut prendre ce qui
passe comme information.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député,
je vous accorderai la parole tantôt.
M. Goulet: J'ai terminé.
Le Président (Mme Cuerrier): II y avait le
député de Beauce-Sud qui voulait intervenir; j'ai aussi d'autres
intervenants, M. le député de Rimouski, M. le
député de Charlevoix, M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: C'est un bon gars, lui.
M. Goulet: Tu as déjà été commissaire
toi-même?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci. M. Girouard, j'aimerais parler un peu des pouvoirs
que vous avez, comme commissaire au placement. Vous avez parié de
pouvoirs. Vous pouvez recommander l'émission d'une carte, le
renouvellement d'une carte de classification, si j'ai bien compris. Est-ce que
nos pouvoirs se limitent uniquement à ce niveau?
M. Girouard: Sur l'ensemble des dossiers qui nous ont
été soumis, à un moment donné, il s'est
présenté un dossier où un commissaire adjoint a
tranché en disant: Monsieur, le dossier que vous nous avez
monté en appel, on ne peut pas l'entendre, on ne peut pas en disposer.
La situation était la suivante: c'est quelqu'un qui avait
été refoulé d'un chantier parce que l'OCQ soutenait qu'il
n'y avait pas eu respect de la priorité régionale. Le travailleur
en question, quant à lui, soutenait qu'il avait pris toutes les
précautions, qu'il était parti de Montréal pour monter
à ce chantier. En fait, il était sûr qu'il y avait
possibilité pour lui d'aller travailler là parce que tous les
gens de cette région, dans son métier, y travaillaient.
Finalement, il a été refoulé par les gens de l'OCQ. Il a
logé un appel chez nous et une décision a été
rendue par un des commissaires adjoints à savoir que notre juridiction
d'appel avec la délimitation qui est précisée dans la loi
52 et qu'on n'avait pas autorité dans ce type de dossier.
Ce que j'ai fait, j'ai pris le dossier, j'ai communiqué avec le
président de l'OCQ pour avoir les faits exactement tels qu'ils
s'étaient présentés dans ce cas et, à ce
moment-là, j'ai communiqué avec le travailleur pour lui exposer
exactement quelles avaient été en fin de compte les raisons de
son éviction. C'est ce qui est arrivé.
M. Roy: En somme, je pense qu'on touche un point quand même
bien important pour étendre un peu les pouvoirs du commissaire au
placement, les pouvoirs d'examiner les plaintes... Vous dites que cela va
revenir.
M. Johnson: Vous avez des propos saccadés. On vous
écoute.
M. Roy: Merci.
M. Pagé: C'est la forme...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Johnson: On est en train de vous faire perdre le fil.
M. Roy: Je garde le fil, même s'il est entrecoupé
à certaines occasions.
Sur la question des pouvoirs qui sont conférés au
commissaire au placement, je pense que le ministre devrait prendre note de la
remarque qui vient d'être faite par ledit commissaire sur ce point bien
précis de façon que les pouvoirs du commissaire et de ses
adjoints ne soient pas limités exclusivement à la question des
cas. Il y aurait un deuxième point... C'est encore coupé! On se
fait dépanner par les voisins.
Qu'est-ce qui arrive, par exemple, lorsque une personne interjette
une...
M. Chevrette: C'est depuis la loi 116. M. Roy: Oui, c'est
à cause de la loi 116. M. Goulet: Je pense à eux
autres.
M. Chevrette: Ils sont assez près l'un de l'autre depuis
la loi 116.
NI. Goulet: C'est temporaire. On connaît les besoins.
M. Johnson: C'est l'union marginale.
Une Voix: Heureusement que vous êtes de bonne humeur ce
matin.
M. Johnson: Mme le Président, est-ce qu'on pourrait
revenir à des choses sérieuses?
M. Chevrette: Le député de Beauce-Sud est de bonne
humeur.
M. Roy: Non, je ne veux pas faire appel au règlement ce
matin.
M. Johnson: On voit que vous êtes dans de bonnes
dispositions.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud reste très calme.
M. Roy: Je reste calme, ce matin.
Lorsqu'une personne, par exemple, interjette un appel au commissaire au
placement, on sait qu'il y a un droit d'appel automatique dix jours
après qu'il a logé sa plainte à l'Office de la
construction et qu'aucune décision n'a été rendue par
l'OCQ.
M. Girouard: Exact.
M. Roy: Cela veut dire aussi qu'il faut parfois de trois à
six jours; cela peut même aller jusqu'à six jours avant que vous
puissiez faire revenir le dossier de l'OCQ; dix plus six font seize jours.
Combien de temps cela peut-il prendre en moyenne au commissaire à partir
du moment où vous avez le dossier de l'OCQ pour rendre votre
décision?
M. Girouard: Depuis, en fait, qu'on a systématisé
en fin de compte à chaque niveau, au niveau de l'OCQ, au niveau de nos
commissaires adjoints, les temps limites et qu'on fait les relances, cela peut
prendre, en fait, approximativement, en moyenne, entre 25 et 30 jours.
M. Roy: Cela fait 25 et 30 jours en plus des 16 jours dont on
parle?
M. Girouard: En plus des dix jours de délai.
M. Roy: Des dix jours plus les six jours au cours desquels vous
avez été obligé de...
M. Girouard: Non, à partir du moment où le dossier
est chez nous et le moment où la décision est rendue, on peut
dire qu'il y a une moyenne d'entre 25 et 30 jours.
M. Roy: Quand vous parlez de 25 à 30 jours, ce n'est pas
25 à 30 jours ouvrables; c'est 25 à 30 jours de calendrier?
M. Girouard: De calendrier.
M. Roy: Alors cela fait plus d'un mois. Qu'est-ce qui arrive
lorsque vous rendez une décision qui est favorable au plaignant, que
vous ordonnez, que vous recommandez l'émission d'une carte de
classification A? Pendant ces trente jours, parce que je vous ai
déjà soumis des cas à votre bureau, lorsqu'une personne,
par exemple, a réussi à se trouver un emploi, que l'employeur a
un besoin assez urgent de main-d'oeuvre, cette personne, évidemment,
à cause des trente jours de délai ayant d'avoir sa réponse
finale, même si elle a une réponse qui lui est favorable et qu'on
lui donne gain de cause, a perdu son emploi. Alors, qu'est-ce qui se produit,
à ce moment, et quels sont les pouvoirs que vous avez comme commissaire
au placement?
M. Girouard: Disons que j'ai peut-être eu une quinzaine de
cas du type de celui que vous décrivez, c'est-à-dire un peu un
cas catastrophe, où le type a vraiment un emploi. On regarde son dossier
et, vraisemblement, il est très possible que son appel soit accueilli. A
ce moment, comme commissaire au placement, je pense que c'est une de mes
fonctions de tenter autant que possible de comprimer ces délais. J'ai eu
encore un cas avant de quitter Montréal. Il y a un type qui est venu
pour régler un dossier le plus rapidement possible, parce que,
précisément, il y avait un travailleur qui était dans
cette situation. Ce n'est pas nécessaire, avec les pouvoirs qu'on a...
On essaie de passer un peu par-dessus la norme générale qui a
été établie pour, autant que possible, comprimer les
délais, tant au niveau de l'OCQ qu'au niveau de nos commissaires
adjoints. En d'autres termes, on peut, au lieu de demander ce dossier dans une
liste de 20 ou 25 dossiers, demander aux gens de l'OCQ: Envoyez-nous ce dossier
cet après-midi, on le veut à notre bureau. Une fois que le
dossier est entré au bureau, je communique avec un commissaire adjoint
et je lui dis: Ecoute, je veux que tu donnes priorité absolue à
ce dossier pour qu'il soit réglé le plus rapidement possible. Tu
expliques le contexte qu'il y a derrière cela pour essayer autant que
possible d'avoir la décision dans un délai d'une semaine.
M. Roy: Quand vous parlez de délai d'un mois, vous avez
aussi dit tout à l'heure, si j'ai bien compris, que cela peut aller,
dans certains cas ce n'est pas la règle générale
à deux mois. Vous dites que vous essayez de comprimer les
délais autant que possible. Quelles sont les causes, à un moment
donné, d'un aussi long délai pour examiner un dossier? Est-ce que
vous manquez de personnel? Je touche peut-être un point qui peut vous
obliger à une réponse indiscrète, mais le ministre des
Finances est en train de préparer son budget de ce temps-ci; alors, on
peut toujours faire des recommandations, c'est encore le temps.
M. Johnson: II n'y a pas de problème. Simplement pour
mettre M. Girouard bien à l'aise, je pense qu'il devrait s'exprimer tout
à fait librement sur la question de son personnel. Il n'y a pas de
problème.
M. Girouard: Comme je l'ai dit au tout début de mon
exposé, à peu près dans 15% des cas, les dossiers sont
encore chez nous, soit qu'ils sont demandés à l'OCQ, qu'on les
attende et que le délai entre trois et sept jours ou six jours n'a pas
été encore atteint; ou il y a d'autres dossiers qui sont en
analyse à mon bureau ou au bureau de mon adjoint; ou on écrit au
travailleur pour lui demander de nous fournir telle ou telle pièce,
copie de la décision en révision pour nous prouver que,
manifestement, il a le droit de venir en appel, ou il invoque la maladie, mais
il n'a pas le certificat médical. Ce qui arrive dans un certain
pourcentage de dossiers, effectivement, c'est qu'il est assez difficile de
rejoindre les travailleurs, parce que ce sont des gens qui sont mobiles, des
gens qui changent de résidence, des gens qui suivent souvent leur
emploi. Supposons que le gars est camionneur et qu'il n'a pas encore sa carte
de classification pour travailler dans l'industrie de la construction, il
attrape un emploi occasionnel chez Smith Transport ou ailleurs... Il y a
parfois le problème de rattraper les gens. Franchement, je pense qu'un
peu plus de personnel nous aiderait.
M. Roy: Un peu plus de personnel aiderait. Merci. C'est un
très bon point. J'ai deux autres questions à poser, que j'estime
bien importantes. Non, allez-y!
M. Pagé: Je veux seulement demander à M. Girouard
si c'est bien le cas que cela irait beaucoup mieux avec 20 commissaires
adjoints plutôt que 12.
M. Chevrette: 24, dans ce cas.
M. Girouard: Disons qu'il serait possible... Je sais, en fin de
compte, qu'il va y avoir la nomination prochaine d'un certain nombre de
commissaires adjoints, six ou sept. Ceci va faciliter la tâche à
ceux qui administrent les dossiers, parce que si, en fin de compte, on regarde
le travail qui a été fait par ces gens depuis cinq ou six mois,
ils ont eu un rythme assez dur à soutenir. Ils l'ont affronté,
mais, par contre, la plupart de ces gens travaillent soit comme professeurs
à l'université, soit comme avocats, ont une autre pratique comme
telle.
M. Roy: Cela veut dire que vous avez des commissaires adjoints
à temps partiel?
M. Girouard: C'est-à-dire que j'ai assez de chance et que
quatre ou cinq commissaires, prati-
quement, pour le moment, sont des gens qui sont très disponibles.
Par contre, j'en ai qui sont un peu moins disponibles. Je dois tenir compte de
cela dans la répartition des dossiers.
M. Roy: Je pense que c'est un point très important. Dans
le cas des travailleurs qui sont lésés par la période de
temps où le dossier est à l'étude et qui finalement
réussissent à obtenir gain de cause, est-ce qu'il y a des
indemnisations qui sont prévues? Parce qu'il y a une perte de salaire
pour cette personne! Premièrement, y a-t-il des indemnisations
prévues? (11 h 15)
Deuxièmement, est-ce qu'il est possible, pour les commissaires,
de recommander qu'un crédit d'heures leur soit accordé? C'est
bien important; si la personne attend pendant un mois ou deux, ça peut
faire toute la différence pour l'année suivante entre un
certificat de la classe A et un certificat de classe B.
Pour résumer mes questions; premièrement: S'il vous
plaît, nous donner des détails sur les indemnisations.
Deuxièmement: Est-ce que vous avez des pouvoirs de recommandations,
voire ce qui serait encore mieux, des pouvoirs d'ordonner à l'Office de
la construction du Québec de comptabiliser un certain nombre d'heures
pendant la période de temps où le dossier a été
à l'étude?
M. Girouard: Au niveau de la comptabilisation des heures, pendant
que le dossier était à l'étude; effectivement, le cas
s'est présenté et je voudrais parler un peu de la notion de
préjudice, par laquelle des commissaires ont crédité des
heures à des gens. C'est une situation qui s'est
présentée; par contre, je sais que le ministre du Travail et de
la Main-d'Oeuvre a annoncé, il y a quelques jours, une mesure selon
laquelle les gens qui ont obtenu un certificat A, automatiquement, se
retrouvent avec un certificat A cette année. Les gens qui, pour toutes
sortes de raisons, ont attendu, parce qu'ils ont utilisé tous leurs
recours et, finalement, ont fini par obtenir gain de cause et avoir leur
certificat A, le problème, pour eux, ne se posera pas l'an prochain,
parce qu'automatiquement ils vont avoir le certificat A, ils ne peuvent pas
avoir le certificat B l'année suivante.
M. Chevrette: Me Girouard... M. Girouard: Oui.
M. Chevrette: ... si M. le député de Beauce-Sud me
le permet. La décision du ministre de maintenir le certificat de classe
A, par exemple; s'il n'y a pas de crédit d'heures, ça ne change
pas le statut de l'individu, quand il aura à obtenir une carte de
classification sur cinq ans, par exemple. S'il a 750 heures, supposons, si son
dossier est chez vous pendant un mois, c'est possiblement 160 heures de plus;
s'il n'a pas de crédit, il reste à 750 heures, ça lui aide
pour l'année en cours, mais ça ne lui aide pas
nécessairement sur l'ensemble du règlement.
M. Girouard: Oui, je comprends votre question. Voici la
réponse à cette question. Une directive administrative a
été émise à tous les commissaires adjoints, selon
laquelle lorsque ces derniers rendent une décision et qu'ils
créditent des heures, peu importe le motif il y a peut-être
une vingtaine de motifs différents, dont plusieurs sont assez bien
établis par la réglementation, mais d'autres qui laissent plus de
place au jugement du commissaire adjoint dans chaque cas où il y
a crédit d'heures, le dispositif du jugement doit mentionner et mettre
bien en évidence que l'individu se fait créditer tant d'heures
à son dossier.
Je dois admettre que cette politique a été
élaborée et diffusée à la suite d'une
recommandation de l'Office de la construction du Québec, qui
s'était rendu compte qu'effectivement, pendant un certain temps, il y
avait eu un problème. Certains commissaires adjoints avaient rendu des
décisions qui donnaient gain de cause aux salariés, qui
créditaient du temps, en fonction de tel ou tel article, mais qui
n'indiquaient pas le nombre d'heures et, finalement, ça posait un
problème. Alors, pour les gens qui ont vécu cette situation, avec
la notion de préjudice qu'on a à l'article 3.12d, on a les
pouvoirs pour tenir compte de cette situation et créditer les heures
à la personne.
M. Roy: Deuxième volet de ma question: Le gars qui perd
son emploi, qui fait une demande à l'office, parce que justement il
s'est trouvé du travail, de réviser son dossier, pour faire
créditer son nombre d'heures, pour avoir un certificat A, parce
qu'effectivement il y a un employeur qui est prêt à l'embaucher,
l'office, après avoir examiné le dossier, décide de
maintenir sa décision antérieure de ne pas lui créditer le
nombre d'heures; il se réfère à votre bureau du
commissaire au placement; vous étudiez le dossier et, après 30
jours, après que vous ayez eu le dossier en main, vous lui donnez gain
de cause. Pendant ce temps, il a été remplacé, l'employeur
a embauché un autre travailleur. Donc il a une carte A; il avait une
carte B, il avait un emploi en vue; maintenant, il a une carte A et il n'a pas
d'emploi en vue. Qu'est-ce qui arrive?
M. Girouard: Sur le plan pratique, le problème s'est
posé et, jusqu'à ce jour, il n'y a pas eu un jugement qui a
encore conclu qu'une indemnité devrait être payée par
l'Office de la construction du Québec à un tel travailleur. Mais
cependant, comme je l'ai dit, jamais, dans un jugement, on a eu encore un
commissaire adjoint qui a statué qu'on n'avait pas les pouvoirs de faire
ça. Mais, personnellement, avec l'administration, j'ai vu des dossiers
et des consultations avec les gens au ministère et je pense
qu'effectivement on n'aurait pas ce pouvoir. Par contre, il faut placer les
choses dans leur contexte. L'employeur qui recrute un individu dont la
situation n'est pas régularisée et qui lui donne priorité
sur des gens dont la situation est régularisée... finalement, je
suis prêt à comprendre qu'il y a peut-être vraiment un
problème là, mais je sais qu'il y a des gens qui font un
peu exprès pour nous mettre dans la gueule du loup.
J'ai vu plusieurs cas où le nouveau règlement de placement
brise un peu la tradition qui faisait qu'un employeur engageait souvent sa
parenté, surtout les petits entrepreneurs. Tout à coup, ce n'est
plus possible parce qu'il y a des critères. A ce moment-là, il
nous arrive le cousin de l'employeur avec une garantie d'emploi. Le type peut
avoir raison parce qu'il peut être vraiment un travailleur de la
construction et il peut arriver à passer toute la trame. La
réalité de cette situation est assez complexe. Je pense que votre
suggestion doit être étudiée.
M. Roy: J'espère que le ministre en a pris bonne note.
M. Johnson: J'ai des pages de notes.
M. Roy: Nous allons vous en ajouter quelques-unes à la fin
de la séance.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Rimouski, vous aviez demandé la parole.
M. Marcoux: Tantôt, vous avez abordé un
problème qui concerne le fait qu'il y a des différences de
quantité de travail selon les régions. Vous avez dit qu'il y
avait deux esquisses de solution, en parlant de moyenne d'heures par
région en tenant compte, dans l'émission des certificats de
classification, de la moyenne d'heures de travail qu'il a pu y avoir dans une
région, c'était la deuxième hypothèse que vous
aviez émise.
Lorsque je vous ai écouté, j'ai pensé que ça
pouvait régler une bonne partie des problèmes. Il y a un type de
problème dont vous n'avez pas parlé jusqu'à maintenant et
je voudrais avoir votre avis sur celui-ci. Ce problème est
résumé en un paragraphe dans le mémoire de l'AECQ
où on dit: "L'office devrait, en collaboration avec les parties,
établir une liste d'occupations saisonnières et élaborer
spécialement pour ces occupations des critères de classification.
Le meilleur exemple pourrait être le secteur des routes où le
travail saisonnier rend difficile l'obtention d'une classification A. Les
travaux d'excavation représentent également un problème
analogue".
