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Audition des parties impliquées
dans la grève des cols bleus
de la ville de Montréal
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre est
réunie aux fins d'entendre les parties relativement au conflit qui
oppose la ville de Montréal et le syndicat des cols bleus, en cette
séance du vendredi 21 mars 1980.
Les membres de cette commission sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie),
remplacé par M. Laberge (Jeanne-Mance); M. Bellemare (Johnson),
remplacé par M. Brochu (Richmond); M. Chevrette (Joliette-Montcalm),
remplacé par M. Lefebvre (Viau); M. Gravel (Limoilou), remplacé
par M. O'Neill (Chauveau); M. Johnson (Anjou), M. Lavigne (Beauharnois), M.
Mailloux (Charlevoix), M. Pagé (Portneuf).
Parmi les intervenants, nous avons M. Gosse-lin (Sherbrooke), qui est
remplacé par M. Bertrand (Vanier). Oui?
M. Pagé: M. le Président, M. Mailloux (Charlevoix),
est remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeois), comme membre.
Le Président (M. Jolivet): M. Mailloux (Charlevoix),
remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeois), comme membre de la
commission.
Qui sera rapporteur à cette commission? M. Lefebvre?
M. Johnson: Du comté de Viau.
Le Président (M. Jolivet): M. Lefebvre du comté de
Viau. Donc, la commission doit normalement siéger, aux fins normales des
débats, de 10 heures ce matin à 13 heures après le
déjeuner, à moins qu'il y ait entente entre les parties pour
continuer plus tard au moment jugé opportun, s'il le faut.
Je demanderais à M. le ministre de commencer les travaux de cette
commission.
Remarques préliminaires M. Pierre-Marc
Johnson
M. Johnson: M. le Président, nous sommes réunis, ce
matin, pour entendre les parties dans le conflit qui oppose le local 301 du
Syndicat canadien de la fonction publique, cols bleus de Montréal, et la
ville de Montréal.
Cette commission, M. le Président, est devenue nécessaire
pour permettre aux parlementaires, de part et d'autre de la Chambre, puisque
c'est leur droit le plus strict, d'être saisis de ce conflit, compte tenu
de l'importance et des répercussions qu'il a ou qu'il pourrait
avoir.
J'aimerais d'abord souhaiter la bienvenue aux représentants; M.
le maire de Montréal, M. le directeur du Syndicat canadien de la
fonction publique et, évidemment, ses collègues, le
président du syndicat et les fonctionnaires accompagnant le maire, et
peut-être faire un résumé de ce qui s'est passé
depuis le mois de juillet 1979, car les négociations, M. le
Président, ont commencé au mois de juillet 1979, à la
ville de Montréal.
Le 19 décembre 1979, le syndicat faisait une demande de
conciliation alors que la convention collective n'était pas encore
expirée. L'expiration de la convention collective vient au 31
décembre 1979. Le 2 janvier 1980, le syndicat avait acquis le droit de
grève en vertu du Code du travail et, le 7 janvier, j'ai nommé M.
Marcel Boisvert et M. Normand Gauthier comme conciliateurs dans ce dossier.
Le 11 janvier, il y eut une première séance de
conciliation qui fut suivie de cinq autres séances jusqu'au 26 janvier
alors que les offres patronales furent rejetées dans un vote par
l'assemblée du syndicat. Le 12 février, il y eut une
dernière séance de conciliation en même temps que le
déclenchement de la grève.
A peine dix jours plus tard, compte tenu du fait que les parties ne
semblaient pas s'asseoir et discuter, malgré le fait que cette
grève perdurait déjà depuis dix jours, j'ai demandé
aux deux conciliateurs de convoquer péremptoirement les parties,
c'est-à-dire d'utiliser les pouvoirs qui leur sont dévolus en
vertu du code et de forcer les parties en présence à une
séance. La séance a donné lieu, quelques heures
après à une rupture totale de la négociation.
Le 2 mars, j'ai offert aux parties une formule de
médiation-arbitrage. En vertu de cette formule, j'offrais aux parties
d'accepter la nomination d'un médiateur qui aurait le double mandat,
d'une part, de tenter d'en arriver à un règlement ou favoriser un
règlement, devrais-je dire, entre les parties, et s'il le constatait en
cours de route, de décider de se transformer en arbitre sur certains
objets au moment où il le jugerait opportun. Cette offre, que j'ai faite
aux parties le 2 mars, a été refusée par les deux parties,
bien que la ville de Montréal l'ait acceptée, mais disons qu'elle
a rejeté la formule telle que proposée en disant qu'elle
accepterait, mais sous forme de cinq conditions, une forme d'arbitrage
différente de la médiation-arbitrage que j'offrais.
Le 4 mars, j'ai donc nommé M. Raymond Désilets, qui est
directeur général des relations de travail au ministère,
comme médiateur dans ce conflit. Le 13 mars, après 80 heures de
médiation, M. Désilets a déposé un rapport de
médiation qui a été accepté par la ville dans une
lettre que m'envoyait le maire de Montréal, le 14 mars, et qui ne fut
pas rendue publique, à ma demande d'ailleurs, lors de ces
heures-là, et le syndicat, pour sa part, le 16 mars, rejetait le rapport
de médiation de M. Désilets.
Les 17, 18 et 19 mars, à peu près jour et nuit, il y a eu
d'autres rencontres au ministère du Travail dans des efforts de
rapprocher les parties encore une fois. Le 20 mars, on assistait à une
nouvelle assemblée générale du syndicat et il y a une
impasse, ce qui fait d'ailleurs que le 21, aujourd'hui, nous sommes les
représentants, de part et d'autre de la Chambre, de l'Assemblée
nationale du Québec, en situation où nous demanderons tout
à l'heure aux parties de nous expliquer le plus succinctement et le plus
clairement possible ce qui se passe dans la ville de Montréal, ce qui
fait qu'après 38 jours de grève, qu'après une
négociation qui a commencé il y a maintenant près de neuf
mois, qu'après de la conciliation, des convocations péremptoires,
une médiation, des rencontres additionnelles, on n'en arrive pas
à un règlement chez les cols bleus et à la ville de
Montréal?
Je pense que la population est en droit de comprendre ce qui se passe et
que les parlementaires doivent surtout être saisis, si ce n'est des
contenus précis et des articles, tout au moins de ce long processus, de
ce laborieux processus dans lequel le ministère a tout tenté pour
amener les parties à s'entendre.
En terminant, je voudrais simplement souligner, puisqu'il vient
d'arriver, la présence du président de la FTQ, qui sera
peut-être appelé comme je le connais, à dire quelques mots
et à souhaiter que, dans un climat qui se veut celui d'apprendre des
choses, on puisse tout à l'heure entendre les parties pendant quelques
minutes, une fois, je présume, que le député de Portneuf
nous aura fait part de ses réflexions.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf. (10 h 15)
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je voudrais
ajouter ma voix à celle du ministre pour souhaiter la bienvenue, ce
matin, à M. Laberge, à M. le directeur du Syndicat canadien de la
fonction publique, à M. le président du syndicat ainsi
qu'à ses collaborateurs, à M. le maire de la ville de
Montréal et à ses collaborateurs. Je voudrais aussi saluer
cordialement M. Désilets, le médiateur, directeur au
ministère du Travail.
M. le Président, nous sommes réunis aujourd'hui parce
qu'une grève sévit à Montréal depuis quarante jours
aujourd'hui, conflit à l'égard duquel l'Assemblée
nationale a eu, à plusieurs reprises, à discuter, à
échanger depuis l'ouverture de la session le 3 mars dernier, compte tenu
de la situation qui a prévalu à Montréal depuis le
déclenchement de cette grève, à la lumière des
nombreux inconvénients, à la lumière de la situation qui a
prévalu. Car, lorsqu'on a une grève de plus de 5000 travailleurs,
dans une ville comme celle de Montréal, il va de soi que cela a des
effets, des impacts et les pressions ont vite fait de se faire sentir
auprès des députés, ici à l'Assemblée
nationale, et ce, des deux côtés de la Chambre, par la
population.
M. le Président, c'est un conflit où, dans les faits, dans
les impacts, on a eu, à plusieurs re- prises, nous sommes revenus... On
a posé des questions au ministre, on a demandé au gouvernement de
prendre les responsabilités qui lui incombaient dans les circonstances,
parce que je soutiens, nous soutenons, de notre côté, que, dans un
conflit à caractère public comme celui-là, autant à
la ville de Montréal que dans les nombreux conflits qu'on a connus en
1979, que ce soit dans le monde des hôpitaux, que ce soit à
HydroQuébec, que ce soit à certaines sociétés
d'Etat, transport en commun ici à Québec, transport en commun
à Montréal, etc, le gouvernement a une responsabilité qui
déborde la responsabilité qu'il a à l'égard d'un
conflit privé.
Le gouvernement, à certains moments, est justifié
d'intervenir lorsque la santé et la sécurité publique sont
mises en cause. Il reste maintenant à déterminer, M. le
Président je pense qu'on peut avoir autant
d'interprétations qu'on est de personnes à porter un tel jugement
si la situation est telle qu'un gouvernement se voit dans l'obligation
d'intervenir. A quel moment la situation est-elle suffisamment
détériorée et à quel moment la santé et la
sécurité du public sont-elles suffisamment mises en cause pour
que le gouvernement soit obligé d'intervenir?
C'est d'ailleurs dans ce sens que, depuis deux ans et demi, vont mes
remarques au ministre du Travail et de la Main-d Oeuvre. Vous vous rappellerez,
M. le Président, que je ne lui a jamais demandé d'intervenir
directement ou que le gouvernement s'implique directement dans un conflit
privé, quoique le gouvernement l'ait déjà fait, on se le
rappellera, dans un conflit particulier dans le nord de Montréal,
à la Commonwealth Plywood.
Par contre, de la part du gouvernement, et particulièrement du
ministre du Travail, on a toujours eu beaucoup de difficulté à
percevoir sa politique, sa position, à l'égard de cette
obligation et du moment où le gouvernement devait intervenir dans un
conflit public comme tel. Je conviens que le ministre du Travail a fait des
déclarations pendant cette période. Le ministre du Travail nous a
déclaré, à certains moments, que la situation était
telle qu'on devait présumer une intervention bientôt, qu'on ne
pouvait rester insensibles à cela. Le ministre du Travail nous a
déclaré encore au début de la semaine que cela avait assez
duré. Mais vous conviendrez, M. le Président, que d'après
ces éléments, auxquels s'ajoutent les déclarations d'un
ministre, membre du gouvernement, nos pressions se sont faites insistantes.
M. le Président, on a une commission parlementaire qui a
été convoquée ce matin. Le gouvernement l'a
décidée. L'Opposition l'a demandée. Et si on l'a
demandée là-dessus je suis d'accord avec le ministre
c'est qu'avant que soit enclenché un processus législatif,
un processus décisionnel de la part du gouvernement qui peut ou qui
pourrait aller dans le sens de la suspension du droit de grève, je pense
qu'il est tout à fait légitime que les membres de
l'Assemblée nationale soient en mesure de constater eux-mêmes s'il
n'y a véritablement plus rien à faire au niveau de la
négociation.
On aura des explications à demander aux parties. On aura des
conclusions à prendre. Mais je dois cependant inscrire mon regret, M. le
Président, que le gouvernement ait attendu à ce matin, le
vendredi 21 mars, pour convoquer cette commission ou tout au moins pour
enclencher ce processus de prise de responsabilités. On se rappellera
ceci, M. le Président, extrait du rapport de M. Désilets et je
cite: "Actuellement, les parties se sont mises dans une situation telle qu'il
leur est maintenant difficile, sinon impossible, à l'une comme à
l'autre, de faire marche arrière sans avoir à assumer la
défaite".
Même si cette indication était contenue dans le rapport du
médiateur Désilets, le gouvernement ne voulant pas intervenir, je
ne sais trop pour quel motif, quel préjugé ou quel paravent il a
à conserver, quelle image il a à garder et à conserver
jalousement, précieusement, le gouvernement, au lendemain de cette
indication de la part du médiateur, encore une fois, a fait confiance au
mécanisme de négociation. On a vu les résultats que cela a
donnés. C'était la semaine dernière, le dépôt
de ce rapport.
Dimanche, les parties prenaient position; elles votaient sur ledit
rapport et, encore une fois, on était devant une décision
où on ne pouvait présumer de résultats concrets et de
retour au travail.
Lundi, mardi, négociations et finalement, un vote, hier ou
avant-hier, de la part de la partie syndicale disant: C'est non à la
négociation qui a donné suite à notre vote sur le rapport
comme tel. Alors, M. le Président, c'est légitime qu'aujourd'hui
les parlementaires entendent les parties, pas pour de la négociation,
parce que ce n'est pas là notre rôle, mais strictement pour voir
s'il y a quelque chose à faire ou s'il n'y a rien à faire en
termes de négociation. S'il n'y a rien à faire en termes de
négociation, là, c'est au gouvernement à prendre sa
responsabilité.
Le gouvernement dit: II n'y a rien à faire en termes de
négociation, les parties demeurent sur leur position. Comme
gouvernement, on accepte le principe du rapport de forces et la grève se
poursuit. Ou le gouvernement dit: La santé et la sécurité
publiques sont suffisamment mises en cause que, comme gouvernement, dans un
geste politique, dans un geste administratif aussi, je prends la
responsabilité qui m'incombe et j'enclenche un processus pour mettre fin
à ce conflit. Ce processus peut être, comme je l'ai
déjà indiqué, sous plusieurs formes: la suspension du
droit de grève, une loi spéciale, etc. Mais c'est la seule
question et c'est la seule conclusion auxquelles on peut en venir
aujourd'hui.
Je voudrais être bien compris de la part de mes collègues,
les membres de la commission, de la part des parties aussi qui ont
accepté de venir et qui sont ici ce matin avec nous. On n'est pas ici
pour faire la négociation. Il ne faudrait pas que cela le devienne. Nous
sommes ici pour nous faire une opinion, nous faire un jugement et surtout pour
voir s'il y a une chance ou s'il n'y en a pas. S'il n'y a pas de chance, ce
sera au ministre du Travail à prendre sa responsabilité.
Si jamais on constate, à la lumière des discussions et des
échanges qu'on aura ce matin, qu'il n'y a aucune chance, j'ose croire et
j'ose espérer que le gouvernement qui a accepté d'imposer, qui a
été tolérant, qui a accepté le principe ou les
faits, qui a accepté que les gens de Montréal souffrent pendant
quarante jours, prendra sa responsabilité une fois pour toutes. Il
faudra qu'il le dise clairement.
C'est dans ce sens-là que j'espère que la commission
parlementaire d'aujourd'hui donnera quelque chose parce que, trop souvent dans
le passé je termine là-dessus on a eu des
commissions parlementaires comme celle-là et on est parti en fin de
journée, tout le monde bien heureux. On avait entendu les parties, mais
cela a donné vous savez quoi. Cela n'a pas donné grand-chose.
J'ose donc croire qu'aujourd'hui, vous ne vous serez pas déplacés
de Montréal à Québec pour rien et qu'on ne sera pas ici
pour rien quant à nous. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le maire, selon
l'entente qui prévaut normalement, vous avez vingt minutes pour
expliquer votre position et, ensuite, je donnerai vingt minutes aux gens du
syndicat pour faire la même chose. J'aimerais aussi en même temps
que vous présentiez chacun de vos représentants. M. le maire
d'abord.
Point de vue de la ville de Montréal
M.
Jean Drapeau
M. Drapeau (Jean): M. le Président, je remercie le leader
du gouvernement qui a convoqué, cette commission ce matin, à la
suggestion, j'en suis sûr, du gouvernement et du ministre du Travail, et
à la suggestion et suivant le désir d'autres membres de
l'Assemblée nationale. La procédure n'est pas courante, à
ma connaissance. Nous venons d'assister à un petit exposé de
chacun des deux côtés du président.
Quel est le rôle qui m'est dévolu dans le moment? J'en
profiterai peut-être pour dire que, contrairement, à ce qu'on a pu
croire dans certains milieux, écrire et dire, le maire de
Montréal et ses collaborateurs du comité exécutif se sont
intéressés depuis le début et n'ont pas cessé de
s'intéresser aux négociations. Nous n'avons pas voulu, pas plus
que le député le disait tout à l'heure pour ces
travaux, la commissions n'est pas ici pour négocier nous
substituer aux organismes chargés par la loi et les règlements de
négocier des contrats. C'est bien sûr que le directeur, le
directeur adjoint, les négociateur du service du personnel et des autres
service étaient en contact régulier avec le comité
exécutif, faisaient rapport régulièrement et recevaient
des mandats de l'administration. Il n'y avait donc aucun
désintéressement.
Lorsque, à partir de dimanche dernier, la situation devenait
différente, des relations se sont établies, à ce
moment-là, entre administrateurs publics. J'étais heureux,
dès dimanche, des con-
tacts qui se sont établis entre le ministre du Travail et moi. Au
cours de ces relations, mes collègues du comité exécutif
ont toujours été tenus au courant de tout, et, bien souvent, dans
les conversations que nous avions par téléphone le
ministre le savait je disais qui était autour de moi et,
généralement, c'étaient les membres du comité
exécutif, des membres du service du personnel. Donc, de ce
côté, nous ne nous sommes pas
désintéressés.
Nous ne nous sommes pas désintéressés, et c'est
parce que c'est le même intérêt que nous avons
manifesté dans toutes les négociations de travail que nous avons
réussi à conclure des accords, cinq ou six, dont quelques-uns
signés, et que les négociations vont se poursuivre
harmonieusement, selon les renseignements que nous avons, entre les
négociateurs de la ville et les autres syndicats. Je crois qu'il y a 18
contrats différents à signer, il y a cinq ou six ententes de
conclues actuellement. Dans ce cas, cela accroche. Pourtant on l'a
souligné, j'en étais heureux nous n'avons pas attendu que
le conflit pourrisse. Trois mois avant le délai pour commencer les
négociations, dès juillet, les travaux commençaient.
Je laisserais plutôt quelques minutes à M. Girard pour
faire le résumé de ces travaux, qui vont de juillet jusqu'au
moment de la nomination des négociateurs.
Donc, depuis dimanche, il s'est établi des relations à un
plan, je n'ai pas la prétention de dire gouvernemental, mais
gouvernement-administration, et nous avions raison, très
sincèrement, de penser que ça allait se régler. Quant
à moi, je ne formule aucun grief à l'endroit du gouvernement. Je
ne suis pas ici pour le protéger, le ministre est capable de se
défendre tout seul. Mais il a tout fait et, pour ma part, j'ai confiance
d'avoir aussi tout fait pour tenter d'en arriver à une entente, au point
que, mercredi soir, il restait deux choses, et c'était donnant donnant
et ça se réglait. On est allé jusque-là. Donc, je
crois que ni le gouvernement, ni l'administration municipale ne peuvent
être, pas même accusés, mais soupçonnés de ne
pas avoir épuisé tous les moyens d'entente possibles pour que,
finalement, un accord intervienne.
