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Projet de loi no 17 Présentation de
mémoires
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre est
réunie pour faire l'audition des mémoires sur le projet de loi no
17, Loi sur la santé et la sécurité du travail.
Sont membres de cette commission: M. Belle-mare (Johnson), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Jolivet (Laviolette) en
remplacement de M. Gravel (Limoilou); M. Johnson (Anjou)... le
député de Johnson est remplacé par le ministre
Marois...
M. Bellemare: Le député de Johnson? Je ne voudrais
pas être remplacé par un ministre.
Le Président (M. Dussault): On sait qu'un ministre ne peut
jamais remplacer tout à fait un autre ministre. M. le
député Marois (Laporte), pour les fins de nos travaux, remplace
M. le député Johnson (Anjou). M. Lavigne (Beauharnois), M.
Mailloux (Charlevoix), M. Pagé (Portneuf)...
M. Pagé: M. le Président, M. Mailloux (Charlevoix)
est remplacé aujourd'hui par M. Dubois (Huntingdon).
M. Jolivet: Est-il officiellement...
M. Bellemare: Est-ce qu'il rencontre les douze commandements?
M. Pagé: Oui, pas de problèmes.
Le Président (M. Dussault): Alors, messieurs...
M. Bellemare: ...
M. Pagé: Ce n'est peut-être pas certain pour vous,
mais en tout cas...
M. Bellemare: J'en ai un qui ne rapporte pas comme transfuge.
M. Pagé: Est-ce que vous vous rappelez de saint Paul sur
le chemin de Damas?
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Je me rappelle de Cournoyer aussi.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Johnson, s'il vous plaît, je demande votre collaboration. M. le
député Dubois (Huntingdon) remplace M. le député
Mailloux (Charlevoix).
Pourraient aussi intervenir aux travaux de cette commission...
M. Chevrette: On pourrait noter qu'il n'y est pas...
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît, M. le
député de Joliette-Montcalm!
M. Brochu (Richmond), M. Forget (Saint-Laurent) remplacé
par...
M. Pagé: Mme Lavoie-Roux (L'Acadie).
Le Président (M. Dussault): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie); M.
Gosselin (Sherbrooke), M. Laplante (Bourassa), M. Lefebvre (Viau), M. Paquette
(Rosemont), M. Vaillancourt (Orford) en remplacement de M. Springate
(Westmount), et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Je vais lire la liste des groupes intervenant aujourd'hui. Dans l'ordre,
je vais les nommer et je demande aux différents groupes de manifester
leur présence, s'il vous plaît. En premier lieu, l'Equipe
santé au travail du CLSC Centre-sud, présent; l'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec, présent;
l'Association des industries forestières du Québec Ltée,
présent; l'Association des fondeurs du Québec Inc.,
présent; l'Association canadienne de la santé et la
sécurité au travail; présent. L'Association de
prévention des accidents industriels; présent. La
Société des conseillers en sécurité industrielle du
Québec Inc.; présent. Dupont Canada Inc.; on me dit qu'il y aura
dépôt seulement. Effectivement c'est écrit. Le
Comité d'hygiène et de sécurité du syndicat des
professionnels du gouvernement du Québec; présent.
Je prie donc le premier groupe, l'Equipe santé au travail du CLSC
Centre-Sud, de se présenter devant la commission.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Avant de commencer nos travaux, nous aimerions
rappeler encore la possibilité de prendre à peu près pour
chacun des mémoires, interventions incluses de chacun des
côtés et présentation du document, à peu près
une heure, en espérant se donner une marge de manoeuvre plus ou moins,
s'il y a des groupes qui prennent un peu plus de temps, mais en demandant,
à cause du nombre de gens qu'on a à entendre aujourd'hui, aux
gens qui viendront présenter leur mémoire, d'être le plus
bref possible et de résumer leur mémoire si cela est possible,
toujours avec la possibilité de verser leur document au complet au
journal des Débats.
Le Président (M. Dussault): D'accord?
M. Bellemare: M. le Président, là-dessus...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de...
M. Bellemare: ... que le ministre commence par nous donner
l'exemple. Il y a des fois qu'il...
M. Pagé: Qu'il pêche par abondance.
M. Bellemare: ... dépasse un peu la limite.
M. Marois: Des fois je le donne, des fois je le donne moins.
M. Bellemare: Je comprends qu'il conçoit bien ce qu'il
nous a présenté, mais il faudrait peut-être, sur la
recommandation de l'honorable Président...
M. Jolivet: Je vais lui pincer le bras...
M. Bellemare: II n'est pas sensible...
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Dussault): Avant les travaux de cette
commission, cette entente semblait se dessiner effectivement en ce sens que
l'on s'en tienne du côté des groupes qui témoignaient,
à 20 minutes de présentation. Que chaque côté de la
table, c'est-à-dire du côté de l'Opposition comme du
côté ministériel, on s'en tienne à 20 minutes.
Est-ce que l'on convient de cette façon de procéder? Oui, M. le
député de Portneuf. (13 h 15)
M. Pagé: M. le Président, dès le
début des travaux et même avant le début des travaux de
cette commission, à la demande que nous formulions du côté
de l'Opposition officielle, nous nous sommes rencontrés, les
différents partis présents à cette commission, pour tenter
d'établir un horaire ou un agenda parce qu'on a quand même
à entendre plus de 64 groupes.
La commission voulait ou tout au moins le bureau du leader du
gouvernement s'était fixé deux semaines de travaux. Je leur ai
dit à ce moment-là que c'était impossible de faire cela en
deux semaines. Mes collègues de l'Union Nationale ont ajouté leur
voix à la mienne, la voix de l'expérience entre autres, pour leur
dire qu'on n'était pas capable de passer à travers tout ça
en deux semaines et, effectivement, on n'a pas pu. Nous sommes dans la
troisième semaine et on envisage maintenant une quatrième
semaine.
J'ai toujours été contre le fait qu'on fasse venir un
groupe cela implique des déplacements, bien souvent, pour ces
gens, cela implique de demeurer à Québec une journée ou
deux, des dépenses, des chambres d'hôtel, etc pour lui
dire, après une journée ou deux: C'est regrettable, on ne vous
entend pas aujourd'hui.
La proposition qui est formulée pas l'équipe
ministérielle vient peut-être un peu tard. Quand même, on ne
peut qu'y souscrire. C'est peut-être regrettable à l'égard
de certains groupes qu'on ne puisse pas discuter deux heures, trois heures ou
quatre heures, mais je suis convaincu que ces gens comprendront que, dans une
heure, on peut quand même regarder les points essentiels d'une part et
que, d'autre part, il y a d'autres groupes qui attendent. Aujourd'hui, on a
neuf groupes convoqués et on a six heures de travaux seulement, de 10
heures à 13 heures et de 15 heures à 18 heures. Même
à une heure par groupe, on ne réussira pas à passer tous
les intervenants, à moins de faire vite et d'y aller en 45 minutes.
Je suis d'accord avec ça. Si les gens sont disposés
à prendre vingt minutes ou une demi-heure pour présenter leur
mémoire, quitte à le résumer et à ce que l'original
soit transcrit intégralement au journal des Débats, il n'y a
aucun problème pour qu'on prenne vingt minutes du côté de
l'Opposition et vingt minutes du côté du pouvoir, en
espérant que le ministre ne sera pas trop long, parce que le ministre
est long, parfois.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Je voudrais simplement ajouter ma voix qui est
certainement convaincante. Hier, par exemple, la CSD a pris, simplement pour
livrer son mémoire, une heure et 45 minutes. Je ne dis pas que leur
témoignage n'était pas à propos, mais ils étaient
pour changer toutes les relations industrielles, quand ici on a un
problème qui est connexe au travail, c'est sûr. Mais on a pris une
heure et 45 minutes hier, seulement pour entendre le mémoire.
Mme Lavoie-Roux: II y en a qui ont pris plus longtemps que
ça, M. le député de Johnson.
M. Pagé: La FTQ a pris trois heures.
M. Bellemare: Celui-là, je l'ai manqué, mais, d'un
autre côté, je n'ai pas manqué de lire dans les journaux
l'intervention de Chartrand.
Le Président (M. Dussault): Nous allons donc
procéder immédiatement. Je vais tenter de faire appliquer cette
convention de la façon la plus ferme possible. C'est ainsi que je vais
demander à notre premier intervenant de s'identifier et de s'en tenir
aux vingt minutes de présentation que nous venons de décider.
Nous avons devant nous monsieur...
Équipe santé au travail du CLSC
Centre-Sud
M. Lehmann (François): François Lehmann. Je suis
médecin au CLSC Centre-Sud.
Le Président (M. Dussault): D'accord.
M. Lehmann: M. le Président, M. le ministre, messieurs et
madame les députés, au nom de notre Equipe santé au
travail et au nom du CLSC, nous vous remercions de nous entendre ce matin.
Je me sentirais plus à l'aise si je pouvais lire le
mémoire, qui ne durera pas plus de 20 minutes, parce qu'il est assez
court. Enfin, si je ne réussis pas à le lire en 20 minutes, je
m'en tiendrai à 20 minutes.
M. Bellemare: Vous ne représentez pas le CLSC de
Lotbinière, n'est-ce pas?
M. Lehmann: Non, Centre-Sud, c'est un CLSC qui se situe autour du
pont Jacques-Cartier, presque en dessous du pont Jacques-Cartier, dans un
quartier ouvrier de Montréal.
M. Pagé: C'est assez loin de Lotbinière!
M. Bellemare: C'est assez loin de Lotbinière, ce ne sont
pas les mêmes problèmes.
M. Lehmann: II peut y avoir des problèmes connexes, mais
il y en a qui doivent être différents aussi.
Le Président (M. Dussault): Vous pouvez procéder,
M. Lehmann.
M. Lehmann: Le CLSC Centre-Sud a un programme de santé au
travail, en collaboration avec le département de santé
communautaire de Saint-Luc, depuis plus de trois ans. Notre objectif est de
promouvoir la prise en charge, par les travailleurs eux-mêmes, de leurs
problèmes de santé au travail.
Les activités du programme comprennent: la visite des lieux du
travail et la rencontre avec l'employeur; la rencontre avec les travailleurs
et/ou leur syndicat, pour tracer le portrait des risques pour la santé
et des sessions d'information d'intérêt général sur
la santé au travail, par exemple, les accidents du travail, le bruit,
les lombalgies, etc.
Après avoir tracé le portrait de l'usine, nous
encourageons les travailleurs à prendre la situation en main, soit
à déposer des plaintes, s'il y a lieu, auprès des services
d'inspection concernés, soit de rencontrer directement leur employeur
pour déposer leurs revendications. Quand besoin est, nous
procédons à des examens de dépistage, comme des
audiogrammes, des rayons X des poumons.
Nous avons touché environ 30 ou 35 entreprises dans le quartier
Centre-Sud, jusqu'à maintenant. Des examens de dépistage ont
été faits dans une douzaine d'entreprises. Nous sommes
certainement orientés vers l'assainissement des lieux de travail et vers
l'élimination des dangers à la source et je souligne:
"l'élimination des dangers à la source."
Pour nous, la protection individuelle n'est qu'une mesure palliative et
temporaire. De même, les examens de dépistage n'ont de sens que
s'ils vont de pair avec l'élimination des dangers à la source.
Partout où il y avait un syndicat motivé et
intéressé aux questions de santé, des résultats
positifs ont été obtenus quant à la qualité du
milieu de travail.
Malheureusement, dans les entreprises non syndiquées, les
perspectives sont beaucoup plus sombres et, dans ces cas, nous avons
rencontré directement les employeurs, afin de faire appliquer ou
d'essayer de faire appliquer les règlements existants.
Nous déplorons le fait que, dans plusieurs cas, les employeurs
sont très lents et ne se conforment qu'à reculons aux normes
existantes. Certains employeurs ignorent même complètement les
recommandations des services d'inspection.
De plus, ce qui est obtenu n'est pas toujours durable et, quelques mois
plus tard, on peut constater que la situation est revenue à ce qu'elle
était auparavant. La plupart des choses importantes pour la
qualité du milieu du travail, comme l'hygiène, la qualité
de l'air, le bruit, l'entretien des lieux, les accès, les voies de
circulation, l'éclairage, la température ambiante, etc., doivent
faire l'objet d'une surveillance assidue qu'aucun service d'inspection ne peut
et, nous le pensons, ne pourra jamais assurer.
Nous y reviendrons, mais nous pensons que c'est surtout aux ouvriers
à inspecter leurs lieux et qu'un inspecteur qui vient d'un service
d'inspection d'en dehors ne pourra jamais arriver à changer les choses
pour plus de quelques heures. Je pourrais peut-être ajouter qu'il y a des
inspecteurs qui viennent en s'annonçant. Il y a des ouvriers qui nous
ont bien dit que les choses déjà sont changées lorsque
l'inspecteur arrive pour rechanger trois ou quatre heures après. C'est
normal et l'inspecteur ne peut pas être là tout le temps. Nous ne
pensons pas que faire faire la police par des inspecteurs sera efficace. Il
faut que la police, ou le contrôle, ou l'attention portée au
milieu de travail soit fait par les travailleurs.
Les travailleurs non syndiqués ne sont pas suffisamment
protégés pour pouvoir exercer cette surveillance des lieux de
travail pour affronter leur employeur sur ces questions et même pour
porter plainte au service d'inspection.
De plus, dans notre secteur, un grand nombre de non-syndiqués
sont des immigrants de fraîche date qui connaissent mal leurs droits et
qui sont particulièrement craintifs en face de leur employeur. Ceci
explique donc pourquoi les résultats sont assez minces dans les
entreprises non syndiquées.
Après ce bref portrait de notre programme, nous nous permettons
les commentaires suivants sur le projet de loi 17 et nous les soumettons
respectueusement à la commission.
Le contrôle des travailleurs sur leur santé. D'après
nous, il s'agit d'un droit naturel pour chaque individu ou groupe d'individus
que d'avoir le pouvoir effectif de protéger soi-même son
intégrité physique et mentale et de promouvoir son
bien-être. Nous pensons que ceci s'applique aussi et
particulièrement dans le domaine de la santé au travail.
L'exercice de ce droit ne doit pas dépendre du bon vouloir d'une autre
partie ici, en l'occurrence, l'autre partie, c'est l'employeur
dont l'intérêt personnel est souvent, quoi qu'en disent les
employeurs, contradictoire avec l'amé-
lioration des conditions de santé et de sécurité
sur les lieux de travail.
Dans le projet de loi, le moyen qui a été retenu pour
assurer une certaine forme de droit de regard des travailleurs sur leur
santé est le comité paritaire. Nous savons bien que le ministre
Marois a dit que c'était non négociable, mais nous tenons quand
même à faire les commentaires suivants sur les comités
paritaires: D'après notre expérience, dans une entreprise non
syndiquée, le comité a toutes les chances d'être
complètement dominé par l'employeur. Les décisions qui y
seront prises vont aller dans le sens de l'intérêt de ce dernier.
Par exemple, on favorisera surtout le port de tout genre d'appareil protecteur
individuel et on n'engagera aucune dépense pour éliminer les
dangers.
D'après nos informations, il n'entre pas dans la volonté
du gouvernement à court terme, de faciliter l'exercice au droit
d'association, c'est-à-dire à la syndicalisation. On peut donc
penser que le taux de syndicalisation serait relativement stable ou en
croissance lente seulement, au cours des prochaines années.
Il s'ensuit qu'un grand nombre de travailleurs ne pourront exercer
effectivement, selon nous, aucun contrôle sur leur travail. Dans la loi,
d'après notre interprétation, il n'y a aucun pouvoir
exécutoire de comité paritaire sur l'élimination des
dangers à la source. On peut, selon notre interprétation,
conseiller et suggérer à l'employeur quoi faire, mais la
décision de faire quelque chose ou non, revient à
l'employeur.
Donc, la chose qui nous semble la plus importante, c'est-à-dire,
l'élimination des dangers à la source, l'employé,
même au sein d'un comité paritaire, n'a vraiment aucun
pouvoir.
Dans notre territoire, nous avons observé le fonctionnement de
quelques comités paritaires constitués en vertu du
règlement 3787. Les réunions sont le plus souvent rares, les
décisions qui y sont prises ne s'attaquent pas vraiment à
améliorer la santé et les lieux de travail. Par exemple, on
décide de peinturer des lignes jaunes sur les planchers ou de coller des
affiches ou des moyens pour forcer les travailleurs à apporter leurs
protecteurs individuels.
Les enquêtes d'accidents se terminent à peu près
invariablement sur un verdict d'erreur humaine. Enfin, on n'y discute que de
choses qui entraînent des dépenses minimes pour l'employeur. C'est
toujours la même chose, selon notre expérience, depuis trois ans.
Ce qui entraîne des dépenses minimes, c'est fait relativement
facilement si les syndiqués et les employés le demandent. S'ils
ne les demandent pas, ce n'est souvent pas fait. Mais si cela entraîne un
changement important au niveau de l'argent, un changement qui coûte de
l'argent, c'est rarement fait.
Ce n'est pas dans de tels comités que pourraient se discuter
l'amélioration des lieux du travail, l'entretien ou
l'amélioration d'équipement, l'abandon de certains
procédés ou de produits dangereux.
Pour nous, l'essentiel en santé et sécurité, c'est
l'élimination des dangers à la source. Or, dans la
présente loi, tout le pouvoir concernant l'amélioration des
conditions de santé et de sécurité sur les lieux de
travail, revient à I'employeur seul. Ceci revient à nier au
travailleur le droit de protéger lui-même sa santé.
De plus, la loi ne reconnaît aucun pouvoir que les travailleurs
peuvent exercer seuls. Ils doivent toujours les exercer paritairement. De son
côté, l'employeur a des pouvoirs qu'il exerce seul. Le livre blanc
proclamait bien haut l'égalité des deux partenaires; travailleur
et patron. Mais dans les faits, on accorde beaucoup plus de pouvoirs au
patron.
Selon nous, pour protéger effectivement leur santé, les
travailleurs devraient pouvoir exercer seuls les droits suivants: Ils devraient
avoir le droit d'enquêter sur les lieux du travail et d'utiliser des
appareils de mesure indépendamment de l'employeur. Ils devraient pouvoir
choisir l'équipe médicale responsable de la surveillance de la
santé et de l'établissement d'un programme de santé. Ils
devraient avoir droit à l'aide financière pour organiser des
programmes de formation indépendamment de l'employeur.
Le comité paritaire pourrait être un lieu de discussion
permanente entre les parties qui se concentreraient sur l'établissement
d'un programme d'élimination des dangers à la source. En cas de
désaccord des parties, la Commission de la sécurité et de
la santé du travail pourrait imposer un programme minimal.
Un autre sujet connexe, les programmes-cadres de santé. Il est
mentionné dans le projet de loi que les départements de
santé communautaire seront responsables, pour leur territoire, de voir
à ce que des programmes de santé minimaux soient imposés
et implantés dans les entreprises en fonction des risques pour la
santé. Si ces programmes-cadres sont de bonne qualité, ça
pourrait être un bon moyen de s'assurer que tous les travailleurs
exposés à des risques professionnels jouissent d'une surveillance
minimale de leur santé. Nous déplorons cependant le fait que le
projet de loi ne mentionne pas de programme-cadre pour l'élimination des
dangers à la source. À quoi sert un programme de dépistage
médical si c'est pour constater, année après année,
une détérioration de la santé des travailleurs, faute
d'agir sur les agents responsables, c'est-à-dire les causes de cette
détérioration? (10 h 30)
II est tout à fait possible d'envisager des programmes-cadres
d'élimination des risques qui s'appliqueraient à des secteurs
entiers, comme les fonderies, le textile, le meuble, etc. Le programme pourrait
prévoir un échéancier et serait obligatoire pour toutes
les entreprises du secteur concerné. Pour être efficaces, de tels
programmes doivent être accompagnés de moyens effectifs par
lesquels les travailleurs peuvent surveiller leur mise en application, comme
nous le suggérons plus haut.
Le droit à l'arrêt de travail et risque inhérents.
Nous sommes en total désaccord avec l'article 12 du projet de loi, qui
prétend que certains risques peuvent être inhérents
à certaines fonctions, car,
de la façon que c'est écrit dans la loi, ceci revient
à accepter que, parce qu'un risque était présent dans le
passé, il n'est pas possible de l'éliminer dans l'avenir. Pour
pouvoir invoquer un risque inhérent à une fonction, l'employeur
devrait être obligé de transmettre à la commission et au
syndicat tous les risques qu'il considère inhérents aux
fonctions. L'employeur devrait ensuite négocier avec le syndicat
l'acceptation de ces risques et un programme pour éliminer le danger
à la source lorsque c'est possible. L'article 12 est donc inacceptable
pour nous car il limite sérieusement l'exercice du droit reconnu
à l'article 11.
En annexe, vous trouverez une suggestion pour une addition à
l'article 12 qui, essentiellement, essaie de mettre en application ce que vous
venons de proposer. Nous comprenons, comme tout le monde, qu'il y a certains
travaux qui comportent on emploie toujours l'exemple classique d'un
pompier des risques inhérents. Mais de dire: Les risques sont
inhérents, l'employé devant cela, n'a rien à dire. Nous
pensons que dans un temps donné de quelques mois après la
promulgation de cette loi, si l'employeur pense qu'il y a des risques
inhérents, il doit le dire à l'employé, et c'est aux
employés, à leurs représentants, de négocier ces
risques. Si on n'en arrive pas, après un certain délai
raisonnable, à un compromis ou une entente où on accepte certains
risques, à ce moment-là, des gens de la commission de
santé et de sécurité devraient aussi y être
mêlés et une décision devrait être prise avec les
votes du comité de santé et de sécurité. Mais on ne
peut pas laisser seulement à l'employeur la décision: Cela, c'est
un risque inhérent et cela ne l'est pas. Dans la loi, ça nous
semble être mis à peu près de cette façon.
Les examens de préembauche. Nous pensons que l'équipe
médicale responsable de la surveillance de la santé ne devrait
être mêlée qu'à la surveillance et à la
promotion de la santé des travailleurs. L'examen de surveillance de la
santé est effectué et partout dans
l'intérêt de celui qui le subit. L'examen de préembauche,
par contre, est effectué dans l'intérêt d'une tierce
partie, en l'occurrence ici l'employeur, qui veut avoir un employé en
bonne santé, productif et qui s'absentera peu. Nous pensons que ces deux
objectifs sont incompatibles et ne peuvent pas être poursuivis par la
même équipe médicale.
Un examen peut aussi avoir pour but de protéger le public en
général; par exemple, l'examen médical d'un chauffeur
d'autobus. Un tel examen n'a encore rien à voir avec la promotion de la
santé du travailleur, de celui qui subit l'examen, et ne devrait pas non
plus, selon nous, être confié à une même
équipe médicale.
Nous pensons également que l'examen de préembauche est le
signe que des risques importants n'ont pas été
éliminés. Il peut aussi constituer une pratique extrêmement
discriminatoire pour ceux qui ne sont pas classés A-1 au point de vue
santé, pour les travailleurs plus âgés et d'autres. Ne
devrait-on pas éliminer les dangers plutôt que de s'efforcer de
sélectionner les per- sonnes qui sont plus résistantes aux agents
physiques, aux agents chimiques, au stress? Toutes ces personnes n'ont-elles
pas le droit au travail, même si elles ne sont pas des athlètes?
De plus, notre population vieillit et on aura peut-être de moins en moins
d'athlètes jeunes.
Par contre, l'équipe médicale pourrait faire des examens
au moment de l'embauche, si c'est considéré comme le début
d'un programme de surveillance de la santé, l'employé
étant déjà engagé. À ce moment-là,
l'examen n'a pas pour but d'éliminer des individus. Essentiellement,
nous pensons que pour avoir une certaine crédibilité,
l'équipe médicale doit être là dans le but de
protéger la santé des ouvriers; elle ne peut pas protéger
la santé des ouvriers et protéger également l'employeur et
la santé publique, elles ne peut pas protéger tout le monde. Si
on est là pour protéger les ouvriers, on fait ça, il peut
y avoir d'autres équipes qui travaillent avec d'autres buts.
Le projet de loi ne parle pas d'équipe médicale, mais
uniquement de médecin responsable. Ce médecin responsable peut
obtenir, s'il le désire, des services du personnel technique et
professionnel du département de santé communautaire.
Nous pensons que la responsabilité de la surveillance de la
santé devrait être confiée à une équipe de
santé stable et multidisciplinaire plutôt qu'à un seul
médecin qui fait appel de temps à autre à du personnel
d'un département de santé communautaire. Au CLSC Centre-Sud nous
formons une équipe stable composée de deux médecins, une
infirmière et un organisateur communautaire. Une équipe qui
travaille ensemble de façon régulière devient beaucoup
plus efficace que des gens qui travaillent ensemble de façon sporadique.
De plus, les problèmes sont fort variés d'une usine à
l'autre et le médecin n'est pas toujours la personne la plus
qualifiée pour les attaquer.
Je tiens à rappeler également que notre équipe de
santé au travail ne se préoccupe pas uniquement de faire passer
des tests et des examens de santé aux travailleurs. Nous pensons qu'une
équipe de santé a aussi pour rôle de visiter les lieux du
travail, d'évaluer des risques, d'organiser des rencontres avec les
travailleurs sur toutes les questions relatives à la santé et
d'informer les travailleurs de leurs droits en matière de
santé.
La conception des services de santé exprimée dans le
projet de loi revient à démembrer des équipes existantes
comme la nôtre et qui fonctionnent déjà depuis plusieurs
années. Nous pensons aussi que cette équipe devrait jouir d'une
autonomie suffisante, ceci permettant de répondre aux demandes
particulières de certains groupes de travailleurs. Les équipes de
santé constituées au sein des CLSC ou DSC devraient relever,
selon nous, du ministère des Affaires sociales et ceci pour la raison
suivante: Nous pensons que la Commission des accidents du travail deviendra la
Commission de santé et sécurité. Plusieurs personnes qui y
travaillent, à ce qu'on peut voir, y travailleront. Le président
sera apparemment, à ce qu'on peut voir, le même, et nous pensons
que le
ministère des Affaires sociales a un tout petit peu plus de
crédibilité dans sa neutralité par rapport aux
médecins que l'aurait cette commission, qui, à la vue des
ouvriers, a souvent, pour ce qui est de la Commission des accidents du travail,
défendu plutôt les intérêts des employeurs que les
intérêts des employés.
En plus des réflexions générales sur l'esprit du
projet de loi, nous soumettons en annexe les changements spécifiques
j'en ai mentionné un qui pourraient être
apportés à certains articles. Nous déplorons le manque de
temps qui ne nous a pas permis d'étudier à fond le projet de loi.
Nous avons donc dû limiter notre intervention à ce qui nous
paraissait le plus évident. Nous ne voudrions pas que ceci soit
interprété comme une approbation des aspects que nous n'avons pas
traités dans notre mémoire.
Avant de conclure, je voudrais vous référer à
l'annexe encore, aux dangers à la source, parce que c'est un des points
les plus importants, l'élimination des dangers à la source. C'est
ce qui aura un effet vraiment très grand sur la santé des
travailleurs. Il y a évidemment des dangers à la source qui ne
peuvent pas être éliminés immédiatement et d'autres
qui ne peuvent peut-être jamais être éliminés de
façon complète. Mais dans notre expérience, lorsque nous
entrons dans une usine, l'employeur va dire: Ah! ça ne peut pas se
changer, ça coûte trop cher. Comment savez-vous que ça
coûte trop cher? Cela coûte trop cher, on le sait, quelqu'un nous
l'a dit, notre ingénieur. Regardez la bâtisse, c'est beaucoup trop
vieux... Avez-vous déjà fait faire une étude? Parfois
l'employeur a fait faire une étude, mais on ne sait pas par qui et
personne n'a les résultats. Le plus souvent l'employeur n'a pas fait
faire d'étude. Alors les employés ne savent pas vraiment, ils
doivent faire confiance à l'employeur qui dit: Je ne peux pas le changer
parce que ça coûte trop cher, et faites-moi confiance que
ça coûte trop cher. Je ne vous dirai pas pourquoi. Souvent il n'y
a pas eu d'étude, il n'y a pas eu de spécialistes qui sont venus
regarder, je le dis, croyez-moi.
On trouve que l'employé a droit à tous les renseignements
et si une firme d'ingénieurs, par exemple, dit: Oui, ça
coûte cher, à ce moment-là, l'employeur dit: Voyez-vous
comme ça coûte cher, je ne peux pas changer ça, on va
fermer les portes de l'usine, on va faire faillite s'il faut débourser
tant d'argent pour changer.
Dans les circonstances, nous avons été placés pour
rencontrer les ouvriers et les employeurs, nous n'avons pas pu savoir quel est
vraiment l'état financier de l'entreprise et nous pensons que ce devrait
être les ouvriers qui décident vraiment jusqu'à quel point
ils peuvent tolérer une situation où il y a un danger qui n'est
pas éliminé et nous pensons que pour savoir jusqu'à quel
point ils doivent le tolérer, ils devraient savoir si vraiment cela peut
être éliminé ou non, quels sont les coûts
d'élimination et quel est l'état financier de l'entreprise. Et
là, ils pourront vraiment prendre des décisions raisonnables,
avec leur raison, avec leur cerveau, plutôt que de faire confiance
à l'employeur. J'ai fini.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que je peux vous
demander de conclure? Vous avez terminé?
M. Lehmann: En conclusion, nous pensons que, pour
améliorer la santé des travailleurs, le projet de loi devrait
être modifié substantiellement afin de donner plus de pouvoirs
directement aux travailleurs et à leur association et leur permettre de
protéger effectivement leur santé eux-mêmes. Si la loi est
adoptée telle qu'elle est, nous pensons qu'elle n'aura qu'un effet
négligeable sur l'incidence des accidents et des maladies
professionnelles, car elle ne s'attaque pas aux causes des problèmes.
Nous demeurons à la disposition de la commission pour fournir plus
d'explications et nous vous remercions, encore une fois, de nous avoir
reçus.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Marois: M. le Président, je voudrais bien sûr
tout d'abord remercier le porte-parole et les membres qui ont travaillé
au CLSC Centre-Sud à la présentation du présent
mémoire qui nous est soumis. Bien sûr, le mémoire
relève un certain nombre de points, formule un certain nombre de
questions et de commentaires sur lesquels d'autres groupes ont soulevé
des questions analogues, ou à tout le moins semblables sur un certain
nombre de points. Donc, je ne reviendrai pas là-dessus pour l'instant.
Sachez cependant que chacun des éléments de recommandation du
mémoire sera attentivement examiné.
Ceci dit, je voudrais très rapidement formuler des questions et
commentaires sur six points très précis sur lesquels il serait
intéressant que la commission parlementaire entende votre point de vue,
le plus concrètement possible, parce que je pense qu'on comprend que de
votre mémoire ressort une certaine philosophie des choses. Donc, ce qui
serait intéressant pour les membres de cette commission, c'est de savoir
comment, concrètement, précisément, vous suggérez
de procéder le cas échéant. Ne croyez-vous pas, à
la lecture ou selon une interprétation qu'on peut donner au projet de
loi 17, dans l'état actuel des choses, que déjà on
trouverait là certains éléments de réponse, si ce
n'est la réponse complète à certaines choses que vous avez
formulées?
Le premier point, vous faites état des résultats positifs
du travail accompli par le CLSC Centre-Sud dans ce domaine. Je pense qu'il
serait intéressant pour les membres de cette commission que vous
puissiez illustrer de façon très concrète le travail
très précis qui a été mené par les membres
de l'équipe de votre CLSC et les résultats obtenus pour qu'on
voie bien comment l'intervention d'un CLSC comme le vôtre, par exemple,
peut constituer un apport extrêmement important dans la lutte visant
à éliminer à la source les causes mêmes d'accidents
et de maladies. C'est mon premier point.
Le deuxième point, vous formulez dans votre mémoire des
critiques concernant le fonction-
nement actuel des comités paritaires issus de
l'arrêté en conseil 3787. En cela, je ne peux qu'être
d'accord avec vous puisque, de toute façon, ça reprend une
constatation qu'on faisait nous-mêmes quant aux lacunes de fonctionnement
de ces comités, dans le livre blanc, aux pages 146 à 149. Mais je
me demande si vous ne conviendrez pas avec nous que les comités qui sont
proposés, tel que formulés, avec des éléments de
pouvoirs décisionnels, les discussions qu'on a eues là-dessus,
dans le projet de loi 17... Est-ce que ça ne vient pas changer des
choses de façon substantielle, par rapport aux comités issus de
l'arrêté en conseil 3787 de l'ancienne Loi des
établissements industriels et commerciaux? La loi 17 leur donne des
pouvoirs décisionnels. Et, accrochée au même sujet, une
question additionnelle; il me semble peut-être un peu sans nuance ou
inexact d'affirmer, comme vous le faites à la page 3 de votre
mémoire, qu'en vertu du projet de loi 17 les travailleurs et leurs
représentants, dans les cas où il y a des associations
accréditées, n'auraient aucun pouvoir qu'ils peuvent exercer
seuls.
Je me permets de vous rappeler que le représentant à la
prévention, qui est un représentant syndical dans les cas
où il y a un syndicat, qui est choisi par le syndicat, a le pouvoir
d'enquêter. Vous nous demandez qu'on reconnaisse le pouvoir
d'enquêter pour la partie syndicale. Ne trouvez-vous pas là la
réponse à la question que vous posez? Qu'il y ait du temps de
libération et qu'ils puissent le faire! (10 h 45)
Deuxièmement, l'aide financière, le soutien financier qui
serait apporté, en vertu d'un article très précis de la
loi, sous forme de subvention à des associations
accréditées pour leur permettre de procéder à une
formation et à une information sur la base de leur propre programme, en
plus des programmes généraux nationaux émanant de la
Commission de la santé et de la sécurité du Québec,
des programmes sectoriels émanant des associations sectorielles ou dans
le cadre des programmes de prévention inhérents à
l'entreprise.
Autre point; vous semblez indiquer que le projet de loi ne
prévoit pas de programme-cadre pour l'élimination des risques
à la source. Est-ce que vous n'admettez pas qu'il y a l'article 48 du
projet de loi, notamment, pour ne citer qu'un article, qui implique en
particulier dans son introduction ce programme de prévention, qui
deviendra un programme obligatoire pour les entreprises, ce qui n'est pas le
cas présentement, "a pour objectif d'éliminer à la source
même les dangers pour la santé, la sécurité et
l'intégrité physique des travailleurs"; qui comporte une
série de paragraphes et, notamment, le paragraphe 3 qui, lui, concerne
l'environnement même du travail, l'équipement, la machinerie, les
conditions de travail, les contaminants, les produits dangereux, etc?
Et, en plus, il y a l'article 185, paragraphes 22, 23, 27, 28, 29, 30,
qui sont des pouvoirs accordés à la commission pour
établir des normes de santé et de sécurité qui
précisément, si le mot "normes" a encore un sens aujourd'hui,
visent à éliminer à la source les dangers. Est-ce qu'il
n'y a pas là des éléments de réponse aux
commentaires que vous formulez?
Quant au droit de refus là, j'aimerais bien que vous nous
fournissiez des commentaires très précis vous nous
demandez d'éliminer l'article 12. Par ailleurs, vous admettez qu'il y a
certains cas où... Si vous voulez, prenons le cas du pompier; que
voulez-vous, jusqu'à nouvel ordre et je n'y peux rien, le feu, ça
brûle et je ne pense pas que ce soit demain matin qu'on va
éliminer ce fait. Donc, il y a là un danger qui est
inhérent à la fonction même. Est-ce qu'on retient
l'approche ontarienne d'exclure des groupes de l'exercice du droit de refus?
Tout le monde comprend que le droit de refus ne peut pas vouloir dire qu'un
pompier, en bas de l'échelle, pourrait dire: II y a le feu en haut, je
ne monte pas. Cela n'exclut dont pas que des corrections puissent être
apportées à l'équipement qui est utilisé; il y a
des nuances. Comment répondez-vous à ces nuances?
Je ne crois pas non plus ce qui est une affirmation de votre
mémoire que la notion de risque inhérent puisse être
interprétée dans le sens suivant: s'il y a des risques qui sont
présents dans l'entreprise depuis 20 ans, 30 ans, 40 ans, s'il y existe
un état d'insalubrité totale, si c'est contraire aux normes et
contraire aux règlement, je ne crois pas, que ce soit inhérent
à la fonction. Il n'est pas inhérent à la fonction que le
milieu de travail soit dans un état d'insalubrité totale depuis
20 ans ou 30 ans. Ce n'est pas inhérent à la fonction; c'est
peut-être inhérent à une absence de volonté
réelle de corriger les choses à la source, mais je ne vois pas en
quoi ça empêcherait, ce risque présent depuis X
années, l'exercice du droit de refus. Je ne vois pas comment on peut,
sur le strict plan de l'interprétation juridique de l'article 12,
conclure à une chose comme celle-là. J'aimerais vous entendre
là-dessus de façon plus précise.
Ma dernière remarque concerne ce que vous avez
évoqué. Je me permets de vous rappeler que, dans l'esprit et dans
la perspective qu'il est important de mettre à contribution l'ensemble
des ressources du milieu, l'article 87 du projet de loi, pour en mentionner un,
permet qu'il y ait des contrats de service établis entre des
départements de santé communautaire et des CLSC. Voilà, M.
le Président, les six commentaires-questions que j'avais à
formuler au représentant du CLSC Centre-Sud.
Le Président (M. Dussault): La parole est à M.
Lehmann; le plus brièvement possible, s'il vous plaît!
M. Lehmann: En réponse à la première
question qui était: Quels sont les résultats concrets? Ce que
nous avons fait, c'est que nous avons visité systématiquement les
usines de notre quartier. Les succès que nous avons eus ont
été obtenus à la
suite des rencontres avec les ouvriers dans des usines
syndiquées.
Dans une usine, par exemple, où les gens, beaucoup de femmes
faisaient de la couture, l'éclairage était très mauvais.
Suite à une discussion sur l'éclairage, suite également
à la mesure faite avec un photomètre par les femmes
elles-mêmes de la quantité de lumière qui existait
là où elles faisaient de la couture et suite ensuite à
leurs pressions vis-à-vis de l'employeur tout en lui donnant les textes
de la loi et les normes existantes à ce moment-ci au Québec pour
la lumière, l'éclairage s'est amélioré de
façon notable.
Un autre exemple; je pense bien que c'était une manufacture de
bicyclettes. Mon copain, le Dr Lauzon, y a été mêlé
plus que moi. Il y avait beaucoup de bruit. Suite à la rencontre avec
les ouvriers évidemment, ils ont tous eu des audiogrammes et il y
en a qui étaient sourds suite également à une
discussion sur ce qu'était la surdité industrielle, sur ce que le
bruit présentait comme danger, dans ce cas-là, les ouvriers se
sont entendus avec le patron et ont développé eux-mêmes une
méthode imaginative pour diminuer le bruit de presque vingt
décibels. C'était un bruit qui était dans les 100
décibels et qui a diminué à 92 ou quelque chose comme
cela, ce qui est quand même remarquable. On sait que chaque trois
décibels, c'est doubler le bruit; donc, diminuer de douze
décibels ou plus, c'est diminuer le bruit de quatre fois. C'est suite
encore au fait que les ouvriers sont devenus conscients du fait qu'il y avait
un danger, comprenaient ce qu'était le danger, en comprenaient les
effets sur leur santé. Ensuite il y eut un changement, encore là
un groupe organisé, un groupe syndiqué. Cela vous donne deux
exemples concrets. Cela a toujours été suite à des
discussions avec les ouvriers.
Les comités paritaires, les pouvoirs décisionnels. Vous
connaissez évidemment la loi bien mieux que moi. En fait, il y a des
éléments décisionnels du comité paritaire, mais il
n'y a pas d'éléments décisionnels sur l'élimination
des dangers à la source. Est-ce qu'il y en a, M. le ministre? Je n'en
trouve pas.
M. Marois: II y a l'article 48, paragraphe 3, qui oblige d'abord
une entreprise... Il y a la déclaration de principe au paragraphe
introductif de l'article 48.
M. Lehmann: Non, là vous parlez...
M. Marois: Le programme doit viser à, etc.
M. Lehmann: Les programmes...
M. Marois: Le paragraphe 3 porte sur l'environnement même
du travail. Le programme doit être soumis aux représentants des
travailleurs au comité paritaire. Il y a une procédure qui est
prévue. Si, pour une raison ou pour une autre, les travailleurs, leurs
représentants estiment que ce programme-là n'est pas susceptible
de permettre d'améliorer les dangers en les éliminant encore une
fois à la source, améliorant le milieu même du travail, ils
ont un mécanisme puisque l'employeur va devoir justifier ses
décisions et les étoffer. Ils ont un recours auprès de la
commission...
M. Lehmann: Si...
M. Marois: ... laquelle commission aussi sera dorénavant
composée de représentants des travailleurs et des employeurs.
M. Lehmann: Paritaire, oui. Si vous interprétez...
M. Marois: La commission a le pouvoir de réviser le
programme et de dire non, si on pense que ce n'est pas conforme et si on pense
que vous devez réviser votre programme de prévention.
M. Lehmann: Si, selon vous, de par la lecture de la loi, elle
puisse être interprétée de sorte que le comité
paritaire a un pouvoir décisionnel sur la diminution des risques
à la source, des dangers à la source, qui ne veut pas seulement
dire: Nous aimerions que vous fassiez cela et qu'ensuite le patron puisse
décider si oui ou non il le fait, mais nous voudrions que ce soit fait
et, si le patron dit non, ensuite qu'il y ait un recours à la commission
de la santé, à ce moment-là, cela répond beaucoup
plus à nos attentes et nous avons peut-être mal
interprété. Il reste que, lorsque nous lisons les articles sur le
comité paritaire je ne connais pas par coeur les numéros
des articles sur le comité paritaire je ne me rappelle pas que ce
soit inscrit comme tel qu'il a un mot à dire sur la diminution des
dangers à la source. Si vous l'interprétez comme cela, vous
auriez avantage à dire clairement que les dangers à la source, il
est du pouvoir du comité paritaire d'en discuter et de décider
comment ils doivent être diminués et, que si l'employeur n'est pas
d'accord, il y aura une tierce partie. C'est peut-être parce qu'on l'a
mal lu, mais peut-être que cela manque un peu aussi de clarté.
M. Marois: Je conviens, M. le Président, qu'il peut y
avoir certaines ambiguïtés. D'ailleurs, il y a eu plusieurs
remarques dans ce sens-là et on va regarder cela de très
près.
M. Lehmann: L'enquêteur syndical ou le représentant
syndical peut enquêter. Est-ce que, dans votre loi, les
représentants des employés peuvent, par exemple, aller mesurer le
bruit ou l'éclairage? Nous avons perçu qu'ils n'ont pas le droit
de faire des mesures. Encore là, c'est peut-être une mauvaise
lecture de la loi, mais c'était notre lecture.
M. Marois: De toute façon, je prends note de la lecture
que vous faites du texte de la loi.
M. Lehmann: Cela va; vous savez ce que je veux dire. Oui, c'est
vrai, il y a de l'argent donné
aux syndicats. Ce dont nous sommes convaincus c'est qu'il faut qu'il y
ait des groupes d'ouvriers rassemblés, syndiqués comme on
dit dans notre société québécoise
syndiqués, rassemblés ensemble, qui vont pouvoir ensemble suivre
des cours, s'éduquer et se donner des renseignements sur les dangers et
qui pourront ensuite se supporter mutuellement dans leurs revendications.
Dans notre expérience, c'est seulement là où cela a
donné des effets. Nous souhaiterions que le gouvernement donne le plus
d'argent possible c'est vrai qu'il en donne une partie et
facilite également par ses lois le droit d'association. Nous pensons
vraiment que des non-syndiqués dans un comité paritaire vont
vraiment être seuls. Des immigrants ou des gens qui n'ont pas trop
d'éducation sont soudainement dans un comité paritaire, n'ont
jamais étudié la chose, n'ont pas vraiment trop de ressources,
alors que l'employeur en a souvent beaucoup.
Notre expérience a été que lorsqu'il y a des
ouvriers regroupés qui s'entraident et se supportent, à ce
moment, cela porte fruit. C'est le fruit de notre expérience.
Sur l'arrêt du travail et le pompier, je suis content que vous
disiez que les risques qui sont souvent dits inhérents par l'employeur
ne seront pas nécessairement considérés comme
inhérents. Cela veut donc dire qu'il faut qu'il y ait une discussion,
une discussion entre employeurs et employés sur ce qu'on appelle les
risques inhérents, parce que notre expérience a été
que souvent, au sujet de ce que l'employeur appelle risques inhérents,
l'employé dit: Non, ce ne devrait pas être inhérent.
M. Marois: Ou, alors, il faut le baliser de façon
différente dans la loi, pour que le texte ne prête pas flanc
à quelque interprétation que ce soit, parce que
l'interprétation que vous nous soumettez, vous n'êtes pas le
premier à la soumettre devant la présente commission
parlementaire.
M. Lehmann: Cela va. Concernant, encore une fois, les risques
d'un pompier, évidemment, comme je l'ai dit, vous le dites, d'autres
l'ont dit l'autre jour lorsque j'étais ici, c'est toujours le pompier
qui revient. Il reste que les pompiers ou l'association des syndicats de
pompiers devraient pouvoir discuter avec leurs employeurs de ce qu'est un
risque inhérent à la tâche, non seulement si les
échelles fonctionnent, mais par exemple: Est-ce que c'est un risque
inhérent à la tâche d'entrer dans une maison
abandonnée, détachée de tous les côtés,
où il n'y a pas de danger que le feu aille ailleurs?
Je connais des pompiers qui ont été forcés par leur
employeur d'y aller. Alors, cela devrait être discuté.
D'après notre lecture de la loi, on ne voit pas qu'une discussion soit
prévue, mais plutôt que l'employeur puisse décider de
lui-même.
En fin de compte, nous savons que les CLSC sont prévus dans la
loi. Nous en sommes très heureux, d'ailleurs. Ils sont prévus
comme un de ceux qui pourront agir dans le domaine de la santé au
travail. Nous espérons que l'accent ne sera pas mis uniquement sur le
médecin, parce qu'on revient souvent au médecin. C'est notre
message.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M. Lehmann.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier le Dr Lehmann et les membres de son équipe de la
présentation de ce mémoire à la commission parlementaire
qui étudie la santé et la sécurité du travail.
Mon premier commentaire est que je pense que votre mémoire montre
un souci que la loi soit vraiment efficace et que vous avez des
préoccupations réelles, quant aux retombées
véritables de ce projet de loi sur les conditions de travail des
employés. (11 heures)
J'aimerais d'abord vous poser une question concernant le travail de
votre CLSC en milieu de travail. Quel est le pourcentage de vos
activités au CLSC Centre-Sud qui est consacré justement à
la santé et à la sécurité au travail? C'est une
première question. J'aime autant que vous me répondiez et on les
prendra au fur et à mesure.
M. Lehmann: Moi...
Mme Lavoie-Roux: Je peux y joindre une autre question tout de
suite, parce que ça rejoint la première. Vous avez fait beaucoup
état, dans les exemples que vous avez donnés, du fait que vous
vous étiez rendu compte de telles déficiences au plan physique,
que le syndicat en avait été alerté et que, finalement, il
y avait eu des correctifs apportés. C'est somme toute un travail
d'animation et d'examen du milieu. Est-ce que vous avez fait ce travail aussi
en contrepartie auprès des travailleurs eux-mêmes quant à
leur propre responsabilité vis-à-vis du danger au travail, des
précautions à prendre? Je pense que ce travail est à deux
volets. Est-ce que le deuxième volet a aussi été une de
vos préoccupations?
M. Lehmann: Moi, je travaille à peu près deux jours
à deux jours et demi, donc à peu près à demi-temps;
l'autre médecin, à peu près deux jours; une
infirmière, à peu près trois jours; un organisateur
communautaire, à peu près deux jours. Nous avons cinq
médecins, dix infirmières. Nous sommes 100 personnes qui
travaillons au CLSC. Donc, c'est quand même une petite... Si on prend
tout le personnel, c'est juste une petite partie du temps qui est donnée
à la santé du travail, pour l'ensemble du CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Vous diriez que c'est quoi? Un cinquième?
Un sixième?
M. Lehmann: C'est l'équivalent d'un médecin
à temps plein...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lehmann:... d'une infirmière à demi-temps et
d'un organisateur communautaire à demi-temps.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lehmann: Maintenant, dans un CLSC où il y a cinq
médecins, où il y a des infirmières... Par contre, dans
les programmes du CLSC, pour mettre ça en perspective, nous sommes,
à ce moment-ci, au programme où il y a le plus d'heures de
personnel. C'est le programme qui est le plus important dans le sens de prendre
des gens. C'est ça.
Oui, la responsabilité des employés. Nous n'allons pas
dire aux employés... J'espère que vous ne pensez pas qu'on va
dire aux employés: Écoutez, ne faites rien. Ne vous
protégez pas. Ne faites pas attention...
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Lehmann: Mais, partout où l'on va, les employés
se font dire continuellement: Faites attention! Ils se font dire, redire et
redire: Portez vos protecteurs. Portez vos lunettes. Portez vos casques. Enfin,
il y a certains endroits où ils ne se le font pas dire, mais dans la
plupart des endroits, ils se le font dire. Ils savent ça
déjà.
Apparemment, aux États-Unis, selon les études qui ont
été faites au sujet des protecteurs pour les oreilles, il n'y a
jamais plus de 25% des employés qui les portent. Il est difficile de
croire qu'à travers l'Amérique du Nord, tous les employés
se fichent de leur santé au point de ne pas porter de protecteurs. Il
doit y avoir d'autres raisons. Lorsqu'on s'asseoie avec les ouvriers, ils nous
disent: Je ne suis pas capable de porter ça toute la journée
il y en a qui les portent ça me fait mal, c'est trop
chaud. J'ai de l'infection autour de la peau, ici s'ils portent des
coquilles ou dans les oreilles. Ce n'est pas plaisant, c'est trop
fatigant. Enfin, les protecteurs sont souvent tels que ça devient
très difficile et très déplaisant pour les ouvriers de les
porter. C'est la raison pour laquelle ils ne les portent pas. Cela, en partie,
parce qu'ils ne comprennent pas, non plus, le risque souvent... Par exemple,
pour les oreilles. Ceux qui semblent porter des protecteurs de façon
plus efficace portent certains protecteurs qui ne sont pas tellement
difficiles. Certains souliers, par exemple, ne sont pas particulièrement
difficiles à porter. Il y a aussi les gens qui doivent porter des
protecteurs pour un temps limité, des coquilles lorsqu'ils vont dans une
pièce où il y a beaucoup de bruit, pour 20 minutes. Ils sortent,
ils enlèvent leurs coquilles, les mettent là, c'est à la
porte. À chaque fois qu'ils entrent, ils les mettent. Mais, à ce
moment-là, il y a une bonne partie de leur travail qui est faite sans
protecteur. Ils ne se sentent pas mal de cette façon. C'est donc pour
ça qu'on a mis beaucoup plus d'accent sur la connaissance, par les
ouvriers, des dangers auxquels ils sont exposés, la connaissance des
effets sur leur santé et, ensuite, on les encourage à voir ce
qu'on peut faire pour diminuer ces dangers à la source. Lorsque les
dangers ne peuvent pas être éliminés à la source
immédiatement, ou certains dangers pas du tout, là, il y a les
appareils protecteurs. Mais à la plupart des ouvriers on dit et redit de
se protéger, on leur dit et redit que c'est toujours leur faute s'ils
sont malades.
Mme Lavoie-Roux: Le sens de ma question, Dr Lehmann, c'est que je
conçois que dans l'industrie les employeurs ont évidemment une
grande part de responsabilité, et je pense que la loi va leur imposer
des choses. Mais la protection du travailleur se fait aussi à partir du
travailleur.
M. Lehmann: Je suis absolument d'accord avec vous.
Mme Lavoie-Roux: Dans votre travail, vous prenez des actions pour
faire bouger l'employeur; je pense aussi qu'en contrepartie il faut que
l'employé soit prêt aussi à prendre sa part de
responsabilité, et vous avez un rôle d'animateur dans ce sens. Ce
n'est pas par esprit de contradiction, nécessairement, que les
employés ne se soumettent pas, mais souvent c'est par ignorance...
M. Lehmann: Ayant rarement réussi à convaincre les
employés de diminuer le bruit à la source, nous sommes dans la
situation de toujours aller dire: Étant donné qu'il y a encore du
bruit, portez vos protecteurs. On leur montre les protecteurs, j'ai toute une
gamme de protecteurs au CLSC, on les amène et on les leur montre. De
fait, oui on les encourage à se protéger et donc a être
responsables, dans le sens de ne pas faire n'importe quoi, mais pas seulement
ça.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec vous que, dans le cas des
travailleurs non syndiqués ou des toutes petites entreprises non
syndiquées, cela va être une incitation, ça va donner des
outils aux employés pour avoir des moyens de recours, mais je pense que
les effets vont être assez limités; là-dessus, je partage
votre point de vue.
À la page 6, vous parlez d'une équipe de santé dont
le rôle serait de visiter les lieux de travail et d'évaluer les
risques, d'organiser des rencontres avec les travailleurs sur toutes les
questions relatives à la santé, d'informer les travailleurs de
leurs droits en matière de santé. Par contre, vous vous
êtes "déclarés", entre guillemets, un peu contre le
rôle des inspecteurs, qui seraient insuffisamment efficaces. Est-ce que
vous ne substituez pas, dans le fond, au rôle des inspecteurs un
rôle qui est assez semblable, sauf qu'il serait joué par une
équipe de santé provenant d'un CLSC ou d'un DSC?
M. Lehmann: Je ne voudrais pas qu'on m'interprète,
à savoir qu'il faut éliminer les inspecteurs.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais vous avez des réserves.
M. Lehmann: Nous travaillons avec nous visitons ensemble
souvent et ceux du ministère de l'environnement, et ceux du
ministère du Travail. Je dois dire qu'on a toujours eu, jusqu'à
maintenant, une collaboration excellente de leur part, on est très
heureux du travail qu'on fait avec eux.
Nous pensons qu'il est essentiel, pour comprendre une usine, de la
visiter avec une certaine régularité pour que le médecin,
l'infirmière, l'équipe puissent comprendre ce à quoi les
ouvriers sont exposés.
Deuxièmement, il y a des aspects du travail, par exemple, le
bruit, qui, jusqu'à présent, n'ont pas été la
priorité... Les inspecteurs du ministère du Travail se sentent
moins à l'aise là-dedans, sont peut-être moins experts
là-dedans et ils le disent que, par exemple, dans
l'évaluation des dangers présentés par une machine; est-ce
qu'il devrait y avoir une courroie ou quelque chose pour ne pas que l'ouvrier
se mette les mains là? Ils sont vraiment experts ils m'ont
impressionné quant aux machines. Ils regardent une machine et
disent: Cela, c'est une machine qui est dangereuse, elle n'est pas
protégée de la façon qu'elle devrait l'être, ou quoi
que ce soit. Mais, au niveau du bruit, ils sont vraiment moins experts, mais
rien ne dit qu'ils ne peuvent pas le devenir. Rien ne dit que ça ne
pourrait pas être eux, également, qui donneraient aux ouvriers
pourvu que les ouvriers les reçoivent de quelqu'un les
renseignements sur les dangers auxquels ils sont exposés et les effets
de ces dangers sur leur santé. S'ils les reçoivent de quelqu'un,
ça pourrait être l'inspecteur.
Ce que nous ne voulons pas que les inspecteurs essaient de faire
ils n'essaient pas, d'ailleurs, ils disent qu'ils ne sont pas capables... Ils
vont dans une usine et vérifient les portes, par exemple, juste pour le
feu. Cela arrive souvent, les ouvriers se plaignent souvent des dangers du feu;
les portes sont souvent barrées, avec beaucoup de boîtes devant,
on ne peut pas sortir par les issues de sauvetage. Alors, l'inspecteur vient et
dit: II faudrait que vous ayez des issues de sauvetage qui soient bien
ouvertes. Cela s'est fait, pour quelques heures ou quelques jours, mais
l'inspecteur ne peut pas revenir toutes les trois heures et revérifier
de nouveau. Il faut que ce soient les ouvriers qui disent au patron: Eh! cela
n'est pas acceptable. L'inspecteur ne peut pas toujours être là,
ce n'est pas possible.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie, Dr Lehmann.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Je n'ai pas beaucoup de questions, c'est au
ministre que je voudrais demander: À cause de la déclaration du
Dr Lehmann qui dit que la conception des services de santé
exprimés dans le projet de loi revient à démembrer des
équipes existantes comme la nôtre...
M. Lehmann: ... un médecin...
M. Bellemare: Un instant, un instant, docteur. Je pose la
question au ministre en vertu de l'article sur la formation des comités
paritaires. Qu'est-ce qui arrive de cette assertion? C'est vrai que ces gens
qui vont être exclus ou démembrés des équipes
existantes ne pourront plus s'occuper de santé et de
sécurité. S'ils le font, comment peuvent-ils se rejoindre en
comité paritaire? Dans les articles 56, 57 et 58, il est question de la
formation d'un comité paritaire, et je ne retrouve aucun pouvoir ni
aucune obligation d'accepter ces CLSC-là.
M. Marois: Je pense qu'il faut revenir, pour répondre
très précisément à votre question, aux articles
on a eu l'occasion d'en parler un petit peu hier soir avec un groupe
intervenant 85, 86 et 87. J'ai eu l'occasion tantôt de mentionner
au Dr Lehmann le fait que c'est, si ma mémoire est bonne, l'article 87
je donne ça sous réserve, j'ai mentionné l'article
très précis tantôt qui permet de mettre à
contribution les équipes qui sont là par contrat dans les CLSC.
Cela est acquis et ça m'apparaît clair. S'il y avait quelque
ambiguïté qu'il faille fignoler pour rendre le texte plus clair, je
n'ai aucune espèce d'objection à le faire. D'autre part...
M. Bellemare: L'article 86.2 dit: "Le chef du département
de santé communautaire peut toutefois accepter que les services soient
fournis dans un cabinet privé lorsque cela s'avère
nécessaire à cause de la non-disponibilité des autres
locaux."
M. Marois: Premièrement, en ce qui concerne les CLSC,
voilà l'élément de réponse. Si ma mémoire
est bonne, c'est l'article 87; je donne l'article sous réserve, j'ai
cité tantôt le numéro très précis. Je pense
que le Dr Lehmann confirmait ce que j'avais avancé.
Deuxièmement, l'exemple que l'on donnait hier soir c'était
celui des régions éloignées où il y a absence de
lieux possibles que ce soit dans le secteur public. Il n'y a pas de raison de
ne pas mettre à contribution et de ne pas ouvrir la porte sur le secteur
privé quant aux lieux physiques de dispensation ou de points d'ancrage
de dispensation de services de santé, mais au sens, encore une fois,
large. Pas uniquement les médecins.
Troisièmement, on l'a évoqué en particulier avec
les optométristes, aussi bien l'Ordre professionnel que l'association.
À l'article 85, il va falloir apporter un amendement l'article
est trop resserré pour faire en sorte de modifier un bout de
l'article, et c'est probablement vrai aussi à l'article 84, il faudra
voir, pour faire en sorte que ce ne soit pas uniquement le cas des
médecins, mais de l'ensemble des professionnels de la santé qui
sont déjà à 97% rémunérés par la
Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Donc, ce ne sont pas les lieux
physiques, c'est le monde, les ressources humaines, que ce soit dans le secteur
privé ou dans le secteur public, dans la mesure où il y a des
compétences qui doivent être mises à contribution. C'est
cet article-là qui ouvre la porte à la mise à contribution
de ces gens-là.
M. Bellemare: Je voudrais simplement savoir du ministre ou du Dr
Lehmann, que je remercie pour son courageux mémoire, si l'équipe
de santé au travail du CLSC du Centre-Sud va pouvoir, là
où il existe un comité paritaire, là où il existe
des syndicats, là où il existe un patron, être membre du
comité paritaire quand même?
M. Marois: Membre comme tel, je pense qu'à la base de la
composition des comités paritaires les articles du projet de loi sont
formels. Il doit y avoir un médecin responsable qui doit mettre à
contribution les équipes pluri ou multidisciplinaires, d'ailleurs pas
seulement des professionnels de la santé, on l'a évoqué au
cours de nos débats et avec beaucoup de justesse, on nous a
demandé de faire des ajustements du texte pour prévoir les
hygiénistes industriels, les ingénieurs, les techniciens, enfin
l'ensemble de la batterie des ressources humaines, techniques, professionnelles
susceptibles d'aider à résoudre le problème puisse
être mis à contribution. (11 h 15)
Dans le cas du CLSC, c'est bien l'article 87, comme je le mentionnais
tantôt, qui permet, sur la base d'entente entre le département de
santé communautaire et le CLSC, de les mettre à contribution.
Pour ceux qui font déjà un travail, il y a le CLSC Centre-Sud qui
a fait état ce matin du travail qu'on y fait. Il y en a d'autres
d'ailleurs. On a évoqué des exemples en cours de route de nos
travaux depuis le début de la commission parlementaire.
M. Bellemare: C'est-à-dire qu'ils pourront continuer
à faire ce qu'ils font là...
M. Marois: Oui.
M. Bellemare: ... et suggérer peut-être au
comité paritaire des amendements ou des corrections à apporter
dans certaines usines. C'est tout ce que j'ai.
M. Marois: C'est exact.
Le Président (M. Dussault): Je remercie le Dr Lehmann au
nom de la commission pour sa participation aux travaux de cette commission.
J'invite maintenant le représentant de l'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec à se présenter
devant la commission. Pendant que cela se fera, je voudrais faire remarquer
à la commission qu'étant donné la nomination de M. le
député Vaillancourt, de Jonquière, au poste de
vice-président de l'Assemblée nationale, son nom a
été retiré de la liste des participants à cette
commission, mais que la tradition a fait que le par- ti ministériel
avait droit à une personne supplémentaire aux travaux de cette
commission.
On m'a demandé de demander à la commission s'il
était possible de faire ajouter à la liste, ce matin, M. le
député de Brassard, du comté de Lac-Saint-Jean?
M. Pagé: C'est parce qu'il y a égalité dans
le moment ou quoi?
Le Président (M. Dussault): Non.
M. Pagé: Vous avez peur de vous faire battre? Il n'y a pas
de vote aujourd'hui.
M. Marois: Cela a l'air de vous obséder, cette question
d'être battu, d'être battu.
M. Pagé: Non.
M. Marois: Je peux comprendre cela.
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, je ne
voudrais pas ouvrir un débat.
M. Pagé: Convaincus que nous sommes qu'on va continuer
à vous battre dans les partielles, il serait explicable que vous
craigniez de vous faire battre ici autour de la table.
Mme Lavoie-Roux:... arrivé pour les lois 24 et 25.
M. Pagé: Bien oui, en plus. Pas de problème quant
à nous, de toute façon, il n'y a rien...
M. Bellemare: Ne vous chicanez pas, cela va arriver assez
vite.
Le Président (M. Dussault): M. le député
Brassard, du comté de Lac-Saint-Jean, sera donc ajouté à
la liste des membres de cette commission pour le parti ministériel.
Ceci dit, je demande au porte-parole du groupe de s'identifier et de
nous présenter ses collègues.
Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec
M. Thibeault (Raymond): M. le Président, M. le ministre,
Madame, Messieurs les députés, mon nom est Raymond Thibeault du
groupe Normick Perron, membre de l'Association des manufacturiers de bois de
sciage du Québec et président de la délégation qui
vient présenter le mémoire. J'aimerais vous présenter les
membres d'un comité qui existe au sein de l'association, qui a pour
tâche d'étudier et de présenter au conseil d'administration
de l'association le point de vue de l'industrie en ce qui regarde les relations
de travail au cours de l'exercice du mandat de l'association. Ces membres sont
deux permanents de l'Association: M. Claude Saillant, à ma droite, et M.
Pierre Samson, qui sont directeur et directeur adjoint au ser-
vice des relations industrielles de l'Association des manufacturiers de
bois de sciage. Il y a également des membres répartis à
travers la province, dont M. Normand Laberge, de Laberge et Laberge, de
Saint-Félicien, Lac-Saint-Jean, à l'extrême-droite, M. Yvon
Savard, de Adélard Moisan Limitée, de Saint-Raymond de Portneuf,
et M. Jean-Yves Gonthier, du groupe Forex Inc., de Val-D'Or.
M. Roger Robitaille, de la ville de Dégelis, dans le
Bas-du-Fleuve, n'a malheureusement pu se présenter. Il est
également membre de cette commission.
Nous avons...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, M.
Girard...
M. Thibeault: M. Thibeault, moi.
Le Président (M. Dussault):... M. Thibeault, je m'excuse,
de toute évidence, il ne sera pas possible, si vous en faites la
lecture, de présenter votre mémoire en vingt minutes. Je vous
demande de nous le résumer, dans la mesure du possible, et si vous en
faites la demande, votre mémoire pourra paraître en entier au
journal des Débats.
M. Thibeault: M. le Président, c'était notre
intention de nous en tenir à la convention de ce matin, à vingt
minutes de présentation, en vous donnant un résumé, soit
un préambule, une introduction et une conclusion seulement.
Nous demandons que l'original soit transcrit intégralement au
journal des Débats et nous allons immédiatement procéder
à ces commentaires.
Le Président (M. Dussault): Ce sera fait et vous pouvez
procéder. (Voir annexe A)
M. Thibeault: Nous sommes convaincus que la commission prendra
sûrement connaissance si ce n'est déjà fait, de toutes nos
remarques, à chacun des articles.
L'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec
désire souligner sa profonde reconnaissance aux membres qui composent
cette commission parlementaire pour lui permettre de présenter son point
de vue, ainsi que ses recommandations sur le projet de loi no 17,
intitulé Loi sur la santé et la sécurité du
travail.
Fondée en 1953, l'association regroupe actuellement 148 membres
exploitant 160 usines et représentant plus de 85% de la production de
bois de sciage au Québec. Longtemps artisanale, l'industrie
québécoise du sciage a connu, vers la fin des années
soixante, une évolution technologique qui la situe aujourd'hui à
la fine pointe de la technologie.
Une étude, réalisée en 1975 par le ministère
fédéral de la Main-d'Oeuvre et de l'Immigration, la
considérait, dans le monde entier, parmi celles qui s'étaient le
plus transformées pour suivre l'évolution.
Cette évolution technologique s'est accompa- gnée d'une
évolution tout aussi importante au niveau de la gestion des entreprises.
Ce phénomène s'est traduit par la diminution du nombre d'usines
de sciage. Ainsi, en 1950, l'on retrouvait plus de 2000 entreprises de sciage
au Québec; maintenant, ce nombre se situe à près de 500,
dont 175 sont dites "commerciales", alors que les autres sont dites "de
service", puisqu'elles n'ont pas le privilège d'acheter de billots ou de
vendre du bois de construction.
L'effet global de ces phénomènes technologiques et de
gestion se traduit par un secteur économique qui n'a plus un
caractère artisanal et familial, mais plutôt industriel et
commercial.
Faisant référence à l'année 1978, la
production des usines de sciage a atteint le chiffre de 3 200 000 000 p.m.p. de
bois de sciage et de 3 500 000 tonnes anhydres de copeaux. Il faut mentionner
que cette production considérable représente 85% du volume total
de production et est concentrée dans 44 usines dans la province. Ces
chiffres sont révélateurs de l'ampleur des installations, mais
également de la complexité des problèmes que rencontrent
les administrateurs, que ce soit dans le domaine des opérations
forestière, de la production en usine, des relations
patronales-ouvrières, de la mise en marché, etc.
Les membres de l'Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec emploient actuellement près de 25 000 salariés dans
leurs opérations forestières et leurs usines et versent des
salaires atteignant plus de $268 350 000 annuellement. Depuis
l'avènement de divers changements technologiques dans nos entreprises,
la fréquence d'accidents a considérablement baissé depuis
les dernières années. Nous avons d'ailleurs un tableau qui donne
les chiffres concernés.
Il n'en reste pas moins qu'actuellement la contribution des industriels
de sciage à la Commission des accidents du travail représente un
montant annuel de plus de $16 543 961. Nous avons également un tableau
qui illustre ces chiffres.
De plus, nous nous devons de souligner que le taux de syndicalisation
dans l'industrie du sciage, pour les membres de l'association, est de 85% et
plus pour les usines dites commerciales.
L'industrie québécoise du sciage se voit actuellement
confrontée avec de nouvelles lois dans le domaine du travail, à
savoir la loi 45, appelée communément le Code du travail, la Loi
sur les normes du travail, loi 126, ainsi que celle qui fait l'objet
aujourd'hui de nos recommandations, soit le projet de loi no 17.
L'association s'inquiète du niveau compétitif et de la
stabilité de l'industrie du sciage face à cet éventail
complexe de lois en milieu de travail qui lui sont imposées. Nous
souhaitons que le législateur prenne en considération le
caractère particulier de l'industrie du sciage au niveau de la
technologie disponible par rapport aux exigences qui sont
édictées à l'intérieur du projet de loi sur la
santé et la sécurité au travail et qu'il collabore, ainsi
que les officiers de la commission, à une intégration de la loi
en milieu industriel sur une
base graduelle plutôt qu'à une imposition massive de
celle-ci.
M. le Président, madame et messieurs les membres de la commission
parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre, l'Association des
manufacturiers de bois de sciage vous présente ses commentaires
relativement au projet de loi.
L'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec
reconnaît que des principes et objectifs de ce projet de loi sont
souhaitables et recommandables pour garantir la santé et la
sécurité des salariés de ses membres. Ainsi, 1.
l'association est d'avis qu'il est essentiel, à ce stade-ci de notre
évolution industrielle, de freiner les causes d'accidents du travail et
de maladies industrielles; 2. nous sommes satisfaits que, dans ce projet de
loi, le législateur établisse des règles à suivre
pour les parties impliquées; 3. l'association est d'accord que des
conditions de travail qui respecteront la santé et la
sécurité des travailleurs soient de rigueur dans nos usines; 4.en
principe, l'association est d'accord avec la mise en place des comités
de santé et de sécurité et croit au bien-fondé d'un
tel mécanisme pour fins préventives et curatives; 5. nous sommes
également d'accord avec le fait que des inspecteurs compétents
soient chargés de faire respecter les lois; 6. de même, nous
endossons l'objectif et le principe qui veulent que les salariés soient
protégés par le Code du travail du Québec.
Suite à une allocution du premier ministre du Québec, en
date du 8 mars 1977, qui laissait entendre que le gouvernement ne croyait pas
en une économie qui ferait passer la machine avant l'homme,
l'association ne peut que réaffirmer sa crainte face à la
politique gouvernementale qui se voudrait intransigeante et injustement trop
rigide à l'égard de l'entreprise privée.
Il est évident, de par cette future loi, que les industriels du
sciage du Québec seront fortement pénalisés dû au
fait que la technologie la plus moderne actuellement disponible en termes de
machinerie ne répond pas, sauf à quelques exceptions près,
aux limites permissibles, au niveau du bruit, de la sécurité et
de l'hygiène, aux normes édictées dans le projet de
loi.
Les industriels du sciage se sont toujours gardés à la
fine pointe de la technologie, ce qui a entraîné des
investissements considérables nous avons également un
tableau et ceci dans le but de protéger la vie et la santé
des employés. Mais nous tenons à faire remarquer à cette
commission que certaines variables, telles que le froid, le chaud, le bruit et
le risque, sont partie intégrante de la vie courante à
l'intérieur d'une usine de sciage ou de rabotage, et que vouloir tenter
de pénaliser les employeurs pour des éléments dont ils
n'ont pas le contrôle porterait inévitablement à la
cessation des opérations de nos moulins de sciage à moyen ou long
terme.
L'association tient par ailleurs à souligner que les industriels
du sciage ont toujours collaboré avec les organismes mis en place par le
gouver- nement. Ici, on entend les inspecteurs du ministère du Travail
qui nous visitent régulièrement et également les
inspecteurs d'une association de sécurité dont la majorité
des membres, ici présents, du comité de l'association sont
également membres du conseil d'administration de l'Association des
industriels forestiers du Québec sur la sécurité qui donne
des cours à nos contremaîtres, nos surveillants. Par
conséquent, les résultats qui découlent de ces efforts
concertés devraient à notre avis être retenus à
l'intérieur de la version finale de la loi pour ne pas exiger des
déboursés aux employeurs qui, en réalité, ne
mèneront qu'à des résultats qui pourraient être
jugés insatisfaisants par les administrateurs de cette loi.
L'association constate avec regret et inquiétude dans ce projet
de loi que ses recommandations préliminaires sur le livre blanc n'ont
pas été retenues.
La lecture du chapitre XII nous permet de constater qu'il y aura
plusieurs règlements qui seront édictés suite à
l'adoption de cette loi. L'association déplore le fait que pour les
industries du sciage il s'agit là de pouvoirs discrétionnaires
qui visent à faire assumer tous les coûts et implications de cette
loi aux employeurs en leur enlevant les responsabilités
correspondantes.
Suite à ce commentaire, nous recommandons à cette
commission que tous les règlements qui doivent être
édictés ultérieurement le soient après consultation
avec l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec et
que, suite à cela, lesdits règlements soient
entérinés par le lieutenant-gouverneur en conseil sur approbation
de l'Assemblée nationale.
L'association ose croire que cette requête fondamentale de son
mémoire sera retenue par le gouvernement et qu'elle pourra compter sur
l'engagement gouvernemental pour la consulter préalablement quand se
fera l'élaboration des lois et règlements touchant son secteur
industriel.
Ici, nous avons un résumé de ces recommandations qui est
très court. Si vous permettez, je vais le lire, M. le
Président.
Premièrement, la loi proposée confère des pouvoirs
très étendus à la future commission de la santé et
de la sécurité du travail, ce qui, à notre avis,
entraînera une ingérence indue de l'État dans la vie
économique des industries de sciage du Québec.
Deuxièmement, le fardeau économique des employeurs face
à la version originale de cette loi est nettement augmenté, bien
que le législateur laisse toute question d'ordre économique et
d'implication financière en veilleuse, en attente de règlements
qui suivront la loi et/ou en vertu du texte de loi tel que
rédigé, les employeurs ne pourront faire aucune
représentativité que ce soit.
Troisièmement, une autre conséquence économique de
cette loi sera l'addition de ressources humaines qui viendront s'ajouter et
rendront plus complexe l'administration de la santé et de la
sécurité au travail.
Quatrièmement, le projet de loi no 17, à notre avis, en
est un de mesures sociales. Nous nous interrogeons à savoir pourquoi les
employeurs
doivent être les seuls à supporter la charge
économique d'une loi sociale. Nous croyons que la responsabilité
financière et administrative d'une loi à caractère social
doit être portée par la population au complet.
Cinquièmement, il en va de même pour les congés de
maternité. Nous suggérons que ceux-ci, à cause de leur
caractère social, soient financés à même le Fonds
consolidé de la province et que, par conséquent, les employeurs
n'aient pas à défrayer entièrement les coûts
rattachés à cette disposition.
Sixièmement, nous nous opposons au caractère
décisionnel que l'on veut conférer aux comités paritaires,
car ils n'ont pas la compétence ni les connaissances administratives
adéquates pour trancher des questions litigieuses d'ordre
socio-économique. ( 11 h 30)
Septièmement, les répercussions les plus néfastes
de cette loi se feront sentir dans tout notre secteur industriel et plus
spécifiquement dans les entreprises de 150 employés et moins
où les ressources humaines et financières sont le moins bien
incorporées à la gestion administrative.
Nous constatons également que tous les recours sont possibles
pour le salarié et l'union accréditée face à
l'employeur, mais que celui-ci, nonobstant les autres procédures
légales possibles en vertu de cette loi, n'a pas de recours dans les cas
de préjudices moraux et financiers à son égard. Nous
insistons pour qu'à des droits correspondent des responsabilités
autant sociales que financières de la part des salariés à
l'égard des employeurs.
L'association demande à la commission, étant donné
que tout ce qui est d'ordre légal et financier sera édicté
par des règlements, d'être entendue et consultée sur ces
mêmes règlements pour éviter que ne soient imposées
aux industriels du sciage des charges financières et législatives
qui dépasseraient des normes acceptables à la viabilité de
l'entreprise québécoise du sciage.
Cette loi donne trop de place à une interprétation
forcément subjective de la part des fonctionnaires qui en feront
l'application. Conséquemment, elle perpétue une tradition que
l'on continue d'ancrer dans un mécanisme administratif fort complexe et
mal adapté à l'entreprise privée et qui lui cause un
sérieux préjudice financier.
L'association demande que l'employeur ait droit de recours contre les
officiers et travailleurs qui ont erré dans leurs responsabilités
et ceci, au même titre que ceux-ci peuvent recourir contre
l'employeur.
Finalement, en douzième lieu, on veut que les normes qui visent
à l'application de la loi soient simplifiées le plus possible
pour amoindrir le fardeau administratif et de la duplication que les employeurs
auront à subir.
En conclusion, M. le Président, l'association considère,
à la lecture du texte de loi qui est présenté, que les
industriels du sciage du Québec seront, sans l'ombre d'un doute, parmi
les secteurs industriels les plus pénalisés à la suite de
l'application de cette loi dans sa forme originale.
Certes, l'association est consciente des problèmes
inhérents aux fonctions dans l'industrie du sciage, tels le bruit, le
climat et les intempéries. Les recommandations qu'elle soulève
dans ce mémoire se veulent une attitude positive et réaliste
devant un projet de loi qui rejoint les préoccupations quotidiennes de
tout employeur.
L'AMBSQ juge que l'adoption de ce projet de loi, sans apporter de
modifications, entraînera pour la majorité de ses membres des
déboursés très importants sans qu'ils puissent, pour
autant, être assurés que leurs droits de gérance ne seront
pas diminués lorsque des règlements précis viendront
compléter cette loi.
L'association se fait forte de l'appui de tous ses membres en ce qui
concerne les recommandations qu'elle soumet à cette commission. Ceux-ci
endossent également la requête au législateur pour que
l'association ait la possibilité de se faire entende sur les divers
règlements qui pourront être édictés suite à
l'adoption de cette loi.
Messieurs et madame les membres de cette commission parlementaire,
l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec souhaite
qu'à la lumière du texte que nous venons de parcourir ses
recommandations soient retenues lors de la rédaction finale de la loi,
dans le but d'apporter les redressements significatifs qui permettraient
à l'industrie du sciage de demeurer concurrentielle, tout en se dotant
de la technologie adaptée à ses besoins et au bien-être de
ses employés.
Il y a peut-être juste un point sur lequel nous aimerions ouvrir
une parenthèse à l'intérieur de nos recommandations; c'est
le droit de refuser de travailler. J'aurais juste un petit texte de
peut-être une minute ou une minute et demie. L'association
considère comme juste et indispensable que le travailleur jouisse du
privilège de cesser de travailler lorsqu'il y a un danger imminent
où sa sécurité et sa vie sont menacées.
Par ailleurs, nous voudrions que la définition de motif
raisonnable soit explicitée clairement pour éviter qu'il n'y ait
abus et surtout éviter l'éventualité de recours en vertu
de l'intégrité physique qui, comme il a déjà
été souligné, nous apparaît comme étant mal
définie et, par conséquent inapplicable.
De plus, nous voudrions aussi traiter du refus collectif. L'association
rappelle également que le ministre Marois, lors de la parution du livre
blanc qui précédait ce projet de loi, avait donné son
accord sur le principe de retirer le refus collectif du projet de loi. Par
contre, on constate que ce texte existe quand même dans le projet qui a
été soumis à l'Assemblée nationale. L'AMBSQ est
d'avis que le refus collectif qui pourrait être pratiqué
représente également un danger pour l'entreprise.
Ainsi, par exemple, la chaleur, le froid et le bruit sont des conditions
inhérentes aux fonctions d'une entreprise de sciage. Nous ne voudrions
pas que, par des mouvements de concertation, les industriels soient dans
l'obligation d'attendre des développements et interprétations des
officiers gouvernementaux pour pouvoir continuer la production.
Voici, M. le Président, nos commentaires. Nous sommes convaincus
que la commission prendra bonne note de nos recommandations et que nous
pourrons continuer à être l'industrie du sciage autochtone du
Québec à être à l'avant-garde.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie, M.
Thibeault.
M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, je voudrais remercier
l'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec de son
mémoire. Toujours en m'en tenant à la discipline de temps qu'on
s'est imposée, je dirai que c'est un mémoire qui contient
beaucoup de recommandations. C'est un mémoire aussi qui, tout au long,
dans toutes ses recommandations, pour l'essentiel sauf un certain nombre
qui portent sur des points extrêmement précis; il faudrait
peut-être voir s'il n'y aurait pas lieu d'éclaircir la loi
là où c'est ambigu, et je suis bien prêt à le
regarder demeure accroché, comme on dit dans le jargon d'avocats,
à une espèce d'économie générale des choses,
à une certaine conception des choses ou à une certaine
philosophie des choses.
Je ne suis pas certain que toutes et chacune de vos recommandations se
retrouveront moi, j'aime à être très franc
dans la loi finale. Vous reconnaissez les principes et l'objectif de la loi.
Vous dites qu'ils sont souhaitables, ils sont recommandables. Bien! Partant de
là, vous nous formulez toute une série de suggestions, de
recommandations.
Vous nous dites notamment... Ce sera mon premier point. J'en ai,
très rapidement, cinq, M. le Président, pour l'instant, comme
point de départ. Je vais essayer de m'accrocher à quelques
morceaux. Le reste sera examiné au mérite, bien sûr.
Vous dites que le législateur ne doit pas être trop rigide,
que la technologie n'est pas toujours disponible pour répondre à
toutes les normes, à toutes les situations. Vous dites: Vous allez nous
ruiner, je pense, si ça devait être appliqué. Je pense que
ce n'est pas l'intention ni du gouvernement, ni des législateurs, ni
même des hommes et des femmes qui sont au travail. Je tiens à le
redire. Je l'ai souvent dit. Il y a quelques "flyés" dans notre
société Dieu merci, c'est marginal aux
extrêmes, qu'ils soient de gauche je pèse mes mots
ou de droite. Mais, Dieu merci, je ne pense pas que ce soit l'état de la
majorité et de la perception... Je ne pense pas que qui que ce soit
veuille foutre les entreprises en l'air au Québec et, d'ailleurs, on
n'est pas les premiers. Je pense que vous connaissez les lois ontariennes, le
Code canadien du travail; vous connaissez la Saskatchewan, vous connaissez
B.C., vous connaissez les États-Unis, vous connaissez les États
américains qui se sont donné des lois-cadres. Vous connaissez les
pays européens qui se sont donné des lois-cadres. En d'autres
termes, on n'est pas les premiers. On n'invente pas les boutons à quatre
trous.
Il s'agit quand même de faire en sorte que la réforme colle
à une réalité qui est la nôtre et qui n'est pas
celle des autres, une réalité sociale et économique qui a
ses particularismes et ses particularités. Donc, c'est vrai, il faut
être conscient qu'il y a des limites dans l'état actuel de la
science et de la technologie. C'est pour ça que le projet de loi
prévoit notamment un effort c'est l'article 129, paragraphe 11,
en particulier beaucoup plus substantiel qu'il faut faire au
Québec comme société dans le domaine de la recherche; tout
le monde sera d'accord là-dessus.
C'est pour ça aussi qu'on parle, bien sûr, d'un bon nombre
de cas où il faudra encore même si c'est un palliatif,
parce qu'on n'a pas les solutions technologiques à ces
problèmes le port d'équipements individuels. Mais le port
d'équipements individuels, dans bon nombre de cas, ne devra jamais nous
donner bonne conscience dans le genre "j'ai fait ma job", nous évitant
de régler les problèmes à la source, quand on est capable
de les régler. On sait que, dans certains cas, on serait capable, si on
se donnait la peine de le faire, et on ne l'a pas fait.
Vous savez, il y a des raisons quand un gouvernement, à la
demande des citoyens parce qu'après tout on est là pour
ça, en tenant compte de l'ensemble de la réalité
est obligé d'en arriver à se donner une loi-cadre dans ce
genre-là. Bien sûr, il y a des choses qui ont été
faites et il faut être honnête et les admettre. Il y a des efforts
qui ont été faits. Il y a des entreprises qui ont fait des choses
remarquables, mais il y en a qui auraient peut-être dû regarder
plus vite et comprendre plus vite, on ne serait peut-être pas dans la
situation dans laquelle on est aujourd'hui.
Quant aux pouvoirs de réglementation qui sont
discrétionnaires et qui entraînent des coûts pour les
membres, qui enlèvent des responsabilités, et le reste, je vous
rappelle quand même qu'on ne peut pas avoir le gâteau et le manger
en même temps. Je me souviens d'une des demandes du monde patronal et du
monde syndical au premier grand sommet socio-économique, et le
gouvernement a dit: D'accord, on va le faire dans ce sens. On nous demandait
d'être associé à l'élaboration même des normes
et des règlements. C'est pour cela qu'il est prévu que les
associations sectorielles pourront faire des recommandations, faire des projets
de normes et de règlements, que la commission, dont le conseil
d'administration sera paritaire, où siégeront les
représentants des employeurs, les représentants des travailleurs,
pourra proposer des normes et des règlements.
J'imagine bien que les représentants patronaux qui siègent
et qui vont siéger à ces divers niveaux, quand vont arriver des
projets de normes ou de règlements, vont les regarder de très
près, se préoccupant des retombées et des implications
quant aux coûts et ce qu'on appelle je ne sais pas si c'est
français la faisabilité. Ils vont examiner dans quel
délai c'est possible d'y arriver, à la lumière des
ressources et des connaissances technologiques qui sont disponibles, sans
compter les divers programmes on le mentionnait
dans le livre blanc qui sont là, qu'ils soient
fédéraux, qu'ils soient provinciaux jusqu'à nouvel
ordre, ils sont là tous les deux de soutien dans le sens d'une
modernisation des entreprises. Cela, c'est mon premier point.
Le deuxième point que je voulais aborder concerne le cas de la
femme enceinte. Je veux partir de là parce que, dans un certain sens,
vous l'illustrez autour de cela pour nous dire: Cela, c'est une mesure sociale;
pourquoi est-ce que ce serait nous, les employeurs, qui serions pris pour payer
cela? Et le reste. Dans le cas du retrait préventif en ce qui concerne
la femme enceinte, on a eu l'occasion de redire et de réexpliquer ceci,
pour éviter qu'une entreprise soit pénalisée quant
à ses taux de cotisation. Dans le cas où une femme enceinte
devrait être sortie préventivement d'une entreprise, parce que ce
n'est pas possible de la muter, ce serait pris à même ce qu'on
appelle le fonds général, pour éviter que ça ait
une retombée sur le taux de cotisation direct de cette entreprise.
L'évaluation qu'on fait présentement... Ni vous ni moi sommes
capables de dire combien il y aura de grossesses de femmes au travail dans une
année et surtout, deuxièmement, accrochées à des
conditions susceptibles de présenter un danger, à cause de
l'état de grossesse, pour la femme enceinte ou pour l'enfant à
naître.
Les évaluations les plus serrées qu'il nous a
été possible de faire, on situe cela entre $1 000 000 et $2 000
000, sur une marge générale qui est rendue à quelque chose
comme $500 000 000, actuellement, de contributions à la CAT.
Deuxièmement, on ne peut pas, je crois, affirmer que c'est
indépendant du milieu même de travail puisque c'est
accroché précisément au milieu même de travail.
L'idée est, encore une fois, de corriger à la source et
d'éviter d'être pris dans des situations où des
dégâts seraient causés à un être humain, que
ce soit une femme enceinte ou un enfant à naître, un foetus, avec
les cas de malformation qui peuvent s'ensuivre. Cela, ça coûte
drôlement plus cher à l'ensemble de la société et
à l'entreprise en question que d'essayer de prévenir à la
source pour corriger les problèmes quand ils peuvent se
présenter.
Quand vous dites tous les coûts à l'entreprise, je suis
obligé de vous corriger. Le livre blanc est formel, je pense que le
projet de loi le dit aussi, tout l'inspectorat va rester à la charge du
gouvernement, et l'inspectorat, ce n'est pas un détail, on l'a dit, il
faut l'augmenter, il faut le multiplier. Vous allez même jusqu'à
me demander de faire en sorte que les inspecteurs interviennent dans les deux
heures. Ce sont des coûts, cela, c'est l'État qui va les assumer.
Également, tous les coûts qui vont être
défrayés par l'assurance-maladie du Québec, que je sache,
ça provient de l'ensemble des fonds publics.
Je pense qu'il y a une bonne partie des coûts qui vont relever de
la collectivité. J'ai même dit qu'on était prêt
à regarder à nouveau une hypothèse qui était
formulée dans le livre blanc, visant à faire en sorte d'apporter
un soutien financier à même les fonds publics pour des fins de
forma- tion, d'information et le reste, qui seraient, le cas
échéant, si c'était retenu, des coûts
additionnels.
Évidemment, l'assainissement du milieu de travail, ça fait
partie des coûts de production, au même titre que les ressources
humaines, l'équipement, les meubles, la machinerie et le reste. Il ne
faut pas se leurrer, c'est évident, aussi, que ces coûts se
répercutent sur le prix des biens de consommation et des citoyens en
général. (11 h 45)
En d'autres termes, je pense qu'il faut le regarder aussi avec
l'ensemble des éléments qui sont impliqués. Il y a aussi
le fait, vous allez l'admettre avec moi, qu'actuellement vous assumez
l'essentiel c'est vous, les entreprises, qui assumez l'essentiel
des coûts économiques directs et indirects. Mes chiffres sont
conservateurs et personne ne les a contestés. Et je sais très
bien pourquoi on ne peut pas les contester. Parce que, d'abord, ils sont
exacts, et, deuxièmement, qu'ils sont conservateurs. C'est plus de $2
500 000 000 pour l'année 1978, alors que lors de sa parution, sur la
base des chiffres qui étaient dans le livre blanc, on en était
à $1 900 000 000. Cela ne diminue pas, ça s'accroît.
Une société, un milieu industriel, économique qui a
les moyens de se payer ça, sans compter qu'il y a là-dedans des
conséquences qui sont du domaine de l'irréparable... Il y a des
dégâts causés à un humain, je n'y peux rien, c'est
irréparable. On aura beau se donner les meilleurs systèmes
possible et imaginables, quand il y a 200 hommes et femmes au travail qui
décèdent en une année, je regrette, je suis obligé
de dire que s'il y en avait 20, ce serait 20 de trop; 20 de trop, dans le sens
qu'il faudrait continuer à s'en préoccuper et en faire comme une
espèce d'obsession pour le corriger. Sans ça on est une
économie qui fait passer les machines avant les hommes. Je ne sais pas
où ça s'en va, mais je sais que ça s'en va quelque part et
ça y va vite. J'allais dire ça y va drôlement vite.
Il y a des entreprises qui ont très bien compris ça. Des
entreprises qui ont fait un effort colossal pour commencer à
déplacer une partie des coûts économiques directs et
indirects pour faire en sorte de les faire porter pour corriger à la
source, parce que tout ça a un effet sur l'ensemble du fonctionnement de
l'entreprise. La productivité dont on parle tant, ce n'est pas une
abstraction, ce n'est pas des nuages. Quand tu es plus heureux dans
l'état de ton environnement de travail, des conditions dans lesquelles
tu travailles, c'est évident aussi que ton rendement au travail est
meilleur. C'est un enchaînement. Il y a des témoignages. Je vous
inviterais il va être déposé en commission
aujourd'hui à lire le mémoire de la compagnie Du Pont,
pour ne pas mentionner de nom. Du Pont, ce n'est pas une bricole, c'est Du Pont
de Nemours, from North America. Je vous rappelle qu'en passant ils ont
trouvé ça suffisamment rentable, que si ma mémoire est
bonne... Le fameux programme des Oscars qui sont remis chaque année, qui
paraît à la télévision américaine, vous vous
souvenez qui finançait une partie des commerciaux de l'émission;
C'était Du Pont.
Et quel était le contenu des messages: Santé et
sécurité. Eux avaient découvert que c'était
rentable sur le plan non seulement économique, mais sur le plan
humain.
Et puis on n'est plus au XIXe siècle. On décide que c'est
vrai qu'on est d'accord avec l'approche et les objectifs et c'est normal que
ceux et celles qui sont les premiers concernés après tout
on parle des hommes et des femmes au travail on leur reconnaisse un
droit d'être impliqués et de participer. On a essayé le
contraire, on a essayé une approche qui les excluait par le
passé, sauf des expériences très précises qui ont
été menées au Québec et prouvent qu'une approche
qui les implique est valable, à condition de leur reconnaître les
pouvoirs en conséquence et les droits en conséquence. Sinon...
Vous avez entendu des témoignages de groupes qui les
représentent.
Bon, sur un point, vous demandez que les inspecteurs... Vous dites:
Promettez-nous qu'ils vont intervenir dans les deux heures plutôt que six
heures. Déjà, six heures, ce serait un changement colossal et je
commence à mesurer ce que ça implique comme réorganisation
des services d'inspection, la régionalisation, pour assurer une
présence, et ce que cela implique en ressources. Là, vous faites
allusion à l'Ontario. L'Ontario n'a pas écrit deux heures dans sa
loi. C'est une promesse de l'Ontario que les inspecteurs vont intervenir dans
les deux heures. Nous, on ne le promet pas, on met six heures dans la loi. On y
a pensé très sérieusement. Cependant, dans les grands
centres urbains, c'est évident que cela pourrait se faire beaucoup plus
rapidement que dans six heures. Avec six heures, on veut être
responsable, ne pas dire n'importe quoi et ne pas écrire n'importe quoi.
Il faut aussi penser aux régions éloignées, le
déplacement n'est pas aussi facile.
Il y a un point où j'avoue que j'apprécierais avoir vos
commentaires; d'abord, vous me faites dire dans le mémoire que le
ministre avait donné son accord sur le non au refus collectif. On a
entendu un autre groupe qui, presque bobine à l'appui, disait que
j'avais donné un accord sur le refus collectif. J'avais demandé,
d'ailleurs, de sortir la bobine du deuxième colloque où
j'étais allé. Je ne sais pas de quoi vous parlez, l'expression
"refus collectif" est tellement employée à toutes sortes de
sauces qu'elle est devenue terriblement ambiguë.
Si vous parlez du refus collectif à la suédoise,
c'est-à-dire amorcé par le représentant syndical, je vous
demanderais de m'indiquer dans le projet de loi où vous trouvez
ça. Si, par refus collectif, vous voulez dire non seulement un homme,
une femme au travail, mais plusieurs hommes et femmes au travail qui vivent en
même temps le même problème dans un département, oui.
Je pense à une raffinerie à Montréal où il s'est
produit un problème très récemment pour trois
travailleurs, dans un département clos et fermé,
intoxiqués au monoxyde de carbone. Qu'ils puissent exercer leurs droits
en même temps et que ce soit considéré, si c'est
rattaché au même événement, comme un seul et
même événement et traité comme tel, qu'ils aient
droit à l'accompagnement d'un représentant, si c'est ça
qu'on appelle refus collectif, oui. En ce sens, oui, c'est exact, c'est dans le
projet de loi.
Je n'ai jamais dit que cette approche, bien au contraire, je
l'excluais.
Voilà, M. le Président, mes commentaires-questions, pour
l'instant.
Le Président (M. Dussault): M. Thibeault.
M. Thibeault: Évidemment, je pense bien que nous avons
exprimé dans notre mémoire certaines réticences
vis-à-vis de certaines philosophies, de la façon d'appliquer les
articles. Je pense que c'est plutôt là que ça se situe
parce que, concernant la loi de protection de la santé et de la
sécurité, je pense qu'on l'a dit, on est d'accord sur le fond;
c'est la façon de l'appliquer à travers des associations ou les
pouvoirs donnés aux associations syndicales, etc. On craint que, dans
certains cas, les associations profitent pour faire de la négociation,
corriger ou modifier les conventions collectives de travail, etc.
C'est là-dessus qu'on croit que c'est assez large pour certains
articles. Nous indiquons nos craintes dans les différents articles
concernés.
Maintenant, quand on parle de lois sociales, vis-à-vis du statut
de la femme enceinte, évidemment, on est tous d'accord; je pense que
personne ne pourra dire qu'il ne faut pas protéger le foetus que porte
la mère, c'est bien sûr. Personne ne va être contre
ça. On n'est pas venu ici pour dire ça. Ce qu'on veut dire, c'est
qu'il y a d'autres lois qui protègent la femme enceinte, dont la loi
126, par exemple. Également, si on la fait appliquer, on
considère que c'est une loi sociale, donc qui doit être
payée par la majorité de la population. Si on attribue cela
à l'entreprise qui emploie des femmes, est-ce que ce n'est pas dangereux
qu'éventuellement l'entreprise tente d'embaucher le moins de femmes
possible et qu'on se retrouve avec beaucoup de femmes qui aimeraient
travailler, mais qui ne peuvent trouver d'emploi? Je ne pense pas qu'il y ait
une loi qui oblige l'employeur à prendre des femmes plutôt qu'un
homme.
Je pense que, si on embauche les deux, il faut les respecter de la
même façon, que ce soit au niveau du salaire ou des conditions de
travail.
M. Marois: Oui, mais vous savez aussi qu'il existe la Charte des
droits et libertés de la personne, qui cerne très bien la notion
de discrimination. C'est pour ça qu'on s'est assuré que la
compensation n'affectait pas le taux de cotisation de l'entreprise pour ne pas
que l'entreprise soit portée à dire: Si c'est comme ça, je
ne prends plus de femmes, ou je les fais examiner avant, je veux savoir si
elles sont enceintes avant de les laisser entrer. C'est pour cela que c'est
pris à même le fonds général. $1 million à $2
millions, sur une masse de $500 millions, je pense que vous conviendrez avec
moi que ce sont des bricoles, par rapport...
M. Thibeault: Le fonds général, est-ce qu'on doit
comprendre que c'est le fonds général de tout
l'ensemble de l'industrie ou des employeurs au Québec?
M. Marois: C'est exact.
M. Thibeault: Incluant le gouvernement?
M. Marois: C'est exact.
M. Thibeault: De toute façon, il demeure qu'on croit que
d'autres lois protègent la femme enceinte.
Je ne sais pas s'il y a d'autres questions, mais je vous remercie de
nous avoir reçus.
M. Marois: J'avais une question très précise sur le
refus collectif. Je préférerais que vous me disiez où,
dans le texte de loi, vous trouvez le refus collectif, dans le sens strict de
ce que ça veut dire, si on ne joue pas sur les mots, à la
suédoise, c'est-à-dire amorcé par un représentant
syndical.
M. Thibeault: Quant au refus collectif, ce qu'on entend dans le
mémoire, c'est qu'on est contre le refus collectif, lorsque, pour
appuyer un département un groupe de l'usine, on décide
d'arrêter de travailler; on appuie un groupe de deux ou trois personnes
et ça devient collectif au niveau de l'usine; si c'est vrai que ces
travailleurs sont pénalisés, il faut les appuyer pour qu'ils
puissent arrêter de travailler. C'est le genre de refus collectif auquel
on s'oppose catégoriquement. Si un département croit que c'est un
danger imminent, seulement ce groupe arrête de travailler, et ça
n'empêche pas les autres de continuer à travailler. Si on veut
dire, par refus collectif, que l'usine au complet ferme parce qu'un
département, ou deux, trois employés sont en danger, non;
ça n'implique pas les autres, ils ne sont pas en danger.
Je ne voudrais pas commenter le refus collectif suédois; je suis
allé visiter des usines en Suède, mais je n'ai pas
étudié la loi sur la santé et la sécurité
des Suédois. Par contre, notre crainte est au niveau d'une usine qui
devrait cesser ses activités à cause de deux employés qui
ont un problème et qui disent: On est en danger. Si l'usine arrête
au complet, je pense que ça peut affecter drôlement.
En référant aux journaux d'hier, je pense que vous traitez
le refus collectif dans un article.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. Thibeault.
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
M. Saillant (Claude): M. le Président.
M. Pagé: Vous aviez un élément de
réponse que vous vouliez donner?
M. Saillant: J'aurais un élément à apporter
au ministre. C'est ce qu'on veut éviter, c'est que ce soit un mouvement
de concertation de la part des salariés sur un arrêt de travail
quelconque. C'est simplement la précision que je voulais apporter aux
commentaires de M. Thibeault.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président, M. Thibeault,
messieurs de l'Association des manufacturiers de bois de sciage. Je vous
remercie de votre présence; quant à moi j'ai toujours
considéré que votre association était l'interlocutrice des
manufactures du bois de sciage. On a déjà eu l'occasion de se
rencontrer dans d'autres commissions parlementaires, où on a eu des
échanges très fructueux. Je suis convaincu que votre contribution
peut être non seulement utile, mais nécessaire dans le
débat, compte tenu du secteur économique que vous
représentez.
Pour ceux qui ne s'y connaissent pas trop, le bois de sciage est un
élément important de notre économie au Québec; ce
sont 500 usines, 200, sur une base commerciale, ce sont plusieurs millions de
dollars qui y sont brassés. En termes d'utilisation de la forêt,
ce sont 3 200 000 000 de p.m.p. par année, ce sont 3 500 000 tonnes de
copeaux. C'est important pour l'industrie de la construction, l'industrie des
pâtes et papiers, et c'est à ce titre que je dois témoigner
de mon appréciation à l'égard de votre comparution ce
matin.
Nous avons pris connaissance de votre mémoire avec beaucoup
d'intérêt; il est évident que le temps limite que nous
avons ne nous permettra pas de revenir sur plusieurs des points. Nous aurons
cependant l'occasion de revenir, lors de l'étude article par article du
projet de loi, sur plusieurs des points que des intervenants ont
soulevés et que nous n'avons pas pu reprendre.
Entre autres, il y a un élément important que vous faites
jaillir ce matin, c'est l'inquiétude que vous avez face aux pouvoirs
réglementaires qui, encore une fois, sont assez exorbitants;
règlements adoptés par le lieutenant-gouverneur en conseil ou
encore règlements adoptés par la Commission de la santé et
de la sécurité du travail. Somme toute, vous mettez en relief
tout le problème d'érosion du pouvoir législatif, parce
que, de plus en plus, les gouvernements légifèrent par
lois-cadres. C'est l'ossature, mais la chair, l'application concrète et
la norme exacte arrivent par règlement; ce n'est pas discuté
à l'Assemblée nationale et vos élus respectifs, dans vos
comtés respectifs, ne discutent pas de ce règlement. Alors on ne
peut qu'être d'accord, dans une certaine mesure, avec ce que vous
énoncez, en termes d'inquiétude au niveau du pouvoir
réglementaire. C'est là, je pense, un clou sur lequel on frappe
depuis déjà plusieurs années ici en tant que
parlementaires demandant au gouvernement d'être plus ouvert et de
permettre une meilleure implication non seulement des parties, mais aussi des
députés à l'élaboration des règlements comme
tels. (12 heures)
J'aurais quelques questions que je voudrais les plus brèves
possible pour vous entendre. Pen-
dant les travaux de cette commission, on a discuté de beaucoup de
choses. On a eu l'occasion de faire part de nos positions respectives. Quant
à nous de l'Opposition officielle, la grande crainte que nous avons
à l'égard de ce projet no 17, c'est qu'il vienne mettre de
côté ce qui s'est fait avant. Il y a des choses qui ont
été bien faites pour l'entreprise. Il y a eu des abus. Il y a des
extrêmes, comme le ministre en a fait état tout à l'heure,
mais il y a des initiatives et des résultats auxquels en sont
arrivées les entreprises en collaboration avec les employés qu'on
ne peut que respecter. Nous craignons quant à nous le fait d'en arriver
à une nouvelle commission de santé qui adoptera des
programmes-cadres pour toute la province, genres de conditions minimales ou de
programmes minimaux. Nous craignons que, dans plusieurs cas au Québec,
dans plusieurs secteurs de l'industrie et même dans plusieurs entreprises
au Québec, cela puisse être un recul par rapport à ce qu'il
y a déjà dans le moment.
On a beaucoup discuté aussi de trouver une solution au mal
à sa source. La majorité des intervenants a convenu qu'il ne
fallait pas penser strictement en termes de correctifs et d'équipement
de protection, mais qu'il fallait aller au-delà et tenter de trouver des
solutions au niveau de la source même. Cela implique plusieurs
intervenants. Cela implique, entre autres dans le secteur du bois de sciage,
l'intervention d'autres agents. Cela implique des inspecteurs qui sont
qualifiés. Cela implique aussi une capacité technologique. Vous
mettez cela très bien en relief, je pense, la capacité
technologique d'améliorer et d'atteindre certains objectifs. Personne
n'est sans savoir l'évolution que vous avez connue depuis une vingtaine
d'années en termes technologiques.
Il y a des associations là, je voudrais me rattacher
à votre association spécifique - au Québec qui ont
déployé des efforts en termes de recherche. Il y a des
entreprises qui ont ou qui avaient la capacité mais ce ne sont
pas toutes les entreprises financière d'assumer des travaux de
recherche sur de la technologie en particulier. Il y a d'autres intervenants
à d'autres niveaux dans les centres de recherche industrielle. Ce que le
projet de loi vient dire à cet égard à peu près
le ministre ou un de ses collègues pourra me corriger
c'est que la Commission de la santé et de la sécurité
pourra donner des subventions à des associations sectorielles qui
pourront faire de la recherche ou contracter avec des groupes, ou des
associations, ou des firmes spécialisées pour faire de la
recherche.
Premier volet de ma question: Est-ce qu'il y a de la recherche qui s'est
faite? Quelle est l'expérience à ce niveau au sein de vos
entreprises? Est-ce que votre association a eu des initiatives dans ce
sens-là, en tant qu'organisme qui coiffe tous les membres, pour de la
recherche technologique bien spécifique à l'égard de
certains problèmes rencontrés dans l'industrie? Comment s'est
fait tout cela? Est-ce que vous êtes en contact avec les centres de
recherche industrielle? Est-ce que vous êtes en contact avec les
universités? Croyez-vous que ce qui est prévu dans la loi,
c'est-à-dire la possibilité pour la Commission de la santé
et de la sécurité de donner des subventions à des
associations sectorielles, soit le meilleur mécanisme? Ici, je me
permets de vous donner ce que nous préconisons quant à nous. Nous
préconisons, parce que la recherche comme telle c'est tellement
important dans ces milieux-là, qu'un centre de recherche industrielle
soit attitré comme interlocuteur dans tout ce débat. Nous
préconisons la possibilité, pour une association comme la
vôtre dont plusieurs de ses usines auraient un problème avec des
couteaux ou avec un convoyeur, par exemple, de contacter un centre de recherche
de même financer, d'y aller à contrat, s'il le faut, avec une
participation qui pourrait être paritaire entre la Commission de la
santé et le secteur privé. On aurait ainsi un interlocuteur
spécialisé pouvant répondre aux besoins que vous avez et
non pas laisser cela de façon un peu floue et un peu vague parce
que je trouve que c'est vague dans le projet de loi à
l'initiative qui pourrait provenir de l'association. Je voudrais qu'on consacre
dans le projet de loi 17 non seulement le principe, mais qu'on donne en
détail ce qu'il faut faire ou que le gouvernement donne en détail
son point de vue là-dessus et la façon dont il le traduira dans
les faits. C'est le sens de ma première question.
La deuxième question concerne l'inspection. On a souvent
parlé de l'inspection. Je pense que tout le monde a
déploré le fait que l'inspection était sous la juridiction
d'un peu tout le monde, plusieurs, cinq ou six ministères, une vingtaine
de règlements qui s'appliquent, des gens qui font de l'inspection aux
Richesses naturelles, à l'environnement, aux Affaires sociales, au
Travail, à l'OCQ. On en a un peu partout.
Tout le monde, autour de la table, s'est montré convaincu qu'il
fallait rapatrier tout cela sous une même juridiction pour que les
actions soient plus intégrées et que la concertation soit plus
concluante.
Dans votre secteur particulier, quelle est votre opinion sur
l'inspection? Croyez-vous que le secteur, par exemple, du bois sciage,
spécialisé comme il l'est, devrait avoir un volet à
l'intérieur du service global d'inspection, un volet particulier pour le
bois de sciage, pour les industries de pâtes et papiers et tout ce
secteur, compte tenu de l'expérience que vous avez? J'aimerais bien vous
entendre aussi sur le degré de satisfaction que vous pouvez exprimer
ou d'insatisfaction à l'égard des services
d'inspection tels qu'on les connaît actuellement. C'est le sens de mes
deux questions générales. J'aurais peut-être d'autres
commentaires, je vais essayer de faire cela brièvement. J'aurais une
troisième question très brève à l'endroit du
ministre par la suite.
Le Président (M. Dussault): M. Thibeault.
M. Thibeault: Voici, M. le député, si vous le
permettez. Au niveau des services de recherche, depuis je dirais
peut-être cinq ou six ans, beaucoup de travail s'est fait avec le CRIQ,
le Centre de
recherche industrielle du Québec, principalement au niveau du
bruit dans les usines. Cela a commencé principalement dans
l'Abitibi-Témiscamingue. C'est un travail qui avait été
assez long à démarrer, parce que les normes ont dû
être établies. Cela a pris un temps assez considérable. Il
y a eu beaucoup de consultations au niveau de quelque 28 usines de sciage.
Après une couple d'années, on a pu commencer des travaux qui ont
été établis sur trois étapes.
Actuellement, plusieurs usines ont terminé la première
étape et sont en cours de la deuxième. La première
étape était d'établir, pour chaque poste de travail, le
bruit qui existait, etc. Je prends cela en détail. C'est peut-être
trop détaillé pour la commission.
Cela a coûté, par usine de sciage, entre $3000 et $4000.
Cela a été payé par l'usine, par l'industrie. La
deuxième étape, c'était...
M. Pagé: Est-ce que vous permettez une question tout de
suite? Est-ce que c'était demandé par l'association ou par
certaines usines?
M. Thibeault: C'est-à-dire que l'Association de la
sécurité des industriels forestiers du Québec a son
service d'inspection et son service de personnes qui donnent des cours
également. Alors, il y a deux genres de services. Un service a
formé des comités régionaux, qui ont pris comme objectif
le bruit dans les usines de sciage. Alors, ils ont travaillé. Ils ont
dit: On prend cela comme objectif de travail et on travaille là-dessus.
Ils ont rencontré les différentes industries qui voulaient
collaborer. C'était volontaire quand même et la participation,
comme je l'ai dit, a démarré lentement. Il y a trois ans, on a
collaboré, je dirais, à 80%. Évidemment, ce ne sont pas
les 100% qui avaient peut-être les moyens de le faire, parce que c'est
assez dispendieux de travailler en recherche. On le sait. C'est flou; on ne
sait pas où on va se ramasser, même si on donne l'argent. Est-ce
que cela va rapporter quelque chose? C'est long, c'est dispendieux et c'est
inquiétant, parce qu'on ne le sait pas.
M. Pagé: Mais c'est important.
M. Thibeault: Mais c'est important, sûrement. Alors, c'est
pour cela, quand même... Il reste qu'il faut rester en vie
également. Il faut rester viable. Si on met tout dans la recherche et
qu'on ne paie pas de salaires, on ne sera pas plus content et personne ne sera
plus heureux. Alors, il faut garder un juste milieu.
Après ces trois ans-là, on est rendu à la
troisième étape. Plus cela va, évidemment, plus cela
coûtera cher. Mais cela progresse lentement et c'est rendu aux autres
régions du Québec. D'autres régions ont également
embarqué dans ce projet. Le Centre de recherche industrielle du
Québec procède actuellement dans les autres régions
à sa première étape. On veut terminer la première
étape, parce qu'il y a des réticences vis-à-vis des
autres. On dit: Bien, je ne commence pas la deuxième étape si les
autres n'embarquent pas dans la première. Une région ne veut pas
absorber les coûts pour toute la province non plus. Alors, embarquons
dans la première étape et on ira dans la deuxième.
Au niveau du bruit, beaucoup d'efforts, beaucoup de travail et plusieurs
discussions de la part de nos responsables ont été faits
là-dedans. Beaucoup de travail a été fait avec le centre
de recherche.
Je suis heureux de dire que l'Association de la sécurité
des industriels forestiers a beaucoup travaillé à cela, avec le
centre de recherche, pour les entrepreneurs de sciage. Je pense
également que le directeur des relations industrielles à
l'association a aussi des expériences qu'il peut nous citer
là-dessus, si vous le permettez.
M. Saillant: Ce ne sont peut-être pas nécessairement
les expériences, M. le ministre et M. le député, mais
c'est plutôt que l'association est en train de se construire un service
de relations de travail, ainsi que de santé et sécurité,
qui va, à court ou à moyen terme, pouvoir faire une supervision
un peu générale de ce qui se fait au niveau de la protection, de
la prévention et au niveau curatif de certains problèmes.
On est actuellement à engager du personnel ressource pour
effectivement en arriver à pouvoir sortir des conclusions pour, ensuite,
prendre les moyens... Autrement dit, faire de la prévention. Mais
ça, ça ne peut pas se faire du jour au lendemain. L'association
se construit un secteur et un département dans ce sens-là. On est
pour, en fin de compte, la sécurité des travailleurs.
À la suite de ça, le ministre évoquait tout
à l'heure que c'est marginal, très minime, les travailleurs qui,
effectivement, disaient: Nous, on ne veut pas porter les outils ou porter des
instruments quelconques. Mais il faut aussi retenir un fait, à savoir
que c'est très minime, du côté des employeurs, ceux qui ne
font rien au niveau de la prévention, de la santé et de la
sécurité. C'est un point que je tenais à soulever.
M. Thibeault: M. le Président, le député
avait une deuxième question, si vous permettez. Au niveau de ce qu'on
pense des services d'inspection, ce qui nous dérange le plus
parce qu'il y a des côtés positifs dans l'inspection, mais on
demande surtout quels sont les problèmes c'est d'avoir
différents inspecteurs qui viennent traiter des mêmes
problèmes. Cela, c'est décevant, c'est dispendieux, c'est une
perte de temps épouvantable. Ce qu'on aimerait, c'est qu'il y ait un
service d'inspection dans nos recommandations, c'est inscrit
composé de gens compétents, qui regrouperait tous les
ministères, que ce soit l'Environnement... Là, on en a de toutes
les sortes. On ne les reconnaît plus.
M. Pagé: Si vous permettez, ce que vous voulez dire, c'est
que, bien souvent je présume que vous avez connu ça dans
votre milieu, comme on le connaît ailleurs l'inspecteur du
ministère du
Travail va dire à l'entreprise de faire X chose et l'inspecteur
de l'Environnement va arriver et va dire: Ce n'est pas X, c'est Y qu'il faut
faire.
M. Thibeault: Ils ont chacun leurs normes... M. Pagé:
C'est ça.
M. Thibeault: ... et elles ne sont pas les mêmes...
Souvent, on traite des mêmes sujets. Cela, c'est une chose.
Deuxièmement, aussi, on nous dit: Faites quelque chose pour
améliorer telle chose. Même si la technologie n'est pas là,
faites-le, parce que ça va... On peut même vous faire fermer.
C'est très draconien. Il faut quand même avoir plus de discussion
que ça. On est d'accord pour faire quelque chose, mais il faut quand
même...
M. Pagé: Vous ne savez pas comment le faire, mais
faites-le quand même.
M. Thibeault: II ne faut pas fermer toutes les usines de la
province.
M. Pagé: Cela arrive.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf, il me faut...
M. Pagé: Oui, j'aurais...
Le Président (M. Dussault): ... vous faire remarquer que
vous avez utilisé quinze des 20 minutes de l'Opposition.
M. Pagé: Oui, quoiqu'on pourra peut-être...
Le Président (M. Dussault): Mais si l'Union Nationale le
permet...
M. Pagé: Je suis certain, M. le Président, que vous
ne vous opposerez pas à ce qu'on déborde de quelques minutes.
Vous avez parlé tantôt, dans la première question,
des recherches qui ont été faites au niveau du bruit, des
améliorations technologiques, de la recherche sous l'aspect
technologique ou mécanique. Est-ce que votre association a pris des
initiatives, premièrement? Deuxièmement, est-ce que vous avez une
très bonne collaboration ou une collaboration qui est seulement bonne,
une collaboration qui est plus ou moins bonne, si on peut la qualifier ou la
quantifier, de la part du manufacturier de l'équipement?
M. Thibeault: Je sais pertinemment, pour être au conseil
exécutif de l'association de sécurité, que beaucoup de
travail a été fait avec les compagnies qui fournissent
l'équipement, mais vous conviendrez avec moi que les compagnies qui
fournissent de l'équipement à l'industrie du sciage, par exemple,
couvrent un territoire extrêmement grand. Il y a des machines qui nous
viennent de la Suède. Il y a des machines qui viennent de tous les
États américains, de l'Ouest canadien, comme beaucoup de la
province de Québec, par contre. À peu près 60% des
machines qui servent à la transformation du bois de sciage viennent de
la compagnie FORANO, qui est québécoise, entre autres, pour n'en
nommer qu'une.
Évidemment, beaucoup de travail se fait avec eux pour essayer de
les sensibiliser, surtout au sujet de certaines machines qui sont
utilisées partout. On commence surtout avec celles-là. Le
directeur de l'association est en rapport constant... Je crois qu'il se fait du
travail. Maintenant, pour savoir précisément ce qu'ils font, je
pense que... Sûrement aussi que le ministère du Travail... Nous,
on est mal placés pour savoir ce qu'ils font, parce qu'on n'est quand
même pas dans le secret des dieux, mais le ministère du Travail va
sûrement chez eux, comme il vient chez nous. Qu'est-ce qu'il leur
demande? On est peut-être mal placés pour le savoir. (12 h 15)
Nous leur demandons, par le biais de l'association de
sécurité d'essayer de sortir. Par contre, les machines ont
été modifiées, je ne sais s'il y a des gens qui sont plus
familiers avec le côté mécanique de l'affaire, mais je sais
que les machines nous arrivent maintenant plus perfectionnées, avec des
coussins pour le bruit, la vibration ou des choses semblables, des scies
mécaniques améliorées avec des systèmes antirecul,
par exemple. Évidemment, ça se fait beaucoup. Il y a
également un organisme canadien dont des industriels du Québec
font partie, qui s'appelle FERIC qui travaille au niveau de la technologie,
surtout des machines des opérations forestières.
M. Pagé: M. Thibeault, merci. J'aurais eu d'autres
questions, mais par considération pour nos amis de l'Union Nationale qui
se rapprochent de plus en plus de nous, je vais leur laisser la parole.
M. Bellemare: Ces droits démocratiques que vous nous
laissez, on les retrouve rarement chez vous.
Le Président (M. Dussault): Vous avez la parole, M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
remercier M. Thibeault et ses conseillers, ce matin. Cela m'intéresse
énormément, ayant été président de la
Commission des accidents du travail et ayant considéré que
l'industrie artisanale du bois de sciage est passée aujourd'hui à
une évolution assez considérable où quelqu'un qui veut
s'installer dans l'industrie du bois de sciage est obligé de
dépenser des centaines de milliers de dollars, contrairement à
autrefois, l'artisanat, alors qu'on ouvrait un moulin à scie, cela
coûtait quoi? La famille y travaillait. Aujourd'hui, cela fonctionne par
ordinateur, des machines assez sophistiquées pour que les accidents du
travail diminuent.
J'ai constaté, alors que j'étais à la Commission
des accidents du travail, que vous étiez
probablement ceux qui avaient le plus d'accidents majeurs, dans votre
industrie. Ce sont les accidents qui coûtent le plus cher. Je ne sais pas
quel est le taux que vous payez présentement, mais dans mon temps, vous
payiez un des taux les plus élevés à la Commission des
accidents du travail, parce que les accidents n'étaient pas des
accidents ordinaires, c'était la perte d'un bras, d'une main, d'un oeil,
soit au bois de sciage ou dans les chantiers. C'étaient des accidents
extrêmement importants. Votre taux, actuellement, par $100, je ne sais
combien il est, mais je sais qu'il est passé à $1 du $100, dans
le temps; aujourd'hui, il doit être encore plus élevé,
parce que vous avez eu 1200 accidents graves pendant les quatre
dernières années. Cela, c'est important, 1200 accidents graves
qui ont coûté à vos membres et à votre classe
parce qu'à la Commission des accidents du travail, ce sont des classes
$92 millions, soit presque $100 millions.
Vos accidents du travail sont extrêmement plus dispendieux dans
votre sphère. C'est à vous, plus que partout ailleurs, qu'on doit
infuser cette éducation de la sécurité et de la protection
au travail. Le bruit, c'est sûr que c'est inhérent, vous aurez de
la difficulté à le faire disparaître. Mais ce qui arrive,
chez vous, dans le bois de sciage, vous avez des organismes qui font un travail
manuel extraordinairement rapide et constant. Par exemple, j'ai vu cela de mes
yeux dans une industrie de bois de sciage où on faisait du bardeau, le
gars qui est là huit heures à faire du bardeau, je n'ai pas
besoin de vous dire qu'il ne faut pas un millième de distraction pour
que ça cause un... Cela, c'est le stress, et vous n'en parlez pas.
Je dis qu'il y a là un des points majeurs auquel il faudrait
faire bien attention dans la rééducation du personnel, des
exigences que vous aurez à apporter à certaines catégories
de travailleurs.
Je suis d'accord avec vous sur le nombre de règlements qu'on ne
connaît pas, que vous allez peut-être pouvoir accepter comme nous.
Nous sommes les législateurs, nous sommes ceux qui faisons la loi, mais
nous sommes loin des bureaucrates assis derrière les bureaux qui dictent
les règlements. Nous voterons la loi avec 36 règlements à
l'article 185, mais nous n'en verrons jamais un iota avant qu'ils soient
promulgués; et nous sommes les législateurs. Imaginez-vous dans
nos comtés, quand arrive quelqu'un qui dit: M. Bellemare, tel
règlement... Hé! minute, je vais aller voir cela. On n'y a pas
participé, c'est la bureaucratie qui fait cela, et ça c'est une
conséquence de l'érosion comme le disait tout à
l'heure le député de Portneuf du pouvoir
législatif. Je m'élève avec véhémence contre
ce que vous prétendez, les règlements auxquels vous ne
participerez pas, auxquels vous ne serez même pas appelés à
contredire un gars qui viendrait imposer une directive différente. Je
dirai, lorsqu'on arrivera à l'étude article par article, certains
points catégoriques contre ça.
Je suis un vieux parlementaire, et je pense que plus ça va, plus
votre pouvoir législatif devient ridicule. Je ne dis pas ça
contre le ministre, je dis ça contre les bureaucrates qui sont
derrière les bureaux et qui écrivent... Quelle expérience
ont-ils? Ils ont le pied dans la paille depuis des années, à la
crèche. Que voulez-vous que ces gens-là puissent comprendre des
difficultés que rencontrent les associations, que ce soit vous ou
d'autres, à appliquer certaines réglementations? Qu'on porte un
chapeau, qu'on porte des gants, qu'on porte des bottines, ça c'est
important, on met ça dans les règlements.
Mais le stress qu'endure un gars qui est derrière une machine
à répétition, qui marche 1000 tours à la minute...
Ils n'ont jamais vu ça eux, jamais. Alors, je vous dis que je suis
d'accord avec votre mémoire, ce matin, sur l'attitude qu'on doit
prendre. Je sais que le ministre ne se sent pas visé, mais c'est un
homme qui est placé en vertu de la majorité comme ministre
responsable et pour étayer, aujourd'hui, devant l'opinion publique, une
nouvelle loi, des normes et des spécifications qui vont protéger
la santé et surtout assurer la sécurité au travail. Je
sais que le ministre voudra complaisamment nous inviter à la table ronde
pour qu'on puisse donner un peu notre brindille d'expérience concernant
les règlements. Quand arrivera ce temps-là, nous verrons, selon
son attitude, à le juger sévèrement. Merci.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Joliette-Montcalm, en vous rappelant que le parti ministériel avait
dépassé son temps de deux minutes.
M. Chevrette: Oui, je ne pense pas avoir abusé du temps de
personne ici, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: ... combien d'années que vous êtes
ici?
Le Président (M. Dussault): Du moins je me fie à ce
que j'ai vu ce matin.
M. Bellemare: Quelle est la statistique?
Le Président (M. Dussault): Je la ferai compiler, M. le
député de Johnson et je vous donnerai la réponse.
Une voix: Sur quoi vous appuyez-vous? Mme Lavoie-Roux:
Mais oui.
Le Président (M. Dussault): Je m'appuie sur ce que j'ai vu
ce matin, M. le député.
M. Pagé: Ah oui!
M. Bellemare: On est content de vous avoir et on voudrait que
votre largeur de vue soit égale à celle de votre
prédécesseur.
Le Président (M. Dussault): Vous avez la parole, M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais tout d'abord
souligner que la réglementation qui est
inhérente à la loi connaîtra le processus normal de
prépublication avec pouvoir de... Le ministre a précisé
à plusieurs reprises depuis le début de la commission
parlementaire qu'il y aurait une prépublication des règlements,
qu'il y aurait possibilité d'intervention des parties. Je voulais tout
simplement répéter ce qui a été dit...
M. Bellemare: ...
M. Chevrette: Est-ce que je vous ai dérangé, M. le
député de Johnson?
M. Bellemare: Non, vous ne m'avez pas dérangé, mais
ce que vous dites me dérange, par exemple.
M. Chevrette: Comme vieux parlementaire, donnez-moi l'exemple et
écoutez-moi.
M. Bellemare: La différence... Oui, vous écouter,
d'accord, mais vous direz la vérité après que le ministre
aura confirmé ça. J'aimerais l'entendre parce que c'est
vague...
M. Chevrette: Je l'ai entendu ici, vous n'y étiez pas.
M. Bellemare: Cela peut arriver, mais bien des fois mon absence
vous aide...
M. Chevrette: M. le Président, puis-je quand même
intervenir?
Le Président (M. Dussault): Oui, vous savez, il y a quand
même des provocations qui...
M. Bellemare: Oui, c'est ça.
M. Chevrette: Ce n'est pas une provocation, j'ai
répété purement et simplement ce que le ministre Marois a
dit...
Le Président (M. Dussault): ... empêchent le
président de faire appliquer le règlement. Vous avez la parole,
M. le député.
M. Chevrette: ... c'était l'article 188 en passant, pour
votre information: "Les règlements entrent en vigueur le jour de la
publication, à la Gazette officielle du Québec, d'un avis
signalant qu'ils ont reçu l'approbation du gouvernement ou, en cas de
modification par ce dernier, de leur texte définitif ou à toute
autre date ultérieure fixée dans l'avis..."