Je voudrais vous donner un autre exemple auquel je suis confronté
dans mon comté. J'ai plusieurs petites entreprises de quatre, cinq ou
six employés qui font ce qu'on appelle de la pierre synthétique.
En plus d'avoir des problèmes de qualification professionnelle parce
qu'il n'y a pas de type de métier qui définisse exactement ce
qu'ils font ils sont divisés entre trois métiers:
applicateur-cimentier, plâtrier, briqueteur-maçon, c'est un autre
problème il y a le problème de la classification comme
telle. Ces gens travaillent à l'extérieur, ils ne travaillent que
lorsqu'il fait beau quand il pleut, ils ne peuvent pas faire leur
travail ce qui fait qu'ils ne travaillent qu'un certain nombre d'heures
limité chaque année, durant les mois de juin, juillet,
août, septembre. Pour réussir à obtenir différents
contrats, ils travaillent dans toute la région de la Côte-Nord et
du nord du Nouveau-Brunswick.
Evidemment, chacun de ces travailleurs fait très peu d'heures
dans une année. A partir du 1er avril l'an dernier, ça a
pu aller parce qu'ils ont pu commencer avant le 1er juillet le couteau
va tomber et on va être obligé de choisir des gens classés
A. Souvent, les gens classés A, soit dans la qualification
applicateur-cimentier ou même parmi les journaliers parce que
c'est quand même un travail très spécifique vont
refuser. Là, il faudra qu'ils fassent toute la chaîne pour en
arriver à dire, après un certain temps, qu'ils ne trouvent pas le
personnel dont ils ont besoin alors que, depuis cinq ans ou dix ans, ils ont
à peu près toujours le même personnel.
Ces gens m'ont rencontré à plusieurs reprises pour voir
quel type de solution pourrait être apporté. Je vous ai
écouté attentivement, tantôt, et j'ai cru comprendre que la
solution que vous proposez d'une façon générale, pour
l'ensemble des travailleurs d'une région, pourrait résoudre le
problème. Je n'ai pas vu comment les hypothèses que vous avez
énoncées pourraient régler ce problème
spécifique qui, je crois, a plus trait aux occupations qu'on pourrait
appeler saisonnières.
Avez-vous des propositions ou des suggestions à faire pour
régler ce type de problème? J'ai quelques petites entreprises qui
vont être prises avec ce problème et cela va certainement amener
de graves conséquences.
M. Girouard: J'ai de la difficulté à soustraire
certaines catégories de salariés, qui sont des travailleurs de la
construction, du principe général que, en fait, ils doivent,
à un moment donné, selon un certain critère qui s'applique
à tout le monde, prouver leur statut de vrais travailleurs de la
construction. Je pensais que, par le biais de ce que je proposais comme
solution qui se réflète au niveau de chaque région, ce
problème était absorbé, peut-être pas à 100%,
mais dans une grande partie. Mais, de là à dire que demain on
décide d'exclure telle ou telle spécialité de
l'application de la réglementation générale,
personnellement j'y serais réticent, parce que je pense que là,
on commence à diluer la notion de sécurité d'emploi pour
tous et que moins cette notion a de contenu, plus c'est préjudiciable
à l'ensemble. C'est un peu mon point de vue.
M. Marcoux: Mais est-ce qu'il y a une solution, parce que ces
gens-là, évidemment, pendant les trois ou quatre mois où
ils travaillent pour ces petites entreprises, sont toujours, comme on pourrait
dire, en "standby" et ne vont pas sur les autres chantiers. Lorsque la pose de
la pierre synthétique est finie, lorsqu'il pleut trop ou lorsque la
neige commence à tomber, les emplois ailleurs sont déjà
occupés et c'est déjà le moment de l'automne où il
commence à y avoir un surplus de main-d'oeuvre partout, alors, ils ne
sont évidemment pas les premiers auxquels on va offrir des emplois. Ce
n'est
pas en termes d'occupation, ce n'est pas en termes de métier que
le problème se pose, c'est en termes d'appartenance à une petite
entreprise donnée depuis plusieurs années, qui fait un certain
nombre d'heures, qui est peut-être aux environs de 500 ou 600
plutôt qu'aux environs de 800, 900 ou 1000.
M. Girouard: Je sais qu'une partie du problème, pas tout
le problème, peut se régler par le biais des cartes émises
par le commissaire de la construction de salariés occasionnels, mais il
faut que ce soit un individu qui travaille pour une entreprise qui,
règle générale, oeuvre hors décret et peut aller
travailler pour une spécialité quelconque sur un chantier. A ce
moment-là, il peut échapper jusqu'à un certain point, aux
normes générales du règlement sur le placement. On a eu
des décisions dans ce sens. J'ai assisté, au chantier où
je suis allé, à la Baie, à ce problème, et la
façon dont il se réglait pratiquement, c'est que l'employeur qui
a besoin de quelqu'un de très spécialisé pour faire
quelque chose que réellement peut-être 3% ou 4% de la masse des
journaliers peuvent faire véritablement communiquait avec l'OCQ
régional. En avez-vous des journaliers qui font cela? On envoyait des
gens sur le chantier. On regrette, monsieur, ils ne peuvent pas le faire. Les
gens repartaient. Finalement, l'OCQ convenait qu'il fallait passer aux B et
parfois même aux C. Le problème s'est présenté deux
fois. Les deux fois, cela a été l'amorce de solutions.
C'est-à-dire que l'OCQ qui administre le règlement en arrivait
à la conclusion, à la suite d'une démarche de l'employeur,
qu'il n'y avait pas un journalier disponible au niveau A qui était
prêt à effectuer le travail. Donc, cela se pose en termes de
disponibilité.
M. Marcoux: A ce moment-là, ce que vous proposez, c'est un
règlement hors cour, en fait, c'est-à-dire par entente entre
l'OCQ et l'employeur impliqué. J'étais plutôt porté
à croire que si on avait fusionné en une seule classe les A et
les B, ces gens-là, automatiquement, puisque ce sont de
véritables travailleurs de la construction, que c'est leur emploi
unique, essentiel, durant une année, auraient pu se retrouver avec un
statut de travailleurs réguliers. Je connais les normes dans les
régions périphériques. Quelqu'un qui y travaille en
moyenne depuis quatre, cinq, ou six ou sept ans, au-delà de 500 heures
par année, est considéré véritablement un
travailleur de la construction. On ne me fera jamais croire que c'est un
travailleur occasionnel ou quelqu'un qui arrive par hasard sur le
réseau. En tout cas, on va en discuter de nouveau.
Le Président (Mme Cuerrier): Je reconnaîtrai
maintenant M. le député de Charlevoix et ensuite M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Mailloux: Mme le Président, suite à une
observation qu'a faite tantôt M. Girouard, je voudrais faire quelques
commentaires, poser des questions qui, je pense, ne s'adresseront
peut-être pas à M. Girouard, puisqu'il serait mal placé
pour répondre. Probablement que mes questions s'adresseront à ce
moment-là au ministre du Travail et possiblement aux
représentants des deux grandes centrales syndicales qui sont ici
à la table.
Je veux revenir sur le sujet que vient d'aborder mon collègue de
Rimouski. Tantôt, vous avez parlé du volume des travaux des
années précédentes, et dit que cette étude vous
fait constater que dans les deux grands endroits métropolitains du
Québec, pour 100% de chance qu'ont les travailleurs de la construction
de pouvoir obtenir une classification souhaitable, quand vous arrivez en
périphérie de la province, ce n'est qu'à 60% de chance que
les véritables travailleurs de la construction peuvent espérer
avoir le classement requis. (11 h 30)
Ce que je ne suis pas capable de saisir, c'est que, dans toutes les lois
qu'un Parlement peut adopter, dans tous les règlements, normalement, on
essaie que les citoyens du Québec soient traités à peu
près avec la même chance de succès. Je ne pense pas qu'il y
ait un Parlement qui veuille faire deux catégories de citoyens dans le
Québec qui n'aient pas les mêmes chances d'arriver à un but
recherché.
Cela m'amène à dire également que je ne sache pas
que les deux centrales syndicales qui représentent, à travers le
Québec, des syndicats et qui doivent représenter ces syndicats
avec les mêmes chances possibles, souhaitent qu'une partie des citoyens
ne soient pas traités de la même façon que les autres, avec
des chances aussi équitables. Est-ce à dire que... On a
parlé hier, forcément, d'une partie de la facette du
problème qui pourrait améliorer les chances de classification
quand on a parlé des "shutdown", quand on a parlé de l'exclusion
de certains travaux où les heures ne peuvent être
comptabilisées; on a parlé également des griefs qui sont
faits sur la comptabilisation difficile d'heures travaillées hors
Québec. Je pense que ce sont tous des champs où les parties et le
législateur devront revoir un peu la situation.
Il faudra au moins que le gouvernement arrête, pour
protéger les coups, d'entrer dans des champs où l'exclusion est
ajoutée, comme l'éducation et la santé. Est-ce que
ça ne nous amène pas quand même à penser qu'une
carte provinciale, ce n'est quand même pas la réalité? Ce
n'est pas la réalité, en demandant à chacun de faire 1000
heures dans le Québec, étant donné les volumes de travaux
qui se situent quand même annuellement à peu près de la
même façon dans ces deux régions, la province et les
régions urbanisées; est-ce qu'il ne devrait pas y avoir deux
barèmes différents à atteindre, un pour les régions
périphériques et l'autre pour les régions
urbanisées? Ce sont des interrogations que j'ai à l'esprit.
Est-ce qu'advenant qu'il y ait une modification aux heures exigées par
le règlement de classification, si cela arrivait, ceux qui
obtiendraient, en région périphérique, cette carte,
à
moins d'atteindre les 1000 heures... Est-ce que cette carte ne serait
pas valable dans les régions métropolitaines?
Quand on pense à la loi 110, je pense que la catégorie
d'artisans qu'on a créée sera quand même un emmerdement
général un peu partout. Est-ce que ce n'est pas un cadeau de Grec
qu'on a fait à des gens, au moment où ils s'apercevront qu'ils
deviennent leur propre employeur et qu'ils n'ont pas la possibilité
d'avoir de l'assurance-chômage? Quand on connaît un peu le milieu
rural, on sait pertinemment que ces gens vont être pris dans un
drôle de dilemme. Est-ce que d'avantage, pour le groupe que vous avez
compris dans les 60% je pense que vous avez mentionné les
manoeuvres, les charpentiers menuisiers, les peintres; je pense que vous avez
mis les trois ensemble, pour faire 60% est-ce que ceux-là ne sont
pas davantage pénalisés, avec un groupe aussi important? Parce
que, dans d'autres métiers plus spécialisés, ils peuvent
peut-être, même en périphérie, atteindre les 1000
heures. Est-ce que ces trois groupes ne sont pas dans une position quasiment
intenable?
Ce sont des interrogations qui nous viennent à l'esprit, avec les
volumes de travaux qui sont faits dans le Québec. Je ne pense pas que la
réponse soit facile pour le ministre non plus. Il est bien possible que,
s'il y avait deux catégories de cartes dans le Québec, il y
aurait un chevauchement et des changements d'adresse qui seraient assez
facilement prévisibles. J'aimerais que le ministre et que les
représentants des deux centrales nous disent, devant les volumes de
travaux... Je pense qu'on ne peut pas mettre en doute ce que vous avez mis de
l'avant. Vous avez quand même reflété ce que l'ensemble des
partis d'Opposition et des membres du Parti québécois a
sûrement entendu. Ce sont des volumes qui reflètent assez bien le
travail qui se fait au Québec, sauf en de très rares exceptions
où il arrive un chantier sporadique, l'Hydro-Québec ou autre
chose.
Cela étant dit, est-ce que le ministre ne trouve pas que le
règlement de classification qu'il a apporté affecte, dans le
Québec, deux catégories de citoyens devant leur centrale
syndicale et devant tout le monde? Ils ne sont pas placés devant la
même chance de succès.
M. Johnson: Je pense que le député de Charlevoix va
admettre avec moi que ce n'est pas un problème facile à
définir. Mais il faut reconnaître, d'une part, qu'on ait affaire
à la construction ou à n'importe quel autre domaine
d'activité, plus de 50% de la population est concentrée dans un
rayon de 40 milles autour de Montréal, qu'il y a beaucoup des facteurs
qu'il invoque, qu'il veut voir appliquer à la disparité de
chances ou la disparité d'accessibilité des citoyens dans les
régions dites périphériques, qui ne sont pas attribuables
intrinsèquement au fait qu'on est dans le domaine de la construction,
mais qui sont attri-buables intrinsèquement au fait que
l'activité de notre société s'est concentrée autour
de deux ou peut-être trois grands pôles, si on inclut la
région de Sherbrooke, par exemple. Ce n'est pas le règlement de
placement qui va changer cela.
Cela dit, il y a effectivement des probabilités moindres pour un
salarié d'une région dite périphérique d'avoir
accès, dans le secteur de la construction, qui est couvert par le
décret proprement dit, dans le champ d'application du décret,
dans certaines régions, d'aller chercher les heures.
Paradoxalement, la région au Québec où il y a le
plus haut taux d'embauche dans la construction, c'est une région dite
périphérique, soit celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Et celle qui
connaît la diminution la plus importante de ce temps-ci, c'est la
région de Montréal, en termes relatifs. Et quand on tient compte
du bassin de population de Montréal et du nombre de travailleurs de la
construction dans la région de Montréal, quand on regarde les
statistiques de la construction, on s'aperçoit que les
probabilités, pour un charpentier-menuisier à Montréal,
sont moins élevées, en pratique, qu'elles le sont pour un
charpentier-menuisier du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Finalement, c'est une chose qui varie beaucoup avec la conjoncture
économique et le développement. Cela dit, je suis quand
même sensible au fait l'office fait des travaux
considérables et très complexes sur cette question de voir
dans quelle mesure on ne pourrait pas essayer d'introduire une espèce de
notion de pondération, à partir du fait qu'on a affaire à
un milieu où le taux d'activité est moindre.
Cependant, avant même d'invoquer ce que pourraient être les
solutions et même si je trouve assez séduisante l'approche de M.
Girouard, je pense qu'on a besoin de quantifier cela et de l'analyser
concrètement. A l'office, c'est ce qui se fait et c'est ce qui va se
faire durant les mois qui viennent et, peut-être, l'année qui
vient. Il ne faut pas s'attendre qu'on obtienne la solution à ce
problème de disparité en l'espace de quelques mois, par un simple
changement au règlement. Je pense qu'il va falloir que cela s'appuie sur
une analyse très serrée et très concrète de ce qui
se passe dans les différentes régions du Québec.
Mais encore une fois, je voudrais nuancer un peu ce qu'a dit le
député de Charlevoix. Il y a des choses qu'il a invoquées
qui ne sont pas intrinsèques à l'activité de la
construction. Ce sont des choses qui sont intrinsèques au type de
développement économique qu'on a connu au Québec, dans ce
secteur-là comme dans bien d'autres.
Je pense que M. Bourdon voulait ajouter quelque chose. Je n'aurais pas
objection, à condition que ce soit bref.
Le Président (Mme Cuerrier): Je voudrais simplement faire
remarquer que la commission est ici pour entendre le commissaire au placement.
S'il y a consentement unanime, nous pouvons entendre une courte intervention.
M. Bourdon.
M. Bourdon (Michel): Simplement pour ajouter qu'en vertu du
règlement de placement, il y a une préférence
régionale qui contrôle l'accès au
marché, sauf que le travailleur qui accède dans une
région, a ensuite des droits dans toutes les autres régions. Je
voudrais ajouter un mot à ce que le ministre a dit. C'est à
Montréal que le chômage est le plus important, si on faisait une
pondération régionale à Montréal, il
excéderait peut-être 8000, 10 000 travailleurs. Et quand
l'économie serait forte dans Charlevoix ou au Lac-Saint-Jean, ces
gens-là s'en iraient là-bas et on aurait des
récriminations d'ordre régional, parce que le
développement n'est pas égal partout. Actuellement, la
région la plus défavorisée, c'est Montréal.
J'ajoute qu'à la baie James, la proportion des gens des régions
périphériques est supérieure à leur nombre en
général. Ce ne sont pas tellement les gens de Montréal qui
vont à la baie James, parce qu'il y a eu des barrages dans les
régions périphériques. La proportion des régions
périphériques à la baie James est supérieure,
proportionnellement à leur nombre, bien sûr.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je n'ai pas une question,
j'ai seulement une remarque sur le dernier sujet Mme la
Présidente, excusez-moi!
Si on veut donner une sécurité d'emploi
éventuellement, en tout cas, il n'y a pas de recette miracle,
peut-être que la moyenne régionale est une façon d'aborder
le problème mais il y a peut-être une autre façon de
l'aborder. Dans tout ce que j'ai lu, qui m'a été donné,
l'approche qui me séduit le plus, à court terme en tout cas, ce
serait peut-être d'envisager, à partir de la définition des
régions, le pourcentage de chômeurs. A ce moment-là, si le
gars est un véritable travailleur de la construction, tu te retrouves
dans une région, par exemple, où il y a 25% de chômage, si
collectivement, au niveau provincial, le nombre de chômeurs au
Québec représente 10%, tu peux pondérer un crédit
d'heures à partir de 10 pour aller à 25, ce qui donnerait une
accessibilité égale à l'ensemble des travailleurs de la
construction du Québec. Cela serait peut-être la solution qui
m'apparaîtrait la plus plausible dans les circonstances et la plus
équitable pour donner une chance égale à tout le monde au
niveau du Québec.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: J'aurais également un petit commentaire à
ce moment-ci. Je pense que c'est important; cela nous évitera de le
faire à la fin, si on me le permet malgré que je ne voudrais pas
qu'on perde l'occasion d'écouter les gens de l'OCQ.
Le ministre a parlé de la notion de pondération tout
à l'heure, suite à la question qui a été
posée par notre collègue, le député de Charlevoix.
Je crois bien que la notion de pondération ne peut à peu
près pas se faire sans tenir compte des statistiques. Les statistiques
sont toujours faites à partie des statistiques dont on dispose, donc,
l'année précédente. Quand on regarde les graphiques de la
main-d'oeuvre utilisée, embauchée dans le secteur de la
construction, il n'y a pas deux années de suite qui se ressemblent.
