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Etude du projet de loi no 126
(Vingt heures dix minutes)
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre est
réunie pour étudier, article par article, le projet de loi no
126, Loi sur les normes du travail.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
M. Bellemare (Johnson), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Gravel (Limoilou), M. Johnson (Anjou), M. Lavigne
(Beauharnois), M. Mailloux (Charlevoix), M. Pagé (Portneuf), ainsi que
M. Lefebvre (Viau), qui remplace M. Vaillancourt (Jonquière).
Les intervenants sont: M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), qui remplace M.
Brochu (Richmond); M. Forget (Saint-Laurent), M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Jolivet (Laviolette), M. Laplante (Bourassa), M. Lefebvre (Viau), M. Paquette
(Rosemont), M. Springate (Westmount), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Il y aurait maintenant lieu de désigner un rapporteur parmi les
membres de la commission.
M. Johnson: Le député de Limoilou, M. le
Président?
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Limoilou, comme rapporteur de la commission? Le rapporteur sera donc le
député de Limoilou.
Une Voix: II faut que vous soyez ici tout le temps.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le ministre aurait
des...
Remarques préliminaires
M. Johnson: Assez brièvement, M. le Président. On a
donc devant nous la réimpression du projet de loi no 126 qui contient
des modifications, certaines techniques, certaines moins techniques, mais
répondant à des préoccupations d'un des 27 groupes qui
sont venus déposer des mémoires; d'autres, d'une plus grande
importance. Je peux peut-être les résumer d'une certaine
façon. Je ne parlerai pas des amendements de nature technique au niveau
des définitions et des choses comme celle-là.
Il y a une catégorie d'amendements qu'on pourrait appeler les
amendements d'harmonisation avec les conventions collectives où,
finalement, on essaie d'introduire une série d'articles avec
suffisamment de souplesse pour faire en sorte, en tout cas, que l'intervention
de l'Etat à travers cette loi soit minimale, là où une
convention collective existe et définit finalement un seuil qui est
équivalent ou supérieur à celui qu'on retrouve dans le
projet de loi no 126.
Il y a finalement d'autres notions qui ont été ou
raffinées ou ajoutées. Je pense, entre autres, dans l'extension
de la notion de préavis, à l'introduction de la
nécessité ou de la capacité, devrais-je dire, d'un
salarié d'aller en appel d'un congédiement s'il y a cinq ans
qu'il est à l'emploi de l'entreprise et s'il considère qu'il a
été congédié de façon injustifiée et
déraisonnable. Ce mécanisme, d'ailleurs, existe
déjà dans la loi fédérale. Finalement, une
série de dispositions qui répondent évidemment aux
préoccupations de l'Opposition et de certains membres du gouvernement,
entre autres, sur toute cette motion du pouvoir réglementaire. On
remarquera, par exemple, que dans le cas du nombre de jours chômés
payés, on se fixe un maximum dans la loi, alors qu'il n'y en avait pas
auparavant. Il en est de même pour la précision, quant aux
prélèvements de certains organismes de l'Etat.
Bref, M. le Président, je pense qu'il s'agit d'un excellent
projet de loi et j'inviterais les membres de la commission à le
considérer article par article.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le
député de Portneuf a des remarques générales
à formuler?
M. Pagé: M. le Président, essentiellement pas de
remarques, on va être bref ce soir, on a eu l'occasion d'en faire en
deuxième lecture, il n'y a pas longtemps, le 10 avril. On a aussi eu
l'occasion d'en faire longuement lors de l'audition des 27 mémoires de
groupes, de personnes ou d'associations qui sont venus se faire entendre.
Nous sommes disposés à procéder à
l'étude article par article. On n'a pas de motion préliminaire,
pour la gouverne du ministre, aucune motion préliminaire à
présenter ce soir.
Je laisse la parole à mon collègue de Johnson.
M. Bellemare: J'ai entendu le ministre nous dire que
c'était une loi extraordinaire qui devait...
M. Johnson: Je n'ai pas dit "extraordinaire", j'ai dit une "bonne
loi".
M. Bellemare: ... transformer ce qu'on a déjà vu
dans le passé en lune de miel. Je ne pense pas que le ministre puisse
dire que c'est une mesure pour régler tous les problèmes à
venir.
Je pense qu'on devrait établir un calendrier pour l'entrée
en vigueur des normes d'abord, ça n'a pas été fait et
ça devrait être fait. La commission devrait être plus
autonome vis-à-vis du pouvoir politique; les parties devraient
être entendues avant que la commission rende des décisions. C'est
important un droit d'appel et l'intervention du pouvoir exécutif devrait
être tout à fait exceptionnelle et publiquement exercée,
pas en catimini, ni en empêchant le requérant de se faire entendre
en exerçant son droit d'appel. (20 h 15)
II doit y avoir, au niveau de la structure même de la commission,
du mode de nomination, des critères qui seraient des points d'ancrage de
cette autonomie. Cela n'existe pas dans la loi. Nous recommandons d'instaurer
véritablement un droit d'appel. Cela n'existe pas. Rien ne justifie que
ce service de surveillance ou de contrôle soit confié à une
commission administrative autonome, au lieu d'être tout simplement et
tout naturellement un service du ministère du Travail.
L'établissement de cet organisme va coûter 10% à la
société, d'après Roger Bédard et associés,
qui sont venus nous rencontrer. Le coût réel vient s'ajouter
à une situation défavorable, dit la Chambre de commerce de la
province de Québec. "En conclusion, dit la Chambre de commerce, le
projet de loi est inopportun", il ne dit pas comme le ministre... La Chambre de
commerce, ce doit être des gens intéressants. Peut-être plus
que nous autres. "Cette loi fera augmenter les coûts d'opération,
bien sûr, des entreprises québécoises". C'est le Bureau du
commerce et de l'industrie de Montréal qui a dit ça. "L'ensemble
de ces normes aura pour effet de faire augmenter les coûts de
production". C'est bien sûr. L'Association des manufacturiers canadiens
l'a prouvé à l'évidence dans son mémoire." Aucune
disposition du projet de loi ne nous permet d'établir des moyennes
d'heures de travail par rapport à la semaine normale des
employés, les employés réguliers, pour déterminer
l'étendue du congé, dans le cas des employés à
temps partiel et occasionnels". C'est le Conseil québécois du
commerce et de détail qui est venu nous dire ça.
On se réfère très souvent aux commissaires du
travail, donnant une dimension aux commissaires du travail à tout ce qui
entoure le Tribunal du travail, une connotation qui n'était pas
prévue lorsqu'on a structuré le Code du travail.
J'arrive à ce que je disais tout à l'heure au
comité paritaire: Amender la loi des décrets de la convention
collective afin d'y inclure tous les instruments de protection inclus dans le
projet de loi 126 afin de ne pas créer deux modes inégaux de
protection, un pour les salariés assujettis à la Loi des normes
du travail et l'autre pour les salariés soumis au décret, en
particulier les éléments suivants devraient être inclus: la
définition du salarié à l'article 1, 10e; les
éléments de protection contenus dans les chapitres traitant des
recours de la faillite, des infractions et des peines. Soulignons donc les
éléments de protection additionnelle contenus dans la loi. C'est
vrai, la définition du salarié est beaucoup plus large dans la
Loi des normes minimales, ce qui constitue un élément majeur,
compte tenu des problèmes juridiques nouveaux causés par
l'interprétation de cette notion dans la Loi des décrets et des
conventions collectives.
La possibilité de verser immédiatement au salarié
le montant d'une réclamation de salaire sans attendre le résultat
d'une poursuite en justice". Très bien.
A l'article 111, le fait que la somme due au salarié porte
intérêt à compter de la mise en demeure.
A l'article 113, très bien, les motifs d'interdiction à un
employeur de congédier, suspendre, déplacer un employé
sont supérieurs à ceux prévus dans la Loi des
décrets et conventions collectives.
A l'article 114, la création d'un droit pour le salarié
congédié, suspendu ou déplacé, de faire appel
auprès d'un commissaire du travail nommé en vertu du Code du
travail".
A l'article 115, l'extension d'un an à la prescription de
l'action civile.
A l'article 116, l'interdiction et la prescription, dès
l'expédition des avis d'enquête de la commission à
l'employeur.
A l'article 117, les amendes prévues pour les infractions
similaires dans la Loi des décrets de la convention collective sont
beaucoup supérieures".
Il y a aussi la protection des salariés, son effet dans le
domaine des décrets. Dès lors, l'installation de ce mode de
protection pour les salariés assujettis à ces normes minimales
place les décrets de l'automobile et leur partie contractante face aux
options suivantes: les conditions de travail prévues dans les
décrets qui sont supérieures aux normes minimales ne peuvent pas
être appliquées aussi efficacement et avec autant de vigueur que
les normes minimales appliquées dans la Commission des normes
minimales.
Le législateur crée et met en opposition deux modes
d'application des conditions minimales, inégalement efficaces. Ou bien
on veut faire mourir les décrets, je pense que c'est quasiment
sûrement ça, d'une mort bien naturelle et là, on oublie les
avantages supérieurs qu'ils ont rendus jusqu'à aujourd'hui pour
régler les différends qu'apportent actuellement les
décrets, principalement ceux de l'automobile, dans les secteurs
industriels auxquels ils s'appliquent...
Les articles 92, 146, 149 du projet de loi, ajoutés au fait que
le projet de loi ne confère pas à la Loi des décrets les
mêmes pouvoirs pour assurer l'observance des décrets nous porte
à croire que l'on entend faire mourir en douceur le régime des
décrets en vigueur.
En conséquence, la remise en question des décrets nous
amène à mettre en garde le gouvernement contre un abandon pur et
simple de la Loi des décrets et de la loi habilitante. Agir ainsi, c'est
battre en brèche les principes de base sur lesquels est fondée la
vitalité des divers secteurs industriels, c'est mettre de
côté les associations patronales syndicales qui ont
travaillé pendant des années à l'établissement d'un
climat de travail sain dans l'industrie de l'automobile et surtout dans tous
les autres décrets paritaires, c'est abandonner les autres rôles
que jouent les parties contractantes et les comités paritaires qu'elles
ont formés.
Que fait-on de la participation des associations patronales et
syndicales au développement de leur industrie et de sa main-d'oeuvre?
Pourquoi laisser de côté le travail positif accompli par ces
hommes de métier et remplacer subitement leur initiative et leur
dynamisme par l'intervention sèche et unilatérale de l'Etat?
Est-ce la façon d'encourager la motivation au sein de l'industrie?
Le projet 126 n'est pas tout ce que dit le ministre, beauté... Il
y a du bon, c'est sûr, je le partage, mais il y a aussi des choses qui
vont être extrêmement difficiles. On va créer une
armée de fonctionnaires. Ce ne sera pas, sans y penser, un peu le
PQuiou, sûrement pas. Le projet de loi maintient la Loi des
décrets de convention collective et nous appuyons ce principe. Nous
croyons aussi que, dans les secteurs industriels et particulièrement
dans l'industrie de l'automobile où le dynamisme des parties
contractantes est très important, les conditions de travail
généralement supérieures aux normes minimales
visées dans le projet de loi et où les comités paritaires
jouent un rôle diversifié, qualifications, bénéfices
sociaux, comités industriels, écoles, le législateur
devrait maintenir la formule actuelle et encourager son évolution.
M. le Président, c'est dans un climat qui n'est pas très
serein que nous abordons ce soir le projet de loi 126, contrairement à
ce qui aurait pu arriver si on l'avait fait demain matin. Je me réserve
le soin de critiquer certains articles qui sont ici.
M. Johnson: M. le Président, je remercie le leader de la
"You N"...
M. Bellemare: M. le Président, je proteste, mon parti
n'est pas anglophone. Je prétends que nous ne méritons pas cette
expression.
M. Johnson: Mais le PQuiou.
M. Bellemare: On ne dit pas "Bar-B-Q ", on dit "Bar-B-Cue".
Tâchez de l'apprendre.
Le Président (M. Lacoste): Très bien. M. le
Président, je remercie le leader de "l'Une" de nous avoir donné
cet exposé qui fait le tour du projet de loi et qui touche des
éléments importants de ce projet, je ne partage pas
nécessairement la critique, mais je trouve que l'identification des
zones sujettes à discussion est assez bien faite.
Je suggérais, M. le Président, que nous passions
immédiatement à l'étude de l'article 1 qui comprend
essentiellement les définitions.
Nous allons maintenant procéder à l'étude du projet
de loi article par article. J'appelle donc l'article 1.
Définitions M. Pagé: L'article 1, M. le
Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: A l'article 1f), je vois la définition du
travailleur domestique.
M. Johnson: Je m'excuse, je pense que vous avez...
Le Président (M. Lacoste): II faudrait prendre la
réimpression.
M. Johnson: II faudrait peut-être prendre la
numérotation de... C'est 1, 6° qui correspond à f),
d'ailleurs, dans l'alphabet.
M. Pagé: Le ministre a jugé opportun d'apporter des
modifications à la définition du travailleur domestique. Si je
comprends bien, tous les travailleurs domestiques seront soumis à la
loi, sauf lorsqu'ils travaillent pour la garde d'un enfant ou la garde d'une
personne malade, d'une personne handicapée ou d'une personne
âgée.
M. Johnson: En pratique, cela veut dire que toutes ces personnes,
hommes ou femmes, qui sont des domestiques au sens de gens de ménage,
ou, comme on disait à la campagne, quand j'étais plus jeune, un
homme ou une femme de peine, seront couverts, indépendamment du nombre
d'employeurs, indépendamment du nombre d'heures. Ils seront couverts par
la loi.
Cependant, dans le cas des gardiennes d'enfants, de personnes
âgées ou de personnes handicapées, on sait que dans bien
des cas, cela se fait un peu dans un contexte de bon voisinage, de services
réciproques, etc., mais il y a quand même un échange de
prestations et d'argent. Faute d'avoir une solution parfaite, je pense que
celle-là rejoint plus les préoccupations des groupes que nous
avons entendus et des objectifs visés par le gouvernement que la
première rédaction.
M. Bellemare: M. le Président, est-ce que le
député de Portneuf a terminé?
M. Pagé: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Vous aviez évoqué, en commission
parlementaire, lorsqu'on a entendu les mémoires la possibilité
qu'à l'intérieur du règlement en ce qui concerne le taux
de salaire, le salaire horaire payé aux domestiques, relativement au
salaire minimum, qu'interviendrait le fait qu'une personne demeure ou ne
demeure pas chez l'employeur. Cette notion disparaît-elle par le fait
même? Qu'est-ce qu'il en est?
M. Johnson: C'est cela, la chambre et la pension peuvent
être prévues par règlement en vertu de l'article 89, dans
la nouvelle numérotation.
M. Pagé: Ce sera prévu par règlement.
M. Johnson: C'est cela, par règlement, on peut
prévoir cela.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Sur le même sujet, M. le Président, je
pense qu'il y a tout un lot de complications qui vont se présenter dans
l'application de cet article-là, pour ce qui concerne le domestique.
Par exemple, quelqu'un qui veut engager une personne trois heures par
jour et qui la renvoie après ses trois heures, c'est suffisant? Elle
n'est pas couverte par les normes du travail?
M. Johnson: Oui, elle le serait.
M. Bellemare: Oui, mais elle n'a pas travaillé 35
heures.
M. Johnson: Non, elle n'a plus besoin de les faire maintenant.
Justement, c'est cela la modification qu'on a apportée. La
modification...
M. Bellemare: ... "cependant ce mot ne comprend pas le
salarié dont la fonction principale est de garder un enfant, un malade,
une personne handicapée ou une personne âgée."
M. Johnson: C'est cela. Une Voix: Faire du
ménage.
M. Bellemare: Ce n'est pas inscrit "faire du ménage", un
instant! Dans la définition... Non, ne faites pas la loi vous
là!
Une Voix: Les travaux ménagers.
M. Bellemare: Non, ce n'est pas cela qui... "la fonction
principale est de garder un enfant, un malade, une personne
handicapée..."
M. Johnson: Ce sont ceux qui sont exclus, tous les autres sont
inclus.
M. Bellemare: Oui.
M. Johnson: Ceux dont la fonction n'est pas de garder un enfant
ou un...
M. Bellemare: Vous m'assurez que celui qui engagera une
domestique trois heures par jour, pendant cinq jours...
M. Johnson: C'est cela, il va la payer au salaire minimum.
M. Bellemare: Oui, mais elle ne travaillera pas 35 heures.
M. Johnson: Sans qu'elle travaille 35 heures. En d'autres termes,
toute femme ou tout homme dont la fonction est d'aller dans une maison et de
faire des travaux domestiques, que ce soit laver les planchers, passer la
balayeuse ou faire le ménage, cette personne-là doit être
considérée comme n'importe quel travailleur salarié. Si
elle va travailleur cinq heures chez vous, elle sera payée pour cinq
heures au salaire minimum. Si, le lendemain, elle s'en va chez le voisin
travailler cinq heures, elle sera payée pour cinq heures au salaire
minimum, ce qui correspond, d'ailleurs, tout à fait à la demande
que faisait le groupe Au bas de l'échelle et quelques autres
M. Bellemare: Vous allez avoir besoin de bien des policiers pour
surveiller cela.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le ministre, une personne handicapée qui
demeure à la maison, qui a besoin d'une gardienne et qui, pour son
dîner, n'est pas capable de mettre la table et de préparer son
repas, il faut que ce soit la gardienne qui le fasse, c'est un travail
domestique.
M. Johnson: Oui, mais ce n'est pas son activité
principale. L'activité principale de la personne dont vous me parlez,
c'est de s'occuper d'une personne âgée ou d'une personne
handicapée. De façon accessoire, cette personne peut être
appelée à faire des tâches périphériques
à cela, mais si cette personne-là a pour fonction principale de
s'occuper de travail domestique et j'entends par travail domestique
d'effectuer des travaux ménagers dans un logement elle est
couverte. Si sa fonction principale est de garder une personne,
là...
M. Cordeau: Oui, mais...
M. Johnson: C'est difficile de faire la distinction, j'en
conviens, sauf qu'en pratique, je pense...
M. Cordeau: Qui va poser la balise pour dire qu'il y a une
personne, à un moment donné, qui peut travailler pendant X
semaines et X mois pour une personne handicapée, et à un moment
donné, elle va porter plainte à la commission, elle ne veut plus
travailler, et elle va exiger le salaire minimum, en disant: Oui, je passais un
peu la vadrouille le matin, et, ensuite de cela, je faisais le lit, je
préparais le dîner, je faisais un travail domestique, mais je
n'avais pas été engagé à ces conditions. J'ai un
cas bien spécifique, je pourrais même vous nommer la personne.
M. Johnson: On s'est posé...
M. Cordeau: Cette personne reçoit le bien-être
social en plus. Imaginez-vous que le bien-être social lui donne $30 par
semaine actuellement pour sa domestique. En tout cas, c'est bien entendu, pour
un besoin spécial, elle a $30 par semaine, mais si l'autre exige
tantôt le salaire minimum, elle ne sera jamais capable d'avoir quelqu'un.
Cela coûte bien meilleur marché que cette personne demeure
à la maison que d'aller dans un lieu spécialisé
pour...
M. Johnson: Dans la version originale du projet de loi, cette
personne était à peu près automatiquement couverte. La
situation que vous me décrivez, c'est clair qu'à un moment
donné, il va se poser ce type de problème. Il va falloir laisser
cela, comme disait si bien le leader de l'Union Nationale tout à
l'heure: il y a la lettre qui tue la loi, et l'esprit
qui vivifie. Je pense que, dans la mesure où la commission ou un
juge, le cas échéant, est appelé à statuer, il va
sans doute se servir de cette matière grise entre ses deux oreilles pour
porter un jugement. Il est clair que, dans le projet de loi, on ne peut pas
tracer une ligne, et je peux vous assurer qu'on l'a tourné à
l'endroit et à l'envers, en essayant d'une part de rejoindre les
préoccupations légitimes de ceux qui considèrent que les
travailleurs devraient être considérés sur un pied
d'égalité, à travail égal salaire égal, si
on veut, et, d'autre part, de prendre conscience du fait qu'il y a des gens qui
peuvent avoir à la maison une personne handicapée ou quelqu'un de
très âgé, quelqu'un de malade ou encore des enfants, et qui
n'ont évidemment pas les moyens, en fin de compte de donner
l'équivalent du salaire minimum. (20 h 30)
C'est pour cela, dans bien des cas, que la personne qui s'occupe du
gardiennage des enfants ou de la personne handicapée est une personne
qui le fait occasionnellement, dont la rémunération finalement
est relativement peu importante. Chose certaine, c'est qu'on règle le
problème des domestiques sous-payés avec cela, par exemple. La
"femme de ménage" ou l'"homme de ménage", qui vient dans une
maison et qui se fait mal aux genoux à laver des planchers, on dit
maintenant qu'il est couvert par la Loi du salaire minimum.
M. Cordeau: Je le reconnais. Par contre, le cas que je vous
souligne va être un cas direct d'appel. Dans la loi, il n'y a rien de
spécifique. C'est déjà une lacune. Il y a
déjà une lacune du fait que, tantôt, une personne va aller
devant la commission, va réclamer son salaire, même après
un an, le salaire minimum. Je ne sais pas s'il y aurait possibilité de
corriger cela tout de suite, parce que vous avez un cas patent...
M. Johnson: On a essayé, on l'a vu et je vous dis que...
Je disais tout à l'heure au député que le scénario
qu'il a évoqué, on y a pensé, sauf qu'on pense qu'il est
plus facile, pour les citoyens à commission et le gouvernement, de vivre
avec cette formulation qu'avec la précédente. Il n'y a pas de
formulation parfaite. La vraie formulation, c'est dire que tout le monde est
couvert, d'accord? Mais, en pratique, si on dit que tout le monde est couvert,
ça veut dire que, si quelqu'un a chez lui un handicapé et qu'il y
a une dame, qui est la voisine, qui veut bien, quelques heures par semaine,
venir passer, faire un tour à la maison, et que cette dame retire en soi
une satisfaction de faire plus d'argent de poche à l'occasion, on pense
que, concrètement, les effets de couvrir cette personne par la Loi du
salaire minimum pourraient être, dans certains cas, carrément
désastreux. Egalement, en attendant qu'il y ait un réseau de
garderies, et je comprends que le gouvernement a multiplié par cinq le
budget dans ce domaine depuis deux ans, mais, en attendant qu'il y ait un
réseau de garderies parfaitement accessible et gratuit ou, en tout cas,
s'il n'est pas gra- tuit, qui ne soit pas cher pour l'ensemble des femmes au
travail, je pense qu'imposer à la secrétaire classe I au
gouvernement, qui fait $9800 par année, que le gardiennage de son enfant
à 40 heures par semaine soit payé au salaire minimum, ça
revient, à toutes fins utiles, à lui dire qu'il va lui rester
$12.25 dans ses poches à la fin de la semaine. Je comprends
qu'idéalement, il faudrait dire que tout le monde a les moyens et qu'on
me dise que les femmes qui travaillent comme secrétaires dans les
secteurs public et parapublic, et veulent faire garder leurs enfants, devraient
réclamer des salaires trois fois plus élevés. On n'est pas
rendu là.
Je pense qu'en pratique, on vient de régler pas mal de
problèmes, on vient de couvrir des gens qui ont été
souvent exploités; il va y en avoir d'autres qui vont se poser et,
à un moment donné, on essaiera de les régler quand on
arrivera là dans la société.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Auparavant, le
député de Johnson m'a demandé la parole.
M. Bellemare: Je m'excuse, monsieur. Vous allez avoir toute la
veillée à vous.
M. Pagé: Vous vous en allez?
M. Bellemare: Ce ne sera pas long.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Deux choses: D'abord, il existe, dans notre Code du
travail, chapitre 141, la définition d'une convention, d'un contrat
individuel de travail. Est-ce qu'une domestique va être obligée
d'être couverte par une convention, un contrat individuel de travail dans
chacun de ces cas?
M. Johnson: Je pense que c'est le contrat implicite en vertu du
Code civil.
M. Bellemare: Oui, mais le contrat individuel de travail, c'est
une convention collective, paragraphe e) de l'article 1 du Code du travail, qui
existe toujours. C'est dans les Statuts refondus de 1964...
M. Johnson: Oui, mais c'est-à-dire que... M. Bellemare:
... chapitre 141.
M. Johnson: ... je connais très peu de domestiques qui
sont couverts par une convention collective.
M. Bellemare: Non, mais ils sont couverts non pas par une
convention, mais...
M. Johnson: Par un contrat individuel.
M. Bellemare: ... par un contrat individuel. M. Johnson:
C'est ça.
M. Bellemare: A ce moment-là, ils sont obligés de
se soumettre à la loi. C'est sûr.
M. Johnson: Oui.
M. Bellemare: En vertu des Statuts refondus de 1964, chapitre
141.
M. Johnson: Oui.
M. Bellemare: Parce que toutes les ententes relatives à
des conditions de travail, y compris les règlements du gouvernement et
tout ça, ont un effet direct sur le projet de loi no 126.
M. Johnson: Oui.
M. Bellemare: Pensez-vous que ça peut être
explicité assez pour que les gens puissent le comprendre?
M. Johnson: Oui, je suis sûr de ça.
M. Bellemare: Regardez, M. le ministre. Vous avez apporté
75 à 80 amendements depuis que la loi est déposée.
M. Johnson: Ce qui prouve qu'on écoute le monde.
M. Bellemare: Ce qui prouve que vous allez en avoir encore, ce ne
sera pas bien long.
M. Johnson: Qu'on écoute le monde.
M. Bellemare: Oui, mais... Ah oui! Je crois bien!
M. Johnson: On ne fait pas semblant de tenir des commissions
parlementaires. On les tient vraiment.
M. Bellemare: Non, mais ça veut peut-être dire que
vous n'étiez peut-être pas bien préparés.
M. Johnson: Voyons donc!
M. Bellemare: Vous avez peut-être pris l'idée qui
vous est venue et vous en avez fait...
M. Johnson: Oui, c'est ça...
M. Bellemare: ... un tout. Vous avez dit: Ils vont l'avaler. On
ne l'a pas avalé comme ça.
M. Johnson: M. le Président, je suis sûr que celui
qui a écrit trois fois le Code du travail en deux ans a des
leçons à me donner de ce côté-là.
M. Bellemare: Oui, je l'ai appris et je ne l'ai pas tout
récrit; j'ai refait des paragraphes, des chapitres nouveaux, oui, et qui
ont été mauditement utiles, parce que vous vous en servez
aujourd'hui et vous vous cachez derrière eux. N'oubliez pas ça.
Je suis assez lucide pour m'en apercevoir.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Lavigne: ...
M. Bellemare: Comment?
M. Lavigne: ... pour permettre au ministre de se cacher
derrière?