À l'article 186: "Les règlements de la commission doivent
être publiés à la Gazette officielle du Québec avec
avis qu'à l'expiration des 60 jours suivant cet avis, ils seront soumis
pour approbation au gouvernement."
M. Bellemare: Après qu'ils seront pondus...
M. Chevrette: Après 60 jours. Je vais vous lire l'article
187: "Tel règlement ne peut être adopté que moyennant un
préavis de 60 jours publié à la Gazette officielle du
Québec. Le préavis..."
Mme Lavoie-Roux: C'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui
décide des modifications...
M. Bellemare: ...
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Joliette-Montcalm, vous avez la parole.
M. Chevrette: J'ai donné l'information à ces
messieurs qu'ils avaient été induits en erreur.
M. Bellemare: C'est contraire à la vérité de
ce qu'on a dit.
M. Pagé: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Dussault): Un instant! Question de
règlement, M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'invoque le
règlement à ce moment-ci, parce que je ne crois pas que ce soit
l'endroit ni le moment pour un député de faire la lecture de
certains articles de la loi. Si le député ne l'a pas lue, ce
n'est pas mon problème...
M. Chevrette: Je m'excuse, ce n'est pas moi qui ne l'ai pas lue,
c'est le député de Johnson.
M. Pagé: Ah ça!
M. Bellemare: Vous êtes obligé de vous le faire
rapporter par le député d'en arrière.
Le Président (M. Dussault): S'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare: Ouais!
Le Président (M. Dussault): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Johnson! Je ne vois pas en quoi il y
a une question de règlement.
M. Pagé: M. le Président, je vais en invoquer une
autre si ça ne fait pas...
Le Président (M. Dussault): Soyez plus explicite.
M. Pagé: Je vais en invoquer une autre. Croyez-vous, M. le
Président, comme président de commission parlementaire qui a le
mandat de l'Assemblée nationale d'entendre les parties, que ce soit
l'endroit pour venir lire les articles d'un projet de loi? Est-ce que c'est la
place ou si ce n'est pas la place? Ce n'est pas la place.
Le Président (M. Dussault): Si vous en faites une question
de directive, je pense que c'est plutôt ça, je vous dirai qu'il
est possible, à l'occa-
sion, à cause de certains avancés qui seraient faits par
des membres de la commission ou par des témoins à la commission,
qu'on doive effectivement rétablir des faits en citant et en lisant un
article d'un projet de loi. Je pense que ça ne contrevient pas au
règlement.
Vous avez le parole, M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Bellemare: Un instant, question de règlement.
Le Président (M. Dussault): Oui, je vous
écoute.
M. Bellemare: Est-ce qu'on a le droit, pendant une commission
parlementaire, d'accuser un de ses collègues ne pas avoir lu le projet
de loi? Est-ce qu'on a le droit de dire ça?
M. Chevrette: Je retire mes paroles. M. Bellemare:
Retirez-les, certain.
M. Chevrette: Je suis convaincu que vous avez tout lu, c'est
parce que vous ne vous en rappelez pas.
M. Bellemare: Je m'en souviens, mais seulement, ce que j'entends,
ce n'est pas conforme à ce que je comprends.
Le Président (M. Dussault): Les clarifications
étant faites, M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Pagé: C'est important. Continuez.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais d'abord
demander à M. Thibeault qui affirme être d'accord avec le principe
de la sécurité et de la santé au travail, comment il
entrevoit la possibilité pour un travailleur d'être
représenté adéquatement et de pouvoir se prévaloir
de son droit de refus individuel, quand on lit dans votre mémoire les
points suivants. Dans un premier temps, vous dites que vous êtes contre
un comité paritaire décisionnel, parce qu'il y a de
l'incompétence de l'autre côté; vous dites aussi, dans un
deuxième temps, que le fardeau de la preuve doit être
laissé à l'individu, l'individu démuni, l'individu
incompétent, puisque vous le qualifiez au préalable: l'individu
le plus démuni financièrement aura le fardeau de la preuve en
arbitrage.
Dans un troisième temps, vous dites quant au représentant
en sécurité, qu'il ne doit pas y avoir de chevauchement; c'est
à l'employeur à le nommer, c'est à l'employeur à le
former. Vous allez jusque-là dans votre mémoire. Vous dites, de
plus: Comme employeur, je dois aussi, dans un quatrième temps, avoir le
droit de remplacer tout travailleur qui se prévaut de son droit de
refus. Vous demandez au ministre, en plus, au lieu d'être "sans
délai" pour les corrections ou les rectifications, ajoutez donc les
mots, "délai raisonnable", pour qu'on puisse continuer, même si
ça peut faire dur dans certains cas. Vous continuez également en
disant ceci: biffez les mots "intégrité physique",
définissez-les autrement.
Je vous avoue que j'avais lu votre texte avant que vous le
présentiez. À toutes fins utiles, il m'a semblé, à
la lecture, que dans un premier temps, vous dites: Oui, je suis d'accord avec
le principe. Cependant, je dois être le seul à décider
quand c'est dangereux, je dois être le seul à me préoccuper
de la sécurité et de la santé, même former ceux qui
doivent s'occuper de ça, dans mon entreprise.
Très honnêtement, ce sont des phrases de votre propre
mémoire que je vous cite. Avez-vous l'impression qu'en 1979, très
sérieusement, le fait de ne pas permettre à des salariés
de participer à leur bien-être dans une industrie n'a pas pour
effet d'éteindre toute motivation? Vous ne croyez pas que c'est par la
participation que des gens peuvent vraiment mieux collaborer et avoir un souci
constant de leur propre sécurité et santé? C'est chacun
d'eux qui pose les gestes, minute par minute, d'heure en heure, de jour en
jour.
De la manière dont vous l'avez rédigé, c'est
peut-être une question d'interprétation, très
honnêtement, vous dites: Oui, je suis pour la sécurité,
mais à condition que je sois le seul à tout décider,
à tout superviser, à former, à contrôler. En outre,
il ne faut pas que ça me coûte cher.
Je vais finir là-dessus en disant que si on efface le mal
à la source, ça ne coûtera pas cher aux employeurs
après, ça ne coûtera pas cher; il y a une autre dimension
que je veux ajouter. Si ça coûte plus cher dans le contexte actuel
pour éviter le mal à la source, le coût social, quand vous
dites que seuls les employeurs subissent le fardeau de cette réforme.
(12 h 30)
J'ai toujours cru que, dans toute l'économie industrielle, vous
savez fort bien que les coûts inhérents à une production se
reflètent sur le coût de vente et que, au bout de la course, c'est
le consommateur qui y goûte. Pouvez-vous toujours affirmer que seul
l'employeur assume le coût de la réforme?
M. Thibeault: M. le Président, évidemment, c'est
vrai qu'on dit qu'on est d'accord avec des normes pour que la santé et
la sécurité des travailleurs soient protégées,
etc., c'est absolument vrai. Par contre, je m'oppose quand M. le
député dit qu'on veut faire ça nous-mêmes. Ce n'est
pas vrai, ce n'est pas ce qu'on dit dans notre projet; on dit qu'on ne veut pas
qu'un employé seul puisse décider qu'il va arrêter le
travailler, qu'il va arrêter la production de l'usine; il faut que ce
soit fait en consultation. Si c'est faux; il prétend que c'est
dangereux, ce n'est pas prouvé encore; jusqu'à ce que ce soit
prouvé... Parce que je pense qu'on ne fait plus du tout confiance aux
employeurs de la façon que le projet est rédigé, c'est ce
qu'on déplore. Je pense que les employeurs ont des cadres qui
travaillent à l'intérieur de l'entreprise, ils ont des
contremaîtres, des surveillants qui sont également conscients que,
s'il est vrai que le
plafond va tomber sur ces gens, il va leur demander de s'enlever, c'est
bien sûr. Ce qu'on ne veut pas, c'est que ce soit seulement le
travailleur qui le décide; on est contre ça, parce qu'il peut
arrêter toute une productivité d'usine et faire encourir des
coûts. Tout simplement, on ne veut pas qu'un seul homme décide;
lorsque c'est prouvé, il est sûr que l'employeur... Cela peut
arriver; comme M. le ministre le disait tantôt, il est sûr qu'il
peut y avoir quelques employés au Québec qui soient
haïssables, il peut également y avoir des employeurs qui le soient
également. Je suis d'accord, quand ça va être prouvé
et qu'on ne veut pas le faire, à ce moment, la loi devrait être
assez sévère. Tout le monde est d'accord avec ce principe; par
contre, un seul employé décide d'arrêter la production de
toute une usine qui peut employer jusqu'à 400 ou 500 employés,
ça, je pense que ce n'est pas logique.
Quand on dit: Si on efface le mal à la source, ça ne
coûtera rien à l'employeur, je ne sais pas où on prend ces
chiffres, je ne suis pas d'accord. Pour effacer le mal à la source,
ça dépend de quoi on parle, mais ça peut aller
jusqu'à fermer l'usine; ce n'est pas réalisable en termes de
coût; ça dépend de quoi on parle.
Les coûts de production dans l'industrie du sciage, on les
connaît; pour ceux qui sont le moindrement proche, les coûts ne se
rapportent pas directement aux coûts de vente, c'est absolument faux,
c'est une industrie qui est cyclique; il y a des temps où la
construction, où le bâtiment va, ça va bien, mais quand le
bâtiment ne va pas, ça va mal. Il y a eu des ralentissements et il
y en a beaucoup qui disparaissent à ce moment-là; c'est ce qui a
été le phénomène au Québec depuis des
années et l'industrie du sciage va toujours demeurer ainsi; c'est une
industrie cyclique. Alors, quand on n'est pas capable, on n'est pas
capable.
Le Président (M. Dussault): Je remercie l'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec au nom de la commission
parlementaire, pour son témoignage aux travaux de cette commission.
J'invite maintenant le groupe suivant, l'Association des industries
forestières du Québec Ltée.
J'invite le représentant de l'association à se
présenter et à nous présenter ses collègues.
Association des industries forestières du
Québec Ltée
M. Pinard (Raymond): M. le Président, madame et messieurs
les membres de la commission, je suis Raymond Pinard et je suis ici en tant
qu'officier de l'Association des industries forestières du Québec
et en plus je suis président du groupe des pâtes et papiers de la
Société Domtar.
Avec nous, nous avons Anatole Côté, président
permanent de l'Association des industries forestières, M. Panet-Raymond,
de la compagnie QNS, M. Roger Ferragne, de la compagnie Consolidated-Bathurst,
directeur général en relations industrielles, M. Gaétan
Huneau, directeur d'hy- giène et de sécurité chez Domtar,
M. Paul Morasse, directeur en relations industrielles de la compagnie QNS, M.
Laurent Tremblay, directeur des services de relations industrielles de la
Consolidated-Bathurst, M. McCormack, gérant des relations industrielles
de la Reed, M. Robitaille, administrateur dans la prévention des
accidents de la compagnie CIP, M. Jean Dubé, vice-président des
relations industrielles chez Rolland, et le Dr Mi-chaud, directeur
médical de la compagnie CIP.
M. le Président, je n'ai nullement l'intention de lire le
mémoire au complet; je vais le résumer, en couvrant les points
saillants de la présentation.
Le Président (M. Dussault): Je suppose que vous souhaitez
que votre mémoire paraisse intégralement au journal des
Débats.
M. Pinard: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Dussault): Ce sera fait. (Voir annexe B).
Vous avez donc 20 minutes pour nous résumer votre mémoire.
M. Pinard: Nous remercions la commission de l'occasion qui nous
est donnée.
Dans sa présentation du livre blanc, en octobre 1978, le ministre
d'État au développement social, M. Marois, faisait part de ses
principales orientations et affirmait que l'État, "plutôt que de
prétendre régler les problèmes à la place des
citoyens impliqués, s'emploiera à mettre à la disposition
de ces derniers les outils et moyens leur permettant de trouver eux-mêmes
les solutions". Il ajoutait qu'il n'était "aucunement besoin de faire
surgir quelque supermachine bureaucratique investie du pouvoir tout-puissant de
décider à la place des gens". Les fonctions à créer
seraient essentiellement des services de soutien à l'action du milieu.
Le ministre terminait sa présentation en affirmant qu'il sera
nécessaire d'être réaliste dans la démarche
proposée et d'accepter qu'il y ait des étapes à
franchir.
Notre association reconnaît comme légitimes les principaux
objectifs du projet de loi.
Nos membres acceptent le principe d'associations paritaires de
santé et de sécurité du travail et notre association s'est
engagée, en 1978, à entamer des discussions en ce sens avec les
différents syndicats.
Pour ce qui a trait au droit de refuser un travail dangereux, nous
soumettons que l'exercice du droit dû à l'éminence d'un
danger doit pouvoir se faire dans un cadre rapide d'intervention et de
correction. Le mécanisme prévu est beaucoup trop long et nous
insistons pour qu'il soit raccourci et que l'intervention de l'inspecteur se
fasse au plus deux heures après qu'elle ait été
soumise.
Les conséquences de ce refus pour les autres travailleurs sont
des sujets à négociation entre les parties, et à la Loi
sur les normes du travail. Déjà, on retrouve des
mécanismes appropriés à ces circonstances dans plusieurs
conventions collectives des employeurs de notre industrie.
Notre association s'oppose aux dispositions de l'article 30, qui exige
de rémunérer les autres
travailleurs à leur taux régulier pour toute la
durée de l'arrêt.
Nos commentaires sur l'article 30 sont également valables pour
l'article 143, soit lors d'une suspension des travaux ou d'une fermeture
ordonnée par un inspecteur.
Le marché du travail doit pouvoir offrir des emplois qui
conviennent normalement aux personnes dont la condition physique et
psychologique est telle qu'elles peuvent s'en acquitter raisonnablement en
égard aux connaissances et à l'expérience requises.
L'employeur ne devrait pas être appelé à jouer un
rôle social excédant les obligations communes du milieu. Le
législateur ne devrait pas, par le biais de ce projet de loi, imposer
à l'employeur d'assurer des compensations directes ou indirectes aux
situations de la travailleuse enceinte.
Déjà, la Loi sur les normes du travail réglemente
le sort de la travailleuse enceinte. Si l'État veut corriger
l'ordonnance no 17 de 1978, jugée trop conservatrice par les milieux
syndicaux ou autres, qu'il le fasse directement et non en détournant de
sa raison d'être une clause d'une autre loi.
Les congés de maternité, avec ou sans complication, pour
la mère ou l'enfant à naître, relèvent de mesures
sociales à la charge des fonds publics généraux et ne
doivent pas être une surcharge aux employeurs. Nous recommandons
d'exclure du projet de loi les articles 32 à 37 qui ont trait au retrait
préventif de la travailleuse enceinte.
L'implication des fournisseurs dans le projet de loi apparaît une
mesure sage. Cependant, les normes qui seront prescrites par les prochains
règlements devront s'appuyer sur des approches réalistes qui
tiennent compte des ressources raisonnables disponibles, des limitations
technologiques et prévoient un certain étalement dans le temps
pour de sérieuses raisons. Par exemple, le volume d'achat
québécois de certains de ces équipements, matériels
et produits est peut être trop restreint pour imposer aux manufacturiers
à l'extérieur du Québec des normes qui ne sont pas
exigées ailleurs.
Imposer des normes supérieures à celles du marché
régulier peut retarder la livraison et causer des dommages
sérieux à l'emploi et à la production.
Quels que soient les motifs positifs qui supportent l'intervention des
membres du comité de santé et de sécurité de
l'établissement, ce dernier doit demeurer un mécanisme de
consultation et de recommandation à l'employeur.
L'obligation faite à l'employeur d'étaler les
problèmes de santé et de sécurité au comité,
de même que la possibilité pour les représentants des
travailleurs du comité de faire connaître aux travailleurs leurs
droits et de les assister dans l'exercice de ces droits, ne doit pas faire
perdre de vue que le responsable, au premier titre, demeure l'employeur.
La responsabilité d'établir des programmes de santé
et de prévention demeure celle de l'employeur qui reste libre
d'utiliser, selon ses besoins, les ressources et expertises nécessaires.
Il est en droit d'exiger que la loi limite le rôle du comité de
santé et de sécurité au rôle de conseiller. Rien
n'empêchera l'employeur d'élargir ce rôle, s'il le juge
approprié, en temps et lieu.
L'information des représentants de l'employeur et des
travailleurs en matière de loi, règlements et normes devrait
être conjointe, comme nous l'avons suggéré à divers
endroits de notre rapport, principalement sous la partie
coopération.
Nous recommandons donc que les fonctions du comité de
sécurité soient réécrites pour indiquer clairement
qu'elles se limitent à des rôles de consultation, d'analyse, de
recommandation et d'information. Les exigences de rapports, tant par la
commission que par l'employeur ou le syndicat local, devront être
maintenues au minimum. Les représentants des travailleurs au sein du
comité doivent être des travailleurs de l'établissement.
L'information des représentants au comité, face à leurs
fonctions, devra être conjointe, puisque tout repose sur la
coopération.
Le projet de loi introduit un nouvel élément, un nouvel
intervenant: le représentant à la prévention qui
n'apparaissait pas dans le livre blanc. L'association forestière
s'oppose à l'introduction d'un tel représentant, qu'il y ait ou
non amendement aux devoirs prévus pour ce dernier au projet de loi.
L'association recommande de ne pas imposer, par la loi,
l'élection d'un représentant de prévention dans un
établissement. C'est aux membres du comité d'évaluer la
nature des outils qu'ils sont prêts à accepter conjointement.
Réserver à l'employeur le droit d'utiliser ou d'assigner
une personne compétente aux instruments ou appareils nécessaires
à l'évaluation des dangers dans un établissement.
L'inspecteur du gouvernement conserve cependant son droit de les
utiliser lui-même, s'il est accrédité pour le faire, ou de
recourir à un expert, si nécessaire.
L'association forestière a accepté, en 1978, le principe
d'associations paritaires de santé et de sécurité au
travail. Nous recommandons qu'avant de devenir sectorielles les associations
patronales actuelles deviennent paritaires et ne cheminent vers le sectoriel
que progressivement, en laissant les parties faire le cheminement ensemble,
librement. (12 h 45)
Qu'on laisse aux parties le soin de déterminer entre elles les
éléments de leurs structures et des procédures de
résolution de désaccords. La détermination par
règlement de leurs manières de fonctionner peut nuire à la
collaboration nécessaire à la survie de l'association.
Que les parties puissent convenir que, pour certains services
excédentaires aux exigences de la loi, une cotisation spéciale
puisse être prélevée auprès des
intéressés, soit pour assurer le sérieux des demandes de
services, soit pour obtenir un consensus sur les frais non
budgétisés ou refusés dans les subventions de la
commission.
Que l'abrogation de l'article 110 de la Loi des accidents du travail,
prévue à l'article 238, soit reliée à la formation
des associations paritaires pour avoir une transition ordonnée.
L'Association des industries forestières du Québec, dans
la nouvelle orientation que prend la prévention, s'oppose fortement
à ce qu'une association non paritaire puisse obtenir une subvention
annuelle ou autre. Sa position repose sur le principe que la nouvelle loi
exigera une coopération étroite des parties. Il faudra, au niveau
de l'information et de la formation, s'assurer que les parties approchent les
problèmes dans une même perspective. Les parties doivent
être libres d'utiliser leurs propres fonds pour des programmes qui leur
sont spécifiques.
La coopération des parties présuppose que les parties ont
une compréhension commune des règlements et des normes, et le
travail pour en arriver à ce niveau doit être entrepris dans une
approche conjointe. L'association forestière reconnaît que les
services de santé du travail doivent être accessibles aux
travailleurs et que chaque établissement de l'employeur doit
répondre aux normes minimales établies et contrôlées
par un service d'inspection approprié. Les employeurs membres de notre
association ont des services de santé d'établissement bien
structurés et les services offerts sont certainement plus nombreux que
les normes minimales que le gouvernement pourra établir via les centres
de santé communautaires, à court ou à moyen terme.
L'association s'oppose aux dispositions du projet de loi qui, pour
assurer les services de santé au travail, procèdent au
recrutement du personnel médical et paramédical
déjà en place, imposent à toutes fins pratiques, dans
chaque établissement, une occupation des facilités existantes ou
requises, prescrivent la disponibilité des appareils, instruments et
équipements nécessaires aux services de santé pour l'usage
par du personnel extérieur à l'entreprise et interdisent un
programme de santé additionnel sans l'assentiment des
représentants des travailleurs. Une telle intervention de l'État
ne cadre pas avec les principes de liberté d'entreprise
nord-américains que nous partageons et ne reflète pas les
intentions du ministre exprimées dans le livre blanc.
La prise en charge des services de santé d'établissements
par des organismes d'État fait déjà entrevoir que, pour
des fins administratives, il deviendra nécessaire de supprimer certains
droits individuels. L'association croit que, même avec la nouvelle loi,
le droit demeure pour l'employeur et le travailleur de choisir leur propre
médecin pour l'examen et les soins à un accidenté du
travail, ou encore qu'une personne a la liberté de choisir le
professionnel ou l'établissement dans lequel elle désire recevoir
ces soins.
En sera-t-il toujours ainsi? Nous croyons qu'il faut prévenir la
détérioration de ces droits, et le premier moyen est d'intervenir
dès maintenant. L'association demande que les services de santé
existants demeurent en place et que leur dépendance de l'employeur soit
maintenue, ceci dans l'intérêt général des
travailleurs bénéficiaires, ainsi que du personnel médical
et paramédical qui en assure le bon fonctionnement.
En deçà des normes que la loi proposera, il restera
toujours à l'employeur des droits et des obligations qui exigeront le
recours à des services médicaux et paramédicaux, soit en
raison des programmes de santé complémentaires, des programmes
négociés de bénéfices aux employés, des
représentations médicales face aux décisions de la
commission au sujet d'accidents du travail et de normes de santé que
l'employeur est en droit d'exiger des nouveaux travailleurs ou des travailleurs
en place.
L'association s'oppose à l'obtention préalable de
l'assentiment des représentants des travailleurs au sein du
comité de santé et de sécurité pour mettre en
application un programme de santé additionnel à celui
prévu par la loi. De tels programmes relèvent des
responsabilités administratives de l'employeur et doivent demeurer, car
ce dernier est soumis au respect des lois et exposé à leurs
sanctions s'il ne s'y conforme pas.
Nous recommandons donc que l'établissement doté d'un
service médical puisse le maintenir si ce service satisfait aux normes
et règlements minimaux des services de santé du travail.
L'État doit éviter, dans sa législation sociale, d'aboutir
à l'érosion du droit des personnes que lui-même cherche en
d'autres circonstances à protéger.
Le centre de santé communautaire doit aider les employeurs
à se doter de services de santé d'établissements au lieu
de chercher à les absorber. Le centre de santé communautaire doit
surveiller l'application des programmes minimaux de santé au niveau des
établissements et s'assurer la coopération des employeurs dans
les travaux de recherche, d'études épidémiologiques ou
autres. L'employeur n'a pas à obtenir au préalable l'assentiment
des représentants des travailleurs au comité de santé et
de sécurité pour mettre en application un programme de
santé additionnel à celui prévu par la loi. Le choix du
médecin et son embauche font partie des droits administratifs de
l'employeur. Il en est de même pour son personnel paramédical.
L'employeur doit rester propriétaire de la partie subjective des
dossiers sous le contrôle du médecin de l'établissement.
Ici j'aimerais faire une précision. L'entreprise ne fait que garder les
documents, les entreposer, ils sont la propriété de la profession
médicale, ils ne sont pas la propriété de l'entreprise.
C'est dans ce sens qu'il faut interpréter cette recommandation.
La multitude des règlements à venir que laisse
prévoir l'article 185 du projet de loi indique clairement que le service
d'inspection devra être hautement spécialisé pour appuyer
les inspecteurs dans les différents rôles qu'on veut leur faire
jouer. Notre association considère qu'il est essentiel que ce service
relève d'un organisme indépendant de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Si cette
dernière doit jouer un rôle quasilégislatif, il
faut donc un organisme quasi judiciaire pour voir à l'application de la
loi et des rè-
glements. Ceci évitera à la commission d'être juge
et partie, d'autant plus que les appels sont prévus comme relevant de la
commission.
L'association recommande donc que le service d'inspection continue de
relever du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Le paiement de
la rémunération du médecin responsable des services de
santé dans un établissement par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec n'affecte en rien notre objection de base
à ce qu'il ne soit pas au service d'un employeur, d'un groupe
d'employeurs ou d'associations d'employeurs.
En conclusion, le principe de base de toute la nouvelle loi repose sur
la coopération des parties, tant patronale, syndicale que
gouvernementale. Il fait appel à des groupes qui doivent avoir la
maturité nécessaire pour viser des objectifs communs de
mieux-être en milieu de travail, pour autant que les moyens financiers
sont disponibles et que les techniques suggérées sont
applicables.
La négociation collective nord-américaine a, sur bien des
points, habitué les parties à certains degrés de
confrontation, laissant libre jeu aux moyens de pression des parties. Le
cheminement vers des approches plus réalistes ne pourra pas s'imposer du
jour au lendemain et cette réalisation doit en tenir compte plus que
toute autre. Il serait illusoire de penser introduire dans cette loi une clause
rendant obligatoire la coopération entre les parties. Il apparaît
à notre association que le raccourci le plus réaliste pour
accroître la coopération des parties repose sur l'information et
la formation conjointes des intervenants à tous les niveaux des nouveaux
mécanismes qu'érigera la loi.
Le législateur devrait prévoir, avant la promulgation de
la loi, d'organiser partout dans la province des cours d'information sur la
portée objective de la nouvelle loi, préparés par un
comité tripartite, gouvernement, patronat et syndicat, dont les membres
seraient désignés par le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre du ministère du Travail. Ces cours seraient offerts
à des délégués syndicaux et patronaux et suivis
conjointement par eux. Les organismes qui enverraient des
délégués devraient absorber les frais de
déplacement de leurs représentants et l'employeur, les salaires
perdus.
M. le Président, au niveau de notre industrie, toutes nos
conventions collectives prévoient un comité conjoint de
santé au travail. Ces comités sont très actifs et ont
démontré un très bon esprit de coopération.
Le Président (M. Dussault): M. Pinard, je vous remercie.
M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, très rapidement, dans
les quelques minutes qui nous restent, je voudrais d'abord remercier
très sincèrement l'Association des industries forestières
du Québec du mémoire qui nous a été
présenté ce matin. Je pense qu'en toute honnêteté,
on doit admettre qu'il s'agit d'un mémoire extrêmement
fouillé, en particulier quand on prend connaissance de l'an- nexe. Vous
avez procédé à une analyse très
systématique, point par point, d'un bon nombre des articles du projet de
loi; vous avez formulé des recommandations en annexe et je voudrais vous
dire et vous assurer, parce qu'on n'aura pas le temps de reprendre tout
ça en détail, que chacune des recommandations qui sont contenues
là sera examinée très attentivement.
Je tiens à souligner également ça ressort en
particulier, notamment mais non exclusivement comme on dit dans le jargon
les trois premières pages de votre mémoire où vous
vous dites en accord non seulement avec l'objectif, l'approche, mais
également avec toute une série d'éléments qui sont
à la fois du domaine des droits nouveaux à être reconnus,
des instruments, des outils et le reste. Je pense que cela est
extrêmement positif.
Je m'en tiendrai à quelques commentaires et questions sur
lesquelles il sera possible de réfléchir pendant la
période du dîner pour nous apporter les réponses en
revenant. D'une part, en ce qui concerne le droit de refus, il est exact
qu'à la suite de la consultation qui a suivi le livre blanc, dans le
cadre d'une très large tournée à travers le Québec,
on a reçu plus d'une cinquantaine de mémoires de divers groupes,
on a rencontré quantité de groupes.
Effectivement, on en est venu à la conclusion qu'il n'y avait pas
lieu de qualifier le danger par une notion d'imminence ou autrement, mais
plutôt, ajustée à la réalité du
Québec, de retenir une approche qui vise à baliser par le biais
d'un certain nombre de dangers qui sont inhérents à des fonctions
ou à des tâches, d'autant plus que la jurisprudence actuellement
au Québec ne le qualifie pas, que la loi ontarienne ne qualifie pas le
danger comme tel, alors que, vous le savez, l'approche de la loi ontarienne
vise plutôt à exclure des groupes. Ceci étant dit, votre
position sur le retrait préventif m'étonne un peu, en ce qui
concerne la travailleuse enceinte.
J'aurais deux questions très précises: Combien y a-t-il
exactement de femmes qui travaillent dans vos industries en forêt?
Deuxièmement, combien y a-t-il exactement de femmes qui travaillent dans
les usines, en excluant le personnel de bureau? Cela permettrait de nous
éclairer et de mieux voir sur quoi vous assoyez votre position en ce qui
concerne votre entreprise et votre demande pour qu'on retire ce retrait
préventif du projet de loi.
Aux pages 6 et 7, vous donnez votre appui aux obligations qui sont
faites aux fournisseurs. Je ne vous cacherai pas que je m'en réjouis
grandement, je pense que vous avez parfaitement raison. Cela confirme notre
hypothèse qu'effectivement, dans bon nombre de cas, les obligations qui
n'existaient pas doivent être établies, ou en tout cas une base,
quant aux fournisseurs, parce que, dans bon nombre de cas, ça ne
relève pas du problème premier du producteur qui utilise les
équipements, le matériel ou la machinerie, mais du fournisseur.
Cela, je le note avec grand plaisir.
Maintenant, je tiens à vous dire tout de suite... Vous notez et
vous demandez que les représen-
tants des travailleurs au comité de santé et de
sécurité soient des travailleurs de l'établissement. Je
peux vous dire très franchement que c'est l'intention du projet de loi,
parce que, nous semble-t-il, ça va de soi. Effectivement, cependant, le
projet de loi ne le dit pas explicitement comme tel. Peut-être y
aurait-il lieu de le dire explicitement et soyez assurés qu'on va
regarder ça de très près.
Quant au matériel d'information, j'en prends bonne note et vous
pouvez être assurés qu'on va faire tout ce qui est humainement
possible pour y arriver. Vous demandez qu'on évite de retomber dans la
paperasse; je suis plus que très sensible à cette question et je
pense que je ne suis pas le seul parmi les membres du gouvernement actuel.
Un dernier point: vous formulez plusieurs constatations, plusieurs
éléments de réflexion autour de ce que vous appelez "la
notion de liberté de choix du médecin". J'aimerais que vous
répondiez à la question suivante, qui est très
précise encore là, ça vous laissera l'heure du
lunch pour y penser: Est-ce que vous estimez que c'est de la liberté de
choix du médecin, pour des hommes et des femmes qui travaillent dans vos
entreprises, en forêt, en usine, que d'être traité par le
médecin qui est payé par l'entreprise? Est-ce que cela est votre
conception de la liberté du choix du médecin?
Voilà, M. le Président, très rapidement, mes
commentaires-questions, auxquels on pourra revenir après le
dîner.
Le Président (M. Dussault): II passe déjà 13
heures de quelques minutes. Nous aurons des réponses cet
après-midi évidemment. Nous reviendrons en commission à 15
heures. Je suspends les travaux de cette commission jusqu'à 15
heures.
Suspension de la séance à 13 h 1
Reprise de la séance à 15 h 8
Le Président (M. Dussault): La commission va reprendre ses
travaux. Au moment où nous avons suspendu, cet avant-midi, la commission
avait entendu le mémoire de l'Association des industries
forestières du Québec Limitée. M. le ministre avait
posé quelques questions à nos invités, auxquelles nous
attendions des réponses cet après-midi. Je laisse maintenant la
parole à M. Pinard.
M. Pinard: M. le ministre, le nombre total d'employés en
production d'usine est de 25 382 selon Statistique Canada.
M. Marois: Je le sais, mais ce n'était pas ma
question.
M. Pinard: Sur ce nombre, il y a 400 femmes. M. Marois: En
forêt?
M. Pinard: En forêt, presque pas.
M. Marois: En usine, en excluant les employés de bureau,
c'était cela, mes deux questions précises.
M. Pinard: Dans les bureaux, il y a un total de 7609
employés, et 1600 femmes.
M. Marois: En usine, en excluant les employés de bureau,
combien est-ce qu'il y a de femmes?
M. Pinard: En usine, en excluant les employés de bureau,
il y a 400 femmes.
M. Marois: Bien.
M. Pinard: Vous demandez pourquoi on s'oppose. D'un
côté, vous dites que ce ne sera pas relié au nombre de
femmes qu'on emploie. On est le plus gros employeur. On a une liste de paie de
$700 millions. Alors, on va être ceux qui vont payer le plus.
M. Marois: Le gouvernement du Québec n'est pas un petit
employeur non plus. Il sera soumis à la loi, lui aussi.
M. Pinard: Dans l'avenir, on va employer certainement plus de
femmes. Dans nos opérations forestières, on commence à en
employer. Dans nos usines, la même chose. Il y a plusieurs programmes du
gouvernement qui vont rendre la chose plus facile. Mais notre objection est
surtout une objection de principe au fait de se servir d'une taxe. On regarde
un peu cela comme une taxation indirecte sur l'industrie, au lieu de la
répartir sur toute la société, comme cela devrait
être le cas pour une loi sociale.
Ici, j'aimerais vous poser une question, si vous me le permettiez, M. le
ministre. Quand vous parlez de danger, de baliser les définitions de
danger, nous avons certaines craintes à ce sujet, si on le
définit, de se ramasser, comme dans les hôpitaux, à
négocier des services essentiels je fais le parallèle
à savoir qu'est-ce qui est un danger imminent, quels seront les
postes qui comportent un danger inhérent et ceux qui n'en comportent
pas. Cela pourrait faire tout un grabuge.
M. Marois: Bien sûr, notre intention était
d'une part, je pense que l'article 11 est formel de ne pas qualifier,
comme tel, le danger, au point de départ. Ce qui est, d'ailleurs,
l'approche retenue dans certaines législations, notamment la
législation ontarienne, et ce qui est l'approche retenue dans un certain
nombre de conventions collectives. L'article 26.01 ou 26.02 du décret de
la construction ne qualifie pas le danger non plus. C'est aussi
l'arrêté en conseil 3787 qui ne le qualifie pas.
D'autre part, on dit quand même y accrocher une balise par la
notion d'inhérence à la fonction, d'un danger qui est
inhérent à la fonction. Le cas classique dont on parle depuis le
début des tra-
vaux de cette commission, c'est le policier de la brigade criminelle.
C'est évident que c'est dangereux d'aller sur un lieu où il est
en train de se produire un acte criminel, ou comme le pompier, au feu. Cela
étant dit, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des mesures qui
doivent être prises pour que, déjà, à la source, on
réduise les risques au minimum. Les Ontariens, comme vous le savez, ont
procédé par exclusion. Ils n'ont pas qualifié le danger
dans leur loi. Ils ont dit: Telle, telle et telle catégorie d'hommes et
de femmes au travail sont exclues de l'application du droit de refus, ce qui ne
leur enlève pas, pour autant, ce qu'on appelle le droit naturel de
refus. Tous les tribunaux admettent le principe qui veut qu'aucune loi au monde
ne pourra jamais empêcher un homme ou une femme au travail de refuser de
faire un travail parce qu'il considère que c'est un danger pour sa vie,
le cas échéant.
Donc, c'est dans ce sens qu'à 12 on l'a qualifié par la
notion d'inhérence à la fonction; encore une fois; ce n'est pas
inhérent à une fonction, à un état
d'insalubrité ou de délabrement d'une entreprise; ce n'est pas
inhérent à une fonction et ce n'est pas normal et habituel non
plus. C'est peut-être habituel dans l'entreprise, mais ce n'est pas
normal, habituel et inhérent à la fonction. Il y a une
distinction, et les tribunaux, là-dessus, ont accumulé une
jurisprudence. C'est dans ce sens-là qu'on évoquait une notion de
balise.
Mais, enfin, par ailleurs, on a eu d'autres recommandations devant nous
qui vont nous amener à nous interroger sur cette partie. On verra... Il
n'y a pas de formule miracle, mais ce qu'on sait, c'est qu'il faut, quelque
part, une forme de balise.
M. Pinard: Maintenant, à votre autre question, en ce qui a
trait au choix du médecin d'un employé, alors qu'une compagnie a
un médecin à son emploi, le médecin de compagnie ne traite
pas l'employé. Il s'occupe de prévention, de premiers soins et de
cas d'urgence. L'employé a le plein choix de son médecin quand il
s'agit de traitements pour des maladies personnelles ou industrielles.
M. Marois: Mais est-ce que ce ne sont pas les mêmes
fonctions de prévention, étendues et élargies, qui
seraient confiées aux médecins affectés au domaine de la
santé, en vertu du projet de loi no 17? Où trouvez-vous qu'on
enlève le principe, qui est sacré, du libre choix d'un homme ou
d'une femme, qu'ils soient au travail ou non, d'aller voir leur médecin
pour être traités? Où cela paraît-il dans le projet
de loi?
M. Pinard: Vous m'avez posé la question, à savoir
si l'employé était libre...
M. Marois: Non, j'essayais de cerner... C'est parce que vous
l'évoquez comme question, le libre choix...
M. Pinard: Oui.
M. Marois: J'ai simplement essayé, en toute justice et en
toute équité d'essayer de comprendre le mieux possible ce que
vous formulez comme recommandations et les raisons pour lesquelles vous
formulez ces recommandations. Je pense que c'est notre rôle, ici.
M. Pinard: Si je comprends bien le projet de loi je ne
suis pas un expert comme plusieurs de mes confrères, je suis
plutôt un généraliste l'employé devra aller
voir un médecin au CLSC; actuellement, il a le choix d'aller où
il veut.
M. Marois: Pour être personnellement traité?
Où trouvez-vous cela dans le projet de loi? L'affirmation que vous venez
de faire, où trouvez-vous cela dans le projet de loi? Vous ne trouverez
cela nulle part, je vous mets au défi de me trouver cela, pas pour
être traité, pas du tout. C'est tellement le contraire,
d'ailleurs, que, dans le cas du retrait préventif de la femme enceinte,
on dit que c'est le certificat médical de son médecin à
elle. Si ce n'est pas le principe du libre choix, je ne comprends plus.
M. Ferragne (Roger): Le point qu'on a relevé dans notre
rapport, c'est qu'on considère que le service de santé, dans le
principe de la loi, étant une responsabilité de l'employeur de
voir à ce que l'établissement soit sécuritaire pour la
santé des travailleurs, que l'employeur considère normal que le
service de santé relève d'un médecin qu'il a
embauché pour s'acquitter de ces tâches, quitte à utiliser
des services que le gouvernement pourra offrir pour coordonner l'ensemble des
services, mais que le médecin resterait le responsable de ce service de
santé dans son établissement.
Le Président (M. Dussault): C'est terminé pour ce
qui est de M. le ministre. M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, brièvement, je
remercie l'Association des industries forestières du Québec pour
le document très bien préparé, très bien
étoffé qu'elle nous a déposé aujourd'hui. Plusieurs
des éléments qu'il met en relief coïncident avec des
éléments ou des approches que nous avons déjà eu
l'occasion de formuler à l'endroit d'autres intervenants, ou encore
à l'endroit du ministre, soit au cours de la discussion ou lors de notre
déclaration d'ouverture, ici, à l'ouverture des travaux de cette
commission.
Vous représentez un secteur qui peut témoigner d'une
expertise et d'une expérience assez valables, je pense, dans des actions
qui ont été faites, entre autres dans le secteur des pâtes
et papiers, au niveau de la santé et de la sécurité. On ne
peut pas en dire autant de tous les secteurs industriels du Québec,
évidemment. Je suis convaincu que le dépôt de votre
document ne peut qu'être contributif à tout ce débat.
Vous avez quand même des éléments qui m'ont un peu
surpris dans votre mémoire. Le secteur des pâtes et papiers est un
secteur qui est bien organisé, un secteur qui est fortement syndi-
qué, si ce n'est pas qu'il est complètement
syndiqué; un secteur où il y a eu des batailles, des luttes, des
affrontements entre le milieu patronal et le milieu syndical, luttes qui, dans
une certaine mesure, ont été bénéfiques à
l'entreprise et à l'industrie en général, si on peut dire,
par l'amélioration que cela a impliqué, entre autres, au niveau
de la santé et de la sécurité.
Aujourd'hui vous dites dans le mémoire, sur la question des
comités paritaires, par exemple, que tout cela devrait demeurer
strictement consultatif. Au niveau de la participation des travailleurs
à ces comités paritaires et de la participation des travailleurs
à quelque échelon que ce soit de la structure, cette
participation ne devrait pas se faire par le syndicat mais bien par un
délégué choisi ou une personne choisie à même
l'ensemble des travailleurs.
J'aimerais vous demander comme première question, parce que cela
a souventefois fait l'objet de nos discussions, ce qui était
négociable ou ce qui devait être négociable et ce qui ne
devait pas être négociable. Quant à nous, notre position
est celle-ci. D'ailleurs, on a déjà eu l'occasion de l'exprimer,
je vais vous la réitérer brièvement. Il y a des choses
positives qui ont été faites dans le passé, il y a des
secteurs de l'industrie qui sont plus en avance que d'autres; il y a des
secteurs où l'industrie était davantage consciente de
l'obligation qu'elle avait en tant qu'employeur de se préoccuper et
d'agir au niveau de la santé et de la sécurité au travail.
Je crois que le secteur des pâtes et papiers est un secteur de
l'industrie québécoise qui s'est préoccupé et qui a
déployé des efforts jusqu'à maintenant au niveau de la
recherche, au niveau des échanges, du dialogue et de l'acceptation, dans
plusieurs conventions collectives, de certaines normes.
La conclusion à laquelle on en vient, c'est que dans les secteurs
syndiqués, nous voulons privilégier et c'est ce qu'on a
exposé ici l'approche de donner davantage de pouvoirs et le plus
de pouvoirs possible aux parties en place. Que l'employeur et son syndicat
négocient et qu'ils négocient sur des questions de santé
et de sécurité plutôt que d'arriver avec des grands
programmes-cadres qui s'appliqueront dans l'entreprise, où je ne suis
pas convaincu que la participation des travailleurs sera ce qu'on peut en dire
autour de cette table à l'occasion, avec des décisions et avec un
arbitrage obligatoire sur plusieurs points, une commission qui sera
extérieure aux deux parties, employeur et employé, qui aura
à prendre des décisions, et un médecin qui sera
peut-être nommé par le comité paritaire. Mais là
où il y a désaccord, il est nommé ailleurs et par d'autres
personnes. Le réseau de santé n'est plus dans l'entreprise. On
prend le réseau de santé et on le met dans le réseau
public. On semble manifester beaucoup de confiance au réseau public.
Enfin, on pourrait se poser beaucoup de questions à l'égard de
tout ça.
Notre position, quant à nous, c'est pour autant que faire se
peut, le gouvernement aurait dû agir sur une base prioritaire dans les
secteurs où il doit intervenir plutôt que de faire table rase de
ce qu'il y avait avant, de ce qui est dangereux ou de ce qui peut arriver
aussi, et, où il y a des syndicats, laisser davantage de pouvoirs
à la libre négociation des parties. On a quand même des
représentants de plusieurs industries du Québec; on a des gens de
la Quebec North Shore, on a des gens de la Consolidated Bathurst, de la Domtar,
tout ça. Est-ce que ce serait possible, est-ce que vous pourriez nous
indiquer quelle a été l'évolution de ce dossier, du
dossier de santé et de sécurité faisant suite à la
libre négociation des parties? C'est quoi la santé et la
sécurité au travail dans vos conventions collectives depuis une
dizaine d'années?
On a eu des représentants syndicaux qui nous ont dit publiquement
ici c'était reproduit dans leur mémoire que
peut-être trop longtemps, au Québec, même le milieu syndical
ne se préoccupait pas suffisamment de santé et de
sécurité au travail, mettant plutôt l'accent sur les
bénéfices marginaux, les conditions de salaire, tout
ça.
J'aimerais savoir ce qui s'est fait. Est-ce que la libre
négociation chez vous, dans vos entreprises a été un
élément concluant, qui a contribué à
améliorer la santé et la sécurité au travail?
M. Pinard: Je demanderais à M. Ferragne de la Consolidated
Bathurst, de vous éclairer sur la question.
M. Ferragne: Mon expérience du milieu forestier est
peut-être plus valable que celle du domaine des usines, parce que j'ai
oeuvré plus longtemps dans le domaine forestier. Maintenant, je peux
vous dire qu'au début des années cinquante, quand la notion de
sécurité était là, on travaillait à la
sécurité comme on y travaille aujourd'hui. Les
éléments de sécurité en ce temps-là,
c'était de dire aux gens: II faut être prudent, et on donnait des
exemples. Le fatalisme, à ce moment-là, était la notion
que les gens retenaient. Je me rappelle très bien qu'un type avait
été accidenté, en 1956. Il était mort après
avoir reçu un chicot sur la tête. On avait attendu quelques jours
pour retourner au camp pour essayer de promouvoir le port du casque de
sécurité, en 1956.
Au camp, il y avait le frère de l'accidenté et son cousin.
Après avoir exposé l'importance de se protéger contre les
hasards comme ceux des chicots, disant qu'on ne pouvait pas prévoir
l'état de certains chicots, après avoir fait un exposé
valable, on a dit au frère de l'accidenté: Maintenant, toi, on ne
veut pas jouer sur tes sentiments, quel est ton comportement vis-à-vis
du casque de sécurité? Le gars dit: Moi, je ne le porterai pas,
cela devait arriver et c'était pourtant bien proche.
C'est pour dire qu'au début... À ce moment-là,
quand il s'agissait de faire porter le casque... J'admets que c'est une
prothèse, mais dans des conditions comme celles de la construction, elle
était nécessaire.
On a commencé à faire évoluer cette approche en
1954; le vendeur de chapeaux a sorti un chapeau de son coffre, me l'a mis sur
la tête près
du stationnement de la compagnie et je suis entré dans le bureau
de la compagnie avec le chapeau; les gens étaient dans la fenêtre
pour me voir passer avec un chapeau.
Après ça, on l'a introduit avec l'inspecteur de
sécurité, ensuite avec le contremaître, avec les
inspecteurs forestiers, avec les mesureurs, progressivement, et on a
été capable d'imposer le chapeau de sécurité
seulement en 1959, alors qu'on avait commencé en 1954, parce qu'il
fallait préparer la mentalité.
C'est un peu la même chose pour la veste de
sécurité. On avait beaucoup de travaux de drave dans les
années cinquante; à ce moment, les draveurs n'étaient pas
des gens qui savaient nager, mais ils étaient constamment sur l'eau
quand même. Malheureusement, on a vécu plus de mortalité de
draveurs qu'il n'était nécessaire. Je me souviens que mon patron
m'a dit: Combien ça va coûter pour mettre une ceinture de
sauvetage sur le dos de chaque gars qui va travailler sur l'eau? On a dit: Cela
va coûter tant. Alors, il m'a dit: Demain matin, commence. Le
manufacturier a dit: Vous me donnez une commande impossible.
Mais ensuite, en 1957, ça a été obligatoire et
l'industrie en général a suivi le même mouvement. Il y a eu
des années entières où il n'y a pas eu de noyade, dans
l'industrie forestière, alors qu'il y en avait 19 en 1956. L'an
passé, lors d'une circonstance où le port de la ceinture n'a rien
changé, il y a eu une victime.
Du côté des accidents aux genoux, quand on est
arrivé avec la hache, autrefois, lorsque le gars se coupait le gras de
la jambe, c'était le genre d'accident. Quand la scie mécanique
est arrivée, on s'est aperçu que les accidents arrivaient aux
genoux; évidemment, si on mettait une garde tout autour de la
chaîne, il n'y aurait pas d'accident, mais on n'aurait pas coupé
de bois; il y avait quand même un outil qu'il fallait protéger.
Alors, on a travaillé sur des éléments qui
protégeaient par en haut et par en bas. Mais, là encore, il a
fallu assez de temps pour amener les gens à réaliser ou à
être conscients; ce n'est peut-être pas à la source, mais on
a travaillé à la source en même temps. L'association de
sécurité travaillait, par son comité d'évaluation,
à améliorer la scie mécanique, en 1956, 1957 et 1958, on
avait à peu près 6% à 7% d'accidents aux genoux; la scie
mécanique a fait monter ce pourcentage à 15% et, par l'effort du
travail d'éducation, du travail de l'amélioration de l'outil, les
accidents aux genoux ont baissé à 5% ou 6% et on sait qu'un type
peut tomber, se blesser, avoir un accident aux genoux, mais les accidents aux
genoux ont passé de 16% à 5%. Cela a pris un certain temps et
beaucoup d'éducation.
C'est sur tous les plans, surtout la machinerie. Quand la
débusqueuse est arrivée, vers 1965, le comité
d'évaluation s'est regroupé. On a étudié la
machine. On a fait une série de recommandations sur la structure de la
machine. L'association québécoise s'est adressée à
l'Association canadienne des pâtes et papiers pour dire: Voulez-vous
procéder avec les fabricants de ces machines-là pour modifier les
machines sur tel, tel et tel points? Ces mesures ont été
portées chez les manufacturiers et il y a eu un travail comme cela.
D'un côté, l'association des employeurs, patronale a
travaillé sur les éléments de sécurité
à la source et, d'un autre côté, en attendant de trouver
tous les moyens, les employeurs ont travaillé à aider les gens
à se protéger. Dans les usines, le phénomène a
certainement suivi cette évolution-là. Je regardais encore
récemment chez nous. On me donnait un dossier, par exemple, qui date de
1977 on aurait pu m'en donner un autre d'avant où on
établit tous les endroits, géographiquement, la carte de l'usine,
si l'on veut, où il y a des concentrations de bruit, de chaleur,
d'utilisation des produits chimiques de chaque usine et, en plus de cela, quels
sont les éléments qui ont été apportés pour
réduire ces risques de chaleur, de bruit, de contaminants et quels sont
les programmes qui doivent être établis dans les prochaines
années. Le dossier de cette année devra être
révisé le 1er janvier 1980. Nécessairement, après
quelques années, il faut réviser ce dossier-là parce qu'on
s'en va avec cela dans la projection.
En plus de cela, actuellement j'ai des exemplaires que je pourrai
sortir dans chacune de nos usines, non seulement le manuel de
prévention est là, mais il y a ce qu'on appelle l'initiation au
travail, un document d'initiation au travail dans lequel on dit à
l'employé quelles sont les tâches pour chacune des occupations et
quelles sont les précautions à prendre dans la manipulation de
ses instruments de travail. Cette évolution-là...
Évidemment, les produits chimiques, comme partout ailleurs, sont plus
abondants qu'ils ne l'ont jamais été et, dans ce
domaine-là, l'étude continue à se faire. Il y a une prise
de conscience de ces risques-là. C'est constamment en évolution.
Je ne pense pas que l'industrie puisse... Je dirais qu'il y a de la place pour
une amélioration, l'industrie en est consciente, mais il y a beaucoup de
travail qui se fait.
M. Pagé: Vous m'avez répondu surtout eu
égard à l'évolution technique ou aux problèmes
techniques que vous avez dû affronter avec les années, avec les
nouveaux équipements, etc. La question, c'est celle-ci: Le
renouvellement des conventions collectives et les négociations
étaient-ils une préoccupation du milieu? Est-ce que cela a
contribué à améliorer la situation qui prévaut dans
nos usines dans le moment?
M. Morasse (Paul): Au niveau des usines, on peut dire que depuis
environ 1965, par l'intermédiaire des conventions collectives, il y a
des articles qui prévoient des comités conjoints de
sécurité. Si je me réfère à notre compagnie,
la compagnie de papier QNS, ces comités existent depuis 1965 et
fonctionnent régulièrement.
Au fur et à mesure des années, ces articles ont
été modifiés et, il y a environ quatre ans, si je ne
m'abuse, dans l'ensemble de toutes les compagnies de papier au Québec,
vous avez des provisions à cet égard. Dans l'ensemble des
compa-
gnies également, vous avez des comités conjoints qui
fonctionnent. (15 h 30)
Chez nous, le comité fonctionne de façon
régulière, mensuellement. Il est composé de
représentants syndicaux et patronaux, de façon égale. Le
comité est présidé par le directeur de l'usine. Donc, cela
permet un meilleur suivi sur les décisions qui sont prises par le
comité, décisions qui sont de nature de recommandation, mais dont
les suites sont faites par les représentants patronaux par la suite.
Attachées à ces comités, vous avez également
des inspections qui sont courantes dans les départements, des
inspections qui sont faites avec les représentants de la
sécurité et également avec des représentants
départementaux dans les différentes sections de l'usine.
Le comité central siège de façon
régulière, comme je vous l'ai mentionné et il y a aussi un
horaire de rencontres, afin de s'assurer que ces rencontres ont lieu à
des dates fixes et que le suivi soit apporté. Je crois que dans
l'ensemble des compagnies, la chose procède exactement de la même
façon également.
M. Pagé: Les comités sont strictement consultatifs
et la décision revient à l'employeur d'accepter ou non une
recommandation qui est formulée par le comité.
M. Morasse: Par contre, lorsque vous travaillez du
côté de la consultation et que vous vous orientez vers la
coopération, premièrement, cela élimine la question
d'affrontement au niveau du comité. C'est ce qui est important. C'est
d'avoir des comités qui vont fonctionner en coopération. Si vous
êtes capable de bâtir cet esprit de travail, il est certain que de
part et d'autre, les gestes qui vont être posés vont être
positifs et vous allez également être assuré que les choses
vont se réaliser.
Je crois que nous avons pu nous rendre compte de cet état de
chose jusqu'à maintenant.
M. Pagé: Concernant le droit de refus, d'abord c'est un
droit. Là-dessus, on a exprimé notre accord avec la notion du
droit de refus, tel que contenu dans le projet de loi 17. C'est un droit qui
est naturel et qui ne peut pas être plus fondamental que celui pour un
individu de refuser de travailler, lorsque le travail implique un danger qui
peut mettre en cause, sa vie, sa sécurité ou son
intégrité physique et tout cela. C'était reconnu,
d'ailleurs, dans la jurisprudence. Certaines industries oeuvrant dans le
secteur des pâtes et papiers ont même ce droit de refus dans leur
convention collective. C'est le cas, entre autres, pour une entreprise dans mon
comté.
Vous demandez au législateur de limiter ou d'introduire une
notion de gravité ou d'imminence du danger. Ne croyez-vous pas que le
fait de limiter ce danger, le fait de le préciser, de préciser le
texte et les cas où ça pourra éventuellement s'appliquer,
ça ne pourra que contribuer à engen- drer plus de
problèmes qu'une définition qui est peut-être
générale, comme elle est reproduite aux articles 11 et 12 du
projet de loi? Ne croyez-vous pas que le fait de dire que le danger devra
être imminent, devra être grave et ça impliquera beaucoup
plus d'analyse, beaucoup plus d'étude à savoir si c'était
véritablement imminent, véritablement grave?
Quant à nous, nous croyons j'aimerais vous entendre
là-dessus que c'est préférable de le laisser ainsi
et voir l'application concrète qu'il y aura. J'en dégage une
couple de questions. Premièrement, est-ce que c'est fréquent chez
vous d'avoir des refus de travailler? Deuxièmement, je conviens que le
milieu patronal peut craindre des exagérations ou des abus, mais ce
droit a toujours existé et, que je sache, il n'y en a pas eu, et le
projet de loi reproduit quand même des dispositions qui sont reproduites
dans d'autres projets de loi qu'on retrouve dans d'autres provinces ou dans
d'autres pays, entre autres, en Ontario. Je suis convaincu que certains de vos
membres, qui ont des entreprises en Ontario, pourraient témoigner de
l'expérience qu'ils ont vécue là-bas, avec ce droit de
refus. Alors, je me demande en quoi pourrait contribuer à bonifier le
projet de loi, le fait de dire que le danger doit être imminent et grave.
Selon moi, ça ne pourrait que créer peut-être plus de
confusion dans l'interprétation à donner dans la vie de tous les
jours.
M. Morasse: Le problème qui existe vis-à-vis du
droit de travailler, je pense que c'est un problème d'abord qui peut
être très émotionnel et qui peut aussi porter à
beaucoup d'interprétation. C'est là qu'est notre crainte.
Émotionnel, dans le fait que, lorsqu'en tant que représentants de
l'industrie, nous posons la question, à savoir exactement à quoi
ce règlement va nous mener, c'est que nous sommes habitués, dans
nos relations journalières, à faire face à certaines
difficultés vis-à-vis des problèmes de relations
ouvrières-patronales. Nous savons pertinemment que ces problèmes
arrivent à des temps assez cruciaux, lors de renouvellement de
convention collective, par exemple. Donc, nous ne voulons pas, en tant
qu'industrie, nous opposer à ce droit et nous l'avons mentionné,
je crois, assez clairement, en tant que droit individuel, mais ce que nous
voulons nous assurer, c'est qu'à l'heure actuelle, dans notre industrie
ça fait partie d'une de vos questions, à savoir si on a
une fréquence d'arrêt il n'y en a pas tellement. Il y en a
peut-être eu et, une chose certaine, c'est que nous croyons que si un
travailleur croit qu'il y a une situation qui est grave pour lui, ce
travailleur peut en parler avec son contremaître, son surveillant
immédiat. Ils vont prendre une décision qui, je pense, est
humaine. Ils vont dire: D'accord, arrête de travailler. On va voir
exactement quelle est la situation. Si c'est le cas... Si vous avez deux
personnes qui analysent un fait, qui réalisent qu'il y a
réellement une situation de danger, si vous permettez à une
personne de l'analyser ou de décider que c'est une situation de danger,
que ce soit du côté
patronal, du côté employeur-employé, c'est la
décision d'une personne.
Donc, à partir de ce moment-là, ça peut être
subjectif de part et d'autre. Nous croyons que, vis-à-vis de cette
chose, il doit, comme dans le reste, être question de coopération.
Si on dit que le travailleur est une personne sensée et capable de voir
à sa santé, on doit dire que le représentant patronal est
aussi un travailleur qui doit prendre le bien-être du travailleur en
considération. C'est surtout notre point. C'est bien plus un point
d'interrogation, à savoir qu'on se demande, surtout au niveau d'une
application collective, ce qui va arriver avec cela.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais eu d'autres
questions, mais vous m'informez que mon temps est écoulé.
Messieurs, je vous remercie. Je crois même que le ministre avait une
question pour enchaîner sur le droit de refus.
Le Président (M. Dussault): Si M. le député
de Johnson le permet.
M. Bellemare: Certainement.
M. Marois: Une seule question. Le député de
Portneuf y a fait allusion et je pense que cela va intéresser les
membres de la commission de savoir. Je crois savoir que, dans au moins une
parce que le droit de refus n'existe pas dans toutes les conventions
collectives, loin de là que je connais, de votre secteur, il y a
une clause de droit de refus. Combien, à votre connaissance, y a-t-il eu
d'abus depuis que cette clause est là?
M. Morasse: Personnellement, je l'ai mentionné tout
à l'heure, on ne croit pas qu'il y en ait eu; il y en a peut-être
eu, mais on ne le sait pas.
M. Marois: Combien y a-t-il eu de cas d'exercice du droit?
M. Morasse: Que je sache, j'en ai vu deux, et cela fait partie
d'une usine où il n'y avait même pas de clause à la
convention collective. C'est ce que j'ai dit tout à l'heure, les
individus en question ont rencontré le contremaître, on l'a
constaté et on a pris les mesures nécessaires. Il n'y avait pas
confrontation, en somme, c'est un fait, et ils ont corrigé la
situation.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Merci de votre merveilleux mémoire, qui
touche très sérieusement à la question de santé et
de sécurité, surtout par les baromètres que vous mettez.
Cela nous laisse entendre combien les compagnies ont été
très précises quant à l'application des normes et,
particulièrement, à la sécurité au travail.
Ce qui m'intéresse actuellement, c'est de vous demander quel
pourcentage d'achat se fait à l'extérieur de la province pour les
équipements. 40%? 50%? 60%?
M. Huneau (Gaétan): M. Bellemare, l'équipement
protecteur?
M. Bellemare: Vous dites, à la page 7: "... un certain
étalement dans le temps pour de sérieuses raisons. Par exemple,
le volume d'achat québécois de certains de ces
équipements, matériel et produits peut être trop restreint
pour imposer au manufacturier à l'extérieur du Québec des
normes qui ne sont pas exigées ailleurs."
Je veux savoir dans quelle proportion sont faits les achats au
Québec et les achats à l'extérieur. Je pense que ce doit
être 60-40, mais je ne suis pas sûr.
M. Pinard: Tout dépend du genre d'équipement. Plus
l'équipement est spécialisé, plus il a tendance à
être acheté à l'extérieur; il y a certaines machines
lourdes qui sont fabriquées ici, mais une grosse partie...
J'agrée avec vous, c'est autour de 60-40.
M. Bellemare: C'est cela, 60-40 pour l'achat à
l'extérieur. Quand vous parlez des normes qui ne sont pas exigées
ailleurs et qui vous causeraient un certain préjudice dans les achats,
pouvez-vous m'en donner un seul exemple?
M. Pinard: Admettons qu'une pièce d'équipement
aurait ici une norme de bruit qui ne serait pas exigée par l'ensemble du
marché nord-américain, cela pourrait représenter certains
problèmes avant que le fabricant qui accepte de développer
l'équipement et, si c'est seulement pour un marché, il ne
le fera pas...
M. Bellemare: II n'y a pas dans vos usines de protecteurs
d'oreilles, je pense...
M. Pinard: Oui, oui, oui. M. Bellemare: Très
peu?
M. Pinard: Oh non, c'est très
généralisé. Dans tous les endroits où le bruit
requiert le port de protecteurs d'oreilles, il y a des panneaux indicateurs qui
indiquent le nombre de décibels dans la région
concernée.
M. Bellemare: Cela existe présentement. Dans une
proportion de 90% à peu près?
M. Huneau: 90%.
M. Bellemare: 80%, 90% quant aux appareils auditifs.
M. Huneau: Oui, il y a encore beaucoup d'éducation
à faire dans ce domaine-là, mais cela existe.
M. Bellemare: Oui, parce qu'il y en a qui les laissent
traîner...
M. Huneau: Oui, il y a énormément de travail
à faire. On a l'équipement, dans notre compagnie,
pour mesurer le bruit et vérifier l'acuité auditive de nos
employés depuis 1960.
M. Bellemare: Est-ce que vous êtes au courant que, dans les
usines à papier, il y a énormément d'accidents du travail?
J'ai été président de la Commission des accidents du
travail et j'ai pu me rendre compte que, dans plusieurs usines à papier,
il était arrivé des accidents à cause des jeux qui se font
pendant les heures de travail. Les gens jouent durant les heures de travail et
j'ai constaté moi-même qu'il y avait une proportion trop
considérable dans ce domaine-là dans ces usines à cause
des jeux, à cause des intrigues, à cause des tiraillements,
à cause des... Quelqu'un, pour jouer un tour, mettra une "hose" qui
enfargera l'autre...
M. Huneau: Je pense que cela arrivait anciennement, où les
gens...
M. Bellemare: Anciennement? Oh! Prenez garde!
M. Huneau: ... jouaient beaucoup au travail, mais aujourd'hui ils
n'ont plus le temps de jouer.
M. Bellemare: Oui, parce que les machines sont rendues
à...
M. Huneau: Non, mais la mentalité a changé à
ce point de vue là; ça joue moins.
M. Bellemare: Les machines tournent à 1800 et à
1900 tours la minute et je pense que c'est pas mal plus rapide qu'autrefois,
quant elles tournaient à 600 et 700...