C'est là qu'est le problème. Il faudrait d'abord qu'il y ait une
stabilité dans les investissements; une stabilité dans les
investissements, on n'est pas prêt à un dirigisme
économique aussi intense demain matin. Il faudra tenir compte de
cela.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Johnson: Je voudrais seulement ajouter à cela que je ne
pense pas qu'on en arrive à une stabilisation de l'industrie de la
construction qui soit assimilable à des décisions ex cathedra ou
d'une espèce de groupe de cinq sages qui réglerait cela à
travers tout le Québec, sauf qu'il y a des pas concrets qu'on peut
faire. Entre autres, il y a tout près de 50% des investissements dans le
secteur de la construction au Québec qui viennent directement de l'Etat,
de l'Etat lui-même ou à travers ses réseaux. De ce
côté, le gouvernement a mis sur pied, il y a déjà
à peu près six mois, un comité de coordination qui tente
d'éclairer le Conseil des ministres et le Conseil du trésor, non
pas qui prenne les décisions mais qui tente d'apporter cet
éclairage pour permettre de prendre des décisions de ce genre et
de favoriser, à un moment donné... C'est ce qu'on a appelé
à tort, je pense cette espèce de notion de banque
de projets du gouvernement pour essayer de stabiliser les cycles.
Le jour où le gouvernement aura fait cela après deux,
trois ans d'expérience et qu'on aura rodé ce type d'intervention,
il y a de bonnes chances qu'une partie de l'entreprise privée suive,
à certains égards, parce que cela la favorise et qu'elle puisse
essayer de s'insérer aussi en partie. Encore une fois, c'est strictement
incitatif. Il ne faut pas penser qu'on va contraindre les constructeurs
d'habitations à investir en 1980, sauf qu'il y a toutes sortes de
mesures incitatives qui peuvent permettre, par exemple, le déblocage de
certains types de subventions, le déblocage de certains programmes
gouvernementaux dans les HLM, etc. Cela peut correspondre à une demande
du marché mais cela peut également correspondre, si on fait
l'analyse concrètement, à une stabilisation ou un effort de
diminution, si on veut, de l'amplitude du cycle dans la construction.
Encore une fois, il ne faut quand même pas s'imaginer qu'on va
mettre tous nos oeufs dans ce panier. C'est un effort qui, je pense, peut
diminuer légèrement et peut-être sensiblement l'amplitude
encore une fois du cycle. Il y a des efforts qui se font de ce
côté et je pense que cela a commencé à donner des
résultats.
M. Roy: Le ministre sait très bien que de ce
côté, il ne faut pas se faire d'illusions, surtout avec les
politiques monétaires, à moins qu'on ne débouche sur une
banque du Québec avec une monnaie québécoise
là, on aborderait un autre sujet; on ouvre la porte à un autre
débat.
M. Johnson: J'ai comme l'impression que le député
de Beauce-Sud veut parler d'un autre sujet.
M. Roy: Non, je ne veux pas parler d'un autre sujet, mais on sait
très bien que les politiques monétaires, les taux
d'intérêt ont une grande incidence sur le niveau des
investissements les plus importants, on sait très bien que c'est dans le
secteur de la construction. Cela ne dépend pas de nous, cela ne
dépend pas de la commission parlementaire, cela ne dépend pas de
l'OCQ, cela ne dépend pas des syndicats, cela ne dépend pas des
patrons non plus. Ce sont de grandes politiques qui nous échappent.
M. Johnson: Par exemple, tout simplement pour finir sur cette
parenthèse, on sait qu'un des grands succès du gouvernement
fédéral depuis deux ans, un merveilleux succès pour les
Québécois a été de voir le taux
d'intérêt passer de 7 1/4% à 11 1/4% en l'espace de neuf
mois. Je suis sûr que cela a favorisé beaucoup la construction au
Québec. Cela doit être notre faute.
M. Pagé: C'est encore de la faute d'Ottawa? M. Johnson:
Dans ce cas, précisément, oui.
M. Pagé: C'est toujours la faute d'Ottawa, à vous
entendre parler.
M. Chevrette: On ne vous a pas demandé de les
défendre, ici.
M. Pagé: C'est toujours la faute d'Ottawa.
M. Johnson: On peut peut-être revenir à nos
moutons.
Le Président (Mme Cuerrier): S'il vous plaît! M. le
député de Rimouski avait une autre intervention.
M. Marcoux: Simplement un commentaire. M. le ministre a dit qu'il
trouvait séduisante l'idée de tenir compte des moyennes
régionales par rapport à la classification. J'espère qu'il
va prendre tout le temps nécessaire pour examiner cette question. Je
reviens aux deux principes que j'exposais hier, il y a deux issues. A un moment
donné, il y a une tendance de la machine. On met des règlements
en place. On découvre qu'ils posent certains problèmes.
Là, il y a des sous-amendements pour "complexifier" davantage.
Finalement, au lieu de continuer la spirale de la complexité
jusqu'à un certain point, il faudrait peut-être se poser à
nouveau la question: Est-ce qu'on ne peut pas revenir à des choses plus
simples qui nous permettraient d'atteindre les mêmes objectifs? Ce que je
crains, c'est pour quelqu'un qui aurait une carte A dans une région,
parce que la moyenne d'heures est plus faible, et qui change de région:
est-ce qu'il retombe à B à ce moment où il était B
dans une telle région? Actuellement, que ce soit dans n'importe quelle
région, entre 500 et 1000 heures, tu as une carte B.
M. Chevrette: Un B.
M. Marcoux: Selon une des hypothèses émises, on
dit: On pourrait, lors de l'émission des cartes, tenir compte du nombre
d'heures travaillées en moyenne dans une région. Si on retient
cette hypothèse, le nombre d'heures... C'était à la suite
des propos tenus par le commissaire au placement et par le ministre, c'est dire
que c'est le genre de choses qui vont encore compliquer la patente. En tout
cas, je me pose plusieurs interrogations. Je veux simplement dire que je me
pose plusieurs interrogations au lieu de dire: Poussons dans ce sens...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Johnson: Je voudrais remercier M. Gi-rouard et M. Lebire, qui
l'accompagnait également, de leur apport à la fois fructueux et
quantitatif, si on regarde l'heure. Merci.
M. Girouard: Merci bien.
Le Président (M. Cuerrier): La commission vous remercie.
Elle entendra maintenant les participants ou les intervenants de l'Office de la
construction du Québec.
Office de la construction du Québec
M. Johnson: Mme le Président, si vous permettez, je
voudrais d'abord présenter le président par intérim de
l'Office de la construction, M. Guy Lapointe, qui est également
sous-ministre adjoint au ministère du Travail, avec
responsabilité à l'inspection, et les trois personnes qui
l'accompagnent, MM. Després, Maheux et Ferron. MM. Després et
Maheux assument les responsabilités de la recherche, de l'analyse, de la
mise en application des recommandations. Depuis des mois, je dois le dire, ils
travaillent d'une façon fort efficace et permettent à cette
commission de pouvoir regarder assez sereinement l'ensemble des
problèmes qui se posent.
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous demanderais de vous
identifier avant de commencer à parler, s'il vous plaît, pour que
vos interventions soient bien notées au journal des Débats, avec
le nom de l'intervenant en même temps.
M. Lapointe (Guy): Mme la Présidente, Guy Lapointe,
président par intérim de l'Office de la construction. Pour
compléter la présentation de M. Johnson, à ma gauche, Me
Hugues Ferron, qui est secrétaire par intérim et conseiller
juridique de l'office, ainsi que secrétaire du comité mixte;
à mon extrême droite, M. Pierre Maheux, directeur de la recherche,
division de la main-d'oeuvre; à ma droite immédiate, il s'agit de
M. Jean-Guy Després, directeur du service de placement. Il
s'agit, en effet, de quelques-uns des cadres compétents de
l'office.
Permettez-moi d'abord de vous rappeler qu'en vertu de la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction, l'office a un mandat,
celui d'adopter un règlement prévoyant des critères
d'embauche. C'est un des nombreux mandats de l'office et il se situe à
l'intérieur de cadres de la loi, donc à l'intérieur du
cadre du champ d'application de la loi.
L'office a assumé ses responsabilités et a effectivement
adopté un règlement qui a, par la suite, reçu
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil. Le règlement est
maintenant en application depuis le mois d'août 1978. On peut donc dire
qu'il a subi une période de rodage. Dans une certaine mesure, il est
encore mal connu et mal compris, tant par certains travailleurs que par
certains employeurs, et même peut-être par certains
députés.
M. Johnson: Et sûrement par certains
députés!
M. Lapointe: Certaines modifications ont déjà
été adoptées. Compte tenu de l'importance de l'industrie,
compte tenu aussi de l'importance du règlement qui veut protéger
les vrais travailleurs de la construction et de l'expérience acquise au
cours des mois de mise en application, l'office a réalisé la
nécessité de faire le point.
Au cours du mois de novembre 1978, il a sollicité et obtenu des
commentaires et des suggestions des parties. Nous désirons donc profiter
de l'occasion pour remercier les parties patronales et syndicales qui ont
donné suite à nos demandes et qui ont accepté de nous
faire part de leurs recommandations.
A court terme, un article du règlement prévoit que les
certificats de classification actuels sont valides jusqu'au 1er mars 1979.
C'est en vue du renouvellement des certificats que l'office vient d'adopter, au
début de février, certaines modifications jugées urgentes
et essentielles.
Une première modification, qui a maintenant reçu
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil et que le ministre du Travail
et de la Main-d'Oeuvre a annoncée hier, vise à maintenir la
classification actuelle du salarié de classe A, B ou d'apprenti, tout en
conservant à un salarié la possibilité d'améliorer
son certificat, c'est-à-dire, pour un C, de passer à un
certificat B ou pour un B, de passer à un certificat A.
D'autres mesures adoptées par l'office visent notamment à
éviter le licenciement de salariés qui n'auraient pas pu se
mériter un certificat de classification lors du renouvellement des
certificats au mois de mars 1979 ou encore à permettre aux
salariés de 50 ans ou plus d'obtenir un certificat de classification, en
autant qu'ils aient 500 heures à leur crédit au cours de la
période de référence.
Enfin, il y a quelques mesures de concordance.
A la suite des travaux de cette commission parlementaire et des
conclusions qui pourraient en découler, l'office devrait être
prêt à faire le point et à adopter des modifications plus
en profondeur à son règlement de placement, modifications qui
seraient susceptibles de régler certains des problèmes.
Nous constatons aujourd'hui que, même si le règlement est
encore contesté sur certains articles, les principes de base sont mieux
acceptés, ce qui justifie peut-être de modifier le
règlement pour corriger les problèmes.
Le projet de loi 110, comme vous le savez, prévoit maintenant que
tout règlement de l'office doit être soumis au comité mixte
qui a 30 jours pour donner son avis à l'office. Nous avons donc
l'intention de soumettre, au cours des prochaines semaines, un document de
travail au comité commun pour obtenir ses commentaires et ses
recommandations.
Mme la Présidente, nous n'avons pas préparé de
mémoire pour les fins de cette commission parlementaire. Nous sommes
toutefois disposés à répondre, ou du moins, à
tenter de répondre aux questions des membres de cette commission. Avec
votre permission, je ferai appel à quelques-unes des personnes qui
m'accompagnent en vue de répondre aux questions des membres de la
commission. Je crois qu'ayant travaillé avec le règlement de
placement, ils seront plus en mesure que moi de répondre aux questions
techniques et particulières. Sur ce, je vous rends la parole.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre du Travail et
de la Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Mme la Présidente, je suis dans une situation
un peu drôle pour poser des questions à l'office, étant
donné que ça fait trois mois qu'on se voit assez
régulièrement. J'ai l'impression qu'on est parfois devant des
arbres et qu'on a un peu de difficulté à voir la forêt. Il
demeure cependant je me contenterai de ce commentaire
général pour commencer que je dois vous assurer et assurer
les membres de cette commission que l'office a travaillé avec une
efficacité considérable depuis quelques mois à faire en
sorte que les critiques, les commentaires, les questions des parties, des
premiers intéressés et des députés, aussi, fassent
l'objet d'étude attentive. Si je pouvais qualifier le travail fait par
l'office depuis quelques mois, je parlerais sans doute d'une très grande
ouverture d'esprit et d'attitude plutôt que d'un confinement rigide
à la lettre du règlement ou d'orientations qu'on ne sentirait pas
partagées.
Je pense que ce que M. Lapointe a évoqué, tout à
l'heure, finalement, dans leur ensemble, les dispositions du règlement,
malgré certaines divergences de fond comme, par exemple, sur le
placement syndical, comme pour les employeurs sur la référence ou
la rapidité de référence, on peut parler d'un
règlement qui a commencé à faire son chemin auprès
de ceux qui sont essentiels à son bon fonctionnement,
c'est-à-dire les syndicats et les employeurs, en plus des travailleurs
et des entrepreneurs eux-mêmes. L'office, à ce titre, a
joué un rôle important.
L'office sera également appelé à jouer un
rôle extrêmement important au cours des prochains mois dans la
mesure où il soumettra au comité commun l'ensemble des
modifications majeures apportées au règlement; deux ordres de
modifications seront apportées immédiatement sans que le
comité commun ne soit appelé, en vertu de la loi, à les
étudier pendant trente jours, ce sont les modifications que M. Lapointe
a évoquées tout à l'heure: d'abord, le renouvellement
automatique des A et des B, pour ceux qui en ont, qui est en vigueur au moment
où on se parle et, deuxièmement, les modifications tendant
à permettre à ceux qui sont classés C de ne pas être
exclus automatiquement, le 1er mars, des chantiers où ils travaillent.
Quant au reste, cela fera l'objet de longues discussions dont, j'en suis
sûr, s'inspirera l'office qui a reçu des mémoires, qui les
a analysés, qui rencontre régulièrement les parties, qui a
eu l'occasion de rencontrer les officiers de mon ministère et mes
collaborateurs immédiats et, également, les membres de la
commission. Je sais qu'ils ont pris bonne note de beaucoup de choses qui ont
été évoquées aujourd'hui.
Je préférerais peut-être laisser la parole aux
députés de la commission qui ont sans doute besoin de
réponses plus que je n'en ai besoin en ce moment, dans la mesure
où j'ai fait le tour de ces problèmes depuis quelque temps. Cela
n'empêchera pas que je revienne, cependant, selon les sujets qui seront
soulevés.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. Lapointe, M. Ferron, M. Maheux et M.
Després, je vous remercie beaucoup de votre présence avec nous ce
matin. M. Lapointe, effectivement, vous avez appliqué un
règlement qui est en application depuis le mois de juillet 1977, ce qui
a suscité beaucoup de critiques. Vous-mêmes, dans vos commentaires
d'introduction, faisiez part de critiques de la part des travailleurs, des
employeurs et aussi des députés. (12 heures)
C'est bien vrai que depuis sept ou huit mois, vous avez appliqué
ce règlement qui a amené beaucoup de commentaires, des prises de
position, vous avez connu les nôtres, entre autres, où on avait eu
l'occasion d'exprimer beaucoup de réserve sur ce règlement. Je ne
veux pas revenir sur les principes qui ont guidé le gouvernement, qui
ont guidé l'Office de la construction du Québec dans l'adoption
de ce règlement qui vise essentiellement à protéger les
emplois pour les travailleurs de la construction. Ce n'est pas là-dessus
que j'en suis. J'en suis au niveau de la mécanique et je pense que,
depuis deux jours, on peut unanimement constater que la mécanique y est
pour beaucoup, la norme y est pour beaucoup, l'application de la norme y est
pour beaucoup dans les problèmes inhérents qu'on peut rencontrer
à l'application de ce règlement.
Je pense que vous avez très bien évoqué la
réalité quand vous avez dit, M. Lapointe, qu'on se devait de
faire le point après un certain temps. Tout le monde est unanime, tout
le monde est d'accord là-dessus, que des modifications devront
être éventuellement apportées. C'est en effet explicable
qu'on suggère, qu'on demande des modifications pour tenir compte des
régions, pour tenir compte des volumes de travaux qui sont
effectués dans certaines régions, pour tenir compte aussi du
droit du véritable travailleur de la construction à des chances
d'occuper une fonction.
Vous nous avez dit tout à l'heure que, depuis le 1er novembre,
vous avez eu l'occasion de consulter des parties, vous avez invité les
parties au comité mixte à vous fournir des mémoires et
tout cela. Depuis deux jours on a commencé à dégager des
avenues de solutions possibles; j'aimerais, dans un premier temps, que vous
nous disiez sur quoi l'OCQ travaille actuellement. Je conviens que l'opinion
n'est peut-être pas arrêtée de la part de l'Office de la
construction du Québec, je conviens que vous en êtes
peut-être encore au niveau des études et des analyses et des
effets de telle ou telle autre modification, mais j'aimerais que vous nous
disiez quelles sont les avenues dans lesquelles vous travaillez actuellement en
vue d'en arriver à des modifications.
Le Président (Mme Cuerrier): M. Lapointe.
M. Lapointe: Je vais demander à M. Després de
répondre à cette question.
Le Président (Mme Cuerrier): M. Després, vous avez
la parole.
M. Després (Jean-Guy): Les avenues sur lesquelles se
dirigent, en fait, les études de l'Office de la construction
actuellement s'inspirent tout simplement des résultats de la
consultation, comme l'a dit M. Lapointe, qui a été
effectuée en novembre et décembre dernier. Cependant, comme on
l'a mentionné, ce ne sont que des avis qui sont à l'étude
et on attendait d'avoir des commentaires un peu plus complets. Je peux vous
dire, comme M. Johnson en a déjà parlé, que nos projets ou
nos intentions concernant, par exemple, la délimitation régionale
ou sous-régionale vers laquelle on se dirige, a, je pense, fait
l'unanimité des parties au moment des recommandations.
D'autre part, vous avez une forme de priorité qui est
peut-être plus immédiate pour les salariés qui sont au
deuxième niveau, c'est-à-dire les B, les détenteurs, les
titulaires d'un certificat de classification B qui pourront dorénavant,
selon le projet mis de l'avant par l'office, avoir droit au travail dans leur
sous-région immédiate avant que les A ne soient
épuisés dans la grande région. Ce sont là, je
pense, les deux points majeurs sur lesquels l'office s'est penché
jusqu'à ce jour. Il y a d'autres points, je pense, d'un ordre un peu
plus mineur, mais qui étaient quand même indispensables, sur
lesquels se continue l'étude. Les points, que je pourrais aussi
qualifier de majeurs, avaient rapport directement avec le renouvellement des
certificats. Dans le but de ne pas brimer, finalement, le
droit de certains individus qui auraient pu se qualifier ou qui auraient
pu rencontrer les exigences de la classification, on a apporté des
mesures temporaires qui vont rectifier ou qui vont pallier ces
inconvénients.
M. Pagé: Est-ce à dire qu'un dénominateur
commun chez vous dans le moment, c'est que le nouveau règlement ou les
modifications au règlement devront tenir compte non seulement des
régions comme actuellement, mais des sous-régions aussi. Est-ce
que vous êtes rendus suffisamment loin dans vos analyses pour soutenir
cela?
