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Projet de loi no 17 Etude après la
deuxième lecture
(Quatorze heures vingt-quatre minutes)
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre reprend
donc ses travaux. Les membres de la commission pour la séance
d'aujourd'hui seront: M. Brochu (Richmond) qui remplace M. Bellemare (Johnson),
M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Chevrette (Joliette-Montcalm) remplacé
par M. Lefebvre (Viau), M. Gravel (Limoilou) remplacé par M. Jolivet
(Laviolette), M. Johnson (Anjou) remplacé par M. Marois (Laporte), M.
Lavigne (Beauharnois), M. Mailloux (Charlevoix), M. Pagé (Portneuf) et
M. Perron (Duplessis).
Les intervenants sont: M. Forget (Saint-Laurent), M. Gosselin
(Sherbrooke), M. Laplante (Bourassa), M. Paquette (Rosemont), M. Springate
(Westmount) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
A l'ajournement d'hier, nous avions suspendu quelques articles, un
certain nombre d'articles. M. le ministre, est-ce que vous nous suggérez
de revenir sur un article plutôt que sur un autre.
M. Marois: Ce que je suggérerais, M. le
Président... Comme, à toutes fins utiles, il reste les articles
1, 8 et 11 du début et le bloc des articles que le député
de Portneuf nous avait demandé de suspendre, les articles 133...
Le Président (M. Bordeleau): A 176.
M. Marois: ... à 176 inclusivement, il restait à
revenir c'est à ces conditions-là, si ma mémoire est
bonne, qu'on les avait suspendus sur les articles 266 et 274, si le
député jugeait bon de le faire.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Portneuf, est-ce que cela vous irait?
M. Pagé: Oui, on va procéder de cette
façon.
Le Président (M. Bordeleau): On prendrait l'article 266
alors?
M. Pagé: Oui.
Dispositions transitoires (suite)
Le Président (M. Bordeleau): J'appelle l'article 266. M.
le ministre.
M. Marois: A l'article 266, hier, j'avais fourni quelques
renseignements ou explications pour alimenter, le cas échéant,
l'information. Le premier paragraphe de l'article 111, tel qu'il serait
maintenant libellé, de l'article 266 qui change l'article 111 de la Loi
de la Commission des accidents de travail... On sait qu'actuellement un
bénéficiaire a droit aux prestations qui sont prévues par
la loi si la maladie professionnelle dont il souffre est attri-buable à
la nature du travail accompli dans un ou plusieurs endroits, mais durant les
douze mois qui ont précédé l'incapacité. Le nouveau
texte supprime le délai d'exposition de douze mois. Certaines maladies
professionnelles peuvent être découvertes longtemps après
le délai d'exposition et dans la situation actuelle, il y a des victimes
qui peuvent être privées de leur recours à la commission
à cause de ce délai qui est dirimant à ce recours.
Par ailleurs, la modification spécifie que le travailleur doit
produire sa réclamation dans les six mois à compter du moment
où il est médicalement établi et porté à sa
connaissance qu'il est atteint ou décédé d'une maladie
professionnelle.
Les paragraphes 2, 3, 4, 5 et 6 sont purement de concordance avec le
premier paragraphe, le paragraphe 8 de l'article 111 étant il
était la présomption que la maladie a été
causée par un genre d'occupation reliée aux maladies qui seront
déclarées par règlement. Actuellement, comme on le sait,
seules les maladies mentionnées dans ce qu'on appelle l'annexe D...
M. Pagé: C'est cela.
M. Marois: ... en regard desquelles une occupation est
spécifiée, qui peuvent être traitées sous
bénéfice de présomption. Donc, dans la logique de ce que
j'ai évoqué pour le paragraphe 1, il nous semblait pertinent
d'apporter l'ajustement mentionné. Le paragraphe 9, lui, prévoit
qu'en plus de ce que j'ai mentionné, toute maladie, même si elle
n'est mentionnée ni dans l'annexe D ni dans les règlements, peut
être reconnue comme étant une maladie professionnelle et donner
ouverture aux avantages de la loi quand il est établi que la maladie est
caractéristique du travail du bénéficiaire ou
reliée directement aux risques particuliers de son travail.
En fait, c'est une disposition qui est à peu près analogue
à celle qui existait on s'en souviendra dans ce qu'on
appelait, dans le jargon, la cédule 3 de la Loi des accidents du
travail, avant l'adoption du projet de loi no 114. Comme cela arrive parfois,
cela a tombé en cours de route. On doit noter cependant que l'ancienne
disposition exigeait la double condition d'être caractéristique du
travail et de lui être particulière. Le nouveau texte est un peu
plus souple et prévoit que l'une ou l'autre des conditions est
suffisante pour la reconnaissance de la maladie.
En ce qui concerne l'alinéa 10, il est là pour
préciser que dans le cas d'une maladie qui n'est prévue ni par la
loi ni par les règlements, c'est le paragraphe 1 du nouvel article 111
qui s'appliquerait, si cette maladie est causée par une lésion
résultant d'un accident. On se souviendra je termine
là-dessus, M. le Président, et je m'excuse d'avoir pris un peu de
temps d'une part, qu'un certain nombre de commentaires et de
représen-
tations nous ont été faits en commission parlementaire,
notamment pour ouvrir, élargir cette notion de maladie professionnelle.
Il fallait donc le faire à la fois, si on le faisait, aussi bien quant
à la perspective d'une indemnisation que pour les fins d'application de
l'ensemble du projet de loi no 17. Voilà le sens de l'article 266.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Portneuf, adopté. L'article 266 est adopté. Article 274?
Dispositions finales (suite)
M. Marois: Quant à l'article 274, je présume
on l'a évoqué hier que les députés de
l'Opposition ont reçu comme moi des télégrammes
émanant notamment du Barreau et peut-être de la Corporation
comment s'appelle-t-elle? interprofessionnelle concernant cet article.
J'ai expliqué hier les raisons pour lesquelles d'ailleurs, on a
eu des commentaires là-dessus en commission parlementaire à
notre avis, il y avait lieu, au fond, de reconnaître à nouveau, de
redonner aux hommes et aux femmes concernés un droit qu'ils avaient
avant les amendements qui ont été apportés par la loi no
114 qui a déplacé l'appel. On se souvient qu'autrefois
c'était en quelque sorte la CAT qui s'entendait elle-même en appel
de ses propres décisions. A ce moment-là, la pratique, depuis des
temps immémoriaux, était qu'on pouvait être
représenté par une personne de son choix, par un
représentant syndical, notamment. Au moment où la modification a
été faite de déplacer l'appel pour le placer...
M. Pagé: A la révision.
M. Marois: ... à la Commission des affaires
sociales...
M. Pagé: Oui. (14 h 30)
M. Marois: ... ce qui était la pratique de cette
représentation, n'a pas été inséré dans la
loi, de telle sorte que ça impliquait, la Loi du Barreau n'étant
pas modifiée, qu'il devait y avoir représentation, soit par
l'individu ou la personne elle-même ou par avocat. Donc, il s'agit de
redonner ce droit qui était là.
M. Pagé: A ce chapitre, M. le Président, est-ce que
le ministre pourrait m'expliquer... Le ministre a fait allusion aux
dispositions de la loi 114 et au nouveau mécanisme de la révision
et de l'appel qui y est prévu. Mais, dans les faits,
concrètement, qu'est-ce qui arrivera? C'est-à-dire qu'une
personne, dans son contact tant avec la Commission de la santé et de la
sécurité du travail qu'avec la Commission des affaires sociales,
pourra se faire représenter devant ces commissions par une personne de
son choix qui ne sera pas nécessairement un avocat. C'est ça?
M. Marois: Ce qui était au fond la pratique, depuis des
temps immémoriaux, à la Commission des accidents du travail
c'est tombé en cours de route en ce qui concerne les
appels qui étaient placés pour être logés à
la Commission des affaires sociales. Il s'agit de redonner ce droit
d'être représenté par une personne de son choix en ce qui
concerne les appels qui iraient devant la Commission des affaires sociales.
M. Pagé: Dans le cas des appels normalement prévus
par toute autre loi qui n'est pas une loi du travail, comme la loi de la
commission, lors des appels devant la Commission des affaires sociales, la
personne doit être accompagnée d'un avocat.