M. Huneau: Mais la mentalité a changé au point de
vue du jeu. On est moins joueur de tours qu'autrefois.
M. Bellemare: Ma dernière question... Je le prends comme
véridique, mais je n'en suis pas sûr...
M. Huneau: D'accord.
M. Bellemare: ... parce que même chez les
députés ça existe et c'est pourtant très
sérieux ici à l'Assemblée nationale; ça existe
même entre les députés...
Une voix: Quand ces cas-là se présentent, vous
donnez l'exemple?
M. Bellemare: Je n'ai pas encore donné l'exemple, mais j'y
pense souvent. Ce ne serait peut-être pas nécessaire d'enfarger
certains ministres ou députés, ils s'enfargent
eux-mêmes.
Ma dernière considération, c'est à la page 17: "Le
choix du médecin et son embauche font partie des droits
administratifs...". Les mots "droits administratifs" me surprennent, surtout
après avoir lu la loi 17. Vous avez l'air d'insister pour un droit.
Ce n'est pas sûr... Quelqu'un a déjà écrit
qu'un médecin était un gestionnaire d'une entreprise. Alors
là, je me demande où est la portée de votre paragraphe
à la page 17: "Le choix du médecin et son embauche font partie
des droits administratifs...". Donc, des droits exclusifs. Comment arriver
à une table de comité paritaire, si vous avez cette
formation-là, et dire: Écoutez, c'est un droit exclusif à
l'employeur? Je vois mal le comité paritaire bien fonctionner. Vous
disiez tantôt: II va falloir qu'on fasse l'éducation, il va
falloir qu'il y ait une préparation, il va falloir qu'il y ait une bonne
participation, mais je trouve dans votre document un droit administratif de
l'employeur. Vous allez loin. Je pense... Pardon? (15 h 45)
M. Ferragne: Lorsque l'employeur veut bâtir quelque chose,
il y a un ingénieur en charge des travaux pour exécuter; on
considère que c'est un droit administratif d'améliorer
l'équipement ou autre chose. S'il veut faire quelque chose, il engage un
ingénieur professionnel pour le faire. S'il veut établir des
qualités des produits chimiques, il engage un chimiste pour s'assurer
que ses produits répondent aux exigences.
M. Bellemare: Répondez à ma question au lieu de
faire le tour du pot.
M. Ferragne: Mais quand il engage... Non, non.
M. Bellemare: Au comité paritaire, comment est-ce que vous
allez expliquer que vous avez un droit sur un médecin?
M. Ferragne: S'il faut...
M. Bellemare: Comment est-ce que vous allez l'expliquer?
M. Ferragne: S'il faut que l'employeur assure à son
établissement des conditions de santé au travail, il faut
quelqu'un de responsable de ce service comme il faut quelqu'un de responsable
des autres services. On considère...
Le Président (M. Dussault): M. Pinard, je m'excuse, nous
allons vivre quelque chose de circonstance, il s'agit d'un exercice de feu. Je
dois donner la directive de sortir immédiatement par la porte de la
famille indienne, c'est-à-dire en bas de l'escalier.
La commission suspend ses travaux.
Suspension à 15 h 46
Reprise à 16 h 3
Le Président (M. Dussault): Nous pouvons maintenant
continuer; vous avez la parole, M. Pinard.
M. Pinard: Je vais être bref, puisque vous me demandez
d'être bref. Le droit administratif de s'occuper de la santé, pour
l'employeur, c'est une responsabilité, donc il doit avoir le droit de
s'occuper de trouver les moyens pour le faire.
M. Bellemare: J'admets que la tradition a voulu que ce soit
ça. Depuis des années, les compagnies ont pris leurs
responsabilités vis-à-vis de la sécurité et la
santé; je vous félicite.
Mais maintenant qu'on va établir un comité paritaire, vous
avez dit tout à l'heure: On va essayer de se parler, on va essayer de
collaborer, on va essayer de trouver des solutions ensemble. Je vous vois mal
arriver à la table avec un document comme celui-là disant: Le
choix du médecin fait partie des droits administratifs des employeurs.
Cela va être contesté. Qu'allez-vous dire?
M. Pinard: Jusqu'à maintenant, il y a des conventions
collectives et les parties acceptent que, de part et d'autre, il y ait des
responsabilités et on considère...
M. Bellemare: Oui, parce qu'il n'y a pas autre chose, mais
maintenant il va y avoir une autre loi qui va y pourvoir. Qu'allez-vous
faire?
M. Pinard: Est-ce que les responsabilités de l'employeur
vont être éliminées parce qu'elles se partagent?
M. Bellemare: Je ne dis pas ça; je me demande comment vous
allez faire en affirmant d'avance que vous avez un droit exclusif sur le choix
du médecin. Quand vous allez arriver au comité paritaire
selon votre mémoire, cela fait partie des droits administratifs
exclusifs que va-t-il arriver?
M. Pinard: M. Bellemare, la santé fait partie des
responsabilités de l'employeur; on considère qu'à ce
moment, pour qu'il puisse rencontrer les obligations établies par les
comités de sécurité, il y aura l'obligation...
M. Bellemare: Je vous inviterais à lire les
mémoires de la CSN et de la FTQ concernant le choix du médecin et
vous allez voir que c'est diamétralement opposé à ce que
vous venez de me dire.
M. Pinard: Alors, on a présenté notre position
à la commission.
M. Bellemare: M. le Président, je voudrais déposer
un document bien important qui prouve que cette loi a une redondance assez
extraordinaire dans les emplois qui vont être créés pour la
santé et la sécurité publique. On a quelques pages de
programmes qui sont annoncés comme positions à venir. Il y en a
de $25 000, il y en a de $27 000 et il y en a de $21 000, mais je pense que
ça a de l'attrait pour le gouvernement, surtout que ça va lui
créer un petit lieu de patronage. Je ne veux pas ranimer le feu, mais je
dis simplement que parfois je pense qu'il va peut-être y avoir des
tentations.
M. Marois: Comme le dit souvent le député de
Johnson: "Other times, other ways".
M. Bellemare: Ce n'est pas la pesanteur de la masse qui compte,
c'est le "swing" du manche!
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Johnson, vous savez qu'en commission parlementaire il n'y a pas de
dépôt de documents.
M. Bellemare: Ah! je voulais simplement mettre le ministre
au...
Le Président (M. Dussault): Vous pouvez cependant en faire
des photocopies et distribuer...
M. Bellemare: Non, mais je voudrais simplement demander au
ministre d'en prendre connaissance, comme preuve que la loi a certainement de
bons effets au point de vue des positions à venir. Il y a une chose
certaine, s'il y en a qui se cherchent de bons "jobs", ils vont en trouver.
Le Président (M. Dussault): Est-ce que cela met fin
à votre intervention, M. le député de Johnson?
M. Bellemare: Cela met fin à mon intervention, me
contentant de la réponse un peu inachevée, parce que le temps
donnera raison à mon intervention. Je vois des problèmes
possibles avec les syndicats. Vous savez, vous en avez confronté
plusieurs jusqu'à maintenant, mais avec la nouvelle loi, vous aurez
presque des obligations différentes, même si la tradition veut que
vous ayez fait énormément, vous autres, l'association,
particulièrement, pour la prévention et la sécurité
au travail. Vous en avez fait énormément, parce que cela
n'existait pas dans d'autres corporations et, chez vous, cela existe.
M. Pinard: Mais cette chose-là aurait pu être
demandée par les syndicats lors des négociations de nos clauses
de contrats sur les comités conjoints de sécurité et c'est
une chose qui n'est jamais venue comme demande syndicale.
M. Bellemare: Qui est-ce qui vous dit, M. Pinard, que cela ne le
sera pas maintenant qu'il y a la loi 17?
M. Pinard: Ah! mais cela va certainement les encourager à
demander des modifications.
M. Bellemare: C'est cela, c'est cela, on va voir cela, la belle
collaboration!
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le
député de Johnson. Je remercie, au nom de la commission, les
représentants de l'Association des industries forestières du
Québec Ltée pour leur témoignage. J'invite maintenant
l'Association des fondeurs du Québec Inc. à se présenter
devant la commission.
Une voix: Merci, messieurs...
Le Président (M. Dussault): J'invite le porte-parole du
groupe à se présenter et à nous présenter ses
collègues.
Association des fondeurs du Québec Inc.
M. Biron (Pierre): Mon nom est Pierre Biron,
vice-président à l'exécutif de la Fonderie Sainte-Croix
Ltée. Je suis aussi président de l'Association des fondeurs du
Québec. J'aimerais vous présenter mes collègues: à
ma gauche, M. Jean Payette, de la Fonderie Stanton à Saint-Hubert, dont
il est le directeur général et aussi le
secrétaire-trésorier de l'Association des fondeurs du
Québec; M. Irenée Trudel, de la Fonderie Saint-Romuald, le
directeur-gérant et le vice-président des Métaux non
ferreux; M. Charles Boutet, président-directeur général de
la Fonderie Lyster, Moulage sous pression Lyster; ici à ma droite, M.
Michel Gamble, de la Fonderie Gamble...
M. Bellemare: "Gamble".
M. Biron (Pierre): II n'est pas parieur du tout, Gamble.
M. Bellemare: Gamble, comme "gambler".
M. Biron (Pierre): ... de la Fonderie CSF, le directeur du
personnel et vice-président à l'acier de la section de
l'Association des fondeurs du Québec, Inc., M. Jean-Claude Ferron,
directeur général des Fonderies Mueller, à
Saint-Jérôme, vice-président à la fonte pour
l'association, et M. Gérald Garant, qui est secrétaire
général de l'Association des fondeurs du Québec Inc.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie. Je vous
prierais de nous présenter votre mémoire à
l'intérieur des vingt minutes conventionnelles.
M. Biron (Pierre): M. le Président, M. le ministre, Mme le
député, messieurs les députés et membres de la
commission, nous remercions la commission de l'occasion qu'elle nous donne
d'exprimer les vues des fonderies du Québec et, par là, d'aider
la commission à trouver la meilleure formule pour la santé et la
sécurité au travail.
L'Association des fondeurs du Québec Inc., représentant
les 115 entreprises du territoire, ayant à leur emploi plus de 5000
travailleurs québécois, souscrit d'emblée à
l'objectif fondamental du projet de loi no 17, qui est d'établir les
mécanismes de participation des travailleurs et des employeurs à
l'élimination des causes des accidents du travail et des maladies
professionnelles.
Par ses opérations même, la fonderie n'est certainement pas
le milieu de travail présentant le moins de risques d'accidents. Les
employeurs et les travailleurs de ce secteur ont donc appris de longue date
à collaborer ensemble en matière de santé et de
sécurité au travail.
Le projet de loi no 17 présentement à l'étude vient
donc consacrer une préoccupation constan- te depuis plusieurs
années, autant chez les employeurs que les travailleurs du secteur de la
fonderie. Un examen rapide de différentes conventions collectives
existant dans cette industrie révélerait aux législateurs
que la majorité des entreprises ont déjà conclu avec leurs
travailleurs des ententes précises sur ces questions...
Est-ce que c'est un autre exercice de feu ou est-ce un vrai feu?...
En ce qui concerne l'appui de la position du Conseil du patronat,
l'Association des fondeurs du Québec Inc., ayant participé
à la consultation préparatoire au mémoire du Conseil du
patronat, en supporte entièrement le contenu et laisse au conseil le
soin de débattre les points suivants: les difficultés
d'évaluation de cette loi-cadre, du fait de l'absence de plusieurs
règlements majeurs; la dilution des droits de gérance; le
parallélisme en matière de formation et d'information; le
financement; le pouvoir décisionnel du comité paritaire de
sécurité; le poste de représentant à la
prévention; le rôle et le financement des associations de
prévention; la notion de médecine du travail; les pouvoirs de la
Commission de la santé et de la sécurité au travail.
En ce qui concerne les caractéristiques de l'industrie de la
fonderie, dans son étude article par article du projet de loi no 17,
l'Association des fondeurs du Québec Inc., s'est appuyée sur un
ou plusieurs des trois critères suivants: Premièrement, la
plupart des fonderies du Québec ont une ligne de production continue.
Chacune des étapes de la production, la préparation du sable de
moulage, la préparation des moules, la coulée, les étapes
de refroidissement, ainsi que les étapes subséquentes de la
production sont agencées avec précision, en fonction de la
cadence à laquelle les fours peuvent déverser le métal
fondu.
Un arrêt intempestif à l'une quelconque des étapes
de la production, très étroitement interreliées provoque
un arrêt automatique de l'ensemble des opérations de l'usine.
Deuxièmement, la plupart des postes de travail d'une fonderie
présentent, de par leur nature et leur design, des dangers plus
élevés que dans plusieurs autres industries. Le danger habituel
et inhérent atteint alors un seuil relativement plus
élevé.
Troisièmement, contrairement à ce que plusieurs pensent,
l'industrie de la fonderie au Québec n'est pas constituée que de
multinationales. En effet, sur les 115 fonderies dénombrées au
Québec, seulement une vingtaine peuvent être classées dans
la catégorie des grandes entreprises employant plusieurs centaines
d'employés. On estime à 85% le nombre d'entreprises de fonderie
qui peuvent être classées dans la petite et moyenne entreprise,
connaissant ainsi la plupart des problèmes de ces dernières, y
compris les problèmes de financement. (16 h 15)
Commentaires sur certains articles.
Les discussions et les délais impliqués dans les articles
19, 21, 26 et 28 sont effarants. L'Association des fondeurs du Québec
Inc. appuie très
fortement la proposition du Conseil du patronat quant aux articles 19 et
21. On se rappellera que l'article 19 se lirait comme suit: "En tout temps, un
employeur a le droit de remplacer un travailleur qui exerce son droit de refus
de travailler par un autre travailleur si, premièrement, ce dernier est
avisé du fait qu'un autre travailleur a exercé son droit de
refuser de travailler, ainsi que des motifs de ce refus et,
deuxièmement, s'il est consentant à effectuer le travail." Ce
nouvel article 19, tel que libellé, implique de biffer l'article 21.
J'aimerais apporter un commentaire additionnel ici. Il faut se
référer à la page précédente, au paragraphe
1. À cause de la nature des fonderies, qui sont des industries à
chaîne, avec un système continu, l'article 21 dérangerait
la nature de nos opérations.
Il en sera de même pour les articles 26 et 28. Comme le Conseil du
patronat, l'Association des fondeurs du Québec Inc. recommande que
l'article 26 soit libellé ainsi: "Aussi longtemps que le travailleur
exerce son droit de refus et jusqu'à ce qu'une décision
exécutoire soit rendue par l'inspecteur, le travailleur ne doit subir
aucune diminution de salaire et n'être privé d'aucun des avantages
sociaux liés à son emploi."
En ce qui concerne l'article 28, six heures de délai
laissées à l'inspecteur pour intervenir, cela nous apparaît
plus que suffisant, spécialement dans le genre de production des
fonderies.
Article 31 : l'AFQ recommande de biffer le mot "déplacement".
Article 41 : le registre apparaît, surtout dans le cas des petites
fonderies, comme une addition inutile de procédé
administratif.
Article 53: ajouter que le fardeau de la preuve appartient au
fournisseur.
Article 54: biffer le mot "utilisateur".
Article 75: l'association n'admet pas qu'il soit de la
responsabilité de la commission d'accorder à une association
sectorielle une subvention de fonctionnement. Elle recommande que les
associations sectorielles se financent à partir des contributions de ses
membres.
Articles 79 et 80: l'AFQ s'oppose carrément au principe que
l'argent des employeurs finance des associations syndicales par l'entremise de
la commission.
Article 86: il nous semble exagéré de faire
référence au "conflit d'intérêts" et au manque de
crédibilité des médecins d'entreprise quand on
considère que personne n'est obligé de se fier au diagnostic d'un
seul médecin.
Les médecins d'entreprise, comme les autres individus, ne
possèdent aucun monopole en matière de santé d'un
individu.
Dans l'industrie comme ailleurs, une personne a toujours la
possibilité de consulter un médecin de famille, un
spécialiste ou un autre médecin de son choix. L'association ne
voit aucun avantage de mélanger la médecine et les relations
patronales-ouvrières, car chacun des deux domaines est
déjà assez complexe.
Article 143: dans le contexte d'un procédé de production
continue, cet article risque fort de mettre en péril la stabilité
financière des petites fonderies. L'AFQ recommande que cet article soit
biffé.
L'article 148: changer le mot "intéressé" par le mot
"impliqué".
Article 185-28: l'AFQ recommande à ceux qui sont responsables de
la réglementation de tenir compte, à cet article, de la
réglementation déjà existante dans les différents
domaines. Exemple, TLV aux États-Unis.
Article 193: l'AFQ recommande fortement qu'on procède toujours en
ayant recours à la procédure de règlement de grief,
plutôt que de porter plainte auprès du commissaire
général lorsque l'entreprise et les travailleurs sont liés
par une convention collective.
J'aimerais apporter un commentaire. Nous avons déjà, dans
plusieurs de nos conventions collectives, une clause de sécurité.
Donc, c'est soumis à l'arbitrage.
Article 201 : dans cet article, l'employeur supporte une
présomption de culpabilité jusqu'à ce qu'il prouve son
innocence. Cette disposition apparaît à l'AFQ comme une entrave au
principe établi dans notre système juridique qui prétend
qu'un accusé est innocent jusqu'à ce qu'il soit
condamné.
Le Président (M. Dussault): M. Biron, je vous remercie. M.
le ministre.
M. Marois: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
l'Association des fondeurs du Québec de son mémoire. Ce
mémoire contient toute une série de recommandations très
précises qui seront attentivement étudiées. Bien
sûr, il y a un certain nombre d'autres recommandations et d'autres
éléments du mémoire, pour l'essentiel, qui reprennent des
choses qui nous ont été soumises, notamment par le Conseil du
patronat. Donc, je ne reviendrai pas sur chacun de ces éléments.
Je m'en tiendrai essentiellement à deux points très précis
où là cela m'apparaît nouveau par rapport à ce qu'on
a entendu antérieurement.
D'une part, parmi les recommandations, il y a celle où, à
l'article 193, vous recommandez fortement qu'on procède toujours en
ayant recours à la procédure de règlement de grief. Je
voudrais vous dire que lors des travaux de consultation, conformément
à l'engagement qu'on avait pris à l'occasion du premier sommet
économique de La Malbaie, il y avait consensus là-dessus, et des
employeurs et des représentants du monde des travailleurs, sur cette
idée qu'il fallait revaloriser le Conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre où siègent les représentants des
employeurs, notamment. Donc, ce conseil s'est réuni à au moins
cinq ou six reprises, une fois deux jours de suite, pour discuter du brouillon
d'un projet de livre blanc avant que le gouvernement statue. Par la suite, les
consultations se sont poursuivies, par ailleurs, dans la foulée de la
publication du livre blanc.
Les parties, au point de départ, nous recommandaient plutôt
c'est pour cela que votre re-
commandation m'étonne un peu, vous nous dites: Laissons tomber la
question de la plainte auprès du commissaire général
à l'époque, au contraire: Laissez tomber la
procédure de grief et tenons-nous en uniquement à la
procédure devant le commissaire général. Par la suite,
après la sortie du liver blanc et c'était d'ailleurs
l'opinion des porte-parole du monde patronal au Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre on nous a recommandé, au contraire, de
laisser le choix, ce qu'on a introduit dans le projet de loi. Là, vous
nous recommandez plutôt de laisser tomber les commissaires; j'aimerais
savoir pourquoi.
Deuxièmement, est-ce que vous ne craignez pas qu'en
conséquence... Bien sûr, la procédure de grief, cela va
bien quand les hommes et les femmes au travail sont syndiqués, mais la
procédure de grief quand tu n'es pas syndiqué, tu peux toujours
courir. Qu'est-ce qu'il va rester pour les non-syndiqués? Le cas, par
exemple, dans l'application de la Loi sur les normes minimales, le fameux cas,
le premier cas qui a été plaidé, la petite fille qui a
été congédiée par un employeur parce qu'elle
était enceinte, si elle n'avait pas eu la possibilité de
recourir, via le Code du travail, au commissaire qui a ordonné la
réintégration parce que le seul motif établi
a été le congédiement à cause de son état de
grossesse qu'est-ce qui serait arrivé si elle n'avait pas eu
cette procédure? Qu'est-ce qui arriverait dans le cas des
non-syndiqués s'ils n'avaient pas cette procédure? C'est ma
première question.
Ma deuxième question concerne votre commentaire sur l'article 201
qui, d'après vous, contrevient au principe de notre système
légal qui affirme l'innocence d'un accusé jusqu'à ce qu'il
soit trouvé coupable. C'est l'article qui stipule que "La preuve qu'une
infraction a été commise par un agent, un mandataire ou un
travailleur à l'emploi d'un employeur suffit à établir
qu'elle a été commise par cet employeur...", et le reste. Vos
conseillers juridiques vous ont certainement dit que l'article 201 est la
reproduction textuelle de l'article 38 de la Loi des établissements
industriels et commerciaux puisque, à la demande de tout le monde
et on est d'accord là-dessus il faut regrouper pour
intégrer cette loi, 20 règlements dans une loi-cadre. Il ne
suffit pas qu'on ajoute, qu'on modifie, qu'on modernise, mais c'est la
reproduction de l'article 38.
La Loi des établissements industriels et commerciaux ne date pas
d'aujourd'hui, elle date d'il y a longtemps. Donc, vous vivez avec cette loi et
l'article 38 au moment où on se parle, comme la loi 17 n'est pas encore
en vigueur, elle n'est pas adoptée encore, vous vivez sous la coupe de
l'article 38 de la Loi des établissements industriels et commerciaux qui
dit textuellement la même chose.
La question que cela m'amène à vous poser, c'est... je
n'accepte pas l'affirmation, je ne pense pas qu'on puisse accepter
l'affirmation que cela contrevient à un principe de notre système
légal. Notre système pénal, bien au contraire,
prévoit déjà ce genre de mesures, notamment l'article 38.
Est-ce que cet article 38 est la raison qui vous amène à nous
faire une telle recommandation? Est-ce que l'article 38 vous a
déjà causé des problèmes? Si oui, quoi
concrètement? pour qu'on puisse bien mesurer la portée de votre
recommandation.
Enfin vous me permettrez de vous rappeler deux choses: L'article 201
suppose que la preuve a déjà été établie
qu'une infraction a été commise. En d'autres termes, ce n'est pas
un processus automatique. Deuxièmement, de vous rappeler aussi que de
toute manière il y a les articles 1053 et 1054 du Code civil qui
concernent la responsabilité civile normale et générale de
base, en vertu desquels articles il y a une présomption qui est
créée, vous le savez, de responsabilité à
l'égard d'un employeur pour les actes commis par ses
employés.
Je pense qu'il serait intéressant, M. le Président, qu'on
ait la réponse à ces deux questions très précises.
Pour le reste, encore une fois, je tiens à vous redire que toutes et
chacune des recommandations de votre mémoire vont être
examinées très attentivement et je tiens à vous remercier
de votre mémoire.
Le Président (M. Dussault): M. Biron.
M. Biron (Pierre): Je vais demander à un
spécialiste en relations de travail de répondre aux deux
questions. Tout d'abord, juste au niveau de l'article 193, avant de passer la
parole à M. Michel Gamble, j'aimerais vous faire remarquer que la
plupart de nos fonderies sont syndiquées. C'est pour ça que la
base du système de règlement par grief a été
suggérée, à cause de la forte tendance syndicale. Je
demanderais à M. Michel Gamble de poursuivre sur les articles 193 et
201.
M. Gamble (Michel): M. le Président, le but de notre
recommandation à 193, c'était plutôt, vu le fait qu'on
travaille maintenant avec les conventions collectives qui contiennent des
clauses de sécurité, ainsi que certaines conventions collectives
qui contiennent déjà le droit d'arrêter de travailler sous
certaines conditions et que dans le passé on a toujours eu affaire avec
une procédure de grief et par la suite l'arbitrage...
M. Marois: Je m'excuse de vous interrompre, mais vous comprenez
très bien le sens de ma question. Bien sûr je comprends
parfaitement bien et on va l'admettre, que dans votre secteur il y a une
"syndicalisation" très élevée, mais nous ne pouvons pas,
vous comprenez comme moi qu'on ne va pas faire dans la loi un paragraphe pour
les fonderies, un paragraphe pour la foresterie, un paragraphe pour le sciage.
En d'autres termes, c'est une loi générale. Alors comment
répondez-vous à l'argument je comprends que dans votre
secteur c'est comme ça que ça se passe en ce qui concerne
la protection des travailleurs non syndiqués et quelle est la solution
que vous suggérez? Parce que la loi sera d'application
générale. Alors, ce que nous proposons, c'est le libre
choix.
M. Gamble: D'accord, peut-être que la question du
commissaire pourra-t-elle s'appliquer dans une situation où l'usine en
question est non syndiquée, c'est une possibilité. Pour nous, le
but de notre recommandation c'est que, au lieu d'introduire un nouvel aspect
dans l'affaire, de continuer avec une procédure qui nous est
familière et qui a fonctionné relativement bien dans le
passé.
Pour les non-syndiqués, qu'ils réfèrent directement
au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre pour nommer un arbitre
je pense que cela peut être fait ou que ce soit
référé au commissaire, on n'a pas tenu compte de
ça. C'est une possibilité comme une autre, soit un arbitre
nommé par le ministre ou le commissaire. Mais nous nous
référions uniquement aux usines syndiquées. Est-ce que
ça répond à votre question?
M. Payette (Jean): ...193 aussi, c'est que dans le cas de laisser
le libre choix, on avait une crainte que surtout dans notre cas,
où toutes les usines sont syndiquées ou presque ils
aillent finalement aux deux, c'est-à-dire au grief et au commissaire
général. La loi n'est pas étayée de ce
côté-là où laissant le libre choix, mais aller
à un ou à l'autre. Est-ce qu'à un moment donné ils
n'iront pas justement aux deux pour faire des pressions
supplémentaires?
M. Marois: Mais vous avez la réponse à l'article
194.
M. Payette: À ce moment-là il n'a pas de recours et
il va au commissaire seulement. Cela règle une partie du
problème.
M. Gamble: En ce qui concerne votre deuxième question,
c'est vrai que l'article 38 de la Loi des établissements commerciaux et
industriels contient une clause semblable à ça et que le
commentaire qu'on voulait faire là-dessus était plutôt au
niveau du principe, à savoir qu'on ne trouvait pas tout à fait
raisonnable que quelqu'un soit plus ou moins tenu coupable avant que sa
culpabilité soit mise en preuve. (16 h 30)
M. Marois: Vous me permettrez de revenir à la charge, ce
n'est pas le sens de ma question. Vous affirmez, dans votre mémoire, que
c'est une entorse aux règles générales et à
l'économie générale de notre système légal.
J'affirme que ce n'est pas une entorse. J'ai donné l'article 38; vous
confirmez qu'effectivement l'article 38 existe; je pourrais donner d'autres
exemples. En d'autres termes, ce n'est pas une entorse à ces
règles puisque ces règles existent déjà. Ma
question bien précise, indépendamment de tout ça, c'est:
est-ce que l'article 38 vous a causé quelque ennui que ce soit, qui vous
amènerait à soutenir une chose comme celle que vous soutenez et
si oui, quelle sorte d'ennuis?
M. Gamble: On n'a pas fait une enquête pour avoir une
réponse à cette question. C'était plutôt le principe
de ne pas être coupable avant que ce soit mis en preuve qu'on est
coupable. C'était seulement à ce principe qu'on
référait. On n'avait pas fait de recherche à savoir si de
nos membres ont eu des problèmes avec l'article 38, par exemple.
M. Marois: Mais ça ne dit pas, encore une fois, je pense
qu'il faut faire bien attention, le texte de l'article 201 ne peut pas
être interprété comme disant que quelqu'un est coupable
avant que le jugement soit rendu. L'article 201, suppose, comme à
l'article 38 actuel de la Loi des établissements industriels et
commerciaux, comme ce genre d'articles qu'on retrouve maintenant dans
l'économie générale de notre droit pénal, depuis
maintenant des décennies. Ce ne sont pas les boutons à quatre
trous qu'on vient d'inventer. Cela suppose, au préalable, que la preuve
a été établie qu'une infraction a été
commise.
Si il n'y a pas la preuve qu'une infraction a été commise,
il ne peut pas y avoir cette présomption de base qu'établit
l'article 201. On ne peut pas affirmer, comme vous venez de le faire, qu'il y a
une espèce de jugement de culpabilité avant le coup. Ce n'est pas
exact, ce n'est pas le sens de l'article 201, pas plus que le sens de l'article
38 actuellement. Il faut la preuve au préalable, d'une infraction et
donc une forme de jugement d'infraction, qu'il y a eu infraction. Après,
l'article 201 s'applique, comme l'article 38 actuellement.
Mais la nuance est de taille, je pense.
M. Gamble: Est-ce qu'on peut être d'accord que l'article
201 impose ou met le fardeau de la preuve sur les épaules de
l'employeur?
M. Marois: Qui crée une présomption et un
renversement de fardeau de preuve, bien sûr. Analogiquement, comme je
vous l'ai expliqué tantôt, de la même façon... au
fond, ce que le législateur a fait il y a déjà des
décennies, le Code civil je dis des décennies, ça
remonte plus loin que ça a transposé dans le domaine du
droit pénal, historiquement c'est le sens de ces articles
par analogie, les responsabilités civiles générales des
articles 1053, 1054 du Code civil, qui sont les responsabilités
générales d'un employeur qui crée une présomption
de responsabilité de l'employeur sur un acte commis par un de ses
employés, de la même façon que vous avez une
responsabilité et une présomption de responsabilité, par
exemple d'un père de famille sur un acte commis par un de ses enfants
mineurs. Analogiquement, cela a été, historiquement, la
transposition dans le droit pénal de ces responsabilités sur le
plan civil, la responsabilité civile menant à un
dédommagement, la responsabilité pénale menant à
des amendements, à l'emprisonnement, enfin, peu importe.
M. Gamble: Donc, vous devriez être capable de comprendre
qu'on n'a pas consulté d'avocat là-
dessus, sans ça, on aurait su ça. On a simplement fait une
révision nous-même de ces textes et les commentaires qu'on fait,
ce sont les commentaires qui avaient été formulés par ceux
qui étaient présents lors de l'étude.
Ce n'est pas plus sophistiqué que ça.
M. Marois: D'accord.
M. Biron (Pierre): Est-ce que je peux ajouter un commentaire
là-dessus? Encore une fois, il faut tenir compte du contexte des
fonderies, c'est dans ce but qu'on contestait l'article 201, à cause de
notre système de coulage continu dans les fonderies et que si on a des
problèmes au niveau des arrêts de travail et qu'il faut prouver
que notre machine est correcte, plutôt que le travailleur nous prouve que
la machine n'était pas correcte, pour arrêter de travailler. Il y
a des départements comme les fours ou le cubilot, si c'est un danger
inhérent qu'il y a là, si le gars dit: J'arrête ça,
il faut qu'il nous le prouve. Nous, on est capables de prouver que c'est un
danger inhérent.
M. Marois: D'accord, M. Biron, je terminerai
là-dessus, je ne veux pas abuser du temps vous me parlez du
secteur des fonderies, mais que ce soit le secteur des fonderies, ou le secteur
de la construction ou le secteur gouvernemental, le gouvernement encore une
fois va tomber l'État va nettement tomber, pour une première
fois, sous la coupe de la loi; que ce soit le secteur qu'on voudra, avec ses
particularités, ses particularismes, c'est une chose. Mais vous ne me
demandez quand même pas, en partant de particularismes de secteurs,
d'abolir des vieux principes de l'économie générale du
droit civil. Je ne dis pas que parfois il n'y a pas certains vieux principes de
droit qui ne doivent pas être remis en question, loin de là, bien
au contraire, ce n'est pas moi qui vais affirmer une chose comme
celle-là. Mais les principes fondamentaux de la responsabilité
civile et de la responsabilité pénale, vous ne me demandez quand
même pas d'abolir ça, à la suite de la discussion qu'on
vient d'avoir.
Ou alors je serais obligé, si c'était ça, si en
d'autres termes vous me dites: Non, nous, comme employeurs, on ne veut plus
vivre sous la responsabilité de la présomption de la
responsabilité qu'on a d'un acte commis par nos employés, comme
c'est le cas sous les articles 1053 et 1054 du Code civil, on ne veut plus
vivre sous la coupe de la responsabilité normale pénale d'actes
posés par certains de nos employés, dont est responsable, en
vertu de l'économie générale de notre droit pénal
en vertu, en particulier, de l'article 38. Là, vous allez m'amener
à me poser d'autres questions.
J'entends, par ailleurs, dans d'autres coins, des hauts cris sur
l'atteinte que, prétendument, le projet de loi no 17 porte au droit de
gérance. Cela fait partie des droits de gérance et de la
responsabilité normale. Comme disent les Anglais: On ne peut pas avoir
le gâteau et le manger aussi!
M. Biron (Pierre): M. le ministre, il y a peut-être quelque
chose qu'on peut ajouter à ça. On peut peut-être trouver un
moyen de motivation quelconque. J'entendais tout à l'heure parler de
chapeaux de sécurité, etc. Réellement, dans les industries
lourdes comme les nôtres, c'est un problème aussi. Mais que
fait-on lorsqu'un travailleur décide de ne pas porter le chapeau alors
que, dans nos lois d'usines, le port du chapeau et des bottines à cap
d'acier est obligatoire? Si le gars a un accident, qu'arrive-t-il? C'est
toujours nous qui sommes blâmés, même si le gars a
refusé de les porter.
M. Marois: Dans l'état actuel des choses, quel est votre
pouvoir de gérance? Vous avez décidé que, dans votre
usine, le port du chapeau était obligatoire? Quel est votre pouvoir de
gérance?
M. Biron (Pierre): C'est ça, on l'applique et ça
peut aller jusqu'aux griefs disciplinaires.
M. Marois: Cela peut aller jusqu'à des mesures
disciplinaires, n'est-ce pas? Cela peut aller au congédiement?
M. Biron (Pierre): Oui.
M. Marois: Est-ce que l'inverse n'est pas aussi vrai? On
discutait d'autres secteurs tantôt; quand on en est rendu à
être obligé de procéder aux recours à des
procédures en injonction pour forcer le respect d'un ordre donné
par un inspecteur, sur une débusqueuse qui est considérée
comme dangereuse, sur un appareil sur lequel les inspecteurs ont mis le
scellé, le scellé a été enlevé. Il y a des
cas extrêmes comme ceux-là et l'économie
générale d'une loi ne peut pas se fermer les yeux en se disant:
Cela ne va pas se produire. Dieu merci, ce sont des cas d'exception, mais ce
n'est pas parce que ce sont des cas d'exception que ça ne doit pas faire
partie de l'ensemble des lois.
M. Ferron (Jean-Claude): M. le Président. Le
Président (M. Dussault): Oui, M. Ferron.
M. Ferron: J'aimerais vous poser une question qui n'est pas
claire dans mon esprit. Dans l'article 31, vous dites: "Un employeur ne peut,
jusqu'à une décision finale, imposer au travailleur un
congédiement, un déplacement ou une mesure disciplinaire." Dans
le cas du déplacement...
M. Marois: Dans un cas de droit de refus.
M. Ferron: Dans un cas de refus de travailler, dans le cas du
déplacement, la fonderie étant un secteur très
particulier, coulées continues, on a un individu qui refuse
d'opérer une fournaise quelconque, on est obligé d'arrêter
les travaux. D'après votre loi, actuellement, il va falloir payer
l'ensemble des travailleurs de cette usine pour les
huit heures. Mais pour le déplacement, trouvez-vous que ce serait
déplacé de demander qu'on puisse prendre l'individu qui ne veut
pas faire cet ouvrage pour le mettre ailleurs, ne pas le laisser à rien
faire? En d'autres termes, est-ce qu'on...
M. Marois: Je comprends ce que vous voulez dire.
"Déplacement" a un sens bien particulier au sens juridique. Vous savez
fort bien ce que cela veut dire, c'est le déplacement avec les
conséquences quant à ce qu'on appelle le respect des droits
prévus à un poste défini dans une convention collective,
c'est-à-dire un déplacement qui implique une réduction de
salaire, etc. Je suis bien prêt à regarder le texte s'il
n'apparaît pas clair. Cela n'est pas mon problème.
M. Ferron: Ce que je veux dire, c'est qu'on pourrait prendre
l'individu par exemple qui refuse de faire une tâche... Le type dit: J'ai
le droit de refuser de travailler. On ne discute pas cela. On prend l'individu
et on dit: D'accord, tu vas aller faire une autre tâche en attendant.
Est-ce qu'on peut faire cela ou est-ce que "déplacement", comme vous
l'entendez... Nous ne parlons pas nous autres de réduire le salaire,
rien de cela, de tout simplement prendre l'individu et de lui faire faire autre
chose. Est-ce qu'on peut faire cela ou pas? Est-ce que suivant l'esprit de
votre loi on peut faire cela?
M. Marois: Je vais vous poser comme question: Qu'est-ce que vous
suggérez?
M. Ferron: Nous autres, nous pensons que, si on...
M. Marois: Sur cette question très précise que vous
venez d'évoquer, vous suggérez quoi? Je vais en prendre note et
je vais regarder cela.
M. Ferron: Je suggérerais que le mot "déplacement"
ne soit pas là, parce que cela pourrait éviter des abus si
l'individu voit qu'il est obligé de travailler quand même. La
nature humaine étant ce qu'elle est, peut-être que, s'il est
obligé de faire autre chose, il va continuer de travailler et il y aura
moins de chances d'abus. S'il refuse de travailler pour une raison valable,
aucun problème, mais ce que tout le monde craint, c'est qu'avec cette
loi-là il y ait finalement des abus et c'est un peu normal.
M. Bellemare: La convention collective pourvoit à cela.
Votre convention collective y pourvoit présentement, quand vous dites
qu'aucun salarié ne sera sujet à des mesures disciplinaires ou
perte de salaire s'il refuse d'effectuer un travail qui est
considéré comme dangereux par le superviseur de
sécurité en la présence syndicale du comité de
sécurité.
M. Ferron: Ce n'est peut-être pas la mienne, mais on a une
convention collective qui ressemble à cela.
M. Bellemare: C'est votre convention collective.
M. Ferron: C'est celle de quelle compagnie?
M. Bellemare: C'est celle de la Fonderie canadienne, Steel
Foundry.
M. Ferron: Non, ce n'est pas la mienne. De toute façon, on
a une clause à peu près semblable.
M. Bellemare: Cela va plus loin que la loi.
M. Ferron: Oui. Ce que je veux dire, c'est qu'actuellement, si
l'individu refuse de faire quelque chose, on lui donne autre chose à
faire, mais la loi dit "déplacement". Je voudrais savoir ce que le
ministre veut dire par le mot "déplacement".
M. Marois: Si vous permettez, seulement pour comprendre votre
proposition, vous nous proposez d'enlever le mot "déplacement".
M. Ferron: Enlever le mot "déplacement".
M. Marois: Est-ce que vous acceptez l'idée que si, dans le
cas de l'exercice d'un droit de refus, un travailleur est
déplacé, parce que, quand on parle de déplacement, de la
façon dont vous utilisez ce mot, de la façon dont on l'utilise
dans le texte, vous l'utilisez selon le sens courant... Ici, c'est
utilisé selon le sens juridique et cela a un sens bien précis en
droit. On va se parler pour se comprendre et, après, on verra comment
fignoler les textes, parce que c'est souvent du jargon juridique. Est-ce que
vous êtes d'accord avec l'idée que, si un travailleur exerce
je parle toujours de cette question de déplacement dans le sens
courant du mot son droit, vous puissiez le déplacer dans le sens
suivant: l'affecter à un autre poste en général, la
convention y pourvoit s'il y a une convention collective; s'il n'y a pas de
convention collective, c'est une autre paire de manches et il faut le
prévoir mais que cette affectation-là à un autre
poste ne puisse signifier en rien une forme quelconque de mesures
disciplinaires au sens strict de ce que cela veut dire. Cela veut dire ni
quelque forme que ce soit de rétrogradation, de réajustement,
conséquence à la baisse de salaire, des droits acquis, de
l'ancienneté, enfin, etc. Je ne vous passe pas tous les autres
détails que vous connaissez aussi bien que moi. Est-ce que vous
êtes d'accord là-dessus?
M. Ferron: Je suis d'accord là-dessus. Le mot
"déplacement" dans notre cas, cela veut dire qu'on peut lui assigner une
autre tâche sans baisse de salaire. Lorsque le cas sera
réglé par le commissaire-enquêteur ou par qui que ce soit,
il reprendra sa fonction d'avant...
M. Marois: D'accord.
M. Ferron:... mais en attendant on ne veut pas que le gars
s'asseoie et ne fasse rien.
M. Marois: Ce sur quoi on vient de s'entendre, c'est exactement
le sens juridique du mot "dépla-
cement" qui est dans le texte. De toute façon, je vais le faire
regarder à nouveau, parce que c'est précisément cela que
cela vise.
M. Ferron: Je vous remercie de l'information.
M. Marois: J'en prends note quand même et on va le
regarder.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre a
épuisé les vingt minutes convenues. M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, merci. Je vais être
très bref. Messieurs, je tiens à vous remercier de la
présentation de votre mémoire. Il est bref lui aussi. Vous avez
fait part de vos inquiétudes à la commission et vous nous avez
dit ce que vous vouliez. Vous avez eu un échange qu'on a suivi
très attentivement avec le ministre. Quant à moi, je n'aurai pas
de question, je me limiterai à vous remercier. Ma collègue, Mme
la députée de L'Acadie, aura des questions à vous
formuler.
Le Président (M. Dussault): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai une seule question, et elle s'adresse
peut-être autant au ministre qu'à vous. (16 h 45)
Le ministre a donné à entendre, au cours des audiences,
qu'il songeait assez sérieusement il pourra me corriger si
j'interprète mal à élargir le principe du retrait
préventif.
M. Marois: J'ai dit si le député me permet
que je trouvais l'idée très intéressante.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je ne fais pas une fausse
interprétation, en disant que si vous la trouvez très
intéressante...
M. Marois: ... et qu'on allait l'étudier, très
sérieusement.
Mme Lavoie-Roux: Je laisse à l'auditoire le soin de tirer
ses propres conclusions. Mais dans le cas où ceci déboucherait
sur un élargissement du retrait préventif qui serait applicable
non seulement à la femme enceinte, mais à d'autres travailleurs,
je me demande, d'une part, si les gens de l'association qui est devant nous y
verraient des inconvénients. Quels seraient ses sentiments à cet
égard, compte tenu que je lis en page 2, je pense, de votre
mémoire "la plupart des postes de travail d'une fonderie
présentent de par leur nature et leur design, des dangers plus
élevés que dans plusieurs autres industries." De votre
côté et de celui du ministre, est-ce que ceci pourrait avoir un
effet sur les fondeurs? Compte tenu du fait également que vous
n'êtes pas contre le droit de refus de travailler, puisque même le
député de Johnson a mentionné que c'était dans les
conventions de certains d'entre vous. Mais vous avez passablement de
réticence, quant aux coûts que ceci implique, par rapport aux
dispositions du projet de loi no 17.
Alors, ma question précise est: Quel serait votre sentiment
vis-à-vis l'élargissement compte tenu de vos entreprises
de ce principe du retrait préventif et au ministre, si dans son
esprit, le fait que même l'association reconnaît elle-même
qu'il s'agit d'entreprises qui présentent des dangers plus
élevés que dans plusieurs autres industries, si ceci les
toucherait ou pourrait les toucher, peut-être, d'une façon plus
particulière ou si vous n'êtes pas encore assez avancés
dans l'élaboration de votre étude?
Enfin, vous n'avez jamais précisé beaucoup dans quel sens
ce serait élargi. Je pense que cela pourrait peut-être être
intéressant, compte tenu qu'on a devant nous un exemple où
possiblement, cela pourrait s'appliquer.
M. Biron (Pierre): Je pense bien que je vais parler au nom des
membres de toutes les fonderies du Québec. Il y a très peu de
femmes qui travaillent, à cause du danger qu'il y a dans les fonderies.
Ce n'est pas un salon. C'est une fonderie. Il y a quelques femmes, cependant,
qui travaillent dans certains départements qui eux, ne sont pas
dangereux.
Mme Lavoie-Roux: Mais ce n'est pas dans ce sens que le ministre
l'a laissé entendre. Là, on ne parle plus de la femme enceinte.
On parle d'un élargissement dans un sens général qui
pourrait s'appliquer, par exemple, j'imagine. L'exemple toujours classique
qu'on donne, c'est dans le cas de l'amiante, où de certaines industries
où par exemple, la présence de gaz et où il peut y avoir
des inconvénients graves.
Je laisse de côté la femme enceinte. Ce serait un
élargissement dans le sens d'autres catégories de travailleurs ou
d'autres travailleurs.
M. Biron (Pierre): Dans le cas des maladies industrielles?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Dussault): M. Gamble.
M. Gamble: J'ai deux commentaires. Vous avez fait allusion au
droit d'arrêter de travailler qui est déjà dans certaines
de nos conventions collectives. J'aimerais souligner que le droit
d'arrêter qui est présent dans nos conventions collectives, que
cela se fait dans d'autres circonstances que celles proposées par la
loi. Les procédures sont très bien définies qui
s'appliquent à ce fait. L'employé en question est obligé
d'avoir des raisons sérieuses pour le faire. On ne parle pas de bonne
foi dans les conventions collectives, premièrement.
Deuxièmement, le retrait préventif existe
déjà dans certaines des fonderies. Je peux parler pour notre
fonderie, à nous. Si quelqu'un se trouve à avoir une
incapacité qui dépasse 20%, tel que déterminé par
la CAT, on s'efforce au maximum de
lui trouver un emploi sur une autre tâche où il n'est pas
exposé aux conditions de la fonderie. Cela peut être dans notre
cour où on a un petit chemin de fer, etc.
Dans ce cas, l'employé en question est transféré de
tâche et, si la tâche à laquelle il est
transféré est moindre que la tâche qu'il avait auparavant,
on maintient son taux.
Mme Lavoie-Roux: Alors, d'une certaine façon, vous
appliquez déjà ce principe du retrait préventif à
partir d'une norme que vous me dites évaluer à 20%.
M. Gamble: Oui, pour autant qu'il y a des tâches
disponibles.
Mme Lavoie-Roux: Pour autant qu'il y a d'autres tâches
disponibles.
M. Gamble: Oui, et celui qui est affecté a le droit de
déplacer un autre employé. Donc, ça veut dire que...
Mme Lavoie-Roux: Et s'il n'y avait pas de tâche
disponible?
M. Gamble: S'il n'y a pas de tâche disponible, on essaie de
le placer dans un secteur de l'usine qui est moins...
Mme Lavoie-Roux: Polluant?
M. Gamble:... pollué, oui, dangereux pour lui, où
le niveau de poussière est moins élevé.
Le Président (M. Dussault): Vous avez terminé?
M. Gamble: Cela existe aussi dans la convention collective.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas, le ministre pourrait
peut-être expliciter cela.
M. Gamble: On a dit que les fonderies, c'est un secteur
particulier. Donc, dans nos conventions collectives, pour nous, le droit
d'arrêter de travailler pour une raison justifiée, c'est quelque
chose qu'on a accepté il y a longtemps. On n'appelle pas cela le retrait
préventif, mais on a déjà certaines procédures dans
certaines conventions pour ces choses, parce que c'est plutôt une
industrie qui est pas mal différente des autres.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse. Je sais que M. Biron a fait la
présentation de tout le monde, mais j'oublie. Est-ce que votre fonderie
est très grosse?
M. Gamble: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Laquelle est-ce?
M. Gamble: C'est la fonderie CSF à Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Ah!
M. Gamble: On a autour de 1200 employés.
Évidemment, on peut se permettre chez nous, peut-être et je
pense que c'est important de se payer ces choses, mais, pour une petite
fonderie, ce ne serait pas tout à fait la même histoire.
Mme Lavoie-Roux: Pour une petite fonderie, ce serait plus
difficile, d'abord d'avoir des postes disponibles, j'imagine, pour permettre
une rotation.
M. Gamble: Si vous prenez une fonderie de dix ou vingt
employés c'est le cas de la plupart des fonderies au
Québec le retrait préventif peut être
carrément impossible, parce que ça se peut qu'il n'y ait pas de
tâche qui s'exerce en dehors de la fonderie.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-là, dans les petites
fonderies, celles qui ont quand même un programme de santé ou qui
se préoccupent de cette question, est-ce que vous laissez savoir au
travailleur: Écoutez, vous êtes handicapé de telle
façon? Enfin, lui montrez-vous quel choix il a à faire si vous ne
pouvez pas le déplacer? Quelle est la coutume dans une plus petite
fonderie, une petite entreprise?
M. Biron (Pierre): Je peux parler pour la petite et la moyenne
entreprise. Comme M. Gamble le disait tout à l'heure, ce ne sont pas
tous les postes de travail dans la fonderie qui peuvent comporter des dangers
inhérents. Il y en a plusieurs dans les départements de services
qui ne sont quand même pas dangereux. À ce moment-là, les
gens sont déplacés, comme il l'expliquait pour la grosse
fonderie. Dans la moyenne ou la petite fonderie, ils sont
déplacés quand même par le système de "bumpage" et,
généralement, si on découvre une maladie industrielle, ce
n'est pas chez quelqu'un qui est là depuis six mois. Cela va prendre
peut-être vingt ans ou quinze ans. À ce moment-là, c'est
sûr que la personne a beaucoup d'ancienneté et peut aller dans
n'importe quel service sans qu'on soit obligé de changer le nombre
d'employés dans l'usine ou de créer des tablettes. Les usines, on
n'est pas le gouvernement et on ne peut pas créer des tablettes. Mais
ils peuvent être déplacés et s'en aller dans d'autres
services, comme je l'ai dit, qui sont moins dangereux, où il n'y a aucun
danger. Ainsi, ils peuvent récupérer, suivant les dires des
médecins.
Mme Lavoie-Roux: M. Biron, ce que vous me dites, c'est que,
même dans la petite et moyenne entreprise, dans les fonderies, il y a
aussi moyen de pratiquer, jusqu'à un certain point, ce retrait
préventif et qu'il se pratique.
M. Biron (Pierre): Je dirais oui, parce que, que ce soit une
petite fonderie, une moyenne fonderie ou une très grosse fonderie, le
système est le même: c'est de la fusion, du moulage, de la
fini-
tion et des services, mais sur différentes grandeurs.
Mme La voie-Roux: Oui, ça, je le sais, mais c'était
pour savoir si vous aviez la même marge de manoeuvre que vous retrouvez
à l'intérieur d'une grande fonderie. D'ailleurs, M. Gamble
laissait croire que c'était peut-être plus difficile dans une
petite et moyenne entreprise.
M. Biron (Pierre): Non, c'est quand même ça qui se
produit.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Vous avez terminé, Mme
la députée?
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre ne veut pas expliciter son
retrait préventif?
M. Pagé: II n'est pas prêt.
M. Marois: J'ai dit qu'on travaillait sur l'hypothèse,
qu'on regardait cela. Je pense que ce n'est pas une question simple, ça
ne se règle pas sur un coin de table. Quand j'aurai des choses plus
précises à dire, je les formulerai en temps et lieu. Cependant,
je trouve intéressante la discussion parce qu'elle permet de voir que le
retrait préventif, dans le sens que je l'ai évoqué, sur la
base des témoignages qui viennent d'être entendus, pourrait
être possible. Le retrait préventif qui a été
évoqué ici ne correspond pas du tout à celui dont vous
parlez. Celui dont vous parlez, ce n'est pas ce que j'appelle un retrait
préventif, c'est le déplacement d'un travailleur qui a une
maladie professionnelle.
Vous avez parlé de 20%, donc il a une lésion, il est
malade. Le retrait dont je parle, c'est le retrait qui s'exercerait à
partir du moment où il est possible, sur un plan scientifique et
médical, de déceler les premiers signes avant-coureurs, ce que
les spécialistes appellent les prodromes ou les symptômes, en
d'autres termes, avant qu'il y ait une lésion, avant que le
dégât soit commis. Là, ou bien il est affecté
à une autre tâche, ce qui semble être possible selon le
témoignage qui est rendu, pour régler son problème
puisque, à ce moment-là, c'est réversible, et on profite
de cette occasion pour déceler un problème qui est
peut-être plus généralisé à
l'intérieur d'une entreprise donnée et on s'attaque à la
racine des maux. C'est cela qui est évoqué comme perspective.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: M. Gamble, comme votre convention collective est
très explicite sur le refus de travailler et qu'elle va plus loin que la
loi présentement, est-ce qu'il y a beaucoup de cas, dans votre industrie
ou dans la petite industrie, où il y a des refus de travailler? Est-ce
que ces cas sont nombreux? Votre convention est très
détaillée sur le refus de travailler, je vois qu'il y en a trois
pages, mais c'est venu à la suite de discussions qui ont dû faire
changer la convention collective ou l'améliorer. À partir de ce
point, est-ce qu'il y a beaucoup de refus de travail, beaucoup de gens qui
refusent de travailler?
M. Gamble: M. le Président, cet article est dans notre
convention collective depuis 1966, donc ça fait 13 ans, et on n'a pas
eu, à ce jour, un seul refus de travailler. Je crois et je dois
le souligner que c'est parce que les employés comprennent qu'ils
doivent avoir une raison sérieuse pour le faire et que le fardeau de la
preuve reste sur leurs épaules pour justifier le refus de
travailler.
M. Bellemare: Ne voyez-vous pas une différence entre
l'exercice du droit de refus mal fondé et le droit de refus de mauvaise
foi? Est-ce que ce sont deux cas différents?
M. Gamble: Je ne suis pas avocat, mais je pense qu'il peut y
avoir une situation où un employé refuse d'exécuter un
travail sans que ce soit pour des motifs raisonnables, mais de bonne foi quand
même.
M. Bellemare: Oui, mais ce n'est pas mal fondé.
M. Gamble: Je soulève simplement qu'entre la
rationalité de son geste et sa bonne foi, je pense qu'il y a une
marge.
M. Bellemare: C'est le radar de l'inspecteur qui va
décider.
M. Gamble: Je préférerais essayer d'établir
que quelqu'un a fait quelque chose de façon déraisonnable
plutôt que d'essayer de mettre en preuve la mauvaise foi de
quelqu'un.
M. Bellemare: C'est plus juste.
Une dernière question en ce qui me concerne, vous dites
qu'à l'article 54, on devrait biffer le mot "utilisateur". Pourquoi dans
ces circonstances? L'article 54 dit: "Le coût de cette expertise peut
être réclamé d'un ou de plusieurs fabricants, fournisseurs
ou utilisateurs"... Pouvez-vous nous donner une explication du mot
"utilisateurs" que vous voulez faire biffer?
M. Biron (Pierre): M. Payette va répondre. M. Payette:
C'est parce que dans le cas...
M. Bellemare: Voulez-vous parler plus près du micro?
M. Payette: L'article 54 mentionne justement l'utilisateur...
Pardon?
M. Bellemare: Le vieux a de la misère à
entendre.
M. Payette: Oui?
M. Biron (Pierre): Est-ce que c'est une maladie industrielle?
M. Payette: La majorité de nos produits sont
importés...
M. Bellemare: Si j'entends, je vais comprendre.
M. Payette: La majorité de nos produits sont
importés, les produits chimiques, ou même la machinerie, cela
vient de fournisseurs qui gardent le secret de fabrication pour eux. Tout
à coup, on arrive avec un produit, on nous dit ce qu'il va faire, mais
on ne nous dit pas ce qu'il y a dedans. (17 heures)
L'inspecteur vient et demande de faire une expertise sur le produit en
question. Nous sommes l'utilisateur et on est est obligé de
défrayer ce coût. Pourquoi ne serait-ce pas le fournisseur qui
défrayerait le coût de l'expertise? C'est son produit...
M. Bellemare: Cela se produit dans combien de cas à peu
près? 1% par année? 2% par année...
M. Payette: On veut enlever le mot "utilisateur".
M. Bellemare: ... dans l'utilisation de ces
produits-là?
M. Payette: Actuellement cela ne se produit pas, la loi n'est pas
encore en force. Quand elle sera en force cela se produira peut-être plus
souvent. Actuellement cela ne s'est pas produit mais la loi n'est pas en
vigueur. Dès que la loi sera en place, ce sera probablement quelque
chose qui arrivera. J'anticipe ça parce qu'on utilise un tas de produits
et vous savez à quel rythme ça se développe dans
l'industrie de la chimie. À ce moment-là, on va arriver avec des
produits sur lesquels il faudra payer les expertises de recherche sur
l'utilisation de ces produits-là. Nous sommes l'utilisateur. Ce devrait
être le fournisseur qui présente le contenu de ses produits, qui
paie la note pour ça.
M. Bellemare: Est-ce que dans la petite industrie on a
entendu la grande industrie, la CSF un refus de travail s'est
présenté quelquefois?
M. Biron (Pierre): Non, pas jusqu'à maintenant, mais il
s'agit peut-être de le donner pour en avoir. C'est ce dont on a peur
justement.
M. Bellemare: La loi dit "motif raisonnable" c'est sûr que
ça peut vous compliquer l'existence. Est-ce que vous prétendez
que si cela arrivait ça paralyserait tout le fonctionnement de
l'industrie et que cela entraînerait une perte de revenus énorme
par le fait que 10, 20 ou 30 personnes sont paralysées par un refus de
travail? C'est ça que vous voulez expliquer.
M. Biron (Pierre): C'est ça.
M. Payette: C'est précisément ça. Ce sont
les articles 19 et 21 finalement, parce que dans notre cas...
M. Bellemare: 19 et 21 oui.
M. Payette: ... et c'est ce qu'on mentionne dans notre premier
paragraphe, les caractéristiques de l'industrie de la fonderie.
M. Bellemare: Mais est-ce que vous êtes régis en
vertu de la Métallurgie unie d'Amérique vous autres aussi? Le
syndicat des métallos?
M. Biron (Pierre): Non, ce sont les métallos...
M. Bellemare: United States Workers of America? Est-ce que vous
êtes régis par les mêmes conventions?
M. Payette: Non, chacune des conventions...
M. Bellemare: Non. C'est une convention spécifique
à la CSF. Je prétends que dans la convention collective, elles
vont plus loin que la loi actuelle.
M. Payette: C'est dans le cas d'une convention, c'est un exemple
seulement, mais il y a plusieurs conventions et elles n'ont pas toutes
ça.
M. Bellemare: Oui, mais on dit dans la loi qu'en vertu de
l'article 7, vous avez dû la lire avec moi: "Rien dans la présente
loi ou les règlements ne doit être interprété comme
diminuant les droits d'un travailleur en vertu d'une convention collective,
d'une loi, d'un règlement, d'un décret, d'un arrêté
en conseil ou d'une ordonnance en vigueur". C'est l'article no 7.
M. Payette: Je suis d'accord, c'est pour ça que je vous
dis que c'est une convention, elles ne sont pas toutes faites comme ça.
C'est une convention d'une entreprise qui est une très grosse fonderie
au Québec.
M. Bellemare: Non. J'ai constaté que la convention
collective de la CSF va beaucoup plus loin que ce qui est dit
présentement dans la loi 17. Je m'en réjouis parce que je
comprends qu'on va faire d'autres conventions collectives qui vont maintenant
s'aligner sur les ordonnances et les règlements de la nouvelle loi
17.
M. Payette: C'est pour ça, je vous disais que les
conventions collectives ne sont pas toutes comme ça et je voudrais
attirer l'attention de la
commission sur le fait justement de la continuité des
opérations dans le domaine des fonderies, qui fait que si un
travailleur, à un moment donné, refuse de travailler pour des
raisons qu'il juge de bonne foi...
M. Bellemare: Mais la loi dit "motif raisonnable".
M. Payette: Oui, mais de bonne foi qu'il dit, mais la bonne foi
cela dépend de la personne. On a eu des guerres en 1939-1945 et elles
étaient faites de bonne foi.
M. Bellemare: Article 11: "Un travailleur a le droit de refuser
d'exécuter un travail s'il a des motifs raisonnables de croire que
l'exécution de ce travail l'expose à un danger pour sa
santé, sa sécurité ou son intégrité"...
Article 11...
M. Payette: II mentionne un peu plus loin aussi qu'il s'agit
qu'il soit de bonne foi.
M. Bellemare: Aux articles 19 et 20, c'est sûr.
M. Payette: C'est pour ça qu'on voudrait que ce soit
abrogé, afin de satisfaire à ce qu'on demande et...
M. Bellemare: Très bien.
Le Président (M. Dussault): C'est terminé. Je
remercie au nom de la commission les représentants de l'Association des
fondeurs du Québec Inc. et j'invite le groupe suivant à se
présenter devant la commission, c'est-à-dire l'Association
canadienne de la santé et de la sécurité du travail. Bon
retour.
J'invite le porte-parole du groupe à se présenter et
à nous présenter ses collègues.
Association canadienne de la santé et de la
sécurité au travail
M. Huneau (Gaétan): M. le Président, M. le
ministre, membres de la commission, Madame, je vous présente d'abord les
membres qui ont participé à l'élaboration du
mémoire. M. Gérard Jacques, à mon extrême gauche, M.
Florian Perron...
M. Bellemare: Georges Roch? M. Huneau: Gérard
Jacques.
Le Président (M. Dussault): M. Jacques. Oui. À
votre droite?
M. Huneau: M. Florian Perron à ma droite et M. Pierre
Lasalle à ma gauche.
Le Président (M. Dussault): Vous êtes M. Huneau.
M. Huneau: Mon nom est Huneau.
Le Président (M. Dussault): M. Huneau, vous connaissez la
règle convenue des vingt minutes, vous étiez là ce
matin.
M. Huneau: Nous allons terminer en dedans des vingt minutes.
Le Président (M. Dussault): Je vous remercie de votre
collaboration.
M. Huneau: Nous désirons présenter ce
mémoire au nom des membres du chapitre de Montréal, de
l'Association canadienne de la santé et de la sécurité au
travail. Notre chapitre compte environ 125 membres qui ont en moyenne une
quinzaine d'années d'expérience dans le domaine de la
sécurité au travail. Notre association mère, la Canadian
Society of Safety Engineering, fut fondée en 1949, et notre chapitre s'y
est joint en 1974 après avoir fait partie, pendant de nombreuses
années, de l'American Society of Safety Engineers.
Nous n'avons pas l'intention de répéter devant cette
commission les remarques et opinions qui ont déjà
été émises par de nombreuses associations et autres
organismes depuis le début de ces séances. Nous désirions
déposer un court mémoire dont vous avez déjà des
copies et auxquelles nous ajouterons quelques commentaires et remarques.
Nous sommes heureux de l'initiative prise par le gouvernement de
déposer le projet de loi no 17, unissant finalement la protection de la
santé et la prévention des accidents du travail. Nous croyons, en
effet, qu'un travail d'équipe dans ce domaine serait des plus
bénéfiques pour le travailleur. Nous avons entrepris
l'étude du projet de loi no 17 sur la santé et la
sécurité du travail en prenant en considération les
objectifs de la fonction de "préventionniste" qui sont: de promouvoir
les arts et les sciences reliés à la gestion et à la
technique en ce qui a trait à leur rapport avec la protection des
personnes, de l'équipement, des matériaux et du milieu, ainsi
qu'encourager la poursuite de l'excellence dans la profession.