M. Després: Je m'excuse, je n'ai pas compris la fin de
votre question, si vous me permettez.
M. Pagé: Est-ce que vous êtes rendus suffisamment
loin dans vos études pour soutenir que le nouveau règlement, les
modifications au règlement devront comporter une distinction non
seulement selon les régions, mais selon les sous-régions?
M. Després: C'est cela. En somme, comme je l'ai
mentionné, étant donné qu'il y a un consensus qui s'est
établi au niveau des parties patronale et syndicale sur le sujet,
l'office, tout simplement, apporte une dimension nouvelle, si vous voulez, dans
l'ordre des priorités, qui va faire en sorte qu'on va s'orienter
peut-être plus vers les sous-régions telles que définies
par le décret de la construction qui correspond, semble-t-il, un peu
mieux aux activités ou aux besoins comme tels de l'industrie.
M. Pagé: Dans l'élaboration des modifications
relatives aux sous-régions, est-ce que vous tiendrez uniquement compte
de la mobilité normale ou prévisible de la main-d'oeuvre dans une
région, entre autres qu'on prenne le cas de la Gaspésie où
on a souventefois, à juste titre, déploré le fait que la
région était beaucoup trop grande et que cela ne collait pas au
contexte social ou sociologique du milieu. Comment cela va-t-il se faire et sur
quoi avez-vous élaboré vos politiques de sous-régions et
de régions? Est-ce que cela a été fait selon le volume des
travaux? Est-ce que vous avez tenu compte des volumes de travaux
éventuels? Est-ce que vous en tenez compte ou si vous tenez compte
uniquement de la mobilité qu'on peut y retrouver?
M. Després: Ces nouvelles délimitations s'inspirent
des sous-régions telles qu'elles ont été définies
au décret de la construction. Ce sont les parties qui ont
antérieurement, si vous voulez, défini ces régions comme
étant celles qui correspondaient le mieux à l'industrie de la
construction. C'est finalement cette nouvelle délimitation que propose
l'office.
M. Pagé: D'accord. Vous avez parlé de consultation
avec le comité mixte, c'est certainement non seulement utile, mais
nécessaire, ces projets de modification seront soumis au
lieutenant-gouverneur en conseil pour approbation, il y aura une consultation
de trente jours avec le comité mixte. Je devrais davantage diriger la
question vers le ministre du Travail, mais ne croyez-vous pas qu'avant que le
lieutenant-gouverneur accepte ce projet de règlement, si le journal des
Débats pouvait enregistrer les signes du ministre du Travail, ce serait
définitivement inscrit que c'est lui qui préfère
répondre à la question?
Ne croyez-vous pas que lorsque vous proposerez des amendements, tout
cela devrait être débattu ici en commission parlementaire,
à l'Assemblée nationale où les députés
pourraient donner leur opinion? Vous savez, les députés sont
quand même ceux qui sont élus dans les comtés, ce sont eux
qui bien souvent connaissent toute la dimension et toute l'importance d'un
problème ou d'un aspect du problème. C'est certainement utile,
des débats avec des députés. Je pense, entre autres, M.
Després, que vous avez été à même de
constater, il y a quelque temps, que les députés avaient besoin
d'information et qu'ils pouvaient vous fournir des informations assez
pertinentes sur certains sujets. M. le ministre du Travail, ne pensez-vous donc
pas qu'avant d'en arriver aux modifications comme telles, avant que le
lieutenant-gouverneur, que la couronne se prononce, pour accepter le
règlement soumis par l'OCQ, ça devrait être analysé
ici et que vous devriez recevoir nos commentaires? Je pense que ce serait tout
à fait démocratique.
M. Johnson: M. le Président, je pense qu'il ne faudrait
pas mettre les fonctionnaires de l'office dans une situation où ils sont
obligés de répondre à une pareille question. En ce qui me
concerne, je suis bien prêt à y répondre et c'est non.
M. Pagé: C'est non?
M. Johnson: C'est non, pour les raisons suivantes. D'abord, ce
qui se fait au niveau du règlement de placement, ça s'appelle de
la législation déléguée. Comme le
député de Portneuf le sait, la législation
déléguée, on en a à peu près en vertu de
toutes les lois adoptées par le Parlement. Je pense que ce serait
créer un précédent dangereux dans notre système
parlementaire, où le gouvernement assume une responsabilité des
décisions qu'il prend et, que je sache, ce n'est pas le
député de Portneuf ou les membres de cette commission qui ont
été obligés, à certains égards, de
défendre le règlement de placement, c'est l'office et le ministre
du Travail.
Pour ces raisons, à la demande des députés et
grâce, entre autres, à un amendement fort pertinent du
député de Joliette, nous avons dit qu'il valait la peine que les
députés puissent s'exprimer clairement sur les problèmes
du règlement de placement, dans le cadre de cette commission
publique.
A partir du moment où cela est fait, le reste devient une
responsabilité claire et définitive dans
le mandat donné à l'OCQ. C'est celui qui vous parle qui
portera les responsabilités de ça, une fois que ce sera
adopté. Je pense que la commission pourrait être saisie. Je
pourrais m'engager n'importe quand à déposer auprès des
députés le texte du règlement et les documents de
vulgarisation qui pourraient s'ensuivre.
Mais je pense qu'à un moment donné, il faut trancher
quelque part. Ceux qui ont à trancher quelque part, je ne pense pas que
ce soient les membres d'une commission parlementaire qui aient à le
faire, pour un tas de raisons et je ne reviendrai pas sur les raisons
politiques qui font, que je sache, qu'on n'administre pas dans un
contexte où l'Opposition décide. C'est le gouvernement qui prend
ses responsabilités et consulte l'Opposition et l'Opposition a ses
droits dans le Parlement. Elle n'a pas ses droits dans l'administration
publique. Et pour faire cela, il faut essayer de se trouver un chef, un
comté, et gagner des élections. Vous n'en êtes pas encore
rendus là.
M. Pagé: On a déjà été rendus
là.
M. Johnson: Quand vous serez rendus là, vous essaierez de
le faire.
M. Pagé: Exercez-le, le pouvoir réglementaire, il
ne vous reste plus longtemps à l'exercer.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre!
M. Johnson: Ceci dit, Mme le Président, il ne s'agit pas
de dire que le gouvernement veut s'isoler des préoccupations des
députés. C'est simplement que c'est le processus normal de la
législation déléguée et on est allé
au-delà de ce qu'exige la loi; pour permettre aux députés
de pouvoir s'exprimer clairement et formuler des suggestions. On a avec nous
des représentants de l'office et de mon ministère, les parties
sont venues entendre et exprimer ce qu'elles avaient à dire; tout le
monde a pris des notes. Le processus normal, maintenant, c'est l'office,
à partir de ces données, à partir de son expertise qui est
d'une très grande complexité... Et ce n'est pas vrai, il faut
arrêter de se conter des blagues, ce n'est pas vrai que ce sont des
députés autour d'une commission parlementaire qui ont les
ressources nécessaires ici pour décider de choses comme les
facteurs de pondération, dans l'attribution des certificats. Cela prend
une expertise technique considérable.
Et, à partir de là, l'office va faire son boulot, va aller
devant le comité mixte; les parties vont participer, les plus
directement impliquées. Il va essayer de dégager des consensus.
S'il y a des choses sur lesquelles ces gens ne s'entendent pas on s'y
attend ils vont au moins essayer de réduire la zone grise qu'il y
a entre les différentes positions. Après cela, l'office va
prendre ses responsabilités, les commissaires ou le conseil
d'administration adopteront le règlement et ils vont le soumettre au
gouvernement qui va l'approuver ou le rejeter. On s'en reparlera à ce
moment-là.
M. Pagé: Mme le Président, le ministre m'a mal
interprété, comme cela lui arrive souvent.
M. Chevrette: C'est parce que vous n'êtes pas clair.
M. Pagé: Ne soyez pas inquiet là-dessus, M. le
député de Joliette-Montcalm; c'est ce que le ministre n'a pas
voulu comprendre dans plusieurs cas.
M. Chevrette: Ce que l'on conçoit bien s'énonce
clairement et les mots pour le dire arrivent aisément.
M. Pagé: ... et les mots pour le dire arrivent
aisément, selon Boileau. C'est cela?
M. Chevrette: C'est cela, vous ne buvez pas trop.
M. Pagé: J'en étais à dire, Mme le
Président, avant que le député de Joliette-Montcalm
m'interrompe comme cela... C'est que ce que j'ai demandé au ministre et
aux gens de l'OCQ, ce n'est pas de soumettre l'adoption du règlement
à une acceptation de la part de la commission parlementaire. Ce que j'ai
demandé, purement et simplement, c'est qu'en plus d'avoir la
démarche de la part de l'OCQ auprès du comité mixte,
lorsque le gouvernement, le lieutenant-gouverneur, la couronne, lorsque vous,
vous serez saisi du projet de règlement ou des projets de modifications,
pourquoi ne pas en faire une commission parlementaire pour que les
députés puissent se prononcer?
Je conviens que ce que vous allez faire, c'est un meeting de votre
caucus, des gens du Parti québécois; vous allez amener vos
tableaux, vos spécialistes et vous allez leur dire: C'est cela qu'on
veut et c'est cela qu'il faut. Et l'Opposition ne sera pas consultée
là-dessus. On ne demande pas que le pouvoir décisionnel soit
remis entre les mains de l'Opposition, ce serait aller contre le système
parlementaire dans lequel nous avons à évoluer. Ce qu'on demande,
c'est d'être consultés, purement et simplement, avant que cela
s'applique.
On reçoit une fin de non-recevoir. Cela évoque très
bien la...
M. Johnson: Qu'est-ce qu'on fait depuis deux jours?
M. Pagé: Mais on ne parle pas sur un projet de
règlement comme tel.
M. Chevrette: II y en a tout le temps. On parle des
amendements...
M. Pagé: On dégage les problèmes, à
la lumière de l'expérience.
M. Johnson: C'était cela, le mandat de la commission.
M. Pagé: C'est cela, Mme le Président. Vous voyez
comment ces gens sont démocratiques.
Vous voyez cela, n'est-ce pas? La transparence, la
démocratie...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député,
s'il vous plaît!
M. Pagé: Que vous devez trouver cela dur quelquefois
d'être obligés d'être impartiaux! Je suis convaincu que,
quelquefois, et souvent, si vous pouviez vous prononcer sur le fond, vous
seriez d'accord avec l'Opposition.
M. Chevrette: Ce serait le contraire. C'est vous qu'on
ramènerait à l'ordre.
M. Pagé: Sur la question du règlement, on ne peut
pas aller plus loin, on ne peut pas être davantage consultés.
Je reviens à la question du placement comme tel.
M. Chevrette: Non, ce n'est pas du chantage.
M. Pagé: Vous savez, messieurs de l'OCQ, on a eu plusieurs
critiques portées à votre endroit justifiées ou non,
c'est ce que vous pourrez me répondre sur la façon dont le
travail se faisait chez vous.
Premièrement, plusieurs salariés se sont plaints de la
difficulté qu'ils ont à recevoir des réponses dans des
délais assez brefs, à pouvoir expliquer ce qu'ils soutiennent,
à pouvoir toujours rencontrer la même personne pour l'étude
ou l'analyse de leur dossier. Plusieurs entrepreneurs un plus grand
nombre dans ce cas-là se sont plaints que, dans la question de la
référence d'embauche, cela n'allait pas plus ou moins bien, cela
n'allait pas du tout.
(12 h 15)
Vous référez à un entrepreneur, un employeur qui a
besoin de personnel, cinq ou un nombre de personnes qui possèdent la
classification requise. Souventefois, cet entrepreneur doit communiquer avec
ces gens. Souventefois, cet entrepreneur se fait répondre par d'aucuns
qui sont sur la liste, soit qu'ils ne sont pas intéressés, soit,
comme les gens de l'AECQ le disaient hier: J'arrive de la baie James, je ne
suis pas intéressé à recommencer tout de suite. Cela fait
en sorte que les gens ne sont pas satisfaits. Cela fait en sorte que les gens
veulent vous adresser des critiques; bien souvent, ils tentent de le faire par
téléphone, mais les lignes sont occupées, donc, ils ne
peuvent pas le faire. Ce qu'ils font, dans ce temps-ià, ils viennent
voir le député. Ils disent: Cela ne marche pas. On n'est pas
content et on n'est pas satisfait; on avait un travail qui commençait le
mardi matin; on a demandé des gars le lundi et, le jeudi, on en n'avait
pas encore rejoint un seul, aucun n'était disponible.
Le ministre soutient que cela va bien, que cela va pour le mieux dans le
meilleur des mondes, qu'il n'y a pas de problème. Ce problème
n'est certainement pas spécifique au comté de Portneuf. Je
conviens qu'on doit observer ces faits dans plusieurs autres comtés du
Québec où les petits entrepreneurs se plaignent du service.
Remarquez que je ne mets pas en doute la bonne foi ou la volonté des
gens à l'Office de la construction du Québec de donner un bon
service. Ce n'est pas cela du tout. Je suis convaincu que ces gens veulent
donner un bon service. Mais comment se fait-il que le service provoque autant
de critiques?
M. Després: M. le député, il est important
que vous sachiez qu'au moment d'implanter un système d'une telle
envergure, il peut y avoir des accrochages de départ et il doit, sans
aucun doute, y avoir une espèce de période de rodage. Vous
comprendrez du même coup que lorsqu'on part d'une activité
où il y avait environ 138 000 salariés l'année
précédente et qu'on donne, dans un premier jet, environ 105 000
certificats de classification, on prive un nombre assez substantiel de
personnes qui venaient dans l'industrie se chercher un revenu d'appoint, revenu
sur lequel elles comptaient finalement.
Je pense qu'il était un peu normal qu'on se retrouve dans une
situation où nos bureaux étaient pris, à toutes fins
utiles, envahis, par ces gens. Il y a quand même cette période
qu'on a dû passer où on a dû répondre à plus
de gens qu'il aurait fallu dans pareil cas. Vous comprendrez du même coup
que l'office ne pouvait pas, pour une situation particulière comme
celle-là, d'abord qui était peut-être imprévisible
quant au nombre de gens qui ont pu se présenter, mettre en place une
structure qui exigeait en quelque sorte des gens d'une certaine
expérience pour pouvoir donner un service adéquat à ces
gens.
On a tenté de pallier ces arrivées en grand nombre de
salariés ou d'employeurs qui venaient nous interroger par le service ou
par l'emploi d'employés surnuméraires ou temporaires. Du
même coup, on était sûr qu'on ne pouvait conserver le
même niveau d'efficacité ou de qualité de service qu'on
donnait à notre clientèle. Cependant, on a fait l'impossible pour
essayer de donner le meilleur service comme tel.
Lorsque vous parlez du système de référence que le
règlement de placement met à la disposition des employeurs, il y
a eu tellement de choses qui ont pu se dire sur le sujet de la
référence que je ne suis pas sûr qu'à un moment
donné, l'employeur n'a pas été mal informé, en ce
sens que l'employeur, lorsqu'il prévoyait un service de
référence par l'office, s'attendait beaucoup plus peut-être
à un service d'une autre nature, un service de placement au même
titre qu'il peut l'obtenir des bureaux de placement ou des organismes de
placement qui sont en place pour donner un tel service.
On a dû, dans le feu de l'action, essayer d'expliquer à
l'employeur que notre système se limitait à remettre un nombre de
noms correspondant aux besoins du salarié et, autant que possible, qui
répondait aux exigences finalement des emplois disponibles pour que ce
dernier puisse s'adresser à ces mêmes personnes en vue de les
embaucher. C'est assez difficile. On a fait un
recensement qui avait pour but de recueillir toutes les
compétences des salariés comme tels; on aurait pu utiliser une
autre forme qui aurait été celle, par exemple, d'utiliser les
entrepreneurs et leur demander les qualifications ou les emplois exercés
par leurs salariés au cours des trois dernières années. Je
suis convaincu qu'on aurait eu une information d'une qualité
drôlement supérieure à celle qu'on a actuellement.
Cependant, je pense que c'était pour nous la voie facile, mais
peut-être la voie trop compliquée ou trop onéreuse pour les
entrepreneurs en construction. On a choisi de poser ces mêmes questions
directement aux salariés qui, eux, n'ont pas hésité. Je
pense que c'est un peu normal, c'est un peu humain. C'est une réaction
humaine, d'en mettre plus qu'il n'en fallait. Ce qui se produit, c'est qu'on
procède actuellement, et depuis le début, à une
espèce d'épuration sur les prétendues compétences
des salariés qu'on a dans nos fichiers.
Il y a aussi une part de ce mauvais fonctionnement qui est attribuable
à la souplesse dont l'office a bien voulu faire preuve avec
l'implantation d'un pareil régime. Il y a des entrepreneurs qui ne
communiquent peut-être pas toujours les embauches et les mises à
pied comme ils doivent le faire, selon les obligations qui leur incombent en
vertu du règlement. Cela contribue aussi, en partie, à
créer une espèce de distorsion au niveau de notre fichier de
disponibilité.
En dernier lieu, naturellement, il y a les négligences de tout
salarié qui décide de changer d'adresse ou de changer de
numéro de téléphone de nous communiquer ces
renseignements. Je pense que cela explique en bonne partie le mauvais
fonctionnement du système de référence. Après avoir
quand même fonctionné durant un certain temps, j'ai l'impression
qu'on va s'améliorer. Cependant, je pense tout à fait
approprié de vous dire que le système de référence
comme tel ne sera jamais un système de qualité concurrentielle
à celui qui peut être offert par les organismes de placement.
Le dernier point que vous avez couvert et que je pense important de
rappeler, c'est que le système de référence de l'office
n'est pas l'exclusivité ou le seul moyen pour l'employeur de
s'approvisionner en main-d'oeuvre. Il y a quand même les centres de
main-d'oeuvre des gouvernements qui sont en place pour répondre aussi
à pareilles demandes. Il y a les agences de placement syndicales. Il y a
le libre marché, finalement, qui est actuellement, même
aujourd'hui, au moment où on se parle, de l'ordre de 80% dans
l'industrie de la construction.
M. Pagé: Le gros problème dans tout cela et le
reproche le plus fréquent qu'on adresse à l'OCQ, c'est de ne
pouvoir donner un service personnalisé. Je m'explique. L'entrepreneur
qui a besoin d'un ouvrier ou d'une personne spécialisée, etc.,
c'est possible qu'il se voie référer une personne, par l'Office
de la construction du Québec, qui ne répond pas aux
critères demandés, mais il est obligé de l'accepter. Je
comprends que vous ne soyez pas en mesure de donner ce service, parce que
l'obligation qui appartient à l'OCQ, c'est de référer sur
la base des personnes qui sont classifiées A ou B, selon le mandat que
vous avez en vertu de ce règlement.