M. Marois: Tous les autres appels qui sont entendus devant la
Commission des affaires sociales en vertu de quelque autre loi... Là, je
le donne de mémoire. Dans le cas de la Loi de l'aide sociale, par
exemple, je ne sais pas s'il y a la même disposition d'une
représentation par une personne de son choix, je ne suis pas certain.
Non?
M. Pagé: Par un avocat...
M. Marois: Bon! En d'autres termes, on ne fait que remettre et
redonner ce qui était prévu et qui était autrefois
accroché à la Loi de la Commission des accidents du travail. Par
ailleurs, j'ai évoqué...
M. Pagé: D'accord, sous cet aspect, mais sous l'autre
aspect...
M. Marois: Donc, pour les autres lois...
M. Pagé: ... vous venez de créer un
précédent à la Commission des affaires sociales.
M. Marois: Bien...
M. Pagé: Et ce n'est pas seulement un
précédent, c'est un précédent législatif,
c'est une première brèche.
M. Marois: Non. J'ai eu l'occasion d'en discuter, notamment avec
le juge en chef de la Commission des affaires sociales. On avait comme
pratique, au début, recevant, en quelque sorte, un héritage qui
était autrefois à la Commission des accidents du travail, de
maintenir exactement la même procédure quand des gens se
présentaient tout seuls; quand des gens se présentaient
accompagnés d'un représentant, on avait comme pratique
d'accepter, de tolérer ce représentant jusqu'au moment où
des gens ont exigé l'application stricte de la loi. Apartir de ce
moment-là, les hommes et les femmes au travail se sont privés
d'un droit qu'ils avaient, se sont vus dans la situation d'être
privés d'un droit qu'ils avaient antérieurement.
Il s'agit donc non pas d'un précédent, puisqu'il y a eu
une pratique pendant un certain temps, d'une part et, d'autre part, la
transposition d'un droit qui était acquis. J'ai mentionné hier
je tiens à le dire de nouveau en présence du
dé-
puté de Portneuf que j'ai reçu un appel
téléphonique du bâtonnier. On a discuté cette
question et, malgré ça, malgré le fait que je maintiens
que ça doit être fait, à la lumière, en particulier,
des représentations qui nous ont été faites en commission
parlementaire, j'ai indiqué que j'étais parfaitement d'accord
avec mon collègue de la Justice sur le fait que toute la question de la
représentation par avocat, indépendamment de ce coin-là,
devrait faire l'objet d'une étude beaucoup plus en profondeur, plus
sérieuse et, le cas échéant, s'il le fallait ce
n'est pas exclu si telle était la décision prise par mon
collègue, être examinée éventuellement en commission
parlementaire, mais qu'il n'y avait pas lieu, pour autant, à ce
moment-ci, de bloquer la reconnaissance, à toutes fins utiles, d'un
droit qui avait été acquis par le passé.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Marie, vous avez quelque chose à ajouter sur le même
sujet?
M. Bisaillon: Oui, M. le Président. Je voudrais d'abord
confirmer qu'au niveau de la Commission des affaires sociales, non seulement le
précédent est déjà créé, mais,
jusqu'à tout récemment, les commissaires qui siégeaient en
appel à la Commission des affaires sociales permettaient aux
représentants syndicaux, par exemple, d'assister les travailleurs qui se
présentaient en appel devant la Commission des affaires sociales.
Lorsqu'un certain nombre de difficultés se sont
présentées au plan légal, ce que les commissaires ont
fait, à ce moment-là, c'est qu'ils recevaient les
représentants syndicaux et les traitaient comme témoins...
Une Voix: C'est ça.
M. Bisaillon: ... de sorte que le représentant syndical
était assis à côté du travailleur et avait un statut
de témoin devant les commissaires.
Je pense que c'est une situation qui n'était pas normale, compte
tenu du fait que la plupart de ces dossiers étaient normalement
traités autrefois, quand c'était uniquement devant la Commission
des accidents du travail, par les représentants syndicaux ou par des
groupes populaires qui se préoccupaient de ces questions, par exemple
pour des travailleurs qui étaient non syndiqués et qui, souvent,
sont parmi les plus démunis.
Je dois aussi signaler qu'au niveau de l'aide juridique, on a beaucoup
de difficulté à faire traiter ces causes-là; lorsque, par
exemple, la présence d'un avocat est requise, souvent les travailleurs
concernés ne sont pas organisés, sont à la limite, sont
sur le bord de la clôture. Ils ne sont pas souvent accessibles à
l'aide juridique, de sorte que ce bassin n'est pas possible non plus.
Je pense que, dans les circonstances, cela officialise une pratique qu'a
déjà établie la Commission des affaires sociales. Je peux
dire aussi, pour m'être présenté à deux ou trois
reprises devant la Commission des affaires sociales, que les commissaires
trouvaient que cela correspond, dans le fond, à l'esprit du travail qui
doit être fait au niveau de la Commission des affaires sociales
où, au départ, c'est, à la base, la personne
elle-même qui vient présenter son dossier. Elle reçoit une
assistance technique habituelle, normale. Mais, selon les commissaires avec qui
j'en ai parlé, plus on officialise la présence d'un tiers au plan
technique, moins cela permet à l'individu, au citoyen comme tel, de
défendre son dossier, de le poursuivre, de le mener au bout.
C'était l'objectif qu'on poursuivait, il me semble, lorsqu'on a
créé la Commission des affaires sociales.
Je veux tout simplement dire que, non seulement en commission
parlementaire, des groupes sont venus faire ces représentations, mais
que cela va dans le sens d'une longue tradition du mouvement syndical de
s'occuper de ces causes-là, de les défendre, de même que
d'un certain nombre de groupes populaires qui se sont créés pour
répondre à des besoins des travailleurs non syndiqués.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le ministre.
M. Marois: M. le Président, je pense que j'ai induit les
membres de la commission en erreur. On me dira que c'est sur un détail,
mais, même si c'est sur un détail, je voudrais apporter la
correction. Ce n'est pas le projet de loi no 114 de 1978 qui a
déplacé l'appel, mais le projet de loi no 5, en 1977.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 274 est
adopté?
M. Pagé: M. le Président, nécessairement,
moi aussi, j'ai eu à prendre connaissance des représentations qui
ont été faites par le Barreau. Vous comprendrez que, même
si les motifs invoqués tant par le ministre que par le
député de Sainte-Marie peuvent, à certains égards,
être tout à fait justifiés, il m'apparaît cependant
que c'est encore une autre occasion pour le législateur de faire une
brèche ou encore de venir limiter, de façon incidente, le champ
de pratique de la profession d'avocat. Dieu sait si ceux-ci ont eu des limites
à l'égard de leur champ de pratique, depuis quelques
années, par plusieurs interventions du législateur.
Cet article sera adopté sur division, quant à nous.
M. Marois: M. le Président, je ferai un bref commentaire
sur ce que vient d'évoquer le député de Portneuf. Il sait
fort bien, par ailleurs, que, grâce à de nombreuses
législations qui ont été adoptées depuis 1976, soit
celles concernant l'environnement, la protection du consommateur, il y a des
champs de pratique nouveaux qui sont ouverts. D'ailleurs, je le mentionnais au
bâtonnier hier. Le même ministre qui, aujourd'hui, pilote le
présent projet de loi, à qui on pourrait reprocher de retirer un
champ de pratique, voudrait rappeler que, sur un relevé que j'ai
demandé, on m'a indiqué qu'il y
avait eu une moyenne de 250 cas par année en appel à la
Commission des affaires sociales, dont certains, de toute façon, se font
avec représentation d'avocat.
Mais je voudrais aussi signaler que c'est le même ministre qui a
ouvert un champ complètement nouveau et en quelque sorte exclusif aux
membres du Barreau j'en suis un en introduisant, par le projet de
loi qui a institué une procédure nouvelle au Québec, qui
est le recours collectif, cette obligation complètement nouvelle dans
l'économie de notre droit d'être représenté par
avocat, dans ce cas-là, ce qui n'existait pas antérieurement.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 274 est
adopté sur division. On revient maintenant à la série
d'articles qui avaient été suspendus hier, soit de l'article 133
à l'article 176. J'appelle l'article 133.