M. Bellemare: Je n'ai pas fait ça pour ça du tout,
je ne me cachais pas et quand il y avait une grève, je la prenais et je
la réglais.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je suis un peu surpris de
voir l'enthousiasme du ministre du Travail, ce soir, entre autres sur la notion
des domestiques, en ce qui concerne l'application de cette loi. Celui-ci nous
dit: II n'y a pas de problème, ça va bien aller. La commission va
être...
M. Johnson: Je suis de bonne humeur, mais je ne suis pas
enthousiaste; je ne fais pas un "trip" particulier sur un paragraphe.
M. Pagé: Non, mais vous nous donnez l'impression d'un
ministre qui nous dit et d'ailleurs vous nous l'avez dit qu'il
n'y aura pas de problème à appliquer ça, que la commission
sera là pour veiller à l'application de la loi. Cela va prendre
une batterie d'inspecteurs.
M. Bellemare: Oui, un millier.
M. Pagé: Prenez strictement l'obligation que la commission
aura, soit de voir à l'application de la loi ou encore de donner suite
à des plaintes strictement formulées sur la notion de
"domestique", je ne suis pas convaincu que ça va aller aussi bien que
vous le croyez.
Ce que le député de Saint-Hyacinthe a mis en relief, j'ai
l'impression que ça va s'appliquer souvent. Vous avez donné
l'exemple de la dame qui garde les enfants de la femme qui travaille à
l'extérieur du foyer. La démarcation est où? Cette femme
arrive généralement le matin, généralement la dame
va s'occuper de l'entretien ménager, même si ce n'est que
très limité; cette femme va généralement donner le
repas du midi aux enfants; cette femme va aussi préparer le dîner
du soir pour les parents qui reviennent de travailler. Alors, est-ce que cette
domestique sera soumise à la loi? Est-ce qu'elle travaille seulement
pour les enfants, cette dame dont je viens vous donner l'exemple? C'est
l'exemple qu'on retrouve dans des milliers de cas au Québec. Qu'est-ce
qui
arrivera? Vous aurez un contrat individuel de travail qui, bien souvent,
est un contrat verbal où, peut-être, la domestique sera exclue,
parce que, selon l'interprétation des deux parties, l'essentiel du
travail sera la garde des enfants. Mais vous serez susceptible d'avoir des
plaintes qui seront formulées à la commission où
l'employée dira: Moi, pendant les six mois ou l'année que j'ai
passée dans cette maison, j'ai été embauchée pour
faire la garde des enfants, mais j'ai dû préparer des repas et
j'ai préparé tant de repas depuis six mois, depuis un an. J'ai
été obligée de faire tel, tel ou tel type de travail qui
relève de l'entretien ménager et je demande d'être
rémunérée au salaire minimum et d'avoir la
différence. Cela va en prendre des inspecteurs; ça va prendre du
monde à la commission pour décider et juger de tout
ça.
Je dois vous dire que c'est un peu ambigu. Même si nous
n'étions pas complètement d'accord avec le texte original qui
prévoyait un nombre d'heures, le texte original permettait, tout au
moins, d'avoir une base plus certaine sur l'application de la loi.
C'était basé sur le nombre d'heures effectuées par
l'employée et, en autant que l'employée y travaillait moins de 30
ou 28 heures...
M. Johnson: 30 heures.
M. Pagé:... elle n'était pas soumise à la
loi. La démarcation était beaucoup plus nette et
l'appréciation aurait été certainement beaucoup plus
facile de la part de la commission.
En tout cas, tout ce que je peux vous souhaiter, c'est bonne chance;
mais je dois vous dire, ici, que vous devez prévoir un paquet de
plaintes et un paquet de problèmes entre employeurs et employés,
entre contribuables du Québec.
M. Johnson: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Johnson: II y a bien des choses dans ce que vient de dire le
député de Portneuf. D'abord que la démarcation de 30
heures était claire; ça oui, mais elle était
sûrement très injuste finalement...
M. Pagé: II s'agissait de la déterminer.
M. Johnson:... compte tenu de l'autre type de solution qu'on a
été capable de trouver. C'était d'ailleurs l'opinion du
député de L'Acadie. En fait, qu'une personne travaille chez un
même employeur 30 heures par semaine ou qu'elle travaille chez trois
employeurs 40 heures par semaine, en faisant à peu près 12
à 15 heures chez chaque employeur, ça n'enlève rien
à la nature de son emploi. Ce qu'on veut faire, c'est couvrir toutes ces
personnes au niveau du salaire minimum. Il reste cependant, à cause de
la situation que j'ai décrite antérieurement, le problème
des gardiennes d'enfants. En pratique, quel sera l'effet de la loi? L'effet de
la loi sera de permettre aux gardiennes d'enfants d'empêcher qu'on exige
trop d'elles; c'est aussi simple que ça. En pratique, c'est ce que
ça va donner. Une gardienne d'enfants va dire: Non, je ne laverai pas
les murs, je ne laverai pas les planchers, je ne suis pas ici pour ça,
et si vous voulez que je fasse ça, vous allez me payer au salaire
minimum, sur une base horaire, 40 heures par semaine, s'il le faut. En
pratique, c'est ça; ça va, je pense, d'une part, ralentir ou
amenuiser le fardeau qu'on peut mettre sur les gardiennes d'enfants.
Deuxièmement, ça va cependant permettre à toutes ces
personnes qui ont besoin d'une gardienne d'enfants ou d'une gardienne pour une
personne âgée ou handicapée à la maison, de quand
même pouvoir avoir recours à ces services, faute, pour la
communauté, de les mettre à la disposition de tout le monde de
façon pas cher. Finalement, ça n'empêchera pas la
domestique proprement dite, qui se promène d'une maison à
l'autre, dans quelque quartier que ce soit, d'être payée
décemment pour le travail qu'elle fait.
Quant aux plaintes vis-à-vis de la commission, c'est vrai qu'il y
en aura et c'est vrai qu'il se fera une espèce de jurisprudence. Je ne
pense pas qu'il y ait plus de plaintes là qu'ailleurs et les incitations
sont là quant au respect de la loi. Les personnes qui ont une gardienne
d'enfants chez eux ou qui vient régulièrement vont faire
attention quant aux exigences qu'elle leur impose. Cela peut peut-être
vouloir dire qu'en pratique, dans certaines maisons, la gardienne d'enfants va
s'occuper de garder les enfants, de faire les repas de temps en temps, mais
quand il y aura du ménage i faire, ce sera la reine du foyer qui le fera
ou le roi du foyer qui le fera ou bien ils feront venir quelqu'un qu'ils
paieront au salaire minimum, un travailleur qui s'occupera de faire
ça.
Maintenant, je ne prétends pas qu'il n'y aura pas de
difficultés, mais je pense qu'il y en a moins comme ça que de
l'autre façon.
M. Bellemare: L'article 1 contient 12 paragraphes.
M. Johnson: Oui.
M. Bellemare: Là, M. le Président, on est en train
de tomber dans une erreur de procédure. On devrait prendre l'article 1,
paragraphe 1 et se rendre jusqu'à 12. Je pense que c'est comme ça
que ça devrait se faire. On a des questions à plusieurs de ces
définitions.
M. Lavigne: ... "domestique " à la définition
6...
Une Voix: C'est moi qui l'ai apporté. M. Bellemare:
M. le Président...
M. Pagé: On ne se lancera pas dans les fleurs et dans les
numéros quant à moi. Il s'agit de regarder ça selon ce
qu'on veut soulever. Si mon collègue...
M. Bellemare: Si vous voulez passer à travers, mon cher,
dans l'espace de quelques heures, c'est bien facile, je vais m'enlever pour
vous donner la chance de tout adopter ipso facto.
M. Pagé: Je n'ai pas voulu dire que notre collègue
de Johnson était de trop, au contraire sa contribution est non seulement
utile, mais nécessaire.
M. Johnson: Et agréable.
M. Pagé: Et agréable, même. Je souhaite qu'il
reste ici jusqu'à minuit.
M. Bellemare: "Accouchement ", M. le Président.
M. Pagé: Vous avez des questions sur l'accouchement?
M. Bellemare: "La fin d'une grossesse par la mise au monde d'un
enfant viable ou non"...
M. Pagé: M. le Président, je vais laisser le
député de Johnson dans l'accouchement et je vais revenir au
service continu et à la définition de salaire.
M. Bellemare: L'élément 1.1. M. Johnson: 1,
premièrement. M. Bellemare: Accouchement...
M. Johnson: Accouchement, c'est une fin de grossesse, d'habitude,
c'est inclus.
M. Bellemare: Oui, ça veut dire qu'une fausse couche ce
sera payé.
M. Johnson: C'est inclus.
M. Bellemare: C'est payé, c'est ça que ça
veut dire.
M. Johnson: C'est ça. M. Bellemare: D'accord.
M. Johnson: C'est-à-dire que la réglementation va
pouvoir s'appliquer.
M. Bellemare: Viable ou non.
M. Johnson: Deuxièmement...
M. Bellemare: La réglementation le pourvoit.
M. Johnson: C'est ça.
M. Bellemare: Commission des normes du travail
instituée...
M. Johnson: Ce sont celles...
M. Bellemare: Est-ce que les droits acquis de ceux qui sont en
place actuellement vont être respectés dans la Commission du
salaire minimum? Ces gens-là...
M. Johnson: Oui. Les droits acquis sont toujours
respectés.
M. Bellemare: ... vont être respectés.
M. Pagé: Tous les employés de la Commission du
salaire minimum deviennent automatiquement employés. C'est
ça.
M. Johnson: 155. On n'est pas rendu là encore, on est
même pas mal loin de là.
M. Bellemare: Non, mais c'est l'article 4. M. Pagé:
On est au deuxièmement. M. Johnson: C'est ça.
M. Bellemare: "Conjoint: l'homme et la femme: a) qui sont
mariés et cohabitent, ou b) qui vivent ensemble maritalement et qui
résident ensemble depuis trois ans"... Qui est-ce qui va en faire la
preuve?
M. Johnson: D'après moi, ce sera la domestique...
M. Bellemare: Si c'est elle qui est concernée. M.
Pagé: Cela vous ramène à sixièmement.
M. Bellemare: Oui, mais si c'est publiquement
représenté, je ne sais pas par quoi et par qui, devant la
Commission des normes, il va falloir qu'ils rétablissent, parce qu'il y
a des articles...
M. Johnson: C'est l'expression qu'on retrouve dans la Loi sur
l'assurance automobile et dans la Loi de la Régie des rentes. En fait,
c'est une expression standard qu'on utilise depuis quelque temps pour la
définition du mariage de "common law", comme disent les gens du droit
anglais. Quatrièmement peut-être?
M. Bellemare: C'est le Président qui doit les appeler, ce
ne doit pas être moi.
M. Johnson: Non, mais il faut comprendre un point d'interrogation
à la fin de ma phrase.
M. Bellemare: Voyons, le 13, arrêtez, encore un
"sideline".
M. Johnson: Alors, quatrièmement?
M. Bellemare: Non, c'est le Président qui doit
l'appeler.
Le Président (M. Lacoste): Pour la bonne marche des
travaux de la commission parlemen-
taire, est-ce qu'on doit, au niveau de l'article 1, appeler tous les
éléments...
M. Bellemare: Tel que le veut le règlement.
Le Président (M. Lacoste): ... un par un ou
globalement?
M. Bellemare: On peut si on donne notre consentement, mais on ne
l'a pas donné. (20 h 45)
M. Pagé: Je pense que le député de Johnson
aimerait mieux un par un.
Le Président (M. Lacoste): Un par un. M. Pagé:
Oui.
M. Bellemare: D'ailleurs, le règlement est là qui y
pourvoit.
Le Président (M. Lacoste): Donc, pour la bonne...
D'accord. Paragraphe 1.
M. Bellemare: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 2.
M. Bellemare: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Paragraphe
3.
M. Bellemare: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Paragraphe
3.
M. Bellemare: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 3.
Adopté.
M. Bellemare: Paragraphe 3a. Adopté.
M. Johnson: Paragraphe 3a, les deux premiers mots sont
adoptés. Quant à la notion de cohabitation, je suis sûr que
ce serait le sujet d'un long débat.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 3b.
Adopté.
M. Bellemare: "Qui vivent ensemble et qui", il y a deux "i".
M. Johnson: Les deux points sont adoptés aussi, M. le
Président, après le mot "qui".
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 3b.
Adopté.
M. Johnson: Paragraphe 4, M. le Président? Le
Président (M. Lacoste): Paragraphe 4.
M. Bellemare: C'est ce que j'ai dit au ministre tout à
l'heure, s'il était pour y avoir des contrats individuels sur les
ententes entre les gens qui vont employer des domestiques ou non, ça
n'existe pas dans la loi.
M. Johnson: II n'y a pas de problème, c'est
réglé par l'article 4.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 4.
M. Bellemare: C'est en vertu de 141 des Statuts de 1964, il peut
y avoir un contrat individuel. Vous devriez vous y conformer.
M. Johnson: C'est ça, il n'y a pas de problème.
Paragraphe 4.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 4.
Adopté.
M. Bellemare: C'est que les comités paritaires vont subir
un grave préjudice, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 4.
Adopté.
M. Johnson: Oui, le paragraphe 4 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 5.
M. Bellemare: Combien y a-t-il de décrets,
présentement, M. le ministre, qui sont en application?
Non, je n'ai pas dit oui au paragraphe 5. Un instant, s'il vous
plaît! Le paragraphe 4, oui. Paragraphe 5. S'il vous plaît,
monsieur. Au paragraphe 5, je voudrais savoir combien il y a de décrets
qui restent en cause actuellement.
M. Johnson: 51. M. Bellemare: 51.
M. Johnson: II y en a deux qui ont été abolis. Il y
en a deux qui vont être fusionnés bientôt.
M. Bellemare: On a su ça par votre publiciste.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 5. Adopté.
Paragraphe 6.
M. Bellemare: Avez-vous déjà eu des statistiques
quant aux domestiques qui travaillent et qui vont être couverts par cette
loi?
M. Johnson: Le nombre?
M. Bellemare: Le nombre, à peu près.
M. Johnson: Ce qu'on a essentiellement, ce sont des
projections.
M. Bellemare: Au pifomètre, je suppose. Allez voir
Rosalie.
M. Johnson: Pardon?
M. Bellemare: Rosalie va nous dire ça.
M. Johnson: Rosalie?
M. Bellemare: Votre ordinateur.
M. Johnson: Oh pardon!
M. Lavigne: On était dans les domestiques.
M. Johnson: II y a de vagues projections. Il y a des groupes
comme la Ligue des droits de la personne, d'autres groupes qui évaluent
ça n'importe où entre 12 000 et 25 000, seulement quand on pense
à la ville de Montréal. On sait qu'il y en a beaucoup.
M. Bellemare: Combien y a-t-il d'étrangères dans
ça?
M. Johnson: On sait que c'est, entre autres, un des
problèmes, dans le cas de Montréal en tout cas, c'est la
main-d'oeuvre qui entre au pays illégalement. Je pense que ce n'est pas
tellement à ces personnes qu'il faut en vouloir, mais à ceux qui
utilisent ces gens, à des fins bien personnelles et bien lucratives. On
sait qu'il y en a, encore une fois, mais on n'a pas beaucoup de chiffres.
M. Bellemare: Avec votre loi, vis-à-vis de ce
problème que vous trouvez crucial, comment allez-vous le
détecter?
M. Johnson: On ne peut pas, dans la mesure où c'est
à partir des lois de l'immigration qu'on peut régler ces
problèmes, ce n'est pas dans le cadre de la Loi des conditions
minimales. A moins qu'on impose la notion de carnet de travail.
M. Bellemare: Ceux que vous prétendez qui sont
illégalement entrés, qui sont nombreux dans la province de
Québec...
M. Johnson: Qui seraient nombreux, selon certains, oui.
M. Bellemare: Comment allez-vous faire pour les
détecter?
M. Johnson: A partir des lois de l'immigration. Je ne pense pas
que ce soit une fonction de la commission des normes, sauf qu'à un
moment donné, peut-être que la commission des normes va pouvoir,
à partir de plaintes, identifier des secteurs, etc.
M. Bellemare: Avoir soin des délateurs. M. Johnson:
Non. Oui?
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Cela va être les 6 millions d'inspecteurs du
ministère de l'environnement.
M. Johnson: C'est ça, c'est ça. Une Voix: La
GRC.
M. Lavigne: M. le Président, ne pensez-vous que si la
loi...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, est-ce que les employeurs
vont être tenus, s'ils paient le salaire minimum, de retenir
l'impôt provincial...
M. Johnson: Pas dans le cas des domestiques.
M. Cordeau: Pas dans le cas des domestiques.
M. Johnson: Non. Il y a un article qui prévoit...
M. Cordeau: La Régie des rentes, l'assurance-chômage
et tout cela.
M. Johnson: II y a un article qui prévoit... La
Régie des rentes, l'assurance-chômage et tout cela, cela n'a
jamais été couvert et ce n'est pas cette loi qui peut l'imposer
non plus. Mais la loi n'imposera pas le prélèvement dans le cas
de l'employeur d'un domestique et cela, c'est en vertu des articles 30 et
suivants.
M. Cordeau: D'accord. L'employeur est exempté, il lui paie
son salaire et il n'a de rapport à faire à personne, sauf que,
pour son impôt, c'est une dépense.
M. Johnson: C'est cela. Par contre, il est obligé de
suivre les dispositions de la loi, il est obligé de payer son domestique
au salaire minimum etc.
M. Cordeau: Mais lui, par contre, il va se faire donner un
reçu pour ses dépenses.
M. Johnson: S'il le veut.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: J'ai bien l'impression que, si on adopte la loi et
qu'une personne qui vient de l'étranger est utilisée comme une
personne faisant des travaux ménagers et payée en deça du
salaire minimum, dans le fond, elle se pénalise elle-même si elle
ne réclame pas, au moment où la loi lui permet de
réclamer.
M. Bellemare: Combien y a-t-il de gens qui l'acceptent dans la
province? Actuellement, il y a un salaire minimum...
M. Lavigne: On ne peut pas faire plus que de donner un outil
permettant aux gens de se défendre. S'ils ne veulent pas utiliser
l'outil lorsqu'ils se sentent lésés dans leurs droits, on n'est
pas pour aller fouiller dans tous les logements de la province de Québec
pour savoir si cela existe.
M. Bellemare: Je n'ai pas besoin de vous rappeler ce que bien des
patrons ont fait, même avec les lois. Il y a une tendance aujourd'hui
à camoufler la loi.
M. Lavigne: Si vous étiez ministre du Travail, comment
procéderiez-vous?
M. Bellemare: Si j'étais ministre du Travail, si
j'étais assermenté ministre? Je serais bien content, mon cher
monsieur.
M. Lavigne: Oui. On leur donne un outil leur permettant...
M. Bellemare: Vous me le souhaitez?
M. Lavigne: Est-ce qu'on peut faire plus, M. le
député, que de donner un outil à cette personne pour
qu'elle puisse...
M. Bellemare: En vertu du règlement, vous n'avez pas le
droit de me poser des questions.
M. Lavigne: D'accord, je ne vous en poserai plus. Mais elle vous
embête, la réponse, c'est pour cela que vous ne voulez pas avoir
la question.
M. Bellemare: Elle ne m'embête pas du tout, parce que, si
j'étais ministre, je ne vous prendrais certainement pas comme
conseiller.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: De toute façon, je l'interprète comme
ceci. On ne peut pas faire plus que de donner un outil permettant à ces
gens-là de se défendre et libre à eux d'utiliser l'outil
légal qu'on leur met dans les mains.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: ...
M. Bellemare: Le ministre a dit tout à l'heure que le
prélèvement n'était pas compris dans le salaire
minimum.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Johnson: Dans le cas des employeurs qui utilisent les services
d'un ou d'une domestique, ils sont soumis à la loi, mais ils ne sont pas
soumis au prélèvement. Autrement dit, on ne le demandera pas; le
prélèvement étant la cotisation pour financer la
commission, on va en entendre parler tout à l'heure.
M. Bellemare: Le prélèvement est obligatoire par
l'employeur?
M. Johnson: Non, il n'y en a pas. Il n'y en a pas actuellement
et, en général, il n'y en a pas. Théoriquement, il
pourrait y en avoir, sauf que c'est cela. C'est vrai pour
l'assurance-chômage, la Régie des rentes et tout cela. Mais je ne
pense pas que ce soit dans le cadre de la loi des conditions minimales qu'on va
régler ce problème. Je pense qu'à partir du moment
où on distingue les domestiques des autres, je pense qu'on a les bases
de la reconnaissance du métier, de la profession de domestique. Et je
pense qu'éventuellement, cela pourra être "réglementer". Je
ne suis pas sûr que je souhaite au monde que ce soit
réglementé, parce que, habituellement, d'après les
expériences qu'on a pu avoir à réglementer les gens, ils
n'ont pas trouvé cela drôle. Mais, à un moment
donné, cela va peut-être être réglementé. Et
le jour où ce sera réglementé, ce sera bien plus facile de
prévoir des régimes de couverture d'accidents du travail, de
Régie des rentes, d'assurance-chômage, etc. Je pense
qu'éventuellement, c'est là qu'on va en arriver dans le cas des
travailleurs domestiques, pour qu'ils soient reconnus comme des travailleurs
autonomes, à toutes fins utiles, comme tous les autres, peut-être
avec un régime de contribution volontaire.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Toujours sur le sujet, pour qu'une plainte puisse
être entendue relativement à la relation entre un domestique et
son employeur, est-ce que la plainte devra être portée par le
domestique lui-même ou si elle devra être portée par une
autre personne?
M. Johnson: II y a un article général qui
prévoit qu'on peut conserver l'anonymat dans une plainte. Entre vous et
moi, cependant, à moins de faire affaires avec une maisonnée
telle qu'il y a une quinzaine de domestiques et qui sont des maisonnées
assez rares...
M. Pagé: Aujourd'hui, oui.
M. Johnson: Oui. Je pense qu'en pratique, quelqu'un qui recevait
une mise en demeure de la commission selon laquelle il n'a pas payé
adéquatement ou n'a pas respecté les dispositions de la loi
à l'égard d'un ou d'une domestique, par exemple, qui fait un
travail une fois par semaine, il y a peut-être des chances qu'il sache
d'où cela vient.
M. Pagé: Si je demande cela, M. le ministre, c'est que je
soupçonne que, dans plusieurs cas, malheureusement, la loi ne sera
peut-être pas respectée. Vous savez, bien souvent, dans l'embauche
d'un ou d'une domestique, une des premières conditions dans le contrat
individuel qui intervient, c'est qu'il n'y ait aucun prélèvement
sur le salaire payé par l'employeur, qu'il n'y ait pas
d'impôt, pas de Régie des rentes, qu'il n'y ait absolument
rien de cela et que cela ne paraisse nulle part. Il n'est pas impossible, au
lendemain de l'adoption du projet de loi 126 et de ses règlements,
qu'encore vous ayez des domestiques ou alors des employeurs qui demandent
à leurs employés de travailler en deça du salaire minimum
qui sera prévu dans le règlement ou dans la loi. Il est possible
aussi que des arrangements puissent se prendre en ce sens entre
l'employé et l'employeur. Si je vous pose cette question, c'est que je
veux savoir si la plainte dans un tel cas est formulée non pas par le
domestique, mais par un beau-frère qui n'est pas content, un lundi matin
ou une chose de cette nature-là, il pourra le faire. Je suis convaincu,
M. le Président, que, malheureusement, on aura à vivre pendant un
certain temps avec une situation où la loi ne sera pas respectée
et ce pour deux motifs, entre autres. Il m'apparaît, selon moi, qu'il y a
des gens au Québec qui ont des domestiques, dans le moment, qui
travaillent peut-être 30 heures, qui, dans certains cas, en font
peut-être 40, 45 et 50, qui n'auront pas les moyens de payer une personne
au salaire minimum. Dans certains cas aussi, vous aurez des personnes qui, pour
être certaines de garder un emploi, compte tenu de l'attachement dans
cette résidence ou avec cette famille-là, accepteront
peut-être de travailler mais non pas au salaire minimum ou aux conditions
prévues par la loi et les règlements. A ce moment-là, je
crains non seulement le non-respect de la loi, mais que cela donne suite
à un paquet de plaintes qui, par surcroît, si on y ajoute la
complication au niveau de l'interprétation de l'article 1, paragraphe 6,
vont amener des problèmes tantôt.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Johnson: Oui, je voudrais bien, à moins que le
député de Portneuf ait une autre alternative, je trouve qu'on
s'est creusé passablement les méninges et c'est à peu
près ce qu'on pouvait trouver de mieux.
M. Pagé: On peut prévoir que le projet de loi sera
adopté avant le 22 juin.
M. Johnson: Cela dépend de vous autres. M. Pagé:
Pardon?
M. Johnson: Cela ne dépend pas tellement de nous autres,
cela dépend de vous autres.
M. Pagé: Oui, cela dépend de nous autres. Je vous
dis qu'on peut prévoir qu'il sera adopté avant le 22 juin. Vous
devriez l'apprécier, d'ailleurs.
M. Johnson: Cela m'apparaît normal, parce que c'est un bon
projet de loi, celui-là.
M. Cordeau: On va faire revenir M. Bellemare. M. Johnson:
Ce serait moins normal.
M. Cordeau: N'insistez pas...
M. Pagé: Vous prévoyez que les règlements
seront présentés au lieutenant-gouverneur vers quelle date? Pour
l'automne ou quoi?
M. Johnson: Cela n'ira sûrement pas avant l'automne.
M. Pagé: Sûrement pas avant l'automne.
M. Johnson: Je pense qu'il va falloir donner le temps...
Remarquez que le dernier article qui prévoit la mise en vigueur
prévoit la mise en vigueur par proclamation...
M. Pagé: Proclamation.
M. Johnson: ... et non pas sur sanction. En fait, il va falloir
que la commission s'équipe dans chaque domaine. Je pense qu'il faut se
donner le temps de le faire. C'est une loi qui est là pour
longtemps.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Ma dernière question a trait au sixième
paragraphe. Comme cela, il est bien entendu que le salarié dont la
fonction principale est de garder un enfant, un malade, une personne
handicapée ou une personne âgée est exclu.
M. Johnson: Oui.
M. Cordeau: Par contre, dans la réglementation, avez-vous
l'intention de faire une description des tâches d'une gardienne
d'enfants, d'un malade, etc.?
M. Johnson: Non, je ne suis pas obligé de le faire dans la
réglementation dans la mesure où c'est la loi qui les exlut.
M. Cordeau: Ce sera l'individu qui dira: Je le fais ou je ne le
fais pas. Il y aura des petites grèves sur le tas de temps en temps,
mais ce n'est pas grave.