Cette partie du travail qui vous appartient, la classification A ou B,
la référence d'embauche pourrait être faite par un autre
organisme, lequel organisme pourrait mettons de côté les
agences de placement syndicales, le gouvernement a dit qu'il n'en était
pas question et le ministre du Travail a dit qu'il n'en était pas
question. Ne serait-il pas possible, par exemple, que le placement se fasse par
les centres de main-d'oeuvre du Québec, en collaboration avec les
agences de placement syndicales, et que l'Office de la construction du
Québec fournisse aux centres de main-d'oeuvre du Québec les
listes de personnes classées A et B? L'employeur, l'entrepreneur qui a
besoin d'un employé avec telle spécification, en termes de
compétence ou d'expérience ou de capacité physique ou
autres, ne croyez-vous pas qu'il pourrait recevoir un meilleur service, un
service plus personnalisé qui corresponde davantage à ses besoins
que ce que vous faites actuellement? Je comprends que vous ne puissiez pas
faire autre chose que cela, parce que vous avez à administrer un
règlement en fonction de la classification purement et simplement.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Johnson: Mme la Présidente, vous permettez? Avant que
M. Després soit appelé à répondre, je veux
seulement faire une parenthèse ici sur la notion, encore une fois, de
référence, qui est le mandat de l'office. L'office n'a pas un
mandat de placement. Il fait de la référence. Le monde syndical
lui reproche de faire du quasi-placement. Le monde patronal lui reproche de ne
pas fournir un service qui est de la qualité d'une agence de placement
proprement dite à certains égards. Je vois M. Dagenais qui
proteste. Je pense que j'ai bien entendu M. Dagenais dire hier qu'il faudrait
que ce soit une source possible aussi valable que le CMC, CMQ et donner la
liberté à l'employeur de faire ces choix. Non? Je vais vous
permettre de répondre, si vous pensez que je vous ai mal cité.
Oui, allez-y!
M. Dagenais (Michel): Je vous remercie. La
référence, ce qu'on dit, c'est que le règlement stipule
que l'office remet la liste des salariés disponibles et aptes à
effectuer un emploi. D'accord? Je pense que M. Després a, avec justesse,
expliqué les différentes raisons pour lesquelles on a certains
problèmes. Mais là où on ne s'entend pas, c'est que, pour
nous, quelqu'un qui est disponible et apte à effectuer un emploi, ce
n'est pas un gars qui est malade, chez lui, parce qu'il a eu un accident, et ce
n'est pas un gars qui revient de la baie James, qui n'est pas
intéressé à travailler, ce n'est pas non plus un gars qui
n'est pas qualifié pour faire le travail.
Tantôt, on a parlé de faire un inventaire, de reprendre, si
vous voulez, de revoir, avec les salariés, s'ils sont vraiment
qualifiés pour effectuer un travail. C'est ce qu'on voudrait qui soit
fait et on voudrait que ce soit fait pour qu'un entrepreneur ne se voie pas
référer quelqu'un qui n'est pas apte et disponible pour effectuer
le travail. C'est là la grosse différence. On a aussi
insisté, hier, sur les CMC et CMQ; ils seraient une source de placement
aussi efficace, ils pourraient devenir une source de placement aussi efficace
que les agences syndicales de placement, parce qu'ils en font du placement, ils
font des entrevues avec les gens, ils les réfèrent à
l'employeur et, quand le gars est référé, en
théorie, l'entrepreneur va le prendre, à moins qu'il n'y ait une
certaine incompatibilité de caractère ou quelque chose du genre.
C'est ce qu'on voudrait qu'il se fasse, ainsi.
M. Johnson: Je veux bien accepter les nuances que vient
d'émettre M. Dagenais. Je vais ajouter un autre bémol à
ça; c'est sur le placement par les agences syndicales.
On a entendu tout à l'heure M. Girouard dire qu'il avait pris
connaissance, à l'époque où il était sur un
chantier de la baie James, d'une directive de l'AECQ incitant les gens à
ne pas faire affaires avec les agences de placement.
Je veux bien croire, M. Dagenais, que vous n'avez pas à porter
l'unique responsabilité de cette directive, puisque je présume
que c'est le conseil d'administration de l'AECQ qui en a décidé
ainsi, mais je trouve ça un peu paradoxal avec ce que j'ai entendu hier,
quand on disait: Dans le fond, ce que l'employeur doit avoir, c'est un choix.
Je veux bien qu'il y ait un choix. Je constate que, dans la
réalité, il y a 80% du placement qui est fait sur la base du
marché et non pas à travers les agences de placement. Mais, si je
comprends bien aussi, l'AECQ a dit aux employeurs: Arrangez-vous donc pour ne
pas faire affaires avec les bureaux de placement syndicaux. C'est une
façon que je me permettrai carrément de qualifier
d'inintelligente que d'essayer de régler le problème de la
qualité du placement. C'est peut-être en tenant pour acquis que
c'est bien mauvais au niveau des relations de travail, mais, tant qu'il y aura
du monde qui raisonnera comme ça, on va avoir des problèmes dans
les relations de travail au Québec.
Finalement, ceci dit, j'ajouterais que si les entrepreneurs voulaient
vraiment contribuer à mettre de côté le genre de
difficultés qu'ils ont déjà connues dans le passé,
qu'ils peuvent encore peut-être connaître à certains
égards, avec certains groupes syndicaux, ils devraient faire faire le
placement, par exemple, des plombiers et des "pipe fitters", à
Montréal, par le local 144, plutôt que de faire affaires avec
d'autres personnes qui sont ceux qui placent le monde. Que je sache, ce n'est
pas un moyen très vertueux et d'ordre public, ce qui est utilisé
actuellement pour placer les plombiers et les "pipe fitters" à
Montréal. Je pense que le monde patronal devrait répondre,
à un moment donné.
Ceci dit, je demeure convaincu que, quant au placement syndical, ce
serait aberrant de confier un monopole, ce serait exorbitant parce que
ça n'existe pas ailleurs dans notre société, sauf dans
quelques métiers très particuliers comme, par exemple, les
pressiers. Mais je pense qu'il faut aussi considérer que le placement
syndical est une source alternative réaliste, intelligente qui, en fin
de compte, peut produire de meilleures relations de travail, un meilleur
climat, une productivité supérieure. Je présume que, en
général, le gars, dans son bureau de placement syndical,
connaît les qualités et la disponibilité de ses hommes. Je
souhaite voir le monde patronal avoir recours à ça le plus
possible, encore une fois, en conservant son choix, à moins que l'office
ne nous soumette le contraire, mais, encore une fois, en lui permettant de
conserver son choix et non en excluant, par définition, le placement
syndical.
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous ferai remarquer que
nous sommes maintenant pressés par l'heure. Je reconnaîtrai M. le
député de Bellechasse, quitte à reconnaître d'autres
députés, quand nous aurons fait le tour.
M. Mailloux: Puis-je vous demander une faveur? Etant donné
que nous avons entendu l'opinion de M. Dagenais, pourrions-nous entendre
l'opinion de M. Pouliot sur le sujet dont vient de traiter M. Dagenais?
Le Président (Mme Cuerrier): Je voudrais bien que les
autres intervenants des différents partis politiques qui participent
à cette commission puissent le faire. Est-ce que, par le biais d'une
autre intervention, nous ne pourrons pas le faire? J'espère que oui. (12
h 30)
M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Mme le Président, juste une question...
M. Pagé: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député,
vous avez déjà utilisé une partie du temps de la
commission. Je vous reconnaîtrai volontiers quand nous aurons fait le
tour des intervenants.
M. Goulet: C'est seulement une question de directive. Nous avons
jusqu'à 13 heures, je présume. Je pense que, depuis hier,
ça a été très bien de ce
côté-là, personne n'a fait de procédurite. Quant
à la proposition du député de Charlevoix, je n'ai aucune
objection, naturellement à ce qu'on entende M. Pouliot dans un temps
très limité. Le député de Portneuf aurait
également une très courte question. Si vous voulez bien lui
donner la permission sur mon temps, j'aurai une question à poser aux
gens de l'OCQ.
Le Président (Mme Cuerrier): II y a consentement, M. le
député...
M. Chevrette: Cela a dépassé...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: J'ai fait hier une suggestion à
l'Opposition. Je ne veux pas étirer le débat. J'avais
demandé qu'à la fin de la séance, si c'était
possible, on puisse faire un rapide tour de table pour ceux qui voudraient
s'exprimer, faire un genre de synthèse des suggestions qu'on fait,
autant à l'office qu'au ministre, parce que ce serait peut-être
bon de ramasser ces suggestions pour voir ce que chacun a perçu et ce
que chacun souhaiterait.
M. Pagé: On a encore d'autres questions et je suis
convaincu que le député de Beauce-Sud a encore des questions.
J'en aurais une très brève pour terminer.
M. Johnson: Est-ce qu'on pourrait, très brièvement,
permettre à M. Pouliot et aussi à M. Bourdon... Je sais qu'il
doit quitter la salle parce qu'il a un train à 13 heures; je viens de
l'apprendre. Est-ce que M. Pouliot permettrait, même si c'est la
majorité des effectifs de la construction, que M. Bourdon puisse
s'exprimer le premier?
Le Président (Mme Cuerrier): Est-ce qu'il y a
consentement? M. Bourdon, rapidement, s'il vous plaît.
Des Voix: Pas d'objection.
M. Bourdon: Mme le Président, quant à nous, il est
important que le règlement demeure et la meilleure garantie qu'il
demeure, c'est qu'il soit suffisamment souple pour répondre aux
objectifs qu'il poursuit. Cependant, il nous semble aussi important de ne pas
obéir à la tentation de faire semblant de maintenir ces fins,
mais, en pratique, de le changer d'une façon telle que ce ne soit pas
possible. Dans notre mémoire, je pense qu'on a fait preuve de souplesse
sur un certain nombre de choses dont on est prêt à rediscuter au
comité mixte avec l'office, parce qu'on n'a pas la vérité
plus que d'autres.
Cependant, on insiste pour que la question des artisans soit
réglée sans délai pour qu'il soit possible, en vertu de la
loi 110, qu'ils travaillent, mais pour un entrepreneur, que ce soit
après ceux qui sont classifiés parce que, quant à nous,
c'est une question fondamentale. Il y a une chose que je voudrais rappeler aux
députés, c'est qu'il ne sera jamais possible de trouver des
modalités qui satisfassent tout le monde, pour la bonne raison que,
historiquement, les gens ont pris l'habitude de venir dans la construction pour
y chercher un travail d'appoint, un travail supplémentaire, pour se
dépanner pendant une grève ou pour d'autres raisons. Il y aura
toujours, dans les bureaux de députés, des gens qui vont s'en
plaindre.
Je pense qu'il y a une masse de gens qui sont de vrais travailleurs de
la construction qui sont satisfaits du règlement et cela s'exprime dans
nos assemblées syndicales.
M. Pagé: La question, c'était la qualité de
la référence.
M. Chevrette: Vous avez passé votre message, mais
pourriez-vous répondre à la question?
M. Bourdon: Je m'excuse, j'ai manqué un peu. Quant
à la qualité de la référence, je pense qu'il faut
tenir compte que l'office avait le mandat de référer, qu'elle a
fait un recensement. Je vais mentionner quelques exemples. Au recensement, on
disait: Etes-vous prêt à aller travailler dans un chantier
isolé tel celui de la baie James? Le recensement a été
fait pendant une période tranquille, des milliers ont dit oui. Ceux qui
avaient dit oui, quand ils ont vu un chantier de route partir dans leur
région, s'ils étaient opérateurs, quand est venu le moment
de référer, n'étaient plus disponibles.
Je pense qu'il y aurait des solutions différentes, mais qui
seraient nécessairement assez coûteuses, c'est-à-dire que
l'office raffine peut-être les données de son recensement. Je ne
pense pas que l'office ait manqué dans sa façon de le faire,
mais... Un autre exemple. Dans un métier, il y a un certain nombre de
spécialités et il y a de l'expérience que quelqu'un
acquiert. Il y a des travailleurs qui ont eu tendance à en mettre plus
qu'ils n'en ont réellement pour augmenter leurs chances de travailler.
Au point de vue de la référence, je pense qu'on devrait regarder
la qualité du recensement pour le raffiner et avoir de meilleures
données à fournir aux employeurs.
Un dernier point qui m'apparaît très fondamental quant
à la référence, c'est que, dans le fond, les employeurs ne
donnent pas signe de vouloir vraiment se conformer au règlement de
placement à cet égard. Le ministre mentionnait une directive. Je
mentionnerai un passage que j'ai entendu, qui doit être consigné
au journal des Débats d'hier. Un des intervenants de IAECQ disait: On
appelle au bureau de placement syndical et on dit: Envoie-moi tes bons. En
vertu du règlement de placement, l'agent syndical n'a pas le droit de
faire cela, de faire du favoritisme pour un bon. Selon sa règle, c'est
le premier arrivé, le premier référé; il n'a le
droit que de fournir le premier qui est sur sa liste. Je pense que du
côté des employeurs, ce qu'on veut, c'est le libre choix total
d'en regarder quatre et de dire: Lui a vraiment les cheveux bruns,
coupés comme je les airne, je vais le prendre. Je pense que tant que
cela va durer, il va certainement y avoir des difficultés.
Un dernier point quant à la référence. Il faudrait
peut-être s'interroger à l'égard du règlement de
placement sur la pratique des listes noires. Parce qu'un
délégué de chantier, des fois, a beau être
référé souvent par l'office, il n'a pas les
qualités et l'expérience et le type de beauté de travail
en équipe de tous les gars ensemble que l'employeur recherche. Je pense
que c'est un problème réel, surtout qu'au niveau du gouvernement
lui-même, cela se pratique surtout à la baie
James. On a trois ou quatre cas par semaine de gens barrés que
l'entrepreneur veut prendre, mais que la SEBJ n'aime pas pour toutes sortes de
raisons qui ne sont pas toujours de bonnes raisons. Je pense qu'on peut
améliorer le système de référence, sauf que si
l'employeur veut faire un encan de travailleurs, à savoir lequel va
être le plus zélé, je pense qu'on le fausse. Effectivement,
au niveau du placement syndical, il n'est pas exclu qu'il s'en fasse et cela
peut être bon qu'il s'en fasse, sauf que si l'AECQ donne une directive:
"Garrochez-vous" tous sur l'office et que l'office est débordé,
après cela c'est un peu facile de dire: L'office est
débordé et il ne répond pas au
téléphone.
Le Président (Mme Cuerrier): M. Pouliot.
M. Pouliot (Maurice): Mme la Présidente, MM. les membres
de la commission, je pense qu'à la lumière des réponses et
des questions, on s'aperçoit de plus en plus que le Conseil provincial
des métiers a raison lorsqu'il demande l'exclusivité du placement
syndical. Il est bien sûr que l'OCQ n'est pas en mesure de
référer les véritables travailleurs dû aux
spécialités à l'intérieur d'un métier et le
recensement tel qu'il est mentionné à l'article 12.04, on a, de
la part du représentant de l'OCQ qui nous dit: Cela n'a pas
fonctionné. La plupart des travailleurs ont indiqué qu'ils
pouvaient faire toutes les spécialités, ce qui n'est pas tout
à fait véridique.
Dans un deuxième temps, l'AECQ dit: Cela n'a pas de bon sens, les
noms qu'on nous suggère. Ce que le conseil des métiers
recommande, c'est justement qu'ils ne réfèrent plus de noms
à l'OCQ et qu'on passe par l'entremise des bureaux de placement. Il est
bien sûr qu'il y a un boycottage systématique de l'AECQ qui veut
à tout prix qu'on perde les bureaux de placement et qu'on ne puisse plus
placer de travailleur de l'industrie, mais on a des preuves contraires avec des
chiffres qui sont fournis aujourd'hui.
Il y a cette question, lorsque le ministre apporte le fait qu'il y a un
amendement. On n'est pas tout à fait d'accord que l'office de la
construction va dans le meilleur des mondes, parce qu'ils ne sont pas
prêts à émettre les certificats de classification dû
probablement au problème d'informatique qu'il y a à l'office,
dû à la convention collective qui a été
retardée. Il faudrait sûrement tenir compte du fait que l'office
de la construction ne réfère pas le travailleur qui est en
chômage depuis le plus de temps. On réfère des noms sans
tenir compte des périodes de chômage.
On a mentionné, hier, la discrimination qui existe dans les
références face aux travailleurs d'un certain âge et face
au délégué de chantier. Il faudrait sûrement prendre
cela en considération. On est totalement opposé à ce qu'il
y ait un autre recensement et qu'on continue à jouer avec les
travailleurs de l'industrie et de les pénaliser en fin de compte face
à des administrations sur lesquelles on peut se poser de
sérieuses questions concernant la référence de l'OCQ qui,
pour nous, n'est pas applicable.
Le Président (Mme Cuerrier): Le ministre.
M. Johnson: Mme la Présidente, si vous permettez. Si j'ai
bon souvenir, cependant, M. Pouliot, de la même façon que
ça m'ennuie de voir l'AECQ dire aux employeurs: Ne faites pas affaires
avec les bureaux de placement syndicaux et qu'on accuse l'office d'être
débordé de demandes, de la même façon, à ma
connaissance, en tant que secrétaire général de la
FTQ-Construction, vous avez recommandé à vos membres de boycotter
le recensement et vous vous en êtes vanté d'ailleurs publiquement.
Cela, je ne suis pas sûr que c'était la meilleure attitude. Je ne
pense pas que vous puissiez reprocher, avec une très grande
sérénité d'esprit, à l'OCQ d'être aux prises
avec des références dans certains cas qui sont inexactes, puisque
vous avez littéralement incité certains de vos travailleurs
heureusement qu'ils n'ont pas suivi parce que, dans un premier temps, je
me souviens bien que vous visiez un boycottage, à savoir que non
seulement les gens remplissent n'importe quoi sur les formules, mais qu'ils ne
les envoient pas, ces formules.
Cela n'a pas empêché que dans 80% des cas, ils les aient
envoyées, heureusement. Mais j'aimerais voir les syndicats de la
construction, y compris ceux de la FTQ, collaborer de façon correcte,
aussi, avec cet effort au niveau de la qualité du recensement. Je pense
qu'évidemment, comme disent les Anglais, c'est un "self-defeating
prophecy" ou un "self-fulfilling prophecy". Vous dites que ça va mal,
mais vous vous êtes arrangés, en cours de route, pour
déployer un tas de moyens pour ne pas que l'office ait une
qualité de référence qui est à souhaiter. Je pense
que c'est une affaire d'attitude et de la part de l'AECQ, c'est la même
chose, quant à moi. Ils ne devraient pas avoir peur des bureaux de
placement syndicaux, ce sont des affaires de grand-mère et de
vieilleries. Il y en a un dont ils devraient se servir en particulier, je
reviens là-dessus, c'est le 144. C'est un local qui a de l'allure,
maintenant. On essaie de faire en sorte qu'il ait un peu plus d'allure et je
pense qu'il y a des travailleurs qui sont en train de le rebâtir en
dehors d'un univers qu'on a déjà connu au Québec.