La reconnaissance de certains services de
santé
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, c'est moi qui ai
demandé, hier, que les articles relatifs à la reconnaissance de
certains services de santé et ceux relatifs à la commission
soient suspendus afin que le ministre réfléchisse à la
possibilité de donner suite aux projets d'amendements que j'ai
formulés, évidemment, avant de les déposer. On se
rappellera, sans vouloir reprendre l'argumentation que j'ai
évoquée, que j'ai dit au ministre que nous avions des amendements
de fond à préparer, une approche qui était
fondamentalement distincte, à plusieurs égards, de celle
prévue aux articles 133 et suivants, jusqu'à l'article 176. J'ai
insistéauprès du ministre en lui faisant valoir que, depuis une
semaine, les travaux de la Chambre avaient été assez
précipités par des événements extraordinaires et
j'avais indiqué, à ce moment-là: Voici ce que nous
souhaitons voir introduire dans la loi, informez-nous de votre degré de
réceptivité et, sur la foi de ce degré de
réceptivité, nous verrons s'il est utile de rédiger des
amendements et de les déposer.
Je crois qu'il n'était pas opportun, à ce moment-ci de la
session, de s'obliger à travailler jour et nuit parce qu'il
aurait fallu travailler jour et nuit au moins pendant 24 heures afin de
rédiger des amendements qui, on pouvait le présumer ou on peut le
présumer, auraient pu, pourraient ou peuvent recevoir une fin de
non-recevoir de la part du gouvernement. Cela aurait été tout
à fait illusoire, à ce moment-là, de se prêter
à cet exercice.
D'ailleurs, cette approche s'inscrit dans le climat de
sérénité qui a guidé nos travaux jusqu'à
maintenant et j'aimerais bien entendre le ministre nous dire s'il a
réfléchi aux propositions que j'ai formulées hier.
M. Marois: Oui, M. le Président, très rapidement,
mais le plus complètement possible. Effectivement, j'ai eu l'occasion de
dire, je tiens à le redire à nouveau, que j'apprécie
grandement le fait, parce que cela a vraiment été le climat qui a
prévalu tout au long de nos travaux, qu'à quelques, j'allais dire
à quelques exceptions ou à quelques moments près, depuis
le début des travaux de cette commission parlementaire, j'ai grandement
apprécié le fait que le député de Portneuf prenne
la peine de nous donner une forme d'avis préalable, en nous soumettant,
de façon passablement précise d'ailleurs, l'approche, la
perspective de changement et de propositions d'amendements qu'il entendait
soumettre, pour savoir si elles nous paraissaient receva-bles, à la fois
en ce qui concerne la reconnaissance de certains services de santé et
l'introduction d'un mécanisme additionnel de consultation, quant
à la fonction ou aux pouvoirs de la commission.
Effectivement, on a travaillé longuement sur la base et à
la lumière, forcément, du mandat que j'ai du Conseil des
ministres et du corridor que j'ai, et aussi à la lumière de la
philosophie et de l'économie générale qui sous-tendent le
présent projet de loi. En ce qui concerne la reconnaissance des services
de santé, au fond, ce que nous proposait de regarder le
député de Portneuf, avec un certain nombre de modalités,
passablement précises encore une fois, comme je l'ai indiqué
tantôt, c'était de renverser la démarche. Au lieu qu'une
demande soit faite pour commencer une reconnaissance qui ait, en quelque sorte,
je pense que je ne trompe pas ou que je ne traduis pas mal sa pensée, au
point de départ, une reconnaissance de facto... J'ai cru comprendre que
ça impliquait forcément qu'en ce qui concerne le médecin
et les règles générales prévues par le projet de
loi 17, ça impliquait aussi, forcément, normalement, qu'il y ait
j'ai cru le comprendre aussi, peut-être que j'extrapole un peu
trop, mais je ne crois pas le contrôle de tels services par le
département de santé communautaire. Enfin, ce qui est
prévu par l'ensemble de la loi. (14 h 45)
Mais j'ai compris aussi que la proposition n'impliquait pas un accord
préalable des travailleurs, ce que prévoit l'approche
proposée par le projet de loi réimprimé. En
conséquence, cela venait amender de façon un peu plus
substantielle qu'un examen superficiel aurait pu nous le laisser entrevoir, au
point de départ, puisque la reconnaissance de facto de par la loi...
Bien sûr, il y aurait toujours moyen de prévoir, par la suite, une
forme quelconque, de représentations des travailleurs et de leurs
représentants concernant ces services qui auraient été
reconnus, en quelque sorte, de facto au point de départ par la loi, mais
comme cela me semblait, après un examen très attentif, aller
à l'encontre de cette concertation de base que propose le projet de loi,
même dans le cas de la reconnaissance de services de santé
existants et à la lumière des décisions du Conseil des
ministres, du mandat que j'ai dans ce dossier-là, en conséquence,
il ne me semblait pas possible de recevoir des amendements qui auraient exclu
cette dimension-là qui, à nos yeux, est importante. D'une part,
c'est concernant la reconnaissance.
Quant au deuxième morceau, au mécanisme de consultation,
après un examen très attentif, il
m'est apparu que là aussi, cela apportait des changements, en un
certain sens bien sûr, puisqu'on proposait d'instituer un comité
consultatif composé, comme l'a expliqué le député
de Portneuf... Cependant, il nous a semblé, à l'examen, que
l'ensemble des mécanismes prévus de consultation et de
concertation, que ce soit au niveau de la table ronde de base qu'est le conseil
d'administration, de par sa composition même de la nouvelle commission,
que ce soit la mise à contribution, là aussi, sur une base de
consultation, de concertation et de participation des parties au niveau des
associations sectorielles, au niveau aussi, à la base même des
établissements, par le biais de comités paritaires, de
représentants à la prévention, qu'encore là, il y
avait toute une série de mécanismes de consultation, sans compter
les procédures et les pouvoirs prévus à la commission
permettant, le cas échéant, n'excluant pas la possibilité
sur tel ou tel projet d'entente des parties, leur permettant de faire valoir
leur point de vue avant de soumettre le tout au gouvernement, le projet de loi
n'excluant pas non plus, bien que ce ne soit pas dit formellement... On sait
bien que les règles d'interprétation stipulent bien que ce qui
n'est pas interdit forcément demeure pleinement autorisé. En
mettant un peu l'imagination au pouvoir, il nous a semblé qu'il
demeurait possible aussi à la commission de procéder à de
telles consultations même, le cas échéant, sur demande du
gouvernement ou du ministre responsable, que tout cela n'était pas
exclu, même, le cas échéant, la possibilité de
soumettre pour examen à une commission parlementaire un projet plus
complexe qui serait susceptible de changer les choses de façon plus
importante.
Il n'y a rien d'exclu de tout cela de telle sorte qu'en
conséquence, il m'a semblé que les éléments, les
morceaux, les coins clefs de la proposition étaient déjà
sous des formes différentes bien sûr, non pas formalisés
dans le cadre d'un comité comme tel, mais que les coins, les morceaux
clefs de la perspective de changement qu'évoquait devant nous le
député de Portneuf étaient déjà possibles,
pour l'essentiel, par le projet de loi tel qu'il est présentement
libellé et présentement devant nous. En conséquence, il ne
me semblait pas qu'il y avait lieu de procéder à des amendements
pour formaliser cette consultation au-delà de ce qui est
déjà formalisé comme tel dans le projet de loi 17.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, vous comprendrez que je
sois un peu déçu de la position adoptée par le
gouvernement. C'est explicable, c'est normal, je pense. Nous avons, tant au
moment de la deuxième lecture qu'au début des travaux de cette
commission, indiqué au ministre et aux membres de la commission ce sur
quoi nous voulions insister. C'étaient trois blocs d'amendements
possibles ou trois blocs d'interventions possibles, abstraction faite de
commentaires particuliers à l'égard de certains articles qui
étaient moins contentieux évidemment.
Le premier bloc, c'était le réseau de santé et la
façon dont les services de santé seraient dispensés, sur
la base de quelles normes, de quel règlement ou de quelle approche de
contrôle et par qui, entre autres la commission. Tout ce secteur a
été couvert par des amendements qui ont été
déposés par mon collègue, le député de
Saint-Laurent, et on a reçu une fin de non-recevoir; tout au moins,
plusieurs de ces amendements, sinon la totalité de ces amendements ont
été défaits, n'ont pas été reçus par
la commission.