Voilà donc les dispositions dans lesquelles nous sommes et dans
lesquelles nous demeurons et si, puisqu'on a fait allusion à ça,
et avec raison, la formule qui avait été proposée d'un
médiateur se transformant en arbitre n'a pas été
acceptée telle que formulée, nous en avons donné les
raisons dans une lettre au ministre en réponse à son invitation
à accepter cette formule. J'ai commencé, dans la première
moitié de la lettre, par poser une question et, sans même avoir la
réponse, j'ai dit: Nous favoriserions cette formule si elle était
modifiée ainsi qu'il suit, afin de rapprocher cette formule, qui
était absolument nouvelle d'après le droit des relations de
travail, le plus possible de mesures connues et appliquées ici pour
qu'elle soit moins disparate.
Elle était très bien inspirée et, dans la
deuxième partie de ma lettre, nous suggérions, grâce
à la compétence du service du personnel et de notre contentieux,
des modifications qui auraient pu rendre cette formule applicable ou acceptable
par les deux parties, puisque au fond, elle se transformait en véritable
conseil d'arbitrage et nous étions prêts à accepter, comme
nous sommes encore prêts à accepter, la formule de l'arbitrage.
Donc, les modifications ne tendaient pas à un rejet. Il y avait une
première question. En attendant la réponse, pour ne pas
étendre les délais, je disais: Nous favoriserions la formule
suivant telle et telle modification pour qu'elle se rapproche le plus
près possible de la formule de l'arbitrage telle que connue ici. (10 h
30)
Quant aux travaux de négociation, je laisse à M. Pierre
Girard le soin de le faire. Je vous le présente, il est le directeur
adjoint du service du personnel, plus particulièrement chargé des
relations avec les cols bleus; M. Perron est le directeur du service du
personnel. Nous avons également ici le chef du contentieux. Nous avons
l'actuaire, M. Guérard... Le chef du contentieux bien connu, Me
Péloquin; M. Guérard, actuaire, parce que toutes les
études que nous avons faites, nous les avons faites avec tout l'appui
technique qu'il fallait. D'autres membres du personnel du contentieux et des
divers services de la ville, ces collaborateurs étant chargés de
l'application de la convention qui est terminée et qui seront
chargés de l'application de la nouvelle convention. Il importe qu'ils
nous disent, quand on veut accepter ou qu'on serait prêt à
accepter une disposition, s'ils croient que, dans le fonctionnement de leurs
services, elle sera applicable ou non. Voilà nos collaborateurs.
J'espère n'avoir oublié personne.
M. Girard pourra parler des négociations qui se sont
poursuivies.
M. Girard (Pierre): Merci, M. le maire. Je vais m'en tenir
uniquement à ce qui s'est déroulé à partir du
rapport de médiation, parce que ce qui a précédé,
je ne pense pas qu'on doive y revenir.
A partir du moment où il y a eu un rapport de médiation,
il y a eu une rencontre, samedi dernier le 15 mars, et le médiateur, M.
Désilets, nous a demandé de corriger un certain nombre de choses
dans le rapport de médiation. Je dois dire que toutes les erreurs
techniques qui ont été soulevées par le médiateur,
nous avons accepté de les corriger après discussion avec le
syndicat.
Une fois les erreurs techniques corrigées, le syndicat nous a
demandé de négocier par-dessus le rapport du médiateur,
bien que nous ayons accepté le rapport du médiateur; nous l'avons
fait, dans un esprit de conciliation le plus poussé possible et afin de
mettre fin au conflit le plus rapidement possible; nous avons tenté d'en
venir à une entente, même si, à notre sens, le rapport de
conciliation était acceptable et même si le rapport de
conciliation était loin de satisfaire la ville.
Malgré ces problèmes, nous avons accepté de
discuter et le syndicat nous a soulevé à ce moment-là les
points suivants:
En retour d'un contrat de trois ans, le syndicat nous demandait de
contribuer à un régime d'assurance-groupe maladie, ce que le
médiateur avait rejeté dans son rapport.
Egalement le médiateur avait rejeté une autre demande du
syndicat concernant la rétrogradation, c'est-à-dire que lorsqu'un
employé est rétrogradé pour des raisons de santé,
on doit lui maintenir son salaire.
Cette demande du syndicat avait été rejetée par le
médiateur, mais nous avons accepté, après le rapport du
médiateur, d'en parler.
Également quant à la question du fonds de pension, c'est
un problème extrêmement important, on en discute depuis quelques
jours. Le syndicat voulait voir introduire dans la convention collective un
mécanisme plus précis que ce que le médiateur avait
proposé au sujet de l'indexation des rentes de retraite.
Également au sujet des sous-contrats, le médiateur avait
refusé la demande syndicale ainsi que les demandes patronales
là-dessus. C'était donc une solution de compromis, il nous
proposait le statu quo et le syndicat nous a demandé de revenir sur
cette question et de renégocier à nouveau.
Finalement, au sujet des salaires, puisque le rapport de
médiation parlait simplement d'un contrat de deux ans et des
augmentations de salaire pour deux ans, le syndicat nous demandait de discuter
d'une nouvelle formule d'augmentation pour la troisième
année.
Également, le syndicat nous a demandé que la tormule
d'indexation des salaires ne porte plus uniquement sur le taux horaire moyen,
mais sur le taux horaire de chacun des groupes de traitement. Nous avons
accepté de nous rendre à la demande syndicale.
Finalement, le conciliateur n'avait pas accordé, concernant
l'article 1922 sans entrer dans les détails une
proposition que la ville avait déjà faite en cours de la
négociation, bien que cela n'apparaissait pas dans le rapport de
médiation, nous avons accepté de l'ajouter.
Alors en résumé, concernant l'assurance-groupe, la ville,
bien que cela n'apparaissait pas dans le rapport de médiation, a
accepté de bouger et de donner quelque chose là-dessus au
syndicat.
Au sujet de la rétrogradation médicale, nous avons reconnu
le principe, mais nous avons suggéré au syndicat que si un
employé était rétrogradé pour des motifs d'accident
du travail ou de maladie professionnelle, si nous devions lui maintenir son
salaire, même s'il occupait un emploi inférieur, nous avons
maintenu qu'en retour, un employé qui est accidenté, ne fasse pas
plus d'argent qu'un employé qui demeure au travail.
La formule que nous avons proposée, c'est de voir à ce que
l'employé accidenté reçoive son plein salaire net et non
pas le salaire brut qu'il reçoit de façon générale
puisqu'il y a toute une partie, lorsqu'un employé est accidenté,
qui n'est pas imposable en vertu de la loi, de telle sorte que lorsqu'un
employé est accidenté, il fait plus d'argent que lorsqu'il
travaille. Alors, nous avons pro- posé au syndicat la formule suivante:
nous sommes d'accord pour payer l'employé qui sera
rétrogradé pour des raisons de santé attribuables à
son travail, mais en retour vous allez accepter qu'en cas d'accident du travail
nous assurions à l'employé son plein salaire net,
c'est-à-dire qu'il ait le même revenu que s'il était
demeuré au travail.
En ce qui concerne le fonds de pension, nous avons proposé qu'en
dehors de la convention collective les parties puissent négocier la mise
au point d'une formule d'indexation et que si les parties ne s'entendaient pas
sur le partage des coûts de cette formule d'indexation, il n'y ait pas
d'indexation. Je n'insiste pas davantage là-dessus, mais si vous
désirez avoir des renseignements plus précis sur cette question
qui est éminemment technique, notre actuaire ici présent pourra
vous fournir les chiffres à cet effet. Je pense qu'on ne peut pas se
lancer dans l'étude de l'indexation d'un fonds de retraite aussi
considérable que le fonds de retraite des employés manuels de la
ville sans prendre toutes les précautions pour éviter que cette
question soit portée éventuellement à l'arbitrage ou fasse
constamment l'objet d'une négociation chaque fois qu'il y a
négociation. Il ne faut pas oublier que la caisse de retraite des
employés municipaux est régie par un règlement municipal
et chaque fois que les syndicats nous ont demandé de la négocier
dans le cadre des conventions collectives, nous avons toujours refusé en
nous appuyant sur les dispositions mêmes du Code du travail qui
prévoit qu'on ne doit pas négocier des choses qui apparaissent
déjà dans des lois.
Tous les syndicats ont accepté ce principe, tous les syndicats
qui veulent discuter de nouveau la question du fonds de retraite, des
indexations qu'on pourrait apporter aux différents régimes de
retraite ont accepté que ces négociations se fassent en dehors
des négociations concernant les conventions collectives. Je pense que
c'est une question éminemment technique et qu'on ne doit pas la
mêler à une période intensive de négociation avec
tous les problèmes que cela peut poser. Je pense que ce genre
d'étude doit être fait en dehors d'un contexte de
négociation très émotif et les autres syndicats l'ont
compris et ont accepté notre position. Il n'y a qu'un syndicat qui
refuse cela, c'est le Syndicat des cols bleus. Je pense que la formule que nous
proposions était très acceptable, très valable, mais elle
a été refusée par le syndicat.
Au niveau des sous-contrats, nous avons expliqué qu'il
était impensable qu'on modifie le statu quo. Déjà, avec le
statu quo, nous avons énormément de difficulté, nous avons
des contraintes énormes au niveau du statu quo. Je pense que le
médiateur avait bien compris, d'ailleurs, la position de la ville
puisqu'il avait refusé d'ajouter quoi que ce soit au niveau des
sous-contrats, sachant pertinemment que nous avions déjà beaucoup
de difficulté.
En ce qui concerne la troisième année, nous étions,
évidemment, d'accord pour accorder une augmentation de 9% pour la
troisième année du
contrat, comme nous l'avions fait avec tous nos autres syndicats pour
lesauels des ententes sont intervenues et, en ce qui concerne le taux horaire
moyen, c'est-à-dire la formule d'indexation qui ne s'appliquerait plus
à l'avenir sur le taux horaire moyen, mais sur le taux horaire de chacun
des groupes de traitement, nous avons accepté également cette
demande-là ainsi que d'autres demandes du syndicat qui n'apparaissaient
pas dans le rapport du médiateur afin d'en arriver à un compromis
pour mettre fin une fois pour toutes à cette grève.
Or, quelle est la situation aujourd'hui? La situation aujourd'hui est la
suivante. Nous avons accepté le rapport du médiateur, cela a
été refusé par le syndicat. Nous avons accepté
d'ajouter au rapport du médiateur, ce n'est pas encore suffisant pour le
syndicat. Alors, je pense que la ville de Montréal a
démontré sa bonne foi. Nous avons négocié. Nous
n'avons pas compté nos heures, mais nous sommes encore devant une
impasse aujourd'hui, malgré tous les efforts que nous avons faits.
Jusqu'à maintenant, la ville a cédé constamment, mais je
pense qu'il y a des limites à la capacité de payer des citoyens
de Montréal. La convention collective qui est proposée dans le
rapport de médiation plus les modifications que nous avons
acceptées représentent un coût énorme pour les
citoyens de la ville de Montréal. Je pense que nous avons
démontré notre bonne foi et qu'on devrait mettre un point final
à cette situation.
S'il y a des questions, je me ferai un grand plaisir d'y
répondre, merci.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. Laberge, ou le
représentant.
Point de vue du Syndicat canadien de la fonction
publique
M. Louis Laberge
M. Laberge (Louis): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les députés, M. le maire, avec ses nombreux
collègues, j'ai à ma droite ici, Roger Laramée, le
directeur au Québec du Syndicat canadien de la fonction publique, Henri
Massé, qui a été le négociateur au nom du syndicat,
Réjean, le président du syndicat et André Asselin, qui
voyait tout particulièrement à assurer les services
essentiels.
S'il y a des membres de la commission qui veulent discuter des services
essentiels, nous serions bien heureux de répondre. Il y a eu des
déclarations faites par certains dirigeants de la ville,
déclarations dont je' pourrais dire qu'elles sont quelque peu
fantaisistes, pour ne pas dire autre chose.
Pour reprendre le conflit, il ne faut quand même pas charrier. Je
ne pense pas que personne puisse dire que la ville de Montréal
était en état de siège, que la population ne pouvait pas
se déplacer. Evidemment, la température nous a aidés, le
maire en semblait fort heureux, les entrepreneurs, les sous-traitants de la
ville encore plus, mais on ne peut pas dire que la population a tellement
souffert du conflit. Bien sûr, ce n'est pas agréable, il y a des
sacs d'ordures qui traînent, nous sommes les premiers à le
déplorer, sauf qu'à un moment donné, quand il n'y a pas
moyen d'arriver à une entente et on n'accuse personne de mauvaise
foi c'est l'économie du Code du travail qui le veut, il y a un
conflit, il y a une épreuve de force.
Dans le cas des cols bleus de la ville de Montréal, il faut quand
même reconnaître que c'est le groupe qui a le plus souffert de la
détermination des autorités municipales de vouloir
réorganiser et, Dieu sait qu'on n'est pas contre une
réorganisation, elle était nécessaire. Il reste que les
cols bleus ont vu leur groupe diminuer d'environ 1500 employés depuis
quelques mois. Vous allez me dire qu'il n'y a pas un employé permanent
qui a perdu son emploi, c'est un fait, mais il y a des employé avec
plusieurs années de service qui étaient habitués à
accomplir certaines tâches et, du jour au lendemain, on les envoyait dans
des parcs, nettoyer et arroser des patinoires.
Enfin, disons que c'est différent. A certains âges,
ça peut se prendre plus facilement qu'à d'autres âges.
C'était un peu ça le noeud du conflit.
Je veux rendre hommage à M. Désilets, il a vraiment
travaillé. Le ministère du Travail a tout fait pour essayer de
rapprocher les parties, c'est peut-être assez rare que vous allez
entendre dire des choses semblables, mais c'est un fait. On n'a pas à
chialer contre le ministère du Travail, il a vraiment essayé de
rapprocher les parties. Mais il y a quand même 5000 travailleurs et ce
n'est pas de gaieté de coeur que 5000 travailleurs décident de
sacrifier leur salaire pendant des semaines. Ils font eux aussi des sacrifices.
S'ils ont décidé d'arrêter de travailler, c'est qu'ils
croyaient qu'ils avaient de très bonnes raisons. Disons qu'il y avait
une très grande inquiétude qui existait et qui existe encore
parmi les cols bleus de la ville de Montréal avec toutes ces
perturbations qu'on a connues depuis un an.
M. Girard dit que tous les autres syndicats l'ont accepté. Bien
oui, les autres syndicats n'ont pas été aussi touchés que
le groupe des cols bleus de la ville de Montréal. Bien sûr qu'il y
a eu des mutations, bien sûr qu'il y a eu aussi des auxiliaires parmi les
cols blancs qui ont été renvoyés, mais, comparativement
parlant, il n'y en a pratiquement pas eu, tandis que les cols bleus ont
été durement affectés et ils étaient plus
inquiets.
Nous aussi, on pourrait démontrer que nous avons
été de bonne foi. Pendant la durée de la convention
collective, M. le maire nous a demandé d'exclure, par exemple, le
restaurant Hélène-de-Champlain. Il voulait le rouvrir et ne
voulait pas le faire en se servant des employés de la ville qui
étaient régis par la convention collective des cols bleus et cela
a pris un peu de temps. Je pense qu'on peut dire...
M. Drapeau: Deux ans et demi.
M. Laberge: Non, vous charriez un peu. Cela n'a quasiment pas
pris plus de temps que les Olympiques.
Cela a pris à peu près un an et demi. On ne s'obstinera
pas longtemps là-dessus, cela n'a pas d'importance, cela a
été long, mais c'était quelque chose, n'oubliez pas que
demander à des travailleurs de laisser aller un groupe qu'ils ont sous
leur juridiction, c'était dans la convention collective. Finalement, on
en a convenu et on a demandé, avec la ville de Montréal,
d'exclure ces gens de la convention collective afin de permettre à la
ville de Montréal de rouvrir le restaurant
Hélène-de-Champlain.
Je ne veux pas que personne décide de donner de médailles
au syndicat des cols bleus pour ça, mais c'est simplement pour vous
dire, même si ce n'était pas facile à faire, que les cols
bleus ont accepté de le faire. Cela prend beaucoup d'explications
vis-à-vis des travailleurs qui voient déjà leur nombre,
dans sa totalité, diminuer de semaine en semaine. (10 h 45)
Pourrais-je vous dire que, dans des situations normales, il y avait 1500
ou 1800 employés auxiliaires. C'était une protection pour les
permanents parce qu'ils savaient fort bien que, lorsqu'il arrivait quelque
chose, c'étaient les auxiliaires qui étaient mis à pied en
premier et eux n'étaient pas dérangés dans leurs
fonctions. Mais il reste beaucoup moins d'employés auxiliaires. Il n'en
reste presque plus. Et c'est pour cela qu'ils sont plus inquiets.
Encore une fois, je tiens à dire que ce n'est agréable
pour personne. Le conflit a duré trop longtemps, le ministère du
Travail a fait des efforts pour rapprocher les parties. Je pense qu'en fait,
les parties se sont rapprochées. Par exemple, on n'a pas fait un voyage
inutile à Québec. Pour la première fois, je pense que
Réjean et Henri viennent d'entendre une offre qui n'avait pas encore
été faite en négociation, c'est-à-dire que, dans le
cas du paiement du salaire pour les employés accidentés, cela
couvre aussi maintenant ceux qui sont victimes de maladies professionnelles. La
première fois qu'on en a discuté, c'était hier. Ils n'en
avaient pas entendu parler. Nous ne sommes pas des sourds, nous autres.
Vous voyez, ce n'est pas inutile. Il y a encore un petit pas de fait.
C'est le maire qui m'a appris que Saint-Exupéry avait dit que ce qui
compte, c'est de faire un pas.
M. Drapeau: Et un autre, et un autre.
M. Laberge (Louis): On a fait un pas, et un autre et un autre.
Mais, de toute façon, M. le Président, je pense que, pour les
points de détail, je vais laisser le président du syndicat nous
donner ces points, parce qu'il est beaucoup plus familier que moi dans ce
domaine.
Le Président (M. Jolivet): M. Gauthier. M.
Réjean Gauthier
M. Gauthier (Réjean): Je vous remercie, M. le
Président. Je remercie mon confrère Louis Laberge qui a
très bien énoncé...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, pour le
journal des Débats, pourriez-vous vous identifier?