Il va falloir que les employeurs fassent leur part pour ça
aussi.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Bellechasse, nous avons déjà emprunté
considérablement sur le temps qui vous est alloué.
M. Pagé: Très brève question... Une Voix:
J'avais permis...
M. Pagé: ... il y a un pourcentage d'effectif à
l'Office de la construction du Québec actuellement qui travaille au
placement.
Une Voix: II n'y en aura plus.
M. Pagé: On va arrêter. Très
brièvement, le dernier volet de la question: Le pourcentage
d'effectif qui s'occupe du placement par rapport aux autres attributions
de l'office, en termes de sécurité et autres, c'est quoi?
M. Lapointe: Mme la Présidente, M. Després vous
donnera le nombre de personnes au service de placement au niveau central, mais
dans les régions, comme je l'ai mentionné tout à l'heure,
les bureaux régionaux ont plusieurs mandats, dont le règlement de
placement. Ils ont quatre principaux mandats dont le placement, les avantages
sociaux, l'application du décret, la sécurité sur les
chantiers de construction; donc, une partie du travail dans les bureaux
régionaux concerne le règlement de placement. C'est difficile de
vous dire le pourcentage exact et M. Després pourra peut-être
compléter en ce qui concerne son service et d'autres informations.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Mme la Présidente, j'aimerais garder mon
temps... oui, il va répondre... pour une remarque générale
à la fin. C'est ce que je voulais vous demander.
Le Président (Mme Cuerrier): D'accord. M. Goulet:
Monsieur a une réponse?
Le Président (Mme Cuerrier): M. Després, vous aviez
l'intention d'intervenir?
M. Després: Sur le pourcentage de l'effectif
affecté au règlement de placement, au niveau du siège
social, on a environ une quinzaine de personnes qui travaillent au
règlement de placement, alors que dans les bureaux régionaux,
comme le dit M. Lapointe, vous avez des gens qui sont affectés à
plusieurs mandats à la fois. Vous pouvez compter environ une trentaine
de personnes.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, Mme la Présidente. J'ai une grosse question
à poser aux gens qui sont devant nous ce matin; je voudrais leur
demander pourquoi l'OCQ est un organisme déshumanisé, grosse
question! J'aimerais qu'on tente de me répondre là-dessus.
M. Johnson: Si vous permettez, avant de laisser M. Lapointe
essayer de répondre à cette question philosophique, je ferais
remarquer, à M. Lapointe que je sais que le député de
Beauce-Sud a déjà qualifié la Commission des accidents de
travail également d'être déshumanisée et qu'en
général, il qualifie les organismes de plus de 100 personnes
d'être particulièrement déshumanisés.
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président, mais les propos du
ministre ce matin vont franchement un peu loin. Je pense qu'on l'a
laissé libre de poser ses questions. Je n'ai pas censuré ses
questions, je n'ai pas l'intention de censurer les questions de quiconque, mais
je n'accepterai pas qu'on censure les questions qui sont posées ce
matin.
J'ai posé une question et je l'ai posée bien
intentionnellement. J'y ai bien pensé.
Le Président (Mme Cuerrier): M. Lapointe.
M. Lapointe: Je ne sais pas si on pourrait demander au
député de Beauce-Sud de préciser un peu sa question, parce
que c'est assez général comme accusation. C'est peut-être
justifié. J'aimerais quand même avoir des précisions. (12 h
45)
M. Roy: Ce n'est pas une accusation, c'est un point de fait. Je
vais préciser, parce que je m'attendais à la deuxième
question. Les plaintes que j'ai reçues à mon bureau viennent non
seulement de mon comté, mais de bien des gens en dehors de la
région chez nous. Ils se plaignent, à un moment donné, de
la façon dont ils sont reçus à l'office. Première
plainte. Je serais tenté de faire une comparaison avec les anciens
bureaux qu'il y avait dans les années trente, quarante, les anciens
bureaux qui engageaient les bûcherons, sur la rue Saint-Paul, à
Québec, qui traitaient ces gens comme des parias de la
société.
Je pose la question. Pour quelle raison, au niveau de l'Office de la
construction du Québec, ne reçoit-on pas mieux je tiens
à préciser ma question les travailleurs qui s'adressent
à l'office pour avoir des services?
Le Président (Mme Cuerrier): M. Lapointe.
M. Lapointe: Je vais commencer la réponse à cette
question, M. le député de Beauce-Sud, quitte à laisser M.
Després la compléter. Je ne suis là que depuis quelques
mois seulement, mais je constate que, dans les bureaux régionaux,
à cause des différents mandats qu'on a confiés et qui vont
en augmentant, et peut-être que la période de rodage n'est pas
encore terminée, comme on l'a mentionné, il y a un achalandage
dans ces bureaux régionaux de l'office qui fait que peut-être
certains employés sont débordés de travail, ce qui les
rend peut-être moins humains dans leur accueil aux travailleurs.
Peut-être que la réaction humaine est là. Il faut
faire des efforts pour améliorer la qualité de l'accueil dans les
bureaux régionaux et nous nous penchons sur ce problème
actuellement.
M. Roy: Je sais que je vous ai posé cette question de
façon très brutale. Si j'ai posé cette question, c'est que
je veux effectivement que cela fasse un choc au niveau des dirigeants de
l'office. Je pense que cela a eu de l'effet ce matin. Mais qu'on donne des
instructions au personnel qui travaille dans les bureaux de recevoir les
travailleurs de la construction comme des êtres humains, de les recevoir
comme des hommes. C'est cela que je demande, M. le Président.
Je suis un peu surpris, M. le Président, quand on parle de l'OCQ,
d'entendre les remarques qui ont été faites ce matin: on n'est
pas en mesure, on est en période de rodage, il y a un achalandage. Je
serais un peu porté à rappeler les propos que j'avais tenus
à l'honorable ministre en lui demandant si on avait effectivement les
structures, le personnel, les moyens, à l'Office de la construction du
Québec, pour administrer et pour exécuter les fonctions qu'on lui
attribuait, pour exécuter et assumer les responsabilités qu'on
voulait bien lui faire assumer.
Les mêmes remarques, M. le Président, à ma grande
surprise... Mme la Présidente, je m'excuse, c'est parce qu'on n'a pas
souvent l'honneur d'avoir Mme la Présidente en commission
parlementaire.
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous pardonne d'avance
tous les lapsus. Je devrais présider plus souvent, M. le
député de Beauce-Sud, en effet.
M. Roy: Vous avez bien raison et je serais bien d'accord sur
cela.
Mais, en 1972-1973, dans le temps où cela portait le nom de
Commission de l'industrie de la construction, j'ai entendu les mêmes
remarques. On nous a dit qu'il y avait une période de rodage, qu'il
fallait évidemment en venir à améliorer les structures,
que nous étions en période autrement dit de
formation de personnel, qu'il y avait, à un moment donné, des
fichiers à compléter, que nous devions organiser un centre de
données, etc. On est en 1979 et la mission qui vous a été
confiée, les responsabilités qui vous ont été
confiées d'administrer le règlement de placement dans la
construction, responsabilités énormes parce que vous aviez entre
les mains le pouvoir de décider, de dire à des gens: Vous ne
travaillerez pas... Vous aviez ce pouvoir entre les mains. C'est un pouvoir
immense qui vous a été confié par la législation
déléguée, comme disait le ministre tout à l'heure.
Cela implique des responsabilités et cela implique aussi, à un
moment donné, l'utilisation de ce que je pourrais appeler un certain
code d'éthique dans l'exercice du métier, dans l'exercice de la
profession, dans l'exercice de vos responsabilités, devrais-je
plutôt dire, vis-à-vis des travailleurs.
J'espère que ces remarques ont été retenues et que
nous pourrons compter sur des améliorations prochaines. J'aimerais
demander combien de plaintes ont été portées à
l'Office de la construction du Québec. Combien de plaintes avez-vous
reçues, des plaintes sur le règlement de placement, sur des
décisions que vous avez rendues?
M. Després: Je peux vous dire que c'est assez difficile
d'évaluer le nombre de plaintes. Comme je l'ai mentionné au
début, c'est sûr que tous ceux qui n'ont pas obtenu de certificat
de classification ont pu se plaindre. On pourrait dire qu'il y a eu 5000
personnes qui se sont présentées aux bureaux de l'office pour se
plaindre de ne pas avoir eu de certificat.
M. Roy: Avant qu'une personne se réfère au
commissaire au placement, elle doit enregistrer une plainte à l'office
sur une décision qui est rendue?
M. Després: Une demande de révision.
M. Roy: Une demande de révision ou une plainte à
l'office; combien en avez-vous eu?
M. Després: Au moins 925 qui se sont rendues jusqu'au
commissaire au placement. Quant aux autres cas, M. le député de
Beauce-Sud, je dois vous informer qu'il y a des mesures particulières
qui s'appliquent au niveau du règlement de placement concernant, par
exemple, les gens qui ont été victimes de maladie, les gens qui
ont travaillé à l'extérieur du Québec et, si vous
considérez ces cas comme étant des cas de plaintes, je pense que
c'est par milliers qu'ils sont venus chez nous, qu'ils se sont
présentés. Les gens pour qui nous n'avons pu donner suite, en
fait, les demandes auxquelles nous n'avons pu acquiescer, il y en a un minimum
de 925 et il pourrait peut-être y en avoir quelques milliers.
M. Roy: Je n'estime tout de même pas que tous ceux qui ont
demandé une révision à l'office, parce qu'il y a quand
même une demande formelle qui est faite, ont été
refusés et ont dû être reportés au commissaire au
placement.
M. Després: Je voux explique, M. Roy...
M. Roy: Mais vous n'avez pas de données
précises.
M. Després: Je n'ai pas de données précises
sur le nombre de plaintes qui...
M. Roy: J'aimerais demander, dans un deuxième temps, quels
sont les renseignements que vous pouvez fournir aux employeurs qui s'adressent
à vos bureaux, lorsqu'ils désirent avoir la main-d'oeuvre,
connaître les noms de la main-d'oeuvre disponible. Quels sont les
renseignements que vous pouvez leur fournir?
M. Després: Le système actuel est conçu de
telle sorte qu'on fournit aux employeurs qui en font la demande un certain
nombre de noms de salariés dont les qualifications correspondent aux
exigences des emplois disponibles. Il s'agit donc du nom, du prénom du
salarié, de la ville où il réside, ainsi que du
numéro de téléphone.
M. Roy: Point. M. Després: Oui.
Le Président (Mme Cuerrier): J'ai vu un geste de M.
Maheux. Est-ce que vous considérez que vous n'avez plus besoin
d'intervenir? D'accord. M. Després.
M. Després: Seulement une information, si la commission me
le permet. Le renouvellement des
certificats de classification a été effectué.
Présentement, on est à expédier par la poste les
certificats qui entreront en vigueur le 1er mars prochain.
M. Roy: J'ai une dernière question, Mme la
Présidente, si vous me permettez.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je ne veux pas abuser. Comment sélectionnez-vous
les noms pour faire référence aux employeurs? Vous avez
parlé d'un certain nombre de personnes. Vous fournissez quinze noms.
Quelles sont les normes? Quels sont les critères? Comment
sélectionnez-vous ces noms? J'ai remarqué, tout à l'heure,
que M. Pouliot et d'autres ont fait des remarques hier et aujourd'hui à
ce sujet. On a parlé de discrimination. J'aimerais que vous rassuriez
les membres de la commission sur les méthodes que vous utilisez et que
vous pourriez nous démontrer, hors de tout doute, qu'il n'y a pas de
discrimination ni trop de discrétion.
M. Després: Encore une fois, M. le député de
Beauce-Sud, le système est conçu de façon telle que les
noms des travailleurs dont les qualifications correspondent aux exigences de
l'emploi, soient référés selon le nombre d'heures, par
ordre décroissant, qu'ils ont enregistré au cours de la
période précédente de l'année.
M. Roy: C'est tout. Le chômeur, lui?
M. Després: Ce sont les chômeurs, M. le
député, ce sont les gens disponibles qui sont prêts, si
vous voulez... Pardon?
M. Pagé: Celui qui travaille le moins est moins
susceptible d'avoir du travail, d'être référé?
M. Després: Cela se fait à l'intérieur d'une
classification, en somme.
M. Roy: Oui, mais cette classification, c'est ce qu'on veut
savoir. Comment se fait cette classification?
M. Després: Lorsque je parle de classification, par
exemple, pour la région de M. le député...
M. Roy: Pas seulement ma région, on peut prendre la
région du député de Charlevoix ou de Portneuf, n'importe
quelle région.
M. Després: Je peux prendre Portneuf où je n'ai
absolument pas de problème de ce côté...
M. Roy: Parce que je ne voudrais pas...
M. Després: En fait, chez nous, les informations sont
enregistrées de façon que tous les gens qui sont disponibles, en
somme les gens qui sont prêts ou qui attendent un emploi, dès
qu'ils sont disponibles, sont enregistrés, pour une région
donnée, dans une classification, soit la prioritaire, en l'occurrence
les A et, dès qu'il y a une demande d'un employeur et compte tenu des
spécifications de ce dernier, le nom des personnes est donné
à l'employeur, en tenant compte du plus grand nombre d'heures
effectuées au cours de la période de référence.
M. Mailloux: M. Pouliot, une courte question. Est-ce que vous
avez bien dit que prenons un certificat B si vous le voulez bien
vous allez d'abord référer le nom, parmi les B, de celui qui a
déjà accumulé le plus d'heures?
M. Pouliot: Au cours de la précédente
année?
M. Mailloux: Ce qui veut dire que, forcément, ce B va
devenir un C, parce qu'il a beaucoup moins de chances que celui qui a fait un
cumul beaucoup plus considérable.
M. Pouliot: C'est que la priorité étant d'abord
donnée aux A, il va de soi qu'il faut d'abord placer les A.
M. Mailloux: Je comprends, mais dès qu'il est B, si vous
engagez celui qui a atteint 950 heures, qui n'a pas sa classe A, laissant de
côté les autres, forcément, il court
énormément de risques de devenir un C très vite. Il court
plus de risques.
M. Pouliot: En fait, je pense que c'est un peu normal, ce qu'on
veut établir, c'est que le règlement "priorise" au premier
degré les gens qui tirent leur subsistance de l'industrie de la
construction.
M. Mailloux: Je comprends le point de vue que vous avancez, mais
il demeure quand même que celui qui aurait fait une demande à
votre office il y a six mois, ayant été six mois en
chômage, n'a à peu près jamais de chance, si tous les
autres se sont enregistrés sur le marché du travail il y a deux
mois, trois mois ou quatre mois.
M. Després: Je pense qu'il est important, M. le
député de Charlevoix, que vous sachiez que, étant
donné les priorités, il ne faut pas prendre l'ensemble des 100
000 titulaires d'un certificat A comme répondant exactement aux
mêmes critères. Vous avez une distribution par région, par
sous-région, par métier et non seulement par métier, mais
par spécialité aussi; de telle sorte que, lorsqu'on parle d'une
spécialité donnée dans une région, ce n'est pas par
milliers qu'on rencontre les gens au niveau d'un certificat A. Je pense qu'il
est important, dans le cadre actuel, que ces gens soient prioritaires, en fait,
au premier degré, au moment où il y a des emplois
disponibles.
M. Mailloux: De sorte que si le règlement restait...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Charlevoix, s'il vous plaît! Il y a le député de
Joliette-Montcalm qui n'a pas encore eu la parole et nous n'avons
même pas terminé le tour de la table.
M. Mailloux: Même si ça dépassait de cinq
minutes, on n'en ferait grief à personne.
M. Chevrette: C'est pour ça que je prenais mes
précautions.
Le Président (Mme Cuerrier): Puisque vous me dites
maintenant que nous aurions consentement unanime à ce que nous puissions
continuer.
M. Mailloux: D'accord. Je reviens à celui qui n'a obtenu
qu'une classification B. Il ressort que si le voeu exprimé par les deux
centrales que, dans le Québec, il n'y ait que deux qualifications
mentionnées, soit A et B. Celui qui est classé B, qui va toujours
être le dernier appelé, peu importe si ça fait cinq ou six
mois qu'il est en chômage, peut être assuré
immédiatement que, dans un an, dans deux ans, il sera toujours
refoulé dans les C, il aura disparu, c'est aussi radical que ça.
Il n'a pas comme critère le fait qu'il a subi une période de
chômage plus étendue qu'un autre travailleur qui vient de
s'enregistrer après avoir quitté un emploi. Vous me dites que le
critère fait que celui qui a cumulé le plus d'heures parmi les B
après que les A sont tous au travail dans la région, va
être employé à peu près le dernier, nonobstant
certains critères de qualification spéciale. Cela nous
amène quand même à penser que les B qui ont cumulé
le moins d'heures vont être éliminés des métiers de
la construction.
M. Després: Ce qui pourrait avoir pour conséquence
le fait que certains A, cette année, deviennent B, l'an prochain, parce
qu'on a donné priorité aux B.
M. Mailloux: C'est la même chose pour les travailleurs
classés A qui sont appelés les derniers et qui ont cumulé
le moins d'heures.
M. Roy: Est-ce que je me tromperais en disant, pour
compléter si j'ai bien compris ce matin qu'un des
objectifs que vous visez est d'en éliminer le plus grand nombre possible
et le plus rapidement possible?
M. Després: Je pense que vous me permettrez de corriger.
Ce que le règlement de placement veut, ou ce que la politique de
main-d'oeuvre qui a été mise de l'avant par l'Office de la
construction veut, c'est tout simplement de dire, à un moment
donné: II y a un certain nombre de personnes qui tirent leur subsistance
de l'industrie de la construction qu'on a bien voulu qualifier de
véritables travailleurs.
Je pense que, dans la mesure où on va vouloir protéger ces
gens, ça va se faire au détriment de certaines gens qui venaient
occasionnellement dans l'industrie.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: J'aurais une petite question et, après,
j'aurai des commentaires à apporter sur le dernier débat. Je
voudrais savoir combien, approximativement, vous avez
référé de gens, quel est le pourcentage par rapport au
placement global de références que vous avez faites.
M. Després: Malheureusement, je n'ai pas de données
précises.
M. Chevrette: On dit que le placement syndical représente
de 15% à 20%, qu'il y a une embauche directe très nombreuse, ce
qu'on appelle "à barrière". Est-ce que vous avez une petite
idée du pourcentage que vous pourriez référer, pour
être plus conforme au règlement de placement?