Le deuxième bloc, c'était la reconnaissance des services
de santé existants. Quant à nous, nous croyons que la
mécanique qui est prévue aux articles 130 et suivants, d'une
part, fait en sorte que toute entreprise devra, dès le lendemain de la
loi toute entreprise qui a déjà des services de
santé existants se rendre auprès de la commission demander
une approbation, etc. Il aurait été possible, parce qu'à
plusieurs reprises, le ministre nous a dit à peu près ceci: II y
a très peu d'entreprises au Québec, sur la masse globale des
entreprises, qui sont susceptibles d'être touchées directement par
le projet de loi 17, qui ont des services de santé organisés,
structurés et opérationnels. Au moins, dans les endroits, dans
les établissements, dans les entreprises où il y a des services
de santé existants qui vont bien, qui ont atteint des résultats,
qui ont fait des choses palpables, bien concrètes, qui ont atteint les
objectifs, qui se sont fixé des objectifs, qui se sont même
fixé des codes d'opération interne dans certains cas, qui ont eu
de l'initiative. Dans ces cas-là, les dispositions que je voulais
apporter prévoyaient ceci: que les services de santé de toutes
les entreprises soient reconnus et qu'on renverse la mécanique,
c'est-à-dire que la commission puisse, par règlement, obliger
certaines entreprises à se conformer à telle ou telle norme
particulière ou encore telle catégorie d'entreprise. Le
préavis que je donnais prévoyait un mécanisme d'auditions
publiques permettant aux entreprises ainsi visées de pouvoir se faire
entendre et de démontrer à la commission ce en quoi, selon elles,
elles ne devaient pas être l'objet d'une mesure particulière, mais
rester couvertes par les dispositions des articles 130 et suivants qui auraient
été nécessairement amendés, si vous aviez
donné suite à mon préavis d'amendement.
C'est dans ce sens, d'ailleurs, que je crains, quant à moi, un
nivellement vers la base des services. Cela, je vais peut-être le dire
une dernière fois à ce moment-ci autour de cette table. Je crains
que certaines entreprises s'en remettent malheureusement strictement à
ce qui sera prévu dans les programmes de santé adoptés par
la commission et applicables à leur catégorie, plutôt que
de continuer ce qui se faisait dans le passé et les services qui
existaient déjà, l'initiative dans l'action, etc., qui existait
déjà au sein des entreprises.
De toute façon, le gouvernement fait son lit et le gouvernement
dit non, purement et simplement.
Dans le troisième bloc, qui était le dernier, je voyais
l'obligation d'imposer à la commission ou de faire en sorte qu'il y ait
un palier entre la commission et le lieutenant-gouverneur en conseil. On sait
que la commission a des pouvoirs énormes dans cette loi. On n'a
qu'à prendre deux articles en particulier qui définissent tous
les pouvoirs réglementaires et tout ce sur quoi la commission peut
intervenir pour constater que la commission sera conviée à
beaucoup.
J'aurais apprécié... J'ai suggéré, j'ai
donné encore une fois un préavis que si le gouvernement
était réceptif, nous prévoirions des amendements pour
aujourd'hui impliquant la création d'un conseil peu importe le
terme consultatif ou comité consultatif qui aurait pu être
formé de gens spécialisés, qui aurait pu être
formé de représentants du patronat, du représentant des
employés, qui aurait pu être formé aussi de parlementaires,
comme c'est le cas en Suède, entre autres, en ce qui concerne le
comité directionnel composé de onze membres où il y a deux
parlementaires qui sont nommés par le premier ministre. Dans ce cas-ci,
on aurait pu facilement accepter qu'un parlementaire soit désigné
par les formations politiques officiellement reconnues au soir de
l'élection et ce comité consultatif aurait eu comme pouvoirs de
se prononcer sur les règlements adoptés par la Commission de
santé et de sécurité avant l'approbation par le
lieutenant-gouverneur, entendre des spécialistes, entendre des gens
compétents dans d'autres provinces ou encore des gens en autorité
dans d'autres provinces ou dans d'autres pays qui ont déjà
été placés dans des situations de problèmes
analogues à celles couvertes par le projet de règlement de la
commission.
Il aurait pu, même requérir de la commission sa comparution
pour venir lui expliquer certaines choses, dans ses actions, requérir la
comparution de la commission et obliger la commission à
comparaître pour venir justifier certains actes, certains gestes, venir,
entre autres, expliquer pourquoi dans tel secteur ou dans telle
catégorie d'entreprise, dans tel secteur d'activité
économique, la commission a pu c'est peut-être possible, je
ne dis pas que c'est souhaitable, je souhaite que non, mais ce n'est pas
impossible dans certains cas, faillir à l'objectif qui est
établi dans la loi.
Cela aurait permis une sensibilisation. D'ailleurs, je demandais que ce
comité consultatif émette des avis, des recommandations. Je
prévoyais de plus, que ce conseil consultatif puisse voir ses avis ou
ses recommandations publicisés de façon à créer une
pression sur le ministre responsable qui doit piloter, pour et au nom de la
commission, les projets de règlement et les interventions diverses
auprès du Conseil des ministres.
On me dit que ce ne sera pas possible par une commission parlementaire.
Le ministre conviendra avec moi que le mécanisme des commissions
parlementaires est quand même très limité. Vous savez,
d'autre part, que ce n'est pas dans tous les cas où les commissions
parlementaires sont demandées et requises que le gouvernement y donne
suite, que le leader du gouvernement y donne suite.
Ce n'est pas non plus l'organisme que je souhaitais, quant à moi,
parce qu'une commission parlementaire est un organisme qui émane de
l'Assemblée, qui est formé de membres désignés par
chacune des formations politiques. Cela ne veut pas dire que la commission
parlementaire pourrait avoir l'expertise, pourrait avoir aussi le suivi
à l'égard des actions de la commission, qu'un conseil vraiment
mandaté pour le faire aurait pu avoir ou pourrait avoir, parce qu'une
commission parlementaire lorsqu'elle siège, elle le fait sur un
problème bien spécifique, bien circons-tantiel, avec des pouvoirs
qui sont très limités, soit celui de faire rapport à
l'Assemblée, rapport qui peut contenir une expression d'opinion
émise par la commission ou non.
Ce que je voulais, dans tout ça, c'est qu'à
l'intérieur de ce comité les gens particulièrement
compétents ou spécialisés puissent, que même cette
commission puisse s'ajoindre des spécialistes, qu'elle puisse ainsi
disposer de budgets appropriés, qu'elle puisse requérir des
expertises, etc., choses que je ne suis pas convaincu qu'une commission
parlementaire peut faire. C'est ce que je voulais exprimer comme
déception. C'est évident que je pourrais encore, à ce
moment-ci, demander la suspension du débat, me retourner de
côté, rédiger des amendements. Cela pourrait prendre
certainement une bonne douzaine d'heures au minimum, parce que ça
remettrait en cause presque 46 articles et tout le libellé; ça
entraînerait nécessairement un débat assez long avec le
résultat qu'on peut présumer, parce que le gouvernement, au nom
des membres de la commission, vient de nous dire: Non, même si vos
propositions semblaient assez intéressantes de prime abord, nous ne
sommes pas disposés à les adopter.
Alors, on va en faire notre deuil, M. le Président, purement et
simplement. On se verra dans l'obligation d'adopter les articles 133 à
177 sur division, nécessairement.
Le Président (M. Bordeleau): Article 133.
M. Marois: M. le Président, il y avait un amendement. Si
ma mémoire est bonne, l'amendement avait été
adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, à l'article
133.
M. Marois: C'est le même amendement qui revient à
l'article 134. On l'avait distribué aussi, "remplacer le mot
"médecin" par les mots "professionnels de la santé au sens de la
Loi sur l'assurance maladie", pour couvrir en particulier les
optométristes, comme ils nous l'avaient demandé d'ailleurs, on
s'en souviendra, lors des travaux de la commission parlementaire.
Le Président (M. Bordeleau): Effectivement, l'amendement
à l'article 133 avait été adopté. L'article 133,
tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Pagé: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division, d'accord.