M. Gauthier: Réjean Gauthier, président du local
301. Je remercie donc M. Laberge, président de la FTQ, qui a très
bien présenté la situation. Je ne ferai pas non plus un
résumé du déroulement des négociations puisque M.
le ministre l'a aussi très bien fait. Je vais me reporter au 16 mars,
jour où les 5000 travailleurs cols bleus de la ville de Montréal
rejetaient le rapport de médiation, même si le rapport de
médiation a tenu compte de plusieurs objectifs syndicaux et qu'à
l'intérieur de ces objectifs, ce n'est pas dans leur ensemble qu'ils ont
été retenus, sur des sujets qui nous tenaient à coeur et
qui faisaient foi de la raison d'une convention collective, de la
sécurité au travail, de la mobilité, qu'on ne voulait pas
assumer. Ce point litigieux a quand même été tranché
par le rapport de médiation.
Il n'en demeure pas mois que les 5000 travailleurs s'étaient
aussi donné d'autres objectifs syndicaux qu'ils avaient autant à
coeur et qui n'ont pas été retenus dans le rapport de
médiation. C'est la raison pour laquelle le rapport de médiation
a été rejeté.
Les cinq points qui demeurent en suspens, qui ont
nécessité des rencontres depuis dimanche, des rencontres ardues
et tard dans la nuit, je vais vous les citer:
L'assurance collective, l'assurance-vie-médi-caments. Je vais
citer les points qui demeurent en suspens et le porte-parole syndical, à
la table de négociation, va compléter ces points-là.
Donc, l'assurance collective, qui fait partie d'un des principaux
objectifs des 5000 travailleurs de la ville de Montréal.
Il y a aussi un autre élément très humanitaire qui
fait aussi l'objet d'une des principales revendications, c'est la
rétrogradation médicale en cas de maladie.
Troisième point tout aussi important que les deux premiers:
Compte tenu des années d'ancienneté que la grosse majorité
des travailleurs a cumulées depuis des années et aussi compte
tenu de révolution du coût de la vie d'année en
année, c'est l'indexation du fonds de retraite, compte tenu surtout du
fait que, durant les cinq prochaines années, au-delà de 1000
travailleurs cols bleus devront prendre leur retraite.
Il y a aussi, comme quatrième point, le fait que, depuis les
dernières années, de 7200 employés cols bleus que nous
étions, nous en sommes à 5400 aujourd'hui. Cette
hémorragie, on veut qu'elle arrête un jour, compte tenu du fait
que nos emplois profitent à d'autres groupes qu'à celui auquel
j'appartiens. On veut que les sous-contrats fassent partie de nos objectifs
syndicaux, un des points les plus importants de l'ensemble des 5000
travailleurs.
Compte tenu aussi de l'évolution du coût de la vie, du
pouvoir d'achat qui diminue de convention collective en convention collective
plutôt que d'augmenter, compte tenu aussi de la masse sala-
riale qui faisait partie de l'augmentation offerte par l'administration
municipale actuelle, compte tenu aussi de l'économie de la ville de
Montréal et sûrement du budget, on a voulu diminuer les
écarts des groupes de salariés par rapport aux autres. On n'a pas
voulu avoir une augmentation de salaire supérieure aux autres, on veut
tout simplement que, dans une prochaine négociation, on soit en mesure
de se rapprocher, si peu soit-il, dés autres groupes à la ville
de Montréal. On a soumis une formule qui aurait agi de la sorte sans que
l'employeur soit obligé de donner un cent de plus à ce qu'il nous
avait offert lors de la négociation.
Quant au maintien du pouvoir d'achat, on a toujours énoncé
que les cols bleus avaient cette sécurité-là, on a voulu
aussi que cela fasse foi dans la prochaine convention collective. On a aussi
demandé à l'employeur que les augmentations de salaire et
l'indexation du salaire soient rétribuées au taux horaire et non
au taux moven horaire.
Finalement, quand ces cinq points-là feront partie de notre
convention collective, il en demeure un qui sera le complément de
l'ensemble, le protocole de retour au travail pour maintenir, pour
améliorer surtout les relations de travail qui existent à la
ville de Montréal.
Je laisse donc la parole à Henri Massé, porte-parole
syndical, qui fera un résumé plus complet des cinq points qui
demeurent toujours en suspens.
Le Président (M. Jolivet): La parole est à M.
Massé.
M. Henri Massé
M. Massé (Henri): Je vais passer rapidement sur les points
qui sont en suspens.
Pour les sous-contrats que la ville de Montréal accorde à
l'entreprise privée, on a présentement une clause dans notre
convention collective qui dit que les contrats forfaitaires, les travaux qui
sont faits en tout par les cols bleus de la ville de Montréal
continueront d'être faits en tout, les travaux qui sont faits en partie
par la ville de Montréal continueront d'être faits en partie.
Le problème majeur, c'est que ce n'est pas défini que ce
qui est fait en partie continuera d'être fait en même partie; si
bien que, dans les quatre, cinq ou six dernières années et encore
dans les deux dernières années, la ville de Montréal a
augmenté considérablement l'octroi de contrats à
l'entreprise privée; ce qui nous a fait perdre des emplois et ce qui
fait en sorte que des employés de métier
spécialisé, par exemple, se retrouvent dans des fonctions de
journalier ou des fonctions non spécialisées.
Ce qu'on demande tout simplement au niveau syndical, c'est de maintenir
en même partie ce que la ville faisait en partie. La ville a fait des
déclarations publiques à ce sujet, à savoir qu'il
n'était pas question de diminuer les sous-contrats. Elle a
distribué des feuillets à tous les membres cols bleus leur disant
qu'il n'était pas question d'augmenter les sous-contrats. Tout ce qu'on
lui de- mande, c'est de préciser, dans un texte clair de la convention
collective, qu'on continuera de faire en même partie ce qui était
fait en partie.
Au niveau du mécanisme d'indexation de la caisse de retraite qui
aurait pu faire l'objet d'une entente de principe, mercredi à 3 heures,
le seul point qui demeure en litige, c'est d'intégrer le texte dans la
convention collective plutôt que d'avoir une lettre d'intention, comme
nous le soumet la ville de Montréal.
Au cours des dernières négociations, les
négociations de 1977-1978, ou d'autres négociations
antérieures, la ville a toujours refusé de négocier sur le
fonds de retraite. Lorsqu'on est arrivé au niveau de la conciliation au
ministère du Travail, la ville s'est même permis de dire aux
conciliateurs que le fonds de retraite n'était pas négociable
parce que couvert par un règlement du fonds de retraite. Plusieurs
employeurs ont des règlements de fonds de retraite, comme celui
d'Hydro-Qué-bec, entre autres, qui est régi par un projet de loi
privé. Elle s'est permis de négocier avec son syndicat le fonds
de retraite. Tout ce qu'on demande, c'est un mécanisme dans la
convention collective pour dire que le fonds de retraite fait partie de la
convention et qu'il sera indexé. On s'entendra sur la formule de partage
des coûts pendant la durée de la convention.
On ne peut se satisfaire, après six semaines de grève,
d'une lettre d'intention parce que, pour tous les grands problèmes
majeurs qu'on a connus au cours des années passées où on a
eu des lettres d'intention, on s'est rendu compte que ces lettres d'intention
n'avaient pas été respectées pour différentes
raisons. Entre autres, en 1965-1966, on avait une lettre d'intention sur le
transport des vidanges où la ville, où M. Saulnier nous disait
qu'il ferait faire le transport des déchets par les employés
manuels de la ville et qu'on achèterait au fur et à mesure des
camions pour le faire. C'est l'inverse qu'on a connu.
On a eu aussi un grand problème en 1972, en 1974, avec la
communauté urbaine, concernant l'entretien de la flotte des
véhicules automobiles.
A ce moment, le Conseil de sécurité de la
communauté urbaine nous donnait une lettre d'intention disant que
l'entretien de la flotte de véhicules automobiles continuerait
d'être fait par les employés cols bleus de la ville de
Montréal. Aujourd'hui, et depuis 1977, c'est fait complètement
par l'entreprise privée. C'est pour cela qu'on ne peut pas accepter,
à ce stade-ci une lettre d'intention.
Au niveau de la rétrogradation médicale, on a une
cinquantaine d'employés par année qui sont
rétrogradés parce qu'ils ne sont plus capables de remplir leurs
fonctions, soit à la suite d'une maladie industrielle ou d'un accident
du travail. On sait qu'on a plus de 2000 cas d'accidents du travail par
année à la ville de Montréal; il y a eu plus de 321 000
heures de pertes en 1978-1979. On a plusieurs rétrogradations qui sont
touchées directement à cause des accidents du travail. Dans le
cas de maladie aussi, que ce soient des problèmes cardiaques ou autres,
ce qu'on demande à la ville de Montréal, c'est que
l'employé conserve son
groupe de salaire lorsqu'il est rétrogradé pour une raison
médicale.
La ville de Montréal nous a fait une proposition en reliant cela
au régime d'accidents du travail, lorsqu'un employé est sous le
régime d'accidents du travail. La demande qu'on fait à la ville
à l'heure actuelle peut se chiffrer, au niveau de la
rétrogradation médicale, aux alentours de $30 000 à $40
000 par année. Pourquoi ne pas accepter la proposition de la ville? Ce
qu'elle nous demande en retour, c'est une concession qui pourrait se situer
entre $200 000 et $500 000. C'est un texte qu'on- nous a soumis mercredi soir
à la dernière minute. Il faudrait, pour évaluer la demande
de la ville, des économistes, des actuaires pour vérifier les
données. On a dit à la ville qu'à ce moment-ci des
négociations on ne pouvait s'engager dans un tel processus sans
connaître la portée et la valeur réelle de sa demande. On
ne voudrait pas, à ce moment-ci des négociations, laisser tomber
des bénéfices qui représentent entre $200 000 et $500 000
pour une demande qui en coûte $40 000 à la ville.
De toute façon, ce qu'on dit au niveau de la
rétrogradation médicale, c'est qu'une cinquantaine
d'employés par année sont durement frappés. Cela ne
devrait pas être une question d'argent, mais une question de principe.
Ces employés subissent, même à leur retraite, les
inconvénients de la rétrogradation médicale. Si un
électricien, par exemple, qui est dans la classe 16, est
rétrogradé dans le groupe 2, après vingt ans de service,
cela veut dire que même à la retraite, puisque la retraite est
calculée d'après les dernières années, il est
pénalisé. Ce n'est pas normal parce que, dans bien des cas, il a
subi cette incapacité à la suite d'un accident du travail ou
à cause des mauvaises conditions de travail.
Au niveau de l'assurance collective, il y avait entente de principe
entre la ville et le syndicat, sauf qu'il faut souligner à ce moment que
la ville va participer à notre régime d'assurance collective,
mais on a pris cet argent à l'intérieur même du rapport du
médiateur sur nos bonis d'ancienneté, sur les salaires et sur
d'autres bénéfices qui étaient prévus. Donc, la
proposition que la ville nous fait sur l'assurance collective de nous verser
$225 000 par année, on l'a tout simplement enlevé sur d'autres
bénéfices. (11 heures)
Au niveau des salaires, ce que le syndicat a exigé et exige
encore, c'est une répartition de la masse salariale sur la
deuxième année autrement que la ville nous l'offre.
La politique salariale de la ville de 9%-9%-9%, qu'elle a offerte
à ces différents groupes, défavorise les employés
cols bleus de la ville de Montréal, parce qu'on est le groupe qui a le
salaire moyen le plus faible. L'augmentation de 9%-9%-9% donnerait, pour la
première année de (a convention, aux employés cols bleus
$0.68 l'heure en moyenne, aux cols blancs, $0.825; aux ingénieurs $1.64
l'heure; aux contremaîtres $0.99; aux professionnels $1.30; aux pompiers
$1.07 et aux policiers au-dessus de $1.25 l'heure.
Ce qu'on demande, nous, c'est qu'à l'intérieur des
mêmes 9%, on réaménage autrement la masse salariale et on
est prêt à y aller en deux augmentations au cours de la même
année, afin d'aller chercher quelque $0.30 de plus pour diminuer
l'écart avec les autres groupes et aussi pour maintenir la parité
avec nos confrères de la CTCUM, les gens qui s'occupent de l'entretien
à la CTCUM.
On a toujours eu la parité avec ces gens-là, et, comme ils
ont prolongé cette année leur contrat de six mois et qu'ils
finissent en même temps que nous, ils ont obtenu, pour ces derniers six
mois, une augmentation de 4%. Il faudrait absolument avoir une augmentation de
$0.30 l'heure pour maintenir notre parité avec ces gens-là.
Encore là, on le dit: On était prêt à faire des
concessions dans les dernières minutes de la médiation et de la
conciliation pour aller chercher une solution à l'intérieur de la
même masse salariale.
Enfin, il y a le problème de... On nous dit: On a
réglé avec d'autres groupes d'employés à la ville.
Ce qu'on veut soumettre, c'est que la plupart des demandes qu'on maintient
encore en suspens, ça touche un groupe bien particulier, ça
touche surtout les plus vieux employés à la ville de
Montréal, que ce soit l'assurance-santé, que ce soit l'indexation
du fonds de retraite; ces problèmes touchent les plus vieux
salariés et, au niveau des cols bleus, on est le groupe qui a les
conditions de travail les plus difficiles. On est le groupe qui a la moyenne
d'âge la plus élevée, parce que les employés doivent
d'abord travailler cinq, six, sept, huit ans comme employés auxiliaires
avant de devenir titulaires.
Enfin, le dernier point, qui est le protocole de retour au travail
où il n'y a pas eu d'entente et qui est encore en suspens, on demande
que la grève ne constitue pas une interruption de services et ça,
on retrouve ça dans tout bon protocole de retour au travail. On demande
que les employés qui ont été malades ou accidentés
oui qui étaient malades ou accidentés avant le début de la
grève et qui ont perdu leurs prestations pendant la durée de la
grève reçoivent ces prestations. On a même des cas de
cardiologie, des gars qui ont été opérés à
coeur ouvert quatre ou cinq jours avant la grève et qui se sont vu
couper leurs prestations de congé de maladie durant la grève.
On demande enfin qu'il n'y ait pas de mesures disciplinaires
imposées pour différentes activités afférentes
à la grève. Ce qu'on dit, c'est que s'il y en a qui ont commis
des actes répréhensibles selon les tribunaux, on va laisser les
tribunaux les juger. Ce n'est pas à la ville de les juger.
Le Président (M. Jolivet): M. Laramée, deux
minutes.
M. Roger Laramée
M. Laramée (Roger): Deux petites minutes. M. le
Président, M. le ministre, M. le maire, M. le président de la
FTQ, chers confrères, j'ai entendu M. le maire parler tout à
l'heure de bonne foi et je pense
que la partie syndicale a manifesté, tout au cours de cette
très longue négociation, une très bonne foi, et plusieurs
fois aussi. D'abord, le fait qu'on ait négocié, qu'on ait
commencé les négociations de façon
prématurée en juillet, six mois avant, est une demande du
syndicat pour essayer d'éviter d'entrer dans des délais et
d'arriver dans un cul-de-sac au début de l'année.
Je voulais surtout relever un point que M. Girard a apporté en
disant: Nous avions une entente mercredi dans le courant de la journée,
le syndicat l'a rejetée. Si le syndicat a rejeté l'entente, c'est
que la ville est revenue sur un des points fondamentaux des demandes de la
partie syndicale sur l'indexation à la caisse de retraite. Nous avions
la parole des employeurs que ce point-là était
réglé et incorporé à la convention collective de
travail. Cela a été évidemment un point qui a
été très longuement discuté et contesté par
les 90 délégués syndicaux du local 301 durant la nuit de
mercredi à jeudi qui a précédé l'assemblée
générale.
Je pense que ce n'est pas une façon de traiter en relations du
travail que d'offrir quelque chose et de revenir ensuite sur cette position. On
parle d'entente de principe à une table de négociation. Si on
avait fait ça durant le front commun, si on avait fait ça durant
la plupart des négociations que j'ai connues depuis quinze ou vingt ans,
on aurait eu des conflits qui auraient perduré pendant des mois et des
mois. Il y a des points bien précis qui ont été
établis par la partie syndicale. Nous sommes bien disposés
à la négociation. On n'accuse pas la ville de mauvaise foi. Il y
a peut-être eu des erreurs de commises. Celle que je viens de mentionner
en est une majeure.
Je pense qu'on ne doit pas, en négociation dans un conflit aussi
important, faire une erreur aussi monumentale que celle-là. Nous sommes
ouverts à la négociation et en tout temps; pendant la commission
parlementaire, on est ouverts aux échanges et, à la suite de la
commission parlementaire, nous informons le gouvernement et la ville de
Montréal que nous sommes prêts à les rencontrer jour et
nuit pour tenter de trouver un règlement. Au SCFP, on n'a jamais
négocié de grève, pas plus à la ville de
Montréal que dans d'autres secteurs.
Le Président (M. Jolivet): M. le maire. Discussion
générale
M. Drapeau: M. le Président, je pense que tout ce
débat aura peut-être permis de constater une chose. Le dernier
intervenant a fait la confirmation de ce que j'avais dit. Nous étions
très près, il y avait un point apparemment qui a fait rater tout
le règlement.
Un autre intervenant a dit: "Nous tenons à tout ce que nous avons
demandé".
Je formulerais la suggestion suivante, assuré que mes
collègues du comité exécutif et que nos directeurs
adjoints et autres collaborateurs des services municipaux l'acceptent,
puisqu'il en a déjà été question. Pourquoi alors ne
pas recourir à la formule d'arbitrage sur l'ensemble de toutes les
questions déjà posées par les syndicats,
déjà posées par la ville, au lieu de tenter de transformer
cette commission en négociation, en négociateurs? Nous
souhaiterions, nous serions prêts à l'accepter, nous formulons la
suggestion qu'il y ait un conseil d'arbitrage suivant les lois ordinaires du
Québec. Il en avait été question la journée du
débrayage, mais, à ce moment-là, psychologiquement,
j'admets que c'était peut-être un peu tard. Bon, mais c'est pour
dire que ce n'est pas une formule nouvelle; j'avais suggéré, dans
l'après-midi du débrayage du 12 février, que ça
pourrait peut-être se régler par l'arbitrage.