M. Després: C'est assez difficile. On n'a pas de
données précises. Ce sont des données qui vont être
disponibles probablement...
M. Chevrette: 4%? Quel ordre de grandeur, approximativement?
M. Després: Peut-être 10%.
M. Chevrette: Mme le Président, je nuancerais un peu
l'affirmation du député de Beauce-Sud pour les motifs
suivants.
M. Roy: La question que j'ai posée, je l'ai posée
à l'OCQ pour voir de quelle façon elle envisageait l'affaire. Le
député de Joliette-Montcalm a une opinion différente, j'en
suis très heureux. (13 heures)
M. Chevrette: Je vais nuancer et je vais dire ce que je
suggérerais.
M. Roy: D'accord.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Joliette-Montcalm, c'est vous qui avez la parole.
M. Chevrette: Je nuancerais, parce que, pour moi, le fait de
partir du critère que vous faites pourrait avoir des
conséquences, mais pas désastreuses au point que le
député de Beauce-Sud le dit; s'il y a 80% des travailleurs
embauchés à la barrière, même le B, qui a 500 heures
justes, va aller se faire embaucher et il n'est pas éliminé. Si
le B est référé par un syndicat et qu'il a 500 heures, il
n'est pas éliminé. C'est en fonction du critère que
l'office a choisi de référer le gars qui a le plus d'heures qu'il
y a une partie des gars, une partie infime, un pourcentage minime qui pourrait
être éliminé. Là-dessus, il y a des correctifs
possibles. On pourrait procéder uniquement par ancienneté de
chômage, par exemple; cela pourrait être un autre critère.
Donc, pour moi, ce ne sont
pas des choses qui ne se corrigent pas. Ce sont des choses
envisageables.
Je tenais à faire la nuance parce que je trouvais que cela avait
l'air gros, de la manière que vous l'aviez présenté, et
cela m'a fait peur; je me suis dit: Est-ce qu'on est en train d'éliminer
tout le monde? Mais, en y pensant un peu, les syndicats ont leurs
critères et ils respectent leurs critères; cela peut être
par ancienneté de tableau, par exemple. J'ai visité la FIPOE,
j'ai visité le 144 et deux ou trois autres, il y a quelques
années, et ce n'était pas de même que cela marchait,
c'était par ancienneté de chômage. Donc, c'est un peu
l'inverse de ce que faisait l'office. Il pourrait peut-être y avoir,
à mon sens en tout cas, et j'en fais la suggestion, une certaine
analogie entre les critères de référence et les
critères de placement. Cela se vérifie, je pense, avec une
concertation entre l'office et certaines centrales. Il pourrait y avoir une
certaine concordance au niveau de l'utilisation des critères.
M. Roy:... la suggestion du député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Merci, M. le député. Je savais qu'on
s'entendrait au moins une fois. Depuis un mois, on ne s'est pas tellement
entendu, vous savez.
M. Roy: Vous faites du progrès.
M. Chevrette: C'est-à-dire que je vous aide à vous
en sortir.
M. Roy: Très bien.
M. Chevrette: Je ne voulais absolument pas vous donner une
opinion et avoir un titre dans le journal demain matin: L'OCQ bannit tout le
monde de la construction. Il y a des pourcentages qui parlent par
eux-mêmes.
Le Président (Mme Cuerrier): Si nous revenions à ce
qui nous occupe.
M. Chevrette: Donc, Mme le Président, je sais que cela
tire à sa fin et qu'il y a un consentement pour dépasser un peu
l'heure, mais je retiens quand même quelques points. Je voudrais me
permettre de résumer la façon dont j'ai perçu l'ensemble
de la commission et...
M. Marcoux: Sur un point de règlement, je
suggérerais peut-être qu'on continue. En tout cas, j'aurais une
question.
Le Président (Mme Cuerrier): Vous avez une nouvelle
question.
M. Marcoux: J'aimerais qu'on termine les questions avec nos
invités et qu'ensuite, s'il y a lieu, on fasse un tour de table pour
ceux qui veulent insister sur certains points.
M. Pagé: On vous écoute. Cela va être
intéressant.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Rimouski.
M. Chevrette: Si j'ai bien compris, vous demandiez la parole.
Le Président (Mme Cuerrier): Vous semblez consentir, M. le
député. Vous aviez fait une miniintervention.
M. Chevrette: On était pourtant bien parti, le
député de Beauce-Sud se rapprochait.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Le député de Portneuf et le
député de Beauce-Sud ont posé des questions sur les
rapports et la qualité des rapports qu'il pouvait y avoir entre l'OCQ,
les employeurs et les syndiqués, d'une part, mais il y a un aspect qui
n'a pas été abordé, c'est à l'intérieur
même de l'OCQ. Pour pouvoir avoir de bons rapports avec ceux auxquels on
doit fournir des services, avec sa clientèle, je pense que cela suppose
certaines conditions de travail de la part des employés de l'OCQ. Cela
peut être au niveau des conditions techniques de travail, cela peut
être en termes de relations humaines, etc. Je vais vous poser une
question générale et vous irez aussi peu loin ou aussi loin que
vous voulez dans la réponse.
Je sais qu'il y a quelque deux mois, deux mois et demi, des
employés de l'OCQ ont fait un certain nombre de recommandations pour
améliorer leurs possibilités de fournir un meilleur service aux
différents types de clientèles qui font affaires avec eux. Par
exemple, on vous proposait qu'il y ait une décentralisation au niveau du
bureau régional de la révision des dossiers et de
l'émission des cartes temporaires. On vous proposait la mise en place
d'un service d'information susceptible de faire l'interprétation du
règlement de placement, que les agents d'information puissent se
référer constamment à quelqu'un qui, au niveau central,
pourrait interpréter le règlement de placement; il y a
différentes autres suggestions que je ne peux pas toutes
énumérer. Celles dont j'ai pris connaissance, dix à quinze
suggestions ou demandes, suggéraient d'augmenter l'efficacité
technique de votre personnel et en conséquence, certainement
améliorer l'efficacité qualitative.
Est-ce que vous avez déjà été en mesure
d'accorder des suites à ça ou est-ce qu'il y a des choses qui se
préparent? Ce n'est pas simplement l'objectif, chaque entreprise doit
viser à ce qu'à l'intérieur de sa boîte, ça
fonctionne le mieux possible. Comme toute boîte dans ce genre ne
fonctionne pas que pour elle-même, mais au goût des clients, c'est
ce qui me préoccupe, autant que ce qui se passe à
l'intérieur. Est-ce qu'il y a des choses qui ont été
faites ou qui se préparent dans ce sens?
M. Lapointe: Mme la Présidente, je crois que le
député de Rimouski est pas mal au courant des revendications du
personnel de l'Office de la construction. D'abord, les gérants
régionaux ont fait certaines revendications auprès des membres de
l'office et ce dernier se penche actuellement sur ce problème. En
particulier, il y a une question qui touche à la
rémunération des gérants et à celle des cadres de
l'office. Il n'y a pas eu d'augmentation de rémunération du
personnel-cadre de l'office, contrairement à ce qu'il y a eu dans la
fonction publique. Effectivement, j'étais en discussion avec le Conseil
du trésor pour établir les critères par lesquels ces
ajustements de salaires pourraient être faits.
De façon générale, la structure de l'Office de la
construction est telle qu'il y a une décentralisation au niveau des
opérations, au niveau de l'application des mandats de l'office. Ce
principe sera maintenu et peut-être qu'il y aura lieu de préciser
les rôles de chacun, c'est-à-dire tant au niveau des
opérations décentralisées qu'au niveau des
opérations centralisées, les divisions et les programmes de
l'Office de la construction. Là-dessus, également, on a
réuni les directeurs généraux adjoints, les principaux
gestionnaires de l'office en vue de s'entendre sur les rôles de chacun et
de s'assurer que tout le monde connaît le rôle de l'autre, qu'il y
a communication constante et efficace entre toutes les divisions de
l'office.
Sur le plan régional, évidemment, il y a peut-être
encore de la formation à faire au niveau du personnel, tant au niveau de
l'information sur les mandats de l'office que même au niveau des
inspecteurs de chantier, soit des inspecteurs vérificateurs. Je pense
que ce programme de formation ou de perfectionnement du personnel devra se
poursuivre d'une façon plus intense au cours des prochains mois, afin
d'éviter un des problèmes mentionnés par le
député de Beauce-Sud tout à l'heure, savoir que la
qualité de l'accueil pourrait être améliorée.
M. Marcoux: Seulement un point, ça va prendre une minute.
On ne m'a jamais parlé de la question de demande de salaires ou de
révision des conditions salariales; je n'en ai pas entendu parler. Il y
a un point sur lequel j'aimerais que vous donniez une réponse
peut-être plus précise, une des suggestions qui a
été faites, c'est qu'il y ait un bureau de révision des
dossiers au niveau régional, au lieu que ce soit au niveau central, avec
émission de carte temporaire. C'est une proposition qui a
été faite. Est-ce que vos réflexions sont suffisamment
avancées sur cette demande qui viserait à accélérer
les révisions de dossiers, des prises de décision, soit tenir
compte des réalités concrètes d'un milieu
donné?
M. Lapointe: M. Després pourra peut-être vous donner
une idée à savoir où la réflexion est rendue, mais
ça n'a pas encore été soumis à l'office comme
tel.
Le Président (Mme Cuerrier): Rapidement, s'il vous
plaît, M. Després.
M. Després: Cette responsabilité de statuer sur les
cas qui ont été soumis au niveau régional est
décentralisée déjà depuis plusieurs mois. De plus,
la personne-ressource dont vous avez fait mention tout à l'heure au
niveau du siège social sur l'interprétation du règlement
est déjà en place depuis plusieurs mois. Il reste quelques
recommandations qui ont été faites par un comité
formé parmi les gérants régionaux, sur diverses parties du
règlement de placement dont précisément les aspects sont
à l'étude présentement.
M. Marcoux: Vous m'affirmez clairement qu'il y a des
comités de révision de dossiers et la possibilité
d'émettre des cartes temporaires au niveau des régions?
M. Després: II n'y a pas de possibilité de cartes
temporaires émises actuellement.
M. Marcoux: Et la décision sur la révision des
dossiers, c'est au niveau des régions?
M. Després: Régionalement.
M. Marcoux: II y a un manque de communication, parce que les
dernières discussions que j'ai eues ne remontent pas à plusieurs
mois, cela remonte à il y a quelques jours.
Une Voix: ...
Le Président (Mme Cuerrier): II me reste à me faire
le porte-parole de la commission pour remercier les représentants de
l'Office de la construction du Québec d'avoir bien voulu participer aux
travaux de cette commission parlementaire. Merci, messieurs.
Rapidement, s'il vous plaît, puisque cette commission a
accepté d'allonger un peu le temps de cette rencontre, les derniers
commentaires. On m'a demandé de faire un tour de table sur les travaux
de cette commission.
M. Johnson: Mme le Président, très
brièvement.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
Commentaires de conclusion
M. Johnson: Cinq points de contenu. J'en laisse de
côté, mais je vais simplement souligner la question des apprentis
versus les finissants, la référence et le placement, les sources,
les régions, leur définition, la notion de sous-régions,
l'embauche au niveau régional ou sous-régional, avec ou sans
présence de l'artisan, la notion des travailleurs réguliers, et,
finalement, tout ce qui a trait, de façon directe ou indirecte aux
heures, que ce soit 1000 heures versus 700 heures, 800 heures, que ce soit le
nombre d'heures réparties sur un certain nombre d'années, ou ce
qu'on pourrait appeler l'ancienneté de métier, que ce soit la
notion des bassins, un ou deux versus trois bassins, les réservistes, le
chômage et la notion de
pondération sur une base régionale, le cas
échéant, le champ d'application, par opposition à la
comptabilisation des heures, quand on a affaire au "shut down", aux travaux
mécanisés, à la machinerie de production, etc.
Bref, c'est un ensemble de sujets et j'en ai omis ici, parce que
la liste serait trop longue sur lesquels se penchera l'office au moment
de l'élaboration de son projet de règlement qui, encore une fois,
sera soumis au comité mixte. C'est extrêmement important, dans la
mesure où peuvent se régler beaucoup de problèmes au
niveau du comité mixte, si chacun y met un peu du sien.
Je voudrais, comme dernière remarque, remercier en plus, ceux qui
ont éclairé la commission et aussi les députés,
qui, je pense, avec beaucoup de sérénité et de
dégagement, sont parvenus à esayer de qualifier certains des
problèmes, d'évoquer certaines des solutions qu'ils
entrevoient.
Je dois dire qu'après trois mois d'une activité assez
intense dans le secteur de la construction, pour celui qui vous parle, c'est
à peu près la première fois, depuis ces trois mois, que
j'ai l'impression que, de façon générale, on peut parler
de tout cela sans voir le monde grimper dans les rideaux. Je ne sais pas si
c'est l'atmosphère de la commission et le calme des membres de la
commission qui ont permis cela, mais je trouve que c'est un signe
extrêmement révélateur du fait qu'on puisse
considérer que, dans cette industrie comme dans d'autres secteurs au
Québec, il y a moyen de régler les problèmes en se parlant
tranquillement, sereinement, avec lucidité et, surtout, un peu de
confiance réciproque.
Je terminerai, madame, en déposant, puisqu'ils n'ont pu venir
témoigner, le mémoire de la CSD, de ceux qui sont reliés
à la construction à la CSD, touchant le problème dont on a
discuté. Je demanderais le consentement unanime des membres pour qu'on
verse ce mémoire au dossier, comme les autres, même si les gens de
la CSD ne sont pas venus témoigner.
M. Pagé: Consentement.
M. Chevrette: Consentement.
Le Président (Mme Cuerrier): D'accord, le document est
déposé.
M. Roy: Mme le Président, sur le point du ministre, est-ce
qu'il y a un voeu qui a été émis par la commission, que
les mémoires qui ont été déposés doivent
être inscrits au journal des Débats? Nous l'avons
déjà fait ailleurs, cela s'est fait hier.
M. Johnson: Pour l'ensemble. M. Roy: D'accord.
M. Johnson: Peut-être pour l'ensemble des mémoires,
oui.
M. Roy: Cela inclut aussi le mémoire de la CSD.
Le Président (Mme Cuerrier): Une petite difficulté
technique, c'est que le règlement ne nous permet pas le
dépôt de documents comme tel...
M. Roy: Distribution.
Le Président (Mme Cuerrier): Mais nous distribuerons le
document, voilà.
M. le député de Portneuf, vous vouliez faire une
intervention?
M. Pagé: Oui. Merci, Mme le Président. Je vais
être assez bref. Tout d'abord, je tiens à remercier
particulièrement ceux qui sont intervenus devant nous, ceux qui nous ont
donné leur opinion sur l'expérience, dans chacun de leur domaine
respectif, de l'application de ce règlement qui fait couler beaucoup
d'encre et qui a été l'objet de nos délibérations
depuis hier matin. (13 h 15)
Je ne peux que me déclarer satisfait en partie des travaux de
cette commission; tout d'abord parce que c'était l'Opposition officielle
qui, par une motion, l'avait demandée, ce qui a été
accepté par le gouvernement. Nous ne pouvons aussi qu'être
satisfaits que le gouvernement ait accepté d'entendre les parties, ce
qui n'est pas fréquent chez lui.
M. Chevrette: Transparence et souplesse, voilà ce qui nous
caractérise.
M. Pagé: Oui, transparence...
Le Président (Mme Cuerrier): Messieurs les
députés, s'il vous plaît!
M. Pagé: Pour reprendre le terme du député
de Joliette-Montcalm, transparence qui est bien occasionnelle et qui devrait
être plus fréquente quant à nous et nous aurions beaucoup
d'exemples à donner.
Mme la Présidente, je me limiterai à dire cependant qu'il
y a peut-être un volet où on ne peut qu'exprimer des
réserves, c'est le fait que nous avions cru, à tort ou à
raison, que cette commission nous permettrait de savoir exactement ce que le
gouvernement, ce que le ministre du Travail entend faire de plusieurs aspects
sur lesquels on a discuté depuis hier, que ce soit la question combien
importante du champ d'application du décret. J'espérais, quant
à moi, qu'on saurait qu'en date du 21 ou du 22 février 1979, le
ministre du Travail ferait définitivement son lit sur toute cette
question du champ d'application du décret. Je conviens que le conseil
consultatif doit émettre des rapports éventuellement mais, quand
même, le ministre aurait pu nous dire ce qui en est, ce qu'est la
construction et ce à quoi on est en droit de s'attendre sur la position
gouvernementale à l'égard de ce à quoi il a fait mention
tantôt, les "shut down", la question des travaux dans les fermes et tout
ce qui est exclu du décret.
On a passé très vite sur la question de la formation. Je
pense que cette commission aurait été le moment le mieux choisi
pour faire le partage entre les responsabilités au niveau de la
formation entre le ministère de l'Education et le ministère du
Travail comme tels, lesquels semblent complètement s'ignorer dans les
programmes et les approches donnés à leurs politiques. Il
faudrait quand même et je tiens à vous en faire part
que le ministre du Travail retienne qu'il y a un problème très
aigu qui se pose à ce niveau. Il serait peut-être souhaitable que
vous en discutiez davantage, que vous vous assoyiez autour de la table avec
votre ministre de l'Education pour voir à ce qu'il y ait une meilleure
concertation et que les efforts déployés par chacun puissent
avoir de meilleurs résultats.
On a évidemment passé très vite sur la question des
régions frontalières. J'aurais aimé que le ministre du
Travail nous fasse part des rencontres et de l'objet des discussions avec son
collègue de l'Ontario, qu'il nous dise en quoi on peut présumer
qu'on assistera à une solution éventuelle concernant l'importance
du nombre de travailleurs qui se rendent à l'extérieur du
Québec dans d'autres provinces et qui reçoivent des fins de
non-recevoir à leurs demandes d'embauche, compte tenu de l'application
d'un règlement au Québec qui est restrictif, etc. On a cependant
abordé avec un peu plus de profondeur le sujet des régions et des
sous-régions. C'est un aspect important qui devra être
traité avec beaucoup d'appréciation dans les avenues de solutions
possibles aux problèmes qu'on a avec le règlement de placement.
Selon nous, même s'il y a des objectifs fondamentaux de garantir de
l'emploi aux véritables travailleurs de la construction tel qu'il est
édicté, tel qu'il est libellé actuellement, il y a de
véritables travailleurs de la construction qui ne peuvent pas
travailler, qui ne sont pas susceptibles d'avoir la protection à
laquelle ils auraient droit, compte tenu des objectifs du règlement.