Article 134, avec le même amendement de concordance. L'amendement
à l'article 134 sera-t-il adopté?
M. Pagé: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Article 134, tel
qu'amendé, adopté?
M. Pagé: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
Article 135?
M. Pagé: Adpté sur division. (15 heures)
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
Article 136?
M. Pagé: Adopté sur division.
Commission de la santé et de la
sécurité du travail
Le Président (M. Bordeleau): L'article 136 est
adopté sur division. Article 137?
M. Pagé: C'est notre fameuse commission, M. le
Président, chapitre IX, section I. Notre empire. L'article 137 est
adopté.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 137 est
adopté. Article 138?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 138 est
adopté. Article 139?
M. Pagé: Adopté. En fait, la première
section prévoit la constitution de la commission, sa formation, son
personnel, par qui ces gens-là seront payés, etc. La
mécanique.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
140?
M. Pagé: Vous avez augmenté le nombre de membres,
n'est-ce pas?
M. Marois: Oui, c'est exact. On l'a porté de cinq à
sept, pour chacune des parties.
M. Pagé: Pourquoi?
M. Marois: Essentiellement pour assurer une représentation
plus large, en particulier en tenant compte qu'une représentation plus
large permettra peut-être de mieux assurer la représentation d'un
certain nombre de secteurs industriels et économiques.
M. Pagé: Les associations d'employeurs les plus
représentatives, qui sont-elles?
M. Marois: C'est la formule classique utilisée pour
désigner, par exemple, ce qu'on appelle les centrales syndicales
reconnues, reconnues au sens du grand public, de la même façon que
du côté du monde patronal.
M. Pagé: Pourquoi n'avez-vous pas prévu que parmi
des personnes pouvant être recommandées par certaines associations
représentatives, il devait y avoir nécessairement et
obligatoirement un médecin de médecine industrielle?
M. Marois: On n'a pas prévu cela comme tel. Cela n'exclut
pas cette possibilité. On le verra à l'article 141. Des membres
sont choisis à partir de listes de noms fournis, le gouvernement se
réservant la décision ultime, forcément, ce qui n'exclut
rien dans les listes de noms fournis. Je ne nie pas cette possibilité
que des personnes du genre soient parmi les listes de gens
impliqués.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 140 a
été adopté. Article 141?
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
142?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 142 est
adopté. Article 143?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 143, adopté.
Article 144?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
145?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
146?
M. Pagé: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
suspendre quelques minutes?
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. On adopte l'article
145 et on suspend pour quelques minutes.
M. Pagé: Cinq minutes maximum. Suspension de la
séance à 15 h 4
Reprise à 15 h 20
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, messieurs!
La commission reprend ses travaux.
Nous en étions à l'article 146. L'article 146 sera-t-il
adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
147.
M. Pagé: Qu'est-ce qui arrivera des membres actuels de la
commission?
M. Marois: De l'actuelle commission?
M. Pagé: Oui.
M. Marois: Je pense qu'on...
M. Pagé: A y répondre, oui.
M. Marois: ... a eu déjà l'occasion de
l'évoquer. Je ne voudrais pas m'étendre longuement
là-dessus. Il y a d'ailleurs un article qu'on a adopté, qui est
dans le projet de loi, dans les dispositions transitoires...
M. Pagé: A la fin, oui, dans les mesures transitoires.
M. Marois: ... qui prévoit le cas de deux commissaires qui
restent, qui sont là. Il y en a qui y sont admissibles,
présentement, et qui prennent leur pension. Il y en a qui sont
déjà partis.
Pour les deux qui se trouvent concernés, il y a des dispositions
dans le projet de loi qui leur permettent de conserver leurs acquis, leurs
privilèges, etc., et d'être réaffectés, si ma
mémoire est bonne, à l'intérieur de la Commission de la
fonction publique.
M. Pagé: De la Commission de la fonction publique.
M. Marois: De la fonction publique, soit à
l'intérieur de la Commission de la fonction publique ou de la fonction
publique.
M. Pagé: Ils ne seront pas nécessairement
commissaires pour autant?
M. Marois: Non.
M. Pagé: Ils ne seront pas nécessairement
vice-présidents ou...
M. Marois: Non, il n'y a pas d'équation automatique.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va pour l'article 147,
M. le député de Portneuf?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 148,
pour lequel nous avons un amendement.
M. Pagé: Un amendement.
M. Marois: Oui, à l'article 148, il faudrait ajouter les
mots "ou d'un vice-président", après le mot "Commission",
à la deuxième ligne. Il s'agit de prévoir le cas de
décès, d'incapacité.
Le Président (M. Bordeleau): L'amendement à
l'article 148 sera-t-il adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article 148,
tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
149.
M. Pagé: Tu n'en disais pas autant hier! Article 149,
adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 149,
adopté.
M. Marois: Le député de Portneuf a manqué
quelques votes en cours de route, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Article 149, adopté.
Article 150.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
151.
M. Marois: II y a un... Non, cela va. M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 151, adopté.
Article 152.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 152, adopté.
Article 153.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
154.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
155.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
156.
M. Pagé: Les membres du comité administratif
seront-ils à temps plein?
M. Marois: Non, sauf le PDG. C'est analogiquement la même
formule qu'on retrouvait et qu'on retrouve encore à la Commission des
services juridiques, à l'aide juridique. Cela s'appelle un comité
de régie.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 156, adopté.
Article 157.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
158.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
159.
M. Pagé: Pardon? Excusez-moi, M. le Président,
à l'article 158.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, d'accord, article
158.
M. Pagé: Pourquoi l'article 2 de la Loi sur la preuve
photographique des documents ne s'applique-t-il pas à la commission?
C'est strictement technique. Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Marois: C'est une question qui revient
régulièrement de plus en plus. C'est une formule qu'il faut
adopter. L'article ne s'applique pas. Je pense que cela vaut peut-être la
peine que je lise cet article 2. Il n'est pas trop long. L'article 2 se lit
comme suit: "Une épreuve agrandie ou non tirée d'une pellicule
photographique, d'un document sous la garde ou en la possession d'une
institution fait preuve pour toutes fins de la teneur de ce document au
même titre que son original pourvu que ce document ait été.
"a) fidèlement reproduit sur cette pellicule photographique en
présence d'au moins deux employés de l'institution
spécialement autorisés par elle aux fins de cette
opération; "b) détruit, en présence d'au moins deux
employés de l'institution spécialement autorisés par elle
à cette fin, immédiatement après cette reproduction ou
subséquemment, mais dans aucun cas avant l'expiration de cinq
années de la date de ce document, ce délai devant toutefois
être de quinze ans dans le cas d'un document ou d'un livre ou registre en
la possession du gouvernement; "Dans le cas de documents sous la garde ou en la
possession du gouvernement, ils doivent être reproduits
photograhiquernent et détruits lors de cette reproduction ou
subséquemment, en présence d'au moins deux fonctionnaires de ce
gouvernement désignés par le conservateur des archives
nationales."
En d'autres termes la valeur probante des documents se trouve à
être attestée, conformément à l'article 58, par
rapport à ce fameux article 2 de la Loi sur la preuve photographique...
La valeur probante des documents se trouve attestée par le
secrétaire ou par la personne qui est désignée à
cette fin sans être assujettie à toute la procédure de
ladite loi que je viens d'évoquer, qui est maintenant la façon de
procéder retenue généralement dans les lois en semblable
matière.
Le Président (M. Bordeleau): 158, adopté. 159?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. 160?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. 161?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. 162?
M. Pagé: L'exercice financier actuel de la commission se
termine à quelle date?
M. Marois: La même date. M. Pagé: La
même date?
M. Marois: Le 31 décembre, oui. Parce qu'il est important
que ça corresponde... En général, c'est aussi la
période... Cela correspond aussi en général aux exercices
financiers des entreprises et, en conséquence, il faut qu'il y ait une
coïncidence, puisque les taux de cotisation...
M. Pagé: Pour les taux, la structure de tarification.
M. Marois: C'est ça. M. Pagé:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): 162, adopté. 163?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. 164?
M. Marois: Oui, 174, c'est l'article qui prévoit qu'on
doit assurer le caractère confidentiel des renseignements et
informations obtenus.
M. Pagé: Pardon?
M. Marois: 174. Dans 164, quand on fait référence
à 174...