Il est vrai que nous sommes en accord avec les grands principes
proposés, tels que la prise en charge par le milieu, l'unification des
différentes législations et l'accent mis sur la prévention
plutôt que sur la réparation. Cependant, nous constatons à
regret que le projet de loi ne mentionne, dans aucun de ses articles, le
travail des "préventionnistes" professionnels oeuvrant dans ce domaine
de la santé et de la sécurité au travail depuis de
nombreuses années et qui ont acquis, par ce fait, des connaissances et
des expertises qui sont un apport considérable au sein d'une
équipe comprenant le spécialiste de la médecine
occupationnelle, de l'hygiéniste industriel, de l'ingénieur et
autres spécialistes, comme les infirmières, etc.
Les thèmes les plus importants mentionnés tout au long du
présent projet de loi sont: la formation, l'information, la
participation, la protection et la recherche. Ces composantes sont la pierre
angulaire de la prévention et du rôle du professionnel de la
prévention. Celui-ci est la per-
sonne toute désignée pour donner à tous les
intervenants, dans le domaine de la sécurité au travail, les
connaissances nécessaires à la prise en charge, par le milieu, de
la santé et de la sécurité des travailleurs.
Il nous apparaît que l'aspect sécurité au travail
devrait occuper une place plus importante que celle qu'on lui donne dans le
projet de loi no 17. Les statistiques de la Commission des accidents du travail
du Québec, pour l'année 1978, confirment notre position. En
effet, durant l'année écoulée, on a relevé plus de
308 000 accidents du travail avec blessures contre 6489 cas de maladie
professionnelle.
Nous ne voulons certes pas minimiser la gravité des
problèmes de la santé au travail, mais présentement,
l'établissement d'une politique de la sécurité dans
l'industrie devrait être notre véritable priorité. C'est
une évidente constatation qui mérite sérieuse
considération.
La prévention doit se faire à tous les niveaux du travail,
au cours de toutes les étapes de l'élaboration des travaux, bref,
de la conception à la distribution et à l'utilisation du produit.
En d'autres termes, nous préconisons l'intégration
complète de la prévention à tous les stades de la
production.
À cet effet, nous dirigeons nos efforts de prévention vers
la machinerie et l'environnement par l'ingénierie, vers la personne par
l'éducation et la formation et vers la performance au travail par
l'application des méthodes, procédures et règlements de
sécurité.
Ici, on aimerait ajouter quelque chose concernant la
responsabilité des ordres professionnels. Puisque l'on parle de la
responsabilité et de la sécurité, il nous apparaît
que le projet gouvernemental devrait rendre les ordres professionnels,
notamment ceux des architectes et des ingénieurs, plus responsables de
ce qu'ils conçoivent. Si nous nous accordons à dire que la
prévention s'intègre dès la conception des plans des
travaux, il nous semble primordial de prévoir certaines obligations
à l'endroit des concepteurs de ces travaux.
La deuxième partie de notre mémoire se
réfère à certains articles spécifiques du projet de
loi no 17, pour lesquels nous jugeons que certaines modifications ou ajouts
sont indiqués.
Au chapitre III, sous-section 2, concernant le droit de refus, à
l'article 12, nous nous réjouissons de la précision
apportée par cet article au droit de refus, où on dit: "... pas
normalement inhérent aux fonctions." Toutefois, il ne faudrait pas que
cet article serve d'excuse et vienne mettre un frein à
l'évolution et à la recherche de nouvelles méthodes, de
nouveaux procédés et de nouveaux équipements plus
sûrs.
À la sous-section 4, touchant les obligations, à l'article
38, nous souhaiterions voir apparaître dans le texte l'ajout suivant: "7.
utiliser tous les moyens et équipements de protection individuels mis
à sa disposition ou prescrits par règlement pour la protection de
sa santé, de sa sécurité et son intégrité
physique".
Section II, sous-section 2, obligations générales,
à l'article 40, paragraphe 12, nous suggérons que les mots
"choisis par le comité de santé et de sécurité"
soient remplacés par "recommandés par le comité de
santé et de sécurité."
Section II, sous-section 3, le programme de prévention, à
l'article 48, alinéa 6, deuxième paragraphe, nous souhaiterions
voir apparaître dans le texte l'ajout suivant: "... de l'article 63, en
tenant compte des recommandations ici, c'est marqué "et
initiative", mais on a changé ça pour et de l'expertise de
l'employeur."
Chapitre IV, les comités de santé et de
sécurité, article 63, nous souhaiterions que, dans les
alinéas 1 et 2, les mots "choisir et établir" soient
remplacés par "recommander".
Article 67. Nous suggérons que le paragraphe suivant soit
ajouté: "3. Le représentant à la prévention n'a
aucun droit d'intervention ni de consultation au niveau des relations de
travail".
Chapitre VIII, les services de santé au travail. Nous souhaitons
apporter le commentaire suivant au sujet des services de santé au
travail. Nous croyons que le personnel préposé aux services de
santé au travail, déjà en place dans de nombreuses
industries et ayant un programme de surveillance et de protection de la
santé rencontrant les normes prescrites par règlements, demeure
en place, afin que le travail d'équipe déjà établi
entre le "préventionniste", l'hygiéniste industriel, le
médecin, l'infirmier, l'ingénieur et autres spécialistes
se poursuive pour le plus grand bien des travailleurs.
Chapitre IX, La Commission de la santé et de la
sécurité du travail. À notre avis, cette commission
possédera ou jouera un rôle trop accaparant, trop absolu, trop
procédurier, de nature à tuer l'initiative particulière
des gens du milieu, soit employés et employeurs. Les futurs
comités de santé et de sécurité au travail
eux-mêmes seront dans l'incapacité de promouvoir l'action
particulière qui devra dorénavant s'encombrer d'une imposante
structure. (17 h 15)
Ici, on aimerait faire mention que les piètres résultats
obtenus par OSHA aux États-Unis devraient nous servir de leçon
à ce point de vue et nous inciter à ne pas verser dans une
surréglementation comme ce fut son cas. Depuis, OSHA a changé son
approche et ses interventions comportent maintenant plus de formation,
d'éducation et de consultation que d'inspection.
Chapitre X, Inspection. Nous recommandons que soit créé un
comité consultatif permanent qui verra à la mise à jour
des règlements et de leurs modifications. Ceci permettra une
évolution continuelle sous la pression de nouvelles techniques et de
recherches. On nous dit qu'un tel comité pour la révision du Code
de la construction existe présentement et qu'il donne d'excellents
résultats.
Nous recommandons aussi, au plan régional, la création
d'un comité de trois personnes afin d'éviter que l'odieux d'une
décision importante ou discriminatoire relevant de l'inspecteur-chef
régional ne retombe que sur ses seules épaules,
mais que la décision soit prise par le comité en
entier.
Ici, avant de conclure, plusieurs de nos membres ont déjà
contribué à l'élaboration des contenus de cours de
prévention au cégep de Jonquière et à l'Ecole
polytechnique de Montréal. Le ministère de l'Éducation a
déjà reconnu un cours de trois ans à Jonquière,
d'où sortiront chaque année une quarantaine de
diplômés en techniques de prévention. Ces techniciens
auront une préparation adéquate pour se joindre à une
équipe multidisciplinaire de préposés à la
santé et la sécurité du travail.
En terminant, M. le ministre, l'Association canadienne de la
santé et de la sécurité au travail tient à vous
assurer de son entière collaboration dans l'élaboration des
règlements touchant son secteur d'activité.
Le Président (M. Dussault): M. Huneau, je vous remercie.
Je cède la parole à M. le ministre.
M. Marois: Merci. M. le Président, je voudrais remercier
l'Association canadienne de la santé et de la sécurité au
travail de son mémoire. J'ai pris bonne note du fait que l'association
se dit en accord avec les objectifs, les grands principes du projet de loi.
Elle nous formule un bon nombre de recommandations qui seront examinées
attentivement.
Je voudrais, simplement pour l'instant, m'en tenir à quatre
points très précis du mémoire, puisque d'autres questions
ont déjà été soulevées. On a eu l'occasion
d'en discuter. Le premier, vous évoquez dans votre mémoire que
vous regrettez que le projet de loi ne fasse pas mention du travail des
"préventionnistes" professionnels. En un certain sens, si je comprends
bien, si j'interprète votre mémoire sans me tromper, je crois que
cela ressort très clairement. Je voudrais mentionner le fait que
l'expertise des "préventionnistes" professionnels est au fond
sous-jacente. Le projet de loi, c'est un projet de loi. Un projet de loi, ce
n'est pas un manifeste, ce n'est pas un roman, ce n'est pas un essai, c'est une
loi. Il y a un bon nombre de choses qu'il n'est pas nécessaire de mettre
de façon spécifique dans la loi, à condition que la loi
permette les ouvertures de mise à contribution de l'essentiel des
ressources qui sont nécessaires pour atteindre l'objectif requis. C'est
important. On a eu l'occasion d'ailleurs, en examinant toute la question aussi
bien du programme de santé que du programme de prévention,
l'autre jour, d'évoquer toute la dimension beaucoup plus large de
l'hygiène industrielle, pour ne mentionner qu'un aspect. Le cas
échéant, s'il faut ajuster le texte en conséquence, soyez
assurés qu'on va le faire.
Je tiens à dire encore une fois que l'expertise des
"préventionnistes" professionnels est sous-jacente, au fond, dans toute
la réforme, que ce soit au sein des entreprises, que ce soit au sein des
services de santé, et des associations sectorielles patronales,
syndicales, à la commission, aux services d'inspection, etc., le
rôle d'appui aux initiatives des travailleurs et des employeurs, il est
certain que c'est fondamental. Je pense que personne ne va nier cela. Vous avez
certainement raison de le rappeler et de le souligner dans votre
mémoire.
Cela dit, le deuxième point que je voulais aborder, c'est que
vous déplorez dans votre mémoire que... vous semblez dire
je crois que non seulement vous semblez, mais vous dites que la
sécurité n'occuperait pas une place suffisamment importante dans
le projet de loi 17. Ce que j'aimerais savoir de votre part, c'est si vous avez
à cet effet-là des recommandations très précises
à nous formuler.
Par exemple, je sais que la Société des conseillers en
sécurité industrielle nous formule des recommandations
très précises dans ce sens. Par exemple, le développement
de services de sécurité équivalent aux services de
santé prévus dans la loi, notamment. Est-ce que vous avez un
certain nombre de recommandations très précises sur cet
aspect?
Troisième point, vous nous recommandez des modifications aux
articles 40 et 63. Si je comprends bien la portée et le sens des
recommandations que vous faites, c'est pour ramener à un rôle
purement consultatif les comités paritaires. Là, j'aimerais bien
savoir pourquoi. Il a été longuement question de cette dimension.
Vous l'évoquez vous autres aussi. Vous n'êtes pas sans savoir que
d'autres, bien au contraire, nous recommandent d'aller dans un sens
opposé et d'élargir le pouvoir décisionnel si on veut
vraiment s'assurer d'une participation qui ne soit pas du placotage, mais d'une
implication réelle de ceux et de celles qui sont quand même les
premiers concernés. Après tout, ce sont les hommes et les femmes
qui sont au travail. C'est de cela qu'on parle. Alors, j'aimerais que vous
soyez plus précis. Il y a certainement des motifs et des raisons
très précis qui vous amènent à nous formuler une
recommandation comme celle-là.
En dernier lieu, je tiens à vous signaler une chose que vous
évoquez dans votre mémoire, qui concerne à mon
avis, vous avez raison de le signaler la responsabilité
professionnelle des architectes et des ingénieurs. Vous avez
parfaitement raison de l'évoquer, mais je crois que vous trouvez la
réponse à cette suggestion à l'article 43 du projet de
loi. L'article 43, précisément, fait en sorte que, lorsqu'une
entreprise, un employeur, un propriétaire veut entreprendre la
construction d'un établissement ou modifier les installations et
l'équipement, il doit transmettre les plans et devis des travaux qu'il
entend faire, mais, contrairement à ce qui se faisait par le
passé, sont des plans et devis émanant d'architectes et
d'ingénieurs qui attestent de par leur signature sur ces plans et devis
que, de leur point de vue à eux et avec leur engagement professionnel
comme architectes et ingénieurs, la façon de procéder aux
modifications, aux agrandissements ou à la construction est pleinement
conforme aux normes ou aux règlements qui existent, ce qui
forcément implique, par voie de conséquence, la
responsabilité
normale, mais engagée cette fois-là, des professionnels,
architectes et ingénieurs.
Est-ce que cela ne répond pas à vos inquiétudes?
Parce que sur le fond il n'y a pas de divergence de vues; on est bien d'accord
avec vous. Voilà le dernier point, M. le Président, que je
voulais soulever.
M. Jacques (Gérard): M. le ministre, concernant votre
première question au sujet du "préventionniste" professionnel,
dans le livre blanc, vous parliez du responsable ultime de la
sécurité, chose qui n'a pas été mentionnée
dans la loi 17. Dans la loi 17, vous mentionnez le représentant de la
sécurité élu par les travailleurs. Croyez-vous que des
professionnels de la sécurité, qui sont des cadres d'entreprises,
vont être élus par des travailleurs? Ce n'est pas possible. Vous
ne pensez pas que des gens comme nous qui faisons cela à plein temps
pour des entreprises vont être élus par des travailleurs?
M. Marois: Attendez un peu. Je ne suis pas certain que je vous
suis.
M. Jacques: Moi non plus, je ne sais pas si je vous suis.
M. Marois: Vous me parlez des représentants à la
prévention. Mais, au sujet des représentants à la
prévention, ce qui est proposé dans le projet de loi, c'est
simplement de reconnaître aux hommes et aux femmes qui sont au travail le
droit à un minimum de permanence, de libération de temps pour
leur permettre d'avoir un commencement d'équivalent de ce qu'un
employeur a dans une entreprise pour procéder aux inspections de leur
point de vue, faire leurs propres enquêtes, faire leurs recommandations,
procéder à de l'information auprès des travailleurs, enfin
tous les pouvoirs qui sont évoqués. C'est une chose.
M. Jacques: D'accord, mais...
M. Marois: Deuxièmement, par ailleurs, à
côté de cela, il y a la mise à contribution pour atteindre
les objectifs de toute une batterie de divers types de professionnels, que ce
soient des médecins, des ingénieurs, des techniciens, des
hygiénistes industriels, des infirmiers ou des infirmières et le
reste, et, notamment, des préventionnistes professionnels. Vous ne me
demandez quand même pas de mettre dans la loi qu'ils vont être
élus ou nommés.
M. Jacques: Non.
M. Marois: Alors, ce sont deux choses complètement
différentes dont on parle.
M. Jacques: Par contre, vous parlez bien des médecins dans
la loi et les "préventionnistes" qui sont là depuis de nombreuses
années, vous les ignorez complètement.
M. Marois: Mais vous me suggérez, vous me recommandez quoi
concrètement?
M. Jacques: On recommanderait de reconnaître au moins ceux
qui sont déjà dans la profession, comme vous reconnaissez les
médecins ou les ingénieurs.
M. Huneau: Je pense que vous nous avez donné une
explication tantôt en disant justement que, sous-jacent à tout le
système de prévention, le "préventionniste" était
compris là-dedans. Je pense qu'il ne faudrait pas mêler les deux.
Le représentant à la prévention, tel qu'entendu dans la
loi, c'est définitivement le représentant des employés,
tandis qu'ici, ce qu'on représente, nous, c'est l'employeur, mais comme
"préventionnistes", comme spécialistes en prévention. Je
pense que le point est assez clair. Cela élimine la question no 1.
La question no 4 est éliminée par elle-même, parce
que vous nous avez référés au 43. Il reste les deux autres
points. Quelles seraient nos recommandations au point de vue
sécurité? Je pense qu'une de nos recommandations principales
serait qu'il y ait formation conjointe par la formation, information et
recherche. Je pense que dans tout notre système de prévention
à l'avenir, il faudra, de façon définitive, qu'on
s'attache beaucoup plus à la formation conjointe qu'on ne l'a jamais
fait auparavant. Évidemment, là, il y a tout un système
qu'on pourrait instaurer, mais au lieu d'encourager des organismes, d'un
côté comme de l'autre, à préparer des cours, des
systèmes de formation séparés, je pense qu'il y a lieu,
présentement, de s'asseoir, les deux parties ensemble, avec des
spécialistes des deux côtés, pour former un système
de prévention, un système de formation adaptable aux deux. On a
parlé beaucoup de coopération depuis que je viens ici. On a
parlé beaucoup d'affrontements aussi. Je pense qu'il y a un moyen
d'éviter le plus possible ces affrontements, ce serait d'encourager la
coopération des deux côtés, de voir à ce que soit un
organisme gouvernemental ou autre voie à la formation conjointe de tout
ça.
Décisionnel et consultatif: je pense qu'on a mentionné
là-dessus, surtout pour le choix d'équipements protecteurs...
L'article 63.1, je pense, mentionne justement le choix, par le comité,
de l'équipement protecteur.
Ce qui arrive dans ce domaine, c'est que... Je vais vous donner un
exemple, ce qu'on appelle, en langage courant, les "bump caps", les petits
chapeaux de sécurité, tout simplement en plastique, qui peuvent
être approuvés, je ne sais pas, je pense même qu'ils sont
approuvés pour certaines tâches. Si on laisse à un
comité le choix de l'équipement protecteur, je me demande si les
gens en poste auront les connaissances voulues ou les informations voulues pour
pouvoir choisir l'équipement qui fournira l'atténuation et la
protection nécessaires. On peut évidemment on le fait
depuis des années laisser le choix du genre,
du modèle de souliers, ou n'importe quoi, ça, c'est
correct, mais je pense que ça prend des connaissances spéciales,
spécifiques pour déterminer la protection offerte par des
chapeaux ou des masques, etc.
Si mes collègues ont quelque chose à ajouter
là-dessus, ne vous gênez pas.
M. Perron (Florian): Dans les comités paritaires actuels,
dont je fais partie, que nous avons dans notre compagnie, tout va très
bien.
M. Marois: Quelle entreprise?
M. Perron (Florian): CIL. On fabrique de l'explosif. Les
comités paritaires, ça va très bien. On fait des
recommandations au comité de sécurité. De là, le
comité de sécurité donne les explications
nécessaires aux employés, puis, suivent les recommandations ou
les réponses aux recommandations. Le système de comité
paritaire va très bien à l'heure actuelle, de cette façon.
Mais si le comité paritaire, les employés venaient... Si on
était obligé de suivre leurs recommandations, dans certains cas,
ça ne fonctionnerait pas. C'est la raison pour laquelle on demande que
ce soient des recommandations seulement, à cause du manque d'expertise
de leur part, manque d'expérience ou de connaissances. Donc, à
leur niveau, il faut que ce soit, pour le présent, des recommandations
seulement. (17 h 30)
M. Marois: Je veux être sûr de bien vous comprendre.
Quand vous demandez qu'on enlève le pouvoir décisionnel, si je
vous comprends bien, c'est au paragraphe 1 de l'article 63, c'est-à-dire
en ce qui concerne les moyens de protection individuels? Vous ne contestez pas
les autres blocs de pouvoir décisionnel. Est-ce que c'est cela?
M. Huneau: Les paragraphes 1 et 2. Quand on parle de programme de
formation à l'intérieur d'un programme de prévention, je
défie les gens d'un comité paritaire de venir élaborer le
contenu d'un programme de formation en prévention d'accidents. Encore
là, cela dépend des gens; il y a des gens qui sont
spécialisés dans le domaine, mais je pense qu'au niveau local
d'un établissement cela va être assez difficile de trouver des
gens qui vont pouvoir élaborer un programme de formation dans le
domaine.
Ces deux points, je pense que ça demande une certaine
connaissance. Je ne dis pas, qu'éventuellement, on ne pourra pas
parvenir à cela, mais je pense qu'il faut que ce soit fait par
étapes. Une des étapes, c'est justement de fournir aux gens qui
font partie des comités cette information, cette éducation pour
qu'un jour, éventuellement, ils puissent participer avec plus de
connaissances au programme de formation et de prévention. Dans le
moment, je pense que c'est un peu prématuré, à cause du
manque de connaissance qu'on a, de rendre cela décisionnel.
Le Président (M. Dussault): C'est terminé? Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je serai également très
brève; cela nous donnera peut-être le temps d'entendre un autre
groupe avant 18 heures, compte tenu qu'on doit cesser nos travaux à 18
heures. Ma seule question est la suivante. Je suis un peu
étonnée...
Le Président (M. Dussault): Mme la députée
de L'Acadie, pour l'information des gens présents dans la salle, je me
dois de vous dire que l'information que vous donnez n'est pas tout à
fait juste. Il faudra en reparler, je pense.
M. Pagé: Oui, parlez-en tout de suite.
M. Bellemare: Tout de suite, parce que c'est bien important.
Le Président (M. Dussault): Cela me paraît important
parce que je pense qu'on ne doit pas induire en erreur, consciemment ou
inconsciemment, bien sûr, les gens qui sont dans la salle.
Mme Lavoie-Roux: Je ne voulais induire personne en erreur, je
vous en prie, M. le Président!
Le Président (M. Dussault): Je dois dire que, pour le
moment, on ne peut pas affirmer que nos travaux se termineront à 18
heures.
M. Pagé: Pourquoi? Vous venez, de votre propre chef,
intervenir dans le débat et nous dire, comme ça: On ne suit pas
le règlement, cela ne se termine pas à 18 heures.
Le Président (M. Dussault): Non, ce n'est pas ce que je
suis en train de vous dire.
M. Pagé: Je l'espère.
Le Président (M. Dussault): Je suis seulement en train de
vous dire qu'on ne peut pas affirmer actuellement que les travaux se
termineront à 18 heures.
M. Bellemare: C'est une affirmation qui est contrainte à
l'esprit de nos règlements.
M. Pagé: Puisque vous affirmez en même temps que nos
travaux ne se termineront pas à 18 heures.
M. Bellemare: Le mercredi soir, il n'est pas question de
siéger nulle part.
Le Président (M. Dussault): Je ne l'affirme pas, non
plus.
M. Pagé: Est-ce que vous en faites une question de
règlement?
Le Président (M. Dussault): J'en fais une question
d'information aux gens qui sont ici parce qu'il y a quand même des
invités qui s'attendent qu'on les entende aujourd'hui. Je me dois de
dire à ces personnes, suite à l'affirmation de Mme la
députée de L'Acadie, qu'on ne peut pas actuellement affirmer que
les travaux se termineront à 18 heures.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais quand
même, au moins dire ceci au public ici. Je n'ai nullement voulu induire
qui que ce soit en erreur. On a siégé la semaine dernière
et on a terminé à 18 heures le mercredi. J'ai siégé
a deux autres commissions au mois d'août où j'ai travaillé
le mercredi et, le mercredi, on arrêtait de siéger à 18
heures. C'était même dans un effort de bonne volonté que je
disais: Hâtons-nous pour au moins entendre un autre groupe. Si vous en
avez convoqué quatre de trop, ce n'est pas mon problème.
M. Bellemare: M. le Président avait même
affirmé ce matin qu'à 18 heures les travaux seraient suspendus.
Écoutez, il y a une tradition parlementaire qui veut qu'à 18
heures on doit terminer. En tout cas, moi, je n'y serai pas.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Johnson, de quel président parlez-vous quand vous dites qu'il a
affirmé ce matin que les travaux se termineraient à 18
heures?
M. Bellemare: De vous.
Le Président (M. Dussault): Non, je n'ai affirmé
nulle part que les travaux se termineraient à 18 heures.
M. Pagé: On relèvera le journal des Débats.
M. le Président, quand même, par déférence pour les
gens qui comparaissent devant nous, il reste quelques questions de la part de
mon collègue de L'Acadie et de mon collègue de Johnson, s'il y a
possibilité qu'on fasse vite, on lavera notre linge sale après au
lieu de le laver devant nos intervenants.
Le Président (M. Dussault): Vous avez la parole Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je vais être...
Le Président (M. Dussault): Je m'excuse de vous avoir
coupée.
M. Bellemare: Pas coupée mais interrompue. C'est la loi
française.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Johnson, je trouve amusant...
M. Bellemare: Pas coupée...
Le Président (M. Dussault): ... que vous me fassiez des
remontrances sur le vocabulaire.
M. Bellemare: Oui, mais je suis rendu, monsieur, je suis le
101...
Le Président (M. Dussault): Je vous dis que je trouve
amusant que vous me fassiez des remontrances sur le vocabulaire.
M. Bellemare: Oui, mais comme "brakeman" je vous parlerais
peut-être autrement.
M. Marois: M. le Président, je suis certain que le
député de Johnson ne veut absolument pas nous empêcher de
poursuivre nos travaux avec les représentants qui sont ici.
M. Bellemare: Non, mais "couper" la députée de
L'Acadie.
Le Président (M. Dussault): Cela dit, vous avez la parole,
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne sais pas si c'est
coupée ou interrompue, mais je dois vous dire que votre vocabulaire m'a
surprise. À tout événement, la question...
Le Président (M. Dussault): Cela vous a coupé le
souffle je suppose?
Mme Lavoie-Roux: Oui, certainement!
Je disais aux représentants de l'Association canadienne de la
santé et de la sécurité au travail que je veux remercier
de s'être présentés devant cette commission, que
j'étais un peu surprise... Le ministre a posé presque toutes les
questions, mais j'aurais cru, sans connaître les buts précis de
votre association, que votre objectif premier est d'assurer la santé et
la sécurité au travail. Quand vous arrivez aux recommandations 40
et 63, monsieur qui est avec la CIL a donné comme explication aux
modifications que vous proposez aux 40 et 63 que peut-être on parlait de
recommandations plutôt que de pouvoir de décision, que les gens
n'étaient peut-être pas assez mûrs, qu'il faudrait
procéder par étapes. Il me semble que ce sont quand même
deux conditions élémentaires. Cela ne s'applique qu'aux 1er et 2e
paragraphes, de toute façon pour ce qui est des décisions. Pour
ce qui est de 3, 4, 5 et 6, ce sont des pouvoirs de recommandation. Je
m'explique un peu mal votre position là-dessus.
Ma question plus précise est: Vous êtes sans doute au
courant des autres législations existantes dans les autres provinces.
Est-ce que dans la législation de l'Ontario, par exemple on aime
toujours se comparer à l'Ontario et particulièrement le
gouvernement quand ça l'accommode, d'autres fois il se compare moins
quand ça l'accommode moins ou d'autres lois canadiennes il s'agit
uniquement de recommandations, quand il y a l'existence d'un comité
paritaire, ou s'il ne s'agit pas de pouvoir de décision, au moins
à certains égards quand il y a existence d'un comité
paritaire?
M. Huneau: Je peux vous parler pour la législation de
l'Ontario où le but, ou la procédure, est beaucoup plus de
recommandations que de décisions.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elle est totalement de
recommandations?
M. Huneau: En Ontario, oui.
Mme Lavoie-Roux: Et en Saskatchewan, est-ce qu'il n'y a pas
également une loi?
M. Huneau: En Saskatchewan, je ne pourrais pas vous dire. Je sais
qu'ils sont plus portés vers le représentant à la
prévention. Les pouvoirs du représentant à la
prévention... Mais en Ontario, définitivement je peux vous
répondre pour ça.
Mme Lavoie-Roux: Et vous trouvez que c'est suffisant?
M. Huneau: Cela leur semble suffisant là-bas en tout cas.
Justement hier j'étais à Hamilton où le ministre du
Travail de l'Ontario a donné une présentation sur le projet de
loi no 70. C'est justement ce qu'il disait. Il a appuyé beaucoup
là-dessus, que le gouvernement était pour éviter
ils appellent ça là-bas le "over regulation" la
"surréglementation" et qu'il laissait aux gens en place le soin de
s'entendre entre eux.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus je suis d'accord avec vous,
mais c'est une autre chose. Vous faites la différence entre ce qui
pourrait être le rôle de la commission et ce que devrait être
le rôle du comité paritaire à l'intérieur des
entreprises.
M. Huneau: Mais le rôle du comité paritaire,
là-bas, je ne me souviens pas avoir vu un endroit où son
rôle est décisionnel. Je peux me tromper, mais je ne pense
pas.
M. Jacques: En Ontario, vous avez le comité gouvernemental
"Labor management" et c'est toujours sur consultation, ce n'est pas
décisionnel, je pense.
Mme Lavoie-Roux: Oui, à l'intérieur des
entreprises.
M. Jacques: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, je dois vous dire que je me
pose des questions sérieuses, peut-être que l'Ontario a
adopté sa loi depuis quelques années, on arrive plusieurs
années après, les choses peuvent être vues dans une
perspective différente. Là où je suis d'accord avec vous,
c'est en ce qui a trait au rôle de la commission, c'est seulement
à l'exercice qu'on verra si elle est trop envahissante et si elle ne
viendra pas se substituer à des initiatives qui, normalement, devraient
venir du milieu lui-même et être la responsabilité du
milieu, bien davantage que d'une structure extérieure.
Là encore, on verra au moment de l'étude article par
article dans quelle mesure ceci peut se concilier, mais sur ce point
précis, nous sommes d'accord avec vous.
C'étaient les seuls commentaires que je voulais faire, parce que
sur les autres points soulevés, je pense que le ministre y a
répondu. Il y a votre suggestion, à l'article 67, que les
représentants à la prévention n'aient aucun droit
d'intervention, ni de consultation au niveau des relations de travail.
M. Huneau: Ce qu'on craint là-dedans, c'est que certains
représentants utilisent le comité ou leur travail de
prévention comme lieu de négociation, si on veut. Pour
éviter des affrontements inutiles, je pense qu'il ne devrait pas y avoir
du tout un mélange de relations, de négociations et de
prévention.
À ce point de vue, je me souviens d'un colloque qui avait lieu
à l'Université McGill où le juge Sauvé avait
justement présenté... le colloque portait sur la santé et
la sécurité, à savoir si c'était négociable.
On avait dit: Non, cela ne l'est pas. Je pense que c'est à ce point de
vue qu'on avait dit qu'on devrait s'en tenir strictement à la
prévention.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est une recommandation qui
mérite d'être examinée. Je vous remercie, messieurs.
Le Président (M. Dussault): Merci, Mme la
députée. M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Très court. C'est au sujet de votre
inquiétude sur vos droits acquis. Je partage votre inquiétude
quand vous dites: Cependant, nous constatons à regret que le projet de
loi ne mentionne dans aucun de ses articles le travail de
"préventionnistes" professionnels oeuvrant dans ce domaine de la
sécurité et de la santé.
Je partage votre inquiétude et je serais heureux de savoir si vos
droits acquis vont être reconnus, acceptés et conclus d'une
manière concluante dans le projet de loi qui est devant nous.
M. Jacques: Présentement, ils ne sont pas dans le projet
de loi.
M. Bellemare: Non, c'est pour ça que je voudrais entendre
le ministre.
M. Jacques: Le ministre, quand je lui ai posé la question
tout à l'heure, n'a pas répondu non plus.
M. Bellemare: C'est justement pourquoi je l'ai repris.
M. Jacques: C'est pour ça que je voulais...
M. Bellemare: Le ministre ne nous a pas donné de
réponse...
M. Jacques: Non.
M. Bellemare:... c'est pourquoi je me suis fait
l'interprète...
M. Jacques: Mon président m'a coupé la parole.
Mme Lavoie-Roux: II y a une réponse que le ministre a
donnée... il revient le ministre. Il est quand même permis...
M. Bellemare: Allo, allo?
Mme Lavoie-Roux: II est permis à une entreprise d'avoir
son propre système... quelqu'un va me retrouver l'article...
M. Jacques: Oui, mais il y a une différence avec le
responsable ultime qu'il y avait dans le livre blanc qu'on n'a pas dans le
projet de loi no 17.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est vrai. M. Bellemare: C'est
ça.
M. Jacques: C'est la question que j'ai posée tantôt
et je n'ai pas eu de réponse. Mon président m'a coupé la
parole, mais je reviens à l'attaque avec ça.
M. Bellemare: C'est pour ça que vous devez me remercier de
revenir à l'attaque.
M. Jacques: Je vous remercie, M. Bellemare.
M. Bellemare: Pas seulement votre président. Bien oui,
c'est ça.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il faut attendre le ministre.
M. Bellemare: Les minutes sont courtes, mais ça ne fait
rien, on va l'attendre.
M. Bisaillon: Posez une autre question en attendant.
M. Bellemare: Je n'en avais qu'une. C'était sur les droits
acquis sur lesquels M. Gérard Jacques avait posé sa question, le
ministre n'avait pas donné de réponse.
Le Président (M. Dussault): M. Huneau.
M. Huneau: Je voudrais juste ajouter quelques mots. Les droits
acquis des "préventionnistes", évidemment, on n'en a pas eu comme
tel, comme profession, mais moi-même depuis 1956 j'oeuvre dans le
domaine. Avec le temps, on vient à prendre certaines connaissances, une
certaine expérience. On n'a pas peur de perdre les droits qu'on a
acquis, mais, depuis qu'on parle du projet de loi no 17, du livre blanc et
même avant ça, on semble s'imaginer qu'on commence à
zéro en matière de prévention des accidents. Je m'excuse,
mais ça fait 30 ou 40 ans qu'il s'en fait, de la prévention des
accidents. Je ne suis pas si vieux que ça, mais il y en a d'autres qui
en ont fait avant moi. (17 h 45)
M. Bellemare: Ma question était très simple, M. le
ministre; c'était: Est-ce que les droits acquis ou supposés
acquis de ces messieurs vont être consignés dans le projet de loi
d'une manière formelle?
M. Marois: M. le Président, ce que j'ai dit, tout à
l'heure, je le rappelle: Le problème se pose analogiquement pour
d'autres groupes de professionnels dans le domaine. On a eu l'occasion de
parler avec les optométristes, on a eu l'occasion de parler du
problème des hygiénistes industriels, etc. J'ai dit que
j'étais bien prêt à regarder cela à partir de cas
particuliers, parce que ça aide le travail; c'est pour ça qu'on
est en commission parlementaire et qu'on entend des groupes. S'il y a des
points particuliers, des recommandations particulières qui peuvent
être formulés, je suis prêt à les regarder.
Ce que je dis, c'est que je ne vois rien contre cela dans le projet de
loi no 17. Si on pense le contraire, qu'on m'indique où et je regarderai
avec beaucoup d'attention, puisque je pense je ne suis pas le seul
à le penser que les "préventionnistes professionnels sont
une des ressources humaines importantes d'intervention dans une politique qui
vise à éliminer à la source les causes d'accidents et de
maladies. C'est donc dans ce sens que je disais tantôt que c'est
sous-jacent à l'économie générale du projet de loi,
leur intervention au niveau de l'entreprise, des comités paritaires, des
associations sectorielles, de la commission comme telle, etc.
Si les porte-parole de l'association pensent qu'il faut préciser
un aspect précis, avec une recommandation précise je suis
prêt à le regarder. Mais je ne vois pas ce qui, dans le projet de
loi tel qui est libellé présentement, met en cause non pas ce que
j'appelle des droits acquis, mais ce que j'appelle tout simplement le plus
élémentaire bon sens d'une expertise qui est là. Je ne
vois pas pourquoi on se priverait de ça comme société,
alors qu'on veut, au contraire, ouvrir une approche pluridisciplinaire ou
multidisciplinaire appelons-la comme on voudra et mettre à
contribution l'essentiel des meilleures ressources pour régler les
problèmes à la source.
M. Bellemare: Au cas où ce que vous préconisez
n'existerait pas, quel recours auraient-ils?
M. Marois: C'est pour ça que je dis: Si à l'examen
du projet de loi d'ailleurs, je comprends ça, on pose des
questions, mais il se peut fort bien, en cours de route, que l'association
n'ait pas la réponse précise à la question que
j'évoque il y a des points dans le projet de loi qui vous
apparaissent complètement contraires à l'affirmation que je viens
de faire j'aimerais bien qu'on les porte à mon attention pour
qu'on puisse les
regarder. S'il n'est pas possible de le faire aujourd'hui en commission
parlementaire, il est toujours possible de nous faire parvenir une note, le
plus rapidement possible cependant d'ici la fin du mois de septembre ou
au tout début d'octobre, pour qu'on puisse regarder cela, et on va le
regarder au mérite.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. Huneau, de
l'Association canadienne de la santé et de la sécurité au
travail, au nom de la commission. Oui, M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, on en serait venu à
l'entente suivante pour ce soir: entendre l'Association de prévention
des accidents industriels et remettre à demain matin, en
priorité, les deux autres qui sont la Société des
conseillers en sécurité industrielle du Québec et le
Comité d'hygiène et de sécurité du Syndicat des
professionnels du gouvernement du Québec. On remaniera l'horaire quant
aux autres journées des 2 et 3 octobre pour les 4 et 5 octobre.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, là-dessus, je
tiens à dire ceci: Le règlement prévoit, quant à
moi, que nous devrions normalement ajourner nos travaux ce soir à 18
heures. C'est la deuxième occasion que nous avons de discuter de ces
questions-là, ces questions de convocations qui, selon nous, sont
envoyées à trop de groupes à la fois; on convoque trop de
groupes en même temps et cela a comme résultat des incidents comme
celui de ce soir où, à quelques minutes de l'ajournement, on a
encore trois groupes à entendre.
Nous sommes prêts, nous sommes disposés à donner
notre consentement pour terminer l'étude du mémoire du prochain
intervenant qui est TAPAI, sans que cela implique pour autant une
dérogation ou une interprétation comme quoi nous pouvons
siéger le mercredi soir, parce que nous demeurons encore convaincus que
les heures de fin de session ne s'appliquent pas. Il n'est pas question de
siéger jusqu'à minuit. Il n'est pas question d'obliger une
commission à siéger le mercredi soir. Je me réfère
d'ailleurs aux articles du règlement. D'ailleurs, si vous le contestez,
M. le Président, on pourra passer une dizaine de minutes sur
('"applicabilité" du règlement et des articles en question et sur
les décisions qui ont été rendues à cet
effet-là et aussi sur la décision du président qui a agi
jusqu'à maintenant, le député de Rimouski, dans les
travaux de la présente commission. Cela confirme que les heures sont de
10 heures à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures
à 22 heures le mardi et le jeudi et que cela se termine à 18
heures le mercredi, purement et simplement. On va accepter. On va donner notre
consentement pour entendre le dernier groupe.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Si vous permettez, Mme la
députée de L'Acadie d'abord.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, évidemment,
j'abonde dans le même sens que mon collègue de Portneuf. Je
voudrais simplement insister sur le fait qu'il y a trop de groupes qui sont
convoqués. Hier soir, après les heures, nous avons dû
entendre j'ai accepté de fort bonne grâce deux
groupes qui attendaient depuis deux jours ou qui revenaient pour la
deuxième ou la troisième fois et nous avons siégé
jusqu'à 23 h 15, alors que là, je pense qu'il n'y aura pas de
contestation sur le fait que, normalement, nous devions finir à 22
heures. J'entends également les dates du 4 et 5 octobre qui sont
avancées, il y a aussi une commission qui siège et dont les
audiences sont prévues pour les 2 et 3 octobre sur les garderies.
Espérons que tout sera fini le mercredi soir, le 3 octobre, parce que
les 4 et 5 octobre, on va être un peu mal pris pour aller aux garderies
et venir ici. Écoutez, je pense que c'est depuis le début du mois
d'août que nous sommes en commission parlementaire, depuis le 6
août, en autant que je suis concernée, sauf pour une semaine. On
ne peut quand même pas nous accuser de...
M. Pagé: Ce sont les vacances des parlementaires,
cela.
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas le droit à cela, mais, d'un
autre côté, je pense qu'on a peu d'exigences; par contre, quand le
parti ministériel a décidé, jeudi dernier, qu'il avait un
caucus et qu'il ne siégerait pas, c'était congé.
M. Pagé: C'est cela!
Mme Lavoie-Roux: Mais nous, il faut nous accommoder de tout, peu
importe les contraintes que nous avons. Alors, je voudrais bien que de part et
d'autre, on joue quand même des règles du jeu qui soient un peu
équitables. Merci, M. le Président.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais peut-être
une question à poser. On avait des convocations faites en bonne et due
forme pour des jours et tout cela. On a changé. Jeudi dernier, par
exemple, on devait siéger. On n'a pas siégé parce que
l'équipe ministérielle a décidé de tenir caucus,
purement et simplement. Est-ce que vous prévoyez d'autres caucus d'ici
le 9 octobre qui pourraient perturber nos travaux?
M. Marois: On a essayé d'ajuster aussi je pense que
le député de Portneuf en conviendra en tenant compte, en
toute gentilhommerie, des vacances, des caucus, des débats-caucus et le
reste, le climat a été harmonieux. Ne commencez pas à
tirer les caucus sur la table, parce que caucus ou non, on s'est entendu...
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le
député de Saint-Jacques est membre de la commission? Non?
M. Marois: ... sur les 4 et 5 octobre. La commission poursuivra
également pendant les jours qui viennent, d'ici vendredi et les 4 et 5
octobre, pour faire en sorte que les groupes prévus soient entendus.
M. Jolivet: M. le Président, pour ne pas l'oublier, je
proposerais que le mémoire de La Dupont du Canada Inc. soit versé
au journal des Débats, puisque c'est pour dépôt.
Le Président (M. Dussault): Avant d'entreprendre
l'audition du prochain mémoire, je voudrais comme président,
clarifier pourquoi tout à l'heure je me suis permis de répondre
à l'affirmation de Mme la députée de L'Acadie. Je n'ai pas
voulu donner l'explication au moment où je l'ai fait, parce que je
voulais éviter que l'on fasse attendre les invités qui
étaient devant nous. Maintenant que c'est terminé, je voudrais
dire que s'il n'y a pas d'entente entre les membres de la commission sur les
heures de tenue des réunions, il revient au président de
confirmer ou d'infirmer les heures de tenue des réunions de la
commission parlementaire et il doit le faire en vertu de l'article 140 de notre
règlement et à partir de l'avis de convocation que prévoit
cet article 140, j'ai pris la précaution...
M. Pagé: On va veiller tard.
Le Président (M. Dussault): Cela ne sera pas long. Je suis
peut-être celui qui s'exprime le moins longtemps à la commission,
par mon rôle de président, mais je dois dire les choses qui
doivent se dire. J'ai pris la précaution de me procurer cet avis et
l'avis en question spécifiait qu'il devrait y avoir des travaux qui
pouvaient se rendre jusqu'à 24 heures.
Alors, sur la foi de cet avis, je disais qu'il n'était pas
sûr, au moment où vous le disiez, que l'on puisse terminer nos
travaux à 18 heures. C'est la raison pour laquelle je vous avais fait
cette affirmation. Je continue toujours à penser que j'étais bien
fondé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous avez raison et je
n'ai pas tort; c'est à peu près cela.
Le Président (M. Dussault): Oui, si on peut trancher une
chose comme celle-là.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Pagé: Est-ce que vous voulez dire par là, M. le
Président, que la commission parlementaire peut siéger
jusqu'à minuit?
Une voix: S'il y a entente.
Le Président (M. Dussault): Je n'ai pas encore dit
ça, M. le député. Je ne l'ai jamais dit...
M. Pagé: Non, c'est correct, parfait, ne le dites pas!
Le Président (M. Dussault): ... et je voulais
éviter de le dire.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Cela dit, j'invite maintenant
la prochaine association, l'Association de prévention des accidents
industriels.
J'invite le porte-parole de l'association à se présenter
et à nous présenter ses collègues.
Association de prévention des accidents
industriels
M. Lamarche (Camille): Camille Lamarche, directeur
général de l'Association de prévention des accidents
industriels.
J'aimerais, M. le Président, tout en vous présentant le
président de l'association, le Dr Guy Paquet, à ma droite, lui
laisser le soin de présenter les autres membres de notre
délégation.
M. Paquet (Guy): M. le Président, M. le ministre, madame
et messieurs de la commission parlementaire, avant de présenter les
membres, j'aimerais remercier tout le monde. On a été au courant
de la petite discussion et on apprécie à un haut point de pouvoir
être entendus aujourd'hui, surtout que la plupart des gens qui sont ici
dans la salle sont des employés de l'APAI, qui sont venus entendre le
mémoire qu'on doit présenter. Merci à tout le monde.
Sans plus tarder, je vous présente les membres de cette
délégation. À mon extrême droite, M. Adrien Fortier,
directeur, prévention des accidents pour les supermarchés
Dominion; M. Paul Duval, chef de section, prévention-protection
SIDBEC-DOSCO; M. George Hayes, ingénieur de l'usine Dominion Bridge; M.
Marc Ruel, président, les Industries du Hockey canadien et, à mon
extrême gauche, M. Ghislain Pelletier, Dominion Textile Inc.; M. Fernand
Côté, coordonnateur de la sécurité, compagnie
Goodyear Ltée; M. Jean-Guy Chiasson, coordonnateur,
sécurité et approvisionnement Produits Alcan Ltée,
à l'usine Lapointe; M. Julien Carignan, chef du service de la
prévention et de la protection, SIDBEC-DOSCO et c'est M. Camille
Lamarche, notre directeur général, qui présentera le
mémoire. Merci.
Le Président (M. Dussault): M. Lamarche, je vous invite
à nous le présenter à l'intérieur des 20 minutes
convenues.
M. Lamarche: Je peux vous assurer que le mémoire sera
présenté dans les limites.
Le Président (M. Dussault): Merci.
M. Lamarche: L'Association de prévention des accidents
industriels-Québec, mieux connue sous le vocable APAI, présente
ce mémoire en réponse à l'invitation publique
lancée dans la Gazette officielle du Québec du 4 juillet 1979. Le
10 juillet 1931, peu de temps après la ratification
de la Loi des accidents du travail, l'APAI était
incorporée en vertu de l'article 106, plus tard remplacé par
l'article 110 de ladite loi. À ce moment, l'association
représentait quelque 9000 établissements en regard des 97 000
actuellement inscrits au tableau des membres en 1979. Ces 97 000 entreprises
embauchent environ 1 800 000 travailleurs syndiqués ou non
syndiqués oeuvrant dans les établissements industriels et
commerciaux, à l'exclusion du secteur minier, du domaine de la
construction, de celui des pâtes et papiers et de l'exploitation
forestière et du milieu hospitalier.
L'APAI offre et dispense des services d'information, de formation et de
dépistage des polluants par le truchement de conseillers
spécialisés par secteurs et par régions, de même que
par de nombreuses publications. Le livre blanc sur la santé et la
sécurité du travail traite, d'ailleurs, des principaux services
offerts par l'association. Si vous le permettez, il m'apparaît important
ici d'ouvrir une parenthèse pour mentionner que le tableau 22, à
la page 120 du livre blanc, devrait également indiquer au crédit
de l'APAI 3073 sessions de films projetés à plus de 70 900
participants durant l'année 1977 seulement. (18 heures)
En ce qui a trait au dépistage, l'association a
développé un service de dépistage des polluants à
la suite des trop nombreuses demandes des entreprises qui n'avaient pas la
possibilité de trouver des services ailleurs dans un délai
raisonnable. En somme, nous avons acquis 48 années de performance dans
le domaine de la prévention des accidents industriels et les expertises
offertes par nos conseillers s'appuient sur plus de 200 années
d'expérience.
De plus, les secteurs privé et parapublic reconnaissent la
compétence de l'APAI en qualité d'école de formation, en y
recrutant un grand nombre de responsables de la prévention. Depuis deux
ans, une douzaine de conseillers oeuvrent maintenant dans ces secteurs
privé et parapublic.
Les membres de l'association se réjouissent du fait que le
gouvernement entend favoriser les travailleurs et les employeurs d'une
politique globale de santé et de sécurité du travail.
Déjà, en 1966 et régulièrement depuis ce temps,
l'association recommandait au gouvernement l'établissement d'une telle
politique.
Le gouvernement amorce une action efficace en démontrant son
engagement écrit et son intérêt profond envers la
santé et la sécurité, tout comme doit le faire la haute
direction de l'entreprise.
Nous sommes en accord avec le credo Mieux vaut prévenir qui
sous-entend de mettre l'accent sur la prévention, plutôt que sur
la réparation des accidents du travail. Nous reconnaissons
également la valeur des autres grandes orientations, telles que le droit
individuel de cesser un travail dangereux; l'unification et la coordination des
efforts de l'inspection, pour autant que les inspecteurs se limitent au travail
d'inspection; la réforme axée sur l'information, la formation, la
recherche, le tout coordonné par un seul organisme et, finalement, nous
sommes en accord avec la parti- cipation active et volontaire des gens du
milieu, c'est-à-dire les travailleurs et les employeurs à tous
les niveaux d'intervention.
Toutefois, la section du projet de loi traitant des associations pour la
prévention mérite, à notre avis, une attention
particulière et appelle des révisions immédiates pour le
plus grand bien de l'efficacité de la réforme.
Idéalement, le but ultime des associations en prévention
devrait être de changer l'attitude des gens, autant du côté
des employeurs que des travailleurs. C'est pourquoi nous concevons
difficilement qu'en matière de prévention des accidents et des
maladies professionnelles l'information et la formation contiennent une saveur
syndicale ou patronale.
L'inquiétude que nous entretenons présentement, face au
projet de loi est l'établissement d'un système parallèle
d'information et de formation en permettant de subventionner trois sortes
d'associations, soit les associations sectorielles paritaires, les associations
syndicales et les associations patronales.
En accord avec notre acceptation du principe de la participation active
et volontaire des gens du milieu, l'APAI préconise la formation d'une
association paritaire pour la prévention des accidents et des maladies
professionnelles dans le secteur manufacturier. Fait à noter, la formule
préconisée permet une participation active des travailleurs
syndiqués ou non syndiqués. À ce sujet, l'APAI a
déjà entrepris des pourparlers avec la partie syndicale en
soumettant une ébauche de projet d'entente axé sur la
transformation des comités sectoriels et régionaux existants afin
de les rendre paritaires. À titre d'information supplémentaire,
nous incluons en annexe une copie de l'ébauche de ce projet
d'entente.
L'Association de prévention des accidents
industriels-Québec demande une reconnaissance officielle dans la loi au
même titre que l'actuelle Commission des accidents du travail et que
l'Association des entrepreneurs en construction du Québec.
Comme nous vous le mentionnons dans notre introduction, l'APAI existe
depuis les débuts de la Commission des accidents du travail
près de 50 ans et se transforme avec cette dernière.
Avec ses 61 employés, dont plusieurs sont ici présents
ce que le président a mentionné tantôt
certains de ces employés comptant plus de 25 années de service,
l'APAI est l'une des seules associations du genre au Québec à
offrir des services complets d'information, de formation et de dépistage
dans le domaine de la prévention des accidents et maladies
professionnelles. En plus de faire des échanges avec les autres
provinces canadiennes, l'APAI rayonne dans toutes les parties du monde par le
biais de ses publications. En effet, l'association expédie sur demande
la documentation à 182 correspondants ou organismes répartis dans
pas moins de 38 pays différents à travers le monde.
L'APAI pourrait encore faire plus, mais les restrictions
budgétaires qui nous ont été imposées
depuis deux ans nous forcent à limiter nos activités.
Présentement, les budgets de prévention de toutes les
associations représentent moins de 1% des cotisations totales des
employeurs. Nous croyons qu'un minimum de 3% à 4% est nécessaire
pour répondre aux objectifs visés par le projet de loi 17.
Recommandations. L'Association de prévention des accidents
industriels recommande le remplacement des articles 79 et 80 du projet de loi
par ce qui suit, sans préjudice toutefois envers les autres associations
de prévention existantes. La commission accorde à l'Association
de prévention des accidents industriels une subvention annuelle selon un
programme et un budget approuvés par la commission. Lorsque l'APAI sera
devenue une association paritaire, la commission continuera à accorder
une subvention à cette nouvelle association. Cette nouvelle association
accordera une subvention égale de support au collectif intersyndical et
à l'association patronale ayant procédé à sa
formation. Le financement des subventions pour la prévention sera
partagé également entre les employeurs par le biais de leurs
cotisations et les travailleurs selon un mode à déterminer.
En invitant les travailleurs à une participation
financière plutôt symbolique, nous pensons susciter une
implication profonde de leur part. Quant à la reconnaissance de l'APAI,
nous voulons maintenir, dans un premier temps, un service complet et
compétent d'information, de formation et de dépistage pour le
bénéfice des comités paritaires d'entreprises.
Simultanément, des pourparlers se poursuivent pour la formation d'une
association paritaire dans le secteur manufacturier.
Finalement, nos recommandations permettent d'éviter le
dédoublement non souhaitable des services communs de prévention
parmi les associations patronales, les associations syndicales ou les
associations paritaires sectorielles. En effet, M. le Président, le fait
de vouloir créer plusieurs infrastructures n'aura comme
conséquence que de multiplier exagérément les coûts
de la prévention. L'association demande donc une reconnaissance et
invite toutes les parties à s'impliquer et à participer à
la cause de la prévention des accidents et des maladies
professionnelles.
Les pages suivantes contiennent l'ébauche du projet d'entente
pour former une association paritaire, tel que mentionné
précédemment; un fait à noter, ce canevas de travail date
déjà de novembre 1978. Finalement, la dernière page du
document vous présente l'organigramme des structures
proposées.
Je pense, M. le Président, avoir employé le temps qu'on
m'a accordé. Je vous remercie, vous et les membres de cette commission
de votre bonne attention.
Le Président (M. Dussault): C'est un record aujourd'hui en
termes de présentation de mémoires. M. le ministre.
M. Marois: Je présume, M. le Président, que
l'association désire que son mémoire soit versé
intégralement au journal des Débats.
M. Lamarche: S'il vous plaît.
Le Président (M. Dussault): Ce sera fait. (Voir annexe
D)
M. Marois: II y a consentement. Cela dit, je voudrais remercier
l'Association de prévention des accidents industriels du Québec
de son mémoire. Je tiens à profiter de l'occasion pour signaler
le fait que l'APAI est un de ces groupes qui ont largement contribué
à la suite de la publication du livre blanc, à l'organisation de
rencontres partout à travers le Québec où il nous a
été possible, à moi et à certains de mes
collègues, de rencontrer beaucoup de porte-parole du monde de
l'entreprise en particulier et d'échanger des idées avec eux.
Je pense que ces échanges ont été très
fructueux à la fois sur le plan de l'information, de la sensibilisation,
et de l'éveil à la nécessité de mettre l'accent sur
une approche de prévention par rapport à une approche uniquement
curative qui était et qui demeure encore, jusqu'à nouvel ordre,
le lot avec lequel on vit. Je tenais à signaler cela parce que je pense
que c'est une contribution importante.
Cela dit, je pense qu'on sait que je n'ai pas l'habitude, quand mon
opinion est faite, d'y aller avec des détours. J'ai pris très
attentivement connaissance du mémoire. Je reviendrai sur un certain
nombre d'éléments contenus dans ce mémoire. J'avoue
très franchement que j'ai été un petit peu
déçu. J'aurais souhaité, j'aurais pensé qu'il
aurait pu être profitable pour les membres de cette commission
parlementaire, compte tenu de l'éventail de ce que vous
représentez en nombre, également en expérience, en
expertise, de nous faire connaître vos points de vue sur l'un et l'autre
des aspects du projet de loi. Il y a un bon nombre des questions qui ont
été soulevées depuis le début de nos travaux, sur
lesquelles le gouvernement s'est engagé à réfléchir
pour, le cas échéant, s'il le juge pertinent, soumettre des
propositions d'amendement pour essayer de faire en sorte qu'on se donne le
meilleur outil possible, dans les circonstances, pour atteindre l'objectif
visé.
En ce sens, je pense que vous avez une expertise, encore une fois, une
expérience qui aurait pu être plus qu'utile aux membres de cette
commission. Vous avec eu sûrement des raisons ou des motifs. Encore une
fois, ce n'est pas un jugement que je porte, j'émets une impression
très personnelle. Je voudrais toucher plus particulièrement deux
points. Le premier, bien sûr, est qu'on note je pense que les
membres de la commission l'auront noté le fait que vous vous
déclarez favorables au projet de loi dans ses grandes lignes. Vous
mentionnez un certain nombre de points de repère: le refus d'un travail,
l'unification
de l'inspection, l'information, la formation, la participation des
parties; par la suite, vous passez à toute la question, au fond, qui est
rattachée à cette demande de la reconnaissance dans la loi et du
soutien financier inhérent ou conséquent, peu importe, ou
indépendant, de votre association. D'abord, vous me permettrez de
signaler et de vous rappeler, à moins qu'on ne fasse pas la même
lecture des textes, que les articles 79 et 80 du projet de loi no 17 permettent
à la commission ce qui d'ailleurs a fait l'objet de discussions,
vous le savez, en vertu de ce que d'aucuns ont appelé une zone grise du
texte actuel de la Loi de la Commission des accidents du travail du
Québec, qu'on entend clarifier par les articles 79 et 80 de
façon bien nette et bien claire, d'accorder un soutien financier
à des associations aussi bien syndicales que d'employeurs pour la
formation, pour l'information de leurs membres dans le domaine de la
santé et de la sécurité. De plus, selon l'article 80
là cela rejoint une autre des dimensions du problème que
vous évoquez elle pourra aussi accorder un soutien financier pour
permettre à ces organismes de participer efficacement à la
constitution et au fonctionnement d'associations sectorielles ou aux travaux
généraux de la commission.
Donc, je pense qu'il y a là une chose qui vient éclaircir
une ambiguïté, et plus qu'une ambiguïté aux yeux des
uns, puisque cela a même fait l'objet, vous le savez, d'une contestation
devant les tribunaux de ce pouvoir que certains prétendaient que la CAT
n'avait pas. N'y a-t-il pas là déjà un
élément de réponse aux problèmes que vous
évoquez? (18 h 15)
Par ailleurs, à toutes fins utiles, vous demandez la
reconnaissance officielle et la mention nommément de votre organisme
dans la loi. En toute honnêteté, je dois vous avouer, je dois vous
dire qu'à moins qu'on trouve de drôles de bons arguments pour le
justifier, je ne vois vraiment pas quelle raison pourrait nous amener à
inscrire une chose comme celle-là dans la loi, c'est-à-dire de
reconnaître nommément dans la loi une ou plusieurs associations
nommément, je dis bien syndicales ou patronales qui
oeuvrent dans le domaine de la santé ou de la
sécurité.
Je vois bien où cela nous mènerait, oui. Mais je ne vois
vraiment pas ce qui le justifierait et je ne vois pas en quoi ça
étofferait davantage l'action qu'un organisme ou qu'une association peut
mener. Il s'agit d'une loi-cadre qui vise, encore une fois, à
éliminer à la source les causes mêmes d'accidents et de
maladies en mettant à contribution les outils, les instruments qui sont
déjà existants dans la société ainsi que ceux qui
n'existent pas et qu'il faut absolument développer pour les rendre
accessibles et disponibles à ceux et celles qui sont les premiers
concernés, les hommes et les femmes au travail. Cela suppose
forcément un soutien financier et qu'on arrête de "zigonner" sur
des textes qui peuvent prêter flan à l'interprétation,
comme c'est le cas de la loi actuelle de la Commission des accidents du
travail. C'est pour ça qu'on introduit les articles 79 et 80; parce
qu'on reconnaît que des organismes comme ceux-là apportent une
contribution valable; qu'on reconnaît qu'il est normal que le monde
patronal puisse obtenir un soutien financier, comme le monde syndical, les
organismes syndicaux puissent en obtenir aussi, pour que chacun puisse
développer ses propres programmes d'information et de formation. Cela
n'exclut absolument pas, en plus, des programmes généraux
d'information, que ce soit à l'échelle nationale par la
commission, par secteurs industriels ou économiques, ou même
à l'échelle d'une entreprise ou d'un établissement.
En ce qui concerne cette idée de confier nommément
à l'APAI, à votre organisme, le soin de former des associations
sectorielles, on a pensé préférable de laisser cette
responsabilité à la commission, puisqu'il s'agit d'associations
volontaires sectorielles. Le seul cas où l'association sectorielle est
obligatoire c'est d'ailleurs en relation avec les lois des relations de
travail concernant ce secteur c'est le secteur de la construction. Il
nous a donc semblé préférable de laisser le pouvoir et la
possibilité à la commission, qui connaît bien les
organismes qui existent, de s'assurer du concours direct des associations
patronales ou syndicales concernées.
Je terminerais, M. le Président, par une question. Vous signalez,
en page 6 de votre mémoire, que vous avez "entrepris des pourparlers
avec la partie syndicale en soumettant une ébauche de projet d'entente
axé sur la transformation des comités sectoriels et
régionaux existants afin de les rendre paritaires". Vous avez
mentionné le fait que ce geste a été posé en
novembre 1978, si ma mémoire est bonne. J'aimerais savoir où en
sont rendus ces pourparlers, ce qui s'est produit depuis que vous avez soumis
ce projet. Est-ce que les pourparlers sont bloqués, est-ce que cela
avance? Si cela avance, où cela en est-il rendu? Si c'est bloqué,
qu'est-ce qui, à votre avis, fait que cela ne débloque pas?
M. Paquet: M. le Président, avant de répondre
à la question spécifique de M. le ministre, il faudrait qu'on
fasse un historique de ce qu'on a été comme association. Vous
avez l'air d'être surpris, M. le ministre, de ce qu'on vous demande
d'être nommés spécifiquement. Pour nous, au fond, c'est
qu'on se trouve très près de la CAT, quand même. On a
toujours été une association d'employeurs, mais
subventionnée par la CAT, à même les cotisations, pour
faire de la prévention.
Alors, si la Commission des accidents du Travail se transforme, devient
une autre commission, on pense qu'avec l'expérience qu'on a
développée au cours des années, on a encore notre raison
d'être, autant que la commission a encore sa raison d'être.
Aussi, on a fait un effort sérieux. Vous savez, il n'y a pas
tellement longtemps on est une association d'employeurs, d'accord,
représentant 97 000 employeurs on attendait après notre
budget de la CAT et on s'est fait dire: Si vous ne devenez pas paritaire, il
n'y a plus de budget. Alors, c'était la fin de l'association. Or, on
croit à
notre association et on croit que l'association a fait un bon travail.
Là, on a comme rôle qu'il faut vendre aux employeurs l'idée
de devenir paritaire. On a eu de la bonne volonté; on y a cru à
la parité. On a cru à la parité à tous les niveaux
et on a commencé des pourparlers et on a montré notre bonne
volonté. De cela, la CAT est au courant parce que les budgets ont
été débloqués. Quand on a vu les efforts qu'on
avait faits, on a eu notre budget pour le deuxième semestre de 1979.
Ceci est à la suite de la remarque vous faisiez au début. Pour ce
qui est de votre question précise, je suis président de
l'association depuis le mois de juin et celui qui...
M. Marois: Je m'excuse de vous interrompre, mais, avant d'aborder
la question précise que j'ai évoquée, je vous dis que
c'est une chose que de mettre dans une loi le nom d'un organisme. Ce n'est pas
banal, ça ne se fait pas tous les jours, et pour cause, parce que les
lois ne se changent pas comme ça et que les situations évoluent.
C'est le libre choix des citoyens et citoyen est entendu comme individu
physique, comme citoyen corporatif ou comme personne morale; je pense à
des organismes syndicaux, par exemple de s'organiser sur la base qu'ils
désirent. Depuis une dizaine d'années, les organismes syndicaux
ont évolué au Québec. Si les noms avaient
été figés dans des lois, je ne sais pas devant quelle
situation on serait aujourd'hui.