M. Pagé: II me faut un lave-vaisselle, sans cela...
M. Johnson: Oui, absolument, et je pense que ce sera leur droit
de l'exiger, de dire: Vous ne me payez pas le salaire minimum. Je suis ici pour
garder les enfants, je ne suis pas ici pour laver les planchers et les murs. Je
pense que c'est normal, si on veut couvrir des gens, qu'on le fasse comme cela,
ou bien on ne fait rien, mais on choisit de faire quelque chose. D'ailleurs,
c'est l'opinion de la plupart... J'avais compris qu'il y avait un consensus
qu'il fallait qu'on s'occupe des domestiques et qu'on leur donne un minimum de
protection.
M. Cordeau: Oui, je suis tout à fait d'accord sur le
principe qu'il faut protéger le domestique qui était
exploité auparavant. Je suis tout à fait d'accord sur cela, mais,
par contre, je prévois une multitude de cas concernant ces gardiennes.
Lorsque cela va se répandre qu'elles n'ont pas le droit de
répondre à la porte, parce que l'enfant n'a pas besoin qu'elle
vienne répondre à la porte. En tout cas, on ne charriera pas plus
que cela, mais je vous souhaite bonne chance, par exemple, avec cela.
M. Johnson: C'est cela, mais c'est toujours tentant dans des
affaires comme cela.
M. Cordeau: J'espère que vous allez avoir de bons juges et
des gars assez vites sur les roulettes, parce qu'il va y en avoir, des cas. (21
heures)
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Devant l'inquiétude du député de
Portneuf, à savoir si le taux du salaire minimum était pour
être respecté, il y a même des gens qui travaillent dans le
domaine de la construction, dont les taux horaires sont fixés par
décret. On sait très bien que, souvent, cela se produit, cela se
pratique couramment; il y a des beaux-frères, des amis et des "chums"
qui vont travailler pour des gens, pratiquent leur métier, soit à
faire des sous-sols ou des trucs, réparer des lavabos, en bas du taux du
décret. Ils décident de le faire volontairement. La même
chose pour les gens qui vont faire du ménage dans les maisons. S'ils le
veulent, par exemple, ils peuvent se prévaloir de la loi et dire: Je
vais aller faire du ménage, comme la loi l'indique, au salaire minimum;
en bas de cela, je n'y vais pas. Si la voisine décide, parce qu'elle
aime bien son autre voisine, d'aller laver son plancher à $2 l'heure, au
lieu du salaire minimum, c'est son problème à elle.
M. Pagé: C'est d'ordre public.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Je m'excuse, mais si l'autre voisine aurait
aimé y aller au salaire minimum et que l'employeur ne l'a pas
embauchée parce que la voisine de l'autre côté y va
à $2...
M. Lavigne: Oui, mais c'est la partie...
M. Pagé:... elle va porter plainte à la Commission
des normes.
M. Lavigne: Oui, il y aura toujours des cas marginaux. C'est la
même chose pour le menuisier dont on évoquait le cas tout à
l'heure.
M. Pagé: Ce n'est pas aussi simple cela. C'est d'ordre
public, cela doit s'appliquer. Vous dites qu'il n'y a pas de problème,
ils l'ont voulu et ils l'ont décidé. Cela ne fonctionnera pas
comme cela. L'autre personne, la tierce personne va porter plainte à la
commission, celle-ci va enquêter et rendre une décision.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Johnson: On peut faire des scénarios comme cela ab
absurdo tant qu'on veut.
M. Pagé: Ce n'est pas moi qui ai fait le scénario,
c'est lui qui les fait les scénarios.
M. Johnson: Je veux bien croire que théoriquement...
M. Pagé: II me dit qu'il n'y a pas de problème, moi
je dis qu'il va y en avoir.
M. Johnson: Je veux bien croire qu'en vertu de l'article 1,
sixième paragraphe, les cas décrits par le député
de Saint-Hyacinthe et par le député de Portneuf peuvent se
présenter et que, théoriquement, c'est vrai qu'un
beau-frère jaloux, un de ces matins, pourrait décider de
dénoncer la belle-soeur pour qui il a caché, depuis 18 ans, un
amour profond, aller devant la commission et dire: Elle ne paie pas sa
domestique au salaire minimum. Il y aura toujours des beaux-frères
jaloux. Ce n'est pas une loi qui va changer cela. C'est théoriquement
vrai, mais je pense qu'en gros, il y a des mécanismes dans la loi et
dans la société qui font que ces situations absurdes sont, en
général, marginales. Il faut se fier, en fin de compte, au fait
que la société est un immense malentendu et que les lois sont
là pour régir les malentendus, elles ne sont pas là pour
aplanir les différences. Il y en aura toujours.
M. Cordeau: Elles sont là aussi pour en créer
quelques-unes.
M. Johnson: Voilà! C'est cela. D'ailleurs, s'il n'y en
avait pas, on ne serait pas assis autour de la table, payés par les
citoyens pour le faire.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 6 est
adopté?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Paragraphe
7?
M. Johnson: Oui. Paragraphe 8?
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Paragraphe
8?
M. Pagé: Adopté. M. Cordeau:
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Paragraphe
9?
M. Johnson: Adopté. M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Paragraphe 10?
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, le...
M. Cordeau: SI le député de Portneuf est d'accord
pour le reste, service continu, salarié et tout cela, si on pouvait
mettre cela tout ensemble pour...
M. Pagé: Cela va être plus facile depuis que votre
collègue est parti.
M. Cordeau: Surtout ces articles, très cousins
germains.
M. Johnson: Alors, les paragraphes 10 et suivants... Je pense que
le député de Portneuf a une question sur le paragraphe 10.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Sur la notion de "salarié", toute
personne, en fait, qui occupe un travail pour un employeur à quelque
titre que ce soit deviendrait un salarié régi par le salaire
minimum.
M. Johnson: C'est cela.
M. Pagé: Vous ne croyez pas qu'il aurait été
opportun, M. le ministre, de prévoir un nombre d'heures
nécessaires pour acquérir le statut de salarié. Cela veut
donc dire, comme le Conseil du patronat vous en faisait part, que le jeune
homme qui vient tondre le gazon chez vous le samedi matin, une heure durant,
dépendamment de la superficie du gazon, est couvert par le salaire
minimum, ainsi que celui qui passe les journaux à votre
résidence, celui qui vend le journal au coin de la rue, celui qui vient
pelleter l'entrée de neige 15 minutes le soir.
M. Johnson: Oui, mais, en général, ce qu'il fait,
c'est tant par mois, qu'il y ait une tempête ou qu'il y en ait 25, c'est
tant par mois. C'est ce qu'il fait. Il ne vient pas pelleter un trottoir, il se
rend disponible au mois ou à la semaine ou pour la saison, selon le cas.
En général, c'est ce qui se produit. Là où ce n'est
pas cela, ce sera peut-être cela. A ce moment, cela ne tombe plus sous la
coupe, c'est un contrat, à un montant forfaitaire, pour un travail qui,
finalement, est déterminé quant à son objet, mais pas
quant à sa durée. Si c'est tant par mois pour le jeune homme qui
est camelot ou le jeune homme qui, l'été tond des gazons, etc.,
c'est tant par mois, ce n'est pas tant sur base horaire. Peut-être que
dans le prix qu'il demande par mois, il se fait un calcul approximatif, mais je
pense qu'il n'est pas couvert par le paragraphe 10.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe... M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: II suffira pour l'employeur et l'employé
de négocier un peu comme un travail à forfait, purement et
simplement.
M. Johnson: C'est ça. Le principe, c'est ça. C'est
le principe d'un travail à forfait. Cette objection, on y a pensé
et, en fonction de la rédaction qui est là, ça
n'empêche pas que ces choses continuent. Par contre, ça permet ici
de couvrir le cas qui a été décrit, entre autres, par le
juge Morin, du Tribunal du travail, dans un jugement de la semaine
dernière, dans le cas des chauffeurs de camions d'huile à
chauffage, et où le juge Morin aurait étiré un petit peu
les notions du Code du travail pour dire que, dans le fond, ce monde-là,
c'étaient des salariés. A toutes fins utiles, on confirme le
jugement du juge Morin dans la loi des normes. Celui qui fait de la livraison
ou celui qui est gérant d'un Perrette peut être couvert par
ça maintenant.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 10
adopté?
M. Cordeau: Non, j'aurais une question bien
spécifique.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Johnson: Oui.
M. Cordeau: Vous allez prendre le cas des ambulanciers...
M. Johnson: Oui.
M. Cordeau:... actuellement, ils ont un certain nombre de
personnes qui sont engagées à la semaine...
M. Johnson: Oui.
M. Cordeau: ... et il y en a d'autres qu'ils appellent pour
travailler seulement sur appel. A un moment donné, ils peuvent les
appeler et ils leur donnent peut-être $5 je donne des exemples
le jour et $10 le soir pour un voyage. Il y a une certaine
disponibilité. Si le gars travaille, il va être sur la liste des
appels du soir et ainsi de suite. Est-ce que ces types vont tomber au salaire
minimum, c'est-à-dire vont être couverts par cette loi?
M. Johnson: II faut se comprendre. Dans le système que
vous décrivez, est-ce que le fait d'être disponible le jour,
ça lui vaut $5, mais s'il va travailler six heures, il va être
payé. Ce n'est pas seulement $5 pour sa journée. Le fait de
rester à la maison à côté du
téléphone, ça lui vaut $5...
M. Cordeau: Non, mais ils ne sont pas nécessairement
obligés de rester à côté du
téléphone.
M. Johnson: Oui.
M. Cordeau: Ils ont une certaine liste de personnes...
M. Johnson: Oui.
M. Pagé: C'est prévu plus loin, ça.
M. Johnson: Oui, c'est ça, mais je pense que c'est
à ça...
M. Cordeau: C'est prévu plus loin? M. Johnson: ...
qu'on fait référence.
M. Cordeau: Moi, je veux savoir, dans les mots "service
continu...
M. Johnson: Vous parlez de la... Ah bon! Vous parlez de...
M. Cordeau: ... et salariés". Dans ces cas-là.
M. Johnson: Non, c'est correct.
M. Cordeau: C'est parce qu'actuellement, on m'a dit...
M. Johnson: Oui.
M. Cordeau: ... qu'il y avait certains ambulanciers...
M. Johnson: Oui.
M. Cordeau: ... qui sont pris avec la commission actuellement et
que si cette loi est en application, ces types, c'est la faillite, et s'ils
vont en arrière deux ou trois ans, c'est la faillite dans leur cas,
parce que s'ils ont compté les heures disponibles, s'ils l'ont
appelé deux fois dans la même journée, à un moment
donné, dans l'espace de huit heures ou quelque chose...
M. Johnson: Non, mais il y a bien des choses auxquelles on fait
référence. D'abord, je pense que la plupart des réponses
à ces préoccupations, on va les trouver dans un article qui est
un peu plus loin, la notion de service continu, c'est en termes de mois ou
d'années pour les fins de calcul des congés, etc., la
définition qui est là. Ce n'est pas pour les fins de...
M. Cordeau: Quel article...
M. Johnson: ... ce qui est écrit là. Quant à
la disponibilité...
M. Cordeau: Oui.
M. Johnson:... c'est l'article...
M. Cordeau: C'est seulement pour le noter, pour y revenir
à un moment donné.
M. Johnson: Oui, c'est ça. Attendez, je vais vous le dire.
Ce sont les articles 57, 58. Peut-être qu'on pourra revenir
là-dessus aux articles 57 et 58.
M. Cordeau: Oui, mais seulement que...
M. Johnson: Service continu, adopté, M. le
Président? Semaine et service continu?
Le Président (M. DussauH): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: II n'y a pas eu de définition à la
notion de service continu, n'est-ce pas?
M. Johnson: Non, il n'y a pas eu de modification.
M. Pagé: Vous n'avez pas retenu la demande qui avait
été formulée, entre autres, par l'Association des
manufacturiers de bois de sciage qui a mis en relief le problème des
fins de vacances et les fins de...
M. Johnson: Oui, mais on tient compte de leur convention
collective, d'une part. Là où la convention s'applique, ça
va être la convention qui va s'appliquer et, deuxièmement, on
tient compte d'un prorata, article 74... On va tenir compte de...
L'indemnité afférente étant faite à un pourcentage
de ce qui a été accumulé au cours de l'année, et
non pas à partir d'une semaine théorique. On règle en
partie leur problème avec ça. On le règle, à toutes
fins utiles, totalement.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 10 est
adopté?
M. Cordeau: Un instant!
M. Johnson: 10 est adopté, c'est 11, on est rendu à
11.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Concernant... Parce que la partie patronale, je
crois, dans ses mémoires, aurait préféré que la
durée du service continu comprenne les jours effectivement
travaillés, les jours de maladie, les périodes de congé,
les absences autorisées et les absences pour accidents du travail.
M. Johnson: Oui.
M. Cordeau: Est-ce que la définition est...
M. Johnson: II y a une distinction à faire entre la
définition qu'on retrouve à 12, ici, et la définition que
voudrait voir le Conseil du patronat, c'est la période au cours de
laquelle on considère qu'une personne a été
salariée d'une entreprise. Ce que proposerait le Conseil du patronat,
c'est
qu'on additionne les jours, l'un après l'autre; on peut avoir
tant d'années de service, il s'agit de savoir... Si on prend la formule
du Conseil du patronat, on va prendre tout ce qu'il décrit, on va
énumérer ça, on va diviser par 365 et on va voir combien
ça fait d'années. Ce n'est pas comme ça; un an, c'est un
an de services continus pour une entreprise, qu'on ait été
malade, qu'on se soit absenté; du moment qu'il n'y a pas eu de fin du
contrat de travail, on considère que c'est du service continu.
M. Cordeau: Est-ce qu'une grève, c'est du service
continu?
M. Johnson: Oui, une grève est considérée
comme faisant partie du service continu. Je vais vous donner l'exemple de
ça; les gars, à Murdochville, à l'avant-dernière
grève ils en ont fait une en 1957 en 1957 et, 20 ans
après, on ne considérait pas que les gars, en 1977, avaient
seulement 19 ans d'ancienneté, ils avaient 20 ans, même s'ils
avaient passé six mois en grève. C'est un peu ça, le
principe du service continu.
M. Lavoie: Même dans le cas d'un lock-out, M. le
ministre?
M. Johnson: Même dans le cas d'un lock-out.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Avant de terminer, parce que, tantôt, on a
changé, M. Bellemare est parti, sur la question du salaire, est-ce qu'en
monnaie courante... Il est spécifié "monnaie courante", est-ce
que vous considérez les chèques comme de la monnaie courante?
Une Voix: Des virements bancaires. M. Cordeau: Des
virements bancaires.
M. Johnson: Oui, la notion de monnaie courante, c'est qu'on s'en
prendrait à ceux qui voudraient payer, par exemple, en roubles ou en
yens; on s'attend qu'ils payent en dollars canadiens ou associés!
M. Cordeau: D'accord. Vous ouvrez une porte, M. le ministre.
M. Johnson: C'est quand on les ferme que ça fait mal!
Le Président (M. Lacoste): L'article 10, adopté.
L'article 11, adopté. L'article 12, adopté.
M. Pagé: M. le Président, il s'agissait des
paragraphes de l'article 1.
Le Président (M. Lacoste): C'est ça, des
paragraphes.
M. Johnson: Merci. Alors, l'article 1 est-il adopté, M. le
Président?
M. Pagé: Le ministre n'a pas jugé bon d'inclure une
définition de "cadre", comme cela avait été
demandé.
M. Johnson: Non. On me dit que la jurisprudence est claire
là-dessus; probablement sous 1053, les poursuites pour
congédiement.
M. Pagé: Adopté.
M. Cordeau: ... que vous mentionnez, parce qu'on est
arrivé dans le portrait un peu à la dernière minute.
M. Johnson: Oui, on comprend ça.
M. Cordeau: Ici, on demanderait... Dans les différents
mémoires qui ont été présentés, on aurait
aimé qu'il y ait des définitions autres que celles qui sont
spécifiées; il faudrait définir les mots "cadre" et
"entreprise".
M. Johnson: Pour "cadres", la réponse que je viens de
donner s'applique toujours, dans la mesure où la jurisprudence est
claire là-dessus et qu'aller mettre ça dans une loi, ça
risquerait bien plus de perturber une jurisprudence longuement établie
depuis 1867, année de l'adoption du Code civil, de l'article 1053.
Quant à la notion d'entreprise, c'est la même chose. Le
Petit Robert vient à la rescousse!
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 1, adopté. Le
champ d'application
Article 2.
M. Johnson: M. le Président, je demanderais la suspension
de l'article 2, on y reviendra demain.
M. Pagé: Pourquoi, M. le ministre?
M. Johnson: C'est que, dans la définition du champ
d'application, il est possible qu'il y ait un papillon.
M. Pagé: Concernant les salariés travaillant
à l'extérieur du Québec?
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Lacoste): L'article 2 est suspendu.
L'article 3.
M. Johnson: Je suis prêt à répondre aux
questions, s'il y en a, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Le ministre a apporté des modifications
à l'article 3, tel que rédigé dans le premier texte du
projet de loi 126: "La présente loi ne s'applique pas au salarié
employé à l'exploitation d'une ferme mise en valeur: a) par une
personne physique seule ou avec son conjoint ou un descendant ou un ascendant
de l'un ou de l'autre, avec le concours habituel d'au plus trois
salariés; b) par une corporation dont c'est l'activité principale
avec le concours habituel d'au plus trois salariés, c) par une
société ou des personnes physiques agissant en
copropriété, avec le concours habituel d'au plus trois
salariés".
Qu'y a-t-il de nouveau dans ça? (21 h 15)
M. Johnson: Ce qu'il y a de nouveau là-dedans, c'est qu'on
permet on se rappellera que le député de
Saint-Jean-Port-Joli...
Une Voix: De Montmagny-L'Islet.
M. Johnson: ... de Montmagny-L'Islet avait soulevé cette
question des fermes familiales par exemple, où on a décidé
d'utiliser l'incorporation pour des fins fiscales ou autres, ou encore la
société du Code civil, ou la copropriété du Code
civil et on fait en sorte... Dans le fond, ce qu'on vise essentiellement, c'est
ce qui est de nature de petites entités, pour ne pas les soumettre aux
contraintes du salaire minimum. Cependant, la corporation dont c'est
l'activité principale et qui utiliserait 125 salariés, elle va
être soumise à ça parce que...
M. Pagé: C'est donc dire que le couple qui exploite une
ferme...
M. Johnson: Oui.
M. Pagé: ... avec ses enfants, qui y travaillent
occasionnellement...
M. Johnson: C'est ça, le salaire minimum ne s'applique
pas.
M. Pagé: S'il a trois employés...
M. Johnson: S'il a moins de trois employés, il ne
s'applique pas.
M. Pagé: Moins de trois employés, il ne s'applique
pas. S'il a trois employés?
M. Johnson: Et plus, ça s'applique. M. Pagé:
D'accord.
M. Johnson: C'est-à-dire plus de trois employés ou
trois employés?
M. Pagé: Plus de trois employés. M. Johnson:
Plus de trois employés.
M. Pagé: Cela veut donc dire... M. Johnson: En plus
d'eux-mêmes.
M. Pagé: ... que cette ferme-là, le couple,
l'époux, l'épouse...
M. Johnson: Le fils...
M. Pagé: ... l'enfant, les enfants...
M. Johnson: Oui.
M. Pagé: ... et trois employés ne sont pas couverts
par la loi.
M. Johnson: C'est ça.
M. Pagé: C'est ça. Dans le cas de la
corporation...
M. Johnson: Même chose, sauf... M. Pagé: ...
les actionnaires...
M. Johnson: ... non, on ne parle pas des actionnaires et c'est
là que la corporation a quelque chose d'un peu peut-être
insatisfaisant dans la définition qui est là. Je pense que
ça ne rejoindrait pas tout à fait les préoccupations du
député de Montmagny-L'Islet.
M. Pagé: Oui, c'est là qu'on y arrivait.
M. Johnson: La corporation est une entité juridique. En
général ce qui arrive, c'est que les actionnaires décident
de se payer des salaires plutôt qu'attendre et se payer juste en
dividendes. S'ils se paient des salaires, à partir du moment où
ils vont être trois, ils vont se mettre à payer le monde au
salaire minimum.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf. M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Pagé: Pour faire suite, sur le même sujet, quitte
à revenir, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Exactement sur le même sujet, les
employés à la ferme. Tantôt, si j'ai bien compris l'exemple
que donnait le député de Portneuf, il a mentionné: le
père, la mère, le fils, les enfants, un enfant et trois
employés...
M. Johnson: Oui. M. Pagé: Pas de salaire minimum.
M. Johnson: Pas de salaire minimum. M. Cordeau: S'il y en a
quatre? M. Pagé: Ils sont couverts.
M. Johnson: S'il y a quatre employés, ils vont être
au salaire minimum.
M. Cordeau: Ah! trois ne sont pas couverts. M. Johnson:
C'est ça que l'article dit. M. Cordeau: C'est à partir
du quatrième...
M. Pagé: S'ils en ont quatre, ils vont tous être
couverts.
M. Mailloux: Vous rejoignez dans cette notion-là une loi
de l'Industrie et du Commerce sur les commerces...
Le Président {M. Lacoste): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: ... où, jusqu'à trois employés,
ils sont exclus de certaines obligations.
M. Cordeau: Est-ce trois employés à l'exclusion des
membres de la famille?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Johnson: En sus. M. Cordeau: Oui.
M. Johnson: En pratique, papa, maman, fiston, plus trois
employés, ça fait six personnes, pas de salaire minimum.
M. Cordeau: D'accord.
M. Johnson: Mais papa, maman, fiston, plus cinq employés,
égale salaire minimum pour les cinq employés.
M. Cordeau: Oui, mais fiston, lui? M. Lavigne: M. le
ministre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Est-ce qu'on ne pénalise pas les gens à
ce moment-là?
M. Johnson: Oui, le problème évidemment... Cela
pose le problème du fait que celui qui travaille sur une ferme où
il y a cinq employés, lui a droit à la protection du salaire
minimum. S'il travaille sur une ferme où il y a trois employés,
il n'y a pas la protection du salaire minimum. Ce qui est aberrant. Mais comme
toutes les lois qui veulent également rejoindre un autre objectif, il
faut s'arranger pour ne pas étrangler les fermes familiales où
les gens ont choisi, à cause d'intangibles, de vivre à la
campagne plutôt qu'aller sur le chômage en ville. On pense qu'au
moins on restreint cet univers où il peut y avoir des injusti- ces
à des petites entités et on ne peut pas faire autrement. Ou on
dit tout le monde est couvert ou on dit il n'y a personne de couvert. Si on dit
qu'il n'y a personne de couvert, je pense qu'on doit étendre la
protection du salaire minimum à ceux qui travaillent sur des grosses
entités agricoles. Je pense, entre autres, à certaines
corporations qui font de l'exploitation agricole au sens d'une opération
commerciale très large et très vaste, avec 125 ou 150
employés, et à ce titre là, c'est comme à peu
près n'importe quelle autre entreprise.
M. Lavigne: Vous ne pensez pas, M. le ministre...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne:... qu'à partir du moment où il y a le
père, la mère et le fils, avec l'équipement qu'on
connaît aujourd'hui, qui est de plus en plus sophistiqué, de plus
en plus efficace sur une ferme, et qu'à ça on ajoute trois
étrangers, ça commence à être une ferme
passablement... En tout cas, il y en a des fermes, dans mon comté, et si
c'est employé à l'année longue, même pendant les
périodes creuses, ça veut dire que c'est déjà une
énorme ferme. Six employés qui travailleraient sur une ferme au
mois de janvier, février et mars, ça veut dire que c'est une
grosse ferme parce qu'à ce moment-là, ils vont avoir besoin, en
période de semence ou de récolte, d'un surplus. En tout cas,
ça me chicote, je m'excuse, je trouve ça un peu discriminatoire,
cela pénalise.
M. Johnson: J'aime mieux ça quand ça vient de ce
côté-ci.
M. Lavigne: Je vous ferais remarquer que l'argumentation que vous
m'avez apportée ne me satisfait pas tout à fait.
M. Pagé: Vous voterez contre.
M. Johnson: C'est une bonne façon de régler le
problème, si vous voulez aller expliquer ça au ministre de
l'Agriculture, ça me fera plaisir.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: Le père, la mère, les deux enfants,
ils engagent quatre employés, à ce moment-là, les enfants
sont couverts parce qu'ils sont salariés.
M. Johnson: Non. Parce qu'on dit: "Par une personne physique
seule ou avec son conjoint ou un descendant ou un ascendant "... C'est
là qu'il est exclu, il ne peut pas être couvert ailleurs dans
l'article.
C'est seulement pour les salariés que l'exception ou l'inclusion
joue.
M. Pagé: Plus loin, dans le projet de loi, M. le ministre,
est-ce que vous aurez des dispositions particulières en ce qui
concerne...
M. Johnson: Les récoltes.
M. Pagé: Oui, les semences aussi, avant les
récoltes, nécessairement. Pour prévoir le temps
supplémentaire, est-ce qu'il y aura des dispositions
particulières pour l'agriculteur?
M. Johnson: Oui. C'est l'article je le relisais il y a
quelques minutes 54. "La durée de la semaine normale
déterminée à l'article 52 qui parle de 44 heures
" ne s'applique pas aux salariés suivants: le conjoint... un
salarié affecté à la récolte, à la mise en
conserve, à l'empaquetage, à la congélation des fruits et
légumes, pendant la période des récoltes."
M. Pagé: Pour un travailleur agricole?
M. Johnson: Et le paragraphe 7 parle des travailleurs
agricoles.
M. Pagé: Le travailleur agricole ne sera jamais
susceptible... la semaine de 44 heures ne s'appliquera pas à lui.
M. Johnson: C'est ça.
M. Pagé: II ne sera jamais susceptible d'avoir du temps
supplémentaire.
M. Johnson: Exact, c'est ce que ça veut dire.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Pagé: Dans le projet initial, il était
susceptible d'en faire. Il n'était pas assujetti...
M. Johnson: II n'était pas assujetti à la loi.
M. Pagé: ... je comprends, dans la première version
du projet de loi 126.
M. Johnson: Dans la première version du projet de loi 126.
Il y avait le surnuméraire qui était exclu, mais pas le
régulier.
M. Pagé: Tandis que le régulier était exclu.
M. Johnson: C'est ça.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Est-ce que la loi va s'appliquer aux salariés
employés d'une ferme mise en valeur par une société, une
compagnie, un syndicat, une coopérative dont la majorité des
membres ou actionnaires ont comme principale occupation l'exploitation de cette
ferme ou en sont les gestionnaires?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Johnson: La présente loi ne s'applique pas, dit
l'article 3, paragraphe 1, sous-paragraphe c), à une
société ou une personne physique agissant en
copropriété, avec le concours habituel d'au plus trois
salariés.