Psychologiquement, j'admets que l'on n'a pas discuté longtemps
parce que cela ne semblait pas... Psychologiquement, la température
n'était pas favorable. Nous y sommes revenus dans la lettre que j'avais
écrite au ministre, tentant de rapprocher sa formule le plus possible de
l'arbitrage. Je dis: Pourquoi ne pas confier tout le problème depuis le
début à l'arbitrage et la ville acceptera la décision du
conseil d'arbitrage? C'est tout à fait dans notre ligne de pensée
depuis le début et je crois que continuer les négociations, quand
on est venu si près de régler et qu'on dit que le seul point qui
restait, le maire est revenu sur son entente... Le texte que j'ai fait parvenir
à la connaissance du négociateur du syndicat et du
médiateur était le suivant, au sujet du fonds de retraite,
puisque c'est de ce point-là qu'on parle et que c'était le point
qui, ne se réglant pas, a fait échouer tout le règlement.
Je disais: "Comme il n'est pas question du fonds de pension dans la convention
collective de travail, mais dans un règlement" il y a une
différence; la convention de travail, c'est accepté, signé
par le comité exécutif; un règlement, tout le monde le
sait, c'est adopté et modifié par le conseil municipal "il
ne peut être question de modifier le règlement ni de tendre
à le modifier par une disposition de la convention collective". Cela
nous paraissait clair. "C'est donc sur le règlement et sur l'amendement
au règlement du fonds de pension que l'entente doit porter. Le
comité exécutif de la ville de Montréal m'autorise
à vous donner l'assurance qu'il recommandera au conseil municipal
l'adoption d'un projet d'amendement sur lequel les deux parties se sont
déclarées d'accord, en suivant la procédure suivante: Les
parties s'engagent à étudier conjointement c'est le texte
qui a été accepté par les autres syndicats pendant
la durée de la convention, la mise au point d'un mécanisme
d'indexation des pensions. A cette fin, les parties s'échangeront tous
les renseignements nécessaires ou utiles pour permettre à leurs
actuaires, économistes et comptables de faire les vérifications
et études appropriées.
Les travaux de cette étude conjointe incluent le réexamen
des divers avantages accessoires aux fins de faciliter le cheminement de
l'étude vers une formule ou un mécanisme d'indexation acceptable
aux deux parties. Un mécanisme d'indexation ne pourra entrer en vigueur
que du con-
sentement des parties sur la formule du partage des coûts".
C'est par ce texte-là qu'on vient dire ici et qu'on a dit
ailleurs que le maire avait retiré une entente de principe. D'où
vient cette distinction? Elle vient de ceci. Dans le texte, nous disons: Les
parties s'engagent à étudier, et le syndicat voulait dire: Les
parties s'engagent à négocier. La différence entre la
négociation et l'étude, c'est que la négociation est
soumise à l'arbitrage et, en aucun cas, la question de pension n'est
soumise à l'arbitrage. On ne voulait pas laisser entrer cette
distinction dans ce cas-là qui aurait créé un
précédent qui influerait ensuite sur toutes les conventions, les
18 conventions de la ville. Nous voulions employer le même vocable ici
que dans les autres cas.
Pour aller plus loin, pour témoigner de notre bonne foi, encore
une fois, et de notre effort sérieux en vue d'un règlement,
puisqu'on semblait tenir au mot "négocier", on a dit: S'il faut employer
le mot "négocier", on va mettre cela dans un document
séparé et on va dire que ce document ne fait pas partie de la
convention. C'est cela qui a été dit dans un autre texte. Ou bien
on met dans la convention le texte que je viens de lire où il est dit
"s'engage à étudier..." Ou on s'engage à négocier,
mais dans un document qui n'entre pas dans la convention, parce qu'aucune de
nos conventions ne parle de négocier, mais parle d'étudier.
Toute l'économie des textes de relation de travail entre
l'employeur, et cela ne comporte pas seulement la ville, je dois dire que la
communauté urbaine aussi... alors, des diverses clauses que nous
discutons dans le moment, il faudrait qu'elles soient acceptées
également par la communauté urbaine. Or, nous savons, par les
représentants mandatés par la communauté urbaine, qu'il
n'est pas question d'une autre formule que de celle où nous donnons le
choix. Nous employons le mot "étudier" et nous entrons le texte dans la
convention, ou nous étudions le mot "négocier" et nous faisons un
accord séparé, qui n'entre pas dans la convention, qui n'est pas
déposé, donc qui jamais ne pourra être sujet à
l'arbitrage, pour que ce cas-là soit exactement de la même nature
juridique que tous les autres contrats pour lesquels la ville n'a pas eu de
difficulté.
Si on confirme que c'est le seul point qui a fait rater le cheminement
d'un règlement ou le règlement, je dis: Choisissons entre les
deux. Ou bien, je reviens à ma formule de tout à l'heure, si l'on
veut rediscuter tous les points soulevés depuis le mois de juillet
dernier, nous suggérons l'arbitrage et la décision liera les
parties. Est-ce que la bonne foi de la ville peut être plus
évidente que cela?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, d'abord, je voudrais
remercier M. Laberge, M. le maire, M. Girard, M. Laramée, M. Gauthier,
M. Massé. J'aurais peut-être quelques questions à poser.
D'abord, une première remarque, quant à l'exposé de M.
Girard. Il a fait allusion au fait que le médiateur avait oublié
la clause 19.22 dans son rapport de médiation. J'espère qu'il a
soulevé cela comme un détail et non pas comme un vice
fondamental, compte tenu du fait que la ville avait une cinquantaine de
demandes et le syndicat à peu près 75 et 80 heures pour trancher
là-dedans. M. Girard devrait le savoir, parce que lui-même, dans
certains textes qu'il a été obligé de soumettre, il y
avait aussi certaines erreurs techniques en fin de course. Ce sont des choses
qui arrivent dans un processus de médiation.
Sur l'indexation, je pense que, sans entrer, encore une fois, dans les
virgules, les parties ici disent que ce qui a fait achopper ce
règlement, hier, c'est l'incapacité de s'entendre sur une clause,
non pas touchant l'indexation elle-même, contrairement à ce qu'on
aurait pu laisser entendre tout à l'heure, mais sur la façon d'en
arriver à définir un mécanisme d'indexation quel qu'il
soit, ce qui est le cas d'ailleurs d'Hydro-Québec et d'autres, où
l'indexation n'est pas nécessairement l'indexation au coût de la
vie, mais c'est une formule, qui en cours de route a été ou
négociée ou entendue, etc. (11 h 15)
Le problème vient, entre autres, de l'interpré-tion
juridique et, encore une fois on ne peut se transformer ni en cour de justice,
ni en contentieux, ici. Le problème vient aussi du fait de l'existence
ou pas, dans des conventions collectives, de clauses qui touchent la
façon d'en arriver à une formule d'indexation par voie de
négociation. Je vais poser la question peut-être à M. le
maire ou à M. Girard, qui est au dossier: Est-ce que ça existe
ailleurs, dans des conventions collectives, un texte semblable à celui
de la lettre que m'a envoyée le maire, le 19 mars, qui commence par les
mots: "Quant au fonds de pension, la ville s'engage à négocier
conjointement avec le syndicat pendant la durée de convention,"
etc.?
Est-ce que ce type de clause existerait dans des conventions ou dans des
lettres d'entente, M. Girard?
M. Laberge (Louis): Dans des conventions.
M. Johnson: Je pose la question du côté de la ville,
je vous en prie, M. Laberge.
M. Girard: En fait, à la ville de Montréal, chaque
fois qu'on a accepté de discuter ou de négocier le fonds de
retraite, nous l'avons toujours fait en dehors des conventions collectives. Il
y a effectivement des ententes avec d'autres syndicats pour discuter de ces
questions. Dans la convention collective des cols blancs, entre autres, et dans
celle des contremaîtres aussi que nous venons de régler, il est
prévu que nous allons réviser l'ensemble des avantages
accessoires, sans spécifier le fonds de retraite d'une manière
précise. C'est sûr qu'un fonds de retraite, cela entre dans les
avantages accessoires. Par conséquent, c'est un comité
d'étude qui est prévu dans
la convention collective et ça confirme ce que le maire a dit, il
n'y a aucune objection à ce que les parties étudient la question,
mais nous avons des objections à ce que le fonds de retraite puisse
faire l'objet de négociations au même titre que les salaires,
compte tenu qu'il y a un règlement municipal qui traite de cette
question.
M. Johnson: Vous ne répondez pas tout à fait
à ma question, M. Girard. Ce que je demande, c'est si, à votre
connaissance, comme négociateur, des clauses traitant de la
négociabilité d'une formule d'indexation existent dans des
conventions collectives municipales, sous forme carrément d'un texte qui
dirait à peu près ce que dit la lettre que me faisait parvenir le
maire, mais intégré à la convention ou sous forme de
lettre d'entente annexée à la convention. Est-ce que ça
existe, à votre connaissance?
M. Girard: A ma connaissance, dans la région de
Montréal, ça n'existe pas, mais je ne prétends pas avoir
une connaissance parfaite de tout ce qui se passe. A ma connaissance, je ne
crois pas que ça existe. Je sais, pour répondre à votre
question, que dans plusieurs conventions collectives le fonds de retraite est
un objet de négociation, mais les entreprises où cela existe ne
sont pas prises avec un règlement municipal comme chez nous.
M. Johnson: Je voudrais simplement, pour votre information et,
encore une fois, sans prétendre qu'on puisse trancher sur le fond, dire,
que dans les villes de Laval, Longueuil, LaSalle, Dorval, Sainte-Foy, Brassard,
Sillery et quelques autres en pratique, 13 municipalités sur 21
conventions recensées il y a certains types de clauses qui
touchent non pas l'indexation elle-même et je ne suis pas d'accord
avec ce que M. Gauthier dit dans sa façon de le présenter
mais qui touchent, comme sujet juridique, la négociation d'un fonds de
retraite qui fait lui-même l'objet d'un règlement municipal, parce
que les fonds de retraite des municipalités, en général,
font l'objet d'un règlement municipal.
Encore une fois, la distinction est de taille, cependant; la convention
collective ne prévoit pas le contenu du règlement; elle implique
l'obligation pour les parties de négocier une formule visant
elle-même à affecter éventuellement le fonds de retraite
qui fait l'objet, par définition, d'une réglementation. Sur le
plan statistique, c'est le genre d'étude qu'on aime rendre disponible
aux parties: on s'organise au ministère, depuis un an, de ce
côté. Je pense que du côté syndical comme patronal,
cela peut être utile pour qu'on s'entende bien sur les objets
discutés.
Du côté syndical, je poserais peut-être la question
à M. Gauthier, cependant. M. Gauthier, je pense que vous avez admis, et
j'ai entendu aussi le président de la FTQ tout à l'heure dire que
l'essentiel, ce qui faisait le coeur de la "bataille" des cols bleus,
c'étaient les problèmes posés par la mobilité, les
difficultés que représente pour les travailleurs d'accepter de
subir un régime de mobilité dans lequel ils perdent des usages
auxquels ils se sont habitués avec le temps quant à l'exercice de
leur métier, par exemple. Ce rapport, vous-même, comme le
président de la FTQ, vous nous dites: Le coeur du problème est
réglé, quant à nous, d'une façon raisonnable dans
le rapport de médiation.
Mais là, on nous parle d'autre chose. On nous parle des autres
objectifs syndicaux. Une négociation, c'est aussi, à un moment
donné, le fait qu'il faut qu'une partie accepte que c'est aussi donnant
donnant. On ne peut pas remplir et obtenir tous les objectifs syndicaux pas
plus que la ville de Montréal d'ailleurs qui a tenté, dans cette
négociation, d'obtenir des objectifs municipaux, si on veut. Il faut que
les parties acceptent quelque part que cela doit arrêter, et il ne faut
pas se mettre à établir des planchers constamment. Le rôle
du ministère, c'est de tenter d'aider les parties à se
rapprocher. C'est ce qu'on a fait là-dedans, et en conciliation et en
médiation. Mais "jacker" le plancher pour utiliser une expression
qui est bien connue dans les garages en particulier constamment,
à un moment donné, cela ne mène pas à un
règlement. Je voudrais qu'au moment où vous aurez à
quitter cette enceinte d'ici midi et demi, vous y
réfléchissiez.
Le Président (M. Jolivet): M. Laberge.
M. Laberge (Louis): M. le Président, si vous me le
permettez, nous sommes forts conscients de cela. Je pense que, pour tous les
syndicats affiliés à la FTQ, on a toujours tenté de les
avoir, ces ententes. Cela n'a pas toujours réussi, je le concède.
Mais n'empêche que je pense que c'est reconnu dans tous les milieux que,
lorsque nous négocions, nous négocions pour en arriver à
une entente. On n'essaie pas de faire durer des conflits pour le plaisir de la
chose.
Comme M. le maire disait tantôt, et M. le maire, avec tout le
respect que je vous dois, vous insistez un peu trop sur la bonne foi de la
ville, on ne l'a jamais mise en question, on n'a pas dit que la ville
était de mauvaise foi, on n'a pas dit cela. Mais cela prend deux parties
pour faire une entente et cela prend deux parties pour faire une chicane. Il
n'y a jamais personne qui se chicane longtemps tout seul.
Mais, au cours de la semaine, il s'est passé des choses. C'est
vrai, ce que M. le maire a dit, dans l'essentiel, on ne s'enfargera pas dans
les fleurs du tapis, c'est venu très près, très
près. Mais, à un moment donné, il y a quelqu'un qui a eu
la bonne idée de dire qu'il y avait une assemblée
convoquée pour le jeudi matin. Ce n'était pas le syndicat. En
fait, on a dû se virer vite et faire une assemblée
convoquée par le syndicat.
Une Voix: C'est la ville!
M. Laberge: Je ne dis pas que c'est la ville. M. le maire!
M. Johnson: C'est une assemblée qui a été
convoquée par les journalistes, si je comprends bien?
Une Voix: Surtout pas.
M. Laberge (Louis): Mais, de toute façon, le danger qu'il
y a, vous savez que lorsque une assemblée de membres, ce n'est pas tout
à fait comme une assemblée du conseil municipal.
M. Drapeau: Hélas!
M. Laberge (Louis): Je sais que vous avez une opposition
farouche, mais vous vous arrangez assez bien avec votre opposition.
Nous autres, il y avait 5000 travailleurs ou à peu près,
à l'assemblée. Le danger, quand on fait un rapport et que 5000
travailleurs disent non, ne vous imaginez pas que, le lendemain, on peut
revenir avec le même rapport et qu'ils vont dire oui. Ce n'est
malheureusement pas comme cela que cela fonctionne.
Je m'excuse si je m'éloigne un tout petit peu du sujet, mais je
pense que c'est important de dire cela. C'est pour cela qu'il y en a parfois
qui disaient: Comment se fait-il que vous ne retournez pas voir vos membres? Si
on retourne voir les membres dans un moment qui n'est pas propice, bien
souvent, cela vient de rendre la solution extrêmement plus difficile.
C'est un peu la situation dans laquelle on est: 5000 travailleurs en
assemblée qui commencent à regarder l'augmentation de 9% et qui
commencent à réaliser qu'un policier, cela va lui donner $1.25
l'heure d'augmentation, alors que, eux, cela leur en donne $0.60... Si la livre
de beurre a augmenté de $0.10, elle a augmenté de $0.10 pour le
policier, pas plus, et $0.10 pour un col bleu. C'est la même affaire.
Mais le col bleu, lui, a à peu près la moitié de
l'augmentation d'un policier.
Ce sont des choses dont se parlent les gens, lorsqu'ils sont en
assemblée. Ce sont des choses qui sont là, ce sont des choses qui
sont véri-diques. On a beau dire que c'est les mêmes 9%, mais 9%
pour un gars qui gagne $30 000, c'est deux fois plus que pour un gars qui en
gagne $15 000. Pas besoin d'être avocat, statisticien, économiste
ou n'importe quoi pour comprendre cela, cela se calcule très facilement.
C'est cela l'affaire.
C'est vrai qu'on est venu très près. Je pense que M. le
maire, qui a l'habitude du vocabulaire, c'est un homme aguerri, sait fort bien
qu'il y a toute la différence au monde entre étudier et
négocier. Je comprends que M. le maire ne veut pas être
"poigné" pour qu'à un moment donné, le fonds de retraite
soit décidé par un arbitre. On comprend cela.
Mais vous savez fort bien qu'il y a eu des commissions qui ont
étudié des patentes et qui ont étudié cela fort
longtemps. Cela ne mène jamais nulle part. Négocier, cela veut
dire que les parties doivent, de bonne foi, essayer de régler ce
problème.
Il y a un problème. La ville reconnaît qu'il y a un
problème. Le maire nous a même lu, hier je pense, l'extrait d'un
chapitre qu'il vous avait envoyé, M. le ministre, et que nous n'avons
pas, nous autres, mais, enfin, la ville reconnaît qu'il y a un
problème, la ville semble être intéressée à
essayer de trouver des solutions au problème.
C'est ce qu'on veut, sauf que dire "étudier" et dire cela de
façon un peu molle, on est rendu un peu loin pour cela. Il me semble que
ce n'est pas la fin du monde qu'on demande. Je comprends, M. le ministre, le
désappointement du ministère, vous avez fait tellement d'efforts
là-dedans, sauf qu'il y a quand même 5000 travailleurs qui, de
façon absolument spontanée et enthousiaste, ont dit non. C'est
5000 travailleurs. S'il y en a parmi vous qui pensent qu'ils peuvent faire un
meilleur job, ils seraient les bienvenus d'aller les rencontrer.
M. Johnson: Si vous permettez, juste brièvement, M.
Laberge. Il y a 5000 travailleurs, oui, c'est vrai. La négociation
collective, c'est cela et je pense que tous les membres de cette commission
sont conscients de cela. La ville de Montréal est consciente de cela.
Une négociation et l'exercice d'un droit de grève, c'est un
rapport de forces, mais le rapport de forces a ceci de particulier à la
ville de Montréal, c'est que cela touche les citoyens qui, en même
temps, soit dit en passant, sont ceux qui paient. Ils paient en termes
d'absence de services dont ils sont les victimes, à cause d'allongement
dans le temps de la grève et, deuxièmement, ce sont eux autres
qui vont payer la facture au bout. Il faut être conscient de cela. Les
employeurs, c'est aussi un peu tous les contribuables de Montréal.
Enfin!
M. Laberge (Louis): On est habitué à payer bien des
factures à Montréal.
M. Johnson: Oui, je sais cela. Tout le monde paie bien des
factures à Montréal, pour le présent comme pour le
passé, mais c'est pour cela que j'ai de la difficulté, M.
Laberge, à me contenter simplement de discours: Oui, on va essayer d'en
arriver à une entente, etc. On peut faire un bout, mais il faut que les
travailleurs... Oui, mais il y a aussi les tiers, cela s'appelle le monde.