Je pense que les choses ne sont pas simples dans ce domaine. Avant que
le législateur, à mon avis, procède à l'insertion
nommément d'une association dans un texte de loi, il doit avoir des
motifs extrêmement importants pour le faire. D'autant plus que, de toute
manière et sur la base même de l'information additionnelle que
vous venez de mettre sur la table, qui, je pense, est pertinente et
éclaire les membres de cette commission, les articles 79 et 80
prévoient déjà le soutien financier normal à des
groupes du monde patronal comme du monde syndical pour des fins de formation et
l'article 80, lui, en prévoit dans la perspective de la mise en place
d'associations sectorielles. Cela éclaircit, à tout le moins, je
pense que vous en conviendrez, une ambiguïté sur cette partie qui
existait par le passé.
M. Lamarche: J'aimerais peut-être commenter un peu les
déclarations de M. le ministre, concernant les articles 79 et 80 et
également le fait d'inclure dans la loi le nom d'une association comme
telle. Si on réfère aux articles 79 et 80, ils parlent de la
possibilité de subventionner des associations syndicales, des
associations patronales et des associations paritaires. Dans le fond, ce qu'on
dit, c'est que, en acceptant le principe de parité, on l'accepte sur
toute la ligne. On parle, dans le projet de loi, de parité au sein des
comités paritaires d'entreprises, au niveau local; au niveau de la
commission, on parle de parité également; au niveau
intermédiaire, qui sont les associations, on veut que ce principe existe
aussi. À ce moment, on dit: On croit à la parité, mais on
a peur qu'il n'y ait un système parallèle qui s'établisse
avec les articles 79 et 80. La commission va pouvoir subventionner des
associations syndicales et des associations patronales. Nous, on croit au
principe de la parité et on y croit jusqu'au bout. Alors, on dit:
Subventionnez des associations paritaires seulement. Dans le fond, c'est
ça notre remarque concernant les articles 79 et 80. Je pense qu'il faut
être un peu consistant sur la parité et accepter le principe de la
parité aux trois paliers: au niveau supérieur, la commission; au
niveau intermédiaire que sont les associations et au niveau de
l'entreprise, les comités paritaires de l'entreprise.
Quant au fait de mentionner le nom de l'association, il faut quand
même penser que, dans nos recommandations, ce qu'on dit, c'est que
l'association va recevoir un budget de la commission, mais le nom de
l'association ne restera pas toujours là, parce qu'on dit ensuite que
l'association comme telle va former une association paritaire. L'APAI,
après cela, elle est disparue; ce sera l'association paritaire qui sera
là. Quant au fait de ne pas mentionner le nom de l'association parce que
cela reste et qu'une loi peut rester longtemps, c'est vrai que, dans
l'immédiat, le nom de l'association apparaîtrait, mais, dès
que l'association aurait formé une association paritaire, le nom comme
tel ne voudrait pas dire grand-chose à ce moment-là.
Une autre raison, c'est qu'on mentionne quand même dans la loi
l'Association des entrepreneurs en construction. À ce moment-là,
pourquoi l'APAI ne pourrait-elle pas être mentionnée aussi?
M. Marois: Si vous me permettez seulement un petit commentaire
additionnel, quand je regarde les recommandations et, en particulier, celles de
la page 9, dans le libellé que vous nous proposez d'un article qui
remplacerait les articles 79 et 80, et que j'arrive à l'avant-dernier
paragraphe: "Cette nouvelle association peu importe accordera une
subvention égale de support au collectif intersyndical donc
à la partie syndicale du FRIC et à la partie patronale..."
du FRIC, toujours, je suis mal la logique du raisonnement que vous venez de
tenir, puisque ce que vous mettez là dit, en des mots différents,
ce que disent exactement les articles 79 et 80. Ce dont on parle, aux articles
79 et 80, c'est de soutien financier, d'une part, à des associations
syndicales, et, d'autre part, à des associations du monde patronal avec,
en plus, un support financier additionnel dans la perspective de mise en place
d'associations sectorielles, à l'article 80.
Le Président (M. Dussault): M. Ruel.
M. Ruel (Marc): M. le ministre, si vous regardez la
dernière page de l'annexe je ne sais pas si vous l'avez devant
vous il y a un organigramme où on démontre le
fonctionnement de l'association paritaire qui regroupe les employeurs, d'une
part, et les représentants des salariés, d'autre part. Vous
voyez, à gauche, l'association patronale et, à
droite, le collectif intersyndical. Ces groupes-là ne sont que
des conseils d'administration, des représentants des employeurs et des
centrales syndicales dans le but de former l'association paritaire, parce que
ces gens de l'association paritaire vont venir de quelque part. Donc,
l'association patronale et le collectif intersyndical ne sont pas des
associations opérantes qui vont faire de l'information, de la formation
et du dépistage. Tout ce dont elles vont avoir besoin probablement comme
budget, c'est un budget de support, comme on le mentionne ici, qui est
peut-être $30 000 ou $50 000 par année dans le but d'avoir un
secrétariat et de bien représenter leurs membres.
Si je peux ajouter un commentaire, déception pour
déception, depuis la première édition du livre blanc, on
est très déçu de voir qu'on parle d'associations
parallèles, parce qu'en fait, je pense que c'est ce que vous dites. Une
association syndicale devrait faire de la formation, n'est-ce pas? C'est ce que
vous dites du moins, c'est ce qu'on voit un peu partout de même que
l'association patronale. Pour nous, ce n'est pas possible, cela ne se fait pas
comme cela. Je pense que si vous voulez avoir trois associations qui vont faire
le même travail, ce sera le bordel au Québec; on ne pourra pas
faire de la prévention comme cela. D'ailleurs, on refuse
catégoriquement de le faire.
Comme question de fait, la CAT, depuis deux ans, nous ballotte à
gauche et à droite et nous menace continuellement de disparition si on
ne devient pas paritaire. On nous dit: Le livre blanc s'en vient. Après
le livre blanc, ce sera une loi. Si vous n'êtes pas une association
paritaire, vous allez disparaître complètement. Aujourd'hui, on
nous dit: Si vous êtes une association patronale, cela va, si vous
êtes une association syndicale, cela va. On vous donne des subventions.
C'est ce qu'on dit aux articles 79 et 80. C'est une jolie déception,
cela fait des mois qu'on essaie de la comprendre. (18 h 30)
M. Marois: M. Ruel, je pense que vous admettrez avec moi que,
rendu à 18 h 30, on puisse peut-être tourner les angles un peu
carré. Les choses sont un petit peu plus nuancées que cela. Dans
l'hypothèse je vais aller plus loin que cela où
votre organigramme qui est là, serait la réalité ce
qui n'est pas le cas encore aujourd'hui et je ne vois pas ce qui, par le projet
de loi no 17, bien au contraire, empêche cette perspective-là
les années 1979 et 1980 n'empêchent absolument pas, mais
bien au contraire, le soutien financier.
Cependant, ce n'est pas encore la réalité. Vous le savez
comme moi. C'est pour cela que je posais aussi l'autre question très
précise, puisque vous l'évoquez devant nous, que vous avez des
pourparlers qui sont en marche, je présume, et qu'il serait
intéressant qu'on sache exactement ce qui s'est passé depuis
novembre 1978, vous avez dit. Où est-ce que vous en êtes
là-dessus? Est-ce que c'est en marche? Est-ce que cela avance? Est-ce
que c'est bloqué? Si c'est bloqué, pourquoi est-ce que cela
bloque? Qu'est-ce qui bloque d'après vous? Je pense que cela serait
intéressant qu'on ait votre point de vue là-dessus.
M. Ruel: La réponse est bien simple, M. le ministre. On a
eu plusieurs rencontres avec un syndicat et parfois deux. La troisième
centrale syndicale s'est refusée de participer à nos sessions.
Alors, on n'a pas besoin de mentionner laquelle et à la dernière
réunion, on nous a dit le représentant, en passant, de la
CAT était là, le président de la CAT : Cela ne donne
rien d'aller plus loin, tant qu'on ne verra pas la phase finale du livre blanc
et le texte de loi. Alors, c'est comme cela que c'est bloqué; cela ne
vient pas de nous. C'était notre désir à nous de cheminer
le plus vite possible. D'ailleurs, on est encore prêt à le
faire.
M. Lamarche: Je reprendrai aussi, si vous le permettez, M. le
Président, un commentaire là-dessus.
Le Président (M. Dussault): M. Lamarche.
M. Lamarche: Vous mentionnez dans l'hypothèse que
l'organigramme qu'on a, soit fait actuellement dans la loi 17, qu'est-ce qui
pourrait empêcher qu'il y ait des subventions d'accordées en 1979
et 1980? Je comprends qu'il n'y a aucun empêchement en 1979-1980. Mais il
y a un fait drôlement important, par exemple, concernant les centrales
syndicales, de savoir qu'elles peuvent obtenir des subventions pour
l'information, la formation et le conseil. Cela va empêcher
drôlement de faire avancer les pourparlers.
Je pense que c'est un élément très important. Si
l'autre partie se dit: Oui, on a un projet de loi devant nous. On a un article
de loi qui va nous permettre d'avoir des sommes d'argent pour faire de
l'information ou de la formation, alors pourquoi continuerait-on à
parler pour former une association paritaire. Là, demain matin, on va se
réveiller avec deux types d'associations, le système
parallèle auquel on fait allusion dans nos commentaires, dans notre
mémoire. On va avoir des associations syndicales, et des associations
patronales.
L affrontement va se faire. Comment peut-on imaginer que des
travailleurs qui vont être formés par des syndicats et des
patrons, qui tantôt vont se rencontrer au comité paritaire de
l'entreprise et vont essayer de discuter de prévention et de
s'entendre?
Alors, c'est un élément drôlement important et je
pense que cela recoupe un peu votre question majeure, concernant les
pourparlers avec la partie syndicale. C'est vrai que c'est bloqué
actuellement, mais je pense que c'est une raison bien importante.
Le Président (M. Dussault): II y a le Dr. Paquet, je
pense, qui n'avait pas terminé son intervention, qui a été
coupé, si je peux me permettre d'employer l'expression maintenant.
M. Paquet: Excusez-moi, j'ai coupé mon président.
Non, cela va, je vous remercie. Enfin, ce que j'allais dire, c'est que je
voulais refiler la question à Marc Ruel, qui est l'ex-président
et qui avait fait les pourparlers, mais il l'a très bien donné
tout à l'heure en vous parlant de l'organigramme et où les
pourparlers étaient rendus.
Si je peux profiter de la tribune, puisque vous me la donnez, j'aimerais
demander à M. le ministre Marois ce qu'il pense qui arriverait dans le
secteur manufacturier, selon ce qu'il nous a dit. Imaginez-vous douze secteurs
que tout le monde connaît où il y aurait une association
patronale, une association syndicale de prévention, alors, cela veut
dire 24 nouvelles associations de prévention. Il faut regarder dans
l'optique qu'est-ce qu'on est, nous? On est 61 employés, des
années d'expérience. Cela compte ça. Imaginez-vous que
vous allez arriver et former 24 nouvelles associations et aller chercher toute
cette connaissance du jour au lendemain. C'est vraiment impossible. On
possède une cinémathèque, on possède de la
documentation. C'est déjà là, en place. Qu'est-ce que cela
donnerait de ne pas utiliser cela?*
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Marois: Je pense que je ne veux pas allonger la
discussion personne ne nie la réalité des choses
existantes. Personne ne nie le travail qui a été accompli. J'ai
signalé moi-même, au point de départ, le travail que vous
avez accompli comme association. Je ne vois ce qui va empêcher la
poursuite de ce travail. La réalité de l'existence
d'associations, vous autres mêmes n'étiez pas
particulièrement paritaires pendant... Vous nous avez dit que vous
existiez depuis le début de la Loi de la Commission des accidents du
travail. Vous allez admettre que vous essayez de débloquer et ce n'est
pas facile de faire quelque chose qui impliquerait l'autre partie. Vous
étiez une association patronale et vous avez été soutenus
financièrement à ce titre-là. Bien. Vous avez poursuivi
des efforts pour essayer d'ouvrir des pourparlers et vous avez
été soutenus financièrement à ce titre-là.
Encore une fois, les articles 79 et 80 permettent cette perspective en ouvrant
la possibilité il ne s'agit pas de tordre le cou des gens
de débloquer des associations sectorielles qui seraient susceptibles de
jouer un rôle extrêmement utile. L'expérience
concrète des commencements d'associations sectorielles au Québec
le démontre. Ce n'est pas un truc qu'on a inventé. On l'a pris
strictement dans la réalité, sur la base des recommandations qui
nous ont été faites par les groupes qui existent.
La notion de parité, d'implication de l'une et de l'autre partie
à un certain nombre de choses ne doit pas exclure pour autant la
réalité de l'existence même de chacune des parties. Je ne
pense pas qu'il faille se scandaliser du fait que les centrales syndicales ou
des associations syndicales demandent elles aussi d'avoir un soutien financier
pour assurer une partie de la formation de leurs membres ce qui n'exclut
absolument pas des programmes d'envergure nationale, sectorielle ou à la
base de formation et d'information des membres en équipe sur une base
paritaire.
M. Paquet: D'accord, M. le ministre, mais vous venez de me dire
que vous êtes d'accord aussi avec les 24 associations de
prévention si le raison- nement se fait comme cela. Nous soutenons
toujours on a accepté le principe de la parité que
la prévention...
M. Marois: Je m'excuse parce que je ne veux pas admettre des
choses que je n'admets pas. Vous tirez une conclusion. Je respecte la
conclusion que vous tirez. Ce n'est pas le fait qu'il y ait X centrales
syndicales au Québec et qu'il n'y en ait pas 42 que je sache, il
y a trop des doigts d'une main pour les compter qui vont participer
possiblement, si elles le veulent, soit à la base dans des entreprises
à des comités paritaires. Dans certaines entreprises, vous avez
plusieurs unités syndicales qui peuvent exister relevant de plusieurs
centrales syndicales à des associations sectorielles. Qui va pour
autant... On ne peut pas tirer. Il n'y a pas une équation automatique
entre la participation, par exemple, de porte-parole du monde des travailleurs
à une association sectorielle donnée de trois centrales
syndicales. On ne doit pas conclure qu'on est en train d'émietter le
monde syndical et créer de nouvelles associations syndicales. Ce qui
vaut de ce côté-là vaut de l'autre côté aussi.
Je ne veux pas allonger la discussion et abuser du temps parce que j'ai
déjà pris passablement de temps, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. Ruel, nous devrions
normalement terminer le droit de parole de M. le ministre pour passer à
l'Opposition. M. Ruel.
M. Ruel: Vous devriez normalement ou si vous nous donnez le
droit?...
Le Président (M. Dussault): C'est que le temps est
déjà bien écoulé.
M. Pagé: Sur mon temps.
M. Ruel: Non. C'est que, encore une fois, pour revenir sur la
déception de tantôt parce que je ne comprends toujours pas
comment 24 associations sectorielles ou douze ou autant qu'on aura de secteurs
plus l'APAI plus toutes les autres associations que vous avez entendues
aujourd'hui et depuis quelques semaines plus trois grandes centrales syndicales
tout le monde va se mettre à faire de la formation. Avec qui?
Avec la même clientèle. N'oubliez pas que nos employés sont
les mêmes. Les syndiqués sont nos employés. C'est la
même clientèle. Je ne comprends pas du tout quel cheminement vous
avez fait dans votre esprit pour en arriver à une espèce de
monstre comme cela. Je ne vois pas du tout comment vous pourriez faire de la
prévention au Québec. On ne comprend pas. Pourtant, on
représente 80% des employés au Québec, 1 800 000
employés, et cela fait 48 ans qu'on existe. On est 33 à notre
conseil d'administration et on se casse la tête à essayer de
comprendre comment cela va marcher, cette affaire-là. C'est un monstre,
et je pense que vous ne réussirez jamais. Je regrette, mais c'est notre
opinion.
M. Marois: Tout ce que je peux dire, c'est que je respecte votre
opinion.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. C'est regrettable
presque qu'on soit obligé d'étudier votre mémoire
après les heures normales de la Chambre et de la commission parce que
c'est assez intéressant, ce que vous mettez en relief. Vous avez 48 ans
d'expérience. Vous représentez beaucoup de monde, tant employeurs
qu'employés. Vous agissez depuis plusieurs années. Vous avez eu
une action dans l'information, dans la formation comme telle, la diffusion,
etc. Vous êtes directement impliqués dans la prévention
comme telle. Je dois vous dire que, dès que j'entends parler de
prévention, cela m'intéresse. Depuis le début des travaux
de cette commission, quant à nous, nous avons axé
particulièrement nos interventions, nos questions, nos échanges
sur le domaine de la prévention parce que la prévention est
peut-être le tremplin dans tout le débat de la santé et de
la sécurité au travail au Québec. Vous n'étiez pas
paritaires; vous l'êtes devenus, si j'ai bien compris, ou vous voulez le
devenir.
M. Paquet: On a manifesté le désir de le devenir.
Ce n'est pas nous qui avons bloqué.
M. Pagé: D'accord, depuis 1978. Vous êtes
financés par vos membres et par la Commission des accidents du travail.
Vous interprétez le projet de loi et l'interprétation que
vous en donnez m'apparaît assez juste en concluant que la
Commission de la santé et de la sécurité du travail pourra
subventionner des organismes qui, eux, interviendront dans le domaine de la
prévention. Vous demandez d'être reconnus officiellement comme
association, que ce soit bien libellé dans le texte de loi. De prime
abord, je pourrais vous dire: D'accord, cela a bien du bons sens et vous seriez
bien contents, mais cela ne vous en donnerait pas plus. Je dois vous dire que
le législateur se doit d'être prudent avant de nommer et de citer
une association, un groupe ou un organisme comme tel dans un projet de loi.
Par contre, ce qui affaiblit l'argumentation du gouvernement ou du
législateur dans sa réponse, c'est que, comme vous le dites dans
votre mémoire, l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec est quand même nommément citée dans le projet
de loi. Je vous dirai que j'ai bien envie d'acheter cela, votre affaire, et
j'inviterais le ministre à ne pas dire non tout de suite parce que je
crains qu'il ne soit sur le point de dire non ou qu'on ne puisse
interpréter de ses paroles qu'il ait dit non. L'appréhension que
vous manifestez, je pense, est tout à fait justifiée, et la plus
belle preuve, c'est que vous avez tenté, si j'ai bien compris, depuis
1978, d'en arriver à une association véritablement paritaire en
convoquant, en appelant ou en invitant les intervenants tant syndicaux que
patronaux à s'associer, à participer à la structure.
C'est un cercle vicieux, tout cela; c'est explicable que certains
groupes invités disent non. Ils attendent le projet de loi purement et
simplement parce que, si le projet de loi n'établit pas sur une base
certaine que c'est une association, entre autres la vôtre, qui aura la
responsabilité et voix au chapitre là-dessus, ce sera
peut-être eux comme organismes. Je suis d'accord avec le ministre
là-dessus. Il n'y a aucun inconvénient à ce que les
associations sectorielles puissent aller chercher des subventions au lendemain
de l'adoption de la loi 17. Aucun inconvénient à cela.
Ce qui m'inquiète, cependant, c'est qu'un intervenant vienne nous
dire: On est structuré, on est organisé, on fait du boulot depuis
48 ans et on risque d'être démembré demain matin. C'est
cela, l'éventualité. Je me dis: On ne démembre pas cela
tout de suite. Avant que vous disiez non, M. le ministre, je vous inviterais
à regarder cela plus attentivement parce que le danger, c'est que
l'intérêt étant mis en cause et la loi 17 permettant des
subventions de la part de la commission à des organismes
spécifiques du milieu syndical ou du milieu patronal, il se pourrait
qu'une fois la loi adoptée ces organismes en question ne soient pas
intéressés nécessairement à participer et à
s'associer dans une démarche comme celle que l'association nous
présente cet après-midi. Vous savez, le meilleur ami de l'homme
ce n'est plus le chien, c'est l'argent. Il y aura des subventions et il y aura
possibilité pour la commission de donner des subventions. (18 h 45)
Je vous dis: J'ai bien envie d'acheter cela. Cela ne réglera pas
votre problème, cela va de soi. Quand même, je vous dirais: Je
l'achète et je suis d'accord avec vous, cela ne le réglera pas,
parce que nous sommes seulement dans l'Opposition. On va être au pouvoir
avant longtemps, par exemple, peut-être d'ici un an, à part cela.
C'est une autre affaire. Vous viendrez nous voir à ce moment-là
parce que nous croyons, à voir la réaction populaire, que ce sera
nous qui aurons à administrer cette loi dès le début ou
à peu près. Je ne voudrais pas que le ministre interprète
mes commentaires comme étant des flèches à son endroit,
loin de là. La collaboration est très bonne entre le ministre
d'État au développement social et moi-même.
M. Marois: Et je suis bien bon d'endurer les propos que vous
venez de tenir depuis deux ou trois minutes sans réagir.
M. Pagé: De toute façon, vous êtes mal
placé pour m'arrêter; vous vouliez qu'on siège
jusqu'à minuit tantôt; peut-être pas vous, mais des gens de
votre équipe. Alors, cela a bien du bon sens, ce que vous dites, et je
vous invite, d'ici quelque temps, à redoubler d'efforts auprès de
ceux avec qui vous avez peut-être négocié depuis janvier
1978 ou le début de 1978. Vous êtes prêts, vous avez
même le protocole d'entente, vous avez même la structure, vous avez
même le tableau de ce que cela pourrait être. Vous avez fait du
bon
travail et je pense que ce serait pénible qu'un projet de loi
comme celui qu'on est sur le point d'adopter mette de côté
l'effort déployé et l'expertise, le "know-how" aussi parce que
c'est important, que vous pouvez représenter avec 48 ans
d'expérience. M. le ministre, pensez-y deux fois. Ne dites pas non tout
de suite. C'est le seul commentaire que j'avais à faire.
Le Président (M. Dussault): M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, en terminant, je voudrais,
bien sûr, remercier les gens de l'association. Quand mon opinion est
faite après l'analyse des données et des faits, je ne me
gène pas pour la communiquer. En temps et lieu, je ne me gênerai
pas pour communiquer ma décision concernant cet aspect du
problème. Ce que je pense c'est que, de là à conclure
qu'il faille l'inclure dans la loi, je vous inviterais à y
réfléchir très sérieusement, M. le
député de Portneuf. Comme vous l'avez dit, ce n'est pas tous les
jours que le législateur mentionne une association dans un texte de loi.
C'est une chose sérieuse et on ne fait pas cela pour n'importe quoi et
n'importe quel motif. Cela prend vraiment un motif extrêmement
important.
Si on fait mention de l'AECQ dans le projet de loi, on sait
forcément pourquoi. On met en relation d'autres lois qui existent et il
y a une réalité là sur laquelle je n'ai pas à
revenir. Je ne suis pas particulièrement responsable de ce qui s'est
passé dans les années antérieures. La
réalité est là. Je veux bien vivre avec cela et essayer de
faire en sorte qu'il y ait moyen de mettre cela à contribution pour
arriver à aboutir de la façon la plus constructive, la plus
positive possible. Mais ce n'est pas parce que l'AECQ est mentionnée
pour des causes que le député de Portneuf connaît encore
mieux que moi que, pour autant, il y a une équation automatique entre
cela et l'insertion dans une loi du nom d'une autre association.
Cela dit, je pense quand même que fondamentalement
là, je rejoindrais, cependant, certains des propos que tenait le
député de Portneuf en terminant vous devez poursuivre en
temps et lieu, au moment opportun, les efforts d'ouverture et de pourparlers
qui sont amorcés pour faire en sorte d'ouvrir une coopération
possible avec d'autres agents socio-économiques. S'il y en a un ou une
centrale syndicale qui dit non, ce n'est pas la fin du monde. Vous avez la
délicatesse de ne pas la nommer. On ne la nommera pas, mais c'est un
fait. Bien sûr, il y a aussi, forcément, des groupes qui retardent
pour une raison ou pour une autre, quels que soient leurs motifs. Ce n'est pas
une raison pour ne pas avancer.
Vous avez fait du travail depuis 48 ans. Il y a 48 ans, ce n'est pas
tout le monde qui avait cette perception des problèmes de la
prévention. Cela ne vous a pas empêchés de commencer. Cela
n'exclura certainement pas, dans cette perspective-là, comme je l'ai
évoqué, le soutien financier de la commission, bien au contraire.
Ce n'est certainement pas moi qui vais décourager les efforts que vous
faites. Je ne voudrais certainement pas que mes propos soient
interprétés dans ce sens-là, bien au contraire.
En terminant, encore une fois, je tiens à vous remercier
infiniment de votre témoignage.
Le Président (M. Dussault): M. le Dr Paquet.
M. Paquet: M. le Président, est-ce qu'on peut abuser de
votre patience quelques minutes, pour poser simplement deux petites questions
rapides? Je voudrais ajouter que nous ne demandons pas nécessairement
que le nom de l'APAI soit inscrit dans la loi; cela on le comprend très
bien. Mais si on embarque dans le principe de la parité, la loi peut
très bien être faite de sorte qu'il y ait de la place pour les
associations paritaires à tous les niveaux. On va très bien
cadrer là-dedans. C'est ma dernière remarque. Maintenant, M. Ruel
aurait quelque chose à ajouter.
M. Ruel: Si je puis prendre trente secondes. Le
Président (M. Dussault): Vous les avez.
M. Ruel: II y a une idée fondamentale qu'on
développe à l'APAI depuis quelques années, et je m'en
voudrais de quitter cet édifice imposant sans vous la laisser. M.
Lamarche vous a parlé, dans son texte, tantôt, d'attitude. Je
voyais que les gens étaient peut-être fatigués,
c'était la fin de la journée, et cela a passé
inaperçu que l'objectif idéal pour nous, c'était de
changer l'attitude des gens vis-à-vis de la prévention et non pas
d'éliminer les risques d'accidents, comme on le voit assez
fréquemment, je pense, dans le livre blanc. D'après nous, si tous
les risques d'accidents étaient éliminés dès
aujourd'hui, les accidents ne seraient pas éliminés pour cette
simple raison, au contraire. On pense qu'il est absolument impératif que
tous les citoyens impliqués changent leur attitude vis-à-vis de
la santé en général. Et quand je dis tous, j'entends
d'abord et avant tout les élus du peuple, qui font les lois et qui
doivent aussi donner l'exemple. Je parle des employeurs. On sait que ce sont
les grands coupables, les employeurs, qui ont quand même une
clientèle captive et qui ont toute la possibilité de faire de la
formation. Je pense, évidemment, aux syndicats et aux employés.
Et quand je parle d'attitude, je pense à tous nos styles de vie, qui
détruisent notre santé. Je parle, par exemple, des abus d'alcool,
de tabac, M. le ministre, de drogue. On parle de mauvaise alimentation, de
manque de conditionnement physique, etc.
Or, chaque fois que quelqu'un s'aventurait aujourd'hui pour parler de
choses semblables, j'ai remarqué que vous disiez: C'est bien beau tout
cela, ce sont des voeux pieux, qu'est-ce que tu recommandes maintenant? On peut
peut-être vous faire une recommandation. On devrait penser au travailleur
de demain, c'est-à-dire l'étudiant d'aujourd'hui. C'est lui, je
pense, qu'il faut former, aujourd'hui. C'est à lui qu'il faut penser. Je
pense qu'une concertation avec le ministère de l'Éducation, entre
autres, et le MAS serait très, très im-
portante si nous voulons que les objectifs de la loi 17 durent plus
d'une génération.
C'était mon observation, M. le ministre.
M. Marois: Si on me permet trois secondes sur le dernier aspect
que vous venez de mentionner, je pense qu'on va se quitter sur un consensus
très profond sur le dernier point, parce que vous avez parfaitement
raison. Sûrement qu'il va falloir mettre un accent colossal sur la
formation, déjà, au niveau scolaire. Vous avez parfaitement
raison, cet aspect a été terriblement négligé.
Le Président (M. Dussault): Je remercie, au nom de la
commission, l'Association de prévention des accidents industriels pour
sa participation aux travaux de cette commission.
La commission avait convenu que nous entendrions cette association avant
la fin de nos travaux. La commission a aussi convenu d'entendre, demain, en
priorité, la Société des conseillers en
sécurité industrielle du Québec Inc. et le Comité
d'hygiène et de sécurité du Syndicat des professionnels du
gouvernement du Québec.
J'ajourne donc les travaux de cette commission à demain matin,
dix heures.
Fin de la séance à 18 h 55
ANNEXE A
Projet de loi no 17 intitulé Loi sur la
santé et la sécurité du travail
Mémoire à la commission parlementaire du
travail et de la main-d'oeuvre
Présenté par:
L'association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec
Août 1979
PREAMBULE
L'Association des Manufacturiers de Bois de Sciage du Québec
désire souligner sa profonde reconnaissance aux membres qui composent
cette commission parlementaire, de lui permettre de présenter son point
de vue ainsi que ses recommandations sur le projet de loi no 17
intitulé: "Loi sur la santé et sécurité au
travail".
Fondée en 1953, l'Association regroupe actuellement 148 membres
opérant 160 usines, représentant plus de 85% de la production de
bois de sciage au Québec. Longtemps artisanale, l'industrie
québécoise du sciage a connu, vers la fin des années
soixante, une évolution technologique qui la situe aujourd'hui à
la fine pointe de la technologie. Une étude réalisée en
1975 par le ministère fédéral de la Main-d'Oeuvre et de
l'Immigration, la considérait, dans le monde entier, parmi celles qui
s'étaient le plus transformées pour suivre
l'évolution.
Cette évolution technologique s'est accompagnée d'une
évolution toute aussi importante au niveau de la gestion des
entreprises. Ce phénomène s'est traduit par la diminution du
nombre d'usines de sciage. Ainsi, en 1950, l'on retrouvait plus de 2000
entreprises de sciage au Québec; maintenant, ce nombre se situe à
près de 500, dont 175 sont dites commerciales alors que les autres sont
dites de service, puisqu'elles n'ont pas le privilège d'acheter des
billots et de vendre du bois de construction.
L'effet global de ces phénomènes technologiques et de
gestion se traduit par un secteur économique qui n'a plus un
caractère artisanal et familial, mais plutôt industriel et
commercial.
Faisant référence à l'année 1978, la
production des usines de sciage a atteint le chiffre de 3 200 000 000 p.m.p. de
bois de sciage et de 3 500 000 tonnes anhydres de copeaux. Il faut mentionner
que cette production considérable représente 85% du volume total
de production et est concentrée dans 44 usines. Ces chiffres sont
révélateurs de l'ampleur des installations, mais également
de la complexité des problèmes que rencontrent les
administrateurs, que ce soit dans le domaine des opérations
forestières, de la production en usine, des relations
patronales-ouvrières, de la mise en marché, etc.
Les membres de l'Association des Manufacturiers de Bois de Sciage du
Québec emploient actuellement près de 25 000 salariés dans
leurs opérations forestières et leurs usines et versent des
salaires atteignant plus de $268 350 000 annuellement*. Depuis
l'avènement de divers changements technologiques dans nos entreprises
(la fréquence d'accident a considérablement baissé depuis
les dernières années**); il n'en reste pas moins qu'actuellement,
la contribution des industriels de sciage à * Voir tableau 1 en annexe
du document
Voir tableau 2 en annexe du document
la Commission des Accidents du Travail représente un montant
annuel de plus de $16 543 961 .*** De plus, nous nous devons de souligner que
le taux de syndicalisation dans l'industrie du sciage est de 85% et plus pour
les usines dites commerciales.
L'Industrie québécoise du sciage se voit actuellement
confrontée avec de nouvelles législations dans le domaine du
travail à savoir, "la loi 45" appelée communément le Code
du Travail, la loi sur les normes de travail (126) ainsi que celles qui fait
l'objet aujourd'hui de nos recommandations: la loi no 17 sur la santé et
la sécurité au travail.
L'Association s'inquiète sur le niveau compétitif et sur
la stabilité de l'industrie du sciage face à cet éventail
complexe de législations en milieu de travail qui lui sont
imposées, nous souhaitons que le législateur prenne en
considération le caractère particulier de l'industrie du sciage
au niveau de la technologie disponible par rapport aux exigences qui sont
édictées à l'intérieur du projet de loi sur la
santé et sécurité au travail et qu'il collabore ainsi que
les officiers de la commission, à une intégration de la loi en
milieu industriel sur une base graduelle plutôt qu'à une
imposition massive de celle-ci.
Monsieur le Président et messieurs les membres de la commission
parlementaire sur la santé et la sécurité au travail,
l'Association des Manufacturiers de Bois de Sciage du Québec vous
présente ses commentaires relativement au projet de loi no 17
intitulé: "Loi sur la santé et sécurité au
travail".
INTRODUCTION
L'Association des Manufacturiers de Bois de Sciage du Québec
reconnaît que des principes et objectifs de ce projet de loi sont
souhaitables et recommandables pour garantir la santé et la
sécurité des salariés de ses membres. Ainsi, 1-
l'Association est d'avis qu'il est essentiel, à ce stade-ci de notre
évolution industrielle, de freiner les causes d'accidents de travail et
de maladies industrielles; 2- nous sommes satisfaits que dans ce projet de loi,
le législateur établisse des règles à suivre pour
les parties impliquées; 3- l'association est d'accord à ce que
des conditions de travail qui respecteront la santé et la
sécurité des travailleurs soient de rigueur dans nos usines; 4-
en principe, l'Association est d'accord avec la mise en place des
comités de santé et sécurité et croit au
bien-fondé d'un tel mécanisme pour fins préventives et
curatives; 5- nous sommes également d'accord avec le fait que des
inspecteurs compétents soient chargés de faire respecter la loi;
6- de même, nous endossons l'objectif et le principe qui veulent que les
salariés soient protégés par le code du travail du
Québec.
Suite à une allocution du Premier Ministre du Québec, en
date du 8 mars 1977, qui laissait entendre que le gouvernement ne croyait pas
en une économie qui ferait passer la machine avant l'homme, l'A.M.B.S.Q.
ne peut que réaffirmer sa crainte face à la politique
gouvernementale qui se voudrait intransigeante et injustement trop rigide
à l'égard de l'entreprise privée.
Il est évident, de par cette future législation, que les
industriels de sciage du Québec seront fortement
pénalisés, dû au fait que la technologie la plus moderne
actuellement disponible en terme de machinerie ne répond pas, sauf
à quelques exceptions près, aux limites permissibles au niveau du
bruit, de la sécurité et de l'hygiène, aux normes
édictées dans le projet de loi.
Les industriels de sciage se sont toujours gardés à la
fine pointe de la technologie, ce qui a entraîné des
investissements continuels**** et ceci dans le but de protéger la vie et
la santé des employés. Mais nous tenons à faire remarquer
à cette Commission que certaines variables telles: le froid, le chaud,
le bruit et le risque, sont partie intégrante de la vie courante
à l'intérieur d'une usine de sciage ou de rabotage et que vouloir
tenter de pénaliser les employeurs pour des éléments dont
ils n'ont pas le contrôle porterait inévitablement à la
cessation des opérations de nos moulins de sciage à moyen ou
à long terme.
L'Association tient par ailleurs à souligner que les industriels
de sciage ont toujours collaboré avec les organismes mis en place par le
gouvernement dans le but d'améliorer les conditions de vie à
l'intérieur des moulins de sciage et que, par conséquent, les
résultats qui découlent de ces efforts concertés
devraient, à notre avis, être retenus à l'intérieur
de la version finale de la loi pour ne pas exiger des déboursés
aux employeurs qui en réalité ne mèneront qu'à des
résultats qui pourraient être jugés insatisfaisants par les
administrateurs de cette loi.
L'A.M.B.S.Q. constate avec regret et inquiétude dans ce projet de
loi que ses recommandations préliminaires sur le livre blanc n'ont pas
été retenues. *** Voir tableau 3 en annexe du document **** Voir
tableau 4 en annexe du document.
La lecture du chapitre XII nous permet de constater qu'il y aura
plusieurs règlements qui seront édictés suite à
l'acceptation de cette loi. L'Association déplore le fait que pour les
industriels du sciage il s'agit là de pouvoirs discrétionnaires
qui visent à faire assumer tous les coûts et implications de cette
loi aux employeurs en leur enlevant les responsabilités
correspondantes.
Suite à ce commentaire, nous recommandons à cette
commission que tous les règlements qui doivent être
édictés ultérieurement le soient après consultation
avec l'Association des Manufacturiers de Bois de Sciage du Québec et
que, suite à cela, lesdits règlements soient
entérinés par le lieutenant-gouverneur en conseil sur approbation
de l'Assemblée nationale.
L'Association ose croire que cette requête fondamentale de son
mémoire sera retenue par le gouvernement et qu'elle pourra compter sur
l'engagement gouvernemental, pour la consulter préalablement quand se
fera l'élaboration des lois et règlements touchant son secteur
industriel.
Sommaire des faits et recommandations 1- La loi proposée
confère des pouvoirs très étendus à la future
commission sur la santé et sécurité au travail ce qui,
à notre avis, entraînera une ingérence indue de
l'État dans la vie économique des industries de sciage du
Québec. 2- Le fardeau économique des employeurs, face à la
version originale de cette loi est nettement augmenté bien que le
législateur laisse toute question d'ordre économique et
d'implication financière en veilleuse, en attente de règlements
qui suivront la loi, et où, en vertu du texte de loi tel que
rédigé, les employeurs ne pourront faire aucune
représentativité que ce soit. 3- Une autre conséquence
économique de cette loi sera l'addition de ressources humaines qui
viendront s'ajouter et rendront plus complexe l'administration de la
santé et de la sécurité au travail. 4- Le projet de loi
no. 17, en est un de mesures sociales; nous nous interrogeons à savoir
pourquoi les employeurs doivent être les seuls à supporter la
charge économique d'une loi sociale? Nous croyons que la
responsabilité financière et administrative d'une loi à
caractère social doit être portée par la population au
complet. 5- II en va de même pour le congé de maternité;
nous suggérons que celui-ci, à cause de son caractère
social, soit financé à même le fonds consolidé de la
province et que, par conséquent, les employeurs n'aient pas à
défrayer entièrement les coûts rattachés à
cette disposition. 6- Nous nous opposons au caractère décisionnel
que l'on veut conférer aux comités paritaires, car ils n'ont pas
la compétence ni les connaissances administratives adéquates pour
trancher des questions litigieuses d'ordre socio-économique. 7- Les
répercussions les plus néfastes de cette loi se feront sentir
dans tout notre secteur industriel, et plus spécifiquement dans les
entreprises de 150 employés et moins où les ressources humaines
et financières sont le moins bien incorporées à la gestion
administrative. 8- Nous constatons également que tous les recours sont
possibles pour le salarié et l'union accréditée face
à l'employeur, mais que celui-ci nonobstant les autres procédures
légales possibles, en vertu de cette loi, n'a pas de recours dans les
cas de préjudices moraux et financiers à son égard. Nous
insistons pour qu'à des droits correspondent des responsabilités
autant sociales que financières de la part des salariés à
l'égard des employeurs. 9- L'Association demande à la Commission,
qu'étant donné que tout ce qui est d'ordre légal et
financier sera édicté par règlement, d'être entendue
et consultée sur ces mêmes règlements pour éviter
que soient imposées aux industriels de sciage, des charges
financières et législatives qui dépasseraient les normes
acceptables à la viabilité de l'industrie
québécoise du sciage. 10- Cette loi donne trop de place à
une interprétation forcément suggestive de la part des
fonctionnaires qui en feront l'application. Conséquemment, elle
perpétue une tradition que l'on continue d'encrer dans un
mécanisme administratif fort complexe et mal adapté à
l'entreprise privée, et qui lui cause un sérieux préjudice
financier. 11- Que l'employeur ait droit de recours contre les officiers et
travailleurs qui ont erré dans leurs responsabilités et ceci, au
même titre que ceux-ci peuvent recourir contre l'employeur. 12- Que les
normes qui visent à l'application de la loi soient simplifiées le
plus possible pour amoindrir le fardeau administratif et la duplication que les
employeurs auront à subir.
Commentaires et recommandations sur le projet de loi
no 17 intitulé:
"Loi sur la santé et sécurité au
travail"
Définition générale
L'A.M.B.S.Q. demande que soient définies au chapitre I les
expressions suivantes: a) Le programme de santé b) Le programme de
prévention
Nous considérons que le programme de santé fait partie
intégrante du programme de prévention et non l'inverse, et cela
pour des raisons de compréhension.
Définition et terminologie: travailleur
M. Marois évoquait lorsqu'il parlait de fouillis au niveau des
termes dans un projet de loi qu'il éviterait ce dilemme dans sa loi;
l'on ne peut que constater que les termes "employé", "salarié",
"ouvrier" et "travailleur" ne réussissent qu'à mettre
l'incohérence dans la terminologie du projet de loi.
L'A.M.B.S.Q. recommande, étant donné la
référence que le législateur fait aux officiers du
ministère du travail, d'utiliser dans le texte de loi le mot
"salarié" tel qu'il est défini au Code du Travail au lieu du
terme "travailleur" tel qu'utilisé dans le projet de loi.
Article 1: Paragraphe 11 "contaminant": Une matière
solide, liquide ou gazeuse, un micro-organisme, un son, une vibration, un
rayonnement, une chaleur, ou toute combinaison de ceux-ci,
déclaré contaminant par règlement".
L'Association recommande, que la notion de contaminant à
l'article 1, paragraphe 11, soit limitée à la matière
solide, liquide ou gazeuse ainsi qu'à un micro-organisme, mais que l'on
devrait biffer les agents physiques tels: "le son, les vibrations ainsi que la
chaleur".
Article 7 "Rien dans la présente loi ou les
règlements ne doit être interprété comme diminuant
les droits d'un travailleur en vertu d'une convention collective, d'une loi,
d'un règlement, d'un décret, d'un arrêté en conseil
ou d'une ordonnance en vigueur."
Il apparaît clairement dans cet article que les droits des
salariés seront protégés, mais aucune disposition de cet
article ne tend à conférer aux employeurs les mêmes
privilèges correspondants, soit les droits de direction et les
responsabilités qui y sont rattachées.
L'Association recommande donc au législateur d'insérer
dans cet article une disposition qui conférerait à l'employeur
les privilèges qu'il est en droit de s'attendre au même titre que
les droits des salariés, que l'on retrouve à cet article.
Article 8: intégrité physique "Le travailleur a
droit à des conditions de travail qui respectent sa santé, sa
sécurité et son intégrité physique".
Dans l'esprit de l'Association, "intégrité physique" se
définit comme étant le fait de subir un accident, une diminution
de la capacité physique. Ainsi, l'optique veut que l'on
éclaircisse la nuance qui voudrait que la chaleur, le froid et le bruit
nuisent à l'intégrité physique du travailleur car ces
variables font partie intégrante du milieu de travail et sont
inhérentes à celui-ci.
L'A.M.B.S.Q. recommande que soit analysée par la commission la
portée excessivement large d'une telle expression; tout au moins nous
voudrions voir inscrit un énoncé qui limiterait la portée
de cette terminologie sans nécessairement lui enlever son
caractère protectionniste.
Nous suggérons de définir "intégrité
physique" ou de le biffer des différents articles où nous le
retrouvons.
Article 9: 1er paragraphe "Le travailleur a notamment le droit:
d'être informé sur les dangers reliés à son travail
et à son milieu de travail et de recevoir la formation,
l'entraînement et la supervision appropriés;" L'A.M.B.S.Q.
recommande qu'à l'article 9 ne soit pas défini le
caractère qualificatif de la supervision mais plutôt la
fréquence à laquelle elle doit être effectuée. Nous
considérons que le choix des individus qui feront cette supervision
ainsi que les méthodes prises pour effectuer celle-ci relèvent
uniquement de la direction de l'entreprise.
Article 9: 2ième paragraphe "Le travailleur a notamment le
droit: de bénéficier, conformément à la
présente loi et aux règlements, de services de santé
préventifs et curatifs en fonction des risques auxquels il peut
être exposé;"
L'Association considère que ce droit comporte une largesse
excessive dans l'application des services préventifs et curatifs.
Nous demandons au législateur d'établir une ligne de
pensée qui soit claire et précise pour les industriels de
sciage.
Article 9: 3ième paragraphe "Le travailleur a notamment le
droit: de participer, conformément à la présente loi et
aux règlements, à l'élaboration et à l'application
des normes, des règlements, des programmes de recherche ainsi que des
programmes et moyens de prévention."
Ce droit que l'on donne aux salariés est très complexe et
nous ne voyons pas comment un salarié peut être partie et
contrepartie dans l'élaboration et l'application de normes de
santé et sécurité ainsi que de prévention. De fait,
il ne peut décider de l'élaboration d'une norme et la subir en
l'appliquant par la suite.
L'Association considère effectivement qu'il revient à
l'employeur d'élaborer et de faire appliquer des "normes", car il
s'agira bel et bien d'une ligne de conduite à suivre qui pourra
entraîner, en cas de non respect, certaines mesures disciplinaires.
L'Association recommande que les salariés aient l'"obligation"
d'appliquer les normes formulées par l'employeur, mais ne devraient pas
élaborer ces mêmes normes.
Article 11: Droit de refus "Un travailleur a le droit de refuser
d'exécuter un travail s'il a des motifs raisonnables de croire que
l'exécution de ce travail l'expose à un danger pour sa
santé, sa sécurité ou son intégrité physique
ou peut avoir l'effet d'exposer une autre personne à un semblable
danger." L'Association considère comme juste et indispensable que le
travailleur jouisse du privilège de cesser son travail lors qu'il y a un
"danger imminent" et où sa sécurité et sa vie sont
menacées.
Par ailleurs, nous voudrions que la définition de "motifs
raisonnables" soit explicitée clairement pour éviter qu'il y ait
abus et surtout, éviter que l'éventualité de recours en
vertu de "l'intégrité physique" qui, comme il a
déjà été soulevé, nous apparaît comme
étant mal défini et par conséquent, inapplicable.
L'Association tient à soulever une recommandation à
l'effet que le fardeau de la preuve qui s'associe à l'article 11 devrait
normalement reposer sur les épaules de l'individu qui s'est
prévalu de son droit de cesser un travail dangereux et non sur celles de
l'employeur comme il est écrit.
Dans la même ligne de pensée, nous recommandons à
cette Commission d'établir des normes plus définies à
l'intérieur desquelles l'individu serait justifié de cesser son
travail.
Suite à ces commentaires, l'Association des Manufacturiers de
Bois de Sciage du Québec recommande au législateur d'apporter les
précisions à ces niveaux et de faire la concordance des articles
suivants avec l'article 11 modifié selon nos recommandations.
Article 12 "L'exercice du droit visé dans l'article 11
n'est possible que si l'exécution du travail comporte un risque qui
n'est pas normalement et habituellement inhérent aux fonctions
exercées." Les industries de sciage, de par la nature de leurs
opérations, voient dans la notion de "danger" tel qu'écrit
à l'article 12 un élément conflictuel qui pourra mener
à de sérieux problèmes d'ordre administratif.
De plus, le législateur donne une portée très large
à l'application de l'article 12 en ajoutant "normalement et
habituellement inhérent."
L'Association recommande de définir et de donner un sens
concordant aux notions de "danger" et de "risque" ceci plus spécialement
dans les scieries et les opérations forestières.
Articles 13 à 19 L'A.M.B.S.Q. recommande que
soit simplifié le processus décisionnel établi au projet
de loi en ce qui concerne le droit de refuser d'effectuer un travail.
Étant donné que les usines de sciage et les
opérations qui leur sont connexes se trouvent dans des régions
souvent éloignées, nous voyons mal comment les officiers de la
Commission pourront entrer dans le délai de six (6) heures fixé
à l'article 28.
Ce qui implique consécutivement, que dans les cas cités
aux articles 16 à 29, il se peut que l'employeur soit obligé
d'arrêter la production pour un quart de travail complet et même
davantage.
Nous recommandons de simplifier le processus d'application et de
minimiser les actions en recours de l'employé sur la question de "cesser
un travail dangereux", en donnant droit à l'employeur de faire continuer
le travail par un ou d'autres individu (s) consentant (s).
Articles 17 et 18 "Le comité délègue
immédiatement deux de ses membres, dont un qui représente
l'employeur et l'autre, les travailleurs; ce dernier peut être le
représentant à la prévention". "Si les deux membres du
comité sont d'accord, ils peuvent, aux conditions qu'ils
déterminent:
1- recommander au travailleur de reprendre le travail ou 2- lui
recommander de maintenir son refus d'exécuter le travail."
Vu que le pouvoir décisionnel appartient uniquement à
l'inspecteur, l'on peut facilement entrevoir que, dans la majeure partie des
cas, la procédure en recours s'étendra jusqu'à
l'inspecteur entraînant aussi des pertes majeures pour les
industriels.
Nous demandons de réduire également les recours et de
donner le pouvoir et le droit à l'employeur de poursuivre ses
opérations dans les délais les plus courts possible.
Article 20 "Le travailleur, l'employeur son représentant
peut requérir l'intervention d'un inspecteur: 1 - dans le cas où
il n'existe pas de comité de santé et sécurité dans
l'établissement, si le travailleur refuse toujours, après
l'examen de la situation, d'exécuter son travail malgré les
corrections qui peuvent avoir été apportées; 2- dans les
cas où il existe un comité, a) s'il s'avère impossible de
le requérir d'examiner à nouveau la situation conformément
à l'article 16 ou si les deux membres du comité ne sont pas
présents soixante minutes après que la demande a
été faite; b) si les deux membres délégués
par le comité ne sont pas d'accord; ou c) si, quelle que soit la
recommandation du comité, le travailleur refuse toujours
d'exécuter son travail."
Les nouveaux processus de transformation du bois amènent les
entreprises à fonctionner vingt-quatre (24) heures sur vingt-quatre
24/24. L'Association ne conçoit pas comment, dans les cas où un
employé se prévaudra des dispositions de l'article 11 et suivants
durant un quart de travail de nuit, les officiers du gouvernement pourront
être sur les lieux dans le temps prescrit. Faudra-t-il que l'employeur
cesse l'opération jusqu'au lendemain matin?
Article 26 "Aussi longtemps que le travailleur exerce son droit
de refus et jusqu'à ce qu'une décision exécutoire soit
rendue par l'inspecteur, l'employeur ne peut, sous réserve de l'article
19 et du deuxième alinéa de l'article 21 faire exécuter le
travail par un autre travailleur ou par une personne qui travaille
habituellement hors de l'établissement, et le travailleur ne doit subir
aucune diminution de salaire et n'être privé d'aucun des avantages
liés à son emploi."
L'A.M.B.S.Q., dans le préambule de son mémoire, mentionne
qu'à des droits doivent être rattachées des
responsabilités financières. Nous croyons effectivement que
l'individu qui s'est prévalu du droit de cesser un travail en vertu de
l'article 11, est réputé être conscient du geste qu'il a
posé et être prêt à en assumer la
responsabilité financière s'il est démontré que le
salarié a refusé d'exécuter son travail sans motifs
acceptables.
Nous jugeons que par un tel amendement à l'article 26, il serait
évité certains abus de droit qui pourraient survenir et, par le
fait même, engendrer certains coûts injustifiés aux
employeurs.
Nous constatons que dans le projet de loi, il n'est aucune mention de ce
qui arrivera aux sommes déboursées par l'employeur dans un tel
cas, nous restons donc inquiets quant au remboursement par l'employé des
sommes injustement payées par l'employeur.
L'Association constate que cet article est limité par rapport
à la loi ontarienne présentement en vigueur et qui donne à
l'employeur des procédures plus élastiques dans de tels cas.
Nous suggérons pour éviter ce problème que les
salariés retournent au travail dans l'attente de l'inspecteur dans le
but d'amoindrir le fardeau économique.
Nous recommandons également que le paiement pour le temps perdu
s'il y a lieu, soit le taux effectif à la classification donnée
prévue dans les contrats de travail.
Article 28: 2ième paragraphe "Si l'inspecteur n'est pas
présent dans ce délai, l'employeur peut faire exécuter le
travail par un autre travailleur qui accepte de le faire après avoir
été informé du fait que le droit de refus a
été exercé".
Si l'inspecteur sait qu'il ne pourra être sur les lieux de travail
dans le délai prescrit, nous recommandons qu'il en fasse part à
l'employeur pour que celui-ci puisse redébuter immédiatement ses
opérations. Nous recommandons au législateur de changer
l'expression "n'est pas présent" pour "ne peut être
présent".
L'Association fait remarquer à cette Commission que le
gouvernement ontarien promet qu'un inspecteur sera présent dans les deux
(2) heures qui suivent les cas d'intervention d'un inspecteur. Nous
recommandons donc que cette procédure soit appliquée
également au Québec et ceci indépendamment des
régions.
Article 29 "Lorsque plusieurs travailleurs refusent
d'exécuter un travail en raison d'un même danger, leurs cas sont
examinés ensemble et peuvent faire l'objet de recommandations,
d'autorisations ou de décisions qui les visent tous".
L'Association rappelle que le ministre Marois, lors de la parution du
"livre blanc" qui précédait ce projet de loi, avait donné
son accord sur le principe de retirer le "refus collectif" du projet de loi. Ce
n'est malheureusement pas ce que l'on constate dans le présent projet de
loi soumis à l'assemblée nationale.
L'A.M.B.S.Q. est d'avis que le refus collectif qui pourrait être
pratiqué représente également un danger pour l'entreprise,
ainsi, par exemple, la chaleur, le froid et le bruit sont des conditions
inhérentes aux fonctions d'une entreprise de sciage. Nous ne voudrions
pas que par des mouvements de concertation, les industriels soient dans
l'obligation d'attendre des développements et interprétations des
officiers gouvernementaux pour continuer la production.
Pour terminer, à notre avis, cet article vient préciser le
droit "collectif" de refus d'exécuter un travail, ce qui, aux yeux de
l'Association, est inapplicable pour les raisons soulevées
antérieurement dans ce document.
Article 30 "Lorsque l'exercice du droit de refus a pour
résultat de priver de travail d'autres travailleurs de l'entreprise,
l'employeur est tenu de rémunérer ces autres travailleurs
à leur taux de salaire régulier pour toute la durée de
l'arrêt de travail; l'employeur peut cependant affecter ces travailleurs
à une autre tâche que ceux-ci sont en mesure d'accomplir ou exiger
qu'ils demeurent disponibles sur les lieux de travail pendant toute la
période ainsi rémunérée." Dans les cas où
une répartition majeure s'impose ou encore une fermeture de
l'entreprise, pour une durée indéterminée, dans le but
d'apporter les corrections qui s'imposent à la machinerie, il est alors
nécessaire de mettre en disponibilité les salariés
visés.
De plus, nous tenons à préciser au législateur
qu'à l'intérieur de nos conventions collectives, les
employés mis en disponibilité ne sont pas
rémunérés.
L'Association recommande de biffer cet article dans le but d'avoir plus
de lassitude par les parties impliquées au niveau de l'application des
dispositions déjà prévues dans les conventions collectives
ainsi qu'à d'autres législations.
L'Association formule le même commentaire en ce qui concerne
l'application de l'article 143 du projet de loi.
Article 31 "L'employeur ne peut, jusqu'à une
décision finale, imposer au travailleur un congédiement ou une
mesure disciplinaire, pour le motif que ce travailleur a refusé
d'exécuter un travail. Dans les dix jours d'une décision finale,
malgré tout autre délai mentionné à la convention
collective, l'employeur peut, selon les circonstances, imposer un
congédiement, un déplacement ou une mesure disciplinaire, si le
refus a été exercé de mauvaise foi." L'Association demande
au législateur de fixer un délai quant à la
décision finale devant être rendue.
N'ayant pas de délai fixé pour rendre une décision,
nous considérons que la période de dix (10) jours de la
décision finale pour prendre action contre le ou les salariés est
beaucoup trop longue et nous demandons qu'à la place de dix (10) jours
de la décision finale, nous puissions lire "immédiatement" la
décision finale connue par l'employeur.
Article 33 "Si l'affectation demandée n'est pas
effectuée sans délai, la travailleuse peut cesser de travailler
jusqu'à ce que l'affectation soit faite ou jusqu'à la date
à compter de laquelle elle a droit à un congé de
maternité.
La travailleuse a alors droit, jusqu'à cette date, à
l'indemnité prévue par l'article 39 de la Loi des accidents du
travail.
Nous trouvons que "sans délai" est très relatif par
rapport au contexte législatif. Nous recommandons d'accorder un
délai raisonnable à l'employeur et que ce même délai
puisse être fixé.
De même, à l'article 35, le paiement devrait être
directement relié à la décision plutôt que sur une
seule prescription et ceci dans le but d'éviter, encore une fois, des
abus qui causeraient préjudice aux employeurs.
Également, dans les cas d'erreurs de la part de la Commission,
les montants ne seront plus recouvrables. L'Association considère cette
disposition comme étant des plus sévères et dispendieuses
pour les employeurs. Nous recommandons de biffer le 2ième paragraphe de
l'article 35.
Article 36 "Les fonds nécessaires au paiement de cette
indemnité sont puisés par la Commission à même le
fonds spécial constitué en vertu du paragraphe 2 de l'article 93
de ladite Loi des accidents du travail."
Nous soulevons le fait que le fonds dans lequel la Commission va puiser
pour le paiement de cette indemnité est constitué en vertu du
2ième paragraphe de l'article 93 de la Loi des accidents du travail dans
un but précis, soit celui des "cas d'urgence". À notre avis,
l'indemnisation dont il est question n'est pas un "cas d'urgence". Ce qui nous
porte encore à croire que ce ne seront que les employeurs qui auront
à défrayer tous les coûts inhérents aux femmes
enceintes au travail alors que selon nous il s'agit encore de mesures
"sociales" et que la population au complet devrait porter équitablement
le fardeau économique qui en découle.
L'Association rappelle à cette Commission que déjà
la loi sur les normes de travail englobe les dispositions reliées
à la travailleuse enceinte. Nous ne voyons pas pourquoi créer une
duplication à ce niveau, et pour cela, nous recommandons que soient
biffés du texte de loi, les articles 32 à 37 ayant trait au
Retrait Préventif de la travailleuse enceinte.
Article 38: Obligation des travailleurs "Le travailleur doit: 1-
prendre connaissance du programme de prévention qui lui est applicable;
2- prendre les mesures nécessaires pour protéger sa santé,
sa sécurité et son intégrité physique 3- veiller
à ne pas mettre en danger la santé, la sécurité ou
l'intégrité physique des autres personnes qui se trouvent sur les
lieux de travail ou à proximité des lieux de travail; 4- se
soumettre aux examens de santé exigés pour l'application de la
présente loi et des règlements; 5- participer à
l'identification et à l'élimination des risques d'accidents du
travail et de maladies professionnelles sur le lieu de travail; 6- collaborer
avec le comité de santé et de sécurité et, le cas
échéant, avec le comité de chantier ainsi qu'avec toute
personne chargée de l'application de la présente loi et des
règlements".
L'Association remarque qu'il s'agit plus d'un énoncé de
principe que d'obligations proprement dites, il s'agit plutôt de droits
et le législateur ne développe aucun mécanisme pour
vraiment obliger les salariés à prendre leurs
responsabilités.
Nous proposons à la Commission de formuler une règle de
conduite à suivre pour les salariés, et que celle-ci soit
à caractère pratique dans le but de conférer des recours
aux employeurs face à leurs salariés dans les cas de non-respect
desdites normes.
À la première obligation du travailleur, soit celle de
prendre connaissance du programme de prévention qui lui est applicable,
nous recommandons fortement que soit ajouté "ainsi que l'observer".
Nous recommandons que les salariés soient assujettis aux
règlements généraux édictés par les
employeurs concernant la santé et sécurité, au même
niveau que tout autre règlement qui prévaut dans
l'établissement et qui, par conséquent, peut entraîner des
mesures disciplinaires dans les cas de non-respect desdits
règlements.
Articles 39 à 46 L'A.M.B.S.Q.
s'inquiète que l'on subroge la responsabilité des salariés
en permettant la référence à l'union ou au syndicat pour
les recours.
Nous considérons que les membres du comité santé et
sécurité sont membres et mandatés de l'association
accréditée. L'Association soumet qu'il faut encore à ce
stade-ci faire prendre toutes les responsabilités qui découlent
des actes posés aux salariés et non à l'union qui les
représente.
À l'article 39, nous recommandons au législateur d'inclure
une disposition qui permettra aux employeurs de prendre des mesures
disciplinaires dans les cas de manquements aux règlements qui seront
établis concernant la santé et la sécurité au
travail.
Article 40 "L'employeur doit prendre les mesures
nécessaires pour protéger la santé et assurer la
sécurité et l'intégrité physique du travailleur. Il
doit notamment: s'assurer que les établissements sur lesquels il a
autorité soient équipés et aménagés de
façon à assurer la protection du travailleur".
Les expressions "s'assurer" et "éliminer" telles
qu'utilisées dans cet article nous apparaissent comme étant mal
adaptées au contexte et véhiculent une portée trop
catégorique tout en étant mal définie, ce qui apporte une
mauvaise compréhension de l'article.
Le mécanisme d'information à plusieurs parties
préconisé à l'article 40 entraînera une surcharge
administrative et financière pour l'employeur par la multiplication de
l'information qu'il devra véhiculer aux personnes mentionnées
dans le projet de loi.
Nous suggérons que l'information soit diffusée aux
salariés concernés. De plus, nous recommandons que le
comité de santé et sécurité décide de
l'information pertinente à communiquer pour garantir un niveau
décent de confidentialité des dossiers.
Article 40: 15ième paragraphe "mettre à la
disposition du comité de santé et de sécurité les
équipements, les locaux et le personnel clérical
nécessaire à l'accomplissement de leurs fonctions".
Selon l'Association, mettre à la disposition veut dire "fournir".
Dans ce cas, il en coûtera très cher pour l'application pratique
d'une telle structure cléricale à fournir au comité.
De façon très conservatrice, il en coûtera
certainement aux industriels de sciage, entre 10 à 15,000 dollars
annuellement dépendamment de l'envergure de leur entreprise pour le
fonctionnement de ce comité dans chaque usine.
Article 41 "L'employeur dresse et maintient à jour,
conformément aux règlements, un registre des
caractéristiques concernant le travail exécuté par chaque
travailleur à son emploi." L'Association considère que le
mécanisme prévu à l'article 41 est inapplicable pour des
raisons d'ordre économique et pratique.
Nous recommandons de biffer cet article.
Articles 43 à 50
L'Association croît qu'étant donné que les
industriels, en vertu de certaines dispositions législatives, doivent
faire parvenir l'information au ministère du travail, qu'il n'est pas
nécessaire de la diffuser à d'autres paliers gouvernementaux.
Nous suggérons que soit créé un centre de diffusion
de l'information pour éliminer la duplication des informations et aussi
amoindrir le fardeau administratif et financier des employeurs.
L'Association tient à rappeler au ministre que dans son livre
blanc, il laissait entrevoir la possibilité de la prise en charge de la
santé et la sécurité au travail par les gens qui vivent
dans l'entreprise.
On ne peut que constater que ce désir du ministre a
été oublié dans la rédaction du projet de loi car
tout dans cette future loi sera soumis au contrôle de la Commission et
défini par règlement futur.
Article 51: Accidents "Lorsqu'un accident survenu sur un lieu de
travail a causé des blessures graves ou un décès,
l'employeur doit dans les 24 heures qui suivent le moment de l'accident, en
donner avis à l'inspecteur chef régional, selon la forme et avec
les renseignements exigés par règlement. Copie de l'avis doit, le
cas échéant, être transmise au comité de
santé et de sécurité et à l'association
accréditée.