M. Cordeau: C'est toujours trois salariés.
M. Johnson: Pour ceux qui ont plus que trois salariés,
ça s'applique.
M. Cordeau: Même s'ils sont gestionnaires.
M. Johnson: Pardon?
M. Cordeau: S'ils sont quatre ou cinq...
M. Johnson: Exemple, la Coopérative agricole de Granby, on
ne peut pas appeler cela une ferme familiale, il y a pas mal plus que trois
salariés, ça va s'appliquer. En pratique, d'ailleurs, si j'ai bon
souvenir, ils ont un syndicat.
M. Pagé: Ce que le député de Saint-Hyacinthe
veut mettre en relief, c'est un problème qu'on va connaître dans
plusieurs comtés ruraux. Depuis quelques années, les dispositions
d'aide ou les programmes agricoles favorisent les sociétés, entre
autres, la gestion sous forme de corporations de fermes. Dans plusieurs de ces
corporations, on voit que le père est président de la compagnie,
la mère est bien souvent...
M. Johnson: Secrétaire.
M. Pagé: ... secrétaire et le fils est
vice-président. Cela veut donc dire que la même ferme, deux fermes
voisines, avec trois membres de la famille, dans un premier temps, qui ont
trois employés, tout ce monde n'est pas soumis à la loi du
salaire minimum. La ferme voisine, le père est salarié, en tant
que président de la corporation, la mère est salariée,
elle a droit aussi à une rémunération parce que, bien
souvent, elle ne s'occupe pas seulement du travail de secrétariat, mais
aussi de la ferme, c'est fréquent.
M. Johnson: Oui.
M. Pagé: Pour le salarié aussi, et parce que c'est
une corporation, évidemment, les trois salariés qui, autrement,
ne seraient pas soumis à la loi le seront.
M. Johnson: C'est cela, ce qui, en pratique, veut dire, qu'ils
vont peut-être se trouver des modes de rémunération
différents comme se payer des dividendes sur actions au lieu de se payer
des salaires.
M. Cordeau: Est-ce que la loi va les obliger à payer le
salaire minimum?
M. Johnson: Oui, mais ils vont avoir une drôle de
façon de faire leur bilan.
M. Pagé: II n'y a pas de problème là.
M. Johnson: Qui va porter plainte? Vous avez papa, maman et
fiston, qui sont respectivement président, trésorier et
vice-président de la ferme Joseph Inc., à Saint-Simon-d'Acton.
Ils décident de se payer un salaire, mais ils travaillent comme des
démons et ils se paient le salaire qu'ils peuvent. Et si on mettait cela
sur une base horaire, cela reviendrait à peu près au salaire
minimum, c'est-à-dire celui d'un député qui fait sa job et
qui fait plus que 40 heures par semaine. Au bout de la ligne, je me demande qui
va se plaindre à la commission?
M. Pagé: Ce n'est pas là qu'est l'essentiel du
problème. Ce n'est pas en ce qui concerne les trois actionnaires qui
sont président, vice-président et secrétaire...
M. Johnson: A partir du moment où ils ont un
employé, ils vont être obligés de le payer.
M. Pagé: Les trois salariés eux, et la ferme
voisine, ils ne seront pas soumis, tandis que sur l'autre ferme, ils vont y
être soumis.
M. Johnson: C'est vrai.
M. Pagé: Est-ce que le ministre de l'Agriculture
sans entrer dans le secret des dieux et du Conseil des ministres, on ne devrait
peut-être pas parler du secret des dieux, mais, de toute
façon...
M. Johnson: Ce n'est pas nous autres. Une Voix: C'est de
votre bord.
M. Pagé: On ne s'en plaint pas d'ailleurs. Vous allez voir
aux prochaines élections. Est-ce que le ministre de l'Agriculture a eu
l'occasion de vous faire part de ses commentaires là-dessus?
M. Johnson: On a eu l'occasion d'échanger. Je me souviens
que celui qui a été le plus explicite sur toute cette question,
cela a été le représentant de l'UPA qu'on a entendu
derrière cette barre au moment de la commission qui, lui, dans le fond,
aurait voulu qu'on exclue tout ce qui est dans les zones vertes de
l'application d'à peu près toutes les lois, sauf les lois de
subvention agricole. Je ne peux pas le blâmer, c'est un peu son
rôle. Mais on a pensé trancher la poire en quarts plutôt
qu'en moitiés et c'est à cela qu'on en est arrivé. D'une
certaine façon, cela donne partiellement raison à certaines des
revendications du milieu agricole, mais pas entièrement, parce qu'on
pense qu'au-delà de la revendication, il y a aussi un minimum de
protection qu'il faut accorder et qu'il faut essayer d'étendre au
maximum d'individus possible, sans pour autant rendre l'agriculture dans une
situation concurrentielle telle et ne tenant pas compte de ces
particularités qu'on lui donne son coup de mort dans certains cas.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, le ministre a voulu exclure
le type de ferme familiale qui comprend le propriétaire, ses enfants et
trois employés.
M. Johnson: Oui.
M. Mailloux: Je voudrais savoir ce qui va arriver en
période estivale, à un propriétaire de ferme familiale qui
voudrait bénéficier du placement étudiant et chez qui, aux
personnes mentionnées, on ajouterait un étudiant. Je pense que
ces fermes familiales ont quand même le droit d'aller chercher l'avantage
d'un étudiant et la partie du salaire qui est payée par le
gouvernement. A ce moment-là, je pense qu'ils seraient obligés,
à moins qu'il n'y ait une définition qui soit apportée
pour les étudiants qui viendraient du placement étudiant. Cela me
surprend que le ministre de l'Agriculture n'en ait pas parlé.
M. Johnson: Au départ, si je me souviens bien, pour
bénéficier d'un programme de placement étudiant, il faut
payer plus que le salaire minimum, comme base horaire. Donc, le problème
ne se pose pas. Il se pose au moment où on se parle, mais il ne se
posera pas plus après la loi. Vous comprenez ce que je veux dire? On
accorde des subventions en vertu du programme de placement étudiant,
mais il y a certaines des conditions en plus du respect du choix
aléatoire ou du rappel, je crois qu'il faut payer $3.50.
M. Mailloux: Quant à l'étudiant, je suis d'accord
qu'il bénéficierait des normes du placement étudiant.
Mais, à ce moment-là, ne changerait-il pas de catégorie,
étant donné qu'il y aurait un quatrième travailleur
étranger sur sa ferme?
M. Johnson: Je comprends ce que vous voulez dire.
M. Mailloux: Un quatrième ou un cinquième, cela
dépend de la ferme familiale.
M. Johnson: On va suspendre, M. le Président, cet
article.
Le Président (M. Lacoste): L'article 3 est suspendu. (21 h
30)
M. Johnson: ... au complet. Ce sera moins compliqué. On y
reviendra. Je pense que le reste est assez clair à l'article 3, mais ce
qui fait obstacle, ce sont les trois premiers paragraphes de
premièrement, je pense.
Le Président (M. Lacoste): Article 3, suspendu. Article
4?
M. Pagé: On a les articles 2 et 3 suspendus. M.
Johnson: Les articles 2 et 3. M. Pagé: Cela va bien.
M. Johnson: Si le député de Portneuf veut prendre
cela sur ce ton-là, je pense qu'on va revenir à l'étude de
l'article 3, M. le Président. J'essaie de répondre aux
préoccupations légitimes de l'Opposition...
M. Pagé: M. le Président, le député
d'Anjou n'est pas suffisamment serein, il devrait être plus calme, plus
serein, plus dégagé...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, si vous permettez, on ne fera
pas des amendements sur le coin de la table. On n'est pas habitué
à improviser comme le député de Portneuf au
ministère du Travail, on fait nos devoirs avant. M. le Président,
à l'article 4...
M. Pagé: Oh! M. le Président, j'ai presque envie de
soulever une question de règlement pour demander au ministre qu'il
s'explique là-dessus.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Johnson: L'article 4, M. le Président.
La Commission des normes du travail
Le Président (M. Lacoste): L'article 4.
M. Pagé: On a des représentations qui sont
justifiées, vous l'avez dit tantôt, on est obligé de
suspendre. Soyez calme, soyez serein.
M. Johnson: L'article 4, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 4. M. le
ministre.
M. Johnson: Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): L'article 4, adopté?
M. Pagé: La Commission des normes du travail. Article 4,
adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Article 4, adopté.
Article 5. Article 5, adopté? Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Pourquoi cet article ne prévoit-il pas
clairement la fonction d'enquêteur.
M. Johnson: A quel article? M. Cordeau: A l'article 5.
M. Johnson: "... surveiller l'application des normes..." "...
informer, renseigner, surveiller l'application, recevoir les plaintes,
dédommager les salariés..." Vous voulez "enquêter"?
M. Cordeau: Ce seront certainement des enquêteurs qui vont
faire ce travail-là.
M. Johnson: C'est cela. On me dit... En tout cas, cela ne pose
pas de problème, dans la mesure où on prévoit
ailleurs...
M. Cordeau: Ah! c'est par réglementation que vous...
M. Johnson: C'est parce qu'on a les pouvoirs
généraux de 1 à 4.
M. Cordeau: Est-ce que le pouvoir d'enquêter est
défini quelque part?
Une Voix: Dans les articles 34, 35.
Une Voix: Dans les articles 103, 104.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: II n'y a pas de problème là-dessus,
M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 5 est-il
adopté?
M. Pagé: Ce sont essentiellement les pouvoirs qu'on avait
à la Commission du salaire minimum, sauf celui de transmettre des
recommandations au ministre, si ma mémoire est fidèle.
Le Président (M. Lacoste): L'article 5, adopté?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Article 5, adopté.
Article 6? M. le ministre, sur l'article 6.
M. Johnson: Article 6, M. le Président... M.
Pagé: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Beauharnois.
Une Voix: "La Commission est une corporation..."
Le Président (M. Lacoste): Article 6, adopté.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Article 6, adopté.
Article 7?
M. Pagé: Le siège social de la commission est
à Québec actuellement?
M. Johnson: En ce moment, oui.
M. Pagé: Vous n'avez pas l'intention de le changer?
M. Johnson: Pas pour le moment.
M. Pagé: Pas pour le moment, c'est-à-dire
que...
M. Johnson: Pas pour le moment.
M. Pagé: Pas pour le moment. Ce n'est donc pas impossible
que vous le changiez ultérieurement?
M. Johnson: Ce n'est pas impossible.
M. Pagé: Quel serait le motif qui pourrait vous inciter
à changer le siège social?
M. Johnson: Je pense que le député de Portneuf a
entendu la réponse, ce serait de le mettre dans Portneuf.
M. Pagé: Ah! on pourrait négocier cela, on pourrait
discuter cela.
Le Président (M. Lacoste): L'article 7 est-il
adopté?
M. Pagé: On pourrait demander l'opinion du
président.
M. Johnson: Adopté.
M. Pagé: Article 7?
M. Johnson: Adopté, M. le Président.
M. Pagé: En fait, la commission pourra aller siéger
un peu partout au Québec pour entendre les parties.
M. Johnson: C'est cela. C'est une bonne chose.
M. Pagé: II n'y a pas de problème.
Le Président (M. Lacoste): Article 7, adopté?
M. Pagé: "Décentralisation!" On l'a
déjà dit à un de nos collègues. Article 8.
Le Président (M. Lacoste): Article 7, adopté.
Article 8?
M. Pagé: Comment va se faire la consultation des milieux
les plus représentatifs?
M. Johnson: Par le ministre.
M. Pagé: Oui, mais quelle formalité cela
pourra-t-il prendre éventuellement?
M. Johnson: Des appels téléphoniques, des opinions,
des lettres...
M. Pagé: II n'y aura pas de...
M. Johnson: II n'y a pas nécessairement de forme
particulière; c'est seulement... Dans le fond, un article comme
celui-là, on le sait, on est bien plus une espèce d'engagement
moral d'un gouvernement à consulter avant de nommer qu'une obligation
d'obtenir la recommandation d'un organisme spécifique. Je pense que le
gouvernement ne doit pas se barrer les deux pieds avec une recommandation d'un
organisme, parce que le seul qui existe au moment où on se parle, ce
serait le conseil consultatif. Or, le conseil consultatif ne représente,
au niveau des salariés, que les milieux structurés et syndicaux.
Le gouvernement ne doit pas se priver de la possibilité d'aller voir
ailleurs aussi.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Est-ce que, parmi les membres actuels, il y a
déjà une femme qui siège?
M. Johnson: Non.
M. Mailloux: Devant le problème dont vous parliez
tantôt...
M. Johnson: C'est-à-dire oui, le juge Casgrain. M.
Mailloux: II y en a une. M. Pagé: Vous l'aviez
oubliée?
M. Mailloux: Ce n'est pas dans ce sens que je posais ma question.
Comme on a beaucoup parlé de domestiques, je me demandais quelles
seraient les représentations.
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Concernant les représentations, est-ce que la
commission va être formée d'autant de salariés que
d'employeurs, venant des milieux...
M. Johnson: Cela va dépendre, en fait. Je pense qu'on ne
peut pas tenir pour acquis... Ce n'est pas un organisme "paritaire", au
départ. C'est seulement qu'on essaie de ventiler cela, cet organisme, au
niveau des dispositions pour que la composition éventuelle du conseil
d'administration ou de la commission soit un éventail le plus large
possible, en même temps qu'il faut, cependant, essayer de rejoindre les
objectifs d'efficacité, de compétence, etc. Evidemment, si un
organisme est strictement représentatif, cela ne veut pas
nécessairement dire qu'il va être efficace. Cela peut être
un bel échange pour les idées, et peut-être pas pour
réaliser des choses, compte tenu des personnes qu'on a nommées.
L'idée, c'est d'avoir à la fois des éléments de
représentativité et
des éléments de dynamisme qui permettent à
l'organisme de fonctionner.
M. Pagé: Ce n'est pas la légalisation d'une notion
de représentativité.
M. Johnson: Non.
M. Pagé: Cela se limite à de la consultation
purement et simplement.
M. Johnson: C'est cela. M. Pagé: D'accord.
M. Cordeau: II y aura nécessairement des employeurs aussi
là-dedans, parce que je pense que c'est l'employeur qui paie une bonne
partie des montants à la commission. Ce serait peut-être bon aussi
de tenir compte de ce point de vue, parce que...
M. Pagé: Duquel, M. le député de
Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: Des employeurs.
M. Johnson: C'est pour cela que la loi dit que...
M. Cordeau: Ce sont eux qui paient la grosse part.
M. Pagé: Oui, et il y a les petits salariés, il y a
les immigrants.
M. Cordeau: Oui.
M. Mailloux: Je reviens sur la question de tantôt...
Nonobstant la présence de Mme Casgrain, étant donné que
vous rejoignez, par cette loi, la protection qui va être accordée
à de nombreuses femmes, est-ce qu'il n'y aurait pas une obligation pour
le gouvernement de poser un geste concret et qu'une deuxième femme
apparaisse au moins...
M. Johnson: Je pense qu'il y a une obligation morale pour le
gouvernement de considérer que dans le renouvellement ou l'ajout de
personnel au niveau de la commission, il est bien évident, sans qu'on
aille mettre cela dans la loi avec des quotas, qu'il serait assez malvenu de ne
pas nommer quelqu'une, au minimum, une autre femme.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 8, adopté.
Article 9?
M. Pagé: Article 9.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Strictement une question. Parmi les commissaires
de la Commission du salaire minimum actuellement, sans me référer
à la loi, je ne l'ai pas en mémoire, qu'est-ce qui était
prévu dans le mandat des commissaires? C'était ad vitam? Jusqu'au
bon vouloir?
M. Johnson: C'était bon plaisir, et fixé en
général par arrêté en conseil.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Article 9, adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 10? L'article 9 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui, il est adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 9, adopté.
Article 10?
M. Pagé: En fait, il n'y aura pas d'obligation pour les
membres de l'organisme, sauf le président, d'occuper leurs fonctions
à plein temps, un peu comme c'est le cas...
M. Johnson: Non, c'est-à-dire qu'il n'y a rien qui
empêche...
M. Pagé: Oui, mais ce n'est pas une obligation, comme
c'est le cas à l'OCQ...
M. Johnson: C'est cela. Il y a le PDG qui va être à
temps plein, les autres peuvent être à temps plein. Il n'y a rien
qui empêche qu'ils le soient, mais pas nécessairement à
temps plein. Entre autres, à certains égards, quand on parlait de
représentativité tout à l'heure, on peut peut-être
permettre, par l'ajout de personnes qui, autrement, ne pourraient pas le faire,
ne pourraient pas laisser l'emploi régulier qu'ils ont, de jouer quand
même un rôle dynamique au niveau de la commission et un rôle
représentatif.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 10, adopté.
Article 11? M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: II y a plusieurs organismes, tant du
côté syndical que du côté patronal, qui trouvent
cette délégation de pouvoirs inacceptable et s'opposent à
cet article tel que rédigé.
M. Johnson: Je comprends mal... C'est vrai que cela a
été repris à plusieurs occasions. Il faut dire,
évidemment, que si on a regardé les vases communicants qu'il y
avait dans certains des mémoires parce qu'il y en avait, les
recherches étaient basées sur la même mauvaise
perception
de l'article, à mon avis dans le fond, ce pouvoir, c'est
que le pouvoir d'enquête soit donné à un enquêteur.
Ce n'est pas plus compliqué que ça. Il ne s'agit pas de dire que
la commission va déléguer à deux personnes ses pouvoirs et
qu'on va oublier qu'il y a un conseil d'administration et une commission, mais
il faut quelque part asseoir dans la loi le pouvoir de donner, entre autres, un
mandat précis à un inspecteur, à un directeur du personnel
ou, par exemple, au service des communications, puisqu'on parle
premièrement d'informer et de renseigner la population.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, pour aider le ministre
à ce sujet, la même question s'est posée à la
Commission municipale du Québec où certains
enquêteurs...
M. Johnson: Consommateurs...
M. Pagé: ... n'ayant pas les pouvoirs
conférés par la loi...
M. Johnson: C'est ça.
M. Pagé: ... les pouvoirs et les attributions d'un
commissaire, n'ont pas pu agir et cela a entraîné des brefs
d'annulation. Je pense que c'est tout à fait justifié dans les
circonstances. La loi n'est jamais trop claire et la loi ne... C'est correct,
ça.
M. Johnson: Si vous me passez l'expression, "il n'y a rien
là", mais ça permet de fonctionner normalement.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. Pagé: D'emblée, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Article 11 adopté.
Article 12.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 12 adopté.
Article 13.
M. Cordeau: A l'article 12, est-ce que les membres de la
commission peuvent être nommés pour plusieurs mandats
consécutifs?
M. Johnson: Oui, il n'y a rien qui l'empêche. M.
Cordeau: ... nouveau pour plusieurs...
M. Johnson: Article 13 adopté, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Article 12 adopté.
Article 13.
Une Voix: Adopté.
M. Johnson: 14, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Article 13 adopté.
Article 14.
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: A l'article 14, M. le Président, est-ce
qu'en cas d'incapacité d'agir du président, il ne serait pas bon
de spécifier que le président soit nommé à
même les autres membres?
M. Mailloux: De toute façon, c'est ça qui
arrive.
M. Johnson: Remarquez que je tenais pour acquis, moi, que
c'était ça...
M. Pagé: Généralement, c'est ça qui
arrive.
M. Johnson: ... sauf que c'est vrai que la loi permettrait autre
chose. La rédaction, telle qu'elle est là, n'oblige pas le
gouvernement à le prendre parmi les commissaires.
M. Pagé: Non.
M. Johnson: En pratique, c'est ce qui arrive, sauf que je pense
que la formule consacrée, c'est celle-là, d'une part.
Deuxièmement, dans un cadre éventuel, disons dans quatre ou cinq
ans, il y a un président à temps plein et il y a des commissaires
à temps partiel. Il n'y en a aucun de ceux qui sont là à
temps partiel qui veulent assumer la présidence temporairement. Il ne
faut quand même pas empêcher le gouvernement de nommer une personne
qui est prête à s'occuper de ça à temps plein, mais
pour une période fixe. Je pense que, dans le fond, c'est l'usage
consacré.
Une Voix: Si le président est en bonne santé.
M. Johnson: Si le président est en bonne santé.
M. Cordeau: On doit lui nommer temporairement un
remplaçant, en cas d'incapacité, afin de hâter le
fonctionnement de la commission.
M. Johnson: Exemple: le président traverse la rue et se
fait...
M. Cordeau: Non, bien sûr, le président est
incapable...
M. Johnson: Oui.
M. Cordeau: ... le gouvernement "peut" lui nommer...
M. Johnson: Ah bon! Le juge Pigeon dit que dans ce
temps-là, le mot "peut" veut dire "doit".
M. Cordeau: D'accord.
M. Johnson: Je pense que le juge Pigeon, ça vaut bien mon
opinion en commission.
M. Cordeau: Non.
M. Johnson: En général, il a une bonne
expérience.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 14est
adopté?
M. Cordeau: C'est seulement une spécification que je
voulais.
Le Président (M. Lacoste): Article 14 adopté?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 15?
M. Lavigne: Adopté.
M. Johnson: 16?
M. Pagé: A l'article 15, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: ... on a eu d'autres organismes où on a
pris la même structure jusqu'à maintenant. C'est le cas de l'OCQ,
par exemple. Est-ce que, dans tous les cas, pour ces organismes, la
fréquence des réunions, c'est une fois par trois mois, quatre
fois par année?
M. Johnson: Cela dépend. Dans le cas de l'Office de la
construction, c'est...
M. Pagé: Plus que ça. Je présume que c'est
plus que ça, avec les problèmes qu'il a dans le moment.
M. Johnson: Oui, c'est plus que ça. Je pense que c'est une
fois par mois, si je ne me trompe pas, dans le cas de l'office. Mais, dans le
cas de l'Hydro-Québec, c'était la même chose, sauf qu'en
pratique, c'est une et deux fois par semaine au début d'un mandat et,
éventuellement, les choses peuvent se distancer avec l'apprentissage des
administrateurs et des mécanismes.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 15est
adopté?
M. Mailloux: Adopté. Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Article 15 adopté.
Article 16.
Une Voix: Adopté. M. Pagé: 16, c'est
le...
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 16 est
adopté?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 17.
M. Johnson: Adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 17 est
adopté.
M. Johnson: Adopté. 18?
Le Président (M. Lacoste): Une minute! (21 h 45)
M. Johnson: Pardon! Je pourrais peut-être anticiper la
question du député de Portneuf. C'est vrai qu'il y a des
organismes qui voyaient là un problème. Des décisions
signées par tous les membres étaient bonnes, comme si
c'était une séance ordinaire. Encore une fois, il n'y a rien
là; ce n'est pas anormal qu'un conseil d'administration décide de
ratifier des décisions prises par un président, de bonne foi et
dans une perspective réelle. Je pense que la vision de ceux qui
critiquaient cet organisme est une vision de guérilla de
procédure, non pas une vision de fonctionnement d'un organisme normal.
Il ne faut pas empêcher un organisme de ratifier les décisions
d'une personne en qui il a confiance, a posteriori, c'est normal que ça
se fasse comme ça, sauf que le procès-verbal ne prétend
pas qu'il y a une réunion fictive, il dit que les gens souscrivent
à telle décision. Mais il est bien clair que si vous avez deux
clans dans un organisme et des gens qui se bataillent à coups de
procédure, d'injonction et de "code Morin", comme certains de ceux qu'on
a entendus critiquer cet article, il est bien évident qu'ils trouvent
ça bien épouvantable et dangereux, mais, dans un fonctionnement
normal, c'est une chose normale. C'est là actuellement d'ailleurs.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 17 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 17 est adopté.
L'article 18.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 18 est adopté?
L'article 19. Est-ce que l'article 19 est adopté?
M. Johnson: Adopté.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 19 est adopté.
L'article 20.
M. Johnson: Adopté.
M. Pagé: L'article 20 est adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 20 est adopté.
L'article 21.
M. Johnson: Adopté. M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 21, adopté.
L'article 22. Est-ce que l'article 22 est adopté?
M. Cordeau: Les pouvoirs projetés doivent s'appliquer dans
la fonction publique aussi bien qu'ailleurs? C'est-à-dire...
M. Johnson: C'est une bonne remarque, sauf que l'article 22 est
la reproduction de ce qu'on retrouve dans une bonne vingtaine de lois; c'est
l'article standard de pouvoirs des organismes quasi judiciaires du gouvernement
du Québec. Malgré l'article 22, la Cour supérieure
réussit toujours à faire à sa tête de toute
façon! Alors, il y a...
M. Cordeau: II y a droit d'appel à la Cour
supérieure?
M. Johnson: Oui, c'est ce qu'on appelle le bref
d'évocation, mais ce n'est pas l'appel sur n'importe quoi, on ne donne
pas à la Cour supérieure le pouvoir d'administrer la commission.
L'idée, c'est qu'on ne peut pas priver la Cour supérieure de son
pouvoir général d'intervenir si les règles de droit ne
sont pas respectées.
M. Pagé: Cela peut être annulé par la Cour
d'appel.
M. Johnson: C'est annulable par la Cour d'appel, sauf que, en
pratique, la Cour d'appel donne souvent raison à la Cour
supérieure.
M. Pagé: C'est ça.
M. Johnson: Dans le fond, c'est la formule consacrée
à l'article 22, il n'y a pas là de droit nouveau.
Le Président (M. Lacoste): L'article 22 est
adopté?
M. Johnson: Oui, avec 23.
M. Pagé: L'article 23 aussi, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 22 est adopté,
ainsi que l'article 23. L'article 24. M. le député de
Saint-Hyacinthe, sur l'article 24?
M. Cordeau: Sur 23.
M. Johnson: L'article 23 est adopté, parce qu'il faisait
suite à l'autre. En fait, les articles 22 et 23, il faut les lire
ensemble; c'est ça la formule au sujet des appels.
M. Cordeau: Voici, une fois de plus, un beau cas
d'incohérence du parti ministériel. Le ministre de la Justice,
par son projet de loi no 40, à l'article 44, permet à un juge de
la Cour d'appel d'agir seul dans tous les cas où les lois du
Québec prévoient la nécessité de deux juges, et le
ministre du Travail, sans avoir consulté son collègue, utilise
l'ancienne formulation.
M. Johnson: C'est peut-être une excellente remarque, on
peut peut-être suspendre l'article 23, M. le Président, pour
vérifier avec les techniciens du comité de législation. Je
trouve ça intéressant; je trouve que le député de
Saint-Hyacinthe est entouré d'excellents recherchistes, sur le plan
juridique. Ceci dit, je pense qu'il n'y a pas un problème de fond, mais
ça valait peut-être la peine de... Est-ce qu'on pourrait nous
répéter la référence?