Quant à moi, cela veut dire qu'il va falloir que quelqu'un s'en
préoccupe. Je suis sûr qu'il n'y a personne qui se ferme les yeux
là-dessus, ni au SCFP, ni au bureau du maire de la ville de
Montréal. Tout le monde est bien conscient de cela. C'est beau d'en
être conscient, mais il faut faire quelque chose. Faire quelque chose,
c'est régler.
Je voudrais juste vous amener, ce matin, le plus possible à
comprendre que, si cette commission est convoquée, c'est parce qu'elle
veut vous faire sentir, de part et d'autre du Parlement, le sentiment d'urgence
qu'on a et d'imminence nécessaire d'un règlement à la
ville de Montréal pour les citoyens de Montréal. Dans ce
contexte-là, on espère que vous allez y réfléchir
solidement, d'ici pas longtemps.
M. Laberge (Louis): Pourrais-je ajouter deux mots, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. Laberge.
M. Laberge (Louis): Si vous me permettez, je vais être
très bref. On est fort conscient de cela. On sait fort bien que vous
n'avez pas décidé de convoquer la commission parlementaire juste
pour le plaisir de nous voir la fraise. C'est bien sûr. On est fort
conscient de cela.
M. Johnson: M. Laberge, disons que le pire des règlements
vaut la meilleure des lois spéciales.
M. Laberge (Louis): On est fort conscient de cela. Si c'est vrai
que c'est dangereux que la commission parlementaire du travail devienne une
espèce de supercomité de négociation avec tout ce que cela
pourrait entraîner, il est aussi vrai, M. le ministre et M. le
Président, que, de l'autre côté, si vous réglez
toujours par des lois spéciales, ce n'est pas non plus un encouragement
pour ces gens à négocier et à trouver des ententes. L'un
est aussi vrai que l'autre. J'espère que tout le monde est aussi
conscient de cela.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement, j'aurai quelques questions à poser. Même si, ce
matin, conjointement, tout le monde a convenu qu'on ne devait pas ramener le
débat à un débat de négociation, on a passé
proche d'en arriver à la négociation à partir des
questions de fond qui ont été soulevées et qui ont
été abordées. C'est sur le bord, comme dirait le
ministre.
J'ai été heureux de constater que le débat est
assez serein jusqu'à maintenant; on a déjà vu pire que
cela. On est dans une situation où le portrait est à peu
près le suivant: On a une grève qui dure depuis quarante jours.
Les travailleurs ont exercé un droit qui leur appartient, un droit qui
est légitime, un droit qui est prévu dans nos lois et qui fait
partie des règles du jeu de négociation de conventions
collectives. (11 h 30)
Comme je disais au début, dans une entreprise privée,
lorsque les parties sont en grève, la responsabilité du
gouvernement est limitée à faire valoir et à faire en
sorte que les mécanismes prévus au Code du travail fonctionnent
et que cela agisse.
Dans un conflit public comme celui qui nous occupe ce matin, la
responsabilité du gouvernement, des parties aussi, se situe et va vers
un autre niveau. Entre autres, ce matin, un élément qui a
été complètement absent dans notre débat, c'est le
public à Montréal qui a à souffrir, certaines
journées avec plus d'acuité que d'autres journées, des
effets de la grève. On n'en a pas entendu parler, ce matin. On n'a pas
abordé la question des services essentiels. On n'a pas abordé la
question des effets négatifs pour certains groupes de la
société. Sans vouloir dramatiser, tout le monde conviendra qu'une
grève qui touche 5600 travailleurs, les cols bleus de Montréal,
cela affecte particulièrement du monde à certaines
périodes. On n'a pas parlé non plus de la responsabilité
des parties, parce que les parties ont une responsabilité. Un syndicat,
comme le Syndicat canadien de la fonction publique, qui a une bonne
crédibilité selon moi, ne peut demeurer insensible à une
obligation comme celle-là, une obligation qu'il a, non seulement envers
ses membres, mais aussi envers le public en général, surtout dans
un contexte où le conflit est dans une municipalité, où
ces gens, somme toute, ne sont pas les employés de la ville, mais les
employés des citoyens.
La municipalité a une responsabilité aussi. Autant je peux
exprimer des réserves, personnellement, et ce, au nom de ma formation
politique, à l'égard d'une déclaration disant
qu'après 40 jours, c'est peut-être plus ou moins grave, on exerce
un droit légitime, etc, d'accord, mais on peut exprimer des
réserves autant on est en droit d'exprimer des réserves
à l'égard d'une position de la ville qui, elle aussi, a une
responsabilité non seulement budgétaire, mais une
responsabilité de service devant ses citoyens, quand on en est rendu
à discuter de l'effet ou de la différence du terme
"négocier" et "étudier". Quant à la responsabilité
des parties, malheureusement, dans le temps assez bref que nous avons ce matin,
jusqu'à 13 heures possiblement, on aurait pu en parler et on aurait pu
aborder la question une fois pour toutes; parce que trop souvent, dans des
conflits publics comme celui-là, ces questions ne sont pas
abordées et ne sont pas discutées.
Il y a eu des portes d'ouvertes, ce matin. Je comprends du conflit...
sans revenir sur le fond, et ce, à la lumière des
déclarations de M. le président, au lendemain du refus du rapport
Désilets, je vais citer la Presse du 15 mars dernier: "Tout en admettant
que le rapport Désilets répondait à plusieurs attentes
syndicales, notamment au chapitre de l'ancienneté, de la mobilité
de l'emploi, de la sécurité de santé et de la juridiction
syndicale, etc." Je suspends la citation et je reviens à la nouvelle du
journaliste. Je n'ai pas l'intention de leur imputer le motif... on n'impute
pas de motif, c'est de l'autre côté. Quand cela ne va pas bien et
quand cela n'est pas à leur goût, c'est de la faute-des
journalistes ou du fédéral. Je n'impute pas de motif, ni aux
journalistes, ni au ministre...
M. Johnson: En général, du
fédéral.
M. Pagé: "Le président, M. Réjean Gauthier,
demande et obtient à 80% un mandat clair pour retourner négocier
les questions touchant l'indexation du fonds de pension, la
rétrogradation médicale et l'assurance-groupe."
Le ministre du Travail, dans la Presse du 18 mars, je cite M. Johnson:
"Les cols bleus de Montréal ont eux-mêmes reconnu que le
médiateur, M. Raymond Désilets, leur avait donné
satisfaction pour l'essentiel de leurs revendications, c'est-à-dire en
ce qui concerne la sécurité d'emploi. Ils ont eux-mêmes
qualifié tout le reste d'accessoire ou de moins important... ce qui ne
signifie pas qu'il ne reste pas de problème de fond."
Je me dis qu'on a un conflit qui perdure, des gens sont affectés.
Pour l'essentiel, on peut dire
qu'il y a plusieurs points qui sont réglés par le rapport
de médiation. D'ailleurs, chapeau aux gens qui ont fait la
médiation. Ils ont fait un bon job. Aujourd'hui, on arrive et on cerne
le ou les points. D'ailleurs, cela a été cerné par vous
autres, mercredi dernier, parce que les deux parties conviennent et acceptent
que cela a passé proche, mercredi soir. Cela est passé tellement
proche qu'à un moment donné, le ministre est entré en
Chambre et, je suis pas mal convaincu je le connais assez bien, vous
savez, même si on n'est pas toujours d'accord j'ai cru percevoir
chez lui qu'il s'en venait avec une bonne nouvelle, mais heureusement, il ne
l'a pas annoncée trop vite. D'ailleurs, vous en convenez, cela est
passé proche.
On se retrouve aujourd'hui, et cela ne semble plus aller du tout. Il
reste encore des points de fond, etc. M. le maire, vous avez ouvert la porte de
l'arbitrage tantôt sur les points qui restent. C'est peut-être une
solution, quoique je sois un peu surpris de voir que cela vienne d'un
élu, parce que c'est, somme toute, laisser entre les mains d'un tiers,
une responsabilité à l'égard de laquelle, une ville ou un
élu est tributaire devant les électeurs en termes de piastres et
de cents. Cela me surprend, mais quand même, on l'accepte. J'aimerais
demander, soit à M. Gauthier, ou à M. Massé, ce que vous
répondez à cela?
M. Laberge (Louis): Si vous permettez, je viens de
vérifier avec M. le maire pour être bien sûr que tout le
monde comprend la même chose. M. le maire a suggéré un
arbitrage non pas sur les points qui restent, sur toute l'affaire. Nous
calculons que ce n'est pas une offre bien raisonnable surtout
particulièrement à ce moment-ci, après qu'il y a eu
tellement d'efforts de déployés de la part du médiateur du
ministère du Travail et des comités de négociation. Enfin,
c'est pour ça qu'on ne l'a pas relevé tantôt, mais nous
sommes conscients...
M. Pagé: Oui.
M. Laberge (Louis): ... qu'un conflit dans le secteur
privé et un conflit dans le secteur public, ce n'est pas la même
chose. Je pense qu'on l'a toujours démontré. Dans le secteur
privé, si les gars tombent en grève, ils perdent leurs salaires
et le "boss" perd son profit. Dans le secteur public, il n'y a que les
travailleurs qui perdent leurs salaires; les administrateurs ne perdent jamais
rien, eux. On est conscient que cela fait une grosse différence.
M. Laramée: Si vous permettez?
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. Laramée.
M. Laramée: Je voudrais répondre peut-être un
peu plus à la question du député de Portneuf.
On a vécu l'arbitrage dans le mouvement syndical avant 1964, dans
les secteurs public et parapublic, et on sait ce que cela a donné dans
le temps. Je ne peux pas concevoir que les parties ne puissent pas s'asseoir et
négocier honnêtement les cinq points qui restent à
négocier, plus le protocole de retour au travail. Je ne vois pas comment
un arbitre pourrait trancher la question et satisfaire les deux parties. Le
plus grand danger, dans un arbitrage sur les points qui demeurent en litige,
c'est que, justement, les deux parties ne soient pas satisfaites et qu'on
crée plus de problèmes, durant la vie de la convention collective
et sur les points imposés par l'arbitre, que si on pouvait
négocier et même concéder, de part et d'autre, des points
fondamentaux qui restent à régler. Ce ne sont pas des points qui
sont du charriage de la partie syndicale. D'une part, la rétrogradation
médicale, c'est une responsabilité sociale, je pense, envers les
employés de la ville de Montréal. Bon Dieu! On a reculé
dans les salaires à la ville de Montréal, comparativement
à d'autres groupes de salariés dans l'arrondissement de la ville
de Montréal et, plus particulièrement, pour les mêmes corps
de métiers à la Commission de transport de la ville de
Montréal, de $0.50 ou de $0.60 l'heure. On leur propose, dans la
troisième année ça, c'est fondamental pour nous
de nous permettre de récupérer un peu pour que les
travailleurs, les mécaniciens de la ville de Montréal puissent se
comparer un peu mieux avec les mécaniciens de la CTCUM. On dit:
A l'intérieur de la même masse salariale, M. le maire, M.
Perron, M. Girard, divisons cette masse en deux pour faire en sorte que le taux
horaire se rapproche un peu de celui d'autres salariés qui font
exactement le même salaire. Il me semble que ça pourrait
être compris.
Concernant la rétrogradation médicale, si quelqu'un a
passé 20 ans dans un secteur et que parce que peut-être et
je dirais même que j'en suis certain la ville n'a pas pris les
précautions nécessaires, le bonhomme a travaillé dans le
bruit pendant 20 ans et devient sourd, on va admettre que c'est raisonnable que
le bonhomme perde $1.25 l'heure parce qu'il est devenu sourd, à la suite
de son travail durant 20 ans? Ce n'était pas dans les propositions qui
ont été faites au moment où on a été
près d'un règlement. Cela a été discuté un
peu hier dans une rencontre informelle et cela a été dit ce
matin, peut-être par inadvertance, par M. Girard.
Caisse de retraite: il y a sûrement un moyen, bon Dieu! de
trouver... Quand M. le maire me parle d'une lettre d'intention, aie! j'ai connu
ça, depuis quinze ans dans le mouvement syndical, des lettres
d'intention des patrons avec toute la bonne foi qu'ils ont
démontrée. Cela n'a, trop souvent, rien donné. On veut que
ce soit une clause précise de la convention collective qui nous donne
des droits qu'on peut, ensuite, faire respecter. C'est un autre point
fondamental, la moyenne d'âge des salariés à la ville de
Montréal est assez élevée.
Vous savez, on avait une moyenne d'âge qui était
relativement bonne quand on avait nos 1500 ou 1600 auxiliaires qui venaient
à peine d'entrer à la ville de Montréal. On enlève
ces 1500. Puis-je vous dire que la moyenne d'âge a augmenté et
que ça devient une préoccupation beaucoup plus forte en
1980 que ça ne l'était au cours des dernières
négociations, parce que depuis la dernière négociation, il
y a 1500 auxiliaires de moins à la ville de Montréal? C'est une
préoccupation qui devient très forte et, quand on se rapporte
devant 5000 personnes en assemblée générale et qu'on leur
dit que, sur ces points-là, il y a une lettre d'intention du maire, avec
tout le respect que les 5000 salariés ont pour le maire de
Montréal, ce n'est pas possible.
Il y a également le protocole de retour au travail. Ecoutez, pour
ma part, j'ai négocié des protocoles de retour au travail dans
des secteurs très près du gouvernement, beaucoup plus que la
ville de Montréal, parce que ce sont deux entités
complètement distinctes. J'en ai négocié avec
l'institution de haut savoir qu'est l'Université de Montréal et
on est venu à bout de s'entendre pour dire: On met fin à un
conflit et on essaie de rétablir la paix industrielle dans notre
industrie pour le mieux-être de l'industre et le mieux-être des
gens qu'on représente de part et d'autre.
J'ai même suggéré à M. le maire, au cours
d'une couple de rencontres, qu'on ait un comité, un comité
patronal-syndical pour regarder toutes les relations patronales-syndicales qui
existent entre la ville et le syndicat.
Quand on dit que les gens ne veulent pas s'impliquer dans une lettre
d'intention, quand on demande que les gens soient protégés pour
des mesures disciplinaires, on dit: Ce n'est pas nécessairement pour le
stupide qui est allé créer des problèmes sérieux et
criminels, mais on sait fort bien, parce qu'on a 700 ou 800 griefs à
l'arbitrage actuellement, et dans ça il y a beaucoup de mesures
disciplinaires, ce sont des choses que l'on vient de vivre, que les 5000 cols
bleus ont vécues, que là, on devrait prendre la parole de la
ville pour dire: On ne sera pas trop sévère sur les mesures
disciplinaires, quand on a 500, 600 ou 700 griefs qui sont portés
à l'arbitrage parce qu'on n'a pas pu s'entendre.
On demande donc à la ville: Mettons fin au conflit, on est
prêt, pour notre part, à faire le bout de chemin et à
s'engager et même à avoir un comité pour essayer de
regarder toutes les relations de travail. Je pense que c'est le pire endroit,
sauf peut-être Hydro-Québec, qui existe à
l'intérieur des 266 conventions collectives que l'on signe au SCFP au
Québec et notre moyenne au bâton pour les grèves n'est pas
si mauvaise que ça. Malheureusement, cette année, on en a connu
deux grosses, Hydro-Québec et les cols bleus de la ville de
Montréal, mais regarder l'ensemble et je pense que le SCFP fait une
maudite belle job. On ne négocie pas des grèves, je le
répète. Mais, sans douter de la bonne foi de la ville de
Montréal, je lui demande, bon Dieu! de faire un effort, parce que c'est
un effort qu'elle a à faire pour le respect des cols bleus; dans les
mesures disciplinaires, qu'on cesse de le faire de façon quotidienne et
qu'on s'engage, pour mettre fin au conflit, à ne pas en avoir. C'est un
point fondamental. C'est une question de solidarité de 5000
travailleurs.
Le Président (M. Jolivet): M. le maire.
M. Drapeau: M. le Président, je m'emploie, nous nous
employons à ne pas pour nous rendre au désir de cette
commission transformer la commission en séance de
négociation. Je ne relève pas chacun des points que l'on vient de
souligner parce que je crois que ce n'est pas l'endroit.
Si on me dit que c'est l'endroit, on va les relever; on a toute la
documentation et on a les collaborateurs. Ne sachant pas ce que seraient les
travaux de cette commission ce matin, on est venu avec des collaborateurs. Si
c'est ça on va en discuter à fond. Si ce n'est pas ça, je
n'en remets à ce que j'ai dit tout à l'heure et je ferai
précéder ça d'une considération sur la
rétrogradation médicale, parce qu'on n'en a pas parlé.
Il ne faudrait pas croire qu'à la ville de Montréal nous
sommes des sans-coeur et des meneurs d'esclaves. Nous sommes prêts, et
nous l'avons dit, même si dans le rapport du médiateur, il n'en
est pas question, si on veut corriger cette question, à dire qu'à
la suite d'un accident, si un employé ne peut plus remplir exactement la
même fonction qu'avant mais peut remplir une fonction pour laquelle il
est moins payé, nous allons continuer de lui donner tous les avantages.
Récemment, nous le disons, parce qu'à tout seigneur tout honneur
et rendons à César ce qui est à César, c'est M.
Laramée qui, hier après-midi, a posé la question de la
possibilité de joindre à ça les maladies professionnelles.
MM. Perron et Girard ont dit: C'est nouveau ça? On va regarder. Et dans
la même conversation ils ont dit: "Oui, on serait prêt à
recommander à l'administration d'ajouter non seulement les
conséquences d'accidents, mais aussi les maladies professionnelles".
Donc, ce que je vais dire, ça s'appliquerait aux maladies
professionnelles. Nous disons: Nous sommes prêts à accorder
ça, mais, pour les raisons qui ont été expliquées
plus tôt, nous disons: C'est le temps de corriger une autre anomalie
puisque les accidentés et là, ce seraient même les
victimes de maladies professionnelles se trouveraient à recevoir
plus que ceux qui travaillent. On dit donc, pour corriger cette injustice ou
cette anomalie sociale, que celui-là qui n'est pas capable de travailler
autant qu'avant puisse avoir les mêmes privilèges et le même
salaire, ainsi que tous les avantages qui en découlent, comme s'il
continuait d'occuper sa fonction, il faudrait bien s'entendre que c'est le
salaire net, parce que si ce n'est pas le salaire net, c'est plus payant
d'être accidenté que de travailler. Alors, ça devient
injuste pour tous ceux qui travaillent. C'est ça la suggestion qu'on a
faite pour corriger. On a dit: On va l'accepter, mais, en même temps, on
va s'entendre. Ce ne sera pas le plein salaire, ce sera le plein salaire net.