Personne ne doit, sans la permission d'un inspecteur, déplacer
quoi que ce soit sur les lieux de l'accident, sauf si cela s'avère
nécessaire pour: 1- porter secours à une personne 2-
prévenir un autre accident ou des blessures 3- éviter des
dégâts ou dommages matériels ou économiques
importants". L'Association ne voit pas pourquoi dans un premier temps,
l'association accréditée doit être avisée dans les
cas d'accidents; elle n'est aucunement concernée par ce problème
et ce processus servirait en réalité à faire participer
l'association accréditée à la gestion en ce domaine.
L'Association soulève également le problème de la
disponibilité des inspecteurs, qui a déjà
été apporté antérieurement et qui représente
un point fondamental de notre mémoire.
Nulle part dans le projet de loi, l'on ne retrouve la forme, et la
description des renseignements exigés, car cette procédure sera
édictée par règlement, donc devient une inconnue tout
comme d'autres règlements découlant de cette loi.
L'Association entrevoit dans l'interdiction "de déplacer quoi que
ce soit" sur les lieux de l'accident, une lourdeur en terme de contraintes pour
l'employeur qui devra attendre l'accord de l'inspecteur pour reprendre
l'opération arrêtée. Étant donné
l'interrelation entre les fonctions, il est plus que probable que l'usine soit
forcée d'arrêter ses opérations entraînant des
coûts exorbitants aux industries.
Dans la pratique courante actuelle, l'employeur fait preuve de bonne foi
dans de telles circonstances et il n'a pas à prouver pourquoi il
redémarre la machinerie. À notre avis, il s'agit d'user de
sens pratique et le ministre devrait croire en la bonne foi des
employeurs. L'Association demande au législateur d'éliminer
à l'article 51, le fait que l'employeur aura à prouver le bien
fondé de son action. Sur le chapitre des comités de santé
et sécurité au travail, l'Association recommande: 1 - Que ce
comité demeure à titre consultatif seulement, car les membres
n'ont pas l'expertise pour évaluer la portée financière et
les conséquences techniques de certaines décisions qu'ils auront
à prendre. 2- Que l'élaboration du programme de santé
relève exclusivement de l'employeur. 3- Que dans un cas de
mésentente concernant les dispositions de l'article 11, le comité
n'ait pas le pouvoir de juger de la décision d'un contremaître. 4-
Que les mots "blessures graves" soient biffés pour éviter des
problèmes d'application. 5- Qu'à l'article 51 soient
biffés les mots "et à l'association accréditée"
pour les raisons que l'on a déjà soulevées. 6-
L'Association remarque que le projet de loi énonce beaucoup plus de
tâches que prévues dans le "livre blanc". À la
lumière de cette addition, nous considérons qu'un comité
presque "permanent" serait nécessaire pour accomplir toutes les
tâches qui lui incombent à l'article 63 et que, par
conséquent, ce caractère de permanence entraînera
inévitablement des déboursés considérables de la
part des employeurs.
L'Association recommande qu'à l'article 58 soit rayée et
remplacée la 2ième phrase du second paragraphe par la phrase qui
suit: "l'autre moitié des membres du comité est nommée par
l'employeur".
Articles 67 à 72 L'Association tient à
faire remarquer aux membres de cette Commission que cette fonction est
déjà existante dans nos entreprises. Également, nous
soutenons qu'il s'agit dans ce cas, d'une duplication de tâche au niveau
du représentant à la prévention et que, selon le projet de
loi, le nouveau représentant serait choisi par l'union
accréditée et payé par l'employeur; nous ne pouvons donc
pas souscrire à cet énoncé et nous recommandons:
Que le représentant à la prévention soit
déchargé de façon considérable de la surcharge en
terme de responsabilité que l'on veut lui donner. Qu'à
l'article 72 soient déterminés les instruments qui pourraient
être requis par le représentant à la prévention. Le
terme "raisonnablement besoin" tel que mentionné à l'article 72
peut comprendre à peu près tout en ce sens qu'on ne limite pas la
portée du besoin. Que les mots "instruments et appareils"
lorsqu'ils sont utilisés, soient définis car nous
considérons que le représentant à la prévention ne
sera pas un technicien. De fait, le salarié dont il est question
continuera d'effectuer son travail régulier à sa fonction
attitrée dans l'entreprise et ceci devra être fait en
priorité.
Articles 70 "Le représentant à la prévention
peut s'absenter de son travail, sans perte de salaire, le temps
nécessaire pour participer à des programmes de formation, dont le
contenu et la durée sont approuvés par la Commission.
Les frais d'inscription, de déplacement et de séjour sont
assurés par la Commission, conformément à ses politiques
en vigueur".
L'Association considère que les différentes
activités syndicales ainsi que les actes faits au niveau des
comités de sécurité dans l'établissement sont deux
choses diamétralement opposées.
C'est pour ces raisons que l'Association considère que les cours
de formation au niveau de la sécurité se doivent d'être
donnés par des spécialistes en ce domaine par le biais des
diverses associations de sécurité existantes, et non pas par les
associations accréditées.
Articles 73 à 78: Associations sectorielles
L'Association considère le fonctionnement actuel de ces
associations comme étant très pertinent et efficace au niveau de
notre secteur industriel.
Nous recommandons au législateur de ne pas rendre paritaires les
conseils d'administration de ces associations pour des raisons que l'on juge de
pur ordre administratif.
Par contre, l'Association tient à souligner au législateur
qu'elle n'est pas contre le principe de retrouver cette parité au niveau
des comités sectoriels uniquement.
Articles 82 à 85 L'Association recommande de
rayer ces articles de la loi car il devrait être fait, à notre
avis, une concordance au niveau des différents mécanismes
d'inspection et ceci prévaut également pour l'aspect
médical qui devrait relever de la surveillance de la Commission par
l'entremise du département de santé communautaire.
Article 90 "Au sein d'un établissement, le personnel
professionnel et technique qui collabore à la mise en application du
programme de santé, ainsi que les autres médecins,
relèvent de l'autorité du médecin responsable".
L'A.M.B.S.Q. est d'avis que le personnel professionnel et technique doit
relever de la compétence de l'employeur de l'entreprise et non du
médecin responsable qui y est rattaché tel que décrit au
projet de loi, pour la raison fondamentale que ce même personnel
professionnel et technique est rémunéré par l'employeur
directement.
Article 93 "Le médecin responsable doit élaborer,
en consultation avec l'employeur et le comité de santé et de
sécurité, un programme de santé spécifique à
l'établissement et voir à sa mise en application".
L'employeur a le droit, selon nous, d'être plus qu'un consultant
dans l'élaboration d'un programme de santé spécifique, il
doit en sorte, à notre avis, être l'élément moteur
de ce processus de mise en application.
L'Association suggère que l'on devrait lire "en collaboration"
à la place de "en consultation", car les articles 47 à 48
obligent l'employeur à former un programme de prévention dont le
programme de santé fait partie intégrante. Nous demandons au
législateur de faire correspondre à cette obligation un droit de
collaboration de la part de l'employeur.
Article 96 "L'employeur ne peut mettre en application un
programme de santé additionnel à celui que prévoit la
présente loi sans avoir au préalable obtenu l'assentiment des
représentants des travailleurs au sein du comité de santé
et de sécurité.
Un programme de santé additionnel est aux frais de
l'employeur".
L'Association suggère que l'employeur puisse mettre en
application tout programme de santé qui se voudrait supérieur au
minimum qui sera édicté par cette future loi.
L'A.M.B.S.Q. demande donc au législateur de retenir les
recommandations suivantes concernant les services de santé au travail.
Que soit minimisée l'addition de personnel; De redonner
à l'employeur les responsabilités qui lui reviennent étant
donné que c'est lui qui supporte le fardeau économique de cette
structure; Que vu la non-disponibilité de médecins dans
les régions éloignées où sont situées les
industries de sciage, que l'employeur dirige lui-même
l'élaboration du programme de santé; Que l'analyse des
aptitudes et qualifications pour un travail donné relève de
l'employeur exclusivement; Que le médecin soit limité
à ses compétences et fonctions médicales seulement;
Que l'employeur ne soit pas privé d'un de ses outils de gestion les plus
importants, soit celui d'avoir accès aux dossiers médicaux de ses
employés; Qu'en vertu de l'article 98 des avis soient
expédiées à la Commission et aux personnes
concernées; Que les industriels de sciage soient consultés
et aient le droit de se faire entendre sur toute réglementation;
Que l'infirmier qui est rémunéré en totalité par
l'employeur, soit sous la responsabilité hiérarchique de ce
même employeur et non de celle du département de santé
communautaire tel que décrit au projet de loi; Que l'article 96
soit rayé de la loi, parce que le médecin doit rester sous la
responsabilité immédiate de l'employeur et que de plus, en vertu
de plusieurs exigences de l'entreprise, le médecin est actuellement
souvent appelé à effectuer des tâches qui sortent de son
cadre régulier de travail.
Article 99: 1er paragraphe "Le médecin est responsable
d'assurer la garde et le caractère confidentiel du dossier
médical du travailleur selon les procédures en vigueur au
département de santé communautaire; il doit, sur demande,
communiquer ce dossier médical au travailleur ou, avec l'autorisation
écrite de ce dernier, à toute personne désignée par
le travailleur".
Étant donné que nous réclamons que le
médecin continue de relever de l'autorité directe de l'employeur,
nous demandons que ce dernier puisse avoir accès aux dossiers
médicaux pour fins d'information sur un ou des salariés
donnés de l'établissement sans que ceux-ci aient à donner
leur approbation.
Article 129: Les fonctions de la Commission (4ième et
5ième paragraphes) "concevoir et réaliser en collaboration, le
cas échéant, avec le ministre des affaires sociales, des
campagnes d'information visant la protection de la santé, de la
sécurité et de l'intégrité physique des
travailleurs; participer en collaboration, le cas échéant, avec
le ministre de l'éducation, à l'élaboration et à la
mise au point de méthodes et programmes de formation de personnes
s'occupant de la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles".
L'Association recommande que les employeurs soient consultés sur
l'élaboration des programmes de formation et qu'étant
donné que ceux-ci visent une population active, il serait normal que
l'état absorbe les coûts reliés à ces mêmes
programmes.
Article 135 "Un inspecteur peut, dans l'exercice de ses fonctions,
pénétrer à toute heure dans tout lieu où sont
exercées des activités dans les domaines visés dans la
présente loi et les règlements. Un inspecteur a en tout temps
accès à tous les livres, registres et dossiers d'un employeur,
d'un maître d'oeuvre, d'un fournisseur ou de toute autre personne qui
exerce une activité dans les domaines visés dans la
présente loi et les règlements. Toute personne qui a la garde, la
possession ou le contrôle de ces livres, registres ou dossiers doit en
donner communication à l'inspecteur et lui en faciliter l'examen".
L'A.M.B.S.Q. demande au législateur d'uniformiser le nombre d'individus
pouvant participer aux divers comités mis en place; s'agira-t-il d'un
nombre pair ou impair? Cette question, à notre avis, nécessite
une réponse de la part du législateur car elle peut soulever des
incohérences au niveau du processus décisionnel.
L'Association aimerait voir définis la portée et le sens
d'application du mot "tout" lorsque l'on parle de "toute heure", "tout lieu"
à l'article 135 du projet de loi, car selon elle, ce mot est sans limite
et porte à confusion. Nous sommes d'autant plus convaincus que le
législateur a voulu donner des bornes à cet article et nous
aimerions qu'elles soient définies clairement.
L'Association recommande, suite à ceci, que l'inspecteur ne soit
admis sur les lieux de l'établissement que durant les heures normales de
bureau, car le certificat attestant sa qualité ne doit pas, à
notre avis, être présenté à une personne
exclusivement.
Articles 142 à 146
L'A.M.B.S.Q. considère que les pouvoirs de l'inspecteur sont trop
grands et on fait peser sur ses épaules le poids d'une décision
à caractère économique considérable. De plus, cette
décision est exécutoire et l'employeur n'a aucun recours
vis-à-vis la Commission.
De plus, nous recommandons fortement que l'inspecteur motive sa
décision par écrit avant de quitter les lieux de travail. Il
devrait également donner copie de son rapport à l'employeur.
Étant donné que les industriels de sciage sont soumis aux
délais de livraison de matériaux par les fournisseurs, il appert
qu'il s'agit de cas hors du contrôle de l'employeur où il aurait
quand même en référence à l'article 142 de la loi
à payer ses employés pour le temps perdu suite à des
détails de livraison prolongés. L'Association s'oppose à
un tel libellé et demande fortement au législateur de
réviser cette procédure pour que ne soient pas imputés aux
employeurs des coûts économiques exorbitants suite à des
situations qui sont complètement hors de son contrôle.
L'Association recommande de biffer l'article 143 du projet de loi et
ceci pour des fins de concordance avec nos commentaires soulevés
à l'article 30.
Article 185 L'Association dépose une
requête à l'effet que tous les règlements concernant
l'industrie du sciage devraient être édictés après
consultation avec l'Association des Manufacturiers de Bois de Sciage du
Québec, par le Lieutenant-Gouverneur en Conseil et l'Assemblée
Nationale. Nous considérons cette procédure comme étant
l'élément fondamental de notre mémoire et nous
espérons que la Commission Parlementaire ici présente retiendra
cette recommandation.
L'Association considère que dans le but d'en arriver à une
élaboration juste des normes de sécurité et de
salubrité, les services d'inspection devraient consulter non seulement
les associations syndicales, mais également les associations
patronales.
L'A.M.B.S.Q. suggère au législateur de conserver à
l'intérieur de cette loi, l'ancien article 3787 que l'on retrouvait dans
la loi des établissements industriels et commerciaux qui, à notre
avis, ne devrait pas être abrogée dans sa totalité, car
certains articles que l'on retrouvait à l'intérieur de cette
défunte loi coïncidaient parfaitement avec les attentes des parties
impliquées.
Article 201 "Dans une poursuite visée dans le
présent chapitre, la preuve qu'une infraction a été
commise par un agent, un mandataire ou un travailleur à l'emploi d'un
employeur suffit à établir qu'elle a été commise
par cet employeur à moins qu'il n'établisse que cette infraction
a été commise à son insu, sans son consentement et
malgré les dispositions prises pour prévenir sa commission".
L'A.M.B.S.Q. demande le retrait de cet article qui est
préjudiciable pour tout employeur et ses officiers le
représentant sur les lieux de travail. Nous considérons que cet
article devrait disparaître du projet de loi.
Articles 202 et 203 "Lorsqu'un travailleur est poursuivi pour une
infraction à la présente loi ou aux règlements, la preuve
que cette infraction a été commise à la suite
d'instructions formelles de son employeur et malgré le désaccord
du travailleur, suffit à le dégager de sa responsabilité.
Lorsqu'une corporation a commis une infraction, tout administrateur, dirigeant,
officier, employé ou agent de cette corporation qui a prescrit ou
autorisé l'accomplissement de l'acte ou de l'omission qui constitue
l'infraction ou qui y a consenti, est réputé avoir
participé à l'infraction et est passible de la même peine,
que la corporation ait ou non été poursuivie ou
déclarée coupable".
Nous recommandons que l'employeur et/ou ses officiers agissant sous les
directives de celui-ci ne puissent être, en aucun temps, poursuivis
personnellement pour des infractions aux présentes lois et
règlements, spécifiquement lorsque ces actes ont
été exécutés de bonne foi.
L'Association considère que les employeurs et leurs officiers
doivent jouir de la même immunité que l'on accorde aux
salariés.
Article 216: dispositions transitoires "Ladite loi est
modifiée par l'insertion, entre les articles 10 et 11, de l'article
suivant: 10a. Le ministre peut accorder à d'autres fonctionnaires les
pouvoirs accordés aux inspecteurs en vertu de la présente loi et
des règlements."
Nous considérons que ces autres fonctionnaires seront soumis aux
mêmes règles et obligations que les inspecteurs et que, par
conséquent, devront nécessairement posséder les
connaissances techniques requises pour fin d'exécution de leur
travail.
Article 238 "Les articles 110 et 111 de ladite loi sont
abrogés".
Selon l'Association, les articles 110 et 111 de la loi des accidents du
travail devraient être maintenus dans leur forme actuelle.
Article 251 Faisant référence à
nos commentaires concernant la responsabilité de l'employeur face aux
services de santé, nous demandons au législateur de biffer cet
article.
CONCLUSION
L'A.M.B.S.Q. considère à la lecture du texte de loi qui
est présenté, que les industriels du sciage du Québec
seront, sans l'ombre d'un doute, parmi les secteurs industriels les plus
pénalisés suite à l'application de cette loi dans sa forme
originale.
Certes, l'Association est consciente des problèmes
inhérents aux fonctions dans l'industrie de sciage tels le bruit, le
climat et les intempéries; les recommandations qu'elle soulève
dans ce mémoire se veulent une attitude positive et réaliste
devant un projet de loi qui rejoint les préoccupations quotidiennes de
tout employeur.
L'A.M.B.S.Q. juge que l'adoption de ce projet de loi, sans apporter de
modifications entraînera, pour la majorité de nos membres, des
déboursés très importants sans qu'ils puissent pour autant
être assurés que leurs droits de gérance ne seront pas
diminués lorsque des règlements précis viendront
compléter cette loi.
L'Association se fait forte de l'appui de tous ses membres en ce qui
concerne les recommandations qu'elle soumet à cette Commission
parlementaire. Ceux-ci endossent également la requête au
législateur à l'effet que l'Association ait la possibilité
de se faire entendre sur les divers règlements qui pourront être
édictés suite à l'adoption de la loi.
Messieurs les membres de cette Commission Parlementaire, l'Association
des Manufacturiers de bois de sciage du Québec souhaite qu'à la
lumière du texte que nous venons de parcourir, ses recommandations
soient retenues lors de la rédaction finale de la loi, dans le but
d'apporter les redressements significatifs qui permettraient à
l'industrie du. sciage de demeurer concurrentielle tout en se dotant de la
technologie adaptée à ses besoins et au bien-être de ses
employés.
(ANNEXE)
Référer à la version PDF page B-8845
ANNEXE B
Mémoire de l'Association des industries
forestières du Québec Limitée
Sur le projet de loi no 17 Loi sur la santé et
la sécurité du travail
Présenté à la Commission
Parlementaire du Travail et de la Main-d'Oeuvre
Septembre 1979
INTRODUCTION
Nous remercions les membres de la Commission de l'occasion offerte
à l'industrie forestière de faire connaître ses vues sur le
projet de loi sur la santé et la sécurité du travail.
L'Association des industries forestières du Québec
(A.I.F.Q.), sous son entité actuelle, fut fondée en 1924. Elle
groupe vingt-neuf (29) firmes ou corporations possédant des terrains
forestiers et/ou engagées dans l'exploitation forestière, la
fabrication des pâtes et papiers, du bois de sciage et de produits
similaires dans la province de Québec. Entre autres, une de ses
fonctions est de représenter ses membres sur toutes questions
d'intérêt général se rattachant à l'industrie
forestière.
L'industrie des pâtes et papiers qui compte plus de 40 000
employés a jugé nécessaire d'intervenir dans ce dossier vu
l'importance et les implications du projet de loi.
Dans sa présentation du Livre Blanc en octobre 1978, le ministre
d'état au développement social, monsieur Pierre Marois, faisait
part de ses principales orientations et affirmait que l'État,
"plutôt que de prétendre régler les problèmes
à la place des citoyens impliqués, s'emploiera à mettre
à la disposition de ces derniers les outils et les moyens leur
permettant de trouver eux-mêmes les solutions". Il ajoutait qu'il
n'était "aucunement besoin de faire surgir quelque super machine
bureaucratique investie de pouvoir tout-puissant de décider à la
place des gens". Les fonctions à créer seraient essentiellement
des services de soutien à l'action du milieu. Le ministre terminait sa
présentation en affirmant qu'il sera nécessaire d'être
réaliste dans la démarche proposée et d'accepter qu'il y
ait des étapes à franchir.
Nous sommes d'accord avec cet énoncé de principe qui fait
appel à la responsabilité et à la maturité des gens
mais nous devons formuler certaines réserves en ce qui a trait aux
moyens proposés par le projet de loi no. 17 pour atteindre ces
objectifs.
Notre Association reconnaît comme légitimes les principaux
objectifs du projet de loi, à savoir: 1. l'élimination des causes
d'accidents du travail et de maladies professionnelles; 2. la reconnaissance
des droits et obligations des travailleurs, employeurs, propriétaires et
fournisseurs assujettis à la loi; 3. le droit du travailleur à
des conditions de travail qui respectent sa santé, sa
sécurité et son intégrité physique; 4. la
création d'un comité de santé et sécurité au
sein des établissements, la détermination de leur composition, le
mode de nomination de leurs membres, la nature de ses pouvoirs et la
fréquence de ses réunions; 5. la création d'associations
sectorielles paritaires responsables d'établir des services de
formation, information et conseil en matière de santé et
sécurité au travail; 6. la création de la Commission de la
santé et sécurité du travail, organisme paritaire; 7. la
nomination d'inspecteurs chargés du respect de la loi; 8. la protection
du Code du travail accordée à chaque travailleur.
Notre Association reconnaît également qu'il est raisonnable
de penser que des règlements établissent des normes minimales
tant en sécurité qu'en matière de santé du
travail.
Nos membres acceptent le principe d'association paritaire de
santé et de sécurité du travail et notre Association s'est
engagée en 1978 à entamer des discussions en ce sens avec les
différents syndicats.
Même si nous avons des critiques à formuler à
l'endroit de certaines dispositions du projet de loi, celles-ci ne vont pas
à l'encontre des objectifs visés mais plutôt des
mécanismes proposés.
Dans ce mémoire nous commentons les orientations de base et
recommandons certaines mesures qui, selon nous, amélioreront ce projet
de loi et le rendront plus facile d'application.
La deuxième partie comprend les modifications aux articles de la
loi qui seraient nécessaires pour donner suite à nos commentaires
et recommandations.
PARTIE I Le droit de refuser un travail dangereux
II nous apparaît indispensable que le travailleur soit
assuré, par la Loi, que certains droits relatifs à sa
santé et à sa sécurité lui sont acquis dans son
milieu de travail.
Le droit de refuser un travail dangereux est peut-être le plus
important de tous. L'exercice de ce droit, pose des problèmes pratiques.
L'exposition à un danger peut être imminente, à court,
à moyen et
à long termes. Le droit au refus doit donc être
conditionné au degré d'urgence relié aux situations
spécifiques. Ici interviennent les éléments d'un jugement
objectif, la volonté des parties à coopérer efficacement
sur les lieux, les moyens techniques et financiers pour corriger la situation,
et le facteur temps.
a.
Danger imminent
L'exercice d'un droit, dû à l'imminence d'un danger, doit
pouvoir se faire dans un cadre rapide d'intervention et de correction. Le
mécanisme prévu est beaucoup trop long, et nous insistons pour
qu'il soit raccourci et que l'intervention de l'inspecteur se fasse au plus
deux (2) heures après qu'elle ait été requise (voir
commentaires en appendice articles 14 à 20).
Les conséquences de ce refus pour les autres travailleurs sont
des sujets à négociation entre les parties, et à la Loi
sur les normes du travail. Déjà, on retrouve des
mécanismes appropriés à ces circonstances dans plusieurs
conventions collectives des employeurs de notre industrie.
Notre Association s'oppose aux provisions de l'article 30 qui exige de
rémunérer ces autres travailleurs à leur taux
régulier pour toute la durée de l'arrêt.
Les prescriptions de cet article ne se retrouvent pas dans les lois
similaires au pays, ni même à l'étranger, selon notre
étude. Il faut traiter ces arrêts suivant leur durée; soit
comme des arrêts pour raison de bris léger, alors que les articles
57 et 58 de la Loi sur les normes du travail établissent des bases de
compensation, soit comme des arrêts pour fin d'entretien ou de
réparation majeure, de fermeture saisonnière, ou de
ralentissement économique, etc., alors les provisions des conventions
collectives ou les mesures sociales s'appliquent.
Nos commentaires sur l'article 30 sont également valables pour
l'article 143, soit lors d'une suspension des travaux ou d'une fermeture
ordonnée par un inspecteur.
b.
Danger non imminent
Quant aux situations où le danger n'est pas imminent, les
mécanismes de prévention doivent être mis en oeuvre pour
intervenir avant que la situation ne crée un nouveau danger imminent.
À ce stade, il appartient aux parties d'évaluer les correctifs
nécessaires et à l'employeur d'établir un calendrier de
travail raisonnable, en égard aux moyens techniques appropriés et
aux ressources raisonnablement disponibles. Dans ce dernier cas, il
appartiendra aux parties de faire les représentations nécessaires
si les corrections ne sont pas apportées dans un délai
raisonnable.
Il est important de souligner ici qu'en matière de danger, face
à la multitude de produits chimiques, les conclusions des études
ne sont pas toutes concordantes et qu'il y a lieu d'établir une certaine
prudence quant à la mise au ban de tels produits.
Retrait préventif de la travailleuse
enceinte
Le marché du travail doit pouvoir offrir des emplois qui
conviennent normalement aux personnes dont la condition physique et
psychologique est telle qu'elles peuvent s'en acquitter raisonnablement eu
égard aux connaissances et à l'expérience requises.
L'employeur ne devrait pas être appelé à jouer un
rôle social excédant les obligations communes au milieu. Le
législateur ne devrait pas, par le biais de ce projet de loi, imposer
à l'employeur d'assurer des compensations directes ou indirectes aux
situations de la travailleuse enceinte.
Le projet de loi qui, sur simple présentation d'un certificat
médical, donne droit à un déplacement à
l'intérieur de l'entreprise pour la travailleuse enceinte ne se fera pas
sans problème, face aux autres travailleurs, en raison de droits acquis
ou de provisions dans les conventions collectives. De plus, il ne saurait
être question de créer des emplois dans le seul but de
protéger ces personnes.
Les membres de l'Association trouvent inacceptable l'autre formule que
prévoit le projet de loi à savoir le financement des prestations
aux travailleuses enceintes à même le fonds spécial,
constitué en vertu du paragraphe 2 de l'article 93 de ladite Loi des
accidents du travail. Ce fonds de réserve quelle que soit son
importance, a été constitué pour prévoir les
situations de catastrophe et la maternité n'en est pas une.
Déjà la Loi sur les normes du travail réglemente le
sort de la travailleuse enceinte. Si l'État veut corriger l'Ordonnance
no 17 de 1978, jugée trop conservatrice par les milieux syndicaux ou
autres, qu'il le fasse directement et non en détournant de sa raison
d'être une clause d'une autre loi. Les congés maternité,
avec ou sans complication pour la mère ou l'enfant à
naître, relèvent de mesures sociales à la charge des fonds
publics généraux et ne doivent pas être une surcharge aux
employeurs.
Recommandation
Exclure du projet de loi les articles 32 à 37, qui ont trait au
retrait préventif de la travailleuse enceinte.
Le fournisseur
L'implication des "fournisseurs" dans le projet de loi apparaît
une mesure sage et peut apporter beaucoup à l'amélioration de la
santé et de la sécurité du travail. On a lieu de croire
que le milieu de travail sera d'autant plus sain et sécuritaire si les
équipements, le matériel et les produits vendus aux employeurs
québécois sont conformes à des normes plus sûres en
matière de sécurité et de santé.
Les normes qui seront prescrites par règlements à venir
devront s'appuyer sur des approches réalistes qui tiennent compte des
ressources raisonnablement disponibles, des limitations technologiques et
prévoient un certain étalement dans le temps pour de
sérieuses raisons. Par exemple, le volume d'achat
québécois de certains de ces équipements, matériel
et produits peut être trop restreint pour imposer au manufacturier
à l'extérieur du Québec des normes qui ne sont pas
exigées ailleurs. Imposer des normes supérieures à celles
du marché régulier peut retarder la livraison et causer des
dommages sérieux à l'emploi et à la production. Ces
exigences peuvent aussi entraîner une hausse des prix et causer des
augmentations de coûts des produits fabriqués, susceptibles
d'entraîner la perte de commandes au détriment de
l'économie.
L'échéancier d'introduction du port d'équipement
individuel plus adéquat que celui en usage devrait aussi permettre aux
parties de préparer les travailleurs aux nouvelles exigences, et aux
fabricants locaux ou importateurs de se préparer aux changements.
Comité de santé et de
sécurité d'établissement
Quels que soient les motifs positifs qui supportent l'intervention des
membres du comité de santé et de sécurité de
l'établissement, ce dernier doit demeurer un mécanisme de
consultation et de recommandation à l'employeur.
L'obligation faite à l'employeur d'étaler les
problèmes de santé et de sécurité au Comité,
de même que la possibilité pour les représentants des
travailleurs du Comité de faire connaître aux travailleurs leurs
droits et de les assister dans l'exercice de ces droits, ne doit pas faire
perdre de vue que le responsable au premier titre demeure l'employeur. Il a par
le fait même, toujours la responsabilité de décider
même si le travailleur exerce son droit d'arrêt, face à un
danger imminent, ou si les représentants des travailleurs sur le
Comité font intervenir l'inspecteur pour faire agir l'employeur afin de
corriger la situation ou l'exposer à subir des sanctions s'il se
dérobe à ses obligations.
Le Comité de santé et de sécurité du travail
doit pouvoir disposer de moyens appropriés pour exercer son rôle
de conseiller auprès de l'employeur. L'accès aux renseignements
reliés aux fonctions décrites aux alinéas de l'article 63
ne devrait pas obliger à bâtir un système de dossiers
parallèle à celui de l'employeur, ni créer des devoirs qui
sont sous la responsabilité de l'employeur.
La responsabilité d'établir des programmes de santé
et de prévention demeure celle de l'employeur, qui reste libre
d'utiliser selon ses besoins les ressources et expertises nécessaires.
Il est en droit d'exiger que la loi limite le rôle du Comité de
santé et de sécurité au rôle de conseiller. Rien
n'empêchera l'employeur d'élargir ce rôle s'il le juge
approprié en temps et lieu.
Le Comité de santé et de sécurité doit
pouvoir établir ses mécanismes de travail, et garder un registre
de ses activités, qui pourrait être accessible à
l'employeur, au syndicat local et aux inspecteurs du gouvernement. À
moins de raisons sérieuses, la Commission ne devrait pas exiger du
Comité des rapports spécifiques.
Puisque l'un des objectifs du législateur est de permettre "la
participation active et volontaire du milieu du travail lui-même" le
projet de loi devrait s'assurer que tout représentant des travailleurs
sur le Comité soit un travailleur de l'établissement.
L'information des représentants de l'employeur et des
travailleurs en matière de loi, règlements et normes devraient
être conjointe comme nous l'avons suggéré à divers
endroits de notre rapport, principalement sous la partie
"Coopération".
Recommandations Les fonctions du Comité de
sécurité doivent être réécrites pour indiquer
clairement qu'elles se limitent à des rôles de consultation,
d'analyse, de recommandation et d'information. Les exigences de
rapports, tant par la Commission que par l'employeur ou le syndicat local
devront être maintenues au minimum. Les représentants des
travailleurs au sein du Comité doivent être des travailleurs de
l'établissement. L'information des représentants sur le
Comité, face à leurs fonctions, devra être conjointe,
puisque tout repose sur la "Coopération".
Le représentant à la
prévention
Le projet de loi introduit un nouvel intervenant, le Représentant
à la prévention qui n'apparaissait pas dans le Livre Blanc.
L'A.I.F. s'oppose à l'introduction d'un tel représentant qu'il y
ait ou non amendement aux devoirs prévus pour ces derniers au projet de
loi.
Lorsqu'un établissement compte 10 travailleurs ou plus, et qu'il
a un comité de santé et de sécurité du travail,
l'élection d'un des représentants des travailleurs à la
fonction de Représentants à la prévention, en surplus du
préposé à la prévention de l'employeur,
établira une fonction parallèle qui conduira trop souvent
à des duplications de travail. Il faut éviter cette duplication
et laisser aux membres du comité le soin de trouver les
mécanismes propres à leurs besoins. Rien n'empêchera ces
derniers d'assigner un représentant à la prévention s'ils
le désirent.
L'Association s'oppose à ce que la Loi donne le droit à un
représentant des travailleurs, membre ou non du Comité de
santé et de sécurité, d'utiliser des instruments ou
appareils de mesure en matière de santé et de
sécurité du travail. C'est une responsabilité qui
appartient de plein droit à l'employeur. Les travailleurs sont en droit
de savoir que l'employeur est pourvu de ces outils et qu'il s'en sert. Leur
représentant attitré a droit à ce qu'on lui en donne le
rapport de lecture sans commentaire, et il a toujours le droit de faire
intervenir l'inspecteur du gouvernement. Le travailleur a toujours son droit au
refus de travailler face à un danger imminent.
L'Association recommande de: Ne pas imposer par la Loi
l'élection d'un représentant à la prévention dans
un établissement. C'est aux membres du Comité d'évaluer la
nature des "outils" qu'ils sont prêts à accepter conjointement.
Réserver à l'employeur le droit d'utiliser ou d'assigner
une personne compétente aux instruments ou appareils nécessaires
à l'évaluation des dangers dans l'établissement.
L'inspecteur du gouvernement conserve cependant son droit de les utiliser
lui-même, s'il est accrédité pour le faire, ou de recourir
à un expert si nécessaire.
Les associations sectorielles
L'A.I.F.Q. a accepté en 1978 le principe d'association paritaire
de santé et de sécurité du travail. L'A.I.F.Q. recommande:
Qu'avant de devenir sectorielles, les associations patronales actuelles
deviennent paritaires et ne cheminent vers le sectoriel que progressivement, en
laissant les parties faire le cheminement ensemble et librement. Qu'on
laisse aux parties le soin de déterminer entre elles les
éléments de leur structure et des procédures de
résolution de désaccords. La détermination par
règlement de leur manière de fonctionner peut nuire à la
collaboration nécessaire à la survie de l'association. Que
l'entente entre les parties soit déposée à la Commission,
mais s'oppose à ce qu'elle soit approuvée par elle pour entrer en
vigueur. Que l'étendue du champ d'action d'une association
paritaire demeure optionnelle à l'intérieur du cadre prévu
à l'article 76. Que les parties puissent convenir que, pour
certains services excédentaires aux exigences de la Loi, une cotisation
spéciale puisse être prélevée auprès des
intéressés, soit pour assurer le sérieux des demandes de
service, soit pour obtenir un consensus sur des frais non
budgétés ou refusés dans les octrois de la Commission,
etc. Que l'abrogation de l'article 110 de la Loi des accidents du
travail prévue à l'article 238 soit reliée à la
formation des associations paritaires. L'impact que créerait
l'abrogation de l'article 110 ferait en sorte que les associations patronales
de sécurité cesseraient immédiatement d'être
subventionnées par la CAT., ce qui pourrait impliquer à toute fin
pratique la mort de certaines associations, sans donner le temps à son
personnel d'être intégré dans une association paritaire, ni
aux engagements contractuels d'être absorbés sans frais inutiles,
ni aux actifs d'être transférés au bénéfice
des nouvelles associations, etc. Faire table rase dans un tel contexte, c'est
ignorer les implications légales et se comporter comme de nouveaux
riches, tandis que les fonds devront encore provenir des employeurs qui
entrevoient déjà des accroissements de coûts.
Les associations syndicales et les associations
d'employeurs
L'A.I.F.Q., dans la nouvelle orientation que prend la prévention,
s'oppose fortement à ce qu'une association non paritaire puisse obtenir
une subvention annuelle ou autre. Sa position repose sur le principe que la
nouvelle loi exigera une coopération étroite des parties. Il
faudra, au niveau de l'information et de la formation, s'assurer que les
parties approchent les problèmes dans une même perspective. Les
parties doivent être libres d'utiliser leurs propres fonds pour des
programmes qui leur sont spécifiques.
Les associations de prévention existantes ne devraient continuer
à être subventionnées par la Commission que si leurs
activités majeures, après l'adoption de la Loi, sont
orientées vers la création d'associations paritaires de
prévention.
La Commission doit réserver uniquement pour des activités
paritaires les fonds provenant d'une taxation imposée seulement aux
employeurs. Agir autrement serait renier les principes de base de la Loi
proposée.
La coopération des parties présuppose que les parties ont
une compréhension commune des règlements et des normes, et le
travail pour en arriver à ce niveau doit être entrepris dans une
approche conjointe.
Bien plus, la participation des associations patronales et syndicales
à la formation et à l'administration d'une association paritaire
devrait laisser à chaque partie l'obligation d'assumer ses propres
frais, ce qui serait le premier indice d'une volonté ferme de vouloir
travailler en coopération. Le cheminement pour la formation d'une
association paritaire en serait d'autant plus court.
Les services de santé du travail
L'A.I.F.Q. reconnaît que les services de santé du travail
doivent être accessibles aux travailleurs, et que chaque
établissement de l'employeur doit répondre aux normes minimales
établies et contrôlées par un service d'inspection
approprié.
Les employeurs membres de notre Association ont des services de
santé d'établissement bien structurés et les services
offerts sont certainement plus nombreux que les normes minimales que le
gouvernement pourra établir via les centres de santé
communautaires, à court ou à moyen termes.
L'Association s'oppose aux provisions du projet de loi qui, pour assurer
les services de santé du travail, procèdent au recrutement du
personnel médical et para-médical déjà en place,
imposent à toute fin pratique dans chaque établissement une
occupation des facilités existantes ou requises, prescrivent la
disponibilité des appareils, instruments et équipements
nécessaires aux services de santé pour usage par du personnel
extérieur à l'entreprise, et interdisent un programme de
santé additionnel sans l'assentiment des représentants des
travailleurs. Une telle intervention de l'État ne cadre pas avec les
principes de la liberté d'entreprise nord-américains que nous
partageons et ne reflète pas les intentions du ministre exprimées
dans le Livre Blanc.
La prise en charge des services de santé d'établissement
par des organismes d'État, font déjà entrevoir que pour
des fins administratives, il deviendra nécessaire de supprimer certains
droits individuels. L'Association croit que, même avec la nouvelle Loi,
le droit demeure pour l'employeur et le travailleur de choisir leur propre
médecin pour l'examen et les soins à un accidenté du
travail, (Loi des accidents du travail, articles 22 et 48), ou encore qu'une
personne a la liberté de choisir le professionnel ou
l'établissement dans lequel elle désire recevoir des soins (Loi
sur les services de santé et les services sociaux, article 6). En
sera-t-il toujours ainsi? Nous croyons qu'il faut prévenir la
détérioration de ces droits et le premier moyen est d'intervenir
dès maintenant.
Nous reconnaissons que les services de santé
d'établissement n'existent pas chez les moyens ou petits employeurs ou
établissements. Il est fort possible que ces employeurs soient heureux
de pouvoir recourir aux services que le Département de santé
communautaire leur offrira avec ou sans frais. Nous croyons nous aussi que
cette approche pourra améliorer la santé et la
sécurité des établissements impliqués. C'est un
rôle complémentaire que l'État doit pouvoir établir,
mais il ne devrait être joué que lorsque l'analyse de situations
spécifiques aura été faite, laquelle prouvera qu'il serait
trop onéreux et non pratique d'exiger que l'employeur assure
lui-même ces services.
L'Association demande que les services de santé existants
demeurent en place, et que leur dépendance de l'employeur soit
maintenue. Ceci dans l'intérêt général des
travailleurs bénéficiaires, ainsi que du personnel médical
et para-médical qui en assure le bon fonctionnement.
Le code de déontologie des médecins industriels demeurera
le même, que le médecin relève de l'État ou de
l'entreprise. Présumer que le médecin adoptera une attitude plus
objective face à la maladie ou aux accidents industriels parce qu'il
répondra à l'État plutôt qu'à l'employeur,
c'est faire un faux procès à ces médecins et les juger
cavalièrement.
En deçà des normes que la Loi proposera, il restera
toujours à l'employeur des droits et des obligations qui exigeront le
recours à des services médicaux et para-médicaux, soit en
raison des programmes de santé complémentaires, des programmes
négociés de bénéfices aux employés, des
représentations médicales face aux décisions de la
Commission au sujet des accidents du travail, et des normes de santé que
l'employeur est en droit d'exiger des nouveaux travailleurs ou des travailleurs
en place.
L'Association s'oppose à l'obtention préalable de
l'assentiment des représentants des travailleurs au sein du
Comité de santé et de sécurité, pour mettre en
application un programme de santé additionnel à celui
prévu par la Loi. De tels programmes relèvent des
responsabilités administratives de l'employeur et doivent le demeurer,
car ce dernier est soumis au respect des lois et exposé à leurs
sanctions s'il ne s'y conforme pas.
L'Association s'oppose à ce que tout autre que l'employeur puisse
faire le choix du médecin et du personnel para-médical pour son
service de santé d'établissement. C'est un droit que l'employeur
a de juger de ses besoins et de choisir les personnes qualifiées pour y
satisfaire. Si ceux-ci ne rencontrent pas les normes requises, l'employeur doit
en être informé, et il lui appartient de voir à ce qu'ils
s'y conforment ou à les remercier en bonne et due forme. Le
Comité de santé et de sécurité n'a pas la
compétence d'exercer un tel choix.
L'Association a de sérieuses raisons de croire que le transfert
du personnel para-médical entraînera ces travailleurs au sein
d'unités syndicales du secteur parapublic et laisseront ceux-ci
dépourvus de force de négociation pour leurs droits
acquis. Ce transfert causera dans le secteur privé certaines
inefficacités dues aux problèmes syndicaux du secteur public.
Les obligations légales de toutes sortes forcent l'employeur
à réclamer le droit de propriété à la partie
subjective des dossiers entre les mains du médecin de
l'établissement. Ce qui implique que les notes personnelles des
médecins qui au cours des ans ont dû travailler avec les dossiers
cumulatifs et conseiller les travailleurs pour différents motifs non
reliés au travail ne peuvent être transmises à qui que ce
soit.
Recommandations: L'établissement doté d'un
service médical doit pouvoir le maintenir, si ce service satisfait les
normes et règlements minima des services de santé du travail.
L'État doit éviter dans sa législation sociale
d'aboutir à l'érosion du droit des personnes que lui-même
cherche en d'autres circonstances à protéger. Le Centre de
santé communautaire doit aider les employeurs à se doter de
service de santé d'établissement, au lieu de chercher à
les absorber. Le Centre de santé communautaire doit surveiller
l'application des programmes minima de santé au niveau de
l'établissement et s'assurer la coopération des employeurs dans
les travaux de recherche, d'études épidémiologiques ou
autres. L'employeur n'a pas à obtenir au préalable
l'assentiment des représentants des travailleurs sur le Comité de
santé et de sécurité pour mettre en application un
programme de santé additionnel à celui prévu par la Loi.
Le choix du médecin et son embauche font partie des droits
administratifs de l'employeur. Il en est de même pour son personnel
para-médical. L'employeur doit rester propriétaire de la
partie subjective des dossiers sous le contrôle du médecin
d'établissement.
L'Inspection
La multitude de règlements à venir que laisse
prévoir l'article 185 du projet de loi, indique clairement que le
service d'inspection devra être hautement spécialisé pour
appuyer les inspecteurs dans les différents rôles qu'on veut leur
faire jouer.
Notre Association considère qu'il est essentiel que ce service
relève d'un organisme indépendant de la Commission de
santé et de sécurité du travail. Si cette dernière
doit jouer un rôle quasi législatif, il faut donc un organisme
quasi judiciaire pour voir à l'application de la Loi et des
règlements. Ceci évitera à la Commission d'être juge
et partie, d'autant plus que les appels sont prévus comme relevant de la
Commission.
Le service d'inspection du ministère du Travail étant
déjà en place, cette tâche devrait lui revenir. L'assigner
à un autre ministère ne ferait que déplacer la
dépendance du service, tandis que l'important c'est d'améliorer
les structures en place, et aider le personnel d'inspection à
acquérir de nouvelles compétences.
Recommandation
L'Association recommande: Que le service d'inspection continue de
relever du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Matériel d'information
Les différents services, groupes ou personnes impliqués
par les dispositions de la Loi nécessiteront l'établissement d'un
réseau de communication. Notre Association croit qu'il est important que
le projet de loi soit relu par ses rédacteurs pour s'assurer de la
nécessité pour l'employeur de faire parvenir à tous les
intéressés copie des rapports, lettres ou dossiers. Par exemple,
il devrait être suffisant pour l'employeur de remettre une copie d'un
dossier à un représentant au Comité de santé et de
sécurité pour informer le syndicat, celui-ci étant le
représentant responsable qui se doit d'informer l'organisme qu'il
représente.
Il devrait en être de même pour les services
gouvernementaux, qui, sur réception, s'assureraient que tous les
services intéressés en reçoivent copie. Dans le milieu
gouvernemental, un précédent a été établi en
1978 entre le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et la
Commission des accidents du travail (voir annexe 1).
Nous croyons que cette suggestion simplifiera l'observance de la Loi et
libérera les petits et moyens employeurs d'une obligation coûteuse
en temps administratif et en photocopies, et préviendra les accusations
de mauvaise foi dans la distribution de l'information.
Les commentaires qui précèdent devront être retenus
lorsque la Commission établira des règlements et de nouvelles
normes.
PARTIE II
Annexe 1
Commentaires sur les articles du projet de loi
Chapitre I
Le financement
L'Association souligne que les cotisations perçues par la
C.S.S.T. en vertu de l'article 209 ne seront qu'une partie des coûts
additionnels que la nouvelle Loi imposera aux employeurs. Les compensations
imposées à l'employeur par le projet de loi pour
différentes raisons telles que l'amélioration des normes, les
congés de formation, etc. doivent être incluses dans les
coûts additionnels créés par la Loi.
Le transfert des services de santé des employeurs à
l'État, là où ils existent, ou tout simplement les
exigences des nouveaux services de santé seraient à la charge des
employeurs sans qu'ils puissent exercer aucun contrôle sur les
négociations des contrats entre la Commission et les centres
hospitaliers prévus à l'article 83. L'Association trouve le
principe et la formule inacceptables.
Le paiement de la rémunération du médecin
responsable des services de santé dans un établissement par la
Régie de l'assurance-maladie du Québec n'affecte en rien notre
objection de base à ce qu'il ne soit pas au service d'un employeur, d'un
groupe d'employeurs ou d'associations d'employeurs.
Enfin, nous avons pris note que les coûts du service d'inspection
de la C.S.S.T. relèvent des fonds publics. C'est le maintien du statu
quo et nous en acceptons le principe.
CONCLUSION Coopération
Le principe de base de toute la nouvelle législation repose sur
la coopération des parties, tant patronale, syndicale que
gouvernementale. Il fait appel à des groupes qui doivent avoir la
maturité nécessaire pour viser des objectifs communs de
mieux-être en milieu de travail, en autant que les moyens financiers sont
disponibles et que les techniques suggérées sont applicables.
La négociation collective nord-américaine a, sur bien des
points, habitué les parties à certains degrés de
confrontation, laissant libre jeu aux moyens de pression des parties. Le
cheminement vers des approches plus réalistes ne pourra pas s'imposer du
jour au lendemain, et cette législation doit en tenir compte plus que
toute autre. Il serait illusoire de penser introduire dans cette
législation une clause rendant obligatoire la coopération entre
les parties. (C'est pourtant ce que la Suède a fait dans une loi
similaire en 1978).
Il apparaît à notre Association que le raccourci le plus
réaliste pour accroître la coopération des parties repose
sur l'information et la formation conjointes des intervenants à tous les
niveaux des nouveaux mécanismes qu'érigera la Loi.
Le législateur devrait prévoir avant la promulgation de la
Loi d'organiser partout dans la province des cours d'information sur la
portée objective de la nouvelle Loi préparée par un
comité tripartite (gouvernement, patronat et syndicat) dont les membres
seraient désignés par le conseil de la main-d'oeuvre du
ministère du Travail. Ces cours seraient offerts à des
délégués syndicaux et patronaux et suivis conjointement
par eux. Les organismes qui y enverraient des délégués
devraient absorber les frais de déplacement de leurs
représentants et l'employeur les salaires perdus.
Définitions Article 1 11° Nous souhaiterions que les
mots "un son, une vibration, une chaleur" soient exclus de la définition
du mot "contaminant". Ces agents physiques devraient être traités
dans le projet de loi d'une manière différente des
matières toxiques car une exposition à l'un des contaminants
définis dans ce paragraphe 11° a des conséquences qui peuvent
être, soit immédiates, soit à long terme. Une telle
modification rendrait beaucoup plus facile la lecture de certains articles
comme par exemple les articles 52 et 53 où l'on mentionne que "nul ne
peut fabriquer, fournir, vendre ... un contaminant..." Les matières
toxiques pourraient être incluses dans la définition de
"matière dangereuse". 16° Un moyen de transport est
considéré comme lieu de travail. Il faudrait clairement
établir qui compensera dans le cas d'un accident, la régie
d'assurance automobile ou la future Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
Chapitre II
Champ d'application
Article 7
Dans le projet de loi tel qu'il est rédigé, comment
concilier l'article 7 avec les dispositions du chapitre VIII qui
enlèvent à l'employeur la responsabilité du service de
santé dans le cas où le service de santé
présentement en vigueur accorde des avantages supérieurs à
ceux qui seront édictés par la nouvelle loi et ses
règlements.
Si le travailleur conserve ses droits en vertu de l'article 7,
l'employeur doit aussi bénéficier de la même
protection.
Chapitre III
Droits et obligations
Section I Le travailleur
2. Droit de refus Article 11
Nous nous référons aux commentaires généraux
faits précédemment sur le droit de refus.
Articles 14 à 20
Nous considérons que les délais sont trop longs entre le
moment où l'employé refuse d'exécuter un travail et
l'intervention de l'inspecteur. Nous suggérons que dans les cas urgents,
l'inspecteur soit appelé immédiatement si les membres du
comité ne peuvent être rejoints à temps ou le
représentant à la prévention, s'il existe.
Article 21
II faudrait biffer le deuxième paragraphe de l'article 21.
Il faut être conscient qu'un refus de travailler basé sur
une condition particulière à un travailleur n'entraînera
pas une obligation pour l'employeur d'apporter des corrections. Il n'est
certainement pas dans l'esprit de la Loi d'obliger un employeur à
effectuer des modifications importantes des conditions de travail pour les
rendre compatibles à un individu en particulier.
Note: II est important que les inspecteurs qui interviendront
possèdent une connaissance valable du milieu industriel concerné
de manière à éviter le plus possible des contestations de
leurs décisions. On doit éviter que les inspecteurs soient
appelés à prendre des décisions impliquant des
connaissances médicales ou para-médicales en dehors de leurs
compétences; i.e. juger de la capacité physique d'un travailleur
en rapport avec une fonction déterminée.
Articles 22, 23 et 24
La décision de l'inspecteur est exécutoire mais peut
être révisée ou révoquée par l'inspecteur
chef régional; la décision de ce dernier peut, à son tour,
être révisée par la Commission.
Article 26
En concordance avec nos recommandations de l'article 21.
Nous sommes d'accord avec le paiement du travailleur en autant qu'il ne
s'agisse pas d'un refus qui "repose sur des motifs qui sont acceptables dans le
cas particulier du travailleur".
Pour l'employé rémunéré au rendement, nous
recommandons que le paiement pour le temps perdu soit le taux unitaire
prévu à la convention collective pour les congés avec paie
et, s'il n'y a pas de convention, que s'applique la section III de la Loi sur
les normes du travail.
Article 28
L'article 28 devrait se lire comme suit:
Dans tous les cas d'intervention de l'inspecteur, ce dernier doit
être présent sur les lieux au plus deux heures après que
son intervention ait été requise.
Si l'inspecteur n'est pas présent dans ce délai,
l'employeur peut faire exécuter le travail par un autre travailleur qui
accepte de le faire après avoir été informé du fait
que le droit de refus a été exercé.
Note: Le gouvernement de l'Ontario a fait la promesse formelle de
fournir un inspecteur dans les deux heures et cette promesse a
été tenue. Nous nous attendons à la même
efficacité de la part du gouvernement du Québec.
Article 30
Cet article doit être retiré et, dans ces circonstances,
s'appliqueront les mécanismes déjà prévus aux
conventions collectives ou dans la Loi sur les normes du travail lorsque
surviennent des fermetures partielles ou permanentes d'une entreprise pour des
raisons telles que réparations majeures, vacances annuelles,
ralentissement économique, fermeture saisonnière des
opérations, etc.
Le même commentaire s'applique à l'article 143.
3. Retrait préventif de la travailleuse
enceinte
Les articles 32 à 37 devraient être retirés du
projet de loi pour les raisons mentionnées dans nos remarques de la
Partie I de ce mémoire.
Tel que nous l'avons mentionné dans la section traitant du droit
de refus, l'employeur qui maintient des conditions de santé et de
sécurité qui sont acceptables pour l'ensemble des travailleurs ne
devrait pas être obligé de payer directement ou indirectement un
salaire à un travailleur qui cesse de travailler pour une raison qui lui
est particulière.
4. Obligations
Article 38
Le premier paragraphe devrait se lire comme suit: "prendre connaissance
du programme de prévention qui lui est applicable et l'observer".
Section II L'employeur
1. Droits généraux
En général, il est évident que les droits de
l'employeur sont noyés par les obligations qui lui sont imposées
par cette Loi. Certaines de ces obligations entraveront de façon
significative l'exercice du droit de gérance et entraîneront des
coûts qui seront contraignants, excessifs et même injustifiables
dans certains cas.
Article 39
Un cinquième paragraphe devrait s'ajouter à l'article 39
et se lire ainsi: "De continuer à prendre les mesures disciplinaires qui
s'imposent pour manquements à ses règlements concernant la
santé et la sécurité du travail."
Un sixième paragraphe devrait également s'ajouter pour
prévoir que l'employeur a le droit de maintenir ou d'établir les
services de santé qu'il juge nécessaires, en plus des services
exigés par la présente Loi et ses règlements.
Article 40
Les expressions "assurer" et "éliminer" utilisées à
plusieurs reprises dans cet article sont mal choisies. Ces mots sont trop
catégoriques et imposent une obligation de résultats alors que
l'obligation devrait se situer au niveau des moyens à prendre pour en
arriver au résultat. 2° Vu que nous considérons que les
services de santé doivent demeurer sous la responsabilité directe
de l'employeur, nous recommandons que le paragraphe soit modifié pour se
lire comme suit: "2° faire subir l'examen médical de
pré-embauche et les examens périodiques dont les normes minimales
sont prescrites par règlement:" 6° Rayer le mot "éliminer".
7° II est mentionné que l'employeur doit fournir
"l'entraînement, l'assistance et la supervision appropriés"; il y
aurait lieu d'utiliser les mêmes termes au premier paragraphe de
l'article 9 où l'on parle de "formation, entraînement et
supervision appropriés". 8° Pour éviter la paperasse,
l'information devrait être communiquée uniquement à la
Commission et au représentant des travailleurs sur le comité dont
l'un des rôles en tant que représentant des travailleurs doit
être de maintenir la communication avec le syndicat dont il fait
partie.
9° Dans la majorité des organisations, même s'il y a un
responsable de la sécurité qui joue surtout un rôle de
conseiller, les cadres qui dirigent les travailleurs sont également
responsables des aspects du travail reliés à la santé et
à la sécurité. C'est pourquoi le texte devrait être
modifié pour prévoir que ce paragraphe s'applique seulement
là où il n'y a pas de comité de sécurité;
là où il y a un comité de sécurité,
l'article 65 s'applique. 12° Voir commentaire à l'article 63.
13° Texte applicable si la définition du mot "contaminant" est
modifiée. 14° Cet article se termine par les mots "et leur fournir
tous les renseignements nécessaires "; le mot "nécessaires" doit
être remplacé par "pertinents" car les renseignements doivent
être ceux directement reliés aux fonctions du comité de
santé et de sécurité énumérées
à l'article 63. 15° Après le mot "équipement" ajouter
"de bureau".
Article 41
Le texte de cet article n'est pas clair. Est-ce qu'on veut
désigner ici les caractéristiques de la tâche accomplie par
chacun des employés ou les caractéristiques de chacune des
occupations que l'on retrouve dans l'entreprise? Notre interprétation
est qu'il s'agit d'un registre où les éléments de chaque
tâche (et non pas chaque poste de travail) seraient inscrits indiquant
les risques et les précautions à prendre pour les éviter.
Cet article ne doit pas tenir compte du cas particulier de l'employé qui
ne peut accomplir le travail à cause d'une restriction qui lui est
particulière.
Les ressources nécessaires à l'employeur pour se conformer
aux dispositions de cet article seront considérables; il est donc
nécessaire qu'il ne soit pas appliqué avant un certain temps.
3. Le programme de prévention
Article 48
6° Le second paragraphe doit être modifié; voir nos
commentaires à l'article 63.
Article 49
II peut être valable de faire parvenir le programme de
prévention à l'association paritaire (sectorielle ou non) qui, au
besoin, pourra faire des recommandations appropriées à
l'entreprise concernée, ce qui fait partie de son rôle de
formation et d'information.
Nous nous objectons cependant à ce qu'une copie du programme soit
transmise à la Commission, ce qui ne fera qu'ajouter à la
paperasse. Il est de plus tout à fait inacceptable que la Commission
puisse ordonner que le contenu d'un programme soit modifié ou qu'un
nouveau programme lui soit soumis. Nous n'avons cependant aucune objection
à ce que, sur demande d'un inspecteur, une copie du programme de
sécurité lui soit remis pour fins d'information seulement.
Note: Nous tenons à signaler que les articles 47 à 50
semblent aller à l'encontre de l'esprit du Livre Blanc dans lequel on
faisait état de la prise en charge par le milieu de la santé et
de la sécurité du travail; on appuyait beaucoup sur la
collaboration et sur la solution en commun des problèmes.
Dans le projet de loi, au contraire, on semble insister beaucoup sur la
réglementation. Tout semble soumis au contrôle omniprésent
de la Commission de la santé et de la sécurité du
travail.
4. Accidents Article 51
Les mots "blessures graves" peuvent entraîner certains
problèmes d'application; il y aurait avantage à maintenir le
texte de l'A/C 3787 qui mentionne: "l'impossibilité pour une seule
personne d'accomplir ses fonctions durant sept (7) jours ouvrables et
plus".
De plus, nous recommandons que se continue la procédure mise en
place le 15 août 1978 et contenue dans le "Message conjoint du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et de la Commission des
accidents du travail à tous les employeurs en regard du nouveau
formulaire d'avis d'accident".
Puisque la CAT. est informée de tous les accidents (incluant
décès et blessures graves), la nouvelle Commission de la
santé et de la sécurité du travail continuera donc
à recevoir l'information et pourrait donc facilement donner avis
à l'inspecteur chef régional. Cette procédure ne
soustrairait pas un employeur d'aviser immédiatement dans le cas d'un
accident mortel.
À la dernière phrase du premier paragraphe, devraient
être rayés les mots "et à l'association
accréditée", et ce, pour les raisons déjà
mentionnées à l'article 40, paragraphe 8°.
Section III Le fournisseur
En plus des remarques générales déjà
formulées, nous tenons à signaler que, si la définition du
mot "contaminant" n'est pas modifiée, cette définition pourrait
entraîner des problèmes d'application des articles 52 et 53.
À titre d'exemple, un fournisseur ne pourrait pas vendre une
pièce de machinerie lourde dont le niveau de bruit excède 90 dBA,
alors que la technologie applicable ne permet pas de se conformer aux normes et
que cette pièce de machinerie est indispensable à
l'employeur.
Chapitre IV
Les comités de santé et de
sécurité Article 57
Vu que, dans certaines entreprises, les travailleurs sont
représentés par plus d'une association accréditée,
nous recommandons que le texte soit modifié pour qu'un seul
comité soit formé au niveau de l'établissement; il serait
en effet irréaliste que de vouloir exiger d'un employeur qu'il participe
à un comité de santé et de sécurité avec
chacune des associations accréditées; il y aurait perte de temps
et d'énergie.
Article 58
Le texte doit être modifié pour tenir compte des
commentaires faits à l'article 57. Vu que, pour être vraiment
efficace, le comité doit être restreint, nous espérons que
le législateur en tiendra compte dans les règlements
prévus à cet effet.
Nous demandons également que la deuxième phrase du second
paragraphe soit la suivante: "L'autre moitié des membres du
comité est nommée par l'employeur".
Article 59
Nous demandons que cet article soit rayé; voir nos commentaires
à l'article 63.
Article 61
Le paragraphe introductif devrait se lire: Le comité de
santé et de sécurité se réunit au moins une fois
par trois mois ou plus souvent si tous les participants y consentent.
Article 62
Voir nos remarques à l'article 26, concernant les employés
payés au rendement.
Article 63
L'employeur doit demeurer le responsable de la santé et de la
sécurité de ses employés; ceci ne rendra pas moins valable
la participation de ses employés dans la recherche des moyens pour
prévenir les accidents.
Le comité devrait donc être limité à un
rôle de recommandation. Dans cette optique, nous formulons les
recommandations suivantes: 1° Changer les mots "de choisir les moyens et"
par "de recommander les". 2° Changer le mot "établir" par
"recommander". 5° Nous estimons que le comité n'a pas la
compétence nécessaire pour choisir un médecin plutôt
qu'un autre. Nous demandons donc que ce paragraphe soit remplacé par le
suivant: "de coopérer avec le médecin et l'employeur à
l'élaboration des modalités d'application du programme de
santé dans l'établissement." 6° Tenant compte de nos
commentaires concernant le droit de refus, ce paragraphe doit être
éliminé. 8° Dans le but d'éviter la duplication des
dossiers, nous suggérons que le comité ne reçoive pas
copie des avis d'accidents mais ait plutôt accès aux registres de
l'employeur concernant "les accidents du travail, les maladies professionnelles
et les événements qui auraient pu en causer".
Tenant compte du rôle joué par le comité de
santé et de sécurité et de nos commentaires au chapitre V,
nous demandons de changer les mots "enquêter sur les" pour "prendre
connaissance des".
Nous nous objectons au texte tel qu'il est proposé qui
accorderait un pouvoir d'enquête sur tous les cas d'accident ou de
maladie professionnelle.
9° Nous suggérons de remplacer le mot "plaintes" par
"suggestions". 12° Le texte pourrait être éliminé si
notre proposition au paragraphe 8° était acceptée. 13°
Pour éviter la paperasse au niveau de la Commission, le comité
devrait tenir des minutes de chaque rencontre (voir A/C 3787) et, sur demande,
les mettre à la disposition d'un inspecteur.
Si chaque comité devait rédiger un rapport annuel
d'activités, la Commission serait inondée de documents qui
iraient remplir les classeurs; de plus, qui accepteraient de rédiger le
rapport, combien de temps cela prendrait-il?
Article 64
Tenant compte des commentaires formulés aux paragraphes 1° et
2° de l'article 63, nous recommandons que l'article 64 soit
éliminé.
Article 65
Voir nos commentaires sur l'article 40, paragraphe 9°.
Chapitre V
Le représentant à la prévention
Articles 67 à 72
Nous demandons que ces articles soient retirés du projet de
loi.
Chapitre VI
Les associations sectorielles Article 73
Nous nous objectons au troisième paragraphe tel qu'il est
formulé puisque les parties devraient jouir de toute la
flexibilité nécessaire en ce qui a trait à la structure et
aux procédures. En autant que l'entente rencontre certains minimums,
l'approbation de la Commission ne devrait pas être nécessaire.