M. Cordeau: La loi 40.
M. Johnson: La loi 40 qui passait ce soir, bon, merci.
M. Cordeau: A l'article 44.
M. Johnson: Comme elle n'est pas encore loi, je pense qu'on ne
peut pas blâmer nos juristes de ne pas en avoir tenu compte. Mais enfin,
on va voir.
M. Pagé: Le problème, c'est que le
législateur parle à plusieurs endroits en même temps.
M. Johnson: C'est ça, et il dit beaucoup de choses, c'est
pour ça que ça va mieux au Québec.
Le Président (M. Lacoste): Donc, l'article 23 est
suspendu?
M. Pagé: C'est une question d'interprétation, M. le
ministre.
M. Johnson: L'article 23 est suspendu, M. le
Président.
M. Pagé: Ce n'est pas ce qu'on entend dans nos
comtés.
Le Président (M. Lacoste): L'article 24. M.
Pagé: ... Conflit d'intérêts. Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 24. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Un instant! J'ai une note ici. La coalition des
normes minimales de travail demande qu'une décision prise en
contravention de cet article soit annulée et le contrevenant
poursuivi.
M. Johnson: Oui, mais enfin... C'est ça, c'est
peut-être...
M. Pagé: Comment dites-vous, M. le député de
Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: La coalition des normes minimales de travail demande
qu'une décision prise en contravention de cet article soit
annulée et le contrevenant poursuivi.
M. Johnson: En vertu de l'article...
M. Pagé: Sous peine de déchéance de sa
charge.
M. Johnson: D'une part, il y a sous peine de
déchéance de sa charge, ce qui est un gros morceau.
Deuxièmement, l'article 33 du Code de procédure prévoit
l'action en nullité directe. Il n'y a pas besoin d'autres dispositions
habilitantes sur le plan du droit substantif pour permettre l'action en
nullité, sauf que l'inclure dans cette loi-là aurait une
espèce d'effet quasi automatique. On pense qu'il faudrait
peut-être passer devant le tribunal avant, surtout si des droits des
tiers sont affectés.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 24 est
adopté?
M. Cordeau: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 24 est
adopté.
M. Johnson: 25, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): 25. Est-ce que l'article 25 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 25 est adopté.
J'appelle l'article 26. Est-ce que l'article 26 est adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article...
M. Pagé: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Johnson: 26?
M. Pagé: C'est dans ce rapport-là...
M. Johnson: ... ou 25? 26?
M. Pagé: C'est dans ce rapport-là que la commission
doit faire part de ses recommandations si elle le juge approprié.
M. Johnson: C'est-à-dire que la commission peut, en vertu
des dispositions des pouvoirs généraux qui lui sont
conférés à 5, faire savoir tout ce qu'elle veut faire
savoir. Surveiller l'application des normes de travail et, s'il y a lieu,
transmettre ses recommandations au ministre, d'une part. D'autre part, ce que
nous dit l'article 26, c'est que la commission, après son exercice
financier...
M. Pagé: C'est le rapport annuel...
M. Johnson:... fait un rapport, elle peut donc y mettre ce
qu'elle veut, mais ce qu'on lui impose, cependant, c'est de mettre
également, en plus de tout ce qu'elle voudrait y mettre, ce que le
ministre lui demande d'y mettre. En d'autres termes, pour-riez-vous traiter
cette année du nombre de plaintes que vous avez eues dans le cas des
domestiques? Le ministre pourrait exiger ça de la commission qui, par
ailleurs, va faire le rapport qu'elle voudra bien faire.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 26 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. L'article
27.
M. Pagé: Adopté aussi, c'est le rapport.
Le Président (M. Lacoste): L'article 27, adopté.
L'article 28. Est-ce que l'article 28 est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 28, adopté.
Article 29. M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Ce sont les pouvoirs généraux, les
pouvoirs réglementaires de la commission.
Est-ce ici le financement? Est-ce à 29, M. le ministre, le
financement?
M. Johnson: Le financement, ce sera en pratique à 30. Il y
a une partie dans 29 à cinquièmement, mais le gros du financement
de ce qui intéresse le député de Portneuf qui, je le sais,
a l'intention de peut-être soulever un débat de fond...
M. Pagé: 1% de la masse salariale. Fixer le maximum du
salaire assujetti à ce prélèvement.
M. Johnson: Oui. C'est 29 et 30.
M. Pagé: A 29, il apparaît que la commission a un
pouvoir qui est assez large, tel qu'on a eu
l'occasion de l'invoquer non seulement ici, lors de l'audition des
mémoires, mais aussi lors du débat en deuxième lecture.
Cinquièmement, la commission peut prélever des employeurs une
somme n'excédant pas 1% du total des salaires payés à
leurs salariés, fixer le maximum du salaire assujetti à ce
prélèvement et le minimum des salaires payés par
l'employeur pour qu'il soit assujetti à ce prélèvement; ce
règlement doit fixer la méthode, le taux de
prélèvement, la période, etc. Cela implique plusieurs
millions. Combien cela coûte-t-il dans le moment, le financement de la
Commission du salaire minimum?
M. Johnson: Quel est le budget ou quel est le
prélèvement total?
M. Pagé: Le prélèvement total et le
budget.
M. Johnson: Le prélèvement total est de l'ordre de
$9 millions, mais au moment où on se parle, c'est 0,1%. La loi actuelle,
à toutes fins utiles, permet 1%, comme ce qu'on reproduit ici; ce n'est
pas nouveau. La loi originale prévoyait que le prélèvement
pouvait aller jusqu'à 1% de la masse salariale, sauf qu'en pratique, ce
qui a été exercé depuis le début, c'est 0,1%.
M. Pagé: Alors, pourquoi ne pas dire 0,2 ou 0,3 ou 0,4, M.
le ministre? 1% de la masse salariale, c'est $300 millions.
M. Johnson: Pardon?
M. Pagé: C'est de l'argent.
M. Johnson: C'est quoi, ça?
M. Pagé: 1% de la masse salariale du Québec.
M. Johnson: Ouais. Oui, mais... $300 millions, oui. Le Conseil du
patronat s'est lancé dans une envolée absolument délirante
dans laquelle on lisait deux articles, d'une part l'article 29,5 et l'article
5, paragraphe 1, où on disait: "Théoriquement, la commission peut
donc aller faire une ponction de $300 millions dans l'économie et la
consacrer entièrement à des budgets de publicité pour
informer la population". C'est le genre d'argument que je trouve très
solide. Pour les fins du journal des Débats, il faudrait peut-être
dire que le ton était ironique.
Ce qu'on a fait, essentiellement, c'est de répéter les
dispositions de l'ancienne loi. D'autre part...
M. Pagé: Si l'application...
M. Johnson: ... la notion du chiffre de $300 millions, quand on
parle d'un prélèvement de 1% du total de la masse salariale du
Québec, ça ne tient pas compte du fait que le gouvernement, par
règlement, va fixer un plafond du salaire imposable. En pratique, c'est
deux fois le salaire minimum. On dit que le salaire minimum, sur une base
annuelle, une semaine normale, ça fait $7500, on multiplie ça par
deux, ça fait $15 000; ça pourrait être ça ou
ça pourrait être celui de la CAT, qui était $18 000, en
fonction d'une indexation au coût de la vie. C'est, au maximum, 1% de
cette masse salariale là, qui est fixée. Ce n'est pas la masse
salariale réelle.
M. Pagé: D'accord.
M. Johnson: II faut tenir compte de tout ça, finalement,
au bout de la ligne.
M. Pagé: Cela pourrait nous ramener à moins de $300
millions, mais entre 0,1% et 1%, M. le ministre, il y a toute une marge.
M. Johnson: II y a 10.
M. Pagé: Je ne vois pas en quoi le ministre peut
argumenter qu'on reprend strictement le libellé de l'ancienne loi. Si
vous n'en avez pas eu besoin, pourquoi ne pas profiter de la refonte de la loi
et de la nouvelle loi pour répondre et sécuriser ceux qui ont des
inquiétudes à cet égard? Si vous aviez 0,4 ou 0,5 ou 0,3,
vous auriez...
M. Johnson: C'est un peu comme l'impôt foncier.
M. Pagé: ... assez d'argent pour faire marcher votre
boîte et tout le monde serait heureux.
M. Johnson: Si vous permettez, c'est un peu comme l'impôt
foncier. L'impôt foncier prévoit qu'une municipalité impose
à tant du $100 d'évaluation. La municipalité peut jouer de
deux façons, elle peut décider que c'est $4.22 du $100
d'évaluation, elle peut également jouer sur l'évaluation
proprement dite; ce qui a été le cas, maintenant elle est
normalisée. Avant que ce soit normalisé, c'était
ça. C'est un peu pareil, si on dit: la commission peut aller chercher
jusqu'à 1% de la masse salariale. Cependant, par règlement elle
va fixer le montant, le plafond, le plancher qui est, par définition,
qui est au niveau du salaire minimum.
On pourrait bien mettre, théoriquement, 0,1% et lui laisser le
plafond qu'elle veut mettre, et le plafond qu'elle va mettre, c'est $75 000 par
année. Ce qui serait un peu illogique. Je pense que c'est très
bien comme ça, l'ancien temps...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Je voudrais savoir du ministre ce à quoi,
normalement ou logiquement, on pourrait s'attendre comme raison d'augmenter de
0,1 à 0,2...
M. Johnson: A 0,2 ou 0,3. D'abord, il y a l'inflation,
l'augmentation de la juridiction. C'est clair que le prélèvement
va augmenter, on est aussi bien de se le dire tout de suite, il est clair
qu'on va augmenter ce prélèvement, que ce soit sous forme
de plafond maximum ou que ce soit sous forme d'augmentation du
prélèvement en termes de décimales de 1%. (22 heures)
La commission va être appelée à jouer un rôle
plus important; elle va être appelée à s'ajouter des
effectifs; elle va être appelée à faire des études,
des recommandations. Elle va être appelée disons-le, on
s'en est parlé longuement à renseigner la population dans
la mesure où la meilleure façon de rendre ce type de loi efficace
et pour que, en fin de compte, elle ne coûte pas trop cher à ceux
qui sont pris pour payer pour, c'est de la faire connaître. Du moment
où elle est connue, on peut présumer qu'il va y avoir moins
d'infractions. C'est ce genre de loi... Il est clair qu'elle va être
obligée d'augmenter son budget; donc on va augmenter le
prélèvement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Est-ce que l'Assemblée nationale va en
être informée à un moment donné?
M. Johnson: Oui.
M. Cordeau: II faut toujours bien que l'Assemblée
nationale ait le contrôle des commissions qui sont créées,
parce que, à un moment donné, il pourrait peut-être y avoir
certains abus, pas de la part des personnes que vous allez nommer, mais on ne
sait jamais.
M. Johnson: Oui, mais c'est un débat un peu plus large, je
pense.
M. Cordeau: Pardon?
M. Johnson: Je pense que c'est un débat un peu plus large.
Le règlement de prélèvement, si je ne m'abuse, va
également être soumis à la procédure de
prépublication. Tous ceux qui ont quelque chose à dire vont
pouvoir s'exprimer. Je suis bien sûr qu'ils vont tous m'écrire,
comme c'est le cas habituellement dans des choses comme celles-là, et
là, on va dépouiller le courrier. Si, à un moment
donné, il apparaît là-dedans et je pense qu'il ne
faut pas non plus émasculer le rôle de l'exécutif,
l'exécutif a son rôle et le Parlement exerce un contrôle sur
ce rôle. Le ministre en place, responsable de la loi en vertu des
dispositions de la loi, c'est le ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre. Le
jour où il reçoit des mémoires du Conseil du patronat, de
l'Association des mines et métaux, des détaillants de je ne sais
quoi et qu'ils disent tous que cela n'a pas de sens, le
prélèvement, si, effectivement, il est un peu surpris par
certains des arguments, il a, en vertu de la loi, le pouvoir de faire une
enquête là-dessus, avant de se décider. Eventuellement, il
va se faire demander par le député de Portneuf de déposer
le rapport en Chambre et il va le faire, dans certains cas. Dans d'autres cas,
il ne le fera pas, pour des raisons d'ordre public.
M. Cordeau: Lors de l'audition du mémoire du Conseil
québécois du commerce et du détail...
M. Johnson: Oui, c'en est un.
M. Cordeau:... ils avaient demandé de plafonner les
contributions au niveau du salaire qui correspond au salaire minimum en
vigueur. Vous aviez mentionné que vous tiendriez compte de ce
mémoire.
M. Johnson: C'est-à-dire que je pense qu'on va en tenir
compte en permettant la souplesse nécessaire pour que, par
règlement en pratique, c'est comme cela que cela va se passer
cela se fasse par multiples du salaire minimum.
Je vais vous donner deux exemples. Au niveau du
prélèvement, une industrie qui emploie du monde qui travaille
quelque part à une fois et demie le salaire minimum, du monde qui, en
d'autres termes, travaille à peu près à $5 l'heure, il
faudrait l'assujettir à un prélèvement entier,
jusqu'à concurrence de deux fois le salaire minimum, selon moi. Et pour
les fins du prélèvement, quant aux questions relatives à
l'utilité des multiples du salaire minimum, c'est également pour
les fins de paiement par la commission en fonction de certaines infractions ou
de certaines réclamations. Je pense qu'il faudrait également
introduire cela comme notion.
Adopté, M. le Président?
M. Pagé: J'ai un amendement au cinquième
paragraphe: Remplacer le mot "un pour cent" par les mots "un demi pour cent".
On est prêt à voter, M. le Président.
M. Johnson: Est-ce qu'on pourrait suspendre pour cinq minutes, M.
le Président?
Le Président (M. Lacoste): La commission suspend ses
travaux pour cinq minutes.
Suspension de la séance à 22 h 4
Reprise de la séance à 22 h 15
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs!
Au moment de la suspension des travaux, nous étions rendus
à une motion d'amendement du député de Portneuf dans le
sens de remplacer les mots "un pour cent" par les mots "un demi de un pour
cent". C'est cela, M. le député de Portneuf?
M. Pagé: Oui, vous reflétez exactement ce que j'ai
voulu dire dans mon amendement.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. Il se lit comme suit:
"5° prélever des employeurs une somme n'excédant pas un demi
pour cent..." Ce serait l'amendement.
Une Voix: Vote.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que des gens... Je
reçois l'amendement. M. le ministre.
M. Johnson: Vote.
Le Président (M. Lacoste): Vote.
M. Pagé: M. le Président, simplement une question
avant de passer au vote. Le ministre a-t-il besoin que je revienne avec
l'argumentation à l'appui de l'amendement proposé?
M. Johnson: Je la connais.
M. Pagé: Vous connaissez l'argumentation?
M. Johnson: On l'a connue lors de l'étude à la
commission avant la deuxième lecture.
M. Pagé: Ah! en deuxième lecture aussi.
M. Johnson: On l'a connue en deuxième lecture aussi.
M. Pagé: Strictement, ce n'est pas pour empêcher la
Commission du salaire minimum, la nouvelle Commission des normes du travail,
d'avoir les montants dont elle a besoin pour réaliser les objectifs tout
à fait louables qu'elle a dans la loi. Ce n'est pas cela, c'est
strictement pour appliquer un frein modérateur. Vous savez, 1% de la
masse salariale, comme déterminé par règlement, c'est
beaucoup. On nous dit que ce dont on a besoin dans le moment et ce dont on se
sert, c'est un dixième de 1%. Je ne vois pas en quoi mes
collègues, particulièrement ceux de la majorité
ministérielle, pourraient refuser un amendement comme celui-là.
C'est strictement d'appliquer un frein à des possibilités assez
expansionnistes au niveau des dépenses.
M. Johnson: C'est dit un peu ironiquement, gardez cela pour quand
on va passer au vote.
M. Pagé: Je pense que la commission pourrait continuer
à fonctionner. D'ailleurs, je serais curieux de l'entendre
là-dessus.
M. Johnson: M. le Président, brièvement, puisque le
député de Portneuf tient absolument à m'écouter
répliquer, je ne peux pas faire les calculs. En ce moment, le plafond
est à $8000. D'accord? Le prélèvement à un
dixième pour cent rapporte à peu près $9 millions, disons
$10 millions pour faire un chiffre rond à ce stade. Même en
admettant une hausse du plafond à $16 000, à peu près deux
fois le salaire minimum sur une base de 45 heures-semaine, 44 heures-semaine,
cela ne veut pas dire qu'on va doubler le montant recueilli, parce que ce ne
sont pas tous les employeurs qui ont des gens à $16 000, entre $8000 et
$16 000.
Eventuellement, je pense que pour un gouvernement, par exemple, lors du
troisième mandat du
Parti québécois, en 1987, cela pourrait peut-être
être utile, compte tenu de...
Une Voix: C'est une éventualité.
M. Johnson: C'est une éventualité, une
hypothèse, c'est cela, mais il y a d'autres hypothèses.
M. Cordeau: C'est pas mal hypothétique.
M. Johnson: Mais, dans l'éventualité où,
dans cinq, six, sept ans, un gouvernement, quel qu'il soit,
décide...
M. Pagé: Si vous reprenez le pouvoir, je ne pense pas.
M. Johnson: ... d'adopter des mesures qui présupposent que
ce soit une caisse de stabilisation de l'emploi
généralisé, que ce soit une caisse de répartition
de certains autres types de risques dans notre société,
peut-être que cela pourrait être fort utile pour la
société elle-même que d'avoir cet instrument de
prélèvement déjà connu et déjà
rodé.
M. Pagé: A la fin de votre mandat.
M. Johnson: Oui, on pourrait toujours faire cela, mais pourquoi
faire demain ce qu'on peut faire aujourd'hui? Pour ces raisons, M. le
Président, je vais voter contre l'amendement proposé par le
député de Portneuf.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je crois qu'actuellement c'est un dixième pour
cent qui est prélevé?
Une Voix: Oui.
Une Voix: C'est cela.
M. Cordeau: La commission fonctionne.
Une Voix: Oui.
M. Cordeau: Un demi pour cent...
M. Johnson: C'est cinq fois plus.
M. Cordeau:... c'est cinq fois plus.
M. Johnson: C'est cela.
M. Cordeau: II me semble que ce serait juste et raisonnable, si
on accordait un demi pour cent. Si, à un moment donné, il faut
aller à 1%, il me semble que ce serait juste et raisonnable aussi que la
commission revienne devant la Législature pour s'expliquer et
également faire connaître ses besoins à la population en
général et également aux législateurs qui seront
là. Il me semble que c'est ouvrir non seulement un porte simple, mais
une porte d'église...
Une Voix: Une porte de grange.
M. Cordeau: ... une porte de grange, si vous voulez, pour dire:
Allez-y largement! Vous pouvez y aller jusqu'à 1%, il n'y a pas de
problème. Je pense bien que les projets de loi ne sont pas immuables,
ils sont là pour être amendés. Il n'y aura pas de honte que
le législateur amende ce projet de loi dans trois, quatre ou cinq ans et
qu'il porte le taux d'imposition à 1%, parce qu'il me semble que c'est
donner beaucoup à une commission même si on présume
que cette commission va agir très bien, sans abuser de personne
que d'augmenter ce pourcentage à 1% immédiatement. Il me semble
que c'est... Surtout qu'actuellement, elle survit avec 0,1%, on va
peut-être nous accuser tantôt d'y aller largement avec les deniers
des employeurs, sans contrôle. Il y a toujours un contrôle, mais
bien indirectement. Accorder cinq fois plus qu'actuellement, c'est raisonnable.
C'est mon point de vue. Je pense que la population en général,
surtout les employeurs, va certainement voir cela d'un oeil inquiet,
c'est-à-dire accorder un taux aussi élevé à la
commission, un pouvoir aussi élevé à la commission. Il me
semble qu'avec 0,5%, M. le ministre, vous ne feriez pas erreur. La commission
pourrait fonctionner avec largesse. C'est mon point de vue et c'est le point de
vue de l'Union Nationale.
M. Johnson: Je me demandais seulement si le député
de Sainte-Marie voulait prendre la parole. C'est tout. Au vote, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que la motion
d'amendement est adoptée?
M. Johnson: Rejeté.
Le Président (M. Lacoste): Rejeté sur division.
M. Pagé: On va faire le tour de la table.
M. Johnson: Vote enregistré?
Le Président (M. Lacoste): Vote enregistré.
M. Pagé: S'il avait été tenu avant la
suspension, vous auriez été obligé de voter. Comment
auriez-vous voté?
M. Johnson: Pure spéculation.
M. Pagé: Oui, on était trois et vous étiez
trois.
M. Johnson: Pure spéculation. Vous allez voir, M. le
Président, quand vous allez nommer les membres, comment le
député de Portneuf se trompe encore.
M. Pagé: II n'était pas ici. Avant la suspension,
vous étiez trois. Il y avait vous, le député d'Anjou, le
député de Beauharnois et le député de Viau.
M. Johnson: Au vote, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! Le vote
est demandé. M. Bellemare (Johnson)? M. Bisaillon (Sainte-Marie)?
M. Bisaillon: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Gravel (Limoilou)?
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Johnson (Anjou)?
M. Johnson: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Lavigne (Beauharnois)?
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Mailloux (Charlevoix)?
M. Mailloux: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Lacoste): Donc, la motion d'amendement
est rejetée.
M. Johnson: M. le Président, je pense que le
député de Saint-Hyacinthe est censé représenter
quelqu'un.
M. Cordeau: En l'absence de M. Bellemare, c'est moi qui
représente... Je suis pour.
M. Johnson: C'est déjà beaucoup. Le
Président (M. Lacoste): Article 29?
M. Cordeau: Je représente le parti.
M. Pagé: Le ministre va convenir, au cas où il y
aurait d'autres amendements, que le député de Saint-Hyacinthe
remplace le député de Johnson.
M. Johnson: C'est cela, il est très large. L'article 29
est-il adopté?
Le Président (M. Lacoste): Seulement pour répondre
à la question du député de Portneuf, est-ce que, par
consentement, le député de Saint-Hyacinthe remplacerait le
député de Johnson?
M. Johnson: Oui, sûrement, quand le député de
Johnson n'est pas là.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Donc, le député
de Saint-Hyancinthe remplace le député de Johnson. Article
29?
M. Johnson: Adopté, M. le Président. M.
Pagé: Sur division.
Le Président (M. Lacoste): L'article 29 est adopté
sur division.
M. Johnson: Article 30?
Le Président (M. Lacoste): Article 30?
M. Johnson: Les exclusions, en gros, le principe
général qu'on y retrouve, c'est qu'historiquement, il y a des
choses qui s'expliquent. Ce sont les corporations religieuses, quand on se
rappelle l'époque où cette loi a été
promulguée et, deuxièmement, quand on connaît leur
état financier actuel, les fabriques, etc. Deuxièmement,
l'ensemble de ces endroits ou de ces organismes qui, à toutes fins
utiles, sont financés par les contribuables, que ce soient les
communautés urbaines, les corporations municipales, les commissions
scolaires, ce sont tous des gens qui dépensent de l'argent qui a
été prélevé auprès des citoyens en tant que
contribuables. Tout ce monde-là est exclu. Evidemment, l'employeur du
domestique, au sens où on ne veut pas exiger que la personne qui est un
travailleur domestique, qui fait des maisons successives soit prise pour avoir
cinq employeurs, en vertu de la loi. On ne veut pas non plus imposer à
ces "employeurs" de remplirdes formules.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: II y a beaucoup d'exclusions, M. le
Président.
M. Johnson: C'est vrai.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 30 est
adopté?
M. Pagé: Pour quel motif l'Office de... M. Johnson:
... la construction? M. Pagé: Oui, l'OCQ?
M. Johnson: Parce que l'office, quand on connaît les
dispositions du décret, on a une bonne idée que c'est du monde
assez loin du salaire minimum; deuxièmement, l'office est financé
par une contribution paritaire.
M. Pagé: Oui.
M. Johnson: Troisièmement, l'office est financé par
une subvention gouvernementale. Je pense qu'ils ont assez payé comme
cela. Je pense qu'il ne faudrait pas que... D'autre part, je ne pense pas qu'il
y ait beaucoup de cas de congés de maternité qui s'appliquent
dans la construction. Il peut y en avoir, mais pas beaucoup.
M. Bisaillon: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: ... c'est une question, à la suite des
explications du ministre. Comment explique-ton, à partir des
explications que vous avez déjà fournies à l'article
10...
M. Johnson: J'expliquerais ça, d'abord, à partir du
même principe que le nom du comté du député a
été choisi. Les institutions religieuses sont en effet exclues du
prélèvement, parce que, historiquement, elles l'ont toujours
été. Deuxièmement, on sait aujourd'hui qu'elles n'en
mènent pas large, côté piastres et cents. C'est la rumeur,
en tout cas, c'est pour ça apparemment qu'il s'organise beaucoup de
bingos. Il faudrait peut-être dire que le temps de taxer les institutions
religieuses, ça devait être dans les années cinquante et
soixante. Maintenant, je pense qu'il est un peu tard.
Est-ce que l'article 30 est adopté, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 30 est
adopté?
M. Mailloux: ... a parlé principalement...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: ... que c'était en fonction du salaire qu'on
faisait une exclusion?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Johnson: ... qu'il me trouve une formulation. Oui?
M. Mailloux: J'ai compris tantôt, quand le ministre a
répondu relativement à l'OCQ, en raison des salaires
versés, qu'ils ne pouvaient être visés. Mais si c'est en
fonction des salaires qu'il y a des exclusions, que viennent faire
là-dedans les employés de la communauté urbaine, les
corporations municipales...
M. Johnson: Non, ce n'est pas vraiment en fonction des salaires.
C'est juste que pour moi, c'est un argument ancillaire, si on veut. L'argument
central, c'est que le financement de l'office présuppose
déjà un prélèvement auprès des
salariés et des employeurs. Deuxièmement, il prévoit une
subvention gouvernementale qui, elle, provient des contribuables. C'est
ça, l'argument central.
D'autre part, en pratique aussi, ce qu'on sait, c'est que la Commission
des normes du travail ne fera pas grand-chose pour le monde de la construction.
Il a déjà assez de l'OCQ et de leur décret. J'avoue que ce
n'est pas l'argument central.
M. Mailloux: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 30 est
adopté?
M. Johnson: Non, un instant, M. le Président, s'il vous
plaît! Il est possible qu'on ait un papillon. Vous permettez, une
seconde?
Une Voix: On peut suspendre? M. Johnson: Non.
M. Cordeau: M. le Président, est-ce qu'on peut demander
s'il y a des papillons aux articles avant de les accepter?
Le Président (M. Lacoste): Nous allons suspendre pour
quelques instants.
Une Voix: Merci, M. le Président. Suspension de la
séance à 22 h 30
Reprise de la séance à 22 h 31
Le Président (M. Lacoste): Messieurs, nous étions
rendus à l'article 30.