Je le répète, parce que c'est tellement extraordinaire que ce
n'est pas croyable. On a eu du mal à me convaincre de ça,
tellement ça me paraissait loufoque. (11 h 45)
Quand les gens sont accidentés et que, pendant six mois, ils ne
peuvent pas travailler, à la fin, ils sont payés plus que ceux
qui ont travaillé. On dit: Corrigeons cela. Ce surplus qu'on donne
à des gens comme un surplus quant à celui qui travaille,
corrigeons cela et donnons à celui qui ne l'a pas; ce n'est pas un
surplus, c'est un dédommagement. On va le lui donner, on est prêt,
mais corrigeons l'autre anomalie qui fait que l'accidenté est mieux
placé.
Cette situation n'est pas une interprétation, c'est une question
de fait et c'est admis. Tout le monde admet qu'il faudrait que ce soit
corrigé. On a dit: Profitons-en tout de suite. Nous admettons cela;
même si le médiateur, voyant l'impasse dans laquelle
c'était, disait: On n'y touche pas, nous disons: Nous allons rouvrir
cela. Nous allons l'accorder et, en même temps, nous allons corriger une
situation qui devient injuste pour tous les travailleurs non accidentés,
puisque, quand on est accidenté, on reçoit plus que quand on
travaille.
On parle de la rétrogradation médicale comme si on
était des sans-coeur. On n'est pas des sans-coeur, mais c'est l'argent
de tout le monde. Alors, on dit: Ce surplus qui ne devrait pas être
payé, donnons-le à celui qui devrait avoir cela comme
compensation et personne ne va perdre. Il y a quelqu'un qui va perdre un
surplus, il va perdre un bénéfice, mais au-delà de ce
à quoi il a droit quand il travaille. C'est cela, la vraie
situation.
Je reviens donc à ceci parce qu'on s'approche quand même
des limites. J'ai noté qu'au point de vue de l'arbitrage, il ne semble
pas y avoir une réponse favorable de la part du syndicat. Je
réitère donc: Ou bien c'est l'Assemblée nationale qui se
voit contrainte d'adopter une loi, ce que nous ne voulons pas, ce que nous ne
souhaitons pas depuis le début. Donc, qu'on ne tire pas de supposition,
de conclusion, qu'on ne voie pas d'insinuation, les législateurs ne
doivent pas ou doivent éviter d'avoir à adopter des lois pour
régler des conflits. Comme il a été
révélé ici, confirmé ici qu'on est venu très
près...
Ou bien les parties pourraient, séance tenante, admettre qu'il
n'y a plus que ce point-là et si, d'ici 24 heures, elles ne s'entendent
pas, avant d'aller à la loi, il faudrait peut-être demander au
syndicat d'accepter l'arbitrage obligatoire, l'arbitrage qui lie les parties.
Mais c'est bien évident qu'autant pour le syndicat que pour la ville,
l'employeur et les employés, si c'est un arbitrage, il faudrait, pour
qu'il n'y ait pas de confusion ou de contradiction entre certains principes
contenus dans la décision de l'arbitre sur certains points et certaines
décisions ou recommandations contenues dans la médiation,
comprendre que c'est tout le problème qui est étudié par
un conseil d'arbitrage et souhaitons qu'à ce moment-là, cela
serve pour bien des années à venir, parce que cela aura
été un conseil d'arbitrage.
Donc, je résume. Ma solution est celle-ci. S'il y a une entente
et une admission ici qu'il n'y a qu'un point, l'indexation, nous quittons; dans
les 24 heures, les parties s'entendent, parce qu'on s'entend sur le fond. On
s'entend tellement que M. l'actuaire Guérard est ici
précisément pour témoigner, si c'est nécessaire,
que, dans le cas des fonctionnaires, son travail est même
commencé. Le comité conjoint a commencé son travail et
c'est tellement long et difficile que, dans la convention qui s'est
terminée et dans l'entente qui est renouvelée avec les syndicats,
il est dit, de consentement, que le mandat de la commission conjointe est
prolongé.
Le travail est commencé, les études sont très
longues. M. Guérard est ici. Cela prend des mois et des mois pour
trouver les éléments de base. C'est plus qu'une promesse; dans le
cas des autres, le travail est commencé, les commissions ont
été formées et le travail se poursuit. Nous nous entendons
donc pour dire: II ne reste que cela. On essaiera de s'entendre et cela mettra
fin au conflit. Et si, dans les 24 heures, cela n'est pas terminé, je
réitère que la solution serait d'insister, de suggérer,
pas d'imposer puisque ce serait une loi, mais de suggérer, pour
éviter une loi, que l'arbitrage soit le recours final.
M. Laberge (Louis): M. le Président, la façon dont
le maire nous montre ça, encore une fois, je ne veux pas dire que la
ville est sans-coeur, ce n'est pas ça, mais il reste...
M. Drapeau: II y a des gens qui peuvent le penser.
M. Laberge (Louis): ... vu que vous l'avez mentionné, je
suis obligé de relever ça. Mais il reste que depuis 50 ans qu'il
y a des conventions collectives à la ville de Montréal, ceux qui
sont malades, victimes de maladie professionnelle, ne sont pas couverts.
Appelez ça comme vous voulez, ils ne sont pas couverts actuellement.
Là, vous dites que vous êtes prêt à les couvrir. Bien
oui, mais, les autres années? Je veux bien que vous regardiez la
situation telle qu'elle est.
L'autre affaire, le maire a raison, il dit: On Dourrait profiter de
l'occasion pour corriger une anomalie. C'est le mot que vous... On est d'accord
avec ça, sauf que pas un cheval, un lapin. Pourquoi ne pas profiter de
l'occasion pour corriger une autre anomalie aussi, on vous en a
mentionné une tantôt. Si ça ne coûte pas plus cher
à la ville, ça corrige une anomalie et, en même temps, on
profite de ça pour corriger une autre anomalie. Cela m'amène
quasiment à vous dire, M. le ministre, si vous nous donniez une salle
quelque part et que vous barriez la porte, nous en sortirions avec une entente,
peut-être bien.
Regardez les visages ouverts et souriants des négociateurs
syndicaux et regardez-nous, vous allez voir qui s'entête.
Le Président (M. Jolivet): M. Laberge, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Très brièvement, M. le
Président, je me demandais presque si M. Laberge avait repris
l'école de pensée de notre ex-collègue, M. Bellemare,
parce que c'était une façon qu'il privilégiait, à
l'occasion.
J'aurais une très brève question. Je remercie M.
Laramée, le directeur du syndicat, de ses commentaires qui sont
certainement très intéressants, entre autres, à la
lumière du dossier santé et sécurité à la
ville de Montréal.
Je vous ai posé une question à laquelle vous m'avez
répondu non; je vous la reformule autrement, parce que j'ai l'impression
que si on vous laissait aller, vous seriez presque disposé à
négocier et même ici. Si l'arbitrage se faisait à partir du
ou des points qu'il restait à régler mercredi soir,
là-dessus, seriez-vous d'accord?
M. Laberge (Louis): Là, j'ai l'impression que c'est de
l'autre bord.
M. Pagé: La balle serait dans leur camp.
M. Laramée: Je crois que les règles du jeu
établies à l'intérieur du Code du travail ont
été rigoureusement respectées par la partie syndicale et
nous nous opposerions farouchement à porter à l'arbitrage les
cinq points qui restent, y compris le protocole de retour au travail. Je
douterais fort qu'un arbitrage se prononce sur un protocole de retour au
travail, d'une part, et, comme je l'ai mentionné tout à l'heure,
je suis persuadé que les points fondamentaux qui demeurent en
négociation ne pourraient pas faire l'affaire de la partie patronale et
syndicale dans un arbitrage.
Il y a une question de principe. Si jamais le ministre du Travail nous
soumettait un amendement au Code du travail pour nous amener là, je vous
dis qu'on aurait une bonne bataille en main et on la ferait à ce
moment-là.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant, c'est parce
qu'il y avait le député de Chauveau, ça va? Allez-y.
M. Johnson: Allez-y.
M. O'Neill: J'aurais eu besoin de quelques
éclaircissements dans ce débat concernant, entre autres, la
question du statut des cols bleus, c'est-à-dire le statut de ceux qui
ont la permanence et ceux qui ne l'ont pas, les occasionnels ou les
auxiliaires. Dans ce cas-là, je voudrais savoir combien de temps on peut
travailler au service d'une ville comme Montréal et ne jamais avoir de
permanence. Je vous dis ça, parce qu'on m'a parlé de gens qui
étaient occasionnels, la seule permanence qu'ils avaient, c'était
d'être des occasionnels permanents.
M. Laberge (Louis): II y en a qui ont été huit ans
ou neuf ans...
M. O'Neill: Je voulais seulement savoir ça.
Deuxièmement, est-ce qu'on peut établir un lien direct entre
cette diminution considérable de cols bleus et le système qui a
été établi de la multiplication des sous-contrats? Est-ce
que c'est un lien qu'on doit établir entre les deux ou si c'est
simplement à cause d'une sorte de réorganisation plus efficace et
d'affectation nouvelle?
M. Laberge (Louis): Les deux.
M. Drapeau: La réponse vient un peu vite, on corrigera
tout à l'heure.
M. O'Neill: Ma troisième et dernière question est
celle-ci. Je voudrais clarifier ce qui a été dit tout à
l'heure, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Un instant, il y a du bruit,
voulez-vous vous approcher du micro?
M. O'Neill: D'accord. Voici ma troisième question, M. le
Président. C'est pour comprendre ce qui vient de se dire au cours des
dernières minutes. Je pense qu'il s'est dit quelque chose qui
m'apparaîtrait extrêmement important pour en arriver à une
solution du problème.
La question, me semble-t-il, a été posée, à
savoir si on était prêt, oui ou non, au moment où on se
parle, à accepter une formule qui consisterait à un arbitrage sur
les seuls points en suspens. J'ai cru qu'à un moment donné, la
partie syndicale semblait d'accord sur cela, sauf vers la fin où j'en
étais moins sûr, alors que du côté de M. le maire, si
j'ai bien compris, M. le maire disait que lui, il était prêt
à une formule d'arbitrage, pourvu qu'elle porte sur l'ensemble du
problème, faisant appel à ce moment-là à quelque
chose que je n'ai pas compris, sur lequel j'aimerais qu'il nous donne des
explications, faisant appel au fait qu'il faudrait qu'un arbitre fasse une
évaluation du lien qu'il y a entre des principes qui auraient
été appliqués dans d'autres parties de la convention et
les points eux-mêmes demeurés en suspens pour s'assurer qu'il n'y
ait pas de contradiction entre les deux. Je voudrais qu'il nous donne des
explications là-dessus. Cela nous aiderait à comprendre la raison
de cette réticence à accepter un arbitrage qui porterait
simplement sur les points qui sont demeurés en suspens.
Le Président (M. Jolivet): M. le maire.
M. Drapeau: Sur ce point, si on me permet, le médiateur
rencontre les parties, ensemble et séparément, et il essaie
ensuite d'en arriver à des conclusions qui seront ses recommandations. A
ce moment-là, tenant compte de telle et telle chose, de tel et tel
facteur dans l'appréciation de tel et tel point, il tient compte
à son tour, sur un autre point, de tel et tel facteur ou de tel et tel
élément qui joue. Finalement, cela devient un compromis que le
médiateur soumet.
S'il y a arbitrage sur les points qui restent, il pourrait arriver que
l'arbitre se prononce sur des points qui restent et cela semblerait contredire
des principes qui ont servi à d'autres recommandations du
médiateur, parce que lui avait décidé que, sur certains
points, il pouvait mettre cela de côté.
Mais le médiateur parce qu'il faut respecter son travail et
je suis prêt à me joindre très spontanément aux
éloges qu'on a faites quant au travail du médiateur a fait
un travail et, sur certains points, il a dit: Statu quo. Il a rendu des
décisions sur des points où il croyait pouvoir les rendre, sans
tenir compte des conséquences de ses conclusions sur les autres points
sur lesquels il ne se prononçait pas.
Si on demande à un arbitre de se prononcer sur les autres, c'est
tout à fait comme si on demandait à un juge de se prononcer sur
une question, sur plusieurs questions. Le juge rend jugement sur certaines
parties du débat et un autre juge rend jugement sur d'autres parties du
débat.
Il y a eu, au cours de la médiation, des concessions faites de
part et d'autre en considération de la concession de l'autre. Et puis le
médiateur a vu jusqu'où il pourrait aller. Et même s'il ne
nous donne pas satisfaction, ce rapport, nous disons que c'est de l'ouvrage
bien fait, que nous allons l'accepter. Nous avons été les
premiers à le dire. Et pour ne pas nuire, nous avons fait savoir au
ministre, à sa suggestion: Nous vous donnons notre réponse tout
de suite, vous la rendrez publique quand vous voudrez. On ne veut pas nuire
psychologiquement à la décision de l'autre partie.
Il pourrait y avoir, malgré la meilleure volonté de
l'arbitre, des difficultés dans lesquelles cette procédure est
placée. Qu'est-ce qui va en résulter? Des
précédents qui pourront se répercuter dans d'autres
domaines.
Comme il y a une admission qu'il restait un point, ou bien on le
conclut, parce que je pense que nous sommes d'accord sur ce point. Jouer toute
une convention sur la décision d'un arbitre sur un point, c'est
peut-être aller un peu trop loin dans l'intérêt des
relations à venir entre employeur et employés. Ou bien on en
vient à une entente sur ce point et cela met fin au conflit, ou bien on
revient au point de départ et le conseil d'arbitrage étudie tout
et sera en mesure l'arbitre et les deux assesseurs de faire ce
que nous sommes tentés de faire ici et que nous ne devons pas faire, de
voir comment les deux assesseurs peuvent convaincre l'arbitre, chacun de son
côté, et peut-être l'arbitre convaincre l'un ou l'autre des
assesseurs que ce qu'il y a de mieux, c'est telle et telle chose et que
finalement, il y aura une décision sur l'ensemble des questions. (11
heures)
Là, il y aura dans la décision d'arbitrage une
unité d'assurée qui n'existera pas, si une partie du débat
a été tranchée par un médiateur et l'autre partie
par un autre qui s'appellera arbitre, mais ce sera comme un rapport de
médiateur qui lierait les parties.
Je crois que deux juges sur un même litige, ce n'est pas
recommandable, à cause du précédent que cela peut
créer. Mais, si on veut reprendre toute la question depuis juillet, nous
le suggérons et, vu les efforts faits par les syndicats, par le
médiateur, par les conciliateurs, ce serait la dernière chance
d'éviter qu'il y ait une loi spéciale.
M. Laberge (Louis): M. le Président, je pense bien que le
maire ne voudrait pas avoir des morts sur la conscience. S'il fallait qu'on
soit assez sans dessein pour accepter de recommencer tout en neuf...
M. Drapeau: ... le retour au travail...
M. Laberge (Louis):... après sept semaines de
grève, après médiation, après des nuits
passées en négociation, je dis: On se fait lyncher bien
raide.
M. Drapeau: Non, cela supposait le retour au travail pendant
l'arbitrage, c'est bien sûr. Je ne suis pas assez fou pour...
M. Laberge (Louis): Non, mais on ne peut pas...
M. Drapeau: Pas à ce point-là, s'il vous
plaît!
M. Laberge (Louis): Vous faites des admissions!
Une Voix: $3000.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf.
M. Drapeau: Pour l'avenir.
M. Pagé: M. le Président, il est bientôt
midi, et il me semble que la commission a été convoquée
pour siéger de 10 heures à 12 h 30. On prévoyait terminer
entre 12 h 30 et 13 heures. On a dégagé, de part et d'autre,
depuis quelques minutes des possibilités de formules sur lesquelles
l'une ou l'autre des parties pouvait, à l'égard de la proposition
de son vis-à-vis, être partiellement d'accord, pas d'accord, plus
ou moins d'accord. Je ne pense pas, M. le Président, qu'on peut dans la
demi-heure qui va suivre, dégager ensemble, de par les questions qu'on
pose, les questions qu'on vous pose, les indications qu'on vous formule ou les
invitations qu'on vous fait, dégager un règlement comme tel.
C'est ce qui est malheureux, parce que, si on avait pu siéger, je pense,
cet après-midi ou encore, si on avait eu plus de temps pour
siéger, on en serait peut-être arrivé à une approche
de solution ou à l'enclenchement d'un processus de solution. Mais vous
avez une responsabilité en tant que parties, comme nous ici, la
commission parlementaire, nous avons une responsabilité, je pense. Vous
avez une responsabilité, comme je vous le disais tantôt, et je me
permets d'y revenir, parce que c'est peut-être l'élément,
le commun dominateur auquel il faut se rattacher dans ce conflit, les citoyens
de Montréal.
Le mois de mars, c'est peut-être le mois le plus
imprévisible. On peut avoir une tempête de neige demain et cela
peut fondre partout demain. Le ministre nous parle des poubelles.
M. Johnson: Elles ne fondent pas.
M. Pagé: Les poubelles ne fondent pas, c'est vrai. Je ne
veux pas revenir sur des circonstances bien particulières, mais tout le
monde acceptera qu'il y a un degré d'absorption maximale de la
tolérance et de la patience des gens à l'égard de ce
services qui leur manquent.
J'ai cru comprendre je peux peut-être me tromper
que, de part et d'autre, il n'était pas question de s'asseoir sur ses
positions et de dire, comme dans le jargon, c'est "just too bad", on ne veut
pas vous voir tant que vous n'accepterez pas ceci ou cela. J'ai confiance,
à la lumière de la bonne foi des deux parties, que demain matin,
cet après-midi, ce soir, cette nuit, vous pouvez négocier et vous
pouvez régler, parce qu'il y a un autre commun dénominateur dans
tout cela, c'est que vous ne voulez pas de loi spéciale, parce que vous
savez pertinemment qu'une loi spéciale, c'est l'intervention directe de
l'État, même si c'est une responsabilité qui lui incombe
à certains égards et dans certaines circonstances. Vous savez
pertinemment, en termes de négociation, d'une loi spéciale peut
être avantageuse pour vous comme elle peut être
désavantageuse pour vous aussi. Vous pouvez en avoir plus
peut-être dans une loi spéciale et vous pouvez peut-être en
avoir moins aussi. C'est la responsabilité qui vous incombe.
Nous, ici, nous avons une responsabilité comme parlementaires.
Notre responsabilité a été d'abord de siéger ce
matin, c'est le résultat d'interventions, de discussions,
d'échanges. On a eu un débat d'urgence sur la question, où
le ministre du Travail nous a dit: Ce n'est pas le temps que le gouvernement,
que l'Assemblée nationale soit saisie par voie législative ou par
proposition de suspension du droit de grève ou autre de ce
problème-là. Laissez les parties s'arranger entre elles.