M. Pagé: Oui.
M. Marois: 174, c'est l'article qui prévoit qu'on doit
assurer le caractère confidentiel des rensei-
gnements et informations obtenus, que ce soit sur des
procédés de fabrication, par exemple, ou des choses comme
ça.
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): 164, adopté. 165?
M. Pagé: Adopté.
Les fonctions de la commission
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
166?
M. Pagé: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): 166, adopté sur
division. 167?
M. Pagé: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division. 168?
M. Pagé: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division. 169?
M. Pagé: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division. 170?
M. Marois: Cela, c'est l'article classique dans ce genre de
matière, qui prévoit que, lorsque des ententes entre
gouvernements en particulier ou même avec des gouvernements
étrangers, tout ça doit se faire forcément
conformément à la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. Pagé: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): 170, adopté sur
division. 171?
M. Pagé: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division. 172?
M. Pagé: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division. 173? (15 h
30)
M. Pagé: Sur division. Toute la section est adoptée
sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Article 173 et 174, sur
division?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Article 175, adopté
sur division. Article 176, adopté sur division.
M. Pagé: C'est ça.
M. Marois: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Marois: ... il reste à revenir à l'article 1 des
définitions...
M. Pagé: 8...
Le Président (M. Bordeleau): 8 et 11.
M. Marois: ... 8 et 11 qui sont restés en suspens. Tout
ça étant accroché...
Le Président (M. Bordeleau): Revenons donc à
l'article 1.
Définitions (suite)
M. Marois: Je vais les distribuer tout de suite, M. le
Président. On a trois amendements, un concernant la définition
d'association d'employeurs, un deuxième concernant la définition
d'association syndicale et un troisième concernant la définition
de chantier de construction. Je pense que ça permet d'apporter des
précisions sur les commentaires qui ont été faits en cours
de route par les parlementaires de cette commission des deux côtés
de cette table, pour qu'il n'y ait aucune espèce
d'ambiguïté.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous voulez les
donner par ordre, M. le ministre?
M. Marois: Oui. Le premier amendement concerne la
définition d'association d'employeurs. Au lieu du texte qui était
là, on dirait: "un groupement d'employeurs, une association de
groupements d'employeurs ou une association regroupant des employeurs et des
groupements d'employeurs ayant pour but l'étude, la sauvegarde et le
développement des intérêts économiques de ses
membres et particulièrement l'assistance dans les négociations et
l'application de conventions collectives." Cela a pour effet de couvrir
l'ensemble des cas possibles, conformément au Code du travail, mais
également sur une base un peu plus large, pour permettre l'application
de la présente loi.
Analogiquement, en conséquence, M. le Président, si je
peux enchaîner sur le deuxième quant aux modifications concernant
l'association syndicale, il s'agit d'élargir, là aussi, et cela
se lirait comme suit: "un groupement de travailleurs constitué en
syndicat professionnel, union, fraternité ou autrement, ou un groupement
de tels syndicats, unions, fraternités ou autres groupements de
travailleurs constitués autrement ayant pour but l'étude, la
sauvegarde et le développement des
intérêts économiques, sociaux et éducatifs de
ses membres, particulièrement la négociation et l'application de
conventions collectives." Quant à chantier, il s'agit simplement de
remplacer, à la troisième ligne, le mot "et" par le mot "ou".
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: J'ai une question à poser au ministre; il
semble qu'il y a un article dans la loi où on utilise uniquement le
terme association, sans parler d'association syndicale ou d'association
accréditée. Il me semble qu'on a fait référence,
dans un article, à son association, le travailleur ou son
association.
M. Marois: C'est l'article 2, peut-être, auquel fait
allusion le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: C'est l'article 2, "ainsi que des employeurs et de
leurs associations."
M. Marois: C'est ça. Mais comme on évoque... "Elle
établit les mécanismes de participation des travailleurs et de
leurs associations, ainsi que des employeurs et de leurs associations"; les
expressions "associations" réfèrent forcément à
l'un ou l'autre...
M. Bisaillon: Soit association accréditée, soit
association syndicale.
M. Marois: C'est ça, tel que...
M. Bisaillon: Soit association d'employeurs.
M. Marois: Exact.
Le Président (M. Bordeleau): Les trois amendements
à l'article 1 seront-ils adoptés?
M. Pagé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article 1
tel qu'amendé sera adopté. Oui, vous voulez avoir la parole, M.
le député de Sainte-Marie, je vous la donne
immédiatement.
M. Bisaillon: A "travailleur", M. le Président, à
la définition du mot, "une personne qui exécute, en vertu d'un
contrat de louage de services personnels ou d'un contrat d'apprentissage,
même sans rémunération, un travail pour un employeur, y
compris un étudiant dans les cas déterminés par
règlement, à l'exception...". Je reviendrai sur les
exceptions.
Est-ce qu'il faut comprendre que les seuls étudiants qui seront
couverts seront ceux qui seront déterminés par
réglementation, qu'il n'y en aura pas d'autres? Autrement dit, s'il y a
des circonstances nouvelles, cela nécessitera l'adoption d'un
règlement additionnel pour les couvrir.
M. Marois: Oui, c'est exact. Pendant les travaux de la commission
parlementaire et même par des dossiers qui avaient
été rendus publics quelques semaines avant le début de nos
travaux on se souviendra que des témoignages assez percutants
avaient été non seulement entendus devant la commission, mais
rendus publics, en particulier concernant des étudiants du secteur
professionnel qui ne bénéficiaient d'aucune espèce de
forme quelconque de protection, puisqu'ils n'étaient pas
considérés comme des travailleurs au sens de la loi. Ce sont des
étudiants, pourtant, qui, dans les semaines ou dans les mois qui suivent
une fin d'année, se retrouvent dans le domaine du travail comme tel.
Dans certains secteurs professionnels d'enseignement, on ne respecte même
pas les normes, les règlements qui sont en vigueur concernant le bruit,
concernant la façon de fixer une scie. Certaines pièces
d'équipement sont dangereuses, certains coins sont carrément dans
un état d'insalubrité, dans la mesure où cela ne respecte
pas les normes et les règlements.
De ce côté-là, il faut aussi établir un
certain nombre de priorités. C'est dans ce sens-là, de la
même façon qu'on le fait pour les autres secteurs, en concertation
avec les parties, que des priorités seront établies, incluant, je
présume, au point de départ, les cas que je viens
d'évoquer qui sont maintenant des cas connus, Dieu merci, et pour
lesquels il n'y a aucune réglementation les concernant.
Mais au fur et à mesure que des problèmes seront
découverts, là, toute la latitude sera possible, la marge de
manoeuvre, pour élargir la portée de la loi, des droits qu'elle
implique, etc., pour couvrir d'autres catégories d'étudiants, le
cas échéant, si des problèmes du genre de ceux qui ont
été évoqués devant nous devaient se
présenter.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, j'ai un autre commentaire
quant aux exceptions prévues à la définition de
travailleur. Je comprends le deuxièmement, cela vise à couvrir
des travailleurs qui pourraient être nommés à un conseil
d'administration, donc qui deviennent officiers, mais qui conservent quand
même leur statut de travailleurs.
Mais, le premièrement, une personne qui est employée
à titre de gérant, surintendant, contremaître ou
représentant de l'employeur dans ses relations avec les travailleurs. Un
contremaître, par exemple, qui se verrait imposer des directives ou qui
se verrait donner l'ordre d'imposer des directives à des travailleurs
qui vont à l'encontre de leur sécurité ou de leur
santé au travail et qui mettent même en danger, au bout de la
ligne, la santé ou la sécurité physique du
contremaître, il n'est pas couvert par les définitions de
"travailleur", donc il n'a pas la possibilité d'exercer, par exemple, un
droit de refus.
Est-ce que c'est bien ce qu'on veut couvrir? Et de quelle façon
le contremaître est-il protégé?
M. Marois: Cela apparaît très clairement à
l'article 11. Si on relit l'article 11, on verra que cet article précise
que les personnes visées dans les pa-
ragraphes 1 et 2 de la définition du mot "travailleur", ce dont
il est question, jouissent des droits accordés aux travailleurs par les
articles 9, 10, 32 à 48, donc bénéficient des droits et
des avantages de la loi, pour certaines fins bien précises, mais pas le
droit de refus, sauf le droit de refus naturel. Un contremaître, il n'y a
aucune loi au monde qui puisse le lui enlever. Mais il n'a pas la protection,
dans l'exercice de ce droit, qu'accorde la présente loi aux travailleurs
qui sont des salariés selon la loi.