M. Johnson: M. le Président, en fait il s'agit d'un
détail qui nous arrive comme cela. Vous savez, dans des lois qui sont si
vastes, on en découvre à toutes les heures. C'est la question des
employeurs assujettis à un décret. Théoriquement, un
employeur pourrait être assujetti à un décret pour cinq
employés; exemple, le verre plat, mais le reste de la compagnie, ne
l'est pas et il y a 300 employés. Est-ce que ça veut dire qu'on
va lui permettre de ne pas être assujetti aux prélèvements
pour les 300 autres employés?
Donc, le problème qui se pose, au niveau de la rédaction,
c'est qu'il faudrait peut-être ajouter la notion, mais pour les fins de
ces employés et pour les fins d'une rédaction appropriée
et adéquate, je préférerais qu'on suspende l'article
30.
M. Pagé: Le législateur ne peut pas dire n'importe
quoi.
M. Johnson: Voilà.
M. Pagé: On va le remettre à demain.
Le Président (M. Lacoste): Donc, l'article 30 est
suspendu. L'article 31.
M. Johnson: Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 31 est
adopté?
M. Lavigne: Adopté.
M. Pagé: L'article 31 est adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 31 est adopté.
L'article 32.
M. Johnson: Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 32est
adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 32 est adopté.
L'article 33. Est-ce que l'article 33 est adopté?
M. Pagé: Un instant, M. le Président. Est-ce que
c'est la disposition qui prévoit l'obligation de la publication? C'est
ça?
M. Johnson: C'est ça.
M. Pagé: Si vous voulez augmenter de 0,1 à 0,2,
à 0,3, à 0,4 ou à 0,5?
M. Johnson: On serait soumis à ça.
Le Président (M. Lacoste): L'article 33 est-il
adopté? M. le député de Portneuf.
M. Cordeau: ...
M. Pagé: Qu'est-ce que mon collègue, le
député de Saint-Hyacinthe, vient de dire? Vous parliez du
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: ...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article
33est...
M. Pagé: Non, je m'interroge, M. le Président, on a
le droit de s'interroger.
Le Président (M. Lacoste): Sur l'article 33, M. le
député de Portneuf?
M. Johnson: Adopté.... les aspirations... M.
Pagé: A 37 et 38, oui.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 33 est
adopté?
M. Johnson: C'est quelqu'un qui m'a donné ça et je
n'en veux pas!
M. Pagé: C'est beau le libellé de 33, M. le
Président: "Les règlements visés dans l'article 32
doivent, avant d'être approuvés, être
précédés d'un projet publié à la Gazette
officielle du Québec, avec un avis spécifiant qu'une objection
à leur approbation doit être formulée au ministre dans les
60 jours". C'est beau, ça paraît tout à fait
démocratique etc.
M. Johnson: C'est ça, mais il y a des exceptions.
M. Pagé; Cependant, à 37: "Malgré l'article
33, un règlement de la commission peut être approuvé sans
publication préalable si l'urgence de la situation ou
l'intérêt public impose son approbation immédiate".
Pourriez-vous me donner des cas où...
M. Johnson: Des cas...
M. Pagé: Si vous avez pu le prévoir, c'est que vous
prévoyiez des cas.
M. Johnson: C'est parce qu'on se dit que ça pourrait
arriver.
M. Pagé: Qu'est-ce qui ne pourrait pas arriver?
M. Johnson: Je connais quelque chose qui ne pourrait pas arriver
et ça n'arrivera pas dans votre cas, n'ayez pas peur; mais je ne vous
dirai pas de quoi il s'agit!
M. Pagé: Je vais chercher, je vais m'y pencher, je vais
regarder ça.
M. Johnson: M. le Président, on pourrait imaginer une
situation d'urgence théoriquement dans le cas du
prélèvement. Une erreur d'écriture fait que la commission
prélève un centième de un pour cent au lieu de un
dixième de un pour cent. Soudainement, le syndic se pointe, car les
livreurs d'effaces et de crayons veulent mettre la commission en faillite parce
qu'elle est dans le rouge. C'était une erreur d'écriture, mais,
nonobstant ceci, c'est quand même ça le règlement. Donc, on
règle ça et on empêche la commission de tomber dans le
rouge et d'être saisie par le syndic en adoptant, sans
prépublication de 60 jours, un arrêté en conseil qui
prévoit que c'était bel et bien un dixième de un pour cent
et non pas un centième de un pour cent. De telle sorte que la
commission, au lieu d'avoir $900 000 dans ses caisses, va avoir $9 millions.
C'est ça le genre de situation qui pourrait se poser, une erreur
d'écriture, par exemple, dans la prépublication ou dans un
arrêté en conseil pourrait justifier que, de façon urgente,
on en passe un autre pour normaliser une situation. C'est dans ce contexte que
c'est fait. Evidemment, les erreurs, c'est rare.
M. Pagé: Le ministre va admettre avec moi que c'est
tiré un peu par les cheveux. Vous savez bien qu'une erreur aussi
flagrante ne pourrait pas se produire.
M. Johnson: J'avoue que, l'heure aidant... Une Voix: C'est
juste un cadeau de plus.
M. Johnson: Mais ça pourrait se produire, ce genre de
chose...
M. Pagé: Vous pouvez, avec 37 et 38, c'est là le
noeud du problème, vous pouvez mettre de côté
complètement l'application de l'article 33.
M. Johnson: Oui, sauf que je dis celui qui vous...
M. Pagé: L'article 33 paraît très bien,
ça paraît tout à fait justifié, c'est beau,
ça se vend bien, ça fait bien de dire ça...
M. Johnson: Cela ne paraît pas bien, c'est très
bien.
M. Pagé: Non, ce n'est pas très bien. Vous pouvez
annuler complètement l'application de 33 par 37 et 38.
M. Johnson: C'est vrai, mais je vous jure qu'il est mieux de
porter sa tuque celui qui utiliserait 37 et 38, parce que je voudrais bien, par
exemple... L'exemple c'est la hausse du salaire minimum...
M. Pagé: Vous pourriez en passer une petite vite comme
ça.
M. Johnson: ... non, mais, par exemple, la hausse du salaire
minimum. Le gouvernement décide de hausser le salaire minimum sans
passer par la prépublication. Je ne sais pas moi, il est mieux de se
mettre au batte à la période de questions la semaine suivante,
celui qui recommanderait ça au Conseil des ministres sans
prépublication. Je pense que 33 affirme ce qu'est la règle et que
37 et 38 prévoient qu'il peut y avoir une exception. Cette exception, je
pense qu'en vertu de la responsabilité normale de l'exécutif,
celui-ci va être obligé de la justifier devant l'Assemblée
nationale et devant l'opinion publique, mais c'est vraiment une exception
à 33. Il faut le voir comme ça. Théoriquement, c'est vrai,
se permettre de passer à côté, sauf que ça
n'empêche pas qu'il va être obligé de le justifier.
M. Pagé: Pourquoi ne précisez-vous pas à 37
et 38 les cas où ça pourrait être employé
au-delà du motif d'urgence ou d'intérêt public, c'est quand
même assez vaste, c'est général. Vous pouvez demander des
exemples. Si vous en avez plus qu'un, vous avez donné l'exemple que je
considè-dre un peu tiré par les cheveux, que vous avez
évoqué tantôt, mais si vous croyez qu'il est opportun et
nécessaire d'avoir dans le projet de loi 126 les articles 37 et 38,
spécifiez-le et donnez des cas.
M. Johnson: M. le Président, le député de
Portneuf, qui a pratiqué le droit, mais qui n'a pas fait beaucoup de
droit administratif, sait très bien que les énumérations
en droit administratif, c'est restrictif et c'est très dangereux.
M. Pagé: C'est restrictif, j'en conviens. C'est dangereux
aussi. Il faut faire attention avec vous autres, vous savez. Il faut faire
attention.
M. Johnson: Bon! Les spectres ougandais.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Etant donné qu'on est rendu à l'article
33, mais que vous avez permis qu'on rattache cet article aux articles 37 et
38...
M. Johnson: ... 37 et 38.
M. Cordeau: Je crois que, lors de l'audition des mémoires,
de façon unanime, du côté patronal, on demande que les
articles 37 et 38 soient biffés; du côté des travailleurs,
de façon unanime, on s'oppose à ces deux articles tels que
rédigés. Pour le Conseil québécois du commerce et
du détail, ces articles rendent inopérante l'application de
l'article 32. Pour l'Association des manufacturiers canadiens, ces articles
doivent être biffés. La même solution est demandée
par la Société nationale de l'Est du Québec, par la
Coalition des normes minimales du travail et par la Fédération
des femmes du Québec. Il n'y a pas que des hommes, des femmes aussi.
Une Voix: Cela fait beaucoup de monde.
M. Cordeau: Pour la CEQ, ces articles doivent être
amendés de façon que les règlements adoptés de
façon exceptionnelle au nom de l'urgence de la situation ne s'appliquent
que pour une durée limitée et ne puissent être maintenus de
façon permanente qu'après avoir été soumis à
la procédure normale d'adoption. Je ne sais pas si M. le ministre a
noté les mémoires qui sont en faveur de ces articles.
M. Johnson: II n'y en a aucun.
M. Cordeau: Comme ça, ils ont tous tort.
M. Johnson: C'est-à-dire que les mémoires ou n'en
parlent pas ou disent qu'ils sont contre. Et les mémoires patronaux sont
tous contre.
M. Cordeau: Les travailleurs aussi, il y a des mémoires
des travailleurs.
M. Johnson: Oui. Mais je dis qu'au départ, les
mémoires patronaux sont tous contre, plusieurs dispositions, les
mémoires des milieux syndicaux ou non syndiqués, mais
représentant des intérêts de groupes de travailleurs ou
l'ont ignoré ou, dans certains cas, disent qu'ils sont contre.
Maintenant, on me demandait des exemples tout à l'heure, je vais donner
un autre exemple. Les dispositions sur le congé de maternité qui
sont adoptées en vertu de la loi actuelle, telle qu'on l'a
amendée l'an dernier, et qui vont être modifiées, en vertu
de la nouvelle loi, à compter du 22 juin. Je vais vous donner un exemple
qui m'a été souligné ce matin; une femme s'est
prévalue des dispositions du congé de maternité pendant 20
semaines, elle retourne au travail; un mois après, elle devient à
nouveau enceinte. Je pense que le bon sens voudrait qu'elle ait droit à
nouveau à un congé de maternité, parce que c'est ce qu'on
vise. Mais la réglementation actuelle ne le permet pas techniquement,
parce qu'on n'avait pas vu ce trou dans la loi, parce qu'elle n'a pas 20
semaines d'emploi continu, dans la mesure où elle a été
absente pendant 20 semaines.
Est-ce que cela veut dire qu'on va attendre que ça fasse 20
semaines qu'elle soit à l'usine ou à son travail pour lui
permettre d'avoir de nouveau congé? Elle va avoir le temps d'accoucher
dans certains cas. Je pense qu'il faut... C'est le genre de dispositions qui
justifient les articles 37 et 38. A un moment donné, on pourrait
peut-être amender ce règlement dans ce genre de situation, mais
attendre 60 jours ne réglera pas le cas de ces dames, entre autres.
M. Cordeau: N'y aurait-il pas lieu que des mesures soient prises,
non pas de façon permanente, mais d'une façon temporaire, et que
ces mesures suivent les procédures normales par la suite?
M. Johnson: En général, oui; en
général, c'est ce qui se passe. Mais c'est là où je
ne suis pas d'accord du tout avec l'optique du mémoire de la CEQ
là-dessus. Si les situations d'urgence étaient
prévisibles, on ne les appellerait pas d'urgence, parce qu'on pourrait
les prévoir au moment où on se parle. L'intérêt
public est une notion assez large, mais on ne peut pas anticiper toutes les
situations. Par exemple, la femme qui redevient enceinte après deux mois
de retour au travail, donc moins de vingt semaines, je ne dirais pas que c'est
une urgence nationale et d'intérêt public non plus, mais,
concrètement, ça peut poser des problèmes.
M. Cordeau: S'il y a une situation d'urgence, il faut agir,
d'accord, mais, par contre, il me semble que ça devrait être
corrigé en suivant des normes, que ce soit publié dans la
Gazette, ainsi de suite, que la décision soit connue.
M. Johnson: Vous voulez dire qu'on peut prendre la
décision, la mettre en vigueur et ensuite se lancer dans un processus de
consultation de 60 jours pour voir si les gens sont d'accord avec la
décision qu'on a prise.
M. Cordeau: Au moins informer la population que vous avez pris
une décision.
M. Johnson: Ah ça, vous pouvez être sûr que
les gens vont être informés, ne serait-ce que par le
député de Saint-Hyacinthe qui va poser une question en Chambre,
si on ne suit pas la formule. Parce que les premiers à crier, ce sont
ceux à qui ça va coûter de l'argent.
M. Cordeau: Vous savez que lire la Gazette chaque jour ou chaque
semaine, tous les députés, je me demande...
M. Johnson: Les députés ne lisent pas
ça.
M. Cordeau: Je voudrais vous demander, même le
ministre...
M. Pagé: Vous n'avez pas lu votre Gazette cette
semaine?
M. Johnson: Je l'achète tous les matins.
M. Cordeau: Je ne te poserai pas la question, parce que tu vas me
conter une menterie.
M. Boucher: ... lecture de chevet.
M. Cordeau: II me semble que c'est juste et raisonnable que la
population soit informée des décisions que vous avez prises d'une
façon urgente.
M. Johnson: Ne vous en faites pas, en fin de compte, ces
dispositions imposent une obligation, en général, aux employeurs;
ou ça leur coûte de l'argent, ou ils sont obligés
d'accorder un congé, ou ils sont obligés de remplir une formule.
En général, ce sont des droits pour les travailleurs et, en fin
de compte, si on doit quantifier l'équilibre entre les droits des
travailleurs et les autres dans la société, ça coûte
quelque chose à quelqu'un. En général, celui-là se
plaint. En tout cas, je me souviens des mémoires qu'on a entendus ici;
en général, ces gens se plaignaient. Je me dis que, si on prend
une décision de "nature urgente", il y a quelqu'un qui va en parler,
certain, il n'y a pas de problème. Cela ne passera pas
inaperçu.
M. Cordeau: II me semble que c'est un pouvoir abusif.
M. Johnson: Une autre chose, je pense qu'on ne peut quand
même pas présumer, au départ, que le gouvernement doit agir
de mauvaise foi; d'autant plus qu'il y a une contradiction interne remarquable
de la part de l'Opposition officielle qui s'évertue, à la
période des questions, à nous expliquer qu'on ne restera pas
longtemps là comme gouvernement, mais, en commission, ces gens nous
expliquent qu'ils ont bien peur des lois qu'on adopte et du pouvoir qu'on donne
au gouvernement. C'est une contradiction profonde. (22 h 45)
M. Cordeau: M. le Président, cela ne prend pas beaucoup
d'années pour abuser. Un mois, deux mois, c'est une période assez
longue pour qu'une personne abuse des pouvoirs qui lui sont
accordés.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! Une Voix:
Vous feriez cela, vous?
M. Cordeau: Non, mais vous avez dit tantôt qu'on
présumait que vous seriez là longtemps.
Le Président (M. Lacoste): Si vous voulez bien, nous
allons revenir à l'article 33.
M. Cordeau: C'était simplement pour répondre au
ministre.
M. Pagé: Je fais fi de ces remarques inopportunes,
injustifiées, qui me passent sur le dos comme de l'eau sur le dos d'un
canard.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 33 est
adopté?
M. Pagé: L'article 33 est adopté sur division, M.
le Président.
M. Johnson: Article 34, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): L'article 33 est adopté
sur division.
M. Johnson: Article 34, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): J'appelle l'article 34. Est-ce
que l'article 34 est adopté?
M. Johnson: Adopté, M. le Président.
M. Pagé: C'est encore un beau scénario, c'est la
même chose.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf, sur l'article 34.
M. Pagé: A l'article 34, c'est le scénario de la
tenue d'une enquête sur une objection.
M. Johnson: Ce n'est pas un scénario, c'est ce que la loi
dit.
M. Pagé: La loi monte un scénario.
M. Johnson: Le député de Portneuf va trop souvent
aux vues.
M. Pagé: Non, cela fait trois ans que je n'y suis pas
allé. Je n'ai pas eu le temps, je m'occupe de mon comté.
M. Johnson: Vous devriez, cela vous ferait du bien.
M. Bisaillon: Le député de Portneuf ne va justement
pas assez aux vues.
M. Pagé: M. le ministre du Travail, encore aujourd'hui, il
y avait 15 000 qui étaient en grève en plus de ceux qui, dans le
secteur public et parapublic... quand on suit le ministre du Travail qui a
toute cette batterie de collaborateurs, on n'a pas le temps d'aller au
cinéma.
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais que nous revenions
à l'article 34.
M. Johnson: M. le Président, avant que vous me rappeliez
à l'ordre sur l'article 34...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre sur l'article
34.
M. Johnson: L'article 34 prévoit non pas un
scénario, mais l'application de l'article 33, et je ferai remarquer au
député de Portneuf, d'ailleurs, que chaque journée
moyenne, en 1976, comportait 26 000 personnes en grève.
M. Pagé: On aura l'occasion de revenir là-dessus,
je vous ai déjà donné avis qu'on reviendrait.
M. Johnson: L'article 34 est-il adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf sur l'article 34.
M. Pagé: Vous êtes sur le point de rejoindre tout
cela, ça va tellement bien dans les relations de travail au
Québec.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 34est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 35. Est-ce que
l'article 35 est adopté?
M. Pagé: Le voilà, le scénario, M. le
Président, à l'article 35. Il y a une enquête, il y a une
audition et le gouvernement n'est pas tenu. C'est la même chose.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 35est
adopté? M. le député de Portneuf?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Lacoste): L'article 35 est adopté.
L'article 36. Est-ce que l'article 36 est adopté?
Une Voix: C'est de la concordance.
Le Président (M. Lacoste): L'article 36 est adopté.
L'article 37.
M. Pagé: Les articles 37 et 38 sur division.
Le Président (M. Lacoste): L'article 37 est adopté
sur division. L'article 38?
M. Johnson: L'article 38 est adopté M. le
Président. Non? Sur division?
M. Pagé: Sur division.
M. Johnson: L'article 39, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Un instant. L'article 38 est
adopté sur division.
M. Pagé: L'article 37 est adopté sur division.
Le Président (M. Lacoste): L'article 37 est adopté
sur division. M. le député de Saint-Hyacinthe sur l'article
38.
M. Cordeau: Je reviens encore. Après qu'une
décision a été prise, à la suite d'une urgence,
pourquoi s'obstiner à ne pas passer cette décision par le
processus normal de l'article 32?
M. Johnson: C'est que le règlement, de toute façon,
va être publié, parce qu'en vertu d'une autre disposition, il faut
qu'un règlement soit publié pour qu'il soit en vigueur. Donc, il
n'y a pas de problème, il va être publié.
L'intérêt de passer des règlements en cachette, il n'y en a
pas. En général, si on passe un règlement, c'est pour
affecter les droits des personnes ou leurs obligations. On n'a pas
intérêt à ne pas le faire connaître. La règle
générale veut qu'un règlement soit publié.
M. Cordeau: Selon les modalités de l'article 32.
M. Johnson: C'est cela.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 38 est
adopté?
M. Pagé: Sur division, M. le Président, et vous
comprendrez, pour les motifs qu'on a invoqués tantôt.
Le Président (M. Lacoste): L'article 38 est adopté.
L'article 39.
M. Johnson: Ce sont les pouvoirs généraux de la
commission. Vous remarquerez d'ailleurs que beaucoup de ces articles sont
à lire en concordance avec d'autres articles. Par exemple, dans le cas
de la faillite, dans le cas des versements prévus en vertu de l'article
42, c'est-à-dire les versements bancaires...
M. Pagé: L'article 84, c'est quoi, M. le ministre?
M. Johnson: Pardon?
M. Pagé: L'article 84, c'est l'expiration du contrat de
travail, le certificat de travail?
M. Johnson: L'article 84, ce sont les certificats de travail,
c'est cela.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que... Le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Au paragraphe h), c'est-à-dire à
l'article 8 aujourd'hui...
M. Johnson: Oui.
M. Cordeau:... le CPQ avait demandé que l'on biffe
"malgré toute loi à ce contraire". Cette demande avait
été reprise aussi par la Chambre de commerce de la province de
Québec.
M. Johnson: L'on reproduit le texte de la loi actuelle. Je
comprends que cela ne répond pas au fond, mais... Ah! c'est cela. Le
Code de procédure civile dit qu'on ne peut pas plaider au nom d'autrui.
"Malgré toute loi à ce contraire", ce serait la réponse
à cela. On permet à la commission de plaider au nom de quelqu'un
d'autre, ce qui est une dérogation à la Loi du Barreau et au Code
de procédure.
Le Président (M. Lacoste): L'article 39 est-il
adopté? Article 39, adopté. L'article 40?
M. Cordeau: Est-ce que le premier paragraphe est exactement comme
l'ancien?
M. Johnson: Le premier? M. Cordeau: Oui.
M. Johnson: "établir un salaire payé à un
salarié par un employeur?"
Une Voix: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): L'article 39, adopté.
Article 40? M. le député de Portneuf.
M. Pagé: L'article 40, M. le Président, entre
autres, c'est un des éléments pour lesquels tout à l'heure
nous sommes intervenus particulièrement sur les articles 37 et 38 pour
ce qui concerne l'application des articles 32 et 33, à savoir qu'avant
d'être approuvé, un règlement devait être
précédé d'un projet publié dans la Gazette
officielle du Québec avec un avis spécifiant et tout cela, avec
la possibilité d'audition et d'enquête là-dessus. Le
ministre peut-il nous confirmer, ici, en commission, que, lorsque le
gouvernement voudra intervenir dans la fixation du salaire minimum qui est
payable à un salarié, il y aura nécessairement la
période de publication avec la possibilité d'une enquête et
d'une audition, tel que c'est prévu aux articles 32 et 33, lorsque le
gouvernement...
M. Johnson: A moins que l'urgence ou l'intérêt
public ne le justifie autrement, oui, c'est ce que dit la loi.
M. Pagé: Oui, mais est-ce qu'il y a des cas entre autres
qui concernent... Les exemples que vous nous avez donnés tantôt,
c'étaient les exemples d'une erreur, la question du congé de
maternité, etc., mais est-ce que, sur la question de
l'établissement du salaire minimum comme tel, il est dans vos intentions
de vous prévaloir des articles 37 et 38?
M. Johnson: A priori, il est de l'intention de celui qui vous
parle, sans anticiper de la décision du Conseil des ministres, de se
prévaloir de l'article 33, c'est-à-dire la prépublication
d'une augmentation du salaire minimum.
M. Pagé: Et d'enclencher le processus de consultation
possible?
M. Johnson: Voilà, c'est cela.
M. Pagé: On peut présumer que, lors de la prochaine
intervention du lieutenant-gouverneur en conseil pour augmenter le salaire
minimum, il y aura tout le processus de consultation.
M. Johnson: On peut en présumer, à moins qu'une
situation d'urgence ou l'intérêt public ne justifie de
procéder autrement en vertu des articles 37 et 38. C'est cela.
M. Pagé: Quel serait le caractère urgent que vous
pourriez invoquer dans ces cas-là?
M. Johnson: Si je le savais, je pense que ce ne serait pas une
urgence.
M. Pagé: Non, mais vous pouvez quand même
présumer.
M. Johnson: Si je le savais au moment où on se parle, je
pense que je ne pourrais pas justifier une urgence dans X mois.
M. Pagé: Non, mais je vous demande un exemple à ce
chapitre.
M. Johnson: Je n'en ai pas de concret. Une Voix: Une
hausse spectaculaire?
M. Johnson: C'est cela, par exemple, une hausse spectaculaire du
prix des aliments de 28% en trois jours.
M. Mailloux: C'est tiré par les cheveux.
M. Cordeau: II y a eu un ouragan quelque part certainement.
M. Johnson: C'est vrai.
M. Pagé: Cela pourrait entraîner une baisse.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que...
M. Pagé: M. le Président, le ministre pourrait nous
donner davantage de renseignements sur cette question. C'est important. Je ne
voudrais pas qu'un jour ou l'autre, éventuellement, le gouvernement nous
arrive... Je vois le ministre du Travail invoquer en Chambre et nous dire qu'il
s'est prévalu de la loi, que la loi a été adoptée
à la suite d'un mécanisme de consultation et que les gens ont
été entendus. Vous savez, le ministre nous dit cela souvent: Les
gens ont été entendus. Tout le monde est en désaccord avec
lui sur l'application des articles 37 et 38. Evidemment, il ne le dira pas,
parce que ce côté de la médaille, c'est rare qu'il le dit.
C'est évident qu'à ce moment, en réponse à une
question que je pourrais lui poser ou que mon collègue de Johnson ou de
Saint-Hyacinthe pourrait lui poser, il fera comme d'habitude. Il va monter sur
ses grands chevaux. Il va s'insurger, s'insulter du fait que
l'Opposition...
M. Johnson: M. le Président, on était 40, je
pense.
M. Pagé: Non, je donne le scénario de ce qu'il
adviendra éventuellement.
M. Johnson: On est encore dans le cinéma.
M. Pagé: Non, parce que vous savez, il y a de beaux
scénarios avec le Parti québécois.
M. Johnson: On est toujours aux vues.
M. Pagé: Vous n'avez jamais remarqué le
scénario du ministre? Il ne faut jamais s'opposer à ce ministre.
Il est toujours fâché, c'est toujours terrible.
M. Johnson: Voyons donc!
M. Pagé: D'ailleurs, cela commence à se
refléter sur votre image, vous savez.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf, sur la...
M. Pagé: Cela amène du discrédit.
M. Johnson: L'image. J'ai hâte que vous me parliez de
caméra. On a le scénario, on a les images, il ne manque que le
son.
M. Pagé: C'est depuis que les caméras sont
là.
M. Johnson: Je vous trouve meilleur en cinéma muet.
Le salaire
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! Revenons
à l'article 40.
M. Pagé: M. le Président...
M. Cordeau: M. le Président, les commissions vont
être télédiffusées tantôt.
Le Président (M. Lacoste): La parole est au
député de Portneuf sur l'article 40.
M. Pagé: Est-ce que le ministre pourrait nous faire part
de ce que le gouvernement, à ce moment, à la veille de
l'ajournement de la session, entend apporter comme modification, dans des
délais assez brefs, au salaire minimum?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Johnson: Je peux vous dire que je serais étonné
que le gouvernement n'augmente pas le salaire minimum d'ici la fin de
l'année. Quand on regarde ce qui est arrivé à l'indice des
prix à la consommation, quand on regarde l'augmentation,
particulièrement dans le secteur alimentaire, le secteur du transport
qui représente, pour les gens qui sont au salaire minimum, près
de 25% de leur revenu, je serais étonné que le gouvernement
n'augmente pas le salaire minimum.