On a posé des questions, on a cité des procédures,
des procédures se sont déroulées, la médiation,
etc. On a pris nos responsabilités jusqu'à maintenant.
Aujourd'hui, notre responsabilité était de siéger en
commisssion parlementaire, de vous entendre et d'essayer de sonder le pouls, de
placer le thermomètre sur le conflit pour dire: Est-ce que cela peut ou
ne peut pas se régler?
Aujourd'hui, on pourrait ajourner la séance à 12 h 30 et
dire: Sonne fin de semaine, on s'en va chacun chez soi et on revient mardi.
Vous pourriez, chacune des parties, retourner chacune chez vous et attendre que
l'autre partie appelle, ou que le ministre du Travail appelle en fin de
semaine, ou que le médiateur ou que quelqu'un appelle. C'est comme cela
que cela se passe. On ne peut pas, comme parlementaires, à la
lumière de la responsabilité qu'on a, au-delà de la
responsabilité des parties qui est une responsabilité à
l'égard du public, ajourner la séance et dire: Bye-bye tout le
monde, espérons croisons-nous les doigts et croyons à la bonne
foi des deux parties. D'ailleurs, cela aurait été un exercice,
peut-être pas inutile, mais cela aurait été un exercice ce
matin à l'égard duquel je peux porter des doutes, si on sort
d'ici sans aucune conclusion.
Vous ne voulez pas de loi spéciale. S'il y a une perspective de
loi spéciale, comme il y en a une, il ne faut pas se le cacher, je vais
le dire clairement, je ne le dirai pas demain matin, alors que vous serez
partis, on le dit clairement, la perspective de loi spéciale est
là et elle sur la table. Il y a deux possibilités de la part des
parties: C'est que la perspective de la loi spéciale fasse en sorte que
les parties s'assoient sur leurs positions et qu'elles l'attendent, mais il y a
une possibilité à l'autre bout, c'est que la loi spéciale
prévoie des choses qui ne feront pas l'affaire de la partie qui va
s'asseoir.
Il y a une autre possibilité: C'est la possibilité de la
porte barrée, et M. Laberge l'a évoquée tantôt.
C'est que les deux parties conviennent, dans la perspective d'une loi
spéciale, que la porte est barrée jusqu'à ce que la loi
spéciale puisse être présentée à
l'Assemblée nationale. Vous savez pertinemment que la loi
spéciale ne peut pas venir avant mardi, à moins qu'il n'y ait une
convocation d'urgence lundi. Je crois que la perspective de la loi
spéciale pourrait être la porte barrée en fin de semaine et
que vous vous assoyiez. Je suis convaincu qu'avec fa bonne foi que vous
démontrez, de part et d'autre, tant la partie syndicale que la partie
patronale, vous pouvez régler en fin de semaine.
C'est pourquoi je vous dis bien clairement que je présente une
motion dans le moment. Je la présente et je suis peiné
d'être obligé de la présenter, parce que cette motion
implique l'obligation pour le gouvernement de prendre une responsabilité
à l'égard d'une loi spéciale, alors que c'est fait pour
jouer, que c'est fait pour agir; mais, quand on constate que la santé et
la sécurité publiques peuvent être mises en cause, le
législateur a une responsabilité qui va au-delà du droit
des parties.
M. le Président, c'est pourquoi je présente la motion, en
espérant que cette motion, premièrement, soit bien reçue,
en espérant, deuxièmement, que cette motion n'entraînera
pas et n'engendrera pas de prise de position définitive et draconienne
des parties qui pourraient dire: On reste sur nos positions et adoptez la loi
spéciale. Non, j'espère que cela va vous permettre de vous
asseoir aujourd'hui, cet après-midi et demain, et de régler pour
qu'on ne soit pas obligé mardi de légiférer
là-dessus.
Motion sur l'adoption d'une loi de retour au
travail
La motion que je formule est la suivante. Parce qu'une commission
parlementaire peut formuler un voeu; on n'a pas de pouvoir décisionnel
ici, on formule un voeu à l'Assemblée. Mardi, dans le rapport du
rapporteur, si la motion est acceptée, le rapporteur va dire: M. le
Président, MM. les membres du gouvernement et de l'Assemblée, la
commission parlementaire a siégé vendredi matin, et le voeu
formulé par la commission parlementaire est le suivant: "Que les membres
de la commission parlementaire du travail et de la main-
d'oeuvre, à la suite de l'échec des moyens utilisés
à ce jour en vue d'apporter un règlement à la grève
des cols bleus de la ville de Montréal, invitent le gouvernement
à prendre sa responsabilité et à faire adopter une loi
spéciale qui mettrait un terme à ce conflit qui a
déjà trop duré."
C'est ma motion. Cette motion ne sera pas rapportée avant mardi.
J'espère que vous prendrez l'avenue de la porte barrée d'ici
à ce que le rapport soit déposé mardi à
l'Assemblée.
Le Président (M. Jolivet): Motion recevable.
M. Laberge (Louis): M. le Président, est-ce que je
pourrais poser une question au député de Portneuf?
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Laberge (Louis): Le député de Portneuf est quand
même un des membres de la commission qui connaît un peu les
relations patronales-ouvrières. Il a eu l'occasion de discuter et
d'être mêlé à plusieurs conflits et à des
règlements. Est-ce que vous avez déjà vu un
règlement où les travailleurs retournent au travail sans qu'il y
ait un protocole de retour au travail? La ville, là-dessus ce
n'est pas souvent que je dis cela me semble intransigeante.
M. Drapeau: C'était le point qui était
réglé l'autre soir.
Le Président (M. Jolivet): La question a été
posée au député de Portneuf.
M. Pagé: Très brièvement, M. le
Président. Ma réponse s'en vient, M. Laberge. Ma réponse
arrive.
M. Laberge (Louis): D'accord.
M. Pagé: D'accord? Je conviens quece n'est pas facile dans
ce contexte-là et je l'ai dit clairement, ce matin. C'est regrettable,
et ça, en tout temps, qu'un gouvernement soit obligé de
procéder par loi spéciale. D'ailleurs, non seulement tout le
monde en convient ici, mais vous-mêmes en convenez. Je conviens, de plus,
qu'il sera peut-êtredifficile de régler la question du protocole
de retour au travail, mais vous avez jusqu'à mardi. Vous avez vendredi,
samedi, dimanche, lundi. Le rapport ne sera pas fait cet après-midi. Il
va être fait mardi. D'ailleurs, il n'est même pas certain que la
motion sera acceptée. Il faut qu'elle soit débattue et qu'elle
soit votée.
Mais la porte barrée, dont vous parliez tantôt, pour ma
part, je suis convaincu, à la lumière de la bonne foi que vous
nous avez présentée ce matin parce que je ne
décèle pas de mauvaise foi dans votre affaire que vous
êtes capables de vous entendre et que vous êtes capables
d'éviter une loi spéciale qui peut être défavorable
à l'un ou l'autre. Vous savez, c'est un peu comme un arbitrage. Ce q u '
i I y au ra dans la loi spéciale, on ne le sait pas, mais ça peut
engendrer des problèmes pendant toute la vie de la convention, parce que
vous ne gagnerez pas tout et vous ne perdrez pas tout. Cela peut engendrer des
griefs et d'autres problèmes. Cette motion c'est un appel au sens des
responsabilité des parties pour qu'elle se réunissent d'ici
mardi. Réglez-le, le problème. Vous êtes capables de le
régler. Prenez la responsabilitéqui vous incombe. Pensez à
la responsabilité qui nous incombe et pensez au public qui attend.
Le Président (M. Jolivet): Avant de vous donner la parole,
M. le ministre, il y a M. Gauthier, je pense, qui voudrait ajouter quelque
chose.
M. Gauthier: Merci, M. le Président, de me donner
l'occasion de préciser quand même un objet du débat, qui
fait foi depuis le début, c'est-à-dire qu'on tente de faire
croire qu'on était à un point, sur «l'ensemble des points
litigieux, d'en arriver à un règlement.
La précision que je veuxapporterest la suivante: On était
à un point où on respecte l'entente de principe. Il y a une
différence. C'est-à-dire que le comité de
négociation syndicale avait accepté avant l'ouverture de
l'Assemblée nationale, mercredi, de recommander à ses membres
l'entente qui était intervenue entre les parties; telle entente n'a pas
été respectée à la suite de la lettre de M. le
maire à l'honorable Pierre-Marc Johnson. Elle ne faisait plus partie de
l'entente de principe que le comité de négociation avait
accepté de recommander à ses membres. A la suite de la
convocation d'une assemblée spéciale, à notre insu, il
nous a fallu, nous, le comité de négociation, rencontrer
l'exécutif syndical, le conseil syndical et les membres. On se veut,
à l'irltérieurdu301 et, plus précisément, à
l'intérieurdu mouvement syndical, une structure très
démocratique. Donc, il faut procéder de cette façon.
Ce qui a échoué, mercredi soir, ce n'est pas le
règlement, mais l'entente de principe intervenue entre les parties
où, lors de l'exécutif syndical et du conseil syndical et de
l'assemblée d'hier, on a présenté quand même cette
supposée entente de principe qui n'a pas été
respectée et laquelle a été rejetée par
l'exécutif, par le conseil et par l'assemblée convoquée
à notre insu, hier matin.
On est obligé, à ce moment-là, de repartir de
l'assemblée de la semaine précédente, du 16 mars, sur les
points que j'ai énumérés plus tôt. Les points que
j'ai énumérés plus tôt, en soi, n'impliquent pour
l'administration actuelle aucune augmentation au sujet de la masse
monétaire, sauf la demande syndicale au sujet de la
rétrogradation médicale qui est bien plus une demande humanitaire
qu'une demande syndicale.
L'assurance collective, c'était de prendre à
l'intérieur des offres pour conserver notre plan d'assurance-collective
qui va tomber à l'eau si on n'arrive pas à une entente, parce que
la compagnie actuelle nous l'a clairement démontré durant la
négociation. (12 h 15)
Donc, aucune augmentation des coûts. On prend à
l'intérieur des offres pour conserver notre plan d'assurance. C'est une
demande très importante, compte tenu de la moyenne d'âge des
employés cols bleus, compte tenu des conditions de
travaiI difficiles au niveau del à santé et de la
sécurité. D'ailleurs, M. Désilets, le médiateur
dans le dossier, en a tellement tenu compte qu'il a donné dans ses
recommandations des éléments très importants. C'est
important compte tenu du fait aussi qu'il y a environ 2000 cas d'accidents du
travail rapportés par la Commission des accidents du travail. C'est le
seul élément qui aurait coûté de l'argent à
l'intérieur de la masse monétaire actuelle.
L'indexation du fonds de retraite. Notre demande syndicale vise à
trouver un mécanisme pour, dans l'avenir, pouvoir l'indexer à
partir d'une entente sur les coûts. Si on ne s'entend pas, on n'indexe
pas. Pas de coûts.
Concernant les sous-contrats, la demande syndicale vise à
conserver les contrats, les travaux effectués actuellement par les
employés cols bleus. On s'est tué à la table des
négociations, on s'est tué, devant différents
médias d'information, à dire que la réorganisation ou la
position patronale ne veut pas donner davantage de sous-contrats.
Précisons-le dans le texte. Laissons faire les lettres d'intention et
précisons-le dans le texte si c'est vrai. Pas un sou à
l'administration actuelle. On veut conserver ce qui existe actuellement.
Répartition de la masse monétaire pour tenter de
s'approcher ou approcher, diminuer les écarts entre les salaires d'une
unité de négociation par rapport aux autres parmi les
employés à la ville de Montréal. Pas un sou. C'est
simplement une modification à la répartition qui n'engage aucuns
frais supplémentaires à l'intérieur de la masse
monétaire.
L'indexation du salaire pour conserver notre pouvoir d'achat, même
chose. Au lieu de donner sur le taux moyen, ceq ui fait que c'est legroupe
inférieur qui en profite aux dépens du groupe supérieur,
on dit: Donnez-le sur le taux horaire. Pas un sou, c'est la même
chose.
Sur l'ensemble des cinq points, M. le Président, il y a seulement
la rétrogradation médicale, ce qui implique une quarantaine de
cas par année, où l'employeur aurait à mettre d'autres
sous à l'intérieur de la masse monétaire. Je
précise, ce n'est même pas une demande syndicale, c'est une
demande humanitaire.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, sur la motion,
maintenant.
M. Johnson: M. le Président, je pense que je partage en
gros les volontés et les perceptions du député de
Portneuf. Je pense que tout le monde ici partage des choses, de façon
générale, quant à la responsabilité des parties, la
nécessité de s'occuper des citoyens, mais je voterai contre la
motion et j'explique pourquoi. D'abord les parties, j'espère que vous
avez bien compris. Si vous ne vous entendez pas, l'Opposition va
présenter un projet de loi la semaine prochaine. C'est ce que j'ai cru
comprendre. Non?
M. Pagé: Ne vous aventurez pas sur ce terrain-là.
Vous savez pertinemment, avec votre majorité, que... Vous nous avez
imposé un débat référendaire à deux contre
un. C'est votre majorité.
Le Président (M. Jolivet): Revenons à la motion,
s'il vous plaît.
M. Johnson: Alors, les inconvénients...
M. Pagé: Oui, vous avez aimé mon intervention
d'ailleurs, M. le député.
Le Président (M. Jolivet): Revenons à la motion,
s'il vous plaît.
M. O'Neill: On ne peut pas vous demander l'impossible.
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre!
M. Pagé: Mon intervention a dû vous faire plaisir.
Que je plombe Claude Morin, cela a dû vous faire plaisir.
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre!
M. Pagé: C'est le ministre qui a ouvert la porte.
Le Président (M. Jolivet): Revenons quand même
à la motion.
M. Johnson: M. le Président, il y a deux
inconvénients majeurs à cette motion. Je sais que c'est quand
même avec un esprit de prudence, malgré tout, et je sais que le
député de Portneuf veut en tenir compte, parce que je sais qu'il
souhaite un règlement comme nous. Mais disons qu'il y a deux
inconvénients à mon avis dans cette motion. Le premier est de
fixer un carcan, mais de le fixer a priori, et fixer a priori un carcan dans
les relations de travail, c'est toujours dangereux. C'est pour cela, entre
autres, que j'avais suggéré la médiation-arbitrage, qui
avait l'intérêt, si elle avait été acceptée,
et si jamais un jour on décidait de la traduire dans des lois, de mettre
les parties dans un entonnoir où elles ne savent pas exactement quand
elles vont être prises pour sortir par le petit bout. Parfois, cela les
amène peut-être à agir un peu plus vite ou à vouloir
un peu plus le règlement.
Le deuxième désavantage, évidemment, c'est que cela
limite la capacité pour le gouvernement dans le temps et même
à certains égards quant au contenu. Je pense qu'il y a une
responsabilité des parties et il y a une responsabilité du
gouvernement, parce que les citoyens de Montréal ont des ennuis, des
inconvénients, des ennuis profonds, particulièrement les citoyens
plus âgées, auxquels il faut penser, des inconvénients qui
commencent à être difficiles à supporter dans certains
coins où il y a une accumulation de déchets. Dans ce contexte, il
est très clair que les parties et le gouvernement sentent une
responsabilité d'agir à très court terme, même s'il
n'y a pas eu de grosses tempêtes qui empêcheraient, par exemple,
les camions de pompiers de circuler ou des choses comme celles-là.
Je serai donc contre la motion, parce qu'elle vise à nous
encarcaner dans un processus. Cependant, je pense que les interventions que
j'ai faites au nom du gouvernement tout à l'heure sont claires. Vous
avez une responsabilité, messieurs. Il faudra que vous y parveniez
très rapidement quant aux choix du moment d'intervention du gouvernement
qui devra intervenir, si vous ne réglez pas. Ce choix, c'est le Conseil
des ministres, qui peut se réunir à 20 minutes d'avis, n'importe
quand, même en fin de semaine, pour prendre cette décision. Je
vous suggère donc effectivement d'y penser. Mon ministère est
prêt à vous offrir des locaux, on a de belles grandes salles qui
ne sont pas toujours occupées les fins de semaine, on a même une
machine à café qui fonctionne bien. On est prêt à
vous fournir des locaux à moins que vous aimiez mieux aller dans les
hôtels; parfois, on sait que cela se fait dans les grandes suites des
hôtels. On est prêt à fournir aux parties des locaux, mais
rapidement, pas dans deux jours; rapidement.
Il faudra, par exemple, que, de part et d'autre, vous acceptiez de
limiter les objets sur lesquels vous allez discuter. Il faut limiter les objets
sur lesquels vous allez discuter. C'est ça, arriver à un
règlement, c'est accepter ça. Quant au gouvernement, il aura
à évaluer, selon ce qui arrivera, dans les heures qui viennent,
de votre côté, l'opportunité d'une intervention et le
contenu de cette intervention que je n'évoquerai pas ici, la sorte
d'intervention; vous verrez quand cela arrivera si ça doit arriver,
messieurs. Ce sera votre problème, à ce moment-là.
J'espère, pour les citoyens de Montréal, pour les
collègues de l'Assemblée nationale, pour tous ceux... Et je suis
sûr, de part et d'autre, M. le maire, M. le président du syndicat,
MM. les représentants, qu'il n'y a personne qui souhaite que ça
continue. Comme disait M. Laramée, je suis sûr que vous voulez
négocier un règlement. Je vous rappelle aussi qu'il n'y a rien
comme un règlement, pas tout à fait satisfaisant, comparé
à n'importe quelle loi qui ne l'est jamais. Du côté de la
ville de Montréal, j'ai tendance à dire que l'étalement
dans le temps et même la dilution à certains égards de
certains objectifs ou demandes sont nécessaires à un
règlement. Je pense que le maire comprend ce que je veux dire.
D'ailleurs, il a déjà accepté, en cours de route, ce type
de contraintes, comme le syndicat en a accepté quelques-unes.
Il va falloir que ça continue, mais d'une manière encore
plus draconienne dans les heures qui viennent. Je veux simplement vous dire que
le gouvernement avisera, au temps où il le jugera opportun, et ça
peut venir rapidement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je voudrais simplement
intervenir quelques minutes pour appuyer la motion du député de
Portneuf. Je pense que, dans son évaluation... J'ai été
silencieux, mais très attentif jusqu'à maintenant à cette
commission. Je pense que c'est évident pour tous les membres de cette
commission que ça va prendre plus que des discours et des appels
à la responsabilité, ça va prendre davantage que de la
persuasion verbale, moyen auquel le ministre s'est restreint, jusqu'à
maintenant.