Article 78
L'exclusion par la loi du pouvoir de cotisation est trop absolue. Les
parties pourraient convenir que, pour certains services excédentaires
aux exigences de la Loi, une cotisation spéciale soit
prélevée, soit pour assurer le sérieux des demandes de
service, soit pour obtenir un consensus sur des frais non
budgétés ou refusés dans les octrois de la Commission.
Chapitre VII Les associations syndicales et les
associations d'employeurs
Pour les raisons mentionnées dans ce mémoire, nous
demandons le retrait du chapitre VII.
Chapitre VIII Les services de santé au
travail
Section I Les programmes cadres et les contrats
types
Article 81
Nous sommes d'accord avec l'énoncé du premier paragraphe
mais nous demandons que le second soit rayé puisque nous insistons pour
que les services de santé demeurent sous la responsabilité de
l'employeur.
Vu qu'un certain nombre d'entreprises, principalement au niveau de la
PME, ne possèdent aucun service de santé structuré, le
présent article pourrait prévoir l'intervention du
département de santé communautaire tant que l'entreprise ne
rencontrera les exigences du programme cadre dont il est fait mention au
premier paragraphe du présent article.
Articles 82 à 85
Nous demandons l'élimination de ces articles et leur remplacement
par des mesures de surveillance que la Commission pourrait exercer, par
l'entremise du département de santé communautaire, pour s'assurer
de l'efficacité du service médical et de l'application des
programmes cadres.
Si la présente loi prévoit un mécanisme
d'inspection relié à la sécurité au travail, il
pourrait en être de même pour l'aspect médical.
Section II Dans les établissements
Article 86
À modifier selon les commentaires formulés à la
section I.
Article 87
L'article devrait être remplacé par un texte mentionnant
que l'employeur doit informer le centre hospitalier du nom du médecin
responsable des services de santé dans l'entreprise.
Article 88
Nous demandons que cet article soit éliminé.
Un nouvel article pourrait cependant prévoir les
mécanismes de nomination du médecin dans les entreprises
où les services de santé sont inexistants mais qui voudraient se
prévaloir des services que pourraient offrir les centres de santé
communautaire.
Article 89
Nous demandons que cet article soit éliminé.
Article 90
Acceptable en autant que le "médecin responsable " demeure sous
la responsabilité de l'employeur.
Article 91
Nous ne nous objectons pas à ce que le médecin choisi par
l'employeur fasse l'objet de critiques formelles de la part des
représentants des travailleurs et que même une plainte soit
adressée à la Commission dans le but de lui demander de faire
enquête sur le seul aspect administratif et la mise en application
pratique des programmes de santé. L'aspect médical est
déjà couvert par la Loi sur les corporations
professionnelles.
Sur réception d'un rapport d'enquête défavorable, le
médecin responsable pourrait interjeter appel tel qu'il est prévu
au second paragraphe de l'article 91.
Section III Le programme de santé au
travail
Articles 93 et 94
Nous recommandons le texte suivant: "L'employeur par l'entremise du
médecin responsable doit élaborer un programme de santé
qui rencontre les exigences minimum du programme cadre établi par la
Commission pour son genre d'établissement."
Article 96
Nous demandons de rayer cet article qui n'a pas sa raison d'être
non seulement parce que le médecin doit demeurer sous la
responsabilité de l'employeur mais également parce que
l'entreprise a d'autres exigences qui nécessitent la participation d'un
médecin; que ce soit les normes d'embauche de nouveaux employés,
le contrôle des employés malades à qui sont payées
des prestations d'indemnité-salaire, les contestations auprès de
la C.A.T. (article 22 de la Loi) lorsqu'une décision ne semble pas
justifiée, l'application de mesures préventives comme par exemple
le vaccin anti-grippe etc.
Section IV Rôle du médecin
responsable
Article 97
Nous demandons que cet article soit éliminé puisque nous
considérons que les ressources professionnelles, techniques et
financières doivent demeurer sous la responsabilité de
l'employeur.
Article 98
Bien que l'on accepte le principe de l'article, nous demandons que
l'information soit communiquée à l'employeur et au comité
de sécurité seulement. Si les représentants des
travailleurs sur le comité de sécurité, dont le
représentant à la prévention, jugent que la situation
n'est pas acceptable, il leur sera toujours loisible de demander l'intervention
d'un représentant de la Commission ou du département de
santé communautaire.
Section V Le chef du département de
santé communautaire
Article 100
Nous acceptons le principe que le chef du département de
santé communautaire surveille l'application des programmes cadres
élaborés par la Commission seulement conformément à
l'article 81 du projet de loi.
Note: Avant de formuler de nouvelles structures au niveau des services
de santé, il y aurait avantage à conserver la structure actuelle
mais en y ajoutant des mécanismes de surveillance relevant du
département de santé communautaire reliés à la
qualité et à la quantité des mesures prises concernant la
santé et la sécurité des travailleurs. Le
département de santé communautaire pourrait de plus jouer un
rôle, soit dans les petites entreprises où un service
médical est inexistant, soit dans les entreprises où le service
médical est déficient. L'entreprise qui ne possède pas de
département de santé et qui reçoit des services du
département de santé communautaire devrait en défrayer le
coût tant qu'elle ne se serait pas dotée de son propre service de
santé conforme aux exigences de la loi. Le fait de maintenir
l'administration des services de santé sous la responsabilité de
l'employeur permettrait d'éviter la mise sur pied d'une nouvelle
structure bureaucratique.
Chapitre IX La Commission de la santé et de la
sécurité du travail
Section II Les fonctions de la Commission
Article 129
4° Lorsqu'il s'agit de campagnes d'information
générale, qui de fait sont accessibles et peuvent
bénéficier à toute la population active, nous estimons que
l'État devrait en absorber les coûts. 5° Nous souhaitons que
les employeurs soient consultés sur le contenu des programmes de
formation. 11° Nous espérons que l'État ne fera pas payer par
les employeurs des coûts qu'il assume actuellement. 12° À la
troisième ligne, nous demandons que le mot "assure" soit changé
pour "s'assure de".
Chapitre X Inspection
Article 135
Au deuxième paragraphe, après les mots "lois et
règlements", on devrait ajouter "à l'exception du médecin
en ce qui a trait aux dossiers médicaux."
Article 138
Ajouter la phrase suivante: "À son départ l'inspecteur
doit laisser une copie de son rapport à l'employeur qu'il y ait avis de
correction ou non."
Article 139
Cet article devrait débuter par les termes "Sous réserve
de l'article 195 l'inspecteur communique..."
Cette précision aurait l'avantage de protéger les
personnes détentrices d'un secret ou procédé de
fabrication ou d'exploitation. Tel qu'il a déjà été
mentionné dans nos commentaires, cet article est un bel exemple d'abus
de distribution de copies.
Article 140
L'employeur devrait informer uniquement le comité de santé
et de sécurité. De plus, le mot "immédiatement" doit
être rayé car il laisse entendre "immédiatement
après réception de l'avis de l'inspecteur." L'employeur devrait
pouvoir informer le comité à l'intérieur des délais
accordés par l'inspecteur pour effectuer la correction.
Article 142
II est essentiel que l'inspecteur motive sa décision par
écrit avant de quitter les lieux.
Article 143
Nous demandons que cet article soit rayé et ce, pour les
mêmes raisons mentionnées à l'article 30.
Article 144
Le texte doit être modifié et prévoir l'accès
à un lieu de travail fermé lorsque des travailleurs doivent
effectuer des réparations qui élimineront le danger qui a
occasionné la suspension des travaux ou la fermeture.
Article 146
Les pouvoirs accordés à l'inspecteur sont trop vagues et
il est souhaitable que les droits prévus au présent article
soient reliés à un danger imminent (danger immédiat
d'accident). Nous demandons que soit maintenu le premier alinéa du
paragraphe 8 de l'article 25 de la Loi des établissements industriels et
commerciaux.
Nous formulons ici les mêmes commentaires qu'à l'article 1
concernant la définition du mot "contaminant".
Il est essentiel que l'inspecteur motive sa décision par
écrit avant de quitter les lieux.
Article 148
II est important d'accélérer la procédure
principalement lorsqu'il y a application de l'article 142; dans un tel cas, la
Commission devrait rendre une décision dans les trois (3) jours
ouvrables qui suivent la visite de l'inspecteur. Lorsqu'il n'y a pas suspension
des travaux ou fermeture, le délai pourrait être plus long.
Chapitre XII Règlements 1° Les catégories
d'établissements établies devraient, dans la mesure du possible,
être basées sur les regroupements utilisés
présentement par la Commission des accidents du travail. 4° Les deux
premières lignes devraient être modifiées pour se lire
ainsi: "déterminer les établissements ou catégories
d'établissements au sein desquels un comité de santé et de
sécurité doit être formé et fixer, ..." 5° Les
mots "comité d'établissement" doivent être changés
pour "comité de santé et de sécurité". Nous
souhaitons que le comité ne soit pas dans l'obligation de faire parvenir
régulièrement à la Commission des informations dont le
contenu serait établi par règlement. Nous espérons que la
paperasse sera réduite au maximum, ce qui n'empêcherait pas la
Commission, par l'intermédiaire d'un inspecteur, de demander
occasionnellement certaines informations au comité. 10° Ce
paragraphe doit être rayé. 19° Nos commentaires
formulés à l'article VIII s'appliquent ici. 25° Nous
demandons que soient exclues les fermetures saisonnières. 26° Voir
nos commentaires formulés à l'article 51.
Chapitre XIII
Recours Article 190
À la troisième ligne, après le mot "exercice"
ajouter le mot "normal". Nous désirons éviter l'exercice abusif
de ce droit dans le seul but de faire pression sur l'employeur.
Article 191
Nous demandons que le fardeau de la preuve incombe à
l'employé dans les cas dont nous faisons mention à l'article 31.
Une telle formule ne prive pas le travailleur de son droit mais
empêcherait les abus.
Chapitre XIV
Infractions Article 197
Ajouter à la fin de chaque paragraphe les mots "ou d'une
association accréditée".
Article 198
Cet article ne semble pas s'appliquer au travailleur qui commet une
négligence ou une imprudence grossière qui met en danger sa
propre vie ou sa propre santé; si tel est le cas, seules les
dispositions prévues à la convention collective ou aux
règlements de l'entreprise pourront s'appliquer.
Article 205
Le paiement de l'amende en vertu de la Loi ne devrait pas être
comme une présomption ou une admission de responsabilité civile
et en conséquence l'article 205 devrait être
complété en ce sens par l'introduction des termes suivants: "Ce
paiement ne peut pas être invoqué comme présomption ou
admission de responsabilité civile".
Chapitre XVI Dispositions transitoires
Article 216
II faut également prévoir que ces autres fonctionnaires
sont soumis aux mêmes obligations qu'un inspecteur et doivent
également posséder les connaissances requises.
Article 238
L'article 110 de la Loi des accidents du travail doit être
maintenu de manière à ce que soient payées les subventions
actuelles, et ce, durant la période de transition nécessaire
avant la formation des associations sectorielles prévues au chapitre
VI.
L'article 111 relié à l'application de la Loi des
accidents du travail doit être maintenu.
Article 251
Nous demandons que les services de santé demeurent sous la
responsabilité de l'employeur et que ce dernier paie les honoraires du
médecin; l'article 251 doit donc être éliminé.
Article 274
Cette modification à l'article 46 de la Charte des droits de la
personne ne doit pas permettre à une personne d'exercer deux recours
simultanément.
Article 280
2° À la troisième ligne, changer le mot "peut" pour
"doit".
Québec, le 15 août 1978
(ANNEXE 2)
Message conjoint du ministère du Travail et de
la Main-d'Oeuvre et de la Commission des accidents du travail
à tous les employeurs en regard du nouveau
formulaire d'avis d'accident
À la suite d'une décision de la Commission des accidents
du travail et du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre de
fusionner les formulaires "Avis d'accident et demande d'indemnisation" (RE-1)
et "Avis d'accident" (183) (MTMO), un nouveau formulaire a été
préparé et est maintenant mis en usage à compter de ce
jour.
Sur l'exemplaire ci-joint, vous noterez les changements qui suivent: -
l'usage exclusif de la langue française conformément à la
Loi 101 sur la Charte de la langue française et qui permet
également d'aérer un peu les informations sur le formulaire (des
copies seront cependant disponibles en langue anglaise sur demande seulement);
dans les instructions, vous remarquerez un rappel de vos obligations en
cas d'accident grave ou mortel et un guide fournissant un vocabulaire utile
lors de la description de l'accident et de la blessure; - dans le bloc "C" du
formulaire, des précisions quant au lieu de l'accident, l'emploi de
l'accidenté et son expérience; dans ce même bloc de
données, deux (2) questions, une sur la fréquence de l'accident
et l'autre sur la gravité potentielle de la blessure.
Toutefois le vocabulaire utilisé ainsi que les exemples fournis
permettront de sensibiliser les entreprises sur la nécessité de
développer des mécanismes appropriés de
prévention.
L'utilisation d'un formulaire unique permettra de recueillir des
données utiles autant au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre qu'à la Commission des accidents du travail. En effet, ces
données orienteront les efforts de chacun des organismes en vue de
l'évaluation des moyens actuels de prévention dans les
entreprises ou de ceux qui pourraient être nécessaires à
l'avenir.
Il sera donc de votre responsabilité de faire connaître les
changements au formulaire RE-1 et de renseigner les utilisateurs sur les
objectifs inhérents à la modification de celui-ci.
Concernant la distribution de la RE-1, le responsable du Magasin de
chacune des directions régionales de la C.A.T. se chargera de
répondre à vos demandes.
Ainsi, il est convenu qu'à compter de ce jour, vous, comme
employeur, n'avez plus à remplir le formulaire "Avis d'accident" (183)
du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, allégeant de ce
fait, vos procédures administratives en rapport avec nos deux
organismes.
Nous comptons sur votre habituelle collaboration.
Robert Sauvé, Président Guy Lapointe, sous-ministre
adjoint
Commission des accidents du travail Ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre
ANNEXE C
Du Pont Canada Inc. Exposé touchant le domaine de la santé
et de la sécurité au travail
1. Introduction 1.1 Nous ne saurions trop souligner la
satisfaction que nous donne cette occasion de présenter cet
exposé sur un sujet qui a toujours revêtu une importance vitale
dans notre organisation: "LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ AU
TRAVAIL". Cette satisfaction est d'autant plus grande que cette occasion
survient au moment où le gouvernement du Québec se prépare
à introduire une loi importante sur ce sujet; nous croyons que cette loi
peut avoir et, sans doute, aura une influence profonde et durable sur la
santé et la sécurité des travailleurs, et, de ce fait,
améliorera sensiblement les relations patronales-ouvrières dans
cette province. Notre expérience en ces deux matières nous fait
espérer que notre participation sera utile à la
préparation de cette loi. Soyez assurés que Du Pont Canada Inc.,
sera un allié convaincu et sincère qui appuiera vos efforts en
vue de réduire le nombre et la gravité des blessures et des
maladies au travail. 1.2 Permettez-moi d'abord en guise d'introduction de vous
dire quelques mots de notre compagnie: Du Pont Canada Inc., est une compagnie
canadienne qui emploie environ
5900 hommes et femmes dont 4500 dans la fabrication. Nous fabriquons des
explosifs, des fibres synthétiques, des plastiques, des produits de
finition pour automobiles et des finis industriels, des pellicules d'emballage
et industrielles et des produits chimiques divers. Il va sans dire que nos
employés sont exposés à de nombreuses conditions qui
mettent en danger leur santé et leur sécurité. 1.3 Dans
cette province, nous avons une usine de pellicule cellulosique à
Shawinigan, notre siège social à Montréal, et une usine de
fibres synthétiques bientôt en production à Coteau-du-Lac,
un Centre de Distribution à Pointe-Claire et des usines d'explosifs en
vrac à la Baie James. Nous y employons environ 1100 personnes. 1.4 Notre
actionnaire principal est la compagnie E.l. Du Pont de Nemours & Co., une
entreprise américaine très renommée pour
l'intérêt et l'attention soutenus dont elle a fait preuve envers
la protection de ses employés. Depuis de nombreuses années, cette
compagnie a conservé le meilleur dossier en matière de
sécurité de toutes les grandes entreprises américaines.
Ses succès sont aussi retentissants dans tous les pays aux cultures les
plus variées où elle est présente. À la fin de mai
1979, son usine de pellicule cellulosique en Argentine atteignait 28,8 millions
d'heures-homme sans blessure. 1.5 L'intérêt que Du Pont Canada
porte à la santé et la sécurité de ses
employés est devenu proverbial. Il faut remonter jusqu'à 1860,
date à laquelle nous avons commencé à produire de la
dynamite en Ontario. Notre ligne de conduite actuelle a été bien
résumée en 1964 par notre président d'alors, M. Herbert H.
Lank: "C'est une politique bien établie que nous devons produire au
maximum de la capacité de nos installations existantes en autant que la
sécurité des travailleurs et la qualité de nos produits
sont maintenues au-delà de tout compromis." Cet engagement de la
direction de la compagnie envers la sécurité de ses
employés a été un facteur fondamental depuis toujours dans
l'exécution de ses activités et l'instauration de tout nouveau
programme. 1.6 Traditionnellement l'intérêt de l'industrie en
matière de santé et de sécurité au travail s'est
porté sur les dangers les plus graves, c'est-à-dire ceux qui
causent immédiatement une blessure ou une maladie, lors d'un accident.
Cette catégorie de dangers constitue un problème tenace, toujours
actuel, et cause la grande majorité des incapacités. 1.7 Plus
récemment toutefois, l'attention s'est tournée vers les risques
chroniques, c'est-à-dire ceux qui se manifestent après un certain
temps, comme l'exposition prolongée à de basses concentrations de
substances toxiques. L'envergure du problème que présente cette
catégorie de risques commence à peine à être connue,
et il est indubitable que le gouvernement et l'industrie devront y consacrer
des efforts considérables en temps et en ressources. 1.8 À titre
d'entreprise chimique, nous sommes bien conscients de nos
responsabilités dans ce domaine. Nous fabriquons du tétraethyl de
plomb, un agent anti-détonnant ajouté à l'essence, et nos
programmes de protection de la santé entourant cette activité ont
donné des résultats satisfaisants depuis des années. Dans
d'autres cas, nos programmes sont plus récents. Cependant, la protection
de tous nos employés est primordiale, qu'il s'agisse de l'une ou l'autre
de ces catégories de dangers et la ligne de conduite de notre entreprise
exprimée plus haut s'applique dans tous les cas. 1.9 Je me propose de
vous exposer dans un moment nos résultats dans le domaine de la
sécurité et je suis persuadé que vous reconnaîtrez
avec nous que notre performance est remarquable et qu'elle l'a
été de façon soutenue, quelle que soit la façon
dont on regarde la chose. C'est pourquoi nous considérons si importante,
vitale même, la loi que vous proposez, car il faut qu'elle nous permette
de maintenir des programmes de sécurité qui ont fait leurs
preuves. 1.10 Nous croyons également que nos méthodes
d'administration en matière de sécurité apportent
plusieurs réponses aux préoccupations très pertinentes
exprimées par M. Marois, le 1er juin 1977, lors de son allocution aux
Hautes Etudes Commerciales, avant même l'introduction du livre blanc sur
ce sujet. Aussi, parce que ces méthodes ont donné et continuent
de donner des résultats aussi extraordinaires, nous les portons à
l'attention du gouvernement du Québec et nous espérons qu'il les
examinera sérieusement avant de proposer d'autres lignes de conduite qui
n'ont pas fait leur preuve.
2. Notre performance dans le domaine de la sécurité
2.1 La fréquence de blessures avec perte de temps chez Du Pont Canada
Inc., de 1968 à 1977, a été de 0,61 par millions
d'heures-homme de travail. En 1977, ce chiffre a été de 0.19. En
1978, nous avons changé notre méthode de calcul que nous
expliquerons plus tard. Voyez dans le tableau I notre performance
comparée à celle de l'industrie nord-américaine. Ce
tableau illustre, par exemple, qu'en 1975 notre performance a été
49 fois meilleure que celle de l'industrie nord-américaine, 15 fois
meilleure que celle de l'industrie chimique et 59 fois meilleure que celle de
la construction. En d'autres termes, nos trois accidents majeurs de cette
année-là seraient devenus 146, 44 et 176 accidents
respectivement, si nous avions eu la fréquence moyenne de ces groupes.
Même si ces résultats sont impressionnants, nous ne sommes pas
satisfaits parce que trois de nos employés ont été
blessés et nous ressentons une sérieuse responsabilité
à leur égard. Les données des tableaux suivants sont
extraites de la publication "Accident Facts" préparée par le
National Safety Council; la fréquence des blessures, établie
selon le système ANSI z16.1, représente le nombre de blessures
avec perte de temps par million d'heures-homme de travail, jusqu'en 1976.
Depuis 1977, ces statistiques sont présentées selon le
système OSHA et représentent le nombre de blessures causant des
pertes de temps ou des restrictions aux activités normales du travail
par 200 000 heures-homme de travail.
Référer à la version PDF page B-8864
2.4 Ces statistiques illustrent bien que les méthodes de gestion
dans le domaine de la sécurité utilisées par notre
compagnie donnent des résultats nettement supérieurs à la
moyenne de l'industrie en général et de plus ces résultats
peuvent, je crois, être considérés comme satisfaisants pour
la plupart, même si un objectif d'aucune blessure doit demeurer notre
ambition constante. 2.5 J'ai mentionné plus haut que nous pouvions
démontrer la continuité de nos résultats. À cet
effet, le Tableau IV illustre notre performance dans le domaine de la
sécurité depuis la réorganisation de la compagnie en 1954.
Non seulement y observe-t-on la qualité des résultats, mais de
plus le taux décroissant des blessures démontre les
progrès constants de nos méthodes d'exploitation industrielle
sans maladie ni blessure.
Référer à la version PDF page B-8865
2.6 Toutes ces données, aussi bonnes qu'elles puissent
paraître, ne font pas état de résultats
particulièrement dignes de mention atteints par certaines de nos
unités. Par exemple, en 1975 et 1976, nous n'avons eu à
déplorer aucune blessure avec perte de temps chez nos employés de
la province de Québec. Notre usine de résines de
polyoléfines située à Sarnia n'a connu aucune blessure
pendant 20 ans d'exploitation. Notre usine de nylon à Kingston a atteint
11,8 millions d'heures-homme de travail sans blessure: selon nos informations,
il s'agirait là d'un record au Canada. À notre usine de
Shawinigan, nous avons maintenu notre fabrication de 1967 à 1972 sans
blessure, soit plus de 7 millions d'heures-homme et à l'heure actuelle
nous n'avons eu aucune blessure depuis plus de deux ans. 2.7 Cette
capacité d'administrer nos programmes de sécurité ne s'est
pas limitée à la fabrication; nous utilisons la même
approche avec les équipes de construction qui travaillent sur nos
chantiers. Nous choisissons les entrepreneurs en tenant compte de leur attitude
et de leurs réalisations en matière de sécurité; de
plus, nous exigeons qu'ils se conforment à nos normes de base. Il va de
soi que nous ne pouvons avoir sur les employés des entrepreneurs et des
sous-traitants la même influence que nous avons sur nos propres
employés et pourtant les résultats en période de
construction dans nos usines sont impressionnants. De 1962 à 1976, des
employés de la construction ont travaillé plus d'un million
d'heures-homme à une fréquence de blessures de 4,78 par million
d'heures tandis que l'industrie nord-américaine de la construction avait
une fréquence de 14.
Plus récemment aux Usines Coteau, nous avions chargé une
entreprise d'expert-conseil d'assurer l'exécution des travaux; cette
entreprise engageait elle-même les entrepreneurs qui à leur tour
pouvaient s'adjoindre des sous-traitants. Au cours de cette période, le
taux de blessures a été de 12,45. Après le 1er novembre
1976, en raison de circonstances particulières, nous avons pris en main
l'achèvement des travaux en employant directement les entrepreneurs qui,
dans plusieurs cas, étaient les mêmes qu'auparavant; nous avons
toutefois expliqué notre philosophie en matière de
sécurité et notre intransigeance en ce qui concerne la
sécurité. Les résultats furent probants; ces
équipes ont atteint jusqu'à 72,500 heures-homme de travail sans
blessure. 2.8 Comment obtenons-nous ces résultats? Par une philosophie
très précise et une méthode de gestion bien définie
qui ne laisse aucune place au compromis.
3.
Méthode de gestion de Du Pont dans le domaine de la
sécurité 3.1 Ces résultats sont donc le fruit d'un
effort constant et déterminé de la part de toute l'organisation
pour assurer une exploitation sûre. Nous avons déjà
mentionné que la politique de notre compagnie est de maintenir la
sécurité sans compromis. Nous avons, à plusieurs reprises,
interrompu le travail en attendant la solution d'un problème de
sécurité. Il est certain que lorsque nous concluons à
l'existence de risques, nous n'hésitons pas à arrêter la
production. Notre politique en matière de santé précise
davantage cette position; à titre d'exemple mentionnons les efforts
soutenus que nous faisons pour dépister les cancérigènes.
3.2 Nous avons donc la ferme conviction que l'intérêt et la
responsabilité de la sécurité commencent au sommet d'une
organisation. Le président et ses adjoints immédiats doivent
démontrer hors de tout doute leur engagement profond en ce qui concerne
la santé et la sécurité de tous les employés. La
haute direction de l'entreprise doit attacher à la
sécurité la même importance qu'à tous les autres
aspects de ses responsabilités. Cette direction doit prévoir
quatre étapes essentielles pour mettre à exécution la
politique de la compagnie en matière de sécurité: a.
ÉTABLISSEMENT D'OBJECTIFS b. ATTRIBUTION DES RESPONSABILITES c. APPUI
DONNE AUX RESPONSABLES d. EXIGENCE DE RESULTATS POSITIFS
a.
Etablissements d'objectifs 3.3 En cette matière,
nous n'avons qu'un objectif: OPÉRER SANS BLESSURE. Aussi difficile que
cet objectif puisse paraître, nous le considérons comme
réaliste et le seul vraiment acceptable pour notre compagnie. Il va sans
dire que tout programme particulier dans le domaine de la
sécurité doit viser à atteindre cet objectif. C'est
d'ailleurs cet objectif qui assure notre succès car il nous oblige
à chercher sans relâche de meilleures méthodes et à
maintenir au premier rang de nos préoccupations la santé et la
sécurité de nos employés.
b.
Attribution des responsabilités 3.4 Chez Du
Pont, les membres de la supervision à tous les niveaux et dans toutes
les sphères d'activités sont responsables des opérations
de la compagnie. Chacun est, de ce fait, complètement et
entièrement responsable de la sécurité de tous les
employés sous sa direction et celle-ci doit avoir la même
importance que la productivité, la qualité et le contrôle
des coûts. Chacun doit aussi comprendre que son succès
dépend de l'engagement et de la participation active de tous les
employés, Par ailleurs, ceux-ci doivent comprendre qu'il y va de leur
bien-être et de celui de leurs compagnons.
c.
Appui donné aux responsables 3.5 La direction de
la compagnie doit prendre le temps d'appuyer et d'encourager les
employés dans leurs programmes et leurs activités en
matière de sécurité et doit aussi prévoir
l'engagement de ressources financières et humaines dans cet effort
commun. Nous ne pouvons énumérer toutes les formes que peut
prendre cette participation mais permettez-moi d'en donner un exemple actuel
dans cette province où nous préparons la mise en service d'une
usine de fibres synthétiques à Coteau-du-Lac. Nous
considérons que la sécurité dans l'exploitation d'un
complexe industriel commence à la conception même de ce complexe
et lors de sa construction. Nous avons dépensé pour ce projet
beaucoup de temps et de ressources humaines et financières à
élaborer les normes de
sécurité concernant les installations, l'équipement
et les procédés. La permission d'entreprendre les travaux n'a
été accordée que lorsque nous avons été
certains que ces installations respecteraient nos normes rigoureuses en
matière de sécurité et de protection de la santé.
De plus, avant que cette usine ne soit mise en service, des formalités
pour la vérification de l'équipement ont été mises
au point et cette vérification sera assurée par des
spécialistes et tout le personnel qui sera assigné à ces
opérations. Le démarrage sera autorisé lorsque nous aurons
l'assurance de pouvoir fonctionner en toute sécurité. 3.6 Nous
pourrions mentionner les efforts soutenus qui sont faits à Shawinigan
pour améliorer constamment notre exploitation et assurer que la
technologie la plus récente en matière de sécurité
et de protection du milieu de travail est adoptée sans délai. La
direction de la compagnie n'hésite pas à donner son appui tout
entier à ces efforts. 3.7 Nous croyons également que l'appui de
l'entreprise doit s'étendre à tous les employés et c'est
pourquoi nous avons instauré un plan de récompense pour souligner
de longues périodes de travail sans blessure. Ce programme comporte
trois prix, celui des Vice-Présidents, celui du Président et
celui du Conseil d'Administration selon la période de temps
écoulée depuis la dernière blessure avec perte de temps.
De cette façon, la compagnie a distribué de 1965 à 1978
des prix pour une valeur de plus de $400 000. Les employés de l'Usine de
Shawinigan ont gagné à eux seuls près de $40 000. Le 28
mai 1977, le personnel des Usines Coteau assigné à la fabrication
se voyait attribué son premier prix de sécurité et le 1er
juin dernier ce groupe avait travaillé 1612 jours ou 325 797 heures sans
blessure, tout en étant fréquemment exposé aux conditions
particulières à une usine de construction.
d.
Exigence de résultats
positifs 3.8 Chacun
des superviseurs de la compagnie doit, dans le cadre de la politique
adoptée et en vue d'atteindre l'objectif commun, définir les
programmes de sécurité prioritaires qui sont les plus efficaces
pour son organisation. Dans la définition de ces programmes, chacun des
superviseurs sait qu'il sera tenu responsable des résultats et qu'en
conséquence il doit y consacrer autant d'attention qu'aux autres
responsabilités de sa fonction. En dernier ressort, ses résultats
sur le plan sécurité constituent un élément
important de son évaluation de rendement. Aussi ces résultats
peuvent-ils affecter directement son revenu et la suite de sa carrière.
3.9 Nous voyons donc que l'intention de l'entreprise ne laisse aucun doute et
que la haute direction, non seulement exige des résultats mais qu'elle
n'hésite pas à appuyer les superviseurs à tous les niveaux
et à encourager tout le personnel à établir et soutenir
des programmes de santé et de sécurité vigoureux. Il
convient donc ici d'élaborer un peu sur ces programmes de santé
et de sécurité qui permettront au personnel de jouer son
rôle en tant que responsable de la sécurité.
4. Programmes touchant la santé et la
sécurité 4.1 Tout programme touchant la santé et la
sécurité doit, pour connaître le succès, être
établi par le superviseur avec le concours et l'appui de tous ses
employés. Des programmes spécifiques sont conçus pour
convenir davantage au milieu social de chaque localité. Cette
manière de concevoir les programmes de santé et de
sécurité permet une certaine diversité à travers la
compagnie tout en assurant le maintien d'éléments de base communs
à tous. Ces programmes ne sont jamais imposés ni par la haute
direction ni par des spécialistes en matière de santé et
de sécurité. Le superviseur et ses employés savent que la
haute direction les appuiera sans réserve dans leurs efforts et exigera
des résultats satisfaisants; ils savent aussi qu'ils peuvent compter sur
la disponibilité et la collaboration des spécialistes. 4.2 Pour
administrer efficacement son programme de sécurité, le
superviseur doit avoir recours à toutes les ressources à sa
disposition. Il doit mettre en place une organisation efficace, créer
les comités appropriés à son choix et faire participer
tous les employés à tous les niveaux dans toutes les
activités touchant la sécurité. Dans une usine typique,
plusieurs comités de sécurité apportent à la
supervision et à la direction une contribution continuelle à
l'orientation des programmes de santé et de sécurité au
travail: ces comités s'occupent d'activités spécifiques,
comme la publicité et la promotion de la sécurité, les
règles et procédures, les risques du procédé, la
santé au travail, et le plan de contrôle d'urgence. Un
comité central dirigé par le directeur de l'usine définit
le rôle de chacun de ces comités, leur assigne des tâches
spécifiques, établit des échéanciers et
étudie les recommandations en vue de maintenir un programme vivant en
matière de sécurité.
4.3 Le programme de sécurité a deux objectifs principaux:
a. assurer un milieu de travail sain et sûr b. créer un climat
où tous les employés seront encouragés à travailler
selon des méthodes sûres pour eux-mêmes et pour leurs
compagnons.
a.
Assurer un milieu de travail sans danger 4.4 À
cet effet, le superviseur sait déjà que, lors de la construction
des installations, la sécurité des lieux a fait l'objet d'une
préoccupation particulière; les normes du service du
génie, qui ont été développées au niveau de
l'entreprise, ont été suivies et vérifiées. Il sait
également qu'il a la responsabilité d'établir des
programmes: i) pour maintenir à un haut niveau la propreté des
lieux ii) pour assurer l'entretien de l'équipement ainsi que
l'installation, l'utilisation et le maintien des dispositifs de protection iii)
pour éliminer promptement les risques inhérents au bruit et au
procédé ou prendre les moyens temporaires pour en minimiser les
effets. iv) pour assurer que les modifications requises pour la protection du
milieu de travail sont exécutées avec diligence dès que
l'expérience et l'analyse suggèrent de tels changements.
b.
Motiver tous les employés 4.5 Le superviseur
reconnaît que le défi le plus important et le plus
considérable pour bien remplir toutes ses responsabilités dans le
domaine de la sécurité réside dans la motivation de tous
ses employés à travailler d'une façon sûre pour
eux-mêmes et pour leurs compagnons de travail. Par une formation
approfondie et par une participation constante, chaque employé doit
acquérir la conviction qu'il doit absolument vivre selon les meilleurs
principes de la sécurité, à la fois au travail et en
dehors du travail. Les efforts en vue de développer chez chaque
employé une saine préoccupation à l'égard de la
sécurité doivent commencer dès le premier jour d'emploi et
même dès le moment de l'entrevue. Un processus continu de
formation donnera à l'employé les connaissances et la confiance
nécessaires pour travailler de façon sûre. La motivation
sera de plus renforcée par l'établissement et la communication de
règles et formalités qui définissent les normes minimales
que l'employé doit observer pour que sa performance soit jugée
acceptable. De plus, le superviseur tiendra compte qu'il ne suffit pas de
développer de saines habitudes de travail, mais qu'il faut les maintenir
et les améliorer en assurant la participation des employés aux
activités de promotion de la sécurité et aux
assemblées de sécurité et en organisant des rencontres
personnelles à intervalles réguliers. De telles rencontres
incluent les évaluations de rendement où la
sécurité a son rôle à jouer dans
l'établissement d'une telle évaluation. Le superviseur doit faire
en sorte que chacun de ses employés se sente engagé à fond
dans tous les programmes et y participe activement. 4.6 Une autre
responsabilité du superviseur consiste à évaluer
continuellement ses programmes en matière de santé et de
sécurité et à examiner à fond les résultats.
4.7 II sait que la compagnie adhère régulièrement à
une méthode précise de classification des incidents et de mesure
quantitative des blessures qui lui permettra d'effectuer une évaluation
sérieuse des résultats de son programme. Tous les incidents,
toutes les blessures actuelles ou éventuelles font l'objet d'une
recherche immédiate et approfondie par des comités
composés d'employés à tous les niveaux de l'organisation,
ce qui assure la contribution des meilleures ressources possibles, pour
déterminer et effectuer dans les plus brefs délais les
changements à faire pour prévenir toute répétition
de tels incident et blessure. 4.8 En plus de la mesure des résultats et
de l'investigation des incidents et blessures, l'évaluation de la
performance dans le domaine de la sécurité est assurée par
des vérifications régulières au niveau d'un secteur
particulier d'une unité et au niveau de toute l'unité. Ces
vérifications sont faites par des équipes d'employés
à tous les niveaux. Leur fonction consiste non seulement dans
l'inspection des lieux mais aussi dans l'examen de l'organisation en
matière de sécurité et dans l'évaluation du climat
et des habitudes de travail des employés. Ces équipes peuvent
être appelées à faire ces évaluations non seulement
dans leur propre section de travail mais aussi dans d'autres sections d'une
unité. À ces vérifications qu'on peut qualifier d'internes
s'ajoutent des vérifications d'une plus grande envergure
exécutées à des intervalles réguliers par des
équipes de spécialistes de la compagnie. Voici un aperçu
des facteurs qui sont étudiés de façon approfondie lors de
ces vérifications et qui sont discutés avec les superviseurs de
l'unité (à noter que cet aperçu donne une idée
assez précise de l'envergure des programmes de sécurité
chez Du Pont):
1. L'acceptation par la direction de ses responsabilités. 2. La
participation de la direction aux programmes de sécurité. 3.
L'organisation de la sécurité. 4. L'acceptation par tous les
membres de la supervision de leurs responsabilités. 5.
L'évaluation des programmes de sécurité. 6. La
vérification des règles et formalités de la
sécurité. 7. Les initiatives en matière de promotion et de
publicité. 8. Les habitudes des employés, leur acceptation des
règles et procédures, leur attitude et la conscience de leurs
responsabilités. 9. Le système de protection contre l'incendie,
l'équipement et les équipes de pompiers. 10. La manutention des
matériaux dangereux. 11. La classification des risques découlant
de l'électricité. 12. L'évaluation du bruit et d'autres
conditions du milieu de travail. 13. La nature et les causes des blessures. 14.
La fréquence et la gravité des blessures. 15. La
sécurité en dehors du travail et ses résultats.
Cet outil permet au superviseur de faire une évaluation plus
juste de son milieu en matière de sécurité et ainsi de
modifier ses programmes et d'en améliorer l'efficacité. 4.9 Des
programmes de sécurité d'une telle envergure exigent sans l'ombre
d'un doute la participation de tous les employés. Chez Du Pont, nous
considérons que ces programmes sont essentiels et nous avons amplement
souligné qu'ils ne peuvent être efficaces sans une acceptation
claire et nette de leurs responsabilités par le président de la
compagnie, par la haute direction et par tous les niveaux de l'organisation. Un
tel effort nécessite l'harmonie et la solidarité de tous les
employés afin que chacun soit effectivement le gardien de son
frère. En résumé, un programme de sécurité
doit être élaboré avec la participation de tous, doit
recevoir l'appui de tous, et doit avoir comme premier objectif la
sécurité et la santé de tous. 4.10 Nous avons
tâché jusqu'ici de vous exposer notre philosophie, nos
résultats et nos méthodes d'administration en matière de
santé et de sécurité des travailleurs. Nous
espérons vous avoir convaincus de notre efficacité dans ce
domaine.
Devant l'intention du gouvernement de légiférer sur le
sujet, nous avons voulu nous livrer à une réflexion approfondie
sur les moyens qui pourraient aider le gouvernement à élaborer
une loi qui, inspirée par nos réalisations, serait avantageuse
pour tous les citoyens de notre province.
5. Le rôle du gouvernement 51 Nous croyons que le
gouvernement a un rôle précis à jouer dans
l'amélioration de la santé et de la sécurité au
travail dans cette province. Nous sommes certainement très heureux de
l'intérêt que vous manifestez à cet égard car il est
évident qu'il y a beaucoup à faire. 5.2 En ce moment, toutefois,
nous sommes un peu inquiets des mesures que le gouvernement pourrait prendre.
D'autres gouvernements ont déjà légiféré
dans ce domaine sans obtenir les résultats attendus. Selon nous, leur
loi se heurtait à des difficultés insurmontables et pendant ce
temps la santé et la sécurité des travailleurs continuent
d'être négligés. Une loi pourrait obliger tous et chacun,
comme les malades, à adopter un traitement tout fait même dans les
cas où un diagnostic prévoit un traitement
spécialisé. Notre gouvernement a bien exprimé qu'il ne
voulait pas s'aventurer en territoires inconnus. 5.3 Notre expérience et
nos méthodes en matière de sécurité nous font
proposer au gouvernement d'adopter envers l'industrie une attitude analogue
à celle de la haute direction de notre compagnie envers notre
supervision à tous les niveaux. D'abord le gouvernement, tout comme la
haute direction, doit démontrer son intérêt profond envers
la santé et la sécurité des travailleurs et y attacher une
importance égale aux responsabilités les plus importantes qui lui
incombent. Nous ne doutons pas que cet engagement soit déjà pris.
Il doit ensuite exposer aux employeurs les quatre étapes essentielles
déjà mentionnées pour mettre en pratique sa politique
à cet égard:
A. ÉTABLISSEMENT D'OBJECTIFS
B. ATTRIBUTION DES RESPONSABILITÉS
C. APPUI DONNE AUX RESPONSABLES
D. EXIGENCE DE RÉSULTATS POSITIFS
Nous croyons qu'une telle approche pourrait apporter des
améliorations importantes à la santé et à la
sécurité des travailleurs dans cette province.
a.
É
tablissement d'objectifs 5.4 II est
évident que la condition principale pour fixer le niveau de
résultats que les employeurs doivent atteindre est de disposer d'une
méthode précise de mesures d'informations sur les
résultats actuels qui pourraient être comparés aux
situations analogues ailleurs. Il y a évidemment les statistiques de la
commission des Accidents du Travail qui révèlent une situation
déplorable, mais qui ne permettent pas une comparaison valable avec
d'autres en raison des différences dans les normes administratives. 5.5
Les chiffres que nous avons utilisés dans cette présentation
proviennent du National Safety Council. Il y a toujours intérêt
à comparer nos résultats avec ceux des autres et, depuis
plusieurs années, nous calculons nos résultats de cette
façon pour les transmettre régulièrement à cet
organisme. Nous pouvons ainsi nous comparer à d'autres entreprises
canadiennes et à un grand nombre d'entreprises américaines comme
en font foi les statistiques présentées. Jusqu'en 1977, le
National Safety Council utilisait la méthode de calcul AINSI, qui a
alors été abandonnée pour passer au système
établi en vertu de I'"Occupational Safety and Health Act " des
États-Unis (OSHA). Nous avons immédiatement adopté ce
même système. 5.6 L'adoption rapide de ce système semble
justifiée et la chose doit être faite afin d'établir les
objectifs attendus de l'industrie; de cette façon, nous aurions une
mesure précise des résultats en matière de
sécurité, résultats que le gouvernement pourrait comparer
à ceux d'industries similaires. 5.7 Le gouvernement devra manifester une
certaine prudence dans l'établissement d'objectifs afin que ceux-ci
soient aussi réalistes que possible et qu'une évaluation
sérieuse des délais pour les atteindre soit assurée. Des
programmes de sécurité réfléchis et bien
équilibrés ne s'établissent pas du jour au lendemain, mais
le gouvernement peut exiger une diligence raisonnable pour leur conception et
leur implantation. Sans cette prudence, des objectifs irréalistes
pourraient entraîner le marasme tant pour l'économie que pour les
relations patronales-ouvrières et, en conséquence, pour la
santé et la sécurité des travailleurs.
b.
Attribution des responsabilités 5.8 Cette
étape constitue à notre point de vue un
élément-clé dans notre méthode de gestion de la
sécurité. Chaque superviseur à tous les niveaux de notre
compagnie sait que la haute direction le tient individuellement responsable de
la sécurité de ses employés. Il nous semble qu'une
situation similaire devrait exister entre le gouvernement et les employeurs. Le
gouvernement ne doit pas hésiter à indiquer aux employeurs qu'ils
sont tenus responsables de la santé et de la sécurité de
leurs travailleurs. Les employeurs devraient en conséquence avoir la
liberté dans le choix des méthodes pour atteindre des
résultats toujours meilleurs.
Nous avons démontré plus haut à quel point nous
croyons essentielle la participation de tous les employés à la
sécurité mais nous croyons fermement que tout partage des
responsabilités entre l'employeur et des groupes d'employés, qui
pourrait être établi par une législation, compromettrait
gravement la possibilité d'améliorations sensibles si
nécessaires pour la santé et la sécurité des
travailleurs. Nous croyons donc que le gouvernement devra concentrer son
attention sur les efforts faits et les résultats obtenus plus que sur
les méthodes utilisées pour obtenir ces résultats.
c.
Appui donné aux responsables 5.9 Les employeurs
qui acceptent sans réserve leurs responsabilités en
matière de santé et de sécurité devraient pouvoir
compter sur l'appui et l'encouragement du gouvernement. Comme vous l'avez
reconnu, il y a actuellement plusieurs services gouvernementaux de santé
et de sécurité, mais il est possible de mieux coordonner les
efforts et d'améliorer leur efficacité. Leur intérêt
principal ne devra pas se limiter à l'inspection physique des lieux mais
bien plutôt s'orienter vers une consultation plus complète sur
tous les aspects de la sécurité. Nous pensons en particulier
à la formation de vrais médecins industriels, au
développement de conseillers qui pourraient aider l'entreprise à
élaborer des programmes de sécurité faisant une large part
à la motivation des employés. À cette fin, des
études de cas dans lesquels les employeurs ont développé
des programmes efficaces et obtenu d'excellents résultats pourraient
fournir cet appui.
d.
Exigence de résultats positifs 5.10 Le
gouvernement devrait ensuite exiger sans hésitation des résultats
satisfaisants des employeurs.
5.11 Nous considérons que, si les objectifs établis sont
réalistes et que les délais accordés pour les atteindre
sont raisonnables, le gouvernement ne devrait pas hésiter à
intervenir auprès des employeurs qui n'obtiendraient pas les
résultats attendus. Ces employeurs pourraient s'attendre à ce que
leur administration de la santé et de la sécurité soit
examinée avec soin et à devoir supporter le coût de tels
services supplémentaires. 5.12 D'autre part, le gouvernement pourrait
encourager les employeurs intéressés et efficaces en
matière de santé et de sécurité, en
n'hésitant pas à souligner publiquement leur performance. Certes,
ces employeurs-modèles devraient pouvoir s'attendre à ne pas
payer pour les employeurs inconscients de leurs responsabilités. 5.13
À cet égard, il pourrait y avoir, par exemple, une relation plus
étroite entre la contribution payée par l'employeur à la
Commission des accidents du travail et son taux de-réclamation. Citons
ici quelques chiffres que nous connaissons bien en cette matière puisque
ce sont les nôtres:
Référer à la version PDF page B-8871
II paraît donc évident qu'une partie de nos contributions a
servi à récompenser les employeurs insouciants, et nous croyons
que si les contributions de ces employeurs étaient plus proportionnelles
à leurs réclamations, leurs efforts en matière de
sécurité deviendraient plus intenses. 5.14 II est essentiel que
les pénalités imposées soient basées sur les
résultats des efforts en matière de sécurité par
rapport aux objectifs proposés. Il serait imprudent de la part du
gouvernement d'utiliser l'approche de "crime et punition" dans l'application de
cette loi. Rappelons-nous qu'une amélioration sensible dans les
conditions de santé et de sécurité au travail dans cette
province exigera une coopération et une coordination très
étroites entre le gouvernement et les employeurs en évitant un
climat de confrontation et de conflit. 5.15 Nous proposons donc à votre
attention ce rôle que nous concevons pour le gouvernement et, dans son
approche auprès des employeurs, nous pourrions suggérer une
formule comme la suivante: 5.16 "Nous vous considérons, comme
employeurs, responsables de la santé et de la sécurité de
vos employés. Nous ne sommes pas satisfaits de l'efficacité des
programmes actuels de santé et de sécurité. Nous exigeons
de l'amélioration. Nous vous informerons des objectifs établis
pour vous et pour les autres employeurs dans votre champ d'activités et
des échéances allouées. Quant aux moyens pour atteindre
ces résultats, il vous revient de l'établir avec vos
employés. Nous vous assurons de notre appui et de notre encouragement et
nos services sont à votre disposition. 5.17 Nous vous considérons
responsables des résultats. Si vous n'atteignez pas les objectifs
établis dans les délais prévus, vous pouvez vous attendre
à ce que nous examinions de plus près vos méthodes pour
vous acquitter de façon acceptable de vos responsabilités en
matière de santé et de sécurité. Comme cette
initiative de notre part entraînera des frais supplémentaires,
vous pouvez vous attendre à payer votre part. Par contre, si vos
résultats sont satisfaisants ou dépassent les normes
établies, nous vous assurons que nous ferons état publiquement de
vos succès comme témoignage d'appréciation pour vos
efforts".
6. Conclusion 6.1 Nous croyons que la méthode
proposée dans cet exposé pour améliorer la santé et
la sécurité des travailleurs pourrait produire une loi qui serait
efficace et ouvrirait la voie
vers le succès dans ce domaine, tout en contribuant, pour une
large part, à une amélioration sensible des relations
patronales-ouvrières dans cette province. 6.2 Nous espérons que
notre philosophie, nos résultats, nos méthodes de gestion et nos
recommandations vous sont apparus valables et nous sommes désireux de
mettre à la disposition du gouvernement tout notre savoir-faire car la
santé et la sécurité de tous nos travailleurs et de tous
les travailleurs du Québec nous tiennent particulièrement
à coeur.
ANNEXE D
Mémoire présenté à la
commission permanente du Travail et de la Main d'Oeuvre
sur le projet de loi concernant la santé et la
sécurité du travail
par Association de Prévention des Accidents
Industriels
Québec Montréal Août
1979
I-
INTRODUCTION
L'Association de Prévention des Accidents Industriels
Québec, mieux connue sous le vocable A.P.A.I., présente ce
mémoire en réponse à l'invitation publique lancée
dans la Gazette officielle du Québec du 4 juillet 1979.
Le 10 juillet 1931, peu de temps après la ratification de la loi
des accidents du travail, l'A.P.A.I. était incorporée en vertu de
l'article 106 (plus tard remplacé par l'article 110 de la dite loi).
À ce moment, l'Association représentait quelque 9000
établissements en regard des 97 000 actuellement inscrits au tableau des
membres en 1979. Ces 97 000 établissements embauchent environ 1 800 000
travailleurs oeuvrant dans les établissements industriels et commerciaux
à l'exclusion du secteur minier, du domaine de la construction, celui
des pâtes et papiers et de l'exploitation forestière, et
finalement du milieu hospitalier.
L'A.P.A.I. offre et dispense des services d'information, de formation et
de dépistage des polluants par le truchement de conseillers
spécialisés par secteurs et par régions de même que
par de nombreuses publications. Le livre blanc sur la santé et la
sécurité du travail traite d'ailleurs des principaux services
offerts par l'Association.
En somme, nous avons acquis quarante-huit années de performance
dans le domaine de la prévention des accidents industriels et les
expertises offertes par nos conseillers s'appuient sur plus de 200 ans
d'expérience.
De plus, les secteurs privé et para-public reconnaissent la
compétence de l'A.P.A.I., en qualité d'école de formation,
en y recrutant un grand nombre de responsables de la prévention.
II-
GENERALITES
Les membres de l'Association se réjouissent du seul fait que le
gouvernement entend favoriser les travailleurs et les employeurs d'une
politique globale de santé et de sécurité du travail.
Déjà en 1966, et régulièrement depuis ce temps,
l'Association recommandait au gouvernement l'établissement d'une telle
politique.
Le gouvernement amorce une action efficace en démontrant son
engagement écrit et son intérêt profond envers la
santé et la sécurité tout comme doit le faire la haute
direction de l'entreprise.
Nous sommes en accord avec le credo "Mieux vaut prévenir" qui
sous-entend de mettre l'accent sur la prévention plutôt que sur la
réparation des accidents du travail. Nous reconnaissons également
la valeur des autres grandes orientations telles que: le droit
individuel de cesser un travail dangereux; l'unification et la
coordination des efforts de l'inspection; la réforme axée
sur l'information, la formation, la recherche et le tout coordonné par
un seul organisme; la participation active et volontaire des gens du
milieu, c'est-à-dire, les travailleurs et les employeurs à tous
les niveaux d'intervention.
Toutefois, la section du projet de loi traitant des associations pour la
prévention mérite, à notre avis, une attention
particulière et appelle des révisions immédiates pour le
plus grand bien de l'efficacité de la réforme.
NI- LES ASSOCIATIONS DE PREVENTION
Nous concevons difficilement qu'en matière de prévention
d'accidents et de maladies professionnelles, l'information et la formation
contiennent une saveur syndicale ou patronale. À titre d'exemples,
l'information sur les dangers du feu, la pollution par le bruit, les
concentrations
permissibles de monoxyde de carbone, de même que la formation sur
la conduite préventive d'un chariot à fourche ou sur les
méthodes de levage, sont tous des sujets sans philosophie.
L'inquiétude que nous entretenons présentement face au
projet de loi est l'établissement d'un système parallèle
d'information et de formation en permettant de subventionner trois sortes
d'associations, soit les associations sectorielles paritaires, les associations
syndicales et les associations patronales.
En accord avec notre acceptation du principe de la participation active
et volontaire des gens du milieu, l'A.P.A.I. préconise la formation
d'une association paritaire pour la prévention des accidents et maladies
professionnelles dans le secteur manufacturier (A.P.P.A.S.M.). Fait à
noter, la formule préconisée permet une participation active des
travailleurs non syndiqués.
À ce sujet, l'A.P.A.I. a déjà entrepris des
pourparlers avec la partie syndicale en soumettant une ébauche de projet
d'entente axé sur la transformation des comités sectoriels et
régionaux existants afin de les rendre paritaires.
À titre d'information supplémentaire, nous incluons en
annexe une copie de l'ébauche de ce projet d'entente.
IV-
RECONNAISSANCE
L'Association de Prévention des Accidents Industriels
Québec demande une reconnaissance officielle dans la loi au même
titre que l'actuelle Commission des Accidents du Travail et que l'Association
des Entrepreneurs en Construction du Québec.
Comme nous vous le mentionnons dans notre introduction, l'A.P.A.I.
existe depuis les débuts de la Commission des Accidents du Travail
(près de 50 ans) et se transforme avec cette dernière.
Avec ses 61 employés dont certains comptent plus de 25
années de service, l'A.P.A.I. est la seule association du genre au
Québec à offrir des services d'information, de formation et de
dépistage dans le domaine de la prévention des accidents et
maladies professionnelles. En plus d'échanger avec les autres provinces
canadiennes, l'A.P.A.I. rayonne dans toutes les parties du monde par le biais
de ses publications. En effet, l'Association expédie sur demande de la
documentation à 182 correspondants ou organismes répartis dans
pas moins de 38 pays différents à travers le monde.
V-
RECOMMANDATIONS
L'Association de Prévention des Accidents Industriels
Québec recommande le remplacement des articles 79 et 80 du projet de loi
par ce qui suit: "La commission accorde à l'Association de
Prévention des Accidents Industriels Québec une subvention
annuelle selon un programme et budget approuvé par la Commission.
Lorsque l'A.P.A.I. sera devenue une association paritaire, la Commission
continuera à accorder une subvention à cette nouvelle
association. Cette nouvelle association accordera une subvention égale
de support au collectif intersyndical et à l'association patronale ayant
procédé à sa formation. Le financement des subventions
pour la prévention sera partagée également entre les
employeurs, par le biais de leur cotisation, et les travailleurs selon un mode
à déterminer."
En invitant les travailleurs à une participation
financière (plutôt symbolique), nous pensons susciter une
implication profonde de leur part.
Quant à la reconnaissance de l'A.P.A.I., nous voulons maintenir
dans un premier temps un service complet et compétent d'information, de
formation et de dépistage pour le bénéfice des
comités paritaires d'entreprises.
Simultanément, les pourparlers se poursuivent pour la formation
d'une association paritaire dans le secteur manufacturier.
Finalement, nos recommandations permettent d'éviter cette
dilution non souhaitable des services de prévention parmi les
associations patronales, les associations syndicales ou les associations
paritaires sectorielles.
L'Association de Prévention des Accidents Industriels
Québec demande donc une reconnaissance et invite toutes les parties
à s'impliquer et à participer à la cause de la
prévention des accidents et maladies professionnelles.
L'A.P.A.I. est prête à relever le défi.
(ANNEXE)
(EBAUCHE)
Projet d'entente entre:
L'Association de Prévention des Accidents Industriels
Québec et la Confédération des Syndicats Nationaux la
Centrale des Syndicats Démocratiques la Fédération des
Travailleurs du Québec
Pour l'établissement d'une association paritaire pour la
prévention des accidents et maladies professionnelles dans le secteur
manufacturier.
Considérant qu'une nouvelle politique québécoise de
la santé et de la sécurité des travailleurs est mise de
l'avant par le gouvernement dans son livre blanc lequel sera suivi d'un projet
de loi;
Considérant que le nouveau régime est fondé sur la
participation active des travailleurs et des employeurs pour éliminer
les causes d'accidents et de maladies;
Considérant que le gouvernement favorise l'émergence
d'associations paritaires et entend les privilégier au moyen
d'incitations financières et techniques;
Considérant que l'Association de Prévention des Accidents
Industriels croit au concept d'une participation paritaire des travailleurs et
des employeurs pour prévenir les accidents du travail et maladies
professionnelles;
Considérant que les syndicats représentant les
travailleurs du secteur manufacturier croient également au concept de la
participation paritaire des travailleurs et des employeurs pour prévenir
les accidents du travail et maladies professionnelles. En conséquence,
les parties aux présentes conviennent de former une association
paritaire pour la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles dans le secteur manufacturier. Ladite association sera connue
sous le nom de "Association Paritaire pour la Prévention des Accidents
et des Maladies Professionnelles au Travail dans le Secteur Manufacturier"
ci-après désignée sous le vocable A.P.P.A.S.M.
Définition de l'Association
L'Association se définit comme un organisme de services à
but non lucratif auprès des employeurs et travailleurs des entreprises
du secteur manufacturier comprises dans la classification suivante de la
Commission des Accidents du Travail intitulée "Manufacturiers":
Aliments et boissons Caoutchouc Cuir Textile
Produits du bois Métaux primaires Produits
métalliques Machinerie Matériel de transport
Produits minéraux non métalliques Industrie chimique
Divers
But et moyens
Le but ultime poursuivi par l'Association est la prévention des
accidents et des maladies professionnelles au travail par des moyens
d'information, de formation et de consultation.
Pouvoirs
L'Association prépare et suggère des codes de pratique
sécuritaires sans pouvoir de réglementation, sauf pour sa propre
régie interne, ou d'application des lois et règlements.
L'Association agit selon les pouvoirs généraux
établis par la partie III de la loi des compagnies de la province de
Québec et la loi créant la commission de la Santé et de la
Sécurité au Travail ou la loi de la Commission des accidents du
travail et leurs amendements.
Structures
Conseil d'administration. L'Association est administrée par un
conseil de 44 personnes nommées parmi les représentants de chacun
des comités sectoriels et régionaux. Les représentants
ainsi nommés (2 par comité) représentent obligatoirement
en nombre égal les travailleurs et les employeurs.
Comité exécutif. Les membres du conseil d'administration
s'élisent parmi eux un comité exécutif composé de
10 administrateurs dont 5 représentent les travailleurs et 5 les
employeurs. Deux co-présidents président en alternance les
réunions du conseil et du comité exécutif.
Comités paritaires sectoriels. Les comités paritaires
sectoriels sont formés à partir de représentants des
travailleurs et employeurs provenant des comités paritaires de
santé et de sécurité des entreprises d'un même
secteur. Les comités sectoriels servent de point de rencontre des
comités d'entreprises pour discuter de leurs problèmes communs,
d'élaborer des programmes de formation, d'information, de recherche et
de s'élire des représentants au conseil d'administration. Un
minimum de 4 réunions par année est obligatoire pour chacun des
secteurs énumérés précédemment et selon la
classification de la CAT.
Comités paritaires régionaux. Les comités
paritaires régionaux sont formés des travailleurs et des
employeurs ou leurs représentants d'une région donnée. Les
comités régionaux servent de point de rencontre pour discuter des
problèmes de la région, d'élaborer des programmes de
formation, d'information, de recherche et de s'élire des
représentants au conseil d'administration. Un minimum de 4
réunions par année est obligatoire pour chacune des
régions suivantes:
Abitibi Beauce Bois-Francs
Granby Lac-St-Jean Mauricie Montréal
Outaouais Cantons de l'Est Québec Bas
St-Laurent Associations distinctes
La délégation patronale des secteurs et des régions
représentés pourra se regrouper en une association distincte dans
le but d'élaborer ou coordonner un point de vue commun lorsque requis et
maintenir un lien avec son entourage.
De même la partie syndicale des secteurs et des régions
représentés aura le même privilège. Dans les deux
cas, le financement des deux organismes devrait être assuré par
l'Association Paritaire pour la Prévention à même son
budget d'opération. Un pourcentage fixe, possiblement 3% du budget,
serait remis aux deux associations distinctes.
Financement de l'Association
Tous les employeurs des secteurs mentionnés sont tenus de payer,
à même ou en sus de leur cotisation régulière
à la C.A.T. ou à la nouvelle commission, un montant pour la
prévention. Cette somme perçue par la commission sert à
fournir les fonds nécessaires aux activités de l'Association.
Parmi les activités, le comité exécutif de l'Association
répond en priorité aux programmes soumis par les comités
sectoriels et régionaux.
Mésententes
Les parties conviennent que sur un sujet d'intérêt commun
comme celui de la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles, la grande majorité des décisions devrait
découler d'un consensus entre les représentants des parties.
Cependant, s'il y avait mésentente sur un sujet donné et que
cette mésentente menait à une impasse, la procédure
suivante sera utilisée: a) si l'impasse survient au niveau du
comité exécutif, le sujet est référé au
conseil d'administration. Si justifié par l'urgence de la question, une
réunion spéciale du conseil d'administration est convoquée
à cette fin; b) si l'impasse survient ou persiste au niveau du conseil
d'administration, les représentants des deux parties s'obligent à
remettre le problème à une prochaine réunion,
spéciale si nécessaire, avec la contrainte que chacune des
parties y apportera une formule de compromis; c) si l'impasse persiste
après que la procédure sus-décrite a été
épuisée, le problème est alors soumis à l'arbitrage
d'une personnalité impartiale reconnue sur laquelle les deux parties se
seront entendues ou sera désignée par la commission à
défaut d'entente entre les parties.
Conclusion
Dans un premier temps, nous présentons ce canevas de travail pour
bien amorcer les discussions avant d'élaborer sur les pouvoir, les
devoirs et le fonctionnement de l'Association. En annexe organigramme des
structures proposées.
Référer à la version PDF
page B-8876
Compte rendu des délibérations des commissions
L'édition des délibérations des commissions de
l'Assemblée nationale paraît environ (10) jours après
chaque séance.
Elle comprend les interventions dans la langue où elles ont
été faites devant la commission et, parfois, certains documents
annexés.
Un premier tirage limité est distribué aux
députés et aux correspondants parlementaires,
généralement une heure après le discours. Des copies sont
aussi disponibles au bureau du directeur pour les opinants.
Les députés peuvent soumettre à l'éditeur,
pour leurs propres interventions et dans les délais prévus, les
corrections absolument nécessaires pour des erreurs de fait ou des
fautes de forme. Le même privilège est réservé aux
opinants.
Pour plus de 25 exemplaires des Débats, la commande doit
être faite par écrit au bureau des Débats (74-A) au plus
tard le lendemain du discours
Un index est préparé chaque jour pour être
publié à la fin de la session. On peut obtenir des informations
du service de l'index en appelant 643-2771.
L'abonnement au journal des Débats est de $8 par année et
l'index est disponible au coût de $2. Les chèques ou mandats-poste
doivent être faits à l'ordre du ministre des Finances et
envoyés au service des documents parlementaires.
Le directeur, Benoît Massicotte, Bureau 74-A,
Téléphone: 643-2890