Mme le Président, j'espère, malgré tout, que le
ministre du Travail reviendra sur la position combien draconienne qu'il a
adoptée tout à l'heure qui, cependant, le caractérise
très bien, à savoir qu'il n'était pas question... Vous
avez été à même de constater encore une fois combien
c'était facile pour lui de dire: II n'est pas question d'entendre
l'Opposition là-dessus. J'en conviens; cela ne me surprend pas; cela
fait des mois que les parties demandaient d'être entendues.
Peut-être pourra-t-il profiter de l'intersession; peut-être
pourra-t-il profiter des quelques jours de congé que nous aurons pour
réviser sa position, attendre la fin des études dé l'OCQ
sur les propositions que vous allez formuler éventuellement au
gouvernement. Peut-être que le ministre du Travail pourrait revenir sur
sa position et, avant d'adopter le règlement, celui-ci pourrait
déposer un projet de règlement à la commission
parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre. On pourrait avoir un
débat, parce que le ministre a convenu que nous avions eu, depuis deux
jours, un débat qui était tout à fait serein, un
débat qui était sérieux, qui était valable.
Si on veut que ce débat puisse être concluant, il faudrait
qu'un avant-projet de règlement soit déposé. Je suis
convaincu cependant, sans vouloir sous-estimer l'apport des
députés de la majorité ministérielle, que le
ministre pourrait profiter de la contribution combien utile et aussi, selon
moi, nécessaire des membres de l'Opposition qui ont l'expérience,
qui ont le pouls et qui ont leurs opinions et leurs considérations sur
ce projet de règlement, le tout, humblement soumis.
Merci, Mme le Président. Je remercierai les gens de l'OCQ, je
remercierai les gens de la partie patronale et syndicale. C'est évident,
Mme le Président, que je vais me poser une dernière question,
vous savez qu'on a le droit de se poser des questions...
Le Président (Mme Cuerrier): Vous pouvez vous les poser
à vous-même, M. le député, si vous le voulez.
M. Pagé: Je vous dirai, Mme le Président, que, si
j'en avais eu l'occasion, j'aurais été bien tenté de
demander à M. le directeur général par intérim, M.
le sous-ministre Lapointe, si l'enquête que l'OCQ a menée sur le
télégramme que nous avons reçu, nous, les membres de
l'Opposition et les membres de l'Assemblée nationale, selon lequel
l'OCQ, les employés de l'Office de la construction du Québec
m'appuyaient dans ma motion de blâme contre le gouvernement sur la
question du règlement de placement... Le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et le président de l'Assemblée nationale m'ont dit
qu'il y avait une enquête qui était menée par l'OCQ sur la
validité ou non de ce télégramme d'appui de vos
travailleurs à mon endroit, quand je blâmais le ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre. J'aurais aimé que M. le directeur
général nous donne les conclusions de cette étude,
à savoir si c'était fondé ou non, cet appui que je
recevais des travailleurs. Je m'interroge moi-même, je ne pose pas la
question.
M. Roy: Je pense que le ministre a des problème avec les
télégrammes.
M. Pagé: ...
M. Johnson: Pour répondre à la question, si on se
fie... Si vous permettez, simplement...
M. Pagé: Je me suis posé la question et je ne vous
l'ai pas posée parce que je connais le genre de réponse que vous
allez me donner.
M. Johnson: Non, mais d'après ce que j'ai lu dans les
journaux récemment, on pourrait sans doute apprendre que ça
été fait par un gars de la GRC, parce qu'elle a l'air d'en avoir
l'habitude.
M. Pagé: Là, vous savez! C'est encore la faute du
fédéral.
Le Président (Mme Cuerrier): Je ne sais pas si c'est une
intervention, mais est-ce que je pourrais
vous dire que vous pourriez quand même vous adresser à la
Sûreté du Québec pour faire des enquêtes, M. le
député de Portneuf?
M. Pagé: Ce serait tout un grand débat. On aurait
pu demander à la Sûreté du Québec dans l'affaire
Charest. Enfin, on pourrait embarquer dans les affaires des policiers, ce
matin, si vous le voulez.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Bellechasse, votre court commentaire.
M. Goulet: Merci, Mme le Président. A la fin de ces
travaux, un mot très simple et très court, mais non moins
sincère; un mot de remerciement à tous les participants ainsi
qu'aux membres de la commission pour leur objectivité. Moi aussi, j'ai
été agréablement surpris. On a su ou, du moins, on a
démontré assez clairement que le règlement actuel doit
demeurer, mais doit être assoupli de beaucoup. Je pense que c'est ce qui
ressort de ces travaux.
Cela nous a également montré que les critiques
étaient en partie justifiées. Il y a beaucoup de modifications
qui ont été proposées et qui seront à
l'étude j'en suis extrêmement heureux quant aux
permis, aux disparités régionales; quels sont les vrais
travailleurs; la pondération; les gens de 50 ans et plus; les
finissants, etc.
Du côté syndical, on nous a affirmé à deux
reprises que, sans l'exclusivité des agences syndicales de placement, il
semblerait que la mise en application du règlement soit vouée
à l'échec. Je ne sais pas si c'est le cas; apparemment, M. le
commissaire, M. le ministre, là, je le comprends et les
membres de l'office ne sont pas d'accord; l'AECQ non plus.
On a également retenu que l'AECQ a été assez dure
envers l'office; j'espère que les gens de l'office ont pris connaissance
du mémoire de l'AECQ, parce qu'il y a deux ou trois pages qui sont assez
sévères. Il semblerait qu'il y aurait lieu d'améliorer la
qualité du service et ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les gens qui
travaillent avec vous, qui attendent vos services, les gens de l'AECQ et du
syndicat.
Je demanderais également, à tous et à chacun
d'entre vous, lorsque vous discutez de ces problèmes, de bien faire
attention aux régions à faible densité, parce que, de la
manière que sont sélectionnés les gens à l'office,
je me demande si, dans nos régions, d'ici quelques années, nous
aurons encore droit à des vrais travailleurs de la construction, parce
que, d'après ce que j'ai su, ils viendront presque tous des grands
centres. J'ai cru comprendre que les travailleurs des régions à
faible densité sont pénalisés.
On nous a aussi souligné que l'office n'était pas un
bureau de placement, mais plutôt de référence. Or, en
dehors de tout ça, je me demande si les gens de l'office j'y
ajouterais même le CMQ, le CMC et peut-être les bureaux de
placement syndicaux ne pourraient pas s'asseoir à une table,
peut-être même les gens de l'AECQ dès que quelqu'un a
été délégué de chantier, on ne veut plus le
voir je me demande si tout le monde n'aurait pas avantage à
s'asseoir à une table. Mais, en résumé, Mme le
Président, ce qui ressort de tout ça en tout cas, moi,
j'étais nouveau à cette commission c'est que je pense
qu'il faudrait un changement d'attitude des gens qui composent tous ces
groupements. Le ministre l'a souligné tout à l'heure, mais je
pense qu'avec un changement d'attitude de ces personnes, il y aurait vraiment
lieu de s'entendre et d'en arriver à un règlement en toute
sérénité.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, Mme le Président. A mon tour, je veux
remercier tous ceux qui ont participé aux travaux de cette commission,
que ce soient les gens du côté patronal, du côté
syndical, les commissaires au placement, l'OCQ, de s'y être
prêtés de bonne grâce et d'avoir bien voulu répondre
aux nombreuses questions qui ont été posées des deux
côtés de la table. On vous remercie et on apprécie
grandement cette collaboration de votre part.
M. le Président, voici cinq points sur lesquels j'aurais quelques
recommandations à faire d'une façon particulière. Il y a
d'abord toute la question frontalière. Le député de
Portneuf en a parlé tout à l'heure, les 3000 de la région
d'Ottawa, de la région de Hull, actuellement, se posent de plus en plus
de questions. Pour souligner encore l'importance de trouver une solution le
plus rapidement possible, il y a le fait que les Maritimes
préfèrent recruter leur main-d'oeuvre en Ontario plutôt
qu'au Québec. Je pense que sur ce point, il n'y a pas tellement de place
pour une longue hésitation. J'invite le gouvernement et le ministre
à agir avec diligence pour éviter de pénaliser inutilement
les travailleurs du Québec.
Mon deuxième niveau de recommandation veut qu'on augmente les
pouvoirs des commissaires au placement, sur deux points particuliers: Qu'on
leur donne des pouvoirs pour faire créditer les heures d'un travailleur
qui a obtenu gain de cause, pendant que le dossier était en
délibérer cela m'apparaît extrêmement
important et leur donner les pouvoirs d'exiger de la part de l'OCQ, le
paiement d'indemnités, pendant la même période.
J'ai aussi une recommandation voulant que le ministre du Travail fasse
les pressions nécessaires afin que les commissaires au placement
disposent d'un personnel suffisant pour répondre aux attentes et aux
besoins des travailleurs et aux causes qui leur sont soumises.
En ce qui a trait à mes recommandations sur le troisième
point, c'est au niveau de l'OCQ. C'est un meilleur accueil, j'ai
été heureux d'entendre dire que l'on allait y apporter une
attention bien particulière. Sur la question d'efficacité au
niveau de l'OCQ, il y a place à beaucoup d'amélioration, beaucoup
plus d'efficacité qu'il n'y en a à l'heure actuelle, si on veut
réellement que l'OCQ qui a la
responsabilité et le mandat d'administrer et d'appliquer le
règlement de placement dans l'industrie de la construction soit en
mesure de s'acquitter de ses responsabilités. Il y a aussi des
statistiques qui devraient être tenues de la part de l'OCQ,
peut-être faire moins d'études dans d'autres secteurs, mais faire
plus de statistiques qui sont fondamentales à son bon
fonctionnement.
M. le Président, il y aurait aussi, au niveau de l'OCQ, plus
d'accessibilité dans le sens de la décentralisation. Voici ma
suggestion. On devrait permettre à l'OCQ de travailler en étroite
collaboration avec les bureaux de placement du Québec et les bureaux de
placement régionaux. Je ne verrais pas pourquoi il n'y aurait pas un
représentant de l'OCQ à l'intérieur de chaque
région du Québec, là où on trouve un bureau de
placement régional, un bureau de placement du Québec, ce qui
pourrait éviter, évidemment, le chevauchement des services, et ce
qui pourrait permettre une meilleure collaboration et une meilleure
coordination des activités.
En ce qui a trait au quatrième point de mes recommandations, M.
le Président, je référerai le ministre à la lettre
que je lui ai fait parvenir le 5 septembre 1978 dans laquelle je recommandais
que les certificats de placement A, B et C soient remplacés et qu'on
établisse deux classes: les classes A et B, la classe a pour 500 heures
et plus. Le ministre nous a mentionné une possibilité de
descendre à 800 ou à 700 heures, aujourd'hui, mais je maintiens
quand même cette recommandation que j'avais faite à
l'époque pour 500 heures et plus, et le certificat B, pour les moins de
500 heures.
Cela résume un peu les recommandations essentielles, les plus
fondamentales, sur lesquelles je voulais attirer l'attention du ministre et
celle des mes collègues membres de cette commission, ce matin.
Merci, encore une fois, à tous ceux qui ont participé aux
travaux de cette commission. Je veux aussi remercier tous mes collègues
pour leur bonne collaboration, tant du côté de l'Opposition que du
côté gouvernemental, et de la façon dont on a pu mener nos
travaux sous votre habile direction, Mme la Présidente.
Le Président (Mme Cuerrier): Trop aimable, M. le
député. Un dernier commentaire de la part du député
de Joliette-Montcalm à qui nous avions coupé la parole, à
un certain moment. M. le député.
M. Chevrette: Merci, Mme la Présidente. Je n'ai pas tout
à fait les mêmes points que le député de Beauce-Sud,
quoiqu'il y en ait quelques-uns qui reviennent.
Il y a un point sur lequel je voudrais attirer l'attention de ceux qui
auront à travailler sur la refonte des régions et des
sous-régions, c'est de faire énormément attention pour ne
pas qu'on se retrouve dans de petits milieux où il n'y a à peu
près pas de construction et où nos travailleurs seraient
pénalisés. (13 h 30)
Je suis d'accord avec le principe de rétrécissement des
régions ou à l'augmentation des régions, mais il faudrait
faire énormément attention pour que nos bonhommes ne se
retrouvent pas avec une priorité régionale mais sans emploi. Cela
ne veut rien dire à toutes fins pratiques, un découpage, si cela
ne correspond pas à un volume de construction quelconque. Quant au
nombre d'heures, je pense que les gens ont assez compris qu'il y a de la
latitude entre certaines mesures préconisées par le
député de Beauce-Sud ou encore... Il y a trois formules de
préconisées à toutes fins pratiques. J'ai remarqué
que l'approche de la CSN était en termes de sécurité
d'emploi et de priorité d'emploi. Cela n'a pas été
exprimé ainsi, mais cela voulait dire à peu près cela,
ceux qui ont tant d'heures et plus, qui pourraient se baser sur toutes sortes
de systèmes.
La FTQ parlait de fonds de retraite basé sur les heures inscrites
au fonds de retraite, par exemple, c'était facile. Il y a
peut-être des approches qui vont demander cependant beaucoup
d'études et qui risquent, à court terme, de ne pas être
prêtes pour les amendements, parce que je vous rappelle ce qu'on
recommandait à l'enquête Cliche sur le chapitre de la
sécurité d'emploi.
Si on veut aller vers une sécurité d'emploi dans
l'industrie de la construction, je pense que ce serait un moyen de
considérer les véritables travailleurs qui ont oeuvré
pendant des années et qui en font une carrière par rapport
à une priorité d'emploi, c'est-à-dire ceux qui seraient
susceptibles de s'intégrer aux groupes qui ont une
sécurité selon des besoins du marché, mais qui deviendrait
une priorité d'emploi pour ceux-là. Ce serait une façon
d'exprimer A et B, par exemple.
Il y a la question aussi des artisans qui, je pense, doit être
traitée, qui n'a pas été soulignée par les gens
dans les recommandations, mais qui, à mon avis, devrait faire
l'assentiment de tout le monde pour qu'on attache une importance très
précieuse, si je peux m'exprimer ainsi, au niveau des amendements
à apporter pour éviter la prolifération qui est crainte
par tout le monde, mais s'il y a eu un amendement en troisième lecture
à la loi 110, je pense que c'est l'occasion rêvée
d'utiliser cet amendement de dernière minute.
Enfin, il y a la main-d'oeuvre permanente qui n'a pas été
soulignée non plus, mais qui se promène avec l'employeur, ce
qu'on a discuté hier, indépendamment du fait que l'équipe
de travail a été plaidée surtout par les
représentants de l'AECQ.
Pour ma part, j'irais tout au moins à l'établissement de
quotas, vous me permettrez l'expression, parce qu'on a tellement nagé
dans la loi 116 qu'on peut se permettre de parler de quotas, mais il
m'apparaît impensable c'est un ferment de violence de
permettre à des entrepreneurs d'arriver avec l'ensemble de leur
main-d'oeuvre dans des régions où il n'y a pas d'emploi. Si ce ne
sont pas les "key-men" uniquement dont on a parlé, que ce soit tout au
moins des quotas qui permettent à la main-d'oeuvre locale d'avoir une
lueur au soleil.
M. Roy: C'est le pourcentage qui...
M. Chevrette: Mais si j'ai utilisé le mot "quota", c'est
parce que je savais que vous aimeriez cela. J'avais une allusion malveillante,
vous le savez, M. le député de Beauce-Sud. Donc, que ce soit un
pourcentage de la main-d'oeuvre, je l'accepte, je ne veux pas me chicaner
surtout, absolument pas, mais il semble que ce serait un autre point à
surveiller au niveau de la refonte du règlement ou des amendements aux
règlements. Cela m'apparaîtrait des points très importants.
Quant aux mentalités, je pense que si nous commençons à
donner l'exemple ici, on n'aura pas de problème à avoir une
répercussion chez nos vis-à-vis.
Le Président (Mme Cuerrier): La commission avait pour
mandat, on avait parlé d'une dernière intervention, si vous
permettez...
M. Pagé: Oui, évidemment.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Rimouski, rapidement, s'il vous plaît.
M. Marcoux: Comme d'habitude, cela va être assez rapide. Il
y a deux points à peine que je voudrais effleurer. On a parlé de
la limitation des régions, comme tout le monde s'entend, je pense bien
que la proposition qui est faite par la majorité des intervenants sera
acceptée.
En ce qui concerne la définition de classes, je serais favorable
à la proposition faite par le député de Beauce-Sud,
d'autant plus que je viens de lire rapidement dans la présentation de la
CSD, un paragraphe qui rejoint, en tout cas, des problèmes que je
connais dans ma région. Je peux me permettre de lire la recommandation
rapidement pour l'identification du problème. On dit ceci: "Un des
principaux reproches adressés au règlement réside dans
l'impossibilité pour un employeur de faire appel à certains de
ses salariés réguliers à cause de priorités
actuelles qu'ils doivent respec- ter. Le corollaire à cette situation
est que le travailleur régulier d'un employeur depuis plusieurs
années se voit empêché de reprendre son travail chez son
employeur habituel. Assez souvent, cette situation se retrouve dans les emplois
saisonniers où la durée du travail n'est pas seulement en
fonction des contrats obtenus mais aussi en fonction de la température
et autres conditions défavorables."
C'est exactement ce que j'ai dit tantôt, et la recommandation est
la suivante: "Afin d'améliorer cette situation et respecter la
réalité de l'industrie par rapport à ce type d'emploi,
nous proposons que le règlement soit modifié pour prévoir
une nouvelle classe régionale de salariés réguliers dans
laquelle il serait prévu qu'un travailleur qui a travaillé depuis
les trois dernières années au moins 500 heures par année
pour le même employeur et qui est classé B, sera
considéré comme employé régulier dudit employeur,
qui pourrait l'embaucher sans attendre que les A de la sous-région ou de
la région soient au travail."
Je l'ai soulevé à deux ou trois reprises au cours de ces
deux jours. Je trouve, en somme, un argument pour appuyer cette perspective, je
souhaite qu'elle soit examinée attentivement par les responsables de
l'OCQ et du ministère. Il y a un dernier point que je voudrais soulever,
je souhaite qu'on porte toute l'attention nécessaire au fonctionnement
de l'OCQ lui-même et que toutes les énergies humaines soient mises
en oeuvre pour faire en sorte que son efficacité soit augmentée
au maximum.
Alors, c'est tout.
Le Président (Mme Cuerrier): Je disais donc que la
commission avait comme mandat d'entendre les mémoires, ainsi que le
point de vue des groupes concernés par le règlement dans
l'industrie de la construction. Elle a complété le mandat
spécifique qui lui était donné, elle ajourne donc ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 13 h 37