M. Bisaillon: Alors, le contremaître qui est visé
à l'article 11, qu'on protège en le soumettant aux articles 9,
10, 32 à 48, dans le fond, on lui reconnaît aussi le droit
à des conditions de travail qui respectent sa santé, sa
sécurité, son intégrité physique.
Par ailleurs, au moment où sa santé, sa
sécurité et son intégrité physique sont en cause,
sont en danger, il n'a pas la possibilité d'exercer un droit de refus,
sauf le droit naturel. Peut-il profiter lui aussi, au moment d'un accident, des
sommes d'argent prévues par la loi? S'il a un accident, qu'est-ce qui
arrive avec lui?
M. Marois: Présentement, il est indemnisé. Il tombe
sous la coupe de la Commission des accidents du travail.
M. Bisaillon: Continuerait-il à l'être? M.
Marois: Oui, cela n'est pas changé. M. Bisaillon: Cela va, M.
le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va, M. le
député de Rosemont?
M. Paquette: J'aimerais savoir tout simplement pourquoi on
exclut, par exemple, les contremaîtres de la section II du chapitre III,
c'est-à-dire pourquoi on ne leur permet pas le droit de refus.
M. Marois: C'est-à-dire qu'on ne leur enlève pas le
droit de refus; je pense que tout le monde en conviendra. La jurisprudence est
formelle. C'est un droit naturel.
M. Bisaillon: Oui.
M. Marois: II n'y a aucune loi au monde qui peut l'enlever
à quelqu'un.
Encore, une fois, il s'agit d'une loi qui établit un plancher de
base non négociable pour protéger ceux qui ne sont pas
équipés du tout ou plus ou moins bien équipés et
même de petits syndicats dont la force de négociation peut
être passablement faible. Un contremaître est certainement mieux
équipé, en tout cas sur le plan de l'information; il a de fortes
chances d'être mieux équipé que le travailleur qui n'est
pas syndiqué. Il a de meilleurs moyens ou est en meilleure posture pour
se défendre et faire valoir ses droits. Remarquez que ce n'est pas parce
que le texte ne le prévoit pas que l'employeur prendra une mesure
disciplinaire absolument non fondée parce qu'un contremaître a
exercé le droit naturel de refus. Si j'étais encore avocat, c'est
une cause que j'aimerais bien plaider pour voir le résultat. Je connais
d'avance le résultat que cela donnerait. L'employeur serait
obligé de le reprendre.
Encore une fois, il ne faut donc pas perdre la perspective. On a quand
même voulu ouvrir un certain nombre de choses de base pour s'assurer que,
notamment, la clef qui est l'information, plus les autres morceaux qui sont
prévus et la règle générale selon laquelle il a
droit à des conditions de travail qui respectent sa santé, sa
sécurité et son intégrité physique étaient
là et lui étaient ouvertes.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 1 tel
qu'amendé sera-t-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article
8?
M. Marois: L'article 8, c'est purement une concordance. On avait
simplement laissé en suspens les articles 8 et 11.
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 8 sera-t-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Il reste
l'article 11.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, comme je l'avais
annoncé dès le début de la commission, je veux parler
maintenant du titre du projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, nous avons
effectivement, M. le député de Saint-Laurent, à adopter
également le titre.
M. Bisaillon: Pardon? Une Voix: De Sainte-Marie.
Le Président (M. Bordeleau): Non, pas le
député de Saint-Laurent, mais le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Voilà.
Titre
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse. Nous aurons
à adopter le titre.
M. Bisaillon: Comme on est rendu à l'adoption du titre, M.
le Président, c'est là-dessus que je veux faire des commentaires,
si mes collègues qui sont immédiatement à ma gauche me
laissent faire. Merci beaucoup.
M. Marois: II y a des collègues qui...
M. Bisaillon: Cela a failli être méchant, M. le
Président. Le ministre s'est arrêté juste à
temps.
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président, je n'ai pas
compris le commentaire du ministre.
M. Bisaillon: Est-ce que je peux dire au député de
Portneuf qu'il n'a rien perdu?
M. Pagé: Ah! cela n'est pas gentil pour le ministre. Je
présume qu'il parlait du député de Duplessis, il a dit:
Mon collègue à gauche.
M. Bisaillon: M. le Président, le projet de loi s'intitule
"Loi sur la santé et la sécurité du travail". J'ai
attentivement écouté toutes les inverventions qui ont
été faites en deuxième lecture par le ministre et les
intervenants à l'Assemblée nationale. Aucun membre de
l'Assemblée nationale n'a utilisé le terme
"sécurité du travail"; tout le monde a parlé de la
santé et de la sécurité au travail. (15 h 45)
Je comprends que nos légistes, de même que les
fonctionnaires qui travaillent à la Régie de la langue
française peuvent nous dire que le "du" est plus français et que
"sécurité au travail", ce n'est pas français. Mais les
parlementaires ont donc des leçons de français à recevoir,
parce que tout le monde a utilisé des termes différents. Et
d'un!
Deuxièmement, je pense qu'effectivement, dans la tête des
citoyens, la sécurité au travail, ça veut dire quelque
chose de différent de la sécurité du travail. Ce n'est pas
seulement de la sémantique. Par sécurité du travail, on
veut dire de l'emploi qu'on fait, de la fonction qu'on occupe, du travail qu'on
effectue, tandis que au travail, c'est dans le milieu de travail.
Je ne veux pas faire des choses illégales en plaçant "au"
à la place de "du", mais il me semble qu'en milieu de travail, ça
pourrait vouloir dire la même chose et ça ferait vraiment
comprendre à tout le monde que ce n'est pas seulement la fonction
occupée par un travailleur qu'on protège par cette loi, mais
aussi tout le milieu ambiant dans lequel cette fonction s'effectue. Exemple: je
suis menuisier et, si je suis en train de faire un établi, je suis
protégé en termes de sécurité du travail quand je
fais mon travail de menuisier. Mais, si j'effectue mon travail dans une salle
où il y a des bassins de produits chimiques, ma santé peut
être affectée par ces produits chimiques et la loi le
reconnaît, d'ailleurs. La loi protège ça, sauf que le titre
nous indiquerait peut-être que c'est le travail du travailleur qu'on
protège. On protège sa santé à ce travail,
plutôt que dans son milieu de travail. Il me semble que ça ne
serait pas un gros amendement, ni un gros effort à demander au ministre
de me concéder "en milieu de travail", plutôt que "du
travail".
M. Marois: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Marois:... très rapidement...
M. Pagé: On pourrait prendre quelques minutes, si vous
voulez, pour aller fouiller dans nos textes.
M. Marois: Non. M. Pagé: Non.
M. Marois: Je pourrais tout de suite donner quelques
indications...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Marois: ... parce que le député m'en avait
déjà parlé. On a eu l'occasion d'en parler, certains
d'entre nous. Effectivement, c'est ce qu'on a fait en deuxième lecture
et j'ai l'impression que ça va continuer, d'ailleurs. On va continuer
probablement à ne pas être conformes aux indications des
linguistes...
M. Bisaillon: "Du travailleur"...
M. Marois: ... qui ont peut-être leurs raisons. Parce que
je savais que cela allait venir, on a vérifié de nouveau et,
semble-t-il, c'est la façon, selon les linguistes des régies de
gauche et de droite et les juristes en conséquence, de le formuler. Moi,
j'ai l'impression qu'il y a le langage de la pratique aussi. Je voudrais
simplement faire remarquer au député de Sainte-Marie ce
n'est pas un argument dirimant, non plus, et absolu que, le moindrement
qu'on modifie le titre, il faudrait retourner à toute une série
de dispositions transitoires qui constamment modifient telle loi en faisant
référence à la Loi sur la santé et la
sécurité du travail. Donc, il faudrait reprendre le travail.
Cela, c'est un problème que je n'avais pas vu au point de
départ.
M. Bisaillon: C'est encore un légiste qui vous l'a
souligné!