M. Mailloux: Quel est la différence actuelle entre le
Québec et l'Ontario?
M. Johnson: La différence actuelle entre le Québec
et l'Ontario, si je me souviens bien... Aux dernières nouvelles,
l'Ontario devait le modifier ou l'a modifié récemment, il me
semble que c'est de l'ordre de $0.15 l'heure, alors que cela a
déjà été $0.28 et $0.30.
M. Mailloux: C'est encore le deuxième plus
élevé du Canada.
M. Johnson: C'est le plus élevé au Canada, en ce
moment.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe. M. le ministre.
M. Johnson: Je m'excuse, la Saskatchewan est la deuxième.
Le Québec est le premier, et la Saskatchewan est la deuxième.
M. Mailloux: Ce n'est pas dans les Territoires du Nord-Ouest que
c'était plus élevé qu'au Québec?
M. Johnson: Je n'ai pas de souvenir de cela.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Lorsqu'on a adopté la loi du supplément
au revenu, il avait été question que cette loi retarderait
l'augmentation du salaire minimum, étant donné que c'est
déjà une augmentation du salaire minimum indirectement, si vous
voulez.
M. Johnson: Oui, c'est cela. Je pense que la loi du
supplément au revenu, pour ceux qui
travailent, comme les dispositions générales contenues
là-dedans, même si on prend... Même si 44 heures, cela
paraît beaucoup, dans certains secteurs du salaire minimum, cela va
être très significatif, la hausse du temps supplémentaire.
Je pense que cela peut justifier un ralentissement de la progression attendue.
Je ne pense pas que cela puisse justifier nécessairement un arrêt
de la hausse du salaire minimum.
M. Cordeau: Est-ce à dire que vous prenez l'engagement de
hausser le salaire minimum d'ici la fin de l'année?
M. Johnson: Non, je dis seulement que cela m'étonnerait
que le gouvernement ne le fasse pas, compte tenu de ce qui se passe en ce
moment.
M. Mailloux: C'est cela. L'article 40.
M. Cordeau: On est exactement à l'étude de
l'article 40.
M. Bisaillon: Non, il ne s'agit pas pour l'instant de
déterminer si, oui ou non, le gouvernement...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Sainte-Marie invoque le règlement?
M. Bisaillon: Oui, question de règlement. Je vous remercie
de me le rappeler. Il ne s'agit pas pour nous de déterminer si, oui ou
non, le gouvernement va augmenter le salaire minimum ou n'augmentera pas le
salaire minimum. Il s'agit de déterminer, au moment où il le
fera, les modalités qu'il utilisera pour le faire. C'est tout ce que
prévoit l'article 40. C'est là-dessus qu'on doit discuter. Est-ce
qu'on est d'accord que le gouvernement fixe par règlement... Ce n'est
pas de savoir si, dans trois mois, on ira ou on n'ira pas. Ce n'est pas cela.
(23 heures)
M. Cordeau: Non...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Hyacinthe, sur l'article 40.
M. Cordeau: Mais, actuellement, lorsque le salaire minimum a
été augmenté, ça n'a pas été par une
loi du gouvernement?
M. Johnson: Non, par arrêté en conseil. M.
Cordeau: Par arrêté en conseil. M. Johnson: Cela a
toujours été le cas. Le Président (M. Lacoste):
Adopté? Des Voix: Adopté. M. Pagé: ...
question, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: Est-ce que des études ont
été faites par la Commission du salaire minimum sur...
M. Johnson: M. le Président, j'ai eu l'occasion de
répondre à cette question au moins huit fois.
M. Pagé: Non, ce n'est pas ça que je vous demande.
Une minute, M. le Président!
M. Johnson: Du calme! Du calme!
M. Pagé: Le ministre présume de la question.
Répondez-y donc une autre fois pour voir! Vous connaissez la
question?
M. Johnson: II y a eu le rapport Fortin.
M. Pagé: Ce n'est pas ce à quoi je veux faire
allusion.
M. Johnson: Ah! C'est parce que vous êtes encore dans le
cinéma si je ne vous suis pas. Ce doit être du surréalisme!
Est-ce que vous pourriez me poser une question précise?
M. Pagé: M. le Président, vous voyez... Le ministre
en est venu à me poser des questions, à me demander de poser des
questions. C'est bon signe, ça va bien, M. le Président! Est-ce
que la commission a fait des études sur la possibilité qu'au lieu
d'avoir un salaire minimum qui est, en quelque sorte, universel, ce salaire
soit progressif selon le nombre de mois ou le nombre d'années
passés par un employé au sein d'une entreprise?
M. Johnson: A ma connaissance, à la commission proprement
dite, il n'y a pas de telles études. Il y a eu des études qui ont
été faites ou, enfin, qui ont été rapportées
par le ministère, pas nécessairement faites par le
ministère dans certains cas, entre autres, l'exemple français
dans ce domaine où, effectivement, les apprentis, dans certains
métiers, c'est complémenté par des régimes de
subventions, etc. Cela présuppose, je pense, cependant, une politique
intégrée en matière de main-d'oeuvre dans ce secteur. On
n'est pas rendu là encore.
M. Pagé: Mais est-ce que c'est étudié dans
le moment?
M. Johnson: Etant donné les six années de retard
qu'on est obligé de prendre...
M. Pagé: Est-ce que c'est étudié par la
commission dans le moment? Est-ce que c'est possible que ce le soit
bientôt, les grilles de salaires, selon les...
M. Johnson: Par la commission proprement dite, non, à ma
connaissance...
M. Pagé: Est-ce que le gouvernement entend demander
à la commission d'étudier...
M. Johnson: Le gouvernement a son propre service de recherche
également. Si la commission
veut faire des études dans ce domaine, peut-être que
ça pourrait être intéressant effectivement. C'est
peut-être une excellente suggestion, sans doute une des suggestions
très constructives du député de Portneuf depuis longtemps.
Il faudrait peut-être...
M. Pagé: Non, vous devriez écouter davantage. Il y
en a plus souvent, mais vous n'écoutez pas tout le temps; c'est le
problème, M. le Président, du ministre du Travail. Il devrait
nous écouter plus souvent.
M. Johnson: M. le Président, peut-être que c'est une
excellente idée...
M. Pagé: Entre autres, dans le conflit de la CTCUQ...
M. Johnson: ... d'autant plus que...
M. Pagé: ... si vous aviez écouté avant, on
n'en serait peut-être pas rendu là.
M. Johnson: C'est ça. M. le Président,
effectivement, c'est extrêmement intéressant comme suggestion.
M. Pagé: C'est un exemple. On reviendra avec d'autres. Cet
après-midi, quand je vous ai suggéré de vous
prévaloir de l'article 991 du Code du travail, c'était une
suggestion constructive...
M. Bisaillon: Ce n'est plus un scénario, c'est sa
biographie.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Portneuf, sur l'article 40.
M. Pagé: M. le Président, j'invite le gouvernement
ou la commission, ou que le gouvernement invite la commission à se
pencher là-dessus. Je suis toujours surpris, moi, de voir, dans une
petite entreprise je pense que ce sera le cas... plusieurs
députés abonderont dans le même sens que moi et
probablement le député de Sainte-Marie lui aussi... Le
député de Sainte-Marie, M. le Président, on est bien
heureux qu'il soit avec nous ce soir. Je sais qu'il a fait un discours vibrant,
apparemment, en haut. J'aurais bien aimé être là.
M. le Président, est-ce qu'il est président ou whip des
travaux ou quoi? Le député de Sainte-Marie semble se...
M. Johnson: II est présent et opportun. M. Pagé:
Ah, ça, je n'en doute pas!
M. Johnson: Regardez-le aller. Vous allez voir que vous pourriez
vous en inspirer.
M. Pagé: Ce n'est pas ce qu'on souhaite. M. Bisaillon:
On a perdu le fil.
M. Pagé: Non, j'arrive dans le fil. Je suis toujours
surpris, M. le Président, de voir... Qu'on prenne le cas d'un petit
commerce ou d'une épicerie sur le coin de la rue dans nos comtés,
le travailleur qui entre pour la première journée sera soumis au
salaire minimum. Dans certains cas, en l'absence d'un contrat individuel ou
encore d'un contrat collectif le contrat individuel stipulera... Pour
une personne qui y travaille depuis deux ans, trois ans ou cinq ans, il n'y
aura aucune disposition particulière en ce qui concerne le salaire
payé à cette personne et, pour moi, une personne qui travaille
dans une entreprise depuis trois ans, depuis quatre ans a droit à
davantage qu'une personne qui y entre pour la première journée.
Je pense que tout le monde est unanime à constater que ça prend
une certaine période de formation pour qu'un employé puisse
vraiment être au fait de la productivité au sein d'une entreprise
et, quant à moi, j'invite le gouvernement à se pencher
là-dessus, d'autant plus que dans la très grande majorité
de ces entreprises, le gars qui était au salaire minimum il y a un an ou
deux ans n'est plus au salaire minimum maintenant. Par contre, dans certains
cas, un employé ou des employés pourront être encore au
salaire minimum après un an, deux ans et trois ans.
Alors, je pense que ça pourrait être un mandat de la
commission d'envisager cette possibilité d'étalement du salaire
minimum, selon l'expérience, au sein de l'entreprise. Cela pourrait
faire l'objet d'un règlement allant même au-delà de ce qui
est prévu dans la loi comme condition tout à fait minimale de
travail. Je conviens que ce n'est pas facile. D'ailleurs, il y a
l'expérience en France, avec les grilles et tout cela. Je suis convaincu
que le gouvernement devrait ou encore que la commission devrait se pencher
là-dessus dans des délais assez brefs. Quand on veut vraiment
légiférer au chapitre de conditions minimales de travail, on doit
aller jusque-là. Ce qui est dans la loi dans le moment, c'est vraiment
le minimum du minimum. Je pense que tout le monde va en convenir. Minimus
minimorum, comme dirait mon collègue d'Anjou. Je vous soumets cela bien
respectueusement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Beauharnois, sur l'article 40.
M. Lavigne: M. le Président, sur l'article 40, mais c'est
surtout pour faire suite aux propos avancés par le député
de Portneuf. Je pense que quand on regarde seulement ce qu'il vient
d'évoquer, un employé qui est au salaire minimum depuis un an, un
an et demi ou deux ans, à première vue, c'est sûr qu'il
nous apparaît que ce serait justifiable ou justifié que cet
employé, parce qu'il est plus au fait d'une meilleure production, il a
été initié à son emploi, à son travail,
arrive à obtenir un peu plus que le salaire minimum, comparativement au
nouvel employé qui entrerait et qui, lui, serait au salaire minimum. Le
problème, c'est que le patron, s'il voit un écart trop grand,
un
écart s'agrandissant entre le nouvel employé qui est au
salaire minimum et son employé plus ancien d'un an, d'un an et demi ou
de deux ans, s'il s'aperçoit qu'il faut qu'il paie $0,25, $0,50 ou $0,75
ou $1.00 l'heure de plus pour conserver son employé d'un an, il ne faut
pas perdre de vue que ces employés sont sous le bras du patron, ils
n'ont pas de convention collective et ils n'ont pas de sécurité
d'emploi. Ce qui peut arriver, c'est que cela va provoquer une espèce de
"turn-over", si vous me permettez l'expression, qui pénaliserait
l'employé qui est là depuis plus longtemps. C'est la
parenthèse que j'ouvre. C'est l'analyse que je fais de l'argumentation
avancée par le député de Portneuf. Je pense qu'il faudrait
aller plus loin. Je ne dis pas qu'en soi ce que vous avez avancé est
mauvais, mais il faut regarder les conséquences que cela pourrait avoir
à plus long terme.
M. Johnson: Est-ce que l'article 40 est adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Lacoste): L'article 40 est-il
adopté?
M. Pagé: En espérant que les commentaires que j'ai
formulés seront tenus par le ministre.
M. Johnson: Toujours.
Le Président (M. Lacoste): Article 40, adopté.
M. Johnson: A leur mérite.
M. Pagé: Cela ne paraît pas toujours.
Le Président (M. Lacoste): Article 41?
M. Johnson: Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 41 est
adopté?
M. Pagé: II n'y a pas d'exclusion pour les cas... Les
domestiques?
M. Johnson: De...
M. Pagé: Le logement, la nourriture et tout cela.
M. Johnson: Non, c'est en vertu d'une autre disposition.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 41 est
adopté? M. le député de Beauharnois.
M. Lavigne: S'il donne une caisse de bière à son
employé, il n'a pas de raison de le payer moins cher que le salaire
minimum pour cela.
M. Johnson: C'est cela.
M. Lavigne: II a beau lui donner des cadeaux, cela ne justifie
pas de donner moins que le salaire minimum.
M. Johnson: C'est l'article 41.
M. Lavigne: C'est l'article 41. C'est adopté.
M. Johnson: Une expérience personnelle, M. le
député de Portneuf?
M. Pagé: Pardon?
M. Johnson: Article 42, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 41 est
adopté?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Article 41, adopté.
Article 42?
M. Pagé: Sous enveloppe scellée.
M. Johnson: Article 42, adopté, M. le
Président?
M. Pagé: Vous avez eu des représentations
formulées par les groupes à cet égard?
M. Johnson: Oui. C'est pour cela qu'on a changé...
M. Pagé: En ce qui concerne le virement bancaire?
M. Johnson: Le virement bancaire est prévu maintenant.
M. Pagé: Oui, si une convention écrite ou un
décret le prévoit.
M. Johnson: C'est cela.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 42est
adopté?
M. Pagé: Un salarié réputé... M.
Johnson: Pardon?
M. Pagé: Le deuxième paragraphe de l'article 42 est
très bien. En fait, c'est le fardeau de la preuve.
M. Cordeau: Scellé ou cacheté, c'est la même
chose, même si... Si vous scellez, ce n'est pas avec un sceau...
M. Johnson: Non, avec de la cire. C'est la relance de l'industrie
de l'abeille.
M. Cordeau: Une enveloppe...
M. Pagé: II y a au moins cela qui va être
relancé, par exemple.
M. Johnson: N'importe quoi pour créer des emplois.
M. Cordeau: ... pour vendre les sceaux. M. Pagé:
Cela fait partie de...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 42est
adopté? M. le député de Portneuf.
Une Voix: Est-ce que ça fait partie de OSE?
M. Pagé: 42 est adopté, M. le Président, et
je vais déclarer ma satisfaction, entre autres à l'égard
du deuxième paragraphe de l'article 42 qui dit: "Un salarié est
réputé ne pas avoir reçu paiement du salaire qui lui est
dû si le chèque qui lui est remis n'est pas encaissable en
espèces", c'est-à-dire s'il ne passe pas. Le fardeau de la preuve
est de l'autre côté, c'est très bien.
Le Président (M. Lacoste): L'article 42 est adopté.
J'appelle l'article 43.
M. Johnson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 43est
adopté?
M. Pagé: Qu'est-ce qu'il y a de modifié dans 43 par
rapport à...? Un mois dans le cas des cadres...
M. Johnson: Le mois qui suit l'entrée en fonction.
M. Pagé: Qu'est-ce que ça va régler?
M. Lavigne: C'est pour donner la chance à
l'employeur...
Une Voix: ... de préparer sa paperasse. M. Johnson:
Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce l'article 43 est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 43 est adopté.
L'article 44. Est-ce que l'article... M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: A l'article 42, c'est sous enveloppe scellée,
et ici, c'est un salaire en mains propres.
M. Johnson: C'est ça.
Une Voix: II faut se laver les mains.
M. Cordeau: Dans l'autre texte, on disait: "sous enveloppe
scellée".
M. Johnson: C'est ça.
M. Cordeau: Vous l'avez enlevé...
M. Johnson: On l'a cachetée.
M. Cordeau: Alors pourquoi ne pas l'enlever dans l'autre? Vous
l'avez enlevé dans un article, vous le laissez dans l'autre.
M. Johnson: II arrive parfois aux juristes de faire un peu de
poésie. Ils trouvaient que ça rimait mieux...
M. Cordeau: Ils aiment mieux la poésie que les films,
eux?
M. Johnson: Ecoutez! C'est ça. Dans le cas où ce
sont des billets, on demande que l'enveloppe soit scellée pour ne pas
que l'argent sorte.
Une Voix: Quand c'est par chèque...
M. Johnson: J'avoue que ça ne m'apparaît pas
générateur de droit nouveau, mais c'est essentiellement pour
empêcher... Je suis d'accord avec vous que ça semble frapper un
peu, qu'à une place on l'ait supprimé et à l'autre place
non, mais dans le fond, dans le cas où il y a des billets, on veut que
ce soit scellé.
Une Voix: Pour ne pas les perdre. M. Johnson: Pour ne pas
les perdre.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 44 est
adopté?
M. Pagé: Quant à moi oui, je ne sais pas si mon
collègue de Saint-Hyacinthe...
M. Cordeau: Oui, on va suivre la poésie.
Le Président (M. Lacoste): L'article 44 est adopté.
L'article 45. Est-ce que l'article 45 est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 45 est adopté.
L'article 46.
M. Johnson: Ce sont les mentions du bulletin de paie.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Hyacinthe, sur l'article 46.
M. Cordeau: Au dernier paragraphe, vous dites: "Le gouvernement
peut, par règlement, exiger toute autre mention qu'il juge utile." Ce ne
serait pas la commission?
M. Johnson: Rien n'empêche la commission de le faire, mais
le gouvernement peut le faire aussi.
M. Cordeau: La commission peut le faire.
M. Johnson: La commission le propose, le gouvernement
l'adopte.
M. Pagé: En vertu de 5... de toute façon. M.
Johnson: Est-ce que ça va? M. Cordeau: Oui.
M. Johnson: Quand on parle des règlements de la
commission, on parle par définition des règlements du
gouvernement aussi. Il faut que le gouvernement les adopte pour qu'ils soient
en vigueur. Il ne faut pas oublier ça.
M. Cordeau: Oui.
M. Johnson: Parfois on l'oublie dans le texte...
M. Cordeau: ... la commission, on emploie le gouvernement et...
scellé ou pas scellé...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 46 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe, l'article 46 est adopté?
M. Cordeau: En mains propres, il faut que le gars se lave les
mains avant.
Le Président (M. Lacoste): L'article 46 est adopté.
Toujours sur l'article 46...
M. Pagé: Vous aviez eu des représentations qui
avaient été formulées, entre autres, par l'Association des
manufacturiers de bois de sciage en ce qui concerne le 3°, l'identification
de l'emploi du salarié. Qu'est-ce qui a été
changé?
M. Johnson: Vous parlez de 46?
M. Pagé: Oui.
M. Johnson: Ah, je m'excuse.
M. Pagé: c), dans l'ancien texte, et 3°...
M. Johnson: 3°, l'identification... C'est ça. Au lieu
de marquer le nom de l'emploi on a marqué l'identification de l'emploi,
ce qui permet un code. Vous voyez, on a écouté.
Une Voix: Adopté. (23 h 15)
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Qui va définir les codes et les emplois?
M. Johnson: La compagnie, l'employeur; par exemple, les scieurs,
c'est le no 4 et le gars qui opère la "crane", c'est le no 8.
M. Cordeau: Au verso, il y avait tous les codes avec la
description au bout.
M. Johnson: Disons que l'opérateur de "crane" a aussi
scié, c'est 8 égale tant de piastres et 4 égale tant de
piastres.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 46 est
adopté?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté.
M. Pagé: L'article 46?
Le Président (M. Lacoste): Oui. Article 47.
M. Johnson: Cela fait au moins quinze fois qu'on adopte l'article
46. Article 47, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Article 47, M. le ministre.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 48.
M. Johnson: Adopté?
Le Président (M. Lacoste): Article 48. Adopté.
Article 49.
Le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: ... avec l'article 38 du Code du travail qui
prévoit la retenue syndicale obligatoire, de même qu'avec les
conventions collectives qui stipulent la même clause que l'article 38 du
Code du travail, coalition des normes minimales du travail.
M. Johnson: C'est-à-dire que l'employeur peut... la
retenue syndicale est prévue dans une loi. On dit ici: "Un employeur
peut effectuer une retenue sur le salaire uniquement s'il y est contraint par
une loi", donc la retenue syndicale est obligatoire, "un règlement, une
ordonnance d'un tribunal", par exemple un jugement de la cour pour la saisie,
"une convention collective, un décret", ce qui est prévu, "ou
s'il est autorisé par un écrit du salarié."
M. Cordeau: Vous dites: "Un employeur peut effectuer", est-ce que
ce ne serait pas "doit"?
M. Johnson: Tu n'as pas le droit de le faire, sauf si. En fait la
notion de "peut", dans le langage courant, il n'a pas le droit, sauf si.
M. Cordeau: II y est contraint, d'accord.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 49 est
adopté?
M. Pagé: Une question, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: II me semble que dans le... A quel endroit est-ce
stipulé: Si un employeur congédie ou suspend ou menace de
suspendre ou de congédier un employé en raison de retenues suite
à une saisie? Où est-ce que j'ai vu ça?
M. Johnson: Article 122 de la loi.
M. Pagé: II y a un recours contre l'employeur qui peut
s'exercer à ce moment-là? Parce que c'est arrivé
fréquemment.
M. Johnson: C'est ça, troisièmement: "Pour la
raison qu'une saisie-arrêt a été pratiquée à
l'égard du salarié ou peut l'être."
M. Pagé: Bonne affaire! Merci.
Le Président (M. Lacoste): Article 49. Adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 50.
M. Pagé: Est-ce que l'article 50 vient aussi régler
un problème qui subsistait dans certains établissements, M. le
Président? "Le mot pourboire comprend les frais de service
ajoutés à la note..." Adopté.
C'est le pourboire qui est présentement cotisé pour fins
fiscales, de façon agressive, par les différents paliers de
gouvernement dans le moment.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Hyacinthe, sur l'article 50.
M. Pagé: Allez expliquer ça aux
salariés.
M. Cordeau: D'après le Conseil du patronat
québécois, cet article rend illégale la pratique de la
formation d'un "pool" qui se fait, par exemple, dans les grands magasins.
M. Johnson: Absolument pas. M. Cordeau: Non?
M. Johnson: Absolument pas, dans la mesure où le "pool"
est volontaire; ce sont les employés qui le font, ce n'est pas
l'employeur qui peut l'imposer. Ce qu'ils nous disent quand ils nous disent
ça, dans le fond, c'est que, dans certains cas, ils l'imposaient, mais
ils ne pourront plus l'imposer. Cela n'empêche pas qu'il y a une
formation de "pool", si les gars veulent le mettre ensemble. L'exemple qu'on a
donné, c'est le cas des bars. Le gars qui est derrière le bar,
qui sert l'alcool reçoit rarement des pourboires parce qu'il paie les
barmen ou les barmaids qui se promènent, qui vont servir aux tables.
Sauf que, comme le disait quelqu'un qui a beaucoup d'expérience dans ce
domaine, si vous êtes le gars qui va servir les bières aux tables
et que vous oubliez de partager votre pourboire avec le gars derrière le
bar, bonne chance le lendemain, ça va être long pour avoir vos
bières. C'est ça, ça se fait, c'est volontaire.
M. Pagé: Ah oui.
M. Johnson: Oui, c'est ça, peut-être que le
député de Portneuf est allé plus souvent au cinéma
qu'à la taverne.
M. Pagé: Est-ce que vous m'en faites un reproche?
M. Johnson: Absolument pas, ça fait partie du...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 50 est
adopté?
M. Johnson: Oui, l'article 52 aussi.
Le Président (M. Lacoste): L'article 50 est
adopté.
M. Johnson: L'article 51, M. le Président. Le
Président (M. Lacoste): Article 51.
M. Pagé: Est-ce que le ministre peut nous dire les
intentions d'intervention sous forme de règlement, est-ce que c'est su
et connu jusqu'à maintenant?
M. Johnson: II y en a dans certains secteurs. M. Pagé:
Oui.
M. Johnson: Dans le cas de la foresterie, l'ordonnance no 9. Il y
en a déjà qui existent dans ce domaine.
M. Pagé: II y a l'ordonnance no 4 aussi. M. Johnson:
C'est général.
M. Pagé: C'est cela. Le cas des domestiques, est-ce que
vous vous êtes penché sur cela?
M. Johnson: Le projet de règlement n'est pas prêt
encore.
M. Pagé: Qu'est-ce que vous explorez comme
possibilités?
M. Johnson: Faire des moyennes, ou essayer de fixer une base du
nombre de repas, ou un montant maximum, comme le dit la loi
elle-même.
M. Pagé: D'accord. Tout cela à l'automne? M.
Johnson: Probablement.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 51 est
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Article 51 adopté.
Article 52.
La durée du travail
M. Pagé: Article 52, M. le Président, 44 heures.
Plusieurs organismes vous ont recommandé...
M. Johnson: Je m'excuse.
M. Pagé: Plusieurs organismes vous ont recommandé
que la semaine...
M. Johnson: J'écoute. M. Pagé: Vous
écoutez?
M. Johnson: Absolument, toujours. Je suis tout ouïe.
M. Pagé: Vous avez plusieurs recommandations que la
semaine soit ramenée à 40 heures au lieu de 44 heures.
M. Johnson: On l'a examiné.
M. Pagé: ... par rapport à 44, 42, 45 ou 40
heures.
M. Johnson: Selon les secteurs, évidemment, mais il y a
au-delà de 25% des conventions qui prévoient que la semaine
excède 40 heures. Cela peut paraître peu, mais 25%, surtout qu'on
sait que...
M. Pagé: Je m'excuse, M. le ministre.
M. Johnson: II y a au-delà des conventions collectives qui
prévoient une semaine supérieure à 40 heures.
M. Pagé: Qui peuvent affecter combien de travailleurs, en
termes de pourcentage?
M. Johnson: Je n'ai pas à la portée de la main, au
moment où on se parle, les secteurs industriels, le nombre de
salariés couverts, c'est 149 000 qui seraient touchés par cela.
Je n'ai malheureusement pas à portée de la main les secteurs
industriels, je pense qu'on l'a dans une autre chemise, mais il y a des
secteurs industriels bien particuliers qui sont touchés par cela, entre
autres des secteurs touchés déjà par des décrets et
où l'effet des 40 heures, à toutes fins utiles, quand on y pense,
en termes de masse salariale au niveau du coût de l'entreprise, d'un coup
sec, serait énorme. Ce serait énorme.
M. Pagé: Une journée de congé, c'est
combien? $7 millions ou $8 millions?
M. Johnson: Une journée de congé? M.
Pagé: Un congé férié?
M. Johnson: En termes de pourcentage d'une masse salariale, une
journée, c'est 0,4%.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le ministre, vous avez mentionné
tantôt 149 000 travailleurs. Est-ce que ces travailleurs travaillent
actuellement 44 heures par semaine? Dans quel barème se situent-ils?