Dans un éditorial paru justement aujourd'hui dans la Presse,
Vincent Prince termine par ces quelques mots à l'adresse du ministre du
Travail: "II a déjà assez tergiversé."
Que le ministre ait jusqu'à maintenant, et avec l'accord des deux
parties, fait son boulot, qu'il ait mis à la disposition des parties ses
meilleurs éléments tout le monde est d'accord qu'il
ait pris les moyens qui soient prévus actuellement par la
législation, on peut être d'accord là-dessus. Mais le temps
a assez duré. Le ministre lui-même le disait: II est
évident que cela ne peut continuer bien longtemps comme cela. Ce n'est
pas hier qu'il disait cela, c'est au début de la semaine. On a
déjà une semaine de plus. Nous sommes rendus à la
quarantième journée. L'erreur du ministre, c'est de mal
évaluer la situation à Montréal actuellement.
Lorsqu'on en arrive à des éditoriaux de cette
façon, ce sont des gens qui sont des observateurs sur place, il me
semble que le ministre devrait considérer le vote qu'il va donner contre
cette motion. Il a fait un discours. En réponse à cette motion,
il a fait appel au sens des responsabilités, il a offert des locaux et
du café. Il me semble que c'est tout à fait ridicule. Il va voter
contre un voeu de la commission que le gouvernement intervienne mardi. Trois
jours de sursis. Cette grève va durer 45 jours.
M. Johnson: Nous ne sommes pas obligés. Tout à coup
on voudrait intervenir avant.
M. Lalonde: M. le Président, le voeu de la commission
n'engage même pas le gouvernement. Et en votant contre la motion, le
ministre refuse à la commission le petit peu de pouvoir que la
commission a et rend inutile ou presque... enfin, il lie les mains de la
commission en votant contre cette motion qui n'engage pas... Si, comme membre
du gouvernement, il ne veut pas se sentir engagé par ce voeu, il
pourrait s'abstenir, et laisser le vote libre aux députés autour
de la table, y compris ceux qui représentent des circonscriptions de
Montréal. J'aurais espéré qu'il y en ait davantage de
l'autre côté de la table, M. le Président. Mais
peut-être qu'il y aurait un petit conflit d'intérêts s'il
votait pour la motion et ensuite, se déclarait non lié par cette
motion, mardi prochain. Il pourrait toujours s'abstenir et laisser ses
députés libres de voter pour la motion.
Je pense que le ministre fait une erreur de jugement à deux
égards. Premièrement, c'est une mauvaise évaluation de la
situation qui existe à Montréal et qui se développe;
deuxièmement, il musèle littéralement la commission en
votant contre cette motion.
Le Président (M. Jolivet): Merci. S'il n'y a pas d'autre
intervenant, je demanderais au député qui a proposé la
motion de prendre son droit de réplique.
M. Pagé: Très brièvement, M. le
Président, ce sera un droit de réplique très bref. Le
ministre nous dit ce matin...
Le Président (M. Jolivet): Un instant. M. le
député de Chauveau.
M. Pagé: Oui, allez.
M. O'Neill: Simplement, pour, très librement, dire que
j'appuierai évidemment non pas la motion, mais la position du ministre
du Travail, pour la raison suivante: Je crois qu'après la discussion que
nous avons eue ce matin, M. le Président, il apparaissait évident
qu'il n'y a aucune nécessité de tordre le bras ni à M. le
maire, ni à M. Laberge et à ceux qui l'accompagnent et qu'ils ont
très bien compris le message qui a été transmis ici. Je
dirais qu'ils sentent aussi bien que chacun d'entre nous qu'on doit très
bientôt en arriver à une solution. J'ai retenu cela comme message
et je ne vois pas pourquoi on irait faire planer de cette
façon-là cette menace aussi directe de la part d'une commission
sur des hommes très responsables et qui nous laissent, finalement,
entendre qu'en s'y mettant, on arrivera à une solution.
Je pense qu'à ce stade-ci, il n'y aurait vraiment pas de raison
d'agir de cette façon, je dirais d'exercer cette sorte de pression
morale que le député de Portneuf nous demande d'exercer qui,
simplement, risquerait peut-être non pas de faire avancer les choses,
mais de retarder une solution. (12 h 30)
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le ministre.
M. Johnson: Si vous permettez, avant de permettre au
député de Portneuf de conclure sur sa motion, je voudrais
simplement dire que le pouvoir législatif et le pouvoir du Conseil
exécutif, ce n'est pas une chose dont on doit se servir, je pense
je suis sûr que ce n'est pas une mauvaise intention de la part du
député de Portneuf comme d'une menace. Le voeu a tendance
encore une fois à nous encarcaner. Je pense qu'il y a deux choses
distinctes. Il y a la responsabilité des parties et la
responsabilité de l'État. Je suis prêt à dire, au
nom du gouvernement, que l'État va prendre ses responsabilités.
Il n'y a pas de problème. Je n'ai pas besoin d'une motion qui me le
dise.
Deuxièmement, la motion du député de Portneuf
exclurait je lui dis tout de suite, de toute façon, je
n'accepterai pas d'amendement la possibilité d'une intervention
antérieure à mardi.
Je pense que l'Etat doit pouvoir, que le gouvernement doit pouvoir agir
comme il l'entend. Je considère qu'il y a deux choses distinctes qu'il
ne faut pas relier sur le plan de cette motion: C'est la responsabilité
de M. le maire et des représentants de la FTQ, et la
responsabilité de l'État. Je peux vous assurer, et on l'a
démontré dans le passé, que l'État est capable
d'assumer ses responsabilités. Ce gouvernement n'a pas
hésité à le faire, même dans des moments où
cela n'a pas été particulièrement agréable, M.
Laramée le sait d'ailleurs, puisque cela a déjà
touché le SCFP.
En ce sens, je persiste à souhaiter et à dire aux parties
que je suis convaincu, à partir de ce que j'ai entendu ce matin, encore
une fois, dans un contexte où on accepte de limiter les discussions,
quant aux objets et quant au temps, qu'on pourrait peut-être assister, si
les parties s'y mettent dès aujourd'hui, à la meilleure solution
possible d'une entente négociée. Mais, compte tenu du fait qu'il
y a des citoyens à Montréal qui en souffrent, on évalue
lasituation, avec d'autres moyens que ceux des éditorialistes, on la
suit quotidiennement, on reçoit des rapports sur l'état de la
situation à Montréal, et, parce que la population va l'exiger, il
faut que cela se règle rapidement.
Encore une fois, je me fie à ce qu'on nous a dit. Je ne peux pas
demander plus à M. Drapeau et à M. La berge que ce qu'ils nous
ont dit quant au sentiment qu'ils ont de l'imminence et de la
nécessité de régler. Je ne peux pas leur demander plus que
cela.
Le reste, ce serait vouloir entrer dans leur tête. D'autre part,
je le leur dis, et je pense qu'ils l'ont très bien compris, le
gouvernement va prendre ses responsabilités. Si, malgré
leurconscience de la nécessité de réglercela, ils
n'arrivent pas à le régler, le règlement sera ce qu'il
sera. Ils verront, à ce moment, l'un ou l'autre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Portneuf, votre droit de réplique.
M. Pagé: M. le Président, je vais être bref.
Cependant, je vais relever certains éléments de la
déclaration du ministre. D'abord, je ne reprendrai pas les
éléments relatifs au procès d'intention qu'il veut faire
de par la motion qu'on a présentée ce matin. En termes de
jugement et d'appréciation à l'égard de la contribution de
l'Opposition sur sa participation aux travaux, je me fie davantage aux
commentaires des gens qui nous voient évoluer qu'aux commentaires du
ministre. Notre contribution était utile ce matin, elle aurait pu vous
rendre service. Vous n'avez pas voulu sauter sur l'occasion, c'est votre
problème, et vivez avec.
Deuxième élément, le ministre témoigne d'une
méconnaissance profonde des procédures parlementaires. Je ne lui
en sais pasgré, il est élu ici depuis trois ans, il n'a pas une
longue expérience. Que voulez-vous? Il n'a pas été capable
de se faire élire avant, ll a fallu qu'il attende une vague. D'ailleurs,
il va sortir dessus probablement.
M. Johnson: C'est parce que je n'ai pas été
candidat avant.
M. Pagé: M. le Président, le ministre devrait
savoir deux choses. Premièrement, le ministre devrait savoir que la
motion demande que le rapport soit nécessairement déposé
dès que l'Assemblée siège. Donc, si l'Assemblée
siège lundi, le rapport est déposé lundi. Cela, vous
devriez le savoir en termes de procédure parlementaire. Il n'y a pas
de
limite dans le temps. Il y a d'ailleurs tellement peu de limite dans le
temps qu'il suffirait que le rapport, et ce, même si la Chambre...
Premièrement, si la Chambre est convoquée pour lundi, le rapport
peut se faire lundi. L'argument que vous avez ne tient pas en vertu de nos
procédures parlementaires.
Deuxième élément: La Chambre siégeant mardi,
le rapporteur pourrait déposer son rapport à l'Assemblée
mercredi seulement. Pas de carcan. Le carcan que vous y voyez est dans votre
esprit.
Troisième élément: La commission parlementaire,
c'est l'émanation de l'Assemblée nationale. Ce n'est pas
l'exécutif qui siège ici, c'est le législatif. Le rapport
de la commission n'engage pas l'Assemblée nationale et lui est soumis
pour approbation ou désapprobation. Cela veut donc dire que, si la
motion avait été acceptée et peut-être qu'elle
l'aurait été si le gouvernement l'avait un peu plus
étudiée... Parce que peut-être qu'en fin de semaine, le
ministre recevra des appels téléphoniques de son collègue
pour lui dire: Comment se fait-il que tu n'as pas sauté sur l'occasion
et la porte que Pagé t'a ouverte? En tout cas, ça, c'est une
autre affaire.
Le rapport accepté, il aurait été soumis à
l'Assemblée, au moment où le rapporteur aurait pu le faire,
lundi, mardi ou mercredi. A ce moment-là, l'Assemblée nationale
aurait pu voter contre le voeu formulé par la commission. Ce voeu
n'engage pas le gouvernement. En tout cas, on a tenté de vous ouvrir la
porte par une contribution qui est utile, comme d'habitude, mais vous n'avez
pas voulu sauter dessus, parce que ça ne venait probablement pas de vous
autres.
M. le Président, il n'empêche que le ministre n'a pas
écarté la possibilité d'une loi spéciale, d'un
recours. En tout cas, on va voir. Nous, on a fait la job qu'on avait à
faire, la job d'obliger le gouvernement... D'abord, de l'inciter, de lui
demander, de requérir de lui et enfin de l'obliger à prendre la
responsabilité qui lui incombe. Le gouvernement s'est perdu en
tergiversations en disant: Cela a assez duré. Il suffirait d'une
tempête pour la catastrophe! patati! patata! Aujourd'hui, on offre des
locaux et du café. Ecoutez! Cela, c'est votre responsabilité.
J'ose espérer que vous la prendrez. D'ailleurs, vous nous disiez
tantôt, M. le ministre: L'État va prendre sa
responsabilité.
Je termine sur une grande question, la question que les gens de
Montréal se posent depuis 40 jours, la question que les gens qui ont
à souffrir du conflit se posent depuis 40 jours et peut-être la
question que les parties se posent depuis déjà quelques jours,
à savoir: Quand l'Etat va-t-il prendre sa responsabilité? C'est
quand? la grande question.
Merci, M. le Président.
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement simplement, parce que je voudrais rectifier ce que M. le
ministre a dit tantôt, à savoir que, si la motion était
adoptée, cela empêcherait le gouvernement d'agir d'ici mardi, ce
qui est complètement faux, c'est un voeu seulement. Si une situation de
très grande urgence survenait dimanche, par exemple, le ministre
pourrait recourir à tous les moyens qui sont à sa
disposition.
Mise aux voix de la motion
Le Président (M. Jolivet): Vote sur la motion qui est la
suivante: Que les membres de la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre, suite à l'échec des moyens utilisés
à ce jour en vue d'apporter un règlement à la grève
des cols bleus de la ville de Montréal, invitent le gouvernement
à prendre ses responsabilités et à faire adopter une loi
spéciale qui mettrait un terme à ce conflit qui a
déjà trop duré. M Brochu?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Laberge?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Lefebvre?
M. Lefebvre: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. O'Neill?
M. O'Neill: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Johnson?
M. Johnson: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Lavigne?
M. Lavigne: Contre.
Le Président (M. Jolivet): M. Lalonde?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Jolivet): M. Pagé?
M. Pagé: Pour.
Le Président (M. Jolivet): Donc, la motion est
rejetée à cinq votes contre trois.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Johnson: ... avant de suggérer d'ajourner nos travaux,
je voudrais que ce soit bien clair pour les parties et peut-être aussi
pour nos amis du quatorzième pouvoir, ou je ne sais trop, qu'il est
très clair... Non, non, il est très clair. Je pense qu'il faut
bien se comprendre sur ce qui se passe ici. Je comprends que le
député... M. le Président...
M. Pagé: ...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Johnson: ... je comprends bien que le député de
Portneuf a voulu parler des dernières élections qui ont
laissé un goût amer après quatre ans, mais...
M. Pagé: Vous essaierez de résister à la
vague, le prochain coup.
M. Johnson: ... je pense qu'il faut essayer de
préférence de s'en tenir à l'essentiel. Cette commission a
été convoquée aux fins d'entendre les parties, c'est ce
que nous avons fait. J'ai trouvé regrettable que la dernière
intervention du député de Portneuf vienne gâter ce qui, par
ailleurs, était une excellence sauce à laquelle il avait
participé.
M. Pagé: Ce sont vos procès d'intention.
M. Johnson: Non, mais contrairement à ce qu'il a
affirmé, je pense que l'Opposition a collaboré de façon
très correcte et je suis très heureux de sa participation
à cette commission, mais ça s'est un peu gâté dans
la dernière intervention.
M. Pagé: Merci.
M. Lalonde: Excusez-nous!
M. Johnson: C'est ça, on s'habitue avec le temps.
M. Lalonde: On a de mauvaises notes, on va avoir un mauvais
bulletin. Est-ce assez dommage?
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre!
M. Johnson: M. le Président, si vous me permettez de
terminer, encore une fois, sur le fond, je veux qu'on s'entende clairement. Le
gouvernement prendra ses responsabilités et il n'a pas besoin d'une
motion ou d'un voeu de l'Opposition qui a tendance à être plus un
phénomène de récupération politique qu'autre
chose.
M. Pagé: On a vu ça dans Maisonneuve.
M. Johnson: Deuxièmement, je demande aux parties de
s'asseoir, à compter d'aujourd'hui, derrière des portes closes
pour utiliser l'expression employée dans certaines occasions par
des prédécesseurs et de faire en sorte qu'ils en arrivent
sur des objets limités à quelque chose de correct, d'honorable,
à quelque chose qui n'est pas tout ce que tout le monde voulait,
à quelque chose qui ne sauvegarde pas tous les objectifs, ni d'une part
ni de l'autre, mais qui, à la fin, va être correct. Et quand ce
sera correct, ce sera correct surtout pour les citoyens de Montréal,
parce que la décision de l'Etat va être en fonction de cela, et
non plus en fonction des parties. Merci, M. le Président.
Merci, M. le maire, M. Laberge et leurs collaborateurs.
M. Laberge (Louis): Est-ce qu'on pourrait avoir deux secondes
pour remercier la commission...
Le Président (M. Jolivet): C'est ce que je voulais, une
conclusion sans rouvrir aucun débat.
M. Laberge (Louis): Non. Vous êtes capable de faire cela
tout seul.
M. le Président, je voudrais remercier la commission et assurer
le ministre que nous sommes disposés, tout de suite, à nous
rencontrer et à essayer de régler les "mautadits" points qui
restent. Je remercie les membres de la commission. Je pense que tout le monde a
été très attentif. C'est un conflit qui perdure. Nous
sommes fort conscients qu'il y a bien des citoyens de Montréal qui
commencent à en avoir plein leur chapeau. Nous sommes conscients de
cela, mais je peux vous dire, M. le ministre, qu'en terminant votre appel comme
vous l'avez fait, au moins, je pense que là c'est une demande expresse
aux deux parties de mettre de l'eau dans leur vin et d'essayer d'avoir un
règlement, parce que, autrement, il pourrait y avoir une intervention de
l'État qu'on ne connaît pas encore. Si vous me permettez de vous
le dire, je l'aime mieux comme cela parce que là, au moins, la pression
est sur les deux. Avec une loi spéciale, la pression est seulement sur
nous autres.
Le Président (M. Jolivet): M. le maire.
M. Drapeau: M. le Président, j'allais, moi aussi, demander
la permission non pas de soulever une question de procédure, mais une
question de gratitude, parce qu'une fois le débat terminé,
l'assemblée est terminée. C'était pour vous remercier et
remercier tous les membres de la commission qui ont utilisé du temps
qu'ils auraient pu utiliser à autre chose, ce matin, ainsi que M. le
ministre et M. le Président. Je veux réitérer ici ce que
j'ai peut-être moins dit publiquement, parce que je m'étais
donné comme règle, ainsi que tous mes collègues du
comité exécutif, de ne pas intervenir publiquement dans le
débat. Ce n'est pas parce que maintenant nous y sommes entrés
depuis dimanche soir que je participerai publiquement au débat, mais
nous n'en travaillerons pas moins au cours des prochains jours que nous y avons
travaillé depuis longtemps.
Je voudrais rappeler qu'un des avantages de durer, c'est
d'acquérir de l'expérience. Cela ne s'achète pas, mais
quand on l'a, c'est un devoir de l'utiliser. J'ai vécu certaines
expériences dans les relations industrielles, les relations de travail
et je ne veux faire allusion à rien du tout, mais je serai bien
obligé de tenir compte de l'expérience acquise, comme ce serait
le devoir du syndicat et des présidents respectifs de tenir compte
également de leur expérience. Tenant compte de toutes ces
expériences-là, je conserve malgré tout l'espoir que les
parties pourront trouver suffisamment de protection respective dans un texte,
tenant compte de tout ce qui s'est dit ici qui ouvre la porte à
l'espoir.
Le Président (M. Jolivet): Rapidement, M.
Laramée.
M. Laramée: Je veux réitérer, M. le
Président, que nous sommes disposés dès maintenant
à rencontrer la partie patronale. Je crois qu'il serait très
souhaitable, sinon essentiel, que les personnes impliquées dans le
dossier à votre ministère puissent être disponibles. J'ose
souhaiter, contrairement à vos habitudes, M. le ministre, que vous vous
impliquiez directement dans le dossier, ce qui pourrait aider.
Le Président (M. Jolivet): La commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 12 h 44