M. Marois: Non, mais une chance qu'on me l'a indiqué;
ça, je me dois de vous l'indiquer. Ce n'est pas la raison la plus
fondamentale, mais c'est une raison, pas la seule. Il y en avait d'autres
beaucoup plus fondamentales qui m'ont amené, après en avoir
discuté avec bon nombre de membres de cette commission qui ont
été, comme je l'ai souvent dit et je le pense, autant de
copilotes de ce projet de loi avec moi je pense qu'on s'en souviendra
à introduire le fameux article 2 de la loi.
Le titre peut peut-être prêter à
ambiguïté. Ambiguïté, c'est une façon de parler.
Je ne pense pas que ça prête à ambiguïté. Le
langage populaire va certainement, pour un bon bout de temps, maintenir sa
façon de le dire, malgré le titre de la loi. De toute
façon, l'article 2 étant là, je pense que c'est ça
qui est le fond et c'est parce que, tous ensemble, on voulait voir
concrètement autour de ces ques-
tions s'amorcer un changement fondamental. L'article 2 ne peut pas
prêter à quelque discussion que ce soit.
M. Bisaillon: M. le Président, effectivement, je suis
conscient que, par rapport au premier projet de loi qui avait été
déposé, la réimpression a clairement, dans le texte
même de la loi, indiqué que ce qu'on protégeait,
c'était vraiment le milieu de travail. Mais, comme c'est la
dernière chose qu'il nous reste à adopter, je vais faire motion,
M. le Président, pour que le projet de loi no 17 soit
changé...
M. Pagé: La nation vous écoute.
M. Bisaillon:... pour s'intituler Loi sur la santé et la
sécurité du travailleur.
Le Président (M. Bordeleau): Votre motion est faite en
bonne et due forme, M. le député de Sainte-Marie, je la
reçois. Est-ce que les membres sont prêts à l'accepter ou
à la rejeter?
M. Pagé: A vous.
M. Marois: En ce qui concerne, M. le Président, j'ai
expliqué, au point où on en est, que je comprends très
bien les préoccupations du député. On a eu l'occasion d'en
parler. Je pense qu'il partage aussi tout en comprenant ses
préoccupations profondément le point de vue des membres de
la commission qui ont travaillé pendant trois ans pour aboutir à
cette affaire. Ce qui est fondamental, c'est l'objectif qui est poursuivi,
qu'on puisse l'atteindre, j'allais dire, dans un langage non parlementaire, au
plus sacrant, mais comme je le pense en ces termes, je vais le dire comme je le
pense. Etant donné l'heure, si on veut procéder, je pense qu'on
devrait laisser le titre...
M. Bisaillon: ...
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'amendement sera
adopté?
M. Marois: ... dans la mesure où le titre n'enlève
aucun droit fondamental.
M. Bisaillon: M. le Président, je l'ai dit dans mon
intervention tantôt, je suis fort conscient que non seulement le projet
de loi dans sa réimpression, a été clarifié quant
à ses objectifs profonds, mais je prétends qu'il y a aussi une
question d'image. Il n'y a pas seulement un contenu, il y a aussi un emballage.
Ce projet de loi répond clairement à des attentes des
travailleurs, depuis longtemps formulées. On ne devrait pas se cacher
d'indiquer clairement que les objectifs de ce projet de loi, ont
été de protéger la santé et la
sécurité des travailleurs. M. le Président, pour ne pas
allonger le débat, je vais demander un vote enregistré.
M. Pagé: M. le Président, avant le vote
enregistré...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé:... le député de Sainte-Marie ne
croit-il pas qu'il aurait été préférable d'amender
de la façon suivante pour atteindre l'objectif qu'il a
énoncé... C'est qu'en voulant amender la loi pour qu'elle soit
maintenant intitulée Loi sur la santé et la
sécurité du travailleur, on limiterait celle-ci, parce que la
santé et la sécurité du travailleur, ça peut
être à l'extérieur de son travail, ça peut
être en auto, ça peut être un peu partout, vous savez. Il
aurait fallu procéder à un amendement libellé comme suit,
si le député avait voulu être conséquent avec ce
qu'il a évoqué: Loi sur la santé et la
sécurité du travailleur en milieu de travail.
M. Bisaillon: Vous en faites un amendement? M. Pagé:
Non, je vous soumets ça, écoutez!
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que les membres sont
prêts à se prononcer sur l'amendement du député de
Sainte-Marie? J'appelle le vote enregistré, tel que demandé. M.
Brochu (Richmond)? M. Bisaillon (Sainte-Marie)?
M. Bisaillon: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): M. Lefebvre (Viau)?
M. Lefebvre: Rejeté.
Le Président (M. Bordeleau): M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M. Marois (Laporte)?
M. Marois: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M. Lavigne (Beauharnois)? M.
Mailloux (Charlevoix)? M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): Pour: 2. Contre: 4.
L'amendement est rejeté.
M. Marois: M. le Président, avant de clôturer nos
travaux...
M. Pagé: Vous avez passé proche de voter, M. le
Président. Auriez-vous aimé ça?
M. Marois: Sans abuser...
Le Président (M. Bordeleau): Dernier commentaire.
M. Marois: ... du temps des membres de cette commission, je
voudrais, très sincèrement, remercier mes collègues. Je ne
sais pas trouver les mots, parce que cela a été un très
long travail. Si le projet de loi est quelque chose dont on pourra être
fier comme peuple et dont il va falloir essayer de relever le défi dans
l'application, s'il est ce qu'il est, aujourd'hui, c'est certainement
grâce aux contributions, aux apports nombreux, tout au cours des travaux,
qui ont été fournis par les membres de la majorité
gouvernementale.
Je m'en voudrais aussi de ne pas très honnêtement, comme je
le pense, remercier très sincèrement les députés de
l'Opposition de leur attitude, du climat qui a prévalu je pense
qu'ils y sont pour quelque chose, sûrement tout au long des
travaux de cette commission, comme cela avait été le cas au cours
des travaux de la commission parlementaire qui a entendu les 63 groupes qui se
sont présentés devant nous. Je pense que ça prouve, encore
une fois, comme je l'ai souvent dit, que quelquefois il est possible de
s'élever au-dessus d'une certaine partisanerie.
Il y a eu quelques moments où on a dû assister aux
envolées oratoires un peu théoriques pour ne pas dire
beaucoup du député de Saint-Laurent, mais enfin, ce sont
des accidents de parcours qui arrivent durant nos travaux.
Je pense que ceux-ci ont été marqués au coin d'une
très grande franchise de part et d'autre, même s'il est
resté des divergences de vues. Cela est normal. En terminant, encore une
fois, je voudrais remercier tous et chacun des membres de cette commission,
à la fois de la qualité du travail et de la franchise qui ont
marqué ces travaux, de l'ouverture d'esprit et du climat, aussi.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: II faut convenir que nous venons de terminer,
après plusieurs heures d'étude, de délibérations,
de commentaires, de votes aussi sur les amendements qui ont été
proposés par l'Opposition, une étape importante dans l'adoption
d'un projet de loi, qui est celle de l'étude du projet article par
article.
Comme l'a indiqué le ministre, évidemment, il y a des
centaines et des centaines d'heures qui ont été consacrées
par plusieurs membres de l'Assemblée à l'étude de ce
projet de loi, en commission parlementaire, en deuxième lecture et
ici.
Je n'ai qu'un commentaire à formuler. Je dois, encore une fois,
remercier mes collègues de l'Opposition de la contribution qu'ils ont
apportée, qu'ils ont manifestée dans le cadre de l'étude
dudit projet. Je n'ai qu'une déception à exprimer. C'est que le
gouvernement n'ait pas eu un degré de réceptivité,
à l'égard de nos intentions de modifications, égal au
degré de contribution qu'on a apporté à la commission.
Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Portneuf. Est-ce que les titres et les sous-titres des
chapitres, tout ce qui concerne les titres sera adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Je demande
donc au rapporteur de la commission de faire rapport à
l'Assemblée nationale, tel que prévu.
M. Pagé: Après vingt heures trente de
délibération, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous remercie, M. le
député de Portneuf. Je remercie également les membres de
la commission de leur bonne collaboration. La commission du travail et de la
main-d'oeuvre ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 15 h 58