M. Johnson: Sur 199 000 cas étudiés, parce que
c'est l'échantillonnage qu'on a des conventions collectives et je
parle seulement des conventions collectives, il y a tout le secteur qui n'est
pas couvert par les conventions, qu'on ne compte pas, où on peut penser
que c'est plus élevé sur 199 765 travailleurs
touchés par les conventions collectives étudiées, il y en
a 149 000 qui avaient 40 heures ou moins. Donc, il y avait 25,1% des
travailleurs qui faisaient plus de 40 heures.
M. Cordeau: D'accord.
M. Johnson: Dans les secteurs qui sont touchés, si je
regarde, par exemple le secteur industriel, dans le bois ouvré, cela
varie de 40 à 60 heures. Dans le carton ondulé, de 40 à 45
heures. Dans les cercueils, de 52 à 54 heures. Dans la literie et le
rembourrage, de 42 1/2 à 45 heures. Dans les matériaux, de 40
à 60 heures. Dans la métallurgie, c'est 40 heures, cependant; la
métallurgie, on le sait, c'est un secteur assez fortement
syndiqué. C'est de 42 à 48 heures dans le cas du meuble; 40
heures, dans la serrure métallique; le verre plat, 42 1/2 heures;
l'équipement pétrolier, 40 heures. On voit qu'il y a des secteurs
industriels ou des secteurs de services, où c'est nettement
supérieur à 40 heures.
M. Pagé: Si ma mémoire est fidèle, M. le
ministre, ce qui arrive en termes de mesures transitoires par rapport aux
conventions collectives déjà existantes, c'est que la convention
collective prévaut jusqu'à son échéance. C'est
cela?
M. Johnson: C'est cela, exactement.
M. Pagé: Pour les groupes qui auraient 45 heures dans la
convention.
M. Johnson: C'est cela.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
faire d'amendement à l'article 52. Cependant, je veux profiter de
l'étude de l'article 52 pour quand même souligner que et je
sais que le ministre m'autorisera à faire cette remarque à ce
stade-ci j'aurais aimé voir, dans la Loi sur les normes minimales
de travail, l'apparition de la notion de temps supplémentaire
facultatif. On sait qu'il y a eu une longue grève au Québec qui
s'est faite sur ce sujet, qui était la grève de la United
Aircraft, en 1974.
M. Johnson: Ce n'était pas sur la formule Rand?
M. Bisaillon: Aussi, mais sur le temps supplémentaire
facultatif. A l'époque, il y avait eu un engagement formel, d'ailleurs,
du ministre du Travail du temps, d'apporter des amendements à la Loi du
salaire minimum pour qu'au-delà de 44 heures par semaine, on
considère que l'employé avait la possibilité de refuser le
temps supplémentaire. C'est un engagement qui n'a effectivement jamais
été tenu. Par la suite, les conventions collectives dans les
secteurs organisés du travail se sont chargées de négocier
de tels genres de clauses. Les travailleurs de la United Aircraft, entre
autres, depuis ce temps-là, ont réussi à négocier
une clause de temps supplémentaire facultatif. Je voulais profiter de
l'occasion pour souligner que j'espère voir arriver le jour où un
travailleur, au-delà de sa semaine normale de travail, aura la
faculté de décider de son temps et de la façon qu'il veut
l'utiliser, compte tenu évidemment que, dans certains domaines, dans
certains secteurs de travail, il y a des urgences qui doivent être
respectées par les travailleurs, il y a des impératifs qui
doivent être respectés par les travailleurs. Mais, de façon
générale, au-delà de ces exceptions, qu'on puisse arriver
un jour à permettre à un travailleur d'utiliser son temps
à sa guise au-delà de sa semaine normale de travail, soit en
faisant du temps supplémentaire et là, à des conditions
que la loi d'ailleurs prévoit actuellement, que le projet de loi
prévoit actuellement, mais qu'il puisse aussi décider qu'il a
rempli son contrat vis-à-vis de son employeur et qu'il soit
dégagé de toute autre obligation vis-à-vis de lui.
Mon intervention, M. le Président, ne se situe pas dans le cadre
d'un amendement à apporter à l'article 52 ou à d'autres
articles de la loi, mais c'était pour souligner le fait que c'est une
première démarche qui est faite par le gouvernement, c'est une
Loi sur les normes de travail, que cette démarche-là suppose
évidemment des améliorations dans l'avenir et que je souhaiterais
que les membres de la Commission du salaire minimum de même que les
membres du ministère du Travail puissent, dans les mois ou les
années qui viennent, envisager cette possibilité et la
vérifier entre- temps auprès d'un certain nombre d'industries
quant à sa possibilité de réalisation.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, je prends bonne note de la
préoccupation du député de Sainte-Marie qui, depuis
quelques années, depuis, entre autres, sa participation à la
grève à la United Aircraft, avait parlé de cette question
et obtenu d'ailleurs l'engagement du ministre Cournoyer, à
l'époque, qu'on y verrait peut-être par une loi. Cependant, ce qui
nous a empêchés de le faire cette année, c'est l'analyse
des conventions collectives qui nous démontre que le droit de refuser de
faire du temps supplémentaire n'existe que dans 19,09% des conventions
et que, dans les autres cas, hormis les 33% où il n'y a pas ce
droit-là, ce droit est balisé. Le problème de la loi,
évidemment, c'est qu'on ne peut pas prévoir des balises, parce
que ces balises-là sont prévues par conventions collectives, etc.
Devant l'impossibilité de légiférer par secteur ou par
balises, nous avons décidé de nous abstenir sur cette question,
ce qui ne nous empêche pas de continuer à encourager
l'avènement de telles conditions par d'autres méthodes et, entre
autres, les interventions du ministère dans certains dossiers par les
analyses de conventions collectives par secteur industriel.
Le Président (M. Lacoste): L'article 52 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Bisaillon: Adopté, M. le Président. (23 h
30)
Le Président (M. Lacoste): Article 52, adopté.
Article 53? M. le député de Portneuf.
M. Pagé: A l'article 53, il y a eu une modification par
rapport au premier texte.
M. Johnson: Pardon?
M. Pagé: A l'article 53?
M. Johnson: Si vous permettez, je suggérerais un
amendement, au deuxième paragraphe: "Une convention collective ou un
décret peut prévoir ", c'est "peuvent prévoir", car il
s'agit d'un ou conjonctif. C'est "peuvent" et non pas "peut", au
deuxième paragraphe de l'article 53.
Le Président (M. Lacoste): C'est "peuvent ", au lieu de
"peut", au deuxième paragraphe de l'article 53.
M. Johnson: A la première ligne du deuxième
paragraphe.
Le Président (M. Lacoste): "... décret peuvent
prévoir". Est-ce que ce petit amendement est accepté?
M. Johnson: Adopté.
M. Pagé: Dans les cas de convention collective, d'accord,
ils n'ont pas besoin de l'avis de la...
Le Président (M. Lacoste): L'amendement est
adopté.
M. Johnson: En fait, l'article 53, de façon
générale...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 53 est
adopté?
M. Pagé: L'article 53 est adopté.
M. Johnson: L'article 54, M. le Président?
Le Président (M. Lacoste): L'article 53 est adopté.
Article 54?
M. Pagé: II n'y a pas eu de modification? Oui, il y a eu
des modifications. Pourquoi exclure le cas du gardien?
M. Johnson: C'est parce que dans le cas des forêts, ils
vont travailler jusqu'à 70 heures en ligne, mais le travail consiste
également... Il y a des périodes de hausse comme des
périodes de baisse là-dedans. Comme on prévoit à un
autre article le fait d'être présent sur les lieux du travail,
cela présumait l'emploi. Le gardien peut manger sur place, il est
dérangé en forêt à toutes les six heures par une
voiture qui passe et le reste du temps, il peut s'adonner tranquillement
à d'autres activités, du moment qu'il reste dans le
périmètre de sa barrière. A partir du moment où on
prévoit une semaine normale qui, à cause du salaire minimum, va
prévoir un nombre d'heures déterminées au salaire minimum,
même s'il passe plus d'heures, en pratique, s'il n'est pas tellement au
travail... C'est un peu le même principe que la domestique dont on
parlait.
M. Pagé: Ce à quoi je fais allusion, ce sont les
gardiens qui travaillent dans des entreprises...
M. Johnson: Pardon?
M. Pagé: Ce à quoi je veux faire allusion, ce n'est
pas au cas que me cite le ministre, c'est à ceux qui font du travail de
gardiennage dans les édifices, la nuit. Je suis déjà
peiné de constater que plusieurs d'entre eux sont obligés de
travailler au salaire minimum, et après 44 heures, ils n'auront pas
droit à l'application de l'article 52, ces gens. En ce qui concerne les
gardiens en forêt pour la protection des feux, des immeubles et tout
cela, l'article 53 permet l'étalement des heures de travail de ses
salariés sur une base autre que sur une base hebdomadaire. Je pense que
ce cas pourrait être couvert par l'article 53.
M. Cordeau: II aurait peut-être fallu, dans la
définition, dire ce...
M. Johnson: En vertu de l'article 89, on dit: "Le gouvernement
peut fixer, par règlement, des normes du travail portant sur les
matières suivantes: Le salaire minimum qui peut être établi
au temps ou au rendement ou sur une autre base, etc." La semaine normale d'un
salarié, notamment celle du gardien... On pourrait dire que dans le cas
des gardiens d'édifices publics qui sont décrits de telle
façon, la semaine normale est de 46 heures. Cela veut dire que les
heures additionnées au-dessus de 46 seraient couvertes par les autres
parties de la loi.
M. Pagé: Oui.
M. Johnson: Tandis que le gardien en forêt, en vertu de
l'ordonnance 4 qui existe actuellement, est exclu pour d'autres raisons. Donc,
on a le pouvoir ici d'établir, dans le cas...
M. Pagé: De régler le problème.
M. Johnson: On peut le régler par cela.
M. Pagé: Cela veut donc dire que le gardien qui va lire la
loi 126, le 23 juin, va aller à l'article 52. D'abord, il va être
heureux de constater qu'après 44 heures, il a droit au temps
supplémentaire. Il va aller après cela à l'article 54 et
il va dire: Maudit, je ne suis pas couvert.
M. Johnson: C'est ça, et là, on va lui dire,
à 89: Un jour, tu vas avoir un règlement qui va te couvrir.
M. Pagé: II va appeler son député et
celui-ci va lui dire: Allez à 89 et attendez l'action du gouvernement.
C'est ça.
M. Bisaillon: Cela ne se dit pas tout à fait comme
ça.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: S'il va voir un député de
l'Opposition, le député de l'Opposition va lui dire: Attendez
l'action du gouvernement. S'il vient voir un député
ministériel, le député ministériel va dire: On va
agir. Cela fait toute la différence au monde. Il s'agit d'aller voir un
député...
M. Pagé: Je pense qu'on dirait même plus que
ça. D'accord, M. le Président. Je suis heureux que ce
cas-là soit prévu à 89 et qu'il y ait possibilité
d'intervenir spécifiquement au niveau du gardiennage par une
décision réglementaire.
M. Johnson: M. le Président, qu'on se comprenne bien,
juste au cas où il y aurait un problème de rédaction au
moment où on arrive à 89, qu'il faut lire avec 54.8...
M. Pagé: Oui.
M. Johnson: Juste au cas où j'aurais à y revenir,
demain, quand on sera à 89, si on se rend là, l'objectif
recherché, c'est bien celui que j'ai
décrit, c'est qu'en d'autres termes, on dit: La semaine de 44
heures, la notion de 44 heures comme semaine normale, ça ne s'applique
pas aux gardiens. Cependant, le gouvernement se conserve le droit de
déterminer ce qu'est une semaine normale pour un gardien et la notion de
semaine normale, c'est ce qui permet de dire que tout ce qui est au-dessus de
ça, c'est payé à temps et demi. On se comprend bien sur
l'intention? A partir du moment où on a décrit ce qu'était
une semaine normale...
M. Pagé: Oui.
M. Johnson:... toutes les heures au-dessus de ça sont
payées à temps et demi.
M. Pagé: C'est payé 50% de plus.
M. Johnson: C'est ça.
M. Pagé: L'établissement de...
M. Johnson: C'est ça, l'objectif... C'est juste parce que
je veux être sûr qu'il n'y a pas d'incompatibilité et on va
faire les vérifications d'ici demain midi, entre 89 et 54, mais
l'objectif, c'est celui-là. Il y a peut-être un détail qui
nous a échappé au niveau de la rédaction. Peut-être
que l'appréhension du député de Portneuf était
fondée. Mais pas sur une raison de fond, c'est juste sur le plan de la
technique législative.
M. Pagé: Oui, c'est ça.
L'établissement de pêche, sixièmement, ça
vise quoi? Quel est l'objectif que vous recherchez, parce que vous pouvez avoir
une personne qui travaille dans une ZEC...
M. Johnson: Oui.
M. Pagé: ... qui n'est pas un gardien et qui ne travaille
pas nécessairement dans un établissement de pêche; il peut
être susceptible d'être en disponibilité un paquet d'heures
par semaine, peut-être 75, 80 heures, et il n'a effectivement
travaillé, peut-être, qu'une quarantaine d'heures?
M. Lavigne: Prenez l'exemple... Il y a une distinction à
faire entre un gardien et un gars qui travaille dans un établissemen; de
pêche qui met des poissons en conserve. Ce n'est pas le même
travail du tout.
M. Pagé: C'est pour ça que je demande l'objectif
qui est recherché.
M. Johnson: C'est la reproduction de l'ordonnance 4, ce qui, en
soi, n'est pas une réponse, au fond, mais c'est la réponse de la
tradition qui, en pratique, voulait couvrir le monde du Bas-du-Fleuve,
particulièrement de la Gaspésie. J'avoue qu'évidemment, il
y a peut-être une différence entre une ZEC et travailler dans une
poissonnerie dans le Bas-du-Fleuve, mais... Bon! Votre réponse, c'est
ça. Comme dit Mme Jean, ce n'est pas considéré comme de la
pêche, une ZEC. C'est considéré comme un
établissement de tourisme pour les fins d'interprétation.
M. Pagé: Alors, après 44 heures, ils seront
soumis...
M. Johnson: C'est ça.
M. Mailloux: ... un établissement de pêche qui
sera... ce sera celui qui sera à bord d'un navire?
M. Johnson: Un navire-usine?
M. Mailloux: Un navire-usine ou un navire-pêcheur.
M. Johnson: Oui. Encore une fois, on ne dit pas qu'il n'est pas
soumis au salaire minimum. On dit seulement que la notion de la semaine normale
de 44 heures ne s'applique pas à ces gens-là, ce qui ne veut pas
dire que le reste de la loi ne s'applique pas.
M. Pagé: C'est exactement pour l'application de 52 qui est
limitée dans ces cas-là.
M. Johnson: C'est ça.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 54est
adopté?
M. Cordeau: Est-ce qu'on l'a suspendu en attendant l'article
89...
M. Johnson: Non, c'est-à-dire que je
préférerais peut-être qu'on l'adopte, quitte à ce
qu'à 89, on revienne en arrière.
M. Pagé: Aucun problème, ce qui s'inscrit
d'ailleurs dans la bonne et valable collaboration de l'Opposition officielle,
M. le Président. 55 maintenant.
M. Johnson: Normale; 55.
Le Président (M. Lacoste): L'article 54 est adopté.
Article 55.
M. Johnson: Adopté?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 55 est
adopté?
M. Pagé: Un instant, M. le Président! M.
Johnson: 55 adopté? M. Pagé: Pas encore.
M. Johnson: C'est à temps et demi maintenant. Pour le
temps et demi, encore une fois,
l'intention du législateur derrière ça, au niveau,
par exemple, des poursuites qui pourraient découler du non-respect par
un employeur, ce n'est pas de permettre à quelqu'un qui fait, même
sur une base salariale, $40 000 par année, d'aller chercher son temps et
demi sur une base hebdomadaire si cela n'a pas été
respecté. Il y a un plafonnement à ce qui donnerait iuridiction
à la commission.
En d'autres termes, la commission est là essentiellement pour les
gens qui sont en deçà d'un seuil, d'accord? Disons deux fois le
salaire minimum; et la poursuite de la commission irait seulement
jusqu'à concurrence de ce montant, sur une base hebdomadaire, par
exemple, ou sur une base horaire. D'accord?
M. Cordeau: Sur cet article...
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: ... est-ce qu'un salarié qui voudrait avoir
des congés plutôt que du temps supplémentaire pourrait les
avoir? Est-ce qu'il pourrait y avoir une entente?
M. Pagé: C'est l'impôt qu'il faudrait aller
chercher. M. Parizeau...
M. Johnson: A moins que ce soit de consentement mutuel, mais
même pas. Non, c'est d'ordre public.
M. Cordeau: N'y aurait-il pas lieu de l'inclure, à un
moment donné, si le consentement...
M. Johnson: Ce n'est pas ça, si on l'inclut, vous voyez le
genre de problème que ça va poser à l'envers?
M. Pagé: Le gars ne paiera pas de temps
supplémentaire.
M. Johnson: Une semaine, tu vas travailler 50 heures et, tes six
heures additionnelles, je te les donnerai la semaine prochaine. Je ne suis pas
intéressé, je veux être payé à temps et demi
pour ces 6 heures.
M. Cordeau: II faut qu'il y ait une entente entre les deux.
M. Johnson: Bien oui, mais c'est pour ça qu'il y a une loi
des conditions minimales, parce que le rapport, souvent, entre celui qui n'est
pas syndiqué et son employeur, n'est pas exactement un rapport
égal. S'il était égal depuis le début, on ne serait
pas ici en train d'adopter une loi sur les conditions minimales. Maintenant,
l'inconvénient d'intervenir dans la transaction entre les deux parties,
c'est qu'effectivement, même théoriquement, un consentement mutuel
ne le permettrait pas. Même si on sait que c'est pratique courante, entre
autres, dans le secteur de la fonction publique, où le personnel
syndiqué, dans certains cas, préfère se faire payer sous
forme de...
M. Bisaillon: ... à ce moment-là, par convention,
et la convention prévoit, je vous donne seulement ces renseignements
pour le bénéfice du député de Saint-Hyacinthe, M.
le Président, s'il n'écoute pas, il ne le saura pas,
habituellement, ces restrictions sont placées dans les conventions
collectives. Au moment où on les place, on place aussi la façon
dont ça doit se réaliser. Si on faisait une exception aux 50%,
sans que ça puisse être repris en congés, il faudrait
aussi, au même moment, fixer les règles de ce congé ou de
l'attribution de ce congé, pour que ce soit au gré de
l'employé plutôt que de l'employeur. De cette façon, on
protège l'employé de façon certaine. On n'est pas
sûr de le protéger en lui donnant un congé, parce que
ça peut être imposé par l'employeur à des moments
qui ne satisfont pas l'employé. La seule façon de se sortir de
ça, ce serait de négocier une convention collective qui pourrait
prévoir toutes les façons d'attribuer ce congé en double,
parce qu'habituellement, c'est ça.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 55 est
adopté?
M. Cordeau: Pour le ministère du Revenu, ça va
être des revenus additionnels garantis, il n'y a pas de
problème.
M. Johnson: Oui, c'est-à-dire que plus le monde fait de
l'argent au Québec, plus l'impôt...
M. Cordeau: C'est une remarque que j'ai faite.
M. Johnson: Sauf qu'au salaire minimum, si je regarde la
réforme fiscale, ce serait juste, social-démocrate, ce que nous
avons adopté récemment. Le ministère du Revenu ne prendra
pas grand-chose aux gens qui sont au salaire minimum ou à deux fois le
salaire minimum. N'importe qui, en bas de $30 000, marié, paie moins
d'impôt qu'il en payait... Un gars qui est au salaire minimum, il faut
qu'il en fasse, merci, du temps supplémentaire avant de payer de
l'impôt additionnel.
Une Voix: Adopté.
M. Mailloux: ... Est-ce...
M. Pagé: Pour être... on pourrait aller
jusqu'à minuit là-dessus.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 55 est
adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Article 55, adopté.
Article 56. Est-ce que l'article 56 est adopté? M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Article 57.
M. Pagé: L'article 57 règle le cas des ambulances
du député de Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je suis content, oui, je ne suis pas
fâché.
M. Johnson: Adopté.
M. Cordeau: Tout à l'heure, j'aimerais éclaircir ce
point qu'on a soulevé au tout début.
M. Johnson: Ce que l'article dit... M. Cordeau: Oui.
M. Johnson: ... on va commencer par le lire bien attentivement.
"Un salarié est réputé être au travail lorsqu'il est
à la disposition de son employeur, sur les lieux de travail et qu'il est
obligé d'attendre qu'on lui donne du travail."
M. Cordeau: II est à la maison, ça ne l'affecte
pas.
M. Johnson: Voilà c'est bien ça.
M. Cordeau: Article 57. (23 h 45)
M. Johnson: C'est ça.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 57 est
adopté?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 57, adopté.
L'article 58. L'article 58 est-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): L'article 59.
M. Pagé: 58, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): 58 est-il adopté?
M. Pagé: Non, il n'est pas encore adopté.
M. Cordeau: ... des ambulanciers, s'il y a une convention
entre...
Le Président (M. Lacoste): Sur l'article 58, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: ... l'employé et l'employeur qui conviennent,
de part et d'autre, que, sur appel téléphonique, le gars y va et
ça lui donne $10 du voyage. Ce n'est pas un voyage qui va prendre 15
jours, mais c'est une simple sortie pour aller chercher un malade dans une
maison et le transporter à l'hôpital le plus près. Chez
nous, il n'y a pas de problème de distance. Est-ce que ce
type-là, par la loi, va être assujetti...
M. Johnson: C'est ça. Si vous me dites que c'est
$10...
M. Cordeau: C'est une convention...
M. Johnson: C'est ça. Vous n'avez qu'à me dire
qu'il sera payé $10.27 et ce sera parfait. Trois heures au salaire
minimum.
M. Cordeau: Je vais vous poser la question un peu plus
compliquée. C'est $8 la convention entre les deux...
M. Johnson: Ah! $10.41 moins $10 égale $0.41, c'est bien
ça.
M. Cordeau: Vos renseignements sont précis.
M. Johnson: II n'a qu'à lui verser $0.41 non pas $0.27.
J'ai une batterie d'experts derrière, comme vous avez
remarqué.
M. Cordeau: Ils ont des calculatrices.
M. Johnson: On dit: "celui qui se présente à
l'emploi..." Cela dépend parce qu'on prévoit, au dernier
paragraphe de 58, ça "ne s'applique pas non plus lorsque la nature du
travail ou les conditions d'exécution font en sorte qu'il est
habituellement effectué en entier à l'intérieur d'une
période de trois heures, tel un surveillant dans les écoles ou un
placier."
M. Lavigne: C'est l'avant-dernier paragraphe qui s'applique, M.
le ministre. Il me semble qu'il est assez clair.
M. Cordeau: II faudrait s'entendre.
M. Lavigne: ... disposition ne s'applique pas...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: ... dans le cas où la nature du travail ou les
conditions...
M. Johnson: C'est ça.
M. Lavigne: ... d'exécution du travail requièrent
plusieurs présences...
M. Johnson: C'est ça.
M. Lavigne: S'il est appelé deux fois par son patron
ambulancier, ce n'est pas six heures, c'est...
M. Johnson: Ce n'est pas six heures, c'est quatre heures si c'est
deux fois deux heures.
M. Lavigne: C'est ça.
M. Johnson: C'est la même chose pour un chauffeur
d'autobus. Votre chauffeur d'ambulance est assimilable à un chauffeur
d'autobus. Il peut être quatre mois et demi sans aller travailler... S'il
est à Québec.
Le Président (M. La vigne): Est-ce que l'article 58est
adopté? M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Est-ce possible de revenir sur cet article-là?
Le suspendre...
M. Johnson: Suspendre 58. D'accord. On va être gentil, on
va suspendre 58.
Le Président (M. Lacoste): L'article 58 est suspendu.
L'article 59.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 59est
adopté?
M. Cordeau: Est-ce que la durée de la pause-café
est définie dans le projet de loi?
M. Johnson: Non.
M. Cordeau: II y en a certains qui la prennent plus ou moins
longue, la pause-café. Qui va déterminer la durée de la
pause-café?
M. Johnson: Elle n'est pas obligatoire. On dit que, s'il y en a
une, elle est présumée... On présume que la personne est
en train de travailler au moment où elle est accordée.
M. Pagé: Oui, il y en a...
M. Johnson: C'est d'ailleurs la règle, soit dit en
passant.
M. Cordeau: Oui.
M. Pagé: II y a encore des endroits où il n'y a pas
de pause-café.
M. Cordeau: Est-ce qu'il y en a qui vont se servir de la loi pour
dire qu'ils veulent une pause-café, ils sont payés?
M. Johnson: C'est vrai.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que l'article 59 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): 59, adopté.
M. Johnson: 60, M. le Président.
M. Pagé: M. le Président, avant qu'on aborde la
section III...
M. Cordeau: II est 23 h 50.
Le Président (M. Lacoste): L'article 60, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: II est 23 h 50.
M. Cordeau: On a bien été.
M. Pagé: Cela a très bien été
aujourd'hui...
M. Johnson: ... 60?
M. Pagé: A 60, on a plusieurs questions; 61, 62...
Ecoutez, on pourrait bien dire: Oui, adoptez votre loi, et foutre le camp.
M. Cordeau: Vous ne pensiez jamais être rendus aussi
vite...
M. Johnson: Du calme, du calme.
M. Pagé: Cela a été très bien ce soir
et le député de Beauharnois semble être spécialiste
de l'adoption rapide. Adopté! Adopté! Adopté! et
adopté!
M. Johnson: C'est un homme efficace, d'accord? Il est efficace,
ça bouge.
M. Pagé: M. le Président, je vous soumets
respectueusement et aux membres de la commission aussi qu'on pourrait reprendre
demain matin à 11 heures à l'article 60.
M. Johnson: M. le Président, six jours de congé
avant de se coucher, ça va tellement bien; on dort bien, il me
semble.
M. Pagé: Non, c'est que...
M. Johnson: C'est marqué dans l'article 60.
M. Pagé: On a jusqu'à 65 avec toutes les
implications des jours fériés, les jours de congé, les
références à 60, 62, 63...
M. Johnson: Correct. M. le Président... M. Pagé:
M. le Président, vous savez...
M. Johnson: Je suggère, M. le Président, que nous
ajournions nos travaux à...
Le Président (M. Lacoste): Sine die.
M. Pagé: M. le Président, ça va donner le
temps...
Le Président (M. Lacoste): Par...
M. Pagé: ... si on ajourne sine die, de se rendre soit en
haut avant minuit ou encore de se rendre chez nous. Peut-être que le
ministre pourrait écouter le film. Il y a un film à minuit ce
soir.
Le Président (M. Lacoste): Par conséquent unanime,
la commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 23 h 51